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I£UIiD-SIANroRD>llVNIGi<<^^
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REVUE
HISTORIQUE
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REVUE
HISTORIQUE
Paraissant tons les denx mois.
Ne qitid falsi aiutaat, ne qmd veri nott awdeat Aûforûi.
CicÉRon, de Orat. II, iS.
SIXIÈME ANNÉK.
TOME SEIZIÈME
Mal-Août 1881.
PARIS
LIBRAIRIE GERMER BAILLIÈRE bt C
108, BOULEVARD 8AINT-QERMAIN
AU COIN DB LA BUE HAUTEFBUILLB
1881
l'UuM t
LE COMMERCE EXTÉRIEUR
DE LA FRANCE
SOUS HENRI IV.
1589-1610.
Si Ton Teuldéfiair le commerce extérieur, ce qui est indispen-
sable pour fixer les limites de notre sujet, on est amené à se
demander dans quelles situations différentes peuvent se trouver
les commerçants qui s'y livrent. Il ne faut pas beaucoup de
réflexion pour s'apercevoir que, dans leurs relations commer-
ciales avec l'étranger, nos commerçants peuvent jouer le rôle
1* d'acheteurs, 2° de vendeurs, 3" de commissionnaires et d'entre-
preneurs de transport ; qu'ils peuvent, en d'autres termes, entrer
en rapport avec l'étranger soit pour lui vendre, et alors ils se
livrent au commerce d'exportation, soit pour lui acheter, et ils
font alors le commerce d'importation, soit enfin pour lui servir
d'intermédiaires dans ses transactions commerciales. Les deux
premiers cas ont cela de commun que l'opération faite par le
commerçant français est un échange; dans le troisième, il
n'intervient que pour faire conclure ou pour exécuter une tran-
saction où lui-même n'est pas partie principale. En indiquant les
trois aspects sous lesquels le commerçant de notre pays se pré-
sente à nous dans ses rapports avec l'étranger, nous indiquons les
trois parties principales de notre travail : nous traiterons d'abord
du commerce d'exportation, puis du commerce d'importation et
enfin du commerce de commission et de transport.
COMMERCE d'exportation.
Au temps de Henri IV, les articles d'exportation de îa France
étaient les grains, les vins, le pastel, le sel, le safran, les laines,
ReV. HiBTOa. X.VI. I** FA8C. 1
s G. Pi&MEZ.
lo bétail, les chAtaignes, les graisses, les pruneaux, le bois, le
papier, les draps, les toiles, le âl, les écritoires, la poterie, les
cîinrdonsîifouloD, les meules de moulin, les soieriiis*. On voit que
dans celle êimnièralioD les produits naturels duminent sur les
produits manuCacturés. L'Espagne et le Portugal ne pouvaient
se pasiHir de nos grains'. Nos vins, notre pastel, nuire sol, nus
laines, trouvaient leur principal dêboudié en Angleterre. Les
vaisseaux anglais qui y transportaient les vins de Bordeaux ne
formaient pas moins qu'une flotte que nos voisins appelaient la
flotte de Bordeaux et qui se déchargeait à Londres de plus de la
moitié de sa cargaison*. Les Anglais recherchaient nos laines,
qui étaient plus fines que les leurs, pour faire des creseaux, des
serges de Limestre*, etc., ils les achetaient aux lieux de produc-
tion et les faisaient embarquer à Baronne, h Saint-Jean-de-Luz,
k Narbonne, à Pecquais. h Aigues-Morlcs. h Martigues^. C'était
aussi le chemin de l'Angleterre que prenaient surtout nos toiles,
particulièrement nos bougrans, notre papier, notre fll ; nous lui
envoyions également du bois, des pruneaux, des écritoires, de la
poterie, des chardons ^ foulon, des meules de moulin , des soieries®.
Le bétail que nous exportions était surtout destiné à ritalie et
plus spécialement à Voûisc ''.
Nos exportations étaient soumises à des droits que nous
1. Relation de ConUrini, 1613-1616, dios U tteiaziont dfgtl statt Europei...
nel ucoh XVIi, racwlte fid nnnnlalc d;i N. Borozzi et da G- Berchel. Sprje II.
FrancUi. I, 537. — Catues cte Cestrème cherté, publié F'ar Fopniicr, Variétés
hlsl. et littà-., VU, 153, 186-187. — Relatiûo de Badoer (1603-iGO^] dans le
recueil de narozzj et Berchel, I. 84. — Déclaration royjJc du H dèc. 1G0&,
Arth. DdL., coll. Iloridonneau, série dir,, à la date. — Lettres et amàaaadet
de Fresnei Canaye, I, Iti?.
2. Kelal. de Cont^irini, uèi tupra.
3. Journal de rrimhaAxade d'Huranlt de MaiMC en 1597-1598, f. 293 t*. Arch.
des HfTaireâ étran(;*^re&.
4. Ou trouvera reif^lication de res motà et de touit rcui qui désignent dea
objets maniiructuréii dansi It* cliap. cuiuuicré k l'industrie suas Henri IV et (|ui
fait luirlie, fomine celui que le lecteur a soiu Ica yeux, d'un ouvrage eu pré-
paration sur l'i^toiutinic Kocialc do la Prunce fendant le règne de ce prince.
5. Mémoire pour retabti«scmeot du tr«tic, commerce et négoce de mer eo
France, ttibl. nat- Coll. Brienne. 3lâ, f. t. Le telle porte lUorces^ues, où nous
avonM rru recoiinallre une altération de Martigues.
ti. I ..■ Rooda trADAporied from France lo England «ince 1572, un canTasft,
buckrata, pajK-T, thread, inklioms, prunes, pot», tcazjes, millsluoes, ailks,
wood and iviaeft. » Catendars of StaU papgrs, DomesUe séries, EUtabêth.
lfioi-1602. p. va.
7. ùeUres tt arnàtutades ie Frenu Canaye, ubi supra et p. 239.
LE COVIIERCB l>C U FRiNCB SODS BBIOLI IT.
n'avons pas à étudier ici en eux-mêmes, puisqu'ils faisaient
partie du régime fiscal que nous exposons ailleurs dans son
ensemble, nous nous bornons pour le moment à rappeler l'in-
fluejice qu'ils exerçaient sur le mouvement d'exportation.
Le développement do l'exportation déiiend du régime douanier
par lequel les états étrangers cherchent à prot^er leur agri-
culture et leur industrie en même temps qu'à augmenter leur
revenu. Nous sommes donc obligé de nous occuper, au moins
sommairement, de l'accueil que les nations avec lesquelles
nous avions des relations commerciales faisaient h nos marchan-
dises.
L'Angleterre avait définitivement acquis sous Elisabeth le
sentiment de sa véritable vocation et était entrée résolument dans
la voie qui, trop souvent aux dépens du droit des gens, devait en
Caire la première nation maritime et commerçante du monde. Elle
s'était émancipée delà dépendance commercialeoù l'avaîenttenue
jusquo-là les villes hanséatiques, ce qui avait amenéune rupture
complète entre elle et l'empire. Elle s'était créé avec la Russie,
les pays de la Baltique, le Levant, les États barbaresques, etc.,
des relations directes qui étaient entretenues par autant de cora-
pagities privilégiées. Plus elle donnait d'essor h l'esprit d'aven-
ture ot à l'amour du gain qui distinguent sa race, plus elle se
montrait jalouse de la concurrence étrangère ' . Que l'on compare
ce que disent k cet égard Hurault de Maisae s'exprimant en 1597
avec l'autorité d'un ambassadeur, et Montchrestien, parlant peu
d'annèçs après la mort de Henri IV d'une situation dont il avait
été témoin pendant son séjour en Angleterre, on verra combien nos
voisins restèrent, pendant toute la durée du règne de Henri IV et
en dépit du traité de contmerce de 160(î, fidèles au système pro-
hibitif. L'importation do nos draps eu Angleterre était interdite*.
Il en était de même de toutes les marchandises que pouvait
fournir l'industrie nationale, et, pour ceux de nos produits dont
leâ Anglais ue pouvaient se passer, l'importateur français devait
donner caution qu'il emploierait l'argent provenant de la vente de
1. Sur If* d^rHoppetaenl du roramt^rcp. anglais à ta fln du xvi' et au com-
mencancnt dn xvit* 5.,to)'cz Adolf Bccr, AU</emeine GeschieMc des Welthan-
dêi$, 2 Abth., chap. 6.
1. MoflUtireslira, Tratcta'de t'éconûmie potiUque, p. 93. Ronco. Jean Osmont,
16t9, ia-l*. Ce précieux oarraKc est devenu tntrourable cl méritcniit d'étrv
Ttimprixaé.
M C. FAG?(1EZ.
863 marchaDdises h l'achat de marchandises indigènes '. Nos mar-
chandises ne pouvaient être vendues qu'à une compagnie de fon-
dation royale qui avait le monopole du commerce avec la France
et qui faisait par conséquent la loi aux vendeurs'. Elles étaient
en ouiro soumises, à leur entrée comme à leur sortie, à un droit
appelé coutume cCétranger, qui était plus fort d'un quart pour
nous que pour les commerçanta des autres pays. Jacques I*"" avait
étendu celte majoration à différents droits d'entrée et de sortie*.
C'était aussi spécialement sur nous que pesaient les droits de
scavadge, do quayage et de surveyor*.
L'Espagne offrait avec l'Angleterre, au point de vue écono-
mique, un contraste frappant. Un gouvernenïent intérieur into-
lérant et mal entendu, les visées trop ambitieuses de sa politique
étrangère, un système colonial qui se burnait presque exclusive-
ment à rex{»loitation des mines lui avaient fait perdre les avan-
tages de ses ricliesses naturelles et de cette viiiiété de races, de
climats, de produits qui distinguait son empire. Elle produisait peu
et son commerce, sans cesse menacé par les corsaires anglais et
hollandais, ne consistait guère qu'à échanger les produits des
Indes occidentales contre les produits européens qu'elle recevait
des pays de production . C'était principalement de la France qu'elle
tirait de quoi alimenter ce commerce avec ses colonies. Toutefois
à la tin du règne de Henri IV. l'Angleterre et la Hollande nous
faisaient à cet égard une concurrence redoutable et nos importa-
tions en Espagne avaient .sensiblement diminué. Cela tenait aussi
à oe que les culonies espagnoles avaient cessé de faire de la mé-
tropole leur unique débouché et s'étaient mises, malgré les
défâoses de Philippe 111, à commercer directement avec les Indes
orientale:) par rucéan pacifique^. L'Kspague n'eu fut pas moins.
1. Moatcbn^tifti, 96-97. Jotinul de l'ambuMdc dlIurauU de Mai&se dté
|wr Pnrost-Paradol, êlisaM/t et BtATi iV. 1 vol. iQ.18, tâ(>3. p. 90.
%. MoatchrMtÎM, M-95.
3, «... le Rojr d'Angletcm depuis Ma idTen«meDt i la coaronoe a mis plo-
aleun Mmvelles ImpouUoe» sur |>Iu»iears marchiMUM* «BlxaatM oo &orUotes
ib KM rojauiDO i|ue pu cy derut oa leroit sar tous etgaleucat, tant »ubj«ts
qa'wlnogers : nais ilepois il a octrové au Lord Crumin«veid de hausser ces
Cfcat^ iTone quaLrieuae part sur U marrtiantlise appar1euaiit« aux Prinrata
fli laa ayant <ie Duu^eju tou» rMuiU k U moitié, on les ei>atiuije ti>u»)ourssv
MM Bt ma* UiX oo tuuajoon pajer te double de loat... • MooUbreslieo, p. 94.
I, /Mrf., p. 96. ce Tbouas Le Ferre, r du Gnod-lUmel, Dùcoun tommairt
ê$ Im nmwiçation et 4m commerce de France. Hooen. 1630. io-l*, p. 83.
$.«,.. Notts D'aTODS point de traâc plus grand et plus cotaintui que cdny
LE COMMERCE DE LA FtLXTUCt SODB HBinil IV. %
pendant la plus grande partie du règne de Henri IV, notre tribu-
taire. Henri IV la frappa au cœur en y suspendant nos exporta-
tions pendant une partie de l'année 1604. Pour atteindre le coco-
merce hollandais qui continuait h se faire sous le couvert de la
France, le gouvernement de Philippe III avait, l'année précé-
dente, frappé d'un droit de 30 pour 100 les marchandises à des-
tination ou en provenance de notre pays. Henri IV réunit un
conseil solennel pour délibérer sur le mode de représailles par
lequel il fallait répondre à cette taxe prohibitive. Ce conseil
résolut d'interdire le commerce avec les étatâ de la couronne
d'Espagne*. Cette interruption des relations commerciahs élisait
soufiTrir trop d'intérêt*^ pour être strictemftiit respectée. Le œm-
merce maritime surtout ne put être empêché. Les informations,
les inspections organisées par Sully, qui tenait beaucoup à faire
repentir l'Espagne de s<jn mauvais procédé, furent impuissantes*.
C'était surtout du littoral de l'Ooèan entre la Loire et la Garonne,
plus jiarticulièrement des Sablcs-d'Olonne , qui était dans le
gouvernement du surintendant, que partaient les vaisseaux qui»
malgré la prohibitiou, portaient des marchandises eu Espagne.
C'étaient quelquefois des vaisseaux anglais'. Tîn des incon-
vénients de cette mesure était en e£fet de faire passer cette
branche du commerce français aux mains des Anglais qui ache-
taient en masse les toiles et les grains de France pour les trans-
porter dans lesétatsdela couronne d'Espagne*. Un autre incon-
vénient était de diminuer les recettes des traites foraines*. Au
dT^agne Le négoce d Espagne nouK est diminué de benucoup depui»
quelque temps. Encor que les Anglois et ilohndois, qui y IraFiquent maînte-
luol le plu>. et le mieux, k inesme le noâtre... y fusant m qno nous stIoqs
accoueluinc dâ Taire, «olont cause ea partie de cela, J'estime... que ce n'en est
p«» le seul 5abjet. Voie; ce que j'en puis imagiaer. Les EapagDols des lades
oeridenUlea »e Mint de longtemps ouvert le chemin et 1< tnffie quand et
quand par la mer du sud, autrement nommée PaciUque, aax Indes orientales
[Kiur AToir de» «oycs de la Chine, des toiles de coton et An* espiceries,
auxqiKlIes marchandifte» iU employeot aonnellemenl pliiK de 3 nu 4 mille
pe£«:>ô, qui font 6 ou 8 millions de lirre^, qu'il» ^ouloîent apporter en Et>p.t{:ne
el eiupluyer en manufiictnres de rp.uri))>e. Cela e&L cause du rara) que l'on
¥oid k présent en Espagne sur nos marchandises à la diminution du
trafic... de France en Espoi^nc i Uoutchreslicn, p. 130-tîl.
I. Écotiamtei raijatfs, Amsterdam, pel. tn-13, VIJ, ^l-23'2.
•L J. A. de Thuu. Histoire uAkt>erseUe, éd. Londres, texte orig., VI. 230.
3. EcoH. roy., VU, 2S-29, 117. 163. IGC. 231-232.
«. Ibid., 251.
5. tbid.. VII, 234.
rottoi parmi ceux qui faisai«ntla contrebande, il y avait jusqu'à
dm gouvttnioup» i\o provinces et de rilles'. De sou côté, le roi
d^nigeait h la proliibition eu faveur de certaines personnes. Cette
guurro coniiiiorcialo onlre deux pays qui étaient en paix depuis
cirii| fttiH otait trop fiinost/^ h tous deux pour durer longtemps.
Jau(|u«ti i*\ qui nt^ouiait la paix avec l'Espagne» offrit sa mé-
diation. LoH négocinlions s'ouvrirent on Angleterre. Elle.s .s'en-
gng^rcnt onlro noti-u anUwssadeur. Clirislopke de Harlay, sieur
dfi Biviumont, et U^ andwasadeurs d'Espagne et des Pays-Bas
nupixVi du roi Jacques, mais ollcs traînèrent en longueur jusqu'à
ot» qup Sully flùt reçu mission de les poursuivre tout seul avec le
iioiictt lUiiVulot agissant comme médiateur, Baltha^ar de Zuniga,
iimba«i*dinu'd'Rspagne on France, et Alexandre Rovidius, séna-
U*Mr d« Milan. 1*1 traité fut signé le V\ octobre 1604 par ces plé-
nipotontiiiii^fv. 11 nbolts^il le droit de 30 pour 100 et rélablis-
rail Itvi nncitHuu^s ndation^ atiunierciales de la France et ùes
\^\y» wminis à lu domiuatiou du Philippe lU. La reprise de ces
Mntionïit étAit si viveiuttut désiràe en France, que le roi auto-
rùMt lo lran;$(H>rt du bl on Bqitgm avant la ratification du traité
|wr Ptulip|H« IIl*.
OOMimCB D DIPOBTATtON.
\a Fmiav importait m j^ndo partie eUe-màoie la ttonie et
W karN^g doBtl «Ùtt fiùsaU un» si paado oonaonnatioii. La pêdie
MWnvNUMnadalkWûnMétaieol wkm fga^^an aiifliiiawift
«laiM «m «tkaib»^ et e'ilaloat bi» pK^itenn Mmaanda, fenloBs,
•NurlMil ék KllùnU ooiprii «Nknt HmÉiy «( Gap-Braloft qm
|«Ha«Ml >w> Wtwfcux yu aUa wit ^kkm la moné à Tecw-Xegra.
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^^«»4
J
LE COMMESCE DE Li FEANCB SOtTS BBXRl IV. 7
Dom d*île de Cap-Breton, que conserve encore, en souTenir de
l'ancien portdel'Adour, l'île voisine de la Nouvelle-Écoase'. Un
arrêt du conseil du roi <lu 7 août 1604 déclara que la prohibition
du commerce avec l'Espagne ne s'appliquait pas au commerce de
la morue, puisque ce poisson n'était pas uti produit de notre pays,
et autorisa les Basques k apporter leur ])èche en Espagne, pourvu
qu'ils l'y transportassent directement et sans aborder en France.
Ce fut pour ses sujets de Saint-Jeau-<le-Luz et des villes voisines
que Henri IV songea en 1(301 à créer entre Bayonne et Fonta-
rabieunport de refuge bien nécessaire sur cette côte dangereuse.
Faute de ce port, leurs vaisseaux étaient contraints d'hivern«r
au port de Pasages, en territoire espagnol*.
Si la France avait le monopole de la pêche de la morue, elle
fut peu h peu dépossédée de la pêclie du hareng par les HoUau-
dais*. Le nombre de vaisseaux hollandais que ce poisson attirait
dans la mer du Nord s'était élevé de iOO ou 120 k 000, à 700*
et même à 1500*. L'Angleterre ne i>ouvait se vou* tranquillement
enlever une source de richesse qui était comme une dépendance
de sou territoire. Le 6 mai 1609, le roi Jacques I" interdit aux
navires étrangers la pêche du hareng sur les cOtes d'Angleterre,
d*Éco3S6 et d'Irlande *. Cette défense, dirigée contre les Pro-
vinces-Unies, atteignait aussi, quoiqu'à un bien moindre degré,
nos pêcheurs, particulièrement les Dieppois. Ceux-ci se plai-
gnirent à Henri IV qui fit solliciter par son ambassadeur une
exception en faveur de ses sujets et qui obtint que l'effet do la
prohibition serait suspendu pendant un an '',
La France faisait dans le Levant un commerce d'échange
aussi bien que do transit, mais, comme co dernier avait plus
d'importance que le premier, nous parlerons de l'un et de l'autre
lorsque nous nous occuperons du commerce de tra nsjK)rt.
Nous importions des Etats barbaresques (Maroc, Algérie,
1. <«ée Reclti», Géographie universelle : France, 149-IÔ0.
3. Mémoires de Ctoiide Groulart, collection Petitot. xux, p. 407. Sur la baie
de PaMge». Toy. ttisét Reclus, iVouveile gioçraphie unicerstilCt Europe méri-
dionaie. S70-81L
3. HonU-hrKtien, p. 139.
4. LeUre de M. de la Buderte au roi, 20 juin t609. Amboisades de M. de la
Bod^rte en AntfMerre. 1750. In- 12. IV, 364.
5. Béer. Op. Untd., 2 Ablh. 202.
6- Uelfiren, Hiit. des Pai/t-Bas, trad. Dclahaye. 1Gt8. In-fol., fol. 662 i'.
T. Sur c«lle affaire, Toy . Ambanadet de M, de la Boderie, IV, 332, 346,
352,364.
G. FiGXIKZ.
Tunift et IVipoli) des cuirs, de la cire, des laines, du corail '. Nous
flvioiii* peut-ètn' été Itis premiers k nouer des relations commer-
oiales avec l'Afrique septentrionale, niais dès 1590 notre exemple
avait ^t^ suivi par les Anglais, les Hollandais et les Flamands
qui (étaient ilovenus clans ces parages des rivaux redoutables pour
noua'. Ka ]>ôche ut la préparation du corail avaientlieu à Mascara
en Algérie. Le mutK^pole du ce commerce appartenait h une
nndenn^ compagnie, la Compagnie du corail. Le capital de
cette société saooœpasait de vingt-(iuatre actions (Tuara^^), à la
minorité (lesquelles se prenaient les délibérations. Cn arrêt du
oonieil du 8 février iOOO couflrma ce mode d'administration, en
même temps que les privilèges de la compagnie. Du arrêt du
mAnio jour, remUi sur la requête du consulat de Marseille, obligea
lu coiiip;i[^iiiu h couliuuer d'importer par cette ville le corail et
Uvi ,t\iti< s luarubandises qu'elle tirait des Etats barbaresques*.
t . Il VA MM illrt ifû» Iw ÉUda tWriwmqBM whu échu^aient ces produits
iiHilrc il'milrvA muduDdiMt el qm aons ftisions vrte eux un commeroo
(1 o\|Hirutloii »uul biu quo tt'iiu|H)rUUaa. CmI pnsque Inujoim arec de»
iii«rrt)AutllK'* qu'un tXàt p*>(> U* tnarchtiidfMa qu'il lire <t'uD aulr« ËUt; O
P«UI arritor soulnwal i|utr \r rhiffre dr ma impnrtalions dêfUtSiMot rdni de
>M ffiiMTUliuiu, U ail i f^y^r uim domine d'AryeQt r?|)rég«nUQt U Ttlêor de
ctl eioé4iBt> 0*«*l l« kitutiCD où m> troure, pu- exemple, Li France par rap-
l<nrt aui État*>llBi». Owi toit dil wui ponr n|t|»eler hm T^rilé connue de Um«,
Hui» (XHir tit|<UqtMr «oauBMt c«rUiMt bnnclMS du commcrte eitérirar pe«-
vwl Hn rwmtm MMMraMBMt dan* le chapitre coohc» aax îni|>ortatioM
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ta^mitaal pv taaa tai aaaactaa . . . à ta planM* An ««nta «^ aart «
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ImAi. aaaMàN ««mMl taaaAvta^tti ifMAMaa — 4 ta ftaaalM AasqfiHib
«MÉHiMaMBiK « ranait |wa«MBMMt ^ ur >Mi^4Mr Aftcvtar MHl
LE CODHEBCE DE U FBA^ICE 80tS aESKI IT.
9
Nous allions chercher aux Açores le bois de teinture, le tabac,
les cuirs, la cochenille qu'y débarquaient les navires venant des
Indes occidentales, lorsqu'ils faisaient relâche. Ce commerce, qui
avait cessé à la suite de la tentative des Français pour s'emparer
des lies eu 1583, avait un peu repris sous Henri IV, mais l'impôt
mis par ce prince sur les marctiandises de cette provenance et la
surveillance plus sévère exercée par l'Espagne l'avaient déâuiti-
vement ruiné*.
Nos commerçants importaient de Hollande et de Flandre des
Berges de Leyde, des camelots de Lille, des toiles, des savons, du
beoire, des fromages'.
Si DOS commerçants n'importaient pas plus de marchandises
étniDgères, cela tenait à la situation faite au commerce français
dans les pajrs étraugers. L'exportation des laines anglaises était
interdite aux Français, le monopole de cette exportation appar-
tenait à une compagnie anglaise de fondation royale'. Le droit
de sortie sur les serges, les futainee. les bajetles, les bombazins,
les mocades, les camelots, les bas d'estame était beaucoup plus
élevé pour nos compatriotes que pour les autres étrangers*.
Celui sur l'étain était du double, en attendant que l'exportation
de ce produit nous fut interdite pour être ré^rvée à une compa-
gnie privilégiée^. Nous avons déjà dit que nos nationaux suhis-
ïient une augmentation d'un quai*! dans le droit d'entrée et de
ortie perçu sous le nom de coutume d'étranger^ nous avons
parlé des droits de scacadgcy do quayage et de surveyor^.
loine LfiicId (?), s* de Motesac • ■ . de tntiftpnrter ailleora qo'en l»d. rille \t
traific dui). corail, cuirs, cire», laynee et autres marcbandJsea qui Tîeiuient de
BiirtNtno ny de â'ayder d'autres mariniers, pilotes ou ouvriers pour U manu-
fAclure dud. curait (|ul^ do Aubjccts de 8. M. ... |>(iur le grand préjudice que
leur ville qui ni assise en lieu sterille et oc se pi^ut ronst-rver ou acniistrc
qo'aTec le c/immerce recevroit m ce diverlisMinent eommancé par [esd. M.
cootrc la Tiitunté . . . des autres aasoriés . . . eâtoit . . . coattnué outre l'inte-
real de S. il. pour les droicU qui *f. Irvcnt sur Ii^h inarriiamliKOK qui arrivent
as port d icelle Le fioy . . . ordonne ausd. s'* de M. ... de faire
Tenir en lad. ville selon qu'il souloit ... le corail, cuirs, cires, tayoes et autres
mardiaadLïes qu'iU uniennenl de Uarbarye B Tevrier IGOO. Arcb. oat
Conseil des finance*, à la date.
1. Tti. Le Ferre, Op. îaud., p. 65-66.
2. Honiehreslicn, p t04.
3. /ftérf., p. n. Th. U Ferre, Op Iaud, 8t.
4. Tli. Le Ferre, p. 82.
y Ibkt. et Hoatcbreftlien, p. 96.
6. Voj. plus haut, p. \.
40
G. F4G:IIEZ.
COMMERCE DES FRANÇAIS ÉTABLIS A L'KTRANOER.
