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Full text of "Revue historique"

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REVUE 


HISTORIQUE 


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REVUE 


HISTORIQUE 


Paraissant  tons   les   denx  mois. 


Ne  qitid  falsi  aiutaat,  ne  qmd  veri  nott  awdeat  Aûforûi. 
CicÉRon,  de  Orat.  II,  iS. 


SIXIÈME   ANNÉK. 


TOME  SEIZIÈME 


Mal-Août   1881. 


PARIS 

LIBRAIRIE  GERMER  BAILLIÈRE  bt  C 

108,  BOULEVARD  8AINT-QERMAIN 
AU      COIN      DB      LA      BUE      HAUTEFBUILLB 

1881 


l'UuM  t 


LE  COMMERCE  EXTÉRIEUR 

DE  LA  FRANCE 

SOUS     HENRI     IV. 
1589-1610. 


Si  Ton  Teuldéfiair  le  commerce  extérieur,  ce  qui  est  indispen- 
sable pour  fixer  les  limites  de  notre  sujet,  on  est  amené  à  se 
demander  dans  quelles  situations  différentes  peuvent  se  trouver 
les  commerçants  qui  s'y  livrent.  Il  ne  faut  pas  beaucoup  de 
réflexion  pour  s'apercevoir  que,  dans  leurs  relations  commer- 
ciales avec  l'étranger,  nos  commerçants  peuvent  jouer  le  rôle 
1*  d'acheteurs,  2°  de  vendeurs,  3"  de  commissionnaires  et  d'entre- 
preneurs de  transport  ;  qu'ils  peuvent,  en  d'autres  termes,  entrer 
en  rapport  avec  l'étranger  soit  pour  lui  vendre,  et  alors  ils  se 
livrent  au  commerce  d'exportation,  soit  pour  lui  acheter,  et  ils 
font  alors  le  commerce  d'importation,  soit  enfin  pour  lui  servir 
d'intermédiaires  dans  ses  transactions  commerciales.  Les  deux 
premiers  cas  ont  cela  de  commun  que  l'opération  faite  par  le 
commerçant  français  est  un  échange;  dans  le  troisième,  il 
n'intervient  que  pour  faire  conclure  ou  pour  exécuter  une  tran- 
saction où  lui-même  n'est  pas  partie  principale.  En  indiquant  les 
trois  aspects  sous  lesquels  le  commerçant  de  notre  pays  se  pré- 
sente à  nous  dans  ses  rapports  avec  l'étranger,  nous  indiquons  les 
trois  parties  principales  de  notre  travail  :  nous  traiterons  d'abord 
du  commerce  d'exportation,  puis  du  commerce  d'importation  et 
enfin  du  commerce  de  commission  et  de  transport. 

COMMERCE   d'exportation. 

Au  temps  de  Henri  IV,  les  articles  d'exportation  de  îa  France 
étaient  les  grains,  les  vins,  le  pastel,  le  sel,  le  safran,  les  laines, 

ReV.    HiBTOa.    X.VI.    I**   FA8C.  1 


s  G.    Pi&MEZ. 

lo  bétail,  les  chAtaignes,  les  graisses,  les  pruneaux,  le  bois,  le 
papier,  les  draps,  les  toiles,  le  âl,  les  écritoires,  la  poterie,  les 
cîinrdonsîifouloD,  les  meules  de  moulin,  les  soieriiis*.  On  voit  que 
dans  celle  êimnièralioD  les  produits  naturels  duminent  sur  les 
produits  manuCacturés.  L'Espagne  et  le  Portugal  ne  pouvaient 
se  pasiHir  de  nos  grains'.  Nos  vins,  notre  pastel,  nuire  sol,  nus 
laines,  trouvaient  leur  principal  dêboudié  en  Angleterre.  Les 
vaisseaux  anglais  qui  y  transportaient  les  vins  de  Bordeaux  ne 
formaient  pas  moins  qu'une  flotte  que  nos  voisins  appelaient  la 
flotte  de  Bordeaux  et  qui  se  déchargeait  à  Londres  de  plus  de  la 
moitié  de  sa  cargaison*.  Les  Anglais  recherchaient  nos  laines, 
qui  étaient  plus  fines  que  les  leurs,  pour  faire  des  creseaux,  des 
serges  de  Limestre*,  etc.,  ils  les  achetaient  aux  lieux  de  produc- 
tion et  les  faisaient  embarquer  à  Baronne,  h  Saint-Jean-de-Luz, 
k  Narbonne,  à  Pecquais.  h  Aigues-Morlcs.  h  Martigues^.  C'était 
aussi  le  chemin  de  l'Angleterre  que  prenaient  surtout  nos  toiles, 
particulièrement  nos  bougrans,  notre  papier,  notre  fll  ;  nous  lui 
envoyions  également  du  bois,  des  pruneaux,  des  écritoires,  de  la 
poterie,  des  chardons  ^  foulon,  des  meules  de  moulin ,  des  soieries®. 
Le  bétail  que  nous  exportions  était  surtout  destiné  à  ritalie  et 
plus  spécialement  à  Voûisc  ''. 
Nos  exportations  étaient  soumises  à  des  droits  que  nous 

1.  Relation  de  ConUrini,  1613-1616,  dios  U  tteiaziont  dfgtl statt  Europei... 
nel  ucoh  XVIi,  racwlte  fid  nnnnlalc  d;i  N.  Borozzi  et  da  G-  Berchel.  Sprje  II. 
FrancUi.  I,  537.  —  Catues  cte  Cestrème  cherté,  publié  F'ar  Fopniicr,  Variétés 
hlsl.  et  littà-.,  VU,  153,  186-187.  —  Relatiûo  de  Badoer  (1603-iGO^]  dans  le 
recueil  de  narozzj  et  Berchel,  I.  84.  —  Déclaration  royjJc  du  H  dèc.  1G0&, 
Arth.  DdL.,  coll.  Iloridonneau,  série  dir,,  à  la  date.  —  Lettres  et  amàaaadet 
de  Fresnei  Canaye,  I,  Iti?. 

2.  Kelal.  de  Cont^irini,  uèi  tupra. 

3.  Journal  de  rrimhaAxade  d'Huranlt  de  MaiMC  en  1597-1598,  f.  293  t*.  Arch. 
des  HfTaireâ  étran(;*^re&. 

4.  Ou  trouvera  reif^lication  de  res  motà  et  de  touit  rcui  qui  désignent  dea 
objets  maniiructuréii  dansi  It*  cliap.  cuiuuicré  k  l'industrie  suas  Henri  IV  et  (|ui 
fait  luirlie,  fomine  celui  que  le  lecteur  a  soiu  Ica  yeux,  d'un  ouvrage  eu  pré- 
paration sur  l'i^toiutinic  Kocialc  do  la  Prunce  fendant  le  règne  de  ce  prince. 

5.  Mémoire  pour  retabti«scmeot  du  tr«tic,  commerce  et  négoce  de  mer  eo 
France,  ttibl.  nat-  Coll.  Brienne.  3lâ,  f.  t.  Le  telle  porte  lUorces^ues,  où  nous 
avonM  rru  recoiinallre  une  altération  de  Martigues. 

ti.  I  ..■  Rooda  trADAporied  from  France  lo  England  «ince  1572,  un  canTasft, 
buckrata,  pajK-T,  thread,  inklioms,  prunes,  pot»,  tcazjes,  millsluoes,  ailks, 
wood  and  iviaeft.  »   Catendars  of  StaU  papgrs,  DomesUe  séries,  EUtabêth. 

lfioi-1602.  p.  va. 

7.  ùeUres  tt  arnàtutades  ie  Frenu  Canaye,  ubi  supra  et  p.  239. 


LE  COVIIERCB   l>C  U   FRiNCB  SODS  BBIOLI   IT. 

n'avons  pas  à  étudier  ici  en  eux-mêmes,  puisqu'ils  faisaient 
partie  du  régime  fiscal  que  nous  exposons  ailleurs  dans  son 
ensemble,  nous  nous  bornons  pour  le  moment  à  rappeler  l'in- 
fluejice  qu'ils  exerçaient  sur  le  mouvement  d'exportation. 

Le  développement  do  l'exportation  déiiend  du  régime  douanier 
par  lequel  les  états  étrangers  cherchent  à  prot^er  leur  agri- 
culture et  leur  industrie  en  même  temps  qu'à  augmenter  leur 
revenu.  Nous  sommes  donc  obligé  de  nous  occuper,  au  moins 
sommairement,  de  l'accueil  que  les  nations  avec  lesquelles 
nous  avions  des  relations  commerciales  faisaient  h  nos  marchan- 
dises. 

L'Angleterre  avait  définitivement  acquis  sous  Elisabeth  le 
sentiment  de  sa  véritable  vocation  et  était  entrée  résolument  dans 
la  voie  qui,  trop  souvent  aux  dépens  du  droit  des  gens,  devait  en 
Caire  la  première  nation  maritime  et  commerçante  du  monde.  Elle 
s'était  émancipée  delà  dépendance  commercialeoù  l'avaîenttenue 
jusquo-là  les  villes  hanséatiques,  ce  qui  avait  amenéune  rupture 
complète  entre  elle  et  l'empire.  Elle  s'était  créé  avec  la  Russie, 
les  pays  de  la  Baltique,  le  Levant,  les  États  barbaresques,  etc., 
des  relations  directes  qui  étaient  entretenues  par  autant  de  cora- 
pagities  privilégiées.  Plus  elle  donnait  d'essor  h  l'esprit  d'aven- 
ture ot  à  l'amour  du  gain  qui  distinguent  sa  race,  plus  elle  se 
montrait  jalouse  de  la  concurrence  étrangère  ' .  Que  l'on  compare 
ce  que  disent  k  cet  égard  Hurault  de  Maisae  s'exprimant  en  1597 
avec  l'autorité  d'un  ambassadeur,  et  Montchrestien,  parlant  peu 
d'annèçs  après  la  mort  de  Henri  IV  d'une  situation  dont  il  avait 
été  témoin  pendant  son  séjour  en  Angleterre,  on  verra  combien  nos 
voisins  restèrent,  pendant  toute  la  durée  du  règne  de  Henri  IV  et 
en  dépit  du  traité  de  contmerce  de  160(î,  fidèles  au  système  pro- 
hibitif. L'importation  do  nos  draps  eu  Angleterre  était  interdite*. 
Il  en  était  de  même  de  toutes  les  marchandises  que  pouvait 
fournir  l'industrie  nationale,  et,  pour  ceux  de  nos  produits  dont 
leâ  Anglais  ue  pouvaient  se  passer,  l'importateur  français  devait 
donner  caution  qu'il  emploierait  l'argent  provenant  de  la  vente  de 


1.  Sur  If*  d^rHoppetaenl  du  roramt^rcp.  anglais  à  ta  fln  du  xvi'  et  au  com- 
mencancnt  dn  xvit*  5.,to)'cz  Adolf  Bccr,  AU</emeine  GeschieMc  des  Welthan- 
dêi$,  2  Abth.,  chap.  6. 

1.  MoflUtireslira,  Tratcta'de  t'éconûmie potiUque,  p.  93.  Ronco.  Jean  Osmont, 
16t9,  ia-l*.  Ce  précieux  oarraKc  est  devenu  tntrourable  cl  méritcniit  d'étrv 
Ttimprixaé. 


M  C.    FAG?(1EZ. 

863  marchaDdises  h  l'achat  de  marchandises  indigènes  '.  Nos  mar- 
chandises ne  pouvaient  être  vendues  qu'à  une  compagnie  de  fon- 
dation royale  qui  avait  le  monopole  du  commerce  avec  la  France 
et  qui  faisait  par  conséquent  la  loi  aux  vendeurs'.  Elles  étaient 
en  ouiro  soumises,  à  leur  entrée  comme  à  leur  sortie,  à  un  droit 
appelé  coutume  cCétranger,  qui  était  plus  fort  d'un  quart  pour 
nous  que  pour  les  commerçanta  des  autres  pays.  Jacques  I*""  avait 
étendu  celte  majoration  à  différents  droits  d'entrée  et  de  sortie*. 
C'était  aussi  spécialement  sur  nous  que  pesaient  les  droits  de 
scavadge,  do  quayage  et  de  surveyor*. 

L'Espagne  offrait  avec  l'Angleterre,  au  point  de  vue  écono- 
mique, un  contraste  frappant.  Un  gouvernenïent  intérieur  into- 
lérant et  mal  entendu,  les  visées  trop  ambitieuses  de  sa  politique 
étrangère,  un  système  colonial  qui  se  burnait  presque  exclusive- 
ment à  rex{»loitation  des  mines  lui  avaient  fait  perdre  les  avan- 
tages de  ses  ricliesses  naturelles  et  de  cette  viiiiété  de  races,  de 
climats,  de  produits  qui  distinguait  son  empire.  Elle  produisait  peu 
et  son  commerce,  sans  cesse  menacé  par  les  corsaires  anglais  et 
hollandais,  ne  consistait  guère  qu'à  échanger  les  produits  des 
Indes  occidentales  contre  les  produits  européens  qu'elle  recevait 
des  pays  de  production .  C'était  principalement  de  la  France  qu'elle 
tirait  de  quoi  alimenter  ce  commerce  avec  ses  colonies.  Toutefois 
à  la  tin  du  règne  de  Henri  IV.  l'Angleterre  et  la  Hollande  nous 
faisaient  à  cet  égard  une  concurrence  redoutable  et  nos  importa- 
tions en  Espagne  avaient  .sensiblement  diminué.  Cela  tenait  aussi 
à  oe  que  les  culonies  espagnoles  avaient  cessé  de  faire  de  la  mé- 
tropole leur  unique  débouché  et  s'étaient  mises,  malgré  les 
défâoses  de  Philippe  111,  à  commercer  directement  avec  les  Indes 
orientale:)  par  rucéan  pacifique^.  L'Kspague  n'eu  fut  pas  moins. 


1.  Moatcbn^tifti,  96-97.  Jotinul  de  l'ambuMdc  dlIurauU  de  Mai&se  dté 
|wr  Pnrost-Paradol,  êlisaM/t  et  BtATi  iV.  1  vol.  iQ.18,  tâ(>3.  p.  90. 

%.  MoatchrMtÎM,  M-95. 

3,  «...  le  Rojr  d'Angletcm  depuis  Ma  idTen«meDt  i  la  coaronoe  a  mis  plo- 
aleun  Mmvelles  ImpouUoe»  sur  |>Iu»iears  marchiMUM*  «BlxaatM  oo  &orUotes 
ib  KM  rojauiDO  i|ue  pu  cy  derut  oa  leroit  sar  tous  etgaleucat,  tant  »ubj«ts 
qa'wlnogers  :  nais  ilepois  il  a  octrové  au  Lord  Crumin«veid  de  hausser  ces 
Cfcat^  iTone  quaLrieuae  part  sur  U  marrtiantlise  appar1euaiit«  aux  Prinrata 
fli  laa  ayant  <ie  Duu^eju  tou»  rMuiU  k  U  moitié,  on  les  ei>atiuije  ti>u»)ourssv 
MM  Bt  ma*  UiX  oo  tuuajoon  pajer  te  double  de  loat...  •  MooUbreslieo,  p.  94. 

I,  /Mrf.,  p.  96.  ce  Tbouas  Le  Ferre,  r  du  Gnod-lUmel,  Dùcoun  tommairt 
ê$  Im  nmwiçation  et  4m  commerce  de  France.  Hooen.  1630.  io-l*,  p.  83. 

$.«,..  Notts  D'aTODS  point  de  traâc  plus  grand  et  plus  cotaintui  que  cdny 


LE  COMMERCE  DE   LA   FtLXTUCt  SODB  HBinil   IV.  % 

pendant  la  plus  grande  partie  du  règne  de  Henri  IV,  notre  tribu- 
taire. Henri  IV  la  frappa  au  cœur  en  y  suspendant  nos  exporta- 
tions pendant  une  partie  de  l'année  1604.  Pour  atteindre  le  coco- 
merce  hollandais  qui  continuait  h  se  faire  sous  le  couvert  de  la 
France,  le  gouvernement  de  Philippe  III  avait,  l'année  précé- 
dente, frappé  d'un  droit  de  30  pour  100  les  marchandises  à  des- 
tination ou  en  provenance  de  notre  pays.  Henri  IV  réunit  un 
conseil  solennel  pour  délibérer  sur  le  mode  de  représailles  par 
lequel  il  fallait  répondre  à  cette  taxe  prohibitive.  Ce  conseil 
résolut  d'interdire  le  commerce  avec  les  étatâ  de  la  couronne 
d'Espagne*.  Cette  interruption  des  relations commerciahs  élisait 
soufiTrir  trop  d'intérêt*^  pour  être  strictemftiit  respectée.  Le  œm- 
merce  maritime  surtout  ne  put  être  empêché.  Les  informations, 
les  inspections  organisées  par  Sully,  qui  tenait  beaucoup  à  faire 
repentir  l'Espagne  de  s<jn  mauvais  procédé,  furent  impuissantes*. 
C'était  surtout  du  littoral  de  l'Ooèan  entre  la  Loire  et  la  Garonne, 
plus  jiarticulièrement  des  Sablcs-d'Olonne ,  qui  était  dans  le 
gouvernement  du  surintendant,  que  partaient  les  vaisseaux  qui» 
malgré  la  prohibitiou,  portaient  des  marchandises  eu  Espagne. 
C'étaient  quelquefois  des  vaisseaux  anglais'.  Tîn  des  incon- 
vénients de  cette  mesure  était  en  e£fet  de  faire  passer  cette 
branche  du  commerce  français  aux  mains  des  Anglais  qui  ache- 
taient en  masse  les  toiles  et  les  grains  de  France  pour  les  trans- 
porter dans  lesétatsdela  couronne  d'Espagne*.  Un  autre  incon- 
vénient était  de  diminuer  les  recettes  des  traites  foraines*.  Au 


dT^agne Le   négoce  d  Espagne  nouK  est  diminué  de   benucoup  depui» 

quelque  temps.  Encor  que  les  Anglois  et  ilohndois,  qui  y  IraFiquent  maînte- 
luol  le  plu>.  et  le  mieux,  k  inesme  le  noâtre...  y  fusant  m  qno  nous  stIoqs 
accoueluinc  dâ  Taire,  «olont  cause  ea  partie  de  cela,  J'estime...  que  ce  n'en  est 
p«»  le  seul  5abjet.  Voie;  ce  que  j'en  puis  imagiaer.  Les  EapagDols  des  lades 
oeridenUlea  »e  Mint  de  longtemps  ouvert  le  chemin  et  1<  tnffie  quand  et 
quand  par  la  mer  du  sud,  autrement  nommée  PaciUque,  aax  Indes  orientales 

[Kiur  AToir  de»  «oycs  de  la  Chine,  des  toiles  de  coton  et  An*  espiceries, 

auxqiKlIes  marchandifte»  iU  employeot  aonnellemenl  pliiK  de  3  nu  4  mille 
pe£«:>ô,  qui  font  6  ou  8  millions  de  lirre^,  qu'il»  ^ouloîent  apporter  en  Et>p.t{:ne 
el  eiupluyer  en  manufiictnres  de  rp.uri))>e.  Cela  e&L  cause  du  rara)  que  l'on 

¥oid  k  présent  en  Espagne  sur  nos  marchandises à  la  diminution du 

trafic...  de  France  en  Espoi^nc i  Uoutchreslicn,  p.  130-tîl. 

I.  Écotiamtei  raijatfs,  Amsterdam,  pel.  tn-13,  VIJ,  ^l-23'2. 

•L  J.  A.  de  Thuu.  Histoire  uAkt>erseUe,  éd.  Londres,  texte  orig.,  VI.  230. 

3.  EcoH.  roy.,  VU,  2S-29,  117.  163.  IGC.  231-232. 

«.  Ibid.,  251. 

5.  tbid..  VII,  234. 


rottoi  parmi  ceux  qui  faisai«ntla  contrebande,  il  y  avait  jusqu'à 
dm  gouvttnioup»  i\o  provinces  et  de  rilles'.  De  sou  côté,  le  roi 
d^nigeait  h  la  proliibition  eu  faveur  de  certaines  personnes.  Cette 
guurro  coniiiiorcialo  onlre  deux  pays  qui  étaient  en  paix  depuis 
cirii|  fttiH  otait  trop  fiinost/^  h  tous  deux  pour  durer  longtemps. 
Jau(|u«ti  i*\  qui  nt^ouiait  la  paix  avec  l'Espagne»  offrit  sa  mé- 
diation. LoH  négocinlions  s'ouvrirent  on  Angleterre.  Elle.s  .s'en- 
gng^rcnt  onlro  noti-u  anUwssadeur.  Clirislopke  de  Harlay,  sieur 
dfi  Biviumont,  et  U^  andwasadeurs  d'Espagne  et  des  Pays-Bas 
nupixVi  du  roi  Jacques,  mais  ollcs  traînèrent  en  longueur  jusqu'à 
ot»  qup  Sully  flùt  reçu  mission  de  les  poursuivre  tout  seul  avec  le 
iioiictt  lUiiVulot  agissant  comme  médiateur,  Baltha^ar  de  Zuniga, 
iimba«i*dinu'd'Rspagne  on  France,  et  Alexandre  Rovidius,  séna- 
U*Mr  d«  Milan.  1*1  traité  fut  signé  le  V\  octobre  1604  par  ces plé- 
nipotontiiiii^fv.  11  nbolts^il  le  droit  de  30  pour  100  et  rélablis- 
rail  Itvi  nncitHuu^s  ndation^  atiunierciales  de  la  France  et  ùes 
\^\y»  wminis  à  lu  domiuatiou  du  Philippe  lU.  La  reprise  de  ces 
Mntionïit  étAit  si  viveiuttut  désiràe  en  France,  que  le  roi  auto- 
rùMt  lo  lran;$(H>rt  du  bl  on  Bqitgm  avant  la  ratification  du  traité 
|wr  Ptulip|H«  IIl*. 


OOMimCB  D  DIPOBTATtON. 

\a  Fmiav  importait  m  j^ndo  partie  eUe-màoie  la  ttonie  et 
W  karN^g  doBtl  «Ùtt  fiùsaU  un»  si  paado  oonaonnatioii.  La  pêdie 
MWnvNUMnadalkWûnMétaieol  wkm  fga^^an  aiifliiiawift 
«laiM  «m  «tkaib»^  et  e'ilaloat  bi»  pK^itenn  Mmaanda,  fenloBs, 

•NurlMil  ék  KllùnU  ooiprii  «Nknt  HmÉiy  «(  Gap-Braloft  qm 
|«Ha«Ml  >w>  Wtwfcux  yu  aUa wit  ^kkm  la  moné  à  Tecw-Xegra. 
\\y  »t»in  fcnmlMUH  it  fw»  f—  cas  fwças  MtàmlL  1 
y^MT  W*  fMMIWft  Im^IM^  «MHM»  rattttÉMft  r)aMtM  I 


^^^■^u^Aaaj^  ^k>    ^^  ^^mA   ^BA^  I^^A   Ik^kl^   wft 

^^^^^^^^^^^^^^9  ^^*  w^r  ^^^'^  w^a^^  ^^^^  ^^^^w  Tw 


te*  s'«*ifà  ^m^èmm  ««m  «dià^  Yl 


^^«»4 


J 


LE  COMMESCE  DE  Li   FEANCB  SOtTS  BBXRl   IV.  7 

Dom  d*île  de  Cap-Breton,  que  conserve  encore,  en  souTenir  de 
l'ancien  portdel'Adour,  l'île  voisine  de  la  Nouvelle-Écoase'.  Un 
arrêt  du  conseil  du  roi  <lu  7  août  1604  déclara  que  la  prohibition 
du  commerce  avec  l'Espagne  ne  s'appliquait  pas  au  commerce  de 
la  morue,  puisque  ce  poisson  n'était  pas  uti  produit  de  notre  pays, 
et  autorisa  les  Basques  k  apporter  leur  ])èche  en  Espagne,  pourvu 
qu'ils  l'y  transportassent  directement  et  sans  aborder  en  France. 
Ce  fut  pour  ses  sujets  de  Saint-Jeau-<le-Luz  et  des  villes  voisines 
que  Henri  IV  songea  en  1(301  à  créer  entre  Bayonne  et  Fonta- 
rabieunport  de  refuge  bien  nécessaire  sur  cette  côte  dangereuse. 
Faute  de  ce  port,  leurs  vaisseaux  étaient  contraints  d'hivern«r 
au  port  de  Pasages,  en  territoire  espagnol*. 

Si  la  France  avait  le  monopole  de  la  pêche  de  la  morue,  elle 
fut  peu  h  peu  dépossédée  de  la  pêclie  du  hareng  par  les  HoUau- 
dais*.  Le  nombre  de  vaisseaux  hollandais  que  ce  poisson  attirait 
dans  la  mer  du  Nord  s'était  élevé  de  iOO  ou  120  k  000,  à  700* 
et  même  à  1500*.  L'Angleterre  ne  i>ouvait  se  vou*  tranquillement 
enlever  une  source  de  richesse  qui  était  comme  une  dépendance 
de  sou  territoire.  Le  6  mai  1609,  le  roi  Jacques  I"  interdit  aux 
navires  étrangers  la  pêche  du  hareng  sur  les  cOtes  d'Angleterre, 
d*Éco3S6  et  d'Irlande  *.  Cette  défense,  dirigée  contre  les  Pro- 
vinces-Unies, atteignait  aussi,  quoiqu'à  un  bien  moindre  degré, 
nos  pêcheurs,  particulièrement  les  Dieppois.  Ceux-ci  se  plai- 
gnirent à  Henri  IV  qui  fit  solliciter  par  son  ambassadeur  une 
exception  en  faveur  de  ses  sujets  et  qui  obtint  que  l'effet  do  la 
prohibition  serait  suspendu  pendant  un  an  '', 

La  France  faisait  dans  le  Levant  un  commerce  d'échange 
aussi  bien  que  do  transit,  mais,  comme  co  dernier  avait  plus 
d'importance  que  le  premier,  nous  parlerons  de  l'un  et  de  l'autre 
lorsque  nous  nous  occuperons  du  commerce  de  tra  nsjK)rt. 

Nous  importions  des  Etats  barbaresques  (Maroc,   Algérie, 


1.  &lt«ée  Reclti»,  Géographie  universelle  :  France,  149-IÔ0. 

3.  Mémoires  de  Ctoiide  Groulart,  collection  Petitot.  xux,  p.  407.  Sur  la  baie 
de  PaMge».  Toy.  ttisét  Reclus,  iVouveile  gioçraphie  unicerstilCt  Europe  méri- 
dionaie.  S70-81L 

3.  HonU-hrKtien,  p.  139. 

4.  LeUre  de  M.  de  la  Buderte  au  roi,  20  juin  t609.  Amboisades  de  M.  de  la 
Bod^rte  en  AntfMerre.  1750.  In- 12.  IV,  364. 

5.  Béer.  Op.  Untd.,  2  Ablh.  202. 

6-  Uelfiren,  Hiit.  des  Pai/t-Bas,  trad.  Dclahaye.  1Gt8.  In-fol.,  fol.  662  i'. 
T.  Sur  c«lle  affaire,  Toy .  Ambanadet  de  M,  de  la  Boderie,  IV,  332,  346, 
352,364. 


G.    FiGXIKZ. 

Tunift  et  IVipoli)  des  cuirs,  de  la  cire,  des  laines,  du  corail  '.  Nous 
flvioiii*  peut-ètn'  été  Itis  premiers  k  nouer  des  relations  commer- 
oiales  avec  l'Afrique  septentrionale,  niais  dès  1590  notre  exemple 
avait  ^t^  suivi  par  les  Anglais,  les  Hollandais  et  les  Flamands 
qui  (étaient  ilovenus  clans  ces  parages  des  rivaux  redoutables  pour 
noua'.  Ka  ]>ôche  ut  la  préparation  du  corail  avaientlieu  à  Mascara 
en  Algérie.  Le  mutK^pole  du  ce  commerce  appartenait  h  une 
nndenn^  compagnie,  la  Compagnie  du  corail.  Le  capital  de 
cette  société  saooœpasait  de  vingt-(iuatre  actions  (Tuara^^),  à  la 
minorité  (lesquelles  se  prenaient  les  délibérations.  Cn  arrêt  du 
oonieil  du  8  février  iOOO  couflrma  ce  mode  d'administration,  en 
même  temps  que  les  privilèges  de  la  compagnie.  Du  arrêt  du 
mAnio  jour,  remUi  sur  la  requête  du  consulat  de  Marseille,  obligea 
lu  coiiip;i[^iiiu  h  couliuuer  d'importer  par  cette  ville  le  corail  et 
Uvi  ,t\iti<  s  luarubandises  qu'elle  tirait  des  Etats barbaresques*. 


t .  Il  VA  MM  illrt  ifû»  Iw  ÉUda  tWriwmqBM  whu  échu^aient  ces  produits 
iiHilrc  il'milrvA  muduDdiMt  el  qm  aons  ftisions  vrte  eux  un  commeroo 
(1  o\|Hirutloii  »uul  biu  quo  tt'iiu|H)rUUaa.  CmI  pnsque  Inujoim  arec  de» 
iii«rrt)AutllK'*  qu'un  tXàt  p*>(>  U*  tnarchtiidfMa  qu'il  lire  <t'uD  aulr«  ËUt;  O 
P«UI  arritor  soulnwal  i|utr  \r  rhiffre  dr  ma  impnrtalions  dêfUtSiMot  rdni  de 
>M  ffiiMTUliuiu,  U  ail  i  f^y^r  uim  domine  d'AryeQt  r?|)rég«nUQt  U  Ttlêor  de 
ctl  eioé4iBt>  0*«*l  l«  kitutiCD  où  m>  troure,  pu-  exemple,  Li  France  par  rap- 
l<nrt  aui  État*>llBi».  Owi  toit  dil  wui  ponr  n|t|»eler  hm  T^rilé  connue  de  Um«, 
Hui»  (XHir  tit|<UqtMr  «oauBMt  c«rUiMt  bnnclMS  du  commcrte  eitérirar  pe«- 
vwl  Hn  rwmtm  MMMraMBMt  dan*  le  chapitre  coohc»  aax  îni|>ortatioM 
•a  4Êm  «iM  q«t  tnHa  Am  exporUUoos. 

t  MottMrMtia»,  p^  lU-1».  «  Mik  lai  Aillais,  Flaaw»  cl  BcaUDdu»  loM 
[ta  «Kfte  «•  Sarterif)  «Mnprte  4ap«i«  eO  «M»..  »  TboBu  Le  FiTre,  €^ 
JIIIMU.P.  5A- 

}.  9w  U  nq»««l«  priMAt^',  au  Rov  m  «m  cdaiefl  par  ka  aaaaciit  Aa 
faarteiM»  WtyM^y»  dâi  conU  aMa  de  Caire  rrvocqiMT  le  liltrr  et  qvatîli  de 
iJiiamuM  t"*  ha  i^lii  et  JMbwc  rrma  s altriteeBt  «a  lira  de  MascanU 
m  Hati^uy  «à  anwfi  ta  b«Bc ^  «anH  . .  tiwAii». . .  faa  taM» «ataiirin 
féaa  dwir  lafcji  il  a»  OwJ  Sa<pwr  par  ta  paniiaitaa  é»faai  Bi«racaal 

^^  tovtta  Ai  ta  n«w^«r «a  Km  qv'h^anv^  taa  ^^m  m 

ta^mitaal  pv  taaa  tai  aaaactaa  . . .  à  ta  planM*  An  ««nta  «^  aart  « 

W^H*  A»  ^A^  qrMta*  «  taial  Ami  tadd  Ae  X.  a«a  tel  fM  fMk«. 

U9msm  wm  pimiU.  anal  fM  Mv  A(«ic«  sar  ta  u !■■  Aa  fmm^ 

AM«é  aaaA.  c*  dr  X..  «ntaMW  q|ii~to  iaiMH  iMijiii  M  m^  «a  kaMa;  paar 
ifrtaj  «alrr  |WKn««>..  «I  «•  t««AHl  v««ft  > ..  ^m  ta»  niiA^iw  afagèa 
4  taA.  tjiaifnia?*Aaw«tt^..>ta»g«itaai  iimwita  «l  ta  «aAt  «valtaBi*  «^n 
ImAi.  aaaMàN  ««mMl  taaaAvta^tti  ifMAMaa —  4  ta  ftaaalM  AasqfiHib 
«MÉHiMaMBiK  «  ranait  |wa«MBMMt  ^  ur  >Mi^4Mr Aftcvtar  MHl 


LE  CODHEBCE   DE   U    FBA^ICE  80tS   aESKI   IT. 


9 


Nous  allions  chercher  aux  Açores  le  bois  de  teinture,  le  tabac, 
les  cuirs,  la  cochenille  qu'y  débarquaient  les  navires  venant  des 
Indes  occidentales,  lorsqu'ils  faisaient  relâche.  Ce  commerce,  qui 
avait  cessé  à  la  suite  de  la  tentative  des  Français  pour  s'emparer 
des  lies  eu  1583,  avait  un  peu  repris  sous  Henri  IV,  mais  l'impôt 
mis  par  ce  prince  sur  les  marctiandises  de  cette  provenance  et  la 
surveillance  plus  sévère  exercée  par  l'Espagne  l'avaient  déâuiti- 
vement  ruiné*. 

Nos  commerçants  importaient  de  Hollande  et  de  Flandre  des 
Berges  de  Leyde,  des  camelots  de  Lille,  des  toiles,  des  savons,  du 
beoire,  des  fromages'. 

Si  DOS  commerçants  n'importaient  pas  plus  de  marchandises 
étniDgères,  cela  tenait  à  la  situation  faite  au  commerce  français 
dans  les  pajrs  étraugers.  L'exportation  des  laines  anglaises  était 
interdite  aux  Français,  le  monopole  de  cette  exportation  appar- 
tenait à  une  compagnie  anglaise  de  fondation  royale'.  Le  droit 
de  sortie  sur  les  serges,  les  futainee.  les  bajetles,  les  bombazins, 
les  mocades,  les  camelots,  les  bas  d'estame  était  beaucoup  plus 
élevé  pour  nos  compatriotes  que  pour  les  autres  étrangers*. 
Celui  sur  l'étain  était  du  double,  en  attendant  que  l'exportation 
de  ce  produit  nous  fut  interdite  pour  être  ré^rvée  à  une  compa- 
gnie privilégiée^.  Nous  avons  déjà  dit  que  nos  nationaux  suhis- 
ïient  une  augmentation  d'un  quai*!  dans  le  droit  d'entrée  et  de 
ortie  perçu  sous  le  nom  de  coutume  d'étranger^  nous  avons 
parlé  des  droits  de  scacadgcy  do  quayage  et  de  surveyor^. 


loine  LfiicId  (?),  s*  de  Motesac  •  ■ .  de  tntiftpnrter  ailleora  qo'en  l»d.  rille  \t 
traific  dui).  corail,  cuirs,  cire»,  laynee  et  autres  marcbandJsea  qui  Tîeiuient  de 
BiirtNtno  ny  de  â'ayder  d'autres  mariniers,  pilotes  ou  ouvriers  pour  U  manu- 
fAclure  dud.  curait  (|ul^  do  Aubjccts  de  8.  M.  ...  |>(iur  le  grand  préjudice  que 
leur  ville  qui  ni  assise  en  lieu  sterille  et  oc  se  pi^ut  ronst-rver  ou  acniistrc 
qo'aTec  le  c/immerce  recevroit  m  ce  diverlisMinent  eommancé  par  [esd.  M. 
cootrc  la  Tiitunté  .  . .  des  autres  aasoriés  .  . .  eâtoit  .  . .  coattnué  outre  l'inte- 
real  de  S.  il.  pour  les  droicU  qui  *f.  Irvcnt  sur  Ii^h  inarriiamliKOK  qui  arrivent 

as  port  d  icelle Le  fioy  . . .  ordonne  ausd.   s'*  de   M.  ...  de   faire 

Tenir  en  lad.  ville  selon  qu'il  souloit  ...  le  corail,  cuirs,  cires,  tayoes  et  autres 

mardiaadLïes  qu'iU  uniennenl  de  Uarbarye B  Tevrier  IGOO.  Arcb.  oat 

Conseil  des  finance*,  à  la  date. 

1.  Tti.  Le  Ferre,  Op.  îaud.,  p.  65-66. 

2.  Honiehreslicn,  p    t04. 

3.  /ftérf.,  p.  n.  Th.  U  Ferre,  Op  Iaud,  8t. 

4.  Tli.  Le  Ferre,  p.  82. 

y  Ibkt.  et  Hoatcbreftlien,  p.  96. 
6.  Voj.  plus  haut,  p.  \. 


40 


G.    F4G:IIEZ. 


COMMERCE   DES   FRANÇAIS    ÉTABLIS   A    L'KTRANOER. 

Les  Français  élablis  à  l'étraDger  devaient  pour  la  plupart  ae 
livrer  à  la  fois  au  commerce  d'importation  et  d'exportatum  entre 
leur  pays  d'origine  et  leur  jiays  d'adoption  '  ;  il  n'y  aurait  donc 
pas  lieu  de  leur  consacrer  un  chapitre  distinct  si  leur  séjour  pro- 
longé au  sein  d'une  population  étrangère  n'eu  avait  foit  une 
classe  h  part.  Cette  classe  qui  étend  les  relations  commerciales 
delà  France  en  portant  k  l'étranger  ses  mœurs,  sa  langue,  son 
influence,  mérite  que  nous  nous  occupions  de  raccueil  qu'elle  y 
recevait  comme  de  celui  que  les  étrangers  trouvaient  chez  noua. 

Quelques  années  après  la  mort  de  Henri  IV,  le  nombre  de  nos 
compatriotes  qui  allaient  chercher  du  travail  à  l'étranger  était 
considérable,  mais  ils  n'allaient  pas  y  fonder  des  maisons  de 
commerce,  et  c'était  dans  des  emplois  subalternes  qu'Us  y  ga- 
gnaient leur  vie  *.  Quant  à  ceux  qui  allaient  s'établir  au  dehors 
pour  faire  le  commerce,  ils  devaient  être  en  petit  nombre.  L'atta- 
chement des  Français  au  sol  natal,  l'hostilité  qu'ils  rencontraient 
dans  les  mœurs  comme  dans  les  lois  de  leurs  voisins,  ne  sont  pas 
les  seules  raisons  qui  nous  portent  à  le  croire.  Nous  savons  par 
une  lettre  de  La  Boderie  du  20  juin  1608  qu'il  n'y  avait  à  celte 
époque  à  Londres  qu'un  seul  négociant  français  qui  ne  fut  pas 
naturalisé'.  On  comptait  au  contraire  un  assez  grand  nombre  de 
négociants  français  en  Kspagne,  aussi  eeA-tx  par  eux  que  nous 
commencerons  à  nous  occuper  des  représentants  du  commerce 
français  à  l'étranger. 

Lo  traité  de  Vervius  obligeait  les  rois  de  France  et  d'Espagne 


1.  Il  povTiLl  se  Mra  a«s«l,  nuU  ceb  étatl  moins  bvqaeal,  qu'ils  finail 
exrlasiTftMQt  le  ertmtwrrc  des  produits  du  pa>8  avec  ms  hablUols. 

t.  ■  ...  U  plu9|>Art  de  DM  b<Mnine«  sont  contruns  d'aUcr  rikerrber  aiUoirs 
Bn  d'«iDplo7  et  de  trarùl,  qui  on  Espagne,  qui  en  AoKlelerre,  qui  en  Aile- 
mgM»  qui  eo  Fludre».  •  Hi>olchiv»tini,  p.  35.  U  e»l  rerUin  qae  l'iateor. 
pfieM«p6  par  k  pwtè*  d»  Un  reuortlr  lu  rtiagwi  de  notfe  situation  écono- 
tttqM.  ft  uadéfé  cette  éBlgnUoa. 

3.  •  Scutenitiil  Mi»-j*^  coqitcàé  i  traafcr  de»  nurrhuub  liriacnin  qui  en 
TMileat  ou  put9M>at  prendre  la  cfcargi  Idecaaaerrjlear  dn  caamtrtt]  de  notre 
càl^;  car  il  n'y  eo  •  qu*ittt  »eal  ici  qui  m  soit  |H>iDi  oatanlisé.  et  encore  aiHi 
IMUvre  boBUBt  font  cunipeler  a««c  ceux  qu'ils  iiaa&  daaociuat.  Dm  natnr^ 
Ibde  11  y  en  a  Vwà  tiuetqv'u  q«i  le  pourroit  raira,  d  ^  te  toail  fcitrlmunl, 
■•te  riMpoHattl  eal  q«*U  m  ve«t  pu  »'eii  charger  et  ^«c  ie  oe  Ty  p«b  ooa- 
tiiliién^»Oy.  foW.  m.  3t7. 


LE  COMXEEOE    DK   U    rUITCE    30U3   UBNai    IT. 


Il 


à  accueillir  dans  leurs  royaumes  leurs  sujets  respecUfe.  Henri  IV 
ae  conforma  à  cette  obligation  en  refusant  de  livrer  h.  Elisabeth 
dee  Irlandais  au  service  de  l'Espagne  que  la  tempête  avait  forcés 
d'aborder  en  France  '.  Los  Espagnols,  au  contraire,  se  montraient 
fort  inhospitaliers  pour  les  Français,  nos  négociants  étaient  fort 
maltraités  en  Espagne.  L'Adelantado  était  le  principal  auteur 
de  ces  mauvais  traitements.  Le  rui  convoqua  pour  la  fin  de  mai 
1601  un  conseil  composé  de  l'amiral  et  des  personnes  les  plus  au 
&it  du  commerce  et  de  la  navigation,  pour  adopter  des  mesures 
de  r^résailles '.  Le  3  août  fut  prononcée  l'interdiction  générale 
da  commerce  avec  l'Espagne,  à  peine  d'emprisonnement  et  de 
confiscation  des  marchandises'.  Le  même  jour,  le  roi  ordonna 
au  connétable  de  Montmorency  de  faire  observer  cette  défense 
par  ses  sujets  du  Langueiloc  et  de  taire  revenir  en  France  ceux 
qui  étaient  établis  dans  les  états  de  Philippe  lU*.  Aux  avanies 
subies  par  nos  nationaux  se  joignait  un  autre  grief  :  la  franchise 
du  palais  de  l'ambassade  française  avait  été  violée  par  la  justice 
espagnole*.  Les  représailles  exercées  par  le  roi  furent  efficaces. 
Le  roi  d'Espagne  fit  publier  dans  tous  ses  ports  une  ordonnance 
pour  assurer  aux  Français,  conformément  à  la  paix  de  Ver^-ius, 
QD  bon  accueil  et  un  bon  traitement,  pourvu  qu'ils  ne  transpor- 
tassent pas  de  marchandises  appartenant  aux  ennemis  de  l'Es- 
pagne. Henri  IV  fit  notifier  cette  ordonnance  aux  marchands 
français  trafiquant  en  Espagne^.  Ceux-ci  avaient  à  soufirir  de  la 
malveillance  intéressée  des  autorités  locales  non  moins  que  de 
celle  de  VÂdelatUado.  Notre  gouvernemenl  obtint  en  1606  que 
les  causes  de  nos  négociants  seraient  soustraites  à  leur  juridiction 
et  déférées  au  conseil.  La  même  année  une  difficulté  nouvelle 
menaçait  de  s'élever  entre  les  deux  couronnes.  Le  gouvernement 
de  Philippe  111  avait  interdit  le  commerce  des  Rochelois  avec  l'Es- 
pagne, eii  prétendant  que  ceux-ci  y  introduisaient  des  marchan- 
dises de  HoUande,  et  que  d'ailleurs  c*ctaienldes  sujets  du  u.»i  si  peu 
obéissants  qu'ils  ne  méritaient  pas  son  intérêt  et  sa  protection  ^. 

1.  UUre  de  Henri  rv  â  Etiuibeth.  5  ocl.  1599.  Lettres  utiu.,  V,  168. 

2.  Lettre  an  eonnélible.  28  mai  tGOl.  Lettres  miss.,  V.  416. 

3.  Pierre  de  Lestoile,  ftegisfre-Joumal,  327.  Collect.  Hirhaud  et  PoiijouUt. 

4.  Uttres  miss.,  V,  41G. 

5.  IMd.,  417. 

6.  Lettre  tla  roi  au  coiinéuble.  21  janr.  1602.  Lettres  miss.,  V,  534. 

7.  Lettrr.  de  If.  de  PaUi«ax  A  U.  de  U  Boderte.  3  oot.  1606.  Ambassades 
de  La  Boderte,  I,  m. 


4â  G.    FAGXIBC. 

Nos  négociants  établis  en  Angleterre  avaient  encore  plus  k  se 
plaindre  que  ceux  qui  s'étaient  fixés  en  Espagne.  Ils  aTaient  à 
faire  k  une  population  qui,  non  moins  jalouse  de  l'étranger  que 
les  Espagnols,  était  bien  plus  en  état  de  s'en  passer  parce  qu'elle 
était  plus  laborieuse,  et  qu'animait  contre  nous  le  fanatisme  reli- 
gieux. Le  traité  d'alliance  défensive  signé  à  Bloisle29avril  1572 
entre  Charles  IX  et  Elisabeth  avait  accordé  aux  Anglais  des 
avantages  commerciaux,  dont  les  Français  n'obtenaient  pas  la 
réciprocité  en  Angleterre.  Les  intérêts  fraiiçais  avaient  été  com- 
plètement sacrifiés.  A  la  vérité,  ce  traité  ne  régissait  plus  offi- 
ciellement les  relations  commerciales  des  deux  pays.  Il  avait 
cessé  d'être  en  vigueur  parce  qu'il  n'avait  pas  été  renouvelé  par 
le  rdi  dans  l'année  de  son  avènement*.  Cela  est  si  vrai,  que  le 
but  poursuivi  jyar  l'Angleterre  dans  ses  négociations  avec  la 
France  de  1599  h  1004  était  le  renouvellement  de  ce  traité  et 
quis  par  suite  de  son  abrogation  tacite,  les  Anglais  furent  de 
nouveau  soumis  au  droit  d'aubaine  dont  il  les  avait  exemptés. 
Mais  et)  £ait  lus  Anglais  n'en  jouissaient  pas  moins  des  avantages 
que  le  traité  de  lïlois  leur  avait  accordés  et  dont  ils  s'étaient 
hAU's  de  profiter  :  ils  avaient  établi  des  entrepôts  pour  leurs 
mnrchandlsTJi  h  Houon,  Caen ,  Dieppo,  Bordeaux*;  Us  inon- 
daient le  marché  françjiis  de  leurs  draps  commuas,  dont  les  gens 
do  la  campagne  no  pouvaient  su)  pusst*r,  parce  que  Tindustrio 
fraii(;jiise  iio  leur  en  offrait  pas  d'aussi  économiques,  mais  qui 
étaient  souvent  fort  défectueux '.  La  saisie  de  ces  draps  prononcée 
par  arrêt  du  Conseil  du  31  avril  1600,  le  règlement  adopté  par 
lo  ConstMl  h  leur  égard,  la  prohibition  des  étoffes  de  couleur 
uuirtt  donnt*roiil  litnienUv  les  deux  gouvernements  à  de  longues 
négociations  auxqut^ltes  mît  fin  lo  traité  de  commerce  du  24  fé- 
vrier ItMXl.  Co  traité  révoquait  VatTèt  en  question  et  soumettait 


t.    Sir  IMfk  iriniTMrf'i  MrmorhUt  af  affiàrs  of  State,  III.   Looâon . 

m^.  t ilMMttr«n  awor*  ealn  leur*  surrvsseon  poorrea  qae  dus  l'an 

«fft»  qu«  11»  (Im^I.  prilKiM  Mn  décMi,  «m  Mcccsacor  d^clar?  par  ombas- 
••4Mr  ol  «M  lottrM  m  «urTlvAiil  qu'il  mctÊÇHa  tn  wiêmti  oaadiljoo»  et  veol 
Htulntvler  U  oi^iuf  oAnrM4r*U«>n...  naU  il  ittrtiii  l'u,  «te...  »  DiuDoot, 
Cw|H  dtft..  V,  |4rr  I,  i>.  'i\i. 

t.  I>ii  «it^l  ilu  lurlptnvnt  *lt  KorMHltt*  4«  5  otUthn  1593  anlt  même 
•KonM  aui  ftiUkiu»irv«AU  Mgiiftb  *UM1»  *  Caw  Im  frivîktH  d«e  bowseoit 
^  C«il«  ^UK  MlUMIkWl  rM«ft|tUuil  «tu  «IMt  à»  Mllife  fMT  1m  loUaB,  bo»- 

y  UUn  4tf  ^UiMiml  4  OldU.  lïjHin  l«n.  iltavMdT»  MemmiaU,  l,  331. 


LB   COnEflCE   DB    U    PRlIfCB  gOtS   HETKI    IT.  |8 

les  contestations  auxquelles  la  qualité  des  draps  anglais  pourrait 
donner  lieu  au  jugement  des  commissaires  des  deux  nations  qui, 
sous  le  nom  de  conservateurs  du  commerce,  devaieut  être  éta- 
blis dans  les  villes  fréquentées  par  les  commerçants  anglais  et 
français.  Le  même  traité  prépara  la  solution  d'une  question  qui 
était  UD  sujet  de  grief  |x:iur  les  Anglais  et  qui  avait  occupé  une 
place  importante  dans  les  négociations  :  nous  voulons  parler  des 
taxes  que  les  villes  servant  d'entrepôts  aux  marchandises  anglaises 
avaient  misée  sur  ces  marchandises  et  qui  s'ajoutaient  aux  taxes 
prélevées  par  le  fisc.  Par  exemple,  les  officiers  municipaux  de 
Rouen  avaient  doublé  le  droit  d'octroi  sur  les  draps  anglais.  Le 
commerce  anglais  avait  été  atteint  par  des  taxes  établies  à  Caen 
sur  les  crGse3iUJ.{kerseys),  le  ploiub,  l'étain,  la  cire,  les  harengs, 
et  par  un  droit  d'entrée  d'une  couronne  par  tonneau  sur  les  vais- 
seaux abordant  eu  Normandie*.  Le  traité,  en  confirmant  les 
droits  levés  daas  les  deux  royaumes  au  profit  de  l'État  et  en 
ordonnant  que  le  tarif  en  serait  affiché  dans  les  lieux  publics,  mit 
les  municipalités  des  villes  que  nous  avons  nommées  en  demeure 
de  produire  au  Conseil  les  lettres  eu  vertu  desquelles  elles  levaient 
ces  taxes,  dont  la  perception  devait  être  provisoirement  continuée 
(art.  3  et  4).  Enfin  la  situation  des  commerçants  résidant  dans 
les  deux  pays  fut  considérablement  améliorée  par  l'abolitiou  du 
droit  d'aubaine.  Ce  vieux  droit  fétidal  et  barbare  s'exerçait  d'une 
façon  qui  le  rendait  plus  odieux  encore;  à  la  mort  d'un  marchand 
étranger,  ses  livres  de  commerce  étaient  fouillés,  souvent  déro- 
bés, ses  caisses,  ses  comptoirs  dévalisés,  on  saisissait  et  on  met- 
tait sous  séquestre  les  biens  de  ses  associés  et  même  de  ses 
confrères,  sous  prétexte  des  relations  d'affaires  qu'ils  avaient  pu 
avoir  avec  le  défunt,  et  ils  ne  pouvaient  obtenir  main-levée  de  la 
saisie  qu'à  prix  d'argent.  Le  droit  d'aubaine  ne  produisait  qu'une 
somme  insignifiante,  que  l'ambassadeur  anglais  Winwood  estime 
À  200  couronnes  par  an  et  dont  le  roi  faisait  don  au  premier 
venu,  mais  il  faisait  perdre  au  roi  bien  davantage.  Les  marchands 
étrangers,  exposés  aux  avanies  que  nous  venons  de  décrire,  se 
oontentaient  d'envoyer  leurs  facteurs  et  leurs  commis,  qui 
logeaient  en  garni,  et  n'apportaient  que  la  quantité  de  marchan- 
dises dont  ils  espéraient  pouvoir  se   défaire  immédiatement. 


I.  Calêndars  of$tale  papers,  Domestic  séries.  EUsafufth,  1598-1603.  P.  503. 
Voy.  aau)  p.  276.  Jacquei  I,  p.  2?9. 


14  G.   FACNIBX. 

N'ayant  plus  h  redouter  le  droit  d'aubaine,  les  négociants  étran- 
gers n'auraient  plus  de  raison  pour  ne  pas  venir  s'établir  en 
Franaï  avec  leurs  faniilles.  y  fonner  des  approvisionnements 
considérables  et  faire  profiter  notre  pays  de  leur  industrie  *. 

En  1003,  la  commission  du  commerce  élabora  et  fit  approuver 
par  le  Conseil  im  projet  d'édit  réglant  la  situation  des  marchands 
étrangers  qui  voudraient  s'établir  en  France.  D'après  ce  projet, 
ces  marchands  pouvaient,  dans  les  trois  mois  postérieurs  à  la 
promulgation  de  l'édit,  s'établir  h  Paris  et  dans  d'autres  villes 
désignées  par  le  roi,  pour  faire  le  commerce  en  gros  dts  matiènés 
premières,  ainsi  qae  des  produits  manufacturés  en  France,  et  des 
produits  manufacturés  h  l'étranger  qui  n'avaient  pas  leurs  con- 
génères en  France.  Pour  jouir  de  ce  privilège,  auquel  s'ajoutait 
l'exemption  du  droit  d'aubaine,  ils  devaient  obtenir  des  lettres  de 
nnluralitè,  qui  leur  seraient  accordées  un  an  après  qu'ils  auraient 
âxé  leur  domicile  dans  l'une  de  ces  villes  et  qu'ils  y  auraient 
apporté  des  marchandises  pour  une  valeur  de  2,000  écus  au 
moins.  Us  pouvaient  même  jouir  dès  la  première  année  de  l'exemp- 
tion du  droit  d'aubaine  et  du  droit  de  faire  le  commerce  dans  les 
conditions  sus-énoncées  en  fournissant  la  preuve  qu'ils  possé- 
daient un  capital  de  2,000  écus  et  en  donnant  c^mtion  de  prendre 
h  la  fin  de  l'année  des  lettres  de  naturalité  et  de  continuer  leur 
commerce  en  France.  Dix  ans  après  la  vérification  des  lettres  de 
naturalité,  ils  devaient  être,  à  condition  de  rester  en  France, 
absolument  assimilés  aux  nationaux'. 

On  voit  que  nous  nous  occupons  presque  autant  de  la  condi- 
tion des  commerçants  étrangers  établis  en  France  que  de  celle  de 
nos  commerçants  établis  à  l'étranger.  Ces  deux  questions  sont 
inséparables.  Le  sort  de  nos  nationaux  h  l'étranger  devait  se 
ressentir  de  l'accueil  que  les  étrangers  recevaient  chez  nous. 
L'inégalité  dans  le  traitement  fait  aux  uns  et  aux  autres  tendait 
à  s'effacer,  la  réciprocité  h  s'établir.  Nous  étions  moins  inhospi- 
taliers pour  les  Anglais,  par  exemple,  que  les  Anglais  ne  Vêlaient 
pour  nous  :  cela  tenait  à  ce  que  notre  gouvernement  n'avait  pas 
adopté  ausai  fermement,  ne  suivait  pas  avec  autant  de  rigueur 
le  système  de  la  protection,  mais  il  ne  faut  pas  exagérer  la  liberté 

t.  D«p^hc  de  \tiitwood  i  Cecill.  18  mAra  1602.  I,  399. 

t.  Compta-rendus  de  ta  Commission  publié!-  par  M.  C  h  .-impoli  ion  Figoac 
duns  tes  Documents  lûitoNques  inédits  tirés  des  coHcctions  nu.  de  la  BiUiotk. 
royale,  IV,  25,  26,  6<Mi2,  83. 


U  COMMERCE   DE  U   FU.^CS  SOUS  HKX&I    n. 


45 


dont  jouissait  chez  dous  le  commerce  étranger.  Nous  venons  de 
voir  que  ce  commerce  oe  pouvait  se  faire  qu'en  gros  S  dans  cer^ 
taioes  villes,  toujours  sous  le  coup  de  saisies  provoquées  par  les 
oorjioratioiis,  que  la  perspective  du  drrjit  d'aubaine  l'obligeait  à 
limiter  ses  approvisionnements  et  à  les  écouler  rapidement,  enfin 
qu'il  avait  k  subir  les  exactions  des  gouverneurs  et  des  munici- 
palités*. U  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  négociants  anglais  qui 
avaient  des  établissements  en  France  causaient,  grâce  à  l'abon- 
dance et  au  bon  marché  de  leurs  marchandises,  un  préjudice 
considérable  à  notre  industrie  et  à  notre  commerce. 

Si  DOS  compatriotes  étaient  peu  tentés  de  fonder  des  établisse- 
ments dans  des  pays  civilisés,  mais  fort  inhospitaliers  pour  leurs 
rivaux  commerciaux,  étaient-ils  attirés  davantage  par  ces  pays 
nouvellement  découverts,  en  grande  partie  inexplorés,  dont  les 
Portugais  et  les  Espagnols  avaient  montré  la  route  aux  autres 
nations  européennes?  En  abordant  cette  question,  nous  n'avons 
pas  l'intention  de  faire  l'histoire  des  essais  de  colonisation  tentés 
sous  le  règne  de  Henri  IV  ;  nous  n'avons  k  nous  en  occuper  ici 
qu'au  jjoinl  de  vue  de  leur  influence  sur  le  commerce  extérieur 
de  la  France. 

La  rapidité  avec  laquelle  les  Hollandais  avaient  établi  leur 
commerce  dans  Tarchipel  de  la  Sonde  (Java,  Moluques),  la  fon- 
dation de  la  compagnie  hollandaise  des  Indes  orientales  (20  mars 
1602)'  devaient  inspirer  k  Henri  IV  l'idée  d'appliquer  à  une 
tentative  analogue  les  épargnes  et  raclivilê  du  peuple  qu'il  avait 
pacifié  et  qui  s'enrichissait  sous  ses  yeux.  Dès  1603  d'ailleurs  son 
attention  avait  été  attirée  de  ce  côté  par  un  ambassadeur  de 
perse  qui  était  venu  lui  demander  son  appui  pour  chasser  les 
Portugais  des  Indes  orientales.  Le  roi  avait  refusé  de  s'associer 


1.  A  l'époque  où  ècrÏTail  HnnU-hn>t^lien[IG15),  les  néKocîaols  étranger»  avateol 
Mpeflduit  réussi  À  tourner  celle  défease  et  à  Tendre  en  détail  et  «n  boutique*. 
Seuleineut  leurs  boutiques  o'ét^eat  pas  sar  la  rne.  P.  43. 

2.  Le  17  juin  1600,  le  lieuteniinl  général  du  bailliage  de  Rouen  condamne  à 
l'ameDde  uu  tnarrband  (Inuiaud  )>our  .ivoir  ilêch.irKé  des  l>alle»  de  chanvre  doos 
cette  Tille,  uns  In  permission  de  l'échennage.  La  sonleni»  renouvelle  U  défense 
Cùte  aux  étranger»  d'eniiiiagulMr  des  nurchudises  sua  cette  iiermUsion, 
oomme  de  les  rendre  A  des  élransers  n'ayant  pas  acquis  droit  de  bourgeoisie  et 
de  \es  vendre  au  déUU.  Ces  Atnuiger«  ne  |K>urroul  veudrc  qu'A  la  balle.  Col- 
Irrlion  Houdonoeau.  «érie  cbrouoi,,  i  la  date. 

3.  Sur  l'origine  cl  le  rapide  progrès  de  la  colonisation  hollandaise  aux  Indes 
orientales,  Tof.  Be«r,  Op.  laud.,  2le  AMb.,  p.  179-180. 


16  G.    rAG?(IEZ. 

h  des  actes  d'hostilité  contre  l'Espagne  *  arec  laquelle  il  était  eo 
paix  et  avait  conseillé  à  l'ambassadeur  de  s'adresser  aux  pro- 
vinces de  Hollaude  et  de  Zêlande'.  L'année  suivante,  un  hotomo 
qui  avait  feit  plusieurs  voyages  aux  Indes  orientales  et  qui  les 
connaissait  bien',  Gérard  de  Roy,  s'associa  plusieurs  personnes, 
entre  autres  Antoine  Godefroy,  trésorier  de  France  à  Limoges, 
et  demanda  au  roi  d'auti:>riser  la  création  d'une  compagnie  des 
Indes  orientales.  La  société  pn^nait  à  sa  charge  tous  les  frais  de 
l'entreprise,  elle  demandait  le  monopole  du  commerce  des  Indes 
pendant  quinze  ans  à  partir  de  sou  premier  voyage,  elle  daaan- 
dait  en  outre  que  le  roi  lui  assignât  un  port  pour  y  équiper  sa 
flotte  et  y  Caire  entrer  en  franchise  les  marchandises  qu'elle  raï>- 
porterait  de  son  premier  voyage,  qu'il  mit  k  sa  disposition  deux 
oanons  par  vaisiseau  et  les  munitions  de  guerre  nécessaires,  qu'il 
obtînt  pour  elle  du  prince  Maurice  b  permission  d'adieto'  oa  de 
ùùie  construire  des  vaisseaux  dans  tes  ProTiaces-Uoies  et  «Tea 
ttrer  des  marins,  enân  que  la  participation  à  l'entreprifie  n'eik- 
trainÂt  pas  dérogeance.  L'association  était  ouverte  peiwiant  six 
mois  après  le  retour  de  la  premièra  expédition  k  tons  œvx  qni 
Toodrùnt  y  apporter  une  somme  de  3,000  Iït.  av  moua.  Ces 
eooditioos  lurent  hoBMdogDées  le  l^^juin  160t  par  «n  arrêt  du 
CiBMoa  qui  daigna  to  port  de  Brest*.  Le  2d  jais,  dnleUras  de 
floaminiaa  de  capîlaiM  gMrat  de  la  flotta  royàlm  daa  Indas 
OTMAtake  fonat  délivrées  h  Gérard  de  Roy.  EUes  lui  doanaieat 
poarocr  de  fiûre  oûoâlniire  et  d'équiper  des  raisseaax,  bû  pa<- 
Mettait  de  s'oHfarar  de  eeax  qui  «ttaqaenient  les  sâeas  et  éb 
garder  ks  quatre  dafiièmes  delà  prise  pour  lui  et  ses  associi» et 
lai  ordMUbait  de  reaair  le  plos  tôt  pœsiUe  ses  vaisaeaiix  à  Bresl 
poar  bîM  Toâe  aax  Indes*.  Les  dkoees  ii'aWiiil  pas  aa  gri  ds 
rSafatâtaca  da  roi.  Sa  idOOfai  ooaofagaiea'aTait  «aconeaTOTé 


;fS»lil 


idtk 


«.mec  ML 


Lt  COIIIBBCR    DE   LA    FRIHCB  SODS   UENRI    IV. 


47 


aucuQ  vaisseau  aux  Indes.  En  revanche,  une  partie  du  ca]tital 
fixé  h  4  miUioDS  de  couronnes  était  versé,  quatre  vaisseaux 
allatenl  mettre  h  la  voile  h  Saint-Malo,  la  plus  grande  partie  de 
la  flotte  était  achctéct  Simon  Dansa  devait  être  attaché  h  l'entre- 
prise pour  escorter  les  convois  avec  ses  vaisseaux,  auxquels  on 
en  ajouterait  d'autres*.  Le  président  Jeannin,  chargé  de  négocier 
une  trêve  entn^  l'Espagne  et  les  Provinces-Unies.avait  profité  de 
son  séjour  aux  Pays-Das  pour  procurer  k  la  compagnie  des 
hommes  et  des  vaisseaux,  il  se  servait  pour  cela  d'un  certain 
Isaac  le  Maire,  originaire  de  Tournay,  dévoué  h  la  France,  avec 
lequel  il  avait  des  entrevues  secrètes,  il  consultait  le  cosraographe 
d'Amsterdam  Planciu^*.  Un  Hollandais,  Peter  Lintgens,  s'occu- 
pait aussi  de  recruter  des  marins  et  des  ouvriers  dans  son  pays*. 
Ces  préparatiCs  causaient  aux  Provinces-Unies  un  vif  mêconten- 
ttimeut.  Leur  agent,  Aerssens,  reçut  l'ordre  de  protester  contre 
Vétablissement  de  la  compagnie  et  contre  les  moyens  employés 
pour  la  constituer,  contre  le  rôle  qu'on  voulait  donner  au  flamand 
Dansa,  contre  l'enihauchage  de  manns  hollandais.  Cette  protes- 
tation était  accompagnée  de  paroles  comminatoires  :  les  Hollan- 
dais menaçiiient  d'aborder  les  vaisseaux  français  et  de  pendre 
tous  les  Flamands  qu'ils  y  trouveraient'.  A  la  suite  de  cette 
énergique  protestation,  adressée  en  ICIO,  le  silence  se  tait  sur 
c^teentreprist^  Ell«  ne  pouvait  réussir  qu'à  la  condition  d'em- 
prunter k  la  HoUaade  ou  aux  auti^es  puissances  maritimes  les 
ressources  qui  manquaient  à  la  France  en  hommes  et  en  matériel; 
ropposition  de  nos  voisins  fit  écliouer  une  tentative  qui  était  déjà 
Assez  avancée  pour  faire  espérer  de  bons  résultats  ^ 

Non  moins  stérile  fut  l'autorisation  donnée  en  1608  par 
Henri  IV  au  s'  de  Lhopital  de  fonder  au  Cap  par  la  conquête  des 
établissements  qu'il  posséderait  sous  la  souveraineté  du  rot^ 

Si  la  France  trouvait  la  place  déjà  prise  dans  les  Indes  et 
rarchi{>el  Indien  par  les  Portugais  et  les  Hollandais,  elle  rencon- 
trait dans  les  deux  Amériques  des  colonies  déjà  arrivées  à  un 


1.  CMepdan  of  itatâ  pttpas.  M«me  série,  d*  469. 

2.  IV/çoeiatioiu  du  président  Jmnnin,  coMect.  PetiloU  xiii,  777  et  8Q|t. 

3.  Miilippsoti,  Heinrich  iV  u.  PhiUpp  Hl.  3  Toi.  in-*».  Berlin,  Doncker, 
1873.  2  Tbcil.  p.  378. 

4.  CaUndart  of  state  papers.  Même  sirie,  d"  469.  473,  478. 

5.  ce  P[iUi|ipiioo,  ubi  tupra,  377-378. 

6.  lUd.,  378. 

Rev.  Histob.  XVI.  !•'  FASC.  2 


•18 


0.    FACXIEZ. 


assez  grand  dcTeloppement  pour  affecter  l'indépendance  et  dont 
l'Espagne,  leur  métropole,  se  réservait  avec  un  soin  jaloux  le 
débouché  et  les  produits.  Les  Français  qui  tombaient  dans  les 
mains  de»  Espagnols  et  qui  étaient  soupçonnés  de  faire  le  com- 
merce avec  les  colonies  hispano-américaines  étaient  misa  mort 
ou  envoyés  aux  galères.  Il  nous  était  impossible  de  fonder  dans 
les  pays  occupés  par  les  Espagnols  des  colonies,  ni  même  des 
comptoirs,  tant  que  nous  ne  disposions  pas  d'une  marine  militaire 
capable  de  pmtéger  nos  vaisseaux  raarcbanils. 

C'cïst  vers  l'Amérique  du  nnnl,  vers  les  pays  qui  fout  aujour^ 
d'hui  partie  des  États-Unis  qu'il  faut  tourner  les  yeux  pour  voir 
des  efforts  suivis  et  couronnés  dans  une  certaine  mesure  de  suc- 
cès. Les  enlrejirises  de  colonisation  dans  la  Nouvelie-Frauce,  qui 
comprenait  le  Canada  et  l'Acadie,  c'est-à-dire  la  Nouvelle- 
Ecosîie,  exercèrent  une  influence  sérieuse  sur  notre  commerce. 

Au  marquis  de  la  Roche  (1598)  et  à  Chauvin  (1599)  succéda 
une  compagnie  formée  par  le  commandeur  de  Chastes  et  où  en- 
trèrent les  principaux  négociants  de  Rouen  et  de  la  Rochelle.  Le 
privilège  do  la  traite  des  pelleteries  lui  fat  accordé.  Le  comman- 
deur de  Chastes  fU  entreprendre  par  deux  officiers  de  la  marine 
royale,  du  Pont-Gravé  et  Charaplain,  un  voyage  d'exploration 
du  cours  du  Saint-Laurent  et  des  pays  qu'il  arrose.  Ce  voyage 
d'exploration  révéla  Texistenco  de  richesses  naturelles  qui  étaient 
propres  &  attirer  les  colons  :  pêcheries,  bois  de  construction, 
prairies,  mines  de  cuivre  et  de  platine. 

A  la  mort  du  commandeur  de  Chastes,  qui  eut  lieu  pendant  ce 
voyage.  Pierre  du  Guast,  s' de  Monts,  gentilhomme  saintoageois, 
devint  le  chef  de  la  colonisation.  Le  roi  le  nomma  son  lieutenant 
général  en  Acadie  du  40*  au  -ÏQ'  degré.  Sa  commission  portait 
qu'il  rechercherait  et  exploiterait  les  mines  d'or  et  d'argent  et 
autres,  dans  le  produit  desquelles  le  roi  se  réservait  le  dixième'. 
Henri  IV  accorda  h  de  Monts  et  à  ses  associés  le  monopole  du 
commerce  pendant  dix  ans*.  Les  oonunis  des  traites  foraines 
ayant  saisi  vingt-deux  balles  de  castor  expédiées  par  de  Monts 
en  France,  le  roi  lui  eu  donna  main-levée  et  déclara  que  les 
marchandises  provenant  de  la  Nouvelle-France  ne  payeraient 

t.  Oa  trooTan  u  w—itiioa  ta  date  da  8  mt.  1603  dus  Marc  Lcscarbot, 
ma.  4ê  ta  .Vovcri/e  Fra»c«.  2*  èdîL  161^ 

%.  L«tlm  da  roi  s4rcsMBta  aux  aalniités  du  rojuuM.  IB  dcceaihre  1603;. 
/M. 


LE  COmtERCE  DE  U   FEiKCE   SOUS  BK.'Oll   I?.  49 

que  les  droits  d'entrée  dus  par  les  marchandises  du  cru  passant 
d'une  province  dans  l'autre  ^ 

Henri  rV  faisait  respecter  le  monopole  de  la  compagnie  de  la 
NouT elle- France  par  les  nations  étrangères,  comme  le  constate 
une  lettre  où  il  demande  aux  Etal^  généraux  des  ProTÎnctis-Uuies 
d'interdire  à  leurs  nationaux  le  traiic  dans  ce  pays  *.  Ce  mono- 
pcie  était  une  des  raisons  qui  empêchaient  le  parlement  de  Rouen 
d'oiregistrer  la  commission  de  de  Monts.  Dans  les  lettres  de  jus- 
sion  que  le  roi  lui  adressa  le  17  janvier  1(304,  il  représente  au 
parlement  que  l'entreprise  n'a  pas  le  caractère  d'un  véritahle 
monopole,  puisqu'il  est  permis  à  tout  le  monde  de  s'y  associer  en 
entrant  dans  la  compagnie'.  L'établissement  de  Tadoussac  était 
ie  centre  principal  de  la  traite  des  fourrures.  De  Monts  en  créa 
on  second  k  Port^-Royal  (aujourd'hui  Annapolis)  où  il  transporta 
la  colonie.  En  16U6  commença  sérieusement  l'exploitation  agri- 
cole de  cette  colonie.  De  nouveaux  voyages  d'exploration  mirent 
en  évidence  la  fertilité  du  littoral  depuis  le  45'  degré  et  demi  de 
latitude  jusqu'au  41*«  et  la  colonisation  semblait  destinée  à  réus- 
sir, lorsque  le  conseil  du  roi,  sur  la  requête  des  marcliands  de 
Saint-Malo,  enleva  à  la  compagnie  son  monopole  au  commence- 
ment de  1607*.  Celle-ci,  qui  déjà  l'année  précédente  avait  souf- 
fert de  la  concurrence  des  Basques  et  des  Hollandais  ^,  se  voyait 
prirée  par  l'arrêt  du  conseil  du  moyen  de  relever  ses  affaires;  il 
ne  lui  restait  qu'à  se  dissoudre.  Cependant,  en  présence  des 
preuves  fournies  par  de  Monts  sur  la  richesse  et  l'avenir  de  la 
oolonie,  le  roi  renouvela  pour  un  an  le  privilège  de  la  société  et, 
encouragés  par  cette  faveur,  elle  fit  partir  trois  vaisseaux  en 
mars  i608.  Les  colons  qu'ils  portaient  sous  la  direction  de 
Champdoré  et  de  Champlaiu  repeuplèrent  Port-Royal  et  fond^ 
reat  Québec  (1008). 

Champlain  dirigea  dès  lors  ses  explorations  dans  le  Canada 
proprement  dit.  En  1600  il  occupa  l'embouchure  de  la  rivière 
des  Iroquois,  affluent  du  Saint-Laurent,  et  le  lac  Champlain.  Il 
créa  au  saut  Saint-Louis  un  nouveau  comptoir  et  un  nouvel  éta- 


1.  Lettre»  da  roi  i  la  cour  des  aides  de  Roueo,  «ux  niattres  des  ports,  offi- 
ders  de  l'amirauté  et  des  traites  foraines  de  Normandie.  8  férricr  1605. 
t.  lelira  miss.,  vil,  465. 

3.  Ibid..  VU.  897,  899. 

4.  Le&carbnt,  592. 
b,  Lescarbot,  591. 


9» 


A.   fàtWOL. 


Hifinml  et.  apr^  la  mort  de  Henri  IV,  reBoota  joâqu'aux  lacs 
ds  eoon  aupérieiir  du  Saînt-Laurent. 

Qneb  fareott  aa  point  de  me  commercial,  les  rèsoltata  des 
découfgfte»  de  Champlain  et  de  flea^êdétiaiaeiUBÎ  LearaaaoooeB 

Datvrelles  da  Canada  et  de  l'Acadie  sont  attectées  par  tontes  les 
descriptions  (Lascarbot,  Cbamplaixit  ttenys)  et  mieax  encore  par 
leur  prosptTÎtti  actuelle.  Les  cuirs,  les  fourrures,  les  mines,  les 
bois  de  conalrnction,  le  cbatiTTe,  les  grains,  la  pêcbe,  etc., 
étaient  de»  ricbeMcsnatoreUes  qui  deraient  attirer  des  colons  et 
altmCDler  nn  commerce  actif  avec  la  France  et  l'Europe.  Mais 
les  colons,  les  marchandu  qui  se  lancèrent  sur  les  traces  dee 
explorateurs  n'exploitèrent  pas  ces  ricliesses  si  variées.  De  même 
quo  ks  Espagnols  ne  s'attaciiaient  dans  l'Amérique  du  Sud  qu'à 
l'expluitation  des  mines,  de  même  que  les  Hollandais  n'allaient 
guère  cbercber  aux  Indes  orientales  que  les  épiceries,  ce  fut  le 
Cf^mraerce  des  fourrures  et  des  cuirs  qui  occujia  presque  exclusi- 
Tcment  les  Français.  Le  P.  Charlevoix  écrit  qu'eo  1608  l'attrait 
du  commerce  des  pelleteries  avait  fait  presque  abandonner  en 
Acadie  la  culture  de  la  terre,  au  point  que  les  colons  étaient 
menacés  de  disette'.  Ce  fut  h  ce  commerce  que  les  découvertes  et 
les  élablis.'^nieûts  des  de  Monts  et  des  Champlain  donnèrent  le 
plus  d'impulsion.  Eu  1008  il  attirait  plus  de  quatre-vingts  vais- 
seaux sur  les  u*)tes  d'Âcadie  et  au  Canada  '.  II  y  eut  aussi  un 
autre  genre  de  commerce  qui  se  ressentit  de  ces  essais  de  coloni- 
sation :  ce  fut  la  pêche.  Elle  devint  plus  active,  elle  exploita  de 
nouveaux  parages  jusque-là  iuexploit:s.  Nous  parlons  delà  pêche 
que  venaient  faire  pendant  trois  mois  de  l'année  nos  pêcheurs  des 
côtes  de  l'Océan.  Quant  à  la  pêche  sur  place,  qui  aurait  évité  à 
nos  terre-neuviers  uu  aussi  long  séjour  dans  des  mers  glaciales, 
qui  leur  aurait  permis  île  faire  trois  voyages  par  an  au  lieu  d'un, 
puisqu'ils  n'auraient  eu  qu'à  venir  charger  le  produit  de  la  pêche 
(îois  colons,  elle  ne  s'organisa  pas  d'une  façon  sérieuse^. 

Le  commerce  des  pelleteries  devint  moins  lucratif  lorsque,  la 
prorogation  du  privil^e  de  la  compagnie  de  do  Monts  ayant 
expiré  le  7  janvier  1609,  il  devint  libre  pour  tout  le  monde.  Les 
sauvages  firent  alors  payer  les  peaux  de  castors  beaucoup  plus 

t.  nutoire  de  ta  iyouvtUe- France,  1744.  9  roi.  in-lS.  I,  190. 

2.  Voffaga  du  Cliamplain^  r.iWm  jwr  Poîmiin,  III,  586.  n.  î. 

3.  L(!!icnrhol,  tJlS.  Dcnys,  DêteripUon  jiéoi/raf/hique  et  historique  des  cela  d« 
VÀmiriqMê  tepUiHtrioHaie,  I,  04.  Il,  341». 


LE  covstEBr.E  r>e  u  punce  socs  hb^ri  rv.  2f 

cher.  «  Aujourd'hui,  écrit  Marc  Lescarbot*,  depuis  la  liberté 
remise,  les  castors  se  vendent  au  double  de  ce  que  le  s' de  Monts 
ein  retiroit.  Car  l'avidité  a  été  si  grande,  qu'à  l'envî  l'un  de 

TaatFe,  les  marchands  ont  gâté  le  conkmorce »  Les  inconvé- 

nients  de  la  libre  concurrence  ramenèrt»nt  Henri  IV  au  monopole, 
qui  semble  en  effet  le  ressort  indispensable  d'entreprise-s  aussi 
hasardeuses  :  la  compagnie  privilégiée  créée  en  1613  par 
Champlain  et  qui  fut  ouverte  à  tous  les  commerçants,  moyennant 
le  versement  d'un  capital,  ne  fut  que  la  ré-alisation  d'une  idéu  à 
laquelle  rexpèrience  avait  fait  revenir  Henri  IV. 

COMMERCE  DE   COMMISSION   ET  DE  TRANSPORT. 

A  côté  du  vendeur  et  de  l'acheteur,  les  opérations  commer- 
ciales mettent  enjeu  des  personnes  dont  le  rôle  doit  maintenant 
nou^  uceu])er  :  nous  voulons  parler  surtout  des  conimissiunnain^ 
et  des  entrepreneurs  de  transports.  Pour  achever  de  parcourir  le 
cadre  que  nous  nous  sommes  tracé,  il  resterait  à  dêlt?rminer  la 
part  que  la  France  prenait  au  commerce  de  commission  et  de 
transit. 

I.    COMMERCE  DE  COMMISSION. 

Les  documents  que  nous  avons  recueillis  ne  nous  présentent 
jamais  îles  commerçante  français  faisant  la  commission  h  l'étran- 
ger pour  leurs  compatriotes.  Ce  silence  ne  suffirait  peut-êti%  pas 
pour  affirmer  qu'il  n'en  existait  pas,  si  l'on  ne  se  rappelait  les 
obstacles  mis  par  It»  législations  étrangères  au  commerce  fran- 
çais dL  qui  rendaient  inutile  le  ministère  d'intermédiaires  dont 
l'existence  suppose  toujours  un  grand  nombre  d'affaires'.  Quant 
aux  commissionnaii^es  agissant  en  France  pour  le  compte  de 
commerçants  étrangers,  il  faut  distinguer  les  commissionnaires 
d'achat  et  les  commissiormaires  de  vente.  Les  mmrnissions  d'achat 
reçues  de  l'étranger  pouvaient  s'exécuter  librement;  elles  favori- 

I.  P.  Cll-GtI. 

?.  Cette  nisoo  n'a  pas  moins  de  raJenr  que  le  lérooignage  fonnel  do  Hont- 
ehrofttteo  :  4  Que  Vo»  HjgeAtés  prennent  la  |KrJne  dt^  s'vnquerîr  »i  no»  mar- 
cJwmU  oat  qu«Jqiie6  cuiDiiiiftftioDnaire^t,  j'enton  jioui-  manier  l«ur  argent  ml  leur 
iOMWir  les  maTcluodiscs  du  pajs  au  préjudice  des  citoycos,  Ki[>»f^li  ea 
bfNIOK.  Aogloifi  en  ÀJiRlelerre,  Flaoïans  en  Flandres.  Si  l'on  tous  eo  nomme 
BB,  IV  «rra  un  riorbean  l»Unc    u  I'.  K4. 


22 


C.  FiGNIEK. 


saient  le  commerce  français  et  ne  faisaient  tort  à  personne.  II  en 
était  autrement  des  comuiissluns  de  vent^:;  cUes  amenaient  sur  le 
marché  firainçaîs  les  marchandises  étrangères»  créaient  une  con- 
currence à  notre  commerce  et  rendaient  illusoires  les  reetriclions 
apportées  à  cette  concurrence  ainsi  que  le  monopole  des  corpora- 
tions. Ausù  les  commissions  de  ventA  venant  de  l'étranger  ne 
pouvaient  légalement  être  exécutées  que  par  des  commission- 
naires ayant  un  caractère  officiel,  limités  en  nombre,  et  dans  les 
conditions  où  les  marchands  étrangers  auraient  pu  vendre  eux- 
mêmes,  c'est-à-dire  en  gros,  dans  les  marchés  et  après  examen 
des  gardes  jurés  '.  Ce  fut  Henri  m  qui  créa  ces  commissionnaires 
on  titre  d'office  par  un  édit  du  mois  de  mars  1586,  qui.  rappelant 
les  anciennes  ordonnances  mises  en  oubli,  n'autorisait  les  étran- 
gers à  vendre  que  dans  les  foires  et,  en  dehors  des  foires,  dans 
les  conditions  que  nous  venons  d'indiquer.  I.«s  commissionnaires 
ÎDâtitués  par  Henri  lU  étaient  tenus,  lorsqu'ib  faisaient  une 
vente  au  comptant,  de  payer  leur  commettant  dans  les  vingt- 
quatre  heures;  dans  les  ventes  à  terme,  ils  garantissaient  la  sol- 
vabilité de  Tacheteur  (faire  les  debtes  bonnes),  faisaient  connaître 
son  nom  et  le  prix  de  vente  à  leur  commettant,  auquel  ils  remet- 
taient l'argent  quinze  jours  après  l'échéance.  Us  lui  avançaient, 
sur  sa  demande,  les  frais  de  transport  et  le  montant  des  impôts, 
dont  ils  se  remboursaient  sur  le  prix,  capital  et  intérêt  à  raison 
de  10  pour  lÛÛ.  Ik  donnaient  caution  et  étaient  solidairement 
responsables  envers  leurs  commettants,  qui  pouvaient  avoir 
recours  sur  leur  bourse  commune.  Leur  commission  était  de 
6  dea.  pour  livre.  Us  ne  pouvaient  être  coranterçants  ni  s'asso- 
cier avec  des  commerçante.  Enfin  ils  étaient  exempts  des  charges 
publiques*.  Cn  arrêt  du  conseil  du  15  avril  15D5  créa  dans  les 
Tilles  les  plus  commerçantes,  à  côté  de  ces  commissionnaires,  des 
ooortiers  privilégiée  chargés  do  les  mettre  en  rapport  avec  le 
public.  Lear  miniât^  n'était  pas  obligatoire.  Ils  faisaient  égale» 
ment  le  courtage  pour  les  agents  de  change  et  de  banque.  Paris 
eut  huit  courtiers,  Lyon  en  eut  douze,  Rouen  et  Marseille  quatre, 
Amiens,  Dieppe  et  Calais  an.  Tours,  la  Roch^e  et  Bordeaux 
deox,  Tooloose  trois.  Lear  oonoours  devait  être  asseï  recherché. 


I.  ne»  *Uii  de  mm^fmrlm  »uchM«s«s  4at  fania»,  mais  i 
1,  10*3. 


ÏX  COMMKaCB   DR  U  niRCK  SOCS   OBNU   IT. 


23 


car  lorsqu'ils  contro-signaient  un  acte  de  vcalo,  leur  signature 
emportait  hypothèque  sur  les  biens  de  l'acheteur  à  partir  de 
l'échéance  du  tenue  stipulé  et  après  les  sommations  légales. 
L'arrêt  du  15  avril  1595  ne  se  bornait  pas  h  instituer  des  cour- 
tiers; il  autorisait  les  commissionnaires  k  rece^oir  et  &  faire  des 
dép6ts  d'argent  moyennautun  intérêt  qui  ne  devait  pas  être  supè- 
ricor  k  rintérèt  légal.  En  recevant  des  dépots,  les  commission- 
fiaîres  devenaient  Jusqu'à  un  c<^rtain  point  des  biinquiers;  en  en 
foisaut»  ils  tiraient  parti  du  prix  des  marchandises  qu'ils  avaient 
Tendues  [tendant  le  court  délai  entre  le  momentouilsle  touchaient 
et  celui  uù  ils  le  transmettaient  à  leur  commettant  '. 

Nous  avons  dit  qu'en  droit  les  commerçants  étrangers  no  pou- 
vaient s'adresser  pour  faire  vendre  leurs  marchandises  eu  France 
qu'aux  commissionnaires  officiels.  Nous  avons  semblé  indiquer 
par  Ih  qu'il  en  était  autrement  dans  la  pratique.  Telle  est  en  elTet 
notre  iwnsêe.  L'èdit  de  1586  défend  formellement  et  sous  des 
peines  sévères  &  d'autres  que  les  commissionnaires  qu'il  ins- 
titue, notamment  aux  commorçauts,  de  vendre  pour  le  compte 
des  commerçants  étrangers*.  La  pratique  interdite  par  cet  édit 
était  bien  tentante  et  en  même  temps  bien  facile  à  dissimuler 
pour  nos  commerçants;  même  en  l'absence  de  textes  formels,  il 
serait  permis  de  croire  qu'ils  ne  se  faisaient  pas  faute  de  vendre 
comme  pour  leur  compte  des  marchandises  appartenant  h  leurs 
commettants  étrangers,  d'autant  plus  que  les  règlements  du  leurs 
corporations  ne  le  leur  défendaient  pas  et  qu'il  y  avait  là  pour 
elles  une  extension  fort  profitable  de  leurs  affaires.  Il  n'y  avait, 
à  notre  connaissance,  que  les  statuts  des  merciers  qui  défendissent 
de  faire  la  commission  et  le  courtage  pour  les  étrangers'.  C'eût 
été  là  une  exception  considérable,  vu  le  grand  nombre  d'articles 
qu'embrassait  le  commerce  de  la  mercerie  ',  si  celte  interdiction 


1.  Voy.  cet  arrél  Arrb.  naL,  Rnndonneau.  sérié  chronnloRlquc,  &  U  dite. 

2.  •  Anui  eftl  défendu  à  tau§  mArchsnft  oa  autres  babitaDA  dead.  rillea  de 
piartar  leur  nom  nu  iitan|ue  aasd...  Torains  oy  rendra  Ifsil.  rDarctiandîHs  par 
«meiiMiOD  tout,  leur  nom  d)  aulrcmeat  aur  peine  de  contiscatioo  de  mar- 
chandise» et  de  500  escus  d'amende  è  l'encontre  de  cctuy  qal  l'aura...  veadae... 
par  comioission.  o  FonUnon,  loc.  cit. 

X  ■  ...  deffeadon«  A  (ouft  marchanda  ...  estre  coartier  commissionnaire  poar 

•nciui  élraiu(<T  on   forain i>  Ord.  de  juillet  IGOt,  art.  10,  dans  AacMi/ 

fûrdoun.,  itatuU  et  règlements  du  corpt  dit  la  mercerie,  1767. 

i.  <  La  merteric  conlieot  en  soy  sii  estais  s^jToir  est  :  1.  Lv  marchand 
inMSier  qBÎ  dcbilo  ca  gros  toulca  &orUsi  de  marcbandiscâ.  L  Le  martliaud  de 


24 


ti.  FAr.\ir^. 


avait  ètè  observée,  mais  Savary  nous  apprend  que  de  son  temps 
elle  ne  l'était  pas  et  que  les  merciers,  comme  les  autres  commer- 
çants, acceptaient  des  commissions  de  rétranger  '.  Ce  qui  se  pas- 
sait du  temps  de  Savary  avait  lieu  déjà  sous  Henri  lY.  Mont- 
chrestien,  qui  écrivait,  on  le  sait,  quelques  années  après  la  mort 
de  ce  prince,  nous  apprend  que  les  étrangers  faisaient  faire  leurs 
ventes  comme  leurs  achats  en  France  par  des  commissionnaires 
ou  des  facteurs  et  déplore  l'extension  que  ce  mode  de  procéder 
donnait  h  leur  commerce,  ainsi  que  le  concours  qu'ils  trouvaient 
à  cet  égard  chez  nos  compatriotes*.  On  comprend  en  effet  que  nos 
commerçants,  pour  ne  parler  que  d'eux,  étaient  fiien  aise^  de 
joindre  les  profits  de  la  commission  à  ceux  de  leur  commerce 
personnel. 

II.    COMMERCE  DE  TR.INSI'ORT. 

Sous  ce  litre,  c'est  principalement  le  commerce  de  transport 
maritim*;  qui  nous  occupera.  Nous  n'oublions  pas  que  les  rela- 
tions commerciales  de  la  France  avec  l'étranger  ont  lieu  en 
grande  partie  par  terre,  qu'elle  lient  au  continent  par  sa  frontière 
orientale  et  par  une  partie  de  sa  frontière  méridionale,  et  que  sa 
situation  géographique  lui  permettait  de  transporter  dos  marchan- 
dises par  ses  cours  d'eau  et  ses  routes  entre  l'Allemagne,  les 
Pays-Iïas,  la  Flandre,  l'Espagne,  t'ilalie.  Nous  avons  vu  que  le 
cunuuerce  clandestin  entry  hs  Provinces-Unies  et  l'Espagne  se 
faisait  par  le  transit  de  la  France  qui  faisait  passer  comme  mai*^ 
chandises  françaisi^-s  los  marchandises  des  deux  Et<its  belligé- 
rants; une  partie  de  ce  transit  s'opérait  par  terre.  Mais  en  général 
le  commerce  étranger  évitait  de  traverser  notre  territoire  à  cause 
de  nos  douanes  intérieures  et  de  l'état  fort  défectueux  de  nos  voies 
de  communication. 


ilraps  d'or,  U'artient,  ic  soyi^.  demie  oMadc,  sai^s  et  loillcs.  3.  Marcbands  4e 
loiiteft  mfiaues  merceries.  4.  Marchand  jouaillier  vendant  orfèvrerie,  iiierrei 
précmus,  |ierlc»  et  tous  autres  joyaux.  5.  MarclinnJ  quiii]({URllier.  G.  MAreb^iid 
Apicler  tirogujrr  nnan  Icmiui'Ia  snfii  c-.um|irinA  ...  Imifi  les  iiulrcii  états  cy  a|>n!ii 

déclarez »  RitraiL  da  ordnntiiinceft,  articles  et  rc^iloniens  i||iie  le  Roy  veull 

..  esire  ...  tenus  ...  pur  fun  maistre  risilcur  cl  gênerai  réformateur  de  raar- 
chandis*'s  de  KroPHeries,  morcLTio*,  jourtilleries,  etc.  27  soûl  1607.  Gollecl. 
Roiidûnneau,  ft^rie  rhtnniMtigtiiuc,  a  la  date. 

!.  le  i'arfait  yëyocianl.  éd.  1777,  I,  57Î-573.  Cf.  Encydopédie  méthod. 
Commerce,  t*  Commissionnaire. 

2.  P.  «,  48,  54,  74. 


LS  wmnct  DR  u  rtAnat  sors  uettii  it. 


25 


En  oblipt'anl  par  iinfl  déclaration  de  1585  toutes  les  marchan- 
dises de  Flandre,  d'AngleteiTe,  d'Allemagne  h  destination  de 
ritalie  et  du  littoral  méditerranéen  de  l'Espagne  à  passer  par  la 
douane  de  Lyon,  Henri  ITI  fit  jwrdre  k  la  France  la  |ilu.s  grande 
partie  de  ce  transit  :  la  Flandre  et  l'Angleterre  créèrent  alors 
pour  leur  commerce  une  navigation  directe  avec  Tltalie  *.  On 
n'avait  pas  encore  eu  l'idée  d'établir,  pour  les  marchandises  qui 
n'entraient  en  France  que  pour  être  exportées,  des  entrepôts  où 
elles  auraient  pu  séjourner  en  franchise.  Ce  fut  Colbert  qui 
accorda  le  premier  cette  facilité  an  commerce  de  transit',  mais 
les  commerçants  étrangers  obtenaient  déjh  des  passe-debout, 
c'est-à-dire  une  réduction  àes  droits  de  douane  pour  les  mar- 
chandises qui  ne  devaient  pas  être  consommées  en  France.  En 
1606,  des  marchands  milanais  présentent  requête  au  conseil  pour 
faire  passer  debout  des  marchandises  d'Espagne  et  d'Italie  à  des- 
tination de  la  Flandre  et  de  r.\llemagne>. 

La  nature  n'avait  rien  refusé  h  la  France  de  ce  qui  est  néces- 
saire au  développement  d'une  marine  marchande  :  habiles  char- 
pentiers de  navire,  fer,  bois  en  abondance  pour  la  construction  *, 
chanvre  excellent  et  poix  pour  la  voilure  et  le  gréement*,  popu- 
lation de  pécheurs  nombreuse,  ne  se  bornant  pas  à  la  pèche 
c&tîére,  mais  habituée  à  aller  flécher  le  hareng  sur  les  côtes 
d'Ecosse  et  d'Irlande,  la  morue  et  la  baleine  en  Amérique. 

Malgré  ces  ressources  naturelles,  notrt?  marine  marchande 
était  inférieure  à  celles  de  l'Espagne,  de  l'Angleterre  et  de  la 
Hollande.  De  ces  trois  marines  marchandes,  la  première  était  en 
déclin,  la  seconde  se  relevait  avec  Elisabeth  de  la  décadence  où 
l'avaient  laissée  tomber  Edouard  VI  et  Marie  Tudor,  la  troisième 
était  à  son  apogée.  Dans  un  ménioire  présenté  en  1603  à  Jac- 
ques 1",  l'un  des  plus  grands  esprits  du  temps,  sir  Walter  Ha- 

Ir  Forbonnùs,   ftecberchts  et  wtuidératioM  tur  ies  finance*  <U  France. 
2  »oL  Ui-4-.  I,  7U-71,  137. 
î.  /iri.,  370. 

3.  Arrêt  du  Cooseil  des  finances  du  21  mars  1606.  Arcb.  aat.  CollecUoa  des 
*rrtt«  liudil  Conseil  à  Ia  d«t«. 

4.  •  U  &«  trouve  des  meilteurf.  charpcnlieni  du  monde  jKHir  lufitir  et  coos- 

tniira  des  Davires  de  toalcs  snrlnt à  Dicppr,   Unnnrflcur  et  un  Havre,  et 

de  fort  bun  boïït  [tour  cet  ellccl  aux  forcsts  prochaines  avec  tout  ce  qui  y  est 
Mccuaire  d'ailleur»  puar  les  ei|uip|)er,  appareiller  et  uellrc  bors....  ■  Tli.  Le 
rêne.  0/>.  taud.  30. 

5.  Uéuioire  [tour  rc&tabliBsenieiil  da  Iraflle,  eomiuerce  et  aê^ce  de  mer  eu 
Tnou.  Brieaae.  319.  t.  7. 


36 


G.  PAcnez. 


lei^'h,  compare  la  marine  et  le  commerce  de  son  pays  h  la  marine 
et  au  commerce  des  Province*- Unies.  Il  nous  apprend  que  c'était 
la  marine  des  Provinces-Unies  qui  transportait  dans  la  Pomèra- 
nie,  la  Pologne,  le  Danemark,  la  Norwège^  la  Suède,  l'Alle- 
magne et  la  Russie  presque  toutes  les  marchandises  de  la  France, 
de  l'Espagne,  du  Portugal,  de  la  Turquie,  de  l'Italie  et  de  l'An- 
gleterre. Celle-ci  n'envoyait  annuellement  dans  les  pays  delà 
Baltique  qu'une  centaine  de  vaisseaux  et  son  commerce  ne  so 
faisait  presque  qu'avec  Elbing,  Kœnigsberg  et  Dantzig,  tandis 
que  les  armateurs  hollandais  y  envoyaient  environ  3,000  vais- 
seaux et  étaient  en  relation  d'affaires  avec  toutes  les  villes  de  la 
Baltique.  Le  commerce  hollandais  était  représenté  dans  tous  les 
ports  et  toutes  les  villes  de  France,  le  commerce  anglais  dans 
cinq  ou  six  seulement.  I^s  Provinces-Unies  possédaient  autant 
de  vaisseaux  que  onze  États  ensemble,  y  compris  l'Angleterre, 
elles  en  construisaient  un  millier  par  an .  Leur  conmieroe  avec  la 
Russie,  auquel  vingt  ans  auparavant  suffisaient  deux  vaisseaux, 
en  occupait  maintenant  trente  ou  quarante  et  était  encore  en 
voie  d'accroissement.  Le  commei-ce  maritime  des  Anglais  avec 
cet  Etat,  si  actif  pendant  soixante-dix  ans,  était  réduit  en  1600 
à  quatre  vaisseaux,  il  deux  ou  trois  en  1002.  Et  cependant  les 
Provinces-Unies  manquaient  de  bois  de  construction  et  leur  ter- 
ritoire no  fournissait  que  peu  de  fret.  C'était  au  commerce  do 
transport  que  leur  marine  devait  son  développement,  et,  si  elle 
obtenait  la  préférence  du  commerce  européen,  c'est  que  son  fret 
était  plus  économique,  parce  que  l'équipage  des  vaisseaux  hollan^ 
dais  était  moins  nombreux.  Tandis  qu'un  navire  anglais  de  cent 
tonneaux  exigeait  un  équipage  de  trente  hommes,  il  aurait  suffi 
de  huit  marins  hollandais  pour  le  manœuvrer  *.  La  Hollande 
attirait  aussi  dans  ses  ports  le  fret  étranger  en  le  faisant  jouir  de 
la  franchise  d'entrée  et  de  sortie  '.  Cette  infériorité  du  commerce 
maritime  anglais,  qui  contredit  l'opinion  que  l'on  s'en  fait  géné- 
ralement, est  confirmée  par  d'autres  documents  :  citons  seulement 
un  document  anglais  qui  constate  en  1598  la  décadence  manifeste 


1.  C'est,  on  le  sait,  la  tn^me  ralMo  qai  assare  aujourd'haî  la  sapériorité  de 
la  roariiie  marclinnde  i9eA  GUlH-Uniit. 

?.  Mi'iuoirc  rilé  <>t  analya^  par  Lindsjiy,  Riitortf  of  andent  commerce  and 
merchant  ikipping.  1874,  11,  15'2-1G4.  Cf.  Farbmiiiiiih,  I,  423,  sur  le  dévelop- 
pcnieol  ilf  la  marine  marcliaadv  clet  ProTfnce»-Unie«6ii  IG69.  Voy.  aussi  Béer, 
tUd  supra,  186,  201. 


LE   COXMBRCE   I»E   U    PliNCB   SOUS   HEIIBI    IV. 


27 


des  jwrts  de  Newcastle.  de  Hull,  de  Boston,  de  Lyiin,  de  Sou- 
Ihamptou,  de  Pool,  de  Wejniouth,  de  ItrUtol  et  de  Chesler*. 

Comment  expliquer  que  la  Fi'antw  se  laissât  devaiicor  dans  le 
commerce  des  transports  maritimes  par  la  Hollande,  l'Espagne 
el  l'Angleterre? 

Cette  infériorité  s'explique  par  plusieurs  raisons  :  petitesse  des 
bâtiments  qui  oe  résistaient  pas  à  la  mer',  manque  de  marins, 
mauvais  état  des  ports^,  défaut  de  colonies,  inégalité  de  traite- 
ment de  notre  marine  marchande  et  des  marines  marchandes 
étrangères,  morccUoment  de  l'autorité  maritim*^  par  suite  de 
rexistenco  des  amirautés,  absence  d'une  marine  militaire  capable 
de  protéger  notre  marine  marchande. 

L'esprit  d'initiative  de  Henri  IV  se  manifesta  h  l'égard  de  la 
marÎDe  marchande  comme  de  toutes  les  branches  de  la  richesse 
publique.  Dès  1599  il  encourageait  ses  sujets  h  construire  et  à 
acheter  des  vaisseaux,  dans  l'espoir  âa  ravir  à  l'Angleterre  et  à  la 
Hollande  le  commerce  de  transit  arec  l'Espagne,  qui  contribuait 
tant  k  la  richesse  de  ces  deux  pays.  Cette  prétention  risquait 
même  de  nous  brouiller  avec  l'Angleterre  *.  L'année  suivante,  il 
fit  procéder  k  une  visite  des  ports  et  dresser  l'état  des  réparations 
dont  ils  avaient  besoin  *.  Nous  avons  dit  ses  efforts  pour  fonder 
des  oolûnies.  qui,  outre  qu'elles  devaient  assurer  k  notre  com- 
merce d'échange  de  nouveaux  débouchés  et  de  nouveaux  articles, 
étaient  destinées  à  créer  à  notre  profit  le  monopole  du  commerce 
de  transport  entre  elles  el  l'Europe.  Dans  ses  Remontrances  en 
forme  (Tèdit,  Barthélémy  Laffemas  propose  de  soumettre  le 
coomierce  maritime  à  un  règlement  élaboré  par  d'anciens  négo- 
ciants de  Bordeaux,  de  Rouen,  de  Narbonne  et  de  Marseille  et 
accordantdesprivilègesà  la  marine  marchande  nationale  (art.  x). 

1.  Catetuiart  of  state  papérs.  Daniestic  séries,  ElisfAeVi,  p.  1. 

2.  L'édit  iur  l'aiiiirjiiilé  de  mars  1584  «vait  earouraRé  la  coDStnirtion  de» 
lUTtres  de  |ilas  du  300  looneaux.  Art.  i.zxii.  PardesMis.  Recueil  des  lois  mari' 
timtt,  rv,  293, 

X  C>»t  »hMi  que  ootre  inr^iiorité  daus  le  commerce  mariliroe  tfX  eipliiiuéf. 
dus  des  m^rooiiTs  rédigrâ  aa  couDienccnteal  du  règne  de  Louiâ  XIII  [>ar  des 
oarigateure  ou  de«  raarchauds^  et  iuul>sés  par  Dareitc,  Uiat.  de  l'administra- 
tion, 11^  250-^51.  Le  inaQ<iae  de  marins,  siRoalé  pu  ces  mémoires,  ne  contre- 
dit pà*  &b»nlutDiiot  ce  que  nous  avoua  dît  du  grand  nombre  de  pAcheurt. 

4.  Calendar>  of  state  papers,  p.  1&6. 

5.  C'eal  du  moina  ce  que  dit  Forbonoais  »aas  en  produire  U  preuve  (I,  39}: 
HMU  a*on»  rainROMmt  chercha  ce  dcvi!;  de  travaux  qui  anr.iil  tant  d'intérêt 
pour  noQB. 


28 


ti.    KAr.NIEX. 


Ici  la  protection  était  justifiée  par  l'exemple  de  l'étranger.  En 
mettant  un  droit  d'ancrage  sur  les  vaisseaux  étrangers  entrant 
dans  les  ports  et  havres  du  royaume,  le  roi  ne  faisait  qu'user  de 
réciprocité*. 

La  marine  militaire  et  ïa  marine  marchande  étaient  placées 
sous  l'autorité  de  l'amiral  de  France  et  des  amiraux  de  Bretagne, 
de  Guyenne  et  de  Provence.  Nomination  du  personnel,  connais- 
sance des  causes  relatives  aux  pêcheries  et  au  commerce  mari- 
time", telles  étaient  les  principales  atlriLutions  de  ces  grands 
officiers.  C'est  dire  que  le  commerce  maritime  de  la  France, 
comme  sa  puissance  navale,  éUiient  h  leur  discrétion.  Henri  IV 
n'enleva  rien  k  leur  autorité,  il  ne  chercha  même  pas  à  établir 
l'unité  parmi  ces  pouvoirs  distincts.  A  la  fin  de  son  r^ne,  on  n'a 
pas  d'autre  siniplifîcatiou  h  signaler  dans  cette  oqjaiiisaliun  que 
la  réunion  de  l'amirauté  de  Bretagne  à  l'amirauté  de  France,  qui 
comprenait  déjà  celle  de  Normandie  el  Picardie  et  se  trouvait 
dans  les  mains  du  duc  de  Damville.  L'amirauté  de  Guyenne  et 
l'amirauté  de  Pi*ovence  avaient  encore  uue  existence  indépen- 
dante. M.  de  Châtillon  avait  la  première,  et  la  seconde  était  atta- 
chée au  gouvernement  de  Provence,  qui  appartenait  alors  au  duc 
de  Guise  ». 

Il  y  avait  ou  un  temps  où  la  France  disposait  d'une  marine 
militaire  respectable.  François  I"  et  Henri  IT  avaient  entretenu 
de  vingt-cinq  à  trente  galères  qui  leur  avaient  ]>ftrmi8  d'entraîner 
Gênes  dans  leur  alliance,  d'intercepter  les  secours  que  Charles- 
Quint  aurait  voulu  envoyer  dans  le  Milanais  et  le  royaume  de 
Napleset  de  tenir  en  respect  la  Toscane  et  le  souverain  pontiÉe. 
Mais  les  guerres  religieuses  amenèi*ent  la  ruine  presque  ctmiplètti 
de  notre  marine  *.  Toutefois  cotte  ruine  n'était  pas  encore  accom- 
plie en  1572.  Nous  lisons  en  effet  dans  la  relation  d'un  ambassa- 
deur vénitien  antérieure  à  celle  qui  nous  apprend  cette  décadence, 
qu'à  cette  époque  la  marine  du  Levant,  c'est-à-dire  de  la  Médi- 


t.  C«  droit,  qui  proToqua  roppo&Uion  des  parlements  de  Rouen  et  de  Rennes, 
fui  concédé  au  marënhal  d'Ornann  >i>n  paicinent  de  ce  (|ue  lui  devait  le  ruL 
Arrêt  du  coniteil  de»  rinanceH,  21  mars  lf.OCi,  An:li.  nal.  Ctdiecl.  des  arrfta  dti 
dit  cunscil,  h  In  dntc.  I.etfres  miss.,  VI,  58. 

2.  Riar  des  assurances,  dont  la  conoalstancc  avait  été  atlribuÈe  aux  juges- 
consnli. 

3.  Sir  George Oarew'a ittfto^lon  oftkestate  of  France under Ktng Oenrif  JV^ 
dans  Th.  Ilircli,  An  histortcat  view  af  tha  neçnttattonj  hHween  (he  courts  of 
Bngland,  Fronce  and  Brusseh,  from  \h^'l  h  1617.  Iu-8".  Lomltm,  1749,  p.  429. 

4.  n<^I»li[in  lie  Gu!t»)tit  rt  Niioî  dniih  Ir  rcruril  dr  Banizzi  ri  Bi^rrhet,  I,  468. 


U  COMHERCE  UE  LÀ  F&ANCB  SOCS  BEYRI   IV. 


29 


terranée,  se  composait  de  dix-huit  galères  et  de  dix  sept  vaisseaux 
de  400  k  1500  tonneaux  '.  Le  déclin  de  la  marine  militaire  ne  fit 
que  s'accroître  sous  Henri  III,  malgré  les  efforts  de  ce  pnnce 
ponr  U  reïever.  En  1594,  le  nombre  des  galères  était  si  réduit, 
que  les  condamnations  aux  galères  ne  pouvaient  être  exêcutée-s 
et  que  cette  ]}eine  dut  être  conunuèe  en  celle  du  liannissemcut*. 
Le  roi  se  préoccupait  dès  lors  d'équiper,  de  réparer  celles  qui  lui 
restaient  et  d'en  faire  construii'e  de  nouvelles.  Au  commencement 
de  1595,  U  faisait  demander  pour  leur  entretien  150,000  écus 
aux  États  de  Languedoc  et  la  même  somme  aux  Etats  de  Pro- 
vence^. A  la  an  de  cette  année,  il  chargeait  son  ambassadeur  h 
Constanlinople,  M.  de  Brèves,  d'en  obtenir  du  sultan  dix  ou 
douze  avec  leur  chiounne,  en  attendant  celles  qu'il  se  proposait 
de  faire  construire  et  armer  sous  peu*.  Le  duc  dç  Retz,  général 
des  galères,  reçut  des  pouvoirs  pour  recruter  des  forçats.  Le  roi 
demanda  à  l'assemblée  des  notables  d'assigner  un  fttnds  sj)écial 
pour  l'entretien  des  galères  qu'il  voulait  avoir  à  Marseille*.  Le 
4  février  1597,  il  annonce  l'intention  d'affecter  une  partie  des 
receltes  du  budget  de  cotto  année  à  l'enlpeticn  <le  douze  galères 
au  moins  '^,  11  se  mit  en  effet  de  suite  à  en  faire  construire,  comme 
on  rapprend  par  une  lettre  du  8  juillet  1597'.  En  1600,  à  la 
suite  d'une  inspection  de  nos  ports  et  de  notre  flotte,  celle-ci  fut 
réparée'',  quelques  galères  furent  mises  à  flot  *.  Il  projetait  d'en 
construire  et  d'en  armer  vingt  pour  le  printemps  de  l'année  sui- 
vante, et  pour  se  procurer  des  chiourraes  il  songeait  à  acheter  en 
Orient  des  esclaves,  mais  il  craignait  d'iudîsposer  le  Grand-Sei- 
gneur et  oi>d[>nnait  k  son  ambassadeur  de  le  sonder  à  ce  sujet'". 
Mais  il  fut  obligé  de  rabattre  de  ce  projet,  son  ambition  se  rédui- 


1.  RelAziooe  ili  AlviM  CuaUrini,  ilaoft  ImRelaiionidegli  ambasdafori  vtneti 
d'Alberi,  série  I,  IV,  235.  - 

3.  L«llre  de  Henri  IV  aa  partement  de  Normandie,  29  Jaur.  1594.  Lettres 
Mia.,  IV,  93. 

3.  CoDimiuioQ  aa  a'  du  Uais«e,  Vt  janrier  1596.  Arcli.  naU  AiréU  du  Coasei) 
des  (maocci  à  la  date. 

4.  Lettre  A  U.  Je  Brère*,  U  décembre  1595.  Lettres  miu.,  IV,  475,  600. 

5.  Lettre  do  23  jan».  1587.  laid.,  675. 

6.  tbid.,  635. 

7.  Ibtd.,  805. 

8.  Forbonaais,  1,  39. 

9.  Lettre  de  M.  de  Brères,  10  joillel  1600.  Lettres  miss.,  V,  247. 

10.  Lettre  &  M.  de  BrtreA,  31  oct.  tCOO.  lettres  miss, toc.  cit.,  334.  Ce  pro- 
jet M  réallu  au  moins  daiu  une  e«rldine  mesure  :  il  y  iTail  en  1607  deft  Tures 
ftur  lea  galères  du  roi.  Ambassades  de  La  Boderie,  II,  3ûO- 


30 


C.    FAC?tlBZ. 


sil  à  en  faire  construire  de  vingt  h  trente  en  tout,  dont  dix  en 
1601.  Au  commencement  de  cette  année,  il  y  en  arait  cinq  d'ar- 
mées à  Marseille  et  une  en  état  d'être  mise  à  la  mer.  Quant  aux 
quatre  autres,  elles  devaient  êtres  fournies  toutes  prêtes,  sauf  la 
chiourrae,  pour  40,000  ducats,  par  un  Génois,  Francesco  Lom- 
meleni  ^ 

Henri  IV  nourrissait  le  projet  de  porter  la  puissance  maritima 
de  la  Franco  h  un  point  qu'elle  n'avait  jamais  atteint  sous  ses 
prédécesseurs.  11  avait  traité  dans  cette  vue  avec  plusieurs  arma* 
leurs,  il  avait  pris  à  son  service  Sinioo  Dansa  et  ses  vaisseaux, 
il  devait  enrôler  d'auti'es  capitaines  hollandais  et  danois.  La 
mort  vint  interrompre  Texêcution  de  son  dessein.  H  laissait  la 
marine  de  guerre  moins  puissante  qu'elle  n'avait  été  sous 
Charles  IX.  Cette  marine  se  composait  de  quatorze  galères,  qui 
n'appartenaient  pas  k  l'Etat,  mais  étaient  louées  h  des  particu- 
liers moyennant  9,500  écus  par  an.  Elles  restaient  armées  huit 
mois,  le  reste  du  temps  le  roi  ne  payait  que  l'entretien  des  galé- 
riens, l'équipage  s'en  allait,  mais  il  devait  se  tenir  à  la  disposition 
du  roi.  Un  peu  plus  grandes  que  le.s  galères  vénitiennes,  elles 
avaient  vingt-huit  bancs  de  rameurs  et  n'allaient  pas  vite  h  la 
rame,  mais  mieux  à  la  voile.  Elles  quittaient  rarement  le  port, 
de  sorte  que  l'équipage  était  peu  expériincntô.  La  flotte  station- 
nait tout  entière  dans  la  Méditerranée;  pour  la  défense  des  côtes 
de  l'Océan,  on  comptait  sur  les  vaisseaux  que  le  Danemark  et 
d'autres  puissances  maritimes  fourniraient  en  cas  de  besoin'.  Il 
ne  faut  pas  s'étonner  que  cette  flotte,  si  peu  nombreuse  et  si  mal 
montée,  n'appartînt  même  pas  au  roi.  La  marine  anglaise,  beau- 
coup plus  considérable  que  la  nôtre,  se  composait  aussi  en  partie 
de  vaisseaux  armés  et  équipés  par  des  particuliers. 

Si  nous  nous  sommes  étendu  sur  l'insuflisance  de  la  marine  de 
guerre  sous  Henri  IV,  c'est  uniquement  parce  qu'il  en  résultait 
pour  notre  commerce  un  manque  presque  absolu  de  sécurité. 

En  eflet,  notre  pavillon  protégeait  très  imparfaitement  notre 
marine  marchande  même  contre  des  puissances  secondaires. 


1.  Déi>Achc  de  Winwood  à  Cedll,  ^4  jonr.  tSOl.  I,  3^0.  Lettres  et  ambassades 
de  Fresnes  Canage,  1,  171,  188.  «  J'ay  lelU^e  du  »'  Louiellloo  dt  Geoives, 
teqacl  m'iMeure  qae  clnns  Pasqui;»  [irockain»»  nous  auruns  douze  baonoft 
galères  preste»  cl  équipée»  à  Marseille,  v  L«Uro  de  Freane  Canaye  à  M.  de 
Brèves,  24  mai  1603.  I,  l*  partir,  p.  199. 

?.  ReUlioii  de  Gussoai  et  Nanl,  IGIO.  Barozzl  et  Berchet,  I,  45S, 


Ls  oomncc  de  u  nu^cs  sous  nictHi  ir- 


ai 


Bsi  les  Taisseaox  firançais  qui  se  rendaient  do  Marseille  cii 
Italie  sairaient.  pour  ériter  les  pirates  barbaresques,  un«  roate 
qui  les  exposait  aux  exactiouâ  du  duc  de  Savoie.  Après  avoir 
éxiib  les  îles  d'Hjiàres,  qui  étaient  uu  nid  de  pirates  ' ,  ils  gagnaient 
la  haute  mer,  puis  se  rapprochaient  de  la  côte  vers  Antihos  et  la 
longeaient  jusqu'à  Gênes.  Mats,  lorsqu'ils  passaient  devant  Vil- 
lefranche.  les  croiaeurs  du  duc  de  Savoie  los  forçaient  d  y  relâ- 
cher poor  payer  une  taxe  de  2  pour  100  sur  la  valeur  do  leur 
ca^aiaon.  Si  nous  qualiâons  cette  taxe  d*exactîoD,  c'est  qu'elle 
était  vexatolre  et  contraire  à  la  liberté  des  mers,  car  elle  reposait 
d'ailleurs  sur  un  titre  sûr  et  plusieurs  fois  renouvelé  :  en  efTet, 
pour  des  raisons  k  nous  inconnues,  Charles  Vil  avait  accorda 
aux  ducs  de  Savoie  le  droit,  confirmé  par  Louis  Xi  et  pur  Ti-an- 
çoisl*',  de  prendre  2  pour  liX^surles  marchandises  passant  dans 
les  eaux  de  Nice  et  de  Villofranche'.  Henri  IV  forçj*  Charité- 
Emmanuel  à  renoncer  à  cette  taxe,  mais,  après  la  mort  du  roi, 
le  duc  de  Savoie  la  rétablit  \ 

Henri  pouvait  atteindre  le  duc  de  Savoie  et  U  le  lui  prouva 
d'une  façon  éclatante,  mais  comment,  sans  une  puissante  marine, 
protéger  le  pavillon  français  contre  les  pirateries  des  Barhares- 
qoes?  Les  ordres  du  sultan  n'étaient  pas  obéis  par  le  vice-roi 
d'Alger,  parle  bey  do  Tunis  ui  parle  roi  de  Maroc».  En  i(>02, 
le  nombre  des  Français  mis  à  la  chaîne  par  les  corsaires  algé- 
riens dépassait,  disait-oo,  2,000  ou  3,000\  Le  roi  faisait  des 
exemples  :  la  même  année,  U  fit  couler  une  galiote  algérienne  et 
couper  la  tète  au  capitaine''.  Mais  ces  actes  isolés  de  répression 
ne  pouvaient  couper  court  à  un  brigandage  qu'on  n'aurait  pu 


t.  Beort  IV  «TÛt  ea  t'ioteotion  de  tc«  coloniser  et  d'y  établir  des  cbaoUcn 
maritiinefl.  Pliillppsoa,  2  Ablh.,  378-379. 

2.  BlbL  oat.  M»»,  fr.  39U,  fol.  â9. 

3.  Letlro  de  Henri  IV  au  duc  de  SaToio,  f>  joillel  1603.  lettret  nUss.f  VI, 
1U,  et  Picot,  Bisi.  rf«j  P.taU-Ùénéraux,  IV,  I3S-136. 

4.  Ltttt»  â  H.  de  Brèves,  H  juillet  1597.  Lettres  miss.,  IV,  SOS;  V,  586.  On 
u  «'élouiie  pa&  do  l'impuissance  du  Diran  A  prol^y^cr  notre  coinmerM  contre 
ks  corsaires  algériens,  tiuand  oa  soit  que  ta  population  tout  entière  de  la 
rigeue,  depuis  les  reia  juM|M'Jt  la  popuUrc,  ne  vivail  qou  di>  la  piralorle,  et 
qne  vouloir  lui  fermer  cette  «narre  do  pmfits,  c'était  In  réduire  au  dc^MSpoIr 
e!  h  la  révolte.  Voy,  II.  D.  de  tiraminont.  Relations  entre  la  france  tt  In 
Bègmee  d'Alger  au  XVll*  s.  I"  partie  :  Les  deux  cai««iu  de  Simon  Dansa, 
p.  \\. 

5.  Lettres  nUn.,  V,  607. 
G.  ibid^  CM. 


32 


G.    FàGMEZ. 


déraciner  qu'en  l'attaquant  dans  ses  repaires  avec  des  forces 
navales  supérifiures.  Henri  le  reconnaissait  lui-même  et  on  trouve 
un  aveu  implicite  de  son  iuipuissauce  dans  un  arrêt  du  Conseil 
défendant  aux  vaisseaux  qui  ne  sont  pas  assez  forts  pour  se 
défendre  de  longer  les  côtes  qui  reconnaissent  rautorité  du  Grand- 
Seigneur'.  La  vie  lucrative  et  aventureuse  du  corsaire  avait 
séduit,  on  le  sait,  plus  d'un  clii'étien;  ce  qu'on  sait  moins,  c'est 
que  los  Barbaresques  entretenaient  des  intelligences  avec  des 
chrétiens  et  même  avec  des  officiers  du  roi  qui  leur  signalaient 
les  occasions  favorables.  Le  capitaine  Foucques,  capitaine  ordi- 
naire de  la  marine  royale  du  Ponant,  en  donne  des  preuves 
curieuses  dans  un  mémoire  au  roi  publié  en  1012.  Ce  mémoire  * 
articule  des  faits  précis,  cite  des  noms  que  l'auteur  avait  recueil- 
lis pendant  sa  captivité  et  à  la  suite  d'une  enquête  sur  le  littoral 
de  Provence  et  de  Languedoc. 

Le  roi  domanda  au.ssi  réparation  au  sultan  itour  la  destruction 
du  bastion  de  France'.  On  appelait  de  ce  nom  un  établissement 
situé  sur  la  côte,  k  la  frontière  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie.  Il 
avait  été  fondé  eu  1561  par  deux  marchands  mai-seillais.  Il  se 
C4)mposait  de  magasins,  d'une  chapelle,  d'un  cimetière,  d'un 
hôpital,  d'une  forteresse,  et  servait  de  comptoir  pour  la  pêdie  da 
corail  et  le  commerce  des  produits  barbaresques*. 

Les  pirateries  des  Barbaresques  s'expliquaient  par  leur  orga- 
nisnlion  exclusivement  conçue  en  vue  de  la  course  et  parleur 
fanatisme  anti-chrétien.  Il  est  triste  d'avoir  à  ajouter  que  notre 
marine  marchande  ne  souflfrail  guère  moins  des  pirateries  de 
nations  civilùsées  et  avec  lesquelles  nous  étions  eu  paix.  C'est  de 
l'A[igleterre  que  nous  avions  le  plus  à  nous  plaindre  sous  ce  rap- 
port. Nos  débats  avec  elle  à  ce  sujet  se  compliquaient  d'autres 
questions  d'intérêt  et  d'aïuour-propre.  Nous  avons  parlé  ailleurs 


t.  17  JDilIel  tG03.  A^rcb.  nat.  Collcrtion  deg  arr^l»  du  conseil  des  iiaaaccs  à 
la  (lat«.  Le»  équipat^es  devaient  aroir  un  lonaagc  ilc  70W  quintnux  et  un  équi- 
page 8uin»ant  pour  se  (Kifendre.  Sur  les  piraleries  Am  Itarbâr>ef>r|ues,  Toïr 
encore  AeHrea  miss.,  V,  547-548.  S82-683,  703:  VU,  441-4^2  et  poisim. 

2.  Il  a  ét6  reimprimé  dans  le»  Arch,  ctir.  de  Cimber  et  Uanjou,  1"  ftërie, 
XV. 

3.  Lettre  à  U.  de  Brères,  19  Juillet  1004.  VI,  688. 

4.  Oh  eu  trouve  la  de&cripliou  dans  le  rliap.  IV  de  ÏBiitoire  de  la  Barbarie 
du  P.  Dan,  éd.  tbl8.  Un  1606,  M.  de  Brèves,  voyageant  en  Algérie  sans 
carnclère  officiel,  négociait  avec  le  dey  dans  l'IntérCt  du  comiacrce  frani^i:^ 
et  ponr  obteoir  la  reconslruclion  du  liasUuu.  Lettra  tniu.,  VU,  30. 


LE  coyvncs  vt  u  rii'fCE  sors  bs\bi  nr. 


33 


de  la  aéréritê  dépldvèe  par  les  autorités  françaises  contre  les  draps 
de  mauTatse  fabricatiou  que  TADgleterre  importait  chez  nous, 
des  impôts  nouveaux  dont  seplaiguaieutles  atmiua^ants  anglais 
établis  en  France.  A  ces  griefs  il  fout  ajouter  la  lenteur  avec 
teqneUe  Henri  IV  rpxnlkiursait  k  Elisabeth  les  sommes  que  la 
mue  loi  avait  prêtées  dans  les  mauTais  jours,  le  roècontentemeot 
causé  ^  celle-ci  par  la  paix  de  Yervins,  ses  prétentions  sur 
Calais.  Ses  ressentiments  r«npêchèrent  peut-être  de  réprimer 
aussi  efficacement  qu'elle  aurait  pu  les  actes  de  piraterie  de  ses 
sujets;  elle  ne  pouvait  cependant  éluder  constamment  les  in»- 
taooes  du  roi.  En  1598.  l'équipage  du  navire  la  Diana,  de 
Londres,  fut  poursuivi  ]>our  avoir  pris  des  marchandises  sur  un 
bateau  français*.  Elisabeth  eût  été  d'ailleurs  mieux  disposée 
envers  la  France  qu'elle  n'aurait  pas  eu  le  pouvoir  de  supprimer 
complètement  des  liabitudcs  de  piraterie  très  fructueuses  pour  les 
partieuliers  et  qui  s'autorisaient  de  l'honneur  et  de  l'intérêt 
oatiODa].  Le  grand-amiral,  les  premiers  personnages  de  l'Angle- 
terre, la  reine  elle-même  étaient  intéressés  dans  les  prises  mari- 
times*. Le  grand-amiral  trafiquait  ouvertement  de  passe-ports 
que  les  étrangers  aciietaient  pour  se  mettre  à  l'abri  des  corsaires 
anglais'.  11  poursuivait  rigooreusemeut  ceux  contre  lesquels  nos 
commerçants  portaient  plainte,  mais  uniquement  dans  le  but  de 
s'approprier  leurs  biens  par  voie  de  confiscation,  et  il  r^usait  de 
les  faire  servir  à  indemniser  les  victimes  *. 

Le  gouvernement  anglais,  de  son  côté,  prétendait  que  la  ma- 
rine anglaise  souffrait  aussi  de  nos  corsaires,  qu'il  y  avait  des 
Français  sur  les  vaisseaux  fiamands  armés  en  course  à  Dun- 
kerque*.  Le  grand-amiral,  lord  Howard,  écrivait  le  7  octobre 


I.  Ca/tfndars  of  state  papen.  p.  45. 

r  lattnê  nlu.,  V,  166. 

3.  Prevost-PârAtlal.  Elisabeth  H  Henri  ÎV,  p.  90,  d'iftfèa  lejonrnil  dHuranll 
de  MaiSM.  Vo).  auiiïi  lettres  tniu.,  l\,  \. 

i.  UlLre  de  U  Bod«rlc  A  Villeroy,  23  sept.  IGOG.  Lettre  de  U  Bodcrie  A 
PuUieux.  22  oct.  (606.  lettre  de  PuiMeux  i  La  Bodrrie,  3  nof.  IGOG.  Ambas- 
iaée$  de  M.  de  La  Boderie  en  AngltUrre.  5  thI.  ta-1'2,  1750,  tax  dates  indi- 
qnéea. 

$.  D«|i«die  d'Henri  Nevîlle  A  CmjII,  18  d^.  1^90,  p.  141.  Rien  d'impr>Mtble 
A  cela:  en  IG07,  les  anualeura  dcDunkcrque  chercberoat  i  atlirrr  dr*  pilril<>s 
et  «ks  mateloU  par  de  grands  aTaiitage»,  el  Henri  IV  uni  obligé  de  défendre 
•ax  pilote^  et  aux  oiariBs  de  son  ruvauine  de  paner  au  tert-ire  il'on  prinm 
étranger.  Lettre  de  PuUieui  A  La  Boderie,  13  mtn  1607-  Amtrastades  dr  La 
Moderie,  D,  A  la  date. 

RbV.    HlSTOB.    KVI.    !"'  FA8C.  i 


Si 


4i.    KAI.MKX. 


i694  &  Thomas  Edraonds,  l'ambassadeur  d'Angleterre,  que  la 
France  avait  donné  aux  Anglais  des  sujets  de  prief  bien  plus 
lôgitiim's  qu'elle  n'en  avait  «Ufi-mêine,  que  les  prises  faites  par 
les  Français  s'élevaient  dans  les  huit  dernières  années  à 
400,000  livres^.  Eu  1599,  Neville  réclame  satisfaction  pour  la 
prise  d'un  vaisseau  anglais  par  les  Marseillais  '. 

Le  8  février  da  la  mênie  année,  la  reine  pul)lia  une  proclama- 
tion défendant  aux  capitaines  qui  avaient  obtenu  des  lettres  de 
marque  contre  l'Espagne  de  porter  préjudice  aux  vaisseaux  de 
PVance,  d'Ecosse  et  des  autivs  pays  en  paix  avec  TAngleterpe. 
Le  3  janvier  précédent»  elle  avait  nommé  une  commission  pour 
examiner  les  réclamations  de  la  France*.  De  son  côté  le  roi  créa 
le  19  juillet  de  la  même  année  une  commission  française  pour 
connaître  des  actes  de  piraterie  commis  au  préjudice  des  Anglais, 
et  instruire  de  ceux  donlles  Français  seraient  victimes.  Les  juge- 
ments de  cette  commission  devaient  être  sans  appel  *,  A  la  fin  de 
1601  fut  constituée  une  conimisi>ion  internationale  pour  régler  la 
rû|)aration  des  actes  de  piraterie  et  établir  entre  les  deux  États 
la  liberté  du  commerce  et  de  la  navigation.  Composée  du  comte 
de  Nottiiigham,  de  Robert  Cecill,  de  John  Fortescue.  de  John 
Popham,  du  John  Herbert,  de  Jules-Cesar-Thomas  Parry,  de 
Daniel  Dun,  de  Thomas  Edmonds  pour  l'Angleterre,  et  pour  la 
France  de  Jean  de  Thumery,  sire  de  Boissise,  et  de  Christophe 
de  Harlay,  comte  de  fieaumont,  elle  siégea  sans  préjudice  des 
deux  premières.  Leur  but  était  différent.  La  commission  inter- 
nationale avait  à  régler  les  rapports  futurs  de  la  France  et  de 
l'Angleterre;  les  deux  autres  connaissaient  des  prises  dont  les 
intéressés  avaient  à  se;  plaindre.  I^s  membres  de  la  commission 
internationalesemirentd'accordconditionneUement  sur  les  pointa 
suivants  : 

1.  Les  deux  souverains  garantissent  respectivement  h  leurs 
sujets  la  liberté  du  commerce. 

2.  L'armateur,  le  capitaine  ou  l'écrivain  fournira  à  ramirauté 
deux  cautions  qui  pourront  être  poursuivies  lorsque  le  vaisseau 
aura  été  employé  à  la  pii*aterie. 


1.  Th.  Blrcti,  op.  lavd.,  i>.  ti. 
?.  Wintvvod's  Memoriah,  p.  114. 

3.  Rpntr's  Fœdeta,  éd.  orig.,  XVI,  3M,  368.  Dépêche  de  NcTlIIe  A  Ccdll, 
tS  raal  1599. 

4.  lunibcrt,  XV,  324.  Winmod's  Memoriats,  125,  \78,  141. 


LB  GowHCBCK  D8  u  riA^E  sors  hbxhi  it. 


ss 


5.  Des  lettres  de  représailles  pourront  être  accordées  lorsqu'il 
n'aura  pas  été  fait  droit  dans  les  trois  mois  à  la  réclamation  du 
souverain  ou  de  l'ambassiadeur. 

6.  Les  vaisseaux  d'un  État  ne  pourront  pas  saisir  et  arrêter 
les  vaisseaux  de  l'autre,  lorsque  ceux-ci  ont  arboré  leur  pavillon  ; 
mais  le  transport  d'armes  dans  un  pays  en  guerre  avec  l'une  des 
puissances  contractantes  est  défendu .  comme  il  est  iléfendu  d'abu- 
ser en  général  de  la  liberté  du  commerce  au  détriment  de  l'une  de 
ces  puissances. 

7.  Défense  do  saisir  à  l'avenir  les  vaisseaux  de  l'un  des  sou- 
verains ou  de  ses  sujets,  lorsqu'ils  sont  dans  les  ports  de  l'autre, 
ou  leur  cargaison,  et  de  forcer  l'équipage  à  vendre  cell&ci, 
sinon  à  un  prix  équitable.  Toutefois,  chacun  des  souverains 
pourra,  en  cas  de  nécessité  et  moyennant  une  juste  indemnité, 
s'approprier  les  vaisseaux  des  sujets  de  l'autre,  ainsi  que  leur 
cargaison  *. 

8.  Les  sujets  de  l'une  des  puissances  contractantes  qui  tueront 
ou  vendront  comme  esclaves  les  sujets  de  l'autre  seront  passibles 
des  peines  les  plus  rigoureuses. 

9.  Les  lettres  de  marque  concédées  seront  révoquées.  Les  par- 
ties qui  les  oat  obtenues  se  pourvoiront  devant  les  commissaires 
nommés  par  les  deux  parties  contractantes.  Si  elles  n'obtiennent 
pas  justice  dans  les  trois  mois,  elles  pourront  se  faire  délivrer  de 
Dourelles  lettres  de  marque.  Ces  lettres  ne  seront  expédiées  h 
l'avenir  que  sous  le  grand  sceau. 

10.  Les  navires  mis  en  mer  par  Tordre  du  souverain,  ceux  qui 
ont  été  appliqués  au  service  de  l'Etal  et  qui  sont  immatriculés, 
sont  considérés  comme  navires  de  l'Etat,  qui  est  responsable  des 
dommages  causés  par  eux. 

1 1 .  La  vente  et  le  recel  des  prises  faites  sur  mer  seront  défen- 
dus, à  moins  (|u'ils  n'aient  lieu  en  vertu  d'une  sentence  de  l'ami- 
rauté. 11  .sera  également  défendu  de  donner  asile  et  assistance  aux 
pirates;  un  devra  au  contraire  les  arrêter  et  les  feire  passer  en 
justice  •. 

Ce  projet  de  traité,  rédigé  en  latin,  est  intitulé  :  Propositio- 


\.  Ot  arUcle  dérvDd  seulcinenl  l'nbus  d'uoc  pratique  consacrée  par  le  droH 
latcmAtÛMiiil  4-t  dont  il  e«t  question  dans  ](■  Guidon  de  la  mer  aou»  Ni  tiom 
dorr/ï  tte  prijw*.  PardeMus,  Hecueit  des  lois  inar*(imo,  11,  4U7.  On  en  trou- 
vera \>\a*  Inin  un  exempte,  p.  37. 

'i.  Uï/ittood'j  Jitem.,  1,392-394. 


36 


G.    VAiinitZ. 


nés  ultinw  loeo  inter  dominos  commissarios  hinc  inde  agi- 
talae.  Le  mot  agitatae  indique  (jue  ces  articles  donnaient  encore 
lieu  à  discussion.  En  effet,  l'accoitl  des  commissaires  des  deux 
nations  sur  ces  articles  était  subordonné  à  l'acoeplatiou  d'autres 
points  sur  lesquels,  après  une  discussion  de  plusieurs  mois,  l'en- 
tente ne  s'était  pas  encore  faite*.  Les  commissaires  convinrent  de 
suspendre  leurs  conférences  pour  attendre  les  instructions  de 
leurs  souverains  sur  ces  points  litigieux,  et  eu  1602  ils  dressèrent 
acte  de  cette  résolution.  ^ 

Cette  négociation  fut  stérile  et,  si  nous  avons  cru  devoir  faire 
connaîti-e  les  points  arrêtés  conditiounellement  entre  les  négocia- 
teurs, c'est  qu'ils  donnent  l'idée  du  droit  maritime  de  cette 
époque.  L'un  des  deux  commissaires  français,  M.  de  lioissise, 
reçut  l'ordre  (1602)  de  quitter  sans  éclat  la  conférence  pour  reve- 
nir en  France  '.  Elisabeth ,  qui  n'avait  renoncé  qu'avec  peine  au 
droit  de  visita^,  élevait  de  nouveau  la  prétention  de  l'exercer  sur 
les  vaisseaux  français,  pour  s'assurer  qu'ils  ne  transjjorlaient  pas 
d'armes.  Elle  prétendait  en  outre  s'approprier  les  vaisseaux  et  les 
marchandises  qui  étaient  dans  les  ports  anglais  en  en  payant  la 
valeur  :  droit  qui  est  rec4>nuu  aux  deux  souverains  par  le  projet 
de  traité,  mais  contre  lequel  Henri  IV  protestait  dans  une  lettre 
aux  commissaires  français  *. 

Comme  on  le  pense  bien,  Henri  IV  ne  se  bornait  pas  à  récla- 
mer justice  pour  ses  sujets  ;  quand  il  n'avait  pu  triompher  de  la 
force  d'inertie,  de  la  mauvaise  volonté  des  gouvernements  étran- 
gers, il  usait  des  moyens  que  le  droit  des  gens  alors  en  vigueur 
mettait  k  sa  disposition.  Au  mois  de  juin  IfiOl,  il  réunit  un  con- 
seil extraordinaire  pour  délibérer  sur  les  moyens  de  tirer  raison 
des  jjréjudices  causés  à  notre  conmierce  maritime  par  les  Espa- 
gnols, les  Flamands  et  les  Anglais^.  Ku  1602  ilautorise  les  habi- 
tants rie  Marseille  à  saisir  les  marchandises  et  les  navires  des 
Anglais  qui  se  trouvent  en  Provence  '.  Un  arrêt  du  conseil  du 


1.  I  ...  in  qQÏbufi  [diOlcullatibue]  eo  nsque  proc«e6um  c«t  ut  de  quiliusitam 
iii(4>r  n(>!t  i-imv<^ii«rit,  itumiuiMlu  de  relitfuia  quaque  conTeoiret,  quod  hactenua 
nullo  mmlo  lirri  [MiliiiU  a  Ibid.,  p.  3U4. 

2.  i^lrts  miit..  V,  752. 

3.  Th.  Birrb,  Op.  timd. 

h.  t;  mars  1C02.  Ultres  miss.,  \,  752. 

5.  Gnmiarl,  Vo^atjei  en  cour,  âS6-S87. 

6.  UUres  iniss.,  V,  62'J. 


Lt    COMIIEHCB   DB    Là    FH11CI   SOCS    IICNRI   IT. 


37 


13  juillet  1604  accorde  h  un  marchand  rouennais  des  lettres  do 
représailles  contre  les  sujets  de  larchiduc'.  Le  roi  d'Kspagiiti 
avant  décidé  que  tous  les  vaisseaux  français*  [>orttiurs  de  mar- 
chandises des  Indes  occidentales  qui  n'avaient  pas  tHè  achetées 
en  Espagne  ou  en  Portugal,  seraient  consiiièrês  aimme  de  bonne 
prise,  Henri  IV  fit  réunir  à  Rouen  en  1607,  sous  la  présidence 
de  l'amiral  de  France,  une  assemblée  solennelle,  composée  doe 
officiers  des  27  sièges  d'amirauté  de  Normandie  et  di'.s  principaux 
capitaines  du  temps,  qui  déclara  que  nous  traiterions  de  mémo 
les  vaisseaux  espagnols  trouvés  au-nielà  de  la  ligne.  Le  lieute- 
nant général  de  l'amirauté  de  Rouen  procéda  en  même  temps  au 
recensement  des  navires  étrangers  amarrés  dans  les  ports  do 
Rouen,  de  Houfleur,  du  Havre  et  de  Dieppt»,  en  vue  d'en  faire 
rarrét  et  de  les  armer  eu  course.  Ces  menaces  de  représailles 
firent  respecter  notre  marine  marcliande,  au  moins  pendant  un 
temps,  par  la  marine  espagnole". 

Du  reste,  le  roi  ne  recourait  ^  la  course  qu'à  la  dernière  extré- 
mité. Les  Hollandais  ayant  pris  un  navire  de  Calais,  le  Saint~ 
Gporges,  l'échevinage  et  les  marchands  de  cette  vilh'  obtinrent  du 
Conseil  des  lettres  de  marque  et  de  représailles.  Avant  de  faire 
expédier  ces  lettres  aux  impétrants,  Henri  ordonna  à  son  ambas- 
sadeur, BuTanval,  d'insister  de  nouveau  auprès  des  Ktats-Oéné- 
raux  pour  obtenir  restitution  du  navire  et  de  sa  cai^aison*.  Le 
24  septembre  de  la  même  année,  il  écrivait  k  Aerssens,  résident 
des  Provinces-Unies,  pour  solliciter  son  intervention  en  faveur 
de  ses  sujets  lésés  par  les  Hollandais ,  avant  d'accorder  aux  vic- 
times des  lettres  de  représailles'. 

La  mort  d'Elisabeth,  l'avènement  de  Jacques  P''  (1603)*  per- 
mettaient de  reprendre  avec  plus  de  chance  de  succès  les  négo- 
ciations interrompues  en  1602.  Le  nouveau  roi,  esprit  étroit, 
passionné  pour  la  théologie,  était  animé  de  dispositions  pacifiques. 
Dans  une  lettre  à  M.  de  Brèves  du  22  juin  1003,  HenrilVexpri- 
mait  l'espoir  que  l'avènement  du  premier  des  Stuarts  mettrait  un 
terme  aux  pirateries  des  Anglais.  Il  n'en  donnait  pas  moins 
Tordre  aux  négociants  marseillais  et  bretons  d'armer  des  vais- 


1.  Arcb.  sat.  CollecUou  de*  «itAU  du  cnnscit  des  liiunrcf.,  A  U  dalc. 
î.  Th    U  FèTrf,  Op.  laud..  9f»-t(ir»,  182. 

3.  Lettre  lillt-nri  IV  h  M.  de  BuzaoTal,   17  juillcl  1606.  Utlres  mut,,  VI, 
631-63S. 
«.  /Nrf.,  Vil,  3. 


38 


G.    FAG?il£Z. 


senux  pcuir  la  course  '.  Ce  sujet  n'était  pas  oublié  dans  les  ins- 
tructions dfi  Suîlj',  envoyé  en  ambassade  pour  féliciter  ïe  succes- 
seur iVKlisabelh.  Les  pirateries  des  Anglais  avaient  coûté  au 
commerce  fi'ançais  plus  d'un  miUion  d'écus  d'or'.  Jacques  l*"" 
n'essaya  pas  de  nier  les  faits  et  il  en  rendit  responsable  le  grand- 
amiral  :  «  Lorsque  je  lui  parlai  de  piraterie,  écrit  Sully,  il  se 
fàclïa  contrtî  l'amiral  et  ceux  de  son  conseil  qui  vouloient  soutenir 
ce  qui  s'y  tait*.  »  Le  traité  du  24  février  IGOC  fut  le  fi-uit  de  ces 
dispositions  plus  couciliantes.  Nous  n'avons  à  signaler  ici  que 
oaUes  de  ses  clauses  qui  avaient  pour  but  de  donner  plus  de  sécu- 
rité au  commerce  maritime  de  la  France.  L'exécution  des  lettres 
de  marque  eulre  Français  et  ^Vnglais  était  suspendue  en  attendant 
leurexainen  par  le  O^nseil  dos  deux  souverains;  U  ne  pouvait  en 
êtrv  délivré  k  l'avenir  que  sous  le  grand  sceau  et  après  avis 
donné  à  l'ambassadeur  de  l'État  contre  les  sujets  duquel  elles 
étaient  diMiiandéf^.  L'art.  7  créait  en  principe  des  commissions 
inlonintionalt^  et  spéciales,  composées  de  quatre  ccHnmerçants, 
deux  Français  et  doux  Anglais»  qui,  sous  le  titre  de  conscrva- 
ttut$  iiu  comtnêfce,  devaient  être  nommés  tous  les  ans  à  Rouen, 
à  Gaen,  à  Bordeaux,  h  Londres  et  dans  d'autres  villes  anglaises 
ptHir  Êiîn£>  droit  aux  plaintes  des  coBnnerçants*.  Chose  êtniiga, 
les  plainte»  pour  pirateries  n'étaient  pas  poriêes  devant  oe&  onm- 
misons,  le  tmîtè  ne  leur  en  araDt  pas  attriboé  expressênvnt  la 
c^ninjktssnnotf»  c'était  il  ramirautè  que  nos  ocMBBurçants  étaient, 
€omaM«  par  k)  passe,  oblig«s  de 'deokaiMkr  justice  des  pirateries 
dont  ils  avatMit  été  victimes.  Notre  ainli«Fisa<inwr  en  ABgleterre, 
Ltil^vTv  de  La  Hoderie,  rv^rettait  cette oniasioa  Cl  unAa  peiH- 
cbnt  un  temps  ûiire  àUkrer  aux  commi8skm&  intematiooaks  les 
nhxmrs  de  nos  marchands  contre  bs  pintes  Mlglais^  mais  il  dut 


».  Utm  4r  SmH;  m  n*,.  C  >tMH  t«QX  nu^  VI.  i». 
V  «  Vnt  «MfW  r«»  *  «Ml»  éum  MB  tnM  ntti^Ê^m  à»  > 
l'Mtn  MJtM^  ^  Mièt  ««  énÊt  Mat  |M^iM  nHiii  iiieïni,  ftnt  fw 

M»  iCMINk '«"■t  «et  M*  iHai^  ^  éièk  «ft  4»  «M  |Mn  MaflMT  «Mt  Mt  Mr 

t»  «fM  I»  Ww  ff*  «I  ynpimà^  «1  »f«e  ««M»  «BMoèi^  |i  Mmi  li  |r  paanal 

^tifàm  fu  <àf**iÊà  liwMi  iinnniaieik  m  wê^ fa«  •»  ^  •««  ^  «ri. 


L8    COVMBBCg    DB    U 


SOCS    UE1RI    IV. 


3» 


bientôt  renoncer  à  cet  espoir  et  s'ostimcr  liourcux  d'obtenir  que 
le  grand-amiral  o'exei'çât  son  droit  de  confiscation  sur  le-s  biens 
dos  piratée  qu'après  que  leurs  victimes  auraient  été  indemnisées 
de  leurs  |>ertes.  Le  gouvernement  'anglais  mit  du  reste  un  grand 
empressement  à  donner  au  trailé'toute  la  validité  dont  il  pouvait 
avoir  besoin  et  manifesta  une  grande  impatience  k  voir  le  gou- 
vernement français  en  Caire  autant.  Bien  que  colui-ci  fut  plus 
intéressé  encore  que  le  premier  à  ce  que  le  traité  fût  mis  promp- 
tenient  eu  vigueur,  il  ne  paraît  pas  s'être  montré  très  soucieux 
défaire  jouir  ses  nationaux  des  avantages  que  ses  stipulations 
leur  assuraient.  £n  1608,  deux  ans  après  la  conclusion  du  traité» 
les  conservateurs  du  commerce  n'avaient  pas  encore  étonommés'. 
U  u  améliora  en  aucune  façon  la  situation  de  nos  commerçants 
en  Angleterre,  et  dès  l'année  de  sa  conclusion,  i>eu  de  lemi)s 
après  sa  ratification',  l'ambassadeur  de  France  était  encore 
obligé  de  demander  justice  pour  nos  compatriotes^.  Notre  marine 
marchande  ne  fut  pas  mieux  respectée  que  dans  le  passé  par  les 
oorsaires  anglais  '  ;  on  ne  donnerait  même  pas  une  idée  complà- 
tement  exacte  de  la  piraterie  anglaise,  si  Ton  n'ajoutait  que  tous 
les  vaisseaux  anglais  étaient  susceptibles  de  devenir,  à  l'occasion, 
autant  de  corsaires.  Aucun  scrupule,  aucun  intérêt  politique 
u'èCaiejit  capables  d'arrêter l'élau  d'une  nation  qutasptrail  h  faire 
de  l'Océan  son  domaine  exclusif,  qui  intéressait  h  cette  entreprise 
toutes  les  classe»  de  la  société  et  qui  y  mettait  une  ardeur  où 
entrait  autant  de  patriotisme  que  de  calcul. 

Le  lecteur  qui  a  eu  la  patience  de  nous  suivre  jusqu'ici  aura 
été  frappé  du  caractère  négatif  de  ce  que  nous  avons  dit  du  com- 
merce de  transports  maritimes  de  la  France.  Nous  avons  dit  que 
la  France  ne  prenait  rang,  sous  ce  rapport,  qu'âpres  la  Hollande, 
r.\ngleterre  et  l'E^gne,  nous  avons  indiqué  les  causes  de  cette 


nifnl  r^fui-er,  mais  qui  tin  tût  tourii^  quclapif!  tnùt  (taoft  le  traita,  c'eût  éic 
nou»  ôter  t»e«acou(i  <1«  peiue.  ■  L«Ure  de  L»  Dodefic  à  Vtlleroy,  29  sept.  1G06, 
I,  A  U  <lat«. 

I.  «  Uft  me  pressent  de  nommer  ici  des  oonserrileun  de  commerce,  ne  plus 
ne  moins  qu'ils  «i  veulent,  etc.,  etc.  ■ 

?.  Il  arsit  rero  u  An^lfli-rrf  anlérienremml  an  29  septembre  1606  tnu(«  la 
Talidilc  posfible.  (lArlIrc  dr  \jt  IWitorie  h  Villrroy,  A  celte  ddlc.]  En  Franco 
il  avait  ofilenu  la  nlifii'nlîun  royaln  le  2l'i  niai  de  la  m^ie  aon^e. 

3.  Lettre  de  La  Boderic  a  PutMeux.  *21  novembre  IC06. 

i.  Il  »uAirait  |N>ur  A'cn  convaincre  de  viiir  k»  nouvirlli*»  rrclamulimis  adres- 
sées par  Deari  IV  en  1607  au  (ipurcrncmeal  anglais,  leitie*  miu.,  VII,  446. 


40 


G.  rAf.niEz. 


inft'pioritfi,  les  efforts  de  Henri  IV  pour  y  remédier.  On  sait  ce  qui 
maQqiiait  à  notre  niarine  marchande  poar  rivaliser  avec  oeUes 
que  nous  venons  d'éminiorer,  on  sait  ce  qu'elle  n'était  |ias,  il 
nous  reste  maintenant  à  dire  ce  qu'elle  était  et  pourquoi  elle  mé- 
ritait de  faire  l'objet  d'un  chapitre  à  part  dans  un  travail  sur  le 
commerce  extérieur  de  la  France. 

Notre  pays  avait  été  longtemps  l'intermédiaire  obligé,  il  était 
resté  l'interméfliaire  le  plus  habituel  des  relations  commerciates 
de  rOccidenl  et  du  Levant.  Pendant  longtemps  le  coimnerce  de 
l'Europe  avec  le  Levant  ne  s'était  fait  que  sous  la  protection  et 
sous  le  nom  de  la  France.  La  France  était  le  premier  pays  chré- 
tien qui  fût  entré  en  rapport  avec  le  monde  musulman  autrement 
que  pour  le  combattre.  Ce  rapprochement  avait  été  amené  par  la 
ntîo^sité  où  s'était  trouvé  François  I"  de  se  chercher  partout  dea 
alliés  contre  Charles-Quint.  11  avait  valu  è  la  France  le  privilège 
défaire  le  commerce  dans  les  états  du  sultan,  privilège  qu'elle 
ne  partageait  qu'avec  les  Vénitiens  avec  cette  dilTéreiiue  que 
ceux-ci  étaient  traités  en  tributaires.  Il  datait  du  traité  signé 
entre  François  I*' et  Soliman  au  mois  de  février  15.'Î6  (n.  s.)'.  Ce 
traité,  qui  fut  la  base  de  toutes  les  capitulations  postérieures,  ne 
plaçait  pas,  il  est  vrai,  expressément  les  autres  nations  (.euro- 
péennes sous  la  protection  delà  France,  mais,  comme  le  droit  de 
commercer  dans  les  états  du  sultan  et  d'y  avoir  des  consuls  était 
réservé  exclusivement  à  la  France,  les  autres  puissances  ne 
purent  participer  à  ci»  dnùt  qu'en  prenant  le  pavillon  français, 
en  se  mettant  sous  la  protection  de  notre  pays. 

Les  Anglais  ne  tardèrent  pas  à  s'aâranchir  de  cette  tutelle.  En 
1579,  an  marchand  anglais,  William  Harburn  ou  Uarborn, 
envoyé  en  Turquie  par  Elisabeth,  obtint  d'.Vmuratfa  111  pour  ses 
compatriotes  la  liberté  de  commercer  directement  avec  la  Tur- 
quie'. En  158i ,  la  reine  créa  la  compagnie  privilégiée  du  Levant 
en  tstveur  des  quatre  marchands  qui  avaient  noué  les  premières 
relations  commerciales  avec  la  Turquie  et  des  huit  associés  qui 
devaient  se  joindre  à  eux.  La  rvMne  aoconUit  k  la  société  un  mo- 
nopole de  sept  ans,  mais  avec  faculté  àà  la  lai  retirer  en  la  pré- 
Ttoant  un  an  d'avance*.  L'ambusadour  «ngUis.  Uar«born. 


i 


I.  V*jr.  Charria,  It^foeimltênt  ftn  te  tf*»»  H  I*  !««•(,  I,  m. 
t,  lUcpber*<Ki.  iHMb  «^eMMmr.  4  vvt.  'm4\  tSK.  \'oj.  11.  16^ 
X  timâ  ,  161>-169. 


tE  OOMITERCE  OB  U  rRA^CE  SnvS  HBmil  Vt. 


Hh 


avait  reça  pouvoir  de  la  reine  d'établir  des  consuls  dans  los  ports 
el  de  taire  des  règlements  pour  le  commerce  anglais  en  Turquie. 
H  créa  des  comptoirs  dans  ce  pays  malgré  roppositiun  de  la 
France  et  de  Venise'.  En  1600,  la  compagnie  du  Levant  poss^ 
dait  quatorze  navires  dont  le  tonnage  s'éleYait  à  â,7i>0  tunneaux 
et  qui  occupaient  603  hommes.  Cela  ne  suffisait  pas  aux  besoins 
de  son  oommerc**  en  Orient  ;  elle  en  fréta  cfitle  année  treize  de 
plus  pour  le  commerce  avec  la  Turquie  et  Venise'.  Nou  contente 
d*aToir  conquis  le  droit  d'arborer  son  pavillon  dans  les  mers  du 
Levant,  l'Angleterre  cherchait  à  supplanter  la  France  dans  le 
dnjil  de  prutection  que  celle-ci  exerçait  sur  la  plupart  des  ma- 
rines européennes'  el  à  ruiner  par  la  piraterie  le  commerce  fran- 
çais du  Levant. 

Le  roi  s'efforça  sans  grand  espoir  et  sans  succès  de  faire 
replacer  les  Anglais  sous  sa  dèi>endatice*,  en  môme  temps  qu'il 
oégociait  le  reDouvellement  des  capitulations^.  A  sa  mort,  l'An- 
gleterre conservait  la  grande  situation  commerciale  qu'elle 
s'était  rapidement  acquise  en  Orient.  Tributaire  avant  1579  du 
oommeroe  marseillais  qui  lui  apportait  les  épiceries  et  les  autres 
denrées  du  levant,  ainsi  que  celles  de  l'extrême  Orient  (Alep 
était  le  principal  entrepôt  de  ce^  dernières),  elle  avait  en  1610  des 
relations  directes,  politiques  et  commerciales,  avec  les  Etats  du 
Grand-Seigneur,  un  ambassadeur  h  la  Porte,  des  consuls  dans  les 
écbelleB  du  levant,  et  le  commerce  de  transtx)rt  que  les  arma- 
teurs marseillais  faisaient  pour  l'Europe  se  trouvait  appauvri 
d'autant*. 


1.  nu.,  tTO,  171.  Oftt  donc  i  tort  qiie  M.  Th.  Uvallée.  dan»  an  Iruvail 
(■r  les  relalions  dn  U  France  et  di>  (a  Purlr  <vtt«msne  [Hevue  indépendante, 
lonM  X  et  Xt),  afljrtnf;  «p»;  l'Aiiglfterru  obliiil  Id  liberté  de  naviguer  et  de 
Cia>nttH>rci>r  m}u&  son  propre  pavillon  deui  .ins  après  le  reaonvellrment  de  la 
capiloUlioD  aver  U  France,  cVat-à-ilire  en  Iô86.  Si  lc«  fait»  que  nous  aroos 
li^ftaléa  ne  iimuvairot  ■!» ration doni ment  <)ue  les  Anglais  r(ini|uirrot  leur  indé- 
ptndaiice  i  cet  e^ard  draiil  rt{K>que  indiquée  par  M.  I^vall^n,  on  jMiurrait 
citer  ce  pauâRe  Hûa  inâtruclions  remises  le  23  ^plembre  t.V8.i  h  Jacque»  de 
LAncn«tne,  »'  de  Brèves,  jimbuMadeur  a  ConulanUnople  :  <  ...  depuis  peu  de 
iMnpfi  que  S.  If.  a  entemlu  avoir  esté  tniM  su»  une  bannière  oiigbise  à  la 
poor»uUe  de  la  n>yoe  d'Anglelfirrc.  v  Cliorrière,  IV,  \Ti,  n.  1. 

1  Calendart  of  tiate  pap^n,  I,  516. 

3.  Lettres  MiM.,  IV,  860,  «79. 

4.  /ftKf..  IV,  WH.  761.  962;  V,  247. 

5.  Ibtd.,  IV,  -252,  8S9,  890;  V,  30C. 

6.  Siontdtreatiea,  p.  134-135. 


43 


('..    Tkr,M¥J.. 


Eu  revanche,  la  France  avait  maintenu  sa  prééminence  sur 
les  autres  puissances'.  Les  efforts  du  roi  catholique  pour  accrè- 
diter  un  ambassadeur  auprès  de  la  Porte  avaient  échoué*,  les 
atteintes  portées  au  privilège  de  pavillon  de  la  France  avaient  été 
réparées  '  el  notre  ambassadeur,  Savai^  de  Hrèves,  avait  fait  mo- 
difier les  anciennes  capitulations  dans  un  sens  favorable  à  la 
France.  Le  traité  ou  capitulation  du  20  mai  1604  entre  Henri  IV 
et  le  sultan  Achmet  soumet  toutes  les  nations  qui  commercent 
par  mer  avec  l'empire  ottoman,  k  l'exception  des  Vénitiens  et 
des  Anglais,  k  l'obligation  de  naviguer  sous  le  parillou  français. 
Les  Français  obtiennent  le  droit  d'exporter  les  marchandises  dont 
la  sortie  est  prohibée  ;  cuirs,  cordouans,  cires,  cotons  en  laine 
el  en  fil,  blés  (art.  7  et  12).  Kn  leur  faveur,  le  traité  applique  le 
principe  que  le  pavillon  couvre  la  marchandise  et  déroge  au  prin- 
cipe que  le  pavillon  confisque  la  marchandise.  En  d'autres 
termes,  les  vaisseaux  français  portant  de  la  marchandise  ennemie 
ne  semnt  pas  capturés  pas  i»lus  que  les  Français  et  les  marchan- 
dises françaises  sous  pavillon  ennemi  (art.  9  et  10).  L'art.  14  est 
dirigé  contre  les  pirateries  des  Barbaresques.  L'art.  15  accorde  à 
nos  nationaux  le  droit  de  [>ècher  le  corail  et  le  poisson  dans  le 
gïjlfe  de  Slora  Courcouri,  dépendant  d'Alger,  et  sur  toute  la  côte 
barbaresque.  Les  contestations  entre  Français  sont  soumises  à 
la  juridiction  de  leur  ambassadeur  et  de  leurs  consuls  (art.  18). 
Les  Français  poursuivis  en  justice  par  les  indigènes  doivent  être 
assistés  d'un  intcri>rète  (art.  34).  Les  biens  des  Français  déccdès 
seront  délivrés  h  leur  exécuteur  testamentaire,  et,  s'ils  meurent 
iutestatâ,  aux  ambassadeur  et  consuls  pour  les  faire  parvenir  h 
leurs  héritiers  (art.  28).  Les  capitulations  accordées  aux  Véni- 
tiens sont  applicables  aux  Français  (art.  38)*. 


1.  JVofes  sur  quelque*  articlet  du  traité  de  1604,  pu  Svnry  de  BrecTes,  et 
«rt.  iT,  T,  VI  ilu  mémo  traité. 

%  IHtecvn  fa»  par  le  f  de  Brev«â  du  proei^  qui  fut  tenu  lonqu'U  remit 
mire  tes  wtaitu  du  Aoy  la  prrsonne  du  due  d'A^/ou. 

S.  Kb  MOÎ  la  |m>tPtiioH  dc»>  Hullanilnis  et  des  IrUoduft  Inl  «rail  M  enlorèe. 
lettm  mus.,  V,  647*âl$.  Les  ApgUi»  avaient  fait  mellre  sous  leur  paTillon  le 
roiniMcn*r  Onmand. 

4.  Dumiint,  Corps  diptomatique,  V,  |iarl  n.  3ÎK-1?.  Cf.  |miir  les  sTantagcs 
»0UYf>aiii  Altrltiu^»  \  1ji  Franco  |i«r  rrtie  r«)'tlulilioa,  le»  obserratioaA  que 
hd  «  cvQ»4cn''ci>  Sjivar>  de  Bt^vm  dans  >oq  Dttctmn  sur  t'atliance  qu'a  le 
Jhiy  avec  t»  Crawd  Set^neur  et  de  t'uiéléle  qu'elle  apparie  à  te  Ckresttent^^ 
p.  ?,  el  le  traU«  de  1&36. 


LB  COmSBCR   DR   U   KU^^CF,  SOOS   HE!fBI   Vf. 


13 


Bien  que  la  France  ne  possédât  plus  h  l'époque  de  Henri  lY  le 
monopole  absolu  du  commerce  avec  les  États  du  Grand-Seigneur, 
bien  que  U  découverte  du  passage  du  cap  de  Bonne-Espérance 
«ûl  enlevé  à  notre  marine  marchande  une  partie  du  transit  des 
produits  de  l'extrême  Orient,  le  port  de  Marseille  n'en  était  pas 
moins  l'entrepôt  le  plus  important  des  marchandises  du  Levant. 
Il  n'occupa  pas  toutefois  ce  rang  pendant  toute  la  durée  du  règne 
de  ce  prince.  La  guerre  civile  et  la  peste  (1580)  l'en  avaient  fait 
déchoir.  En  1599,  le  commerce  marseillais  était  presque  entière- 
ment ruiné.  Ce  fut  pour  le  ranimer  que  le  consul  Honoré  de 
Mootolieu  proposa  à  la  raunicipalité,  le  5  août  île  cette  année,  la 
création  d'une  commission  qui  devint  plus  tar«J  le  bureau  et  enfin 
U  chambre  de  oonomerce  '.  Si  l'on  compare  cette  décadence  à  la 
prospérité  décrite  par  une  relation  vénitienne  rédigée  peu  de 
temps  apràs  la  mort  d'Henri  lY,  la  relation  de  Gussoni  et  de 
Nani,  on  voit  que  cette  ville  s'était  entièrement  relevée  et  qu'elle 
était  devenue  la  reine  de  la  Méditerranée.  Décrire  le  commerce  do 
Marseille,  c'est  faire  connaître  le  mouvement  presque  entier  du 
trafic  avec  le  Levant  et  eu  même  temps  presque  tout  le  commerce 
de  transport  que  la  prépondérance  des  marines  marcliandes  de  la 
H(^nde,  de  l'Angleterre  et  de  l'Espagne,  avait  laissé  à  notre 
pays. 

Le  port  de  Marseille,  à  l'abri  de  tous  les  vents,  assez  vaste 
pour  recevoir  toutes  les  flottes  de  l'Europe  à  la  fois,  contenait  plus 
de  300  vaisseaux.  Son  trafic  avec  le  Levant  en  occupait  plus  de 
soixante-dii.  Ses  vaisseaux  transportaient  dans  le  I^evant  des 
rèaux  espagnols,  du  corail,  des  soieries  et  des  draps.  Cetrans|)ort 
de  numéraire  s'élevait,  d'après  les  ambassadeurs  vénitiens,  k 
deux  millions  et  demi  d'écus  d'or.  Montchrestien ,  qui  écrivait  peu 
de  temps  après,  l'estime  à  plus  de  sejit  millions  d'écus,  dont  un 
tiers  en  monnaie  ù>auçaiâe  et  les  deux  tiers  en  espèces  espagnoles*. 
Ce  nimiéraire  ne  payait  pas  de  fret,  mais  le  patron  du  vaisseau 
avait  mandat  de  l'employer  en  achat  de  soies  grèges  ou  de 
drogues,  et,  à  son  retour,  il  touchait  cinq  pour  cent  pour  le  fret 
et  la  commission.  Outre  les  drogues  et  les  soies,  les  vaisseaux 
marseillais  rapportaient  du  Levant  de  la  noix  de  galle,  des  épî- 


t.  Précis  ée  t'kiMl.  de  la  diambre  de  commerce  df  Marseille,  p.  1,  en  léLo 
de  i'Inv^ntaire  des  archica  hut.  dv  ccltv  tbainbre,  par  O.  ïe^sicr.  MirscUle, 
IK7S,  iD-4-. 

î.  P.  127. 


u 


G.    FiflYIRZ. 


ceries  de  tout  genre,  des  filés,  du  coton,  des  toisons  de  moutons, 
etc.  Ce  trafic  était  pour  la  plus  grande  partie  un  trafic  de  oooh 
mission  et  de  transport.  Ces  commissions  venaient  d'Espagne, 
d'Italie,  d'Amsterdam,  de  Hambourg,  de  tous  les  pays  de  l'Ocd- 
dent.  II  se  faisait  aussi  k  Marseille  des  prêta  à  la  grosse  aventure 
à  dix-huit  et  dix-neuf  pour  cent  remboursables»  capital  et  intérêt, 
deux  mois  après  le  retour*.  I^  relation  vénitienne  nous  fait  oon- 
naître  le  chemin  que  prenaient  ces  denrées  du  Levant  une  fois 
arrivées  à  Marseille,  Une  grande  quantité  de  cotons  en  laine  et 
en  fi],  de  drogueries,  de  soie,  était  expédiée  k  Vincenzo  Malvasio, 
grand  marchand  en  gros  de  produits  levantins,  établi  à  Finale, 
près  de  Savone,  qui  les  expédiait  &  son  tour  h  Milan,  à  Pavie,  k 
Alexandrie,  eu  Piémont  et  en  Lorabardie.  Ces  produits  prejiaient 
aussi  le  chemin  de  Gènes  et  de  son  territoire,  où  étaient  importées 
surtout  beaucoup  de  soies  legis,  ardassines  et  buratines*.  De 
Qàies»  une  partie  de  ces  marchandises  était  transportée  en 
barques  &  Livourne,  daus  le  territoire  lucquois,  à  Civita  Yeo- 
chia.  d'où  elles  se  répandaiejit  dans  toute  la  Toscane  et  k  Rome, 
n  en  entrait  aussi  une  partie  en  Espagne  par  Barcelone  et 
Valence.  La  plus  grande  partie  des  soies  grèges  de  tout  genre, 
ainsi  qu'une  partie  des  cotons  en  laine  et  en  fil,  était  expédiée  k 
Lyon.  Ces  marchandises  y  acquittaient  les  droits  de  douane  et  se 
plaçaient  en  France,  b  Anvers,  dans  la  haute  et  la  basse  Alle- 
magne'. De  Marseille  à  Lyon  elles  ne  payaient  pas  de  droit  de 
douane  et  le  prix  du  transport  ne  dépassait  pas  deux  ou  deux  et 
demi  pour  cent.  Le  moment  où  les  ambassadeurs  vénitiens  se 
trouvaient  à  Marseille  était  pour  la  ville,  comme  pour  le  oom- 
meroe  marseillais,  un  moment  de  renaissance  et  de  pro^téritâ.  H 
y  avait  te!  jour  où  l'on  y  vendait  plus  de  300  balles  de  soie.  On 


I.  81  diaao  Altndi  cki  dtatri  •  riv^  {pmtr  risdùor)  a  uve  «lU  auHuri 
a  mA  altri  corn  18  e  19  pcr  ecoio,  wlti  di  ogpi  if«u,  M  k»aaù  l^ifo  «  pagu 
H  cifiule  e  pra  dofo  ^wiU  k  Manki^îa  due  mÔL 

t.  Itam*  Ar  iirmem  tÊpèt^t  4e  Mies  jirty»  Tcsani  éa  Lpraat,  4é  Vtne^ 
été  laéw  OQ  d#  U  ChiM.  Sftwy.  Dict.  4»  i— iw,  **  S«é$, 

1.  cm*  «auliM  mm—Mut  Utm  r<*  *  <«*«  ^jM  m  Hf  Iwifl  Db 
MNimii  CwMy*  ^taà  fl  fwte  m  IfiOS  i»  U  raae  <■  mmÊÊttttm  ik  L^m 
(1^  1»)  rt  u  d«>pat#  de  <«tle  vOte  BU  Etais  <hi  DMpkW  fii.  4sn  MH  avul, 
K'curiwft  f«  res  tcnM»  :  ■  D^  loat»  Im  AarcfeMittnft  ^  4b  Lennl 
film  è  Kâncfllt  «I  4e  I*  *  I^  «al  ^nMé  Têmtitm  |i]  iji  «I  Amhi 
4'aBlm  raate*  H»  >M0m.  H**  p^**"^-  Mab  fiBS  aÉret.  a  Dhwn.  citi 
fÊg  Fartna«ati,  I.  4t. 


I 
I 

I 
I 


LR   DlMHKar.E   DB  U    KHi^CB    SOVS    BKVRI    IV. 


45 


réparait  les  vieUles  maboos,  on  en  construisait  de  neuves,  depuis 
deux  ans  la  population  augmentait. 

C'était  surtout  aux  dépens  de  Venise  que  le  commerce  de 
transit  de  Marseille  se  dévelojipait.  Comme  ou  pense  bien,  ce  qui 
attire  surtout  l'attention  des  ambassadeurs  vénitiens  sur  la  pros- 
périté commerciale  do  Marseille,  c'est  le  tort  qu'elle  (ait  à  leur 
patrie.  Ils  se  demandent  pourquoi  le»  marchandises  du  Levant 
prennent  le  chemin  de  Marseille  plutôt  que  celui  de  Venise.  Ils 
expliquent  cette  préférence  par  différentes  causes  :  les  vaisseaux 
marseillais,  moins  grands  et  plus  légers  que  les  vénitiens,  vont 
plus  vite  et  tes  équipages,  étant  associésaux  bénéfices  de  l'arma- 
teur (navigando  alla  parte),  déploient  plus  de  zèle,  et  aussi  plus 
de  courage  quand  ils  sont  attaqués  par  les  pirates.  L'infériorité 
de  Venise  tient  encore  aux  nonabrcuses  faillites  qui  ont  ébranlé  le 
crédit  dans  la  république  et  aux  pertes  que  la  piraterie  a  fait 
subir  au  commerce  véniLien.  Mais  ces  raisons  ne  sont  que  secon- 
daires. En  effet,  les  Mai'seillais  sont  plus  encore  que  les  Vénitiens 
exposés  aux  pirates,  car  ils  sont  obligés  de  passer  devant  Alger 
et  Tunis.  Pour  protéger  leur  commerce  contre  les  Barbaresques, 
ils  avaient  même  pris  à  leur  solde  SiiaoD  Dansa,  auquel  ils  don- 
naient 7,000  êcus  par  an  pour  escorter  leurs  vaisseaux  jusqu'au 
daU  de  Malle,  et,  lorsque  cet  liabile  marin  avait  été  pris  par  les 
corsaires  de  Tunis,  ils  avaient  eugagé  un  autre  capitaine  aux 
mêmes  conditions.  Ni  la  piraterie,  ni  l'ébranlement  du  crédit  à 
Venise,  ni  la  différence  des  vaisseaux  marseillais  et  vénitiens  ne 
suffisent  à  faire  comprendre  pourquoi  le  commerce  entre  le  Levant 
et  l'Europe  préférait  la  voie  de  Marseille.  La  vraie  raison,  c'était 
réconomie  que  le  commerce  européen  trouvait  à  se  servir  de  la 
mariiie  marchande  marseillaise.  Les  Lyon naiii,  dont  la  ville  était 
le  principal  débouché  ou  le  principal  entrepôt  des  marchandises 
du  Levant,  déclaraient  qu'ils  préféraient  la  voie  de  Marseille  à 
cdle  de  Veniae  à  cause  des  frais  excessifs  que  coûtait  le  transport 
sur  les  vaisseaux  vénitiens.  Les  droits  que  les  négociants  lyon- 
nais auraient  eu  à  payer  dans  les  échelles  de  Syrie,  s'ils  s'étaient 
adressés  à  des  nnnateui's  vénitiens,  notamment  le  divit  de  col- 
tinxo ,  TobligatioD  de  n'acheter  qu'aux  maisons  vénitiennes  et 
non  aux  indigènes,  le  taux  exorbitant  du  fi^t  et  des  assurances, 
le  cours  peu  élevé  de  l'or  à  Venise  S  c'étaient  autant  de  raisons 

).  Diconu  qnelli  di  Lioae,  ctie  da  Doi  troppo  è  granU  U  mercanzia,  pcrctiè 


ifi 


a.    FiC?(IEZ. 


pour  que  la  marine  marchande  vénîUeuDe  ne  pût  soutenir  la  con- 
currence de  la  marine  marseillaise  dans  la  Méditerranée.  La 
relation  de  Gussoiii  et  de  Nani  établit  le  total  des  fitùs  que  les 
marchandises  expédiées  des  échelles  de  Syrie  à  Lyon  par  Mar- 
seille ont  à  supporter,  afîn  que  la  seigneurie  puisse  les  compara* 
aux  frais  du  transport  par  Venistî  et  réduire  ceux-ci  sur  le  même 
pied  que  ceux-là  pour  ramener  à  Venise  le  commerce  de  transit. 
Les  réaux  espagnols,  qui  formaient  l'article  d'importation  le  plus 
considérable  dans  les  échelles  du  Levant,  payaient  en  principe 
aux  Turcs  dix  pour  cent  d'entrée,  mais  en  fait  beaucoup 
moins  {ma  non  si  pagano  mai  tutti  a  gran  giunta).  Le 
fret  pour  l'aller  et  le  retour  coûtait  cinq  pour  cent.  Les  Mar- 
seillais et  les  étrangers  ayant  épousé  une  femme  de  Marseille 
étaient  exempts  de  droits  d'entrée  et  de  sortie  dans  ce  port.  Les 
étrangers  payaient  seuls  cinq  pour  cent  sur  les  soies  grèges  et  les 
drogues,  et  un  pour  cent  sur  toutes  les  autres  marchandises  *.  I^ 
taux  des  assurances  pour  l'alkr  et  le  retour  était  de  neuf  pour 
cent.  A  ces  frais  il  faut  ajouter  un  droit  de  deux  écus  par  baUe 
dont  le  produit  était  destiné  à  payer  le  capitaine  qui  escortait  les 
vaisseaux  marseillais  pour  les  protéger  contre  les  lïarbaresques 
et  un  droit  de  cinq  écus  par  balle  pour  le  transport  de  Marseille 
à  Lyon.  C'était  tout  :  ni  droit  de  coWimo  ni  droit  de  quarantaine 
pour  le  séjour  au  lazaret  '. 

Cette  éimmération,  il  est  vrai,  n*est  pas  complète.  La  relation 
Ténilienne  oublie  le  droit  de  deux  pour  cent  qui  revenait  k  l'am- 
bassadeur de  France  à  Constantinople  et  le  droit  de  deux  pour 
cent  au  profit  des  consulats  du  Syrie'. 

C'est  Henri  IV  qui  créa  le  premier,  à  l'origine  il  n'était  payé 
que  par  les  vaisseaux  français.  M.  de  Brèves  obtint  du  sultan 
que  les  vaisseaux  étrangers  naviguant  sous  pavillon  français  y 


I 


ia  Soria,  nllre  irnello  rhe  pa^no  ^  altrt,  vi  fiono  le  Rp«s<!  di  cottimo,  li  noil 
iogorili,  le  sicurtâ  a  prezzo  eccewsivo  oil  otire  ili  rin  è  necessario,  ch«!  qtielli 
clic  To^liûDo  conn|irarc  per  Lionc  romprino  <la  noj,  Itanrto  anco  il  dnnm)  il«lio 
moncEe  valeitrlo  da  doÎ  l'uro  meno.  Barozzi  et  Rrrcliel,  Arrip  11,  tome  I,  p.  49&. 

l.  cr.  Ika  droite  perçuft  A  Marseille  en  l(î69  sur  Us  négociimU  étr&n^erft. 
Forbonnaifi,  I,  430.  Voir  aussi  I,  359. 

1.  Rarozzi  et  Dcrrhel,  I,4ï>3-4y7. 

3.  Sur  les  droits  de  ran^ulal,  vny.  PouciueTille,  Me'tn,  hUt.  el  diplomatiçue 
sur  le  commerce  e(  les  clabliuemrni  français  au  Levant  (iepui$  l'an  SOOdc  J.-O. 
j^sqH,'à  ta  fin  du  XVII*  s.  Mim.  de  l'Académie  des  iiucripUoiu,  année  1833,  X, 
5G8  et  sniv. 


LB   COXXESCB    IIE   U    TBinCB   SOCS    US?!»   IT. 


47 


seraîent  égalemeot  soumis,  ce  qui  ât  du  tort  h  notre  pavillon  '. 
Le  roi  demacida  k  son  ambassadeur  un  état  du  produit  de  cette 
taxe,  qui  provoquait  les  plaiutes  des  cuminerçaiitâ,  et  lui  exprima 
son  éti:iniieinent  de  n'avoir  pas  été  aviâê  de  la  concesâiou  du 
sultan*.  Sa  suppression  fut  accordée  aux  réclamations  de  nos 
Dêgociants,  mais  en  1600  Henri  IV  la  rétablit*.  En  1602,  sur 
les  plaintes  des  habitants  de  Marseille,  il  en  interdit  la  perception 
à  sou  ambassadeur  *,  mais  celui-ci  eut  le  crédit  de  la  faire  encore 
rétablir'. 

On  peut  s'autoriser  du  témoignage  d'observateurs  aussi  atten- 
tif et  aussi  intelligents  que  les  amt)assadeiirs  vénitiens  pour 
affirmer  qu'à  la  âa  du  règne  d'Henri  IV,  la  France,  malgré  la 
ooacurrence  de  Venise  et  de  l'Angleterre,  faisait  la  plus  grande 
partie  du  commerce  de  transport  entre  l'Europe  et  le  Levant. 
Aclive  et  florissante  dans  la  Méditerranée,  sa  marine  marchande 
était  au  contraire  beaucoup  distancée  sur  l'Océan  par  les  marines 
espagnole,  anglaise  et  hollandaise,  à  tel  point  que  le  transport  de 
ceux  de  nos  produits  qui  occupaient  le  premier  rang  dans  notre 
commerce  d'exportation,  du  vin  et  du  sel,  par  exemple,  s'opérait 
par  les  étrangers*. 

Ce  travail  ne  laisserait  qu'une  impression  confuse  si  nous  n'en 
dégagions  l'idée  qu'un  doit  su  faire  du  commerce  extérieur  de  la 
France  envisagé  sous  ces  trois  formes  :  commerce  d'exportation, 
oonamerce  d'importation,  commerce  de  commission  et  de  transport, 
son  importance  relativement  au  commerce  extérieur  des  autres 
états  de  l'Ëarope,  son  état  comparé  avant  et  après  Henri  IV.  On 
peut  affirmer,  bien  que  nous  n'ayons  j>as  de  renseignements 
statistiques  c^  notre  disposition,  que  la  France  importait  plus 
qu'elle  n'exjK)rtait.  Ses  exportations  consistaient  surtout  en  pro- 
duits naturels.  Dans  ses  relations  commerciales  avec  les  autres 


1.  PooqDerilIe,  MAn.  hut.  et  déplomatigue  lur  le  eommerre  et  les  établiue- 
«uui  froHçan  au  LeranI  depuis  l'an  500  de  J.-C.  jusqu'à  la  fin  du  X  Vtl*  siècle. 
tiém,  de  l'Académie  des  inscriptions,  année  t833,   X,  56k. 

t.  UlUe  4  K.  do  Brères,  5  fôirier  I59G.  Lettres  mto.,  V,  497. 

3.  Ibid.,  V,  308. 

4.  /Mi..  V,  561. 

5.  MoDtcbTFSticn,  128-129. 

a,  Poar  le  vin,  toj.  c«  que  dods  tijoa*  dit  ptas  bant ,  p.  2.  Quant  ka  set, 
Hoalrbrcâlloi  dit  (p.  72-73]  <|ue  son  transport  .trait  lieu  p»r  biteaox  flAmaniIs 
et  MUndoift  et  que  ce  Iraaaport  rapportait  aux  Hulluiidais  00,000  ècu»  de  fret 
P«r  «■• 


DÉMEMBREMENTS  de  la  MOLDAVIE 


La  Roumanie  a  occupé,  dans  les  derniers  temps,  d'une  manièn 
assez  rejnarquablfi,  l'attention  de  l'Eui*ope,  el  on  ne  peut  nier 
qu'an  moins  par  sa  posiliou  géographique,  elle  ne  joue  un  rôle 
important  dans  l'Europe  orientale.  Placée  entre  l'Autriche  et  la 
Russie,  dominant  d'une  part  le  cours  inférieur  du  Danube,  de 
l'autre  étant  înterposée  entre  les  Slaves  du  Nord  et  ceux  du  Midi, 
elle  devieut  forcément  un  objet  de  convoitise  pour  ces  deux  em- 
pires limitrophes. 

Jusque  dans  ces  derniers  temps,  les  pays  qui  ont  par  leur  union 
donné  naissance  âi  l'état  roumain  étaient  placés  sous  la  suzerai- 
I  d'une  troisième  puissance,  qui  aujourd'hui  tend  k  disparaître 
la  carte  européenne,  mais  qui  n'en  a  pas  moins,  jusqu'à  ce 
Dor,  déterminé  en  grande  p;irtie  la  politique  de  cette  partie  du 
monde,  et  dont  ta  disparition  ne  laissera  pas  de  produire  une 
profonde  commotion  dans  l'équilibre  de  l'Euroi».  Celte  puissant»^ 
était  la  Turquie.  Tant  que  les  pays  roumains  furent  attachés  h 
œl  euipire,  leur  sort  fut  détenniué  par  les  rapports  politiques 
I  dans  lesquels  il  se  trouvait  avec  le  i*este  de  l'Europe  et  surtout 
■par  oeux  qui  existaient  avec  la  Russie  et  TÂutriche,  ses  puis- 
ants et  aiid>ititiux  voisins.  C'est  de  cette  trinité  politique  que 
endait  le  sort  des  Roumains.  L'argile  malléable  des  pays  rou- 
lîns,  n'ayant  par  elle-même  aucune  force  de  résistance,  prenait 
la  funuequBluiimprimaientles événements  qui  se  succédaient  dans 
lâs  trois  empires  arbitres  de  leurs  destinées.  Voilà  pourquoi  toutes 
Pie»  guerres  qui  éclatèrent  entre  ces  trois  rivaux  eurent  leur 
contre-coup  sur  les  pays  roumains,  contre-coup  toujours  fetal, 
car  il  se  traduisait  éternellement  en  un  accroissement  de  l'in- 
flae&oe  du  vainqueur  sur  ces  malheureux  pays. 

Ainsi  la  guerre  entre  l'Autriche  et  la  Turquie,  terminée  par  la 
paix  de-Passarowitz,  1718,  arracha  à  la  Valachic  tout  le  terri- 
Rbv.  Ujstoh.  XVI.  \**  pAiic.  4 


xrtopoL. 


tûire  situé  au-<lelà  de  TOlte,  qui  fut  donné  à  rAutriclie  oomme 
prix  de  ses  victoires,  et  le  pays  dut  le  bonheur  de  regagner  son 
intégrité  à  la  guerre  mallieureuse  de  l'Autriche  contre  U  Tur- 
quie, qui  prit  on  par  le  traité  de  Belgrade,  en  1739. 

Va  guerre  de  t71i,  qui  mit  en  péril  non  seulement  l'armée 
rusae,  mais  même  la  liberté  du  czar  Pierre  le  Grand,  près  du 
Pruth,  ne  tourna  pas  tant  au  désavantage  des  Russes  (qui  ne  per- 
dirent par  le  traité  signé  à  Housche  que  la  ville  d'.^zow  et  le 
droit  d'avoir  uu  ambassadeur  k  Coustantiaople)  qu'à  celui  des 
Roumains. 

Les  Turcs,  en  effet,  voyant  que  les  princes  roumains  Démètre 
Cantémir  et  Constantin  Brancovane  avaient  trahi  leurs  intérêts 
et  s'étaient  alliés  aux  Russes,  érigèrent  en  système  l'abus  qu'ils 
avaient  pratiqué  pluiiieurs  fois  jusqu'alors,  d'envoyer  des  étran- 
gers aux  tr()Des  des  principautés.  Ces  trônes  furent  mis  à  l'encan 
et  afiermés  pour  de  couiles  périodes  à  ceux  qui  oiTraient  le  plus 
d'argent  aux  dignitaires  musulmans  et  le  plus  de  bijoux  aux 
femmes  du  harem.  Comme  les  princes  n'étaient  point  sûrs  de  leur 
position  du  jour  au  lendemain,  Us  organisaient,  aussitôt  après 
leur  instâliatiou,  la  spoliation  en  masse  des  pays  conâés  à  leurs 
soins;  suivis  de  leurs  ci*éa aciers  turcs  et  grecs,  qui  leur  avaient 
fait  les  avances  nécessaires  à  Constantinople,  ils  s'efforçaient 
d'assouvir  leur  rapacité,  mettant  à  leur  disposition  les  plus  hantes 
fonctions  et  les  revenus  les  plus  clairs  de  l'Etat,  dont  ils  abusaient 
d'une  manière  eiTruutée.  Il  va  sans  dire  que  les  droits  des  états 
roumains,  consacrés  par  les  traités  intervenus  entre  eux  et  leur 
swterain,  étaii.>nt  complètement  oubliés  et  que  ces  pays  étaient 
devenus  de  véritables  paschaliks.  sources  de  fortune  pour  les 
Grecs  du  Phanar. 

Les  guerres  qui  eurent  les  «suites  les  plus  funestes  (tour  les  pays 
roumains  furent  celles  de  1708  et  du  180G,  entre  la  Russie  et  la 
Turquie,  et  ce  sont  elles  qui  forment  le  sujet  de  cet  essai.  Elles 
nous  feront  connaître  k  fond  la  politique  suivie  par  la  Russie  et 
par  l'Autriche  k  l'égard  des  pays  roumains,  politique  qui  peut 
changer  en  apparence  avec  le  temps,  mais  dont  les  principes  fon- 
damentaux resteront  toujours  les  mêmes,  car  ils  dérivent,  oomme 
disait  Montesquieu,  des  rapports  nécessaires  établis  par  la  nature 
des  choses,  et  s^^ml  par  conséquent  fatals. 

Des  documents  nouveaux,  extraits  pour  la  plupart  des  archivas 
de  Vienne,  ainsi  que  d'autres  provenant  de  sources  indigènee. 


m 


LES    DéMEUBAËlir.'VTS   DB   LA    MOLPATIK. 


SI 


nous  ont  mis  h  même  de  pénétrer  plus  profondément  dans  cette 
politique  astucieuse  et  rapace,  qui  prit  naissance  pour  la  pre- 
mière luis  h  Toccasion  du  partagt!  de  la  Pologne  et  qui  tend  mal- 
heureusement k  prévaloir  de  plus  en  plus  dans  ce  siiîcle  civilisé, 
comme  pour  contrebalancer  ses  lumières  et  rappeler  à  l'homme 
,8a  véritable  valeur  ^ 

Guetye  de  1768.  Paiso  de  Koutschouk-Kaiiiarclji  ^  1774. 


I. 

En  1762,  l'impératrice  Catherine  II  monte  sur  le  trône  de 
Bossie  et  une  année  après  meurt  le  roi  de  Pologne,  Auguste  ITI, 
deux  événements  des  plus  importants  pour  l'histoire  européenne. 

^Ltt  dissensions  éternelles  qui  accompagnaient  Télection  du  roi 
Jonais  prennent  à  la  mort  d'Auguste  IIl  une  proportion  bien 

rplus  redoutable,  par  suite  des  nouveaux  partis  issus  de  la  division 
roli^euse  du  pays  en  catholiques  et  dissidente.  Au  milieu  de 
l'anarchie  totale  dans  laquelle  tombe  la  Pologne,  Callierinc, 
d'accord  avec  la  Prusse,  réussit  lacilement  à  faire  élire  comme 
roi,  au  moyen  de  son  argent  et  de  ses  armées,  son  ex-favori 

[Stanislas  Poniatowsky  (1704).  Le  parti  patriote,  conduit  par 
Branicky,  fait  connaître  à  la  Porte  le  péril  qui  attendait  la 
Pologne,  par  suite  de  l'intervention  des  Russes  dans  ses  affaires, 
lui  demandant  son  secours,  afin  d'élire  un  prince  de  sa  nation  et 
d'éloigner  les  troupes  russes  du  pays.  La  Porte,  qui  était  déjà 

^lial^tuce  h  cotte  ingérence  des  Russes  dans  les  affaires  des  Polo- 
nais, se  contente  de  leur  donner  des  conseils  bienveillants  sur 

I  la  nécessité  d'une  entente  et  d'un  accord  entre  eux.  L'ambassa- 

'  deur  de  France,  le  comte  de  Vergennes,  prenant  cette  affaire  & 
cœur,  demande  par  une  note  aux  Turcs  de  prendre  des  mesures 
énei^iques  «intre  l'influence  toujours  croissante  des  Russes  en 

'Polc^e  ;  mais  il  reçoit  comme  réponse  que  les  troupes  étrangài'es 
ont  été  de  tous  temps  bien  reçues  en  Pologne,  que  celle-ci  semble 
les  y  voir  de  bon  gré  et  que  protester  contre  un  pareil  fait  pour- 

l  rait  paraître  comme  une  attaque  aux  libertés  de  la  république. 

1.  L'^tnde  que  dou.^  publions  ici  est  une  partie  d'an  ouTr.if;c  plnn  étendu 
ipii  ftera  public  ÏDcessamiucut  Aout  ce  Ulrc  :  les  Guerres  nuw'tur^ues  cl  teur 
im/tmtnce  fur  Us  pays  rountaina  (171  !•  1878). 


iïï 


A.   0.   XEVOPOL. 


Après  rélection  du  roi  Ponialuwsky,  une  gueiTe  civile  éclate 
eutre  les  dissidcuts  et  les  catholiques  qui  s' mussent  pour  fonner 
la  confêdûitLtion  patriotique  de  Bar.  Catherina  s'ofire  à  soutenir 
la  cauïie  des  premiers,  pamii  lesquels  se  trouvaient  aussi  les 
artliiHloxes,  et  provoque  ainsi  le  parleiueul  des  dissidents  k 
demander  lui-même  les  secours  de  la  Russie.  La  Turquie  reste 
indifTêrente  à  tous  ces  événements,  malgrâ  les  demandes  de 
secours  des  cotifèdérés  patriotes,  d'autant  plus  que  les  Russes 
n'épargnaient  nullement  l'argent  pour  fenner  les  yeux  aux 
digiiitaii-es  otlumana  sur  leurs  ingérences  en  Pologne.  Les  Polo- 
nais, voyant  qu'ils  ne  [Kjuvaient  rieu  obtenir  des  fonctionnaires 
turcs,  envoicut  les  joyaux  de  leurs  femmes  aux  sultanes  du 
harem,  se  servant  ainsi  des  mêmes  armes  que  les  Russes  et  cher- 
chant au  moins  par  ce  moyen  extrême  à  réussir  dans  leurs 
demandes.  Le  parti  de  la  guerre,  continuellement  excité  par  le 
comte  de  Vergennes,  commence  à  gagner  du  terrain  dans  le 
Prran.  Les  patriotes  polonais,  persécutés  par  les  Russes,  avaient 
plusieurs  fois  cherché  leur  salut  sur  le  territoire  turc,  en  Mol- 
davie, et  les  Russes,  les  poursuivant  jusque  là,  avaient  à  plusieurs 
reprises  violé  les  frx>ntières  ottomanes.  Plusieurs  Polonais  s'étânt 
réfugiés  dans  la  petite  ville  de  Balta,  aux  couâns  de  la  Bessa- 
rahie,  une  truupe  de  cosaques  za|>orogues,  soutenue  par  des 
soldats  russes,  les  poursuivent,  attaquent  et  d^niisent  de  fond  en 
oamhle  la  ville,  qui  était  habitée  presque  en  entier  par  des  Turcs. 
Cette  DOuveUo  piûlait  à  ConstantioLipIe  la  plus  grande  agitation  ; 
les  Jaitisisaires  demandeot  absolument  à  èirv  oonduitît  contre  les 
Rmaes,  et  le  sultan  lui-màoie  psat  à  peine maitriaer  sa  oolère.  La 
prise  de  Graoorie  par  les  Russes,  arriTÔe  peu  de  jours  après  (le 
18  août),  met  le  oomUe  à  cette  surexcitation  ;  le  parti  de  la  paix 
est  tout  à  fiiit  écarté,  le  grand  vizir  Mubsùobde  est  reoTenè  et 
renplaoé  par  Haïaaa  padui,  qui  dêdare  U  guerre  aux  Russes 
(ocftobi«  t768). 

Coaune  une  campagne  réguliÀv  ne  pouvait  i  w wi  m  i  qu'au 
piiatamps  siiiT«Dt«  Vm  Tares  se  oiaifateiit  poor  le  nooieQt  d'oi^ 
«kanar  «ax  Titans  le  pîUage  ds  k  Robbm»  et  le  khaa  Crim 
Gknniî  s'acquitte  de  cette  bsogite  de  la  uaaièrela  plus  ixiouîe, 
«■MMAiat  «a  «sdan^  dans  l'espace  de  qadfaat  *— — '»*»  plas 
de  «,000  hemmm  et  ifcrtant  aT«c  soi  plK  de  100,000  iSlaB 
de  bétail.  LauortdececMéMrpqaefcivofaMAl&tlesTarcsde 

lat  ^ae  les  eoMaaadaBts  turcs 


tIS    oàNElIlIREMEYrS    DE    LA    UOLtlAYlC. 


53 


montrent  dans  la  conduite  de  l'armée  une  incapacité  prcxligieuse. 
Ils  n'étaient  point  encore  arrivés  au  Danube  que  les  Russes 
avaient  déjà  attaqué  Holin.  Toutefois  le«  Ruf^ses  furent  repoussés 
au  premier  choc  au-delà  du  Dniester;  mais  le  grand  vizir,  au 
lieii  de  les  pouPSui^Te,  se  dirige  vers  Render  et  perd  ainsi  l'occa- 
sion la  plus  propice  pour  écraser  ses  ennemis.  Le  sultan  Mous- 
tapba  lui  fait  couper  la  tête  et  nomme  à  sa  place  Moldavantscbi 
AU  Pascha.  Celui-ci,  pour  ne  point  encourir  le  sort  de  son  pré- 
décesseur, passe  le  Dniester  h  plusieurs  reprises  ;  dans  une  de  ses 
poursuiles  il  est  surpris  par  une  pluie  torrentielle  qui  coupe  son 
armer?  en  deux,  et,  attaqué  par  les  Russes,  il  est  totalement 
battu  dans  un  combat  des  plus  acharnés  (17  et  18  juillet  1769)  ; 
UD  petit  nombre  seulement  de  Turcs  put  échapper  au  massacre. 
La  suite  de  cette  victoire  des  Russes  fut  l'occupation  des  princi- 
pautés roumaines. 

Avant  que  la  guerre  fût  déclarée.  la  Russie,  prévoyant  la  pos- 
BÎbilitè  d'une  rupture,  avait  entrepris  de  travailler  les  Moldo- 
Valaques.  afin  de  réveiller  en  eux  les  sympathies  pour  la  Russie, 
lesquelles  cunimençaienL  h  s'assoujùr  à  la  suite  de  deux  essais 
infructueux  fxjur  délivrer  leur  pays  de  la  domination  barbare  des 
Ottomans.  Elle  envoie  k  [dusieurs  reprises  des  émissaires  sous  le 
masque  de  négociants  pour  exciter  le  peuple  à  la  révolu^  et  sur- 
tout h  la  fuite  en  Russie,  et  montrerainsi  h  VEuropeà  quel  degré 
la  domination  turque  était  insupportable  aux  Roumains  et  com- 
bien ils  désiraient  celle  de  la  Russie'. 

Les  Moldaves,  voyant  les  Russes  s'avancer  de  nouveau  vers 
leur  pays,  envoient  une  députation  au  princfl  GaliLïin,  comman- 
dant du  corps  d'armée  qui  allait  occuper  la  Moldavie,  pour  lui 
olFHr  la  soumission  du  pays.  Le  prince  remercie  avec  effu^on  le 
métropolitain  pour  ses  félicitations  et  le  prie  de  faire  savoir  aux 
habitants  de  la  Moldavie  qu'il  leur  arriverait  bienUM  des  secours 
de  la  part  de  l'auguste  et  miséricordieuse  impératrice.  Le  baron 
de  Elmpt  passe  p«u  de  jours  après  avec  un  corps  d'armée  en  Mol- 
davie, chasse  le  peu  de  troupes  turques  qui  s'y  trouvaient  et  entre 
  Jassy  le  26  septembre  1709.  <  11  entra  dans  la  ville  en  grande 
aolennité,  les  troupes  bien  équipées  et  régulièrement  disposâtes,  se 


t.  Sur  le*  étaifAtÙT^»  Jancorolf  v\  tschernnlapsoi,  Totr  les  docamunls  rc« 
UUb  A  l'histoire  «les  Roumain»,  tirés  des  archivoR  de  Vienne  par  Eudoxe  de 
BtMnHouiaki,  publics  sous  les  auspices  du  niinislèrc  des  cultes-  Biirburcftl, 
tS78,  Toi.  Vil,  pag.  58  el  61. 


34 


A.    D.    XE.50P0L. 


présentant  aussitôt  à  Têglise  cathédrale  avec  les  généraux,  leurs 
officiers,  le  métropolitain,  tes  boyanlset  le  peuple  qui  se  trouvait 
présent.  La  croix  et  l'évangile  étant  placés  sur  un  pupitre  au 
milieu  de  l'église  et  les  cierges  alluméâ,  le  métropolitain  lui  k 
haute  voix  le  serment,  tout  le  monde  tenant  la  main  droite  élevée 
avec  les  deux  doigts  (le  2"  et  le  3")  étendus  et  dirigés  en  haut. 
Après  la  lecture  tous  les  assistantsbaisèrentla  croix  et  l'évangile 
et  inscrivirent  leurs  noms  dans  la  feuille  de  serment.  La  même 
disposition  fut  suivie  dans  tous  les  districts,  car  dans  chaque 
chef-lieu  on  avait  envoyé  de  pareilles  feuilles  de  serment,  les- 
quelles, après  avoir  été  lues  dans  l'église  de  chaque  village, 
étaient  signées  par  le  prêtre,  les  diacres  et  tous  les  jurés:  puis  ces 
feuilles,  ainsi  certifiées,  étaient  portées  k  la  chancellerie*.  » 
La  formule  du  serment  prêté  était  la  suivante  : 
<  Je  soussigné  jure  et  promets  devant  k  Dieu  tout  puissant  et 
son  saint  Kvangile  que  je  me  suis  soumis  de  plein  gré  à  la  domi- 
nation de  Sa  Majesté  la  trop  miséricordieuse  impératrice  Catlie- 
rine  Alexievna,  seule  dominatrice  de  toutes  les  Russies,  d'obéir  à 
toutes  les  dispositions  qu'elle  jugera  convenable  d'introduire 
dans  le  pays,  do  contribuer  de  tout  mon  pouvoir  à  l'entretien  de 
Tarmée  destinée  k  notre  défense  et  à  celle  de  notre  religion  chré- 
tienne qui  gémit  sous  le  joug  des  Mahométana,  de  considérer  les 
ennemis  de  l'armée  russe  comme  les  miens  propres  et  de  me  con- 
duire en  tout  comme  un  esclave  fidèle,  bon  et  soumis  h  Sa 
Majesté,  ainsi  qu'il  convient  en  tout  à  un  adorateur  de  la  vraie 
religion.  Pour  la  conËrmation  de  ce  serment  j'embrasse  mes 
propres  paroles  et  la  croix  de  mon  sauveur.  .\men  I  » 

Le  baron  de  Klmpt,  après  avoir  ainsi  reçu  la  soumission  du 
pays,  demande  des  informations  sur  le  nombre  des  districts  et  dee 
vill(*s  de  la  Moldavie,  le  commerce,  la  quantité  de  produits  et  de 
provisions  que  le  pays  peut  fournir,  les  relations  entre  les  boyards 
et  les  paysans,  les  redevances  payées  à  la  Porte  et  au  prince,  et 
bien  d'autres  détails.  Toutes  ces  informations  jointes  au  sennent 
i*apportâ  plus  haut  prouvent  jusqu'à  l'évidence  <[ue  la  Russie 
avait  l'intention  manifeste  d'incorporer  les  provinces  roumaines 
h  son  vaste  empire.  Le  baron  de  Elmpt  ordonne  ensuite,  sous  la 
menace  de  terribles  châtiments,  de  livrer  les  provisions  qui 
seraient  cachées  et  d'empêclier  l'exportation  de  n'importe  quelle 
denrée  qui  pourrait  être  nécessaire  à  Tarmèe  russe  et  demande 


« 


I 


1.  Archive  roumaine^  publiée  en  roumaîa  par  H.  KogAtuit&cbiDO,  p.  132. 


LES   DéHEUBRLUe^VTS    l>B    LU   MOLnATIi:. 


» 


eoâu  au  pays  de  choisir  ua  personnage  du  clergé  et  deux  repré- 
aantante  de  la  noblesse  pour  aller  porter  aui  pieds  de  la  très 
paissante  irapératric«  les  remerciements  pour  la  miséricorde 
qu'elle  lui  a  montrée  en  envoyant  ses  armées  à  son  secours  et  en 
le  délivrant  ainsi  de  l'esclavage. 

L'impératrice  Catherine,  désireuse  de  faire  connaître  ses  in- 
teatiODS  &  l'égard  des  chrétiens  d'Orient,  et  de  montrer  que  la 
guerre  entreprise  contre  les  Turcs  lui  donnait  l'occasion  de  lutler 
pour  ia  liberté  de  ses  coreli^onnaires,  mettant  ainsi  en  pratique 
la  politique  inaugurée  par  Pierre  le  Grand,  publie  un  manifeste 
dans  lequel  elle  s'efforce  de  prouver  que  la  Porte  lui  a  déclaré  la 
guerre  par  haine  pour  la  religion  orthodoxe,  et  notamment  à 
cause  du  secours  qu'elles  fait  parvenir  aux  dissidents  en  Pologne; 
<  que  la  domination  barbare  des  Turcs  cherche  à  rejeter  dans 
l'abîme  de  rim]>iété  l'âme  des  chrétiens  qui  virent  dans  la  Mol- 
davie, la  Valachie,  la  Bulgarie,  la  Bosnie,  la  Herzégovine,  la 
Macédoine,  et  dans  les  autres  provinces  de  l'empire  ottoman  '.  » 

Les  fiusses,  après  avoir  occupé  la  Moldavie,  passent  en  Yala- 
chie,  où  ils  sont  appelés  par  Grégoire  Ghyka  (le  même  qui  fut 
décapitéen  1777)etparun  parti  de  boyanis,  en  tète  desquels  figu- 
rait le  spalar  Cantacuzène,  rarchimandrite  d'Ardgesche  et  le 
commandant  de  la  garde  albanaise  du  prince.  Cette  complicité  de 
Ghyka  avec  les  Russes  explique  seule  comment  il  se  fait  que  ce 
prince,  qui  avait  tout  le  temps  de  se  sauver  en  Turquie,  fut  pris 
par  les  Busses.  H  fulconduit  à  Pétersbourg  avec  tous  le^ honneurs 
dus  k  son  rang;  l'impératrice  lui  fait  cadeau  d'une  précieuse 
tabatière  en  brillants,  reçoit  son  ftls  dans  le  corps  des  cadets,  et 
cbarge  enûn  ce  prince  d'aller  à  l'anuée  pour  entamer  les  négo- 
ciations avec  les  Turcs,  et  essayer  de  connaître  ce  qu'ils  voudraient 
bien  céder  pour  la  conclusion  delà  jiaix.  Voilà  pourquoi  les  Russes 
soutiennent  plus  tard  la  candidature  de  Ghyka  au  trùne  de  Mol- 
davie en  1774. 

Le  prince  de  Moldavie,  Grégoire  Callimaque,  passe  aussi  aux 
Russes  et  détourne  les  cent  bourees  envoyées  par  les  Turcs  pour 
l'achat  de  prorisioiis.  La  Porte,  prenant  connaissance  h  temps 
de  sa  trahison,  lui  fait  couper  la  tète,  et  le  rem])lace  par  Cons- 
tantin MaurooQi'dato  qui  est  pris  k  Galatz  par  les  Russes  et  amené 
à  Jassy  où  il  meurt  bientôt  après.  En  Grégoire  Ghyka  les  Turcs 
avaient  une  plus  grande  confiance,  car  il  avait  été  élevé  au  trône 


I.  OocttineiiU  de  BourmoDKaïki,  Vil,  p.  63. 


56  k.  O.   KEVOPOt. 

de  Valachie  sur  l'insistance  du  khan  des  Tatares,  après  l'ouver- 
ture des  hostilités,  au  lieu  du  trop  jeune  iVlexandro  Ghyka,  et  les 
Turcs  ne  voulurent  croire  à  sa  trahison  que  lorsqu'il  se  fut  laissé 
j)rendre  par  les  Russes. 

Les  députés  chargés  d'aller  déposer  l'hommage  aux  pieds 
«  luuiiueux  »  de  rimpératrice  portaient  avec  eux  des  missives 
au  nom  du  pays,  dans  lesquelles  l'impératrice  est  exaltée  avec 
un  servilisme  poussé  jusqu'à  l'adoration.  La  lettre  moldave, 
après  avoir  élevé  les  hauts  faits  de  Sa  Majesté  au-dessus  de 
ceux  êntrej)ris  par  Constantin  contre  Maxeuce,  montre  comment 
«  à  l'aspect  des  armées  éternellement  victorieuses  de  Sa  Majesté 
et  devant  l'embh-me  de  la  sainte  croix,  les  païens  furent  pris 
d'une  telle  épouvante  que  les  eaux  du  Dniester  et  celles  du  Danuliô 
leur  semblèrent  dos  lieux  de  délices  et,  se  jetant  à  corps  perdu 
dans  leurs  vagues,  ils  mesurèrent  la  profondeur  des  fleuves,  de- 
venant la  proie  de^  poissons  et  desoiseaux...  Nous  rendons  grâces 
au  ciel  par  des  louanges  et  des  chants  continuels,  et  remercions  la 
sainte  Trinité,  une  et  iudivisihle,  pai*ce  qu'ayant  pitié  de  nous, 
elle  a  raffermi  le  cœur  de  Sa  Majesté  sereine  et  toute  jiuissante, 
afin  de  nous  sauver  de  l'esclavage  des  Ottomans,  nous  adorateurs 
de  la  même  foi,  et  comme  des  serviteurs  très  soumis  et  très  recon- 
naissants, nous  apportons  le  tribut  de  nos  plus  chaleureux  i*enier- 
ciements  pour  l'accomplissement  des  dé-sirs  si  ardemment  souhaités 
depuis  tant  d'années,  d'être  défendus  contre  les  périls  par  votre 
toute  puissante  pmtection.  »  Puis  après  les  louanges  les  plus 
exagérées  et  l'élévation  jusqu'aux  nues  de  l'impératrice,  la  mis- 
sive ajoute  :  *  Nous,  habitants  de  la  Moldavie,  apportons  comme 
des  esclaves  rampants  la  soumission  la  plus  «îrvile  avec  toute  la 
bonne  volonté  et  du  meilleur  cœur.  »  Vers  la  fin,  elle  éclate  eu 
un  lyrisme  aussi  pathétique  que  de  mauvais  goiit  en  ces  terme-s  : 
«  0  trop  miséricordieuse  impératrice  et  trop  douce  maîtresse,  ne 
nous  abandonne  point,  nous  les  esclaves  de  ta  Majesté  qui  par^ 
lageoDS  la  même  foi,  ombrage-nous  de  ta  force,  etc.,  etc.,  etc.,  » 
termes  par  lesquels  cet  acte  d'un  servilisme  tout  oriental  finit 
d'une  manière  tout  à  fait  digne  de  son  commencement.  La  lettre 
valaque,  quelque  peu  plus  courte,  se  distingue  [mr  les  mêmes 
qualités  et  oniiirasse  jusqu'aux  «  genoux  et  à  l'empreinte  des 
pieds  de  Sa  Majesté  impériale  et  seule  souveraine'.  » 


t.  ArcMvt  tvumaine. 


LES   néMEKBBEUEYTS  OE   LA   UniDAVIB. 

Les  Turcs,  iuforniés  de  la  soum'issiuri  fies  Mohlovalaques  aux 
Russes,  se  laissent  emporter  par  la  fureur  et,  par  un  feLwa  du 
mufti,  les  font  déclarer  traîtres  et  livrer  au  pillage  des  armées 
musulmaoes.  ce  qui  contribue  h  jeter  encora  davantage  les 
pauvres  Roumains  dans  les  bras  des  Russes. 

Tout^ois  il  ne  faut  pas  croire  que  ces  démonstrations  de  la 
part  des  Roumains  fussent  cette  fois  aussi  ï^incères  qu'elles 
l'avaient  été  du  temps  de  Pierre  le  Grand.  Alors  le  contact  des 
RoasâB  avec  les  Roumains  avait  été  pour  ainsi  dire  idéal  ;  les 
Rnaaes  avaient  été  considérés  à  travers  le  prisme  enchanteur  de 
respéranœ,  et  le  contact  matériel  avait  été  évité  par  le  désastre 
du  E^Ui.  qui  empêcha  les  Russes  de  pénétrer  plus  avant  dans  les 
pays  roumains.  Mais  déjà  dans  la  guerre  de  1736,  la  conduite  de 
Monnich  avait  raécontenlô  les  boyanls  et  donné  ainsi  naissance 
aux  premières  désillusions  des  Roumains  sur  le  compte  des 
Rosses.  Dans  la  guerre  qui  nous  occupe,  les  Russes,  mettant 
la  main  sur  les  deux  principautés,  viennent  en  contact  direct 
avec  les  Roumains,  et  il  était  de  toute  im{>o&sibilité  que  ce  choc 
ne  produisit  une  note  discordante  dans  le  chant  harmonieux  qui 
semblait  s'élever  de  toutes  les  poitrines,  pour  célébrt^r  la  très 
puissante  impératrice. 

Le  mécontentement  des  habitants  éclate  bientôt  pour  une  cause 
toute  naturelle  :  l'approvisionnement  des  années  impériales.  Et 
il  ne  (aui  pas  oublier  que  c'était  juste  le  point  le  plus  sensible 
pour  les  pays  roumains;  car,  si  ceux-ci  voulaient  échapper  à 
l'esclavage  turc,  c'était  précisément  k  cause  des  abus  que  la  Porte 
oonuuettait  dans  l'approvisiouikement  de  ses  troupes.  Les  Russes, 
au  lieu  de  leur  apporter  un  soulagement  sous  ce  rapport,  les  op- 
primaient tout  autant,  sinon  davantage,  par  les  exigences  des 
années  impériales,  de  sorte  que  ce  traitement  devait  étalement 
donner  naissance  à  l'idée  que  les  Roumains  n'avaient  fait  que 
changer  de  maitre,  sans  que  leur  sort  s'améliorât.  Dans  une 
plainteadres-sée  ;iu  général  Romanzov,  on  trouvccnlr'autrcs  choses 
«  que  les  habitants  ne  se  refusaient  point  de  contribuer  pour  leur 
part  à  l'entretien  des  armées  impériales,  mais  en  connaissance  de 
cause,  avec  une  certaine  mesure  et  l'ordre  nécessaire  ;  car  une 
foule  de  gens  prennent  tout  ce  qui  leur  tombe  sous  la  main,  sans 
aucun  ïicrupule,  des  animaux  aussi  bien  que  d'autres  objets  en 
quantité  bien  plus  grande  que  celle  dont  ils  auraient  bt^oin  et 
seulement  en  vue  de  gaspiller,  ce  qui  produit  partout  la  ruine, 


A.    P.    ICVOPOL. 


cfifraye  les  mallieureux  paysans  et  les  chasse  dans  des  endroits 
déserts  et  inhabités,  >  D'uno  naïveté  admirable  est  la  plainte  que 
quelques  dames  veuves  adressent  k  Sa  Majesté  impériale,  deman- 
dant que,  par  un  ordre  élevé  et  miséricordieux,  elles  soient 
«  dispensées  et  exemptées  des  tourments  et  dos  exactions  qui^ 
dorénavant^  d&viemirotU  l'/uxbitude  dans  notre  pays ^  »  et» 
avec  la  mOm<;  naïveté  qu'elles  mettent  h  exprimer  leur  opinion 
sur  le  sort  qui  attendait  la  principauté,  ces  dames  demandent  à 
être  exemptées  de  toutes  les  charges  imposées  pour  l'entretien  de 
l'armée,  espérant  être  écoutées,  pendant  quu  l'impératrice  Ca- 
therine s'occupait  en  ce  moment  même  de  faire  comprendre  aux 
Moldaves,  par  un  maniSesle  qu'elle  leur  adressait,  qu'ils  ne 
pouvaient  jouir  d'un  bienfait  aussi  considérable  que  celui  de  leur 
libération  dujoug  ottoman,  sansque«  tous,  du  plus  grand  au  plus 
petit,  ensemble  et  séi>arémeot,  viennent  en  aide  aux  armées 
impériales,  se  soumettant  de  plein  gré  au  devoir  imposé  par  la 
loi  chrétienne  et  qu'ils  s'étaient  imposé  par  le  serment  prêté 
entre  les  mains  de  l'impératrice.  »  Elle  leur  promettait  <  qu'en 
proportion  du  zèle  qu'ils  développeraient  pour  notre  auguste  ser- 
vice qui  est  en  liaison  si  intime  avec  celui  de  l'église  de  Jésus- 
Christ,  Sa  Majesté  s'apitoierait  sur  leurs  souffrances  et  les  ferait 
jouir  de  sa  haute  protection.  »  Et  si  le  sens  de  ces  paroles  pcmvait 
paraître  difficile  dans  le  manifeste  de  Catherine,  il  devient  tout  h 
fait  clair  et  explicite  dans  la  paraphrase  qu'en  donne  le  métropo- 
litain, lequel  se  cliarge  de  dire  les  choses  plus  ouvertement  que 
ne  pouvait  le  faire  l'impératrice  de  toutes  les  Russies.  «  Seconde- 
ment, ne  manquez  pas  de  venir  en  aide  au  service  impérial,  cha- 
cun selon  son  état  et  sa  position,  et  principalement  en  ce  qui 
concerne  les  provisions  nécessaires  aux  armées  impériales  qui 
sont  venues  pour  nous  défeudru.  » 

Les  habitants  des  pays  roumains  s'attendaient  peut-être  k  ce 
qu'ils  fuss^mt  exemptés  de  toutes  sortes  de  redevances,  excepté 
des  droits  de  douanes  et  de  l'impôt  sur  le  sel,  comme  du  temps  de 
Pierre  I*^.  Au  lieu  de  cela,  le  général  Roraanxov  écrit  après  le 
départ  des  députés  roumains-:  «  Voilà  [Kiurquoi  il  faut  vous  pres- 
ser de  venir  en  aide  aux  nécessités  de  l'approvisionnement  des 
armées.  Il  faut  en  même  temps  que  les  revenus  du  trésor  s'ac- 
croissent, sans  que  le  peuple  en  souffre;  personne  donc  ne  eera 
exempté  des  redevances  que  tous  paieront  selon  l'ancienne  cou- 
tume, et  elles  seront  prélevées  comme  jusqu'à  présent,  étant 


LES    D^MEIIBIEIIENTS   DE   LA    MOLDATIE.  $9 

nécessaires  au  besoin  du  pays  et  k  l'entretien  de  Tarmée.  » 
Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  par  les  nombreuses  citations  emprun- 
tées aux  documents  officiels  contemporains*,  les  Eusses  mettaient 
toujours  en  avant  l'idée  de  Dieu  et  de  la  religion  chrétienne,  pour 
donner  à  la  conquête  des  pays  roumains  un  caractère  aussi 
désintéressé  que  possible.  Pour  sauver  l'église  chrétienne  de 
Pologne,  la  Russie  s'était  exposée  k  la  guerre  avec  les  Turcs  ; 
pour  protéger  l'église  chrétienne  des  pays  roumains,  la  Russie 
versait  le  sang  de  ses  enfants  ;  enfin  toujours  pour  le  triomphe  de 
la  foi,  la  Russie  demandait  que  les  Moldaves  et  les  Valaques 
ouvrissent  leur  bourse,  afin  d'entretenir  les  armées  moscovites. 
La  politique  des  Russes  leur  dictait  de  s'adresser  de  préférence 
au  dergé  qui  représentait  l'église,  pour  laquelle  elle  faisait  sem- 
blant de  se  battre.  Et  le  clergé  roumain  s'empresse  de  répondre  à 
Tenvi  à  cette  haute  attention,  se  mêlant  de  toutes  les  affaires, 
rédigeant  les  adresses  aux  autorités  russes,  publiant  et  interpré- 
tant les  manifestes  de  l'impératrice,  et  enfin  se  soumettant  de 
plein  gré  au  synode  de  l'église  russe,  donnant  ainsi,  le  premier, 
l'exemple  de  la  conduite  que  le  pays  devait  suivre  à  l'égard  des 
Russes. 

La  Russie,  ayant  placé  les  principautés  roumaines  sous  son 
entière  dépendance,  prend  des  mesures  pour  leur  organisation, 
et  nous  avons  vu  plus  haut  le  baron  de  Ëlmpt  demander  au  pays 
plusieurs  renseignements  afin  de  pouvoir  entreprendre  cette  be- 
sogne en  connaissance  de  cause.  L'impératrice  Catherine,  dans 
la  réponse  qu'elle  daigne  faire  aux  députations  du  pays,  porte  à 
leur  connaissance  :  «  Que  les  deux  principautés  Moldave  et  Va- 
laque  seront  gouvernées  selon  leurs  us  et  coutumes;  qu'elles  joui- 
ront d'une  complète  indépendance  quant  à  leur  administration 
intérieure.  »  Nous  verrons  par  la  suite  comment  les  Russes 
entendaient  remplir  cette  promesse  de  leur  souveraine. 

Les  députés  moldaves  et  valaques  soumettent  à  la  cour  de 
Russie  un  plan  d'organisation  future  des  principautés  dans  lequel 
on  ne  saurait  méconnaître  l'inspiration  russe,  car  non  seule^ 
ment  ce  plan  est  contraire  à  l'intérêt  du  pays,  mais  il  est  même 

I.  PabUés  ea  grande  partie  dans  VArchive  roumaine. 


A.  n.  n^opoL. 


opposé  h  celui  des  boyards,  lesquels,  s'ils  avaient  travaillé  en 
j)l(ûne  liberté,  auraient  réservé  pour  eux  une  part  bien  plus 
grande  d'autorité  réelle  et  indépcDdante,  Il  faut  toutefois  remar- 
quer que  la  Russie,  désirant  mettre  la  main  sur  les  principautés 
ruuntaînes,  en  apj>arence  avec  leur  propre  consentement,  et  la 
classe  influente  de  ces  pajs  étant  dans  ce  temps  les  boyards,  on 
comprend  très  facilement  pourquoi  la  Russie  accorde  à  ceux-ci 
plusieurs  de  leurs  demandes  ;  car  elle  tenait  beaucoup  k  ne  point 
les  mécontenter,  afin  de  n'être  point  forcée  d*avoir  recours  à  la 
violence  et  de  trahir  ainsi  le  but  réel  de  la  guerre  qu'elle  entre- 
prenait . 

Les  demandes  des  députés  moldaves  sont  les  suivantes'  : 

1.  IjC  gouvernement  du  pays  sera  confié  k  une  aristocratie, 
c'est-h-dire  que  doujîe  boyards  de  la  première  classe  seront  élus 
au  gouvernement,  et  prendront  soin  de  toutes  les  afiaire^  du 
pays. 

2.  Six  d'entre  ces  boyards  s'occuperont  de  l'instruction  et  de 
la  décision  des  procès;  les  six  autres  veilleront.'!  la  rentrée  des 
redevances.  Ces  douze  boyards  résideront  k  Jassy. 

5.  Tous  les  boyards  qui  seront  choisis  au  gouvernement  du 
pays  seront  tenus,  avant  d'entrer  en  fonction,  de  prêter  un  ser- 
ment de  fidélité  et  de  bonne  conduite,  tant  à  l'empire  qu'à  la 
patrie. 

B.  Le.s  fonctions  de  tous  les  boyards  seront  limitées  h  l'espace 
de  trois  ans,  commençant  au  1"  janvier.  Au  sortir  de  service,  ils 
rendront  compte  do  leur  administration  et  seront  rem|>lacê8  par 
d'autres  boyards,  de  maiiièi*e  que  toute  la  boyarie  participe  ainsi 
h.  tour  do  rôle  au  gouvernement,  sans  en  excepter  les  boyards 
pauvres,  pourvu  qu'ils  fussent  capables. 

10.  Un  général  russe  avec  un  nombre  de  gens  armés,  suffisant 
pour  la  gai^e  des  frontières^  résidera  h  Jas^. 

12.  La  première  fonction  de  ce  général  sera  le  commandement 
des  troupes,  tant  étrangères  que  nationales.  La  seconde  sera  d'en- 
voyer au  trésor  impérial  les  contributions  du  pays. 

13.  Le  général  revêtira  de  leurs  insignes  les  boyards  nommés 
au  gouvernement. 

Ce  projet  d'organisation  attribuait  aux  boyards  un  rôle  pré- 
pondérant dans  le  gouvernement  du  ]>ays.  C'est  à  eux  qu'appar- 


I.  Tfnu»  oineltoBfi  les  dlftposlliom  un»  IroporUacv. 


LES    DlElfKlllt^Jfe^fTS    Pt    tl    MOLOAVU:. 


U4 


tenaient  l'adminislrattoD*  la  justice,  les  finances,  en  un  mol  toute 
la  puissance  politique.  Les  boyards  venaient  eûsuite  k  tour  de 
rôle  au  gouvernement  du  pays,  afin  que  le  droit  de  le  dépouiller, 
(la us  lequel  constatait  principalement  radministration  de  ce  temps- 
là,  fût  également  réparti  entre  tous,  et  les  jiauvres  mêmes  n'étaient 
point  oubliés,  afin  qu'ils  pussent  reCaire  leur  forLmie  en  cas  de 
malheur.  Les  boyards  étaient  tellement  sûrs  de  leur  réussite, 
qu'ils  ne  craignaient  point  de  mettre  eu  tête  de  leurs  demandes  le 
mot  d'aristtjcratie.  Mais  à  quel  prix  gagnaient-ils  ces  droits  ima- 
ginaires? En  sacrifiant  complètement  l'indépendance  du  i^ays,  ce 
qui  ressort  surtout  de  la  disposition  d'envoyer  les  contributions 
au  trésor  impérial.  Cette  disposition  équivalait  à  la  supj)resstoo 
totale  de  l'autonomie  économique  du  pays  qui  est  toujours  inti- 
mement liée  à  l'indépendance  politique.  Dans  ces  demandes,  il 
est  souvent  question  de  l'élection  des  gouvernants,  sans  que  ja- 
mais il  soit  fait  mention  de  ceux  qui  allaitint  les  élire.  Il  est  bors 
de  doute  que  l'autorité  qui  allait  les  élire,  c'est-b-dire  les  nommer, 
était  le  général  russe  qui  avait  aussi  le  droit  de  les  revêtir  des 
insignes  du  pouvoir.  Eu  un  mot  le  général,  qui  était  aussi  le 
oonunandant  d'une  armée  en  grande  partie  russe,  surtout  dans 
ses  éléments  sui^érieurs.  n'était  autre  cliosequele  véritable  prince 
da  pays»  suus  l'autorité  duquel  la  soi-disant  aristocratie  devait 
courber  la  tête  si  elle  ne  roulait  point  voir  jouer  sur  son  dos  le 
knout  russe  ou  ressentir  dans  la  moelle  de  ses  os  les  froids  de  la 
Sibérie. 

L'organisation  de  la  Valacliie  met  bien  mieux  k  découvert  les 
intentions  de  la  Russie  sur  les  pays  roumains.  Que  les  boyards 
de  ce  pays  se  soient  montrés  plus  dociles,  ou  bien  que  la  Russie 
ait  eu  intérêt  à  le  soumettre  plus  complètement  comme  étant  plus 
rapproché  des  Turcs,  il  est  un  fait  incontestable,  c'est  que  les 
boyards  de  Valachie  demandent  h  la  Russie  la  totale  incorpora- 
tion lie  ce  pays  dans  l'empire  moscovite.  Voici  leurs  demandes  : 

1 .  Que  notre  pays  soit  unifié  aux  provinces  sur  lesquelles 
s'étend  le  trop  puissant  empire  de  Russie,  et  è  la  paix  pro- 
chaine que  nous  ne  soyons  h  aucun  prix  laissés  de  nouveau  sous 
la  domination  tyraunique  des  Agariens. 

Comme  notre  territoire  est  tombé  k  cause  de  rinconstanco 
dans  le  plus  grand  désordre,  il  sera  lUile  d'y  ifUro- 
duire  complètement  les  lois  et  les  ordonnances  de  t empire 
de  Russie. 


es 


A.     D.    XK^OPOI.. 


3.  Notre  pays  entretiendra  k  ses  frais  30,000  hommes  de 
troupes,  dont  25,000  infanterie  et  5,000  cavalerie;  quant  h  Var- 
tillerie  et  au  train  nécessaires,  nous  prions  humblement  la  trop 
puissante  cour  de  nous  les  procurer,  et,  en  temps  de  guerre,  que 
renipire  envoie  les  secours  nécessaires  k  la  défense  du  pays.  L'en- 
tretien de  l'armée  sera  fourni  par  le  pays,  et  que  les  Valagues 
aient  aussi  le  droit  (Tentrfiy  comme  officiers  dans  Vamnée, 
afin  de  s'habituer  aux  choses  militaires. 

4.  Les  officiers  impériaux  qui  viendront  dans  le  pays  détermi- 
neront les  endroits  qui  devront  être  fortifiés,  et  le  pays  élèrera 
des  forliâcations  h  son  compte. 

5.  Les  7'evenus  dupays  seront  réglés  conformément  aux 
ordonnances  russes,  et,  pour  la  douane,  on  suivra  les  tarifs 
existants  en  Russie, 

6.  Le  clergé  sera  sous  la  direction  du  saint  synode  selon 
les  coutumes  de  la  sainte  église  de  Russie. 

8.  Les  juges  qui  seront  nommés  dans  les  districts  et  dans  les 
TÎlJes  seront  pour  la  moitié  des  Valaques. 

10.  Les  habitants  du  pays  pourront  faire  le  commerce  dans 
d'autres  empires,  et  les  ambassadeurs  impériaux  det>?'onl  les 
protéger  comme  des  sujets  russes. 

\2.  Les  boyards  seront  à  la  tête  des  affaires;  ils  auront  à  juger 
et  à  décider  les  différends  ;  leurs  édits  jouiront  d'une  autorité 
absolue  dans  le  pays;  mais  le  généi*al  pourra  ordonntjr  aux 
boyards  tout  ce  qu'il  lui  plaira^  ayant  la  faculté  de  les  ar- 
rêter en  cas  de  désobéissance. 

Ces  dispositions  n'ont  besoin  d'aucun  commentaire,  surtout 
celle  par  laquelle  les  boyards  demandeol  h.  ce  qu'au  moins  la 
moitié  des  juge^  du  pays  soient  des  Valaques.  D'où  il  résulte  que 
l'autre  moitié  devait  être  réservée  pour  les  Russiîs,  et  il  va  sans 
dire  que  ceux-ci  allaient  appliquer  leurs  lois,  ce  qui  ne  pouvait 
être  fait  que  dans  leur  idiome.  La  russification  du  pays  était  donc 
uu  fait  accompli. 

Les  Busses  étaient  ainsi  arrivés  &  réaliser  le  traité  de  Cantémir 
et  même  h  le  dépasser  ;  car  Pierre  le  Grand  laissait  h  la  Molda- 
vie au  moins  une  ombre  d'indépendance,  par  son  prince  national, 
pendant  que  les  dispositions  de  Catherine  ravissaient  définitive- 
ment au  pays  toute  existence  indépendante  et  le  destinaient  à 
être  russifié  dans  le  plus  bref  délai. 

Pour  donner  une  idée  de  la  manière  dont  les  Russes  entendaient 


LES   IieVMIfEBElIFATS   OC    LA    MOIDATIC. 


ft3 


administrer  ces  pays  et  montrer  quel  était  Tobjet  de  leur  sollici- 
tude, nous  nous  servirons  de  deux  documents  puisés  aux  mêmes 
sources,  qui  nous  suffiront  à  défaut  d'autres,  et  qui  jettent 
une  lumière  très  vive  sur  le  système  russe,  alors  exactement 
identique  h  celui  d'aujourd'hui.  L'un  de  ws  documents  se  rap- 
porte à  l'organisation  des  écoles  de  la  principauté  de  Moldavie. 
n  contient  la  réponse  du  général  Romanzov  aux  demandes  du 
métropolitain  qui  sollicitait  dee  secours  pour  une  plus  sérieuse  or- 
ganisation de  l'enseignement  :  «  Toutes  les  affaires  relatives  aux 
écoles,  je  les  laisse  pleinement  à  la  disposition  et  au  gré  de  ta 
sainteté  et  de  ceux  des  boyards  qui  prennent  part  au  divan  de  la 
Moldavie.  Quant  à  la  langue  grecque,  comme  je  ne  veux  entrer 
à  ce  sujet  dans  aucune  sorte  de  discussion...  »  Le  résultat  de  la 
mission  du  métropolitain  fut  donc  que  le  général  ne  désirait  point 
se  mêler  do  pareilles  affaires.  L'autre  document  s'occuj>e  des 
règles  de  police,  et  ici  nous  voyons  au  contraire  les  soins  les  plus 
minutieux  et  une  tendance  très  prononcée  vers  le  système  inqui- 
sitorial  :  <  Dorénavant,  si  un  individu  vient  du  dehors  et  prend 
pied  à  torre  chez  quelqu'un,  l'hôte  devra  annoncer  irainèdiate- 
nteot  la  police  pour  ce  nouveau  venu,  quelle  personne  il  est, 
d'oiî  il  arrive,etquelsbesoiusi'amèneutdansrendroit,etsi l'hôte 
le  reçoit  et  s'offre  comme  garant  jKiur  lui,  il  devra  en  infoniter  le 
colonel  et  sa  sainteté  le  métropolitain  ^  » 

Police  sévère  et  négligence  entière  de  tout  ce  qui  a  rapport  à  la 
culture  de  l'esprit,  voilà  les  commeuceinents  de  la  protection  russe 
sur  les  Roumains,  et  ces  deux  éléments  sont  essentiels  au  système 
russe,  car  ils  sont  les  soutiens  les  plus  naturels  du  despotisme. 


m. 


La  Russie  ne  devait  toutefois  pas  encore  réaliser  le  plus  cher 
de  ses  vœux,  la  prise  de  possession  des  pays  roumains.  Pour 
comprendre  comment  cela  fut  |H)ssibIe,  il  nous  faut  rappeler  en 
peu  de  mots  les  événements  principaux  de  la  guerre. 

Pendant  qu'en  Europe  les  armées  russes  occupaient  les  princi- 
pautés, en  Asie  leurs  succès  n'étaient  pas  moins  remarquables  ; 
elles  prenaient  possession  successivement  de  l'Arménie,  de  la  Qr- 


I.  Ton»  ces  ducumenU  ftoot  puînés  dans  le  recueil  précieux  de  H.  Kogal- 


64  A.  0.  lË^foraL. 

casste,  et  d'autres  pays  placés  sous  la  dominatiou  de  la  Porte. 
Mais  les  Russes  vuuldienl  frapper  la  [luissaiice  ottomane  aussi, 
sur  mer  pour  lui  donner  le  dernier  coup,  et  Vimjtêratrice  Cathe- 
rine fait  h  cet  effet  de  grands  préi)aratifs  dans  ta  mer  l^ltique, 
pour  la  construction  d'une  flotte,  faisant  venir  d'habiles  matelots 
d'Angleterre,  de  la  Hollande  et  du  Danemark.  La  destination  de 
cette  flotte  était  surtout  de  soulever  les  Grecs  et  autres  peuplades 
maritimes  de  l'empire  ottoman,  qui  se  verraient  encouragées  k  la 
révolte  par  la  présence  d'une  flotte  russe.  De  cette  manière,  oq 
réaliserait  les  promesses  faîtes  k  ces  peuples  dès  Tannée  17G5,  et 
on  mettrait  en  pratique  dans  son  entier  la  politique  de  Pierre  le 
Grand. 

La  flotte  russe,  parfaitement  équipée,  part  de  la  mer  Baltique, 
traverse  la  mer  du  Nord,  la  Manche,  l'océan  Atlantique,  et  entre 
par  le  détroit  de  Gibraltar  dans  la  Modilerranèe.  Pour  comprendre 
comment  cette  flotte  put  faire  le  tour  de  l'Europe  sans  être  in- 
quiétée par  personne,  nous  devons  considérer  un  instant  la  poli- 
tique anglaise  vis-à-vis  de  la  Russie  h  cette  époque. 

La  politique  de  IWagloten-c  avait  jusqu'alors  toujours  prêté 
appui  aux  Turcs  contre  les  empiétements  des  Russes.  Maintenant 
les  choses  changent  tout  d'un  cf>up,  et  non  seulement  les 
Anglais  permettent  à  la  flotte  russe  d'entrer  dans  la  Méditer- 
ranée par  un  détroit  qui  était  en  leur  possession,  mais  des  ami- 
raux et  des  officiers  anglais  commandent  les  vaisseaux  russes , 
(entre  autres  Elphinston) ,  et  la  cour  de  Londres  déclare  caté- 
goriquement k  celles  de  Versailles  et  de  Madrid  qu'elle  considé- 
rerait comme  un  acte  d'inimitié  envers  elle  toute  tentative  de 
s'ojiposer  k  la  marche  de  la  flotte  moscovite.  Par  quel  miracle 
avait  été  opéré  ce  changement  inattendu  dans  la  politique  tra- 
ditionnelle (le  l'AngleteiTe? 

L'Angleterre  est  un  pays  essentiellement  commercial,  et  sa 
politique  se  réglera  toujours  d'après  ses  intérêts  mercantiles;  il 
ne  faut  donc  point  nous  étonner  de  la  voir  changer  de  direction 
aussitél  qu'un  pareil  changement  se  sera  upérédausla  direction 
de  son  commerce.  On  peut  en  63*61  facilement  comprendre  que  si 
l'Angleterre  avait  soutenu  jusqu'alors  la  cause  de  la  Turquie, 
elle  ne  l'avait  sûrement  point  dit  par  sympathie  pour  les  adora- 
teurs du  croissant,  mais  bien  à  cause  du  profll  considérable  qu'elle 
retirait  de  son  commerce  avec  les  jwuples  de  la  Turquie.  Dana  le 
courant  du  xvm*  siècle,  le  commerce  anglais  en  Orient  commence 


LES   DillEMBlEirE^TS   DR   Li   HOLDAVIE. 


es 


à  déchoir  arec  une  rapidité  extraordiuaire,  étaut  supplanté  par 
le  commerce  français.  Plusieurs  causes  avaient  produit  ce  chan- 
gemiTit.  Premièrement,  l'activité  et  !<«  efforts  do  Cfilhirt.  afin 
dVnctoirager  le  commerce  de  la  France  avec  les  échelles  du  Le- 
vant ;  les  primesaccordées  par  le  gouvernement  français  aux  expor- 
tants; la  solidité,  le  goût  conforme  aux  habitudes  orientales,  la 
modicité  du  prix  des  marchandises  françaises;  enfin  les  avantages 
commerciaux  que  la  Porte  avait  accordés  h  la  France  par  le 
traité  conclu  en  1740.  Toutes  ces  causes  réunies  avaient  ouvert 
aux  produits  français  les  marchèii  du  Levant,  pendant  qne  les 
Anglais,  qui  avaient  confié  leur  commerce  h  la  compagnie  orien- 
tale, le  voyaient  déchoir  tous  les  jours,  parla  raistm  que  cett« 
grande  niaison  de  commerce,  cherchant  seulement  le  gain  et  évi- 
tant les  dépenses,  ne  voulait  rien  sacrifier  pour  le  futur  dévelop- 
pement du  commei-ce  anglais.  La  cherté  exorbitante  des  produits 
anglais  et  leur  façon  qui  ne  répondait  en  aucune  manière  au  goût 
oriealol  contribuaient  aussi  pour  lexu:  part  h  ruiner  le  commerce 
delà  Grande-lïretagne.  Ainsi  en  i735,  les  Français  importent  à 
CuDstanlinople  12,000  pièces  de  tissus,  [>endant  que  les  Anglais 
restent,  la  même  année,  avec  5,000  pièces  non  vendues  h  Alypo. 
4,000  h  Constantinople,  et  3,000  h  Srayrne.  Par  suite  de  cette 
dùnioution  de  l'exportation ,  Timpirtatiou  des  marchandise-^  orien- 
tales souffre  aussi  une  notable  réduction ,  de  sorte  que ,  vers  la 
moitié  du  siècle  précédent,  le  commerce  anglais  avait  pnisque 
disparu  des  échelles  du  Levant. 

Les  Anglais,  se  voyant  menacés  d'une  manière  si  grave 
dans  leurs  intérêts  les  plus  chers,  et  cela  principalement  k 
caïue  de  la  conduite  hostile  de  la  Porte,  qui  leur  refusait 
les  arantages  accordés  aux  Français  par  le  traité  de  1740, 
se  décident  à  abandonner  les  Turcs  et  à  chercher  d'autres 
débouchés  pour  leur  commerce  oriental.  Le  chemin  par  lt?qucl 
Us  pensaient  arriver  le  plus  promptement  h  leur  but  était  la 
Russie. 

Au  siècle  dernier,  la  Russie  était  loin  d'opposer  aux  marchan- 
dises étrangères  la  barrière  infranchissable  du  système  prohibi- 
tif, qui  règle  aujourd'hui  ses  rapports  avec  les  autres  pays. 
Suivant  an  contraire  la  politique  inaugurée  par  Pierre  le  Grand, 
^le  Cavorisait  grandement  les  étrangers,  et  les  Anglais  jouissaient 
«pécialeraent  de  ses  faveurs.  Ceux-ci,  profitant  di's  bonnes  dispo- 
sitions de  la  Russie  k  leur  égard,  étendirent  leur  commerce  dans 
R«v.  Hnrm».  XVI.  1"  mm.  h 


^ 


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tifi 


A.    D.   XENOPOL. 


ce  pays  d'une  manière  considérable.  Ainsi  ils  avaient  non  seu- 
lement des  oum])U>irs  et  de  {grandes  maisons  de  commerce 
dans  les  ports  de  la  mer  Ballitiue  à  Saint-Pétersbourg,  Riga, 
rîeval.  Narva,  mais  même  au  centre  de  la  Russie,  k  Moscou, 
Kazan  et  Astrakan.  Encouragés  par  cette  prépuudérance  com- 
merciale qu'ils  exerçaient  sur  la  Russie,  il  leur  vint  h.  l'idée  de 
renouveler  leur  commerce  avec  la  Perse  par  la  Russie,  notam- 
ment par  la  mer  Caspienne,  et  obtinrent  de  Catherine  II  un  ukase 
qui  leur  pt^rmettail  le  commerce  avec  la  Perse,  par  celle  mer, 
espérant  ainsi  gagner  en  Perse  ce  qu'ils  perdaient  en  Turquie. 
Pour  le  maintien  de  ces  relations  amicales,  si  importantes  pour 
l'Angleterre,  il  était  nécessaire  que  ses  rapports  politiques  avec 
la  Russie  tussent  des  plus  serrés,  et  ceci  Dous  explique  assez  le 
soudain  changement  dans  sa  politique  que  nous  avons  rapporté 
plus  haut. 

Les  Russes,  avec  l'aide  des  Anglais,  battent  et  anéantissent  la 
flotte  turque  à  Tschesraé,  près  de  l'île  de  Chios,  sur  la  c6te  asia- 
tique. Toutes  les  îles  de  l'Archipel  se  soumettent  à  l'impératrice, 
et  on  s'attendait  à  voir  enti'er  la  flotte  russe  dans  les  Dardanelles 
ot  menacer  la  capitale  même  de  l'empire  ottoman.  Pendant  que 
les  Eusses  remportent  de  si  éclatants  succès  sur  un  élément  qui 
leur  avait  été  jusqu'alors  presque  tout  à  tait  étranger,  sur  tore 
leurs  victoires  se  suivent  l'une  après  l'autre,  quoiqu'elles  nefussCDt 
pas  gagnées  tant  par  le  talent  des  généraux  russes  que  par  l'incapa- 
cité des  commandants  turcs,  ce  qui  amène  Frédéric  le  Grand  à 
comparer  cette  guerre  h  une  lutte  entre  les  borgnes  et  les  aveugles, 
dans  laquelle  les  premiers  finissent  par  l'emporter  sur  les  der- 
niers. 

Les  Russes,  après  avoir  battu  les  Turcs  à  Cahoul»  prennent 
Ismaïl  et  Kilia,  puis  Beiider,  Ibraïla  et  Merman,  et  les  Tatares 
du  Dniester  se  soumettent  de  bon  gré  à  la  domination  de  Ca- 
therine. 

Les  puissances  européennes  qui  n'étaient  point  engagées  dans 
la  lutte,  et  particulièremeut  l'Autriche  et  la  Prusse,  voyant  la 
Turquie  i-éduite  h  bout  de  ses  forces,  interviennent  pour  la  con- 
clusion de  la  paix.  La  Turquie  accepte  avec  reconnaissance 
l'intervention  de  l'Autriche,  et  promet  h  celle-ci  «  que  si  les 
Russes  sont  chassés  do  la  Turquie,  il  dépendra  en  tout  du  boa 
plaisir  de  la  cour  impériale  (de  Vienne)  de  mettre  sur  le  trône  de 
Pologne  un  roi  de  son  choix,  ou  bien  de  partager  ce  pays  avec 


tes    DillClfBir.3ie5TS    DE   LA    MOLDAVIE. 


67 


la  Porto  '.  *  L'idée  du  démembrement  de  ce  roj'anme  a  son  ori- 
gine dans  les  malheurs  de  la  Turquie;  mais  s'il  arriva  plus  tard 
à  être  réalisé,  ce  ne  fiit  point  à  l'avantage  delà  Porte,  tel  qu'il 
lui  plaisait  de  l'imaginer  itans  la  prn|H».sitif>n  que  nou»  venons  de 
citer.  C'est  cette  même  cause  qui  amena  lu  cession  do  la  lîuko- 
Tine  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  tard.  Mais  comme  la  Russie 
avait  intérêt  k  ce  qu'avant  de  commencer  les  négociations  elle 
mit  la  main  sur  la  Crimée,  elle  proposa  h  la  Porte  dt>s  conditions 
tout  à  &it  inacceptables,  telles  que  :  la  liberté  des  Tatares  de  la 
Crimée,  et  l'établissement  en  Moldavie  et  en  Yalacbit;  d'un  prince 
indépendant,  qui  aurait  à  sa  disposition  des  troupes  et  des  for- 
teresM».  Les  Autrichiens,  voyant  les  Turcs  réduits  k  cette  extré- 
mité, leur  proposen  t  u  n  traité  secret  par  lequel  les  Turcs  s'enga  gen  t 
à  payer  à  l'Autriche  dix  millions  de  piastres  «  comme  dépenses 
pour  pr^>arati£5  de  guerre.  >  dout  trois  millions  payables  immé- 
itement,  le  reste  jusque  dans  huit  mois,  la  Porte  prenant  en 
'  SOS  l'obligation  d'avancer  encore  deux  ou  trois  mille  bourses 
pour  la  réussite  de  quelques  vues  secrètes.  »  La  Porte,  «  afin 
■de  montrer  sa  reconnaissance  pour  la  conduite  généreuse  de  TAu- 
ricfae,  lui  promet  en  outre  la  petite  Valachie,  si  elle  réussit  soit 
ir  le  moyen  des  négociations,  soit  par  la  force  des  annes,  .*i  faire 
abandonner  à  la  Russie  toutes  les  conquêtes  faites  sur  le  territoire 
r  ottoman,  et  ^  lui  faire  accepter  une  paix  aux  mêmes  conditions 
ne  celle  de  Belgrade'.  » 
Ce  traité  provoqua  dans  l'Europe  entière  la  plus  forte  indigna- 
rtîoo.  L'Autriche,  qui  jusqu'alors  avait  toujours  lutté  contre 
fia  Turquie,  s'alliait  à  elle,  abandonnant  ainsi  la  cause  de  la  chré- 
tienté pour  venir  en  aide  aux  adorateurs  de  Mahomet.  C'était 
ratuBÎ  inouï  qu'inattendu.  Et  pourtant  il  ne  faut  point  croire  que 
1  ce  traité  fût  l'expression  d'un  cliangement  dans  le  système  poli- 
tique de  l'Autriche,  et  que  l'empire  des  Habsbourg,  voyant  le  péril 
,  qui  l'attendait  du  côté  de  la  Russie,  s'était  enfin  décidé  h  pi-endre 
lie  parti  des  Turcs.  Non.  Alors,  comme  à  toutes  h^s  ép<xjues  de 
histoire,  la  politique  de  l'Autriche  a  été  le  résultat  de  l'intérôt 
Qtané.  Elle  voyait  les  Tnrcsdans  une  position  difficile,  et, 
Pprofitant  du  trouble  dans  lequel  ils  se  Irouvaieut,  elle  mettait  la 
main  sur  quelques  millions,  et  gagnait  en  même  temps  des  droits 


t.  D«niinrr,  Bistoirf  de  Vempire  oUoman,  ÏY,  p.  610. 
%  Dorummts  Af  Iluunnoiiuki,  VTI,  p-  86. 


08 


A.   D.    XCXOPOL. 


à  la  roconnaissaiiCÊ  de  la  Porte  pour  des  services,  il  estyrai,  tout 
à  fait  illusoires,  mais  dont  l'Autriche  ne  manqua  point  do  tirer  le 
plus  grand  profit. 

Les  Russes,  se  sentant  menacés  par  ce  traité  secret,  qui  arriva 
à  leur  connaissance  par  l'intermédiaire  de  l 'ambassadeur  anglais 
Murray,  concluent  aussi  un  traité  avec  la  Prusse,  par  lequel  ils 
lui  promettent  une  portion  du  territoire  de  la  Pologne,  à  la  con- 
dition que  Frédéric  11  prêterait  secours  aux  Russes,  dans  le  cas 
où  ils  seraient  attaqués  par  l'Autriche.  Quoique  assurée  de  cette 
manière,  la  Rm^ie  fut  furcée  de  céder  un  peu  de  ses  prêtentioos 
vis-h-vis  de  la  Porte.  Le  premier  pas  de  Catherine  dan»  ce  sens 
fut  d'accepter  la  médiation  de  l'Autriche  pour  la  conclusion  de  la 
paix.  Les  Turca  ne  demandaient  plus  à  l'Autnehe  que  de  s'eflfor- 
cer  de  maintenir  leur  domination  sur  les  Tatares  ainsi  que  sur 
les  principautés  roumaines,  renonçant,  pour  ce  service,  aux 
trois  millions  qu'ils  avaient  avancés  h  l'Autriche,  conformément 
au  traité  de  subsides»  qui  ne  pouvait  plus  être  exécuté,  ainsi  qu'à 
toute  protection  sur  la  Pologne,  qui  reste  ainsi  livrée  k  la  merci 
de  ses  spoliateurs. 

A  la  suite  de  cette  entente,  un  congrès  se  réunit  à  Fokschany, 
où  la  Russie,  oubliant  ses  promesses,  repousse  riutervention  de 
l'Autriche  et  demande,  comme  condition  esi>entiel]e  de  la  paix,  la 
liberté  des  Tatares.  Les  plénipotentiaii'es  turcs,  qui  s'étaient 
préparés,  pour  mieux  résister  aux  prétentions  russes,  par  la  lec- 
ture ilu  Nouveau-Testament,  repoussent  avec  énergie  cette  propo- 
sition. Le  congrès  n'aboutissant  k  aucun  résultat,  un  autre  se 
réunit  à  Bucharest,  dans  lequel  la  Russie,  après  bien  des  négo- 
ciations, proj)Ose  son  ultimatum  aux  conditions  suivantes  :  1"  la 
cession  de  Kertscb  et  de  lenikalé  commegarantic  de  l'indépendance 
des  Tatares;  2°  la  liberté  de  navigation  pour  le^  vaisseaux  de 
guerre  et  de  commerce  dans  la  mer  Noire  et  l'Archipel  ;  3*"  la 
restitution  aux  Tatares  des  forteresses  de  la  Crimée;  4°  la  nomi- 
nation (le  Grégoire  Ghyka  comme  prince  héréditaire  de  Valachie, 
avec  l'obligation  pour  ce  pays  de  payer  un  tribut  tous  les  deux 
ans  ;  5"  la  cession  de  Kinburn  à  îa  Russie  et  la  destruction  da 
la  forteresse  d'Oczakoff;  6°  le  droit  de  protéger  les  adorateurs  de 
l'église  grecque  dans  l'empire  ottoman.  La  Porte  ne  pouvant 
accepter  ces  conditions,  les  négociations  sont  rompues  le  22  mars 
1773,  et  la  gucrro  recommence.  Le  24  décembre  de  la  même 
année,  le  sultan  Moustapha  IV  meurt,  et  Abdul-Hauud  le  rem- 


ijs  i)<i(EUBaamTS  ne  u  HOLDivie. 


6» 


place  sar  le  tr&ae.  La  guerre,  qui  continae  encore  six  mois,  sous  le 
nouveau  règne,  étant  toujours  k  l'avantage  des  Russes,  la  Turquie 
se  décide  à  conclure  la  paix  n'importe  à  quelle  condition.  Les 
représentants  de  la  Russie  attendent  le  jour  du  21  juillet  1774, 
anniversaire  du  traité  du  Pruth,  pour  effac«*  par  la  gloire  acquise* 
dans  la  guerre  récente  la  honte  d'autrefois,  et  c'est  ainsi  que  fut 
signé  le  fameux  traité  de  Koutschouk-Kainardji,  en  trente-huit 
articles,  dont  les  principaux  sont  les  suivants  : 

Art.  ni.  —  <  Tous  les  peuples  tatares...  seront  reconnus... 
pour  nations  libres  et  entièrement  indépendantes.  » 

Art.  Vn.  —  «  La  sublime  Porte...  permet  aux  ministres  de 
la  cour  impériale  de  Russie  de  faire  dans  toutes  les  occasions  des 
représentations,  tant  en  faveur  de  la  nouvelle  église  à  Constanli- 
QOple  que  pour  ceux  qui  la  desser\'ent.  » 

Art.  XI.  —  «  Liberté  de  commerce  accordée  à  la  Russie  dans 
toutes  les  mers  turques.  » 

Art.  XVI.  —  <  L'empire  de  Russie  restitue  h  la  suWime  Porto 
toute  la  Bessarabie  avec  les  villes  d'Akennan,  Kilia,  Ismaïl,  et 
avec  les  bourgs  et  villages  et  tout  ce  que  contient  cette  province; 
comme  aussi  elle  lui  restitue  la  forteresse  de  llender.  Pareillement 
l'empire  de  Russie  restitue  h  la  sublime  Porte  les  deux  principau- 
tés de  Valacbie  et  de  Moldavie,  avec  toutes  les  forteresses,  villes, 
bourgs,  villages,  et  tout  ce  qu'elles  contiennent,  et  la  sublime 
Porte  les  reçoit  aux  conditions  suivantes,  avec  promesse  solen- 
Dello  de  les  respecter  saintement  :  1"  d'obser\'er  h  l'égard  de  tous 
le»  habitants  de  ces  principautés,  de  quelque  dignité,  rang,  état, 
vocation  et  condition  qu'ils  puissent  être,  sans  la  moindre  ex- 
ception, l'amnistie  absolue  et  l'éternel  oubli  stipulés  dans  te  pre- 
mier article  du  traité  en  faveur  de  tous  ceux  qui,  effectivement, 
auraient  commis  quelque  crime,  ou  auraient  été  soupçonnés 
d'avoir  eu  intention  de  nuire  aux  intérêts  de  la  sublime  Porte, 
les  rétablissant  dans  leurs  premières  dignités,  ra  ng  et  possossions, 
et  leur  rendant  les  biensdont  ils  ont  joui  avant  la  pnWn  te  guerre; 
2"  de  n'emiiècJier  aucunement  l'exercice  libre  de  la  religion  cbré- 
tieiiwe,  et  de  ne  mettre  aucun  obstacle  à  la  construction  de 
Dcmvelles  églises  et  à  la  réparation  des  anciennes,  ainsi  que 
oda  a  été  précédemment;  3**  de  restituer  aux  couvents  et  aux 
fiarticuliers  les  terres  et  possessions  ci-devant  h  eux  apparlc- 
narites,  qui  leur  ont  été  prises  contre  toute  justice,  situées  aux 
environs  de  Brahilow,  de  Ghoczim,  de  Beuder,  etc.,  appelées  au- 


70 


X.    D.    XE'tOPOL. 


jourd'hui  Raï;  4°  d'avoir  pour  les  ecclêsiaatiques  l'estime  parti- 
culière que  leur  état  exige;  5"  d'accorder  aux  Éamilles  qui 
désireront  quitter  leur  patrie  pour  s'établir  ailleurs  une  libre 
sortie  avec  tous  leurs  biens  ;  et  pour  que  ces  familles  puissent 
arranger  convenableraenl  leurs  affaires»  on  fixe  le  tenue  d'une 
année  pour  celte  énûgratiuu  libre  de  leur  patrie,  à  compter  du 
jour  où  le  présent  traité  sera  échangé;  6"  de  ne  demander  ni 
exiger  aucun  paiement  pour  de  vieux  comptes,  de  quelque  nature 
qu'ils  puissent  être;  7°  de  n'exiger  de  ces  peuples  aucune  contri- 
bution ni  payement  pour  tout  le  temps  de  la  durée  de  la  guerre  ; 
et  même,  h  cause  des  dévastations  auxquelles  ils  ont  été  exposés, 
do  les  tenir  quittes  de  tout  impôt,  pour  deux  années,  h  compter 
du  jour  de  l'écliange  du  présent  traité;  8°  à  1  échéance  du  terme 
marqué,  la  Porte  promet  d'eu  user  avec  toute  humanité  et  géné- 
l'osité  dans  les  ùupusitious  qu'elle  mettra  sui*  eux  en  argent,  et  de  les 
recevoir  par  la  voie  de  députais  qui  lui  seront  envoyés  tous  les  deux 
ans  ;  au  ternio  du  paiement  de  ces  impôts,  ni  les  pachas,  ni  les  gou- 
verneurs, ni  telle  autre  personne  que  ce  puisse  être,  ne  devra  les 
obérer,  ni  exiger  d'eux  d'autres  paiements  ou  impositions  sous 
quelque  prëtexle  ou  dénomination  que  ce  suit,  mais  ils  doivent 
jouir  de  tous  les  mêmes  avantages  dont  ils  ont  joui  pendant  le 
règne  du  feu  sultan  ;  9"  la  Porte  permet  aux  princes  de  ces  deux 
États  d'avoir  auprès  d'elle  chacun  un  chargé  d'affaires,  pris  entre 
les  chrétiens  et  la  communion  grecque,  lesquels  veilleront  aux 
affaires  concernant  iesdites  principautés,  et  seront  traités  avec 
bonté  parla  Porte,  et,  nonobstant  leur  peu  d'importance,  consi- 
dérés conimu  personnes  jouissant  du  droit  des  gens,  c'est-à-dire 
à  l'abri  de  toute  violence  ;  10"  la  Porte  conseyit  aussi  que, 
selon  que  les  circonstances  de  ces  detix  pHncipautés  pour- 
ront l'eaciger,  les  7ninisb'('s  de  la  cour  impériale  de  Russie 
résidant  auprès  d'elle  puisscmt  parleur  en  leur  faveur,  et 
promet  de  les  écouter  avec  les  égards  qui  conviennent  à 
des  puissances  amies  et  respectées.  * 

Art.  XVni,  XIX,  XX.  —  *  Cession  de  Kinburn,  Kertach. 
lénikalé  et  Azow  à  la  Russie'.  » 

Ce  traité,  qui  fut  eu  grande  partie  l'œuvre  de  la  corruption  dea 
pléuiiiotentiaires  ottomans,  donna  à  la  Turquie  un  coup  dont  elle 
ne  put  plus  se  relever.  Par  la  liberté  des  Tatares,  les  Turcs  per- 


I.  Martetuel  Cuuy.  Herueil  de  tralléa.  Leipxi^,  1848.  T.  I,  p.  111. 


LES   DéMPHBEMETTS   PB  LA   MOLDirtE. 


7* 


daieot  leurs  plus  précieux  auxiliaires  dans  lea  guerres  contre  les 
Russes,  d'autâot  plus  que  les  TaLares,  tombant  bientôt  sous  la 
domination  des  Russes,  étendirent  de  beaucoup  leiu*  territoire,  et 
aujaiwnlèrent  leur  force.  Par  les  ports  sur  la  mer  Noire  et  la 
lilierté  du  commerce,  les  Russes  pouvaient  ontretonir  une  flotte 
et  transporter  en  peu  de  temps  une  armée  sous  les  murs  de  Cons- 
tantiûople.  Le  droit  d'intervention  des  Russes  en  faveur  de  la 
nouvelle  église  bâtie  à  ConstantiDuple,  ainsi  que  celui  de  parler 
en  faveur  des  principautés  roumaines,  niellait  tes  vainqueurs 
dans  un  contact  plus  direct  avec  les  chrétiens  de  l'empire  otto- 
man, et  leur  donnait  l'occasion  de  se  mêlera  chaque  instant  des 
''a&ires  intérieures  do  la  Porte.  Les  Turcs,  au  premier  moment. 
De  s'inquiétaient  pas  tant  de  ces  périls  plus  cachés  et  plus  loin- 
tains, mais  bien  de  ceux  qui  étaient  plus  visibles»  tels  que  l'indé- 
pendacce  des  Tatares  et  la  possession  des  ports  de  la  mer  Noire. 
Pour  écarter  cette  dernière  condition,  ils  offrent,  malgré  leur 
miaère  financière,  trente-cinq  millions  de  piastres,  et  s**  donnent 
imites  les  peines  imaginables  pour  amener  Frédéric  II,  roi  de 
Prusse,  qui  avait  acquis  une  grande  influence  sur  les  aflaires 
d'Orient,  à  insister  auprès  du  cabinet  de  Saint^Pélersbourç,  afin 
d'adoucir  un  peu  les  conditions  de  la  paix. 

A  la  tristesse  des  plus  amères  qui  régnait  k  Constantinople, 
Pêterslvmrg  opposait  une  joie  des  jilus  exubérantes.  L'impéra- 
trice Catherine  était  tellement  joyeuse,  en  apprenant  la  conclu- 
sdoa  de  la  paix,  qu'elle  ne  voulait  voir  ce  jour-là  devant  elle  que 
des  figures  contentes.  La  Russie  avait  acquis  en  effet  des  avan- 
tages auxquels  elle  ne  s'attendait  même  [las,  d'autant  plus  qu'elle 
était  k  la  veille  de  ne  plus  pouvoir  continuer  la  guerre.  Voilà 
poarqaoi  elle  était  décidée  à  les  garder  à-tout  prix,  et,  plus  les 
T^ircs  s'efi'orçaient  de  mitiger  les  conditions  de  la  paix,  plus  les 
Runs  voulaient  les  maintenir  daus  toute  leur  rigueur. 

Dans  de  pareilles  conditions,  l'intervention  do  la  Prusse  en 
faveur  de  la  Turquie  pouvait  difficilement  arriver  h  un  heureux 
résultat,  d'autant  plus  que  la  Prusse  était  h  cette  époque  dans 
f  des  rdatioDS  très  étroites  avec  la  Russie,  par  suite  du  partage  de 
^la  Pologne  (1772),  Elle  préférait  donc  les  intérêts  de  son  alliée  à 
ceux  de  la  Porte.  Le  cabinet  de  Saint-Pétersbourg  répond  aux 
doléances  de  la  Porte  sur  l'iniquité  des  exigences  russes  (tar  d<» 
arguments  «)jihistiqut','i,  soutenant  que  les  stipulations  du  traite 
étaient  plutôt  à  l'avantage  de  la  Porte,  et  demande  absolument  la 


ratiflcatioa  du  traité,  à  laquelle  la  Porte  se  résigne  le  2  fé- 
vrier 1775,  voyant  tous  ses  efforts  restés  infructueux. 

Pourtiint  cette  ratification  elle-même  n*aj>lanii  point  toutes  les 
difficultés  qui  sur^^ireiit  entre  la  Porte  et  la  Russie  au  sujet  de 
rexécutioii  du  traité,  et  ces  dinicuUèadevini*eLt  en  définitive  l'oo- 
casion  d'une  nouvelle  guene,  ceîle  de  1787, 

IV. 

Quelles  furent  les  conséquences  de  la  guerre  de  1768  pour  les 
pays  roumains? 

Parla  paix  de  Kainardji,  la  Russie  obtenait  le  droit  de  protec- 
tion sur  les  pays  roumains,  le  droit  de  «  parler  en  leur  faveur,  » 
d'après  les  termes  mêmes  du  traité.  On  ne  pouvait  savoir  alors 
ce  que  ce  àvoii  allait  si^^iifier.  Le  sens  qui  allait  être  attaché  à 
ces  paroles  restait  pour  le  moment  caché  dans  les  replis  tortueux 
de  la  pensée  du  cabinet  russe.  Il  est  pourUnt  hors  de  doute  que, 
si  la  Russie  renonçait  à  l'idée  si  prononcée  au  commencement 
d'incorporer  !es  principautés  à  son  empire,  la  cause  de  celte  mo- 
dération ne  saurait  être  attriLuée  h  une  faveur  qu'elle  voulait 
ac«jrder  h  la  Porte,  quand  sou  plus  grand  désir  était  au  contraire 
de  la  voir  réduite  à  la  dernière  extrémité  ;  mais  la  Russie  craignait 
de  mécontenter  rAulriche,  qui  raonti*a  une  grande  inquiétude 
loi'stiu'elle  vit  l'empire  du  Nord  occupei*  les  principautés  rou- 
maines, et  qui  conclut  même  avec  la  Porte  ce  fameux  traité  de 
subsides,  par  lequel  elle  s'engageait  à  déclarer,  au  besoin,  la 
guerre  &  la  Russie.  Les  résultats  auxquels  ce  traité  aboutit 
prouvent  sufTisanmieat  qu'il  n'était  nullement  sérieux  de  la  part  de 
l'Autriche;  la  Russio  devait  pourtant  absolument  tenir  ct>mple 
d'un  pareil  acte,  et  voilà  pourquoi  elle  céda  sur  ce  point.  L'Au- 
triche ,  en  effet,  ne  montra  quelque  intérêt  que  pour  les  pays 
roumains,  et  laissa  aux  Russes  liberté  entiènî  sur  tout  le  reste. 
Comme  ceux-ci  trouvaient  pour  le  moment  leur  plus  grand  inté- 
rêt à  devenir  maîtres  chez  eux,  chose  h  laquelle  ils  ne  pouvaient 
parvenir  sans  une  complète  liberté  des  Tatares  et  l'acquisition 
des  ports  de  la  mer  Noire,  l'impératrice  Catherine  se  décida, 
quoique  difficilement,  à  renoncer  à  ses  plans  sur  les  pays  rou- 
mains, en  échange  de  l'amitié  de  rAutriche  ^ 


t.  TbQgut  A  Kauoiti,  5  sepL  1772.  Ooc,  de  Uourniouzaki,  Vil,  p.  97. 


LES    D^VGUBREUEXTS    0£    U    KOLOATIF.. 


78 


11  est  très  prolwble  que  l'AulricUe  voulait  se  réserver  la  possi- 
bilité de  mettre  elle-mêrae  la  maiu  sur  les  pays  roumains,  but 
coDstant  de  sa  politique  depuis  plusieurs  années.  Ainsi  par  le 
traité  de  Passarowitx  i718,  l'Autriche  obtint  la  petite  Valachio, 
qu'elle  restitua  ensuite  k  la  Turquie  par  le  traité  de  lîelgrade  1739. 
EUle  engage  les  Turcs  k  leur  céder  la  même  principauté  par  le 
traité  de  subsides  rapporté  plus  haut.  Cette  opinion  est  confirmée 
par  les  paroles  mystérieuses  du  barun  deTliugutdaus  une  dépêche 
adressée  au  prince  de  Kaunitz,  chancelier  d'Autriche,  dans  la- 
quelle l'ambassadeur  rapporte  :  «  Qu'étant  h  Fokschany  à  l'oo- 
casiuu  du  cunurv-s  russc>-turc,  deux  boyards  vinrent  le  visiter  et 
le  prièrent  d'insister  près  de  sa  cour  pour  l'indépendance  des 
principautés;  qu'il  avait  payé  ces  boyards  de  belles  paroles, 
attendu  qu'il  ne  pouvait  iniltcr  ces  tfiessieurs  dans  les  se- 
crets des  intentions  de  la  haute  cour  im]}éHate  sur  le  sort 
futur  des  principautés^  »  Cette  même  idée  resst:>rt  il'une  ma- 
nière plus  claire  encore  d'une  autre  appréciation  de  Thugut  sur 
le  traité  de  Kainardji.  Après  avoir  montré  que  la  Turquie  était 
irrévocablement  jterdue,  et  ne  tarderait  point  à  être  remplacée 
I»ar  un  empire  russo-oriental,  il  observe  que  «  c'est  là  la  cause 
pour  laquelle  les  Russes  n'avaient  point  étendu  davantage  leurs 
pœeessions  sur  le  Dniester  et  le  Danube,  et  qu'à  la  chute  prochaine 
de  l'empire  ottoman,  les  provinwîs  du  Nord,  telles  que  la  Bosnie, 
la  Serbie,  la  Moldavie,  la  Valachie.  devraient  déjà  pour  celle 
cause  échoira  l'Autriche,  attendu  qu'elles  ne  présentaient  aucun 
intérêt  pour  l'empire  russo-oriental*.  » 

L'Autriche  ayant  donc  des  vues  arrêtées  sur  les  principautés, 
il  était  très  naturel  qu'elle  ne  permît  point  aux  Russes  de  s'y 
établir  ;  car  c'était  pour  elle  qu'elle  voulait  garder  cette  partie  de 
la  succession  de  l'empire  ottoman  qui,  d'après  l'attente  générale, 
ne  tarderait  pas  longtemps  à  s'uuvrir. 

C'est  de  cette  conduite  de  l'Autriche  envers  la  Porte  que  dé- 
coule la  conséquence  la  plus  importante  de  la  guerre  de  1768 
pour  les  pays  roumains,  conséquence  indirecte,  mais  qui  les 
blessa  plus  profondément  que  les  suites  immèdiatts  de  la  guerre, 
car  elle  conduisit  à  la  perte  d'une  portion  considérable  de  tem- 
toiro,  au  démembrement  de  la  Moldavie.  Ce  précédent  fatal,  étant 


t.  Thugul  i  KaonitK.  Doc.  Uoannoazaki,  VU,  p.  93. 

2.  Tbugal  t  KauuiU  daaK  ZlnkeiiteH,  d^xcliichte  der  osm.  HoichtS,  V,  p.  84. 


74  A.    D.    XE^OPOL. 

bientôt  après  mis  en  pratique  par  la  protectrice  même  des  pays 
roumains,  réduisit  l'étendue  de  l'un  d'eux  de  plus  de  moitié,  lui 
ravit  la  meilleure  partie  de  son  territoire,  et  lui  montra  avec  hor- 
reur l'abuue  où  il  était  menacé  de  disparaître  un  jour  entièrement. 
Nous  voulons  parler  du  rapt  de  la  Bukovine  qui  an'iva  Tannée 
suivante  delà  paix  de  Kainanîji,  1775. 

Si  l'Autriche  pouvait  sans  beaucoup  de  peine  empêcher  la 
Russie  de  s'approprier  les  principautés,  il  ne  lui  était  point 
aussi  iacile  de  se  substituer  k  la  Russie,  s'attendant  de  la  {>art  de 
celle<'i  à  la  ni«me  opposition  qu'elle  lui  faisait  de  son  côté.  Aussi 
voyons-uous  l'Autriche  montrer  la  crainte  que  la  renonciation 
de  la  Russie  à  la  possession  des  pays  roumains  ne  Kit  seulement 
nominale,  car  *  quoiqu'elle  ne  contredise  point  d'une  manière 
publique  la  promesse  donnée  â  la  cour  impéi'iale,  elle  pourrait 
bien  s'assurer  pour  toujours  la  soumission  et  le  dévouement  des 
princes  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie,  ainsi  que  celui  de  ses 
habitants  par  des  clauses  favorables  insérées  dans  ses  traités 
avec  la  Turquie',  »  d'autant  plus  que  l'Autriche  voyait  qu'on 
lui  cachait  soigneusement  le  texte  du  traité.  L'Autriche  crai- 
gnait donc  que  par  ce  traité  il  ne  fût  stipulé  que  les  principautés 
restassent  «  seulement  comme  Raguse  sous  la  protection  de  la 
Porte,  jouissant  en  outre  d'une  complète  indépendance;  qu'elles 
n'y  fussent  exemptées  du  tribut  et  autres  corvées  envers  l'empire 
ottoman,  quand  alors  ces  pays  très  fertiles  provoqueraient  une 
émigration  très  forte  de  l'Autriche;  que  l'élection  du  prince  ne 
fut  accordée  au  pays'  »  et  autres  choses  semblables. 

L'Autriche  s'attendait  donc  de  la  part  des  Russes  à  une  influence 
prépondérante  sur  les  Roumains,  lesquels,  quoiqu'ils  ne  fussent 
point  soumis  à  leur  domination  directe,  n'en  seraient  pas  moins 
des  sujets  très  fidèles  de  la  Russie,  accompliraient  tous  les  vœux 
du  tzar,  de  sorte  que  les  principautés  subiraient,  au  lieu  de  la 
suzeraineté  de  la  Porte,  celle  beaucoup  plus  effective  de  la  Russie. 
C'était  là  le  [wint  de  vue  dominant  de  lu  politique  autrichienne 
Tis-à-vis  de  la  Russie. 

Les  rapports  de  l'Autriche  avec  la  Turquie  étaient  tout  k  fait 
diflércnls,  et  par  suite  aussi  sa  politique.  1^  Porte  avait  montré 
tant  de  faibhii.sse  dans  la  conclusion  de  la  paix  de  Kainanlji,  que 


1.  Thufïut  \  Kaaaltz.  Doc.  Ilourmouzaki,  VII,  ]i.  D7. 
?.  Kaunitz  h  Tbiigiil    Dor.  Hoiinijouzaki.  VU,  p.  !0i. 


LES    DéUEVRBElILNTS    1*E    U    VOLDAriE. 


T5 


rAutriche  était  pleluement  conraiDcue  qu'avec  un  peu  d*audace 
00  pourrait  en  obtenir  bien  des  choses.  U  avait  suffi  k  l'Autriche 
de  Êûre  espérer  seulement  à  la  Porte  une  inteneotion  daos  sa 
guerre  avec  la  Russie,  sans  lui  doniier  la  moindre  garaulie  de  la 
ancmté  de  ses  promesses,  pour  amener  ta  Porte  à  lui  compter 
immédiateoient  plusieurs  millions.  I^  Turquie  avait  tout  bonne- 
ment perdu  la  tête,  et  l'Autriche,  prévoyant  la  ruine  imminente 
de  l'empire  ottoman,  pensait  qu'il  serait  sage  de  prendre  quelque 
chose  à  l'avance,  pnx^dant  comme  les  créanciers  d'un  négociant 
qni  est  à  la  veille  de  suspendre  ses  paiements.  Une  instruction  du 
miznstre  Kauuitz  adressée  au  baron  de  Thugut  prouve  surabon- 
damment que  c'était  là  le  principe  dirigeant  de  la  politique  autri- 
chienne vis-à-vis  de  la  Porte  :  <  L'état  présent  de  l'empire  otto- 
man est  tout  à  Eait  différeiit  de  ce  qu'il  était  autrefois.  Les  plans 
et  les  prévisions  humaines  trompent  si  souvent,  qu'il  est  difficile, 
sinon  impossible .  de  prédire  la  manière  dont  les  événements 
s'accompliront.  Toutefois  un  œil  politique  peut  prévoir  en  toute 
probabilité  que,  si  la  Russie,  comme  on  ne  saurait  en  douter, 
ft'ealend  à  profiter  des  avantages  gagnés  par  le  dernier  traité, 
poidant  que  la  Turquie  persiste  dans  son  apathie  et  son  inactivité, 
à  cause  de  la  corruption  de  sa  constitution  fondamentale,  l'Europe 
orientale  doit  Décessairemcnt  subir  tôt  ou  tard  une  révolution  ca- 
pitale. Cette  seule  per^ective  est  plus  que  suffisante  pour  nous 
tenir  en  garde  contre  toiUes  sortes  de  traités  ou  liaisons 
générâtes  avec  la  Porte  qui  auraient  en  vue  le  temps  à  venir 
sans  apporter  un  avantage  immédiat^  car  l'avenir  peut  ca- 
cher des  changemeuts  tout  à  fait  imprévus,  qui  nécessiteraient 
des  mesures  tout  autres  que  celles  qu'on  aurait  prises'.  » 

Deux  considérations  poussèrent  donc  l'Autriche  à  mettre  la 
main  au  moins  sur  une  partie  du  territoire  de  la  Turquie  (Molda- 
vie) :  d'un  côté,  la  crainte  que  la  Russie  n'acquît  une  trop  grande 
iniluence  dans  les  princii>autés;  de  l'autre,  une  politique  de  rapt 
et  de  spoliation  via-à-vis  de  la  Porte. 

L'Autriche  avait  un  motif  d'autant  plus  puissant  à  craindre 
l'influence  de  la  Russie  dans  les  principautés  et  principalement 
en  Moldavie,  que  le  trône  de  cette  prov  ince  avait  été  occupé  par 
Grégoire  Ghyka,  nommé  prince  par  la  Porte  sur  les  instances  de 
la  Russie  et  de  la  Prusse  (octobre  1774).  Ce  prince  s'était  mon- 


1.  EanniU  â  Ttiugui.  Doc.  Uoarmouuki,  VU,  y,.  118. 


7(i 


4.    0.    XE^OPOL. 


tPG  très  favorable  aux  Russes  dès  son  premier  règne  en  Valaclûe, 
lors  de  rentrée  de  ceux-ci  dans  ce  pays^  dans  l'année  1768.  Il  fut 
en  conséquence  fort  bien  traité  parles  Russes,  emmené  K  Pèlera- 
bourg  où  ceux-ci  voulurent  l'employer  à  négocier  la  paix  avec  les 
Turcs,  lui  6renl  cadeau  d'une  forte  somme  d'argent  et  d'une  pré- 
cieuse tabatière  en  brilla  nts,  et  reçurent  son  fils  dans  le  corps  des 
cadets,  ainsi  que  nous  l'avons  rapporté  plus  haut. 

Le  prince  Ghyka  avait  été  au  contraire  toujours  mal  vu  par  la 
cour  de  Vienne,  et  les  causes  de  cette  disgrâce  nous  sont  données 
par  Thugut  dans  une  de  ses  dépêches  :  «  La  nomination  de  Ghyka 
dans  une  principauté  voisine  des  pays  de  la  très  haute  cour  ne 
peut  correspondre  à  ses  intérêts  par  plusieurs  raisons  :  première- 
ment parce  que,  du  temps  de  son  règne  précédent,  le  commandant 
impérial  et  royal  des  frontières  n'eut  point  à  se  louer  de  sa  con- 
duite; ensuite  parce  que  Tappui  actuel  de  la  Russie  et  de  la 
Prusse,  qui  l'ont  conduit  au  trône,  est  dû  uniquement  à  son  en- 
tente coupable  avec  la  Russie  au  commencement  de  la  guerre  et 
aux  services  qu'il  a  rendus,  en  qualité  de  drograan  delà  Porte, 
dans  les  pourparlers  avec  l'émissaire  prussien  Rcxin,  h  l'avantage 
de  celui-ci  et  au  grand  détriment  de  la  cour  impériale  *.  » 

Et  justemeoi  ce  prince  était  appelé  par  les  Russes  au  trône  de 
Mûîdavie.  La  Porte  accède  à  sa  nomination  par  égard  pour  la 
Prusse,  et,  d'autre  part,  l'Autriche  ne  pouvait  point  se  montrer 
ouvertement  hostile  k  son  égard,  parce  qu'elle  ne  voulait  pas 
l'avoir  {wur  ennemi,  s'il  arrivait  quand  même  à  être  nommé 
prince  contre  sa  volonté.  Elle  avait  bes<iin,  maintenant  plus  que 
jamais,  des  bons  offices  du  prince  moldave,  quand  il  s'agissait 
d'arracher  au  pays  qu'il  allait  gouverner  un  morceau  si  impor- 
tant de  territoire.  Voilà  pourquoi  l'ambassadeur  d'Autriche,  après 
avoir  vainement  cherché  h  combattre  sous  main  la  nomination  de 
Ghyka,  fait  semblant  lui-même  d'insister  pour  son  installation, 
et  se  montre  très  bienveillant  pour  la  famille  de  Ghyka  et  surtout 
pour  son  beau-père  lacovaki  Rizo,  qui  se  montrait  disposé  & 
servir  les  intérêLs  de  l'Autriche,  et  que  Thugut  désii*ail  maintenir 
dans  les  mêmes  dispositions. 

Il  est  bien  évident  que  la  Russie  était,  au  commencement,  un 
objet  de  crainte  pour  l'Autriche.  Aussi  cette  dernière  puissance 
évite-t-elle  d'en trej) rendre  les  négociations  pour  la  cession  de  la 


1.  Thtigul  i  Kaunitz.  Dor.  Hounnouzaki,  VII,  p.  103. 


LBS    DéxeilBREIfEXTS    l»K   LA  HOLDIVIE. 


77 


Bukovine,  tant  que  le  feld-marèchal  Romauzov  était  encore  en 
Moldavie  :  «  Si  nous  n'avons  pas  mis  la  main  sur  le  district  en 
question  du  temps  de  la  guerre,  écrit  Kaunilz  à  Thugut,  la  cause 
en  est  que  la  Russie  avait  occu[>é  par  If^  armes  et  jure  belli  la 
Moldavie  et  la  ValacUie,  et  qu'il  aurait  fallu  entrer  avec  celle 
puissance  dans  des  négociations  formellâs;  qu'ensuite  notre  cour 
ne  voulait  à  aucun  prix>  pour  des  raisons  qui  vous  sont  suffisam- 
ment connues,  avoir  l'air  de  prendre  part  aux  actes  d'hostilité 
contre  la  Porte,  et  qu'elle  ne  voulait  non  plus  mêler  ce  district 
dans  le  partage  de  la  Pologne  et  dans  les  discussions  avec  le  roi 
de  Prusse  au  sujet  de  l'équivalent  des  lois  de  partage*.  »  Mais  la 
difficullé  seule  des  négociations  aurait  difficilement  retenu  l'Au- 
triclie,  si  elle  n'avait  pas  craiitt  que  les  Turcs,  se  voyant  ainsi  dé- 
pouillés par  elle,  sans  aucun  motif,  ne  se  jetassent  dans  les  bras 
de  leurs  ci-devant  ennemis,  leur  cédant  sur  tous  les  points  prin- 
cipaux du  traité,  et  demandant  leurinterventionconlrerAutriclie. 
Voilà  pourquoi  Tliugut  se  presse  de  conseiller  le  cabinet  de  Vienne 
de  «  prendre  toutes  les  mesures  nécessaires  afin  de  rendre  cette 
affaire  le  moins  voyante  possible,  et  de  ne  point  (aire  apparaître 
cotte  occupation  comme  la  suite  d'une  entente  trop  étroite  avec  la 
Russie,  et  par  conséquent  comme  une  rupture  réelle  et  générale 
avec  la  Porte,  par  laquelle  on  faciliterait  k  Muhy.un  Oglou  (grand 
vizir)  la  réalisation  de  ses  iiitentionsdangereusta  près  du  nouveau 
sultan,  et  jetterait  le  tout  dans  les  bras  de  la  Russie  par  une  paix 
trop  précipitée'.  » 

Mais  cela  ne  suffisait  point.  Il  fallait  leurrer  encore  la  Porte 
par  des  promesses  habiles  concernant  la  future  intercession  de 
TAutriche  dans  ses  démêlés  avec  la  Russie,  et  lui  démontrer 
qu'elle  devrait  sacrifier  sans  regrets  ce  coin  de  terre  en  échange 
d'une  amitié  si  précieuse.  On  devait  rappeler  h  la  mémoire  de  la 
Porte  les  promesses  du  feu  sultan  faites  par  le  ti'aité  de  subsides 
relatif  k  la  petite  Valachie,  tout  comme  si  l'Autriche  avait  déjà 
accompli  pour  sa  part  les  obligations  qu'elle  s'était  imposées.  Pour 
convaincre  davantage  la  I*orte  do  la  sincérité  de  ses  intentions, 
l'Autriche  conseille  aux  IMrcs  de  se  fortifier  du  côté  de  la  mer, 
d'où  les  plus  grands  périls  pouvaient  les  menacer  ;  mais  ces  con- 
seils sont  donnés  dans  le  plus  grand  secret,  par  crainte  que  ù  la 


I.  KaiuHx  A  Thugut.  Dec.  llournioaiakl.  Vil,  p.  10C. 
S.  Tfangol  i  KtaoUt.  Doc.  Uounuoiuuld,  VU,  p.  101. 


à 


78 


A.    D.    XEVCJPOL. 


Russie  venait  h  les  connaître,  elle  ne  s'opposât,  par  esprit  de  ven- 
geance, à  la  réalisation  des  plans  autrichiens. 

D'antre  part  enfin,  rAutriche  s'efforçait  tl'attirep  les  Russes  de 
son  c6lê,  leur  montrant  que,  jsar  la  prise  de  la  Riikovine,  vile 
exercerait  sur  la  Porto  une  pression  en  tout  j>oint  favorable  aux 
intérêts  russes,  et  que  celle-ci  serait  plus  tôt  réduite  h  conclure 
avec  la  Russie  une  paix  conforme*  à  ses  vœux. 

C'est  ainsi  que  l'Autriche  mêlait  les  fils  compliqués  de  sa  (wli- 
tique,  que  même  la  diplomatie  de  ce  temps-là,  très  large  en  fait 
de  morale,  ne  craignait  point  de  qualifier  d'  «  artificieuse,  pleine 
de  duplicité  et  d'avidité*.  » 

La  Russie  garda  dans  tout  le  cours  de  cette  affaire  une  neutra- 
lité qui  ne  saurait  être  expliquée  autrement  que  par  ses  relations 
avec  l'Autriche  issues  du  partage  de  la  Pologne.  Pour  pouvoir 
toutefois  contrecarrer  au  moins  en  partie  cette  ambition  démesurée 
de  l'Autriche  qui,  d'après  l'opinion  de  la  Russie,  «  désirait  gou- 
verner l'Europe  d'une  manîère  despotique  par  des  résolutions 
prises  dans  son  cabinet,  »  la  Russie  cherche  h  exciter  la  Porte 
contre  l'Autriche,  lui  montrant  (d'accord  avec  la  Prusse)  t  que 
l'Europe  entière  était  étonnée  de  voir  comment  la  Turquie,  qui 
n'avait  presque  rien  perdu  dans  une  guerre  aussi  acharnée  avec 
la  Russie,  souffrait  que  l'Autriche  lui  arrachât  en  temps  de  paix 
une  portion  si  considérable  de  temtoire.  »  Mais  la  Russie  se  borna 
à  ces  intrigues  cachées,  et  ne  voulut  en  aucune  manière  prendre 
part  ouvertement  à  cette  affaire.  La  Russie,  ainsi  que  la  Prusse, 
étaient  d'avis  que  cette  circorislance  ne  méritait  point  que  l'on  se 
jetât  dans  une  guerre,  mais  que  si  les  Turcs  voulaient  cliasserles 
Autrichiens  de  la  Bukovîne,  ils  ne  trouveraient  rien  h  redire.  Le 
divan  même  de  la  Moldavie  demande,  d'acoord  avec  son  prince, 
l'intervention  de  la  Russie  contre  ce  démembrement;  mais  la 
Russie  leur  répond  que  ^  depuis  la  restitiUion  de  ce  pays  à  la 
Porte,  elle  n'avait  plus  aucun  dvoU  de  se  mêler  de  ses 
affaires*.  » 

Qu'était  devenue  la  protection  russe?  Quel  usage  faisait-elle 
de  son  droit  d'intervention  en  faveur  des  principautés?  Si  jamais 
celles-ci  avaient  eu  besoin  de  rintervention  de  quelqu'un,  c'était 


1.  Zinknsen,  Geschiehte  der  osm.  Reiches  (n  Enropa,  VT,  pag.  107  et  113. 

2.  Zinkeiften,  OeschicMet  VI,  p.  111.  — Corop.  KauoiU  &TWut.  Doc.  Uûur- 
mouKakJ,  vri,  p.  MO. 


LES    DBMEMBREMEN'ra  DE  LA  MOLUiTIË.  79 

bien  alors.  Mais  la  Russie  tournait  le  dos  k  la  Moldavie  quand 
ceUe-ci  étendait  vers  elle  ses  mains  supplianles.  Pourquoi?  Parce 
que  le  droit  d'interrention  de  la  Russie  n'avait  point  été  stipulé 
dans  l'intérêt  des  pays  roumains,  lùah  bien  dans  celui  de  celte 
puissance  qui  allait  en  faire  usage  lorsque  cela  lui  conviendrait, 
et  lorsqu'une  pareille  intervention  pourrait  lui  apporter  un  avan- 
tage quelconque.  Maintenant  au  contraire  la  Russie  restait 
iudiâëreute,  n'a^'ant  à  attendre  ni  perte  ni  gain.  Tant  il  est  vrai 
qu'en  politique  toute  autre  considération  que  celle  ào  rintérêt 
parait  déplacée,  et  qu'une  nation  qui  niêlo  le  sentiment  h  la 
politique  montre  qu'elle  est  encore  loin  d'être  mûre  pour  la  vie 
publique. 

Parmi  les  autres  puissances,  iteules  l'Angleterre  et  la  France 
pouvaient  jouer  un  r6le  plus  important  dans  l'affaire  de  la  Buko- 
Tine  ;  mais  elles  en  furent  empêchées  pour  différents  motifs. 
L'Angleterre  avait  perdu  toute  influence  sur  le  divan  par  le  con- 
cours donné  à  la  Russie,  de  sorte  que  sa  voix  n'était  nullement 
écoutée.  La  France,  par  son  traité  de  1758  avec  l'Autriche,  que 
la  Porte  considérait  comme  dirigé  contre  ses  intérêts,  avait  aussi 
perdu  les  sympatliies  de  la  Porte,  de  sorte  que  les  puissances  qui 
déterminèrent  le  résultat  final  de  cet  événement  furent  comme 
toujours  les  arbitres  naturels  de  l'Orient  :  l'Autriclie,  la  Russie, 
et  jusqu'à  un  certain  point  la  Prusse. 

V. 


Les  prétextes  que  TAutriche  inventa  pour  mettre  la  main  sur 
la  Bukovine  furent  les  suivants. 

Premièrement  elle  prétendait  que  de  tout  temps  il  avait  existé 
avec  la  Turquie  des  malentendus  au  sujet  de  la  délimitation  des 
frontières;  que  la  Turquie  avait  constamment  refusé  d'envoyer 
des  commissaires  qui,  d'accord  avec  l'Autriclie,  missent  une  fin 
à  cet  état  de  choses  ;  que,  dans  les  dt^niers  temps,  l'Autriche 
étant  forcée  d'établir  un  cordon  sanitaire,  à  cause  de  la  peste  {[ui 
avait  éclaté  en  Turquie,  elle  avait  été  forcée  de  comprendre  dans 
€6  cordon  le  territoire  en  litige  pour  ne  point  paraître  renoncer 
à  ses  prétentions,  en  le  laissant  en  dehors.  —  Secondement, 
l'Aulricbe  soutenait  que  par  le  partage  de  la  Pologne  elle  était 
entrée  en  possession  de  ta  Poculie.  Celle-ci  aurait  cependant  pos- 
sédé» dans  les  anciens  temp^,  d'une  manière  indubitable,  la  Ruko- 


80 


A.    D.    XKMOPOL. 


vine,  et  par  conséquent  l'Aulriche,  représentant  les  droits  de  la 
Pocutie,  pouvait  les  revendiquer,  la  Porte  n'ayant  occupé  ce  dis- 
trict qu'abusivement. 

Outre  ces  deux  motifs  qui  constituent  en  quelque  sorte  les 
droits  de  l'Autricbe  sur  la  Bukovine,  elle  en  invoquait  encore 
d'autres  qui  sont  purement  utilitaires  et  dont  nous  ne  saurions 
tenir  compte,  car  ceux-ci  tie  peuvent  jamais  constituer  un  titre, 
et  h  l'aille  de  pareils  argmneuLs  on  j)Ourrait  toujours  déposséder 
quelqu'un  de  ses  droits  les  plus  sacrés.  Parmi  ceux-ci  elle 
indiquait  la  nécessité  de  mettre  un  frein  à  l'émigration  des  états 
autrichiens  et  celle  d'avoir  une  route  commode  entre  la  Galicio 
et  la  Transylvanie. 

Quant  au  premier  point,  il  faut  remarquer  qu'en  effet  l'Au- 
triche avait  plusieurs  fois  protesté  contre  l'usurpation  des  fron- 
tières par  les  habil<ints  de»  principautés';  mais  ce  fait  s'était 
produit  sur  les  frontières  de  la  Transylvanie  et  on  comprend 
difficilement  comment  l'Autriclie  venait  mêler  une  question  de 
rectification  de  frontières  à  ses  prétendus  droits  sur  la  Pocutie. 
Ou  bien  la  Pocutie  avait  possédé  la  Bukovine  et  avait  sur  elle  des 
droits  ab  antiquo.  et  alors  il  devenait  inutile  d'invoquer  en  outre 
une  usurpation  de  frontières  ;  ou  bien  ces  droits  lui  faisaient 
défaut  et  alors  ils  ne  pouvaient  être  remplacés  par  une  prétendue 
usurpation.  L'Autriche  invoquant  deux  titres,  dont  l'un  excluait 
l'autre,  montrait  bien  par  là  qu'aucun  n'était  sérieux.  C'est  ce 
que  remarquait  déjh  Frédéric  II.  11  observe  «  que  les  querelles 
pour  la  fixation  des  frontières  qui  dérivaient  justement  de  la  paix 
de  Belgrade  sont  continuelleraenl  mêlées  aux  droits  que  don- 
nait sur  la  Bukovine  la  possession  de  la  Pocutie  ;  qu'en  tous  cas 
ces  droits  eux-mêmes  ne  sauraient  être  qu'une  conséquence  do 
ceux  que  la  cour  de  Vienne  a  acquis  relativement  k  cette  partie 
de  la  Pocutie,  qui  lui  a  été  cédée  par  le  traité  de  Saint-Péters- 
bourg sur  le  partage  de  la  Pologne'.  »  Par  suite,  si  même  l'Au- 
triche voulait  invoquer  les  droits  de  la  Pocutie,  elle  ne  pouvait  le 
faire  pour  le  tout,  mais  seulement  pour  la  partie  échue  à  elle,  car 
l'autre  partie  avait  été  prise  par  la  Russie. 

Nous  ne  connaissons  point  de  documents  que  l'Autriche  aurait 


1.  Voypiï  ÎPR  dorutnenU  de  llourmauzakl,  VII,  p.  .*îfl,  32,  47.  T7. 

2.  Lettre  de  Frédi'^ric  U  au  roiiili!  de  Sulins,  du  7  janvier  1775,  dans  Ziok^- 
scn,  Ctschichie  drrotm.  Retche$  m  f.uropa,  VI,  p.  110. 


^Êà 


LES   PEXEVBREHETTS   ItK   LA    MOLMATIS. 


H\ 


pu  iovoçuer  pour  soutenir  les  ancicas  droits  de  la  Pocutie  sur  la 
Bukovine,  car  ces  documents  n'ont  jamais  '^'u  le  jour,  malgré 
l'intérêt  si  prononcé  de  1"  Autriche  à  les  faire  publier.  Nous  savons 
au  contraire  que  la  Pocutie  elle-même  avait  été  dans  les  anciens 
iempsuDSUJet  de  querelles  entre  les  princes  moldaves  et  les  rois  de 
Pologne  ;  mais  que  jamais  la  Pocutie  ai  la  Pologne  n'a  possédé 
celle  partie  de  la  Moldavie  que  l'on  appelle  la  Bukovine.  En  effet 
c'est  dans  cette  province  même  que  se  trouvait  l'ancienne  capitale 
de  la  Moldavie,  Soutscbava,  Radaoutz,  résidence  d'un  èvèché 
fondé  par  Alexandre  le  Bon,  le  couvent  de  Poulna,  lieu  de 
sépulture  des  princes  de  Moldavie,  et  il  est  hors  de  doute  que  de 
pareils  endroits  n'auraient  pu  se  trouver  dans  une  partie  du  pays 
dont  la  possession  aurait  été  disputée  par  lefi  étrangers. 

Mais  noQS  avons  indiqué  plus  haut  le  véritable  motif  qui 
poussait  l'Autriche  à  occuper  la  Bukovine,  celui  de  proQter  aussi 
des  dépouilles  de  la  Turquie,  et  comme  ce  motif  n'était  point 
avouable,  on  lui  prt'férait  n'importe  quel  autre. 

£n  vertu  de  ces  soi-disant  droits,  l'Autriche,  sans  attendre  le 
résultat  des  négociations,  met  de  prime  abord  la  main  sur  la 
Bukovine,  étant  convaincue  «  qu'urie  prise  de  possession  immé- 
diate serait  bien  plus  facile  h  garder  que  d'obtenir  une  cession  de 
la  part  des  Turcs  et  que,  par  conséquent,  il  serait  à  souhaiter  de 
prendre  possession  de  ce  morceau  de  territoire  h  la  première  occa- 
sion, sans  s'inquiéter  davantage  '.  > 

En  même  temps,  l'Autriche,  pour  intimider  la  Porte,  concentre 
des  troupes  dans  la  petite  Valachie,  montrant  par  ces  préparatifs 
qu'elle  était  résolue  de  conserver  à  tout  prix  le  district  occupé,  et 
profite  aussi  de  l'ignorance  géographique  de  la  Porte  pour  lui 
bire  accroire  que  la  portion  de  territoire  dont  il  s^agissait  était 
d'une  étendue  tout  k  fait  insigniiiante  et  qu'elle  ne  méritait  en 
aucune  feçon  l'importance  qu'on  y  attachait,  eu  égard  surtout  k 
l'amitié  do  TAutriche. 

Les  Mokiaves,  voyant  le  péril  qui  menaçait  leur  pays,  envoient 
à  la  Porte,  par  l'entremise  de  leur  prince  Grégoire  Ghyka,  une 
plainte  rédigée  par  le  divan  du  pays,  dans  laquelle  les  Ijoyards 
exposent  que  :  «  les  procalés  de  rÀuLriche  ne  s'accordent  nulle- 
ment avec  les  protestations  d*amitié  qu'elle  fait  si  souvent  par- 
venir à  la  Porte  ;  que  le  district  occupé  par  l'Autriche  est  une 


1.  TtusDt  Â  KauDitz,  Dor.  Hoiirmoazaki,  \n,  p.  101. 

RbV.   HlSTOB.    XVI.    1"   FASC. 


82 


A.    ».   XBPCOPOL. 


telle  portion  de  la  Moldavie  qu'il  surpasse  tout  le  reste  de  ce  pays 
en  fertilité  et  valeur  intrinsèque  ;  que  tous  les  habitants  demandent 
le  secours  effectif  de  la  Porte  amtre  une  perte  telleiiieut  doulou- 
reuse. »  Mais,  pour  le  nialtieur  du  pays,  cette  itlaiute  ne  se  borne 
point  k  cette  exposition.  Vers  la  6d,  tout  comme  si  elle  n'avait 
point  été  écoulée,  elle  prend  le  ton  delà  menace  par  les  paroles  ; 
«  que  si  le  sultan,  cunti*L'  toutsattente,  ne  donnait  point  Tatteulion 
naérilee  au  principal  intérêt  d'une  province  soumise  à  sa  domina- 
tion, les  Moldaves  se  trouveraient  placés  dans  une  grande  incer- 
titude sur  les  moyens  qu'ils  devraient  employer  pour  sauver  leur 
pays  ;  s'il  leur  fallait  recourir  eux-mêmes  à  la  force,  ou  si  réduits 
à  la  dernière  extrémité  ils  devraient  chercher  leur  salut  dans  la 
protection  d'une  puissance  étrangère  '.  » 

Cet  acte,  que  les  boyards  avaient  rédigé,  de  concert  avec 
Ghyka,  dausle  camp  du  maréchal  Romanzov,  prouve  par  son 
contenu  Tinfluence  russe  sous  laquelle  il  prit  naissance.  Il  cherche 
en  effet  à  effrayer  lea  Turcs  par  le  spectre  de  la  protection 
russe  sans  obsor%'er  que  par  une  pareille  menace  on  compromet- 
tait la  cause  de  la  Bukovine  plu.'j  qu'on  ne  la  défendait.  Mais  la 
Russie  qui  avait  intérêt  à  effrayer  les  Turcs,  afin  de  les  forcer  à 
l'exéculian  du  traité  de  Kainardji,  que  les  Turcs  s'efforçaient 
d'éluder  de  toutes  les  manières,  ne  prit  en  aucune  considération 
l'intérêt  de  la  Moldavie,  et,  s'occupant  seulement  du  sien,  com- 
promit aux  yeux  des  Turcs  le  pays  et  son  prince.  Le  baron  de 
Thugut  apprécie  au  point  de  vue  autrichien  ce  document  de  la 
manière  suivante  :  <  A  cause  de  la  mauvaise  rédaction  de  la 
plainte,  la  juste  sensibilité  delà  Porte  pour  la  conduite ehonlée 
de  Ghyka  a  éloigné  tout  à  fait  l'atlt^nlion  de  la  Porte  de  l'objet 
même  du  litige  et  a  pnjvoqué  le  Reis-Effendi  h  s'exprimer  avec 
la  dernière  amertume  par  rapport  h  la  témérité  de  la  menace  que 
les  Moldaves  pourraient  s'adresser  à  une  protection  étrangère*. 

L'Autriche  gaguait  parla  uu  point  important  :  la  Moldavie  et 
son  prince,  défenseur  nalural  du  pays,  perdaient  sans  retour  la 
confiance  de  la  Porte  et  Thugut  ne  laissa  point  passer  Toccasion 
sans  dénigrer  Ghyka  de  toutes  ses  forces  auprès  de  la  Porte, 
accentuant  principalement  ses  liaisons  avec  la  Russie,  qu'il  vou- 
lait surtout  prouver  par  la  circonstance  que  les  papiers  de  Ghyka 


t.  Tbugul  à  Kaunilz.  Dik.  lluuniwutakî,  VII,  p.  112. 

2.  ibid. 


LES    DE»EJinR£XeXTS   DR   LA    HOLDiTIE. 


ftS 


étaient  toujours  apportés  h  CoostanlinopU*  par  des  courriers 
russes.  Ceci  (ièmontmit  suffîsammt^nt,  selon  Thujçiit,  sa  coupnhln 
enteule  arec  la  Russie,  car  il  ne  pouvait  ignorer  l'habitude  des 
Russes  d'ouvrir  les  lettres. 

Ce  n'était  pourtant  point  la  première  fois  que  la  fortune  favo- 
risait une  cause  injuste,  et  les  Autrichiens,  dignes  émules  des 
Russes  dans  le  talent  de  mettre  k  profit  les  événements,  puisèrent 
dans  ces  cii'constanceâ  un  puissant  encouragement  pour  donner 
suite  à  leurs  intentions  et  dépouiller,  sans  aucun  scrupule,  un 
étal  petit,  feihle  et  privé  de  tout  défenseur.  I^urs  efforts  furent 
coufjtmés  par  le  plus  éclatant  succès,  preuve  qu'en  politique  le 
droit  n'est  qu'un  nom,  et  que  celui  qui  l'invoque  tombera  presque 
toujours  victime  de  sa  bonne  foi,  pendant  que  le  succès  se  mettra 
éternellement  du  côté  de  la  force  et  de  celui  qui  en  dispose.  Et 
eela  paraît  être  dans  la  nature  des  choses  ;  le  droit  en  effet  ne 
peut  être  appliqué  entre  les  hommes  que  par  une  force  supérieure; 
entre  les  peuples,  cette  force  faisant  défaut,  elle  doit  être  rem- 
placée par  uue  autre,  qui  ne  peut  être  que  la  force  brutale  de 
chacun  d'eux.  Li^  peuples  donc  seraient  aussi  soumis  à  la  loi 
tiatale  de  la  lutte  pour  TexisteDce  en  vertu  de  laquelle  les  forts 
seuls  ont  le  droit  de  vivre  pendant  que  les  petits  peuvent  tout  au 
plus  aspirer  h  servir  de  pâture  aux  puissants  de  la  teire. 

Mais  revenons  à  l'histoire. 

Ghyka  était  persécuté  surtout  par  son  ennemi  le  plus  acharné, 
Alexandre  Ipsilanty,  prince  de  Valachie.  Celui-ci,  aifivéau  trône 
par  les  instances  de  la  cour  de  Vienne,  qui  désirait  toujours 
avoir  dans  les  principautés  des  princes  soumis  h  ses  volontés, 
informait  sans  relâche  le  ministre  autrichien  de  toutes  les 
démarches  de  Gh}  ka  et  mettait  l'internonce  dans  ta  possibilité 
de  les  condiattre  d'une  manière  efficace.  Ainsi,  c'est  le  prince 
de  Valachie  qui  &it  connaître  au  baron  de  Thugut  le  contenu  de 
la  plainte  adressée  par  les  boyards  à  la  Porte.  C'est  encore  lui 
qui  l'informe  que  Ghyka  avait  rédigé  ce  document  dans  le  camp 
des  Russes.  La  correspondance  entre  Thugut  et  Ipsilanty  était 
lelleauMit  fréquente  et  InqKirtante  que  l'ainbassadeur  demande  k 
stm  ministre  une  clef  clûffrée,  afin  de  pouvoir  communiquer  avec 
loi  en  toute  sécurité. 

Ayant  à  lutter,  d'une  part  contre  les  intrigues  si  savamment 
combinées  du  cabinet  de  Vienne,  de  l'autre  contra  la  corruption 
employée  par  le  même  cabinet,  comme  un  digne  pendant  de  ses 


84 


A.    11.    tETOPUL. 


perfides  machinations,  il  eût  été  diiîfîcile,  même  pour  l'homme  le 
plus  fennc  et  le  plus  constant,  de  sauver  la  cause  qu'il  défendait. 
Ghyka  pouvait  le  faire  d'autant  moins,  que  nous  le  voyons  dans 
tout  le  cours  de  cette  affaire  louvoyer  entre  l'Autriche  el  la  Rusae 
sans  une  politique  constante,  s'efîbrçant  de  sauver  sa  position  par 
tous  les  moyens  imaginables.  Ainsi,  pendant  que  sous  main  il 
travaille  avec  la  Russie  pour  combattre  les  plans  de  l'Autriche, 
il  courtise  ouvertement  l'ambassadeur  de  cette  puissance,  s'ef- 
forçant  de  le  convaincre  «  que  craignant  de  laisser  arriver  à  la 
Porte  les  rapports  des  boyards  moldaves  par  une  autre  voie,  il  ne 
pouvait  s'empêcher  de  les  faire  parvenir  à  sa  connaissance  ;  mais 
qu'il  avait  cliargé  son  beau-père,  lacovaki  Rlzo,  de  lui  faire 
connaître  en  secret  toutes  ses  démarches  afin  qu'il  puisse  prendre 
à  temps  les  mesures  nécessaires'.  »  Dans  une  lettre  adressée  à 
Thugut,  il  lui  dit  ;  «  que  malgré  toutes  les  démarches  que  les  cir- 
constances l'ont  forcé  de  faire,  toutefois  dans  son  âme  il  a  tou- 
jours eu  l'inclination  la  plus  pure  pour  le  très  haut  service  de  Sa 
Majesté,  et  il  a  fait  tout  son  possible  pour  aider  la  réussite  de 
l'entrejirise*.  »  La  missive  qu'il  envoie  à  l'internonce  le  25  mai 
1778  est  encore  plus  explicite  :  «  Je  ne  puis  qu'apprendre  avec 
plaisir  la  inclusion  de  l'arrangement  amical  entre  les  deux  em- 
pires, relativement  aux  frontières  du  côté  de  cette  principauté  ; 
j'espère  que  la  satisfaction  que  j'ai  éprouvée  en  cette  occasion  ne 
TOUS  soit  pas  inconnue,  et  quoique  ce  ne  peut  être  qu'une  perte 
bien  considérable  pour  la  Moldavie,  je  puis  vous  assurer.  Mon- 
sieur, que  j'ai  lait  ce  qui  a  pu  dépendre  de  moi,  en  coutribuantde 
la  manière  qui  m'a  été  possible  à  l'accomplissement  de  cette  (sic) 
ouvrage,  ainsi  que  vous  serez  amplement  imformês  par  la  bouche 
de  M-  lacovaki  Uizo,  mon  beau-père,  et  que  je  saisirai  de  même 
toutes  les  occasions  de  pouvoir  témoigner  par  la  suite  la  part 
que  je  prends  pour  le  bien  des  intérêts  de  Leurs  Majestés  impé- 
riales et  royales,  bien  assuré  que  Leur  Magnanimité  ne  laissera 
pas  de  faire  sentir  au  pays,  aussi  bien  qu'à  moi,  le  dédommage- 
ment de  cette  perte  par  les  effets  généreux  et  les  marques  efficaces 
de  leur  bienveillance  '.  » 

Il  faut  observer  que  Ghyka  tâchait  de  s'attirer  d'autant  plus 


1.  Thiigat  A  Katinilz.  Doc.  Honrmotrxaki,  Vn,  p.  12S. 

2.  Tliu^jul  à  KauniU.  Dtx-..  lluitriDOuzakir  VII,  p.  195, 

3.  Dm.  Uourmouxnki,  Vtl,  p.  170.  (Lfl  texte  original  est  françui».) 


LES  DéMEMBSeVEnTS  M  Ll   HOLVATTE. 


89 


les  fiaveurs  de  TAutriche  qu'il  voyait  celle-ci  gagner  du  terrain  et 
ses  menées  avec  la  Russie  n'aboutirent  à  aucun  résultat.  Il  crai- 
gnait, avec  raison,  que  si  cette  puissance  réussissait  k  se  faire 
céder  par  la  Porte  un  morceau  si  considérable  de  territoire,  il  lui 
serait  bleu  plus  facile  d'obtenir  la  destitution  de  son  prince. 
Ainsi  c'est  toujours  Thugut  qui  rapporte  que  <  Ghyka  lui-même, 
depuis  qu'il  a  reconnu  l'insuffisance  de  l'assistance  russe,  parait 
s'être  cfinvaiticu  de  la  nécessité  de  chercher  à  se  rendre  digne  à 
Tavenirde  la  très  haute  bienTeillance*.  » 

Ghyka  avait,  en  effet,  été  trompé  jmr  les  Russes.  Ceux-ci 
avaient  voulu  l'employer  seuleirient  tt)mme  leur  instrument. 
Ainsi,  ils  cherchèrent  h  obtenir  par  l'entremise  de  Ghyka  la 
démolition  de  la  forteresse  de  Ilotin,  que  le  prince  de  Moldavie  a 
la  naïveté  de  demander  à  Thugut.  Mais  l'intemonce  sentant  très 
bien  dans  une  pai^^ille demande  une  intrigue  russe>  tendantsoità 
obtenir  quelque  chose  en  môme  temps  que  l' Autriche,  soit  h  gâter 
les  affaires  de  celle-ci,  se  ganle  bien  de  transmettre  h  la  Porte 
une  pareille  proposition. 

Le  rùle  joué  par  le  prince  de  Moldavie  avait  été  tout  aussi 
triste  qu'humiliant.  Aveugle  instrument  dans  les  mains  des 
Russes,  il  servit  leurs  intérêts  en  croyant  sauvegaiiler  les  siens  et 
s'opposa  h  l'Autriche  dans  l'affaire  de  la  Hukovine.  La  Russie, 
en  effet,  ne  pouvait  procéder  directement  contre  l'Autriche  & 
cause  de  la  communauté  coupabl»  d'intérêts  qui  avait  son  ori- 
gine dans  le  partage  de  la  Pologne  ;  mais,  d'autre  part,  elle  ne 
pouvait  voir  sans  inquiétude  l'Autriche  s'étendre  en  Moldavie. 
La  cour  de  Saint-Pétersbfjurg  avait  donc  besoin  d'un  paravent 
derrière  lequel  elle  pût  travailler  sans  être  aperçue;  ce  paravent 
fut  Ghyka. 

D'après  tout  ce  que  nous  avons  rapporté  jusqu'ici  et  en  prenant 
surtout  en  considération  le  double  jeu  de  Ghyka  par  rapport  à 
l'Autriche,  on  pourrait  difficilement  soutenir  que  ce  prince  dans  sa 
lutte  contre  l'Autriche  ait  été  inspiré  par  l'amour  du  pays.  Lors- 
qu'un pareil  sentiment  existe,  il  ne  saurait  faire  des  concessions, 
mais  il  persiste  au  contraire  avec  force  du  commencement  h  la  fin 
comme  toute  chose  qui  provient  du  cœur.  Ghyka  n'était  poussé  k  la 
résistance  que  par  un  calcul,  qui  devait,  selon  lui,  laisser  intacte 
sa  position.  Il  devait  donc  flotter  entre  la  Russie  et  l'Autriche 


I.  Tbogul  i  Kaaaiti.  Doc.  Houmuiuakj,  VTI,  p.  213. 


8tt  A.    D.    XE'ÏOi'QL. 

selon  que  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  alliances  lui  ofirall  plus  de 
chances  de  réussite. 

Pour  donner,  autant  qu'il  est  possible,  notre  opinion  sur 
Ghyka,  nous  croyons  que  ce  prince  s'intéressait  à  la  Uukovine 
comme  étant  une  portion  du  pays  qu'il  gouvernait  et  dont  11  dési- 
rait garder  la  possession  intacte.  Comme  il  avait  été  dans  de 
bonnes  relation»  avec  les  Russes,  il  implora  à  cette  occasion  leur 
protection.  Ceux-ci  profitèrent  de  la  circonstance  pour  chercher 
à  réaliser  par  l'intermédiaire  de  Ghyka  quelques-unes  de  leurs 
vues,  intriguant  en  même  lemjis  de  concert  avec  ce  prince 
contre  la  cession  delà  Bukovine,  cession  qui  ne  leur  convenait  eu 
aucune  manière.  Celui-ci,  voyant  que  les  Russes  n'osaient  le  sou- 
tenir ouvertement,  tourne  ses  regards  vers  l'Autriche  auprès  dd 
laquelle  il  avait  toujours  cherché  h  conser^-or  un  ivfugo  en  cas  de 
malheur,  afin  de  garder  la  principauté  même  démembrée,  et  ne 
pas  s'exposer  à  la  jjerdre  tout  h  feit.  Dans  toute  cette  conduite  de 
Ghyka,  nous  ne  pouvons  voir  que  l'intérêt  et  des  motiûs  égoïstes 
et  nullement  celte  impulsion  intérieure  puissante  et  irrésistible 
qui  pousse  toujours  en  avant,  souvent  môme  à  la  ruine  et  à  la 
mort,  et  qui  est  le  patriotisme. 

Toutefois,  iiouâ  ne  saurions  cacher  que  le  dossier  de  Ghyka 
n'est  point  encore  fermé.  Pour  pouvoir  nous  prononcer  en  pleine 
sécurité  sur  son  caractère  et  sur  les  motifs  qui  le  poussaient  à 
résister  à  la  prise  de  la  Bukovine,  il  faudrait  pouvoir  pénétrer 
dans  les  secrets  des  archives  russes  qui  nous  dévoileraient  cette 
partie  de  la  question,  comme  les  machinations  de  l'Autriche 
ont  été  mises  k  découvert  par  la  public^alion  des  documents 
autrichiens,  faite  par  un  patriote  roumain  contre  les  intentions  et 
le  gré  de  l'Autriche  '. 

L'Autriche,  voyant  la  Moldavie  si  faiblement  défendue,  n'omit 
aucun  moyen  pour  déterminer  la  Porte  à  la  cession  de  la  Buko- 
vine. En  premier  lieu,  elle  invoquait  sa  sincère  amitié,  prouvée 


I.  Euiloxe  lie  Uoiirmouzaki,  ^Uiit  fort  bien  tu  à  la  cour  de  Vienne,  obtînt 
UpermJÂsion  ilexlratre  des  Archives  imiièrialcs  des  documenU  rr-lAtiTs  Â  l'faia- 
linre  dfA  Roumaine-  Il  en  prnlita  pour  copier  presque  tout  ce  qui  s*y  trouvait, 
luAmc  dans  les  archives  secrètes,  et  légua  i  sa  mort  c£s  doruntïcnts  i  l'état 
roumain  qui  charp^a  unn  conimisitjon  dt*  )eur  publiralion.  CpIIo-cI  »e  fait  inaîn* 
tenant  par  le  libraire  Hncrirr  et  C"  â  Rurharcst.  danii  %mv.  inagniliquc  éilitina  en 
sept  vohimcA.  Les  documents  sont  ri^produitA  dans  les  (cites  originaiii  :  Utin, 
allemand,  fTanqai«,  italien  et  ijrec. 


LES    OEMCHBREHCfTS    DE   Li    UOLO^TIE. 


87 


juâqu*!i  Véridence  par  sa  complète  neutralité  daus  la  guerre  qui 
Tenait  de  finir;  ensuite  elle  montrait  (jue  si  jusque-là  elle  n'avait 
point  rempli  l'engagement  pris  par  elle  dans  le  traité  de  subsides 
de  déclarer  la  guerre  à  ta  Russie,  elle  en  avait  été  empêchée 
uniquement  par  le  manque  d'une  route  commode  pour  la  marche 
de  ses  troupes,  qui  lui  serait  acquise  par  la  cession  de  la  liuko- 
vine*  ;  enfin,  elle  desservait  la  Moldavie  aux  yeux  de  la  Porte, 
en  disant  que  ce  pays,  qui  ne  payait  aucun  tribut  au  sultan, 
prendrait  toujours  le  parti  des  Russes,  ses  coreligionnaires, 
principaleineut  depuis  que  la  Russie  en  avait  pris  la  protection, 
et  ne  serait  pour  la  Porte  d'aucune  utilité,  ne  pouvant  contribuer 
qu'à  augmenter  ses  dangers.  L'amitié  de  l'Autriche  pourrait 
GeiUe  astiurer  la  réalisation  de  ses  espérances  et  réloigiiemeot 
des  périls. 

Pendant  ces  ijourparlers avec  la  Porte,  les  Autrichiens  entraient 
toujours  plus  profondément  dans  le  corps  de  la  Moldavie  et  éten- 
daient les  limites  de  leur  occupation  de  sorte  que  quelques  troupes 
aatrichiennes  étaient  arrivées  jusqu'à  Roman  et  Botouschany. 
Cette  avidité  insatiable  de  la  cour  de  Vienne  provoque  Tintei^ 
Donce  même  à  des  conseils  de  modération.  11  observe  qu'ayant 
d^à  remis  sur  cette  affaire  à  la  Porte  un  mémoire  accomj)agné 
d'une  carte,  il  se  compromettrait  lui  et  sa  cause  en  demandant 
maintenant  davantage  :  il  dit  dans  une  dépêche  du  4  mars  1775: 
«  Je  crois  qu'en  tant  que  l'avancement  des  trou{>es  ne  serait 
qa'un  moyen  de  pression  contre  la  Porte,  il  aurait  le  meilleur 
«fiel  pour  la  conduite  des  négociations  ;  mais  s'il  me  fallait 
insistOT  pour  la  cession  des  partie:»  occupées  dans  les  derniers 
temps,  je  trouve  de  mon  devoir  à  vous  communiquer  que  la  ces- 
aioD  du  district  bukovinien  d'après  ses  premières  limites  étant 
déjà  entourée  de  tant  de  difScultés,  je  ne  puis  avoir  aucun  espoir 
de  parvenir  à  déterminer  la  Porte  à  de  nouveaux  sacrifices  et 
une  pareille  exigence  pourrait  facilement  entraîner  la  perte  de 
tout  ce  que  nous  avons  obtenu,  i» 

La  cour  de  Vienne,  se  voyant  forcée  à  limiter  son  usurpation 
à  la  portion  de  territoire  désignée  par  la  carte  de  Tbugut,  envoie 

I.  Comme  «ela  peut  paraître  lncroyabl«.  ni^ine  )K)urd««  Turcs,  nous  rap|N>r- 
loM  M8  ttwU  textuellement  :  «  Wenn  wïr  un»  in  der  Holdau  rethl  fcfttACtzen, 
abduu  erst  der  uns  wcbrcnd  «lem  Iclzlcn  Krieg  erniaogelli!  We{;  oflTen  &tcbi;, 
uns  mit  erKiebiKen  Nacbdruck  Tùr  iHe  rfortc  zu  T6n*âD<leD.  »  Kanaitz  A 
Tbaicul.  Doc.  FlDariDouzak),  VII,  p.  145 


88 


A.    U.    X£XOPOL. 


à  celui-ci,  le  21  février  1775,  les  pouvoirs  nécessaires  pour  traiter 
formeUement  avec  la  Porte,  étant  persuadée  par  les  dépêches  de 
son  ïimliassadeur  que  le  dénouement  de  la  question  lui  serait 
Éavorable.  La  Porte  ayant  accédé  en  principe  à  la  cession  de  la 
Bukovine  le  4  mai  1775,  Tacte  déSnitif  est  arrêté  et  signé  trois 
jours  après.  Il  comprend  quatre  articles. 

Par  le  premier,  la  Turquie  cède  pour  toujours  à  l'Autriche  les 
terressituées  d'une  part  entre  le  Dniester,  les  confins  de  la  Pocutie, 
de  la  Hongrie  et  de  la  Transylvanie,  de  l'autre  par  la  limite 
commençant  aux  frontières  de  la  Transylvanie,  au  ruisseau 
nommé  Teschua  imputzita,  et  passant  par  les  villages  Kahdreui, 
Stoulpikani,  Capoul  Codrouîoui,  Sutschava,  Siret  et  Tscher- 
naoutzi,  jusqu'au  territoire  de  Hotin,  pour  lui  donner  une  preuve 
indubitable  d'amitié,  d'affection  et  de  bon  voisinage.  Dans  le 
second  article  il  est  sli])ulé  que  l'Autncho  ne  pourra  bâtir  des 
fortci-essos  dans  le  district  cédé.  Le  troisième  s'occupe  d'une  rec-- 
tification  de  la  frontière  de  Transylvanie.  Enfin,  dans  le  qua- 
trième il  est  stipulé  que  la  ville  d'Orschova,  qui  avait  aussi  été 
réclamée  par  l'Autriclie,  restera  toujours  en  possession  de  la 
Turquie. 

Par  cette  convention  le  crime  était  consommé  et  il  est  difficile 
dédire  lequel  des  deux  auteurs  est  le  plus  coupable,  de  l'Autriche 
qui  avait  insisté  ou  de  la  Porte  qui  avait  cédé.  Pourtant  si  nous 
prenons  en  considération  la  positîou  respective  des  parties,  l'état 
désespéré  de  la  Turquie,  à  la  suite  d'une  guerre  qui  avait  brisé 
ses  forces,  la  politique  profondément  perfide  de  l'Autriche  qui 
mettait  sou  amitié  comme  prix  de  la  cession  de  la  Bukovine 
dans  un  moment  où  la  Turquie  avait  si  grandement  bea>in  de 
secours,  si  enfin  nous  considérons  que  le  provocateur  est  toujours 
plus  coupable  que  celui  qui  exécuta,  nous  n'hésiterons  pas  k  jeter 
la  plus  grande  part  de  responsabilité  sur  le  compte  de  l'Autriche. 
Au  fond  du  tableau,  jouant  un  rôle  plutôt  passif,  se  tenait  la 
Russie,  contemplant  d'un  œil  impassible  le  démembrement  de  la 
Moldavie,  lorsqu'un  seul  mot  prononcé  par  elle  eût  suffi  pour 
l'empêcher,  et  ce  mot,  il  était  de  son  devoir  de  le  prononcer, 
depuis  qu'elle  avait  pris  sur  elle  la  défense  des  pays  roumains 
contre  les  empiétements  des  Turcs.  Mais  le  mot  devoir  est  étranger 
au  vocabulaire  de  la  pi>lilique  moscovite. 

Q  fallait  maintenant  faire  passer  la  convention  arrêtée  sur  le 
papier  dans  la  réalité  des  choses,  tracer  sur  le  sol  les  limites  fixées 


LES    DEMEMBREMENTS   DE   LA    MOLDAVIE. 


89 


par  les  mots,  ce  qui  n'était  point  trop  facile,  surtout  à  cause  des 
insistances  de  Ghyka  (poussé  par  les  boyards  ou  par  les  Russes, 
nous  ne  saurions  le  dire)  &  être  nommé  commissaire  turc  dans 
l'affaire  de  la  délimitation.  L'Autriche  fit  tous  les  efforts  imagi- 
nables pour  empêcher  celte  intervention  de  Ghyka,  *  craignant 
que  le  prince  moldave  ne  devînt  Tarbitre  exclusif  de  l'affaire'  ». 
L'Autriche,  voulant  agir  par  la  corruption  et  arracher  ainsi  h 
U  Moldavie  un  morceau  bien  plus  grand  de  territoire  que  celui 
cédé  en  réalité  par  les  Turcs,  Insiste  beaucoup  près  de  la  Porte 
pour  qu'elle  n'envoie  qu'un  seul  commissaire,  pour  pouvoir 
l'acheter  h  meilleur  marché.  Thugut,  étant  informé  qu'un  certain 
Tahir-Aga  allait  être  nommé  commissaire,  fait  k  celui-ci  un 
cadeau  de  1,000  ducats  pour  le  disposer  en  faveur  de  l'Autriche, 
et  tâche  de  le  prémunir  contre  toutes  les  intrigues  de  Ghyka. 
Mais  cela  ne  suffisait  point.  Le  pacha  de  Hotin  avait  été  chargé 
de  surveiller  toute  l'affaire  et  comme  celui-ci  se  montrait  plus 
rebelle,  le  trésor  autrichien  met  à  sa  disposition  la  somme  assez 
considérable  de  30,000  florins'.  Le  Reis  Mendiest  acheté  jiar  un 
couteau  garni  de  brillants,  portant  une  montre,  qui  avait  été 
travaillé  à  Vienne  et  à  Paris,  et,  il  faut  remarquer,  comme  un 
détail  très  curieux,  le  conseil  de  Thugut,  de  choisir  de  bonnes 
pierres,  car  le  Reis  Ëffendi  se  connaissait  en  pierres  prét:ieuses. 
Thugut  craignait  donc  que  les  brillants  ne  fussent  faux^l  En 
même  temps  pour  s'assurer  de  lacovaki  Rizo  et  le  déterminer  à 
persister  dans  sa  ti'ahison  en  montrant  à  Thugut  tous  les  papiers 
qui  viendraient  de  Moldavie.  Thugut  demande  et  obtient  pour  cet 
homme  un  pot-de-vin  de  1,000  ducats.  Enfin,  pour  éloigner  de 
Tahir-Aga  toute  apparence  d'être  favorable  k  l'Autriche,  Thugut 
fiiil  semblant  d'être  tout  à  fait  mécontent  de  sa  nomination, 
non  moins  que  de  sa  conduite  dans  l'affaire  bukovinienne,  pro- 
testant continuellement  auprès  de  la  Porte  contre  ses  actes  et 
entretenant  ainsi  cette  dernière  dans  rerr<;ur  si  profitable  k  l'Au- 
triche, que  Tahir-Aga  était  un  honnête  défenseur  des  intérêts  de 
son  pays  '. 

Ghyka,  d'autre  part,  poussé  parles  Russes,  s'oppose  de  toutes 


1.  Tbagat  à  Katinilz.  Doc.  HoannoDzaki,  VU,  p.  124. 
2;  KauniU  à  TfiugDl.  Doc.  Uourmouzabi,  VII,  p.  198. 

3.  Tbugut  à  KnuniU.  Duc.  Huunuouzalu,  VII,  p.  Ihl. 
doBO»  i  des  infèrieura,  comparez  p.  180. 

4.  Thufful  â  Raunitz.  Doc.  UourmouzaLi,  VU,  p.  206. 


Pour  les  cadeaui 


90 


A.    II.    XEXOPOL.   —   LES   oéUEMBBEXEÏtTS   DB   U  MOLDATIB. 


SCS  forces  à  la  ra  j>acitti  de  l'Autriche.  Ainsi  nous  le  voyons  protee- 
ler  auprès  du  pacha  de  Holin  contre  Tahir-Aga  comme  ne  devant 
pas  respecter,  dans  ses  travaux  de  délimitaiion,  la  convention 
arrêtée  ;  il  informe  la  Porte  que  plusieurs  officiers  autrichiens 
étaient  venus  au-devant  de  Tahir-Aga  chargés  de  présents  pour 
le  corrompre,  et  se  donne  en  général  toutes  les  peines  possibles 
pour  combattre  sous  main  les  plans  de  l'Autriche  de  concert  avec 
la  Russie  et  la  Prusse.  U  profite  surtout  des  difficultés  fort 
sérieuses  qui  prennent  naissance  entre  les  commissaires  turcs  et 
autrichiens  au  sujet  de  la  délimitation  du  «)téde  Hotin.  Voyant 
pourtant  tous  ses  efforts  infructueux,  il  veut  au  moins  sauver  des 
mains  des  ravisseurs  la  ville  de  Soutschava,  ancienne  capitale  du 
pays  ;  mais  ses  peines  furent  inutiles,  et  ainsi  s'accomplit  cette 
délimitation  malheureuse,  par  laquelle  la  Moldavie  perdit  encore 
une  vingtaine  de  villages  en  deçà  de  la  ligne  fixée  par  la  con- 
vention. 

A.  D.  X£NOPOL. 

{Sera  continué.) 


^ 


MELANGES  ET  DOCUMENTS 


DE  L'ELECTION  AU  SCRUTIN 

DE  DEUX  CUANCEUERS  DE  FRANCE  SOUS  LE  RÈGNE  DE  OURLES  V. 

Kraiïçois  Du  Chesnc*  et  dom  Michel  Fclibien'  ont  conslalé  les 
premiers,  il  >  a  près  de  deux  siècles,  que  deux  dus  (^'^ands  chanceliers 
de  Charles  V,  Guillaume  de  DormauseL  Pierre  d'Ûrgemont,  étaient 
purenus  à  cette  haute  dignité  par  voie  delecUon.  Le  fkit  est  assure- 
menl  curieux  et  d'autant  plus  singulier  qu'il  s'est  passé  sous  le  régne 
d'uo  prince  dont  les  dt>J)uts  dans  la  politique  active  avaient  été  mar- 
qués par  de  uontiauels  démêlés  avec  les  assemblées  élues  pendant 
la  captivité  de  son  père.  L*étonnemeat  redouble  quand  on  voit  ce 
mode  de  nomination  appliqué,  en  plein  moyen  âge,  à  un  poste  de 
confiance  tel  que  celui  de  chancelier  de  France,  pour  lequel  Tclection 
pare  et  simple  au  scrutin  ne  serait  acceptée  de  nos  jours  par  aucun 
chef  du  pouvoir  exécutif  sous  la  forme  de  gouvernement  même  la 
plus  libérale. 

Les  deux  faits  relevés  par  Félibieo  n'avaient  pas  échappé  à  l'érudi- 
tion si  étendue  et  si  sagacc  de  M.  Victor  Le  Clerc,  qui  a  pris  soin  de 
les  signaler  dans  son  maL'i^tral  exposé  de  l'élat  des  lettres  au  xiV  s.*. 
Ces  fleux  faits  doivent  être  d'auUiil  plus  remarqués  qu'ils  sont  isolés 
et  que,  même  sous  le  règne  si  original  de  Charles  Y,  on  ne  pourrait 
citer  un  Iroisièmc  exemple  d'un  grand  office  de  la  couronne  conféré 
par  voie  d'élection  au  scrutin.  Il  est  bien  vrai  que,  vers  le  milieu  de 
ee  règne,  le  2  octobre  ^  370»  Bertrand  OuGuesdin,  rappelé  d'Kspagne, 
fut  nommé  connétaïilu  de  France  à  la  suite  d'une  délibération  du 
Grand  Conseil  du  roi  à  laquelle  avaient  pris  part  un  certain  nombre 
de  bourgeois  de  Paris,  llans  un  de  ses  mandements,  postérieur  de 
trois  jours  seulement  h  la  nomination  du   nouveau    connétable, 


1.  But.  dts  chanceliers  de  France,  1G80,  in-fol.,  p.  3^,  570  el  371. 
t.  BMotre  de  ta  vUle  de  ParU,  T,  673  el  674. 
3.  BUMre  lUtéraire  de  la  France,  XXIV,  309. 


02 


»XLA\r>ES   LT   DOCDMEYTS. 


Charles  V  s'exprime  en  ces  termes  :  «i  Par  la  deliberacion  cl  advis  de 
noslre  grant  conseil  et  de  plusieurs  prêtas,  nobles,  bourgoiz  et  babi- 
tans  de  nosire  bonne  ville  de  l*aris,  avons  ordenné  de  mettre  sus 
sans  diila}'  certaine  provision  pour  la  deirense  de  nostreriit  rojaiime, 
pour  laquelle  briefmenl  exécuter  et  mener  à  bonne  et  desideralde 
concluaion,  avons,  par  la  dicte  deliberacion  et  advis,  ftiit  et  establi 
nosLrc  connestable  de  France  notre  amé  et  fca!  Bcrlran  du  Gucs- 
clin'.  »  Kaut-il  conclure  de  celle  phrase  où  le  roi  sCRible  vouloir  faire 
entendre  que  le  vote  du  subside  a  été  en  queUpie  sorte  subordonné  à 
l'investiture  du  la  plus  haute  charjic  militaire  du  royaume  en  foveur 
du  chevalier  breton,  faut-il  conclure  de  celte  phrase  que  l'initiative 
de  la  nomination  de  Bertrand,  comme  connétable  de  France,  est 
venue  de  l'assemblée  du  2  octobre  et  que  Thonneur  en  revient  à  celte 
assemblée  plutôt  qu'à  Charles  V  lui-même?  Nous  ne  le  croyons  pas. 
Du  Guesdin  était  Breton  de  naissance,  c'csl-à-dire  presque  élranscr. 
Don  gentilhomme,  il  n'appartenait  pas  néanmoins  à  la  haute  noblesse 
et  descendait  d'une  branche  cadette  et  jjauvre.  Après  avoir  mentionné 
la  nomination  de  ce  chevalier  de  fortune,  le  rédacteur  des  Grandes 
Chroniques  ajoute  qu'il  <  estoilde  mendre  li^magc  que  autre  conneft- 
table  qui  («ravant  eusl  esté'  ».  Il  est  permi:>  de  supposer,  lorsqu'on 
trouve  une  rèllexion  de  ce  genre  sous  la  plume  d'un  historiographe 
officiel,  que  le  choix  de  llerlrand  ne  f\jt  pas  vu  d'un  très  bon  œil,  du 
moins  au  premier  moment,  par  des  maréchaux  de  France  tels  que 
Mouton  de  Blainville  et  Louis  de  Saocerre,  qui  étaient  en  situation  de 
prétendre  à  cette  dignité.  En  se  faisant  demander  par  ses  conseillers 
une  décision  arrêtée  depuis  lon^'temps  dans  .son  esprit,  Charles  V  a 
voulu  surtout  dégager,  autant  qu'il  était  en  lui.  sa  responsabilité  per- 
sonnelle d'une  innovation  dont  certains  représentants  des  grandes 
familles  féodales  pouvaient  se  trouver  blessés. 

Malgré  le  bon  accueil  fait  par  l'opinion  pubUquc  à  la  nomination 
de  Du  Guesclin,  le  roi  ne  parali  pas  avoir  eu  recours  à  une  délibéra* 
lion  analogue  à  celle  de  l'assemblée  du  2  octobre,  encore  moins  à 
une  élection»  lorsque,  vers  le  milieu  de  l'année  8ui\"anLe,  il  se  décida, 
après  une  vacance  de  plus  de  deux  ans,  à  nommer  un  premier  prési- 
dent du  Parlement  en  reniplocemcnt  de  Simon  de  Bucy,  mort  dès  le 
7  mai  4369.  C'est  que  ce  prince  venait  alors  de  rencontrer,  au  sein 
mémo  do  sa  tiaulo  cour  de  justice,  une  opposition  très  nette  à  quel- 
ques-unes de  stv;  mesures  llnancicres.  Mal  payes  de  leurs  gages  pour 
aiinsi  dire  depuis  le  commeiiccmcnt  du  rë^ne,  les  membres  de  la  Cour 


t 
\ 


\.  Arch.  ^•t.  *ecU  tkUt..  K  49,  &•  bt, 

1.  Cr»Mé9S  CAfMifKM  de  mw».  H.  P.  Parâ,  in-S".  VI,  SU. 


DK    l'élection    de    DEC!   <:HjI!1CEI.IF.IIS. 


93 


s'étaient  prèles  de  fort  mauvais  grâce  à  l'emprunt  fon:é  auquel 
Charles  V  avait  cru  devoir  soumettre  tous  les  fonclionnaircs  en  géné- 
ral et  les  ofliciers  de  sa  maison  en  parliculicr,  dan^  les  ilernicrs  mois 
de  1370.  Le  iH  décembre  de  cette  année,  Hu^es  Aubriol,  prévôt  de 
Paris,  était  venu  on  personne  apporter  une  sommation  de  payement 
aux  coDàeilIer»  récaJcitninU;,  et  voici  en  (juels  termes  le  greffier  de  la 
chambre  civile  a  consigné  i^ur  son  regiâlru  cet  incidimt:  t  ilemt^rr.redy 
mn'  jour  de  décembre,  les  seigneurs  des  deuz  cbamhres  assemblez 
au  conseil,  le  prevost  de  Paris  leur  présenta  un  mandement  du  roy, 
en  une  codule  plaquée  soubz  le  scel  âecrcl  du  ro},  par  laquclc  il 
list  commandement  à  touz  de  paier  dediuis  trois  jours  les  sommes  à 
quoy  il  eâtoient  ordenez  do  par  le  roy  *.  > 

Le  <0  février  de  l'année  suivante,  Guillaume  de  Melun,  archevêque 
de  Sens,  et  Guillaume  de  Dormans,  chancelier  du  Uauphiné,  avaient 
fkit  de  la  part  du  roi,  près  des  sei|iueurs  du  Parlement,  une  démarche 
qui  n'avait  pas  dû  leur  être  moins  désagréable  que  le  message  trans- 
mis par  Aubriot  sept  semaines  auparavant.  Ils  avaient  reru  mijssion  de 
proposer  aux  conseillers  de  servir  sans  gage^  pendant  la  durée  de  la 
session  de  (37^,  en  leur  lai  ssantseulementespérer  que  ces  gages  seraient 
payés  plus  tard.  11  est  presque  su|)er(lu  d'ajouter  qu'une  lellt*  propo- 
sition avïiil  été  accueillie  par  les  intéressés  avec  une  extrême  Froideur» 
«  Ce  lundi  x*  jour  de  février,  lit-on  dans  le  registre  de  la  cour,  Paroe- 
TSâque  de  Sens  et  mes^^ire  iluillaunie  de  Dormans  vlndrent  requérir 
de  par  le  roy  aux  seigneurs  de  ixirlement  qu'il  vousissenl  servir  sans 
gigM  en  ce  parlement^  et  le  roy  les  en  salifRera  autrefoU.  Et  pour 
savoir  leur  vulenli'i  et  nîs|miis(!,  ont  les  diz  seigneurs  ouiz  par  manière 
descnitinecha^eun  ilf-sst*i;.'neursqui(>n  subt^Uinceunl.  ditetre-s^Hindu 
qu'il  sont  prés  de  faire  le  plaisir  du  roy  et  do  serf îr  au  miex  qu'il 
poorront.  mais  ilz  ni>  pourroieiil  l)Ounement  servir  sans  gages.  Et 
ain^  le  raporta  devant  tous  après  le  scrutine  le  dit  messire  Guil- 
UuiDe'.  « 

Cette  réponse  négative  donnée  par  la  voie  du  scrutin,  si  prévue 
qoelle  dût  être,  n'était  pas  de  nature  à  recommander  ce  mode  de 
Tutatiou  auprès  de  Cliarles  V.  Aussi  ce  prince  n'en  usa-t-il  pas  lors- 
qut:.  conmie  nous  le  disions  plus  haut,  vers  la  fin  d'une  session  [>ar- 
leoientairc  commencée  sous  de  si  fâcheux  auspio>s,  il  prit  le  parti 
de  donner  un  successeur  à  Simon  de  Rucy.  Ce  successeur,  installé  en 
qualité  de  premier  président  le  mardi  47  juin  1374,  fut  Guillaume 
de  Sens  qui  semble  avoir  été  nomme  directement  par  le  roi  en  dehors 


t.  Aieh.  Xal.,  »ect.  Jud.,  X  t4r>9,  ^  445  ▼-. 
i.  Arch.  N»t.,  sect.  jad.,  X  1469.  r^  446  v*. 


94 


HtfUNfîBS  BT  DOCCVKMTS. 


de  toute  participation  des  membres  de  la  Cour  à  cette  nominalion. 
«  fie  jour,  écrit  le  greffier  Nicolas  de  Villemer,  messire  Guillaumede 
Seris,  chovaliiir,  nez  du  p;iis  de  Xantonge,  fu  créé  premier  presidenl 
et  institué  en  Parlement  ou  lieu  et  aux  gages  où  soluil  e&lre  messin* 
Symon  de  Bucy,  jadis  premier  président  au  dit  Parlement.  Et  le 
institua  au  dit  lieu  et  e^^tat  monseigneur  Jehan  de  Dormans,  cardinal 
de  Rome  et  chancelier  de  France.  Et  preiât  ce  thème  :  a  Congratula- 
«  mini  michi,  quia  inveni  ovem  meam  quam  pcrdideram...  ■  El 
après  adressa  sa  parule  à  chascun  lies  sci^ieurs  de  Parlement,  en 
disant  :  ■»  Krater  tuus  eral  morluus  et  reviviscit,  perieratetinventu* 
«  est'.  T.  Originaire  de  la  Rochelle,  Guillaume  de  Seris  était  un  Irans- 
Aige  du  parti  anglai»  dont  il  avait  été,  depuis  la  conclusion  du  traité 
de  BrétJgny.  l'un  des  principaui  chefs  en  Aunis  et  en  Sainlonge. 
Envoyé  ii  Rome  par  te  prince  de  Galles,  à  la  On  d'août  43<i8,  pour 
obtenir  l'adhésion  du  pape  Urbain  V  à  la  levée  d'un  impôt  sur  les 
dîmes  inféodées,  c'est-à-dire  aliénées  iwir  TÉglise  et  possédées  par 
des  laïques^,  Guillaume  avait  été  fait  prisonnier,  s'il  faut  on  croire 
Froissarl,  au  moment  où  il  passait  sur  les  confias  de  ta  Bourgogne 
pour  retourner  en  Guyenne'.  Il  s'était  alors  rallié  au  parti  français 
et  Charles  V  avait  conru  une  telle  idée  du  mérite  de  Seris  qu'il  n'avait 
pas  cru  trop  te  récomjienser  en  l'investissant,  dans  le  cuunuit  du 
mois  de  mai  1374,  de  ta  haute  charge  de  magistrature  restée  vacante 
depuis  la  mort  de  Simon  dt^  Bucy.  Cette  marque  de  la  faveur  royale 
était  d'autant  plus  iiisi^ine  que,  contrairement  à  un  usage  à  peu  près 
constant,  le  nouveau  premier  président  n'avait  jamais  appartenu, 
avant  sa  nomination,  au  grand  corps  judiciaire  dont  il  devenait  le 
chef.  En  voy;int  meltre  ainsi  à  leur  lète  un  ancien  t^vori  du  prince 
Noir,  les  conseillers  du  Parlement  qui  avaient  vieilli  au  service  du 
roi  de  France  et  dans  l'expédition  des  alftires,  trouvèrent  sans  doute 
que  Cliarlos  V  mettait  trop  en  pratique  la  parabole  de  l'enfant  pro- 
digue ;  et  l'on  peut  se  demander  si  les  versets  cités  par  le  cardinal  cl 
chancelier  Jean  de  Dormans  sur  la  brebis  perdue  et  retrouvée,  le 
frère  mort  el  ressuscité,  ne  ciichent  pas,  sous  un  semblant  d'éloge, 
quelque  sous-entendu  ironii]ue  destiné  à  répondre  aux  secrètes 
réflexions  de  plus  d'un  membre  de  la  Cour. 

Quoiqu'il  on  soit,  la  promotion  de  Guillaume  de  Seris  ùhi  première 
présidence  du  Parlement  est  le  dernier  exemple  que  l'on  paisse  citer 
d'une  noiniuaLiou  à  celte  haule  charge  judiciaire,  ainsi  qu  à  celle  de 


1.  n«d.,  f  457. 

2.  CAroni^iMf  tU  J.  Froiasart,  VII,  sommtirr,  p.  xxxv,  noie  1. 

3.  ibid,,  Muimure,  |^  xut,  iiolc  3. 


DE  L*éLECnon   DE   DEDX  Cli?(CELlEaS. 


95 


chanerîier  de  France,  taiit  directemciU  par  le  roi.  Depuis  le  mois  de 
mai  1374  jusqu'au  diniancfae  16  septembre  1380,  date  de  la  mnrL  de 
Charles  V,  il  y  eut  lieu  deux  fois  de  pourroir  en  roémc  temps  à  la 
vacance  de  l'une  et  l'autre  cbai^;  et  dans  cos  deux  circonstances  le 
ofaef  de  l'Ëtat,  renonçant  de  son  propre  mouvement  à  l'une  de  ses 
pràro9iUvo&  les  plus  es&enUcUes,  (Il  procéder  à  des  élections  par  voie 
de  scrutin. 

La  première  fois,  celte  double  vacance  fût  amenée  au  coramence- 
menl  de  137:2  par  la  démission  volontaire  de  Je<in  de  Oormans,  «ir- 
dinal  et  évéquc  de  lieauvais,  des  Tonclions  de  chancelier  dp.  France. 
Le  H  révrior  de  celle  année,  Cliarle^i  V  convoqua  en  l'hûlelde  Saint- 
Pul  tous  les  membres  do  son  conseil  pour  prendre  part  â  l'élection 
d'un  nouveau  chancelier.  U  mol  conseil  doit  être  pris  ici  dans  le  sens 
le  plus  large,  puisque  le  grelller  du  Parlt^ment  évalue  a  deux  cents 
environ  le  nombre  des  vûlantâ«  prélats,  barons  et  autres.  Guillaume 
de  Dormanâ,  auparavant  chancelier  du  Dauphiuéj  Tut  élu  chancelier 
de  France  en  remplacement  de  son  frère,  et  Pierre  d'Orgcirnonl, 
auparavant  second  pn^sitient  du  Parlement,  l'ut  du  cbancelicr  du 
Dauphine  en  remplacement  de  Guillaume  de  Dormans.  C'est  ici  le 
lieu  de  citer  le  procès-verbal  de  celte  double  élection  auquel  se  réfère 
Pélibien.  Le  greffier  civil  du  l^arlemejit,  (|ui  a  rédiiié  ce  prorês.\erl»al, 
s'appelait  Nicolas  de  Villemer,  du  nom  d'un  village  situé  près  de 
Joi^if  '  (l'où  n  était  originaire,  et  la  forme  «  Villemar  »  adopt(>e  [>ar 
rhiâtoriea  de  la  ville  de  Paris  et,  d'après  celui-ci,  par  M.  Victor  Le 
Clerc',  doit  être  rejetèe  comme  vicieuse. 

«  Ce  samedi  xxi"  Jour  du  février,  écrit  Nicolas  de  Villemer,  vaca  la 
court  du  commandement  du  roy  qui  assembla  tout  son  conseil  jusques 
«a  nombre  de  deux  cens  personnes  ou  environ,  prelaz,  barons  et 
«atres.  en  son  bostel  à  Saint  Pol.  Et  là,  en  la  présence  de  tous, 
inonteigneur  Jehan  de  Dormans.  cardinal  de  Beauvez,  chancelier  de 
Vranee,  s'adressa  au  roy  etli  dist  ces  paroles  :  «  Exalta&li...  >,  elles 
demeoa  moult  sagement;  et  en  conclusion  supplia  au  roy  qu'il  vou- 
B5t  reprandre  ses  seaulx  et  li  avoir  excusé  de  roffice  de  chancclerie 
et  y  pourveoir  d'autre,  lit  après  plusieurs  paroles,  le  roy  reccut  l'ci- 
cusacioo  du  cardinal  et  le  reteinl  do  son  conseil  le  plus  grant  et  le 
plus  principal.  Et  puis,  par  voie  de  scrutine,  procéda  à  l'eleccion  de 
nouvel  eliancelier  par  l'avis  et  deliberacion  de  ses  diz  conseilliers,  et  là 
fil  esleu  et  créé  en  chancelier  munsiMgncur  Guillaume  de  Dormans, 
chevalier,  paravont  clianceUer  du  Ûalpbiné,  frère  du  dit  cardinal.  Et 


1.  AuJ.  Yonne,  Arr.  Joigny,  c.  Ailtant-fior-Thulon. 

2.  BiU.  imér.  de  la  élance,  X.\tV,  209. 


96 


MJLl^GES    RT   DOCrWfiTTS. 


par  ce  vaca  l'office  de  la  chancellerie  du  Dalphiné,  auquel  oITlcc  par 
ce  mesme  scrutine  fu  csieu  et  présentement  créé  en  chancelier  du 
Dalphiné  maistre  Pierre  d'Orgemonl,  secont  président  du  Parlement  ' .  • 
L'élection  au  scrutin  d'un  chancelier  de  France  et  d'un  chancelier 
du  DauphJné  était  une  nouveauté  qui  dut  frapper  vivement  les  con- 
temporains. Aussi,  le  rédacteur  des  (inindes  l-hroniques,  malgré  lo 
caractère  de  réserve  orBeielIc  dont  son  œuvre  est  empreinte,  a-Uil 
qualifié  cet  événement  de  notable.  «  Par  notable  élection,  dit>il^  fist 
le  roy  chancelllcr  messire  Guillaume  de  Dormans>  chevalier,  frrâv 
germain  du  dit  cardinal  de  Biauvais^.  *  Cette  double  élection  se 
reproduisit  le  20  novembre  de  l'année  suivante,  lorsque  la  chan:e  de 
chancelier  de  France  devint  de  nouveau  vacante  à  la  suite  des  décès 
des  deux  frères  Guillaume  el  Jean  de  Dormans  survenus,  le  premier 
le  H  juillet,  le  second  le  7  novembre  suivant.  Grâce  à  Nicolas  de 
Villemer,  le  scrutin  du  dimanche  20  novembre  <373  nous  est  encore 
mieux  connu  que  celui  du  samedi  24  février  4372.  Nous  savons,  par 
exemple,  que  le  nombre  des  électeurs  Tut  d'environ  cent  trente  et  que 
Pierre  d'Orgemonl,  alors  premier  prè-sident  du  Parlement,  fut  élu 
chancelier  de  france  par  cent  cinq  voix  sur  ces  cent  treïite  votants. 
Dans  la  même  séance,  un  simple  conseiller  au  Parlement,  mailre 
Arnaud  de  Corbie.  fut  aussi  élu  premier  président  en  remplacement 
do  Pierre  d'Orgemonl.  Mais  écoulons  le  procès-verbal  de  cette  séance 
mémorable  tel  qu'il  a  été  dres.sé  par  le  greffier  civil  de  la  cour  :  «  Ce 
dimanche  ix'  jour  de  novembre,  le  roy  nostre  sire  teint  son  grant  el 
gênerai  conseil  au  Lovre  do  preias.  de  princes  de  son  lignage,  barons 
cl  autres  nobles,  des  seigneurs  de  Parlement,  des  reijuestcs  de  son 
bustei,  dL's  comptes  et  autres  conseillers  Jusques  au  nombre  de  vi"  et 
X  personnes  ou  environ  pour  eslire  chancelier  de  France,  pour  ce  que 
la  chancellerie  v;iqnoit,  comme  il  est  enregistré  sur  le  premier  jour 
de  ce  parlement.  Et  en  gênerai,  tout  haut,  dist  le  roy  nostre  sîre 
devant  tous  ceuz  qui  là  cstoient,  tant  du  conseil  comme  autres,  que 
pour  ccste  cause  avoit  il  fait  assembler  son  dit  conseil,  et  puis  tlsl 
tous  aler  dehors.  Kt  après,  par  voie  de  scrutine,  Ûst  chascun  de  œuz 
de  stui  conseil  venir  a  lui  et  par  serment  jurer  aux  sains  évangiles 
de  Dieu  que  tous  louchèrent,  prelaz  et  autres,  de  lui  nommer  el  con- 
seillier  selon  leur  avis  et  eslire  la  plus  souffîsant  personne  qu'il  sau- 
roient  nommer,  fusl  d'église  ou  autre,  pour  eslre  cbano^lier  de  France. 
El  furent  les  noms  et  les  dépositions  de  tous  escriz  par  moi  Nicolas 


1.  Arch.  N*t.,  «ecl.  jod.,  X  !4e9,  ^  SOI.  Ce  procès-rerbal  a  déjà  *lé  puUïé 
pir  Fr.  Dq  Cbeue,  Bi$t.  des  chancetiers  de  Ftance,  p.  356. 

2.  Ciuiuief  Chroniques  de  France,  éd.  P.  Pvis,  In-S',  VI,  333. 


DE   L*ifl.i:Cno?l    PE   DECX  CHAXCELrERS. 


#T 


«le  ViUfloier,  à  c«  ordonné  par  le  rfty  el  en  sa  pristinoe  où  esloii  avec 
maistre  Pierre  Blancbcl  son  socretaire  tant  seulenienl.  Elloul  ouy  el 
escripl.  ta  trouva  que  maisLrc  Pierre  rl'Orgoraont,  pamvanL  premier 
Ipreajd^nlde  Parlement,  nez  de  Lni^n;  sur  Marne,  (lar  le  trrip  plu» 
I  pnni  nonihre  ûrs  eslUens  fu  nomme  et  esleu  cbancdier  de  Kraiice, 
e'est  assavciir  par  cenL  et  cini]  des  diz  esliseos.  Kl  ce  dist  et  publia  à 
lous  le  Toy  nostre  sire  el  créa  son  cbaiiœlier  de  Krance  le  dit  itiaisLre 
Pierre  d'Orgemonl.  Le<]ufl  se  excusa  moult  bumblemeiil  et  supplia 
au  roy  qu'il  l'en  vosisl  tenir  pour  excusé  et  y  pourveoir  d'autre,  car 
il  doubtoit  mont  qu'il  ne  tusi  pas  soufTIsanl  à  ce,  etc.  Ei  lo  roy  U 
res(M>ndi  qu'il  esloil  tout  content  et  enferme  de  sa  floufllsance,  el  lors 
U  livra  les  seauli  de  France...  Il  est  vray  que  en  ce  mesme  scrutine 
fu  csIeu  premier  président  en  Parlement,  Arnault  de  Corbie  en  lieu  du 
dît  maistre  Pierre-,  mais  ce  ne  Tu  pas  lors  publié,  el  pour  cause 
dedairée  le  lundi  n'  jour  du  janvier  eusuivunt  '.  » 

L«  nouveau  chancelier  de  France  et  le  nouveau  premier  président 
élaicDl  deux  parvenus  sortis  des  rangs  de  la  bourgeoisie,  le  premier 
aéi  Lagny-sur-Marne,  le  second  originaire  de  Iteauvais.  Ils  avaient 
défauté  l'un  et  r.iutre  comme  simples  avocat.s  au  Piirleinent  de  Paris, 
el  le  roi  Jean  cUiil  venu  les  choisir  parmi  les  membres  du  tuirreau 
pour  tes  éIe^'c^  au  rang  de  conseillers.  Successivement  simple  cod- 
seiller.  quatrième,  troisième,  second  président,  chancelier  du  Dau- 
phînè,  premier  président  du  Parlement,  eniln  chancelier  de  France, 
mailre  Pierre  d'Orgeraonl  avait  gravi,  pour  ain.si  dire,  un  â  un  tous 
les  degrés  de  la  hiérarchie  judiciaire.  Ouanl  à  maître  .\rnaud  de 
Corbie,  l'èleaion  du  20  novembre  l'avait  trouve  simple  conseiller  et, 
lui  Élisant  franchir  tous  le.$  rangs  intermédiaires,  le  portait  comme 
d'un  bond  à  la  première  présidence. 

Le  résultat  de  ce  scrutin  mérite  d'autant  plus  de  fixer  l'aLtention 
,  que  ooa  seulement  les  nouveaux  élus  n'étaient  pas  gentilshommes, 
maiâ  qu'ils  n'êtaienl  pas  même  chevaliers  du  n>i,  comme  on  disail 
alors.  La  seule  concession  que  Charles  V  crut  devoir  faire  aux  pré- 
jugea nobiliaires  du  temps,  ce  fut  de  leur  conférer  Fespèce  de  cheva- 
lerie civile  dont  nous  venons  de  furler,  à  la  tête  de  No<;l  qui  suivit 
leur  élection,  et  de  donner  l'ordre  d'attendre  l'accomplissemeut  do 
cette  cérémonie  pour  procéder  à  Finstallation  d'Arnaud  de  Corbie  en 
qualité  de  premier  président.  C'est  à  quoi  .Nicolas  de  Villeraer  fait 
allusion  lorsqu'U  termine  le  procès- veri>al  de  la  séance  du  20  no- 
Tembrc  par  ces  mots  :  a  mais  ce  ne  fu  pas  lors  pubhé,  et  pour 


f.  X  U70,  r*  36.  Cf .  Fr.  Du  Chnoe,  tiUt.  dei  chanceliers  de  France^  P-  37Q 
e(771. 

Rbv.  HisToa.  XVI.  1"  fak.  7 


08 


MJU^IGBS   BT  DUCUMETTS. 


cause  ».  En  ofTel,  à  la  date  do  Nor],  on  trouve  la  rnootion  suivante 
inscrilfi  sur  le  registre  d(îs  plaidoiries  :  «  Ce  rJimcnche  jour  de  Noeï, 
le  roy  noslre  sire  fist  et  créa  chevaliers  au  Lovre  monst'ifnieur  son 
cbancelicr,  lors  maisLre  Pierre  d'Orgemont,  et  maiâtre  Amaut  de 
Oorbifi  '.  n  II  lie  faut  donc  voir  dans  les  trois  épis  d'urçe  d'or  du  blason 
des  Orgcmonl,  dans  les  trois  corbeaux  do  aablc  de  l'écu  des  (lorbie,  que 
des  armes  parlantes,  des  armes  de  vilains  anoblis  seulement  pendant 
la  seconde  moitié  du  iiv"  siècle.  Comme  on  répète  encore  tous  les 
joura  qu'au  moyen  àgo  l'accès  des  liaules  dignités  était  rigounsuse- 
ment  fermé  aux  non  nobles  qui  n'entraient  pas  dans  les  ordres,  il 
n'est  lias  san^  intérêt  d'ajouter  que  Pierre  d'OrKemonl,  au  moment 
où  il  fut  élu  chancelier  de  Fmnce,  était  marié  dopuis  plus  de  trente 
ans,  que  sa  femme  Marguerite  de  Voisines  vivait  encore^  enfin  que 
six  enfants  légitimes,  sans  parler  d'une  lUle  naturelle,  étaient  issus 
de  ce  mariage-. 

Comme  nous  l'avons  dit  des  les  premières  lignes  de  ce  travail,  en 
abandonnant  ainsi  à  des  scrutins  auKiuels prenaient  part  cent  trente 
et  même  deux  cents  votants  b  dusi^oiatiou  du  jilus  haut  diguitatrc  de 
la  couronne,  Charles  V  faisait  preuve  d'un  libéralisme  si  large,  qu'h 
l'hcuro  actuelle,  Icâ  chefs  des  Ét^its  môme  les  plus  démocratiques  se 
décideraient  peut-être  difficilement  à  suivre  l'exemple  de  ce  roi  du 
moyeu  àge^.  Toutefois,  quelque  hardie  que  fût  une  telle  innovation, 
ce  serait  en  mécoiuiaitrc  le  véritable  caractère  que  d'y  voir  une  de 
ces  concessions  que  la  peur  arrache,  sous  les  gouvernements  faibles, 
à  la  lâcheté*  plutôt  qu'à  In  générosité  du  (Hiuvoir.  Au  conirairo,  les 
scrutins  du  21  lévrier  1372,  du  20  novembre  1373,  correspoudent  à 
l'uDO  des  périodes  de  notre  histoire  où  la  royauté,  non  contente 
d'exercer  dans  toute  leur  étendue  ses  droits  séculaires,  a  fait  valoir 
ses  revendications  contre  le  clergé  aussi  bien  que  contre  la  noblesse 
avee  le  plus  de  fermeté  et  de  vigueur.  C'était  le  temps  ou  un  grand 
magistrat,  imbu  jusqu'à  la  passion  du  principe  tout  moderne  de 
l'édité  devant  la  loi,  celait  le  temps  où  Hugues  Aubriot  tm  craignait 
pas  do  faire  appréiiender,  dans  le  diœur  de  Notre-Dame  de  l'aria,  un 
prêtre  qui  s'était  mis  sous  le  coup  d'une  poursuite  criminelle,  au 
mouieut  où  ce  prêtre,  revêtu  de  ses  habits  sacerdotaux,  était  à  Tautel 


I.  ibkL.  î'  6t. 

S.  P.  Anselme  HUtotre  grnéaL  de  la  maisoH  de  tramée,  \l,  337  A  339.  34G 

3.  Chtflrs  VI,  fidèle  conliDiialeiir  de  U  politique  da  «w  père,  anUnt  do  raoîas 
qM  sa  fjiibtf  rii»oii  le  lui  pcrtuil,  miiDUol  le  &\stètnc  d«  rêlcclioo  (Pr.  Oa 
flhwn,  Uut.  de*  chancelirrt  de  Framce^  p.  42^J  fpû  diqiAnit  «oiu  Charles  VU 
{IM.,  ^  479.  480,  4»3j. 


DE  L'iEterTinN  ui:  bu^x  ciu.xckiJCB.s. 


9» 


et«il^rail  la  messe.  Celait  le  lemps  où  le  meilleur  élève  d'Aubrtot, 
Oudarl  d'Atainville,  ancien  examinateur  au  Chàtelet  sous  les  ordres 
du  r.imeux  pn^vûl,  (i(!Vi'fiu  bailli  deHouen,  bravait  une  triple  exeom- 
munication  dont  Philippe  d'Aleni;on,  archevêque,  primat  rie  Nor- 
mandie, prince  du  sang,  l'avait  frappé,  et  taisait  mettre  sj^us  séquestre 
le  temporel  de  l'archevêché,  ainsi  que  Ie5  prt)pric(és  privées  de  ce 
potentat  féodal  et  ecdêsiiLsU'iuc.  Lorsiju'un  gouvernement  procède 
avec  cette  vigueur  contre  ses  plus  puissants  adversaires,  te  chef  de 
ce  gouTerncment  peut  de  sou  propre  mouvement  se  dessaisir  de  telle 
ou  telle  de  ses  prérogaiives,  mais  on  ne  la  lui  arrache  pas.  Il  n'y 
aurait  pas  moins  d'iovraist^mblanee  à  proU'^nrlre  que  te  recours  au 
mode  électif  n'a  été,  dans  les  deux  circonsLances  dont  nous  parlons, 
qu'une  ruse  de  Oharles  V  pour  s'éviter  la  resi«nsabilitê  souvent 
gènanlp  d'une  nomination  directe.  Si  CRtte  supposition  était  fondée, 
le  roi  se  serait  borne  à  une  simple  consultation,  commt^  dans  l'atlkire 
de  la  promotion  de  Du  Gucsclln  à  TotTIce  de  connétable  de  France;  il 
n'aurait  point  exposé  les  candidats  de  son  choix  aux  hafards  d'une 
élection  en  refile.  Il  faut  donc  chercher  une  autre  explication,  et  cette 
explication  nous  croyons  l'avoir  trouvée. 

Les  scrutins  des  ii  février  <372  et  2fl  novembre  ^373ont  coïncidé 
avec  l'un  des  évunemenls  les  plus  nolabb's  de  nuire  liîstoire  littéraire 
pendant  la  seconde  moitié  du  xir*  siècle.  Nous  voulons  parler  de  la 
traduction  fram^aise  des  œuvres  politiques,  morales  et  économiques 
d'Aristote,  notamment  de  l'ÉLhique  et  de  la  Politique,  exécutée  pour 
Charles  V  par  le  célèbre  Nicole  Oreame,  alors  doyen  du  chapitre  de 
Notre-Dame  de  Rouen.  Une  note  précieuse,  relevée  par  M.  Léopold 
Deltsie  a  la  On  du  manuscrit  orik'inal  de  la  traduction  franiviise  de  la 
I\>litique  conscrvéaujourd'hui  a  la  bililiolhèquc  d'Avranches,  constate 
que  celle  traduction  a  été  faite  de  1370  à  1377  :  i  Ce  livre,  dit  l'anno- 
laleur  de  la  Politique,  dont  l'écriture  est  contemporaine  de  la  trans- 
cription du  volume,  ce  livre  fti  corapwsépar  maistrp  Nicolas  Oresroe, 
avec  les  li\res  d'Ethiques,  Yconomiques  et  de  Celo,  es  ans  de  .Vostre 
Seigneur  accctxx  jusques  à  lxxvii.  estant  doyen  de  Rouen.  Puis  fUt 
evesquc  de  Lisiex*.  »  Acbevt^  si'ulement  dansleœurant  de  1374,  la 
traduction  fi-ançaise  de  la  Politique  fût  commencée  au  plus  lard 
en  437â  comme  on  le  voit  par  l'arlicle  suivant,  extrait  du  compte  du 
trésorier  Krançois  t'-hanteprime  :  «  A  NîcoJe  Orcsme,  doyen  de  l'église 
Nostr^  Dame  de  Rouen,  pour  avoir  eschpt  et  translaté  en  fran^ois 
un  livre  appelé  Politiques,  par  lo  commandement  du  roy,  l'an 


1.  intml.  çénérai  tt  méthodique  de*  manuscriU  françaU  de  la  BibîMfù^e 
rtaUtmate,  II,  307. 


100 


UéUNGES    ET   bOCnaiËMTS. 


M  ccc  Lxxu*.  a  Un  autre  oxlrail  auloriso  même  à  la  faire  reruûnter 
aux  premiei'â  moh  de  cette  année  :  «  Le  roy,  lit-on  dans  ud  autre 
endroit  du  même  compte,  le  roy  a  donné  cent  livres  à  maistrc  Nicole 
Orcsmc,  lequel  lui  a  translate  de  kilin  en  François  les  Ethiques  et 
l*£)litique.s.  h  ccc  i.xxi*.  j»  Il  s'agit  ici  de  l'année  <37l,  ancien  stjle, 
qui  correspond  aux  premiers  mois  do  <372.  Dnrui,  M.  Uelisle  a 
signalé  sur  un  exemplaire  de  la  traduction  fraui.'aise  de  l'Êtliique  et 
de  la  Politique,  qui  fait  partie  de  l.'i  hililiothéque  royale  de  Bruxelles, 
la  mention  suivante  :  ^  Ou  coin  mandent  eut  de  1res  noble ,  puissant 
et  excellent  prince  Ciharles,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  fu 
cesl  livre  cy  translaté  de  latin  en  françoii  imr  honorable  homme  cl 
discret  maistro  Nicole  Uresrae,  maistre  en  théologie  et  doien  de 
l'église  Nostrc  Dame  de  Kouen,  l'an  de  grâce  m  ccc  lxxii*.  » 

Nous  demandons  pardon  d'Atre  entré  dans  des  détAils  de  chrono- 
logie aussi  arides.  On  se  demande  sans  doute,  non  sans  quelque 
impatience,  par  quel  lien  ces  détails,  qui  au  premierabord  ne  semblent 
intére&saiiLs  qu'au  point  de  vue  de  l'histoire  littéraire^  se  rattachent 
à  réleclioii  au  scrutin  tle  Guillaume  de  iJormans  et  de  Pierre  d'Orge- 
mont.  Ce  lien  est  selon  nous  très  étroit,  car  nous  sommes  persuade 
que  c'est  sous  l'inlluence  de  la  lecture  de  la  Politique  d'Ari.stole  que 
Charles  le  Sage,  ayant  à  pourvoir  en  1372  et  en  4373  à  la  vacance 
do  la  charge  de  chancelier  de  France^  a  provoqué  les  scrutins  du 
21  février  et  du  20  novembre.  On  a  vu  par  les  articles  de  compte 
cités  plus  haut  à  quel  [winl  le  roi  de  France  a  olê  préuccupé,  pendant 
ces  deux  années,  de  la  traduction  en  français  de  celui  des  ouvrages 
du  grand  plUlosopbe  grec  qui  devait  l'intéresser  le  plus.  Et  que  l'on 
ne  croie  pas  que  ce  prince^  rélléchi  et  studieux  par  excellence,  ne  vit 
dans  la  lecture  de  cette  traduction  qu'une  afihire  de  curiosité.  Il  a 
pris  soin  de  nous  prémunir  contre  une  appréciation  aussi  erronée  en 
disant  dans  un  de  ses  mandements,  on  date  du  21  mai  1372,  que  la 
traduction  de  la  Politique  et  de  l'Éconumlriuc  lui  était  ■  très  néces- 
saire et  pour  cause*  ».  Le  31  août  de  l'anmie  suivajite,  il  revient  sur 
l&  mâme  idée  dans  un  autre  mandemenl  où  il  donne  l'ordre  de  payer 
comptant  deux  cents  francs  d'or  «  :i  midstre  Nicole  Oresme,  doyen 
de  Rouen,  sur  sa  peinnc  ou  salaire  de  nous  translater  deux  livres, 
tesquicz  nous  sont  très  nécessaires,  c'est  assavoir  Politiques  et  Yco- 
numiques"  ».  On  ne  peut  douter  par  conséquent  que  Charles  V  n*ait 

1,  Vaa  Praet.  Catalogue  de  Gitles  Malet,  p.  46. 
1.  IJ.,  ibUi. 

3.  Méianget  dr  paléographie-  r/  de  bibliographie,  p.  274. 

4.  L^o|>old  Dclislo,  MandemenU  et  actes  divers  de  Charles  V,  p.  458,  n*  889. 
h.  Ibid.^  |).  552.  n*  1061.  Que  Ctiarlcs  V  lût  1»  ouTmges  qu'il  faisait  traduire 


DE    L  KLECrrO?»    IlE    DECX   CBA?ICEI.IEaS. 


il 


lu  les  deux  irailés  dont  nous  venons  de  donner  les  litres,  soit  dans 
la  Induction  latine  de  Durand  d'Auvergne,  que  le  roi  était  parfhile- 
ment  capable  de  comprendre',  soit  dans  les  parties  du  lexle  déjà 
traduites  t-n  rran(;aiâ  par  Oresme,  avec  l'intention  bien  urrélée  d'y 
puiser  des  lei;ons,  deu  tirer  profit  pour  le  gouvernement  el  l'admi- 
Dî&traLion  de  son  royaume. 

Or.  personne  n'ignore  que  Tune  des  théories  les  (dus  chères  à  Aris- 
Utte  e&t  la  théorie  de  l'éJeclion  appliquée  au  recrutement  de  toutes  les 
efaargBfi  publiques.  Il  n'est  fzuere  de  chapitre  de  sa  politique  ou  il  ne 
coofeeee,  plus  ou  moins  explicitement,  la  préférence  tju'il  accorde  au 
mode  éteciir  pour  la  désignation  du  personnel  des  divers  ordres  de 
magistrature.  Au  chapitre  vi  du  livre  lU,  il  s'est  attaché  à  réruter^ 
atec  la  profondi^ur  et  la  concision  qui  raractérii^cnt  son  génie,  les 
otiFjecllons  auxquelles  peut  ilonoer  prise  le  principe  de  l'élection. 
Cette  rêrulalion  se  termine  par  une  phrase  que  tous  les  hellénistes 
savent  |>Qr  cœur  et  qui  aurait  pu  être  invoquée  de  nos  jours  par 
les  partisans  du  suffrage  universel  :  «  Les  individus  isolés ,  qui 
prennent  part  à  une  élection,  dit  Arîstote,  jufrcront  moins  bien  que 
les  savants,  j'en  conviens-,  mais  réunis  ils  vaudront  beaucoup  mieux 
ou  du  moins  ils  vaudront  autant^  ■  L'auteur  de  la  Politique  est  éga- 
lement l'ennemi  de  toute  démarclie,  de  toute  sollicitation  ;  il  va  jusqu'à 
dire  que,  [nr  cela  seul  qu'on  sollicite  une  place,  on  en  est  indigne. 
Il  ajuule  itar  contre  que  les  magistratures  doivent  être  conféréi'â  par 
voi«  d'élection  aux  plus  dignes,  même  malgré  eux  :  a  On  ne  saurait, 
Ut-on  au  chapitre  vi  du  livre  11,  on  ne  saurait  approuver  que  le 
ciloyen  qui  doit  être  appelé  à  une  Tonction  publique  vienne  la  soUi- 
cïler  en  personne.  Les  magistratures  doivent  être  conflécâ  au  mérite, 
qu'il  les  accepte  ou  les  refuse^.  »  Rappel ons-nous  la  scène  qui  eut 

atcc  llnlention  d'y  puiser  des  leN^oas  pour  le  goQTernetnenl  de  M>n  royattue, 
eela  eut  altml^  par  tous  les  l«ttrèa  qui  onl  Iraraillé  pour  c«  prince!  et  notamment 
pu  l«  Iradnclpor  du  tir  proprieUttitnis  remm,  if»n  fflfbechon  i  •  Ccst  désir 
At  v^pumcf.  prince  très  débonnaire,  a  DÏpu  Hrlii^  el  enraritit'  en  roBtrc  ciicr  très 
fenDemnit  dH  «mlrt*  joarur.  *\  nimrne  il  appert  iiianîfeKlPnifînt  m  la  gnial  et 
cupicBM  EDDltiliHle  de  tirres  de  divers»  science*  que  vous  avez  assembli'z  cbu- 
CBS  jour  par  vostre  fervent  dilÎKODce  :  e&fjQeU  livre»  tous  puisez  la  parfonde  eaue 
de  upieoce  au  &eaa  de  vobtre  vif  entendement,  pour  la  cftpandre  aux  cousoila 
et  aoi  jiiHfnnenp,  au  jinuiru  du  poeple  que  Dieu  voua  a  cnmniift  jiour  goiivemer.  » 
Paulin  Paris,  Lfs  innnuscrtls  français  de  la  bibtiothtçMe  du  roi.  l,  263. 

I.  t  CotapûlrtomctA  enlcndoit  sod  talin  s,  dit  Ctiristine  de  Pisan.  ttist.  de 
Charles  V,  part   I,  rbAp.  vt. 

2-  «  *E«Tai  TÔp  îxttTiKn:  lùv  «fpwv  xpitTi;  Twv  iîî6i(i)v  ;  anavtïç  îi  5yvt>ïl4vTt£  ^ 
{kkttouc  ^  v'j  HÛpnjz.  V  Polit.,  I.  Ili,  ch.  VI  :  Irad.  de  Barlb^leinv  Saint-Hilairc, 

I,  «m  à  271. 


\0i 


MéUNGRS  BT   DOCriTCXTS. 


lieu  cjilre  Charles  V  el  Pierre  d'Ûrfemonl,  à  la  suite  de  ne  mémorable 
scrutin  du  20  novembre  1373,  où  Pierre  venait  d'êlro  élu  chancelier 
de  France  par  cent  cinq  voix  sur  cent  trptile  votants  :  «  Lequel,  dit 
Nicolas  de  Villerncr.  se  excusa  moul  hiirablement  et  supplia  au  roy 
qu'il  l'en  vosïst  tenir  pour  excusé  et  y  pourveoir  d'autre,  car  il 
doubtoit  moût  qu'il  ne  fust  pas  souffisaot  à  ce.  Et  le  roi  11  res- 
portdi  qu'il  esinit  tout  content  et  enformê  de  sa  souffîwince, 
et  lors  li  livra  les  seaulx  de  France,  n  Oeitc  scène  n^est-elle  pas  le 
commentaire  vivant  du  passage  emprunté  au  chapitre  vi  du  livre  II 
de  la  Politique  que  nous  citions  tout  à  Theuro? 

C'est  un  fait  aujourd'hui  ac(|uis  à  la  numismati({ue  que  l'inlluence 
des  doctrines  économiques  d'AristoLe,  commentées  par  Nicole  Oresme 
avec  la  sagacité  ta  plus  Judicieuse,  domine  Ibiâtoire  monétaire  du 
rè^'nc  de  Charles  V.  C'est  à  celte  inttueitce  qu'il  faut  attribuer  la  lixité 
des  monnaies  qui  caractérise  ce  rc[.'ne  et  forme  un  si  rrap|>anl  con- 
traste avec  les  variations  continuelles,  excessives  de  ces  mêmes  mon- 
naies sous  les  deux  premiers  Valois,  lie  mémorable  traité  De  oriçins^ 
natura,  jure  et  mvtationtbus  monetarum  avait  paru  dès  la  fin  du 
règne  du  roi  Jean  (jui  n'en  avait  tenu  aucun  compte;  mais  le  succes- 
seur de  ce  prince  s'était  emprcssi?,  aussitôt  après  son  avènement  au 
trône,  de  mettre  en  pratique  les  sages  maximes  déduites  s  selon  les 
raisons  d'Aristotc^  »,  [>our  nous  s(!rvir  des  expressions  d'Oresme. 
Ne  serait-il  pas  étrange  que  les  théurii^s  ari.slotélifpies  n'eussent 
exercé  leur  action  que  dans  cet  ordre  de  ftiits  el  que  les  autres  parties 
deradministnitiony  fussent  restées  complètement  étrangères  7  Quand 
on  sait  Tadmiralion  profonde  que  Charles  le  S^igt;,  à  l'oxemple  de  tout 
son  siècle,  avait  vouée  à  Aristole,  est-il  contraire  a  la  vniisemblance 
de  supposer  que  cette  admiration  n'est  pas  restée  absolument  stérile? 
Ksl-il  téméraire  de  recourir  à  cotte  supposition  alors  qu'une  coïnci- 
dence vraiment  niinartiuable  nous  y  invite,  alors  surtout  qu'on  n*a 
pas  do  meilleure  exphcation  a  proposer  de  l'élection  par  voie  de  scru- 
tin de  deux  chanci^liers  de  France,  à  l'une  des  périodes  de  notre 
histoire  où  le  pouvoir  royal  a  été  le  plus  fort  et  le  plut?  jaloux  de  ses 
prérogatives?  Telles  sont  les  questions  que  nous  soumelLons,  en 
(inissant  celte  étude,  au  jugement  des  savants  plus  versés  (|ue  nous 
ddus  la  connaissance  de  Fantiquité  classique  et  du  moyen  âge  français. 

Siméon  Loge. 


Ibid.,   I,  II,  chap.  ri;  traducUon  de  Barlhëlcray  Salat-Hitairc,  I,  172  el  173. 
1.  !•'.  Meunier,  Euai  lur  ia  vie  gt  let  ouvrages  de  Mcoie  Oresme,  p.  G5. 


r&ltiXEXTS  IXEbITS  DE  sinT-smo^t. 


103 


FRAGMENTS  INEDITS  DE  SAINT-SIMON'. 
{Stcond  article.) 


III. 

Lb   comte  DB  U   ViOGlTTO!l>. 

Le  comte  de  la  VaugiiyoD,  André  de  DéU>alat%  uq  des  plus  pauvre», 
et  PD  mémo  tempf  dos  plus  légers  gentilshommes  de  France. 

II  n'y  a  i>as  moyen  d'aller  à  plus  qu'ii  sr^ou  père*,  [|ui  vivoit  de  wo 
pelil  firT.  si  lanl  pst  qu'il  fût  fief,  appelé  la  Grange-Foumitînleau^.  I^ 
mhn  i^app^loit  Majïe  Jumeau  ;  et  tout  cfîla  d'une  obscurité  parfaïU!. 

I    Vnir  Retiu  kisi..  XV.  333-348, 

2.  Kxtntt  des  Lr'gères  nolioiu  sur  Oa  ebcratfers  de  l'ardre  du  Saint-Esprit, 
ToL  S4  d«s  Papiers  de  âaiot-Sinion. 

X  Le»  si^atores  donnent  :  Br'toutat;  mil»  Saint-Simon  écrit  :  Bélhœttat, 
comme  VlUitniri'  dfs  grandi  offiriert,  (orne  IX,  |i.  240- 

4-  iklon  Amelol  dr  la  llousrwiyc,  qni  a  roosarré  un  arlicle  de  sm  Ât^moires 
ktiUH^pUM  [éd.  1737,  tninp  II,  p.  70-78)  A  H.  et  M-'  de  la  Vangujrtui,  k  «  pj^rr. 
•'appcloit  FromenUs  (sk)  cl  paMoit  pour  an  homme  de  néant  {en  note  :  Il  m'i 
Uè  dit  par  de»  pcrfwnncs  dignes  de  foi  que  le  p^re  da  comte  de  li  Viagoyoa 
amil  Hé  plus  dr  dix  un»  rJiinirgicn  servant  dans  la  nuiiiu>n  de  CondA).  ■  On 
tmaTe  àanf,  un  nu.  de  Clâirambdult,  n*  1245,  p.  3t>4d  et  3341,  de»  preuve»  de 
DobleM*  —  lrè«  «uApMites  —  que  ce  [>^rc  fit,  en  1C39,  |Kiiir  l'onlre  de  Saint- 
Mlebel.  Il  t'«ppet«U  André-Pizon  de  B^lnuUl  et  ivail  été  pt^e  dn  duc  de 
M— tpensier.  puU  écuyer  dn  prince  Je  Condé,  ROUTerncar  d'Amboise  et  de 
Déola,  aide  de  cniiip  des  marêcbaui  d«  famp  des  Annfet«  du  Kuî  en  1Q38.  ot 
Uoilciiaat  général  aux  Iles  d'Amérique  en  I6ôl.  Il  épousa,  le  ^G  février  16%, 
Xarie  imncao,  tille  d'un  ingénieur  de  l'artillerie.  Leur  til»  André  naquit  an 
mois  de  janvier  1630.  el  fut  baptisé  te  28  féTrier  suiranl,  i  l'éeli^e  Saint-Rorh 
de  Pari»-  Lm  continua teum  du  P.  Ani^ehne  ne  sont  \>H>i  remontée  plu^  haut  que 
k père, comme  ledit  Saitit-Simon, et.  quoiqu'il  existe  au  C^liinot  lics  Utroit, datis 
1«  doftûcr  BAtodlat,  de  nuiiibreux  Litres  relatifs  à  îles  ^enératiims  unléricures, 
la  IliaMon  jurait  trop  mal  prouvée  pour  qu'on  »itc  l'atlopter.  Quand  M.  de  la 
VtBfcnTon  fournit  ses  pre-uves  pour  l'nnlrc  du  Saint-Esprit,  en  I&H8,  au  mar- 
rpiifi  de  Beringlien  et  au  comte  de  Oamachett.  il  ne  remonta  pas  pins  ligQt 
que  vm  prre,  et  renvoya,  pour  les  degrés  antérieurs,  aux  prcnvcs  de  1(>39, 
qui,  bien  que  suspectes,  avaient  été  cooHrmées  et  appronrées  le  7  juillet  16GS, 
par  le  diM!  de  >oaitles  el  par  Colberl.  —  Somme  (ouïe,  les  Bctoulat  devaient 
detcendrc  d'un  notaire  d'I&soudun  qui  viviiit  au  xt*  ftiécle- 

S.  Le  Ûef  de  la  Grange-Promenteau  ou  Fourmenteau  était  en  Rerry,  dan^  la 
mcmTaflce  de  CIiMrauroux. 


404 


■ilUTfCES  ET  DociiiiE?rrs. 


Lo  frôro  aine,  qui  s'appoluil  la  PctiUcyôre',  et  qui  rcescmbluil  parlai- 
temeDt  à  un  pauvre  bonleux,  l'étoit  ea  efTet.  Il  avoit  ud  file  capitaine  de 
cavalerie,  qui  vi\oit  do  son  emploi,  et  qui  éloit  honnête  gar(;oo^. 

Notre  chevalier  de  l'Ordre  s'appeloit  Fonrmentrau.  C'etoil  un  grand 
homme  sec  et  fort  noir",  qu'on  prenoit.  pour  un  Espagnol,  avw,  Wau* 
coup  lie  phyi^ionomLfi  et  d'esprit  dans  les  yeux  qui  ne  trunipuient  puial, 
avec  beaucoup  de  courofje,  d'esprit  el  de  cceur  ;  Tort  bien  fait  en  sa  jeu- 
nesse ;  une  belle  voix  et  des  talents  pour  les  damps,  qui  le  tirent 
subsister,  et  qui,  par  enchaînement,  tirent  sa  fortune*.  La  vieille  Beau- 
vais*,  première  femme  de  chambre  favorite  et  confidente  de  la  Reine 
mère,  et  que,  pour  cela,  le  Hui  a  toujours  aimée  et  dielinguée,  elle  et 
les  siens,  ouït  parler  de  ce  Fourmenieau  :  elle  en  fut  curieuse.  Il  s'y  Ql 


1.  Sic,  par  suite  d'uao  mauTaiM  leclure.  —  Ctiarlos  do  B^tonlat.  seigai-ar  de 
la  GninKe-retiti(>rc,  servit  A  l'ctranf^er.  Il  derînt  eurtnleadant  général  de  l'ar- 
Ullcrie  vrniticanc  en  IGlti,  vuinimaiula  enMiite,  de  I6Ô0  ii  1657.  le»  cuirassiers 
du  roi  de  Portugal,  fit  les  fooclion»  de  marcchal  de&  logis  géufiral  â«  l'année 
vëniticmic  de  Candie  m  tCtiO,  ot  celles  de  gouverneur  de  diverses  place»  de 
TranslIvutUL'  pour  l'Empereur.  Il  se  lairU  à  Venise  et  eut  :  I*  Charles  de  Dé- 
loulal  de  la  Pelitière,  m»  fui  r-apititine  <-iii  régiment  de  Vivarais  et  p«>)ifiéda  U 
coiniuaniii'rii:  de  Biirani^iiiA  de  lordire  de  Saint-Lazare-,  2'  Louis  de  la  PcUliire, 
abbé  de  FranqncTftull,  qui  mourut  A  Vkrit,  le  'il  m^irs  1725,  âgé  de  soixaote- 
qutozo  anà.  i'  le  chevalier  de  Fitiineiitcau,  capitalae  au  régiment  Royal-Vais- 
seaux ;  \*  René,  choralier  de  la  PeltUère,  qui  fui  reçu  page  du  Roi  en  lOM,  pnla 
jiaâu  mousquetaire  et  Lieuleiiaiit  dans  le  régiment  de  Crui(»ol.  Le  \tin  ot  la 
tnèrc  Tivaienl  encore  A  Psii»^,  en  1090,  et  habitaient  tnodostemenl  rueGuisarde. 

2.  Outre tf^qu/itrc  lil& nommés ri-di^si^iis,  il  yavail  une  sœurqui, selon leagéiiéu- 
logies,  ^ptiitfia  Gabriel  Imbert,  neigneur  de  Pr!tilTat.  capitaine  de eaTalcrie.  Amelol 
de  la  llou&saye  prétend  quec'était  un  maître  maçon.  De  cette  alliance  naquit  un  Ois. 
n  Coiiiiriie  il  iiageuit  sous  le  vent  de  âoo  oncle,  dit  Anielot.  il  ne  laineoil  j>aâ  de  faire 
riiimune  i\f.  {[ualîté,  et  de  g'ea  donrifr  liiun  le^i  sùn  dans  l'ei^pÀram-i!  (|u'il  avait 
de  ponvoir  p|>r)U!wr  M"' du  Broulav  ;  à  quoi  la  m^re  roiisentoil,  pour  dr^bomt- 
rcr  sa  lilli-,  par  mur  Idcbelt^  par«ille  A  celle  qu'elle  avoit  faite  elle-mV>iDe  en  ne 
remariant  uvfr  Itt^loidut.  Mam  elle  eut  bifau  faire,  et  le  beau-pere  auati  :  la 
ilniHiinidlu  refusa  Petit- Val  a\ci:  tout  li:  iiii^jiris  ijucr  mèriloit  an  basse  Dala- 
aancf.  De  dèsi^poir,  il  s'en  alla  au  {.erant,  et  «c  (il  ensuite  cordclierau  Saial- 
Sépulcro.  u  Cette  demoiselle  de  Bnint-Miiigrin  mourut  le  fi  aoiït  1686,  uns 
avoir  été  mariée,  c  illustre  par  sa  haute  vertu  l'L  *a  grande  piété.  »  {itoréri.) 
Quant  au  cordelier,  I)  upostunda  pluK  tard  et  fut  enlermé  à  Saiat-Lazare  le 
Î5  marh  1698.  (Arr,h.  iialioimles  0<  42,  fol.  C2.) 

3.  Non»  arons  fait  reproduire  pour  IV-dition  in-ipiarto  des  Mémoires  rou 
portrait  lavé  d'apK'i  une  Loile  de  U  coUcclion  du  SaÎQl-£sprit^  qui  se  IrouTC 
danit  le  ra>>.  Clalrainbaull  I  \tïJ,  fol.  219. 

4.  Lpm  Mémoirts  dirent  :  «  Il  avoit  de  la  grâce,  une  voix  channante,  qu'il 
Citait  Ivi^  UivQ  a<-compagner  du  liilh  et  du  la  guilare  ;  avec  cola,  le  langage 
lies  ri-Mime»,  tU-  l'e^pril,  et  inKinuanl.  >  —  Froinenteau  eut  ua  rAle  dans  l'/ni' 
promptH  de  YtHers-Votlerelt  que  M.  Edouard  de  BartJièlcmy  a  reproduit  en 
partie  à  la  suite  de  sa  notice  Rur  Dangeau. 

5.  J'ai  publié  en  1878  uni-  notice  sur  Madame  tU  Beanvais  et  ta  famiUe. 


I 
I 


nAGiie?iTs  iniibiTS  iti:  ftAi?ir-âiHo.i. 


4  OS 


pritAOter;  U  lai  plut,  el,  on  fort  pou  de  lemps,  viol  k  conclusion,  el 
l'eulrecint  tout  li>  reste  de  sa  vin  *.  Voilà  Fourmenleau  hors  de  misère^ 
et  mes  sage  pour  ue  s'y  pas  replonger  par  intidrtité  à  sa  vieille  ;  mais 
Q  pensa,  plus  haut  et  songra  à  cheminer.  11  servit  auiaut  que  les 
«bwDces  qu'on  lui  permettoit  lui  en  douooienl  le  temps.  Par  cette 
vieille,  que  toute  ta  cour  mênageoil,  et  grauds,  et  miniistros^  cl  priuces 
dn  sao^  même,  il  s'y  fit  conuoitre.  Il  étoit  doux,  insinuant,  amusant; 
il  fat  d'abord  souffert  pour  sa  protectrice,  enûn  pour  lui-même.  Le  Koi 
Toalut  bien  qu'il  eu^entàl  la  foule  du  courtisan  ;  il  lui  en  revint  beau< 
coup  de  bien  par  les  dames,  et  M"*  de  BeauN-aîtt  peu  à  peu  le  disposoit 
à  faire  quelque  chose  pour  lui.  Tantùt^  un  mol  dn  Roi  le  fal»oit 
rPguUer  aprèf  une  petite  pension  pour  lui  donner  quelque  pain  ai^uré. 
liO  baron  de  Itcauvais^,  lils  de  cuito  vieille,  étoit  ïtubalterncment  de 
lOQS  les  plaisirs  du  Roi,  parfaitement  bien  el  en  grande  familiarité  avec 
loi,  audacieux  pour  hasarder,  mais  connoissant  bien  et  son  maître  ei  la 
coar  pour  se  risquer  ;  avoit  pris  Fuurmenteau  en  amitié  et  le  porloil 


t  On  tmuTo  df  piquants  dol&ils  Mir  les  origines  de  cette  liaisoD  dai»  le 
jBumat  d  un  voyage  ù  Paria  (de  deux  jeuoes  Iloltandais).  publié  par  TA.  Fau- 
{skn,  p.  389  :  •  Le  2*2  (janvier  165KJ,  le  sieur  de  l>iiiK<!liain|M,  «ruyer  de  H.  le 
duc  d'Aojou,  nous  raroata  de  quelle  fat^on  Fromeatran  s'e^t  bien  mi»  auprtr« 
de  M"  de  Beaarais,  a  aafjiè.  ses  bonnes  ftr^ces  el  est  derenu  son  galant. 
Comme  il  ne  uvoit  nù  donner  de  (a  t^te,  it  fil  coonoissanrc  avec  un  abbé  qui 
yourerooit  cette  dame  :  il  A'alUrha  à  lai,  cl  fil  si  bien  que,  par  son  moyen 
Biénie,  il  fatrcprit  sur  sa  o^mqui^te;  car,  âpre»  qu  il  l'eut  produit  el  qu'il  lui 
«Bt  dooné  9€Cèê  auprès  de  Hargol  (c'est  aîtiBi  qu'on  nomme  erttfî  femme  de 
cbanbre  de  U  Heine),  il  travailla  si  bcareusement  à  s'en  faire  aimer,  qu'il  y 
rtesaii,  el  l'a  enfin  #m))nrlê  par-dessas  le  pauvre  abbé,  qnj,  nnc  autre  fois,  sera 
pCttft  avise  que  de  «e  &it  à  aucun  ami  en  fait  d'amour  et  de  (;alaaterie  d'inté- 
rêt. Depuis  «Itirs  un  ^oit  Frumentuu  chez  \c  Riii,  chei  la  Rvinc,  et  cbcz  U.  le 
Cardinal,  aussi  avanl  el  aussi  bien  tu  que  la  pluparl  de  t^eui  qui  y  sont  des 
premiers  et  de  la  plus  secrète  intrigue.  Même  il  est  en  espéninrc  d'avoir  an 
rcgiineiil  de  cavalerie  la  caiu|»aiuie  prochaine;  el  afin  qu'il  y  poisse  mieux 
parveair  et  qu'oa  ne  dise  pas  faaulemenl  que  c'eitt  In  seule  Beauvais  qui  l'y  a 
porté  el  qui  le  lui  a  fait  donner,  il  «si  allé  se  jeter  dans  Uardyck  arec  tous 
les  ToloQtairea  el  tous  les  braves  de  la  cour.  Il  est  vrai  qu  il  en  piful  Hw-  de 
reloar,  puisqu'on  auare  qu'eolrc  Calais  et  iri  l'on  a  trouvé  des  relais  pour 
lui,  que  ri.Ttle  bottDe  dame  y  a  envoyés.  Elle  lui  entretient  un  carrosse  i.  quatre 
riieraiit  el  ln>is  laquais.  »  —  L'année  prérédeole,  les  deux  voyai.;ears  avaient 
vu  Fromenteau  en  compa^^nie  de  M.  de  BrediTode.  leur  rompalriolc,  qu'il  avait 
connu  jadis  lorsi|u'il  servait  en  Hollande,  et  aui|uel  il  s'était  alLicbé  h  Paris, 
■  ne  le  quitlani  pas  d'un  )ias,  se  serrant  de  la  commodité  de  son  carrosse  el 
4e  n  bourse.  »  «  c'est,  écrivaient-ils  alors,  nn  compaKnoo  fort  nécessiteux  el 
indigeiitT  et  qui  ne  fait  pas  tant  ici  l'homme  d'iinptirtance  qu'il  le  faiMÔi  ejt 
aotre  pays.  >  {Journal,  p.  1G!>J  II  résulte  des  couplets  et  épigraramea  conserves 
dmos  le  Chansonnier  que  sa  liaison  avec  M"*  de  Bcauvois  reraoutail  tout  au 
moins  a  I&i5. 

î.  Slot  douteux  et  phrase  singulière. 

i.  Voyez  le  torac  I"  de  I  editinn  nouvelle  des  iVe'moirex,  187U,  p.  291* 


406 


H^AIGBS    RT    DOCUMBITS. 


auprès  des  courtisans  et  des  ministres,  dont  il  ètoii  lui-même  méimpt^. 

Tant  fut  procé(li>  <^nfin  quR.  la  vieille  n'en  faisant  plu«  ou  presquR  plu» 
d'usagp,  mais  l'aimant  toujnvirsasara  pour  continuer  à  payer,  etcapabla 
d'ontnndre  à  sa  fortune  aux  dopons  du  plaisir  dn  le  voir,  tant  fut  pro- 
cédé (|ue  Fourmenleau  fut  ouiployê  auprès  de  plusieurs  pricct^s  d'AUn- 
magne,  et  qu'il  y  réussit  fort  bien  '.  U  éluit  instruit,  el  s'appliquuii  fort 
h  Tétre,  et  savoil  très  bien  fairp  sa  cour  suivant  s^s  vuosetses  besoins. 
Recrêpi  de  la  sorte,  et  dans  le  mondn  à  peu  près  sur  !e  pied  de  tout  le 
monde,  par  sa  dépense»  ses  entrées  chez  le»  seigneurs  et  les  ministres,  I 
SOS  ncgociatious,  et  bien  vu  du  Hoi,  il  trouva  une  fortune  et  ne  la  man- 
qua pas.  Ce  tut  Is  plus  laide  créature  qu'[on]  eût  su  voir,  lillKdeM.  de 
Saint-Maigrin,  qu'fon]  a  vu  (p.  132)  chevalier  de  l'Ordre  en  1661,  et  aoû 
hêriiière  par  la  mort  de  ^n  fr^r^  unique  tue  à  la  porte  de  la  plus  haute 
fortune,  au  combat  du  faubourg  Saint- Antoine,  Pans  enfants,  el  enterré 
à  Saint-Uenie,  veuve  de  Barthélémy  Quélon,  comte  du  Broutay,  et 
grand-mère  du  comte  de  la  Vauguyon  d'aujourd'hui,  gendre  du  duc  de 
Btîthune^.  Fourmenteau  l'épousa  eu  janvier  1666';  el  le  voilà  (>ou9  le 
nom  de  comte  de  la  Vauguyon,  qu'il  prit  en  se  mariant,  jouissant  de 
luus  les  revenus  de  sa  femmf*,  une  e8|>ècd  de  petit  seigneur  ^.  Avec  les 


1.  Selon  ks  liftes  qui  se  Irouvenl  dans  Icms.  ClmrainbaultDf^,  il  fut  d'abord 
enTOfé  en  Dramlcbaurfi.  au  mois  île  juin  l(>72,  puis  en  navifrrR,  au  mois  de 
juin  1679,  À  Cotoiîit«  el  A  Trêves  An  mois  de  septembre  IGSO.  Nommé  ambas- 
sailfur  en  Esihiruc  au  mois  d'août  1081.  il  rtl  son  ralrèe  A  Madrid  le  M  février 
I0*(2,  l'I  eut  son  oingé  Ip  6  nuTBinlire  1683,  après  la  déclaration  de  Riifirrr.  En 
août  1085,  il  alla  A  ta  mur  d<^  Vienne  romnie  envoyé  eilrnordinaire,  ni  il  en  re- 
vint nu  mois  iln  dt^rembre  IGR7.  Sa  r.»rrcfip<>nilanre  i^ndant  rfi>  divrrw-s  ain«i 
bas-Mdc5  Cftt  rotij^crrée  au  DépiM  dcR  aflalres  étrangères,  et  M.  Mi(;net  va  aciti 
des  frai^inoQla  de  l'année  I<jT2  dans  le  tome  IV  des  N^gockations  reialivesài 
tuci-'esxivn  d'Eijmgne.  p.  80  cl  t^ulv.  Jamais  U.  de  la  Vauguyun  ne  fui  eavoyè' 
K\\  nanernark.  rumme  le  iLiaent  le»  Mvmoires  (tome  I*',  p.  292);  ce  fut  au  con* 
traire,  d'aprii»  la  Gazette  d'Amslerdamf  le  désespoir  de  navoir  pas  eu  celle 
ambassade,  en  IG92,  i\c.  préfércnrc  k  Ilonropau!:,  qui  le  poussa  au  suicide. 

2.  Le  comte  de  la  Vaujinyon,  qui  fui  créé  duc  par  Louis  XV  en  I7.i8,  épousa 
M'"  de  Bélbunc-CharoRt  le  \  mars  1734. 

3   M"  do  AévifïniV  érrlt  À  sa  lîlle.  le  t9  JnIHet  tB7)  .-  t  La  Vaogoyon,  ipriCj 
deux  ans  de  mariage  avec  Fromenteau,  t'a  euliti  dt^larè,  et  elle  est  logée  cba 
lui.  C'esl  un  bon  parti  qne  l'romienteau  !  »  lUm  le  contrat  de  mariage  (15  jon-  ' 
vier  15lt8^,  qui  fui  pni<li>il  ponr  les  preiu'en  dr*  l'Ordre,  il  hi>  qualifiait  :  s  André 
de  TîV'IouIst  dt!  la  Petilit>n%  chevalier,  «einnsur  de  From<'tilp.aii,  premier  gaa-j 
tilboiiiitie  du   M^r  le  ituc  d'Orléans,  frj're  unii|UR  du  Rcii.  >  Kpri^i  le  luariagefi 
il   prit   les  (itreit  de  :  n  haut  et  puissant  scJuni-ur  M"  André  de  Héloulal  de 
Caussade,  chi-Talier,  comte  de  la  VaURuyon,  marquis  de  Saint-Maigrin,  baron 
de  Timniîins,  Villon  el  GratfliKrp,  eeiRiieur  de  l'oiimu'iiluaii  el  autres  lieux.  » 

4.  Kncore  une  at!ii«ion  au  mot  de  U  Rniyi>re.  —  T.'articW  Stokb  fourni  au 
Dictionnaire  de  Moréri  par  le  duc  de  la  Van|;uy«n  m'exprime  ainsi  sur  ce 
loarlugc  :  n  Marie  do  Stuer,  élaol  veuve  ia  romle  du  Broutay,  se  maria  secré- 
ICDoent,  Agée  de  cinqnaatc-cînq  ans,  à  André  de  Uélboulat  (fie),  seigneur  de  Fro- 


rtiGMETTS  IX^DITS   DE  SAI.IT-SIMOX. 


107 


leeès  que  lui  avoieat  dûQDés  tes  aU'oireB  qu'il  avutt  maniées^  U  accuu- 
tuma  le  Roi  et  les  ministres  à  lui,  cl  nnfîn  U  eut  l'amliassade  d'Rs* 
pagne  '.  On  y  fat  content  de  lui',  et,  peu  après  Ron  retour,  il  obtint  une 
de*  crois  places  de  conseiller  d'Ëtal  d'épée,  et  exxûn  il  fut  chevaiier  de 
l'Oidre». 

meoleaa,  sitnple  ticntiltiomnie.  Le  comte  de  ta  Vaugayon,  son  p^re,  vivoit 
eocore.  U  coDçat  ua  si  vir  rhaicri"  de  celte  alliance  inégale.  (|u'it  ea  mourut 
Irte  peu  de  tempt  après;  mais  il  drsb^rita  m  fillr.  et  institua  pourimn  lirriltfr 
BBirfrwl  )e  Jmine  marqnti  du  Broutay,  Mal  fiU  dn  m  fill«  unique  rt  de  Bar* 
Ihélcoi;  Jt<  Quclea,  eoralc  du  Broulay,  A  U  charge,  pour  lui  et  m  pustéritë. 
de  porter  miu  nom  et  sea  Ari»i^  ronjolntement  avec  W.»  ucnoes  et  de  prendre 
i*  titre  d«  comte  de  U  Vau^yon.  Cepenilant  la  ronites^e  du  Broulay,  dès 
ifo'i^e  eut  apprit^  la  mort  de  sou  père,  se  mil  co  possession  de  loois  In  biens 
de  cette  apulenlr  tiucre<.<tton,  fil  prendre  au  sieur  ile  Prnmenleau  le  nom  de  la 
Vauf^uyou,  nous  lequel  t-Mf  Iv  jumsia  aui  dignités  de  fbevaller  du  Saint-Ks|iril, 
de  euasciller  d'état  d'épée  et  d'ambasMdeor  eo  E^pa^ne.  Le  sieur  de  Frumvn- 
leau  o'a  point  eu  d'eofa(it<i  <le  Marie  de  Sluer,  et  a  liai  iragiiiueiopul  sa  rie  A 
Paiit  eo  16!)3.  ■  J'ai  dit,  dans  nés  unies  du  tome  I"*  de  la  nouvelle  édlllon, 
p.  203,  re  qoVtaient  res  Stuer  de  Bretagne  (Saint-Simon  écrit  A  lorl  :  Estkueri) 
et  leur  prélenlioo  an  nom  de  Staarl.  H.  A.  de  ta  Borderie  a  publié  récemment, 
dans  b  Corr«»poiidoHC«  drs  Bénfttictins  frrefoiu,  p.  33i\.  uoo  lettre  du  niar- 
qoîs  de  Carrad"  a  dom  Maur  Audien,  de  1690.  où  il  est  dit  que,  |»our  aToir 
commaoicatioo  du  portrait  du  père  «le  M"*  de  la  Vaugoyon,  on  devait  bien 
avoir  soin  de  ne  rapi)elf>T  que  Jacques  stuart.  La  vérité  sur  l'onginc  de  celte 
famille  fut  èlablie  des  1693.  donâ  le  Mercuie  galant. 

t.  «  En  Espaïqie,  dil  Ametol  de  la  Uoussaye,  il  lit  plusieurs  tours  de  cbe* 
vafier  de  riodustrie,  et  en  sortit  sans  payer  ses  délies.  Il  doana  au  courrier 
qal  tni  apporta  la  nouvelle  de  la  naissance  de  M|;r  le  duc  de  Bourgogne  une 
lettre  de  cfaaoge  de  reut  louis  d  or  è  n*coroir  de  son  banquier  de  Parin,  Quol- 
qiM*  jour*  aprts,  a>aul  su  que  M.  d'Oppède,  alors  ainbassadeur  eu  Purtu^, 
a'atoil  donné  que  dit  louis  A  re  courrier,  il  se  repentit  de  sa  libéralité,  et 
r^oqua  l'ordre  de  payer  les  cent  louis;  mais,  le  banquier  le»  ayant  déjA  payé» 
lorsqu'il  reçut  oe  secoud  ordre,  la  Vauguyon  eut  le  créve-cu>ur  de  ne  recueillir 
de  soa  doa  que  la  bonté  d'avoir  uiuntré  aa  vanité  et  «a  mauvaise  fui.  Ce  fait 
M'a  été  conté  par  son  secrétaire,  nommé  Dury.  u  —  Selon  M**  de  Colîgny 
(CorrapoNdance  de  Bttug,  éd.  Lalanne,  torne  V,  p.  418).  la  reine  d'Espai$ne 
demanda,  aprèii  la  trêve  de  Batisbonne,  qu'on  lui  envoyAt  un  ambassadeur  de 
■•illcore  maison  que  Frouienleau. 

2.  Kn  HTTi,  Bussy  écrivait  (Correa/jortdaaee,  tome  II,  p.  \h^)  :  ■  Je  mVlonne 
<iae  M.  de  la  Vauguyon,  jadis  Fromeulcau,  soit  devenu  on  grand  négociateur; 
j«  savais  bien  qu  il  l'étoil  sur  uu  autre  chapitre,  qui  o'a  pas,  je  crois,  nui  à  sa 
fre&ière  lurtuoe.  ■  ■ 

S.  Voir  «  que  Bassy  peuàa  de  cette  Domination,  dans  sa  lettre  du  IH  de- 
acnkn  1688.  A  M**  de  Sévigné.  Il  fallall  faire  les  preuves  de  noblesse  régle- 
■MBlaires  ;  mais  j'ai  déjà  dit  que  la  Vauguyon  te  bonu  A  remonter  jus(|u'A  son 
ptR,  en  reovoyanl,  pour  les  Kênéralions  précadeatea,  A  ta  production  (oumio 
dnqiBiale ans  plus  lôl  pour  Inrdre  de  !Uint-Ulchel  ri  reviséu  en  iriGâ  pur  les 
<a— lisaiires  royaux,  qui  l'avaient  Irouvée  fort  c  douteuse.  »  Toutes  ces  preuves 
««al  oanservées  au  Cabinet  des  titres  cl  dans  U  série  dite  des  Pièces  origiaalea. 


408 


MEUTfCES  ET    DOCOMKTTS. 


Parti  d'où  il  éluit  el  arrivé  où  il  se  trouvoit,  il  n'y  avoit  personne  qui 
n'admiiûl  sa  rorluno;  mai?  lui  en  étoit  d'autant  moins  conwnu,  qu'il 
seotoit  biou  qu'il  n'étoil  pas  en  droit  de  m  plaïndrR.  Le  fils  du  premior 
lit  do  sa  fnmmc  avoit  demandé  son  bien  et  ses  droits  sur  celui  de  sa 
mèra  :  La  Vauguyon,  mis  par  là  à  Tctroil  Pi  cndetlû  de  ses  voyages  aa 
dehors,  mouruil  de  faim.  Il  eu  parla  aux  ministres  plus  d'tme  foie,  et 
au  ru>i  enfin,  ^ui,  de  foie  à  autre,  lui  TaÎKiit  donner  quelque  lé^^re  gra- 
liGcalion.  Cela  bouchait  quelque  trou,  mais  en  laissnît  tùen  de  vides. 
  la  fin,  la  têtn  lui  en  tourna.  Il  avnit  eu  de  petits  acc^^  à  Paris,  qui 
étoicnt  demeuré»  ensevelis  parmi  un  petit  nombre  d'amis;  mais  il  en 
eut  ua  à  Foulaiiiebleau  qui  érlala,  et  qui  fut  d'aulanl  plus  dangereux 
qu'il  s'y  conduisit  ap^^4^,  et  tout  de  suite,  en  homme  sa^çe'.  llsortuitdc 
chea  Monsieur  le  Grand  et  passoit  sur  une  petite  terrasse  qui,  par  un  petit 
palier  ubacur,  aboutit  de  plein  pied  au  salon  devant  le  Fer-à-chevaJ  et 
la  Tribune*.  Dans  cette  obscurité,  il  avise  M.  de  Gourtenay',  avec  qui 
jamais  il  n'avoit  eu  aucune  paroie  ni  le*  moindre  orabre  de  démêlé,  et 
qui  s'en  alloii  chez  le  cardinal  de  Coislin,  qui,  en  absence  du  grand 
aumônier,  avuit  son  logement  joignant  et  par-delà  celui  de  Monsieur  le 
Gnind.  Aussitôt  flambergc  au  veut,  et  à  attaquer  M.  de  Courtenay; 
celui-ci  à  mettre  la  maiu  à  l'épée,  à  parer,  à  se  nommer,  à  demander  à 
qui  il  en  a,  à  lui  dire  qu'il  est  dans  la  maison  du  Roi,  et  tout  cependant 
à  ferrailler,  pour  n'fMre  pas  battu  ni  percé.  A  ce  bruit,  des  Suisses 
accourent,  les  séparent.  M.  de  Courtenay  leur  raconte  comment  il  a  été 
attaqué  et  sa  surprise,  et  continue  son  chemin  uù  il  alloil.  Pendant  ce 
temps-là,  La  Vanguyon,  revenu  à  soi,  enfile  la  galerie  des  Réformea  et 
s'en  va  chez  le  Hoi,  qui,  au  sortir  de  dîner,  êtoit  dans  son  cabinet,  dit 


t.  Les  plÊces  reUlives  A  celtt;  aventure  et  à  «es  sait»  ont  été  publiées  par 
U.  Fr.  RavaiasuA,  dan»  les  Archives  de  la  BostiUe.  luiiie  IX,  p.  SS.'^-SST.  Oa 
trouve  (lnni>  le  ms.  Clairjitiibault  71!),  p.  \h\-\'i1,  cr  rn^iport  fait  Imuédiutc- 
ineot  après  là  qufrelltr,  pour  le  gccréUitrc  d'Ëtal  de:  la  niAison  du  Roi  : 

n  A  FontalnflhlMU;.  lo  11'  orlobre  (1691).  —  M.  ]«  prince  de  Courtenay  el  M.  de 
la  Vatiguyun  vicnaenl  de  tneltre  l'épcc  A  ta  nain  dans  le  pnlirr  qui  sépant  la 
tribune  de  la  ebapelle  d'arec  la  &alle  des  gardes  de  rapparlcmfDt  &v  b  Reiitr 
roére.  Un  rbcvaii-lèttcr  qui  y  est  nrmnni,  les  a  tièjuréft.  1^  prnmirr  est  bleue 
i  la  mail),  et  un  point  paru  dopiità  :  l'autre e-.st  l'-nii  M!  jetirr  aux  ptcd«  du  Bot, 
cl  lui  fl  avnu^"  qu'ayant  Inmvft  dans  le  petit  tit'ftré  M.  de  Courtetiay  teic 
pour  téCc,  il  en  avoit  été  tolteineat  {iressé  à  tviupa  de  |Kiing  el  de  cuude, 
que,  qaoîqu'il  cill  rerulé  aoLanl  [|u'jil  avitit  pu,  il  itVtoil  vu  cmitroiiit  de  mettre 
réi>éo  A  la  main  le  premier;  qu'il  n'avoit  jamais  eu  de  querelle  ni  de  démêlé 
HVei:  M.  de  Courtenay  ;  qu'il  avoit  scalemciil  observé  que,  de|iui&  huit  joors, 
Il  le  rherchûil  piirtoiil  pour  le  bruM^uer,  et  qu'avanl-bicr,  au  {«rtiquc,  il  le 
*inl  lircr  par  le  brad  pour  »o  mettre  devaiil  lui.  Le  Roi  a  ordonné  au  grand 
pr^'vàl  d'eu  infomier,  i-l  à  M.  ili!  la  VaufJiuytiri  île  s«  tenir  chez  lui  pour  attendre 
Bc»  ordres.  »  —  Cf.  la  Corrvsi>ondanct  de  Buisif,  totne  VI,  p.  508  et  537. 

2.  Voyez  la  note  4  de  la  p.  'J94.  tome  I,  de»  Mémoires. 

3.  Louis-Cbarles,  prince  de  Courtenay  (lfrlO-1723). 
\.  Sic. 


FMOMEl^TS  lîrfwre   DE  SAIST-SIMO.I. 


409 


À  l'huisûer  qu'il  faui  que  sur-le-champ  il  parle  au  Roi,  et,  sur  la  diffi- 
culté rpii  lai  en  eet  faite,  Uiurne  la  clef  et  entre.  A  Fontainebleau,  il 
n'y  a  qu'un  cabîueL,  ou  du  moins  alors,  qui  est  ovale  et  grand.  Le  Roi, 
voyant  entrer  ainsi  La  Vauguyon,  est  surpris,  et  pourtant  lui  demande 
avec  liODte  ce  qu'il  a  de  si  pressé.  Il  se  jett«  à  genoux  Pt  dît  qu'il  vient 
lui  apporter  sa  tële  pour  réparer  sou  manquement  de  rcsp(>ct,  qu'il  vient 
d'être  attaqué  par  M.  de  Courteuay;  et  le  reslo.  Le  Koi  le  fait  lever,  lui 
dit  qu'il  verra  ce  que  c'est  que  cela,  et  le  renvoie  ;  et  toujours  avec 
bouté.  Aussitôt  il  mande  le  grand  prévôt,  qui  s'en  va  trouver  M.  de 
Courtenay,  qui  lui  racoule  sa  surprise,  qu'il  a  été  attaque  saut:  cause  ni 
prétexte,  etc.;  point  de  témoins  que  ces  Suisse»  qui  les  trouvèrent  fer- 
raillants. Ce  qu'il  y  eut  de  triste  pour  un  bomme  sage  qui  n'avoît 
aucun  tort,  et  de  la  naissance  do  M.  de  Courtenay^  fut  d'être  traité 
cumnio  l'autre  en  égalité  parfaite*.  On  les  mil  chacun  dans  un  de  ces 
cwrosaes  du  Roi  sans  armes  qu'on  appeloit  de  Bontemps  ou  df  la 
Pvmpe.  parce  que  Bootemps,  comme  gouverneur  de  Versailles,  en  dis- 
pOBoil,  et  qu'ils  étoienl  tirés  par  des  attelages  de  la  Pompe  de  Ver- 
cailles  *  et  servoient  à  voiturer de  bas  domestiquas  du  Roi  distingués; 
un  exempt  du  grand  prévôt  avec  chacun,  quelques>une  de  ses  archers 
autour,  à  cheval;  et,  séparément  quoique  eu  même  temps,  mais  nuu  li 
rue,  ils  furent  conduits  à  Paris,  à  la  BnsLillr.  Ils  y  furput  tous  doux  sur 
le  même  pied,  et,  au  buut  d'un  mois,  ils  y  virent  leurs  amis.  U'édair- 
ctoaements^  nul  moyen  d'en  avoir  d'autres,  et,  au  bout  do  huit  mois, 
après  aroir  pris  les  mesurée  convenables  pour  que  tout  fût  fini  entr'eux, 
ils  eortireat  de  prison,  et,  quelques  mois  après,  eurent  permission 
de  revenir  à  la  cour'.  Le  pauvn>  M.  de  Courtenay  D'en  aurait  jamais 
été  plus  cru  que  l'autre,  si,  doux  ans  après,  il  n'étoit  arrivé  autre  aven- 
ture qui  mil  au  uet  la  folie  de  M.  de  la  Vauguyon  *. 

Il  s'en  alloit  à  VersaiUee,  et,  entre  8éve  et  Ch&ville,  rencontre  un 
palefrenier  des  livrées  de  Gondé,  qui  s*en  alloit  à  Paris  avec  deux  che- 
vaux de  main.  U  arrôte,  appelle  ce  palefrenier  et  apprend  que  ce  sont 
des  chevaux  de  Monsieur  le  Prince.  Il  met  pied  à  terre  et  prie  le  pale- 
frenier de  lui  en  laisser  monter  un.  Le  palefrenier  s'en  défend  ;  l'assuro* 
qu'il  est  seniteur  de  Monsieur  le  Prince  et  qu'il  le  trouvera  fort  bon, 
moQlre  md  cordon  bleu,  et,  moitié  figne  moitié  raisin,  ôte  le  caparaQon 
H  monte,  se  met  au  petit  galop,  et  le  palefrenier  après,  sa  voiture  et  ses 


1.  (Test  précisément  ce  que  dît  Uufisj  :  ■  Il  y  a  autant  de  dlslanfe  entre 
leur  Ciule  qu'eotr«  leur  naissance,  s 

?.  Des  6ctiric&  avaient  été  coa.^tniites,  en  IG72,  dans  la  me  de  la  Pompe,  sar 
l'einpta«emenl  d  un  pa^itkm  de  H'"  de  la  Valliere. 

3.  Arrêtés  le  l*:  <Krtubre  1691,  ils  furent  relâchés  le  3  février  1^2,  et  oe  re- 
parurent i  U  cour  que  te  17  juillet  suivant, 

4.  Cette  oouTetk  aventure  est  racontée  dans  In  gazett«  hollandaise  d'Ams- 
lerdam,  dans  le  Joumat  de  Daiigeau,  dons  le  Ctianswnnier  de  Gaigoière»,  etc. 
—  Cf.  les  Mémoirei,  tume  1  di-  IVilillun  d«  1871),  p.  297-298. 

â.  Li  VaBgilTOa  répond  en  l'assurant,  otf. 


uo 


ir<Li?(6£S  ET  DOCCHEMS. 


gens  demeuré»  Rur  le  pav6  et  Fort  étonnés,  bien  qifaccoutumèH  à  ces 
frasques.  Quand  il  est  au  bout  du  Goars  vers  Parts*,  il  gagne  ta  porto 
Saini-Honorc,  puis:  le  rempart,  et  arrive  enfin  à  la  Bastille,  met  pied  à 
terre^  donne  une  pJHtùle  ou  deux  au  palefrenier,  et  le  remercie.  De  là, 
va  cheK  le  gouverneur,  lui  dit  qu'il  OBl  le  plus  malheureux  des  bommei&, 
qu'il  a  iléplu  au  Hù),  et  iju'il  lui  demande  une  chambre  de  prisonnier. 
Besmaus  lui  faitdescomplimouts,  l'envisage,  le  trouve  égaré,  s'informe 
qui  l'a  amené,  puisqu'il  ne  paroit  personne,  et  eaRn  lui  demande  à  voir 
Vordre  du  Ruï.  La  Vauguyon  répond  qu'il  c'en  a  point,  mais  qu'il  en 
peut -bien  être  cru  sur  sa  parole,  insiste  et  sa  fâche.  Besmaus  le 
ravoîso^,  lui  fait  eulondre  qu'il  ne  peut  qu'obéir,  et  non  pas  mettre  per- 
soone eu  prisou.  non  plus  qu'en  liberté,  de  son  autorité  particulière; 
lui  propose  à  diner  et  de  demeurer  chez  lui  jusqu'au  retuur  d'un  cour- 
rier qu'il  va  envoyer  à  Versailles.  Faute  de  mieux,  il  fallut  bien  en 
passer  par  là.  Besmaus  ne  put  ni  le  consoler,  ni  apprendre  de  quoi  il 
9'agissoit,  ni  presque  le  faire  manger.  Il  se  douta  que  la  tôte  étoit  en 
désordre.  Sur  le  Boir,  le  courrier  rovint  avec  une  lettre  de  M.  dp  Poni- 
ciiartrain,  qui  mandoit  a  Besmaus  denvuyer  La  Vauguyon  chez  lui,  que 
le  Roi  ne  savoit  pas  ce  qu'il  vouloît  direetn'avoit  nul  mécontentement 
de  lui,  eucore  moins  pensé  à  l'envoyer  ii  la  Bastille,  et  qu'il  falloil  que 
ce  pauvre  homme  fût  devenu  fou.  Ce  dernier  article  ne  lui  fut  pas  dit  ; 
mais  ne.«îmau8  lui  fît  valoir  tous  les  autres,  et,  avec  cela,  vit  l'heure 
qu'il  passeroit  la  nuit  chez.  lui.  Enlin,  à  forcrt  de  l'amadouer,  il  le  ren- 
voya dans  son  carrosse  chez  lui,  au  faubourg  Saint-Germain*.  On  peut 
juger  du  bruil  que  Gt  cette  équipée.  Le  Hoi  laissa  tout  de  suite  revenir 
La  Vauguyon  à  la  cour,  et  lui  parla  avec  bonté,  et  tâ^ha  do  lui  remettre 
la  tétn.  Cela  lava  tout  à  fait  M.  de  Gourteuay*. 

M°":  de  la  Vauguyon,  cjui  muunjit  aua^I  de  faim  avec  lui,  ne  put 
supporter  davantage  les  eâca|;>ade8  domestiques,  ({ui  étolent  fortes  ei 
dcvenoient  fréquentes;  elle  s'en  alla  à  SainL-Maigrin".  Cette  absencfl 
afToiblit  encore  la  subsi-'^tance  de  La  Vauguyon  et  lui  altéra  de  plus  oji 
plus  la  tête.  Elle  y  mourut  à  plus  de  quatre-vingts  ans,  2^  octobre  1693<  : 


1.  A  U  |>nrlt<  lie  la  rniiTôrPiife,  dit  l«  l«xtff  di>8  Mémoires. 

2.  Havoiser  du  ravoyer,  reiiicttn^  en  bonne  voie,  Jans  le  bon  cheinia. 

3.  II  luibilait  la  rue  de  Grcncllc-Saint-Gcnnain. 

4.  Gaignièreft,  qui  cltt?  ces  deux  traits  de  fotlc  dans  le  commealaire  de  soa 
Chansonnier.  racoat«  aussi  qu'un  jour  La  Vauguyoa,  chez  M.  de  Croissy.  vou- 
lut battre  Langlée,  parce  que  celui-ri  •ac  parlait  pas  assez  raspectueusesneal  de 
Monsiiîur.  IM».  fr.  tï69l,  p.  179-181).) 

â.  En  Limousin. 

6.  L«  Vi,  ot  non  le  !29.  Saint-Simon  fait  confusion  de  quanUéme  avec  La  mort 
du  mari.  Voyfx  le  Mercvre  de  1(593,  octobre,  |».  233,  et  décembre,  p.  204-221, 
cl  celui  de  1694,  juillet,  p.  3i-i2.  On  Ironvft  dan*  le  lus.  fr.  6911,  fol.  17-20, 
des  lettres  du  tils  de  M*^*  de  la  Vauguyan  sur  la  mort  de  sa  mère  et  sur  la 
conduite  indigac  de  •  K.  de  Fromenteau.  d 


FEACVETTS   H^ftlTS   Uh  SAnT-SlHON. 


m 


olor?.  La  Vaagnyon,  saas  ressoarce,  tourna  catièrement,  et,  an  beat 
da  moi?,  qui  fnt  le  ^  novembre  de  la  mâmoaDDêe,  qu'il  choisit  exprès 
parer  qu'il  éloit  TAte  ou  dimanche  ',  il  envoya  tous  ses  gens  à  la  messe 
et  dit  qu'il  voutoit  df^meurer  seul  à  dormir.  Il  étoil  re^té  au  lit  et  avoit 
mis  prés  de  lui  deux  pistolets  bien  chajigés,  qu'il  se  tira  l'un  apr^ 
l'autre,  et  »'ea  cassa  ta  léte  >. 

U  avoit  Fait  d'autres  moindres  folies,  et  quelques-unes  plaisantes  par 
la  peur  qu'il  donna.  Une  des  premières'  fut  à  M™»  Pelloi,  veuve  tlu  pre- 
mier président  de  Rouen,  qui  avoit  une  jolie  maison  dans  le  faubourg 
Saint-Oennain,  où,  tous  Iw  soir«,  olledonnottâ  souper  à  quatre  ou  cinq 
personnes  dn  sp^  amis,  et  on  y  jouoit  à  l'ombre  nu  au  berlan,  unique- 
ment pour  s'amuser.  La  Vauguyon  y  alloit  presque  tou^  les  jours  et 
éloit  tout  À  fait  bien  avec  cotte  petite  société.  Un  soir  qu'au  brelan'  la 
boone  femmi?  Fellot  Ut  un  reuvi  à  La  Vauguyon,  qu'il  quitta  :  ■  J'en 
mis  bien  aise,  dit-ellOf  que  vous  «oyez  un  poltron  ;  qui  est-<:o  qui  Teât 
cm  ?»  Et  de  rire  et  s'amuser.  La  Vaugujron  ne  répondit  rien:  mais,  le 
jeu  fini,  il  laissa  sortir  la  compagnie,  et  puis  dit  au  domestique  qu'il 
Touloit  dire  un  mot  en  particulier  à  M"»**  Pellot.  Ils  sortirent;  et  lui 
ansrilftt  va  fermer  \e»  verrnux,  met  son  chapeau  jusque  sur  ses  yeux,  et 
Tient  k  M"*^  Pellot  en  furie.  Elle,  bien  étonnée,  lui  demande  à  t|ui  U  en 
a  :  «  Comment  !  eu  jurant  de  toute  sa  force,  et  lu  recognanl  le  cul  à  sa 
chemins,  à  qui  j'en  ai  ?  M'appeler  un  poltron  !  v  Et.de  ses  deux  poinK-*' 
fermés  lui  avoisinant  le^s  oreilles  :  «  Je  mus  vous  écraser  la  tâte  et  vous 
4p{)feadre  à  parler.  »  La  pauvre  femme,  transie,  faisoit  des  révérences 
peqtendiculaires  entre  ses  deux  poings,  et  s'oxcusoit  tant  qu'elle  pou- 
Toii  sur  sa  réputation  ;  enfin,  après  e'ôlre  exhalé  un  quart  d'heure  en 
menaces,  il  la  laissa  demi-morte  de  frayeur.  Sps  gens,  rentrés,  eurent 
bien  de  la  peine  à  la  remettre,  et  encore  plus  à  savoir  ce  qui  lui  étoit 
UTÎTé.  Elle  cul  ta  bonté,  assurément  bien  estimable,  de  s'assurer  de 
leur  secret,  parce  qu'elle  voulut  se  mettre  à  l'abri  d'un  autre  télo-à-téte. 
Elle  le  reçut  ù  l'unlinaire,  et  un  ne  t'a  su  qu'après  sa  mort.  —  Mais  eu 
ToUà  trop  sur  ce  pauvre  La  Vauguyon,  qui  n'eut  jamais  d'enfanisf 


t.  C'était  un  dlmaoche.  "Voyez  nn  rapport  du  temps  que  J'ai  donné  daaa  jtrs 
aat«s  dn  lom«  1  des  Mémoires,  p.  9d8-?99. 

2.  t'u  des  cormpoiidiiits  de  la  inanjube  d'iluxelies  lui  écrivait  au  »ujet  de 
et  aidcMe  :  ■  L«  mort  <it^  M.  de  U  VAii^iuvon  me  f^it  horreur.  Il  y  «  limgletnpfi 
ftte  fe  n'étois  aperçu  du  (léâordrt'^  et  de.  U  foiblfssc  de  M>n  rsprît;  mais. 
enBDie  il  ne  m  avoit  jamais  p<iru  propre  au  trafique,  je  no  ui'ima^inoiK  pas  qnn 
u  folie  dût  tourner  de  ce  èiMe-lÀ.  Je  pense  qu'il  ue  n'^t-t  jet^  d^ns  le  rôle  des 
désespérés  qae  pour  faire  honneur  au  cordon  bleu  et  A  U  place  tfu'it  avoit 
dam  le  Conseil.  •  {Archives  de  ta  BaHUle,  publiées  par  M.  Fr.  RaraiMoa^ 
(MDc  IX.  p.  337.} 

3.  Vo}C£  la  vertion  de»  M^moirtSj  dans  notre  tome  1",  p.  293>294. 

k.  Sic,  Undii  que.  deux  lignes  plus  haut,  Saint-Simon  a  t^erît  :  berïan. 
&.  Le  dossier  Bstouiat.  au  Cabinet  des  titres,  contient,  en  nanoscril  et  on 


112 


HéLAHUBS    ET    DOCOHKIfTS. 


imprimé,  plDsieun  oxetnplaires  d'une  Kfinéalogie  qui  paraft  ivoir  élè  prèpir/>e 
en  UiHO  par  H.  cln  U  Vaugu^ron  hii>ni^mo,  ri  imprimée  par  sea  &oin«  pour 
prenitre  ptare  lUnt^  un  suppléiuotit  ou  niif  rniidUioD  de  ViJisloire  du  Berrif  de 
la  Tluutxa.isière.  La  pngiitaLton  f>eule  manque  &  c«tle  pîj^^  tir  ilmx  pa^s  In- 
folio,  «iiii  dpvaJl  enlrer  au  fliapilr*  .XI  du  livre  XII;  nifanmoinK,  Iw  ilfox 
éditions  f]ui  pnrarcnL  ri>l1«  unnéc-là  m^^iae  ne  coaliennont  qu'ime  d^tni-p^K» 
(p.  t0i6)  du  fçénéalii^ie  des  Déttjulal  de  In  Perrière.  EvideiDincnt  M.  et  M—  tie. 
U  Vaugufon  ne  purent  faire  acceplor  la  ûliatinti  éUttitie  p«r  «ux,  ou  bit^n  la 
Thaumasftière  ao  refusa  à  l'in^i^rcr  pour  quelque  autre  motif.  Le  morcisiu  M 
lurmine  par  une  liio^raiibJt'  complète  du  mari,  qui  mérite  qu'on  la  mette  rn 
regard  d«  non  portrait.  «  André  d»  néloulai  de  Fromenteau  .  seigneur  de 
Grateloup,  haron  de  Tonoeins,  coRile  de  la  Vau^uyon,  marquis  de  Saint-Mat- 
Kfln,  naquit  an  mois  de  révrier  de  l'an  1030.  A  I  Age  de  Dis  ani«,  il  paf^sii  danft 
Ic8  ilcâ  de  l'Amérique  arec  tson  père,  à  qui  li>  Koi  aToït  dunné  le  gouTnrnemenl 
de  l'Ile  de  Snint-Chrislophc.  Apr*«  y  avoir  demeuré  quelque-^  année»,  il  revint 
ca  France,  et,  au  Rortir  de  l'acadêDaic,  il  romnicni;A  de  servir,  l'an  1&45,  au  siège 
de  DixiDudc,  étant  cadet  dans  le  régiment  des  gardes.  La  commÎMion  d'eii- 
se]);De  colonelle  du  régiment  des  garder  du  duc  de  Modène,  qn'il  ent  l'année 
Rolvante,  lohligea  de  se  rendre  en  ro**me  temps  au  %\è#e  de  Crémone,  dan»  le 
Milaooift.  Tonl  Jeune  qu'il  ébtit  altirji,  il  s'aequilla  si  Ivien  de  eel  emploi,  qne 
t'iin  le  jugea  capalile  de  commander  un  détacticmenl  que  l'mi  fil  pendant  ce 
Rlège  pour  fiicilUer  un  passage  H  la  cavalerie.  Il  fut  blessé  deux  foi*,  et  Ir» 
bleft«ure«i  dangereuses,  mais  honorables,  qu'il  reçut,  furent  auBsiliM  réc-oinpcn- 
sées  d'one  c<^Hnpagrile  dans  le  raCme  régiment,  où  il  n'y  avoit  encore  que  peti 
de  jours  que  l'on  lui  avnit  donné  une  enseigne.  Comme  »on  r^urage  le  portoll 
à  ree.hcrr.Jicr  la  gloire  dàn^  toutes  le»  occasions  où  il  croyait  qu'il  la  pouvoil 
acquérir,  di-s  qu'il  fut  retourné  en  France,  le  prince  de  Tarenle  le  (il  capitaine 
danft  son  régiment,  et  il  se  trouva  A  la  bataille  de  Rethcl.  qui  Tut  gagnée  l'in 
t6M).  Après  H'étrc  toujours  signalé  également  dans  tous  les  sièges  qui  se 
firent  en  Champagne  et  en  Flandres  pendant  cinq  ans,  it  alla  en  &uMe  l'an 
1656,  et  le  mi  Charlc»'GustaTe,  qui  considèroit  les  hommes  de  courago, 
lui  donna  une  rx^mmission  pour  faire  la  levée  d'un  ré;;iment  de  cavalerie 
■et  d'un  régiment  d  infanterie.  Dans  ro  Icmps-U,  il  cul  des  raisons  de  quitter 
le  service  de  ce  prince  et  de  revenir  en  France.  Il  n*y  fut  |tas  plus  tAt 
arrivé,  qn'il  viiulut  ^Ire  I  un  dihi  volontaires  qui  se  distinguèrent,  l'an  1657, 
ou  siige  de  Muntmcdy.  L'année  d'après,  Il  suivit  M.  de  Torenno  devant 
Dankerqne,  cl,  durant  le  siège  de  celte  place,  il  soutint  arec  tant  de 
vigueur  nn  K^geineiit  que  l'on  avilit  abandonné  A  rattai|ue  île  la  eiintrese^rpc, 
que  cette  action  fut  louée  liaulement  de  son  général,  et  qu'elle  lut  attira 
son  CHtimc.  Il  en  inérila  la  œntinuation  le  Jour  de  ta  bataille  de^  Onniis  ; 
il  prit  le  marqulii  de  KiriielKhtirg  A  la  télé  du  bataillon  qu'il  nmimandolL, 
et,  dans  toutes  les  or^uisions  mt  il  hasarda  généreusement  sa  vie  pendant  celle 
Jonrnéet  il  iit  voir  A  HM.  de  Cridagne  et  de  Créquy,  qu'il  n'abandonna  point, 
qu'il  avûit  la  coodtiilc  des  plu;ç  sages  capitaines  et  la  fermelé  des  plus  vail- 
lants soldats  de  l'armée.  La  conclusion  de  la  paix  et  du  mariage  du  Roi,  qui 
furent  le  fruit  de  la  victoire  (|ue  ses  Inuipes  venoieiit  de  retnporter  aux  Dune«r 
ayant,  l'an  16.^9,  rétabli  le  repos  de  l'Europe,  te  ciymte  de  la  Vauguyon,  qui 
éluil  connu  nUirs  sous  le  nom  de  Fromenteau,  acheta,  l'an  IGGO,  la  cliarge  de 
premier  cUanibcUun  de  Monsieur,  et. ce  prince  l'envoya  en  même  temps  A 
Londres,   faire  Ic^  premiers  compUmeuts  de  sa  part  à  la  prince&ae  d'Angle- 


raiCMEirre  ixédits  de  SAnfT-aiMON. 


443 


terre,  qa'il  époDU  le  d«niifr  rnm  Ar  l'an  16GI.  Larsqae  la  gnirre  eut  éU  dé- 
clarée cotre  l'Augleterre  el  U  Hollande,  I'ilii  1GG6,  le  coint«  de  lu  Vau^uyon, 
qui  en  aroil  (^teuu  la  permiii^ion  de  Monsieur.  »e  rendit  aussitiM  auprès  du 
dur  d'Vork.  monta  sur  son  vaisseau,  cl  inil  liflauntuji  df  [i*rl  Â  Iniile»  Ipb 
«rtionA  <|ui  se  pa^«èreul  entre  le*  deui  IlolU-s.  Il  n'«  iii«ii<|iié  df|«iii!4  celn 
asrtiae  dn  rrA  Klorteusis  campagnes  que  le  Rai  roiuineara  en  ir»G7,  et  il  fui 
bleu^  an  uège  de  I>oua]r.  L'on  U^i8,  Monsieur  le  choisit  [Kiur  <^lrtf  l'un  de  se« 
)  ûdes  de  camp.  Dan»  le  temp»  qae  toute  l'Enrope  se  IxuuTa  surprise  par  tant  do 
[  coaqttéCes  qu<<  le  Itoî  Tit  sur  le»  HollaDduift.  i'nu  1672.  Sa  liajUAl^,  qui  avuit 
I  jngiè  pax  tout  ce  qu'elle  avoit  tm  faire  au  eomte  de  la  Vauguyon,  qu'il  auroit 
■tant  d'habileté  lUns  les  Dégociation^  iiu'll  aroit  marqué  de  C4>ura^i'  k  la 
t  Coanr,  le  nomnoa  «on  «nToyé  eitnordinaire  aupr«>«  di>  l'êlerteur  de  Rrandc- 
bouric.  et  il  e\<>ctita  s\  bien  le»  rhnnes  dont  il  étoit  rharK^.  qu'il  fut  renvoyé  avec 
U  m<^ine  qualité,  l'année  suivante,  aupr^  du  iii^nic  prince.  A  »ou  retour  an - 
prta  du  ftoi.  qui  falsoit  lui-ro^c  le  sieite  de  Hatïfttricbt,  l'an  If)73,  il  alla  avec 
In  bravée  qui  attaquoient  la  cunlre5car{)o  et  la  demi-lune  de  cette  rille.  De  U, 
U  suivit  Uoofiietir  le  Prince  derant  Oudenarde:  cl,  durant  le  lîi^e  de  la  rillc 
de  lluy,  il  persuada  si  bien  le  gouverneur  dr  cette  place  du  danger  où  i)  ^ti>il 
d'^rr  forcé,  que  t<^  lenip<i  que  l'on  fi;.iKaa  par  ce  moyen  rendit,  t^n  1*^5,  In  prise 
de  UabouTT:  bien  plus  facile  qu'elle  n'aurait  éle.  parrr  que  le  prtnrje  d'Orange 
t'auroit  Mcoarue,  iti  le  gouT'*rni^ur  d'Huy  se  fùl  défendu  huit  jours  de  plus, 
cumine  il  se  pouvoiL.  A  la  pri-ie  de  la  ville  de  Coudé,  l'an  1676,  el  A  la  priM!  de 
[  CflOc  de  Valencienncs,  l'an  1G77.  il  ite  trouva  dans  tous  les  lieux  oii  les  jictions 
forent  les  pins  hardies,  et,  pendant  que  l'on  baltoit  la  citadelle  de  Comhray, 
qui  fat  assiégée  peu  de  jours  après  que  le  Roi  eut  soumis  Valcndeuneii,  il  alla, 
ave«  ftii  toIiHitaires,  attaquer  la  conlrescariw  I  épé*  à  ia  main  .  il  y  prit  un  ofll- 
cier  qui  l'avoil  blessi  d'un  oup  de  grenade  :  il  fit  abandonner  aux  sssié^ 
lool  le  chemin  rouvert,  el  il  soutint  le  feu  des  mousqufl-'i  et  dps  i;nmades  des 
SapagnoU  avec  tant  d'iolrépiditê,  que  le  Hoi,  qni  «voit  été  le  tétitnin  de  U  vi- 
gDnmue  attaque  de  ses  Ironies,  dont  il  eut  sept  ou  huit  cents  bomnieit  tué* 
oa  blante^  dit  qu'il  n'aroit  jamaU  yu  un  si  ^rand  feu,  ni  une  occasion  plun 
(kérîUense.  Enlin,  la  Kaliit faction  qu'eut  Sa  Majesté  de  la  première  uégocialion 
itue  le  comte  de.  U  Vau^ujon  avtùt  faite  A  Berlin  {hmit  wn  Krrvic^,  lui  ayant 
dooné  lien  de  croire  qu'il  ne  réut^siroil  paa  avec  un  mobidre  succès  dons  les 
antres  emploi»  qu'elle  voudroit  lui  confier,  elle  le  nomma,  l'an  ItiTO,  son  en- 
voyé extraordinaire  auprès  des  éleeleurs  de  Bavière,  de  Cologne  et  de  Trêves. 
]]  soutint  ensuite  pendant  IroiH  ans,  avec  beaucoup  de  dignité,  l'ambassade 
4*Bs|>agDe,  où  il  fut  envoyé  lan  1681.  11  remplit  de  mémo  la  fonction  d'envoyé 
atraordinaire  auprèa  de  l'Kmpereur,  l'an  1685;  et  la  justice  dn  Itoi  a  récom- 
pea»«  tant  de  services  par  la  charge  de  conseiller  d'Êlat  d'épée,  dont  elle  le 
paarvul  l'année  dernière,  et  («r  le  rao^  de  l'un  des  chevalirn  de  ses  ordres, 
dont  elle  vient  de  I  honorer  à  la  promotion  quelle  en  a  faite  le  !•■  de  janvier 
de  cette  année.  U  épousa,  le  13  de  janvier  do  l'an  IG6K,  Marie  d'Eslucr  de 
Canssade,  veuve  de  Barthélémy  de  Quélen,  comte  du  Broutay,  et  liJIe  héritière 
de  Jacques  d'Estuer  de  Caus^ade,  comte  de  la  Vau^tuyon  el  manguiii  de  Saint* 
Maigrin,  ca  pi  laine-lieutenant  des  chevau-lègers  dv  la  (partie  du  Ruî,  comman- 
drar  de  ses  ordres  et  grand  sénéchat  de  Guyenne,  et  de  Miiric  de  Roquelaurc; 
mais  il  tt'eo  a  point  eu  d'enfants.  —  Bktodlat  |)orte  pour  armes  :  de  sable  i 
un  chevron  d'argenl»  iccomiMigné  de  trois  chardons  d'or,  tiges  et  feuilles  de 
sinuple.  v 

RlV.    HiSTOB.    XVt.    i"   PARC.  8 


IM 


viUNCBS  BT  DOCOHBRTS. 


IV. 


Lf.   UARQiriS  ET  U   MAEQDISE  DE  GiVOTE*. 

M.  de  Cavoye,  dont  le  nom  est  Ogcr,  geniilhonini(ï  de  Périgord  fort 
simple*. 

Sa  m6rc'  étott  de  ces  femmes  de  beaucoup  d'esprit  et  d'intrigue  à 
qui  un  petit  cercle  obscur,  et  encore  moins  la  province,  [ne]  peut  suffire, 
et  dont  te  génie  perce  et  arrive  au  moine  à  ee  faire  connoîtro  et  à  nager 
dans  une  plus  vasle  étendue.  Elle  ss  8t  donc  connaître  k  la  cour  dans 
des  temps  où  les  troubles  de  la  régence  d'Anne  d'Autriche  la  rendoient 
accessible  à  toutes  sortes  de  personnes.  M^»*  de  Cavoye  ue  lui  fut  pas 
inutile  et  lui  pUit,  et  tout  cela  aida  à  la  mettre;  dans  le  grand  moude  et 
à  la  cour,  mui.s  dans  l'état  ou  les  femmes  do  sa  sorte  s'y  tcnoient  dans 
ces  temps-là,  co  qui  n'empéchoit  ni  leur  coosidéralioD  ni  leur  crédit. 


1.  Elirait  de  l'article  des  Grands  Maréchaux  des  loois  ds  la  uaibon  do 
Roi^  dans  le  mémoire  sur  les  Grandei  charges  de  la  couronne,  vol.  G8  de» 
Papiers  de  Saint-Simon.  Cf.  une  grandi»  Ailditlon  ou  Journal  de  Dançfau, 
t.  V,  p.  35&-^5«,  et  divers  paAi^ngeii  des  Métnoires^  t.  1,  p.  15tt-153,  399-301, 
etc. 

2.  Il  «îgnait  :  Looia  Doqer  de  Cavoye,  sans  apostrophe.  Ce  que  les  génèa- 
togicB  font  coanallre  de  ses  anc^ircs,  qui  étaient,  croyons-nous,  de  Picardie, 
et  non  de  Périgord,  n'offre  rien  de  saillant.  Le  père  du  niurqufs .  François 
Ok*)')  fteigneur  d«  Cavoye,  c  genlilhomme  d«  Picardie,  peu  arcnmmodé, 
mais  de  beau(-4]up  de  cœur,  h  c'e»t-à-dire ,  au  »ens  où  Talkinaut  des 
Ri*iaux  empli>i(>  ce  mot,  duelliste  rnoominé,  avait  ^té  d'aliord  attarh^  A 
U,  de  Montmorency;  le  cardinal  de  Ricticlicii  le  prit  pour  rapilainc  de  ses 
luau^uetaires  en  UiH,  et  il  mourut  en  1041.  de  blessures  reçues  devant 
■(.ipauiiie.  Il  avait  eu  au  mnin»  douze  emfiials.  Le  marquis  de  Cavoye,  dont 
parle  ici  Saint-Simon,  porta  d'nbord  le  litre  de  chevaMer.  Comme  il  atteignit 
Vigp  de  soiiHiitfHiuinze  anfi  en  84^pl4;mbro  1715,  il  devait  <tn;  ni^  en  sep- 
tembre 1G40 

3.  Uarie  de  Lort  de  Sérignan,  mariée  en  premières  noces  A  un  conseiller  au 
présidial  de  Nîmes,  p»l%  en  1020,  à  François  Oger,  seigneur  de  Ca»uye, 
et  morte  subitement  en  juiltet  I66â.  Elle  était,  depuis  1650,  dame  de  la 
inaiacin  d'Anne  d'Autriche.  Les  deux  époux  passaient  pour  avoir  autant 
d'esprit  l'un  que  l'autre;  mai»  M**  de  Cavoye  possédait  plu»  de  finesse  et 
d'entregent.  Voyez  s-oa  hist-irictte  dans  Taltemant  des  Réausc,  t.  V,  p.  175- 
180,  et  le»  fiti'moires  de  M.  d'Âriagnan,  I.  I,  p.  36  el  suit.  Tallcniant  dit,  en 
terminant  rhislorictlc,  que  M"'  de  Cavoye.  M"  Pilon  et  M"*  Cornuel  «  sont 
trois  origînauï.  »  M"*  de  Cflvoye  (i^urc  sous  le  nom  de  Cassiopr  dans  le 
Dictionnaire  des  l^réeifxnex. —  Sa  faniilh?  est  représentée  aujourd'hui  par  nn 
jeune  oflirier  d'infanterie,  M,  le  comte  de  Sérignan,  qal  vient  de  publier  pour 
la  Réunion  des  Ofiiciers  nue  élude  historique  de  grand  intérêt  snr  GuU' 
tourne  in,  tiathmtder  de  Holtande  et  roi  d'Angleterre. 


ni«GME?rTS  i:nDiTS  or.  Sii?(r-siMOX.  415 

CeU«-ci  fut  donc  sur  le  pied  â>D  avoir  avec  la  Reine  et  les  ministres, 
d'eairer  dans  beaucoup  d'intrigues  de  cour,  et  d'y  dtre  mêlée  avec  la 
meilleure  compagoie^  parmi  laquelle  elle  eut  beaucoup  d'amis  et  en  fil 
à  son  âls,  r|ii'clle  élcvoit  auprès  d'elle  el  qu'ollrt  faisnil  admettre^  pour 
l'amour  d'elle,  avec  leo  enfants  de  ses  amis.  C'est  [ce]  qui  lui  aplanit 
tout  à  la  cour  dès  fta  première  j^uDesse  et  le  fit  coanoitre  du  Hoi,  qui^ 
aimant  la  mère  à  cause  de  la  Reine  mère,  s'accoutuma  au  OU  et  lui 
témoigna  de  la  bonté  ^ 

GaToye  étoit  on  dos  hommes  de  France  le  mieux  fait,  de  la  meilleure 
mine,  qui  se  mettoit  le  mieux  >,  des  pluB  galants  et  des  plus  heureux 
en  ce  genre.  Cela  lui  aa]uit  Tapprubation  des  femmes  et  le  môla  en 
intrigues  de  ce  genre  avec  la  lleur  de  la  cour,  et  rapprocha  du  Roi 
da^TUitage,  qui,  en  ce  temps-là,  étoit  te  plus  bel  homme  et  le  mienx 
fait,  et  le  plus  galant  de  son  royaume,  et  qui  aimoil  et  s'amusoit  de 
tout  ce  qui  l'étoit.  (^voyr,  ainM  mis  k  la  mode,  sut  s'y  maintenir  par 
son  assiduité  et  par  l'estiuie.  Il  avoit  fort  peu  d'esprit,  mais  du  sens,  el 
ce  qu'il  avoit  d'esprit  s'ëtoit  tellement  façonné  au  grand  monde  el  aux 
manières  de  la  cour,  qu'il  en  paroissoit  bien  plus  qu'il  n'en  avoit  en 
efliet'.  D'ailleurs,  sûr,  discret,  Hdèlc,  lK>n  ami,  honorable  et  plein  d'hoD- 
neur'.  U  fît  très  bien  &  la  guerre,  qu'il  suivit  assez  peu,  el  eut  plu- 

t.  Le  Mor&t,  qui  a  consacré  on  grand  arlinle  à  Caroye,  dit  :  «  Il  cat  le 
boDb«ar  d>tre  élevé  aupré»  du  roi  Louis  XIV,  les  belles  qualité»  qui  brilloicnl 
en  lui  Miint  en;i;agé  ceut  qui  étoieni  chargés  de  l'édiicalinn  ili*  i-ir  prince  A 
adiD«ltre  le  jeune  d'Oser,  qui  n'avolt  encore  que  »vfl  ans,  pour  lui  tenir 
Gompaignie  :  ce  qui,  reiemptanl  des  tatiguei^  onlinaires  de  létude,  lut  en  lit 
recevoir  tout  le  fruit,  &on  goQt  a'ètant  formé  parfaitoineut  dans  une  cour  dont 
la  poUtesfvc?  est  connue  de  tout  le  monde,  i 

1.  Ce  premiormembre  de  phrase  se  retrouve  lextaeUement  dans  les  Jf<fnio<r8«; 
Tovex  le  t.  I  de  rédiUon  de  1673,  p.  30(). 

3.  ■  Sans  espril,  mais  arec  une  belle  ligure,  un  grand  usage  du  monde,  et 
tni«  à  la  eour  par  une  maîtresse  intrigante  de  mère...  •  (T.  H  de  1879,  p.  81- 
82.)  Selon  un  article  do  Mercure.  fétTlcr  1716,  p.  93,  que  j'aurai  encore  lieu 
4o  etier,  «  M.  de  Caroje  ti'a%<>it  Tait  aucuneH  éladeti,  mal»  il  avait  le  goût 
eieeneol,  en  cela  semblable  au  Roi  m»  maître,  et  il  a  toujours  ravoriiié  les 
gcn^  de  lettres.  M.  Itacine  lui  étoit  fort  attaché,  et  H.  l'abhé  Gcnc^tl  reconnoll 
qu'il  contribua  beaucoap  à  le  faire  connollre  à  la  cour,  u 

4.  •  M.  de  Caroye  ne  K'e»t  jamalu  servi  de  son  crédit  que  pour  faim  du 
M*fc  La  France  est  pleine  de  [>enk)nnt'»  A  i|ni  il  a  rendu  service.  Son  plus 
^and  plaUir  étoit  de  tirer  de  1  nbscuritê  le  mérite  inconnu,  et  11  n'a  jamais 
BULOqué  da  prendre  hautement  te  parti  de  l'innocent  n|iprimé  centre  les  puïs- 
Mnc<«  les  ptuB  rt-'doutabks  :  il  sufhsoit  d'être  mallieureni  pour  obtenir  »a 
recomniBodiitlon,  e(  ceux  qui  ne  pouvaient  trouver  d'aixt!»  jusqu'au  tréne  en 
Iroavuie-nl  sùreneut  un  par  lui.  Toute  la  cour,  ju(M|u'au  plus  bas  uflicier,  lui 
rend  ce  témoignage.  U.  de  Vaux^  é4:uyer  du  llui,  renruntranl  un  jour  M.  de 
Cavoye^  dit  à  des  personnes  A  qui  II  venoit  de  montrer  \e»  branles  de  Ver- 
sailles :  ■  Voici  ce  qa'il  y  a  de  plus  rare  i  U  cour  !  Regardez  un  homme  qui 
■  o  a  jamais  toenti.  el  qui  ne  s'esl  servi  de  son  crédit  que  pour  faire  plaisir 
fl  <  tout  le  monde.  ■  L'élo};e  élnil  d'.iQt.-inl  plus  smcére  que  M.  de  Cavoje  n'a 


u« 


véuNGSS  ET  UOCDKRHTS. 


steors  afTaircs  particaliâros,  moins  pour  lui  que  pour  ses  amis,  ce  qui 
arrivoit  souvpiit  en  ces  tomps-là,  dont  il  se  tira  si  bien  qu'il  en  fut 
appelé  le  brave  Cavoye,  et  que  ce  nom  lui  est  toujours  reste  depuis'. 
Tout  cela  le  mit  eu  train  ilt>  fortuiiet  que  sa  6gure  acheva  par  la  plus 
unique  de  toutes  les  aventures. 

Au  mariage  du  Roi,  en  16&i),  ou  uomraa  des  filles  d'Iiooneur  rie  la 
Reine;  madeiurnselle  de  Cut'tlojçou^'  eu  fut  une.  Son  père,  qui  mourut 
en  1683,  étoit  lieutenant  de  roi  en  Ilauie-Iiretagne  et  gouveraour  de 
Rennes.  I!  y  avoit  bien  servi,  il  étoit  conseiller  d'État  d'épée,  ei  fut 
nnmmé  en  1667  pour  tenir  les  États  de  la  province'.  Mademoiselle  de 
Coijtlo^'on  n'êtoil  ni  belk\  ni  bien  faîte,  ni  fort  spirituelle,  mais  très 
vertueuse,  très  bonne  lîlte,  aimi^e  de  toutes  sea  r^onipagnes  et  de  tout  le 
inonde,  et  assez  volontiers  ingénue;  elle  avoit  vingt,  et  un  ans  au 
mariage  du  Roi*.  Dans  les  suites,  Cavoye,  qu'elle  voyuit  chez  la  Heine 
et  partout,  lui  plut,  et  peu  à  peu  lui  plut  davantage.  Ëlles'ajusloil  avec 

Jamais  eu  d'occasion  de  servir  M.  de  Vaux.  »  (Mtrcare  gaUtnt,  février  ITlfi» 
p.  88-yo.) 

1.  «  C'éloit  un  lempii  où  on  se  batloit  fort  malifré  les  ftdils  :  Cavoye,  brave 
cl  adroU,  s'y  acquit  taut  de  répalaliuii,  qim  le  nom  de  bruve  Cacoye  lui  en 
demeura.  »  {Mémoires.)  Voyez  le»  Mémoires  d'Ainelot  de  U  Koussaye,  t.  III, 
p.  113-114,  til  \'èlnt!.B  t\e  Cftvoye  ilanH  le  Moréri. 

Rapptiinns  auKSi  qu(>  son  nnm  ti^ure  avec  honneur  dans  l'épltrc  TV  de  Boi- 
leau,  sur  le  passade  du  Kbin  (1673)  : 

Le  Salle,  Beringben,  Nogenl,  d'Ambres,  Cavois, 
Fendent  les  Ilots  trenablaol»  sous  un  si  noble  poids. 

Le  Hoi,  croyant  «(u'il  avait  péri  dans  celle  affaire,  eu  manifesta,  selon  l'abbé 
An  OhoUy  {Mémoires,  p.  558),  un  profond  rtiugrin.  Plus  tard,  fn  M>R4,  il  le 
noiutiiA  sou  iiide  de  camp;  maiftjaninis  Cavû>c  Dcut  de  régim4>iil,  ni  du  grade, 
et  il  ne  compta  jamais  dans  le  •>  militaire,  a  C'est  sur  quoi  Saint-Simon  insiste 
A  dessein. 

2.  Louisp-Philippe  dp  CoftLlogon.  Lee  aafrcs  filles  d'honneur,  au  moment  où 
se  place  riil**ti»ricll('  de  C^'Kiyp.  étateiil  Tbcobon,  Ludree,  Dain|itL'rre,  lïouvray, 
La  Uarek,  La  Molbe-Moudaiicourt  et  Lannuy.  Dangeau  ayant  ctimtni»  quelque 
part  l'erreur  de  <[uatifier  M"  de  C^voye  de  f  dame  du  {tataÎH  de  In  Reine.  » 
Saint-ShnoD  n'a  pa»  manqué  de  relever  dédai^neusemciil  4-e  lapsus  :  «  Daine 
du  palais,  Jamaiit  tic  la  fut,  ni  n'y  songea.  »  [Journal,  t.  VI,  p.  63.)  Selon  nue 
note  maivinale  de  la  itrande  Mititm  di-  Tallcmant  (t.  V,  p.  178),  ta  mère  de 
Cavo>e  aurait  élé  nommée  d.ttnc  d'honneur  tie  la  Rolne  régente  en  IG-i.l;  mais 
elle  ne  fut  qite  daitie  de  la  iiiaiMn  ou  dn  palais  pendant  une  quinzaine  d'années. 

3.  Vuyex  l'/lutair*;  génr'atogique  des  grands  officier»  (que  Saint-Simon  suit  en 
ce  moment),  i.  V[l.  p.  725-726. 

4.  Suliil-Simon  calcule  d'apré:*  VHtstoire  gèuéalogiqtte.  qui  dunni?  quatre- 
vingt-huit  ans,  en  1729,  il  .M"*  de  Cav(>>e;  mais  tton  épilnptie,  dans  l'iSglisc 
Sainl-Sulptre.  ne  dit  «nie  quiitre-viogl-troia  ans  :  ce  qui  ferait  encore  trente 
et  nn  on  Irenlc-denx  ans  À  la  iilJe  d'honneur  lorsqu'elle  se  maria,  au  lieu  de 
Ircnle-sepL.  Il  faal  h'émi  LphIt  plnltM  à  l'épitaphe,  conforme  d'aillear<t  à  l'ex* 
trait  de  l'acte  murtnaiie  donné  par  M.  le  comte  de  Chastcltux.  dans  ses  Notet 
prUes  aux  archives  de  l'état  civU  de  Paris,  p.  I8Z 


rEieXCTTTS   nÉDÎTS   DE  SjIIST-SIMO?». 

plus  dû  soin  les  jours  qu'elle  crùyoit  1q  renconirer.  8es  compa{3:nos  s'en 
a[ieri;.areat  :  elle  ne  1r  dr^savoua  pas.  En  un  mot,  elle  en  devint  amnu- 
reu»^,  et  si  amoureuse  qu'elle  ne  le  pat  cacher.  On  lui  en  lit  la  guerre: 
elle  ne  s'en  fâcha  point,  ot  cette  ingénuité,  précédée  de  la  conduite  la 
plus  eatière',  fit  trouver  grâce  à  sa  rùputatioa.  Cavoye,  qui  ne  la  trou* 
^'oil  point  à  t^on  gré,  s'importunoit'des  plaisanteries  et  rebutoit  assez 
cruellemeut  Cu(>ilogon,  quand  elle  x'échappoit  quelqiierois  à  lui  dire 
quelques  moii».  Vint  nn  voynpe  de  guerre*:  cela  fut  plus  fort  qu'elle,  et 
la  voiiîk  aux  hauts  cris.  Il  n'en  fallnit  pas  tant  pour  en  déshonorer  une 
autre;  à  elle,  cela  ne  fit  pas  la  plus  petite  impression  :  le  Roi  en  rit,  la 
Beim!  la  voulut  consoler,  et  la  cour,  d'ordinaire  si  maligne,  ne  Qt  qu'en 
rire  aussi,  la  plaindre  et  louer  sa  bonno  foi.  Le  plaisant  fut  que,  toul 
peadant  Tabscnce  de  Cavoye,  il  ne  fut  ca  la  puissance  de  personne  de 
lui  faire  mettre  un  ruban  ni  la  moindre  parure  ;  le  négligé  fut  entier  ot 
fidèle,  et,  à  son  retour,  la  joie,  les  ajustements,  tout  éclata  sans  aucune 
mesnre*.  On  s'y  accoutuma:  et  c*  fut  toujours  la  même  chnm  tout*» 
les  fois  que  Cavoye  Ôloit  ii  la  guerre  et  qu'il  en  revenoit.  Elle  vint  enfin 
i  le  courre  part4>ut  où  elle  le  pouvoit  voir,  et  des  dames  avoicnt  la 
nouvelle  complaisance  d'aller  avec  elle.  Cavoye  lui  étoit  toujours  cruel  : 
tantqu'enfîu  le  Roi,  et  la  Heine  même,  le  lui  reprochèrent  ctlul  comman- 
dèrent sêrieusemeut  de  la  mieux  recevoir.  Parmi  toui  cela,  pas  l'ombre 
de  rendez-vous,  de  visites,  ni  de  rien  qui  pût  passer  les  liornes  les  plus 
exactes  pour  ce  qui  regarde  le  moindre  sonprun;  mais  tout  le  reste  à 
bride  abattue.  Dans  ces  temps-là,  Cavoye  fui  d'une  alTaire  particulière, 
qni  te  conduisit  k  la  Bastille*.  Got'llogon,  éperdue,  ne  vouloil  plus  voir 


I.  C'est-à-dire  la  plus  Irrëprocliablc,  la  pins  intacte. 

3.  4  II  fallul  aller  à  l'armép,  où  pourtant  il  ne  passa  pas  les  petits  emplois.  * 
(itémotrrA.)  C  cul  de  la  guerr*»  dr  Hoilanilr  qu'il  s'ajdl. 

3.  On  Irourc  AaaA  le  Cban&t>niiier  de  la  Bibliothèque  nationale  (ma.  fr.  12GItJ, 
p.  i04)  c«  Ctfoptet  de  l'année  IG71  : 

Il  OR  manque  i  la  CoCtlo^ou 

Qu'un  Caroye  d'une  humeur  plus  tendre, 

Qui  prouvât  par  d'autres  raterons 

L'aïuour  dont  d  a  su  la  prendre. 

La  {lauvrt'lle  meurt  de  langueur 

Pnur  tant  dt*  rharroe  et  de  riifueur,.. 

Le  romtnenlateur  a  ajouté  en  note  :  «  Il  y  avoll  déj  loni^eraps  que  H'"  de 
Coellogo»  airnoil  le  marquis  de  Gavo)e.  et,  comme  pile  avoit  beaiirnup  de 
^eriu  et  que  ses  vu>u\  alluîcnl  au  mariftgc,  elle  ne  i\n  r^rlmit  |Xiinl,  jusquo- 
U  que,  Cavojie  ayant  ôlè  plusieurs  années  en  |irison  pours'f>trc  hallu  en  dacl, 
H"*  de  GuJtlogon,  pendant  tout  ce  tcmps-U,  ne  porta  ni  niourbes.  ni  rnbant, 
ni  habit  de  ronlour,  ni  fri*ur«.  CaToyc,  de  M>n  cMé,  l'aroit  fort  aimée  ;  mai» 
M  pjUisinit  nVloît  pluH  si  vive,  et  it  atleiHlnil.  p^wr  l'époii^rr.  qne  le  Roi  Ht  du 
bien  a  tous  les  deux.  »  On  voit  quii  ranal»giH  eat  rmoanjuabl^  entre  ce  com- 
mentaire, qui  vient  sans  doule  de  Gatgtliùre^,  et  le  récit  de  Saint-Sinion. 

4-  Je  n'ai  po  Ironver  traces  de  cet  emprisonnenienl  pour  duel  dan»  la  publicittiun 


418 


MéU-TGES  ET  OOCCXETTS. 


le  jour;  elle  tomba  malade  d'inquiétude,  et,  quand  l'aflaire  fut  finie,  le 
Roi,  qui  vûutoii  sérieuBement  mettre  ordre  à  ces  combat;,  maift  qui, 
pourcplui-là,  qu'on  avoitfiu  déguiser,  voulut  Men  ne  pas  perdre  Cavoye, 
In  chAtiâ  pourtant  par  six  mois  do  prison.  G<^lte  absence  désespéra  ' 
Coëtlogon;  elle  en  parla  cent  fois  au  Roi  et  à  la  Reine,  et.  n'y  gafçoant 
rien,  elle  se  mil  à  quereller  le  Roi  et  à  lui  dire  vérilatilemenl  des 
injures.  £]lo  Qt  quelque  chose  de  plus  public,  outre  sa  manière  de  se 
mettre  et  kb  persPVPraDCP  à  ne  plus  suivre  la  Reine  &  la  comàlie  ai  à 
aucuns  plaisirs.  Le  Roi  mangpoii  toujours  au  grand  couvert  avec  la 
Reine  et  chez  elle,  etc'fitoil  la  dame  d'honneur  Pt  Ica  filins  de  la  Reine 
qui  la  servoient*.  Elle  se  mil  à  refuser  tout  service  au  Roi;  elle  ne 
toucha  plus  h  aucun  plat  de  son  côté;  s'il  demaudoit  une  assiette  ou  à 
boire,  et  que  le  hasard  ou  !e  tour  fut  à  elle  de  lui  en  donner,  elle  fai- 
eoit  la  sourde  oreille.  Le  Roi  s'en  divertissoit,  et  quelquefois,  l'appelant 
par  sou  nom,Jui  en  demanduil;  elle  hochoit  la  tête  et  ne  branloit  pas; 
et  s'il  redoubloit  :  ■  Non,  disoil-elle,  je  ne  vouftBflr\-irai  point;  vous  ne 
«  le  méritez  pas.  i  El  souvent  Ips  larmrs  venoienl;  et  cela  au  dîner  et 
au  souper  public,  devant  toute  la  France.  A  la  fin,  on  eut  peur  que  la 
lôtene  lui  tournât,  cl  la  duchesse  de  Richelieu,  lors  dame  d'honneur 
de  la  Reine,  eut  orûvo.  d'elle  et  du  Roi  de  mener  Coêtiogon  à  Paris,  voir 
Cavoye  à  la  Bastille;  et  cela  se  répéta  trois  ou  quatre  fois.  Grande  joie 
quand  il  nn  fut  sorti,  et  complimimts  reçus  de  tout  le  monde,  comme 
si  c'eût  été  son  frère.  A  la  fin,  l'éclat  devenu  trop  grand,  et  la  pauvTe 
Elle  n'en  éioit  pas  mieux  ;  il  lui  falloit  autre  chose,  et,  cette  autre  chœe) 
la  même  pïtîë  d'elle  qui  lui  avoii  fait  passer  en  tout  bien  et  honneur 
les  accessoires,  lui  procura  de  môme  la  realité.  La  Reine  parla  à 
Cavoye  d  épouser  Goûtlogon,  et  fut  respectueusement  refusée;  le  Roi  lui 
parla  aussi,  et  il  ne  s'y  trouva  {>as  plus  porto.  A  la  fin,  le  Roi  prit  un 
ton  de  maître,  et  on  môme  temps  un  air  de  bouté;  il  lui  tit  entendre 
qu'il  n'étoit  pas  d'un  honnête  homme  d'empêcher  une  honnftte  fille  do 
s'établir,  quoiqu'il  no  fût  pas  caxiw  de  ses  folies,  mais  qu'il  ne  pouvoit 
do  plus  lui  on  refuser  toute  sa  reconaaieeance;  ipie  l'alliance  élotl  très 
bonne  pour  lui  :  que,  pour  l«  bien,  il  y  suppléeroît;  qu'il  verroit  que  ce 
seruil  enfin  le  bonheur  de  sa  vie;  et  qu'eu  deux  mots,  il  le  vuuluil  et  le 
vouloit  incesi^amment.  Cavo>*e,  au  pied  du  mur,  en  voulut  au  moins 
tirer  parti,  ri  trouva  moyen  d'avoir  quelque  argent  du  Roi  et  la  charge 

de  U.Fr.  RAvaisMui  ;  niais  on  y  volt  (t.  IV,  p.  8)  que,  te  3  Mptembrc  IG6C,  un 
ordre  fnt  donné  d'arrêter  Cavoye  »rpr.  le  cbftvatlenle  l^trraine  et  le  marquis  de 
Villeruy,  \»Qi  \vi  IniiA  étant  parlifi  sans  pcrini&aioii  pour  rejoiiulre  la  (lotte  do 
Hollande.  lU  ârrivcnnil  iifiiinniohi^  à  dostîuittidii.  et  Caviiyc,  avri:  tes  chrva- 
iiers  de  Lorraine  ol  de  Cnlslin  et  M.  de  Busea,  se  couTrit  de  gloire  en  sauvant 
le  nnvire  imiiral  de  Ruvler  mennré  ji.ir  nu  brûlot  nn^biis  :  Toyez  son  élofïe 
dans  le  Moréri,  t.  111,  p  360,  cl  la  relation  de  la  Goiette.  année  1066,  p.  868. 
1.  A  la  lin  de  l'annoe  1673,  tes  Alh-ti  jijanl  ét^  r^voyécK,  In  service  revint, 
cninnie  par  le  pasaé,  aux  ^cnUlidiommeft  servants  et  aux  maîtres  d'bûtel; 
voyez  te  Sévignf',  t.  UI,  p.  Zii,  34â  et  386. 


PXAGHK?ITft    INEDITS    UE   SilHT-SIllOM. 

dûDt  il  8*agii  ici^  Le  manago  se  fit'.  Coctlogon  fnt  traniiporlé<>,  ei  a 
vécu  plus  de  cinquante  ans'  avec  Ini  dans  la  plus  parfaite  union,  et  cllo 
dans  le  même  amour  et  dans  une  admiration  contiauolle,  jus(]u'à  la 
vieîlleeM.  Elle  ee  levoit  souvent  pour  le  regarder  dormir,  et,  devant 
lonle  la  cour,  elle  lui  faisoii  des  care«MS.  Cavoye  la  laistmit  faire  et  lui 
donnoit  sa  main  à  baiser;  on  rioit  et  on  y  êtoit  accoutumé*. 

Il  eut,  sept  ou  huit  ans  avant  la  mort  du  Roi,  une  longue  maladin, 
qui  le  retint  â  Paria '.  Comme  II  étoit  fort  mal,  le  Uni,  qui  avoit  beau- 
coup de  bonté  fwurluî,  lui  en  donna  une  marque  tout  à  fait  Ringuli^rc 
en  lui  envoyant  Fagon,  son  premier  médecin.  C'étoit  le  premier  de  »od 
art  pour  l'esprit  et  la  finesse,  et  d'un  tel  crédit  auprès  du  Roi,  quMl  n'y 
avoit  prince  du  »ang  ni  ministre  qui  osAt^  malade,  résister  à  ce  qu'il 
ordonnait.  Fagon,  après  une  loogue  consultation,  «e  détermina  À  une 
parg;&tion.  FiaoL,  médecin  de  Cavoye,  eut  le  courage  de  s'y  opposer  et 
de  soutenir  qu'il  y  avoit  un  grand  danger  de  le  foire.  Fagon,  en  colère, 
peniate  et  TordoDiie.  M*^  de  Cavoye,  qui  étoït  présente,  déclara  que 
son  cher  mari  ne  la  prendroit  point  (car  elle  ne  Tappeloit  jamais  autre- 
ment). Pagon  à  (Acher  de  lui  faire  entendre  raison  ;  puis  se  tourne  & 
l'atioUiicaire,  l'onlonne  de  nouveau,  s'en  va,  et  laifwo  un  autre  médecin 
qu'il  avoii  ameué,  pour  exécuter  9es  ordreg  et  lui  rendre  compte.  Finol 
répéta  ensuite  le  danger  â  M"^  do  Gavoye  et  protesta  qu'il  n'osoit  plus 
rieo  dir^.  Le  lendemain  arrive^  la  médecine  et  le  médecin  que  Fagon 
avoit  laisse-  M""»  do  Cavoye  bur  dit  de  s'en  aller,  et  que  son  cher  mari 
DC  prendra  point  médecine.  Eux  à  se  fonder  en  nÛBODuements,  et,  pour 
cunclufion,  à  E'approcfaer  tout  â  fait  du  lit  pour  la  faire  prendre.  Â 
l'instant,  voilà  M"«de  Cavoye  en  pieds,  qui  sort  un  pistolet  de  dessous 


1.  Celle  de  gruni  marèehrti  dos  loftift^  qui  m  irouTJiit  racante  par  la  mart  du 
mmte  de  Pmullay,  et  que  coi]vott«i«nl  uoe  vingtAine  île  iirétendanls.  Caroye 
ro  fol  pourra  le  1**  rérrier  1G77.  Elle  rapportail  vingt-cinq  mille  livres. 
U'année  suivante,  Il  eut  dd  de«  justaucorps  bleus.  Selon  lu  Gaiette  d'Amster- 
dam de  167G  (correspondance  de  Paris  du  ?9  septembre),  le  bruit  avait  d'abord 
enaru  que  ke  roi  donnerait  à  Cavoye  la  lieutenanre  de  LaiiK>ieiJnt-,  giour  te 
éédder  an  mariage. 

2.  Vojc£  l'acte,  en  date  du  9  février  1677,  dana  le  Dictionnaire  critique  de 
ial,  p.  336.  On  n'y  iloniie  que  vin)(t-sept  ans  environ  A  la  mariée,  ce  qui  était 
ccrtaiactnent  tQr\acl  de  plusieurs  années. 

3.  liiez  :  ijuarante  ans. 

4.  CsLroye  av  lai&sait  pas  de  ranlinuer  la  même  vie  que  par  le  pa8.4é,  s'il 
faut  en  croire  Dussy-Rabutin.  qui,  en  avril  1G78,  lui  attribue  une  xrande  |nis< 
doa  pour  la  «imleww-  'le  Gramiml.  {CmTrspontttinee,  l.  IV,  p.  102.) 

5.  Cette  anecdote  ne  >te  retrouve  pa«  dans  les  Mémoires.  Il  s'afitit  évidem- 
ment d'une  malAdie  dunt  parlent  Dangeau  et  Rarinv  au  printemps  de  l'an- 
oée  1698.  et  qui  Torça  Cavoye  à  quitter  la  cour  pour  no  temps.  Lo  Roi, 
tool  en  temoÎKDant  beaucoup  d'enric  de  le  revoir,  lui  ronseilta  de  se  résÎKner 
à  cette  retraite  momealanée,  et  il  l'alla  fisiter  peu  après  dann  sa  maison  di* 
Ladcmics.  [Journal,  t.  V|,  p.  35t  et  303  ;  Œuvres  dr  J.  BaciAr,  I.  VII, p.  233-Î34.) 

6.  Sic,  va  singulier,  l'un  portant  l'aulri'. 


iîQ 


HâLANGBS    ST   DOCtMS.VTS. 


sa  robe^  et  qui,  le  mettant  à  l'orotUe  île  l'aputhicairo,  proteelo  qa'elle 
le  Ici  va  Ucticr,  et  qu'elle  aime  mieux  qu'il  meure  que  «m  cher  mari. 
lln'yaToitpoiatdu  tout  de  grimace:  le  pistolet  étoit,  chargé  bei  et  bieu,  et 
elle  l'eût  tué  comme  elle  le  disoii.  Le  pauvre  apothicaire  cuurl  encore 
à  cette  vigiûu,  le  médecia  de  Fagou  après,  et  ne  reatrèreut  plus  dans  la 
maison.  Foison  fît  grand  vacarme;  le  Roi,  à  cause  de  lui,  fut  un  peu 
f&chè,  ut  M*°*  de  Gavoye  ne  s'en  soucia  guère.  Son  mari  gaérlt,  ot  a 
survécu  de  Roi  de  plu^iieurs  années  ^ 

Pour  n'y  pas  revenir^,  M*"*  de  Gavoye  pensa  mourir  de  douleur'.  Elle 
n'a  jamais  voulu  voir  personne  depuis  que  les  amis  qui  se  trouvèrent 
alors  cliex  clto^  n'a  jamais  fait  avicime  visite  pour  quoi  que  c'ait  pu 
être,  ni  rté  prendre  Pair.  Tous  les  jours,  sans  y  avoir  jamais  manque, 
elle  aUoit  à  Saint*âulpico,  dans  la  chapelle  où  il  étolt  enterré^,  et  y 
passoit  les  après-dinèes  entières,  sans  préjudice  quelquefois  des  matins. 
On  l'accusoit  d'aller  s'entretenir  de  lui  et  de  lui  aller  conter  toutes  les 
nouvelles;  mais,  de  noxivelles,  oIIp  n'en  savoit  point,  à  la  vie  qu'elle 
faisoif .  Mange»  toujours  seule  et  frugalement,  cl  ne  revit  Jamais  de 
cartes,  elle  qui  les  aimoit,  et  le  monde,  et  à  vivre  honorablement.  Elle, 
ses  appartemeuts,  ses  équipages,  Uius  ses  gens,  portèrent  le  premier 
grand  dfuil  de  veuve  tant  qu'elle  a  vécu.  Elle  étoit  riche  et  donnoit 
tout  aux  pauvres  et  passoit  sa  vie  à  prier  Dieu.  Ellr  mtjurui  ain.si 
en  1729',  après  une  courte  maladie,  ot  la  télo  toujours  saine,  ayant  été 
veuve  dix  ou  onze  ans,  !^ds  avoir  jamais  eu  d'enlanls^. 

Gavoye,  entre  mille  autres,  donna  dnux  bourdes  trop  singulières  pour 


t.  Voyei  rj-apr^s,  p.  126. 

2.  Pour  ne  pas  revenir  Bur  cette  mort. 

3.  Cf.  les  Mémoires,  t.  \II,  |>.  417-ïlâ,  cl  lAddKion  au  Journal  de  Dangeau, 
I.  XVI.  |i.  314.  Je  ne  (Iwute  pas  que  l'article  nécrnloKJqiiff  riiiiiiaci-é  di  Cavujre 
par  le  Meratrt  galant  de  février  t7l(i  n'oit  été  fourni  |iar  la  veuve  ot  ne  mil 
un  l^nioif'nn^e  <Jo  se»  regret»  et  de  sa  douleur.  L'article  bi<H£raphiqDe  du 
Moréri  n'en  est  qu'une  paraphrase. 

4.  La  chn|if-(lc  do  Sâint-Cbarles  :  voyez  les  épitâphes  de  H.  et  M"'  de  Ctvoye 
d.inti  la  Description  de  Paris,  par  PlKantol  de  la  Force. 

b.  Matliii'u  Murai!)  dil,  dntn  MS  JUématres,  en  juillet  I72â  {t.  Ul,  p.  205}  : 
«  M~*  de  Gavdvi!,  qui  parle  tous  leti  jiiurA  de  son  mari  i»ort,  et  qui  tai  apprend 
t«)Ut  rcqui  se  pastvc  dans  le  m^nd^  donne  au  curé  de  Sainl-Sul|>icc  loul  Min 
bien,  (liirce  qu'il  favorise  cette  vjslnu.  i 

G.  Le  3  mars  1720,  A  83  ans,  dit  répilapbe  ni|iporlée  par  Pi^aaiol  de  la 
Porta,  ou  Ik  S8  un«,  ««Ion  VlUstairf  gént'alo^ite,  qui  ajoute  (t.  Vil,  p.  126)  ; 
«  Par  son  teitaniffiit,  elle  nomma  les  pauvris  de  la  paroisse  Saint-ljnlplcx'  ses 
lè);ataires  universels,  fondd  A  )>erj>éluiilé  dana  cette  é^li«i.*  un  sorvirc  annuel 
pour  le  roi  Louis  XIV,  la  reine  Marie-Tliere«  ot  Mur  le  Daujdiin  leur  lils,  en 
reconnois&ancc  des  Menfails  (pie  son  luan  et  ellu  en  avoieat  rertis,  el  InisM 
4O,0nO  livre»  pour  lo  ItAtiimml  de  relie  églisi'.  Les  liériUers  du  innréi-lial  de 
CtiBtIogon  (sou  ourle)  ont  IraaHifit*  avec  le  iruré  de  Saint-Sulpice  et  les  Diar> 
KuiUiers  de  celte  paroiatie,  en  1729,  au  sujet  de  ces  legs,  o 

7.  Elle  avait  eu  un  seul  llli),  mort  aussitôt  après  sa  naissance. 


rRir.VEMTS  TTlimiS  DE  SilNT-SIVON. 


124 


ne  les  pas  rocnatcr*.  Mantcamp*,  daos  leur  joutiessc,  êluit  eu  toul 
genre  ta  fleur  dw  pois  et  celui  qui  donnoii  le  prix  aux  gens  el  aux 
cfaoaM,  au  miliou  des  hraTM  ei  des  galants  de  la  cour  et  du  plus  grand 
monde.  It  étoit  Longueval  et  fntre  do  la  di^mière  femnif!  du  premier 
marécluU  duc  d'Efitrécs.  Ou  ctuit  à  Fontainebleau,  on  1674,  et  uu 
jour...,  devant  Gavoyc,  Manicamp.  qui  n  eioit  pas  à  c«  momeni  dana 
la  oonipaguie.  Tut  infloimenl  loué  sur  son  esprit  et  sur  son  savoir  ;  et  eo 
aObt  il  avoit  beaucoup  de  l'uo  et  do  l'autre'.  Taut  de  rëpétitious 
«nnuyèrenl  Cavoye  :  il  dit  qne  pr>rsonnc  n'aimoit  mieux  Manicamp  que 
lai,  mais  qu'avec  tout  son  esprit  et  tonte  »  .<tc)ence,  lui,  qui  êtoit  un 
ignorant  et  un  sot,  paneroit  bien  de  lui  faire  accroire  ce  qu'il  voudroit, 
et  le  jeter  dans  un  panneau.  Ils  s'êcbauflërent,  ils  parièrent;  mais 
GaToye  mit  dc^ux  cnndition.s  :  le  fiecrnt,  el  que,  la  chose  faite,  ils  lui 
repondruient  de  Manicamp,  de  ne  le  pas  laisser  brouillé  avec  lui.  Là- 
dessus,  Cavoye  imagine  la  plus  folle  chose  du  monde,  et  se  met  à  être 
triste  avec  Manicamp,  ot  disirait  à  ne  pas  répondre.  Api^-s  cinq  ou  six 
joon  de  ce  manège,  Manicamp,  inquiet  de  l'état  où  il  voyoit  Cavoye, 
en  parle  à  leur  société,  qui,  comme  lui,  l'avoient  remarqué ,  et  ils  se 
demandoieui  les  uns  aux  antres  ce  que  cepouvoit  être,  car  eux-mémea 
fpii  avoieut  parie,  ii^rQoroieni  ce  que  Cavoye  vouloii  faire.  Enfin,  Mani- 
camp détourne  Cavoye  une  après^dinée  et  le  mène  promener,  eux 


t.  Cf.  le  Journal  de  Dangeau,  t.  T,  p.  355-3S8,  Addition  de  Saint*Siinon  A 
l'article  do  29  janvîcj-  WJd.  Unos  les  î/émoirts,  Sainl-Simoa  se  contente  de 
dire  qn'U  j  aumit  un  a  (letit  llrre  i  faire  des  hisloireu  de  Caruye,  »  cl  d« 
cite  que  quclqueti-ooii  des  bonft  mois  qnc  lui  fiiumi»«ai(  t  an  »i  long  n^age  de 
la  coor  el  du  ^rand  monde,  teoanl  lico  d'eK|)rît  el  de  lumière.  «  (T.  VI,  |i.  426.] 
Oa  re*le,  il  ne  rassemble  pas  ici  non  plu^  tontes  les  anerdoles  qu'il  poué* 
4aH  sur  le  compte  de  son  personnage  ;  quelques-unes  y  manquenl,  qui  sont  bien 
cûnnoes:  ceUc  du  maréchal  de  ChAteaurenaaIt  introduit,  malgré  M.  el  U""dc 
Cavoye,  comme  «  une  bomlie  tombée  au  milieu  de  cet  élixir  de  cour,  *  dans 
ta  nai^in  rharmaate  qu'itR  aTsieal  k  Luciennes,  el  où  ils  ne  rocevaienl  qu'an 
monde  traj/é,  «  la  plupart  gens  de  facieude  el  de  manège  »  (voyez  cette  anec- 
dote ÛMJU  nue  Addition  au  Journal  de  Dangewi,  t.  IX,  p.  93-iM,  ot  dans  les 
Mémùim,  t.  III  de  li<73.  p.  37^379);  —  son  eatrelien  avec  lo  Roi  au  eujel  de  la 
retnilc  du  comte  du  Gbanitel  (Addition  au  Journal  de  Dangtau,  \.  XI,  p.  30- 
31;  Mtmoirex,  I.  IV,  p.  375^76);  —  la  plaîsanlerie  dégoùlantt*.  éi-ipurante, 
(|u1l  âl  au  cuiudr  dr  Reurron,  et  qui  eut  des  suites  si  beureuse»  pour  celui-ci 
(Additioa  au  Journal  de  Dangeau,  I.  I,  p.  40G-407;  ne  &e  retrouve  pas 
les  Mémoérvs] ,  etc.  On  a  aussi  dans  les  mémoires  conleuiporains 
qsetqaes  bons  mots  ou  plaisanteries  de  Cavoye  ;  voyex  les  Œuvres  de  J. 
Aoefiu,  L  I.  p.  278  et  279;  les  LeUres  de  M"  Ituiwyet,  t.   I,  p.  S^i-S'^').  cU-. 

}.  IfanJeamp  étant  mori  co  tf>ti4,  Saint'Stmoii  n'a  point  eu  occasion  de 
pâfler  de  lui  dans  les  Mémoire*;  mais  l'anerdnte  qu'où  va  lire  tin  retrouve 
dans  I  Addition  à  UangeaD,  1. 1,  p.  83-84,  et  de  plus  il  l'a  platéu  une  troisième 
fi^  dsm  l'article  d'Earaiss  de  ses  Duchés-pairio  éleints. 

y  Dans  l'AddiUoa,  Saint-Siniun  dil  qu'on  ndinirait  l'esprit  de  Uanlcamp 
«  par  mode.  > 


123 


U^LANr.ES  ET  DOCOVBTrS. 


deux  seuls,  sor  le  partorre  du  Tibre,  à  l'ccArt;  et,  ne  pouvant  relonijp  i 
curiosité  davantage,  demande  à  Gavoyo  à  qui  il  en  a.  A  peine  en  pat-il 
tirer  rép4inBp;  oi  redoubla  de  plus  belle.  Cetoit  le  point  où  Gavoye  le 
\ûuloit.  Enfin,  après  mille  importunités,  Cavoyn  lai  dit  cfxtp  deux  rai- 
BODB  l'eniEt&choieiii  du  le  Batisfain;,  par<w  qu'il  s'agisRoit  d'un  fort  grand 
se-cr(*t,  <]ui,  à  la  vérité,  ne  regarduil  que  lui,  el  que  ce  secret,  s'il  lui 
disoit,  non  seulement  il  ne  le  pourroit  croire,  maia  qu'il  ne  douteroit 
pas  qu'il  no  fût  fou.  Voilà  Manicamp  encore  plus  curieux,  plus 
empressé,  et  qui  se  met,  9ur  l'amitiè  et  la  politique,  à  conjurer  Cavoye 
de  lui  en  faire  part  pour  le  soulagement  de  l'un  et  de  l'autre.  Enân, 
Cavoye,  tien  poussé  à  bout,  et  après  avoir  bien  répété  qu'il  In  rroiroit 
fou,  lui  conGa,  comoie  le  plus  grand  secret  du  monde,  qu'il  no  savoit 
commeni  ui  par  où  Ba  réputaUon  de  valeur  ctoit  allée  jusqu'eu  Pologne 
(c'étoit  lors  de  l'clection  du  roi  Jean  Sobieskî);  qu'ils  étoient  dans  une 
grande  guerre  ;  que  la  jalousie  les  uns  des  autres  leur  faisoit  exclure  les 
Piastes'  ;  que,  de  priuces  étrangers,  lieuri  UI  tes  en  avoit  guéris  ;  qu'eu 
deux  mots,  puît^qu'il  l'alloit  donc  le  lui  dire,  il  F;avoit  qu'il  alloit  être 
élu.  Manicamp,  en  effet,  dempura  bien  étonne,  el  lui  demanda  quelque 
chose  de  plus.  Gavoya  lui  dit  qu'il  n'eu  Mtvuit  pas  davantage  que  ce  que 
M.  de  Pomponne  lui  eu  avoil  dit  depuis  quelques  jours,  et  qu'il  tvoit 
bien  vu  que,  lu  veille,  le  Roi  l'avoit  appelé  dans  son  cabinet  (cl  cela 
éloil  vrai,  mais  ce  u'étoit  rien  moins  que  Pologne),  et  que  c'étoit  de  là 
qu'il  avoit  la  certitude  de  la  chose,  dont  le  courrier  étoit  attendu  à  tout 
moment.  Et  lit-dessus,  voilù.  Gavoyo  à  se  confondre  d'une  si  prodigieuse 
fortune,  et  à  s'aftliger  de  ce  qu'elle  alloit  le  séparer  de  sa  patrie,  du 
Roi,  de  scfi  amis  et  de  ses  maitreet;»»  pour  toujours.  Tout  cela  fut  dit 
d'un  air  si  naturel  ot  si  simple,  que,  quelque  étrange  que  cela  pùl  être, 
Manicamp  n'eu  duulaplus  et  se  mit  sur  son  bien  dire  à  consoler  Cavoye 
et  à  s'euthuusiasmer  de  la  couronne  de  son  ami.  Ce  godau'  bien  avalé, 
Cavoye  n'eut  rien  do  plus  pressé  que  d'aller  avertir  ceux  contre  qui  il 
.avoit  parié,  et  d'eu  aller  faire  le  conte  au  Roi,  avec  qui  il  ctoit  fort 
libre;  et  en  prit  occasion  sur  quelque  logement*.  Le  Roi  no  le  pouvoit 
croire,  et  voulut  bien  pourtant  demander  à  Cavoye  en  public,  devant 
Manicamp,  s'il  n'y  avoit  point  de  cosirrier.  Manicamp  sourit  en 
dant  Cavoye,  noyc  (ce  lui  sembloit)  dans  la  modestie,  répondant  presquel 
bas  qu'il  n'en  savoii  rien.  Knâu,  comme  il  n'étoit  plus  question  que  de 
tirer  le  secret  à  Manicamp,  quelques-uus  du  parli  lui  firent  entendre 
qu'ils  savoient  quelque  chose,  et  vinrent  à  bout  de  se  la  faire  dire  tout 
du  long.  IjOs  voilà  tous  aux  grandes  admirations;  mais  l'excès  d'envie 
do  rire  les  trahit  bientôt,  et  les  voilà  aux  grands  éclats;  Manicamp  à 


1.  Les  prétcndanU  'muf>  ilcs  anciens  souverains  de  la  Pologne,  ou  ra^mc 
siirplrmcitl  (l'une  familie  poluQaisL'. 

2.  U.  Littré  signale  r-e  mot  ibins  un  [Ntstuge  des  Mémoirts  (t.  Vlli,  p.  231),  et 

dlc  de  plus  un  passade  Je  M"  de  Slaa],  i|ui  le  <|ualttii'  de  «  terme  ftas^^n.  » 

3.  En  sa  quaUlé  de  (irand  maréchal  des  loiils. 


FliGMETTS    ItéDITS    DE   SAI!1T-SIV0!t. 


123 


leur  prutester  qu'ils  pouToicnt  rire  et  eVa  m(X[uer,  mais  qun  rien 
n'éloil  plus  vérilable;  et  les  cclats  à  redoubler.  Enfin,  on  eut  toutes  les 
peinec  du  monde  k  détromper  Manioamp.  Quand  il  le  fut,  il  vouloir 
toerCkToye,  et  leurs  amis  crurent  ne  lef>  jamais  raccommoder.  EuQu 
iU  eo  viorenl  i.  bout,  et  furent  aussi  amis  qa(t  devant. 

L'auLra  irait  n'est  pas  inférieur  à  celui-ci  ^  Le  Uoï  voyageoit,  et 
CtToyc  faiaoit  les  logemeuts^i.  En  arrivant  à  une  couchée,  la  Reine  vil 
une  grande  maison  de  pierre  de  fort  belle  apparence,  crut  que  c'étoit 
no  logis,  et,  passant  devant,  vit  qu'elle  ètoit  pour  M**  de  Montespan. 
Le  pis  fut  qu'elle  trouva  la  maison  où  elle  logea  fort  inférieure.  Et  la 
mili  en  tpllp  colère,  que,  toute  bonne  et  sainte  qu'elle  étoit,  mais  sotte 
jusqu'à  croire  manquer  de  place  pour  ollo-mëmcà  la  comédie  et  y  aller 
lie  bonne  heure  pour  y  en  avoir,  elle  va  trouver  le  Hoi,  le  lire  en  par^ 
ticulier  et  se  met  à  foudre  en  larmes,  lui  demande  justice  de  Cavoyc, 
de  le  chasser  et  de  lui  OUïr  »a  charge.  Le  Roi  demande  ce  qu'il  a  fait; 
elle  lui  dit  qu'il  lui  préfère  M*"*  de  MonieApan,  qu'il  met  dans  un 
palais,  et  elle  dans  un  bouge,  et  la  rend  le  mépris  de  toute  la  cour.  Le 
Roi  feniit  bien  toute  la  sotti.*^  do  cette  plainte;  mais,  avec  tous  ses 
anurars,  il  a  toujours  eu  pour  la  Reine  la  plus  grande  considératiou.  Il 
eut  beau  faire  auprès  d'elle  :  elle  se  p&moit,  et  il  fallut  lui  tout  pro- 
mettre. Dès  que  le  Roi  eu  fut  débarrasse,  il  envoie  chercher  Cavoye  ut 
lui  Apprend  où  il  en  est.  Cavoye  se  veut  excuser;  mais  il  n'étuil  pa^ 
question  du  Roi,  mais  d'a^iaîser  la  Rcfine  :  sans  quoi  le  Roi  no  savoit 
comment  le  tirer  d'afTaira.  Cavoye  pensa  un  peu,  puis  se  prit  à  rire,  et 
dit  au  Roi  qu'il  savoit  bien  par  où  en  sortir,  maisque,  pour  cola,  il  fat- 
loit  qu'il  lui  permit  de  faire  ce  qu'il  voudroit,  et  qu'il  lui  promit  encore 
de  ne  s'en  point  fàcber.  Le  Roi  l'etoit  tant  d'une  si  ridicule  aveniui-e,  et 
•à  Acbeuse  pour  Cavoye,  et  où  Mi^^de  Moatespau  étoil  si  en  principal, 
qu'il  lut  permit  et  promit  tout  ce  qu'il  voulut.  Cavoye,  tout  de  suite. 
Ta  trouver  la  duchesjw  de  Richelieu,  dame  d'honneur  de  la  Reine,  ptmr 
en  obtenir  un  moment  d'audience.  M<"*  Je  Richelieu  lui  dit  qut>  la 
Reine  le  foroit  ji>ter  par  les  fenêtres,  et  quil  ne  s'y  hasardât  pas.  Fina- 
lement, après  bien  de^  instances  et  des  refus,  tant  de  M'^*  de  Itichelieu 
que  de  la  Reine,  Cavuye  à  la  fin  fut  admis.  11  essuya  d'abord  toute  la 
bofdée,  puis  lui  dit  qu'elle  avoil  raison,  mais  qu'il  l'avoit  aussi,  et  que, 
ti  «lie  nvoit  l'état  des  chose^^  elle  le  remercieroit.  I^  Reine  haissoit 
M"**  de  Monteepan,  qui  n'avnit  point  d'égards  pour  elle,  et  avoil  tou- 
jcron  aimé  M""  de  la  Vallière,  qui  eu  avuît  d'iuUais,  et  elle  disoit 
quelquefois  dans  son  jarigoD,  en  parlant  de  la  première  :  a  Cette  pute 
tn^  fera  mourir.  ■  Cavoye,  qui  te  savoit,  lui  dit  qu'il  ètoit  vrai  que  la 


1.  Ccluî'là  aussi  til  ilooft  l'AdditiiMi. 

2.  Olail  ane  des  plus  tin|)ortaDlcfi  attribution»  de  sa  cbart;e;  voyez  le  ctui- 
pit/c  (la  GaAMD  uabëcual  uss  louis  dans  \'Ètui  de  la  fYance,  el  les  Mèmoirti 
d»  duc  de  Lufnti,  toine  XU.  ))-  ttO-111,  lu  Journal  de  liaugeau,  Uiincs  III, 
p.  311,  \VI.  p.  113,  cil. 


V2^ 


MéUNr.BS   BT  DOCDMEEtTS. 


in»Uon  de  M"»  de  Monteepan  étoit  plas  belle  que  la  sienne  et  9«mbloit 
aussi  beaucoup  meilleure;  que,  si  pile  lui  vouloît  promettre  le  secret,  il 
BC  fîoroit  à  elle  et  mellroit  sa  fortune  entre  ses  mains  ;  qu'il  lui  diroit 
donc  qu'atlaché  au  Rui  comme  il  rétoit,  et  par  conséquent  &  elle,  il 
mouroil  de  duuleur  el  de  ItOQle  du  scandale  et  du  triomphe  de  M*"*  do 
Montoepan;  que,  examinant  sa  maison  pour  la  Heine,  il  avoît  trouvé 
qu'elle  étoit  toute  prête  à  Wirnlier,  et  que  là-desstts  11  l'avoit  choisie 
pour  M*«  de  Monlespan,  dans  la  fermn  opinion  qu'elle  y  seroit  écrasée 
la  nuit  mâmo,  el  d'en  défaire  ainsi  te  Roi  ot  elle.  A  l'instant,  voilà 
Cavoye  le  meilleur  des  amis  de  la  Rnne,  et  tout  fut  plus  qu'apaisé. 
Elle  se  chargea 'de  dire  au  Rui  qu'elle  pardoancit  ù  Cavoye  el  qu'il  lui 
avoit  dit  de  bonnes  raisons.  Au  sortir  de  là,  Cavoye  alla  trouver  le  Roi, 
qui  étoit  dans  l'inquiétude;  il  lui  dît  que  tuut  éluit  llui  et  qu'il  étoit 
l'homme  de  ta  cour  pour  le  mieux  avec  la  Reine,  {(uî  lai  en  parleroit 
dans  le  soir.  Le  Rui,  surpris  au  dernier  point  de  deux  extrémités  si 
proches,  lui  demanda  comment  11  avoît  pu  faire.  L'autre,  après  l'avoir 
fait  souvenir  qu'il  lui  avnit  tout  permis,  et  [iromifidene  ne  Tôcherderien, 
lui  ciinui  t<uit  son  dialogue;  et  le  Hoi  à  en  rire  aux  larmes.  La  bonne 
Relue  étoit  faite  pour  Ôtre  dupe  à  ce  point. 

Cavoye  fut  toujours  dans  la  meilleure  compagnie  de  la  cour  et  la  pins 
choisiû,  et  toujours  la  plus  relevée,  et  toujours  parfaitement  avec  la 
Roii.  Tl  eut  beaucoup  d'âuiis  cousitlérahlcs^  et  outra  souvent  eu  beau- 
coup de  confîdiinces  d'intrigues  de  la  cour.  On  se  doit  en  lui,  el  on  n'y 
étoit  pas  trompé.  M.  de  âeignelay  étoit  son  ami  intime';  par  consé- 
quent, M.  de  Louvois  ne  lui  vouiloit  pasdo  bien.  Ce  fut  lui  qui,  sous  le 


I.  M**dnSévignérite  A?  nombrcu^os  preuves  du  crédftdont  il  jouisuil  auprès 
du  Roi.  Le  Mercure,  dans  l'urUdc  déj^  indiqué  plo&ieurft  foie,  dit  :  t  L'attache- 
ment de  M.  de  Cavoye  ivoiir  le  roi  déftinl  n  été  inliniment  pbis  fûrt  (que  celai 
qu'il  avAÏt  eu  p>nur  Turf'nne].  Élfvé  nupr^s  de  ce  (;ranit  prince  AH  l'Age  de 
scipt  ans,  H  «voit  iin^rité  son  anulié  la  plus  intime;  la  fermeté,  la  druilnre  de 
coiur  de  M.  de  Cavoye  ont  été  t«8  liaiiînns  de  cette  amitié...  Louia  le  Grand 
aiinoil  en  lui  des  qu;ililés  <[u  il  pnssédoil  si  émincinmcnt.  U.  de  Caroyc  lui  a 
tonjoLir»  dit  la  vérité,  san»  craindrv  de  lui  déplaire,  et,  quoiqu'il  ait  eu  pour 
ennemiu  kXvs  perMmne»  qut  poiivnieiit  beauroup  auprès  du  lloi,  quoiqu'on  ait 
inia  tout  en  usa^e  pour  \e  perdre  dans  son  o^pril,  on  n'a  jainaîe  pu  y  réussir. 
On  a  traversé  sa  fortune  :  il  «en  souciolt  peu  ;  mais  on  n'a  pu  lui  ùler  le  cœur 
ni  l'eiiUin»  de  sou  maître  :  c'est  luul  ce  qu'il  vouloil  du  Roi.  v 

1.  Son  intimité  aver  Racine  e^t  bien  connue.  Louin  XiV  disait  d'eux  t 
■  Ca>o)e  avec  Racine  se  troil  bel  esprit:  Racine  avec  Cavoye  se  croit  cour* 
tisan.  »  {Œuvrta  de  Hacine.  t.  I,  p.  '278  et  2»l,  et  t.  VII.  p.  13,  noie  h.) 
Comme  autres  «.mis  de.  Cavivye,  le  Merrure  rjle  les  deu\  prinre*  de  Condê ,  le 
duc  de  Bourbon  et  le  priiire  de  Conli.  Turenne  et  Luxeuitiouff;,  Colbcrt  el 
beignclay,  les  marécliaux  de  Noaille»  et  de  Rouniers. 

'i.  Dans  uu  rouplet  de  l'année  IGdt,  sur  la  mort  de  Selguclay,  le  chanson- 
nier disait  {.\ouveau  siècle  de  lovts  .\IV,  t.  U,  p.  3t»f]  : 
Tuurville  crainl  d'éUe  |>€iidu, 
Et  Cavoinrhi-rcbe  «n  autre  maître. 


PUtiMEnS   l?(Rlil-fô   UK  SilIfT-SmOÏT. 


43S 


prètoxle  do  sa  charge  do  chancelier  do  l'Ordre,  fit  avec  to  Roi  la  pro- 
rootioo  île  1688',  et  on  crut  que,  dans  le  nombre  de  ceux  qui  en  furent, 
et  qui  n'f'n  doivent  pas  être,  Cavoye  eût  passé  sans  M.  de  Louvois*. 
Gavo)-o  ëtoii  gâté»  il  étoit  devouu  impotent,  il  vivoil  avec  rèlite  de  la 
cuur  et  no  parloit  seulement  pas  aux  autres,  il  étoit  riche,  il  vivoit 
très  boDorablement  *,  et  fort  bien  avec  le  Hoi  :  il  se  cnii  un  seigneur'. 
Aussi  fut-il  outre  quand  il  sut  la  promotion,  et  qu'il  n'en  etoit  pas'.  H 
eavoit  la  cour,  U  se  contint  ;  mais,  quelque  temps  après,  il  Ht  au  Rot 
ses  plaintes  amères.  I^e  Roi  le  consola  comm'  il  put*,  et  redoubla  ds 
bonlês,  l'assurant  que  ce  qui  éloit  différé  n'étoit  pas  perdu  ^.  H  eui 
donc  patience,  mais,  plusieurs  années  apr^,  voyant. faire  plusieurs 
chevaliers  de  l'Ordre,  tantôt  doux,  tant<''t  quatre,  nt  quelqiiefdia  plus*, 
réeolat  de  vendre  sa  charge  et  en  demanda  la  permission  au  Hoi'.  Le 


I.  Toir.  dan»  le  ms.  Clatrambault  7?t,  p.  487>4^,  le  d^lill  exact  des  dt^i-tlons 
prius  pv  Lûuid  XIV  ton  île  r^lte  |iroiDulton,  et  des  motif»  i|o'il  fil  ronnailro 
pabU^BCneat  pour  en  exclure  certains  noms  de  prince»  en  vuo.  C'étaitr  dit 
aiOearc  Salnl-SImon,  U  prt^nii^re  primiotii>n  *  toute  rnlHtiiire,  »  «t  Irt  secnSlairR 
dlîtat  de  la  guerre  y  tit  comprendre,  de  préférence  aux  courlisuns  désiKnés 
par  leur  oaiuance  on  par  leurs  charges  de  cour,  ceux  qui  avaient  bien  servi 
4au  les  guerres  prt^r>denti-s,  nti  qui  |K>uvaient  servir  dans  celte  qu'il  ■  luinu- 
IfliL  »  On  trouve  dan^  les  Mt^oére»,  tome  I  de  IMition  de  1873,  p.  299,  la 
rMftCtiun  délinitivc  de  ret  é|>i)UHle  de  In  vie  de  Cavi>j'r. 

L  Tbv  ses  prédécesseurs  dans  la  cbarge  de  grand  maréchal  des  logis  avalent 
m  rOrdre. 

5.  Cet  adverbe  r^irrige  noblement. 

4.  On  voit  que  Saint-Sirnoi)  atlW-tioaDe  singnliëremait  les  allusions  au  mot 
de  la  Rni)érc  ftur  Daniipau  {Pauifilule), 

5.  Sur  le  merontenleiueni  de  Cavojc  et  des  autres  oabHés,  voir  le  Sévijné, 
l.  VIII,  p.  30),  2i6el  i'S7.  Nous  avons  dit  que  Cavoyr,  quoiqu'il  eût  vailluumeal 
servi,  c'avait  ni  rêgimeut  ni  t;rade  dans  l'année  ;  de  plus,  un  libelle  du  temiis, 
l«a  Anm^a  de  la  cour  pour  les  années  1697  et  14^98  (éd.  de  t73t»,  t.  Il,  p.  t!>-?0} 
préleadeat  qu'il  fut  exclu  de  la  proinottoa  de  1(>JM  parce  que  Itr  Roi  a|iprit  qu'il 
avait  trafiqué  de  Mtn  crédit  auprès  de  Seignelay  et  de  l'ainirauté.  Les  Annaies 
ajoatcat,  comme  Salnl-Simoa,  que  Louvois  protita  de  l'occasion  pour  marquer 
tes  Mntimenls  d'aoiniositè  à  l'égard  d'une  créature  de  son  rival  Seignelay. 

4.  Sic.  avec  apostrophe. 

7.  D'après  une  lettre  de  Boilcau,  c'est  eo  juin  1693  que  le  Roi  aurait  fait 
«•Ile  protnesM  [tSuvres  de  J.  Racine,  t.  VII,  p.  l»9). 

&  il  ]r  eut  de»  promolioDs  exceptionnelles  en  16S9,  1G93,  1694  et  1G95. 

9.  OÛsean  parle  de  celte  démarche  à  la  date  du  29  janvier  16%.  et  c'est  à 
fn^OA  â»  ce  passage  du  Journal  <iue  Saint-Simon  a  fait  l'Additinu  que  nous 
avons  îndtqaée,  et  qui  est  lo  premier  texte  de  t'Uiatoriettc  de  Cavoye.  Dans 
les  Ife^Kolres,  U  a  changé  toutes  les  cireonstdAces  et  suivi  Dangeau  de  plus 
prto  qnll  ne  le  fait  ici.  —  On  altribna  ces  désirs  de  relraite  é  la  dévotion  ou 
à  U  maladie.  Deux  ans  plus  tard,  des  souffrances  fort  incommodes  décidèrent 
acore  Cavoje  à  se  renfemirr  pitur  un  temps  dans  sa  maison  de  Lucienoes 
et  à  De  plus  luraltre  qu'à  U^rly,  comme  un  voisin,  quund  la  conr  j  vlea* 
ànii.  t  Le  Roi  même  lui  fit  conseiller  de  prendre  ce  parti,  et  témoigna  beau- 


126 


HiLA?tGfô   (T   DOCtlMOTB. 


Roi  Gt  ce  qu'il  put  pour  l'ou  cinp6cher,  pais  lui  demanda  nn  mois,  et, 
peDilant  ce  mois,  Ut  parler  à  C&voye  par  ses  amis,  et  enBn  l'envoya 
chercher;  lui  dit  qu'il  y  avolt  trop  loniçtemps  qu'ils  éUiient  ensemble 
pour  se  quitter,  le  cajola,  et  as^sura  p^^nsion  et  brevet  de  retenue  à  m 
femme'  ;  et  on  croit  qu'il  lui  promit  do  ne  plu«  faire  de  chevaliers  saas 
lui!*.  Ce  qui  est  vrai,  c'est  qu'il  n'y  en  a  pas  eu  depuis,  et  qu'on  l'altri- 
Ijua  à  celle  promesse*.  Après  la  mort  du  Roi,  il  se  retira,  à  Paris  et  ne 
sortit  presque  plus  de  sa  maison,  où  il  ne  recevoït  que  ses  amis  parti- 
culiers, et  acheva  sa  vie  dans  la  piété*. 


ciup  d'envie  de  le  revoir.  »  (Lettn» de  Racine,  dnnsses  Œuvres,  i.  VII,  p.  233-2M.) 

I.  "Vojcz  le  Journal  de  Dangcau,  tome*  V,  p.  3M  et  450,  et  VI,  p.  63:  l«a 
Annales  de  ta  cour,  l.  II,  p.  l^.  Les  conipensatinns  rarenl  nombreuses  et  con- 
sidérables :  pensioD  de  M.OOO  livres  pour  te  mari  cl  la  femme  (28  Janvier  1G97 
el  ÎO  d*r«rabre  169S)  ;  don  de  lerrwt.  [>our  rendre  IfHir»  jardins  de  I^iirienneti 
H  tout  à  fait  aimnblcfi  >  (janvier  I7U());  brevet  d'afisuranee  de  300,000  livnts 
sur  la  cbarice  de  iin'ADd  marécbat  de»  logift  (19  oct^ibre  I7U7):  prorogation  du 
privilèRc  des  chai«es  iMirtatives  4  Pari*  el  dan»  le»  autres  ville»,  dont  Cavoye 
jonissatt  ilppiil»  1675,  et  de  la  part  du  privil^^e  des  chaise»  de  la  conr,  que  soo 
pire  avait  eue  en  1639,  par  ntottié  Awer  le  niarquiK  de  Monlbrun  (2  novembre 
1707,  17  décembre  1708  et  2  février  1716),  etc.  En  juin  1709,  le  Rot  aentremlt 
lui-inènie  pour  que  Gavoye  vendit,  sur  le  pied  de  300,000  livres,  la  simple  sur- 
vivance de  sa  charge  au  âls  de  Chamillart  ;  mais  il  resta  titulaire  juaqa'A  son 
deniier  jour. 

3.  d  Le  Roi  j  ajouta  des  espéraoces  sur  l'Ordre.  Cavoye  prélendit  ca  avoir 
eu  parole;  el  le  voilà  enrùlé  A  ta  cour  plus  que  jamais.  »  {Ucmoira,  U  I 
de  1873.  p.  300.} 

3.  Sainl'SIrann  répète,  dans  an  eEKtrolt  des  Mémoires  (t.  X.  p.  246),  qvs  le 
ftrand  prévûl  de  Sourches  ne  put  jamais  avoir  l'Ordre  i  canse  de  celle  pr»- 
mesfW)  du  Roi  k  Cavuye.  Il  n'y  eut  plus  en  effet  de  grande  procnotioa,  mais  an 
8Ss«x  grand  nombre  de  nomiaationfi  de  prélat:;,,  d'étraogers,  de  mareriiaux  de 
France  ou  d'uniriers  généraux.  C'est  ce  que  aigoitie  ce  passage  de  l'Addittoa, 
qui  a  semblé  étrange  el  ikoutuui  «ni  éditeurs  de  Dangeau  :  n  EnOn,  il  ne  fut 
point  cbevalier  de  I  Ordre,  et  le  Roi,  qui  en  fil  &  plusieurs  reprÏMJi,  moamt 
avaiil  lui,  sans  avoir  fait  de  promotion.  >  (Journal,  t.  V,  p.  356.) 

I.  H  mourut  A  Paris,  aprtH  une  longue  maladie,  lu  3  février  1716,  âgé  de 
srtixnnle-soiïe  ans  environ;  voyci  le  DtcftoRnaire  critt^fue  de  Jal  (p.  33r>),  qui 
prétend,  |)nr  suite  d'une  mauvaise  transcription,  reporter  cette  date  A  1715. 
a  H"*  de  Cavoyc,  dit  Oangeau,  a  a^isislé  son  mari  jusqu'au  dernier  moment  de 
un  vie,  lui  parlant  de  Dieu  comme  une  femme  inspirée  et  sans  qu  il  ttil  échap- 
pât une  larme  :  ce  qui  est  d'autant  pins  eilraordioaîre  que  jamais  feiame  n'a 
l>orté  l'amour  pour  son  mari  plus  loin  qu'elle.  »  Cavoye  était  fort  riche,  et 
n'avait  point  de  parents  proches:  aussi  ses  amis  avaienUils  compté  se  partager 
sa  fortune;  mais,  outre  qu'il  esisUit  une  donation  mutuelle  entre  les  deux 
époux,  le  quart  des  bleus  se  trouva  légué  aox  pauvres  après  U  mort  d«  la 
veuve,  quinze  mille  livres  i  l'éjjlise  Saint-Siilpice,  et  d('»  nVornpenses  magni- 
Uqucs  aux  serviteurs,  a  II  avoil  beaucoup  de  mérite,  dil  cjirore  Oaiigeau,  et 
beaucoup  dami.i  considérables,  et  fut  universellement  regretté.  »  [Journal 
de  Uantjeou,  1.  XYI,  p.  3U*3lô  ;  cf.  l'article  nécrologique  du  A/ercare^a/an/, 
février  1716,  p.  03-U5.) 


PHiGME^TS   IttéuiTS   &E  SilMT-SlMO*^. 


<27 


V. 


Le  lusâcaiL  oe  Vadbaïi*. 

M.  de  Vauban,  rous  uae  apparence  de  peu  d'esprit  et  an  cxtcrionr 
grossier  et  qui  sentoil  Ip  ruBtrp»  ne  trouva  un  de  ces  hnureux  génies 
donnÔR  rarement  pour  élever  une  nation  au  plus  haut  point  de  gloire  el 
pour  illustrer  un  règne  de  la  gloire  des  conquérants,  et  en  mAme  temps 
UQ  de  cee  hommes  encore  plus  rares  qui  se  comptent  pour  rien,  l'It^tat 
pour  tout;  qui  travaillent  sans  cesse,  mois  uniquement  pour  sa  grandeur 
el  pour  son  bien  ;  qui,  au-dessu»  de  la  fortune,  et  par  conséquent  t;upé- 
rieurs'  à  toutes  ses  vues,  (e  sont  au^si  i!i  ta  flatterie;  iacapablei<.  do 
parler  que  NTai  et  au  prince  et  à  f;es  ministres,  quelques^  doHcats  el 
redoutables  qu'ils  soient,  et  qui,  au^dossusde  la  gloire  même,  prérèrent 
le  SDCcès  à  tout,  et  au  succès  môme,  je  veux  dire  plus  glorieux  et  plus 
prompt,  la  conservation  des  homuies  et  des  plus  vils  soldats  dans  i'ari 
consommé  de  forcer  les  villes.  Toi  fut  lo  principal  artisan  des  lauriers 
de  LoqU  Xrv,  et  qui,  avec  raison,  crut  s'en  couronner  en  lui  donnant 
le  bâiOD  de  maréchal  de  France  *. 

Il  s'appeloit  SébasUen  Le  Prestre,  né  1**  mai  1663  '.  8od  grand*père, 
seigneur  de  Vaulun,  Rejrvit  sous  lo  prince  de  Contî  avec  la  noblesse  de 
Nivemois.  Sou  pcre  servit  ausù,  sans  qu'on  uit  tnip  au  en  quelle  qua- 
lité. Son  bisaïeul  étoit  seigneur  de  Vauban.  On  n'en  sait  pas  davantage, 
et  on  no  remoule  pas  plus  haut*.  Les  alliances  militaires,  luulâs  dans 
la  môme  uiëdiocrité  ;  le  frère  aîné  de  aon  père  servit  dans  la  aiôme  mê- 


1.  Extrait  da  mémoire  sur  les  Officiers  de  ta  couronne  de  £oi£f«  XIV. 

{  llAaicBAUx  DB  France,  vol.  68  d*^  Pa|)iers  do  baiiit-Simon. 
i.  Dans  le  manuftrril,  supérieur,  au  singulier. 

3.  An  pluriel,  daDn  le  mmufcrit. 

4.  Comparez  cet  éloge  â  c«lui  qui  a  pris  place  daos  le&  Mémoires,  tome  III, 
p.  379,  anoèe  1703. 

5.  Celtr  (lAtfî  rAt  donnéf^  par  l«s  continnAlenrs  du  P.  Anxcime,  li>mp  Vtl, 
p.  G53:  d'après  Jal,  qui  n  consacra  à  Vauban  un  ioDg  article  de  son  Dic- 
tionnaire  erilique,  Sébastien  Le  Prestre  ne  fut  buptisé  que  le  tS  mai. 

6.  Eu  parlant  <I«  la  promotion  du  maréchal  à  l'iirdre  du  Sai»I-E<tprit  (1705), 
Saint-Simon  dit  dans  les  Mémoires  (tome  IV,  p.  208)  :  «  Vaubita,  qui  ft'appo- 
loil  Le  PreKlre,  étoit  de  Nirernois.  S'il  éloit  gentilhomme,  c'êloilbica  tout  an 
plus  :  il  montra  son  frère  aîné  ponr  le  premier  i|uj  ail  mtv'i  de  l<:tur  race,  et 
qui  avolt  Hv  Kulemrnl  en  l'arriiïrc-ban  de  Nivemoift.  au  retour  duquel  il  mou< 
nit  en  163S.  Rico  donc  de  fti  court,  du  si  nouveau,  de  si  plat,  de  si  raioiCe. 
VolU  ce  que  les  grandes  o.l  uniques  parties  militaireu  et  de  eitoyen  ne  pon- 
voienl  coDvrir  daos  un  sujet  d'ailleurs  il  di^oe  du  b&lon  et  de  toutes  tes  ^rlcfts 
que  le  s«ul  mérite  jk'uI  el  doit  ar^uérlr.  »  Jal  a  relrvè  aTfM-  raison  l'erreur  xon 
fi-ifê  aine^  qui,  oa  l«  roil,  oc  su  trouvul  pas  daos  la  preraitre  rédaction  que 
nous  doDDoas  îd. 


128 


MtfUItGBS  ET  DOCDUENT:}. 


diocrittif  ainsi  que  ses  enfants,  dont  Talné  fat,  en  1650,  major  de 
la  ciladelle  de  Lille  ;  cctui-là  Tut  père  de  Dupuy-Vftul>an,  qui  a  servi 
pendant  près  dp  soixanto  ans  dans  une  gunrre  à  peu  près  continuelle, 
qui  s'acquit  une  grandn  gloire  à  la  défense  do  Bêtliune,  m  1710,  pen- 
dant un  fort  long  siège,  et  qui  est  mort  en  1731,  lieutenant  généRil  el 
grand-croix  de  Saint-Louis^  à  soixante-douze  ans. 

Celui  dont  on  parle  ici  montra  de  bonne  heure  ses  talents  pour  Tal- 
taquo,  la  dcfenr:e  et  la  forlt&catiou  des  places,  soutenus  d'une  grande 
valeur,  d'un  coup-d'oeit  sûr  et  d'un  Jugement  exquis.  Il  pas^a  par  \pf 
petits  emplois,  d'où  ces  m^mcs  talents  lo  tirèrent.  Capitaine  dans 
Pii^ardie,  lieutenant  aux  garder,  il  dirigea  les  plus  grands  ji'lè^cs,  eutle 
secret  de  ta  plupart  des  grandes  entreprises,  donna  l'idée  et  le  dessein 
do  plusieurs,  ol  conduisit  tous  les  grands  sièges  que  le  Roi  fit  en  per- 
siinm^  Sa  probité,  sa  bonté,  la  clarté  de  Rfts  onirpa,  les  fautes  qu'il  cou- 
vroit,  la  justice  qu'il  rendoit  au  mérite,  aux  vues,  aux  actions,  le  soin 
qu'il  avoit  de  ménager  la  vie  de»  hommes,  lo  rendirent  cher  aux  offi- 
ciers et  aux  troupes,  et  ses  talents  et  ses  succès  donnuienl  toute  la  con- 
fiance en  sa  capacité,  qui  ne  fut  jamais  trompée.  Il  fut  successivement 
gouverneur  de  la  citadelle  de  Lille,  de  Douay,  commifisaire  gênéraï  deaj 
fortifications  de  France,  lieutenant  général,  grand-croix  de  Saint-Louis,' 
el  c'est  lut  qui  a  fait  presque  toutos  les  places  que  le  Roi  a  bftties. 
Quoique  sou  vrai  et  principal  métier  fût  les  fortifications  et  les  sièges, 
il  ne  laissa  pas  de  commander  les  troupes  de  terre  el  de  mer  en  Basse- 
Bretagne  en  1694  et  95,  où  il  rendît  inutiles  les  projets  des  ennemis, 
qu'il  obligea  de  se  rembarquer  avec  grande  précipitation  à  Camaret,  où 
ils  étoieut  descendus,  et  de  se  retirer  sans  avoir  rien  fait.  Il  con&er 
encore  la  Flandre  maritime,  avec  un  corps  de  troupes,  après  la  batailla 
de  Ramiltics,  et,  voyant  depuis  la  lenteur  et  les  mauvaises  mesures  dq] 
siège  de  Turin,  il  pressa  le  Roi  de  lui  permellre  d'y  aller,  de  laisser  son 
bâton  de  maréchal  de  France  derrière  la  porte  (ce  fut  son  espreaaion)^^ 
de  ne  se  môlcr  que  du  siège,  et  de  ne  toucher  en  rien  à  l'autorité  ni  anx 
fonctions  de  général  d'armée  du  duc  de  la  Fouillade.  Le  Rui  luua  son 
zèle;  mais,  jaloux  de  hi  gloire  du  gendre  de  son  ministre  et  de  son 
choix,  il  ne  voulut  pas  l'obscurcir  ;  il  lui  en  coûta  Turin  et  l'Italie  *. 