Les Français élablis à l'étraDger devaient pour la plupart ae
livrer à la fois au commerce d'importation et d'exportatum entre
leur pays d'origine et leur jiays d'adoption ' ; il n'y aurait donc
pas lieu de leur consacrer un chapitre distinct si leur séjour pro-
longé au sein d'une population étrangère n'eu avait foit une
classe h part. Cette classe qui étend les relations commerciales
delà France en portant k l'étranger ses mœurs, sa langue, son
influence, mérite que nous nous occupions de raccueil qu'elle y
recevait comme de celui que les étrangers trouvaient chez noua.
Quelques années après la mort de Henri IV, le nombre de nos
compatriotes qui allaient chercher du travail à l'étranger était
considérable, mais ils n'allaient pas y fonder des maisons de
commerce, et c'était dans des emplois subalternes qu'Us y ga-
gnaient leur vie *. Quant à ceux qui allaient s'établir au dehors
pour faire le commerce, ils devaient être en petit nombre. L'atta-
chement des Français au sol natal, l'hostilité qu'ils rencontraient
dans les mœurs comme dans les lois de leurs voisins, ne sont pas
les seules raisons qui nous portent à le croire. Nous savons par
une lettre de La Boderie du 20 juin 1608 qu'il n'y avait à celte
époque à Londres qu'un seul négociant français qui ne fut pas
naturalisé'. On comptait au contraire un assez grand nombre de
négociants français en Kspagne, aussi eeA-tx par eux que nous
commencerons à nous occuper des représentants du commerce
français à l'étranger.
Lo traité de Vervius obligeait les rois de France et d'Espagne
1. Il povTiLl se Mra a«s«l, nuU ceb étatl moins bvqaeal, qu'ils finail
exrlasiTftMQt le ertmtwrrc des produits du pa>8 avec ms hablUols.
t. ■ ... U plu9|>Art de DM b<Mnine« sont contruns d'aUcr rikerrber aiUoirs
Bn d'«iDplo7 et de trarùl, qui on Espagne, qui en AoKlelerre, qui en Aile-
mgM» qui eo Fludre». • Hi>olchiv»tini, p. 35. U e»l rerUin qae l'iateor.
pfieM«p6 par k pwtè* d» Un reuortlr lu rtiagwi de notfe situation écono-
tttqM. ft uadéfé cette éBlgnUoa.
3. • Scutenitiil Mi»-j*^ coqitcàé i traafcr de» nurrhuub liriacnin qui en
TMileat ou put9M>at prendre la cfcargi Idecaaaerrjlear dn caamtrtt] de notre
càl^; car il n'y eo • qu*ittt »eal ici qui m soit |H>iDi oatanlisé. et encore aiHi
IMUvre boBUBt font cunipeler a««c ceux qu'ils iiaa& daaociuat. Dm natnr^
Ibde 11 y en a Vwà tiuetqv'u q«i le pourroit raira, d ^ te toail fcitrlmunl,
■•te riMpoHattl eal q«*U m ve«t pu »'eii charger et ^«c ie oe Ty p«b ooa-
tiiliién^»Oy. foW. m. 3t7.
LE COMXEEOE DK U rUITCE 30U3 UBNai IT.
Il
à accueillir dans leurs royaumes leurs sujets respecUfe. Henri IV
ae conforma à cette obligation en refusant de livrer h. Elisabeth
dee Irlandais au service de l'Espagne que la tempête avait forcés
d'aborder en France '. Los Espagnols, au contraire, se montraient
fort inhospitaliers pour les Français, nos négociants étaient fort
maltraités en Espagne. L'Adelantado était le principal auteur
de ces mauvais traitements. Le rui convoqua pour la fin de mai
1601 un conseil composé de l'amiral et des personnes les plus au
&it du commerce et de la navigation, pour adopter des mesures
de r^résailles '. Le 3 août fut prononcée l'interdiction générale
da commerce avec l'Espagne, à peine d'emprisonnement et de
confiscation des marchandises'. Le même jour, le roi ordonna
au connétable de Montmorency de faire observer cette défense
par ses sujets du Langueiloc et de taire revenir en France ceux
qui étaient établis dans les états de Philippe lU*. Aux avanies
subies par nos nationaux se joignait un autre grief : la franchise
du palais de l'ambassade française avait été violée par la justice
espagnole*. Les représailles exercées par le roi furent efficaces.
Le roi d'Espagne fit publier dans tous ses ports une ordonnance
pour assurer aux Français, conformément à la paix de Ver^-ius,
QD bon accueil et un bon traitement, pourvu qu'ils ne transpor-
tassent pas de marchandises appartenant aux ennemis de l'Es-
pagne. Henri IV fit notifier cette ordonnance aux marchands
français trafiquant en Espagne^. Ceux-ci avaient à soufirir de la
malveillance intéressée des autorités locales non moins que de
celle de VÂdelatUado. Notre gouvernemenl obtint en 1606 que
les causes de nos négociants seraient soustraites à leur juridiction
et déférées au conseil. La même année une difficulté nouvelle
menaçait de s'élever entre les deux couronnes. Le gouvernement
de Philippe 111 avait interdit le commerce des Rochelois avec l'Es-
pagne, eii prétendant que ceux-ci y introduisaient des marchan-
dises de HoUande, et que d'ailleurs c*ctaienldes sujets du u.»i si peu
obéissants qu'ils ne méritaient pas son intérêt et sa protection ^.
1. UUre de Henri rv â Etiuibeth. 5 ocl. 1599. Lettres utiu., V, 168.
2. Lettre an eonnélible. 28 mai tGOl. Lettres miss., V. 416.
3. Pierre de Lestoile, ftegisfre-Joumal, 327. Collect. Hirhaud et PoiijouUt.
4. Uttres miss., V, 41G.
5. IMd., 417.
6. Lettre tla roi au coiinéuble. 21 janr. 1602. Lettres miss., V, 534.
7. Lettrr. de If. de PaUi«ax A U. de U Boderte. 3 oot. 1606. Ambassades
de La Boderte, I, m.
4â G. FAGXIBC.
Nos négociants établis en Angleterre avaient encore plus k se
plaindre que ceux qui s'étaient fixés en Espagne. Ils aTaient à
faire k une population qui, non moins jalouse de l'étranger que
les Espagnols, était bien plus en état de s'en passer parce qu'elle
était plus laborieuse, et qu'animait contre nous le fanatisme reli-
gieux. Le traité d'alliance défensive signé à Bloisle29avril 1572
entre Charles IX et Elisabeth avait accordé aux Anglais des
avantages commerciaux, dont les Français n'obtenaient pas la
réciprocité en Angleterre. Les intérêts fraiiçais avaient été com-
plètement sacrifiés. A la vérité, ce traité ne régissait plus offi-
ciellement les relations commerciales des deux pays. Il avait
cessé d'être en vigueur parce qu'il n'avait pas été renouvelé par
le rdi dans l'année de son avènement*. Cela est si vrai, que le
but poursuivi jyar l'Angleterre dans ses négociations avec la
France de 1599 h 1004 était le renouvellement de ce traité et
quis par suite de son abrogation tacite, les Anglais furent de
nouveau soumis au droit d'aubaine dont il les avait exemptés.
Mais et) £ait lus Anglais n'en jouissaient pas moins des avantages
que le traité de lïlois leur avait accordés et dont ils s'étaient
hAU's de profiter : ils avaient établi des entrepôts pour leurs
mnrchandlsTJi h Houon, Caen , Dieppo, Bordeaux*; Us inon-
daient le marché françjiis de leurs draps commuas, dont les gens
do la campagne no pouvaient su) pusst*r, parce que Tindustrio
fraii(;jiise iio leur en offrait pas d'aussi économiques, mais qui
étaient souvent fort défectueux '. La saisie de ces draps prononcée
par arrêt du Conseil du 31 avril 1600, le règlement adopté par
lo ConstMl h leur égard, la prohibition des étoffes de couleur
uuirtt donnt*roiil litnienUv les deux gouvernements à de longues
négociations auxqut^ltes mît fin lo traité de commerce du 24 fé-
vrier ItMXl. Co traité révoquait VatTèt en question et soumettait
t. Sir IMfk iriniTMrf'i MrmorhUt af affiàrs of State, III. Looâon .
m^. t ilMMttr«n awor* ealn leur* surrvsseon poorrea qae dus l'an
«fft» qu« 11» (Im^I. prilKiM Mn décMi, «m Mcccsacor d^clar? par ombas-
••4Mr ol «M lottrM m «urTlvAiil qu'il mctÊÇHa tn wiêmti oaadiljoo» et veol
Htulntvler U oi^iuf oAnrM4r*U«>n... naU il ittrtiii l'u, «te... » DiuDoot,
Cw|H dtft.. V, |4rr I, i>. 'i\i.
t. I>ii «it^l ilu lurlptnvnt *lt KorMHltt* 4« 5 otUthn 1593 anlt même
•KonM aui ftiUkiu»irv«AU Mgiiftb *UM1» * Caw Im frivîktH d«e bowseoit
^ C«il« ^UK MlUMIkWl rM«ft|tUuil «tu «IMt à» Mllife fMT 1m loUaB, bo»-
y UUn 4tf ^UiMiml 4 OldU. lïjHin l«n. iltavMdT» MemmiaU, l, 331.
LB COnEflCE DB U PRlIfCB gOtS HETKI IT. |8
les contestations auxquelles la qualité des draps anglais pourrait
donner lieu au jugement des commissaires des deux nations qui,
sous le nom de conservateurs du commerce, devaieut être éta-
blis dans les villes fréquentées par les commerçants anglais et
français. Le même traité prépara la solution d'une question qui
était UD sujet de grief |x:iur les Anglais et qui avait occupé une
place importante dans les négociations : nous voulons parler des
taxes que les villes servant d'entrepôts aux marchandises anglaises
avaient misée sur ces marchandises et qui s'ajoutaient aux taxes
prélevées par le fisc. Par exemple, les officiers municipaux de
Rouen avaient doublé le droit d'octroi sur les draps anglais. Le
commerce anglais avait été atteint par des taxes établies à Caen
sur les crGse3iUJ.{kerseys), le ploiub, l'étain, la cire, les harengs,
et par un droit d'entrée d'une couronne par tonneau sur les vais-
seaux abordant eu Normandie*. Le traité, en confirmant les
droits levés daas les deux royaumes au profit de l'État et en
ordonnant que le tarif en serait affiché dans les lieux publics, mit
les municipalités des villes que nous avons nommées en demeure
de produire au Conseil les lettres eu vertu desquelles elles levaient
ces taxes, dont la perception devait être provisoirement continuée
(art. 3 et 4). Enfin la situation des commerçants résidant dans
les deux pays fut considérablement améliorée par l'abolitiou du
droit d'aubaine. Ce vieux droit fétidal et barbare s'exerçait d'une
façon qui le rendait plus odieux encore; à la mort d'un marchand
étranger, ses livres de commerce étaient fouillés, souvent déro-
bés, ses caisses, ses comptoirs dévalisés, on saisissait et on met-
tait sous séquestre les biens de ses associés et même de ses
confrères, sous prétexte des relations d'affaires qu'ils avaient pu
avoir avec le défunt, et ils ne pouvaient obtenir main-levée de la
saisie qu'à prix d'argent. Le droit d'aubaine ne produisait qu'une
somme insignifiante, que l'ambassadeur anglais Winwood estime
À 200 couronnes par an et dont le roi faisait don au premier
venu, mais il faisait perdre au roi bien davantage. Les marchands
étrangers, exposés aux avanies que nous venons de décrire, se
oontentaient d'envoyer leurs facteurs et leurs commis, qui
logeaient en garni, et n'apportaient que la quantité de marchan-
dises dont ils espéraient pouvoir se défaire immédiatement.
I. Calêndars of$tale papers, Domestic séries. EUsafufth, 1598-1603. P. 503.
Voy. aau) p. 276. Jacquei I, p. 2?9.
14 G. FACNIBX.
N'ayant plus h redouter le droit d'aubaine, les négociants étran-
gers n'auraient plus de raison pour ne pas venir s'établir en
Franaï avec leurs faniilles. y fonner des approvisionnements
considérables et faire profiter notre pays de leur industrie *.
En 1003, la commission du commerce élabora et fit approuver
par le Conseil im projet d'édit réglant la situation des marchands
étrangers qui voudraient s'établir en France. D'après ce projet,
ces marchands pouvaient, dans les trois mois postérieurs à la
promulgation de l'édit, s'établir h Paris et dans d'autres villes
désignées par le roi, pour faire le commerce en gros dts matiènés
premières, ainsi qae des produits manufacturés en France, et des
produits manufacturés h l'étranger qui n'avaient pas leurs con-
génères en France. Pour jouir de ce privilège, auquel s'ajoutait
l'exemption du droit d'aubaine, ils devaient obtenir des lettres de
nnluralitè, qui leur seraient accordées un an après qu'ils auraient
âxé leur domicile dans l'une de ces villes et qu'ils y auraient
apporté des marchandises pour une valeur de 2,000 écus au
moins. Us pouvaient même jouir dès la première année de l'exemp-
tion du droit d'aubaine et du droit de faire le commerce dans les
conditions sus-énoncées en fournissant la preuve qu'ils possé-
daient un capital de 2,000 écus et en donnant c^mtion de prendre
h la fin de l'année des lettres de naturalité et de continuer leur
commerce en France. Dix ans après la vérification des lettres de
naturalité, ils devaient être, à condition de rester en France,
absolument assimilés aux nationaux'.
On voit que nous nous occupons presque autant de la condi-
tion des commerçants étrangers établis en France que de celle de
nos commerçants établis à l'étranger. Ces deux questions sont
inséparables. Le sort de nos nationaux h l'étranger devait se
ressentir de l'accueil que les étrangers recevaient chez nous.
L'inégalité dans le traitement fait aux uns et aux autres tendait
à s'effacer, la réciprocité h s'établir. Nous étions moins inhospi-
taliers pour les Anglais, par exemple, que les Anglais ne Vêlaient
pour nous : cela tenait à ce que notre gouvernement n'avait pas
adopté ausai fermement, ne suivait pas avec autant de rigueur
le système de la protection, mais il ne faut pas exagérer la liberté
t. D«p^hc de \tiitwood i Cecill. 18 mAra 1602. I, 399.
t. Compta-rendus de ta Commission publié!- par M. C h .-impoli ion Figoac
duns tes Documents lûitoNques inédits tirés des coHcctions nu. de la BiUiotk.
royale, IV, 25, 26, 6<Mi2, 83.
U COMMERCE DE U FU.^CS SOUS HKX&I n.
45
dont jouissait chez dous le commerce étranger. Nous venons de
voir que ce commerce oe pouvait se faire qu'en gros S dans cer^
taioes villes, toujours sous le coup de saisies provoquées par les
oorjioratioiis, que la perspective du drrjit d'aubaine l'obligeait à
limiter ses approvisionnements et à les écouler rapidement, enfin
qu'il avait k subir les exactions des gouverneurs et des munici-
palités*. U n'en est pas moins vrai que les négociants anglais qui
avaient des établissements en France causaient, grâce à l'abon-
dance et au bon marché de leurs marchandises, un préjudice
considérable à notre industrie et à notre commerce.
Si DOS compatriotes étaient peu tentés de fonder des établisse-
ments dans des pays civilisés, mais fort inhospitaliers pour leurs
rivaux commerciaux, étaient-ils attirés davantage par ces pays
nouvellement découverts, en grande partie inexplorés, dont les
Portugais et les Espagnols avaient montré la route aux autres
nations européennes? En abordant cette question, nous n'avons
pas l'intention de faire l'histoire des essais de colonisation tentés
sous le règne de Henri IV ; nous n'avons k nous en occuper ici
qu'au jjoinl de vue de leur influence sur le commerce extérieur
de la France.
La rapidité avec laquelle les Hollandais avaient établi leur
commerce dans Tarchipel de la Sonde (Java, Moluques), la fon-
dation de la compagnie hollandaise des Indes orientales (20 mars
1602)' devaient inspirer k Henri IV l'idée d'appliquer à une
tentative analogue les épargnes et raclivilê du peuple qu'il avait
pacifié et qui s'enrichissait sous ses yeux. Dès 1603 d'ailleurs son
attention avait été attirée de ce côté par un ambassadeur de
perse qui était venu lui demander son appui pour chasser les
Portugais des Indes orientales. Le roi avait refusé de s'associer
1. A l'époque où ècrÏTail HnnU-hn>t^lien[IG15), les néKocîaols étranger» avateol
Mpeflduit réussi À tourner celle défease et à Tendre en détail et «n boutique*.
Seuleineut leurs boutiques o'ét^eat pas sar la rne. P. 43.
2. Le 17 juin 1600, le lieuteniinl général du bailliage de Rouen condamne à
l'ameDde uu tnarrband (Inuiaud )>our .ivoir ilêch.irKé des l>alle» de chanvre doos
cette Tille, uns In permission de l'échennage. La sonleni» renouvelle U défense
Cùte aux étranger» d'eniiiiagulMr des nurchudises sua cette iiermUsion,
oomme de les rendre A des élransers n'ayant pas acquis droit de bourgeoisie et
de \es vendre au déUU. Ces Atnuiger« ne |K>urroul veudrc qu'A la balle. Col-
Irrlion Houdonoeau. «érie cbrouoi,, i la date.
3. Sur l'origine cl le rapide progrès de la colonisation hollandaise aux Indes
orientales, Tof. Be«r, Op. laud., 2le AMb., p. 179-180.
16 G. rAG?(IEZ.
h des actes d'hostilité contre l'Espagne * arec laquelle il était eo
paix et avait conseillé à l'ambassadeur de s'adresser aux pro-
vinces de Hollaude et de Zêlande'. L'année suivante, un hotomo
qui avait feit plusieurs voyages aux Indes orientales et qui les
connaissait bien', Gérard de Roy, s'associa plusieurs personnes,
entre autres Antoine Godefroy, trésorier de France à Limoges,
et demanda au roi d'auti:>riser la création d'une compagnie des
Indes orientales. La société pn^nait à sa charge tous les frais de
l'entreprise, elle demandait le monopole du commerce des Indes
pendant quinze ans à partir de sou premier voyage, elle daaan-
dait en outre que le roi lui assignât un port pour y équiper sa
flotte et y Caire entrer en franchise les marchandises qu'elle raï>-
porterait de son premier voyage, qu'il mit k sa disposition deux
oanons par vaisiseau et les munitions de guerre nécessaires, qu'il
obtînt pour elle du prince Maurice b permission d'adieto' oa de
ùùie construire des vaisseaux dans tes ProTiaces-Uoies et «Tea
ttrer des marins, enân que la participation à l'entreprifie n'eik-
trainÂt pas dérogeance. L'association était ouverte peiwiant six
mois après le retour de la premièra expédition k tons œvx qni
Toodrùnt y apporter une somme de 3,000 Iït. av moua. Ces
eooditioos lurent hoBMdogDées le l^^juin 160t par «n arrêt du
CiBMoa qui daigna to port de Brest*. Le 2d jais, dnleUras de
floaminiaa de capîlaiM gMrat de la flotta royàlm daa Indas
OTMAtake fonat délivrées h Gérard de Roy. EUes lui doanaieat
poarocr de fiûre oûoâlniire et d'équiper des raisseaax, bû pa<-
Mettait de s'oHfarar de eeax qui «ttaqaenient les sâeas et éb
garder ks quatre dafiièmes delà prise pour lui et ses associi» et
lai ordMUbait de reaair le plos tôt pœsiUe ses vaisaeaiix à Bresl
poar bîM Toâe aax Indes*. Les dkoees ii'aWiiil pas aa gri ds
rSafatâtaca da roi. Sa idOOfai ooaofagaiea'aTait «aconeaTOTé
;fS»lil
idtk
«.mec ML
Lt COIIIBBCR DE LA FRIHCB SODS UENRI IV.
47
aucuQ vaisseau aux Indes. En revanche, une partie du ca]tital
fixé h 4 miUioDS de couronnes était versé, quatre vaisseaux
allatenl mettre h la voile h Saint-Malo, la plus grande partie de
la flotte était achctéct Simon Dansa devait être attaché h l'entre-
prise pour escorter les convois avec ses vaisseaux, auxquels on
en ajouterait d'autres*. Le président Jeannin, chargé de négocier
une trêve entn^ l'Espagne et les Provinces-Unies.avait profité de
son séjour aux Pays-Das pour procurer k la compagnie des
hommes et des vaisseaux, il se servait pour cela d'un certain
Isaac le Maire, originaire de Tournay, dévoué h la France, avec
lequel il avait des entrevues secrètes, il consultait le cosraographe
d'Amsterdam Planciu^*. Un Hollandais, Peter Lintgens, s'occu-
pait aussi de recruter des marins et des ouvriers dans son pays*.
Ces préparatiCs causaient aux Provinces-Unies un vif mêconten-
ttimeut. Leur agent, Aerssens, reçut l'ordre de protester contre
Vétablissement de la compagnie et contre les moyens employés
pour la constituer, contre le rôle qu'on voulait donner au flamand
Dansa, contre l'enihauchage de manns hollandais. Cette protes-
tation était accompagnée de paroles comminatoires : les Hollan-
dais menaçiiient d'aborder les vaisseaux français et de pendre
tous les Flamands qu'ils y trouveraient'. A la suite de cette
énergique protestation, adressée en ICIO, le silence se tait sur
c^teentreprist^ Ell« ne pouvait réussir qu'à la condition d'em-
prunter k la HoUaade ou aux auti^es puissances maritimes les
ressources qui manquaient à la France en hommes et en matériel;
ropposition de nos voisins fit écliouer une tentative qui était déjà
Assez avancée pour faire espérer de bons résultats ^
Non moins stérile fut l'autorisation donnée en 1608 par
Henri IV au s' de Lhopital de fonder au Cap par la conquête des
établissements qu'il posséderait sous la souveraineté du rot^
Si la France trouvait la place déjà prise dans les Indes et
rarchi{>el Indien par les Portugais et les Hollandais, elle rencon-
trait dans les deux Amériques des colonies déjà arrivées à un
1. CMepdan of itatâ pttpas. M«me série, d* 469.
2. IV/çoeiatioiu du président Jmnnin, coMect. PetiloU xiii, 777 et 8Q|t.
3. Miilippsoti, Heinrich iV u. PhiUpp Hl. 3 Toi. in-*». Berlin, Doncker,
1873. 2 Tbcil. p. 378.
4. CaUndart of state papers. Même sirie, d" 469. 473, 478.
5. ce P[iUi|ipiioo, ubi tupra, 377-378.
6. lUd., 378.
Rev. Histob. XVI. !•' FASC. 2
•18
0. FACXIEZ.
assez grand dcTeloppement pour affecter l'indépendance et dont
l'Espagne, leur métropole, se réservait avec un soin jaloux le
débouché et les produits. Les Français qui tombaient dans les
mains de» Espagnols et qui étaient soupçonnés de faire le com-
merce avec les colonies hispano-américaines étaient misa mort
ou envoyés aux galères. Il nous était impossible de fonder dans
les pays occupés par les Espagnols des colonies, ni même des
comptoirs, tant que nous ne disposions pas d'une marine militaire
capable de pmtéger nos vaisseaux raarcbanils.
C'cïst vers l'Amérique du nnnl, vers les pays qui fout aujour^
d'hui partie des États-Unis qu'il faut tourner les yeux pour voir
des efforts suivis et couronnés dans une certaine mesure de suc-
cès. Les enlrejirises de colonisation dans la Nouvelie-Frauce, qui
comprenait le Canada et l'Acadie, c'est-à-dire la Nouvelle-
Ecosîie, exercèrent une influence sérieuse sur notre commerce.
Au marquis de la Roche (1598) et à Chauvin (1599) succéda
une compagnie formée par le commandeur de Chastes et où en-
trèrent les principaux négociants de Rouen et de la Rochelle. Le
privilège do la traite des pelleteries lui fat accordé. Le comman-
deur de Chastes fU entreprendre par deux officiers de la marine
royale, du Pont-Gravé et Charaplain, un voyage d'exploration
du cours du Saint-Laurent et des pays qu'il arrose. Ce voyage
d'exploration révéla Texistenco de richesses naturelles qui étaient
propres & attirer les colons : pêcheries, bois de construction,
prairies, mines de cuivre et de platine.
A la mort du commandeur de Chastes, qui eut lieu pendant ce
voyage. Pierre du Guast, s' de Monts, gentilhomme saintoageois,
devint le chef de la colonisation. Le roi le nomma son lieutenant
général en Acadie du 40* au -ÏQ' degré. Sa commission portait
qu'il rechercherait et exploiterait les mines d'or et d'argent et
autres, dans le produit desquelles le roi se réservait le dixième'.
Henri IV accorda h de Monts et à ses associés le monopole du
commerce pendant dix ans*. Les oonunis des traites foraines
ayant saisi vingt-deux balles de castor expédiées par de Monts
en France, le roi lui eu donna main-levée et déclara que les
marchandises provenant de la Nouvelle-France ne payeraient
t. Oa trooTan u w—itiioa ta date da 8 mt. 1603 dus Marc Lcscarbot,
ma. 4ê ta .Vovcri/e Fra»c«. 2* èdîL 161^
%. L«tlm da roi s4rcsMBta aux aalniités du rojuuM. IB dcceaihre 1603;.
/M.
LE COmtERCE DE U FEiKCE SOUS BK.'Oll I?. 49
que les droits d'entrée dus par les marchandises du cru passant
d'une province dans l'autre ^
Henri rV faisait respecter le monopole de la compagnie de la
NouT elle- France par les nations étrangères, comme le constate
une lettre où il demande aux Etal^ généraux des ProTÎnctis-Uuies
d'interdire à leurs nationaux le traiic dans ce pays *. Ce mono-
pcie était une des raisons qui empêchaient le parlement de Rouen
d'oiregistrer la commission de de Monts. Dans les lettres de jus-
sion que le roi lui adressa le 17 janvier 1(304, il représente au
parlement que l'entreprise n'a pas le caractère d'un véritahle
monopole, puisqu'il est permis à tout le monde de s'y associer en
entrant dans la compagnie'. L'établissement de Tadoussac était
ie centre principal de la traite des fourrures. De Monts en créa
on second k Port^-Royal (aujourd'hui Annapolis) où il transporta
la colonie. En 16U6 commença sérieusement l'exploitation agri-
cole de cette colonie. De nouveaux voyages d'exploration mirent
en évidence la fertilité du littoral depuis le 45' degré et demi de
latitude jusqu'au 41*« et la colonisation semblait destinée à réus-
sir, lorsque le conseil du roi, sur la requête des marcliands de
Saint-Malo, enleva à la compagnie son monopole au commence-
ment de 1607*. Celle-ci, qui déjà l'année précédente avait souf-
fert de la concurrence des Basques et des Hollandais ^, se voyait
prirée par l'arrêt du conseil du moyen de relever ses affaires; il
ne lui restait qu'à se dissoudre. Cependant, en présence des
preuves fournies par de Monts sur la richesse et l'avenir de la
oolonie, le roi renouvela pour un an le privilège de la société et,
encouragés par cette faveur, elle fit partir trois vaisseaux en
mars i608. Les colons qu'ils portaient sous la direction de
Champdoré et de Champlaiu repeuplèrent Port-Royal et fond^
reat Québec (1008).