Vaui)an3,  dans  un  si  grand  nombre  de  voyages  qu'il  avoitfaitiA  tra* 
vers  le  royaume  pouraller  aux  diverses  frontières  et  visiter  ou  hAtir  ce 
grand  nombre  de  places,  en  avoit  remarqué  la  misère  et  la  mauvaise 
administration.  De  longues  réflexions,  sur  do  longs  examens,  lui  en 
tirent  concevoir  le  remède.  H  crut  chacun  aussi  droit,  qu'il  l'étoit  lui- 
môme,  et  aussi  excellent  patriote.  Une  sorte  d'autorité,  que  sa  modestie  1 


1.  Cnroparez  le»  Mémoires,  tome  IV,  p.  42t. 

%  Ce  dernier  épUmle  de  la  vie  de  Vauban  est  raconté  pit»  lon^QcmcQt  dans 
les  M^tnorrex,  Inrae  V,  p.  149-154.  CompArcz  la  notice  que  j'ai  lue,  en  ISlh,  à 
l'Académie  des  sciences  morales  cl  |N>litique&,  sur  \a  Prvacripiion  du  Pni/H\ 
de  dime  royale  et  la  mort  de  Vauban. 


FBiGHSffTS  IKIÎOITS   DE  Sil.MT-SUIO?l. 


429 


ne  l'avoit  pu  einp<^cher  de  gagner  auprès  du  Roi  et  de  ses  ministres,  lui 
donna  de  la  couûance  :  il  moatra  les  maux  et  le  remède  avec  autant 
d'évidence  et  de  clarté  dont  noe  telle  et  «i  vaste  matière  peut  ôtrn  sus- 
ceptible, après  tout  le  travail  et  l'application  qu'il  avoit  pu  y  mettre,  et 
Bt  imprimer  ce  livre  sous  le  titro  de  IHme  royale,  par  lequel  il  monlroil 
réoonne  préjudice  ([ue  soiiffroii  l'État,  dans  son  commerce  ei  dans  ses 
membres,  du  grand  nombre  d'impôts  et  de  taxes,  et  nomhien  de  gous 
B'y  enrichissoicnt  énormément,  combien  peu  à  proportion  il  en  entroit 
danî>  les  coiïres  du  Bui;  et  prétondoit,  par  un  seul  impl^t  do  la  dimede 
tous  les  biens,  évalués  daiis  une  proportion  qu'il  proposoit^  donner 
infiniment  plus  au  Roi  et  soulager  en  surplus  le  peuple  et  tous  les 
aotrej  particuliers'.  Il  présenta  son  livre  au  Rui,  qui  le  reçut  fort  bieUi 
et  aux  ministres,  el  ce  livre  eut  un  débit  infini.  Mais  les  ministres  des 
finances  le  trouvèrent  si  étrangement  mauvais,  qu'ils  trouvèrent  moyen 
d'en  faire  un  crime  à  lauteur.  C'tJtoit  les  prendre  par  l'endroit  le  plus 
sensible  :  arbitres  souverains  des  biens  de  tout  le  monde  en  cent  ma- 
nières difVôrcntes,  maîtres  de  cette  armée  de  commis,  d'archers,  de 
gardes  de  toute  espèce.,  de  celle  nuée  de  fenniers,  de  irailantâ,  de  rece- 
veurs, dont  la  ferme  étoit  entre  leurs  mains,  el  dont  la  leur  s'augmcn- 
toit  à  leur  gré,  on  peut  juger  du  frémissement  avec  lequel  ils  virent  un 
ouvrage  qui  tendoit  à  les  dépouiller  de  tous  <xs  avantages  et  à  les 
réduire  à  la  situation  générale.  Aussi  n'épargnèrent-ils  rien  contre  le 
Uttc  et  contre  son  auteur,  qui  aurolt  mal  passé  son  temps,  sans  l'auto* 
rite  du  Roi  et  se«  grands  8er>'ices.  Mais,  si  cela  sauva  sa  liberté,  les 
cris  des  ministres  furent  tels,  que  le  Roi  ne  put  moins  faire  que  de 
marquer  son  indignation  à  un  si  bon  snrviteur,  et  qui,  en  cela  môme, 
méritoit'  lanl  de  nouvelle»  louanges.  Le  maréchal  en  fut  si  consterné 
et  si  outre,  qu'il  ne  Gl  plus  que  languir,  el  qu'il  en  mourut  de  douleur 
fon  peu  de  mois  aprè«,  à  I^ris,  DU  mars  1707  ^,  à  :<oixanlc-quatorzc 
ans,  universellement  admiré  et  regretté.  C'était  un  homme  d'un  désin- 
téressement parfait.  Il  a  fortifié  plus  de  trois  cents  places  et  a  eu 
la  direction  en  chef  de  clnquante-troiif  sièges. 

Il  avoit  eu  deux  filles  :  l'aînée,  morte  avant  lui,  avoit  épousé  M.  de 
Ifeagrigny  ;  l'autre,  M.  Bernin  de  Valeotioè,  contn'dcur  général  de  la 
maison  du  Boî,  qui  s'est  ruiné  en  bel  esprit,  en  poésies  el  en  musique. 

I.  On  remarquera  que,  dan»  cette  rédaction,  11  ncftt  poiot  |>orié  des  livre* 
de  B<ii&gtiilbf-rt,  ni  de  acs  relations  arec  Vauban. 
i.  Ce  mot  est  en  inlerlimie. 
3.  DanH  le  mnnuscril,  1607  ^  voyex  ei-dessas,  p.  127.  oole  5. 


RbV.    HiSTOB.    XVI.    1"   FASC. 


130 


HSUN6BS  ET   OOCOMB'ITS. 


nOCUMRNTS  INÉDITS  RELATIFS  AU  PREMIER  EMPIRE. 


NAPOLÉON  ET  LE  ROI  .lÉROMIi. 


{Suite.) 

Ainsi  que  nous  l'avons  dil  plus  hauL,  le  roi,  ne  recevant  pas  de 
réponse  de  Icmpercur  rclalivemcnl  à  sesjusles  réclamations  à  l'égard 
des  agents  fratirais  en  Wcstphalic  et  désirant  mettre  son  Trère  bien 
aucournnt  de  [a  situation  llnancière  du  pays,  lui  expédia  son  premier 
aide  de  camp,  le  général  Morio,  avec  la  lettre  ci-dessous  : 

JftaOklE  A  N&POLftON. 

GasBâl,  3  février  1809. 

Sire,  j'envoie  auprèi;  de  Votre  Majesté  le  général  Morîo,  mon  premier 
aide  ûc.  camp  ;  il  a  été  un  de  mes  ministres,  il  était  présent  à  touR  mes 
coosoile  d'admiuisiraùoQ,  nt  connaît  très  bien  la  situation  do  mon 
royaume.  Votre  Majesté  pourra  avoir  de  lui  loa»  tes  reoseigno meute 
qu'elle  désirera  preodro  sur  l'état  du  trésor,  comme  sur  les  autres  par- 
ties d'admiaistraiion. 

Je  ne  puis  prendre  de  biais  avec  Votre  Majesté  ni  la  tromper  en 
aucune  monièrâ  dans  une  circonstance  aussi  majeure,  mais  il  est  certain 
que  le  ruj-aume  de  Westphalie  nn  peut  résister  plus  de  6  mois  au  mau- 
vais état  des  liuaace-s. 

Quant  k  moi.  Sire,  je  me  trouverai  toujours  bien  parloui  oH  je  serai 
placé  par  Votre  Majesté,  si  je  conserve  toute  son  amitié. 

L'empereur  était  [ku  porté  à  aimer  et  à  estimer  les  ofRcicrs  qui 
quittaient  son  service  pour  celui  de  ses  Trcres  ;  il  répondit  à  Jérôme, 
le  u  février  <S09  : 

Je  suis  étonné  que  vous  m'envov-iez  le  général  Morio,  qui  est  une 
espèce  de  fou.  Voua  trouverez  bon  que  je  no  le  voie  pas.  Quant  à  la 
situation  de  votre  trésor  et  de  votre  admiuistrulion^  cela  uc  me  regarde 
pas.  Jo  »ais  que  l'uu  et  l'autre  vout  fort  mal.  C'est  une  suite  des  mesures 
que  vous  avez  prises  et  du  luxe  qui  règne  chez  vous.  Tous  vos  actes 
portent  t'emprointe  de  la  légèreté.  l^)urquoi  donner  des  karoonies  à  des 
hommes  qui  n'ont  rien  fait?  Pourquoi  étaler  un  luie  si  peu  en  harmonie 
avec  le  pays  et  qui  serait  seul  nue  calamité  pour  la  Westphalie  par 
le  discrédit  qu'il  jette  dans  l'administration?  Tenez  vos  engagemeota 


HIPOUO.N   BT   LB  BOl  JlUÛKE. 


431 


avec  moi,  et  songes  qu'on  D>n  a  jamais  prie  qu'on  no  les  ait  remplis. 
No  daub>z  jamais  du  reste  de  tout  l'iDtér^t  que  je  voua  porte. 

Rbimiaud  a  Champaony. 

Gassel,  18  février  t809. 

Dans  une  dépêche  pTêcédente'  j'ai  pendu  compK*  de?  recettes  H  des 
dépt^nses  présumée^)  de  la  liste  civilo.  Quant  aux  fînani^rs  det  l'ICtat,  on 
m'assure  que  le  déOcit  de  l'antice  passée  est  de  douyi'  milllona  et 
qu'une  crise  est  inpvitabief  peul-âtro  dans  six  mois.  Il  est  certain  que 
les  Juifs  ont  prête  de  l'argent.  On  parle  de  trois  millions.  Pour  remplir 
le  déficit,  on  s'occupe  surtout  à  pousser  l'exploilation  du  sel  aussi  loin 
qu'elle  peut  aller.  On  compte  sur  un  grand  débit  en  Uullande.  Avant  la 
demitn  levée,  le  Roi  entretenait  huit  mille  hommes  de  troupes.  On 
parle  d*niie  forte  réduction  dans  sa  garde.  Si  la  guerre  a  lieu,  on  ne 
doute  pas  que  le  désir  du  Roi  d't>tre  appelé  à  l'armée  ne  soit  rempli. 
L'on  s'en  promet  des  moyens  de  faire  de  gnndes  économies  pendant 
son  absence. 

Sa  Majesté  Impériale  a  voulu  que  je  lui  rendisse  compte  de  la  con- 
duite des  ministres.  Le  premier  eu  ligne  est  M.  Sim^n  :  il  réunit  à 
l'amour  du  travail  et  à  la  probité  des  connaissances,  des  talents  et  de 
l'amabilité.  Il  est  peut-être  le  seul  qui  avant  de  fléchir  devant  la  volonté 
suprême  ose  se  permettre  quelquefoîf:  des  représentations,  qui  ne  sont 
pas  toujours  bien  accueillies.  En  public,  il  a  con.nammenl  été  traité 
avec  une  grande  distinction,  et  l'on  croit  que  la  faveur  lui  eat  revenue. 
Son  département  marche.  Le  général  EbU^esX  infatigable  au  travail.  Il 
se  trouve,  dit-il,  au  milieu  d'un  chaos  à  débrouiller^  de  fripons  & 
déjouer  ;  entravé  par  une  triple  administration,  celle  de  l'armée,  de  la 
pide  et  des  troupes  françaiscis,  il  ne  sort  presque  point,  mais  tout  son 
•xlérieur  montre  une  sanle  fortement  dérangée  ;  s'il  continue  ainsi,  le 
travail  le  tuera  dans  un  an. 

Le  comte  de  FurtensUin  a  grandi  depuis  qne  je  l'ai  tu  à  Dresde.  Il 
mt  de  tout:  les  ministres  le  plus  constamment  prê.<:  de  la  personne  du 
Roi.  Son  ministère  lui  laisse  encore  quelques  loisirs  pour  les  plaisirs, 
n  a  les  formes  aimables  et  il  se  met  peu  à  peu  au  niveau  de  sa  position. 
Ons*ap?rroit  de  temps  en  temps,  même  dans  des  occurrences  de  routine, 
que  le  chef  et  les  employés  ont  besoin  d'expérience.  On  rend  justice  à 
la  droiture  do  son  caractère.  Les  soins  à  prendre  puur  sa  famille  font 
partie  de  ses  occupations.  Ce  qui  le  justifie,  c'est  que  les  sosurs  sont 
aimables,  les  beaux-fréres  des  hommes  de  mérite. 

M.  Bulow  était  employé  dans  radmiaistratioo  prussienne  à  Magde- 
bourg.  Sa  probité  est  intacte,  mais  on  le  dit  peu  capable  de  sortir  de  la 
route  ordinaire.  Il  serait  peut-être  à  sa  place  si  les  affaires  étaient  à  ta 


I.  Pablièe  dans  les  Uémoèra  rfu  roi  Jéràme, 
%  Avait  rcmpItcA  Unrio  i  la  guerre. 


132 


HKUNGKS    ET    DOCUKSXTS. 


leur.  Mais  il  les  y  fera  venir  dinicileroent.  On  l'accuse  de  ne  point  aimer 
les  Français;  est-ce  par  aversion  ou  seulement  parce  qu'il  est  ministre 
des  finances? 

M.  de  Volfradt*  esi  un  homme  de  bien  et  de  mérite,  un  peu  douce- 
reux ei  prol>ablemem  «ans  énergie  comme  son  auciea  uiaiire.  L'orga- 
nisalion  de  son  ministère  l'occupe  tout  entier.  11  est  encore  à  l'épreuve 
et  c'est  ce  que  le  Uoi  lui-môme,  dit*OQ,  lui  a  déclaré. 

Parmi  tes  prétendants  à  la  place  de  minislre,  ou  nomme  toujours 
M.  Potliau*  pour  l'intérieur,  M.  Bercagny  pour  les  finances  ou  la  jus- 
tice. On  prétond  qne  M.  de  Truchsess  visait  à  celui  des  relations 
ozlcri  cures. 

Parmi  les  membres  du  corps  diplomatique,  le  minisire  de  Bavière  a 
une  réputation  de  malignité  et  d'urgueil  ;  celui  de  Hollande,  de  petites 
ftnacories  et  d'économie  balave  ;  celui  (k  Saxe,  l>on,  souple,  né  conrtt' 
Ban,  Irenible  d'avoir  dos  atTaires;  celui  de  Wurtemberg,  poli  et  réservé, 
laisse  dans  le  doute  si  sa  nullité  est  de  nature  ou  de  calcul  ;  celui  de 
Darmsiadt,  avec  de  la  mesure,  a  une  tournure  de  francbiso  et  de  loyauté 
militaire;  le  chargé  d'affaires  de  Prussfl,  avec  ses  profondes  révérences 
ot  son  très  roodesle  extérieur,  est  vrai  représentant  d'un  roi  de  Prusse  : 
d'ailleurs  il  est  instruit,  honnête  homme,  on  se  loue  ici  de  sa  conduite. 

M.  Bercagny.  sans  avoir  le  Litre  de  ministre  d'état,  L'est  peut-être 
plus  que  les  autres  :  Ic9  talents,  les  connaissances  administratives,  la 
Bnessc,  l'activiié  ne  lui  manquent  point;  ou  craint  seulement  que  Gett« 
dernière  qualité  ue  l'entraîne  à  faire  naître  des  affaires  pour  rendre  sa 
place  plus  importante.  On  attribue  au  Roi  un  penchant  naturel  pour 
faire,  sous  tous  les  rapports,  l'essai  et  l'usage  de  son  pouvoir;  et  le 
mérite  de  M.  Hcrcagny  sera  d'autant  plus  gnuid,  s'il  reste  fidèle  à  lins- 
litution  de  la  police  qui  est  de  prévenir  les  occasions  de  punir.  Tous  les 
Wcf^tphaliens  nn  sont  pas  contents,  tous  ne  sont  pas  fidèles,  mais  ils  ne 
conspirent  point.  Ce  sont  plnt^t  des  indices  que  dej>  faits  qui  donnent 
U<n  à  ces  remanjueâ  ;  mais  on  craint  dans  une  matière  aussi  grave  des 
èvtnenienls  possibles  qui  pourraient  changer  ta  marche  sage  et  mesurée 
du  gouvemement,  ou  le  dèToloppement  d'un  système  qui  pourrait  le 
dénaturer. 

On  parie  ici  d'un  parti  allemand  et  d'un  parti  français;  parmi  les 
Allemands  il  existe  un  parti  de  Tex-éiecteur  et  un  parti  do  roi  ;  mais  si 
dans  le  parti  du  n>î  on  distingue  un  parti  allemand  et  on  parti  fran- 
çais, on  commet  ui»  erreur  qui  pourrait  coaduire  à  des  conséquences 
Acheuses.  Le  vrai  parti  français  aam  eeluî  qui,  eooqitant  sur  l'inébrao- 
lablo  solidité  du  nouvel  ordrv  de  rlineifj  »  nçomtm  aor  le  temps  pour 
•Ofuécir  de  1&  fortUM  el  des  dioKiiictians  et  ne  voudra  pas  recueillir 
dut  UM  premièra  anaée  «e  qui  dotl  «m  le  Imii  d  une  longue  carrière 
da  tiavait  et  de  fidêlil*. 

t.  Mkdstn  et  llaWftaw^. 

i.  Mari  d'uM  <l«  n«n  de  U  ri— 


?CiPOl^OX  VT  LR  KOI    JÉRUXE. 


133 


GaAJfPASHY  *  Rbi»habd. 

_^   __  Paris,  le  23  février  1809. 

'  '''V&iiueiir,  8.  ^M.  l'Empereur  et  Roi  a  eu  e«us  Ips  yeux  vos  dépêches 
des  3,  5  Pt  9  février,  n^  13,  14  et  15,  et  les  deux  bulletins  y  jointe,  et 
m'a  donné  un  ordre  qu'il  m'est  agréable  de  remplir,  celui  do  vous 
léxDoippnej'  ss  satisfaction  pour  ces  dèpôcbfts  et  de  vous  mander  qu'il  les 
a  hiec  avec  inlérfi. 

Bien  que  les  dépenses  du  roi  n'aient  pas  été  aussi  grandes  que  vous 
Tavez  dû  croire,  ignorant  que  le  Roi  ne  louchait  point  son  trailcmenl 
do  prince  français,  comme  elle?  ont  de  b«aucA)up  dépai^sé  sa  It'gle  civile., 
l'Empereur  lui  a  écrit  pour  lui  en  témoigner  son  mécontentement;  mais 
le  Roi  s'en  excuse  en  niant  la  vérité  du  rt^proche.  Sa  Majesté  sent  com- 
bien il  est  nécessaire  d'inspirer  à  ce  prince  unei^priL  d'économie  et  elle 
TOUS  chai^  de  profiter  de.s  occasions  que  le  Roi.  s'entretenant  avec 
^vous,  vous  fournira  |>our  le  faire.,  avec  l'à-propos  et  la  mesure  qui  vous 

Ht  propre*. 

Du  re<te,  S.  M.  croit  utile  que  von»  sacliier.  que  ce  que  le  Roi  vous 
a  dit  d'une  question  que  l'Empereur  lui  aurait  faite  à  votre  sujet  et  de 
n  réponse  n'est  qu'une  forme  plus  aimable  donnée  par  ce  prince  à  un 
eompUmiuit  auquel  vous  ne  sauriez  mieux  répondre  qu'en  re<]oublant 
d'ottealion  et  de  vigilance. 

Quant  aox  doutes  que  ma  lettre  du  25  janvier  vous  avait  laissés.  Sa 
Majesté  me  charge  de  vous  faire  conuaitre  que  les  Français  employés 
dans  le  palai»  au  service  du  Roi  et  naturalisés  W'e.stphalienK,  lelin  que 
M.  le  comte  de  Furetenstein  et  autres  qui  peuveut  être  dans  le  même 
cas,  n'étant  pins  P>anrais  Ront  libres  d'accepter  les  décorations  qui  leur 
sont  données.  Tous  les  autres  n'eu  peuvent  accepter  sans  l'autorisation 
de  8a  Majesté  I.  et  R. 

8a  Majesté  vous  recommande  do  voir  eouveut  M.  Siméon  et  le  général 
SMé  pour  connaître  leur  opinion  et  leur  position  et  la  lui  faire  connaitrc. 

Des  symptômes  assez  sérieux  commençaient  â  faire  prévoir  une 
prise  d'armes  de  rAuLriche  et  il  était  à  craindre  que  tks  troubles  ne 
Tinssent  à  éclalcr  en  Westphalie.  Jérôme,  prévenu  par  divers  rapports 
et  par  quelques  correspondances,  en  écrivit  à  Tcmpereur.  Ou  trouvera 
aussi  plus  loin,  à  la  date  du  24  février,  une  lettre  de  Reinhard  à  ce 
siget.  adressée  à  M.  de  Champagny. 

jÉnOltB  A  N&POLfiON. 


Ca&sel,  23  février  1809. 
Sire,  jVnvoie  à  Votre  Majesté,  par  cxiurrier  extraordinaire^  «leux 
dépAcheit  chilTrées  que  j'ai  reçues  hier,  non  pas  d'un  agent  secondaire^ 


KitiHGM   RT   D0CUaB5TS. 

icaiB  d'un  homme  jouissant  d'une  grande  fortune  en  ce  pays  qui  m'est 
eniièrpmenL  dévoué  et  qui  a  des  relations  intimes  avec  les  pcreonncs  les 
plus  disUnguées  de  Vienne. 

Bien  que  jo  pense  que  Votre  Majesté  soit  déjà,  instruite  d'une  partis 
des  détails  contenus  dans  ces  dépêches,  j'ai  cm  ne  pas  devoir  tes  lai 
laiseer  ignorer  et  j'y  joins  un  état  des  Torces  de  l'Autriche. 

Les  rÔKlinents  wesipbaliena,  dont  j'ai  annoni:^  le  départ  à  Votre 
Majesté,  saut  arrivés  à  Mayoiic«.  Il  y  u  eu  qutîlques  dêsprteura  parce 
qu'un  leur  a  l'ait  croire  sur  la  route  qu'ils  aUaienl  être  désarmés  à 
Mayence  et  envoyés  dans  les  lies.  Je  vais  les  remplacer  sur  le  champ  et 
porter  celte  division  à  8000  hommes'. 

J'ai  donné  le  commandement  de  cette  division  au  général  Morio  que 
je  veux  mettre  à  même  de  prouver  à.  Votre  Majesté  ses  véritables  seo- 
timents. 

Sous  ses  ordres  seront  les  généraux  de  brigade  Weber  ei  Boeraer  et 
le  chef  d'état-major  Heraberg. 

Jo  viens  d'ajouter  une  seconde  compagnie  d'artillerie. 

Jébomz  a  Napolèok. 

Gassel,  19  mars  1809. 

Bire,  quoique  bien  persuadé  que  Votre  Majesté  soit  instruite  de  tous  | 
les  projets  de  l'ennemi,  je  ne  crois  pas  devoir  me  taire  sur  le  rapport 
qui  vient  de  m'âtre  fait  par  dos  officiers  de  ma  maison,  ayant,  pour 
leurs  affaires  personnelles,  des  relations  étroites  en  Hanovre. 

D'après  ce  rapport  «  il  parait  que  les  Anglais  ont  formé  le  projet  do 
débarquer  30  à  4U  mille  hommes  sur  les  côtes  de  Hanovre  pour  attaquer 
ce  pays  et  pénétrer  en  Hollande,  s 

J'annonce  avec  satisfaction  a  Votre  Majesté  que  la  levée  de  la  cons- 
cription se  fait  avec  le  plus  grand  zélé  dans  la  majeure  partie  de  la 
Weatphalie  et  principalement  dans  les  départements  de  l'Elbo  et  de 
rOckor  dont  l'esprit  est  excellent. 

Quant  au  pays  de  l'ancienuo  Hesse,  il  est  décidément  mauvais  et  jo 
désirerais  bien  que  Votre  Majesté  m'autoris&t  à  répartir  dans  cetto] 
partie  de  mon  rttyaume  un  des  régiments  français  qui  sont  à  Magdo- 
bourg,  alîn  de  dië^siper  les  esprits  remuants  et  de  contenir  les  mal- 
voillanls. 

Si  Votre  Majesté  consent  h  cette  demande,  j'enverrai  on  remplacement 
à  Magdcbourg  un  régiment  westphalien  de  même  force. 

Je  priu  Votre  Majesté  de  me  répondre  sur  cet  objet* 

t.  Celle  diviftjoa  était  dlrijîée  sur  l'Espagne  on  elle  p^ril  presque  tout 
caUArR.  Le  gt^n^nil  Morio,  qui  la  romiitanilail,  nf.  rtroaquit  pai  la  faTeur  impé- 
rialf,  car  un  iiA^urr  (|iii-  re  iiiAlhriiri'iu  Dnicier  s'rtanl  \tTèhc.nl<'  aui  TuJIrrii!^, 
à  fon  retour  «le  la  réiiin&ule,  .NapolcoD  lui  dit  Irusqucmeol  :  «  Quitlcs-vous? 
—  L«  général  Slorio.  —  Vûo6  géoéral?  Dans  mon  année  vous  ne  seriet  pa» 
Caporal.  « 


%kT0Li07l  KT   LE  BOT  J^RÔVE. 


13» 


HBUtUAlU)  A  GiUHPAQny. 

Cassel,  lo  24  février  1809. 

M.  le  comt«  de  PurstensUin  m*a  fait  pari  des  nouvelles  qu'il  a  renues 
de  Vienne  et  qui  ont  délenniné  te  Roi  à  envoyer  hier  un  courrier  à  Ba 
lCajasti3  l'Empereur.  Il  m*a  parlé  aus»  d'une  lettre  de  M.  Uaflinger  à 
D&rmsiadt,  qui,  ayant  à  écrire  n  M.  Pothau,  t'informe  en  confidence  du 
niêcontentement  gènénl  qui,  d'âpre»  lea  renseignementii  parvenus  à 
M.  Bétfïinger  et  qu'il  dit  avoir  fait  connaître  h  Votre  Excellence,  régne- 
r»il  en  Westphalie  et  qui  selon  lui  pourrait  amener  une  explosion 
llénèrale.  M.  de  Furstfmtetn  m'a  dit  qu'il  n'allachait  pas  une  grande 
importance  à  cet  averlissement  ;  que  la  police  était  parfaitentenl  failc 
en  VTestphalie:  que  te  peuple  était  bon;  que  les  not>le.s  étaient  KdMcs; 
que  le  Roi  était  aimé  et  q^uMI  était  d'ailleurs  exactement  informé  de 
tout  c«  qui  se  passait  dans  soa  royaume.  Quoiqpae  je  partage  à  plusieurs 
égards  cette  opinion  de  M.  de  Purstemlcin,  je  me  réserve  cependant, 
Mon&eignpur,  de  revenir  sur-  cet  objet  nous  le  double  rapport  des  faits 
et  des  réflexions  qui  s'y  rapportent. 

On  voit  que  M.  Reinbard,  moins  opUmistoqueM.  de  Furstcnstein, 
était  aussi  jitus  clairvoyant  On  touchait  aux  aventures  de  Schill,  du 
duc  de  Brunswick  et  à  la  guerre  avec  l'Aulriche. 

Reinbabd  a  Chaupaony. 


Gassel,  ce  28  février  1809. 

J*ai  annoncé  à  Votre  Excellence  que  j'aurais  quelques  détails  à  ajouter 
au  compte  que  j'ai  rendu  dans  ma  lettre  n*  17  de  l'audience  parliculièro 
que  j'ai  eue  de  8a  Maje<iié  wesiphalienne.  M.  le  comte  du  Furxtenstrin 
était  venu  me  dire  que  je  n'aurais  qu'à  m'adres&erau  cbambetlau  de 
service  et  que  le  Roi  me  recevrait  immédiatement.  Je  suppose,  ajouta- 
l>il,  qae  vous  avez  quelque  chose  de  particulier  à  dire  à  Sa  Majesté. 
<  Non,  dis-je,  il  ne  s'agit  que  de  communiquer  les  vues  de  l'Empereur 
cuncemant  l'organisatioD  du  contingent  wefttphalien  :  je  suis  un  igno- 
rant qui  ira  prendre  une  leçon  chez  un  maître  consommé  dans  l'art 
militaire,  i  Sur  cela  M.  de  htrstenstein  m'apprit  que  le  Roi  avait  mal 
dormi.  —  C'est  qu'on  veille  un  peu  tard  (il  y  avait  eu  deux  nuits  de 
bal  pour  l'anniverîaire  de  la  Reine).  —  Oui,  dit  M.  de  FttrsUmiein.  le 
Hoi  tntvaillr  souvent  fort  avant  dans  ta  nuit. 

L.orsque  j'arrix-ai,  M.  le  c.ov\\p.  de  Funtenslein  était  avec  le  Roi.  Je  fus 
introduit  dès  qu'il  fut  sorti.  Ce  n'est,  dit  le  Rui,  qu'une  circulaire, 
qu'une  note  diplomatique.  Quand  je  l'eus  informé  que  le  même  conr- 
rier  m'avait  apporté  l'ordre  de  proposer  aux  princes  de  Waldeck  et  de 
la  Lippe  quelques  changements  relatifs  à  Torgani^tion  de  leur  cunlin- 


lU 


■iUTIfiBS   ET   DOCCMB^ÏTS. 


geot,  Le  Rot  me  cita  l'exemple  de  quelques  K)ldatswefitphalien6  enrôlée  j 
dans  le  pays  de  Scliau  en  bourg.  «  J'ai  fait  ilire  au  prince,  ajotita-t-il,  que 
s'il  ne  les  rendait  pas,  j'enverrais  des  {gendarmes  pour  les  Faire  chercher 
et  que  je  pourrais  bien  le  faire  venir  lui-raftme.  (Le  prince  vint  en  effet 
à  Cassel  pour  s'excuser.)  Ces  petits  princes  m'ont  proposé  de  m'envoyer 
des  ministres,  je  n'en  ai  pas  voulu,  o 

Pot  unn  tran<:ttioD  un  peu  brusque  le  Hoi  me  parla  ensuite  des 
comptes  de  M.  JoUivet,  où  se  trouve  porté  jusqu'à  l'herbe  qui  croît  sur 
la  place  Frédéric  et  sous  les  croisées  du  château  sur  les  bords  de  U 
Fulde. 

Il  paraît  que  cet  article  et  plusieurs  autres  que  Sa  Majesté  me  clia 
avec  une  intscibllit^  qui  m'a  paru  légitime,  s'étaient  trouvés  compris  j 
dans  la  moitié  des  domaines  réservée  à  Sa  Majesté  l'Empereur  et  qu'ili  i 
avaient  été  évalués  à  une  certaine  somme  dont  M.  JoUivet.  par  une 
raison  de  devoir  aussi  très  légitime,  demandait  le  remboursement, 
a  J'aurais  pu  envoyer  ces  beaux  comptes  k  l'Empereur  ;  mais  je  n'ai  pas 
voulu  faire  tort  k  M.  JoUvft  dans  l'esprit  de  mon  frère.  Cependant,  je 
sais  que  M.  JoUivet  est  mon  pspifin.  A  quoi  bon  écrire  à  Paris  que  j'ai 
donné  un  diamant,  que  j'ai  couché  avec  une  belle?  Un  ministre  ne  doit 
point  s'occuper  de  cps  bagalpllps;  il  doit  mander  qui>  le  Roi  se  porte 
bien,  que  la  Westphalic  marche  dans  1e  système  de  la  Fiance,  et  voil& 
tout.  Que  rèsulte-t-il  de  cet  espiounage?  Cela  peut  donner  un  instantj 
d'humuur;  des  frère!'  peuvent  i-e  brouiller  un  instant  ot  peut-être  cola  j 
m'esl-il  déjà  arrivé  ;  mais  ils  se  léconcilient.  J'aime  et  je  respecte  l'Em- 
pereur comme  mon  père;  l'Empereur  dans  un  moment  de  vivacité  peut 
me  faire  quelques  reproches,  mais  ensuite  on  s'explique  et  l'on  sait 
mauvais  gré  à  celui  qui  a  été  la  cause  de  la  brouillerio.  ~  Votre 
Majesté,  dis-je,  a  daigné  me  dire  qu'elle  était  ruuteiiledemoi;  j'ose  me 
flatter  qu'elle  l'est  encore  ei  je  la  supplie  surtout  de  croire  que  ma  con- 
duite tendra  constamment  à  entretenir  les  sentiments  d'amour  qui  lient 
les  deux  augustes  frères.  —  Oui,  dît  te  Rui,  et  puis  revenant  aux 
comptes  de  M.  JoUivet,  et  pui?  l'apostrophant  et  évitant  avec  une  adresse 
admirable  de  me  donner  le  droit  de  m'exptiquer  ce  vous  qui  semblait 
cependant  me  regarder  aussi  :  si  vous  mandez  jusqu'à  ce  qui  se  passe 
dans  ma  cuisine,  je  vous  traiterai  comme  le  ministre  de  Davière, 
comme  !«  ministre  de  Wurtemhprg^  et  non  comme  ministre  de  famille  ; 
je  ne  vous  admettrai  chpz  mnî  que  dans  tes  occasions  de  cérémonie  (le 
Roi,  me  domandai-je,  aurait-il  lu  mon  dernier  bulletin?  Il  était  parti 
par  cette  voie  pou  sûre  d'Hanovre)  ;  d'ailleurs  M.  JoUivet  n'a  jamais  été 
accrédité  pri-s  de  moi;  je  pourrais  le  regarder  comme  étranger;  je  pour- 
rais même,  s'il  voulait  me  tracasser,  le  prier  de  partir;  cependant  c'est 
uu  hunnéle  homme,  c'est  uu  brave  homme,  mais  il  se  noie  dans  les 
détails.  Si  vous  ëtieis  chez  le  roi  de  Bavière,  chez  le  roi  de  Wurtemberg 
(toujours  M.  JoUivet  vh  vioiT)  alors,  à  la  Iwnne  heure,  il  faudrait  tout 
observer,  tout  écrire;  mais  tout  ce  que  mon  frère  voudra  savoir  je  le  lui 
écrirai  moi-même,  et  pour  ètro  bien  avec  l'Empereur  il  faudra  être  bien 


UrOLéO!!  BT  LR  BOT  jésÔVE. 


137 


JiTcc  moi.  »  Je  saisis  ces  dcrûière»  paroles  :  t  Siro,  Votre  Mojosté  me 
fait  la  Ipçon  ;  ello  prêcha  un  converti,  el  je  la  prie  d'étro  convaincue 
que  ce  que  je  désire  ardemment,  c'p.sI  d'obtenir  et  de  mériter  sa  con- 
fiance. >  Cette  conversallun,  MonBeigneuff  qui  dura  près  d'une  demi- 
heure  et  dans  laquelle  je  me  sais  gré  de  m'étre  re8treinl  &  ce  peu  do 
mots  que  l'abondance  el  peut-être  une  intention  préméditée  du  Roi  mo 
permirent  de  placp!r,  m'a  paru  devoir  être  rapportée  parce  qu'elle  peint 
et  le  caractère  du  Roî  el  ma  situation.  J'ai  eu  pendant  un  instant  le 
projet  de  dire  à  M.  de  FurUnstein  qu'il  n'avait  qu'à  consulter  Wicquo- 
Tort  ou  Bnrlamaqui,  pour  se  convaincre  que  l'idée  que  le  Roi  se  faisait 
des  devoirs  d'un  ministre  était  un  peu  trop  étroite,  mais  j'ai  réfléchi 
que  la  sagacité  de  Sa  Majesté  s'était  prémunie  contre  toute  objection. 
C'est  parce  qu'il  est  frère  de  l'Empereur  que  le  Roi  trouve  qu'il  est 
inutile  qu'on  écrive  ce  que  sa  conûsnce  le  porterait  au  besoin  à  écrire 
lai-mCme.  C'est  parce  qu'il  e.çt  frère  de  l'Empereur  que  Sa  Majesté 
impériale  veut  être  informée  de  tout;  et  dans  cette difTércnce  d'opinion 
mon  devoir  est  iracé,  U  consiste  à  obéir  à  mon  souverain. 

Cependani,  depuis  cette  audience^  j'rî  pris  occasion  de  demander  à 
phisieurs  porsonoes  qui  m'ont  parlé  de  l'étal  des  finances,  et  même  à 
H.  Bereagny,  si  personne  n'avait  proposé  au  itoi  de  mettre  la  véritable 
aitaatioD  de  ses  aflalres  sous  les  yeux  de  Sa  Majesté  impériale?  Qu'il 
me  semblait  que  c'était  là  le  seul  moyen  de  sortir  d'embarras  et  d'éviter 
de  grands  inconvénients;  enfin  qu'inetruire  l'Empereur  était  rendre  le 
plus  grand  senice  au  Roi.  M.  liercagntj  m'a  répondu  qu'il  croyait  qu'un 
enchaînement  malheureux  de  circonstances  avait  empêché  que  cela  ne 
•e  fut  jamais  fait  d'une  manière  détaillée  et  lumineuse;  que  M.  Beugnot, 
l'homme  te  plus  propre  à  faire  un  pareil  exposé,  s'en  elant  chargé  et 
étant  tombé  malade,  avait  trouve  Sa  Majesté  impériale  partie  pour 
Bayoniie;  que  depuis  le  Roi  n'avait  envoyé  à  Paris  que  des  aidus-dc- 
cuDp  et  qu'eu  général  il  était  diflicile  de  trouver  ici  un  homme  capable 
de  r^tpondre,  mue  ce  rapport,  à  l'atlcnte  de  l'Empereur. 

Le  lendemain  de  mon  audience,  M.  dp  Buhw,  ministre  des  finances, 
OM  dit  :  Votre  visite  d'hier  va  nous  coûter  encore  quelques  millions. — 
Je  répondis  qu'il  n'y  avait  dans  les  intentions  do  Sa  Majesté  impériale 
rien  qui  dOl  amener  ce  résultat.  —  Mais  le  Hoi  l'a  dit.  —  Au  contraire» 
dans  ce  que  le  Roi  a  dit  voua  pourriez  y  trouver  une  épargne  ;  car  si  le 
contingent  doit  toujours  être  de  35,000  hommes  et  qu'il  soit  question 
de  former  deux  divisions  westphaLienncs  ;  le  Hoi  se  proposant  de 
demander,  dans  la  même  proportion,  une  diminution  des  troupes  fran- 
çaises à  votre  solde,  y  gagnerait  tout,  ce  que,  selon  lui»  un  pareil  nombre 
de  troupes  westphatieanes  coûte  de  moins. 

Cest  depuis  quelques  jours,  Monseigneur»  que  les  doléances  sur  l'élat 
des  linances  westphalieunes  me  parviennent  de  toutes  paris.  Tous  les 
ministres  et  un  grand  nombre  de  conseillers  d'État  m'en  ont  parlé,  à. 
l'exception  de  M.  tU  Purttemlein  qui  s'en  tient  à  la  politique  et  qui,  du 
reste»  voit  tout  en  couleur  de  rose.  Cest  que  peu  à  pou  les  état.<:  de 


438 


AHGES  ET  nocnvtTrs. 


recelte  et  de  dépensa  de  l'année  papsée  se  complètent,  quo  le  bilan  se 
Tait  cl  que  l'abîme  est  devant  les  yeux.  Il  peut  s'ôtre  gliâse  dans  les 
reoseignements  que  j'ai  déjà  transmis  à  Vutre  Excellence,  des  iiiexoctl' 
ludes  de  détail;  mais  les  résultats  sont  certains.  Pour  l'année  courante, 
le  ministre  des  finances  et^père  38  millions  ;  il  en  promet  3f>.  Sur  cette 
somme,  il  Faudra  pour  les  troupes  wj^slpha  lieu  nos  13  à  14  militons  que 
le  ministre  de  la  guerre  espère  de  réduire  à  onze  ou  à  douze;  pour  les 
troupes  Trançaises  huit  milHoas.  Or  les  autres  dépenses  sont  évaluées 
par  le  budget  : 

Dette  publique,  intérêts,  3,70Û,t)00  fr.  1 

Âmortifiation,  BOO,O0Û       | 

Liste  civile, 

Conseil  d'État, 

Ministère  de  la  justice  et  de  l'intérieur, 

—  des  fmauces,  du  commerce  et  du  trésor, 

—  du  secrétaire  d'Etat  et  des  rel.  ext-, 

—  de  la  guerre, 


A.500,000  fr. 

5,000,000 
322,000 
5,000,000 
8,463,000 
1,090,000 
20,000,000 


Total, 


44,375,000  fr. 


On  porte  à  un  million  la  dette  Elottantc  do  la  liste  civile.  Si  celle-d 
doit  encore  puiser  dans  le  trésor  public,  voilà  le  tonneau  des  Oanaïdea; 
et  comment  dès  cette  seconde  année  les  économies  du  Roi  peuvent-elles 
faire  rentrer  la  dôpense  dans  îcs  limites  qui  ont  été  si  fortement  excédées? 

Les  sujets  de  la  Westphalie  payent  !9  à  20  francs  par  télo.  De  tout 
temps  cette  proportion  était  en  Allemagne;  en  temps  de  guerre,  sans 
commerce  et  sans  la  possibilité  d'établir  un  système  productif  et  bien 
combiné  d'impositions  indirectes,  Glle  pourra  difficilement  se  maintenir, 
au  moins  il  sera  impossiblo  de  la  dépasser.  Et  que  pourra<t-on attendre 
de  la  ressource  des  emprunts? 

Dans  ma  dépêche  n*  16  j'ai  informé  Votre  Excellence  qu*ou  comptait 
beaucoup  .sur  le  débit  des  sels  weslphaliens  en  Hollande.  Depuis  quel- 
ques jount  MM.  Vanhal  et  Greliel,  négociants  d'Amsterdam,  sont  arrivée 
ici.  Il  s'agit,  autant  que  je  puis  en  juger  dans  ce  moment,  d'une  espèce 
do  traité  de  commerce,  en  vertu  duquel  ces  maisons  feraient  des  avances 
en  argent  qui  leur  Rersieiit  renibourpées  par  des  sels,  des  cuivres,  des 
fers  et  d'autres  minéraux  qu'il»  auraient  la  faculté  d'extraire  de  la 
Westphalie.  L'avaace  dont  on  parle  oftt  de  6  millions.  Le  ministre  de 
Hollande  a  présente  ces  négociants  à  M.  le  comte  de  Furstenstein  ;  hier 
ils  ont  eu  avec  le  ministre  des  finances  une  conrérenc"  où  leurs  propo- 
sition» ont  été  acceptées;  aujourd'hui  le  tombera  soumis  a  l'approbation 
de  Sa  Majesté.  Us  se  sunt  présentés  chez  moi  puur  me  demander  dos 
Icitres  de  recommandation  pour  les  agents  frantais  à  Brème  par  où 
l'exporta  lion  doit  se  faire  en  suivant  le  Weser.  Jo  leur  ai  promis  ces 
lettres  ;  mais  je  les  ai  prévenus  que  mou  devoir  serait  de  rendre  C4)mpLc 
de  cette  transaction  à  mon  gouvernement.  Ils  m'ont  dit  que  M.  dr 
Fursututein  se  proposait  do  m'en  parler. 


•TiPOLtforr   BT    LE    ROI    i^RfiHF.. 


139 


M.  le  baron  de  Lindcn,  ministre  plénipotonliaire  de  "Wt-stphalie  près 
le  prince-primai,  vient  d'être  nommé  mioistrepléntpolentiaireâUorlin. 
M.  Simion  fils,  qui  depuis  trois  mois  y  éUiit  arrive  comme  chargé 
d'aŒureft,  a  été  nommé  ministre  plénipotentiaire  à  Darmsladt  Bt  chargé 
d'aflkîTM  à  Francrort.  Le  Roi  a  fait  cette  distinctiou  parce  qu'il  est  sur- 
venu que  le  prince-primat  n'avait  point  encore  accrédité  de  ministre 
auprès  de  la  cour  de  Westphalie.  M.  de  Norvins,  secrétaire  général  du 
ministère  de  ta  guerrn,  a  été  nommé  chargé  d'afEaircs  près  la  cour  do 
Bade.  Od  dît  que  M.  d^Bsterno  par  ordre  da  JRoi  a  dû  retourner  à  Vienne. 
Lorsqtie  M.  de  FursleTuUnn  me  parla  du  retard  de  l'arrivée  du  comte  de 
Orênt,  je  lui  demandai  si  ce  retard  avait  influé  sur  la  permission 
donnée  à  M.  d'Estemo  de  e'abs^at^r  de  son  post«?  Il  me  répondit  que 
non.  M.  de  Linden,  de  son  cdté,  est  sur  le  point  de  quitter  Vienne.  Ses 
deraières  lettres  annoncent  que  le«  troupes  autrictiieonesse  mettent  eu 
mouvement,  que  la  guerre  est  résolue  à  Vienne,  que  farchiduc  Chartes 
commandera  en  Allema^o  une  armâc  qu'on  dit  être  do  I'2l),000  hommes 
Bt  qui  pourra  élre  de  130,000;  que  l'archiduc  Jean  commandera 
100,000  hommes  du  côte  de  l'IUliR;  l'archiduc  Ferdinand  l'armée  de 
Bohème.  —  C'est  ainsi  que  la  destinée  puurf^uit  ta  marche  et  que  les 
décrets  do  la  providence  s'exécutent,  lorsque  l'heure  de  la  chute  des 
empires  a  sunnél 

La  guerre  avec  l'Aulriclie  devenaiiL  lic  jour  en  jour  plus  prolKible, 
l'empereur  voulut  avoir  des  notions  certaines  sur  le  contingent  wesl- 
pbalien^  et  fit  envoyer  l'ordn^  au  haron  Reînhard  de  lui  foire  con- 
naitre  exactement  l'état  des  troupes  de  Jér6me.  Vers  le  commencement 
de  mars,  le  ministre  adressa,  sur  ce  sujet,  à  M.  de  Champogny,  une 
très  longue  lellre  que  nous  allons  analyser. 

H.  Reinhard  gelant  adressé,  pour  avoir  des  renseignements  exacts, 
à  M.  de  .Vor^ins.  alors  secrétaire-général  au  département  de  la  guerre, 
et  le  général  Kbtû,  ministre,  ayant  refiisé  de  communiquer  les  états 
de  situation,  M.  de  Norvius  avait  tiré  de  sa  mémoire  les  chilTres  et 
les  Dolions  d'où  il  résultait  :  que  l'armée  westphalienne  était  furie  de 
42  a  13  mille  hommes  dont  500  officiers,  présents  sous  les  drapeaux, 
que  sur  ce  nombre  7000  étaient  en  marche  et  en  KsiKigne,  ni  2500  à 
Gassel  ;  que  le  matériel  d'artillerie,  fort  pauvre,  consistait  en  dix>huil 
bouches  à  feu  données  par  l'empereur;  que  le  général  Morio  venait 
d*Bcbetcr  vingt-deux  caissons  et  leurs  atlclages,  (pj«  les  généraux 
étalent  pour  la  plupart  vieux,  usés,  incipal>]es,  etc.  La  lettre  do 
Reinhard  se  terminait  ainsi  : 

Le  général  Bbté.  Monseigneur,  est  venu  m'entret«nlr  de  ses  chagrins 
et  de  ses  sollicitudes.  Il  craint,  malgré  t«>ule  la  persévérance  de  son 
travail,  de  n'être  po»  en  état  de  metirn  de  l'ordn)  dans  radminislratlou 
cl  dans  l'oi^anisatiou  de  l'armée  neâlphalienue  ol  de  remplir  l'atleute 


140 


BI.AXGER   FT  IK>CrMEXTS. 


deS.  M.  I.  Le  Roi,  dît-il,  a'e.st  pas  toujours  dUpot^é  à  s'occuper  des  détails. 
Beaucoup  d'Iieures  se  perdent  à  att4*adre  dans  l'antichambre.  On  eet 
distrait  et  Tou  ne  doiine  pas  assez  d'attention  à  ce  qui  u'amu&e  pas 
assez.  Souvent  mémo  une  chose  a  été  convenue  et  le  lendemain  c'est  à 
recommencer,  parce  que  M.  le  comte  de  Bemiorode  (Da  Coudras)  peut- 
être  s'y  est  opposé.  Au  conseil  d'État  (et  ceci  ca  n'est  pas  le  gênerai 
Ëblé  qui  me  t'a  dit]  le  ministre  de  la  guerre,  qui  n'est  pas  orateur,  fait 
sa  proposition.  Un  oraleur,  par  exemple  le  général  Mono,  parle  contre 
avec  éloquence.  Le  général  Eblé  hausse  les  épaules  et  se  tait.  Souvent 
l'élo^ence  l'emporte.  Souvent  aussi  le  roi  dit  :  Morio,  vous  n'y  êtes 
pas!  —  Mais  voici  ce  que  tn  général  Eblé  m'a  raconté,  et  ce  qui  lui  a 
fait  de  la  peine. 

Au  dernier  conseil,  le  comte  de  Hardenberg,  grand-veneur,  dit,  au 
sujet  d'une  certaine  afTaire  :  Je  m'arrangerai  là-dessus  avec  le  ministre 
de  la  guerre  —  Ce  n'est  pas  cela,  dit  le  roi  en  plein  conseil,  vous  êtes 
grand-officior  et  c'est  au  minii^tre  de  la  guerre  à  s'arranger  avec 
vous.  Il  1^emble  que  si  cette  maxime  est  bonue^  il  Faudrait  au  moins 
pour  la  proclamer  attendre  que  le  temps  et  l'usage  l'etissent  cou- 
sacrée? 

M.  (TAlbignac,  grand-écuyer,  en  déplorant  comme  le  général  Eblé  les 
désordres»  des  finances,  l'impossibilité  de  continuer  les  dépenses  de  la 
cour  sur  le  pied  où  elles  sont,  pst  réduit  à  la  nécessité  de  se  renfermer 
dans  un  respectueux  silence  après  s'être  fait  dire  souvent  :  o  Ce  ne  sont 
point  là  vos  fonctions.  ■  Il  m^a  exprimé  le  désir  ardent  de  voir  le  Roi 
appelé  à  l'armée.  Il  ne  voit  que  ce  seul  moyen  d'espérance  et  presque 
de  salut.  Au  retour  d'Ërfurt,  m'a-t^il  dît,  le  Hui  était  un  tout  autre 
homme.  Ses  conversations  avec  l'Empereur  l'avaient  changé,  mais  huit 
jours  apiès^  les  femmes,  ta  Reine,  les  intrigants  l'avaieut  de  nouveau 
circonvenu.  —  Et  comment  fait,  lui  demand&i-je,  le  trésorier-général 
M.  Du  Chambou  qui  paraît  être  un  très  honnête  homme?  —  Il  se  désole 
et  puis  il  s'étourdit,  dit-il. 

Il  est  de  mon  devoir,  Monseigneur,  non  d'accuser  M.  de  Bulow, 
ministre  dei*  (inances,  mais  de  dire  que  beaucoup  de  personnes  l'accuaent. 
Aux  yeux  de  M.  Joltivet,  c'est  un  ennemi  des  Français,  qui  n'est 
jamais  de  honnR  foi.  Aux  yi^ux  de  M.  d'AlMgnac.  c'est  un  Prussien  qui 
nous  Inilûl  et  qui  dans  cette  vue  augmente  le  désordre  et  favorise  les 
dépenses.  Aux  yeux  du  Roi  lui-même,  ra'a-t-on  dit,  c'est  un  bomrae 
qui  ment  avec  un  sang-froid  imperturbable- 

Le  général  Eblé  aussi  m^a  dit  que  sa  conduite  commençait  à  loi 
inspirer  des  doutes;  qu'ils  étaient  convenus  de  faire  en  commun  au  Roi 
des  rvpréseutatiuns  sur  l'état  des  linanres  et  sur  l'impuisibilité  de  faire 
ou  de  continuer  certaines  dépenses;  mais  qu'au  moment  décisif  M.  de 
Bulow  avait  fléchi  et  qu'il  avait  Uni  par  dire  quil  y  avait  moyen  de 
trouver  de  l'argent.  M.  de  Bulow  est  celui  des  ministres  que  je  connais 
le  moins,  et  qui,  quoique  jo  ne  laisse  pas  de  causer  souvent  avec  loi, 
se  tient  assez  nn  réserve  avec  moi. 


îtiroiion  kt  lb  auj  jébôxe. 


IH 


HB1KHA.RD  A  GRAMPAaifV. 


Guiel,  10  mars  1809. 

féxtds  déjà  informé  que  le  Roi  ne  louchait  point  son  trail^menl  de 
priDCf>  français  ;  mai»  je  n'ai  point  rectifié  cette  erreur,  parce  qu'elle  se 
rectifiait  d'elle-même  :  quant  à  la  dépense  de  la  Usto  civile  qno  j'ai 
portée  à  13  milltoDS  en  treize  mois,  je  l'ai  évaluer  ainsi  sur  l'autorité  de 
deox  oiinislres  d'Éiai.  D'autres  renseigne  me  nls,  comme  j'ai  eu  l'honneur 
de  l'écrire  k  Votre  Excellence,  la  retïtrpîgnajont  à  dix  ou  douze  millions. 
J'ai  eoKuitf^,  dans  une  autre  dépêche,  porte  le  déficit  du  trètK>r  public 
pondant  l'année  passée  à  douze  millions.  Le  déficit  cet  entre  le  trewr 
public  et  la  liste  civile,  et  celui  du  trésor  public,  proprement  dit,  o^est 
que  de  E>ix  millions. 

Que  le  Roi  soit  parvenu  à  porter  la  recette  de  sa  liste  civile,  au  moins 
ponr  l'année  pas5ée,  à  sept  millions  et  demi,  jusqu'à  huit  millions,  c'est 
ce  qui  m'a  été  asiiuré  de  trop  de  côtés,  pour  que  je  puisse  légitimement 
en  douter.  On  m'a  cité  comme  non  compris  dans  L'arriéré  des  six  mil- 
lions  du  trésor  public  : 

!■  Obligation»  souscrites  par  le  Roi  et  remises  à  la  caisse  d'amortis- 
sement de  Paris,  1,500,000  fr. 

S'  Restitutions  et  charges  concernant  les  domaines 
réserves  à  Sa  Majeëié  l'Empereur,  1,&00,000 

3»  Emprunte  du  Roi,  2,000,000 

4'  Oeue  floiianie  de  la  liste  civile  d'après  l'autorité 
d'an  ministre  d'Ltal  (lo  général  £blé)  (un  million); 
d'après  d'autres  renseignements,  500,000 


£n  y  ajouiani  la  liste  civile  et  supplément, 

Le  total  sera  de 


5,r)0u,)nto 

7,f»lH),000 


13,000,000  fr. 

D^près  te  même  calcul  le  total  du  déficit  du  trésor  public  et  de  la 
liste  civile  sera  do  M,500,OOÛ  fr.  à  12  millions. 

Il  se  {tout  que  dans  cette  évaluation  m^^mc  il  y  ait  encore  quelque 
double  emploi,  et  ijue,  par  exemple,  une  partie  de  l'emprunt  ait  été 
employée  à  éteindre  des  obUgaliuuiï,  et  je  suis  d'autant  plus  porté  à 
croire  que  ma  première  évaluation  a  été  exagérée,  que  le  Roi,  ayant  la 
réputation  d'être  \Tai,  aurait  certainement  dédaigné  de  nier  ce  qui 
aurait  été  d'une  parfaite  exactitude. 

J'étais,  je  l'avouerai,  un  peu  effrayé,  lorsqu'après  avoir  évalué,  en 
vertu  d'infurmatiuns  qui  dataient  de  la  fin  de  décembre  et  du  commen- 
cement de  janvier,  à  deux  millions  seulement  l'excédant  des  dépenses 
de  la  liste  civiU>,  j'appris  de  plusieurs  côtés  qu'elles  avaient  monté  en 
tnt&lite  &  une  fltimme  de  13  millions.  Mon  devoir  me  pressa  d'en  infor- 
mer Ba  Majeslé,  et  en  ce  moment'ci  je  préfère  de  répondre  promptement 


U2 


HtfUNGES    BT    DOCDHItTS. 


à  la  lettre  de  Votre  Excellence  déjà  trop  retardée,  par  des  ëclaircisse- 
menu  encore  incomplets,  plutôt  que  d'attendre  ceux  que  dee  recherches 
ultérieures-  pourraient  me  fournir,  et  que  je  me  réserve  de  transmettre. 
L'adminÎBtraiion  directe  des  finances  de  la  Westphalic  csL  entre  les 
mains  des  ALlcmiinds  qui,  par  plus  d'un  motif  que  je  dois  ou  respecter 
ou  excuser,  se  tiennent  vis-à-vis  de  moi  dans  une  réservo  qui  ne  m'a 
pae  encore  permis  de  cborcber  à  puiser  abondamment  dans  les  sources 
d'infcrmaiions  dont  ils  sont  dépositaires,  et  je  ne  do\9  pas  brusquer  oae 
confiance  qui  ne  m'est  pas  refusée,  mais  qui  n'ose  pas  passer  leâ  bornes 
du  do.voirou  de  la  circonspection.  D'un  autre  côte,  tant  que  jo  conserverai 
l'es pcninccd'obtpnir  mf^R  reaspigncmentiîdela  persuasion  qui  devraitétre 
celle  de  tout  Wcstphaliea,  que  c'est  l'idejitité  d'intérêt,  que  c'est  l'amitié 
pour  le  souverain  et  pour  te  pays  qu'il  gouverne,  qui  les  réclament  pour 
en  faire  le  meilleur  usage,  je  répugnerai  à  employer  des  moyens  dont 
le  moindre  inconvénient  est  d'offrir  peu  de  garantie  pour  l'exactitude. 

Je  n'ose  pas  non  plus  me  Qatler.  Monseigneur,  que  le  Roi  me  four- 
nisse des  occasions  fréquentes  de  lui  donner  des  conseils  d'ëconointe;  à 
Texception  d'une  seule  occasion  dont  je  me  suis  emparé,  je  n'ai  encore 
au  l'honneur  dû  voir  Sa  Majesté  que  dans  les  cercle-s  de  cour,  et  Votre 
Excellence  aura  pu  se  convaincre  par  la  conversation  dont  je  lui  ai 
rendu  compte  et  dont  sa  dépêche  vii-nt  de  me  donner  la.  clef,  que  dans 
l'opinion  de  Sa  Majesté,  des  communications  de  cette  nature  avec  lo 
ministre  de  France  sembleraient  déroger  à  ane  intimité  k  laquelle  le 
Roi  attache  un  prix  si  légitime.  Peut-être  votre  correspondance  u  t  lérieure, 
Monseigneur,  mouvrira-t-cllo  quelques  facilités  à  cet  égard,  pcut^tro 
pourrai-je  saisir  quelque  circonstance  où  faisant  connaître  an  Roi  les 
sentiments  de  mon  àme,  je  te  disposerai  à  m'accorder  une  confiance  que 
je  m'étais  préparé  d'avance  à  ne  point  espérer  aprée  un  séjour  de  deux 
ou  trois  mois  seulement.  Quelque  délicate  que  puisse  être  ma  mission, 
je  n'y  vois  point  de  devoirs  incompatibles,  mais  seulement  des  devoirs 
do  première  et  de  seconde  ligne  :  ils  sont  tous  dans  ce  que  Sa  Majesté, 
avec  une  bonté  qui  m'a  pénétré  d'admiration,  a  daigne  me  faire 
répondre  au  sujet  du  compliment  que  m'a  fait  Sa  Majesté  westphalienne. 

L'économie  personnelle  du  roi,  insuffisante  sans  doute  pour  remédier 
à  la  pénurie  des  finances  do  l'État,  aurait  cependant  sur  leur  améliora- 
Uon  une  influence  incalculable,  et  cette  vérité  est  tellement  sentie,  qu'il 
y  a  peu  de  jours,  un  des  plus  estimables  coaseiUers  d'Ktat  m'a  dit  que 
si,  en  doublant  Ut  liste  civile,  on  pou^'ait  établir  ta  certitude  d'un  ordre 
parfait  et  invariable,  et  celle  d'intéresser  le  roi  aux  finances  de  l'Etat 
autant  qu'aux  siennes  propres,  on  ferait  te  marché  le  plus  avantageux 
pour  la  Weslphalie. 

Les  discussious  relatives  à  Ut  négociation  de  l'emprunt  ou  du  traité 
hollandais  ne  sont  pas  encore  terminées.  Âvant-bier,  en  allant  chex 
M.  le  comte  de  Purelenstein,  je  rencontrai  l'un  des  négoci&utâ  qui  avait 
lendoz-vous  chei  ce  roinisire  pour  la  même  heure  :  il  me  dit  que  Is 
négociation  avait  rencontré  ipielques  difficultés,  qu'elle  faisait  jaser, 


Ml 


XiPoUon    tT    LB    101   JÉRÔME. 


443 


qu'on  prétendait  que  les  inûréts  monteraient  à  onze  ou  douze  pour  cent 
(d'antres  dîmot  treize),  tandis  qu'ils  ne  seraient  que  de  ni.  Los  d^ux 
manières  de  compter  au  reste  peuvent  se  concilier.  L'empnint,  m'a-i-on 
dit.  doit  se  faire  réellement  à  6  pour  cent  d'iatérdts;  mais  les  prêteurs 
auront  en  même  temps,  pour  le  compte  du  gouvernement,  la  r^ie  de 
l'extimction  et  de  la  vente  des  seU  et  métaux  dont  ils  seront  aaoti»,  et 
mus  oe  rapport,  il  leur  sera  alloue  des  provisions  et  des  frais.  Quoi  qu'il 
ea  «oit,  MonRetgn(>ur,  le  besoin  d'argent  pour  le  trésor  de  "Westphalie 
est  impérieux  et  uff^ent.  l.e^  difliiiultËS  qui  se  sont  élovêeK  semblent 
prouver  qu'on  ne  veut  pas  y  pruc^der  légèrement.  Le  crédit  de  la  West- 
phalie, le  commerce  de  Hollande  y  sont  intéresses;  les  deux  rois  en 
désirent  le  succè«;  quant  à  moi  j'attends  toujours  qu'on  m'en  parle. 
L'emprunt  sera  de  six  millions  de  francs. 


Cassel,  10  mars  1S09. 

Depui;  Ici!  fêtes  de  l'anniversaire  de  ta  reine,  il  n'y  a  point  en  de 
cercle  &  ta  cour.  Au  second  bnl,  Sa  Majesté  en  valsant  avec  le  ro(  se 
Ironva  mal.  Elle  eut  une  snïTocation  qui  cependant  passa  heureusement 
et  ne  laissa  point  de  suite.  Dans  la  semaine  passée,  la  reine  pendant 
quelques  jours  se  tint  enfermée  dans  se.s  appartements.  Le  roi  a  soiiiTcrt 
et  souffre  encore  d'un  rhumatisme  auquel  il  était  déjà  sujet  l'année 
passée  ;  un  peu  de  lièvre  s'y  joint  vers  la  nuit.  U  y  a  eu  quelques  con- 
certs dans  l'intérieur. 

M.  le  comte  de  Bn-nUrode  (général  du  Coudras»  donna  quelques  jours 
un  baf  pour  la  Kie  de  M"^  la  comtesse  :  on  lira  un  feu  d'artifice  dans 
la  eour;  la  maison  étant  située  au  milieu  de  la  ville,  lo  roi,  pour  main- 
tenir les  règlements  de  police,  condamna  M.  de  Btrnierode  à  une  amende 
de  Ï6  fréderics,  et  M.  Btrcagny  fut  condamné  à  la  même  amende  puur 
avoir  été  témoin  de  t'infraclion,  et  ne  s'y  ôtre  pas  opposé.  M"**  de^^rn- 
terwie  ce  jour-là  rai^ul  de  la  Keine  un  beau  présent  cousistant  en  colliers 
et  en  pendants  d'oreille  de  perles  et  d'améthystes. 

Le  Moniteur  westphalien  d'hier  annonce  que  M.  le  comte  de  Truchsesi 
élant  obligé  de  résider  sur  ses  lerre-s,  près  de  Koen{gsbe%  Sa  Majesté 
avait  accepté  la  démission  qu'il  avait  donnée  de  sa  plaro  do  grand- 
chambellan.  Il  y  avait  encore  des  personnes  qui  croyaient  aux  revo* 
oanu.  Toutes  les  personnes  de  ta  cour  se  louent  de  t'aflabiliié  de  la  reine, 
depuis  que  M"^  de  Truchias  est  partie.  On  s'étonne  comment  avec  tant 
d'esprit  cette  dame  a  pu  trouver  le  secret  de  ne  point  laisser  un  seul 
ami. 

M.  le  comte  et  M<»«  la  comtesse  de  Boekkn,  tous  doux  attachés  à  la 
cour,  vont  la  quitter  pour  résider  dans  leurs  terres.  M.  de  fio^AIen  avait 
la  direction  do  la  garde-robe  que  le  valet  de  chambre,  Louis,  chassé  il 
y  a  quelque  temps,  avait  exploilée  à  son  profit.  M.  de  Boehlcn  était 
abseat  depuis  deux  mois. 


m 


HÛLknSKS   ET   DOCCMITTS. 


Hi(«r,  dit-on^  les  ofBciera  âf.  la  garde  ont  été  convoqués  pour  ^tre 
avertis  de  se  tenir  prét«  à  entror  en  campagne.  On  en  Wère  que  le  roi 
lut-môme  se  dispose  à  partir  pour  i'armee. 

Un  événement  extraoriJinairn  arriva  dcrnièremeni  à  Brunswick.  Le 
valet  de  chambre  du  général  de  UeUeruigeD,  commandant  du  départe- 
ment de  rOcker,  entre  en  plein  jour  dane  l'appariemeni  de  ion  maître 
assis  devant  uue  table  de  maniiVre  à  lui  tourner  le  dos;  il  s'en  approche, 
passe  une  corde  autour  du  cou  du  générât  et  cherche  à  l'étrangler.  Lo 
général  se  lève,  lutte  avec  l'assassin  et  se  débarrasse  de  la  corde.  Celui- 
ci  sort,  rentre  et  lire  à  bout  portant  un  coup  de  pistolet  dont  te  général 
est  blessé.  Dans  l'intervalle  on  accourt  et  l'assassin  e-st  saisi.  11  estea 
prison  et  Ton  ne  conçoit  pas  encore  lu  cause  de  cet  attentat. 

M.  le  baron  de  Kcudelsiein  [La  Flèche)  est  en  ce  moment  à  Brunswick 
pour  se  concerter  avec  les  autorités  de  cette  ville,  sur  les  réparations  à 
faire  au  chÂteau  que  le  roi  a  promis  d'habiter  pendant  quatre  mois  de 
l'an  née. 

Sous  le  rapport  de  l'industrie^  comme  sous  plusieurs  autres^  la  villo 
de  Cassel  est  bien  eu  arrière  de  celle  de  Brunswick.  On  cite  des  habi- 
tants do  la  première  des  traits  de  paresse  qui  sont  incroyables.  I^es 
artisans  refusent  d'augmenter  le  nombre  de  leurs  ouvriers,  du  moment 
Où  ils  ont  assez  d'ouvrage  pour  gagner  leur  subsistance  journalière.  Il 
s'agissait  do  faire  faire  des  galons,  il  y  en  avait  de  dilférentes  largeurs. 
Ceux  il  qui  on  jirojiosa  la  fouruiiure  la  refusi^renl  en  entier,  uniquement 
par  U  raison  que  des  galons  de  petite  largeur  leur  donnaient  trop  de 
peine,  quoique  du  reste  ils  eussent  les  métiers  et  les  instruments  oéoes- 
sairea  pour  les  faire. 

La  reine  a  fait  rac(]insition  d'une  petite  maison  de  campagne  sur  le 
chemin  de  Napoléonshœhe  où  elle  se  propose,  d'établir  une  vacherie 
suisse. 

Le  second  jour  de  ta  télc  il  y  eut  à  Napoléonshœhe  un  petit  opéra 
intitulé  k  Retour  tVAline,  où  jeun  M.  te  comte  de  Puratensteio.  I^  feo 
d'artifice  fui,  contrarié  par  la  neige  et  par  quelques  accidents. 

Baron  Do  Cisss. 
(Sera  œntinué.) 


BULLETIN   HISTORIQUE 


FRANCE. 


Les  jticnnrrs  dc  mi<iistèbe  de  la  VAat.iK.  -^  Nos  lecleurs  savenl, 
gr&ce  aux  révélations  de  M.  Klanimermont,  que  les  riches  archivcâ 
de  la  roarioe,  les  documenta  d'une  histoire  qui  complétant  de  pages 
gtorieuses,  se  trouvent  dans  un  état  fait  pour  décourager  les  recherches 
el  (kdliLer  les  dét/jurncmentâ.  Oe  (ja'ils  savent  p<>-ut~é(re  moins,  c'est 
que  cet  état  de  choses  n'est  pas  seulement  préjudiciable  aux  intérèls 
de  la  science,  mais  qu'il  est  en  même  temps  cx^ntraire  a  la  loi  ;  que 
l'administralion  des  archives  de  la  marine  ne  s'est  pas  conformée  au 
dècrcl  de  4855  ordonnant  le  dépôt  de  l'inventaire  de  ces  archives  aux 
Archives  nationales,  dépôt  vainement  réclamé  en  IK60  par  M.  de 
Laborde  ;  qu'elle  n'a  pas  tenu  plus  de  compte  du  règlement  des 
archives  adopté  par  une  commission  le  25  mai  iHCii  et  prescrivant 
reacampillage  et  le  triage  des  pièces,  leur  division  en  deux  séries  : 
l'une  composée  des  documents  relatifs  à  l'ancien  régime,  l'autre  com- 
prenant tes  papiers  modernes,  eniin  la  rédaction  d'un  inventaire  dc 
la  première  série.  L'administration  a  fait  mine,  il  est  vrai,  d'appliquer 
certaines  prescnptioas  de  ce  règlement,  elle  a  opéré  œ  qu'elle  consi* 
dère  sans  doute  comme  un  triage  et  un  classement.  Mais  cette  opéra- 
lion  n'a  fejl  en  réalité  qu'aggraver  le  désordre  en  lui  donnant  l'appa- 
renoe  de  l'ordre,  car  elle  a  consisté  à  prendre  les  papiers  qui  se 
trouvaient  pélo-mêle  dans  des  cartons  et  à  les  relier  sans  le:i  classer  ; 
tC6l  ainsi  qu'on  a  formé  une  collection  de  10,000  volumes  qui  ne 
peurenl  offrir,  on  le  voit,  que  la  plus  grande  confusion.  Quant  à  un 
apillaj.'e  et  à  un  inventaire,  ces  deux  opérations,  qui  sont  corol- 
i,  car  c'est  eu  estampillant  qu'on  devrait  procéder  à  un  iaven- 
laire  sommaire,  sont  encore  à  faire.  La  question  de  rorganisation 
des  archives,  si  opportunément  soulevée  par  M.  Flammermont,  est, 
an  moment  où  nous  écrivons,  soumise  à  une  commission  qui  sur 
quatre  membres  n'en  compte  qu'un  compétent  ;  celui-là  l'est  doulile- 
meot.  il  est  vrai,  à  la  fois  comme  érudit  et  comme  attaché  depuis 
plusieurs  années  aux  archives  qu'il  s'agit  de  réorganiser.  Ce  n'est 
peut-être  pas  se  montrer  injuste  pour  une  commission  aiusi  composée 

ReV.    UjSTUR.    XVI.    1"   FASC.  iO 


Uft 


BDLLBrtN    HISTOiUQUS. 


que  do  supposer  qu'elle  n'apporte  pas  à  sa  lâche  une  grande  passion 
ni  de  ^nindes  lumières.  Il  semble quecettetâcheseraitraieux  dévolue 
à  une  cdmniission  où  siégeraient,  sous  l.'i  présitlence  du  miniatre,  le 
directeur  des  Archives  nationales,  l'adminislrateur  de  la  BiblioLhèque 
nalionale  et  d'autres  personnes  compétentes.  Ce  serait  à  cette  réunion 
d'hommes  éclairés,  où  les  exigences  administratives  seraient  défen- 
dues en  même  temps  que  les  intérêts  de  la  science,  puisqu'elles 
auraient  dans  le  président  un  représentant  autorisé,  qu'il  appartien- 
drait soit  d'assurer  la  conservation,  l'ordre  et  le  facile  accès  des 
archives,  non  plus  par  de  vains  rèRlemcnls,  mais  par  le  recrutement 
d'uu  personnel  plus  comi>éleut  que  celui  auquel  ce  service  a  été  confié 
jusqu'icif  soit  de  décider  le  rersement  des  archives  anciennes  da 
ministère  aux  Archives  nationales  si  la  commission  reconnaissait  que 
le  ministère  ne  peuldonneràsesarchivBS  une  installation  convenable 
et  les  placer  sous  la  surveillance  de  véritables  archivistes.  Dans  le 
cas  où  elles  conserveraient  leur  autonomie,  devrait-on  rendre  per- 
maneute  la  commission  qui  les  aurait  urj^anisées  et  loi  attribuer  un 
rôle  analogue  à  celui  de  ta  commission  des  archives  des  admires 
étrangères?  Cela  nous  parait  inutile,  tes  raisons  qui  ont  motivé  la 
création  de  cette  dernière  ne  sont  pas  applicables  ici  et  l'existence 
d'un  personnel,  doué  de  connaissances  historiques  et  initié  aux  tra- 
vaux d'archives,  soit  qu'on  le  prenne  parmi  les  anciens  élèves  do 
ri^cole  des  chartes,  soit  que  le  choix  du  ministre  se  porte  sur  des 
personnes  connues  par  des  pubhcations  relatives  à  l'histoire  de  la 
marine,  sufHra  parfhilement  pour  introduire  l'ordre  dans  œ  riche 
dépôt  et  en  faciliter  l'usage  au  public. 

Pi;BLiciTio:fs  ?fODVBLLES.  Docm^TTS.  —  La  Société  de  l'histoire  de 
Paris  vient  d'exécuter  une  des  entreprises  qui  se  recommandaient  le 
plus  à  sa  sollicitude  en  publiant  une  édition  critique  du  journal  pari- 
sien I  le  plus  important  qui  soit  parvenu  jusqu'à  nous  et  que,  faute 
d'en  connaître  l'auteur,  on  désigne  sous  le  titre  de  Journal  d'un 
bourgeois  de  Paris.  La  connaissance  de  deux  nouveaux  mss.,  celui 
de  Rome  et  celui  d'Aix,  n'a  pas,  il  est  vrai,  mis  l'éditeur,  M.  Tueley, 
Il  même  ito  nous  donner  un  texte  sensiblement  diirérent  de  celui  de 
La  liarre.  et  ses  recherches  sur  l'auteur  du  journal  n'aboutissent, 
comme  celles  de  M.  Longnon,  qu'à  une  proliahilité  ;  mais  ce  qui  fait 
l'originalilo  et  la  valeur  de  celLu  édition,  c'est  le  commentaire  perpé- 
tuel dont  M.  Tueley  Ta  enrichie.  Nous  ne  proposerons  pas  ce  coraraen- 
taira  pour  modèle  à  tous  les  éditeurs  do  textes  ;  nous  croyons  qu'en 


I.  Journal  rf  un  bourgeois  de  Paris  (140S-t449}  pobti^  d'iprèft  les  mu,  d« 
Romo  «1  de  PaHt  p«r  AI.  Tneley.  1  toI.  in-S*,  xuV-413  p.  Champion. 


PIUNCB. 


117 


r 


principe  un  édileur  doit  se  borner  n  roctiflcr  tes  erreurs  certaines  du 
documpntqii'il  publie  •tanschcrchiir  à  le  compléter,  sans  enlroprenrtre, 
par  exemple  comme  l'a  fait  M.  Tuetc.v,  la  biographie  do  tous  \o^  p^r- 
«onna^^qui  y  sont  mentionnés.  La  publimtinn  d'une  chmnifpic  dégé- 
l  aatremerit  en  une  discussion  de  tous  les  lentes  romiwrès 

tUfs  aux  évéïiemf'nls  racontés  par  le  chroniqueur,  et  l'on  trouve- 
rail  les  éléments  critiques  d'un  ouvrage  original  là  où  l'on  ne  doit 
trouver  que  les  éclaircissements  indispensables  d'un  document  his- 
l4>rii|ue  [larliculier.  Mais  si  à  c^  jioinl  de  vue  général  on  est  tenté  de 
trouver  raunotalion  de  M.  Tuetey  surabondante,  on  revient  en  partie 
de'celte  impression  quand  ou  réllêchil  que  le  principal  intérêt  de  ce 
joomal  consiste  à  nous  initier  à  ta  vie  privée  des  Parisiens  du  xv«  s. 
et  que  ce  genre  d'intérêt  couipnrtail,  pour  être  phnnemenL  apprécié, 
les  détails  que  l'éditeur  nous  a  donnés  sur  les  hommes  et  les  menus 
inddents  de  la  vie  quotidienne  mentionnés  par  le  bourgeois  du  Paris. 
Ces  détails,  puisés  pour  la  j>Iu|>art  dan.*^  les  iJocumenls  des  Arcliives 
DftUooaleSf  attestent  le  soin  avec  lequel  .M.  Tuetey  s'est  acquitté  de 
sa  làclie  en  même  temps  que  les  précieuses  ressources  ofTerLcs  par 
eeC  admirable  d(^|MH  pour  l'histoire  parisienne  et  la  biographie  des 
persouuages  marquants  du  xs*  s.  *. 

M.  N.  L.  Caio:i  a  publié  les  lettres  échangées  entre  le  secrétaire 
d'ËL^t  de  la  guerre.  Des  Noyers,  et  Le  Tellicr*,  pendant  que  celui-ci 
remplissait  les  ronclions  d  inlendant  de  police,  justice  et  finances 
auprès  de  l'armée  envoyée  en  Piémont  pour  défendre  les  intérêts  de 
la  régente  CUri:^Une  de  France  contre  ses  Iwam-tréres  et  les  Espa- 
gnols. C'est  une  correspondance  d'alTaires  où  l'on  peut  étudier  Vorga- 
uisaUJon  d'une  armée  en  campagne.  Il  appartenait  à  l'éditeur  d'entre- 
prendre cette  étude  ;  mais,  tout  en  traitant  ce  sujet  dans  son 
iDlroduclion,  il  ne  Ta  pas  assez  fortement  conçu  ni  suffisamment 
mûri  et  il  a  manqué  ainsi  l'occasion  de  nous  faire  comprendre  d'une 
hiron  précise  les  imperfections  du  système  militaire  <iue  Richpiieu  et 
Uazarla  avaient  à  leur  disposition  pour  l'exécution  de  leurs  grauds 
deudits. 

La  2*  partie  du  axueil  des  écrîLs  de  MetLernicb  ^  se  distingue  de  la 


1.  L'Miteur  iiiniit  m  k  quoi  l'en  tPDir  xur  rr  qu'il  faut  Rolendrc  par  la 
duimire  de  Jf*  Bupt^  cq  coasultant  dos  ÈtwU»  sur  l'imdmtne  et  ta  claue 
ituttufrieilê  à  Pari*  au  XIJI'  et  au  XIV  s.,  p.  103.  On  appelait  portetàr^af- 
ftmtmre  dd  portefaix  et  noo  un  vrndpur  ri'ntij^t»  de  tiarnxriieinpnl  (p.  44,  q,  3}. 

t.  MIchet  Ce  Teitier,  son  administration  comme  intendant  d'armre  en  Pié- 
■H»»<  (1610-1643),  inss.  inédiu  ilo  la  RîblioLbèque  nationale,  ropies  du  temps. 
I  Tttl.  111-1-2,  3'i4  p.  Pedone-Lauriel. 

3-  Jf«molrea,  docvments  et  écrUs  divers  LaiWM  par  te  prince  de  MetternicH, 


I4X 


BDLIKTIN  HISTUUQQE. 


première  par  la  composition»  par  l'inlérél,  comme  par  le  caraclëre 
do  la  période  à  laquelle  elle  se  rapport*.  L'autobiographie  eo  est 
absente,  nous  n'avons  plus  à  faire  ici  à  un  dipluniate  jouant  un 
homme  de  génie  jusqu'au  moment  favorable  pour  lui  porter  un  coup 
dw-jsir,  mais  à  un  homme  d'État  devenu  le  représenUint,  l'oracle  du 
système  polili(|ue  qui  a  remplacé  le  grand  empire,  mellaiil  lou3  ses 
soins  à  maintenir  l'union  entre  les  puiâsauces  qui  Tonl  renversé,  la 
jointe  alliance,  et  à  empêcher  tout  ce  qui  peut  porler  atteinte  à 
Torganisalion  créée  par  le  congres  de  Vienne.  L'intérêt  en  est  sensi- 
blement moins  grand  que  celui  de  la  première  partie.  C'est  moins 
sur  la  politique  générale  de  l'Europe  pendant  celte  période  que  sur 
la  personne  de  Mellernicli  qu'il  ajoute  à  nos  connaissances.  Un  cer- 
tain nombre  de  documents,  dont  une  partie  aurait  pu  sans  inconvé- 
nient rester  inédile,  nous  fait  connaître  en  lui  le  père  de  famille,  le 
mari  deux  fois  veuf,  l'amateur  de  tableaux,  le  dilettante,  le  grand 
seigneur  terrien.  Mais  les  faces  nouvelles  sous  lesquelles  Metternicb 
se  présente  à  nous  sont  loin  d'égaler  en  intérêt  ce  qu'on  appreud  sur 
ses  idées  et  sur  son  rôle  politiques.  Ce  fut  toujours  sa  préoccupation, 
son  ambition  de  rattacher  sa  politique  à  un  système,  d'en  donner  la 
théorie.  Jamais  préLention  ne  fut  moins  fondée.  Rica  de  plus  rudi- 
mentaire,  de  plus  grossier,  de  plus  enfantin  qu'une  doctrine  qui 
cnnlbnd  le  jacohiiiisniu  et  le  libtTalisme,  le  gouvernement  parlemen- 
taire et  la  révolution.  Heureusement  la  politique  de  Metternicb  vaut 
mieux  que  ses  théories-,  elle  adopte  pour  principe  le  statu,  quo^  le 
respect  des  traités,  le  maintien  des  gouvenicments  établis  et,  bien 
quelle  ne  recule  pas,  pour  défendre  les  trônes,  devant  l'iotervention 
armée,  elle  ne  nourrit  auc:un  projet  de  conquête  et  est  émînemmeal 
pacifique.  La  grande  erreur  de  Metternicb  fut  de  réduire  la  poUtique 
à  la  diplomatie,  de  ne  tenir  aucun  compte  des  ferments  que  la  ftévo- 
Uilion  et  l'empire  avaient  lai.<.sés  au  sein  des  populations,  de  loura 
aspiralious  à  l'indépendance  uationalet  à  la  liberté  civile  et  politique. 
Dems  les  grands  courants  populaires  il  ne  distinguait  pas  ce  qu'il  y 
avait  de  légitime  cl  de  réalisable  et  ce  qu'il  y  avait  de  factice,  il  ne 
voyait  que  l'inlluencc  des  sociétés  secrètes  la  où  il  y  avait  des  tradi- 
tions historiques  ou  des  nécessités  du  temps.  Ce  n'était  pas  un  ullrat 
mais,  comme  les  vitra  et  sans  avoir  l'eicuse  de  leur  fanatisme,  il 
enveloppait  d'un  égal  dédain,  d'une  égale  aversion  des  inslitulions 
aussi  proUtablcs  aux  gouvernements  qu'aux  peuples  et  les  concep- 


pabliés  par  soa  fils,  le  priace  Richard  de  Hetternich,  elasftés  el  réonis  p«r 
M.  A.  de  KliakowslrxBm.  2*  iwtie  :  l'ire  de  paix  (1816-1848),  1  vol.  in-S*. 
3*  roi.  631  p.,  4'  roi.  610  p.  Pion. 


I 

n 
I 


Pli?ICI. 


4AM 


lions  chimériques  des  actions  politiques,  telles  que  la  consUlution 
espagnole  de  1S42  ou  la  constitution  française  de  1793.  Aussi  cette 
politique  de  pure  compression  ne  pouvait  réussir  que  tant  que 
l'aniour  du  repos,  d'un  repos  vivement  apprécié  après  les  boulever- 
sements de  la  Révolution  et  de  l'empire,  l'emporterait  sur  le  be^n 
de  réformes  et  de  garanties.  C'est  à  celte  œuvre  do  réaction,  secondée 
par  ce  besoin  universel  de  tranquillité,  que  Mellcmich  consacra  une 
habileté  qui  brillait  d'un  vif  éclat  autour  d'un  tapis  vert  ou  dans  la 
rédaction  d'un  memoramlum ,  mskis  qui  était  absolument  impuissante 
a  saisir  la  réalité  en  distinguant  les  éléments  avec  Iesquf>ls  il  fallait 
compter  de  ceux  qu'on  pouvait  éliminer.  Cetle  :ip[irériation  de  la 
politique  de  Meltemidi  est  naturellement  ainetiée  par  un  recueil  dont 
le  principal  intérêt  consiste  à  nous  la  faire  connaître  dans  ses  pré- 
tendus principes  et  dans  son  application.  Quant  a  l'histoire  diploma- 
tique de  TEurope  de  1815  à  <830,  ses  données  ne  seront  pas  sen^- 
blement  modiflée-i  par  le_s  documents  contenus  dans  ces  deux  vulumes. 

.VNTKjCirK.  —  Le  nouvel  ouvrage  de  M.  Fr.  Lentjrmant*  fournit 
un  nouvel  exemple  des  lumières  que  la  vue  des  lieux,  l'étude  du 
terrain  .^tpjKirtent  à  l'histoire,  et  offre  une  nouvelle  application  de 
celte  mèlhude  qui  cherche  à  comprendre  te  passé  jur  l'élude  de  ses 
monuments,  de  son  vocabulaire  topographique  et  des  mœurs  du 
présent.  Lor<^]u*elle  est  pratiquée  par  un  homme  de  talent,  celte 
méthode  produit  des  ouvrages  d'un  grand  attrait  \  cet  attrait  ne  (hit 
pas  défaut  au  livre  où  M.  Lenormanl  a  consigné  ses  impressions  de 
voyageur  et  ses  souvenirs  d'antiquaire  sur  les  villes  de  la  Grande- 
Grèce  qui  bordent  le  littoral  de  ta  mer  Ionienne.  L'érudition  dont 
tl  y  fait  preuve  est»  comme  dans  ses  autres  ouvrages,  un  peu  diffuse  et 
loafTue.  on  ne  se  fatigue  pourtant  jamais  à  le  suivre  dans  ce  pays  si 
déchu  de  son  ancienne  pro-^périté  et  où  il  sait  si  bien  retrouver  les 
traces  d'un  passé  florissant  ou  glorieux. 

Unri;^  ifiK.  —  L'histoire  communale  de  Sentis  n'est  pas  marquée 
par  des  événements  bien  dramatiques,  sa  charte  n'a  pas  servi  de  type 
à  d'autres  constitutions  url}aines,  et  néanmoins  te  tableau  de  ses 
inâUtuLions  municipales,  tel  qu'il  vient  d'être  tracé  par  M.  Flammer- 
mont',  présente  un  vif  intérêt.  C'est  qu'on  y  trouve  la  vie  intérieure 
d'une  cité  pentlanl  presque  tout  lo  cours  de  l'ancien  régime,  d'abord 
en  tant  ({ue  commune,  puis  sous  l'administration  d'un  bailli  royal 


I.  ta  Graiule~Crèce,  paysages  et  hiitoirt.  Littoral  de  la  mer  lonienM. 
Tome  I,  t  toi.  ifH«*,  473  p.  A.  LéTv. 

1.  OiUoiredes  imlHuiions  municipales  de  Sfntt$.  \  vol.  iii-8*.  310  p.  Vi«wft:. 
Famé  le  45*  fasc.  île  ta  Bibliothèque  de  l'École  de*  hautes  éludes. 


150 


BOLLETI.N  IdSTOaiQCIB. 


dont  los  pouvoirs  laissaienl  à  la  ville  une  assez  grande  aulonomie. 
Quoi  lie  plus  di^iie  de  K'IIuxîon  4|U(!  te  ^pecLicLti  d'un  régime  dégéné- 
rant en  oligarchie  el  remplacé  par  un  autrequi  glissesur  ta  même  peu  le  ? 
AvanI  de  nous  conduire  à  ce  terme  presque  fatal,  M.  Flammerniont 
nous  fbdt  assiâtcr  aiu  tàtoancmenls  de  l'adniimstration  municipale,  à 
ses  luttes  avec  les  représentants  du  pouvoir  central.  La  municipalité 
en  effet  nou^appnraiL  ici  dans  ses  i-apportsavec  l'Étal  aussi  bien  que 
dans  sou  développemetiL  propre.  L'indépendance  des  municipalités 
an  matière  lînancière,  leur  part  et  celle  de  l'État  dans  les  impôts 
communaux,  leurs  obligations  militaires  sont  marquées  en  traits 
inslruclifs  et  i)  serait  ilifticib'  de  trouver  un  autre  ouvrage  qui  nous 
rende  mieux  compte  de  l'exéculion  des  réformes  de  Torganisalion 
mililaire  dans  les  villes.  De  toutes  les  parties  de  l'administration 
urbaine,  ce  souL  Icà  (inanccs  et  le  service  militaire  qui  ont  le  plus 
attiré  l'aLteniionde  M.  Flammermont  ;  cela  se  comprend  puisque  ce  sont 
les  besoins  auxquels  réchevina{«  avait  à  pourvoir  en  première  ligue. 
Le  seul  reproche  qu'on  pourrait  fïiire  à  l'auteur  de  cet  excellent  livre, 
c'est  de  n'avoir  pas  esi^ayé  de  nous  donner  une  idée,  par  voie  de  con- 
jectures el  'l'analogie.-?,  puisque  les  dvcum<;nls  fonl  défaut,  du  rc^nme 
de  la  ville  antérieurement  à  la  charte  de  i  <  73.  Il  est  bien  diftlcile  au 
ïccîcur  de  se  résigner  à  ne  voir  commencer  l'histoire  d'une  ville 
qu'avec  la  concession  de  sa  charte  communale  et  de  croire  que  l'his- 
toire des  villes  voisines  ne  fournit  pas  des  analogies  sulïlsanUîs  jwur 
permeltiT  de  faire  un  peu  de  lumière  sur  les  origines  de  Senlis. 

M.  Julien  Havul  a  voulu  contrôler  et  délerininer  avec  précision  ce 
que  l'on  sait  communément  d'une  façon  vague  sur  la  répression  de 
l'hérésie  au  nioven  âge  '.  Xégligi?ant  les  pays  i)t)ur  lesquels  Picker  a 
récemnienL  étudié  cette  question,  Il  a  recherché  c>omment  la  législa- 
tion el  les  mœurs  avaient  traité  l'hérésie  en  France,  en  Angleterre, 
en  Provence,  en  Catalogne,  dans  l'Ilalie  du  nord.  L'auleur  n'a  pu 
épuiser  ce  domaine  si  étendu  encore,  et  bien  des  faits,  comme  il  le 
reconnaît,  ont  dii  échapper  à  ses  recherches.  Toutefois  ceux  qu'il  a 
recueillis  nous  paraissent  suflisants  pour  justiflcr  les  conclusions  très 
nettes  el  très  précises  de  son  travail.  Pour  donner  une  idée  du  degré 
de  précision  auquel  M.  Havbt  est  arrivé,  nous  dirons  qu'il  va  jusqu'à 
distinguer  et  à  établir  trois  phases  dans  la  façon  dont  l'hérésie  a  été 
traitée,  du  xi*  au  xm*  siècle,  dans  les  pays  de  langue  italienne  cl  de 
langue  d'oc.  Son  travail,  fait  avmc  la  criliijue  el  la  sobriété  habituelles 
â  l'auteur,  atteinl  pleinement  son  but  en  ce  qu'il  ramène  à  des  lois 


ï.  L'hrresic  et  le  briu  séculier  ou  mtiyen  âge  Jtugu'aH  Xtll'  siMe.  C7  p. 
in-fi*.  CbamploD.  (Kxtroil  de  la  £iài.  de  lie.  des  chartes,  mO,  p.  4ââ  et  570.) 


FJU7VCE. 


IM 


ou  à  des  usages  des  faits  qui  ne  paraissaient  s'expliquer  que  par  des 
drconsUnces  parliculières.  —  M.  Fr.  Ûclaborde,  qui  prépare  une 
éditiOD  de  Guillaume  le  Breton,  nousadonné  un  fhigmenl' do  l'étude 
critique  qu'il  a  entreprise  sur  les  œuvres  de  ce  chroniqueur,  l'un  des 
plus  reoianiuatileâ  du  moyen  âge.  (lest  de  sa  chronique  en  prose 
qu'il  s'occupe  celle  fois.  11  en  classe  les  mss. ,  et  détermine  le  nombre 
de  SCS  rédactions  ainsi  (jue  le  point  où  s'arrête  l'œuvre  de  Hifford  et 
où  commence  celle,  de  (juilhuino  le  Breton,  dont  il  enricliil  la  bio- 
graphie en  prouvant  qu'il  fut  chanoine  de  Saint-Pol  de  Léon. 

Tewps  modbbses.  —  M.  A.  Laugel  a  réuni  en  un  volume'  un  cer- 
tain nonihre  dPà  éludes  où  il  a  fait  connaître  aux  lecteur*  de  la  ffetTie 
des  deux  momies  plu^^ieurs  travaux  originaux  ^^ur  de-s  personnageîi 
ou  des  épisodes  des  guerres  religieuses.  Les  idées  que  M.  Laurel  s'est 
foit«s  sur  cette  période  sont  justes  et  assez  personnelles,  le  ton  de  ses 
articles  est  vif,  tous  ceux  qui  composent  son  volume  méritaient  d'être 
recueillis  à  l'exception  du  dernier',  résumé  incolore  où  l'auteur  n'a 
rien  mis  du  sien  ♦. 

ta  biographie  de  T.laude  RadueP  se  rattache  à  l'histoire  de  la 
pédagogie  el  de  rhumanisme.  Uaduei  iulroduisîL  à  ruaivcrsilé  et  au 
oolU^  des  arts  de  Nîmes,  dont  il  fut  recteur,  le  système  d'enseigne- 
ment inaujLruré  par  la  confrérie  de  Li  vie  commune  à  Dcventcr,  suivi 
au  gymnase  de  Sainl-Jérùnie  de  Liège  el  auquel  Jean  Slurm  donna 
tant  d'éclat  à  Strasbourg  et  les  Jésuites  tant  de  faveur  «n  l'adoptant 
tL  en  rappliquant  dans  leurs  nombreux  collèges.  Né  d'une  réaction 
eoAtre  la  soolasiique  du  moyen  âge,  ce  système  alliait  par  l'cLuUe  des 
auteurji  anciens  et  la  prati([ue  des  langue  mortes  la  culture  de  la 
rhétorique  et  celle  de  la  dialectique,  c'est  lui  qui  forma  sous  l'ancien 
ré^me  tant  d'excellents  humaniste:»  et  qui ,  après  avoir  dâ  son  succès 


1.  Étude  »r  la  ehrotiiçuc  en  proie  de  Guiliauttu  le  Breton,  hR  p.  vor^. 
TboriiL  Forme  le  fasc.  12'  de  la  Bibliothèque  des  écoles  françaises  d'AtMènea 
d  de  Home. 

i.  La  tkfurme  au  XVf  siicie,  Ûudes  et  portraits,  1  vol.  in-8*.  393  p.  Pion. 

3.  Le  duel  de  Marie  de  Médicis  el  de  Bichetleu. 

4.  Nous  «T0D6  Kinarquè  dans  une  lecture  ra[)i<le  quelques  incxacUtados.  te 
Pire  d'Auben  du  Maurier,  p.  G^.  L'auteur  des  Mémoires  pour  servir  à  l'hls- 
Mrt  de  Uoitawte  (tel  »t  le  tllre  exact  de  l'ouvrage  cité  par  M.  L.)  n'Apparlrnait 
i  aocuo  ordre  reJî^eui.  —  U-  L.  a  oublié  [p.  178]  que  ChArtcA  de  Valuîs,  coiutc 
d'Anvcrgnc.  éUil  le  frère  utérin  d'IIenrielle  d'Entra^ues,  et  que  c'est  surtout 
A  ce  titre  qu'il  obtint  riodolKence  d'Henri  IV,  ~  Jacqucs-Nompjir  de  Cauinoat, 
nMrqnU  poi*  duc  de  l<a  Force,  m  pajra  pa»  de  sod  abiuratton  le  bitou  de 
SDjrècbal  Cp.  231}. 

5.  Claude  Baduet  et  ta  réforme  des  études  au  XVI*  s.,  par  U.^.  Gaufrèft, 
t»^,  3M  p.  Uacbett«, 


452 


BDUBtrM  amoKioni. 


à  ce  que  l'ctucle  des  mots  le  conduisait  à  ccllti  des  choses,  est  à  son 
tour  accusé  de  sacrifier  les  choses  aux  mots.  D'un  auU*ecôt£,  Raduel 
appartient  à  ca  groupn  d'humanistes  qui  éU'ileiU  partisans  plus  ou 
njoiiis  déclarés  de  la  Herunne.  Tel  Câl  le  milieu  moral  et  intellectuel 
où  se  déroute  la  carrière  agitée,  laborieuse  et  ingrate  d'un  homme 
qui  soutint  une  lutte  acharnce  en  Taveur  des  études  philologiques 
contre  la  scolaslitjue  ot  qui,  suspect  d'hérésie,  n'évita  peut-être  une 
On  tragique  qu'en  altaut  terminer  obscurément  et  [lauvrement  sa  vie 
à  Genève.  M.  Gaufrés  a  excellemment  marqué  la  place  modeste  occu- 
pée par  Baduel  dans  Thumanisme  et  la  Réforme,  bien  trace  la  Ûlia- 
tion  du  s)'slème  pèda^'o^iquc  appli()ué  pour  la  première  Pois  par 
Gérard  Groole  et  popularisé  par  les  Jésuites  et,  tout  en  indiquant, 
comme  il  en  avait  le  droit,  sa  préférence  pour  ceux  des  humanistes 
qui  adhérèrent  explicilcmenL  à  la  Réforme,  tandis  que  d'autres, 
esprits  plus  libres  ou  cœurs  plus  pusillanimes,  dissimulaient  leur 
syçipathie,  il  n'a  jamais  quitté  le  Ion  de  rbislorien  pour  prendre 
celui  du  prêdicant  ou  du  sectaire. 

C'est  au  XVII'  sicclc  que  la  vraie  théorie  du  droit  public  se  formule 
l>ar  l'organe  (le  GruLius  et  de  Lcihnitjc-,  mais  ces  granijs  penseurs 
devancent  leur  temps  qui  nous  oirre,  à  côté  de  leurs  pures  doctrines, 
tes  utopies  d'un  Campanelia,  d'un  llobbes,  d'un  Fénelon,  etc.  Dans 
le  volume  '  i|u'il  vient  d'ajouter  à  ses  précédcfllcs  études  sur  le  droit 
public  cl  naturel,  M.  Ad.  Franck  étudie  les  systèmes  et  la  vie  des  uns 
et  des  autres,  il  le  fait  dans  cet  esprit  de  lit«ralisme  élevé  qu'on  lui 
connaît  et  sous  une  forme  un  peu  oraloiro  qui  laisse  soupçonner  que 
les  mêmes  idées  avaient  trouvé  leur  première  expression  dan?  un 
cours  avant  de  revêtir  la  forme  du  livre.  Nous  avons  été  surpris  des 
termes  dans  lesquels  M.  Franck  parle  du  CoTtsotato  del  mare;  si  la 
date  et  la  langue  de  ce  docum(int  présentent  des  incertitudes,  rien 
n'autorise  à  suspecter  son  aulhenlicité  ni  à  rat)aisser  son  importance 
jusqu'à  en  faire  une  œuvre  apocryphe  fabriquée  pour  appuyer  les 
prétentions  des  Génois  ou  di>3  Pisans  (p.  <I7).  M.  Pranck  n'avait  pas 
besoin  d'aller  bien  loin  pour  s'en  faire  une  idée  plus  juste.  Pardessus  ' 
lui  aurait  appris  que  ce  texte  avait  été  rédigé  avant  le  xi^  s.,  proba- 
blement à  B.'ircelone,  et  qu'il  est  d'une  importance  capitale  pour  This- 
toiro  du  droit  commercial  et  international. 

Nous  terminerons  ce  bulletin  en  annonçant  les  biographies  de  trois 

1.  Réformateun  H pubticitta  de  l'Europe,  XVII'  s.,  in-^-,  513p.  OilBuna- 
Lérj. 

2.  AecttoU  des  lois  Tnartiimes  antérieures  au  XVItî*  s.,  tom«  U. 


-"^      —* 


FEA.fCB. 


153 


femmes  du  ivn*  et  du  xnit*  s.  qui  n'ont  pas  joué  un  rôle  historique 
important  et  dont  la  destinée,  pour  exciter  tout  l'intérôt  dont  elle  est 
susceptible,  aurait  réclamé  des  historiens  plus  diâUngués.  M.  Chan- 
telauze  a  consacré  aux  relations  de  Louis  XIV  et  de  Marie  Mancini  cl 
à  la  vie  de  celle  dernière  un  livre  '  qui  inspire  un  senlimenl  de 
décepUon  f;t  d'inquiétude.  Par  la  puMieation  du  journal  de  Rnurgoing, 
par  Li  n»yélaIion  d'un  Ret/  inwnnii.  qu'il  avait  su  découvrir  dans  la 
correspondaiicederabbéCharriL'r,M.Ghanlelauzeavailmcriléreslirae 
des  historiens  en  même  temps  qu'i  I  faisait  connaître  son  nom  du  grand 
public.  Le  cardinal  de  fietz  et  ses  missions  diphmaliques  à  Home 
fi«mblait  indiquer  dt'j;i  un  auteur  moms  dilTicile  pour  lui-même,  porté 
à  s'aveugler  sur  l'intérêt  des  documents  qu'il  découvre.  L'ouvrage 
que  nous  annonçons  aujnurd'tiiii  nous  fait  craiiidri*  que.  séduit  par 
se^  succès  antérieurs,  M.  ClianlcIauZL' no  se  laisse  eulrainer  à  composer 
rapidement  des  livres  qui.  sous  un  litre  piquant,  ne  nous  apprennent 
rien  de  nouveau  ou  d'intéressant.  Si,  après  avoir  lu,  non  sans  fatigue, 
sa  dernière  publication,  on  se  demande  cfl  qu'il  faut  en  retenir,  on 
fc'y  trouve  rien  dont  l'histoire  puisse  faire  son  profil,  car  ou  connaia- 
"sail  avaat  M.  Chanlelauze  la  tentation  passagère  de  Mazarin  de 
bjre  monter  sa  nièce  sur  le  trône  de  France.  A  défaut  d'intérêt  his- 
torique, les  aventures  de  la  princesse  Colonna  présentent-elles  du 
moins  uii  intérêt  ronianes<iue  ?  Pas  davantage.  Pour  s'intéresser  au 
récil  de  ses  escapades,  il  faudrait  y  trouver  autre  chose  que  les 
caprices  d'une  femme  qui  n'obéit  à  aucun  sentiment  sérieux  et  pro- 
fond. {'>nllii,  du  moment  où  M.  Chantelau/e  se  faisait  le  biographe  d'une 
aventurière  qui  ne  mérite  d'occuper  l'histoire  que  pendant  un  court 
épisode  de  sa  carrière,  il  n'aurait  pas  dû  reculer  devant  la  difllcultc 
de  dissiper  l'obscurité  qui  entoure  sa  vie  pendant  son  séjour  (>n  Italie, 
de  4689  a  1705,  puis  de  n05  à  sa  mort,  dont  l'auteur  ne  prend 
même  jas  la  peine  do  déterminer  la  date  précise.  En  réalité  M.  Chan- 
telaïue  a  donné,  à  force  de  citation»,  les  proportions  d'un  livre  à  uu 
travail  qui  n'aurait  dû  ^re  qu'un  article  de  ReN'ue. 

La  maréchale  de  Villars  n'a  aucun  titre  pour  servir  de  centra  à  un 
tableau  de  la  société  du  xnr  et  du  xviii*  siècle,  et  l'on  s'étonnerait 
que  H.  Cb.  Giraud  on  ait  fôit  le  sujet  d'un  livre',  si  l'on  ne  s'aper- 
cevait de  suite  qu'elle  lui  a  .icrvi  de  prétexte  pour  s'occuper  du  maré- 
chal. Le  volume  de  M.  Giraud  est  très  agréable  à  lire,  mais  il  ne  faut 

I.  ImtU XIV et  Marie  Mofteint,  d'aprtede  Dourcaax  documenU.  1  toI.  in^. 
(38  p.  Didier. 
%  la  maréchalede  Vittars  et  son  temps.  1  vol.  iD-16.  290  p.  Ilachatte. 


i 


4!M  BDLLBTIil    HISTORIQQB. 

y  chercher  ni  une  élude  historique  fortement  conçue  ni  des  porlraila 
(tnement  tracés,  il  faut  oublier,  en  le  lisant,  Couâia  et,  Sainte-Beuve*. 
A  pari  quelques  tellres  échanges  entre  Villars  ol  Chamillard  et  qua 
nous  avons  lieu  de  croire  imyJiles,  ce  livre  n'ajoute  rien  à  l'histoire 
politique  et  miliuire  du  temps,  et,  quant  à  l'histoire  morale  et  litté- 
raire, l'auteur  ne  la  r^eunit  pas  paria  façon  dont  il  la  traite.  M.  Gi- 
rnud  parle  de  la  société  à  laquelle  appartenait  la  maréchale  de  Villars 
en  amateur  délicat,  non  encrititpae  pênèlrant  qui  trouve  jwur  cliaque 
chose  le  ton  juste,  la  nuance  précise.  IJ  ne  manque  pourtant  pas  de 
pas^e^  qui  font  honneur  à  sa  sagacité  :  tels  sont  ceux  où  il  expose 
les  rapports  du  régent  et  de  Villars,  entouré  de  considération  et 
d'honneurs,  mais  tenu  à  l'écart  des  afTaires,  où  il  décrit  et  explique 
lo  caractère  de  Louis  XV  enfont,  où  il  caractérise  les  diflTérenles 
phases  morales  du  xvni'  siècle. 

Une  hiographie  de  ta  comtesse  de  Verrue  *  offre  un  intérêt  de  plus 
d'un  genre  ;  on  y  trouve  un  roman,  un  tableau  de  mœurs  de  la 
société  du  xvii'  et  du  xviu*  s.,  le  spectacle  d'un  souverain  d'un  esprit 
plus  grand  que  sa  fortune,  étouffant  entre  l'empire  et  lu  France  et 
profitant  ci>t>oudant  de  co  double  voisinaj^c  pour  faire  mettre  â  prix 
son  alliance.  Nous  ne  dirons  pas  que  M.  de  Leris  aittiréloutle parti 
possible  de  ces  divers  éléments  d'intérêt  ni  qu'il  ait  fïiit  un  ouvrage 
vraiment  distingué,  mais  ni  des  aptitudes  hisloriqucs  évidemment 
limitées,  ni  un  style  trop  peu  châtié,  ni  des  erreurs  de  lecture*  ne 
peuvejat  lui  liter  le  mérite  d'avoir  recherché  et  consulté  les  sources 
de  son  sujet  et  d'avoir  écrit  un  livre  agréable  et  d'un  intérêt  soutenu. 

Gustave  FifiniBS. 


1.  L'AUtcnr  a.  lui  aus^,  romplétement  oxibiiè  re  dernier,  ev  11  ne  cite  pas 
les  cinq  arlicleft  itur  Villars  qui  fimt  |Nirlii>  îles  Cauaefies  du  lundi,  lome  XIIL 

'1  la  comtfsse  de  i'errue  et  la  cour  de  Victor'Amedée  11  de  Savoie,  par  G.  de 
Loris.  1  Toi.  pet.  io'tti,  iCÛ  p.  Quaatin. 

3.  P.  153  •  (|ui  lui  »«rail  ili(;n<!  n.  liseï  :  d4^sigaé.  P.  137  c  prévoir  «,  lisez  : 
pi^veair  (T).  P.  168  «  jugeant  au  m^derin  >  (T).  P.  192  «  En  17U  Louis  XfV 
mourait.  » 


iUTKKHE. 


459 


AUTRICHE. 

Les  pays  donl  j*ai  a  retracer  l'aclivilo  historique  pendnnt  l'année 
4X80  préi^ntcnt  un  ensemble  d'une  êlendue  assez  considérable.  Ils 
forment  le  coiur  de  la  monarchie  autrichienne;  ce  sont  la  Basse  et  la 
Haute-Autriche,  Salzbourp.  la  Styrie,  la  Carinlhie,  la  Carniole,  puis 
le  pays  de  Ofirity;  el  llstrie  avec  Trieste. 

Un  com  pie-rendu  aussi  varié  que  les  pays  dont  il  s'occupe  devient 
notablement  plus  fnclh  (|uand  on  peut  le  commencer  en  signalant 
des  travaux  d'une  vcritablf  valeur.  C'est  ce  qu'il  nous  est  permis  de 
(kirct  grâce  à  un  travail  de  M.  le  professeur  A.  Bcssos,  de  l'univer- 
sité d'Iunsbruck.  Ce  travail  traite  d'un  sujet  dont  on  s'est  assez 
occupé  pendant  ces  dernières  années  :  les  années  1277  el  1278 
dans  la  Basse-Autriche,  tes  rapporta  de  Rodolphe  de  Habsbourg  el 
d'Ottocar  de  Bohême,  leur  rencontre  el  leur  lulle  décisive  à  Uùmkrul 
le  26  août  1278*.  L'opinion  qu'on  se  faisait  de  ces  événements  s*étail 
formée  sous  l'inllucnoe  do  plus  d'une  idée  fausse  ;  ces  idées  feusscs 
■  provenaient  en  partie  d'une  interprétation  inexacte,  en  partie  de 
l'emploi  incomplet  des  sources^  a  ces  motifs  s'ajuuUiit  une  certaine 
légèreté,  qui  present<iil  suivant  sa  fantaisie,  à  l'aide  de  phrases 
empruntées  à  la  discussion  politique  du  jour,  les  faits  et  les  per- 
sonnes de  ce  temps  ».  (Lorcnz,  Deutsche  Geschichte,  II.)  l^e  travail 
critique  de  Bussou  signale  ces  erreurs  imputables  a  la  légèreté  et  à 
la  prévention  et  retrace  le  dévelo[)peraent  gcnénil  des  faits  tels  qu'ils 
se  sont  réellement  passés  pendant  ces  deux  années;  il  éclaircit  l'un, 
conteste  l'autre,  sans  faire  de  polémique,  et  son  expo.<ition,  C4imme 
ses  documents,  témoigne  combien  il  est  maître  de  son  sujet;  cette 
conviction  s'impose  à  ceux  même  qui  ne  peuvent  consulter  eux-mêmes 
les  sources.  —  M.  K.  SononEH*  a  traité  une  autre  partie  de  l'histoire 
de  la  Basse- Autriche  au  moyen  âge,  la  conquête  de  ce  pays  par  le  roi 
Hathias  de  Hongrie.  C'est  un  travail  consciencieux  qui  a  été  suivi 
d'une  série  de  suppléments.  —  Il  est  regrettable  qu'il  ait  [laru  immé* 
diatement  après  sa  publication  do  nouveaux  document:^  relatifs  au 
même  suJl^I,  donl  l'auteur  n'a  pas  pu  profiter.  Ainsi  M.  F.-M.  Mitta  a 
publié  une  petite  et  intéressante  chronique  de  1477-90  tirée  d'un  ms. 


1.  A.  fiuMOQ,  Der  Kri«g  von  1378  und  die  Sehiacht  bet  OUrnhntt  (Archit  f. 
attoT.  Cachtckie,  Bd.  62,  t-145}. 

2.  trobening  medertaterreielu   dunh  Mathàai   Corvinus  in  dett  Jahnn 
US2-90 iBlaeiterf.LantUskuade  «m  A'iederoiterr.  1879^  mitG\  Documtnten). 


43G 


BCLLFTm    IIISTORICtK. 


do  la  bibliothèque  de  Munich'  cl  d'autres  données  ont  été  fournies 
par  un  précieux  Tormulaire  conservé  dans  les  archives  du  monastère 
d'Admoni^. 

Mais  la  publication  la  plus  étendue  et  la  plus  importanle  pour  la 
Basse-Aulricbe  est  Tbistoire  de  la  Réforme  et  de  la  réaction  contre 
la  Réforme  dans  les  pays  au-dessous  de  l'Enns,  par  WiEOEMArr»'. 
Une  œuvre  approfondie  sur  ce  sujet  manquait  jusqu'ici;  il  fallait  se 
conteiitHr  du  livre  de  lUupach  écrit  en  I73*i  [Evangelhckes  OEsfer- 
rêieh),  d'extraits  de  cet  ouvrage  et  de  travaux  peu  étendus  et  disper- 
sés ou  de  ce  que  des  ouvrages  généraux  (tels  que  Buchholz,  Hurler, 
Koch,  clc.)  contiennent  sur  cette  matière.  Kn  sa  qualité  de  prêtre 
cathoiiquiï,  Tauleur  a  pu  pénétrer  dans  des  archives  ecclésiastiques 
de  Vienne  fermées  aux  laïques.  Wiedemann  a  bien  proûté  de  cette 
facilité.  Il  a  rendu  ainsi  un  grand  service  a  la  science.  L'ouvrage 
compte  actuellement  deux  gros  vol.  et  en  aura  cinq.  Il  doit  aller  jus- 
qu'en <848.  Le  premier  vol.  comprend  le  mouvement  de  reforme  et 
la  réaction  qu'il  provoqua  jusqu'en  4  640,  le  second  aborde  les  détails 
de  cette  luLle  dans  les  quatre  évêchés  du  pays.  La  matière  de  ces 
2  vol.  est  abondante  et  en  grande  partie  nouvelle.  Mais  quels  que 
soient  les  litres  de  l'auteur  à  notre  reconnaissance,  il  mérite  trois 
grands  reproches.  D'abord  il  n'a  pas  consulté  les  archives  d'Éiat  de 
Tienne.  Les  archives  ecclésiastiques  et  administratives  ne  sufOsaient 
pas  pour  le  but  qu'il  s'c5t  proposé.  La  Réforme  et  le  mouvement 
anli-réformiste  ont  eu  aussi  une  histoire  politique,  on  pourrait  dire 
diplumati(|ue^  cette  histoire  est  enfuuie  dans  les  archives  d'Étal, 
dans  la  correspondance  des  nonces  et  les  rapports  des  agents  diplo- 
matiques. La  partie  la  plus  délicate  de  la  lutte  se  trouve  ainsi  trop 
réduite  dans  l'exposition.  De  plu5  l'auteur  est  loin  d'avoir  consulté 
toutes  les  sources  imprimées,  dans  lesquelles  se  trouvent  des  reoseî- 
gnemeots  de  grande  valeur.  Ënlin  son  ouvrage  est  moins  une  véri- 
table histoire  qu'un  recueil  de  pièces  reliées  par  de  courtes  transitions. 
On  voit  cependant  (>ar  plusieurs  passives  du  récit  que  Tauleur  sait 
rac^jnler,  mais  il  a  été  débordé  par  la  surabondance  de  la  matière,  ce 
qui  a  fait  de  son  ouvrage,  d'ailleurs  si  recommandablc,  un  ouvrage 
hÂtif  et  mal  digéré. 

L'œuvre  du  chroniqueur  Grégoire  ou  Mathieu  Hagen,  qui  parait 
avoir  été  amimejicec  en  UOO.  a  ete  l'objet  d'une  étude  critique  très 

I.  ZeiUcttrip  f.  trsttrrHch.  Gfmnasien,  1880,  p.  16-Sa 

S.  La  leito  d<t  ce  fonuoUire  Ml  pnbtié  arec  qiielqae»  ippeodices  daas  les 
Bttkmf  s.  Kun4«  iMnrnxrk.  GeKÂickUquHim^  1880,  33  a.  f. 

3.  Th.  Wieilcaiana,  G«xÂ,  der  Heformaiéom  «.  GtyenrefonnalHut  im  Lande 
uut«r  der  Enns.  Pn^,  Trmpjik?.  1  Bil.  1879.  viu  ei  674.  II  Bd.  lâSO.  6S3  5.  iii-«-. 


imicflK. 


<57 


attentive  de  M.  F.-M.  Mjteji'.  Ce  chroniqueur  accueille  arec  une  si 
niaise  crédulité  toutes  les  Tables  jusqu'au  xiii*  s.,  qu'ifîneaâ  Sylvius 
l'appelait  asellus  bipes.  A  partir  du  xiii*  s.,  il  a  cependant  une  base 
plus  solide.  Mayer  recherche  quelles  sources  il  a  eues  a  sa  disposition 
et  il  arrive  sur  celte  question  à  des  résulLils  Intéressants.  Mais  un 
autre  problème  s  imposait  à  lui;  c'était  de  trouver  le  vérilalile  auteur 
de  la  chronique,  car  le  nom  de  Hagen  Lui  parait  être  plutôt  celui  d'un 
copiste.  Il  croit  le  reconnaître  dans  un  certain  Joh,  Sefncr,  profes- 
seur de  théologie  à  l'université  de  Vienne,  parce  qu'il  a  trouvé  un 
traité  de  ce  personnage  dans  un  ms.  de  la  chronique  et  constaté  qu'il 
vivait  à  Vieiinc  en  UOO;  mais  l'argumentation  à  l'appui  de  celle 
opinion  n'est  pas  convaincante. 

La  lopographie  historique  est  représentée  parmi  les  publications 
de  la  Basse- Au  triche  d'abord  par  te  dictionnaire  topographique  de  ce 
paj-s  que  M.  de  Beckkr  publie  aujs  frais  du  Verein  fUr  landes- 
kuTide  l'on  SiederœsterreiiA'.  L'ouvrage  esl  conçu  sur  un  plan  trës 
large;  de  A  à  Pnrf  il  ne  compte  pas  moins  de  320  fuges  el,  jiour 
beaucoup  d'articles,  toutes  les  sources  historiques  relativesaux  dif- 
réreQle6  localités  ont  été  mises  à  contribution.  Ce  dictionnaire  forme 
le  pendant  a  la  grande  carte  du  pays,  que  la  même  société  fait  graver 
sur  cuivre  en  412  grandes  feuilles,  dont  70  environ  ont  paru.  11  faut 
aussi  mentionner  ici  comme  publiciition  de  texte  relative  en  partie  à 
la  lopographie  historique  de  la  Basse- Autriche  l'excellente  reimpres- 
sion du  Codex  Falkensteinensis.  C'est  moitié  un  Codex  traditionum^ 
moitié  un  terrier  des  comtes  de  Falkcnstein  en  Bavière.  11  a  été  com- 
mencé a  la  flu  du  xii*  s.  par  le  comte  Siboto  et  se  rapporte  aussi  en 
grande  partie  à  la  Basse-.Vu triche.  11  a  déjà  été  imprimé  au  siècle 
dernier  dans  le  t.  Vil  des  Monumenta  boica,  mais  mal,  et  la  nou* 
velle  édition  est  accompagnée  de  gloses  très  intéressantes^. 

Les  travaux  d'archéologie  pure  sont  très  cultivés  en  Autriche.  On 
compte  un  certain  nombre  de  recueils  consacrés  entièrement  ou  en 
partie  à  celte  science.  Ses  progrès  el  ses  résullaLs  ne  peuvent  m'oc- 
cupef  ici  et  je  me  bornerai  à  signaler  un  ouvrage  qui  appartient  au 
domaine  de  la  topographie  et  de  l'histoire.  C'est  l'élude  comparative 


I.  Cntertwhunyen  ûbtr  dût  ccsterreich.  ChrovÀk  des  MatliutUM  odet  Grtgor 
Bagtn  {Archic  f.  œslerr.  Getchichte,  Bd.  60,  29S-339J. 

î.  Topographie  voa  yiederœsferreich  :  Die  alphab.  Reihenfotge  der  Oii- 
Khaften,  bearb.  toq  U.  A.  Beckcr.  Wicn  lii79-60.  A-Dorf.  tui  el  3t0  p. 

X  Vret  bayerische  TradUion^Mcher  ata  âem  12.  Jahrh.  Festscktift  t,  700 
Jmhr.  JubUceum  der  WitteUbacher  ThronOesieiyttng  (/  Cod.  Fatkaruteitieniis 
benoigog.  T.  H.  Peu)   Miinçheu,  Kellerer,  1880,  tO&^i  p.  in-i*. 


158 


BCLLETTl    DTSTOBIQOK. 


de  F&biana  el  de  son  emplacemenl*.  Celle  élude  paase  en  revue 
d'abord  les  sources  à  partir  do  39'J  {lyotUia  dignifatum),  ensuite  la 
polémiciuc  sur  cette  i|ue$(ion  de  M5r>  à  IN7I.  L'autour  lui-même 
avail  déjf^  exprimi*  son  opinion.  I^es  tndicaliori!^  !çur  la  situation  de 
cette  ville,  où  l'on  s'eslplu  depuis  OLbou  de  Kreising  à  voir  Vienne, 
s'appliquent  A  toute  la  partie  orientale  de  l'Autriche  jusqu'à  la  fron- 
tière  occidentale  du  Noriquo,  de  Vienne  â  l'Knns.  Ai^ourd'buî  on 
s'est  mis  d'accord  — jusqu'à  nouvelle  élude  —  pour  considérer  le 
milieu  de  cette  bande  de  terre  longue  de  25  milles,  ta  petite  ville  de 
Maulern,  comme  l'emplacement  de  l'ancienne  ville  romaine.  L'auteur 
de  ce  travail  savant  et  approfondi  se  prononce  aussi  pour  celle 
région. 

Pour  Thistoire  des  localités  particulières,  la  clarté  exige  qu'on 
embrasse  sous  la  même  rubrique  les  recueils  de  documents  el  les 
ouvrages  d'exposition.  M.  dk  Z^issbedg  a  publié  un  nécrologe  peu 
étendu  de  l'ancienne  chartreuse  de  Gaming*,  dont  les  articles  les 
plus  anciens  appartiennent  au  iiv*  s.,  M.  Kopil  une  histoire  du 
village  de  Wâehring  près  Vienne^,  faubourg  Lrès  important  de  te 
capitale,  el  M.  A.  Maykr  une  histoire  de  l'écoleS.  Étienneà  Vienne*. 
Ce  dernier  travail,  qui  intéresse  à  la  fois  la  topographie,  Ibistoire  de 
la  civilisation  el  l'histoire  proprement  dite,  est  une  page  intéressante 
de  l'histoire  générale  de  la  capitale.  L'école  municipale  de  SainU 
ÉUcnne  est  mentionnée  pour  la  première  fois  en  1237  et  fut,  jusqu'à 
la  fondation  de  l'université  (4365),  l'élablissement  d'mstruction  le 
pluâ  important  de  Vienne^  son  histoire  jusqu'à  sa  transformation 
(1770)  est  substantielle  et  habilement  présenli'o.  C'est  à  l'histoire  du 
droit  que  se  rattache  l'étude  remarquable  de  G.  Wixtee  sur  le  plus 
ancien  statut  munici[>al  de  Wiener-Xeustadt*^  elle  conlient  a  la  fois 
une  nouvelle  édition  et  un  examen  de  ce  texte. 

C'est  surtout  dans  les  publications  du  Verein  fiir  Lanâeshunde 
qu'il  faut  aller  cherclier  l'hisloire  des  principales  familles  do  la 
Casse- Autriche.  Ce  recueil  s'est  enrichi  de  deux  publications  :  l'une 
de  P(BLzL  sur  les  seigneurs  de  Meissau',  famille  de  ministeritUes 


1.  F.  Kenoer,  Favianii  {Mtit/uilun^en  des  Mterthunuoereins  tu  Wien. 
1990,  19  Bd.  p.  49-tOï,  in-*'). 
'î.  Zur  Ceuhiekfe  der  Karthause  Caminy  {Arch-  f.  atterr.  CewA.  60, 58V0O. 

3.  GrMhtckte  da   Wieiier  Vororta  WzhréHf  (BUtt.  f.  Iaii4«»kun4t  v. 
IViedo'sterr   I8t>0.  37-*»}. 

4.  Oie  iiUrgf-rschule  su  St  Stephan  in  Wien  {Ibid.  3tl-8î). 

5.  Dos  Wiener-.yeuxUdter  Stadtrecht  de$  13.  Jahrk.  Uritlk  und  Àutgabe 
(ireA.  /".  asterr.  Gtsch.  60,  71-292). 

G.  Die  Berreti  ton  Meiêiau  {BU.  f.  Uindmkunde  «.  mederasterr.  1880). 


AcrnicHB. 


459 


très  riches  et  très  influents,  surtout  au  xin*  s.,  maréchaux  hôrédU 
lajrcs  de  la  province;  Pautre  de  M.  de  Lrscan*  sur  les  étudiante 
viennois,  priiicipahmient  Irs  fils  de  nobles  fainilles,  qui  fréquen- 
tèrent les  universités  italiennes  du  xni"  au  ïtïi*  s. 

Si  Ton  passe  à  la  Culturgeschichie ^  qu'elle  s'occupe  de  la  vie 
publique  ou  de  la  vie  privée,  sans  se  restreindre  dans  une  localité 
peu  étendue,  il  faut  s  arrêter  sur  l'introduction  de  Bic»' à  l'histoire 
de  la  législation  agraire  dans  la  Basse-Autriche  et  sur  le  (némoirc  de 
Newild^  relatif  à  l'histoire  do  la  chasse  dans  le  même  pays.  M.  B.  est 
connu  par  son  étude  approfondie  sur  le  (iscus  regius  sous  les  rois 
francs,  particulièrement  dans  la  Basse-Autriche  actuelle^  Le  si^elqu'il 
aborde  aujourd'hui  se  rattache  au  premier,  mais  il  faut  attendre  le 
parti  quiî  l'auteur  en  tirera,  carTintroduction  ne  donne  que  le  cadre. 
Le  travail  de  Newald  est  tréâ  agréable  à  lire  et  contient  beaucoup  de 
choses  neuves.  U  réftile  avec  raison  l'idée  que  \&privilegium  minuâ 
de  H5G  ait  créé  au  profit  des  ducs  un  droit  de  chaàse  ré|j;aliea  et 
montre  que  ce  fut  l'ambitieux  duc  Rodolfe  IV  qui  réglementa  le 
premier  la  chasse  dauâ  son  Ëtat.  La  chasse  fut  toujours  un  droit 
privé;  sous  l'empire  de  leur  passion  pour  la  chasse,  certains  princes 
étendirent  non  seulement  les  domaines  ou  ils  se  livraient  à  cet 
exerdce,  mais  aussi  l'influence  du  gouvernement  sur  la  chasse 
privée.  11  aurait  Ikllu  ajouter  que  la  bureaucratie  encore  à  l'enfonce 
du  XVI*  s.  s'efTor^il  de  faire  de  la  cluiâse  dans  les  fiefs  et  dans  les 
princi{>aulcs  relevant  directement  de  l'Kmpire  (par  ex.  des  évéques 
allemands)  un  droit  régalien.  On  pourrait  en  fournir  deâ  preuves. 
Mais  les  conditions  où  se  trouvait  l'Empire  ne  permettaient  pas 
d'augmenter  le  conflit  du  gouvernement  et  des  sei;^'neurs  laïques  et 
eeclésiasUques  par  l'application  de  théurici  aussi  radicales.  L'auteur 
montre  d'une  façon  très  intéressante  comment  le  droit  de  chasse 
s'est  (oi^ours  étendu  de  plus  eu  pluâ  eu  descendant  dans  l'échelle 
sociale  et  s'est  toujours  restreint  en  la  remontant  :  jusqu'au  xvii»  s. 
la  noblesse  ne  prétendait  exercer  sur  ses  terres  que  la  grande  chasse 
(le  cerf);  il  restait  au  paysan  l'ours,  le  loup,  le  sanglier,  le  loup- 
œrvier,  le  renard,  le  lièvre,  le  chevreuil;  au  xnV  s.  il  ne  lui  restait 
que  les  oiseaox.  Le  travail  de  Newald  trouve  son  complément,  pour 
Tempereur  Maximilien  I*^  le  grand  chasseur  par  excellence,  et  pour 


1.  ŒMterreieher  an  italien.  Vnévasitœten  i.  Zeii  dtr  Réception  tUs  rcnn. 
HeckUM  {Ibid.)> 

2.  SènteUumfi  s.  fM.  Gseeh.  der  AgrarverfasMunç  in  MtedL'Oesterr.  {Ibid. 
Î52-3U). 

3.  J>ie  Jagd  tn  Nieder aster.  {Ibid.  203-2â). 

K.  BUttL  f.  iMHdakunde  v.  mrd.  Œsterr.  1878,  797-361. 


460  BCLLBTIN  aiSTOaiQDE. 

la  Styrie,  dans  un  portrait  de  ce  prince  et  une  descriplion  de  la  chasse 
dans  les  monLagncs  rie  Styrie,  que  l'on  doil  à  M.  F. -M.  Mitbr'. 

QuiLtons  maintenant  la  Basse- Autriche  pour  passer  à  la  Haute- 
Autriche. 

Les  publications  historiques  se  groupent  ici  principalement  dans 
les  Jahrcsberiehtea  du  Muséum  Francuco-Carolinum  de  Linz.  Mais 
les  Jahresherichlen  de  1880  no  c(^)nticnncnt  que  peu  de  chose  qui 
nous  iiil^resse,  car  les  sciences  naturelles  y  occupent  la  plus  grande 
place.  La  publication  du  Codex  diphmaticus,  qui  a  été  conOèe  aux 
soins  dLliifnut.s  et  éclairés  rifts  mnines  du  chapitre  do  Sainl-Fiorian, 
en  est  tuujours  au  Vïl*  vol.  Kn  revanche  un  bénédictin  du  couvent 
de  Heichersbcrg,  M.  K..  Hbmdl,  a  donné  au  public  un  document  très 
précieux  pour  la  connaissance  de  la  vie  administrative  et  économique 
do  ctittu  communauté  au  xfi.^.  Il  Taut  encore  mentionner  une  courte 
contribution  a  riiisloire  de  l'orjii^nisatiou  miliUiire  des  États  pro- 
vinciaux dans  la  Haute-Autriche  et  des  arsenaux  d'Ennsetde  Linz». 
Ce  travail  se  rapproche  [lar  le  sujet  d'autres  travaux  publiés  en 
Styrie  et  dont  je  parlerai  plus  loin.  Nous  avons  épuisé  avec  ce  travail 
tout  ce  qui  peut  entrer  cette  fois  dans  notre  butletin.  On  aurait  pu 
croire  que  l'année  ^«80  serait  aussi  féconde  dans  la  Haute-Autriche 
qu'ailleurs.  Elle  rappelle  en  effet  un  souvenir  d'une  certaine  impor- 
tance historique  pour  la  ville  de  Steyer  qui,  d'après  la  tradition, 
fût  fondée  il  y  a  eu  900  ans  en  I8S0,  et  qui,  par  ses  comtes, 
donna  son  nom  à  la  province  de  Styrie  dont  cependant  elle  ne 
iU  jamais  partie.  A  la  même  époque,  l'empereur  Frédéric  I*'  avait 
élahli  la  dynastie  des  Wiltelshach  en  Havièro  et  élevé  au  rang  de 
ducs  hs  margraves  de  Styrie.  L'anniversaire  de  ces  trois  événements 
a  été  célébré  dans  les  pays  qu'ils  intéressaient,  mais  ce  n'est  qu'en 
llaviére  qu'il  a  été  l'occasion  de  productions  littéraires  d'une  grande 
importance. 

L'activité  historique  a  été  beaucoup  plus  vive  à  Salzbourg  que 
dans  la  Haute*Autriche.  A  la  vérité  la  publication  du  Codex  diplomo' 
ticus  du  couvent  de  Saint-Pierre,  centre  le  plus  ancien  de  la  culture 
intcllecluelle  dans  tout  le  Norique.  cette  publication  est  encore  en 
préparation,  mais  le  recueil  du  Verein  fur  Landes kunde  de  Sahhoarg 


l.  Zur  Grschichte  des  Jagd-  u.  ForstiDescm  Steiermarks  in  dtr Zeii  Mari- 
miliaiu  I  [Mlttheilungen  des  histor.  Verelns  /.  SUnermark,  1S80,  1-41). 

i,  Barthohmœi  Hoga-  dicli  Schirmer  ceiterarii  146Ï.69  rH/istrum  procura- 
ihnis  rci  domeaticae  pro  famiiia  Reichersperg  {Aixhiv  f.  irsterr.  Ge$ehteflte, 
61,  35-38), 

3.  Knckowllxer,  Die  staend.  Zeughaetuer  s«  Lim  und  Enn»  {Jahresber.  de* 
Mvs.  ffoitc-Caroi.  1880). 


AOTBICUK. 


m 


contient  plusieurs  travaux  très  intcressauLs.  L'histoire  de  l'arche- 
véebé  ààxiA  la  première  moitié  du  xiv*  s.  a  été  l'objet  d'une  commu- 
nicaiioD  faite  par  M.  F. -M.  Maïei  à  roccision  d'un  rormiil.iire  du 
xn*  5.  '.  Cette  oommunication  se  rapporte  au  temps  de  l'arehevèque 
Frédéric  III  (ISIS-SS)  ol,  parmi  les  \7  lettres  de  l'appendice,  tes 
n"*  3,  14  et  15  sont  ceux  qui  offrent  l'intérêt  li»  plus  général.  Sou8  le 
litre  :  Le  culte  du  soleil  dans  l'Allemayne  du  S.'O.  aistnt  le  cArw- 
iitmisme^t  M.  A.  Pri^zixiikr  a  traité  la  question  bien  connue  du 
paganisme  dans  le  chriâLiaiiiâme,  alliance  ({ul  se  manifeste  suuvenl 
encore  aujourd'hui  dans  la  langue  et  les  mœurs,  ("est  à  l'aide  de 
documents  et  d'usages  du  moyen  âge  el  des  temps  modernes  qu'on 
la  constate,  en  l'absence  de  documents  plus  nombreux  de  l'époque 
païenne.  L'auteur  a  relevé  habilement  ces  analogies,  mais,  en  raison 
même  de  l'attrait  du  sujet,  trop  sommairement  et  sans  être  complet, 
même  pour  le  petit  pays  de  Salzbour^.  M.  Wacxer  retrace  l'activité 
de  deux  humanistes  à  SaUbourg,  de  ceux  qu'on  appelait  dans  l'Aile- 
magne  du  sud  (raocs-maçons,  illuminés;  —  il  fait  connaître  leur 
enseî^ement  el  leurcullua*  générale^.  Nous  rencontrons  ici  le  labo- 
rieux et  coDsclencicux  M.  ZiiL^sa  avec  deux  mémoires.  Le  premier 
traite  de  l'histoire  des  salines  à  Salzl>ourg\  il  est  savant  el  exact; 
l'autre  est  consacré  aux  noms  de  lieux  du  pays  de  Salzbourg  dans 
lesquels  entrent  des  noms  d'arbres  et  de  forêts'.  C'est  un  sigel  dont 
on  s'occupe  beaucoup  aujourd'hui.  Il  est  difTicile  à  étudier  dans  un 
pays  où  les  noms  de  lieux  conservent  les  traces  de  plusieurs  popu- 
lations superposées  et  où  l'on  rencontre,  à  côLé  de  noms  germaniques, 
IteAuctmp  de  nom:*  slaves,  romains  et  celtiques.  Les  erreurs  sont 
donc  faciles  el  fréquentes,  et  l'auteur  n'a  pas  su  les  éviter  complè- 
tement 

Stti«.  —  Pour  la  Styrie,  Je  commencerai  par  signaler  la  publica- 
Uon  Ibite  a  l'occasion  du  jubilé  déjà  incnlionne^  parce  qu'elle  se  rap- 
porte pour  la  plus  grande  fjarlie  à  l'histoire  du  pays.  Klle  se  compose 
de  trois  conférences  faites  par  le  chef  de  l'assemblée  du  pays,  le  lan- 
deikaupimann,  M.  ok  KAiscHtELU,  par  le  professeur  vo.i  K.ro.^bs  et 


t.  BHtnuge  sur  G^ich,  des  Erzbisthums  Saliburg  {Artktv  f.  dëterr.  Ge- 
aekàthU,  62,  149-198]. 

?.  Der  vonhrislHche  Sonnendienst  ira  deutschen  SUdotten  {UtUheii.  der 
GttttiÈch.  f.  saizburg.  Landeskunde,  1880.  101-129}. 

3.  B.  Wa^oct,  Aus  dem  Zetlalter  der  Aupilaerunç  (ioi.  WeUmayr  «(  hcann 
MîchI).  Jbid.  148-186. 

4.  Zur  G&chkhte  des  saizburg.  SaUweseni  {Ibld.  1-64). 

5.  Butck.  V.  Baum,  }yatd  u.  Au  ht  taUbutç.  FUr-  u.  Ortmamen  {Ibid. 
130-147). 

RkV.    HiSTOB.    XVI.    1"   F48C.  tl 


402 


BIÎLLHTI»  HUTOaiQDK. 


par  l'auLeur  du  pré^nl  bulletin.  Ce  dernier  a  «xposê  commcnl  U  SL>'- 
rie  éUil  devenue  un  duché,  le  f^econd  s'est  occupé  des  rapports  de  la 
Styrie  avec  l'Autricho  depuis  leur  réunion  (4  i  92i  jusqu'à  Ferdinand  II 
[1(H9),  cl  le  premier  a  fait  connaître  le  développement  intérieur  du 
pays  depuis  Kenlinand  II  juiqu'au  xviii*  s.'.  M.  K.-M.  Maïbh  a  Iratlé 
une  partie  très  inlérossaute  de  l'histoire  provinciale,  le  début  de  la 
conlre-i-éformation  sous  l'archiduc  Ferdinand  II  [^  599-1 600},  d'apré» 
un  ms.  qu'il  a  découvurl  aux  ardiivcs  des  États  de  la  Haute- 
Autriche^.  Cette  réaction  religieuse  comœenra  par  diverses  commis- 
sions qui  se  Iraiisportèrvnt  dans  It-â  principaux  centres  du  luthéra- 
nisme el  chercheront  à  y  rétablir  le  catholicisme  do  gré  ou  de  force. 
Je  dis  :  chercbcreiit,  car  je  n'adhère  pas  à  la  conclusion  de  l'auteur 
que  les  commissions  de  ItiOO  marquèrent  le  terme  de  la  contre- 
réforœalion,  ce  fut  seulemeiU  la  fin  des  commissions  de  ce  genre  el  de 
cette  année.  La  résistance  religieuse  leur  survéeul.  Mais  lo  princi[)al 
était  fait;  la  plante  était  coupée  à  moitié,  ses  racines  ne  furent  arra- 
chées que  pluâ  tard.  Cela  coûta  encore  deux  générations  —  et  Gnale- 
ment  le  succès  ne  fut  pas  encore  complot.  Les  renseignements  fournis 
par  le  travail  de  M.  M.  sont  neufs  et  très  intéressants  ;  la  relation  de 
Tincendie  et  de  la  dL>âtruction  de  l'église  protestante  de  Scliarfeaau 
près  de  Cilli  est  particulièrement  frappante.  t>tte  relation  trouve  bod 
com[>lémÊnl  dans  le  livre  d'Ûrozen,  dont  je  parlerai  plus  loin.  Le 
Darrateur  aurait  peut-être  dû  se  servir  de  plusieiffs  lettres  de  la  mère 
de  l'archiduc  à  son  fils,  relatives  à  ces  commissions  (Hurler,  Gesch. 
Ferd.  II.  4  vol.).  C'est  à  peu  près  à  la  morne  époque  (]ue  se  rapporte 
mi  travail  deZwicbinscK  sur  la  rébellion  tchèque  ^  Il  en  est  question 
dans  ce  bulletin  parce  que  la  source  dont  s'est  servi  l'auteur  s'oc- 
cupe iMiiincoup  des  mécontents  de  Styrie  et  fait  ressortir  leur  relation 
avec  ceux  de  Bohème.  Cette  source  dont  ou  s'était  jusqu'ici  peu  servi 
consiste  dans  les  dépêches  des  ambassadeurs  de  Venise  à  la  cour  de 
Vienne  ;  on  y  avait  eu  rarement  recours  jusqu'ici  pour  étudier  l'état 
politique  de  la  Styrie.  Tandiâ  que  nous  possédons  la  série  des  rap- 


!.  t^ttehrift  1.  Krinn.  an  d.  heter  der  vor  700  Jakr.  stattgefundenen  Erk^ 
tmm9  d<r  Stfierm.  s.  tierzMglhumt,  Gru  ISSO.  U  ».  u-S-.  I  Die  KniaUckelung 
H  Krkehung  d.  Stetenmari  *.  Hmo$tkume  Ton  Zah«;  II  Dit  Vereimçung  d, 
SUiermark  mU  ŒUfireéch  u.  ikrt  stfilmttç  im  Gt$chidiUiebên  des  Habêbur- 
çttakmtes  ton  Kroih*»  ;  III  lUe  irttlere  KntKécktung  4m  imnartn  poUi.  Lebvtu 
dtr  Steirrmark  voo  KaÎM-rrcld. 

?,  Zur  Getchichtf  Innerofsterrûicks  1600  (Fonchunfen  sur  deuUchen  Ge- 
xhichU,  XX.  503-503). 

3.  H.  Ton  ZKiediDwfc,  rmtdOMiacht  GetaudisekMfttktrieAit  Uber  die  bak- 
mi*ehe  HfMtim  t6IS-16ÎO,  Gru,  Uttschner  H  Ubeosky.  1880.  70  &  Ib-S*. 


di 


ACTEICHE. 


1<>3 


poHs  que  les  ambassadeurs  vénitieus  présoutaient  à  la  fin  de  leur 
mission  irelasioni)  du  xri*  au  xviit<  s.,  od  s^cst  très  peu  servi  des 
dépèches  rédigées  pendant  qu*ils  la  remplissaient.  L'auteur  a  tiré 
habilement  parti  de  nouveaux  malériaux.  Le  journal  du  comlo 
Sigmuod  von  Auersperg  sur  les  événements  dont  (jraLz  fût  le  Iticâtro 
pendant  la  première  invasion  française  de  4797  ap|>ellc  notre  atten- 
tion sur  un  épisode  triste  et  ruineux  de  l'histoire  de  la  province  et 
particulièrement  de  la  capitale*.  ' 

Le  tr.i\-ail  de  M.  t\.  Peinlich  est  d'un  genre  à  part;  il  est  conçu 
sous  une  forme  originale  et  pénible  :  c'eut  une  série  de  tableaux  de 
tous  les  fléaux  physiques  dont  la  Slyrie  a  été  victime  de  l'an  4000 
à  l'an  1500^.  Cette  triste  énumération  a  été  dressée  par  l'auteur  en 
même  temps  qu'il  composait  son  grand  ouvrage  sur  l'histoire  de 
lapefite  en  Sl}'rie,  en  2  vul.,  que  je  signale  ici  aux  lecteurs  de  la 
fUtme  à  cause  de  son  importance,  bien  que  sa  publication  remonte 
d^jà  à  plusieurs  année8^ 

L'archéologie  est  représentée  comme  d'habitude  par  une  série  de 
petites  notices  et  de  petits  mémoires.  Je  ne  mentionnerai  ici  que  le 
gr&nd  traité  de  F.  Piculbr  sur  les  antiquités  étrusques  de  la  Stjrie 
et  de  la  Carinlhic  *.  Les  sources  de  ce  traité  consistent  dans  une  série 
d'inscriptions  sur  brouze  et  sur  pierre,  et  dans  des  noms  de  lieux  où 
l'on  retrouve  avec  plus  ou  moins  de  cerlitude  dea  traces  de  la  langue 
étnieque.  Ce  travail  se  recommande  eu  tout  cas  par  de  grandes 
recherches  et  il  serait  à  souhaiter  que  ceux  qui  peuvent  l'apprécier 
en  fissent  usage  dant^  leurs  œuvres  d'exposition  historique  pour  leur 
donner  une  exactitude  plus  rigoureuâe. 

Parmi  les  ouvra^'es  d'histoire  locale  sur  des  circonscriptions 
étendues,  je  mentionnerai  d'abord  l'histoire  du  diocfiSR  de  levant  de 
J.  ÛttuzKH^.  Les  travaux  de  l'auteur,  chanoine  de  cet  évèché,  ont 
déjà  beaucoup  enrichi  l'histoire  de  ce  diocèse  et  du  pays  en  général. 
Le  !«'  vol.  de  l'ouvrage  précité  s'occupait  de  l'évêclié  de  l-avant 
fondé  en  i^rinlhïeet  transféré  dans  notre  siècle  seulement  en  Styrie; 
00  y  trouve  l'histoiro  et  les  dotations  des  diirérenles  paroisses,  la 


1.  StpKUKd»  Grafen  wm  Àuertptrg  Tagebueh  zur  Gescfitckie  der  franzath 
tdien  InmsioH  i-on  Jahr  1797.  Mil  Rrlwut«runKcn  rerteh^a  tod  F.  vod  Ktoms. 
IMUtheiiunyen  der  kM.  Vereines  f.  Steimnark,  1^),  tOti-209). 

•l.  ChronuHs€he  Uebcrskhl  der  nnfrkvurdigsteH  yatttrtreignisiê,  txindplaçen 
«,  CuUunnoiHtTtte  der  Meifrnwrk  votu  J.  1000-1500.  Grii,  IS80,  PUcat. 

3  Gttehichtê  der  Peêi  in  Steiermark.  Gru,  1  Bd.  ISH.  559  pp.  Il  Bd.  G62  pp. 
io-6*. 

4.  £tnutUcke  Reste  in  steiermark  u.  Kaemten  (mtthetlungen  d.  A-  k. 
CtHtrolamminlon  s.  Krfonchung  usw.  der  BaudenkmtUe.  xmt,  33^). 

5.  tue  DkBcete  Lavûnt,  1  Ed.  Cilli,  1880,  io^. 


161 


BULLETIN    mSTOaiQCB. 


liste  des  curés,  etc.  Le  vol.  nouveau  esl  consacré  aux  paroisses  de 
la  partie  méridionale  du  diocèse,  de  l'archidiaconô  de  (îiJli.  Il  fail 
connaître  nolaoïnieiit  ))eaucou|)  de  documenU  relatifs  à  la  construc- 
tion et  â  la  destruction  du  lempfe  proU?sLant  de  Scharrenau.  dont  il 
a  récenimenl  découvert  les  ruines  et  dont  il  a  priicédemnient  décrit 
les  fouilles  et  le  plan  clans  un  article  approfondi*.  L'ouvrage  de 
J.  Wicii^BH,  l'iiistoire  du  monastère  d'Admont^,  dont  le  4'  cl  der- 
nier vol.  a  jtâru  l'année  charnière,  a  par  son  étendue  et  l'almiidance 
des  renseignements  qu'il  contient  uuc  très  grande  importance.  W.  est 
un  religieux  de  ce  couvent,  dont  il  a  depuis  4870  orgauisé  les 
archives.  Le  terrible  incendie  d'avril  U65  avait  presque  complète- 
ment anéanti  ces  archives,  les  plus  riches  de  la  Slyrieet  peut-être 
aussi  de  l'Autriche.  W.  les  a  reconstituées  a  l'aide  d'un  petit  nombre 
de  fragments  arrachés  aux  flammes,  de  documents  trouvés  dans  les 
décombres  el  dans  les  paroisses,  et  il  les  a  admirablement  classées'. 
Il  a  dune  mis  en  ordre  lui-même  les  matériaux  avec  lesquels  il  a 
écrit  l'histoire  de  son  monastère.  On  aura  une  idée  de  leur  abon- 
dance «iuand  on  saura  que  ces  4  vol.  contiennent  un  appendice  de 
plus  de  4200  documenU  du  ir  au  xix'  s. 

Parmi  les  travaux  relatifs  â  l'histoire  des  grandes  familles  ou  des 
personna^'cs  importants  de  la  province,  nous  citerons  d'abord  le 
mémoire  do  Kumhsh  sur  les  seigneurs  de  Wildon  '.  En  dépit  de  beau- 
coup d'erreurs  et  d'omissions,  c'est  un  bon  travail.  Nous  signalerons 
ensuite  le  livre  de  Zwiediv^xk  sur  le  prince  llans  Ulrich  von  Eggen- 
berg",  le  rejeton  d'une  famille  de  marchands  d'une  petite  ville  de 
Sljrie  et  le  favori  de  l'empereur  Ferdinand  II.  qui  fit  de  lui,  simple 
gentilhomme,  un  prince  d'Empire,  un  duc  de  Krumau,  et  qui  l'en- 
richit. Pourtant  le  prince  était  moins  un  homme  d'initiative  el  d^ac* 
Uvilé  qu'un  liomme  remuant;  c'est  ce  qui,  s'^joulant  à  la  sympatliie 


1.  J.  Orozen,  J)ie  lufherische  Kirche  su  ScMarfenau  (MlWieilungeH  de* 
hi$U  Venins  f.  Sleiermark.  1879,  177-182). 

2.  Geich.  des  BenedicUnatUftes  AdmoAt,  4  fidc.  Graz  \^S0,  703  pp.  in-6*.— 
U  I*'  vul.j  343  p.,  a  paru  en  1874,  le  2*,  &17  p.,  en  1876,  et  le  3',  585  p., 
en  1878. 

3.  Ce  classement  csl  décrit  dans  an  arl.  iatitulé  :  Dos  Admonler  Archiv  in 
ieinem  çrçenti\tTl.  Ztt^ndet  et  inâèré  ilans  les  Beilraege  s,  h'und^  steicrm. 
OescMchUquellrn,  1874.  71-9.'>.  Voy.  auMil  :  Fin  iriederentandmei  Klosterar- 
ekiv  In  Slei^rmark  daoï  Ltefaer,  Archivai.  Zfiitxhrift  1878,  137-163. 

4.  K.  J.  Kummer,  i)(U  MknUierialenyeschltcht  von  WildonU  [àtcMv  fUr 
mterr.  Oexhichte  59,  \rî-3T2). 

5.  II.  V.  /wieilincck.  Hana  ririch  FUrtt  M»  Eggcnberg,  fmtttd  u.  erster 
àHniaier  Kaisrr  Ferdimtnds  II,  Wicn.  1880,  ti  el  236  p.  iii-8*  mit  1  Kupf. 
06  DiKumcnlou  g«nx  od.  in  Avâiug. 


Atmicae. 


f65 


^ 


du  monarque,  lit  le  foiidemenl  de  sa  fortune  ai  en  assura  la  eonscr- 
vntJOD.  Les  hommes  d'initialive  éprouvenl  presque  LoL^ours  l'iiisla- 
bililè  de  la  fortune  et  de  la  ftiveur,  —  R,  PenLicH  s'occupe  d'un 
personnage  du   monde  savant  et  de  la  petite  noblesse  dans  sa 

liographie  du  médecin,  musicien  el  poète  Adim  vun  Lobenwatdt'. 
personnage  appartient  à  la  seconde  moitié  du  xni*  s.  et  jouit 
pendant  sa  vie  duno  réputation  de  médecin  qui  s'étendait  bien  au 
delà  de  sa  province.  Il  se  distingua  notamment  par  la  science  el 
rénergie  avec  lesquelles  il  combattit  les  épidémies  pestilentiel los^de 
cette  époque. 

L'Iiistoirc  du  droit  local  s'est  considérablement  enrichie  par  la  pu- 
blication des  coutumes  de  villages  el  de  marchés  qui  a  été  fâite  par 
MM.  Risr.Honet  Sr.Hrc\BACH*.  Ce  recueil  forme  le  6*  vol.  desOPj/err. 

Weislfiiimer,  Banntaidinge  (statuts  de  villages),  publié:*  par  l'acado- 
inie  impériale  des  sciences.  Les  pays  autrichiens  présentent  souâoe 
rapport  une  abondance  exceptionnelle  de  matériaux.  C'e^t  le  Tyrol  qui 
en  possède  le  plus ,  c'est  là  qu'elles  sont  les  plus  anciennes  el  les 
plus  intéres&intes  ;  il  5  en  a  aussi  beaucoup  d.ins  la  lîasse-Aulnche. 
Ui  î^lvrieet  la  f.arinthie  au  contraire  sont  relativement  pauvres  en 
dfjcumcnts  de  ce  genre.  L'observation  de  Gnmm  que  ;  «  les  pays 
originairement  occupés  par  les  Slaves  ne  possèdent  pas  ou  ne  pos* 
sedent  que  fort  peu  de  W&islhiimrr,  »  cette  observation  semble  être 
juste  en  elle-même.  Il  est  vrai  que  c'est  à  propos  de  la  Basse- 
Autriche  qu'elle  a  été  faite,  el  que  dans  ces  termes  elle  peut  être 
contestée.  Ici  la  germanisation  pénétrant  par  la  lïavière  s'c^t  faite 
beaucoup  plus  vite  qu'en  Slyrie,  où  elle  a  gagné  lentement  du  terrain. 
La  Basse-Autriche  compte  sûrement  environ  500  liannfaidinge^ 
sinon  plus;  la  Sl)rie  au  contraire  n'est  représenlée  dans  eu  livre  que 
par  75  niunéros  comprenant  t02  morceaux,  qui  ne  sont  pas  tous  de 
purs  WeisthUrn/r.  Du  reste,  comme  les  éditeurs  le  déclarent  cux- 
mèraes.  le  recueil  ne  ix>ut  être  tout  à  fait  complet,  mais  il  contient 
du  moins  la  plus  grande  partie  des  Weisthumer.  On  y  trouve 
5  textes  pour  le  xiv  s.,  23  pour  le  xt*.  38  pour  le  xvi«,  22  pour 
le  xrii*  et  t4  pour  le  xriii*.  L'édition  est  très  soignée-,  les  travailleurs 
seront  notamment  reconnaissants  à  MM.  BiscliofT  et  Schœnlmcfa  de 
leur  excellent  index,  auquel  le  premier  a  apporté  sa  science  de 
juriste,  le  second  ses  connaissances  de  germaniste. 


i.  D-  Adam  van  Leb^traldt,  ^h  ifeiriseAer  Arz.t  u.  Schriflaietler  des  XVII. 
^Jakrh    {MUtheilungen  des  hiilor.  Vereini  fiir  Steierm.  IS80,  42-105]. 

F  Bificboff  el  A.  Schœnbach,  StetrUcbe  u.  KaemthUchtf  Taidinye,  Wieo. 
SI,  735  a.  in-8*. 


Ifiè  BDLLETrK   HISTOEIQDR. 

Plus  haut,  en  parlant  de.  la  Hauie-Au triche,  j*ai  annoncé  que  Je 
reviendrais  sur  ce  que  j'a\ais  dit  de  l'art  militaire  à  propos  d'un 
mémoire  peu  étendu  relatif  à  ce  sujet  en  Slip-rie.  L'histoire  de  l'orga- 
nisation militaire  a  fait  en  effet  l'objet  de  trois  publications  d'une  iné- 
gale étendue  et  dont  la  dernière  est  très  approfondie.  Elles  traitent 
ce  siùet  »ous  la  Tornie  d'inventaires  de  musées.  Nous  menlionncroas 
d'abord  l'inventaire  du  château  de  Gratz  au  xvu*  siècle,  publié  par 
WiSTLER'.  En  même  temps  que  ce  travail,  paraissait  sur  le  niérao 
sujet  une  étude  de  F.  PicuLsa,  eon(;uc  dans  un  sens  plus  historique. 
Elle  remonte  autant  que  possible  aux  origines  de  cette  collection  el 
retrace  ses  vicissitudes  '.  I>a  capitale  de  la  Stvrie  ne  possède  rien  des 
collections  artistiques  de  la  famille  de  Ferdinand  I",  et,  parmi  les 
armes  qui  ont  appartenu  a  l'État,  elle  n'en  possède  plus  qui  soil 
digne  d'attention.  Mais,  en  revanche,  elle  peut  se  gloriOer  de  l'arsenal 
des  anciens  Étals  provinciaux  [landschaftliehes  Zeughaus]  comme 
d'un  établissement  qui,  par  son  originalité  historique,  dêQe  toute 
comparaison  avec  ceux  du  même  genre  dans  les  autres  pays  ou  les 
autres  viile,s.  (îet  arsenal  a  f;ii(.  l'objet  d'un  ouvrajire  Irès  largement 
con^'U  et  traité  avec  biwucoup  de  comiiélence  qui  ÏJiil  honneur  à  la 
province.  Nous  demandons  la  permission  de  faire  connaître  en  quelques 
mots  cette  iu:*litution,  unique  en  son  genre,  aux  lecteurs  delà  Revue. 

Les  anciens  Étals  de  Styrie  jouissaient  d'une  grande  indé[)endance. 
La  défense  du  pays  elle-même  leur  était  conRée.  Ils  étaient  seulement 
soumis  à  la  survci  llance  et  à  ladire^liondu  gouvernemenl ,  qui  leur  four- 
nirai! des  subsides  cl,  s'il  f>ouvail,  des  soldats.  Ces  cunlingenls  étaient 
tjjujours  au  xrr  et  au  xvii"  s.,  dans  les  temps  ordinaires  et  dans  les 
guerres  d'une  importance  secondaire,  subordonnés  aux  forces  mili- 
taires des  ÉULs.  On  comprend  que  ceux-ci  avaient  besoin  d'un  arse- 
nal considérabb'f  pour  équiper  leurs  soldais.  Ce  système  de  poates 
d'observation  sur  la  frontière  du  S.-O.  de  l'empire  dura  jusqu'à  ce 
que  les  Turcs  ftissent  chasses  de  la  Hongrie,  c'est-à-dire  jusqu'à  la 
fin  du  xvn'  s.  Jusque-là  les  garnisons  des  États  de  Styrie  oocupèrent 
beaucoup  de  petites  rorteresse."?  de  la  Oroatie  et  de  la  Slavoaie.  On 
sait  que  la  fameuse  institution  des  confine  militaires  dirigée  cootre 
les  Turcs  reposait  sur  l'existence  de  celte  ceinture  de  forieressos. 
Txtrsque  l'armée  permanente  autrichienne  se  développa,  la  milice  des 

1.  J.  WaftUer,  Zur  Geschichte drr Schatz.,  h'vnst-unH  Hustkammf^r  in  derk. 
k- Hurg  zu  Grat  iMUt/ieUung^n  der  CenirnicommiASion  utr  Hrfonchung  der 
Muttil  H.  /ii$torischei%  Denlmale  187U  u.  1880). 

'2.  I'.  Pichier,  Beitraege  s.  Gftch.  der  UtndafHnlt .  Rûst-  und  Kunttkammer, 
sotrie  dfs  taitdesfarstt.  Zeuykautes  m  Gm%  {Àrehiv  f.  œtierr  G«$di.  61. 
223-667). 


d 


«rraicRE. 


167 


États  Tul  supprimée,  el.  lorsque  les  TurfS  furent  repousses  jusqu'à 
leurs  frontières  naturelles,  les  milices  des  États  n'eurent  plus  de  rai- 
son d'être  à  côté  de  Tannée  régulière.  L'ennemi  avait  reculé,  les 
armes  dont  on  s'était  servi  contre  lui  étaient  restéei^,  au  moins  en 
grande  partie.  C'est  leur  réunion  qui  forme  l'arsenal  provincial. 
Celui-ci  n'est  donc  pas  seulement  une  colleelion  d'armer,  c'est  l'en- 
semble de  tous  les  moyens  de  dofensc  employés  au  service  du  pays 
du  iT*  an  xnir  s.  Le  l>Âtiment  Ini-méme,  qui  s'élève  dans  ia  princi- 
pale rue  de  Grat7.  et  qui  est  contigu  au  palais  des  États,  e.'^L  enrore 
ce  qu'il  était  en  4644  lorsqu'il  fiii  construit  pour  ser\'ir d'arsenal.  Le 
contenu  de  ce  remarquable  monument  du  passé  n'est  pas,  il  est  vrai, 
à  beaucoup  près  aus<i  ricin- qu'il  était  il  y  a  environ  cent  ans.  L'incurie, 
l'ignorance,  la  guerre  de  1  .S48  lui  uut  fait  subir  de  nombreuses  portos, 
mais  il  l'est  encore  assez  pour  permettre  d'équiper  plusieurs  milliers 
dliommesavcc  les  engins  de  guerre  en  usage  à  partir  du  xv^  s.  Si  ce  mu- 
sée contienlbeaucoupde  choses  inlèressantes  et  belles,  les  archives  pro- 
iriociales  renferment  un  grand  nombre  de  documents  relatifs  à  l'achat, 
à  la  distribution  et  à  la  conservation  des  annes.  Faire  connaître  à  la 
fVon  d'un  inventaire,  au  point  de  vue  historique  et  artistique,  le  con- 
tenu de  ce  musée  el  de  ces  archives,  tel  e^il  l'objet  de  l'ouvrage  impôt- 
lanl  (\i\  à  rinitialive  el  aux  frais  dû  corale  Fai^z  voy  McKii  *.  Ce 
baui  personnage  est  le  fils  de  feu  l'arcliiduc  Jean,  frère  de  l'empereur 
François  I*%  et  c'est  une  grande  autorité  en  matière  d'histoire  miti- 
laire'.  Il  s'est  associé  M.  PrcHi.ii:R,  que  nous  avons  déjà  souvent  nommé 
ici,  qui  s'est  chargé  de  ia  première  partie,  c'est-à-dire  do  la  partie 
historique,  tandis  qu'il  se  réservait  à  lui-même  la  seconde.  La  pre- 
mière s'est  un  peu  trop  étendue  et  elle  aurait  gagné  à  être  abré- 
giéo  ;  mais  son  auteur  y  a  fait  entrer  bien  des  chosCvS  nouvelles»  qui 
seront  instructives  pour  beaucoup  de  lecteurs.  ï^a  deuxième  partie 
est  traitée  avec  la  précision  technique  dont  bsI  capable  un  homme 
qui  a  fait  de  ce  sujet  l'élude  de  toute  sa  vie,  et  qui,  dans  sa  façon  de 


1.  Dtu  tandéS-Zeiiçhaus  in  Crus..  Lripzlg,  1881.  Impartir  :  htittorir|UP.  116  p. 
el  inTMitairM  A  partir  df>  t.SôiJ,  15  p.  —  II*  partir  :  deitcriplirp,  UO  p.  îd-I', 
anc  tiii«  To«  de  l'ancnal  et  43  tables.  CommisAion  de  J.-A.  Brockbaus.  Leipsig. 
Prix  •  ËO  marks  =•  T2  (r. 

%.  Le  comte  de  UfTxa  a  débuté  par  deux  courts  mémoires  sur  deux  pièces 
d'annure  défenuTe  très  inléressantrs  :  le  heaume  de  I.eoben  en  Styrie  (Pirax 
Ï878,  8  i.  iD-4')  aTL«c  2  planohcs,  et  \c.  be-aunie  de  la  faniillr  de  Pnmrk,  Tieille 
fomiUe  de  Styrie,  lequel  serrait  de  conraunetneol  i  VécatAoa  rot ir  accroche 
iêm  Véf\ï(>t  raihédrale  de  Aecknu  (Guay,  1878,  24  p.  in-t'  avec  2  pi.  et  1  labl« 
de  sceaui).  Le  premier  lieaumc  fat  refait  du  xiv*  au  xr*  f-iède-,  le  scrond  eut  an 
original  du  xiv*. 


46« 


iiiiLLirrn  aiSToaiQTiG. 


le  traiter,  ne  pertl  jamais  son  but  de  vue.  Les  planches  qui  oocom- 
pagneiU  l'ouvrage  sont  dessinées  avec  beaui^up  d'art. 

CiHiXTHit:.  —  Pour  la  Carinlhie,  je  n'ai  à  mentionner  aucune 
pubiicalion  hi&torique,  sauf  celles  de  MM.  Majer  et  Picliler,  dont 
j'ai  parlé  plus  haut.  Là  société  historique  de  ce  pays,  qui  Hori&sait 
il  y  a  quinze,  ans,  au  temps  de  son  fondateur,  le  baron  von  Ankcrs- 
liofon,  mi  ftiil  de  publications  que  tous  les  deux  ans.  On  dit  qu'il  y  a 
sous  prtîâse  le  Codex  diplomaticus  de  l'ancienne  abbaye  cistercienne 
de  Viklring;  j'en  parlerai  peut-être  une  autre  fois. 

CinxioLE.  —  On  peut  en  dire  autant  de  la  Carniolc,  dont  la  société 
historique  n'existe  plus  depuis  quinze  années,  où  la  littérature 
bisU>ri(|ue  est  encore  moins  importante  qu'en  Oarinthie  et  où  de  plus 
la  haine  de  race  des  Slovènes  récemment  excitée  s'oppose  presque 
entièrement  aux  travaux  désintéressés.  El  n'a  paru  qu'un  petit  livre 
de  R  A  mes  sur  Marie-Thérèse  et  la  Carniole',  agréablement  écrit, 
mais  qui  ne  vise  |>as  à  la  profondeur  et  où  ont  pénétré  les  préten- 
tions du  patriotisme  slave,  il  a  paru  aussi  un  petit  travail  archéolo- 
gique de  Mùi.L.\KR,  mais  il  sera  filu*^  k  propos  d'en  parler  quand 
je  m'occuperai  de  la  province  voisine  d'Islrie. 

Je  passe  maintenant  aux  pays  situés  sur  le  bord  do  l'Adriatique, 
où  les  publications  historiques  sont  écrites  surtout  en  italien. 

GoRicK.  —  Pour  le  coraLc  de  Goricc,  nous  n'avons  à  signaler  qu'un 
travail  de  Buirkla  sur  la  société  savante  «  degli  Arcadi  »  fondée  à 
Gohcc'.  C'était  une  imitation  de  la  vie  pastorale;  la  liste  des  membres 
de  l'association  rappelle  le  catalogue  de  la  boutique  d'un  jardinier 
lleuriste  jHipparcus  Callistenius ,  l'ermusus  Cecropius.  Amarindus 
Crelensis,  etc.)  :  la  Révolution  frani;aise  mit  un  terme  â  son  existence. 
Le  principal  service  rendu  par  cette  académie  est  d'avoir  légué  sa 
bibliolhwiUK  à  la  ville  de  Triesle.  On  pourrait  aussi  faire  mention 
d'un  écrit  iper  le  nozzej  sur  le  château  de  Cormons  '  qui  donne  uno 
description  de  ce  château  tirée  des  ross.  de  M.  A.  Nicoletti,  l'un  des 
plus  anciens  et  des  plus  laborieux  historiens  du  Frioul  (né  en  1536 
à  Cividnic.  mort  dans  la  même  ville  en  iSdfi).  —  Nous  devons  à  un 
Allemand,  M.  0.  v.  ltiii:iTS4:nwf:aT,  un  petit  travail  sur  Aquilée,  qui 
n'a  d'autre  but  que  de  provoquer  le  gouvernement  autrichien,  en 
rappelant  le  grand  rbla  du  patriarchat,  à  faire  un  port  de  ce  village 


1.  P.  T.  Rsdicft,  Maria  Theresia  u.  das  Land  Krain,  174^^.  RudoKswcrt, 
1861,  7t  |i.  io-8'. 

1 C.  BiutMtld,  l'Aecademiû  dsfti  Arcadt  Itomatio-SoHUaci.  Gorz,  1880,  22  p. 
iB-8*. 

3.  M.  A.  NicotctU,  îl  casMIo  di  Cormûtu  edid.  J.  di  Uuuooi  [Noue  Zajalti- 
Anlonioi).  Vcnedig,  1880,  n  p.  in-8". 


AITTHICaE. 


4R9 


iléfiert  ot  malsain  et  y  appeler  ries  ouvriers  do  la  Friso  orientale  el 
de  ta  HoUando  pour  élever  des  digues.  C'est,  selon  toute  apparence, 
le  travail  d'an  jeune  homme'. 

Trento  ed  Aqutleja^  tel  est  le  titre  d'un  petit  écrit decirconstance» 
précédé  d'une  pn*&ce  de  Joppi  ',  qui  a  paru  en  l'honneur  de  Mgr  Del- 
jaboiia,  lorsqu'il  a  été  nummé  à  l'éféclié  de  Trente.  U  renferme 
6  pièces  dunl  ta  plus  ancienne  ap|>artient  à  l'année  970  et  la  dernière 
à  1336.  Le  a*"  4  était  connu  par  Mabillon^  les  autres  sont  rclalirs  a  des 
matières  bénéficiales  sans  importance. 

Utiie.  —  Pour  ri&trie.  l'activilé  historique  se  concentre  à  Trieste; 
pourtant  il  parait  aussi  des  ouvrages  dans  la  province  et  au  dehors. 
Un  de?  principaux  recueils  consacrés  aux  recherches  historiques  csl 
y Areheografo  Thestino,  qui  Ci^t  conçu  dans  un  esprit  vraiment 
scteDlifique.  L.es  feuilles  politiques,  telles  que  Vlstria^  insèrent  quel- 
quefois de  longs  mémoires  historiques. 

Comme  étemlue,  Fouvrage  le  plus  important  est  l'histoire  d'istric 
de  C.  j»B  FRA'ïCEscfli*.  Il  faut  distinguer  nettement  entre  Icj^  dUTérentes 
parties  de  cet  ouvrage  au  point  de  vue  de  leur  composition  et  de  leur 
valeur.  On  s'aperçoit  parfaitement  sur  qui  l'auteur  s'appuie,  quels 
sont  les  Iravaia  préparatoires  qui  lui  ont  servi,  quels  modèles  it  a 
choisis.  La  meilleure  partie  est  la  dernière  qui  traite  du  comté  de 
Pisino  et  de  l'istrie  dans  les  temps  modernes;  pour  l'époque  anté- 
rieure Jusqu'au  xui*  s.  c'est  Manzano  qui  lui  a  servi  de  modèle ,  avant 
celte  période  on  manque  d'ouvrages  allemands  qui  traitent  même  en 
pusanlde  l'istrie-,  pour  la  période  antérieure  aux  Romains,  il  fau- 
drait attendre  les  n'sullals  tics  laborieuses  recherches  de  Pervanoglù  * 
pour  ue  rien  dire  que  d  exact.  M:ûs  l'auleui'  offre  pour  tes  temps  pri- 
mitiTs  plusieurs  données  qui  mériteraient  d'être  suivies  ;  par  exemple 
p*  47  se:s  observations  sur  les  retranchemenLs  circulaires  de  l'istrie, 
qui  s'accordent  en  tous  points  avec  celles  de  .\.  Mulincr  sur  les  par- 
ties de  PIstrie  limitrophes  du  Kar?l^.  Il  faut  dire  au  contraire  que 
les  questions  etimographiques  relatives  a  la  période  antérieure  aux 


1.  Aquiifja.  dos  Emporium  an  der  Adria  mm  EnUUhcn  bH  sur  Tereéni- 
fwiif  mit  Beutschiaïkd.  SUtlgarl.  Bonz,  1880,  io-S*. 

2.  Udiof.  !8tiO.  27  ss.  in-8*. 

3.  L'htrkt,  N<i(e  stonclie,  Pari'azo.  IS7d,  SOS  m.  in-8*. 

4.  Gf  Istri  {.irehtografo  Tritslino  tSâO)  et  Le  coÏ4>nie  greche  suUe  atUe 
orientât*  dei  mart  Adriatico  i_Ibid,). 

b.  Atxkaeologisthe  Exeurte  nach  SHd-Steiermank  u.  A'rnin  {MUtML  d. 
OmfruJ-CanimlAitoK  /.  KunU-  u.  bist.  Denkmale  1880)  traite  pour  li  première 
Mb  4e»  rrlnuicbeiDentA  préttifttarique&  du  KJinit,  où  il  o'en  n  dccoumt  pas 
Moins  ite  onze. 


no 


eCLLSTI?!   flISTOKIQCÏ. 


Romains  sonl  Irailées  avec  peu  de  sùrelé;  on  en  aura  une  idée  quand 
on  saura  qu'il  raltache  au  cdlique  (p.  23)  des  noms  ooramc  Brest, 
Tfirstaic,  Plaoik,  Bcrlusnik,  Cremet'nak,  Ruvin,  etc.  Si  les  savants 
de  rislrie  pouvaient  se  décider  à  adopter  des  idées  plus  sensées  sur 
les  Slaves  et  leur  imraigralion  en  Islrie,  de  pareilles  erreurs  ne  repa- 
raîtraient plus.  Mais  nous  reviendrons  la-dcssus. 

Dans  le  domaine  de  l'archêoloyie  nous  citerons  les  doux  mémoires 
ou  plulùt  les  deux  séries  d'inscriptions  sur  pierres  et  sur  poteries 
publiées  par  Gaecorutti  *■  Il  est  a  regretter  que  ces  deux  séries 
n'aient  pas  paru  séparément.  —  La  découverte  d'un  cadran  solaire  à 
Aquilée  par  M.  OregorulLi,  le  sixième  qu'on  y  ail  trouvé,  a  fourni 
à  F.  KE?(xta,  de  Vienne,  l'occasion  de  traiter  des  cadrans  solaires 
chez  les  Romains  dans  une  dissertation  approfondie  K 

A  l'histoire  politique  et  plus  spécialement  aux  rapports  de  l'Autriche 
avec  Venise  du  xti*  au  xvii"  s.  sont  consacrés  deux  travaux  du  pro- 
fesseur A.  Puscai".  L'un  traite  de  la  guerre  pour  la  possession  de 
Gradisca  de  t<H6  à  ^6I7.  l'autre  de-s  préliminaires  de  cette  guerre, 
c'esl-n-dirc  des  longs  tiraillements  qui  précrâlérent  la  rupture  com- 
plète entre  les  deux  États.  Ce  qui  plaît  cliez  Puschi,  ce  qui  prévient 
tout  de  suite  en  sa  faveur,  c'est  le  langage  simple  et  sensé,  qui 
nomme  les  choses  par  leur  nom  et  ne  dissimule  pas  {uir  des  phrases 
les  lacunes  ou  les  vérités  peu  agré^ablcs. 

Si  la  courte  histoire  d'Albona  par  T.  Lncuxi  *  n'avait  été  écrite 
pour  les  lecteurs  d'un  journal  étranger  à  llslrie,  on  pourrait  lui 
reprocher  d'être  superficielle.  Mais  on  serait  peu  équitable  en  jugeant 
à  un  point  de  vue  rigoureux  des  productions  destinées  au  (frand 
public.  On  ne  peut  nier  qu'elles  roç-oivent  de  ce  public  un  meilleur 
accueil  que  de  ses  travaux  scientifiques.  Quand  elles  mettent  en  cir- 
culation des  assertions  séduisantes,  —  et  cela  arrive  de  ce  côté  du 
territoire  italien  aussi  bien  que  de  l'autre,  —  les  travaux  les  plus 
approfondis  ne  peuvent  les  déraciner  et  elles  deviennent  quelquefois 
des  dogmes  de  la  politique  quotidienne.  Ainsi  l'on  trouve  dans  Lucïanl 
et  dans  Franceschi  celte  assertion  qu'il  n'y  a  pas  eu  en  Istriedinva* 


1.  /scKsIonf  inédite  aq^tiffese,  ixtrtane  e  trierttne  {Arrheoçr.  iriest.  IBSO)  «t 
AHtkfii  vasi  /ittiU  de  AguHeja  [Ibid.]. 

2.  Ru-muche  doniincntiArtfii  oui  AquU^a  {Mittk.  der  Centra teommission 
D.  f..  w.  1880,  |.?3). 

3.  Attinenze  Ira  Caaa  d'Austria  r  la  Heput^tica  àt  Venrzia  det  \b'i'i  at  \6\6 
(Programiadf-AStadt-lïyinna^iumii  lu  Triwt)  1879,60  M.  io-i' .  —  Cennt  intoTHo 
atia  guerra  tra  t  Àustria  e  ta  HepubMéea  dt  l'enesia  neçU  anni  1616  e  1617 
(Archdosr.  trie«lino,  18>60). 

■t.  Atitono,  stadii  itoriai-rtitognt/iei.  VeneiliSi  1679,  32  p.  U-4*. 


iFTRICUE. 


m 


sion  slave  avant  le  commencement  du  ix'  s. ,  mais  tout  au  plus  des 
incursions  non  suivies  d'établissement.  Les  deux  auteurs  n'ont  pas 
déeouvert  ce  prétendu  axiome,  il  est  plus  ancien  qu'eux.  Mais  ii  cadre 
avec  leurs  opinions,  et  comme  il  est  affiénhle  de  {wnser  iLuciaoi, 
L  c.  iS)  qu'au  rm*  s.  la  population  de  Flstrie  «  era  un  solo  popolo, 
compatto,  concorde  »,  il:*  n'ont  p;is  vérini^  ruxactiludc  de  cet  axiome. 
IJ  n'est  autre  cliose  pourtant  que  la  conàéquencu  erronée  de  la  fausse 
interprétation  d'un  ptacilc  des  missi  impériaux  du  royaume  fVanc 
en  804,  qui  est  dirigé  aussi  liien  contn'  les  usurpations  des  évè>]ue9 
d*btrie  que  contre  celliis  du  cher  de  radmiiiistraliun  civile  et  raili- 
lairc,  le  «  général  Johaones  »,  grec  de  nation  suivant  toute  appa- 
rence. Les  deuï  pouvoirs,  le  pouvoir  ecclésiastique  et  le  pouvoir 
civil,  travaillaient  d'un  commun  accord  à  asser\'ir  l:i  ixiputalion  et  à 
en  tirer  autant  d'argent  que  possible.  Ce  Johannes  établit  des  Slaves 
dans  des  propriétés  particulières,  pour  tirer  de  ces  propriétés  des 
revenu-s.  Cela  prouve  seulement  que  l'on  employait  en  HQi  des  Slaves 
pour  cultiver  des  terres  déjà  occupées,  cela  ne  prouve  pas  qu'il 
*n'existàt  pas  de  Slaves  en  Istrie  et  qu'il  ne  s'en  fût  pas  établi  depuis 
longtemps  déjà  sur  les  biens  sans  mailres.  Oe  serait  à  ceux  qui  sou- 
tiennent le  contraire  à  prouver  d'abord  comment  les  Slaves,  qui  ont 
occui»  et  colonisé  avant  le  ix*  siècle  U*s  raonta^ïnes  et  même  une 
partie  des  plaines  du  i^'rioui,  le  Karst  et  la  ûaimatie  avec  toutes  les 
terres  de  l'intérieur,  auraient  respecté  l'Istrie.  Scbatlirik  lui-même 
De  peut  fournir  les  preuves  dune  occupation  patriflque,  on  n'en  trou- 
verait que  pour  des  cas  bien  rares,  et  ce  placite  nous  en  fait  connaître 
un.  Mais  il  est  difficile  d'admettre  que  la  phrase  «  quod  non  est  in 
actis  non  est  in  mundo  »  puisse  être  appliquée  à  la  questiou.  Les 
adversaires  de  la  s/avisation  de  l'Istrie  ne  s'aperçoivent  pas  que  leur 
opinion  fait  peu  d'honneur  à  la  force  de  ri^sislancede  leur  race.  Nous 
oe  saurions  admettre  en  faveur  du  prétendu  «  po[>olo  compatto,  con- 
corde B  d'Islric  que  l'immigration  d'une  race  aussi  peu  avancée 
qu'était  la  race  slave  ail  [tu  réussir  à  déborder  la  civUtà  italiana^ 
comme  elle  l'a  fait  au  moins  par  le  nombre,  si  cette  immigration 
n'avait  eu  lieu  qu'au  ix*  s.  V 
G.  Di  StaitAC'ïji  a  traité  l'histoire  militaire  de  Flslrie.  Il  s'est  fkit 


1-  Jf  Toutirais  ègateineal  conlredirc  en  noie  nne  reinaniiie  taïle  par  LucUdî 
dans  one  DOto  de  ia  p.  31.  Il  dit  (pic  le  ooin  piipulairi>  d'A<U>Iititer(i  (Iiiotir-Krain} 
esl  Hottotna  et  i[ue  c'est  fllnpfemeat  une  ahréfiation  <lt>.  Pottumia,  que  t>ar 
oooMquenl  U  Vio  Poitumia  qui  aIJail  â'Ilalîe  en  Norique  |>aft&ail  par  ta.  Or  la 
via  PoAtumia  paM«  encore  aDJounl'hui  prto  de  Trévise  et  allait  aulrefoie  {en  se 
UAirquanl  i  Quadrivium)  A  Aquiléc,  mais  pas  ddn»  \e&  montagnes.  Postoina.  plus 
exMtcmrnl  Pustopinn,  t&l  on  nom  sUti?  dêrir^  dt!  PusUi  ^  dèMrL 


172 


itcLLirrn  Ri<;TORtQos. 


déjà  avantageusement  connaître  par  plusieurs  travaux  sur  co  sujet 
publii?s  dans  VArchirio  t?e/ieto  et  ailleurs.  Il  emploie  avec  prédilec- 
tion et  intelligence  les  traités  faits  par  Venise  avec  des  condottieri 
pour  les  guerres  d'Islrie  du  xin*  au  xV  s.  '.  De  pareilles  études  ne 
l>euvenl  se  faire  qu'à  l'aido  dM  archives  de  la  chancellerie  vénitienne. 
Il  n'a  pas  signalé  moins  de  80  capitaines  et  chefô  de  bandes  qui  ont 
combattu  en  Istrie  au  8er\ice  de  Venise  et  il  les  suit  dans  leur  car- 
rière parlont  oii  il  peut.  Je  me  Iromi»  peut-être,  mais  l'auteur  me 
parait  avoir  oublié  dans  sa  liste  Ulricus  de  Rayf[in]bcrg.  Les  t'o/n- 
memoriaii  aux  archives  des  Frari  renferment  le  traité  passé  par  la 
république  avec  lui  'V,72)  le  20juiIleH356.  A  la  vérité  nous  sommes 
obligé  de  dire  que  les  derniers  indci  donnes  par  M.  de  Sardagna  ne 
sont  pas  dressés  d'une  façon  très  pratique.  Il  se  plaint  de  n'avoir  pas 
trouvé  dans  les  glossaires  l'exf  ilicaUon  de  bien  ries  mois  embarrassants; 
il  ne  peut,  par  exemple,  attribuer  aucune  signification  au  moi  sUipo. 
M.  de  Sardagna  sait  mieux  que  personne  que  le  métier  de  soldat, 
parliculièremcnl  au  xiv*  s.,  ét-Tit  exercé  on  Italie  par  dits  Allemands. 
Depuis  les  mots  guerra,  guardia,  guasio,  etc.,  jusqu'aux  noms  des 
armes  et  du  harnais  de  guerre,  presque  tous  les  termes  de  guerre  ont 
une  origine  germanique,  cl  un  glossaire  allemand  aurait  peut^lre 
résolu  le  plus  sfiuvert  ifs  dimcuUés  qu'a  renmntré('s  l'auteur.  Un 
voc'ilmiaire  de  1618  traduit  slapo  (dont  M.  de  S.  dit  :  <  parebbe  fosae 
uiia  specialità  dei  Veneztani  »)  par  piteus  depressus,  lattis  et  le  Cod. 
ital.  Monacen.  362,  f.  2i,  par  cervelicra.  On  dit  encore  aujourd'hui 
en  Allemagne  :  Schiapphut^  et  les  femmes  duTyrol  roulent  leurs  che- 
veux par  derrière  dans  uncpocheltc  de  lin  qu'ellesappcllcnt.«:Ate;)/)m. 
Lo  stapo  est  aussi  une  bf^chfinfiavbe,  c;L';que  en  fer  ([ui  couvrait  la 
nuque.  Nous  pourrions  aussi  donner  comme  exemple  le  mol  schin- 
eheria,  dont  il  parle  aussi  et  qui  a  également  une  origine  germanique  : 
il  vÎLMiL  en  effet  de  scinca  =  libia,  crus,  et  était  le  mot  technique  allo- 
matid  qui  désigiiaii  l'arnnire  défensive  de  la  cuisse. 

Nous  avons  la  satislhclion  de  terminer  ce  bulletin  par  l'annonce 
d'un  bon  ouvrage,  comme  nous  l'avons  commencé.  Pour  mieux  dire, 
c'est  d'un  ouvrage  en  perspcclive  qu'il  s'agit,  car  Coiiiii  ne  donne 
dans  son  écrit  sur  Pierpaolo  Vergerio  le  vieux  *  qu'une  étude  sur  la 
place  que  ce  père  de  l'humanisme  lient  dans  le  monde  savant  avec  la 
liste  des  lettres  de  lui  actuellement  connues.  Il  public  celte  UslA  pour 

1 .  jWmiorto  dk  sofdati  Lilriank  e  di  altri  itatiani  e  forestieri  che  miHùtrono 
uelt  Istrin  allô  sUpendio  di  Venezia  nei  secoii  Xlll,  XIV  c  XV  {Archeogr. 
rieal.  18S0,  Ift-lOî). 

?.  C.  A.  Combi,  Di  Pierpaolo  Combt  il  seniore  dn  CapodAstria  t  dti  nto 
fputolario.  Veoi»,  1880,  1Î5  p.  to-8". 


BDHh^VK. 


173 


provoquer  la  recherche  d'aulres  lellres.  La  première  {cirlie  esl  écrite 
avec  une  otmpéLence  remarquable  \  la  seconile,  qui  promet  la  publi- 
cation d'une  aoui-co  importante  pour  la  transition  du  xiv*  au  iv*  s., 
exdtcra  une  grande  attente  dan*  le  muiide  savant.  Les  quelques 
IcUrcs  de  Vergerio  publiées  par  Muralori  Scr.  26,  lettres  de  |>olilessc 
puur  la  plupart,  justifionl  cette  attente. 

1.  von  Zahzi. 


BOHEME. 

Nous  commencerons  ce  bulletin  en  parlant  de  certaines  publica- 
tions dont  nous  avons  dtîjâ  annoncé  le  début;  noua  devons  mention- 
ner d'&bord  dans  cette  catégorie  les  Begesta  Bohemiae  et  Moraviae 
{ —  1310),  recueil  entrepris  par  Kbkkk  et  continue  par  Khlui  cl 
dont  le  dernier  vol.  conliont  un  index  des  noms  de  personnes  et 
de  lieux*.  —  Le  2*  vol.  des  recës  de  la  diète  renreruie  les  actes 
des  diètes  de  ï546-(557,  c'est-à-dire  de  h  période  pendant  laquelle 
l'opposition  des  Étals  de  Bohème  contre  Ferdinand  1"  se  développe 
avec  ses  oonsétjuences  parai  le  le  mont  à  la  guerre  de  Smalkalde'. 
A  la  même  période  appartient  aussi  la  persécution  dirigée  contre  la 
communauté  des  Trères  moraves,  qui  atteignit  surtout  leur  chef, 
iotaaimes  Augusta.  Arrêté  en  1346,  il  ne  recouvra  la  hberté  que 
seize  ans  après.  Ge  qu'il  soulTrit,  son  compagnon  de  captivité,  Jakob 
BileJt,  l'a  décrit  dans  un  récit  simple  mats  saisissant.  \  h  place  de 
rédiUon  inauflisaute  de  4837  nous  possédons  mainteuaut  une  édition 
soignée  et  critique  de  ce  récit  ^.  —  Le  2*  vol.  des  lilni  erectionum 
arehidioecfsis  Pragtnsis  sec.  XIV  et  XV  {sumpli&ua  Prayensis  dot- 
toruM  thcoloyiae  collegii  éd.  Cl.  Borovy|  a  paru  f^385-^390).  — 
M.  le  D'  RtztK  a  termine  rédilion  de  la  chronique  de  Iteckoosky  et  Ta 
ftùl  suivre  dans  le  dernier  vol.  de  la  biographie  de  lauteur  et  d'un 
aperçu  de  son  activité  littéraire^. 


1.  Beg^a  dipiotnalica  nec  non  epistotarta  Bohemiae  tt  Moravie.  Opéra 
Jotcphl  Gnler.  StuDlibot  regiae  scienUarum  societatis  Bohemiae.  Vol.  8. 
Fn^,  18S0. 

2.  Snemg  ceské.  Vsdava  kr.  Zenuky  archiv  ie$kg.  II,  13(6-1557.  V.  Prau, 
1880. 

3.  Zivot  Jana  Augustg.  V.  Praze,  ISâO.  Nâkladem  s|M)lku  Komeoskéhû. 

V  PaseUtfve  itarych  prébebi4v,  K.  vi/ciani  upravU  A.  Rack.  III.  V.  Praïc, 
KaUacIeia  dedicloi  w  Prukopa. 


174 


BDLLEir?!  DISTOKIVDK. 


I 


La  plus  puissante  famille  noble  de  la  Bohème  au  mo^en  âge  était 
celle  des  seigneurs  de  RoâenIjerK.  Ils  possédaient  des  biens-fonds  très 
élondus  dans  la  Boliênie  méridionale.  On  trouve  un  registre  de  ces 
biens  en  mémo  lempâ  qu'un  tableau  des  rapports  des  seigneurs  1er- 
ritrns  avec  la  poi)ululion  rurale  llxéo  sur  leurs  terres  danï4  le  HegiS' 
irum  bonorum  ïlo&enbfrtfen&iujn  rôdigé  vers  4379-I3N0  et  dont 
M.  J.  TacuLAfi  a  doimé  en  ^880  une  édition  remarquable  dans  les 
publications  de  la  Société  royale  des  sciences'.  Au  moment  oii  ta 
fainille  des  Kosenberg  alUil  s'éteindre  avec  les  frères  Guillaume  et 
Pierre  Vok  (f  46<<),  elle  trouva  son  historiographe  dans  Wenzcl 
Rrezari,  auquel  Pierre  \\A  avait  confié  en  4:i9fi  la  direclion  de  ses  f 
arciuves  conservées  alors  à  Krumau  [Krumiov).  Transférées  à  Witlin-  ■ 
gau  \Trcbon)  au  commencement  du  xtii"  s.  et  classées  par  Brezan, 
eHi's  sont  devenues  et  sont  restées  jusqu'aujourd'hui  la  propriété  des 
princes  de  Schwar/.enberg.  Elles  ont  rendu  ot  rendent  encore  à  l'his* 
totre  tchèque  des  services  inappréciables,  parmi  lesquels  il  faut  comp- 
ter celui  d'avoir  provoipié  l'activité  littéraire  de  Brezan.  Il  commença 
sous  les  auspicBS  ilo  Pierre  Vok  u^^'  histoire  des  Rosfliiherp  en  langue 
bohème,  dont  ta  première  partie  ( —  4545)  a  été  malheureusemenl 
perdue.  On  a  conservé  au  contraire  la  fin  de  l'ouvrage^  l'histoire  des 
deux  derniers  Koscnborg,  les  frères  Guillaume  et  Pierre,  mais  c'est 
seulement  dans  notre  siècle  qu'elle  a  été  publiée  par  le  Muséum  de  J 
Prague,  l'histoire  de  Guillaume  en  4847,  la  biographie  de  Pierre,  que  ■ 
tout  récemment  encore  l'on  croyait  perdue,  en  4880'.  L  éditeur, 
M.  Fr.  Mares,  avait  déjà  publié  dans  la  Revue  du  Mmeum  {Casopis 
Muséum  4H7S)  uae  biographie  de  Brezan,  et  l'inlruducliou  de  son 
édition  qui  est  faite  avec  soin  donne  un  aperçu  des  sources  de  l'his- 
toire des  Rosenberg. 

On  trouve  loute  une  série  d'études  sur  l'histoire  bohème  daaa 
les  publications  dirigées  par  l'Académie  impériale  de  Vienne.  Nous 
mentionnerons  surtout  les  Vrkunden  und  AiUenstiicke  sur  (JEstcr- 
rexchischen  Urschichte  in  Zeitaiter  Kntser  Fridricks  IV  und  Kœntç 
Gwrgs  v<m  Pùdeàrad{lÀÀO-iÂm  recueillis  et  publiés  par  te  D'-Adolf 
Biciivix>  [Fontes,  acta  et  diplomata,  vol.  421.  L'éditeur  a  réuni  là  de 
nombreux  documents  puisés  dans  dilTérenlcs  archives  et  qu'il  a  déjà 
utilisés  en  partie  pour  ses  travaux.  Le  recueil  se  compose  de  388  pièces, 
dont  la  publication  répond  à  .toutes  les  exigences  de  la  critique. 


I 


1.  Kt^islmm  AMonui  Bosenherymsium  a.  1S79  eoti^latwm.  Uxbtr  sbotf 
Hoiinberskeho.  K.  Tydui  apravU  J.  Tniblar.  V.  Prue,  1S80,  VkoiniMl  r 
D-  GrAir  et  F.  D«Uvl. 

t.  Kocfavd  Bnuta  Uvot  /^rtrc  Voàa  s  Hotenberka.  K.  taka  Dpn^l  Fr. 
M«r«.  V.  Prue,  ISSO.  VkoMbti  ft.  Binuif*. 


* 


BOBÊVB. 


<75 


—  M.  LuâcftT  a  publié  dans  VArchiv  un  ècril  politique  1res  paa- 
siODoé  du  temps  du  roi  Georges  ;  c'est  on  traité  dirli^é  contre  ce 
prince  et  dû  a  la  plume  du  Siléâien  Xicotaâ  de  Tempeiftild.  L'édi- 
teur l'a  accompagné  d'une  inlroducUon  critique  intéressante,  où 
il  dtimoDtre  nolammenl  que  le  traité  de  Temp(;lfold  t'sL  devenu  une 
source  imporlanle  pour  un  historien  du  iri*  s.,  Johannes  Oochlaus, 
adversaire  littéraire  du  Luther  et  auteur  d'une  histoire  des  Mussites, 
importante  par  les  sources  d'où  elle  est  tirée.  —  M.  le  prof.  HrcrLEn 
a  publié  dans  les  comptes- rendus  des  séances  de  l'Académie  de  IS8<J 
un  travail  sur  la  bataille  de  Praipic  (Itt  juillet  1420|,  où  stf  trouve 
imprimée  pour  la  première  ToIa  une  relation  jusqu'ici  inconnue  et 
écrite  dans  le  camp  du  roi  Sigismond.  C'est  une  lettre  du  mart<rave 
de  Meissen  au  duc  de  Bavière,  dont  nous  ne  possédons  plus  qu'une 
ancienne  traduction  frani;aisc.  —  On  doit  à  M.  Fr.  Ïidiu  une  publi- 
ttliuii  impurlante  de  sources  [dans  r.4rc/iit')  ;  c'est  une  édition  de  la 
CanceUaria  Amêsti^  dans  l'introduction  de  laquelle  l'éditeur  a  Ikit 
entrer  une  bio^rrapliie  du  premier  archevêque  de  Prigiie,  Arnest  von 
Pardubic,  contemporain  lit  arai  de  Charltis  IV,  ainsi  qu'un  tableau  de 
radmîaistratiun  ecclésiastique  de  son  archevêché.  —  l*armi  les  Ira- 
TEUi  moins  étendus,  nous  mentioimerons  les  études  critiques  de 
H.  LoscaTB  sur  Cosraas  de  Prague. 

Nous  avons  à  constater  la  réalisation  du  vœu  souvent  exprimé  de 
TOÎf  un  savant  autorisé  entreprendre  l'histoire  de  Charles  IV,  envi- 
sagé non  seulemeut'comrae  roi  de  Bohème,  mais  aussi  comme  sou* 
TOTBÎn  de  l'Allemagne  et  comme  empereur.  Celte  entreprise  a  été  du 
nste  beaucoup  facilitée  par  les  regesles  de  Charles  IV  mis  au  jour 
par  M.  Kdbeil  M.  le  D'  Wbru^skt  a  fait  paraître  le  premier  vol.  d*une 
histoire  de  l'empereur  Charles  IV  et  de  son  temps  *.  Ce  vol,  va  jus- 
qu'à l'électiou  de  Charles  comme  roi  des  Romains  (1346)  ;  le  reste  de 
800  règne  jusqu'à  sa  mort  (1378)  doit  occuper  trois  volumes  qui 
BeroDt  à  peine  sufllsants  si  le  récit  doit  être  aussi  étendu  que  dans  le 
(nmier.  En  généra],  ce  récit,  tout  en  étant  d'une  lecture  a^Téable, 
est  plutôt  surabondant  même  dans  les  épisodes.  On  ne  peut  reprocher 
à  Taulcur  de  n'avoir  pis  employé  des  matériaux  nouveaux  et  incon- 
Dus-,  il  n'y  en  a  pa.<;.  11  possède  à  fond  les  sources  aussi  bien  que  les 
ouvrages  de  seconde  main.  Sans  rien  perdre  de  l'objectivité  requise, 
il  éprouve  pour  son  sujet  cette  sympiUhie  qui  donne  de  la  vie  à  l'expo- 
sition. Parmi  le-s  excursus  puhlit^s  en  appendice,  nous  appellerons 
l'attention  sur  le  premier,  qui  traite  des  connaissances  linguistiques 
lie  Charles  et  aborde  la  question  récemment  discutée  de  sa  nationalité. 


t  Cuekidite  Kaiter  Carl't  IV  und  ieine  ZeiU  Ian«bruck,  Wagner,  1830. 


CORRESPONDANCE. 


LB  SAINT  MARTIN  DE  M.  LECOY  DE  LA  MARCHE. 


M.  Lecoy  de  la  Marche  m'a  fait  Ibonncur  do  publier  une  réponse 
à  l'arltcle  de  la  Betme  historique  sur  son  Sainl.  Martiu,  el  il  en 
demande  l'insertion.  Bien  qu'il  se  soit  enlevé,  en  imprimant  et  en 
distribuant  d'avance  cette  réponse,  tout  droit  à  une  semblable  récla- 
mation, nous  la  reproduisons,  par  cuurloisie,  en  ajoutant  nos  obser- 
vations à  chacun  de  ses  paragraphes,  et  en  supprimant  seulement 
quelques-uns  des  éloges  qu'il  se  décerne  à  lui-même. 

G.    M07(0D. 


ff  i"  Il  est  ÎDf^xact  que  cet  ouvrage  ■  s'affiche  comme  n'étant  point 
•  an  livre  d'histoire,  mais  un  livro  d'édification  et  d'hagiographie,  >  et 
qa'il  y  ait,  par  conséquent,  «  puérilité  à  le  juger  au  nom  do  la  critique 
«  historique.  *  La  préface  seule  suOît  à  démontrer  le  peu  de  fondement 
de  celte  assertion,  dont  le  sens  et  la  portée  sont  faciles  à  deviner.  Si 
vous  l'aviez  lue,  Monsieur,  vous  y  auriez  certoinemeDl  remarqué  l'énu- 
merntion  rfps  sources  où  j'ai  puisé,  des  archives  et  des  bibliothèques 
que  j'ai  mises  amplement  à  contribution,  comme  on  le  voit  assez  par 
lea  notes  dont  le  texte  est  accompagné.  Vous  auriez  constaté  en  outre 
que,  non  content  d'étendre  aussi  loin  que  possible  mes  propres  iuvesti- 
^tiottf,  j'ai  fait  appel  aux  lumières  de  l'Europe  savante  et  des  personnes 
les  roieax  placées  pour  m'cclairer  sur  toutes  les  questions  d'histoire 
locale;  que  denx  cent  soixante  d'entre  elles  m'ont  communiqué  des 
documenta  ou  des  détails  intéressants  ;  que  les  noms  de  celles  qui 
m'ont  adressé  les  réponses  les  plus  importantes  remplissent  à  eux  seuls 
plus  d'une  grande  page.  Ce  procédé,  trop  peu  usité  chez  nous,  aurait 
dû,  ce  me  semble,  Ôtre  apprécié  jiar  un  critique  si  favorablement  dis- 
posé pour  tout  ce  qui  nous  vient  de  l'Allemagne.  Je  n'ai  peut-t^tre  pas 
réussi.,  malgré  tout,  à  faire  une  œuvre  historique  ;  maiî;  il  est  impossible 
de  nier  que  tel  ait  été  mon  but  principal,  telle  ma  prétention  nettement 
accu&ée.  Je  n'avais  aucune  raison  pour  renoncer,  à  propos  de  l'histoire 
de  saint  Martin,  à  la  méthode  que  j'ai  fidèlement  suivie  dans  mes  tra- 
viux  antérieurs  comme  dans  mon  enseignement  public,  méthode  que 
Hbv.  Histob.  XVI.  1«  PAfic.  13 


a» 


CORSESPONDINCE. 


je  m'honore  d'avoir  apprise  à  la  meilleure  école  d'érudilioa  qtii  soit  eo 
France,  et  que  les  suffrages  ri'pétés  du  plus  compétent  et  du  plus  savant 
aréopage  ma  Tont  une  loi  de  ne  pas  abandonner  *. 

I  2o  II  est  inexact  que,  «  pour  grossir  nos  connaissances  sur  La  vie  de 
*  saint  Martin,  j'aie  accepté  une  foule  de  lcgend(>8  et  de  traditions 
f  n'ayant  point  pour  elles  l'autoiilé  d'un  témoin  oculaire  comme  Sul- 
0  pice  Sévère.  »  Où  sont  toutes  ces  légende»^  s'il  vous  plaît  ?  Vous  ea 
avez  découvert  jusqu'à  trois,  nombre  un  peu  faible,  il  est  vrai,  pour 
constituer  une  c  foule  n.  Mais  vous  n'avez  pas  eu  la  main  heureuse. 
De  la  première  légende,  celte  du  voyage  de  saint  Martin  à  Kome  avec 
saint  Maximin^  je  n'ai  accueilli  à  litre  d'élément  historique  que  le  fond, 
que  le  trait  principal,  dégagé  de  tous  ses  accessoires  merveilleux  ;  je 
l'ai  accueilli  parce  que  cette  légende  a  une  origine  beaucoup  plus 
ancienne  que  les  autres,  et  que  le  fait  m'a  paru  propre  à  combler  une 
lacune  regrettable  dans  la  btograpliie  du  saint  :  encore  ai-je  eu  soin  de 
le  ranger  simplement  dans  la  catégorie  des  événements  probables  (p.  132). 
La  seconde  j'-gimdc,  celle  du  sang  do  saint  Maurice  rapporté  à  Tours 
par  tiatiit  Martin,  je  l'ai  disculée  à  l'aide  des  munumeuU  et  dest  textes, 
et  J'y  ai  distingué  dee  ampUËcations  apocryphes  [p.  230-234).  Quant  à 
la  troisième,  celle  de  l'identité  du  Zachêe  de  l'Évangile  et  du  saint  Sîl- 
vain  de  Levroui,  je  t'ai  bel  et  bien  écartée  (p.  296}.  J'en  ai  signalé 
d'autres  encore,  dont  vous  ne  parlez  pas,  parce  que,  dans  la  vaste  syn- 
thèse que  j'avais  entreprise,  je  ne  devais  rien  négliger;  j'ai  parfois 
invoque  leur  accord  avec  les  documents  authentiques  :  jamais  je  ne  leur 
ai  attribué  une  autorité  propre  ;  à  plus  forte  raison  n'ai-je  pas  «  traité 
€  comme  des  faits  historiques  les  légendes  les  plus  décriées.  > 

€  N'est-il  pas  pfquant^  Monsieur,  de  vous  entendre  me  reprocher 
l'abus  de  l'éléucut  traditionnel,  après  m'ôlre  vu  précisément  blâmer 
par  un  des  principaux  organes  de  la  presse  religieuse,  et  par  la  plume 
d'un  ancien  élève  de  l'École  des  chartes,  d'avoir  accordé  à  ce  même 
élément  une  place  trop  restreinte  ?  En  somme,  je  me  suis  tenu  en  garde 
contre  l'un  et  l'autre  pxcés.  Placé  entre  Charybde  et  Scylla,  je  prévoyais 
trop  qne  la  critique  m'attendrait  à  ce  double  ecueil.  C'est  alin  do  t'êvitor 
que  je  me  suis  étroitement  attaché  au  témoin  ocnlaire  des  grandes 
actions  du  saint,  que  je  me  suis,  pour  ainsi  dire,  cramponné  à  ce  guide 


I.  Personae  o'a  pu  se  méprendre  sur  le  seiu  et  la  portée  de  mes  paroles. 
Assurément  H.  L.  a  voulu  r&ire  une  aam  historique  ;  mais,  malgré  ses 
dTorls,  le  C4r«ct(re  purement  tiaftioijrïphique  de  «on  aturre  édite  aux  yeux. 
VoiU  tout  CR  que  j'ai  tuuIu  dire  ot  ce  que  je  maintiens.  Quant  ft  la  prétentioD 
de  M,  L.  d'avoir  écrit  la  vio  de  saint  Uartin,  dans  Te^prit  où  il  l'a  ftitt,  par 
4gard  poar  l'Écolo  de«  rharte«  et  pour  l'Académie  des  Inscriptions,  je  crois 
que  beaucoup  de  membres  de  ces  deui  corps  saTaats  n'accepteraient  pas  cette 
snlidaril^,  et  pensent  que  l'on  peut,  sans  contradiction,  louer  [quoique  avec 
des  resiriclions)  le  Boi  Rênr,  oomme  l'a  fait  l'un  des  directeurs  de  cette  BcTve 
{Rw.  hiit,,  187»,  art.  '^10}.  et  critiquer  le  SanU  Martiii,  comme  je  l'ai  faîL 


COaHESPO?rOA>fCE. 


na 


Kûr,  en  un  mot,  qac  j'ai  fait  de  récUircUsement  et  du  commentaire  des 
texteet  de  Sulpice  Sévère  l'esseace  môme  de  mon  travail  *. 

«  3'  Il  c«l  ineiact,  parnlessus  lout^  que  «  j'accepte  les  traditions 
■  locales  qui  font  évangi^lifer  par  »aint  Martin  toutes  les  parties  de  la 
«  Pranci?,  «  que  je  ■  donne  comme  preuve  du  passage  de  «aint  Martin 
€  l'existence  d'églises  paroissiales  qui  lui  sont  consacrées,  »  et  que  je 
me  serre  t  de  cet  argument  puur  tmcer  son  itinéraire  *.  Vous  me  pr6- 
>  In  justement  là,  Monsieur,  le  système  que  j'ai  combattu.  Vous  me 
'  forcez  à  TOUS  apprendre  ce  que  tous  mBS  lecteurs  ont  pu  voir  en  tétc  du 
lung  chapitre  où  j'ai  cherché  à  reconstituer,  d'après  les  vesiij^s  aulben- 
tiqaes,  les  voyages  du  célèbre  missionnaire.  Il  y  a  uu  auteur  récent  qui, 
pour  recoonaltre  la  trace  du  saint  dans  le  Poitou,  a  pris,  en  effnt,  pour 
base  les  églises  élevées  en  tf>n  honneur  :  c'est  dom  Chamard,  bénédictin 
de  Ligugê.  Et  il  y  a  un  autrn  auteur  qui,  plus  dif&cile,  a  refusé  d'ad- 
mettre avec  lui  cette  base  trop  peu  solide  :  c'est  celui  à  qui  vons  repro- 
cbei,  saos  barguigner,  un  i  manque  absolu  de  critique  ».  Le  sptème 
exposé  an  même  endroit  de  mon  livre  {p.  377  et  siiiv.)  est,  an  contraire, 
de  natare  à  satiiifaire  les  plus  exigeanls.  Il  consistée  n'accepter  comme 
pieuTes  du  pas>^ge  de  L'apùtre  que  les  témoî.!^a;;e&  écrits  les  plus  for- 
mels et  les  plus  anciens,  tels  que  ceux  de  Sulpice  et  de  Grégoire  de 
Tours,  ou  les  inscriptions  antiques,  et  à  se  servir  seulement  des  ê^ÎBee 


\.  M.  I,.  ne  paraît  pas  avoir  compris  la  portée  de  ma  critique.  Je  n'ai  cité 
que  trots  exemples,  parce  que  la  iliscuskion  qu'il  ia&tilue  sur  ces  trois  points 
m'a  para  (wrlicaUérement  significative,  mais  tout  le  volume  témoigne  des 
m^aes  défauts  de  méthode  et  de  critique.  U.  L.,  en  effet,  n'accepte  pas  en 
bloc  les  lésBode»  ;  il  cd  rejette  ce  qu'il  trouve  par  trop  absurde  et  conserve 
le  re»t«.  VoiU  ce  qu'il  appelle  de  la  critique.  El  quelle  sera  vutrc  régie  en 
BMlière  d'absnnliléî  Pourquoi  l'identité  de  Zscbèe  avec,  saiut  Sylvain  do 
Levroax  est-elle  plus  absurde  que  l'anecdote  dn  sang  de  saint  Maurice,  et 
celle-ci  plut  absurde  que  celle  de  l'oura  qui  porte  les  ba^zigen  de  saint  Martin 
ci  de  uiat  lUximln  t  U.  L.  trouve  piquant  d'avoir  été  blAm^  i  la  fuis  par 
■toi  cl  par  un  ancien  élâve  de  lltrole  des  chartes  qui  lui  reproche  d'avoir  fait 
trop  bon  marché  des  légendes.  C'est  qu'en  effel  il  n'y  a  pas  de  milieu  et  (pio 
SM  d««x  contradicteurs  sont  sur  un  mdllcar  terrain  que  le  sii^o.  On  peut  à  bi 
ri^Cor  (aire  sa  part  au  sarotiturel  an  nom  dcstt^ite&,  onnepeutpas  U  lui  faire  au 
Bom  eu  bon  sons,  ou  si  on  la  (ail,  on  mécontente  avec  raison  et  les  croyants  et 
Icd  seeptiques.  Même  pour  Sulpice  Sévère,  U.  L.  croit  qu'il  sufflt  de  dire  qu'il 
a  été  léiDoio  oculaire,  et  dés  lors  d'accepter  soî-m^e  les  yeux  fermés  tout  cjb 
^HnOMte.  C'est  connaître  bien  mal  l'hagiografihie  que  de  donner  une  valeur 
■fcsoloe  à  an  écrit  de  ce  genre,  même  contenifKjriiia.  En  réalité  il  d  était  pas 
possible  d'écrire  une  \ie  détaillée  de  saint  Martin  â  un  |K>int  de  vue  Traiineot 
historiipie.  Le  seul  témoignage  qui  ait  quelque  valeur,  c'est  Sulpice,  et  il  est 
■tifirilc  de  dire  quel  est  le  dc^ri  de  son  autorité.  (U.  L.  n'a  du  reste  pas 
mtee  examiné  la  question  de  l'nulorité  de  S.  S-,  ta  seule  question  critique 
tetéressaale  qu'offrit  son  sajel.}  Tout  le  reste  a'cîit  que  légendes  et  fables  ; 
■usai  al-jc  ru  raition  de  dire  que  U.  L.  a  accueilli  une  foule  de  légendes  pour 
ITMBir  sa  Tie  de  saiiil  Hartin. 


JSO 


CORRËSI'UMUXCE. 


uu  des  tradiUon»  locales  &  titre  d'iadices  complémentaires^  lorsqu'ils  se 
rencoutrent  sur  l'itinérairo  fourni  par  les  icxtes.  Vous  ajoutez  ceci  : 
«  La  simple  lecture  de  la  table  que  l'auteur  a  dressée  lui-même  d«5 
«  églises  paroissiales  de  Franco  placées  sous  rinvocaiioD  de  saint  Mar- 
«  tin  aurait  dû  suflire  à  lui  montrer  la  fragilité  d'uu  pareil  argument.  ■ 
Rassurcz-vonts,  Monsieur;  j>  l'ai  reconnu  depuis  longtemps:  •  Ces 
«  églises  se  trouvent  en  telle  quantité  sur  notre  sol  dès  l'époque  la  plus 
n  reculée,  qu'il  faudrait  croire  (si  on  les  adoptait  pour  base)  que  saint 
c  Martin  a  posé  le  pied  partout...  Le  vocable  des  églises  ne  peut  nous 
«  prouver  qu'une  choso  :  c'est  la  présence  d'une  relique  quelconque  du 
a  bieulicureux  confesseur  (p.  278).  ■  Et,  ces  priucipi^s  posés,  je  m'y 
suis  scrupuleusement  conformé  jusqu'au  bout  de  ma  minutieuse  enquête, 
distinguant  avec  soin,  dans  la  récapitulation,  les  résultats  certains  des 
résultats  probables.  Gomment  tout  cela  peut-il  vous  avoir  échappé  *? 

a  4°  Il  est  inexact  que  j'aie  songé  à  contester  ou  &  diminuer  le  rûle 
du  peuple  dans  les  élections  épisropalos,  ou,  pour  parler  votre  langage, 
toujours  plein  do  charitables  intentions,  que  j'aie  eu  «  peur  qu'on  no 
«  croie  au  droit  du  peuple  de  choisir  les  évéques  ».  Tout  le  moode  n6 
sait<il  pas  que  ce  droit  existait  dans  les  premiers  siècles  et  qu'il  a  cessé 
d'exister  depuis  longtemps?  Quelle  sorte  de  peur  pourrail-oii  ble-n 
épmuver  devant  a-XU'.  vérité  biinale  ?  Le  récit  très  détaille  que  j'ai  donné 
de  l'élection  du  saint  évèque  de  Tours  (p.  169-177)  proteste,  d'ailleurs, 


t.  De  ce  que  M.  L.  a  été  plus  modéré  que  D.  Chunard  dnns  VappliralloD 
il'un  système  faux,  de  ce  qu'il  a  même  vu  (p.  27ti)  toute  la  faiblesse  de  e«  sys- 
tème, il  ne  s  en  suit  nulleniunt  qu'il  no  l'ait  pa»  aujtî.  Je  n'en  tcux  pour  preoTC 
que  cv  qu'il  dil  sur  lus  voyages  de  saint  Martin  dans  les  Ciiales  (p.  300»  311, 
312,  318,  3IU},  etc..  etc.  U.  L.  dit,  il  est  vrai,  |i.  277,  qu'il  y  a  trois  sortes 
d'inilires  (wiiir  connaHn^  les  To>a((e»  de  itainl  Martin  :  a  tes  dœumeoU  ëcril», 
les  lé-gundes,  les  vocables  dest  églises,  >  Il  ajoute,  |>.  278,  que  les  Tocd>les  ne 
fournissent  que  des  renseignements  saqs  valeur  et  que  les  légendes  ont  miuns 
de  valeur  encore.  Ce  qui  n'emp^cbe  pas  que,  dans  tout  ce  cbapitre,  les  doco- 
inonl«  écrit.s  rAntccnjiorainH  faisant  presque  entièrement  défaut,  il  restitue 
tous  les  vi)>itg(^s  de  saint  Martin  d'après  les  ^^Uscs  et  les  It^gendes.  L'arcord 
de  deux  témoi^^nages  sam  valeur  est  pour  lui  équivalent  à  un  témolgnaue 
Traiscmblable.  Je  ne  peux  pas  itppeler  cela  de  la  critique.  Il  ne  suflit  pAS 
de  poser  dencellcnts  principes,  il  faut  tes  suivre,  quitte  à  diminuer  son 
Tuluine  de  moitié  et  A  détruire  une  léi^endc  au  lieu  d'avoir  l'air  de  la  défendre. 
Je  reconnais  du  reste  que  j'aurais  diï  citer  le  pasiuge  que  M.  U  uppri'sd 
i  mes  critiques  et  montrer  que  fl'il  n'a  pas  mis  en  pratique  une  intine 
méthode,  ce  n'est  pm  faute  de  l'avoir  connue.  Je  reconnais  aussi  que 
M.  h.  a  ^té  fort  habile,  qu'il  y  a  dans  son  litre  dos  séries  de  pettt-étrr, 
lie  siy  d'atlénuatiunA  de  tout  (>enre  qui  lui  permelt/int  do  se  défendre  à  la 
fois  contre  rcux  qui  l'acnisenl  tic  trop  croire  et  contre  ceux  qui  l'accusent 
de  trop  nier.  Il  a  éviJeuiuent  Iruuvé  que  ma  critique  manquait  de  dèlicalesM 
et  de  nuances.  Mais  son  systènii!  déquilïbre,  de  demi-doutes  et  de  demi-alCr- 
malions  ne  peut  passer  pour  une  méthode  de  critique  scientifique.  Ce  n'est 
qu'un  artiliee  littéraire. 


I 


C0nBKSPn>D4\CR. 


181 


Un 


ut  ealier  contre  le  Bontiment  que  vou»  ma  prêtez,  et  tous  ceux  qui 

m'oal  eutendu  traiter  publiquement  les  questions  relatives  à  nos  orï- 

les  religieuses  protesteraient  de  même  si  vouft  les  interrogiez.  I>a 

oie  réserre  à  faire  sur  ce  point,  vous  la  faites  \ous-mânic  :  l'institu- 
tion ou  rordinalion  ■  ne  pouvait  évidemment  procéder  que  dos  évëques, 
«  qui  ont  fteuU  ta  tradition  apostolique  <  >. 

■  Il  me  serait  facile  de  relever  d'autres  iapsus  du  même  genre^  v  Ce 
%  qui  élonro  davantage,  dites-vous  avec  assurance,  c'est  que  l'auteur 
a  ne  connais^  pas  mieux  lo  droit  canonique,  et  qu'il  pense  qu'il  y  avait 
c  dps  churévéque»  en  Krauce  au  v"  siècle,  i  J'ai  rappelé  en  passmt 
f  qa'uo  ne  vil  guère  les  cborévèques  en  Occident  qu'à  partir  du  v*  siècle  « 
ip-  SIS),  ce  qui  est  un  peu  dilTérent.  Mais,  eussè-je  écrit  <  m  Ft^ance  ■, 

t  ne  m'en  dédirais  nullement.  Malgré  toute  ma  bonne  volonté,  il  m'est 


1.  Poar  U  question  des  éIrclioDs  éptwropales  voict  ce  qu'a  écrit  M.  h.  p.  173, 
|74  :  •  liau%  vojotifi  dans  la  pratique  te  motln  dXrrtion  f-nsrigné  pnr  <uinl 
jpri«a  :  Que  celui  qui  dûit  gouverner  le  diocèse  soit  choiâi  par  les  fivA(|ueA 
oisins  en  présence  du  peuple,  et  qu'il  Mit  jugé  digne  pu*  les  auffnHîCit  du 
abllc  —  Il  ne  fâul  pas  rroire  qu'i  aiieunc  i^pmjnn  le  peuple  ait  créé  ilirec- 
uojit  les  «Téqucs.  —  Cyprict)  ne  lui  ultribuait  qu'uoe  voix  consultative,  et 
prêtait  aui  érAques  voisins  qu'il  apparteuail  de  nommer  Térilâbtetueot  et 
loftliluer  leur»  noureaux  eoll«>);ueii.  s  On  voit  que  U.  L-  soutient  danti  M>n  livre 
l  d&os  M  répoDAK  deux  lhéoric<i  dilTércnlefl.  Ici  il  prétend  que  le  peuple  a 
le  droit  de  choisir  l'évéque  :  là  il  dit  que  le  peuple  n'a  que  loix  consultative 
et  donne  seulenient  soa  avis,  après  le  choix  des  èvéqueti,  <  sur  le  caractère  et  la 
r^utatiou  des  candidats  >.  Puisqu'il  est  reveou  lui-même,  sans  l'aTouer  il  est 
mi.  MIT  le»  afllrniations  de  son  livre,  je  me  diftpense  de  lui  citer  le»  textes 
sans  nombre  du  m*  au  z'  s.  qui  prourent  que  le  peupln  a  le  dniit  d'eUctio 
•VMit  l'intervention  des  êr^ues  et  non  le  droit  de  cimietijuj  après  leur  inter- 
veatioa,  que  bien  loin  d'être  conf^ulté  sur  le  caractère  du  cnadidat  après  sa 
WMDiaatioo,  c'est  lui  ipii  nofjimr  et  ce  sont  les  éTèquesqui  jugeot  le  caractère, 
InulnicUon,  les  doctrines  du  candidat  et  ralitient  ou  cassent  le  choix  du  [leuple. 
Ob  chercJierait  en  valu  dans  ft4dnt  Cyprien  la  phrase  citée  par  M.  L.  U  y  a 
S^oaU  on  «  par  les  évAques  *  qui  en  change  le  sens.  Voir!  la  phrast;  rérllable  : 
«  Ul  Mcerdoi  plèbe  présente  suh  omnium  oculis  deligatur  et  dignuH  atque 
idûwas  publiro  judicio  ac  Icstimonio  cxitnprobetur.  »  Il  n'y  a  pas  deltgaturab 
eftieopis,  et  en  effet  il  est  clairement  indiqué  au  |  sntvani  que  ce  detigatur 
embrasse  i  U  fuis  le  suffrayium  donné  par  le  peuple  et  le  judicium  prononcé 
par  les  évoques.  «  De  nnirersac  fralernilatîs  sufTragio  al  de  cpîscûporum  judi- 
cio epÎKopatUB  ei  deferlur  >  Ep.  G6,  g  4  et  5.  Du  m*  au  x*  s.  les  évëques  ont 
été  choisi;  par  le  clergé  et  te  peuple,  examinés,  confirmés  et  ordonnés  par  les 
évoques  rompruvinciaux.  M.  L.  est  trop  bon  écriTain  pour  soutenir  que  c'est 
là  ce  qu'il  a  dit  dans  les  phrases  citées  plus  haut.  Quant  à  ce  qu'il  ajoute  plus 
loin  que  v  te  pape  avait  en  principe  le  droit  d'élire  les  évi<ques  »,  cette  afiirma- 
UoD  est  ptuA  «xtraordinairc  encore  que  les  précédentes.  Nicolas  I"  lui-même 
&'ajamai>>  rmis  une  prélenlion  pareille,  et  n'a  rérlaiiié  jioar  la  Papauté  te  droit 
dr  conlirmatiOQ  qu'eu  ce  qui  roacurne  tei^  métropolitains,  Mais  en  voiU  assez 
MT  ce  sujet,  je  ne  veux  pas  multiplier  outre  mesure  ces  petites  Icoms  de 
droit  canon  qui  paraissent  chagriner  si  fort  M.  L, 


482 


COREESPOIDASCB. 


impossible  d'accopter  votre  petite  Icçûn  do  droit  canon,  ot  jo  me  per- 
mettrai de  vous  renvoyer,  pour  en  prendre  «ne  vous-même,  au  cours 
d'un  de  nos  plus  éminenls  professeurst  M.  Adolphe  Tardif,  au  Diction- 
nairt  des  Antiquités  chréUennei  de  Martigny  (articlo  choritéquei)^  et  sur- 
tout û  Tlioniussin,  cf^Lte  autoritt'  si  sûre,  qui  non  snulemeul  aHirmi^  ce 
que  vous  conteftoz,  mais  qui  cite  un  concile  do  Riez  de  l'an  439  men- 
Ûoimant  en  propres  termes  un  de  ces  dignitaires  ecclésiastiques  '.  Je 
pourrais  vous  demander  aussi  comment  la  manière  dont  j'ai  cherche^ 
soloa  vous,  <  h  concilier  les  partisans  de  l'apoEitolicité  de  l'Église  de 
■  Tours  avec  leurs  contradicteurs  fera  sourire  les  uns  cl  les  autres  », 
alors  que  j'ai  simplement  reproduit  ra\is  des  plus  sages  d'entre  eui. 
Ah  1  si  j'avais  défendu  d'une  manière  absolue  la  thèse  de  l'apostoUcîté» 
de  quels  sarcasmes  ne  m'au  riez-vous  pas  acaihlé  f  Je  m'en  suis  gardé  : 
j'ai  encore  mal  fait*.  Vralmoat^  Monsieur,  vous  êtes  difTiclle  à  contenter. 
Ëtes-vuus  plus  heureux  quand  vnus  rappelez,  en  croyant  trouver  là  une 
arme  contre  moi,  que  c'est  la  critique  moderne  qui  a  di^mâlé  dans  Gré- 
goire de  Tours  la  reproduction  de  certaines  légendes  germaniques?  Et 
ne  craignejt-vuus  pas  que  ceci  ne  réveille  inopportunément  le  souvenir 
du  singulier  procédé  dont  vous  avez  usé  jadis  envers  certain  auteur, 
que  vous  avez  <  exécuté  »  sommairement  dans  une  note  fort  «évére  de 
vos  Études  critiqufx  sur  les  sources  dif  l'histoire  viéroringieriHe  (son  œuvre 
n'était,  du  resto,  quo  l'essai  d'un  débuiaut),  pour  adopter  un  peu  plus 
loin,  au  sujet  du  caractère  légendaire  do  quelques  chapitres  de  Grégoire 
de  Tours,  son  opinion,  ses  arguments  et  jusqu'à  ses  expressions,  sans 


1 .  Pour  les  chor^T^qocs,  je  maintiens  avec  asmranee  qu'il  n'y  en  eut  pas  eu 
Occident  an  v'  ».  Lf  seul  et  unique  texte  qui  les  mentionne  est  le  texte  au 
condic  de  Riez  de  439  qui  déposa  Annentarins  pour  n'AToir  pas  été  cananiqae- 
meut  institue.  Sn  rêf^vraiit  au  cnnAn  8  du  concile  de  Mcée  qui  autorise  a  insti* 
tuer  comme  cborévéques  lef.  évoques  repentants  dus  oovaUens,  les  perça  \*cr- 
mettent  de  donner  à  Armentarius  une  église  de  campagne  •  la  qua  chorcpiscopl 
nouitne  ut  Hem  canon  lotjuitur  fovtsAtvr  >.  tes  membre»  du  concile  de  Riez,  eo 
appliquant  ce  lerrjic  ttn!r  de  chorévéque  quiU  eiiiprunteol  au  concile  de  Nic«« 
sans  en  ctimprendre  la  portée  (car  les  fooctions  qu'ils  pcrtitcttcnl  à  Arraenta* 
riu«  ne  ^onl  nullnnieul  ct^llei^  d'un  f  borévéi|a«>},  ont  clairement  prouvé  que  c«it« 
insltUilion  n'était  point  connue  au  v'  h.  diini^  1  Église  acxidcntalc.  Puisque  M.  L. 
me  renvoie  A  Thumas^n,  il  aurait  bien  Tait  dc*L{;  relire  [ou  de  le  lire)  avant 
de  Ik  citer-  Il  verrait  que  TbomaHsin  comprend  comme  moi  le  texte  du  concile 
de  Riez  et  qu'il  ajoute  en  conclusion  :  n  LfiK  chorévéques  étaient  donc  pnuque 
inconnus  dan»  tout  l'Occiilont  jusqu'après  l'ati  bOO.  »  Conime  le  tfile  unique 
sur  les  cborévêques  conccriae  le  concile  de  Riez  el  le  diocèse  d'Embnin,  M.  L. 
n'a  po8  lieu  de  se  plaindre  que  j'ait;  écrit  :  en  t-Yance,  au  lieu  de  :  m  (KcidenL 

'2.  Assurément  :  et  M.  L.  u  en  efl'et  eu  tort  de  ne  |>as  exprimer  ucttemcut 
tson  opinion.  Écrire  ua  livre  sur  saint  Martin  sans  qu'il  soil  possible  an  lec- 
teur <1«  savoir  ce  qu'un  pense  sur  l'apnsfolicilé  des  Kgtiscs  des  Gdules,  r« 
n'est  pas  m:  tenir  en  gard^  contre  deux  cicès,  c'est  évilftr  de  se  prononcer  sur 
une  quentioti  capitiili',  el  dit  rroisscr  le^t  partihans  den  deux  ductriaes.  La  science 
et  la  critique  s'accoinmodcol  mal  de  ces  timidilés  iogenienses. 


CORRESrOXDK^CR. 


183 


vouloir  avouer  ni  si^olcr  cette  re&fiemblanco  compromt^itante  ?  Vuus 
avies,  U  est  vmi,  un  motif  puissant  pour  rendre  â  l'objet  de  vos 
riguetm  cet  hommage  involontaire.  Un  érudit  allemand,  lo  docteur 
jDBphans,  s'était  prononcé  dans  le  même  sens  sur  ce  point  particulier 
de  criciq^ue.  Dès  lorri,  vous  jugiez  bon  de  vous  incliner...  et  do  le  citer. 
Germania  locuta  est  :  ctttua  finita  ut  '. 

c  MaiB  je  veux  m'ea  tenir  aux  rectitications  qui  précèdenL  Otte 
besogne  faite,  qxte  reçte-t-il  do  votre  article*.  Monsieur,  en  dehors  de 
l'expreffiion  trop  peu  dog:uisée  de  la  répugnance  que  vous  inspireut  mes 
opinion?  et  mes  croyances  ?  Briauconp  moins,  assurément,  qu'il  ne  reste 
de  mon  li\Te  après  votre  rude  attaque.  Et  pourtant  quelle  belle  mati&ro 
TOUS  aviez  à  traiter  I  J'aurais  aimé,  je  l'avoue,  qu'un  adversaire  de  votre 
■avoir  et  de  votre  habileté  examinât  après  moi  quelques-unes  de  ces 
grandes  et  intéressanteiï  questions  soulevées  par  l'histoire  de  notre 
apdlre  national  :  les  origines  du  nionncliisuie  en  Ciaule,  l'établissement 
de  nos  premières  paroisses  rurales,  la  transformation  de  la  classe  agri- 
oolc,  la  grave  affaire  des  priscilUanistes,  cei  épisode  capital,  dont  vods 
vou«  Ôtea  gardé  de  dire  un  mot,  sans  doute  parce  que  ai  l'événement  ai 
le  récit  ne  justifient  vos  préventions,  et  l'influence  du  culte  de  saint 
Martin  sur  les  destinées  de  notre  patrie,  et  la  forme  primitive  du  monu- 
ment  qui  abrita  le  corps  du  thaumaturge,  et  les  incroyables  dévaiitations 
des  huguenots  (sujet  quelquefois  emharrasjiam,  j'en  conviens),  et  le» 
rapports  de  la  légende  martinienne  avec  les  mythes  germaniques,  etc.'.  > 

A.  Lecoy  ds  lx  Mabche. 


S.  Cette  iasinoa.tioa  serait  odifose,  ni  elle  n'était  pas  trop  plaisante.  H.  L. 
a  poMié  jadis  une  brochure  sur  l'aulonti  de  Gréf;oire  de  Tours  dans  laquelle, 
Toolanl  détruire  l'impressioa  qui  ressort  des  écrits  du  grand  éTéqae  en  ce  qui 
louche  l'élal  de  1'Ê|j;tiKe  rbrétii-nni-  ati  ti*  n-,  il  a  n^uni  tiiun  len  arguments  du 
P.  Lecointe  et  de  H.  Kriet  contre  l'authenticité  et  l'autorité  de  Vllisloria  Fran- 
eontm.  Il  j  au^me  ajouté  quelques  drguinents  noureanx,  entre  autres  r«luî-ci  : 
qu  un  boouM  aussi  instruit  que  révoque  de  Tours  n'aurait  pas  appelé  Octave 
Octavien  î  oomrae  f\  Octavianus  n'était  }>a5  le  nom  d'AoRusLe!  Ayant  lu  ce  tra* 
«ail  de  U-  U  1  la  Bibliolb^que  naliunale,  je  n'ai  pa»  trouvé  qu'il  valût  la  peine 
de  !•  réfuter  autrement  qup  dans  un«  courte  itote,  et  j'ai  préféré  m'en  tenir  A 
b  réftitation  des  arf>nnic&ts  du  P.  Lecuinic  et  de  H.  Kries,  les  seuls  qui  eos- 
•enl  quelque  voleur.  Mais  mon  livre  tout  entier  es)  la  rontrc-partic  de  celui 
de  M.  Ler^y  de  la  Uarche.  Il  insinue  |K)ur(ant  que  je  l'ai  pitié  sans  le  nommer, 
parce  qu'en  parlant  de  légendes  frauqaes  d'aprë»  U.  Junghans  et  non  d'après 
loi,  je  me  sni^ï  servi  comme  lai  du  mot  de  refrain.  \a  vérité  est  qu'après 
avoir  la  md  livre  je  a  al  pas  cru  utile  de  me  le  procurer  ni  de  m'en  servir, 
méiM  pour  le  réfuter.  Si  cette  similitude  de  mois  vient  d'une  rémiotaceoce, 
•Ile  eat  bien  involontaire.  M.  L.,  &ans  s'en  douter,  a  montré  là  une  fois  de  plus 
WiMca  il  manque  et  desprit  critique  et  d'impartialité. 

3.  Il  7  a  en  effet  beaucoup  de  choses  dont  j'aurais  pu  parler  et  je  ne  crois 
pas  que  le  livre  de  U.  L  s'en  fii(  beauc^iup  mieux  trouvé,  J'Ai  d'ailleurs  [larlé 
de  l'épisode  de«  priscillianisles  en  protestant  contre  l'assertion  d'après  laquelle 
l'Eglise  catholiipie  aurait  conserTé  k  l'éj^ard  des  hérctiqoes  les  principes  do 


184 


r^RHESl'aiVIlilfCE. 


Uilérance  de  saint  Martin.  Je  renvoie  sur  ce  p«ijit  M.  L.  h  l'excellenl  traTul  de 
M.  Harel  sur  VHrrè^ie  el  t«  Bras  sécuiier  au  moyen  âge. 

Je  relèTc  enfin  niie  dernière  in^irluHLi^>n  de  M.  L-,  U  »cale  qui  m'ail  louché, 
et  qu'il  sait  Atre  injuMc.  Il  i<.iipivi&e  que  mcfl  jogAnienlK  Ront  dirtéd  par  larépu- 
gDUice  que  m'inspirent  ses  opinions  et  mïs  croyance».  Il  est  pourtant  assez  au 
courant  de  ce  que  i'écris  depuis  douze  ans  pour  saroir  que  «'il  est  une  cbûse 
A  laqufdle  j'ai  donné  loofl  mes  ^ins,  c'est  à  ne  pas  laisser  inlltjencer  mes  juge- 
ments par  les  upinionit  palttîquvs  nu  reliKicu6e&i  que  si  j'ai  quelquefois  péché 
par  quelque  excès,  cnl  par  la  liienreillance  pour  les  tuuvres  de  ceux  qui  peuseal 
aalremenl  que  moi,  jiar  la  «évérilé  pour  ceux  qui,  arec  des  opioioas  semblable» 
aux  loiennpïi,  me  paraissent  manquer  d'équité  ou  d'es)trit  srieolilique.  Je  puis 
ritcr  <l  ci't  t'Kanl  mes  jn^eiiu-nls  sur  h-f*  livres  de  M.  Thureau  Dangin,  de 
U.  Gautier,  de  M.  Valois,  on  au  contraire  ceux  sur  U.  Jules  Delaborde,  sur 
M.  R.  Uoeière^,  sur  M.  L.  Double  ;  je  puis  invoquer  comme  têmoiiçnage  chacun 
de  mes  Bulletin  a  dan»>c{?lU'  Hfvuu.  La  v«ritê  e»I  qu'en  Ju^raiit  M.  L,  je  me  suiK 
inspiré  des  m^men  sentiinenU,  quu  je  l'ai  lu  av^tc  le  désir  dv  pouvoir  le  louer,  cl 
qu'après  1  avoir  lu  j'ai  modéré  autant  que  j'ai  pu  l'expression  de  mes  ju^^emeols. 
J'ai  dJl  exrWJ'eiiï  re  (jui  méritait  seulement  d'être  trouvé  bon  ;  j'ai  loué  let*  qua- 
lités litlêraireA  de  M.  L.  sans  parler  «le  (^f>  défauts  littéraires.  Aussi  plus  duo 
savant,  parmi  ccui  mêmes  dont  M.  L.,  si  respectueux  pour  les  traditions  d'école 
et  la  majesté  des  aréopages,  me  doit  pas  contcsier  la  compétenee,  m*a-t-il  repro- 
ché mon  indulKcnco.  Je  ne  la  regretlo  pas,  c^r  elle  ne  fait  que  uittnii  ressortir 
tout  ce  qu'il  y  a  d'acerbe,  d'injuste  el  de  peu  ratsomté  dans  la  réponse  de  U.  Locojr 
de  la  Marche. 

G>   UONOD. 


■CI5iriT   :   A    BISTOAY  UP  ANCIKNT  GBOcaiTBT. 


18ï 


COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 


BDXBtTRT.  A  blstory  of  anciftiit  geography  among  the  Greeks  and 
Romans,  from  Lhe  earliest  âge,  lill  the  fall  of  Lhe  Roman  Empire. 
—  20 caries.  —  2  volumes  (G66,  7^3  pp.).  —  Lond.,  Murraj  J87i>. 

La  publicatiou  d'une  liistoire  de  la  géographie  ancieuatj  est  la  bien- 
venue en  France  aussi  bic>n  qu'en  Angleterre.  Les  derniers  grands 
ouYTiges  d'ensemble  qui  ont  été  publics  sur  ce  sujpt  simt  dôjà  anciens 
eC  vieillissenl  chique  jour  par  le  progrès  des  recherches.  Le  manuel 
de  tCiepert,  si  riche  de  raiUi  et  de  résultata,  n'est  qu'un  résume^  où 
Tbistoire  des  connaigsances  ne  figure  qu'à  titre  d'aperçu  rapide.  Le 
DouTol  hictorien  de  la  géographie  ancienne  ne  pouvait  guère  saisir  do 
moment  plus  Tavorahle.  Sa  manière  n'est  pas  sans  offrir  de  la  ressem- 
blance^ avec  celle  de  Grote.  Elle  a  plusieurs  qualités  de  la  célèbre  his- 
toire de  Grèce,  et  maUieureusemeat  au^si  quelques-uns  de  ses  défauts, 
parmi  lesquels  il  faut  compter  la  prolixité.  Cependant,  ce  que  nous 
reprocherions  surtout  à  cet  ouvrage,  c'est  d'ofTrir  plutôt  une  série  d'études 
SUT  les  faits  et  les  documents  qui  se  rapportent  à  la  gèngraphic  ancienne, 
qu'une  expositiun  solidement  encbaincc  du  sujol.  Chaque  partie  est 
traitée  avec  soin,  mais  eu  elle-même.  On  se  lasse  d'une  méthode  dont 
l'analyse  est  le  procédé  exclusif;  ou  plutôt  l'on  est  forcé  de  reconnaître 
qu'au  maniement,  mi^mc  très  habile,  de  r^t  instrument  d'investigation, 
l'historien  doit  joindre  l'exerclw  d'autres  facultés,  sans  lesquelles  son 
œuvre  n'est  ni  complète,  ni  vivante. 

Tout  ce  qu'une  analyse  minutieuse,  s'appuyant  sur  un  bon  système 
d'interprétation  des  textes,  servie  par  une  connaissance  très  solide,  nous 
ne  dirons  pas  de  ranliquité,  mais  de  l'antiquité  classique,  peut  appor- 
ter de  lumières,  a  été  réalisé  dans  cet  ouvrage.  Nulle  part  n'a  été  dressé 
avec  plus  de  précision  le  bilan  des  connaissances  propres  à  chaque 
auteur  et  à  chaque  époque.  Dans  ces  études  qni  atteignent  parfois  tes 
proportions  de  monographies,  les  sources  écrites  de  la  géographie 
ancienne  sont  distinguées  les  unes  de^  autres,  passées  en  revue  suivant 
l'ordre  chronologique,  et  chacune  est  appréciée  avec  une  justesse  qui 
ee  dément  rarement.  Les  renseignements  sont  examinés  dans  leurs 
rapports  avec  le^  vues  générales  et  les  moyens  d'information  du  témoin 
dont  ils  émanent.  Si  l'on  songe  &  la  confusion  dont  l'abus  des  citations 
-ngues  ou  fausses  menace  les  recherches  de  géographie  ancienne,  on 
estimera  le  prix  de  ces  études  qui,  prenant  les  textes  à  leur  source,  eu 
rétablisisent  nettement  la  date  et  le  sens. 


186 


C01irTKS-llB:TDV9  CBITIQDRS. 


Nous  n'aurions,  nu  (ait  d'omisisianfi,  à  regretter  que  cf>llo  du  Périplo 
du  Bosphore,  qu'a  publié  en  1873  M.  Wescher.  D'un  autre  côté,  il  est 
malaisé  de  comprendre  à  quel  litre  le  De  mensura  orbis  du  moine  Dîcuil 
Ggure  danit  une  histoire  de  la  géographie  anciejine.  L'œuvre  est  inté- 
ressante sans  douto;  mais  par  sa  date  (ne*  siècle),  aussi  bien  que  par  les 
Bourcos  nouvelles  de  ses  renseignements,  elle  n'appartient  plus  à  la. 
période  classique.  Cette  apparition  inattendue  de  l'Islande  sur  l'horixon 
géographique  n'est  justifiée  par  aucune  eiplicaiioc  préalable. 

Nous  résumerions  volontiers  les  lacunes  de  cette  histoire  en  disant 
qu'elle  est  plutôt  celle  des  acquisitions  de  la  géographie,  que  celle  de  la 
Bcience  olle-méme.  Les  progrès  de  la  géographie  ne  se  mesurent  pas 
seulement  à  la  quantité  des  matërieux  qu'elle  amasse;  et  si  quelque 
chose  distingue  surtout  le  mouvement  scientiSque  qui  eut  ses  foyers  à 
Milet  et  à  Alexandrie,  c'est  le  caractère  théorique  et  généralisa  leur  que 
lui  imprima  de  bonne  heurt',  le  génie  grec.  A  la  vérité  nn  suit  assez 
aisè-mcnt,  à  travers  les  substantiels  chapitres  consacrés  h  Ëratosthèncs, 
flipparque,  Piolémée,  le  développement,  avec  les  causes  qui  l'ont  favo- 
risé ou  entravé,  de  la  géographie  mathématique.  Mai»  les  efforls  ou,  si 
l'on  veut,  les  tâConnemenU  de  la  géographie  physique  ont  été  négligea 
avec  un  injuste  dédain.  U  s'agit  moins  de  savoir  si  les  anciens  onl 
atteint  la  vérité,  que  s'ils  ont  eu,  et  à  quel  degré,  le  sentiment  de« 
vraies  méthodes.  De  rares  indications  disséminées  en  ditTérents  cha- 
pitres ne  permettent  pas  de  suivre  le  progrès  des  observations,  de  juger 
comment  aux  conceptions  puériles  de  la  géographie  primitive  se  subs- 
tituèrent des  théories  plus  ou  moins  exactement  fondée*  sur  Texpo- 
rience  des  faits.  Pour  n'être  pas  spécialement  des  géographes,  Hippo- 
crate  et  Théophraate  ont  autrement  contribué  aux  progrès  de  la  science 
de  la  terre  que  Scymnus  de  Chio  ou  Oenys  le  Périégète,  et  occupent 
dans  son  histoire  une  place  peu  conforme  à  celle  que  leur  laisse  M.  B. 
dans  son  livre,  où  Aristote  lul-mémo  n'a  qu'une  part  étroitement 
mesurée. 

Parmi  les  causes  politiques  dont  l'innuence  a  été  capitale  sur  le 
développement  des  connaissances  terrestres,  celles  dont  nn  a  principale- 
ment tenu  compte  sont  :  {'  La  colonÎMtlon  grecque,  fait  à  vrai  dira 
aussi  ancien  que  la  race  elle*môme,  et  qu'il  est  un  peu  arbitraire  de  ne 
considérer  qu'à  partir  du  vra"  siècle;  —  2*  l'expédition  d'Alexandre  et 
l'établisseiueûl  des  monarchies  helléuiqueB;  —  3°  la  conquête  romaine. 
Les  campagnes  d'Alexandre  sont  étudiées  de  très  prés  au  point  de  Tue 
lopographique.  L'importance  du  sujet  justifie  ce  soin.  Faut-il  admettre 
cependant  qu'elles  aient  été  le  signal  <  d'une  extension  subite  des 
connaissances  >,  et  peut-on  dire  qu'après  Arbële  l'expédition  devient 
<  un  voyage  de  découvertes  i?  Les  résultats  de  Texpédition  se  répan- 
dirent par  df^s  écrits,  dont  les  principaux  ne  furent  publiés  que  long- 
temps après  U  mort  du  conquérant.  Suns  rabaisser  la  valeur  do  ces 
résultats,  il  semblerait  juste  de  réserver  le  uom  de  découvertes  aux 
explorations  do  l'Inde  G&ngètique  ot  du  littorot  africain  jusqu'à  la  Corne 


iDTrecniT  :  i  BiSToai  or  i^fcrevr  ceogeapht. 


^87 


du  sad^  qui,  sous  les  Ptolemé«s  et  les  6éteacide«,  ouTiireat  vérilablo- 
meDt  an  monde  nouveAa. 

La  conquête  romaine  et  I^Jttensioa  do  l'Empire  vers  l'Ortent  ne 
sauraient  expliquer  les  cbangetneDls  qui  8'acœmpltrenl  dans  les  voîca 
de  commerce  de  l'Asie  vers  le  premier  siàcld  de  notre  ère,  et  qui  nuronl 
tant  d'inQuence  sur  les  progrès  de  la  géographie  alciandrine.  tkj  sont 
les  révolutions  politiques  de  l'Asie,  et  aon  celles  de  l'Europe  qu'il  faut 
ici  considérer.  A  l'époque  où  Marinu»  de  Tyr  recueillit  ses  précieux 
îliDéraires  ver«  la  Sérique,  l'nuteur  rappelle  avec  raiiton  que  la  Chine 
dominait  dans  le  bassin  du  Tarim.  11  nViU  pas  été  moins  utile  d'ajonler 
quand  finit  cette  domination.  Elle  avait  déjà  ceîtsé  au  temps  de  Plulemée: 
tout  indique  que  les  relations  directes  par  terre  cessèrent  avec  elle;  et 
c'est  pourquoi  ce  géographe  dut  se  borner  à  compulser,  en  les  coordon- 
nant de  son  mieux,  les  renseignements  de  son  devancier  sur  ces  contrées. 
A  la  môme  époque  la  Chine  exerçait  aussi  sa  domination  snr  le  Tonkin, 
duat  elle  resta  maîtresse  jusque  vers  la  fin  du  vi"  siècle.  Cette  circuos- 
tance,  qui  parait  avoir  échappé  à  rattenùon  do  l'historien,  nous  sem- 
blerait de  nature  à  modifier  son  opinion  snr  la  position  du  port  et  du 
payf  des  âinae,  qu'il  incline  à  placer  dans  la  Cochinchine  et  l'Annam. 

Terminons  par  l'examen  de  quelques  points  particuliers,  sur  lesquels 
il  peut  être  utile  d'attirer  l'attention. 

!•  Dans  le  chapitre,  excellent  d'ailleurg,  sur  Hérodote,  la  région 
montagneuse  qui  marque  la  limite  jusqu'à  laquelle  parvenaient  les 
renseignements  des  Grecs  de  l'Euxin,  est  identifiée  avec  l'Oural,  de 
préférence  a  l'Altaï.  Mais  depuis  le  temps  où  Hoeren  planait  sur  les 
pentes  ile  TAItaï  les  lointaines  tribus  dont  les  négociants*  d'Olbia  con- 
naissaient les  noms,  les  progrès  de  nos  connaissances  sur  r.\si«  cen- 
trale ont  accrédite  d'autres  idées.  C'est  plutôt  vers  le^  grandes  chaînes 
du  Tian-Chao  et  du  Pamir,  sur  la  route  des  gîtes  aurifères  encore 
eiploilés  dans  le  Tibet  occidental,  que  se  portent  aujourd'hui  les  con- 
jectures, n  e-st  regrettable  que  celte  hypothèse  ait  été  passée  sous 
silence. 

2"  L'auteur  n'admet  pas  la  circumnavigation  de  l'Afrique  par  les 
Phéniciens.  II  serait  inutile  de  rentrer  dans  uue  discussion  où  l'on 
peut  regarder  rx)mmn  épuisés  les  arguments  pour  ou  contre.  Mais  un 
pointsubsidiaire  mérite  examen.  Hérodote,  toujours  préoccupé  de  prouver 
par  un  témoignage  expérimental  que  la  Libye  est  entourée  d'eau, 
allègue  en  outre  l'opinion  des  Carthaginois.  L'auteur  pense  que  c'est  le 
voyage  de  Uannon  qui,  vaguement  parvenu  aux  oreilles  d'Hérodote,  a 
servi  de  fondement  à  ce  prétendu  temuignago.  l^a  conjecture  ne  parait 
pas  heureuse.  Les  renseignements  de  source  carthaginoise  qui  se 
trouvent,  en  petit  nombre,  dans  l'historien  grec,  se  rapportent  évidem- 
ment à  une  époque  anlérieure  à  Ilannun.  Il  y  est  question  du  oommen'^ 
entretenu  avec  les  populations  de  la  côte  du  Soudan,  c'ost-;L-dirc  de 
relations  qui  n'existaient  plus  au  temps  de  Hanaon,  puisque  le  but 
attesté  du  voyage  fut  précisément  de  les  faire  revivre. 


488  COHPTBR-lR^DDR   CIHTIQDBS. 

3*  Sur  la  question  tant  discutée  de  TOxas,  tes  idées  de  l'auteur 
manquent  de  clartô.  On  sait  par  Slrabon  que  Potrocle  attribuait  & 
l'Oxus  et  à  riaxorte  une  embouchure  directe  et  Indépendante  dans  la 
mer  Caspienne.  L'auteur  infère  simpli^ment  de  ce  passage  qu'à  l'époque 
d'Alexandre  on  ne  connaissait  pas  l'existence  distincte  du  lac  d'Aral, 
sans  8R  préoccuper  d'aillpurs  dVxpliqu**r  cnmment  à  la  même  époque 
l'emploi  de  TOxus  cnmme  voif>  navigable  Vf^rs  la  mer  Caspienne  est 
décrit  en  propres  termes  par  l'historien  Aristoboilloa.  Cet  important 
témoignage  n'est  pas  môme  mentionné.  Plus  tard  cependant  il  enre- 
gistre sans  discussion  le  passage  par  lequel  Varron  nous  apprend  que 
cette  voie  de  commerce  était  aussi  pratiquée  au  temps  do  Pompée.  Il 
est  difficile  de  saisir  t\  travers  ces  contradictions  une  opinion  person- 
nelle. Sur  un  seul  point  Tautour  se  prononce  avec  une  netteté  qui  ne 
laisse  rien  ù.  désirer.  Il  n'y  a  pas  de  doute,  suivant  lui,  que  le  lac 
d'Aral  ait  existé  dans  la  période  de  Tantiquité  historique  ;  mais  les 
anciens  ne  Tauraient  jamais  connu.  Ce  serait  une  illusion  de  croire  que 
VOriana  palus  de  Ptolémée  et  d'Ammien  Marcellin  se  rapportât  à  cette 
mer  intérieure. 

4*  Nous  citerons  parmi  les  meilleures  discussions  de  l'ouvrage  celles 
qui  nonc«rnent  la  valeur  des  matériaux  employés  par  les  anciens  pour 
déterminer  avec  précision  les  dimensions  dos  contrées  et  les  positiont 
des  lieux.  Nous  ne  pensons  pas  que  l'auLeur  ait  exagéré  leur  insuffi- 
sance. Il  rejette,  comme  une  hypothèse  gratuite,  ropinicm  qui  attribue 
à  Ëratoslhénes,  dans  son  estimation  erronée  du  degré  terrestre,  l'emploi 
d'un  stade  différent  du  stade  olympique.  On  doit  regrettej"  que  Taiiteur 
ait  cru  devoir  passer  trop  brièvement  sur  la  carte  d'Agrippa,  dont  il 
rec(»nnajt  pourtant  l'importance.  H  est  probablement  dans  le  Trai  en 
disant  qu'elle  reposait  sur  des  données  empruntées  aux  itinéraires. 
Mais  la  question  méritait  d'6tre  examinée  de  plus  près,  et  à  ce  sujet  les 
travaux  de  MuclleahotT,  de  Partsch,  paraissent  être  restés  inaperçus. 
Reconnaissons  qun  M.  B.  s'est  très  habilement  servi  du  texte  môme  do 
Ptolémée,  afin  d'en  tirer  la  preuve  des  procédés  auxquels  U  étaîl 
réduit,  par  l'absence  ou  la  pénurie  d'observations  astronomiques,  pour 
établir  ou  rectifier  ses  positions.  Il  n  eu  raison  d'insister  sur  l'iûcertitude 
de  résultats  ainsi  obtenus,  et  de  réduire  à  leur  juste  valeur  les  inter- 
prétatious  qu'on  peut  être  tenté  de  fonder  sur  des  coïncidences  plus 
apparentes  que  réelles. 

Kn  résumé  cette  histoire  de  la  géographie  ancienne  est,  malgré  ses 
imperfections*,  un  excnllcnt  instrument  d'étude,  qui  rendra,  nous  n'en 
doutons  pas,  de  véritables  services. 

P.  VmAL-LABLACBE. 


t.  Ajoutons  quelques  observations  de  détail  —  II  oe  semble  [ws  probable 
qullérodutp  ait  ignoré  le  ftolfe  Pcrsiquf>,  ai  Tnn  roDiiiMitqu'Dératre  l'aroonu. 
—  Dans  le  Périple  de  Scjlai  ({  35),  l'identiflcatioa  d'Antium,  liinile  des  Tjr- 
rbéaiens  et  des  LiKure*-  «^ec  Autlpolis,  uoua  Mmblv  peu  admissible.  —  Ilast 


E.    DIVAIMXS  :    r.éoO&iPHIK    nt:   Ll^    tlAFLK    ROVAIM-. 


isit 


Ë.  DcâJARDCvs.  Géographie  historique  et  adminiatratiTO  de  la 
Gante  romaine.  Tome  II,  gr.  in-8»  de  74  S  p.  Paris,  HacheLle. 
Prix  :  20  fr. 

Avant  d'aborder  l'analyse  de  ce  tome  II,  nous  devons  toutes  nos 
AxCQses  à  M.  Ernest  Drsjardins,  comme  aux  lecteurs  de  la  Aerue,  pour 
le  retard  que  nous  avons  mU  à  parler  d'un  ouvrage  aussi  itnpurlanl.  Ce 
retard,  nous  essaierons  de  nous  le  faire  pardonner  en  consacrant  h  ce 
volume  un  compte-rendu  au  moins  aussi  délaillo  que  celui  que  le  tome 
pramier  a  obtenu  de  M.  I^ul  Guiraud  (L  VU  de  la  Revue,  p.  443-44â). 

Dans  le  plan  primitif  de  M.  £.  D.  l'ouvrage  devait  comprendre  deux 
volumes,  dont  le  premier  serait  consacré  à  la  géographie  historique  de 
la  Gaule,  à  l'étude  de  la  formation  et  de  l'organiitation  des  provinces, 
de  leur  administration  politique,  civile,  militaire,  Ûnancière  et  reli- 
gieuse, de  rinslitution  municipale,  des  corporaiiou»,  du  culte  et  de 
l'êtai  social  pendant  les  quatre  siècles  qu'a  duré  la  domiuation  romaine 
dans  les  Gaules.  Le  second  volume  aurait  contenu  l'étude  des  voies 
romaines  a\ec  les  mudificatious  qu'elles  oui  subies  aux  difl'érentes 
^>oqueg,  la  topographie  des  cités,  celle  des  cantons  qui  ont  été  retn)uvés, 
les  vici  on  bourgades,  les  castttla  ou  ch&teaux  forts,  les  Ueux  hisLo- 
riques,  les  stations  thermales  et  les  endroits  célèbres  par  le  culte  des 
divinités  topiques.  Ce  plan  s*est  modibé  dans  l'exéculiou.  Un  volume 
entier,  le  premier,  a  elé  reiupll  par  la  géographie  physique  comparée 
de  l'époque  romaine  et  de  l'époque  actuelle;  celui  que  nous  avons  sous 
les  yeux  porte  eu  sous-titre  la  cohûv^.te,  et  se  divise  en  cinq  chapitres^ 
I,  Introduction.  II,  Élat  de  la  région  S.  E.  à  l'arrivée  des  Romains. 
m,  Conquête  romaine  et  organisation  provisoire  do  la  province.  IV, 
Étal  de  la  Gaule  chevelue  à  l'arrivée  de  César.  V,  Résumé  géographique 
des  campagnes  de  César.  Au  moment  de  clore  cette  seconde  partie, 
M.  E.  D.  nous  annonce  que  le  volume  suivant  traitera  de  la  géographie 
politique  —  orgiiaisatiou  des  provinces  et  des  cités  —  et  nous  montrera 
la  Gaule  moralement  conquise  par  la  civilisation  romaine.  Un  tome  IV" 
et  dernier  complétera  ces  études  de  géographie  historique. 

L'auteur,  dans  le  chapitre  I"'  qui  sert  d'introduction  aux  trois 
Tolumes  attribues  par  lui  à  cette  partie  de  la  géograpbie  gauloise,  passe 
en  revue  n^us  les  termes  qui  doivent  hgurer  dans  une  histoire  de  la 
Gaule  administrative.  En  jetant  un  regard  rétrospectif  sur  les  €  procédés 
tente  et  sûrs  des  Komains  dans  t'ojuvro  do  la  conquilte  depuis  les  plus 
anciens  temps,  en  Italie  >,  en  nous  racontant  la  destruction  des  natio- 
DaUtéa  italiennes,  il  tend  i  faire  la  preuve  de  ce  fait  que,  pas  plus  que 
ces  dernières,  le^  nationalités  gauloisps  ne  constituaient  dans  leur 
ensemble  une  patrie  commune.  Cette  a:>serti(ui  a  été  couteslée.  Le 

peu  exact  de  dire  que  ta  description  des  ra^Burs  et  du  caractère  gantois  dans 
Stnbon  soit  empronlèe  à  César.  —  Dans  la  carte  de  l'emiiire  ronaiin  i  sa  plus 
grande  eileofiion,  on  a'îndiinie  qu'nae  Uaurétanlc  ;  SingîdaiiuiD  est  à  la  place 
de  Vjmioacium  :  Aquilée  est  oubliée. 


490 


COMPTES-BEXPDS   CKITTQU89. 


témuigaage  non  saspecE  de  César  <  uoiversae  Galliae  coDsensio  > 
(B.  G.  VU,  76)  devait  fitro  en  effet  un  sérieux  argument  en  Taveur  de 
l'opinion  contraire  ;  mais  M.  D.  le  rrduit  à  sa  valeur  exacte  au 
moyen  de  chifTres  décisîfB  d'après  lesquels  plus  d'un  tiers  du  territoire 
gaulois  resta  neutre  dans  la  lutte  à  outrance  dont  Verdngétorix  prît  la 
direction.  L'institution  du  mum'eipium  romain  stibi^tituè  en  Gaule  à  la 
civitas  devait  consommer  cpitle  œuvre  de  désagrôgal ion  et  préparer  l'ab- 
sorption des  ppuples  gaulois  dans  la  grande  patrie  rnmaine.  Nous  arri- 
vons ainsi  au  i"*  siècle  de  notre  ère,  où  l'on  voit  la  Gaule,  €  municipa- 
Usée  et  romaniséo  »,  contenue  par  les  armes  d'une  seule  cohorte  (1,000 
à  i,2Û0  hommes). 

Il  était  naturel  que  M.  D.,  éttadiant  l'état  de  la  Gaule  au  moment 
où  commencent  les  guerres  de  César,  ouvrit  cptlc  étude  par  une  revue 
nouvelle  et  critique  des  peuples  de  la  t  région  Sud-Est  ».  Et  d'abord  il 
faut  donner  acte  à  notre  auteur  de  sa  profession  de  foi  en  matière  de 
géographie  historique,  t  Nous  n'avons  pas  eu  un  seul  instant  la  pensée 
dViprimer  une  opiuiou  et  de  recommencer  cps  agréables  tournois  où  la 
politique  contemporaine  pourrait  reveadiquer  une  large  part  cl  dans 
lesquels  des  lettrés  de  talent,  comme  Ampère  le  jeune  ou  Prôvost- 
Paradol,  se  plaisaient  à  prendre  carrière.  Pas  une  proposition  historique 
qui  ne  BOit  un  fait  ;  pas  un  fait  qui  ne  soit  établi  sur  des  preuves,  c'eet- 
â-dire  sur  des  textes  ;  tel  est  le  but  que  chacun  doit  poursuivTe,  tel  est 
du  moins  le  but  que  nous  pourtiuivoDs  »  {p.  29).  L'auteur  s'est  tenu 
parfile  et  l'on  peut  affirmer,  son  livre  à  la  main,  qu'il  a-  fait  entrer  la 
discussion  do  la  géographie  gallo-romaÏDe  dans  une  voie  absolument 
neuve,  la  seule  qui  pût,  sinon  toujours  aboutir  au  dernier  mot  de  la 
science,  du  moins  nous  y  conduire  tût  ou  tard.  Les  matériaux  sont 
ilésormais  réunis,  lu  plupart  sont  déjà  mis  k  leur  place  déSnitivp,  et 
d'autant  plus  facile  sera  l'œuvre  d'édiGcation  pour  les  esprits  vraiment 
critiques  qui  reprendront  cette  œuvre  au  point  où  le  savant  académicien 
l'a  conduite. 

Suit  donc  un  tableau  en  raccourci  do  l'histoire  des  cinq  ou  six 
«  familles  ethnographiques  »  qui  avaient  occupé  le  sol  de  la  Gaule  avant 
l'arrivée  des  Homaiiis,  les  Ibères,  les  Ligures,  les  Ombres,  les  Phéni- 
ciens, les  Grecs,  puis  enSn  les  Celtes  «  que  les  Romains  n'ont  pas  dis- 
tingués des  Gaulois  n. 