Champlain dirigea dès lors ses explorations dans le Canada
proprement dit. En 1600 il occupa l'embouchure de la rivière
des Iroquois, affluent du Saint-Laurent, et le lac Champlain. Il
créa au saut Saint-Louis un nouveau comptoir et un nouvel éta-
1. Lettre» da roi i la cour des aides de Roueo, «ux niattres des ports, offi-
ders de l'amirauté et des traites foraines de Normandie. 8 férricr 1605.
t. lelira miss., vil, 465.
3. Ibid.. VU. 897, 899.
4. Le&carbnt, 592.
b, Lescarbot, 591.
9»
A. fàtWOL.
Hifinml et. apr^ la mort de Henri IV, reBoota joâqu'aux lacs
ds eoon aupérieiir du Saînt-Laurent.
Qneb fareott aa point de me commercial, les rèsoltata des
découfgfte» de Champlain et de flea^êdétiaiaeiUBÎ LearaaaoooeB
Datvrelles da Canada et de l'Acadie sont attectées par tontes les
descriptions (Lascarbot, Cbamplaixit ttenys) et mieax encore par
leur prosptTÎtti actuelle. Les cuirs, les fourrures, les mines, les
bois de conalrnction, le cbatiTTe, les grains, la pêcbe, etc.,
étaient de» ricbeMcsnatoreUes qui deraient attirer des colons et
altmCDler nn commerce actif avec la France et l'Europe. Mais
les colons, les marchandu qui se lancèrent sur les traces dee
explorateurs n'exploitèrent pas ces ricliesses si variées. De même
quo ks Espagnols ne s'attaciiaient dans l'Amérique du Sud qu'à
l'expluitation des mines, de même que les Hollandais n'allaient
guère cbercber aux Indes orientales que les épiceries, ce fut le
Cf^mraerce des fourrures et des cuirs qui occujia presque exclusi-
Tcment les Français. Le P. Charlevoix écrit qu'eo 1608 l'attrait
du commerce des pelleteries avait fait presque abandonner en
Acadie la culture de la terre, au point que les colons étaient
menacés de disette'. Ce fut h ce commerce que les découvertes et
les élablis.'^nieûts des de Monts et des Champlain donnèrent le
plus d'impulsion. Eu 1008 il attirait plus de quatre-vingts vais-
seaux sur les u*)tes d'Âcadie et au Canada '. II y eut aussi un
autre genre de commerce qui se ressentit de ces essais de coloni-
sation : ce fut la pêche. Elle devint plus active, elle exploita de
nouveaux parages jusque-là iuexploit:s. Nous parlons delà pêche
que venaient faire pendant trois mois de l'année nos pêcheurs des
côtes de l'Océan. Quant à la pêche sur place, qui aurait évité à
nos terre-neuviers uu aussi long séjour dans des mers glaciales,
qui leur aurait permis île faire trois voyages par an au lieu d'un,
puisqu'ils n'auraient eu qu'à venir charger le produit de la pêche
(îois colons, elle ne s'organisa pas d'une façon sérieuse^.
Le commerce des pelleteries devint moins lucratif lorsque, la
prorogation du privil^e de la compagnie de do Monts ayant
expiré le 7 janvier 1609, il devint libre pour tout le monde. Les
sauvages firent alors payer les peaux de castors beaucoup plus
t. nutoire de ta iyouvtUe- France, 1744. 9 roi. in-lS. I, 190.
2. Voffaga du Cliamplain^ r.iWm jwr Poîmiin, III, 586. n. î.
3. L(!!icnrhol, tJlS. Dcnys, DêteripUon jiéoi/raf/hique et historique des cela d«
VÀmiriqMê tepUiHtrioHaie, I, 04. Il, 341».
LE covstEBr.E r>e u punce socs hb^ri rv. 2f
cher. « Aujourd'hui, écrit Marc Lescarbot*, depuis la liberté
remise, les castors se vendent au double de ce que le s' de Monts
ein retiroit. Car l'avidité a été si grande, qu'à l'envî l'un de
TaatFe, les marchands ont gâté le conkmorce » Les inconvé-
nients de la libre concurrence ramenèrt»nt Henri IV au monopole,
qui semble en effet le ressort indispensable d'entreprise-s aussi
hasardeuses : la compagnie privilégiée créée en 1613 par
Champlain et qui fut ouverte à tous les commerçants, moyennant
le versement d'un capital, ne fut que la ré-alisation d'une idéu à
laquelle rexpèrience avait fait revenir Henri IV.
COMMERCE DE COMMISSION ET DE TRANSPORT.
A côté du vendeur et de l'acheteur, les opérations commer-
ciales mettent enjeu des personnes dont le rôle doit maintenant
nou^ uceu])er : nous voulons parler surtout des conimissiunnain^
et des entrepreneurs de transports. Pour achever de parcourir le
cadre que nous nous sommes tracé, il resterait à dêlt?rminer la
part que la France prenait au commerce de commission et de
transit.
I. COMMERCE DE COMMISSION.
Les documents que nous avons recueillis ne nous présentent
jamais îles commerçante français faisant la commission h l'étran-
ger pour leurs compatriotes. Ce silence ne suffirait peut-êti% pas
pour affirmer qu'il n'en existait pas, si l'on ne se rappelait les
obstacles mis par It» législations étrangères au commerce fran-
çais dL qui rendaient inutile le ministère d'intermédiaires dont
l'existence suppose toujours un grand nombre d'affaires'. Quant
aux commissionnaii^es agissant en France pour le compte de
commerçants étrangers, il faut distinguer les commissionnaires
d'achat et les commissiormaires de vente. Les mmrnissions d'achat
reçues de l'étranger pouvaient s'exécuter librement; elles favori-
I. P. Cll-GtI.
?. Cette nisoo n'a pas moins de raJenr que le lérooignage fonnel do Hont-
ehrofttteo : 4 Que Vo» HjgeAtés prennent la |KrJne dt^ s'vnquerîr »i no» mar-
cJwmU oat qu«Jqiie6 cuiDiiiiftftioDnaire^t, j'enton jioui- manier l«ur argent ml leur
iOMWir les maTcluodiscs du pajs au préjudice des citoycos, Ki[>»f^li ea
bfNIOK. Aogloifi en ÀJiRlelerre, Flaoïans en Flandres. Si l'on tous eo nomme
BB, IV «rra un riorbean l»Unc u I'. K4.
22
C. FiGNIEK.
saient le commerce français et ne faisaient tort à personne. II en
était autrement des comuiissluns de vent^:; cUes amenaient sur le
marché firainçaîs les marchandises étrangères» créaient une con-
currence à notre commerce et rendaient illusoires les reetriclions
apportées à cette concurrence ainsi que le monopole des corpora-
tions. Ausù les commissions de ventA venant de l'étranger ne
pouvaient légalement être exécutées que par des commission-
naires ayant un caractère officiel, limités en nombre, et dans les
conditions où les marchands étrangers auraient pu vendre eux-
mêmes, c'est-à-dire en gros, dans les marchés et après examen
des gardes jurés '. Ce fut Henri m qui créa ces commissionnaires
on titre d'office par un édit du mois de mars 1586, qui. rappelant
les anciennes ordonnances mises en oubli, n'autorisait les étran-
gers à vendre que dans les foires et, en dehors des foires, dans
les conditions que nous venons d'indiquer. I.«s commissionnaires
ÎDâtitués par Henri lU étaient tenus, lorsqu'ib faisaient une
vente au comptant, de payer leur commettant dans les vingt-
quatre heures; dans les ventes à terme, ils garantissaient la sol-
vabilité de Tacheteur (faire les debtes bonnes), faisaient connaître
son nom et le prix de vente à leur commettant, auquel ils remet-
taient l'argent quinze jours après l'échéance. Us lui avançaient,
sur sa demande, les frais de transport et le montant des impôts,
dont ils se remboursaient sur le prix, capital et intérêt à raison
de 10 pour lÛÛ. Ik donnaient caution et étaient solidairement
responsables envers leurs commettants, qui pouvaient avoir
recours sur leur bourse commune. Leur commission était de
6 dea. pour livre. Us ne pouvaient être coranterçants ni s'asso-
cier avec des commerçante. Enfin ils étaient exempts des charges
publiques*. Cn arrêt du conseil du 15 avril 15D5 créa dans les
Tilles les plus commerçantes, à côté de ces commissionnaires, des
ooortiers privilégiée chargés do les mettre en rapport avec le
public. Lear miniât^ n'était pas obligatoire. Ils faisaient égale»
ment le courtage pour les agents de change et de banque. Paris
eut huit courtiers, Lyon en eut douze, Rouen et Marseille quatre,
Amiens, Dieppe et Calais an. Tours, la Roch^e et Bordeaux
deox, Tooloose trois. Lear oonoours devait être asseï recherché.
I. ne» *Uii de mm^fmrlm »uchM«s«s 4at fania», mais i
1, 10*3.
ÏX COMMKaCB DR U niRCK SOCS OBNU IT.
23
car lorsqu'ils contro-signaient un acte de vcalo, leur signature
emportait hypothèque sur les biens de l'acheteur à partir de
l'échéance du tenue stipulé et après les sommations légales.
L'arrêt du 15 avril 1595 ne se bornait pas h instituer des cour-
tiers; il autorisait les commissionnaires k rece^oir et & faire des
dép6ts d'argent moyennautun intérêt qui ne devait pas être supè-
ricor k rintérèt légal. En recevant des dépots, les commission-
fiaîres devenaient Jusqu'à un c<^rtain point des biinquiers; en en
foisaut» ils tiraient parti du prix des marchandises qu'ils avaient
Tendues [tendant le court délai entre le momentouilsle touchaient
et celui uù ils le transmettaient à leur commettant '.
Nous avons dit qu'en droit les commerçants étrangers no pou-
vaient s'adresser pour faire vendre leurs marchandises eu France
qu'aux commissionnaires officiels. Nous avons semblé indiquer
par Ih qu'il en était autrement dans la pratique. Telle est en elTet
notre iwnsêe. L'èdit de 1586 défend formellement et sous des
peines sévères & d'autres que les commissionnaires qu'il ins-
titue, notamment aux commorçauts, de vendre pour le compte
des commerçants étrangers*. La pratique interdite par cet édit
était bien tentante et en même temps bien facile à dissimuler
pour nos commerçants; même en l'absence de textes formels, il
serait permis de croire qu'ils ne se faisaient pas faute de vendre
comme pour leur compte des marchandises appartenant h leurs
commettants étrangers, d'autant plus que les règlements du leurs
corporations ne le leur défendaient pas et qu'il y avait là pour
elles une extension fort profitable de leurs affaires. Il n'y avait,
à notre connaissance, que les statuts des merciers qui défendissent
de faire la commission et le courtage pour les étrangers'. C'eût
été là une exception considérable, vu le grand nombre d'articles
qu'embrassait le commerce de la mercerie ', si celte interdiction
1. Voy. cet arrél Arrb. naL, Rnndonneau. sérié chronnloRlquc, & U dite.
2. • Anui eftl défendu à tau§ mArchsnft oa autres babitaDA dead. rillea de
piartar leur nom nu iitan|ue aasd... Torains oy rendra Ifsil. rDarctiandîHs par
«meiiMiOD tout, leur nom d) aulrcmeat aur peine de contiscatioo de mar-
chandise» et de 500 escus d'amende è l'encontre de cctuy qal l'aura... veadae...
par comioission. o FonUnon, loc. cit.
X ■ ... deffeadon« A (ouft marchanda ... estre coartier commissionnaire poar
•nciui élraiu(<T on forain i> Ord. de juillet IGOt, art. 10, dans AacMi/
fûrdoun., itatuU et règlements du corpt dit la mercerie, 1767.
i. < La merteric conlieot en soy sii estais s^jToir est : 1. Lv marchand
inMSier qBÎ dcbilo ca gros toulca &orUsi de marcbandiscâ. L Le martliaud de
24
ti. FAr.\ir^.
avait ètè observée, mais Savary nous apprend que de son temps
elle ne l'était pas et que les merciers, comme les autres commer-
çants, acceptaient des commissions de rétranger '. Ce qui se pas-
sait du temps de Savary avait lieu déjà sous Henri lY. Mont-
chrestien, qui écrivait, on le sait, quelques années après la mort
de ce prince, nous apprend que les étrangers faisaient faire leurs
ventes comme leurs achats en France par des commissionnaires
ou des facteurs et déplore l'extension que ce mode de procéder
donnait h leur commerce, ainsi que le concours qu'ils trouvaient
à cet égard chez nos compatriotes*. On comprend en effet que nos
commerçants, pour ne parler que d'eux, étaient fiien aise^ de
joindre les profits de la commission à ceux de leur commerce
personnel.
II. COMMERCE DE TR.INSI'ORT.
Sous ce litre, c'est principalement le commerce de transport
maritim*; qui nous occupera. Nous n'oublions pas que les rela-
tions commerciales de la France avec l'étranger ont lieu en
grande partie par terre, qu'elle lient au continent par sa frontière
orientale et par une partie de sa frontière méridionale, et que sa
situation géographique lui permettait de transporter dos marchan-
dises par ses cours d'eau et ses routes entre l'Allemagne, les
Pays-Iïas, la Flandre, l'Espagne, t'ilalie. Nous avons vu que le
cunuuerce clandestin entry hs Provinces-Unies et l'Espagne se
faisait par le transit de la France qui faisait passer comme mai*^
chandises françaisi^-s los marchandises des deux Et<its belligé-
rants; une partie de ce transit s'opérait par terre. Mais en général
le commerce étranger évitait de traverser notre territoire à cause
de nos douanes intérieures et de l'état fort défectueux de nos voies
de communication.
ilraps d'or, U'artient, ic soyi^. demie oMadc, sai^s et loillcs. 3. Marcbands 4e
loiiteft mfiaues merceries. 4. Marchand jouaillier vendant orfèvrerie, iiierrei
précmus, |ierlc» et tous autres joyaux. 5. MarclinnJ quiii]({URllier. G. MAreb^iid
Apicler tirogujrr nnan Icmiui'Ia snfii c-.um|irinA ... Imifi les iiulrcii états cy a|>n!ii
déclarez » RitraiL da ordnntiiinceft, articles et rc^iloniens i||iie le Roy veull
.. esire ... tenus ... pur fun maistre risilcur cl gênerai réformateur de raar-
chandis*'s de KroPHeries, morcLTio*, jourtilleries, etc. 27 soûl 1607. Gollecl.
Roiidûnneau, ft^rie rhtnniMtigtiiuc, a la date.
!. le i'arfait yëyocianl. éd. 1777, I, 57Î-573. Cf. Encydopédie méthod.
Commerce, t* Commissionnaire.
2. P. «, 48, 54, 74.
LS wmnct DR u rtAnat sors uettii it.
25
En oblipt'anl par iinfl déclaration de 1585 toutes les marchan-
dises de Flandre, d'AngleteiTe, d'Allemagne h destination de
ritalie et du littoral méditerranéen de l'Espagne à passer par la
douane de Lyon, Henri ITI fit jwrdre k la France la |ilu.s grande
partie de ce transit : la Flandre et l'Angleterre créèrent alors
pour leur commerce une navigation directe avec Tltalie *. On
n'avait pas encore eu l'idée d'établir, pour les marchandises qui
n'entraient en France que pour être exportées, des entrepôts où
elles auraient pu séjourner en franchise. Ce fut Colbert qui
accorda le premier cette facilité an commerce de transit', mais
les commerçants étrangers obtenaient déjh des passe-debout,
c'est-à-dire une réduction àes droits de douane pour les mar-
chandises qui ne devaient pas être consommées en France. En
1606, des marchands milanais présentent requête au conseil pour
faire passer debout des marchandises d'Espagne et d'Italie à des-
tination de la Flandre et de r.\llemagne>.
La nature n'avait rien refusé h la France de ce qui est néces-
saire au développement d'une marine marchande : habiles char-
pentiers de navire, fer, bois en abondance pour la construction *,
chanvre excellent et poix pour la voilure et le gréement*, popu-
lation de pécheurs nombreuse, ne se bornant pas à la pèche
c&tîére, mais habituée à aller flécher le hareng sur les côtes
d'Ecosse et d'Irlande, la morue et la baleine en Amérique.
Malgré ces ressources naturelles, notrt? marine marchande
était inférieure à celles de l'Espagne, de l'Angleterre et de la
Hollande. De ces trois marines marchandes, la première était en
déclin, la seconde se relevait avec Elisabeth de la décadence où
l'avaient laissée tomber Edouard VI et Marie Tudor, la troisième
était à son apogée. Dans un ménioire présenté en 1603 à Jac-
ques 1", l'un des plus grands esprits du temps, sir Walter Ha-
Ir Forbonnùs, ftecberchts et wtuidératioM tur ies finance* <U France.
2 »oL Ui-4-. I, 7U-71, 137.
î. /iri., 370.
3. Arrêt du Cooseil des finances du 21 mars 1606. Arcb. aat. CollecUoa des
*rrtt« liudil Conseil à Ia d«t«.
4. • U &« trouve des meilteurf. charpcnlieni du monde jKHir lufitir et coos-
tniira des Davires de toalcs snrlnt à Dicppr, Unnnrflcur et un Havre, et
de fort bun boïït [tour cet ellccl aux forcsts prochaines avec tout ce qui y est
Mccuaire d'ailleur» puar les ei|uip|)er, appareiller et uellrc bors.... ■ Tli. Le
rêne. 0/>. taud. 30.
5. Uéuioire [tour rc&tabliBsenieiil da Iraflle, eomiuerce et aê^ce de mer eu
Tnou. Brieaae. 319. t. 7.
36
G. PAcnez.
lei^'h, compare la marine et le commerce de son pays h la marine
et au commerce des Province*- Unies. Il nous apprend que c'était
la marine des Provinces-Unies qui transportait dans la Pomèra-
nie, la Pologne, le Danemark, la Norwège^ la Suède, l'Alle-
magne et la Russie presque toutes les marchandises de la France,
de l'Espagne, du Portugal, de la Turquie, de l'Italie et de l'An-
gleterre. Celle-ci n'envoyait annuellement dans les pays delà
Baltique qu'une centaine de vaisseaux et son commerce ne so
faisait presque qu'avec Elbing, Kœnigsberg et Dantzig, tandis
que les armateurs hollandais y envoyaient environ 3,000 vais-
seaux et étaient en relation d'affaires avec toutes les villes de la
Baltique. Le commerce hollandais était représenté dans tous les
ports et toutes les villes de France, le commerce anglais dans
cinq ou six seulement. I^s Provinces-Unies possédaient autant
de vaisseaux que onze États ensemble, y compris l'Angleterre,
elles en construisaient un millier par an . Leur conmieroe avec la
Russie, auquel vingt ans auparavant suffisaient deux vaisseaux,
en occupait maintenant trente ou quarante et était encore en
voie d'accroissement. Le commei-ce maritime des Anglais avec
cet Etat, si actif pendant soixante-dix ans, était réduit en 1600
à quatre vaisseaux, il deux ou trois en 1002. Et cependant les
Provinces-Unies manquaient de bois de construction et leur ter-
ritoire no fournissait que peu de fret. C'était au commerce do
transport que leur marine devait son développement, et, si elle
obtenait la préférence du commerce européen, c'est que son fret
était plus économique, parce que l'équipage des vaisseaux hollan^
dais était moins nombreux. Tandis qu'un navire anglais de cent
tonneaux exigeait un équipage de trente hommes, il aurait suffi
de huit marins hollandais pour le manœuvrer *. La Hollande
attirait aussi dans ses ports le fret étranger en le faisant jouir de
la franchise d'entrée et de sortie '. Cette infériorité du commerce
maritime anglais, qui contredit l'opinion que l'on s'en fait géné-
ralement, est confirmée par d'autres documents : citons seulement
un document anglais qui constate en 1598 la décadence manifeste
1. C'est, on le sait, la tn^me ralMo qai assare aujourd'haî la sapériorité de
la roariiie marclinnde i9eA GUlH-Uniit.
?. Mi'iuoirc rilé <>t analya^ par Lindsjiy, Riitortf of andent commerce and
merchant ikipping. 1874, 11, 15'2-1G4. Cf. Farbmiiiiiih, I, 423, sur le dévelop-
pcnieol ilf la marine marcliaadv clet ProTfnce»-Unie«6ii IG69. Voy. aussi Béer,
tUd supra, 186, 201.
LE COXMBRCE I»E U PliNCB SOUS HEIIBI IV.
27
des jwrts de Newcastle. de Hull, de Boston, de Lyiin, de Sou-
Ihamptou, de Pool, de Wejniouth, de ItrUtol et de Chesler*.
Comment expliquer que la Fi'antw se laissât devaiicor dans le
commerce des transports maritimes par la Hollande, l'Espagne
el l'Angleterre?
Cette infériorité s'explique par plusieurs raisons : petitesse des
bâtiments qui oe résistaient pas à la mer', manque de marins,
mauvais état des ports^, défaut de colonies, inégalité de traite-
ment de notre marine marchande et des marines marchandes
étrangères, morccUoment de l'autorité maritim*^ par suite de
rexistenco des amirautés, absence d'une marine militaire capable
de protéger notre marine marchande.
L'esprit d'initiative de Henri IV se manifesta h l'égard de la
marÎDe marchande comme de toutes les branches de la richesse
publique. Dès 1599 il encourageait ses sujets h construire et à
acheter des vaisseaux, dans l'espoir âa ravir à l'Angleterre et à la
Hollande le commerce de transit arec l'Espagne, qui contribuait
tant k la richesse de ces deux pays. Cette prétention risquait
même de nous brouiller avec l'Angleterre *. L'année suivante, il
fit procéder k une visite des ports et dresser l'état des réparations
dont ils avaient besoin *. Nous avons dit ses efforts pour fonder
des oolûnies. qui, outre qu'elles devaient assurer k notre com-
merce d'échange de nouveaux débouchés et de nouveaux articles,
étaient destinées à créer à notre profit le monopole du commerce
de transport entre elles el l'Europe. Dans ses Remontrances en
forme (Tèdit, Barthélémy Laffemas propose de soumettre le
coomierce maritime à un règlement élaboré par d'anciens négo-
ciants de Bordeaux, de Rouen, de Narbonne et de Marseille et
accordantdesprivilègesà la marine marchande nationale (art. x).
1. Catetuiart of state papérs. Daniestic séries, ElisfAeVi, p. 1.
2. L'édit iur l'aiiiirjiiilé de mars 1584 «vait earouraRé la coDStnirtion de»
lUTtres de |ilas du 300 looneaux. Art. i.zxii. PardesMis. Recueil des lois mari'
timtt, rv, 293,
X C>»t »hMi que ootre inr^iiorité daus le commerce mariliroe tfX eipliiiuéf.
dus des m^rooiiTs rédigrâ aa couDienccnteal du règne de Louiâ XIII [>ar des
oarigateure ou de« raarchauds^ et iuul>sés par Dareitc, Uiat. de l'administra-
tion, 11^ 250-^51. Le inaQ<iae de marins, siRoalé pu ces mémoires, ne contre-
dit pà* &b»nlutDiiot ce que nous avoua dît du grand nombre de pAcheurt.
4. Calendar> of state papers, p. 1&6.
5. C'eal du moina ce que dit Forbonoais »aas en produire U preuve (I, 39}:
HMU a*on» rainROMmt chercha ce dcvi!; de travaux qui anr.iil tant d'intérêt
pour noQB.
28
ti. KAr.NIEX.
Ici la protection était justifiée par l'exemple de l'étranger. En
mettant un droit d'ancrage sur les vaisseaux étrangers entrant
dans les ports et havres du royaume, le roi ne faisait qu'user de
réciprocité*.
La marine militaire et ïa marine marchande étaient placées
sous l'autorité de l'amiral de France et des amiraux de Bretagne,
de Guyenne et de Provence. Nomination du personnel, connais-
sance des causes relatives aux pêcheries et au commerce mari-
time", telles étaient les principales atlriLutions de ces grands
officiers. C'est dire que le commerce maritime de la France,
comme sa puissance navale, éUiient h leur discrétion. Henri IV
n'enleva rien k leur autorité, il ne chercha même pas à établir
l'unité parmi ces pouvoirs distincts. A la fin de son r^ne, on n'a
pas d'autre siniplifîcatiou h signaler dans cette oqjaiiisaliun que
la réunion de l'amirauté de Bretagne à l'amirauté de France, qui
comprenait déjà celle de Normandie el Picardie et se trouvait
dans les mains du duc de Damville. L'amirauté de Guyenne et
l'amirauté de Pi*ovence avaient encore uue existence indépen-
dante. M. de Châtillon avait la première, et la seconde était atta-
chée au gouvernement de Provence, qui appartenait alors au duc
de Guise ».
Il y avait ou un temps où la France disposait d'une marine
militaire respectable. François I" et Henri IT avaient entretenu
de vingt-cinq à trente galères qui leur avaient ]>ftrmi8 d'entraîner
Gênes dans leur alliance, d'intercepter les secours que Charles-
Quint aurait voulu envoyer dans le Milanais et le royaume de
Napleset de tenir en respect la Toscane et le souverain pontiÉe.
Mais les guerres religieuses amenèi*ent la ruine presque ctmiplètti
de notre marine *. Toutefois cotte ruine n'était pas encore accom-
plie en 1572. Nous lisons en effet dans la relation d'un ambassa-
deur vénitien antérieure à celle qui nous apprend cette décadence,
qu'à cette époque la marine du Levant, c'est-à-dire de la Médi-
t. C« droit, qui proToqua roppo&Uion des parlements de Rouen et de Rennes,
fui concédé au marënhal d'Ornann >i>n paicinent de ce (|ue lui devait le ruL
Arrêt du coniteil de» rinanceH, 21 mars lf.OCi, An:li. nal. Ctdiecl. des arrfta dti
dit cunscil, h In dntc. I.etfres miss., VI, 58.
2. Riar des assurances, dont la conoalstancc avait été atlribuÈe aux juges-
consnli.
3. Sir George Oarew'a ittfto^lon oftkestate of France under Ktng Oenrif JV^
dans Th. Ilircli, An histortcat view af tha neçnttattonj hHween (he courts of
Bngland, Fronce and Brusseh, from \h^'l h 1617. Iu-8". Lomltm, 1749, p. 429.
4. n<^I»li[in lie Gu!t»)tit rt Niioî dniih Ir rcruril dr Banizzi ri Bi^rrhet, I, 468.
U COMHERCE UE LÀ F&ANCB SOCS BEYRI IV.
29
terranée, se composait de dix-huit galères et de dix sept vaisseaux
de 400 k 1500 tonneaux '. Le déclin de la marine militaire ne fit
que s'accroître sous Henri III, malgré les efforts de ce pnnce
ponr U reïever. En 1594, le nombre des galères était si réduit,
que les condamnations aux galères ne pouvaient être exêcutée-s
et que cette ]}eine dut être conunuèe en celle du liannissemcut*.
Le roi se préoccupait dès lors d'équiper, de réparer celles qui lui
restaient et d'en faire construii'e de nouvelles. Au commencement
de 1595, U faisait demander pour leur entretien 150,000 écus
aux États de Languedoc et la même somme aux Etats de Pro-
vence^. A la an de cette année, il chargeait son ambassadeur h
Constanlinople, M. de Brèves, d'en obtenir du sultan dix ou
douze avec leur chiounne, en attendant celles qu'il se proposait
de faire construire et armer sous peu*. Le duc dç Retz, général
des galères, reçut des pouvoirs pour recruter des forçats. Le roi
demanda à l'assemblée des notables d'assigner un fttnds sj)écial
pour l'entretien des galères qu'il voulait avoir à Marseille*. Le
4 février 1597, il annonce l'intention d'affecter une partie des
receltes du budget de cotto année à l'enlpeticn <le douze galères
au moins '^, 11 se mit en effet de suite à en faire construire, comme
on rapprend par une lettre du 8 juillet 1597'. En 1600, à la
suite d'une inspection de nos ports et de notre flotte, celle-ci fut
réparée'', quelques galères furent mises à flot *. Il projetait d'en
construire et d'en armer vingt pour le printemps de l'année sui-
vante, et pour se procurer des chiourraes il songeait à acheter en
Orient des esclaves, mais il craignait d'iudîsposer le Grand-Sei-
gneur et oi>d[>nnait k son ambassadeur de le sonder à ce sujet'".
Mais il fut obligé de rabattre de ce projet, son ambition se rédui-
1. RelAziooe ili AlviM CuaUrini, ilaoft ImRelaiionidegli ambasdafori vtneti
d'Alberi, série I, IV, 235. -
3. L«llre de Henri IV aa partement de Normandie, 29 Jaur. 1594. Lettres
Mia., IV, 93.
3. CoDimiuioQ aa a' du Uais«e, Vt janrier 1596. Arcli. naU AiréU du Coasei)
des (maocci à la date.
4. Lettre A U. Je Brère*, U décembre 1595. Lettres miu., IV, 475, 600.
5. Lettre do 23 jan». 1587. laid., 675.
6. tbid., 635.
7. Ibtd., 805.
8. Forbonaais, 1, 39.
9. Lettre de M. de Brères, 10 joillel 1600. Lettres miss., V, 247.
10. Lettre & M. de BrtreA, 31 oct. tCOO. lettres miss, toc. cit., 334. Ce pro-
jet M réallu au moins daiu une e«rldine mesure : il y iTail en 1607 deft Tures
ftur lea galères du roi. Ambassades de La Boderie, II, 3ûO-
30
C. FAC?tlBZ.
sil à en faire construire de vingt h trente en tout, dont dix en
1601. Au commencement de cette année, il y en arait cinq d'ar-
mées à Marseille et une en état d'être mise à la mer. Quant aux
quatre autres, elles devaient êtres fournies toutes prêtes, sauf la
chiourrae, pour 40,000 ducats, par un Génois, Francesco Lom-
meleni ^
Henri IV nourrissait le projet de porter la puissance maritima
de la Franco h un point qu'elle n'avait jamais atteint sous ses
prédécesseurs. 11 avait traité dans cette vue avec plusieurs arma*
leurs, il avait pris à son service Sinioo Dansa et ses vaisseaux,
il devait enrôler d'auti'es capitaines hollandais et danois. La
mort vint interrompre Texêcution de son dessein. H laissait la
marine de guerre moins puissante qu'elle n'avait été sous
Charles IX. Cette marine se composait de quatorze galères, qui
n'appartenaient pas k l'Etat, mais étaient louées h des particu-
liers moyennant 9,500 écus par an. Elles restaient armées huit
mois, le reste du temps le roi ne payait que l'entretien des galé-
riens, l'équipage s'en allait, mais il devait se tenir à la disposition
du roi. Un peu plus grandes que le.s galères vénitiennes, elles
avaient vingt-huit bancs de rameurs et n'allaient pas vite h la
rame, mais mieux à la voile. Elles quittaient rarement le port,
de sorte que l'équipage était peu expériincntô. La flotte station-
nait tout entière dans la Méditerranée; pour la défense des côtes
de l'Océan, on comptait sur les vaisseaux que le Danemark et
d'autres puissances maritimes fourniraient en cas de besoin'. Il
ne faut pas s'étonner que cette flotte, si peu nombreuse et si mal
montée, n'appartînt même pas au roi. La marine anglaise, beau-
coup plus considérable que la nôtre, se composait aussi en partie
de vaisseaux armés et équipés par des particuliers.
Si nous nous sommes étendu sur l'insuflisance de la marine de
guerre sous Henri IV, c'est uniquement parce qu'il en résultait
pour notre commerce un manque presque absolu de sécurité.
En eflet, notre pavillon protégeait très imparfaitement notre
marine marchande même contre des puissances secondaires.
1. Déi>Achc de Winwood à Cedll, ^4 jonr. tSOl. I, 3^0. Lettres et ambassades
de Fresnes Canage, 1, 171, 188. « J'ay lelU^e du »' Louiellloo dt Geoives,
teqacl m'iMeure qae clnns Pasqui;» [irockain»» nous auruns douze baonoft
galères preste» cl équipée» à Marseille, v L«Uro de Freane Canaye à M. de
Brèves, 24 mai 1603. I, l* partir, p. 199.
?. ReUlioii de Gussoai et Nanl, IGIO. Barozzl et Berchet, I, 45S,
Ls oomncc de u nu^cs sous nictHi ir-
ai
Bsi les Taisseaox firançais qui se rendaient do Marseille cii
Italie sairaient. pour ériter les pirates barbaresques, un« roate
qui les exposait aux exactiouâ du duc de Savoie. Après avoir
éxiib les îles d'Hjiàres, qui étaient uu nid de pirates ' , ils gagnaient
la haute mer, puis se rapprochaient de la côte vers Antihos et la
longeaient jusqu'à Gênes. Mats, lorsqu'ils passaient devant Vil-
lefranche. les croiaeurs du duc de Savoie los forçaient d y relâ-
cher poor payer une taxe de 2 pour 100 sur la valeur do leur
ca^aiaon. Si nous qualiâons cette taxe d*exactîoD, c'est qu'elle
était vexatolre et contraire à la liberté des mers, car elle reposait
d'ailleurs sur un titre sûr et plusieurs fois renouvelé : en efTet,
pour des raisons k nous inconnues, Charles Vil avait accorda
aux ducs de Savoie le droit, confirmé par Louis Xi et pur Ti-an-
çoisl*', de prendre 2 pour liX^surles marchandises passant dans
les eaux de Nice et de Villofranche'. Henri IV forçj* Charité-
Emmanuel à renoncer à cette taxe, mais, après la mort du roi,
le duc de Savoie la rétablit \
Henri pouvait atteindre le duc de Savoie et U le lui prouva
d'une façon éclatante, mais comment, sans une puissante marine,
protéger le pavillon français contre les pirateries des Barhares-
qoes? Les ordres du sultan n'étaient pas obéis par le vice-roi
d'Alger, parle bey do Tunis ui parle roi de Maroc». En i(>02,
le nombre des Français mis à la chaîne par les corsaires algé-
riens dépassait, disait-oo, 2,000 ou 3,000\ Le roi faisait des
exemples : la même année, U fit couler une galiote algérienne et
couper la tète au capitaine''. Mais ces actes isolés de répression
ne pouvaient couper court à un brigandage qu'on n'aurait pu
t. Beort IV «TÛt ea t'ioteotion de tc« coloniser et d'y établir des cbaoUcn
maritiinefl. Pliillppsoa, 2 Ablh., 378-379.
2. BlbL oat. M»», fr. 39U, fol. â9.
3. Letlro de Henri IV au duc de SaToio, f> joillel 1603. lettret nUss.f VI,
1U, et Picot, Bisi. rf«j P.taU-Ùénéraux, IV, I3S-136.
4. Ltttt» â H. de Brèves, H juillet 1597. Lettres miss., IV, SOS; V, 586. On
u «'élouiie pa& do l'impuissance du Diran A prol^y^cr notre coinmerM contre
ks corsaires algériens, tiuand oa soit que ta population tout entière de la
rigeue, depuis les reia juM|M'Jt la popuUrc, ne vivail qou di> la piralorle, et
qne vouloir lui fermer cette «narre do pmfits, c'était In réduire au dc^MSpoIr
e! h la révolte. Voy, II. D. de tiraminont. Relations entre la france tt In
Bègmee d'Alger au XVll* s. I" partie : Les deux cai««iu de Simon Dansa,
p. \\.
5. Lettres nUn., V, 607.
G. ibid^ CM.
32
G. FàGMEZ.
déraciner qu'en l'attaquant dans ses repaires avec des forces
navales supérifiures. Henri le reconnaissait lui-même et on trouve
un aveu implicite de son iuipuissauce dans un arrêt du Conseil
défendant aux vaisseaux qui ne sont pas assez forts pour se
défendre de longer les côtes qui reconnaissent rautorité du Grand-
Seigneur'. La vie lucrative et aventureuse du corsaire avait
séduit, on le sait, plus d'un clii'étien; ce qu'on sait moins, c'est
que los Barbaresques entretenaient des intelligences avec des
chrétiens et même avec des officiers du roi qui leur signalaient
les occasions favorables. Le capitaine Foucques, capitaine ordi-
naire de la marine royale du Ponant, en donne des preuves
curieuses dans un mémoire au roi publié en 1012. Ce mémoire *
articule des faits précis, cite des noms que l'auteur avait recueil-
lis pendant sa captivité et à la suite d'une enquête sur le littoral
de Provence et de Languedoc.
Le roi domanda au.ssi réparation au sultan itour la destruction
du bastion de France'. On appelait de ce nom un établissement
situé sur la côte, k la frontière de l'Algérie et de la Tunisie. Il
avait été fondé eu 1561 par deux marchands mai-seillais. Il se
C4)mposait de magasins, d'une chapelle, d'un cimetière, d'un
hôpital, d'une forteresse, et servait de comptoir pour la pêdie da
corail et le commerce des produits barbaresques*.
Les pirateries des Barbaresques s'expliquaient par leur orga-
nisnlion exclusivement conçue en vue de la course et parleur
fanatisme anti-chrétien. Il est triste d'avoir à ajouter que notre
marine marchande ne souflfrail guère moins des pirateries de
nations civilùsées et avec lesquelles nous étions eu paix. C'est de
l'A[igleterre que nous avions le plus à nous plaindre sous ce rap-
port. Nos débats avec elle à ce sujet se compliquaient d'autres
questions d'intérêt et d'aïuour-propre. Nous avons parlé ailleurs
t. 17 JDilIel tG03. A^rcb. nat. Collcrtion deg arr^l» du conseil des iiaaaccs à
la (lat«. Le» équipat^es devaient aroir un lonaagc ilc 70W quintnux et un équi-
page 8uin»ant pour se (Kifendre. Sur les piraleries Am Itarbâr>ef>r|ues, Toïr
encore AeHrea miss., V, 547-548. S82-683, 703: VU, 441-4^2 et poisim.
2. Il a ét6 reimprimé dans le» Arch, ctir. de Cimber et Uanjou, 1" ftërie,
XV.
3. Lettre à U. de Brères, 19 Juillet 1004. VI, 688.
4. Oh eu trouve la de&cripliou dans le rliap. IV de ÏBiitoire de la Barbarie
du P. Dan, éd. tbl8. Un 1606, M. de Brèves, voyageant en Algérie sans
carnclère officiel, négociait avec le dey dans l'IntérCt du comiacrce frani^i:^
et ponr obteoir la reconslruclion du liasUuu. Lettra tniu., VU, 30.
LE coyvncs vt u rii'fCE sors bs\bi nr.
33
de la aéréritê dépldvèe par les autorités françaises contre les draps
de mauTatse fabricatiou que TADgleterre importait chez nous,
des impôts nouveaux dont seplaiguaieutles atmiua^ants anglais
établis en France. A ces griefs il fout ajouter la lenteur avec
teqneUe Henri IV rpxnlkiursait k Elisabeth les sommes que la
mue loi avait prêtées dans les mauTais jours, le roècontentemeot
causé ^ celle-ci par la paix de Yervins, ses prétentions sur
Calais. Ses ressentiments r«npêchèrent peut-être de réprimer
aussi efficacement qu'elle aurait pu les actes de piraterie de ses
sujets; elle ne pouvait cependant éluder constamment les in»-
taooes du roi. En 1598. l'équipage du navire la Diana, de
Londres, fut poursuivi ]>our avoir pris des marchandises sur un
bateau français*. Elisabeth eût été d'ailleurs mieux disposée
envers la France qu'elle n'aurait pas eu le pouvoir de supprimer
complètement des liabitudcs de piraterie très fructueuses pour les
partieuliers et qui s'autorisaient de l'honneur et de l'intérêt
oatiODa]. Le grand-amiral, les premiers personnages de l'Angle-
terre, la reine elle-même étaient intéressés dans les prises mari-
times*. Le grand-amiral trafiquait ouvertement de passe-ports
que les étrangers aciietaient pour se mettre à l'abri des corsaires
anglais'. 11 poursuivait rigooreusemeut ceux contre lesquels nos
commerçants portaient plainte, mais uniquement dans le but de
s'approprier leurs biens par voie de confiscation, et il r^usait de
les faire servir à indemniser les victimes *.
Le gouvernement anglais, de son côté, prétendait que la ma-
rine anglaise souffrait aussi de nos corsaires, qu'il y avait des
Français sur les vaisseaux fiamands armés en course à Dun-
kerque*. Le grand-amiral, lord Howard, écrivait le 7 octobre
I. Ca/tfndars of state papen. p. 45.
r lattnê nlu., V, 166.
3. Prevost-PârAtlal. Elisabeth H Henri ÎV, p. 90, d'iftfèa lejonrnil dHuranll
de MaiSM. Vo). auiiïi lettres tniu., l\, \.
i. UlLre de U Bod«rlc A Villeroy, 23 sept. IGOG. Lettre de U Bodcrie A
PuUieux. 22 oct. (606. lettre de PuiMeux i La Bodrrie, 3 nof. IGOG. Ambas-
iaée$ de M. de La Boderie en AngltUrre. 5 thI. ta-1'2, 1750, tax dates indi-
qnéea.
$. D«|i«die d'Henri Nevîlle A CmjII, 18 d^. 1^90, p. 141. Rien d'impr>Mtble
A cela: en IG07, les anualeura dcDunkcrque chercberoat i atlirrr dr* pilril<>s
et «ks mateloU par de grands aTaiitage», el Henri IV uni obligé de défendre
•ax pilote^ et aux oiariBs de son ruvauine de paner au tert-ire il'on prinm
étranger. Lettre de PuUieui A La Boderie, 13 mtn 1607- Amtrastades dr La
Moderie, D, A la date.
RbV. HlSTOB. KVI. !"' FA8C. i
Si
4i. KAI.MKX.
i694 & Thomas Edraonds, l'ambassadeur d'Angleterre, que la
France avait donné aux Anglais des sujets de prief bien plus
lôgitiim's qu'elle n'en avait «Ufi-mêine, que les prises faites par
les Français s'élevaient dans les huit dernières années à
400,000 livres^. Eu 1599, Neville réclame satisfaction pour la
prise d'un vaisseau anglais par les Marseillais '.
Le 8 février da la mênie année, la reine pul)lia une proclama-
tion défendant aux capitaines qui avaient obtenu des lettres de
marque contre l'Espagne de porter préjudice aux vaisseaux de
PVance, d'Ecosse et des autivs pays en paix avec TAngleterpe.
Le 3 janvier précédent» elle avait nommé une commission pour
examiner les réclamations de la France*. De son côté le roi créa
le 19 juillet de la même année une commission française pour
connaître des actes de piraterie commis au préjudice des Anglais,
et instruire de ceux donlles Français seraient victimes. Les juge-
ments de cette commission devaient être sans appel *, A la fin de
1601 fut constituée une conimisi>ion internationale pour régler la
rû|)aration des actes de piraterie et établir entre les deux États
la liberté du commerce et de la navigation. Composée du comte
de Nottiiigham, de Robert Cecill, de John Fortescue. de John
Popham, du John Herbert, de Jules-Cesar-Thomas Parry, de
Daniel Dun, de Thomas Edmonds pour l'Angleterre, et pour la
France de Jean de Thumery, sire de Boissise, et de Christophe
de Harlay, comte de fieaumont, elle siégea sans préjudice des
deux premières. Leur but était différent. La commission inter-
nationale avait à régler les rapports futurs de la France et de
l'Angleterre; les deux autres connaissaient des prises dont les
intéressés avaient à se; plaindre. I^s membres de la commission
internationalesemirentd'accordconditionneUement sur les pointa
suivants :
1. Les deux souverains garantissent respectivement h leurs
sujets la liberté du commerce.
2. L'armateur, le capitaine ou l'écrivain fournira à ramirauté
deux cautions qui pourront être poursuivies lorsque le vaisseau
aura été employé à la pii*aterie.
1. Th. Blrcti, op. lavd., i>. ti.
?. Wintvvod's Memoriah, p. 114.
3. Rpntr's Fœdeta, éd. orig., XVI, 3M, 368. Dépêche de NcTlIIe A Ccdll,
tS raal 1599.
4. lunibcrt, XV, 324. Winmod's Memoriats, 125, \78, 141.
LB GowHCBCK D8 u riA^E sors hbxhi it.
ss
5. Des lettres de représailles pourront être accordées lorsqu'il
n'aura pas été fait droit dans les trois mois à la réclamation du
souverain ou de l'ambassiadeur.
6. Les vaisseaux d'un État ne pourront pas saisir et arrêter
les vaisseaux de l'autre, lorsque ceux-ci ont arboré leur pavillon ;
mais le transport d'armes dans un pays en guerre avec l'une des
puissances contractantes est défendu . comme il est iléfendu d'abu-
ser en général de la liberté du commerce au détriment de l'une de
ces puissances.
7. Défense do saisir à l'avenir les vaisseaux de l'un des sou-
verains ou de ses sujets, lorsqu'ils sont dans les ports de l'autre,
ou leur cargaison, et de forcer l'équipage à vendre cell&ci,
sinon à un prix équitable. Toutefois, chacun des souverains
pourra, en cas de nécessité et moyennant une juste indemnité,
s'approprier les vaisseaux des sujets de l'autre, ainsi que leur
cargaison *.
8. Les sujets de l'une des puissances contractantes qui tueront
ou vendront comme esclaves les sujets de l'autre seront passibles
des peines les plus rigoureuses.
9. Les lettres de marque concédées seront révoquées. Les par-
ties qui les oat obtenues se pourvoiront devant les commissaires
nommés par les deux parties contractantes. Si elles n'obtiennent
pas justice dans les trois mois, elles pourront se faire délivrer de
Dourelles lettres de marque. Ces lettres ne seront expédiées h
l'avenir que sous le grand sceau.
10. Les navires mis en mer par Tordre du souverain, ceux qui
ont été appliqués au service de l'Etal et qui sont immatriculés,
sont considérés comme navires de l'Etat, qui est responsable des
dommages causés par eux.
1 1 . La vente et le recel des prises faites sur mer seront défen-
dus, à moins (|u'ils n'aient lieu en vertu d'une sentence de l'ami-
rauté. 11 .sera également défendu de donner asile et assistance aux
pirates; un devra au contraire les arrêter et les feire passer en
justice •.
Ce projet de traité, rédigé en latin, est intitulé : Propositio-
\. Ot arUcle dérvDd seulcinenl l'nbus d'uoc pratique consacrée par le droH
latcmAtÛMiiil 4-t dont il e«t question dans ](■ Guidon de la mer aou» Ni tiom
dorr/ï tte prijw*. PardeMus, Hecueit des lois inar*(imo, 11, 4U7. On en trou-
vera \>\a* Inin un exempte, p. 37.
'i. Uï/ittood'j Jitem., 1,392-394.
36
G. VAiinitZ.
nés ultinw loeo inter dominos commissarios hinc inde agi-
talae. Le mot agitatae indique (jue ces articles donnaient encore
lieu à discussion. En effet, l'accoitl des commissaires des deux
nations sur ces articles était subordonné à l'acoeplatiou d'autres
points sur lesquels, après une discussion de plusieurs mois, l'en-
tente ne s'était pas encore faite*. Les commissaires convinrent de
suspendre leurs conférences pour attendre les instructions de
leurs souverains sur ces points litigieux, et eu 1602 ils dressèrent
acte de cette résolution. ^
Cette négociation fut stérile et, si nous avons cru devoir faire
connaîti-e les points arrêtés conditiounellement entre les négocia-
teurs, c'est qu'ils donnent l'idée du droit maritime de cette
époque. L'un des deux commissaires français, M. de lioissise,
reçut l'ordre (1602) de quitter sans éclat la conférence pour reve-
nir en France '. Elisabeth , qui n'avait renoncé qu'avec peine au
droit de visita^, élevait de nouveau la prétention de l'exercer sur
les vaisseaux français, pour s'assurer qu'ils ne transjjorlaient pas
d'armes. Elle prétendait en outre s'approprier les vaisseaux et les
marchandises qui étaient dans les ports anglais en en payant la
valeur : droit qui est rec4>nuu aux deux souverains par le projet
de traité, mais contre lequel Henri IV protestait dans une lettre
aux commissaires français *.
Comme on le pense bien, Henri IV ne se bornait pas à récla-
mer justice pour ses sujets ; quand il n'avait pu triompher de la
force d'inertie, de la mauvaise volonté des gouvernements étran-
gers, il usait des moyens que le droit des gens alors en vigueur
mettait k sa disposition. Au mois de juin IfiOl, il réunit un con-
seil extraordinaire pour délibérer sur les moyens de tirer raison
des jjréjudices causés à notre conmierce maritime par les Espa-
gnols, les Flamands et les Anglais^. Ku 1602 ilautorise les habi-
tants rie Marseille à saisir les marchandises et les navires des
Anglais qui se trouvent en Provence '. Un arrêt du conseil du
1. I ... in qQÏbufi [diOlcullatibue] eo nsque proc«e6um c«t ut de quiliusitam
iii(4>r n(>!t i-imv<^ii«rit, itumiuiMlu de relitfuia quaque conTeoiret, quod hactenua
nullo mmlo lirri [MiliiiU a Ibid., p. 3U4.
2. i^lrts miit.. V, 752.
3. Th. Birrb, Op. timd.
h. t; mars 1C02. Ultres miss., \, 752.
5. Gnmiarl, Vo^atjei en cour, âS6-S87.
6. UUres iniss., V, 62'J.
Lt COMIIEHCB DB Là FH11CI SOCS IICNRI IT.
37
13 juillet 1604 accorde h un marchand rouennais des lettres do
représailles contre les sujets de larchiduc'. Le roi d'Kspagiiti
avant décidé que tous les vaisseaux français* [>orttiurs de mar-
chandises des Indes occidentales qui n'avaient pas tHè achetées
en Espagne ou en Portugal, seraient consiiièrês aimme de bonne
prise, Henri IV fit réunir à Rouen en 1607, sous la présidence
de l'amiral de France, une assemblée solennelle, composée doe
officiers des 27 sièges d'amirauté de Normandie et di'.s principaux
capitaines du temps, qui déclara que nous traiterions de mémo
les vaisseaux espagnols trouvés au-nielà de la ligne. Le lieute-
nant général de l'amirauté de Rouen procéda en même temps au
recensement des navires étrangers amarrés dans les ports do
Rouen, de Houfleur, du Havre et de Dieppt», en vue d'en faire
rarrét et de les armer eu course. Ces menaces de représailles
firent respecter notre marine marcliande, au moins pendant un
temps, par la marine espagnole".
Du reste, le roi ne recourait ^ la course qu'à la dernière extré-
mité. Les Hollandais ayant pris un navire de Calais, le Saint~
Gporges, l'échevinage et les marchands de cette vilh' obtinrent du
Conseil des lettres de marque et de représailles. Avant de faire
expédier ces lettres aux impétrants, Henri ordonna à son ambas-
sadeur, BuTanval, d'insister de nouveau auprès des Ktats-Oéné-
raux pour obtenir restitution du navire et de sa cai^aison*. Le
24 septembre de la même année, il écrivait k Aerssens, résident
des Provinces-Unies, pour solliciter son intervention en faveur
de ses sujets lésés par les Hollandais , avant d'accorder aux vic-
times des lettres de représailles'.
La mort d'Elisabeth, l'avènement de Jacques P'' (1603)* per-
mettaient de reprendre avec plus de chance de succès les négo-
ciations interrompues en 1602. Le nouveau roi, esprit étroit,
passionné pour la théologie, était animé de dispositions pacifiques.
Dans une lettre à M. de Brèves du 22 juin 1003, HenrilVexpri-
mait l'espoir que l'avènement du premier des Stuarts mettrait un
terme aux pirateries des Anglais. Il n'en donnait pas moins
Tordre aux négociants marseillais et bretons d'armer des vais-
1. Arcb. sat. CollecUou de* «itAU du cnnscit des liiunrcf., A U dalc.
î. Th U FèTrf, Op. laud.. 9f»-t(ir», 182.