Les  Ibères  ont  un  caractère  à  part  et  une  individualité  persistante 
qui  rendent  plus  sensibles  les  traits  communs  do  tuus  les  peuples  qui 
n'appartiennent  pa^i  à  leur  race.  Notre  auteur  discute  les  opinions  de 
M.  d'Ârbois  do  Jubatnville  et  de  M.  Lagneau  »ur  les  peuples  qui  ont 
reçu  un  contingent  ihérion,  ei  arrive  k  cette  conclusion  que  l'Espagne, 
rÀquitaino  proprement  dite,  le  UoussiUoa,  le  Das-Languedoc  et  le 
Florentin  italien  sont  les  seules  régions  de  l'Europe  où  se  retrouve  la 
toponymie  ibérienne.  Il  atlach*?,  non  sans  raison,  plus  d'importance  à 
Tonomastique  locale,  qu'aux  textes  grecs  et  latins  où  se  rencontre  une 
opinion  sur  les  Ibères.  Il  adopte  Icss  conclusions  de  M.  d'Ârbois  de 


E.    DESIi&DIlfS  :    GiiOCRAPaiB   OE   U  ûktlK.   BOUAI^tt;. 


A94 


Jabtinville  sur  la  question  si  conlrovcrsée  des  Ligarcs,  dont  l'origine 
doit  être  considérée  comme  absolument  indépendanto  de  celle  des 
Ibères  ;  maie  il  insiste  plus  que  no  l'avait  fait  M.  de  Jubainville  sur  ce 
point  qu'elle  se  ratiaclie  étroitement  à  Torigine  des  Gaulois  proprement 
ails.  Les  Ligures  sont  venus  d'Orient  et  ont  dû  remonter  la  vallée  du 
Danube.  Il  est  à  noter  que  la  question  ligurienne,  à  la  diffcmnce  de  celle 
des  Ibères,  ne  comporte  guère  d'autres  éléments  de  discussion  que  des 
textes  historiques  placés  dans  leur  vrai  jour  et  rapprocbée  avec  un  sen- 
timent juste  de  leur  inégale  autorité  *. 

Les  bornes  imposées  à  cette  analyse  ne  nous  permettent  pas  de  résu- 
mer,  môme  on  quelques  mots,  les  développements  cou&acrês  par  notre 
auteur  aux  tliéses  qtii  portent  les  titres  suivants  :  le^  Déciates  elles 
Oiybri  étaient  Ligures  ;  —  SaUuvii,  Salyes  ;  —  les  Sailuvii  sont  Ligures 
pais  Celto-Ligures  ;  —  les  Sailuvii  Ligures  sur  la  côte  maritime  ;  —  coo- 
fëdéraliou  des  Ligures  Saiiuvii  ;  —  la  légende  et  rinscription  fausse  des 
saintes  Marira,  etc.,  etc. 

Après  avoir  passé  en  revue  çl  discute  point  par  point  l'emplacement 
de  tontes  les  localités  mentionnées  cbez  les  écrivains  ou  Kur  les  pierres 
èpigrapbiques  comme  appartenant  au  territoire  des  Ligures,  M.  D. 
s'occupe  des  peuples  appelés  Ambrons^  Ombriens,  Ombras.  U  montre 
l'origine  commune  des  Vmbri  et  des  Ligures^  communauté  dont  le  pre- 
mier indice  se  rencontre  dans  une  anecdote  racontée  par  Plotarque 
{Marius,  XIX,  5j.  D'autre  part  il  relève  ce  fait  que  les  murs  de  Murviel 
(Hérault)  et  ceux  de  Nages  (Gard)  ont  des  caractères  qui  lo«  distinguent 
essentiellement  du  système  de  construction  gauloise  ou  romaine,  et  les 
rapprocbent  d'un  système  dont  l'application  se  retrouve  dans  les  murs 
de  Citlà  d'Umbria  ;  il  tire  de  là  cotte  conclusion  que  le  domaine  des 
Umbranici  ■  devait  comprendre,  outre  le  diocèse  d'Albi.  ceux  (lire 
celui)  de  Montpellier,  une  partie  de  celui  de  Nîmes  et  s'étendre  sur  tout 
le  Bas-Languedoc,  cela  bien  entendu  avant  l'arrivée  des  Gaulois  et 
pent-étre  même  avant  celle  des  Ligures  (p.  125).  Nous  aurions  voulu 
que  M.  D.  dit  un  mot  de  plus  pour  marquer  le  rapport  existant  selon 
loi  entre  les  Vmbri  et  les  Umbranici  qui  se  succèdent  immédiatement, 
—  sans  autre  lien  que  la  similitude  de  noms,  —  dans  le  cours  de  son 
argomen  talion. 

Aptes  les  Vtnbri^  les  Phéniciens.  L'auteur,  dans  une  exposition  lumi- 


t.  Cesl  le  liea  de  rappeler  l'opinioa  éooDCêe  par  U.  Al&ed  Haary  dans  son 
Innil  intitulé  ;  Le»  Ligures  ei  l'arrivée  dts  populations  celtiques  au  midt  dff 
lu  Gaule  ;nit>liulUèque  de  l'ËcoIe  de^  bautes  éludes,  Se.  pbilolog.  et  hi^lor. 
35*  CucioUe,  lS7â).  <  J'ai  cherché  â  «lablir,  u  dii  l«  savant  ar^éinlcien 
(Jtwmol  de»  Swantt^  1S78,  p.  586),  que  les  Li^urvs  oot  été  l'aTanl-f^rde  de 
llnva&iOQ  celtique.  Tûiit^fois  ces  iiroIo-Ce[ti>s  dur«nl  se  iimdifîer  par  leur  rroi- 
s«meiit  âTec  U  population  qu'ils  reuconlréreal  dao»  U  Proveuce,  premier  siège 
de  leur  établïsseroeat  i  t'est  du  Rlit^oe.  ■  Voir  aussi  le«  premières  paj^es  du 
lirre  de  M.  le  professeur  L.  de  Vairoger  :  Les  Celte*,  la  Gaule  celtique,  etc. 
ittat  la  Rtvue  a  doDoê  un  comple-reudD  (XIV,  1&9). 


192 


COMPTBS-BSTTSOS  dUTtQIÎBS. 


Qeuse,  aouBmouLre  roccupalion  des  câtea  mùridiouales  de  la  Gaule  p&r 
CCS  voyageure-uégociants  de  race  sémitique.  C'est  là  un  des  faitâ  les 
ptus  intéressants  et  les  moins  élucidés  de  notre  histoire  primitivef 
même  après  les  publications  de  MM.  l'abbè  Barges,  Judas,  MnTers, 
Muok,  Ole.  M.  E.  D.  pnnsc  que  les  Sémites  ont  dû  faire  un  long  séjour 
sur  les  eûtes  de  la  Gaule  méridionale  et  dans  le  Bats-Rhône  ;  il  s'appuie 
pour  établir  ce  fait  sur  l'appellation  d'Ora  tibyca  conservée  encore,  an 
temps  de  Pline  lo  naturaliste,  aux  doux  petite»  bouches  occidentales  du 
fleuve,  celles  qui  devaient  embrasser  l'île  Melina  et  qui  donnaient  accès 
à.  VRûfactea  du  Rhône  (Saint- Gilles),  c'ost-à-dîrc  au  port  fluvial  de  Mel- 
karth  '. 

Le  p:iragraphe  relatif  aux  Grecs  de  la  Gaule,  à  la  colonie  phocéenne 
de  Marseille,  rempli  de  faits  intéressants  et  de  considérations  neuves, 
se  fait  lirp  agréablement,  ce  qui  n'ôte  rien  d'ailleurs  ^  sa  valeur  scïen- 
tiliquo.  Une  belle  carte  comparative  en  couleur  nous  fait  voir  Marseille 
à  l'cpoquc  grecque,  en  1850  ot  en  !877,  alors  que  l'antique  cité  pho- 
céenne s'est  trouvée  quintuplée.  Nous  passons  on  revue  Ips  diverses 
colonies,  des  Grecs  échelonnées  sur  la  côte,  soit  à  (a  place  des  établisse- 
ments phéniciens,  tels  que  ceux  d'Haraclea  Canabaria  (baie  de  Cavalaire), 
Portus  flereulis,  distingué  par  notre  auteur  comme  par  Ptoléroôe  du 
Portus  ïlerculis  Momeci,  soit  de  création  ligurienne  puis  hellénique,  tels 
que  TauroëntU7n  {Tareoto),  Olbia  (Almanare),  Pergantium  (Brégançon}, 
Alcans  ^baie  de  Cavalière),  Citharista  portru  (la  Cioiatl,  Antipotis  (An- 
tibes),  etc. 

La  distinction  entre  deux  Portus  Herculis^  simplement  énoncée 
d'abord,  donne  lieu  un  peu  plus  loin  (p.  180)  à  uns  petite  digression  sur 
laquelle,  il  convient  de  nous  arrèlor.  D'Anville  n'admettait  pas  cette 
distinction  présentée  par  Ptolémée  dans  les  termes  les  plus  formels.  Le 
Portus  Hercuhs  Munoeci  eat  celui  de  Monaco.  Lesecoud  Portus  HercuUs 
est  placé  par  M.  D.  ■  dans  le  beau  havre  de  Villefranche  ■.  Ses  auto- 
rités sont  Cluvier  (Italia  antigua)^  RiccioU  {Geograjthia  riform.),  Giof- 
fredo  (Storia  deile  Alpi  Marilitnei.  La  question  a  été  reprise  récemment 
par  M.  Edmond  Blanc,  bous  la  forme  d'une  communication  à  l'acadècote 
des  inscriptions  et  belles-lettres  (C-r.  des  séances  de  IS79,  p.  (îl).  Après 
avoir  rclové  les  opinions  émises  avant  lui,  M.  Blanc  combat  le  dédou- 
blement du  Portus  HercuUs,  et  propose  commo  pis  aller  d'assimiler  le 
Ptirlus  HercuUs  =  Villefrandie  à  VHeractea  Accabaria.  A  son  tour, 
il  cruit  trouver  dans  Gluvier  un  argument  on  faveur  do  co  dédoublo- 
menl  *. 


1.  Sur  une  publication  de  M.  l'abbé  Barges  que  H.  E.  D.  n'a  pu  comprendre 
dans  )■  nomenclature  hlbllrigrapliiqijft  de.  la  qiiRsIlan  qu'il  a,  iri  comme  presiiae 
partout,  ajoutée  en  note  an  développement  de  ivon  teite,  —  voir  Repve  cri- 
tigueAa  nerxind  semestre  1879  (n**  150  et  154). 

2.  Cp.  Cluvier,  Ital.  Ant.  i.  I,  p.  63-  Comment  ce  psuage  a<t>il  pD  prêtur 
UDsi  à  deux  inten'r^lAtioas  qui  s'excluent  mutuellement?  En  rèolllé  Clurlcr 


E.    DEâJABOIfifS  :    G^tM^IUl'IlIB   DE   Li  likULE  BOMilNE. 


I!)3 


Le  ptngnpfae  suivant  nous  met  etifm  aux  prises  avec  ta  question 
tant  controversée  ilos  «  Celles  ou  Gaulois  p  ;  mais  c'est  plutôt  un  lablcAU 
critique  îles  divers  systèmes  d'i^xpUcalioa  de  nos  celtiates  (pic  le  pys- 
t^nte  de  notre  auteur  iui-m^mc.  •  M.  Alexandre  Bcrtroml,  dit-il  avec 
justesse,  t'est  fait  Tarchi^logue  de  ce  qu'on  peut  appeler  la  question 
celtique;  MM.  Gaidoz  et  Abel  Hovetacque  en  sont  avec  lui  li.>s  lin- 
guistes ;  M.  le  D'  Broca,  l'analomiste  ;  MM.  rie  Satilcy  et  flh.  Hobert, 
tes  numismati^tes'.  Quant  à  M.  le  D»  Lagueau,  il  peut  prétendre  au  rùlo 
de  bibliographe,  tant  il  a  apporté  de  zèle  à  l'œuvre  de  dépouillement 
des  textes  classiques  *.  ■ 

Dans  l'opinion  de  M.  E.  D.,  ce  sont  MM.  d'Arbois  de  Jubainville  et 
te  Jy  Broca  qui  paraissent  avoir  réduit  la  question  à  ses  véritables 
termes,  •  te  premier  en  éliminant  toutes  les  théories  préconçues,  qui 
n'ont  pris  naissance  que  dans  des  temps  tr&s  rapprochés  de  nous...  ;  — 
Iv  second,  en  conslatant,  grAw  à  lanthropologio,  que  la  seule  classiGca- 
tion  acceptable  nous  est  fournie  par  Ips  difTérences  physiques,  obser- 
vables encore  de  nos  jours,  entre  les  deux  types  désignés  par  lui  sous 
tes  noms  do  type  belge  et  type  celtique,  t  M.  E.  D.  nous  parait  bien 
sévère  en  qualitiant  d'arbitraire  le  système  de  M.  Alexandre  Bertmnd 
qui  fait  des  Celtes  un  peuple  ou  même  une  race  esscnlicUemeol  dis- 
tincte du  peuple  et  de  la  race  gauloise.  Si  M.  Bertrand  s'est  exagéré  la 
ccKtitnde  de  sa  donnée  en  prenant  pour  épigraphe  le  vers  d'Horace 
Qao  me  cumque  rapil  où  veri  deferor  hospcs, 

il  n'en  est  pas  moins  hors  de  doute  que  eon  mémoire  sur  ta  valeur  d$s 
a^TMsiom  KeXToi  et  raXdTat  etc.  datii  Polybe  est  d'un  excellent  exemple 
comme  application  de  la  méthode  mathématique  à  la  toponymie.  I^ur 
M.  £.  D.  Gâtâtes  et  Celtes  sont  synonymes.  U  ne  serait  même  pas  éioigné 
de  DO  voir  dans  Gâtâtes  qu'une  simple  trsnscripllon  de  Kani,  Kt>Ttxo\, 


rappelle  qu'on  s'est  deniand^  91  Portas  Hereulis  Monœci  se  rapporte  iV  Uonaco 
on  à  Villefrancbe,  près  de  Nice.  Cette  dernière  altriboUon  rejtose,  ajou!«-l-iI, 
Mirée  que  le  port  de  Viltofrancbe  est  plus  vaste  que  celui  de  Monico.  Le 
uvMt  géop-apbe  peo»  qu'on  a  pu  donaer  à  Villefraoche  le  nom  de  Porius 
BtrcuUa  (tool  court)  pour  le  diàUuguer  du  Porivs  lleraUis  Sioiurci.  Tuulcfois 
U  soupçonae  que  Ptoléméo  vofuit  donner  A  ce  lieu  tanUïl  le  simple  nom  de 
rorhu  Btrculis,  taotdt  celui  de  Portut  Monœci  ;  ~  et  ayiinl  apprU  qu'il  y 
aTkil  ta  deui  ports,  a  nttriliué  les  deux  aom«i  séparés  à  res  deux  porU.  rluvier 
csUme  que  «i  les  babitonls  ont  lire  parti  de  celte  rade,  le  port  a  dO  recevoir  le 
nom  de  PoTtus  yicfrrntium  étaul  silué  à  deux  mille»  de  Nice.  Enfin  il  identifie 
'\'iilerr«acbc  ou  ViUafranca  arer  l'ancienne  fHioula  de  rilirirraire  d'Aiiloaia. 
Malheareasement  U.  K.  D.  ajourne  au  volume  qui  trailera  des  Toies  rouialocs 
rexpienioa  de  aoo  opinion  'sur  lemplacemi^nt  de  celte  drmiere  localité. 

1.  Cette  énuinératiuu  [Hturnt  [tarallre  Itien  in^ufTiMnte,  wah  plusieurs  Iravaox 
ll«  M.  Lagaeau  sniil  piutéricurs  »  riinprtAsiuii  du  Tuiniuf:  qui  noun  orrupc. 
Nous  appelons  l'attenliun  des  rrlUstes  Rur  «on  article  Cftles  liiM  le  dicltoo- 
nalre  des  sciences  médicales  du  D'  A..  Decharobre,  article  Ircs  complet^  suivi 
d'uae  riche  biblioti;rapbie. 

Rb\.  HisToa.  XVI.  I"  PASO.  13 


|!>4  COHPTGS-HBKDUH   caiTlQCEH. 

KtXtcU  en  retXAtot.  Nous  plaçant  à  ce  poialde  vue,  nous  hasarderons  une 
autre  conjecture  qui  nous  parait  tout  aussi  acceptable  ;  c'est  que  FoXim  ^1 
serait  la  t'urmc  Gaili  gréciséc  au  plus  tard  260  aus  avant  noire  ère^  data  ^^ 
h  laquelle  on  la  voit  ëgurer  dans  un  texte  de  Timèe  de  Tauromenînm. 
Cette  étymologio  tond raitÂcoiiQrmor  Topinion  de  M.  d'Arhoisdc  Jubain- 
ville  et  de  M.  K.  D.,  mais  il  nous  en  coùinrait  de  lui  socriGcr  sans 
nouvel  examen  la  distinction  proposée  par  M.  Bertrand. 

Ueb  autre  question  non  moins  controversée  retif-'Ut  quelque  temps 
noire  auteur.  Il  s'agit  de  l'opinion  récemment  produite  par  M.  Dertrand 
relativement  à  l'origine  âts  Gaulois  qui  s'emparèrent  de  Rome  en  38J$t 
et  dont  rémigration  dans  la  Cisalpine,  d'après  le  savant  directeur  du 
musée  de  Saint-Germain,  ne  peut  être  placée  à  une  époque  aussi  reculée 
que  le  cummcncomcnl  du  vi'  siècle  avant  l'ère  chrétienne.  Pour  M.  Ber- 
trand, le  récit  de  Tite-Live  est  une  pure  légende.  On  sait  que 
M.  Maxlmin  Dcloche,  daos  une  suite  de  communications  faites  à  l'aca- 
démie des  inscriptions,  défend  et  justifie  la  tradition  de  Tite-Live  et 
8'appHqne  à  montrer  lîn'clle  m  concilie  avec  le  récit  de  Polybe.  M.  E.  D. 
termine  l'historique  de  la  question  en  proposant  de  conserver  en  entier 
le  récit  de  Tiie-Livc  (V,  34-35)j  sauf  <  peut^tre  ■  ce  qui  coaceroe  la 
date  de  l'émigratian  (vers  600).  Il  adopte  comme  «  excellente  •  la  Ustfl 
âos  peuples  transalpins  envahisseurs  do  Rome  telle  que  l'a  dressée  Titfr- 
Live.  Ce  n'est  pas  qu'il  dédaigne  celte  de  Polybe;  seulement  la  dilTé-  ^m 
renca  entre  ces  deux  listes  lui  semble  tenir  principalement  a  la  diCTi^  ( 
rcncf»  de  leurs  ilestinations  respectives.  La  première,  celle  <le  Tite-Live, 
est  dressée  surtout  au  point  Je  vue  de  l'historien,  tandis  que  celte  dCj 
Polybe  a  plut6t  un  intérêt  géographique. 

Vient  ensuite  une  eoumération  détaillée  et  raisonnée  des  peuples  1 
gaulois  fixés  dans  la  n'gion  du  sud-esi,  Volces  Toctosages  et  Arèco-j 
miques,  Cavaret:^,  Voconlit,  AUobroges,  etc. 

Le  chapitre  III  devant  traiter  de  la  conquête  romaine  et  de  l'organi-l 
ration  provisoiro  de  la  province,  l'auteur,  avec  raison,  fait  précéder  son 
exposé  d'un  tracé  de  l'itinéraire  d'Ànnibal,  et  indique  la  roule  suivie 
d'ordinaire  par  Içs  troupes  romaines  se  rendant  en  Espagne,  .\jinihal, 
selon  M.  D.,  dut  franchir  les  Pyrénées  par  le  col  Peribus,  où  plus  tard 
fut  construite  une  voie  romaine,  —  traverser  le  Rhône  aux  environs  d«  ^ 
Caderoiisso,  ce  qui  est  aussi  l'opinion  proposée  par  le  colonel  Henné-  fl 
bert,  suivant  en  cela  Napoléon  !•»,  —  et  les  Alpes  au  mont  Genèvre;^ 
mais  te  passage  des  Alpes  n'est  que  simplement  rappelé  ici,  ayant  été 
discuté  au  tome  I*'  (p.  68  et  suiv.)  '•  ^M 


I 


I 


1 .  L'èl>iaologie  dv  Geuèvre  est  encore  h  Irourer  ai  l'oa  a'idopte  pu  celle 
qu'a  ]iro]u>i^éo  M.  Alfred  Maury  {Journal  des  Satanls,  sept.  1878,  p.  M8) 
savoir  :  Mon*  Vagicnioruni  devenu  par  nu'ilnlhiVsc  Gaviemonim,  d'où  Geaivre. 
Ce  nom  est  exclusivement  imiKisé  au  pic  Matrona  daus  Ammien  Uareellio 
(XV,  X,  C)  et  dans  t'IUnérairu  de  Bordeaux  â  Jémftaleai.  Ce  root,  Bolnot 
M.  Uaury,  est  certainemeal  c<;Uiqu«  avec  le  sens  d'Irrigation.  Le  pic  Uatroaa 


A 


E.    DESJABDIIVS  :    (IHOGRAPRlE    DE    LA   CiULE    ROMAIMi. 


4'J5 


En  connexil«  avec  les  cxpédilioas  d'Aunibal,  cet  hiï^lorique  prélîmi- 
aaire  nous  montre  Marseille  inquiétée  par  les  Ligures  transalpins  et 
apprl&nt  Iw  Romains  à  son  secours  l'an  ilh  av.  J.>C.,  la  ville  d'Aix 
Toodèe  par  G.  Sextius  Calvinus,  la  gunrre  contre  les  Allûbrogps  on  122- 
121  ot  rétablis^Mnerit  do  lu  Prormar  ipii  ihî  fui  dabord  auin-  rhosnque 
la  mission,  provincia,  de  foire  campagne  en  Gaule.  Ici  une  digression 
mr  la  condition  des  colons  de  Narbonne  et  sur  l'état  de  ta  Province 
(Narbonnaise)  en  102. 

L'historiqnr  reprend  avec  l'arrivée  en  Gaule  des  Cimbres,  Tentons, 
Ambrons^  Toygènes  et  Tigurins  ;  il  se  continue  par  les  campagnes  de 
Blarius,  le  tableau  de  la  Province  de  102  à  aU,  page  peu  connue  de  nos 
annales  où  le  romain  Fontêius,  que  défendit  Oicéroa,  joua  un  »ï  triste 
niio.  Cbemin  faisant  M.  E.  D.  rencontre  plusieurs  points  de  controverse 
topographique  tels  que  l'emplacement  de  f'cn(ia=îValence,  question  doul 
il  donne  faute  de  mieux  une  utile  bibliographie. 

Nuu»  arrivons  ainsi  à  l'an  60,  après  les  guerres  allobrogiqnes,  lorsque 
les  Germains,  engngôR  comme  mercenaires  par  les  Arvornes  unis  aux 
Séquanes  contre  les  Éduens,  portèrent  tear  nombre  de  15,000  à  120,000, 
baliircnt  les  Éducns  dont  le  chef  Divïtiacus  vint  h  Rome  invoquer 
l'appui  du  Sénat. 

Le  chapitre  IV  nous  donne  l'état  de  la  Gaule  chevelue  à.  l'arrivée  de 
Géear.  H  nous  est  impossible  d'analyser  cette  descriptiou  de  la  Gallia 
eomata  et  des  soixante  peuples  qui  ont  formé  les  soixante  civitata 
d'Auguste  dans  l'organisation  de  l'an  27  av.  J.-C.;  mais  nous  signale- 
rons la  belle  carte  dont  cette  description  est  accompagnée.  Topographie, 
mythologie  locale^  étymolopie  ethnographique,  toponymie  gauloise, 
telles  sont  les  matières;  que  M.  O.  traite  ici  avec  plus  ou  moins  de 
développement.  Partant  de  la  division  qui  ouvre  les  Commentaires  do 
Géear,  il  décrit  tour  à  tour  l'Aquitaine,  la  Celtique  [clsUgérine}  et  le 
Belgiura.  Un  4*^  paragraphe  est  consacré  à  tu  Celtique  transtigérine  et  à 
eee  vingt-deux  peuples,  parmi  lesquels  se  rencontrent  les  Parisii,  avec 
leur  ville  LvUtia  ou  Lucoloda.  Cotte  partie  de  la  Géographie  est  un  de 
cmx  où  se  manifestent  avec  le  plus  d'éclat  et  d'attrait  les  qualités  des- 
criptives et  démonstratives  du  savant  professeur.  Il  fait  revivre  le  Paris 
gillo-roroain  jusqu'à  produire  une  véritable  illusion.  La  question  de 
êmahum-Cenabum  lui  donne  l'occasion  de  produire,  sous  toutes  réserves 
d'ailleurs,  tue  hypothèse  combattue  depuis  par  M.  Alfred  Haury  ' 


Hrait  une  msler  aquamm.  —  Le  nions  î.esura  ou  Lesora  (Losèro]  ne  se  ren- 
contre poor  la  première  fois  que  à&D^  Sidoine  Apollinaire,  tuai»  Il  doit  être  bt«n 
aalii'rieur  a  ce  i>oèle  et  d'oriKitie  celli(|ue.  —  Vae  luonta^'nc  non  mentionnée 
daoft  rilincrairti  tracé  par  U.  Desjirdins  donne  lieu  à  une  intéressante  ob&er- 
Tilion  de  M.  Maury  (lieu  ciléj.  Il  s'agit  de  Gaura  Uonsque  l'itinéraire  Je  Bor^ 
daax  i  JéruKalcffi  place  entre  Luc  et  lions  Seleucus  (ta  Uastie,  Mont  Saléoo). 
Cawra  correspondrait  an  col  de  Caftre  qui  se  trouTC  prccisénient  dans  la  direc- 
tion marquée  par  t'Ilinéraire. 
\.  Journal  des  Savanh,  octobre  1878,  p.5S9. 


4% 


COMPTES -BEITDOS    CaiTIQCKS. 


d'après  laquelle  César  aumii  eu  en  vue  doux  locatitës  distinctes  daxis  les 
pa.«sages  de  scb  Commentaires  où  ce  nom  Ggure  :  VnRùCenabum  #  em* 
poriiim  »  et  ■  oppidum  Garnutum  »  devenu  Orléans  (Cotnmfnt.  I.  VU, 
3  et  1.  VUI,  5t  par  Hirtiua),  l'autre  <  Gennbum  Carnutum»  oppidum 
Genahum  »,  qui  serait  Gicn  {Comment.  1.  VII,  11-12|.  Il  n'y  a  matlieu- 
reuscment  aucun  argument  comparatif  à  tirer  de  ce  fait  caracléristiquâ 
que  les  Gcnabema  paâseat  la  Loire  sur  leur  pont  à  l'approclie  des 
Romains,  ce  qui  nouR  prouve  que  Genabum  était  sur  la  rive  droite  du 
Oeuve.  Gion  ot  Orléans  sont  pareillement  sur  cette  rive  et  durent  y  ôlre 
dans  l'antiquité.  La  plus  grande  objection  qu'on  puisse  faire  i  l'hypo- 
thèse de  M.  E.  D.,  c'est  que  Cé.«ar,  chez  qui  le  style  et  la  pensée  sont 
d'une  clarté  proverbiale  —  quand  il  ne  tient  pas  à  être  ubscur,  et  ce 
n'était,  guère  ici  le  cas,  —  n'aurait  pas  à  quelques  pages  de  distance 
mentionné  deux  localités  distincteB  avec  la  même  qualification  t  oppi- 
dum Genabum  ». 

Un  tableau  synoptique  en  quatre  colonnes  des  21  civîtates  de  la  Cel- 
tique d'apriîs  César,  Pliufl,  PtuliMutie  ot  la  Notitia  provinciarum  est  du 
plus  grand  intérêt  au  double  puinl  de  vue  de  la  topographie  et  de  la 
linguiatiquo  gauloise.  Ce  tableau,  en  raison  môme  de  son  utiUtéetdesa 
bonnn  structure,  nous  rend  d'autant  plus  sûnsible  la  privation  d'instru- 
ments analogues  pour  les  38  autrns  peuples  du  territoire  gaulois. 

Au  premier  abord,  le  récit  des  guerres  de  César  oa  Gaule  semblerait 
mériter  uue  analyse  qufliiue  peu  développée  dans  uae  revue  dont  la 
matière  spéciale  est  riiîstoire  proprement  dite,  mais  notre  auteur  n'ap- 
porte dans  cettr^  partie  d^  son  ouvrage  aucune  prétention  à  l'originalité  ; 
son  intervention  personnelle  n'a  guère  d'autre  but  que  de  nous  prémunir 
contre  les  lémériiés  ou  les  inadvertances  de  ses  devanciers,  et  encore 
n'est-ce  toujours  qu'eu  ce  qui  regarde  les  points  de  controverse  géogra- 
phique. Nous  ne  voyons  poiut  que  M.  Ë.  D.  ait  donné  son  appréciation 
sur  les  publications  de  Léon  Falluc,  de  Jacques  Maîssiat,  de  F.  de 
Saulcy,  bien  qu'on  leur  doive  une  étude  étendue,  approfondie  sur  le* 
campagnes  do  Jules  César  dans  les  Gaules. 

La  question  d'Alesia  olTrait  à  M.  D.  une  belle  occasion  de  déployer 
son  taleut  d'exposition  et  d'appliquer  une  argumentation  précise  et 
lumineuse.  ïl  ne  s'y  est  pas  pleinement  abandonné.  Son  historique, 
complet,  nous  le  reconnaissons,  mais  bien  sommaire,  laisse  au  lectear, 
impressionné  par  cette  grande  et  triste  page,  comme  le  regret  i\ue  l'au- 
teur n'ait  pas  donné  à  son  récit  tout  le  développement  et  le  pittoresque 
dont  il  semblait  susceptible.  Il  nVprouve  aucun  (embarras,  dit-il,  à 
déclarer  qu'au  début  de  la  lutte  archéologique?  h  laquelle  a  donné  Heu 
cette  question,  et  dans  un  temps  d'ailleurs  (1856-5â>  où  l'on  u'avaJl  fait 
encore  aucune  exploration,  il  s'était  prononce  pour  VAirsia  frauc-com- 
toise,  pour  Alaise.  M.  Ë.  L>.  nous  propose  la  solution  <  non  donteaso 
aujourd'hui  »  qui  lui  parait  ■  la  plus  conforme  aux  indications  de 
César  ■>.  Celte  solution  correspond  aux  conclusions  proposées  ou  approu- 
vées par  Napoléon  III  dans  la  Vie  de  César  et  par  la  commission  de  la 


E.  PESTABni^s  :  néncRArntE  de  la  citLE  EovAme. 


197 


topographie  des  Gaules.  Alcsia  est  duuc  toujours  »ur  te  lerritoirâ 
d^AUse-Sainte-Reîne.  Il  n'y  a  plus,  danc  l'esprit  de  M.  K.  1).,  que  deux 
otijeclîoDS  qui  l'empôcbeDl  d'adopter  cet  e  m  placer  ment  f&ns  résen'e, 
d'abord  la  difficulté  de  placer  les  250,000  défeuseurs  d'Alesia  sur  le 
mont  Auxoîs,  pui»  t'étcndue  de  16  kilomèlres  donnée  â  la  circonvalla- 
lion,  lorsque  les  vallées  qui  eiitoureut  cette  coltine  ue  peuvent  satisraire 

I  à  cette  mesure.  Mais  notre  auteur  a  singulièrement  alTaittti  lui-même 
ta  première  objection  on  faisant  observer  avec  raison  que  tes  manus- 
crits ont  pu  jeter  te  désordre  et  le  trouble  dans  la  statistique  numérique 
du  contiogeal  de  chaque  peuple. 

Une  dernière  question  d'emplacement  se  présente  dans  le  «  Résumé 
géographique  des  campagnes  de  César  >.  Il  s'agit  A'tlxeUodunum.  oppi- 

idum  des  Cadurci.  LePuyd'Issotu  ue  satisfait  pas  entièrement  M.  E.  I>. 

rmaJgrè  les  eiploratiuns  (tourlant  bien  démonstratives,  sinon  convain- 
otnlee,  de  M.  de  Gc8»ac.  Toutorois  il  voit  dans  ceti/?  attribution  une  car^ 

rtaine  probabilité.  £d  discutant  précédemment  (p.  -i^)  la  toponymie 

^dn  Cadurciy  l'auteur  c'avait  défendu  ni  rejeté  aucune  solution.  Il  s'était 
sntenlé   de   rappeler  divers  autres  emplacements^  proposes  par  le 

^géDér3,)  Creuly  (Ijuxech),  par  M.  A.  Sarretle  iTlsseli.  Il  aurait  pu 
accruitre  sa  bibliographie,  ample  déjà  surcctteque-stion  comme  presque 
sur  luutcs  les  autres,  s'il  avait  eu  connaissance  du  travail  de  M.  Th. 
Tamizey  de  Larroque  <  de  la  question  de  l'emplacement  d'Uxellodu- 
nom  »  1854,  in-8*». 

On  ne  aurait  trop  louer  M.  Deejardins  de  cette  circonspection,  qui 
ne  t'a  jamais  abandonné  dans  le  cours  des  deux  premiers  volumes  ei 
qui,  l'on  peut  en  être  assuré,  continuera  de  diriger  sa  critique  dans  les 
deux  volumes  à  venir.  Aussi  nous  associons- nous  pleinement  à  la  pensée 
d*un  de  uua  maîtres  lorsqu'il  rvconuall  â  celte  consciencieuse  et  savaule 
publication  tous  le»  caractères  d'un  uuvrago  d'enseignement^.  11  y  a 
plus  :  l'œuvre  d'un  érudlt  français  où  nous  sont  présentés  dans  leur 
première  forme  les  êJéments  de  ta  nationalité  gauloise,  et  où  chacun  do 
ooDs  peut  voir  à  l'origine  les  dènomîualioQs,  l'état}  et  souvent  aussi 

k  J'bistoire  de  son  pays  natal,  c'est  â  notre  avis  une  œuvre  salutaire  au 

Iprcmier  chef,  en  un  mot,  une  œuvre  d'éducation. 

C.  E.  R. 


Die  primitive  Caltor  des  Turko-tatarischen  Volkes  auf  Griind 
sprachlicher  Forschungcn,  von  Hcrraann  ViMBiÎBY.  I^ipzig,  Brock- 
baus,  487U.  Cnvol.  in-SS  viii,  276  p. 

Le  titre  de  ce  livre  indique  suffisamment  qu'il  relève  de  la  philologie 
plus  que  de  l'hisioire.   l^e  savant  voyageur  hongrois  qui,  depuis  plu- 

1.  Voir,  sur  ci>tl«  controverse,  notre  Bibliographie  générale  des  Gouiei. 
1**  partir,  5*  série  (questions  lopograplûques),  section  VxfUodunum. 
1.  AUred  ilaury,  (.  c,  p.  583. 


498 


COMPTSS-RE'ÏDnS   CRITIQDSS. 


sieurs  anné(%,  partage  son  aciiviti^  littcrairo  cnirc.  les  quesiiona  orinn- 
tales  conte mporainos  et  l'élude  des  dtaJcctcs  Uirtarcs,  nou»  donoe  ici  le 
complémeut  du  travail  qu'il  a  publié  récemmeat  bous  le  litre  de 
StjfmologiscMs  ^œrterbueh  der  Turko-tatarischen  Sptachen.  Daas  I'ud 
comme  dans  l'autre  ouvrage,  l'auteur  demande  à.  l'examen  comparatif 
des  dialectes  CArtare^turcs,  muDguU  et  aliaïques  les  iracea  de  la  civîli- 
satioD  primitive  de  cette  grande  famille  asiatique  dont  le  passe  restera 
longtemps  encore  poti  cuunu,  sinon  tout  à  fait  ignoré. 

Les  peuples  de  race  turque  n'ont  pas  d'histoire,  ce  qui  no  veut  pas 
dire  qu'iïp  furent  heureux.  Chez  eux  pas  d'archives,  pas  môme  de  sou- 
venirs de  t'amille  d'un  caractère  moitié  fabuleux,  moitié  historique;  un 
dirait  qu'ils  sont  nés  avec  l'islamisme,  ou  du  moioB  c'est  aux  anna- 
listes arabes  et  bj^antins  qu'il  faut  demander  quelques  vagues  rensei- 
gnements sur  leurs  premières  manifestations  historiques.  Ici  donc, 
faute  d'autres  documents,  la  philolugie  peut  seule  nous  aider  à  dcm^ 
1er  le  passé  de  cette  race  ;  mais ,  bàtons-nons  de  le  dire ,  cette 
science  nous  offre  de  précieux  secours.  On  sait  que  le  type  distinctif 
de  cette  famille  de  longues  consiste  dans  la  soudure  des  différeates 
parties  du  discours  à  un  radical  Invariable,  au  moyen  d'afOxes  et  doi 
anfOxes.  Ce  mécaniïime  auquel  oa  a  donné  le  nom  bizarre  mais  expressif 
d'agglutination  pormct  da  dégager  sûrement  la  racine  des  particules  qui 
l'enveloppent  et  df  poursuivre  ainsi  l'analyse  des  mots  primitifs,  avec 
plus  de  précision  qu'on  ne  peut  le  faire  à  l'égard  des  langues  arieuiee. 

C'est  grâce  &  la  structure  pariicutière  des  idiomes  turcâ-tartares  que 
M.  V.  essaifi  de  reconstruire  l'état  social  et  politique,  les  moeurs,  le» 
croyauces  religieuses  des  peuples  qui  les  parlent.  Son  livre  est  divisé  en 
vingt  sections  dont  voici  les  titres  :  L'homme  et  le  corps  humain  ;  — 
Le  sexe  et  l'âge;  —  La  famille  ;  —  La  demeure;  —  Le  mobilier  et  le 
vêtement  ;  —  Mets  et  boissons  ;  —  Chasse  et  agriculture  ;  —  Commerce  ; 
—  Armes; — Guerre  et  paix;  —  Gouvernement;  —  Poésie;  —  Musique, 
danse  et  jeux;  —Terre,  lirmament,  étoiles,  etc.;  — Climat,  phènomèoes 
célestes  ;  —  Terre  et  eau  ;  —  Rèpno  animal  ;  —  Régne  végétal  ;  — 
Couleurs  ;  —  Dieu  et  rolîgion  ;  —  Notions  morales  et  abstraites. 

Sous  chacune  de  ces  divisions,  l'auteur  groupe  les  racines  corres- 
pondantes aux  idées  qui  y  sont  développées;  il  poursuit  l'étude  com- 
pan>e  de  res  éléments  linguistiques  dans  les  diiïérents  dialectes 
asiatiques  do  mémo  souche  et  arrive,  à  travers  de  nombreuses  digro^ 
sions,  à  une  synthèse  qui  ne  modifie  en  rien  d'essentiel  les  opijiloos 
admises  sur  tes  peuples  de  race  mongole  et  tartare.  Nou.s  les  trouvons 
de  bonne  heure  en  possession  d'un  état  social  mitoyen  entre  la  barbarie 
et  la  civilisation,  tantùt  pasteurs  et  nomades,  tantôt  séduntaires  clj 
agriculteurs,  mais  partout  ot  toujours  plus  aptes  à  la  guerre,  aux  inva- 
BÎons,  à  la  spoliation  qu'à  la  vie  policée;  race  envahissante  et  domina- 
trice, faeonnéii  merveilleusement  ]iour  la  conquête,  mais  incapable  de 
gouverner  et  do  conserver  ce  qu'elle  a  conquis.  Tels  ont  été  en  plein 
moyen  âge  les  Turcs  des  petites  dynasties  (Sassanides,  SatTarides,  etc.) 


I 


TIOCLPEKK    :    GESCHICBTC    PEU    l'KSKH    t'Ml    AlUltKIl. 


l!»9 


qui  réfèrent  m  Bactriane  et  en  Perse;  tels  furent  les  Turc?  compoMini 
b  atilice  prétorienne  du  khalifat  de  Baghd&d,  et  les  cohortes  miiitaircs 
4vti  Stfldjoukidee  et  d'autres  dynasties.  C'est  ainsi  qu'on  pnut  vraiscm- 
blatilemeut  se  B^rer  aussi  les  Gers  Tourauiens  dont  le  Scixah-Samth 
nouK  raconte  le^  luttes  gigantesque^:,  f'\  toutefois  la  dénomination  de 
iauranien  ne  comprond  pas  d'autres  âlomenls  quo  ceux  de  race  turque, 
ce  qui  est  loin  d*élre  établi. 

Ce  c'est  pas  ici  le  lieu  de  suivre  M.  Vamlx'iry  dans  son  analyse  phi- 
lologique qu'il  conduit  avec  uhé?  ingénieuse  dùlicatesse  et  une  i^ounais- 
Mnce  approfondie  dea  nombreux  dialeclfis  turcs.  pRut-on  accorder  an 
hardi  voyageur  unn  conGance  illimitée?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Sur 
un  ternÛQ  aussi  mal  aflemii,  il  est  difficile  de  marcher  d'un  pas  tou- 
jours assuré-  Bon  nombre  des  étj'mologîes  proposées  dantii  son  livre 
seront  contestées,  tton  nombre  de  ses  assimilations  prammalirales  et 
philolopiquRs  seront  reléguées  dans  k  domaine  dos  conjociurps.  Qu'on 
nous  permi'tte  d'en  citer  un  seul  exemple,  qui  a  un  caractère  hisloriquo 
ou  toutau  moins  ethnographique.  D'après  M.  V.  le  mot  sarle.  qui  si^i- 
fie  primitivement  mardutnd,  puis,  par  extension,  voyageur  et  ftranger^ 
s'appUqaer&itauxpopulalionsderacectdetype  iraniens  dont  lesanc^^tres 
furent  en  contaLl  avec  les  Tun:s  par  les  relaliûus  commerciales.  Rien 
de  moins  jus^iiliô  quo  celle  assertion.  Les  vocîibuUin?.^  indigènes  qui 
confondent  quelquefois  les  Saries  avec  les  Ttu^jiks  (ou  Taziki)  s'accordent 
du  moins  à  les  considérer  comme  des  populations  itdentairei,  urbaines. 
tour  témoignage,  confirmé  par  celui  des  voyageurs  modernes  tels  que 
Shaw  et  M.  de  Ujfalvy,  contredit,  ou  le  voit,  l'opinion  du  pliilnlngue 
boQgroiSt  qui  .se  serait  sans  doute  aperçu  de  s,h  mcpri^ïc  s'il  avait  con- 
sulte ses  notes  do  voyage  et  t>p.'^  observations  personnolles. 

Ces  inexactitudes  et  quelques  autres  du  mi>iae  genre  ne  doivent 
pourtant  pas  nous  porter  à  méconnaître  tout  ce  qu'il  y  a  d'original  et 
d'instructif  dans  le  travail  de  M.  Vamhéry.  On  doit  au  contraire  le 
remercier  de  la  persévérance  avnc  laquelle  il  étudie  In  passé  d'une  race 
inférieure,  il  est  vrui,  aux  Sémites  et  aux  Ariens,  mais  qui  a  son  rang 
dans  l'histoire  etqui,  par  ses  représentants  actuels,  les  Turcs  Osmantis, 
semble  devoir  encore  exercer  une  certaine  înQuence  sur  les  destinées 
de  notre  civilisation  occidentale. 

BAKsiea  DB  Mbynard. 


Oeschlchte  der  Peraer  und  Âraber  zur  Zeit  der  Sasaniden  aus 
dcr  arabischen  t^lironik  Ats  Tabari  uberâetzt...  von  Tb.  Nœldeu. 
Leydcn,  Brill,  4879.  Un  vol.  in-S",  pp.  x):nii-503. 

Abou  Jafar  Moubammed  ben  .larir,  plus  connu  sous  le  nom  de 
Tabari,  né  en  839  à  Amot,  dans  le  Tabarislan  (de  U  son  surnom),  mort 
à  Bagdad  en  023,  a  écrit,  entre  autres  ouvrages,  nne  chronique  univer- 
selle qui  s'étend  de  la  création  du  monde  à  l'année  915.  Celte  chronique, 


300  COHPTBS-EB.VOUS  CaiTIljOBS. 

écrite  GQ  arabe,  est  une  des  sources  auxquelles  sont  venus  le  plus  soa- 
venl  puiser  ses  successeurs  j  mais  sou  succès  môme  lui  a  été  fatal  :  an 
abréKé  persao  fait  par  Bclami  a  tue  rûriKinn),  comme  jadis  Justin 
avait  lue  Trogue  Pompée.  Néanmoins  la  perte  n'a  pas  été  aussi  irré- 
parable :  un  des  plus  éminents  orientalistes  de  notre  temps,  M.  de  Goeje, 
de  Leydc,  a  reconnu  qu'en  rappruclianl  les  fn^;menls  de  l'original 
contenus  dans  Ips  diverees  hibliothfrquns  d'Orient  et  d'Europe  fCona- 
tantinople,  Rritish  Muséum,  Bodléienne,  Paris,  Berlin,  Leyde,  Algej-) 
il  était  possible  de  reconstituer  le  texte  complet  do  l'ouvrage  primitif. 
L'appel  fait  par  lui  aui  orientalistes  d'Europe  et  aux  sympathies  du 
public  savant  a  été  entendu;  les  principaux  arabisants  se  sont  partagé 
la  Lâche  et  bienlAt  Ton  aura  en  vingt  volumes  l'œuvre  originale  de 
T&bari,  éditée,  ei  suivant  les  ca:is  annotée,  et  traduite,  par  des  savacta 
commp  M.  Dartli,  M.  Nœldeke,  M.  Guyard,  M.  de.  Goeje,  etc.  | 

M.  Nœldeke  iî'est  chargé  de  la  partie  de  Tabari  relative  à  Thistotre 
(le  la  Perse  kous  les  6a»sanîde«.  Il  vient  d'en  donner  te  texte  dans  la 
CoUectiim  dt-  M.  do  Gonje,  et  dan«  un  volume  â  part  la  traduction  avec 
un  commi'ntairiî  abondant.  Otte  [KTiode  drs  Sas.^iinidP3  vs^t  une  de 
celles  dont  ta  counaist-auce  importe  te  plus  à  l'histoire  intellectuellr  des 
sept  ]iremiers  sièctet)  du  christianisme,  car  c'c^sl  la  seule  pôriode  où 
l'Occident  et  l'Orient  se  soient  trouvés  l'un  en  face  de  l'autre  pendant 
si  longtemps,  Tun  et  l'autre  dans  leur  pleine  indépendance  et  avec  une 
personnalité  franchement  accusf?e;  c'est  aussi  celle  dont  l'histoire  est 
la  plus  diflicile  à  faire,  â  cause  de  la  diversité  des  sources,  de  leur  îac{>- 
héronce  et  de  leur  étal  fragmentaire.  JuNtuici,  c'est  surtout  à  l'aide  des 
écrivains  byzantins  rjue  l'on  a  e.'ïsayë  de  la  reconstituer  :  le  gros  de  la 
besogne  a  ctr  fait  au  siècle  dernier  par  Le  Beau,  complété  et  rectifié  au 
commenconieat  de  ce  siècle  par  Saint-Martin,  qui  a  essaye  d'éclairer 
les  documents  occidentaux  par  l'étude  des  sources  orientales.  Mais 
depuis  âaiuL'Martin,  ta  science  a  marché  :  le  livre  de  M.  Nœldeke  oe 
donne  certes  pas  et  ne  peut  donner  le  dernier  mot,  car  le  nombre  de« 
Sfiurces  urientales  mise^:  k  la  disposition  île  l'Iiistoripii  est  r^ncore  inG- 
nimenl  pptit  on  comparaison  de  ce  que  l'on  est  en  droit  d'atl4>ndre;  maïs 
il  indique  la  voie  à  suivre  et  les  mille  conquêtes  de  détail  qu'il  contient 
donnent  lieu  d'espérer  beaucoup  pour  l'avenir.  L'auteur,  par  l'étendue  de 
ses  counais-^nces  orientales,  est  un  de  ceux  qui  étaient  te  mieux  en 
état  de  remplir  sa  tâche  difficile.  Les  source»  d'une  histoire  complète 
des  Sassanides  sont,  outre  les  Uttératures  grecque,  arabe  et  persane,  la 
littérature,  la  numismatique  et  l'épigraphie  peblvie,  les  écrivains  armé- 
niens, les  chnmiqueurs  pt  les  théologiens  syriaques,  enfin  le  Talmud 
où  se  trouvent  dispersés  nombre  do  renseignements  historiques  et  géo- 
graphiques. M.  Nœldeke  peut  consulter  directement  toutes  ces  sources, 
à  part  les  sources  arméniennes.  Aussi  il  n'est  guère  de  page  qui  ne 
contienne  un  rapprocliement  nouveau,  qnelque  fait  nouveau  établi, 
quelque  erreur  roctifiàe,  qu'il  s'a^^isse  d'hisiotre  militaire  ou  d'adminis- 
tration,  de  théologie  ou  de  philologie.  Signalons  en  particulier  les 


luirrBMPS-kEiDPKri  :  cournuES  m.  l'anjoii  Et  do  yihim.     2ul 

obflârvaiionB  i^ur  le  rôle  dea  chréiien?  en  Perse  et  la  part  qu'ils  ont 
prise  À  la  chute  de  Ghosrnes  Parviz  ([ai  oarre  la  période  de  l'anarcbie 
et  ouvre  la  Perse  aax  Arabes. 

Dans  l'ioLToduction,  M.  Nœldeke  recherche  les  sources  de  Tabari 
pour  l'histuire  des  Sassaiiides.  Ce  qui  fait  l'intérêt  spécial  de  cette 
l>artie  de  Tabari,  c'eRt  qu'il  reproduit  plus  ou  moins  directement  tout 
aa  ordre  de  documoats  d'origine  gassanidc  dont  le  représentant  occoa- 
sible  le  plus  connu  jusqu'ici,  Firdousi,  est  pustérieur  de  près  d'un 
siècle  et  demi  h  Tabari.  U  s'agit  de  cette  chronique  pehlvie,  à  la  fois 
nytUique,  le^endain^  et  historique  suivaut  les  époques,  connue  sous  le 
&m  de  Livre  de;*  Rois,  qui  s'étendait  des  oriiçines  de  ITrao  à  la  mort 
de  Chosropa  Parviz,  et  qui,  rL'diffée  sous  le  dernier  rul  sa^saoide, 
Yezdgiid  III,  traduite  en  persan  sous  les  Saamuides,  et  augmentée 
d'un  certain  nombre  de  traditions  indépendantes  (par  exemple,  la 
légende  grecque  d'Alexandre),  a  pris  sa  forme  définitive  et  durable  sous 
les  mains  de  Firdfmsi.  Ce  document  pohivi  était  entré  dans  le  monde 
arabe  par  une  autre  vuie,  par  la  traduction  d'Iba  Moqafla,  et  c'ost  de  là 
qu'elle  est  entrét!  dantt  les  (buvk»  dlba  Qotciba,  d'tCutvcliiu6  et  de 
Tabari,  Mais  à  eàté  do  ce  cercle  de  traditions,  il  est  une  autre  série  qui 
no  se  retrouve  ni  dans  Ibo  Qolciba,  ni  dans  Eutychius,  ni  dans  Pir- 
dou#i  et  que  Tabari  a  en  commun  avec  Yaqoubi.  Il  y  a  donc  là  à  câté 
du  oorps  de  traditions  coordonné  ofticiellomenl  par  les  Sassanides, 
d'antres  snurcpjî  historiqurs  qui  ont  trouvo  leur  roule  dunù  façon  ou 
d'autre  dans  le  courant  des  chroniques  postérieures,  oi  Le  départ  de  cofi 
deux  ordres  de  sources  permettra  de  remonter  plus  haut  qu'on  n'a  pu 
le  faire  jutKiu'ici  dans  la  tradition  sassauide  proprement  dite.  Ici  l'ajuvre 
de  la  critique  commence  à  peine. 

L'ouvrago  finit  par  àe»  études  détacliëes  sur  quelques  points  spéciaux. 
Meniioanonsen  particulier  les  observ-alions  sur  l'organisation  intérieure 
d<*  l'empire,  sur  Mazdak  et  ea  secte,  sur  la  révolte  d'AuoshazAd  contre 
Noashirvào,  sur  le  roman  de  Bahràm  GAbEn.  Chacune  de  ces  étudea 
est  nourrie  de  faiLs  et  conduite  avec  une  méthode  sûre,  I^  livre  do 
M.  X.  est  le  guide  indispensable  de  tous  ceux  qui  veulent  étudier 
l'histoire  de  lu  Perse  sous  les  Sussanides,  soit  à  l'iulérieur,  suit  dans 
?«&  relations  avec  Byzance. 

James  Darubsti^tbb. 


Contâmes  et  Institutions  de  TAnjoa  et  dn  Maine  antérienres 
an  XVI»  siècle.  Textes  et  (locumunts  aviic  notes  et  disserlalinns 
par  M.  C.-J.  limTEflfs-HEAtPRK.  Première  pjirLie.  Coutuiniw  cl 
stjlBs,  lome  Iruisième.  Paris,  Durand  ni  Pedono-I^^uriel,  ^879, 
^  vol.  in-«*  di\  324  p. 
M.  Beautemp^Iteaupré  poursuit  vaillamment  sa  grande  entreprise. 

Voici  un  nouveau  volume,  le  troisième,  qui  contient  deux  slifies  ange- 


302 


C011FTES-IB!(DD5  CIUTIQITES. 


vias  du  x\*  siècle  et  la  contome  de  1463,  s&ns  parler  de  textes  acces- 
soires. Vrai  festin  de  roi  I  Ces  vieux  styles  n'ont  pas  été  jusqu'ici  étu- 
diés d'assez  près  :  ce  sont  les  aïeux  de  notre  code  dt  procédure,  tout 
comme  les  coutumes  sont  les  premiers  essais  d'un  code  civil.  C'est  vers 
le  xv«  siècle  que  la  division  des  textes  coulumiers  on  styU  d'une  part  et 
en  coutume  proprement  dite  d'autre  part  s'accuse  nettement  :  id, 
comme  partout,  la  synthèse,  une  grossière  et  infonne  s>nthè*o,  a  pro- 
cède l'analyse  :  le  droit  ciWl  et  la  procédure  sont  sortis  d'une  même 
coque,  d'un  même  œuf. 

Nous  sommes  au  xv«  siècte  :  la  coque  se  brise.  Les  deux  idé«s  se 
séparent  et  nnust  nous  trouvons  en  présence  de  deux  codes  de  procodare 
et  d'un  code  civil.  I^a  raculté  d'annlyf^e  a  fait  chez,  loft  jurisconsultes  de 
sérieux  progrès  depuis  deux  siècles  :  il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de 
comparer  la  coutume  du  xiii*  si^le  avec  celle  que  nous  avons  sous  les 
yeux.  Le  droit  romain  a  continué  sa  marche  victorieuse  :  il  a  enlacé  la 
vieille  coutume  comme  un  lierre  gigantesque  armé  de  mille  racines  pé- 
nt^lranles;  un  chapelet  de  glosi^teurs  rumanisants  s'est  acharné  sur  ces 
textes^  coutumiers  pour  les  enguirlander  de  lois  romaines  quand  ils  ne 
se  sODl  pas  ouverts  d'eux-m^mes  sous  le  coin  romain. 

En  examinant  attentivement  cette  société  féodale  déjà  vieille,  con»- 
ciente  et  rÔlléchie,  on  fait  cA  ex  là  de  curieuses  dcoouvencs  :  je  constate 
que  dnpuis  le  xn*  ot  le  xni»  sièclp  l'aristocratie  féodale  a  esRayé  do  répa- 
rer, par  une  modification  à  la  loi  des  successions,  le  dommage  que 
lui  causait  te  partage  des  fiefs.  Dans  les  terres  qui  n'étaient  point  ba- 
ronic$,  l'aiûé  noble laissaîi  autrefois  à  ses  cadets  un  tiers  en  propriété; 
il  garantissait  ce  tiers  en  parage  h  ses  puinés  :  de  là  an  morcellement 
désastreux,  car  «  la  malere  de  paraige  deppend  de  despié  de  6é  et  en 
est  la  principale  cauite  *.  »  L'aristocratie  a  limité  le  mal  et  conjuré  sa 
ruine  en  restreignant  aux  filles  les  successions  de  ce  genre  :  les  puioés 
miilcs  n'ont  plus  qu'une  jouissance  viagère.  Ainsi  le  droit  d'aioeese 
s'est  développé,  s'est  fortiiié  avec  le  temps  au  lieu  de  s'amoindrir.  Cette 
transformation  était  réalisée  dès  la  6n  du  xiv*  siècle. 

Sur  ce^  questions  et  sur  tant  d'autres  qui  se  pressent  quand  on  inter- 
roge ces  vieux  textes,  M.  B.-B.  nous  donnera  sans  doute  bien  des 
éclaircissements  dans  la  notice  destinée  au  t.  HJ,  mais  qui  sera  publiée 
avec  le  t.  IW.  Pour  l'instant,  ce  t.  UI  n'est  encore  qu'un  recueil  de 
textes;  les  observations  que  M.  B.-D.  y  a  jointes  n'ont  trait  qu'aux 
manuscrits. 

Chacun  des  textes  puhlies  par  M.  B.-B.  sont  ici,  comme  précédem* 
mcntj  baptises  d'un  nom  alphabétique  fort  inutile,  car  cfis  textes  se 
distinguent  tt)ut  simplf*mont  par  eux-mêmes  de  la  manière  la  plus  évi- 
dt;nte.  Pourquoi  donc  leur  donner,  sur  le  titre  seulement  et  comme 
pour  la  montre,  les  quallQcatious  de  GIII  ?  La  conséquence  de  ces  qua- 
lifications pompeuses  est  désastreuse.  Dans  le  volume  de  M.  Boaulcmps- 


I.  P.  3tG. 


Beaupré  G  désigne  tout  à  Is  foi$  un  style  aag«Tin  et  une  édition  Je  la 
couiome  sugeTioe  datéo  de  1497  ;  H  désigne  un  autre  style  angevin  et 
une  èditioD  de  la  coutume  représentÀa  aujourd'hui  par  ua  cxomplairo 
de  la  Bibliolh^que  do  la  cour  de  cassation  ;  I  désigne  la  coutume  de 
1463  et  l'éditioD  du  la  coutume  de  l'an  1503  représentée  aujourd'hui  par 
Texemplaire  do  la  Bibl.  nal.  Rés.  F  4583.  Voilà  une  source  de  conJTu- 
fioDs  t&chenaes. 

Les  textes  sont  généralement  bien  établi».  Toutefois  quelques  timi- 
dités éloonen  t.  Pour  une  correction  heureuse  et  certaine  introduite  dans 
le  texte  fp.  193.  stricti  substitué  i  scripti]  j'en  rencontre  dix  tout  aussi 
certaineequi  sont  relé^ruées  dans  les  notes  (p.  169,  note  3  ;  169,  note  5  ; 
etc.,  etc.).  Quelques  fautes  évidentes  du  ms.  sont  coosi^rvées  trop  ftcru> 
puleusemcnt  t>l  saa»  aucune  note  :  p.  21 7,  vlam&u  lieu  dédain;  p.  228, 
etetieoirs  au  lieu  de  escKtoir  :  p.  484,  dabU  pour  datte,  etc.,  etc.  A  la 
p.  3S5,  1.  4,  il  ne  faut  pas  lire  eJtese  mais  chtxt.  Le  chesi  est  un  certain 
eapace  de  terre  autour  du  château  ou  de  la  maison  ;  ce  vieux  mot  auge* 
vin  et  tourangfuiu  tigure  dans  les  coutumes  de  Tours  et  de  Loudunois  ; 
â  ce  litre.,  il  est  rceimilli  par  ic$-  dictionnaires  de  droit  du  xvtu*  siècle 
(Voyez  notamment  le  Dictionnaire  de  Claude  de  Farrière,  3*  édit.,  t.  1, 
p.  308). 

Les  gloseateurs  dont  M.  B.-B.  a  reproduit  les  notes  ont  cité  très  sou* 
vent  divers  jurisconsultes  du  moyen  àgp.  M.  B.-B.  ne  parait  avoir 
accordé  aucune  attention  à  ces  jurisconsultes  qui  sont  désignés  la  plu- 
part du  temps  par  les  premières  lettres  de  leur  nom  ;  et  tandis  qu'il 
anaot«  les  glossaleurs  à  l'occasion  d'un  renvoi  au  droit  romain  as«eK 
Facile  â  reconnaître,  il  ne  fournit  pas  le  moindre  reueeigtiement  de 
nature  à  éclairer  les  allusions  bien  plus  embarrass&nl^d  qui  ont  trait  aux 
ouvrages  de  ces  divers  jurisconsultes  ;  il  n'essaye  méuie  pas  de  nous  eu 
donner  les  noms  quand  ils  ne  Ggurent  qu'en  abrégé  et  de  nous  renvoyer 
avec  précision  à  leurs  œuvres.  Ainsi  un  glossateur  nous  a  laissé  cette 
note  :  Vûiealur  pro  ista  tnateria  Saltalus  in  l.  Cum  projxtmu.  C.  De  nau. 
/e,,  qui  lit  ipsam  puldurrime  tractai.  Sur  quoi  M.  B.-B.  :  /.  3,  C.  h. 
<.,  4,  33.  On  ne  voit  pas  trop  i'analftgie  de  cette  toi  avec  la  décision  de  notre 
late  *.  8oit  ;  mais  le  gtossateur  nous  renvoie  à  Salicetus  et  non  pas 
précisément  à  une  loi  du  Gode.  II  fallait  donc  nous  parler  ici  de  Richard 
SalicetuB  de  Bologne  et  de  son  commentaire  sur  le  Code.  — A  la  p.  193, 
un  gtossaleur  cite  Cy.  sur  le  Code  ;  il  fallait  nous  parler  de  Çyuus  de 
Pistorio  et  se  reporter  n  son  commentaire  sur  le  Code.  — ■  P.  233,  393, 
un  glossaieur  renvoie  à  ■  Spoc.  ■  Il  s'agit  de  Guillaume  Durant  le  Spe- 
culator,  etc.f  etc. 

La  disposition  typographique  n'est  pas  très  heureuse  :  quelques  glcnea 
sont  imprimées  en  italiques,  les  autres  ne  se  distinguent  pas  du  wxia. 
J'aurais  préféré  runitormitô  et  j'aurais,  ce  lue  somblc,  adopté  le  carac- 
tère italique  pour  toutes  les  gloses. 


I.  P.  189,  note  7. 


SOI 


(XIHPTKS-HK.YDUS   CRITfQrBS. 


Mais  je  D'insistf!  pas  sur  ces  dëtaiU.  t^e?  iravaillcura  n'y  accordoront 
qu'une  attonlion  h'wo.  »cci>nc\airv.  ;  j'attends  comme  eux  avec  itupationco 
la  8uite  de  cette  importante  publication. 

Paul  ViOLLET. 


tJnpedruckte  Anglo-normannische  Gesohlohtsqnellen,  bgg.  von 
F,  Lif.behiia:hs.  Strasabiirg,  Triitiner,  i879.  vi'359  pa^'as.  Prix  : 
7  m. 

Les  sources  inédites  de  l'histoire  anglo-normande  publiées  dons  ce 

volume  sont  les  suivantes  : 

i"  Ànttales  Anfffwaa-ùnici  trrevM.  rédigées  par  les  moines  de  Christ 
Church  à  Cantorhury;  ellps  vont  de  l'an  925  à  1202;  rllnn  sont  l'critBs 
en  latin  à  partir  de  1 110.  Elles  apprennent  bien  peu  do  chuse  ;  tout  au 
plus  permet Icnt-enes  de  préciser  quelques  dates. 

2'  Annales  Hatlingenses  10GG-tl89.  (Quelques  extraits  de  ces  annales  de 
Rcodin^j;  ont  été  déjà  publiés  par  Pertz. 

Z*  Annales  Petrobur/fenses  bret^issimi  I087-!177. 

4*  Annales  de  ecclaiis  et  regnis  Ânglorum  162-1125,  Rédigées  un  peu 
avant  le  milieu  du  xii"  g.,  elles  contiennent  de  brefs  mais  intéressants 
délailft  sur  le  Domesdaybook,  le  couronnemenl  de  Henri  I"",  etc. 

h"  Annatfs  Phjmptùniemes  1066-1170.  Ce?  très  brèves  annales,  prove- 
nant de  la  bibliolbcque  des  chanuines  Augustins  de  Plymptont  au 
diocèse  d'Exetcr^  accurdeut  uuo  attention  toute  particulière  aux  évéoe- 
ments  de  l'année  1141;  pour  le  reste,  elles  n'intéressent  guère  que 
ï'hieHoire  ecclésiajtti<jue. 

fi*.  7»  Annales  di-  Rouen,  augmentées  et  continuées  à  Worcester  et  à 
Hocboster,  43-1181. 

8'  Annales  tnonasterii  de  Belio  1000-1296. 

9'  Annales  Wintonienses,  continuées  à  Saint-Augustin  doCantorbury 
741-H79. 

10^  Annales  Cicestrenses  634-1164.  D'une  exirôme  sécheresse  ot  sans 
intérêt. 

11*  Annales  S.  Edmundi  1-1212.  A  censultor  pour  le  régne  de  Jean, 
surtout  en  1212.  Le  récit  dos  événements  de  cette  dernière  année  ne 
prend  pa8  moins  de  5  pages,  ce  qui  est  luut  à  fait  exceptionnel. 

12'  Annales  Colecestrencet  524-1  lUiî.  Longs  et  intéressants  dctaitâ  sur 
la  fondation  de  l'église  de  Saint-tlcan  à  Colecest^r  en  1195-06. 

13°  Anrtales  sancti  Albani  1200-1211.  Ces  annales  ont  été  une  des 
sources  auxquctlos  a  puisé  WVndovcr  pour  rédiger  sa  chronique;  c'eel 
ce  qui  leur  donne  de  la  valeur. 

14*  Annales  de  Winchester  augmcnté«s  dans  le  monaetèro  de  Wa- 
verley  1201-1260.  Sans  apprendre  rien  dp  très  nouveau,  ces  annales 
méritent  d'être  consultées  par  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'hisuiire 
d'AugloLerre  au  xiii*  ».;  elles  l'ournissent,  entre  autres,  quelques  reosei- 


E.    tOTB    :    CBSCIIICRT1{    I).    BfCXISCBE^    irC^ir.S   AUOLPII    I. 


205 


goemeuts  sur  les  lulies  de  Uoari  III  el  de  ses  barons  ;  par  exemple  en 

1 259-1  eeo. 

15°  Hertmanni  arehidiaeoni  miraatla  sancti  Eadmundi.  Cet  ouvrage 
d'édification  a  été  rédigé^  entre  1071  el  1101,  par  rarchidiacre  Uermann, 
&  la  demande  de  Baudoin,  ahlié  de  Bury-Saint-Ëdmunds  :  des  pxtrait« 
en  onl  été  puhUéft  par  Martine,  l^  partie  rcsléo  ju^u'ici  inéditt^  rem- 
plit 50  page-s  (231-281)  dn  présent  volume.  Gomme  tant  d'autres  êcrilB 
do  mémo  genre,  ce  recueil  dos  miracles  do  saint  EiJmoud  intéresse 
l'histoire  des  mtBursct  de  La  crédulité  humaine. 

16*  Badmrri  viiraeula  sanctt  Ansflmi.  Eadmer  est  un  anglo-saxon, 
contemporain  de  l'archidiacre  Ilermann,  mais  plus  jeune,  car  il  naquit 
rers  lOGO;  c'est  un  écrivain  abondant,  auteur  d'assez  nombreuses  vies 
de  saints.  La  vie  de  »aint  Ausetme  est  de  beaucoup  celle  qui  a  le  plus 
de  valeur  historique;  rédigée  sans  doute  en  1115  à  la  demande  de  l'ar- 
chevêque de  Caat«rbary  Ualph,  elle  complète  d'une  façon  intéressante 
ÏHùtoria  Nowrum  du  même  autenr. 

17*  Vita  sancti  Stephani  archiepiscopi  Cantuarieniis ,  par  Mathieu 
Paris.  Dans  ce  fragment,  le  célèbre  chroniqueur  anglais  trace  un  por- 
tnit  Rttiméf  exact  dans  sm  ligoee  générales,  d'Et.  Langton.  Sir  Fr. 
Maddea  avait  déjà  signalé,  dans  »on  édition  de  Vfliitoria  Anglorum,  un 
iemUet  du  ms.  cottonien  Vesp.  B.  XIXI,  où  il  reconnaisrail  le  style  et 
la  main  mémp  de  Paris.  M.  Liebermanu  a  retrouvé  iloux  autres  feuil- 
lets du  même  fragment  de  la  Vie  d'Et.  Langton  dans  un  autre  ros. 
cottonien,  Nero,  U.  I.  Il  est  certain  que  t'écrit  est  de  Paris  ;  mais  M.  L. 
pense,  et  son  appréciation  doit  être  considérée  comme  au  moins  très 
vraisemblable,  que  les  trois  feuillets  sont  de  la  main  d'un  acribe  de 
Saint-Alhans,  avec  des  corrections  de  l'auteur. 

Tel  est  le  contenu  de  ce  livre.  Pour  élxe  fort  reetreint,  l'intérêt  n'en 
est  pas  moins  réel,  ai  l'histoire  générale  doit  trouver  peu  de  faits  nou- 
veaux dans  les  annales  ou  fragmenta  d'annales  qui  sont  pour  la  plupart 
Ui  sécheresse  même,  l'histoire  dee  idées  et  des  mtsun  tiendra  compte 
de  ces  vies  de  saints  personnages,  qui  ont  clé  en  même  temps  des 
hommes  politiques  importanu.  Ajoutons,  en  terminant,  que  tons  ces 
textes  sont  publies  avec  un  soin,  une  minutie  iogémeose  que  Ton  pour- 
nit  presque  traiter  d'excessive;  l'introduction  dont  M.  L.  a  bit  précMer 
les  Mincies  de  saint  Edmond  et  ceux  de  saint  Anselme  se  recommande 
d'une  Eaoon  particulière  à  l'attention  des  érudits  par  l'abondance  et 
IVjcactitnde  des  rem^eîgaemeats. 

C.  B. 


G«schicbta    des    r<BinischeD    K<Bnl|^  Adolph    I   von    Nassaa, 
Xach  urkundlicber  Ouellenroràchuog  beariidlct  von  F.   W.   B, 
Rora.  Wieàbadeo,  Limfaarlh,  f  »79.  xv-37S  pages. 
L'auteur  de  ce  volimie  (qu'il  ne  Cant  coofioudm,  ero]nns»flKUia,  avec 

aocon  des  nombmtx  Rotb  déii  comm  ea  AneoMgDet,  t  soin  de  oovs 


20A 


COMPTES-ltEnDUS  ClITIQUES. 


apprendre  (pic  sa  situation  indépeudaDte  Ta  mis  ea  état  de  componr 
son  livre  dans  des  coadilioQB  on  ne  peat  pins  favorables,  en  lui  per- 
mettaul  de  se  transporter  partout  où  il  savait  devoir  trouver  i]uetquo 
pièica  inf^dite,  quoique  manuscrit  encore  inexploré  concernant  le  règne 
d'Adolphe'.  Un  homme  de  loisirs  el  de  fortune  qui  se  hausse  n  de  tels 
devoirs  et  qui  prend  pour  règle  de  conduite  la  maxime  de  Seuèque  : 
Otium  siTie  îiitcris  mors  ei  vim  homims  j«pu^tura,  —  voilà  qui  est  d'un 
lion  exemple;  et  l'on  ne  peut  que  féliciter  M.  R.  de  le  donner  et  lui 
souhaiter  beaucoup  d'imitateurs. 

Le  choix  du  sujet  a  été  déterminé  par  ■  l'intérSt  et  l'amour  a  que 
porte  l'auteur  à  l'histoire  des  pays  rhénans.  Il  l'a  été  encore  par  le 
désir  do  faire  mieux  que  les  premiers  biographes  d'Adolphe  :  Wagner 
et  Gùnderode,  qui  ne  sont  plus  à  la  hauteur  des  connaissance» 
actuelles;  Mûnch  qui  est  supertîciol  ;  Koppquî  est  incomplet;  Schliep- 
hake  qui  est  traînant,  et  dill'us,  phitdt  compilateur  qu'historien;  liOreox 
qui  dans  son  Histoire  iV Allemagne,  aux  Xllï*  et  XIV*  sièclis  s'est  pl&cà  & 
un  point  de  vue  tout  personnel*. 

Après  avoir  ainsi  exécuté  ses  devanciers,  M.  R.  déclare  vouloir  lea 
surpasser  en  s'enfonnanl  jusque  daaa  les  plus  intimes  replis  des  événe- 
ments  du  règne  d'Adolphe.  Pour  atteindre  ce  but  il  n'aura  qu'à  faire 
usage,  nous  dit-il,  de  la  masse  de  matériaux  imprimés  et  manuscrits 
qu'il  a  tirés  de  maintes  bibliothèques  dans  le  cours  de  ses  voyages. 
Nous  avons  donc  alTairo  à  un  savant  armé  de  toutes  pièces,  dont  tes 
déclarations  imposantes  font  perdre  toute  envie  de  lui  chercher  noi.se. 
Aussi  avions-nous  pensé  tout  d'abord  à  louer  en  confiance,  sans  y 
regarder  de  trop  prés.  Puis,  dans  l'ospoir  d'apprendre  quelque  chose  de 
nouveau  et  de  trouver  une  abondance  exceptiounello  de  documents 
inédits  sur  un  sujet  qui  nous  intéresse  particulièrement,  nous  nous 
sommes  avisé  d'examiner  en  détail  le  livre  V,  un  des  plus  lon^  du 
volume,  qui  traite  des  relations  d'Adolphe  de  Nassau  avec  l'Angleterre, 
la  papauté  et  la  France.  Cet  examen  donne  iîeu  de  notre  part  aux 
remarques  suivantes. 

6ou8  le  titre  do  Uteratur-Zusammenslellungy  pp.  ix  â  xv,  M.  H.  a 
placé  en  tète  de  son  livre  une  trfcs  longue  liste  des  ouvrages  qu'il  a 
consultés.  Cette  liste,  ne  fournissant  gtiôrc  d'autre*  indications  que  celles 
delà  QueUenhunik  de  Dahlmann-Waitz,  nous  semble  d'une  parfaite  inu- 
tilité. Il  eût  été  facile  d'échapper  à  ce  jugement  en  notant  les  travaux 
récents  relatifs  au  règne  d'Adolphe,  par  exempte,  pour  le  chapitre  qui 
nous  occupe,  l'intèresîîantn  monographie  de  M.  Georg  Hùffer  sur  les 
relations  politiques  de  l'archevâcbé  de  Lyon  avec  t'ICmpire  et  la  France 
avant  1312^ 


1.  TXtr  VerfaMer  isl  ein  nacb  allen  Seitftn  hîn  uoabbffiugiger  Uido,  dem  die 
Verbffillnisse  gestaiten  za  sein  wo  er  Wàll. 

2.  Prérace,  p.  itt. 

3.  Die  SladC  Lyon  und  die  WesLbœlfle  des  Erzblslhums  in  ibrcn  poUdscben 


E.  lOTB  :  r.escaicaTË  u.  a<ciiiscH8^  Kocxifis  AttoLpn  i.       207 

L'Appendioe  do  la  page  372  a  au  contraire  sa  pleine  raison  d'Ôtrp, 
puisque  M.  R.  y  menliuime  32  actes  iacoanus  aux  Régentes  de  Bœhtner. 
Cet  appendice  est  sans  doute  la  première  ébauche  du  Codex  diptomatieuA 
Adolphi  que  nous  promet  la  préface. 

Puisque  M.  R.  a  fortune  et  loisirs^  pourquoi  donc  n'a-l-il  point 
entrepris  dans  les  archives  do  Paris  ou  de  nos  départements  de  l'Ksl 
quelques  recherches  uouvelle»  ?  Môme  après  Bethmann-nollwe^  cl 
M.  Waitz,  il  y  a  encore  beaucoup  à  glaner  chez  nous  sur  Tbisluire 
d'Allemagne.  Pour  n'en  donner  qu'une  preuve,  Bettançon  possède  l'ori- 
ginal de  l'acte  qui  constitua,  en  mnrs  1^95,  la  ligue  des  seigneurs  du 
comte  de  Bourgogne  contre  Philippe  le  Bel  au  profil  d'Adolphe  de 
Nmmu.  Cet  acte  que  M.  R.  ignore  a  été  publie  ou  1879  dans  le  MusM 
d$$  archives  départementalts. 

Reproche  analo||;ue  mais  plus  grave,  M.  R.  ne  cile  jamais  nos  chro- 
oiqueurs  français,  alors  môme  que  leur  témoignage  esl  le  seul  A  invo- 
quer pour  établir  un  fait.  Ainsi  il  ne  dit  rien  de  deux  passages  des 
Chroniqtuj  d/^  Saint-Denis  trè»  sajels  h  critique,  nou!:  en  convenons, 
mais  néanmoins  fort  dignes  d'attention  puisqu'ils  donnent  à  croire, 
l'un  qu'Adolphe  avait  résolu  dès  les  premiers  jours  do  son  règne  la 
guerre  contre  le  roi  de  France*,  L'autre  qu'un  traité  intervint  entre 
Philippe  le  Bel  et  Adolphe  à  la  Pcntccàte  de  1295';  deux  faits  sur 
lesquels  les  chroniques  allemaudes  gardent  un  silence  absolu.  Nous 
remarquerons  eucore  à  ce  propos  que  si  Perlz  et  Murnton  sunl  men- 
tionnés dons  la  Literatur-ZusammensteUung,  Dom  Bouquet  n'y  est  pas. 
M.  R.  aurait-il  quelque  parti  pris? 

L'auteur  déclare  (p.  *237-238)  que  c'est  une  question  do  savoir  si 
Philippe  le  Bel  céda  la  ville  de  Valonciennos  au  comlc  de  Hainaut  — 
et  s'il  envoya  réellemenl  à  Adolphe  l'arroganio  lettre  du  9  mars  1^5 
(p.  243).  A  noire  avis,  tes  chroniques  françaittex  permettent  de  ee  pro- 
noncer pour  l'aflirmalive,  quand  on  prend  la  peine  de  les  consulter  sur 
cos  deux  points. 

P.  246.  L'auteur  reconnaît  que  des  subsides  avaient  été  promis  par 
Edouard  aux  princes  allemands  et  peut-être  aussi  au  roi  des  Romains. 
Le  peut'étre  nous  semble  do  irop,  car  les  annales  de  Golmar,  Godefrid 
de  Ensmingen,  Mathieu  de  Westminster,  d'autres  encore  affirment  le 
(ail  ealégoriquemeut. 

R  S46,  note  2.  Urk.  bei  Dortrecht,  10  August  1294.  d'après  Bœhmer. 
LadatedeLieu  est  fausse.  La  charte  fuldonnee  à  Westminsier,  comme 
le  prouve  Tcncbainement  des  faits  et,  mieux  encore,  la  transcription 
de  Dûment,  Corps  diplom. 

P.  248.  M.  R.  ôcourte  singulièrement  l'histoire  des  relaiionii  entre 


Bexichangeo  zum  âoaUcli«n   Reiche  uad  sur  fmnza&siscbi'a  &roae.   HUns- 
iCT.  1878. 

t.  BUt.  de  fYanee,  XX,  66t. 

2.  llUd. 


208  COUPTES-fiBXnUN   CHITIQDGA. 

Philippe,  Adolphe  ot  Edouard  en  l'aimèe  1395.  L'ambassade  de  mon- 
seigDour  Mouche  eut  lieu  beaucoup  plus  tard  qu'on  ne  le  croirait,  à  en 
juger  par  l(>rw;it  de  l'auteur,  lequel  ne  moclro  que  très  impartaitemeiit 
ractivité  prodigieuse  déployée  en  cette  occasion  par  le  représentant  do 
Philipp(>.  C'est  au  zôlo  do  monseigneur  Mouche  qu'est  dà,  selon  nous, 
le  traité  conclu  à  Lille,  le  23  mai,  avec  le  frèrt;  d'Adolphe. 

P.  266,  M.  R.  parle  des  conférences  de  Grammunt  en  129B,  d'après 
une  CtiTYmique  des  Pays-Bas  éditée  par  J.-J.  de  Smet  (RecufU  des  Chr. 
de  FI.  Ul,  1I6J.  Il  eût  pu  citer  égalemeul  le  Chronicon  Flandrix  do 
Budt  (Ibid.  I,  :t05|  et  surtout  Jean  Dcsnoui^Iles  (Hist.  de  Fr.  XXI, 
184),  le  »eul  historieu  contemporain  qui  fasse  mention  de  ces  confé- 
rencoB.  Deehmer  a  ignoré,  lui  auesi,  le  passagaque  nous  visons  dans  ce 
chroniqueur.  —  Ce  Grammont,  Grantmont,  alias  Giraudmont,  est  le 
Gerardi  «u  Geraldi  mons  des  textes  latins  et  du  GaUîa  Chrùtiaruty  V, 
45;  en  flamand  Geeraeràsberçen,  sur  la  Dendre,  à.  30  kil.  E.  d'Oude- 
narde. 

P.  270.  Le  Tait  que  neims  et  Paris  se  seraient  fortiËès  à  la  hàle 
en  1298,  sur  In  bruit  d'une  invasion  de  Diebold  de  PGrl,  landvogt 
d'Alttace,  par  le  haut  Uhiu,  est  tout  h  fait  inailmissible,  surtout  pour  la 
seconde  de  ces  deux  villes.  L'assertion  qui  estt  d'un  chroniqueur  alle- 
mand ne  se  retrouve  point  dans  nus  chroniqueurs  français. 

P.  272.  M,  R.  no  veut  pas  que  les  atermoiements  continuels 
d'Adolphe  en  juin  1297,  si  favorables  au  roi  de  Franco  contre  Edouard, 
aient  été  motivés  par  les  livres  tournois  de  Philippe.  C'est  pourtant  co 
qu'afUrme  très  expUcilemBal  la  chronique  de  Jean  Dosnouolles  :  elle 
attribue  même  à  Jean  d'Avesnes,  comte  de  Hainaut,  l'avis  donné  au 
roi  de  France  de  gagner  à  prix  d'argent  le  roi  des  Romains  «  qui 
("sio'yt  moult  nonvoiteiis  i.  Mais  ici  comme  ailleurs:,  M.  R.  ne  sait  rico 
des  sources  fraocaiBcs.  L'explication  qu'il  propose  on  rappelant  que  tes 
seigneurs  allemands  complotaient  à  ce  moment  même  contre  leur  roi 
et  le  retenaient  ainsi  en  Allemagne  a  sa  valeur,  nous  ne  le  nions  pas; 
elle  ne  f^upprime  pas  cependant  la  possibilité  de  ce  qu'avance  Je&n 
Desnnuelles.  Ce  dnniier  attribue  encore  i!^  Tor  fniuçais  passant  par  les 
mains  du  duc  d'Autriche  le  complot  des  seigneurs  allemands  cootre 
Adolphe.  Autre  assertion  que  M.  R.  ne  connait  pas. 

M.  R.,  recherchant  les  causes  qui  firent  échouer  Adolphe  dans  ses 
entreprises  contre  le  roi  de  France  (p.  279-280),  les  voit  dans  la  parlia- 
lilé  du  pape  pour  Philippe  le  Bel,  dans  Palliaoce  de  ce  dernier  avec  le 
duc  d'Autriche,  dans  la  faibtetifie  politique  de  l'Empire,  etc.,  toutes 
considérations  fort  jutâtes  auxqiielles  il  faut  ajouter  seulement,  pour 
Être  complet,  la  profonde  incapacité  du  roi  des  Romains  et  cet  esprit 
d'irrésolution  qui,  du  commeucemeal  n  ta  an,  le  jeta  tantôt  vers 
Edouard,  tantôt  vers  Philippe,  selon  l'iotérèt  du  moment,  jamais  en 
raison  d'un  plun  de]>ins  longtemps  préconçu.  C'est  cotte  conduite  qu'il 
faut  se  rappeler  pour  comprendre  la  dédaigneuse  oraison  funèbre  que 
fit  à  co  roi  des  Romains  un  chruniqueur  anglais  cootemporaîa  -  êodem 


K.    HOTU    :    bESCBlCDTC  11.    ROEMt&CHEN  KOEXIf.S  ADOLPH  I. 


209 


eiiam  anno  Adotphus  rea;  Alemannie  vocvum  ainicts  fiduciam  in  se  fiabm- 
tibus  etprteipue,  qucà  ruqmus  est  dicendum,  régis  Angtie  pactum  preva^ 
rioans,..  eorruit*. 

M.  R.  a-t-il  étudié  les  chroniques  du  xm*  siècle  avec  l'esprit  de  cri- 
tique Décessaire  en  pareil  cas?  Nuus  eu  doutons  un  peu  quand  nous  le 
voyons  nous  renvoyer  à  Pontes,  11^  34,  ou  à  Perlz,  XVI,  738.  L«» 
teites  liutéré«  dan?  ces  r(>specubles  coUcctions  ont  une  autorité  bien 
illégale,  une  valeur  bien  dittércnte,  suivant  leurs  auteur?.  Si  l'on  ne 
prend  la  peine  de  nous  uummcr  ceux-ci,  les  renvois  sous  la  forme 
indiquée  plus  baul  ne  servent  de  rien,  à  moins  de  supposer  que  le  lec- 
leor  est  en  mesure  de  se  reporter  sur-le-champ,  sans  quitter  son 

binet,  à  ces  encombrants  in-folios  des  Monumenta  Germani».  Ce 
tétait  point  notrot  vjn». 

Arrêtant  là  notre  examen,  nous  diront^  seulement  que  le  livre  de 
M.  R.  n'accuse  point  uue  étude  bien  approfondie  des  sources  de  son 
sujet  et  ne  marque  par  coasé^iuent  aucun  progrès  appréciable  sur  l'ou- 
vrage do  Kopp  dans  la  critique  des  faits. 

Lo  mérite  de  M.  R.  est  ailleurs.  L'auteur  nous  semble  en  elTet  avoir 
écrit  un  livre  que  liront  avec  plaisir  tous  les  esprits  cultives  qui  aiment 
rhistoire  p(>ur  les  spectacles  qu'elle  oITre^  sans  se  préoccuper  des  minuties 
auxquelles  s'arrête  l'énidit.  Le  tableau  du  règne  d'Adolphe  est  en 
somme  attrayant,  large  et  bien  éclairé,  car  M.  R.  ne  craint  point  de 
remonter  souvent  en  a^^iên^  jusqu'à  Rodolphe  de  Habsbourg  et  même 
jusqu'au  grand  interrègne*.  Sa  langue  pure  et  simple,  son  style  clair  et 
précis  nous  ont  failiwngtTinvolonlairemenl  à  cette  Histoire  de  laguerro 
de  Timte  Ans  dans  laquelle  nous  avons  appris  jadis  à  sentir  «l  à  aimer 
le  génie  de  la  langue  allemande.  L'épigraphe  principale  du  livre  ;  «  Hic 
ntorlui  vivunt,  hic  mufi  loquunturl  »  est  peut-être  un  peu  prétentieuse. 
Elle  témoigne  du  moins  des  ofTnrLs  de  Tanteur  pour  animer  sou  récit  et 
rendre  plus  vivante  au  lecteur  la  réalito  des  personnages  et  des  événe- 
ments. 

Le  volume  se  termine  par  les  initiâtes  0  A  M  D  G  qui  révèlent  dus 
senlimentâ  particuliers  dont  nous  déclarons  n'avoir  point  retrouvé  l'in- 
fluence dans  le  cours  du  livret 

Alfred  Lkaoux. 

t.  ChroQ.  Sallib.  apud  Pez,  I,  394. 

?.  L'auteur  carart^riAt;  lui-m^me  le«  résultais  d«  ta  mélhodc  par  un  mot  Ifis 
jasle  qu'il  e^t  nialheur«uF>ctni!nl  iinpDSBJbti*  de  bien  rendr«  en  fraïK^-ais  : 
D  Dadurch  gewinnei  das  Huch  an  Allseitigkeit.  » 

3-  Nous  avons  ri'l<rv(^  Jfs  faateA  Dombrea^vs  daos  l'orthographe  tant  aoeicoae 
que  iiiodfrm-  clés  m>ni9  TraDi;»!»  de  lieux  ou  de  personne*,  —  sans  parler  de* 
CKUt««  il'i  ni  pression  ilana  le  tctte  allemand.  K  la  page  2G6,  les  cbiflfres  du  texte 
M)  oitBcorileDi  point  av«c  ceux  des  oolee. 


Bet.  Hinoft.  XVI.  I*  vase. 


14 


SiO 


RECOËIU   PG&lOUIQDfS. 


RECUEILS  PÉRIODIQUES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


1.  —  Bibliothèque  de  l'Ëcolo  des  chartes,  1880;  6*  livr.  —  UL 
RoBBHT.  Ohmnique  dp  Saini-Olaude,  xii*  s.  (donne  une  série  d'abbés 
toute  ditTorpiite  de  cell?  qu'on  trouve  dans  le  fia//,  christ.).  —  J.  ILwet. 
L'hérésie  et  le  bras  séculier  au  moyen  âge,  juMju'au  xni*  r.;  fin  {voici 
les  concluiiîuas  do  cet  excellent  mémoire  :  depuis  la  chute  de  l'empire 
romain  jusqu'à  la  fin  du  x*  s.,  les  hérétiques  n'ont  cté  justiciables  que 
de  la  juridictinn  ecclésiastique,  et  passibles  que  des  peines  ecclésias- 
tiques. Au  XI"  et  au  xu*  ii.,  les  bérctiques  ont  été  généralement  pour- 
suivis et  bri)téâ  vifs  dans  les  paye  de  langue  germanique  et  de  langue 
d'oil,  sans  que  pourtant  ce  supplice  leur  fût  inflige  en  vertu  d'une  lui 
ou  d'une  coutume  positive.  Dans  les  pays  de  langue  italienne  el  de 
langue  d'oc,  les  hérétiques  ont  été  quelquefois  persécutés  et  mis  à  mort 
pendant  le  premier  tiers  du  xi«  s.,  puis  habiluellemeul  toléré*  jusqu'à 
la  fin  du  xn"  s.,  enfin  dans  les  dernières  années  de  ce  siècle  et  dans  les 
premières  du  xiu',  ils  ont  élo  punis  du  bannissement,  de  la  confisca- 
tion des  biens,  etc.  Pendant  le  xm*  s.  au  contraire  se  sont  établies  des 
lois  ou  des  coutume»  qui  condamnaient  les  hérétiques  au  feu.  Ce  der- 
nier supplice  est  ainsi  devenu  partout  la  peine  légale  de  l'héréAie).  = 
Bibliographie,  tlessets.  Lexsalica  {atL  de  M.  d'A.  de  J.  fait  surtout  au 
point  de  vue  Linguistique).  —  Mittheilungen  des  Instituts  fur  œster- 
reichiscbe  Ciescliichlsforecliung  (analyse  des  fasc.  3  et  4  du  1.  1).  — 
Muehlbadier.  Die  Urkunden  Karls  Ul.  Die  Regesten  des  Kaiserreichs 
unler  den  Karolingem  75?-91$  (travaux  importants  pour  Ihistoire,  le 
second  surtout,  qui  est  un  recueil  des  actes  de  tous  les  Carolingienfi,  el 
non  seulement  des  empereurs.  £□  outre,  l'auLeur  ne  s'est  pas  contenté 
d'analyser  les  actes  pmpremeut  dits  ou  diplôme»^  il  a  noté,  à  leur  date, 
tous  les  événements  de  la  vie  des  Carulingiens  ;  c'est  à  ta  fois  un  cata- 
logue de  leurs  actes  et  un  précis  de  leur  biographie).  —  I^  cartnlaire 
du  prieuré  do  N.-D.  de  Longpont  (texte  correct;  bonne  introduction 
consacrée  à  l'origine  du  village  et  du  prieuré  de  Longpont,  et  à  la 
généalogie  des  seigneurs  de  Montlhéry,  qui  en  furent  les  bienfaiteurs 
ou  les  fondateurs).  —  Lnlore..  Cartulaire  de  Saint-Pierre  de  Troyes. 
Chartes  de  la  collégiale  de  Saînt-Urbain  de  Troyes.  —  Carsonnet.  His- 
toire des  locations  perpétuelles  et  des  baux  à  longue  durée  (important). 
—  Pagéiy,  Mémoires  sur  le  port  d'Aiguee^ mortes  (important,  malgré  de 
nombreuses  imperfections;  cf.  Rtv.  hist,  X.11I,  180).  —  Comte  d«  Lim- 
minglit.  Gninicque  ...  de  Namur  par  P.  de  Croonendael  (ce  qui  donne 
de  la  valeur  à  cette  publication,  c'est  un  ^ipendicc  qui  contient 
54  pièces,  la  plupart  inédites),  =  Livres  nouveaux. 


RKCOEILS   PéniOOlQOES. 


2U 


s.  —  Revue  critique.  168t,  a*  4.  —  Lucfu.  T.  Livi  ab  orbe  comliia 
tibri  XXVl-SXX  jrccenaiuD  très  importante  du  texte;  appareil  cri- 
tique très  considérable). =  N'  h.DOmichen.  Geschichle des  altenAegy]!- 
tans  (excellent).  =  N*  7.  Stubbs,  CoDfiUtutioDal  bistory  of  England 
louTrage  qui  Tait  époque).  —  Poet.  J.-G.  Uists  LcbenserinnprunRpn, 
î*  part,  (mémoires  rurîpnx  à  consulter  pour  les  historiens  fran<,-ais  de 
l'empire  et  de  la  rcstaurationl.  ^  N'  8.  Ollhicr.  L'Église  et  rÉt;it  uu 
concile  du  Vatican  (remarquable).  =  N*  tO.  Cannât.  Dr;  municiiialibus 
M  pruvincialibus  militits  in  împerio  romano  (réunit  tous  les  documents 
et  commente  avec  soin  les  inscriptions  n^Ialives  au  sujet).  —  Ofutsch. 
Die  Synode  tod  Sens  1141  und  die  Verurthetlnng  Aba>tArds  (bon  ;  le 
synode  de  Sens  doit  ^tre  placé  en  lUI,  non  en  1140).  —  Cftiruel.  His- 
toire de  France  peudanl  la  minorité  de  I^uis  XiV,  t.  IV  (très  exact; 
relève  un  grand  nombre  de  menues  erreurs  dans  les  écrivains  du  temps, 
chez  Uetz  par  exemple).  =  N"  12.  Àndrestn.  De  vila  et  moribus  Julii 
Aghcolae  liber  (texte  et  commentaire  excellents). 

S.  —  Le  Cabinet  historique.  Sepl.-déc.  1880.  —  Dm.AUBrER.  Les 
Albigeois  ou  les  Cathares  du  midi  de  la  France,  4*  art.  (rites  particu- 
liera  et  obsenances  ;  fêtes;  organisation  religieuse).  —  Em.  Moluobr. 
f)ocumentfi  pour  servir  à  l'histoire  do*  trésors  de  quelques  églises  du 
ressort  du  parlement  de  F*aris  au  xvin*  s.  —  BAftcHET.  Particularités 
relatives  à  M*»"  de  Pompadour  (1*  publie  une  lettre  du  mari  de  M»»  de 
Pompadour,  L«normant  d'Ëtioles,  du  6  fév.  IT.'iC.  Lenormant  rélicite  sa 
femme  de  sa  conversion,  mais  refuse  de  la  recevoir  chez  lui.  Le  lende- 
main 7  fév.,  M*"'  de  Pompadour  était  nommée  dame  du  palaii:  de  la 
reine,  qui  ne  pouvait  refustT  d'avoir  îiupK;s  d'elle  une  femme  snparoe 
de  son  mari,  puisque  celui-ci  ue  voulait  pas  d'elle.  C'était  an  coup 
monté. —  ï"  Publie  un  extrait  de  mémoires  inédits  d'un  certain  Duforl, 
introducteur  de.s  ambassadeurs,  qui  montre  Louis  XV  profondément 
touché  de  la  mort  de  sa  maîtresse  ;  en  voyant  le  convoi  défiler  dans 
l'avenue.,  il  dit  i  avec  deux  grosses  larmes  coulant  le  long  de  ses  joues  : 
Voilà  les  seuls  devoirs  que  j'aye  pu  lui  rendre  ».  —  3*  Publie  une 
déclaration  du  marquis  de  Marigny,  frère  de  M""»  de  Pompadour,  sur 
la  soustraction  des  papiers  les  plus  secrets  de  la  marquise  par  M.  de 
Choiseul,  quelques  heures  avant  la  mort  de  la  favorite.  Où  sont  ces 
papii-Rç?Où  sont  tes  papiers  de  Choiseul?).  —  Gust.  Masson.  Epaves 
du  xvitr"  s.  (publie  26  lettre»  de  divers  personnages,  hommes  d'fltat  ou 
écrivains).  —  Ltvbt.  Bibliothèques  de  Gènes  :  mss.  relatifs  à  l'histoire 
de  France. —  OuptESsis.  Catalogue  de  la  collection  Oelognes. —  Robbbt. 
fii&t  des  catalogues  des  mss.  des  bibl.  d'Espagne  et  de  Portugal. 

4.  —  Revae  des  documenta  hietor.  2*sér.,  7«année,  tt»22,23,24. 
Oct.-déc.  1 880. —  Lettre  du  colonel  Combe  demandant  sa  mise  à  la  retraite, 
18  oct.  1880  (la  demande  ne  fut  pas  accueillie  ;  uu  au  plus  lanj,  Coml>e 
était  tué  à  l'assaut  de  Constantine).  —  Étrennes  doonpos  à  Charles  VU, 
dauphin,  par  sa  femme  Marted'Anjuu,  jauv.  1420  (Charles  rëcompenM 


•2\2 


RBCUEILB   PRKIODlOCes. 


généreusement  Jean  de  Gamaches,  qui  avait  été  l'émUsaire  de  la  dau- 
pliiae).  —  Bulletiu  adressa  par  Lai>eyronie,  ï"  chirurgien  du  roi,  au  pro- 
cureur gènoral  du  parlompiit  cIp  Paris,  pimrluiannoncprqup  I«oui«  XV, 
lombé  malade  à  Metz,  était  hors  de  danger,  19  août  1744.  —  Lfillre  du 
général  Itapp,  infligeant  les  arrôls  de  rigueur  à  l'ordonnateur  Muuay, 
Dantzig,  ^3  août  1810.  —  Certificat  consUtaot  le  nombre  des  journées 
d'ouvriers  nécessaires  pour  terminer  les  uavaux  aux  fortifications  de 
Lyon,  1G1&.  —  Proc^s-verbat  de  la  saisie  faite  au  château  d'ËcguevîUy  de 
luih'S  qui  ■<  »erv:iient  à  cnclare  les  forC'Ui  pour  le  plaisir  de  la  chasse  et 
peuveut  aujourd'hui  se  convertir  en  tentes  pour  nue  concitoyens  qui 
vont  combaiire  les  ennemis  de  la  liberté  t.  Sept.  Ï792.  —  Lettre  de 
Ji^rùnie  Bonaparte  notiUant  au  prince  Louis  la  mort  de  son  père,  l'cx- 
rui  de  IloUande.  Florence,  27  juill.  1846.  —  Deux  Iptlres  du  chevalier 
d'Ëon.  —  Philippe  le  Hardi  envoie  au  roi  de  France  sun  secrétaire, 
H.  de  Dangeul,  •  tant  pour  le  fait  de  Bretaigne,  touchant  nostrc  frère 
le  duc  lie  Oretatgne  et  nostre  cooâin  le  sire  de  Cliçon,  conneslahle 
de  FroGL-e,  comme  pour  autres  bcsongnes  seciÈtcs...  »  Boaune,  17  ocl. 
1387.  =  S»  année.  Janv.-fëv.  Quittance  signée  par  Tristan  l'Hcrmite, 
mars  1474  v.  st.,  avec  rac-similé-  —  Lettre  d'Elisa  Bonaparte  à  Lucien, 
l'engageant  û  accepter  un  tr6ne  que  lui  offrait  Napolwn,  20  juin  1807. 
—  Charles  VII  invite  le  bailli  de  Vormandoîs  à  secourir  son  beau-père, 
Henè  d'Anjou,  contre  les  entreprises  du  comte  de  Vaudcmonl.  Orlêaus, 
S7  août  1431.  —  Lettre  du  comité  de  salut  public  au  représentant 
Dumont,  en  misaion  dans  t'Oiite  et  dans  la  Somme  (a  11  nous  a  paru 
que,  dans  vos  dernières  opérationsj  vous  avez  frappe  trop  violommejit 
sur  les  objets  du  culte  catholique.  »  tî  brum.  an  II).  —  Louis  XVIII 
nomme  le  chevalier  de  Chareiie  a  général  de  son  armée  catholique  et 
royale  ».  Vérone,  8  juin  1795. 

6.  —  Revue  ffAnérale  de  droit.  Jauv.-fév.  1881.  —  VioiÉ.  Études 
«ur  les  impôts  indirects  des  Romains  ;  !•'  ari.  :  la  Viarsima  libertatis  ou 
VAurum  ricesùnarium  (cet  imi)6t,  établi  en  3bb  avant  J.-C,  a  persisté 
sous  la  république  et  l'empire  jusqu'à  l'époque  de  Justinïen.  Perçu 
d'abord  par  voie  de  fermage,  il  fut  vers  le  it"  s.  do  l'empire  perçu  par 
dos  puiployé^  de  l'empereur).  2«  art.  (livr.  de  mars-avrilj  ;  la  Viresima 
hertditatum^  établie  par  Auguste.  —  Leport.  Les  institutions  et  la 
législation  des  (iaulois  ;  hn.  —  Db  Cboos.  Éludes  sur  les  jurisconsultes 
de  l'ancienne  Frdnc«  :  François  Dauduin  ;  fin. 

6.  -~  Nouvelle  Revue  historique  de  droit.  Janv.  1881.  —  .\abois 
PB  Jdbainvillb.  Études  sur  le  Seuchus-Mor:  la  hiérarchie  sociale  en 
Irlande.  —  Esubi».  Études  sur  les  contrats  dans  le  très  ancien  droit 
français.  ~  RËnocis.  Coutumes  de  ClermoDt-dessus  (de  1262;  pa- 
bliëes  d'après  le  ms.  unique  de  la  Bibl.  nal.  Texte  en  tangue  vulgaire 
du  Midi). 

7.  —  Revue  archéolo^qae.  Janv.  IdSl.  —  Gh.  Robert.  Nouvelles 
observations  sur  les  noms  dos  deux  premiers  (jordiens.  "="  Fèv.  An.  db 


RBCCRILS  péSIOlHQnKiî. 


2\Z 


n&RTHÊLEVT.  Note  SUT  les  monnaies  gauloises  trouvrés  au  Mont  César. 
Oise.  —  R.  DB  LA  BLAïtcnÈRB.  —  Nouvellfs  inscriptions  inédites  do 
la  Valle  de  Terraciae.  —  Maobîi  et  Tuolik.  Tmis  dipldmcfi  d'honneur 
dn  iT*  s.  (se  rapportent  à  un  certain  Claudius  Lupicinus,  leénéral 
romain,  connu  d^s  faîptoriens  ancien;:  eoiif;  les  règnes  do  Julien  et  de 
Jovien).  —  Caohat  et  Fbbkiquk.  La  table  de  Souk  el  Khmis  {t«xtA  et 
traduction). 

8.  —  Revue  politique  et  littéraire.  1881.  N*  9.  —  Colonel  3vm. 
Le  lô  fructidor,  d'après  de?  documents  inédits  (chapitre  détaché  du 
3"  vul.  de  la  JetiM^se  de.  Bonaparte,  qui  vient  de  paraître).  =  N*  11.  In. 
Mémoires  de  Lucien  Bonaparte  :  Murât  ou  le  brave  poltron  (Lucien 
\ienl  de  notifier  à  son  Trère,  par  une  simple  lettre  de  part,  son  mariage 
avec  Alexaiidrine  de  Bleschamps.  Bonaparte,  furieux,  envoie  Murât  au 
milieu  de  la  nuit  si|;niûer  à  Lucien  ijue  kou  niaringe  lui  déplaît,  et 
qu'il  eat  résolu  à  le  faire  casser.  Amusant  récit  de  l'entrevnie  de  Mural 
avec  son  beau-frère  Lucien).  =  N"  12.  EIahuaud.  Catherine  II  et  la 
Révolution  française;  les  libéraux  russes  et  la  rêactiun  1790-1792 
(montre  le  début  de  la  franc- maçonnerie  en  RuHsief  et  les  persécutions 
fort  vives  qne  tes  tibemux  eurent  à  subir  de  la  part  de  l'ancienne  amie 
de  Voltaire  et  de  Diderotl. 

9.  —  Joamal  des  savants.  18S0,  Dec.  — i.  ZstL&n.  La  captivité 
de  Richard  Cœur  de  Liun  eu  Allemagne,  ll93-9i  j  lin  en  janv.  (n'ap- 
prend rien  de  nouveau,  sinon  peui-tHre  ([ue  VHùtoirr  (CAnifteUttr  par 
Pauli  est  nn  ouvrage  anglais,  ce  qui  est  peu  exact.  La  Gescliichte  von 
Rngland  do  Pauli  n'a  pas  mômp  été,  que  nous  sachions,  traduite  en 
anglaîsl.  ^  (881.  Fév.  Rod.  Dapeste.  Le«  anciennes  lois  du  Danemark 
(ces  lois  ont  la  plus  grande  analogie  avec  les  lois  suédoises  préeédem- 
ment  étudiées  par  Tautour;  les  différenres  se  sont  produites  assez  tard, 
el  sous  l'influence  du  droit  romain).  —  Ecmeis.  Un  fragment  de  loi 
municipale  romaine  (découvert  en  1880  près  d'Esté;  ce  texte  coni]tnmd 
1  parties  :  la  l'*  a  pour  but  de  fixer  la  oompétrnoe  des  magistrats  muni- 
cipaux quant  aux  actions  de  droit  privé  dans  lesquelles  la  cocdamna- 
Iton  entraine  l'infamie;  la  seconde  apporte  des  restrictions  à  la  juridic- 
tion des  duumvirs).  =^  Mars.  Mémoire  de  Choiseul,  remis  au  roi  en 
1765  (Choiseul  y  explique  sa  politique  pendant  la  guerre  de  Sepl*Ans 
(important). 

10.  ~  Revue  des  Deux-Mondes.  I*'  fev.  (881.  Jurirn  db  la  Oka- 
TiiRE.  [jC  drame  macédouteit  ;  >  art.  :  la  bataille  d'Arb&le.«.  —  Rivièrr. 
La  marine  française  au  Mexique^  2*  arl.  :  du  blocus  des  eûtes  aux  pre- 
miers événements  de  Matamoros  ;  .>art.  {l.-i  mars}  :  des  événements  de 
Bllatamoros  à  l'évacuation.  =  l.'i  fév.  Rkkas.  Les  crises  du  ralliulicisnio 
naissant  :  le  monuinismc.  —  0.  d'UAUsi^nsviLLB.  Le  salon  de  M"""  Nec- 
ker,  H«  art.  :  Coppet  [tendant  la  Révolution  ;  les  domièro.s  .-innées  do 
M'~Nccker;  fin.  —  An.  Lbroy-Beauuei;.  Un  homme  d'État  russe, 
6*  art.  :  les  lois  agraires  do  Pologne  et  les  dernières  années  de  M.  Milu- 


afi 


RKCniILS  ntRinDIQITRS. 


Uû8.  =  l""  mar«.  Bor^fiien.  Les  éloclions  à  Hume  vers  la  fin  de  U  R&-  , 
publique  (très  curieuse  étude;  M.  B.  renvoie  sur  ce  putot  intêrceMQt  à  ' 
uu  bon  Iivrr>  Av.  M.  I.  tîtiDLiU,  Le  eUzioni  e  il  broçlio  neUa  repubblica 
romana).  —  Bariioux.  Le  comlc  de  MouUosier  et  les  luttes  relifEieuses 
souR  la  Hf*i^Lauratioa.  —  E.  Daudbt.  Les  royalistes  du  Midi  »on»  lit 
Ri^vcilulioii  ;  !"•  art.  :  la  conspiration  do  Satllans  ;  2»  art.  (15  mars)  :  le 
ciimp  do  Jïilès  (récit  dnimaûquc  do  cette  insurrection  fort  Icgèreracal 
conduite,  et  ({ui  échoua  complètement.  M.  D.  §e  faitd'élrangeâ  illusions 
lorsqu'au  manière  do  conclusion  il  écrit  :  «  8i  elle  avait  réussi,  elle 
aurait  jeté  sur  Paris,  k  rhnure  où  la  Vendée  se  enlevait,  où  les  fron- 
Itères  g'ouvr&ient  h  l'invaicion,  une  formidable  armée  royaliste  qui  eût, 
non  pas  rétabli  l'ancion  régime,  mais  changé  le  cours  de  la  nêvolu- 
tion  n).  =  15  mars.  J.  Bertrand.  J.  Charpentier  est-il  l'assassin  de 
Hamus  ?  (non  ;  la  postérité  a  caluuiuio  Charpentier  ;  réfutation  en  règle 
du  liTre  de  M.  WaddingtOD  sur  Ramusj.       , 

11.  —  Revne  de  France,  i"  fév.  —  O.  de  VAr.Lft8.  André  Chéoier 
et  les  JacttbiUB  ,  \'  art.  —  U.  de  SvBBt.  Napoléon  III  ;  étude  hisiurique 
trad.  de  raUemand  (étudie  ta  diploniatie  napoléon ieoue,  et  surtout  les 
rapports  de  la  France  avec  l'Autriche  de  1859  à  1867);  Gn  le  15  février. 
^  Fév.  Cx^mle  o'IuBviLi.R.  Le  maréchal  Bugeaud,  6*  art.  {la<  Icfçeudc» 
de  ta  rue  Transuunaîn.  Bugcaud,  dans  une  lettre  au  ministre  du 
28  mars  1848,  proteî^te  contre  les  accusations  dont  on  le  poursuivait  : 
■  Je  ue  suis  point  allé  dans  celte  rue,  ni  aucune  fraction  des  troupes 
que  je  commandais.  •  C'est  le  général  de  Lascours  qui  commandait 
i'uttaque  de  la  rue  Transnonain).  =  15  mars.  Dbhome.  Caltierine  du 
MddiciS|  d'après  sa  correspond  once.  =>  l"  avriK  Mémoires  de  M.  Kliod- 
worth;  Tannée  1813  (anecdotes  peu  intéressantes  sur  le  célèbre  diplo- 
mate autricbieu).  —  Fobmiroii.  Don  Juan  d'Autriche  aux  Pays-Bas, 
!576'78  (intéressant). 

18.  —  La  Nouvelle  Revrxe.  I*  déc.  1880.  —  La  guerre  de  Grimée, 
d'après  des  documents  inédits.  2*  art.  Séboslopol  et  la  conférence  de 
Vienne.  —  Bëois.  Le  registre  d'écrou  de  U  Bastille  de  1782  à  1789 
(nombreux  extraits.  Le  14  juillet,  il  ne  restait  à  ta  Dastillç  que  7  pri- 
sonniers). s=  l«  janv.  1881.  Dûmes.  Les  fouilles d'Olympie.  »  15  mars. 
Gilbert-Augustin  Thiebry.  Kpi.<:<xles  de  la  contre-révolution;  le  capi- 
taine Sans  Façon,  1813  (roman  historique].  —  Dépasse.  Strasbourg  pea* 
dant  la  Révolution  (d'après  le  livre  de  M.  Seiuguerletj. 

13.  —  L«  Correspondant,  10  fév.   1881.  —  Comle  Boulay  de  la 

Meurthe.  La  négociation  du  (encordât  (début  d'une  étude  importante, 
faite  d'après  îles  documenix  nouveaux  ;  il  est  question  dans  ce  l'^  art. 
dca  ouverturof  faites  par  Bonaparte  au  cardinal  de  Mârliniane,  aprAe 
Marongo  et  après  la  famense  harangue  de  Milan  ;  de  l'affaire  des  léga- 
tions, de  l'arrtvét^  en  Fmnce  de  Gobeuzl  et  du  cardinal  Spina).  —  Mar- 
qois  de  Vooùt .  M"*"  de  Maintenon  et  le  maréchal  de  Villars;  Dn<lettre« 
de  t7()9  et  de  1711  ;  celles  de  17l'2  malbeurï^uBemeul  se  auot  perdues). 


KECCEtLS  rJllIOblQDBS. 


315 


I  Laooubb.  Commenl  on  dcvif^nt  terroriste  (èlurlo  sur  Couthon, 
ifià^^ÊÈ  1h  ouvrages  de  M.  Mège,  dont  la  Itew  hist.  a  [iarl<^  à  plusieurs 
reprise);  fin  le  ^  fév.  =  25  fev.  Comte  do  CnAMi'AGsv,  Le  conseil 
muDÎcipAl  de  Pari»  de  1356  à  18^  (art.  de  poli>miqu(>,  portant  sur  Et. 
Marcel^  les  Seize,  la  Commune  révoKitioiumire).  =  10  mars.  Abbé 
SicuD.  Cinquante  antt  d'ins^traction  et  de  morale  laïques  1762-ISOS.  — 
Rtets.  La  jeunesse  de  Fox  {d'aprè.s  Trevelyan).  —  M.  de  LESCtras.  Kiva- 
rol  et  la  société  française  pendant  rèmigralion. 

14.  —  Revue  dn  Danphlné  et  do  VlvapaJs.  Janv.-rév.  iSSi.  — 
Ul,  GuB^ALtEB.  Leb  deux  t-^utivi-s  ui  stjourt.  du  très  chrétien  roi  de 
FniDce  Charles  Vlli  en  la  cité  de  Vienne,  les  années  1491  et  1494, 
publiées  d'après  les  mss.  de  Grenoble,  de  .Montpellier  et  de  Vienne.  — 
PffcsK.  IjCb  historien?  dauphinois  et  la  nouvelle  école  historique  ta  l'oc- 
casion du  ms.  de  Chorier,  pub.  par  Alf.  Vellol).  —  Document?  pour 
serrir  à  l'histoire  de  la  ville  de  Vieiuie  pendant  la  période  révulution- 
oftire  ;  suite  (publie  le  règlement  de  la  Société  dcK  amis  de  la  constitu- 
tion). 

16.  —  Revue  historique  et  archéologique  du  Bfaine.  T.  VIII^ 
>  Uvr.  —  JocBBiT.  NégocialinnR  reintives  à  révncuation  du  Maine 
par  les  Anglais  M44-H48.  —  Id.  Doux  attaques  de.<i  .Anglais  contre  le 
Lude  eu  1374.  —  Lbdru.  \je9  seigneurs  de  la  Roche-Cuisnon  (la  série 
assurée  n'en  commence  qu'au  xv«  s.  ;  nombreux  extraits  de  documents 
relatifs  a  celte  famille|.  —  Cnutoon.  Les  protestants  au  Mans  en  1572, 
avant  et  après  la  Saint- Barthélémy  {cherche  à  expliquer  pourquoi  la 
Saint-Barthélémy  ne  fit  pas  de  victimes  dans  le  Maine,  publie  une  lettre 
du  maréchal  de  Goesé,  8  oct.  1572,  seul  document  qui  nous  soit  resté 
sur  CCS  événementa). 

18.—  Annuaire -Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France. 
T.  XVn,  1880,  1"  piîrtic.  —  A.  de  Boislisle.  FVagments  inédits  de 
Soint-^imon  (fragments  d'un  éloge  de  Mgr  le  duc  de  Bouigogne,  mars 
1712.  —  Projet  de  discours  pour  le  lit  de  justice  du  2  sept.  1715.  — 
Note»  sur  l'abbé  do  Gordes,  évéque  de  Langers;  sur  les  Moruay-Monl- 
chevreuil  ;,  sur  M"»«  de  Bévîgne  et  les  Grignan.  —  Lettre  de  Saint- 
Simon  au  card.  de  Flcury,  20  nov.  1738.  —  Fragments  dn  «  Parallèle 
def  trois  premiers  Bourbons  ■*.  —  «Matériaux  pour  ^rvirà  un  mémoire 
sur  l'occurrence  présente  •,  août  1753.  Cette  ■  occurrence  •  est  la  pro- 
iMlalion  des  princei;  du  «tang  contre  les  qualités  prises  par  le  prince  de 
Soubise  avec  le  consentement  du  roi).  ■=  ?"  partie  :  Documents  et 
Dolices  historiques.  A.  us  Boisuslb.  Notice  biographique  et  historique 
sur  Etienne  de  Vesc,  sénéchal  do  Beaucaire  :  suite. 

17.  —  BoUetln  de  la  Société  de  l'histoire  de  Parla.  1"  année. 
N*  5.  —  DouET  d'.\bco.  Deux  actes  du  x\*  s.  reJalifs  à  la  juslire  de 
Saini-Magloire,  août  1421.  —  Exécution  d'un  parricide,  oct.  1498.  — 
IjVCB.  L'administration  intnrioure  de  rnfttrl-Oîeu  île  Paris  en  1368  et 
1369.  —  V.  DcFoun.   Le  ^(émiaairc  d'Issy,  ancien  château  de  la  reine 


21  fi 


iBCTÎmi  peRfoniQOMr 


Margoeriw»  do  Valois,  dit  le  Petit  Olympe.  =  N'  6.  Deusle  Inscrip- 
tionfi  parifiiennes  du  xv*  s.  (d'après  un  ras.  de  la  hibl.  de  Tours). — 
OmiNT.  ï'oèmo  do  Tôulfe  sur  les  moînos  do  SainUMaur  des  Fu&sès.  — 
Giittt.  Lecleik:.  Le  chàu>au  de  Villeiireux  à  Isey.  —  BotTLENOBH.  L#a 
bialuB  dp  MIto  de  Guise  à  Rufil  (2*  remmo  du  maréchal  de  Richelieu). 
^  8o  anné^.  N'  1.  Cnmto  do  M&rst.  Inscr.  de  cadrauf  solaires  rolcvéoe 
en  1787  à  Paris  et  aux  envirnnit.  —  R.  L.  Iiiscr.  parisiennes  inédites 
(conservées  au  musée  de  Hagnols,  Gard;  toutes  du  xvii*  s.)  —  Dsusle. 
Paris  et  Paradifi  au  moy£>D  Age  (relève  plusieurs  passage^)  où  des  chro- 
niqueurs du  XIII'  ou  même  du  xi«  s.  se  complaisent  à  rapprocher  ces 
deux  termes,  et  à  en  faire  un  jeu  de  mois  flatteur  pour  les  Parisiens). 

18.  —  Bulletin  de  la  Société  des  antlqnalres  de  rOaest.  1880. 
t*  ir. — V'"  OK  LasticS'-Jai..  Ijeni'»  Aimard  de  Chouppes  (neveu  de  Pierr« 
de  Chuuppes,  l'ami  et  le  conspagnon  d'arm(!£  de  Henri  IV,  le  marquis 
Aimard,  uê  en  1612,  jouit  de  la  couGaucede  Louis  XIII,  puis  de  Maza- 
rin,  fut  grièvement  blessé  au  siège  de  Bordeaux  en  1650,  fut  envoyé  en 
Portugal  pour  n^ocier  la  paix,  mission  diflicile,  puisque  Mazarin  venait 
d'abandonner  ce  pays  en  signant  le  traité  des  Pyrénées.  On  a  de  lui 
des  mémoires  de  1635  à  1660.  Il  mourut  en  1677}.  =  3*  Irim.  Abbé 
Dbockoh.  Extrait  du  Papier-lerricr  de  Vivone  au  iv»  ».  »4»trim. 
A.  Richard.  Le  chàti^au  de  Saint-Maixent  (description  et  historique; 
te  château  fut  construit  trè?  probablement  par  Louis  VIII,  pour  assurer 
sa  domination  en  Poitou.  Travail  intéressant). 

19.  —  Bulletin  de  la  Société  dn  protestantisme  français. 
15  jauv.  1881.  —  Peer.  Un  chapitre  de  la  polémique  eutre  protestants 
et  catholiques  au  xvn's.  (jKilemique  soutenue  par  Pierre  du  Moulin  de 
Lorme-Grenier  contre  Paul  Hay,  marquis  de  Chastelet,  auteur  d'un 
TraiU  de  la  politique  de  /a  Franct^  qui  lui  valut  15  jours  de  prisun  à  la 
Bastille].  —  Lettre  de  Babou  de  la  Bourdaisière,  ambassadeur  de  France 
i  Rome,  an  connétable  de  Montmorency,  25  fév.  1559  (montre  que  te 
pape  Paul  [II  n'était  pas  aussi  tolérant  qii'on  l'a  dit).  —  L<ottre-circu- 
laire  d'un  martyr  1684  (écrite  de  Lausanne,  par  Brousson).  —  Dèlib«>- 
ratioQ  du  conseil  général  de  Ribaute  1686  tacte  d'abjuration  signé  en 
présence  du  lieutenant  du  juge  royal). —  Uo  naufrage  de  déportés  pour 
la  foi,  1887.  —  H.  Boaiun.  La  famille  de  Boyve. 

20.  —  Bulletin  d*histoire  ecclésiastitiae  et  d'archéologie  rell- 
giaose  du  diocèse  de  Valence.  Pn.<mièrf>  année,  1",  !•  et  3*  livr., 
sepu  lS80-féYrier  1881.  —  L.  A.  Filut.  Essai  bistoriquesnrla  paroisse 
de  Salles.  —  C  Pasaossisa.  Confiscation  des  rerenus  du  prieuré  de 
Tauliguan  par  ordre  de  Lesdigatères ,  1575-1578.  —  A.  B.  Bluh. 
Mémoires  de  J.-6.  Brun,  curé  d'Aouste,  sur  lest  eveDemeute  de  sua 
églisi^  de  179^  au  Concordat  (ISOi).  —  V.  Ghevalibb.  Cens  et  reole«  en 
Vivarmis  du  prieure  de  Saint- Vallier  ;  document  en  langue  vulgaire  de 
1!8?.  —  1.  Cnsvii.rEii.  N'oies  cl  docameots  pour  servir  à  l'histoire  des 


: 


: 


IBCCBILS  ptfHlODiQCtS. 


217 


doyens  de  l'éfflise  de  Die  au  xvi«  sièclf".  —  J.  Roman.  Noto  sur  l'abbayo 
de  Clairecombe,  diùcèBC  de  Gap.  —  P.  GoiLuioyE.  Documents  iDëdite 
jvlaiifs  à  la  df^volion  de  I^ouis  XI  enven;  satnt  Arnoux  de  Gap  el  au 
premier  pèlerinage  de  Charles  VIII  à  N.-D.  d'Ëmhnia.  —  A.  B.  Blaih. 
Le  Royan^  el  la  Rérorme.  —  V.  Mazet.  Pierre  Pédou  et  le  diocèsn  de 
Die  pendant  la  Révolution. 

21.  —  Académie  des  inBcriptlons  et  belles-lettres.  —  Séances. 
19  noT.  M.  Egger  appelle  l'altentioa  isur  un  mémoire  de  M.  Geoi^e- 
vitch,  membre  de  ta  Société  archéologiqne  d'Odessa  ;  ce  mémoire  con- 
tieni  une  longue  inscription  grecque  récemment  découverte  prèn  de 
Ôèvaçtupiilj  et  relative  aux  victoires  remportées  par  les  généraux  de 
Miilintlate  sur  les  Scythes  de  la  Chentouèse  taurique.  =  3  dec.  M.  de 
Longperior  lit  une  noto  Kur  'i  monnaips  fort  rares  du  moyen  &ge  :  1*  ud 
denier  d'ai^nt  au  nom  d'Alberic,  second  mari  de  la  célèbre  Marosia  et 
père  du  pape  Jean  XI  ;  2"  un  floriD  d'or  frappé  au  nom  de  Charles  le 
Mauvais,  qualifié  a  rui  d'Aragon  »,  et  qui  dull  par  cousé([uenl  ««  rap- 
porter à  l'année  1352,  où  le  roi  de  Navarre,  allié  au  roi  de  CasLille, 
envahit  l'Aragon;  3*^  un  ducaton  d'or  de  Giano  Cam]K)  Frcgusu,  doge 
de  Gènes  en  1512,  pièce  unique.  ^  10  déc.  M.  Le  Blant  termine  la  lec- 
ture de  son  mémoire  Sur  tiutU/ves  actes  des  martyrs  non  insérés  dans  i$ 
reeufii  de  d.  Ruinart  ;  en  appendice,  it  donne  la  traduction  d'un  long 
têeit  tiré  de  la  vie  de  saint  Ephrem,  qui  fournit  un  grand  nombre  do 
detaili  sur  les  usages  judiciaires  de  l'empire.  =  17  ol  24  déc.  M.  Jour- 
dain Ut  un  mémoire  du  comte  de  Qcrtau  sur  le  port  et  la  Tille  de  T>t. 
s»  '25  fév.  M.  L.  Detisle  Ut  un  mémoire  sur  un  ms.  en  lettres  onciales 
de  ta  bibliothèque  publique  de  Bruxelles;  ce  ms.  a  été  écrit  à  la  fin  du 
m*  s.  par  ordre  de  Niimidius,  abbé  de  Saint-Bcniant  de  Sois^otis.  Dans 
la  séance  du  4  mars,  le  même  érudit  lit  une  notice  sur  deux  m^s.  qui 
ont  appartenu  à  Charles  V  ;  Tua,  conservé  à  la  bibliothèque  royale  de 
Bruxelles, conUent  une  trad.  fr.  des  Météorologiques  d'Aristotc  ;  l'autrcj 
auj.  la  propriété  de  M.  Blancard,  de  MarsciUe,  est  un  bréviaire  exécuté 
richement  pour  Jeanne  d'^ivreux,  femme  de  Charles  IV  le  Bel.  Des 
1200  vol.  que  couteuait  la  i  librairie  ■  de  Charles  V  et  de  Charles  VI, 
on  a  réussi  à  en  retrouver  jusqu'ici  70,  dont-M  à  la  Bibl.  nationale.  On 
•aît  que  c'est  à  l'uifailgable  erudlUon  de  M.  Delisle  qu'est  due  la  décou- 
verte de  plusieurs  d'entre  eux.  :=  10  mars.  M.  le  docteur  Lagneau  Ut 
uu  mémoire  sur  les  Anciens  peuples  tle  l'Uispanie  ;  il  prétend  y  recon- 
naître les  repré^utants  de  quatre  grandes  races:  les  Atlantes,  venus 
du  N.-O.  de  l'Afrique,  les  Ibères,  parents  de-s  Ibères  du  Caucase,  les 
Lignres  et  lea  Celtes. 

3U.  —  Académie  des  sciences  morales  et  poUtlqfaes.  Compte- 
rendu.  Jaiiv.  I8tîl.  —  H.  l>AHEirrE.  Los  ancienne!*  lois  «uéduises  (dêjii 
pub.  dans  le  Journal  des  savants,  sept.-oct.  1}<KU).  =  Pêv.-mars.  V.  Oo- 
BtTT.  Les  assemblées  proWnciales  au  siècle  d'Auguste  (cf.  Hev.  pot.  et 


A 


248 


■ECGBILS  r^&IODIQUES. 


littérairey  18B0,  u*  18).  —  Leyasseur.  Esquisse  de  reUiaogmpfaip!  de  la 
France  (cf.  ibid.,  n»  21  et  23).  —  Hanotaoz.  Ëg^juiBse  Bur  des  maiîmes 
d'Étal  et  des  fragnients  politiques  inédits  du  cardinal  de  Ridielieu  (cr. 
Rev.  kist.  XV,  p.  417).  —  Rocodaw.  La  politique  pontificale  wus  Gré- 
goire VII. 

83.  —  Mémoires  de  la  Société  des  sciences  morales,  des 
lettres  et  des  arts  de  SeiDe-et-Olse.  T.  XJ,  I87S.  —  Tai-hajikl. 
Une  journée  de  Louis  XIV.  —  DmAnii.  Esquisse  d'une  hiBtoîrpde  Ver- 
sailles. —  Maûuet.  Notice  sur  le  château  ot  sur  le  couvent  dos  Cordô- 
liers  de  Noisy-le-Roi.  —  Mebcier.  Notice  sur  l'emplacement  de  Petr<^ 
mantf^um  iadiqué  dana  ritiuéraire  d'Aatonlu,  de  Luteliaà  Rolooiafçus 
(serait  Bautbidu,  auj.  Saint-Gen-ais  ;  maJB  il  est  bien  dillicile  de  faire 
venir  Bantlielu  de  Mantalum).  =  T.  XU.  1880.  Taphanei..  De  l'urigiDe 
de  ['écolo  miliiaij'o;  les  compagnie»  de  cadets.  —  Ploix.  Les  empoi- 
Bonnenienla  sous  Limis  XIV,  et  M'^*  de  Monteepaa.  —  Mallet.  Noies 
sur  la  Kerié-Atais  (on  pourrait  réclamer  plus  d'exactitude  danfllairans- 
cripUou  des  textes  latins  ou  français  du  moyen  Age).  —  Taphakel. 
L'école  royale  mititaire  17^1-1788  (lertnre  faite  an  congrès  des  Miciétés 
savantes  à  la  Sorhonne,  eu  1S79;  fait  partie  d'une  Histoire  de  l'école 
militaire  de  8aiut-Gyr,  que  prépare  fauteur).  —  Mercier.  Bilirax  et  le 
camp  romaitt  sur  la  frontière  rémoise;  épisode  de  la  deuxième  cam- 
pagne de  César  daos  les  Gaules.  — Babt.  Une  charte  carie vingienoe  et 
une  charte  du  moyen  Age  (1*  Précepte  de  Carloman,  de  nov.  769,  texte 
et  fac-similé  <  de  omunitate  Ecclesie  Argantuili  a  rerum  Ecclesie  perli- 
nonlium  i.  2*  Charlti  de  Louis  le  Jeune,  de  1152,  relative,  comme  le 
prucepte  précèdent,  au  monastère  d'Argenteuil.  L'auteur  aurait  bien  dû 
en  publier  le  texte).  —  CoilARn-Luvs.  Note  sur  les  archives  du  prieuré 
de  N,-D,  d'Argonteuil  à  propos  do  la  charte  de  Carloman.  —  Maqoet. 
Notice  sur  Rocquencourt.  —  DstsauT.  Note  sur  la  population  de  Ver- 
sailles au  xviu'  s.  (10,000  personnes  dans  le  cbàteau  et  dépendanoee, 
50,000  habitants). 

84.  —  Mémoires  de  TAcadémle  des  sciences,  inscriptions 
et  belles-lettres  de  Toulouse.  8'  série,  t.  Il  (pour  le  t.  I,  voy.  Rev. 
Iiist.  XIV,  "iU')},  IHHO,  l*""  semestre.  —  Dl<h(;rii..  Dos  vœux  et  doléances 
renfermes  dans  les  cahier.'î  de  1789  relativement  à  l'instniction  publique. 

—  DR8iiASREAïïx*RF.tiNAnn.  Illstoire  de  l'imprimerieiToulouse  au  xvi*«. 

—  Lallikk.  Cicéroo  et  lu  ilictature  de  8ylla  (expose  avec  finesse  les  cir- 
cnnslancps  politiques  dans  lesqnelles  Cicérnn  prononça  ses  discours 
pour  0-  *^t  pour  L.  Rosi'ius,  et  le  discours,  aujourd'hui  perdu,  pour  la 
femme  d'Arretium  ;  montre  qu'il  fallut  alors  à  Cicéron  un  réel  cou- 
rage pour  faire  une  oppositicn  91  timide,  si  voilée  fût-elle,  au  de«po- 
llsnie  de  Sylla).  =:  2«  seni.  B.vbry.  Note  sur  une  copie  manuscrite  d'un 
livre  do  rdisoti  de  noble  Ciubriel  Dupuy,  seigneur  de  la  Roquette, 

86.  —  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  cA 


gGCTBlLS   rfSmODIQCES. 


219 


arts  de  SkTole.  3-  sërie,  t.  VIIl  Clianibérj-,  Châtelain  1880).  —  Val- 
Lici.  i^uelquB8  mots  fur  les  docouverlos  archéolu^ques  cl  Dumisma- 
Uqnes  de  Prancin,  près  Montmètian,  Savoie  (notonî!  la  description  de 
45  médailles  de  fainillos  roinfiiaos  trouvées  en  1869  daiiK  un  champ 
■pparlenant  à  M.  Dccoux;  ces  mcdailles  font  aujourd'hui  partie  du 
muièe  départemontal  de  GhambéryJ.  —  A.  Dcfour  et  F.  Rabot.  Lq 
pèra  HonuJ  et  le  ciirdinal  de  Kichelieu;  épisode  de  l'histoire  de  Frauce 
et  de  Savoie  au  xvii*  ».  (d'apros  dea  document;^  authentiques  et  inédits 
do0  archive))  de  Turin;  apologie  du  pÈre  Monod,  de  son  caractère^  de 
•es  wniiments,  de  sa  politique).  —  C^anTA.  La  mission  du  soigneur 
de  Barrer.,  envoyé  extraordinairt)  de  François  I*'^  roi  do  France,  a  U 
ooor  de  Charles  Ul,  d  ic  de  Savoie  (François  1'',  en  1527,  avait  »ongé  à 
bire  aJliauoe  avec  la  Havoio,  9ur  les  baso«  d'un  mariage  entre  Margue- 
riia  de  Pmnce  et  Louis  de  Piémont,  hls  aine  de  Charles  :  ce  mariage 
«oraît  été  accompli  lorsque  le  prince  aurait  14  ans.  M.  de  Barres  fat  en- 
voyé &  Turin  à  cet  effet  ;  il  devait  s'eiïorcer  d'eag&ger  la  Savoie  k  Tond 
dans  l'alliance  rmoraise.  Ses  inRtructiuDs,  publiées  par  l'auteur,  met* 
tetil  en  pleine  lu(ni^rc  la  politiqui>  astucieuse  de  François  I'',  qui, 
d'ullcurv,  échoua  dans  cette  tenlulive).  Ce  mémoire  intéressant  a  été 
publié  en  tirage  à  part  (Ghambëry,  Cliàtolain,  30  p.  iD>8*). 

26.  —  Union  géographique  du  aord  de  la  France,  nulleiin. 
?"  année,  1880-î*!.  N'*  T.,  7,  8.  —  D'  UAny.iND.  Les  races  de  lludo- 
Chîne  (expose  la  tentative  si  malheureusement  avortée  de  M.  Dupuis, 
la  situBtion  du  paytt  et  son  importance  au  point  do  vuo  commercial). 
—  HcBESDEAC.  La  Syrie  et  le^  massacres  de  1860. 

87.  —  Annal«a  de  la  faculté  des  lettres  de  Bordeaux .  2*  année. 
N"  4.  Dec.  1880.  —  LocH^tiitE.  Philippe-.\ugusto  et  la  sfrtieté  ecclésias- 
tique (ioléreifsant;  montre  les  progrès  accomplis  {*ar  la  royauté  dt'tii- 
Ituse  de  »e  soustraire  à  rinfliience  [wnliGcale.  Cetle  étude  est  annoncée 
comme  devaut  faire  partie  d'une  hiRloire  abrégéo  do  Philippe- Auguste 
qui  paraitra  prochainement).  —  Aulard.  Un  plagiat  do  Mirabt'au 
(moulre  que  Mirabeau,  dans  son  discours  du  i<*  sept.  I78U,  emprunta 
des  phrases  catière«  à  la  brochure  d'un  publiciste  instruit,  mais  as$er 
mauvais  écrivain,  le  marquis  de  Cosaux). 


M.  —  Revue  d'Alsace.  Janv.-mars  1881.  —  Knspbldbr.  Marie-Caro- 
line Flachsiand,  femme  de  J.-tî.  Herder.  —  S-vulr».  Le  livre  de  comptes 
de  iNimut'l  Métguillct  (publie  quelque»  extraits  de  ce  livre  d'un  ])a.<;tcur 
de  MoatbéUard  au  xviii*  s.}.  —  Liblin.  Les  églisefi  de  Bolfurt;  i^uito 
(Chapelle  de  N.-D.  de  Juie  1230-131»;  collégiale  de  Saint-l>Mii»  Ï3W- 
l«âS}.  —  BcKorr.  Lo-tti-e.<;  sur  la  Terreur  en  Alt^uce.  —  IJaiith.  Nou»s 
biographiques  sur  les  hommes  de  la  Révoluiiou  à  Strasbourg  cl  aux 
euviroos. 


i 


220 
39. 


nKCfEILfi    r>fSRrODlQC8S. 


HlBtoriache  Zeltscbrift.  Nouv.  »érie  ;  t.  l\^  3«  Tasc.  — 
Paulseh.  Organisation  cl  régi e me n talion  ilos  universîtéfi  allemandes  au 
moyen  Aro  (ruiIr  à  l'art,  déjà  analysé  par  la  liev.  hist.  XV,  489).  — 
■WEmoARTBs.  Gomment  les  communautés  chreiienoes  primitives  devin- 
rent l'i-gliso  catholique.  —  Bbùckabb.  Eludes  sur  l'hiatoire  de  Pierre  le 
Grand  [réptiqim  à  la  critique  faite  par  M.  Schirn^n  du  Peter  der  Grosse 
de  M.  Bnicknnr  dans  les  Gatting.  gelrhrte  Anieigen).  =  Gomptc»-ren- 
duit.  Klatt.  Quellen  und  Chronologie  des  Klnomenischen  Krîeges  [tra- 
vail Fort  efitimahl*').  —  Ihne.  Rœmische  Gescliichte^  vol.  IJI-V  (excel- 
lent). —  Guiraud.  Le  différend  entre  Céaaret  le  Sénat  (contient  beao- 
cotip  de  remarques  excellentes,  mais  ne  résout  pas  la  questiont.  — 
Napp,  De  rcbus  ab  imperatore  M.  Aurclio  Anlonino  in  Oriente  gestîs 
(travail  consciencieux  ;  rien  de  nouveau).  —  Martcns.  Politische  Ges- 
chichte  de»  I^ingobardenroichs  uuter  Kienig  Liutprand  71'2-74^  (travail 
estimable,  mal  romposé;  des  erreurs). — GeneU'n.  Das  Schonkuags- 
versprechen  und  die  Schenkung  Pipin's  [ne  discnte  pas  la  question  de 
«avoir  si  la  donation  de  Pépin  au  pape  est  un  fait  certain  ;  il  s'en  tient 
■  6ur  ce  point  aux  résultats  afflrmatifs  auxquels  est  arrivé  Fickcr  ;  étudie 
seulement  avec  érudition  et  sagacité  ceriaius  point,»*  de  détail  insulti- 
samment  traites  par  Oeisner).  —  f}annenbfrg.  Dio  deutschen  Munzen 
der  wrcheischen  und  fra^nki.schen  Kaiserzeit  (travail  excellent,  deE<tiné 
à  rendre  aux  historiens  de  réels  services).  —  KugUr.  Gcschichtc  d«r 
KrenzKûge  (bon  travail  d'ensemble,  suffisamment  érudii.,  et  bien  écrit; 
fait  partie  de  la  belle  Histoire  universelle  dirigée  par  Oncken).  — ffeç»t. 
Die  Chroniken  der  niedersiechsischen  8la?dte  :  Bratinschweig  (textes 
excelienUs).  —  Loxerlh.  Beitrn^ge  zur  Geschichte  der  hiissilischeu  Be- 
wegung  (3«  partie,  qui  contient  le  Tractatus  de  iongew)  schismaie  de 
l'abbé  Ludoir  de  Sagan,  avec  un  commentaire  soigné  par  l'éditeur). 

—  Lier.  Der  .^ugsburgificlie  Humauistenkreis  (bonne  étude  sur  B.  Adel- 
manii  d'AdelnianusfoIden  ;  fait  souhaiter  ijue  l'auteur  donne  la  biogra- 
phie de  Peutinger  à  laquelle  il  avait  d'abord  songé).  —  Brùekner.  Die 
slawischoii  Ansiedlungcn  in  der  Altmark  (bon).  —  Mûlvtrstedt.  Codex 
dipUimaticus  Alvcnslcheui'is  (consciencieux;  mais  le  KVfttéme  suivi  pour 
In  publicatitm  des  textes  est  défectueux).  —  Srebs.  Vorhandiungen  und 
Korrespiindenzen  der  si:lile.sisclien  Fursten  und  Rta^nde  ,  vol.  V  1622- 
1625  (iinportant!.  —  Otto.  Geschichte  der  Sladt  Wiesbadon  (boa).  — 
Wichner.  Geschichte  des  Benedictinerstiflos  Admont  (beaucoup  de  faits 
mal  présenté^!).  —  Zévort.  Le  marquis  d'Argenson  et  le  ministère  des 
affaires  étrangères,  1744*47  (remarquable).  —  tia%quet.  De  l'autorilo 
impériale  eu  matière  religieuse  et  Byzance  [écrit  avec  talent  ;  conuois- 
sanco  8upor(icicllo  des  sources). 

30.  —  Forschungen  zur  deutacben  Geschichte.  T.  XXl,  1"''  ftisc. 

—  liAMi'RKi:»!.  L'originu  des  «  liittres  du  coasent^ïment  »  et  la  r^vendî- 
caiiou  de)(  biens  du  domaiue  impérial  sous  Rodolphe  de  Habsbourg 
(leis  o  lettres  de  consentement  >  WHlebriefe,  Bont  des  lettres  palentos  où 


I 


BBCCBILS  P^UOPIQCIS.  234 

.  ^4É' •zpranément  spécifié  lo  conrantemont  des  électeurs  de  l'empire 
germanique  k  a>rtAÎDS  actes  du  muverain.  L'ori^np  de  ces  lettres,  dei^- 
linécs  à  limitfïr  le  pouvoir  impérial,  est  dÎRCutée.  On  trouve  dns  traces 
fréiiueutes  du  consentement  des  c  principes  regnî  •  depuis  l'époque 
caruUogieniie;  mais  l'iastitutiou  régulièni  des  lettres  de  conseutemeat 
ne  doit  pas  remonter  plus  haut  que  Rodolphe  I".  De  nombreuses  atié- 
natious  du  domaine  avaient  été  faitei:  par  Frédéric  II,  Guillaume  de 
Hollande  et  lUchard  de  Cornouailles;  Rodolphe  les  révoque,  et  pour 
que  de  pareils  abus  ne  se  reproduisent  pa«,  les  électeurs,  ou  la  majo- 
rité d'entre  eux,  devront  désormais  donner  leur  consentement  à  toute 
aliénation  du  domaine  impérial).  —  La  chronique  de  Hugo  de  Reul- 

,  Uogen,  publiée  par  K.  Gilbert  (chronique  rimée  du  xiv*s.)  —  LmnKBR. 
Contributions  à  ta  vie  et  aux  œuvres  de  Dietrich  de  Niem  (étudie  to 

I  ùe  ttilOy  le  Liàer  canceilartae,  les  h'ivilegia  et  jura  imperii  de  Dietrich, 
e(  8C«  rapports  avec  la  ville  do  Dortmund).  —  Willk.  L'adhésion  de 
Tubingue  à  la  ligue  souabe  en  1519,  et  la  clause  de  Tubingue.  — 
Hallwich.  Wallenstein  et  les  Saxons  en  Bohême  1531-1632  tlravail 
imporUot  puisé  aux  archives  de  la  guerre  de  Vienne).  —  Dabn.  Sur 

I  Ammicn  Marcellin  XXVII,  c.  5  (on  s'est  donne  beaucoup  de  p<'ine 
pour  traduire  par  €  judex  »  l'eipresaion  dont  A.  M.  qualifie  Aihanaric, 
roi  des  Visigoths  ;  mais  la  langue  d'.\.  M.  n'est  pas  toujours  exacte^  et 
les  équivalents  qu'il  donne  des  termes  étrangers  manquent  de  précision; 
ici,  il  emploie  le  mol  judev  ]Hjur  désigner  un  chef  militaire).  —  Pfluoil- 
H&RmKo.  Études  diplomatiques:  fausses  bulles  des  papes;  sur  des 
diplômes  qui  paraissent  originaux  (celui  de  Charles  le  Chauve  pour  le 
monastère  de  Haiut-Uuuu,  du  26  mai  K7ti).  —  Wy.<(BKBn.  Le  combat  du 
Lechfeld  (le  lieu  du  cumliat  livré  par  Otton  l*'  aux  Hongrois  en  955  ue 
peut  être  le  Lechfeld  situé  au  sudd'Augsbourg  ;  il  Tant  le  chercher  au 
Dord  de  la  ville).  —  luKHLeB.  Le  combat  de  Marchfeld  ;  2*  article. 

31.  —  Nord  tind  Slid.  Jahrgang  1881.  Janvier.  —  Schneeuanb. 
Strasbourg  et  la  rmiditiou  à  la  France  (fait  d'après  la  chronique  stras- 
I>ourgeoise  de  Reisseisen  publiée  par  Reuss.  Le  patriotisme  de  la  ville 
annexiN>  se  borna  à  i>lipulor  la  c-onscrvatiiin  de  ses  prtvilf>gp«  (^t  d(^  sa 
constitution  intérieure.  L'opposition  contre  la  France  commença  avec 
rinvasioD  des  jésuites  cl  la  propagande  catholique  et  prit  fin  à  la  Ilévo- 
lutioD,  qui  resserra  le-s  liens  jusque-là  assez  lAches  qui  unissaieut 
l'Alsace  à  la  France). 

39.  —  X>«atsche  Rundschau.  Fév.  1881.  —  Le  feld-maréchal  Pas- 
kiévilch  et  le  priuce  CurtcUakuf  (publie  à  nouveau  une  lettre  impor- 
tante, restée  presque  inconnue,  de  Paskiévitch  sur  les  opérations  mili- 
laireâ  en  Crimée  et  sur  le  Danube  ;  la  lettre  est  datée  du  16  sept.  1855). 
—  Jastbow.  Des  plus  récentes  histoires  universelles  (celles  de  Weber, 
d'Oocken,  de  Kanke).  =■  Mars.  K.  Hillebrakd.  GuIzqI  dans  la  vie 
privée  (d'après  ta  correspondance  t  peu  intéressante  •  publiée  par  M-de 


222  RBCUEiLs  réaioiiiuDEs. 

Wiu  ;  Gulxui  est  aussi  peu  sympathique  dans  sa  vie  privée  que  dan» 
8a  vie  politique). 

33.  —  GœttinglBche  gelelirte  Anaeigen.  N<>*  5>6.  —  Mùhlbacher. 
Die  Kege^ilon  de»  Kai^rreiclis  unter  den  KaroliDgern  (excellente  édi> 
tion  ciitiëroraeDl  remaniée  et  complétée  des  Régestes  publiés  pour  la 
première  fois  par  Bœhmer  en  18331.  —  Rahn'cht  et  Meisner.  Deutitche 
Pilgerreiseu  nach  dcm  heil.  I^ndc  (publieat  23  récits  de  pèlerirniges, 
presque  entièrement  inédits;  avec  une  liste  des  Allemands  qui  ont 
visité  la  Terre- Sain  te  de  1300  à  1600  ;  lee  auteurs  ont  réussi  à  découvrir 
environ  1400  noms.  Erreurs  de*  détail  assex  nombreuses).  —  Gierkt. 
Joiiaunes  Âltlmsius  und  die  Enlwicklung  der  naturrecbtUchen  Blaata- 
theorien  (excelleDlK  =  N»  7.  Ritsclil.  GeAchichte  des  Pietismus  imxé- 
resftant).  ;=  N'  8.  Moaumenla  germ.  bistor.  :  scriplorum  tom.  KXV 
(analyse  do  ce  nouveau  volume  par  Waitz).  =  N"»  9-10.  iavelrye.  Uis- 
toire  de  la  propriété  primitive,  irad.  allem.  Ctrès  intéressant;  1b  traduo 
leur  a  heureusement  rectifié  ou  complété  certains  points,  p.  ex.  en  co 
qui  concerne  ta  marlcn  germanique).  —  Ross.  Tbeory  of  village  commu- 
nities  (n'est  jias  a-ssnz  au  courant  des  travaux  allemands).  ^  N*  11. 
^n6ury.  Bistory  of  ancient  geugraphy  (compilalion  utile;  manque 
souvent  de  clarté  ei  d'exactitude|.  —  Piê,  Ueber  die  Abstummung  der 
Rumienen  (serait  mieux  appelé  Essai  sur  l'histoire  de  la  dilTusion  des 
Roumains;  fort  intéressant  d'ailleurs}.  —  Franciss,  Der  douiscbe  Epie* 
kojjat  in  seiuen  Verbwltniss  zur  Kaiser  und  Reicb  unter  lloinrich  lU 
1039-56  (!"  partie,  sur  rélection  dea  évoques  ;  fait  avec  critique). 

34.  —  ChBires-Gesellscbaft.  HlstorUches  Jahrbacli    Rd.    ?. 

Hefl  1.  —  lUTTiKQEa.  Le  patriarchat  de  Cunstaulinople  et  l'église  bul- 
gare au  temps  de  la  domination  des  Latins  (étude  sur  le  Provinciaie  n^ 
manum,  document  officiel  rédigé  par  le  camérier  Cencius  entre  1210  et 
121'?,  à  l'aide  de;^  catalogues  des  anciens  évêchés  grecs.  La  réorganisa- 
tinn  ecctésiastiqut*  entreprise  par  les  empereurs  latins  conserva  pour 
base  les  anciennes  relations  entre  la  métropole  et  les  diocèses}.  —  Nœ- 
avt».  Les  donations  des  Carolingiens  aux  papes,  l*'  article  (polémique 
contre  l'art,  de  SybcJ  inséré  en  I8S0  dans  VHistorische  ZcitsdtrifX.  Exposé 
approroodî  des  rapports  de  Pépin  et  d'Etienne  il  à  Ponthioa.  Les 
anciennes  posses.«ious  byzantines  en  Italie  prirent  pendant  la  Lutte  avec 
les  Lombarde  le  o<>m  de  Bespublica  romanorum  (dans  le  sens  de  Répu- 
blique romaine),  te  pape  étaut  nalurellomenl  considéré  comme  leur 
souverain  ilans  leurs  rapports  ax'ec  l'étranger.  Cette  RetpublicB  compre- 
nait Don  seulement  le  territoire  de  Rome,  mais  aassi  l'exarchat;  c« 
Fui  pour  tous  ces  pays  que  lt>  pape  demanda  @t  obtint  la  pmtaction  de 
Pépin),  =  Comptes-rendus  critiques.  Acta  UisUirica  resgestas  Polonlae 
illustnintia,  tomus  IV  iaa\Tage  digue  de  servir  de  modèle).  —  Pflugk' 
Uartlung.  Acta  poniifîcum  rumanorum  inediia  I  (nombreuses  erreurs; 
tègirement  fait).   —   Waitx.   Die  Verfassung  de«  deutschen  Volkeft 


iBCDBILS  PéaiODIQDBS. 


223 


la  stteBter  Zeit.  3  aufl.  (conteste  plusieurs  points). —  Siektt.  iîesch. 
der  ilpuLech(>n  8taaL<n'nrfasfiung  I  rn'ajoute  Heo  à  nos  wonaiBSincfts,  ne 
fait  quVmbrotiilIf^r  nos  idées).  —  Erhardi.  AellesCe  germanischo  Slaa- 
Lenbiiduag  (a  une  graude  valeur). 

36.  —  RbelaischeB  Masenm  f.  Pbiloloffle.  Neuo  Folge.  Bd.  36. 
Heft,  t.  iï*8!.  —  .\f!ï\0H.  I)p.  la  chronologie  dns  leitros  de  Pline  le 
Jt-une  (les  trois  premiers  livres  contiennent  des  lettres  de  97-104,  les 
lettres  du  4*  appartiennent  aux  années  103-106,  les  livres  suivants  se 
nppurtent  aux  anneett  106-109).  —  Ukqer.  Les  lupercales  (dérivé  de 
lues  et  parco.  Lupercus  veut  dire  celui  qui  éloigne  les  épidémies  et  b 
stérilité.  La  fête  était  célébrée  en  Ttionnour  du  dieu  Inuus|.  —  BnoK. 
De  ta  KoViTcîa  'A^vaWv  d'Aristole  (les  fragments  historiques,  récem- 
ment découverts  dans  un  papyrus  égyptien  et  attribue»;  par  Blass  à 
Théopompe,  sont  des  fragments  do  cet  ouvrago  d'Aristute.  tk)mmea- 
taire  approfondi  avec  des  recherches  importantes  sur  l'époque  de  Tbé- 
miKtocle).  —  E.  Mbyer.  Les  sources  de  ce  que  nous  savons  sur  la  guerre 
d'Antiochus  le  Grand  contre  les  Romains  (it  est  inexact  qu'Appien  se 
soit  servi  d'uu  ajinaliste  romain,  comme  t'a  dit  Mommsen.  Âppien  ne 
8*081  se-Tvi  que  de  Polybe),  —  Von  Duiu«.  Le  [wrt  de  Ponipeï.  —  Urrr».-*!- 
utaoBa.  Le  roi  Massiaissa  d'après  les  inscriptions  grecques  {Annali  deW 
Inst.  Rom.  1629,  p.  {56  et  suiv.).  —  F(SRS-rsa.  L'ige  du  service  mili- 
taire cbes  les  Romains  {l'âge  était  plus  élevé  sous  l'empire  que  sous  la 
république). 

36.  —  PhUologTis.  Bd.  39.  Hea3.  1880.  —  Gœrres.  Pour  servir  à 
la  critique  de  q.q.  écrivains  originaux  de  l'empire  romain  (étudie  le 
rtoil  des  infortunes  du  prince  gaulois  Julius  Sahinus  et  de  sa  femme 
Eponine,  sar  lesquelles  Merivale  a  élevé  des  doutes  non  jusliQés}.  — 
UïfOBJi.  Le  cycle  intercataire  alhéuien  (étude  très  compliquée  du  calen- 
drier athénien).  —  Srti.tWABHDER.  Les  legiones  urbanat  (sous  la  Répu- 
blique il  y  avait  cette  diQérencc  entre  les  légions  ordinaires  et  les  Ugio- 
nés  urbatuu^  que  ces  dernières  n'étaient  formées  qu'exceptionnellement 
pour  lerN'îr  de  garnisons  ou  de  réserves;  elles  se  composaient  des  jeunes 
gens,  des  vieillards  et  des  invalides.  Lee  légions  ordinaires  étaient  au 
ooDlraire  des  troupes  actives,  qui  se  recrutaient  ]>armi  tes  hommes 
dans  la  vigueur  de  l'Age).  —  H.  Haupt.  Les  recherches  sur  les  sources 
de  IHon  Cassius.  \f  art.  (traite  de  la  partie  qui  va  de  la  fondation  de 
Home  À  la  2*  guerre  punique,  tl  n'est  pas  démontré  que  Dion  se  soit 
servi  de  Fabius  Pictor). 

37.  —  Nene  Jahrbllcber  f.  Philologie  und  Pœdagogik.  Band 
121.  Ueft  II)  und  11.  18*10.  —  ILunkel.  Le  camp  romain  au  temps  de 
Polybe  ;la  porta  praetoria,  la  porte  de  sortie,  n'était  pas  sur  le  front 
stratégique,  mais  sur  le  derrière  du  camp.  Recherches  très  approfondies 
sur  l'étendue  du  camp). 

38.  —  MlUbeilangen  des  deutschen  arcbaBologiachen  Insti- 


tutaa  in  Athan.  Jahrg.  ô.  Hoft  9.  1S80.  —  SotiUtDT.  Notes  de  voyage 
(nouvelles  inscriptions  de  Delphos  et  de  Chryso).  —  WBn-.  Cythéro 
[topographie,  tomplo,  tombeaux,  inscriptions,  histoire).  —  Buim.  Rap- 
port sur  les  fouillps  de  l'AcropuIo  au  prioLemps  de  1880.  —  Kuedlkiu 
Documenls  relatiTs  au  trésor  athénien  (coQLienl  des  coosptes  de  receltes 
et  do  dépenses  des  années  306-305  av.  J.*C.  Recherches  sur  l'adminis- 
tration des  finances  alhénif^nnes).  —  Lollixo.  Une  nouvelle  horne  des 
dépendances  du  temple  d'Arterais  Amarysia  à  Athènes}. 

39,  —  AbhaDdlangen  der  historischen  Classe  der  K.  bayerî- 
BChen  Akademle  der  TVlssenscharteii.  Ud.  XV.  Ahth.  1.  1880.  — 
Stie\'e.  I,rf?s  négociations  relatives  à  la  succession  de  l'empereur  Ho- 
dulfttll  de  ir>81  à  iW'i,  (aussitôt  que  Uudulfe  eut  été  provoqué  à  prendre 
de?  mesures  t* nordiques  relativement  k  sâ  succession,  il  déclara  qu'il  ne 
fallait  pus  agir  précipitamment,  car  il  nourris&ail  depuis  16  ans  la  pen- 
sôjc  d'épouser  leabelle-Claire-Eu génie.  Lorsque  cette  princesse  eut  été 
Oaucée  à  l'archiduc  Albert,  il  chercha  à  prévenir  toutes  le»  prcteulioos 
de  celui-ci  à  la  couroune  et  choisit  Mathias  pour  successeur.  L'auteur 
retrace  d'une  façon  approfondie  Les  jdiases  de  la  maladie  et  tes  tergi- 
versations continuelles  de  l'emperour.  Efforis  du  duc  Maxirailien  de 
Bavière  et  d'Henri  IV,  roi  de  France,  pour  obtenir  la  couronne  d'Alle- 
magne. Tout  échoua  contre  la  résolution  de  Hodolfe.  17  appendices).  — 
RoGKmaBR.  Sur  d'aucîens  travaux  relatifs  &  l'histoire  de  la  Bavière  et 
du  Paloiitiat  conserves  dans  les  archives  secrètes  de  cour  et  d'ICtat 
{n°  iT-iO'i.  Beaucoup  de  valeur).  —  .\hth.  2.  PaEasR.  Rpcherches  pour 
servir  &  l'histoire  du  royaume  d'Allemagne  de  1330  à  133-^  (la  bulle  de 
Jean  XXTI  qui  sépare  l'Ilalio  de  l'Kmpirc  appartient  au  commence- 
ment de  1331  et  se  nutache  à  la  tentative  de  Philippe  de  Valois  pour 
procurer  à  sou  frère  Charles  en  1330  la  couronne  d'Italie.  Les  traités 
conclus  entre  ceux  de  Piumaccio  et  d'Avignon  furent  des  traitée  peu 
durables  arrachés  par  la  nrcefislté;  11  ne  peut  iViro  question  d'un  clmn- 
gement  dans  la  politique  du  pape  Jean  XXII  en  1331  et  1332.  Les 
négociations  paciliquesde  Louis  de  Bavière  à  Avignon  de  1330  à  1334 
ne  doivent  être  attribuées  ni  à  la  pusillanimité  ni  à  des  scrupules  reli- 
gieux, mais  à  des  considérations  polii-ique:^.  L'empereur  n'a  jamais 
songé  sérieusement  à  abdiquer).  —  RirrEft.  Pohlique  et  hisluire  de 
l'union  à  la  fin  du  règne  de  Hodolfe  U  et  au  commencement  de  celui 
de  MalUias  (la  politique  de  concession  avait  ses  représentants  dans  le 
cercle  des  confédérés  comme  au  sein  de  l'union ,  mais  l'énergie 
déployée  par  les  membres  de  l'union  assura  la  prépondérance  aux 
roprésenlauts  énergique!*  de  la  cause  do  l'empire.  Dans  le  conseil 
impérial  le  vice-chauc«Uer  d'Ulm  était  le  moins  conciliant-,  au  rebriurs 
de  l'évèiiuo  Klcsl  qui  était  porté  aux  coacessioos,  mais  qui  reculait 
devant  toutes  celles  qui  auraient  pu  être  décisives).  —  WûftDtmM. 
Contributions  à  l'histoire  de  la  fondation  et  de  ta  première  période 
de  l'ordre  bavarois  de  Saint-Uubert(U^'i-17Û9,  Avec  des  documents  en 
appendice}. 


lECÏÏSrtS    PJHIOniQDRS. 


225 


40.  —  Ai)handlangen  der  phllosophlsch-phllologlscben  Classe 
der  K.  bayerlscheo  Akademle  der  Wissenschaften.  lid.  XV. 
Ablh.  2.  \SA\).  —  I.AtTH.  Sîphtims  et  Ampnmosi's  (rois  de  la  xix"  dy- 
nastie qui  apparUnaiPiii  il'abi)nl  à  la  casU?  sacerdotal"!'  el  usuritèrenl  I»? 
In'me.  C'est  à  tort  qu'où  le»  considère  comm«  ayant  rngnf!  concur^ 
remniÊot  k  d'autres,  iU  furent  en  réalité  tes  succeR»eun(  do  làcllios  U). 
—  LiCTu.  La  période  du  phénix. 

41.  —  CorreBpondenzblatt  des  Gesammtver«iii8  der  deutschen 
Geachichtft-  tmd  AitertbQinsvdreine.  '2S«  aonf^c.  No*  &S.  Daroi- 
stjidl.  —  WcERSEn  et  UEcitMASH.  Les  foritncationit,  les  postes  et  autres 
travaux  de  défense  au  moyeo  Age  (parti cullèrem en t  dans  la  He^so  el 
les  lerriloires  limitrophes). 

42  —  Jahrbûcber  des  Verelns  von  AItepthumsrr«unden  Im 
Rbeinlande.  Heft  GG.  1879.  —  S^.k.seider.  Le$  routes  romaines  outre 
la  Meuse  et  le  Rhin.  —  Von  Ei.tksîteb.  Lu  Pimlo  romaine  de  Mayoaco  ù 
CoblenU  (découverte  à  Coblentz  en  1878).  —  Hùbubr.  Du  limes  romain 
en  Allemagne  (soutient  contre  Duncker  Texistencc  d'une  frontière  for- 
tïQee  pxlerïenn>).  —  Ckhist.  Contrihutinns  à  l'étude  de  la  mythologie 
comparée  imonumnnl  dwt  IHi  lasses.  Ce  sont  pndKiïdemeul  des  divioiliVs 
celtiques  qui  présidaient  aux  routes).  —  lu.  Inscriptions  de  lOdenwald 
et  du  Mainthal  (euile.  Inecriplions  do  Zellbausen)  —  Bose.  Deux 
tablettes  votives  de  la  Dca  Icovellauna  (trouvées  à  Sablon  aux  envi- 
raoB  de  Metz.  Cette  déesse  appartient  à  la  mythologie  celtique).  —  Id. 
La  pierre  tumulaire  de  la  legio  secunda  (Augusta)  dans  la  Haule-6er- 
mauie  (exhumé*  à  Kœnigshofen  près  de  Strasbourg}.  —  Asuacu.  Nou- 
velles inscriptions  romaines  (N-  1.  Inscription  votive  découverte  à 
Neuâs.  N'  2.  Inscription  tombale  docouvcrlc  à  Cologne.  N'  3.  Inscrip- 
tion tombale  découverte  à  Andemacb).  —  fi.  al8*h  Wbkbth.  Voies 
romaineii  {\.  De  Weissenthurm  k  Neuwied.  2.  D'Ahr  à  Bonn.  3.  De 
Trêves  .i  Bonn.  4.  Ija  voie  Bolgica  à  Wessclingen.  5.  Roulis  de  Wor- 
riogen).  —  Van  Vleïjten.  Une  découverte  do  monnaies  à  Bonn  (elles 
appartiennent  au  xvi*  uu  au  xvii*  s.).  —  lo.  Petites  éludes  de  niimisma- 
tique  (description  d'uno  importante  découverte  faite  à  Trêves  démoules 
en  terre  avec  des  empreintes  de  monnaies^  destinés  à  la  fabrtcaliou  de 
bnsee  monnaie  ;  médaillon  de  Gordien  III  en  argent  ;  125  monnaies 
appartenant  à  la  seconde  moitié  du  xi*  s.)-  —  tLËKT-zELËR.  Liste  des 
bourgme-sires  d"Alx  depuis  les  temps  les  plus  anciens  jusqu'à  l'invasion 
française.  —  Comptes-rendus  de  découvertes  d'antiquités  romaines  à 
DooD,  Cologne^  Bregenz,  Darmstadt,  Liroboui^,  Rheinzabern,  Linz; 
comptes-reudas  de  la  découverte  de  constructions  sur  pilotis  ji  Donaues- 
chingen.  —  Deppb.  Sur  la  durée  de  la  bataille  île  Teutcbourgitdle  dura 
2  jours). —  PoHL.  Voies  romaines  (I.  A  Euskirclien.  2.  A  Blaukenhei- 
menlorf  dans  le  cercle  de  Schleiden).  =  Comptps-rendus  critiques. 
Frahner.  Les  médaillons  de  l'empire  romain  (heaucoup  de  valeur).  ^ 
Hefl  67.  1879.  Becker.  Sur  fhisUiim  primitive  de  Mayence,  de  Castcl 
Rsv.  HisTOR.  XVI.  !•'  fASc.  15 


236 


RSCrCILR    PïEniODrQCBS. 


el  d'Heddernheim  ;  suite  au  138  Hft.  (coiistitut.  des  villes  rom.  du  Hhin, 
leur  fondation,  leur  développ.  et  leurs  fortificatjûns.  Artaunnm  est  U 
même  localité  qu'Hombourg  vor  dcr  Hœhe).  —  Schneider.  Houtej  fttra- 
tégiqueg  rotnainefi  sut  la  rive  gauche  du  Rbin  el  de  la  Moselle.  — 
E.  HûiLtuR.  Le  «aiicluaire  de  Nodou  (près  d'AvUmi-tHii  daus  le  comté 
de  Giouccstcr).  —  Mohusen.  Fragments  de  deux  (aides  de  bronso  (trou- 
vées à  Mayence  ot  contenant  une  liste  de  16  noms  de  soldats).  —  Klein. 
Inscriptions  romaines  (1.  Monuments  votifs  de  divlaités  celtiques  troa- 
vées  à  Berkum.  2.  Inscripliou  militaire  en  Thonneur  d'Âuloain  le 
Pieux  trouvée  à  Bonn).  —  Z.vnqkmeisteb.  Inscriptions  sur  briques  de 
Mariaweiler  et  de  Bonu,  —  SEF.oEa.  Les  cautonacments  et  les  travaux 
de  dèrense  romains  en):re  Ubernhourg  sur  le  Mein  et  Seckmauern  dani: 
rOdenwald.  —  Alde^ikirche».  L'authenticité  de  l'inscription  votive 
de  l'église  de  Scbwarzrheindorf  (de  1151,  est  authentique.  Il  n'y  a  pas 
eu  de  chancelier  impérial  du  nom  d'Erchenbert).  —  Compte-rendu 
de  décôuvrrtes  d'antiquités  préhistoriques,  romaines  et  germaniques  à 
Bonn,  Gcrolsiejn,  Sablon,  Trêves.  =  Heft  tî8.  Sghxeideb.  Voies  straté- 
giques romaines  daus  les  provinces  rhénanes,  la  Westphalie,  ia  Hesse 
et  le  Nassau.  —  Muqller.  DanB(}uel  tempe  faut*tl  placer  l'établissement 
de  !a  voie  romaine  sur  rHunsrùck  ?  (faite  par  Agrippa  bous  Auguste). 
—  Von  Becker.  Les  voies  romainos  dans  le  pays  diî  Badeu  el  le  Wur- 
temberg. —  \Voi.F  et  MoMMSEN.  La  découverte  des  restes  d'un  castrum 
romain  à  Deuiz  ((^sar  passa  le  Hhin  à  Deutz  ;  ce  autmm  était  une 
tète  de  pont  fortiGée  à  ce  passage  du  Rhin;  il  conserva  son  importance 
dans  les  temps  postérieurs.  Recueil  d'inscriptions).  —Eraue,  Anciennes 
inscriptions  chrclicnnos  de  Trêves.  ~~  Hurnbr  et  Muuusen.  Sur  les 
iascriptious  du  sanctuaire  de  Nodon  en  Angleterre.  —  V.  Vlbdtbm. 
Une  dt'couverte  de  petits  ]»lats  irisés  à  Bonn.  —  K«iNEN.  Découverte 
d'un  castrum  franc  à  Neuss.  —  Comptes-rendus  de  fouilles  faites  à 
Bonn,  Cologne,  Duisbourg,  Metz,  Xanlen»  etc.  —  Comptes-rendus  cril. 
Casagramli.  Agrippiiia  |peu  concluant).  =  188U.  Heft  69.  Asbach.  L'uri- 
gine  de  la  Germaine  de  Tacite  (lorsqu'eii  98  Veslricius  Bpuriuna  com- 
mença ses  nptSrations  contre  les  Germains  sur  la  rive  drt^ite  du  Rhin, 
Tacite,  pour  satisfaire  la  curiosité  des  Romains,  Iraca  à  la  hàic  une 
eBijuisse  de  la  Germanie.  C'est  ce  qui  explique  le  peu  de  précision  et  le 
vague  de  «es  renseignements).  —  Hbitnkr.  Rapport  sur  les  antiquités 
découvertes  dans  le  cercle  de  Trêves  en  1879-SO.  —  ScHMBtDBB.  Voies 
militaires  romaines  dans  lee  provinces  rhénanes,  la  Weetphalîe  et  lo 
Hanovre.  —  Z.\.soe.mei8T£h.  In&cription  de  la  Ùea  Moguntia.  —  lu.  Ins- 
criptions de  la  vallée  du  Neckar,  du  Ki-euzwald  et  de  Daxlanden.  — 
P.  WûLTBna.  Nouvelles  inscriptions  de  Bonn.  —  E.  ads'm  Wbebth. 
Verreries  romaines.  —  lo.  Cimetière  franc  à  Cobern  sur  la  Mo.selle.  — 
lo.  Compte-rendu  des  dernières  découvertes  faites  à  Xanten. —  Kbaus. 
Horac  Metenaes  (catalogue  dos  mss.  du  baron  Lcuis-Numa  do  Salis, 
mort  récemment.  Ces  mas.  sont  de  la  plus  grande  importance  ponr 
l'histoire  do  Lorraine).  —  Cuiupt^^rendu  de  découvertes  d'antiquités 


I 


RBCnBn.»  PBRrOOIQDSS. 


£27 


romaines  fuie*  à  Bonn,  Uaden,  llregenz,  Uagnau,  Mayenc«>  Metx, 
Mœn,  Ncnss,  Salxbrunn  prés  Kemplen,  dans  la  Haul«-8ouabe  et 
rOdenwald. 

43.  —  MiUbeUnn^D  an  die  Mitglleder  des  Vereios  fQr  6e- 
schichte  tud  AltertfamnsJninde  InFrankfbrt  a.  Hain.  IVl.  5.  N*  4. 
imy.  —  FiLK.  Chroniqueurs  du  Rliin  moyen  â  la  lin  du  moyen  &ge 
«.  I^  moine  d'Ëberbach.  2.  Theudoric  Gresemund.  3.  Uebclin  de 
neimhach.  4.  Georges  Uell.  5.  Jacob  de  Mayence  et  aulrej;.  Renitei- 
gnemf^niR  sur  leurs  renvres  et  lenrs  mss.).  —  Gbotefend.  Pour  sen-ir  à 
i'bistoire  ancienne  da  couvent  de  Paterehausrn.  — Scgneidbr.  La  mort 
et  la  succession  dn  landgrave  Georgoft  Christian  de  Uesse-Hamltourig 
(mort  à  Francfort  en  1677.  Travail  fait  d'après  les  documents  dos 
archÎTes  de  Darmstadl).  —  Becke^.  Pour  servir  à  rhÏHtoire  de  Metz 
sous  \es  Romains.  —  1d.  L^  dièiu  de  Francfort,  en  1454.  —  In.  Le  sou- 
lèvement des  Bagaudee  au  lu*  siècle.  —  Bûcher.  Agriculture  des  6er- 
m«iof.  —  Dechemt.  Édita  de  tolérance  des  empereurs  romaine.  — 
RnK.  L'Allema^me  ven;  500  après  J.-C. 

44.  —  ZeiUchrlft  fiir  die  Geachichte  des  Oberrheina.  Dd.  33. 
Hefl  3.  Ift80.  —  WiLLB,  Le  journal  el  lo  livr»'  de  déponfes  de  l'électeur 
palatin  Frédéric  IV  (fin).  —  Von  Wsegh.  La  suppression  du  couvent 
d'Herrenalb  par  le  duc  Ulrich  de  Wurtemberg,  1535  (publication  d'an 
ms.  de  Carlsruhe  du  xvii"»  s.,  dont  les  sources  sont  des  aclcs  ofBciels). 
—  Habtfelder.  StatatR  do  la  ville  d'Oberkirch  (rédigés  au  xvi*  s.,  mais 
une  grande  partie  de  leurs  dispositions  remonte  à  une  époque  très  anlé- 
rienre). 

46.  —  Alemannia.  8*  année.  Fasc.  3.  —  BinLmoEa.  Urbarium  de 
BeurOD  (commencement  du  xiv*  s.;  Huile).  —  Bdck.  Encore  les  Ala- 
manR  (primitivement  Alacinanni  ou  Atahmanni).  —  Doll.  Inscriptions 
de  maisons  en  8ouabe.  —  DmLiHiiER  et  Crkci^ijui).  IjOs  8ouab(^s  et  les 
Alamans  {U.  ha  habitants  de  l'AlIgreu,  renseignements  relatifs  à  l'his- 
toire de  la  civîUsalton  tirés  des  sources  du  moyen  t^gc).  —  Bibunoeb. 
DoLL  et  BncK,  léf;ende&  populaires  {supen^iittons,  relies  de  paganisme, 
charmes  amoureux,  formules  de  IténédicIJon). 

46.  —  43  Bericht  Ober  Bestand  iind  "Wlrlcen  des  Uatorlachen 
Verains  an  Bamberg  im  Jahre  18791880.  —  H.  Webur.  [liâioire 
des  études  supérieures  dans  le  grand  chapitre  de  Bamberg  von  1007- 
1603  (312  p.  L'auteur  s'occupe  particulièrement  de  l'universilc  à  l'aide 
de  nombreux  ducumcnts). 

47.  —  Zettscbrlft  der  Geaellschaft  ftlr  Befordemng  der  G«- 
■chichts-Alterthums  und  Volksltunde  von  Freiburg,dem  Breis- 
gaa  and  den  aogrenzeaden  Landschaftcn.  Bd.  V.  I,s80.  ïleft  'l.  — 
MADBBa.  Chartes  relatives  à  rhistoîro  do  la  seigneurie  d'Uesenberg 
(1052-1543  ;  extraits  de  143  documenta,  publication  intégrale  de  45  gé- 
néalogies des  seigneurs  d'Uesenberg.  de  1D50  jusque  vers  1450).  — 


32$  ascuEiLs  réaiODittOKs. 

P.  V.  RoKOEEi.  Qaolqucs  notices  sur  l'histoire  de  la  seigneurie  de  Tiers» 
perg  1392-1463.  —  Bauer.  La  fondation  de  la  ville  do  Fribourg  ea 
Briijgau  (fondée  par  lo  duc  Borctitold  II  de  Zii>hriugeu  vors  1090,  el 
agrandin  par  ses  deux  fils;  fait  d'après  des  pièces  d'archives). 

48.  —  MlttheilungâB  âe«  Hanauer  Bezirksvereins  fDr  hes- 
fllsclie  Gescblchte  und  Landes- Knnde.  N*  0.  1H80.  —  Mullmanh. 
Histoire  du  baron  de  Trimborg  [d'après  les  documents).  —  Baron 
ScuE^K  zv  ScuwËiNsuERu.  Gtiijéalugîp  des  familles  seigneuriales  portant 
le  nom  d'Hituau  (ifs  familloâ  Borrelilpu-Uanaii  et  Hucheu-Hananl.  — 
lu.  Pour  servir  à  l'hisioirc  i\i*s  chAteaux  de  Rouneburg  el  de  Ranneu- 
berg  et  de  leurs  posses.<;eurF.  —  k.  von  Behe  etR.  âucuien.  Généalogie 
dos  comtes  d'Hanau  (1243-1736).  —  Suohisb.  Les  tombeaux  des  comtes 
d'ilaaau  {important  puur  leur  généalogie). — Jungiuns.  Histoire  du 
village  de  LaugenRelbold  (d'après  les  documents.  Plein  de  renseigne- 
menu*  statistiques  et  relatifs  à  l'histoire  do  la  civilisation).  —  Cuno. 
Adam  Hertzug  [inspecteur  dos  écoles  et  des  églises  du  comté  d'Hanau- 
Mùuzeobt^rg  à  la  Hn  du  xvi*  s.).  —  J^unorahs.  Relation  contemporaine 
de  Charles  Behagel  sur  le  siège  de  Uauau  par  les  impériaux  |lti35- 
1636).  —  NECHiîLLBB.  Etat  de  Hanau  de  17*27  à  1732  (commerce, 
industrie,  visiteurs  êlrangers,  .suksistaiiiicit,  etc.). —  Junghans.  Willielm 
Aoloaitis,  le  premier  imprimeur  du  ilauau  (vers  I59i|.  —  Wolff. 
Conduites  d'eau  éiablies  par  les  Romains  dans  le  voisinage  de  Hanau. 

49.  —  QaartalblEBtter  dds  hlatorischen  Verelna  f.  dae  Groas- 
herzoc^hum  Uessen.  1H78.  —  Wvss.  Deux  tlocuinents  relatifs  à 
l'histoire  dR  lu  pèche  i  Mayence  (de  1333  à  1339).  =  1879.  N-  1-4. 
Publiés  en  IStJU.  Koflbb.  Le  village  de  Didiglieim  (recueil  relatif  au 
\illage  de  Uidi^heim  qui  fut  uni  plus  tard  à  la  ville  de  Hombourg 
vor  d*T  Hoïlio).  —  Comte  Schenk  zv  Schweinshkbg.  Le  ch&tean  de 
AVafl'ensand.  —  Wvss.  Notes  sur  les  rois  des  Romains  Albert  II  et 
Frédéric  UI  (tirées  des  archives  du  château  de  Kried!>ergJ.  —  In.  Le 
couronnement  d'un  électeur  palatin  à  Obcr-lngellicim  et  ses  frais 
(d'après  des  documents  des  archives  de  Darmstadt  de  1577).  —  Aperça 
des  publications  historiques  relatives  à  la  Hesse. 

60.  — Zeitschrlft  d.  Berelschen  Qesclilchts-Verelns.  Bd.  XV. 
1879.  —  KîauHALAT.  Le  lestameul  de  la  ducliesse  Suphie  de  Juliers 
(1-173).  —  Bucumcnl  relatif  à  la  rupture  des  fiançailles  entre  le  land- 
grave Louis  I  de  Hes^e  et  Marguerite  de  Clèves  (H31). —  Katt-CR.  Pour 
servir  à  l'hiBtoirn  ecclèsiasliquo  de  rAllemagne  du  N.-O.  au  xvï*  s.  — 
Régostcs  pour  l'hisLoiro  des  barons  d'ilammorstein.  —  Tobibn.  Docu- 
ments du  couvent  do  Gevelsberg.  —  Strauvek.  La  prise  du  duc  Guil- 
laume do  Berg  par  son  lils,  le  comte  Adolfe  de  Ravensberg  (28  aov. 
1403). 

51.  —  Mlttheltungen  des  Vereins  f.  Aataaltische  Geschlchte 
nnd  AJtertbumskuiîde.  Bd.  II.  Hefu  «.  I>psftau  IHHO.  —  Jacobb. 
Histoire  du  bailliage  de  Baîrenrodo.  —  Eckstsi.n-Iluerstedt.  la  terra 


RECtTEILS  P^BlOOrQC 


229 


KoWnensi  jrogistre  censter  et  lorrier  «les  prévûtg  de  la  caihédralp  dp 
Ua^eboarg  pour  le  bailUagnde  Kopthcnvers  1302).  —  SisntOK.  Vuyago 
du  princo  Léopold  d'Anbalt-Nassau  on  tlalic  (1693-1695).  —  Kracs. 
Un  rapport  sur  la  bataille  de  Striegan  (1715). 

SB.  —  Nenes  Archiv  T.  Seachsiacbe  Goschichie  u.  AlterthuniH* 
kunde.  Dd.  I.  Hefi  1.  1880.  —  Haron  ù  Byrn.  Giovanna  Qu-^uova  el 
la  troupe  des  comiei  italiani  à  la  cour  de  réLoct«ur  de  Saxe  rot  de 
Poto^e  (sous  le  prince  électeur  Frèdèric-Augusle  I*').  =  Coinptes-ren' 
duR  critiques  :  Urkundenbuch  der  Universilxct  l^cipzi^  von  U()9  lus 
1555  (très  méritoirp).  —  Schjefer.  fieschichtc  des  uecheischen  Postwe- 
«ns  (bon).  —  Gautsch.  Aelteate  Goscbichte  der  sirchsiscben  Schweiz 
(bon).  —  Aperçu  dea  derniers  travaux  relatifs  à  Thistoire  de  la  Saxe  et 
de  la  Thuringp. 

63,  —  Zeltschrlfi  dea  hlstorlschen  Verelns  f.  Nieâenuechsen. 
Jalirg.  18S0.  —  nriRtis.  Les  rogesics  des  seigneurs  do  Ilonibourg 
(431  numéros  de  li?9  à  1436).  —  Harland.  flestes  de  paganisme  dans 
le  Salling-Gebirge  ft.  La  légende  du  cbasseur  sauvage.  2.  Loups  gamus 
et  démons.  3.  La  dèt^se  Frcya  dans  le?  croyances  populaires).  —  Siuo». 
Les  t^tes  de  chevaux  clouées  aux  pignons  des  maiftons  de  paysans  de 
fai  Basce-Saxe  (l'opinion  qui  attribue  un  Kons  religieux  symbolique  à 
ew  ornements  est  errouce).  —  Mùllbb.  Les  aligaomcntfi  de  tombes 
près  Clauen  danit  le  district  de  Peine.  —  Sbnff.  La  bataille  de  Sieveurs- 
faauson  1553  (racontée  en  détail  dap^^s  des  .sourrei^  nouvellement 
découvertes).  —  Hahlako  et  Boueaiasn.  Statuts;  def  associations  de  voi- 
sinage d'Ëtubeck  en  163G  (cette  instilutiou  m  ratUiLhn  aux  ghildes 
d'assurance  mutuelle  germaniques).  —  Eogebs.  Samuel  de  Chuppuzcau 
(De  h  Paris  en  1625,  précepteur  du  futur  roi  d'Angleterre  Guttkuuio  lU, 
gouverneur  des  pages  de  la  cour  de  Brunswick  à  partir  de  Ifi82,  remar- 
quable comme  poète  et  bistorieu).  —  Dokoncr.  Documents  .«ur  la  cous- 
Lniclinn  du  pont  d'Humelu  sur  le  Weser  (1391).  —  Harlano.  Le  tribu- 
nal de  canton  au  Sùlberg  prèâ  Slrudtbagen.  —  lo.  Le  i'ogaisbiirg  près 
le  village  de  Vogelbeck.  —  Bodeuanh.  Règlement  municipal  do  Nord- 
heim  relatif  aux  mariages  et  aux  baptêmes  (!(iSO).  —  Fiedelbr.  Lista 
et  index  analytique  des  documents  publiés  par  la  société  historique  de 
U  Basse-Saxe  (.«iiiite.  N*»  672-765.  Périodi-  de  1300  à  !76Sj. 

64.  —  Geschlcbts-BlBBtter  fOr  Stadt  aod  L&nd  Magdebarg. 
Jalirg.  15.  Hefl.  4.  1880.  —  "Wegen-eb.  Usages  suivis  dans  les  fêtes  du 
payg  de  Magtlebouri;  (la  fôle  des  moissons  et  la  ffttft  de  saint  Martin). 
—  Krùhne.  Hecherchps  sur  l'histuire  de  raucienne  cuusliluiiou  muni- 
cipale de  Magdebûurg  (suite,  llîstoire  dn  i'arclievôchc  de  973  à  1018. 
Origine  du  burgraviat.  Usurpation  du  bailliage  archiépiscopal  par  les 
burgraves).  —  Hkhtkl.  Pour  senir  à  l'histoire  de  la  Rèformation  dans 
l'archevôcho  de  Magdelyourg  (d'après  les  notes  mss.  de  G.  v.  Alvenlcbcn 
conservées  dans  la  bibliothèque  municipale  de  Mugdebourg).  —  In.,  Le 
mude  d'élection  des  conseillers  municipaux  de  Mugdebourg  {d'après  un 
document  de  1680). 


230 


HECneiLS  PBRIODIQCRS. 


65.  —  Jahrbûcher  and  Jahresbfricht  des  Vereins  fflr  meklen- 
burgische  0«sohichte  and  Alterthamskande.  Jahrg.  45.  1880.  — 
WiuuER.  KclatioQ  (l'IbraUim  ibu  Jakub  sur  l«w  Slaves  en  973  jlbrahîm 
était  un  juif  de  l'Âirique  Bepteutrionale,  qui  faisait  probablement  partie 
de  l'ambaiisatip  fiovoyne  par  les  Sarrasins  d'Afrique  à  Othon  I"  Pi  ^i 
consigna  par  pcrit  ses  impressions  personnelles  sur  les  populations 
glavcSf  leurs  instîtutinns  et  leurs  mœurs.  Teito  et  commentaire  soigné 
de  cette  rnlaliDD  publiée  pour  lu  première  fols  par  M.  I.  de  Gœje  dans 
les  Verslayen  en  makelingen  dsr  K.  Ahademù  van  Wetensckappen).  — 
Cbull.  Uuc  inscription  du  chœur  du  couvent  des  Dominicains  de  WU- 
mar  [contient  d'iniportonls  maseignemenui  comme  en  dunnerait  une 
chrimiqui!  sur  la  période  de  i2lfi-14t)6).  —  Kiss.  La  chronique  rimée 
sur  les  difficulléii!  soulevées  par  l'érection  de  l'église  de  Saiut-Jacqucs 
de  Roetoclc  en  collégiale  (du  x\i"  s.)  —  Wiooer.  La  vie  du  duc  Frédéric 
le  Pieux  jusrju'à  son  avènement  (d'après  des  pièces  et  des  lettres  de  Mil 
à  ITSG.  I^es  renseiffuements  sur  le  séjour  du  prince  dans  les  cours  de 
France,  d'Angleterre  el  de  Prusse  présentent  uu  intérût  particulier. 
Beaucoup  de  détails  importants  pour  l'histoire  des  mœurs  et  des  idéesf. 
—  A.  J.  C.  EUB  Neudbn.  Contributions  à  l'histoire  du  grefTe  de  Schwerin 
(personnel,  procédure,  statistique  des  procès,  intervention  directe  du 
duc,  honoraires  des  employés  du  xvi*  au  xu'  s.).  —  Liscn.  Antiquilcs 
préhistoriques  du  Mecklembourg  {fragments  de  Tàge  de  la  pierre  et  du 
bronze,  anneaux,  urne  colossale,  etc.).  —  Voss.  Contributions  à  l'iiis- 
toire  des  drapeaux  mecklembourgeois  idescripiion  des  drapeaux  du  ivm* 
et  du  XIX*  s.  conservés  jusqu'à  nous,  suivie  de  rc^nseignements  impor- 
tants pour  l'histoire  de  l'armée  en  Mecklembourg). 

S6.  —  Zeltachrlfc  fttr  preusslsche  Geschlchte  and  L&ndeft- 
knnde.  Jalirgang  XVLI.  Sept.-oct.  1880.  —  FaciisEa.  Les  démêlés 
de  l'abbé  Bastianî  avec  le  chapitre  de  la  c.it.)iêilnile  de  Breslau  et, 
le  prince  évéqiie  Philippe  Gotth,  comte  Slhaffgotsch,  1753-175G  (bio- 
graphie de  l'abbë  Bastiani,  qui  rendit  les  plus;  grands  services  à  Frédéric 
le  Grand  dans  les  nombreux  différends  de  celui-ci  avec  l'église  catho- 
lique de  Bilèsie  rt  dont  Tautcur  fait  les  plus  grands  éloges),  —  Dbotsiln. 
L'Angleterre  et  la  Prusse,  1740-1746  (le  plan  de  lord  Carteret  était 
d'occuper  la  France  sur  le  continent  pendant  la  prrmière  guerre  de 
Bilésie  de  telle  facou  qu'elle  ne  pûl  songer  au  rèCabUesemeat  des  Bluarts. 
L'hostilité  du  peuple  anglais  contre  les  troupes  haiiovrlonnes  à  la  solde 
de  l'Angleterre  et  la  crainte  dos  Anglais  de  ne  travailler  que  dans  l'iu- 
térét  du  Hanovre  causèrent  la  chute  dp  Carleret  en  1744.  En  1746  on 
songeait  encore  en  Aitglelerro  el  eu  Russie  à  se  réunir  avec  l'Autriclie 
pour  fondre  dur  la  Prusse  et  la  mettre  en  pièces).  —  Kobsb.  Les  rap- 
ports de»  ia  Prusse  et  de  La  France  en  1741  et  1742  [le  désir  de  Fleury 
était  d'éviter  que  la  rranc4t  j^rît  part  à  une  action  militaire  contre  TÂu- 
Iriche,  tandis  qu'il  s'efforçait  par  des  negocîaUous  diplomatiques  do 
fortilier  la  politique  active  dos  adversaires  de  l'Autricho  el  de  faire 
ajourner  ['étectioa  de  François  I"  comme  empereur.  Fleury  avait  une 


LICOKOâ  PlâfllODIQlTBS.  i^ii 

grtnde  antipathie  coDlre  Frédéric  le  Graml).  =  Nov-dcc.  Esduamw- 
DCEBpCR.  Pour  Ben'ir  à  l'hiPioire  du  Gread-Ëlectour  (expuBé  des  ëvé- 
nemenls  dont  il  osl  qtit^stiou  dans  lo  9"  vol.  des  Urkundm  und  Àkten' 
stQdu  ivr  Gtschùchte  des  Kurffirtten  Pritdrich  HïiAe^n}  —  Uaaosohh, 
Drkundê»  it.  AklerutQcke  sur  Gesehichte  des  Kurfiirtten  Friedrich  Witttelm, 
tome  X  (expose  des  ucgociations  des  Étal«  de  Brandcbi>un$  contenues 
dans  ce  vol.).  — Gueci^b.  I^b  relations  du  Brandebourg  et  du  Danemark 
en  t679  (addition  à  ce  qui  a  paru  «ur  ce  i^ujet  dans  le  mt>[ue  recueil  ou 
1879.  Daprèit  les  protocoles  du  Gonâeil  d'Ëtat  de  Danemark  qui  prouvent 
que  ce  pays  Tait  alors  aussi  bien  que  le  Brandebourg  plusieurs  tenta- 
tives pour  conclure  une  paix  séparée  avec  la  France).  —  Brocx.  Anglais 
el  Brandebourgeois  (cherche  à  déterminer  l'élémont  brandebourgeois 
dans  les  troupes  qui  ont  pris  part  à  l'expédition  de  Guillaume  d'Orango 
en  Angleterre  eu  1688  el  à  ses  campaguett  augio- irlandaises).  —  Noaii- 
Borr.  Henri  Scbeve  (important  pour  l'bistoirede  l'humanisme  allemand 
du  xTi*  ».  Biographie  et  appnMîiation  historique  «  littéraire).  —  B«tt- 
CHER.  Le»  lieux  habités  par  les  Germains  d'après  Tttciie. 

57.  —  SehrifteB  dea  Verein*  flïr  di«  Geachiclite  der  stadt  Ber* 
Un.  Fasc.  XVU.  Berlin,  1880.  —  FaiEOBL.  Découvertes  d'anliquités 

préhistorique  faiU-s,  à  Berlin  et  aux  environs. 

58.  —  Jahreabericbt  der  Schlestacheo  GeseUschaft  far  vater- 
laendlache  Coltur.  1880.  —  lûtEas.  Oc  ta  tactique  au  commcncemant 
du  XVII*  s.  et  pluh:  spécialement  de  la  bataille  de  la  MoDtagne>Blanche. 
—  Grûhhagbn.  Ia  mtsffion  de  l'ambassadeur  aDglais  tord  Hyndford  à 
Olnmtz  imars  !7V2).  —  Rëiua»n,  Les  négociations  du  priuce  Henri  à 
Péi«rshourg  sur  la  question  turque  et  la  question  polonaise  dans  l'hiver 
de  1770-71.  -~  Fbohkbr.  Le  comte  d'Hoym  (né  en  1740^  ministre  diri- 
geant de  Silésîe  de  1770  à  1806.  Son  rôle  consista  seulement  à  tître  un 
fidèle  senrileur  de  fion  roi,  il  n'eut  d'ailleurs  aucune  initiative  per>«on- 
nelle).  —  Fkchneb.  La  fuite  du  comte  8cba%otsch,  priiice-évéqne  de 
Breslau  et  le  séquestre  de  l'cvécbe  de  Brcslau  par  Frédéric  le  Grand. 


69.  —  Archiv  fUr  œsterreichlache  Gesohlchte.  Bd.63.  HselTtel. 
IftAO.  —  VVr.ftTHEiiiER.  Deux  des.ori|>iions  de  la  cour  de  Vienne  au 
xvm*  s.  (ces  deux  pièces  proviennent  des  archives  du  ministtre  des 
affaires  étrangères  en  France.  Le  premier  document,  intitulé  ;  Portrait* 
dt  ta  eour  de  Vienne,  a  peut-être  pour  auteur  te  marquis  de  Durfort, 
ambassadeur  de  France;  le  n'  2  :  Tabttau  drs  ministres  et  des  principaux 
pertonnaga  de  la  cour  de  Vienne,  devait  ser\ir  de  guide  au  priuce  Louis 
de  Rohan  lorsqu'il  alla  à  Vienne  en  1772  en  qualité  d'ambassadeur. 
Tcxtej.  —  Lange».  VoîtK  de  l'Albanie  du  nord  et  de  l'Herzégovine  de 
se  aoumettro  à  l'Autriche,  1737-1739.  (Lo  passage  du  patriarche  dlpek, 
Ârscntus  loannovirh  et  d'une  troupe  do  Serbes  et  d'Albanais  en 
Autriche  en  173>t  détermina  aussi  rUcrzègovinc  â  entrer  en  négociation 
avec  celte  puissance  par  Vnchkovich  et  Milichovich  qui  avaient  de 


28S  BECCRILB   PéatODIQlTKS. 

pleine  pouvoirs.  Le  soulèvement  projelé  des  Slaves  du  sud  fut  déjoué 
par  la  paix  de  Belgrade  si  pénible  pour  TAutricho.  Nombreuses  lettres 
et  piàcfw  incditps  ru  appendice  '.] 

60.  —  Mittheilasgen  der  K.  K.  CentraJ-€ommlsalon  eut  Erfor- 
schnog  and  Erhaltong  der  Kaost  usd  historiscben  Denkmale. 

HiJ.  VI,  llelt.  3.  Vienne.  18no.  —  Ph;hleii  Restes  étrusques  ea  Cityrie 
01  en  (Jarlnihie  (suite).  —  Jenny.  Kuiues  de  l'aDcieiine  Briganiium.  — 
Kesser.  MimumnntF  romains  à  Petronoll  et  a  Celeja. 

61 .  — Zeitachrlft  des  Ferdinandenms  fOr  Tlrol  and  Voraribere. 

3  Kolge.  Ilefl  24.  Inusbruck  tSSO.  ^  L.  H-  Le  mouvement  protestant 
dans  le  Zitlerthal  au  xvi«  s.  (PubUcalion  de  7  lettres  écrites  à  uu  par 
l'archev^uc  de  Salzbourg.  1562.)  —  1d.  Bapi^^me  d'enfants  mort- 
nés  dans  le  Tyrol  (textes  appartenant  aux  années  1683-1692).  — 
Id.  Poursuites  dirigées  par  le  clergé  contre  des  livres  prohibés  dans  le 
Tyrol  (lettres  et  protocoles,  1758).  —  In.  Mesures  priB««  contre  l'inlro- 
ducUoQ  du  jacobinisme  en  1794  (le  prince-évéque  de  Brixcn  se  fiaîï^ait 
rendre  cumple  par  les  prôtres  de  son  diocèse  des  sentiments  religieux  ot 
politiques  des  lidèles.  Publie  des  renseignements  très  intéressauifi  four- 
nis pas  les  prêtres). 

62.  —  Rcchcnscbafts-  BeHcht  des  Aosschasses  des  Vorarl* 
berger  Muséums-  Ver«ina  in  Bregcns.  Jahrgang  1879.  Bri^geru. 

—  ZtKsMÀiD.  Le  Neubttrg,  et  histoire  des  choTalierE  Thumb  de 
Neubourg  dans  le  Vorariberg  jusqu'à  la  vente  de  leur  seigneurie  i 
TAutriche  en  1363  (généalogie  très  complète  accompagnée  de  ren- 
seignements sur  l'ancienne  noblesse  du  Vorarlberg).  —  P.  Joarna 
Baptirta.  Prazalanz  (ville  qu'on  croit  engloutiel.  —  IltUHBL.  Liste 
chronologique  des  documents  de  l'ancien  monastère  bénédictin  de  Meh> 
rerau  (suite.  De  1501  à  1599). 

63.  —  Mittheilongea  des  AJterthamsTereins  su  Plaaen.  Publié 
par  J.  Mûller.  Plauen^  lÂSO.  ~  Moellm.  Documents  relatifs  a  l'his- 
tuiro  dp  Plauen  et  de  son  bailliage  publiés  in  estenso  ot  par  extraits 
(1 12*2-1302).  —  Albebti.  Remarques  sur  le  document  le  plus  ancien 
relatif  à  Plauen  (.1^  1122). 

64.  —  Beitraege  zar  Konde  steiermaarklBcber  G««chlchtsqnel- 
1«B.  Jahrg.  17, 1680.  —  F.  M.  Mayeh.  Mémoires  de  Léopold  Ulrich  6chi»> 
dlberger  sur  l'histoire  d'Ëisenerz  :  1*  Chronique  universelle  jusqu'à  1713, 
en  grande  partie  d'après  des  chartes;  2*  Grdrnkfmch  composé  en  1709 
contenant  le  catalogue  des  chartes  et  pièces  d'archives  qui  se  trouvaient 
alors  à  Eisenerx  ;  3*  le  •  Ehrenruf  »  (histoire  de  StjTie  jusqu'en  1710). 

—  L  VOD  Zabn.  Sur  uu  livre  de  formules  des  archives  d'.Xdmont,  du 
XV*  s.  (compn>nd  609  numéros,  dont  350  environ  importants  pour  l'his- 


I   Pour  le»  Autres  art.  du  ce  ouméro,  voy.  le  ballelin  d'Autriche  inséré  dsos 
t«  préaent  nam^m. 


BECCBILS  PiniOOIQaBS. 


:i33 


toire.  pour  colle  surtout  des  duchés  autrichieat).  —  Kùuuel.  La 
t  RegUtrator  >  de  la  ville  de  Bruck  (publie  les  protocoles  des  dèlibéra- 
doiuda  cooftcil  de  ville  do  Bruck,  1541-1515;  împorlaut  pour  l'bistoire 
dw  mœars  et  du  druit).  —  DrsutsKE.  Con  tri  butions  &  l'étude  des  noms 
de  lieu  en  Styric  (d'âpre  les  €barto.<l. 

66.  —  Mltthellongen  des  historischen  Verelns  fOr  St«lerinark. 
Heft  28f  18^.  —  F.  M.  Mayer.  Pour  servir  à  t'bi&tolre  de  la  chasse  et 
du  régime  forestier  en  Styrie  au  tomps  do  Maximilien  (co  travail  est 
fait  à  l'aide  d'un  ms.  dos  archives  dp  (irat^  contenant  un  mémoire  de 
1526  adressé  à  l'archiduc  Ferdinand  pour  lui  faire  connaître  l'état  df» 
fbrdtfl  B0U8  Maximilieu  l***  el  lui  proposer  des  améliorations.  On  y 
retrouve  ce  principe  souvent  exprima  que  les  mines  el  les  forëU!  appar- 
tiennent au  droit  régalien  des  princes.  Les  abbayes  nn  doivent  point 
avoir  de  druit  de  choi^sr,  mais  elles  font  partie  clles-mômes  dos  propriétés 
priacières).  —  Krautz.  Pour  servir  à  rhisloire  du  soulèvement  qm 
éclata  a  Ëisenerz  en  Styrie  en  i683  (lors  du  siège  do  Vienne  par  les 
Turcs,  les  Jésuites,  soupçonnés  d'être  les  instigateurs  de  la  guerre, 
furent  poursuivis  et  leurs  biens  pillés.  Public  une  r^'lation  du  t«mps). 

—  Aperçu  des  publications  historiques  relatives  à  lu  Styrie  ^ 

66.  —  BUttbelluagen  des  Verelnes  ffir  Gescblchte  der  Deat- 
■cbea  In  Boebmen.  Jahrg.  18.  N"  3.  1^0.  —  Scnr.imK.  T.,a  rimdation  de 
Fenlinand.  iCe  nom  comprenait  divers  établissements  unis  au  noviciat 
des  Jésuites  de  Prague,  notamment  un  séminaire  {Ktur  les  étudiants 
pauvres  et  un  séminaire  pour  la  nobles^,  qui  complèreni  parmi  les 
moyens  les  plus  efUcaces  employés  par  la  réaction  contre  ta  Réforme 
en  Bohème.  Texte  de»  pièces  les  plut*  importantes  rflativoA  à  ractivité 
du  séminaire  des  Jésuites.)  —  Pakcerl.  Pour  servir  à  l'histoire  do  la 
fondation  de  la  ville  de  Budweis.  —  Wagner.  La  superstition  au  xvn* 
el  au  xvui*  s.  —  tiiEBWEKy.  Histoire  des  mines  d'or  du  Schwarzenthal 
dans  le  Rîesengebirge.  =  Comptes-rendus  :  Ùrnii.  Éludes  d'hisloirc 
bohème.  Hoss  et  la  guerre  des  Uussiles  (appréciation  très  défavorable). 

—  Kffbs.  Die  Schtacht  ara  Weissen-Berge  (remarquable).  —  Tomek. 
lan  Zizka  (très  méritanll.  —Janssen.  Zu8U£ndedeedeutschenVolkes,etc 
(jugemeiiL  favorable).  ^  Jahrg.  VJ.  N»  2.  1880.  —  IjOsbrth.  Notes  his- 
toriques du  greflier  municipal  Wenzel  d'Iglau  rédigées  au  temps  des 
Hussites.  —  Reyer.  Kaspar  Pïlag  (possesseur  do  la  ville  de  Schiaggou* 
w^d,  IS37-I547.  Détails  approfondis  sur  les  finances  municipales  et  les 
CMiditions  de  cette  possession).  —  Waokbr.  Charlatanisme  sctentitique 
dans  U  Bohême  méridionale,  IS70-I59I  [appendicel.  —  IIbuschka.  Le 
D*  Franz  Stark  (arl.  nécrologique.  \é  en  1818,  mort  dans  une  maison 
de  fous  le  27  mars  1880.  Liste  de  kcs  nombreux  travaux,  qui  ont  surtout 
pour  objet  l'étude  des  noms  germaniques  et  celtiques).  —  ScusnipPLua. 
Éludes  pour  servir  à  l'histoire  d'Ossegg  (suite).  =  Comptes-reudus  : 


I.  Voyez  poor  les  autres  arL  le  bultetio  uulrir.bien  ci-dessus. 


234 


HSCDBtLS  rriRioniQirsâ. 


Lindner.  Geiwhiclite  des  deulschea  Reiches  unler  KrenigWenzel.  Bd.  2. 
(Trèp  bon.)  —  Wutf.  Das  UnUrrichtKwnsen  ir  OEsUirreich  uuIerJoBef  II 
(oxcellentl.  =  Riester.  GeschicLte  Baieras  11  Bd.  (très  boa».  —  Ludikar. 
Des  Mallpserordea  mit  beFont^erer  Hûcksicbt  auf  Bœhmen  (boa). 

67.  —  Caaopls  Musea  Praloostoi  Gekého  {BeV'Ue  du  Muséum 
tchèque).  1881^  vol.  I.  —  I.  Goll.  Pierre  de  CUelcic  et  8«  œuvres.  — 
J.  BiLEK.  La  contre- réformation  cat.bolique  en  Bohême,  1650-1780,  — 
Kr.  Mares.  Rouhik  de  Hlavatfc,  guerrier  du  xv«  f.  —  Rapport  sur 
l'aualyse  chimique  des  ratures  qui  ea  trouvent  daas  le  ms.  du  Kralové* 
dvûr  (KccnÈginhof).  (Selon  ce  rapport,  les  résultats  sont  faTombles  à 
l'auibeDiicitê  du  ms.i 


68.  —  Bntletitt  de  l' Académie  impéHale  des  sciences  de  Saiat- 
Pètersbourg.  Tome  XXV.  1879.  —  Brosset.  Sur  un  projet  d'éludé 
des  chartes  géorgieanes  (les  relalious  bisloriques  sur  le  Caucase  parve- 
nues jusqu'à  nous  ne  donnent  qu'une  idée  inRurGsante  de«  diverses 
archives  du  Caucase).  —  Id.  Notice  sur  un  ma.  arménien,  {formules 
adapteei»  aux  calendriers  arménicD  et  romain,  notions aslronomiques,  etc.) 
—  lu.  Collection  numii^nmtique  orientale  de  L'Krmtla|$e  impérial.  — 
SciiiBFNER.  Sur  un  ms.  thibetaio  {relatif  à  l'hietoire  el  à  la  mythologie 
indiecme).  =  Tome  XXVI.  1880.  —  Baron  vûn  Roses.  Notice  sur  un 
nis.  arabe.  —  'WiEOEM.\Nri.  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  F.  A. 
Schiofacr  (né  à  Roval  en  1817,  mort  en  nov.  1879.  Liste  de  ses  nom- 
breux écrïis  sur  la  langue  el  l'ethnographie  indienne,  finnoise,  sibé- 
rienne et  thibétaîne).  —  DoRfr.  Sur  les  moimaies  des  Ileks  ou  anciens 
klians  du  Turkeetan. 

69.  —  Mitthellun^en  ans  dem  Oeblete  der  Geschichte  IAt- 
£st-und  Knrlands,  B^l.  XII,  Heft.  3.  Riga,  1880.  —  Schiëm\.hn.  Les 
documents  relatifs  au  duc  Jacques  conservés  dans  les  archives  ducales 
de  Millau.  —  ScHiiineN.  Renseignements  sur  les  recherches  d'archives 
dans  l'èlê  de  1801.  —  Mou.brup.  Le  plan  de  Conrad  UexkiiU  et  de  Frédéric 
de  Spedl  en  vue  d'une  conquête  de  la  Livonie  parla  France.  —  Mettio. 
Sur  l'histoire  de  la  constitution  du  chapitre  de  la  cathédrale  de  Riga. 

70.  —  Sitzangsberichte  der  Kurlnodlscheii  GeseUscbaft  fftr 
Llteratur  nnd  Knnst.  1879.  Millau,  1880.  —  Dueit[.>iO.  I..es  châ- 
teaux de  l'ordre  à  Riga.  —  Von  Raison.  Un  établissement  germanique 
primitif  dans  le  voisinage  de  Windau.  —  Le  Wegebuch  courlandnis  de 
Grot  (date  de  1718). 


71.  —  The  Academy.  5  fèv.  1881.  Cooper.  Mémorial»  of  Cambridge 
{important;  fait  suite  aux  Annats  et  à  VAthenae  du  même  auteur,  un 
de  ceux  qui  connaissaient  la  mieux  Cambridge,  l'histoire  de  sa  ville  el 
de  pon  uuiversité|.  —  Troltopc.  Clcero  (iniéree^nl,  mais  ce  n'est  pas 
Tceuvre  d'un  historien).  =;  12  fév.  Gairdner.  Three  fineenth-ceolury 
Chroninles  wlth  htstorical  memoranda  by  J.  Stowe  (ces  trois  chroniques 


BIXCEILS    péaiODiQlIiS. 


235 


n'ajooteot  pas  beaucoup  i  ce  que  l'on  savait  déjà  ;  lo  document  le  plus 
intéressant  est  une  proclamation  attribuée  à  J.  Cade  et  qui  est  certaï- 
nemeot  de  ses  partisans.  Les  Mémoriaux  historiques  de  Stowe  nous 
Font  connaître  la  situation  religieuse  à  Londres  sous  Ëlisabcihi.  = 
19  fév.  Joyce,  Keatîng'K  hisiory  of  Ireland  (bonne  édition  du  Inxte  gaé- 
lique de  cette  histoire  légendaire  de  l'Irlande).  —  Black.  The  proftetyles 
of  Isbmael  (histoire  succincte  des  tribus  tcuraniennes  et  de  leurs  migra- 
tions vers  l'ouest  ;  fait  sans  soin  ni  critique).  —  Ascarate.  Ensayo  subre 
la  historia  del  derecho  de  proprietad  (remarquable).  —  CunningUam. 
The  churcbes  of  Asia  ;  a  metbodical  sketch  of  the  second  ceutury  (dis- 
sertation académique  sans  grande  valeur).  —  Fornander.  An  accuunt 
of  the  polvnesian  races  :  its  origin  and  migrations  (curieux).  »  5  mars. 
Fyff».  A  history  of  modem  Europe  I  1792-1814  (vues  originales  et 
saines;  beaucoup  d'erreurs  de  détail).  —  Robertson.  Materials  for  the 
history  ofTh.  Bocket;  vol.  U  (imporianl).  «  !2  mars.  Dîxon.  History 
of  the  church  of  England  I538-S8  (médiocre).  ^  19  mare.  Bent.  Genoa; 
how  the  Republic  rose  and  fell  (sans  valeur).  =  'ifi  mars.  Twiss.  Heo- 
rici  de  Uracton  de  Legibus  et  cnnsuetudinibus  Angliae  librï  V  (édition 
très  mignéo;  détails  nouveaux  sur  la  vie  presque  ignorée  de  Bracton, 
chancelier  de  la  cathédrale  d*Exeter  de  1261  à  1268  et  mort  cette  mAme 
année;  bonne  étude  sur  l'origine  de  1'  c  assise  of  novol  disseisin  i).  — 
Bigtiow.  History  of  procédure  in  England  1066-1201  (excellent). 

78.  —  The  Athennom.  5  fév.  Stevens.  Mad.  de  .Staël  (siifGsant).  — 
BmwH.  Mad.  do  Mainteuon  (très  mauvais).  —  Matthew.  The  englisb 
Works  of  Wyciif  hitherlo  unedited  (publication  soignée  de  28  morceaux 
composés  par  Wyclîf,  ou  sous  son  infiucnce  directe).  —  l^rd  Clemumt. 
A  history  of  the  famîly  Fortescue  (bonne  monographie).  —  12  fév. 
Loni  Sllrnboraugh.  A  political  diary  1828-1830  (curieux).  =  i2  mars. 
FitigeraUt.  Life  of  George  IV  (excellente  biographie  consacrée  à  un 
homme  par  trop  méprisable).  —  Palrtier.  Uaroun  al  llaschid  (fait  partie 
du  Jffw  Plutarch.  récit  bien  fait  autant  qu'amusant).  =  19  mars.  Gni'rd- 
tur.  Letters  and  papers,  domestic  tiad  lureign  of  tho  reign  of  ilenri  'VIII 
(important). 


73  —  The  Nation.  Î5  nov.  1880.  Wirnor.  The  mémorial  history  of 
Boston  1630-1880  (ouvrage  considérable  et  dû  à  de  nombreux  collabu- 
nteurs;  le  !•••  vol.  •  the  oarly  and  colonial  Periods  i  est  le  seul  paru  ; 
beaucoup  de  variété  et  d'intérêt).  =  9  déc.  UUiebrarul.  German  thought 
froro  the  7  years'war  to  Gœthe's  doath  [tableau  rapide  et  brillant  du 
mouvement  intellectuel  en  Allemagne  au  xvni"  s.  et  surtout  à  l'époque 
de  Herdcr).  =  23  déc.  Lady  Jackson.  Old  Paris,  its  court  and  liierary 
salons  (sans  valeur).  ^  13  janv.  I88t.  Irwin.  Chapters  ou  Oudh  history 
and  affaire  (intérc*^a[it^  surtout  en  ce  qu'il  montre  l'échec  de  radmini.s- 
traliou  anglaise  daiiii  l'ancien  royaume  d'Aoudc).  =:  20  janv.  Sol^y.  The 
autobiography  of  commodoro  Ch.  Morris  U.  9.  (intéressants  mémoires 


236 


RBCaEtLS  r^RIOniQUE». 


d'un  des  meilleurs  oriicîcrs  de  la  marine  am<.'ricaino,  qui  prit  une  part 
active  â  Ea  guerre  coutre  les  Anglais  do  1B12  â  1815).  =  27  janv.  Oa 
Costa.  Memoirs  of  Lhe  prutestant  epïscopal  Church  in  ihe  U.  3.  of  Âme* 
rica,  by  W.  Whithc  (nouv.  cdiiion,  précéilcc  d'une  lionne  introduction 
sur  l'origine  el  les  progrès  de  l'église  épiseopale  avant  la  guerre  de 
rindépendance).  =  17  fév.  Lamb.  Histor>'  of  ihe  city  of  New-York 
(ÏDtêres&ant).  =  2\  fév.  The  necropolis  uf  Ancon  in  Peru  {expose  le 
résultat  des  fouilles  exécutées  sou.'i  tes  auspices  des  directeurs  du  musée 
de  Berlin  par  MM.  Reisu  et  Stiibel.  Détaitt;  intéressants  sur  la  civilisa- 
tion et  l'industrie  de  l'empire  des  Incas). 


74.  —  Archivio  storlco  italiano.  T.  VTI,  l"-  liv.  —  C.  Minieri- 
UiGCiu.  Le  rè^e  de  Churie.s  I"'  d'Anjou,  du  \  janv.  1*284  au  7  janv.  1285 
(cet  inventaire  devait  primitivement  s'arrêter  au  31  déc.  1283;  M.  M.-R. 
réimprime  ici,  en  lui  donnant  plus  d'étendue,  l'année  1284,  qu'il  avait 
déjà  publiée  en  1873.  On  y  assiste  aux  dé~sastres  que  l^uria  fait  éprou- 
ver â  la  marine  angevine).  —  Lronij.  Décrets  de  la  commune  do  Todi 
coutre  les  Juifs,  et  justice  qni  leur  est  rendue  par  Franc.  Sforxa,  1438. 
—  Livi.  Les  marchands  de  soie  de  Lucques  à  Bologne  aux  xiii*  et  xiv*g. 
(plusieurs  bourgeois  de  Lucques,  chassés  par  les  Gibelins  et  Uguccione 
délia  Faggiuola,  sf  réfugièrent  à  Bologne  où  ils  obtinrent  aisément  la 
pemiission  d'établir  des  métiers  à  tisser  la  soie,  134!  ;  les  Anciens  do 
Lucques  essayèrent  alors  de  les  rappeler,  mais  sans  y  réussir).  —  Rsu- 
uoNT.  —  Un  orfèvre  siennois  du  xni"  s.  en  Hongrie).  —  1d.  Note  addi- 
tionnelle au  mémoire  publié  dans  VArch.  slcr.  ita!.  VI,  3,  sur  les  doux 
Cabot  (une  brochure  récent*  de  M.  Bullo  prétend  les  faire  naître  i 
Chioggia,  mais  rien  ne  te  prouve  ;  tout  co  qu'on  sait,  c'est  que  Jean 
Cahot  fut  admis  en  1476  dans  la  lioui^eoisio  de  Venise).  —  Gkeiurdi. 
Un  scandale  à  l'université  de  Pise  en  1474.  =  Comptes-rendus  :  ffani. 
Gli  statuti  di  Pietro  II  conte  di  Savoia  (réédite  et  commente  un  statut 
de  Pierre  II,  le  i  petit  Cliarlemagne  »  ;  intéressant  pour  l'histoire  du 
droit).  —  VLwhi.  La  società  palatina  (analyse  de  l'art  pub.  dans  l'JrcA. 
stor.  tovibardo,  30  sept.  1880;  cf.  Rev.  hUttyr.,  XV,  247).  —  Portioti. 
Tre  anni  di  storia  dopo  il  sacco  di  Mantova  1631  (d'après  des  doc.  tiré« 
des  archives  de  Mantoue}.  —  Adriani.  Lettere  inédite  iatornoall'  assedio 
di  Piea  1504.  —  Baiio.  Spigolature  dagU  Archivi  irivigiani  (doc.  du 
XIV*  8.  relatifs  k  Trcvise).  —  Lattes.  Il  fallimento  nella  legislazione  ban- 
caria  di  Venozia  (bon).  —  Ceretti.  Francesca  Trivulxio.  =  A  part. 
Inventaire  par  M.  C.  Gdasti  des  chartes  de  la  collection  Stroiui  conser- 
vée aux  Archives  de  l'État  à  Florence. 

76.  —  Archtvlq  storlco  siciUano.  b"  année,  fasc.  i,  3.  —  V.  di 
GiovANM-  Le  monastère  de  Sainte-Marie  la  Gadera,  plus  tard  Sainte- 
Marie  la  Ijatine,  qui  existait  au  xn*  s.  près  do  Polixzî  (monographie 
historique  d'après  des  doc.  d'archives  du  xii"  au  xiv*  s.).  —  Patricolo. 
L'église  de  la  Trinilé  de  Délia,  près  de  Castelvetrano  ;  monument  du 


AECCCILS  P^RIODIQOBS.  237 

xn*  S.  découvert  lo  31  ra&n  11^80.  ~~  Cipolla.  Sur  les  origines  probables 
dp  Caluvnlum  Pt  dp  Sclafani  (rrpnussp  l'origine  arabe  qu'Amari  el 
J'aulrca  hi.sLorieDS  ont  attribuée  à  res  deux  localités  ;  Caltavuturo  ii'f-»\. 
qu'une  traductioa  arabe  du  nom  de  Tàpyiov  mcalionDo  par  Diod.  do  S. 
dans  rbietuire  d'Ajzalbocle  ;  Sclafaui  correspondrait  de  sou  cAté  au  x^poc 
'AiiStxoc  du  même  auteur;  l'élymologie  de  ce  dernier  mot  est  Ksciilapii 
fonum).  —  Cavallabi.  Tbapsos  (appendice  au  mémoire  du  mCme  auteur 
intitulé  £«  città  e  le  opère  di  escavasioru  in  Sicitia  anteriori  ai  Gnci).  — 
Salix^s.  Documents  siciliens  cooser^'és  dans  tes  archives  de  la  maison 
Caetaoi  de  Rome  (ta  plupart  du  xvii"  s.,  et  rplatifiï  à  l'administration 
dadacdeSennoneia,  1662-1667). —  Salvo-Gozzo.  Chroniques  relatives 
aux  tumultps  survenue  pu  Bidie  dan<i  Ipp  premières  années  du  régne  de 
aiaries-Quint.  —  G.  m  Mabzo.  Dfwuments  relatifs  à  Vincenzo  de  Parie 
dit  le  Humain,  peintre  célèbre  à  l'aterme  au  xvi*  s. 

76.  —  Archivio  délia  società  romana  di  storla  patria.  Vol.  IV^ 
fasc.  2.  —  Levj.  Le  tome  I  d("s  registres  du  Vatican  ;  leitres*  de  Jean  VIII 
(detcriplion  minutieuse  de  ce  ms.  ;  travail  imp«friaai  :  publie  en  outre 
2  balles,  l'une  de  Jean  VUI,  do  sept.  877,  par  laquelle  le  pape  déclare 
prendre  sous  sa  protection  les  sulîragants  de  l'église  de  Bordeaux  pen- 
dant ta  vacance  ilu  siège  archiépiscopal  ;  Taiilre  de  Grégoire  VU,  du 
I"  fév.  1075,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Bausa).  —  Cconom.  Noies  ajou- 
tées au  commentaire  d'Alexandre  VU  sur  la  vie  d'AffOstino  Chigi  ;  fin. 
—  ToMASsrm.  La  campa^juc  de  Rome  au  moyen  âge  ;  suite.  Variétés 
(extraits  curieux  des  papiers  Chigi  ;  c'est  la  liste  des  présents  faits  par 
Ixmocent  X,  pendant  tuute  la  durée  de  son  poniitîcat,  liste  dressée  sans 
donle  par  onlrc  du  pape  Alpxandre  VU,  successeur  d'Iimoccnt  X,  qui 
voalait  montrer  les  sources  de  l'énorme  fortuue  faite  parOIimpiaPam- 
6li).  —  Formules  des  serments  prêtés  par  ie  séuat  romain  sous  le  p«n- 
tiâcal  de  Paul  U.  =  Comptes-rendus  :  Farster.  Farnesina-Studien 
limportant  pour  l'hii'loire  de  l'an). 

77.  —  Archivio  storico  lombarde.  31  déc.  1880.  —  Celte  livraison 
Mi  tout  entière  consacrée  aux  Actes  du  second  congrès  des  Commis- 
tions  et  Sociétés  italiennes  d'histoire  locale. 

78.  —  Naove  Kffemeridi  sicillane.  Sepl.-oct.  1880.  —  Pithè. 
Anciens  usages  pour  la  fôte  de  la  mi-août  à  Palerme  et  on  d'autres 
endruils  de  la  Sicile.  —  Dt  Geovasni.  Vente  d'une  esclave  blaucbe  à 
Trapani  au  xiv*  s.  ;  affrunchissemont  et  dotation  d'une  autre  esclave  À 
Polisuci  au  xv»  s.  —  Salomosb-Mahino.  Notes  sur  l'histoire  de  la  Sicile 
du  XY'  au  XIX'  s. 

79.  —  Archeografo  trlestlno.  Vol.  VII,  fasc.  3-4,  fév.  1881.  — 
G.  di  SAflDAQSA.  Notices  sur  des  gens  do  guerre  originaires  d'istrie  et 
d'ailleurs  qui  ont  combattu  on  Istrie  à  la  solde  de  Venise  aux  xtn*-xiv*  s.; 
suite.  —  Kunz.  Monnaies  inédites  ou  rares  des  fabriques  italiennes  (mon- 
naies dee  comtes  et  duc«  d'Urbin).  ^  Moapcrqo.  Vie  de  Gianrinaldo 
Carli  de  Capudislria,  par  Giammaria  Mazzuchclli^  1720-1765  (d'après  le 


238 


RBCUBn^   nÎRJOniQtTBS. 


ms,  du  Valican  ;  à  la  suite  U  liste  des  œuvres  da  comte  Carli).  —  yUn- 
«ICH.  Inventaire  des  chartes  en  parchftmîn  conRerrées  aox  archives  du 
chapitre  rRviSivndissimc  de  la  cathédrale  de  Trie*t€  :  suite,  de  i370  à 
1384.  —  Puacm.  Détails  sur  la  guerre  entre  l'Autriche  et  la  république 
do  Venise  en  1616-i6i7.  —  IIortjs.  La  ville  de  Prague  décrite  par  un 
humaniste  en  1399  ;  deux  lettres  d'Uberlo  Decembrio  et  de  Coluccîo 
Balutati.  =  Compte-rendu  :  ZvÀedinfck-Siidenhorst.  Veneiiaûifiche 
Gofiandtschaftf-Berichte  iiber  die  bœbaiieche  Uebellion,  1618-1620 
(important;  voir  plus  haut,  Bulletin  autrichien^ 

80.  —  RIvista  europea.  16  mars  1881.  —  Mola.  Giacomo  Casa- 
nova et  la  république  de  Venise  ;  document»  inédits.  —  Amobb.  Deux 
diKuraentf  inédits  relatifs  au  règne  de  Vlctor-Amédée  II  en  Sicile. 

81.  —  Archivio  storlco,  artUtlco  délia  cltt&  e  provlncla  dl 
Roma,  0*  année  ;  \ùl.  IV,  fasc.  5.  —  âlloul  Documents  tirés  des 
archives  de  Subiaco  (contient  :  1<*  un  Chronieon  Subtacense,  du  Trévigan 
Cherubiuo  Atirzto,  qui  raconte  Iok  événemeuts  dont  Rome  et  Subiaco 
ont  été  le  théâtre  sous  le  pontificat  de  Clément  VU  et  la  part  active 
prise  par  le  célâbre  cardinal  Pompeo  Coloaaa  ;  S"  quatre  lettres  de 
Oharle^-Quint  en  espagnol  et  en  latin,  relaiivBs  à  la  lutte,  racontée  par 
Mirzio,  entre  loa  moinps  allemand»  et  ceux  de  la  congrégation  du  Mont 
Gassin  pour  la  posseJïRion  des  monastères  de  S.  Scolastica  et  du  S.  Speco 
de  Subiaco,  1522-1535  ;  3*  la  charte  de  donation  faite  par  Nareio,  paLricc 
romain  eu  309,  à  l'égUse  de  B.  Lorenzo,  do  la  a  curtig  i  de  Subiaco).  — 
Bkrtoi.otti.  Curiosités  historiques  et  artistiques  recueillies  dans  les 
archives  de  Home  (bistuire  de  reliques  ;  destruction  d'antiquités  par 
ordre  des  papes,  etc.). 

88.  —  La  Rassegna  settlmanale.  9  janr.  |88t.  ~-  Gugtielmotti, 

Storia  délie  fortificazioni  doUa  spiaggia  romana  1560-1570  (beaucoup  de 
recherche  et  de  critique  ;  itiiporlaut).  =  16  janv.  Uu  fiuaucier  italicu 
du  XV*  8.  (Diomede  Carafa,  un  des  plus  grands  politiques  italiens  du 
moyen  Age,  auteur  d'nn  de  régis  et  boni  prineipis  officio,  qui  mérite 
encore  aujourd'hui  d'être  étudié}.  :=  23  janv.  Gkmtile.  Un  étudiant  à 
Athènes  en  45  av.  J.-G.  (Cicéron).  —  Friedljgnder.  Die  italienischen 
Schaumûnzen  des  XV  Jabrb.  1430-153U  11"  fasc.  qui  contient  une 
bonne  étude  sur  Pisano).  =  G  fév.  Campori.  [jettere  inédite  di  priocipi 
e  principesse  délia  casa  di  bavoia  (publication  «  per  le  nozKe  »  ;  Inl^ 
ressante).  =  27  fév.  Un  chapitre  de  l'bisloire  des  miniatures  (rend 
compte  de  l'ouvrage  de  Springer.  die  Psalter  Illustrationen  îm  frùhen 
Mittolalterj.  —  Ottolenghi.  La  vita  e  i  tempi  di  L.  Provana  dal  8ab- 
bione  (ami  de  Santarosa,  d'Ornato,  de  BaltK),  il  prit  part  à  l'insnrrec- 
tion  do  182i  qu'il  dé^pprouvaît  cependant  ;  mort  sénateur  le  ^7  juillet 
1856).  —  Adaini'TemUhni.  Gronaca  di  Fivixzauo  1799-1833  (notes  prises 
au  jour  le  jour  par  une  femme,  Maria-Felice  Ademi,  fille  d'un  historien- 
géographe  de  mérite).  =  13  mars.  RtccA-SALBnuo.  De  quelques  opinions 


: 


• 


KccnBrts  p^groDiQDis. 

HD&ncièrea  de  MAchiavel  et  de  Guichaxdio.  ->  20 
protentantianie  en  Espagne  (intéressant). 


239 
mars.  Feribbo.  Le 


88.  —  OaeUea  fOr  Schwelzer^schicht«  berausg^ebea  von  der 
allgemeinen  goschiclitrorechenden  GnselUchaft  d<>r  Scliwfix.  Bd.  lit, 
(S80  {\e  tumfi  IV  paraîtra  plus  tardf.  —  P.  Scn^'ei/RR.  Négociations  de 
M.  Mousiter,  envoyé  et  réttidcat  français  en  Suisse  pendant  les  années 
1664-1671  {avec  une  étude  préliminaire  qui  Tait  très  bien  comprendre  la 
dépendance  financière  et  politique  où  la  Suisse  se  trouvait  alors  vis-ik- 
vis  de  la  France.  Quant  aux  dépêches  cllcs-mémns,  l'éditeur  s'est  borné 
h  reprodoire  tou^  les  passages  qui  concernent  les  relations  û&t  deux 
Étals  ou  qui  offrent  quelque  intérêt  pour  l'histoire  de  la  Confédération 
suisse  ;  mais  la  méthode  qu'il  a  adopter  se  jiisliiie  sufBsamment  par 
l'étendue  de  ces  documents,  el  elle  devra  sans  aucun  doute  ^ire  suivie 
dans  le»  publications  analogues  qui  seront  proposée»  à  la  Société  géné- 
rale dhisloire  suisse.  M.  S.  a  calculé  que  la  correspondance  des  rési- 
dents français  en  Suisse  remplirait  pour  le  moins  une  centaine  de 
volumes  in-8*.  G^esl  dire  qu'on  ne  peut  songer  à  la  donner  telle  quelle, 
et  qu'il  faudra  do  toute  nece.isité  y  appliquer  un  procédé  abréviatif). 

64.  —  Indicatear  dlilstoire  suisse  publié  par  la  Société  générale 
d'histoire  suisse.  1880,  n**  l-i.  —  Th.  dk  Liebelsal-.  Le  Clipearius  T9U' 
tonicorum  de  Conrad  de  Mure  (petit  poème  héraldique  du  xni«  ».).  — 
L.  ToBLRK.  Sur  la  langue  des  écrits  du  «  grand  .\mi  de  Dieu  »  (donne 
à  entendre  que  l'auteur,  quel  qu'il  soit,  de  ces  écrits  ne  peut  avoir  été 
originaire  de  Li  Suisse  orientale).  —  £.  Ducscu.  Le  I>  Jobanues  a 
Lapide  (séjours  de  Jean  Heynlin  de  Steiu  à  Derne).  —  J.  Stbicklbr. 
Une  lettre  du  bourgmestre  Schwend,  de  Zurich,  au  chancelier  du  duc 
de  Milan,  1492  (vente  d'une  partie  du  butin  de  la  guerre  de  fîourgngne; 
oflre  au  duc  de  Milan  du  poignard  de  Charles  le  Téméraire).  —  A.  Daqcet. 
Ludovic  Sterner,  de  Fribourg  (secrétaire  de  la  ville  de  Frilwurg,  de 
U96  à  1510,  puis  de  ta  ville  de  Dienne,  et  champion  du  catholicisme 
dans  celte  dernière  localité).  —  J.  Ahibt.  Chartes  et  sceaux  apocryphes 
du  ini«  s.  (pièces  relatives  k  l'histoire  de  SoleureJ.  —  F.  L.  Dauuahn. 
Note^s  sur  l'histoire  des  comtes  de  Toggenbourg.  —  Th.  de  Libbeiuu. 
Chants  historiques  de  ta  Suisse.  —  F.  Fiala.  Notices  nécrologiques.  — 
J.  Wybsch.  Documents  relatifs  à  l'expédition  de  Leventine,  1755.  — 
X.  MossxAXM  et  Th.  dk  Libbenau.  Une  lettre  du  R.  P.  Canisius,  extraite 
des  archives  du  VaUcan  (M,  M.,  qui  a  eu  récemment  l'occasion  de  tra- 
vailler dans  oes  archives,  se  loue  très  fort  de  ta  libéralité  avec  laquelle 
elles  sont  ouvertes  depuis  t'avénoment  de  Léon  XJU,  et  engage  les  his- 
toriens à  proGter,  pendant  qu'il  esl  temps,  de  ces  bonnes  dispositions). 
—  Q.  Gbiltcm.  Notes  sur  l'histoire  de  la  cartographie  Buisse. 

85     —   MItthellangen   der   aotlqnarlschen    Geaeltsehaft    in 

Zurich,  iid.  X3U,  Ueft  1-2,  1881.  —  U.  IIahn.   Fresques  du   moyen 
Age  dans  U  Suisse  italienne. 


240 


KECUBTLS    PL'BIODIQCBS. 


86.  —  Thorgauisctie  Beitrcege  znr  Vaterleendischen  Ge- 
schicbte  heraus^egebcn  vom  hiRU>ri^chpn  Verein  des  KanUins  Thiti^au. 
Hdl  X\,  1880,  —  J.  A.  PupiKOFEB,  La  landsgcmcindc  de  WeinMden 
et  Iç  gouvorDement  provisoire  de  1798  (documents  relatifs  à  l'atlrau- 

chisBPnM'nt  du  bailliage  de  ThurgovÎpK 

87.  ~  Jahrbucb  des  ïiistoriachen  Vereins  des  Kantons  Gloras. 
Heft  XVII,  tïiSO.  —  P.  OiNNËR.  Notice  sur  les  travaux  historiquc^s  du 
D' J.  Uecr  (ancien  landammann  de  Glaris  et  membre  du  Conseil  fédéral 
suisse,  auteur  d'une  excellente  étude  sur  Thistoire  de  Glaris  de  1699  à 
1802).  —  J.  WicHSEB.  Notice  sur  les  travaux  historiques  de  J.-J.  Tschudi 
{savant  glaronai?  du  xvin"  k.).  —  J.-J.  Bllmer.  Collection  (i«  documenls 
pour  servir  à  l'histoire  du  canton  de  Claris  (suite  et  fin,  1442-43). 

88. — Mémoires  et  docaments  publiés  par  la  Société  d'histoire 
de  la  Suisse  romande.  Tome  XXXV,  1881.  ~  A.  Morel-Fatiu.  Frag- 
ments d'uue  histoire  monétaire  de  Lausanne (1355-7&  et  ii7U-l588).  — 
E.  Chavannes.  Extraits  des  Manuaux  du  Conseil  de  Lausanne  (1383- 
1511).  —  Ch.  Le  Fort.  Un  trait**  d'alliance  du  xiv»  s.  (traite  d'alliance 
conclu  pour  dix  ans,  le  25  janvier  1350,  entre  François,  évéque  de  I-au- 
Moue,  Amédée,  comte  de  Savoie,  Aniêdée,  comte  de  Genevois,  Isabelle 
de  Chftlona  et  Catherine  de  Savoie,  dames  de  Vand,  d'une  part,  et  les 
villes  de  Berne  et  de  Fribourg,  d'autre  part).  —  H.  O.  Wibï.  Les  stalles 
d'église  du  xv»  et  du  xyf  siècle  en  Suisse  (Hauteriva;  Fribourg  ;  Eeta- 
vayer;  Moudon  ;  Genève  ;  Lausanne). 

89.  —  Ëtrennea  chrétiennes  publiées  par  une  réunion  de  pastcnrs 
fit  de  laïques.  8*  antiee>  Genève,  1881.  —  A.  RfcvTi.LE.  Jean  Uns.  — 
P.  VAïxnEB,  Kfiquisse.c  d'histoirfi  suisse  :  Ulrich  Zwinglo  et  la  Refor- 
mation de  Zurich.  —  E.  Rjtteb.  .I.-.I.  Rousseau  et  Jacob  Vernet. 


90.  •—    Pamietniki    Akademii    Umi^etnosci    w   KraAtotôie 

(Mémoires  de  lAcademie  des  sciences  à  Craco\ie.  Section  philoe.-hie- 
tor.].  Tomof  IV.  —  Hbyzman.  l>ii  lêtrislaLion  de  l'église  concernant  les 
asiles  comparée  aux  lois  civiles  qui  les  règlent.  —  WoJCiBcao<csKi. 
L'annalistique  polonaise  depuis  le  x'-xv*  siècle  (première  partie  d'un 
travail  d'érudition  remarquable  uons  tous  les  rapports  par  l'originalité 
des  aperçus  aussi  bien  que  par  l'emploi  d'une  mMhodc  exncUï  dan»  les 
recherches,  qui  a  pour  sujet  une  question  vivement  débattue  par  d'autres 
historiens  ;  l'auleur  tâche  d'éclairer  les  origines  des  preuiiéres  annales 
de  Pologne  et  d'expliquer  leur  (iliatiou  à  travers  les  siècles  ;  il  combat 
l'hypothèse  de  Waitz,  qui  a  prétendu  avoir  trouvé  ou  plutôt  deviné 
dans  les  annales  de  Mayence  perdues  lo  commencement  dus  annales 
polonaises  et  essaie  â  prouver  que  c'est  dans  les  annales  de  Corvey 
qu'il  faut  cborcher  leur  origine). 

91.  —  Rozpra-wy  1  spra-wozdania  Akademii  Umlcjetaosci  w 
Krakowie  (Travaux  et  comptes-rendus  de  l'Acad.  des  sciences  à  Cra- 


IBCOSrUf  r^BTODIQOKS. 


241 


I 


I 


ie.  Section  philos.-liislor.).  Tome  XH.  —  DoBiECKr.  Le  champ  de 
bataille  des  Eaux-Jaunes  (entre  les  Cosaques  saporogues  et  l'armée  de 
la  république  polonaise  au  mois  de  mai  IC48;  c'est  un  appendice  an 
Invail  du  même  autour  sur  le  château  Kudak,  v.  Rev.  hixl.^  Xltl,  224, 
74}.  —  Suite  et  Un  des  travaux  do  MM.  Lucas  Gromhicki,  I>'  Antoine  J. 
(RoixbK  V.  Rrr.  hùt.,  XIÏT,  222,  fi'J. 

92.  —  Biblloteka  Warszawaka,  (Ribl.  de  Varsovie).  Janvier  1880. 
—  Lbuwa.  David  Hilchen  (syndic  de  Riga  f  1610  ;  travail  superficiel  et 
iocohérent,  quoique  écrit  d'après  les  lettres  inédites  de  H.  ;  Go  dans  lo 
n*  de  mors).  =:  Mars.  R.  Uube.  Le  diplâmn  de  Boleslas  accordant  des 
privilèges  aux  Juifs  et  ses  coufirmatiims  pnstnrieures  (analyse  couscien- 
deusB  faite  par  le  nestor  des  juristes  pok^nais  de  cette  espèce  de  lettre 
patente  datant  de  1264  et  qui  a  été  conânnée  et  ratiSêe  à  plusieurs 
reprises;  ce  document  nous  est  parvenu  dans  une  double  rédaction  et 
l'auteur  prouve  que  sa  seconde  rédaction  amplifiée  a  été  falsifiée  parles 
Juifs  au  xv«  8.1.  =  Avril.  Ghoubtowski.  La  famille  du  hetman  Jahlo- 
ROwski  (sans  trop  de  valeur,  plus  roniau  qu'histoire,  contient  cependant 
quelques  détails  sur  les  mœurs  de  la  fin  du  xvii'  et  du  commencement 
du  xvni'  s.,  d'après  les  mémoires  du  fils  do  hetman  J.)  =  Mai.  Biob- 
LEiSBN.  Raymond  Korczak  (poète  peu  connu  du  xviii*  s.).  =  Août. 
Smolka.  Tableau  de  la  civilisation  polonaise  au  xn"  s.  (extrait  d'un  livre 
publié  depuis.  Varsovie,  Gebethner  et  Wolf,  4881,  xxsu-hH  p.  in-8*  : 
Miasko  le  Vieux  ci  son  nècle,  qui  contient  l'histoire  du  démembremont 
de  la  Poiogoe  entre  les  Uls  de  Boleslas  Bouchc-de-travers  et  des  luttes 
qui  ont  amené  la  chute  du  vieux  absolutisme  monarchique  ;  cette  his- 
toire est  précédée  d'un  tableau  de  l'elat  géographique,  politique  et  social 
de  Pologne  jusqu'au  commencement  du  xn*  s.,  tracé  d'une  main  de 
maître  et  pour  la  première  fois  dans  son  en.semMe,  d'après  les  sources 
publiées  depuis  40  ans  et  que  l'auteur  a  conscieucieu^ment  utilisées; 
suite  et  &n  de  cet  extrait  dons  le  no  de  sept.).  —  Kbaszewski.  Le  congrès 
historique  de  Dlugosz  (à  Gracovie,  19-21  mai  1880,  v.  H.  h.  XIU, 
238-9  ;  description  et  comple-rendu  ;  Gu  dans  le  n*  de  déc.). 

B3.  —  Atenenm  (de  Varsovie).  Juin  1880. —  J.iBLONOwsKi.  La  Podolie 
&  hi  En  du  XV'  $.  jtrès  intéressante  esquisse  de  l'élat  social  de  cette  pro- 
vince d'après  les  prélèvements  d'impûts  inèdita;  suite  et  fin  dans  les 
n»»  de  juillet  et  d'août).  =  Aoùi.  Rybabski.  Documente  concernant 
Nicolas  Rcy  et  sa  famitte  (tirés  des  archives  judiciaires  do  Checing  et 
de  Varsovie,  fier\'ant  à  éclairer  plusieurs  circonFtanccs  de  la  vie  du  plus 
ancien  poète  polonais  au  xvi"  8.}.=  Septembre.  Smolbnski.  La  noblesse 
conndérée  à  la  lumière  de  ses  propres  opinions  (très  bonne  idée  de  faire 
connaître  quelles  opinions  a  eues  la  noblesse  polonaise  sur  son  rôle  et  sa 
destination  pendant  plusieurs  siècles,  mais  manquer  dans  l'exécution 
faute  de  système  et  de  méthode  dans  le  choix  des  sources).  =  Octobre. 
pROciusKA.  Les  deruiêrcë  auutes  de  Witold  [d'après  des  documeuli>  tirés 
des  archives  de  Kœnigiiberg,  qui  vont  être  publiée  prochainement  par 
Rbv.  HinoH.  XVL  i'^  fabc.  16 


242 


UCOKILS  PIÎKIODIQPRH. 


l'auteur  ;  première  partie  d'un  iravail  consciencieux  mais  poesablement 

lourd  sur  le  célèbre  congrès  tenu  à  Luck  en  !  V29  par  l'cmpnrpur  Sîgis- 
mond,  Wladislas^  Jagellon  et  Wilold  ;  celle  partie  s'occupe  des  antëcé* 
dents  du  congrès  depuis  la  paix  de  Melno  signée  en  1422  par  l'ordre 
tcutoiùquc  et  la  Pologne  ;  suitP  et  fin  dans  les  n"»  de  nov.  et  ûêc). 

94.  —  ppEe-wodnik  naukowy  t  literacld  (Guide  scicntiûtjuc  et 
lîttémirede  Lêopol).  Janv.  ISHO.  —  BABiDbXËWii:^.  Le  château  de  Biala 
(travail  posttiume.  un  peu  dîirus  el  auecduttque,  d'un  des  plus  labonoax 
biftoriens  polunaiâ,  décétié  il  y  a  10  ans^  sur  sa  villf^  natale,  ^es  anciens 
oaaitres,  les  Hadzi^sill,  et  une  académie  éphémère  qui  y  exista  quelque 
temps  ;  suite  et  fin  dans  n"''  suivants  jusqu'au  mois  d'août).  —  Kcbao^a. 
George  Ossolinslû  (troisième  partie  d'une  remarquable  monographie, 
V.  H.  h.  XIII,  224,  73,  qui  t'ormeru  une  histoire  oimplèie  de  !a  Polognn 
aux  temps  d'O.  ;  celle  partie  contient  l'histoire  des  années  1tUi-4â; 
fluito  in  tin  dans  les  n*^  suivante  jusqu'au  mois  d'octobre).  =  Février. 
KE-ntxyntiKi.  Le  discours  de  Crumer  sur  «  l'indigenat  u  en  Prusse,  quelques 
détails  concernant  ta  uationalilë  de  Copernic  (pour  servir  à  élucider 
cette  question  en  litige  entre  les  Polonais  et  leji  Allemands;  l'auteur, 
fondé  sur  le  discours  de  Cromer,  qu'il  a  eu  la  bonne  chance  de  retrou- 
ver, dùmoutre  que  la  mère  de  Copernic  a  été  d'origine  polonaisej.  ^ 
Mars.  Kant&cki.  La  créauce  napolitaine  (3*  partis  de  ce  traxilil,  v.  Rst\ 
hist.y  XLLL,  224,  contient  l'histoire  de  cette  créance  depuis  1627  ju»* 
qu'au  XIX"  s.  ;  lin  dans  lo  n"  d'avril).  =  Avril.  CnTËDousKr.  Le  traité  de 
commerce  entre  l'Autricho  et  la  Pologne  de  1775  (et  les  négociations 
qui  l'ont  précédé).  —  Fi.xk£L.  Nicolas  Sep  Szarzynskl  (quelques  notices 
Urées  des  archives  de  Léopol  sur  la  vie  peu  connue  de  ce  jioèie, 
f  en  1581).  ^  Mai.  Lorkif.wicz.  La  révolte  de  Danzig  en  1525  (premier 
travail  d'un  jeune  biskirien,  non  sans  valeur,  quoique  un  peu  ditTua; 
l'auteur  a  bien  compris  les  vraies  tendances  religieuses  des  divers  par- 
tis, mais,  tout  en  relevant  le  caractère  social  et  fiolîtique  de  ce  mouve- 
ment, il  n'a  pas  su  mettre  en  pleine  lumière  l'importance  des  institu- 
tions  autonomes  dont  raboUtiun  était  en  jeu  et  dont  l'explication  donne 
la  clef  de  ces  événements;  suite  et  (in  dans  les  n"  suivants  jusqu'à 
novembre).  :=  Juillet.  Sxujski.  La  pEace  de  Dlugosz  dans  l'historiogra* 
phic  européenne  (brillant  discours  prononcé  à  l'occasion  de  l'anniver- 
saire de  cet  histurieu,  v.  R.  h.  XIII,  23S).  —  PjtocuASKA.  Le  bouffon 
Henue  à  la  cour  de  Witold  (le  grand  maître  de  l'ordre  teutonique  a 
envoyé  plusieurs  fois  ce  boulTon  en  Lithuauie,  1426-2S,  en  s'en  servant 
comme  d'ngeni  diplomatique).  =  Octobre.  lo.  Le  jugement  de  Dlugosx 
sur  Witold  (l'auteur  cherche  i  démontrer  que  les  reproches  faits  par  D. 
à  W.  8UQt  dénués  de  fondement). 

95.  —  Przegl&d  Polakl  (Revue  polonaise  do  Cracovie}.  =  Janvier, 
PszKBDW.v.  La  litléralurc  au  grand-ducîiàde  Posen  pendant  la  première 
moitié  do  notre  sifcclc  (bel  essai  d'une  histoire  littéraire  de  celte  pro- 
vince, qui  a  été  pendant  quelque  temps  le  centre  de  la  vie  intellectuelle 


RECOEILS   PéSIODIQDES-  243 

en  Pologne  ;  suite  et  fin  dans  les  a'>*  suivants  jusqu'à  juin).  :=  Juin. 
8zujsKi.  La  renaissance  et  la  réformation  (en  Pologne  ;  cinq  conférences 
pleines  d'aperçus  nouveaux  et  brillants,  mais  souvent  contestables  ;  suite 
et  fin  dans  les  n»  de  juillet  et  d'août}.  — Mycielski.  La  fête  de  Dlugosz 
et  le  congrès  historique.  =  Août.  D'  ÂNTomB  J.  (Rollb).  Benoit  Hule- 
wîcz  (homme  de  lettres,  f  en  i817,  ami  et  partisan  de  Félix  Potocki,  a 
joué  un  r61e  marquant  pendant  la  diète  de  4  ans  et  la  confédération  de 
Tar^wica).  —  Smolka.  L'état  politique  de  la  Pologne  au  xii"  s.  (un 
autre  extrait  du  livre  de  l'auteur  :  Miesxko  le  Vieux  et  son  siècle  ;  suite  et 
fin  de  cet  extrait  dans  les  n»  de  sept,  et  d'oct.).  =  Octobre.  Powtd&j. 
Rytwiany  et  ses  maîtres  (recueil  incohérent  de  notices  et  anecdotes 
vraies  ou  fausses,  réunies  sans  ordre,  sur  plusieurs  familles  seigneu- 
riales qui  ont  possédé  pendant  plusieurs  siècles  ce  château  ;  suite  et  fin 
dans  le  n*  de  novembre).  =  Novembre.  D'  Antowe  J.  (Rolle).  Denis 
Tomaszewski  (un  autre  ami  et  partisan  de  Félix  Potocki  et  secrétaire 
de  confédération  de  Targowica,  f  en  1825,  auteur  d'une  épopée  :  la 
Jagellonide,  qui  a  eu  l'honneur  d'être  critiquée  par  Mickiewicz  dans  sa 
jeunesse;  cette  esquisse,  comme  la  précédente  du  même  auteur,  est 
pleine  de  vie  et  de  couleur). 


2U 


CHK07flQi;e    BT    BIBLIOGRIPHIB. 


CHRONIQUE  ET  BIBUOGRAPHIE. 


France.  —  M.  Louis  Combes,  décédé  le  6  janvier  dernier,  avait 
Ijubliè  sur  Marie- Antoinette  et  le  procès  ilii  collier,  aur  Galilée  et  Tin- 
quisition,  cur  divers  épisodes  de  la  Révolution  fran<;-aiRe,  etc.,  un  assez 
grand  nombre  d'articles  insérés  dans  des  jouruuux,  et  plus  Lard  réums 
en  volumes.  C'était  plus  un  polémiste  qu'un  historien. 

—  Nous  avons  reçu  de  M.  Tratchevsky  uue  réponse  à  l'article  de 
M.  Sorel  sur  Vergeuues  paru  daus  la  dernière  livraison  de  la  Hevue. 
Nous  publieruDii  cette  répuuse  daus  uoLre  livraison  de  juillet. 

—  La  ccmmissiop  de  l'Académie  des  inscriptions  pour  le  prix 
Gobort  aura  dix  ouvrages  il  examiner.  En  dehors  des  travaux  actuelle- 
mont  en  po5so«8ion  du  premier  et  du  second  prix,  ce  sout  ;  l'IIiitoire  de 
l'intervention  française  au  Tonkin,  1872-74,  par  M.  HomanetduCaitlaad 
{Rev.  Ajï/.  XIV,  168);  tes  Ancionn&s  comjnunaut^s  d'arts  et  de  métiers, 
par  Alph,  Martin  ;  tes  Origines  de  la  tactique  française,  par  M.  Hanly  ; 
le  Recueil  des  cliartes  fie  l'abbai/c  de  Cluny.  par  MM.  Bernard  et  Bniel 
(flfiv.  hist.  XV,  418);  l'Inquisition  dans  le  Midi  de  la  France  au  Xllï'  et 
au  XIV'  s.,  par  M.  Ch.  Molinier  [Hev.  Uist.  XV,  147)  ;  SaiJtt  Martin  de 
Tour.i^  par  M.  Lccoy  de  la  Marche  [Hev.  hist.  XV,  425J  ;  l'Histoire  géné- 
rale de  la  maison  royale  de  Francs  par  le  Père  Anselme,  continuée  par 
M.  Potier  de  Courcy. 

—  L'Académie  des  sciences  morales  a  décerné  à  M.  Esmeis  le  prix 
Rordin  jujur  CUisluire  de  l'ordvnnancc  criminelle  de  1670  (voir  le  rap- 
port sur  le  concours  dans  le  compte-rendu  des  séances  de  l'Acad.  Fèv.- 
mars  1881,  p.  401). 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  décidé  de  proroger 
à  l'anntV.  1882  le  sujet  des  concours  sur  lo.s  institutions  de  Charics  V 
(prix  ordinaire)  et  sur  Christine  de  Pisan  (prix  Bordin). 

—  M.  G.  Pallaib  va  publier  chez  Pion  lu  correspondance  inédite  du 
prince  do  Tîilleyrantl  et  du  roi  Louis  XVIII  pendant  le  congrès  do 
Vienne.  Cet  ouvrage  fera  patienter  les  historiens  qui  réclament  la  pu- 
blication des  mémoires  du  célèbre  homme  d'i'Jcat.  ~  Eu  môme  temps 
que  l'édition  frani^ise,  paraîtra  chez  Brockhaus,  à  I>eipzig^  une  édition 
allemande  conâée  à  un  érudit  do  mérite,  M.  Paul  Baiulbu,  et  ooe  édi- 
tion anglaise. 

—  En  dehors  de«  ouvrages  en  cours  de  publication  (Extraits  des 
auteurs  grecs,  t.  IV;  Froissart;  une  Chronique  du  xv«  s.  par  Lefôvre 
de  Saint-Rémi;  le  dernier  vol.  des  Mémoires  de  La  Iluguorye;  les 
derniers  vol.  de  Brantôme),  la  Société  de  l'histoire  de  France  va  biealAl 


CBBOYIOrE   ET   BIBLIOGRAPHIE. 


245 


Caire  paraître  le  I**"  \ol.  de»  Étahlisseinents  de  saint  Louis  par  M.  I^ul 
VioLLST  ;  elle  s'occupe  activement  de  faire  réuair  les  Lettres  de  Louis  XI 
diHséminées  un  peu  partout  dans  les  archives  et  les  liihtioih^qviett  de 
l'Europe  ;  elle  se  propuse  eufiii  de  publier  les  (imvres  de  Sidoine  Apol- 
liuûre,  dont  l'éditeur  sera  M.  Km.  Châtelain;  la  Chronique  d'Auxerre 
par  Robert  Aliotant,  xii'  s.;  éditeur  M.  Aug.  Molixier;  les  Chroniques 
de  Rigord  et  de  Guill.  le  Breion,  pub.  d'après  les  mss.  de  Paris  et  du 
Vatican,  par  M.  Fr.  DcL\nDRDB;  los  mémoires  et  lettre?  du  maréchal 
de  Villarvi,  par  M.  le  marquis  de  Vooûk. 

—  Le  comité  de  la  Société  de  î'hist.  du  protestantisme  français  a  décidé 
de  publier  une  uble  générale  des  matières  contenues  dans  les  20  vol. 
de  son  bulletin.  Il  existe  une  table  des  li  premiers  volumes,  mais 
incomplète.  Elle  sera  entièrement  refondue  dans  la  nouvelle  table,  con- 
fiée aux  soins  de  M.  N.  Weiss. 

—  Lo  l*'  numéro  du  Bulletin  épigraphique  de  la  Gaule  ^  dirigé  par 
M.  Florian  Vallenlin,  vient  de  paraître;  l'analyse  de  ce  numéro  {Rev. 
crit.  n'  lll  donne  une  excellente  idée  de  cette  publication  nouvelle. 
(Vienne,  chez  Savigné.  Pnris,  Champion.  Pr.  15  fr.  par  an.) 

—  M.  OB  BittrrEiLLBH  publie,  sous  le  titre  de  Petite  bibliothèque  mes- 
sine, une  série  d'ouvrages  n'Ialifs  au  pays  messin  ;  il  a  comnieucé  par 
l'Eloge  de  Metz,  de  Sigebert  de  Gembloux,  et  Tera  paraître  ensuite  te 
Joamal  de  Jean  le  Coullon,  1540-1585,  les  Mémoires  de  F.  BufTet,  1580- 
1&88,  etc. 

—  On  vient  de  retrouver  aux  archives  de  la  Mayenne  In  cartalairo 
du  prieuré  de  la  Crnpte.  La  Revue  historique  et  arch^otogique  du  Maine 
doit  en  donner  prochainement  l'analyse. 

—  M.  O'Rbilly,  conseillera  la  cour  d'appel  deRouen^  vient  de  publier 
(Rouen,  Cagniard;  Paris,  Champion)  des  Mémoires  sur  la  vie  publique 
et  privée  de  Claude  Pellot,  successivement  intendant  du  Dauphiné,  du 
Limousin,  du  Poittm  et  de  la  Guyenne,  plus  tard  premier  pnrsident  du 
parlement  de  Normandie.  1619-1683:  ces  mémoires  sont  rédigés  d'après 
de  nombreux  documents  inédits,  notamment  sa  correspondance  avec 
Colbert  et  le  chancelier  Séguier,  qui  tieut  dans  le  livre  une  place  con- 
sidérable. L'ouvrage,  tiré  à  petit  nombre,  forme  1  vol.  gr.  in-8*au  prix 
de  12  fr.  le  vol. 

—  La  bibrairie  Leguicheux-Oallienne  (le  Mans)  vient  de  mettre  en 
vente  les  Mémoires  de  Le  Prince  d'Ardenatj,  publiés  par  l'abbe  Gustave 
EntAULT  (1  vol.,  6  fr.}.  Le  Prince  d'Ardenay  a  été  successivement  avocat 
au  parlement,  négociant,  juge-consul,  et  maire  du  Mans;  il  appartient 
à  la  fois  au  xvin"  et  au  xix*  s.,  à  cette  époque  de  transition  si  impor- 
tante à  étudier.  Ses  mémoires  embrassent  la  période  1737  à  IKI.'i. 

—  L'ouvrage  que  M.  Alfred  Marchand  vient  de  publier  sur  les  con- 
grégations religieuses  (Moines  et  nonnes,  histoire,  constitution,  rèolr, 
ooflunw  tt  statistique  des  ordres  religiextx,  tome  I,  I  vol.  in-16.  Fischba- 


246 


CHKOTIQUE   ET   RI RMOCBAPHIB. 


cher)  apprendra  au  grand  puhlic  l'origino  et  le  doveloppement  de  cod- 
grégations  mligicuaos  duiit  la  filiation  est  géDoralement  ignorée,  non 
qu'elle  soit  rlirticitc  à  connaître,  maiti  paroo  q^u'il  faut,  aller  la  chercher 
dauts  des  ouvrage»,  LcU  que  celui  du  P.  Helgot,  que  les  gens  du  monde 
u'oul  pas  la  patience  de  feuilleter  ou  dont  ils  igooreul  môme  l'exia- 

tCDCC. 

—  M.  Ph.  Tamizey  de  Larroque  a  recueilli  sur  le  P.  Gortade,  pieux 
soneltislc  du  xvii"  s.  et  auteur  d'un  Caltridrier  spirituft  en  madrigaux 
devenu  très  rare,  dett  notes  et  extraits  qu'il  a  publiés  d'abord  daus  la 
Hev.  {kshibiioph.  et  cju'il  a  fait  tirer  à  pari  (Sauveterre  de  Guyenne,  chez 
Ghollot,  1881).  Oc  qui  fait  ic.  prix  de  a>tte  brochure,  c'est  moins  encore 
ce  qui  se  rapporte  au  P.  Cortado  que  l'appf^ndicp  ajouU''  par  l'auteur  :  ta 
Bibliographie  tamizeyenne.  M.  Tamizey  do  Larroque,  qui  connaît  si  bien 
le  XVI*  et  le  xyii"  s.,  qui  a  publié  tant  de  textes,  de  mémoires, de  livres 
sur  cette  époque,  devait  au  public  lettré  la  liste  complète  de  ses  publi- 
cations. C'est  ce  qu'il  viont  de  faire,  et  dont  tout  érudit  le  remerciera. 
Gettc  uulice  ne  comprend  pas  moins  de  75  nnmérns,  sans  compter  ce 
qui  est  sous  presse.  Le  n"  73^  qui  vient  de  paraître,  est  une  Vie  initie 
de  la  diicitesif  de  Luynes  par  l'abbé  J.  F.  Boileau  (Paris,  J.  Vie  ;  Bor- 
deaux, Duthn,  69  p.  in-8*)  qui  nous  oITre  un  admirable  portrait  d'une 
des  plus  nobles  femmes  du  xvu*  s.  Parmi  les  excellentes  notes  dont 
l'éditeur  a  accompagné  re  textpi  précieux,  nous  n'en  trouvons  qu'une  A 
reprendre,  la  n.  1  de.  la  p.  37,  qui  contient  une  injustice  et  qui  assuré- 
ment contristerait  le  CŒur  de  M»«  de  Liiynes  si  elle  pouvait  la  lire*. 

—  M.  Hèrelle  vient  de  publier  la  Correspondance  inédite  de  d.  Thierry 
ds  Viaixncs,  fougueux  janséniste  mort  près  d'Utrecbt  le  ât  oct.  1735. 
Dans  les  16  lettres  qui  comp^'sent  cette  correspondance,  il  eet  surtout 
question  du  P.  Quesnal  (^Pol]/bîblion.  janv.  188t,  p.  87). 

—  M.  DE  BoirrciLLeB  vient  do  publier  sous  le  titre  Éloge  de  Metz  une 
traduction  française  d'un  poème  latin  de  Sigebert  de  Gembloux;  une 
bonne  introduction  el  des  notes  excellentes  donncut  à  cet  opuscule  une 
réelle  valeur  historique  (Paris,  Dumoulin.  Pr.  5  fr.K 

—  M.  l'althé  J.  Ai.ii^N^s  a  publié  le  cartulaire  de  Saint-Maximin  en 
Provence,  avec  une  étude  sur  ce  couvent,  ses  prieurs,  ses  annale»  et 
ses  écrivains  {Buttetin  de  la  Soc.  dei  études  scientif.  et  arch^l.  de  Ora- 
ijuignan^  t.  XU). 