3. Lettre lillt-nri IV h M. de BuzaoTal, 17 juillcl 1606. Utlres mut,, VI,
631-63S.
«. /Nrf., Vil, 3.
38
G. FAG?il£Z.
senux pcuir la course '. Ce sujet n'était pas oublié dans les ins-
tructions dfi Suîlj', envoyé en ambassade pour féliciter ïe succes-
seur iVKlisabelh. Les pirateries des Anglais avaient coûté au
commerce fi'ançais plus d'un miUion d'écus d'or'. Jacques l*""
n'essaya pas de nier les faits et il en rendit responsable le grand-
amiral : « Lorsque je lui parlai de piraterie, écrit Sully, il se
fàclïa contrtî l'amiral et ceux de son conseil qui vouloient soutenir
ce qui s'y tait*. » Le traité du 24 février IGOC fut le fi-uit de ces
dispositions plus couciliantes. Nous n'avons à signaler ici que
oaUes de ses clauses qui avaient pour but de donner plus de sécu-
rité au commerce maritime de la France. L'exécution des lettres
de marque eulre Français et ^Vnglais était suspendue en attendant
leurexainen par le O^nseil dos deux souverains; U ne pouvait en
êtrv délivré k l'avenir que sous le grand sceau et après avis
donné à l'ambassadeur de l'État contre les sujets duquel elles
étaient diMiiandéf^. L'art. 7 créait en principe des commissions
inlonintionalt^ et spéciales, composées de quatre ccHnmerçants,
deux Français et doux Anglais» qui, sous le titre de conscrva-
ttut$ iiu comtnêfce, devaient être nommés tous les ans à Rouen,
à Gaen, à Bordeaux, h Londres et dans d'autres villes anglaises
ptHir Êiîn£> droit aux plaintes des coBnnerçants*. Chose êtniiga,
les plainte» pour pirateries n'étaient pas poriêes devant oe& onm-
misons, le tmîtè ne leur en araDt pas attriboé expressênvnt la
c^ninjktssnnotf» c'était il ramirautè que nos ocMBBurçants étaient,
€omaM« par k) passe, oblig«s de 'deokaiMkr justice des pirateries
dont ils avatMit été victimes. Notre ainli«Fisa<inwr en ABgleterre,
Ltil^vTv de La Hoderie, rv^rettait cette oniasioa Cl unAa peiH-
cbnt un temps ûiire àUkrer aux commi8skm& intematiooaks les
nhxmrs de nos marchands contre bs pintes Mlglais^ mais il dut
». Utm 4r SmH; m n*,. C >tMH t«QX nu^ VI. i».
V « Vnt «MfW r«» * «Ml» éum MB tnM ntti^Ê^m à» >
l'Mtn MJtM^ ^ Mièt «« énÊt Mat |M^iM nHiii iiieïni, ftnt fw
M» iCMINk '«"■t «et M* iHai^ ^ éièk «ft 4» «M |Mn MaflMT «Mt Mt Mr
t» «fM I» Ww ff* «I ynpimà^ «1 »f«e ««M» «BMoèi^ |i Mmi li |r paanal
^tifàm fu <àf**iÊà liwMi iinnniaieik m wê^ fa« •» ^ •«« ^ «ri.
L8 COVMBBCg DB U
SOCS UE1RI IV.
3»
bientôt renoncer à cet espoir et s'ostimcr liourcux d'obtenir que
le grand-amiral o'exei'çât son droit de confiscation sur le-s biens
dos piratée qu'après que leurs victimes auraient été indemnisées
de leurs |>ertes. Le gouvernement 'anglais mit du reste un grand
empressement à donner au trailé'toute la validité dont il pouvait
avoir besoin et manifesta une grande impatience k voir le gou-
vernement français en Caire autant. Bien que colui-ci fut plus
intéressé encore que le premier à ce que le traité fût mis promp-
tenient eu vigueur, il ne paraît pas s'être montré très soucieux
défaire jouir ses nationaux des avantages que ses stipulations
leur assuraient. £n 1608, deux ans après la conclusion du traité»
les conservateurs du commerce n'avaient pas encore étonommés'.
U u améliora en aucune façon la situation de nos commerçants
en Angleterre, et dès l'année de sa conclusion, i>eu de lemi)s
après sa ratification', l'ambassadeur de France était encore
obligé de demander justice pour nos compatriotes^. Notre marine
marchande ne fut pas mieux respectée que dans le passé par les
oorsaires anglais ' ; on ne donnerait même pas une idée complà-
tement exacte de la piraterie anglaise, si Ton n'ajoutait que tous
les vaisseaux anglais étaient susceptibles de devenir, à l'occasion,
autant de corsaires. Aucun scrupule, aucun intérêt politique
u'èCaiejit capables d'arrêter l'élau d'une nation qutasptrail h faire
de l'Océan son domaine exclusif, qui intéressait h cette entreprise
toutes les classe» de la société et qui y mettait une ardeur où
entrait autant de patriotisme que de calcul.
Le lecteur qui a eu la patience de nous suivre jusqu'ici aura
été frappé du caractère négatif de ce que nous avons dit du com-
merce de transports maritimes de la France. Nous avons dit que
la France ne prenait rang, sous ce rapport, qu'âpres la Hollande,
r.\ngleterre et l'E^gne, nous avons indiqué les causes de cette
nifnl r^fui-er, mais qui tin tût tourii^ quclapif! tnùt (taoft le traita, c'eût éic
nou» ôter t»e«acou(i <1« peiue. ■ L«Ure de L» Dodefic à Vtlleroy, 29 sept. 1G06,
I, A U <lat«.
I. « Uft me pressent de nommer ici des oonserrileun de commerce, ne plus
ne moins qu'ils «i veulent, etc., etc. ■
?. Il arsit rero u An^lfli-rrf anlérienremml an 29 septembre 1606 tnu(« la
Talidilc posfible. (lArlIrc dr \jt IWitorie h Villrroy, A celte ddlc.] En Franco
il avait ofilenu la nlifii'nlîun royaln le 2l'i niai de la m^ie aon^e.
3. Lettre de La Boderic a PutMeux. *21 novembre IC06.
i. Il »uAirait |N>ur A'cn convaincre de viiir k» nouvirlli*» rrclamulimis adres-
sées par Deari IV en 1607 au (ipurcrncmeal anglais, leitie* miu., VII, 446.
40
G. rAf.niEz.
inft'pioritfi, les efforts de Henri IV pour y remédier. On sait ce qui
maQqiiait à notre niarine marchande poar rivaliser avec oeUes
que nous venons d'éminiorer, on sait ce qu'elle n'était |ias, il
nous reste maintenant à dire ce qu'elle était et pourquoi elle mé-
ritait de faire l'objet d'un chapitre à part dans un travail sur le
commerce extérieur de la France.
Notre pays avait été longtemps l'intermédiaire obligé, il était
resté l'interméfliaire le plus habituel des relations commerciates
de rOccidenl et du Levant. Pendant longtemps le coimnerce de
l'Europe avec le Levant ne s'était fait que sous la protection et
sous le nom de la France. La France était le premier pays chré-
tien qui fût entré en rapport avec le monde musulman autrement
que pour le combattre. Ce rapprochement avait été amené par la
ntîo^sité où s'était trouvé François I" de se chercher partout dea
alliés contre Charles-Quint. 11 avait valu è la France le privilège
défaire le commerce dans les états du sultan, privilège qu'elle
ne partageait qu'avec les Vénitiens avec cette dilTéreiiue que
ceux-ci étaient traités en tributaires. Il datait du traité signé
entre François I*' et Soliman au mois de février 15.'Î6 (n. s.)'. Ce
traité, qui fut la base de toutes les capitulations postérieures, ne
plaçait pas, il est vrai, expressément les autres nations (.euro-
péennes sous la protection delà France, mais, comme le droit de
commercer dans les états du sultan et d'y avoir des consuls était
réservé exclusivement à la France, les autres puissances ne
purent participer à ci» dnùt qu'en prenant le pavillon français,
en se mettant sous la protection de notre pays.
Les Anglais ne tardèrent pas à s'aâranchir de cette tutelle. En
1579, an marchand anglais, William Harburn ou Uarborn,
envoyé en Turquie par Elisabeth, obtint d'.Vmuratfa 111 pour ses
compatriotes la liberté de commercer directement avec la Tur-
quie'. En 158i , la reine créa la compagnie privilégiée du Levant
en tstveur des quatre marchands qui avaient noué les premières
relations commerciales avec la Turquie et des huit associés qui
devaient se joindre à eux. La rvMne aoconUit k la société un mo-
nopole de sept ans, mais avec faculté àà la lai retirer en la pré-
Ttoant un an d'avance*. L'ambusadour «ngUis. Uar«born.
i
I. V*jr. Charria, It^foeimltênt ftn te tf*»» H I* !««•(, I, m.
t, lUcpber*<Ki. iHMb «^eMMmr. 4 vvt. 'm4\ tSK. \'oj. 11. 16^
X timâ , 161>-169.
tE OOMITERCE OB U rRA^CE SnvS HBmil Vt.
Hh
avait reça pouvoir de la reine d'établir des consuls dans los ports
el de taire des règlements pour le commerce anglais en Turquie.
H créa des comptoirs dans ce pays malgré roppositiun de la
France et de Venise'. En 1600, la compagnie du Levant poss^
dait quatorze navires dont le tonnage s'éleYait à â,7i>0 tunneaux
et qui occupaient 603 hommes. Cela ne suffisait pas aux besoins
de son oommerc** en Orient ; elle en fréta cfitle année treize de
plus pour le commerce avec la Turquie et Venise'. Nou contente
d*aToir conquis le droit d'arborer son pavillon dans les mers du
Levant, l'Angleterre cherchait à supplanter la France dans le
dnjil de prutection que celle-ci exerçait sur la plupart des ma-
rines européennes' el à ruiner par la piraterie le commerce fran-
çais du Levant.
Le roi s'efforça sans grand espoir et sans succès de faire
replacer les Anglais sous sa dèi>endatice*, en môme temps qu'il
oégociait le reDouvellement des capitulations^. A sa mort, l'An-
gleterre conservait la grande situation commerciale qu'elle
s'était rapidement acquise en Orient. Tributaire avant 1579 du
oommeroe marseillais qui lui apportait les épiceries et les autres
denrées du levant, ainsi que celles de l'extrême Orient (Alep
était le principal entrepôt de ce^ dernières), elle avait en 1610 des
relations directes, politiques et commerciales, avec les Etats du
Grand-Seigneur, un ambassadeur h la Porte, des consuls dans les
écbelleB du levant, et le commerce de transtx)rt que les arma-
teurs marseillais faisaient pour l'Europe se trouvait appauvri
d'autant*.
1. nu., tTO, 171. Oftt donc i tort qiie M. Th. Uvallée. dan» an Iruvail
(■r les relalions dn U France et di> (a Purlr <vtt«msne [Hevue indépendante,
lonM X et Xt), afljrtnf; «p»; l'Aiiglfterru obliiil Id liberté de naviguer et de
Cia>nttH>rci>r m}u& son propre pavillon deui .ins après le reaonvellrment de la
capiloUlioD aver U France, cVat-à-ilire en Iô86. Si lc« fait» que nous aroos
li^ftaléa ne iimuvairot ■!» ration doni ment <)ue les Anglais r(ini|uirrot leur indé-
ptndaiice i cet e^ard draiil rt{K>que indiquée par M. I^vall^n, on jMiurrait
citer ce pauâRe Hûa inâtruclions remises le 23 ^plembre t.V8.i h Jacque» de
LAncn«tne, »' de Brèves, jimbuMadeur a ConulanUnople : < ... depuis peu de
iMnpfi que S. If. a entemlu avoir esté tniM su» une bannière oiigbise à la
poor»uUe de la n>yoe d'Anglelfirrc. v Cliorrière, IV, \Ti, n. 1.
1 Calendart of tiate pap^n, I, 516.
3. Lettres MiM., IV, 860, «79.
4. /ftKf.. IV, WH. 761. 962; V, 247.
5. Ibtd., IV, -252, 8S9, 890; V, 30C.
6. Siontdtreatiea, p. 134-135.
43
('.. Tkr,M¥J..
Eu revanche, la France avait maintenu sa prééminence sur
les autres puissances'. Les efforts du roi catholique pour accrè-
diter un ambassadeur auprès de la Porte avaient échoué*, les
atteintes portées au privilège de pavillon de la France avaient été
réparées ' el notre ambassadeur, Savai^ de Hrèves, avait fait mo-
difier les anciennes capitulations dans un sens favorable à la
France. Le traité ou capitulation du 20 mai 1604 entre Henri IV
et le sultan Achmet soumet toutes les nations qui commercent
par mer avec l'empire ottoman, k l'exception des Vénitiens et
des Anglais, k l'obligation de naviguer sous le parillou français.
Les Français obtiennent le droit d'exporter les marchandises dont
la sortie est prohibée ; cuirs, cordouans, cires, cotons en laine
el en fil, blés (art. 7 et 12). Kn leur faveur, le traité applique le
principe que le pavillon couvre la marchandise et déroge au prin-
cipe que le pavillon confisque la marchandise. En d'autres
termes, les vaisseaux français portant de la marchandise ennemie
ne semnt pas capturés pas i»lus que les Français et les marchan-
dises françaises sous pavillon ennemi (art. 9 et 10). L'art. 14 est
dirigé contre les pirateries des Barbaresques. L'art. 15 accorde à
nos nationaux le droit de [>ècher le corail et le poisson dans le
gïjlfe de Slora Courcouri, dépendant d'Alger, et sur toute la côte
barbaresque. Les contestations entre Français sont soumises à
la juridiction de leur ambassadeur et de leurs consuls (art. 18).
Les Français poursuivis en justice par les indigènes doivent être
assistés d'un intcri>rète (art. 34). Les biens des Français déccdès
seront délivrés h leur exécuteur testamentaire, et, s'ils meurent
iutestatâ, aux ambassadeur et consuls pour les faire parvenir h
leurs héritiers (art. 28). Les capitulations accordées aux Véni-
tiens sont applicables aux Français (art. 38)*.
1. JVofes sur quelque* articlet du traité de 1604, pu Svnry de BrecTes, et
«rt. iT, T, VI ilu mémo traité.
% IHtecvn fa» par le f de Brev«â du proei^ qui fut tenu lonqu'U remit
mire tes wtaitu du Aoy la prrsonne du due d'A^/ou.
S. Kb MOÎ la |m>tPtiioH dc»> Hullanilnis et des IrUoduft Inl «rail M enlorèe.
lettm mus., V, 647*âl$. Les ApgUi» avaient fait mellre sous leur paTillon le
roiniMcn*r Onmand.
4. Dumiint, Corps diptomatique, V, |iarl n. 3ÎK-1?. Cf. |miir les sTantagcs
»0UYf>aiii Altrltiu^» \ 1ji Franco |i«r rrtie r«)'tlulilioa, le» obserratioaA que
hd « cvQ»4cn''ci> Sjivar> de Bt^vm dans >oq Dttctmn sur t'atliance qu'a le
Jhiy avec t» Crawd Set^neur et de t'uiéléle qu'elle apparie à te Ckresttent^^
p. ?, el le traU« de 1&36.
LB COmSBCR DR U KU^^CF, SOOS HE!fBI Vf.
13
Bien que la France ne possédât plus h l'époque de Henri lY le
monopole absolu du commerce avec les États du Grand-Seigneur,
bien que U découverte du passage du cap de Bonne-Espérance
«ûl enlevé à notre marine marchande une partie du transit des
produits de l'extrême Orient, le port de Marseille n'en était pas
moins l'entrepôt le plus important des marchandises du Levant.
Il n'occupa pas toutefois ce rang pendant toute la durée du règne
de ce prince. La guerre civile et la peste (1580) l'en avaient fait
déchoir. En 1599, le commerce marseillais était presque entière-
ment ruiné. Ce fut pour le ranimer que le consul Honoré de
Mootolieu proposa à la raunicipalité, le 5 août île cette année, la
création d'une commission qui devint plus tar«J le bureau et enfin
U chambre de oonomerce '. Si l'on compare cette décadence à la
prospérité décrite par une relation vénitienne rédigée peu de
temps apràs la mort d'Henri lY, la relation de Gussoni et de
Nani, on voit que cette ville s'était entièrement relevée et qu'elle
était devenue la reine de la Méditerranée. Décrire le commerce do
Marseille, c'est faire connaître le mouvement presque entier du
trafic avec le Levant et eu même temps presque tout le commerce
de transport que la prépondérance des marines marcliandes de la
H(^nde, de l'Angleterre et de l'Espagne, avait laissé à notre
pays.
Le port de Marseille, à l'abri de tous les vents, assez vaste
pour recevoir toutes les flottes de l'Europe à la fois, contenait plus
de 300 vaisseaux. Son trafic avec le Levant en occupait plus de
soixante-dii. Ses vaisseaux transportaient dans le I^evant des
rèaux espagnols, du corail, des soieries et des draps. Cetrans|)ort
de numéraire s'élevait, d'après les ambassadeurs vénitiens, k
deux millions et demi d'écus d'or. Montchrestien , qui écrivait peu
de temps après, l'estime à plus de sejit millions d'écus, dont un
tiers en monnaie ù>auçaiâe et les deux tiers en espèces espagnoles*.
Ce nimiéraire ne payait pas de fret, mais le patron du vaisseau
avait mandat de l'employer en achat de soies grèges ou de
drogues, et, à son retour, il touchait cinq pour cent pour le fret
et la commission. Outre les drogues et les soies, les vaisseaux
marseillais rapportaient du Levant de la noix de galle, des épî-
t. Précis ée t'kiMl. de la diambre de commerce df Marseille, p. 1, en léLo
de i'Inv^ntaire des archica hut. dv ccltv tbainbre, par O. ïe^sicr. MirscUle,
IK7S, iD-4-.
î. P. 127.
u
G. FiflYIRZ.
ceries de tout genre, des filés, du coton, des toisons de moutons,
etc. Ce trafic était pour la plus grande partie un trafic de oooh
mission et de transport. Ces commissions venaient d'Espagne,
d'Italie, d'Amsterdam, de Hambourg, de tous les pays de l'Ocd-
dent. II se faisait aussi k Marseille des prêta à la grosse aventure
à dix-huit et dix-neuf pour cent remboursables» capital et intérêt,
deux mois après le retour*. I^ relation vénitienne nous fait oon-
naître le chemin que prenaient ces denrées du Levant une fois
arrivées à Marseille, Une grande quantité de cotons en laine et
en fi], de drogueries, de soie, était expédiée k Vincenzo Malvasio,
grand marchand en gros de produits levantins, établi à Finale,
près de Savone, qui les expédiait & son tour h Milan, à Pavie, k
Alexandrie, eu Piémont et en Lorabardie. Ces produits prejiaient
aussi le chemin de Gènes et de son territoire, où étaient importées
surtout beaucoup de soies legis, ardassines et buratines*. De
Qàies» une partie de ces marchandises était transportée en
barques & Livourne, daus le territoire lucquois, à Civita Yeo-
chia. d'où elles se répandaiejit dans toute la Toscane et k Rome,
n en entrait aussi une partie en Espagne par Barcelone et
Valence. La plus grande partie des soies grèges de tout genre,
ainsi qu'une partie des cotons en laine et en fil, était expédiée k
Lyon. Ces marchandises y acquittaient les droits de douane et se
plaçaient en France, b Anvers, dans la haute et la basse Alle-
magne'. De Marseille à Lyon elles ne payaient pas de droit de
douane et le prix du transport ne dépassait pas deux ou deux et
demi pour cent. Le moment où les ambassadeurs vénitiens se
trouvaient à Marseille était pour la ville, comme pour le oom-
meroe marseillais, un moment de renaissance et de pro^téritâ. H
y avait te! jour où l'on y vendait plus de 300 balles de soie. On
I. 81 diaao Altndi cki dtatri • riv^ {pmtr risdùor) a uve «lU auHuri
a mA altri corn 18 e 19 pcr ecoio, wlti di ogpi if«u, M k»aaù l^ifo « pagu
H cifiule e pra dofo ^wiU k Manki^îa due mÔL
t. Itam* Ar iirmem tÊpèt^t 4e Mies jirty» Tcsani éa Lpraat, 4é Vtne^
été laéw OQ d# U ChiM. Sftwy. Dict. 4» i— iw, ** S«é$,
1. cm* «auliM mm—Mut Utm r<* * <«*« ^jM m Hf Iwifl Db
MNimii CwMy* ^taà fl fwte m IfiOS i» U raae <■ mmÊÊttttm ik L^m
(1^ 1») rt u d«>pat# de <«tle vOte BU Etais <hi DMpkW fii. 4sn MH avul,
K'curiwft f« res tcnM» : ■ D^ loat» Im AarcfeMittnft ^ 4b Lennl
film è Kâncfllt «I 4e I* * I^ «al ^nMé Têmtitm |i] iji «I Amhi
4'aBlm raate* H» >M0m. H** p^**"^- Mab fiBS aÉret. a Dhwn. citi
fÊg Fartna«ati, I. 4t.
I
I
I
I
LR DlMHKar.E DB U KHi^CB SOVS BKVRI IV.
45
réparait les vieUles maboos, on en construisait de neuves, depuis
deux ans la population augmentait.
C'était surtout aux dépens de Venise que le commerce de
transit de Marseille se dévelojipait. Comme ou pense bien, ce qui
attire surtout l'attention des ambassadeurs vénitiens sur la pros-
périté commerciale do Marseille, c'est le tort qu'elle (ait à leur
patrie. Ils se demandent pourquoi le» marchandises du Levant
prennent le chemin de Marseille plutôt que celui de Venise. Ils
expliquent cette préférence par différentes causes : les vaisseaux
marseillais, moins grands et plus légers que les vénitiens, vont
plus vite et tes équipages, étant associésaux bénéfices de l'arma-
teur (navigando alla parte), déploient plus de zèle, et aussi plus
de courage quand ils sont attaqués par les pirates. L'infériorité
de Venise tient encore aux nonabrcuses faillites qui ont ébranlé le
crédit dans la république et aux pertes que la piraterie a fait
subir au commerce véniLien. Mais ces raisons ne sont que secon-
daires. En effet, les Mai'seillais sont plus encore que les Vénitiens
exposés aux pirates, car ils sont obligés de passer devant Alger
et Tunis. Pour protéger leur commerce contre les Barbaresques,
ils avaient même pris à leur solde SiiaoD Dansa, auquel ils don-
naient 7,000 êcus par an pour escorter leurs vaisseaux jusqu'au
daU de Malle, et, lorsque cet liabile marin avait été pris par les
corsaires de Tunis, ils avaient eugagé un autre capitaine aux
mêmes conditions. Ni la piraterie, ni l'ébranlement du crédit à
Venise, ni la différence des vaisseaux marseillais et vénitiens ne
suffisent à faire comprendre pourquoi le commerce entre le Levant
et l'Europe préférait la voie de Marseille. La vraie raison, c'était
réconomie que le commerce européen trouvait à se servir de la
mariiie marchande marseillaise. Les Lyon naiii, dont la ville était
le principal débouché ou le principal entrepôt des marchandises
du Levant, déclaraient qu'ils préféraient la voie de Marseille à
cdle de Veniae à cause des frais excessifs que coûtait le transport
sur les vaisseaux vénitiens. Les droits que les négociants lyon-
nais auraient eu à payer dans les échelles de Syrie, s'ils s'étaient
adressés à des nnnateui's vénitiens, notamment le divit de col-
tinxo , TobligatioD de n'acheter qu'aux maisons vénitiennes et
non aux indigènes, le taux exorbitant du fi^t et des assurances,
le cours peu élevé de l'or à Venise S c'étaient autant de raisons
). Diconu qnelli di Lioae, ctie da Doi troppo è granU U mercanzia, pcrctiè
ifi
a. FiC?(IEZ.
pour que la marine marchande vénîUeuDe ne pût soutenir la con-
currence de la marine marseillaise dans la Méditerranée. La
relation de Gussoiii et de Nani établit le total des fitùs que les
marchandises expédiées des échelles de Syrie à Lyon par Mar-
seille ont à supporter, afîn que la seigneurie puisse les compara*
aux frais du transport par Venistî et réduire ceux-ci sur le même
pied que ceux-là pour ramener à Venise le commerce de transit.
Les réaux espagnols, qui formaient l'article d'importation le plus
considérable dans les échelles du Levant, payaient en principe
aux Turcs dix pour cent d'entrée, mais en fait beaucoup
moins {ma non si pagano mai tutti a gran giunta). Le
fret pour l'aller et le retour coûtait cinq pour cent. Les Mar-
seillais et les étrangers ayant épousé une femme de Marseille
étaient exempts de droits d'entrée et de sortie dans ce port. Les
étrangers payaient seuls cinq pour cent sur les soies grèges et les
drogues, et un pour cent sur toutes les autres marchandises *. I^
taux des assurances pour l'alkr et le retour était de neuf pour
cent. A ces frais il faut ajouter un droit de deux écus par baUe
dont le produit était destiné à payer le capitaine qui escortait les
vaisseaux marseillais pour les protéger contre les lïarbaresques
et un droit de cinq écus par balle pour le transport de Marseille
à Lyon. C'était tout : ni droit de coWimo ni droit de quarantaine
pour le séjour au lazaret '.
Cette éimmération, il est vrai, n*est pas complète. La relation
Ténilienne oublie le droit de deux pour cent qui revenait k l'am-
bassadeur de France à Constantinople et le droit de deux pour
cent au profit des consulats du Syrie'.
C'est Henri IV qui créa le premier, à l'origine il n'était payé
que par les vaisseaux français. M. de Brèves obtint du sultan
que les vaisseaux étrangers naviguant sous pavillon français y
I
ia Soria, nllre irnello rhe pa^no ^ altrt, vi fiono le Rp«s<! di cottimo, li noil
iogorili, le sicurtâ a prezzo eccewsivo oil otire ili rin è necessario, ch«! qtielli
clic To^liûDo conn|irarc per Lionc romprino <la noj, Itanrto anco il dnnm) il«lio
moncEe valeitrlo da doÎ l'uro meno. Barozzi et Rrrcliel, Arrip 11, tome I, p. 49&.
l. cr. Ika droite perçuft A Marseille en l(î69 sur Us négociimU étr&n^erft.