1.  Au  moment  de  mettre  sous  presse  noaa  recevons  de  H.  T.  de  L.  on«  des 
]ilna  prériAumcs  piibltcftltiinft  île  [txvumpnlA  qu'il  nou<i  ait  encore  donniSefl  .- 
IMlres  inédites  de  Pierre  de  Marca.  evt'que  de  Coiuerant,  arctunn'qu*  de  Tou- 
lenueeide  Paris,  au  chanceUer  Séguier.  (Bordcaui,  I^febvrc;  Pari»,  Champion. 
79  p.  in-8*.)  Aut  27  lettre»  à  Sêguicr  en  îM>nl  jaînlcs  là  antres  i  dÏTcrs  per- 
sonaiges.  —  Grdcv  aux  mmibreuses  notes  de  M.  T.  de  t..  autanl  qu'xux  leltre» 
etieviiiémct!.,  relie  brocbure  est  du  plus  vif  iulêriM  pour  lliitiluirt-  du  Midi  ddtts 
la  seconde  moitié  du  xvu*  s.,  6l  ruolribue  i  mt^lre  dans  uu  meillttur  jour  U 
ligure  d'iiQ  cicellunl  hislorien  doublé  d'un  |»ol:iUque  avisé  el  d'un  homme 
d'alise  IrËft  rcspcclablr. 


CHiOKIQUIi:    ET    BIBLIOGRArBIB. 


347 


—  M.  l'abbé  Vaientin  Dofodb  vient  ilç  publier  deux  nou\enus  vol. 
des  anciponcs  descriptions  de  Pari»  dont  it  a  entrepris  la  réimpression  : 
U^  Glorieutei  antiquités  de  Paris,  par  Ant.  du  Mont'Royal  (ui-103  p. 
in-8*.  Pr.  6  fr.)  et  la  GmruU  et  excellente  ciU  de  Paris,  par  A.  Thevet 
Ipr.  5  fr.  —  Paris,  Quantîn). 

—  La  librairie  Fidchbaclier  vient  de  mnltro  en  venir  la  !■*  livraison 
d'un  grand  ouvrage  destiné  à  attirer  l'attention  des  biiitoriens  et  des 
archéologues  ;  c'est  la  n'productlun  fac-:iimiié  des  gravures  représentanl 
les  grandes  scènes  historiques  du  xvi*  s.,  et  exécutées  au  cours  même 
des  événements  par  Tortorcl  et  Périssln.  L'ouvrage  sera  publié  sous  la 
direction  de  M.  Alf.  Fkanklim,  en  ^1  livraisons  contenant  chacune  uno 
planche  en  héliogravure,  et  accompagnée  de  notices  historiques  par 
MM.  Daudry,  Bordier,  Lalanoe,  Lcnient,  de  Longpérier,  Maspcro, 
Rambaad,  etc.  (pr.  de  la  tivraison  :  3  fr.). 

—  Nous  avons  déjà  aanoacé  (IX,  406)  te  l*'  volume  de  l'importante 
publication  entreprise  avec  tant  de  soin  par  M.  Delaville  le  Roulx  : 
les  Registres  des  comptes  municipaux  de  ta  ville  de  Tours.  Le  2*  volume 
vieul  de  paraître  <Tcurs,  Semeur-Lflplaioe  ;  Paris,  Alph.  Picanl,  188ï|; 
il  comprejid  les  rt^istres  VI  et  VII  et  se  rapporl«  aux  années  i367- 
13^^  c.-à-d.  presque  entièrement  au  règne  de  Charles  V.  Dans  les 
édaircissementâ,  qui  sont  fort  abondants,  l'auteur  a  pu hlié  un  grand 
nombre  de  pièce;*,  extraites  surtout  des  Archiver  uaiiouale?.  Une  table 
hiaii  faîtp  complète  ce  volume  si  intéressant  pour  l'histoire  de  Tours  Al 
de  la  Ton  raine. 

—  M.  G.  HAHOTAnx  a  fait  paraître  à  part  (Picard^  48  p.  io-S*)  une 
excellente  notice  lue  à  l'Académie  des  sciences  morales  t^ur  les  Maximes 
d'Ëtat  de  Richelieu  publiées  par  lui  danft  le  dernier  volume  de  mélanges 
de  la  collection  des  documents  inédits  (cf.  Rer.  ttiit.  XV,  417).  Il  y 
expose  les  preuves  de  l'authenticité  de  ces  fragments  et  fait  ressortir 
leur  importance  pour  l'histoire  politique  du  xu*  s.  et  pour  la  connais- 
sance du  caractère  de  Richelieu. 

—  MM.  Ath.  MouBisB  et  F.  Dsltour  viennent  de  donner  la  4*  éd.  de 
leur  Notice  tur  te  dociorat  ès-iettrei^  suivie  du  catalogue  et  de  l'analyse 
dos  thèses  françaises  et  latines  admises  par  tes  facultés  des  tottros  depuis 
I8t0  (Delalain,  442  p.  ia-8').  Ce  très  utile  et  intéressant  catalogue,  suivi 
de  deux  index,  est  dressé  avec  grand  soin.  La  mention  suivante  :  «  Les 
thèses  de  Michelet  manquent  à  la  bibl.  de  la  Sorbonue  »  n'est  pas  tout 
à  fait  exacte.  Ces  thèses  se  trouvent  à  la  bibl.  de  la  faculté  des  lettres, 
à  la  Borbonne,  mais  elles  manquent  à  la  bibl.  de  t'Unirersitf,  qui  ne 
porte  pas  le  titre  de  Bibl.  de  la  Sorbunne.  M.  Rîbot  n'est  pas  professeur 
au  lycée  Cfaarlemagne-  Rien  de  plus  curieux  que  de  suivre  te&  trans- 
formations du  doctorat  depui.4  lo  temps  où  l'on  traitait  on  10  ou  20  p.  : 
de  l  ÈpopH.  de  l'Ode,  etc.,  jusqu'aux  gros  livres  d'érudition  aciucU.  Trop 
gros  d'ailleurs.  Il  faudrait  que  les  thèses  fussent  des  Uièses,  l'élucida- 
tion  d'un  point  contesté  d'histoire,  de  philologie,  de  philosophie,  une 


248  cBfio^ngrE  et  BrBLiocRAPDiB. 

dissertAtion  critique.  Il  faiidraii  do  plus  qu'au  lien  d'une  thèse  latine 
et  d'une  thèse  française,  on  demandtll  deux  thèse*  françaises  d'un 
caractère  dirTcrcnt,  par  ex.  pour  les  historiens  une  thèse  de  critique  des 
faits  et  une  th&se  de  critique  dus  sources;  pour  tes  Uuêraleurs,  une 
thèse  de  critique  liltéraire  et  une  thèse  de  philologie  ;  pour  le»  philo- 
sophes, une  thèse  de  philosophie  doctrinale  et  une  thèse  d'histoire  de 
\a.  philosophie. 

™  Nous  recevons  de  M.  Cl.  Pejuiouu  une  Lettre  à  un  ami  sur  la 
réforme  de  l'enseignement  de  l'histoire  dans  !cs  l}fcécs  (Bourg,  imp.  Authier 
et  Barbier),  dont  noua  appnmvons  presque  tous  les  point*.  M.  P. 
demande  le  remphiceraent  dp  la  rédaction  d'histoire  par  dos  deiwir* 
d'histoire,  l'orgamsation  d'interrogations  régulières  et  obligatoires, 
l'êlah  lissera  eut  d'heures  de  lectures  par  les  âlëves;  il  vent  que  l'on  con- 
sacre à  lu  correction  des  devoirs,  aux  interrogatioas  et  à  des  lectures 
historiquRs  la  troisième  heure  accordée  h  l'histoire  dans  les  classes 
supérieure!*.  ËnUo  il  demande,  et  ce  point  est  d'une  importance  capi- 
tale, qut>  le  maximum  des  heures  imposées  aux  professeurs  d'histiiire 
suit  do  r^  heure.s  au  lieu  de  15,  et  que  les  heures  supplèmcataircs 
soient  payées  200  fr.  au  lieu  de  JOO.  Il  est  iniiiue  d'imposer  aux 
prufpsscurs  d'histoire  un  maxituum  supérieur  à  cplui  des  professeurs 
de  grammaire,  et  si  Ton  n'ajqwrîe  pas  un  prompt  remède  à  cette  injus- 
tice, le  recruiemont  dos  profesifeurfi  d'hi?toiro  deviendra  impossible. 
Leurs  études  préparatoires  «ont  les  plus  ftrducs,  leur  enseignement  est 
le  plus  fatigant,  Ils  n'ont  presque  pus  de  leçons  privées,  et  on  les  place 
dans  une  situation  inférieure  à  celle  de  leurs  collègues  au  point  de  vue 
du  nombre  d'heures  réglnmenlaire  I  Cette  situation  appelle  un  prompt 
remède. 

—  Publications  rêceutea  relatives  au  Dauphiné:  Haout  de  Vienne, 
sire  de  Louppy.  gouverneur  du  Dauphin^,  act.  136l-5e;)i.  1.109,  par  Edni. 
Maignien  (extrait  du  Bulletin  de  l'académie  de-lphinale .  Grenoble,  Dupont, 
188t,  36  p.  in-S").  —  Oatamd  de  Bonmet,  par  Tcisseiro  (extrait  du 
journal  le  Dauphiné.  Grenoble,  Drevel,  1881.8  p.  in-8«). — Les  Escoyéres 
en  Queyras,  par  le  D""  Ghabrand  \ibid.,  16  p.  in-8*).  —  AnsU  et  son 
musée,  par  Â.  Penjoh.  Besançon,  Jacquin,  38  p.  in-lS,  avec  une  carte 
et  12  dessins.  —  Essai  sur  les  origines  monastii^ues  dans  le  diocèse  dé 
Valence  (ordre  des  Frèrcn  minimes  ;  congrégation  des  religieux  de 
Notre-Dame)  par  Je  chanoine  Nadal.  Valence,  Céas,  50  p.  in-8',  (880. 

—  Sous  ce  titre:  Les  Médecins  à  l'université  de  Besançon  (Besançon, 
Dodivers,  52  p.),  ie  docteur  J.  Mbynier  vient  de  réunir  tous  les  faite  et 
documents  relatifs  à  l'enseiguement  de  la  médecine  à  Dôle  et  à  Besan- 
çon, depuis  la  fondation  de  l'université  jusqu'en  1789. 

—  On  annonce  la  publication  prochaine  de  VtOstoire  des  étals  gtnà" 

faux  et  rffs  libertés  publiques  en  Franche-Comté,  par  M.  ftd.  Clbrc. 

Alsace.  —  Un  èrudit  alsacien,  M.  G.  Fbantz,  est  mort  à  Colmar 
le  7  oct.  1880  ;  il  avait  publié  plusieurs  articles  dam*  YAtsatia^  dans  la 


CflROlftQCTK    ET    BIBLlOGUrBIS.  249 

Hevuf  d'Alsuce,  et  plttsieurs  brochures  sur  des  pûints  d'histoire  locale  de 
l'Alsace. 

Belgique.  —  Le  père  Rémi  de  Buck,  un  des  collaborateurs  des  Àcta 
SanctoruTH,  «si  mort  à  Bruxelles  le  h  nov.  dernier. 

—  M.  Ch.  Rablbkbbce,  bien  connu  par  ses  travaux  sur  les  Paya- 
Bas  au  ivi«  8.  ei  sur  l'Inquisition  néerlandaise,  vient  de  publier  un 
nouveau  Uvre^  Metz  et  Thioniille  sous  CliarU4-Quint  (gr.  in-8°,  363  p.)î 
c'eet  une  œuvre  originale  et  intéreseante. 

—  M.  Frédéric  Faber  vient  de  terminer  son  grand  ouvrage  en  b  vol., 
VBisUnre  dtt  théâtre  français  en  Belgique  depuis  «i  origines  jtuqu'à  nos 
jours.  La  (lériode  de  la  république  et  de  l'empire  intéressera  spèciale- 
mCDi  le  lecteur  français. 

Allemagne.  —  Le  fasc.  21  de  la  grande  collection  d'histoire  univer- 
selle publiée  sous  la  direction  de  M.  Oncke»,  clies  Grote  à  Berlin,  con- 
tient la  fîn  de  VHistaire  des  croisades  par  M.  Kuoi.Eit  et  le  commence- 
ment de  VHistoire  de  l'empire  romain  par  M.  G.  F.  HeRT/iigan.  Le 
travail  de  M.  Kuglor  n'apporte  rien  do  nouveau  et  nous  parait  un  peu 
rapide  et  trop  abrège.  Par  contre,  l'œuvre  de  M.  Hertzbei^  :  GeschiehU 
von  ifeltas  u.  Rom.,  dont  THistoire  de  l'empire  est  la  1*  partie,  est  un 
travail  original,  fortement  conrtu  et  traité  avec  le  talent  dont  M.  H.  a 
déjà  fait  preuve  dans  son  Histoire  do  la  liréc^  au  moyen  Ago.  I^s  livr. 
38  et  31  contiejinent  une  excellente  ffisloire  de  la  révolution  d'Angle- 
terre par  Alf.  Stebm,  où  les  recherches  que  l'auteur  a  faites  au  Britisb 
Musetim  et  dans  les  archîvps  d'Angleterre  pour  son  grand  ouvrage  sur 
Mitton  lui  ont  permis  d'introduire  un  as.scz  grand  nombre  des  rensei- 
gnements inédits. 

—  La  librairie  Brockhaus  à  Leipzig  vient  de  publier  le  l*'  vol.  des 
Ji*moiren  sur  Zeilgeschirhtc  d'Oscar  Meding  (Gregor  Samarov),  conK- 
dent,  pendant  longtemps,  du  feu  roi  de  Hanovre  Georges  V;  ces 
mémoires  vont  de  1860  à  1870. 

—  Les  Forschungen  xur  deutschen  Gachichte  viennent  de  publier  la 
lahle  des  vingt  premières  annéos  {Sach-Register  zu  Hand  !  et  XX  par  le 
D'  G.  BccuuoLz.  GiL'tiiugue,  Dieterich,  4-i  p.  in-8*|. 

Au  triche- Hongrie.  —  Il  s'est  fondé  en  Autriche  en  (879  une 
société  pour  l'histoire  du  protestantisme  en  Allemagne;  depuis  1880, 
I  société  fait  pamitre  un  Jarhbuch  dont  la  Hemte  critique  (1881,  n*5) 
anaivse  les  deux  premières  livraisons  (Vienne,  KUnkhardt;  3  Qorins 
par  an). 

Angleterre.  —  Notre  collaborateur  M.  GARnt.-<BR  va  bientôt  faire 
paraître  deux  nouveaux  volumps  de  l'excoltenie  histoire  de  l'Angleterre 
an  \\n*  s.  à  lur[uelle  il  travaille  depuis  si  longtemps.  Ces  volumes 
embrassent  l'Iii^loire  du  régne  de  Charles  l"  de  1637  à  l'cxploaiou  de 
la  guerre  civile.  L'auteur  a  utilisé  un  grand  uombredo  dépêches  d'am- 
bassadeurs étrangers. 


250  CHBOniQtTB  ET   HIBLIOCIUPIIIE. 

—  On  anDonoo  une  histoire  d'Irlande,  par  M.  Standish  O'Gr&dv  ;  le 
\"  vol.  sera  cocsacré  à  une  étude  critique  minutieusH  de  l'époque 
ancienne. 

—  Un  laborieux  érudit  du  comté  de  Norfolk,  M.  W.  Rte,  publie  ua 
recueil  intéressant  pour  l'histoire  locale,  the  Norfolk  antiguarian  Mis- 
celianj/.  La  seconde  partie  du  vol.  II,  qui  vient  de  parattrc,  contient 
14  articles  dont  le  plus  intéressant,  celui  de  miss  Lucy  Toulmin  Sjiith, 
inlèresse  l'histoire  du  refuge  protestant  en  Anfçlelerre. 

—  La  PaUeografical  Society  va  faire  paraître  un  nouveau  fascicule  de 
la  série  des  mm.  orientaux. 

—  Le  prof.  Bbelky  a  fait  à  Cambridge,  pendant  une  année  presque 
entière,  tin  cour»  sur  la  jeunesse  de  Bonap^irto,  m  vie  en  Cor^e,  sou 
attitude  au  déliut  de  la  Révolution.  C'est  pn'cisêment  Ip  sujet  traité  par 
M.  lung  dont,  le  3»  vol.  vient  dp  paraître.  M.  Secby  doit  publier  cee 
leçons  avec  des  document»  inédits. 

—  Le  duc  de  Manchester  vient  de  déposer  au  Public  Record  of^ce 
son  importante  collection  de  papiers  do  famille.  L'inventaire  de  ces 
docunieuls  paniiira  pnjciiaincment  dan»  le  8*  rapport  de  la  commission 
des  Historicat  msË. 

—  M.  Percy  Fitooeralo  prépare  une  biographie  de  Georges  FV  pour 
lai|uelle  il  a  pu  utiliser  des  correspondances  et  des  mémoires  encore 
inédits. 

—  M.  Th.  Arnold  prépare,  pour  les  Monumenta  hittoriae  Britannia 
medii  aevi  (coll.  du  MastRr  of  the  rails),  une  nouvelle  édition  des  œuvros 
historiquos  de  Siméon  de  Durham  ;  et  M.  Howlett  un  second  volume 
de  Monuinenta  fi-anciscana. 

—  Pamù  les  récentes  ac/]uisition8  dn  département  doA  mss.  au  Rri- 
tish  muséum,  on  cite  la  minute  du  conseil  royal  de  la  guerre,  25  juin 
Ifiiâ,  une  lettre  autographe  de  Gliarles  I"  au  princ«  Hupert  aprèg  la 
chute  rie  Bristol,  15  oct.  1645  ;  des  lettres  de  la  reine  Marie-Amélie  de 
1841,  1842,  i845,  etc. 

—  Lo  7'  vol.  du  Calendar  dns  domestic  state  papers,  par  M*"'  E.  Ghëeit, 
vient  de  paraître;  i)  comprend  le.s  mois  do  mars  à  décembre  165t. 

—  M.  SiNKBR,  de  Trinity  r^ollegp,  â  Cambridge,  est  sur  le  point  de 
publier  un  catalogue  des  livres  anglais  avant  1600. 

Italie.  —  La  riutice  nécndogique  consacrée  à  C.  DoM-CoupAuni  dans 
le  dernier  numéro  de  la  Revue,  p.  512,  contient  une  erreur  qui  se  trouve 
répétée  dans  la  plupart  de«  notices  bibliographiques  sur  cet  estimable 
écrivain  :  l'Histoire  de  la  littérature  chrétienne  des  onze  premiers  si^es 
est  l'œuvre  de  C.  Balbo,  publiée  en  1836.  Nous  trouvons  dans  un  petit 
discours  pronouoé  par  M.  E.  FKBREno,  à  la  Faculté  des  lettres  de  Turin, 
l'iiidicûtioa  «.xacte  des  ouvrages  de  Buu-Compagui.  Parmi  ceux  qui 
appartiennent  à  Thisioire,  citons  :  l/etla  monarchia  rappresentaliva . 
Turin,  1848  ;  La  Francia  dcpo  il  24  maggio  1873,  Tnrin,  1875;  U  Chitxa 


COHOXIQCK    ET    BIRLIOCKAPBIB.  254 

0  to  stato  in  Jtatia,  Florence,  t866  ;  une  élude  sur  Boèce  publiée  dans 
les  mémoires  de  l'Académie  des  sciencp^s  de  Turin  en  1843  ;  //  tegno  di 
Carlo  magno  in  Italia,  e  scrilti  minori  di  G.  Balbo  pub.  par  3oii-0>ai- 
pagni  en  1862. 

—  Le  second  vol.  du  Machiavel  de  M.  P.  Villabi  vient  de  paraître 
(Florence,  Le  Monnier);  il  comprend  :  !«  les  chapitres  ^J  à  16  du  livre  1, 
et  fournit  t'histoirft  de  Machiavel  rt  de  Florencp  jusqu'au  retour  dp^i 
Médicis,  1ÔI2;  2*  Ips  chap.  t-1  du  livTe  II  où  l'auteur  étudie  le  prince 
et  les  discours  du  célèbre  homme  d'État  noroutin.  L'appendice  contient 
de  nombreux  documents.  Un  3*  vol.  complétera  l'ouvrage. 

—  M.  P.  Vmo,  prof,  d'histoire  et  de  géographie  à  i'instilui  supérionr 
de  Livoume,  annonce  la  prochaine  publication  d'un  Diario  storico  tial 
1494  al  1500  de  Fr.  Ricclardi  de  Pistoie,  dit  Ceccodea,  œuvre  d'une 
réelle  importance  au  point  de  vue  historique  el  philologique.  Le  livre 
paraîtra  vers  la  fin  de  l'été. 

—  M.  Cesare  GuAgn  a  réuni  en  deux  volumes  (Bologne,  Romagnoli) 
les  narrations  en  poésie  et  en  prose  et  les  documents  qui  ont  rapport 
au  fameux  Sacco  di  Prato,  de  1512,  qui  préluda  au  rétabliKscmfnt  des 
Médicis  d  Florence.  La  plupart  des  narrations  (vol.  [)  étaient  déjà 
publiées,  maifl  il  est  intéressant  de  les  avoir  réunies;  les  documenta 
(vol.  II)  étaient  presque  tous  inéditii,  el  sont  dp  la  plus  hante  impor- 
tance; ils  sont  pleins  de  renseignemenls  aussi  curieux  que  nouveaux, 
et  jettent  la  phis  grande  lumière  sur  la  situation  et  les  forces  des  deux 
partis  en  Toecane.  Les  cruautés  et  les  violences  commises  par  les  lilspa- 
gnols  à  Prato  en  reçioivent  la  confirmaiion  la  plus  authentique;  le  gou- 
Ternpment  florentin  de  Boderini  et  le  parti  d»  la  litjpirté  à  Florence  y 
révèlent  leur  honnêteté  autant  qun  leur  incaparjtfi  et  leur  impuissance; 
et  d'autre  part  on  voit  clairement  la  grande  influonce  qu'avaient  con- 
servée les  Médicls  en  Toscane,  môme  après  avoir  été  proscrits  el  exilés. 

•^  Le  3*  vol.  de  l'/ni«nfan'o  del  R.  archivio  di  Stato  in  Lucca  vient  de 
paraTtrft  (louera,  Gnisti,  1880,  in-4",  p.  4G(>).  Nos  leoteurs  ont  été  déjà 
reaseignés  sur  les  deux  premiers  volumes  de  cetl^*  importante  publica- 
tion {Retu«  hisior.,  VI,  410|.  Le  troisième  contient  une  partie  de  Tiu- 
ventaire  des  documents  de  VÉiai  de  Lucques,  depuis  la  Qu  de  la  Repu- 
Mique  (1805)  jusqu'à  l'annexion  do  Luc(|ucRau  grand  duché  de  Toscane 
(1847),  c'est-à-dire  neuf  ans  de  la  prinripanié  Baciocchi,  fondée  par 
Napoléon,  et  déchue  avec  lui  (IfiO-ï-lBU)  ;  trois  ans  de  gouvernements 
pmvisoires,  sous  l'iiifliience  aulrichienne  (ISH-lfiH);  tronto  ans  du 
duché  bourtionien  (1817-1847).  (kimme  dans  les  deux  volumes  précé- 
dents, t'inventaîre  de  chaque  série  est  accompagné  d'éclaircissements 
tUatoriquee  très  intére66antfi  et  toujours  pu  if  es  aux  sources.  L'inven- 
taire se  terminera  par  un  quatrième  volume,  les  tablf?s  do  tout  t'ou- 
Tiage. 

—  On  vient  d'instituer  aux  archives  de»  IKiat  à  Venise  un  Musie 
paiéograpfivitte  tie  la  régionv/nitirnw,  compose  do  fac-similés  de  chartes, 


352  CRBOrtIQTlB   ET    BlllL[Or.RAPniR, 

mss.  et  autros  monumf^nt.'ï  paléographiqu(>8  du  ix>  au  xv  i^iècle.  —  Lo 
musée  a  élé  inan^ré  par  un  discours  sur  t'histnirp  de  l'écriture,  de 
M.  Hiccardo  Pbedblu,  directeur  do  ces  archives  (Venczia,  Naratovich, 
1881). 

—  Nous  avons  le  plaisir  d'annoncor  la  prochaine  publiration  de 
VArcliivio  paUografico  italiann,  dirigé  par  MM.  G.  Paou  et  E.  Mokaci 
[Rome,  Martelli).  Ce  sera  une  collection  de  fac-BÎmilés  paléograpbiquM 
BD  héliogravure  de  documents  et  de  ms».  ilaliend.  t.a  publication  eera 
faite  dans  lo  môme  format  que  le  recueil  de  la  Paleographicat  Society  de 
Londres.  Chaque  table  sera  accompagnée  d'une  notice  descriptive  et 
critique  et  dune  transcription  du  texte.  Chaque  fascicule  comprendra 
environ  10  tables  ;  50  tables  formenmt  uu  volume.  Le  premier  fascicule 
paraîtra  très  prochainement  et  contiendra  entre  autrea  choses  la  repro- 
ducliuu  intégrale  du  papyrus  90  de  Mariai  (vi"  J-iècle]. 

—  Le  tome  IV  des  Diarii  de  Marin  Sanudo,  publiés  avec  une  régula- 
rité remarquable  par  M.  Barozzi,  vient  de  paraître. 

—  Le  pruf.  G.  ne  Leva  vient  de  publier  le  4"  vol.  de  sa  Sioria  doeu- 
menlata  di  Carlo  V  in  correlasione  ait'  Italia  ;  il  comprend  la  période  de 
la  paix  de  Crespy  à  l'intérim  d'Âugsbourg,  et  apporte  beaucoup  de 
faits  nouveaux  à  l'histoire  du  concile  de  Trente. 

—  M.  C.  M,\LAQor-A  est  chargé  par  le  rainietère  de  rinstniction 
publique  de  Prusse  do  publier  de  trfes  important»  rnss.  du  xiir  au 
ivr*  s.  conservés  dans  les  riches  archives  de  Botngne  ;  ces  mss.  con- 
tiennent une  grande  quantité  de  notices  relatives  aux  Allemands  qui 
fréquentèrent  l'université  de  Bologne. 

—  La  correspondance  de  Ferdinand  Galiani  avec  le  marquis  Tanuccï, 
publiée  par  M.  Razzom  dans  VArchiv.  stor.  iial.,  vient  de  paraître  en 
volume  iKlorencc,  Vieusseux;  prix  :  6  l.).  Ce  que  noua  eu  avoos  dit 
dans  l'analyse  des  périodiques  permet  d'^n  comprendre  l'importance. 

—  La  ville  de  I^alerme  se  prépare  à  fêter  le  6*  centenaire  des  Vâprea 
siciliennes  [cf.  Nuove  effem.  sioit..  n*  de  sept.-oct.  i680|. 

—  M.  G.  Clarbtta  a  donné  aux  Actes  de  l'Académie  de  Turin,  et  à 
pari  (Turin,  Paravia,  30  p.  iii-Rï,  un  intéreasant  travail  sur  Robert  de 
Duracxo  {Roberto  di  Durazio  dei  reait  di  Sapaii  e  ta  famigtia  di  Jacopo  di 
Savoia,  principe  d'Acaia),  suivi  de  deux  documents  inédits,  sur  la  déli- 
vrance de  Robert  eni'ermé  h  Pignerol^  et  sur  te  déB  que  lui  porta 
Antclmes  de  Miolans,  sire  d'Urtiéres. 

—  MM.  Antonio  Manno  et  Vincenzo  Pbouis  viennent  de  publier  la 
tahie  analytique  des  publications  de  la  R.  Deputazione  di  storia  patn'a 
per  le  anttche  provincic  e  la  Lombardia  depuis  la  création  do  la  commis- 
sion ('20  août  1833)  jusqu'au  1"  août  1880  (Turin,  Paravia).  On  y  trou- 
vera la  liste  de  tous   les  membres  do  la  commission  depuis  l'origine. 

—  L'ouvrage  de  M.  Ghetti  intitulé  Storia  délia  indipedensa  itatiana 
{814-{870  [Torino,  Lœscher,  1879. 1  vol.  in<8»,  644  p.)  e!!t  un  manuel  écrit 


CDRO^IIQDB    BT    BIBLIOGKiPBIK. 


253 


au  point  de  rae  aatioDBl  italien.  Il  peui  éire  utile  aax  lecteurs  français 
do  lo  consulter.  Le  grand  ouvrage  do  M.  Hianchi  s'arrête  à  18^  et  de 
plus  l'étniiicnt  historien  de  ta  diplomatie  italienne  ue  traite  que  des 
n^ociatioQ5.  M.  Ghettï  résume  l'hislaire  antérieure  des  états  d'Italie 
et  suit  à  travers  toutes  aee  manifestatloos  le  développement  d^  L'idée 
oaiionale  et  l'unité  italienne. 

—  Le  dernier  ouvrage  de  M.  Cantù,  Us  Trente  dernières  annéM  (1848- 
1878),  vient  de  paraître  en  frau«iis  cbez  MM.  Firmin  Didot  ei  C*».  On 
y  trouve  le  curieux  témoignage  des  Benlimenls  contradictoires  qui 
inspirent  tous  les  livres  de  ce  caUioIîque  répuhlicnin^  pa[)atin  et  fedé- 
ruliste.  Il  use  prendre  la  défense  du  roi  de  Naples  Ferdinand  II;  il  est 
dur  pour  Cavour,  il  dëplure  Tunité  italienne,  et  en  même  temps  il 
ne  recule  pas  devant  des  expressions  digues  des  irrédentistes  le-s  plufi 
outrés,  lorsqu'il  dit  par  exemple  que  la  Savoie  et  Nice  sont  une  Irlande 
pour  la  France.  Si  l'on  veut  avoir  une  idée  de  la  prodigieuse  confusion 
de  cet  esprit  distingué  et  mal  équilibre,  où  la  théologie  catholique 
fait  la  guerre  à  un  amas  de  notions  indigestes  empruntées  à  la 
science  moderoe,  il  faut  lire  le  chapitre  intitulé  :  «  Us  Sciences  histo- 
riqua.  »  Nous  pensons  toutefois  que  c*e8t  le  traducteur  et  non  M.  Cantù 
qu'il  faut  rendre  responsable  des  erreurs  sans  nombre  qui  détigurent 
les  nom?  propres  :  «  YafTé,  Fiker,  Siebel,  Bulde,  Flinth,  etc.  > 

Espagne.  —  Une  Aevuto  de  VaUnda  vient  de  se  fonder  en  Espagne  ; 
elle  «  occupe  de  l'histoire  de  la  littérature  et  des  beaux-arts  de  l'anciea 
ro\'aume  de  Valence. 

Danemarlc  —  Il  vient  de  paraître  &  Copenhague  les  ouvrages  sui- 
Tants  ;  Vanmarks  ydre  poUtiske  Historié  i  Tiden  fra  Freàen  i  Prag  tH 
Frtden  i  Bntmsebro  (163d45|.  Et  Bidrag  lil  Europas  diplumatiske  His- 
torié under  Frediveaarskrigen.  Âf.  J.  A.  Friuericia.  Kjœbenhiivu.  <f. 
Erslevs  Forlag  1881.  (L'histoire  extérieure  politique  de  Danemark 
depuis  la  paix  de  Prague  jusqu'à  la  paix  de  Brœmsebro  ;  contribution  à 
l'histoire  politique  de  l'Europe  peudant  la  guerre  de  Trente-Âos.)  — 
fUgesta  diptoinatica  hisluj-iae  Ikinicae,  Séries  secunda.  Tomus  priur  (789- 
1349). 

Russie.  —  M.  Bbccn,  professeur  à  Odessa,  est  mort  le  3  juin  1880; 
U  a  publie  un  assez  grand  nombre  de  mémoires  sur  la  géographie  histo- 
rique de  la  Russie  méridionale  <voy.  Potybiblion.  janv.  1881,  p.  82). 

—  M.  le  baron  F.-A.  Buulbr,  directeur  des  archives  au  ministère 
des  afhires  étrangères  à  Moscou,  vient  de  publier  des  extraits  de»  plus 
importantes  archives  de  Moscou  ;  ces  extraits  sont  accompagnes  d'un 
rapport  eo  français  sur  l'organisation  des  archives  russes,  et  dim 
mémoire  sur  les  rapporta  entre  la  Ituiisie  et  la  Prusse,  d'après  tes  mss. 
des  archives  de  Moscou. 

—  M.  Ladischitski  a  publié,  d'après  ces  mêmes  archives,  un  ouvrage 
sur  la  mission  du  prince  Prozorovski  à  Londres  eu  1662. 


254 


CRBOniQDR    RT    BIBLIOCHAPHIB. 


—  La  Société  de  littérature  finnoise,  foodée  à  Helfiingfors  en  1831,  célé- 

brora,  les  30  juin,  1**  et  2  juillet  prochains,  son  anniversaire  semi-sécu- 
laire. La  sucifHe  y  invite  mes  membres  et  tous  les  amis  de  Res  travaux 
pour  prendre  part  à  des  discussions  sur  la  Lang:uo,  l'archéologie  et  l'hia- 
toiro.  Lea  question?  i\  traiter  pour  l'Iiigloirp,  l'archéologie  et  l'ethno- 
graphlp  sont  Irs  suivantes  :  Statistiriufi  des  ppupipa  df»  rar#  finnoise.  — 
I*a  part  dos  peuples  Ënnois  dans  Ip,s  rechcrchps  anthropologiques 
nurupccuncs.  —  La  classtUcatiun  des  antiquités  do  Tàgc  do  for  en  Fia- 
lande  au  point  de  vue  de  leur  forme.  -^  Les  sëpulturcii  antiques  de 
Finlande.  —  Quelles  contrées  de  la  Finlande  ont  été  habitées  par  les 
Lapons  selon  les  recherches  historiques?  —  Quels  sont  les  laits  positifs 
que  donnent  les  recherches  historiques,  archéologiques  et  linguistiques 
cuncornant  la  mif^ratiou  des  peuplet^  luiuoi»  vers  les  bords  de  la  mer 
Baltique  ?  —  Aperçu  de  l'histoire  des  Zyrianes.  —  Ce  qu'on  sait  par 
les  recherches  archéologiques  concernant  la  vie  et  les  mœurs  des  Fin- 
nois à  ta  fin  de  l'époque  paycnne.  —  iàur  L'introduction  du  christianisme 
en  Finlande. 

Ëtata-Unla.  —  M.  J.  Winsor,  bibliothécaire  J)  l'université  Harvard, 

et  Jiutcur  d'une  Afrfmonof  hisloty  of  Hoston.  se  propose  de  faire  paraître, 
à  l'aide  do  plusieurs  collaborateurs,  etavec  l'appui  de  plusieurs  sociétés 
locales  d'histoire,  une  Histoire  crili([ue  de  l'Amérique;  cette  histoire 
conjjirendra  8  vuL  Le  3",  qui  paraîtra  en  premier  lieu,  est  intitulé 
Englisk  discofgries  ami  sfUteintnts  in  America.  Chaque  vol.  sera  accom- 
pagné de  carte»,  de  portraits,  d'autographes,  etc.  On  pense  que  trois  da 
ces  volumes  pourront  Ôire  terminée  avant  la  lin  de  1882. 

—  M.  Samuel  A.  Grekn  a  été  chargé  par  la  vilte  de  Boston  de  donner 
une  édition  nouvelle  des  Karly  records  ofGroton,  1G62-1707,  chronique 
pleine  de  faits  curieux  pour  l'histoire  intérieure  du  Massachusetts. 

—  Le  i*  catalogue  de  la  bibliothèque  de  l'étal  de  Massachusetts  vient 
de  paraître.  Il  est  très  complet  et  rédigé  avec  un  soin  extrémemeot 
minutieux. 

—  L'iuslitut  archéologique  d'Amérique  a  décidé  rexploratloa  de 
l'ancien  Absos,  la  principale  colonie  grectiue  de  la  Troade. 

—  Le  numéro  de  janvier  1881  du  Magasin/t  of  nmerican  history  est 
consacré  eu  grands  partie  à  l'histoire  de  Yorklowa  et  de  l'alliance 
Irancu-americaine  peudant  la  guerre  de  l'indépendance. 

—  M.  Théodore  Iqvino,  neveu  de  l'historien  américain  Washington 
Irving,  est  décédé  le  20  décembre  dernier.  Il  avait  publié  en  1835  une 
Histoire  de  la  conquête  de  la  Floride  par  Fernando  de  Suto,  2  vol. 


USTX  DU  LITUS  UÉfOsâs  AD  BO&BiO  DB  Là  RBTDB.  255 


LISTE  DES  LIVRES  DÉPOSÉS  AU  BUREAU  DE  LA  REVUE. 

[Nous  n'tndiqvons  pas  cntr  qui  ont  éîéjug^$  dans  tes  Buttelins 
et  la  Chronique.) 


AdbA.  Le»  rbr^Ueri!^  dans  l>mplrr  romain  i](*  U  fin  tlr^K  Anloninit  ati  milieu 
du  ur  «.,  180-Î19.  Didier,  vi-53i)  j>.  iu-S*,  1«81.  Pr.  :  7  fr.  50.  —  Caktault. 
La  trière  «théaimiie  ;  étude  d'archéologie  navale.  Thorin,  xxri-2riO  p.  in-8', 
1881.  —  Id.  De  caufta  HarpaliiH.  Ibid.,  142  |i.  in-S".  —  Caovbt.  L'empereur 
jQftUnies  et  Kun  teuvre  It^gUlativc  ;  étude  historique  et  juridi4]ue.  Ciien,  Le 
Blinc-Uardel,  105  [i.  in-S".  Pr.  :  2  fr.  60,  1880.  —  Obulhante.  Une  famillf  de 
finaoce  au  xtiii'  a.  HeUel,  2  toI..  497-557  p.  io-8',  î'édil.  Pr.  :  21)fr.—  Deb- 
CBAMF3  DU  Pas.  ni^Uiiredc  la  ville  de  Saiiit-Omer depuis  siinorîgitiejtitKiaVj]  1870. 
Arras,  Sueiir-Charniey,5IXi  ]>.  in-Â'. —  Dcbau..  Précis  d'histoire  militaire  2'  part., 
I  vol.  iii-«*  «Tec  atUs.  Dumaine,  IK8U.  Pr.  :  U  fr.  —  Du  Bois  Mkllt.  Htsloiro 
a»ecdotique  et  diplomatique  du  traité  de  Turin  entre  la  Sardaii^ne  et  GenèYC, 
17S4.  BAle,  Georg,  133  p.  iD-8'.  Pr  1  m.  50.  —  Laih.  Umi&e  d«  I.a  Valli^re 
cl  la  jeunesse  de  Lauis  .VIV.  Pion,  in-H*.  Pr.  8  fr.  —  LArtKOK  dr  Kermaikoant. 
Cartutaire  de  l'abbaye  de  Saiiit-.Uicbi^[  d<i  Tré|K>r(.  Uidot,  cux-42â  )>.  in*4* 
avec  an  atlas  do  fac-simUc.  —  Lsait.  La  llandfeste  de  Fribouriit  dans  llJeclil- 
laad  de  l'an  \1\9.  Lausanne,  Benda.  Pr.  :  S  fr.  —  Abbé  Mamobaox.  Histoire  de 
l'abbaye  et  du  village  de  IlautviUers,  3  vol.  ni-^ib,  600,  637  p.  ia-8*,  188a 
riperaay,  Doublât.  —  IUrimkb.  Lettres  i  Panizzi,  183U-70,  pub.  par  L.  Fagan. 
Câlmaon-Lévy,  2  toL  in-^*.  Pr,  :  1&  fr.  —  Hobtimkb-Tbknauz-  Histoire  de  la 
Terreur,  t.  VIU  ;  ibid.,  Tm-624  p.  iu-8*.  Pr.  6  fr.  —  Noël.  Etude  historique 
sur  l'or^anisalion  fiiunciére  de  la  Fronce.  Charpentier,  zi-504  p.  in-12.  Pr.  :  3fr.  50. 

—  Abbé  Pkoubur.  Atinulea  du  diocèse  de  Soissons,  t.  IV,  vii4i82  p.  iJi-8*.  Sois- 
sons,  FéTre-Darcy,  188(J.  —  Pispafi.  Histoire  de  la  réunion  de  la  Francbe- 
CiHut^  A  la  France,  2  vuL  XTiu-'i80.  512  p.  in-8'.  Parie,  Cliiimpinn  ;  Ite&anron, 
Marion,  1880.  —  Qubfat.  Rcdicrcheà  historiques  sur  la  Grande-Tliury  près 
Helz.  MeU,  Sidot  ;  Parifi,  Dumoulin,  ii-lSG  p.,  I88(L  —  RBuaa.  L  ALsarc  pen- 
dant la  Révolution  française,  t.  L  Fiscbbacher,  x-359  p.  ia-8'.  —  Hublb  (A.  dbJ. 
Antoine  de  Uourbou  et  Ji-anne  d'A[brct,  L  1.  Labitlo.  Pr.  :  ii  fr.  —  SHiKauiiiu.n. 
Htrasbour;;  liendant  la  K^rolulion.  Paris  et  Nancy,  Berger-LevrauM,  3I>1  p.  in*8*. 
Pr.  :  G  fr.  —  Vbbnbs.  UéLanges.  Fi^Mr.hbarlter. —  'WALLOJf.  Histoire  du  tribunal 
réroluUonnaire  pendant  la  Terreur,  t.  Ht.  Uacholle.  Pr.  7  fr.  50. 

AoLBB.  Heriog  Wetf  VI  uod  sein  Soho.  Haanover,  Hclnring.  Pr.  :  4  m.  — 
Daougjibtnkb.  Uebcr  die  Quellcn  des  Casâius  Dio,  Tubiogcn,  Luupp.  60  p. 
in^v  Pr.  :  L  m.  —  I)AUHaAiLTB.H.  SIeidau's  Uriefnucbsul.  Slra&burg,  Trùbner. 
xxx-330  p.  in-8*.  —  Hudi.nsky.  Die  Auebreiiunu  der  laleinischeu  Sprncbe  ùtwr 
Italien  uud  Froviozen  dat  rœmiscben  Reichos.  Berlin,  Hertz,  xii'2t37  p.  io-â*. 

—  DûB«.  Die  Rciscn  des  Kaisers  Iladrian.  Wien.  Gerold's  Soho,  124  p.  in-8'. 

—  Uabtwig.  Qaellen  und  ForKbuiigcn  ziir  xltcslen  Gescbicbte  der  Sladt  Flo- 
reni.  ï*  part.  Halle,  Nlemeyer,  vi-3i8  p.  in-8*.  —  Von  Holat.  Verfasaungsge- 
schichle  der  vereiiUiitea  Staalen  Ton  Amerîka,  scil  der  Ailmini^trallon  Jackson'». 


S56 


IISTB  DBS  irTBES  D^POSéS  AO  BORRiD  I)B  U  BSTDB. 


Bd.  U,  zv-474  p.  iu-S*.  fieriia.  Springcr.  Pr.  :  12  m.  —  Mauksb.  Harksteinc 
fn  der  Oeschichte  der  Vwtker,  MOMaSO.  Leipzig,  Kammer,  xi-l063  p.  gr.  in-S*. 
Pr.  :  \1  m.  —  Maybaum.  Die  Kntwickluni;  de*  altiitraeliCiBctieo  Prieslcrthums. 
Ilreftlau,  Kffibni^r,  vii]-l'2li  j>.  In-H".  Pr.  :  2  m.^O.  — HUblbachkr.  DiâRegMteo 
lies  Kflisorrcirhs  untrr  den  KaroUnKcrn,  75'2-918.  l'*  lîvr.  160  [>.  in4*.  Inns- 
bruck,  Wayner,  iUSO.  —  PoIUiHcbe  Correspondenz  Friedrirh's  de»  GroAsen, 
Dd.  V.  Berlin.  Diiiifkcr.  —  ScsinHMACiiBn.  Ge»cliirltlfl  CastUifns  iin  xii  und 
xnt  Jalirliutidcrt  Gotha,  Perllipt^,  1881.  —  Ïciiheidkb.  Die  Geburt  der  A^thena. 
Viivn,  Gerniid's  sobn,  45  p.  in-8'.  —  Szanto.  Untcr^uchungen  ùhcr  das  alliftche 
Bùrgcrrorhl.  Wien,  Kûtiflgeo,  SA  p.  iii-S*.  —  VoiOT.  Die  Wiedcrbclcbnng  des 
classischen  jUtertlium*».  Dd.  1.  Berlin,  Reimer. 

Lbthbridob.  Short  mannel  nf  (ho  history  oF  India.  London,  Uacmlllan. 
Pr.  :  r>  ftli.  —  Shaowbll-  The  life  of  Colin  Campbell,  lord  Cljde.  I^mdtm, 
Blarkwootl.  2  vul.  xvui-4j7,  x-\S'J  p.  in-8'.  —  Wuiuu.bh.  The  hislory  of  Iiidia, 
Troni  thp  c&rllt&l  «g«s.  4'  vol.,  2*  part.  Loaàoo,  Triiboer,  xxvii-60()  p.  lo-ft'. 
Pr.  :  14  &h. 

CutAPPWjj.  Vita  e  opère  piuridlcbe  di  Cino  da  Pistoia.  Plsloia,  Brac^li, 
240  p.  in-12.  Pr.  3  1.  —  Càpasso.  Fra  Paolo  Sarpi  k  t  intt>rdello  di  Veuexia. 
Firenzc,  Gazetla  d'Ilalia.  ISÎIO.  —  Casabiakca.  II  fcudalism»  e  la  Sardc^p» 
Dfil  inciliii  evo.  NapiOÎ,  Nobill,  154  p.  in-8*.  Pr.  3  1.—  Villabi.  Niccolû  Manhla- 
vclli  e  i  SDOL  Icmpi  ;  vol.  II,  bi}'l  p.  ia-8°.  Pr.  7  I.  50.  Firenze,  Lemunoier. 


Errata  du  nKRNiicn  i«dm6ro. 


P.  281,  I.  16,  au  lieu  de 
BUS  Bujel»  II,  lira  600,000. 


t  au^monle  de  un  million  et  demi  le  nombre  de 


P.  402,  l. 

9,  au  lieu  de  Reyncck, 

lisez  Reineck. 

— 

tl 

— 

Wdldeubourfi, 

— 

Waldbourg. 

— 

14 

— 

Wph{iIi  alleu. 

— 

Webtphallen. 

— 

_ 

— 

llarlz, 

— 

iloriit. 

— 

— 

— 

VeUIn*îin. 

— 

Vcltheira. 

— 

15 

— 

Munchenhau&en 

( 

Miiiicbbaasen. 

-^ 

16 

— 

MeerTcId, 

Mcerreldl. 

— 

22 

— 

Spaderbum, 

— 

Spada-Tom, 

— 

27 

— 

Wend, 

— 

Wendl. 

P.  406,  1, 

,    5 

— 

Leiehcnfeld, 

— 

Lercheofeld. 

— 

0 

_ 

KuHter, 

— 

KUâter. 

— 

S 

-^ 

GruDK, 

— 

OriiHne. 

P.  473,  l 

.33 

— 

p«luriuro, 

— 

preturium. 

L'un  des  propriétaires-gérants,  G.  Monod. 


NogâDl-lvBotrou,  îuipriiueric  Daupeley-Gourerueur. 


LES 


DÉMEMBREMENTS  de  la  MOLDAVIE 


{Suite.) 


VI. 


Dans  la  première  partie  de  ce  traTail,  uous  avons  moDtré  quel 
fut  le  sort  de  la  Moldavie.  Voyous  maintenant  quel  fut  celui 
de  son  prince. 

Ghyka  était  déjà  compromis  aux  yeux  des  Turcs  parce  qu'il 
devait  sa  nomination  au  trône  de  Moldavie  aux  instances 
des  Busses.  Les  intrigues  de  Thugut  contribuèrent  aussi  pour 
une  large  part  h  ce  résultat,  d'autnnl  plus  i][ue  Ghyka  s'aidait 
des  Russes  et  des  Prussiens  pour  combattre  les  plans  autrichiens. 
Ainsi  nous  l'avons  vu  plus  haut  envoyer  très  souvent  ses 
pajiiers  à  Constantinople  par  des  courriers  russes.  La  [dupart 
des  intrigues  de  Zegeliri,  ambassadeur  prussien  près  de  la  Porte, 
avaient  lieu  sous  l'influence  de  Ghyka,  et  les  Turcs  m^  jm^u- 
vaient  voir  sans  inquiétude  cette  liaison  intime  entre  leur  vassal 
et  leurs  plus  mortels  ennemis.  Voilà  pourquoi  Thugut  craignait 
tant  l'arrivée  du  prince  Hepnin,  ambast^deur  russe  extraor- 
dinaire à  Constantinople,  lequel,  devant  passt*rpar  Jassy,  allail 
s'entendre  avec  Ghyka  au  sujet  de  la  Bukovine  et  créer  ainsi 
de  nouveaux  obstacles  dans  la  marche  de  cette  affaire.  Le  sieur 
de  Gaffron,  ambassadeur  de  Prusse,  allait  prendre  son  chemin, 
toujours  par  Jassy,  i>our  se  rendre  à  son  poste,  et  ce  contact  du 
prince  de  Moldavie  avec  les  adversaires  de  l'Autriche  ne  fiuuvait 
eu  aucune  façon  convenir  h  cette  puissance.  L'affaira  de  la  Buko- 
vine dans  laquelle  Ghyka,  défendant  sou  pays  et  sa  position,  avait 
été  forcé  de  faire  cause  commune  avec  les  ennemis  de  la  Porte,  le 
discrédita  tout  à  fait  aux  yeux  de  celle-ci,  qui  voyait  en  lui  un 
Rbv.  HmoB.  XVI.  i'  pAflc.  i7 


25S 


A.    0.    XBIVOrOL. 


agent  du  czar.  Elle  s'attendait  à  tuut  moment  à  ce  que  Ghyka 
abandonnât  la  cause  de  son  suzerain  pour  embrasser  celle  de  son 
protecteur.  Ceux  quisavaient  lepeu  de  valeur  que  les  Turcs  atta- 
chent à  la  vie  humaine  pouvaient  dès  lors  prédire  à  Ghyka  une  fin 
tragique. 

Les  Turcs  cherchèrent  donc  à  se  défaire  de  Ghyka  à  tout  prix, 
car  il  ae  leur  suffisait  pas  de  le  destituer.  Ghyka,  éloigné  du 
trône,  aurait  pu  se  réfugier  chez  les  Russes  et  devenir  ainsi  une 
cause  perpétuelle  de  troubles  pour  la  Turquie.  Il  devait  donc  être 
mis  à  mort  et  remplacé  par  un  prince  Adèle,  qui  aidât  les  Turcs 
à  rétablir  leur  influence  eu  Moldavie. 

Ceux-ci  s'étaient  habitués  dès  longtemps  à  se  jouer  du  sort 
et  de  la  vie  des  princes  roumains.  Trop  heureux  celui  auquel  le 
sulUn  faisait  sentir  sa  disgrâce  par  le  chiffon  noir  appliqué  sur 
l'épaule  (signe  de  la  destitution)  et  dont  U  ne  se  faisait  pas  apporter 
la  tête  h  Constantinnpie.  Et  cela  tnvs  souvent  pimr  1rs  causes  les 
plus  futiles.  Hésiterait-il  à  le  faire  quand  il  s'agis.sait  de  briser 
un  instrument  dans  les  mains  de  l'ennemi  le  plus  acharné  de 
l'empire  ottoman  ! 

Les  prétextes  pour  le  meurtre  de  Ghyka  furent  bient4>t  trouvés. 
La  Porte,  ayant  ordonné  aux  princes  roumains  d'envoyer  imme- 
diatemsnl  à  Galalz  et  Ibraïla  une  certaine  quantité  de  blé,  dont 
la  Porlfi  voulait  s'approvisionner,  dans  l'atteule  d'une  nouvelle 
guerre  avec  la  Russie,  Ghyka  se  permit  d'obser^-er  que  le  pays 
ayant  souffert  de  grands  dégâts  à  cause  des  sauterelles  et  des 
inondations,  il  lui  était  de  toute  impossibilité  de  satisfaire  à  cette 
demande.  Eu  même  temps  il  insistait  près  de  la  Porte  pour  être 
exempté  de  l'obligation  de  livrer  une  nouvelle  quantité  de  bois  de 
construction  dont  les  Turcs  avaient  besoin  à  Isacoea,  celui  qui 
avait  déjà  été  fourni  ayant  été  perdu  par  suite  du  naufrage  des 
quatorze  navires  qui  le  portaient.  La  Porte,  que  le  traité  de 
Kainardji  privait  du  tribut  des  pays  roumains  pendant  deux  ans, 
irritée  par  le  refus  de  Ghyka,  lui  répond  qu'elle  n'accédera 
jamais  à  ses  demandes  et  que  le  refus  (i'oblonipérer  à  ses  ordres 
entraînerait  pour  lui  les  plus  terribles  conséquences;  elle  lui 
enjoint  en  même  temps  d'acheter  du  pain  en  Pologne  si  le  pays  en 
manque. 

Il  paraît  que  Ghyka  se  refusa  néanmoins  k  exécuter  ces  ordres, 
car  parmi  les  incriminations  dont  il  fut  l'objet  âgurait  aussi  soa 


• 


LES   néVEMBREHETITS    DE   U    VOLDATIE. 


25t» 


refus  d'acheter  du  blé  en  Pologne,  sous  prétexte  qu'il  eu 
avait  été  empêché  par  les  Russes.  Les  autres  chefe  d'accusa- 
tion étaient  qu'il  entretenait  des  coiresjtoudaiices  secrètes  avec 
la  Russie  et  qu'il  avait  amassé  par  ses  exactiuDs  une  immense 
fortune,  dans  linteiition  de  se  sauver  en  pays  étranger.  Toute- 
ibis  ces  accusations  devaient  stTvir  à  justifier  seulement  sa  desti- 
tution. Pour  justifier  sa  mort  on  avait  contre  lui  un  grief  bien 
autrement  grave.  On  prétendait  *  qu'il  s'était  exprimé  vis-à-vis 
de  l'enToyé  de  la  Porte  dans  des  termes  tellement  insolents  et 
incompatibles  avec  la  dignité  <Le  la  Porte,  qu'il  avait  dii  être 
puni  pour  son  manque  de  respect'  ». 

Il  fut  frappé  par  des  assassins  et  non  par  la  justice. 

Au  commencement  du  mois  d'octobre  1T77,  un  envoyé  turc, 
Kara  Highiorsades  Ahmed-Bey,  vint  au  pied-à-terre  liabituel 
des  Turcs  à  Jassy,  sur  la  place  du  Beilic,  et  ]X)ur  attirer  le 
prince  chez  lui  il  fit  semblant  d'être  indisposé.  U  l'invita  en  con- 
séquence à  passer  chez  lui,  pour  lui  communiquer  des  ordres 
très  importants.  Ghyka,  qui  ne  s'attendait  nullement  îi  un  piège, 
se  rendit  le  soir  chez  l'envoyé  de  la  Porte.  Il  y  trouva  jilusieurs 
janissaires  qui,  aussitôt  qu'il  fut  entré,  se  jetèrent  sur  lui  et 
le  percèrent  de  leurs  yatagans. 

C'est  par  trahison  que  ta  Moldavie  avait  perdu  la  plus  belle 
partie  de  son  territoire;  c'est  ena>re  par  trahison  que  tombaient 
ses  princes,  l'un  sous  le  couteau  de  la  Turquie,  l'autre  i>ous  celui 
de  l'Autriche,  moyen  digne  de  la  politique  de  ces  deux  empires, 
dont  l'un  était  aussi  imprévoyant  que  l'autre  était  rapace. 

Quel  fut  le  rôle  de  l'Autriche  dans  le  meurtre  de  Ghyka? 

Il  est  hors  de  doute  que  Thugut,  qui  s'était  donné  toutes  les 
peines  imaginables  pour  mener  h  bonne  fin  le  grand  œuvre  de 
sa  vie,  voyant  Ghyka  combattre  ses  plans  avec  tant  tle  téna- 
cité, était  porté  contre  lui  k  une  haine  des  plus  implacables. 
Dans  t«ut4?s  ses  dépêches  il  se  plaint  de  la  conduite  du  prince 
moldave,  le  traitant  de  «  Grec  sans  foi  ni  loi  »  et  ses  actes 
d'  «  intrigues  envenimées  ».  Il  est  tout  aussi  incontestable  que 
l'internonce  aurait  sacrifié  sans  la  moindre  hésitation  le  prince 
moldave  à  sa  vengeance  s'il  avait  été  en  son  pouvoir  de  le  faire» 
et  on  a  même  des  preuves  suffisantes  que  telle  était  son  intention 


1.  Doc.  Dourmouzaki,  Vil.  p.  310. 


'MO 


i.  D.  xe*(oroL. 


dans  UD  cas  extrême  :  <  Quoique  Gbyka  m^te,  sans  aucun 
doute,  plutôt  la  plus  sévère  punitiou  que  le  moindre  signe  de 
bienTcillaDce  de  la  part  de  Leurs  Majestés,  je  ne  puis  pourtant 
assez  vous  répéter  mon  opinion  qu'il  serait  utile  que  les  commia- 
saires  impériaux  ctiai^ès  de  la  délimitation  l'entretiennent  avec 
des  paroles  douces  et  des  promesses  qui  n'engageraient  à  rien. 
pour  ne  pas  irriter  davantage  son  mauvais  vouloir  dans  l'afiaire 
de  la  délimitation.  Selon  les  circonstances  on  pourrait  employa 
contre  lui  un  ton  plus  prononcé  et  des  menaces  plus  sérieuses^ 
d'autant  plus  facilement  qu'il  ne  dépendrait  que  du  bou  plaisir  de 
la  très  haute  cour  de  punir  même  personnellement  et  par  des 
voies  de  /ait  ce  Grec  perfide  et  dépourvu  de  foi,  sans  entrer  h 
cause  de  ceb  dans  de  grandes  difficultés  avec  la  Porte*.  > 

Mais  Tbugut  ne  garda  point  le  poste  d'ambassadeur  à  Cods- 
tantinople  jusqu'à  la  mort  de  Gbyka  ;  il  parait  avoir  quitté  la 
capitale  de  Tt^npire  ottoman  peu  de  temps  après  avoir  terminé 
l'afiaire  de  la  Ilubovine  (juillet-août  1776).  Il  fut  remplacé  par 
Emmanuel  Tassara  qui  était  loin  de  nourrir  contre  Ghyka  l«s 
mêmes  roolife  de  haine.  Au  contraire,  aj)prenant  le  meurtre 
de  Gbyka,  il  qualifie  cet  acte  d'  «  aussi  <.>dieux  que  violent  et 
contraire  aux  traités'  ».  La  correspondance  entière  de  ce  temps 
prouve  d'une  manière  indubitable  que  la  cour  de  Vienne  était 
tout  à  Sait  étrangère  au  meurtrtï  de  Gbyka.  Dans  tous  ces  docn- 
ments  il  ne  se  trouve  pas  même  une  allusion  à  œt  événement, 
et  Kaunitz  en  parle  k  Tassara  comme  d'une  afiairequi  n'inté- 
resse nullement  l'Autriclie.  En  effet  si  l'Autriche  avait  voulu 
toer  Gbyka,  elle  l'aurait  £ait  alors  que  son  intérêt  était  en  jeu, 
quand  celui-ci  luttait  contre  elle  pour  conserver  la  Bukovine. 

Telles  furent  \ea  |>éripéties  de  cet  événement  si  malheureux 
pour  la  Moldavie.  La  Bukovine  fut  perdue  à  cause  de  Gbyka, 
qui,  étant  dévoué  aux  Busses,  poussa  la  Porte  à  ajouter  foi  plntdA 
aux  insinuations  de  l'Autriche  et  à  ses  protestations  d'amitié, 
qu'à  la  voix  de  la  vérité  qui  sortait  d'une  bouche  suspecte. 
Gbyka  périt  à  cau^  de  la  Bukovine,  car,  voulant  sauver  VintA- 
grilé  du  territoire  »ur  lequel  il  était  appelé  à  règiter,  il  se  rap- 
pr\)cba  toujours  davantage  des  Ruâses,  par  Ui  il  derint  de  plus 


t.  Thofnil  k  K^oniU.  D(>r.  Hounoauzaki,  VU.  [k  \Sô.  Coinpvei  p.  17& 
2.  Tasun  à  KmbîU.  Dur.  UutinMMiz«ki,  V||,  |i,  JOS. 


en  plus  odieux  aux  Turcs  qui  le  sacri6èrent  à  leurs  craiutes. 
Ainsi  quoique  Grc^oire  Ghyka  n'ait  point  i>èri  delà  mèraemaiD 
qui  mutila  la  Moldavie,  la  perte  de  la  clef  de  ce  pays*  est 
étroitement  liée  dans  le  souvenir  du  peuple  roumain  au  sang  de 
Gbyka,  el  U>us  les  efforts  ne  paniendronl  [mui  à  détruire  oe 
que  la  légende  a  consacré,  ce  qui  est  devenu  une  croyance  popu- 
laire. 

Guerre  de  180ti.  Paùv  de  Bucfiarest,  1812. 


I. 


ha  paix  de  Kainardji,  malgré  tout  le  sang  qu'elle  avait  coûté, 
n'était  qu'âne  suspension  d'armes,  car  au  lieu  d'aplanir  les  dif- 
ficultés qui  exislaient  entre  la  Russie  el  la  Turquie,  elle  n'avait 
fait  que  les  augmenter.  En  effet  la  Russie  avait  exigé  la  liberté 
des  Tatars,  dans  l'intention  ti-ès  peu  cachée  de  les  soumettre  à  sa 
domination,  ce  qu'elle  ne  manqua  pas  de  faire  peu  de  temps 
après  1783.  Mais  non  contente  d'envahir  l'empire  ottoman  du 
côté  de  l'Europe;  elle  commence  h  le  miner  du  côté  de  l'Asie,  en 
attirant  sous  sa  domination  les  peuplades  du  Caucase,  ce  qui 
poussa  les  Turcs  h  lui  déclarer  de  nouveau  la  guerre  en  1787. 
L'Autriche,  ne  pouvant  cette  fois  pêcher  en  eau  ti-ouble,  ainsi 
qu'elle  l'avait  fait  dans  la  guerre  précédente,  est  forcée  de 
prêter  main-forte  k  sou  alliée,  a6n  de  partager  avec  elle  les 
dépouilles  de  la  Turquie.  Le  plan  de  partage  était  le  suivant  : 
la  Russie  gardait  la  Crimée  et  t'Autricbe  occupait  la  Bosnie  et 
la  Serbie.  Le  reste  des  provinces  ottomanes  servirait  à  former 
le  nouvel  empire  byzantin,  pendant  que  les  pays  roumains, 
qu'aucun  des  alliés  ne  voulait  céder  h  l'autre,  garderaient  une 
sorte  d'indépendance  sous  le  prince  Potemkiu- 

La  Turquie  allait  donc  lutter  de  nouveau  contre  se-s  deux 
ennemis  séculaires  et  le  résultat  d'un  combat  aussi  dispropor- 
tionné ne  pouvait  être  douteux.  Mais  pouvait-elle  faire  autre- 
ment? En  fait,  c'était  elle  qui  déclarait  la  guerre;  c'était  elle 
qui  prenait  l'offensive,  pendant  que  la  Russie  gantait  le  rôle 
bien  plus  beau  d'être  sur  la  défensive.    En   réalité  pourtant 

1.  Kiunili:  A  Tlnij^t.  Dor.  Hnnrmouuki.  VII,  ji.  123. 


la  Russie  et  l'Aulricbe  étaient  les  provocateurs.  Ces  deox  puis- 
sances s'étaient  habituées  à  toujours  demaiid^  aux  Turcs  et 
ceux-ci  avaient  tant  donné,  qu'ils  ne  pouvaient  plus  le  faire,  sans 
toucher  au  cœur  de  leur  empire.  Ils  avaient  donné  a  rAutricbe 
la  BokoTÏneet  maintenant  elle  exigeait  la  Bosnie  et  la  SeH>ie; 
aux  Russes  ils  avaient  cédé  la  Crimée  et  cenx-d  convoitaient 
maintenant  le  Caucase.  A  la  ^erre  sourde  par  laquelle  Russes 
et  Aatrichieus  minaient  leur  empire,  les  Turcs  opposaient  la 
guerre  franche  et  ouverte.  Le  sort  des  armes  leur  fut  fatal  ;  mais 
la  justice  reste  de  leur  côté  ;  et  s'il  est  vrai  que  l'hisloire  se 
rapporte  â  la  politique  comme  le  passé  au  pivsent.  il  n'en  est  pas 
moins  incontestable  que  pendant  que  la  politique  ne  reconnaît 
pas  d'autre  Dieu  que  le  succès,  l'histoire  en  adore  un  autre  bien 
sapérieur,  qui  est  la  morale  ou  au  moins  le  droit. 

La  mort  de  l'empereur  Joseph  D,  le  sincère  allié  de  Catherine, 
et  l'avènement  de  Léopold  au  trône  des  Habsboorgs  mil  fin  k 
cette  guerre  spoliatrice.  L'Autriche  s'étant  convaincue  qu'elle 
avait^iitfausse  route  en  aida  ut  les  projet£  ambitieux  de  la  Russie, 
se  retire  de  la  lutte  par  la  paixdeSistow.eu  1791.  qui  est  bientôt 
suivie  de  la  paix  de  Jass>%  en  179?.  conclue  avec  la  Rnssie.  Mais 
pendant  que  TAutriclte  reste  les  mains  vides,  la  Russie  £ut  consa- 
crer par  les  Turcs  la  cession  définitive  de  la  Crimée  et  acquiert  en 
outre  la  forteresse  d'Oczakow,  par  laquelle  elle  recule  ses  fron- 
tières jusqu'au  Dniester. 

Parmi  toutes  les  puissances  eurapéennes,  la  Turquie  comptait 
un  seul  ami,  la  France.  Jamais,  d^MÙs  leurs  premières  rclatioQs, 
l'entente  n'avait  été  troublée  entre  ces  deux  pavs.et  si  la  Turquie 
favorisait  par  tous  les  moyens  le  développement  du  conuneroe 
français  en  Orient.  la  France  interposait  souvent  ses  bons  offices 
dans  les  démêlés  delà  Porte  avec  les  autres  puissances.  Les  rap- 
ports entre  la  France  et  la  Porte  étaient  donc  des  meilleurs, 
quand  tout  d'un  coup  la  politique  tout  k  fait  personnelle  de  Napo- 
léon vint  jeter  le  trouble  dans  ces  relations  et  mettre  l'inimitié 
entre  deux  peuples  qui  avaient  vécu  jusqu'alors  dans  le  plus  par^ 
fait  accord. 

En  l'année  1798,  Bonaparte,  général  du  Directoire,  aedâddei 
oonqDM*  l'Egypte.  H  voulait  remplacer,  par  la  possesioo  de 
cet  important  i»ays.  plusieurs  colonies  que  la  France  avait  cédées 
aux  Anglais,  et  en  même  temps  porter  à  l'Aiigletenne  un  coup 


4 


LCS  oéHF-SlUBEllElTS    DE    Ll    HULUWrE. 


2(i3 


mortel  par  la  création  d'uu  empire  maritime  français  et  la  con- 
quête de  ses  colonies  indienDes.  Honaparte  voulait  cadier  à  la 
Porte  le  Téritable  but  de  sou  expéditioD.  et  lui  faire  croire  qu'il 
n'avait  d'autre  intention  que  de  l'éprendre  l'Egypte  aux  Marae- 
lucks  pour  ta  faire  rentrer  sous  la  domination  du  sultan.  Bona- 
partesavait  pourtant  très  bien  que  la  Porte  ne  se  laisserait  pas  trom- 
per par  un  pareil  pnHeile  et  que  son  expédition  contre  l'Egypte 
était  un  acte  d'inimitié  indubitable  contre  les  Turcs.  Mais  comme 
l'amitié  de  la  France  pour  la  Turquie  n'était  que  le  résultat  du 
commerce  que  la  première  faisait  en  Orient  et  que  le  plan  de 
Napoléon,  en  cas  de  rêussite,  ne  pouvait  qu'au^enter  ce  com- 
merce ,  on  comprend  tWis  facilement  pourquoi  la  mauvaise  humeur 
de  la  Porte  ne  l'arrêtait  point. 

Ce  n'était  pas  là  le  seul  acte  hostile  du  gouvernement  fran- 
çais à  l'égard  de  la  Turquie.  Napoléon  venait  peu  de  temps  aupa- 
ravant de  conclure  avec  l'Autriche  la  paix  de  Campo-Formio 
par  laquelle  Venise  était  cédée  &  l'Autriche,  en  échange  de  la 
Belgique,  qui  passait  à  la  France  (1797). 

X^  seigneurie  de  Venise  avait  cessé  depuis  longtemps  d'être  un 
ennemi  redoutable  pouf  la  Porte  ottomane,  et  les  temps  étaient 
passés  où  le  lion  de  Saint-Marc  menaçait  de  déchirer  de  ses 
griffes  l'étendard  du  prophète.  Une  fa ibles.se  et  dea  malheurs  com- 
muns avaient  rapproché  ces  deux  états  comme  ils  avaient  rap- 
proché la  Turquie  et  la  Pologne,  et  ]a  Turquie  ne  i)ouvait  voir 
avec  indifférence  que  le  territoire  de  son  ancienne  rivale,  et  de  sa 
compagne  d'infortune,  allât  augmenter  l'étendue  et  la  puissance 
de  l'empire  des  Habsbourg». 

A  tous  les  points  de  vue,  la  politique  de  la  France  était  donc 
hostile  k  la  Poi-te  et  celle-ci  ne  pouvait  faire  autrement  que  de 
répondre  b  l'inimitié  par  l'inimitié,  à  la  guerre  par  la  guerre. 
La  guerre  fut  déclarée  à  la  France  le  2  septembre  1798. 

Un  changemeut  :si  itialleudu  dans  la  politique  oneutaledela 
France  dut  en  entraîner  de  semblables  dans  celle  des  autres  pays 
européens.  L'Angleterre,  qui  craignait  l'expêilition  d'Egypte, 
s'allia  k  ta  Turquie;  mais  ce  qui  fut  plus  extraordinaire,  c'est 
que  la  Russie  elle-méaie  uffrit  aussitôt  ses  services  à  la  Porte,  et 
surtout  le  secours  de  sa  flotte  do  la  mer  Noire. 

I^es  Russes  avaient  besoin  de  la  faiblesse  des  Turcs  pour  pou- 
voir réaliser  leurs  plans  en  Orient;  ils  ne  pouvaient  donc  per- 


2nf 


A.    n.   XENOPOI,, 


mettre  aux  Français  de  s'établir  en  Egypte  et  de  prendre  ainsi  en 
leurs  mains  ta  directiou  des  affaires  ilans  cette  partie  du  monde. 
Voilà  ijourquoi  nous  les  voyons  abandonner  leur  politique  tradi- 
tionnelle et  prêter  secours  h  leur  ennemi  héi-ôditairc,  ce  qu'ils 
firent  plus  lard  encore  une  fois,  à  l'occasion  de  la  révolte  de 
Méhêinet-Ali.  pacha  d'Kgypt*^,  qui  menaçait  leur  politique  de  la 
même  façon.  La  politiquo  i-usso  possède  un  mérite  inconlttitablo, 
celui  de  savoir  attendre  et  de  ne  jamais  se  presser  de  manière  à 
compromettre  l'avenir.  Au  besoin  elle  sait  même  soutenir  son 
tiunenii,  pour  être  la  seule  h  profiter  de  sa  chute. 

Une  disposition  du  traité  d'alliance  conclu  en  cette  circons- 
tauce  entre  la  Russie  et  la  Turquie  met  pleinement  en  lumière 
son  but,  qui  était  de  servir  exclusivement  les  intérêts  russes 
sous  le  prétexte  du  secours  apporté  à  la  Turquie.  La  flotte  russe 
devait  être  employée  de  préférence  à  chasser  les  Français  des 
lies  Ioniennes,  qui  sfiraient  déclarées  indépendantes,  sous  1«  pro- 
tectorat de  la  Russie,  projet  qui  rentrait  dans  le  plan  de  l'empire 
grec  rêvé  par  Calherine  II.  Quant  aux  véritables  intentions  do 
la  Russie  vis-à-vis  de  la  Porte,  sa  conduite  eu  Géorgie  nous 
les  fait  suffisamment  connaître.  Renouvelant  les  intrigues  qui 
avaient  amené  les  Ta  tares  sous  sa  domination,  elle  arrive  aux 
mêmes  résultats  en  Géorgie.  Le  vassal  russe  Héraclius,  venant  à 
mourir,  son  fils  Alexandre  veut,  à  l'aide  des  Lesghiens,  échapper 
aux  Russes.  Ceux-ci  soutiennent  alors  contre  lui  un  prétendant, 
Geoi^es  XIII,  qui  lègue  à  sa  mort  son  pays  à  l'empereur  Paul 
(1^01).  La  Géorgie  tombe  de  cette  manière  sous  le  sceptre  de  la 
Russie. 

On  connaît  le  résultat  de  l'expédition  d'I^gj-pte.  La  flotte  qui 
avait  transporté  l'armée  française  en  Afrique  ayant  été  détruite 
par  Nelson  à  Ahoukir,  et  les  communications  avec  la  France  ae 
trouvant  tout  b.  fait  interceptées,  Napoléon  voit  t*ius  les  jours 
diminuer  le  nombre  de  ses  soldats,  et  malgré  tes  plus  brillants  faits 
d'armes,  il  est  forcé  de  retourner  en  France  pour  combattre  la 
deuxième  coalition  qui  s'est  formée  pendant  son  absence.  Kléber 
reste  en  Egypte  et  soutient  avec  beaucoup  de  vigueur  l'honneur 
des  armes  françaises,  jusqu'à  ce  que  le  couteau  d'un  fanatique 
incttfî  un  terme  h  ses  jours.  L'armée  française ,  privée  d*un 
commandant  inteUigent,  est  réduite  à  capituler. 

Toutefois  les  revirements  de  la  politique  européenne  ramènent 


LtS   piNEVBRSUE:VTS    ùt    LA    HOLDATIE. 


203 


bientôt  ta  France  à  son  ancienne  amitié  avec  la  Porte.  Après 
la  conclusion  de  la  paix,  en  1802,  la  France  cherche  à  attirer  la 
Porte  dans  une  alliance  contre  les  puissances  euroi'êerinc.s  qui 
s'étaient  liguées  pour  la  troisième  fois  contre  elle.  La  Uussie  et 
l'Angleterre,  qui  avaient  le  plus  grand  intérêt  à  combattre  ce 
rapprochement  de  la  France  et  de  l'empire  otlmnan.  prêtent  à 
la  première  des  intentions  hostiles  à  l'égard  de  la  Porte, 
pour  la  discréditer  aux  yeux  de  celle-ci.  Ainsi  elles  font  courir  le 
bruit  que  la  France  veut  occuper  la  Morée  et  que  NafKjléon 
a  conçu  le  projet  de  partager  l'empire  ottoman  en  donnant  à 
Louis  XVII  la  Pologne  et  en  dèdoramageaut  la  Prusse  par 
le  Hanovre,  l'Autriche  par  la  Bosnie  et  la  Serbie,  et  la  Russie 
par  la  Moldavie,  la  Valachie  et  la  Bulgarie,  pendant  que  la 
France  ae  contenterait  de  la  Grèce  jusqu'à  Salonique.  L'An- 
gleten'e  et  surtout  la  Russie  voulaient,  [>ar  de  pareilles  inven- 
tions, combattre  l'influence  française  en  Orient,  et  elles  étaient 
parfaitement  servies  dans  leurs  intentions  par  la  rivalité  qui 
avait  existé  entre  la  France  et  la  Turquie  et  par  le  rôle  de  puis- 
sances alliées  qu'elles-mêmes  avaient  pris  à  cette  occasion.  La 
Russie  obtint  de  la  Porte  le  renouvellement  de  son  traité  d'al- 
liance en  1801,  en  lui  présentant  l'alternative  d'une  amitié  for- 
cée ou  de  la  guerre.  Prétextant  toujours  la  nécessité  de  défendre 
les  Turcs  contre  les  agressions  d&s  Français,  les  Russes  firent 
de  Sébastopol  un  port  militaire  ut  renforcèrent  leurs  troupes  dans 
tes  îles  Ioniennes,  pendant  que  l'ambassadeur  français  s'effor- 
çait de  montrer  ces  préparatifs  sous  leur  véritable  jour,  c'est-à- 
direcomme  des  mesures  qui  menaçaient  l'existencedclaTurquie. 
I^  Porte  ne  savait  plus  que  penser  au  milieu  de  tant  d'in- 
fluence.s  contradictoires.  La  France,  qui  avait  toujours  été  son 
amie  la  plus  sincère,  avait  perdu  sa  confiance  par  l'expédition 
d'Ég>pte.  Les  puissances  qui  avaient  été  jusqu'alors  ses  enne- 
mies les  plus  irréconciliables  lui  avaient  prêté  secours  contre  son 
ancienne  alliée.  Par  là  ves  puissances  et  surtout  la  Russie  avaient 
obtenu  un  avantage  immense  :  la  France  était  compromise  aux 
yeux  de  la  Porte,  pendant  que  la  Russie  avait  acquis  le  droit  de 
se  mêler  des  affaires  ottomanes,  d'imposer  aux  Turcs  son  amitié 
bien  plus  dangereuse  que  son  hostilité,  car  elle  permettait  à  la 
puissance  russe  de  se  développer  eu  toute  sécurité  et  de  se  pré- 
parer ainsi  pour  les  événements  futurs. 


266 


A.    H.    XEnUPOI.. 


La  Russie,  qui  no  voulait  pas  faire  ud  pas  sans  gagner 
quelque  chose  sur  la  Turquie,  chercha  à  obtenir  parle  renouvel- 
lement du  traité  d'alliance  le  droit  d'intervenir  dans  l'organisa- 
tion  civile  et  religieuse  de  la  Moldavie  (*t  de  la  Valachio  et  l'ei- 
l«nsiondesa  domination  dans  la  Géorgie.  Mais  la  Turquie  repoussa 
avec  énergie  ces  nouvelles  exigences  et  la  Russie  dut  se  contenter 
pour  le  moment  des  avantages  géiiéraux  que  lui  assurait  son 
traité  d'alliance  avec  la  Porte. 


n. 


Le  xvi'  siècle  commence  pour  les  Turcs  sous  ]es  plus  défavo- 
rables auspices.  Presque  toutes  les  provinces  de  leur  empire  se 
révoltent,  lesunes  pour  des  causes  politiques,  lesauti^à  l'instiga- 
tion de  bandes  de  brigands,  pour  la  plupart  militaires  en  retraite, 
qui  avaient  servi  dans  les  guerres  précédentes.  Ces  bandes,  sous 
la  conduite  de  chefs  entreprenants,  pillent  et  ravagent  les  pro- 
vinces de  l'empire.  Parmi  ces  pillards  étaient  Ûjezar,  pacha  de 
Syrie,  les  Wahabitesen  Arable,  ^Vli,  pacba  de  Janîna»  et  surtout 
Paswan-Oglou  en  Bul^^arie. 

De  tous  ces  perturbateurs,  c'est  le  dernier  qui  nous  intéresse  le 
plus,  car  son  action  se  rattache  k  l'histoire  des  pays  roumains 
et  au  sujet  de  ces  recherches. 

Paswan-Oglou,  dont  le  père  et  le  grand-père  avaient  péri  sur 
l'échafaud,  pour  cause  de  brigandages,  après  avoir  oblenu.  par 
sa  participation  courageuse  à  la  guerre  contre  les  Autrichiens,  sa 
grâce  du  sultan,  organisa  tous  les  vagabonds  et  les  mauvais 
sujets  de  l'empire  en  une  sorte  de  bande  année,  et  commença  b 
ravager  les  provinces  turques  et  notamment  la  Valachie  qui. 
étant  la  moins  bien  défendue,  donnait  surtout  prise  à  ses  dépréda- 
tions. Pour  pouvoir  mieux  résister  à  l'autorité  du  sultan,  il  for- 
tifia Widdin,  qu'il  entoura  d"un  fossé  profond.  Cette  forteresse, 
transformée  en  un  repaire  de  bandits,  lui  sert  de  point  d'appui 
pour  ses  opérations  ;  c'est  de  là  qu'il  envoie  ses  liordes  rava- 
ger les  provinces  limitrophes  sans  distinction  de  ghiaours  ou  de 
Bdèles,  bravant  impunément  les  ordres  et  les  armées  du  sultan. 
Alexandre  Ypsilanti,  qui  régnait  en  Valachie,  avait  été  forcé  à 
plusieurs  reprises  de  racheter  le  pays  du  pillage  par  des  cen- 
taines de  bourses  et  de  fournir  à  Paswan-Oglou  des  quantités  con- 


LES   D^MUIBBeSEXTS   DE   LA   XOLDâTIE. 


367 


sidêrables  de  céréales,  de  bestiauxet  de  denrées.  De  cette  maaière 
il  s'était  compromis  aax  jeux  de  la  Porte,  qui  le  destitua  et  le  0t 
remplacer  par  Hangerli,  en  1798.  Celui-ci,  pour  plaire  au  capi- 
tau-pacha,  qui  avait  contribué  h  sa  nomination,  et  qui  avait  été 
envoyé  avec  une  forte  armée  contra  Paswan-Oglou,  prônait  le 
plus  grand  soin  de  fournir  à  l'amiêe  turque  tout  le  nécessaire  et 
surtout  les  provisions.  L'armée,  conduite  par  des  pachas  *  pleins  de 
barbe,  mais  vides  d'esprit*,  >  fraternisa  avec  les  bandes  paswa- 
niennes,  et  au  lieu  de  défendre  la  Valachie  contre  leurs  dèpréda- 
tioDS,  fit  cause  commune  avec  elles.  L'expédition  ayant  manqué 
complètement  sou  but,  Paswan-Oglou  en  devint  plus  entre- 
prenant, et  le  capitan-pacha,  pour  se  justifier  aux  yeux  du 
sultan,  accusa  Hangerli  d'avoir  entretenu  des  correspondances 
avec  le  révolté  et  de  l'avoir  assisté  en  secret  dans  ses  opérations, 
accusation  qui  amena  la  destitution  d'Hangerli  et  son  remplace- 
ment par  Alexandre  Morouzi,  en  1799.  Paswan-Oglou  exigeant 
aussi  de  ce  prince  75  bourses  par  an,  celui-ci  se  plaignit  k  la 
Porto  et  demanda  le  secours  des  pachas  du  Danube  contre  ce  bri- 
gand. Sa  demande  lui  fut  aussitôt  accordée,  mais  à  quel  prix! 
«  Les  pauvres  chrétiens  étaient  obligêis  de  faii*»  les  tmiisporU 
nécessaires  à  l'année  turque,  et  quoique  la  plupart  eussent  à  leurs 
chars  jusqu'à  dix  chevaux  ou  quatre  k  six  boeufs,  ils  perdaient 
toutes  leurs  bétes  h  cause  île  la  rudesse  de  l'hiver  et  de  la  hâte, 
qu'on  exigeait  d'eux,  ou  bien  ils  tombaient  avec  les  animaux, 
laissant  leurs  femmes  veuves  et  leurs  enfants  orphelins,  pen- 
dant que  ceux  qui  s'en  retournaient,  revenaient  pieds  et  mains 
gelés  et  enduraient  de  telles  souffrances  que  la  plimie  se  refuse  à 
les  décrire.  Le  pays  soufTrait  d'autant  plus  que  les  Turcs  pré- 
posés à  sa  garde,  c'est-à-dire  les  impériaux,  non  seulement 
n'empêchaient  nullement  les  désordres  des  paswaniens,  mais  au 
contraire  les  aidaient  en  grande  partie  à  les  commettre'.  » 

Ces  terribles  dévastations  ne  f»ouvaient  affermir  les  sym- 
pathies des  Roumains  pour  les  Turcs,  et  il  ne  faut  pas 
nous  étonner  si  nous  les  voyous  recourir  au  czar  pour  les  sau- 
ver d'une  pareille  oppression,  d'autant  plus  que  les  Roumains 
savaient  maintenant  que  les  Russes  avaient  pris  sur  eux  l'obli- 


1.  Chronique  T4lêqM  faiédit«  de  Zilote  le  Roumain. 

2.  Chronique  ntaqna  Inédite. 


268 


*.   ».  X£:<iOpnL. 


galion  de  les  défendre  contre  les  empiétements  des  Turcs.  Tls 
savaient  que  par  le  traité  deKainardji.  et  surtout  par  la  conven- 
tion explicative  d'.'Vinali  Kawak,  les  Turcs  s'êtaieut  engagés  vis- 
à-vis  dp-s  Russes  h  ne  jtîus  molester  les  pays  rcnmiains  et  â  se 
contenter  d'un  tribut  payable  en  argent  tous  les  deux  ans,  et 
maintenant,  au  lieu  de  respecter  leurs  engagements,  ils  dévas- 
taient le  pays  de  la  manière  la  plus  inhumaine,  tant  par  les 
bandes  de  Paswan-Oglou  que  par  les  armées  envoyées  pour  le 
défendre.  Les  Russes,  saisis  de  la  question  par  les  plaintes  des 
boyards  du  pays,  se  décidèrent  cette  fois  h  faire  usage  de  leur  droit 
d'intercession  et  demandèrent  par  une  note  à  la  Porte  la  nomina- 
tion de  Constatitin  Ypsilanti  à  l'hospodarat  de  Valachie,  exposant 
■K  que  les  boyards  valaques,  après  plusieurs  plaintes  sur  l'état 
malheureux  de  leur  pays,  auraient  exprimé  le  désir  unanime  que 
le  trône  de  la  principauté  fût  confié  à  Constantin  Ypsilanti  ;  que 
ce  prince  jvourrait  devenir  l'organe  principal  de  l'alliance  qui 
unit  si  heureusement  les  deux  empires  et  contribuer  pour  beau- 
coup au  maintien  des  n^îatious  de  bon  voisinage;  que  sa  nomi- 
nation coritenteraït  d'autant  plus  l'empereur  que  sa  destitution 
lui  avait  été  désagréable,  étant  contraire  aux  traités'.  » 

La  Prusse,  qui  avait  été  servie  par  Ypsilanti  d'une  manière 
très  eflicace  du  temps  que  celui-ci  était  dn)gman  h  Constantînople, 
soutenait  aussi  la  candidature  de  ce  prince,  et  la  Porte  ne  voulant 
point  troubler  les  bonnes  relations  qui  existaient  à  cette  époque 
tant  avec  la  Prusse  qu'avei:  la  Russie,  confirma  la  nomination  des 
deux  princes  agrêablesaux  Russes,  Constintin  Ypsilanti,  pour  la 
Valachie,  et  Alexandre  Morouzi,  pour  la  Moldavie.  Les  Russe*, 
voyant  les  Turcs  si  bien  disposés  nn  Innrfavcur,  ne  laissèrent  point 
échapper  l'occasion  et  demandèrent,  par  une  seconde  note,  de 
mieux  préciser  quelques  dispositions  relatîvesaux  principautés  qui 
n'étaient  pasassnz  c](>in'sou  bien  exécutées,  fondant  cette  demande 
surtout  sur  las  plaintes  des  boyards.  La  Porte,  qui  avait  cédé  sur  le 
point  principal,  la  nomination  dos  princes,  se  montra  disjiosèe  k 
satisfaire  aussi  à  ces  exigences,  et  par  une  réponse  adressée  au 
général  Tamara,  and)assadeur  de  Russie  k  Constantinople,  elle 
consentit  aux  modifications  proposées  par  la  Russie,  les  sanction- 
nant pai'  un  hatti-houmayoutn  adressé  aux  principautés  en  l'an- 


1.  ZinkflÎMin,  Geschiciite  der  osmonischeti  Keiches  m  Eumpa,  Vil,  p.  213. 


LES    PRMUIBftEME'tTS    DE    Lt    VOLDAnF.. 


20!) 


née  1803,  dont  la  principale  disposition  est  la  suivante  :  «  Doré- 
oaTant  les  princes  seront  élus  pour  la  durée  de  7  ans  et  ils  ne 
pourront  être  destitués  que  pour  cause  de  iiiè£aitâ,  qui  seront 
portés  par  ma  cour  k  la  connaissance  de  l'ambassadeur  impérial, 
et  seulement  dans  le  cas  où  la  faute  serait  constatée  par  les  deux 
cours,  sa  destitution  sera  prononcée'.  » 

I^  nomination  des  deux  princes  sus-mcntiouncs,  partisans  des 
Russes,  est  de  la  plus  grande  importance  pour  rliisloire  de  la 
guerre  qui  nous  occupe.  Aussitôt  qu'ils  eurent  pris  en  main  les 
rênes  du  gouvernement,  ils  commencèrent  à  faire  de  la  politique 
russe,  complotant  eu  secret  contre  leur  suzerain. 

Vers  celte  époque,  les  Serbes  s'étaient  révoltés  sous  Tschemi- 
Geoi^es,  et  les  Russes,  profitant  de  cette  circoastano'  qui  pouvait 
si  bien  servir  leurs  plans,  inspirèrent  aux  Serbes,  par  l'entremise 
du  prince  valaque,  Tidèe  de  solliciter  leur  intervenlioD  auprès  de 
la  Porte  en  leur  faveur.  Les  Serbes  acceptèi^ut  avec  joie  celte 
proposition  et  envoyèrent  en  1804  à  Pétei'sbourg  une  députa- 
tiou  composée  de  Prota  Nenadovitsch,  Jean  Protitscb  et  Pierre 
Tâchiardaclia ,  pour  demander  îi  rem[)ereur  de  Hussie  de  pro- 
téger le  peuple  serbe.  Tous  le-*-  secours  |x>ssibles  leui*  furent 
immédiatement  promis  et  les  députés  serbes  retournèrent  dans 
leur  patrie,  au  printemps  de  l'année  1805.  pleinement  satis- 
faits des  promesses  du  grand  empei'eur.  La  Hussie  intervint  h 
CoDstantinople  en  laveur  de  ses  nouveaux  clients  et  menaça 
même  de  faire  entrer  une  année  en  Moldavie  pour  la  protéger 
d'une  manière  plus  efficace,  ce  qui  contribua  beaucoup  à  leur 
iaire  obtenir  l'indépendance  administrative,  que  les  Turcs  finirent 
par  reconnaître  à  leur  pays.  Les  deux  voïvodes  de  Moldavie  et 
de  Valachie  avaient  été  pendant  tout  le  temps  d'un  grand  secours 
aux  Russes,  pour  faire  parvenir  aux  Serbes  les  provisions  et  les 
munitions  nécessaires  pour  soutenir  la  lutte. 

Na(»olèon  ayant  été  proclamé  en  1804  empereur  des  Français. 
la  Russie,  s'appuyant  sur  son  traité  d'alliance  avec  la  Porte, 
exigea  que  celle-ci  ne  reconnût  pas  le  nouveau  titre  de  son 
ennemi,  pendant  que  NajHjléon  mettait  tous  ses  efforts  h  attirer 
la  Porte  de  son  côté  tians  sa  lutte  contre  la  Russie.  11  était 
de  toute  impossibdité  pour  la  Turquie  de  garder  la  neutralité 


I.  Zinkebeo,  I.  c.  VII,  p.  245. 


370 


A.    0.    XeifOPQL. 


entre  les  deux  empires^  et,  comme  le  rôle  que  la  Turquie  pouvait 
jouer  dans  cette  guerre  pouvait  être  très  importaut,  cliacuDa 
des  deux  puissances  ennemies  la  sollicitait  à  prendre  son  parti. 
Ne  pouvant  rester  neutre,  il  était  naturel  que  la  Porte  em- 
brassât la  cause  du  plus  heureux,  et  voilà  pourquoi,  après 
la  briiliinto  victoire  d'Austerlitz  (2  décembre  1805),  la  Porte 
se  plia  aux  exigences  de  la  politique  Irançaise.  Le  titre  de 
Napoléon  fut  reconnu  et  bientôt  après,  à  la  suite  de  l'insistance 
énergique  de  Sebastiaiii,  ambassadeur  de  France  à  Constauti- 
nople,  la  Porte  se  décida  b  se  prononcer  d'une  façon  plus  active 
en  faveur  de  !a  France. 

Cette  dernière  avait  été  dès  le  commencement  contraire  &  la 
Domination  d'Ypsilanti  et  de  Murouzi  au  trùne  des  principautés, 
parce  qu'elle  connaissait  leur  dévouement  à  la  cause  des  Husses. 
Napoléon,  voyant  maintenant  que  ces  princes  aidaient  sous  main 
la  révolte  des  Serbes,  les  dénonça  à  la  Pcirte  et  insista  vivement 
|>our  qu'ils  fussent  destitués.  La  Porte,  continuellement  excitée 
par  Sebastiani  et  furieuse  de  l'entente  secrète  des  princes  rou- 
mains avec  les  Serbes,  ne  tint  pas  compte  du  hatti-houmayoum, 
par  lequel  les  princes  ne  pouvaient  être  révoqués  avant  le 
terme  de  sept  ans  qu'avec  l'assentiment  de  la  cour  protectrice, 
et  procéda  à  la  destitution  de  Morouzi  et  d'Ypsilanti  troîâ 
années  avant  le  terme  légal,  nommant.  <^  leur  place  Soutzou  et 
CalIimftqiHî,  aduiirateurs  de  Napoléon  et  partisans  dévoués  de 
la  politique  française  (septembre  1806). 

Les  ambassadeurs  de  Russie  et  d'Angleterre,  apprenant  le 
triomphe  de  Sebastiani,  menacèrent  itumédiatement  la  Porte  du 
bornbaniernent  de  Constantinople  par  la  flotte  anglaise,  si  elle 
ne  replaçait  immédiatement  sur  le  trône  Ypsilanti  et  Morouzi. 
Lorsque  la  nouvelle  de  cette  violation  des  traités  arriva  à  Saint- 
PéU»rsbourg,  ordre  fuL  donné  au  général  Micbelson  d'entrer  aussi- 
tôt avec  ses  troupes  en  Moldavie  (i6  octobre).  Huit  jours  après,  la 
Porte,  cédant  aux  menaces  de  la  Russie  et  de  l'Angleterre,  réin- 
tégra les  princes  destitués.  Toutefois  l'empereur  Alexandre  ne 
crut  pas  devoir  retirer  s(îa  troupes  des  principautés ,  prétextant 
maintenant  que  s'il  y  était  entré,  ce  n'était  pas  pour  se  venger 
de  la  destitution  des  bospodars ,  mais  bien  uniquement  pour 
les  préserver  des  brigandages  dePaswan-Oglouet  pour  forcer  les 
Turcs  à  respecter  leur  hatti-houmayoum,  qu'ils  violaient  à  tout 


LES   DBVKHBBKHe.'fTS    DB    LA  MOLDAVIE. 


27^ 


moment,  en  imposant  aux  principautés  dt>â  fournitures  de  denrées 
pour  des  prix  tout  à  fait  illusoires.  La  Kussie.  qui  était  tou- 
jours h  la  piste  d'un  prétexte  pour  déclarer  la  guerre  aux  Turcs, 
l'ayant  si  commodément  trouvé,  n'aurait  voulu  pour  rien  au 
monde  laisser  passer  l'occasion  de  se  mesurer  de  nouveau  avec 
eux.  Maintenant  que  la  cause  de  la  guerre  avait  disparu  par  le 
rétablissement  des  princes,  elle  invoquait  d'autres  gne&  qu'elle 
avait  toujours  h  sa  disposition  comme  protectrice  des  pays  rou- 
mains. Dans  une  note  adressée  à  la  Sublime  Porte  elle  préten- 
dait n'être  nullement  intéressée  ^  la  réintégration  des  princes; 
ce  qu'elle  voulait,  c'était  le  rétablissement  des  privilèges  et 
des  droits  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie,  leur  délivrance 
des  ravages  causés  soit  par  les  bande*  de  Paswan-Oglou, 
soit  par  les  troui>es  de  la  Porte,  et  pleine  sécurité  pour  leurs 
habitants,  comme  aussi  l'organisation  d'une  milice  nationale  qui 
fût  en  état  de  les  défendre  contre  le  renouvellement  de  pareils 
désordres  '. 

La  paix  de  Kainardji  avait  commencé  à  porter  ses  fruits.  Jus- 
qu'à présent  la  Russie  les  avait  soignés,  cultivés,  et  le  moment 
était  venu  où  elle  allait  tirer  profit  de  ses  peines.  Cetlo  gueiTe 
avait  pris  naissance  à  cause  des  principautés  ;  c'était  pour  les 
défendre  contre  les  abus  des  Turcs,  contre  les  déprédations  des 
bandes  paswaniennes,  pour  leur  assurer  les  droits  garantis  par 
les  traités  que  la  Russie  répandait  le  sang  de  ses  enfants.  Eu 
apparence  elle  était  poussée  k  la  guerre  par  le  motif  le  plus  pur  ; 
en  réalité  elle  ne  cherchait  que  l'agrandissement  de  sa  puissance, 
fût-ce  même  aux  dépens  des  peuples  dont  elle  s'était  déclarée  la 
protectrice  désintéressée. 

Le  but  de  la  Russie  a  été  de  tout  temps  la  domination  sur 
l'Orient  ;  ses  rivaux  sont  donc  tous  les  peuples  qui  ont  en  Orient 
une  part  d'autorité.  Voilà  pourquoi  elle  ne  distingue  point 
entre  amis  et  ennemis,  entre  adversaires  et  alliés  ;  tous  sont  éga- 
lement coupables  aux  yeux  de  ia  politique  russe,  car  tous 
s'abreuvent  à  la  source  où  seul  le  lion  a  le  droit  de  boire  ;  tous 
doivent  donc  être  éloignés,  l'un  par  la  guerre,  l'autre  par  l'usur- 
pation, pour  que  tout  l'Orient  devienne  moscovite. 

La  Porte,  ne  pouvant  comprendre  quel  motif  pouvait  pousser 


t.  ZiakedMn,  1.  c.  VII,  p.  410. 


S73 


A.   0.    XEffOPOI.. 


les  Russes  h  envahir  ses  frontières,  quand  elle  avait  pleioeineut 
satisfait  à  leurs  exigences  en  replaçant  les  princes  destitués, 
denianilait  coiitinuiîll*^nioiit  l'explication  de  ces  procédés  hos- 
tiles à  Italinsky,  ambassadeur  de  Russie.  Celui-ci,  n'étant 
nullement  informé  par  sa  cour  de  ses  véritables  intentions,  ne 
savait  Iroji  quo  rôpoiuîro,  vt  l'ambassadeur  français  profitait  de 
cette  position  t-mbarrassante  de  son  collègue  pour  pousser  conli- 
uuellemeot  les  Turcs  à  la  guerre  contre  la  Russie,  leur  montrant 
sous  les  couleurs  le«  plus  vives  les  succès  de  Napoléon  sur  la  Via- 
tule.  Sous  l'empire  de  ces  excitations,  la  Porte  publia  un  mani- 
feste <lans  lequel  elle  se  plaignit  amèrement  de  la  perfidie  de  la 
politique  russe  qui,  malgré  les  concessions  de  la  Porte,  violait 
à  main  armée  le  territoire  ottoman,  et  ainsi  la  guerre  se  ral- 
luma entre  les  deux  puissances  vers  la  fin  de  l'année  1806 
(27  décembre). 


ni. 


L'Angleterre,  qui  jusqu'alors  avait  été  dans  toutes  les  occa- 
sions Tallice  do  la  Russie,  no  manqua  |ias  de  lui  venir  en  aide  avec 
toutes  ses  forces.  Le 25  janvier  IS07  elle  deraonda  h  la  Porte,  par 
l'organe  de  son  ambassadeur  Arbuthnot,  le  renouvellement  de 
aon  traité  d'alliance,  l'expulsion  de  l'ambassadeur  français  de 
Constantinople,  la  remise  des  foi*ts  des  Dardanelles  ainsi  que  de 
la  flotte  turque  k  l'Angleterre,  et  enfin  la  cession  de  la  Moldavie 
et  de  la  Valacbie  à  la  Russie  ^  Si  la  Turquie  se  refusait  à  obtem- 
pérer à  ces  demandes,  elle  s'exposerait  à  la  vengeance  de  ces 
deux  puissances  et  attirerait  sur  elle  les  plus  grands  malheurs. 
Ces  prétentions  étant  repoussées,  Arbuthnot  quitta  Constantinople 
et  se  rendit  à  bord  de  la  flotte  anglaise,  qui  stationnait  non  loin 
du  détroit  des  Dardanelles.  Celle-ci  prit  aussitôt  des  disi>ositiûns 
menaçantes  qui  firent  craindre  aux  Turcs  le  bombanlementdeleur 
capitale.  Le  19  février  la  flotte  anglaise  leva  l'ancre  et,  pous- 
sée jiar  un  vent  favorable,  fit  voile  vers  les  Dardanelles,  tira 
quelques  coups  de  canon  contre  les  forts  qui  gardaient  l'entrée  du 
détroit,  et,  après  avoir  coulé  bas  plusieurs  navires  turcs  qui  vou- 


t.  Ziukoiscn,  I.  c.  Vll^  p.  429. 


LES    DEHEMBBEXETTS    DE    U    MOLDlTlE. 


273 


lurent  faire  résislaDce,  apparut  soudainement  devant  Constanti- 
nople.  L'amiral  anglais  Duckworth  remit  à  la  Porte  un  ultimatum 
renouvelant  les  demandes  de  l'ambassadeur  et  menaçant,  en  cas 
de  refus,  de  bombarder  Constantinople.  Les  Turcs,  effrayés,  vont 
trouver  l'ambassadeur  français  Sêbastiani.  lui  montrent  que  la 
capitale  ne  [leut  s'exposer  pour  lui  à  uo  bombardement  ai  lui 
demandent  de  quitter  la  ville.  Dans  ce  moment  critique  l'ambas- 
sadeur, gardant  toute  l'énergie  el  la  présence  d'espril  nécessaires 
en  pareille  circonstance,  répond  qu'il  ne  s'éloignera  du  poste 
qui  lui  a  été  confié  par  son  souverain  que  contraint  par  la 
force.  L'honneur,  la  sécurité  et  l'indépendance  de  l'empire  otto- 
man sont  en  jeu  ;  la  flotte  de  l'amiral  Duckworth  peut  assurément 
réduire  en  cendres  une  partie  de  la  ville  et  semer  la  mort  parmi 
ses  habitants  ;  mais  comme  il  ne  dispose  pas  d'une  armée  de 
terre  qui  soutienne  son  entreprise,  il  ne  saurait  jamais  mettre  la 
main  sur  la  capitale.  «  Il  est  vrai  que  vos  murs  sont  mal  défen- 
dus ;  mais  vous  avez  du  fer,  des  munitions,  des  provisions  el  des 
bras  ;  que  la  vaillance  leur  vienne  en  aide  et  vous  repousserez  vos 
ennemis.  Je  vous  prie  de  dire  k  votre  souverain  maître  que  j'at- 
tends avec  confiance  une  décision  qui  soit  digue  de  lut  et  de  l'em- 
pire qu'il  tient  sous  sa  domination.  »  Le  sultan,  encouragé  par 
ces  paroles,  se  décide  à  résister  et  confie  à  Sêbastiani  la  direction 
de  tous  les  travaux  de  défense  ;  les  Français  qui  se  trouvaient  à 
Constantinople  se  mettent  h  la  disposition  de  l'ambassadeur  et 
tous  déploient  la  plus  grande  activité  pour  réveiller  l'enthousiasme 
et  le  ùinatisme  religieux  de  la  population  musulmane.  Bostand- 
achis,  janissaires,  osmanlis,  chrétiens,  hébreux,  arméniens,  jeunes 
et  vieux,  en  un  mot  tous  ceux  qui  étaient  en  état  de  mettre  la 
main  à  l'œuvre,  s'emploient  à  l'enyi  au  travail  des  fortifica- 
tions qui  sortaient  de  terre  comme  par  enchantement,  de  sorte 
qu'en  une  nuit  on  taisait  bien  plus  de  besogne  qu'on  n'en  avait 
fait  pendant  des  années. 

Les  Anglais,  qui  s'attendaient  à  ce  que  les  Turcs  cédassent  k  la 
peur,  voyant  le  peuple  de  Constantinople  si  résolu  et  craignant 
d'être  enfermés  dans  le  détroit,  renoncent  à  l'idée  de  bombarder 
Constantinople  et  se  hâtent  de  sortir  du  Bosphore,  se  dirigeant 
h  pleines  voiles  sur  les  Dardanelles  qu'ils  réussissent  à  repasser, 
après  avoir  toutefois  éprouvé  des  pertes  considérables.  Voyant 
que  leur  coup  de  main  contre  Constantinople  avait  complètement 
Rev-  HîSTon.  XVI.  2«  pasc  18 


274 


i.    D.    XE^flPOL 


échoué,  ils  se  décidèrent  h  attaquer  rÉgyptcet  prirent  par  surprise 
Alexandrie;  mais  leurs  troupes  n'étant  point  renforcées  à  temps 
furent  battues  h  deux  reprises  par  Mehemet-Ali  et  faites  prison- 
nières, de  sorte  que  cette  entreprise  réussit  tout  aussi  peu  que 
la  première. 

Pendant  ce  temps,  Napoléon  ne  cessait  d'exciter  les  Tuixs  à  la 
guerre  contre  ses  ennemis.  Le  20  janvier  1807  il  écrit  à  Sébas- 
tiani  que  :  «  les  Russes  ne  disposent  pas  dans  les  principautés  de 
forces  suffisantes  pour  pouvoir  passer  le  Danube  ;  ils  n'ont  pas 
plus  de  35,000  hommes  dans  ces  pays  et  ils  seraient  fort  affaiblis 
s'ils  étaient  forcés  iretitrelenir  une  seconde  armée  en  Crimée. 
Voilh  pourquoi  il  faut  envoyer  la  flotte  turque  dans  la  mfir  Noire 
où  les  Husses  ne  sont  point  en  état  de  s'opposer  à  elle.  Il  faut  pous- 
ser la  Perse  à  la  guerre  et  chercher  à  soulever  la  Géorgie.  Tâchez  de 
déterminer  la  P<»rte  k  ce  qu'elle  onlonne  au  pacha  d'Erzerouni  de 
marcher  avec  toutes  ses  forces  vers  celte  province.  KntreteneK  en 
même  tiMnps  le  prince  de-s  Abbas  dans  de  bonnes  dispositions  et 
insistez  k  ce  qu'il  prenne  part  à  la  lutte  contre  l'ennemi  commun. 
Ce  prince,  le  pacha  d'Erzeroum,  les  Perses  et  la  Porte  doivent 
atlaqu[*r  eti  même  temps  la  Géorgie,  la  Crimée  et  la  Kessarabie  *.  » 

Les  Husseji  en  effet  n'avaient  occupé  la  Moldavie  et  la  Valachie 
que  par  surprise.  Le  général  Michelson  avait  passé  le  Dniester 
quand  la  guerre  n'était  point  encore  déclarée,  et,  profitant  du 
désarroi  dans  lequel  se  trouvait  la  Porte  par  suite  de  ïa 
pression  en  sens  contraire  des  puissances  dans  l'affaire  des  princes 
Morouzi  et  Ypsilanti,  ils  avaient  successivement  occupé  Jassy, 
Galatz,  Folkschanyet  Huchai-est,  de  sorte  qu'ils  avaient  étendu 
leur  domination  sur  les  deux  principautés.  Les  Turcs,  excités  par 
les  Français,  envoient  des  forces  assez  considérables  contre  les 
Russes»  et  ceux-ci,  étant  contraints  d'affaiblir  encore  leur  année 
d'occuj>ation  pour  renforcer  les  troupes  dirigées  contre  Napoléon, 
se  voient  forcés  de  battre  en  retraite,  abandonnent  Bucharest,  et 
auraient  même  été  obligés  de  repasser  le  Dniester  si  une  catas- 
trophe intérieure  n'était  venue  arrêter  la  marche  des  armées 
musulmanes. 

Le  sultan  Sclim  111,  dès  son  avènement  au  trftne  (1785),  avait 
conçu  l'idée  de  supprimer  le  corps  des  janissaires,  cette  troupe 


t.  Ziiikeitcn,  l.  c.  p.  174. 


Lf:s    nEHEMBREMENTS   DE   Ik   MOLDAVtB. 


S75 


fameuse  qui  avait  £ail  jadis  la  puissaoco  des  Oltomans,  mais  qui, 
arec  le  temps,  était  deveDue  tellement  arrugante  et  indiscipli- 
née qu'elle  n'offrait  plus  pour  l'empire  qu'une  cause  continuelle 
de  troubles  et  de  désordres.  L'entreprise  n'était  point  facile,  d'au- 
tant plus  que  la  guerre  qui  avait  éclaté  rendait  les  janissaires 
nécessaires.  Voilà  pourquoi  au  lieu  d'être  supprimés  par  le 
sultan  ce  furent  eux  qui  le  renversèrent,  élevant  à  sa  place  un 
prince  idiot,  Mustapha  IV,  qui  ne  régna  qu'une  année. 

La  guerre  de  la  Turquie  contre  la  Russie  et  l'Angleterre  ne 
pouvait  donc  pas  prendre  des  proportions  considérables,  attendu 
que  les  deux  parties  étaient  entravées  dans  leurs  opérations. 
l'Angleterre  et  la  Russie  par  leur  guerre  contre  Napoléon,  la 
Turquie  par  ses  troubles  intérieurs. 

Napoléon  était  en  effet  le  centre  autour  duquel  gravitait  le 
monde  de  son  temps;  un  monde  autour  d'un  homme!  Le  sort  de 
tous  les  empirtîséUiit  lié  au  sien,  les  intérêts  de  tous  les  pays  se 
réglaient  d'après  ï«.^  intérêts.  Les  traditions  politique»  du  passé 
étaient  brisées,  les  voies  suivies  si  longtemps  par  les  peuples 
abandonnées  ;  les  alliances  et  les  inimitiés  se  forgeaient  et  se 
défaisaient  au  jour  le  jour,  d'après  les  caprices  de  l'arbitre  de 
l'Europe.  La  volonté  d'un  homme  avait  remplacé  les  relations 
nécessaires  qui  déterminent  la  conduit**  des  peuples  entre  eux; 
l'intérêt  de  l'individu  avait  supplanté  l'intérêt  collectif.  Aux  yeux 
de  Napoléon  les  États  n'étaient  que  des  moyens,  des  instruments 
par  lesquels  il  voulait  arriver  à  son  but  suprême,  la  domination 
sur  rEurojie  et  sur  le  monde  entier. 

Quelle  valeur  pouvait  avoir  l'empire  ottoman  aux  yeux  d'un 
pareil  homme  ?  Pas  d'autre  que  celle  d'un  instrument  au  service 
de  sa  politique,  qu'il  employait  tant  qu'il  pouvait  lui  servir,  qu'il 
brisait  et  jetait  loin  de  lui  aussitôt  qu'il  ne  lui  était  plus  d'aucune 
utilité.  Voilà  pourquoi  il  ne  faut  point  nous  étonner  si  nous  voyons 
la  politique  de  la  France  changer  de  nouveau  de  direction  après 
la  paix  deTilsitt. 

Par  cette  paix  Napoléon  se  rapproche  de  la  Russie  et  s'assure 
le  coQCOursde  cette  puissance  dans  sa  lutte  contre  l'Angleterre,  son 
ennemi  le  plus  implacable,  d'autant  plus  dangereux  qu'il  était 
inattaquable.  L'empereur  Alexandre  promet  à  Napoléon  son 
entremise  pour  la  négociation  d'une  paix  avec  l'Angleterre  ;  mais 
conune  Napoléon  ne  pouvait  obtenir  cette  assistance  sans  une 


276  ~= A.  ».  xbvoPOL. 

compensation,  il  u'hèsite  potul  h  sacrifier  son  ancieime  alliée» 
qu'il  avait  lui-même  jetée  dans  la  guerre  contre  la  Russie.  Il  offre 
&  cette  puissance  d'interveuir  auprès  de  la  Turquie  pour  la  con- 
clusion d'une  paix,  avec  promesse  que,  daus  le  cas  où  la  Porte 
refuserait  les  pruposîlions  de  la  France,  celle-ci  s'allierait  à  la 
Russie  pour  partager  l'empire  ollomao.  La  Russie  obtiendrait  la 
Bessarabie,  la  Moldavie,  la  Valacbie  et  la  Bulgarie  jusqu'aux 
Balkans;  la  France,  l'Albanie,  la  Tbessalie  jusqu'à  Salouique,  la 
Morêe  al  Candie  ;  l'Autriche  devait  être  dédommagée  par  la  Ser- 
bie et  la  liosuie,  pendant  que  les  Turcs  resteraient  en  possession 
de  la  Roumélie  et  de  Coustantinople.  l/empereur  .Uexandre,  se 
montrant  mécontent  de  la  part  qu'on  lui  faisait,  proposa  h  Napo- 
léon de  lui  laisser  aussi  les  îles  de  l'Archipel  ainsi  que  l'Fgypte 
en  échange  de  Coustantinople,  le  rêve  d'or  de  la  politique  mosco- 
vite. On  dit  que  Napoléon,  entendant  cette  demande  de  l'empereur 
Alexandre,  mil,  par  un  mouvement  dont  il  ne  put  se  rendre 
maître,  le  doigt  sur  une  carte  qu'il  avait  devant  lui  et,  montrant 
la  capitale  de  l'empire  ottoman,  laissa  échapper  cette  exclama- 
tion :  «  Coustantinople  !  Constantinople  î  je  ne  la  céderai  jamais, 
car  c'est  là  l'einpin;  du  monde.  » 

L'ejupereur  Alexandre,  voyant  Napoléon  tellement  résolu  sur 
cette  question,  se  contenta  de  la  part  qui  lui  èlail  faite,  et  c'est  ainsi 
que  fut  conclu  entre  les  deux  souverains  le  fameux  traité  dont 
l'article  8  stijiule  que  :  «  Pareillement,  si  par  suite  des  change- 
ments qui  viennent  de  se  faire  à  Constantinople,  la  Porte  n'ac- 
cciitait  point  la  médiation  de  la  France,  ou  si,  après  l'avoir 
acceptée,  il  arrivait  que,  dans  le  délai  de  trois  mois  après  les 
nég(Kiatious,  elles  n'eussent  pas  conduit  k  un  résultat  satisfai- 
sant, la  France  fera  cause  commune  avec  la  Russie  contre  la 
Porte  ottomane,  et  les  deux  hautes  puissances  contractantes 
s'entendront  pour  soustraire  toutes  les  provinces  de  l'empire 
oltoiciau  en  Europe,  la  ville  de  Constantinople  et  la  province  de 
Roumélie  exceptées,  au  joug  et  aux  vexations  des  Turcs  *.  » 

Les  Turcs  entrent  dans  une  fuœur  insensée  en  apprenant  cette 
trahison  de  Napoléon.  Sébastiani  réussit  toutefois  à  les  calmer  un 
peu  en  leur  faisant  comprendre  que  la  mtdiatioudela  France  pré- 
vue par  la  paix  de  Tilsitt  était  à  leur  avantage,  car  ils  se  trou- 


I.  Comte  de  Gardca,  UUtoire  générale  des  traitét  de  patx,  X,  p.  237. 


LES    I>£mPJIKRF.1IE^T9    de    U    MOLDiTIE. 


277 


raient  dans  l'impossibilité  de  continuer  la  lutte  contre  la  Russie, 
surtout  depuis  que  cette  puissance,  ayant  fait  la  paix  arec  Napo- 
léon, pouvait  employer  toutes  ses  forces  dans  sa  lutte  contre  la 
Porte.  C'est  ainsi  que  fut  conclu  l'armistice  de  Slobozia ,  le  24  août 
1808,  dans  les  condilionssuivantes  :  Si  la  paix  entre  ia  Russie  et  la 
Turquie  ne  pouvait  être  conclue  imaièdiatemenl,  alors  l'annistioe 
sera  prolongé  |>our  le  moins  jusqu'au  21  mars  1809;  les  Russt^ 
et  les  Turcs  évacueront  les  principautés  dans  le  tenue  dt?  35  jours, 
les  premiers  se  retirant  derrière  le  Dniester  et  les  derniers  derrière 
le  Danube  :  les  vaisseaux  capturés,  leurs  équipages  et  h*»  prison- 
niers faits  de  part  et  d'autre  seront  restitués.  Relativement  aux 
principautés  on  dispose  que,  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix, 
leur  gouvernement  sera  confié  à  un  divan  composé  de  boyards,  ce 
qui  mécontenla  vivement  Ypsilanti,  lequel,  se  voyant  éloigné 
du  trône  par  cette  mesure,  courut  porter  plainte  k  Pétersbourg  et 
prolester  contre  l'injustice  qu'on  lui  faisait. 

L'empereur  Alexandre,  mécontent  de  la  condition  princijmlede 
l'armistice  de  Slobozia  :  l'évacuation  des  principautés,  fit  sem- 
blant d'être  blessé  par  les  autres  points  :  la  restitution  des  vais- 
seaux, la  destitution  indirecte  d'Ypsilanti  et  le  terme  de  l'armis- 
tice, qu'il  jugeait  beaucoup  trop  long  ;  il  refijsa  donc  de  ratifier 
cette  convention  etjwrsista  k  rester  dans  les  principautés  quoique 
les  Turcs  en  fussent  sortis.  Napoléon  voyant  les  intentions  du 
czar,  qui  étaient  de  se  mainteniren  possession  des  principaulèsjus- 
qu*&  la  conclusion  déônilive  de  la  paix,  avec  Tespèrance  de  pou- 
voir lesincorpoper  pour  toujoursàson  empire,  projtosa  k  Alexandre 
de  les  lui  céder  sous  la  condition  de  prendreà  la  Prusse  la  Silésie, 
qui  serait  annexée  au  royaume  de  Saxe,  état  en  tout  dévoué  aux 
intérêts  français.  La  Russie  ne  pouvait  d'aucune  manière  accep- 
ter cet  échange,  qui  annihilait  la  Prusse  et  créait  eu  Germanie 
un  État  puissant,  placé  tout  h  fait  sous  l'influence  française. 
Quoique  Alexandre  refusât  d'adhérer  k  cet  échange,  il  n'en  per- 
sista pas  moins  k  maintenir  ses  armées  dans  les  principautés, 
prétextant  que  Xapoléon,  de  son  cMé,  continuait  à  occuper  les 
provinces  delà  Prusse  jusqu'au  paiement  intégral  de  la  contribu- 
tion de  guerre.  Napoléon,  qui  avait  le  plus  grand  intérêt  à  vivre 
en  paix  avec  la  Russie  pour  pouvoir  employer  toutes  ses  forces 
contre  IWnglelerre,  ferma  les  ^eux  sur  cette  violation  de  la  paix 
deTilsitl  et  prêta  même  aux  Russes  l'assistance  nécessaire  pour 


i.   D.   XExopor. 

l'acquisition  de  la  Finlande.  Enfin  voyant  que,  pour  conserver 
l'amitié  des  Russes,  il  devait  leur  sacrifier  la  Moldavie  et  la  Vala- 
chie,  il  jeta  tout  à  fait  le  masque  vis-à-vis  de  la  Turquie  et  lui 
fit  savoir  que,  toutes  les  peines  qu'il  s'était  données  pour  faire 
abandonner  aux  Russes  les  principautés  étant  restées  infruc- 
tueuses, la  Porte  devait  serésoudreh  perdreces  deux  provinces  si 
elle  voulait  conclure  la  paix  avec  la  Russie.  Cette  déclaration, 
qui  avait  au  moins  le  mérite  de  la  franchise,  ruina  complètement 
l'influence  française  à  Constantinople  et  poussa  de  nouveau  les 
Turcs  dans  les  bras  de  l'Angleterre. 

Pendant  que  le*  périls  extérieurs  s'amoncelaient  toujours 
plus  menaçants  sur  la  tête  de  la  Porte,  une  nouvelle  convulsion 
intérieure  rapprocha  encore  de  l'abimt'  le  corps  décomposé  de 
l'empire  dr-s  Usmanlis.  Le  28  juillcf.  1808  un  soidèvement  des 
janissaires  mit  fin  aux  jours  de  Mustapha,  élevant  Mahmoud  II 
sur  le  trône  des  sultans.  Napoléon,  voyant  la  Turquie  si  près 
de  sa  ruine  et,  d'autre  part,  son  influence  dans  ce  pays  pres- 
que annulée,  se  décide  à  frapper  un  grand  coup.  11  écrivit 
h  iVloxandre  :  «  Puisque  nos  ennemis  nous  forcent  absolu- 
ment à  être  grands,  eh  bien,  soyons-le!  je  vous  laisse  la  Tur- 
quie, la  Suède  et  tout  l'Orienl  ;  arraugez-vous  comme  il  vous 
plaira  ;  quant  à  moi,  je  me  charge  de  l'Occident'.  »  Cette  décla- 
ration provoque  une  nouvelle  entrevue  des  deux  potentats  qui  a 
lieu  k  Erfurtli  (27  septembre  1808),  et  Napoléon  garantit  k 
Alexandre  l'acquisition  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie  par 
l'article  suivant  (Vlll)  du  traité  secret  conclu  entre  eux:  «  S.  M. 
l'empereur  de  toutes  les  Russies,  d'après  les  révolutions  et  clian- 
gements  qui  agitent  l'empire  ottoman,  et  qui  ne  laissent  aucune 
jHjssibilité  de  donner,  et  par  «jnséquent  aucune  espérance  d'obte- 
nir des  garanties  suffisantes  pour  les  personnes  et  les  biens  des 
liabitauts  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachie,  ayant  déjk  porté  les 
limites  de  son  empire  jusqu'au  Danube  et  réuni  la  Moldavie  et  la 
Valachie  h  son  empire,  mi  pouvant  qu'à  cette  condition  recon- 
naître l'intégrité  de  l'empire  ottoman,  S.  M.  l'empereur  Napoléon 
reconnaît  la  dite  réunion  et  les  limites  russes  de  ce  côte,  portées 
juïiqu'au  Danube  '.  » 

L^  première  conséquence  de  l'entrevue  d'Erfurth  fut  la  rècon- 


1.  Zinkelsen,  I.  c  Vit,  p.  ôSI. 

2.  C<iiiU«  de  Garden,  1.  c.  XI,  p.  287. 


LEâ  DKllUIBBEME?iTS    DE    Ik   MOLDATIE. 


279 


cilîalion  de  la  Turqiii*^  avec  l'Atiglelerre  par  le  traité  des  Danla- 
Delles  (5  janvier  I80i>),  qui  rétablit  les  rapports  entre  ces  deux 
puissances  dans  l'état  où  lisse  Irouvaieut  avant  le  commencement 
de  la  guerre. 

La  nouvelle  de  la  conclusion  de  cette  paix  mécontenta  les 
Russes  au  plus  haut  degré.  Le  6  mars  1S(>5,  le  prince  Proso- 
rowski  Cait  savoir  à  la  Porte  que  l'armistice  ayant  expiré,  les 
hosLililés  l'econmienceront  imnièdiateuieut  si  le  résident  anglais 
n'est  pas  expulsé  de  Constantinople  et  si  le  porteur  de  la  note  russe 
ne  retourne  pas  dans  les  24  heures  avec  une  réponse  favorable. 
La  Porte  se  refusant  d'exécuter  les  demandes  de  la  Russie,  la 
guerre  recommence.  La  première  mesui'e  appliquée  par  les  Turcs 
fut  la  prohibition  du  commerce  russe,  par  laquelle  ils  portaient 
aux  Busses  un  coup  assez  grave. 

La  campafîne  de  Tannée  1809  se  passa  en  luttes  sans  impor- 
tance; les  Russe^s  réussirent  seulement  à  prendre  IsmaQ  et  se 
peïirèrHnt  ensuite  dans  les  principautés  pour  y  passer  l'hiver, 
pendant  que  les  Turcs  s'en  retournaient  h  .\ndrinople.  Dans  le 
courant  de  l'année  1810,  les  Russes  prirent  encore  quelques 
forteresses  :  Turtucaï,  Bazardjik  et  Silistrie.  L'Angleterre,  qui 
avait  pris  k  la  place  de  la  b'rance  le  roledemi^iatrieedela  paix, 
se  heurtait  sans  cesse  contre  une  difficulté  qui  paraissait  insur- 
montable, les  prétentions  de  la  Russie  sur  les  principautés, 
prétentions  qu'elle  fondait  surtout  sur  la  circonstance  que 
ces  pays  étant  de  religion  grecque  devaient  appartenir  bien 
plutôt  à  la  Russie  qu'à  la  Turquie  ;  mais  plus  les  Russes  se 
montraient  désireux  de  mettre  la  main  sur  les  pays  roumains, 
plus  les  Turcs  s'opi  nia  Iraient  k  ne  [tas  renoncer  à  leur  posaes- 
«ion,  de  sorte  que  la  guerre  continua  aussi  dans  le  courant 
de  l'année  1811  sans  être  conduite  avec  énergie  ni  d'un  côté  ni 
de  l'autre. 

C'était  k  l'année  1812  que  le  sort  avait  réservé  de  voir  la 
fin  de  cette  guare  qui  traînait  depuis  plus  de  cinq  ans,  et  ce 
fut  toujours  la  France  qui,  après  l'avoir  provoquée,  devait  y 
mettre  un  terme.  L'amitié  de  Napoléon  pour  la  Russie  ne  dura 
pas  longtemps;  oelle^ù  refusant  d'adhérer  au  système  continental. 
Napoléon  lui  déclara  la  guerre  et  se  mit  en  marche  contre  elle  à 
la  tète  d'une  armée  de  500,000  hommes.  On  comprend  très 
(acilernent  que,  dans  une  pareille  circonstance,  la  Rxissie  eût 
tout  intérêt  à  conclure  la  (taix  avec  la  Turquie.  Ce  qui  est  plus 


à.    0.   XMOML. 

difficile  à  saisir,  c'est  comment  la  Turquie  sedécida  k  consentira 
une  paix  par  laqucille  on  la  dépouillait  de  uouveau  d'uim  partie 
de  son  territoire,  quand  elle  aurait  pu  tirer  un  profit  si  avanta- 
geux de  la  guerre  qui  venait  d'écbter  entre  la  France  et  !a  Russie 
et  forcer  même  celle-ci  h  lui  céder  quelque  chose  jiour  la  conclu- 
sion de  la  paix  !  Ce  qui  paraît  avoir  déterminé  les  Turcs  à  sous- 
crire à  des  conditions  aussi  désavantageuses,  c'est  le  manque  de 
confiance  que  leur  inspirait  la  France  par  suite  de  l'idée  fausse 
qui  les  dominait  qu'en  politique,  comme  dans  la  rie  habituelle, 
l'ennemi  d'aujourd'hui  doit  être  celui  de  demain  et  que  l'intérêt 
ne  saurait  changer  momentanément  les  rapports  des  peuples; 
idée  honnête  mais  barbare,  car  elle  donne  un  rôle  au  sentiment 
là  où  seul  l'intérêt  domine. 

Puis  il  est  à  remarquer  que  la  dépêche  même  par  laquelle 
Napoléon  annonce  aux  Turcs  qu'il  se  met  en  marche  contre  la 
Russie  avait  été  reçue  par  le  dragoman  de  la  Porte,  Panaiote 
Morouzi,  lequel,  au  lieu  de  la  transmettre  à  son  gouverneraeut, 
l'envoya  k  son  frère  Dimitri  Morouzi,  l'un  des  représentants  de  la 
Porte  qui  négociaient  avec  les  Russes  la  paix  de  Ducharest,  et  ce 
dernier,  qui  était  gagné  par  les  Russes,  «  envoie  immédiatement 
une  estfifette  au  divan  de  Constantinople  par  laquelle  il  lui  fait 
savoir  que  si  le  traité  n'est  pas  signé  par  le  sultan  dans  l'espace 
de.  dix  jours,  Kutusow  passera  les  Balkans  avec  son  armée  et  ne 
s'arrêtera  que  sous  les  murs  d'Andrinople  pour  y  dicter  une  paix 
bien  autrement  onéreuse.  Une  pareille  nouvelle,  si  terrifiante 
pour  les  Turcs,  étant  rapportée  au  sultan  qui  avait  eu  tant  à 
souffrir  de  Kutusow  et  avant  qu'il  eût  connaissance  de  la  commu- 
nication de  Napoléon,  il  no  put  faire  autrement  que  de  signer  le 
traité  et  de  l'expédier  k  ses  [dèuipotentiaires  qui  le  remirent  aux 
Russes.  Napoléon,  étant  informé  de  cette  trahison,  met  la  main 
sur  la  correspondance  secrète  des  négociateurs  turcs  avec  la 
Russie  et  l'etivoie  au  sultan,  et,  i>endant  que  le  prince  Dimitri 
célébrait  la  conclusion  de  la  paix  dans  les  principautés  par  les 
bals  les  plus  brillants,  on  signait  k  Constantinople  le  fîrman  de 
mort  conti'e  lui  et  contre  ses  ^ères,  lequel  fut  exécuté  peu  de 
jours  après  '.  » 


1.  Emmanuel  Draghlci.  Uiitoire  de  la  Moldavie.  (En  roumain;  l'auteur  éUi( 
eoQlcmporaiu  Jim*  ^Ténements.)  II,  p.  78. 


LES    DéifnBBEllETTS   DE    LA    HOLDATIE. 


âK< 


La  paix  conclue  à  Bucharest  le  38  mat  1812  contenait  les  con- 
dilioiis  suivantes  :  Le  Pruth,  (iepuis  son  eulrée  eu  Moldavie  jus- 
qu'à son  embouchure  dans  le  Danube,  formera  désormais  la  limite 
des  deux  empires.  Les  habitants  des  principautés  seront  exemptée 
du  tribut  pour  deux  ans  ainsi  que  des  contributions  pour  toute  la 
durée  de  la  guerre  et  obtiendront  les  autres  faveurs  stipulées  habi- 
tuellement dans  les  traités  entre  les  Russes  et  les  Turcs.  Les 
Serbes  obtiennent  aussi  une  amnistie  complète  et  l'indépendance 
administrative. 


IV. 


Cette  guerre  avait  été  entreprise  par  les  Russes  pour  sauver  les 
pays  roumains  du  joug  et  des  vexations  des  Turcs;  on  pouvait 
donc  s'attendre  k  un  changement  de  régime  pendant  la  durée  de 
l'occupation  russ«  (1806-1815),  d'autant  plus  que  les  Russes 
voulant  les  incorporer  déânitivementàleur  empire,  il  était  natu- 
rel de  leur  présenter  en  perspective  un  autre  genre  de  gouverne- 
ment que  celui  qu'ils  avaient  dû  souffrir  sous  la  domination  des 
Turcs.  C'est  ce  qui  aurait  dû  être  ;  nous  verrons  ce  qui  eut 
lieu. 

L'un  des  maux  les  plus  criants  de  la  domination  phanariotè 
avait  été  l'abus  que  l'on  commettait  dans  la  distribution  des 
boyaries'.  lesquelles,  emportant  exemption  des  contributions 
ci  droit  aux  fonctions,  n'étaient  pas  seulement  honorifiques. 
La  Russie,  au  lieu  de  mettre  fin  à  cet  abus,  trouvant  que  c'était 
un  excellent  moyen  pour  se  faire  des  partisans,  se  mit  à  l'ex- 
ploiter sur  une  échelle  beaucoup  plus  étendue.  La  précieuse 
chronique  contemporaine  déjà  citée  dit  ë  ce  sujet  :  «  11  n'était 
pas  moins  curieux  de  voir  la  manière  dont  on  créait  les  boyards 
d'après  un  nouveau  système,  c'est-à-dire  par  îles  titres  écrits, 
qui  arrivèrent  même  à  être  vendus  pour  de  l'argent,  ce  qui  les 
dégrada  tout  à  fait,  car  tous  les  mi^^érables  et  les  vauriens  pou- 
vaient en  obtenir  '.  » 

Un  autre  mal  que  la  Russie  aurait  dû  combattre  de  toutes  ses 
forces,  c*était  la  corruption  des  fonctionnaires,  chose  qui,  il  est 


1.  TitriTA  (le  aobles.s«. 

2.  Chronique  înMitR  Ae  Kilotf  le  Roomain. 


282 


A.    B.   XE!(0POL. 


vrai,  ne  devait  pas  lui  être  trop  facile,  vu  la  profonde  corruption 
dans  laquelle  elle-même  élait  plongée  ;  d'où  il  suit  que  l'adminis- 
Iratioii  d«s  principautos  ne  pouvait  être  qu'une  copie  fidèle  de 
celle  de  la  Russie.  La  même  chrouique  raconte  :  <  Et  ou  com- 
mença h  «  pousser  »  de.  l'argent,  cl  à  commettre  toutes  les  turpi- 
tudes pour  pouvoir  arriver  aux  fonctions  et  aux  faveurs  ;  les 
petits  boyards  voyant  que,  pour  y  arriver,  ou  n'avait  nullement 
besoin  de  mérite  mais  seulement  d'argent,  imitaient  l'exemple 
des  grands,  et,  comme  celui  qui  donnait  davantage  était  le  plus 
favorisé,  on  vit  bientôt  tous  les  mauvais  sujets  placés  dans  les 
emplois  de  l'État,  dépouillant  le  pavs  h  qui  mieux  mieux;  les 
plaintes  n'étaient  reçues  par  personne,  car  tous  étaient  gagnés 
h  la  corniption.  Loi,  âme,  Dieu  et  récompense  étaient  traités  par 
eux  de  songes  et  mensonges.  L'argent  était  la  seule  chose  qa'lLs 
adoraient,  la  seule  idole  à  laquelle  ils  sacrifiaient*.  »  La  mémo 
chronique  ajoute  que  les  Russes  étaient  les  premiers  à  voler  et  à 
dépouiller  le  pays  et  cite  comme  exemple  de  leurs  déprédations  la 
lutte  qui  s'engagea  entre  deux  boyards  qui  voulaient  arriver  au 
minisUVe  le  plus  lucratif  du  pays,  celui  d<w  finances  :  «  Pour 
pouvoir  lutter  l'un  contre  l'autre  ils  avaient  surtout  besoin  d'une 
bourse  bien  garnie.  Voilà  pourquoi  ils  s'efforçaient  à  ï'envi  de 
gagner  de  l'argtMit  pour  pouvoir  en  donner  h  ceux  par  l'influence 
desquels  ils  espéraient  obtenir  ce  poste  et  suflSre  en  même  temps 
aux  bals  et  auti'es  cérémonies  continuellement  exigées  par  les 
commandants,  les  généraux  et  jusqu'aux  plus  petits  officiers  russes 
afin  de  gagner  leurs  bonnes  grâces,  et  je  puis  dire  que  les  Russes 
avaient  si  adroitement  pris  leurs  mesures  que  tout  ce  que  les 
boyards  ravissaient  au  pauvre  peuple  était  dépensé  pour  leurs 
amusements*.  » 

Ce  tableau  d'une  borde  de  spoliateurs  qui  dansent  et  se  repais- 
sent aux  dépens  d'un  peuple  malheurfîux  a  quelque  cbosede  révol- 
tant. Au  temps  des  Turcs,  les  fortunes  ravies  allaient  enrichir 
au  loin  les  familles  des  ravisseurs;  maintenant  elles  étaient  bues 
et  mangées,  jetées  au  vent  au  bruit  des  verres  et  des  cris  d'allé- 
gresse, en  face  du  peuple  spolié. 

Si  nous  ajoutons  k  ces  faits  la  protection  encore  plus  marquée 


1.  Clironlque  inéililc. 

2.  Mcin. 


LtS    oéveMBHRMElTT^    PE    I.i    MOLDAVIE. 


is3 


des  religieux  grecs,  qui  dépouillaient  les  couvt'nUde  leurs  biens, 
—  protection  d'autant  plus  naturelle  que  les  Russes  venaient 
au  nom  de  l'église  pour  soustraire  les  malheureux  chrêtien-s  au 
joug  des  mahométans,  —  l'introduction  dans  les  pays  roumains 
d'une  monnaie  fausse  imposée  par  les  Russes  comme  paiement 
imaginaire  pour  leurs  achats,  et  principalement  les  abus  sans 
nombre  commis  par  les  armées  russes,  ce  qui  fait  dire  à  notre 
chroniqueur  que  par  où  les  armées  russes  passaient  «  la  terre  en 
gémissait  >,  tout  cela  peut  donner  une  idée  affaiblie  de  l'état  des 
pays  roumains  pendant  l'occupation  russe. 

Les  liabitants  des  principautés,  s'élant  plaints  d'abord  au  com- 
mandant général  Kutusow,  reçurent  pour  réponse  <  qu'il  leur 
laisserait  les  yeux  pour  pleurer.  »  Voyant  que  les  Russes  ajou- 
taient Tinsulle  aux  maÛieurs  dont  Us  les  accablaient,  les  Rou- 
mains se  plaignirent  directement  k  Tempereur  Alexandre.  On  dit 
que  celui-ci,  apprenant  leurs  souffrances  intolérables,  se  serait 
écrié  dans  un  moment  d'indignation  :  <  De  pareilles  cruautés  ne 
sauraient  être  tolérées  »,  et  il  ordonna  k  TschitscbakdT.  qui  avait 
remplacé  Kutusow  ilans  leconmianflemenl,  de  prendre  les  mesures 
nécessaires  pour  condiattre  le*  désordres  et  les  abus  de  toute  sorte 
qui  se  commettaient.  On  peut  juger,  d'après  les  mesures  que  le 
commandant  fut  ubligé  de  prendre,  de  ce  que  les  pays  avaient  dû 
souffrir  jusqu'alors,  et  ce  n'est  que  le  aintraste  entre  un  état 
désespéré  et  un  autre  quelque  peu  plus  supportable  qui  explique 
les  couleurs  sous  lesquelles  le  chroniqueur  peint  les  réformes 
de  Tschitschakoff  :  «  11  supprima  la  demande  des  innombrables 
chariots  qui  tuait  les  bêtes,  faisant  transporter  les  objets  néais- 
saires  à  l'armée  [tar  un  sen'ice  organisé  ;  les  déprédations  même 
des  employés  du  pays  furent  jusqu'à  un  certain  point  enrayées  ; 
les  juges  se  corrigèrent  et,  en  un  mot,  une  sollicitude  paternelle 
s'étendit  sur  le  malheureux  pays.  > 

Un  pareil  état  de  choses  ne  pouvait  inspirer  aux  Roumains 
des  sympathies  pour  leurs  soi-disant  libérateurs.  Se  rappelant 
aussi  les  souffrances  endurées  pendant  les  guerres  précédentes, 
ils  en  vinrent  à  se  convaincre  que  la  domination  russe  n'était 
point  destinée  à  répandre  sur  leurs  pays  le  bonheur  qu'ils 
attendaient.  Quelle  blessure  bien  autrement  profonde  dut  leur 
causer  l'enlèvement  d'une  portion  si  considérable  de  territoire  ! 
Si  la  prise  de  la  Bukovine,  qui  n'était  qu'un  lambeau  en  compa- 


884 


à.    D.    KE!(OrOL. 


raison  de  la  Bessarabie,  les  émut  si  fortement,  allaient-ils  rester 
indifférents  au  démembrement  do  la  moitié  de  leur  pays?  Aussi  les 
plaintes  à  la  Porte  ne  tirent-elles  pointdéfaut.  Les  boyards  ne  man- 
quèrent point  cette  ftjia  entxire  de  remplir  leur  devoir,  mcmlrant 
à  la  Porte  la  perte  œnsidérable  que  subissait  la  Moldavie.  Us 
firent  preuve  de  beaucoup  d'habileté  politique,  laissant  tout  k  fait 
de  côté  les  récriminations  et  faisant  semblant  de  défendre  seule- 
ment l'intérêt  de  la  Porte  ;  ils  appuyaient  surtout  sur  la  perte 
économique  qu'allait  souffrir  le  pays  par  le  démembrement  de  la 
lîessarabiii.  Ixs  120,000  kilos^  de  blé  qui  étaient  fournis  chaque 
année  aux  Turcs  pour  leurs  armées,  étaient  pris  en  entier  dans 
la  Bessarabie,  car  dans  le  reste  du  pays  on  ne  cultivait  que  le 
maïs  pour  la  nourriture  des  habitants.  Des  300,000  ocas* 
de  beurre  que  les  Turcs  prenaient  dans  le  pays,  120,000  pro- 
venaient de  la  Bessarabie.  Puis  la  plus  grande  partie  des  bes- 
tiaux et  des  brebis  était  élevée  dans  les  plaines  qui  s'étendent  de 
Tautre  coté  du  Prutli  ;  en  cédant  cette  province  k  la  Russie  on 
diminuait  le  commerce  de  la  Moldavie  qui  consistait  surtout  dans 
l'exportation  des  animaux.  La  Porte  devait  en  conséquence 
réduire  lo  tribut,  car  il  était  impossible  d'exiger  de  la  moitié  du 
pays  ce  qui  lui  était  demandé  quand  il  était  entier.  Voilà  les 
arguments  qui  faisaient  demander  aux  boyards  le  rétablissement 
des  frontières  de  la  Moldavie  «  telles  qu'elles  avaient  été  depuis 
les  temps  les  plus  reculés,  afin  de  récupérer  la  meilleure  partie  du 
pays,  qui  procurait  nourriture,  commodité  et  refuge  aux  habi- 
tants, leur  facilitait  la  vie  en  leur  procurant  le  nécessaire,  tant  à 
eux  qu'à  leurs  bestiaux,  en  un  mot  la  plaine  et  le  cœur  du 
pays*.  » 

Ces  protestations  trouvèrent  tout  aussi  peu  d'éclio  que  celles  qui 
avaient  été  élevées  h  l'occasion  de  la  Bukovine.  La  catastrophe  de 
Napoléon  en  Russie,  qui  fit  d'Alexandre  le  maître  dcriiurope,  em- 
pêcha pour  toujours  la  Porte  de  revenir  sur  un  fait  accompli,  et  ainsi 
«lejourfataldeTapplication  du  traité étautanivé  et chacundevant 
vivre  dorénavant  là  où  lesort  l'avait  jeté,  ces  heures  amères  firent 
couler  bien  des  larmes,  car  le  peuple  rassemblé  allait  et  venait 


1.  I  kilo  =  4  liccloUlrc6  Ap|>roximAUvement. 

2.  I  ora.  =  un  peu  pluK  d'un  k i luirai» m r. 

3    Plainte  do»  boyards  ptiur  lu  Ik'sttarabie  du  'i  octobre  1812. 


LES    l>£ll£aiBIEJIE1T8    HE    tA    HOLDAVie. 


2S5 


sur  les  bords  du  Pruth  comme  des  troupeaux,  passant  d'un  village 
à  au  autre,  pendant  des  semaines  entières,  tous  Cuisant  leurs 
adieux  à  leurs  pèn^s,  frères  et  parents  avec  lesquels  ils  avaient 
été  élevés  et  avaient  vécu  ensemble  jusqu'au  moment  où  Us 
devaient  se  séparer,  peut-être  pour  toujours'.  > 

En  effet  la  Bessarabie  était  perdue  pour  toujours  du  moment  où 
le  vautour  de  l'Oural  y  avait  enfoncé  ses  serres,  et  les  adieux  de 
ses  habitants  étaient  bien  le  symbole  de  l'adieu  éternel  que  le 
pays  faisait  à  la  moitié  de  lui-même.  Depuis  lors  le  Prulh  devint 
«  la  rivière  maudite'  »  dont  les  âots  marqueront  la  séparation 
d'un  peuple  ! 

C'est  maintenant  que  les  plans  de  la  Russie  sur  Xeit  principautés 
roumaines  se  montraient  sous  leur  véritable  jour.  Si  la  Russie 
luttait  pour  elles,  ce  n'était  point  pour  leur  rendre  la  libeiié, 
usurpée  par  les  Turcs,  mais  bien  pour  les  soumettre  à  sa  propre 
autorité ,  pour  changer  la  suzeraineté  turque  contre  la  dorai- 
nation  moscovite.  Si  jusqu'à  présent  la  Russie  avait  gardé 
un  silence  calculé  sur  la  future  position  des  principautés,  par 
la  prise  de  la  Bessarabie  elle  montrait  d'une  manière  évidente 
quelle  voulait  les  englober  dans  son  vaste  empire. 

Le  résultat  fatal  pour  les  Roumains  de  ces  deux  guerres  fut  te 
démembrement  de  leur  pays,  dont  une  partie  alla  augmenter 
l'immense  étendue  de  la  Russie,  l'autre  assouvir  l'avidité  de 
l'Autriche.  Ces  deux  guerres  mettent,  pour  ainsi  dire,  à  nu  les 
projets  de  ces  deux  empires  sur  les  pays  roumains.  Ce  tra- 
vail pourtant  86  continue  en  sourdine  jusqu'à  nos  jours  et  il  nu 
cesse  pas  de  se  produire  même  dans  les  temps  présents,  avec  plus 
on  moins  de  vivacité,  avec  plus  ou  moins  de  constance. 

Essayons  de  conuatlre  les  raisons  qui  poussent  ces  deux 
empires  à  la  conquête  des  pays  roumains. 

La  situation  géographique  de  la  Russie  est  des  plus  défavo- 
rables au  développement  de  son  commerce.  Fermée  de  tous  côtés, 
elle  n'a  pas  d'issue  sur  l'Océan.  La  mer  d'Ochotsk  et  la  mer 
Blanche  sont  inaccessibles,  l'une  par  son  éloignement,  l'autre  à 
cause  de  ses  glaces.  La  mer  Baltique  et  la  mer  Noire,  les  seules 
par  lesquelles  elle  puisse  sortir  sur  l'Océan,  communiquent  avec 


U  BlMMmrt  Draghiri.  Histoirr  de  ta  Moîdatle,  II,  p.  93 
l>  flyitde  |Hi|iulairv  niutUare. 


28G 


A.    I).    1E?(OPOL. 


celui-ci,  l'une  par  le  Sund  et  le  Belt,  l'autre  par  le  Bosphore  et 
les  Dardanelles,  détroits  qui  peuvent  être  facilement  ferraès  par 
les  pays  qui  les  dominent.  Si  le  Danemark,  état  petit  et  faible, 
n'a  jamais  obstrué  le  canal  respiratoire  de  la  Russie  du  côté  du 
nord,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  Turquie,  qui  s'est  toujours 
efforcée  jusqu'à  ce  jour  d'empêcher  le  développement  de  la  marine 
russe.  Dans  toiis  les  traités  intervenus  entre  la  Russie  et  la 
Turquie,  nous  voyons  constamment  reparaître  la  clause  qui 
garantissait  la  liberté  de  navigatiou  des  Russes  dans  les  eaux  de 
l'empire  ottoman.  I,a  Russie  a  donc  un  intérêt  majeur  à  mettre 
la  main  sur  les  détroits  du  liospliore  et  des  Dardanelles  et  à  se 
défaire  d'un  portier  qui  empêche  souvent  son  maître  de  sortir  de 
chez  lui.  Voilà  la  cause  qui  pousse  continuellement  la  Russie 
vers  le  sud.  Pour  mettre  son  plan  à  exécution,  elle  est  aer\'ie  par 
des  circonstances  exceptionnelles  :  ce  sont  sa  a»nmiunavïté  d'ori- 
gine avec  une  grande  partie  des  peuples  de  la  péninsule  des 
lîalcans  et  celle  de  religion  avec  la  totalité  de  ces  populations. 
Si  pourtant  quelques-unes  d'entre  elles,  comme  les  Grecs  et  les 
Roumains,  se  sont  convaincues  avec  le  temps  qu'elles  ne  pou- 
vaient s'atteudre  de  la  part  des  Russes  qu'^  une  domination 
encore  plus  arbitraire  que  celle  dont  elles  désiraient  secouer  le 
joug,  la  plus  grande  partie  ne  cesse  de  souhaiter  cette  domination, 
comme  la  plus  haute  faveur  que  le  ciel  puisse  leur  accoixier.  Cette 
tendance  à  l'union  entre  les  Slaves  du  nord  et  ceux  du  midi  est 
contrecarrée  par  les  Roumains,  qui  s'interposent  entre  ces  deux 
tronçons  de  la  même  race,  comme  un  précipice  que  les  deux 
frères  veulent  combler  au  plus  lût.  Voilà  le  secret  de  l'inimitié 
naturelle  qui  existe  entre  les  Russes  et  les  Roumains. 

Passons  à  l'Autriclie.  Celle-ci  rassemble  sous  bien  des  rapports, 
par  sa  position  géographique,  k  la  Russie  :  même  manque  de 
l'élément  qui  vivifie  les  nations.  Cernée  de  tous  côtés  par  des 
teiTÎtoires  étrangers,  elle  tâche  par  tous  les  moyens  possibles 
d'avoir  un  débouché  sur  la  mer.  VoUk  ce  qui  la  poussait  au 
moyen  âge  k  étendre  sa  domination  en  Italie;  voilà  ce  qui  la 
force  aujounl'hu!  à  maintenir,  coûte  que  coûte,  sa  domina- 
tion sur  Trieste  qui  lui  ouvre  la  mer  Adi'iatique,  et,  dans 
la  crainte  qu'un  jour  ce  port  ne  lui  soit  ravi,  elle  pousse 
toujours  plus  avant  sa  domination  sur  les  eûtes  de  cette  mer, 
pour  le  moment  dans  la  Rosiàe  el  l'Herzégovine.  Sa  com- 


LES    D^lieifBREHP.TrS    RS   tl    XOtnATIE. 

municalion  avec  la  mer  Noire  se  fait  par  le  Danube;  il  est  donc 
naturiil  que  l'Autriche  tende  à  la  domination  exclusive  du  cours 
de  ce  fleuve,  en  attendant  qu'elle  puisse  s'établir  sur  les  bords 
mêmes  de  la  mer  dans  laquelle  il  se  jette.  La  possession  des  pays 
roumains  lut  procurant  du  même  coup  ces  deux  avantages,  la 
tendance  de  l'Autriche  k  les  incorporer  se  trouve  suffisamment 
expliquée. 

Il  £aut  toutefois  remarquer  que»  pendant  que  l'intérêt  de  TAu- 
triche  n'est  que  commercial,  celui  de  ta  Russie  se  trouve  mêlé  à 
un  autre  d'ordre  supérieur,  l'iutèrêt  national.  L'Autriche,  depuis 
qu'elle  a  renoncé  à  l'idée  de  pouvoir  g«rmanisfir  s<?s  provinces, 
composées  de  tant  de  nationalités  diverses,  tâche  de  maintenir 
leur  unité  par  la  création  de  pui&sants  intérêts  économiques  com- 
muns. Voilà  jvourquûi,  scion  toute  probabilité,  elle  a  m^noncé  de 
notre  temps  à  l'idée,  si  prononcée  autrefois,  de  soumettre  les  pays 
roumains  à  sa  domination  politique  et  se  contente  de  les  asservir 
au  point  de  vue  écon{>mique. 

L'histoire  depuis  1812  jusqu'à  ce  jour  confirme  pleinement  ces 
vues.  Ainsi  la  Russie,  après  la  guerre  de  1828  et  la  paix  d'An- 
drinople,  introduit  dans  les  principautés  une  organisation  nou- 
velle» celle  du  règlement  organique,  par  laquelle  elle  a.sservil  les 
pays  aux  boyards,  ceux-ci  au  prince  et  le  prince  à  ses  caprices. 
Michel  Sttiurza.  Bibesco,  Stirbeïuet  Grégoire  Ghyka  ne  sont  que 
les  instruments  de  sa  domination  dans  les  principautés.  Us  trem- 
blaient au  moindre  mot  du  consul  de  Russie  et  exécutaient  en 
tout  ses  ordres,  relatifs  surtout  aux  mesures  à  prendre  pour 
étouffer  toute  manifestation  de  l'esprit  national.  En  1848  la 
Russie,  croyant  le  moment  favorable  pour  réaliser  ses  plans,  à 
la  faveur  des  troubles  qui  déchiraient  l'Europe  entière,  fomente 
elle-même  une  révolution  dans  les  principautés,  pour  pouvoir 
trouver  un  prétexte  légal  d'y  mettre  le  pied,  peut-être  pour 
ne  plus  en  sortir.  Lf>rs  de  l'union  des  deux  principautés,  la 
Russie  ne  croit  pas  devoir  s'opjwser  h  leur  désir,  attendu  qu'il 
devenait  plus  facile  pour  elle  de  les  avaler  d'un  seul  trait  que 
par  morceaux.  Mais  lors  de  l'élection  du  prince  Charles,  voyant 
que  l'état  roumain  prenait  quelque  consistance,  elle  proteste  avec 
tant  d'énergie  qu'elle  perd  le  calme  et  le  sang-froid  qui  caracté- 
risent d'habitude  sa  politique.  Enâu  le  dépouillement  de  son  allié 
dans  la  dernière  guerre  peut  convaincre  même  les  plus  incrédules 


288 


A.    D.    XF.50P0I..  —    Lr.S    DRMHUBRKHICf T^    l>K   LA    lll)I.»AVTI. 


que  la  politique  de  la  Rusaie  n'a  nullement  changé  depuis  1812, 
que  son  désir  le  plus  ardiînt  est  toujours  de  faire  disparaître  le 
peuple  roumain  de  la  face  du  globe  le  plus  tôt  possible. 

D'autre  part  rAutriche,  par  l'eitensiou  abusive  de  3a  juridic- 
tion consulaire,  qui  prêtait  son  appui  même  aux  nationaux,  créa 
dans  les  principautés  une  classe  nombreuse  de  gens  disposés  à 
soutenir  Tinfluence  auti-ichienne.  Quand  les  circonstances  eurent 
brisé  ce  moyen  entre  les  mains  de  l'Autriche,  elle  eut  !*ecours  à 
d'autres  pour  assurer  sa  suprématie  économique,  c'est-à-dire  aux 
conventions  commerciales  et  à  la  navigation  sur  le  bas  Danube, 
qu'elle  Lâche  tous  les  jours  d'accaparer  davantage. 

La  guerre  de  Crimée  vint  tempérer  un  peu  ces  tendances  con- 
quêrant<w  et  donna  l'essor  h  la  [lationalité  roumaine.  L'union 
des  principautés  et  l'avènement  d'un  priuce  étranger  sur  le  trône 
du  nouvel  état  peuvent  faire  espérer  au  peuple  roumain  un  avenir 
plus  heureux.  11  ne  doit  pourtant  point  oublier  que  sa  situation 
est  devenue  bien  plus  dangereuse  depuis  qu'il  est  devenu  indépen- 
dant. Tant  qu'il  était  attaché  au  flanc  du  gros  vaisseau  qui  s'ap- 
pelait la  Turquie,  il  partageait  son  sort,  exposé  à  de  continuelles 
tempêtes,  mais  moins  en  péril  de  chavirer.  Maintenant  que  le 
vaisseau  a  sombré  et  que  le  canot  est  jeté  à  la  mer,  celui-ci  est 
seul  à  lutter  amtre  les  flots  et  lo  danger  est  terrible  quand  la 
frêle  embarcation  dtut  passer  le  détroit  dont  les  rivages  sont  tour^ 
mentes  par  les  flots  écumeux  de  Charybde  et  de  Scylla. 

A.  D.  Xenopol. 


MEIANGES  ET  DOCUMENTS 


DEUX  CHEFS  NORMANDS 


DBS   ARMÉES    BYZAI^TmES   AT}   XT  SIÈCLE. 


Sceaux  de  Hervé  et  de  Houssel  de  BaiUeul. 


Dans  un  récent  séjuur  à  CnnslaïUinopIe,  j'ai  réuni  une  quantité 
eonsid^ralile  de  iM^eaux  en  plrmil),  dits  viilgairejiiii>iit  liulîes  byzaiitines. 
Je  me  suis  mis  à  éliidifT  cns  pelits  iiioiiumeiits  bien  trup  négligea 
jusqu'ici,  qui  forment  une  mine  inépuisable  d'indications  précieuses 
pour  la  connaissance  du  moyçn  âf;e  byziinlin.  Parmi  ct'u\  «lue  je  suis 
parvenu  à  déchifTrer,  il  en  est  deux  dont  riulérét  est  des  plus  vifs  pour 
l'historien  comme  jwur  l'archéologue;  ce  sont  les  sceaux  de  Hené  et 
de  Roussel  de  Eîailleul,  célèbres  cheffe  d'aventuriers  normands  qui  ont 
joué  un  rôle  très  important  dans  les  événements  militaires  de  l'em- 
pire byzantin  au  xi*  siècle. 

On  sait  la  place  considérable  qu'ont  tenue,  pendant  toute  la  durée 
de  l'empire  d'Orient,  dans  les  armées  impériales,  les  mercenaires 
étrangers.  A  chaque  pru^e  de.s  chroniques,  dnpuis  là  règne  de  Cons- 

(itin  jusqu'à  celui  de  sou  dernier  successeur,  W  est  fait  mention  des 
Dldal^  d'origine  élranf^ère  qui  constituaient  souvent  la  portion 
principale,  presque  toujuurs,  du  moins,  réLile  des  armées  byzantines, 
et  composaient  â  peu  près  exclusivement  les  divers  balaillous  de  la 
garde  impériale.  Toutes  les  nations  avec  lesquelles  l'immeuse  empire 
(Ut  en  rapport  dnranl  dix  siècles,  depuis  les  plus  voisines  jusqu'à 
celles  si  lointaines  qu'il  semble  que  leur  nom  même  dût  être  ignoré 
à  Byzance,  toutes  ces  nations  ont  tour  à  tour  fourni  leurs  coutingents 
à  celte  portion  si  importante  de  l'armement  byzantin.  Les  Avares, 
les  Hérules,  les  Vandales,  les  Goths,  les  llun*?,  les  Scythes,  les 
SlavonSf  les  Scandinaves,  les  Danois,  les  Russes,  les  Anglais,  les 
Francs,  les  Normands  de  France  et  d'Italie,  les  Bulgares,  les  Pelche- 
nègues,  les  Kbazars,  les  Hongruisi,  les  ArmënienSi  les  divers  peuple;» 
Rbv.  Histor.  XVI.  2«  PA8C.  !9 


290 


HéLAr«ffi:S    KT    MCrUE^TS. 


du  Caucase,  Alain»,  Aliasges,  Ibères,  les  Musutmand  soixa  tous  leurs 
noms  si  divers,  Agarènes,  Arabes,  Sarrasins,  Turcs  et  Huaiio-Turcs, 
Maures  et  Turcopoules;  plus  tard  les  Catalans,  les  Oénois.  les  Tar- 
tares,  sont  venus,  lour  à  tour,  combattre  et  périr  par  milLlers  sous 
rétcndard  des  vasiieis.  Les  noms  des  Varègues  ou  VxrinRS,  ceux 
des  cavaliers  Alains,  les  premiers  écujcrs  du  monde,  ancêtres  des 
Tcherkcsses  d'aujourd'hui,  sont  demeurés  cèlelires.  En  lisant  les 
historiens,  on  rencontre  à  chaque  page  les  mots  de  fédérés,  çoiîepiToi, 
de  hélairies,  bat(}«{ai.  Les  chefe  des  corps  étrangers,  les  grands 
hétériarques ,  les  acoljle^  des  Varègues,  jouaient  le  premier  rôle 
dans  Tenipiro  :  ils  ont  fait  et  défait  les  empereurs.  Lorsqu'au  prin- 
temps les  grands  domosLiques  ou  les  protostrators  conduisaient  leurs 
bataillons  vers  le  DanuJje  ou  le  Taurus  contre  les  miilLilude^  du 
khagan  des  Slavons  ou  du  grand  émir  des  Agarènes,  des  corps  entiers 
étaient  composés  de  Francs,  de  Busses  ou  de  Scythes.  On  s'imagine- 
rail  difficilement  de  quels  éléments  divers  pouvait  se  composer  un 
simple  détachement  des  armées  impériales.  Le  corps  de  troupes  en- 
voyé en  !»37  par  Romain  Locapéne  au  secours  d'A^rigento  assiégée 
par  les  Sarrasins,  se  composait,  noua  dît  le  Porphyrogénéie'f  de 
445  fantassins  russes,  de  47  Khazars,  44  captifs  turcs  de  Mésopota- 
mie, 84  autnw  Turcs,  7'J  jirisonniers  sarrasins  plus  récents,  34  sol- 
dats de  la  grande  hétairie,  AU  de  la  moyenne  hétairie,  45  Phargans, 
(8  Palermitains,  36  Arméniens,  202  cavaliers  nobles  ou  archontes 
Tbessaliotes  el  Macédoniens,  9S  Scholariens  vétérans,  608  recrues 
du  mémo  corps,  74  basiliciens  et  35  soldats  des  cohortes  urbaines. 
Parmi  tous  ces  mercenaires,  il  en  est  dont  le  nom,  au  xi'  siècle 
surtout,  durant  l'époquo  qui  précéda  immédiatement  les  croisades, 
revient  plus  fréquemment  que  tout  autre;  ce  sont  les  Francs, 
<I>p(jpfToti  à  tout  instant  cités  par  Cédrénus,  Michel  AttalioLe,  Anne 
Comnëne,  Mcéphore  Grégoras,  Jean  Sc>lit/.ès,  dans  leurs  récits  des 
guerres  et  des  révolutions  de  cette  période.  Ces  Francs  étaient  pres- 
que tous  des  Normands  italiens.  On  sait  que  les  premiers  de  ceux-ci 
qui  posèrent  le  pied  dans  la  [lénin^ule  se  mirent  au  service  des  ducs 
et  calapuns  byzantins  de  Âicilo  et  de  Calabre  pour  combattre  les  Sar- 
msins.  bientôt  ils  tournèrent,  leurs  armes  contre  leurs  anciens  alliés 
el  cherchèrent  à  se  tailler  des  principautés  pour  leur  compte,  lanl 
aux  déiicns  des  Grecs  que  des  Infidèles.  Un  nombre  considérable 
cependant  allèrent  jusqu'à  Constantiuople  et  furent  princij>alement 
employés  par  tes  vasUeis  dans  la  lutte  incessante  contre  les  Turcs 
en  Asie.  C'est  de  ces  Normands-là  que  je  vaudrais  dire  quelques 


t.  De  Caerim.  Ed.  Bonn.,  t.  I,  p.  660. 


SETi  anrs  xoBXi^ins  kv  xr  siicut. 


291 


ttiots.  lu  passèrent  à  cette  époque  pour  les  meilleurs  soldats  des 
armées  byzantines.  Admirables  cavaliers,  ils  étaient  considérés 
comme  presque  invincibles,  disent  les  chroniqueurs  qui  célèbrent  à 
l'euvi  leurs  vertus  guerrières  :  «  ivîpe;  a;[j.5y.sfîîç  xai  zîXeiwxof, 
hommes  sanguinaires  et  belliqueux  i»,  dit  Michel  AlUiIiole  ^  Tout  en 
ne  pouvant  se  passer  d'eux,  tout  on  admirant  leur  courage  intrépide, 
on  ne  les  aimait  point  à  Byzance,  et  la  jalousie  çrecque  supportait 
impatiemment  ces  aujiliaires  aussi  arrogants  qu'indisciplinés,  sur 
lesquels  on  ne  pouvait  compter  :  «  çùtret  fàp  àhr.ff^ov  zh  *[^voç  xSn 
^tf^btv,  natura  entra  infidam  genus  Francorum  >,  dit  le  même  his- 
torien'. liCS  Normands  arrivaient  d'ordinaire  à  D,\zance  par  groupes 
de  plusieurs  centaines,  commandés  par  queb|ue  capitaine  qui  s'était 
couvert  de  gloire  contre  les  Sarrasins  eu  Sicile  ou  en  Calabre.  Beau- 
coup de  ces  chefs  de  compagnies  franches  ont  joué  un  rôle  capital  en 
Asie  au  xi'  siècle.  Trois  surtout  :  Hervé.  Robert  Crépin  ou  Crispin. 
et  Rousse)  de  Baillcul,  que  les  chroniqueurs  byzantins  nomment 
•Kf3i3»oç,  Kpi«:îvcç,  Oùpffi>.toç  OU  PuoiXioç,  sont  célèljres,  tant  par 
leurs  prouesses  guerrières  que  par  leur  turbulent  esprit  de  révolte 
et  leur  intraitable  indiscipline  qui  mirent  plus  d'une  fois  Tempiro  à 
deux  doigts  de  sa  perte. 

J'ai  eu  le  bonheur  de  retrouver  à  Hon^^tanlinople  le  sceau  de 
Roussel  de  Bailleul,  fort  altéré,  il  est  vrai,  mais  sur  lei|uel  le  nom 
grécisé  du  fameux  Normand  se  décbifïVe  sans  peine.  D'autre  part, 
M.  I^mbros  d'Athènc-<  m'a  cédé  le  sceau  de  Hervé,  également  aci]uis 
par  lui  à  Oonstanlinople  et  qui  est  en  parfait  état  de  consenation. 
Ce  sont  jusqu'ici  les  seules  reliques  connues  de  ces  chefs  fkmeux.  Ju 
n'ai  pas  retrouvé  le  sceau  de  Crispin  ;  je  ne  parlerai  donc  pas  de  oe 
personnage  célèbre.  Kptcsïvo;  s  •^p3tTTix(l>Xo;,  t'.répin  le  Francopoule, 
qui,  après  avoir  été  le  plus  brillant  capitaine  de  l'armée  d'Asie,  Qnit 
par  tomber  victime  de  la  jalousie  des  Grecs.  Ces  sceaux  de  plomb  de 
ces  guerriers  venus  des  bords  de  la  Manche  sont  pleins  d'intérêt  pour 
nous  autres  Occidentaux-,  on  y  lit  leurs  noms  grossièrement  grecisés 
comme  dans  les  climniques  byzantines,  airubles  de  titres  empruntés 
au  pom[>eux  catalogua  des  charges  ofticielles  de  la  cour  des  vasiieit; 
on  y  volt  leur  correspondance  officielle  ou  privée  placée  sous  l'invo- 
cation  de  la  Panagia  ou  de  saint  Nicolas,  le  grand  saint  asiatique. 
La  bizarrerie  des  noms  propres  exceptée,  rien  ne  dislingue  ces  sceaux 
de  ceux  d'un  haut  foncliounairc  purement  grec,  d'un  Tarchaniote, 
d'un  Catacalon  ou  d'un  Comnène,  et  ce(>endant  derrière  tout  cet 


■ 


1.  Kd.  Boaa..  I.  p.  107. 

2.  /Wd.,  p.  IÎ7. 


292 


KU!VGES    ET    DOCtTHR^TS. 


apparat,  rideau  puéril,  destiné  à  tromper  l'incurable  vanité  de  la 
cour  byzaiilinc.  les  chefs  francs,  ainsi  déguisés,  élaient  bien  demeu- 
rés les  rudes  ferrailleurs  d'Occident,  batailleurs  incapables  de  frein, 
dignes  devanciers  des  Taiicrède  et  des  Bohémond.  On  en  jugera  par 
le  rapide  résumé  de  leurs  hauts  fails.  tiré  des  chroniques  byzantines. 
Les  savants  éditeurs  du  premier  volume  des  Historiens  grecs  des 
croisades^  publiés  sous  les  auspices  de  l'Académie,  ont  consacré  aui 
récits  conLemporaîas  concernant  les  aventures  de  ces  capitaines  une 
place  importante  dans  la  preniiore  partie  de  ce  recueil,  première 
partie  qui  constitue  comme  une  introduction  naturelle  à  l'œuvre 
entière. 

1. 


Hervé  est  le  plus  ancien  en  date,  du  moins  pour  les  faits  concer- 
nant rhiâloire  d'Orient,  des  deux  chefs  dont  j'ai  retrouvé  les  sceaux. 
Nous  avons  bien  moins  de  renseignements  sur  lui  ijue  sur  Roussel. 
Cédrénus  est  de  tous  les  auteurs  celui  qui  le  cite  avec  le  plus  de 
deuils.  La  première  mention  qu'il  nous  en  fait  remonte  à  l'année 
1049,  lorsque  régnaient  à  Byzanœ  la  vieille  impératrice  Zoé,  et  son 
dernier  époux,  Constantin  Mononiaque.  Tandisqueles  Petchenèpuos, 
franchissanL  l'Hémus ,  etivabissaienl  la  Thrace  qu'ils  dévastaient 
affreusement,  le  sultan  des  Turcs  faisait  éprouver  le  même  sort 
aux  Lhèmes  des  frontières  d'Asie.  Bientôt  les  Pctchenègues  s  avan- 
cèrent sur  Andriiiople.  Une  prernicre  armée,  commandée  par 
Constantin  Arianite,  fut  complètement  défaite  à  DanUiolis.  Alors 
(Constantin  Monomaque,  dit  Cédrénus,  rassemblant  des  forces  nou- 
velliîs,  les  mit  sous  le  coinmanilernent  du  recteur  iNiccphore  l'eu- 
nuque, auquel  il  donna  pour  iieut-enauls  le  fjmurux  Catacalon, 
surnommé  ;  kîxouijlévc;,  el  Hervé  le  Fraiacopoule,  qui  comiuandail 
pourlors  lescontingenLf  de  sa  nation,  «  xi'i  'Ep^i^io^  Tbv^pflrff^TaoXsv, 
àp/cvTaTtîtTiT£-:û>v6ji.ûsi}v(Jv  ».  L'armée  imp(;riale,  traversant  l'Hémus 
et  les  Portes  de  t'er  jusqu'aux  Gwil  collines,  alla  se  retrancher  à 
Diocènc,  localité  toute  voisine.  La  présomption  du  racleur  valut  aux 
Grecs  un  désastre  complet.  Iler^é  et  ses  Francs  occupaient  l'aile 
gauche.  Les  Petchenèi^ues  enfoncèrent  l'armée  byzantine  qui  s'enfuit 
en  désordre.  Seul  Catacaloa  résisLa  plus  vigour^ïusemont.  Ici  nous 
perdons  de  vue  Hervé  pour  quelque  temps.  En  403^,  après  de  nou- 
veaux échecs,  l'empereur  désigna  comme  chef  suprême,  elhnarque, 
de  la  guerre  contre  les  Petchenègui^s,  Nicéphore  Bryennc.  Parmi  les 
contingents  qui  (Urenl  mis  sous  ses  ordres,  Hédrénus  énumére  :  tous 
los  alliés,  r,ivT:x  -i  3U[j.;u7t)ux,  les  archers  a  cheval  du  Telouch,  tes 


DEUX   C.HF.FS    VORMi^DS    XV    W"   SIECLE. 


293 


Francs  et  les  Varèguos.  ^pi^oti^  xai  Bapônsùç,  etc.,  etc.  Mais, 
dans  ce  passage,  Hervé,  qui  avail  très  probablement  continué 
à  commandiT  ses  compatriotes,  n*est  pas  nominativemonl  diisigné. 
Il  ne  re.fiarall  dans  in  récit  de  f.édrénuH  i|ue  six  ans  plus  tard,  en 
<057,  après  la  mort  de  Théodora.  au  moment  même  où  Michel 
Stratiotique,  à  peine  proclamé,  avail  déjà  réussi  a  indisposer  contre 
lui  les  chefs  de  Tannée  qui  s'étaient  déclares  sus  partisans,  et  aux- 
quels il  refusait  toutes  les  dignités  qu'il  leur  avait  promises.  Cédrénus, 
après  avoir  énuméré  les  principaux  parmi  les  méconlenls,  Isaac 
Gomnène,  Michel  Vourizès,  Bryenne,  ajoute  le  nom  de  Hervé  le 
Fraucopoulc.  Ici.  je  traduis  presquu  textufllemeuL  :  «  lit  le  nou- 
veau vasileus,  dit  lu  chroniqueur',  en  agit  de  même  à  l'égard 
de  Hervé  le  Francopoule,  qui  avait  combattu  jadis  en  Sidlc  aux 
côtés  de  Mnniaccs.  s'y  était  couvert  de  gloire  et  s'était  jusqu'à  ce 
jour  montre  constamment  l'ami  des  Grecs.  Non  seulement  l'em- 
pereur lui  refUsa  la  dignité  de  magister  qu'il  réclamait  avec  insis- 
tance, mais  il  le  congédia  avec  force  railleries  el  injures.  Hervé,  en 
véritable  barl>are  incapable  de  =10  maîtriser,  "  —  remarquez  cette 
forme  méprisante  :  dt  ^ippaçe^  xatt  tîjv  èfp)v  dbwtTicxsTc;,  —  «  ne 
put  tolérer  cette  insulte.  \e  songeant  qu'à  se  venger,  le  chef  franc 
demanda  et  obtint  son  congé,  sous  prétexte  de  regagner  sa  patrie, 
passa  Lout  au  contraire  aussitôt  en  Asie  et  se  retira  dans  les  terres 
qu'il  possédait  à  Dabarama  d'Arménie.  1^,  il  s'aboucha  avec  un  cot- 
tain  nombre  de  ses  compatriotes  qui  avaient  pris  leurs  canlonne- 
monts  d'hiver  en  cette  région,  en  débaucha  trois  cents  du  service  de 
l'empire,  pas^a  avec  eux  sur  les  terres  des  Infidèles  el  lit  alliance 
avec  le  turc  Saumk  ou  Siyamouk  qui  était  en  guerre  avec  les  Grecs. 
Cette  union  ne  dura  point;  bientôt  Turcs  et  Krancs  se  brouillèrent. 
Hervé,  qui  se  défiait,  malgré  les  apparences  soigneusement  conser- 
vées p;ir  Samuk,  conseilla  rainement  la  prudence  à  ses  compagnons. 
Un  jour  que  les  Francs  étaient  à  leur  repas,  ils  ftnent  ï^uhitemenl 
attaqués.  Sautant  sur  leurs  chevaux,  toujours  bridés  par  onlre  de 
leur  chef,  ils  repoussèrent  les  Turcs  après  un  violent  combat,  et  en 
tuèrent  un  grand  nombre;  les  survivants  se  sauvèrent  à  Chlial. 
Malgré  le»  prières  de  Hervé,  les  Francs  voulurent  les  y  suivre. 
L'émir  de  Ohliat,  Aiwu  .\asar,  Xîtovâoof,  venait  précisément  de  leur 
faire  des  ouvertures  de  paix.  Ils  voulaient  se  reposer  dans  celte  ville 
importante  sise  sur  le  lac  Van  et  se  refaire  au  bain  des  fatigues  de  la 
lutte.  En  vain,  Hervé  les  mit  en  garde  contre  la  perfidie  de  l'émir. 
Les  voyant  sourds  à  sa  voix,  il  les  accompagna  à  Cbliat,  les  sup- 


1.  CédrénM,  Ed.  Bonn.,  t.  Il,  pp.  616  et  atiiv. 


2»4 


)ttfU?rCBS   ET  DOCtmSTTS. 


pliant  pour  le  moins  de  ne  pas  quitter  leurs  armes.  Eux^  à  peine 
entrés  dans  la  ville,  se  mirent  à  boire.  L'émir,  de  son  côté,  après 
s'être  concerLé  avec  Samuk,  enjoignit  secrètement  à  tous  les  habilanis 
d'avoir,  à  un  si^'nal  donné,  à  s'emparer  de  leurs  hôtes  morts  ou  vife. 
Quand  Les  Francs,  épuises  de  débauches,  se  fbrent  endormis,  on  tua 
les  uns.  on  lia  les  autres  ;  i^ielques-uns  s'échappèrenl  en  sautant  du 
haut  de  la  muraille.  Hervé  ftii  (>ris  el  mis  aux  fers.  Abou  Nasar  flt 
aussitôt  nmndor  à  l'empereur  qu'il  lui  offrait  ol)éis.sanoe  et  qu'il 
tenait  captif  son  capitaine  rebctle.  » 

De  ce  récit  du  chroniqueur  grec  qui  renferme  à  peu  près  (oui  ce 
que  nous  savons  sur  Hiîrvè,  je  retiendrai  deux  ou  trois  points  impor- 
tants. Tout  au  déhuL,  OwJrénus  nous  dit  que  le  chef  normand  avait 
combattu  précéderament,  en  Sicile,  aux  côtés  de  Georges  Maaiacès- 
Or,  la  dernière  campagne  de  cr  patrice  dans  l'Italie  méridionale  eut 
lieu  en  1038.  Il  aborda  à  Bari  avec  Sfondrilus,  patrice  et  duc;  tous 
deux  passèrent,  en  Sicile,  où  Maniacès  battit  à  plusieurs  reprises  les 
armées  sarrastiics.  Le  même  Cédrénus  nous  apprend  '  que  Maniaces 
fut  à  cette  occasion  secondé  par  un  corps  de  cinq  cents  Francs  d'au- 
delà  des  Alpes  :  «  xjtt  4»piYY0uÇ  wevTaxoatcu;  a^b  tôv  irspav  twv 
"AXîrewv  Vaklwf  [tÂxa.r.z\t:^^tf:xç  ».  Leur  chef  était  Ardouin,  que 
Cédrénus  qualifie  de  seigneur  indépendant,  «  /ùpaç  tivbç  ap^cvr*  xal 
ûrà  |j.iriSev&{  àrfà^vt*.  Après  la  disgrâce  de  Mani»cès.  son  successeur 
le  calapaii  Michel  Doricii  ou  iJuIcien  se  brouilla  aviw  les  Francs 
(1039),  leur  refusa  la  part  de  butin  promise,  .^e  battit  contre  eux  et 
fut  vaincu  à  deux  reprises.  Le  pa.s8age  de  Cédrénus  nous  apprend 
quB  Hervé  dut  être  un  des  chefs  de  ces  cinq  cents  Normands.  Il  est 
probable  que  c'est  à  la  suile  do  ces  événements  ifue  lui  et  les  siens 
passèrent  en  Orient  ;  en  tous  cas,  ce  dut  être  entre  les  années  1 039 
et  404». 

Gé^lrénus  nous  donne  également  ce  dêlail  intéressant  que  Hervé 
possédait  dans  le  thème  Arméniaque  une  demeure  nommée  Dabarama  : 
«  ànîkbv*  èv  rii  KXT j  Tîv  'Apti.svtaxcvoîx(ct  aitoû,  ttj  AaSatpâiAt]  j».  U  s'agît 
évi{lcrament  là  d'un  de  ces  fiefs  militaires  que  les  empereurs  concé- 
daient principalement  dans  liw  thèmes  frontières  et  auxquels  M.  Ram- 
haud  a  rxïn.sacré  un  des  plus  intéres.-wints  chapitres  de  sa  belle 
étude  sur  l'empire  izrcc  au  x*  siècle.  Nous  voyons  que  d'autres 
Francs,  ceux  que  Hervé  débaucha,  avaient  pris  leurs  quartiers 
d'iiiver  dans  la  même  localité.  Du  reste,  je  le  répète,  uu  fait  domi- 
nant dans  tous  ces  récits,  c'est  le  nombre  considérable  à  cette 
époque  de  cos  guerriers  normands  dans  les  rangs  dos  armées  irapé- 


t.  Ed.  Bonn.,  p.  &4â. 


DEDX    CBEFS    MORHllDS   AD    XI*   5IBCI.E. 


295 


riales.  Les  Francs,  si  ■I*pi-fTc'i  sont  partout  :  Galacalon.  allant  soule- 
ver les  troupes  contre  rempereur  Michel  Stratiotique  au  profit 
d'Isaac  r«oaiiiène,  en  rencontre  deux  lé^'ions  campées  près  de 
Nicomédie.  Dans  la  bataille  livrée  au  pied  du  moiU  Sophon,  qui 
décida  du  s^uccès  du  prétendant,  de  nombreux  Francs  comballaienl 
pour  Stratiotique  sous  les  ordres  de  leur  compatriote,  le  palrioe 
Raodolphe.  qui  Ùit  Tait  prisonnier. 

A  partir  de  la  catastrophe  de  f.hliat  qui  lui  coûta  la  liberté^ 
Hervé  n'est  plus  mentiouDé  par  Cédrénus;  les  autres  chroniqueurs 
n'en  parlent  pas  davantage. 

I.ie  magnifique  sct^u  du  capitaine  noiinand  que  j'ai  eu  la  bonne 
fortune  de  retrouver  oirre  au  droit  le  buste  de  saint  Pierre,  un 
des  saints  le  plus  rarement  figurés  sur  les  bulles  byzantines, 
mais  qui,  par  contre,  se  rencontre  fréquemmeul  sur  les  mon- 
naies et  les  sceaux  des  princes  normands  ditalie  ou  de  S^rie.  Au 


rêver?,  une  longue  légende  en  sept  lignes  donne,  après  la  formule 
traditionnelle  :  KITIK  BOlieFJ  Tû  CÛ  AOl'AQ.  le  nom  de  Hervé 
écrit  flous  sa  forme  grecque,  EPBEBIOC  O  «M'AlTOIlûAOr.. 
comme  dans  Cédrénus,  suivi  des  litres  de  magister,  de  ivstiariteci 
de  ttraiiiate  de  l'Orient  ou  de  TAnalolio  :  F.PREBIÛ  MAriCTPÛ 
BECTH-  (pour  BECTHAPiTH)  S  CTPATH.\ATH  TH[C]  ANA- 
TOAHrC]  TQ  «t>PArOlia,\U.  Le  premier  de  ces  litres,  celui  de  ma- 
gister, est  précisément  celui  que  Michel  Stratiotique  reftisa  si  dure- 
ment d'accorder  à  Her\'é;  le  second  est  une  autre  dignité  de  cour  ^ 
le  troisième,  celui  de  straltlate  ou  chef  miUlairc  des  contingents 
d'Anatolie  ou  de  l'Orient,  est  bien  plus  important.  Notre  sceau  est 
donc  postérieur  à  la  disgrâce,  à  la  rébellion  cl  a  la  captivité  de 
Hervé.  Très  peu  de  temps  après  ces  événement,  Michel  Stratiotique 
fut  renversé,  on  le  sali,  par  les  chefs  militaires  qu'il  avait  froissés 
par  ses  mépris,  et  détrôné  au  profit  d'Isaac  Comnène.  Il  n'est  pas 


396 


mSUfCRS  ET  nocntsTTTS. 


téméraire  de  supposer  que  Henô  réussit  promptemcnt  à  se  racheter 
des  mains  de  l'émir  <je  Chliat,  et  courut  faire  acte  d'adhésion 
au  gouvernement  nouveau  succédant  à  celui  qui  lui  était  hostile. 
Isaac  Comnène  le  récompensa  en  lui  conférant  la  fligniLc  palatine 
quy  lui  avait  refu^éi;!  Michel  VI,  ef  en  l'élevant  à  un  des  premiers 
comniandement.s  niilitaire^^,  lémoignaf^e  éclatant  de  ta  hrillanle  répu- 
tation que  s'était  acquise  l'indocile  capitaine.  En  conséquence,  ta  bulle 
dont  Je  donne  ici  le  dessin  remonte,  suivant  toutes  probabilités,  à 
l'époque  du  règne  fort  court  d'isaac  I"  Comnène,  fondateur  de  la 
grandeur  de  sa  maisun,  c'est-à-dire  entre  <057  et  *059. 


n. 


Les  détails  que  nous  possédons  sur  Roussel  de  Baîlleul  sont  plus 
nombreux  que  ceux  que  nous  avons  sur  le  compte  de  Hervé.  Ds  nous 
sont  fournis  principalement  par  Michel  Attaliote  et  Nicéphore  Itryenne 
qui  furent  li^s  œnlempurains  du  Nunnaitd.  Atmu  Comnène,  Zonaiiis, 
Juan  Sc^litzéâ,  Michel  Ctijcas,  etc.,  parlent éb'alemeut  du  fameux  chef 
d'aventuriers.  Au  droit  de  son  sceau  ligure  un  des  types  classiques 


de  la  siKÏHographie  hjzanlino,  le  (buste  |di'  pa  Vierge  dans  l'atlitudc 
de  l'oniison,  portant  sur  la  poitrine  le  médaillon  du  Christ,  nntrelcs 
sigles  accoutumées.  Au  revers,  on  lit  la  léficndc  :  9KE  B0  TÛ  l'.Q 
AOrA'  OrPCEAH  BEOT  •  TÛ  '^PA^O^  powreEOTOKE  RO110EI  TQ 
CÛ  AOTAD  OrPCEAHÛ  RECniAPlTH  TQ  ^PArrOnQAQ.  Mn-e  de 
Dieu,  prMe  secours  à  ton  serviteur  Oursel,  vestinrifc,  ie  Franco- 
pmtie.  Le  prénom  du  chef  normand  psI  ici  écrit  comme  dans  Bryennc 
et  Anne  îlomnène  qui  le  n^mmc^nf.  loujmir.s  :  OûoséXisç,  OùptréXtoç  5 
'l*p*rfci;,  Urseliui.  Attaliote,  Scylitzoa  et  Zonarasécrivenlau contraire 
'PoucÊXioç,  liusselius. 

Dans  ses  nutcs  à  !>ficéphore  Brijenne^  Du  Gange  a  consacré  à 
Roussel  de  Bailleul  et  à  ses  origines  prolmbles  une  note  fort  détaillée 


t.  Ed.  Bonn.,  p.  219. 


DEUX  CHRPS    MOnilkHIlS    iV    XI*    SIECLE. 


S» 


dont  je  me  bornerai  à  reproduire  quelques  déUiils  indispensahles, 
avant  de  passer  au  rédl  des  Taits  el  gestes  de  noire  personnage  en 
Orient,  lesqueU  nous  intéressent  plus  particulièrement  ici.  «Roussel  ou 
Oursel,  dit  Du  Gange,  de  la  noble  famille  des  Bailleul,  un  des  plus 
illustres  parmi  les  capitaines  normands  qui  d'Italie  |)asserenl  eu 
Orient  ot  s'j  illustrèrent  au  service  des  empereurs,  était  venu  en 
Pouille  avec  Buliert  Guiscard  et  les  autres  lîls  de  Tancrède.  Il  s'alta- 
cha  principalement  a  la  fortune  de  Roger,  frère  de  Robert,  et  s'acquit 
une  renommée  si  grande  dans  lerf  Uillea  contre  les  Sarrasins  que  le 
chroniqueur  contemporain  G.  Malaterra,  qui  nous  a  dit  son  nom 
de  fttmille,  lui  attribue  une  part  principale  dans  les  succès  rem- 
portés par  les  Xurnijuids  à  cette  époque,  soil  vprs  l'an  *0iî9  ».  Du 
Onnge,  après  avoir  rapidement  résumé  les  récits  bjzantinis  concer- 
nant l'bisloire  de  Rou.ssel  en  Orient,  consacre  le  reste  de  sa  note  à 
l'étude  des  diverses  familles  du  nom  de  Ballleul.  Il  est  difficile  de 
dire  à  laquelle  de  celles-ci  appartenait  Roussel.  Je  dois  ajouter  que 
le  moine  Aymé,  dans  son  Butotre  de  li  Normant^  éditée  en  <835  par 
M.  r.hampollion-Kigeac  sous  les  auspices  de  la  Société  de  l'Histoire 
de  France,  a  consacré  plusieurs  paragraphes  de  son  premier  chapitre 
aux  aventures  orientales  de  Roussel,  qu'il  nomme  LIrselh;  mais  ce 
récit  conftis  ne  m'a  fourni  presque  aucun  fait  nouveau. 

A  la  suite,  très  probablement,  de  dlssentimpnls  avec  d'autres  chefs 
normands,  Roussel,  vers  le  coramenc*'nieat  de  l'an  (070.  passa  en 
Orient  où  Tattirail  avec  bien  de  ses  compatriotes  le  bruit  de  la  lutte 
héroïque  soutenue  par  Romain  Diogene  contre  le  sultan  des  Turcs. 
Un  autre  chef  normand  célèbre,  Roiierl  Crispin  ou  Crépiii ,  le 
KptTRtvoç  des  Byzantins,  l'avait  précédé  dans  cette  exode  d'Italie  en 
Romanie  et  combattait  déjà  sous  la  bannière  impériale.  Sur  celte 
phase  nouvelle  de  la  vie  de  Roussel,  les  détails  al>ondenl  dans  les 
chroniqueurs.  Je  les  rapporterai  le  plus  brièvement  possible,  suivant 
de  préférence  les  récits  de  Bryenne  et  plus  encore  ceux  d'AltaUote. 

OursiM  avait  amené  avec  lui  un  corps  assez  nombreux  de  ses  coro- 
patriult>s.  VUistoire  de  ti  Mormant  nous  dit  qu'il  s'illustra  d'abord 
en  triomphant  de  la  «contrée  de  Slavonie*  ;  il  ït'agit  sans  doute  la  de 
quelque  expédition  victorieuse  contre  les  Ouzes  et  les  I^tcbencgues. 
Le  célèbre  Normand  parait  pour  la  première  fois  dans  le  récit  d'AUa- 
liole.  lors  de  la  dernière  campagne  de  Romain  Oiogene,  qui  devait  se 
terminer  si  fatalement  pour  le  malheureux  empereur  C'était  au 
printemps  de  1071.  De  Sebaste.  Romain  s'éUiil  porté  en  avant  avec 
l'armée  et  avait  dépassé  Colonêi',  voulant  aller  atl;u|uer  le  sultan  Alp- 
Arslan  sur  son  propre  territoire.  Il  cam^â  quelques  jours  à  .\r2en  et 
lança  en  éclaireurs  dans  ta  direction  de  Obliat  des  contingents  ouzes 


39S 


néU'Cr.BS   ET    OOCrMRTT». 


et  germains,  puis  la  ^'ardo  impériale  commandée  par  Josepb  Tarcha- 
niotc,  enfin  les  Francs  de  Roussel,  «  àvSpc;  risôcvoûç  îtx?«  ytXp%  t,  dit 
All.ilJoLe,  «  7£vva!ou  xat  zzXii^xxst^t  »,  ditScylitJscs.  Dhliat  élait  aux  mains 
des  Turcs.  Itunmin  lui-même  marcha  sur  la  place  forte  de  Mantzi- 
kierl,  l'enleva  rapidement,  et  presque  aussitôt  rencontra  le  sultan. 
Alors  s'engagea  la  bataille  fameuse  qui,  le  26  août,  au  troisième 
jour,  se  termina  par  la  défaite  et  la  (vipLivIlé  de  Romain.  Pendant 
cette  journée  et  celle  de  la  veille,  l'empereur  avait  vainement  attendu 
l'arrivée  du  corps  détaché  à  GhliaL.  Il  se  passa  là  des  faits  obscurs. 
Très  certainement  le  sultan  dut  envoyer  dans  cette  direction  des 
forces  nombreuses^  doslinêcs  à  tenir  en  échec  Roussel  et  le  Tarcha- 
niote.  U'aulrc  part,  il  est  aussi  certain  que  les  contingents  ouzes 
passèrent  à  rennenii.  Les  chroniqueurs,  tous  d'accord  sur  ce  point, 
le  sont  moins  sur  le  compte  de  Roussel.  Altalioto  l'accuse  formolle- 
menL  de  lâcheté,  le  traite  de  niiséralyle,  et  raconte  qu'à  l'arrivée  des 
Turcs,  il  se  retira  honteusement  avec  ses  Krancs,  à  travers  le  thème 
Arméniaque,  sur  les  terres  de  l'empire.  Il  semble  plus  probable  que 
Roussel,  attaqué  par  des  forces  supérieures,  ne  put  songer  à  secourir 
l'empereur  et  dut  se  retirer  précipitamment  à  la  nouvelle  du  grand 
désa-slre  de  Mantzikiert. 

Nous  retrouvons  bient6t  après  notre  chef  normand  au  faite  des 
honneurs.  Romain  Dio^ne  était  mort  misérablement.  L>*empereur 
filichet  Ducas  retenait  seul.  Robert  Grispin  aussi,  aprèâ  des  avon- 
turcs  diverscfi,  avait  péri  par  le  poison,  victime  d'habiles  intrigues. 
Roussel  lui  âurc^Via  en  ijualilc  de  généralissime  d«s  contingenta  francs, 
très  nombreux  alors  dans  les  armées  impériales.  Attaliote  les  cito 
presque  à  chaque  page.  Une  nouvelle  armée  alla  opérer  contre  les 
Turcs  en  ^073;  on  en  donna  le  commandement  au  jeune  Isaac 
lïnmuéne,  ^rand  dnini'!sti((ue  des  scliole-s  d'Analolie.  Oursel  lui  fut 
adjoint  avec  quatre  cents  Francs  :  «  ô  4>pi-n'oî  OupoéXtoç,  t^ç  ÉTaip{«c 
ù)v  To3  KpiTnfvou  xaù  rfit;  èxîfvou  xiTâp/.iiïv  ^âXorn-oç,  itE  èxelvou  th 

Rienlôl,  sous  un  futile  prétexte,  le  chef  normand,  vers  Iconium 
ou  Césarée,  quitta,  l'armée  avec  ses  liomnies,  trahison  qu'il  méditait 
depuis  longtemps  au  dire  de  Rryenne,  et  se  mit  à  tenir  la  campagne 
pour  son  compte,  pillant  et  rançonnant  la  Lycaonie  et  la  Galatie, 
for<;anl  villes  et  châteaux,  baltanl  Turcs  et  Grecs,  cherchant  à  se 
tuilier  une  princi|Ki.uté  dans  ces  contrées  eu  proie  à  l'anarchie  d'une 
guerre  interminable.  Dp  nombreux  aventuriers  se  joignirent  à  lui. 
Isaac  Gomnene,  qui  voulait  le  faire  poursuivre,  en  fut  empêché  par 
l'approche  subite  de  l'arroépi  turque.  Les  impériaux  furent  battus  et 
Is&ac  fait  prisûunier,  ce  qui  donna  a  Roussel  quelque  répit.  On  confia 


DEDX    CMKf%   IMORMANnS    iO   XI*  Slft<:LE.  399 

le  soin  de  le  dompter  au  propre  oncle  du  jeunn  eni[>ereur,  le  célèbre 
césar  Jean  Ducas,  celui-là  niéme  qui  avait  été  le  principal  inslru- 
ment  de  la  perle  de  Romain  Dio^ene.  Le  césar  p;i:>sa  en  Asie  avec 
une  Torte  armée;  au  pont  de  Zompi,  sur  le  haut  Sangare,  non  loin 
d'Amorium,  sur  la  limite  des  thèmes  AnaloUque  et  de  Cappadoco. 
il  rencontra  Oursel  le  l>arb.irc,  «  tcv  ^iç^zcm  »,  comme  l'appelle 
Bryonne,  et  ses  cavaliers  francs.  Le  césar  avait  avec  lui  les  corps 
de  la  t^arde  armés  de  boucliers  et  de  haches,  et  d'autres  f'rancs  que 
Br^emie  appelle  des  Celtes.  KeXTo{,  guidés  par  leur  cht^f  Papas. 
Mc(!phore  Botaoiatc.  le  Futur  empereur,  commandait  les  Phrygiens, 
les  Lycaoniens  et  les  autres  Asiatiques  qui  formaient  l'arrièrc-garde. 
Oursel  commença  par  débaucher  Papas  et  le  reste  de  ses  «tmpalrioies 
qui  passèrent  de  son  côté.  La  bataille  «^'enga^a,  et  les  Francs,  les 
barbareit  comme  les  nomme  conslamnicnl  Bryenne,  furent  compièLe- 
ment  vainqueurs  et  firent  un  immonse  carnage.  Le  césar  fut  pris  de 
la  propre  main  de  Roussel.  Son  (ils,  Androiiic  Ducas,  également  pri- 
sonnier des  Francs,  ftit  presque  aussitôt  relâché.  Le  condottiere 
victorieux»  dont  la  renommée  avait  soudain  démesurément  lerandi, 
poursuivit  sa  mnrche  avee  une  année  nolahlemcnt  jtocrue,  train.inf 
avec  lui  son  augusU*  caplif.  L  e^iprit  échautle  |)ar  If  succès,  il  rêvait 
déjà  le  pouvoir  suprême;  traversant  toute  ht  BiLhynie,  prenant  les 
villes  les  unes  après  les  autres,  il  alla  camper  aux  porter  de  la  capi- 
tale el  hrùla  les  édlBces  de  Chrysopolis.  Cependant,  pour  se  faire 
recomiaitre  par  les  Grecs,  il  sentait  bien  qu'il  lai  fallait,  à  lui  un 
étranger,  quelque  homme  de  paille,  sous  le  nom  duquel  il  pût  exercer 
l'autorité  véritable.  Il  persuada  donc  à  son  prisonnier,  le  césar, 
de  SB  laisser  proclamer  empereur.  Le  couronnement  eut  lieu  à  Nico- 
médie.  Coustantinuple  trembla.  Michel  Ducas,  en  face  de  ce  préten- 
dant nouveau  si  formidabtemeni  appuyé,  ne  sachant  quel  parti 
prendre,  chercha  à  gagner  Roussel  en  lui  olTrant  la  dignité  alors 
fort  prisée  de  curopalate,  et  lui  renvoya  sa  femme  et  ses  enfanta  pour 
lâcher  de  le  lléchir.  En  même  temps,  en  vrais  Byzantins,  l'empereur  et 
son  ministre,  le  fameux  logotbète  Nicephore,  négociaient  secrètement 
aTec  les  Turcs  pour  arriver  à  se  débarrasser  par  leur  moyen  du  ter- 
rible aventurier.  Leurs  inlrifj;ues  llnirent  par  réussir,  et  le  Turc 
Artouch,  très  probablement  Urtok,  alléché  par  des  subsides  considé- 
rables, marcha  sur  Roussel  à  la  tète  dune  immense  armée.  Les 
Francs  qui  faisaient  trembler  lemporeur  et  l'empire  éUienl  au 
nombre  de  deux  mille  sept  cents  ou  trois  mille.  Avec  eux  combat- 
taient les  pjirtisuns  du  césar.  Le  choc  eu(  lieu  aux  pieds  des  contre- 
fortâ  septentrionaux  du  mont  Soplion.  LesUrséliens  et  les  Césariens, 
comme  les  désignent  les  chroniqueurs,  commencèrent  par  enfoncer 


306 


MriLiMr.RR    ET    DOCTMBTTS, 


ravant-garde  enocmio;  entraînés  par  Tardeur  de  la  poursuite,  les 
cavaliers  francs  tombèrent  inopinément  sur  le  groa  de  l'armée  turque, 
forte  do  cent  mille  hommes,  chifTre  certainement  fort  exagéré.  Acca- 
blés par  le  nomlire,  après  une  résistance  désespérée,  couverts  de 
flèches  qui  tuaient  leurs  chevaux,  après  des  charges  rêpclées  qu'ils 
exécutaient  sous  le  couvert  de  leurs  boucliers  étroitement  unis  les 
uns  aux  antres,  les  Francs  furent  vaincus  et  succombèrent  en  grand 
nombre.  Roussel  nt  Je.in  Diicas  furent  faits  prisonniers.  .lean  Ducas 
fbt  racheté  aussitôt  par  l'empercnr,  son  neveu,  qui  craignait  qu'il  no 
devint  un  instrument  aux  mains  des  Infidèles.  Roussel  jirévint  un 
sort  («reil  en  se  rachetant  lui-même  à  l'aide  d'une  forte  somme  que 
lui  fournil  promptemcnt  sa  femme,  rcfligiéc  avec  les  Francs  survi- 
vants dans  la  forteresse  de  MéUiliole;  puis,  traversant  harijimenl 
avec  eux  et  sa  famille  une  contrée  infestée  de  partis  ennemis,  il  se 
retira  dans  ses  anciens  cantonnements  du  thème  Arméniaque  où  U 
avait  vraisomblaldcment  un  Hef.  Là,  il  recommen<;a  à  tenir  la  cara- 
pace et  rouvrit  aussitôt  les  hostililés,  pillant  les  villes,  prenant  les 
forteresses,  battant  impériaux  et  Tuixvs,  et  menaçant  les  grandes 
cités  maritimes  du  Pont.  Six  mille  Alaina  envoyés  contre  lui  sous  le 
commandement  de  Nicephore  Paléolotjue  se  débandèrent  ou  furent 
iKittus  par  ses  avant-postes. 

Alors  l'empert-ur.  voulant  en  finir  avec  cet  infatigable  adversaire, 
confia  le  soin  de  sa  poursuite  au  brillant  Alexis  t'iomnéne,  le  futur 
Alexis  I".  La  détresse  de  l'empire  était  telle  que  le  jeune  capHaine 
dut  partir  sans  argent  et  presjjue  sans  soldats.  Près  d'Amasia,  il 
rallia  Itîs  Alains  ilébandés  et.  remédiant  à  sa  faiblesse  par  la  ruse, 
comrnen^'a  par  alTamer  les  troupes  de  Roussel.  Sur  son  ordre,  les 
villes  fermèrent  leurs  portes  et  ne  li\Térent  plus  de  vivres  aux  Francs. 
Un  événement  inattendu  dénoua  brusquement  la  situation.  Roussel, 
apprenant  lan'ivée  sur  les  terres  de  l'empire  du  sftldjoukide  Tutuch 
ou  Toulauh  a  U  tétc  de  forces  c<)nsidé râbles,  lui  avait  fait  demander 
alliance.  Tutuch  lit  mine  d'accepter,  mais,  ^agné  par  les  habiles 
messages  d'Alexis,  il  n'attira  Oursel  dans  son  camp,  sous  prétexte 
d'une  entrente,  que  pour  s'emparer  de  sa  personne.  Au  moment  où 
lus  Francs  désarmés  prenaient  place  sans  défiance  à  un  banquet.  Us 
furent  saisis  et  liés;  Onrsel  ftil  livre  enchaîné  à  Alexis.  Tous  les 
Francs  disperses  en  Romanie  mirent  bas  les  armes. 

Je  passe  sur  un  fort  long  récit  de  Bryenne  tout  à  la  gloire  d'Alexis 
Gomnène,  récit  que  sa  fille  Anne  a  reproduit  in  extenso,  racontant 
les  négaciaLions  et  les  démêlés  du  jeune  général  avec  les  habitants 
d'Amasia  au  sujet  de  la  captivité  et  de  la  rao^un  du  chef  normand. 


DEVX  CBErs   ^OHMi^lDS  iD   XI*  SIBCLK. 


ao4 


l'habile  conduite  de  Comnène,  son  slratJipéme  pour  arracher  Roussel 
à  la  fureur  populaire,  el  les  péripoiies  de  sou  retour  à  Coostautinople 
avec  son  précieux  prisonnier.  C'était  vers  la  Hn  de  l'année  1073. 
Alexis  trouva  a  iléracléc  une  lettre  de  lerapereur  le  mandaiil  incoii- 
Uneul  â  Coustaiiliuuplc.  Il  achera  le  va>a{^  par  mer  pour  éviter  la 
roule  de  terre  infestée  par  les  partis  ennemis.  L'empereur  lui  fit  bon 
accueil.  Roussel  futjelë  dans  un  borrihle  cachot,  lié  comme  une  bétc 
fauve;  il  y  serait  mort  dt!  faim  sans  la  générosité  d'Alexis  qui  le 
bisail  secrètement  secourir.  Par  ordre  de  l'empereur,  le  malheureux 
fut  soumis  a  mille  tortures,  cruellement  fustigé  a  coups  do  nerfs  de 
bcBUf,  et  traité,  dit  Attaliole,  plutôt  commu  un  vil  esclave,  que  comme 
UQ  capitaine  si  souvent  victorieux  des  ennemis  de  l'empire. 

Nous  perdons  un  Tue  Roussel  jiendant  quelques  années.  Il  est  fort 
probable  qu'il  passa  presque  tout  ce  temps  dans  celle  dure  prison. 
Nous  le  retrouvons  à  la  flu  de  <077,  au  moraenL  ou  la  double  révolte 
de  Nicéphore  Botaniale  en  Asie  el  de  Brjennc  eu  Kuropc  allait  ftûre 
tomber  le  prince  détesté  qui  depuis  six  ans  régnait  à  lîyzaucc. 
Michel  VII,  aux  abois,  attaqué  jusque  sou.s  les  uiurs  de  sa  capitale 
par  les  troupes  de  Jean  Bryenne.  frère  de  l'un  des  prétendants,  après 
avoir  inutiirmcnt  invoqué  l'appui  des  Tuns,  songea  a  Roussel,  le- 
quel, dit  Atlatiule,  éUiit  plus  élruilenient  emprisonné  (jue  jamais 
pour  avoir  voulu  quelques  semaines  au|Ktravanl  s'évader  el  rejoindre 
Botaniale.  Le  Normand,  comblé  de  promesses  d'honneurs  el  île  digni- 
tés, jura  à  nouveau  fidélité  à  l'empereur  dans  le  saint  oratoire  des 
Btachernes  et  Ait  mis  derechef  a  la  Léto  das  Varcgues  et  iIcs  Francs. 
11  chercha  vainement  d'abord  à  débaucher  ceux  di;  ses  compalriolcs 
qui  combattaient  pour  lîryenne,  puis,  lui  et  Alexis  Comrienc,  soute- 
nus par  ly  lloltc,  coururent  attaquer  Jean  Bryennc  à  Athyra,  le  sur- 
prirent et  lui  lireut  éprouver  une  défaite  sanglante. 

(îepcndanl  chaque  heure  nouvelle  voyait  le  triomphe  plus  complet 
de  Botauiate,  le  prétendant  d'Asie.  Les  chefs  militaires  passaient 
successivement  à  lui,  à  mesure  qu'il  se  rapprochait  de  la  capitale  ; 
Roussel  finit  [mr  faire  de  même.  Knvoyé  par  l'empereur  .Micliel, 
après  son  succès  d'Alhyra,  pour  enlever  Hérach^  de  Thniceaux  sol- 
dats de  Bryenne,  il  s'empara  de  celte  ville  sans  coup  férir,  mais,  au 
heu  d')  rétablir  rautorile  du  souverain  lépitime.  il  y  procl.ima  son 
adhésion  au  gouveniemcnt  de  Botaniale.  Prc5(|ue  au  même  momenl, 
celui-ci  faisait  a  Constantinople  son  entrée  viclorieusi',  tandis  que 
l'incaitablc  Michel,  abdiquant  eu  sa  faveur,  courait  sVnlermer  dans  un 
monastère.  Cette  trahison  tardive  ne  devait  point  protiter  a  Roussel; 
il  péritf  à  la  fia  du  mois  de  mars  tu7K,  fort  peu  de  jours  après  lo 


302 


HiLATTÛES   KT    DOCtTVEXTS. 


triomphe  définitif  de  celui  auquel  il  s'était  rallié.  Ici,  les  récits  des 
chroniqueurs  (iiflerent  assez  uulableiDeul.  Br^euae  raconte  qu'à  la 
chntft  de  Michel,  son  fameux  ministre,  le  logothèteNicéphore,  courut 
à  Selymvria  se  réfugier  auprès  de  Roussel,  et  chercha  à  l'entraîner  à 
rejoindre  avec  lui  Tarmée  de  Brjenne.  Mais  Roussel,  repoussant  ses 
propositions,  le  fit  encliainer  et  t'envoya  à  Hotanlale.  Scylitzès  dlil, 
au  contraire,  qu'Ourscl,  après  avoir  caché  quelque  temps  le  loj.'OthèUî 
qui  était  venu  le  retrouvera  llcrdcléc(et  non  à  ScljmvriaJ,  fut  empoi- 
sonné par  lui,  et  qu'alors  la  femme  et  les  enfants  du  capitaine  nor- 
mand livrèrent  le  meurtrier  au  nouvel  empereur.  Zonaras  dit  bien 
qu'Ourse]  fil  mettre  aux  fers  le  logothèle,  mais  il  ajoute  que  le  Nor- 
mand mouru!  presfjue  aussiUjt  après,  d'une  manière  fort  subite,  et 
que  ses  soldats,  persuadés  qu'il  avait  été  empoisonné  par  son  prison- 
nier, livrèrent  celui-ci  à  Bolaniate.  AtU'iliote  est  presque  d'accord 
avec  Zonaras,  cl  raconte  comment  le  loKolbèlc  et  son  plus  fidèle 
acolyt<i,  le  grand  hétériar4)ue  David,  réussirent  à  gacner  à  cheval  avec 
quelques  i>artisaiis  la  ville  d'Héracléc,  où  ils  furent  massacrés  parles 
soldais  û\.',  Roussel  qui  les  accusèrent  d'avoir  empoisonné  leur  chef. 
Au  milieu  de  ces  récits  divers,  un  fait  parait  certain,  c'est  que  le 
célèbre  avenlurier  périt  de  mort  subite  et  quelque  peu  mystérieuse, 
au  inomcnl  m^me  de  l'élévation  de  \iot'!phore  Botaniata,  soit  vers  les 
mois  de  mars  ou  d'avril  <078. 

Le  simple  titre  de  vestiarîle  ou  vestite  qui  figure  sur  le  sceau  de 
Roussel  prouve  (|ue  ce  petit  monument  date,  suivant  toute  vraisem- 
blauce,  de  la  première  épo<pie  du  séjoiu'  du  capitaine  normand  en 
Orient,  lorsqu'il  n'était  encore  qu'au  début  de  sa  courte  carrière 
d'honneurs  et  d*r  dignités.  Plus  tard,  Roussel  dut  ftiire  graver  sur  son 
sceau  des  titres  bien  autrement  importants. 

On  a  vu  que  te  (irand  hétériarque  David,  chef  suprême  des  bélai- 
rîes  ou  corps  étrangers  de  la  garde,  joua  aux  côtés  de  son  patron,  le 
trop  fameux  logolhele,  nu  rôle  assez  obscur  dans  la  fin  tragique  de 
Roussel,  et  qu'il  paya  de  sa  vie  la  mort  de  l'aventurier  normand.  Ce 
David,  dont  les  fonctions  étaient  fort  importantes,  semble  avoù*  été 
l'âme  damnée  du  logolhète  et  uu  des  exécuteurs  ordinaires  de  ses 
sanglante:^  exécutions.  Attalioto.  raconte  que  cxt  fut  lui  qui,  par  ordre 
de  son  maître,  arra^'ha  violemment  lo  vénérable  évéque  d'Icone  du 
sanctuaire  de  Sainte-Sophie  où  il  avait  cherché  un  refuge,  et  le  fll 
traîner  hors  de  l'église  devant  l'empereur  Michel. 

J'ai  eu  la  bonne  fortune,  parmi  les  quelques  sceaux  de  grands 
hétériarque^  que  je  possède,  de  retrouver  deux  exemplaires  de  celui 
de  ce  David  dont  la  mort  fut  comme  le  contre-coup  de  celle  de  Rous- 


imnt  cnitps  tfouiitos  ad 


393 


sd.  Ct«  deux  exemplaires  sûiil  i[uelqu(>  peu  imparfeits,  mais  ils  se 
complèlenl  lun  lautre.  Au  droit,  figure  la  Vierge,  vue  à  rai-corps 
dans  l'attitude  de  l'oraison.  Au  revers,  on  lit  la  lé^nde  en  six  lignes  : 


eRE  BOH0EI  AAA  MEPAAÛ  ETAlPF.rAPXH,  pour  0EOTOKF. 
B0H6EI  AABIA  iXKl  est  l'abrfvialiun  onlin.Llre  |>our  AAltIA  :>ur  les 
sceaux  bjzantius)  MEl'AAU  KTAIPEIAPXIl,  Mcre  (U  Dieu,  prête 
secours  à  David  grand  hétériarque. 

Je  demande  la  |>crmissiûu  de  reproduire  un  dernier  sceau  de  ma 
Gollocliou,  qui  offre  ici  un  vérilablc  intérêt  d  aclualik>.  Il  est  dp  fort 
petile  dimension,  mais  il  porte  un  nom  célèbre  dans  la  litleralurc 
bvzantinc,  celui  de  Michel  Attaliotu  ou  Atlaliales.  l'écrivain  coutem- 
porain  de  Roussel,  qui  a  racunlé  tous  les  cvenenieuLs  de  celle  épo<|ue 
agitée  et  cite  à  maintes  repriâe^  le  uuin  du  brillant  capitaine.  L'bis- 
toire  de  .Michel  Attaliote,  écrite  à  la  louange  de  fiotaniate,  est  connue 
depuis  peu,  on  le  sait.  Le  mérite  d'avoir  retrouvé  à  la  Ribliolhc^iue 
nationale  le  plus  important  manuscrit  de  celte  chronique  et  de  l'avoir 
fait  connaître  au  monde  savant  revient  à  feu  Brunel  de  Preâle.  Le 
sceau  que  je  possè<le  porte  au  droit  le  type  de  la  Panagia  Kodigitria 


portant  t'cnfiint  divin  sur  le  bras  gauche.  Au  revers,  on  no  lit  que  le 
nom  de  l'écrivain  avec  le  titre  d'anthvpate  :  Mi\Aa\  A-NeVIlATOC 
[O]  ATTA.\EIATH(;.  Michel  Attaliole  s'est  chargé  lui-même  de  dater 
a  peu  près  exactement  ce  sceau  précieux,  en  nous  racontant  dans  sa 
Synopsis  qu'il  fut  créé  Juge  et  anthypate  la  trolsiénie  année  de 
Michel  Ducas,  soit  en  1074.  a  peu  près  au  moment  de  la  marche  de 
Roussel  et  du  césar  sur  Constantinople. 

Û.    ScHU'IlBfiBCEK. 


304 


M^UNGRS   KT   OOCm^TS. 


LETTRES    INÉDITES 


DE   MARGUERITE   DE   FRANCE 


Trois  princesses  du  nom  de  Marguerite  ow.iipent  une  place  remar- 
quahledansnoLre  histoire  :MargiiRrited'Angoulème,  reine  de  \avarre, 
Marguerite  de  France,  duchesse  de  Savoie,  et  Marguerite  de  Valois, 
reine  de  Fnni*  et  de  Navarre,  (l'est  surtout  au  charme  de  leur  esprit 
et  à  leur  amour  des  choses  littéraires  que  la  stuur  de  François  I", 
que  la  Illle  de  ce  grand  roi  et  que  la  première  Temme  de  Henri  IV 
doivent  l'immorLel  éclat  de  leur  nmommëe.  Déjà  nous  possédions  une 
iniportaulti  partie  du  la  currespuudanee  de  la  première  et  de  la  der- 
nière de  CCS  princesses',  mais  nous  ne  connaissons  presque  rien  de 
la  correspondance  de  la  duchesse  de  Savoie^,  et  M.  le  comte  Hector 
de  la  Ferrière  a  été  l'interprète  dfls  sentiments  de  la  plupart  des 
curieux,  en  déclarant  qu'on  ne  saurait  trop  regretter  les  lettrcâ  de  la 
digue  elle  de  François  I*^  de  celle  qui  la  première  protégea  Ronsard  '. 


1.  Lettres  de  Marguerite  d'Angoutéme,  sœur  de  FrançoU  /",  reine  de 
iVararre,  publiées  d'après  tes  nianutcrils  de  la  bihUothêqae  du  Roi.  par  F. 
CfÉNiN  (Piiri'i,  I8i|,  iii-8").  —  Sounelles  leUfêi  de  la  reine  de  iWavarre  adressées 
au  roi  Fratiioii  I" sim  frrrr,  put/lir.es  d'après  le  nianuscrit  de  la  tèbliothi^ue 
du  Roi,  par  te  mime  (Piiris,  tâiî,  in-S").  Les  deux  volumes  r^nrflrnient 
32"2  IcUres,  l'un  171  et  l'autre  tSl.  —  Hémoires  et  teilres  de  Marguerite  de 
Valois.  Nouvelie  édition  revue  sur  tes  manuscrits  des  bibliotfiè</ues  du  Hoi  et 
de  l'Arsenal  et  publiées  par  M.  ¥.  Cu&isak»  (Paris,  \U^,  in-8*t-  Il  y  a  14 
U4  lettre»  de  la  lîlle  Je  Culberine  de  Uédùis. 

2.  Sads  di>ule  oa  possède  d'aitsez  nombreuaesi  lettres  de  la  aecoade  d«s  trois 
Uargucrite  dau«  divere  volumes  d«  la  Iliblicilbëque  naliooale  (Funds  français), 
mtih  combien  pou  do  curieux  mil  pri*  le  délirai  plaisir  d'aller  le»  y  ttrel 

3.  Deus  ann.i'ex  devtission  ù  Saii\(~ Péter sbourg  (Paris,  imprimerie  impériale, 
1S&7,  grand  iii-6*,  p.  57).  M.,  de  La  l-'erriere  annonce  que  les  letlres  de  Margue- 
rite de  France  si.nl  nu  nombre  de  cinquante-aii.  Vèriïication  faite,  it  ne  s'en 
trouve  dans  la  bililiiilhcqne  de  Sain1-Pt?len>boiirp  iju«  lri>Blfl-wpl.  L'nê  lettre 
de  Marguerite  ài)  Valoiii  a  par  crri'nr  é16  m^lce,  dous  le  u"  22,  ani  leltrea  de  sa 
tante  dans  le  volume  XI.VI  de  U  rulterliun  d'autograpbe»  de  ecilte  bibliuthùque. 
Nous  avivtia  encore  erarlé  une  lelUc  de  réliciUtloQ  qui  faisait  double  emploi 
avec  une  aut{e  du  mâine  Jour. 


LETTRES    i:fEDITEâ    Dt    MAftr.DBRITB    DB    FKA^CE. 


305 


Ce  sont  précisémenl  les  lettres  dont  M.  de  La  Ferrière  parlait  ainsi^ 
que  nous  venons  aujourd'hui  mettre  en  lumière.  Extraites  de  ces 
riches  collecUoiis  de  la  ltil)liolh»)uc  impériale  de  SaiuL-Pétersbourg, 
qui  nous  oui  fourui  loâ  lettres  inédites  du  cardinal  d'Armagnac',  el 
qui  nous  fourniront  encore  bien  d'autres  documents  utiles  à  l'hi»- 
Inirc',  les  lettres  adressées,  de  (5(10  à  1574,  par  Marguerite  de 
France  à  François  II,  à  Charles  IX,  à  Henri  111,  à  Catherine  de 
Hédicis.  au  cardinal  de  Lorraine,  au  maréchal  de  Bourdillon,  à  Jean 
de  Morvillier,  présentent,  à  divers  é^rds,  beaucoup  d'intérêt,  el 
c'est  avec  une  vive  sympathie,  j'en  suis  sûr.  que  ion  va  lire  les 
pages  tracées,  ou.  si  Ton  veut,  dictées  par  la  grarieusc  princesse  que 
chantèrent  à  Tenvi  tant  de  célèbres  poêles^,  el  qui  a  inspiré  à  Bran- 
lûme  ces  lignes  si  pleines  de  respect  el  d'admiration  :  «  Elle  [Made- 
laine  de  France,  reine  d'Ecosse]  ne  demeura  pas  longtemps  rcjne 
qu'elle  ne  muurust,  bien  regrettée  du  roy  et  de  tout  le  pays,  car  elle 
estoil  Tort  bonne,  et  se  Taisoit  beaucoup  aymer,  el  avoil  un  fort  grand 
esprit,  el  esloit  fort  sage  et  vertueuse,  ainsin  que  nous  avons  heu 
madame  Marguerite  de  France,  sa  sœur  depuis  duchesse  de  Savoye, 
laquelle  a  esté  si  sage,  si  vertueuse,  si  parfaitie  en  sçavoir  et  sapience, 
qu'on  luy  donna  le  nom  de  la  Minerve  ou  Palas  de  la  France  pour 
sa  sapience...  Elle  heust  le  c^ur  grand  el  haut...  C'estoit  la  bonté 
du  monde-,  au  reste,  comme  j^ay  dicl,  charitable,  maguiflque, 
libéralle,  sape,  vertueuse,  si  accostable  et  douce  que  rien  plus,  et 
principallenient  à  ceux  de  sa  nation...  Bref,  on  ne  si.'auroit  jamais 
tant  dire  de  bien  de  cesle  princesse,  comme  il  y  en  a  heu,  el  fouU 
droict  uny  plus  brave  escrivain,  qui  enlrepristses  verluz...*  »  De  ces 
enthousiastes  paroles  du  seigneur  de  Bourdi'ille,  je  ne  rapprocherai 
que  les  simples  et  graves  paroles  du  président  de  Thon  :  <  G'élail 
une  princesse  d'une  prudence  rare,  d'une  piété  exemplaire,  el  d'un 
courage  au  dessus  de  son  sexe^.  » 

Ph.  TlMnBT  DE  LilRllQrR. 


t.  LiTraisou  d'octobre-déccmbre  1876,  p.  516-565,  et  livraison  de  Dovembre- 
décembrc  1877,  p.  317-347. 

?.  Je  rxotB  poavoir  aunoDcer  li  prochaine  publlc^ttiun,  dans  celle  revue,  d'uD 
assez  grand  nombre  de  lettres  de  Marguerite  de  Valois. 

3.  A  Ronsard  il  faut  joindre  ll4<mT  Relluau,  Marr-r]aud«  tie  Uullel,  Ji>An  Daurat, 
Joacbim  du  Bellay,  Etienne  Jodelle,  Olivier  de  Magny,  Ctéuieul  Uarot,  Jacque» 
Pelleller  (du  Han^},  Itagiies  Snlel,  etr. 

i  Œuvres  et'mptftet  publiées  par  M.  Lodoric  Lalanne  pour  la  Socittè  de 
l'Hi»lMre  de  France,  l.  Vjll,  p.  128- 137. 

5.  Btstoire  uairerselle,  \\m  LIX,  i  l'annét!  1574,  p-  1^7  du  tonie  VII  de  la 
Iniducltoa  franc-iise.  Ix>ndrea,  1734. 

RjtV.    HlKTOB.    XVI.    2*   PA8C.  ÎÛ 


30ti 


KlfLinCSS   BT   DOCCMBXTS. 


I». 


Monsetpieur,  ayant  receu  en  ep  Heu  quelques  moublos  du  feu  seigneur 
de  la  Vigoo,  en  son  vivant  vostre  ambassadeur  en  I^evont  ^,  deu  i  grands 
candélabres,  deux  arcs  lurquoys  avecquett  leurs  carquuys  et  une  vase 
de  terre  sygyletle^,  que  le  dict  sieur  do  la  Vigne  avoit  destine  pour 
vous,  comme  il  ma  mande  par  une  lettre,  quil  mavoit  cscriite  un  peu 
auparavant  de  son  trcspas,  jay  prie  monsieur  le  président  de  lUopital' 


I.  Collection  du  aalograptie»,  vol.  XLVI,  d*  29.  Qoelqaes-uaei  de»  lettres  de 
Harguerite  de  Prairn  «odI  daléeft,  luaift  i^lusieurs  ne  le  noot  pas.  Nous  classerons 
d'abord,  [lar  ordre  ctironolof^ique,  lea  lettres  de  la  prentiére  catëfjorie.  et  nous 
donnerons  ensuite  tout  ainiplement  Les  autres  dans  l'ordre  où  elle«  ont  été 
recueillies  4U  bibliolbèque  itopiriale  de  Saint-Péler&bourK. 

?.  PranfaU  tl.  qui  régaiiit  di>pui<i  le  2  juillet  1559,  avait  alors  un  pou  moins 
de  seize  ans.  Sa  tante  Uargoerile,  A  ce  momeol,  en  avait  près  de  37,  étant  nte 
le  5  juin  1623. 

3.  Sa  mission  est  aâm  m  1556  dans  la  lisle  des  ambassadeurs  miniittres  près 
la  Portc-Oltumaae  {Annuaire  hisforique  pour  lann/e  Ift48,  puNte  par  lu 
SocUfté  de  l  Histoire  de  France;  Paris,  IH47,  p.  'M).  11  e^l  question  de  U 
Vigne  dans  le  premier  rapi/ott  de  Jean  de  J/on/uc  tvr  son  ambassade  {Négo^ 
cUiiioru  de  la  France  dans  le  Levant  par  E.  Cbareiâsb  (L.  I.  1818,  p.  609, 
612).  Voir  encore  sur  ce  dipluniâlc  le»  yotes  et  documents  tiiédils  pour  servir 
à  la  biographie  de  Jean  de  Monluc,  ev^ue  de  Ko/«nce  (Paris,  IH^  iu-S*, 
p.  IS).  D'ajjriA  la  lollre  de  Marguerite,  le  aieur  de  La  Vigne  dut  mourir  dans 
les  dernier(>  mois  de  I5â9. 

4.  C'Gsl-à-dirc  lerrc  sigitlée  ou  terre  bolaire.  On  désignait  autrefnis  w>as  ce 
nom  de^  terres  unclueuftes  «u  louriier,  dimueotes  dans  U  bourbe,  auiqiiellesoo 
attribuait  toutes  6ortei  de  pnopriêiés  mMininalcs.  On  les  Épurait,  pour  l'emploi, 
à  l'aide  de  décantations  successives,  puis  on  les  mettait  eu  pains  de  formes 
diverses  et  on  le^i  marquait  du  sceau  du  Grand-Seigneur,  d'où  le  nom  de  terre 
sigiUée.  Le  bol  le  plus  estime  était  r^liii  qitp  l'on  lirait  de  Perse  et  d'Arménie. 
Il  était  d'un  grain  retnarquallenirnl  lin,  d'un  rouge  vif  dij  A  l'otjrde  de  fer.  On 
le  donnait  nttniue  astringent,  fortirtaiil,  hémoslKliquo.  La  belle  couleur  de  celle 
terre  a  prubabli^inenl  in!if>iré  l'idée  d'en  façonner  avec  art  des  échantillons  choisis. 
Dans  i'iareiitdire  de  Gabrielle  d'Eatrees  mentionné  par  M.  de  Laborde  {Notice 
des  émaux,  b{joux  et  objets  divers  exposés  dans  Us  galeries  du  miuee  du 
/.outTff,  l.  Il,  p.  169),  figure  <  ung  pot  de  bol  ArméaicquR,  prisé  vi  escua.  >  On 
trouvera  (Mélanges  d'histoire  et  de  titlt-rature,  par  U.  utt  VioNhi;i.-MAaviLi.s, 
I.  Il,  1725,  p.  339-342,  et  Dictionnaire  de  Trévoux,  au  mot  Sigttlee)  d'abondants 
délails  sur  celle  terre  qui  a  été  souvent  aussi  appelée  Terre  de  Lentnos.  Voir  (& 
ce  dernier  mot)  le  Dictionnaire  de  médecine  de  MM.  Njslen,  Litre  et  Robin, 

18&8,  p.  \m. 

s.  Uicbel  de  L'Hospital  fut  premier  président  de  la  Chambre  des  Cooptes 
{lâS4),  avant  de  devenir  chancelier  de  France  (30  Juin  1560).  On  sait  que  Kor- 


iETTAES    IllÉmTES   m:   UàRCCBRITB  I>B   FUi?tCB. 


307 


de  vous  faire  ce  présent  ei  de  vous  ramentevoir  les  serrîces  que  le  dicl 
de  la  Vigno  vous  a  taicL  et  avoiL  vdluntn  île  fainï  sil  eut  vesceut,  aus- 
quels  je  vous  supplye  très  humblemeut,  iDuuseigaGur,  avoir  esgard  el 
les  recoognoislre  envers  deux  petites  niepces^  qu'il  a  laissées  despoar- 
vues  de  tout  support,  sil  ne  vous  playst  en  avoyr  pytie,  du  moing  de 
leur  faire  payer  ce.  qui  estoit  deu  au  dicl  de  la  Vigne  pour  son  entrete- 
Dcment  en  estai  dambas&adeur,  dout  plus  amplenieat  vous  pourra 
rendre  compte  le  s.  de  Guuf&er  *,  tun  des  anciens  amyâ  et  serviteurs  du 
dict  de  la  Vigne,  et  ensemble  de  plusieurs  aultres  choses,  concernant  vos 
ofTaires  et  particuUieremeut  du  fait  de  ma  santé,  que  me  gardera  de  voas 
ennuyer  de  plus  longue  lettre,  a  laquolle  je  feray  fin,  par  mes  1res 
humbles  rccommcndations  a  voslnî  bonne  grâce,  priant  Dieu,  monsei- 
gneur vous  doDner  eu  santé  très  heureuse  et  luugue  vye.  De  Nice  ce 
xxiij"»  jour  dapvril  lôGO. 

Vostre  très  humble  et  1res  hobclssanto  tante  et  fiubjctle 

Marguerite  de  France. 
(Au  roy.) 

Au  CASDrNAL  DE  LoRBAINS  '. 

Mon  cousin,  ayant  receu  en  ceste  ville  quelques  meubles  du  feu  sieur 
de  la  Vigne,  eu  son  vivant  ambassadeur  pour  le  roy  eu  Levant,  jay  aduii» 


guérite  de  France,  ayaal  succédé  A  sa  lant«  Uarfiucrtle  d'Angoul^e  dus  Tapa- 
nage  du  ilurbé  de  Berry,  avait  fiitt  aussitâi  de  l'émiaent  magistrat  son  chancelier 
parUculier  (avril  155U).  Voir  dan^  l'eiccllenl  ouvrante  de  M.  F.  Dupn^>tAsale, 
coaseiller  à  la  Cour  de  cassation,  Mkhel  de  t'Bospitat  avant  son  étévatéon  au 
poste  de  chancelier  de  France  (Paris,  1875,  io-B*],  le  chapitre  iotituté  :  L'Hos- 
pital,  chancelier  de  ta  dueheAse  Marguerite.  I)  y  a  là  de  complets  reaseign«- 
meots  &ur  la  su^ur  Ue  Henri  II  roimid^r^  doo  8«iilen)«nl  coniuiâ  ia&piratrire  et 
protectrice  de  rHo-spilal,  mais  eiirore  ruiiimtf  inspiratrice  et  protectrice  de 
Lancelot  de  Caries,  de  Pierre  Ducbâtcl,  de  Salmon  Hdacrin,  de  l'iliilien  Fluninio 
qui,  mourQRl,  lui  adressa  de  Home  des  chanta  pieux  d'une  exqaîse  pureté  (Warc. 
Aat.  FlatiiinH  de  rébus  divinis  carmina  ad  .Vafsaritam,  Benrici  Gallorum 
reçli  iororent  {lufetix,  1550,  in-1'),  etc. 

1.  Noua  Dc  supposons  ^oa  que  ton  doive  chercher  ce  )t«rsoDnagc  parmi  les 
notnbreui  eofanlH  venus  du  troi&ijitne  des  cinq  mariages  de  Claude  Jr?  GoulBer, 
comte  de  ManlevrJer  (I5V^),  marquis  de  Boïsi  (156t),  duc  de  HoanH  (1566J, 
enfants  parmi  lesquels  on  remarque  FTançoLn  de  Goufner,  cberalier  de  Malte. 
V«tr  le  [atna  V  de  VHisttitre  g^n^tUagique  des  grands  officiers  de  la  Couronne, 
le  tome  V  du  Moréri  de  1759,  e)c.  Le  Gondier  dont  tl  a'agit  ici  nous  parait  avoir 
appartenu  à  une  bien  moins  noble  maiHOn. 

2.  H>id.,  Xk-  31X 

3.  Charles  de  Lorraine,  archevêque  &  Il  ans  cardinal  à  23  ans,  était  alors 
âgé  de  36  ans.  On  sait  l'ini porta nce  du  rAte  i^u'il  joua  som  le  règne  de  Frao- 
fois  U  et  plus  encore  f«u»  celui  de  Charles  1\. 


308 


MtfutVCBS   ET   DOCDMENTS. 


{ne.  adviséf)  ûe.  vous  choisir  six  tapis  de  Turqnio,  des  plus  heaulx,  marquer 
en  courte  poincte  sayotle  de  cramoysy,  et  une  cuyr  de  Bulgarye,  que 
je  vous  oavoye,  ei  ay  douoe  charge  a  monsieur  le  presitleaide  lUopital 
de  vous  présenter  de  ma  part,  saichant  bien  laubligatioQ  que  vous 
avoyt  lo  dict  sieur  de  la  Vigne,  pour  la  bonne  volante  que  luy  avez 
tousjuiirs  portée,  laquelle,  mon  cousin  je  vous  prye  voulloir  continuer 
envers  deux  petites  niepces  quil  avoyst,  lesquelles  par  son  tefttatnfnt  il 
a  faicteR  bqb  héritières,  et  pareillement  avoyr  pytîe  de  deux  de  ses  ser- 
viteurs, lua  nomme  de  Grouffier,  présent  porteur,  et  lautre  Nicolas  de 
Oiolle^  entre  les  mains  duaquel  il  deslroyt  faire  tomber  son  abbaye,  on 
bon  lieu  près  Tholose ',  delaquelle  le  wigneur  eve&que  de  Torbes*  \f) 
!uy  dehvoyt  recnmpnnpor  d'un  benoGce  de  huict  a  neuf  cens  livres  de 
rente,  ainsi  que  plus  amplement  vous  dira  de  toutes  ses  affaires  le  dict 
sieur  président  de  IHopital,  et  particulièrement  de  las^urance  que  jay, 
que  vous  ayderez,  tant  aux  dictes  héritières  et  serviteurs,  el  recogne*- 
trez  ce  qui  est  deu  au  dict  de  la  Vigne  par  le  rtty,  pour  son  entretene- 
ment  en  estât  dambassadeur,  comme  aussy  le  dict  fieur  vous  fera 
apparoyr  de  la  vérité,  sy  voua  luy  faictes  ce?t  honneur  de  lescouler 
pour  lamour  de  moy,  et  vous  rendra  »i  bon  compte  de  cesle  charge, 
ansemblt!  de  ma  santé,  i[uil  nest  bcsoing  que  je  vous  pci  facn  un  aultre 
discours  de  plus  longue  lettre^  a  laquelle  je  feray  fin  par  mes  recom- 
mandations bien  fortes  a  voslre  bonne  grâce,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
TOUS  conserver  en  fa  faveur.  De  Nice  ce  (?)"•  jour  dapvril  1560. 

VoBtre  plus  obligée  cousine  Marguerite  de  France. 

(A  monseigneur  le  cardinal  de  Lorraine,  mon  cousin.) 

Atl  CARDINAL  DE  LuRBAiNE. 

Mon  cousin,  vous  ne  vous  contentez  de  nous  accûmoder,  monsieur 
de  Savoye  '  et  moy,  on  tous  nus  alTaîres,  dont  nous  nous  sentons  inâ- 
niment  aubliges,  pour  ta  boune  voluute,  que  vous  faictes  cuuguoisire 


1.  Notts  avons  vabement  cherché  quelle  pouvait  «Ire  c«lte  abbaye.  Le  GalUa 
ehrisUana  ue  donne  pa&  sur  ce  point  le  plus  petit  lilet  de  luint^re. 

2.  ÉvtJeiiiiiiiriit  Tarbcs.  L'évéque  «le  Tarbes  était  alors  Goalien  Relia  d'An- 
boise,  de  la  bronche  des  seigneurs  de  Btissy.  On  le  trouve  iléjA  installé  sur  le 
^iègH  de  Tarbes  en  1553,  et  II  orcupiiîl  encore  ce  sii^^ge  en  1573,  année  vers  lu 
tin  de  laquelle  il  mourut-  Voir  Gatiia  chrisiiana,  t.  1,  col.  124U. 

3.  Ibid.,  ir  28. 

4.  Kmtnafluet  Philibert,  dit  Tele  de  fer  t  i  rause  de  la  fermeté  qu'il  fll 
paraître  dait-'t  toutes  ses  rÈ5olutiiiafi,  >  ainsi  i|iic  s'expriment  les  auleuni  de  l'Art 
tU  vérifier  les  dates,  était  né  i  Cliambéry  Is  g  juillet  lâîl  et  il  avait  éfiousè 
la  fille  de  François  1*',  le  9  juillet  1559,  devant  le  lit  de  mort  Ue  Henri  11.  M.  de 
La  Perrière  a  si^aalé  (DeiU  années  de  mission  à  Saint- Pétersbourç,   p.  57) 


LSITRES   IXriDITES  DE  «iHOORRITB   PB   FBATICE. 

en  louB  les  endroit?,  <imp.  nous  avonp  besoin^  de  vostrc  ayde.  Mays 
Oultre  CPla  vous  ae  votip  pnnuypz  de  prondre  !a  poyno  dn  moRf-ripre  Ipr 
princii>allefi  nouvelles  de  !a  court,  rommo  par  vosire  In'itrc  de  ïij^'jour 
do  ce  moys.  Vims  inr  faiclos  entendre  ce  quil  playst  au  roy  faire  sut  les 
différents  de  lan  (de  luy?)  et  dela^oynedAtlglete^re^  laquelle,  comme  je 
pense,  ne  sera  si  mal  conseille  que  de  commencer  et  voiilloir  soustenir 
la  guerre  contre  un  prince  si  puii!sant,  et  qui  a  le  droict  et  la  raygon 
pour  ]uy,  en  vnulanl  maintj'nir  et  garder  qui  est  sien.  Toutlrfnys,  pour 
le  repos,  le  hien  et  tranquillité,  que  le  feu  ruy  avant  son  trespas  avoyl 
acquis  a  toute  la  chrétienté',  je  vouldroyfi  bien,  que  tous  ces  dilTereniâ 
fuBseat  passes  par  quelque  bon  aci;urd,  et  prye  Dieu,  que  par  sa  Baincle 
grâce  il  luy  playse  mestro  la  main  tant  a  cesto  alTaïre  quaux  aultros 
troubles  dp  la  relligion,  quR  me  mandez  nostre  encor^sdu  tout  apaises. 
£ntrc  aultrcs  choses  que  je  regrEtte,  cest  la  payne  et  le  travail,  que  je 
scay  que  vous  y  prenez  pour  l'honneur  de  Dieu  et  service  de  Sa  Magofle, 
et  crainds  quavRO]  le  temps  vous  neussiez  pas  asspz  d*»  force  pour  sous- 
tenir  tant  de  labheur.,  desquf'l  je  mattends  bien  que  tour  faict^s  mainc- 
tenant  pari  a  monsieur  de  Mor\'illier  *  (?)  qui  vous  y  servira  aussy  fidè- 
lement et  suffisamment  qui!  vous  est  aublige,  et  que  vous  le  congneesiez 
homme  de  bien  '  ;  cella,  mon  cousin,  me  donnf^  un  peult  de  repos  a 
mon  esprit,  pour  la  crainte  que  jay  de  vous,  qui  ncst  moindre  que  telle, 
que  vous  avez  de  ma  malladye,  de  laquelle  vous  devez  prendre  mainc- 
tenant  quelque  seurele  pour  lamendemenl  que  je  commence  davoyr. 


I  cinqnanlc^sepl  leltres  r>ri|;iiiales  d'Kmraanael  Philibert,  duc  de  Savoie,  adressées 
é  Charles  l\,  Henri  III,  Catherine  d«  Mcdicis  el  à  divers  [«raonnages  de  la 
cour  de  Franctï,  de  15^7  à  1581),  ■  lelirps  qui  «ppiir tiennent  A  la  rollecUon  d'au- 
tographes transportée  de  France  en  Rus».)e  à  la  fin  du  siècle  dernier. 

1.  EllMtx^tb.  alors  &geed«  via^t-sepl  an*,  régnait  depuis  deui  ans.  LePnncr 
si  puiMont  dont  it  va  éir?  questtnn  fsl  Philippe  II,  alors  âgé  de  treote-huit  ans, 
et  qui  régnait  drpuis  quHtrR  ans. 

7.  De  ce  fralemel  élof(c  donné  i  U  Mge  |iolitiqiie  de  Henri  II,  il  Tant  rap]i[o- 
cher  l'éloge  ipi  en  a  fait,  près  de  3D0  ai\s.  plus  tard,  le  sâvant  éditeur  —  taut 
apprécié  par  Micbetet  —  des  Négociations  de  ta  Frnnee  dant  te  Levant  [Aver- 
iistement  du  t.  Il,  1K50,  p.  xxv,  rxvi). 

3,  Jean  de  MorvilUer,  né  &  Blois  le  t"  décembre  lôOG,  mort  4  Toars  lo 
13  ortobre  1577,  fut  «.ncxoMlTCment  lleulrnanl  Kênéral  i,  Uourges  (1^361,  doyen 
de  T'^glise  de  la  même  ville,  roasetUer  du  roi  an  grand  4'osa&eil,  maître  des 
requét4>s  ordinaires  d>F  l'bôtcl  du  roi,  ambasi^adcur  h  Venise  (1546),  ériiquo 
d'Orléans  (avril  1501),  iisanic  de*  sccanx  de  Fraiire  (15G8-I&71).  Voir  la  tbése 
pour  I«  doctoral  t'A-lRllrcs  de  M.  Oustavr  Rdi^uenaiilt  df>  PucÏkism  :  /mn  de 
Morvillier.  Élude  sur  la  poUUque  française  au  XVI'  siècle  d'apris  des  docu- 
ments iiiédéh  [Pans,  1870,  in-8-).  Cf.  Revue  critique  d'histoire  et  de  littérature, 
n*  du  '.'S  >uin  187U.  p,  4I9-5Î0. 

4.  M.  0.  baguenanlt  de  Piit-b«ssc  rappelle  (p-  5)  que  Jean  de  MorvilUer  i  était 
très  protégé  par  lu  famille  de  Lorraine  el  par  le  cardinal  en  particulier;  ■  qu'il 
aiTumpai^na  son  |iro1erl(?ur  a  Home  en  septembre  1565  (p  91]  el  qu'il  l'accom- 
pagna encore  au  coacile  de  Trealf  en  octobre  1563  (p.  Iô6}. 


340 


MELANGES    RT   DOCPHRHTR. 


Jay  laifiM  pour  quelques  h4>un>fi  du  jour  et  plue,  depuifi  quatrf>  nu  cinq 
jour  en  [ra]|?)et  mo  faici  porter  rlans  uno  chaise  lo  plu?  longtpmps  que  je 
pays  par  mnn  snq'ue{?),  afin  que  peu  a  pou  jo  puisiKfî  prendre  do  layr  ni  me 
fortîtierT  pour  mon  aller  par  après  loger  en  engar  iEngadine?)  ou  jay  6ftj>e- 
rauce  de  recouvrer  au  loger  (?]  du  dîcl  château  au  demeurant  ma  içanle, 
avecq  layde  de  Dieu,  lequel  je  prye,  me  recommandant  de  fort  bon 
cucur  a  vostre  grâce,  vous  donner,  mnn  cousin,  en  santé  longuo  vie, 
que  vous  dejjire.  De  Nice  ce  septième  (?)  jour  de  may  i560. 

Mon  cousin,  si  je  [guéries  de  ccste  malladye,  comme  jcspere,  je  lien- 
dray  ma  dicte  saute  de  Dieu  premièrement,  oi  puy»  de  monsieur  de 
Dcl3trcccay(?)',  lequel  jo  vous  recommande  aultant  que  je  puis. 

Vostre  plus  obligée  cousine  Marguerite  de  France. 

(A  monsieur  le  cardinal  de  Lorraine  mou  cousin.) 


IV». 


Mon  cousin,  oultre  les  bonnes  nouvelles  que  mon  cousin  monsieur  le 
grand  prieur,  vostre  frcre^,  a  apportées  a  monseigneur  de  Savoye  el  a 
moy  de  la  cbai^  quil  a  de  nouB  bailler  les  quatre  galleres  avecq  la 
Bheurme*  cy  devant  promises  el  accordées  par  le  roy,  comme  vous 
avez  mande,  ce  ma  eati?  fort  grand  playsir  de  le  voyr,  pour  me  consollcr 
avec]  luy  du  mal  que  jay  rece u  en  nesto  lonpue  malladye,  et  me  wnibU* 
que  sa  prejiencc  et  la  souvenance  que  jay  de  vous  en  le  voyant  muut 
ayde  de  supporter  la  longueur  de  ceste  dicte  malladyo,  qui  touttefoys 
va  lousjours  eu  dimiuuant,  par  ce  soîug  el  diligence,  que  le  sieur  de 
Gaslellan"  falcl  auprès  de  moy,  doncjeeperebientOBtgariaon  aveclaydc 

1.  Sous  ce  nom  si  fort  défigurô,  il  faut  raconnaitre  très  pmliableinvit  Le  oocn 
du  dobl«  inèdecia  CiwleUn,  dont  il  va  Être  question  daos  une  >t]e&  notes  de  la 
lettre  suivante. 

2.  Ibid.,  n'3t. 

3.  C'était  Fraa(;eb  de  Lorraine,  grand  prieur  et  g^Jièral  des  galères  de  France, 
né  le  18  avril  I53i,  mort  te  G  mnn  1563. 

4.  C'cst-à-ilire  iiliiourmc.  Rabelai*  se  sert  de  l'exprcMion  chnrme  et  on  disait 
encore  au  xvji'  aiéclo  ckiorme.  Voir  le  DicUonnaire  de  la  lançue  françalaâ 
par  H.  Liltrc. 

b.  []  s'agit  1A  d'Uonorft  Cailelan,  premier  mC'decia  du  roi  de  Franc«,  qai  avait 
été  envoyé  de  Purls  à  Nir«  |M>ur  aider  \es  médetinsdu  pays  k  gui^rir  la  dufheAM 
de  Savoie.  Il  jouissait  d'une  fnrt  grande  riSjJutatloQ.  C'est  l'anteur  d'un  discoars 
Hir  les  vertu»  et  le»  connaissances  nécuMsaires  à  un  médecin  :  Orafto  </ua  futuro 
medUco  neeessaria  expticanîur  (Paris,  \bhb]  Il  mourut  au  ti^ffi  de  Saint-Jean- 
d'Angély  (15G9'),  en  même  temps  que  boa  habile  confrère  et  inséparable  ami  Jean 
Chii|>e1iiin.  Voir  l'éloge  donné  pnr  J^cqu'is-Augusle  de  Tbou  aux  dpux  célèbres 
médccia»  (livre  XLVI,  p.  638  et  653  du  loine  V  d«  la  traduclion  rranç^itse  déjà 
citbc).  Cf.  une  lettre  de  tiuy  Patin,  du  11  mars  1644  (p.  III  et  112  du  tome  I 
de  l'édition  du  docteur  J.  H.  Aeveill^Pai:iseJ,  lettre  où  l'oo  voit  que  Michel  de 


LBrrneS    nt^OITES    de    KABUUBKtTB    DH    FBAIVa:. 


ni\ 


de  Dieu,  lequel  jt»  prye,  mo  rccomnieadaot  bien  fort  a  voslre  grâce, 
vous  donner,  mon  cousin  en  sanie  1res  bonne  et  longue  vye.  De  Nice 
ce  (?)  jour  de  juing  [1560]. 

Voslre  plus  obligée  cousine, 

Marguerite  de  France. 

{k  monseigneur  le  caniiaat  de  Lorraine,  mon  cousin. } 


V. 

Ait  ftoi  UB  Francs. 

Monseigneur,  j&y  entendu  tant  par  vos  leitrcs,  que  par  mon  cousin, 
moDtieigneur  In  Grand  Prieur,  la  bonne  Kuuvenarice  ipiil  vous  play.st 
avoyr  de  moy,  dont,  oultre  les  infirysbienfaictsque  monsieur  de  Savuye 
et  moy  recepivonE  ordinairement  de  Voslre  Magesle  >,  Je  me  sen»  parti- 
culierement  obligée  et  redevable  et  me  vois  de  juur  eu  uultre  la  volunte 
que  jay  de  vous  faire  service,  comme  le  debvoyr  et  obligation  me  com* 
mondent,  f.ncnres  je  mattend»  bien,  estant  hors  de  cei«te  maladye  pou- 
voyr  satisfaire  a  Vostre  Magoste  par  lolH'yssance  que  jay  toute  ma  vye 
délibérée  luy  porter.  Mon  cousin  monsieur  le  Grand  Prieur  moxposanl 
la  cbarge  quil  a  de  bailler  de  voslre  part  a  monseigneur  de  Sayoye  leâ 
quatre  galleres  quil  a  pleust  cy-de>-ani  a  Vostre  Mageste  luy  promettre 
et  accorder  avecq  la  sheurme,  il  sest  cicuser  dn  (0  pouvoyr  fayre 
preseuteuieut.  si  a»  nesl  nu  prenant  les  deux  gallere.s  du  luipitaine 
Obdsaole»  ^,  et  luy  baillant  par  Vous  assignation  de  ta  valleur  dicelles, 


illospilal  composa  des  vers  latins  ■  sur  la  mort  de  ces  deux  grands  hommes  >. 
On  s  une  ode  des  plus  louHngeuses  d'Olirier  de  Magnj,  »dre»$6e  ■  A  llonnoré 
Caftlellan,  eircllcnt  mMixio  {Lf-s  Odn,  édition  de  M-  A.  Courbet,  1376,  t  I, 
p.  116-122].  Le  poète  avait  Hé.  guéri  de  la  Oèvre  par  le  grand  ro^ecln,  et  il  lui 
payait  u»  honoraires  en  beaux  vers  où  il  lui  prooielUit  dXcnitâcr  sa  méniotrc. 

l.  itHd.,  n*  3Î. 

1.  Hargaerile  avail  raison  de  parler  de  la  raronnaissancc  qu'elle  garderait  de 
ces  infinis  bienfaieti,  mais  elle  avait  tort  de  »r  faire  caution  Ae  la  recoanai:^ 
aanee  de  son  mari.  Emmaiiuel  Philibert,  aprës  ta  iiiorl  de  la  duchesse  (16  a^At 
1574),  se  conduisit  envers  la  Fraorc  avec  ingralilude  el  perlidie,  et  le  président 
de  Tboa  ne  l'a  pas  trop  sérèreinenl  traité,  gnand  il  a  dit  de  lui  en  ce  mtmt 
livre  UtX  oîi  il  rend  si  bien  hommage  à  la  vertu  de  Uarj^ucrile  :  1  11  ne  cessa 
poial  de  machiner  contre  le  Rui  el  ie  royaume,  A  i{ui  il  étail  si  redevable.  La 
mort  iH^iiie  ne  put  mettre  tin  A  ses  mauvais  des-^einii.  Il  transmit  loute  sa  mau- 
vaise volonté  A  son  fils,  à  (pli  il  ne  tint  pas  qu'elle  n'eilt  lont  son  effet  dans 
l'occasio'n.  >  DranlAme  est  encore  plu%  indigné  que  J.-A.  de  Tbon  de  l'odieusa 
conduite  du  pt:rr  «I  du  dis  (t.  VIII,  p    133). 

3.  Ce  devait  être  Anioine  de  GabaJ.sole,  seigneur  de  Porlo-Veccbio,  né  dans  le 
Cotnlal-Venalsiiin.  (t<^ntiltii>mme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  «'apilalne  de 
dMix  Kaléres,  lequel  fut  tué  au  sli^ge  de  Rouen  (t.'iC?)  <M  enseveli  dans  l'éftlise 
de  Salnl-Êloi  de  roUe  ville.  C'était  le  frère  de  ce  Jean  de  Cabassok  qui,  tmlevé 
tout  enfant  par  des  pirates  turcs,  parvint  aux  premiers  emplois  de  l'cmptre 


3<3 


H^U^ICSS   £T    DOCTMBIITS. 


et  quant  aux  denx  aultres  qui  reateruyemt,  qui!  nous  en  acoramocicroyt 
lo  miculx  qui!  luy  seroyl  piwsiblo  «ur  celles  que  Vous  avez  a  Marsciillc. 
Pour  ce  que  ceste  promesse  a  este  Taicle  de  Vosire  grâce  et  pure  libera- 
lite«  it  vous  playra  commander  quelle  soyt  exécutée  et  vous  supplye, 
monecifineur,  ne  Vous  cunuyer  de  la  Ires  humble  requesle  que  je  Vous 
eu  fatz,  estant  certaUi  que  les  dictes  galleres  ne  seroat  moing  voslres 
estant  es  maïas  de  monsieur  de  Savoye,  que  si  elles  demeuroyent  ea 
voslre  pori  de  Marfieille.  car  vous  pouvez  vous  asseurer  que  sa  vye  et 
le  demeurant  de  tous  ses  biens  spront  tousjours  employez  pour  vostre 
servie»  du  bï  bon  cucur  que  Je  serviteur  que  vous  ayez  en  ce  monde. 
Je  laisseray  ce  prupos  pour  Vous  mander  do  ma  disposition,  qui  neat 
eucores  telle  ipie  je  vouidroys  bien  désirer,  plus  pour  le  respect  de 
vostre  service  que  pour  mon  bien  parlicullior.  Jespere  touttefoys  avoyr 
bieutosl  guarisuu.  car  il  ue  me  reale  plus  quune  foeblesse  et  debilitaliua, 
a  cause  de  la  longueur  de  ma  malladye,  a  quoy  jay  bien  loppinion  que 
le  sieur  de  Castillan  remedira  avpcq  layde  de  Dieu^  lequel  je  prye,  me 
recommandant  très  humblement  a  vostre  bonne  grar^,  vous  donner, 
monseigneur,  eu  parfaite  santé  très  heureuse  et  longue  vye.  De  Nice  ce 
(?)  jour  de  juing  1560. 

Vostre  très  humide  et  ires  obcissanio  tante  et  subgeie 

Marguerite  de  Franco. 
(Au  roy.) 


VI». 


Au  CARDiriAL  DB  LUBBAIKB. 

Mon  cousin,  je  voys  assez,  par  vostre  leitre  du  rxij»  jour  de  inay  der- 
nier passe,  le  soin  que  vous  avez  de  moy  et  la  poync  oii  vous  avez  este 
pour  ne  scavoyr  si  souvent  de  mes  aouvelle^  comme  vous  avez  accous* 
lume,  et  me  samble  touttefoys  quen  cela  je  nay  este  si  paresseuse  que 
vous  en  avez  oppinion,  car  je  vo;is  eu  avais  faict  cy-devant  amplement 
entendre  par  le  sieur  de  Parelle  que  monsieur  de  Savoye  a  depescbe  vers 
Sa  Mageste,  et  depuys  je  vous  en  ay  aussi  faict  enteudre  par  le  sieur  de 
laCoetye  Iiin  «le  mes  Rentilbommes.  Touttefoys  je  ne  veulx  par  la  pré- 
sente tant  mexcuser  ()ue  vous  remercier  des  nouvelles  que  vous  me 
départez  par  vostre  dicte  leitre,  par  laquelle  je  voy  que  les  troubles 
qui  surviennent  a  cause  de  la  relligion  ne  sont  eacores  apaisez  >,  et  que 

ottoman,  et  un  desnenJanl  de  cp  Cuithume  i1«  CahasAote  qui,  au  milieu  du 
XV*  Ait>f-to,  fUnit  £4:ii)er  t^l  «rhun-Min  du  ntj  Hcnr.  Voir  \e  DicUonnaire  histo- 
rique, bioyrapftiiiui!  et  bibUogni^iUiqtte  da  diipartemmt  de  VauetuM,  par  te 
docteur  Uabjavui.,  t.  l,  grand  iti-il",  IHU,  p.  atâ-316. 

1.  ibid  ,  u-  33. 

2.  Sur  ces  troubles,  qui  soivireoL  la  coojuntlion  d'Amboise,  voir,  eotre  tous 
les  autres  hiftlorieas  du  xvi*  aiucle,  I)lai?te  de  Uooloc  [Commtntairts,  édition 


LETTRES   nébITES    Dr    HiRr.HEBITe    IlE    FRAKCC. 


343 


quF-lqnn  peyne  que  ton  y  ptiis.ee  mt^Rtrr*,  i!  en  resto  loupjouni  quelque 
mcine  que  Ion  no  ppult  extirper  ri  ce  nest  par  In  travail  Pt  Kolliritiidc, 
que  vous  avez  env^e  dy  employer,  qui  me  faict  craindre  qu'avec  lanl 
(ïaultrtN!  aHaire^  doul  voub  estee  cbarg^  vous  uy  puissicK  saiisfaîre^  el 
que  ce  travail  voub  soit  cause  de  quelque  malladye,  laquelle  ne  mo 
faschera  mnings,  quo  c^^llfi  qui  ma  dure  fti  loaguomont.  Quant  aux  nou- 
velles dAuglctorre  ce  ma  este  fort  grand  plaisir  dentondre  ce  qui  on  est, 
ensemble  de  celles  dKscosse  par  les  coppyes  deis  lettres  et  advic,  que 
mavez  faict  envoyer  par  le  sieur  de  Fresoe  '.  Par  cept«  depei-che  jay 
I>eu  congmùstre  en  iiuel  estai  sont  les  dIctP  afTaires,  et  ne  me  puys 
persuader  que  ceste  rtiyne  dAngleterre  soit  si  mal  conseillée  que  den- 
trepreudre  si  légèrement  de  rompre  le  traicte  dcnlro  le  fou  roy  monsei- 
gneur et  IVere  et  elle,  pour  commencer  une  guerre  h  mal  fondée  contre 
la  puissance  du  roy,  nestant  même  secourue  et  aydee  par  le  roy  catlio- 
lique',  lequel,  comme  vous  mo  mandez,  faict  en  cest  endroict  tous  les 
bons  ofHces  quïl  drjïht  pour  empesrher  que  le  repos  et  tranquillité  de 
toute  la  chreslicnle  no  soit  troublez  par  le  mal  hcureiinconvenicntsdc  guerre. 
Je  mattends  que  le  ^ieur  de  Handan  ',  qui  lors  de  vostre  dïcle  Icître 
ueslois  eocorea  do  retour,  vous  en  aporlera  quelques  bonnes  nouvelles. 


de  M.  de  Rabl«,  livre  cinquième,  t.  H,  p.  360  «(  ioiv.],  et  Théodore  de  Bëze 
(Histoire  ftectfiiastigue  du  e{/tiie.K  r^farmées  au  royaume  rfe  Frante,  «lilion 
de  Lille,  IS41,  (ivre  troisième  contettant  les  choses  adt-enue*  sous  François  II, 
t.  1,  p.  133  el  suiT.] 

1-  Pierre  Forgel,  ^ieur  de  Fre^De,  qui  de^-inl  sccrélaire  d'Ëtat  sou$  Henri  III, 
était  ûls  de  Pierre  Forget,  conseiller  et  secrêlaire  des  rois  Frauçois  I"  el  Henri  M, 
et  de  Fninçoiie  de  Forti»,  une  des  dacies  de  la  reine.  Il  Était  frère  de  Jean 
Forget,  prénidenl  à  mortier  au  )>arl«in«nl  de  Pari*..  Pierre  Forget,  au  niomenl  oii 
Il  fut  earojé  eu  Piéuionl,  aurait  étt>  bien  jeune,  si  ses  bingriiphes  ne  bo  iromjient 
pas  en  te  faisant  mourir,  Agé  de  66  ans,  le  ?t  nvril  1610,  <'e  qui  lui  donnerait 
16  ans  sculemeat  cd  1560.  Voir  daa.s  le  Choix  de  poésies  de  P.  de  Itonsard 
(Pariv  Didol,  18C2.  t.  li,  p.  369]  on  sonnet  i  A  M.  Forget,  secrétaire  de 
Madame  de  Savoie  ». 

1.  Pbilii>i>e  II,  ilors  Agé  de  33  ans,  régnait  sor  l'Espagne  depuis  le  IS  jan- 
vier tânë,  jour  de  t'ubdic^ilioa  de  Cbarles-Quinl.  On  <uit  qu'il  était  te  ncTeii  pir 
alliance  de  .Marguerite  de  Fronce,  ayant  6pou«é  en  juin  15.VJ  U  fille  de  Henri  11, 
Ëlisatielli  de  France. 

3.  C'êtail  Charles  de  la  Ruchefoucauld,  roinle  d«  Randsn,  chevalier  de  l'ordre 
du  roi,  captlaiae  de  50  hommes  d'amies  de  ses  oriion minées,  cnlnncl  {iênéral  de 
l'infdiiierie,  liUde  Frd[)^*otslI,cointedela  Roebefourutuld,  cl  d'Aime  de  Polignac, 
datne  de  Randan.  Il  était  alorR  ambnvsadeur  ea  Angleterre,  comme  oo  le  voit 
daoB  le  Oictionnaire  de  Moréri,  généalogie  RnrMfoucauld  [La],  l.  IX,  p.  271. 
Constatons,  en  puisant,  que  le  nom  du  comte  de  Randan  a  été  omis  dans  la  liste 
de<t  Ambassadeurs,  ministres,  près  le  çouva-nement  a»ylats,  insérée  dans 
VAnnuatre  fiisturlque  pour  l'anntfe  1648  publié  par  la  Société  de  rilistolre  de 
France  (Paris.  1847,  p,  Î35-2W].  Charles  Je  la  Itocliefoucauld  devait  mourir 
deux  ans  plus  tard  {\  aovetubre  156?),  au  siège  de  Rouen,  d'une  bte&sure  reçue 
au  siiige  de  Bourges  et  qai  avait  été  mat  pansée,  selon  U  refn^rquc  du  préxideni 
de  Thou  [livre  X.VXIII}. 