Forbonnaifi, I, 430. Voir aussi I, 359.
1. Rarozzi et Dcrrhel, I,4ï>3-4y7.
3. Sur les droits de ran^ulal, vny. PouciueTille, Me'tn, hUt. el diplomatiçue
sur le commerce e( les clabliuemrni français au Levant (iepui$ l'an SOOdc J.-O.
j^sqH,'à ta fin du XVII* s. Mim. de l'Académie des iiucripUoiu, année 1833, X,
5G8 et sniv.
LB COXXESCB IIE U TBinCB SOCS US?!» IT.
47
seraîent égalemeot soumis, ce qui ât du tort h notre pavillon '.
Le roi demacida k son ambassadeur un état du produit de cette
taxe, qui provoquait les plaiutes des cuminerçaiitâ, et lui exprima
son éti:iniieinent de n'avoir pas été aviâê de la concesâiou du
sultan*. Sa suppression fut accordée aux réclamations de nos
Dêgociants, mais en 1600 Henri IV la rétablit*. En 1602, sur
les plaintes des habitants de Marseille, il en interdit la perception
à sou ambassadeur *, mais celui-ci eut le crédit de la faire encore
rétablir'.
On peut s'autoriser du témoignage d'observateurs aussi atten-
tif et aussi intelligents que les amt)assadeiirs vénitiens pour
affirmer qu'à la âa du règne d'Henri IV, la France, malgré la
ooacurrence de Venise et de l'Angleterre, faisait la plus grande
partie du commerce de transport entre l'Europe et le Levant.
Aclive et florissante dans la Méditerranée, sa marine marchande
était au contraire beaucoup distancée sur l'Océan par les marines
espagnole, anglaise et hollandaise, à tel point que le transport de
ceux de nos produits qui occupaient le premier rang dans notre
commerce d'exportation, du vin et du sel, par exemple, s'opérait
par les étrangers*.
Ce travail ne laisserait qu'une impression confuse si nous n'en
dégagions l'idée qu'un doit su faire du commerce extérieur de la
France envisagé sous ces trois formes : commerce d'exportation,
oonamerce d'importation, commerce de commission et de transport,
son importance relativement au commerce extérieur des autres
états de l'Ëarope, son état comparé avant et après Henri IV. On
peut affirmer, bien que nous n'ayons j>as de renseignements
statistiques c^ notre disposition, que la France importait plus
qu'elle n'exjK)rtait. Ses exportations consistaient surtout en pro-
duits naturels. Dans ses relations commerciales avec les autres
1. PooqDerilIe, MAn. hut. et déplomatigue lur le eommerre et les établiue-
«uui froHçan au LeranI depuis l'an 500 de J.-C. jusqu'à la fin du X Vtl* siècle.
tiém, de l'Académie des inscriptions, année t833, X, 56k.
t. UlUe 4 K. do Brères, 5 fôirier I59G. Lettres mto., V, 497.
3. Ibid., V, 308.
4. /Mi.. V, 561.
5. MoDtcbTFSticn, 128-129.
a, Poar le vin, toj. c« que dods tijoa* dit ptas bant , p. 2. Quant ka set,
Hoalrbrcâlloi dit (p. 72-73] <|ue son transport .trait lieu p»r biteaox flAmaniIs
et MUndoift et que ce Iraaaport rapportait aux Hulluiidais 00,000 ècu» de fret
P«r «■•
DÉMEMBREMENTS de la MOLDAVIE
La Roumanie a occupé, dans les derniers temps, d'une manièn
assez rejnarquablfi, l'attention de l'Eui*ope, el on ne peut nier
qu'an moins par sa posiliou géographique, elle ne joue un rôle
important dans l'Europe orientale. Placée entre l'Autriche et la
Russie, dominant d'une part le cours inférieur du Danube, de
l'autre étant înterposée entre les Slaves du Nord et ceux du Midi,
elle devieut forcément un objet de convoitise pour ces deux em-
pires limitrophes.
Jusque dans ces derniers temps, les pays qui ont par leur union
donné naissance âi l'état roumain étaient placés sous la suzerai-
I d'une troisième puissance, qui aujourd'hui tend k disparaître
la carte européenne, mais qui n'en a pas moins, jusqu'à ce
Dor, déterminé en grande p;irtie la politique de cette partie du
monde, et dont ta disparition ne laissera pas de produire une
profonde commotion dans l'équilibre de l'Euroi». Celte puissant»^
était la Turquie. Tant que les pays roumains furent attachés h
œl euipire, leur sort fut détenniué par les rapports politiques
I dans lesquels il se trouvait avec le i*este de l'Europe et surtout
■par oeux qui existaient avec la Russie et TÂutriche, ses puis-
ants et aiid>ititiux voisins. C'est de cette trinité politique que
endait le sort des Roumains. L'argile malléable des pays rou-
lîns, n'ayant par elle-même aucune force de résistance, prenait
la funuequBluiimprimaientles événements qui se succédaient dans
lâs trois empires arbitres de leurs destinées. Voilà pourquoi toutes
Pie» guerres qui éclatèrent entre ces trois rivaux eurent leur
contre-coup sur les pays roumains, contre-coup toujours fetal,
car il se traduisait éternellement en un accroissement de l'in-
flae&oe du vainqueur sur ces malheureux pays.
Ainsi la guerre entre l'Autriche et la Turquie, terminée par la
paix de-Passarowitz, 1718, arracha à la Valachic tout le terri-
Rbv. Ujstoh. XVI. \** pAiic. 4
xrtopoL.
tûire situé au-<lelà de TOlte, qui fut donné à rAutriclie oomme
prix de ses victoires, et le pays dut le bonheur de regagner son
intégrité à la guerre mallieureuse de l'Autriche contre U Tur-
quie, qui prit on par le traité de Belgrade, en 1739.
Va guerre de t71i, qui mit en péril non seulement l'armée
rusae, mais même la liberté du czar Pierre le Grand, près du
Pruth, ne tourna pas tant au désavantage des Russes (qui ne per-
dirent par le traité signé à Housche que la ville d'.^zow et le
droit d'avoir uu ambassadeur k Coustantiaople) qu'à celui des
Roumains.
Les Turcs, en effet, voyant que les princes roumains Démètre
Cantémir et Constantin Brancovane avaient trahi leurs intérêts
et s'étaient alliés aux Russes, érigèrent en système l'abus qu'ils
avaient pratiqué pluiiieurs fois jusqu'alors, d'envoyer des étran-
gers aux tr()Des des principautés. Ces trônes furent mis à l'encan
et afiermés pour de couiles périodes à ceux qui oiTraient le plus
d'argent aux dignitaires musulmans et le plus de bijoux aux
femmes du harem. Comme les princes n'étaient point sûrs de leur
position du jour au lendemain, Us organisaient, aussitôt après
leur instâliatiou, la spoliation en masse des pays conâés à leurs
soins; suivis de leurs ci*éa aciers turcs et grecs, qui leur avaient
fait les avances nécessaires à Constantinople, ils s'efforçaient
d'assouvir leur rapacité, mettant à leur disposition les plus hantes
fonctions et les revenus les plus clairs de l'Etat, dont ils abusaient
d'une manière eiTruutée. Il va sans dire que les droits des états
roumains, consacrés par les traités intervenus entre eux et leur
swterain, étaii.>nt complètement oubliés et que ces pays étaient
devenus de véritables paschaliks. sources de fortune pour les
Grecs du Phanar.
Les guerres qui eurent les «suites les plus funestes (tour les pays
roumains furent celles de 1708 et du 180G, entre la Russie et la
Turquie, et ce sont elles qui forment le sujet de cet essai. Elles
nous feront connaître k fond la politique suivie par la Russie et
par l'Autriche k l'égard des pays roumains, politique qui peut
changer en apparence avec le temps, mais dont les principes fon-
damentaux resteront toujours les mêmes, car ils dérivent, oomme
disait Montesquieu, des rapports nécessaires établis par la nature
des choses, et s^^ml par conséquent fatals.
Des documents nouveaux, extraits pour la plupart des archivas
de Vienne, ainsi que d'autres provenant de sources indigènee.
m
LES DéMEUBAËlir.'VTS DB LA MOLPATIK.
SI
nous ont mis h même de pénétrer plus profondément dans cette
politique astucieuse et rapace, qui prit naissance pour la pre-
mière luis h Toccasion du partagt! de la Pologne et qui tend mal-
heureusement k prévaloir de plus en plus dans ce siiîcle civilisé,
comme pour contrebalancer ses lumières et rappeler à l'homme
,8a véritable valeur ^
Guetye de 1768. Paiso de Koutschouk-Kaiiiarclji ^ 1774.
I.
En 1762, l'impératrice Catherine II monte sur le trône de
Bossie et une année après meurt le roi de Pologne, Auguste ITI,
deux événements des plus importants pour l'histoire européenne.
^Ltt dissensions éternelles qui accompagnaient Télection du roi
Jonais prennent à la mort d'Auguste IIl une proportion bien
rplus redoutable, par suite des nouveaux partis issus de la division
roli^euse du pays en catholiques et dissidente. Au milieu de
l'anarchie totale dans laquelle tombe la Pologne, Callierinc,
d'accord avec la Prusse, réussit lacilement à faire élire comme
roi, au moyen de son argent et de ses armées, son ex-favori
[Stanislas Poniatowsky (1704). Le parti patriote, conduit par
Branicky, fait connaître à la Porte le péril qui attendait la
Pologne, par suite de l'intervention des Russes dans ses affaires,
lui demandant son secours, afin d'élire un prince de sa nation et
d'éloigner les troupes russes du pays. La Porte, qui était déjà
^lial^tuce h cotte ingérence des Russes dans les affaires des Polo-
nais, se contente de leur donner des conseils bienveillants sur
I la nécessité d'une entente et d'un accord entre eux. L'ambassa-
' deur de France, le comte de Vergennes, prenant cette affaire &
cœur, demande par une note aux Turcs de prendre des mesures
énei^iques «intre l'influence toujours croissante des Russes en
'Polc^e ; mais il reçoit comme réponse que les troupes étrangài'es
ont été de tous temps bien reçues en Pologne, que celle-ci semble
les y voir de bon gré et que protester contre un pareil fait pour-
l rait paraître comme une attaque aux libertés de la république.
1. L'^tnde que dou.^ publions ici est une partie d'an ouTr.if;c plnn étendu
ipii ftera public ÏDcessamiucut Aout ce Ulrc : les Guerres nuw'tur^ues cl teur
im/tmtnce fur Us pays rountaina (171 !• 1878).
iïï
A. 0. XEVOPOL.
Après rélection du roi Ponialuwsky, une gueiTe civile éclate
eutre les dissidcuts et les catholiques qui s' mussent pour fonner
la confêdûitLtion patriotique de Bar. Catherina s'ofire à soutenir
la cauïie des premiers, pamii lesquels se trouvaient aussi les
artliiHloxes, et provoque ainsi le parleiueul des dissidents k
demander lui-même les secours de la Russie. La Turquie reste
indifTêrente à tous ces événements, malgrâ les demandes de
secours des cotifèdérés patriotes, d'autant plus que les Russes
n'épargnaient nullement l'argent pour fenner les yeux aux
digiiitaii-es otlumana sur leurs ingérences en Pologne. Les Polo-
nais, voyant qu'ils ne [Kjuvaient rieu obtenir des fonctionnaires
turcs, envoicut les joyaux de leurs femmes aux sultanes du
harem, se servant ainsi des mêmes armes que les Russes et cher-
chant au moins par ce moyen extrême à réussir dans leurs
demandes. Le parti de la guerre, continuellement excité par le
comte de Vergennes, commence à gagner du terrain dans le
Prran. Les patriotes polonais, persécutés par les Russes, avaient
plusieurs fois cherché leur salut sur le territoire turc, en Mol-
davie, et les Russes, les poursuivant jusque là, avaient à plusieurs
reprises violé les frx>ntières ottomanes. Plusieurs Polonais s'étânt
réfugiés dans la petite ville de Balta, aux couâns de la Bessa-
rahie, une truupe de cosaques za|>orogues, soutenue par des
soldats russes, les poursuivent, attaquent et d^niisent de fond en
oamhle la ville, qui était habitée presque en entier par des Turcs.
Cette DOuveUo piûlait à ConstantioLipIe la plus grande agitation ;
les Jaitisisaires demandeot absolument à èirv oonduitît contre les
Rmaes, et le sultan lui-màoie psat à peine maitriaer sa oolère. La
prise de Graoorie par les Russes, arriTÔe peu de jours après (le
18 août), met le oomUe à cette surexcitation ; le parti de la paix
est tout à fiiit écarté, le grand vizir Mubsùobde est reoTenè et
renplaoé par Haïaaa padui, qui dêdare U guerre aux Russes
(ocftobi« t768).
Coaune une campagne réguliÀv ne pouvait i w wi m i qu'au
piiatamps siiiT«Dt« Vm Tares se oiaifateiit poor le nooieQt d'oi^
«kanar «ax Titans le pîUage ds k Robbm» et le khaa Crim
Gknniî s'acquitte de cette bsogite de la uaaièrela plus ixiouîe,
«■MMAiat «a «sdan^ dans l'espace de qadfaat *— — '»*» plas
de «,000 hemmm et ifcrtant aT«c soi plK de 100,000 iSlaB
de bétail. LauortdececMéMrpqaefcivofaMAl&tlesTarcsde
lat ^ae les eoMaaadaBts turcs
tIS oàNElIlIREMEYrS DE LA UOLtlAYlC.
53
montrent dans la conduite de l'armée une incapacité prcxligieuse.
Ils n'étaient point encore arrivés au Danube que les Russes
avaient déjà attaqué Holin. Toutefois le« Ruf^ses furent repoussés
au premier choc au-delà du Dniester; mais le grand vizir, au
lieii de les pouPSui^Te, se dirige vers Render et perd ainsi l'occa-
sion la plus propice pour écraser ses ennemis. Le sultan Mous-
tapba lui fait couper la tête et nomme à sa place Moldavantscbi
AU Pascha. Celui-ci, pour ne point encourir le sort de son pré-
décesseur, passe le Dniester h plusieurs reprises ; dans une de ses
poursuiles il est surpris par une pluie torrentielle qui coupe son
armer? en deux, et, attaqué par les Russes, il est totalement
battu dans un combat des plus acharnés (17 et 18 juillet 1769) ;
UD petit nombre seulement de Turcs put échapper au massacre.
La suite de cette victoire des Russes fut l'occupation des princi-
pautés roumaines.
Avant que la guerre fût déclarée. la Russie, prévoyant la pos-
BÎbilitè d'une rupture, avait entrepris de travailler les Moldo-
Valaques. afin de réveiller en eux les sympathies pour la Russie,
lesquelles cunimençaienL h s'assoujùr à la suite de deux essais
infructueux fxjur délivrer leur pays de la domination barbare des
Ottomans. Elle envoie k [dusieurs reprises des émissaires sous le
masque de négociants pour exciter le peuple à la révolu^ et sur-
tout h la fuite en Russie, et montrerainsi h VEuropeà quel degré
la domination turque était insupportable aux Roumains et com-
bien ils désiraient celle de la Russie'.
Les Moldaves, voyant les Russes s'avancer de nouveau vers
leur pays, envoient une députation au princfl GaliLïin, comman-
dant du corps d'armée qui allait occuper la Moldavie, pour lui
olFHr la soumission du pays. Le prince remercie avec effu^on le
métropolitain pour ses félicitations et le prie de faire savoir aux
habitants de la Moldavie qu'il leur arriverait bienUM des secours
de la part de l'auguste et miséricordieuse impératrice. Le baron
de Elmpt passe p«u de jours après avec un corps d'armée en Mol-
davie, chasse le peu de troupes turques qui s'y trouvaient et entre
 Jassy le 26 septembre 1709. < 11 entra dans la ville en grande
aolennité, les troupes bien équipées et régulièrement disposâtes, se
t. Sur le* étaifAtÙT^» Jancorolf v\ tschernnlapsoi, Totr les docamunls rc«
UUb A l'histoire «les Roumain», tirés des archivoR de Vienne par Eudoxe de
BtMnHouiaki, publics sous les auspices du niinislèrc des cultes- Biirburcftl,
tS78, Toi. Vil, pag. 58 el 61.
34
A. D. XE.50P0L.
présentant aussitôt à Têglise cathédrale avec les généraux, leurs
officiers, le métropolitain, tes boyanlset le peuple qui se trouvait
présent. La croix et l'évangile étant placés sur un pupitre au
milieu de l'église et les cierges alluméâ, le métropolitain lui k
haute voix le serment, tout le monde tenant la main droite élevée
avec les deux doigts (le 2" et le 3") étendus et dirigés en haut.
Après la lecture tous les assistantsbaisèrentla croix et l'évangile
et inscrivirent leurs noms dans la feuille de serment. La même
disposition fut suivie dans tous les districts, car dans chaque
chef-lieu on avait envoyé de pareilles feuilles de serment, les-
quelles, après avoir été lues dans l'église de chaque village,
étaient signées par le prêtre, les diacres et tous les jurés: puis ces
feuilles, ainsi certifiées, étaient portées k la chancellerie*. »
La formule du serment prêté était la suivante :
< Je soussigné jure et promets devant k Dieu tout puissant et
son saint Kvangile que je me suis soumis de plein gré à la domi-
nation de Sa Majesté la trop miséricordieuse impératrice Catlie-
rine Alexievna, seule dominatrice de toutes les Russies, d'obéir à
toutes les dispositions qu'elle jugera convenable d'introduire
dans le pays, do contribuer de tout mon pouvoir à l'entretien de
Tarmée destinée k notre défense et à celle de notre religion chré-
tienne qui gémit sous le joug des Mahométana, de considérer les
ennemis de l'armée russe comme les miens propres et de me con-
duire en tout comme un esclave fidèle, bon et soumis h Sa
Majesté, ainsi qu'il convient en tout à un adorateur de la vraie
religion. Pour la conËrmation de ce serment j'embrasse mes
propres paroles et la croix de mon sauveur. .\men I »
Le baron de Klmpt, après avoir ainsi reçu la soumission du
pays, demande des informations sur le nombre des districts et dee
vill(*s de la Moldavie, le commerce, la quantité de produits et de
provisions que le pays peut fournir, les relations entre les boyards
et les paysans, les redevances payées à la Porte et au prince, et
bien d'autres détails. Toutes ces informations jointes au sennent
i*apportâ plus haut prouvent jusqu'à l'évidence <[ue la Russie
avait l'intention manifeste d'incorporer les provinces roumaines
h son vaste empire. Le baron de Elmpt ordonne ensuite, sous la
menace de terribles châtiments, de livrer les provisions qui
seraient cachées et d'empêclier l'exportation de n'importe quelle
denrée qui pourrait être nécessaire à Tarmèe russe et demande
«
I
1. Archive roumaine^ publiée en roumaîa par H. KogAtuit&cbiDO, p. 132.
LES DéHEUBRLUe^VTS l>B LU MOLnATIi:.
»
eoâu au pays de choisir ua personnage du clergé et deux repré-
aantante de la noblesse pour aller porter aui pieds de la très
paissante irapératric« les remerciements pour la miséricorde
qu'elle lui a montrée en envoyant ses armées à son secours et en
le délivrant ainsi de l'esclavage.
L'impératrice Catherine, désireuse de faire connaître ses in-
teatiODS & l'égard des chrétiens d'Orient, et de montrer que la
guerre entreprise contre les Turcs lui donnait l'occasion de lutler
pour ia liberté de ses coreli^onnaires, mettant ainsi en pratique
la politique inaugurée par Pierre le Grand, publie un manifeste
dans lequel elle s'efforce de prouver que la Porte lui a déclaré la
guerre par haine pour la religion orthodoxe, et notamment à
cause du secours qu'elles fait parvenir aux dissidents en Pologne;
< que la domination barbare des Turcs cherche à rejeter dans
l'abîme de rim]>iété l'âme des chrétiens qui virent dans la Mol-
davie, la Valachie, la Bulgarie, la Bosnie, la Herzégovine, la
Macédoine, et dans les autres provinces de l'empire ottoman '. »
Les fiusses, après avoir occupé la Moldavie, passent en Yala-
chie, où ils sont appelés par Grégoire Ghyka (le même qui fut
décapitéen 1777)etparun parti de boyanis, en tète desquels figu-
rait le spalar Cantacuzène, rarchimandrite d'Ardgesche et le
commandant de la garde albanaise du prince. Cette complicité de
Ghyka avec les Russes explique seule comment il se fait que ce
prince, qui avait tout le temps de se sauver en Turquie, fut pris
par les Busses. H fulconduit à Pétersbourg avec tous le^ honneurs
dus k son rang; l'impératrice lui fait cadeau d'une précieuse
tabatière en brillants, reçoit son ftls dans le corps des cadets, et
cbarge enûn ce prince d'aller à l'anuée pour entamer les négo-
ciations avec les Turcs, et essayer de connaître ce qu'ils voudraient
bien céder pour la conclusion delà jiaix. Voilà pourquoi les Russes
soutiennent plus tard la candidature de Ghyka au trùne de Mol-
davie en 1774.
Le prince de Moldavie, Grégoire Callimaque, passe aussi aux
Russes et détourne les cent bourees envoyées par les Turcs pour
l'achat de prorisioiis. La Porte, prenant connaissance h temps
de sa trahison, lui fait couper la tète, et le rem])lace par Cons-
tantin MaurooQi'dato qui est pris k Galatz par les Russes et amené
à Jassy où il meurt bientôt après. En Grégoire Ghyka les Turcs
avaient une plus grande confiance, car il avait été élevé au trône
I. OocttineiiU de BourmoDKaïki, Vil, p. 63.
56 k. O. KEVOPOt.
de Valachie sur l'insistance du khan des Tatares, après l'ouver-
ture des hostilités, au lieu du trop jeune iVlexandro Ghyka, et les
Turcs ne voulurent croire à sa trahison que lorsqu'il se fut laissé
j)rendre par les Russes.
Les députés chargés d'aller déposer l'hommage aux pieds
« luuiiueux » de rimpératrice portaient avec eux des missives
au nom du pays, dans lesquelles l'impératrice est exaltée avec
un servilisme poussé jusqu'à l'adoration. La lettre moldave,
après avoir élevé les hauts faits de Sa Majesté au-dessus de
ceux êntrej)ris par Constantin contre Maxeuce, montre comment
« à l'aspect des armées éternellement victorieuses de Sa Majesté
et devant l'embh-me de la sainte croix, les païens furent pris
d'une telle épouvante que les eaux du Dniester et celles du Danuliô
leur semblèrent dos lieux de délices et, se jetant à corps perdu
dans leurs vagues, ils mesurèrent la profondeur des fleuves, de-
venant la proie de^ poissons et desoiseaux... Nous rendons grâces
au ciel par des louanges et des chants continuels, et remercions la
sainte Trinité, une et iudivisihle, pai*ce qu'ayant pitié de nous,
elle a raffermi le cœur de Sa Majesté sereine et toute jiuissante,
afin de nous sauver de l'esclavage des Ottomans, nous adorateurs
de la même foi, et comme des serviteurs très soumis et très recon-
naissants, nous apportons le tribut de nos plus chaleureux i*enier-
ciements pour l'accomplissement des dé-sirs si ardemment souhaités
depuis tant d'années, d'être défendus contre les périls par votre
toute puissante pmtection. » Puis après les louanges les plus
exagérées et l'élévation jusqu'aux nues de l'impératrice, la mis-
sive ajoute : * Nous, habitants de la Moldavie, apportons comme
des esclaves rampants la soumission la plus «îrvile avec toute la
bonne volonté et du meilleur cœur. » Vers la fin, elle éclate eu
un lyrisme aussi pathétique que de mauvais goiit en ces terme-s :
« 0 trop miséricordieuse impératrice et trop douce maîtresse, ne
nous abandonne point, nous les esclaves de ta Majesté qui par^
lageoDS la même foi, ombrage-nous de ta force, etc., etc., etc., »
termes par lesquels cet acte d'un servilisme tout oriental finit
d'une manière tout à fait digne de son commencement. La lettre
valaque, quelque peu plus courte, se distingue [mr les mêmes
qualités et oniiirasse jusqu'aux « genoux et à l'empreinte des
pieds de Sa Majesté impériale et seule souveraine'. »
t. ArcMvt tvumaine.
LES néMEKBBEUEYTS OE LA UniDAVIB.
Les Turcs, iuforniés de la soum'issiuri fies Mohlovalaques aux
Russes, se laissent emporter par la fureur et, par un feLwa du
mufti, les font déclarer traîtres et livrer au pillage des armées
musulmaoes. ce qui contribue h jeter encora davantage les
pauvres Roumains dans les bras des Russes.
Tout^ois il ne faut pas croire que ces démonstrations de la
part des Roumains fussent cette fois aussi ï^incères qu'elles
l'avaient été du temps de Pierre le Grand. Alors le contact des
RoasâB avec les Roumains avait été pour ainsi dire idéal ; les
Rnaaes avaient été considérés à travers le prisme enchanteur de
respéranœ, et le contact matériel avait été évité par le désastre
du E^Ui. qui empêcha les Russes de pénétrer plus avant dans les
pays roumains. Mais déjà dans la guerre de 1736, la conduite de
Monnich avait raécontenlô les boyanls et donné ainsi naissance
aux premières désillusions des Roumains sur le compte des
Rosses. Dans la guerre qui nous occupe, les Russes, mettant
la main sur les deux principautés, viennent en contact direct
avec les Roumains, et il était de toute im{>o&sibilité que ce choc
ne produisit une note discordante dans le chant harmonieux qui
semblait s'élever de toutes les poitrines, pour célébrt^r la très
puissante impératrice.