841 


MéU\6ES    ET    lIOCCMEÏ^Ta. 


csar  il  me  Semble  quello  ne  peult  r^ruser  les  boanestes  offres  que  le 
roy  luy  faici,  plus  pour  le  respect  del'ÎQWrestdp  la  dicte  chrétienté  que 
de  nulle  aultre  chose  (outre  la  (iance  que  nous  dehvouR  avoir  en  la  bonté 
dd  Dieu,  qui  en  ung  mesme  temps  ne  uous  vouldm  abii^mer  de  tantde 
maux).  Outre  tous  ces  malheurs  ce  que  je  regrette  et  plains  autant  est 
lennuy  et  pejne  que  reçovl  la  royne  d'Escosse,  vostre  eeur*,  qui  toutte- 
fnys  en  mon  avis  na  faulte  de  bon  couraige,  se  voyant  si  bien  pourveue 
de  vaillants  hommes,  et  qui  font  si  bon  debvoyrpour  le  service  du  roy, 
comme  jay  peu  entendre  par  les  dicts  avis  et  mémoires.  Mais  pour 
ac  vous  faire  plus  long  discours  de  ces  dicts  affaires,  je  ne  vous  diray 
ftultre  chope,  siuon  que  jeepere  que  pour  vostre  prudence  et  bonne  con- 
duilte,  le  roy  en  aura  tel  fin  quil  désire.  Au  surplus,  mon  cousin,  jay 
receu  une  aultre  lettre  de  vous,  par  mon  cousin,  monseigneur  le  Grand 
Prieur,  lequel  a  dict  a  monsieur  de  Savoye  el  a  moy  la  chai^  quil 
avoit  de  luy  bailler  les  quatre  galleres  qui  cy-devant  !uy  ont  este  pro- 
raiHeB;  Loultefuys,  au  moyeu  du  voyage  d'Escosse,  quil  va  faire  il  dicl  ne 
pouvoir  satisfaire  ce  qui  luy  a  este  commande,  si  ce  nost  en  pronnant 
deux  galleres,  qui  sont  au  capitaine  Gabassoles,  avec  la  chcurmo. 
lequel  en  ce  faisant  \\  fauldroit  estre  paye  et  satisfait  de  la  valleur  de 
cesdictes  galleres  (>ar  le  roy,  en  tuy  baillant  quelque  bonne  assignation; 
et  quant  aux  deulx  aultres  qui  resleroyent,  mon  dict  cousin,  monsei- 
gneur le  Grand  Prieur,  nous  a  promis  de  nous  en  accommoder  le  mieulx 
quil  luy  Rera  possible,  et  a  nostre  cwateutement.  Puur  ce,  mon  cousin, 
que  uous  tenons  eu  partye  ce  bienfait  de  vous,  je  vous  prye  y  mettre  la 
main,  de  sorte  quil  puisse  venir  à  effect  et  faire  baiUer  au  dict  Cabas- 
soU's  asâignalion  et  recompeoBe  de  fles  dictes  galleree.  Quant  aux  deulx 
auttres  s'il  vous  playsoyt,  mcin  cousin,  vnullotr  faire  tant  pour  nons, 
que  la  cheurme  se  preigne  partye  sur  lea  dictes  gallereSj  qui  demeur- 
ront  après  le  partemout  de  moadict  cousin,  monseigneur  le  Grandi 
Prieur,  au  port  de  Marseille,  vous  ubiigeryez  beaucoup  mou  dicl  sieur 
de  Savoye,  lequel,  après  tant  dasseuraiice  de  Sa  Magcste,  la  royne 
mère,  et  particuUiercmeiit  de  vous  et  de  mon  cousin  monseigneur  le  duc 
de  Guyse^  sest  tousjuurs  tenu  pour  certain  davnir  les  dictes  galleres  ea 
tel  équipage  que  luy  out  este  promises,  el  en  a  cuuceu  puur  cela  une 
bien  grande  euvye  et  oppinion  de  les  avoyr,  qui  faict  que  je  vous  prye 
de  reclief,  mon  cousin,  avoir  souvenance  en  cesi  endroict,  tant  de 
vostre  promesse  que  de  la  fiance  que  nous  avons  en  vostre  bonne 


1.  Marie  de  Lorraine,  tille  de  Claude  de  Lorraine,  premier  duc  de  Guise,  et 
[l'Antniiielte  de  Buurbnn,  ^laiE  nèo  le  71  novembrt  \Mb.  Elle  avait  <klé  mari^, 
le  4  aufit  1534,  avec  Louis  (l'Orléans,  dur  de  Longiieville,  et,  le  9  août  1638,  avec 
jHr4|ui;-s  V,  rui  d'ËciK.ie.  Au  innincnt  cm  lu  fir^oiilc  lettre  parvint  au  cardinal 
de  Lorraine,  >ia  sœur  n'était  plus  (depuis  le  lO  juin),  fille  laisM  uae  iKIe  unk|ue, 
alors  Agée  d'un  peu  moins  de  18  ans,  si  célèbre  sou»  lu  nom  de  Marie  Slutrl. 

'2.  FranvoU  de  Lorraine,  5«ruiid  ihir  de  Guise,  Srdre  aîné  du  cirdiiMl  de 
Lorraine,  était  alor&  âgé  de  M  uns. 


LBTTRSS    rM^MTES    PE    ll4Kr.DEBtTE    l>S    FIUSCE. 


345 


volnnte,  car  je  pen^e  bien  quit  est  eu  \ous  dexocuter  ce  bienfaict,  don, 
et  libéralité  de  Sa  dicte  Maçesic,  lequel  ne  peult  ertre  empesche  pour 
le  respect  de  pou  service,  car  je  croy  que  tou?  avez  bien  oppinion,  que 
lesdictes  qimtn*  gallerm  entAnt  H  mains  do  mondict  sienr  de  Savoye 
seront  an^tant  on  la  puissance  et  diiipo«:ition  de  Sa  dicte  Mageste,  que 
si  elles  estoyenl  en  son  port  de  Marseille,  et  que  Ion  en  fera  aussi 
aysement  pour  la  votante  que  vous  scavez  que  iDonseigoeur  de  Savoye 
a  demployer  tout  ce  qu'il  a  en  ce  monde  pour  son  dict  service.  Touchant 
ma  disposition  il  mcst  demeure  de  la  longueur  do  ce$te  malladyc  une 
si  grande  debiUtatîon,  que  je  ne  me  puys  encores  bien  Tortiftier.  Je  sens 
bien  touttefoys  que  jamande  quelque  peu  de  jour  en  aultrc,  mes^memeni 
depuys  que  le  sieur  de  Castellan  ma  ordonne  de  prendre  du  lait  dan- 
nesse  et  les  bains  a  certains  jours,  comme  luy  mesme  ma  promis  vous 
mander  plus  particulUerement,  et  pour  ce  il  mo  suflini  de  me  recom- 
mander  pour  le  présent  bien  fort  a  vostre  bonne  grâce  duuiisi  bon  cueur 
que  je  prye  Dieu,  mon  cousin,  vous  donner  ea  saute  très  bonne  et 
longue  vye.  De  Nice  ce  xij*  jour  de  juing. 

Vostre  plus  obligée  cousine 

Marguerite  de  France. 

(Â  mon  cousin  monseigneur  te  cardinal  de  Lorraine.) 

vn». 

Au  CAiDIHAL  ItK  LoaSAOtB. 

Hou  cousin,  jay  rcceu  en  ung  mesme  temps  deux  lettres  de  vous  ;  par 
celle  du  troisième  jour  de  ce  moys  '  voup  me  faicles  scavoir  bien  ample- 
moni  les  nouvelles  ([ue  vous  avez  receura  dAngIp.terre  par  monsieur  de 
Randan.  et  !a  bonne  et  saincte  délibération  que  le  roy  a  de  conserver 
te  repoz  de  la  ohresiienie,  aussi  laide  et  support  que  le  roy  caitiolique  a 
promis  a  Sa  Mageste,  si  elle  en  a  beeoing.  Je  vous  remercye,  mou  cou- 
sin, de  la  peyne  que  vous  prennei  de  me  faire  part  de  toutes  ces  nou- 
velles, que  je  su\-s  bien  fort  ayse  denlendre,  pour  laffection  que  jay  au 
service  de  Sa  Mageste  et  mesmement  pour  Icsperance  que  me  donner 
de  quelque  bon  lin.  Au  surplus  je  vouldroys  que  le  présent  dont  vous 
me  remercyez  si  fort  eut  este  encore  plus  bien,  mai.'t  je  mattends  que 
vous  ne  regarderez  tant  a  ta  valleur^  qua  la  bonne  \oluute  de  celle  qui 
vous  lenvoye  ^,  i{ui  ne  désire  rien  davantage  que  vous  faire  congnoistre 
combien  elle  se  sent  vostre  obligée,  et  pour  ce  que  cela  \ieut  des  biens  du 


i.  Celle  lettre  du  3  join  15G0  était  une  réponse  à  la  lettre  de  Marsnertle,  du 
mois  prcredeol^  lettre  qui,  parmi  relies  qoe  l'oo  >i«ni  de  lire,  vsi  l.i  troisième. 

3.  Oo  a  TU  qne  Uai^uerile  avait  offert  au  cardinal,  doat  lei  goùts  hixuetit 
âûBl  bien  coanux  six  ttt'i^  ^  Turqiûa. 


346 


aifU?(GES  BT   DOCDMBIVTS. 


feu  sieur  de  la  Vigne,  quejay  retenu  pour  leur  prix,  je  vous  prye,  mon  cou- 
pin,  avilir  queli]upfiii»  BOuv^nHiico  et  pytie  de  queltiues  pauvres  héritiers 
et  serviteurs  qujt  ina  laisse  et  dont  jay  prins  la  charge,  a  ce  quils  ptiis- 
senli  quand  la  commodité  des  affaires  du  roy  le  permettra  recouvrer  ce 
qui  estoil  deu  ou  dict  la  Vigne,  qui  est  le  spuI  moyen  quits  ont  de 
vivre  et  dcstre  pourveus.  Par  vostre  aultre  lettre  du  ix«jourdoce  movs 
vous  me  raonslrez  assez  dtf  «[uelle  affecliou  vous  maymez,  tant  par  le 
desplaysir  que  vous  avex  de  la  longueur  de  ma  maladye,  que  par  la 
prière  que  vous  me  faictes  et  oon»eil  que  je  me  donner,  d'obéir  a  la 
consultation  qui  a  este  fai<'te  par  le»  médecins  du  roy  pour  tair  quiU 
sont  dadvis  que  je  change.  Grâce  a  Dieu  depuys  peu  de  temps  je  me 
trouve  bien  fort  araandee  et  de  beaucoup  plus  que  je  nay  faict  par  cy- 
devaut.  ïouttefoys  en  quelque  estât  que  je  soyes  je  ne  feray  rien  de  ma 
leste  et  croyray  entièrement  ce  que  le  sieur  de  Castellan  ordonnera  pour 
ma  saute,  niesmement  putsquil  pîuyst  ainsi  au  roy  et  royoe'  mo  le 
commaniler  et  que  mrs  meilleurs  amys  me  conseillent  le  semblable, 
entre  les(|ueU  vous  scavez  combien  je  suys  tenue  de  suivre  vostro  con- 
seil. Je  vous  feroys  pour  la  présente  plus  ample  response  a  ce  que  vous 
me  mandez  touchant  le  retardement  des  quatre  gatleres  données  a 
monsieur  de  Savnye,  mays  après  le  parlement  de  mon  cousin,  monsieur 
le  Grand  Prieur,  nous  vous  hii  avons  faîct  uue.si  ample  expédition,  qun 
puur  cesle  heure  je  ne  vous  diray  aultre  chuse,  sinon  que  je  me  senteroys 
fort  heureuse  si  en  cesl  endroict  je  pouvoys  voir  monsieur  de  Savoye 
bientost  content^  iielon  quil  espère  eu  laeseurance  que  luy  en  avez 
donnée,  et  vous  recommandant  cest  affaire  aullant  que  je  puys  et 
moy  de  bien  bon  cueur  en  voalre  bonne  grâce,  je  prj*e  Dieu,  mon  cou- 
sin, vous  conseruer  en  la  sienne.  De  Nice  ce  xxix«  jour  de  juing  1560. 

Vostre  plus  obligée  cousine 

Marguerite  de  France. 

(A  mon  cousin,  monseigneur  le  cardinal  de  lorraine.) 

VI U  >. 

Ad  CARSINAI.  DB  LOBRAIHE. 

Mon  cousin,  jay  entendu  comme  monsieur  de  Bourdillon'  envoyoit 
a  la  (îourt  certains  articles  proposez  par  le  procureur  du  Roy  a  Thurin 


1.  Ccfl  reines  ëlalÊnt  la  rcine-niÈre,  CalhtHno  de  Médicis,  et  la  jeune  reine, 
Marie  Stuarl. 

2.  Ibid..  B*  35- 

3.  Imbert  de  la  IMatière,  sei^eur  de  BouriHllon,  éuU  &h  de  Philibert  de  la 
Ptatiere,  »i?igaeur  de<i  BortFes,  bailli  et  rjpilainp  de  Manie»  et  de  Meulan.  Vlaré- 
chai  de  cain|i  en  15^2,  Imhitrt  Lleriiil,  rtix  aiivi  plua  tard,  iniréchal  dff  France. 
Il  avait  été  eavojé  en  Piémonl  des  l.iSO.  i\  mourut  A  Fonlainebleaii  le  4  avril  1367. 
Voir  le  curieux  chapitre  de  Branti\rac  sur  M  le  mareschat  de  Bourdition  (t.  V 
dee  ÛËDvres  fompltiles,  Crandf  capitaines  français,  {<.  71-8?). 


LËTTISS   IX^DITES   DE   MIBCOCBITE   1>£   FIi?(CE. 


3*7 


de  quelques  plainctes  quil  laict,  comme  |)lu8  amplement  vous  pou\Tez 
veoir  par  le  conlcnu  d'icoulx  ausquels  a  este  faict  responce  par  les 
gens  de  monsieur  mon  mary,  lesquelles,  je  pense,  ne  Ircuverez  imper- 
tinentes, ne  desray^unnabies,  dont  lou(tefoy«  je  ne  vous  veulx  faire  plus 
ample  discours,  remettant  le  tout  a  vostre  bon  jugement  et  a  ce  que 
moneieur  de  Thulon  vous  en  fera  entendre. 

El  pour  ce  il  met  sultit  vous  afeseurer  dune  chose,  quen  toutes  les 
ordonnances  que  monsieur  de  Savoye  a  faictes  sur  ses  terres  et  subgots 
de  Piedmont,  il  na  eu  aultre  intention  sinon  de  pourveoir  aux  abbus 
qui  se  peuveot  commestro  au  service  de  Sa  Magestc  et  au  sien,  et  de 
prendre  raysonuablemeut  de  ses  dicU  t>ubget2  ce  que  par  eulx  luy  a  este 
accord».  Les  coni^ipnatinns  et  regrets  quil  faict  tenir  des  vivre?  ne  tendent 
a  aultre  fin  par  ce  que  Ion  congnoi5se  que  plusieurs  marchands  et 
aultres  particuliers  voulant  faire  leur  profil  de  la  liberté  octroyée  aux 
cinq  villes  retenues  par  Sa  dicte  Mageste,  il  semble  touttefoys  que  ses 
marchands  et  au  Itres  »i:>yeni  les  princJpaulx  instigateurs  de  ces  plainctee, 
vcu  le  support  quils  ont  des  ofticiors  dp  Sa  dicte  Mugeste.  i^uanl  â  la 
diâlributioii  du  kci^I  K  le  surplus  desdict«  articles,  ji;  niait(;nds,  mou 
cousin,  que  vous  nous  en  contenterez  et  que  vous  ferez  ce  bien  a  mou- 
sieur  de  Savoye  et  a  moy  que  de  le  soustenir  en  ce  quil  vous  semblera 
juste  et  équitable  et  que  particullierement  luy  vouidrez  bien  ayder  a 
ce  que  par  tordre  quil  veult  tenir  audict  Piedmoat  it  puisse  avoir 
moyen  de  satisfaire  au  foumissomenl  des  vivres,  qnil  doibt  aux  sus- 
dictesciuq  villes,  et  que  commodément  it  ne  pourra  faire,  si  ce  nesten 
reformant  let;  abbus  que  ces  dicts  marchands  et  aultres  puurroyent 
faire.  Mais  je  ne  vous  dtray  aultre  chose  do  tous  ces  alTaires  et  me  suf- 
firay  de  remestre  le  tout  en  vos  maius,  vous  les  recomniaudaut  et  moy 
de  bien  bon  cueur  a  voslro  bonne  grâce,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
conserver  en  la  sienne.  De  Nice,  ce  vi*  jour  de  septembre  1560. 

Mon  cousin,  pour  ce  que  vous  êtes  celluy  a  qui  je  me  plains  prive- 
ment  de  ce  que  Ion  nous  faict,  je  vous  prie  voulloir  pour\'tH)ir  a  ceste 
allaire  et  avuir  esgard  qoau  sortir  de  ma  malladye  et  pensant  me 
remettre  du  tout,  fus  on  Picdmont  où  je  voy  je  y  auray  bien  peu  de 
contentement  et  de  playsir,  si  vous  ne  faictes  que  je  y  puisse  vivre  en 
paix  et  faire  cesser  toutes  ces  crieryes. 
Vostre  plus  obligée  cousine 

Marguerite  de  France. 

(A  mon  cousin  monseigneur  le  cardinal  de  Lorraine.) 

IX. 

   UON   COUSJ.f 

Mons'  de  Bourdillon,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy  mon  seigneur  et 
Depveu,  et  lieutenant  gênerai  do  S.  M.  eu  Piedmoat  <. 


l.  N'î. 


318 


MiUKGES    ET    DOCUMETTS. 


Mon  cousin,  j'ay  ce  matin  receu  lettres  de  la  Court  par  lesquelles  l'on 
me  faicl  entendre  que  la  Hoyne  esloit  retournée  une  fois  de  Toury' 
au  boys  de  Vinceunes  sttus  avoir  pu  rieu  fcre  avec  cculx  d'Ortcans*,  mats 
que  deepuis  le  xvu^  de  ce  mois  Elle  avoit  receu  nouvelles  d'eulx  qui  la 
feroienC  ce  jour  mesmef  monter  à  cheval  pour  ristourner  i  Boygency' 
où  elle  espeniit  donner  Bn  à  ces  troubles  par  quelque  bon  accord.  Elle 
ne  tarda  point  de  sy  aschemînor  ti>nt  aussi  tost,  enooros  quelle  se  acn- 
tist  assez  mal  d'une  ch(>ute  de  cheval  qui  luy  avoit  Taict  fort  grand  mal 
à  une  maint,  une  hanche  et  un  bras  qui  la  garde  de  ne  poiiTOir  escripre 
de  sa  main  ^  L'on  me  mande  encores  que  le  camp  du  Roy  est  beau- 
coup plu«  fon  dp  oavaIlf>rye,  mais  que  ceulx  d'Orléans  en  sont  plus 
d'infantnrye  ^.  Mais  nonobstant  tout  noia  l'on  me  donnp  fort  grande 
espérance  d'accord  ^.  Je  crois,  mon  cousin,  que  vous  aurpz  entendu  ces 
nouvelles,  toute^fois  je  n'ay  voulu  faillir  à  les  vous  mander,  et  vous 
advertiray  de  ce  que  j'en  auray  par  cy  apris  davaulaige,  ce  que  je  vous 
prie  ausRÎ  vouloir  fere  de  ce  que  vous  seriez  adverty  premier  que 
moy.  Mo  recommandant  pour  fin  daussl  bon  cueur  &  voitro  bonne 


1.  Aujourd'hui  Tboury,  commune  du  d^iiarlemenl  de  txtir-«l-Cber,  «rroodisse- 
ment  île  Romurantin,  canton  de  Neiing-flur-beuvron,  à  ^4  kilomètres  de  Bluis. 
Ce  fut  en  r«1te  btimlilF!  Iu<!alit(;  que  Ciitbrriiir  dt;  Kédicîs,  nrtain|>aguée  du  nri 
lie  Navarre  et  du  duc  Henry  de  Montmorency,  eut  avec  te  prince  de  Coodé  oue 
conférence  i[ui  resta  sans  résullat  et  qui  a  re^u  le  nom  de  Parlement  de  Thoury. 
Voir  sur  l'entrevue  (cummeaccment  de  juin)  de  h  reiue-DiÉre  nvec  Louis  de 
Bourbon  XHisteire  eccfésiasligue  de  Th.  do  Bèce  (livre  VI,  t.  Il,  p.  47-49), 
VHtsloire  de  J.-A.  de  Thou  (livre  XXX),  l'Histoire  de$  princes  de  Condé  par 
M.  le  duc  d'Aomate  (1.  I,  p.  tiO-l-tl),  etc. 

2.  On  sait  que  le  priore  de  Condé  s'était,  1«  3  avril  précèdent,  emparé  de  la 
ville  d'OrlÈaa»,  qui,  aelon  l'expre&sion  des  auteurs  de  l'jtrt  de  tèri/iifr  les  dates 
[t.  VI,  1818,  p.  170),  devint,  à  partir  de  «  jour,  le  boulevard  de  l'hérésie. 

3.  Beaa^Qcy,  cbef-lieu  de  canlon  du  dêparlctncai  du  Loiret,  arrondissement 
d'Orlédiis,  à  t\i  kilomètres  de  celte  ville.  La  nouvelle  enlrcvur^  eul  lieu  (29  juhi) 
non  i  Beaugeacj,  mais  i  Talcy,  petit  village  qui  est  Duainleiiant  le  chef-Ueu 
d'une  cuinmunc  du  Loir-el-Cber.  arrondissement  de  Blois,  canton  de  Marcheaoir, 
«  k  cinq  lieues  de  Ch&tcatidun  »,  comme  le  marque  Th.  de  Hèze  (t.  U,  p-  570. 
Ainsi  que  rhistoripn  protestant,  M.  le  dnc  d'AumoIe  (t.  I,  p.  141)  *cnl  Taity. 
Ttttcy  est  l'urlboi^raplie  oITlcielle. 

4.  Voilà  bien  de»  détails  sur  un  accident  dont  les  historien*;  ont  en  gÂnéral 
fait  une  tr^s  brïve  menliou.  M.  le  duc  d'Aumale,  par  exemple,  s'est  contenté  de 
dire  (t.  I,  p.  Ut)  que  Catherine,  <  quoique  blessée  d'une  chule  de  cheval  ■,  fut 
lidèle  au  rendez-vous. 

6.  M.  le  duc  d'Auinnte  dil  (p.  170)  :  <  I>es  deux  armé&t  se  rnpprocb^renl  et 
n'étaient  plus  qu'A  deux  liPues  l'une  de  l'autre;  le  choc  paraissait  iaèriiable, 
lorsque  les  négociations  recommeocérenl.  n 

0.  Malgré  toute  l  hibllet^  d(>ployt^  par  Catberine  do  Médlcis  o1  par  son  colla- 
borateur Jean  de  Monluc.  év&|uc  de  Valence,  un  des  plus  lins  diplomstes  de  ce 
temps,  l'accord  oe  se  fit  pas,  et  la  prise  de  Beaugenry  par  les  huguenots,  la 
prise  de  Blois  par  les  catholiques,  suivirent  de  pr6s  l'entrevue  du  W  juin. 


LRTTIItS    intîmTES    l>b    HARGCUITE    DE    FUMCR.  319 

grâce  que  je  supplie  le  créateur  vous  donner ,  moo  cousin,  en  santo 
très  bonne  et  longue  vye.  De  Fossau  {Fossano)  ce  xxljj  do  juîng  1562. 

VoBlre  Iwane  cousine 

Marguerite  de  France. 

X. 

A    M.    DU    BOL'BDILLO». 

Mon  cousin,  le  sieur  Pau^son,  trésorier  de  monsieur  mon  mary  en 
Piedmont,  ma  faïct  entendre  que  le  pmces  qu'il  a  par  délia  au  parle- 
ment de  Tburiu  routre  une  nommée  Madona  Bochona  pour  quelque 
domme  dai^ent  quelle  luy  doïbt,  duquel  je  vous  ave  quelquefois  escript, 
est  prest  a  juger,  et  pour  ce  que  dnpuys  deux  ans  en  ça  sa  partye  a 
tùUMOurs  fuy  le  plus  qu'il  luy  a  esté  possible  et  quil  craint  fort  quelle 
nempesche  encore  le  jugement,  je  vous  prye,  mon  cousin^  le  vouleoîr 
avoyr  pour  recommande  en  la  meilleure  et  plus  brefve  expédition  dejuft- 
ticeque  lonpouvra  pour  le  dit  procès,  etauresteluydouueraussy  moyen 
de  pouvoir  habiter  et  faire  réparer  une  maison  qu'il  a  dans  Tburin, 
laquelle  depuys  loagtt^mpit  eu  çà  a  este  tousjours  occuppee  par  geatil- 
bommes  et  daullres  soldats,  de  façon  qu'il  ua  un  moyen  de  remédier  a 
ta  ruyne,  où  il  ma  faict  entendre  quelle  pourra  tomber,  si  par  vosirc 
ayilc  il  no  donn<*  ordre.  En  quoy,  mon  cousin,  je  vous  pryc  le  voulooir 
gratifier  pour  lamour  de  moy,  et  sur  ce  pninct  je  pry*:'  Nostre  Seigneur 
vuus  donner,  mon  cousin,  eu  santé,  très  bonne  et  longue  vye.  Ce  pr«- 
mier  jour  de  septembre,  1562. 

Voslre  bonne  cousine,  Marguerite  de  France. 

A  mon  cousin  monsieur  de  Bourdillon,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy 
mon5^gneur  et  nepveu,  et  lieutenant  gênerai  de  sa  Mageste  en  Pied* 
muni. 

XI'. 

ÂD   HAKfeCR&L   nS   HoDBDILLOK. 

Mon  cousin,  jo  depesche  expressément  Forget'  présent  porteur, 
devers  leurs  Magestes,  aueiant  pour  les  acertainer'  de  la  disposition 
de  moDsienr  de  Savoye,  que  rendre  compte  des  auttres  parlicu  tarîtes 


1.  Ibid.,  r  12. 

2.  Il  a  été  déjà  question  de  Pierre  Fo^t  dans  U  Rixi^e  des  prAwales  lettres, 
adressée  au  cardioal  de  L/>rraiDe,  eo  juia  1560.  Le  futur  secrétaire  ilEUl,  éga- 
lement investi,  malgré  son  exiréme  jeunes»,  de  la  cootiaoce  de  Catherine  de 
Mèdicis  et  de  cell?  de  Marguerite  de  France,  faiiuiil  la  navelle,  Kmb\e-l-i\,  ealre 
la  cour  de  France  et  la  cour  de  Savoie. 

3.  Assurer,  rendre  certain.  Ce  mot,  sur  lequel  un  des  plus  ip'acienx  ver»  de 
Oitecal  Marol  a  mis  ootnine  un  njroo,  n'a  pas  sorTèeo  ao  xvt*  siècle. 


39W  llâLAXGeS   tT   UOCCMEIVTS. 

Burvnanes  pardecà  durant  sa  maltoilyfî,  ilont  je  luy  ay  donne  chaire  de 

vous  faire  ami^Ie  cummuuicalion,  et  au  demeurant  t^smoigner  du  cod< 
t{>ni3ment  in&oy  que  je  receu  du  sieur  Ludovic  pour  lee  boaâ  oUicos 
quil  a  faictz  en  deux  foys  envers  moy  pendant  mon  affliclion^  desquels 
je  n'ay  failly  de  me  louer  a  la  roync,  comme  je  demeure  aussy  bien 
cunlent*  de  ce  qu'il  a  pieu  a  leurs  susdictcs  MagestCR  di*nvoyer  visiter 
monsieur  de  Savoye  el  muy  par  muaoieur  te  président  de  Birague>^ 
pour  la  bonne  oppinio»  que  jay  de  ce  perwonage  là,  vous  asseuraat 
que  là,  ou  jauray  jamays  moyen  de  recongnoistre  les  honestet^s  qae  je 
re(;ois  de  tous  deux,  ce  sera  tousjourf;  de  liicn  bonne  voluotc,  tant 
envers  eulx  que  tout  ce  quo  leur  appartiendra,  ainsi  ([ue  ledicL  Forgot 
vous  dira  plus  au  lung  avec  le  reste  de  mes  nouvelles,  dont  me 
remcctant  sur  Uiy,  el  apros  vous  avoyr  prie  de  le  croire,  je  supptye  le 
Créateur,  moQ  cousin,  quil  vous  doinct  sa  grâce,  mo  recommandant  de 
bien  boa  cueur  a  la  vostre. 

De  Thurin  ce  dernier  jour  de  soplciabrc  1562. 

Mon  cousin,  monsieur  de  Pequigni*  ma  faîci  entendre  la  souvenance 
que  TOUS  avez  eue  de  luy  pour  la  recommandation  que  je  vous  en  ay 
faicte,  dont  je  vous  remercye  bien  fort,  et  vous  prye  pour  lamour  de 
moy  de  continuer  de  fa<;on  quil  eu  puysse  sortir  quelque  bon  effecl, 
car  jestimeray  ce  bien  là  comme  si  celoit  pour  moy-mesme. 
Vostre  bonne  cousine 

Marguerite  de  France. 

A  mon  cousin,  monsieur  le  maréchal  de  Bourdillon. 

XU». 

Ad  maréchal  ds  BornoiLLON. 

Mon  cousin,  je  croy  que  par  le  pacquet  que  monsieur  de  Savoye  et 
moy  vous  despeschames  byer  après  disnervous  aurez  veu  quil  do  ooub 

1.  Heuéde  liiraKue,  oé  vers  t509à  Milan,  mourut  A  Paris  le  ^4  novembre  1383. 
CoQSt^iller  au  parlcntenl  M  Pari»  Mms  François  I",  il  devint  pliiH  tant  présideal 
du  bénit  de  Turin,  gouverneur  de  Ljon,  gardi!  des  sreiuK  de  France  (1^70], 
cbiinrelicr  (1575),  cardinal  (1578).  Le  niiiréchiit  dn  ikiurdillon  (■.[>oii!«h  en  t>erondes 
noces  Française  de  Biraitue,  la  lille  uTiique  du  futur  prince  de  L  Ë^Use-  Voir  le 
portrait,  &i  virempnt  retricé  par  Braolôiac.  de  Kené  de  Biraguc  {Œuvra  eom- 
ptèles,  t.  V,  p.  76  et  77). 

2.  C*  Tiivin  était  alor»  porté  par  Charles  d'Ailly,  baron  de  Péquigny,  (iU  d'An- 
toine d'Aillr,  vidniuc  d'Ainiciis,  et  de  Marguerite  dn  Mclun.  [<a  baron  de  Péqut- 
gny  fut  tué  à  La  bataille  de  S^iîtil-Deuis  [10  novembre  1567),  eu  nit^me  lem|is  que 
Ma  frère.  Louis  d'Aillj',  vidame  d'Amien-i,  Ce  qui  cipliqiio  la  recommandai  ion 
de  Marguerite  de  France  eu  fnreur  du  baron  de  Péiinigny,  c'^fll  que  le  frère 
atné  de  ce  geulilhomme,  FrançoiA  «l'Ailly,  mort  i^a  Aui^leierre  hu  nwh  de  jan- 
vier 15{î0,  avait  épousé  Françoise  de  Balarnay,  lilte  de  Reuf:  de  Bulurnay,  comte 
du  fioudiogc,  et  d'Isabeltâ  de  Savoie. 

3.  tbid.,  n"  n. 


LBTrtES    néDITI»    DE    VARGDEftlTf.   DR    FlunCR. 


321 


poUTOit  arriver  meilleure  aourelle  que  celle  que  nous  enlendismes  par 
Micquer  (?)  de  ce  que  vous  mavez  advertye  preseutemeol,  par  ce  pur^ 
leur  vostre  serviteur.  Vous  pouvez  juger,  mon  cousin,  si  Jay  occaeion 
destre  contente  pour  le  désir  qu'ay  tou.'ijours  eu  de  vous  vovr  au  désir 
que  vos  vertuz  méritent',  }>articuliercment  aussi  pour  mon  respect* 
ayant  raconnue  en  vous  toute  la  [perte]  que  jay  ces  jours  faicte  en  feu 
monsieur  le  maréchal  de  St-André',  qui  est  toute  la  oonsolation  que 
monsieur  de  Savoye  meo  a  peu  donner^  me  remectant  devant  le^  yeubt 
lamytie  que  je  doibls  espérer  de  vous  et  de  monsieur  de  Viiîilleville  (*f 
qui  tous  deux  avez  succédé  encedéMr.  Au  reste,  mon  cousin,  jay  bien 
amplement  fairt  entendre  a  vostre  dict  porteur  ce  que  jay  entendu  des 
nouvelles  de  ceste  bataille*,  qui  me  gardera  de  vous  en  dire  davantage, 
priant  Dien  vous  donner,  mon  cou»n,  en  santé  très  heureuse  et  longue 
vy€.  De  Rivoles'  ce  xxnii»  de  décembre  1562. 

Vostre  bonne  cousine,  Marguerite  de  France. 
A  mon  cousin  monsieur  de  Bourdilton,  chevalier  de  lonlre  du  roy 
monseigneur  et  nepveu,  maréchal  de  France  et  lieutenant  gênerai  de 
Sa  Magcste  en  Piedmout. 


xni« 

A  Catbuihb  de  MfcDicn. 
Madame,  voyant  lestât  ausquel  mes  affaires  sont  mainctenanl  a 

1.  Marguerite  r^Jicile  ici  U.  de  Boardilloii  de  u  noTnination  au  grade  de 
maréchal  de  France,  «o  remplacemeot  du  maréchal  de  Saiol-Andié  qui  renaît 
d'«tre  OÂMBsiné  (19  décembre). 

'2.  Pour  r«  qui  me  regardp,  d«  re^ecluâ. 

3.  Jacqa«s  d'Albon.  marquis  de  Frunsac,  seigneur  de  Saint-André,  marérhal 
de  France  dcpuu  l'anni't;  \ôil,  hit  prianonier  à  la  bataille  de  Dreui,  eut  Ui  IMe 
casste  d'un  coup  de  pistolet  par  Baiibigny,  stcarde  Uéiiéres,  qu'il  avait  aalreFoi& 
graTeneat  oulnge.  Voir  les  abondants  déUils  que  donne  a  ce  snjet  J.-Ang.  de 
Thou  dans  son  récit  de  U  baUilIc  de  Drfui  (livre  XXXIV,  |».  477-4S5  du  1.  IV 
de  U  traduction  d^  Londres),  dêldîU  qu  U  faut  rapprocher  de  ceux  que  l'on 
troure  dans  les  Ménioires  de  Vieilleville  (Collection  Uichaud  et  Poujoulat, 
L  IX,  p.  3ï!-3-13].  BrantAcH,  dans  sa  notice  sur  M.  U  Marexfial  de  Saint- 
André  ((.  V,  p.  30-46),  est  beaucoup  plus  faTorable  à  Jarques  d'Albon  quK  le  pré- 
sident de  Ttiou,  qui  dt^clare  toutefois  que  ce  Kcntiltiomme  éUH  orné  des  plut 
brillanles  qualités  miturallM.  Marguerite  de  Fraurc  rcgretlail  en  lui  un  des  plus 
anciens  serviteurs  cl  des  plus  dévoués  favoris  du  roi  Henri  II.  â'il  (allaîl  en 
croire  ïa  r«l4cteurs  de  ï'Art  de  vé'ifia'  Ut  daiet  (édition  de  1818,  in-8*,  t.  VI, 
p.  177),  le  cbagrÎD  de  U  prineesu  aurait  été  partagé  par  plunieurs  ;  >  Le  marêclial 
de  Satol-André,  disenl-iU,  emporta  des  re^U;  c'était  le  cavalier  le  plus 
afanable  de  hm  temps;  u  |mlili>^<w  égalait  t'urbanîte  grecque  et  romaine.  » 

4.  Sur  la  bataille  de  Dreoa  voir  les  remnniuables  pages  de  H.  le  duc  d  Aa- 
laale  dans  sou  Histoire  des  princes  de  Coudé  (t.  1,  1868,  p.  168-212). 

â.  Rivoli,  chlteaa  près  de  Turin, 
e.  nud.,  n-  36. 

RïV.   HiSTOB.    XVr.    2"   FABC.  Î1 


322 


MEur<tr;es  bt  oocracm-s. 


Bourges*  et  le  peu  de  seuretc  quil  y  a  poar  mes  oiUciers  «l  mesme 
pour  Moudia,  pnHtuDt  porteur,  commis  au  donsaine  «t  a  la  reofpte  de 
mes  fîitaDces,  de  pouvooir  v&cquer  a  ce  qui  est  besoing  pour  mon  ser- 
vice et  la  charge  qutl  en,  a  fiar  àelh,  tant  pour  la  haine  particultiere 
dautwuns  des  priucipaulx  ministrnii  oi  nrficïcrs  du  Roy,  monseigneur  et 
nepveu*  el  de  la  dicte  ville,  que  pour  le  peu  de  recours  qnil  y  a  du 
président  (?)  a  la  justice,  comme  je  le  faict  entendre  a  monsieur  le 
cbanceUier,  par  ce  qui  men  a  este  o«cript  nt  mande,  de  delà,  pour,  ail 
Vous  playst,  en  estre  advertyo.  Jay  est*  contraincto  de  vous  impor- 
tuner de  ce  mot  de  lestm  et  vous  envoyer  ce  dict  porteur  par  deli, 
pour  vous  supplyor  tro?  Iiumblemcnt,  Madame,  quaprea  lavoir  ouy,  et 
faict  ouyr  en  ses  plainctes,  il  vous  playse  luy  moyenner  telle  seureto  a 
l'endroict  de  ueux  de  La  dictn  ville,  quit  ne  soit  empeer^he  au  manie- 
ment de  me5  affairris,  attendu  que  mcsiAnt  inTorm^e  a  la  vorite  des 
occasions  quil  leur  pouvroit  avoir  donnrr  dp  le  traiter  de  ceflte  façon 
et  avoir  si  ppu  desgard  au  service  quil  me  faict,  je  nay  point  trouve 
quils  en  «veut  une  grande  rayson.  Je  croy.  Madame,  que  vons  vods 
asscurez  bien  que  je  ne  vouidroys  permectre  qn'avlcun  des  attCleos 
coât  liberté  de  mal  fain*,  ny  moins  les  sousLeiiir  quand  ils  auroyent 
oITeacè,  mais  jespere  aussy  quen  ce  que  Ion  les  tourmentera  sans 
propos  et  au  desadTantaige  de  mes  affaires,  tl  vons  playra  les  avoyr  en 
protection,  comme  je  vous  aupplye  1res  humblement.  Madame,  avoir 
le  dict  Muadin,  et  le  recommander  aussi  à  mon  cuui^in,  monsieur  le 
prince  de  la  Roche-sur- Yen*,  aftin  quil  tienne  la  main  que  le  sieur 
de  MontoneiK?),  son  lieutenant  en  la  dicte  ville  de  Bourges,  continue  a 
le  favoriser  ot  mes  dicts  atTaires,  comme  il  a  faict  par  cy  devant  en  ce 
qui  luy  a  este  possible.  Je  me  remestray  du  reste  a  monsieur  le  clian- 
cellier.  Madame,  et  a  Forge(,  auttquel  j'en  escrîpts  bien  amplement  et 
vuus  suppliray  de  reschef  treshumblemoiit  avo^T  moy  le«  dicts  miens  et 
mesdicte  affaires  en  vostre  protection  et  bonne  grâce  acconstumée, 
alaquello,  après  mcstre  ircshumblcmont  recommandée  je  supplye  le 


1.  Les  afiaire^  dont  parle  Marguerite  étaicot  celles  qu'elle  avait,  comme 
ducbesw  ilti  Ikrry,  dius  U  capitale  de  son  duché. 

ï.  Charles  IK,  qui  avait  succédé,  le  5  décembre  ISfiO,  à  wn  TrÈre  François  II 
et  qui  Mail  alort  A%e.  de  11  Ans, 

Z.  Chaitei  de  lïoarboo,  princ«  de  la  Rocbe^ut^Yoïi,  fila  de  Loois  de  Bourbon 
et  de  Louise  de  llourboo,  oomlesM  de  Monlpeaster,  et  frère  oadet  de  Louia  do 
Riiurbun,  dur  de  Hoolpcuipr,  mourut  le  lU  octobre  1565.  BrnntAiiw  fait  un 
ffisui  élotjA  de  ce  prince  (t.  V,  ]>.  3&-3Û),  vaotaot  surtout  umoileratiitti,  coasla- 
tauL  qu'  «  il  nuiuillnil  et  lendoit  plu«  i  appaiser  les  troubles  de  la  l-ranee  par 
la  doauur  que  par  U  Huorre  et  la  rigueur,  >  «1  K^sumant  amsi  loot  le  bien 
qu'il  en  arnit  déjj^  dit  :  t  11  efttoit  Irèi^  sa^e  et  fort  adrïsé,  «t  avoit  un  très  bon 
eeos,  et  le  leooilHia  meilleur  que  celai  de  M.  sou  frère;  aussi  le  rai  Henry  le  lit 
gouverneur  de  Pari^  el  du  TUIo-de- France  aprte  la  batailla  de  Saiot-Quanlio.  où 
11  le  servit  très  bien  el  i  son  couteulemeot  et  de  tout  le  royaume.  • 


LETTRES  I1TfbtTl%  DR  HAEûCEfttTE  tiB   PRAnCE. 


323 


ÔreAtPUr  tous  tloiinpr,  Madame,  en  «ntp  treu  heoreuse  Bt  longue  vye. 
De  RïToles  ce  dernier  jour  de  Décembre  lôfiï. 

Vostre  ires  humble  et  très  obéissante  icar  et  subgette. 

Marguerite  de  France. 
(A  la  Royae.) 

XÎV*. 

A    M.    Dl    AfORTTLLTinii 

Monsieur  de  Morvillier,  »aichant  U  bonne  assistance  et  la  faveur  que 
vous  preiïtez  a  tous  ceuEx  qui  vous  sont  recommandez  de  ma  part,  et 
particulièrement  lomitye,  que  vous  portez  à  monsieur  le  président  du 
Saluée  et  quavez  este  dernièrement  rapporteur  des  articles  de  ceulx  de 
Savillan(?),  entre  lesquels  en  estoit  ung  do  la  justice  deLavaudix,  qui 
appartient  au  dict  président,  je  vous  ay  bien  vonla  faire  ta  présente, 
pour  voue  prier  de  voulloîr  entendre  de  ce  porteur  ce  qui  reste  à  faire 
pour  le  dicl  président  et  sa  femme,  non  seullement  pour  regard  de  la 
dicte  justice,  mays  pour  aucuns  aultres  articles,  que  jay  voulu  signer 
moy  mcsme,  pour  vous  tesmoigncr  et  aux  aultrcs,  pourquoy  et  com- 
ment je  les  treuve  raisonnables,  mesmes  pour  vous  ester  loppîuiou  ou 
soupçon,  que  vous  pouvoit  avoir  donne  ledict  de  Savillan,  que  mon- 
sieur de  Sûvoye  et  moy  pensions  de  recouvrer  la  souveraineté  de  La- 
vaudîx  si  la  justice  du  dict  lieu  estoit  séparée  de  celle  du  dict  Savillon, 
a  quoy  nous  aavotis  pense,  uy  penserons  jama>'s.  Et  neantmoins  noua 
vouldrions  bien  soustenir  le  droict  du  dict  président  pour  les  bonnes 
qualités  que  scavuus  estre  eu  luy  et  en  sa  femme,  pour  les  services 
qu'ils  ont  foict  et  continuent  de  faire  a  8a  Mageste  et  a  mon  Gis,  et 
parcequ'il  me  semble  touttes  leurs  requestea  estre  bien  fondée»,  sur 
lesquelles  si  vous  trouver  quelque  difficulté,  je  vous  prye  men  advertif, 
et  le  dict  porteur  aus^y,  qui  pourra  vous  y  satisfaire,  lequel  jenvoye 
expressément  pour  solliciter  ce  f^ict,  comme  jescriptz  aussy  a  monsieur 
le  chancellier,  saichact  bien  que  de  vous  deux  priocipallement  pro- 
viendra la  plupart  de  layde  et  bien  quils  recepvronl  en  cela,  que  je 
vous  reconmande  de  recbef  austaut  et  plus  que  mes  propres  aflhires, 
affin  quau  plustost  ce  dict  porteur  sen  puysse  retourner,  bien  depescbo, 
priant  Dieu,  monsieur  de  Morrillier,  vous  maintenir  en  sa  saioate  et 
digne  garde.  De  Thurin,  c«  vni*  jour  dapvrit,  1567. 
Vostre  bonne  amie,  Marguerite  de  France. 

S.V» 

A  M.  OB  MotivrLuei. 

Monsieur  de  Morrillier,  je  ne  vous  puis  assez  remercier  des  bonnes 
nouvelles  que  vous  mavez  départies,  par  vos  lettres  du  xn«  de  ce  moys, 

1.  rbid.,  D*  1 

2.  Ibid.,  0*  B. 


pour  Iass6ur&ace  que  vouâ  me  donnez  que  la  paix  sera  bieatost  con* 
due  et  arreglee  eu  France*.  Je  vous  prye  de  croire  que  ccste  nouvelle 
ma  rendu  si  cootenie  et  Ratisfaicte,  qu'il  scroil  mal  aysc  de  vous 
exprimer  par  letlre  le  piaysir  que  jen  ay,  car  jay  tousjours  esUoié, 
qne  la  paix  appurteruil  plue  de  fruict  et  de  commodiie  au  royaulme, 
que  nui  aultrc  rem^do,  et  masseuree,  que  ii  ceulx  qui  ne  la  désirent 
poincl  avnieol  vues  uus  leltrea,  quïlH  pe.seruiuut  mîeulx  les  choses, 
qu'ils  ne  le  fout'.  Mays  jay  loue  Dieu  grandement  de  ce  quo  la  Royne 
a  este  si  hîen  conseillée,  et  mas^eure  que  dan^  ce  taict  vous  Daves 
rien  olilyc  do  vostre  prudence  et  bon  jugement  à  luy  reraonstrer 
combien  ccsto  paix  est  salutaire,  el  quau  contraire  une  telle  guerre  oe 
poull  apporter  que  la  ruyno  et  la  subvortiou  dua  estât,  chose  certene- 
ment  qui  dolLt  estre  bien  mûrement  délibérée,  et  beaucoup  plus  con- 
sidérée qu<*  la  passion  de  ceulx  qui  ne  eavent  pas  conguoistre  le  mal- 
heur qui  en  peult  parsonir,  jusques  à  ce  quïls  layeot  cxperimeaie  à  leurs 
despens.  Je  vous  prye,  monsieur  de  MorviUier,  et  puysque  voua  avee 
voulu  pri'udre  ceste  peine  pour  tuoy  de  me  donner  un  si  bon  advU, 
voultoir  parachever  et  madvertir  de  la  concludsion  qui  aura  este  faicte 
de  la  paix,  car  jay  si  grand  peur  que  quelque  uns  Icmpeschent,  que  je 
nauray  piaysir  entier,  que  je  nen  soyc  cerlaineaieut  asseuree*.  Vous 
remerctianl  au  demourant  de  lasseurance,  que  vous  me  donnez  de  vous 

1.  C'est  Itt  paix  qui  fut  coQclue  arec  les  réfornië«,  quelques  jours  plus  tard, 
A  Loiigjurti^^aii,  k\  (|ue  l'un  ftiirniiinina  la  fiaii'  Ititirrm.  La  (ilupdit  duAérudits,  y 
Winpm  M.  Ludovic  Lmlanne  (Dictionnaire  hii(oriqtte  de  la  France),  donaent  aa 
traita  du  paii  la  dtiti!  du  23  mars.  Daaa  l'Ar(  de  vérifier  les  dates,  c'est  le 
27  mars  qui  esl  indiqué.  Oombitia  il  soritit  désirable  que,  pour  ce  qui  cooceme 
t'hisUvirc  àù  France,  ce  recueil  lût  revu,  corrigé  et  compléta  de  façon  i  devenir 
le  guide  le  plus  sûr  de  tous  lea  Iravdilleurtt!  L'a  menibre  de  riu»litul  trop  (ùl 
nvi  à  la  scieuce,  M.  E.  EluutiiTic,  avaiï  formé  1«  projet  de  donaer  uDe  nouvelle 
Édition  fort  îiint^liurii^ir  Av.  Xa  CUronohgie  historique  des  rois  de  Fruftce.  Puisse 
ce  projet  être  procliaiaemcnt  repris  et  mené  à  bonne  lin  par  un  non  molos 
conscicocieux  cl  qoq  moins  habile  érudit  I 

2.  Ce  l&ngage  si  raisonnable  et  si  humain  s'accorde  bien  avec  te  que  racoate 
Branlàine  (t.  VIli,  p.  |35j  du  l'iiniour  île  Uarguerile  pour  ta  France  et  de  la 
douleur  que  lui  cuusaient  les  guerres  civiles  qui  eiisaiigl an I aïeul  mu  pays  natal  : 
«  C'eiitalt  Uvule  ia  joye  lorsqu'elle  ojoit  de  bonnes  nouvelles,  et  son  triste 
desplai&ir  quand  elle  en  oyoit  de  mauvaiises.  tjuand  les  promierâs  guerres  y  nas- 
qujrenl,  elle  en  pritst  si  grand  ennuj  qu'elle  en  cayda  mourir;  el  quand  la  paix 
fui  faille  ei  qu'elle  vint  à.  Lyon  veoir  le  roy  et  la  reyne  mère  (juillet  1560),  elle 
ne  se  peut  rtaouler  de  a'en  conjouir  avceq'ciix  et  de  prier  la  reine  de  rentrcteoir 
bien,  et  m  courrouier  &  pLusieitrA  huguenots,  el  en  parlant  à  eut  et  en  leur 
«BcrivanI,  de  quoy  i\r  l'avaieat  esmeue,  et  les  prier  de  n'y  luunier  plus;  r-ar  ilx 
l'honrioroient  furl  cl  a\oye«i(  en  elle  créance,  d'aulaut  qu'A  aucuns  elle  leuravoil 
faict  pUi^tr;  et  à  grand  pcyne  fcti  M.  l'admirai  eusi  jouy  de  ses  bicii-s  de  Savoie 
saa&  oHe.  * 

3.  ïAar^uerilo  ne  so  trompait  pas  :  Jean  de  Uorvlllicr  avait  joué  na  rAle  trèa 
actif  dans  lotîtes  les  négocialions  qui  aboutirent  à  la  |>aix  de  LongjumetD.  Voir 
l'ouvrage  déji  cité  de  31.  G.  Uagueuaull  de  Piiche»se,  p.  2U0-206. 


LETTRES    nUDITES    HE    UiBGCTSRlTE    KE    FRAMCK. 


325 


voalioir  employer  pour  madamo  de  Piquigny*,  je  vous  pryo  oncoroa 
avoir  aes  affaires  en  telliï  rcconmandation,  que  les  myennes  propres, 
car  je  layme  tant,  que  je  ne  puys  estre  a  mon  ayse  la  Toyant  tour- 
mentée. Mays  jpsperc  que  par  le  moien  de  la  paii  elle  sera  relevée 
dune  grandr  pciue,  mnyeimaiil  qu'il  playse  a  la  myuo  ue  permettre 
que  luy  soit  faict  tort  en  son  hon  droict,  ce  que  je  craius,  daultaal  que 
par  tc$  lettres  quelle  me!M:ript.  elle  me  mande,  que  Iherilier  de  feu 
monsieur  le  Vydame  d'Amyens  la  traitera  doulcemeni;  quant  a  moy  je 
pense  qui!  nya  ptunct  daultre  héritier,  que  le  fils  de  madame  de 
Piquigny*.  Ce  qiiH  la  royne  ma  escript  me  faict  croire,  quelle  e^t  fort 
importunée  du  steur  de  Trancliollyon,  qui  me  faict  vous  prier  de  rcchof, 
monsieur  de  Morvillinr,  de  vous  y  employer  de  bonnf>  faron  pour 
lamour  de  moy.  Et  vous  asfteure  que  jestimeniy  ce  playsir  comme  si! 
eatoit  faict  a  moy  mesme,  qui,  pour  ne  vous  faire  plus  longue  lettre, 
je  feray  Gn  a  ce$te-cy,  ou  vous  priant  faire  estât  de  moy,  comme  de  la 
mpilleure  et  plus  seure  amye  que  vous  ayez  en  ce  monde.  Priant  Dieu, 
monsieur  tit*  Morvillier,  vous  donner  très  longue  et  bonne  vye.  De 
Thurin,  xxmr  jour  de  Mars  I56t*. 

Vostre  bien  bonne  amye,  Marguerite  de  France. 
A  monsieur  de  MorviUïer,  conseiller  du  Roy  monseigneur  et  nepveu, 
en  son  conseil  prive. 

XVI  r 

A    M.    DB   MoHVILLIBR. 

Monsieur  de  Mor\-illier,  jay  receu  a  la  fin  par  te  sieur  nornellis  et 
par  vos  lettres  le  contentement  que  jay  si  longtemps  désire,  qui 
estoit  dentendre  une  bonne  pacification  des  fasclieux  trouble<:  de  ce 
pauvre  royaulme,  de  quoy  je  loue  Dieu  ei  suys  in^nimenl  ayse  de  ce 
quil  luy  a  pieu  en  avoyr  pitye.  r>e  ma  part  jay  tou.«jours  pen^^e  que 
le  repus  de  leurs  Magrsti's  et  la  tranquillité  de  leurs  peuples  dnpen- 
doit  totaltemenldune  si  bonne  et  amyable  paix,  qne  jespere  que  ceste- 
cy  sera,  laquelle  je  pr^-e  Dieu  voultoir  continuer  de  bien  en  mieulz*. 


1.  C'était  François*^  de  Wnrlv,  veuvi-  d*^  Cbarles  d'Ailly,  barun  Je  Pecquigny, 
\ué  l'iniWie  pr^Menlc,  comme  nous  l'avons  ru  daos  une  autre  noie,  A  li  bilaille 
de  Sainl-Dcflis. 

2.  Pbiliberl-BnuDaDuel  d'Ailly,  baron  d«  Pèqaigny,  ridamt  d'Amiens,  fils  de 
Charles  d'Ailly  «1  de  Françoise  de  Warly,  ^i«it  probablfinent,  s'il  faut  en  juger 
par  ws  prénoms,  filleul  du  duc  di;  Savoie,  mari  de  Marguerite  de  Fraocc.  Il 
est  parlé  daa^  l'article  Pecquigni/  du  Moréri  de  1759  (t.  VIII,  p.  186)  du  procès 
occasionné  par  U  mort  timultante,  sur  le  cbarop  de  batailtc  de  Salnt-lïeiiis, 
des  deux  frères  Louis  el  Charles  d'Ailly,  procès  qui  dura  jusqu'au  \1  décembre 
1!>7^  Jour  où  triompha  la  cause  de  Philibert- Emmanuel  d'Ailly. 

3.  IMd,  n-  14. 

4.  Le»  patriotiques  vceux  de  Marguerite  ne  furent  po.^  exauces,  el  la  paix  du 
13  mars  1&68  fut  de  »i  courte  dorée,  que  les  cooleinporaius  U  »aniommereot 


SSV  HKUUGBS   et  DOCOMBNTft. 

CepeDdant  je  vous  faict  ce  moi  pour  voua  romcrcyer  de  la  peyne  que 
vous  avL'z  prinsc  a  me  faire  participer  a  »ua  si  bonne  aouvcUft,  et  voue 
prye  de  mea  escripre  qualquefoys,  quand  le  loysir  vous  en  sera  donne, 
car,  entre  tous  let:  playsirs  que  vous  me  EM^uriex  faire,  cesluy-la  mest 
le  pluF  agréable,  et  pour  reconi[)enfie  je  vous  prye  faire  estai  de  tdov, 
comme  de  la  meilleure  amye  que  vous  ayez  en  ce  monde,  ot  qui  désire 
vous  faire  playsir  de  liien  fort  bon  cueur*,  comme  vous  con^noistrox 
aveoque  le  temps,  atteudaut  lequel  je  faig  tlu  et  prye  Dieu,  monsieur  de 
Morvillier,  vous  avoyr  on  sa  saincte  garde.  De  Thuria  ce  uuti*  jour 
dspvrtl  t5G8.  Voslre  bonne  amye,  Marguerite  de  France. 

A  monsieur  do  Morvillier,  coQseillîerdu  Hoy  monseigneur  et  oepveu, 
en  son  conseil  prive. 

XVUï. 

PlaiM  au  Roy  usant  de  son  aecoustumèe  clémence,  libéralilê  et  bonté, 
et  fln  oonsidémtion  de^  i^erviccs  que  luy  a  cy-devaut  faiclz  Eymard  de 
Savoye,  prisonnier  détenu  as  prisons  du  Grand  Ghastelei  de  Paris  puis 
iroys  ans,  vouLloir  le  délivrer  des  dites  prisons,  captivité  et  misère  en 
laquelle  il  est  à  présent  en  estréauté  de  maladie,  en  danger  de  perdre 
la  vie,  ot  Sa  Aicip  Maicstô  frustrée  du  très-humble  et  fidelle  service 
qu'il  (lapcro  luy  faire;;  ot  pour  r^si  effect  se  chargera,  s'il  luy  plaist,  des' 
dcbtes  du  dict  de  Bavrtye,  montant  environ  six  mil  livres,  que  ses  com- 
mis ont  obtenues  coutro  luy  en  la  cour  des  Aydes  au  dict  Paris,  par 
arre&t,  en  hayoe  des  services  que  icelluy  de  Savoye  a  cy-devant  faiclz 
à  Ôa  dicte  Majesté,  pour  avoir  defféré  iceuU  commis  et  aultres  faisans 
malversations  im  ses  ânances,  et  lesquclr.  commis  doibvenl  encore»  à 
Sa  dicte  Malesté  environ  seize  mil  livres  de  deniers  revonaas  boas,  ou 
bien  donner  à  icelluy  î5avoye  pareille  somme  de  six  mil  livres  pour 
acquitter  les  dictes  dehtes,  et  d'icelleluy  faire  bailler  assignation,  oultre 
et  par-dessus  la  somme  des  six  mil  livres  doDuée  par  le  dîct  sieur,  laquelle 
en  ce  faisant  demeurera  h  icelluy  de  Savoye  pour  tout  bien  et  marque 
des  dictz  services  faicts,  et  moyen  de  vivre  pour  le  reste  do  ses  jours. 

(Sans  date  et  sans  signature.) 
{Sera  cùndnui.) 

la  petite  paix.  Six  mois  é  p«ine  Apres  U  sigaalure  do  traité  de  Lonf^umeiu, 
on  avait  d6jà  repris  l«s  armes  sur  plusieors  poiats,  ootammeot  en  Poitou  et  en 
Provence. 

1.  Ce  ne  sont  point  \h  de  vaines  formules  ;  on  sent  ta  quelque  sorle  sou«  c«s 
lignes  alfcclueuMfî  palpil«r  le  hon  cu«ur  Je  Uarguerlte,  cl  d«  r«lle  teltre, 
comme  de  la  plupart  des  lettres  qoi  prftcMeat  ou  qui  suivent,  ce  qui  m;  dégage 
fiurlonl,  c'eêl  un  seoltnienld>xqui«o  tiontft.  Noire  publicalion,  à  cet  6gard,  coo- 
limiiï  dfî  la  fAçoa  la  plus  ^lalanle  (oui  «t  que  nous  avaient  apprix  W  éloges 
des  poÈLos  et  des  prosaletiTS,  éloge»  résumés  dans  ces  dsux  vers  de  Ronsard  : 

Kn  la  Cour  où.  For|;ot,  rien  ne  se  voit  de  bon 
Que  ta  Mule  ntailreste  en  boulé  souveraine. 

2.  md.,  n'  4. 


VEUBIIIia  ET  SI»  ATOLO&l&TCS. 


32T 


VERGENNES  ET  SES  APOLOGISTES. 


REPONSE  A   M.   SOABL. 


A  ma  connaissance,  il  n'y  a  pas  encore  dan»  la  science  bistorique 
de  jugemenl  bien  établi  sur  Vergennes  et  sa  politiiiue.  Je  oe  connais 
Dîbif^raphie  sérieuse  de  ce  ministre,  ni  travaux  spéciaux  sur  lapoli- 
tique  ea^térieurc  do  Louis  XVl.  J'ai  dune  cru  opportun  de  Iraitor 
oolte  question,  même  en  partant  des  Taitâ  connus  et  à  plus  forte  rai- 
son aprfê  avoir  trouvé  des  documents  nouveaux  do  la  plus  haute 
valeur.  Iiésin*ux  de  laisser  le  lecteur  Jugo  de  la  véracité  de  mes 
aperruSt  j'ai  surchargé  mon  article  de  citations  elde  textes;  pour  que 
le  reste  des  documents  ne  fût  pas  perdu  pour  ta  sclenW:,  je  les  ai 
donnés  comme  pièces  justiOcalives  de  mon  travail  publié  en  bro- 
chure ' .  Mes  opinions  peuvent  âlre  «  très  discutables  >  ;  peut-être  même 
tes  historiens  les  rëfulcront-ils  compléments  Mais  ce  nV^t  qu'avec 
des  preuve-s  de  la  valeur  des  mienne-s  que  l'on  [«ul  démontrer  la 
baasaté  des  docomenls  que  j'ai  puhliés  ou  la  fausseté  de  mon  inter 
prétation.  C'est  ce  que  j'attendais  de  M.  Sorel  quand  j'ai  lu  sa  cri- 
tique {Refyue  historique^  mars-avril  iHHi].  Mais  j'ai  vu,  à  mon  grand 
reurel,  que  M.  S.  n'avait  tenu  aucun  compte  des  documents  qu'il 
avait  sous  la  main,  réunis  dans  ma  brochure.  Par  exemple,  au  sujet 
de  la  fklsiflcation  des  pièces  officielles,  M.  S.  va  Jusqu'à  me  repro* 
cher  de  ne  pas  prouver  ce  que  j'avance,  alors  precisomenl  que  j'ai 
donné  un  iniporlaiil  dociuaent  contenant  la  démonstration  eclaLanie 
de  ce  fait  iVer^nnes  à  Louis  XVl,  3  janvier  f785]. 

Naturellemenlje  garde  mon  jufçement;  le  prouver  à  nouveau  senit 
répeter  mon  article  \  je  dois  seuleaiont  prol ester  mintre  les  upinionBqtMt 
l'on  m'attribue.  M.  &  prétend  que,  dans  mon  désir  do  noircir  Ver- 
gennes,  j'en  fitis  un  «  sot  »  et  que  je  raille  sa  vertu.  Loin  de  là,  mon 
intention  élail  de  peindre  un  personnage  vivant  avec  ses  défauts  et  ses 
qualités;  je  me  suis  efforcé  de  justifier  Vei^n nés  contre  «  sesadver» 
aaires  •  qui  veulent  en  faire  la  &  cau:^  de  la  révidulioii  ».  J'ai  Lâché 
d'expliquer  ses  fautes  par  les  circonstances  au  milieu  desquelles  il  se 

f.A.  Trutxh«ifkj,  IjiFmncn«H'Aflmma^»sntu  Lnuii  XVL  AvMunappm- 
dice  roBtiuiant  d«s  lnUrea  et  d«  uémoinifi  iaédiU  de  Vergcnncs.  Puù,  Qcmwr- 
BûUière,  1880. 


328 


■^nUKS   KT   OOCIJMBXTS. 


trouvait.  C'est  un  vrai  chagrin  pour  moi  que  M.  S.  n'ait  pas  été  con- 
vaincu par  mes  paroles  :  «  Vergennes  élail  meilleur  que  le  système 
qu'il  représenlail...  On  a  LorL  de  lui  reprocher  d'avoir  voulu  mourir 
ministre;  mieux  vaudrail  rechercher  pourquoi  des  gens  telsqueVer- 
geiinesdevieniient  ministres.»  Mon  jugement  esl  clair:  Veruennesélaït 
un  excelleul  homino.  sympalliiiiueàcauàe  de  sa  verlu  ;  mais  un  ministre 
médiocre,  sans  talent  ni  éuergie.  Il  me  semhle  qu'en  me  lisant  atten* 
livement  M.  S.  serait  tombé  d'accord  avec  moi.  Lui-mr-me  il  recon- 
naît chez  Vergennes  des  »  irrésolutions  »,  «  certaines  défaillanceâ  et 
certaines  maladresses  ».  U  admet  même  qu'il  a  «  queliiuefois  dépassé 
tes  limites  de  rhahilelè  ».  Alors,  sans  doute,  M.  S.  n'aurai!  pas  dit 
explicilemiïnl  :  i  M.  T.  reproche  fort  à  Verj.fennes  son  goiit  \)Oiir  la 
vertu  ».  Pour  faire  tomber  cette  grave  accusation,  foite  trop  â  la 
hâte,  je  n'ai  qu'à  renvoyer  a  une  page  de  mon  article  précisément 
consacrée  â  l'expression  de  ma  sympathie  pour  la  vertu  de  Vergennes. 
Après  avoir  [>arlé  des,  défauts  de  Vergennes  comme  ministre,  j'ai  dit: 
«  En  revanche,  Verg^mes  était  d'une  pureté  de  mœurs  digne  d'un 
puritain,  etc »  Voy.  Hev.  AlJf^,  XV,  256-258. 

Il  n'èlalt  pas  nécessaire  |»ur  M.  S.  de  démontrer  ce  que  j'ai  prouvé 
moi-même  dans  cette  page.  Je  crois  également  qu'il  était  superflu 
de  citer,  d'après  d'Alembert,  Malesberbes  et  Turgot  comme  des 
ministres  «  vertueux  r..  Selon  la  tradition,  Louis  XVI  n'a  pas  choisi 
Vergennes  seulement  â  cause  dp  sa  vtTlu,  mais  aussi  par  crainte  de 
«  l'esprit  audacieux,  du  génie  hardi  »  de  Choiseul.  Le  père  de 
Louis  XVI  et  madame  Adélaïde  ont  recommandé  au  roi  Vergennes 
comme  un  homme  «  éleré  dans  la  connaissance  des  intérêts  de  la 
maison  de  Uourbon  *.  (SouJavie,  11,  1S9.)  Quant  à  Turgot,  il  est 
avéré  t]ue  Vergennes  était  l'ennemi  acharné  de  ses  pernicieuses  idées. 
DoiS'Je  rappeler  sa  chute  rapide  tandis  que  Vergennes  reslait  au  pou- 
voir jusqu'à  sa  mort?  Je  remarquerai  seulement  que  Vergennes  a 
été  une  des  causes  de  la  disgrâce  de  Turgot,  de  Maleshcrbes  et  de 
Nccker,  et  qu'il  croyait  sauver  la  France  avec  le  génie  iînancier  de 
Calonne. 

Évidemment  nous  n'aurions  pas  tant  différé  d'opinions,  si  M.  S. 
n'avait  pas  voulu  placer  Vergenises  parmi  les  hommes  d'État  dont  la 
politique  «  avait  de  la  dignité  et  de  la  grandeur  ».  Reléguant  les 
documents  au  second  plan,  M.  S.  ne  s'attache  qu'à  la  tradition.  U 
invoque  œ  l'opinloD  de^  contemporains  ou  des  successeurs  immédiats 
de  Vergennes  ».  Il  reconnaît  qu'au  nombre  de  ces  dangereux  témoins 
il  se  trouve  d*;  «  très  ardents  détracteurs  »  de  Vergennes  <]ui  m'ont 
devancé  dans  mou  jugement  ;  mais  il  ne  les  cite  pas.  II  s'appuie  prin- 
cipalement sur  Soulavio.  M.  S.  a  remarquée  juste  titre  que  Soulavie 


VEKOEXTfES   bT   SES   APOLOGISTKS. 


329 


«  est  un  de  ceux  que  la  critique  récuse  le  plus  souvent  >  et  qu'il 
«  relate  te  pour  et  le  contre  x.  Il  me  semble  donc  qu'il  ne  faut  pas 
suivre  ses  opinions,  mais  seulement  lui  emprunter  les  faits  quand 
ils  ne  sont  pas  en  contradiction  avec  les  documents.  C'est  ce  que 
j'ai  fait  et  pourtant  M.  S.  dit  que  je  connais  «  fort  mal  ■  Sou- 
lavie.  Il  me  reprucho  de  n'avoir  attribué  aucune  importance  «  aux 
éloges  que  cet  écrivain  prodiime  à  Vergennes  >.  M.  S.  m'in- 
dique même  le  passage  que  j'aurais  dû  citer  :  a  M.  de  Ver^îonoes 
avait  re^^u  les  principes  de  l'ancienne  poliliquci  frauraisc  dans  sa 
pureté  primitive...  M.  de  V.  porta  au  cabinel  toute  l'énerk'ie  d'un 
grand  caraclère,  bien  qu'il  fût  naturellement  pusiilaiiinie  t'L  indécis.  » 
Je  ne  trouve  ici  que  la  confirmation  de  mon  jugement  sur  Vergcnnes. 
J'ose  même  prétendre  que  la  «  pusiUaaimilé  »  et  «  Tindécision  i>  ne 
sont  pas  bien  éloignées  des  «  irrésolutions,  défaillances  et  mala- 
dresses B  comme  dit  M.  S.  D'après  le  point  de  vue  expliqué  dans 
mon  premier  chapitre,  m  u'esl  pas  non  plus  un  éloge  de  dire  que 
VcreenrïûS  avait  reru  «  les  principes  de  l'ancienne  po]iti(|ue  fran- 
çaise daus  sa  pureté  primitive  j*.  Pour  cooipléler  le  jugement  de 
Soulavie,  M.  S.  aurait  pu  ajouter  que  Vergennes  était  «  dévot,  partisan 
des  jésuites,  faible  de  caractère  »  (Soulavie,  II,  159,  ^9f>).  D'après 
Soulavie,  Vergennes  n'a  fait  preuve  de  caractère  que  dans  les  occa- 
sions où  il  a  fallu  défendre  le  pouvoir  royal  contre  tes  moindres 
atteintes.  Si  l'on  peut  citer  les  témoignages  des  successeurs  immédiats, 
pourquoi  M.  S.  a-t-U  négligé  les  paroles  d'un  dcshonimeâ  (jui  ont  eu 
à  soulTrir  de  Tincapacité  de  Vergennes?  J'ai  publié  une  dépêche  de 
Savary  expédiée  de  Sainl-Félersbourg  en  (807,  ou  il  dit  :  "  Voici  ta 
cause  du  mauvais  état  de  nos  aflhires  dans  ce  pays  :  nos  ministres 
n'ont  laissé  ici  aucune  trace  de  ce  qu'ils  auraient  dû  faire  pour  notre 
avantage...  Ségur  a  été  courtisan  aimable  plutôt  que  ministre  de 
France...  Le  gouvernement  français  d'alors,  dans  l'état  de  faiblesse 
où  il  élail  tombé,  ne  prévoyait  pas  le  mal  qui  se  préparait  et  ne  fai- 
sait rien  pour  l'empèchcr.  » 

M.  S.  puise  â  des  sources  encore  plus  dangereuses  :  c'est  «  l'avis 
des  intèrexsés  ».  Je  laisse  le  lecteur  juge  de  la  valtiir  .•scientifique  de 
semblables  arguments.  Remarquott^  seulement  que  le  choLx  en  est 
fait  un  peu  à  la  hâte.  Désirant  prouver  que  l'Europe  avait  en  haute 
estime  la  diplomatie  française  du  temps  de  Vergennes,  M.  S.  tire  de 
Béer  une  lettre  de  Joseph  II,  où  il  dit  :  «  Si  M.  de  Vergennes  goûte 
l'idée  de  l'échange  (Bavière  contre  Pays-Bas),  le  roi  la  goûtera  aussi; 
sinun  il  sera  également  inutile  ([ue  la  première  impre.ssion  du  roi 
soit  même  avantageuse  parce  qu'il  n'en  arrivera  ponrIanL  rien  au 
fond.  »  Il  est  évident  qu'il  s'agit  ici  des  relations  entre  Vergennes  et 


330  HétANOES   ET    P0CDI1£NTS. 

Louis  XYI  el  ncui  entre  Tl^urope  et  la  Vrance.  De  plus,  dans  ceil* 
lettre,  Joseph  pfétendail  que  la  France  devait  elle-méœe  lui  proposer 
la  Bavière*.  Pourtant  dans  ce  U\Te  de  Béer  jque  M.  S.  cite  par  hasard 
avec  un  titre  incomplet  el  sans  donner  la  pagci  il  y  a  un  passage  qui 
lui  aurait  ôlé  d'une  jurande  utilité.  Kn  ce  qui  conoeme  les  éloKes  de 
Marie-Thérèse,  M.  S.  oublie  que  Vergcnnes  lui  plaisait  parce  qu'il 
n'était  «  pas  entreprenant  >•.  Mais  ces  éloges  furent  adressés  à  Ver- 
gennes  au  coniniencenient  de  son  ministère,  et  M  S.  n'a  pas  tenu 
compte  des  lettres  postérieures  (ferinipi;ralrice.  (iBt  atilili  delà  chro- 
nologie se  fait  seuLir  dans  le  portrait  du  principal  personnage  de  son 
livre  :  ta  question  d'Orient^  qu'il  cite  dans  sa  critique.  J'admets 
pourtant  que  Marie-Thisrèse  et  surtout  liatlierine  II  louaient  Ver- 
gennes.  Marie-Thérèse  se  souvint  à  plusieurs  reprises  que  Vergennes 
lui  avait  rendu  u  de  réels  services  »  (GefïVoy,  II,  <87,266j.  Catherine, 
qui  avait  décoré  raint>assadfiur  français  à  ConstanLinople,  regretta  la 
mort  de  Vergennes  en  se  rappelant  sans  doute  qu'il  ne  voyait  dans 
Tagrandissemcnt  de  la  Russie  «  aucuu  préjudice  pour  la  France  ». 
Ce  n'est  pas  à  moi  de  jui:er  à  quel  point  t'cLalagc  de  ces  louanges 
prouve  (iue  Vergennes  était  «  un  très  bon  Français  »,  comme  dit  M.  S. 

Dans  notre  Jugement  sur  la  politique  de  Vergennes,  nous  ne  dif- 
férons que  sur  un  seul  point  :  M.  S.  place  la  Prusse  au  uombre  des 
4  faibles  n  que  la  France  devait  protéger.  Je  ne  pense  pas  qu'où 
puisse  ranger  parmi  les  ftiihies  la  Prusse  de  Frédéric  11,  >*aim|ueur 
de  presque  toute  l'Europe  et  créateur  de  l'alliance  des  princes  alle- 
mauds.  Je  pourrais  même  prouver^  au  moyeu  des  documents  des 
archives,  qu'alors  l'Angleterre,  la  Russie,  l'Autriche  el  même  lE^ 
pagne  avaient  sur  la  Prusse  une  opinion  loule  différente  de  celle  de 
Vergennes  et  de  M.  Sorel.  M.  S.  afllrme  que  le*  Frarieais  davaienl 
conserver  la  Prusse  et  que  a  Frédéric  otTrait  le  meilleur  et  le  moins 
coûteux  moyen  de  contenir  l'Autriche  n.  Vergeanes,  comme  le 
démontrent  mes  documents,  voyait  dans  la  Prusse  un  ami  naturel  de 
la  Fruice  qu'il  fallait  soutenir  à  tout  prix  pour  son  salut.  Je  suis 
parfaitement  d'accord  avec  M.  S.  :  la  France  devait  proléger  les 
vrais  feibles  et  dans  tout  mon  travail  je  reproche  à  Vergennes 
d'avoir  mal  rempli  cette  lâche.  L'un  retrouve  précisément  le  même 
reproehki  dans  le  passage  de  Bignoii  cité  par  M.  S.,  comme  éloge  de 
Vergennes  :  <>  Ou  doit  pardonner  à  M.  de  Vergennes  de  n'avoir  pu 
prendre  une  attitude  plus  énergique  dans  les  conteslalions  relatives 
à  la  Bavière,  aux  Provinces-Unies.  ■> 

En  eUet,  esl-oo  pour  protéger  la  Bavière  que  Vergennes  a  afOrmé, 


I.  Bcer,  JM9ph  il,  LeopoUi  II  uiKd  tianmtv,  p.  190. 


TBRCËi^ieS    ET   9CS    iPOLOGIâTES. 


33« 


au  débul  des  négodaliona»  que  l'échango  des  terriloires  «  n'éUûl  on 
rien  cûntrairc  aux  inlcrùls  de  la  France  »  ?  Élait-il  bien  le  protecleur 
de  )a  Hollande,  lui  quu  les  Hollandais  accusaient  de  n'avoir  «  ni  carac- 
lère  moral,  ni  caractère  politique  »?  N'était-ce  pas  malgré  lui  que 
Gaslries  s'efforçait  de  protéger  les  Hollandais  coulrc  la  l*russe?  Je 
regrette  que  M.  S.  ait  omis  ces  faits^  d  autant  plus  ([u'ils  démontrent 
que  je  ne  me  contredis  pas  dans  l 'appréciation  de  la  politique  de 
(laslries.  Je  regrello  enc:0re  davantage  que  dans  la  question  hollan- 
daise, à  laquelle  J'ai  consacré  nombre  de  pages  appuyées  sur 
les  documents  inédits,  M.  S.  n'ait  porté  son  attention  que  ^r  une 
seule  phrase,  et  cela  pour  en  faire  un  usage  inattendu.  11  cite  ainsi 
cette  phrase  :  «  on  s'indigna  contre  Vergennes...  en  Autriche  et  en 
Prusse  ■.  H.  S.  dit  ensuite  :  «  Il  ',Tratche\&ky}  aurait  pu  ajouter  en 
Unssie,  car  c'est  là  que  Topposilion  de  Vergennea  aui  vues  de  con- 
quéUfs  fut  le  plus  i in pallem nient  subie.  One  nuus  iuiporle  si  en 
France  on  est  satisfait  de  lui  ?  Les  ministres  franrais  ne  sont  pas  faits 
pour  servir  les  cabinets  étran^ra.  «  Javoue  ne  pas  comprendre  le 
déair  de  voir  mentionner  ici  la  Russie,  puisqu'il  n'en  est  pas  question. 
Je  ne  comprends  pas  davantage  pounjuoi  M.  S.  a  remplacé  par  des 
points  le  mot  principal  de  la  phrase,  ia  Hollande? 

L'histoire  de  la  politique  de  Vergennes  est  en<'<)re  à  faire.  Je  suis 
complètement  de  l'avis  de  M.  S.  quand  U  dit,  au  siyel  de  mes  ■  aper- 
çus ;issez  nouveaux  »  ;  «  Je  ne  me  pro|>ûse  pas  de  les  discuter  ici  : 
il  y  l^udrail  t^ute  une  élude  qui  embrasserait  l'ensemble  de  la  pqli- 
dque  de  Louis  XVI.  n  Mais  dans  ce  cas  un  travail  scientifique  doit 
avoir  pour  base  les  documents  des  archives.  Il  y  en  a  lieaucuup  qui 
n'ont  pas  encore  été  étudiés.  Il  en  reste,  même  aux  .archives  natio- 
nales :  je  profite  de  l'occasion  pour  attirer  de  nouveau  raltontion  des 
savants  sur  un  important  volume  de  dépêches  de  M.  de  Maulcvrier, 
dont  j'ai  déjà  fait  mention.  Je  crois  qu'il  faudrait  surtout  étudier  la 
question  dans  les  archives  du  niinislëre  des  Affaires  étran^'ores. 
Peut-être  M.  S.  pourrait-il  y  trouver  des  pièces  plus  importantes 
qu'un  préambule  d'un  mémoire  de  Vergennes,  semblable  à  tant 
d'autres,  e(  auquel  il  attache  une  !Ù  grande  valeur.  Jr  m»  crois  en  droit 
de  préttiiïdrft  (jne  mon  point  de  vue  sera  juslifîé,  car  U  corres|)on- 
dance  de  Vergennes  avec  le  roi  et  ses  mémoires  politiques  sont  les 
cléments  fondamentaux  de  Tétude  de  la  question.  J'espère  toutefois 
que  les  historiens  framais  ne  me  feront  pas  un  reproche  de  nourrir  la 
conviction  que  la  France  a  eu  et  aura  assez  de  célébrités  politii|ues  |>our 
qu'on  n'ait  pas  besoin  de  rehausser  les  médiocrités.  Je  remarque  chez 
eux,  dans  ces  derniers  temps,  un  autre  penchant.  La  politique  i  pré- 
voyante et  avisée  »  de  Louis  XV  a  été  niée.  On  a  appelé  V  «  écho  des 


332 


M^UICES    ET    D<K:1IMK^S, 


contemporains  déduits  k  tes  louanges  adressées  à  Choiseul.  On  a  même 
déclaré  que  Turgot  n'était  ■  nullement  un  homme  d'État  n.  En  ran- 
geant Vergennes  h  côté  de  minislrcs  tels  que  Bornis,  avec  lequel  il 
a  une  certaine  ressemblance,  je  serai  [>wil-étre  plus  prés  de  ces  his- 
toriens que  M.  S.  qui  le  place  plus  haut  que  Turbot,  comme  un 
a  homme  d'Ëlal  »  dont  la  politique  était  grande  et  digue. 

C'est  itiutileraenl  que  M.  S.  B'appes;intil  sur  le  rûle  de  la  France 
Pt  (le  la  Russie  dans  rhir^toire  de  la  Crusse.  Li  science  commence 
seulement  à  étudier  cette  question,  et  si  j'en  ai  dit  quelques  mot.s,  ce 
n'est  que  pour  indiquer  une  des  manières  de  Tenvisager.  Je  n'oserais 
pas  suivre  Tcxemple  de  M.  S.  qui.  en  deux  pages  palhétiques,  tranche 
«  trèâ  racitement  >  cette  qucstiuii.  Les  faits  qu'il  rapporte  sont  îiidu- 
bjtablemenl  1res  <  connus  »,  car  on  peut  les  trouver  dans  tous  les 
m;inuels;  mais  le  point  capital  c'est  que  la  science  no  les  a  pas  encore 
éclaircis. 

Je  u'ai  voulu  aussi  qu'eflleurer  la  question,  quand  j'ai  parlé  des 
lois  historiques,  sans  l'élude  des(iuelleri  je  ne  vois  pas  de  progrès  véri- 
table pour  la  science  historique.  J'espère  qu'après  cette  protestation 
M.  S.  ne  prétendra  pas  que  j'ai  employé  le  mot  a  intégration  »  pour 
me  servir  d'une  «  expression  riche  !■.  Je  regrette  l}eaucoupque  ce 
terme  scieutilique  {que  j'ai  répété  quatre  fois  en  cinq  lignes  et  non 
pas  deux)  n'  «  offre  pas  »  à  M.  S.  «  un  sens  précis  ».  Ou  bien  M.  S. 
nierait-il  les  lois  historiques? 

11  no  me  reste  <[u'ii  remercier  M.  S.  de  son  indulgence  pour  mon 
français  et  je  la  réclamerai  de  nouveau  pour  ma  réponse.  Je  ne  me 
suis  pas  attaché  aux  a  nuaue^s  »,  chose  inaccessible  à  un  étranger; 
j'ai  seulement  poursuivi  la  clarté  et  la  précision  si  nécessaires  à  la 
polémique. 

A.   TBATCHETSRr. 

Le  46  avril. 


Note  de  la  Rédaction.  —^  Nous  croyons  dnvoir  clore  ici  la  discussion 
soulevée  par  MM.  Sorel  et  Tratchevsky.  Elle  ne  pourrait  être  utilement 
reprise  qu'après  uue  étude  spwiale  sur  l'ensemble  de  la  politique  de 
Vfirgennps  d'aprèc  Ifta  nomhn»ux  documents  que  contient  le  dépAt  des 
Affairée  étrangèrcp.  Nous  ospérons  tjup  quelque  historien  connaissant  à 
fond  la  politique  européenne  du  xvni"  siècle  sera  tenté  par  un  si  beau 
Riijpt.  M.  Tratchovsky  a  été  surtout  frappé  par  l'indécisiuii  des  vues  de 
Vergcnnes  et  la  faiblesse  do  sa  conduite  dauf  quelques  affaires  Impor- 
tantes,  en  particulier  dans  celle  de  Hollande.  Il  a  mis  ce  fait  eu  lumière, 
mais  en  mi>me  temps  il  en  a  tiré  des  conclusions  générales  sur  les  capa- 
cités politiques  de  Vergcnuos,  conclusions  qui  ont  paru  exagérées  h 
M.  Sorel.  Pour  celui-ci  le  fait  capital  qui  justiOo  Vei^eanes,  est  que  la 


LES   VJXOiaES   PB   MBTTGR'YICH. 


S33 


'  France  était  en  Europe  plus  grande,  plus  influente,  plus  respectée  après 
Vergennes  qu'avant  lui,  et  que  daas  rimpt^ssibilîté  où  l'un  était  de 
prévoir  en  1780  Ips  destinées  futures  de  lu  Prusse,  le  plus  sage  était  de 
maintenir  en  Europe  le  statu  quo,  de  contenir  l'Autriche  ei  la  Prus&c 
l'une  par  l'autre,  comme  l'a  fait  Vei^ones.  La  question  est  maintenant 
posée;  d'autres  l'approfondiront  et  la  résouilront.  Nous  croyon»  que 
M.  6.  dans  sa  réponse  qui  était  non  une  réfutation  en  règle,  mais  une 
protestation  au  nom  d'un  point  de  vue  historique  diflerent,  a  bien  indi- 
qué In  point  \iilnérubEe  de  la  thètie  de  M.  T.  ;  mais  nous  aussi  pensons 
qu'une  partie  do  cette  thèse  subsistera  cl  qu'on  rabailra  à  l'avenir  de 
l'idée  exagérée  qui  avait  coure  jusqu'Ici  sur  le  génie  diplomatique  de 
Vei^eaues. 


LES  MÉMOIRES  DE  METTERNICH. 


Une  publicalioD  historique  a  rarement  excité  une  attente  aussi 
vive  qiie  la  première  partie  des  Mémoires,  documents  et  écrits,,  dit^ers 
laissés  par  le  prince  de  Metternick,  parue  siinutlanément  en  alle- 
mand, en  anglais  et  en  fi-ançais^  On  pouvait  supposer  que  le  Toile 
qui  semblait  cacher  tant  dcvénemcnts  remarquiblcs  allait  se  déchi- 
rer ptiur  Ea  |)remiére  fois,  que  l'homme  d'Klal  éniinenl  qui,  pendant 
une  longue  i>ériodo,  a  Joué  le  premier  rôle  en  Europe,  allait  initier 
le  lecteur  aux  secrets  les  plus  importants  de  la  politique,  ('es  espé- 
rances uni  été  réalisées  dans  une  certaine  mesure,  mais  pas  autant 
qu'on  devait  le  croire.  Du  re-ste.  ce  ne  sont  pas  les  niéinoires  de  Met- 
ternicb  qui  font  la  priucipule  valeur  de  ces  volumes.  Il  faut  au  con- 
traire avouer  en  ce  qui  touche  ces  mémoires  qu'ils  n'rml  ^lour  ainsi 
dire  pas  modifié  l'opinion  étalslie,  et  Melternich  lui-même  fait  sur 
ceux  qui  examinent  de  près  ses  paroles  l'impression  d'un  témoin 
peu  véridjque. 

Qu'on  rélléchisse  à  toutes  les  ressources  dont  dispose  aujourd'hui 
la  critique  pour  s'twcuper  d'une  pareille  publication.  Les  deux 
premiers  volumi-'s  de  cet  ouvrage  considéralile  traitent  de  la  période 
de  4773  à  4845.  Il  n'y  a  peut-être  pas  d'éjioque  sur  laquelle,  peo- 


1.  Mémoires,  documents  01  écrits  divers  laisses  par  le  prince  de  MeUemidi, 
chancflier  de  cour  et  d'État,  publié»  par  «on  Ula  lu  yrinr-e  Rirtiurd  de  Melter- 
Ditb,  classés  ri  réuui&  par  U.  A.  de  Kliakowslroem.  Première  partie  :  Uepui* 
la  naissam-e  do  Mcltcriucb  jusqu'au  congrès  de  Vienne  (1773-1815).  !  tomes, 
Paris,  Pion.  1860. 


dant  les  dernières  vingt  années,  on  ail  répandu  autant  de  lumière 
nouvelle  :  Mémoires,  journaux,  ocirrospondanccs  de  persODuages  qui 
se  sont  illustrés  à  octte  époi^ue  ont  été  publiés  en  grand  nombre.  Les 
ardiives,  précédemment  fermées  au  public,  se  sont  ouvertes.  M.  d*\r- 
ncLh  le  premier  a  appliqué  aux  archives  de  Vienne  ces  principes 
libéraux  qui  peu  à  peu  et  plus  ou  moins  ont  obtenu  partout  gain  de 
cause.  Lps  hi.sloriftns  |)euvenl  inainlpniint  puiser  ;i  la  source  même. 
Ce  qui  passait  jusqu'ici  pour  une  tradition  inébranlable  se  trouve 
démenti  par  les  actes  offlciets,  et  toute  l'hiBloire  de  la  Révolution  et 
de  l'Empire  se  trouve  soumise  à  un  K^nd  procès  en  révision.  Il 
n'est  donc  pa.s  étonnant  qu'on  ait  en  main  tous  les  moyens  dp  contrô- 
ler sévèrement  les  assertions  d'un  liomme  qui  nous  apprend  com- 
ment il  a  vécu  et  ce  qu'il  a  fait  pendant  la  période  en  question. 
Onand  même  nous  aurions  affaire  à  un  homme  plus  digne  de  foi  que 
MelternicU,  il  prêterait  encore  fréiiucmment  le  flauc  h  la  critique. 
Plus  nous  connaissons  une  époque,  plus  un  auteur  de  mémoires 
court  risque  d'être  convaincu  de  beaucoup  d'erreurs,  plus  il  lui  est 
difficile  de  nous  apprendre  quelque  chose  de  nouveau. 

Mais  les  mémoires  de  Metternich  ne  forment  qu'une  partie  de  la 
nouvelle  publication.  Elle  contient  en  outre,  ainsi  que  le  titre  l'in- 
dique, des  Documents  et  écrits  divers  laissés  par  le  chanceliw  de 
cour  et  d'État,  Ce  .sont  ces  documents  et  écrits  qui  font  la  valeur 
principale  des  deux  volumes,  lis  sont  très  varies  :  portraits  de 
quelques  contemporains  célèbres  tracés  par  le  prince  de  Metternich, 
c'est-a-dire  le  portrait  de  Napoléon  (t  820)  et  le  portrait  d'Alexandre  I" 
(1829),  lettres  de  Metternich  à  sa  femme,  à  sa  Rite,  à  ses  père  et 
mère,  à  Marie-Louise,  a  Taïleyraiid,  à  Fauché,  etc.,  dépêches  du 
temps  de  ses  fonctions  diplomatiques  à  Dresde,  à  Berlin,  à  Paris, 
nombreux  rapports  à  l'empereur  François,  instructions  au  prince  de 
Schwar/enbcrg,  au  chevalier  de  Lebzel  Lern ,  discours  prononcé  par  Met- 
ternich en  qualité  de  curitcur  de  CVcadémiedes  beaux-arts  (Vienne, 
\2  février  \%\%\,  etc.  On  lit  aussi  avec  intérêt  le  projet  d'un  appel  à 
l'armée  impériale  et  royale  rédigé  en  093  et  une  brochure  anonyme 
parue  en  UO-t  dans  laquelle  le  futur  champion  de  la  réaction  s'ex- 
prime dans  des  termes  enflammés  en  faveur  dVne  levée  en  masse, 
lùifln  on  peut  appeler  l'attention  sur  un  mémoire  relatif  au  congrès 
<le  Vienne,  qui  se  trouve  à  la  fin  du  deuxième  volume.  II  a  été  inséré 
dans  le  recueil,  bien  qu'il  n^émaue  pas  de  Moltemich  lui-même,  mais 
de  Frédéric  de  tienlz  qui  l'a  adressé  sans  contredit  au  prince  de 
Garadja,  hospodar  du  Valachie. 

Tous  ces  documents  et  écrits  n'étaient  pas  restés  inconnus.  Plu- 
sieurs ont  été  déjà  imprimés,  par  exemple  les  deux  mémoires  sur  les 


LES  «AlOmBS   D£  1IBTmi<flCK. 


3S5 


évenluaiités  d'une  gnerre  avec  la  France  rédigés  à  Vienne  le  A  dé- 
cembre (80S,  publies  par  Adolf  Bcer,  Zehn  Jahre  asterreichiseher 
Politik  (Uipzig,  Brockhaus,  ^87^),  une  série  de  dépêches  qu'on 
trouve  déjà  dans  Oncken,  (JEsterreic/i  unâ  Preussen  im  Befretungs- 
kriegp  (Berlin,  (irote,  4876,  18791,  d'autres  pièces  avaient  déjà  été 
portées  à  ta  connaissance  du  public  par  le  livre  d'Helfcrl  sur  Marie- 
Louise  (4  873);  il  en  est  de  même  de  l'tissai  sur  Napoléon.  On  aurait 
été  reconnaissant  k  réditenr  sMI  avail  indii[ué  où  chacun  de  ces  docu- 
mfints  avail  déjà  été  Imprima,  d'aulant  plus  que  le  texte  qu'il  en  a 
donné  présente  assez  souvent  des  différences  avec  celui  qu'ont  donné 
ses  devanciers  V  Ces  difTérences  sont  ^iles  à  expliquer,  mais  cette 
expliralîon  n'est  pas  à  l'avantage  de  la  nouvellf^  publicalton.  Les 
auteurs  des  onvragea  antérieure  â  celle  publication  ont  puisé  dans 
les  collections  offtc'relles,  aux  archives  d'Ét&t  de  Vienne,  les  docu» 
menU  qu'ils  unt  réunis.  Motternicb  avait  formé  pour  lui-même  un 
recueil  d'actes  auquel  il  avait  donné  le  tilre  de  Hafériaux  destinés  à 
servira  Chistfnr«  de  mon  temps  (Préface,  p.  vi  et  vol.  I,  220).  Il  lui 
est  proltablemeiil  arrîTé  souvent  de  se  servir  de  simples  projets  ou  do 
copies  hâtivement  faites,  sans  s'inquiéter  des  documents  déposés  aux 
archives  d'Élal.  Le  lecteur  aurait  trouvé  un  grand  intérêt  à  être  tou- 
jours averti  des  difTérences  du  texteofficiet  et  du  texte  de  Mettemicfa. 
L'éditeur  a  cependant  pris  soin  d'ëclaircir  par  de  nombreuses  notes 
les  documents  qu'il  publiait,  mais  ces  noies  sont  pour  la  plupart 
biographiques.  KUessont,  il  fUut  te  reconnaître,  rarement  inexactes'. 
Il  est  impossible  d'&naly.ser  tousce.-^  documents.  Il  faut  les  étudier 
pour  roconnallre  leur  haute  importance  pour  la  connaissance  de 
Heltemich  et  de  l'histoire  de  son  temps.  Dans  ses  lettres  il  se  montre 
comme  on  amusant  causeur,  traitant  les  questions  politiques  et 
sociales  avec  une  aisance  égale,  mais  sans  jeux  d'esprit  éblouissanti. 
Un  intérêt  particulier  s'attache  à  la  série  de  lettres  écrites  par  lui  à 
sa  femme  pendant  le  congrès  de  RasLadt.  Ces  lettres  font  voir 
clairement  combien  il  se  consolait  facilement  des  pertes  de  Pempire 


1.  Qu'on  compare  par  exemple  la  lia  du  mémoire  du  4  U«ceinbr«  1808  (II. 
257)  avec  le  Icxte  donné  par  Ueer  (1.  c.  p.  h^)-  Les  mcmoircs  oc  donoent  pas 
le  pa&iiagc  :  «  La  fèrilé  —  à  une  victoire  >  qui  «e  Uonvc  dans  Béer  p.  52i- 
529.  SoDTent  on  Ht  dans  Oncken  des  phrastfM  qui  manquimt  dans  le  texte  des 
m^nires  sans  que  l'on  «oit  av«rU  dr  cette  licune.  Tar  ex.  i  ta  lin  de  b 
dè|>«cbe  du  t*'  luiJIel  tS08  (II,  18G)  il  manque  U  phrase  :  «  Et  tplle  est  ma 
conviction  —  illuMires.  »  Cf.  Oncken,  II,  5%.  Dans  ta  d*p«<  be  du  17  aoàl  tS08 
(II,  194-1 W},  il  manque  avant  l'alinéa  :  *  Il  est  saperOu  »,  un  long  paasago  qui 
est  dans  le  tnxl«;  donné  pur  Oockea,  II,  6U4-605. 

2.  Oa  «si  flurpriâ  de  voir  que  I  liditcur  dit  (I,  358)  de  Birras  et  de  Rewbell 
en  1706  :  ■  CoovenUonncJfi  connus,  pAu  tard  meiultreA  du  Directoire  exécutif.  » 


336 


H^LiNGES   ET   DOGCmTTfi. 


allemand,  pourvu  que  l'AuLricbe  fil  des  acquisitions  imporlaoles. 
Les  essais  biographiques  dans  le^-^quels  il  peint  Napoléon  el  Alexandre 
sonl  de  petits  chefs-d'œuvre  dans  leur  genre'.  MeUernich  fait  ses 
portraits  avec  beaucoup  de  fini  tout  en  évitant  de  les  surcharger.  Il 
avait  l'avantage  d'avoir  bien  connu  ces  deux  pt^rsonnaye-s.  Personne 
ne  lui  contestera  le  mérite  d'avoir  été  un  sagace  observateur,  on  ne 
peut  pas  dire  que  ses  sentiments  per.-ionnels  aient  nui  à  l'indépen- 
dance de  son  jugement.  Cela  était  à  craindre  surtout  )X)ur  le  portrait 
d'Alexandre  qui  avait  pris  une  attitude  si  hostile  à  Metlernich  pen- 
dant te  cx>ngrès  de  Vienne  et  qui  inspira  toujours  à  ce  dernier  une 
très  grande  dwdance.  A  l'égard  de  Napoléon,  la  lâche  de  Metternich 
était  plus  Tacite.  Car  il  avait  affaire  ici  à  utie  nrtlure  moîiis  complexe, 
et  .Metternich  n'avait  jamais  eu  â  se  plaindre  personnellcmcnl  de 
lui.  Sur  beaucoup  de  points  son  portrait  ressemble  à  celui  de  M"*  de 
Uémusat. 

.Mais  ce  sonl  surtout  les  dépêches  et  les  rapports  de  Metternich  qui 
forment  la  partie  la  plus  importante  des  documents  contenus  dans 
ces  deux  volumes.  IjCs  dépêches  et  ce  fappurl  font  connaître  racli- 
vilé  diplomatique  de  Metternich  à  l'époque  lu  plu:^  critique,  et  rien  â 
ce  point  de  vuo  no.  saurait  les  remplacer.  Ils  servent  aussi  à  le  pré- 
senter sous  un  jour  beaucoup  plus  favoral)le  que  celui  sous  lequel 
on  Ta  vu  jusqu'ici.  Quand  Metternich,  qui  ne  fut  rien  moins  qu'un 
ascète,  quand  le  galant  .Metternich  nous  dit  dans  l'avanl-propos  de 
ses  mémoires  :  «  Depuis  ma  jjremiere  jeunesse  jusqu'à  la  trente- 
sixième  année  d'un  ministère  laborieux,  je  n'ai  pas  vécu  une  heure 
pour  moi  w ,  il  se  laisse  allor.  il  est  vrai,  à  une  ltossc  exagération. 
Mais  on  voit  très  clairement  par  les  documents  publiés  ici  avec  quel 
zèle  iilctternich  se  consacrait  aux  afTaires,  cl  la  force  inépuisable  de 
travail  qu'il  déploya  au  milieu  d'o(T.upalions  très  diverses  inspire,  un 
grand  riîspecl  pour  stis  lalenls^.  A  la  vérité  il  n'apparaît  jamais  que 
comme  un  diplomate  éminent.  Les  circonstances  extérieures  absorbent 
presque  exclusivement  son  attention.  Mais  il  a  envisagé  ces  circons- 
Uuices  extérieures,  il  n'y  a  pas  à  en  douter,  à  un  point  de  vue  Loul 
autre  qu'on  ne  Ta  prétendu. 

Beaucoup  de  gens  ont  cru  que  Metternich,  après  la  guerre  de  ^S09, 
avait  pris  tout  à  (aii  au  sérieux  ralliancc  hrançaise,  cl  qu'il  l'avait 


1.  Le  Journal  de  GenU  donne  A  penier  qu'il  a  èlé  le  rolUbnrati^ur  de  Mel~ 
lernich  diittft  ce  i^yrtmit  de  Nitiinléon.  Il  n'en  est  jifiR  moins  pour  la  plus 
(grande  partie  kbiik  ddule  t'œuvre  de  Hetlemirii.  Fricdrirti  Gcntx,  Taçetrtie/ter, 
Vf,  92,  210. 

2.  Lt!  côinte  d  HardenberK  disait  une  îoh  de  Metternich  :  c  Traraillaiil  arec 
facilité^  il  {iréfère  repf>adaut  les  atnuaeinenlii  au  travait.  »  Y.  Ouckea,   II.  89. 


LES   iriMOtBES    DE   IfETmiTnCH. 


337 


considérée  comme  durable.  On  lui  a  vivement  reproché  d'avoir 
sacrifié  à  cette  alliance  l'archiduchesse  Marie-I^uise,  «  la  fille  des 
Césars  ».  On  a  soutenu  que  dans  les  premiers  mois  de  t8*3  il  était 
encore  fort  éloigné  do  ridéed'alaisser  .Napoléon,  les  armes  à  la  main. 
Une  réaction  s'est  manifoslée  récemmcul  contre  celte  opinion  et  en 
faveur  do  Metternich,  et  les  documents  contenus  dans  ces  deux  vol. 
contribuent  beaucoup  à  la  rectifier. 

Metternich  n'a  jamais  considéré  la  paix  de  4809  que  comme  une 
trêve  et  n*a  jamais  renoncé  à  l'espoir  dVnlendre  sonner  un  jour 
l'heure  du  soulèvement  général  contre  la  suprématie  de  la  France. 
C'est  ce  qui  résulte  cliii  remont  d'un  rapport  daté  de  Komorn  et  du 
iQ  août  4809,  et  adressé  par  lui  à  l'empereur  Frani^oîs  : 

11  faudra  —  lit-on  dans  ce  rapport  (II,  305)  —  qn'à  partir  du  jour  de 
la  conclusion  de  la  paix  nom*  système  6e  borne  exclu  si  vemeat  à  lou- 
voyer, k  nous  elfacer,  à  composer  avec  le  vainqaeur.  De  cette  manière 
seulement  uous  prolongerons  pcut^lrc  notre  existence  jusqu'au  jour  de 
la  délivrance  comœuae.  Saas  l'asâislaoce  de  la  Russie,  il  ue  faudra  plu^t 
jamais  songer  à  secouer  le  joug  qui  pèse  sur  toute  l'Europe...  Il  faut 
que  nous  réservions  nos  forces  pour  des  temps  meilleurs  et  que  nous 
travaillions  à  notre  salut  par  des  moyens  plus  doux,  sans  nous  préao 
caper  de  la  marche  que  nous  avons  suivie  justiu'ici. 

Au  nombre  de  ces  >  moyens  plus  doux  »,  il  faut  mettre  le  maria^ 
de  larchiducbesseMarie-Louiâe  et  de  Napoléon.  L'Autriche  ne  se  liait 
nullement  par  là  au  système  français ,  elle  gagnait  seulement  du 
temps  pour  se  reconnaître  et  préparer  la  lutte  déci^^ive.  «  Les  vœux 
de  Sa  Majesté,  dit  Metternich  dans  une  instruction  au  prince  de 
Scbwarzenberg  du  19  février  ^H^0,  se  bornent  à  l'espoir  de  pouvoir 
gagner  par  l'immense  sacrifice  qu'elle  fait  quelques  année^s  de 
repos,  et  la  possibilité  do  guérir  bien  des  plaies  causées  parles  luttes 
toujours  renouvelées  des  dernières  années  »  (11,  323)',  Le  ministre 
développe  la  même  pensée  dans  un  rapport  a  l'empereur  François 
du  28  juillet  4840  (U,  378),  dans  lequel  il  dit  en  propres  termes  que 
l'Autriche  doit  employer  ce  répit  «  à  rassembler  ses  forces  pour  tous 


t.  GitoQS  aassi  aa  passage  de  t'iostrncUon  gèuéraJe  ponr  le  comte  Zlcliy, 
ambasftsilear  d'Autriche  A  BcrlÏD,  du  H  aTril  181 1  :  <■  l^i  marche  des  érénc- 
mmU  a  sou»  l>esaci>up  de  rapports  changé  de  dirocttoii  par  raUtance  do  faiDiltc 
entre  \«s  souTerainK  dr  l'ABtrichn  et  de  la  Franre.  Tonjoars  occupé  de  la  ponr- 
fiuile  de  ses  plans  de  domination  anivenielle,  l'empereur  Napoléon  a,  par  ce 
rail,  été  forcé  de  dérier  de  la  route  tpi  il  avait  satrie  jusqu'à  cette  période. 
L'Autricbe  t'est,  par  le  m-iriage,  retiré  de  U  première  ligue  d'attaque,  etc.  u 
(Archires  d'àtat  de  Vienne.) 

Rkv.  ILstur.  XVI.  2"  PAM.  iS 


338 


HJliXfilS    ST   DOCCUBTr». 


les  cas  qui  peuveiit  se  présenter  dans  l'avenir  -.  «  L'aspiralion  à  \a 
domjnalioci  universelle  Bst  dans  la  nature  même  de  Napoléon,  olle 
peut  être  modifiée,  contenue:,  mais  jamais  on  ne  parviendra  à 
rétûufTer...  Il  peut  survenir  des  circonstances  où  nous  ayons  à  faire 
appel  à  toutes  nos  forces  pour  prévenir  notre  asservissement  ou 
pour  résister  au  joug.  »  Les  nouveaux  documents  jettent  du  reste 
peu  de  jour  sur  l'atiitudr  de  Metternich  pendant  la  première  moitié 
do  1813.  On  pourra  encore  soutenir  que  Mettcrnich  s'est  trompé  sur 
la  situation  et  a  cru  pouvoir  arriver  à  une  solution  paciflque  sans 
racccâsion  do  l'Autriche  à  la  coalition.  On  ne  peut  prouver  le  con- 
traire jiar  des  documeiiLs.  Maïs  est-il  vraisemblable  qu'un  bomœe 
qui  rtîcon naissait  si  dairemtint «  Inspiration  de  Napoléon  à  la  domi- 
nation universelle  m  ail  pu  |)enser  que  Tempereur  ferait  des  conces- 
sions forcées?  Ne  peut-on  pas  plutôt  affirmer  que  des  ménagements 
imposés  par  le  caractère  de  son  souverain,  la  nécessité  de  compléter 
les  préparaLifs  de  l'Aulriche,  la  crainte  de  la  prépondérance  de  la 
Prusse  et  de  la  Russie  lui  inspirèrent  cotte  politique  tortueuse  qui 
mit  au  désespoir  la  masse  des  patriotes  allemands?  Lorsque  le 
moment  décisif  approcha,  il  posa  à  l'empereur  François»  dans  son 
rapport  du  12  juillet  18(3,  la  question  suivante  :  «  Puis-je  compter 
sur  la  fermeté  de  Votre  Majesté,  dans  le  cas  où  N'aplèon  n'admel trait 
pas  les  bases  proposées  par  nous?  Votre  Majesté  est-elle  invariable- 
ment résolue  à  remettre  aux  armes  de  l'Autriche  et  de  toutes  les 
autres  puissîinces  coalisées  le  soin  de  faire  triompher  la  bonne 
cause?  »  (11^  467).  Plusieurs  semaines  avant  que  l'Autriche  entrât 
dans  la  coalition,  des  observateurs  pénétrants  conscn-aient  l'espoir 
qu'elle  prendrait  part  à  la  lutte.  Guillaume  de  llumboldt,  qui  n'était 
rien  moins  qu'optimiste,  écrivait  dès  le  9  mai  au  chancelier  d'Étal 
Hardenberg  :  «  On  peut  compter  sur  la  cour  de  Vienne  et  je  prie 
Votre  Excellence  de  le  faire*.  t>  Le  comte  Hardenberg,  qui  observa  à 
Vienne  bien  des  choses  inaperçues  par  les  gens  non  initiés,  disait  le 
31  mai  iHiS  que  Meltcrnich  était  d'avis  u  qu'il  fallait  renoncer  à 
l'espoir  de  résnllaLs  qui  n'élaient  plus  à  atteindre,  .se  contenter  de 
moins  et  ne  regarder  l'arrangement  (jue  l'on  pourrait  faire  que 
comme  une  trêve  dans  laquelle  on  se  pr^arerail  encore  à  de  nou- 
veaux efforts*  ». 


I 


1.  Hoiusser,  DtuUche  Getchiehie,  3*  éd.,  vol.  IV,  p.  210. 

2.  OiK'kHD,  loc.  ciL  II,  [1.  325.  Cf.  un  passA^e  den  mvtnoiriett  du  comte  df 
Senin  (Lcipicig.  \^%Z),  y.  ^2ô.  f  II  fut  facile  à  M.  d«  Senfn  do  dérn^Ier  que  la 
cour  d^AutrirhQ  n'avait  aucun  e&poir  sérieux  pour  la  paix  ni  de  plan  tixp  pour 
les  condiUuoft  A  proposer  et  était  au  fond  décidée  &  La  guerre  coatre  la  France  : 
UD  ne  cberchail  dune,  suivant  l'expression  dâ  M.  de  Metlernicti  lui-nitme,  qo'i 


LBS   aiRMOiaïuS    DR    HETTER^Ica. 


3S9 


Une  autre  question  est  celle  de  savoir  où  devaient  tendre  ces 
•  etTorts  ■  dans  la  penâôc  do  Mcttoniich,  et  il  est  très  vraisemblable 
que  les  intérêts  do  l'Autriclif^  venaient  pour  lui  «n  première  ligne, 
ceux  de  l'Europe  aprô5.  Kien  im  prouve  que  des  lors  ni  même  assez 
longtemps  après  il  se  soit  proposé  pour  but  le  détrùnement  de  Napo- 
léon et  le  renver-«emenl  de  Templre.  Il  est  inwnlestable  au  contraire 
que,  avant  môme  qu'uu  coup  de  fusil  eût  «lé  tiré  du  oAé  des  \utri- 
cbiens,  il  avait  assuré  par  de  secrètes  u^ociations  riié^émonie  de 
l'Aulrichc  sur  l'Allemagne  et  l'Italie  '.  Il  était  tout  à  f^ii  dans  le  vrai 
quand,  dans  son  rapport  précité  à  l'empereur  François  du  12  juil- 
let. ifHZ.  il  disait  :  <  Nous  sommes  parvenus  dans  l'espace  d'un 
petit  nomlire  d'années  à  conquérir  le  premier  rang  en  Euro[«.  »  Ce 
nmji.',  l'Autriche  ne  l'a  |)aà  conservé.  Elle  a  perdu  son  hégémonie  en 
All(Muai:[ii;  et  en  iL'ilie.  Mais  la  politique  représentée  par  Mellernich, 
cette  politique  qui  ne  tenait  pas  compte  du  principe  des  nationalités, 
n'en  a  pas  moins  laissé  des  traces  pendant  un  demi-siècle. 

Passons  maintenant  des  Documents  et  écrits  aux  Mémoires.  On  s'en 
ferait  une  idée  fausse  si  l'on  croyait  y  trouver  un  chef-d'œuvre  litté- 
raire. Ils  ne  sont  pas  d'un  seul  jet;  ils  appàrtlennenl  à  des  époques 
très  diirérenles.  Un  fragment,  les  «  matériaux  pour  servir  à  l'his- 
toire de  ma  vie  publique»,  a  été  écrit  en  \iHA.  C'est  l'autobiographie 
du  ministre  jusqu'en  ^SlO.  Un  autre,  «  la  clef  de  mamanièrede  voir, 
et  d'afrir  pendant  la  dureté  de  mon  ministère,  do  1X09  â  1R48  »,  écrit 
en  1S52,  est  la  continuation  des  «  matériaux  ».  Ces  deux  mss. 
étaient  destinés  par  Metternich  «  à  rester  pour  toujours  dans  les 
archives  de  sa  maison  ».  Toutefois  il  cousentil  qu'on  en  fit  usage 
«  pour  combler  des  lacunes  ou  pour  redresser  des  erreurs  historiques 
en  ce  qui  concerne  soit  les  évéjicments,  soit  sa  personne  ».  Un 
troisième  fragment  est  l'histoire  des  alliances  de  1813  à  1845,  vas. 
remontant  à  l'année  1829  et  primitivement  destiné  à  la  publicité.  11 
n'est  pas  achevé,  l'année  1815  n'est  même  pas  traitée,  mais,  pour 
les  années  1813  et  4814,  il  est  beaucoup  plus  complet  que  la  partie 
correspondante  de  la  Clcf^.  (j'wL  de  ces  trois  fragments  que  l'éditeur 
a  composé  l'autobiographie  de  Melternich  jusqu'en  4815. 

Personne  ne  niera  que  tous  ces  souvenirs,  à  quelque  époque  qu'ils 
aient  été  écrits,  témoignent  d'un  talent  littéraire  remarquable.  L'au- 


amoscr  le  Infiî^  et  A  gagner  du  temps  pour  acheTer  les  prêperatifK  qu'on  anoon- 
çait  devoir  éln  termiDés  de  iiiuiière  à  pouvoir  eotrer  eo  carapagoe  à  la  fin  de 
mai.  ■ 

1,  V.  Oockeo,  n,  464. 

3.  Il  cAl  ccpendanl  à  regrelter  que  eette  partie  correspoodanle  de  la  Clef 
«It  été  supprimée  par  l'éditeur. 


340 


iiilLArrr.Ks  bt  documpats. 


leur  sait  grouper  habilement  les  failâ,  son  style  a  quelque  chose 
(l'insiiiuanl.  IL  lui  manque,  il  est  vrai,  ce  tour  épigramniatiquc  qu'où 
trouve  dans  les  mémoires  d'autres  hommes  d'État  célèbres,  maïs  il 
n'est  jamaiâ  traînant  ni  ennu>(;ux.  Mais  si  Ton  s'attache  à  la  valeur 
historique  de  ces  pièces  autobiographiques,  il  faut  recuiniaitre  qu'elle 
est  fort  mince.  Le  récit  olfrc  peu  de  parlicularitéâ  intcressanLes.  11 
se  tient  généra lem tînt  à  la  surface  et  se  horne  a  résuraer  les  faits.  Il 
abonde  en  erreurs  matérielles  et  révèle  partout  dos  tendances 
marquées. 

En  ce  qui  est  des  erreurs,  celles  qui  sont  imputables  aux  défail- 
lances (le  la  mémoire  sont  les  plus  excusables.  Toutefois  il  semble 
étonnant  que  MetUïrnich  se  soit  fié  à  sa  mémoire  sans  appeler  â  son 
aide  d'autres  secours,  (l'est  seulement  ainsi  que  .s'expliquent  les 
nombreuses  erreurs  clironologiquûa.  11  fait  mourir  le  prince  de 
KauniU  en  février  n94,  tandis  qu'il  est  mort  eo  juin,  et  il  fait  de 
Thugul  son  successeur,  tandis  que  Kaunitz  lut  remplacé  de  son 
vivant  par  Cohen/.l,  qui  céda  la  place  à  Thngut.  Il  aflirme  d.'ms  ses 
mémoires  que  Napoléon  a  quitté  Kastadt  deux  jours  avant  son  arrivée, 
et  dans  une  lettre  à  sa  femme  datée  de  Rasladt,  il  écrivait  ;  «  Je 
vous  ai  mande  hier  que  Bonaparte  était  parti  pour  Paris  peu  d'heures 
avant  noire  arrivée  »  (1,  345).  Les  mémoires  de  Mellernich  rap- 
portent (1,  eOj  qu'il  a  iiuilté  Paris  le  4  octobre  ^sos  et  qu'il  est  arrivé 
à  Vienne  le  \Q  octobre.  Ses  dépêches  [iJ,  237}  montrent  qu'il  était 
encore  le  30  octobre  à  Paris.  Le  départ  de  Napoléon  de  Strasbourg 
en  I7K8,  au  moment  de  l'arrivée  de  Metternich,  est  aussi  une  pure 
fanlaisie,  Uonaparte  n'a  jamais  été  on  garnison  dans  cette  ville*.  U 
faut  aussi  reléguer  dans  le  domaine  des  fables  ce  que  Mellernich 
raconlt;  (1,  42;  que  dans  l'été  do  1792,  avanl  la  proclamation  de  la 
République  frauçaiso,  U  était  a  Mayence,  «  entouré  d'étudiants  qui 
inscrivaient  les  leçons  d'après  le  calendrier  républicain  ». 

Mais  il  y  a  dans  les  mémoires  d'autres  points  faibles  qui  sonl 
inexcusables.  Ils  cuntieuuenl  des  inexactitudes  de  faits  et  des  lacunes 
frappantes  qui  ne  s'expliquent  pas  toujours  par  de  simples  oublis. 
M.  OaiLleu  a  fait  ressortir  ilans  un  travail  remarquable  beaucoup  de 
ces  entorses  à  la  vérité  et  rectillé  les  mémoires  à  l'aide  des  pièces 
diplomatiques  émanées  do  Mcttcrnich  lui-môme  ou  d'autres  docu- 


■ 


1.  Mémoires^  I,  6.  a  Lor&qtte  j'arriTtl  dans  celïc  ville,  le  jeune  iNipolèoa 
bdnapiirlf!  venait  dv  la  quitter  ;  il  y  arail  lîni  ses  études  spéciales  cdttnmu  olE- 
l'ier  au  régiment  d'artillrrie  qui  était  eu  gnruiiiuu  Â  Slr«6bour{;.  J'eus  lejt  tn^tnes 
[>roreË6Gur  de  luatbciaatîque!!  et  d'escrime  que  lui,  etc.  »  Cf.  Juag^  Bonaparte 
tt  non  temps.  1,  ciuip.  XI. 


LBS   HriNOlURS    DR    HETTEBIICfl. 


341 


ments  conlemporains*.  Il  a  moniré  que  Mellcrnich  a  présenté  dans 
ses  mémoires,  sous  des  couleurs  toutes  difTérenies  de  celles  de  la 
vérilft,  troU  périodes  de  sa  vie  publii|ue  :  son  séjour  à  Berlin  eomme 
amba-isadeur,  son  activité  diplomatique  de  1808  à  Ik^o  et  [es  négo- 
claliuns  de  Laogres  et  de  Troyes.  Metternich  prétend  dans  ses 
mémoires  que,  comme  ambassadeur  à  Berlin,  il  combattit  le  projet 
de  la  Russie  de  recourir,  s'il  le  fallait,  à  des  mesures  cocrcitives 
contre  te  roi  de  Prusise  pour  le  faire  entrer  dans  la  coalition.  «  Si 
j'avais  pu  encore  arriver  assez  t^jt,  dit-il,  j'aurais  supplié  l'empereur 
Alexandre  d'aiiandonuerun  plan  dont  l'cIfeL  inévitable  serait  de  jeter 
la  Prusse  dans  les  bras  de  la  France,  n  Mais  dans  ses  dépèches  il 
dit  :  «  Le  roi  ne  cède  qu'à  un  seul  sentiment  qui  le  domine  en  chef, 
c'est  celui  de  la  iM'ur  »,  et  «  tout  semble  dépendre  maintenant  de  la 
fermeté  que  l'empereur  Alexandre  mettra  dans  sa  conduite  vis-à-vis 
du  roi  et  de  l'cffel  que  produira  l'entrée  des  troupes  nisses  »  (11,  22, 
49).  Il  prétend  dans  ses  mémoire.s  avoir  compris  pendant  son  ambas* 
sade  à  Paris,  avant  i]ue.  la  ^erre  de  'tSOO  éclatât,  c  que  sa  tâche  se 
réduisait  à  remplir  le  rule  d'un  spectateur  iuactif  et  aussi  imparliai 
que  pouvait  l'être  un  homme  de  «sur,  à  une  époque  où  le  monde 
traversait  une  révolution  sociale  ».  Mais  on  voit  par  ses  dé()éches 
qu'il  ne  fut  pas  le  moins  du  monde  un  spectateur  inactif  et  impar- 
tial, mais  qu'il  eut  avec  Napoléon,  Talleyrand,  etc.,  des  conversations 
très  impo^tantej^  sur  le  partage  de  la  Turquie,  dont  il  ne  dit  pas  un 
mot  dans  ks  mémoires.  Si  l'on  s'en  tenait  à  l'autobiographie,  il  fau- 
drait croire  que  Metternich  n'a  pas  envisagé  sans  appréhension  l'issue 
de  la  guerre  de  1S09.  Les  «  préparatifs  matériels  »  lui  paraissaient 
suffisants,  mais  il  ajoute  :  »  Il  n'en  était  pas  de  même  de  la  partie 
morale  de  cette  grande  entreprise.  Je  pus  me  convaincre  que  sous 
ce  rapport  le  cabinet  se  livrait  à  plus  d'une  illusion.  »  Cependant  les 
mémoires  ré<ligés  par  lui  à  Vienne  a  la  fhi  de  1808  prouvent  qu'il  a 
beaucoup  contribué  lui-même  à  nourrir  les  illusions  de  sa  cour.  Et 
il  se  montre  dans  ses  dépêches  plein  de  confiance.  Le  3  avril  ^809  il 
écrit  de  Paris  au  ministre  Stadion  : 

Les  moyens  militaires  sont  égaux,  les  dijtpnaitions  des  peuples  «ont 
pour  nouB  ;  pourquoi  le  succès  ne  le  serait-il  pas?...  Les  peuples  de 
notre  empire  849  serreront  tous  autour  du  lr6ne  de  l'auguste  maison  qui 
leur  a  assuré  des  siècles  de  prospérité  et  de  bonheur.  Je  suis  loin  de  voir 
le  mémo  empressement  ici.  La  lutte  n'c«t  donc  pns  égale,  elle  est  entière- 
ment &  l'avantage  de  notre  augustn  maître  (II,  2881- 


I.  Paul  Bailku,  Die  ^femoiren  Meiternicks  dans  H.  von  S]rb«l,  Butortsche 
Zâtiehrift,  >cue  Folge,  vol.  Mil,  p.  227-277. 


343 


HfEUNGSS    KT   DOCPMÏTTS. 


Le  récit  de  l'audience  du  4  5  août  IfïOS  olfre  un  des  points  les  plus 
inLéressanla  pour  la  critique  des  mémoires*.  Il  y  a  là  rertaines 
nuances  dont  il  faut  tenir  compte.  Metternich  présente  cet  événement 
dans  ses  mémoires  d'une  faron  plus  dramatique  encore  qu'il  ne  se 
passa.  Dans  les  mémoires,  lo  récit  commence  ainsi  :  u  Après  quelques 
instants  d'un  silence  inaccoutumé,  Napoléon,  d'un  air  sérieux  qui 
annonçxiit  la  prémnlilation,  s'avanra  vers  moi  jusqu'à  la  dislance  de 
deux  pas.  Là  il  s'arréla  et  m'adressa  à  haute  voix  la  question  sui- 
vante :  Eh  bien  !  monsieur  l'ambassadeur,  que  veut  l'empereur  voire 
maître?  »  etc.  Dans  le  rapport  du  17  aoiit  4808.  il  est  dit  que  Napo- 
léon, après  avoir  causé  de  choses  indiirérenles  avec  Metlcrnicli  et 
avoir  abordé  le  comte  Tolstoy  en  faisant  le  tour  du  cercle,  se  retourna 
vers  Metternich  «  avec  un  air  qui  n'annonçait  pas  d'ordinaire  l'ap- 
proche de  l'orage  »,  etc.  Selon  les  mémoires,  «  Napoléon  élevait  de 
plus  en  plus  la  voix,  comme  il  avait  l'hahilude  do  le  faire  chaque 
rois  qu'il  poursuivait  le  double  but  d'intimider  son  interlocuteur  el 
de  frapper  les  assistants  ».  D'après  le  rapport  contemporain,  «  l'em- 
pereur n'oleva  pas  un  seul  moment,  la  voix  ;  il  ne  quitta  jamais  ni  le 
ton  ni  les  expressions  de  la  plus  étonnante  mesure;  nous  avions 
l'air  dti  faire  un  cours  de  politique.  »  Dans  les  mémoires  on  lit  : 
«  Aussitôt  que  Napuléun  cuL  quitté  la  salle,  je  fus  entouré  de  tous 
mes  collèjgues,  qui  venaient  me  féliciter  au  sujet  de  la  leçon  que, 
selon  eux,  j'avais  donnée  à  l'empereur.  «  Une  pareille  altitude  de  la 
part  du  corps  diplomatique  n'est  pas  waisemblable  en  soi,  el  dans  le 
ra])pflrl  au  Iteu  de  ce  détail  on  trouve  seulement  :  «  U  est  superllu 
de  parler  à  Votre  lixcellence  de  l'etret  qu'a  produit  cette  longue  «tn- 
versation  sur  tous  les  assistants.  »  Selon  les  mémoires,  Metternich 
répondit  au  comte  de  Champagny  qui  lui  assurait  «  que  dans  la  scène 
de  l'audience  il  n'y  avait  eu  pour  lui  rien  de  |H;rsomiel  el  que  le  seul 
but  de  sfin  maître  avait  élé  d'écîaircir  la  situation  :  «  L'Europe  sera 
en  mesure  de  ju^cr  do  quel  c6lé  se  trouvent  la  raison  et  le  bon  droit.  » 
Dans  son  rapport  du  il  août  I80K  (II,  200),  il  dit  :  •>  Je  me  bornai 
à  l'assurance  très  sommaire  que  j'entrevoyais  dans  cette  conversation 


1.  On  trouve  d«ns  ThierA.  I.X,  203-206,  et  dans  Lanfrgy,  IV,  388.  un  rèfîil  de 
cet  ontreUcQ  d'après  uue  It^Ure  Je  M.  itfî  Ctininpogny  i  U.  Audrruss),  Le 
ul&UIre  de  Saxe,  comte  de  Si'nltl,  raconte  dans  iet,  mémoires  (Leipzig,  Veil 
et  0*,  1ft63),  i>.  55  :  «  nae  c<e  fut  à  lui  tjne  M.  de  Cliarofiagny  s'adressa  au  nom 
de  l'euipereur,  en  mare  tS09,  pour  fui  deiiiauder  coniiiiiiiiicalioD  de  mn  rapiKtrl 
ftur  cet  entretien,  par  U  rumparAtiiori  duquel  on  viiuiaU  i^ans  doute  ^tre  siir 
de  ne  fa»  trop  s'éloigner  de  la  vérité  ilau»  Ik  préritt  qu'un  nIhiU  piililifr  (dans 
le  Monitewr).  Géivi-d  ft'écarle  floarent  dM  paroles  originales  que  M.  de  SenSl 
avait  (ranBinises,  mais  il  s'accorde  a&ftcs  avec  la  v^ril^  pour  lo  fond.  • 


LES  HlEllOIRES    DE    METTEailCII. 


343 


même  un  nouvel  espoir  pour  la  conserralion  de  la  paix.  »  Celui  qfui 
ne  lirait  que  les  mémoires  pourrait  croire  que  c«  fameux  entretien  a 
annoncé  l'ouverture  des  hoi^UIités.  Celui  qui  étudie  les  actes  diplo- 
matiques s'aperçoit  que  Meltcrnich  eut  encore  avec  \apoléon  des 
conversations  très  auiicale;^  et  qu'on  considérait  la  guerre  comme  ne 
devant  pas  «  avoir  lieu  avant  un  an  s. 

Le  récit  des  négociations  qui  précédèrent  la  conclusion  de  la  paix 
de  Vienne  est.  comme  M.  lïaillcu  l'a  établi,  tout  à  fUit  inexact  dans 
le$  mémoires.  11  faut  en  dire  autant  du  récit  du  mariage  de  Napoléon 
et  de  l'archiduchesse  iMane-Louise.  C'est  encore  un  cas  où  les  lettres 
et  les  actes  diplonialiques  du  ministre  peuvent  encore  servir  à  rec- 
tifier son  aulol>iugraphii>.  On  [K>s:sêdo  en  outre  dans  le  livre  dllel- 
ferl  sur  Marie- Louise  un  guide  précieux.  Metlernich  raconte  dans  ses 
mémoires  : 

Nous  étions  instrnits  des  négociations  que  Napoléon  avait  eatamâtt 
avec  la  cour  de  Russie  en  \tio  d'une  union  avec  une  grande-duchesse, 
et  nous  savions  aussi  qu'il  était  résolu  à  rompre  son  mariage  avec  l'im- 
pératrice Joséphine.  Nous  noug  doutions  si  peu  de  ses  vues  sur  une 
archiduchesse  d'Autriche,  que  lorsque  M.  de  Laborde  noua  l<>s  fît  entre- 
voir, nous  crûmes  ôtro  Ifs  jouets  d'un  rtîvc.  Mais  il  nous  fallut  bien 
croire  qun  la  chof^e  otait  sérieuse  lorsqu'à  l'occasion  d'un  bal  masqué 
Napoléon,  en  porMone,  pria  ma  femme,  qui  était  re.sièo  à  Paris,  de  me 
faire  connaître  ses  intentioa:».  Voici  ce  qui  arriva  :  Dans  un  bal  masqué 
donné  par  l'archicbancelier  Cambacérés,  et  auquel  ma  femme  a\'ait  été 
iuvitée  d'une  façon  très  pressante,  un  masque  s'empara  du  bras  do 
M*^  de  Mettemich.  Celle-ci  reconnut  aussitôt  Napoléon.  Le  masque 
conduisit  ma  femme  dans  uu  cabinet  à  l'extrémité  des  appartements. 
Âpr^s  quelques  propos  iusiguitiants.  Napoléon  lui  demanda  si  elle 
croyait  que  l'arcbiduchesse  Marie-Louise  accepterait  sa  main,  et  que 
t'Emporeur  son  père  consentirait  k  cette  union.  Ma  femme,  très  surprise, 
affirma  qu'il  lui  était  impossible  de  répondre  à  cette  question.  Napoléon 
lui  demanda  ensuite  si,  à  la  place  de  l'archiduchosse,  elle  lui  accorde- 
rait sa  main.  Elle  lui  asRura  qu'elle  la  lui  refuserait  certainement. 
B  Vous  âtos  méchante,  lui  dit  l'Empereur;  écrivez  à  votre  mari,  et 
demandez-lui  ce  qu'il  pense  do  la  chose,  a  Ma  femme  s'y  refusa,  et  lui 
indiqua  le  prince  de  Schwanzenber^  comme  rinlcrmédiaire  qui  devait 
le  mettre  en  rapport  avec  la  cour  impériale.  Elle  ne  manqua  pas  d'ins- 
truire aussitôt  l'ambassadeur,  qui  se  trouvait  au  bal,  de  ce  qui  a'clait 
passé  entre  elle  et  l'Empereur. 

Mettemich  raconte  plus  loin  que  le  prince  Eugène  Beauhamais  flt 
le  lendemain  matin  les  mêmes  ouvertures  au  prince  Schwurzenbei^, 
V  au  nom  de  Terapereur  et  de  l'aveu  de  l'impératrice  Josq>hine,  sa 
mère  *.  Il  rapporte  une  conversation  qui  eut  lieu  à  ce  sujet  entre 


j 


344 


UilATitiES   ET    DOCUBIBMfi. 


toi  et  l'empereur  François,  aussitôt  qu'on  eut  connaissance  à  Vienne 
de  ce  qui  s'était  passô".  L'empereur  Krançois  en  cause  avec  son 
ministre  et  lu  cluirgo  d'eu  jjarler  à  sa  nile.  Celle-ci  rcpund  :  «  Je  ne 
veux  que  ce  que  mon  devoir  me  commande  de  vouloir.  »  L'empereur 
François,  par  un  senlimeot  héroïque  et  magnanime,  se  décide  à 
accepter  :  «  Envoyez  un  courrier  a  Paris  pour  annoncer  que  j'accé- 
derais à  la  demande  de  l'empereur  des  Français,  mais  sous  la  réserve 
rormelie  que  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre  il  ne  sera  posé  de  condition  : 
il  est  des  sacrifices  qui  ne  doivent  être  souillés  par  rien  de  ce  qui 
ressemble  à  un  marché.  «  Et  Slettemich  conclut  par  ces  mots  : 
«  Voila  la  vérité  sur  le  mariage  de  Napoléon  avec  l-arclUduchesse 
Marie-Louise.  » 

Ce  récit  est  un  roman  hisLorli|uc,  dans  lequel  les  TaiLs  sont  arbi- 
trairement disposés.  Nous  savons  par  les  actes  diplomatiques  do 
.Melternich  que.  lorsque  M.  de  Labordc  le  sonda  sur  la  possibilité 
d'une  alliance  de  famille  des  deux  cours,  il  ne  crut  pas  du  tout  «  être 
le  jouet  d'un  rêve  ».  Nous  connaissons  son  instruction  au  prince 
Schwaiv.eniier^  du  25  décembre  1^09,  dans  laquelle  il  lui  trace  la 
conduite  quMl  doit  tenir  dans  cette  circonstance,  instruction  écrite 
avant  que  Napoléon  eût  manifesté  par  un  seul  mol  ses  inlcnlions  à 
regard  de  l'Aulrichû.  Nous  possédons  une  lettre  de  ta  femme  de 
Metlernich  du  3  janvier  I8<  0,  où  elle  raconte  que  le  I"  janvier  elle 
a  été  présentée  à  l'empereur.  L'empereur  lui  dit  :  «  M.  de  Melternich 
a  ta  première  place  rie  la  inonarchie  ;  il  cotmait  bien  ce  pays-ci,  il 
pourra  lui  être  utile.  »  Madame  de  Melternich  ajoute  :  a  Otle  phrase 
me  frapiïa  surUJUt  par  ce  (]ui  va  suivre.  »  Et  elle  raconte  que  le  lende- 
main elle  fut  appelée  à  la  Malmaison  et  que  là  la  reine  de  Hollande 
et  Joséphine  lui  exposèrent  le  plan  d'un  mariage  de  Napoléon  avec 
l'archiduchesse.  Nous  posswlons  aussi  la  réponsii  de  Metlernich  à 
cette  lettre  de  sa  femme,  en  date  du  27  janvier  ISIO.  Il  s'y  exprime 
ainsi  :  ^  C'est  avec  un  intérêt  bien  vif  que  j'ai  lu  les  renseignements 
que  renferme  votre  lattre  sur  l'enlrevue  que  vous  avez  eue  avec 
l'irapéralrice...;  je  regarde  culte  affaire  comme  la  plus  grande  qui 
puisse  dans  ce  ujoment  occuper  rEurope.  »  A  la  raémei  date  appar- 
tient une  lettre  à  Schwarzenberg,  où  l'on  trouve  ces  moU  :  «  On 
nous  en  a  trop  dit  pour  admettre  la  possihi  lilé  qu'il  n'entrât  pas  dans 
les  intentions  de  la  cour  de  France  de  s'allier  avec  la  maison  impé- 
riale d'Autriche.  »  Nulle  part  il  n'est  question  de  celte  entrevue 
décisive  de  Na|K>léon  avec  M""  de  Melternich.  11  est  possible 
qu'elle  n'ait  pas  été  entièrement  inventée,  que  Napoléon  et  M*"' de 
Metlernich  se  soient  entretenus  dans  un  bal  mas<]ué  de  la  question 
du  mariage,  mais  cet  entretien  n'a  pas  ou  en  tout  cas  l'importance 


^ 


que  Melternicb  lui  attribue.  Ce  n'est  pas  lui  non  plus  qui  a  été 
chargé  par  l'empereur  François  de  conférer  avec  sa  fllle,  et  Marie- 
Louiso  ne  presscnlK  ijm'lque  chose  du  sort  qui  la  menaçait  que  bien 
après  l'époque  indiquée  par  Melternicb.  11  coniredil  lui-même  son 
assertion  par  une  lettre  écrite  à  Schwarzenhcrg  le  U  ffevrier  1840 
|II,  320).  et  où  Ton  lit  : 

Son  Altesse  Impériale  n'étant,  à  l'époque  du  dernier  courrier,  pat» 
encoro  informée  d'une  question  qui  depuis  longtemps  occupe  l'Europe 
entière,  je  n'ai  pas  été  dans  le  cas  do  préjuger  celle  de  sou  consentemRnl. 
J'ai  ta  salisfaciion  de  vous  prèveuir  coulideoliellement  aujourd'liui  que 
M""  l'archiduchesse  Marie-Louise  n'a  vu,  dans  l'ouverture  que  eon 
augiisle  père  lui  a  faite  depuis  sur  la  possibililé  que  Napolran  eteadit 
PC*  vues  jusqu'à  elle,  qu'un  moyen  de  plus  de  prouver  ù  ce  père  chéri 
le  dévouement  le  plus  absolu. 

On  sait  d'auti-e  part,  par  une  lettre  de  Marie-Louise  à  son  père  du 
5  décembre  1  MO.  qu'elle  avait  commencé  par  le  prier  de  lui  épargner 
cette  preuve  de  dévouement  ^ 

En  uu  mol,  l'effet  dramatique  produit  [var  la  lecture  de  lautobio- 
grapbie  diminue  sensiblement  quand  iiii  tient  compte  des  pièces. 
Il  semble  que  M.  Th'iers  ait  en  partie  suivi  le  récit  de  Mcllernich, 
quand  il  a  trailé  du  mariage  autrichien  dans  son  Histoire  du  consu- 
lat et  de  l'empire.  On  lil  du  moins  dans  oel  ouvra^'c  iXI,  293)  :  ■<  Ce 
monarque  (François]  qui  aimait  beaucoup  sa  Hlie  et  qui  ne  voulait  à 
auRun  degré  la  contraindre,  chargea  M.  de  }/ettêrnich  daller  lui  en 
parler  lui-même.  Ce  ministre  se  rendit  donc  auprès  de  l'archidu- 
chesse Marie-Louise  pour  lui  faire  part  du  sort  qui  l'atlendait,  si 
elle  voulait  bien  l'afirétT...  Elle  accueillit  avex  la  réserve  wjtivenable, 
mais  avec  une  joie  sensible,  la  nouvelle  du  sort  briUant  qui  lui  était 
offert.  » 

On  savait  déjà  que  Thiers,  pour  le  récit  du  célèbre  entrelien  qui 
eut  lieu  à  Dresde  le  26  juin  4813  entre  Napoléon  cl  MettcrDich, 
s'élait  servi  bien  qu'avec  une  grande  liberté  de  la  relation  du  ministre 
autrichien^.  On  voit  maintenant  par  la  présente  publication  que 
Thiers  s'est  souTent  adressé  à  Metternich  pour  obtenir  des  rensei- 
gnements historiques.  C'est  peut-être  à  Metternich  qu'il  devait  des 
renseignementâ  sur  lAcadémie  des  beaux-arts  do  Vienne,  dont  le 
chancelier  éuil  curateur  et  qui  comptait  Gœlhe  parmi  se^  membres 

I.  Helfert,  loc.  cil.  p.  403. 

1.  Vu),  U  criliiiac  des  récits  différents  dan*  Onrken,  Iik.  dt.,  tl.  384  et 
«uir.  Il  eiiftle  de  l^^rcA  différenreA  enlre  le  récit  de  Hellernicfa,  publié  i>ar 
Helfert,  p.  363-370,  et  celui  des  ménaoire». 


J^ 


346 


MIEUVOBS    ET    DOCOMBTTTS. 


honoraires*.  Mais  c'est  uniquement  de  son  imagiDation  que  l'his- 
torien français  a  lire  (X.III,  54}  cette  assertioD  élonnaote  que 
«  G<vlhe  et  Wieland  avaient  été  attirés  et  reçus  à  Vienne  avec  beau- 
coup d'éclat  ». 

Revenons  aux  mémoires  de  Metternich.  Ces  mémoires  confondent 
les  pourparlers  de  Langres  et  de  Troyi-s  en  <SU.  II  met  la  question 
de  la  succession  de  Napoléon  au  premier  plan  et  se  donne  comme  le 
partisan  des  Bourlmns,  tandis  qu'il  représente  Alexandre  comme  leur 
eiiiieini  le  plus  pronuncé.  Maiâ  il  ne  dit  pas  que  le  désaccord  de  la 
politique  russe  et  de  la  politique  autrichienne  portail  en  première 
ligne  sur  la  question  de  savoir  si  Ton  devait  continuer  la  guerre  et 
faire  reculer  ta  Franc*  en  décades  frontières  de  <  792  ou  imposer  des 
bornes  à  l'intluence  de  la  Russie.  Il  fait  d'uno  question  secondaire  la 
question  principale  et  laisse  dans  l'ombre  la  véritable  cau.se  du 
désaccord.  Il  se  fait  au^si  honneur  d'avoir  soutenu  conLre  Alexandre 
et  son  entourage  révolutionnaire  le  principe  de  la  légitimité  dans  un 
moment  où  le  dctr6nemeut  de  Napoléon  n'était  pas  encore  une  chose 
compleLement  assurée. 

Si  l'un  reclierche  maintenant  tes  motifs  de  ces  dérogations  des 
mémoires  à  la  vérité  historique,  dérogations  d'autant  plus  impar- 
donnables que  le  ministre  pouvait  daoe  bien  des  cas  consulter  tes 
documents  officiels,  on  reconnaîtra  que  souvent  la  vanité  a  guidé  sa 
plume.  Il  veut  se  rendre  encore  plus  imporlant  qu'il  ne  l'a  été.  D 
veut  exagérer  la  part  déjà  considérable  qu'il  a  prise  aux  événements. 
Il  vise  par-dessus  tout  à  passer  aux  yeux  du  lecteur  pour  l'apprécia- 
teur s;igc  et  infaillible  des  hommes  et  des  choses.  11  dit  bien  (1,45): 
«  Les  hoinm(*.s  tie  savent  guère  deviner  les  vraies  causes  et  la  portée 
des  événements  qui  se  passent  sous  leurs  yeux.  »  Mais  en  ce  qui  le 
concerne,  s'il  fallait  croire  ses  mémoires,  les  causes  et  les  conaé- 
quences  de  tous  les  événements  lui  seraient  apparues,  comme  s'il 
èLiit  un  être  i^upériour  à  l'humanité.  Presque  à  cliaque  page  on  ren- 
contre des  expressions  telles  que  :  «  J'avais  raison  »  ou  *  Le  lemps 
m'a  justifié  »  ou  k  Les  événements  ont  montré  que  je  ne  m'étais  [>as 
Irompé  »  ou  «  La  suite  a  montré  que  mes  calculs  étaient  justes.  > 
Lui  qui  dans  sa  dépêche  du  3  avril  4809  avait  dit  :  «  La  lutte  est 
entièrement  à  l'avantage  de  notre  maître  »  raconte  dans  ses  mémoires 
(1,  79)  :  «  Le  ministre  (Sladîon)  reconnut  que  Va  politique  que  j'avais 
proposée  aurait  été  plus  sage  que  celle  qu'on  avait  suivie.  »  Lui  qui 


1.  Vo).  ta  h'ilrr  tle  r*>nicrclemeTit!i  île  Go*lhe,  to!.  I.  238,  c\  le  discours  pro- 
nonce p«r  Hellernicb  en  sa  qualité  de  cural«ur  de  l'Ac»démie,  1î  (énier  1812, 
II,  452-46a 


dans  son  rapport  du  2K  décembre  48H  (11^  434)  avait  dit  :  «  Si  Ton 
peut  conjecturer  l'avenir  en  s'appuyanl  sur  l'expéritMice  du  passé  et 
surtout  sur  Texpériencc  des  derniers  temps,  il  est  certain  que,  selon 
toute  apparence,  la  France  triomphera  »  •  il  raconte  dans  ses  mémoires 
[I,  124)  :  t  La  campagne  de  48^2  fut  «suivie  de  conséquences  que  dès 
le  principe  j'avais  reconnues  non  seulement  comme  possibles,  mais 
encore  comme  étant  les  plus  probables  à  cause  des  idées  foncière- 
ment erronées  de  Napolnon.  »  L'exposé  des  négociations  de  Langres 
et  de  Troyes,  avec  la  confusion  qui  y  ré^ne,  trahit  le  dësir  de  Met- 
bernich  de  se  représenter  contnie  le  prophète  infaillible  et  on  n'a  pas 
besoin^  en  le  lisant,  de  se  souvenir  des  circonstances  politiques  de  \  fi'29^ 
sous  l'empire  dt'-squelles  Metternirh  l'a  composé.  Préoccupé  par  la  pen- 
sée de  passer  pour  un  hommn  qui  ne  s'ei»t.  jamais  trompé,  Melternicb 
devait  nécessairement  faire  violence  à  la  vérité  historique.  L'a-l-il 
fait  inconsciemment  ou  en  a-t^il  eu  le  sentiment?  A-t-il  négligea 
dessein  tes  documents  diplomatiques  émanés  de  lui-même,  dont 
l'étude  l'aurait  mis  en  garde  contre  plus  d'une  fausse  asserlion,  ou, 
tout  en  les  consultant,  a-t-il  intenUonnellemcnt  passé  sous  silence 
les  résultats  de  cette  élude?  Nous  n'osons  résoudre  cette  question 
dans  un  sens  ou  <lans  un  autre.  Peut-être  les  volumes  suivants  per- 
metlront-iîs  de  léclaircir. 

A  cette  prétention  d'avoir  eu  toujours  raison,  qui  se  manifeste  dans 
Taulobiographie  de  Mctlernich,  ^'ajoute  o^lle  d'avoir  toujours  été 
l'homme  vertueux  par  nxci'ltence  aussi  hien  dans  la  vie  privée  que 
dans  la  vie  publique.  On  ne  trouve  rien  ici  du  Mettcrnich  auquel, 
lorsqu'il  avait  vinirt  ans,  Kaunilz  rendait  le  témoiirnage  d'être  un 
bon  et  aimable  jeune  homme  d'une  verve  séduisante,  un  ])»rfiiit 
cavalier.  On  ne  trouve  pas  ici  le  fiivori  des  femmes,  sur  la  frivolité 
duquel  les  hommes  de  tous  les  partis  no  tarissent  jamais*.  On  ne 
voit  qu'un  homme  integer  vitx  scelerisque  punts^  modèle  de  gravité 
et  de  moralité  même  dans  sa  jeunesse,  ejcempt  de  passions,  même 
de  passions  lé-gilimes. 

L«  carrière  diplomatique,  dit-il  (I,  22),  pouvait  sans  doute  flatter 
mon  ambition  ;  mais  durant  toute  ma  vie  Je  fus  ioaccessibla  à  ce  sea- 


1.  Un  iIm  Juj;Mn«nU  les  pins  défiTorablcs  est  celui  de  Ri^iuin,  BUtoire  de 
ftaaxe,  etc.,  X,  124  :  «  Pour  ua  lioininp  de  mœnrs  Kravcs  comne  l'imbus»* 
deur  Olto,  l'air  qu«  n^epirait  M.  de  MeUcrnich  élail  un  air  «mpoiMinniï  :  La 
colerie  d'IinmmcA  «Ido  remiueâ  avec  lesqucU  il  w  Irourail  en  rnntacl  riia([uit 
jour  sctnblail  A  ccl  aiiibâftsadeur  «tre  un  réfPfitacle  de  Itccnt:c,  de  T^nalilè  cl 
de  corruptiri't)  ;  c'était  a  «e»  veux  la  régence  au  petit  pied.  •  Vojcz  le  jogemeat 
de  Stein  dans  Pertz,  Da*  Ltbt%  des  fi-eihmm  vont  stéin,  IV,  25S. 


348 


■ilATCES  RI  documbeits. 


tiaient....  Dans  rarrati^meutde  ma  vie  la  joaraée  appartenait  entièn^ 
mpnt  anx  afTaires  fit  la  soirée  était  un  tomp»  de  récréation  péparant  le 
travail  du  repos(I,  24)....  JVusdes  rapports  très  fréquents  aver  Ir  prinr*« 
Louis-Ferdinand  ;  il  me  prît  même  on  atTcction,  mai»  les  déPauts  dont 
je  viens  de  parler  élevèrent  une  barrière  entre  nous.  Pendant  tout*  ma 
vie  j'ai  eu  la  mauvaise  compagnie  eu  horreur;  or  le  prince  Louis  vivait 
dans  un  monde  détestable. 

Si  l'on  trouve  dans  le  Metternich  des  mémoires  un  homme  d'une 
haute  moralité,  on  y  trouve  aussi  un  homme  d'Étal  non  moins 
moral.  A  ses  yeux  en  effet  la  morale  publique  et  la  morale  privée 
sont  d'accord  et  il  prétend  avoir  rempli  les  devoirs  de  l'une  el  de 
l'autre.  D'après  lui,  la  base  sur  laquelle  repose  le  syslème  des  éLaU 
modernes  est  identique  à  celle  sur  laquelle  «  la  grande  société 
humaine  repose  qui  s'est  formée  nu  sein  du  christianisme.  Cette  base 
n'est  autre  que  le  précepte  formulé  par  lu  livre  par  excellence  :  Ne 
fais  pas  à  autrui  ce  que  lu  ne  veux  pas  qu'on  te  fasse.  »  11  résiUte  do 
là  que  la  vraip  sagesse  poHtique  consiste  à  attacher  plus  d'importance 
aux  intérêts  f;énéraux  qu'aux  intérêts  particuliers. 

L'histoire  nous  apprend  que  chaque  fois  que  les  intéréu  particuliers 
d'un  Ëlat  sont  eu  contradiction  avec  les  intérêts  généraux  et  qu'on 
néglige  ou  méconnait  i:es  dernierf^  pour  travailler  rxcIu  vivement  à  suivre 
les  premiers,  ce  fait  doit  être  regardé  comme  une  exception,  comme 
une  maladie  dont  le  développement  ou  la  prompte  guérisoo  décide  eu 
dernier  ressurl  de  la  destinée  de  cet  Étal...  En  face  de  ces  vérités,  que 
devient  la  politique  de  l'égoîsme,  la  politique  i3u  bon  plaisir  ou  do 
Tambition  mesquine  et  surtout  celle  qui  rechercho  Tutile  en  dehors  de* 
règles  les  plus  élémentaires  du  juste,  qui  se  rit  de  la  foi  jurée  et  qui,  en 
un  mot,  repose  uniquement  sur  les  vaines  prétentions  de  la  force  et  de 
l'habiletéTOn  peut  juger,  d'après  celte  profession  de  foi,  quelle  valeur  j*ai 
toujours  attribuée  à  des  politiques  de  la  taille  ou,  si  l'on  veut,  du  mérite 
d'un  Mazarin,  d'un  Talleyrand,  d'un  Caunlog,  d'un  Capo  d'Islria,  d'un 
Uaugwitz  et  de  tant  d'autres  plus  ou  moins  célèbres. 

Principes  excellents,  dont  la  carrière  de  Mcltemich  et  l'histoire  de 
l'État  dnnt  il  a  servi  les  intérêts  avec  tant  de  zèle  forment  un  corn* 
nientaire  original. 

Mais  un  homme  dans  la  situation  de  Metternich  pouvait  bien  ne 
pas  s'apercevoir  que  ces  principes  avaient  dans  sa  bouche  l'air  d'une 
ironie.  Il  availdanssa  longue  carrière  appliqué  contre  les  Allemands 
et  les  iLaliens,  les  Polonais  et  les  Hongrois,  la  politique  «  do  la  force 
et  de  l'hahiloté  »;  il  entendait  admirablement  l'art  «  de  se  rire  de 
ta  foi  jurée  «^  il  n'avait  même  pas  repoussé  au  congres  de  Vienne 
l'alliance  «  d'un  Talleyrand  ».  Mats  il  n'en  pouvait  pas  moins, 


LES   NlhlOlKES    DC    HEITERNICfl. 


3-19 


l'époque  où  il  formulail  C05  principes,  en  <844,  se  considérer 
comme  le  champion  le  jilus  rnsolu  et  Ii:  plus  fidèle  des  iiitérêls  géné- 
raux, donl  le  principe  de  la  Révolution  lui  paraissait  l'ennemi.  Ce  qu^il 
ne  comprenait  pa»  c'était  que  ces  inlérèls  généraux  n'étaient  pas  les 
inlèréls  des  peuples,  mais  ceux  des  cours,  et  le  résultat  trompait  sou 
attente.  La  Révolutioa,  qu'il  croyait  avoir  combattue  vicLorieu£e- 
ment,  releva  de  nouveau  la  télé.  Ses  mémoires  trahissent  encore  les 
prétentions  de  Mellernich  en  ce  qu'ils  Ponl  remonter  trop  Iwut  les 
origines  de  cette  lutte  pour  nous  faire  admirer  le  coup  d'ojîl  et  la 
prévoyance  de  leur  héros.  I^^jrsqu'il  n'était  encore  qu'éludianl  a 
l'universilé  de  Mayence,  Metterutcb  aurait  reconnu  la  vocation  de  sa 
vie  entière  :  «  Je  sentais  que  la  KévoluUon  serait  l'adversaire  que 
j'aurais  désormais  à  combattre  >  (1,  ii).  Plus  lard,  comme  ambas- 
sadeur à  Paris,  il  eut  la  meilleure  occasion  de  former  son  opinion  : 
«  Napoléon  m'apparaissait  comme  la  révolution  incarnée,  tandis  que 
dans  Li  puissance  que  j'avais  à  représenter  auprès  de  lui,  je  voyais 
la  plus  sûre  gardienne  des  bases  sur  lesquelles  reposent  la  paix 
sociale  et  l'équilibre  politique.  »  Mais  la  Kévolution  a  aussi  infecté 
les  alliés.  Le  czar  .\lexandre  nesl  pas.  pour  employer  les  termes  de 
McUemich,  resté  exempt  de  Tesprit  révolulionnairc  (1,  169),  ses 
idées  llottaient  quelquefois  dans  le  brouillard  d'un  libéralisme 
vague  "  [\,  iHH],  et  c'est  encore  le  ministre  autrichien  qui  doit  entre- 
prendre la  lutte  contre  cette  dangereuse  erreur. 

Comme  on  le  pense  bien,  Mellernich  n'est  pas  favorable  à  la 
Prusse.  11  la  considère,  après  la  paix  <lu  Tilsilt,  comme  et^uit  à  moitié 
passée  a  la  Révolution,  et  ce  sont  précisément  les  hommes  aux- 
quels elle  doit  sa  r©f;énéralion  qu'il  poursuit  de  sa  haine.  C'est  ce 
qui  l'empêche  de  rendre  justice  à  la  conduite  de  l'armée  prussienne 
pendant  la  guerre  de  l'indépendance,  il  nu  dit  pas  un  mot  des  mérites 
de  Gneisenau.  .\u  contraire  Schwarzenberg  possède,  selon  lui,  «  les 
qualités  esscuUelles  d'un  grand  gênerai  >  (I,  464).  L'armée  autri- 
chienne est  «  habituée  de  tout  temps  à  l'obéissance  et  â  une  disci- 
pline sévère  ■>.  L'armée  prussienne  au  contraire  laisse  beaucoup  â 
désirer. 

Elle  a  été  rassemblée  à  la  hâte,  formée  d'éléments  essentiellement 
nationaux  que  le  Tugeabund  avait  préparés  et  travailles  de  longue  maio, 
compreuani  de  nombreux  batailloDs  de  volontairos  fanatiques  comme 
l'étaient  alors  les  étudiante  et  leurs  professeurs,  les  hommes  de  letlreit 
et  l6s  poètes  de  toute  valeur.  (1,  tt>3,  164.) 

Cette  armée,  remplie  du  désir  de  se  venger  des  Français,  «  domi- 
nait le  cabinet  ».  C'est  ce  qu'on  vit  a  la  liu  de  1  si 3,  lorsque  le 
quartier  général  des  souverains  se  trouvait  à  Francfort  : 


850 


miu^rcKK  ET  itocDHETrra. 


La  somrace  révolutionnaire  qui  depuis  1808  avait  porté  tant  de  frait 
en  Prusse,  germait  ici  sur  un  vaste  champ  et  promettait  une  riche 
moi&sun.  Les  Arndt,  les  Jalm  et  les  hommes  qui  depuis  ont  joué  nn 
si  triste  râle,  se  trouvaient  ton»  à  Francfort,  suit  dans  l'armée  comme 
foucltounairos,  soit  dans  Teatourage  des  ministres. 

Le  czar  Alexandre  élait  aussi  uUeint  par  ce  ^i^us;  «  imbu  d'idées 
révoluUonnaire-s,  entouré  de  conseillers  tels  que  Labarpe,  Steio. 
Jomini,  il  nourrissait  das  projets  qui  auraient ccmduit  le  monde  à  sa 
perte  »  il,  \T2].  Le  roi  de  Prusse  restait  «  Iraiiquilte  au  milieu  d'un 
peuple  surexcité  »  (I,  164),  mais  il  avait  besoin  d'être  dirige  par  des 
personnes  d'une  Intelligence  supérieure.  Ces  personnes  étaient  rem- 
pereur  François,  «  mûri  à  l'école  de  l'expérience,  ne  perdant  jamais 
un  sang-froid  naturel  dans  les  résolutions  à  prendre.  Jugeant  lout 
avec  un  calme  qui  ne  se  démenlail  Jamais  >  (I,  164}  el  Meltemîch 
lui-mérne,  cliar^ê  t  de  b  dirticiie  rnissiuri  d'amener  la  réalisation  du 
vrai  bien,  que  des  menées  roupables  auraient  [»eut-élre  empw^hftc,  et 
de  prévenir  ainsi  une  situation  qui  n'aurait  que  trop  sûrement  com- 
promis l'avenir  de  la  société  elle-même  »  (1, 1 73).  C'est  ainsi  que  les 
événements  apparaissaient  à  distance  à  l'esprit  de  Mctternich.  On 
croirait  à  le  lire  que  les  succès  des  campagnes  de  1848  et  de  1814 
sont  dus  au  mérite  de  l'empereur,  du  ministre  et  du  générât  autri- 
chiens. On  ne  soupçonnerait  pas  que  c'est  précisément  ce  que  Mellor- 
nich  appelle  TespriL  révolutionnaire  qui,  avec  l'ônergie  de  larmée 
prussienne  et  la  leritieté  d'Alexandre,  a  vaincu  Napoléon.  Il  y  a  une 
lettre  de  Gncisenau  à  laquelle  on  pense  involontairenient  quand  on 
lit  Metternich.  Gneiseuau  fait  remarquer  que  Tempereur  François  el 
Melternieh  n'étaient  pas  la  lorsque  w  le  destin  força  enfin  »  de  mettre 
à  exécution  la  résolution  de  marcher  sur  Paris*.  Les  mémoires  de 
Metternich  ne  réussironL  pas  a  retourner  sens  dessus  dessous  la  tra- 
dition historique. 

On  aura  remarqué  que  Mottornich  parle  deStein  el  du  Tugenbund 
à  propos  de  l'esprit  révulutionnaire  de  la  Prusse.  Il  attribue  au 
Tugendhund  une  grande  importance.  Il  dit  dans  un  autre  endroit  de 
ses  mémoires  (I,  119),  lorsqu'il  parle  de  Tannée  181 1  :  a  La  Prusse... 
excitait  le  sentiment  allemand  au  moyen  ûuTugendbund.  >•  Dans  un 
rapport  du  2H  ilécembrc  \iH  I  (11,  13f)  il  exprime  la  crainte  que  «  le 
Twjendbund  jette  le  roi  dans  les  bras  de  la  Russie  ».  Chaque  fois 
qu'il  parle  de  Slein,  il  manifeste  son  aversion  conlru  oe  ■  politique 


1.  Oneitenftu  i  Gibsone,  16  mars  1815.  Voy.  Dax  leften  Gneisenaii's.  Biod  4, 
p.  332  (par  llan»  Delbrttck.  ContinuKtian  de  rourrH^c  publié  par  Perlz  sous  le 
m«inc  titre,  1880). 


UEB  MlfllOIRBS   m:  VETTBRKICn. 


35< 


passionné  >  qu'il  semble  considérer  comme  le  cher  do  cetle  dange- 
reuse secte.  11  esl  surtout  révolté  par  l'influence  que  Stein  excrwî  sur 
l'empereur  Alexandre. 

L'esprit  révolutionnaire,  dit>i]  fl,  168),  qui  en  1B07  n'était  caché  sous 
le  awnleau  du  patriotismn  pruaaiea  et  rpii  plus  tard  avait  arboré  les 
couleurs  teulonique»,  fut  introduit^  en  1813  et  eu  1813,  daus  les  conseils 
de  l'empereur  de  Russie  par  If^  baron  de  Sieiu^  le  général  Gneif«nau 
et  d'autrett  trauffugCR  pruosicna  et  allomands.  On  n'a  qu'à  lire  altenli- 
vem^nt  quel qu<?s!-u nés  des  proclamations:  lancnes  par  le  czar  pendant  la 
cam])afine  do  1812  pour  ne  garder  aucun  doutf>  â  cet  égard.  Le  mémo 
esprit  présida  aux  ncgoctatioas  qui  eurent  lieu  entre  la  Uussîe  et  la 
Pru.i^e  à  Kaliach...  Dès  l'année  1812,  après  la  retraite  de  XapulêoD, 
l'empereur  .\lexandre  avait  jeté  les  yeux  sur  le  baron  de  Stein  pour  en 
faire  l'arbitre  futur  des  destinées  de  l'Allemagne.  Celui-ci  joua  un  rôle 
considérable  dans  les  conférences  do  Kaliscb  et  son  influcuce  ne  cessa 
de  se  faire  sentir  jusqu'à  la  deuxième  paix  de  Paris  en  1815.  Puurlant 
ce  n'est  qu'à  Leipzig  que  le  czar  mil  pour  la  preioière  fois  le  baron  de 
Stein  en  face  du  cabinet  autrichien. 

Mellcrnich  raconte  à  ce  sujet  qu'après  la  bataille  de  Leipzig  il 
s'oppoâa  énergi(|uenient  au  projet  -n  de  mettre  le  baron  de  Slein  à  la 
(jfile  de  radmiitislTâlion  des  pa>s  allemands  reconquis  et  à  reconqué- 
rir. »  Mais  cette  opposition,  soutenu©  par  l'empereur  François,  fut 
inutile. 

Le  ciar  finit  par  m'avouer  qu'il  avait  fait  des  promftsses  formetips  au 
baron  de  Steiu,  et  qu'il  lui  faudrait  absolument  les  tenir  snus  peine 
d'éire  taxé  de  faiblesse  excessive.  Il  n'y  avait  plus  qu'à  céder.  On  cons- 
Utua  le  comité  d'administration  sous  la  présidence  du  baron  de  Sleiu  ; 
mais  je  constatai,  eu  présence  du  czar,  que  je  prévcyai.s  les  suites 
fâcheuses  qu'aurait  forcément  pour  la  constituLion  future  de  l'Allnmiigne 
l'influence  d'un  homme  qui  relevait  directement  du  parti  révolution- 
naire.  Les  événements  n'ont  que  tropjusliËé  mes  prévisions.  L'admi- 
nistratiou  dont  l'organisation  fut  réglée  à  Leip/Jg  a  servi  d'appui  et  de 
levier  aux  foctious,  et  c'est  à  sou  inUuence  directe  qu'il  faut  attribuer 
eu  grande  partie  l'essor  révotulionnalre  que,  dans  les  auiiêes  suivantes, 
l'esprit  public  prit  en  Allemagne.  Cette  administration  était  formée  des 
gens  qui  étaient  à  la  t^te  du  parti  populaire  ;  c'est  elle  qui  organisa  la 
révolntion  qui  n'aurait  pas  manqué  d'éclater  en  Allemagne  sans  les 
eflbrls  que  lireut  plus  tard  leti  princes  alliés  pour  se  sauvt^r  eux-mêmes 
et  pour  sauyer  leurs  peuples.  Il  suflit  de  citer  les  noms  de  Jahn,  d'Amdl, 
même  de  (roerres  et  de  beaucoup  d'autres  pour  ne  laisser  aucun  doute 
à  cet  égard. 

Il  est  intéressant  de  comparer  à  ces  déclarations  des  extraits  des 
dépêches  des  ambassadeurs  autrichiens  à  Berlin.  Le  l<J  mai  1809.  le 


352 


IKLtNGKS   kT    DOCtrWBTITS. 


Iiaron  de  Wcs^nberg  unnonçaiL  que  Stein  étâil  le  Tondateur  «  d'une 
associaLioa  secrète  doiil  les  rainiOcations  embrassaient  louLe  la  SUo- 
sie,  les  Marches  et  la  Poméranie.  »  Il  ajoutait  : 

Celle  assuciatiou  a  été  connue  dopuis  sous  le  nom  de  Tugendbund,  et 
il  (jarait  même  que  le  miniatre,  fier  d'en  élre  le  chef  et  de  diriger  en 
«ecret  les  esprits  et  l'opinioD  publique,  lui  donna  une  espèce  d'orgaoi- 
saiion  qui  rappelle  assez  celle  de  Tordre  des  illuminés.  Cette  maaière 
de  gouverner  une  monarchie  déchue,  peuplée  de  malheureux  et  de 
mècunlente,  minée  par  la  misère  et  par  la  plus  profonde  immoralilè, 
dut  avoir  tûu»  [eseiïets  funestes  qu'ont  toujours  produits  ces  institutions 
qui  forment  un  corps  séparé  entre  le  souverain  cl  le  peuple  (statuai  in 
statu).  Tous  les  membres  de  cette  association  se  crurent  appelés  à  la 
pariicipaLion  des  afTaires  du  gouvernement;  le  respect  pour  la  personne 
du  mouarque,  viole  déjà  plus  d'une  luis,  diminua  encore;  l'obéissance 
et  la  subordination,  ces  deux  Liens  qui  constituent  eEsentieltemenl 
rii^tat,  se  rftEilctièrent  txtujour^  davantage,  et  cette  association,  traitant 
en  ennemis  tous  ceux  qui  ne  voulurent  pas  y  accéder,  réveilla  J'esprit 
de  parti  qui,  joint  à  l'apathie  personnelle  du  souverain  incapable  de  le 
supprimer,  accclora  l'état  de  désorganisation  dans  lequel  nous  voyons 
aujourd'hui  la  Prusse. 

On  lit  aussi  dans  un  mémoire  de  Wesscnberg,  du 20  janvier  4810, 
que  Stein  a  Tavorisc  le  Tugendbund  pour  agir  par  en  bas  plutôt  que 
par  en  haut  en  vue  d'oblenir  des  réformes.  Les  dépêches  du  comte 
du  Bomhelles  ut  du  comte  Zichy,  do  (SIC  â  48<3,  appeltenl  souvent 
aussi  l'alLcnlîon  sur  les  dangereuses  menées  de  sectes  qui  n'existaient 
que  daus  l'imagination  de  ces  diplomates  dcHants.  Guillaume  de 
Humboldt,  Scharnhorsl,  Giieiseuau  passaient  pour  membres  de  la 
secte,  Lo  25  février  4  Si  3.  le  comte  Zichy  écrivait  encore  à  Mellernich: 
a  Les  esprits  sont  dans  une  fermentation  difficile  à  calmer...  Les 
militaires  et  ies  chefs  de  la  secte  sous  le  masque  du  patriotisme  se 
sont  exclusivement  empares  des  rênes  *.  » 

Le  même  spectre  troublait  aussi  l'agent  de  la  France  Saint-Marsan. 
Celui-ci  parlait  aussi  dans  ses  dépêches  des  «  frères  de  la  vertu  ».  U 
ap[helait  Stein  leur  «  patriarche  »,  racontait  que  les  -i  adeptes  -  étaient 
reslés  après  sa  chute  en  rapport  avec  lui,  i^uc  Gneisenau  était  un 
<i  chef  de  la  secte  n,  et  lo  prince  de  Hatzfeld  le  mettait  en  garde 
contre  les  «  jacobins  allemands  '  ».  Or  le  Tugendbund  avait  élc  dis- 
sous le  31  décembre  4809  cl  n'avait  jamais  eu  une  Kraiide extension. 
Stein  n'en  avait  jamais  fait  partie,  pas  plus  que  Scharnhorst,  Gneise- 

1.  Archires  d'État  de  Vienne. 

2.  An-liives  des  aGraireu  êlranijère!)  é  Pari».  Pniue  (par  exemple,  H  Juillet 
1811,  -Z7  octobre  tSll). 


LES   «Gnomes   nE   MnTKHYICH. 


353 


nau  et  tant  d*autres  qu'un  cro>ail  afRIiés  à  la  ■  secte  ».  Il  ne  l'avait 
jamais  vue  d'un  œil  favorable.  Mais  pour  Metternich  les  mots  Tugend- 
bund,  parti  révolutionnaire,  idées  de  leutomanie  étaient  synonymes. 
Il  avait  rerais  en  \%{{  à  l'empereur  Praii^-oîs  un  mémoire  ou,  s'ap- 
puyant  sur  les  renseignementâ  du  baron  de  Weâsenberg,  il  .s'étendit 
sur  le  Tugendbund.  Il  disait  que  les  principes  de  l'association  étaient 
révolutionnaires  au  plus  haut  deiçré  et  affirmait  que  le  baron  de  Slein 
avait  été  pendant  son  ministère  un  de^  principaux  chefs  et  le  patron 
du  Tugendhund^.  Il  conserva  loniitemps  ce  soupiçon  et  bien  des 
années  plus  lard,  lorsqu'il  travaillait  à  son  autobiographie,  il  croyait 
sans  doute  encore  qu'il  avait  existé,  sous  la  direction  de  Stein,  une 
grande  association  révolutionnaire. 

II  ne  faut  pas  trop  lui  reprocher  cette  erreur.  En  Prusse  aussi  on 
crut  longtemps  aux  visées  révolutionnaires  d'une  société  secrète  qui 
aurait  clé  identique  au  Tugendbund.  En  1HI6,  Gneisenau  dut  se 
défendre  du  reproche  d'être  le  chefde  celte  association^.  Les  écrivains 
français  de  notre  temps  eux-mêmes,  trompés  sans  doute  par  Bignon, 
ont  partagé  les  idées  les  plus  fausses  sur  le  Tugendbund.  On  trouve 
chez  Lanfrey.  par  exemple,  des  erreurs  incroyables  :  «  C'est  un  pro- 
fes.seur  de  philosophie,  Maurice  Amdt.  qui  fonde  le  Tugendbund.  » 
<  Les  anciens  ministres  Hardeiiborg  et  Scbamhorst.  les  généraux 
Btiichor  et  Gneisenau,  etc.,  en  sont  les  membres  les  plus  actifs  * 
(IV.  378).  Ce  sont  là  des  erreurs  que  Lanfrey  aurait  pu  fadjemejit 
éviter  en  se  donnant  la  peine  de  consulter  par  exemple  la  Deutsche 
Geschiehte  d'Haeusser*. 

On  ne  peut  parier  de  l'appréciation  des  affaires  prussiennes  qui  se 
trouve  dans  les  roémuires  sans  faire  une  remarque  digne  d'attention. 
Metternich  se  fait  honneur  d'avoir  donné  &  la  Prusse  les  meilleurs 
conseils  dans  la  crise  qui  a  précédé  la  guerre  de  (812.  Les  relations 
qu'il  retrace  ont  un  caractère  conciliant,  presque  paternel  : 

Le«  rapporte  personnels  qui  s'étaient  établis  entre  le  roi  Frédéric- 
Guillaume  III,  le  ministre  Ilardenberg,  quelques  autres  personnages 
qui  jouissaient  de  la  confiance  du  prince,  et  moi,  à  la  suite  de  mon 


1.  llAp|>orl  dt'  Melliirnicli,  16  mars  tSll  lArrbii-e»  à.'tux  de  Vienne),  publié 
pir  moi  iIao!-  le  journal  Die  GegenKart,  1880,  n*  17. 

3.  DelbhJrk.  Dos  Uben  Gttasenaus.  Toi.  5,  p.  107. 

3.  On  pcot  se  renseigner  sur  I  histoire  du  Tuçen^lbund,  si  in»l  conauc 
en  France,  A  l'aide  de^  ouTrages  spéciaux  dont  Tolci  les  titres  :  J.  Volgt, 
Geachichte  des  Tugendbundet,  Kœnig«b«rg,  I8.S0:  G.  Bter^rh,  Beitrsge  sur 
Gexkichte  des  »o<j€tkannten  Tugendbrindea,  Hamburg,  1862  ;  A.  LettmAnii,  l»er 
Ti»9*màbund,  Âus  érn  KknterUmenen Papieren  des  MUsUfters  Profes^ir  H. F.  G. 
D,  Berlin,  1367. 
Rïv.  HiSTOB.  XVL  2*  PAW.  33 


354  Mtfui.'VGtS  ET   M>CC1IENTS. 

amba&satle  à  Berlin,  me  permirent  de  faire  écouter  ma  voix  à  ta  cour 
de  Prusse.  Je  profitai  île  l'occasion  pour  exposer  fidèlement  la  Térité 
sur  la  situation  do  [a  Prusâo  et  de  l'Autriche,  pour  eacouragor  le  rot  â 
la  patience  et  pour  lui  indiquer  les  moyens  de  Ratut  que  le  temps  et  let 
événemcats  ni^  manqui^rnieut  pas  de  lui  fournir  ;  je  lui  dis  qu'il  pouvut 
être  moratement  siir  que  l'erapereur  François  serait  toujours  à  ses  côtés 
comme  un  ami  &d&le.  Le  roi  comprit  ce  langage.  C'est  aÏDsi  que  fat 
amenée  entre  les  deux  fiouveraîost  cette  uniun  qui  résista  aux  orages  dot 
années  sulvanteft  et  qui  exerça  t:ne  puiR-<uinte  influence  non  seulement 
sur  Ifw  destinées  de  la  Prusse,  mais  encore  «ur  celles  do  l'Europe  (I,  1  !4). 

Il  réassort  des  actes  dlpbmatiques,  dont  nous  avons  connaissance, 
que  ces  termes  sont  exagérés.  Il  s'établit  certainement,  dans  le  cours 
de  i«H ,  des  rapports  intimes  entre  )a  cour  de  Vienne  et  la  cour  de 
Berlin.  .Mais  la  conilancc  n'existait  que  d'un  côté.  Metlernich  con- 
naissait les  iiéf^ocialions  de  la  Prusse  avec  la  France  et  la  Russie, 
mais  il  gardait  b  silence  sur  ses  négociations  personnelles  avec 
Napoléon  en  islO.  Tandis  que  la  Prusse  essayait  de  s'entendre  artc 
FAutriche  sur  une  méthode  d'action  commune,  l'Autriche  gardait 
une  réserve  prudente.  Frédéric-Guillaume  III  et  Ilardcnherg,  placés 
entre  l'alliance  fran^-aise  et  ralliancc  russe  qui  les  exposaient  toutes 
deux  aux  plus  grands  dangers,  appelèrent  au  secours,  mais  Metler- 
nich ne  Ht  rien  «  pour  les  encourager  et  pour  leur  indiquer  les 
moyens  du  salut,  n  II  avait  prescrit  à  Tambassadcur  a  Berlin,  le 
comte  Zichy,  d«  se  borner  au  rOIe  fie  »  simple  observateur  »,  d'ac- 
cueillir arf  référendum  toutes  les  communications  pru^tennes,  et  de 
déclarer  scuK'mont  que  «  l'Autriche  n'était  liée  par  aucun  engage- 
ment contraire  aux  intérêts  de  ses  voisins  *.  »  Quelque  temps  aupa- 
ravant le  prince  Esterbazy,  au  cours  d'un  voyage,  était  passé  à  Ber- 
lin. Frédéric-Guillaume  III  t'invita  à  sa  table  et  lui  parla  à  cœur 
ouvert  : 

Je  déaire  ardemment,  dit-il»  me  conformer  aux  vues  de  l'Aulriche 
puiwiue  nos  iDtér<>U!  ne  sont  pas  en  opposition  et  que  j'ai  la  plus  grande 
contiance  dans  le  caractère  personnel  de  S.  M.  l'empereur.  Il  e.st  essen- 
tiel de  moitre  le  plus  grand  secret  dans  cette  transaction  puisqu'il  y  va 
de  mon  exisience,  umi  allés  durchaus  nurmfindtich  ;  sans  autre  but  que 
celui  d'un  concert  et  sans  préjuger  sur  une  décision  quelconque  ni  »ur 
les  idées  qui^  l'Autriche  trouverait  bon  de  me  faire  snggérE'r. 

Le  chancelier  d'État  Hardenber^;  s'exprimait  dans  le  même  sens. 
Eslerhazy  répondit  que  r.Vulriclie  se  trouvait  heureusement  en  silua- 


1.  Instruction  néairale  pour  le  comte  de  Zich),  G  avril  1811.  Archive»  d'État 
de  Vienne. 


r.Rs  Hi^JfoiBRS  DR  HRiTcamcn. 


as» 


lion  de  pouvoir  rester  neutre  dans  une  guerre  et  que  peut-être  l'em- 
pereur François  oon sidérerait  comme  une  atteinte  à  la  neutralité 
l'inlluence  prépondérante  que  pourrait  exercer  la  Prusse.  Hardenberg 
répondit  alors  qu'il  ne  restait  a  la  Prusse  qu'à  se  jeter  dans  le^;  hras 
de  la  Fronce.  Metternicli  fUt  mis  au  courant  de  cea  entretiens,  mais 
il  se  fiarda  de  désavouer  le  prince  Eslerhazy  et  de  donner  un  conseil 
précis  au  roi  ou  au  ministre  de  Prusse  '.  II  dêclam  qu'il  devait  lais- 
ser la  Prusse  adopter  un  système  approprié  à  sa  situation.  Il  déclina 
loule  espèce  d'accord  arrèlé.  —  Dans  Faulomn*  de  <  8H ,  le  baron  de 
Jacobi  fut  envoyé  à  Vienne.  Il  pressa  aussi  le  ministre  autrichien  de 
s'expliquer  d'une  façon  pusilire  sur  ce  que  la  Prusse  puuvaiL  attendre 
de  l'Autriche  dan.s  le  ca-s  d'une  attaque  de  la  France.  Mctteniich  évita 
de  répendre  à  cette  question.  Il  soutint  que  Napoléon  n'attaquerait 
pas  la  Prusse.  Gomme  Jacohi  maintenait  que  cette  éventualité  était 
possible,  il  se  borna  à  dire  que  l'Autriche  n'assisterait  pas  en  silence 
à  l'anéanlissement  de  la  Prusse,  mais  qu'elle  présenterait  des  obser- 
vations à  Napoléon.  Enfin  il  conseilla  à  la  Prusse  de  conclure  une 
oUianoe  avec  la  France,  si  elle  pouvait  le  foire  à  des  conditions  hono- 
rables ;  si  Napoléon  imposait  des  conditions  humiliante.s,  la  Prusse 
était  assez  forte  pour  se  défendre  en  retirant  ses  troupes  derrière 
l'Oder',  il  n'était  rraimcnt  pas  nécessaire  d'aller  à  Vienne  pour 
recevoir  ces  leçons  de  sagesse  politique.  Le  chancelier  d'État  Harden- 
berg déclara  encoiv-  une  fois  «  qu'il  ne  désirait  que  se  conformer  en 
tout  à  ce  que  TAutriche  jugerait  convenable  et  que  l'impulsion  qu'elle 
voudrait  donner  serait  suivie  scrupuleusement^.  »  Mais  Metternich 
ne  Ht  rien  pour  donner  «  l'impulsion  »  qu'on  lui  demandait.  Sch;irn« 
horst  fut  envoyé  à  Vienne  en  qualité  d'agent  secret.  Il  fallut  d'abord 
comliattrc  l'idée  qu'il  était  membre  de  la  «  secte  »  du  Tugendbund. 
Arrivé  â  Vienne,  Scharnhorst  eut  plusieurs  conférences  avec  Metter- 
nich. Mais  il  n'obtint  rien  sinon  la  promes.'^e  que  l'Autrichn  resterait 
neutre.  Toutefois  Metternich  y  joignit  le  conseil  verbal  de  s'allier 
plutôt  avec  la  Bussio,  si  peu  satisfaisantes  que  fussent  les  proposi- 
tions de  cette  dernière.  Mais  il  n'osa  pas  répéter  ce  conseil  par  écrit  : 

Nous  nous  sommes  convaincus,  écrivait-il  À  l'ambassadeur  d'Autriche 
i  Berlîa,  que  l'envoi  de  M.  de  Scbarnhorst  n*est  que  le  dernier  esaai 

1.  Letlre  da  prince  d  E«terbazy  à  MetterDirli.  Dr«.->de.  15  msr»  1811.  Lettre 
de  Uelteniirb  uu  votait  Kictiy,  G  arril  181t.  Archives  A'tXaX  de  VieoDe. 

2.  Max  Diinrker.  Aus  dur  Zeii  Hiedrichs  des  Grouen  unà  Friedrich   WU' 
hetpuill,  1876,  p.  352.  4tO,  Ul.  —  PotUiseher  Naehian  de*  Siaatsministers 

\  IwiuHg  von  OmpUda,  1869,  II.  p.  54. 

3.  Dépêche  du  comte  Zkhy.  BerltD,  f9  aoTcmbre  1811.  Arrhives  d'Etal  de 
Vienne. 


33ft  MÉunCES    KT    I)0CCME;(TS. 

d'un  parti  bien  intentionDè,  mais  qui  se  trouve  paralysé  par  les  ir 
hitîous  H  la  faiblosâe  du  roi  et  Les  irrésu  lu  lions  et  les  chim^ref:  de 
l'empereur  AlexauJre.  U  vunlait  se  renforcer  de  l'appui  de  l'Autriche» 
muis  comment  Tempei-eur  pourrait-il  se  charger  d'une  respoDsabiUlèc 
parait  trop  forte  au  souverain  mftmo  de  la  Prusse  ?  Comment  rAutriclw^ 
peut-elle  suppléer  à  rincutiéreiice  des  plans  delaHuBsie?  Ckmiment 
l'Autricbe  pourrait-elle  se  trouver  chargée  de  jeter  la  Prusse  entre  le 
bras  de  la  Ku!^sie,  laiidiR  que  celte  dernière  puissance  n*a  paa  le  cou^ 
rage  d'enlever  la  Prusse  ?...  Il  est  donc  clair,  M.  le  comte,  que  l'empe- 
reur voue  le  plus  grand  intérât  au  roi  de  Prusse,  que  si  nous  ne  nous 
faisons  nulle  illusion  sur  U  nature  des  dangers  que  partagent  avec  cette 
puissance  et  l'Autriche  et  l'Europe  entière,  notre  auguste  maître  n'a 
pas  moins  dû  sa  croire  non  appelé  à  prononcer  en  dernier  ressort  sur 
1rs  chances  que  préstmte  ou  pour  ou  contre  son  existence  le  parti  que 
prendra  le  roi  eu  faveur  de  la  Uussie  ou  en  faveur  de  la  France...  S'il 
nous  est  impossible  de  nous  charger  du  rôle  qui  devrait  Atre  celui  de  la 
Russie,  d'olTrir  au  roi  avec  l'alliance  un  soutien  réel  et  tout  pr^t,  il  doit 
nous  être  bien  moins  réservé  de  nous  charger  de  celui  bien  plus  com- 
prouiettaiil  encore  dans  notre  étal  de  dénuement  niomenlané,  de  sup- 
pléer par  nus  conseils  à  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  manque  d'énergie  dans 
le  caractère  même  du  roi  et  de  mesure  et  de  sagesse  dans  les  conseils 
de  l'empereur  Alexandre '. 

Nous  sommes  bien  loin  de  reprocher  à  Metternîcb  celte  attitude. 
Il  avail  assez  de  motifs  pour  reculer  devant  la  resïwnsabllité  qu'on 
voulait  lui  imposer.  L'armée  el  les  llnances  autrichiennes  ctaienl 
désorganiséeà.  Le:>  plans  de  la  Mussie,  qui  s'était  tounm*  contre  la 
Turquie,  inspiraient  à  Vienne  une  extrême  déllance.  L'Autriche  n  était 
pas  en  état  de  donner  à  la  Prusse  même  l'assistance  moraJe  que 
celle-ci  lui  deinandail.  On  se  lrum]>eniil  donc  tout  à  l^IL  si  l'on 
croyait  Mettertiïch  lorsqu'il  se  présente  dans  ses  mémoires  comme  le 
conseiller  paternel  de  ta  politique  prussienne.  Mais  ce  qu'il  y  a  de 
pis,  c'est  qu'il  cache  dans  ses  mémoires  le  plus  im]K)rtanl.  Il  cache 
qu'à  la  fin  (la  ^H^^  Il  considérait  comme  avantageux  pour  l'AuLriche 
de  faire  cause  commune  avec  Napoléon  au  Lieu  de  rester  neutre  el 
«lu'il  spéculait  sur  un  partage  de  la  Prusse.  C'est  ce  que  nous 
apprenjienl  des  documents  remarquables  émanés  de  lui-même  el 
publiés  dans  le  second  volume.  Précédemment  déjà,  dans  son  u  rap- 
port princijwl  sur  les  résultais  de  la  mission  de  Paris  du  <  T  janvier 
■1814  n,  il  avait  déclaré  qu'il  serait  désirable,  dans  le  cas  oil  Napo- 
léon rétablirait  le  royaume  de  Pologne,  d'obtenir  comme  compensa- 


1.  Hetlernicli  au  comte  de  Zichy,  29  décombre  1811.  Archive»  d'filat  da 
Vienne. 


LBS  V^tfOlBRS   DE   HSTrERMCE. 

lion  d'une  parLie  de  la  Galicie,  outre  l'Illyrie,  la  Haute- Au  triche,  etc., 
une  partie  de  ta  Silétie.  \\  ajoutait  alors  ;  «  UetLu  compensation  tou- 
tefois ne  serait  pas  conditionnelle  et  dépendante  du  démembrement 
de  la  Prusse  qui  sera.  seJon  moi,  une  conséquence  inévitable  de  la 
procbaino!  guerre  *.  "  Dans  uu  autre  rappttrl  du  28  novembre  4811, 
il  revenait  sur  cette  idée,  il  pesait  les  chances  que  pouvait  avoir 
l'Autriche  si  la  guerre  éclatait  : 

Le  meilleur  parti,  disail-il,  serait  certaînemenl  la  neutralité  dans  le 
I  où  l'i88ue  de  la  guerre  serait  défavorable  à  la  France,  mais  un  rôle 
'tutifseut  nous  minage  des  cfuinces  de  sauver  notre  existence  dans  le  cas 
où  la  France  serait  victorieuse.  Le  cboix  de  V.  M.  de\Tait  donr,  à  vrai 
dire,  être  déterminé  par  la  probabilité  plu5  ou  moins  grande  des  résul- 
tats de  la  guerre  future.  Si  l'on  peut  conjecturer  ravenir  en  s'appuyant 
sur  l'expérience  du  passé,  et  surtontsurrexpérience  des  derniers  temps, 
il  est  certain  que,  seion  toute  apparence,  ta  France  triomphera.  Quant 
aux  frais  et  aux  autres  chaînes,  je  suis  convaincu  qu'une  stricte  neu- 
tralité enlraiue  des  sacrifices  plus  considérables  qu'un  rôle  actif. 

On  le  voit.  Metternich  conseille  de  jouer  un  rftle  actif.  L'empereur 
François  lui  répondait  :  «  La  seconde  alternative  que  vous  examinez 
à  propos  de-s  questions  posées  par  vous  me  semble  la  plus  conforme 
à  nos  intérêts.  »  Mais  si  l'Autriche  jouait  un  rû!e  actif,  c'est-à-diri! 
si  elle  s'alliait  avec  la  France,  elle  pouvait  aussi  attendre  de  la  France 
la  récompense  de  son  concours.  En  tout  cas  elle  avait  droit  à  des 
compensations  dans  le  cas  où  elle  devrait  céder  une  partie  de  la  Ga- 
licie.  C'est  toujours  la  SiEésie  qui  doit  servir  à  cette  récompense  et  à 
ces  compeusations,  et  non  pas  seulement  une  partie  de  cette  pruviace. 
mais  la  province  entière. 

I.A  conduite  actuelle  de  la  Prusse,  dit  Metternicfa  dans  son  rapport, 
est,  à  tous  les  égards,  dangereuse  pour  notre  intérât.  Si  les  armements 
considérables  que  fait  cette  puissance  l'amèDenl  à  s'unir  étruitement 
avec  la  France,  elle  Aéra  en  droit  do  prétendre  à  des  dédommagements 
considérables;  elle  prendra  en  quelque  sorte  l'avance  sur  nous...  Si  la 
France  a  des  vues  dangereuses  pour  la  Prusse,  si  le  Tugendbund  jette 
le  roi  dans  les  bras  de  la  Russie  (et  lo  premier  cas  surtout  me  parait 
tout  aussi  probable  que  les  efforts  des  membres  de  cette  Ugue  pour 
amener  le  second  résultai  sont  certains},  ce  pays  sers  immédiatement 
inondé  par  les  armées  françaises  ;  alors  le  sort  de  la  Prusse  sera  entre 
les  mains  du  vainqueur  et  il  n'est  que  trop  probable  que  les  débris  d«  cet 
empire  deviendront  la  proie  des  confédérés. 

Dans  mon  dernier  rapiiort  j'admettais  que  la  Prusse  derint  un  des 
liés  ordinaires  de  la  France  sans  avoir  à  déployer  des  forces  exccp- 

1.  Vol.  II,  p.  114. 


358 


MtitAHCES  IvT   DOCCMETTS. 


tinanDlIes.  Je  n*ai  pas  b(*£oin  de  dire  combien  la  BÎtualion  recUe  diffère 
profondément  du  point  de  vue  auquel  je  me  plaçais.  Cette  eituatiou 
touche  à  l'une  des  questions  les  plus  importantes,  &  celU  de  la  diisolu^ 
tion  possible  de  l'État  prussien  tout  entier  ;  elle  menace  de  jeter  entre  les 
maÎDti  d'une  puissance  dont  les  intérêts  n'ont  rien  de  commun  avec 
les  noires^  la  Siié^îe,  cette  province  qui,  par  sa  situation,  nouscoD\ien- 
drait,  fi  qui,  de  plus,  nous  est  presque  absolument  nécessaire  diins  le 
cas  où  le  royaume  do  Pologne  serait  rétabli;  elle  menace  en  outre  de 
nous  àter  toute  possibilité  d'wbtenir  une  compensation  pour  la  perte  de 
ta  Galicie.  Cela  conduirait  Metternicb  aux  conclusions  Buivaatea  ; 
o  DaiitJ  le  cas  où  l'Auiriche  serait  dêcidêo  à  prendre  uue  part  active  aux 
événements,  i1  faudrait  charger  le  prince  de  Schwarzenbei^  de  fai: 
connaître  à  l'empereur  des  Français  la  résolution  prise  par  Votre  Maji 
de  consentir  à  la  mobilisation  d'un  corps  d'armée  si  : 

a)  Napoléon  prouve  à  Votre  Majesté  que,  dans  le  cas  où  l'issue  de  la 
lutte  serait  favorable  aux  armes  françaiees,  l'Âutricbe  retirerait  un 
avantage  réel  de  la  guerre... 

b)  L'empereur  des  Français  veut  reconnaître  la  coopération  de  TAu- 
triche  en  lui  ouvrant  la  perspective  d'acqitirir  la  Silésie,  les  provinces 
illyriennes  oX  la  fronlièrc  de  l'înn,  y  compris  Salrburg  '.  Dana  un  rap- 
port du  l.')  janvier  1812,  Metternich  pense  :  *  La  question  de  la  froniièrei 
bavaroise,  comme  celtR  de  la  frontière  de  SiU^ie,  pourrait,  au  besoin, 
être  ajournée  jusqu'au  moment  de  la  paix*  >  :  «  Il  avait  reçu  un 
rapport  du  prince  de  Scbwarwnberg  sur  une  audience  accordée  par 
Napolêou  le  17  décembre  i8(l.  Scbwarzeoberg  lui  a%-ait  communiqué 
comme  opinion  de  Napoléon  :  ■  La  question  de  ta  Sitésie  serait  décidé» 
à  la  moindre  faute  que  commettrait  la  Prusse  ;  «I  œmme.  si  la  guerre  est 
heureuse,  on  ne  ma/iquera  pas  d'objets  de  compensation.  Napoléon  dispo- 
sera aussi  mlontiers  de  la  SiUsie  en  notre  faveur  dans  le  cas  où  la 
Prusse  ne  se  serait  point  écartée  de  la  ligne  tracée,  parce  que  toute  pro- 
vince doit  lui  convenir,  tandis  que  la  Silfisie  m(  la  âeuU  qui  puùn 
agrandir  l'Autriche.  > 

Il  faut  rapprocher  tous  crs  dnciimenLs  pour  pénétrer  la  per- 
fidie dfc  MutLernJch.  II  donnait  verbalement  à  Scharnhorsl  le  con- 
seil d'uite  allianc4i  de  la  lVus.sc  avec  la  Russie.  Il  n'osail  pas 
donner  ce  conseil  par  écrit.  Il  abandonne  la  Prusse  à  son  libre  choix 
dans  l'espoir  que  l'Autriche,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  obtien- 
dra la  Silésie.  Qu'on  ne  dise  pas  qu'il  voulait  tromper  Napoléon.  Il 
traite  pour  tout  de  bon  el  conflJenLiellement  la  question  de  Silésie 


aux 
aif^H 


II,  p.  4^^4^5.  n  faut  lira,  p.  4^.  «  28ooveinbrâ  tSIl  »,  «u  lieu  de 
mbre  ».  Cf.  p.  437  les  inoU  «  rapport  que  j'ai  eu  rbonneor  de  lui 
le  28  narembre  ». 


1.  Vol. 
f  28  déce 
adresser 

2.  Vol.»,  p.  437,  44t. 


NiPOlioX   BT   LE   aoi  JÉRÔME. 


390 


avec  son  souverain,  qu'il  désigne  comme  «  te  véritable,  Tunique 
représentant  gui  reste  encore  d'un  ordre  de  choses  consacré  par  le 
temps  et  reposant  sur  le  droit  éternel  immuable.  » 

Comme  le  comte  de  Saint-Marsan  Taisait  remarquer  à  Hardenberg, 
au  commencement  de  1>H3,  laduplicilédeMetlermcb,  celui-ci  déclara 
sur  le  ton  de  TindiMnation  que  c'élail  là  a  lo  lanfj;a{k'e  de  la  guerre  de 
sept  ans,  mais  non  de  cdie  de  1H13'.  »  «  M.  de  Meiiemich,  avait  dit 
un  jour  Napoléon,  est  tout  près  d'être  un  homme  d'ËUl,  il  ment  très 
bien  '.  »  EL  cependant  c'est  ce  même  Meltemicb  qui  développe  dans 
ses  mémoirt»  cette  belle  théorie  que  la  vraie  sagesse  polilique  con- 
siste à  suivre  le  précppU»,  :  «  Ne  fais  pas  à  autrui  ce  que  Lu  ne  veux 
pas  qu'on  le  fasse.  »  Au  même  endroit  il  proclamait  ce  principe  que 
«  le  rétablissement  des  rapports  internationaux  sur  la  base  de  la 
réciprocilù,  foiis  la  tjarantw  de  fa  rec<mnaissance  des  droits  acquis 
et  du  respect  de  la  Toi  jurée,  constitue  de  nos  jours  l'essence  de  la 
politique,  dont  la  diplomatie  n'est  que  rapplicalion  journalière.  ^  Il 
était  clair  fju'il  ne  pouvait  démentir  celte  profession  de  foi  par  le 
récit  vériilique  de  ses  rapports  av*?c  la  Prusse  en  IHJO  et  1812.  Dans 
l'a  vaut- propos  de  ses  mémoires  on  lit  :  «  Les  hommes  qui  funl  eux- 
mêmes  l'histoire  n'onl  pas  le  tevtps  de  l'écrire,  a  On  pourrait  dire 
aussi  bien  :  <  Les  hommes  qui  font  eux-mêmes  l'histoire  ncfon/^ajt 
toujours  capables  de  l'écrire.  » 

AIRred  Stbhti. 


DOCUMENTS  LNEDITS  RELATIFS  AU  PREMIER  EMPIRE. 


NAPOLÉON  ET  LE  ROI  JÉRÔME. 
{SnUe.) 

REtHHABD  A  GhaUPAONT. 

Cassel,  16  mars  1809. 
Impatient  d'éclaircir  la  question  si  embrouillée  de  l'état  des  finances 
WRSLphaltflnoes,  je  mo  suis  prévalu  du  nouveau  litro  que  1rs  inUatioDs 


1.  Onckcn.  n,  1t4. 

2.  Mémoires  de  M*"  de  RémuMl,  1,  p.  10&. 


360 


H^UNGBS    RT    DOCDMSNTS. 


do  Sa  Majf^stè  l'ompprcur  me  donnaient  auprès  de  M.  Siméan.  Je  lui  ai 
fait  part  des  infonnatioas  que  j'avais  recueillies  a  ce  sujf^t,  et  je  lui  ai 
demandé  les  siennes.  Voici  la  réponse  de  M.  Simcon  :  il  y  a  en  pour 
l'aonéc  passée  excédant  et  déficit  à  la  fois.  Le  budget,  rédigé  cncoro 
M>us  M.  Bcugnot,  avait  évalué  les  recetteft  à  23  millioas.  Les  dépenses 
des  ministères  avaient  été  réglées  eu  conséquence  :  elles  devaient  être, 
par  L'xemple,  de  5  raillions  pour  le  ininiRtère  de  l'intérieur  et  de  la. 
justice.  Mais  M.  Bulow  trouva  que  l'évaluation  avait  été  trop  Torte  et 
qu'il  fallait  la  réduire  à  18  millions.  Chaque  ministère  subit  en  cons^ 
quence  une  réduction  proportionnelle.  Celui  de  l'intérieur  ot  de  la 
joRtice  ne  desiût  recevoir  que  3  millions  1/2  ;  cependant  comme  au  bout 
de  Tannée  les  recettes  se  trouvèrent  avoir  monté  à  22  millions,  il  y  eut 
un  excédant  de  ^  unllions.  Maïs  l'admiiiiâtmtiun  peu  économique  du 
général  Morio  et  TeNcédant  des  dépenses  que  causait  l'eulretien  des 
troupes  françaises,  avaient  produit  dans  le  département  de  la  guerre  un 
dcBcit  qui  absorba  non  seulement  l'excédant  de  4  millions,  mais  bien 
au-delà.  La  liquidation  des  dépenser  de  ce  département  n'étant  pas 
encore  achevée,  on  ne  peut  connaître  le  montant  précis  du  déficit. 

Ayant  dit  à  M.  Siméon  que  la  «iimrce  des  renseignements  qui  portaient 
le  déficit  des  finances  de  l'État  à  6  ou  mftme  à  l'2  millions  remontait 
au  conseiller  Malchus,  directeur  de  la  caisse  d'amortii^^ment,  il  m'a 
répondu  que  M.  Matchus  était  l'ennemi  déclaré  de  M.  de  Uutow,  ci 
qu'on  avait  tort  d'ajouter  une  foi  entière  à  ce  qu'il  disait  au  désavan- 
tage de  son  antagoniste. 

Quant  à  M.  de  Btdow  lui-môme,  M.  Simfon  m'en  a  dit  beaucoup  de 
bien,  il  a  ajouté  que  quand  il  y  aurait  des  reproches  &  lui  faire,  il  serait 
absolument  impossible  de  le  remplacer  dans  le  moment  actuel;  mais  il 
m'aconlinné  ce  qui  m'avait  déjà  été  rapporté  des  préventions  qui  ont 
été  Inspirées  au  roi  contre  la  véracité  et  même  contre  la  probité  de  c« 
ministre. 

M.  Ufebvre*  et  moi  ayant  cherché  des  occasions  d'entretenir  M.  de 
Bulow  directement  de  la  situation  des  finances,  ce  ministre  s'est  fort£- 
mi'nt  récrié  contre  l'imputation  d'un  déficitde  l'année  passée.  Il  a  a^turé 
que  tout  ce  qui  concernait  cet  exercice  était,  parfaitement  en  règle  ei 
assuré;  mais  il  a  confirmé  en  même  temps  tout  ce  que  j'ai  déjà  écrit 
sur  le  déficit  de  Tannée  courante.  Il  a  ajouté  que  quant  aux  dépenses 
de  la  liste  civile,  c'était  autre  chose,  et  que  cela  ne  le  regardait  ni  pour 
le  passé,  ni  pour  l'avenir.  Cependant  il  a  soutenu  que  le  roi  u'avait  rien 
pris  sur  les  budgets  des  dépenses  de  l'État.  Enfin  il  m'a  remis  la  aote 
ci-jointe  sur  les  finances  de  1808.  Elle  est,  dit-U,,  ic  résume  du  tableau 
qui  sous  peu  sera  mis  sous  les  yeux  du  public. 

Vutre  Excellence  a  maintenant  sous  les  yeux  un  tableau  ofBciel  et 
ostensible  qui  ne  coïncide  nullement  avec  les  autres  renseignements,  au 
moins  jusqn'n  ce  qu'on  puisse  juger  de  quoi  s'est  composée  la  recette. 


■ 


1.  Premier  serrétalre  renpiaçjint  M.  Reinbard  en  cas  d'absence. 


Niroiio^  ET  LE  aOI  JlfRÔMC. 


361 


Je  cro»,  Monsoignnur,  devoir  terminer  là  mes  iafumiatiuns  prélimi- 
aair»i.  et  ne  roproadre  celte  malièrc  que  lorsque  lo  lemp»  et  les  circons- 
tances m'auront  permi:)  d'y  apporter  un  plus  grand  jour.  Ma  pnttition 
ne  mf  permet  pu  d'établir  en  cp  moment  une  espèce  de  confrontation 
qui  d'&illeurs  ne  pourrait  donner  que  des  résultats  incomplets.  Votre 
Excellence  me  permettra  seulemeut  de  lui  soumettre  les  obse^^'atioa& 
suivantes. 

M.  dp  Butow  m'a  dit  lui-mAme  qu'une  rentrée  de  12  millions  sur 
l'emprunt  rorcc:  de  '20  militons  s'était  Irouvéfî  assurée  au  premier  jan- 
vier, et  qu'il  comptait  sur  ]a  totalité  des  20  millions.  Tous  les  autres 
témoignages  ne  portent  la  recette  qu'on  peut  espérer  de  l'empnmt  Forcé 
qu'à  8  ou  â,  tout  au  plue  à  10  millions  :  ain^t  dans  cette  circonstance. 
au  moins,  il  parait  hors  de  doute  ou  que  M.  de  Bulotif  se  serait  trop 
flatté,  nu  ([u'il  n'aurait  pas  dit  la  vérité.  M.  Siméon,  qui  d'ailleurs  ne 
lArail  8'étre  occupé  des  Goances  que  par  aperçu,  croit  à  la  probabilité 
d'un  déficit  de  5  à  6  millions  pour  l'annéu  [)a8sée;  M.  JoïUvel  eu  assure 
t'ezistonco  et  lo  porte  à  tj. 

Si  la  recette  de  !i!},7U0,(MK)  fr.  se  compose  elTectivement  de  revenus 
réels  et  imputables  à  l'année  1808,  il  est  à  pré-sumer  que  la  crainte  du 
déficit  de  L'avenir,  causé  par  les  dépenses  du  département  de  la  guerre, 
aura  fait  exagérer  le  mauvais  état  des  finances,  même  pour  le  passé, 
surtout  aux  yeux  des  Alieraands;  que  cette  clameur  générale  qui  s'est 
élevée,  se  sera  égarée  dans  f^on  objet,  et  qu'elle  aura  été  en  partie  arti- 
ficielle pour  décréditer  M.  de  Uulow. 

Quant  aux  paiements  arriérés  qui  existent  réellement  dans  plusieurs 
parties  et  qui,  par  exemple,  dans  quelques  branches  de  l'instruction 
publique,  comprennoni  jusqu'à  huit  mois,  outre  que  cet  arriéré  peut 
avoir  dos  causes  locales,  M.  do  Uulow  m'a  dît  qu'il  en  existait  sans 
doute,  puisque  les  rentrées,  quoique  assurées,  u'élaieui  pa»»  encore 
toutes  réalisées,  mais  que  positivement  ces  rentrées  feraient  face  à  tout. 

J'ai  fait  obser\'er  à  ce  ministre  que  puisque  les  revenus  de  Tanuèe 
avaient  si  heureusement  excédé  l'estimation,  c'était  preuve  que  la 
Westphalie  avait  de  grandes  re^tsources,  et  qu'on  pouvait  espérer  que, 
son  système  financier  >>lant.  actuellement  oi^^anisé,  elle  supporterait 
même  une  forte  augmentation  de  dé^ienses. 

M.  de  BiWouï  m'a  répondu  que  laconstilation  avait  fait  tarir  plusieurs 
sources  de  revenu;  qu'on  ne  pouvait  pas  compter  dès  les  premiers 
moments  sur  un  succj>8  complet  des  opérations  nouvelles;  que  les  pro- 
vÎDoes  les  plus  riches  étaient  surchargées  de  frais  d'entretien  des  gens 
de  guerre,  qu'elles  s'en  refisfiniaienl  déjà  au  point  de  faire  craindre 
qu'elles  ne  pourraient  hientdt  plus  payer  leurs  impositions;  et  tout-à- 
coup  il  s'est  rejeté  sur  le  chapitre  des  dépenses  que  causaient  les  troupes 
françaises.  On  dit,  a-t-tl  ajouté,  que  je  suis  l'ennemi  des  Français  : 
mais  je  suis  ministre  des  Ënaoces,  je  dois  défendre  les  intérêts  qui  me 
sont  confiés,  et  lorsque  je  vois,  d'un  cAté,  les  soldats  français  luges  et 
nourris  chez  les  habitants,  les  transports  faits  par  réquisition  ;  lorsque 


S62 


■éunr.lS  GT  DOCCUBTTS. 


d'un  antre  je  toïb  accourir  ici  tant  de  FraoçaîB  qui  cherchent  k  îtàté 
nue  fortuna  rapide  et  ar^Aparer  tontes  les  places  et  tous  les  pnifits,J 
mVBt-il  pt>rmis  àe  rpaler  indifl'iéreat? 

Il  me  reste  à  dirp.  Monseigneur,  que  lonvpie  j'ai  évalué  les  dépens 
de  l'année  courante  à  ib  ou  46  millions,  les  nouveaux  régiments  qui  sft'' 
lèvent,  et  les  dépenses  qu'exige  la  mise  en  activité  du  contingent  entier, 
n'y  étaÎRDt  pa«  compris,  Pt  que  Ip  tal)leau  de  la  totalité  dos  d«>pQn&p« 
qui  a  été  mis  souft  les  yeux  du  roi  monte  à  'ti  millions.  Vous  voyez 
toujours,  Monseignonr,  cette  alternative  :  ou  hirn  il  n'y  a  point  en  d'à 
riéré  |K>nr  l'année  passée,  mais  le  déficit  de  l'année  courante  sera  d'au-"^ 
tant  plue  Tort;  ou  bien  il  y  a  ou  ilu  deticit  l'année  passée,  et  celui  de 
l'année  courantn  sera  d'autant  moindre;  et  l'intérêt  do  ce  pays-ci  c'e 
de  soutenir  que  1ns  doprnHK.s  de  l'armée  et  de  la  guerre  sont  les  i 
cKiises  do  désordre,  louant  aux  dêpen.«es  de  la  liftte  civile,  riru  n'a  con- 
tredit jusqu'à  présent  les  reus(3ignement8  que  j'ai  transmis. 

DaD«  cette  situation  des  choses,  l'opération  qui  se  Fait  avec  la  Hol- 
lande pourrait  être  un  véritable  bienfait.  Hier  l'approbation  de  Ha 
Majesté  hollandaise  est  arnvée,  ni  le  traité  ne  tardera  pas  à  ^tre  conclu. 
Il  est  vrai  que  le**  condiiiouR  seront  un  peu  onéreuses.  Le»  voici  :  inté- 
rêts Spourceat  et  en  outre  un  et  demi  pourcenten  loterie;  commission 
*2  pour  r^nt;  IratR  dA  l'opération,  au  moins 5  pourront;  les Tiai»,  disent 
les  préteurs,  seront  dr  première  mise  :  ils  n'auront  pas  besoin  d'être 
renouvelés,  quand  Topératirtn  durrrait  pendant  viugl  ans.  L'emprunt 
actuel  sfHi  de  'i  millions  de  llorins  en  actions  de  lOltO  florins  pour 
lesquelles  on  s'inscrira  à  la  bourse  d'Amsterdam.  Le^  Hollandais  rece- 
vront ii^  denrées  au  lieu  du  dépôt;  ils  se  chaîneront  de  leurs  transports 
aux  frais  dp  la  Weslphalie,  Ha  Majesté  le  rui  de  Hollande  en  permettra 
l'importation  et  le  débit. 

D'un  autre  côté,  on  a  calculé  que  le  prix  des  sels  en  Hollande  était 
en  ce  moment  quadruple  de  celui  qu'ils  ont  aux  lieux  de  dêpdt  «d 
Weslphalie,  et  comme  ils  font  l'objet  principal  de  l'opération  entière, 
on  a  trouvé  que  six  mille  lafts  suffiraient  à  peu  près  pour  couvrir 
l'emprunt. 

M.  le  comte  de  Purtenstein,  comme  je  le  prévoyais,  ne  m'a  parlé  de 
rien.    Cependant   les   négociants    hollandais   étant  revenus  pour  mo 
demander  des  lettres  de  recommandation  pour  les  agents  français  à 
Bremcn,  j'ai  d'autant  moins  hésité  à  leur  conUrmer  ma  promesse,  qne, 
Votre  Excellence  étant  instruite  depuis  15  jours  de  celte  opération,  ■ 
trouvera  en  mesure  de  faire,  parvenir  se^  ordres  soit  à  moi,  soit  A^ 
M.  Legau. 

Lee  négociants  hollandaî;^  m'ont  dit  que  le  succès  de  cette  opération 
avait  éprouvé  ici  beaucoup  de  dirtïcultes.  On  protend  que  It  jalousie 
contre  M.  de  Buimv  en  a  été  la  cause  ;  que  les  préventions  du  roi  cont; 
ce  ministre  viennent  de  M.  de  FursUnjtein  et  do  M.  Bwcagny,  et  quo^ 
le  projet  de  placer  des  Français  à  Ea  tête  des  Gnances  et  de  l'intérieur 
existe  toujours.  Sa  Majesté  I.  et  H.  m'a  recommandé  de  luf  faire  con- 


TTirot.éo'V  rr  i.e  roi  jékôhe. 


363 


oaitre  t'opinion  et  U  situation  de  M.  Siméon  et  de  M.  le  général  Sbté. 
J'ai  ilejà  en  partie  satisfait  à  cetonlri?,  voici  ce  qu'il  me  rest^  à  BJuulor. 

La  situation  do  M.  Sitn^on  s'est  beaucoup  auieliurée  :  il  a  ro(ngue  du 
crédit  et  de  l'iuOuence.  Son  fils,  que  le  roi  n'avait  pas  trop  bien  mité, 
a  obtenu  un  poste  plus  avantageux.  Il  parait  certain  qu'on  avait  proposé 
au  roi  un  projet  d'après  lequel  le  directeur  de  la  haute  police  aurait  ete 
une  espace  de  premier  ministre,  et  que  le  roi  l'a  rejeté.  L'opinion  de 
H.  Simion  sur  le  roi  est  celle  de  tous  ceux  qui  ont  l'honneur  de  l'appro- 
cher. It  rend  uoe  justice  entière  à  son  0£ur  et  à  son  esprit  :  il  admira 
ta  droiture  et  U  noblef^sede  Tun,  la  sagacité  et  la  pénétration  de  l'autre  ; 
il  ne  dissimule  point  quelques  défauts  de  caractère  ou  d'inexpérience. 
Le  roi  lui  paraît  trop  impérieux  sans  être  toujours  ferme.  Les  idées 
qu'il  se  fait  des  droits  et  des  devoirs  de  la  royauté  lui  paraissent  encore 
ou  incomplnls  ou  erronés;  il  craint  qu'onlourë  par  trop  de  mêdiocriu*s 
dans  son  intérieur,  le  roi  ne  se  laisse  trop  aller  à  des  ministres,  et  qn'il 
ne  lui  soit  difficile  d'acquérir  ce  coup  d'œil  de  monarque  qui  ombrasse 
l'ensemble,  et  qui  sait  mettre  toutes  les  choses  à  leur  véritable  place. 
Quant  aux  linances,  M.  Siméon  pense  aussi  que  la  Weetphalie  ne  pourra 
pa»  supporter  à  la  longue  tes  charges  qui  pèsent  sur  elle  en  ce  mument- 
cî  ;  sur  tes  dépenses  de  la  liste  civilo^  il  s'en  rapporte  à  la  voix  publique. 

Le  général  Sbli  se  plaint  de  ce  que  le  roi^  dans  son  cabinet,  ne  donne 
pas  toujours  aux  détails  des  alTaires  la  même  attention  qu'il  leur  don- 
nerait au  conseil  d'État.  Il  trouve  de  la  diffîcuUé  à  concilier  toujours 
ses  devoirs  comme  ministre  de  la  guerre  en  Wesiphalie  et  comme 
géueral  français  dans  de^  queslious  concernant  les  fraiii  d'eulrctieu,  ou 
la  conduite  des  troupes  auxilialree.  11  m'a  avoué  que  cette  considération 
avait  inQué  aussi  sor  la  demande  qu'il  avait  faite  à  M.  Ip  comto  da 
Bunebourg  d'ôtre  employé  activement  en  cas  de  guerre.  Il  m'a  chargé 
surtout  de  faire  cûiujaitre  à  tSa  Majesté  L  et  H.  sa  fidélité  de  tuuë  les 
temps  et  son  entier  dêvouemeni.  11  évalue  les  dépensée  accessoires  à 
Faire  pour  mettre  le  contingent  sur  In  pied  ordonné  par  Sa  Majesté  à. 
3  millions  sur  lesquels  M.  de  Buiow  lui  a  accordé  un  acompte  de 
500,000  fr. 

P. -S-  —  l^e  roi,  il  y  a  qiieb(ue9  jours,  demanda  an  général  Eblê  un 
état  de  situation  do  ses  troupes.  Le  général  le  lui  porta.  Il  n'est  |>as 
exact,  dit  le  roi.  —  Mais,  Sire,  il  est  conforme  aux  états  qui  se  trouvent 
dans  mes  bureaux.  —  Enfin  le  roi  insista,  et  le  ministre  fut  obligé  d'y 
faire  difTérenis  changements  dont  le  résultat  était  une  difTérence  de  7  à 
800  hommes  au  plus. 

BVLLSTUi. 

Cassel,  17  mars  1809. 
Le  roi  est  sorti  hier  pendant  quelques  roinuttts  eu  voiture.  l>e  temps 
était  pluvieux  ;  il  devait  aller  le  soir  au  sppctacle  en  grande  loge.   Mais 
un  accès  de  lièvre  assez  fort«  l'a  pris.  On  croit  que  c'est  une  suite  des 
douleurs  de  ses  rhumatismes. 


3f>4 


véUNGSS   ET    DOCCMBTTS. 


8.  M.  depuis  quelque  temps  n'avait  pa»  Tair  d'une  parfaite  santé. 

T^  Rai,  il  cause  <le  pon  indispoBÏtiûn,  n'avait  pas  non  plus.  n>ru  la  cour 
dimanche  dernier.  Lemëmejuur,  il  fit  publier  dans  In  palais  an  onln>  par 
l(>4]uel  les  entré^R  journalières  auprès  de  Leur»  Majeïités  furent  reetreinlev 
aux  grands  officiers  et  aux  personnes  de  service  du  jour.  Depuis  cel 
urdre,  ûd  a  vu  paraître  i>our  la  première  fois  en  fracs,  dans  leji  solréei 
do  la  ville,  [es  pentonnes  attachées  au  palais  ot  M.  le  comte  de  Furstens- 
tcin.  On  assure  que  M™«  de  X...  jouit  en  ce  moment  de  la  confiance  du 
roi.  Elle  attend  son  mari  qui  sera,  dit-K}n^  nommé  aide  de  camp  de  S.  M. 

Depuis  queli|ue  temps,  M"*^  de  \...  paniit  rarement  dans  les  sociétés 
DU  le^  quitte  à  neuf  heures.  On  préUnd  qu'eiie  rui  s'est  point  aneore 
rendue.  8i  elle  se  fait  désirer  longtemps,  et  si  la  passion  du  roi  est  asws 
T'irle  pour  ne  point  ctiercher  à  se  distraire  ailleurs,  elle  aura  bien  mérité 
de  ce  jfiUQR  prince. 

M,  de  Marinville,  secrétaire  intime  do  roi,  qu'on  dit  être  employé 
Busiii  pour  une  certaine  partie  des  plaiRirt^  de  S.  M.,  est  devenu  gardien 
de  la  cassette  du  roi,  à  ta  plaoe  de  M .  Uudiambon,  dont  les  représentaticos 
quelquefois  un  peu  importunes  avaient  déplu.  Cependant  M.  i^ucAamAon 
reste  trésorier  général  de  la  couronno.  M.  In  comte  de  Lerchenfeid, 
ministre  de  Bavière,  a  fait,  il  y  a  quelque»  jourt<,  pour  la  troisième  fois 
depuisdeux  muis,  une  course  qui  parait  encore  devoiraboutirà  Francfort. 
L'objet  de  la  première  élatt  un  rendez-vous,  moitié  d'amour,  moitié  de 
politique,  avec  M"»  la  princesse  de  là  Tour  tt  Taxis.  Il  en  revint  malade. 
Dans  la  seconde  il  avait  vu  le  prince- primat.  Tl  en  revint  rempli  de 
fausses  nouvelles  qu'il  débita  avec  beaucoup  d'assurance,  m^mc  à  M.  le 
comte  de  Fursienstein,  et  qui  se  trouvèrent  démenties  trois  jours  après. 
On  ne  sait  pas  encore  ce  qu'il  rapportera  de  la  Iruisième.  Cependant, 
romme  le  pouvernemenL  westphalien  ne  s'est  point  formalise  de  ces 
voyages  hors  du  pays  où  il  est  accrédité,  il  y  a  lieu  de  croim  qu'ils  ont 
été  autorisés,  et  que  le  roi  est  au  moins  eu  partie  dans  le  secret  de  ces 
absences. 

La  foire  de  Casse!  a  commencé  lundi  dernier  :  elle  durera  quinze  jours. 
Elle  est  fréquentée  par  un  assez  grand  nombre  de  marchands. 

RatKHAno  A.  Ca&irpAGKV. 


Uassel,  21  mars  1809. 

M.  Bercaçtty  m'a  parlé  longtemps  contre  M.  de  Butow  et  ae  m'a  pas 
caché  qu'il  avait  accuse  ce  ministre  auprès  du  roi  lui-même.  Voici  les 
principaux,  uu  plutôt  les  seuls  griefs  que  M.  Uercagu}/  ait  articulû. 
M.  Beugnol  était  dans  l'usage  de  laisser  dans  le«  caiwea  départementales 
tous  les  fonds  nécessaires  aux  dépenses  locales.  Il  entretenait  souvent 
8.  M.  de  la  pénurie  du  trésor  et  de  la  mk^essitéde  ménageries  ressources 
de  la  Westphatin.  M.  Aq  Butow  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  de  se  faire 
valoir  par  l'abondance  avec  latjuelte  il  savait  faire  affluer  l'argent  an 
trésor;  il  y  fit  venir  celui  réservé  par  M.  Beugnot;  il  en  fit  l'étalage  aux 


youx  ite  S.  M.  En  attendant,  un  granti  nombre  d'employés  dans  le» 
départeuteuts  ne  furent  pas  payps.  Les  juges  de  paix,  les  officier»  de 
police  Turent  laisses  dans  la  mifiàro.  Les  plaixilos  arrivèrent  aussi  de 
tous  côtés;  il  fallut  à  grands  frais  renvoyer  l'argenl.  M. de  fiutouraaccu- 
œulé  aussi  les  recettes  communales  avec  celles  du  trésor  public.  Kufin 
M.  do  Bulow  est  un  charlatan,  un  intrigant  du  grand  genre.  Lo  roi  s'est 
moins  contenu  dans  ses  dépensrs,  parce  <{u'im  lui  a  pentuadi*:  que  cela 
était  moins  nécessaire.  M.  Bercagny  craint  que  M.  de  Bulow  ne  par- 
vieonQ  &  se  faire  renvoyer  par  une  bouiade;  <[u'alors  il  ne  scil  regretté 
et  il  ne  dissimule  point  que  ce  n'est  que  son  grand  cordon  de  la  légion 
d'honneur  qui  le  protège,  t  Maî;^,  dis- je  à  M.  Bercagny,  M.  de  Bulow  a 
obtenu  un  excédant  dans  lc«  recettes  de  l'an  passé  ?»  —  «  Excédant,  dit 
M.  Bercagny  Gi\  baussaiitie«  épaules...  >,  maisil  n'entra  dans  aucun  détail. 
Quoi  qu'il  en  s^ut,  Monseigneur.  M.  B\ihw  peut  avoir  ete  faible  ;  il  peui 
avoir  osé  se  permettre  ce  qu'un  conseiller  d'Èlai  fronçais  pourrait  prendre 
sur  lui;  il  peut  avuir  succombé  à  l'envie  de  plaire  et  de  faire  autrement 
que  son  prédécesseur;  aujourd'hui  du  moins  son  langage  a  changé,  et 
il  dit  hautement  que  si  les  dépenses  continuent  sur  te  pied  actuel^  il  ne 
reste  qu'à  mettre  la  clef  sous  ta  porte. 

L'affaire  de  l'emprunt  hollandais  n'est  point  encore  terminée.  On 
parle  sourdement  d'un  projet  de  banque  territoriale  ou  plutùl  d'une 
banque  à  billets  hypothéqués  sur  des  immeubles.  Je  persiste  à  penser 
que,  même  aux  conditions  onéreuses  que  j'ai  fait  connaître,  l'opératioD 
de  l'emprunt  est  bonne  pourvu  qu'on  n'en  abuse  pas.  Elle  serait  détes- 
table si,  pour  obtenir  bi^aucoup  d'argent  à  la  fois,  elle  dépouillait  te 
royaume,  de  ses  produits  bruts,  si  l'on  encombrait  les  marchdnili.M!S  do 
la  Hollande  et  si  l'on  anticipait  ainsi  peut-être  sur  les  revenus  de  plu- 
sieurs années. 

Je  suis  convaincu,  Monseigneur,  que  vous  rendrez  justice  à  la  solli- 
citude avec  laquelle  je  m'appesantis  sur  l'état  des  tinances.  C'est  le  c6tc 
faible  du  pays,  el  j'ose  ajouter  du  roi  Le  pays  peut  être  sauvé  d'em- 
barras imminents  ;  il  en  est  temps  encore;  le  roi  peut  être  sauvé  d'une 
situation  pénible,  d'un  découragement  qui  déjà  le  gagne  et  du  regret 
de  céder  à  la  nécessité  tandis  qu'on  e^t  digue  d'acquérir  la  gloire  d'une 
résolution  libre  et  généreuse. 

Votre  Excelleoce  peut  prévoir  aussi  deux  èvénemeDls  dont  l'un  ou 
l'autre,  ou  tous  les  deux  peut-être,  peuvent  arriver  dans  l'espace  d'un 
mois  :  le  départ  du  Roi  pour  l'année  et  un  changement  important  daus 
les  projets.  Dans  les  deux  cas,  je  croirai  devoir  me  prévaloir  de  l'aulo- 
rîsatiou  qui  m'a  été  donnée  de  vous  eu  ioformer,  Monseigneur,  par  un 
courrier  exti-aordiuaire. 


HBtnB.\RO  A  GUAMPAONY, 


Gassel,  39  mars  1809. 
J'ai  reçu  la  dépêche  par  laquelle  Votre  Excelleuce  me  charge  de 


8«6 


VBLANCES    I^T    DOCVXETTS. 


donner  communicatiou  à  la  cour  de*  Caseel  de  ta  disposition  que  6a 
Majesté  impériale  a  fait»  du  grand  duché  de  Berg,  en  faveur  du  &ls 
aîné  de  6.  M.  le  roi  do  Hollande.  Je  me  stuis  acquitté  de  cet  ordre,  et 
j'ai  adressé  une  copin  do  l'actn  à  M.  le  comte  de  Furstenstein. 

J'ai  demandé  au  gêiitïral  £6/<fdansqiit>Ilf)  intention  le  roi  avait  ordonné, 
dans  l'état  de  situation  de  ses  troupes,  que  le  prince-connetable  lui 
avait  demandé^  les  changements  doot  j'ai  parlé  dans  le  posl-ecriptum 
do  mon  n«  24.  Ce  ministre  m'a  dit  que  ce  D'étail  point  dans  la  vue  de 
porter  un  plus  grand  nombre  d'hommes  effectif»  que  celui  qui  existait 
rcoUomenl,  mois  dans  celle  do  montrer  que  son  arméf  entifere  était, 
jusqu'aux  moindres  délaiLs,  organisée  sur  le  modèle  français,  et  en  état 
de  marcher. 

Ijf»  monnaies,  Moniïeigneur,  m'amènent  naturellement  aux  finances,' 
mais  ue  sera,  je  l'espère,  puur  en  sortir  au  moins  pour  quelque  temps. 
J'ai  trouvé  l'occasion  de  prendre  coauuti^saiicc  d'unn  pi&cc  aulhenliquo  et 
ofliclHllp  qui  ue  laisme  aucun  duulp  sur  le  déficit  des  finances  de  l'I-^taL. 
C'est  un  rapport  fait  par  une  commission  spéciale  du  conseil  d'Ëlatsur  les 
dépenses  de  l'armée  oi  sur  les  moyens  de  les  réduire  k  une  proportion 
convenable  avec  les  revenus.  Dans  ce  rapport,  les  dépenses  de  l'armée 
pour  l'année  couranlfl  sont  évaluées  comme  suit  : 

Troupes  westphaliennes,  14,350,000  fr. 

Troupes  françaises,  7,9îlfl,000 

Arriéré  du  dépu-^  de  la  guerre  pour  l'année  passée,         6,000,000 


En  y  njoutJint  les  autres  dr-pensesde  l'Étal,  telles  que 
je  les  ai  déjà  fait  connaître  dans  mon  n^  19, 


28,240,000 
24,375,000 


La  dépense  totale  sera  de  52,6i5,(KlO  fr. 

Dans  tes  dépen>;e3  de  la  guerre  ainsi  énoncées,  i^e  trouvent  comprises 
celles  de  la  conscription  nouvelle  et  de  la  levée  des  deux  nouveaux 
régiments. 

A  l'égard  de  l'arriéré  dpC,0OO,0f>0  In  rapport  s'exprime  ainsi  :  •  Quand 
il  serait  vrai  qu'une  partie  de  ce  déficit  sera  couverte  par  un  excédant 
dans  les  recettes,  etc.  ».  Mais  d'un  autre  c6lé  le  général  £AJ^  estime  que 
l'arriéré  ira  à"  millions  et  au-delà. 

£n  évaluant  en  conséquence  l'arriéré  de  l'Étal  entre  S  et  6  millions, 
et  l'arriéré  de  la  liste  civile,  tpl  que  je  l'ai  énoncé  dans  mon  u"  22,  entre 
4  et  Û  millions,  Tarriéré  total  de  l'année  passée  sera  toujours  entre  10  el 
12  millions,  et  rien  ue  m'autorise,  jusqu'à  présent,  à  me  départir  de 
cette  esUmat-iou.  Or,  Monseigneur,  les  recettes  présumées  de  l'année 
devant  monter  au  plus  à  38,&Û0,000,  l'arriéré  de  rËtatponr  rannécsera 
de  14,000,000. 

Je  reviens  au  rapport  qui  a  èle  soumis  à  Sa  Majesté,  mois  sur  lequel 
il  n'a  été  el  dans  les  circonstances  actuelles  il  n'a  pu  être  pris  aucune 
détermination.  O  rapport  met  en  princijM!  que,  dans  la  proportion  des 
recettes  de  l'État,  les  dépenses  de  ta  guerre  oa  peuvent  excéder  13  mil- 


HAPOUOTT  ET   LB   IlOl  JRIi6hK. 


367 


Uom.  n  prouve  par  des  f&its  que,  dans  le  systêmo  allemand,  l'eatreticu 
de  25,000  hommes  ne  côtoierait  que  10  à  11  ;  et  que  daos  le  système 
prussien  il  no  coûuirait  que  8  millions.  Il  recherche  les  causes  qui 
augmentent  les  dépenses  pour  l'armèii  woftlphalionne,  et  il  indique  les 
moyens  de  lea  réduire.  Les  causes  d'augmentation,  il  \p»  trouve  prin- 
cipalement en  ce  qu'une  armée  de  25,000  hommes  pour  l'enirelieu  et 
l'administration  a  étë  organisée  entièrement  sur  le  pied  de  l'année 
française,  qui  est  de  600,000  hommes:  eu  ce  que  la  garde  par  son 
nombre,  par  ses  dépenses  et  par  son  administration  séparée,  est  hors  de 
proportion  avec  le  reste  de  1  armée  et  avec  le-s  moyens  du  ro^-aume  (la 
garde  est  de  '2473  hommes,  elle  coûte,  wlon  le  rapjwrt,  1,800,000  fr.; 
les  Traite  de  première  mise  des  deux  nouveaux  régiments  en  coùteni 
autant);  en  ce  que  toutes  les  fournitures  se  font  par  enirepri^te  et  rien 
par  économie;  en  ce  que  le  matériel  et  le  personnel  de  l'armée  n'étant 
point  séparés,  il  n'existe  aucun  conlrèlo  pour  les  dépenses,  pt  qup  Ips 
facultés  du  ministre  de  la  guerre  le  plus  probe,  le  plus  actif,  no  sau- 
raient suffire  à  une  pareille  surveillance,  etc.,  etc.  Les  moyens  de 
réduction  seraient  de  rendre  le  soldat  allemand  à  ses  anciens  usages 
pour  le  pain,  pour  l'habillement,  pour  les  masses,  de  rétablir  surtout 
l'usage  des  retenues,  ce  qui  produirait  l'épargne  de  pins  d'un  tiers  sur 
la  solde. 

Le  général  Eblé  pense  que  la  dernière  conscription  de  7000  hommes 
suffira  à  peine  pour  remplir  tous  les  cadres,  le  xiâe  qu'a  laissé  la  déser- 
tion, el  les  nouveaujc  corps  accessoires  devenus  nécessaires  pour  orga- 
niser les  deux  divisions  conformément  aux  vues  de  Sa  Majesté  I.  et  R. 
Sa  modestie  est  telle,  que  malgré  son  travail  infatigable,  quoiqu'il  ne 
ae  permettp  presque  p«fi  nn  seul  moment  de  distmotion,  il  craint  que 
M8  moyens  ne  soient  au-dessous  de  sa  place;  qu'on  ne  lui  fasse  ce 
reproche,  et  que  tandis  que  ses  camarades  vunt  recueillir  de  ta  gloire 
sous  les  yeux  de  l'emperpur,  il  n'ait  à  lutter  infructueusement  dans 
une  situation  ditticile  et  peut-être  ingrate.  Ce  qui  l'afDîge  surtout,  c'est 
qu'il  cmit  remarquer  que  le  roi  n'a  pas  assez  confiance  en  Itii.  Je  l'ai 
rassuré  sur  tous  Ifs  poinLs  :  je  lui  ai  fait  sentir  qu'au  moins  le  mi  ne 
lui  refuserait  pas  la  confiance  de  Tcstime.  Je  l'ai  consola  par  mon  propre 
exonple,  et  on  elTei,  Monseigneur,  c'est  la  même  nuance  de  caractère 
de  8a  Majesté  qui,  pour  le  général  Bblé  et  pour  moi,  produit  les  mémos 
effets.  Elle  ne  nous  empêchera  pas  de  sentir,  d'aimer  et  d'admirer  ses 
excellentes  qualités,  el  pour  ce  qui  me  concerne  piT^onnellement.  s'il 
est  certain  que  plus  de  confiance  de  la  pari  de  8a  Majesté  me  rendrait 
plus  heureux^  je  dois  dire  en  même  temps  que  la  manière  dont  la  plu* 
part  des  personne*  qui  approchent  du  jenne  monarque  se  conduisent  h 
muu  èfïaril  ne  me  lais»?  rien  à  dét^irer. 

L'alTaire  de  l'eiuprunt  hollandais  <->st  terminée.  Les  deux  négociants 
sont  partis  sans  me  demander  de  lettres  pour  M.  Lagau.  Ils  doivent 
revenir.  Ils  devaient  fournir  sur-le-champ  ?  millions  d'argent  comptant; 
ils  sont  allés  chercher  un  troisième. 


368 


MELANGES    ET    DOCtlHETTS. 


M.  de  MoroDville,  ministre  de  Uarmfiladt  près  cette  cour,  est  parti  ce 
malin  en  congé.  Tl  sera  chargé  de  conduire  à  l'armée  l'un  des  fils  du 
grand-duc.  Son  départ  laisse  des  regrets  à  ceux  qui  l'ont  connu. 

La  pntice  a  recueilli  plusieurs  indicâs  de  menées  secrètes  qui  ont 
lieu  en  ce  mumimt,  dans  une  partie  de  la  Westplialie,  sous  1rs  auspices 
de  l'ancien  électeur.  Il  y  a  des  émissaire?,  des  afûches,  dos  promesses 
pour  les  militaires  qui  voudraient  quitter  le  service  de  la  ^^'estphalie. 
L'eHel  d»  ces  manœuvres  est  sufGsamment  neuira1t$è  par  la  marche 
imposante  des  troupes  françaises  qui  successivement  traversent  ce  pays. 
Lo  20"  régiment  d'infanterie  ot  deux  régiments  de  cuirassiers  ont  passe 
par  Cassel. 

On  élait  à  la  veillfî  de  la  singulière  aventure  du  major  prussien 
Schill  el  des  soulèvemeiitâ  de  quelques  parties  du  nouveau  royaunie. 
La  police  avail  vent  de  quelques  trames  on  cours  de  préparation, 
mais  ne  Leuail  nullement  le  fil  de  la  macbinatiou. 

BtXUETlM. 

Ca!<«el,  ?9  mars  1809. 

Le  Moniteur  v/estphalien  fait  mention  aujourd'hui  d'une  excursion 
que  le  roi  fil  dernièrement  pour  MUnden  où  Sa  Majesté  alla  voir  un 
yachl  que  le  roi  de  Hollande  lui  avait  envoyé.  La  modestie  du  roi  n*a 
pas  permis  qu'on  y  parlât  des  bienfails  qu'il  a  répandus  sur  sa  route.  H 
s'est  eutrcteuu  familièrement  avec  des  habitants  de  la  ville  el  de  la 
campagne  qui  étaient  accourus  pour  le  voir.  II  a  fait  manœuvrer  an 
bataillon  weslphalien  qui  se  trouvait  là;  et  comme  c'était  un  jour  de 
dimanche,  il  lui  a  fait  distribuer  25  frédèrics  qui  ont  él^  reçus  aux  cris 
de:  Vive  le  Roi!  Il  rencontra,  au  rotour,  des  conscrits  cheminant  gâte* 
ment  et  criant  :  Vivat  der  Kônig  f  d'aussi  luin  qu'ils  purent  l'aperceToir, 
il  les  encouragea  et  leur  Gi  également  donner  une  petile  gratification. 

O'un  autre  cAté,  M.  le  colonel  Bongars*  épargna  dernièrement  au  roi 
quelques  frédèrics,  sous  prétexte  d'avoir  mal  entendu.  I^  roi,  un  soir, 
voulant  aller  à  l'Orangerie  avec  îa  reine,  et  ne  trfjuvant  aucun»  de  ses 
voilures  prélCf*,  couiinanda  qq'on  fil  avancer  le  premier  cocher  qu'on 
trouverait  :  il  ordonna  ensuite  au  colonel  Bongars  de  donner  i  col 
homme  25  frédèrics;  M.  Bongarii  en  donna  5. 

La  santé  de  8a  Majesté  parait  ai^sez  bien  rétablie  :  ta  reine  à  son 
tour  a  èl«  incommodée  pendant  quelques  jours. 

Il  y  a  eu  concert  et  cercle  jeudi  passé  â  la  cour,  pour  la  première  fois 
depuis  un  mois. 

M.  de  Urchenfeld,  ministre  de  Bavière,  est  désolé  de  l'habitude  que 
le  roi  a  prise  depuis  quelques  semaines  de  donner  à  souper  aux  per- 
sonnes attachées  au  palais,  les  jours  d'assemblée  chez  ce  ministre.  11 


L  Chef  de  la  léKtoD  de  gendarmerie. 


TTiFOL^OR   ET    LB    BOI    JKBÙHK. 


3«9 


parle  de  faire  un  quatrième  voyage  de  plus  longue  durée  que  Icit  aulreti, 
el  dans  lequel  il  emmènerait  sa  femme.  On  prétend  que  le  souper 
auquel  celle-ci  avait  été  invitéfi  par  la  reine,  sans  son  mari,  et  où  elle 
manqua  seule  do  toutes  les  fommes  des  autres  ministres,  a  donné  lieu 
à  ces  soupers  qui  désolent  M.  de  Lerchenfeld. 

M.  le  comte  de  Furstenstetn  vient  de  se  fiancer  avec  la  fille  aînée  de 
M.  le  comte  de  Hardcnherg,  conseiller  d'État  el  grand-vropur.  Ce  mariage 
parait  liien  asHorli  el  d'une  bonne  politique.  Il  attachera  au  rui  uns 
famille  considf^rée,  mats  dont  la  fortune  a  beaucoup  soufTert,  el  qui 
n'avait  pas  la  réputation  d'aimer  beaucoup  le^  Françaïe. 

Le  général  Ehlé  aussi  attend  M''*  Freteau  pour  l'épouser  :  elle  appar- 
tient à  une  famille  inHnimeni  respectable  de  l'ancienne  robe  de  Paris, 
TQ^\»  elle  n'a,  dit-on,  que  t8  ans,  et  le  général  EbU  en  a  plus  de  cin- 
quante. Et  son  miniittèm? 

BnuETm. 


Cassel,  15  avril  1809. 

Le  Moniteur  westphalien  d'hier  donne  des  nouvelles  du  voyage  de 
LL.  MM.;  on  dit  aujourd'hui  que  leur  relour  n'aura  lieu  que  le  23. 

Avani^hier  a  passé  un  courrier  extraordinaire  venant  du  quartier- 
général  de  M.  le  duc  A'^Âuerstaedl  et  portant  des  dépèches  pour  le  roi. 
Le  département  des  relations  extérieures  ayant  reçu  hier  de  Stuttgard, 
par  estafette,  la  nouvelle  qu'un  mq);:  considérable  a  passé  l'/nn  prés  de 
Hraunau .  je  présume  que  le.<:  dépêches  dr  ce  courrier  auront  donné  à 
Sa  Majesté  connaissance  de  cet  événement  important.  Voilà  dune  la 
guerre  coraraeucé«!  Si  ta  justice  de  nuire  cause  et  le  nom  de  Napoléon 
doivent  déjà  faire  pressentir,  môme  k  nos  ennemis,  que  les  arrête  de  la 
destinée  seront  accomplis;  si  déjà  la  grande  catastrophe  qui  se  prépare 
n'appartient  plus  au  domaine  de  l'incertitude,  qui  ne  peut  plus  Ujuiber 
que  sur  les  événements  qui  l'amèneront,  c'est  cependant  avec  un  frémis- 
sement invutoniaire  rju'on  entend  retentir  an  loin  ce  premier  coup  de 
canon;  nouveau  signal  de  la  fureur  aveugle,  de  la  mort  et  de  la  chute 
d'un  empire! 

Un  aiurrier  westphalien,  renvoyé  de  Vienne  par  M.  d'Eatemo,  a  porté 
la  nouvelle  de  l'entrée  dans  cette  capitale  du  ministre  anglais  et  la  pro- 
clamation de  Vai'chîduc  Chartes,  aussi  remplie  d'illusions  que  d'impos- 
tures.  M.  ^''Extirmo  explique  ce  qui  y  est  dit  des  truupes  étrangères  qui, 
dans  une  union  intime,  vont  combattre  À  cOté  des  armées  autrichiennes, 
par  un  débarquement  que  les  Anglais  vont  faire  à  Trieste. 

Il  n'est  pas  douteux.  Monseigneur,  que  parmi  ces  frères  allemands 
qui,  encore  ou  rangs  paisibles,  attendent  leur  délivrance,  l'Autriche  no 
compte  surtout  un  grand  nombre  de  NVestpbaliens.  Des  faits  dont  j'ai 
déjà  rendu  compte,  des  renseignements  venant  de  Vienne,  et  de  nouvelles 
correspondances  interceptées,  en  offrent  la  preuve.  Du  reste.  les  événe- 
ments qui  pourraient  faire  quitter  à  ces  rangs  leur  attitude  paisible  ne 
Hbv.  Uistok.  XVL  2«  fasc.  24 


370 


M^U^OBfl    ET    IK>CtIXETr8. 


sont  fçuère  dans  Tordre  dos  prolubiliim,  et  Im  deraiora  placarda  d'io- 
sarrcclinn  dont  j'ai  rendu  coinpu?  à  Vutre  Excellence,  Boot,  ainsi  que 
ceux  qui  les  avaienl  précédés,  restés  sans  effet. 

A  la  suite  de  l'attentat  de  Stendal,  plusieurs  liabiiants  de  cette  ville 
ont  été  arrôtôs.  J'apprends  qu'un  d'eux  s'psi  lue  dans  sa  prison;  mais 
ce  qui  donne  une  nouvelle  importance  à  celle  affaire,  ce  sont  les  revéla- 
liODs  faites  par  un  homme,  porteur  de  currespoudance^  suspectes, 
reveuauL  de  Berlin,  el  arrêté  à  Magdtfbuurg.  Cesl  un  paysan  des  envi- 
rons de  Bieleleld  qui  avait  entrepris  le  second  voyage,  sur  l'instigation 
de  quelques  anciens  baillis  de  son  canton.  Il  fut  adressé  deux  fois  au 
major  lîlUcher  et  au  major  Schill,  tous  deux  au  service  actuel  de  Prusse, 
Ce  ftit  le  major  Schill.  le  môme  qui  avait  acquis  quelque  célébrité  dans 
la  dernière  guerre,  qui  le  Ht  loger  et  nourrir  gratis,  et  habiller  à  neuf. 
Dans  sa  seconde  course,  dès  qu'il  fut  entré  sur  to  territoire  prussien^  et 
qu'il  se  fut  annoncé  comme  porteur  d'un  message  pour  le  major  Schiit, 
il  fut  csct)rté  de  poste  eu  poste  par  des  hussards  du  corps  de  c:el  unîcier, 
excepté  la  dernière  staliuu  qui  précède  Berlin.  Il  portail  dee  billets  dn 
major  Schill  adressés  à  quatre  baillis,  billets  insignifiants  en  apparence, 
mais  qui  expriment  l'espérance  de  se  revoir  bientôt.  En  mi^mc  temps. 
le  major,  qui  se  croit  sans  doute  un  héros,  envoyé  son  porlrail  aux 
quatre  baillis.  Le  major  liUieher  avait  remis  an  messager  une  espace  de 
lettre  circulaire  où  il  exhorte  au  courage  et  h  îa  persévérance. 

Un  fait,  Monseigneur,  qui  avait  déjà  frappé  mon  attention,  lorsque 
je  l'ai  lu  dans  Ips  papiers  allemands  cl  que  j'ai  relu  hier  dans  la  feuille 
du  Pubiicùtc  d'avril,  me  parait  avoir  un  rapport  assez  marqué  avec 
rèvénemenl  de  Stendal  et  avec  la  déposiiion  de  ce  paysan.  Le  voici  : 
o  Berlin,  27  mars.  Le  16,  les  hussards  de  SeJiitt  sont  partis  inopinément 
deceliecapitale  pour  aller  prendre  des  cantonnements  dans  les  environs, 
du  côté  de  Lichtenberg.  Ou  croit  que  ce  corps  est  chargé  d'obsen'er  le* 
Iralneurïi  des  troupes  qui  iraverseul  actuellement  ta  moyenne  Marche 
et  d'empôcher  qu'elles  ne  s'écartent  de  la  route  militaire  pour  se  répandre 
dans  le.s  campagnes  et  y  commettre  des  excès',  a 

J'ai  fait  part  de  cette  circonstance  à  M.  Siméon  qui  élail  venu  m'ia- 
former  de  l'arrestation  faite  à  Magdebourg,  Elle  lui  a  paru  d'autant  plus 
remarquable  que  le  prisonninr  avait  aussi  déposé  qu'il  avait  rencontré, 
on  revenant  du  Dortin,  ces  hussards  qui  s'étaient  soigneusement  informés 
du  nombre  de  troupes  qui  pouvaient  être  à  Magdcbourg. 

Le  préfet  du  déparlement  de  l'Elbe  avait  adressé  son  rapport  au 
ministre  de  l'intérieur  qui  l'a  re^u  cacheté  du  sceau  du  cabinet  du  roi. 
U  e«t  en  conséquence  probahln  que  8a  Majesté  aura  déjÀ  priii  connaia- 
sance  des  faits,  et  l'un  attribue  à  cette  circonstance  l'ordre  qu'a  reçu 
avant-hier  M.  tiereagny  de  se  rendre  à  Brunswick.  Le  ministre  de  la 
justice,  de  son  càléj  y  a  adressé  «on  rapport,  et  il  a  déjà  donné  des 
ordres  pour  l'arrestation  provisoire  des  quatre  baillis  et  de  quelques 


1.  C'était  lo  brusque  départ  de  Schil)  pour  ftoo  expédition. 


ifiroL^on  n  le  noi  j^kôhe. 


37^ 


KUtres  personnes  compromises.  On  se  dem&nde,  Monseigneur  :  serait-il 
possible  que  le  gnu  vemnmrnt  pniitsifn  Pût  connaiRSancp  do  ces  mana^u^Tef; 
et  y  conuivài,  ou  bien  est-ce  l'or  anglais  qui,  à  Viaf-u  de  ce  fïouveme- 
meni,  entraine  à  uno  conduite  aussi  criminelle  des  hommes  inconsi- 
dérés ei  présomptueux?  Si  cette  dernière  hypothèse  e*t  fondée,  elle 
prouve  dang  quel  état  déplorable  de  déconsîdéntUon  et  d'impuissance 
doit  être  tombé  un  gouveriiemeut  dont  les  chefs  de  la  force  armée  oitenl 
86  permettre  des  actes  qui  peuvent  compromettre  jusqu'à  l'exisleuce  de 
leur  patrie. 

Ce  qui  indispose  f>arttculièrcmBnt  en  ce  moment-ci  un  grand  nombre 
d'habitants  de  la  XN^stphalie,  c'e^t  la  conlributiou  personnelle  portée  à 
4,400,000  francs,  et  de!?Uoée  à  eatrer  dans  la  caisse  d'amortissement. 
On  la  perçoit  aclueilemeol  pour  l'aunée  passée;  dans  uu  mois  elle 
devait  être  perçue  pour  l'année  courante;  c'est  du  moins  ce  qu'on  m'a 
assuré.  Cet  impôt,  qui  est  nue  espèce  de  capitatiou,  est  reconnu  par 
radministration  même  comme  ayant  été  assis  sur  des  bases  entièrement 
faativcSf  et  les  inconvénients  qu'a  fait  découvrir  sa  perception,  sont  si 
graves,  qne,  malgré  te  besoin  extrême  qu'on  a  d'accélérer  les  rentrées, 
on  est  obligé  de  s'occuper  des  moyeus  d'y  remédier  en  changeant  le 
principe  de  l'imposition.  Dans  le  môme  temps,  uu  décret  royal  a  accu- 
mulé le  paiement  de  deux  deuxièmes  de  la  coulributioa  foncière,  en 
ordonnant  qu'à  l'avenir  les  douzièmes  seraient  payés  d'avance. 

Des  réclamations  lamentables  ont  été  adressées  ici  de  Marbout^  depuis 
qu'on  y  a  appris  que  l'université  était  menacée  de  sa  dissolution.  Les 
autres  universités  se  montrent  plus  résignées  à  leur  sort,  parce  qu'il 
était  plus  prévu.  Ou  espère  que  Su  Majes^tc  se  laissera  flècliir,  et  que 
la  suppre-ssion  de  Marbourg  n'aura  pa»  lieu,  du  moins  en  ce  moment-ci. 

Le  ministre  des  finances  attend  d'un  jour  à  l'autre  le  retour  d'un  des 
négociants  hollandais  avec  Lesquels  il  a  négocié  l'emprunt  de  6  millions. 
Il  craint  que  la  déclaration  de  guerre  ne  nuise  à  cette  upération,  et 
même  il  vient  de  me  dire  qu'il  n'y  compte  plus.  Il  se  plaint  aussi  des 
cITets  momentanés  d'une  opération  financière  du  gouvernement  fran<;aÏB 
qui,  dil-il,  a  souliré,  dans  l'espace  de  dix  jours,  à  la  Weslphaiie  seule, 
plus  de  6  millions,  et  qui  entrave  singulièrement  la  perception  des 
impôts.  Cet  embarras  est  pas.<uger,  mais  il  survient  dans  un  moment 
où  déjà  l'on  n'est  pas  trop  à  son  aise. 

Depuis  le  départ  do  M.  le  comte  de  Furstenstein.  le  secrétaire-général 
des  relations  extérieures,  autorisé  par  ce  ministre,  me  communique 
assez  exactement  les  nouvelles  qui  arrivent  à  son  département;  et  j'en 
Mis  d'autant  plus  de  gré  à  M.  de  FurstensMn  que  l'époque  est  plus 
importante.  C'est  dans  ces  communications  que  j'ai  trouvé  aussi  la  solu- 
tion de  ce  qui  avait  ét^>  une  énigme  pour  moi,  c'est-à-dire  la  cause  de 
cetip  froideur  dont  j'ai  dit  un  mol  à  Votre  Excellence  dans  mes  n"*  29 
et  30.  Sous  la  même  date  que  celle  do  votre  lettre  à  laifuclle  était  jointe 
la  copie  de  la  lettre  de  Sa  Majesté  â  l'empereur  d'Autriche,  M.  de  Win- 
tsingcrode  avait  rendu  compte  de  plusieurs  communications  confiden- 


372 


HéU.fGKS    ET    DOCDHKATS. 


tielles  que  Votre  Excellence  lui  av&il  {Hormis  de  prrndrp;  et  quoique  le 
texle  QiâiDe  d?  la  leltn*  de  l'empereur  soit  assurémeui  une  chose  plus 
précieuse  que  l'extrait  un  peu  informe  qu'en  avait  fait  M.  de  Winlzirt' 
geroda,  je  ne  sais  quelle  jalouiiie  avait  fait  croire  qu'il  était  de  U 
dignité  du  roi  do  recevoir  de  pareilles  commuai  cation  s  plutôt  par  le 
minifltre  de  Westphalie  que  par  le  minisirp  de  Prance.  Je  sais  que 
M.  de  FMTsietxstein  s'est  explique  ilans  ce  sens.  Comme  i  son  retour 
j'aurai  des  remercimcnls  à  faire  à  ce  ministre,  Je  saisirai  ToccasioD  pour 
luire  un  premier  essai,  en  alHirdaat  cette  matière  délicate. 

Rbikharo  a  Chaiipagxy. 


Cagsel,  20  avril  1809. 

J'ai  reçu  ta  lettre  de  Votre  Excellence  du  10  avril,  par  laquelle  elle 
me  charge  do  faire  couvenir  Ha  Majesté  weBtphalïenne  et  M.  le  prince 
de  yValdêch  dei>  arrangements  au  moyen  desquels  il  leur  sera  facile  de 
couvrir  les  avances  que  le  trésor  public  a  faites  pour  leurâ  contingents; 
je  me  suis  empressé  d'exécuter  vos  nrdrwi. 

M.  le  comte  de  Fursiemtcin  est  revenu  de  Brunswick  hier.  Le  roi,  qui 
n>st  point  allé  à  Magdeboui^,  est  attendu  aujourd'hui.  Le  courrier  qui 
lui  a  Ole  expédié  de  Strasbourg,  par  Sa  Majesté  l'empereur,  a  passé  par 
Ga^sel  le  17  au  t<oir.  Il  s'i?)Si  rencontré  avec  le  courrier  de  l'armée  venant 
de  Oonawert  et  cliargê  par  Sa  Majesté  d'un  paquet  de  monseigneur  le 
prince,  de  Sr.ufdxateL  On  croit  que  ce  papier  renferme  1rs  instructions 
concernant  le  commandement  qui  u  été  confié  a  Sa  Majesté  et  dont  on 
dit  qu'elle  est  extrêmement  satisfaito,  après  l'extensiou  qui  parait  y  avoir 
êlé  donnée. 

Des  lettres  récentes  de  Hollande  annoncent  que  l'emprunt  sera  rempli. 
Seulement  sa  concurrença  avec  quelques  opérations  financières  qui  en 
ce  moment  ont  lieu  en  Uollande  môme,  retardera  un  peu  l'entière  exé- 
cution de  celle  qui  concerne  la  Westpbalic;  cette  nouvelle  est  très 
heureuse,  car  ta  pénurie  du  trésor  public  àCaasel  se  fait  de  plus  en  plus 
péniblement  sentir. 

P.  5.  —  LL.  MM.  sont  reveoaes  aujourd'hui  à  midi  :  elles  ont  fait 
leur  entrée  au  bruit  du  canon.  On  lîxe  au  2S  le  nouveau  départ  du  roi« 
en  conséquence  des  instructions  plus  récentes  venues  do  Strasbourg. 

Vers  le  mois  de  mars  <809,  lorsque  la  guerre  avec  l'Aulricbe 
paru!  immirienlc,  un«  rumeur  sourde  se  rép:iiidll  au  r-enlre  do 
rAlleni.iguf^  dans  la  Hesse  électorale,  dans  le  iluclié  de  Brunswick, 
dans  la  Vieille-Marche  cl  dans  la  plupart  des  départements  du 
royaume  de  Westplialic.  Le  t'ouvcrnemeiil  français  avait  au.  dès 
le  mois  d'août  180K,  par  la  lelLre  inlerceplée  de  Stein  au  prince 
de  Witt^'enstein,  qu'il  oxlâtail  un  vaste  réseau  d'associ allons 
politiques  occultes,  n'atleniJanl  qu'une  occasion,  uu  signal,  pour 


]iiPOLâo!f  m  LR  ROI  lithm. 

feire  éclater  un  Mulèvoment  contre  nous.  Les  mesures  prises  par 
Napoléon  iwur  l'abolition  fies  sociétés  socrèlea  n'eurent  qu'un 
résultat,  celui  de  les  rendre  plus  prudentes,  plus  dissimulées  et, 
partant,  plus  dangereuses. 

La  Prusse  était  le  Toyer  principal  de  cc«  sociétés  et  cela  se  com- 
prend; l'Kmpereur  n'avait-îl  pas  réduit  ce  royaume  k  sa  plus  simple 
expression?  n'avait-il  pas  ruiné  ses  finances?  anéanti  ses  armées? 
ne  soulevait-il  fias  chaque  jour  dns  difficultés  nouvelles  pour  relar- 
der l'évacuation  de  ses  places  fortes  et  pour  maintenir  ses  armées 
françaises  dans  le^  provinces  laissées  par  le  traité  de  Tilsill  au  roi 
Frédéric-Guillaume  III? 

Voici  quel  était  au  commencement  d'a\Til  Tètat  des  troupes  fran- 
çaises et  de  la  confédéralion  ainsi  que  de  leurs  emplacements.  En 
Westphalie,  huit  à  neuf  mille  hommes  de  l'armée  de  Jérôme;  à 
Hasdebouri;,  un  régiment  français  et  un  westphalien  :  dans  les  villes 
furies  de  Stettin.  de  Glogau,  de  Cuslrin.  dix  mille  soldats  (Vançais 
vivant  chez  l'habitant  ;  la  division  hollandaise  (jralien,  à  Lunebourg, 
au  nord-e-it  du  Hanovre  :  à  Stralsuiid  dan.s  la  Poinéranii'  suédoise, 
deux  bataillons  du  due  de  Meckleml»ourg-Scbwerin  et  un  de  Mecklem- 
bourg-Slrelitz  (treize  cenU  hommes). 

Lorsque  NapoU'on  parti!  pour  se  melire  à  la  tête  de  la  Grande 
Armée,  il  prescrivit  la  formation  d'un  10*  cori>s  pour  être  |ilaciî  sous 
les  ordres  de  son  frère  Jérume,  et  composé  des  troupes  westpha- 
liennes  en  .\IIemagne,  de  la  division  Gralien,  des  (roupes  saxonnes 
du  colonel  Tliiclmann.  r,e  ^0"  corps  avait  mission  de  couvrir  la 
Westphalic,  ta  Saxo,  et  la  ijarïie  orientale  do  l'AIIpjnagnn.  Il  )>onvait 
être  renforce  par  l'armée  de  réserve  du  vieux  duc  de  Valniy  (quartier 
général  à  Dessaul,  cbarxée  d'empêcher  les  Autrichiens  de  prendre  à 
revers  les  corps  de  Napoléon  o|)erant  sur  le  Hanubc. 

Le  3  avril  i  809.  dans  la  nuit,  une  centaine  de  militaires  allemands 
a^ant  pour  chef  un  M.  de  Kall,  ancien  capitaine  aux  hussards  de 
Schill,  venant  de  Spandau,  ville  prussienne,  [ténetrèreni  dans  la  petite 
place  de  Stendat,  se  furmèrent  en  l>ataillc  sur  le  marché,  prirent  lt*s 
chevaux  et  les  armes  des  gendarmes  westphalicns.  et  pillèrent  les 
caisses.  Le  4,  à  huit  heures  du  matin,  ils  se  dirigèrent  sur  Bourgstadt, 
cherchant,  mais  inutilement,  à  entraîner  les  paysans,  dont  un  très 
petit  nombre  les  suivit. 

r.clte  sini-'ulière  et  intempestive  levée  de  l>oucliers  était  la  consé- 
quence d'un  pian  d'insurrection  générale  suscitée  par  les  sociétés 
secrètes,  insurrection  à  la  tête  de  laquelle  se  trouvaient  le  major 
Schill.  le  duc  de  Urunsnick-Oels,  le  capitiine  de  Katt.  Ce  dernier, 
n'ayant  pas  eu  la  patience  d'attendre  le  signal  du  soulèvement, 


37J 


M^URGES   ET   DOCtVBNTS. 


brusqua  la  prise  d'armes,  csiiérant  entraîner  le  gouvernement  prus- 
sien à  déclarer  la  guerre  à  la  France,  pendant  que  Napoléun  était 
encore  eu  Espagne  et  allait  se  trouver  aux  prises  avec  rAuiriche. 
t'échaulTourée  ridicule  de  Kalt  fut  désavouée  par  le  gouvcniemenl 
prussien,  et  n'eut  d'autre  suite  que  do  compromettre  le  major  ScbiU 
et  dn  Uàler  son  mouvement,  aiasi  que  nous  le  verrons  plus  loin. 

Pendant  (|ue  Na|>olé<tri,  traversant  rEsi«^'ne  el  la  France  en  toul 
bâte,  courait  se  mettre  à  la  tête  de  sa  grande  armée,  en  Allemagne, 
le  roi  Jorûme  quitUiil  Cassi'l  le  9  avril  avec  la  reirn^  pour  visiter  les 
deux  départements  de  l'Ocker  et  do  l'Elhe,  cl  les  villes  de  Brunswick 
et  de  Magdebuur^.  Relnhard  rendit  compte  de  ce  voyage  par  une 
lettre  en  date  du  i  5  avril  : 

L^urs  Majestés  sont  arrivée»  dimanche  dernier  au  eoir  à  Weeade, 
domaine  mynl  près  de  Gœitingen.  Elles  y  ont  pas<ié  La  nuit.  I^e  lende- 
mnin  elles  ont  couché  h  8m>Mm  ilans  la  maisun  iln  M.  Ju(U)b8uhn,  pré-, 
sident  du  Consistoire  juif.  M.  Jacobftuhn  est  ua  nëgocianl  très  estimablei 
et  très  estimé  ;  il  n  Tormé  à  Seeeen,  à  ses  frais^  puur  les  jeunes  geus  de 
su  ualiun,  im  établi (^oemenl  d'infdruclion  qui  se  distingue  par  la  nou- 
veauté de  l'objet  ni  par  les  bons  priocipefi  qui  le  dirigent. 