Le mécontentement des habitants éclate bientôt pour une cause
toute naturelle : l'approvisionnement des années impériales. Et
il ne (aui pas oublier que c'était juste le point le plus sensible
pour les pays roumains; car, si ceux-ci voulaient échapper à
l'esclavage turc, c'était précisément k cause des abus que la Porte
oonuuettait dans l'approvisiouikement de ses troupes. Les Russes,
au lieu de leur apporter un soulagement sous ce rapport, les op-
primaient tout autant, sinon davantage, par les exigences des
années impériales, de sorte que ce traitement devait étalement
donner naissance à l'idée que les Roumains n'avaient fait que
changer de maitre, sans que leur sort s'améliorât. Dans une
plainteadres-sée ;iu général Romanzov, on trouvccnlr'autrcs choses
« que les habitants ne se refusaient point de contribuer pour leur
part à l'entretien des armées impériales, mais en connaissance de
cause, avec une certaine mesure et l'ordre nécessaire ; car une
foule de gens prennent tout ce qui leur tombe sous la main, sans
aucun ïicrupule, des animaux aussi bien que d'autres objets en
quantité bien plus grande que celle dont ils auraient bt^oin et
seulement en vue de gaspiller, ce qui produit partout la ruine,
A. P. ICVOPOL.
cfifraye les mallieureux paysans et les chasse dans des endroits
déserts et inhabités, > D'uno naïveté admirable est la plainte que
quelques dames veuves adressent k Sa Majesté impériale, deman-
dant que, par un ordre élevé et miséricordieux, elles soient
« dispensées et exemptées des tourments et dos exactions qui^
dorénavant^ d&viemirotU l'/uxbitude dans notre pays ^ » et»
avec la mOm<; naïveté qu'elles mettent h exprimer leur opinion
sur le sort qui attendait la principauté, ces dames demandent à
être exemptées de toutes les charges imposées pour l'entretien de
l'armée, espérant être écoutées, pendant quu l'impératrice Ca-
therine s'occupait en ce moment même de faire comprendre aux
Moldaves, par un maniSesle qu'elle leur adressait, qu'ils ne
pouvaient jouir d'un bienfait aussi considérable que celui de leur
libération dujoug ottoman, sansque« tous, du plus grand au plus
petit, ensemble et séi>arémeot, viennent en aide aux armées
impériales, se soumettant de plein gré au devoir imposé par la
loi chrétienne et qu'ils s'étaient imposé par le serment prêté
entre les mains de l'impératrice. » Elle leur promettait < qu'en
proportion du zèle qu'ils développeraient pour notre auguste ser-
vice qui est en liaison si intime avec celui de l'église de Jésus-
Christ, Sa Majesté s'apitoierait sur leurs souffrances et les ferait
jouir de sa haute protection. » Et si le sens de ces paroles pcmvait
paraître difficile dans le manifeste de Catherine, il devient tout h
fait clair et explicite dans la paraphrase qu'en donne le métropo-
litain, lequel se cliarge de dire les choses plus ouvertement que
ne pouvait le faire l'impératrice de toutes les Russies. « Seconde-
ment, ne manquez pas de venir en aide au service impérial, cha-
cun selon son état et sa position, et principalement en ce qui
concerne les provisions nécessaires aux armées impériales qui
sont venues pour nous défeudru. »
Les habitants des pays roumains s'attendaient peut-être k ce
qu'ils fuss^mt exemptés de toutes sortes de redevances, excepté
des droits de douanes et de l'impôt sur le sel, comme du temps de
Pierre I*^. Au lieu de cela, le général Roraanxov écrit après le
départ des députés roumains-: « Voilà [Kiurquoi il faut vous pres-
ser de venir en aide aux nécessités de l'approvisionnement des
armées. Il faut en même temps que les revenus du trésor s'ac-
croissent, sans que le peuple en souffre; personne donc ne eera
exempté des redevances que tous paieront selon l'ancienne cou-
tume, et elles seront prélevées comme jusqu'à présent, étant
LES D^MEIIBIEIIENTS DE LA MOLDATIE. $9
nécessaires au besoin du pays et k l'entretien de Tarmée. »
Ainsi qu'on a pu le voir par les nombreuses citations emprun-
tées aux documents officiels contemporains*, les Eusses mettaient
toujours en avant l'idée de Dieu et de la religion chrétienne, pour
donner à la conquête des pays roumains un caractère aussi
désintéressé que possible. Pour sauver l'église chrétienne de
Pologne, la Russie s'était exposée k la guerre avec les Turcs ;
pour protéger l'église chrétienne des pays roumains, la Russie
versait le sang de ses enfants ; enfin toujours pour le triomphe de
la foi, la Russie demandait que les Moldaves et les Valaques
ouvrissent leur bourse, afin d'entretenir les armées moscovites.
La politique des Russes leur dictait de s'adresser de préférence
au dergé qui représentait l'église, pour laquelle elle faisait sem-
blant de se battre. Et le clergé roumain s'empresse de répondre à
Tenvi à cette haute attention, se mêlant de toutes les affaires,
rédigeant les adresses aux autorités russes, publiant et interpré-
tant les manifestes de l'impératrice, et enfin se soumettant de
plein gré au synode de l'église russe, donnant ainsi, le premier,
l'exemple de la conduite que le pays devait suivre à l'égard des
Russes.
La Russie, ayant placé les principautés roumaines sous son
entière dépendance, prend des mesures pour leur organisation,
et nous avons vu plus haut le baron de Ëlmpt demander au pays
plusieurs renseignements afin de pouvoir entreprendre cette be-
sogne en connaissance de cause. L'impératrice Catherine, dans
la réponse qu'elle daigne faire aux députations du pays, porte à
leur connaissance : « Que les deux principautés Moldave et Va-
laque seront gouvernées selon leurs us et coutumes; qu'elles joui-
ront d'une complète indépendance quant à leur administration
intérieure. » Nous verrons par la suite comment les Russes
entendaient remplir cette promesse de leur souveraine.
Les députés moldaves et valaques soumettent à la cour de
Russie un plan d'organisation future des principautés dans lequel
on ne saurait méconnaître l'inspiration russe, car non seule^
ment ce plan est contraire à l'intérêt du pays, mais il est même
I. PabUés ea grande partie dans VArchive roumaine.
A. n. n^opoL.
opposé h celui des boyards, lesquels, s'ils avaient travaillé en
j)l(ûne liberté, auraient réservé pour eux une part bien plus
grande d'autorité réelle et indépcDdante, Il faut toutefois remar-
quer que la Russie, désirant mettre la main sur les principautés
ruuntaînes, en apj>arence avec leur propre consentement, et la
classe influente de ces pajs étant dans ce temps les boyards, on
comprend très facilement pourquoi la Russie accorde à ceux-ci
plusieurs de leurs demandes ; car elle tenait beaucoup k ne point
les mécontenter, afin de n'être point forcée d*avoir recours à la
violence et de trahir ainsi le but réel de la guerre qu'elle entre-
prenait .
Les demandes des députés moldaves sont les suivantes' :
1. IjC gouvernement du pays sera confié k une aristocratie,
c'est-h-dire que doujîe boyards de la première classe seront élus
au gouvernement, et prendront soin de toutes les afiaire^ du
pays.
2. Six d'entre ces boyards s'occuperont de l'instruction et de
la décision des procès; les six autres veilleront.'! la rentrée des
redevances. Ces douze boyards résideront k Jassy.
5. Tous les boyards qui seront choisis au gouvernement du
pays seront tenus, avant d'entrer en fonction, de prêter un ser-
ment de fidélité et de bonne conduite, tant à l'empire qu'à la
patrie.
B. Le.s fonctions de tous les boyards seront limitées h l'espace
de trois ans, commençant au 1" janvier. Au sortir de service, ils
rendront compte do leur administration et seront rem|>lacê8 par
d'autres boyards, de maiiièi*e que toute la boyarie participe ainsi
h. tour do rôle au gouvernement, sans en excepter les boyards
pauvres, pourvu qu'ils fussent capables.
10. Un général russe avec un nombre de gens armés, suffisant
pour la gai^e des frontières^ résidera h Jas^.
12. La première fonction de ce général sera le commandement
des troupes, tant étrangères que nationales. La seconde sera d'en-
voyer au trésor impérial les contributions du pays.
13. Le général revêtira de leurs insignes les boyards nommés
au gouvernement.
Ce projet d'organisation attribuait aux boyards un rôle pré-
pondérant dans le gouvernement du ]>ays. C'est à eux qu'appar-
I. Tfnu» oineltoBfi les dlftposlliom un» IroporUacv.
LES DlElfKlllt^Jfe^fTS Pt tl MOLOAVU:.
U4
tenaient l'adminislrattoD* la justice, les finances, en un mol toute
la puissance politique. Les boyards venaient eûsuite k tour de
rôle au gouvernement du pays, afin que le droit de le dépouiller,
(la us lequel constatait principalement radministration de ce temps-
là, fût également réparti entre tous, et les jiauvres mêmes n'étaient
point oubliés, afin qu'ils pussent reCaire leur forLmie en cas de
malheur. Les boyards étaient tellement sûrs de leur réussite,
qu'ils ne craignaient point de mettre eu tête de leurs demandes le
mot d'aristtjcratie. Mais à quel prix gagnaient-ils ces droits ima-
ginaires? En sacrifiant complètement l'indépendance du i^ays, ce
qui ressort surtout de la disposition d'envoyer les contributions
au trésor impérial. Cette disposition équivalait à la supj)resstoo
totale de l'autonomie économique du pays qui est toujours inti-
mement liée à l'indépendance politique. Dans ces demandes, il
est souvent question de l'élection des gouvernants, sans que ja-
mais il soit fait mention de ceux qui allaitint les élire. Il est bors
de doute que l'autorité qui allait les élire, c'est-b-dire les nommer,
était le général russe qui avait aussi le droit de les revêtir des
insignes du pouvoir. Eu un mot le général, qui était aussi le
oonunandant d'une armée en grande partie russe, surtout dans
ses éléments sui^érieurs. n'était autre cliosequele véritable prince
da pays» suus l'autorité duquel la soi-disant aristocratie devait
courber la tête si elle ne roulait point voir jouer sur son dos le
knout russe ou ressentir dans la moelle de ses os les froids de la
Sibérie.
L'organisation de la Valacliie met bien mieux k découvert les
intentions de la Russie sur les pays roumains. Que les boyards
de ce pays se soient montrés plus dociles, ou bien que la Russie
ait eu intérêt à le soumettre plus complètement comme étant plus
rapproché des Turcs, il est un fait incontestable, c'est que les
boyards de Valachie demandent h la Russie la totale incorpora-
tion lie ce pays dans l'empire moscovite. Voici leurs demandes :
1 . Que notre pays soit unifié aux provinces sur lesquelles
s'étend le trop puissant empire de Russie, et è la paix pro-
chaine que nous ne soyons h aucun prix laissés de nouveau sous
la domination tyraunique des Agariens.
Comme notre territoire est tombé k cause de rinconstanco
dans le plus grand désordre, il sera lUile d'y ifUro-
duire complètement les lois et les ordonnances de t empire
de Russie.
es
A. D. XK^OPOI..
3. Notre pays entretiendra k ses frais 30,000 hommes de
troupes, dont 25,000 infanterie et 5,000 cavalerie; quant h Var-
tillerie et au train nécessaires, nous prions humblement la trop
puissante cour de nous les procurer, et, en temps de guerre, que
renipire envoie les secours nécessaires k la défense du pays. L'en-
tretien de l'armée sera fourni par le pays, et que les Valagues
aient aussi le droit (Tentrfiy comme officiers dans Vamnée,
afin de s'habituer aux choses militaires.
4. Les officiers impériaux qui viendront dans le pays détermi-
neront les endroits qui devront être fortifiés, et le pays élèrera
des forliâcations h son compte.
5. Les 7'evenus dupays seront réglés conformément aux
ordonnances russes, et, pour la douane, on suivra les tarifs
existants en Russie,
6. Le clergé sera sous la direction du saint synode selon
les coutumes de la sainte église de Russie.
8. Les juges qui seront nommés dans les districts et dans les
TÎlJes seront pour la moitié des Valaques.
10. Les habitants du pays pourront faire le commerce dans
d'autres empires, et les ambassadeurs impériaux det>?'onl les
protéger comme des sujets russes.
\2. Les boyards seront à la tête des affaires; ils auront à juger
et à décider les différends ; leurs édits jouiront d'une autorité
absolue dans le pays; mais le généi*al pourra ordonntjr aux
boyards tout ce qu'il lui plaira^ ayant la faculté de les ar-
rêter en cas de désobéissance.
Ces dispositions n'ont besoin d'aucun commentaire, surtout
celle par laquelle les boyards demandeol h. ce qu'au moins la
moitié des juge^ du pays soient des Valaques. D'où il résulte que
l'autre moitié devait être réservée pour les Russiîs, et il va sans
dire que ceux-ci allaient appliquer leurs lois, ce qui ne pouvait
être fait que dans leur idiome. La russification du pays était donc
uu fait accompli.
Les Busses étaient ainsi arrivés & réaliser le traité de Cantémir
et même h le dépasser ; car Pierre le Grand laissait h la Molda-
vie au moins une ombre d'indépendance, par son prince national,
pendant que les dispositions de Catherine ravissaient définitive-
ment au pays toute existence indépendante et le destinaient à
être russifié dans le plus bref délai.
Pour donner une idée de la manière dont les Russes entendaient
LES IieVMIfEBElIFATS OC LA MOIDATIC.
ft3
administrer ces pays et montrer quel était Tobjet de leur sollici-
tude, nous nous servirons de deux documents puisés aux mêmes
sources, qui nous suffiront à défaut d'autres, et qui jettent
une lumière très vive sur le système russe, alors exactement
identique h celui d'aujourd'hui. L'un de ws documents se rap-
porte à l'organisation des écoles de la principauté de Moldavie.
n contient la réponse du général Romanzov aux demandes du
métropolitain qui sollicitait dee secours pour une plus sérieuse or-
ganisation de l'enseignement : « Toutes les affaires relatives aux
écoles, je les laisse pleinement à la disposition et au gré de ta
sainteté et de ceux des boyards qui prennent part au divan de la
Moldavie. Quant à la langue grecque, comme je ne veux entrer
à ce sujet dans aucune sorte de discussion... » Le résultat de la
mission du métropolitain fut donc que le général ne désirait point
se mêler do pareilles affaires. L'autre document s'occuj>e des
règles de police, et ici nous voyons au contraire les soins les plus
minutieux et une tendance très prononcée vers le système inqui-
sitorial : < Dorénavant, si un individu vient du dehors et prend
pied à torre chez quelqu'un, l'hôte devra annoncer irainèdiate-
nteot la police pour ce nouveau venu, quelle personne il est,
d'oiî il arrive,etquelsbesoiusi'amèneutdansrendroit,etsi l'hôte
le reçoit et s'offre comme garant jKiur lui, il devra en infoniter le
colonel et sa sainteté le métropolitain ^ »
Police sévère et négligence entière de tout ce qui a rapport à la
culture de l'esprit, voilà les commeuceinents de la protection russe
sur les Roumains, et ces deux éléments sont essentiels au système
russe, car ils sont les soutiens les plus naturels du despotisme.
m.
La Russie ne devait toutefois pas encore réaliser le plus cher
de ses vœux, la prise de possession des pays roumains. Pour
comprendre comment cela fut |H)ssibIe, il nous faut rappeler en
peu de mots les événements principaux de la guerre.
Pendant qu'en Europe les armées russes occupaient les princi-
pautés, en Asie leurs succès n'étaient pas moins remarquables ;
elles prenaient possession successivement de l'Arménie, de la Qr-
I. Ton» ces ducumenU ftoot puînés dans le recueil précieux de H. Kogal-
64 A. 0. lË^foraL.
casste, et d'autres pays placés sous la dominatiou de la Porte.
Mais les Russes vuuldienl frapper la [luissaiice ottomane aussi,
sur mer pour lui donner le dernier coup, et Vimjtêratrice Cathe-
rine fait h cet effet de grands préi)aratifs dans ta mer l^ltique,
pour la construction d'une flotte, faisant venir d'habiles matelots
d'Angleterre, de la Hollande et du Danemark. La destination de
cette flotte était surtout de soulever les Grecs et autres peuplades
maritimes de l'empire ottoman, qui se verraient encouragées k la
révolte par la présence d'une flotte russe. De cette manière, oq
réaliserait les promesses faîtes k ces peuples dès Tannée 17G5, et
on mettrait en pratique dans son entier la politique de Pierre le
Grand.
La flotte russe, parfaitement équipée, part de la mer Baltique,
traverse la mer du Nord, la Manche, l'océan Atlantique, et entre
par le détroit de Gibraltar dans la Modilerranèe. Pour comprendre
comment cette flotte put faire le tour de l'Europe sans être in-
quiétée par personne, nous devons considérer un instant la poli-
tique anglaise vis-à-vis de la Russie h cette époque.
La politique de IWagloten-c avait jusqu'alors toujours prêté
appui aux Turcs contre les empiétements des Russes. Maintenant
les choses changent tout d'un cf>up, et non seulement les
Anglais permettent à la flotte russe d'entrer dans la Méditer-
ranée par un détroit qui était en leur possession, mais des ami-
raux et des officiers anglais commandent les vaisseaux russes ,
(entre autres Elphinston) , et la cour de Londres déclare caté-
goriquement k celles de Versailles et de Madrid qu'elle considé-
rerait comme un acte d'inimitié envers elle toute tentative de
s'ojiposer k la marche de la flotte moscovite. Par quel miracle
avait été opéré ce changement inattendu dans la politique tra-
ditionnelle (le l'AngleteiTe?
L'Angleterre est un pays essentiellement commercial, et sa
politique se réglera toujours d'après ses intérêts mercantiles; il
ne faut donc point nous étonner de la voir changer de direction
aussitél qu'un pareil changement se sera upérédausla direction
de son commerce. On peut en 63*61 facilement comprendre que si
l'Angleterre avait soutenu jusqu'alors la cause de la Turquie,
elle ne l'avait sûrement point dit par sympathie pour les adora-
teurs du croissant, mais bien à cause du profll considérable qu'elle
retirait de son commerce avec les jwuples de la Turquie. Dana le
courant du xvm* siècle, le commerce anglais en Orient commence
LES DillEMBlEirE^TS DR Li HOLDAVIE.
es
à déchoir arec une rapidité extraordiuaire, étaut supplanté par
le commerce français. Plusieurs causes avaient produit ce chan-
gemiTit. Premièrement, l'activité et !<« efforts do Cfilhirt. afin
dVnctoirager le commerce de la France avec les échelles du Le-
vant ; les primesaccordées par le gouvernement français aux expor-
tants; la solidité, le goût conforme aux habitudes orientales, la
modicité du prix des marchandises françaises; enfin les avantages
commerciaux que la Porte avait accordés h la France par le
traité conclu en 1740. Toutes ces causes réunies avaient ouvert
aux produits français les marchèii du Levant, pendant qne les
Anglais, qui avaient confié leur commerce h la compagnie orien-
tale, le voyaient déchoir tous les jours, parla raistm que cett«
grande niaison de commerce, cherchant seulement le gain et évi-
tant les dépenses, ne voulait rien sacrifier pour le futur dévelop-
pement du commei-ce anglais. La cherté exorbitante des produits
anglais et leur façon qui ne répondait en aucune manière au goût
oriealol contribuaient aussi pour lexu: part h ruiner le commerce
delà Grande-lïretagne. Ainsi en i735, les Français importent à
CuDstanlinople 12,000 pièces de tissus, [>endant que les Anglais
restent, la même année, avec 5,000 pièces non vendues h Alypo.
4,000 h Constantinople, et 3,000 h Srayrne. Par suite de cette
dùnioution de l'exportation , Timpirtatiou des marchandise-^ orien-
tales souffre aussi une notable réduction , de sorte que , vers la
moitié du siècle précédent, le commerce anglais avait pnisque
disparu des échelles du Levant.
Les Anglais, se voyant menacés d'une manière si grave
dans leurs intérêts les plus chers, et cela principalement k
caïue de la conduite hostile de la Porte, qui leur refusait
les arantages accordés aux Français par le traité de 1740,
se décident à abandonner les Turcs et à chercher d'autres
débouchés pour leur commerce oriental. Le chemin par lt?qucl
Us pensaient arriver le plus promptement h leur but était la
Russie.
Au siècle dernier, la Russie était loin d'opposer aux marchan-
dises étrangères la barrière infranchissable du système prohibi-
tif, qui règle aujourd'hui ses rapports avec les autres pays.
Suivant an contraire la politique inaugurée par Pierre le Grand,
^le Cavorisait grandement les étrangers, et les Anglais jouissaient
«pécialeraent de ses faveurs. Ceux-ci, profitant di's bonnes dispo-
sitions de la Russie k leur égard, étendirent leur commerce dans
R«v. Hnrm». XVI. 1" mm. h
^
riib
tifi
A. D. XENOPOL.
ce pays d'une manière considérable. Ainsi ils avaient non seu-
lement des oum])U>irs et de {grandes maisons de commerce
dans les ports de la mer Ballitiue à Saint-Pétersbourg, Riga,
rîeval. Narva, mais même au centre de la Russie, k Moscou,
Kazan et Astrakan. Encouragés par cette prépuudérance com-
merciale qu'ils exerçaient sur la Russie, il leur vint h. l'idée de
renouveler leur commerce avec la Perse par la Russie, notam-
ment par la mer Caspienne, et obtinrent de Catherine II un ukase
qui leur pt^rmettail le commerce avec la Perse, par celle mer,
espérant ainsi gagner en Perse ce qu'ils perdaient en Turquie.
Pour le maintien de ces relations amicales, si importantes pour
l'Angleterre, il était nécessaire que ses rapports politiques avec
la Russie tussent des plus serrés, et ceci Dous explique assez le
soudain changement dans sa politique que nous avons rapporté
plus haut.
Les Russes, avec l'aide des Anglais, battent et anéantissent la
flotte turque à Tschesraé, près de l'île de Chios, sur la c6te asia-
tique. Toutes les îles de l'Archipel se soumettent à l'impératrice,
et on s'attendait à voir enti'er la flotte russe dans les Dardanelles
ot menacer la capitale même de l'empire ottoman. Pendant que
les Eusses remportent de si éclatants succès sur un élément qui
leur avait été jusqu'alors presque tout à tait étranger, sur tore
leurs victoires se suivent l'une après l'autre, quoiqu'elles nefussCDt
pas gagnées tant par le talent des généraux russes que par l'incapa-
cité des commandants turcs, ce qui amène Frédéric le Grand à
comparer cette guerre h une lutte entre les borgnes et les aveugles,
dans laquelle les premiers finissent par l'emporter sur les der-
niers.
Les Russes, après avoir battu les Turcs à Cahoul» prennent
Ismaïl et Kilia, puis Beiider, Ibraïla et Merman, et les Tatares
du Dniester se soumettent de bon gré à la domination de Ca-
therine.
Les puissances européennes qui n'étaient point engagées dans
la lutte, et particulièremeut l'Autriche et la Prusse, voyant la
Turquie i-éduite h bout de ses forces, interviennent pour la con-
clusion de la paix. La Turquie accepte avec reconnaissance
l'intervention de l'Autriche, et promet h celle-ci « que si les
Russes sont chassés do la Turquie, il dépendra en tout du boa
plaisir de la cour impériale (de Vienne) de mettre sur le trône de
Pologne un roi de son choix, ou bien de partager ce pays avec
tes DillClfBir.3ie5TS DE LA MOLDAVIE.
67
la Porto '. * L'idée du démembrement de ce roj'anme a son ori-
gine dans les malheurs de la Turquie; mais s'il arriva plus tard
à être réalisé, ce ne fiit point à l'avantage delà Porte, tel qu'il
lui plaisait de l'imaginer itans la prn|H».sitif>n que nou» venons de
citer. C'est cette même cause qui amena lu cession do la lîuko-
Tine ainsi que nous le verrons plus tard. Mais comme la Russie
avait intérêt k ce qu'avant de commencer les négociations elle
mit la main sur la Crimée, elle proposa h la Porte dt>s conditions
tout à &it inacceptables, telles que : la liberté des Tatares de la
Crimée, et l'établissement en Moldavie et en Yalacbit; d'un prince
indépendant, qui aurait à sa disposition des troupes et des for-
teresM». Les Autrichiens, voyant les Turcs réduits k cette extré-
mité, leur proposen t u n traité secret par lequel les Turcs s'enga gen t
à payer à l'Autriche dix millions de piastres « comme dépenses
pour pr^>arati£5 de guerre. > dout trois millions payables immé-
itement, le reste jusque dans huit mois, la Porte prenant en
' SOS l'obligation d'avancer encore deux ou trois mille bourses
pour la réussite de quelques vues secrètes. » La Porte, « afin
■de montrer sa reconnaissance pour la conduite généreuse de TAu-
ricfae, lui promet en outre la petite Valachie, si elle réussit soit
ir le moyen des négociations, soit par la force des annes, .*i faire
abandonner à la Russie toutes les conquêtes faites sur le territoire
r ottoman, et ^ lui faire accepter une paix aux mêmes conditions
ne celle de Belgrade'. »
Ce traité provoqua dans l'Europe entière la plus forte indigna-
rtîoo. L'Autriche, qui jusqu'alors avait toujours lutté contre
fia Turquie, s'alliait à elle, abandonnant ainsi la cause de la chré-
tienté pour venir en aide aux adorateurs de Mahomet. C'était
ratuBÎ inouï qu'inattendu. Et pourtant il ne faut point croire que
1 ce traité fût l'expression d'un cliangement dans le système poli-
tique de l'Autriche, et que l'empire des Habsbourg, voyant le péril
, qui l'attendait du côté de la Russie, s'était enfin décidé h pi-endre
lie parti des Turcs. Non. Alors, comme à toutes h^s ép<xjues de
histoire, la politique de l'Autriche a été le résultat de l'intérôt
Qtané. Elle voyait les Tnrcsdans une position difficile, et,
Pprofitant du trouble dans lequel ils se Irouvaieut, elle mettait la
main sur quelques millions, et gagnait en même temps des droits
t. D«niinrr, Bistoirf de Vempire oUoman, ÏY, p. 610.
% Dorummts Af Iluunnoiiuki, VTI, p- 86.
08
A. D. XCXOPOL.
à la roconnaissaiiCÊ de la Porte pour des services, il estyrai, tout
à fait illusoires, mais dont l'Autriche ne manqua point do tirer le
plus grand profit.