On  rfit  qoe  la  Reine  en  arrivant  à.  Bruu^wick  s'est  Iruuvcc  inc*>mmo-  , 
dée.  On  n'apprend  pas  encore  que  le  Roi  suit  parti  puur  Magdebourg. 
Immédiatement  après  leur  arrivée  à  Brunswick,  LL.  MM.  oui  envoyé 
ici  des  ordres  pour  faire  venir  des  liu  et  plusieurs  valets  de  chambre  et 
de  pied.  M*»*  ta  baronne  do  Keudelsuiin  et  M*»'  d'Otterstedt  qui,  il  y  a 
un  mois,  croyait  déjà  fttre  parvenue  au  terme  de  sa  gros!M!S8e,  ont 
accompagne  Ea  Reine.  Les  ]>crsunnes  principales  qui  sont  avec  le  Roi 
sont  :  M.  le  comte  de  FiirKtenstetn,  M.  Cousin  de  Marinvîllei  M.  le 
baron  de  keudelstein,  M.  Bongars.  M.  le  comte  de  Wiitingerode,  gmud- 
maréchal  du  Palais,  revenu  le  10  de  Marseille  et  de  Paris,  est  aussi  allé 
rejoindre  Sa  Majesté. 

A  peine  de  retour  dans  sa  capiUle,  Jérôme  ftil  inrormé  par  son 
niint.«^Lre  de  la  police  de  la  fernumliilion  que  l'on  remaniuail  dans  les 
difiTérentcs  provinces  de  son  royaume.  Inquiet  puur  la  reine,  sentant 
qu'il  serait  beaucoup  plus  fort  pour  résister  à  Torage,  lorsque  sa  , 
femme  serait  à  l'abri  de;  lout  danger,  ayant  bientôt  d'ailleurs  ks%\ 
mettre  à  la  télé  du  10"  corps,  il  crut  devoir  se  sépan^  momonUu)é^- 
menl  de  la  princesse  qu'il  envoya  rejoindre  l'impératrice  Joséphine 
de  qui  elle  était  tendrement  aimée. 

Catherine  arrivée  a  Francfort  écrivit  do  celte  ville,  le  2tt  avril  i  809, 
à  Napoléon  : 

dire,  le  Roi  rend  compte  à  Votre  Majesté  des  motifs  qui  1c  portent  à 
veiller  h  ma  sûreté  en  m'eovoyant  auprès  de  8.  M.  rimpéralricc;  rinBur> 


NiPOL^n   Et   LE  UOI  JfiEÙllB. 


375 


reclion  qui  s'augmente  de  momeut  en  moment  el  qui  esc  générale  dans 
tout  le  Royaume,  la  nécessité  où  le  Hoi  xe  trouve  de  oe  point  dïvi^^r  le 
\icu  de  Torces  qu'il  a  pour  veiller  à  ma  gûralé  m'ont  engagée  à  consentir 
à  me  Féparer  de  lui  dans  un  moment  aussi  critique;  »  ce  n'était  pour 
lui  lainser  la  lilKTté  necestiaire  de  veiller  à  sa  propre  sûreté  et  à  celle  de 
ces  Ëtats,  je  n'aurais  pu  m'y  décider  et  j'aurais  pour  moi  la  centîance 
dans  les  succès  de  Votre  Majesté,  mais  c'est  un  sacrifice  nécessaire  à  la 
sûreté  et  à  la  tranquillité  du  Roi. 

A  |)cine  1»  ruine  avail-clle  quille  Cassel  qu'tinc  conspiration  à  la 
tête  (le  laquelle  étail  un  des  colonels  de  la  propre  ^mie  de  Jcrâme 
fut  découverte  f»ar  le  plus  graud  des  hasards.  M.  de  Dœrnlvt^rg,  le  prin- 
cipal conjuré  qui  trahissait  son  souverain,  quoiqu'il  fùl  comblé  de 
SCS  bionrails,  devait  pénétrer  la  nuit  dans  le  palais  du  Roi,  l'enlever, 
ce  qui  eûl  été  très  facile,  et  le  livrer  aux  An^dais. 

M.  Reinliard  rendit  compte  des  événements  de  tUssel  à  TEmiiereur 
par  une  notification  en  date  du  2ti  avril  envoyée  par  le  comte  de 
Fûrsleiisiftiiï,  et  par  une  lettre  du  29  au  duc  de  Cadoro.  Voici  ces 
deux  documeutâ  : 

BSRCAONY  Â  RgimiAlU). 

26  avril  1809. 

Le  samedi,  22  avril,  le  gouvernement  fut  averti  que  plusieurs  rassem- 
bleroenla  de  paysans  se  formaient  sur  les  hanleurs  de  Napoleonshœlie, 
ainsi  qu'à  Homberg,  et  dans  divers  autres  villages  environnant  Cassel. 
IjC  Roi  envoya  de  suite  quelquet*  détachements  de  sa  garde  pour  dissi- 
per CCS  attroupements  el  faire  rentrer  les  paysans  dans  le  devoir^  mois 
ceux-ci  excités  par  quelques  malveillants,  parmi  le&quels  on  distinguait 
le  sieur  Dœmberg,  colonel  des  chasseurs  de  la  garde,  qui  s'était  mie  à 
leur  tête,  el  quelques  autres  persunnes  moins  marquanl<*s,  refusèrent 
obslinément  d'obéir.  On  fui  obligé  de  les  y  conlraîudro  par  la  force  ; 
plusieurs  des  insurgés  fureul  tués,  et  un  grand  nombre  amenés  prison- 
niers à  Gastiel.  Le  lundi  2-1,  tout  était  enlièroment  disparu. 

Il  [larait  que  celte  insurrection,  préparée  depuis  lungtonps  par  des 
agents  secrets  de  l'électeur^  devait  être  générale;  mais  les  mesures 
promptes  et  vigoureuses  prises  par  le  gouvernement  l'ont  arrêtée  dans 
sa  naissance.  Les  insurg\?s  avaient  peu  do  fusils,  et  n'étaient  armés, 
puur  la  plupart,  que  d'instruments  aratoires.  On  les  avait  entraines  par 
l'espoir  du  pillage  et  la  meuaco  d'incendier  leurs  maisons  s'ils  refusaient 
de  marcher.  On  s'était  efforcé  de  leur  persuader  que  tont  était  disposé 
en  Wostpbatic  pour  une  révohitiun.  rt  qu'ils  allaient  être  appuyés  par 
des  armées  prêtes  à  entrer  dans  le  royaume  ;  mais  bientôt,  revraus  de 
leur  égarement,  ils  se  sont  empressés  de  rentrer  dans  leurs  foyers  et  de 
reprendre  leurs  travaux.  Les  rapporta  qui  arrivent  aujourd'hui  des  divers 


^ 


37fi 


M^UTIfiKlï   BT    POCtlMSnTS. 


points  OÙ  riasurrecLioD  avait  éclaté  annoncent  que  II  tranquilUlé  ettl 
rétaMic  partout.  Quelques-uns  des  principaux  moteurs  sont  arrêtés;  et 
il  parait  que  8.  M.  aura  la  consolation  de  n'avoir  qu'un  petit  nombre 
d(!  coapablt^s  à  punir. 

Lns  habitants  de  (^ttsel,  loin  de  prendre  aucune  part  à  ces  désordres, 
ont  saisi  celle  circonstance  pour  donner  des  preuves  fiarticulières  de 
leur  dévouement  à  Inur  souverain  :  et  toutes  tei:  classes  de  citoyen»  ont 
Rollicilé  la  faveur  de  servir  Sa  Majesté,  et  d'être  cmptuycs  à  maïntcoir 
la  traoquilUlé  dans  la  ville,  et  à  la  défendre  si  elle  était  attaquée. 

Le  suutisigué,  en  adreBisanl,  d'après  l'urdre  du  Roi,  la  présente  com- 
munication à  Son  Escetleucc  M.  Hfinhard,  envoyé  extraordinaire  cl 
ministre  plénipotentiaire  de  France,  sai.tit  cette  occasion  pour  Ini  renou- 
veler li3B  assurances  de  sa  haute  considéra tio a. 

Rbinhard  a  C\00ItE. 


Cassol,  29  avril  t8(»9. 

Ce  fut  une  estafette,  envoyée  par  le  roi  de  Wurlembt^rg  à  la  reine 
déjà  partie,  qui  apporta  le  bulletin  de  la  bataille  du  îl  (Landshul)  ;  une 
autre  estafette  envoyée  par  le  roi  de  Wurtemberg  à  son  ministre  près 
CRtu>  cour,  porta  le  bulletin  de  la  bataille  du  22  |Ëckmuhl),  et  un  cour- 
rier de  retour,  du  niiaistrc  de  Bavière,  apporta  celui  do  23,  écrit  sur  le 
champ  da  Itataille  do  Ratisbonnn.  Il  serait  impossible  de  peindre 
l'impression  produite  par  des  événements  qui  semblent  éclipser  jas- 
([u'aux  mirafjlies  d'Âusterlitz  et  d'Iéna,  et  déjà  j'apprends  que  ceux  qui 
espéraient.  diHeremmnnt  disaient  aujourd'hui  :  hieu  h  veut. 

Ni  les  nouvelles,  Monseigneur,  ni  les  troupes  qui  étaient  déjà  on 
nombre  suffisant,  n'ont  été  nécessaires  pour  dissiper  les  attroupomepts 
du  22  et  du  23  ;  mais  ce  sont  nos  victoires  seules  qui  détruiront  jusqu'à 
la  pensée  d'une  révolte  dans  les  esprits  les  plus  mal  intentionnés.  C'est 
le  feu  du  ciel  qui  est  tombé  ainsi  sur  tous  les  projets  déloyaux  et 
inHnnsés. 

Un  régiment  hollandais  venant  d'Altona,  et  l'avanl-garde  de  deux 
mille  hommes  venant  de  Mayence  avec  six  canons,  sont  entrés  hier  & 
Gassel. 

J'ai  annoncé  à  Votre  Excellence  l'arrestation  de  deux  anciens  sem- 
leurs  do  l'Électtiur  dont  les  noms  avaient  été  mis,  par  les  meneurs  de» 
rebollcs,  au  bas  d'une  pniclumation.  (]e  sont  MM.  de  Leoness  et  de 
Schmeerfold,  homme  d'un  âge  déjà  avancé.  Il  ne  s'est  point  trouve  de 
preuves  contre  puk;  mais  comme  anciennement  suspects  ils  ont  été 
conduits  à  Mayence  où  ils  seront  détenus  en  prison.  Plusieurs  ofRciers 
des  cuirassiers  ont  été  arrêtés  ou  destitués.  C'est  le  seul  régiment  qui  se 
soit  mat  conduit,  et  dans  lei^uel  il  y  ait  eu  des  défections.  Plusieurs 
autres  arrestations  ont  eu  lieu,  celle  d'un  curé  par  exemple  qui  avait 
béni  des  drapeaux,  celle  de  la  femme  d'un  oftîcier  qui  avait  envoyé  à 
son  mari  par  la  poste  une  èchorpe  pour  le  garantir  en  cas  de  danger. 


?fArOLB0?(    RT    LE    SOI    JÉKÔlIE. 


377 


D'autres  ont  déjà  ôté  relftchés.  Une  centaine  de  pay!;aQ5  a  péri.  Onl 
cinquante  envirua  ont  été  entasses  dan»  les  prisons  de  Ca^sel.  Le  comte 
et  ta  <:umte68e  de  Bœbleu  de  la  Poméraoie  ci-devant  suédoise,  l'iio 
chamlicllnn,  l'autre  dame  de  la  reine,  ont  reçu  l'ordre  de  quitter  Casse! 
dans  les  vingt-quatre  heures  et  de  rendre  leurs  décorations.  Ce  qu'on 
sait  du  motif,  c'est  que  le  Roi  a  reproché  à  M.  de  Dœhlen  de  s'être 
promené  au  parc  à  huit  heures  du  soir  avec  un  inconnu,  et  d'avoir  dit 
en  la  quittant  :  Je  désire  que  ce  plan  réussisse. 

La  dame  à  l'écharpe  de  garantie  demeurait  à  Homber^,  petite  ville  où 
il  y  a  on  chapitre  protestant  de  dames  nobles.  L'abhesse  était  sœur  de 
l'ex-miaistre  Stein.  Ijb  sœur  d'un  ex-ministre  de  l'Électeur  en  était 
aussi.  Otle  petite  ville  était  le  Foyer  de  l'insurreclion  Les  chauoioesses 
ont  été  arrêtées  et  conduites  à  Cassel. 

M.  le  comte  de  Fursteostein  m'a  adressé  par  ordre  du  Roi  uue  note 
concornam  cette  insurrection.  J'ai  l'honneur,  Monseigneur,  de  vous  en 
trausniellre  ma  copie,  ainsi  que  celle  de  ma  réponse. 

Je  n'ai  rien  à  ajouter  pour  le  moment  aux  causes  qui  ont  amené  oa 
événement,  et  dont  ma  correspondance  a  rendu  compte  à  Votre  Excal- 
leno!.  Hais  il  faut  sans  doute  vous  entretenir  dejt  fortes  et  pénibles 
impresnons  qu'ils  ont  produites  et  des  conséquenres  qui  peuvent  en 
résulter.  Qu'un  attentat  qui  p»rait  avoir  eu  pour  objet  la  personne  sacrée 
du  Roi  ait  profoiidémeut  alTecté  l'Ame  généreuse  et  confiante  de  ce  jeune 
monarque;  que  tes  Français  qui  t'entourent  après  avoir  craint  pour  lui 
et  pour  eux-mêmes,  indignés,  exaltés,  se  fassent  un  mérite  exclusif  de 
leur  hdélité;  que  les  défiances,  les  soupçons  s'étendent  au  delà  des 
burncs  légitimes;  que  beaurroup  d'Allemands  consternés  ne  se  croient 
pas  assez  protégée  par  le  f^entiment  de  leur  innocence;  que  liés  avec 
des  coupables  par  des  relations  do  famille  ou  de  société,  ils  craignent 
de  paraître  coupables  eux-mêmes;  qu'il  en  résulte  un  état  d'anxiété, 
voilà  ce  qui  n'est  que  trop  naturel. 

Biais  quelles  sont  les  maximes  qu'adoptera  désormais  le  gouverne- 
ment? Sera-ce  la  sévérité  ou  lu  clémence  que  la  politique  conseillera  do 
faire  pré\aIoir?  Des  pa.ssions  subulterues  et  quelipies  iiiLénHs  particu- 
liers ne  s'empareront- ils  pas  de  la  circonstance  pour  amener  des 
changements,  soit  dans  les  personnes,  soit  dans  le  mode  de  l'adminis- 
tration ? 

M.  Bercagny,  dont  la  place  en  ce  moment  acquiert  une  grande 
imjwrtance ,  m'a  parlé  â  ce  sujet  dans  un  sens  qui  me  parait 
extrêmemeul  sage.  Il  m'a  dit  qu'il  avait  calme  lui-même  des  mouve- 
ments trop  fongueux  de  quelques  Français,  et  qu'il  sentait  toute 
l'importance  qu'il  y  avait  à  ce  qu'il  no  s'établit  point  de  scission  ni  de 
distinction  entre  les  sujets  ou  les  serviteurs  de  Sa  Majesté  sous  le 
rapport  de  la  nation  à  laquelle  ils  appartiennent. 

J'en  étais  là.  Monseigneur,  lorsqu'il  m'a  été  annoncé  de  la  part  de  Sa 
Majesté  qu'Ello  me  recevrait  en  audience  particulière  pour  lui  remettre 
la  lettre  par  laquelle  Sa  Majesté  l'empereur  des  Fraur-ais,  rui  d'Italie, 


878 


MJUXGSS  ET   DOCDMeNTS. 


lut  aanoaca  l'beureux  Bca>ucheninat  de  8.  A.  L  madAmo  1&  vic»-r«ine 
d'Ilalief  lettre  que  j'avais  roçue  avanl-hier.  Je  reviens  de  ceU«  auiiieooe. 
Le  Roi  m'a  témoigné  son  étonnemeot  de  ce  que  le  courrier  qu'il  avait 
envoyé  au  quHrtier<gëDOral  impérial  n'était  pas  eacore  revenu.  Il  m'a 
eusuite  parlé  des  évêucmeuLs  du  jour;  et  je  lui  ai  dit  que  toute  la  «m- 
diiite  qu'il  a  tenue  dans  ces  circonstances  pénibles,  (|ue  surtout  tous  le» 
acte«  qui  portent  l'empreinte  de  l'impuliiiou  fie  ruo  propre  esprit  et  de 
son  caractère,  ont  dû  lui  attirer  l'amour  et  l'admiration,  et  c'est  très 
certainement  l'eS'et  qu'ils  ont  produit  sur  moi.  En  effet  Ka  rc»olution  de 
monter  à  cheval  et  de  w  montrer  du  côté  même  où  l'on  avait  vu  parditre 
les  rebelles  au  moinonl  où  dans  leurs  ras»emblemeDt.i  oa  le  dÎHiîl  déjà 
priKounter  ;  celle  de  ue  point  quittr'r  ma  résidence  an  mumeni  terrilvleoù 
rinn  ne  f^emblait  encore  garantir  la  fidélité  de  ses  gardes;  »on allocutioa 
aux  ufficiers;  les  deux  proclamations  qu'il  a  dictées;  les  mots  qu'il  a 
dilH  tit  duut  j'ai  rite  quelques-uns;  tout  cela  est  vraiment  royal.  Il  «tt 
certain,  ma  dit  6a  MajcsU:,  que  sAim  la  découverte  de  M.  de  Malms- 
bourg,  je  me  trouvai»  surpris.  Los  rebelles  devaient,  arriver  dans  la 
nuit,  les  conjurés  entraient  dans  mon  appartement  saus  ol>stacle  et  sans 
défiance  ;  et  croirioz-vous  qu'il  y  avait  une  foute  de  gens  qui  savaient  lo 
complut,  et  qui  ne  se  croyaient  pas  obligés  de  le  révéler.  Cependant^  a 
ajouté  Sa  Majesté,  l'Allemand  par  son  caractère  n'est  pas  traître.  — 
C'est  une  manière  de  voir  fauf;se  et  crinrilnelle,  ai-je  répondu,  par 
laquelle  ceux  dont  parle  Votre  Majesté  se  sont  fait  illusion  à  eux-mâmes, 
et  cependant  oserais-je  dire  à  Votre  Majesté,  â.  présent  que  le  danger  est 
[lassé,  que  les  espérances  coupables  ne  renaîtront  plus,  que  le  sentiment 
même  qu'on  ppui  supposer  en  avoir  été  la  cause,  une  certaine  ténacité 
(l'attachement,  tournera  au  profit  de  votre  règne,  et  que  plu?  le  temps  el 
les  cvénoments  s'chiigneront  du  passé,  plus  la  Qdéitté  à  Votre  Personne 
et  à  Votre  Dynastie  deviendra  inébranlable  et  assurée. 

On  ne  peut,  Monseigneur,  arrêter  sa  ponsee  sans  frémir  snr  les  mal- 
lieurs  qui  seraient  toml>és  sur  ceux-là  même  qui,  dans  leur  aveuglement, 
désiraient  peut-être  te  succès  de  l'insurrection.  Aujourd'hui  en  punissant 
les  p<^rlidep  d'action  cl  los  traitres,  il  sera  facile  d'être  généreux  envers 
les  couf)ables  d'imention  ou  d'égarement.  J'apprends  que  l'Intention  de 
Sa  Majesté  est  de  publier  nue  amnistie  générale  pour  tous  les  paysans. 
Les  autres  seront  mis  en  jugement,  et  môme  à  l'égard  de  ceux-ci,  Il 
parait  (|ue  l'intention  du  Roi  est  de  faire  prévaloir  la  clémence. 

Sa  Majesté  a  fait  la  réponse  la  plus  terrible  et  la  plus  sublime  aux 
manifestes  d'insurrection  de  l'Autriche,  en  se  servant  du  courage  ol  du 
dévouement  de  ces  mêmes  Allemands,  qu'on  voulait  séduire,  pour  écra- 
ser les  armées  autrichiennes.  Il  y  aura  solidarité  do  destinée^  et  ce  sera 
une  glorieuse  récompense  de  la  lidelité  des  nnn,  lorsqu'elle  obtiendra  le 
pardon  ou  repentir  des  autres.  J'ose  avouer  à  Votre  Excellence  que 
lorsque  j'ai  vu  le  Roi  déjà  porté  à  pressnntir  que  tel  serait  le  systàme 
qu'adopterait  son  auguste  frère,  je  me  suis  abandonné  mol-mdme  h  cm 
beaux  pn'Si^en  II  méats. 


Sa  Majesté  m'a  fait  l'honneur  da  mp  parler  de  son  voyage 
Hambourg  Je  désireraiR  beaucoup,  Monseigneur,  de  recevoir  vos  ordres 
pour  savoir  si  de  préfèreDcc  je  dois  suivre  le  Roi  ou  rester  h  Casaûl. 
Jusqu'à  présent  rieu  n'annonce  que  l'intention  de  Sa  Majesté  sitit  de  se 
faire  accompagner  par  les  tnembre«  du  corps  diplomiiuque,  et  s'il  m'oBl 
permis  d'opter,  je  no  quitt^^rai  point  cette  résidence.  Mais  il  peut  arriver 
des  cas  où  deti  instructionfi  éveuiuellea  seraient  pour  moi  d'un  grand 
prix  pour  diriger  ma  conduite. 

Ain^i,  le  mois  d'avril  iHQ9  avail  vu  se  produire,  en  Wostphalic  : 
la  ridicule  érjuipéc  du  capiLiine  de  Katt  à  Stcndal,  et  la  conspiration 
plu»  sérieuse  du  colonel  dencernberir.  Le  2S,  comnienra  la  stnuiiliére 
course  du  major  deSchill,  el  hIenU'd  apri'5  l'enlreprise  fleses|)érée  du 
duc  de  Itruiiâwick-ÛeU.  LesalTaires  de  Scliill  et  du  duc  de  Brunâwick 
&OQt  rapportées  loaguement  et  très  exactejnent  dans  le  qualricme 
volume  des  Mémoires  rtu  roi  Jérôme.  Nous  n'en  ferons  pas  l'hislo- 
rique.  nous  nous  bornerons  .i  donner  quelques  lettres  et  bulletins 
qui  y  ont  Irnil  : 

BnLLirrni. 

Cassel,  3  mai  18119. 
Le  mAriage  du  comte  de  Karsiensiein  avec  M»*  de  Uanlenlwrg  a  été 
célébré  dimanche  dernier  au  palais.  La  société  a  été  peu  nombreuse,  la 
corbeille  riclie  et  magni&que.  It  y  a  eu  eonper  et  bal.  Lu  lit  nuptial  a 
été  dressé  dans  une  pièce  atlenanu'>  à  la  salle  du  conseil.  —  M.  de 
Gilfa,  ancien  grand-écuyer  de  l'élocteur,  pore  de  tri^ixo  f>nrant.<t  vivant«, 
el  n'ayant  d'autre  moyen  d'oxistence  quo  les  appoiutemcnL*:  dos  places 
que  son  épouse  et  lui  remplissent  à  la  cour,  a  profité  de  cette  circons- 
tance pour  demander  au  Roi  la  ^dkce  de  H>n  gendre,  le  sieur  de  Bulllar, 
compris  dans  l'arl.  I*'  du  décret  du  29.  S.  M.  la  lui  a  promis.  —  Ia 
sœur  de  M"*  de  Slein  soutient  son  rûle  d'faérotne.  Elle  nr  sort  point; 
elie  provoque  son  supplice.  Elle  est  du  reste  vieille,  laide,  contreruile. 
Une  stnur  dn  M^^  de  Gilsa,  dignitaire  du  môme  chapitre,  a  refusé  la 
permission  que  le  Moi  avait  donnée  à  son  frère  de  la  prendre  chez  lai. 
—  Le  Roi  a  fait  plusieurs  nominalious  d'ofliciers  pour  remplacer  ceux 
qui  ont  été  de«titué8  ou  arrêtés.  —  On  a  trouvé  parmi  les  papiers 
Dœrnbcrg  un  paquet  cacheté  et  portant  Tinscription  ;  à  ouvrir  après  ma 
mort.  Ou  dit  que  ce  paquet  ne  rcnfennp  que  des  lettres  d'amour,  dont 
quelques-unes  de  M""  de  P.  Cet  homme,  ppu  de  jours  avant  sa  défec- 
tion, avait  fait  venir  sa  femme  et  ses  trois  enfants  qui  résident  à 
Brunswick  et  qui  se  trouvent  aujourd'hui  dans  la  misère.  Quatre  mille 
francs  que  le  roi  lui  avait  donnés  se  sont  trouves  intacLs  dans  son 
secrétaire.  Il  parait  que  ce  n'est  pas  sans  comlmis  intérieurs  qu'il  s'est 
chargé  du  rôle  de  Iraitre;  ii  y  a  danasa  conduite  présomptive  délire  et 
inconséquence.  —  Pendant  la  crise,  la  ville  do  Cassel  paraissait  plus 


880 


MlSLAKr.K5   ¥J    DOCCHETTS. 


calme  qa'à  l'ordiDaire.  Le  pmiple  semblait  apathique,  mais  il  moutrait 
uni*  grande  incrédulité  sur  nos  virtoires.  —  Quelques  mauvais  sujets 
avaient  excité  des  mouvements  dan*;  une  commun»  du  département  du 
Harz.  Ts  forent  arrêté»,  et  le  préfet  manda  au  ministre  de  l'iatérieur 
qu'il  avait  pris  les  mesures  les  plus  efGcaces  pour  emp&cher  que  ta 
contagion  ne  gagnât  le  départ<^mpntde  la  Werra.  C'était  danscederaier 
déparlement  qu'était  le  foyer  de  l'insurrection.  —  Le  Iwroude  Wendl, 
aumônier  du  Roi,  cnvnye  dans  les  communes  catholiques  de  la  Hesse, 
qui  en  effet  n'ont  pas  remué,  dit  à  son  retour  qu'il  les  avait  exhortés  à 
no  point  se  mêler  de  ces  affaires,  à  labourer  leurs  champs  et  à  laisser 
faire  les  autres.  Il  n'y  entendatt  pas  malice. 

MM.  dr  Malshnurg  et  de  Coninx,  ronseillers  d'fttal,  allant  l'un  cl 
l'autre  dans  hbk  terres,  l'un  vers  Padcrborc  pour  calmer  les  esprit», 
furent  arrêtés  tous  le»  deux  et  coururent  quelques  daugers.  Le  second 
fut  «tuv^  par  une  ancienne  femme  de  chambre  de  sa  femme,  qu'il  ren- 
contra Toya^f^ant  en  compagnie  avec  un  étudiant.  RUe  lui  fit  prendre  le 
rûle  et  le  costume  de  (ton  amant,  et  ce  fut  sous  son  escorte  qu'il  revioL 
à  Gossel. 

Bulletin. 

15  mai  1809. 

Un  membre  du  Conseil  d'État  disait  dernièrement  qu'il  fallail  chas- 
ser tous  les  Allemands  de  la  Wesphalie.  —  Un  chef  du  départemeut 
dei-  relations  extérieures  a  proposé  gravement  au  ministre  de  Saxe  de 
troquer  le  royanme  de  Wesphalie.  —  M.  de  Wolfradt,  minisirc  de 
l'intérieur,  ayant  obtenu  par  lo  canal  de  M.  Bercagny  un  emploi  pour 
un  Allemand  qu'il  lui  avait  recommandé,  lui  exprima  sa  reconaaisitancaj 
avec  un  tel  élan  <ie  i^eutiibilitc  qu'il  alla  jusqu'à  lui  baiser  la  main.  Ja^ 
suis  d'autant  plus  tuuché  de  cette  faveur,  ajoute  M.  de  Wolfradt,  que 
c'est  la  première  que  voufi  ayez  accordée  à  un  Allemand.  M.  Bercagny, 
furieux,  lui  repondit  :  Monsieur,  si  tout  autre  qu'un  ministre  d'Étal 
m'avait  fait  un  pareil  compliment,  je  l'aurais  jeté  hors  de  la  porte.  — 
La  commission  spéciale  a  condamné  à  mon  un  maréehal-des-logis  des 
cuirassiers  ctiDvaincu  d'avoir  aesisté  à  l'enlèvement  d'nne  caisse  par  les 
paysans  révoltés.  Elle  a  condamné  h  la  môme  peine  un  jeune  homme 
do  vingt-un  ans,  officier  du  même  régiment.  Il  a  été  exécuté  avant-hier. 
Il  avait  demandé  de  commander  lui-mflme  l'exercice  pour  son  exécu- 
tion. On  eut  lo  tort  de  le  lui  permettre;  il  mourut  avec  beaucoup  de 
courage.  —  La  gendarmerie  avait  ramassié  quatre-vingt-treize  conscrits 
qui  avaient  déserté  après  la  publication  du  premier  décret  prononçant 
la  peine  de  mort  contre  ce  crime  ;  à  cause  des  circonstances  actuelles, 
ils  furent  tous  condamnés.  Assemblés  sur  le  lieu  de  l'exécution,  on  leur 
déclara  que  deux  seulement  seraient  fusillés,  et  que  le  sort  en  décide- 
rait. Cette  clémence,  tempérée  par  ime  sévérité  nécessaire,  a  produit  un 
très  bon  effet.  Malheureusement,  le  sort  se  montra  injuste,  là  où  le  Roi 
s'était  montré  si  bon,  il  tomba  au  sort  tes  deux  plus  doux,  peut-être  les 


NirOLfON   ET  I.B   KOI  i^ltftlIP. 


38 1 


plus  innoc«nts  de  la  troupe.  —  M.  de  HutlUr,  i^eodre  de  M.  de  Gilsa,  a 
obtenu  sa  grâce.  Il  n'a  perdu  que  son  emploi,  et  a  été  conduit  en  France. 
Il  sera  détenu  pendant  deux  ann.  —  \je  Rai  fait  sonvnnt  passer  la  revue 
des  troupes.  Il  se  promèoe  beaucoup  à  cheval  et  i[uelquefoîs  a  pied 
dans  le  beau  parc  de  CasBcl  qui  a  été  inlerdii  au  public  pendant  cer- 
taines heures  de  la  journée  et  de  la  BOirép.  —  On  avait  Tait  ejipérerà  un 
des  régiment?  de  cuirassiers  français  qui  traversaient  la  Wesphalie 
que  \p-  Roi  le  [la^Rprait  en  revue.  Le  régiment  allcndit  pendant  deux 
heures  a  la  pluie  à  la  porte  de  Casse),  et  la  revue  n'eut  pas  Ueu.  Quel- 
qu'un en  parla  à  Sa  Majpsto  :  —  J'étais,  dit  IcHûi,  embarrasse  de  décider 
à  qui  j'accorderai»  la  droite.  Si  c'était  aux  cuirassiers,  j'affligerais  ma 
garde,  et  elle  a'avait  encore  rien  fait  pour  la  mérJler. 

Nous  allons  faire  connaître  de  quelles  forces  disposait  le  roi 
Jérôme  à  cetle  époque  critique  : 

Du  <0*  corps  dont  il  avait  le  commandemenl  et  qui  était  composé  : 
4*  de  trois  raille  cinq  cents  hommes  en  garnison  sur  l'Oder  ou  dans 
la  Poméranie;  de  quatru  cents  hommes  [général  Liebert)  à  StuLLin-, 
de  onze  cenU  homme-*  if^néral  Coudras)  à  Stralsund  ;  de  deux  mille 
hommes  à  Cuslrin;  de  la  divlr^iun  we.^l[)haliennL*  d'Albi^'uac  à  la 
poursuite  de  Schill  ;  de  la  division  hollandaise  GraLien  cj^alement  en 
marche  sur  Straisund,  et  recevant  des  ordrws  Uiiitûl  de  son  souve- 
rain, laiilôt  de  Jérôme;  de  la  divi:>ion  we^tphalienne  de  la  garde 
(deux  mille  cinq  cents  combattants),  commandée  par  les  généraux 
du  (voudras  comte  de  Iternlurode,  tiongars  pour  les  pardes  du  corps, 
colonel  comte  de  Laugeuswartz  pour  Les  grenadiers  a  pied,  major 
Fulgratr  pour  les  chasseurs  à  pied,  colonel  WolfTpour  les  chevau- 
lêgers,  prince  dp  Philipsthal  pour  lus  chasseurs  carabiniers,  envoyés 
a  llalberstadt.  QuarLit^r  ^'(inéral  à  Cassel,  chef  d'étal-major  général 
le  général  Rebwell.  La  division  we.stphaliennc  de  la  ligne  avait  ses 
trois  régiments  d'infanterie  à  Magdobourg,  i'%  5%  6*;  le  régiment 
de  cuirassiers  à  Ualberstadt.  La  division  Gnitieu  forte  do  deux  bri- 
gades, d'un  régiment  de  cuirassiers  et  de  trois  compagnies  d'artille- 
riOf  était  à  Straisund  où  elle  délruisil  les  bandes  de  Schill.  Enfin  à 
l^sol  et  à  Maijdebourg  se  trouvaient  encore,  sous  le  colonel  Chaberl, 
des  détachements  français  et  du  régiment  Grand-Duché  de  Berg  en- 
voyé de  Majcnce  lors  des  troubles,  environ  trois  mille  hommes. 

Tout  cola  composait  bien  im  oorpa  d'environ  seize  mille  combat- 
tants, mais  la  garnison  de  Magdebourg  en  immobilisait  cinq  mille, 
mais  l'empereur  redemandait  dans  toutes  ses  lettres  te  renvoi  du 
régiment  Grand-Duché  de  Berg,  mais  la  division  hollandaise  ne  devait 
pas  tarder  a  recevoir  de  son  roi  l'ordre  de  rentrer  en  Hollande  à 
cause  du  débarquement  des  Anglais  aux  bouches  de  Ifciàcaut,  ea 


39& 


H!fu?tlïB5   tr   DOrO»B?TW. 


sorle  que,  parle  Tail,  Jérôme  ne  pouvait  mettre  en  ligne  plus  de  huil 
à  neuf  mille  hommes,  en  y  comprenant  deux  mille  Saxons  à  Dresde 
souâ  les  ordres  du  colonel  Thielmann. 

11  y  avait  bien  aussi  ;ï  Dessau,  sous  le  nom  de  Corps  d'otiscrvation 
de  TBlbe,  deux  divisions  aux  ordres  du  duc  de  Valmy,  mai^  ce  der- 
nier avait  défense  de  disposer  d'un  homme  sans  l'ordre  formel  do 
l'empereur,  à  moins  (|ue  ce  ne  fût  pour  la  défense  de  Mayence. 

r.ependai]t  le  duc  do  Brunswick-Oels,  secondé  par  TAulriche, 
était  parvenu  à  lever  à  ses  frais,  en  KoliRme,  une  légion  qui,  revê- 
tant l'uniforme  noir,  prit  le  nom  de  :  Armée  de  fa  Vengeance,  et  le 
duc  dépossédé  de  Hesse  leva  également  une  autre  légion  Je  sept  â 
huil  eenla  Itommes  portant  l'uniforme  vert. 

Vers  le  milieu  de  mai  IKO^,  ces  deux  légions,  soutenues  par  quel- 
ques troupes  aulriciiiennes,  s'établirent  vers  Neusladl,  G^bel  et 
Kumbur'pi  sur  la  froiilièrc  de  Bohême,  meimrant  la  Saxe.  A  celle 
nouvelle,  notre  allié,  le  roi  de  Saxe,  se  relira  à  Leipzig,  au  nord- 
ouest  de  ses  Ëlats,  vers  la  Westphalie,  demandant  h  Jérôme  de 
marcher  à  son  secours,  affirmant  que  la  Prusse  avait  déclaré  la 
guerre,  que  Tavanl-garde  de  Guillaume  nvirchait  sous  les  ordres  de 
filucher.  Napoléon,  recevant  cette  nouvelle  de  son  frère  Jérôme, 
répondit  que  le*  Prussiens  n'étaient  pour  rien  dans  cette  levée  de 
boucliers,  que  le  40"  corps  sufllsait  pour  lenir  lèlc  à  l'ennemi  du 
côté  de  Dresde,  ville  qu'il  fallait  occuper  el  garder.  II  défendit  au 
duc  de  Valmy  de  déplacer  ses  divisions. 

Sur  les  ordres  de  Jèrùme,  le  colonel  Thielmann,  avec  ses  deux 
mille  Saxons,  se  porta  de  Dresde  sur  la  frontière  de  la  Lusoce,  livra 
quelque-^  combats  au  duc  de  Brunswick  dans  les  montagnes,  le 
chassa  <1h  Zillau  et  de  Rùmburg.  Mais  voyant  l'ennemi  manœuvrer 
pour  gagner  les  défilés  de  Leitmerilz  et  de  Tœplilz  et  se  porter  sur 
Dresde  par  la  route  de  Dîppoldiswalde,  il  se  hâta  do  se  replier  sur  la 
capitale  du  royaume  pour  la  fléfendre.  En  effet,  un  corps  autrichien 
de  six  mille  hommes,  commandé  par  le  général  Aro-Knde,  s'était 
rendu  a  Leitmeritz  pour  appuyer  le  duc.  Le  ^0  juin,  tes  Autrichiens 
et  1rs  bandes  de  Brunswick,  ayant  opère  leur  jonction,  marcheront 
sur  Dre-de.  Le  M ,  ils  y  enlrérenl.  Thielmann,  se  voyant  trop  inférieur 
en  force  pour  lutter  dans  la  ville,  préféra  tenir  la  cam|iagne.  W  avait 
pris  la  résolution  de  se  replier  sur  le  itt'  corps,  lors(|nc  dans  la  nuil 
du  H  au  13  juin  il  crut  pouvoir  essayer  de  surprendre  les  bivouacs 
du  duc.  Après  un  combat  des  plus  vifs,  la  cavalerie,  autrichienne  de 
Ain-Ende  força  les  Saxons  à  se  replier  sur  Leipzig  par  WUsdAif. 
Thielmann  ne  fut  pas  d'abord  poursuivi,  le  général  autrichien  ayant 
voulu  recevoir  du  gouvernement  de  ta  Bohême  l'autorisaLion  de  se 


\iPOLé»^    ET   LE    KOI    I^RÔlIK. 


3H3 


porter  sur  Leipzig.  U  19,  ciHte  aulorisaUuncUinL  arrivée  pcrmil  aux 
deux  alliés  de  suivre  Tliielmami  qu'ils  rcnconlrèrcnl  près  de  la  ville. 
La  luUe  ne  fut  pas  longue,  le  coloael  snxou  avail  trop  peu  de  monde, 
il  passa  lEIster  et  se  replia  par  Lut/eii  sur  la  Saaie.  Le  22,  il  fut 
joint  à  Weisseiirels  par  les  troupes  du  roi  Jcrûiuo.  Ce  deroier.  ajaul 
à  Cassel  le  rcginienl  ^raiid  duc  de  Berg  et  sa  garde  (trois  mille 
bommesi,  expédia  Tordre  a  \lbignac  et  à  Gratien,  l'uu  à  Domilz, 
l'autre  à  Stralsund.  de  le  venir  joindre  à  marches  forcées  a  SomJer*- 
hausen,  en  descendant  l'un  par  Magdeiwurg.  l'autre  par  Brunswick. 
Lui-même  avait  1  intenlinn  de  se  porter  sur  Sondershausen  avec  sa 
garde,  et  de  là  sur  Dresde.  Mais  les  opérations  contre  Scbill  n'ayant 
pa*  permis  à  ses  deux  généraux  de  se  mettre  en  marche  pour  la 
Westphalit'  avant  les  premiers  jours  de  juin,  le  Roi  modifia  ses  pro- 
jets primitifs.  CeiHtndanl,  en  apprenant  le  45  juin  Tcntréc  à  Ûrtisde 
des  Autrichiens,  il  Ht  partir  le  4fi  ses  troupes,  et  le  4  8  il  se  mit  lui- 
même  en  marche  après  de  nouveaux  ordres  ouvo^és  a  Alhignac  cl 
à  Gralien. 

L'empereur  ue  plaisantait  pas  pour  ce  qui  avait  trail  aux  aftïùres 
de  la  guerre.  11  écrivait  à  Eugène,  le  vice-roi  d'Italie  :  «  Mon  fils, 
la  guerre  est  une  chose  sérieuse  >;  à  Joseph,  à  Naples  :  <■  Les 
états  de  situation  de  mes  troupes  sont  les  romans  que  Je  lis  avec 
le  plus  de  plaisir  ».  Aussi  les  négligences  de  Jérôme  à  cet  égard 
lui  étaient-elles  très  sensibles.  Le  16  juin  4801),  il  manda  au  prince 
de  Neurchalcl  : 


Mon  coubId,  écrivez  aa  roi  de  Westphalie,  commandant  le  10*  corps 
d'armée,  que  je  n'ai  aucune  ftiLuation,  que  je  ne  reçois  aucun  rapport, 
que  j'ignore  où  sont  mes  troupes,  que  depuis  dix-sepl  jours  que  l'airaire 
de  âchlll  s'est  passée,  je  n'en  ai  paa  encore  reçu  de  rappurl  uflictel  ;  que 
si,  comme  commandant  du  10*  corps,  il  ne  correspond  pas  fréquemment 
avec  vous  et  ne  vous  rend  pas  compte  de  tout  ce  qui  InieresEe  ce  corps 
d'armée,  je  me  verrai  obligé  d'y  nommer  un  autre  commandant. 

Jérôme  crut  de  sa  dignité  de  mener  avec  lui  à  Tarméc,  non  seule- 
ment un  grand  nombre  d'équipages,  de  gens  de  cour,  chambellans  et 
autres,  luais  même  lus  ministres  plcuipotuutiaires  étrangers  accrédités 
auprès  de  sa  personne.  Averti  de  celle  circonstance  piir  les  lettres  de 
Reinbard,  N'apoléon.  qui  aimail  à  voir  Taire  la  guern*.  sorieiisemeul, 
comme  il  la  faisait  lui-même,  trouva  fort  mauvaise  celle  manière 
d'agir  de  son  frère. 

Cependant  le  21  juin,  les  divisions  Altûgiiac  et  Gralien  après  des 
marches  rapides  se  joignirent  aux  autres  troupes  de  Jérôme  qui 
se  irouva  ainsi  à  la  tête  d'une  douzaine  de  mille  hommes.  Le  22, 


384 


HiLÀnOKB  BT   DOCOtfBVrs. 


Albignac  rallia  les  Saxons  sur  la  Saaie  a  WcisscnieU,  et  les  opéra- 
lions  commenceront. 

Nous  donnerons  plus  loin  4|uoU|uvs  lettres  de  M.  Reinharfl  relnlivefl 
à  cette  campagne  de  Saxe  ]jt^iidant  laquelle  il  ne  quitta  pas  le  quar- 
tier général  du  Roi,  campagne  qui  mécontAriita  fort  l'empereur  ;  mais 
avant,  analysons  rapidement  les  évéjiemenls  militaires. 

Le  2A  juin,  Jérôme,  ayant  rallié  les  troupes  du  \0*  corps  et  étanl 
arrivé  de  sa  jjersotme  à  Querfurl,  passa  la  SaaIe  et  pou»s;i  reniiemi 
sur  Leipzig  qu'il  évacua  le  lendemain.  Le  Roi  entra  le  â6  à  Leipag, 
pendant  que  le  général  d'Albicnac  continuai!  a  pousser  les  AuLri- 
chicns  sur  Drtïide.  Vn  polit  engagement  eut  lieu  à  W'aldhcini,  et  pen- 
dant la  nutl  le  duc  de  Brunswick  se  séparant  de  kienmaycr  avec  ses 
Itandes  fila  sur  Chemnitz  au  sud-est  pour  gagner  Bayreuth  et  la 
Westphalie.  tandis  que  les  landwehr  de  Kienmayerse  ralliaient  sur 
llresdt*.  el  que  lui-même  avec  ses  trouijes  régulières  prenait  la  roule 
de  BayreuLli.  Le  29,  tout  le  ^0*  corps  étant  ooncenlré  à  Waldbeim, 
Jéri>ine  marcba  sur  Dre.sde.  Le  30,  le  colonel  Thielmann  commanda 
Tavant-garde  du  10'  corps,  el  le  général  d'Albignac  pendra  n 
Dresde  où  le  Hoi  fll  son  entrée  le  1"  juillel. 

A  Dresde,  Jérôme  apprit  que  ses  États  paraissaient  peu  tran- 
quilles, qu'une  expédition  anglaise  semlilail  intinaciT  les  c6les  de  lu 
Hollande,  et  que  le  duc  de  Brunswick  se  dirigeait  sur  la  Weslphalie. 
(les  nouvelle»  le  déterminèrent  à  abandonner  Dresde  où  l'emperour 
voulait  qu'il  se  maiiilint.  Le  4,  il  quitta  cette  Tille,  faisant  engager 
rortcment  le  roi  de  Saxe  à  rentrer  dans  sa  capitale. 

Reinhard  écrivil  à  Tliampagny,  de  Mersebourg  et  de  Leipzig  le 
2f>  juin,  el  de  Dresde  le  i"  juijlui,  les  deux  lettres  suivantes  : 

ReiiTBjutD  A  Champjlont. 


Mcrsehourg,  26  jaia  1809. 

Le  Uoi  est  arrivé  à  Qaerfurt  avant-hier  malin  à  onxe  heures  (24  juin); 
hier,  à  dix  heures  du  matin,  H  est  arrivé  à  Mersshourg. 

La  division  du  géoèral  Gratien,  te  rcgimont  de  Derg  et  une  grande 
partit  de  la  garde  marchent  avec  Sa  Majesté.  La  tuLalito  de  cee  troupes 
et>l  PDU^  G  et  7,000  hommes;  celles  du  général  d'Albtgnac,  en  y  cnm- 
prcnaut  les  îiaxons,  munteat  au  même  nombre  d»»»  loquet  il  y  a 
1,300  chevaux.  L'artillerie  des  deux  corps  est  de  5'^  pièces;  cclln  des 
Hollandais  surU)Qi  e^t  trîts  belle  et  parfaitement  tenue.  Le  corps  hollaa- 
dais  ei  environ  800  Franrais,  répartis  entre  les  deux  divisions,  soDl 
ce  que  nous  avons  de  micujï  eu  ofûcierti  ol  po  soldats.  D'après  des  reu- 
seignBmnnts  qu'on  a  Lieu  de  croire  exacts,  les  forces  du  duc  d'OeU 
muaient  eu  tout  à  9f080  hommes.  8a  bande  noire,  qui  s'appelle  U 


■riPOUon   BT   LE   ROI    léR^ME. 


385 


Légion  de  la  Vengeance,  cm  uop  mauvaise  troupe  ;  quelques  escadrons 
dTJhlADR,  du  tegiineiit  de  Blankeaslein,  méritent  un  peu  plus  de  con- 
^déntion.  Le  33,  le  duc  d'UoU  fit  an  mouvement  en  avant,  et  loe 
troapei  saxonnes  furent  obligées  de  reculer  jusqu'à  Weisseiifels.  Ce 
mouvement  avait  pour  objet  de  masquer  la  retraite.  Rti  eiïet,  dés  le^, 
l'ennemi  évacua  Leipsig  uù  nos  troupes  sont  entrées  hier  au  soir  à  doux 
linures.  O  matin  loutp^  nus  truupt!^  se  sont  p(iriêi>8  en  avant  :  le  Roi 
partira  à  onze  heures. 

On  a  intercepté  une  lettre  où  l'irchiduc  Charles  reproche  au  duc 
d'OeU  les  excès  commis  en  Saxe  par  sa  troupe,  qui  doit,  dit-il,  être 
entièrement  soumise  aux  loi?  de  la  discipline  autrichienne,  aussi  long- 
temps qu'elle  aura  besoin  d'être  soutenue  par  les  Autrichiens.  D^à  le 
doc  d'Oets  était  subordonné  au  général  autrichien  Am-Ende,  et  c'est 
à  celui-ci  qu'il  adressa  la  deputation  de  Dresde  qui  était  venue  à  sa 
rencontrp. 

Le  général  Gratien  a  présenté  hier  au  Hoi  les  principaux  orficiers  d6 
sa  division;  8a  Hajc«tè  s'est  entretenue  pendant  longtemps  avec  eux.  Il 
rè^e  une  grande  activité  au  quartier-général.  Le  général  d'Albignac  a 
été  Gdèle  â  l'ordre  de  ne  rieu  hauirder.  Depuis  que  les  ennemis  se 
retirent,  quelques  personnes  pensent  qu'il  aurait  pu  se  porter  sur  leur 
derrière  :  il  valait  encore  mieux  ne  wmmeUre  aucune  imprudence. 

La  ville  de  Cassel  est  tranquille.  Cependant,  le  général  Ëblé  a  pris 
occasion  d'un  mouvement  qui  a  eu  lieu  à  Carlshaven  contre  des  gen- 
darmes, pour  écrire  en  deux  mots  au  Roi  ;  que  jamais  la  WRstphalic 
n'a  été  aussi  près  d'une  insurrection  générale.  Une  preuve  des  ma- 
noeuvres clandestines  qui  coutiuuent  à  y  avoir  lieu,  c'est  qu'on  a  arrêté 
deruiérement  une  voilure  chargée  d'armes  et  de  poudre  à  canon  an 
moment  de  son  passage  par  Homberg.  Dans  une  lettre  interceptée  de 
l'électeur  de  Hesse,  il  est  dit  qu'on  ne  fera  rien  de  bon  aussi  longtemps 
que  cet  entêté  de  roi  de  Prusse  ne  se  déclarera  point.  Il  est  certain  que 
Ifia  matières  combustibles  sont  entassées  partout;  mois  touteît  les  étin- 
celles ne  seront  point  propres  à  y  mettre  le  feu. 

Leipzig,  1a  96  au  soir. 

I«  Roi  est  entré  h  Leipzig  &  deux  heures  du  soir,  h  cheval  et  à  la  tâte 
de  ses  troupes.  H  ne  reste  plus  de  doute  sur  la  retraite  des  ennemis  et 
sur  la  diniailte  qu'il  y  aura  à  les  atteindre.  8a  Majesté  partira  demain  : 
le  corps  diplomatique  ne  le  suivTa  pas  immédiatement. 

Ce  soir  le  Roi  m'a  fait  entrer  dans  son  cabinet  :  îl  m'a  rejietê  que 
depuis  Sundersbausen  il  n'avait  pas  eu  le  temps  d'écrire  i  S.  M.  l'Em- 
pereur. Comme  il  a  paru  atucher  quelque  intérêt  â  ce  que  j'écrivisse, 
j'expédierai  celle  lettre  par  estafette  jusqu'à  Stuttgard. 

Dresde,  ce  1"  juillet  1809. 
Le  Roi  partit  de  Leipzig  le  1S  k  onze  heures  du  matin  :  la  dirisiou 
hollandaise  l'avait  précédé  la  veille.  Sa  Majesté  poKsa  lanuitàGrimma. 
Be\'.  Histob.  XVI.  2«  FA8C.  25 


886  uiLAmtt  ET  DOCUMENTS. 

Le  lendemain  29^  le  quartier-général  devait  dtre  transporté  à  Waldheim, 
petite  ville  située  dans  un  défilé.  Le  Roi  était  en  arrière,  etnosToitnreB 
l'avaient  cette  fois  précédé,  lorsqu'à  une  demi-lieue  de  Waldheim  nous 
rencontrâmes  le  général  d'Âlbignac  qui  ordonna  aux  bagages  de  rebrous- 
ser chemin.  Les  ennemis  ayant  fait  un  mouvement  sur  leur  gauche 
s'étaient  portés  sur  Ghemnitz.  Le  quartier-général  fut  établi  à  Hartha, 
village  en  arrière  de  Waldheim,  Hier  à  deux  heures  de  l'après-midi,  le 
Roi  est  arrivé  à  Nossen  d'où  il  est  parti  ce  matin  à  cinq  heures.  A  dix 
heures,  Sa  Majesté  a  fait  son  entrée  à  Dresde  à  la  tête  de  ses  gardes  et 
des  cuirassiers  saxons,  au  bruit  des  canons  du  rempart  et  des  cloches 
de  la  ville.  Elle  s'est  logée  au  palais  de  Brûhl. 

Baron  du  Gissb. 
(Sera  continué.) 


BULLETIN    HISTORIQUE 


FRANCE. 


GotfiTs  DES  TR&ricrx  atsTORiQiiBS.  —  Le  Comité  des  travaux  histo- 
riques institué  par  M.  Guizot  auprès  du  ministère  de  l'inslrucUon 
publique,  et  ctiargé  de  diriger  la  pubtication  des  documents  inédits 
rdatife  à  l'histoire  de  France  el  de  servir  de  centre  aux  sociétés 
savantee  des  départcmonl:},  vient  de  subird'assez  importantes  modi- 
fications. La  constilulion  même  du  Comité  a  été  changée.  Les  deux 
sections  d'histoire  el  d'archéologie  ont  été  fondues  en  une  seule  -,  un 
certain  nombre  des  anciens  membres  ont  cessé  d'être  membres  actifs 
pour  devenir  membres  honoraires,  et  des  membres  nouveaux  ont  été 
nommés.  La  nouvelle  section  d'histoire  et  d'archéologie  compte 
quarante-quatre  membres.  L'ancienne  commission  delà  tu|N)^raphie 
de-s  Gaules  y  a  été  réunie  comme  commission  de  géographie  histo- 
rique de  la  France.  Une  commission  composée  de  membres  du 
Comité  et  de  délégués  des  ministères  des  alTaires  étrangères,  de  la 
guerre  et  de  la  marine,  sera  chargée  de  provoquer  et  de  diriger  des 
publicalions  tirées  des  archives  de  ces  tn^is  ministères.  Enfin,  l'in- 
lenlion  du  Comité  est  de  remplacer  la  Hevue  des  Sociétés  savantes 
par  denxrecueiU,  dont  le  premier  serait  un  Bulletin  du  Comité  qui 
publierait  les  documents  communiqués  jiar  les  correspondants,  le 
second  une  Bévue  des  travaux  historiques, coiiipr^tmui  l'analyse  et, 
dans  une  certaine  mesure,  la  critique  des  mémoires  publiés  par  les 
sociétés  savantes  de  l*aris  etd<;s  déparlements.  Cette  revue  sera  dirigée 
par  unei  commission  spéciale  et  rédit'ée  par  de  jeunes  auxiliaires  : 
MM.  Kabelon,  Ucrger,  J.  Havet,  Ë.  Molinter.  Omonl,  Pruât,  Raynaud. 
Nous  ne  pouvons  qu'approuver  ce  dédoublement  et  la  création  du  bulle- 
lin;  mais  la /7rtnfef/«fraiyi  HxAùf  or  tgu^f  nous  paraltprésen  tardes  dif- 
fïcullés  graves,  et  une  utilité  médiocre,  surtout  en  comparaison  des  frais 
qu'elle  exigera.  Il  serait  plus  utile  pour  les  travailleurs  que  le  Comité 
fît  t^ire  ch^iquc  anne«  un  Index  analytique  et  méthodique  de  toutes 
les  matières  contenues  dans  les  publications  des  sociétés  savantes 
parues  pendant  l'année  précédente.  Si  Ton  objecte  que  cet  index  n'aura 


388  RCLLRTII    niSTOniQCK. 

pas,  comme  la  Revue,  Tavaiilage  de  disUiiguer  les  bons  travaux  des 
mauvais  el  de  donner  des  directions  et  des  conseils  aux  sociétés  de 
province,  je  répondrai  que  ce  sera  souvent  dans  un  mauvais  travail 
laissé  de  cùté  par  les  rêdacleurs  de  la  Revue  (]ue  se  trouvera  le  ren- 
seignement utile  à  tel  ou  tel  historien,  el  que  d'un  autre  côté  le  rôle 
de  péda^guc  vis^-vis  des  sociétés  de  province  ne  convient  guère  i 
un  comité  ofllciel.  Ce  ne  sont  pas  les  critiques  des  rédacteurs  de  la 
Revue  qui  amélioreront  le.s  Iraraui  des  savants  des  départements; 
ce  sera  le  développement  de  renseignement  supérieur.  Lcjouroù  les 
classes  elevt'ies  de  la  nation  siMont  convaincues  que  le  l>accalauréat 
est  non  le  couronnement,  mais  le  commencement  des  études  sérieuses, 
el  qu'on  ne  peut  pas  prétendre  au  titre  d*homrae  cultivé  si  l'on  n'a 
pas  reçu  l'inslruclion  supérieure  dans  les  Facultés,  ce  jour-là  les 
bonue^ï  nièlhodeâ  el  la  vraie  critique  se  ré[>andruut  sans  que  le 
Comité  ait  à  s'en  occuper.  Il  rend  d'ailleurs  des  services  bien  plus 
grands  qu'il  ne  peut  le  faire  par  la  Revue  en  dirigeant  chaque  année 
le  congrès  dus  sociétés  savantes.  Déjà  celte  année  les  séances  ont  été 
beaucoup  plus  intéressantes  que  les  années  précédentes  '.  Le  Comité 
a  demandé  que  les  communications  fussent  courtes;  il  a  invité  à 
faire  des  communicalions  orales  au  lieu  de  lire  des  mémoires  écrils; 
il  a  cherché  à  provoquer  d'utiles  discussions.  Enfin,  et  c'est  là  une 
utile  innovatiou,  il  a  indiqué  aux  sociétés  savantes  quelques-uns  des 
sujels  sur  lesquels  elles  devraient  instituer  une  sorte  d'enquête  pour 
arriver  à  faire  la  lumière  par  des  elforls  collecUfs  *.  Ajoutons  encore 


t.  Oltou  parmi  Icb  comtnunicalion«  les  pliu  inléreftSiinte&  :  celle  de  M.  Fure«- 
tié  »ar  le  livre  do  comptes  d'un  inarctiand  de  Moat^uban  (t338-13^},  irèa  riclie 
en  reaseigiieinenl»  {mur  l'iiJHl'oire  êctjiiuoiique  et  juridi«iup  ;  cellf  de  M.  Cail- 
lemer  sur  ton  conlllts  de  Juridktiou  entre  le  n>i  de  Franre  et  l'arrbeTéque  de 
Ljron  au  xiv'  s.  ;  celle  de  U.  FierTiJle  sur  Ia  corre«ponduice  des  goavcn>enr& 
Rf^aéraui  des  Tavs-Bas  arec  le  magistrat  de  Saint-Oiner,  de  l!iT7-15â3:  celle 
de  M.  de  Lairwi!re)ns  de  Hooseatiatlle  sur  une  t^axelle  écrite  en  I7lj0  pendant 
les  cAnfèrenced  de  Gt^rlruydcnberg  par  U,  de  Marissot,  èchcvin  de  SalnUOiner  ; 
enfin  et  Aurtout  celte  de  M.  Coinbrs  sur  Ihk  conTérences  Ac  l).iyniinc  en  15G5. 
Par  des  lettres  Urées  des  arcbires  de  Siniancas  et  dont  les  principales  sont 
dues  à  I)oD  Francis  d'AIara,  M.  Combes  a  mis  bors  de  doute  que  Catberine  de 
HéiidB  a  conçu  dès  [jfia,  sans  l'ins^iiraliuii  de  Philippe  11,  un  projet  de  mu- 
sacre  qui  aurait  englobé  non  seulemeul  hi  prutuslants,  tnat»  uiâiue  tout  les 
partisans  de  la  tolérance,  tels  que  l'Huspital. 

i.  Lei  quesliouA  proiw^es  celle  année  sunl  toutes  du  ressort  de  l'arcbéologie. 
Ne  |H>urrait-cin  [las  engager  les  soriélés  savanle-i  i  entreprendre  une  Aérie  de 
travaux  dont  U  >alpur  serait  Itoaucuup  sicrun  s'ils  |K>ur«ient  Otre  faits  siuiul- 
tanéruenl  sur  divers  |M>ints  de  la  France?  l'ar  exemple  :  révision  c(  criliquedcs 
listes  du  Gallîa  Clirisliana  ;  publlcaliiin  des  nécroNiijes  des  abbayes  :  dépouille- 
nteul  des  nole^  lustoriqxies,  éconouiiques,  et«.,  qui  se  Irouieiil  sur  les  ancieiiA 


ruvcE. 


3Ktf 


qu'au  lieu  de  donner  des  subvenlioos  el  des  prix,  le  Comité  se 
résene  d'encouraflcr  par  des  subsides  importants  les  publications  ou 
les  recherches  qui  lui  paraîtront  ofl'rir  le  phisd'intorèl.  C'est  par  ces 
mojens,  c'est  aussi  (>ar  les  iravaux  qu  ils  pul)Uenl  eux-mêmes,  beau- 
coup plus  que  par  une  rerue  destinée  a  rester  peu  lue,  quo  les 
membre?  du  Comité  pourront  exercer  une  induence  scientifique  sur 
nos  sociétés  provinciales. 

Le  Comité  continuera  les  publications  commcnoées  (documenta 
Inédits,  dictionQairL>s  topO!.Taphiques.  répertoires  arohéologiquesl  qui 
Forment  déjà  une  si  imposante  et  remarqaible  collectiuni  il  pour- 
suivra, nous  l'esitérons,  avec  activité  les  travaux  de  géographie  his- 
torique auKijuels  l'iini-ienne  commission  de  la  carb'desG.iules  appor- 
tait une  SI  rdcheuse  letileur;  enfin  la  nouvelle  commission,  qui  sera 
spécialement  chargée  des  publications  tirées  des  archives  des  afTaires 
étrangères,  de  la  guerre  et  de  la  marine,  pourra  rendre  les  plus 
signales  services.  Cette  innovation  est  pcul-êlr(!  la  plus  import;intc  el 
la  plus  heureuse  parmi  celles  qui  ont  été  introduites  dans  le  Comité 
des  travaux  historiques.  Cette  nouvelle  commission,  en  elTet.  ne  sera 
pas  astreinte!  à  suivre  strictement  les  errements  de  l'ancien  Comité. 
Tandis  que  le  Comité  s'est  borné  jusqu'ici  à  accepter  les  projets  de 
publication  qui  lui  étaient  proposés  sans  choisir  lui-même  les 
éditeurs  el  sans  pouvoir  apprécier  toujours  sufllsainraent  d'avance 
leur  compétence,  la  commlàsion  prendra  TinitiaLive  des  publica- 
tions qui  lui  paraîtront  les  plus  utile.s,  et  elle  choisira  elle-même 
les  savante  à  qui  elle  confiera  le  travail.  Elle  sera  par  conséquent 
plus  assurée  et  de  Tutililé  de  l'oeuvre  et  de  sa  bonne  exécution.  blUc 
pourra  apporter  de  la  suite  et  de  la  méthode  dans  les  publica- 
Uons,  no  pas  laisser  par  exemple  interrompre  pendant  trente  ans  un 
ouvrage  aussi  iiniHirUuU  que  les  Xêyociatwn*  de  la  ntcccssion  d'Es- 
pagne, tin  autre  avantagi'  sera  que  cetto  nouvelle  commission,  dont 
les  publications  s'adresseront  à  un  public  plus  étendu  que  la  plupart 
de  celles  qui  font  partie  des  documents  inédits,  pourra  adopter,  au 
lieu  du  majestueux  10-4".  le  format  bien  plus  commode,  plus  por- 
tatif et  plus  économique  de  rin-S".  Nous  voudrions  même  qu'elle 
allât  plus  tom,  qu'elle  ne  fût  pas  obligée  de  prendre  l'État  pour 
imprimeur  et  pour  éditeur,  qu'elle  pût,  comme  l'École  de  Rome  ou 
l'École  des  l-ingues  orientales,  s'adresser  à  un  libraire-éditeur  qui, 
moyennant  une  i^ubvention  peu  élevée,  publierait  à  son  compte  oer- 


rcffistrcs  {taroisiinux,  de,  etc.  On  n  d«niaiHlr  au\  Miciètài  dn  faiiw  des  nipparls 
ftur  l>liit  do  biblinttièqiir*  et  des  niusèe»  d'aotiquil^ft  de»  dépArlemeot»,  Ce 
senil  un  ItavaiI  d  nne  grande  uliJilé. 


390 


BrU,BTn    niSTORlQUR. 


laines  gêries  dont  le  débit  eat  assuré.  Ce  sérail  à  la  Tois  donner  aux 
ouvi'ajjes  une  Itnaucouj)  plus  grande  publicilé  el  diminuer  sensible- 
ment la  charge  du  budget. 

Dans  l'excellent  discours  prononcé  à  la  séance  de  clôture  du  Coo- 
grès  des  sociclés  s;ivaiite5,  M.  J.  Ferry  a  annoncé  la  création  do  la 
Comtm^iou  dont  nous  venons  de  parler,  li  l'a  fait  mallieureuseraeut 
dans  lies  lernic.<  inexacts  [|ui  ne  Taisaient  pas  S4>ntir  1  ntilité  de  cette 
innovation  m  qui  d'autre  part  pouvaient  prêter  à  plus  d'un  malen- 
tendu. Ou  aurait  pu  voir  en  etl'et  dans  ses  paroles  un  blànie  à 
l'adresse  de  la  Commission  des  archives  diplomatiques,  une  accusa- 
tion d'accaparement  que  rien  dans  les  faits  ne  Justifie,  et  une  inlor- 
dtclion  pour  cette  coranaission  d'entreprendre  aucune  pulilication  * .  La 
Commissiou  des  archives  dtplumatiques  n'a  jamais  songé  à  se  réserver 
aucune  partie  du  dépôt  qui  lut  est  confie,  el  elle  a  toiyours  été  dési- 
reuse d'aider  do  tout  stni  pouvoir  les  savants,  en  particulier  ceux  qui 
Iravaillenl  pour  le  Oomilé  des  travaux  historiques  ;  quant  à  son  droit 
d'entreprendre  des  publications,  M.  J,  Ferry  est  un  esprit  trop  libéral 
pour  le  lui  eontesleret  ce  droit  est  n^counu  par  rarlicle  h  du  règlement' 
des  archives.  Il  est  bien  évident  que  la  (commission  des  archives  diplo- 
matiques sera  dis|K>sée  à  céder  à  la  nouvelle  commission  du  Comité 
des  Iravaux  historiques  le  soin  de  diriger  la  plupart  dos  publications 
de  documents  proprement  dites  pour  concentrer  tous  ses  eflbrls  sur  la 
rédaction  et  la  publication  4ie  catalogues  et  d'iavenlaires  analytiques 
qui  pourront  doter  la  France  d'une  série  d'analyses  de  nos  curres- 
fxtndances  diplomatiques  analogues  aux  Cahndars  anglais.  Hais  il 
serait  fâcheux  de  vouloir  concentrer  dans  la  commission  du  minîs- 
lère  de  l'Instruclion  publi([ue  toutes  les  publications  qui  peuvent  être 
liréf>â  de  nos  archives  spéciales.  Qu'elle  se  charge  de  celles  qui 
i*cgardenl  spécialement  les  historiens,  les  érudits,  rien  de  mieux  ; 
mais  il  y  a  des  pubUcations  qui  intôreâsent  spécialement  la  diplo- 
matie, l'art  militaire  et  l'histoire  navale,  qui  ne  peuvent  être  eulrc- 
prises  que  par  des  commissions  ou  des  bureaux  historiques  spéciaux 
à  chaque  ministère. 

E'jSKiGXBiiENT.  —  M.  MauHce  Vernes,  dans  un  arLich'  intéressant 
de  La  Hevue  de  l'histoire  des  retûjions,  publie  ensuite  à  [xart  en  bro- 
chure, a  trmté  à  fond  une  question  qu'il  avait  déjà  plusieurs  fols 


1.  I  Un  a  pu  craindre,  a  dit  M.  Fnrry,  que  le  ministère  de»  afFafre»  élran- 
jgjfnn,  déposilaire  de.  Ia  plus  ridift  cnllNiiinn  de  documenls  historique»,  ne  tdu- 
lùl  »ft  la  réserver  laul  onli^-re.  u  M.  l'rnust.  ilans  son  rapiiort  &ur  le  budget  de» 
■flTkirca  élrnog^r^-ti  de  1881 ,  a  ronclicri  sur  les  incxnrtUiitl«(t  coniiuiM»  |>ar 
H.  Kerry.  Il  parait  vroire.  que  la  Comini&sina  (1m  Archives  cll|>lomatlquea  cflsie 
d'eiiftlcr  et  e»l  raltachéc  tout  erillire  au  Comil^  dea  Travaux  historiqae». 


ruiv  CE. 


391 


abordée:  Qwife  place  favt-it  faire  à  l'histoire  des  religions  nux  diffé' 
renis  degrés  de  l'enseignement  public?  (Leroux,  30p.  in-8).  11  demande 
la  créaLioD  dans  les  priiici|Kile.$  facultés  des  letlros  de  trois  chaires  : 
Histoire  générale  des  religions  ;  —  Judaïsme  ;  —  fihrislianisroc  ;  el 
à  l'École  normale,  d'un  cours  d'hisloire  comparent  de*i  religions. 
Il  v«mt(|U(7,  dans  l'enseignement  secondaire,  dos  notions  précises  sur 
le  judaïsme  et  le  christianisme  prennent  phce  dans  le  programme 
d'histoire  et  qu'un  cour^  rapide  d'histoire  comparée  des  religions  soit 
bit  aux  élevés  de  philosophie.  11  délire  enfin  que  des  indications 
générales  sur  Thistoire  religieuse  soient  mêlées  aux  cours  d'histoire 
faits  aux  enfants  des  écoles  primaire^f.  Sur  le  premier  point  nous 
joignons  nos  vœux  à  ceux  de  M.  Verues,  eu  ce  sens  que  l'enseigne- 
ment de  riiistoire  des  religioas,  et  en  particulier  des  religions  Juive 
cl  chri'lieinie.  nou<^  parait  un  des  pins  dignes  de  figurer  sur  le  pro- 
gramme des  faculléà  des  lettres,  s'il  se  trouve  des  profe.sseurs 
capables  de  s'en  charger.  Nous  ne  croyons  pas  indispensable  que 
tous  les  pnuids  centres  universitaires  soient  pourvus  deschairesque 
réclame  M.  Venies.  mais  II  serait  Imn  qu'elles  esisLissenl  dans  deux 
ou  trois  centres  pour  qu'un  étudiant  français  ne  fût  |>as  oblige  d'aller 
chercher  l'instruction  sur  ces  matières  en  Hollande  ou  en  Allemagne*. 
En  ce  qui  touche  renseignement  secondaire,  nous  ne  croyons  pas  utile 
de  pLicer  un  cours  d'histoire  des  religions  en  philosophie.  Comme  nous 
croyons  déjà  que  renseignemenl  même  de  la  philosophie  dans  les' 
lycées  est  une  erreur,  à  plus  forte  raison  remiserons- nous  d'y  intro- 
duire ce  cours  nouveau.  Nous  le  renverrons,  avec  la  philosophie,  aux 
facultés'.  Nous  nu  demandeions  pas  non  plus  par  conséttuent  la 


1.  Oo  pMt  voir  qurli  vules  horizna»  rbiitoirc  dM  relljponft  oavre  k  l'«(ude 
el  A  la  pras^  [ur  U  briKliurc  qiie  ricat  àe.  publier  M.  James  Darmosleler  : 
Coup  Avril  sur  l'htstotrf  d»  pfupte  juéf  (Librairie  >ootellc,  21  p.,  iu-8').  On  y 
Ironven  résumée  dans  un  ma^nUiqnc  lanftage  el  itm;  one  rare  éléTitioa  d  idées 
IVtrUEe  desUoée  de  ce  petit  peuple  i  qat  â  été  auiijuiée  la  première  place  dans 
l'bUtfrïn  religieuse  de  l'immaniti.  On  ne  lir«  pa«  uns  Amotloa  les  belles  p*tKi 
conucréM  au  Talmod  el  an  n>k  des  Juifs  an  moyen  Age.  Assnrément  Tbistoire 
des  reliions  enseiguée  par  desborames  qui,  comme  U,  Dannesteler.  scratealA 
la  Tels  des  liiiguÎHlHs,  des  penseani  et  de«  éeriviîits,  aerail  une  den  ctisciplines  les 
plus  digne»  de  ligurcr  dans  le  prugrauiiue  <(e  nus  FdL'ult^i). 

1.  H.  Vcrnes  Tient  de  publier  rieui  rolames  de  Mr'tanges  d'histoire  reitçieuse 
(PbdUiacher)  où  |)re«>{ue  loule»  le»  qumltons  relatives  «  U  rvtigion  juire  wiul 
lialiéM  aiec  l'e»|irti  «cimlillque  le  plu»  deu^-bé  de  tout  parti  pris.  Malgré  le 
rMux  et  l'ini|>arlialjté  du  lanj^age  de  M.  Verne»,  crait-ïl  qu'il  Mirait  possible  de 
parler  ce  LingA^e  A  des  élèves  de  lyoéc  sans  froîMer  des  convietioM  re^iK- 
tabl««  ?  Il  oublie  trop  que  TbisUiire  «si  la  plus  rsdoaUble  eoMimie  dei>  rali- 
glonc  poaiUves. 


392  BUUETtX   HISTOMttUI. 

(TèaUon  d'un  cours  ù  l'École  normale.  Les  élèves  que  l'histoire  des 
rcliîJ:ions  intéressera  iront  l'ûlnriler  aux  cours  d(î  la  faculté.  En  ce  qui 
concerne  la  place  à  donner  à  t'hi-itoirc  religieuâc  dans  l'enseigiienieol 
de  Thisloirc  gcncratc  dans  les  lycées  et  les  écoles,  nous  sommes  à 
peu  près  d'accord  avec  M.  Venies.  Nous  croyons  comme  lui  qu'un 
cours  liieit  l'ait  doit  conlenir  des  notions  sur  la  religion  juive  aus&i 
bien  que  sur  la  religion  égjpUemie  et  doit  enseigner  la  formation  de 
!*é},'lise  chrétienne  aussi  bien  que  la  Réforme  -,  nous  croyons  comme 
lui  (jue  l'on  peut,  sans  froisser  aucune  croyance,  donner  ces  notions 
à  un  [Hthii  di:  vue  purement  historique,  sans  nier  ni  affirmer  les  foila 
fluruaturets  auxquels  elles  se  rattachent  ;  mais  nous  croyons  aussi 
que  pour  le  faire  il  fout  une  discrétion,  un  tact,  un  talent  mprne,  que 
peu  de  professeurs  posséderont,  surtout  dans  les  écoles  primaires*, 
nous  croyons  que  le  plus  grand  nombre  se  laisseront  entrdiner  à 
exposer  leurs  opinions  religieuses  personnelles;  nous  croyons  enfin 
que  beaucoup  de  parenL-i,  en  voyant  que  l'enseignemenl  religieux, 
supprime  ailleurs,  subsiste  dans  les  coui-s  d'histoire,  penseront  qu'on 
est  inspiré  dans  cette  réforme  par  des  senLinieiits  hostiles  à  la  reli- 
gion. Aussi  approuvons-nous  ti*  (îon^-eil  supérieur  de  s'être  montré 
très  réservé  dans  la  rédaclicm  des  programmes. 

Nous  ajouterons,  au  sujet  des  réformes  proposées  par  M.  Vernes, 
«ne  réilexion  d'une  portée  plus  générale.  M.  Vemes,  comme  M.  Fouillée, 
comme  M.  IJrapcyron,  comme  M.  P.  Berl,  lorsqu'ils  se  uiontrenl 
préocx:upés  de  faire  donner  à  un  lycéen  des  notions  complètca 
d'hisLoire  religieuse,  de  philosophie,  de  j:«>i,'raphic,  de  sciences 
naturelles,  me  paraissent  se  méprendre  un  |>eu  sur  le  véritable  carac- 
tère de  l'enseignement  secondaire.  Us  le  considèrenl  comme  consti- 
tuant à  lui  seul  un  enseigneraenl  complet,  et  ils  se  préoccupent  d^y 
fairy  rentrer  toutes  les  connaissances  nécessaires  pour  im  homme 
cultivé.  Nous  croyons  au  contraire  que  renseignement  secoii- 
d^re  classique  doit  n'être  qu'une  préparation  générale  de  l'esprit  à 
des  éludes  sérieuses  ([ui  se  feront  h  runiversilc.  cl  que  l'élude  des 
langues  et  des  mathématiques  est  le  principal  instrument  pour  cette 
préparation  générale.  .Sans  doute  il  l^ul  nourrir  cet  enseignement, 
y  faire  rentrer  le  plus  possible  de  connaissances  positives,  mais  il  ne 
feuL  pas  ([ue  ce  soit  au  délrimenl  de  la  culture  même  de  l'esprit. 
Sinon,  l'on  aura  cultivé  la  mémoire  aux  dépens  de  l'intelligi^nce  ;  on 
accablera  sans  profit  le  cerveau  des  enfants  ;  ils  apprendront  tout 
et  ne  sauront  rien.  Oue  renseignement  spédal  ou  commercial  s'oc- 
cupe exclusivement  de  meublei*  la  tête  de  ses  élèves  des  notions 
nécessaires  à  un  industriel  ou  à  un  négociant,  rien  de  mieux  ;  mais 
l'enseignement  classique  a  une  visée  plus  haute,  il  doit  former  Pes- 


rH*^r.E. 


39S 


pril,  le  rf  nrtre  capable  de  recevoir  l'instnicUon  supérieure.  \je  bacca- 
lauréat ne  doil  pas  élro  un  couronnemenl  d'édifice  ;  il  doit  être  la 
porto  qui  conduit  du  Ijccc  à  la  faculté. 

Ces  idées  commencent  d'ailleurs  à  se  répandre.  On  en  a  eu  la 
preuve  dans  les  discussions  de  la  Société  d'enseignement  supérieur 
relatives  au  baccalauréat  :  plusieurs  nieml)res  se  sont  prononces  en 
faveur  de  la  transformation  du  baccalauréat  en  certificat  d'études 
décerné  après  un  p\amen  pas^é  devant  les  professeurs  mémi'.s  de  l'en- 
seignement secondaire  sous  la  surveillance  d'un  déléifue  de  l'État; 
on  en  a  la  preuve  dans  le  zèle  avec  lequel  le  gouveracment  travaille 
à  dévcIop(»er  notre  ensel^aicment  sniHTieur.  La  préparation  â  la 
licence  et  a  l'agrégation  dans  les  faculté.^  s  ort'anis*^  et  donne  d'ex- 
cellents résullats,  el,  dans  le  discours  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  le  ministre  a  nettement  procJamé.  aux  applaudissements  do 
l'assistance,  qu'un  jour  viendrait  où  l'on  n'arriverait  plus  au  profes- 
sorat qu'après  (|ualre années  de  scolarilé  dans  les  faculiés.  Une  nou- 
velle  école  d'érudition  et  de  rochercbes  est  venue  s'ajouter  à  nos 
Écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  celle  du  Caire,  dont  le  premier  direc- 
teur, notre  collaborateur  M.  G.  Maspero.  a  été  peu  après  son  arrÎTÔe 
en  tigj-pte  appelé  à  la  direction  du  musée  du  Boulaq  '^  et  a  élé  rem- 
placé par  M.  Lefébure.  SI  cetteccolc  était  exclusivement  consacrée  à 
riCgyptoluirie,  on  pourrait  ^icnser(|u'il  aurait  mieux  valu  se  contenter 
d'envo.ver  au  Caire  une  mission  temporaire  que  de  former  une  pépi- 
nière indéfinie  d'ég^ptologues  qu'on  sera  ensuite  fort  embarrass*»  de 
caser  a  leur  retour.  Mais  nousespémns  que  l'École  du  Caire,  loin  de 
se  restreindre  al' Ëgyptologie,  deviendra  une  véritable  école  d'orienta- 
listes qui  s'occupera  el  de  l'assyriologie.  et  des  antiquités  sémitiques, 
et  même  de  l'Iiisloire  et  des  moiuimenLs  arabes  el  turcs.  Du  Caire 
pourront  partir  des  explorateurs  vers  l'Afrique  et  vers  l'Asie.  L'École 
du  Caire  entrera  en  relations  intimes  d'un  côté  avec  l'École  d'Alhcnes 
dont  le  domaine  rejoint  a  chaque  instant  les  études  orientales,  de 
l'autre  avec  l'École  de  Rome  avec  qui  elle  aura  un  terrain  commun, 
la  Tunisie,  â  la  fois  punique  el  romaine.  Nos  trois  écoles  pourront 
avoir  ainsi  la  plus  riche  et  la  plus  féconde  activité  et  se  prêteront  un 
mutuel  appui. 


1.  Cett«  nomtoatioD  lusw  ai  des  mains  françaiMA  l'adiuirablo  masée  crté  itir 
les  noins  àr  Marielln.  Le  nouTCAii  directeur,  qui  comiiip  hislorjen  ri  comme  |ibi- 
loloKUA  tU  îiicoiitCAUbli>inent  y>upérieur  à  soo  êminonl  premier i^»eur.  i  raoBtrÀ 
de»  us  d^tniU  i|u  il  cUil  diji^nn  ite  lui  Kuocrder  Aum  la  ilirrrtioa  i)e6  fouilles  par 
lei  fouilles  faites  dans  le  tniQ)>eau  du  roi  Ounns.  On  peut  espérer  que  les  rectier- 
dies  dirigent  en  ce  mofnenl  vont  nous  livrer  des  moiiunieals  de  la  tu*  A  la 
X*  djiiastic  qui  roia<[Uonl  jusqu'ici  dans  In  Mrie  des  moaumenis  é^^ptiens. 


8M  BCLLETIIf  UI&TORIQni. 

L'École  do  Romo  donne  loua  les  jours  des  preuves  nouvelles  tto 
viLalilé.  Dans  le  domaine  de  ranlitfuik!,  M.  de  la  Hlancbère  s'occupe 
des  Terres  Pontines  et  de  Tprracine,  M.  Lacour  Gavel  du  règne 
d'Anlonia,  M.  Jullian  de  l'adminialrarion  impériale  ;  pwur  le  moyen 
âge.  M.  Durricu  a  entrepris  des  recherches  très  imporUnUis  sur  \a 
domination  française  à  Napics  au  xiv*  el  au  xv*  siècle,  M.  Engel 
étudie  la  nurnismalitiue  et  la  sigillographie  des  établissements  nor- 
mands en  Italïi»  et  en  Sicile  au  xi"  s.  Enfin,  M.  Thomas  a  entrepris 
sur  Itoaifaw  Mil  un  travail  analogue  à  celui  que  M.  Berger  a  achevé 
sur  Innocent  IV  et  qui  e^il  en  cours  de  publication.  Nous  venons  d'en 
recevoir  le  2*  fascicule  qui  ne  le  cède  pas  en  intérêt  au  précédent.  Il 
est  tout  entier  consacre  à  l'année  4  24r>.  l'année  du  concile  de  Lyon, 
où  tant  de  grandtîs  airaires  politiques  et  religieuses  furent  discutées, 
et  on  Innocent  iV  exilé,  mais  toujours  mailre  et  chef  du  monde 
catholique,  brave  la  puissance  dr  Frédéric  II.  L'École  de.  Rome,  donne 
une  preuve  nouvelle  de  son  activité  en  entreprenant  la  publicalicHl 
périodique  de  itfc/an^tfj  d'archéolotjie  et  d'histoire  il*aris,  Thorin; 
Rome,  Spithœver;  4  à  5  fiisc.  par  an.  3  fr.  50  lefasc.).  lie  recueil  de 
mélanges  sera  pour  l'École  de  Rome  ce  que  le  Bullclin  de  correspon- 
dance hellénique  est  pour  l'École  d'Athènes,  un  moyen  de  prendre 
pari  d'unu  manière  plus  suivie  au  mouvement  de  la  science,  de  com- 
muniquer immédiatement  des  dficou  vertes  do  détail,  de  publier  des  tra- 
vaux d'étiimhie  restreinicqui  sonlà  la  fois  la  préparation  et  l'accom- 
pagnemenl  naturel  des  mémoires  de  longue  haleine  entrepris  par  les 
élevés.  Les  deux  premiers  fascicules  donnent  la  meilleure  idée  du 
recueil.  Nous  y  signalerons  en  particulier  une  belle  inscription  de 
Taormine  contenant  des  fastes  de  Tauroménion,  publiés  el  com- 
mentés par  MM.  Lafaye  et  Martin,  une  excellente  élude  critique  de 
M.  L.-ioi*ur  Gayct  sur  les  fastes  consulaires  des  dix  premières  années 
d'Anlonin  le  Pieux,  et  un  très  intéressant  article  de  M.  Mûnlz  sur 
les  travaux  artistiques  exécutés  à  Rome  el  dans  l'Étal  romain  par  les 
soins  (le  Itonlface  VIII  et  en  particulif;r  sous  les  relations  de  Boni- 
face  Vm  et  da  (liotto. 

Je  ne  veux  pas  quitter  l'École  de  Rome  sans  dire  encore  quelques 
mots  d'une  mesure  qui  me  semblerait  de  nature  à  rendre  plus 
fécondes  encore  les  études  qui  se  font  à  Athènes  el  à  Rome.  Un  grand 
nombre  do  jeunes  '^m^  qui  se  rendent  dans  ces  doux  écoles  au  sortir 
de  l'École  normale  n'ont  pas  encore  une  préparation  tout  à  fail 
suffisante,  et  souvent  même  no  sont  pas  décidés  sur  la  nature  des 
travaux  qu'ils  veulent  enlreprenrii-c.  Il  faudrait  à  notre  avis  ((u'avanl 
de  partir  pour  l'étranger  ils  dussent  passer  au  moins  un  an  à  tra- 
vailler librement  à  Paris  à  la  Faculté  des  lettres  el  à  l'École  des 


FRANCE. 


895 


faMItoaéUidw,  ru  achèveraient  de  développer  leurs  qualités  de  cri* 
Uques  et  d'érudiU  ;  dans  un  milieu  où  loules  les  brancheâ  de  la 
science  sont  rcprésentixïs,  leur  vocation  spéciale  se  manifesterait 
d'une  niajiiére  plus  ?iionUinèe.  Ils  parliraient  alors  pour  Ronm  et 
■  pour  Athcnes  sachant  ce  qu'ils  veulent  faire,  et  ils  pourraient  sans 
perdri'  de  temps  s'atteler  tout  de  suite  à  une  besogue  5))éciale.  S'ils 
le  préréraienl,  ils  devraient  pouvoir  aller  travailler  en  Alleniagne  uu 
en  Angleterre.  Pourquoi  même  n'y  en  aurait-il  (ws  qui  resleralrnl  à 
l*aris  deui  ou  trois  ans  à  faire  apprentissage  d'érudils?  Devons- 
nous  continuer  à  vivre  dans  l'idée  que  notre  enseignement  sujwricur 
ne  iwul  pas  former  des  savanU  et  que  c  est  seulement  à  l'elrangcr 
rjue  l'on  iwul  apprendre  a  pratiquer  les  bonnes  méthodes?  L'n  phi- 
lologue ne  trauvora-l-il  pas  à  l^rîs  toutes  les  directions  dont  II  a 
besoin,  n'y  a-L-il  |)as  des  nianuscriu  lalins  ailleurs  qu'au  Vatican  ? 
Un  jeune  historien  sortant  de  lÉcole  normale  et  désireux  de  s'oc- 
cuper du  moyen  âge  ne  fera-t-il  pas  mieux  de  suivre  des  cours  à 
l'Écide  des  chartes,  à  la  l-'acultê  et  à  l'École  des  hautes  éludes  (fuc  do 
se  jeter  immédiatement  sur  quelques  séries  de  re^stres  pontiflrâux 
qui  absorberont  ses  meilleures  années  dans  un  labeur  assez  mono- 
tone. Sans  doute  un  séjour  à  l'étranger,  soit  en  Allemagne,  soil  à 
Rome,  sera  toujours  profitable,  mais  surtout  quand  on  y  sera  sufli- 
sommenl  préparé.  L'École  de  Rome  me  parait  avant  tout  destinée  à 
ceux  qui  veulent  se  consacrer  à  l'histoire  romaine  et  a  l'archeotogie 
romaine  et  du  moyen  Âge  ;  quant  aux  bisUirlens  médiévistes  et  aux 
philologues»  il  faut  qu'ils  soitîiit  déjà  formés  avant  d'aller  a  Rome, 
et  qu'en  y  allant  ils  sachent  d'avance  quels  sunt  leiî  travaux  duuL 
ils  vont  chercher  le^  matériaiu  en  Italie.  En  permetlaul  ainsi  à  dw 
jeunes  gens  de  travailler  à  Paris  même,  on  donnera  aux  professeurs 
du  haut  cnscignemenl  des  élèves,  au  sens  le  plus  vrai  du  mot,  et  le 
plus  puissant  des  encouragements  ;  car  si  leur  principale  fonction  est 
de  former  des  professeurs,  leur  fonction  la  plus  élevée  est  de  former 
do8  savants. 

Ajoutons,  en  linissanl  cet  article  consacré  aux  progrès  de  Tensei* 
gnement  supérieur,  qu'un  dérret  du  25  lUv.  48KO  vient  d'introduire 
une  réforine  des  plus  imporiantcs  pour  les  études  historiques  dans 
les  Facultés  de  droit.  K'examen  de  licence  en  droit  comportera  à 
l'avenir  l'histoire  générale  du  droit  français,  et  des  chaires  d'histoire 
du  droit  français  vont  être  créées  dans  loufCh  les  KaculUîS  de  droit. 
So\i!>  réclamions  depuis  longtpjnps  cette  réforme.  Nous  y  applaudis- 
sons de  grand  e/eur. 

PoDLiCATioNs  DE  i»ncrHB?(TS.  —  Nûus  croyons  devoir  signaler  à  nos 
lecteurs  la  belle  édition  que  vient  de  donner  Al.  U.  Houebt  du  Peuta- 


3ft6 


ICLLKTI^i    niSTOaiQDB. 


leuquc  de  Lyon  ',  ce  précieux  manuscrit  (|ui,  après  avoir  été  partiel- 
Icmcnt  volé,  dénaturé  et  vendu  par  M.  Libri,  a  élé  libcralemenl  m- 
tituc  à  la  France^  par  lord  Ashburnham.  Les  qucsUons  de  textes  sonl 
poul-élre  en  efibL  les  plus  importantes  p<)ur  l'hisloire  du  chrislia- 
nismu,  cl  il  n'est  pas  indilTt'rent  de  connaître  lus  Lradurlions  de  la 
Bible  qui  ont  précédé  la  Vulgale  et  qui  ont  servi  aux  premiers  Pères 
de  l'Église.  M.  U.  Robert,  par  une  étude  paléographique,  gramma- 
ticale Ql  critique  à  latjuelle  il  a  apporté  la  conscience  qu'il  met  à  tous 
ses  liavaux,  est  arrivé  à  la  conclusion  que  cette  traduction  a  été  faite 
en  Afrique,  à  la  fin  du  m*  s.  ou  au  commencement  du  iv«,  sur  uoe 
version  grecque,  et  ne  doit  pas  être  cunlondue  avec  l'Itala.  Ces  con- 
clusions ne  [>araissent  \ïss  encore  avoir  été  acceptées  de  tous  les 
savants  ;  mais  il  csl  impossible  de  Fournir  plus  d'éléments  pour  la 
soluLioti  du  prohiemi-!  (pio  Vu  fait  M.  Robert. 

Un  de  nos  meilleurs  professeurs  de  droit,  .M.  E.  Diraoïs,  vient  de 
donner  une  édition  des  Institutes  de  Gaiw  (Marescq  aJné)  que  nous 
recommandons  aux  historiens  aussi  bien  qu'aux  juristes.  Elle  leur 
olTre  le  Lexle  le  plus  relent  et  le  plus  complet,  celui  qui  a  été  lu  par 
Studemund,  mais  reproduit  avec  une  disposition  typogmphiiiue 
meilleure  el  plus  claire.  Les  noies  nous  rournisscnt  en  outre  toutes 
les  le^jons,  corrections,  conjectures  des  précédentes  éditions,  en  im 
mot  toute  l'histoire  du  fameux  palimpseste  de  Vérone.  L'excellent 
travail  de  M.  Dubois,  qui  est  un  chef-d'œuvre  d'exactitude  el  de 
patience  ',  a  donc  Tavanlage  de  condenser  en  un  volume  de  538  p. 
toutes  les  éditions  antérieures.  Je  n'y  regrette  qu'une  chose  :  l'absence 
d'un  index.  Conimenl  consulter  un  texte  juridique  sans  index  et  sans 
table? 

La  Normandie  se  montre,  parmi  nos  provinces,  une  des  plus  actives 
dans  le  champ  de  L'érudition  historique.  Non  seulement  elle  eâl 
représentée  à  Paris  par  quelques-uns  de  nos  savants  les  plus  émi- 
iients,  mais  l'intluencc  de  ces  savants  a  eu  échange  cortlribuc  à 
répandre  en  Normandie  le  goût  de  l'érudition  sévère  et  des  bonnes 
méthodes.  Je  suis  assuré  ipje  pas  un  des  membres  de  la  Société  des 
AriU((uaires  de  Normandie  et  de  la  ÎNociéLé  d'histoire  de  Normandie 
ne  me  démentira  si  je  dis  que  les  travaux    de   .M.   Uelisle,   dQ 


t,  Pentaleuehi  Versio  tatina  antiçuissima  f  codicf  luçdunensi.  ParU,  Firmio 
DidoL,  1SH1.  T^  n-pnHiucUun  de  lu  partie  du  ms.  encore  inédilv  reproduit  exacte 
meiil  Ifîs  inradère»  et  h  disposition  inalêrirlle  (in  uianus^crit.  Pour  le  mie, 
M.  R.  8'osl  contpiilë  de  reproduire  en  la  coDatiounânl  IVdilion  donnée  par  feu 
Lnrd  Aslihumliiitii,  ijui  avait  Hchclc  le  niaauscrit  Libri  «aos  ea  MToir  l'ori^M. 

1.  L'impriincrit;  Bvr^er-l^vrauU  litérile  es  part  d'éloge&  dans  ce  Inrail. 
L'einculioii  matérielle  du  volume  nt  admirable. 


r>ticE. 


397 


M.  Luce,  lie  M.  Loir  oui  loiyours  été  pour  eux  un  eucouragement  et 
uu  exemple.  De  même  qu'à  la  dernière  séance  générale  de  la  Société 
des  iVntiquaircâ  de  Normandie  M.  Lécra  Hcuzey  portait  la  parole 
comme  président,  à  la  dernière  séance  ^'énérale  de  la  Société  d'his- 
toire de  Normandie,  M.  Lair,  tout  en  oQVant  a  la  Société  le  manuscrit 
d'une  édition  crllique  de  Guillaume  de  Jumièges,  si  impatiemment 
attendue  et  que  nutre  laborieux  confrère  a  su  mener  à  bien  malgré 
tant  d^autres  occupations,  a  prononcé  un  excellent  discours  où  il  a 
tracé  avec  ime  rare  connaissance  de  rbisloriogrtiplile  normande  tout 
un  plan  de  publication  des  sources  de  l'histoire  de  .Normandie'. 
I^i&se  la  Société  élever  un  jour  ce  monument  à  la  gloire  de  notre 
province  I  Elle  en  est  capable,  car  tes  bons  travailleurs  n'y  manquent 
pa^.  Elle  nous  en  donne  lom  les  ans  des  preuves.  M.  Dolbet  vient  de 
nous  apporter  le  2*  volume  de  VHistoire  ecclésiastique  du  dioeèêe  de 
Coutances.  par  R.  Toustain  de  Billy,  et  M.  Roblllard  de  [îeaurepaire 
a  publié  le  texte  très  intéressant  des  Cahiers  des  États  de  .\onnandie 
sous  Henri  I V,  avec  do  nombreux  documents  à  Tappui.  La  Société 
annonce  la  publication  de  Trois  anciens  routumiers  et  du  Grand 
couiumier  de  Normandie^  cotiHée  à  M.  ios«pb  Taniif.  enfin  eelle 
d'un«  Chronique  de  i'abbaye  de  Jumiêges,  confiée  à  M.  l'abbé  Lolh. 
liln  dehors  des  publications  de  la  Société  nous  devons  signaler  l'édition 
de  ta  dernière  partie  des  Chroniques  de  Normandie  |I'J23-M53), 
due  aux  soins  de  M.  Hellol.  Cette  compilation  du  xt*  siècle, 
publiée  plusieurs  Tois  à  Houeu  au  xt'  et  au  xn*  siècle,  contient 
Iroia  fragments  1res  importants.  L'un  {ch.  X  à  LXXXj  est  une 
chronique  contemporaine  écrite,  d'après  M.  liellol,  de  UlT-MJtf 
et  de  1 122-1424  par  un  bourgeois  rouenuais  partisan  des  Bourgui- 
gnons et  qui  raconte  ce  qu'il  a  tu  ;  le  second,  intitulé  Pé*/!/  Traictii, 
est  encore  une  chronique  rouennai«e  qui  s'étend  de  M2f  .i  1444  ';  le 
Iroisiéme  est  le  lieamvretnent  de  Sortnantlie  («r  le  héraut  Uerrî,  ce 
document  si  intéressant  publié  en  1863  par  M.  Stevenson  ^.  Une  der* 


1.  Noos  rrrlifieron»,  A  propos  de  w  discours,  une  «iT«ur  trnp  soarait  rtpnK 
Aaiw  M.  L«ir  ciprinte  l<>  Ta>u  qu'on  relroure  la  partie  perdue  dei  Amulet  de 
Flodo«rt].  Nous  invilons  les  èrudits  normands  i  »epiriiner  U>u(«  lYcherclie  ft  ce 
su)el.  U  o'jr  s  pas  de  partie  penlue  de»  Auiules.  L'idée  errooée  que  l'Iiistoire  de« 
•nnèca  S78  à  Q 17  avait  été  écrite  par  Flodoaril  a  été  mïM  en  STanl  Mus  aucune 
preare  sérieose  par  U.  Cuadet  dan»  I  édition  de  Richer  qu'il  a  donnée  A  U 
Socièié  d'HiMoire  de  France,  édition  dont  le  texte  e&t  ta  reproduction  de  celui 
de  Parti  et  où  la  traduction,  U  préface  et  Ih  oote»  rounnillent  de  Taules. 

2.  M.  IL  la  croit  écnle  au  fur  et  à  mesure  de»  évéDeineots.  A  mes  yeui  cette 
opinUm  mI  erronée 

3.  yarraiion  ttf  (he  expulsion  ofihe  E*4fli*h  from  ^formandj/.  M.  ilellol  a 


398 


BCLLETIt  HIATORIQUB. 


nière  parUe  :  le  Hecoueremânt  du  demorant  de  Guinnne,  ofTir  moiiu 
d'iiitérdt.  M.  Hcllot,  prenant  pour  base  Tédition  de  GiiiUaume  \t 
Talleur  parue  à  Rouen  «n  I5«7,  a  soipneusenient  relevé  toutes  les 
variariles  dos  nianuscriU  cl  des  éditions  et  ajouté  en  noies  un  ven- 
tablu  commentaire  perpétuel.  Malgré  les  oritiqUMqui  pourraient  être 
faites  à  quelques-unes  dt^  ces  notes,  M.  Ilellot  n'en  aura  pas  moins 
rendu  un  grand  servie*  ;t  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'hisloire  tin 
XT*  siHe  ' . 

L'ouvrage  de  D.  Coqnelin  ^ur  l'abbaye  de  SainUMichel  Jelrepuri. 
dont  la  Société  d'histoire  de  Xormandlc  a  coniniencti  la  publication, 
trouve  son  complément  naturel  dan»  le  Cartulaire  que  M.  Lirusca  m 
KF.uiAnr.A!fT  vient  de  rééditer  avec  un  soin  et  un  luxe  admirables'. 
Ce  Cartulaire  factice,  dont  M.  do  Kermain^'anl  a  réuni  les  élémenl« 
dispersés  dans  les  bibliothèques  et  les  archives  de  Paris,  de  Bouen  et 
flu  Tréporl,  se  compose  de  271  pièces  dont  la  plus  ancienne  est 
de  1030,  la  plus  récente  de  1528.  Une  ample  introduction,  qui  donne 
un  aperçu  de  l'histoire  de  l'abbuje  et  fait  ressortir  l'intérêt  des  piéeea 
publiées,  e.st  suivie  d'une  série  de  notices  biographiques  sur  les  abbés 
depuis  Herbert  jusqu'à  Jacques  111  de  Ligniville  qui  assista,  en  4  791 . 
à  la  destruction  de  l'abbaye.  Les  documents  publiés  par  M.  de  Ker* 
maîDKant  u'ofl'rent  pas  eeulemenl  l'inlérét  commun  à  Ions  c«ux  que 
renferment  les  cartulaircs,  c'est-à-dire  des  renseignejuenls  sur  le 
régime  de  la  propriété,  sur  les  droits  féodaux,  sur  la  chronologie  des 
seigneurs  ecclésiastiques  ou  laïques,  sur  la  topographie  du  moyen 
âge;  ils  olIVent  encore  un  intérêt  spécial  en  nous  montrant  les 
relations  de  l'abbaye  avec  les  comtes  d'Eu,  les  droits  [larticiilier» 
que  iMïfUî  abbaye  exorrait  sur  les  revenus  de  la  pêche  maritime,  les 
conflits  de  la  juridiction  ecclésiastique  et  de  la  juridiction  seigneuriale, 
enfin  <>l  surtout  la  ruine  de  l'abbaye  causée  à  ta  fois  par  les  ravages 
de  la  guerre  de  Cent  Ans  et  par  les  abus  financiers  de  la  curie 
romaine.  Au  xiv*  s.  la  levée  dos  annales  et  des  fntctus  medH  fem~ 
ports  avait  réduit  l'abbaye  à  la  misère.  Celle  belle  publication  Ikft 

laissé  de  riM«  lonl«  In  pirmi^re  |>arlte  diA  ChroniqHe$  qui  ni^rilertUt  bien 
il'élrE  ^ludicr  el  réédiléc  aver  soin. 

1 .  Il  serait  Injuste  <le  ne  pas  «Kaaler  l«s  nerrice»  qu«  rein]  ft  l>niiIUioii  nor* 
Tnntidc  r<.'icc[lcn(  (ditf'ur  M.  Ch.  iUélrfie,  <iui  est  le  tiliratm  dtr  Id  îHKrli^ii 
d'tiisloirc  Ak  Nonnaadtr  et  de  la  Société  de»  BititioptiUeD  mut'iuial».  Non» 
avunH  (teaucoup  tardé  A  aonont^r  ldc  très  corieu»*  rfiniprMfil^ii  fac-AinniM 
publiée  pur  M.  M^ytcrie  des  Piicfs  relatives  aux  posâédéei  de  Lcuvétrt,  et  m 
jurtlculier  de  X'IHsioiTe  de  Magdelaine  Bavent,  h  ParUi  chei  Jari|ue»  Le 
Gentil,  I0&3. 

2.  Cartulaire  de  l'abbai/e  de  SalntMichd  du  Trépmi,  Psris,  Dltfol,  1  tôt 
gr.  ia-l*  de  cux-426  p.,  de  8  plaachet  en  liéliognvurc. 


FRANCS. 


3^9 


le  plus  gi-antJ  honneur  au  zèle  de  son  éditeur.  Je  regretle  seulement 
que  chaque  charte  ne  soil  pas  prcaktée  d'un  titre  accompagné  d'une 
brève  analyse.  La  table  n'y  supplée  que  d'une  manière  insuflisanle. 

M.  J.  Dbuvilli:  Le  Roolk  vient  d'achever  le  second  volume  des 
Bfffistres  des  comptes  municipaux  de  In  ville  (le  Parit  {Tours,  Semeur- 
(jîiplainr;  l»iiriH,  Picard).  Il  s'étend  de  I3«7  a  *3X0,  Nous  avons  déjà 
fait  remarquer  rinlèrèt  de  ces  documents  qui  non  soulemeiil  four- 
nissent une  foule  de  renseignements  économiques  et  statistiques  pré- 
cieui^maisédaircntencore  beaucoup  de  points rplalifaaux  institutions, 
Ibiâloire  des  inipùb  et  même  a  des  hïl»  de  t'Iiistuirc  tj;enérale.  Les 
oomples  publiés  dans  le  présent  volume  se  rapportent  surlout  aux 
déi>enscs  de^  fortifications  de  Tours  et  à  la  guerre  contre  les  Anglais; 
mais  les  titres  :  messageries,  dépenses  communes,  ga^  cl  salaires 
sont  peut'èLre  les  plus  ricUcâ  en  détails  intéressants.  M.  Delavillc  Lo 
Roulx  a  d'ailleurs  beaucoup  ajouté  à  la  valeur  de  son  volume  |>ar  les 
note^  et  les  documents  inédits  publiés  en  ap|>endice  à  Toccasion  des 
principaux  personnaites  qui  fleurent  dans  les  comptes.  Si^inalons  en 
particulier  celles  sur  Jean  de  Bueil,  sur  le  siège  de  Monlcotitour,  sur 
les  Trousseau,  sur  Pierre  de  Chcvreuse.  La  Société  archéologique  do 
Touraine,  sous  les  auspices  do  laquelle  se  fait  cett^;  belle  publication, 
donne  aux  sociétés  savantes  de  province  un  exemple  qui  mérite  d'èlrc 
signalé,  d'être  récompensé  et  d'être  suivi. 

Les  semaines  qui  viennent  de  s'écouler  nous  ont  apporté  une  série 
de  recueils  do  lettres  du  plus  piquant  intérêt,  sans  parler  de  deux 
recueils  qui  se  rapportent  spécialement  à  l'époque  révolutionnaire  et 
dont  nous  dirons  qucbjues  mots  plus  loin.  La  plus  curieuse  de 
ces  correspondanass  peut*étre  est  celle  de  rablw  Galiani,  que  nous 
devons  à  MAI.  L.  Perey  et  G.  Maugras  (C.  Lévy),  dont  le  premier 
volume  vient  de  paraître.  Galiauï  o'éLait  pas  seulement  un  des 
bomcncs  les  plus  spirituels  d'un  siècle  spirituel  entre  tous^  c'était 
un  homme  dont  ies  connaissances  élaienl  aussi  étendues  que  son  in- 
telligence était  pénétrante  et  profonde.  On  a  dit  de  Diderot  qu'il  four- 
nissait d'idées  tous  les  hommes  de  sa  généntiou,  et  que  c'éUil 
dans  la  causerie  que  son  génie  éLiit  le  plus  fécond.  Oela  est  plus  vrai 
peut-être  encore  de  Galiani.  Noua  devons  savoir  gré  à  M.M.  Perey 
et  Maugras  d'avoir  fait  revivre  dans  une  préface  pourtant  un  peu 
trop  rapide  celle  ligure  si  originale,  de  nous  avoir  révélé  comme-ut  la 
dépendance  à  latjuelle  la  cour  de  Naples  était  réduite  vis-a-vts  de 
celle  d'Espagne  l'obligea,  inalgréses  talents  diplomatiques,  à  quitter 
l*aris  pour  retourner  en  Italie,  de  nous  avoir  donné  pour  la  première 
fois  dans  un  texte  correct  la  charmante  corres)X)nduuce  que  nous 
devons  à  ce  rappel  devenu  pour  Galiani  un  exil,  d'y  avoir  ajouté  d^à 


100 


BCLLETI?!   niSTOBIQOK. 


24  leUres  Inéditos^  do  nous  promcUre  enfin  la  correspondance  avec 
Tanucci,  le  ministro.  des  afTaires  étrangères  à  Naples.  qui  nous  mon- 
trera sans  doute  Galiant  sous  ses  côtés  les  plus  sérieux  el  apportera 
des  documents  nouvc-iux  à  l'Iiistoire  diplomatique  du  xtiii*  s.*. 

Les  deux  volumes  de  LeUres  de  M'"*  de  Hémtuat^  publiés  par 
son  pC'lit-flls,  s'étendent  de  4  804  à  4812.  On  y  trouvera  le  cora- 
mentuirc  des  Mémoires  avec  plus  de  naturel,  avec  un  ton  plus  cons- 
tamment juste,  mais  aussi  avec  des  réticences  rendues  nécessaires 
par  l:i  [wiice  impériale.  Ne  devail-il  pas  y  avoir  aussi  plus  d'un 
poiiiE,  sur  les4]uel.s  M""  de  Hémusal .  au  milieu  delagloii'e  du  rë^ne, 
n'aurait  pas  osé  s'avouer  à  elle-mâme  ni  surtout  avouer  aux  autres 
ce  qu'elle  pensait  et  ce  qu'elle  senlail.  el  qui  n'ont  pris  toute  leur 
significaLion  qu'après  la  décadence  el  la  chute  ?  A  côté  des  mille  détails 
t|ue  nous  olTrent  ces  lettres  sur  la  cour  de  Napoléon  el  sur  l'intérieur 
de  Joséphine,  a  côté  de  portraits  tracés  d'une  main  légère  et  sûre,  il 
y  a  dans  ces  lettres  toute  une  histoire  intime  des  jilus  louchantes  et 
qui,  à  une  époque  commn  celle  de  l'empire,  a  dû  se  rcpél«r  bien  des 
fuis,  c'est  l'histoire  des  soulTrditces  d'une  femme  séi^arée  d'un  m:iri 
qu'elle  airae  profondément,  de  ses  inquiétudes  de  tout  genre,  des 
douloureux  malentendus  qui  naissent  de  la  séparation.  Il  y  a  là  tout 
un  coin  de  l'Iusloire  murale  Je  la  société  française  pendant  les  guerres 
de  l'empire  décrit  de  la  manière  la  plus  émouvante  et  la  phis  sincère. 
La  consolation,  pour  ces  femmes  fidèles  notées  au  foyer,  c'étaient  les 
enfants,  cette  jeune  b'ênéraliun  qui  allait  être  la  charmante,  la  poé- 
tique, l'éloquenLe  France  de  la  Restauration.  Les  lettres  de  M""  de 
Iténms:)l  nous  monln-nl  celte  jeune  génération  dans  un  de  ses  repré- 
sentants les  plus  éminents,  les  plus  symjtalhiques,  dans  M.  lîharles 
de  KemusaL 

La  cour  de  Napoléon  l"  sort  moins  maltraitée  des  mains  de  M**  de 
Rêmusal  que  celle  de  Napoléon  III  des  mains  de  Mérimée.  Il  était 
pourtant  un  ami  du  premier  de^ré,  mais  un  ami  singulièrement  désa- 
husé  et  clairvoyant  *.  Sa  clairvoyance  d'ailleurs  ne  va  qu'a  bien  voir 
ce  qui  se  passe  autour  de  lui,  mais  elle  ne  s'étend  pas  aux  jugement'^ 
qu'il  porte  sur  la  politique  générale  el  sur  l'histoire.  S'il  était  besoin 
do  prouver  que  l'égoïste  scepticisme,  l'aLsencc  de  sens  moral  rendent 
l'esprit  étroit  et  stérile,  le  conservatisme  borné  de  .Mérimée  le  démon- 
trerait amplement.  Il  n'y  a  chez  lui  aucune  vue  d'ensemble,  aucune 


i.  Nous  Tenons  de  receroir  le  wkûùA  volume  qui  contiept  lea  lettre»  A  teé 
aniift  ili'  Kninci!  A*  1773  i  17S7.  Il  y  en  a  douze  d'inédît«H. 
2.  Lettres  à  M.  PanizH,  I850.1870,  jjubl.  |>ar  L.  Fagaii.  Pftrii,  Uvy,  2  vol. 

In-S*,  1880. 


raines. 


404 


conception  du  développement  historique  ;  rien  que  les  anxiétés  Iri- 
viales  du  rat  dérangé  dans  sou  fromage.  Mais  de  quels  traits  péu»- 
trants,  acérés,  impitoyables,  n'a-t'il  pas  dépeint  ou  plutôt  raconté  la 
politique  étrangère  et  intérieure  du  second  empire,  politi'|ue  de  rêves, 
de  coups  de  tète,  d'intrigues  et  d'ennui  7  Pas  d'idées,  pas  de  principes, 
pas  de  traditions  :  le  règne  de  la  frivolité,  de  l'incurie,  du  laisseraller. 
au  point  de  vue  moral  comme  au  point  de  vue  politique.  De  4850  à 
4  SftO,  c'est  la  griserie  du  joueur  lieureui  ;  de  1 8tîO  à  4  870.  c'est  la  las- 
situde el  l'inquiétude  du  parvenu  blasé  qui  gaspille  do  gaité  de  cœur 
sa  fortune  dans  des  distractions  vulgaires  ou  dans  des  entreprises 
sans  logique,  mal  conçues  et  mal  conduites.  Ce  qui  ajoute  au  piquant 
de  ces  révélations,  c'est  (lu'elJes  sont  faites  par  un  conservateur  scep- 
tique à  un  sceptique  révolutionnaire,  et  que  Mérimée  et  Panlzzi 
servent  d'intermédiaires  entre  la  Krancect  l'Ilalic.  entre  Xapoléon  II!, 
Cavour  el  Garibaldi.  Seulement  le  sceptique  révolutionnaire  avait  au 
fond  de  lui  le  cœur  d'un  patriote;  aussi  dans  ces  négociations  esl-«c 
lui  qui  a  eu  et  le  be^u  rWe  et  le  profit.  On  est  Icnlé,  je  l'avoue,  en 
face  de  cette  ironie  perpétuelle  de  Mérimée,  de  prendre  contre  lui- 
même  la  défense  de  ses  amis  et  de  montrer  qu'il  y  a  eu  en  eux,  mal- 
gré tout,  plus  d'idées  sérieuses  ou  généreuses,  et  que  leur  œuvre 
politique  a  produit  plus  de  résultais  utiles  que  son  indulgence  sarcas* 
tique  ne  le  laisserait  supiwser. 

Livaes  iouveacx.  A.ntiqcitks.  —  M.  G.  Pbrbot  vient  de  com- 
mencer avec  l'aide  de  M.  Chipiez  une  œuvre  importante  qui,  bien 
qu'elle  intéresse  avant  tout  les  archéologues,  n'en  est  pas  moins 
une  œuvre  historique.  I/Histoire  de  Part  dans  l'antiquité  en  effet, 
telle  qu'ils  l'ont  conçue  V  est  une  véritable  histoire  de  la  civilisation. 
Oaus  les  six  livraisons  que  nous  avons  sous  les  yeux  et  qui  sont  con- 
sacrées à  rÉgypte,  nous  trouvons  une  étude  sur  le  sol  de  l'Egypte, 
sur  ses  habitants,  sur  leurs  mœurs  domestiques,  sur  leur  organisa- 
tion iwlilique  et  sociale  qui,  appuyée  constamment  sur  les  monu- 
ments, éclairée  par  la  reproduction  d'un  grand  nombre  de  ces  monu- 
ments, prend  une  vie  et  un  relief  singuliers.  H.  Perrol  ne  pouvait 
pas  prouver  d'une  manière  plus  péremptuire  l'utilité  de  la  chaire 
d'archéologie  qui  a  été  créée  pour  lui  â  la  Faculté  des  lettres  M  les 
services  que  peut  rendre  cette  chaire  aux  étudiants  qui  s'occupent  de 
l'histoire  ou  de  la  littérature  antiques.  Les  volumes  que  M.  Perrot 


I.  Oittotre  dt  Vart  dans  l'antiquité,  figypte,  AssjrrfA,  Pêne.  A&ie-Miaeur«, 
Gr^r«.  ÈlTuric.  Rntne.  T.  I  i  rÊg)7>te.  Pari«,  Hachettr,  188t.  Panll  ta  \itni- 
Mnd  bettdoroadjirt''»  dt  16  p.  coùl«nl  50  ceot.  Lmivragc  formera  JOO  Itmluas 
enriroo. 

K£\.  Hiint>B.  XVI.  2«  FA^.  26 


402  BtUETi:<l  niBTOElQCB. 

consacrera  a  la  Grèee  et  à  Rome  ne  seront-ils  pas  une  histoire  par  les 
nionumenU)  des  deux  civiliaalions  grecque  et  romaine,  un  con^men- 
taire  perpétuel  des  couvres  des  poètes  et  même  des  philosophes  ?  C'est 
seulement  par  Talliance  des  éludes  archêologi([ues,  liltéraires,  linguis- 
tiques et  hisloriijues  que  l'on  arrive  à  des  vues  vraimeutsyuthétitiuBS 
eL  complète.')  sur  le  développement  des  civilisations.  Cette  alliance  de 
disciplines  qui  se  prélent  un  mutuel  secours  commence  à  être  prali- 
ffuée  dans  notre  haut  enseignement,  dans  les  cours  de  M.  Perrot, 
dans  cmx  de  M.  I\a>el  ou  de  M,  G-  Paris.  La  récente  nominatioo  de 
M.  Graux,  charité  d'ensei^ier  a  la  Sorboune  la  littérature  et  l'histoire 
grecques,  nous  montre  qu'on  a  compris entin  les  inconvénients  d'un 
système  ({ui  parquait  tes  professeurs  dans  une  étruile  s|>écialilé. 
Bientul,  nous  l'uspérons,  les  mots  :  philologie  ancienne  ne  slgniOe- 
ront  plus  simplement  l'éLude  de  la  phonétique  ei  de  la  syntaxe 
grecques  et  latines,  mais  l'étude  de  raullquite  sous  toutes  ses  faces. 

Le  beau  recueil  des  Monuments  de  Vart  antique  que  puLIie 
M.  UiTcr  (Ouantin)  pourra  être  joint  an  litre  de  M.  Perrot  comme  la 
magniUquK  illusiralion  de  quelques  poinLs  spéciaux.  La  rapidité  avec 
laquelle  la  seconde  livraison  a  suivi  la  première  nous  prouve  que  le 
succès  souhaité  et  prédit  par  nous  a  cette  entrepriâe  ne  s'est  pas  lUl 
attendre.  On  y  trouvera  la  reproduction  de  plusieurs  statues  égyp- 
lienniiïs  et  de  cuillers  en  bois  sculpté  accompagnée  d  un  très  intëres- 
SiuU  commentaire.  On  y  admirera  le  beau  scribe  accroupi  du  Louvre. 
Nous  signalerons  aussi  La  discussion  de  M.  Rayel  sur  la  louve  du 
Capitole.  Dans  une  discussion  très  hien  conduite,  il  cherche  à  prouver 
i|ut^  la  louve  est  un  bronze  du  temps  des  Tarquins,  celle  même  sous 
laquelle  les  Oguinii  placèrent  en  265  les  deux  statues  deâ  enfants 
fondateurs  de  la  ville.  Je  suis  disposé  à  m'incliner  devant  l'autorité 
d'un  Juge  aussi  compétent,  mais  j'avoue  que  la  louve  me  parait 
être  un  bronze  carolingien  tandis  que  les  enfants  sont  certainement, 
comme  le  reconnaît  M.  Rayet,  de  la  Renaissance. 

A  mesure  que  .M.  Ai;bé  avanco  dans  ses  études  sur  les  persécutions 
de  l'Église,  il  devient  plus  maître  de  son  sujet,  son  horizon  s'élargit, 
sa  critique  devieni  plus  délicatu  el  plus  sure.  En  même  leinp.s  le-s 
docuniLMiLs  d(!viennent  plus  nombreux  et  l'hislotre  prend  une  liase 
plus  solide.  Aussi  le  nouveau  volume  *  qu'il  vient  de  publier  est-il 
singulièrement  inàlruclif  et  intéressant.  Cette  époque  est  une  de  celles 
où  le  christianisme  fait  les  plus  rapides  progrès  irrâcea  l'indlirérence 
des  mauvais  empereurs,  tels  que  Commode  ou  Ëlagaltalc,  et  à  la  demi* 


1.  /.M  eiureUens  dans  Vempire  romain  de  la  fin  iet  AnUmins  au  mUéeu  d» 
Ni*  M.  180-249.  Paris,  Didier.  1881. 


FItTICK. 


403 


complicité  de  princes  doux  el  loléranU,  leU  qu'Alexandre  Sévère  et 
Philippe.  Les  souverains  préoccupés  de  rendre  à  l'empire  son  unité 
menacée  et  à  la  loi  romaine  sou  autorilé  ébranlée,  elau  premier  rang 
SepLime  Sévère,  sont  impuissants  à  arrêter  le  flot  toujours  montanl 
des  doctrines  nouvelles,  el,  malgré  des  pcrséailions  locales  ou  des 
violences  populaires  isi^Iées.  le  christianisme  jouit  dune  paix  et  d'une 
lil)erLé  relatives.  M.  Aube  soumet  à  une  critique  très  pénétrante  tous 
les  récils  de  martyres  qui  nous  ont  été  conservés  el  dégage  ces 
récits  et  les  documents  judiciaire<i  aulbenliques  «(ui  leur  servent 
parfois  de  base  des  embellissements  el  des  inventions  roma- 
nesques dont  l'imaginatinn  chrétifmne  a  été  trop  féconde.  Ce  qui 
est  peut-être  plus  inti^res^nt  encore  que  cette  critique  des  actes 
des  martyrs,  c'est  l'analyse  que  fait  M.  Aul>é  des  ftentimanU  et 
des  idées  de  la  population  chrôlicone.  Au  lieu  de  cette  troupe  de 
mannequins,  Uiillês  tous  sur  le  même  patron,  pensant,  parlant  et 
agissant  de  même,  que  les  historiens  dévots  nous  ont  trop  souvent 
représentés,  H.  Aube  nous  montre  de  vrais  hommes,  avec  leurs  fai- 
blesses, leurs  passions,  leurs  disputes,  et  aussi  leur  véritable  gran- 
deur. Le  chapitre  sur  l'Église  d'Afrique,  publié  naguère  par  la  Hetrue^ 
et  celui  sur  les  chrétiens  intransigeants  el  les  chrétiens  opportunistes 
sont  à  cet  égard  d'excellents  morceaux  de  psycholo^e  historique.  Peu 
à  peu  l'histoire  des  premiers  siècles  du  christianisme  se  dégage  des 
couleurs  convenues,  fades  et  monotones  de  la  légende  pour  revêtir 
les  couleurs  vivantes  et  variées  de  la  réalité.  Grâce  à  MM.  Renan,  de 
Pressensé,  Aube,  de  Rossi,  Le  Riant,  nous  arrivons  à  connaître  non 
seulement  le  cadre  historique  où  s'est  développé  le  christianisme  pri- 
mitif, mais  la  constitution  de  l'Église,  la  \ie  privée,  les  idées  el  les 
mœurs  des  premiers  chrétiens. 

MoTEii  Af.K.  —  Nous  sommes  très  heureux  tlo  posséder  dans  une  tra- 
duction française  le  V  vol.  du  remarquableouvragedeM.  J.  Steexstrdp 
sur  l'histoire  primitive  des  Normands  (cf.  Bev.  hùt.,  IV,  424,  XII, 
131,  XIV,  40ri|.  Nous  y  trouvons  une  série  d'études  .sur  l'autorité  de 
Saxo  Grammaticus,  sur  Ra^nar  Lodbrog,  sur  les  institutions  mili- 
laires  el  les  lois  des  Normands  établis  eu  NeuslriCf  qui  sont  du  plus 
vif  intérêt  et  qui  excitent  d'autant  plus  la  réflexion  que  les  hypo- 
thèses y  tiennent  une  assez  large  place.  Parmi  ces  hypothèses,  une 


I.  Étude  prélimiHawe  jiour  servir  à  l'histoire  de»  Sarmands  ei  de  teun 
ineasion  avec  uac  introduttioo  <le  U.  E.  de  Beaurcpaire.  Paris,  Champion, 
\S&i.  C>iit  Is  tr«4ucUoo  Au  \"  toI.  les  Jiormanneme  i  Indiednén^  i  fforman- 
nertUUa;  la  3*  partie  caosacrre  aux  eau*»  des  expédiliuaii  normandes  a  rté 
omise.  Il  est  regrelUble  que  la  IntecUon  coil  écrite  dam  od  fnocais  aiuBi 
incorrect. 


404 


BOLLETi:<l    BlâTOailiOE. 


des  plus  ingénieuses  el  des  plus  utiles  csl  celle  par  laquelle  M.  S. 
rapproche  ce  que  Dudon  du  Saint-Oucntiu  nous  apprend  sur  les  loU 
normandes,  des  lois  de  Frocle  conservées  par  Saxo  Grammalicus. 
Mais  par  contre  nous  ne  saurions  être  aussi  affiniiatif  que  M,  S.  sur 
1«  caractère  purement  danois  des  invasions  normandes;  nous  croi^oos 
qu'il  exagère  sint^ulièrenient  l'autorité  de  Uudon  de  Sainl-Ouentin 
el  qu'il  no  s'est  pas  rendu  compte  de  la  manière  dont  ce  chroaiqueur 
a  compose  les  deux  premiers  livres  de  son  histoire. 

tlien  de  plus  délicat  que  la  critique  des  écrita  hainographiques. 
Beaucoup  d'érudiUs  ne  se  sont  pas  même  doutés  desdirticullëâ  qu'elle 
oti're.  Nous  avons  ru  récemment  M.  Lecoy  de  la  Marche  làire  un  gros 
livre  sursainlMartln  sans  examiner  l'autorité  du  seul  témoin  contem* 
porain,  de  Sulpice  Sévère.  11  croit  que,  parce  qu'il  lui  consacre  quelques 
pages  et  constate  que  Sulpice  a  vécu  quelque  temps  auprès  du  saint,  il  a 
mis  son  autorité  hors  de  toute  contestation.  H  Ignore  que,  du  vivant 
même  (Ift  Sulpice,  on  mettait  ses  récits  en  suspicion.  Si  M.  Leco>  veiitse 
rendre  compte  de  la  dill'éreiice  qui  existe  entre  une  compilation  hâtive, 
mise,  en  œuvre  par  un  littérateur  habile,  et  une  oeuvre  de  critique 
consciencieuse  el  pcnctranle,  il  n*a  qu'à  lire  l'élude  reniarquable  que 
vient  de  consacrer  M.  {<kUHLi:&  à  la  vie  de  sainte  (leneviève  *.  Après 
avoir  établi,  par  une  étude  comparative  très  minutieuse  des  ma- 
nuscrits, le  texte  le  plus  ancien  de  la  Vita  GenovefaCj  il  prouTe 
qu'elle  a  clé  écrite  peu  de  temps  après  la  mort  de  la  sainte  par  un 
témoin  oculaire  île  sa  vie  ;  et  cependant,  quand  il  veut  en  tirer  des 
renseignements  historiques  certains,  il  voit  la  réalité  s'évanouir  pour 
ainsi  dire  enlrc  ses  mains  ;  il  nii  peut  arriver  à  la  certitude  presque 
sur  aucun  point  ;  il  montre  enlin  que  Thagio^ruphe  copie  des  vies  de 
saints  antérieures,  en  particulier  celle  de  saint  Martin  par  Sulpice 
Sévère.  M.  Kohler  a  reçu,  quand  son  travail  était  terminéf  une 
précieuse  conlirmalion  de  ses  recherches.  11  avait  avancé  dans  son 
mémoire  que  l'auteur  de  la  Vita  Gcnovefae  avait  dû  copier  une  Vie  de 
saint  Uermain  d'Auxerrc,  mais  pas  celle  que  nous  possédons  et  qui 
cûulieul  au  contraire  des  passages  empruntés  à  la  Vie  de  sainte  Gene- 
viève. Or  il  a  trouvé  après  l'impression  de  son  livre,  dans  un  ms. 
nouvellement  aci{uis  par  la  Uihliothéque  nationale  [nouv.  acq.  lat. 
2178),  une  vie  do  saint  Germain  qui  ne  contient  pas  ces  derniers 
passages,  el  qui  est  évidemment  le  texte  primitif.  Voilà  une  preuve 
bien  frappante  de  la  bonne  méthode  suivie  par  M.  Kohler  ^.  Bien  que 

1.  Étude  critique  sur  le  texte  de  ia  vie  latine  de  sainte  Geneviève  de  Paria. 
Vieuvy.  tS8l.  Ce  iwénioiir,  <\»\  fail  parlîe  de  la  Biblii(tbè»iur;  de  l'Bcole  des 
liauleA  ^tude»,  a  valu  à  aogi  auteur  le  titre  ti  élève  dtpl^imé. 

i.  U.  Lccuy,  iidiia  âa  rvpûnse  i  la  Hevue  (Rtv.  hiit.,  \\\,   1711),  disait  avoir 


I 


riu?fCB. 


405 


B'appliquant  à  un  sujet  très  restreint,  on  peut  Urer  du  travail  de 
M.  Kohler  des  conclusions  générales  d'une  grande  portée  pour  la 
critique  des  œuvres  tiagiograpliiqucs. 

Le  li\Te  de  M.  pEnuouo  sur  tes  Origines  du  premier  duché  d'Aqui- 
taine illactioltei  est  une  thèse  de  doctorat  es  lettres  ;  ajoutons  qu'à 
cerlainà  éjrards  elle  est  un  modèle  de  ce  que  dcvraîenl  être  les  thèses 
de  doclorat.  Trop  souvent  on  présenta  comme  thèse  une  biographie 
quelconr|ue,  le  récit  d'une  période,  pour  lesquels  on  se  contente  de 
dépouiller  el  de  mettre  en  œuvre  un  certain  nombre  de  documents 
inédits  ou  imprimés,  mais  qui  n'exigent  ni  esprit  critique  ni  esprit 
inventif.  Une  thèse  devrait  être  ou  l'clucidation  il'une  question  difli- 
cile  el  peu  connue,  ou  la  démonstration  d'un  point  de  vue  nouveau. 
Klle  doit  être  le  témoignage  moins  de  l'application  du  candidat  que 
de  sa  bonne  méthode  et  do  l'originalité  de  son  esprit.  A  ci*  point  de 
vue,  le  livre  de  M.  Perroud  répond  à  tout  ce  qu'on  peut  exiger  d'une 
thèse.  Le  sujet  qu'il  a  choisi  est  des  plus  obscurs,  il  l'a  traite  à  un 
point  du  vue  tout  à  fait  nouveau,  et  bien  qu'il  ail  fail  preuve  dans 
ses  hypothèses  d'une  hardiesse  poussée  parfois  jusqu'à  la  témérité, 
il  n"a  jamais  quitté  le  terrain  de  la  crili(iue  historiqm'i  pour  celui  de 
la  fantaisie  lillêraire.  M.  Perroud  ne  laisse  rien  3ubsi.ster  des  récits 
de  M.  Fauriel  ni  de  l'hypothèse  de  M.  Drapeyron  sur  la  suppression 
de  l'épiscopat  en  Aquitaine.  Après  avoir  écarté  les  combinaisons 
arbitraires  du  brillant  auteur  de  l'Histoire  de  la  Gaule  méridionale, 
H.  Perroud  reconstitue  avec  une  remarquable  sagacité  la  vie  do 
l'Aquitaine  de  600  à  720,  et  montre  comme  s'y  est  graduellement  éta- 


âpplit]»^  le«  prinripf»  de  méthode  qu'il  a  reçus  A  l'itcfile  des  charlcfl.  M.  Kohler, 
qui  est  de  la  mine  école,  dit  sans  doate  la  m^mc  cbo«e,  ot  ta  mAlhotle  est  Juste 
l'opposé  de  celle  de  M.  Lccoj.  Noua  CToyoni-  que  c'efll  M.  Koliler  qui  représente 
vraimenl  la  niêUinde  de  l'Kcole  des  cbarle«.  —  U.  Lkcoy  db  la  Harcrb 
a  cru  deToir  faire  imprimer  et  diatrjhuer  f'n  dernier  mol  au  sujei  dei  cri- 
tiques dr.  hf.  CabrM  /Honod.  Les  |iflrsoaDP-s  qui  VDudnml  pri'nilre  U  peine 
d'ctaminer  les  divers  {KiinU  sur  lesquels  H.  L.  nous  répond,  reronnaitront 
qoc  CCS  réiK)n»cs  ne  sodI  que  dc«  faui-fuyants.  Noua  ne  penlroas  ni  le  tesops 
de  1104  lecteurs  ni  le  nAtre  en  nous  y  arrêtant  plui  lunt^leiop».  Ilelevonit  msuIu- 
mont  deux  poitils  qui  rArar.lérisenl  U  {toléraique  de  M.  L.  Il  dil  *  quf?  j'ai  tron- 
qua Ml  r^ponM.  u  C'e^l  matérietlemritt  vrai,  puisque  j'en  ai  supprinié  quelques 
lignes:  c'esl  moralement  faux,  puisque  je  n'ai  rien  supprimé  de  ce  qui  rnn^ 
lUuait  sa  dinrusAlun  rmitre  moi,  «l  qu'il  Inisw  t-roire  par  l'expression  dont  il 
se  Rert  que  j'ai  diminué  la  force  de  stu  arijumenlH  en  ]f»  (ronquaol.  —  Plus 
loin  il  prétend  que  j'ai  dit  n  en  mautait  français  quelque  rluise  d'à  peu  prrt 
ieinbtabte  A  re  que  dil  Thomassin  «.  M.  L.  ÎKDure  donc  que  Ttiomatsin  a  publie 
en  frant^s  la  Discipline  de  l'Êfdiftt!  avant  de  i»  traduire  en  laUu,  éi  que  je  l'ai 
cité  lextueUentent.  La  méprise  est  plai!tante  [Hiur  un  auteur  qui  »  indigne  tant 
que  j'ose  lai  donner  des  lecoo!)  de  droit  ranon. 


406 


BDI.LBn>i  HISTOHIQrR. 


hli  un  duché  indépendant  et  pres4|ue  souverain.  Comme  il  ne  s'avance 
qu'appujê  âur  des  textes,  Il  est  Tacilo  de  se  rendre  compte  du  degré, 
de  cerlilude  de  chaque  («rlie  de  celte  restilulion,  bien  que  >I.  Perroud 
ait  naturutlemerit  quelipie  tendance  à  exagérer  parfois  la  solidité  de 
ses  hjpoLimses.  M.  Drapeyron  avait  supposé  que  c'était  Topprcssion 
des  Fraiiks  qui  avait  supprimé  au  vii«  el  au  vni*  s.  l'épiscopal  dans 
plusieurs  diocèses  d'Aqui laine.  M.  Perroud  a  montré  que  ct>tle  su[i- 
pression  a  dû  provenir  d'une  tiuslililé  Iradilionnello  contre  un  clertzé 
propriétaire,  hostilité  qui  se  retrouve  chez  les  princes  «l  dans  ia 
population  même.  11  montre  cnlin  que  la  force  militaire  du  duché 
d  Aquitaine  est  venue  des  Wascons,  dont  le  rôle  dans  le  midi  a  été 
toujours  prépondérant  du  vi'  à  la  fin  du  nir*  s.'.  La  thèse  de  M.  Per- 
roud, de  mémo  que  la  thèse  de  M.  Mcilinier  sur  l'inijuisition  du  Midi. 
et  que  la  thèse  de  M.  Dupuy,  de  Rennes,  sur  la  Réunion  de  la  Bre- 
tagne à  la  France  ',  est  une  preuve  de  la  tendance  de  plus  en  plus 
forte  ([ui  pousse  les  professeurs  de  l'UniversilJî  vers  les  travaux 
d'êrudiUou  et  les  recherches  originales.  Us  sont  d'autant  plus  dignes 
d'éloges  qu'ils  ont  travailJé  en  province,  dans  un  milieu  où  Ton  ne 
trouve  guère  d'encouragemenL  ni  de  secours.  Il  faut  de  plus  louer 
chez  M.  Perroud  l'exacte  connaissance  qu'il  a  de  tous  les  travaux 
étraufiers  se  rapportant  à  son  sujet,  tandis  que  d'autres  universitaire, 
M.  Dupuy  j>ar  exemple,  ont  été  critiqués  avec  raison  pour  s'être  con- 
tentés d'éludier  les  travaux  et  les  documents  fï^nçais. 

Si  le  livre  de  M.  Kohler  fait  honneur  à  l'École  des  chartes  el  à 
l'École  des  liantes  éludes,  et  celui  de  M.  Perroud  à  IX^niversité, 
l'Essai  de  M.  CuarK  Sombres  sur  les  villes  neuves  du  sud-ouest  do  la 
France' nous  montre  quels  excellents  el  utiles  travaux  pourraient 
sortir  de  nos  sociétés  de  province  s'ils  éUient  dirigés  par  des  vues 
d'ensemble,  il  y  a  de  vastes  enquêtes  historiques  que  les  érudits  d«l 
province  seraient  mieux  ifuc  i^ersonnc  en  position  de  conduire  s'ils 
avaient  la  culture  (générale  et  ia  bonne  méthode  scientinquc  néces- 
saires pour  les  entreprendre  avec  fruit.  C'est  par  eux  que  notre  bis- 


1.  J.a  thèse  latine  dp  H.  Perroud  sur  les  Emporta  d'Afrifiue  ut  aoRi^i  une 
ceuvre  solide  cl  in|{Ànieuftti  où  il  expose  des  rue^  très  originalcii  sur  la  politique 
curomerclale  de  Carlhajie. 

1.  Celte  llitete  a«  nouK  ayinl  été  cnva/M  que  tout  réceinmeot.  nous  n'avons 
pti  encore  en  {inrier  li  nos  tectcnrs.  Un  compte-rendu  développé  lui  sera  coo- 
Mcré  dan»  nolrp  procbnin  nuiaéro. 

3.  k'ssai  sur  les  cilles  fondées  dans  Ir.  jiui-ouet<  de  la  France  aux  XJll*  d 
XI V  s.  sous  te  nom  générique  de  baitides  (ourragt!  dnnl  la  première  |>arlie  a 
flt«  couronnée  ]>ar  lu  Société  Archéologique  du  midi  d«  la  France).  Toulonac^ 
l'riTat,  1880. 


PliNCB. 

loire  ecclésiastique,  notre  histoire  administrative  et  noir?  histoire 
muiiicipalo  devraient  surtout  être  étudiées.  Nous  espéronâ  que  le 
livre  de  M.  r.urie  Seimbres  exercera  à  cet  é^rd  une  heureuse 
inQuence.  U  ne  s'est  pas  liorné  h  une  minutieuse  étude  de  toutes  lits 
baâtidcs,  des  procédés  d'aprëâ  lesquels  elles  ont  été  construites  et  des 
contrats  entre  les  habitants,  les  seigneurs  et  la  royauté  qui  ont  pré- 
sidé à  leur  fundaljon  et  à  leur  développement,  il  cherche  à  rattacher 
leur  histoire  à  celle  du  développement  de  la  royauté  et  de  la  société 
du  moyen  àse.  II  a  montré  le  rôle  passif,  ou  du  moins  tout  egolslc. 
joué  par  la  royauté,  et  en  même  temps  les  avantages  qu'elle  a  retirés 
de  ces  créations  de  villes,  Timportancc  des  eontratâ  de  partage  par 
lesquels  les  villes  étaient  placées  sous  la  recommandation  royale,  les 
résultats  de  la  création  des  bastides  pour  rémaiicipuUon  des  serfs  et 
la  formation  du  tiers-étal.  S'il  y  a  dans  le  livre  de  M.  Curie  Scimbres 
certaines  vup.s  trop  absolues  et  (les  erreurs  (le  détail,  il  nVii  a  |>as 
moins  une  grande  portée  et  une  réelle  valeur  scienLÎUque.  Nous  vou- 
drions que  des  études  semblables  fussent  faites  pour  les  autres  par- 
ties de  la  France  et  nous  appelons  sur  ce  point  l'attention  de  nos 
confrères  de  province.  Nous  rappellerons  aussi  qu'il  y  a  quelques 
années  un  de  nos  meilleurs  archéologues,  M.  Courajod,  a  pris  pour 
sujet  de  sa  thèse  de  l'École  des  chartes  les  villes  neuves  et  en  parti- 
culier celles  do  Champagne.  Sans  vouloir  le  détourner  des  recherches 
sur  riiistoire  de  l'art  où  il  rend  tous  les  jours  de  si  grands  services 
et  où  il  apporte  a  la  fois  tant  de  liberté  d'esprit  et  une  si  sûre  critique, 
nous  voudrions  qu'il  ne  laissât  \\a&  ensevelis  et  perdus  pour  les 
savants  les  résultats  si  intéressants  de  ses  travaux  d'autrefois  '. 

Signalons  encore  quelques  travaux  moins  importants  d'histoire 
locale.  M.  Nérée  Océpat,  dont  nous  avons  loué  l'Histoire  de  Woippy, 
vient  de  consacrer  une  élude  non  moins  consciencieuBe  à  un  sujet 
plus  restreint  encore,  à  la  Grande-Thury  *,  domaine  qui  doit  son 


I.  II.  L.  Courajod  est  aUacbé  a  h  conserva  lion  des  monuments  du  (x)uvre«t 
U  t'occupe  avec  autant  de  zètc  que  de  bonheur  de  l'étude  et  rie  renrirlti«4«- 
meat  de»  coliectionfi  (|iii  lui  sont  c4)D6ce«.  Le»  récentes  aciiui^ilinnfl,  «uiquelles 
il  vient  de  cotiHarirr  iinn  inlnreMUinte  Uriichure  {Acquisitions  du  musée  dr  ta 
seuifiturt  moderne  au  Louvre  en  1S80.  Paris,  Rai>îlljr,  1881),  font  le  (iIuk  graod 
faimneur  A  notre  graod  miiftèe  national.  Il  s'y  trouve  en  particulier  une  madone 
i*n  li>rr<!  mile  du  xv*  ».  qui  est  d'un  style  vraiitieul  fai^niïque  cl  qui  Toîl  près- 
«enlir  Mi£li(;I-Ange.  On  peut  dire  <|u'aTec  les  bocnnieft  qui  »onl  aujourd'hui 
Chnrfiti^s  «le  rtos  collections  de  sculpture  et  d'arch^oipe  d»  Louvre,  avec 
MM.  Siislio,  H^ron  <!»'  Villefosse,  Courajod,  etc.,  l'esprit  H:ienlifiqiie  duminr  U 
où  l'on  a  rru  trtqi  Miuvenl  que  le  bon  gnùt  d'un  aiiiiileur  |>ouvait  suUire. 

3.  Rnfierchei  historiées  svr  ta  GTOnde-Ttxurg  près  Metz.  Metz,  Sidol  ;  Pari*. 
Domualin,  IS60. 


408 


BULLRTM    UISTOHIQDB. 


importance  à  ce  qu'il  a  été  possédé  par  plusieurs  persounagoâ  ooiisî- 
(inrables  (Je  Melz,  War>  el  Aiidrouiii  Roucel,  Claude  Baudoche, 
Wiriat  Coppercl,  Henri  de  Poulel  qui  fut  une  des  victimes  de  la 
Terreur.  — M.  l'abbé  PriniBcn  continue  ses  Annales  du  diocrse  de 
Soàsons  (SoIssoDB,  Fevre  UarcjK  Le  4*  volume  contient  le  xiv*  et  le 
IV*  siècle.  M.  l'abbé  Ma^ceacx  a  consacré  trois  forts  volumes  à  Ti/w- 
^oir«  ï/ô /'flô/'aye  ff^  rfwtïV/o^e  rf7/rt«;fi//er«  (Épernay,  Doublai) ,  une  des 
plus  riches  et  des  plus  puissantes  aJ)ba>es  de  Champagne.  MM.  Pécheur 
et  Maiiceaux  sont  des  orudits  très  laborieux  ;  si  leur?;  ouvrages  laissent 
sur  beaucoup  de  points  prise  a  la  critique,  ce  sont  néanmoins  des 
recueils  de  renseignemonts  et  de  documents  dont  nous  devons  leur 
être  reconnaissants.  Tous  deux  d'ailleurs  ont  apporté  à  leur  nîuvre 
un  grand  L>8pril  d'iuiparlialilé  et  de  la  modération.  M.  .Uanceaux  en 
donne  une  preuve  remarquable  en  avouant  que  la  misère  d'une  par- 
tic  de  la  population  d'Ilautvillers  vient  des  habitudes  de  mendicité 
que  leur  onl  données  les  moines  des  derniers  siècles. 

Tevi'S  MoueK:i(Es.  —  M.  diï  Riiuif:  est  un  travailleur  st  exact  et  ai 
lalforieux  qu'on  éprouve  quelque  scrupule  à  lui  adresser  des  critiques 
sur  le  plan  d'après  hïquiîl  il  a  entrepris  son  grand  ouvrage  relatif  à 
Jeanne  d'Albrel.  Nous  ne  pouvons  cependant  nous  emiM'clier  de  trou- 
ver un  vérilable  excès  dans  les  développements  que  donnent  aujour- 
d'hui certains  historiens  à  leurs  ouvrages.  Ils  ne  veulent  rien  perdre 
de  leurs  recherches,  ils  ne  nous  font  pas  grâce  d'un  seul  fait  si  insi- 
.  gnifiant  qu'il  soit  ;  ils  accordent  la  même  attention  à  des  événements 
d'importance  très  diverse  \  ils  transforment  une  œu\Te  narrative  qui 
devrait  être  vivante  et  laisser  dans  l'esprit  une  impression  nette  en 
annales,  où  les  faits,  enregistrés  dans  le  dernier  détail  à  leur  ordre 
chronologique,  s'enchevêtrent  au  point  de  perdre  leur  valeur,  leur 
saveur  et  parfois  môme  leur  sens.  Nous  adressions  récemment  ces 
critiques  a  M.  Uelaborde.  Nous  no  dirions  pas  que  toute  l'œuvre  de 
M.  de  Ruble  mérite  les  mémos  reproches,  mais  c'est  le  cas  pour  plus 
d'un  chapitre.  L'hisUjire  de  Jeanne  d'Albrel  aurait,  oe  nous  semble, 
gagné  à  être  traitée  en  un  ou  deux  volumes.  Le  second  de  ceux  que 
lui  consacre  M.  de  Ruble  ^  ne  nous  conduit  que  jusqu'à  la  mort 
d'Henri  11,  ce  qui  nous  en  promet  bien  encore  trois  ou  quatre  pour 
arriver  à  1572.  Cette  criliqu^^  faite,  disons  que  M.  de  Ruble  mérite  la 
reconnaissance  des  historiens  pour  l'étendue  et  la  nouveauté  des 
recherches  auxquelles  il  s'est  lirré  dans  les  archives  espagnoles  et 
dans  nos  Archivas  nafinnaies.  Le  récit  des  négociations  d'Antoine  de 
Bourbon  avec  Gharles-Ouinl  et  Philippe  II,  de  1550  à  1557,  et  de 


t.  Àniùine  de  Bourbon  6l  Jeanne  d^AlVret,  1.  I.  Puris,  Labitte,  1881. 


nu<MX. 


409 


celles  qui  Turent  reprises  en  4558-1559  par  l'intermédiaire  de  Gam- 
boa,  conLienl  une  foule  de  dclails  nouveaux  sur  les  iolrigues  aux- 
quelles le  duc  de  Vendôme  se  livra  pour  recouvrer  la  Navarre^  el 
nous  inonlre  au  vif  ce  mélange  de  duplicité  el  do  crédulité,  d'ambi- 
lion  et  d'indécision  qui  le  caractérisent.  Le  chapitre  IV  sur  le  com- 
mencement de  la  Réforme  en  fiêarn  el  en  Guyenne  est  rempli  égale* 
ment  de  précieux  renseignements;  le  volume  se  termine  par  un  récit 
très  circonstancié  et  en  partie  nouveau  de  la  mort  d'iJenri  11.  Si  M.  de 
Uul>Ie  est  souvent  accablé  par  la  masse  des  détails  qu'il  veut  faire 
entrer  dans  son  récit,  il  a  du  moins  le  mérite  de  ne  pas  le  surcliarger 
de  longues  citations  de  documents  inédits  comme  Ta  (hit  M.  Dela- 
Iwrde  dam»  son  Coliguy.  Il  n'avance  rien  qui  ne  soit  appuyé  sur  un 
texte  indiqué  en  note,  souvent  il  emprunte  au  documenl  les  termes 
mêmes  dans  lesquels  il  rapporte  le  fait  :  mais  il  est  1res  sobre  de 
reproductions  de  documents  m  extenso  et  rejette  en  appendice  pn;sque 
tous  ceux  qu'il  a  cru  utile  de  faire  connaître.  Louons  aussi  l'esprit 
d'Impartialité  dans  lequel  le  livre  est  écrit,  impartialité  poussée  sou- 
veal  jusqu'à  la  froideur,  mais  qui  n^xclut  pourtant  pas  la  sympathie 
pour  les  nobles  caractères,  à  quelque  parti  qu'ils  appartiennent  *. 

U  en  est  un  peu  de  Louis  XIV  comme  de  Napoléon.  Chaque  élude 
nouvelle  sur  le  caractère  de  l'homme  et  du  souverain  diminue  le 
prestige  que  la  gloire  el  tes  adulations  avaient  contribué  a  créer.  Plus 
on  examine  leur  vie  inlime,  plus  on  pénètre  dans  leur  cœur,  plus  on 
y  trouve  d'é^oisme,  de  légèreté,  disons  mieux,  de  ha:ïseâse  et  même 
de  cruauté.  Rien  de  plus  accablant  jwur  la  mémoire  du  tjrand  Roi, 
ol  nous  pourrions  ajouter,  du  grand  siècle,  que  le  livre  de  M.  Liia 
sur  ÏJtuise  de  la  VutUère  et  la  jeunesse  dt  hiuisXtV  (Plonl.  M.  Lair 
était  surtout  connu  jusqu'ici  comme  médiéviste  et  on  le  dirait  occupe 
de  la  lâche  difficile  de  préparer  une  édition  critique  de  Guillaume  de 


I.  Malgré  cette  impartialité  je  ne  troure  {Mu  toajoors  die2  M.  de  Rablc,  si 
bien  infonnè  dn  rhone»  el  de»  hommes  du  xvi*  s.,  nti  juste  Sfîriliin<>iil  de  crk 
homtiifè  et  de  ces  choses.  Dire  de  Marguerite  Ai-  ValtMit  »  <)u'clle  lient  la  pre- 
mière |ilari'  parmi  rr*  gt^nèreux  esprit»  que  Uossiiet  approuve  d'avoir  voulu 
purifier  I  Kgliseunn  rompre  ruQil«D(X,3J),  c'est  Taire  uu  routrf-seos  hi«tori<|Uu. 
JamAÏA  RosHtiet  n'aurait  approuvé  l'amie  do  Lef^Tre  d'Ëlapks  et  de  GéranJ 
Jtùu^tiel  -,  el  je  «toute  que  Tamie  de  Uarol  nul  lM!auroup  giuUè  li;  ^raiid  êvi^iue 
de  Meaui,  le  persécuteur  de«  pauvres  proteftlanla  de  sondiooèfte.  CaMn  et  Bn^- 
fliet  soal  plus  prèa  l'un  de  l'autre  que  Bosauet  et  Har|i;uerile.  ~  Cîlouft  encore 
OU  pMaage  dont  la  rédaction  fait  un  peu  sourire  (p.  'i^^)  :  n  Le  prince  de  Beam, 
Ag^  de  moimdeciAq  ans,  écrivit  U  lettre  suivante.  A'oiu  n'altrihuoni  pas  la 
rédaction  de  cette  pièce  intérestante  à  l'Uiustrc  enfant  qui  tu  tigna,  iaai«  il 
phit  n^aiimoin«  de  reproduire  un  documeut  qui  est  la  première  roanirefttation 
oflicielle  du  patriotisme  du  plus  grand  de  nos  rois  1  » 


410 


aoiX 


iflvfôRiQm. 


Jumiôges,  lorsque  toul  à  coup  il  nous  a  surpris,  el  agréablement 
siu"pri3,  avec  ce  gros  volume  sur  le  xtii"  s.,  qui  esl  eu  réalitc  touU; 
une  histoire  des  amours  de  Louis  XIV  jusqu'au  triomphe  de  la  Mon- 
Lospan.  On  trouvera  peut-être  que  M.  Lair  a  apporte  un  zèled'ôrudil 
trop  minutieux  à  tlélerniiner  toutes  les  dates,  à  noter  tous  les  dfilaUà 
de  CCS  aventures  amoureuses  qui,  par  leur  nature  même,  échappent 
à  Phistoire  pour  tomber  dans  le  domaine  de  la  raédisanoe  et  du  com* 
mérage.  Ce  n'est  point  notre  sentiment.  Il  était  bon  qu'un  esprit 
vraiment  critique  dê^'af.'oâl  la  vérité  de  cet  amas  d'anecdotes,  dont 
beaucoup  sont  apocryphes  el  presque  toutes  pleines  d  anachronismes, 
et  montrât  comment  s'était  formé,  ou  plutôt  s'était  déformé  le  coeur 
d'un  prince  que  la  nature  et  l'éducation  n'avaient  point  fait  tendre  et 
que  la  toule-puissance  rendit  égoïste  et  sensuel  jusqu'à  l'atrocité. 
M.  Lair  a  dû  adoucir  plus  d'un  Irait  de  son  tableau,  glisser  sur  plus 
d'un  épisode;  car  une  im.i^e  exacte  des  mœurs  do  la  cnur  de  Louis  \IV 
ne  serait  ni  acceptée  par  le  |)ublic  délicat  ni  peul-étrc  tolérée  par  les 
tribunaux  ;  mais  ce  qu'il  nous  dit  suflitâ  montrer  cette  cour  tellequVJte 
fut,  c'est-à-diro  une  des  plus  corrompues  qu'ait  vues  la  Franco,  cl  où 
le  vice  était  accru  (t'bypocrisie.  Pour  la  première  fois  l'histuirode  La 
Vallière  câl  dépouillée  de  la  légende  qui  t'a  poétisée,  avec  la  vuljj^ire 
promptitude  de  la  chuli*.  le  rapide  abandon  dii  la  [pauvre  fUle  séduite, 
la  longue  expiation  dans  la  domesticité  déshonorante  de  la  Moatespan. 
La  sinœriCé,  le  désintéressement  et  surtout  la  pénitence  consorvenl 
à  Louise  de  La  Vallière  son  charme  mélancolique  ;  mais  Louis  XIV 
qui,  après  avoir  fait  d'elle  sa  maîtresse  en  juillet  iti&i,  courait,  déâ 
le  printemps  de  ^  062,  les  gouttières  du  château  de  Saint-Germain 
pour  pénétrer  chez  les  filles  d'honneur  de  la  reine,  peutdifDcUcmeal 
passer  pour  avoir  éprouvé,  même  une  fois,  un  amour  sincère,  dévoué 
oL  profond.  Utie  foule  do  personnages  secondaires  du  récit  do  M.  Lair 
reçoivent  en  passant  une  vive  lumière,  Guiche,  Lauzun,  .M'""  Hen- 
riette, l'honnête  et  niaise  Marie-Thérèse,  le  docile  Colberl,  humble 
domcslique  des  amours  royales,  M™*  de  Monlausîer,  qui  se  sert  de 
son  renom  de  vertu  pour  mieux  s'entremettre  au  service  des  passions 
de  Louis  XIV  '.  Le  jugement  sur  Louis  XfV^  et  sa  cour  qui  s'imposa 
à  nous  après  la  lecture  du  livre  de  M.  Lair  est  d'autant  plus  sévère 
que  l'auteur  [iii-itiéme  est  un  admirateur  du  grand  siècle  el  qu'il  est 
plutôt  indulgent  pour  Louis  XIV.  Les  faits  parlent  assez  haut. 


1.  M.  Lair  a  donné  en  apr>entticc  la  première  édition  correcte  4es  lettn»  de 

Lh  ViiUit^.rf!  ail  inaréclial  (Ip  Rnllr-rundr^.  Ajntttons  r|up.  Mns  traiter  i  fond  laïques- 
tion  de  1  cTupoL^oDiieineiit  àe  H""  Henriette,  il  monlri'  que  les  prè&oiuplionft 
re&teai  Ir^t  forte»  et  que  les  arguments  sur  lesquels  s'appuie  l'bypoth^e  d'ans 
inori  iialurellu  «ont  loin  d'avoir  lu  valeur  qu'on  leur  aUribue. 


knct. 


AU 


M.  le  comte  de  LiTt;ir.  à  qui  nous  devons  déjà  un  bon  livre  sur  les 
assemblées  el  l'adminlâlralion  provinciale-  en  Fraiirt',  vient  do  fairp 
paraître  une  excellente  étude  sur  les  Origines  dupom^oir  ministëriet 
en  France.  Les  secrétaires  d'État  depuis  leur  institution  jusqu'à  la 
mort  de  Louis  XV  (Société  Libliugraphique'i.  Ce  Lravail  tj'és  cons- 
ciencieux, appujé  à  la  fois  sur  les  docuiuenUi  des  arcliives  el  sur  les 
mémoires  eonlemporainâ»  retrace  toute  l'histoire  des  sccretaires 
d'Ëtat  et  éctaircit  la  question  si  délicalc  du  roncUonnemeut  des 
Conseils  du  roi.  Rien  n'&^l  moins  connu  que  l'hisloirc  adminiâlrative 
de  l'ancieu  régime,  rien  n'est  plus  nécessaire  a  connaître  pour  com- 
prendre l'hisloire  politique.  Nos  livres  d'histoire,  même  ceux  qui 
sont  consacré!^  aux  iiislitutions,  founnillenl  «l'errrurs  sur  Uiul  ce  qui 
touche  à  l'admiuiatratiun  «t  ils  sont  en  général  à  cet  égard  a  la  fois 
vagues  et  inexacts.  Bien  que  H.  de  Luça>  ail  négligé  quelques  points 
qu'il  aurait  dû  èclaircir,  en  particulier  la  question  rie  siivoir  ijuand  a 
paru  le  Litre  de  Ministre  d'État  el  ce  qu'il  si^'niliail,  bien  qu'il  laisse 
de  côté  la  période  de  ^74-1 789  qu'il  croit  à  tort  suflisamment 
étudiée»  il  n'en  a  pas  moins  écrit  un  li^TC  précieux,  nourri  de  faits, 
que  devront  lire  avec  soin  tous  ceux  (|ui  voudront  connaître  com- 
ment fonctionnait  lu  [Hiuvoir  rojai  aux  deux  derniers  siècles.  Ils  y 
trouveront  exiiosé  avec  la  plus  grande  précision,  pour  la  première 
fois,  le  mécanisme  de  l'aUmiaislration  centrale.  Nous  voudrions  voir 
se  multiplier  les  travaux  sur  l'histoire  des  institutions.  Nous  no 
comprenons  pas  que  nos  archivistes,  qui  ont  tous  les  matériaux  entre 
les  mains,  nn  se  fa.sscrU  |)as  un  point  d'honneur  d'enlrepn^ndre  ces 
travaux.  Sans  doute  s'ils  ne  s'y  intéressent  pas,  cela  vieui  en  partie 
do  ce  qu'a  l'École  des  chartes  on  concentre  trop  exclusivemcnl  leur 
pspriL  sur  lo  mo}en  âge.  Pourtant  les  archives  qu'ils  doivent  classer 
et  inventorier  sont  surtout  des  archives  modernes.  Nous  espérons 
qu'aujourd'hui,  où  le  cours  sur  l'histoire  des  institutions  est  iwusso 
Jusqu'en  1813,  on  encouragera  les  élèves  â  choisir  comme  sujets  de 
thèse  des  questions  d'histoire  administrative  des  xvi',  ivn'  et  XTnr*s. 
Ce  serait  un  grand  bien  pour  l'histoire,  pour  les  archives  et  pour  les 
archivistes. 

Est-il  possible  d'arriver  en  histoire  â  des  jugements  vraiment 
équitables  ?  La  postérité  peut-elle  se  faire  une  idée  et  une  image  juste 
des  événements  passés,  surtout  des  époques  de  révolution  et  de 
troubles  ?  On  est  parfois  tenté  d'en  douter.  Quand  on  est  trop  près 
d'une  époque,  on  en  partage  les  passions  ;  quand  on  en  est  trop  loin, 
on  ne  les  comprend  plus.  Ce  qui  se  passe  aujourd'hui  pour  la  Révo- 
lution est  tait  pour  décourager  ceux  qui  espéraient  que  le  jour 
approchait  où  l'on  pourrait  prononcer  sur  cette  grande  crise  un  Juge- 


443 


SULLCTI?!  BISTORTQrB. 


menl  impartial  et  comprendre,  sans  Ich  partager,  les  sentiments  qui 
en  ont  affité  les  acteurs.  Chaque  jour  nous  apporte  des  ouvrafteaj 
nouveaux,  des  documents  nouveaux  sur  la  période  révolulionnairp  : 
nous  apiirenons  â  en  connaître  les  moindres  détails  ;  nous  en  suivons 
les  péripéLio^s  jusque  dans  les  moindres  villes  de  province,  ci  pour- 
tant il  nt'  me  sembla  pas  que  nous  connaissions  beaucoup  mieux  la 
psychologie  de  la  natinîi  fran^-aise  à  cette  époque,  que  l'irritant  pro- 
blème posé  à  notre  esprit  ol  à  notre  conscience  par  ces  hommes  si 
grands  et  sî  mesquins,  si  héroïques  et  si  criminels,  soit  près  d'être 
résolu»  que  l'accord  soit  près  de  se  Taire  entre  les  hommes  de  bonne 
foi  et  de  bon  sens  sur  le  jugement  à  porter  sur  eux.  L'ouvrage  de 
lUichelel  re-ile  enrx)re  à  mes  yeux  celui  qui  Tait  le  mieux  comprendre 
ce  qu'a  été  la  Révolution.  On  peut  y  reprendre  plus  d'une  inexacti- 
tude et  plus  d'une  exaii'éralton,  dilTérer  de  lui  dans  ses  appréciations 
sur  les  hommes  de  la  Révolution,  mais  seul  il  donne  la  vive  impres- 
sion de  la  /lèvre  universelle  dans  laquelle  on  vécut  de  89  à  95,  fièvre 
d'enthousiasme,  fièvre  de  crime.  ïlêvre  de  peur,  de  ce  mélange  de 
ftireur  et  d'altendrissemcint,  de  féroces  égoismcs  et  de  dévouements 
sublimes,  de  déclamation  et  de  m&le  simplicité,  de  grandes  idées  et 
niaises  chimères,  de*  vertus  les  plus  désintéressées  et  des  passions 
les  plus  viles.  Je  ne  connais  pas  rie  lecture  plus  entraînante  ni  plus 
douloureuse,  qui  f^sse  mieux  aimer  ce  qu'il  y  eut  de  généreux  cl 
d'héroïque  dans  la  RcvoluHon,  ni  mieux  détester  ses  c/)Iés  hideux  et 
stupides,  qui  donne  plus  la  terreur  de  la  Terreur.  Les  récils  les  plus 
violemment  hostiles  font  une  impression  moindre.  On  vous  montre 
de  purs  st^élérats  dont  vous  vous  sentez  séparé  par  un  ablmt^-,  vous  les 
condamnez  sans  être  ému,  vous  croyez  que  rien  de  serahliilile  ne  [wurrai  t 
se  reproduire  ;  mais  quand  avec  Micbelet  on  ast  e<mporlé  parce  tour* 
billon,  qu.'ind  on  voit  cetlp  progression  fatale  d'octobre  89  à  juin  92, 
du  10  août  au  3  septembre,  du  21  janvier  au  2  juin  93,  de  prairial 
à  thermidor,  quand  on  se  sent  pris  dans  les  dents  de  cet  horrible 
engrenage,  on  se  demande  avec  terreur  :  Qu'aurais-je  fait,  si  j'avais 
été  là  ?  aurais-je  su  éviter  la  lâcheté  des  uns,  la  férocité  des  nutres? 
Car  ce  grand  résurrccteur  du  passé  vous  rend  tour  à  tour  lâcbcavec 
la  plaiup.  atroce  avec  Saint-Just,  héroïque  avec  Hoche  et  Marceau. 
La  Révulutiun  vous  apparaît  vivante,  réelle,  imminente,  il  semble 
qu'elle  va  rretimmencer  demain.  Quod  Di  otntn  avertant  f  Relisez 
Michelet  dans  le  Précis  de  la  lUvoUtion  française  (Marpon  et  Oela- 
grave)  (|ue  vient  de  publier  M'""  Michelet,  et  où  les  sept  volumes  de  la 
grande  hisloir*^  ont  éle  réduits  avec  une  habileté  et  une  exactitude 
merveilleuse:*  en  un  seul  volume,  vous  retrouverez  cette  impression 
peut-être  plus  puissante  encore.  Nous  voudrions  voir  celivre  dans  les 


FIlIfCE. 


443 


mains  de  tous  les  jeuneâ  gens.  Le  momenl  de  la  critique  viendra 
ensuite  ;  mais  ils  garderaient  au  fond  du  cœur  l'impression  inou- 
bliable du  tragique  enfîintement  de  la  France  contemporaine. 

Aujourd'hui,  c'est  la  critique  qui  l'emporte;  et  ce  sont  les  côtés 
négatifs  ou  sombres  de  la  Révolution  que  les  historiens  paraissent 
surtout  disposés  à  faire  ressortir.  A  un  certain  point  de  vue,  nous 
sommes  disposés  à  nous  en  féliciter,  car  il  est  bon  que  notre  démo- 
cratie voie  à  quels  dangers,  à  quels  désordres,  à  quelles  catastrophes 
conduit  la  désorganisation  des  pouvoirs  publics  et  la  domination  des 
minorilC:>  violentes  décorée  du  nom  de  souverain(;t''>  populaire.  Mais, 
au  nom  de  t*é()uilé  historique,  nous  protestons  contre  uup  tendance 
qui  méconnall  ta  vraie  ps}'cho]ogiu  de  l'époque  révolutionnaire.  iNous 
n'adressons  pas  ce  reproche  à  M.  \VAr.i.o:v,  qui  avance  rapitlement 
dans  son  Histoire  du  Tribunai  Révolutionnaire  de  Paris  (Hachette), 
car  il  se  borne  a  analyser  une  à  une  les  atfaires  soumises  au  terrible 
tribunal,  et  il  n'y  a  pas  a.ssurément  de  circoiislauces  atlénuanles  a 
présenter  en  faveur  de  cet  odieux  instrument  de  tyrannie  dont  la  pro- 
cédure était  ta  négation  même  de  la  jusUcu.  Les  volumes  Ul  et  IV 
qui  viennent  de  paraître  contiennent  les  pluâ  intéressantes  parmi 
les  causes  célèbres  de  la  Révolution  ;  relies  des  lléberlistes,  des  Dan- 
tonistes,  de  M""  Elisabeth,  la  cunspiration  des  prisons,  etc.  Ce  cons- 
ciencieux dépouillement  des  cartons  des  archives  n'apporte  aucun 
élément  nouveau  d'appréciation  sur  les  événements  ni  sur  les 
hommes  de  la  Révolution  ,  mais  il  met  au  jour  un  certain  nombre 
de  documenta  curieux,  des  traits  inédits.  Si  M.  Wallon  échappe 
au  reproche  de  partialité  |)ar  la  nature  même  de  son  œuvre,  nous  ne 
pouvons  en  dire  autant  de  plusieurs  autres  ouvrages  qui  viennent  de 
paraître.  M.  Victor  Pif.kre,  dans  un  livre^  intéressant  d'ailleurs,  sur 
i'École U)us la  Hétolution  françaûie  \?>(K\êléhlb\i0irni\ih'u\UK],  montre 
bien  l'impuissance  de  la  Révolution  à  répandre  l'instruction  primaire 
dans  les  campagnes,  mais  ne  rend  pas  justice  aux  idées,  aux  inten- 
tions et  aux  eiforts  des  révolutionnaires,  intentions  que  leurs  héri- 
tiers réalisent  aujourd'hui.  —  Le  l)aron  de  Lajre  a  entrepris  de 
continuer  avec  les  notes  laissées  par  M.  MoRTivKH-TEh^ivx/V/Mftnre 
de  ta  Terreur  (Levy),  suspendue  au  septième  volume.  Le  huitième, 
qui  vient  de  paraître,  s'étend  du  2  juin  au  27  octobre  4703.  U  est 
consacré  â  rélabUsscmeut  de  U  Constitution  de  1793,  â  l'organi»a- 
tion  du  système  terroriste,  aux  commencements  de  la  guerre  de 
Vendée.  Il  est  loin  d'olTrir  le  même  intérêt  que  les  précédents,  bien 
qa'il  soit  écrit  avec  calme  et  avec  clarté  et  qu'il  uoua  apporte 
quelques  documents  nouveaux  sur  la  résistance  des  Girondins  en 
pruv'moe  et  sur  la  Vendée.  Le  quatrième  volume  du  grand  ouvrage 


4U  Bri.LBn^  msToiiiQni. 

de  M.  SciODT  sur  V Histoire  de  ta  comtilution  civile  du  ct*rgé  (Didot). 
bien  qu'il  renferme  une  foule  de  renseignements  inédils  Urés  des 
archives  nationales,  ne  nous  semble  pas  aussi  approfondi  que  les, 
prnmlenls.  Il  t'ondensc  on  un  seul  volume  la  longue  période  qui  ' 
s'étond  de  la  Hn  de  4793  au  Concile  national  de  1804  -,  cl  surtout  il 
est  écrit  d'un  bout  à  l'autre  sur  In  ton  violent  d'un  pamphlet. 

L'ouvrage  de  M.  TiisE  doit  être  mis  à  part  parmi  tous  ceux  qui 
sont  consacrés  à  la  Révolution,  non  seulement  parce  qu'il  est  dû  à 
un  des  penseurs  et  des  écrivains  les  plus  puissants  do  notre  temps, 
mais  aussi  à  cause  du  point  de  vue  auquel  il  se  place.  Il  ne  faïl  pas 
UHR  histoire  de  la  Rmilution,  il  cherche  dans  l'histoire  de  la  Révo- 
lulïon  les  Origines  de  ta  France  contemporaine.  Après  avoir  montré 
dans  son  premier  volumeà  quel  |ioinl  Vancien  régime  était  oppressif 
et  vermoulu,  il  a  analysé  dans  le  second  tes  raisons  pour  lesqut!lles  la 
Consliluante,  en  supprimant  toute  la  force  et  toute  la  cohésion  du  pou- 
voir exécutif  cl  en  remettant  ta  puissance  publique  au  peuple  même, 
aboutit  a  Vanarchïe.   Dans  le  (roisièmc  volume  qu'il  nous  donne 
aujourd'hui,  il  décrit  la  Conquête  jacobine  (llachetle),  c'est-à-dire  le 
système  par  lequel  une  mluorité  violente  a  imposé  sa  volonté  à  la 
France  lout    entière.    Il  est  impossible   de  décrire  avec  plus  do 
vigueur,  danaljser  avec  plus  de  netteté  que  ne  la  fait  M.  Taine,  les 
fautes,  les  crimes  du  parti  révolutionnaire,  et  l'étal  d'oppression  et 
de  terreur  dans  lequ(!l  il  a  W.uu  la  natiun  eiiLiêre.  Il  a  accumulé  une 
masse  de  faits,  nouveaux  {Hjur  la  plupart,  appuyés  par  de:«  textes 
précis,  qui  nous  font  coonajtro  l'élal  des  esprits  et  la  vie  quotidienne 
dans  la  France  entière.  11  a  disséqué  dans  un  chapitre  d'une  rare 
vit'UBur  les  défauts  de  l'esprit  jacobin  \  il  a  mis  à  nu  la  faiblesse  des 
Girondins  qui  ont  poussé  à  la  guerre  étrangère  par  haine  de  la 
royauté  vX  qui  ont  été  les  premières  victimes  de  sa  chute  ;  il  a  enfin 
terminé  son  volume  par  une  des  pages  les  plus  éloquenles  qu'ail 
jamais  inspirées  l'héroïsme  des  années  révolutionnaires.  Et  cependant, 
je  dois  l'avoutT,  jusqu'ici,  si  Je  vois  bien  dans  le  livre  de  M.  Taine  co 
que  la  Révolution  a  eu  dfi  funeste,  comment  les  ruines  qu'elle  a  faites 
ont  préparé  la  France  aux  fléaux  du  despotisme  et  de  la  centralisa- 
tion excessive,  je  n'y  vois  pas  les  résultats  positifs,  sociaux  et  poli- 
tiques qui   l'ont   fait  aimer  jusqu'à  la  passion  du  peuple  même 
quelle  a  fait  tant  souffrir,  qui  ont  étendu  son  influence  sur  l'Kuropc 
entière,  ni  les  grandes  idées  qu'elle  a  proclamées  et  répandues  et 
qui  triomphent  partout  aujourd'hui,  ni  même  la  vraie  uature  des 
scntimRnts  et  des  idées  des  hommes  de  la  Révolution.  Je  n'y  trouve 
ni  uni;  philosophie,  ni  une  psycliologie  D^mplele  de  la  Révolution, 
mais  seulement  des  |>oint3  de  vue  partiellement  vrais,  exprimésavec 


FBA^fCe. 


415 


une  rare  énergie.  En  prononçant  plus  haul  le  mot  système^  j'ai 
indiqué  le  vice  capital  des  théories  de  M.  Taine.  Il  représente  la  con- 
quête jacobine  comme  le  fruil  d'un  plan  précunçu,  froidement 
accompli  par  une  poignée  de  scélérats^  el  méconnaît  tout  ce  qu'il  y 
eut  de  spontané,  de  fatal,  de  complexe  dans  cet  événement,  où  pour- 
tant la  direction  du  mouvemenl  ne  reste  pas  six  mois  de  suite  dans 
les  mêmes  mains,  où  roémeT  à  vrai  dire,  les  hommes  ne  sont  rien,  el 
la  logique  des  (ails  et  des  idées,  tout.  I^.e  qu'il  y  a  d'exclusif  dans  les 
théories  de  M.  Taine  le  conduit  a  une  série  de  contradictions. 
Dans  son  second  volume,  il  n'a  montré  que  les  IHutes,  les  erreurs,  il 
a  dépeint  la  France  comme  déjà  (omt>ée  aux  mains  de  la  populace,  il  a 
foil  un  tableau  si  ridicule  de  la  prise  de  la  Bastille,  des  fédérnllous, 
des  séances  de  la  Constituante,  que  l'on  n*a  |)as  pu  croire  qu'aucun 
homme  sensé  ait  éprouvé  la  moindre  sympathie  pour  une  révolution  à 
la  fois  aussi  hideuse  et  aus.si  grotesque.  ;  el  i>ourUmt  dans  le  troisième 
volume  il  nous  nionlro  une  foule  d'hommes  honnêtes,  intelligents, 
appartenant  aux  classes  les  plus  cuitivées,  qui,  après  avoir  partagé 
l'enthousiasme  de  89  et  de  90,  ou  se  retirent  et  se  cachent,  ou  émi- 
grent  à  leur  tour,  ou  tombent  victimes  de  la  Terreur.  Us  tombent 
victimes,  et  pourtant  Ils  ne  cessent  pas  d'admirer  et  d'aimer  celle 
Révolution  qui  les  tue;  étrange  phénomène  que  M.  Taine  n'explique 
jMis.  Unonsdémoritreaussiquelesëlpcttonspourlal>ê.gislativedevaicnt 
n'amener  â  l'a^senihlee  que  de:^  hommes  sans  valeur,  sortis  des  der> 
niers  rangs  de  la  société  ;  il  peint  les  Girondins  suus  les  couleurs  les 
plus  défavorables  ;  et  ces  raême^  hommes  devicnueul  pour  lui  sous 
la  l^unvenlion  les  représentant'^  de  la  classe  aisée  et  éclairée,  des 
hommes  honnéles  el  soosés.  ËnGu  il  trouve  que  la  France  héroïque 
des  armées  console  des  crimes  de  la  France  scélérate  des  clubs  ;  il 
oublie  que  c'est  la  même  bien  souvent  ^  que  plus  d'un  des  conven- 
tionnels, dont  les  motions  à  la  Iribune  nous  paraissent  à  la  fois 
ineptes  et  atroces,  a  été  à  la  n'ontière  la  plus  pure  incarnation  du 
{tatriotiâme,  <pie,  dans  ces  Âmes  troublées,  le  bien  et  le  mal,  ta  cupi- 
dité et  le  désintéressement,  l'amour  de  la  liberté  et  rinstinct  du  des* 
potisme  se  trouvaient  mêlés  et  unis.  Il  supprime  tout  ce  qui  explique 
les  violences  :  les  conspirations  réelles  des  nobicâ  \  les  intrigues  do 


t.  Sor  ces  coospiraUom  doat  les  mémoires  et  Im  corrcspoadaores  Ja  temps 
do  la  Etérointion  aouâ  parlent  sâns  cesM,  mai»  qui  resteat  aMcz  obscures, 
U.  E.  Dauobt  vifiit  i)h  [iiiblier  un  volume  du  plu»  vif  ialcrti  -.  Uigtoire  des 
coHipiratiom  royaiùtes  du  Midi  soiu  la  Révoluiion  (17110-1793),  consacré  au 
camp  du  Jali>s,  à  la  iMiispiratiuii  de  Saîllan.^  rt  k  rinrturrerliiMi  du  Charrier 
dans  l'AvejToa.  —  M.  Daudcl  a  mis  au  jour  dans  uu  récit  des  plus  éiuuavanls 
des  failA  presque  inconnus.  Od  peut  dire  «lu'il  a  révél<^  tout  ua  c^té  i^nori 


4f6 


BtrUBTfX   BISTOaiQUK. 


la  cour  el  du  clergé,  les  ogrussions  de  rétrftnger-,  il  ne  moatrc  pas 
que  la  crainte  consUntc  de  perdre  les  flruita  de  la  HévoluUoD 
sunixcjiail  les  cerveaux  jusqu'à  ta  folie. 

M.  Taine  simplifie  la  psychologie  des  Jacobiiiit  comme  les  Jacobins 
simpliftaienl  la  société,  il  lu  simplifie  en  la  mutilant.  «  Ajoutez  donc 
le  hien  .1  côté  du  inni.  (>„s  sceptiques  cmyalent  à  la  vérité  prouvée  et 
ne  voulaient  fiu'elle  pour  maîtresse.  Ces  logiciens  no  fondaient  la 
société  que  sur  la  justice,   et  risquaient  leur  vie  plutôt  que   de 
renoncer  h  un  théorème  établi.  Ces  épicuriens  emtfrassaient  dans 
leurs  sympathies  l'humanité  tout  entière.  Ces  furieux,  ces  ouvriers, 
ces  Jacques  sans  pain,  sans  habita,  se  battaient  à  la  frontière  pour 
des  inlérél^  humanitaires  et  des  principes  abslraitâ.  La  gèiiérosîté  et 
l'iMithousiasme   oui   abondé    ici...    lis  sont  dévoués   à   la  vérité 
abstraite...  Ils  ont  suivi  la  philosophie...  Ils  ont  eu  pour  but  le  salut 
universel...  Ils  ont  combattu  le  mal  dans  la  société...  ils  ont  été 
généreux.  Us  ont  eu  un  héroïsme  sympathique,  sociable,  prompt  à 
la  propagande,  et  qui  a  réformé  IKurope'.  »  —  Oui  a  écrit  ces  lignes? 
C'est  M.  Taiue\  parlant  de  Carlyle  dans  un  passage  où  il  semble 
jilacer  les  révolutionnaires  franoaià  au-dessus  des  puritains  anglais. 
Il  y  avait  peut-élre  quelque  exagération  dans  son  point  de  vue 
d'alors  ;  mais  n'êtait-il  pas  plus  près  de  la  vérité  qu'aujourd'hui  où 
il  ne  voit  dans  la  foi  des  révolutionnaires  aux  idées  abstraites  et 
absolues  qu'une  sorte  de  maladie  de  l'esprit  et  du  cœur?  M.  Taine  a 
euw>re  restreint  la  portée  de  son  œuvre  par  la  préface  placée  en  tête 
du  troisième  volume.  La  conclusion  qu'il  tire  de  ses  études  sur  la 
Révolution,  c'est  qn«  la  politii]ut!  e.st  cliose  complexe  et  doit  être 
cunOéc  à  des  gcn.s  instruits  et  expérimenlés.   Une  époque  aussi 
troublée  que  la  Révolution  ne  me  parait  rien  prouver  à  cet  égard, 
à  supposer    (]ue   l'idée   soit  juste  en  elle  -  mémo.    II  y   a  bien 
d'autre.s  leçons  à  tirer  des  Livres  mêmes  de  M.  Taine,  des  leçons  plus 
profondes  et  plus  neuves.  M.  Taine  a  montré,  mieux  que  personne 
ne  l'avait  Hut  avant  lui,  le  danger  des  idées  les  plus  nobles  tomtuint 
dans  dns  ccrv&iux  mal  prèpai'és,  Tirripossibilité  de  IransfurmiT  tine 
société  par  des  procédés  radicaux  au  nom  de  principes  àpriort,  la 
nécessité  de  certaines  forces  coercitives  dans  un  étal  pour  em|>êcber 
les  bêtes  fauves  qui  sont  dans  le  cœur  de  l'homme  de  se  déchaîner, 
rimmense  disproportion  entre  les  aspirations  de  l'homme  et  ce  qu'il 
est  capable  de  réaliser;  enfin  et  surtout  il  a  mis  admirablement  en 
lumière  les  défauts  du  caractère  IVancaîs  :  la  faiblesse  des  hommes 


de  la  Révolution  en  prciTintic.  M.  D.iudet  Jans  m  préface  parte  avec  raifton  de 
son  ittijiarlijIJté.  Nous  ne  l'avons  Jiimais  trouvée  co  défaut. 
1.  IJiit.  de  la  litt.  angl.,  IV,  p.  'âHb. 


riit;HrK. 


417 


modércâ  qui,  aux  premiers  dcbuires,  se  découragent  et  se  rulirûiil  do 
l'aclion,  l'aveuglemenl  des  partis  conservateurs  qui  poussent  à  la 
violence  dans  l'espoir  d'une  réaclion,  l'instinct  despjjtique  qui  natl 
chf^z  les  Franr;ai5  lic  leur  foi  dans  ta  vcirilé.  absolue  dp  leurs  idi^  cl 
de  leurs  princi|>e5.  Voila  quelques*uDS  despoinisde  vuequi  donnent 
à  l'ouvr:i|j;e  de  M.  Taîne  son  puissant  intérél.  c(  son  nlllili''  st>cijik'. 

Ce  qui  fâit  par  contre  la  faiblessr  du  liTn-  de  M.  TaJne,  c'est 
d'avoir  voulu,  à  la  suite  de  M.  Morlimer-Ternaux,  identifier  la 
période  de  la  Consliluante  avec  celle  de  la  Terreur,  à  ce  point  que 
3on  troisième  volume  semble  presque  une  ré^wlition  du  second  ; 
d'avoir  été  insensible  à  «  ces  temps  de  jeunesse,  d'enthousiasme,  de 
fierté,  de  passions  généreuses  cl  sincères,  dont,  malgré  des  erreurs, 
les  hommes  conser\'eront  éleruellement  la  mémoire,  et  qui,  pendant 
longtemps  encore,  troubleront  le  sommeil  de  tous  «ux  qui  voudront 
les  corrompre  et  les  as8er\'ir  '.  »  —  «i  Quelque  vittlenls  qu'aient  été 
lescoupsde  la  Révolution,  écrivait  M""*  de  Rémusat  en  1805,  quelques 
plaie»  (|u'L*lle  ait  ouvertes,  et  quelque  (race  douloureuse  qu'elle  ail 
laissée  de  son  passage,  je  crois  que  toute  cette  cpo<{uc  imposera  à  la 
postérité,  et  qu'elle  reculera  et  élèvera  encore  la  gloire  du  nom  Fran- 
çais. >  Si  M"*  de  Rémusat,  dont  la  fbniille  avait  été  cependant  si 
durement  Trappée  par  la  Révolution,  disait  cela,  mais  tout  bas  et  à 
son  mari  seul  à  une  ét>oque  où  l'un  n'aurait  pu  sans  danger  parler 
«iDsi  tout  haut,  c'e>:t  que  la  grandeur  bienfaisante  de  la  Hérolution 
remporte  sur  tous  ses  erimiîs. 

On  éprouvera  cette  mémo  impression  en  lisant  les  lettres  de  M.  de 
Staël  Holstein,  publiées  gvar  M.  Lboczof  Le  Ikc^.  Ces  lettres,  qui 
s'étendent  de  ns3àfov.  1792,  nous  montrent  un  speclateur  étranger, 
évidemment  impartial  par  situation  comme  par  caractère,  qui  note 
jour  par  jour  le  mouvement  des  esprits,  rendant  hommage  aux 
nobles  sentiments  qui  inspitont  la  Constituante,  l'enthousiasme  excité 
par  les  réformes,  et  puis  aussi  les  fautes  accumulées  [>ar  1^  roi,  la 
noblesse,  le  clergé,  les  Constituants  eux-mêmes,  précipitant  le  cours 
de  la  Révolution,  do  jour  en  jour  plus  violente  et  plus  désordonnée*. 
—  M.  Léouzon  Le  Duc  ajoute  à  ces  IcUres  celles  qu'écrivit  en  I7'.ï9 
U.  de  Rrii]knian.  Bien  que  ce;  dernier  fftl  un  e8i)rit  moins  fin  et  moins 
clainoyanl  que  M.  de  Staël,  le  récit  des  préjmratifs  du  in  brumaire 


1.  ToeqDCTille,  l'Ancien  r^^me  et  ta  Réfolution,  p.  tu. 

?.  Correspondance  diplomatique  du  baron  de  Slaêt  Hotitein,  ambassadeur 
de  suède  n»  fronce  *(  de  urn  succesieur  comme  chargr  d'affaires,  le  baron 
Brinkman.  Documents  indlit«  itur  l«  RêToluUon,  1783-1799,  rfcueîllU  atu 
arcJuves  royales  Je  .Suède  Pt  (lubliétt  a  ver  une  iaIrndnrUun,  Parin,  Mai'liPtl?,  IR$1. 

3.  Oa  reni.)rquerii  les  ju(;etnCiiU  de  M.  de  Sla«l  sur  Vergennea.  lls^ualenU^ 
rement  d'accurd  avrr  reui  qu'a  émi»  îri  luÊine  iL  Tratr.tieTaky. 

Rbv.  UiSTOa.  XVI.  2«  pas*;.  27 


\tii 


BrLLSTin   ll»TOai<}CB. 


ot  iJe  rétablissoraenL  du  consulat  ronne  un  épilogue  piquant  aux 
lellres  qui  décrivaient  les  premières  phases  de  la  Bévolulion. 

Ce  sont  aussi  les  premiers  inomenLs  d'enthou^osnitt  el  de  foi  que 
nous  retrouvons  dans  tes  dtH^umenls  publiés  parM.  R.  Rbuss*  et  qui 
nous  offrent  à  la  fois  le  tableau  des  évéacmonts  qui  se  passent 
à  l*uris  et  de  ceux  qui  se  passent  à  Strasbourg.  Les  lettres  des 
députés  el  des  magistrats  de  StrastH)urg  sont  des  lémoigna^'es  éma- 
nant d'hommes  hoauétes,  modérés,  sincères,  et  ont  à  ce  titre  une 
haute  valeur.  Noos  souhaiterions  que  M.  Reuss  put  continuer  ce 
recueil  qui  nous  donnerait,  au  jour  le  jour,  la  vie  de  Strasbourg  pen* 
dant  la  Hévoiutjon.  L'essai  de  M.  SBiMceiiaiBr  sur  Strasbourg  pen- 
dant la  Bévolulion  (Berger-Levraulll  pourrait  alors  être  repris  avec 
des  informations  plus  complètes  et  plus  précises.  Tel  qu'il  est  néan- 
muias,  il  se  lit  avec  un  vil'  intérèL  et  fait  comprendre  (ce  qui  reste 
obscur  après  la  lecture  du  livre  deM.  Taine),  comment  l'Alsace,  bien 
que  Ica  passions  rêTolulionnaires  y  aient  été  moins  violentes  qu'ail- 
leurs, n  est  devenue  passioiuiéraent  française  que  ^râce  à  la  Révo- 
lution. On  re^'retleche/.  M.  Âcinguerlet  mi  parti  pris  d'indulgeoce  à 
l'égard  deâ  révolutionnaires  qui  fait  perdre  à  ses  personnages  beau- 
coup de  leur  originalité. 

Le  livre  de  M.  Duval  Joitve  sur  Montpellif.r  pendant  la  Hivolution 
(Mouti)eilier,  C.  (iouiet.  2  v.  în-12]  est  écrit  à  un  point  de  vue  bieu 
plus  partial  encore.  On  y  trouvera  néanmoins  des  documents  inté- 
ressants, mais  mis  en  œuvre  avec  peu  d'habilelé.  L'histoire  générale 
vient  trop  souvent  s'y  mêler  à  l'histoire  provinciale. 

Signalons  en  terminant  un  1res  curieux  chapitre  de  l'hisloiro  de 
Nantes  pendant  la  Révolution  :  Le  samcuioffe  J.  J.  GouUin^ 
membre  du  Comité  révolutionnaire  de  Nantes,  nw-nui.  (NantoSi 
Vincent  ii'orûst  et  E.  Grimaud.  Paris.  Champion,  JttSO.)  L'auteur, 
M.  Lii.LtË,  a  montré  dans  celte  élude  les  mêmes  qualités  que  dans 
celle  qu'il  a  consacrée  aux  iNoyades.  La  Qgure  de  Goullin,  trè-s  digue 
d'être  placée  â  côté  de  celles  de  Carrier,  avait  déjà  été  esquissée  par 
Micbelel;  M.  Lallié  Ta  peinte  dans  toute  sa  laideur  dans  un  portrait 
dont  nul  ne  contestera  la  vérilé.  Ci.  Mo'toD. 


1.  L'Alsace  pendant  Ut  finolutiott  franfatie.  Corrupondance  desdépaUa  de 
Strasbourtt  A  l'Afijieniblffî  niitinnalc  (178'.^.  Doriiment»  Uréx  des  archivas  de 
iitrasbourg.  Paris,  Mschbactier,  1881.  —  Nous  devona  encore  A  U.  B.  Reass 
deui  bnu-tiures  intéreMantes  :  StUtffmann  Alexandre  oh  tes  jyibviationt  d'ttn 
israelite  ilrnibourgeoU  pendani  la  Terreur.  Strasbourg,  Trpoltel  el  VVQrU. 
lâSO,  vl  une  notici'  e^ur  l'Œucre  de  bienfaisance  pour  les  pauvres  honteus, 
t780-lâ80,  publiée  à  roccasion  da  c«ul«iiaire  de  TmiTre. 


'ILLEHACXB. 


MO 


ALLEMAGNE. 


TUTAtn   RBUTirS   A    L  HISTOIRE  CRKCQtTK. 

Fouilles,  monuments  H  inscriptions.  —  Dans  le  cours  des  années 
dernières,  la  scienre  allemande  a  e,ssajp  d'étendre  notre  c<>n naissance 
de  l'organisation  politique  et  de  la  civilisalion  de  l'ancienne  Grèce 
par  l'interprétation  des  rtréouvertcs  faites  sur  quatre  points  princi- 
paux :  à  Ol^nipieconuneà  Samulbmce,  à  Pergame  comme  en  Troade, 
cet  essai  a  hnliammpnL  réussi.  L'ex[>édition  de  Samothrace,  entreprise 
I>ar  Al.  Conze,  Al.  Ilauser  et  0.  Beondorf  sous  les  auspices  du 
ministère  de  l'instruction  publique  autrichien  ',  avait  à  continuer  les 
recherches  de  \  S75.  Grâce  à  des  ressources  très  considérables,  ces 
savants  ont  réussi  à  exbumer  les  fondations  d'un  temple  qui  était 
consacré  au  culte  primitif  des  dieux  cbthonicns,  les  Cabires.  Ce  culte 
ÎVkl  implanté  dans  lUc  aux  temps  préhistoriques  par  les  Pélasges  de 
la  Thrace  et,  à  partir  du  r  s.  a?.  J.-(l.^  se  pro[)aj;ea  rapidement  en 
Occident  aussi  bien  qu'en  Asie-Mineure.  Les  fuuilles  de  Samutlirace 
n*ont  pas  seulement  mis  à  notre  disposition  une  foule  de  monuments 
intéressants  au  point  de  vue  de  l'art,  ils  ont  encore  augmenté,  quoique 
dans  une  mesure  moins  considérable,  les  docunïcnls  épigraphiqucs 
déjà  connus.  —  Les  fouilles  d'Olvmpie  entreprises  aux  frais  du  gou- 
vernemcnl  allemand  *,  après  avoir  mis  au  jour  en  ^B7!l  eten  4kko  un 
nombre  considénible  de  constructions,  de  i)ronzps,  de  lerres-cuites,  de 
sculptures,  de  monnaies  et  d'inscriptions,  approchent  maintenant  de 
leur  terme.  Au  commencement  de  ^880  le  nombre  des  anciennes 
monnaies  découvertes,  qui  avait  atteint  l'année  précédente  le  chilTre 
de  <370,  s'élevait  à  3035,  le  nombre  des  inscriptions  s'était  élevé  de 
429  k  696.  Kurtwaengler,  Kirchbolf,  Treu,  Dittenlwrger  cl  d'autres 
ont  publié  en  IS79  et  \H%Q^A&n^V Archxoiogische Zeitung k\m\  ^v^\\. 
par  les  soins  de  Tlnslitul  arcbéolofçique  de  l'empire  d'Allemagne,  le 
texte  et  le  mmmentaire  d'in.scriplions  dont  une  partie  présente  aussi 
de  l'importance  pour  l'histoire  romaine. 

Les  fouilles  entreprises  par  le  ministère  des  cultes  de  Prusse  dans 
le  terrain  du  Tacropole  de  l'ancienne   ville  ro)'ale  de   Pergame^ 

I.  ire\u  arrkaolngisthe  Vntêrguehunoen  auf  samo^hmie.  Aasuief&hrt...  tou 
Al.  Conxf,  Ata.  Iljiuiier,  o.  nrnndurf.  Wrm,  1830. 

?,  Die  AHxgrabunijenz.»  (itifmjHa,  tV.  Vdmnidtt  der  Arbeilen  und  f'iinde 
vom  Winter  u>ut  f'riihjohr  I87H-?J.  Hrsg.  t.  E.  Curliuii,  P.  Adlw  u.  G.  Treu 
Berlin.  1»60. 

3.  Die  t'TgeUniise  der  Attsgrabungen  su  Ptrgamon.  Vorlaulimer  Derichl  too 


420  BDLtETIX   BISTOBIQtIB. 

(aujourd'hui  Bergama]  ne  le  cèdeal  guère  en  importance  a  celles 
d'Olympie.  Dirigées  par  l'ingénieur  Humann  qui,  comme  on  sait,  en 
a  pris  l'initiative,  elles  ont  conduit  à  la  découverte  d'un  autel  gigan- 
lûS(|ue  en  marbre,  compté  par  Ampelius  {lib.  ment.,  VTII,  M)  parmi 
les  merveilles  du  monde.  cL  de  la  t'iynntomacInR  qui  le  décorait.  On 
a  réussi  ensuite  à  mettre  au  jour  le  gymnase  qui  se  trouvait  dans  la 
capitale  des  Altolidcs,  ainsi  qu'un  temple  consacré  à  Auguste  d'une 
maguificcnci!  extraordinaire.  Les  iiLscripUons  grecques  qui  ont  été 
exhumées,  au  nombre  de  150  environ,  ont  été  publiées  et  commen- 
tées par  Gonze  et  LoUing.  —  Heinrich  Scbiicmaon',  aux  services 
signalés  duquel  les  antiquaires  commencent  seidemenl  à  rendre  pleine 
justice,  a  continué  ses  IbuilJes  à  Hissarlik,  dans  la  plaine  de  Troie,  et, 
avec  l'assistance  du  prof.  Vircliow,  de  Kerlin,  et  Km.  Burnouf,  de 
Paris,  mené  â  boimc  fin  ses  éludes  sur  la  topographie  Irnieiine. 
Schliemann  ne  compte  pas  moins  de  sept  villes  diiïérentes,  enfouies 
sous  cette  colline  après  s'éti*e  succède  dan.s  le  cours  des    siècles. 
Tandis  que  la  plus  ancienne  ne  se  composait  que  de  mai.son8  de 
Limon  et  de  bois  et  que  ses  liabitaDls  ignoraient  presque  enlièremenl 
les  instruments  et  les  armes  de  pierre,  les  maisons  de  ctdie  qui  la 
remplaça  immédiatement  étaient  construites  on  pierres  cimenti^es  avec 
de  la  terre  glaise  ;  ses  liabitanls  ne  possédaient  ni  or,  ni  argent,  ni 
bronze,  mais  ils  faisaient  usage  d'armes  et  d'ustensiles  de  pierre. 
l>a  troisième  ville,  ensevelie  a  une  profondeur  de  23  à  33  pieds, 
a  été  exhumée  par  Schliemann  avec  son  mur  d'enceinle  complet, 
ses  portes,   son  palais  royal,  et  est  considérée  par  lui  comme 
rilion  d'Homère.  A  l'appui  de  celte  opinion  il  invoque  sa  richesse 
extraordinaire  en  métaux  précieux  et  en  objets  d'art   de  toute 
espèce  et  ceLIe  circonstance  significative  qu'elle  semble  avoir  été 
lirusquemeiit  envahie  et  mise  au  pillage  par  l'ennemi  :  les  maisons 
construites  en  briques  ont  été  réduites  en  cendre  par  un  violent 
incendie  et  parmi  leurs  débris  (disent  des  squeleUes  avec  les  casques 
en  tète  et  les  lances  au  côté.  —  R.  Viiuiuow  ^  a  décrit  minutieuse* 


A.  Conze.  C.  Uamaon,  R.  Bohn,  U.  Stiller,  G.  Lolling  und  O.  Rtscbdorfl*.  Ber- 
lin, 1880  ( Sépara t-Abtlruck  aas  ileni  Jahrbucb  tlcr  Kg),  preiuaitchcn  Kuoat- 
saramluiigen.  1  Bd.). 

t.  lUoi,  Stadt  ufid  Land  des  Trojaaer.  Forschiuften  a.  EnldecJtgn.  in  dcr 
Truas  u.  be&OQdcrs  auf  der  Baustelle  vimTroJn.  Mlteincr  Selb«lbiogriptiîe  dea 
Verf.  e.  Yorrede  t.  K.  Virchow  u.  Deilrag«n  \on  P.  ABtlierftoa,  H.  Brugscb- 
Boy,  E.  Burnouf.  K.  Calvert.  A.  J.  Duflleld,  J.  P.  Matiaffy.  Hu  Huiler,  P.  Po»- 
(olacca;!,  A.  H.  Sayce  u.  R.  Vircliow.  Leipïlg,  t88I. 

2.  BeiUxge  zur  LaniUikunde  der  Trotu.  Abhundlungen  derKgl,  Akademit 
der  WiSKHicimfien  :u  Beriin.  Aus  dem  Jnbre  ItîTO.  Berlin.  lltâO.  —  Tr^ja  und 


iU.KMtC^e. 


(21 


menl  les  particularilos  relatives  à  la  mer,  à  la  lerre,  aux  nionlauiies, 
à  la  plaine,  aux  fleuves  et  aux  sources  dans  la  Troade,  eu  tenant 
loi^ours  compte  des  indications  topo^raphiqiics  de  riliade.  La  flore 
et  la  faune  du  pays,  comme  les  occupations,  le  genre  de  vie,  les 
traits  caractéristiques  de.s  habitants  ne  diflérent  presque  pas  aujour- 
d'hui des  descriptions  d'Homère.  Sur  la  riueslion  topographique,  A'ir- 
chow  s'accorde  complètement  avec  Schlicraann  et  s'efTorfc  déublrr, 
notamment  par  des  recherches  géologi4|uesT  que  le  Mendereh  actuel 
est  le  même  que  le  Scamandre  d'Homère,  qui  a  chanf^é  son  ancien  lit 
en  partie  ensablé,  en  partie  rempli  d'eau  de  mer.  pour  un  nouveau. 

L'Institut  archéologique  allemand  d'.\lhènes  a  déployé  aussi  une 
grande  activité.  11  a  dirigé  des  Touilles  dans  le  tombeau  à  roupole  de 
Menidi  '  et  le  temple  d'Athénée  à  Tégée.  Les  Mittheilungcn  desàeul- 
achen  arckœol.  Instilufes  in  Athen  (Jahrg.  v.  (880)  ont  rendu  compte 
de  l'activité  des  membres  de  Tlnstitut,  dont  l'intérêt  se  porte  notam- 
ment sur  raiieiennp  lopo^'raphie  de  la  Grèce  et  les  anciens  actes  et 
documents  de  t'Attiquo.  Quant  aux  textes  et  aux  commentaires  d'ins- 
criptions grecques  Insérés  dans  les  recueils  philologiques  de  rAlte- 
magne.  tels  que  Vttermes  iHd.  XV,  48S0)  et  le  /ïhdRùches  muséum 
fur  Philologie  (Bd.  XXXV,  48«0),  la  Revue  historique  en  a  déjà 
rendu  suffisamment  compte. 

Recherches  sur  Vautorité  et  les  sources  des  écrivains  tjrecs.  —  Les 
sources  écrites  que  nous  possédons  sur  l'histoire  grecque  primitive 
se  sont  beaucoup  enrichies  par  deux  fragments  d'un  papyrus  égyp- 
tien du  musée  royal  égyptien  de  Berlin,  l'es  fragments,  qui  con- 
tiennent l'histoire  de  l'ancienne  constitution  athénienne  jusqu'à 
ThémisloeJe,  ont  été  pour  la  première  fois  mis  au  jour  par  Blass 
[Itermcs  XV,  1880,  S.  373  et  suîv.),  qui  a  cru  y  retrouver  des  par- 
ties du  40*  livre  des  Philippika  de  Tliéoprunpe  ;  mais,  comme  BerjA 
t'a  déraontrti  [Rheinisc/ies  muséum  fur  Philologie  XXXVI,  4  884, 
S.  87-4 4 S),  ce  papyrus  nous  a  plutôt  conserve  les  restes  inestimables 
de  la  raXtTita  'AOTt;vau.)v  (l'Ari^ti)le.  On  s'est  beaucoup  occupé  des 
sources  de  la  bibliothèque  historique  de  Diodore,  qui.  mieux  que  tout 
autre  ouvrai^c  do  l'antiquité,  nous  donne  une  idée  de  la  méthode 
d'après  laquelle  les  anciens  faisaient  usagi-  des  soumis  et  nous  initie 
aux  procédés  de  composition  de  l'hisLoriographie  antique  qui  nous 
paraissent  si  étranges.  Krall  a  démontré  que  les  Ai-p:r:iaxàet  l'iEfi 


der  Burgberg  von  Jllssarlik.  Deutsche  Rundichau.  Bd.  XXll,  &.  26-40.  Berûn, 
1880. 

1.  /Mi  Kuppf-lgrab  bei  MrnUli.  Uritj;.  vom  deulsclieii  «rclueologisrh«ii  Inft- 
tllule  in  Ath«D.  Atbfa,  1880. 


^22 


KLLBTIII    HISTORIQUE. 


^(r/.o;  <Ie  Alani'lhon  Formenl  la  source  principale  du  I"  livre  de 
Uiodore'  ;  mais  Uiodure  ne  s'esL  pas  cunLeiilê  de  c«lLe  auLorité  cl  il  a 
fûiKlu  les  li.sLes  de  rois  ruurnie.s  par  Manéthon  avec  [es  gf*npjlogitt 
d'Hérodote,  à  l'aide  d'intcrcalations  empruntées  à  d'autres  auteurs, 
de  façon  à  faire  un  ensemble  bigarré  et  impossible.  L'analyse  du 
3*  livre  de  Oiodore,  par  G.  Scii?îEii>t;n  *,  a  montré  que  oel  bistoriea 
s'était  servi,  pour  le  chap.  2  et  les  chap.  suivants,  d'Arlemîdoros,  et 
pour  les  chap.  <2-4*t  d'A^atharchides.  Les  recht'rches  de  Schneider 
aboutisâeiU  à  une  conclusion  1res  défavorable  sur  la  méthode  critique 
de  Diodore  :  dans  les  parties  étudiées  par  Schneider,  Oiodore  ne  suit 
jamais  qu'une  autorité,  qu'il  copie  mol  pour  mol  sans  jamais  U 
compléter  ni  la  contrôler.  Les  rechei*cliesdeG.-F.  U:<I(;kii  sur  la  ciiro- 
uologÎKdu  même historiuns'accurdeut avec eejugemeut.  H'apréslui^, 
Dlodorc  a  agi  avec  la  chronologie,  c'est-à-dire  pour  la  Gxatioo  du 
commencement  de  l'année,  comme  avec  les  faits  historiques  :  il  a 
eniprauLo  sa  chronologie  aux  âouroes  dont  il  se  servait  pc>ur  les  dif- 
férentes parties  de  son  ouvrage  sans  tenir  compte  deîf  coutradi citons 
qui  en  résultaient,  sans  se  donner  la  peine  d'adapter  ces  différeals 
styles  au  sien,  c'est-à-dire  au  style  alliquc.  C'est  précisément  grâce 
à  cette  négligence  de  Diodore  qu'Un^^r  a  pu  découvrir  les  sources  de 
plusieurs  parties  de  sun  œuvre  et  établir  notamment  qu'il  s'était  servi 
tour  à  tour,  pour  l'histoire  de  l'époiiue  des  successeurs  d'AJcutaudre. 
de  Jérôme  de  Gardie  et  de  Uiyilos  d'Alheaes.  —  Ou  lira  avec  le  plus 
grand  intérêt  les  éludes  de  K.  MùiXEn-STRùiraG^  sur  la  tendance  et 
l'auteur  de  l 'AO^aïuv  toXîteIï,  que  l'on  a  altrilmè  a  Xénnphon. 
L'ingénieux  auteur  déffloulrc  avec  sa  vigueur  habituelle  le  peu  de 
fondement  de  toutes  les  conjectures  faites  jusqu'ici  sur  ce  sujets  mais 
il  ne  les  remplace  que  |)ar  d'autres  suppositions  purement  subjec- 
tives :  récrit  en  question  serait,  d'après  lui,  le  projet  d'un  discours 
prononcé  dans  un  club  athénien  du  parti  aristocratique  et  tendant  à 
démontrer  rimpos.sibiîité  du  riévclopjKîment  de  ce  parti  par  les  voles 
p:icinques  ;  l'auteur  dt'  ce  projet  a  voulu  m<mtrerque  la  seule  chance 
de  succès  du  parti  repose  dans  un  soulèvement  n  maiu  armé^î  et  dans 
une  franche  alliance  avec  les  Lacéd«niomcng.  Mùller-Slriibing  croit 


I.  Manetho  und  Diodor  iSitiungsherichtt  der  Akademie  tu  Wien.  i^kUtH 
loph.  hislor.  Cltmc.  lia.  90.  1880,  S.  237-284). 

^  Qitilms  ex  fontibtu  peiiofrii  Diodonts  Ubr.  tll,  eapp.  1-18  [Sj/mbotae  toa- 
chimiçx.  Tlu'il.  t.  Bvrliti,  1860,  S.  710-254).  —  Le  même,  J>e  Diodori  fontiàiu 
(llb.  i.-iV}.  Berlio,  IS80. 

3.  Die  Jalirepoche  des  Dtod<rros  [Philoto^ut.  Bd.  39,  !8fiO.  S.  305-32â). 

4.  Die  AtUsche  Mfirift  vom  staat  dtr  Athener  {Philologvs.  Soppleinent- 
band.  IV,  tSAO.S.  t-188). 


ALUMir.XE. 


438 


pouvoir  désigner  avec  uno  grande  vraisemblance  comme  l'auteur 
de  ce  discours,  pronoacé  entre  417  et  4^4.  le  dief  du  parti  oligar- 
chique, Phrjnicbus.  —  La  question  de  savoir  quand  a  été  composée 
l'histoire  deThuc}dide,  question  dont  dépendent  si  étroilunient  la 
valeur  el  l'aulorilédecel  ouvra^,  Tait  roljjeldt*^  travaux  deG.MKtr.K^ 
et  de  P.  KiEL^.  D'après  Mcyer,  Thucydide  a  compilée  l'histoire  des 
années  431-424  peu  après  la  conclusion  de  la  poix  de  Nicias  et  This- 
loire  de  l'expë^Iilion  de  Sicile  avant  l'an  404.  Ces  deux  écrits,  publiés 
séparément,  ont  été  remaniés  par  Thucydide  après  l'is.'^ue  définitive 
de  la  guerre  et  fondus  en  un  seul  ouvrage,  dan^  lequel  il  insérail  encoi*c 
les  parties  omises  antérieurement  d'après  les  matériaux  que  l'auteur 
avait  réunis.  1/opinion  de  Kiel  est  plus  vraisemblable  :  comme  on  ne 
trouve  dans  l'histoire  de  Thucydide  aucun  passafje  indiquant  d'une 
fiiçon  précise  que  la  composition  soit  antérieure  à  la  fin  de  ta  guerre 
du  Péloponèse,  tandis  qu'on  en  trouve  beaucoup  ([ui  suppo^nt  la 
guerre  terminée,  on  peut  affirmer  que  Thucjdide  n'a  commencé  a 
rédiger  son  œu^re  rpj'après  l'an  404  ;  quant  a  la  question  do  savoir 
s'il  eu  avait  préparé  certaines  parliez  auparavant  et  quanti  il  l'aurait 
f^t,  nous  n'avons  aucune  donnée  pour  ia  résoudre.  Le  livre  de  Th. 
Fell^er*  nous  fournildcs  riMiseigncmcnls  trè^  intéressants  sur  la  ft(;on 
dont  Thucydide  a  distribué  et  mis  en  œuvre  la  matière  historique 
qu'il  avait  à  traiter.  L'auteur  dési^uie  avec  raison  le  ti*  livre  de 
Thucydide  comme  «  le  moins  achevé  de  cette  ouvre  iiiaclievée  »  ; 
on  y  itjnconlre  partout  des  matériaux  qui  n'ont  pas  été  mis  en  œuvre, 
des  oontrarlictions  dans  lus  t^iVs  qu'une  révision  nouvelle  aurait  fait 
di.s|iaraitre.  Des  discours  iropurtanis  sont  présentés  sous  la  forme 
indirecte  ou  réduits  à  ({uelques  phraseis  courtes  el  cou{)ces  qu'il  faut 
considérer  probablement  comme  le  canevas  de  di'H:4iur$  réelkmunt 
prononcés.  A  oûlé  de  ce  qu  il  y  a  d'ébauche  dans  la  forme  on  remarque 
dans  le  huitième  livre  tout  entier  ctttto  merveilleuse  clarté  d'exposi- 
Uon,  ce  iroùt  de>  considérations  générales  el  cetle  habileté  extraordi- 
naire pour  faire  des  portraits  qui  n'appartiennent  qu'à  Thucydide. 
Pour  une  grande  partie  du  8*  livre  Thucydide  a  pu  profiter  de  run- 
seignementâ  donnes  par  Alcibiade,  avec  lequel  il  s'est  rencontré  en 


I.  Quitus  temporitfiis  Thucydides  huloriM  avjc  partes  scripserit  (Programni 
iitr  KlMtcnchule  llfeld;.  Nordhausen.  1880. 

'2.  Qho  tetnitore  Thucifdlda  priorem  operis  sus  pariem  compoiuerit.  Hudot. 
lïWO  (DiunrUtiu  GoUingensift}. 

3.  FoTschung  und  llnraieUuntjxrreàsK  d«t  Thulydidrs  gezeigi  an  tiner  Rriiik 
des  achten  ifurftes.  Wieo,  IStkl.  {Vntersuchun'j€n  ans  der  atien  Geschichte. 
lien -2.) 


i%i  lOLLKTIH  UISTOBIQOE. 

Tbrace.  —  Essiuhs  '  s'est  occupé  îles  parties  de  Justin,  qui  trailenl 
de  l'histoire  de  la  Grèce  el  des  Grecs  Hr  Sicile,  J.  Df.i,L!iis  ''  de  la  rtm- 
fiance  qu'il  faut  accorder  à  Theopompi^.  Hdijai'Fel''  a  tente  une 
rcconsUtution  de  l'hisluriograpliie  du  iv**  et  du  r*  siècle,  notamment 
des  œuvres  perdues  dEphorc,  de  Théopompe.  d'Ion,  de  Slesimbrote, 
de  Pliilochoro  cl  de  Phanodeme.  D'après  lui,  Kphore  a  elé  la  source 
principale  de  Diodore  j^ur  les  <l%  ^2'  et  13'  livres  de  rhisloire 
grecque  ;  c'est  seulement  dans  son  ré«it  iJft  la  campa^Tie  des  Athéniens 
contre  Syracuse  (Diod.,  XJII,  2-33}  que  Diodore  s'est  servi  et  d'Kphore 
et  d'une  seconde  source,  qui  est  vraisemblablement  l'hilistos.  On 
arrive  au  même  résultat  pour  Justin  qui,  pour  rbistoire  {grecque 
depuis  les  guorre-s  médiqucs  jusqu'en  H^y,  a  suivi  Ephore  et  eu  même 
lemiia  Thucydide  ;  quant  à  rhisloire  de  la  guerre  de  Syracuse  (415- 
413),  JusUn  (Trogue  Pompée)  l'a  probalilemenl  puisée  dans  Philislos. 
Cornélius  Népos  s'esl  servi  d'Kphorc  pour  les  biographies  de  Thc- 
xniâiocle,  d'Aristide  et  de  l^usiuiias,  et  de  Thèopompe  pour  celles  do 
Cimon,  d'Alcibiade,  de  Théraistoclc  el  d'Aristide.  Enlin  certains  pas- 
sages des  biographies  de  TfaémJâlocle,  do  Cimon,  de  Pèriclès,  de 
Mcias  et  d'Alcibiade,  par  Plulanjue,  peuvent  aussi  être  rajjportés 
Ephore  cl  à  Théopompe.  —  Voi-lbricht  *  a  contrôlé  la  valeur  histo-^ 
rique  de  l'Analiase  di^  Xéuuphon  eu  la  comparant  au\  autres  sources 
relatives  a  l'histuire  des  années  -iOJ  et  ^00,  nulanmient  ;i  Ct^^sias  el 
à  Diodore.  Le  douLe  élevé  par  l'aiiteur  sur  l'exactitude  absolue  du 
récit  de  Xénophon  nous  parait  pleinement  Justifié.  —  Kgehleh'  a 
cckiirci  la  que.^ttioa  de  l'aulorilé  des  historiens  qui  mit  raconté  les 
expetlitiuHs  d'Alexandre.  G^uharo'  a  étudié  les  sources  de  la  biogra- 
phie de  Démoslhène  par  Plutarque.  D'après  Gcbhard,  Plutarque  a 
suivi  presque  conslammpiit  Salyros  en  le  complélanl  par  quclqiies 
renseignements  empruntes  à  Théopompe,  a  Duris,  à  Demetrius 
Magnes,  etc.,  el  par  quelques  passages  des  discours  de  Démoslhène 
et  d'Iiischine. 

OuTHAGEs  (;É»éRAi)x  BT  MO'xor.aAPHiES.  —  Bn  télé  do  cette  section  noua 
signalerions  l'ouvrage  de  Rimkc,  si  la  HevM  ne  lui  avait  rendu  pleine 


1.  Unta-âuchunçen  flfrer  cUe  Qnelten  des  Pompejut  TtOi/us  fSr  tUe  griës»  ^ 
chische  und  sutliache  Getchtchte.  Dorpal.  1881)  (PreiBSTfarifl). 

2.  Zur  Kritik  des  {letchtchLxvhreiOrr.'i  Tiirvpumptts.  Ittnii,  18H(I, 

3.  VHterattctutnyen  Ubrr  die  DarsIeHung  der  grieehisctu^\  Gesehéehle  von 
ISÎt  t*U  413  fwr  Chr.  bri  h'phoros,  Theopomp  u.  a.  Autoren.  LcipzlA-  1S79. 

i.  Z«r  iV'itrdIffunç  und  Erkioerung  vo»  Xénophon  Anabasis.  R«Ubur|;,  1880..  j 
5.  Fine  QiieUenkrUik  sur  GesckidUe  Atfxanders  des  CnuMH  (a  Déodor, 
Curttus  H}ut  Justin.  Leipzig,  1880. 
r>,  De  l'Iutarchi  i»  Di'tnofthfnis  vita  loniibus  ac  fide.  Honactiii,  1880. 


AI.LEHAC^E. 


425 


justice  par  la  plume  d'Arnold  l>chaercr.  Nous  n'avons  pas  la  même 
raison  pour  ne  pas  parler  de  l'histoire  grecque  de  G. -F.  HLRrzsBRr.*, 
déjà  honorablement  connu  par  ses  travaux  antérieurs.  Ses  tableaux 
pleins  di^  vie,  sinon  toujours  sulTisamuient.  fundus,  nivèlent  un  homme 
qui  connaît  son  sujet  à  fond  et  dans  les  détails,  el  font  à  l'hiâtoire  do 
la  philosophie,  de  la  littérature,  des  mœurs  el  de  la  relif^ion  la  place 
qui  leur  est  duc.  L'illustmtion  de  l'ouvra^'c,  qui  consiste  dans  des 
reproductions  des  chefs-d'œuvre  de  la  plastique  et  de  l'arcbilecturo 
antiques  auxquelles  s'ajoutent  des  cartes  et  des  vues  du  pays,  fâl 
excellente,  —  L'ouvrage  dont  nous  avons  maintenant  à  cntrelejiir 
nos  lecteurs  aurait  pu.  sans  dommage  pour  la  science,  rester  dans  le 
portefeuille  de  Tautcur  :  il  n'a  d'une  œuvre  scientinquc  et  impersim- 
nelle  que  l'apparence  ;  en  réalité  il  plie  les  faits  de  l'histoire  univer- 
selle aux  concepUons  baroques  de  la  prévention  personnelle.  L'auteur, 
M.  Julius  Sr.HT«Rcz  ■,  ijui  a  entrepris  une  hi.sLoire  de  la  démocratie  et 
un  exposé  juridique  el  philosophique  de  l'importance  des  ingtitulions 
démocratiques  dans  le  présent  et  dans  l'avenir,  a  commencé  cet 
ouvra^^,  qui  n'aura  pas  moins  de  6  vol.,  par  l'histoire  de  la  démo- 
cratie athénienne,  «[ui  sera  prochainement  terminée.  L'idée  qui  forme 
le  lien  dea  parties  pnrue^s  jusqu'ici  et  <|ui  fait  à  l'ouvrage  comme  une 
enseigne  voyante,  l'idée  à  l'appui  de  laquelle  le  savant  auleur  no  se 
lasse  jamais  de  tracer  de  nouveaux  tableaux,  d'invoquer  de  nouveaux 
exemples,  est  celle-ci  :  Le  peuple  athénien  du  iv*  et  du  V  siècle  n'a 
pas  eu  ces  (jualiU's  morales  et  intellectuelles  que  les  historiens  lui 
ont  attribuées.  Ija  vanité  el  la  cupidité,  Pinconstanœ  et  l'amour  delà 
volupté,  l'intolérance  et  la  cruauté  forment  les  traits  caractéristiques 
de  ce  peuple  au  temps  de  sa  prétendue  grandeur-,  ses  hommes  les 
plus  distingués  ont  été  presijue  Ions  des  intelli^'cnce^  médiocres  en 
même  temps  qu'ils  étaient  souillés  par  dos  vices  de  tout  genre.  En 
un  mot  la  démocratie  athénienne,  à  part  ses  créations  dans  te  domaine 
esUiétique,  n'a  presque  rien  fait  ptmr  la  civilisation.  La  place  nous 
manque  malheureusement  ici  j>our  signaler  el  réfuter  en  détail, 
comme  nous  le  voudrions,  les  attaques  aussi  frivoles  qu'excessives 
de  l'auteur  contre  les  grands  hommes  de  la  race  hellénique,  nolam- 
menl  contre  Péricles,  SnphiKle  el  Deniosttiène.  Nous  devon.s  nnus 
contenter  de  dire  que  quiconque  voudrait  adopter  lu  clironii]ue  scan- 


I.  G«$eMckte  t-Ofi  tlel'as  und  fton.  1  a»ndi>.  Berlin,  18701880  [AUyemeine 
GeschkhU  in  Einzeldorsteltun^en,  henuf^tf,.  von  W  Oni'koa,  Erale  Hau|>l- 
ablhrilung.  :>  Theil). 

?.  i>ie  Demokratie,  Bd.  I.  Ertle  Haifte.  ZweU«  UalRe,  erale  und  zweit4> 
Ablheilnng.  Leiptig,  1977-1880. 


426 


BCLLETin  OISTORIQUE. 


i1aleu3Q  comme  guide  pour  &o  feire  une  idée  des  peuples  civilisés  de 
notre  temps,  scrail  cerlainemenl  amené  à  Iracer  une  caricature  de  la 
société  aciupllp  encore  plus  repou-isanle  que  cellp  que  la  société alhé- 
nionne  présente  danâ  le  livre  de  M.  Schvarcz.  Que  la  »évérilé  de  l'auteur 
puisse  avoir  raison  sur  quelques  points  contre  l'admiration  très  exa- 
gérée des  philologues  allemands  pour  les  Hellènes,  nous  ne  le  cod- 
testons  pas;  mais  un  écrivain  qui  traite  Thucydide  d'ignoranl  el 
d'esprit  borne.  Uémostliène  de  lâche,  de  havard  égoïste  elde  traître. 
Sophocle  de  vieillard  déijauché  admirateur  de  la  pédérastie,  et  qui 
se  Qatte  d'arriver  ainsi  >  par  ta  méthode  inducUvc  «  à  réfuter  on 
qu'on  a  dit  fie  la  valeur  intellectuelle  de  la  république  athénienne,  un 
tel  écrivain  prouve  simplement  par  de  pareilles  fantaisies  la  valeur 
exagérée  qu'il  accorde  aux  caquets  des  comédies  satiriques,  aux  dis- 
cours parlementaires  passionnes  et  aux  articles  de  journaux,  si  peu 
propres  à  faire  comprendre  la  vio  intime  d'un  peuple.  Si  les  Allié- 
nien.s  furent  nn  grand  peuple,  ce  n'est  pas  t.'ml  à  cause  des  noms 
fameux  qui  brillent  dans  leur  histoire  qu'a  cause  des  idées  exprimées 
par  leur  litCcrature,  leurs  arts  plastiques  et  leur  philosophie,  idées  qui 
ont  dirigé  le  monde  antique  et  exercé  é^'alcmcnl  une  iulluence  iacal- 
culablu  sur  le  développement  intellectuel  des  temps  modernes.  Vou- 
loir représenter  ces  grandes  idées  comme  celles  d'un  peuple  d'une 
intelligence  médiocre,  souillé  par  des  vices  contre  nature,  est  un  blas- 
phème insensé  qui  se  condamne lui-Diêrau.  —  L'ouvrage d  Alexandre 
KucoMiRi  est  inspiré  par  uno  tendance  diamétralement  opposée  à 
celle  de  Schvarcz  :  il  a  pour  but  de  jusUnci'  les  républiques  antiques 
des  reproches  qu'on  leur  fait,  il  contribue  à  une  réaction  salutaire 
contre  les  phrases  de  jour  en  jour  plus  répandues  sur  ■  l'absolutisme 
intelligent  ».  11  est  évident  que  l'auteur,  qui,  d'âpre  sa  propre 
déclaration,  s'adresse  au  grand  pubhc,  n'a  pas,  pour  bien  des  détails, 
tenu  compte  des  résultats  des  dernières  recherches,  qu'il  a  fermé  les 
yeux  sur  plus  d'une  imperfection  de  la  démocratie  grecque  et  qu'il 
n'a  pas  toujours  ren<lu  justice  aux  ({ualiléa  personnelles  de  leurs 
adversaires,  les  partisans  do  la  monarchie  ;  l'image  que  l'auteur  nous 
donne  du  déveluppement  pohtiquc  dcsGrecs  n'en  est  pas  moins  fidèle 
dans  son  ensemble,  el  le  ra|)prochement  constant  établi  |>ar  lui  entre 
les  événements  particuliers  et  les  transformations  des  institutions 
politiques,  des  croyances  et  des  mœurs,  distingue  avanlageusoment 
ce  livre  qui  a  encore  le  niérilc  d'être  écrit  avec  beaucoup  de  vivacité. 
Ou  trouve  une  remarquable  contribution  h  l'histoire  du  système 
politique  (lu  Péloponè.se  dans  le  1"  vol.  des  Hecherchet  d'histoire 


\.  Gesctiichte de*  Dethokratu.  Btl.  1.  Alferthum.  linnhir%,  1860. 


ALLEU  âG^E. 


427 


grecque  de  G.  BtrmtT',  dont  Tautciir  a  Tait  surtout  un  complémeul 
de  son  histoire  des  Laoédémoaiens  el  de  leurs  alliés  '.  Le  plus  împor- 
lAiU  des  trois  incmoires  réunis  sous  ce  litre  nous  pamil  <Hre  celui 
ijui  traite  des  rapfiorts  de  Sparte  avec  le  sanctuaire  d'OI^MuiMC  ol  de 
l'origine  de  ta  plus  ancienne  confédératioTi  du  Pcloponèsc.  E.  Curtius 
avait  It^  piremier  oxprimé,  dans  le  tome  I  de  son  histoire  grecque, 
Popinion  que  cplln  non  fédéra  lion  avait  été  une  association  d'États 
politique  el  religieuse  dont  Olympie  était  le  centre  religieux  et  Sparte 
La  capitale  politique  ;  il  avait  maintenu  contre  les  attaques  de  Busoll 
et  ex|K>sê  sous  une  forme  plus  précise  et  avec  oue  argumentation 
plus  forte  sa  première  opinion  dans  un  article  de  VHermn  (vol  XIV, 
1879,  p.  429  et  suiv.).  fiusolt  essaie  de  nouveau  et,  à  notre  avis,  avec 
succès,  de  démontrer  ipjo  cette  hypothèse  est  insoutenable  ;  il  ne 
conteste  pas  seulement  quTJlympie  ail  été  le  sanctuaire  de  la  confé- 
dération Spartiate,  il  met  même  en  question  le  caractère  religieux  de 
cette  confédération  qui,  dès  son  origine,  n'aurait  représenté  que  des 
tendances  purement  politiques.  Si  Sparte  |>rétendil  plu^  tard  avoir 
pris  une  part  prépondérante  a  la  fondation  des  jeux  olympiques,  elle 
avait  pour  cela  de  bonnes  raisons  :  en  se  présenlaut  comme  l'béri- 
lière  léçitime  de  IVlops,  fondateur  présumé  de  ces  jeux,  elle  croyait 
donner  un  nouteau  fondement  à  son  antique  suprématie  sur  le 
Péloponéee.  Le  second  mémoire  s'occupe  de  riiLscription  des  l'^hala- 
driens  récemment  découverte  à  Olympie  a^x  des  rapports  de  la  Pisatide 
avec  l'Elide  après  rauéantissemeni  du  preoiier  de  cesÉUts.  fc)n  dépit 
des  doutes  i^raves  exprimés  par  Curtius,  l'auteur  persiste  ici  encore 
dans  sa  première  opinion,  que  Pisa  a  été  le  nom  d'une  coiïlrëe  el 
d'une  confedéralioii  d'Klals  et  jamais  celui  d'une  ville.  1^  truisiente 
mémoire  est  relatif  à  répoi]ue  de  la  guerre  du  Péloponése,  dont  la 
période  la  plus  obscure,  celle  des  années  42I-41S  avant  J-C,  est  de 
la  pari  de  M.  B.  l'objet  d'une  élude  approfondie.  Il  chercliesurtoutà 
éclaircir  les  dilTérentes  phases  de  la  politique  ar^ienne  qui,  avec  une 
inconslàoce  incompréhen.'^itde,  tantôt  poncliait  i>our  l'aristocratique 
Sfiarte.  tantôt  coquctlait  avec  ta  démocratie  alhéiiieune.  Il  y  avait  du 
reste  peu  de  ville^  du  Péloponése  qui  ne  fussent  le  théâtre  d'une  lutte 
entre  l'oligarchie  et  la  démocratie,  el  la  politique  du  parti  démocra- 
tique voyait  toujours  dans  Sparte  une  ennemie.  Considérée  à  ce  point 
de  vue,  la  bataille  de  Maotinéc  acquiert  une  im[}ortance  extraor- 
dinaire  :  elle  ne  fut  pas  seulement  un  coup  funeste  pour  la  confédé- 
ration argieonc  en  [)articulier.  elle  a.ssura  aussi  pour  longtemps  au 


1.  ForschunçcH  iur  Crirchlschpti  Geichichte.'^cW  I.  Brcslta,  tôfll). 
î.  Ton»?  I.  r.ei|.zig.  1878.  Cf  Revue  hUt.,  XII,  i09. 


42ft  RQLLBTtK  niSTOITOCB. 

parti  oligarchique,  la  prépf>nrlérance  dans  la  confédéralioD  d'ÉtaU  du 
l'i'IopnnRse.  —  B.  N»:«(î  '  a  fait  une  critique  très  acerbe  du  livre  d? 
HusoU  ^ur  les  Lacédémoiiienâ  eL  leurs  alliés  cl  mià  la  critique  en 
garde  d'une  façon  irès  digne  d'allcntion  contre  l'emploi  dos  sources 
de  l'hisloiro  grecque  primitive,  le  plus  souvenl  fort  suspwles.  — 
B.  Stahk'  s'esl  propose  d'éclaircir  les  premières  relations  des  Grecâ 
avec  le  peuple  d'Israël  ;  tandis  i]ue  dans  les  temps  primitifs  le  nom 
do  lavan  désignait  les  Ioniens,  la  Genèse  (10,  4}  comprend  sous  ce 
nom  les  lial)itants  de  Tartessos.  de  Rhodes  et  de  Chypre,  cl  aux 
temps  helléniques  lavan  prit  le  sens  d'Hellènes.  Le  travail  dn  H.  Doii- 
DOHFF^  offre,  des  rerriarrpies  jusles,  sinon  neuves,  sur  la  constituUon 
de  Snlon  et  sur  Ifital  politique,  èeonomique  et  mnral  de  la  république 
alhéiiienne  à  celte  époque.  U.  vox  \ViLiiiowiTz-Moi;LLE\DoiiFr  a  fait 
de  l'hisloire  de  la  constitution  athénienne  depuis  les  guerres  médiques 
jusqu'à  l*èriclt\s  rohjet  d'un  exposé  très  comjjlel  sous  ce  titre  :  Aus 
Kydathtn  *.  Si  bMucnup  des  remarques  de  l'auteur  lui  ont  été  sug- 
gérées uniquement  par  son  goût  pour  les  aperçus  spirilucls,  nous 
trouvons  aussi  dans  son  livre,  pour  nous  indemniser,  des  recJierches 
Faites  d'après  les  sources  sur  l'orjianisatian  militaire  d'Athènes.  Oïa 
est  vrai  surloul  des  excursus  sur  les  stratèges  athéniens,  les  officiers 
subalternes,  les  y pc6papxoi  el  âiti^ntoToi,  et  du  rapprochement  des  ren- 
seignements qui  nous  ont  été  conservés  sur  les  contingents  des 
membres  de  la  confédération  athénienne.  Les  deux  dissertations 
topographiques  :  La  citadelle  et  la  ville  de  Cecrops  jusqu'à  PéricUs 
et  te  marché  de  Cecrops  jusqu'à  Clisthènes  sont  pour  l'histoire 
d'Athènes  d'un  intérêt  secondaire.  Nous  nous  bornerons  à  signaler  le 
mémoire  de  Steup  "  sur  rentrée  des  Grecs  d'Asie,  en  479,  dans  la 
confédération  heHénif|ue  el  l'ouvrage  remarquable  publié  en  1879 
par  0.  Meltzkr'"  sur  l'histoire  des  Carthaginois,  si  étroitement  liée  à 
cette  des  Grecs  de  Sicile,  et  nous  passerons  aux  travaux  consacrés  à 
la  guen-R  du  Péloponêse.  La  hêtr  noire  des  historiens  à  tendance  con- 
servatrice, le  <i  fougueux  démagogue  )>  Oléon,  a  trouvé  dans  Grolc 
d'abord,  plus  récemment  dans  G.  Gilbert,  des  juges  plus  favorables^. 

1.  Kritiscbe  Bemrrhungen  Ufier  die  acUerr  griechische  Gesehickte  uod  ibr« 
Uebcriicfcrung  (Histor.  ZettschriH.  Bd.  XLUl.  M.  ¥.  Bd.  VII.  p.  384-410). 

2.  De  populo  Javan.  Ghua,  IttSO. 

3.  Aphornmen  iur  Beurlheitunç  der  tolonitchen   Verfattung  (Sfmbotae 
Joachtmicae.  Tb.  1.  1880.  S.  101-118]. 

V  PkitoioijLtehe  VnlertuchuHgen.  Hcrniiftfi.  T.  A.  Kieutlng  u.  V.  t.  Wilamn- 
wilz-MiHIrtidnrr.  IlefL.  1.  Rcrlin,  1880. 
h.  ilhfifiitschfs  Htvseum  fur  Philologie.  Bd.35,  1880.  S.  321^35. 

6.  (ieichtcht^ der  Karthager,  Bd.  t.  Berlin,  1879.  

7.  Gf.  Inrllcle  do  N.  Uatolne,  nemte  hi$t.,  VI,  24t. 


!  reconnaissant  à  RiiuixGKH*  d'avoir  entrepris  l'analyse 
l'iixpoâi':  donne  par  Thucydide  de  la  coiiduilA^  et  surluul  des  idées 
polîLiques  exprimées  dans  les  discours  de  Cléon.  Le  résultat  de  celte 
entreprise  est  égalemenl  honorable  pour  tous  deux  :  C]i>ou  a  rempli 
jusqu'à  sa  mort  se5  devoirs  de  nef wiateur  et  de  soldat,  el  Tliurydido 
a  recoQDU  aaoâ  faésiler  les  services  rendus  par  son  adversaire  et  son 
eDDemi.  Bûdinger  complète  la  rehabilitation  de  niéon  en  prouvant 
que  ce  démagogue  a  été  l'ennonii  acharné  de  l,i  débauche,  qu'il  t'avail 
réprimée  el  qu'il  s'esl  distingué  p<ir  des  moîurs  Lré^  sévères.  Il  a  déjà 
élu  question  du  mémoire  de  Puilii-pi'  sur  la  bataille  des  Arginuses, 
on  ne  peut  recouuailre  une  valeur  scîenliûqueà  celui  où  Webeb^  a 
cherché  à  rcprcsenler  le  paiihclléDisme  comme  le  principe  de  la  poli- 
tique aUiéaienoe  depuis  les  guerres  inédiques  jusqu'à  la  domination 
maoédonieune.  —  11  a  paru,  dans  ces  dernières  années,  plusieurs 
mémoires  écrits  ^  cum  ira  et  studio  >  sur  le  Lhéàlre  du  combat  des 
dix  mille  contre  le  peuple  moulagnard  de^  Uritcs,  combat  dont  il 
est  i[uesUon  dans  l'Anabase  de  Xénophon.  (Vcst  à  ce  si\jet  que  se 
rapporte  récril  de  RicuitA*  qui,  s'appu.vajil  sur  une  étude  très 
approfondie  de  lous  les  passais  de  Xénophou  relatifs  à  cet  évéue- 
mcnt  (Anab.  V,  2,  6),  décrit  remplacement  de  la  p-TppiicoXiç  des 
Driles  et  les  opêratioas  dirigées  contre  eux  par  les  Grecs.  —  Les 
recherches  exactes  de  G.  F.  U.igbr  ^  ont  jeté  une  lumière  inallenduc 
sur  l'époque  si  importante  où  le  dernier  grand  homme  do  la  Grèce, 
DémosUiène,  a  disputé  à  Philippe,  par  la  puissance  du  sa  parole, 
l'empire  de  la  Grèce  ;  elles  ont  démontré  en  elTet  que  l'ordre  chrono- 
logique dans  lequel  on  a  rangé  jusqu'ici  les  discours  poUUques  de 
Démosthène  est  cnnlrairc  à  la  vérité,  (le  qu'on  appelle  la  2"  ol}'n- 
lliiemie  a  éle  prononcé,  d'après  la  démonstration  d  Unger,  au  prin- 
temps de  352,  la  4"  en  février  33*.  la  4^  philippiqueen  octobre 351, 
la  3*  olynthienne  en  août  349.  Ce  résultit,  on  le  comprend,  donne  un 
aspect  tout  nouveau  aux  entreprises  de  Philippe  sur  la  Chalcidique.  On 


1.  Kietm  bei  Tkuk^dides  {SilmngsbfrtchU  der  Kaiirrlichen  Akademie  der 
Wisaenschafltn  in  Wien.  PkiUuop/ûtch-tmtorûche  Classe.  Bd.  96,  3.  3G7-1I3, 
wieo,  idSû). 

3.  Die  ArginuseH-Schiacht  und  dos  Pt^ihlsma  des  KannoROS  {Rkeimiacha 
Muséum  fur  f'hilologie.  Ud.  3.i,  1880,  S.  (î07  o.  f.). 

3.  Die  nationuie  Politik  der  Athener.  ZàU,  1880. 

4.  Atte*  Hiid  neues  lur  Expédition  Xanophons  in  das  Gtbiet  der  Drilen. 
AUenbarg,  1880. 

5.  Zeitfolge  der  vier  ertten  demosthenisdien  liedea.  (Sitiugsberichie  der 
^téloêopkisch'phMoçiKhea  und  historuehen  Ciasse  der  k.  bagerischen  AkO' 
dtmie  der  WissenscHaften,  Ikt.  t-3,  I&80,  ».  273-3Î9.) 


À 


430 


BCLLETTI  HTSTOtlgOB. 


sait  rnainl^iiant  que  la  soumission  de  toute  la  cTtle  oocîdenlalede  la  CbaJ* 
ddique  élailaccomplieà  la  (inde  la  première  guerre  olynlhienne.en  95< . 
el  qu'Olynlbe  était  tombée  dans  la  dépeudance  de  la  Macétluine  en  ce 
sens  qu'elle  devait  s'obli^'er  [)ar  traité  à  avoir  les  mêmes  amis  et  les 
mômes  ennemis  que  Philippe.  l^tt«  dcpendanco  forcée  fut  le  motif 
pour  lequel  les  Olynlhiens,  dans  les  négociations  qu'ils  entamèrent 
jHïu  de  temps  après  avec  les  Alhêinens  à  l'insu  du  roi,  cherchérenl  à 
pous^ser  ceux-ci  à  la  guerre,  en  quoi  Ils  furent  chaleurcuâomL'iiiaidéf 
par  Démosthène.  La  première  philippique  a  provoqué  l'envoi  de 
Charidèmc  avec  dix  vaisseaux  de  gu«rre  vides  el  cinq  talents,  Uindis 
que  l'envoi  de  cînquanle  lilreme.s  sur  la  côte  de  Macédoine,  n'eut  pas 
lieu  par  suite  de  la  lélliargie  habituelle  des  Athe.nieus.  —  Le  dernier 
vol.  do  la  remarquable  histoire  de  l'éloquence  attique  de  F.  Blàss' 
s'occupe  de  l'activité  des  amis  et  des  adversaires  de  Démosthèues.  C0^ 
sont  surtoul  Hyperidos,  Lycurj,'ue,  Eschine,  Deraadc  el  Dinarque, 
donl  l'auteur  a  mis  dans  tout  sou  jour  l'importance  aus^i  bien  dans 
l'histoire  de  la  guerre  gréco- macédonien  ne  que  dans  la  littérature. 
—  C.  Drœck='  a  donné  une  hio^rraphie  pleine  de  mérite  du  financier 
et  homme  d'État  Lycurgue.  —  Le.-;  recherchos  d'A.  Ton  Sillet'  sur 
les  dynasties  grecques  de  la  Bactriaiie  et  des  Indes,  presque  cnliére- 
menl  tbiidées  sur  des  dorutncnis  numismatiques.  nous  Iransportenlj 
au  temps  dos  successeurs  d'Alexandre,  ainsi  que  le  travail  de  NuBt- 
DEKB  *  sur  la  dérivation  du  nom  d'Atropatene  ;  le  savant  orientaliste 
a  prouvé  que  le  satrape  persan  Atroi)ate.'^,  d'abord  l'un  des  généraux 
les  plui  distingués  de  Darius,  puis  partisan  et  salrapu  d'Alexandre, 
enfin  subordonné  au  satrape  de  Médîe,  Pithon,  s'était  affranchi  vers 
320  de  celte  dépendance  et  avait  donné  le  nom  d'Atropatene  à  la 
petite  Médit!. 

Tuviiix  SUR  LE  iinoir  ccblic  kt  pbitiî.  —  L'année  dernière,  Usener 
[CkronologiseM  Beitr.rge,  Rhein.  Mus.  Bd.  34,  S.  388-44i|  elUngcr j 
{P/iiloloffus  Bd.  3S.  S.  423-302)  ont  essayé,  ch;icun  de  leur  cfité,  del 
se  servir  des  nombreux  psephismes  athéniens  trouve^s  pendant  les 
dix  dernières  années  pour  reconstituer  le  système  clu-onologique 


1.  Die  attiichâ  BeredsamkeU.  III  Abtb.  2  Absctin  :  DemostheHes  «Tenaun 
itW  Veyftar.  L<>ipzig,  lli80. 

'1.  De  Lycurgo  Atheniensi  pecuniarum  pubOcurum  adméntttnttore,  Hindac, 
XiSiiQ  (UitiMrUIiu  Boiitieiii^is]. 

i.  Die  .Ytichfotifer  Àlexanders  das  Grossen  in  Baktrien  tind  Indien.  Berlin» 
1879. 

4.  Aîropatene  (ZeitseMfl  der  deulnhen  MorgenUendischen  GtieltKhafU 
Bd.  34, 1880,  S.  692,  und  folg.). 


ftUBiite?rE. 


m 


intercataire  athénien  ;  dans  un  nouveau  travail,  Uuckh'  apporta  de 
nouveaux  arguments  en  Taveur  do  l'opinion  qu'il  ^'est  f^ile  sur  cett^? 
question  et  qui  diffère  sensiblement  de  celle  d'Usener;  Unger  main- 
tient que  le  cycle  intercaJain^  de  dix-neuf  ans,  I"  T.wEsiixtSoLZTif  (ç 
avait  déjà  remplacé,  dans  la  périude  comprise  entre  346  cl  323 
avant  J.-O.,  le  cycle  intercalaire  de  huit  ans,  tandis  qu'Usener  avait 
assigné  à  cette  sul}Stitution  l'an  312.  Ad.  REDScn  '  s'est  occupé  des 
jours  consacrés  aux  assemblées  populaires  régulières  ;  J.  H.  Lirsms* 
a  cherché  À  établir  que  le  calendrier  athénien  avait  subi  l'inlluence 
de  l'oracle  et  de  l'amphictiouie  de  Delphes.  Il  a  conclu  avec  raison, 
d'un  document  publié  dans  le  Bulletin  de  eorrespondanee  KeUéftiqve, 
IV,  p.  225  et  suiv.,  que  c'était  l'ordre  de  l'oracle  de  Delphes  qui  avait 
fait  adopter  dans  la  2*  anuée  de  la  83'  olympiade  la  réÀulution  d'in- 
tercaler un  mois,  prohalilemenl  parce  qu'on  voulait,  pour  un  motif 
quelconque,  reculer  le  mois  de  la  fêle  de  la  Pythie.  —  L'hypothèse 
d'une  douille  lecture  des  propositions  de  loi  dans  ]'asâ«mblée  du 
peuple  à  Athènes,  dont  G.  Gilbbit  et  W.  IUetei.  s'étaient  déjà  occu- 
pés Tannée  dernière  à  différentes  reprises,  a  été  vivement  comlialtue 
par  le  premier  *  dans  mi  nouvel  article  ;  le  même  savant  a  entrepris 
une  comparaison  très  intéressante  des  renseignements  dont  nous  dis* 
posons  sur  l'étabhsseraent  et  la  suppression  des  phylés  attiques'  ;  il 
a  essayé  en  même  temps  de  déterminer  le  nombre  des  grcfllers  athé- 
niens, qu'il  réduit  à  un  seul  *.  11  a  déjà  élé  fait  menlion  de^  commu- 
nications de  KiRcuaorr  sur  les  fragments  récemment  découverts  des 
listes  de  tribus  athéniennes  [Monatsbericht  der  k.  preussiicheri  AkO' 
dtmie  der  Wisienschaften  zu  Berlin^  mai  4880],  et  de  celles  de 
G.  ScHiEFsa  sur  de  nouveaux  fragments  de  documents  relatifs  a  la 
marine  athénienne  et  sur  la  division  des  pbyléâ  aUiénienncs  en 
trituras  {.Vittheiiungén  des  deutschen  arc/i^ologischen  ïnstHuts  i» 
JUhen,  Jalirg.  5,  IK80.  S.  f3-57,  85-88].  La  magistrature  des 
voiâcçûXmç,  iuàtituée  par  Périclès,  rétablie  par  Uémélrius  de  Pha- 
1ère,  est  un  point  obscur  dans  l'histoire  de  la  coustitutiou  athénienne. 


1.  Dn-  Atthche  sehatlkreis  (Ptitohgus.  B<l.  S9,  1S80,  S.  475-5^6}. 

2.  Dedéebus  cwitiOHum  ordftiariamm  apud  AthtnUiues.  SlraMburg,  1880. 

3.  Zum  GrieckiMchcti  Kalendtrictten  {Iripziger  Stadien  tur etautschen  PM- 
tolofie.  M.  III.  Lelpii^,  ItiHÛ,  S.  2U9-.>t5). 

4.  Ente  und  ztreitr  laung  m  dfr  AtheHisch^n  Volksvenamnhtns  {Jahrbià^ 
cher  fur  cloa$i»che  PhUoioçU.  Bd.  1?1,  t8SU,  S.  529-538). 

5.  Zv  G^icKtcMe  der  Zwalfzahl  der  atiisthen  Phylen  {Phiietoçnt.  Bd.  39^ 
S.  373-376). 

&  Dtr  alhenische  HatKschreiber  iPhitologut.  Bd.  31>,  1880,  S.  I3I-U7J. 


4S3  lutLTmr  historiqqb. 

STAKkeR  '  a  âoomîs  à  une  criliqun  âtivère  \e»  renseignemenls  rares  K 
[K^u  lâùfâ  que  nous  a  lairiâés  l'anliquitu  sur  ce  sujet  el  il  a  pu  esi  Lirer 
un  exposé  des  alLributiuns  do  ces  magistrats.  La  suppression  de 
r^u^page,  qui  fut  remplar.!:  |)ar  les  voixs^ûXxxsi;,  (\it  amenno  far  sa 
rèâi>taDce  aux  m oditl cations  do  la  constilution  daniit  un  sons  dt^mo- 
cralique  ;  les  nouveaux  magistrats  furent  investis  seulinnenl  du  droil 
de  vélo  suspensif  contre  les  propositions  de  loi,  Périclès  voul-uiL  bor- 
ner le  plus  possible,  leur  autorité.  Encore  du  vivant  de  Périclèâ.  cel^ 
nui(^islrnture  parait  avoir  été  abolie.  PtTKnsex  '  a  trailo  l'hiâLoire  des 
genfes  atbcnienues  et  leur  place  dans  ta  vie  publique.  V.  Tuuiisu' 
a  étudié  dune  fhçon  très  approfondie  la  répartition  des  impôts  et  îles 
prestations  dins  rAtU<|uc.  Jules  ME^iiHEft  '  a  fait  passer  sous  aoi 
jeux  le  tableau  vivant  et  coloré  de  la  vie  publique  d'une  grande  ville 
grecque  sous  la  domination  romaine  en  retraçant  la  situation  poli* 
Uque  d'Épliè.se  après  l'an  130  avant  J.-C.  I^  nombre  ex Ini ordinaire 
d'inscriptions  que  nous  possétions  sur  le.s  filles  grecque»  de  l'A:!!^ 
Mineure  el  dont  l'auteur  a  tiré  parti  autant  qu'il  a  pu,  donne  à.  son 
travail  une  irrande  portée  pour  la  connaissance  de  la  vie  publique  eo 
Grèce.  Le  fait  que  des  matériaux  si  précieux  n'avaient  pas  «lé  utilisés 
jusqulc)  prouve  que  la  valeur  des  documents  authentiques  pour  les 
recherches  d'histoire  grecque  n'est  pas  encore  suffisamment  reconnue. 
On  ne  renoncera  jamais,  on  ne  peut  renoncer  à  essayer  une  recons- 
titution de  l'histoire  poUtique  de  la  Grèce  à  l'aide  des  œuvres  des 
hisloriena  1res  diflerenles  par  leur  valeur  et  leur  autorité,  mais  on  ne 
sera  sûr  d'avoir  alleiril  ce  résultat  <|ue  s'il  est  confirmé  par  les  témoi- 
gnages des  contemporain:^  ou  des  documents.  C'est  seulement  lors- 
qu'on aura  fait  ce  travail  qu'on  sera  en  mesure  de  présenter  dans 
une  synthèse  philosophique  l'histoire  poUtique  et  sociale  de  la  Grèoe 
et  des  autres  peuples  anciens  dans  ses  rapports  avec  l'esprit  des 
temps  modernes. 


1.  De  nomophylacibus  Afheniensium.  Neisse,  l880(Brr»>Iiiapr  Dittgertalloo). 

2.  QuaesUones de hls(oria gentium  Atticarum.  iscbleftwig,  1880. 
.1.  Oe  civium  Atfienietisium  utunerll/u»  eorumgite  tmmunitafe  Wien,  1&80. 
4.  Qiui  eoiutidone  Ephesii  usi  tint  inde  ab  Asia  in  formant  pmvindat 

redactti.  nerlîn,  1880. 


Ovvchlcbie  des  Kircheostaate»  von  Moiitz  Broscii.  I  Rd.:  Dos  lyi 
mnd  xTii  Jahrhundert.  Golha,  Friedrich  Andréas  PerLhes,  ur- 
489  p.  iQ•8^ 

Écrire  une  histoire  des  États  de  l'Église  depuis  l'époque  où  Jules  II 
réduisit  à  uue  uoilé  sans  bomogéoèit^  des  états  indépendants)  est  une 
entreprise  lrÔ5:  difTicilo.  Le  mot  allemand  Kirchenstaat ,  qui  traduit 
États  pontificaux,  indique  déjà  cette  dinicultê,  car  it  fait  ressortir  la 
contradiction  intime  inhérente  à  cette  oi^anisalion  politique.  Le  régime 
d'une  Église  ou  de  l'égUse  en  général  est  un  système  politique  inorga- 
nique, puisque  l'État  et  TÉglise  sont  des  choses  toutes  dilTerentes,  qui 
s'excluenlréciproquement.  Machiavel  le  premierapénetn;  neltement  retle 
vérité.  Cest  pour  cela  qu'il  a  eiclu  les  Étals  de  l'Église  de  !>es  cousidé- 
rations  politiques  en  justi  dant  cette  omission  à  sa  manière,  par  une  ironie 
voilée  à  la  Taçon  de  Boccace  :  *  Ma  essendo  quelli  retti  da  ragione 
superiore*  alla  quale,  la  mente  umana  non  aggiunge,  lasccrù  il  parlame 
perché  esseudo  esaltati  e  mantonuti  da  Dio  sarebbe  uflîciu  d'uomu 
presuntuoso  e  temerario  di  discorreme  {Principe^  cap.  XI)  •.  Il  u'esi 
guère  moins  diflicile  de  bien  écrire  l'histoire  d'un  tel  régime,  dont  le 
chef  est  te  repn>$entant  de  Dieu  sur  la  terre  et  doit  penser  continuelle- 
ment non  seulement  au  bien  de  ses  sujets,  mais  au  salut  de  tous  les 
hommes,  —  que  de  gouverner  un  pareil  Ëlat  avec  Intel tifrence.  Les 
considérations  qui  doivent  guider  le  successeur  de  saint  Pierre  dans  sa 
mission  spirituelle  et  universelle  doivent  constamment  traverser  et 
inlluencer  les  mesures  les  plus  favorables  i  son  temporel. 

L'ouvrage  de  L.  voo  Raoke  sur  les  papes,  leur  gouvernement  ecclé- 
»a8tii|ue  et  civil  aux  xvi'  et  xvii"  s.  est  un  cfaef-4'œuvTe  de  l'art  histo- 
rique. 

Le  don  éminent  de  ce  grand  historien  d'introduire  la  coalear  et  U 
vie  dans  l'histoire  générale  et  individuelle.,  de  saisir  avec  pénétration 
les  idées  et  les  tendances  générales  dominantes,  de  suivre  dans  le  détail 
leur  Influence  même  éloignée  en  apparence,  ce  don  ne  pouvait  se 
donner  mieux  carrière  qu'eu  retraçant  cette  pnriode  de  la  papauté  qui  a 
suivi  la  Reforme  et  àlaquetle  rencbaînemeul  des  grands  intérêts  généraux 
avec  des  intérêts  mesquins  et  pereonnels  adonné  un  caractère  si  parti- 
culier. On  ne  voit  pas  aussi  nettement  qu'il  le  faudrait  dans  l'ouvrage 
de  Ranke  à  quel  point  était  insoluble  le  problème  que  la  papauté  s'était 
posé  depuis,  la  Réforme,  de  donner  à  la  fois  orfri  et  urtn  des  lois  attel- 
Rev.  Histor.  XVL  2«  rAWi.  28 


434 


COMPrES-HEXPrS  CBmOFK. 


gnant  leur  but  et  ne  sp.  neutralisant  pas  réciproquement,  {iroblème  qui 
ne  fut  écarté  que  par  la  sécularisalioa  de  Iclat  ecclëfiiasLiquei  qui  i*n 
éUmina  uu  des  termee.  Kauke  ne  voulait  d'aiUeur><  qu'exposer  au  point 
de  viiy  purcmrut  historique  la  succession  des  LenUitives  faites  pour 
rpsoudre  ci?  problème,  et  il  pouvait  Ui  fairr?  sans  mniin'  trop  pd  évïdencp 
ce  <fu'il  avait  d'insoluble,  car  il  devait  erabrasiwr  dans  son  eusemblr 
l'activité  d^  la  papauté  après  la  Reforme  et  il  n'avait  pas  par  conséquent 
à  tenir  comptR  des  échecs  particulier»  de  ces  tentativea. 

Au  contraire,  celui  qui  essaie  de  faire  l'histoire  de  la  papauté  dopai» 
ta  Héfurmalion  â  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  points  de  vue,  soit  comme 
gouvernemeui  de  l'Ëglise,  Hoil  comme  (fouvemeaient  temporel,  celui-là 
doit  marquer  davantage  celte  contradiction  et  juger  plu»  sévérf^menl  ce 
qui  s>£t  paKSé.  Les  papes  ayant  on  général  fait  passer  les  intérêts  do 
t'Ëglise  avaut  ceax  de  tear  temporel,  ayant  surtout  considère  celuî-ci 
comme  un  moyen  et  le  gouvernement  général  de  l'Égli^  comme  le  but, 
une  histoire  dei4  élab:  du  saint  siège  doit  nécessaireiuent  revêtir  de^ 
couleurs  moins  favorables  qu'un  exposé  du  gouvernement  de  l'Èglist 
calholique  par  la  papautc,  ceci  soit  dit  sans  vouloir  dissimuler  que 
l'histoire  du  catholicisme  a  souvent  subi  l'induenee  décisivo  des  préoc- 
cupatiouâ  iuspirées  aux  papes  par  Uur  temporel  et  par  le  népotisme. 

La  justesse  de  cette  idée  est  dêmoatrt>e,  selon  nous^  par  l'ouvrage  que 
nous  annonçons  et  dont  la  première  partie  est  consacrée  par  M.  Brosch 
à  rbistoiru  des  Étais  de  l'Égliso  depuis  Jules  Q  jusqu'à  Innoceal  XJI 
(U'J2-1"00).  Son  récit  ne  fait  passer  sous  nos  yeux  aucune  figure  sym- 
pathique. Les  écrivains  d'un  catholicisme  à  toute  épreuve  accuseront 
ce  recii  d'inexactitude  et  traiteront  cet  ouvrage  d'ouvrage  à  tendance. 
Je  ne  crois  pas  qu'ils  puisseul  justifier  celte  critique.  Loi-squeM.  Drosch 
entreprit  pour  la  grande  coUoctioa  d'Heereu  et  Uckert  un  ouvrage  en 
quelque  sorte  parallèle  à  l'histoire  du  grand  duché  de  To!:ca.ne,  pubUê 
par  RcumoDt,  il  était  déjà  occupé  dans  les  archives  de  Venise^  ville  où 
il  s'est  Uxé,  d'études  sur  l'hisloire  de  l'État  de  l'Églii'e.  Brosch  a  pré- 
senté le  premier  résulta  important  de  ces  études  dans  l'ouvrage  inti- 
tulé :  Papst  Juliui  II  unddir  Grlindung  fies  KircJienstaaies.  Gotha,  1878. 
Comme  cet  ouvrage,  cehii  dont  nous  nous  occupons  porte  le  caractère 
que  lui  ont  donné  les  relations  des  ambas^deurs  vénitiens,  principale 
stmrctt  l'uiployée  par  l'auteur.  Cela  ce  veut  pas  dire  que  Drosch  n'ait 
pas  prolite  également  des  ouvrages  imprimes  importants.  Si  les  reca- 
lions vénitiennes,  publiées  ou  inédiles,  ont  particulièrement  attàré  son 
BtlentioD,  c'est  qu'elles  nous  éclairent  mieux  que  tous  les  autres  docu- 
ments sur  les  questions  auxquelles  les  modernes  historiens  attachent 
avec  raison  le  plus  d'imjiortance  ;  sur  la  situation  économique  dm 
Éuts  d'où  ces  diplomates  instruits  dans  le  commerce  datent  leurs 
relations.  En  fait,  les  autres  sources  de  l'histoire  des  États  dt>  Tt^Iisc 
au  XVI*  et  au  xyii"  s.  n'offrent  pus  Itis  renseignements  sur  la  population, 
les  revenus,  la  dette  publique,  etc.,  qu'on  trouve  dans  ces  relaiioaa 
vénitteunes.  Que  ces  renseignements  soient  consciencieusement  uliUaés, 


UORITZ   BnOSCH 

c'est  ce  que  nous  g&raatit  la  coiisdeoce  avec  laquelle  M.  B.  unTailte 
d'habitude.  Si  d'antres  archives  qae  celles  de  Venise^  celles  ^e  Munich, 
par  exemple,  avaient  été  eiploilées  au  m^me  degré,  certaines  assertions 
de  M.  B.,  celles  notamment  qui  concernent  lee  rapports  dX'rbain  VIII 
avec  les  puissaoces  de  la  guerre  de  Trente  Âns^  auraient  pu  t^tre  pré- 
cisées d'une  façon  plus  rigourrunie.  Le  livre  excellent  et  si  inu<ressant, 
récemment  public  parGre^orovïussur  les  rapports  directs  d'Urbain  VITl 
avec  l'Espagne,  la  Bavière  et  la  France^  et  ses  rapports  indirects  avec 
Gustave- Adolphe,  ce  livre  qui  démontre  péremptoirement  l'opposition 
complète  des  intérêts  du  souverain  tempor«»l  avpc  le  rAln  du  chef  dp  la 
calhoUcité,  n'a  malheureusemnnt  pas  pu  être  utilise  par  Bros4:b. 

L'auteur,  abstraction  faile  d'une  courte  introduction,  qui  traite  de  lu 
fondation  et  de  l'origine  des  États  de  l'ÉgUse,  a  divisé  son  livre  en 
13  chapitres.  Si  Ton  en  retranche  troist  le  3*,  le  8*  et  le  13*,  qui  s'oo 
cupeut  presque  exclusivement  de  la  civilisation  des  États  de  l'Église 
au  commencement  et  à  la  fin  du  xvi*  siècle,  ainsi  qu'à  la  fin  du  xvti*, 
comme  aussi  du  développement  de  l'art  à  Home^^  notamment  pendant 
ta  Henaissance,  l'histoire  des  États  de  l'Eglise  aux  xvi*  et  xyn*  siècles 
se  divise  en  trais  parties,  subdivisées  en  tO  chapitres.  Les  chap.  I  et  2 
TOOt  jusqu'à  la  mort  de  Clemenl  VU  (1534).  Les  chap.  4-S  contiennent 
la  fin  du  ivi»  siècle.  Les  chap.  9-12  sont  consacrés  au  xvn*.  Chaque 
chapitre  se  compose  de  la  biographie  d'un  pape  ayant  joue  un  grand 
rôle,  tel  que  Sixte  V,  ou  da  récit  d'événemeats  importants  pour  l'his- 
toire territoriale  des  États  de  l'Église,  comme  la  dcvolalion  d'Urbino. 
Nous  l'avouerons,  nous  aurions  en  ce  qui  nous  concerne  adopté  uu 
plan  sensiblement  difTérent.  Mais  en  présence  de  la  multiplicité  des 
rapports,  qui  composent  une  histoire  des  États  île  l'Églini,  du  mélange 
presque  inextricable  de  mobiles  inspirés  par  l'intérêt  général  de  la 
catholicité,  par  L'inlérét  des  États  de  l'Église  et  par  l'intérêt  purement 
personnel,  nous  reconnaissons  facilement  qu'on  peut  être  d'un  autre 
avis  que  nous.  Il  n'est  pas  possible  ici  d'entrer  dans  les  détails  pour 
faire  comprendre  par  des  ejEcmpIes  cette  diversité  dans  la  conceptioo 
du  plan.  £n  général  uu  peut  louer  M.  B.  de  s'être  moutré  au  niveau  du 
sujet  extrêmement  diflicile  qu'il  a  choisi.  Le  reste  de  sa  tâche  ne  pré- 
sentera pas  du  reste  les  mômes  difficultés  que  te  début. 

O.  H. 

t.  Nous  ne  Murioas  dire  pourquoi  M.  B.  ne  s'ast  pas  orrupA  df  plus  prè*  de 
U  conslrucUoD  de  tcgti^e  deSatiit-Picrre,  c'est-é-dire  du  plust^vod  tnouutneot 
èlcxé  p«r  U  p^pAulé  ipr^  U  Kéforue. 


J 


^30  COSIPTES-RK>miS   CMnQCSS. 

J.  WTCRr.aiH.  Aibertlno  Kossato.  Ein  BeîLrag  zur  itaJienischen 
Geschichtti  des  vierzehiUen  JahrbunderU.  Leipzig,  4880.  S.  74, 
in-8\ 

Âlbeniuo  Mussalo,  l'historien  de  Tempereur  Henri  VU,  du  roi  Lou» 
de  Bavière  et  dr  leur  lempe,  le  poète  d'Eccerînis  el  de  rAchiUéis,  le 
rhèlour  et  l'autenr  de  lettres  dans  le  goût  de  Pétrarque,  a  mené  une 
vie  si  agitée  et  si  mêlée  aux  luttes  de  son  époque,  qu'il  mérite  bien 
qa'oD  glaue  encore  de  quoi  ajouter  de  nou\eaux  détails  aux  travaux  de 
Ooenniges,  de  Tœche  et  de  Clappetleti.  Cest  ce  que  le  D'  VVychgratD 
vient  de  faire  avec  succès  dans  un  travail  qui  est  son  début  d&ne  la 
science  hiaturique.  Il  retrace  en  trois  chapitres,  en  même  temps  que 
les  vicis&iludee  de  la  Haut«-Itatie,  aot&mment  pendant  les  trente 
premÎPrRK  aiiné^K  du  iiv«  s.,  la  vîr  de  l'Iinnimp  d'État  padouao,  qui  fut, 
comme  Dante,  l'ami  et  l'admirateur  dn  Henri  VII,  bien  que  celui-ci 
l'ait  mis  après  la  révolte  de  Padouo  sur  la  liste  des  proscrits.  Lrs  rap- 
ports de  Mus?ato  avec  Henri  VU  forment  l'objet  du  premier  chapitre 
ip.  1-26].  Le  second  est  consacré  aux  hoslîtiléa  qui  éclatèrent  en  131^ 
entre  Cangrancle  délia  8cala  de  Vérone  et  lei;  Padouana,  et  fait  con- 
naître le  rôle  de  Muss&lo  comme  agent,  diplomatique  de  «i  patrie  el  le 
succès  de  ses  négociations  pour  mettre  iân  â  ces  hostilités,  bien  qu*il 
fût  devrnu  le  prisonnier  de  Cangrandc.  Le  couronnement  de  MassUo 
comme  poète  par  l'université  de  Padoue  fut  la  conséquence  de  ce  succès 
diplomatique.  Ce  triomphe  poétique  fut  l'apogée  de  la  carrière  d'un 
homme  qui,  sorti  d'une  condition  plus  que  médiocre,  acquit  une  gloire 
impérissable  de  poète  et  d'historien  national  {p.  27-45).  Mais  Padoue 
ne  jouit  pas  longtemps  de  la  tranquillité  intérieure  nî  de  la  paix  avec 
Cangrandc.  Celui-ci  s'était  emparé  à  la  au  de  1317  de  la  position  impor- 
tante de  Monsetice  et  Padoue  se  voyait  directement  menacé.  Mus^to 
fut  alors  envoyé  pour  chercher  des  alliés  contre  Cangrande,  tantôt  i 
BoLiigne  et  à  Florence,  lantùt  auprès  des  prèlendant«  allemands,  Fré- 
dôric  de  Habsbourg  et  T^uis  de  Bavière.  Mais  il  ne  roussit  pas  à  éviter 
à  sa  patrie  le  sort  qui  la  menaçait.  Cangrande  devint  seigneur  {tiçnon) 
de  la  ville  et  Marsigliu  de  Carrare  fut  sou  vicaire.  Mussato,  qui  avait 
été  l'ami  des  Carrare,  fut  banni  de  la  ville  et,  rongé  par  le  chagrin  et 
le  besnin,  termina  ses  jours  à  Chiopgia  en  1330  (p.  46*58).  Ce  fut  à 
Chioggia  qu'il  acheva  son  travail  ;  Oe  rébus  gestis  Italicorum  poxt  mor- 
tem  fieinrici  VU.  après  avoir  terminé  en  13H  son  histoire  d'Henri  VII, 
VHislorxa  Augusta.  Ce  fui  là  aussi  qu'il  écrivilson  LxuUiVicu%  Itavarus.  qui 
est  la  source  la  plui^imporumte  pour  l'htstoirede  l'expédition  de  Loui^df^ 
Bavière  à  Rome.  Wychgram  traite  un  peu  sommairement  de  ces 
ouvrages  dans  le  chap.  IV-  Il  passe  encore  plus  rapidement  sur  la  tra* 
géflie  Kcc«rinis,  daus  laquelle  le^î  getites  des  Rccelini  da  Romauo  sont 
racontés  en  vers  métriques,  sur  l'Achilléide,  sur  les  élégies,  les  soli- 
loques, les  hymnes  el  les  18  lettres  d'un  homme  que  l'on  met  à  bon 
droit  &  cAté  de  Pétrarque  parmi  les  précurseurs  de  la  Renaissance. 

0.  H. 


PLOnCHEA  :  ORLU  VlV 


&QVICO  CISTRLVBTBO.      (37 


Délia  vltm  e  délie  opère  dl  Lodovlco  CasteWeiro,  [vir  Attilïo 
pLoxcnKR.  ("^negliano,  *fi79.  Un  vol.  gr.  iii-8"  ric  412  pages,  aiiec 
un  portrait  do  Caalclvelro. 

A  lire  ce  court  ouvrage,  on  fierait  tenté  de  croire  que  CastelTetro  est 
une  des  plus  grandes  figures  do  nm  temps  :  c'est  le  propre  ei  l'incon- 
vénient de  bien  des  monographies.  Qu'on  replace  cet  émdîl  dans  ce 
'  aips,  on  voit  bien  vile  qu'il  u'y  occupe  qu'un  rang  secoudaïrc,  et  qui 
(ferait  moindre  encore  aï  sa  querelle  avec  Annîbal  C^rn  ne  lui  avait 
assuré  plus  de  rcinommée  qu'il  n'en  aurait  obtenu  gnicc  à  ses  écrits, 
désormais  oubliés. 

Ce  n'est  pas  que  je  veuille  justifier  le  dictionnaire  de  Bouillet  de  ne 
lui  avoir  point  fait  place  dans  sa  nécropole  ;  mais  l'article  que  Ginguené 
consacre  à  Caiiielvelro  dans  la  biographie  Michaud  suffît  f>our  le  bien 
faire  connaître,  et  nous  en  apprend  sur  son  compte  à  peu  près  autant 
que  la  laborieuse  étude  de  M.  Ploncher.  lavolonlairemejit,  on  pense  à 
M.  Renan,  qui,  daus  une  page  de  ses  attachants  mémoires  de  jeunesse, 
se  déclare  humilié  d'avoir  pris  tant  de  peine  pour  arriver,  en  fait  de 
croyances  religicuFes,  au  résultat  qu'atteint  pans  peine  le  moindre 
gavroche  do  nos  faubourgs.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  Ginguenc  soit 
gavroche  et  que  M.  Ploncher  soit  M.  R<^nan.  Il  y  a,  dans  Ginguené,  un 
savoir  qui,  après  s'être  étalé  dans  sa  grande  histoire  de  la  littérature 
italienne,  se  fait  discret  pour  les  besoins  du  recueil  où  il  écrit,  et  il  n'y 
a  pas, dans  M.  Ploncher,  la  lucidité  profonde,  la  magie  de  style  qui  font 
le  charme  de  M.  Renan. 

L'intérêt  du  livre  de  M.  Ploncher  est  tout  entier  dans  la  discussion 
d'un  fait  qui  domine  la  vie  de  sou  hérvs,  (fauis  la  collection  un  peu  trop 
disséminée  des  jugement;  qui  ont  été  portés  à  son  sujet,  et  dans  la 
bibliographie  raisonnée  de  ses  œuvres.  Quant  à  la  biographie  etle- 
méme,  elle  disparaît  un  peu  trop  sous  l'attirail  de  la  discussion,  et  l'on 
peut  dire  qu'il  faut  déjà  presque  la  connaître  pour  la  démêler  dans  les 
pages  de  M.  Ploncher,  je  veux  dire  pour  distinguer  ce  qui  est  certain  et 
acquis  de  ce  qui  est  conjectural  et  discutable. 

Il  est  vrai  que,  pour  notn*  auteur,  cette  querelle  de  Caro  el  de  Casiei- 
\etro  est  la  phis  grande  de  la  littérature  italienne  (p.  23i.  Non  pas,  sans 
doute,  que  les  injurei:  y  soient  plus  épicées  ou  plus  violentes  que  dans 
bien  d'autres  r  on  ne  voit  pas  que  ces  deux  ardents  adversaires  aient 
échangé  les  mots  de  monstre,  de  bourreau,  d'assassin,  de  parricide,  qui 
étaient,  à  propos  d'un  mot  mal  écrit  ou  mat  interprété,  la  monnaie  cou- 
rante de  la  discussion  pour  firasme,  Scaltger  el  leurs  ennemis.  Je  trouve 
même  fort  héoiiçnes,  à  tout  prendre,  les  épigrammes  que  cite  M.  Plon- 
cher, et  par  lesquelles  il  estime  que  se  jusiilieoi  les  grandes  colères  de 
Cftslolveiro,  mais  ce  qui  fait  la  gravité  de  la  querelle,  c'est  qu'on  ne  s'y 
est  pas  tenu  aux  mot£  de  pitissardes  ou  d'érudits,  —  alors  c'était  tout 
un  :  —  il  y  a  eu  mort  d'homme.  Un  poète,  un  «  cariste  ou  caresco  >, 
du  nom  d'Alberigu  Lungo,  fut  assassiné,  le  domestique  de  Casielvetro 


os 


COMPTBS-RENDCS  GSITlQCrBS. 


accuse  d'être  t'âs^assia,  ei  CasleKelru  lui-même  proecrit^  persécuté.  11 
est  vrai  quH  1^  meurtre  ne  fui  pa»  la  vérilabb  cause  de  la  proscHplion. 
Le  crime  de  Castflvctro  fut  d'avoir  traduit  un  \i\n  de  MclaDchlhon  ; 
soo  matiicur,  d'apjiarti'nir  ù  celle  académie  de  Modëaequi  futdènoaoM 
tout  entière  comme  eolaclièe  d'hérésie  par  du  de  ses  membres  altéré  de 
vengeance,  pan^  qu'un  confrère  lui  avait  joué  le  mauvais  tour  de  lui 
faire  manger  une  fîgue^  qu'il  avait,  au  préalRble,  bourrée  d'aloÂs. 

Castelvetn)  est-il  mouririer,  a-t-il  soudoyé  le  meurtrier?  Voilà  U 
principale  ([uestion  qu'agite  M.  Ploncber.  On  est  porté  à  penser  qu'il  l'a 
résolue  à  TUonneurdu  Modéuais,  et  pour  se  défeadre  d'une  opiuioo  in>p 
arrêtée  à  cet  égard,  il  faut  se  rappeler  te  proverbe  selon  lequel  qui  u'ea* 
teud  qu'uoe  cloche  n'entend  ffu'uu  son.  De  mt>me  sur  le  piiiat,  assez 
ppu  ÎDtrn^ssaut  aujourd'hui,  de  Mivûir  si  Castelvetro  niprita  le;:  fou- 
dres ponlificalcs  par  son  adhésion  aux  doctrines  «  prétendues  réfor- 
mées ».  M.  Ploncber  a-i-il  raifou  de  voir  en  lui  •  une  des  sealînclles 
avancées  de  celte  phalange  trélile  qui  proclama  la  liberté  de  U 
pensée  (p.  117)?  »  Si  cela  signifie  qne  Castolvetro  fut  un  libre  petuenr, 
je  crains  que  l'affirmation  ne  &oit  exce^t^ive.  En  tout  cas,  elle  n'est  pai 
îusiifièe.  Il  y  a  bien  peu  d'bommes,  en  ce  tempe,  qui  aient,  comme 
Érasme,  pris  leur  vol  ver»  la  libre  pensée.  Mais  on  doit  le  rerooaaitre, 
cequinedonuorait,  aujoiinrhni,  d'omhrageàperfionne,  tatra^liictiond'uu 
écril  de  quelqu'un  des  chefs  de  la  Reforme  était  certainement,  alorr, 
une  preuve  d'adhésion  à  leurs  doctrines.  Que  Caslolvelro  ait  ou  non 
abjuré  le  culholicisme,  — et  il  parait  bien  qu'il  ne  l'abjura  jumai»,  —  il 
n'en  était  pas  moins  suspect  aux  yeux  de  la  cour  de  Rome,  et  même 
punissable,  puisque  le  grand  intérêt  de  cette  cour  était  alors  d'arrAier, 
s'il  olait  possible,  la  propagation  de  l'hérésie.  Muratori,  d'ordinaire  si 
judicieux,  s'évertue  donc  en  pure  perle  à  démontrer  que  Castetvetro 
ne  méritait  pas  la  sentence  dont  il  fut  frappé,  et  qui  le  condamna  i 
vivre  désormais  dans  l'exil.  Il  aurait  pu  ï-'épargner  une  réticence  peu 
digne  de  lui  :  ne  va-t-il  pas  jusqu'à  dissimuler  le  compromettant  séjour 
que  Cnstelvetro  fit  à  Genève,  doux  années  durant?  C'est  là  de  la  piété 
filiale  voilant  tes  nudités  paternelles;  mais  Castelretro,  à  moitié  bér^ 
tique,  est-il  donc  un  père  pour  Muratori?  M.  Ploncher,  lui,  n'a  point 
de  ces  scrupules  surannés.  Il  reconnaît,  il  prouve  que  Castclvelru 
pench&ii  fortement  vers  Luther;  qu'il  avait  écrit  en  faveur  de  la 
Réforme,  mais  que,  u'osant  publier  cet  ouvrage,  il  l'avait  enfermé  dans 
une  cachette  murée,  et  que  le  jour  cm,  on  1824,  cette  cachette  fut  dccou' 
verte  et  ouverte,  les  prêtres  firent  brûler  tout  ce  qui  s'y  trouvait,  comme 
sorti  de  la  plume  d'un  hérétique  condamné. 

Nous  vivons  dans  un  siècle  où  l'amour  de  la  vérité  a  pris  le  pas  sur 
le  zèle  de  ta  propagande,  et  M.  Pkincher  est  de  son  siècle.  H  dit  le  vrai 
ou  ce  qu'il  croit  vrai.  S'il  penche  un  peu  trop  vers  l'apologie,  c'est  qu'il 
est  sur  une  pente  où  l'on  glisse  facilement.  U  reconnaît,  d'ailleurs,  que 
Gastetvetro  a  bien  quelque  chose  à  se  reprocher,  ne  fût-ce  que  son 
humeur  batailleuse,  le  caraclère  aciimonieuxi  pointilleux,  implacable 


4 


ri^NCBEK  :  D£LU  VlTi  E  D£LL£  OPERE  Dl  LODOVICO  UATELVETRO.      t3'J 

de  sa  critique,  accuratissîma  et  acutissinta,  comme  di»iil  Mcnago,  le 
peu  de  sûreté  d'un  jugeineat  qui  l'entraîoe  à  une  cbarge  a  foad  de 
train  contre  l'Arioste  et  le  lloland  fitn'rux.  Si  notre  autour  a  tort  do 
trop  louor  le  styln,  pénible,  otmcur,  confus  de  wn  hcros,  et  de  Totr  en 
lui  «  le  p\us  grand  lettré  du  lemp»  t,  il  no  montre  pas  san^  raison  que 
cette  violence  parut  presque  de  la  douceur  auprès  de  cetlt>  d'Anuibal 
Cftfo,  à  ce  point  qufl  t'agrei^seur  a  la  postérilé  pour  lui,  car  c'était  0&9- 
telvetro  qui  avait  mis  le  feu  aux  poudrer  en  attaquant,  crime  irrémi»- 
sible!  une  pièce  de  vers  d'AnnibaJ  Caro  à  l'éloge  des  rois  do  France. 

On  ne  saurait  contrster  que  Cast^^lvetru  fut  intègre  et  franc,  indé{>en- 
daot  et  fier,  dr-daigiHMix  des  hunncura  et  de  mœurii  pure*,  le  meilleur 
des  hommes  enfin,  quand  la  pasf^ion  ne  sa  mpttait  pas  en  travers.  Son 
autorité  sur  ses  contemporains  est  indubitable  :  de  toutes  parts  lui  arri- 
vaient  des  écrits  on  grec,  en  latin,  en  italien,  dont  tes  auteurs  tenaient  à 
MYOlr  de  lui  ^'il  y  avait  lieu  de  les  livrer  à  l'impression.  C'est  un  oracle, 
maie  qui  s'agite  incessamment  sur  son  trépied. 

Nous  louerons  M.  Ploncher  de  l'ef^prit  critiqup  qu'il  a  apporté  flans 
t(OD  travail.  Il  a  fouillé  les  bibliothèques  et  les  archives,  et  fait  quelquef^ 
trouvailles,  notamment  un  exemplaire  de  celui  des  livres  de  Castelvetro 
qui  fut  brûlé  à  Rome  par  la  main  du  bourreau,  exemplaire  chargé  des 
marques  à  l'encre,  preuves  de  l'attentiou  que  le  premier  possesseur  avait 
mise  à  le  lire.  Il  est  bien  aussi  d'avujr  restreint  son  champ  detndet::,  et  de 
l'avoir  assez  creuse  pour  élro  véritablement  utile  sur  quelque;:  points  de 
détail.  L'examen  des  sources  montre  que  notre  auteur  a  su  les  étudier, 
les  comprendre,  el  ne  pas  leur  dooucr  à  toutes  la  même  importance. 
Mais  nous  regretterons  que,  comme  beaucoup  de  ses  c<tm|»airioles,  il 
ait  eu  un  médiocre  souci  de  la  conqwsitiou,  de  la  clarté,  de  l'ititorét.  Il 
dissémine  la  biographie  à  toute?  les  pages,  où  les  particularités  sont 
noyées  dans  le  Qot  des  obsen-ations  critiques  ;  il  rejette  dans  une  sorte 
d^appendice,  comme  digne  de  peu  d'attention,  tout  ce  qui  est  propre  à 
peindre  l'Iiomme.  Il  a  enBn  certaines  négligences  faciles  &  éviter.  Un 
auteur  sérieux  peut-il  écrire  MtVaivxfkov?  Un  Italien  do  dîx-neuvième 
àècte  peut*il  assez  ignorer  le  français  pour  ne  pas  corriger  sur  éprouves 
«  gnimmarien  »,  <  en  queqne  sort  »,  ■  q'an,  q'autre,  q'avoit  >?  C>n  me 
dira  peul-ôtre  que,  comme  parie  la  sagesse  populaire,  il  ne  «ied  pas  à  la 
poêle  de  se  moquer  da  poêlon,  et  que  nous  autres  Français  nous  estro- 
pions tout  aulaut  l'italien .  que  nous  disons  obstinément  t  le  Dante  i  el 
c  le  Titien  ■  pour  Dante  et  Titien;  que  nous  écrivons  comcdia  et  non 
ewnmeiiia;  quedans  le  fameux  dicton  :  Se  non  i  eero  i  btrn  trovato^  nous 
nous  obstinons  k  transformer  m  en  st.  Mais  d'abord  nous  ne  uous 
moquons  point,  nous  faisons  œu\Te  de  critique;  en  outre,  les  fautes  des 
nns  ne  justitientjut-s  cellesdes  autres;  enfin,  nous  ne  trouverons  point  mau- 
\Aii  qu'on  nous  rende  la  pareille,  n'ayant  de  plus  vif  désir  que  d'éviter 
les  erreurs  et  de  nous  corriger  de  nos  défauts, 

P. 


440 


COSrTBS-BR^IDrR  C&tTlQCES. 


Btlenne  Dolet  th«  martyr  oftha  RenalsBaaoe.  .-V  biO|n*aphy  by 
ItichïLrd  Tiople)!  C.ubistik.  M.  A.  Lincoln  a)llc^,  Oxford  chaa- 
o'ilor  or  Ihe  diocèse  of  Manchester.  Luiidon.  Macmillan  and  Co, 
(880,  iii-S"  de  XX  cl  559  pages,  avec  deux  portraits. 

Cetle  savante  biographie,  résultat  de  longues  années  de  recherches. 
laisse  liien  loin   derrière  elle  le   dithyrambe  un  peu    supcrficieJ    do 
M.  Joueph  Boulmier,  qui  faisait  de  Dolet  a  le  Christ  de  la  pensée  libre*. 
■  Promèlbée  »  luttant  •  contre  Jupiter  a.  Tout  plein  de  renseigne  mente 
uûli^s,  et  enrichi  Je  nombreuses  lellnss  extraites  des  manuscrite  de  Tou- 
louse explorés  pour  la  première  foi»,  l'ouvrage  de  M.  Christie  recevra 
certainement  des  travailleurs  raccneil  favorablp  qu'il  mérite.  On   ne 
pourra  plus  désormais  parler  ni  écrire  sur  la  Renaisi'ance  sa,Q:s  le  con- 
sulter, et  souvent  avec  Truit,  puisqu'il  renferme  des  notices  sur  les  uni- 
versités   de  Paris,  Orléflos,    Padoue,    Venise,   Toulouse,  et  sur   de$ 
personnages  tels  que  Langeac,  év6que  de  Limoge^^  Jean  de  Pins,  évvque 
de  Rieui,  Jean  de  Btiyssoonê,  auteur  des  manuscrits  ct-dessus  luen- 
tionnés  (conrondu  [i^trM.  TuHîn  avec  Jeau  Botssun,  Imis  fois  csLpitoa]), 
Voulté  (Faciot),  Burding,  Pierre  Buuel,  le  martyr  Jean  de  Caturce, 
Pierre  DuchAlel,  évéque  de  Tulle  et  lecteur  du  roi,  Clément  Maroi, 
Rabelais,  Guillaume  Bigot,  Maurice  et  Guillaume  Scèvo,  Arnoul  do 
Ferrior,  Arnoul  Ferron  (souvent  confondu  avec  le  precédenil,  Scaliger, 
Gryphius,  Jean  de  Vauzelles,  Despêriers,  Matthieu  Gribaldl,  l'inquisi- 
teur Orry,  Pierre  Lizet,  etc. 

Bien  qu'elle  soit  généralement  sûre,  l'érudition  de  M.  Christio  pri>- 
senle,  r  et  là,  des  lacunes  fort  naturelles  chez  un  étranger.  Il  a  négligé 
de  parcourir  pluitieurs  ciuvrage»  n'cents  qui  l'eussent,  tout  au  moînt, 
aidé  à  complétt.>r  et  à  rccti&L'r  sun  appendice  bibtiogniphi<iue,  de  Iinlu- 
coup  supérieur,  du  reste,  à  celui  do  M.  Buulmicr.  Toutefois  il  a  réussi 
à  faire  mieux  connaître  tout  un  côté  de  la  vie  de  Dolet;  m&ÎB  il  en  est 
un  autre  qu'd  a  lalesé  entièrement  dans  l'ombre,  et  que  nous  essaierons 
de  remettri>  en  lumière. 

M.  Christie  ne  surfait  pas  son  héros.  «  Des  hommes  de  lettres  de  U 
première  moitié  du  xvi'  siècle,  deux  seulement,  dîi-il,  vivent  encore 
réellement...  Seulit,  Marot  et  Rabelais  ont  conser\'é  la  popularité  qu'ils 
avaient  acquise  de  leur  vivant...  C'est  U  liaison  de  Dolet  avec  ces  deux 
èminenls  écrivains  qui,  plus  que  toute  autre  chose,  excepté  sa  morl,  i 
préservé  sa  mémoire  d'un  complot  oubli,  et  a  au  moins  rendu  son  aoil 
familier  à  tous  les  Français  instruits...  Durant  ptusieure  années, 
trois  hommes  furent  êlroitemeot  uuîs  par  une  amitié  iMseesiir  la  cora-^ 
munautê  des  goûts  et  des  sentiments.  Tous  trois  s'accordaient  dons  un 
ardent  amour  des  lettres,  du  progrès  intellectuel,  et  dans  la  haine  de 
superstition  et  de  la  bigulerie,  •  Après  celle  amitié,  c'est,  en  effet, 
sort  tragique  du  malheureux  Dolet  qui  lui  a  conserve  la  célébrité  qui 
lui  avaieni  value  ses  Oimmentaires  sur  la  langue  latine,  immense  travl 
vail,  comparable  au  Tli^aaurus  de  Robert  Ëstienoe.  Ses  querelles  écla- 


STItN:<IE    UOLET  TUE    MiBrïR   01'    TIIK    KBNjU3SJk!fCE. 


Ml 


tantes  de  cicêroninn  agressir  et  emporté,  qui  lui  créaient  de  redoutables 
eoDemis,  oITrent  aujourd'tiui  Lieu  moîag  d'intérêt  que  ce  qui  louche  à 
Bft  condamnation  et  A  (ta  mort,  c'est-à-dire  ses  opinions  religieufiee. 

M.  Christie  a  relevé,  dans  les  écrite  de  Dolet  antérieurs  à  1539,  plu- 
sieurs passages  où  celui-ci  témoigne  de  son  aversion  pour  l'œuvre  entre- 
prise par  Luther,  Zwingle,  Œcolampade,  etc.  Il  nous  fait  suivre  avec 
un  vif  intérêt  \es  hésitalluus  et  les  prugrës  de  la  pensée  du  grand  huma- 
niste relativement  à  l'immortalité  de  l'&me,  mise  eu  doute  cà  et  là,  puis 
oettemeutafBnnée  dans  te  Genethtiacum^  dans  les  vers  que  le  condamné 
écrivit  avant  de  marcher  au  supplice,  et  dans  VAxiocftus,  dialogue  qu^il 
avait  traduit  quelques  années  plu::  t6t,  et  dont  son  biographe  a  négligé 
le  passage  le  plus  important.  La  conclu-sion  de  M.  Cliristie  diUere  peu 
de  celle  de  M.  Henri  Martin  et  de  M.  Boutmier,  qui  ont  vu  dans  l'il- 
luslre  victime  de  la  place  Maubârt,  non  un  protestant,  ni  un  catholique, 
mais  un  libre  penseur. 

■  Rien,  dit-il,  no  jut^tifie  l'accusation  d'athéisme  portée  contre  Oolet. 
D  était  déiste  sincère,  plein  de  reconnai&Mtnce  envers  le  diviu  créateur 
et  gouverneur  du  monde.  On  éprouve  cependant  une  grande  difficulté, 
vu  l'inconsistance  de  ses.  opinions,  à  les  définir  d'une  façon  plus  pré- 
cise. Ses  déclarations  ostentatoires  d'orthodoxie  et  ses  od(?s  à  la  Vicrgo 
ne  sont  pas  absolument  concluantes...  Le  dédain  qu'il  manifeste  pour 
Luther  dans  le  dialogue  /V  tmHatione  aceroniana,  la  légèreté  et  l'in- 
différence avec  lesquelles  il  traite  1rs  sujets  théologiques,  faisaient  sentir 
aux  Hél'ormateurs  qu'ils  n'avaient  rien  à  espérer  de  lui;  que  les  matières 
qu'ils  jugeaient  de  la  plus  haute  importance  :  U  justification  par  la  foi,  la 
communion  5ous  les  deux  espèces,  la  nature  précise  du  sacrement  de 
l'autel,  n'étaient  pour  lui  qu'un  vain  songe,  bien  moins  important 
qu'une  sentence  de  Cicéron  ou  un  vers  do  Térence.  Son  paganisme 
classique  le  faisait  détester  également  de  Calvin  et  de  l'inquisiteur  Orr>- 
tpages  254-256J...  La  religion  qui  se  recommandait  d'elle-mâme  à 
polet,  et  qui  semble  avoir  été  ii  peu  près  inévitable  pour  tout  homme 
pensant  d'alors,  également  incapable  d'accepter  l'aulorité  de  l'Église  ou 
la  théorie  arbitraire  des  Réformateurs,  était  la  religion  naturelle,  la 
religion  du  devoir  bornée  au  monde  actuel  et  ne  se  troublant  pas  pour 
l'avenir,  dont  on  ne  peut  rien  savoir  avec  certitude,  et  sur  lequel  il  est 
inutile  de  raisonner  ou  de  spéruler  ■  (pages  471-475). 

Comme  ce  n'est  point  là,  tant  s'en  faut,  Dolet  tout  entier,  le  bio- 
graphe a  dû  ajouter  d'autres  traits,  qui,  bien  que  fort  atténués,  ne  s'ae- 
cordeot  point  avec  les  premiers  :  «  Dolet  n'était  ui  protestant  ni  catho- 
lique;... matit  toutes  ses  sympathies  étaient  pour  le  parti  de  b  Réforme; 
et  bien  qu'il  semble  être  reste  étranger  aut  questions  de  doctrine  et 
purement  théologiques*,  il  n'était  pas  insensible  à  la  valeur  du  Nou- 


t.  H.  Chrûttie  rtiiiiprcnd  nalarrtlrinral  lidrol  dans  U  m^mf^  calégarie  :  «  Bien 
que,  dit-Il  p.  3S9,  par  sa  Iriduclion  des  puuuies  rhanl^!^  ditn.>i  Ica  temples  pro- 
lealaoU.,  Hdrot  ail  pris  place  parmi  1««  ap«ilre«  de  l'Église  r^ormée  de  France, 


443  COMrTK9-BE\1»D5  CaCTlQCBS. 

veaa  Testament,  i>i  sentait  que  la  cauf^e  des  Réformateurs  était  celle 
du  progrés  H  de  la  liberté  de  penser...  Il  est  certain  que  tous  »es  amis 
appartenaient  au  parti  de  la  Héformc,  qu'il  aimait  la  vie  pure  et  la 
morale  toucbanle  de  Lefêvro  d'Étoples  ni  de  Charles  de  Sainlc-Marihe; 
il  est  clair  qu'il  le^  lisait  tous  deux  et  désirait  travailler  à  n^pandre  la 
lectare  du  Nouveau  Testament;  qa  il  se  disait  chrèlien  et  »e  senuit 
vivement  attiré  par  la  bonté  naorale.  » 

Cet  adepte  de  la  religion  naturelle  qui  se  dit  chréUen,  ce  disciple  de 
Pomponacc  et  de  Lucrèce  qui  aime  le  Nouveau  Testament  et  veut  la 
répandre,  sort  déjà  des  limites  de  la  vraisemblance.  Que  serait-ce  si 
M.  Chrifitic  n'avait  rïea  atténué?  Durant  plusieurs  années^,  Dolet  expose 
sa  vie  en  concourant  ù  la  dilTusion  d'ouvrages  évangéliqups  ;  or  ces 
ouvrages  sont  tout  imprégnés  du  dogme  rondamenlal  qb'il  aurait,  selon 
M.  ChriKlin,  tenu  pour  une  pure  chimère  (des  trente-trois  ouvrages 
impriméit  par  Dolet  on  15i2,  quinze  ou  seize  sont  de  cette  nature).  Le 
savant  qui,  d'après  son  biographe,  n'éprouvait  que  du  dédain  pour  les 
spécuIntiouR  de  la  vie  future,  traduit  ot  imprime  VAxiochusy  puis,  con- 
damné à  mort,  il  écrit  à  ta  Conciorgerio  le  Cantique  de  l 'immortalité. 
Dolet  repoussait,  nous  dit-ou,  l'idée  d'une  révélation  surnaturelle;  or, 
à  ta  On  d'une  préface  que  M,  Chrif>tie  &  eue  cous  les  yeux  sans  la  repro- 
duire, il  invite  ses  lecteurs  à  méditer  t  la  parole  de  Dieu»,  à  la  *  rece- 
voir en  toute  révérence  comme  la  vraie  nourriture  de  l'Ame  »,  et  dons 
une  épitre  liminaire,  dont  M.  Cbri^tie  a  jugé  superflu  de  citer  même 
un  fragment,  il  aflirme  que<  toute  Thistoire  de  la  vie  de  JésuB-Chrial  » 
a  été  prédite  et  «  préfigurée  >  dans  les  psaumes.  —  Sans  douta, 
rbomme  est  ondoyant  et  divers,  et  l'écrivain  qui  disait  au  débat  de  sa 
carrière  -.  t  Je  suis  homme  à  varier  d'heure  en  heure*, a  pu  âtre  léger, 
incûn!<(>quent,  outré  en  lout^  mais  non  pas  cependant  au  point  de  lom* 
ber  dans  ces  contradictions  énormes,  impoiisibleg. 

It  sufQt,  d'ailleurs,  pour  les  taire  disparaître,  de  distingtier  deux 
phases  dans  la  vie  IntelLecluetle  et  morale  de  Dolet.  La  dJfBculté  qu'é- 
prouvait le  biographe  à  définir  des  opinions  dont  il  a  lui-même  sjgoalé 
l'inconsistance,  aurait  dii  l'avertir  qu'il  faisait  fausse  route  on  mêlant 
toutes  les  dates,  et  en  prêtant  à  l'auteur  du  Galo  christianiu  le  scepli* 
cisme,  les  préventious  et  les  répugnances  de  l'étudiant  de  Padoue,  de 
Toulouse,  et  de  l'auteurdu  traité  contre  Érasme.  A  partir  de  1  j39,  Dolet 


il  >  a  cependant  lieu  de  [>eDMr  iiu'il  se  déstnlêretisait  dti  dogme  Ihèolo^que, 
atigfit  bien  que  s««  amis  [Uol«t  p.l  RahoUii^]:  (]ur  m  sjrmiMilhiR  pour  le  prote»- 
tantisnic  n>lail  qut>  n^^lîvc,  l'I  qut,  pour  lui  comme  pour  le  Rrand  tnallre,  le 
t  grMiiil  pL'ul-Atic  t  était  un  problème  absolument  insoluble  et  qui  n'offrait 
qu'un  médiocre  intér^^t.  ■> 

Or  Marol  ae  désint^n-SBnit  »t  pm  du  dogme,  sa  sympathie  pour  Ir  pmles- 
lanlisme  élait  m  pmt  négative,  qu'il  fut  un  de.s  proiiiier»  A  répandre  en  Franre 
Ias  Qouvftlln  doclrioes,  et  que  1m  rriliqoes  les  plus  comptt«Dl»  soni  anjour- 
d'biii  unanimes  i  reconnaître  que  i  Marot  était  beaucoup  pliifi  protestant  qu'on 
ne  l'arait  cm  Jusqu'ici  ■. 


HÙLLER    :    BBLAZIOYI    nBLLG   CITTi    TOSCAlfK  COLL     OBIBim. 


4U 


n'écrit  plas  une  ligne^  du  moins  on  n'en  signale  aucune,  qui  porte  l'em- 
preinte de  la  libre  pent^;  ses  «ontimenta  avaient  subi,  dès  lorji,  une 
modification  que  M.  CbriAlie  n'a  point  aperçue,  parce  qu'il  n'a  fait 
qu'effleurer  la  grande  question  du  temps,  celle  de  ia  réforme  rcU* 
gicuse. 

Dolet,  répète-Uil,  n'était  ni  protestant  ni  catholique  :  asserlion  vraie 
en  un  sens,  et  pourtant  inexacte  en  ce  qu'elle  ne  va  pas  au  fond  des 
choses.  Ne  f:erohlo-t-tl  pas,  à^l'entendre,  qu'il  existât,  alors  comme 
aujourd'hui,  deux  Églises  opposées,  bien  tranchées  et  délimitées,  entre 
lesquelles  il  u'y  avait  place  pour  rien,  si  ce  n'est  pour  le  scepticisme  «l 
l'trouie  moqueuse?  Or  la  scission,  bien  qu'en  voie  de  s'accomplir,  nVlait 
pas  faite  en  France  sous  In  règnf>  du  prédécesseur  de  Henri  II.  Non 
seulement  le  premier  baptême  schismaiique,  duquel  Cliandieu^Grespin 
f<l  VHistmn  rcctèsiastique  datent  l'éiaiitissement  des  Églises  rèfonnéee, 
n'eut  lieu  à  Paris  qu'en  1555,  c'est-à-dire  ^ix  années  après  le  supplice 
de  Dolet;  maïs,  de  pins,  il  existait,  et  il  exista  longtemps  encore,  un 
ptrûintermédiairefort  nombreux,  qui  n'était  pas  celui  de  b  libre  peasèe. 

C'est  À  oe  parti  de  Lefèvre  d'Étaplefi,  de  Marguerite  ei  do  la  plupart 
des  humanl»tte.«,  au  parti  qui  voulait  une  réforme  sans  schisme,  qu'ap- 
partenait Dolet  Nous  le  démontreroDS  aiUeursi,  ne  pouvant  entrer  ici 
dans  les  développements  que  comporte  la  question.  Nous  pensons  en 
avoir  dit  assez  pour  faire  voir  que  la  partie  faible  et  vulnérable  de  l'ou» 
vrdge  de  M,  Christte  est  la  partie  religieuse.  Il  y  manque,  dans  tous  les 
cas,  un  élément  capital,  l'analyse  de  la  profession  de  foi  do  Dolel,  c'est- 
à-dire  du  Cato  christianus.  Gomment  M.  CbrisUe  a-t>il  pu  ne  pas  faire  le 
possible  et  l'impossible  pour  obtenir  commaoicalion  de  cet  opuscnle, 
dont  il  savait  que  M.  Didot  possédait  Tunique  exemplaire  connu? 

0.   DOUEK. 


Docnmnntl  salle  relasloni  detle  cittÀ  toscane  coll'  Oriente 
cristlaao  e  col  Turchi,  Ado  ail'  aooo  1631,  raccotU  c  annoUtU 
da  GnrsEPPE  MiîLLEH.  Firenze,  Gallleiana,  f879.  40  di  pag.  LnT-533, 
avec  deux  facs.  lithogr. 

Ce  volume  est  te  sixième  de  la  collection  des  Documenli  drgii  archivi 
toseani  publicati  per  eura  delta  R.  Soprintendensa  agit  architi  medesimi- 
Ceux  qui  l'ont  précédé  sont  le  volume  des  diplômes  ara  lies  des  archives 
de  Florence,  publiés  a\-ec  commentaires  par  Michèle  Amari  (1863);  un 
mince  volume  contenant  l'appendice  de  ce  recueil  (1867),  le  1"  vol.  de 
Vlnventario  e  regesto  dei Capùoli del  comuue  di  F*renzs  Anseé  par  Gesare 
Gnasti  (!866),  deux  vol.  de  finventaire  des  archives  d'état  de  Lucques 
rédigé  par  Salvadore  Bongi  (1872-1«76.  Cf.  ficrw  hùt.,  VI,  410)».  Le 


I.  Dhos  un  Ar,^  prochains  nDinéro«  du  ButUtin  de  ta  Setiété  de  l'Histoire 
dm  ProiettantUme. 
3.  ht  troisième  volume  est  paru  co  1890. 


444 


COMPTBS-REXnDS  CaiTlQÏÏBS. 


surintendant  des  arcbivfis  toscanes,  dans  la  courte  prérace  mise  par  lui 
en  lëte  de  ce  volume,  dû  aux  sotuB  du  professeur  G.  MUMf^r  de  l'uni- 
vprsité  dfl  Turin,  annonce  que  dorénavant  les  publicatious  qui  paraî- 
tront sous  SCS  auspicec  consisteront  en  rogesteeot  en  inveataires,  tandis 
qu'on  laissera  aux  sociétés  savantes  et  aux  savants  isolés  le  soin  de 
publier  in'^ixteTtso  les  documents  et  les  recueils  de  pièces.  Nous  applau- 
diacons  à  celte  décision,  qui  cependant  ne  doit  pasétre  appliquée  d'une 
farnn  absolue;  ei  nous  nous  félicitons  que  l'excellente  publitialion 
dWmari  ait  été  suivie  de  celle-ci  qui  la  complète  en  quelque  sorte.  La 
première  contenait  des  documents  arabes,  latins  et  italiens  sur  les  rela- 
tions politiques  et  conimerciale.s  de  Pîm  et  do  Florence  avec  les  île» 
Baléares,  l'ATrique  septentrionale^  l'Egypte  et  la  Byrie  pendant  quatre 
siècles,  c.-â-d.  du  xii*  au  xvi";  celle-ci  se  rapporte  aux  relalious  des 
villes  toscanes  avec  l'OrieDl  chrétien  et  les  Turcs  pendant  la  même 
période. 

Disons  rapidement  le  contenu  du  Tolumn.  Il  est  divisé  en   deux 
parties  :  la  première  contient  les  relations  diplomatiques  des  commane 
toscanee  avec  l'Orient  et  compte  2b'2  docunienls  dont  le  plus  ancien^ 
date  do  H08  et  le  plus  récent  de  1530.  II  y  a  dans  cette   première 
partie  sept  documents  en  grec,  un  en  français,  les  autres  sont  en  latin 
et  en  italien.  La  deuxième  partie  renferme  les  règlements  pris  par  la 
commune  de  Florence  relativement  à  la  navigation  et  au  comme 
d'Orient  depuis  l'institution  des  consuls  de  la  mer  jusqu'à  la  chute  > 
la  République;  elle  compte  .^8  documents  de  m\  à  1531.  Le  volume 
est  accompagné  d'un  discours  historique  du  professeur  Mûller;  decom* 
mentaires  historiques  très  abondants  et  parfois  intéressants^  mais  qui 
no  nous  semblent  pas  toujours  à  leur  place,  car  on  y  trouve  de  lonni 
fragments  de  livres  imprimés;  d'un  index  analytique  et  d'un  gtossaîr 
qui  laissent  à  désirer;  de  notices  bibliographiques  très  exactes;  et  dt 
fac-similé  lithographique  on  denx  planches  d'un  diplôme  grec  d'Jsaacl 
Ange  Gomnènc  (an.  1193  :  partie  1,  n'  34). 

Notre  iulculion  étant  de  donner  une  simple  notice  de  ce  vol.,  et  non 
d'en  faire  l'analyse,  nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  relever  l'importance 
de  tel  ou  tel  des  documents  qui  y  sont  publiés  :  qu'il  snfBse  do 
qu'il  constitue,  avec  celui  d'Aniarî,  un  recueil  remarquable  de  piè 
sur  les  relations  do  lu  Toscane  avec  l'Orient,  pendant  la  période  de 
l'indépendance  communale.  Ce  recueil  témoigne  de  l'ardeur  commer- 
ciale avec  laquelle  le^  Italiens  s'élancèrent  dans  tes  voies  ouvertes  avec 
les  cnùsades  par  l'enthousiasme  religieux.  Ge«  documents,  comme  le 
remarque  Mùller,  sont  une  nouvelle  preuve  du  sens  pratique  et  de 
l'flctif  esprit  de  spéculation  des  communes  italiennes,  qui  virent  da 
les  croisades  surtout  un  moyen  de  développer  leur  commerce  et,  après^ 
s'être  assuré  cet  avantage  matériel,  répondirent  très  froidement  aux 
exhortations  périodiques  d»s  papes  pour  la  délivrance  de  la  terre  sainte, 
A  co  point  do  vue  les  documentai  florentins  du  xiv<  et  du  x\''  s.,  ren- 
fermés dans  ce  vol.,  sont  très  intéressants  :  on  doit  en  dire  autant  do 


T.    ILCEX    :    MAAKÛRIF   COIRl»    VOU    «OITrBWUT. 


445 


ceux  qui  concernent  la  rivalité  de  Veaise  et  do  Floreau),  el  les  sccu- 
satiooâ  rédpruques  d'entente  avec  les  Turcs  et  d'oubli  des  iulérâts 
chrétiens  en  Orient;  de  ceux  qui  ont  trait  aux  posseesionâ  des  Piaans  à 
CoDstantinople,  aux  relations  de  Pise  avec  les  empereurs  d'Orient,  avec 
le»  rois  de  Jérusalem  et  de  Cypre  et  avoc  dlfTérents  princes  de  l'Orient 
latin  i  à  l'organisation  du  consulat  ot  de  la  nation  florentine  à  Cons- 
lantinopiei  au  nolisemont  des  galères  qui  faisaient  le  8er\'ice  de  navi- 
gation et  de  transport  entre  l'Orient  et  la  Toscane  el  aux  conditions  de 
ces  voyages,  aux  tarifs,  etc.  Pour  montrer  encore  mieux  l'utilité  de  ce 
volume,  il  ne  sera  pas  inutile  du  rappeler  que  Heyd  s'en  est  utilement 
sen'i  dams  son  importante  histoire  du  commerce  levantin. 

C.  P. 


Theodor  Ii.(;k\.    Markgraf  Conrad    von   Montferrat.    Marburg, 
N.-G.  Elwerl'sche  Verlagsbuchhandiung.  S.  <37  in-s-. 

Cet  excellent  travail,  début  d'un  jeune  historien  de  Marbourg,  de 
l'école  de  C.  Varrentrspp,  s'occupe  d'un  personnage  dont  la  vie  s'est 
déroulée  sur  deux  ou,  si  l'on  préràre,  sur  trois  théâtres  complètement 
diftinctâ.  Si  La  première  période  de  la  vie  du  fils  actif  et  ambitieux  de 
Guillaume  le  Vieux,  remplie  en  partie  par  sesrapportf  tantjH  amicaux, 
tantAt  hostile»  avec  Frédéric  I*'  et  kos  vicaires  dans  la  Haute-Italie  et 
l'Italie  centrale,  présente  un  intérêt  particulier  pour  les  historiens 
allemands,  la  seconde  et  la  troisième  période  appartiennent  plat4ïl  au 
domaine  des  historiens  français.  Ceux-ci  se  sont  en  elTet  emparés, 
comme  de  leur  domaine  propre,  de  l'histoire  des  croiBades  et  de  tout  ce 
qui  en  dépend*.  Le  ri^cit  du  second  et  court  séjour  de  Conrad  de  Mont- 
ferrat à  Constantinoplc  en  il87  et  de  son  rôle  en  terre  sainte  —  il 
débarqua  le  13  juillet  1187  à  Tyr  —  Jusqu'à  son  assassinat  par  les 
sicaires  du  Vieux  de  la  monugne,  le  28  avril  119?,  pourra  donc  inté- 
resser aussi  beaucoup  de  savants  français. 

I^  D'  Ilgen  a  fait  précéder  la  biographie  du  mai^rave  Conrad  de 
Montferrat  d'un  examen  critique  des  quatre  -source?  principales  de  la 
biographie  de  son  héros.  Nicetas  Choniates,  la  chronique  de  celui  qu'on 
appelle  Denoit  de  Peterborough,  celle  de  l'évéque  Sicard  de  Crémone 
el  les  couliouatiuns  de  Guillaume  de  Tyr  sont  étudies  au  point  de  vue 
de  leur  autorite,  de  l'origine  de  leur»  renseignements,  de  leurs  rapporu 
avec  d'autres  sources.  Si  l'auteur  n'a  pas  précisément  découvert  do 
nouveaux  points  de  vue  ni  apporté  de  nouveaux  matériaux  puur  l'ap- 
préciation de  ces  sources,  il  faut  rBconnaiire  k  sa  louange  que  la  cri- 


I.  INotoas  poortoot  qoe  la  melUeure  histoire  des  Croisades  est  celle  de 
Vilàra.  U  tiieilleure  liï^loire  de  la  iirrniière  croiâxde  celle  de  M.  t\f  Sybel,  ri 
que  l«i^  travaux  de  MM.  Hagrnnicyer,  Hurictit,  Kugler  sont  d'uue  iinporUnte 
capitale.]  N.  d«  U  Réd. 


iU\ 


COMPTES -KBMDDS  CBITIQDSS. 


tique  à  laquelle  il  les  a  raumises  est  très  intelligente  et  très  appropriée 
au  9ujet  et  qu'elle  l'a  conduit  à  constituer  la  bi^v^rapliie  de  son  hén» 
aussi  solifiement  que  Ap^  matériaux  souvent  incûmplote  le  rendaient 
possible. 

Ces  matériaux,  le  I>  Ilgen  les  a  réunis  ou  grand  complot.  B  a  ébê 
RRcondé   dan?   cette    tâche    par   dilTérentes  personnes,    auxquelles    i! 
exprime  sa  gratitude.  Parmi  elles  se  trouve  M.  Tbeodor  WiiflteEireld  de 
Gmiiingen,  le  savant  qiii  connaît  le  mieux  aujourd'hui  lo  moyen  à^ 
italien  ;  cela  n'étonnera  aucun  de  ceux  qui  connaist^ent  par  expcrieuce 
son  empre^geineut  à  assii^ter  des  trésors  de  son  érudition  ceux  qui  tjm- 
vaillent  daus  le  domaine  où  il  e«t  passé  maître.  Si  jo  puÏR  faire  jet 
quelques  ]>etites  additions  au  livre  d'IIgcn,  c'est  en  partie  ^r&ce  aux 
matériaux  qui  m'ont  été  communiqués   par  Wùatenl'eld    et    qui   <te 
trouvent  chez  moi. 

Otarad  de  Mnntferrat  avait  surpris  k  Comerino  en  1179  son  ancien 
suzerain  al  allié^  l'archevéiiue  Christian  de  Mayeace,  le  chef  du  parti 
impérial  en  Italie,  ^'élatt  emjHirè  de  sa  persoune,  et  l'avait  tenu  en 
prison  plus  d'un  an.  On  juge  combien  était  faible  le  pouvoir  impérial 
en  Italie,  quand  on  voit  un  empereur  auj^si  puissant  que  Frédéric 
l'était  en  11B0  hors  d'état  de  faire  mettre  en  liberté  son  représentant  le 
plus  élevé  dans  la  péninsule.  Les  villes  italiennes  durent  contribuer 
à  la  mnron  de  t  xu  milia  perpororum  i.  Sienne  fut  du  nombre  el  slm- 
pusa  4U0  livre?.  Cette  ville  entreprit  même  alors  une  expédition  contre 
Conrad  df  Mûntferrat  pour  la  délivrance  de  Christian,  cela  résulte  dn 
document  inédit  auquel  l'auteur  renvoie  p.  62,  remarque  5,  el  quej^ 
connais  par  Wiislcnfcld.  Lo  12  février  1281,  Uerardus  de  Suriano  fait 
expédier  au  consol  Thomas  de  Sienne  k  San  Flaviano,  cliAieaa  de 
Conrad  de  Monlfcrrat  où  Christian  de  Mayenee  avait  été  passa^remen: 
détenu,  un  acte  par  lequel  il  s'engage  à  ne  porter  aucun  préjudice 
{offctmo)  à  la  ville  de  Sîeuue  pour  sa  solde  et  celle  d  autres  chevaliers, 
ni  pour  les  dépenses  et  les  pertes  qu'ils  ont  faites  au  service  de  cette 
commune  et  dont  il  doit  être  indemnisé  en  argnnt.  Thomas  donne  pour 
cautions  de  cette  convention  un  ceriain  Clarimbaldus  et  les  consuls  de 
VilorLe,  qui  étaient  en  hostilité  avec  Conrad. 

Je  dirai  aussi  quelques  mots  des  rapports  de  Conrad  de  MoDlferral 
avec  l'Italie  centrale,  qu'Ilgcn  a  passés  sous  silence.  D'accord  avec 
Ficker,  Ilgen  explique  (p.  45)  «  l'intervention  assex  énigraatique  de 
Conrad  dans  l'Italie  centrale  »  par  ce  fait  qu'il  avait  été  chargé  en  117^ 
de  l'administraiion  d'une  partie  do  la  Toscane  méridionale  après  y  étn 
venu  avec  Christian  de  Mayenee.  Le  séjour  de  Conratl  en  TVmouw 
s'explique  plus  simplement.  Ôasœar,  Agnès,  qni  figure  dans  des  docu- 
ments meutionués  p.  \0  et  56,  avait  contracté  avec  Guido  Ouerr«  IV, 
comte  palatin  de  Toscane  (f  1213),  une  union  qui  resta  stérile  et  qui 
prit  lia  entre  1178  et  1160  par  la  mort  d'Agnès.  Guido  Gucrra  étant  le 
seul  rejeton  m&le  d'une  nombreuse  famille,  l'ambîtioa  et  la  cupidité 
des  Mûntferrat  pouvaient  espérer  qu'après  sa   mort  sans  posiérib^^ 


BOGCSLAWSKI    :     niS    LBREY    UBS   f.BXFltiLS    bCHOtlBrCZ.  117 

Frédéric  I*',  doot  ils  étaient  le«  allîét;  par  leur  mère,  l^s  gniiilierail  des 
Gère  d'empiro  Aps  Guidi.  LVmpnreur  avait  déjà  couseoli  à  ce  que  la 
ville  et  le  château  de  Poggibonzi  sur  la  limite  des  comtés  de  Plorencc 
et  de  Sienoe,  que  Guîdo  Guem  rv  avait  donnés  à  sa  femme  à  l'occa- 
sion de  leur  mariage,  passassent  à  Conrad  Ip.  48J.  De  môme  que  l'on 
C0DStatf>  la  présence  dp  Judith,  m^re  de  Conrad,  auprès  de  sa  TiUe  en 
Toscane,  il  est  vraisemblable  que  Conrad  sesl  rendu  plusieurs  fois 
auprès  de  son  beau-frère.  La  murt  d'A(j;aè8  et  le  mariage  de  Guido 
Gaerra  IV  avec  Gualdrade  di  BelUncione  Berti  dei  Ravignani,  dont 
Dante  a  parlé  et  qui  après  1180  donna  à  son  mari  cinq  fils,  trompêreut 
l'espoir  conçu  par  les  Montrerral  d'obtenir  une  riche  succettsion  en  To9< 
cane.  Quant  k  ta  question  de  savoir  si  ta  première  fi^mme  de  Conrad, 
qui,  d'après  Nicetas,  mourut  uu  peu  avant  1183,  ne  lui  avait  pas 
apporté  des  possessions  dans  la  Toscane  méridionale,  c'est  ce  qne  nous 
ne  pouvons  décider,  car  ou  ne  connaît  pas,  que  je  sache,  le  nom  ni 
rorig:ine  de  cette  femme. 

0.  HARTwin. 


DftA  I*eben  des  ^serais  Dumouriez,  von  A.  v.  BoGOSiawSKi.  Ber- 

liii,  Suchhardt,  1879,  2  vol.  167,  312  p. 

M.  de  Bogaslaw!;ki  a  été  séduit  par  l'intérêt  romanesque  qui  s'attache 
i  U  carrière  si  aventureuse  et  au  caractère  si  singulier  de  Dumouriez. 
Le  sujet,  en  efTet,  est  on  de  ceux  qui  $onl  le  plus  capables  d'éveiller 
U  curiosité  et  de  provoquer  la  réflexion.  M.  de  B.  a  écrit  son  livre  pour 
le  public  allemand,  et  il  est  &  croire  que  le  public  allemand  le  lira  avec 
intérêt.  Le  public  français  y  trouverait  peu  de  choses  uotivelles.  Sauf 
quelques  délai  lt<  très  secondaires  et  esses  insignifiants  sur  lo  sëjonr  de 
DumouriwE  en  Pologne,  le  livre  de  M.  de  B.  n'est  guère  qu'une  biogra- 
phie tirée  des  MêmoiroEde  Dumouriez  et  commentée  d'après  les  ouvrage.< 
imprimés  à  différentes  époques  sur  ce  persunnage.  M.  de  B.  s'est  beau- 
coup servi  de  riUsloire  de  M.  de  Sybel,  et  c'est  cette  histoire  à  la  main 
qu'il  a  fait  »on  travail.  Il  discute  peu  ou  point.  U  a  garde  pour  lui  sa 
critique  et  presque  toutes  ses  sources.  Son  livre  est  un  récit  ;  la  partie 
militaire  est  à  peu  près  la  seule  qui  puisse  être  consultée  avec  quelque 
profit  par  1rs  historiens  français.  Les  derniers  chapitres  sont  très  pcour- 
lés,  et,  traitant  du  rùle  de  Oumonrieji  après  1814,  .M  de  B.  a  négligé  de 
Irts  curieux  documents  —  fort  ignorés  du  reste  —  qui  se  trouvent  dans 
les  suppléments  à  la  correspondance  de  Wellington. 

A.  8: 


44« 


MGDCns    PKniOOIQOB. 


RECUEILS  PÉRIODIQUES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


1.  —  Revne  des  qoesttona  hlstorlcrnea.  1"  avril  1881.  —  H.  de 
L'Ki'iNOis.  Le  papo  Alt'xandn*  VI  jrea^ii  coDtre  la  teodasce  de  cerUuos 
écrivains  catholiques  qui  avaient  teaté  la  réhabiliutiou  d'Alexandre  VI  ; 
il  dit  très  justeinont  :  <  j'ai  besoin  d'Alexandre  VI  pour  m'expliquer 
Luthor  »). —  FuRoeOT.  L'aliénation  des  biens  du  clergé  sous  Charlee  IX 
{ordonnée  en  1563,  1574,  1576,  malgré  l'oppositioD,  aases  faible  d'ail- 
leurs, du  parlement  et  du  clergé;  celui-ci  réuBSÎtà  eauver  une  bonne 
partie  des  biens  monucês  en  s'imposant  extranrdinalrcnipnt  ;  on  anraii 
aimé  à  Atre  mieux  renseigné  ttur  ces  opérations.  L'article  reste  supers 
ûciel  et  diffus).  —  Le  R.  P.  Bbucker.  La  mission  en  Chine  do  1722  à 
1735  (d'iiprès  les  lettres  d'Antoine  Gaubiel.  — A.  C.  Les  reliques  df> 
saint  Adalberl,  èvftque  de  Prague  et  martyr,  apôtre  de  la  Pruî^se  el 
patron  de  la  Duht>me  (découvertes  à  Prague  lo  15  mars  1880).  —  Comte 
de  Pr^-MAiGRE.  La  chronique  espagnole  de  la  Pucellc  d'Orléans  (livre  irèa 
rare,  dont  la  Bibl.  nat.  a  récemment  acquis  un  exemplaire  ;  ce  qu'il 
raconte  de  Jeanne  d'Arc  n'est  en  général  qu'un  tissu  de  fubtes.  H  permet 
tout  au  moins  d'éctaircir  un  poiul  curieux  :  d'après  ta  chronique  de 
d'Alvaro,  la  Pucelle  aurait  envoyé  une  ambassade  au  roi  de  Ca$tiUe 
Jean  11,  pour  demander  du  secours  lors  du  siège  de  la  Rochelle  (1436). 
Le  fait  attribué  à  Jpiînnn  d  Arc  e.st  imposi^ihlc  ;  mais  il  pouvait  être  vrai 
de  la  fausse  Jeanne.  Or,  ta  chronique  d'Alvaro  n'a  fait  ici  que  copier 
l'histoire  de  la  Pucelle,  ce  qui  relire  à  ce  fait  toute  authenticité^.  — 
PreoAUD.  La  réunion  de  la  Franche-Comte  à  la  France  (d'après  le  livre 
do  Piêpapp).  —  liAGUBNArLT  DE  PucHESSB.  Lc  ministère  du  cardinal 
Mazarin  (d'après  l'ouvrage  de  Chéruel).  —  Ed.  de  lUiiTnÉLGiiY.  Letder* 
■tiers  mois  do  la  lî^gaiion  de  France  à  Mayeuoe  (étude  intéressante 
d'après  des  papiers  de  famille  inédits).  —  Gaitot.  I^rs  Mémoire»  de 
Meliernich.  =  Butlctin  bibliographique  :  Senudion.  Histoire  doa 
cnfuuls  abandûQuës  depuis  l'antiquité  jusqu'à  nos  jours  (iuléressanU. 
—  Hmilencq.  Gorharieu  et  ses  seigneurs  (bon).  —  G.  He  Conlaâsu 
Les  communes  du  canton  de  ta  Fprté-Macé  (recherches  coasdeo- 
cieuses].  —  Fonseea-Bonavidei.  Rainhas  de  Portugal  (beaucoup  de 
renseignements  précieux}.  —  Fleury.  Histoire  do  l'église  de  Gf^nève 
fbon).  —  yage.  Guillaume  Sudre,  cardinal  limousin  |l>on). —  Feret.  Un 
curé  fie  Chareoton  au  xvii"  siècle  :  l'abbé  Véron  |curieux|.  —  Travers. 
Inventaire  s<:tmmaire  des  archives  communales  de  Bélhuno  (très  utile;. 

2,  —    Bibliothèque  de  rËcole  des  chartes.  1881.  {*•  Uvr.  — 
Blancard.    Rûle  de   ta   confrérie  de  Saint-Martin   du   Canigou.  — 


UCDRIL5  PlfaiODIQDBS. 


44» 


IV  8.  LoKWEnrsLD.  Une  lettre  inéditA  d'Alcuin  (tdres&ée  sbjis  doute  à 
Théodulf  d'Orléans,  en  axtil  ou  juin  798  ;  l'original  est  très  mntîlé).  — 
Comte  RuifT.  Les  archives  des  établis  se  m  eals  latinâ  d'Orinnt  (indique 
d'abord  tout  ce  que  l'on  sait  ou  ce  que  l'on  peut  eonjeclurer  de  I  étal  de 
ces  archives  ;  puis  signale  l'importance  des  chartes  de  Terre  Sainte^ 
provenant  de  l'abbaye  de  N.-D.  de  Josaphat,  qu'a  publiées  M.  F.  Dela- 
bordo).  —  J.  Gauthier.  Catalogue  des  mss.  de  l'abbaye  cistercienne  de 
la  Charité,  au  diocèse  de  Besançon  jrédigé  au  siècle  dernier  par  D. 
Guill.  Pinard  ;  ce  catalogue  a  cela  d'intéressant  qu'il  nous  fait  connaître 
une  collection  dont  la  plupart  des  volumes  paraissent  avoir  disparu).— 
L.  OB  Mas  Latrib.  Quelques  autographes  français  des  archives  de 
Venise  (ane  lettre  signée  de  Henri  IV,  25  avril  1608  ;  trois  lettres  de 
Richeliea  au  chevalier  Soranxo,  ambassadeur  de  Venise  près  la  cour  de 
France,  Ï630;  trois  lettre»  au  doge  de  Venise,  de  Tureoue,  1669,  du 
dauphin  et  de  Louis  XIV,  22-27  mars  1699).  —  A.  Thomas.  Les  archive© 
du  comté  de  la  Marche  jexistaient  au  xv*  s.  au  château  d'Aubusson; 
elles  ont  disparu  au  xvi*  s.,  sans  doute  dans  les  guerre!:  de  religion). 
*=  Bibliographie  :  P.  de  PUury.  Notes  additionnelles  et  reclificalivee 
au  Gallia  Christiana  lauraieot,  elles  auMii,  besoin  d'additions  et  de 
rectifications).  —  Souvenirs  de  la  Flandre  wallonne}  t.  XVII]  ol  XIX 
(utile,  surtout  pour  l'histoire  des  familles  seigneuriales  des  envîroaa 
de  Douait.  — Sarradin.  Eu.'itache  Descbamps,  sa  vie  et  ses  œuvres  (mé- 
diocre). —  Miihoz  y  Ritfro,  Maoual  de  paleograSi  diplomàtica  espa- 
fiola  de  los  siglos  XLt  al  XVIJ  (mauuel  utile,  mais  fait  trop  vite).  — 
livrée  nouveaux.  —  Chronique  et  Mélanges. 

8.  —  Revue  critique.  1881.  N'  13.  —  l'an  den  Berg.  Petite  histoire 
des  Grecs  (manuel  utile  et  fait  avec  une  grande  conscience  ;  un  certain 
nombre  d'erreurs  de  détail,  et  quelque  manque  de  proportion  dans 
l'exposé  des  faits).  «  N*  14.  Jordan,  (^pitol,  Forum,  und  sacra  via  în 
Rom  (conclusions  du  grand  ouvrage  sur  la  topographie  de  Rome, 
qu'achève  en  ce  moment  l'auteur;  beaucoup  d'aperçus  curieux  et  de 
faits  nouveaux).  —  Ttiouret.  Ueber  den  gallischeu  Brand  (réussit  à  rejidre 
plausible  son  opinion  que,  si  Home  a  été  pillée  par  le^  Gaulois,  elle  n'a 
pas  été  détruite).  =  N"  15.  Oau*.  De  Suidae  Biogrnphicorum  origine  et 
fide  (consciencieux,  mais  confus).  —  Doubla,  L'empereur  Charlcmagno 
(plaisanterie  de  mauvais  goût).  —  Schybergson.  Le  duc  de  Rohan  et  la 
chute  du  parti  protestant  en  France  (excetleut  et  neuf  sur  certains  points). 
^N*  17.  Philippson.  GescbicbtedespreussischenStaulsweseus  1786-1813 
(livreetudié  aux  sources,  compose  avec  méthode;  très  instructif).  =  N*  19. 
D.  Schafer.  Uansische  Geschichte  bis  1376  (un  des  travaux  les  plus  im- 
port, qui  aient  paru  sur  les  pays  de  la  Baltique).  —  Reinhardt.  Valdcmar 
Âlterdag  og  bans  kongegjeraing  (bon,  mais  inégal).  —  Baudet.  Notes 
pour  servir  à  l'hititoire  des  États  provinciaux  du  Quercy  (très  iosuCG- 
sant).  :=  N»  20.  Freund.  tîicero  historicus  (sans  valeur).  —  Perino.  De 
foDtihus  niarum  Hadriani  et  S.  Severi  ab  JÇ..  Spartiano  conscriptarum 
(dissertation  bien  conduite.  Mariua  Maxïmus  serait  la  principale  source 
Rbv.  UisToa.  XVI.  2«  rAsc.  «9 


450 


RECUEILS  p^RioniorEs. 


de  ces  biographies,  surtout  de  la  seconde).  —  Boeçtien.  Bibliotbea 
belgica,  bibliographie  Rénérale  dea  Hays-Bàe  (importam;  cbaqu» 
ODTrage  est  décrit  sur  un  bullelia  ^paré,  ce  «gai  permet  à  chaque  loai- 
cripteur  d'adopter  le  classement  qui  lui  convient  le  mieux.  —  Briquet. 
Lettres   de   l'hislorieu   du    l'oitou,   Jean    Bealy,    i6ti-l647    (pnblwi 

181  lettres  précèdéett  d'une  excellente  notice  biographique  sur  Besly; 
rannotatloii  des  lettres  est  trop  maigre),  :=  N'  21.  Flamnurmoni.  His- 
toire de^  institutions  muoicipalei;  de  SenlLs  (modèle  d'histoire  lotiotc). 
—  Bahtiingk.  Napolèuo  Bouap&rte,  u  U  ;  des  chapllree  excellents; 
mais  l'exposition  rst  en  géuéral  trop  loutTue  et  trop  souvent  aussi 
rnutcur  avancr^  des  faits  sans  preuves».  ^  N*  22.  fionnal.  Les  capitu- 
lations militaires  de  la  Prusse.  La  diplomatie  prussienne  depuis  U 
paix  de  Presbourg  jusqu'à  celle  de  Tilsitl  (publie  beaucoup  d'eitraitJ> 
intoreesants  de  pièces  uffîcieltes  ;  mais  les  présente  mal). 

4.  —  Le  Cabinet  historique.  Janv.-fèv.  1881.  —  A.  Moumsa. 
Notice  sur  la  collection  de  July  de  Fleur;  (importante  pour  l'hisloirv 
admiuisLralive  du  xvni*».).  —  1».  Inventaire-sommaire  de  la  coUectloa 
Joly  de  Fleury,  r>«  art.  —  N.  Valois.  Cartulaires  de  l'abbaye  de  N.-D.- 
des-Prés  de  Douai  ;  notice  sur  deux  mss.  du  Musée  Britannique;  fin 
dans  le  n^»  suiv.  ^^  Mars-avril.  Taiiizet  de  Labroook.  Lettres  inédite* 
de  J.-J.  Bouchard  à  Peiresc,  1633-35.—  E.  MotwiBB.  Note  sur  les  ori- 
gines de  l'émaillerie  française.  —  U.  Robert.  Supplément  à  l'histoirv 
Utténiire  de  la  congrégation  do  8ain^Maur. 

5.  —  ReToe  archéologique.  Mars  1881.  =  Gagnât  el  Fbrhiqdb.  Li 
table  de  Souk-el-Khmis  ;  suite  ■  commentaire  (les  colons  du  Saltitt 
Burum'tanm  avaient  à  se  plaindre  des  mauvai.i  procédés  dejt  condut^toni 
à  levir  égard  ;  le  nombre  de  leurs  corvées  annuelles  avait  été  démeso- 
rémont  augmenté  ;  ils  présentent  une  supplique  à  l'empereur  Commode, 

182  ou  183,  qui  leur  fait  rendre  justice).  =  Avril.  Gaidoz.  De  quelques 
monnaies  baclriennes  à  propos  d'une  monnaie  gauloise.  —  Oblattrk- 
Inscriptions  de  Cbemtou  |Simittuj,  Tunisie  ;  avec  des  notes  et  recù&' 
cations  de.  M.  H.  de  Villefosse.  —  Lettre  de  M.  Jurgiewitch  â  M.  Egger 
sur  deux  inscr.  do  Crimée  (une  de  ces  inscr.  trouvée  sur  t'emplacemenl 
supposé  dn  l'ancienne  Phanagorifi  nous  fait  connaître  l'époque  où  vivait 
un  certain  roi  Aspur^,  déjà  connu  d'ailleurs;  il  était  contemporain 
d*  Auguste) . 

6.  —  Nouvelle  revue  historique  de  droit.  Mars^avril  ISSi. — 

N»  2.  Ed.  Bkaudoih.  Etude  sur  le  Jut  italicum.  —  D'Abbois  de  Jubum- 
viLLE.  Etudes  sur  le  Senchus  M6r;  4"  art  :  l'administration  de  U 
justice  (le  pouvoir  judiciaire  était  exercé  &  la  fois  par  les  assemblées 
publiques,  les  rois  et  les  jurisconsultes  ou  brebouB). 

7.  —  nevuo  des  Deux-Mondes.  1*^  avril  1881.  —  Cusson.  Les 
premiers  jours  de  l'armislico  en  1871  ;  trois  voyage:}  à  Versailles  (très 
intéressant).  —  Coûordah,  Les  fouilles  de  Pergame.  —  Em.  Uavbt. 
Etudes  d'histoire  religieuse  :  critique  des  récits  sur  la  vie  de  Jésus,  =: 


ftBCDBO»  r^arODlQOBS. 


191 


15  avril.  TALLBTUini.  Rapport  fait  au  roi  Lonis  XVIII  ponilant  soa 
Toya^  de  Gand  i  Paris  ;  Juin  1815  (extrait  Tort  curieux  de  la  corres- 
pondan»>  de  T.  qui  rient  de  paraiirel.  -~  Maexds.  M.  Thiers  ;  4*  art  : 
la  révolution  de  FëTrier;  M.Thiers  et  La  seconde  Repnbtiqurcn  France, 
s  A.  Dunin'.  L'instruction  publique  en  1TS9  (it  y  ax-ail  heancoup  d'éla- 
blissoments  d'instructiun  de  tout  ordre,  maïs  pas  d'oi^anisation  d'en- 
semble). ==  I*"  mai.  â.  Ltice.  Jeanne  d'Arc  et  les  ordres  mendiants  (très 
cnriense  étude,  qui  explique  la  dévotion  particulipre  de  Jeanne  à  JéHus 
et  à  Marie,  ei  l'exaltation  générale  des  esprits  pn  France,  surtout  che» 
les  paysans,  qui  prépara  et  facilita  la  mi»sion  de  Jeanne). 

8.-1.0  Correapoaduit.  ib  mars  1881.  —  LEsccaE.  Rivarol  et  la 
société  françai!u>  pendant  l'émigration,  t"  art.;  3*  art.  le  35  avril;  Sn 
le  10  mai.  =  10  avril.  Abbé  Sicarr.  Cinquante  ans  d'insirurtion  et  de 
morale  laïques;  1762-1808:  3*  art.;  3*  art.  le  H)  mai.  »  25  mai.  Cl. 
Jakxbt.  Xa  race  française  dans  l'Amérique  du  Nord. 

9.  —  Rcrvne  des  fitodea  JutTea.  N»  3.  Janv.-mars  1881.  — 
J.  Ualèw.  Mana$sê,  roi  de  Juda,  et  sef:  contempuruîns.  —  S.  Luca. 
Catalogue  des  documents  du  Trésor  des  chartes  relatifs  aux  Juifs  Etous 
le  r^ne  de  Philippe  le  Bel.  —  Scbbid.  Histoire  dos  Juifs  de  Haguenau 
sous  la  domlnatioD  allemande.  —  A.  Caren.  Les  Juifs  de  la  Martinique 
au  xvn*  s.  —  J.  DaitENtiouaG.  Les  anciennes  épitaphes  des  Juifs  daoa 
riulie  méridionale.  —  Lobs.  Notes  sur  rtusloire  et  les  antiquité» 
juives  en  Espagne. 

10.  —  !«  Spect&tenr  miUt&ir«.  15  féT.  1881.  —  Saixt-Aihiin. 
Deux  erreurs  de  Saint-Simon,  l**^  art  (sur  la  mère  du  Cavoye  dont 
M.  de  Boislislo  a  publié,  dans  te  dernier  vol.  de  la  Revw  historique^  le 
portrait  tiré  des  papiers  de  Saint-Siniun.  La  présente  notice  peut  servir 
à  compléter  les  annotations  de  M.  de  B).  ?■  art.  (15  awiJI  sar  le  duc 
du  Maine  {qui  se  conduisit  honorablement  a  la  bataille  d'Arteele, 
du  14  juill.  1695).  =  15  fév.-l5  avril.  Rochas.  Les  vallées  vandoiseSf 
suite. 

11.  —  Ballatln  de  la  Société  da  protestantlame  (Vançala. 
15  fév.  —  Fra?!Ki.[n.  La  mercuriale  du  10  juin  1559  /séance  du  parie- 
menl  où  assista  Henri  0  et  où  il  fit  arrêter  du  Faur  et  du  Dourgl.  — 
Cadisr.  Ix!s  églises  réformées  du  Béom  de  1664  à  iBSh.  —  Leilre  de 
HarUy  de  Sancy  à  Th.  de  Bézc,  1!  juill.  !590  (parle  des  intriguas  des 
partis  qui  se  disputaient  Henri  IV  et  des  manœuvres  du  duc  de  Parme 
pour  débloquer  Paris).  —  Interrogatoire  de  Paul  Colognac,  pasteur  du 
Désert  et  martyr,  oct.  1693.  —  Le  protestantisme  en  Normandie  ;  deux 
lettref  du  ministre  Mordant  à  M.  Néêe,  1779-1784.  —  Viel.  Deux  vic- 
times de  l'intolérance  au  xvtiT<  siècle  jsuite-  te  15  mars  et  le  15  avril). 
=■  15  mars.  Arrêt  du  parlement  de  Paris  contre  Txmis  do  Borgues, 
6  avril  15*9.  —  Le  protestantisme  à  .\nnonBy,  lTOO-1701.  —  Note  des 
dépens  d'un  martyr  :  Etienne  Toiasier,  dit  Lofoge,  U  août  I7&4 
(dépenses  pour  ta  nourrittire  el    les  médicaments  du    prisonnier. 


^52  RECCSILS  péBtODIQDES. 

frais  de  procédure,  salaire  du  geôlier  et  de  l'exécuteur  des  hauies- 
œuvres.  Teissier  fut  on  eflet  pendu  à  Montpellier).  —  Bibliogra- 
phie :  Jobannis  Calvini  opéra,  volume  XXO  (comprend  plusieun» 
index  et  plusieurs  opuscules  de  Calvin).  :=  15  avril.  Ooueh.  Le 
fondateur  de  la  caitise  dos  couvcrsions  (uolice  sur  Pélisaon  ;  peo9« 
que  l'abbé  Pélisson  n^esl  pas  mort  dans  la  foi  caibotique).  — 
Lettre  de.  Catherine  del  Piano,  veuve  de  Th.  de  Bèzc,  à  G.  Sigi*- 
mond  de  Zastrisscl,  oct.  1605  (contient  des  détails  snr  la  biblîo- 
thëque  do  Bèze).  —  Dei.av*ud.  La  Révocation  et  ses  suites  dans  la 
t^aintonge  et  l'Âunis,  1C88-1G97.  —  Dbstahdao.  Articles  du  synode  pro- 
vincial de  Béarn,  tenu  le  9  janv.  1759.  — Ch.  FaossARD.  L'emblème  d« 
la  religion  réformée. 

12.  —  Mdmoires  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paria  et  de  Ttle- 
de-Fraace.  T.  VII,  1880.  —  Goubajod.  La  cheminée  de  la  salle  des 
Caryatides  au  musée  du  Louvre  (les  deux  statues  de  Jean  Goujon,  qui 
ornent  cette  cheminée,  proviennent  du  I^uvre  lui-même,  des  apparte- 
ments de  Henri  11  H  d'.\nne  d'Autriche).  —  A.  Gazirb.  La  Bastille 
en  1743  (publie  une  reUtîon  inédile  de  l'abbé  de  Hoquette,  qui  y  fut 
enfermé  pendant  six  mois  environ.  Le  crime  (]ui  l'avait  amené  dans 
cette  prison  était  grave  :  il  était  jan^téniKtB  et  accusé  d'élever  dans  ses 
principes  cinq  nnfants  orphelins  que  leur  père  lui  avait  coafiés|.  — 
L.  DouET  d'Arcq.  Inventaire  après  décès  des  biens  meubles  do 
M»  V.  Cardonnel,  chanoine  de  N.-l>.  de  Paris,  H38.  —  A.  Chkvjlliu. 
Un  charlatan  du  xvui"  s.,  le  Grand  Thomas.  —  Lbcaroïi.  Les  origines 
de  la  municipalité  parisienne.  1"  part.;  la  Hanse,  ou  Marchandise  de 
l'eau  de  Paris  (étude  consciencieuse).  —  A.  Dl-foub.  Histoire  du  siège 
de  Paris  sous  Henri  IV  en  !ô90  (d'après  une  relation  inédite  et 
anonyme,  rédigée  par  un  témoin  oculaire,  ligueur  déclaré  ;  elle  com- 
plète avec  intérêt  les  récits  laisses  par  Pigafetta  et  Cornejo).  —  Â.  ni 
BoisListe.  Les  iutemlants  de  la  généralité  de  Paris  [notice  biographique 
sur  ces  intendants  depuis  le  tueur  d'Orgeval,  commissionné  en  1633, 
jusqu'à  Bertier  do  Sauvigny,  qui  remplaça  son  père  en  1776  et  mourut 
de  la  façon  que  l'on  sait,  à  Paris,  le  22  juillet  1789.  Presque  rien  sur 
leurs  attribu  lions). 

13-  —  Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  Comptes- 
rendus.  Nouv.  série,  XV,  4'  livr.,  avril  IS8I.—  Rosskedw  Saust-Hiumbe. 
Mahomet  et  le  Coran.  =  5"  livr.  Mai.  Darbste.  Les  anciennes  lois  du 
Danemark.  —  Vachsroi.  Le  comte  do  Serre,  sa  vie  et  son  temps. 

14.  —  Acad.  des  Inscr.  et  belles -lettres.  Comptes-rendus.  4*  série, 
l.VUI,  1880.  =  Oct. -dcc.  AnnÉ,  Unnouveau  tcxtedosactesdess'^'Félicitè 
et  Perpétue  et  de  leurs  compagnons  marly  rs  eu  Afrique,  à  Carlbage,  sous 
le  règne  de  Septime  3évèr«,  202-203  (publie  ce  lexie  d'après  sept  mas. 
de  la  Bifal.  nat.  de  Paris;  donne  de  nombreux  délails  sur  l'interroga- 
toire, que  le  texte  de  Ruinart  ne  contenait  pas).  —  La  Blancïtërs. 
Estampages  et  interprétations  d^inscriptions  découvertes  &  Vallo  di  Ter- 


UOTClt.^  PlhtlODIQWS. 


JSS 


racina.  —  G.  Pabis.  Rapport  sur  les  ouvrages cnToyc«  au  concoure  pour 
le»  autiquités  de  la  Franc*  en  !8SÛ  (cf.  ff«t\  hist.  XIV, 231).  —  Wallok. 
Notice  historique  sur  la  vie  et  les  travaux  de  Caussin  de  Perceval.  — 
Hedzey.  Rapport  sur  les  travaux  des  écoles  d'Athènes  cl  de  Rome  pen- 
dant l'année  1880.  =  T.  TX.  1881.  Janv.-mars.  Laqnu.u.  Les  anciens 
fmuples  do  tnispanïn  {cf.  fl«'.  hist.  XVI,  217).  —  Rapport  du  secrétaire 
perpétuel  sur  les  travaux  de  l'Académie  pendant  le  1*'  semestre  de 
t880. 

15.  —  Revae  des  Sociétés  savantes  des  départements.  7*  série, 
t.  in,  2«  livr.  1881.  —  Finot.  CJiarie  d'atl'ranchis.cpniGnt  octroyée  aux 
habitants  d'.Vmuncourt  par  Ilcnri  de  Neulchàlel,  12  juin  IfilO.  —  Id. 
Titres  cuacemant  l'alTranchi&senieut  des  habitants  de  Bcmmadou,  1337- 
1606.  —  MiBEitR.  Les  chevauchées  d'un  maitre  des  requêtes  en  Pro- 
vence, 15ÔG  (intéressant  par  l'origine  des  intendants).  —  In.  Documente 
sur  l'enseignement  primaire  en  Provence  avant  1789.  —  Ghabvbt.  Une 
lettre  inédite  de  Jean  Cavalier,  de  Jerspy^  2fî  août  4739.  —  Mar^ïv. 
Urdonuauce  de  Jean  de  Soîssons^  eire  de  Moreuil,  relative  aux  mesures 
à  prendre  pour  la  défense  de  la  ville  de  Compiègne  en  mai  Ull.  — 
Seiivois.  Notes  sur  les  gages  des  serviteurs  de  Daniel  Huei.  —  Roserot. 
Inventaire  du  cb&teau  de  Coursan  en  1482.  —  Edm.  Micuxl.  6  inscrip- 
tion!* de  règliRe  d'Yèvre-lp-Châlel  il^irPt). 

16.  —  Revue  historique  et  archéologrique  dn  Haine.  T.  IX, 

l»*  livraison.  1881,  1"  sem.  —  Mbkjot  d'Elbesne.  Eftsai  sur  la  Fronde 
dao»  le  Maine;  siège  du  Mans  en  1572,  d'aprèe  des  doc.  inédits  (met 
eu  lumière  l'incapacité  de  Beaufort  et  les  alTreuz  ravages  commis  par 
son  armée). — Abbé  Cbaulks.  I/eacetnte  gallo-romaine  du  Mans.  •= 
2*  livr.  Abbé  Frooeb.  Les  Cam&ldules  au  Maine.  —  Âbbé  Lsobd.  Lee 
seigneurs  de  la  Hoche-Ooisnon  ;  fin. 

17.  —  Archives  bistoriqaea  de  la  Salntonge  et  de  l'Aunis. 

Tome  V'I.  —  P.  de  Ki-kuhy.  L'aumûnerie  de  Saint-tiille,-*  de  Sur- 
gères ,  1105^1447  (publie  15  chartes  qui  retracent  Tfaîstoire  tem- 
porelle de  l'aumônerie  de  Surgères  depuis  sa  fondation  par  Guillaume, 
duc  d'Aquitaine,  jusqu'au  xv*  siècle).  —  Mabchuqay.  Documents 
relatifs  à  Pregent  de  Coetivy^  seigneur  de  Tailtelioiirg  et  amiral  de 
Franco,  143G-1452  idélails  surtout  biographiques  et  généalogiques; 
signalons,  comme  pouvant  présenter  un  intérêt  plus  général,  la  liste 
des  seigneurs  de  Didunne,  1232-1500,  et  une  lettre-missive  de  l'amiral 
doooaol  quelques  détails  sur  les  opérations  militaires  en  Bretagne  el  en 
Normandie,  3  fêv.  1450|.  —  J.  Pellissom.  Pièces  relatives  À  deux  com- 
munes de  rammdi.ssemeni  de  Barbczieux,  Brroeuil  et  Condeon,  lt!85- 
1778.  —  Pièces  diverses:  montres  et  rôles,  baux  et  capitations.  à  la 
Rochelle,  Saint-Jean-ti'Angély,  le  Brouage,  Saujon,  1503-1764.  — 
Autres  pièces  relatives  à  MarenDes.Oléron,  Arven,  1347-1789  (déclara- 
tion du  duc  de  Richelieu  en  faveur  de  ses  lenanciers  d'Hiers-Rrouage; 
cahier  des  doléances  et  plaintes  des  habitants  de  Marcanes,  etc.).  — 


454 


t£GOBILS  réaiODIQUBS. 


Autres,  relatives  au  Brouage  (création  d'iioe  amirauté  par  Henri  m, 
etc.^  ;  à  Cbamplaia  (lettre  de  Chaïuplaio  au  roi  sur  la  découverte  de  li 
Nouvel  le- Franco,  et  sa  supplique  à  la  chambre  de  commerce  qui  le 
recommande 'au  près  du  rot,  16)8).  —  Lettres  de  Chabot  de  Jamac,  A. 
Barbot,  J.  Besly,  P.  de  la  Hoguette,  A.  du  Puy.  Original  du  i  cayer 
pour  préiienter  au  roy,  dressé  et  arreeté  par  les  despulés  d&s  eâglixee 
réformées  de  cr  roiaunm,  a^ieemhleK  en  cegte  ville  de  la  Rochelle  >, 
13  oct.  !Ôt)7.  =  T.  Vil.  P.  iiE  FuiusY.  Chartes  sain tongeAÏ ses  de  l'ab- 
baye de  la  Couronne,  I1i6-U76.  -*  H.  Rehaco.  Correspondance  rela- 
live  aux  provinces  d'Aunis,  Saiuiuuge,  Ângoumois,  Anjuu,  eutre  l'in- 
tendant F.  de  Villemontée  et  le  chancelier  ëeguier^  1634-1648  (di^spo- 
sious  entre  l'archev.  de  Bordeaux  et  le  duc  d'Épemon  ;  (roubles  en 
SaiutDuge;  contre-coup  de  la  Fronde;  plaintes  formulées  à  Bordeaux 
et  à  la  Rochelle  contre  l'intendant,  etc.|  —  J.  PBLLrs»ON.  Pièces  reta- 
lives  aux  tcmplns  de  ScgonKac  et  de  Jamac,  160T-1684.  —  G.  TobtaT. 
Actes  relatiri:  à  Saint-Saturnin  de  Scschaux,  Pantoy,  Saint-James, 
Gibran^  1450-1778.  —  Dangueaud.  Saintee  en  1770;  notes  de  Le  Ber- 
u>u  de  Bouuemie,  lîeuteuaut-géaéral  de  la  sénéchaussée  de  Sainlonge 
et  présidial  de  Saintes.  —  Mélanges  (charte  de  Charles  VU  rappelant  le 
don  fait  à  Jacques  !«'  d'I^sse  du  comté  de  Saintonge  et  du  ch&teau 
de  Rochefort,  1428.  —  Pièces  produites  par  D.  du  Bourgs  médecin  ordi- 
naire du  roi,  pour  se  faire  dégrever  des  tailles,  1579-1607.  —  Lettre  du 
pasteur  S.  Loumeau  à  Duplessis-Momay  sur  les  événements  de  la 
Rochelle,  1623,  etc.). 

18.  —  Annablea  de  la  foonltè  des  lettres  de  Bordeaux,  â^année, 
n*  l;jaav.*mars  1881.  —  CoMifEs.  Ga/ette  hebdomadaire  de  la  guerre 
de  la  succession  d'Kspagne,  par  le  colonni  Chevalier  du  Bourk,  agent 
de  Chamillard  (analyse  et  extraits,  d'après  le  ms.  des  archives  de  la 
guerre).  —  Locuaire.  Remarques  sur  la  succession  des  grands  officiers 
de  la  couronne  qui  ont  souscrit  les  diplômes  de  Louis  VI  et  de 
Louis  VU,  l"'-  art.  (notice  sur  les  sénéchaux  Anseau,  Guillaume  et 
Etienne  de  Garlande,  sur  Raoul  !•',  comte  de  Vermandois,  et  Thi- 
baut V,  comte  de  Blois). 

19.  ^  Annuaire  de  l'asBûciation  pour  l'enconraeemeat  âai 
Atndea  grecques  en  Fraince.  14*  année,  1880  {pour  la  13*  année,  voir 

XIII,  20tj).  —  Nicéphorc  Grégoras  :  éloge  de  la  ville  d'HérocIée  du 
Pont,  d'après  Memnon  et  autres  historiens  inconnus;  texte  inédit^  pub. 
par  Sathas. 

20.  —  Bulletin  de  la  Société  de«  sciences  historiques  et  natu- 
relles do  l'Yonne.  Année  1880,  34*  vol.  (pour  le  33o,  voir  Hcv.  hislor., 

XIV,  211).  —  lira.  Psto-.  Cartulaire  du  prieuré  de  Jully-lea-Nonnain», 
canton  d*Ancy-le-Franc,  arrond.  da  Tonnerre  (collection  de  chartes, 
dont  la  plus  ancienne  remonte  à  1115,  et  upparteoant  toutes,  à  20  prfe», 
au  xu*  et  au  xin*  s.  On  regrette  l'absence  d'une  table  dos  noms  do  lieu). 
—  MoNCCAUx.  Les  coutumes  et  péages  de  la  vicomte  de  Sens  (publie  un 


HECOETLS  PéBIODlQDBS.  4S5 

texte  moins  ancien,  mais  plus  complet  iiue  celui  que  M.  Lecoy  de  la 
Marche  a  inséré  en  1866  dans  la  Bibt.  de  l'Éc.  da  chartes  ;  rectifie  en 
môme  terops  un  point  d'histoire  locale  :  la  vicomte  de  SeuK  n'a  pas  été 
achetée  en  I2G9  par  l'arcLevëque;  celui-ci  c'en  acquit  qu'un  tiers;  la 
vicomte  Biibsistait  encore  au  xviii*  »,  Le  texte  de  ces  coutume»  est  »uivi 
de  l'état  el  ilènonibremeat  des  bieus  et  revenus  dépeudaoi  de  l'arche- 
vêché do  Sens  et  d'un  inventaire  des  titres  de«  fiefs  qui  en  relevaient 
au  xvnt'  s.).  —  Csalle.  La  léproserie  de  Sainte-Marguerite;  l'église  de 
Saint-Siméon  et  le  cbAteau  de  Choux.  —  Deuay.  Une  campagne  de  la 
garde  nationale  d'Âuxerre  en  1792  {contre  un  t^oulèvement  des  flotteurs 
et  gens  de  rivière  qui  réclamaient  une  augmentation  de  salaire).  — 
Challe.  Émeutes  à  Auxerre  en  1630  ;  une  campagne  des  gardes  natio- 
naux de  l'Yonne  (récit  de  l'autour,  témoin  oculaire). 

ai.  —  Mémoires  de  la  Société  d'archéoloerte  lorraine.  3*  fsérie^ 
t  VIU  (pour  le  t.  VU,  voir  Rev.  hùtor.  XIII,  A35|.  —  Des  RoBam:  et 
Lepaoe.  Lee  armoiries  de  Nancy  (do  l'origine  du  chardon  héraldique). 
—  E.  UB  Bartuêu^y.  Lettreftde  M.  de  Callières  à  la  marquise  d'Uuxettet 
sur  la  cour  de  Lorraine  (CaUïères  avait  été  chaîné  en  mai  1700  de  déci- 
der le  duc  do  Lorraine  à  céder  au  roi  ses  Etats  en  acceptant  le  duché 
de  Milan  en  échange  ;  te  détail  de  ces  n^oelations  a  été  exposé  par 
M.  d'HausKonville  ;  les  4  lettres  publiées  ici  n'en  parlent  pas}.  —  L.  Ger- 
main. Note  bioiu;raphique  sur  dom  Maugérard.  —  Battorr.  Quelquet:  notes 
sur  le  palais  ducal  de  Nancy,  1516-1731.  :=  Lbpaqb.  Deux  registres  de 
l'église  collégiale  Saint-Georges  de  Nancy,  paroisse  de  la  Cour.  — 
FAvna.  Sur  l'élection  de  Charles-Joseph  de  Lorraine,  à  l'évéché  d'Os- 
nabmck,  1698.  —  Germais.  Médailles  de  Christine  de  Lorraine,  grande 
duchesse  de  Toscane,  1588-1598.  —  Benoit.  Les  princes  de  ta  maison 
de  Lorraine  abbés  de  Ctuny. 

98.  —  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie, 

t.  IX,  années  1878-79  et  1879-80.  —La  Cois-re.  Ue  ta  sépulturp  do 
Charles  df>  Bourgueville,  seigneur  de  Bras.  —  Noël.  Rapport  général 
sur  les  deux  fouilles  exécutées  par  la  Soc.  des  Antiq.  Ac.  Normandie  en 
aoiil  el  sept.  1868  au  Val-ès-Dones.  —  OmLLOUxan.  Recherches  sur  le» 
GoUiberts  (nous  avons  déjà  mentionné  cet  excellent  mémoire  qui  semble 
résoudre  la  question  si  controvereée  des  Coltiberts  :  c'étaient  des  hommes 
libres,  obliges  seulement  à  des  redevances  ou  à  des  prestations  déter- 
minésB;  ils  devaient  Irur  liberté  à  un  acte  d'affranchissement).  —  L« 
SiGoniaE.  Lettre  sur  les  papiers  de  la  famille  du  conventionnel  Pletde 
Beauprey,  vendus  à  Séez  en  1880  {avec  quelques  détails  sur  la  biogra- 
phie de  ce  personnage,  d'ailleurs  fort  obscur;  exilé  en  1816  comme 
r^cide,  il  rentra  en  France  en  1818  et  mourui  en  1821 1.  =  Bibliogra- 
phie :  La  Sicotière.  Le  curé  Pons  (publie  la  correspondance  inpdiie  de 
ce  prêtre,  membre  de  la  Constituante,  de  I789à  1791.  ~~Cb.  de  Montsey, 
Histoire  de  la  Flèche  et  de  ses  seigneurs  (intéressant,  surtout  pour 
l'histoire  de  Guillaume  Fouquet  de  La  Vareune,   un  des  serviteurs 


456  ucunu  pfoiooiQOBs. 

dévoués  de  Henri  IV).  —  Pépin.  Saint-Fierre-soF-Dives.  — Sauvait.  Co 
BumAnier  du  roi  Louis  XV.  Mgr  d'Aydtc.  —  Appert  et  Biancfuiiin. 
IlisUiire  de  rimprim»ïri<»  à  Domfront.  —  Abbé  Pigeon.  Oisloire  ds  U 
cathédrale  de  Couiauceft. 

23.  —  Annales  de  la  Société  d'émnlatlon  da  l'Ain.  14*  atanêe, 
1881.  Janv. -Mars.  —  Jariun.  Bourg  et  Bell ey  pendant  la  RcTolutioa 
(biographie  de  Juuberl;  »es  débuts  au  barreau,  puis  à  l'armeo.  Sur  ces 
éludes  de  M.  Jarria,  voir  Bev.  histor.  XUl,  232j.  —  BiiossÀaD.  Descrip- 
tion historique  et  lopographique  de  Taucienae  ville  de  Bourg,  13*  arL 

24.  —  ReTne  de  TAnJoa.  1880.  Juillet.  —  H-  Sauv&ob.  Un  singu- 
lier jtrocès  angevin  (HVSll.  =  Aiiiit.  L'ablM*  T.  pLrrrKAt].  Annales  ecclé- 
siastiques d'Anjou  :  Guillaume  Ruzé,  èvëque  d'Angers  (1572-1587).  = 
Sept.  Artliur  Du  Chêne.  Uu  petit  collège  avant  et  pendant  la  Révolu- 
tion :  Baugé  de  1682  à  1793  (intéreseant  ;  suite  en  oct.:  fin  eu  nov.).  — 
\.  JouDEHT.  Hecherches  historiques  sur  le  canton  do  Bierné:  Saint-' 
Michel  de  Feins  (fin  en  décembre).  =  Oct.  Id.  La  vie  mrale  au  xvi*  s. 
(d'après  le  Journal  du  sire  de  GoubervilU.  p.  p.  rabbÔTollemer)'  =  l>èc. 
Comptes  royaux  de  1520,  p.  p.  M.  de  Couo?nr  (fragments  de  comptes 
recupillis  sur  les  cnuvprtures  de  registms  municipaux  de  Chinon  ;  ils 
raentioanent  Triboulet  et  Pierre  Mangol,  orfèvre  du  roi}.  =^  Janvier. 
Récits  iuéditei  de  Fraii<;ois  Chéron  sur  la  vie  de  famille  dans  les  classes 
bourgeoises  avant  la  Hévulution,  p.  p.  Hebvé-Bazih  (guite  en  fèvr.). 
=  Mars.  Ed.  ne  Barthélémy.  La  maison  d'Anjou  en  Hongrie.  ^  A 
part  :  Ifotrc-Dame  Angevine  de  Grandet. 

25.  —  Les  lettres  chrétiennes,  revue  d^nselgnement,  de  phi- 
lologie et  de  critlqiie.  1"  année,  1880,  mai-juiu.  —  J  GAZjuct'i. 
Introduction  (la  Hevue  sera  particulièrement  consacrée  aux  recherches 
d'érudition  sur  la  philologie  et  rarchèologie chrétiennes;  elle s'uccupen 
aussi  des  questions  d'enseignement).  —  L'abbé  Dcilhè  db  8.  Pbojvt. 
Histoiro  littérairo:  de  la  théologie.  —  Lboov  dk  la  Marchs.  L'enseigne- 
ment au  moyen  âge.  —  L'abbc  La  Monnibr.  I^AJeunesse  de  Saint-Fran- 
çois d'.\&?ise  (suite  en  juillet).  —  Fr.  Godsfroy.  Les  érudils  français  an 
XIX*  siècle  (fin  en  juillet).  —  Revue  critique  (précédée  d'une  lettre  de 
M,  l'abbé  U.  Cubvalibr  sur  l'utilité  et  les  conditions  de  la  critique 
d'érudition,  qui  donne  une  idée  très  favorable  de  l'esprit  dans  lequel 
cctic  partie  importante  do  laita'uc  sera  rédigée}.  =  Juillet-août.  E.  Gaa* 
TtER.  La  renaissance  italienne  et  son  influence  en  Europe  (suite  en  sept.). 
^  8ept.-ocl.  L'abbé  L.  Bouboain.  L'épiscupat  français  au  xu*  siècle.  — 
Lbcoy  db  la  Mahchb.  Los  monuments  écrits  relatifs  à  saint  Martin.  =: 
Nov.-di'c.  Ch.  IIuTT.  L'ensoignemp-ntdans  la  Grèce  antique.  —  P.  Allajld. 
Le^  rapports  de  l'Ëglise  et  de  VÈl&t  au  ni*  siècle.  —  Les  autres  articles 
insérés  dans  ces  premiers  numéros  traitant  de  points  particuliers  rela- 
tifs à  l'histoire  litléralre,  à  l'hynujographie,  à  la  musique  sacrée  et  i 
l'épigraphio  chrétienne. 

26.  —  Annales  de  philosophie  chrétienne.   1881.  Janvier.  — 


BECCeiU  P^BIODIQCES. 


457 


£.  Bjibblon.  Lee  inscriptions  canéiformes  relatives  à  la  prise  de  Daby- 
lone  par  Gyrus.  —  G.-H.  Tounarr.  Le  cimetière  Sainte-Agnès  à  Rome. 
=:  Mars.  L'abbé  Ch.  Taociio».  Le  Pentateuque  de  Lyon.  —  J.  ]Ialë\'v. 
Notes  sur  quelques  p<iints  conlestes  dans  l'histoire  de  Gyrus  (réponse  à 
l'article  do  M.  Raboloa). 

87,  —  nevne  de  Bratairne  «t  de  Vendée.  1880,  juin. —  R.  Keivi- 
LER.  La  Brelagno  à  l'Académie  fi-am^aifie  (le  cardinal  de  Soubifte  |17iT- 
ilhCi),  suitf^ennov.Janv.  elfév.  ;le  prince  L<»nJïi,  ipjatrième  cardinal  de 
Rohao,  J73i-1803).  —  A.  de  KRRMAmanv.  Une  excumicin  dans  la  pres- 
qu'île de  Rliuye  (suite  en  oct.,  fin  en  nov.).  =  Juillet.  R.  Ohku.  Saint 
Caradec  appartîeat-il  à  la  Bretagne  ?  —  L.  MaÎthb.  luventaire  iioni- 
maire  des  archive»  de  la  Ix>irc-Infèrioure  {préface  de  la  ftorio  E  ;  cette 
série,  la  plus  importante  de  la  Loire-Inférieure,  comprend  notamment 
le  trésor  des  chartes  des  ducs  de  Bretagne  (4090  pièces  de  1030  à  1514) 
et  les  litres  de  famille,  environ  75,000  pièces).  —  Lettres  incultes  de 
H.  de  Bouille,  lieutenant-général  du  mi  en  Breugne  (15f)8-1574),  p.  p. 
A.  Ds  LA  BoBOERiB.  ^  Aoûl.  A.  DE  LA  Bobdbuie.  Docnments  inédita  de 
Thistoire  de  Bretagne  :  l'île  de  Bréhatsotis  la  Ligue  de  1591  à  I5!)5.  ^ 
Sept.  Mémoire  sur  la  canalisation  de  la  province  présenté  aux  ^lats  de 
Bretagne  de  1746  par  le  comte  de  Kersaason.  —  L'abbé  Acobbeac. 
Souvenirs  des  guerres  de  Vendée  :  un  mois  de  campagne  (extrait  des 
mémoires  de  Pierre  Devaad,  des  Cerqueux-«ou8-Maulevrierf  simple 
soldat  de  l'armée  vendéenne  ;  la  deuxième  attaque  de  Luçon  et  le  com- 
bat de  Chantonnay).  —  A.  Fabry.  Les  villes  de  Bretagne  :  Quinlin  (fin 
en  nov.)  ==  Oct.  Du  Lalhehs  [>b  la  Babre.  Galerie  des  poètes  bretons  : 
Tabbé  du  Laurens  de  la  Barre,  1715-1798.  =  Nov.  Documents  inédits 
sur  Jacques  Cartier  et  ses  compagnons  (1555),  p.  p.  A.  db  la  Borderib 
(trois  arrêts  du  Parlement  de  Bretagne  concernant,  les  deux  premiers 
Jacques  BonlaiD^  Macé  Jalobert  et  Guillaume  Si'^uart,  le  troisième 
J.  Cartier  lui-même  ;  ce  dernier  arrêt  établit  que  Cartier  vivait  encore 
en  1555;  son  exi^teacen'avaitëté  jusqu'à  présentconstatêe  que  jusqu'en 
1552).  Janv.  Abbé  GaÈaontB.  État  du  diocè»)  de  Nantes  en  1790.  — 
R.  P.  Flavibn  de  Bi.O[s.  Les  Capucins  de  l'Ermitage  de  Nantes,  1539- 
1880  (suite  en  février). 

28.  —  Bulletin  de  la  Société  des  bibliophiles  bretons  et  de 

rhlBtoir«  de  Bretagne.  3"  année,  1879-18J>0  ,  Nantes,  1880.  —  Règle- 
ment pour  les  vivres  des  troupes,  1557  (Bibl.  nat.  fr.  22310,  f.  111.  — 
R.  BLA^CUAHD.  Uniua  de  l'abbaye  de  Genestun  à  la  cuugrégaliuii  des 
chanoines  réguliers  de  France,  165&-1657  (rectilicalion  au  CuUia  Chris- 
Haïui]. 

S9.  —  Mémoires  de  TAcJulémie  de  Stanislas.  4*  série,  t.  XII. 
Nancy,  1880.  —  Murey.  Ex-votu  du  duc  Auioiue  de  Lorraine  en  recon- 
naissance des  victoires  qu'il  remporta  en  Alsace  sur  les  Rustauds  en 
1525.  —  Debidol'B.  Le  général  Bigarré,  aîde^C'Camp  de  Joseph  Bona- 
parte (d'apr&s  ses  mémoires  inédits  conservés  à  la  Bibliothèque  d'Âa- 


438 


EBCVFTtR  réniDDIQUES. 


gwfl^.  —  Haooiolu,  Fouillé  scolaire  on  inventaire  des  écoles  dans  \m 
paroisseB  flt  annexer  (lu  diocèse  de  Toul  avaol  1789  et  do  1789  à  1S33. 
80.  Mémoires  de  1&  Société  des  lettres,  sdences  et  arta  de  Bar- 
le-Dnc.  T.  IX,  1880.  —  V.  Servais.  NoutbIIps  r^chorchps  sur  la  situa- 
tion de  la  librairie,  rélablÎAScmeDt  cl  l'état  do  rimprimene  k  Bar-Ie- 
Duc  du  xtir*  au  xviir  s.  —  Bunnadellb.  Élude  sar  les  soigneurs  de  Ligay 
en  Barrais  de  la  maison  de  Luxcnibuurg,  ta  ville  et  la  citadelle  de  Ligny. 

—  L.-Ch.  BoNNS.  lilude  sur  la  condition  des  ctrangers  eu  France  depuis 
les  origines  de  la  inuuarchip  jusqu'à  no!^  jours.  —  Maxe-Werlv.  Études 
sur  les  monnaies  au  type  altéré  de  Ucnri  l'Oiseleur  |lronvaille  de  Loa- 
geaux). 

31.  —  Mémoires  de  la  Société  d^a^coltare,  oommeroe. 
sciences  et  arts  de  la  Marne.  ChAlons-sur-Marne,  1S80.  —  E.  l'sn- 
BiRR.  Sur  un  manuscrit  d'Ëlienne  de  Bourbon.  —  Colonel  db  DouansOLLS. 
Souvenirs  lorrains  et  champenois  du  moyen  âge  (la  ville  de  Neufcb&teau 
et  les  premiers  Valois;  les  villes  de  Lorraine  el  la  loi  de  Beaumont). 

—  Abbé  LucoT.  Jeanne  d'Arc  on  Cbampagae  (publie  une  aol«  inédits 
d'un  contemporain  de  la  Pucplle  sur  la  campagne  du  sacre,  écrite  suf] 
un  ordo  de  la  cathédrale  de  ChàtouB.,  Bibl.  nat.  latin.  10570}. 

38.  —  Travaux  de  TAcadémie  nationale  de  Reims.  T.  L!£JV. 
IB80,  —  L,  DeMiLisoN.  Étude  critique  sur  la  vie  de  saint  Bigebert,  roi 
d'Anstrafie,  par  Sigc^bert  de  G^embloox  (conclut  que  la  Vita  Sancti  Sic»- 
berti  n'a  aucunt;  valeur  historique  et  que  les  faits  qu'elle  rapporte  sont 
empruntés  à  des  sources  que  nous  possédons  toutes  el  qui  ont  souvent 
été  utilisées  d'une  façon  inexacte  par  Sigebwt  de  Ge-mblaux).  — 
H.  Jadart.  Du  lieu  natal  d'Urbain  II  [Chfttillon-sur-Maroeotnon  Ctt^] 
tillon-fiur-fiar).  —  lo.  Étudo  sur  la  vie,  les  œuvres  et  la  mémoire  de 
Dom  Jean  Mabillon  (intéressant  ;  publie  en  appendice  un  grand  aombrs 
do  documeuts  rplatifs  à  Mabillon)- 

33.  —  Mémoires  de  la  Société  arcliéologiqae  et  hlttoritpie  de 
rOrléanals.  T.  XVII.  Orléans,  188U.  —  Bol-chbr  db  Moi.andoh.  La 
famille  de  Jeanne  d'Arc;  son  séjour  dans  l'Orlèanaiâ  d'après  des  titre* 
récemment  découverts  (travail  imporlant).  —  J.   Boinbl.   NouvosozJ 
documents  sur  Jean  do  Lya,  neveu  de  Jeanne  d'Arc.  —  D*"  Patay.  Les] 
enseigneii,  emblèmes  et  inscriptions  du  vieil  Orléans  (travail  curieux,  j 
accomjiagné  d'un  très  bol  all>uin  d'eaux-fortes).  —  Contrat  de  marisgft] 
d'Anne  d'Orléans,  petite,  fille  do  Diinois^  avec  André  FV  de  Chauvigny, 
seigneur  de  Ghàteauroui  (1494),  p.  p.  M.  Bucubt.  —  P,  oe  FàLics.  Un 
étudiant   bàlois  à  Orléans  en   IdS9  (Thomas   Flatter).  —  TaAncuAU.j 
Pierre  Vallet,  graveur  Orléanais  (1575-IG12).  —  L.  Jakay.  Les  suites  dfl 
la  Fronde  pn  Orléanais,  1653-1660  (intéressant"  étude  sur  nu  ëptsoda| 
peu  connu  de  la  Fronde  ;  insurrection  des  sabotiers  de  Sologne;  assem-' 
blées  de  la  noblesse  eu  Orléanais  ;  procès  de  Créquy^  Dannery  et  Mou- 
lin-Chnpel  ;  arre.station  et  exécution  de  Bonnesson.  Parmi  les  pièces^ 
juïitiiicatives,  lettres  de  Mazarin,  Sérier,  Colbert,  Pommerou,  Le  ToU 
Uer,  etc.). 


KECVSaS    PlEBIODTQrBfl. 


459 


34.  —  Balletin  de  la  Société  arctaéologlqae  et  historique  de 
rOrléanals.  T.  VIT,  1880.  —  N- 104.  Ihdekt.  Notes  sur  la  Mott«-Bare&a 
et  le  moulio  de  TRApiLal  à  Orléans.  «  N*  105.  Datiiel.  Not^  sur  tes 
deux  Bérauld  et  quelques-uas  de  leurs  coalemporains  (reclificalions  k 
la  France  proteitanU). 

36.  —  Balletin  de  la  Société  niTemalse  dea  lettres,  des  sciences 
et  des  arts.  T.  VIII,  1880.  —  Rrnv.  Etude  sur  lt>  parcours  des  anciennes 
provinces  romaines  dans  la  partie  nnnl  du  département  de  la  Nièvre. — 
Liettres  d'affaires  du  duc  de  Nivernais  (1716-17^8),  p.  p.  Tabbé  Botrra- 
LiEB.  —  I>.  RouBBT.  Lft  quesiloD  dc  Gergnvût.  —  Mgr  Croskim.  Ësndes 
sur  la  géographie  do  la  Nivemie  pendant  les  cinq  premiers  siècles  de 
notre  ère,  et  principalement  sur  la  Gergovie  des  BoTens.  —  Abbé  Boo- 
TiLUBi.  Mystères  et  nioralilés  jonés  par  penuinnages  ou  simplemont 
figurés  aux  entrées  des  princes  à  Nevers,  de  1396  h  1515  (d'aprôs  les 
comptes  de  l'hûtel  commua  do  Nevers).  —  V.  Gcbneao.  Prieurs  de 
Saint-Cbristophe  de  Château -Cbïnoa.  —  Concordat  entre  le  curé  de 
baint-Pierre  do  Nevers  et  ses  paroissiens  ea  1494,  p.  p.  l'abbé  Bounb- 
URB.  —  Charte  de  1487  relativp  aux  Frères-Mineurs  de  Nevers,  p.  p. 
M.  DB  CiusTEi.LLX-  —  Alibé  BouTiLLiEB.  Rapport  sur  une  inscription 
romaîno  récemment  découverte  à  Monccaux-le-Comte  fcotte  inscription 
meniioane  les  opificcs  ioricari  du  pays  éduen}.  —  Is.  L'auieur  des 
fresques  de  Saint-Pierre  de  Nevere.  —  Ruby.  Notes  historiques  sur 
rarroodissement  de  Glamecy.  —  â.  Sonhië-Moret.  Notice  sur  les  écri- 
vains  de  Glauecy  (42  articles).  —  V.  Gub:<hau.  Le  marquisat  d'Espeuilles. 

—  Abbé  BocTiLLiEii.  Anciennes  marques  des  boulangers  de  Nevers.  — 
Id.  Drames  litui^îques  ou  rites  &guré<t  et  cérémonies  religieuses  dans 
l'Église  de  Nevers.  —  Le  Roubbt.  Michel  Deepréfays.  —  V.  Gubkbao. 
Monlins  Engilbert. 

36.  —  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  beiles-lettres 
et  arts  de  Glermont-Ferrand.  T.  X.XJ,  1879.  —  Général  Bobsoh.  La 
nation  gauloise  et  Vercin^étoris.  —  M.  Faucon.  La  rédaction  de  la 
coutume  d'Auvergne  en  1510,  d'après  un  r6Ie  des  Archives  nationales. 

—  Fr.  MàoE.  Chronique!)  et  récits  de  la  Révolution  dans  la  ci- 
devant  Basse-Auvergne  (département  du  Puy-de-Dôme)  Les  batail- 
lons do  volontaires,  1791-1793  (continuation  des  importants  travaux  de 
L'autoor  sur  la  Révolulioa  en  Auvergne  ;  nombreuses  pièces  justitîca- 
tivee).  —  GoHENDv.  Découvertes  â  Ghamaliércs  d'un  denier  mérovingien 
de  Lothaire  frappé  h,  Clermont  et  d'un  coin  mérovingien  à  Uaint-Mart. 

37.  —  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  ai^  de 
l'Aveyron.  T.  XI.  Rodez,  1879.  —  II.  Affub.  Substitution  du  français 
au  latin  et  au  patou  dans  la  rédaction  dos  actes  publics.  —  L.  Vaisse. 
Un  documetnt  retrouva  et  quelques  faits  rétalilis  cunceruaot  l'histoire  de 
l'éducation  des  sourds-muets  en  France.  —  J.  de  GibSAc.  Le  marquis 
de  Mootcalm-GozoQ  (Compte-rendu  à  ses  commettants  par  le  marquis 
de  M.-G.,  député  de  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Villefranchc-de- 


460 


KECtTBaS  péRiooiQins. 


Rouelle  aux  ÉtaLs-Génémux).  —  L'abbé  Cteès.  Rapport  sur  les  tfaerraes 
el  un  ciraetwre  gallo-romain  découverts  à  Rodez.  —  P.  Fouloctkr- 
LwËRaitu.  Étude  historique  et  statistique  Ëur  le  c^iuton  tie  Saint-Semio. 

—  MM.  C\BROL.  Essai  dn  critique  historique  au  sujet  d'une  >ille  qui  a 
existé  dans  la  plaine  de  la  Madeleine,  près  de  VillefraDche-de-Rouergue. 

—  0.  CxfiRoi..  Sé^odun.  —  L'abbé  V.  Lafok.  Histoire  de  la  rondaiioo 
de  l'abbaye  de  floc-Dieu. 

38.  —  Commission  historique  et  archéologique  de  la  ICayenne. 

Procès-verbaux  et  dtwuments.  T.  I.  Laval,  !880.  —  D""  Vehneau.  Sur  la 
grotte  de  Voutré.  —  E.  Mobeau.  Études  préhistoriques  sur  les  environs 
d'Eroée.  —  Id.  Le  bronze  aux  environs  de  Graon.  —  Ed.  DaLAtmAT. 
Notes  historique»  sur  la  commune  de  Montenay,  canton  d'Kmée.  — 
T.  Abraham.  Le  chiUeau  de  Montjean.  —  Acte  d'inhumalinn  de  René- 
Antoine  de  Ferchault,  seijçneur  de  Réaumur,  tiré  des  archives  de  Saint- 
JuUen-du-Terroui  (19  octubrc  1757;  le  physicien  U.  décéda  à  son  châ- 
teau de  la  Bermondière^  au  Maine). 

39.  —  Mémoires  de  la  Société  polymathique  da  MorbUiaii.| 

1879.  Vannes.  —  Le  Mp.^K.  Gonêalopip  des  sires  de  Rieui.  —  L'abh 
Luco.  Les  paroisses  du  diocèse  de  Vannes  jsuile  ;  duniie  liste  des  rec- 
teurs d'après  le  dépouillement  des  registres  de  paroisses).  —  D»  di 
Closvadruc.  Prise  de  possession  de  la  baronnie  de  U  Roche-Bernard 
par  le  comte  de  Boisgpiin^  marquis  de  Cucé,  en  1744.  —Le  Mmt. 
Généalogie  des  baron?  do  la  Rocho-Bernard. 

40.  —  Mémoires  de  la  Société  nationale  d'agHcnltore,  sciences 
et  arts  d'Angers.  Nouvelle  pt?riode.  T.  XXI.  Angers,  iSSO,  —  L.  Cos- 
KiKH.  M"*  Rusalie  Barbot,  souvenirs  du  vieil  Angers.  —  V.  GonAfto-l 
FAUtTBiBB.   Place  du    Flalliemeot  à  Angers;  fouilles  de  1878-1879.  — ' 
G.  Rondeau.  Saint-Michel  du  Tertre  d'Angers  (suite;  la  paroisse  Saint- 
Michel  au  ivi*  siècte). 

41.  —  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d'IUe-et-Vllalae. 
T.  XIIL  Renues.  —  F.  Romou.  Observations  critiques  sur  l'archéologie  1 
préhistorique,  spéciatpment  en  ce  qui  concerne  la  race  des  Celtes.  — 
L.  DccOMBË.  Excursion  à  Sainl-Brioi.  L'alignement  mégalithique  de  la 
Croix-dcs-Marins.  —  L'abbé  U.vmabd.  Fouilles  Taitcs  à  Caruac  en  1874- 
1876.  —  L'abbé  Paris- Jallobert.  Registres  de  comptes  de  la  paroisse 
d'Izé  des  xv«  et  xvi«  siècles.  —  L.  Madpillé.  Notices  historiques  eti 
archéologiques  sur  Lph  paroi<>ses  du  canton  de  Saint-Brice. 

42.  —  Mémoires  de  la  Société  agricole,  scientifique  et  litté- 
raire des  Pyrénées-Orientales.  T.  XXlV.  Perpignan,  1880.  —  Bulle 
du  pape  Ôergius  IV  pour  le  monastère  dn  Mont-Canigou  (1011),  p.  p. 
L.  Pabri. 

43.  —  Bulletin  de  TAcadémie  du  Var,  nouvelle  série.  T.  IX,  1 87^ 

1880.  Touluii.  —  D'  H.  Grèmire.  Lpa  droila  seigoeuriaux  oji  Provence. 

—  D»  G.  L,\MOBRT.  Essai  sur  le  régime  municipal  et  l 'affranchissement 
do6  communes  en  Provence  au  moyen  &ge.  —  Xy  H.  Gafioeiu.  Le 


maréchal  duc  de  Richelieu  à  Toulon  «n  1756.  —  Db  Jaubcbt.  Les  cap- 
tives dons  l'antiquité.  —  Gb.  Griûux.  Les  arts  du  dessin  et  l'Ëcole  du 
Puget  à  Toulon. 

44.  —  Revue  d'Alsace.  Avril-juin  1381.  —  Bbkoit.  Un  ambassa- 
deur lorrain  à  Strashourg,  1606  {Elisée  de  Haraucourt,  envoyé  en  Alle- 
magne pour  y  recevoir  l'investiture  des  fiefs  que  le  duc  de  Lorraine 
tenait  du  Saint-Empire).  —  Mossuank.  Matériaux  pour  t^rvir  à  l'histoire 
de  la  guerre  de  Trente  ans  ;  suite  (siège  et  prise  de  Brisach  ;  alliance  de 
Colmar  avec  le  duc  de  Saxe-Weiroar  ;  mort  de  ce  dernier).  —  Hûckkl. 
Réglementation  d'une  forêt  communale  d'Alsace  aux  xv*  et  xvi*  siècles 
(traduction  d'un  règlement  de  1469  noncpruant  des  droits  usagers  d'une 
forât  indivise  de  la  Basse- Alsace).  —  Barth.  Notes  biographiques  sur 
les  hommes  de  la  Révolution  à  Strasbourg  ;  suite. 


45.  —  Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique.  1t^8t, 
1"  livT.  —  Anselme  Adorne-s,  ou  un  voyageur  bourgeois  au  xv  «iècle 
(envoyé  en  1469  par  la  ville  de  Bruges  en  Ecosse  pour  lâcher  de  rame- 
ner les  marchands  éco&sais  qui  avaient  cessé  d»  vpuir  faire  le  commerce 
à  Bruges  ;  l'année  suivante  il  part,  mais  pour  son  propre  compte,  pour 
rOrient,  où  le  duc  de  Bourgogne  le  renvoya  en  1474  pour  t&cher  de 
persuader  au  chah  de  Perse  d'attaquer  les  Turcs.  Il  échoua  dans  son 
entreprise.  11  mourut  assassiné  eu  Ecosse  le  23  jauv.  U83).  —  Va»  osa 
Elst.  Essai  sur  nos  anciennes  franchises  rurales.  —  Van  her  Haeohbn. 
Mémoire  sur  la  lettre  de  cachet  dans  le  Languedoc  sous  Louis  XV  «l 
Louis  XVI  (l""  art.  L'auteur,  après  avoir  indiqué  les  caractères  géné- 
raux de  la  lettre  de  cachet,  en  étudie  tes  applications  diverses,  et,  dans 
le  présent  art.,  sun  emploi  dans  les  causes  matrimoniales;  intéressant). 


46.  —  Hlstorlsche  Zeitachrlfb.  Nouv.  série,  10"  vol.,  l"  fasc.  — 
Flatue.  Les  mémoires  de  M.  Von  Priesen  (ministre  du  roi  de  Saxe,  du 
6  mai  1849  au  'i  oct.  185'2  et  du  i  janv.  1859  h  1876,  M.  Priesen  a  pris 
part  à  plusieurs  des  plus  graves  événements  de  ce  siècle  ;  ses  mémoires, 
qui  viennent  de  paraître  à  Dresde,  chnz  R-eusch,  en  2  vol.,  sont  intéres- 
sants ;  mais  ni  la  personne,  ni  la  politique  do  l'auteur  n'ont  rien  gagné 
à  l'apologie  qn'il  en  a  faite).  —  Nisscn.  L'explosion  de  la  guerre  civile 
en  49  av.  J.-G.  ;  2"  art.  =  Compies-rendus  :  Lewrmant.  La  monnaie 
dans  l'antiquité  (remarquable).  —  Weilh.  Votera  Castra  mit  seinen 
(imgebungea  (bon).  —  Wietersheim.  (^chichte  der  Vœtkerwanderoni; 
(excellente  réédition  par  F.  Dahn).  —  Sybel  et  Sicksl.  Kaisenirkunden 
in  Âbbildungen  (!«■'  fasc.  comprenant  30  doc.  reproduit»  en  ^  planches 
avec  3  feuilles  de  texte;  important  pour  la  diplomatique).  —  WinAeï- 
niann.  Kaiser  Otto  IV  von  Brauascbweig  12(^8-1218  (excellent).  —  Vast. 
Le  cardinal  Bessarion  (irréprochable  au  point  de  vue  du  détail  biogra- 
phique ;  appréciation  trop  favorable  du  caractère  et  de  l'œuvre  du  car> 
diual  ;  connaissance  incomplète  des  travaux  allemands,  p.  ex.  de  ceux. 


46S 


ftEcucn.»  réaiODiQiTBS. 


(le  Voif;t,  sur  le  sujet).  —  Maurenbreeher.  Geschiehte  Aer  Kaihoti»cheo 
BeformaiioD  {remarqaablp).  —  ffey.  GeschicbUî  des  Reichsca^  la 
Speyer  1529  (utile  pablïcation  de  documeoU).  —  Goldichmidt.  '2  lettres 
de  Uardenbcrg  à  Slein,  avec  le?  rcponsee,  {811  (publiées  dans  l'origioal 
en  franrai-t).  —  Baitteu.  Uue  lettre  de  Stejn  sur  la  qoesûon  allemande 
en  1813. 

47.  —  Neaes  Archiv.  6'  vol.,  Tasc.  3.  —  Waitz.  Mss.   de  Paris  (la 
plupart  de  l'aocicn  supplément  latin  de  la  Bibl.  nat.  —  GiLSEnr.  Mss. 
latine  de  Saint-Pétersbourg  ;  euile.  —  Schwarjcsb.  Les  Vitae  et  MiracuU 
du  monastère  d'Ëbrach.  —  WAirs^BACH.  La  Kt'fa  HiUkgundis  metrica 
et  autres  poésies.  —  Brësslau.  Les  sceaux  des  rois  et  empereurs  d'Alle- 
magne de  la  dynastie  dn  Franconie,  1024-1125.  =  Mélanges  :  Ewald 
Sur  l'opuscule  de  Corippus  de  Tolt'tle,  fn  iattdem  Justini.  —  Lœwenfcld. 
Biir  la  chronologie  de  quelques  IcUres  de  Pascal  II  et  de  Calixte  Q.  — 
Sattmann.   Isingrim^  Tami  d'Otton  de  Freisùng  (admet  avec  Pertx,  et 
malgré  t'opinion  contraire  dn  Wilmans  qui  avait  rallié  la  plupart  des 
suffrages,  que  cet  Isingrim,  à  la  demande  de  qui  Otto  a  composé  8«j 
chronique,  était  l'abbé  du  même  nom  au  monastère  souabe  d'Otteabea<^ 
ren,  1 145-1 IHO.  —  OHo-  Ij'Exordivm  magnum  ordinis  Cùterteensû  dc 
monasîére  d'Eberbach.  —  Peribach.  Le  ms.  desmëmoiresdu  fnLDdBcaû 
Jordanus  deGiano.  —  Schum.  Sur  les  originaux  récemment  retrouvés  dsl 
bulles  pontificales  pour  Xienburg'Sur-Saale.  —  Pflugh-Haritung.  Lettres 
des  années  1047-1146. 

48.  —  Neae  mllItaBrische  Blaetter.  Jabrg.  10.  Hoft  1,  186L  — 
Principes  du  dévelujjpemeut  hisWrique  de  l'armée  cueaque.  —  A.  v.  B. 
Xa  prise  de  Mayence  par  Custine,  1792  (d'après  le  journal  d'an  oflicier 
hcssûis). 

48.  —  JahrbQoher  fur  die  deatsche  Armée  und  Marine.  Bd.  38. 
Heft  l.  —  Gopiavii.  L'expédition  des  Français  on  Egypte,  1798-1801 
(suite  jusqu'à  la  bataille  de  Hamtéj.  —  ËBEuxn.  1^ convention  du  gêne- 
rai York  à  Taiiroggen  (ce  fut  un  des  actes  les  plus  hardis,  les  plus  vrai- 
ment grands  de  l'histoire), 

50.  —   Beibeft  sum   Militsar-Wochenblatt.   1880.   Hefl  8.  — 
ScmLD.  Origine  et  première  forme  de  raumônerie  militaire  en  PrussaJ 
{contient  dos  détails  intéressants  pour  l'hisifiire  militaire  de  U  Prusse). 

51.  —  'Wantembergiscbe  Vierteljahrhefte  fUr  Landesg«- 
schichte.  Jahr^.  IIL  18t*0.  Hefl  1.  —  Cahpabt.  Le  pays  d'origïoe  de 
Zaïriiigi'n  dan.s  les  Alpes  eouabes  (le  lieu  d'origine  des  ducs  de  Zeeringett' 
a  généralement  été  placé  à  Zaïriugen,  près  de  Fribourg  en  Brisgau. 
Mais  il  existe  un  autre  village  bien  plus  ancien  du  nom  de  ZaDringen» 
situé  dans  les  Alpes  souabes  près  d'Ulm,  que  l'auteur  routîent  avoir  êié 
la  première  résidence  des  ducs.  U  y  a  là  une  montagne  nommée  SchloM^J 
berg  et  une  forêt  nommée  Uerzugslauch.  Recherches  sur  l'histoire  de 
barons  de  Stubersbeim,  de  Metzlngen,  deTenzIingen  et  de  Ravenstein^ 
des  comtes  de  Helfeastein,  etc.}.  —  Bossear.  L'entrée  de  l'armée  fran- 


aSCltEILS    PÉEIODIQORS. 


463 


çaise  i  Monthélianl  et  son  expédition  en  Lorraine,  1587-88  (d'après  les 
notes  d'ao  coniemporaÏD  conservées  aux  archives  d'Œbriagen.  L'auteur 
s'exprime  avec  amertume  sur  les  vices  et  les  cruautés  des  Français.  La 
ville  de  Strasl>ourg  entretenait  à  cette  époque  des  relations  étroitpf;  avec 
les  ducs  de  Wurtemberg,  qu'elle  tenait  exactement  au  couraat  de  ce 
qui  se  passait  sur  les  frontières  de  la  France.  Art.  très  intéressant).  — 
GiBPBL.  La  nomination  du  prince  électeur  ClémouL  Wenceslas  de 
Trêves  comme  coadjuteur  du  doyen  de  la  collégiale  d'ËIIwangen,  1770 
(d'après  une  relation  contemporaine  Urw»  des  archives  royales  de  Stutt- 
gart).—  BiRUNOEs.  Im  description  du  Wurtemberg  par  Jacques  Frisch- 
lin  (extraits  de  cotte  relation  conso-rvée  dans  un  ms.  inédit  de  1614). 

—  BuoK.  Explication  étymologique  de  noms  de  lieux  importants  du 
Wûrtembenî  (Nassgensiadt,  Fulgenstadt,  Saulgau,  Stadioo,  Emerkin- 
gen,  EfTringen,  Wain,  Weihung,  Wîmpfen  =■  In  latin  Vimptaium). 

—  KoHAuucK.  Les  seigneurs  de  Neuffeu  et  leurs  rapports  avec  le  comt^ 
de  Horstetten  et  la  ville  d'Ulm.  —  Ueble.  La  famille  patricienne  des 
Winckelhofer  à  Ebingen,  î.  —  Von  Uw.  Le  plus  ancien  document  de 
la  ville  de  Rotenbui^  a.  N.  {1280.  Remarquer  sur  les  familles  d'Hall- 
fingen^  d'Owe  et  d'Ehingen).  —  Eheuank.  Le  séjour  de  Charlns-Quinl 
À  Hall  en  décembre  1541  (d'après  des  sources  inédites  et  iDléres«ante8 
pour  l'histoire  du  muuvemenl  de  la  Héfurmaliun  en  Souabe].  —  Cas- 
VART.  L'égli&e  collégiale  de  Rappach  entre  Weinsberg  et  CKhringen.  11. 
(querelles  au  sujet  de  sa  possession  au  xv*  s.).  —  SaniBmEB.  Lettre  iné- 
dite de  Tilly  au  duc  Jean-Frêdéric  de  W^ùrtemberg  sur  la  bataille  de 
Wimpfen,  1622  (rcctide  sur  plusieurs  points  les  récits  antérieurs  de  la 
bataille  ;  remarques  intéressantes).  =  Ueft  2.  Ubbzoo.  La  longueur  du 
mnr  de  frontière  romain  dans  son  parcours  à  travers  le  Wurtemberg 
(fait  avec  la  collaboration  de  plusieurs  membres  du  bureau  statistique 
et  topographique.  Résultats  très  importants  éclaircis  par  une  carte 
exacte.  C'est  Trajan  qui  amena  pacifiquement  les  Hermundurcs  à  céder 
la  partie  de  leur  territoire  située  sur  la  rive  gaucbe  du  Danube  et 
«'étendant  jusqu'à  Gunxenhausen  ;  en  même  temps  il  faisait  de  la  baule 
et  de  la  basse  Germanie  une  province  dans  toute  la  force  du  terme  en 
y  réunissant  les  Champs  Decumates).  —  Caspast.  Le  pays  d'origine  des 
ZsBringen  (suite.  Les  baron»  d'Albeck  appartenaient  à  la  grande  famille 
des  Zseringen).  —  Hërle.  l^a  famille  patricienne  dns  Winckethofer  à 
EhÎQgen  (&n).  —  Von  Iîetd.  Les  relations  commerciales  des  villes 
impériales  do  la  Haute-Suuabe  avec  l'Italie  et  l'Espagne  pendant  le 
moyen  âge  (s'occupe  surtout  d'Ulm,  de  Ravensberg,  de  Biberacb).  — 
K.  v.  HoBTLBR.  Le  bavarois  Hiesel,  capitaine  de  brigands  (publîcaUoa 
d'une  lettre  de  1770|.  —  Bossert.  Les  visites  pastorales:  dan»  Ib  comté 
d'Hobcnlohe  en  1556  (texte).  —  Willb.  NimveJles  relations  sur  Incom- 
bât de  LaufTen,  153-i  (texte  de  six  lettres  inédites).  —  Bussërt.  Le  con- 
tingent d'Hobenlobe-Langenburg  à  la  bataille  de  Rosbach,  1757  (procès- 
verbal  d'une  enquête  à  laquelle  furent  soumis  sept  soldats  d'IIohenlobe 
de  retour  dans  leurs  foyers  après  Rosbach  et  qui  donne  des  renseigne- 


464 


IBCOSILS  r^BIODtOITBS. 


nienU  complets  sur  les  péripéties  de  la  bataille  et  l'état  de  l'armée 
impériale).  —  Gueu».  Liste  des  étudiants  wurtembergeois  do  l'UiiiTer- 
sité  de  Fribonrg,  de  1460  à  1540.  —  Weizs-eckeb.  DécoaTertes  d'anti- 
quités rom&tnMi  à  HoidcDhcim.  —  Tn.  r^  comté  d'Hurnia  (—  HiirnbeimJ. 

—  GiEFEL.  Regesta.  Heiîgbaceiiaia  linvenlaire  des  documeuts  de  l'an- 
cicnao  abbaye  princière  d'Heggbach,  conservés  maintenant  à  Buxheim, 
près  Memmingeu  ;  phi&ieurs  documents  émanés  de  papes  et  d'empe- 
reurs. Période  de  M75-16&9).  —  Wkizsackeh.  L'autel  zx>maia  trouvé  à 
Ueagen  (inBoription  :  Aram  Danuvîo  Q.  Veranus  votam  solvens,  etc.}- 

—  H&RTMAKN.  La  famille  WidmanD  de  Schwa^bisch-flall  (plasiears 
membres  de  cette  famille,  qui  fleurit  du  xv"  au  xvii*  s.,  s'occupèreat 
activement  d'histoire.  Rposeignpments  sur  leurs  ouvrages  en  partie  iné- 
dits). —  SiEO[.m.  Marcus  Freund,  astrologue  franconien  (1603-166?. 
Biographie  complète.)  —  Caspabt.  Jean-Conrad  Holderhusch  et  son 
journal  (1618-1640.  Renseignements  tirés  de  ce  ms.  inconnu  jusqu'ici). 

—  IIevd.  Le  compte  municipal  de  Blaufelden  en  1653  (relevé  des  secours 
accordés  aux  étudiante  et  aux  voyageurs  pauvres,  principalement  ecclé- 
siiistiqucs,  profnKseurs  et  artisans  expulsés  de  I^ur  patrie  à  cause  de 
leur  foi).  =  Ileft  h.  Caspakt.  Le  pays  d'origine  des  ducs  de  ZœringeQ 
(6n.  Les  rois  des  Alamans  Vadomar,  Vithicabus,  Raudo  appartenaient 
i  la  famille  qui  porta  plus  tard,  peut-être  même  dè«  cette,  époque,  le 
nom  de  ZiPringen)-  —  Bach.  L'bôicl  de  ville  d'Ulm.  —  Von  Ablt.  Les 
fouilles  de  réglisr  d'UIm.  —  Seukfkb.  Liste  des  ecclésiastiques,  profes- 
seurs,  imprimeurs,  pharmaciens,  etc.,  qui  se  sont  fait  admettre  de  ISSd 
à  1827  dans  la  corporation  des  forgerons  d'Ulm.  —  Id.  Un  procès  des 
années  17^6-1711  (au  sujet  du  défaut  d'iionorabilité  d'un  apprenti 
orfèvre  issu  d'un  bourreau).  —  Sautebi.  Procès  pour  homicide  en  1447, 
1479,  1520  et  I5.S9  (d'après  la  chronique  do  Schusscnried).  —  Bdqk. 
Étymologie  de  PAummeru  (:=  Flumarî,  primiUvemenl  Frumari).  — ^ 
Ki^Hji.  Albert,  Georges  et  Pierre  de  Hoblentz,  maîtres  des  ceuvres 
la  fin  du  XV*  s.  —  Esnst.  Le  tumutus  de  Westfrnhausen  an  der  Jagst.'' 

—  BtiuLER.  Histoire  de  la  famille  des  barons  de  Crailsheim  (depuis  1;"21). 

—  BossBST.  Appendice  à  l'histoire  de  Mergentheim  iremarquable). 
62.  —  Zeltschrift  des  Vereins  fOr  TbariOffische  OesoUohU 

imd  Alterthamslnuide.  Neue  Folge.  Dd.  2.  Hefi  t.  1880.  —  BrvcuELa. 
KBgi»>trum  suhsidii  clero  Thuringiae  anno  1506  impopili  |ce  précieux 
document  est  uu  rùlo  des  cuulributious  imposées  en  1506  au  clergé 
thurîngien  de  la  province  de  Mayence  pour  couvrir  les  frais  que  l'ar- 
chevêque nouvellement  élu,  Jacques,  eut  À  supporter  à  l'occasiou  de 
son  intronisation.  Ce  r61e,  qui  est  très  long,  jette  un  grand  joar  noo 
seulement  sur  la  situation  matérielle  du  clergé  Ihurîugien  au  comme 
cernent  du  xvi«  siècle,  mais  aussi  sur  l'organisation  ecclésiastique 
général;  il  otTre  en  môme  temps  des  matériaux  pourl'hiKt.  de  l'agricul 
tare  en  Thuringe.  Publication  intégrale  du  texte  et  commentaire  coid" 
plet).  s  HeftS.  1880.  Wb.\ci£.  La  guerre  de  la  succeasion  da  margra- 
viat de  Meissen  sous  l'empereur  Henri  VI  (exposé  complet  appayé  5ur 


RECOEOS   ptfsiODIQrCS. 


46» 


les  Bonrces).  —  lo.  Pour  servir  &  la  critique  de  rhistoriogr^ihie 
de  Reiubardsbrunaea.  —  Heobl.  Trois  documents  proveDaat  des 
archives  hospitalières  de  Gotha  t!'279,  H2I,  I156|.  —G.  L.  SonioDT. 
Letlres  inédites  de  Jastus  Menias,  le  rérormaleorde  la  Tharinge  (1525- 
1553)-  —  MiTzsoHKB.  Recherche  de  trésors  i  Weltabourg  et  à  Tauten- 
bourg,  1698  ei  1699  (dirigée  par  le  duc  Maurice-Guillaume  de  Saxe- 
Seitx). 

53. — Mitthellungen  des  Yereins  f.  Hamburgische  Geaohichte. 

Jabrg.  3.  I8«0.  N<*  10.  —  Koi'pjians.  Les  micii-us  reLTusemeDls  de  la 
population  à  Hambourg.  —  Id.  Privilèges  des  savetiers  de  Hambourg 
(de  la  tin  du  xiv*  ».|.  —  N*  12.  lu.  Pour  servir  h  rhisloire  des  aceusa- 
I  tcurs  publics  à  Hambourg.  —  BAunrELDT.  Lettre  du  coaseil  de  Ham- 
bourg au  coaseil  do  Luoebourg  du  29  juillet  1495. 

54.  —  Hlstorlsches  T&sch«Dbaeh.  5  Fotge.  Jabrg.  10.  1880.  — 
F.  Hoffmann.  Isaac  C^aubon  (biographie  complète  qui  s'occupe  parti- 
culièrement de  sL^u  séjour  dans  les  cours  do  France  et  d'Angleterre,  de 
ses  rapiwrts  avec  Heuri  IV  et  avec  le  cardinal  du  Perron).  —  Tollui. 
La  diète  d'Augsbourg  en  1530  (expo^  en  détail  l'attitude  de  Michel 
Senet  et  do  Martin  Bucer  à  la  dièlo.  Luther  était  décidé,  dans  le  cas 
joù  ses  doctrines  seraient  tolérées  par  L'empereur  et  le  pape,  à  ne  pas 
■«'opposer  à  la  répression  de  celles  de  /wiugle.  Les  luthériens,  les  catho- 
Miquee  et  les  anabaptistes,  opposés  entre  eux,  s'unissaient  dans  l'hnsti- 
litè  la  plus  vive  contre  les  zwingtiens.  Les  divisions  des  reformés  tinirenl 
par  les  conduire  à  leur  perte).  —  Welïhofb».  Les  débuts  de  Guil- 
laume d'Orange  {Vapoloçie  publiée  par  Lui  est  uu  écrit  à  tendance  dont 
il  faut  se  servir  avec  la  plus  grande  précaution.  Des  le  début  de  sa  car- 
rière polÏLique,  Guillaume  se  considéra  par  système,  non  comme  un 
sujet  obligé  envers  la  couronne  d'Espagne  à  une  obéissance  absolue, 
mais  comme  un  Tassai  dont  le  suxeraîn  ne  pouvait  requérir  les  services 
que  dans  des  cas  exceptionnels.  H  eut  ane  part  prépondérante  au  com- 
promis conclu  par  la  noblesse  inférieure  des  Pays-Bas,  bien  qu'il  t'ait 
nié  plus  tard  énergiquenient.  ITaprèfi  son  plan,  le  compromis  ne  devait 
servir  qu'à  efTmyer  le  gouvernement  pour  l'amener  aux  concessions 
exigées  par  Guillaume  et  par  le  pays  tout  entier.  Mais  ce  plan  échoua 
aussi  contre  les  sentiments  plus  violents  dvs  nobles  confédérés,  qui  ne 
voyaient  dans  la  modération  de  Guillaume  que  faiblesse  et  Idcbetè).  -~ 
l  Bbûcenbb.  Correspondance  de  Pierre  le  Grand  avec  l^iherine  (dans  ses 
lettres  à  Pierre,  Catherine  parait  être  tout  à  fait  au  courant  de  la  situa- 
tion politique  générale  et  comme  l'amie  et  la  lidcle  compagne  de  Pierre. 
A  l'inverse  des  précédentes  czarines,  elle  fut  ta  compagne  morale,  la 
collaboratrice  de  son  mari,  pour  lequel  elle  éprou^-ait  une  admiration 
sincère  et  dont  elle  comprenait  et  approuvait  complètement  les  réformes 
comme  Les  plans  et  les  règlements  pollriques  et  militaires).  —  Forsten- 
BEiM.  Due  principauté  moderne  dans  l'ancien  temps  (histoire  de  l'ancien 
royaume  bulgare.  Les  deux  races  des  DuUber  et  des  IfuMden^  considé- 
Rkv.  Hictob.  XVI.  2»  FASc.  30 


466  aecDBtr.ft  p^BioDtQCBS. 

née  comme  des  peuples  difTérents,  étaient  identiques).  —  Ribbl.  Poar 
Mrvir  h.  l'hiKtoire  intime  du  socialisme  (exposé  phîlosoptiique  et  liislo- 
ri(fue  des  mouvements  socialistes  dans  l'aotiquitc  et  les  temps  mu- 
deroes). 

65.  —  Hermea.  Bd.  XV.  Heft  4.  1881.  —  Joh.  Scbmidt.  La  dispa- 
rition de  lieux  uums  dans  de»  iiiscriptiuns  tatiuee  i\es  nunis  d'KustaUie 
et  d'Agricola,  consuls  en  4*21,  et  d'Eusébe  et  d'Hypatiua,  con&ule  en 
359,  ont  été  effacés  dans  les  deux  ioscripuons  en  question,  probablement 
en  punition  du  crime  de  haute  trahieun).  —  ZAïtQBMEisTEa  et  HuaRsa. 
Taltte  de  plomb  de  Rath  (contenant  l'anathème  prononcé  contre  pln- 
sieurs  perKonnes  snupçnnnéfîs  du  vol  d'iintt  nappe  dans  les  premicm 
siècles  du  christianisme).  —  E.  HùoKiin.  CiUuiia  en  Portugal  (compta 
rendu  de  rouille-s  avec  des  remarques  intéressantes  sur  la  civiUaatioD 
celto-romane  en  Poriuga!,  en  Espagne,  en  France  et  en  Grande-Bre- 
tagne). —  DnTEHQCfiuBR.  luscripliou  d'Erylhrcc  (de  270  avant  J.-C. 
relative  à  l'incursion  des  Gaulois  en  Asifi).  -^  H.  ScaiLuta.  Adsertor 
libertatis  (Mommson  avait  conclu  de  ce  titre  attribué  à  JuHus  Vli 
que  celui-ci  voulait  rétablir  la  République.  Mais  Vespasien  a  pris  éga-^ 
lemenl  ce  titre).  —  Gruppe.  Die»  aier  (à  rapprocher  de  quinquatrus, 
sexatrus^  etc.  Dies  ater  ne  signifiait  pas  autre  chose  à  l'origine  que  le 
premier  jour  après  le  commencement  de  [a  semaine). 

56.  —  Philologns.  Bd.  XL.  Heft  1.  —  1881.  —  Urgeb.  Les  aotir 

du  XI'  livre  de  Diadoro(le  commencement  de  l'année  était poor  ^b 
rèquÎQoxe  d'automne,  Candis  que  Timéc  fait  commencer  l'année  arec  It^ 
printemps.  La  liste  des  rois  de  Sparte  et  de  Macédoine  donnée  par  Di(K 
dore  est,  comme  une  partie  de  son  histoire  de  Sicile,  tirée  d'Kpburej.  — 
H.  HAnpT.  Daren,  Malalas  et  Sisyphos  (une  grande  partie  des  erreurs  de 
Malalas  est  imputable  à  ses  sourceSf  et  non  à  lui).  — A.  MOLt.BB.  L'ar- 
mement des  légions  romaines  (les  légionnaires  ne  portaient  pas  ^ou» 
l'eatpirn  un  plïHtron  de  miîi\  mais  un»  cuinissi*  df.  métal,  la  Utrica  seç^ 
meniaUtf    que   Ira    Romaines    avaient   empruntée  aux   Ktnisquets).   — 
H.  Uacpt.  Dion  Gassius  (suite.  Dion  Cassius  s'est  servi  pour  l'histoir» 
de  la  2'  guerre  punique,  eu  mÔme  temps  que  de  Tite-Live,  d'un  ccri> 
vain  qui  a  étudié  des  sources  romaines,  numides  et  puniques  et  qui 
vraisemblablement   n'est  autm  que   Cœlius   Aniipatfr.    Il    n'est   patJ 
démontré  que  Dion  ait  suivi  exclu.<tivemcnt  Tite-Uve  pour  l'histoire  de 
la  guerre  de  Syrie  et  de  la  guerre  de  Macédoine^  mais  il  a  altéré  son 
récit  par  celui  que  lui   rourniRsait  une  autre  source).  —  G.  F.  Uxcoi. 
Sur  Gceltus  Antipater  (recherches  sur  la  division  de  son  ouvrage  et  le 
contenu  de  q.  q.  livre),  —  Illhardt.  Tilus  et  le  temple  de  JprusaleiS] 
(l'auteur  cherche  à  prouver  que  l'iuLénît  politique  devait  amener  Tito»| 
à  ruiner  le  temple,  mais  que  d'un  c6té  l'imagination,  l'ostentation 
l'amour  de  la  f^Ioire  chez  le  prince,  de  l'autre  tes  nécessités  financièret^ 
de  l'État  lui  (irent  désirer  de  se  rendre  maître  du  temple  sans  le 
détruire). 


MCDRtiJt  rt^BinmQves. 


4«T 


57.  —  Aleiimiml&.  Jahrg.  ÎX.  Hefl  I.  1881.  —  Baumamn.  Sentence" 
de  Kdlhofhom  sur  rUnUîrecc  (rédigée  au  pluB  tard  dans  la  2"  moitié 
du  XV*  8.).  —  BucK.  Lee  noms  géoKrapliiq  ues  de  la  France  (explication 
d'un  grand  nombre  de  noms  de  lieux  d'origine  celtique,  latine  et 
fr&nque.  Les  noms  en  -ville,  -villiers,  ne  se  trouvent  qu'à  partir  do 
l'époque  Tranque.  La  plupart  des  montagnes  portent  des  noms  d'origine 
récente,  principatemeni  germanique,  preuve  que  les  montagnes  avaient 
rarement  reru  dee  noms  propres  dans  les  temps  primitifs).  —  In. 
Recueil  de  noms  de  famille  el  de  lieux  de  la  Uauto-Allomagnc.  — 
MûNDEL,  Légendes  et  usager  populaires  d'Alsace.  —  Qartfelukr.  Mœurs 
du  Reucbtbal.  —  BlRu^0Elt.  Protestations  contre  le  luxe  des  vêtements 
à  l'époque  do  la  guerre  de  Trente  An».  —  In.  Liber  vi\-entium  etdefunc- 
torum  du  couvent  de  Pficffcr  (publication  lidéle). 

58.  —  Scbrlften  des  Vereins  fOr  Geschtohte  des  Bodensee** 
nnd  aeiner  Urnsebong.  Heft.  10.  1880.  —  HAKa.  Arhon  à  l'epoqae 
romaine  et  les  voies  romaines  pa»Hani  à  Arlion  (d'abord  village  celtique 
sous  le  nom  d'Arhona,  puis  poste  fortitie  sous  ceini  d'Arbor  Félix, 
eoBn  place  frontière  contre  les  Alamans.  Compte-rendu  de  fouilles).  — 
BAnTiicLDt.  Histoire  d'Arbon  au  muyeo  âge  el  dans  les  temps  modernes. 
^=  Marti:<.  Histoire  et  possessions  du  couvent  de  Reichenau.  —  Lœ- 
W£.N£TEiN.  Épisodes  de  la  vie  intérieure  do  la  ville  de  Radolfzell  au 
XVI*  et  au  XVII*  s.  (les  ordonnances  municipales,  les  fonctionnaires 
municipaux  et  l'instruction  ;  très  intéressant).  —  Scbobbb.  Pour  servir 
à  l'hiatoire  de  la  construction  de  la  cathédrale  de  Constance.  —  E.  von 
Tbceltsch.  L'époque  préhistorique  dans  l'Allemagne  du  S.-O.  et  la 
Suisse,  particntièrement  en  ce  qui  loncbe  le  lac  de  Constance  et  ses 
environs  (avec  une  cane  des  endroits  où  ont  été  découverts  des  objets 
de  l'âge  de  pierre,  de  bronze  et  de  for).  —  ZùLtrG.  Esquisse  historique 
sur  l'église  paroissiale  d'Arbon.  —  Aluîevbb.  Jean^Henri  de  Ffummem, 
bourgmestre  de  la  ville  impériale  d'L'eberlingen  (1585-lt>6^|.  —  SAtrrBa. 
Les  familles  nobles  de  l'ancien  comté  de  Montforl.  —  Priubs.  Tracée 
du  tribunal  vebmique  à  Lindau  (extrait  de  documente  du  xv*  s.).  — 
MotL.  Le  château  d'Ârgen  sur  le  lac  de  Constance  (sou  histoire  eu 
partie  d'après  des  notes  inédiles).  —  ZtfisjuiR.  Les  cht'iteaux- forts  d'Att 
el  de  Neu-Montfort  dans  le  Vorarlberg  (fait  eu  grande  partie  d'après 
les  documcnis).  —  Poihsiq»ok.  Regestes  pour  l'histoire  des  barons  de 
Bodman  (839-1271). 

59.  —  Zeitschrift  fDr  das  Oymnasial-Wesea.  Herausgegcbeo 
von  Uirscbfelder  und  Kern.  Jahrg.  34,  Berlin,  lS8fl.  —  PKTEssooayF. 
Les  auteurs  du  8*  livre  du  Bellum  Gallicum,  du  Dellum  Alexaodrinum, 
du  Bellum  Âfricauum  et  du  Bellum  Hispanicum  (Eirtins,  l'auteur  de 
ces  écrits,  s'est  fait  donner  pour  tes  composer,  par  les  lieuteuanls  de 
C^sar,  de«  retalions  écrites  el  les  a  copiées  littéralement;  de  là  la  diver- 
sité qui  se  maalfciste  dans  ces  écrits).  :=  Comples^rendus  crit.  :  Peter. 
Ueber  die  Quellen  der  leltereD  rœmtscben  Gescbiciito  (très  bon).  —  Exa- 


408  UCOBILS  P^RIODIQnS. 

men  des  publications  fuies  l'ouDêe  deniiêre  sur  Cortius  Rafus,  Hén^ 
dote  et  8allu$te. 

60.  —  Mlttbellnngen  das  Verelns  Ton  GescblctatBfkvnden  su 

Rhelnberg.  Hofl  1.  1880.  —  Schneider.  Voies  romaines.  —  L<KMPKBTt. 
Les  si^'es  Jt*  tlheiiiborg.  —  Pigk.  Najïoléon  I*'  à  Hbeînbtîrg  en  1804. 
—  Id.  l*our  servir  à  l'histoire  du  village  dTfsum. 

61.  —  Jahrbacher  fOr  classische  PtUlologle.  Bd.  133.  Heft  t. 
1881.  —  SxKîiUEi,.  Liïs  facrificiîs  aux  luàue^  chez  les  Grecs  (il  est  inexact 
que  les  animaux  mâles  ne  pussent  pas  ôtre  àacrilios  aux  divinités  infer- 
nales). =  ComplBs-rendufi  crit.  :  lodl.  Die  culturgeschichuchrelbung 
(remarquable,  malgré  beaucoup  d'idées  erronées). 


82.  —  Archiv  fUr  oBterreichlBche  Oeschlohte.  Bd.  60.  Heit.  1 

1881).  —  UtÊERTH.  Gontriltuiious  h  1  histoire  du  mouvement  ha«>ile 
(III.  Le  Trantatus  de  longevo  schismate  de  l'abbc  Ludoir  de  Sagan 
Texte  acmmpagné  d'une  iulruduction  historique  sur  la  vie  et  raotiviu» 
Iilt<5raire  do  Ludolf,  sur  Ila  cootomi,  les  sowrces  et  la  valeur  hisuirique 
du  traite,  remarques  critiques  et  pragmatiques).  —  H.  R.  von  Zeissbsro. 
Pour  servir  h  l'hii^toire  de  la  chartreuse  de  Gamingen  Autriche  au-des- 
sous de  L'Kans  (l'ondée  en  1332.  Esquisse  de  rhietJ>ire  du  couvent.  Publi- 
cation des  documents  rédigés  par  le  chartreux  Guillaume  Bofer  qui 
vivait  à  la  fin  du  xv*  s.  Ces  documents  v-e.  composent  d'un  nècrologe, 
d'une  Usie  des  prieurs,  d'un  déiiumbreoieut  des  moines  depuis  XAdt  H 
des  convers  de  1146  à  i486,  eiiliu  un  aperçu  des  ubits,  pour  lequel  U 
s'est  servi  d'un  diplmnatarium  qui  existe  encore).  =  Bd.  61.  HeEt.  I. 
188Û.  LosERTu.  Études  sur  Cosmas  de  Prague  (l'èditiou  et  la  critiqDS 
historique  de  Cosmas  par  Kœpke  dans  les  Mon.  Germ.  SS.  IX.  soal 
in^uftisantes.  Le  travail  de  Koïpke  a  négligé  une  série  de  passages 
emprunti's  par  Cosmas  à  d'autres  ouvrages  .sans  valeur.  Il  en  réralle 
que  plusieurs  points  de  i'anciemie  histoire  bohème,  considères  jusqu'ici 
comme  des  faits  historiques  établis,  doivent  être  rayés  de  cette  histoire, 
par  ex.  la  pcrsonualité  do  la  duchesse  Ilemma,  la  caractcris tique  de 
Boleel&s  U,  etc.  Cosmas  s'est  servi  do  UegtDOo.  Il  a  terminé  son  pre- 
mier livre  eu  tllO).  —  Mkinul.  Baclliulomaei  Hoyer  dictj  Schirmer, 
cellerarii  1462-H6'j  Regtstrum  procurationis  rei  dûrac«ticae  pro  familia 
Keicliersporg  (ébauche  de  l'histoire  du  chapitre  de  Rcicbersperg  dans 
la  Haute-Autriche  et  texte  du  registrum)'. 

03.  —  Strefflears  <Bsterr«ichische  m!ltt»rische  Zeitschrlft. 

Jahrg.  21.  Ud.  i.  Ht'ft  12.  Wieu,  1880.  J.-G.  Expose  des  oporaiious  de 
l'armée  principale  des  alliés  eu  France  du  îl  février  au  22  mars  1814 

IM. 

I  Pour  les  autres  articles  voy.  les  bulletins  d'Autrirhc  et  de  BohAme  dans 
notre  tleruier  nuiucru,  uiasi  que  te  bulletin  de  publiculiuiis  reliLivei»  à  I'adIj- 
quilé  roinaioe  qui  sera  pablîè  dus  aolre  procbaia  imniro. 


BBCUEILS  P^ItlODIQCES.  4119 

64.  —  Peâlschrlft  znr  Erlnnemng  an  die  Feler  der  ver  "700 
Jafaren  stattgefnndenen  Erbebuog  der  Steiermark  zum  Herxog- 
thame.  1880.  Herausg.  vooi  AusiMibusse  des  hislorischen  Vercins  fur 
Sleiermark.  Graz  1880.  —  J.  v,  Zahm.  Le  d^^veloppemenl  de  la  Styrie 
et  son  érectioD  en  duché.  —  F.-R.  v.  Kronbs.  L'union  de  la  Btyrie  et 
de  l'Autriche  et  sa  situation  dans  la  vie  de  l'ÈLit  autrichien  jusqu'en 
1619.  —  -M.  V.  Kaisghprld.  Le  développement  de  la  vie  i>oliiiquo  inté- 
rieure de  la  Styrie  depuis  1619  «s'occupe  particulièrement  de  la  consti- 
tution des  ordres!. 

65.  —  The  Academy.  2  avril  1881.  —  ShadwtU.  The  Ufe  of  Colin 
Campbel],  lord  Clyde  (biographie  eulhousiaste  d'un  des  meilleurs  géné- 
raux de  l'Angleterre^  un  de  ceux  qui  ont  le  plus  fait  pour  ètouOer  la 
révolte  des  Cîpayes).  —  Ha\ch.  The  organisation  of  ihe  early  Christian 
churchfs  (cours  professé  h  Brnmpton  en  1880;  leçons  brillantes»  mais 
inégales).  —  Longman.  Frederick  tlio  Great  and  Ihe  7  years  war 
(œuvre  estimable  de  vulgarisation),  t—  Cos.  Hisi(»ry  of  tfae  esta- 
blishmenl  of  british  rule  in  India  (compilation  de  faits  indigestes 
et  sans  originalité).  —  Jennings.  On  anecdotal  history  of  tlie  british 
Parliament  (agréable).  =^  16  avril.  Vonde  da  Carnota.  Memoirs 
of  Ibe  Ficld-Marshall  Ihe  duke  do  Saldanha  (biographie,  ou  plutôt 
apologie  fort  détaillée  psr  le  heau-frére  et  l'admirateur  du  maré- 
chal ;  nombreux  extraits  de  sa  correspondance).  —  Bryant  et  Gay.  A 
p^ipular  bislory  of  the  United  States  vol.  IV  (très  médiocre.  Le  nom  du 
vénérable  poète  et  joumahsie,  W.  Cullan  Bryant,  n'est  sur  la  couver- 
ture du  livre  que  pour  attirer  les  acheteurs;  sa  part  de  collaboration  est 
absolument  nulle;  c'est  un  livre  de  pure  fabrique).  ^  7  mai.  Frefman. 
Tlie  historical  ge<<gcaphy  of  Europe  (e»|uisse  remarquable  et  d'une 
grande  utilité).  =  i\  mai.  Rusult  et  Prendtrgast.  Galendar  of  the  Siata 
papers  relating  to  Ireland  in  the  reign  of  James  I,  1615-1625  (très  im- 
portant). —  Boutgci:  Histury  of  Ghioa  (bon).  =  28  mai.  Pelayo..  Hieto- 
ria  de  lo$  Hcierodoxos  espafloles,  t.  Il  |complémcnt  indispensable  à 
l'histoire  de  l'Égli&e  en  Espagnel. 

86.  —  Tho  Athenaenm.  2  avril  1881.  —  The  Ught  cavalry  brigade 
in  Ihe  Crimea  {extraits  des  lettres  et  du  journal  du  général  lord 
G.  Paget).  —  Forsier  et  DanicU.  The  life  and  letlers  of  Ogier  Ghiselia 
de  Busbecq  (important.  Les  lettres  forment  deux  groupes  distincts  : 
I*  les  lettres  en  latin  écrites  de  Turquie  où  Busbecq  était  ambassadeur 
à  Gonstautinople,  1554-1562  ;  2»  les  lettres  en  français,  1574-1590, 
écrite>B  de  la  cour  de  France  ;  ces  dernière»  contiennent  une  peinture 
trfes  vive  de  l'état  de  la  France  pendant  les  guerres  de  religion).  = 
9  avril.  Ewarl.  The  story  of  a  soldier's  life  (récits  agréables  sur  la 
guerre  de  Grimée  et  sur  la  révolte  des  Gipaycs;  des  longueurs).  « 
16  avril.  Gairdrter,  Three  XV  tb.  ceotury  chronicles  (contient  :  1*  une 
chronique  latine,  qui  est  originale  pour  la  plus  grande  partie  des 
rèf^es  de  Henri  VI  et  d'£douard  FV  ;  2«  de  brèves  u  notes  of  occur- 


470  ascDBiu  réaiODiQtJBB. 

rencBS  >  relatives  à  la  même  époque  ;  3"  des  otites  historiq^ues  de  Joho 
Stuwe,  très  iutérBssautes  [lour  la  vie  privée  de»  IvOudooiens  au  deboi 
du  règne  d'ËUsabetb).  =  30  avril.  Fretman.  The  historical  geography 
of  Europe  (excellent  exposé  des  changements  politiques  et  des  modîfi* 
calions  territoriales  de  l'Europe;  tnais  la  géographie  proprenieni  dite 
est  malheureusement  absente  de  ce  livre.  11  est  accompagne  d'un 
volume  de  Ixjnoes  cartes).  =  2t  mai.  Brewer.  Englisb  studies  (réim- 
pression d'articles  parus  dans  diverses  revues  snr  des  questions  de  liité' 
rature  et  d'histoire,  articles  la  plupart  excellents.  A  signaler  ceux  qui 
se  rappurtent  à  l'histoire  de  Henri  VIII  et  aux  Stuarts).  =  Il  juin. 
Burrows.  The  rogÎRter  of  the  visitors  nf  the  nnivereity  of  OxTord,  1647- 
1658  (intéressant).  —  Wren.  History  of  England  to  1485  (assez  bon 
manuel,  qui  iosiste  surlnui  sur  l'époque  celtique  ot  anglo-saxonne). 

67.  ~  Société  Jersiaise.  fi<  hutletin  annuel  (Jersey,  G.  Le  Feuvre, 
1881.  In-4",  p.  241-299).  —  P.  L.,  Commiesion  donnée  à  Henri  Cor- 
Djrsbo,  Helier  Gartemt,  Jean  Nicnlln  et  Thomas  Bortram.  30  Hen.  VI ÏI. 
Â.  D.  1545.  —  P.  L.,  la  cour  ecclésiastique  de  Jer«ey  de  1557  i  1567. 

—  Extraits  du  jouroal  de  Jean  Chevallier  (1047-1631).  —  Inspeximos 
de  L'an  1542  {ou'ie  de  paraisse  ou  enquête  testimoniale  sur  un  procès).! 

—  E.  K.  C[uble],    GauLîsh,  Roman  and  Parlhian  Coins  {avec  tuftl 
planche  ;  sept  médailles,  dont  cinq  —  une  gauloise  et  quatre  romaines 

—  trouvées  à  Jersey).  —  Catalogue  de  la  colleclioa  d'objets  faisuii 
partie  du  musée  de  la  Société  jersiaise,  1880. 


68.  —  ArcUvio  storico  itaUano.  T.  VOI,  2«  fasc.  de  1881.  —  L* 
Mantia.  Nottcefi  et  documeul«  sur  les  coutumes  des  villes  de  Sicile 
(1*'  art.  d'un  travoil  qui  promet  d'être  imporunt).  —  Malaqola.  G&lileoJ 
Galilei  et  l'université  dn  Bologne.  —  Del  Lunoo.  Le  livre  del  Chiodû  et 
les  condamnations  dorentines  lie  1302  (notes  extraites  d'an  registre 
intitulé  :  Libro  délie  condanne  dellc  famrglie  ribrlli  dti  comune  d\ 
Firenze  dal  1302  al  1379,  detto  det  Chiodo,  un  inventaire  de  ce  re^sire 
serait  précieux  pour  l'histoire  des  (ruetfes  blancs}.  =  Comptes- rend  us  : 
Gasiodini.  Nanne  Gozzadini  c  Baldassare  Cossa,  por  Giovanni  XXIII 
(longue  analyse  par  M.  Cosci  de  ce  livre  intéressant).  —  Bettom.  Storia 
délia  Riviera  di  Salù  (iticumplel;  la  partie  diplomatique  est  bien  traitée, 
la  partie  économique  entièrement  négligée).  —  Variétés:  Maj:z.att?iti.  Le- 
Teleutetoçiù  d'UbaldodiSebaetianodeGubbio;  œuvre  inédite  du  xrv«s. — 
PiOLi.  MpliLtjges  de  paléo^aphie  et  de  diplomatique  (sur  un  ms.  de  la 
Magliabechianu  avec  chiffres  numéraux  arabes,  supposé  du  xc*  s.,  et 
qui  appartient  bien  plutdt  â  la  l'"  moitié  du  xtv*  s.). 

68.  —  Arcbivlo  storico  lombarde.  31  mars  1881.  —  RosolottI. 

Les  confédérés  français  et  pii^niontais  à  Crémone  en  1733-17^  (la 
l**  partie  de  ce  travail  est  un  retourné  rapide  de  la  campagne,  suivi  d'un 
jugement  sévère  à  l'excès  sur  la  politique  française  ;  la  seconde  n'est 
plus  qu'un  fragment  d'histoire  locale  :  dépenses  militaires,  hôpitaux. 


RECireiLS  f^Rioiiigois. 


4TI 


elc).  —  CiPOLLA.  D'un  nouveau  Iravail  sur  la  reddition  de  Milan  eu 
1162  (analyse  d'un  mémoire  du  D'  [>ohe,  Bextr^ge  xur  Gaehichte  der 
Capitulation  von  Maitand  1163).  —  Curn.  De  quelques  peintres  anciens 
peu  connus.  —  Portioli.  Les  sceaux  du  cardinal  L.  Gonzaga  (gravés 
[lar  Celltni).  —  Giamamdrba.  La  dominatiun  de  Francesco  Sforxa  dans 
les  Murclies  (impurtaDt  mémoire  fait  d'après  des  source*»  provinciales  ou 
municipales  en  graude  partie  înèdites|.  —  I.vtra.  Le  musée  des  st&lues 
et  la  bibUoLlièque  de  Manloue.  —  Cu-olla.  Angelo  Simoupsa,  Iwui^coÎb 
de  Vérone  (publie  rarrdl  do  conseil  et  Tacto  de  nomination,  en  1441, 
de  Bimonottn^  habile  et  actif  secrétaire  de  Fr.  Sfuna).  —  Gheppi.  Les 
derniers  princes  de  la  maison  d'Esté  (d'après  do  nombreux  documeuls 
inédit«f.  —  Bvrruniifi.  La  p^cfae  sur  le  lac  de  Garde  au  xvti*  et  au 
xvui*  5.,  suite.  =  Cïûmples-reudus  :  Bianchetti.  L'Ossol».  inferiore  (mo- 
nographio  tr&s  soignée).  —  Jfa/ii.  Somma  Lomhardo  (agréable).  — 
Spinflli.  Ricercbe  speitanti  Sesio  Caleade  (bon).  —  Biadego.  Letlere 
inédite  di  Scipione  Maffei. 

70.  —  Archlvio  atorlco  per  le  provlncle  napoletane.  6*  aonée^ 
fasc.  I.  —  C.  MiiriBRi  Riccio.  (Quelques  faits  de  l'histoire  d'Alphonse  I 
d'Aragon  du  15  avril  1437  au  3i  mai  1458  (analyse  les  cedules  de  la 
trésorerie  des  rois  aragODaîs,  cooservèee  aux  archives  de  Naples,  et 
contenant  beaucoup  de  faite  intéressants  pour  l'histoire  civile  et  mili- 
taire, les  beaux-arts,  etc.}.  —  GAaioitAXi.  Le  parti  autrichien  à  Naples 
en  1744  {publie  uu  certain  nombre  de  documents  tirés  des  volumes  de  la 
Giunta  di  italo  et  relatifs  à  un  complot  formé  à  Naples  lorMjue  les 
Antricbiens  tentèrent  de  la  reconquérir  en  1744 1.  —  Koccard.  Les 
sources  de  l'histoire  de  Naples  aux  archive?  de  l'État  île  Modfene. 
Otrante  en  14S1  (publie  les  dépêches  des  arobaKsadeurs  d'Esté  ;  des  avis 
et  notes  transmis  par  des  particuliers,  des  lettres  de  princes,  de  con- 
dottieri, un  rapport  sur  la  prise  d'Otrante  par  le  commissaire  du  duc  de 
Barif  adressé  k  Lud.  Sfortal.  —  Comptes-rendus  :  Sclirmter.  Ueber  die 
Eleimatb  des  Hugo  Falcandus(a  réussi  k  établir  que  H.  Falcandns  ne  peut 
être  identifie  avec  l'abbé  deSaint-Denis,  H.  Poucaut;  pour  le  reste,  l'auteur 
n'a  pas  réussi  k  résoudre  les  questions  relatives  à  l'hliitorien  de  la  Sicile. 
Cf.  Hn\  hist.,  \\\b09].—  PisdceUi-Tafpgi.  Paleografiaartisiicadi  MonU^ 
cassioo  (important).  —  p.  Bonaventura  da  Sorrtnto.  1  C^ppucini  de.lla 
provîncia  monastica  di  Napoli  e  Terra  di  t^voro  (travail  plus  apologiv 
tique  qa'hiittoriquet.  —  Winkfimann.  Ueber  die  entao  Staats  Univer- 
siueieu  (étudie  t'influence  exercée  sur  les  hautes  éludée  par  la  création 
dé  l'université  de  Naples  fondée  eji  1224  par  Frédéric  II).  —  A.  dt 
Umnso.  Memoric  intemo  agU  ultimi  anni  dclla  vitn  di  S.  Tommato 
d^Àquino  i  disculpe  Charles  I"  d'Anjou  de  toute  pari  prise  à  la  mort  do 
saint  TbomaSf  qu'il  ne  cessa  de  favoriser,  et  qui  mourut  de  maladie 
sRos  soapooQ  possible  d'em poison oemeol).  —  Btaneo.  Gli  ultimi  awe- 
nimenli  del  regno  di  Gioacchino  Moral  (Bianco  a  pris,  comme  of&cier 
d'état-major  de  Mural,  part  aux  campagnes  de  1814-1&;  see  mémoires, 


473 


fiSCITEILS  réaiODIQORS. 


sans  apprendre  rien  de  bien  nouveau,  méritent  cependant  d'èlre  ood- 
sultés). 

71. —  AreUTlo  storîco  marchiglano.  Fasc.  3  et  4.  —  Coktt. 
Rapport  de  Lod.  Clotiiu  à  Alfixandro  VI  sur  l'état  de  Cameriao  — 
BALVinu.  Etude  analytique  .sur  les  statuts  inédits  de  Rimini  de  1334* 
—  Gl-bj.  L'université  de  FcmiO  ;  suite.  —  Ruuihaki.  Les  conepiratioa» 
Impériales  de  Romaine  el  de  Toscane,  1167-117.'!  ;  suite. =  MAsem.  Ij* 
collège  et  l'univei-sitc  NolPi  »  Fano  ;  Les  premiers  cliapitres  du  Monl-de- 
Piété  à  Fanu.  Ms.  ancien  des  gabelles  de  Fano.  —  VAXzoLnîi.  Chrooicoa 
Pisauri  ;  suite.  —  Golucci  et  Santom.  Chapitres  des  Juifs  de  Cnmerico 
en  1558.  —  Vj^s  fascicules  complètent  le  I"  et  peut-être  l'unique  volume 
de  VArchivio  marchigiano. 

72.  —  La  Rassegna  Mttlmanale.  Tl  mars  1881.  —  Psatsao.  Le 

mariage  du  margrave  0.  Philippe  de  Brandebourg,  1095  (avec  Ut  com- 
ie-ssv  de  Salmour;  il  y  eut  une  tentative  de  mariage  secret  qui  échoua, 
les  ajiianls  furent  sépares  de  force  :  le  margrave  mourut  peu  après  au 
siège  de  Casale  ;  sa  veuve  épousa  plus  lard  un  comte  saxon).  —  G.  db 
Castro.  Un  épisode  de  l'histoire  des  fermes  à  Milan  au  milieu  du 
xviii*  s.  ^^  10  avril.  S.  von  Heyking.  Zur  Geschichte  der  Uandels- 
bilanx théorie  (intéressant  ;  mais  travail  fait  de  seconde  main  et  asses. 
mal  informe  de  l'histoire  du  commerce  en  Italie).  =  17  avril.  Pagani. 
A,  La*  Marmora  ;  ricordi  storici  dolla  campagna  di  Crimea  (rien  de 
nouveau),  ^  24  avril.  Cuen.  La  mort  de  Marie-Louise  d'Orléans,  reine 
d'Espagne,  1089  (croit,  d'après  les  dépêches  des  ambassadeurs  vénittens 
que  la  reine  a  été  empoisonnée;  on  s'en  délivra  parce  qu'elle  n'avait 
pas  donné  d'enfants  à  Chartes  11).  =  l"'  mai.  Moua.  Documeoij  sur  le 
comte  de  Caglioslro.  —  Rfpertorio  délie  pergamene  délie  université  e 
délie  cilta  di  Aversa  1215-15Ï9  [bon  inventaire  de  54  doc.  nonservésaux 
archives  de  Naples).  «  23  mai.  Bforza.  Ricordi  délia  famiglîa  8fonui 
di  Mûntiguoso  {cette  famille,  qui  u'a  aucun  rapport  avec  les  Sfona  de 
Milan,  a  joué  un  certain  rôle  politique  û  Lucques  dans  les  dix  dernier 
années  du  xvin*  s.),  s  Masi.  N.  Machiavelli  e  i  suoi  tempi  (d'après 
livre  de  Villari). 

73.  —  R.  depatazione  dl  storia  patria  (Modène).  Séance  15  jan- 
vier IHKI.  —  MRtiPORi-R(>N<:A0Li\.  Mémoire  sur  le  prince  Alméric  d'Esté,, 
61s  du  duc  Franr.ois  I'-'  de  Modèno  (s.  xvii).  (Parle  de  l'expédition  orga-' 
nisée  par  le  card.  Muzarin  pour  aller  au  secours  des  VèoUienSf  menaces 
par  les  Turcs  dans  le  royaume  de  Candie,  expédition  dans  lai^acUo  le 
prince  Alméric  eut  le  conmiaud émeut  de  4,000  fantassins  français.) 

74.  —  R.  Accademla  de!  Lincet  (Roma).  —  Classe  des  scieocM 

mor.,  histur.  et  pliilolog.  —  S>éance  20  mars  1861.  —  MonpuBQO  et 
ZBNATri.  Les  mss.  Russiani  de  la  Bibl.  coreinienne  de  Rome  concer- 
nant l'histoire  littéraire  italienne.  —  Som-CFRR.  De  l'administratioa^ 
politique  à  l'epoqun  carlovingienne.  —  Pieoai.Ti.  Bibliographie  paléo»( 


BBCOBILS  P^aiODIQCBS.  473 

ethnologique  italienne  du  zv!"  b.  à  1880.  —  Fiorelli.  Rapport  sur  les 
découvertes  archéologiques  dans  le  mois  de  février  1881. 


75.  —  Historlsk  TldBBkrift.  5*  série.  Vol.  II,  cah.  3.  —  Heisb. 
L'ancienne  Copenhague  d'après  les  nouvelles  recherches.  —  E.  Lcefflbr. 
La  valeur  historique  de  la  tradition  sur  le  Danebrog  (les  armoiries  de 
Heval  les  plus  anciennes  sont  le  Danebrog).  —  Mûllerup.  Quelques 
points  de  la  guerre  de  Sept  ans  dans  le  Nord  :  Tarrestation  de  l'ambas- 
sade suédoise  à  Copenhague  en  février  1563.  Le  traitement  et  l'échange 
des  prisonniers  de  guerre.  —  Bruun.  Sur  l'introduction  de  Tabsolutisme 
en  Danemark  en  1660  (Frédéric  III  n'a  jamais  promis  une  constitution  ; 
il  n'a  pas  fondé  l'absolutisme). —  Mollerdp.  Catalogue  des  publications 
historiques  pour  le  Danemark,  1880.  =  Comptes -rendus  critiques. 
Rist.  Lehenserinneningen  (très  intéressant).  —  Slantels.  Beitrtege  zur 
Hansischen  Geschichte.  Die  Recesse  der  Hansetage.  V.  —  Hansisches 
Urkundenbuch,  von  Hœhlbaum  (bon). 

76.  —  PersonalhiBtorlsk  Tldaskrift.  Vol.  n,  cah.  1.  —  Barfod. 
Un  général  danois  dans  l'armée  russe  (petite  biographie  intéressante, 
écrite  en  1782,  de  German  lagan  Bon  (ou  Bohn),  général  en  chef  sous 
Pierre  le  Grand.  =  Cah.  2.  Bricka.  Les  étudiants  danois  et  norvégiens 
à  l'université  de  Leyde,  1574-1674  (avec  des  renseignements  biogra- 
phiques). 

77.  —  Danske  Magasin.  4'  série.  Vol.  V,  cah.  1.  —  Rcerdam.  Le 
professeur  Hans  Zoega  et  sa  nomination  de  docteur  à  Rostock.  — 
Rgerdau.  Nouvelles  notes  sur  l'écrivain  politique  du  IV  Christophe 
Dybvad  (publie  entre  autres  :  une  lettre  de  De  Gahaignes,  professeur  à 
Caen,  à  Dybvad).  —  Mollerop.  Documents  relatifs  aux  événements  qui 
suivirent  la  mort  de  Valdemar  Atterdag  (d'après  les  originaux  conservés 
à  Schwerin). 


4T4 


CHBOMQCR    BT    «IBLIOCBlfOIK. 


CHRONIQUE  ET  BIBLIOGRAPHIE. 


France.  —  M.  DrvEBQiBst  db  Uauranks  est  mort  à  Paris  le  20  mfti 
dernifir.  8*m  Histoire  du  gouvernement  parlementaire  en  France  (1857- 
1873, 10  vol.  in-S*)  est  unf)  œuvrn  d'uDo  grande  valeur.  Il  laiasc  de  nom- 
broux  fragments  autobiographiques  el  hieloriqueg. 

—  Nous  apprenons  égalâment  la  mort  do  M.  benjamin  FnxoH,  bien 
connu  comme  coIlBcûonneur  d'autographes  ei  comme  auteur  de  publi- 
cations historiques  et  archéologiques  sur  la  Vendée,  etc. 

—  Nous  apprécierons  dans  uoire  prochain  Bulletiu  l'œuvre  hiatorique 
d'E.  LiTTaÈ,  dont  l'érudition  franraise  déplore  en  ce  moment  la  perte. 

—  M.  l'abbé  Pletteau,  historiographe  du  diocèse  d'Angers,  est 
mort  à  Angers  le  ^23  janvier  dernier.  Il  avait  entrepris,  depuis  plu- 
sieurs années,  dans  la  Hevue  de  l'Anjou,  ta  publication  des  Annalet 
ecclésiastiques  de  l'Anjou,  travail  qu'il  a  conduit  jusqu'à  l'èpiscopat  de 
Guillaume  Ruzè  (1572-1587).  lï  a  insère,  en  outre,  dans  divers  recueils 
locaux,  uu  certain  nombre  d'article»  sur  Thistoire  de  l'Anjou,  et  notam' 
ment,  en  1862,  dans  le  Rt^pertoire  historique  et  archéologique  de  l'Anjmt, 
une  élude  sur  le  jansénisme  el  l'université  d'Angers  et  sur  t'évâque 
Henri  Amaukl^  qui  donna  lieu  A  une  vive  polémique  locale.  (V.  B«vue 
de  l'Anjou,  lëvr.  1881.  Ivotice  sur  Pabbè  Pletteau,  donnant  rénamàr»- 
tion  de  ses  travaux.) 

—  M.  le  comte  de  DEnTOL<,  décédé  également  à  Angers,  avait  poblié 
en  1813  un  Essai  sur  la  iopoijraphie  de  Tyr,  qui  fut  considéré  alors 
comme  ayant  éclairé  d'un  jour  nouveau  d'importantes  questions  d'his* 
toiro  et  d'archéologie.  Il  était  revenu  tout  récemment  sur  ce  sujet  de 
ses  premières  études  dans  un  mémoire  communiqué  à  l'Académie  dos 
inscriptions  au  muta  de  décembre  dernier,  dans  lequel  il  discute  cer- 
taines opinions  de  M.  Renan  relatives  à  la  topographie  de  Tyr  (voir 
Comples-rendus  de  l'Académie  des  inscriptions,  ai^née  1880^  p.  350). 

—  L'Académie  des  sciences  morales  et  politiques  a  décerné  l'un  des 
doux  prix  Odilun  I^rrut  au  mémuirc  de  M.  van  deh  IIsl'vll,  de  Gand, 
Bur  l'Institution  du  jury  en  France  et  en  Angleterre,  et  l'autre  à  celui  de 
M.  GuASSON  ëur  la  Prucédure  civile  en  France  et  en  Angleterre  depuis  le 
Xilï'  s.  jusqu'à  nos  jours.  Elle  a  remis  au  concours  le  sujet  suivant,  sur 
lequel  un  seul  mémoire,  rédige  surtout  d'après  des  travaux  de  seconde 
main,  avait  été  présenté  :  Hi?cbcrcher  les  origines  et  les  caractères  de  la 
chevalerie  ainsi  que  de  la  littérature  chevaleresque  (terme  le  31  dèc. 
1881).  Le  prix  ïlordiu  sur  les  grandes  compagnies  de  commerce  depuis 


CHIOÏVIQDE    KT    BJkLIOGUFHIB.  475 

le  XVI*  8.  n'a  pas  été  décerné.  Le  sqjei  esi  remis  au  concoure  (31  déc. 
1883). 

—  L'Académie  des  inseripUons  ei  belles-leures  a  décerné  le  grand 
prix  Gobert  à  M.  Dupuy,  pour  son  Hùtoire  de  /a  réunion  de  ta  Breiagne 
à  ta  France.  Nous  sommes  heureux  de.cf*tte  distiocUon  si  méritée  qui 
encoangera  les  professeurs  de  dos  Pacutlès  el  de  nu!>  lycées  de  pruvince 
à  entreprendre  dee  travaux  d'érudition  d'après  les  documenls  inédiU 
conservés  dans  les  archives  et  les  bibliothèques  départementales.  Cest 
comme  professeur  au  lycée  de  Dre^t  que  M.  Oupuy  a  mené  à  bien  ce 
grand  travail.  M.  Brcrl  a  obtenu  le  2'  prix  pour  son  Cartutaire  de 
Cluny.  L'Académie  a  voulu  indiquer  ainsi  l'estime  qu'elle  fait  du  soin 
apporté  par  M.  Bniel  à  sa  grande  entreprise  et  l'espérance  de  lui  voir 
publier  bientôt  une  ample  introduction  qui  permettra  de  lai  accorder 
nne  récompense  plus  élevée.  —  L'Académie  française  a  accordé  la  plus 
grande  partie  du  prix  Archon-Despeyrouses  (2,500  fr.)  à  M.  L.  L&l&ane 
pour  son  index  de  Brantôme. 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  bellee-leiires  n  décerné  le  prix 
La/bos-Melicoq  à  M.  J.  Ft.AUMERM0»T  pour  iion  Histoire  de  Srnlù  (voy. 
plus  haut,  p.  149),  et  un  des  prix  Brunet  à  M.  Auguste  Molikieb  pour 
une  très  considérable  et  lré«  importante  bibliographie  du  Languedoc 

—  L'Académie  franraise,  daus  sa  séance  du  h  mai,  a  décerné  le  pre- 
mier prix  (iobert  à  M,  Cu^bubi,^  auteur  de  l'Histoire  de  la  minorité  de 
ùauis  XIV  (4  vol.  in-8*y.  Le  second  prix,  à  M.  Derthold  Zellsh,  pour  sea 
publications  intitolées  :  Hicheiiitu  rf  le4  ministrM  de  Louis  XIU  ;  le  Canné' 
table  de  Luynes.Xj^  prix  Thérouanne  est  [Mtrlagê  entre  M.  Borsai-LV, 
chef  d'vscailron  d'état-major,  directeur  dee  éludes  à  l'ËcoIe  militaire  de 
âaiot-Oyr,  pour  non  travail  intitula  :  Le  mar^cAoidr  A'oAvrf  (3  vol.  in-S"), 
et  M.  OE  PifipAPE,  ofBcier  du  service  d'étal-major,  pour  son  Histoire  dâ 
ta  réunion  de  la  Franche-Comté  à  ia  France.  L'Académie  a,  en  outre, 
accordé  une  mention  très  honorable  à  M.  Ë.  Rardy,  auteur  d'un  ouvrage 
en  2  volumes  sur  les  Origines  de  tu  tactique  française. 

—  £n  exécution  du  legs  de  M"**  la  comtesse  Rossi,  la  Faculté  de  droit 
de  Paris  a  mis  au  concours  le  sujet  suivant  :  Dn  pouvoir  législatif  en 
France  depuis  l'avènement  de  Philippe  le  Bel  jusqu'en  1789.  Le  prix 
est  de  2,000  fr.  ;  les  mémoires  devront  être  remis  au  secrétariat  de  la 
Faculté  le  31  mars  18S3  au  plus  tard. 

—  Dans  sa  séance  publique  amiuelle  du  12  de  ce  mois,  l'académie  de 
Stanislas  a  décerné  pour  ta  première  fois  un  prix  fonde  par  un  de  ses 
oorrespondanls,  le  d'  Herpin,  de  Metz,  décède  en  1872.  Ce  prix  est  des- 
tiné, d'après  le  testateur,  k  récompenser  un  ■  trawl  concernant  des 
questions  scientifiques,  statistiques  ou  historiques,  se  rapportant  parti- 
culièrement à  la  Lorraine  ou  à  l'ancienue  province  des  Trois- Ê^'échés». 
Il  a  été  attribue  à  M.  Bunvalot,  conseiller  à  la  cour  de  Dijon,  pour  un 
ouvrage  inédit  (de  752  p.  de  grand  format)  intitule  :  Une  page  de  VhiS' 


un 


GiniOTtIQOE   ET   BIBLIOGRiPBIE. 


loire  du  tiers-état;  c'est  une  élude  sur  la  loi  de   Beaumont,    charte 
fameuse  de  1182. 

—  La  Société  des  bibliophiles  bretons  et  de  l'histoire  de  Bretagne 
vient  de  décider,  sur  la  propasitîOQ  de  M,  de  la  Borderiez  la  publi- 
cation d'une  collection  de  docucn'>nts  sous  le  titre  A'Archioes  <U  Itrt- 
txkçne.  recueil  de  chroniques^  titres  et  documents  inédits  relatifs  à  l'his- 
toire de  cette  province,  in-V.  La  publication  commencera  dans  le 
cours  de  1881  ;  il  paraîtra  un  demi-volume  par  an.  —  En  même  t^mps 
que  VH'fpital  des  Bretons  de  Saint-Jean^d'Acre  (1254-I26t|,  par  M.  Dela- 
ville  Le  Roulx,  dont  nous  avons  déjà  parlé  (XV,  500).  la  Société  a  mis 
en  distribution  le  second  fascicule  du  Choix  de  documents  inédits  sur 
l'histoire  de  la  langue  en  Brelagney  par  M.  Anatole  de  EUrthéleiny  ;  ce 
fascicule  complète  l'ouvrage. 

—  M.  l'abbé  GnÈGoiRE  fait  paraître  fNautes,  Fare«t  et  Grimaad) 
VÉtat  du  diocèse  de  Nantes  en  1790,  comprenant,  d'après  les  documenta 
des  archives  du  départ^mf<nl,  des  communes  et  des  fabriques,  ta  statia- 
tique  du  diocèse  au  moment  de  la  Révolution.  L'ouvrage  est  divisé  ea 
deux  partir»;  T.  Paroisses  fît  chapltrea.  II.  Abbayes  et  communautés. 
Dans  la  premièrD  partie,  il  txi  traité,  sous  chaque  paroisse,  du  nom, 
des  origines,  du  patron,  des  revenus,  des  charges,  du  clei^é,  de  régltsa 
pt  des  chapelles,  rurales  et  domestiques,  des  oralotrep  etdescimetièreBf 
des  confréries  pieuses,  des  écoles,  régenteries  et  collègeA,  des  hôpitaux 
et  bureaux  de  charité,  des  bénéfices  simples,  prieurés  et  chapollenies 
avec  leur  présentateur,  titulaire,  revenus  et  chaînes.  Un  plau  analogue 
est  suivi  pour  la  seconde  partie. 

—  M.  Mabèchal,  à  qui  nous  devons  le  meilleur  de  nos  manuels  d'his- 
toire contemporaine^  vient  de  publier  une  Histoire  romaine  (Delagrave) 
conformémpnt  au  programme  de  la  classe  de  quatrième.  Gel  ouvrage, 
furt  étendu  pour  un  livre  élémentaire  (702  p.  in-18)  a  le  mérite  d'ôtre 
écrit  avec  verve,  avec  un  vrai  sentiment  de  l'antiquité,  et  de  rappeler 
constamment  au  lecteur  les  textes  des  auteurs  anciens.  Une  lai^e  place 
est  faite  aux  institutions,  &  l'histoire  littéraire  qui  est  traitée  avec  un 
soin  particulier.  Des  gravures,  en  général  bien  choisies,  viennent  animer 
et  écldirer  le  texte.  Mais  il  nous  semble  que  la  surabondance  dos  détails 
en  rend  la  lecture  très  difficile,  surtout  pour  des  enfants  de  M  à  13  ans, 
et  que  l'auteur,  trop  peu  au  courant  des  travaux  de  l'érudition  moderne, 
a  au  contraire  accordé  trop  de  confiance  à  des  travaux  vieillis  et 
dépassés. 

—  Le  t.  Il  des  Mémoires  sur  Us  asssmblées  parlementaires  de  la  AiHw- 
Ivtion  (Didot),  p.  p.  M.  de  LesGure,  contient  des  extraits  des  mémoires 
pleins  de  partialité,  mais  honnêtes  et -intéressants,  de  Montlosier,  eL 
les  médiocres  mémoires  de  Durand  de  Maillane  sur  la  Convention. 

—  M.  Louis  Blanc  vient  d'achever  ta  réimpression  des  lettres  qu'il  a 
adressées  de  Londres  au  journal  le  Temps  de  1861  à  1870.  Sous  le  titre  : 


CBIOflQrS   n   «IBLIOGUPBIV.  -177 

Dix  ans  de  Phistoir»  d'AngUterre  (Lovy,  10  vul.  în-18),  ces  kttros  forment 
uae  histoire  au  jour  le  jour  de  ta  vio  et  de  la  politique  aD(|[lai&ed. 

—  En  tête  de  Tutile  et  fidèle  traduction  de  {'Histoire  grecque  de  Car- 
tius  dont  le  second  volume  est  en  cours  de  publicatiua  (Leroux,?  fr.  50 
le  Tol.],  M.  Boucuii-LBCLEitQ  a  placé  une  préface  où  il  a  parrait4>meut 
défini  le  caractère  et  les  mérites  de  Tœuvre  du  savant  historirn.  Nous 
ne  saurions  approuver  la  méthode  qu'il  a  prise  pour  dÎEtiuguer  les  ht^ 
monymes,  Pt  qui  consisb?  à  li^ur  appliquer  des  orthographes  dilTûrentes, 
à  dire  Eschinc  pour  l'orateur  et  Aeschioes  pour  le  tyrao. 

—  M.  RADinà  a  pris  La  rôsolntton  d'être  plus  sobre  dans  le  choix  des 
pi6ce«  qui  composent  le  Chansonniti'  historique  (Quanlin)-  Il  a  en  rai- 
wn>  car  l'œuvre  menaçait  de  prendre  des  proportions  eiagéréns.  Les 
huit  années  de  la  régence  avaient  occupé  4  volumes  ;  le  t.  V  à  lui  seul 
embrasse  Ibs  huit  années  qui  suivent  |1724-1732).  Noas  y  trouvons  des 
épigrammes  acérées  coutre  le  duc  de  Bourbon  et  contre  Fleury,  des 
pièces  curieuses  relatives  au  procès  de  la  Cadiôre,  d'autres  sur  M.  de 
Noailles  et  sur  les  convulsionnaires.  La  pièce  intitulée  Xiiglise  rotnaine 
est  vraimeut  belle.  Dans  la  préface  historique  mise  en  tète  du  volume, 
M.  Raunio  parle  du  traité  de  Nymphoobourg.  Ce  traité  est  une  pure 
lègemle  diplomatique  el  n'a  jamais  existé- 

—  M.  Octave  Noël  a  consacré  un  volume  intéressant  à  \' Organisation 
financière  de  la  France  (Charpentier,  f>04  p.  in-18).  Embrassant  toute 
notre  histoire  financière  depuis  lee  origines  do  ta  monarchie  capétienne, 
ce  livre  n'a  pas  la  précision  ni  l'ordre  rigoureux  qui  serait  nécessaire  i 
un  livre  d'étude  ;  mais  c'est  un  aperçu  rapide  fait  par  un  homme  géné- 
ralement bien  informé,  et  qui  met  vivement  sous  les  yeux  les  diffé- 
rences essentielles  entre  notre  système  financier  moderne  et  le  système 
de  l'ancien  régime. 

—  MM.  Charavay  frères  poursuivent  avec  beaucoup  d'activité  leurs 
Jolies  collections  qui  ont  l'avautage  de  rOunir  l'élégance  au  bon  marché. 
La  bihliuUiéquo  des  Français  conti(^ndra  une  série  de  classiques  où  ont 
déjà  pris  place  les  Fables  de  1^  Fontaine,  et  qui  va  noas  donner  \'His- 
toire  d'Henriette  d'AngUterre  et  les  Mémoires  historiques  de  M*»  de  l-a- 
Eayette.  La  bibliothèque  d'éduc-ation  moderne  s'est  ouverte  par  un 
recueil  de  récits  hi.storiques  intitulés  i'Héroisnu  civil,  par  M.  E.  Ciiaha- 
VAY,  qui  forment  un  cxcellcut  livre  de  lecture.  C'est  dans  cette  même 
série  qu'il  faut  ranger  une  bonne  histoire  des  découvertes  de  U.  Liviog- 
stone  par  M.  F.  Loriot.  M.  BtcQ  de  Pouociàassa  réuni  en  un  charmant 
volume  ses  Lettres  critiques  sur  la  vie,  les  œuvres,  les  manuscrits  d'An- 
dré Chéoier,  enfln  M.  H.  Welscuisueb  a  étudié  un  côté  des  plus  curieux 
de  la  Révolution  daus  le  Thiâtre  de  la  Htvolution,  1189-1799.  Ce  serait 
faire  trop  d'honneur  à  ce  ihéftlre  que  de  voir  dans  ce  livre  une  étude 
littéraire;  c'est  une  élude  de  mœurs  et  d'histoire,  et  qui  en  dit  beau- 
coup sur  l'état  des  esprits  pendant  la  Révolution,  sur  l'abaissement 
intellectuel  et  moral  produit  par  Tanarchie  et  la  terreur.  Une  petite 


478  CBBO?(IQDB   BT   BIBUOfiUPHrS. 

plaquette  sur  les  Bijoux  de  Jlf»'  Du  Barry  ajoute  de  tr&s  intérceeut« 
îlét&ils  &  ceux  qu'avaieni  donnés  MM.  de  Ganctturt  sur  )<%s  prodiiraMi^ 
de  la  maîtresse  de  IjOuU  XV  et  sur  leB  basses  cupidités  qui  dniornii- 
nèrent  sa  perle.  M.  Beubag  a  réédité  avec  une  iraductiua  une  cnrleose 
relaliun  flamande,  parue  eo  1504,  du  Second  voyage  de  Tcuco  de  Gama  à 
CaOcut. 

—  Danfl  le  discours  pronoocé  à  ta  séance  ^oleonelle  dee  5  f&cultétf  à 
Lyon,  M.  Cailleuer  réfute  l'opinion  RXfiosèe  par  M.  Tardif  {JVour.  Reo. 
de  droit,  PV",  291)  que  ladêcrétale  d'Honoriu»  ITI,  super  spécula,  de  1ÏI9, 
aurait  été  sollicitée  par  Phi  lippe- Auguste  à  l'iustigatioD  de  sce  baroas, 
enneiDig  nés  du  droit  romain  (Lyon,  impr.  Mougin-Rusaod)  ;  il  montre 
que  cette  dècrétale  est  un  véritable  acte  d'hofitilité  envers  le  droit  civiL 

—  M.  J.  Cadvet  a  publié  fCaen,  Le  Blanc-flardel)  une  étudo  hifto- 
rique  et  juridique  sur  l'empereur  Justinien  et  son  ouvrt  tégistative  rextr. 
des  Mimoirei  de  l'Acad.  nat.  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Caéu)  ; 
il  pense,  avec  raison  selon  nous,  que  Jusiinien  vaut  mieux  que  la  répu- 
tation qu'un  lui  a  faite  d'après  les  mémoires  secrets  de  Procope  ;  c'est 
comme  si,  pour  juger  Louis  XJV,  on  n'avait  que  Saint^imoo.  Mais 
c'est  vouloir  trop  entreprendre  que  d'expowr,  à  propos  d'une  étude  sur 
Vauvre  tégîslative  de  cet  empereur,  l'origine  et  la  vie  privée  de  JusU- 
niea,  les  principaux  évéuBmeuts  accomplie,  âous  son  règue,  surtout  U 
constitution  politique,  administrative  et  nùliuire  de  l'empire  à  son 
époque;  c'est  trop  élargir  le  cadre  d'un  travail  qui  ne  dépasse  pas 
100  pages.  Le  travail  de  M.  Cauvet  serait  mieux  appelé  rapide  esquisse 
plutôt  qu'étude  bistorique  et  juridique. 

—  C'est  au  contraire  une  véhi&ble  étude  de  critique  historique  que 
nouB  donne  M.  Le  HAnov  sous  ce  titre  :  Le  dernier  des  duc* de  Norman- 
dii  (Caen,  Le  Blanc-Hardel,  extrait  du  DuUetin  de  la  Soc.  des  Antiq.  de 
Normandie,  L  IX,  supplém.l.  C'est  une  histoire  soigneusement  faita  de 
Robert  Courtebcuse  ;  et  c'est  aussi  un  essai  de  réhabilitation. 

—  M.  G.  (jHASfiioTis  vient  de  publier  chez  Em.  Leroux  ua  Tolnxna 
intitulé  linslruction  publique  chez  les  Grecs  depuis  la  prise  de  Cnns- 
tantinople  par  les  Turcs  jusiju  a  nos  jours,  avec  sialislique  et  \  cartes 
figuratives  pour  l'année  scolaire  ISIg-TÔ  Ixn-îiSO  p.  in-8».  Prix  :  Î5  fr.|. 

—  Le  sa^'ant  éditeur  de  Pierre  de  l^e^îtoile,  M.  Eug.  Halpiibn,  vient 
de  publier  un  recueil  de  Lettres  inédites  de  Henri  iV  au  chancetier  Bel- 
lièvre  (Champion,  53  p.  iD-8'>),  écrites  en  1602.  Gousidérées  iBolément 
des  autres  documents  de  cette  époque,  ces  lettres,  qui  se  rapportent  k 
des  affaires  diverses,  n'ofTreni  pas  grand  intérêt,  sauf  peut-être  eellea 
qui  témoiguent  de  précautions  prises  par  le  roi  pour  empêcher  Biroa 
d'échapper  au  châtiment  de  son  crime,  mais,  pour  les  juger  équitable- 
ment,  Il  faut  natureUement  les  rapprocher  des  autres  documents  con- 
temporains, surtout  de  la  correspondance  publiée  par  Berger  de  Xivrey, 
et  ceux  qui  s'en  donneront  la  peine  reconnaîtront  sans  doute  que  M.  H. 
n'a  pas  fait  œuvre  inutile  en  faisant  cette  publication. 


CfllOmQOB  ET   BrBLIOCUPIIB.  47» 

—  Varchivisie  de  Cambrai,  M.  A.  Duriboi,  vient  de  publier  {Um 
archives  communatrs  de  Cambrai,  Lille,  impr.  Danel)  no  aperçu  d» 
vicissitudes  des  arcliive^»  municipales  suivi  d'un  état  de  ces  archives 
qui,  si  wmmaira  qu'il  soit,  est  appelé  à  readre  des  services. 

—  M.  BotiCBBR  DE  MoLANDOS  8  cniTcpris,  avec  M"*  Foulques  db  Vil-, 
LARET,  la  transcripliûa  des  registres  de  comptes  municipaux  d'Orléans 
depuis  le  commencement  de  la  série  (1384)  jusqu'à  la  tin  du  xv«  siècle: 
La  comptes  de  la  mtU  d'Orléans  des  XIV  et  XV»  i.,  1384-(160  (Orléans, 
Herluison,  25  p.  ln-8*).  Après  a\oir  achevé  eu  43  vol.  in-ï»  la  copie  de 
42  registres  originaux  embrassant  la  période  comprise  entre  1384  et 
i460>  il  a  présenté  à  la  Société  archéologique  et  historique  de  l'Ortea- 
oaîs  un  rapport  sur  cette  première  partie  de  son  travail  et  sur  l'écono- 
mie de  la  collection  ainsi  qu'un  état  îadtcatif  des  registres.  Gr&ce  à 
l'initiative  et  à  la  persévérance  de  M.  B-  de  M.  et  de  M"«  F.  de  V,, 
cette  précieuse  collection  se  trouvera  désormais  à  l'abri  des  rtsiiues  de 
destruction  qui  ont  récemment  alleiol  Iob  archives  à  Bordeaux,  à 
Saintes  et  ailleurs. 

—  M.  f3orciiER  DB  MoLANOON  vifiot  en  outre  de  publier  dans  une  bro- 
chure intitulée  :  Documents  Orléanais  du  rèçne  de  Philippe- Attguste 
(Orléans,  Uerluison),  les  statuts  donués  aux  tisserands  et  tisseurs  d'Or* 
lé&ns,  1309;  une  enquAie  sur  les  limites  de  la  Juridiction  de  l'evâque 
d'Orléans  à  Pithiviers,  d'où  il  ressort  que  la  ville  et  la  banlieue  de 
Pithîviers  étaient  du  ressort  de  cette  juridiction  ;  une  enquête  sur  cer- 
tains droits  d'usage  dans  la  forôt  d'Orléans,  le  devis  relatif  k  la  ro<-Ans- 
tructioa  de  la  Tour  Neuve  d'Urlèaos  par  le  roi,  dont  l'auteur  nous 
retrace  l'histoire. 

—  M.  Th.  -Anes  a  réuni  dans  un  volume  d'une  lecture  très  attachante 
H6  souvt^nirs  do  trois  ans  de  campagne  au  Sénégal  et  de  la  campagne 
de  la  Mézère  en  Océanie.  On  y  trouvera  des  détails  intéressants  sur  la 
colonisation  et  l'esclavage  au  Sén^l  et  sur  Tarcbipet  des  fies  Samoa, 
dont  il  a  été  si  souventquestion  dans  ces  dernières  années. 

—  M.  Edmond  Brdwaert  a  publié  à  part  les  Métnoires  de  Jacquts 
Carorguy,  greffier  de  Bar-sur-Seine,  1582-I69&  (Picard,  ^47  p.  in-8'), 
qui  ont  déjà  paru  dans  le  Cabinet  historique.  Ou  y  trouve  un  tableau 
très  fidèle  de  la  vie  provinciale  pendant  la  Ligue  et  de  la  pacification 
qui  suivit  le  triomphe  d'Henri  IV. 

—  H.  Henri  Chbvreul  vient  d'ajouter  an  important  volume  (Faris^ 
J.  Martin)  à  sa  coUeclion  de  poèmes  inédits  ou  rares  sur  l'histoire  de  la 
Ligue  en  Bourgogne.  Ce  volume  contient  le  Discours  de  ta  prise  des 
ville  et  chasteau  de  Beaune  par  Monsieur  le  marescluil  de  Biron  en  1595, 
deux  relations  inédites  sur  le  môme  sujet  et  un  autre  Discours  du  temps 
$w  la  ràiuction  des  villes  de  Dijon  et  de  Nttys. 

—  s  ...  (kt  accablement  physique  était  moins  occasionné  par  l'Age 
que  par  les  feux  d'amour  véhément  qui  l'épuisaient,  et  qu'elle  ne  pou- 


JiHQ 


CBROXIQCE    BT    BtBLtOCaAPaiS. 


vait  cx}ntf!nir...  Les  assauts  d'amuurne  lui  laiasai^ntqoc  peu  de  momsDti 
de  repos.  Ils  se  rumonlraieat  impétueux  et  violents...  a  Ce  n'est  pas 
d'an  roman  aaturalisile  que  sont  tirées  ces  lignes,  c^eet  d'un  ouvrage 
sur  Sainte  Catherine  de  Gènet  <Sautoû|  par  Mgr  Paul  Fuchk.  i  qui 
nouB  devons  déjà  2  vol.  sur  M^^  de  Montmorency.  Malgré  le«  pro- 
messes du  litre  qui  annoncent  un  ouvrage  tiré  des  ms.  italiens  orig- 
naux, on  n'y  trouvera  rien  de  nouveau  ni  d'inédit. 

—  Le  fa'l^6i6/i'on  annonce  que  M.  Ë.  hb  Bsaccoubt  vient  de  commenoar 
rimprc^HRiondes  deux  premiers  vol.  de  son  Histoire  de  Charles  V//^  qui 
en  aura  liuq. 

—  M»*  la  marquise  os  BLOCQUEvmtK  vient  de  doter  avec  U  plat 
pieuse  libéralité  U  ville  d'.'^.uxerre  d'un  musée  consacré  au  souvenir  de 
son  père,  Oavout,  le  prince  d'Eckmuhl.  Sans  parler  de  curio!«iles  de 
grand  prix,  oUe  a.  constitué  uur  f  bibliothèque  d'Eckmuhl  »  avec  tous 
les  livre?»  qui  proviennent  du  maréchal  et  tous  les  livres  publiés  où  il  i 
été  question  de  lui.  Il  y  a  aussi  des  papiers  secrets  qui  ne  verront  le 
jour  que  quand  M""  de  Blocqut^vîlle  l'ordonnera  (Bulletin  de  ta  Soc  det 
se.  histor.  et  nat.  de  l'Yonne,  1880,  34"  vol.). 

—  M.  H.  PiOBONHEAO  a  fait  imprimer  les  deux  premières  leçons  da 
cours  qu'il  professe  à  la  Faculté  des  lettres  en  remplacement  de  M .  Wal- 
lon. Il  a  pris  pour  sujet  la  politique  économique  des  rois,  de  Frwice 
depuis  Louis  XI  jusqu'à  la  mort  d'Henri  III.  Ces  deux  premières  leçons 
«arrêtant  précisément  à  l'époque  qu'il  s'e.«t  proposé  d'étudier,  ne  con- 
tiennent que  des  généralités,  mais,  à  dèfatit  de  nouveauté,  ces  généra- 
lités ont  le  mérite  de  la  justesse.  U  faut  féliciter  M.  P.  du  courage  avec 
lequel  il  aborde  des  questions  épineu&es  et  arides  en  apparence,  maie 
qui  ont  tenu  dantt  te  passé  de  notre  pays,  comme  elles  la  Ueiment 
encore,  la  première  place. 

—  Le  t.  XX VIII  de  V Histoire  littéraire  de  la  France  vient  de  paraître. 
Il  contient  la  suite  du  xtv«  s.  Il  est  dû  à  MM.  Renan,  Paulin  et  Gaston 
Paris,  Uauréau,  Litlré.  Nous  citerons  comme  particulièrement  impor- 
tants au  point  de  vue  lùi^torique  les  articles  de  M.  Renan  sur  Chrit^tine 
de  Stummeln,  la  pieuse  extatiijue  du  xiv»  s.,  et  sur  Bertrand  de  Gol, 
celui  de  M.  Hauréau  sur  Arnaud  de  Villeneuve,  celui  do  M.  G-.  Paris 
sur  Jukemou  Sakesop,  auteur  du  châtelain  de  Coucy,  et  celui  de 
M.  P.  Pariti  sur  Jeau  de  Meun. 

—  M.  Cil.  FiF.nvii.i.F.  vient  de  publier  «nus  le  titre  modeste  de  Docu- 
ments inédits  sur  Philippe  de  Commynes  (Champion,  ^00  p.  in-8')  un 
volume  fort  im[>ortaat  pour  l'histoire  du  xv*  s.  Nous  avons  déjà  parie 
de  la  i"  partie  de  ce  travail  \La  ferme  du  seî  aux  Ponts~^-Cé  et  la 
Galeasse  .yoire-Dame.  Hev.  hisi..  XII,  4951.  La  seconde,  consacrée  à  la 
Baronnte  d'Argenton,  esi  plus  intéressaule  eucore.  Elle  nouR  apprend 
de  quoUe  manière  Gonimynes  arriva,  par  un  mariage,  h  s'emparer 
d'une  seigneurie  sur  laquelle  ses  droits  n'étaient  rien  moins  que  cor- 
tains,  l'étendue  de  ses  possessions,  le  train  splendide  qu'il  mena  sur  sps 


CBBOIIQCS    ET    BIBUOCEAPBIB. 


481 


terrée,  les  procès  qu'il  laissa  à  ses  hôriiiors.  Tout  est  nouveau,  tout  est 
Inédit  dans  ce  travail,  tiré  tout  entier  dos  archives  dArgenton  cnnsor- 
véefl  aux  archives  des  Cdles-du-Nord.  Il  éclaire  d'un  jour  nouveau  uon 
seulement  la  biographie  do  Comntynes,  mais  aussi  plus  d'un  point  de 
la  vie  fiHkdah*,  administrative  el  econoroinue  à  la  On  du  x%*  s,  Il  fait 
grand  honneur  à  son  auteur,  un  des  bumnies  les  plus  instruits  et  les 
plus  laborieux  de  notre  administration  universitaire, 

—  Nous  consacrerons  prochainement  un  article  développé  aux  ques- 
tions traitées  par  M.  Belot  dans  l'i  m  portante  édition  qu'il  vient  de 
donner  de  La  Hépublique  (£Athéne-s  (Pedone-Lauriel,  137  p.  io-i'),  publiée 
avec  une  iatroductiou,  uao  traduction  et  un  commentaire  historique  el 
critique. 

—  M.  n.  BottnrER  continue  avec  un  soîa  et  une  activité  qui  ne  se 
ralentifiseni  pas  sa  belle  réédition  Ae  \&  Franai  proUMantf  (Fischbocher), 
qui  est,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  une  œuvre  toute  nouvelle.  M.  B. 
a  enfin  consenti  à  mettre  son  nom  à  cette  publication  ;  il  est  juste  qu'il 
ait  tout  l'honneur  d'uo  travail  dont  il  a  tonte  la  peine,  et  d'ailleurs  son 
nom  est  pour  l'ouvrage  lui-même  une  recommandation  et  une  garantie. 
I*a  première  (lartle  du  3'  vol.  contient  la  fin  de  la  lettre  B  et  le  com- 
mencement du  G  (Iioui|[on-Ca9tellin).  On  y  remarquera  surtout  les 
articleis  :  Driçonnet,  contenant  des  documents  inédits  siir  uu  homme 
qui  mériterait  do  trouver  nn  biographe  ;  Claude  BrousMn.  que  l'ouvrage 
de  M.  Nègre  et  celui  de  M.  Douen  sur  les  Pastmrt  du  désert  (2  v.,  1S79) 
ont  si  bien  fait  connaître  ;  Brunier,  Buter  suivi  d'une  ample  et  excel- 
lente bibliographie  ;  enHo  i'aslellin.  Ce  dernier  personnage  est  l'édilour 
et  le  principal  auteur  du  recueil  nelébrn  de  gravures  historiques  du  xvi's., 
connu  sous  le  nom  de  Torlorel  et  Perrissin,  recueil  qui  va  tMre  réédité 
avec  des  notices  historiques  de  MM.  Bordier,  Douen,  Dufour,  Schiclc- 
1er,  etc.,  chez  l'éditeur  Fischluicher.  M.  Bordier  donne  des  détails 
nombreux  et  inédits  sur  les  origines  et  la  composition  de  cette  précieuse 
collection. 

—  M.  d'Arbois  de  JcBAiNViLLe  ■  fait  paraître  en  brochure  «es  remar- 
quables  £f  udu  »ur  te  droit  celtique  :  la  Senchu$  Mâr  (Larose,  108  p.  iu-8*). 
I^r  une  comparaison  délicate  de  ce  traité  de  jurisprudence  avec  les 
traditions  et  les  ouvrages  que  noufla  transmis  la  vieille  Irlande,  M.  de  J. 
arrive  â  prouver  que  la  première  recensiondu  Senchus  doit  remonter  au 
IV*  s.  Elle  fui  due  à  3  rois,  3  évoques  et  3  jurisconsultes.  Conservé  de 
mémoire  juupie  vers  l'an  800,  le  Senchus  M6r  fut  rédigé  alors  dans  une 
langue  déjà  altérée  et  que  les  copistes  subséquents  ont  encore  modifiée. 
M.  de  J.  lire  ensuite  de  ce  précieux  dùcumeul  les  renseignements  les 
plus  intéressants  sur  la  coai^lituliou  sociale  et  politique  de  l'Irlande 
primitive,  sur  la  Flaith  ou  classe  des  riches  divisée  en  sept  degrés,  qui 
cunstitucnt  une  sorte  de  ploutocratie,  et  sur  les  filé  ou  savants  qui 
exercent  une  très  grande  inDuencc  surtout  sur  la  justice.  La  dernière 
partie,  consacrée  à  la  justice,  au  rôle  des  assemblées  politiques  et  à  la 
royauté,  est  de  la  plus  haute  importance  pour  l'histoire  de  toute  la  race 

Rsv.  HtSTOB.  XVI.  2»  PASC.  91 


482  CBEONIQCE   KT   BISLIOGRAPHtE. 

celtique.  Nous  y  relrouvouB  le  dieu  Lm^  (le  Mercure  gaulois  d'après 
César),  qui  a  donné  son  nom  h  Lyon  {tugdunum). 

—  Ia  librairie  Ilachelle  a  mis  en  vente  une  TabU  atphabétitju«  des 
Mémoires  de  Saint-Simon,  rédigée  avec  beaucoup  de  soiu  par  M.  Paul 
GuËBin.  archivisie  aux  Archives  natiunales.  C'est  ou  travail  iudispeu- 
eable,  même  après  la  table  des  matières  rédigée  par  Saiat-Simou  lui- 
même  ot  qtii  avait  éié  publiée  par  M.  Ad.  Réguier  eu  1877.  —  Sigua- 
lons  également  la  table  générale  et  analytique  de»  Causprîes  du  luodi, 
portraits  de  femmes  et  portraits  littéraires,  par  M.  Ch.  Pebbot  (Gami«r). 
De  pareils  livres  se  recommandcm  d'eux-mêmes  par  leur  iodisculable 
utilité. 

Bel^que.  —  M.  Cb.  Stedr,  doyen  do  la  classe  des  lettres  de  l'Aca- 
détnie  ruyule  do  Belgique,  est  décédé  récemment  k  l'âge  de  86  aus.  U 
avait  publié  divers  mémoires,  entre  autres  sur  l'État  des  Paya-Bas 
aulrichieuR  i^ous  Chartes  VI  (1829)  et  sur  tes  troubles  de  Gaad  sous 
Charlcs-Quint  (1835). 

Allemagne.  —  Le  28  nov.  dernier  est  mort  à  Brackel  en  Westpbaiie 
W.  E.  GiEi'BRs  ;  né  en  1817,  il  fui,  de  t85l  à  1874,  prufeeseurau  Gym- 
nase de  Paderborn.  Ses  travaux,  insères  pour  la  plupart  dans  la  Zeit- 
schrift  f.  Geschichle  utui  Aller thumskuntlf.  Wastfalens,  te  rapportent  À 
rhistoire  provinciale  de  la  Westphalie. 

—  Lo2d  janv.  1881  est  mort  Fr.-R.  Wilkass,  archiviste  de  la  ville 
de  Munster  depuis  1853.  Né  en  ISI"?,  il  fut  un  des  élèves  les  plus  dis- 
Ui^uéB  de  Ranke,  et  publia  en  1835  une  excidlenle  dissertation  :  dt 
tiionis  Caisii  fontihus  et  auclorilate.  Il  travailla  depuis  aux  JakrhUcher 
des  deutsdicn  Heichs  et  aux  Mnnumcnta  Germaniae  historiea.  Comme 
archiviste,  il  publia  son  Westfxtische  Urkunitenbuch  et  une  édition  cri- 
tique des  Kaiser  l'rkunden  der  Provins  Westfakn  au.i  lUn  Jahren  777- 
1313.  Peu  avant  sa  mort  il  avait  publié,  dans  VHiatorischt  Zeiischrift  de 
Sybel  [A\*  vol.,  1870),  im  iuiéressaut  mémoire  «ur  l'Inquisition  en 
AilemagOG  au  xiv  et  au  xv*  s. 

—  Le  4  mai  est  mort  à  Leipzig  le  professeur  H.-J.  Floss,  connu  par 
Bos  travaux  sur  l'histoire  eccléfiiastique  :  dit  Papstwahl  unter  dên  Otto~ 
nen  iRribourg,  1858)  ;  Dreiktcnigeabuch  ;  die  Uebersetzung  dtr  hailigan  3 
Kanige  von  iiaitand  nach  Kaln  (Cologne,  18G4),  etc. 

—  Le  sujet  de  concours  proposé  en  1879  par  l'Académie  des  sciencea 
de  Munil^tl  sur  U  chronographie  de  Théophanes,  ses  sources  et  ses 
conlinuations,  a  été  décerné  à  M.  Oarl  de  Booa,  de  Berlin.  —  La  ra^me 
Académie  a  mis  au  concours  les  sujets  suivants  :  1"  [étudier  le  recueil 
d'extraits  d'anciens  écrivains  grecs  fait  par  ordre  de  l'empereur  Cons- 
tantin Vil  Porphyrogcnète  ;  terme  le  31  dec.  1882;  prix,  1,500  m. 
2-  Étudier  les  œuvres  des  écrivains  militaires  grecs,  t  Texceptioa  du 
TaxTixAv  -^Ativttfi.»  d'Aineias  ;  terme  le  31  déc.  1882  ;  prix,  2,000  m. 

—  La  Bociéié  Jablonowski,  à  Leipxig,  a  mis  au  concours  ;  1"»  pour 
168t,  tes  Regeates  des  rois  polonais  de  1295  à  i&06  ;  3*  pour  1883, 


I 


CBBO^rtQDR   RT   BTILTOCBAPBÎB. 


4H3 


recueillir  les  fftils  relatifs  h  l'accroissement  excessif  de  la  population  et 
à  la  rareté  des  logements  daus  le<:  grandes  villes  de  Tantiquité  ;  3*  pour 
18$4  :  exposer  les  modifications  historique-ft  et  l'état  actuel  dca  fron- 
tières qui  séparent  le  domaine  des  dialectes  haut  et  bas  allemands  à 
l'est  de  l'Elbe. 

—  La  Société  qui  s'est  formée  pour  reconstituer  la  bibliothèque  incen- 
diée de  Mommseu  a  réuni  la  summc  confsidérable  de  lOtS^OUO  marcs 
(132,500  fr.),  quia  &lé  remise  à  l'illustre  savant  pour  le  64*  anniversaire 
de  H  naissance. 

—  La  librairie  B.  Mohr  (Paul  Stebeck),  à  Fribourg  en  B.  et  à 
Tubin^e^  publie  une  Douvetle  édition,  améliorée  par  M.  K.  A.  Barack. 
de  la  Zimmerische  Chronik  ;  la  i**  wiition,  enfouie  dans  les  volumes  de 
la  Société  littéraire  de  Stuttgart,  ne  se  trouvait  pas  dans  le  commerce. 
L'édition  comprendra  4  vol.  dont  le  1"  vient  de  paraître  {prix  de  chaque 
vol.,  par  souscription  15  m.  Âpres  rapparilioo  du  dernier  yoI.,  apris 
PAqucfi  1882,  ce  prix  sera  porté  à  18  m.)- 

—  En  réponse  au  dernier  ouvrage  de  Schliemann,  Itios,  Emile  Brbn- 
TAKO  a  fait  paraître  récomment  un  livre  intitulé  :  Zur  Lantnç  der  TYo- 
janischen  Frage.  Heillimnn,  Heiininger. 

—  Le  4*  vol.  des  Grschichtsguelten  Jm  Bislhums  Mùnster  a  paru.  Il 
contient  les  Vitae  gnncti  Liudgeri,  publiées  par  W.  Dîckamp. 

—  M.  W.-E.  RoTH  a  entrepris  la  publication  des  FonUs  rerum  Nas' 
aoicarum  ,  l'ouvrage  entier  comprendra  de  12  à  14  vol.  Le  l*'  vol.  vient 
de  paraître  chez  C.  Limbarth,  à  Wiesbaden. 

—  On  a  retrouvé  par  hasard  à  Siettia  5  des  anciens  registres  de  la 
viMOf  pour  les  années  1305-1570. 

—  Les  livr.  32  à  27  de  la  grantle  collection  d'ilùtoire  universetU 
publiée  par  M.  Onckbn  (Allgemeine  GejchicJite  in  BinseldarsMlungen, 
Berlin,  (irote)  sont  particulièrement  intiTensantes.  l,es  livr.  '22  et  Î6 
contiennent  l'Hislbire  do  l'Empire  romain,  par  M.  Hertzborg,  d'Auguste 
à  Titus.  Dans  les  livr.  23  et  24  commence  l'Ilistoire  primitive  des 
peuples  germain  et  roman,  par  M.  Dahn.quiestun  littérateur  de  talent 
en  môme  temps  qu'un  érudîl  très  laborieux.  Son  récit  s'étend  jusqu'à 
la  chute  de  l'empire  ostrogothique.  M.  Dûmichen  continue  son  Histoire 
d'Égj'pte  dans  la  livr.  25,  qui  est  consacrée  tout  entière  aux  divisions 
géographiques.  Enfin  M.  Oncken  nous  donne  dans  la  livr.  27  le  débul 
d'une  élude  sur  le  xvni*  s.,  sous  le  titre  :  Dos  Zeitatter  Friednchs  dés 
Grouen,  qui  promet  d'être  une  des  parties  les  plu?  intéressantes  de 
toute  la  collection.  Signalons  1c  soin  avec  lequel  est  illustré  de  gravures 
et  de  cartes  l'ouvrage  de  M.  Dûmicheo. 

Autriche-Hongrie.  —  I^  29  avril  dernier  oftt  mort  le  D*"  AsnanAca, 
professeur  émêriic  d'histoire  à  l'Université  de  Vienne.  Né  à  Uœchst  en 
Nassau  en  1801,  il  publia  en  1827  une  Histoire  des  Visigoths,  en  1835 
une  Histoire  des  Gépides  et  des  Hérules;  eu  1829  une  Histoire  des 
Omeiadcfli  que  suivit  sa  GMchicfile  Spantcns  und  Portugais  sur  Zeit  dâr 


484 


CBROMQCK   ET    BIBLIOCUPSIR. 


Almoraviden  und  Almohaden.  Avec  la  GachichUi  dM  K.  Siegmund  en 
4  vol.  (1839,  mai),  il  aborda  l'histoire  d'Allemagne,  à  laquelle  il  coosa- 
cra  encore  une  Geichichte  dcr  Grafen  von  Wertfieim.  A  Bonn,  uù  îl  pro- 
feeee  ilepui?  1842,  il  composa  un  ouvrage  bien  connu,  VAllgemeines 
Kirchen-LeTîcon  nn  4  vol.  Il  fut  appelé  à  Vienne  en  1853  :  là  il  publia  de 
nombivux  travaux,  relatifs  pour  la  plupart  à  l'histoire  romaine,  dans 
lei  Sitsungsbehchte  d.  W.  Akademie,  et  un  grand  ouvrage  sur  Tbistoire 
de  l'Université  de  Vienne,  dont  î  vol,  seuls  ont  paru  ;  le  3*  est  resté 
manuscrit. 

—  M.  MuEHLBAcnEtt,  phvatdoccat  à  Innsbrack,  a  été  nommé  profes- 
seur d'iiÎËloire  à  Vienne. 

—  Le  3*  vol.  de  la  Geschickte  des  deutschen  Vatkes,  de  l'historien 
catholique  bien  connu,  J^lnssbn,  inlerrompue  par  une  grave  maladie  de 
l'auteur,  paraîtra  bientût. 

—  H.  Kaddbro,  auteur  d'une  bibliographie  des  sièges  de  Vieuoe  par 
les  Turcs,  est  mort  à  Vienne  à  l'àgc  de  ÎO  an?. 

Danemark.  —  Le  1**  vol.  du  grand  ouvrage  de  t'illustre  Mauvio  sur 
ia  ccnslitutiun  romaine  vient  de  paraître  (voir  fler.  crit..  n'  19,  p.  733). 
On  a  pu  craindre  que  l'ouvrage  tùi  inlerrumpu  parce  qu'où  disait  l'au- 
teur souffrant  ou  aveugle.  Nous  sommes  heureux  de  rassurer  les  amis 
de  la  science  historique  :  Madvîg  se  fait  aider,  mais  il  n'a  pas  cessé  de 
travailler. 

Suéde.  —  La  Suède  vient  de  perdre  un  de  ses  meilleurs  historiens, 
Aoders  Fbyxell,  décédé  à  Stockholm  le  ti  mars  dernier,  à  i'ftge  de 
86  ans.  Il  avait  publié,  en  44  livraisons,  des  récite  sur  l'histoire  de 
Suède  [Berattelter  ur  svènska  historien)  qui  ont  eu  un  grand  succès  et 
dont  certaines  parties  ont  été  traduites  en  français,  ainsi  que  rhistnire  de 
Gufllave-Adnljihe,  par  M"«  du  Pugel.  On  cite  encore  :  Uandinghar 
rorande  Sverige4  histoi-ia  (Documents  sur  l'histoire  de  Suède,  4  vol., 
!836-43)  ;  Om  aristokrat  fordomando  i  svenska  historien  (Sur  l'aristocra- 
tie dans  l'histoire  de  Suède,  1845-50);  Itidrag  tilt  sverges  literaturfiit' 
tttria  (Notice  sur  l'histoire  littéraire  de  la  Suède,  1860-62). 

Italie.  —  Le  ^1  avril  deraic>r  (anniversaire  de  la.  fondation  de  Roniel 
a  été  inaugurée,  dans  la  salle  de  l'Académie  de  San  Luca,  la  biblio- 
thèque Sarti,  léguée  il  y  a  quelques  années  à  la  ville  de  Rome  par 
l'architecto  Sarti-  Elle  est  très  riche  en  ouvrages  concernant  l'histoire 
de  l'art  et  t'archéutugie.  M.  Cerrott  eu  a  dressé  le  catalogue. 

—  Le  dernier  document  publie  dans  le  Reportorio  dette  Pergamene  deli* 
Université  e  delta  città  d'Avfrsa  (\aples,  [HAi^  in-8*)  est  assex  curieux  : 
il  donne  le  compte  des  dé[>enscs  faites  pour  la  réception  de  Cliartes- 
Quint  à  Avorsaen  1ô35.  AjouUma  que  le  volume  est  orné  des  fac-similé 
des  souscriptions  des  ïiouveraius  et  des  grands  officiers  du  royaume. 

—  On  a  publie  le  4"  fasc.  de  la  Paleografla  artittica  du  Moni-Gassio, 
de  Dom  OderÎHio  Piscicblli-Takoui  {cf.  Hm,  hist..  IX,  420);  avec  ce  vol. 
sont  épuisées  deux  dos  sections  tracées  par  le  programme  général  : 
1*  la  Gotica  corale,  en  un  fasc.  ;  2*  la  Longobardo-cassinese,  en  3  fasc. 


CHBOTKïVK   KT    BIBtIOCRiPffIS.  48S 

Cette  Reconde  section  se  compose  de  54  pl&nches  on  chromolithographie 
avec  une  introduction  historique  et  [>al(^ographique. 

—  M.  B.  Cai-ahso  vient  de  publier  iNapkw,  au  etègo  de  la  Sociflé 
d'histoire,  Piazza  Dante)  an  important  ouvragp  intitulé  :  Manumentaad 
fifeapolitam'  ducatus  htstoriam  perhnentia  (5&8-U39|.  Cet  onvrage  com- 
prend 2  To!.  Le  t.  I,  divisé  en  3  parties,  contient  :  \'  Chronicon  ducum 
et  principum  B^fnewnii,  Salerni  et  dueitm  {feapolis,  avec  noies  chronolo- 
giques et  di»;erlations  fipéciales  ;  1'  Chronicon  episeoporum  sancUié  ffea- 
politaruu  Ecciexiiu  et  la  Séries  continuata  episeopornm  tt  archiepiscopontm 
/Krapo/itanorum,  jusqu'au  temps  de  Rog^r  II;  ^  ua  Apptndtx  monumen- 
torum  ad  Chronica  ducum  et  episcoj>orum  yeapulitanorum.  Le  t.  II  con- 
tiendra :  Rcffesta  Seapotitana  ab  a.  912  ad  a.  1)30.  —  Oiplomala  et  car- 
thae  ducum  iVeapoUj.  —  Capitufaria  et  Pacta.  —  Tumuli  ducum  /feapolis 
et  inscriptiones.  Le  prix  de  chaque  volume  est  de  iO  tr. 

—  Notre  collaborateur,  M.  Gesare  Paoli,  a  publié,  dans  les  ÊtUtfiei" 
lunçtn  des  Instituts  f.  asterr.  GesetiichtsfarsehuTig,  II,  2,  un  intéressant 
document  pour  la  chancellerie  italienne  de  Uenri  VII.  C'est  iinp  lettre 
patente  de  l'archichancelier  Uenri,  archevêque  de  Colugue,  du  5  ^pt. 
1310,  par  laquelle,  se  trouvant  empêché  de  suivre  l'empereur  en  Italie, 
il  confie  le  sceau  de  l'empire  à  Henri,  olibé  de  Villens. 

Hnsalft.  —  On  annonce  la  prochaine  apparition,  dans  la  littéra- 
turc  !«cientiftque  de  Russie,  d'une  grande  publioition  du  plus  sérieux 
intérêt,  VUistoire  universelle.  La  nécessité  d'un  pareil  ouvrage  se 
Tait  Denlir  depuis  quelque  temps ,  car  on  s'est  contenté  jusqu'ici 
de  traduire  les  livres  èirangers,  comme  par  exemple  l'ouvrage  de 
Schlosser.  L'Histoire  uniterselU,  par  des  profejiseurs  rusi^s,  sera  le 
premier  ouvrage  national  do  ce  genre.  Cette  entreprise  a  déjà  tronvé 
son  éditeur,  le  libraire  de  Saint-Pétersbourg  Ilicker.  La  publica- 
tion de  VHisloire  universelle  sera  dirige  par  le  professeur  A.  Tbat- 
cHBTSKv;  elle  embrassera  '20  volumes,  avec  cartes  et  gravures.  Le  bnt 
de  cet  on\Tage  est  de  Faire  connaître  au  public,  sons  une  form^  popu- 
laire i  la  fois  et  sérieuse,  les  derniers  rcsuliats  de  la  science  historique, 
en  s'attacbaul  surtout  au  déveluppemrnl  de  la  civilisation.  Les  faits 
seront  exposés  par  période!*.  La  Russie,  les  Ôlaves  et  By&ance  tien- 
dront la  principale  place.  Le  premier  volame,  formant  introduction,  sera 
Goosacre  à  l'histoire  da  développement  de  la  science  historique  et  à 
l'âge  prèbistorique.  L'histoire  ancienne  embrassera  4  vol.;  l'histoire 
dn  moyen  âge  et  rhistnire  modem**  jusqu'à  nos  jours,  chacune  5  vol.  ; 
5  volumes  enfin  sont  réserves  jiour  l'histoire  de  la  Russie,  de  Byzance 
et  dc«  Slaves.  Les  auteurs  qui  prennent  part  à  cette  publication  sont  : 
Vassilievsky  et  Modestov  (de  PUniversité  de  Saint-Pétersbourg),  Miller 
et  Kovalevsky  jde  Moscou),  Antonovitch,  Loutcbilzky  et  Forlinsky  (de 
Kiev),  Kondakov,  Tratchevsky  et  Ouspensky  (d'Odessa). 

—  M.  V.  Milles,  professeur  à  l'Université  de  Moscou,  coonn  par  ses 
recherches  sur  la  mythologie  aryenne,  publie  un  nou>-el  ouvrage  sor 
les  Ossétes.  Il  les  a  étudiés  pendant  son  récent  voyage  au  Caucase. 

Rev.  UisToa.  XVX.  2«  fasc.  31' 


4Sff 


USTB  DRS  LITRE»  DlffOSéli  AO  BORBiD  D8  Ll  BETCK. 


Ontre  l'histoire  des  0f«&tcf>,  liasée  principalement  sur  les  chroniques 
géoi^ennpSf  cet'ouvrage  traitera  de  la  langue,  do  la  religion  et  des  tra- 
ditious  de  ce  peuple  presque  iocoDnu.  L'auteur  citera  des  textes  de 
poèmeë  héroïques  des  Ossétes,  ea  en  doaaant  ta  iraductïou  en  nisse  cl 
en  tes  accompagnant  de  commentaires. 

—  Ou  sait  que  jusqu'en  18^0  nos  archivet;  des  alTaires  étrangères 
n'étaientouvertesaux  savants  quejugqti'àl'époqueide  la  mortdoLoais  XV. 
Grâce  à  la  doutoIIp  Commission,  animée  d'intcnlion&  plus  lîtiérales, 
l'année  passée  nuire  collalioratcur,  M.  TraicUevsky,  a  obtenu  la  permis- 
sion d'étudier  les  documents  concernant  les  relations  enire  la  France  ot 
la  Russie  sous  Napoléon  I**'.  Il  publiera  eu  plusieurs  volumes  avec 
des  commentaires  les  plus  importants  de  ces  documenta  (dont  le  nombre 
dépasse  3,000|  dans  le  Recueil  de  la  Société  hintoriquff  rtusf  ;  l'ensemble 
sera  précédé  d'une  iutroduction  tiietorique  et  le  texte  sera  accompagné 
d'une  traduction  russe. 

—  M.  OuspBNsKY,  professeur  de  l'Université  d'Odessa,  qui  s'occupe  do 
l'bistuire  de  ByMnce,  publie,  dans  le  Journal  du  minhtère  de  l'instruc- 
tion puàiiqite  en  Hussie,  un  grand  ouvrage  traitant  d'Alexis  II  eld'An- 
dronique  Comnène.  Il  étudie  également  l'origine  de  la  question 
d'Orient  en  Russie,  surtout  au  xvi'  siècle,  et  a  déjà  compulsé  eu  vue  de 
ce  but  les  documents  des  arcUivos  des  Frari.  à  Venise. 


USTE  DES  LIVRES  DÉPOSÉS  AU  BUREAU  DE  LA  REVUE. 


(JVou  n'indiquoru  pat  crur  i/ui  ont  r'té  jugés  dans  les  Builetins 
et  ta  Chroniifue.) 

BiONKR.  Dupidx.  2toI.,  vui-224'^64  p.  Io-8*.  M.  Dreyfous— BoluûtcI  Bot- 
]>0T.  La  cil^gAiiloiflc selon  l'hiDtoire  et  les  Irkditians,  ?86  p.  iD-$".  Aulun,  Dejassieu. 
Paris. Champion.  1879.— L'Ebtoile. Mémoires. Journaux;  I.  !X,t607-1609.  Ubrai- 
rie  des  Hibliopliiles. —  Galland.  Journal  d'A.  Galtoud  peniljuit  sou  ««jour  à  Cons- 
tantinopk,  1672-73;  pub.  et  aanot^  par  Cti.  ScheOer.?  vol.,  Tni-285-220  p.  in-â*. 
LfTiiux.  —  IjcNORMANT.  La  GfOiitie-Grèoe  ;  paysages  et  bistolre  ;  L  11,  4fi6  p. 
\n-H'.  A.  Léry.  —  Maoniekvii.ls  (R.  oi}.  Le  niarécbat  d'Hamlèrcs  et  le  goo- 
verneinent  de  Cumpiè^e,  ]6-i8-9l.  Ploa.  —  Mbtbb  (Ad.}.  Histoire  de  la  ville 
de  Vemon  et  de  son  aucieiiiie  cbdtolleuic,  1  vol.  401-420  p.  în-â'-  L»  Audeljrs, 
Delacroix,  IS77.  —  Paoart  D'HaRUANSART.  I.es  anciennes  communautés  d'arts 
et  de  métier»  de  Saiol-Omcr.  2  vol.  740-405  p.  ln-8%  1879-81.  Saint-Omor, 
FI.  Lemaire.  —  Pajoi..  Les  «uerrc»  aous  Louis  XIV  ;  t.  1.  1715-39.  Didot.  xti- 
Oii  p.  iQ-4*.  —  PÉoor-OoiBR.  Histoire  des  IIrh  de  In  Manciie.  l'iun,  xx-56()  p. 
ÎD-UV  Pr.  :  7  fr.  50.  —  SaxaLAlONB.  Av«ui  et  dérionibretucut  di'  In  vicomte  de 
Couches  au  xv'  a.,  suivis  du  ciiuluinler  de  la  for^t.  Impr.  Martinet,  x-['iG  p. 
in-S*.—  Tallktrand.  Correàpoodiuice  inédite  du  prince  de  TallejrraDd  et  du  roi 
Louis  XVIII  peodanl  le  congrès  de  Vienne  ;  pub.  p.  G.  Pallain,  xxtiu-328  p. 
in-â".  Parift,  Pluii  ;  l^uodros,  Bentley  ;  Leipzig,  Brockhaus.  —  Tbiurs.  Diteoan 
parlenieotaires  :  1.  X  et  XI,  I8£^186ti.  Calmana-Léry.  —  VALrasv.  La  diplo- 
matie fraoçaiïe  au  xvu"  s.  Uugues  de  Llonae  :  la  paix  des  Pjréii^s.  Didier, 
cxxxi-330  p.  in-8v  Pr.  :  7  Tr.  hO.  —  Zkllbr  (Jean).  La  diplomatie  française 


I.ISTB  DES  LrVftBS  D^FOSÉS  AU  BtIttBAt)  J)B  LA  KEVCB. 


Am 


ven  If  milieu  do  xtT  «.  :  d'flprèa  la  corresiMtadoncc  de  G-  PelUder,  aubuM- 
dMir  dff  Fran^ÎB  1"  à  Veoiftf  [153ÎH512).  Uacheïlf,  im-ilî  p.  in-*". 

BntntcK.  Die  grlinmen  Gci><;ll»chanen  in  S|faDieD,  bis  ziim  Tode  Ferdj- 
nandS'  V]l.  Uayencc,  Kiithheim,  xii-328  p.  in-fi*.  Pr.  :  5  m.  50.  —  Fmy.  Die 
Bchicksale  des  kconitïl.  Gutcs  In  UcuUchland  uoter  den  leliten  Staurero.  Berlin, 
HfTlz,  3^1  p.  ia-S*.  —  GitùKiiAOBN.  Oesrbtrhtt>deftentMMhtesîflcbea  Kricf!c«; 
t.  I.  Gotha,  Pmhek.  Pr.  :  10  m.  —  Habsel.  Ge«clilrlita  der  praïuaiMhcn  Poli- 
tUt,  I-*  part.  lUtuT-ISOS.  Uipxig,  HinH,  xii-&87  p.  iaS\  Pr.  :  13  m.  —  Un- 
oiNBKiMKB.  Pctnis  Martyr  Angleriu»  und  Min  Opo*  vpistotanim.  Berlin,  Seeba- 
ffin,  ?10  p.  in-^'.  —  KocH.  Die  fnihMlcji  NiP(|prla««ungmi  iler  Minnrltca  im 
Hhelngebiete.  Leipzig,  Dunckcr  H  llumblol,  viu-IIH  p.  Id-S*.  —  Kopaluk. 
Cyrillu&  %va  Airxandrir.  Maymrr,  KitTlitii>im,  viii-375  p.  Itt^,  —  MîIluui- 
$TRu»].Ma.  Ttiukydideiftcbe  ForechuDgea.  Vieiinr,  Konegen,  v-276  p.  in-4*.  — 
PnTZNKB.  G«scbichle  der  rœmiMhen  Kalfterkttioaen  tod  Augu^lus  bis  Hadria- 
au&  Leipzig,  Tpobiipr,  ti-?90  p.  lo-8*.  Pr.  :  6  m.  40.  —  P(khliia!<i?i.  Oie 
Anfeage  Rom».  Erlangeo,  Reicli«rl,  &\  p.  in-8*.  Pr,  :  1  m.  'W.  —  Possk.  Die 
Markgrafeo  toq  Ueissen  uod  des  llaus  Wellin  bi«  zu  Conrad  d.  Groasen.  Leip- 
zig, Gi«8ecke,  tv-l64  p.  ln-«".  Pr.  :  y  m.  —  Ranks  (L.  too).  Sienimllirbe 
Werke;  t.  XLVIII.  Hardenbers  uod  die  Geschichle  de»  preusa.  StaaU.  1793- 
1813,  î"  édit,  3"  ToL,  444  p.  tD-8'.  Leipzig,  Dunckerct  Huniblot.  — RinoHorPBk. 
Die  Flogiw.brinen-Li(eralur  zu  Rettion  de»  fipaoiscbao  Erbolgekiitgi.  Berlin, 
UJttler  el  fils  1?0  p.  inS*.  —  Rom.  Augsbargs  ReformatiofUgMcUchte,  1617- 
tb'Zl.  Uunirb,  Arkn'niaon,  Ibl  p.  In-S*.  Pr.  :  i  m.  80.  —  Stcantkld.  Das 
Verluelloiss  de«  AreUta  zum  Kaiser  and  Retch  Tom  Tode  Fri«drirb'H  1  bfô  lan 
iDlerregnuiu.  U«rlia,  Uertz,  it-U7  p.  io-8-. 

GoNZBKBACQ  (A.  Ton).  Der  General  H.  L.  Ton  Erlarb  Ton  C&atelen,  2*  parL, 
xxx-643  p.  at  9â  p.  ia-8*  de  doc,  Berne,  Wyss.  —  Planta  {G.  too).  Die  corre- 
tiscbeo  llerracbafleo  io  der  Fcudaizeti,  I"  litr.,  86  p.  Berne,  Wyu. 

Noaa  (F. -A.  Ton).  Kaiser  Akbar.  Lcydc,  Brill  ;  L  I,  518  p.  in-8'. 

Coz.  Iltstory  orihe  e&tabllsbmenl  of  Britisib  nilo  in  India.  Lon<)mi,  Longmans, 
290  p.  in-18.  Fr.  :  1  A.  ~  GAKDmKR  el  MuLLfNOKR.  Intnxlurliun  Uie  Uietr  «tudj: 
of  engliah  bÎAlorjr.  Londres,  Ke^an  Paal  cl  C*.  xvii-424  p.  in-8*.  — GA9co:oitE. 
Locl  e  libn>  VeriUlum,  ntlh  au»  Infrodnction  of  James  E.Th.  R<^ers.  Oxford, 
GUrtadou  Près*.  2j4  p.  in-4».  —  Lonoiiam.  Fredeiik  Ibegrealaad  Ihe  7ycan 
war.  Lungtuans,  £)?  p.  in-18.  2  ih.  0  d. 

TiMATKîtu.  A  bistorj  of  Greece  from  Lhe  earliest  tiinef>  (o  tbe  pre^eol.  2  toI. 
x-447,  TII-U5  p.  in-8-.  Pr.  :  3  «h.  6  d.  chaque.  New-York,  Apptetoa. 

GALAifTt»o.  I  conti  del  Foreae  «d  i  Ooufller  de  Boysl.  Uilan,  Rebeschid, 
167  p.  io-ti'.  1880. 


Erbatuu  du  dernieb  noh&so. 

M.  de  Grntnmonl,  secréuire  da  la  Sorièt^  bistoriipie  algérienne,  uat  terlt 
pour  rectifier  une  errear  éclup]'^  à  M.  Fagniez  dias  son  article  *ur  le  coni- 
mnte  extérieur  de  la  France  A  tVjioque  de  Henri  IV.  La  pécbe  cl  la  prépara* 
Uoo  du  corail  s«  faisaioul  non  a  HascAva  [Itev.  hitU,  XVI,  8.  note  3],  maU  i 
MaMacarèa  (Mer»a-ecbKbarai,  le  port  aui  ïerroteries).  Notre  correspondant 
ajoute  que  le  nom  de  Lenriu,  ({ue  l'auteur  avait  fait  auivre  d'un  point  d'inter- 
rogatiiin  [iiid.),  doit  «tre  lu  Lenchc,  cl  qu'il  s'agit  ici  de«  Leacbe  ou  Lencio 
dont  il  est  souvent  question  dans  les  Meçociatlons  de  ia  France  dans  le  levant 
de  Cbarrièrc. 


488 


TABLB  DBS  MATliUS. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


ARTICLES  DE  FOND. 

6.  Fagsik/..  Lncorampixenxtérifîurdela  FrancflsousHcnrilV.  1 

A.-D.  Xénopol.  Les  démembrements  de  la  Moldavie  au  iviir  s.    49, 257 

MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

G.  ScnLuMBEBOER.  Doux  chofs normocds des armécfi  byzactJQeft 

au  XI*  s 289 

Siméon  Lcce.  De  réieclion  au  scrutin  de  deux  chanceliers  de 

France  sous  Charles  V 91 

LouTCuisiiY  el  Tamizby  ob  Lahbooub.  Lettres  médites  de  Mar- 
guerite de  France 30i 

A.  DB  BoisLisLB.  Fragments  inédits  de  BaJnt-Simon  ....  108 

Tratcuevsky.  Vergennes  cl  ses  apologiste* 327 

Baron  m:  Caske.  Docunif^nts  ineilîta  relatifs  au  1"*  Empira  : 

Napoléon  et  le  roi  Jcrt'me .     . 130,3.59 

Alf.  Stern.  Les  Mémoires  de  Mellernich 333 


CORRESPONDANCE. 

6.  MoNOD.  Le  Saint  Martin  de  M.  fx^coy  de  la  Marctie   .    .    .  177 

BULLETIN  EISTORIQDE. 

Altemaffne.  —  Travaux  relatiis  à  l'antiquité  grecque  (Q.  Haupt).  419 

Autrlclie.  —  (I.  von  Zahn) \bb 

Bohême.  —  (I.  Goll) 173 

Frasce.  —  {6.  Faqbibk,  G.  Mohod) 14&t3S7 

COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 

BBàUTBHPs-BBAUPnè.  Coutumes  et  institutions  de  l'Anjou  etda 

Maine  antérieures  au  xvi«  e 201 

Brosch.  Ge.><chichtit  des  Kirohcnfttaates 433 

BtJKnuRv.  A  hisiorv  of  ancient  geographv-    ......  185 

Ciiiii!>TiE.  lîltïpnne  r)olpl,  the  martyr  of  tfie  Renaissance.  .  .  440 
DasjARDnf.s  {Km.}.  Géugraptile  hisiorii^ue  et  administrative  de 

la  Gaulo  romaine 189 

Iloes.  Markgrat"  Conrad  vun  Montfrrrat 445 

LiCBBRMAXN.    Ungfîdruclcte    angle- normannische    Geechichts- 

quellpn 204 

MÛLI.BII.  Documonli  snlle  relaziuni  délie  citlà  toscane  coH' 

Orieulo  criatiano  i^  coi  Turchi.  Uuo  ail'  anno  1531.  .  443 
NcELUEK£.  Ceschichte  der  Perser  und  Àraber  sur  Zeît  dor  Sas- 

sanideu 199 

Ploschkr.  Délia  vita  e  dclle  opère  di  Lodovlco  Caalelvetro.    .  437 

RoTH.  Gejîchichle  Aps  rrrmischen  Ktrnigs  Adolph  I  von  Nansau.  205 

VonnÈRY.  Die  primitive  Ciiltur  des  Turco-tatarischen  Volkes.  197 

WïcuoBAM.  Alberliuo  Mussalo. 436 


TIBLB  DBS  MATlfclBS.  489 

USTE  ALPHABÉTIQUE  DES  RECUEILS  PÉRIODIQUES 

n   DES   80CIËTÂ8   SAVANTES. 
VBJMGB. 

1 .  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 217,452 

2.  Académie  des  Sciences  morales  et  politiques.      .    .    .  217,452 

3.  Annales  de  la  Faculté  des  lettres  de  Bordeaux    .    .    .  219,454 

4.  Annales  de  philosophie  chrétienne 456 

5.  Annales  de  la  Société  d'émulation  de  l'Ain    ....  456 

6.  Annuaire-Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France.  215 

7.  Annuaire  de  l'association  pour  rencouragement  des 

études  grecques 454 

8.  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  TAunis .    .  453 

9.  Bibliothèque  de  PËcole  des  chartes 210 

10.  Bulletin  de  l'Académie  du  Var 460 

il.  Bulletin  de  la  Société  archèol.  et  hist.  de  l'Orléanais.  459 

12.  Bulletin  de  la  Société  d'Hist.  du  Protestantisme  franc.  216,451 

13.  Bulletin  de  la  Société  de  l'Histoire  de  Paris 215 

14.  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie  .  455 

15.  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest    .    .  216 

16.  Bulletin  de  la  Société  des  Bibliophiles  bretons.  .     .    .  457 

17.  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  histor.  et  naturelles 

de  l'Yonne. 454 

18.  Bulletin  de  la  Société  nivemeùse  des  lettres,  sciences 

et  arts 459 

19.  Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  du  diocèse  de  Valence.  216 

20.  Le  Cabinet  historique 211,450 

21.  Commission  hist.  et  archéol.  de  la  Mayenne  ....  460 

22.  Le  Correspondant 214,451 

23.  Le  Journal  des  Savants 228 

24.  Les  Lettres  chrétiennes 456 

25.  Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas 457 

26.  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  et 

belles-lettres  de  Toulouse 218 

27.  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et 

arts  de  Glermont-Ferrand 459 

28.  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et 

arts  de  Savoie 218 

29.  Mémoires  de  la  Société  agricole  et  littéraire  des  Pyré- 

nées-Orientales      460 

30.  Mémoires  de  la  Société  archéologique  et  historique  de 

l'Orléanais 458 

31.  Mémoires  de  la  Société  arcbéoloRîque  d'Ile-et-Vilaine  .  460 

32.  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 

de  la  Marne 458 

33.  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  lorraine.    .    .    .  455 

34.  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de 

l'Aveyron 459 

35.  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de 

Bar-le-Duc 458 

36.  Mémoires  de  la  Société  des  sciences  morales,  lettres  et 

arts  de  Seine-et-Oise 218 

37.  Mémoires  de  la  Société  de  l'Histoire  de  Paris  et  de 

rne-de-France 452 


49(1  UDLg    DES  MATtKRBS. 

38.  Mémoires  dft  la  Société  nationale  <l'agricuUuro,8ciflnces 

et  art»  d'Ang^^ra 460 

39.  Mémoires  dn  la  nnciété  polymathique  du  Morbihan.    .  460 

40.  La  Nouvelle  Revue 314 

41.  Nouvelle  Revue  tiiRlariquB  de  droit 5]î.450 

42.  Revue  archéologique 2iî,  450 

43.  Revufi  critique 211,449 

44.  Revue  de  l'Anjou 456 

4^1.  Hoiitio  de  Bretagne  et  de  Vendée 457 

4G.  Revue  de  France '214 

47.  Re\-ue  des  Deux-Mondes 212,450 

48.  Revue  des  DocumenUs  historiques 211 

49.  Revue  des  études  juives 451 

50.  Hevue  des  Question»  hiaUiriques 448 

51.  Revue  des  oÎDciétéH  gavante»  des  départemenla.    .     .     .  453 

52.  Revue  da  Oaiiphinn  et  du  Vivarais 215 

53.  Revue  néuèrale  du  droit 21Î 

54.  Revue  historique  et  archéolugique  du  Maine  ....  215,453 

55.  Revue  politique  et  littéraire 213 

56.  Le  Spectateur  militaire 45t 

57.  Travaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims 458 

58.  Union  géographique  du  nord  de  la  France 219 

1.  Revue  d'Alsace 219,46! 


BBLOIQCE. 

1.  Messager  des  sciences  historiques  de  Belgique 


461 


ANGLETERRE. 

1.  TheAcaderay î ^4,469 

2.  The  Athenaeura 235,469 

3-  Société  jergiaise 470 

ferATB-ONIS. 

1.  The  Nation 235 


ALtBMAOKB. 

1.  Abhandlungen  d-histor.  Classe  d.  Âkad.d.  Wisseosch. 

(Munich) 224 

2.  Abhandlungen  d.  philo».-pbilolog.  Classe  der  Akad.  d. 

Wissensch.  (Munich)    .    - 225 

3.  Alemauaia ,  227,467 

4.  Beihefl  zum  Militœr-Wochenblatt 462 

5.  Bericht  ùber  Wirken  d.  histor.  VereinazumBamlwi^.  227 

6.  Correspondenzbtatld.Gesammsvereinsd.D.Gescbichte- 

vereine 225 

7.  DeuCj^che  Rundschau 221 

8.  Forschungen  rurdeutschen  Geschichte 220 

9.  Geschichtsldf  tter  îûv  Stadt  und  Land  Magdeburg   .     .  229 

10.  Gcerres-GeselUchafl Î22 

11.  (iœttingische  golehne  Aûzeigen   .......  T2Î 

12.  Herme» 460 

13.  Uistorische  Zeitschrift 220,461 


TABLB   DBS    HATlàRES.  494 

Pi(n 

t4.  Historische  Taschenbuch 465 

45.  Jahrbttcherd.  Vereinsv.  Alterthumsfreuden  im  Rhein* 

lande 225 

16.  Jahrbûcher  d.  Vereins  f.  Mecktenburgische  Geschichte.  230 

17.  Jahrbûcher  des  Vereins  fur  classische  Philologie.    .     .  468 

18.  Jahrbûcher  fur  d.  deutscbe  Armée  and  Marine    .     .    .  462 

19.  Jahresbericht  der  Schlesischen  Gesellschaft    ....  231 

20.  Mittheilungen  an  d.  Mitglieder  d.  Vereins  f.  Gesch.  in 

Frankfurt  a-M 227 

21.  Mittheilungen  d.  d.  Archœolo^.  Institutcs  in  Athen  223 

22.  Mittheilungen  d.  Hanauer  Beztrksvereins  f.  Hessische 

geschichte 228 

23.  Mittheilungen  d.  Vereins  f.  Anhaltische  Geschichte    .  228 

24.  Mittheilungen  d.  Vereins  f.  Hambumsche  Geschichte.  465 

25.  Mittheilungen  des  Vereins  von  Gescnicbtsfreunden  zu 

Rheinberg 468 

26.  Neue  Jahrbûcher  f.  Philologie  u.  Psedagogik ....  223 

27.  Neue  Militœrische  Blœtter 462 

28.  Neues  Archiv 462 

29.  Neues  Archiv  f.  sschsische  Geschichte 229 

30.  Nord  und  Sud 221 

31.  Pbilologus 223,466 

32.  Quartaiolœtter  d.  bistor.  Vereins  fur  Hessen  ....  228 

33.  Rheinisches  Muséum  fur  Philologie 223 

34.  Schriften  d.  Vereins  f.  d.  Geschichte  d.  Stadt  Berlin.  231 

35.  Schriften  d.  Vereins  f.  Geschichte  der  Bodensee.    .    .  467 

36.  Wûrttembergische Viertatjahrshefte  f.  Landesgescbichte  462 

37.  Zeitschrift  Gesellschaft  f.  Geschichte  v.  Freîburg-i-B.  227 

38.  Zeitschrift  d.  Bergischen  G eschichts- vereins  ....  228 

39.  Zeitschrift  A.  historischen  Vereins  f.  Niedersachsen    .  229 

40.  Zeitschrift  d.  Vereins  f.  Thuringische  Geschichte    .     .  464 

41.  Zeitschrift  f.  d.  Gymnasial-Wesen 467 

42.  Zeitschrift  fur  die  Geschichte  d.  Oberrheins   ....  227 

43.  Zeitschrift  f.  pre.ussische  Geschichte 230 

ADTRICHB-HONORIB. 

1.  Archiv.  f.  Œsterreichische  Geschichte 231,468 

2.  Beitrœgez.  KundeSteiermserkiscberGescbichtsquellen  232 

3.  Gasopis  Geského  Muséum 234 

4.  Festschrift  zur  Erinnerung  d.  Ërhebung  d.  Steiermark 

zum  Herzogthume 469 

5.  Mittheilungen  d.  Commission  f.  bistor.  Denkmale  .     .  232 

6.  Mittheilungen  d.  Alterthumsvereins  zu  Plauen  .     .     .  232 

7.  Mittheilungen  d.  histor.  Vereins  f.  Steiermark  .    .    .  233 

8.  Mittheil.  d.  Vereins  f.  Gesch.  d.  Deutsch.  in  Boehmen  233 

9.  Hechenschaftsbericht  d.  Ausschusses  d.  Muséums  Ve- 

reins in  Bregenz 232 

10.  Streffleur's  œsterreichische  militœrische  Zeitschrift.    .  468 

U.  Zeitschrift  d.  Ferdinandeums  f.  Tirolu.  Voiarlberg.    .  232 

RUSSIE. 

1.  Bulletin  de  l'Acad.  ion),  des  sciences  de  Pétersbourg  .  234 

2.  Mittheilungen  aus  d.  Gebiete  d.  Geschichte  Livlands  .  234 

3.  Sitzungsberichte  d,  Kurlœnd.  Gesellschaft  f.  Literatur 

u.  Kunst 234 


ITALIE. 

i.  Aecademia  dri  Lincei 472 

2.  Archeografo  triestino 237 

'i.  Archivio  dclla  societÀ  romatu  di  Btoriapatria.     .     .     .  237 

i.  Archivio  slorico,  artistico  di  Borne Î38 

5.  Archivio  storico  itttlinuo 236,170 

6.  Arclûvio  storico  loailiardo 237,470 

7.  Archivio  storicii  niarnhigiano '     .    .     .  472 

8.  Archivio  storicn  pi>r  lt>  [iruvîncie  napoletaae  ....  47t 

9.  Archivio  storico  siciliano -.  236 

40.  R.  Depiituziuue  di  storïA  palria  (Modèae) 472 

11.  Nuove  Ëdemeridi  siciliane 23" 

12.  La  Raesegna  seltimanale 238, 472 

13.  La  Rivist*  Europea 238 

DAnSSARX. 

t.  Daufike  Maraxin 473 

2.  Historisk  Tidskrift 473 

3.  Pcfftonalhistorifik  Tidsskrift 473 

Ghronîquo  et  BiblioffraphÎQ 244,474 

Liste  des  Ouvrages  déposés  au  bureau  de  la  Revue  .    .    .  2â5,486 

Erratum 256,487 


NOr-CTT-nîlTRÎi 


STANFORD  UNIVERSITY 

UBRARY 

Stanford,  Caiilomia