Les Russes, se sentant menacés par ce traité secret, qui arriva
à leur connaissance par l'intermédiaire de l 'ambassadeur anglais
Murray, concluent aussi un traité avec la Prusse, par lequel ils
lui promettent une portion du territoire de la Pologne, à la con-
dition que Frédéric 11 prêterait secours aux Russes, dans le cas
où ils seraient attaqués par l'Autriche. Quoique assurée de cette
manière, la Rm^ie fut furcée de céder un peu de ses prêtentioos
vis-h-vis de la Porte. Le premier pas de Catherine dan» ce sens
fut d'accepter la médiation de l'Autriche pour la conclusion de la
paix. Les Turca ne demandaient plus à l'Autnehe que de s'eflfor-
cer de maintenir leur domination sur les Tatares ainsi que sur
les principautés roumaines, renonçant, pour ce service, aux
trois millions qu'ils avaient avancés h l'Autriche, conformément
au traité de subsides» qui ne pouvait plus être exécuté, ainsi qu'à
toute protection sur la Pologne, qui reste ainsi livrée k la merci
de ses spoliateurs.
A la suite de cette entente, un congrès se réunit à Fokschany,
où la Russie, oubliant ses promesses, repousse riutervention de
l'Autriche et demande, comme condition esi>entiel]e de la paix, la
liberté des Tatares. Les plénipotentiaii'es turcs, qui s'étaient
préparés, pour mieux résister aux prétentions russes, par la lec-
ture ilu Nouveau-Testament, repoussent avec énergie cette propo-
sition. Le congrès n'aboutissant k aucun résultat, un autre se
réunit à Bucharest, dans lequel la Russie, après bien des négo-
ciations, proj)Ose son ultimatum aux conditions suivantes : 1" la
cession de Kertscb et de lenikalé commegarantic de l'indépendance
des Tatares; 2° la liberté de navigation pour le^ vaisseaux de
guerre et de commerce dans la mer Noire et l'Archipel ; 3*" la
restitution aux Tatares des forteresses de la Crimée; 4° la nomi-
nation (le Grégoire Ghyka comme prince héréditaire de Valachie,
avec l'obligation pour ce pays de payer un tribut tous les deux
ans ; 5" la cession de Kinburn à îa Russie et la destruction da
la forteresse d'Oczakoff; 6° le droit de protéger les adorateurs de
l'église grecque dans l'empire ottoman. La Porte ne pouvant
accepter ces conditions, les négociations sont rompues le 22 mars
1773, et la gucrro recommence. Le 24 décembre de la même
année, le sultan Moustapha IV meurt, et Abdul-Hauud le rem-
ijs i)<i(EUBaamTS ne u HOLDivie.
6»
place sar le tr&ae. La guerre, qui continae encore six mois, sous le
nouveau règne, étant toujours k l'avantage des Russes, la Turquie
se décide à conclure la paix n'importe à quelle condition. Les
représentants de la Russie attendent le jour du 21 juillet 1774,
anniversaire du traité du Pruth, pour effac«* par la gloire acquise*
dans la guerre récente la honte d'autrefois, et c'est ainsi que fut
signé le fameux traité de Koutschouk-Kainardji, en trente-huit
articles, dont les principaux sont les suivants :
Art. ni. — < Tous les peuples tatares... seront reconnus...
pour nations libres et entièrement indépendantes. »
Art. Vn. — « La sublime Porte... permet aux ministres de
la cour impériale de Russie de faire dans toutes les occasions des
représentations, tant en faveur de la nouvelle église à Constanli-
QOple que pour ceux qui la desser\'ent. »
Art. XI. — « Liberté de commerce accordée à la Russie dans
toutes les mers turques. »
Art. XVI. — < L'empire de Russie restitue h la suWime Porto
toute la Bessarabie avec les villes d'Akennan, Kilia, Ismaïl, et
avec les bourgs et villages et tout ce que contient cette province;
comme aussi elle lui restitue la forteresse de llender. Pareillement
l'empire de Russie restitue h la sublime Porte les deux principau-
tés de Valacbie et de Moldavie, avec toutes les forteresses, villes,
bourgs, villages, et tout ce qu'elles contiennent, et la sublime
Porte les reçoit aux conditions suivantes, avec promesse solen-
Dello de les respecter saintement : 1" d'obser\'er h l'égard de tous
le» habitants de ces principautés, de quelque dignité, rang, état,
vocation et condition qu'ils puissent être, sans la moindre ex-
ception, l'amnistie absolue et l'éternel oubli stipulés dans te pre-
mier article du traité en faveur de tous ceux qui, effectivement,
auraient commis quelque crime, ou auraient été soupçonnés
d'avoir eu intention de nuire aux intérêts de la sublime Porte,
les rétablissant dans leurs premières dignités, ra ng et possossions,
et leur rendant les biensdont ils ont joui avant la pnWn te guerre;
2" de n'emiiècJier aucunement l'exercice libre de la religion cbré-
tieiiwe, et de ne mettre aucun obstacle à la construction de
Dcmvelles églises et à la réparation des anciennes, ainsi que
oda a été précédemment; 3** de restituer aux couvents et aux
fiarticuliers les terres et possessions ci-devant h eux apparlc-
narites, qui leur ont été prises contre toute justice, situées aux
environs de Brahilow, de Ghoczim, de Beuder, etc., appelées au-
70
X. D. XE'tOPOL.
jourd'hui Raï; 4° d'avoir pour les ecclêsiaatiques l'estime parti-
culière que leur état exige; 5" d'accorder aux Éamilles qui
désireront quitter leur patrie pour s'établir ailleurs une libre
sortie avec tous leurs biens ; et pour que ces familles puissent
arranger convenableraenl leurs affaires» on fixe le tenue d'une
année pour celte énûgratiuu libre de leur patrie, à compter du
jour où le présent traité sera échangé; 6" de ne demander ni
exiger aucun paiement pour de vieux comptes, de quelque nature
qu'ils puissent être; 7° de n'exiger de ces peuples aucune contri-
bution ni payement pour tout le temps de la durée de la guerre ;
et même, h cause des dévastations auxquelles ils ont été exposés,
do les tenir quittes de tout impôt, pour deux années, h compter
du jour de l'écliange du présent traité; 8° à 1 échéance du terme
marqué, la Porte promet d'eu user avec toute humanité et géné-
l'osité dans les ùupusitious qu'elle mettra sui* eux en argent, et de les
recevoir par la voie de députais qui lui seront envoyés tous les deux
ans ; au ternio du paiement de ces impôts, ni les pachas, ni les gou-
verneurs, ni telle autre personne que ce puisse être, ne devra les
obérer, ni exiger d'eux d'autres paiements ou impositions sous
quelque prëtexle ou dénomination que ce suit, mais ils doivent
jouir de tous les mêmes avantages dont ils ont joui pendant le
règne du feu sultan ; 9" la Porte permet aux princes de ces deux
États d'avoir auprès d'elle chacun un chargé d'affaires, pris entre
les chrétiens et la communion grecque, lesquels veilleront aux
affaires concernant iesdites principautés, et seront traités avec
bonté parla Porte, et, nonobstant leur peu d'importance, consi-
dérés conimu personnes jouissant du droit des gens, c'est-à-dire
à l'abri de toute violence ; 10" la Porte conseyit aussi que,
selon que les circonstances de ces detix pHncipautés pour-
ront l'eaciger, les 7ninisb'('s de la cour impériale de Russie
résidant auprès d'elle puisscmt parleur en leur faveur, et
promet de les écouter avec les égards qui conviennent à
des puissances amies et respectées. *
Art. XVni, XIX, XX. — * Cession de Kinburn, Kertach.
lénikalé et Azow à la Russie'. »
Ce traité, qui fut eu grande partie l'œuvre de la corruption dea
pléuiiiotentiaires ottomans, donna à la Turquie un coup dont elle
ne put plus se relever. Par la liberté des Tatares, les Turcs per-
I. Martetuel Cuuy. Herueil de tralléa. Leipxi^, 1848. T. I, p. 111.
LES DéMPHBEMETTS PB LA MOLDirtE.
7*
daieot leurs plus précieux auxiliaires dans lea guerres contre les
Russes, d'autâot plus que les TaLares, tombant bientôt sous la
domination des Russes, étendirent de beaucoup leiu* territoire, et
aujaiwnlèrent leur force. Par les ports sur la mer Noire et la
lilierté du commerce, les Russes pouvaient ontretonir une flotte
et transporter en peu de temps une armée sous les murs de Cons-
tantiûople. Le droit d'intervention des Russes en faveur de la
nouvelle église bâtie à ConstantiDuple, ainsi que celui de parler
en faveur des principautés roumaines, niellait tes vainqueurs
dans un contact plus direct avec les chrétiens de l'empire otto-
man, et leur donnait l'occasion de se mêlera chaque instant des
''a&ires intérieures do la Porte. Les Turcs, au premier moment.
De s'inquiétaient pas tant de ces périls plus cachés et plus loin-
tains, mais bien de ceux qui étaient plus visibles» tels que l'indé-
pendacce des Tatares et la possession des ports de la mer Noire.
Pour écarter cette dernière condition, ils offrent, malgré leur
miaère financière, trente-cinq millions de piastres, et s** donnent
imites les peines imaginables pour amener Frédéric II, roi de
Prusse, qui avait acquis une grande influence sur les aflaires
d'Orient, à insister auprès du cabinet de Saint^Pélersbourç, afin
d'adoucir un peu les conditions de la paix.
A la tristesse des plus amères qui régnait k Constantinople,
Pêterslvmrg opposait une joie des jilus exubérantes. L'impéra-
trice Catherine était tellement joyeuse, en apprenant la conclu-
sdoa de la paix, qu'elle ne voulait voir ce jour-là devant elle que
des figures contentes. La Russie avait acquis en effet des avan-
tages auxquels elle ne s'attendait même [las, d'autant plus qu'elle
était k la veille de ne plus pouvoir continuer la guerre. Voilà
poarqaoi elle était décidée à les garder à-tout prix, et, plus les
T^ircs s'efi'orçaient de mitiger les conditions de la paix, plus les
Runs voulaient les maintenir daus toute leur rigueur.
Dans de pareilles conditions, l'intervention do la Prusse en
faveur de la Turquie pouvait difficilement arriver h un heureux
résultat, d'autant plus que la Prusse était h cette époque dans
f des rdatioDS très étroites avec la Russie, par suite du partage de
^la Pologne (1772), Elle préférait donc les intérêts de son alliée à
ceux de la Porte. Le cabinet de Saint-Pétersbourg répond aux
doléances de la Porte sur l'iniquité des exigences russes (tar d<»
arguments «)jihistiqut','i, soutenant que les stipulations du traite
étaient plutôt à l'avantage de la Porte, et demande absolument la
ratiflcatioa du traité, à laquelle la Porte se résigne le 2 fé-
vrier 1775, voyant tous ses efforts restés infructueux.
Pourtiint cette ratification elle-même n*aj>lanii point toutes les
difficultés qui sur^^ireiit entre la Porte et la Russie au sujet de
rexécutioii du traité, et ces dinicuUèadevini*eLt en définitive l'oo-
casion d'une nouvelle guene, ceîle de 1787,
IV.
Quelles furent les conséquences de la guerre de 1768 pour les
pays roumains?
Parla paix de Kainardji, la Russie obtenait le droit de protec-
tion sur les pays roumains, le droit de « parler en leur faveur, »
d'après les termes mêmes du traité. On ne pouvait savoir alors
ce que ce àvoii allait si^^iifier. Le sens qui allait être attaché à
ces paroles restait pour le moment caché dans les replis tortueux
de la pensée du cabinet russe. Il est pourUnt hors de doute que,
si la Russie renonçait à l'idée si prononcée au commencement
d'incorporer !es principautés à son empire, la cause de celte mo-
dération ne saurait être attriLuée h une faveur qu'elle voulait
ac«jrder h la Porte, quand sou plus grand désir était au contraire
de la voir réduite à la dernière extrémité ; mais la Russie craignait
de mécontenter rAulriche, qui raonti*a une grande inquiétude
loi'stiu'elle vit l'empire du Nord occupei* les principautés rou-
maines, et qui conclut même avec la Porte ce fameux traité de
subsides, par lequel elle s'engageait à déclarer, au besoin, la
guerre & la Russie. Les résultats auxquels ce traité aboutit
prouvent sufTisanmieat qu'il n'était nullement sérieux de la part de
l'Autriche; la Russio devait pourtant absolument tenir ct>mple
d'un pareil acte, et voilà pourquoi elle céda sur ce point. L'Au-
triche , en effet, ne montra quelque intérêt que pour les pays
roumains, et laissa aux Russes liberté entiènî sur tout le reste.
Comme ceux-ci trouvaient pour le moment leur plus grand inté-
rêt à devenir maîtres chez eux, chose h laquelle ils ne pouvaient
parvenir sans une complète liberté des Tatares et l'acquisition
des ports de la mer Noire, l'impératrice Catherine se décida,
quoique difficilement, à renoncer à ses plans sur les pays rou-
mains, en échange de l'amitié de rAutriche ^
t. TbQgut A Kauoiti, 5 sepL 1772. Ooc, de Uourniouzaki, Vil, p. 97.
LES D^VGUBREUEXTS 0£ U KOLOATIF..
78
11 est très prolwble que l'AulricUe voulait se réserver la possi-
bilité de mettre elle-mêrae la maiu sur les pays roumains, but
coDstant de sa politique depuis plusieurs années. Ainsi par le
traité de Passarowitx i718, l'Autriche obtint la petite Valachio,
qu'elle restitua ensuite k la Turquie par le traité de lîelgrade 1739.
EUle engage les Turcs k leur céder la même principauté par le
traité de subsides rapporté plus haut. Cette opinion est confirmée
par les paroles mystérieuses du barun deTliugutdaus une dépêche
adressée au prince de Kaunitz, chancelier d'Autriche, dans la-
quelle l'ambassadeur rapporte : « Qu'étant h Fokschany à l'oo-
casiuu du cunurv-s russc>-turc, deux boyards vinrent le visiter et
le prièrent d'insister près de sa cour pour l'indépendance des
principautés; qu'il avait payé ces boyards de belles paroles,
attendu qu'il ne pouvait iniltcr ces tfiessieurs dans les se-
crets des intentions de la haute cour im]}éHate sur le sort
futur des principautés^ » Cette même idée resst:>rt il'une ma-
nière plus claire encore d'une autre appréciation de Thugut sur
le traité de Kainardji. Après avoir montré que la Turquie était
irrévocablement jterdue, et ne tarderait point à être remplacée
I»ar un empire russo-oriental, il observe que « c'est là la cause
pour laquelle les Russes n'avaient point étendu davantage leurs
pœeessions sur le Dniester et le Danube, et qu'à la chute prochaine
de l'empire ottoman, les provinwîs du Nord, telles que la Bosnie,
la Serbie, la Moldavie, la Valachie. devraient déjà pour celle
cause échoira l'Autriche, attendu qu'elles ne présentaient aucun
intérêt pour l'empire russo-oriental*. »
L'Autriche ayant donc des vues arrêtées sur les principautés,
il était très naturel qu'elle ne permît point aux Russes de s'y
établir ; car c'était pour elle qu'elle voulait garder cette partie de
la succession de l'empire ottoman qui, d'après l'attente générale,
ne tarderait pas longtemps à s'uuvrir.
C'est de cette conduite de l'Autriche envers la Porte que dé-
coule la conséquence la plus importante de la guerre de 1768
pour les pays roumains, conséquence indirecte, mais qui les
blessa plus profondément que les suites immèdiatts de la guerre,
car elle conduisit à la perte d'une portion considérable de tem-
toiro, au démembrement de la Moldavie. Ce précédent fatal, étant
t. Thugul i KaonitK. Doc. Uoannoazaki, VU, p. 93.
2. Tbugal t KauuiU daaK ZlnkeiiteH, d^xcliichte der osm. HoichtS, V, p. 84.
74 A. D. XE^OPOL.
bientôt après mis en pratique par la protectrice même des pays
roumains, réduisit l'étendue de l'un d'eux de plus de moitié, lui
ravit la meilleure partie de son territoire, et lui montra avec hor-
reur l'abuue où il était menacé de disparaître un jour entièrement.
Nous voulons parler du rapt de la Bukovine qui an'iva Tannée
suivante delà paix de Kainanîji, 1775.
Si l'Autriche pouvait sans beaucoup de peine empêcher la
Russie de s'approprier les principautés, il ne lui était point
aussi iacile de se substituer k la Russie, s'attendant de la {>art de
celle<'i à la ni«me opposition qu'elle lui faisait de son côté. Aussi
voyons-uous l'Autriche montrer la crainte que la renonciation
de la Russie à la possession des pays roumains ne Kit seulement
nominale, car * quoiqu'elle ne contredise point d'une manière
publique la promesse donnée â la cour impéi'iale, elle pourrait
bien s'assurer pour toujours la soumission et le dévouement des
princes de la Moldavie et de la Valachie, ainsi que celui de ses
habitants par des clauses favorables insérées dans ses traités
avec la Turquie', » d'autant plus que l'Autriche voyait qu'on
lui cachait soigneusement le texte du traité. L'Autriche crai-
gnait donc que par ce traité il ne fût stipulé que les principautés
restassent « seulement comme Raguse sous la protection de la
Porte, jouissant en outre d'une complète indépendance; qu'elles
n'y fussent exemptées du tribut et autres corvées envers l'empire
ottoman, quand alors ces pays très fertiles provoqueraient une
émigration très forte de l'Autriche; que l'élection du prince ne
fut accordée au pays' » et autres choses semblables.
L'Autriche s'attendait donc de la part des Russes à une influence
prépondérante sur les Roumains, lesquels, quoiqu'ils ne fussent
point soumis à leur domination directe, n'en seraient pas moins
des sujets très fidèles de la Russie, accompliraient tous les vœux
du tzar, de sorte que les principautés subiraient, au lieu de la
suzeraineté de la Porte, celle beaucoup plus effective de la Russie.
C'était là le [wint de vue dominant de lu politique autrichienne
Tis-à-vis de la Russie.
Les rapports de l'Autriche avec la Turquie étaient tout k fait
diflércnls, et par suite aussi sa politique. 1^ Porte avait montré
tant de faibhii.sse dans la conclusion de la paix de Kainanlji, que
1. Thufïut \ Kaaaltz. Doc. Ilourmouzaki, VII, ]i. D7.
?. Kaunitz h Tbiigiil Dor. Hoiinijouzaki. VU, p. !0i.
LES DéUEVRBElILNTS 1*E U VOLDAriE.
T5
rAutriche était pleluement conraiDcue qu'avec un peu d*audace
00 pourrait en obtenir bien des choses. U avait suffi k l'Autriche
de Êûre espérer seulement à la Porte une inteneotion daos sa
guerre avec la Russie, sans lui doniier la moindre garaulie de la
ancmté de ses promesses, pour amener ta Porte à lui compter
immédiateoient plusieurs millions. I^ Turquie avait tout bonne-
ment perdu la tête, et l'Autriche, prévoyant la ruine imminente
de l'empire ottoman, pensait qu'il serait sage de prendre quelque
chose à l'avance, pnx^dant comme les créanciers d'un négociant
qni est à la veille de suspendre ses paiements. Une instruction du
miznstre Kauuitz adressée au baron de Thugut prouve surabon-
damment que c'était là le principe dirigeant de la politique autri-
chienne vis-à-vis de la Porte : < L'état présent de l'empire otto-
man est tout à Eait différeiit de ce qu'il était autrefois. Les plans
et les prévisions humaines trompent si souvent, qu'il est difficile,
sinon impossible . de prédire la manière dont les événements
s'accompliront. Toutefois un œil politique peut prévoir en toute
probabilité que, si la Russie, comme on ne saurait en douter,
ft'ealend à profiter des avantages gagnés par le dernier traité,
poidant que la Turquie persiste dans son apathie et son inactivité,
à cause de la corruption de sa constitution fondamentale, l'Europe
orientale doit Décessairemcnt subir tôt ou tard une révolution ca-
pitale. Cette seule per^ective est plus que suffisante pour nous
tenir en garde contre toiUes sortes de traités ou liaisons
générâtes avec la Porte qui auraient en vue le temps à venir
sans apporter un avantage immédiat^ car l'avenir peut ca-
cher des changemeuts tout à fait imprévus, qui nécessiteraient
des mesures tout autres que celles qu'on aurait prises'. »
Deux considérations poussèrent donc l'Autriche à mettre la
main au moins sur une partie du territoire de la Turquie (Molda-
vie) : d'un côté, la crainte que la Russie n'acquît une trop grande
iniluence dans les princii>autés; de l'autre, une politique de rapt
et de spoliation via-à-vis de la Porte.
L'Autriche avait un motif d'autant plus puissant à craindre
l'influence de la Russie dans les principautés et principalement
en Moldavie, que le trône de cette prov ince avait été occupé par
Grégoire Ghyka, nommé prince par la Porte sur les instances de
la Russie et de la Prusse (octobre 1774). Ce prince s'était mon-
1. EanniU â Ttiugui. Doc. Uoarmouuki, VU, y,. 118.
7(i
4. 0. XE^OPOL.
tPG très favorable aux Russes dès son premier règne en Valaclûe,
lors de rentrée de ceux-ci dans ce pays^ dans l'année 1768. Il fut
en conséquence fort bien traité parles Russes, emmené K Pèlera-
bourg où ceux-ci voulurent l'employer à négocier la paix avec les
Turcs, lui 6renl cadeau d'une forte somme d'argent et d'une pré-
cieuse tabatière en brilla nts, et reçurent son fils dans le corps des
cadets, ainsi que nous l'avons rapporté plus haut.
Le prince Ghyka avait été au contraire toujours mal vu par la
cour de Vienne, et les causes de cette disgrâce nous sont données
par Thugut dans une de ses dépêches : « La nomination de Ghyka
dans une principauté voisine des pays de la très haute cour ne
peut correspondre à ses intérêts par plusieurs raisons : première-
ment parce que, du temps de son règne précédent, le commandant
impérial et royal des frontières n'eut point à se louer de sa con-
duite; ensuite parce que Tappui actuel de la Russie et de la
Prusse, qui l'ont conduit au trône, est dû uniquement à son en-
tente coupable avec la Russie au commencement de la guerre et
aux services qu'il a rendus, en qualité de drograan delà Porte,
dans les pourparlers avec l'émissaire prussien Rcxin, h l'avantage
de celui-ci et au grand détriment de la cour impériale *. »
Et justemeoi ce prince était appelé par les Russes au trône de
Mûîdavie. La Porte accède à sa nomination par égard pour la
Prusse, et, d'autre part, l'Autriche ne pouvait point se montrer
ouvertement hostile k son égard, parce qu'elle ne voulait pas
l'avoir {wur ennemi, s'il arrivait quand même à être nommé
prince contre sa volonté. Elle avait bes<iin, maintenant plus que
jamais, des bons offices du prince moldave, quand il s'agissait
d'arracher au pays qu'il allait gouverner un morceau si impor-
tant de territoire. Voilà pourquoi l'ambassadeur d'Autriche, après
avoir vainement cherché h combattre sous main la nomination de
Ghyka, fait semblant lui-même d'insister pour son installation,
et se montre très bienveillant pour la famille de Ghyka et surtout
pour son beau-père lacovaki Rizo, qui se montrait disposé &
servir les intérêLs de l'Autriche, et que Thugut désii*ail maintenir
dans les mêmes dispositions.
Il est bien évident que la Russie était, au commencement, un
objet de crainte pour l'Autriche. Aussi cette dernière puissance
évite-t-elle d'en trej) rendre les négociations pour la cession de la
1. Thtigul i Kaunitz. Dor. Hounnouzaki, VII, p. 103.
LBS DéxeilBREIfEXTS l»K LA HOLDIVIE.
77
Bukovine, tant que le feld-marèchal Romauzov était encore en
Moldavie : « Si nous n'avons pas mis la main sur le district en
question du temps de la guerre, écrit Kaunilz à Thugut, la cause
en est que la Russie avait occu[>é par If^ armes et jure belli la
Moldavie et la ValacUie, et qu'il aurait fallu entrer avec celle
puissance dans des négociations formellâs; qu'ensuite notre cour
ne voulait à aucun prix> pour des raisons qui vous sont suffisam-
ment connues, avoir l'air de prendre part aux actes d'hostilité
contre la Porte, et qu'elle ne voulait non plus mêler ce district
dans le partage de la Pologne et dans les discussions avec le roi
de Prusse au sujet de l'équivalent des lois de partage*. » Mais la
difficullé seule des négociations aurait difficilement retenu l'Au-
triclie, si elle n'avait pas craiitt que les Turcs, se voyant ainsi dé-
pouillés par elle, sans aucun motif, ne se jetassent dans les bras
de leurs ci-devant ennemis, leur cédant sur tous les points prin-
cipaux du traité, et demandant leurinterventionconlrerAutriclie.
Voilà pourquoi Tliugut se presse de conseiller le cabinet de Vienne
de « prendre toutes les mesures nécessaires afin de rendre cette
affaire le moins voyante possible, et de ne point (aire apparaître
cotte occupation comme la suite d'une entente trop étroite avec la
Russie, et par conséquent comme une rupture réelle et générale
avec la Porte, par laquelle on faciliterait k Muhy.un Oglou (grand
vizir) la réalisation de ses iiitentionsdangereusta près du nouveau
sultan, et jetterait le tout dans les bras de la Russie par une paix
trop précipitée'. »
Mais cela ne suffisait point. Il fallait leurrer encore la Porte
par des promesses habiles concernant la future intercession de
TAutriche dans ses démêlés avec la Russie, et lui démontrer
qu'elle devrait sacrifier sans regrets ce coin de terre en échange
d'une amitié si précieuse. On devait rappeler h la mémoire de la
Porte les promesses du feu sultan faites par le ti'aité de subsides
relatif k la petite Valachie, tout comme si l'Autriche avait déjà
accompli pour sa part les obligations qu'elle s'était imposées. Pour
convaincre davantage la I*orte do la sincérité de ses intentions,
l'Autriche conseille aux IMrcs de se fortifier du côté de la mer,
d'où les plus grands périls pouvaient les menacer ; mais ces con-
seils sont donnés dans le plus grand secret, par crainte que ù la
I. KaiuHx A Thugut. Dec. llournioaiakl. Vil, p. 10C.
S. Tfangol i KtaoUt. Doc. Uounuoiuuld, VU, p. 101.
à
78
A. D. XEVCJPOL.
Russie venait h les connaître, elle ne s'opposât, par esprit de ven-
geance, à la réalisation des plans autrichiens.
D'antre part enfin, rAutriche s'efforçait tl'attirep les Russes de
son c6lê, leur montrant que, jsar la prise de la Riikovine, vile
exercerait sur la Porto une pression en tout j>oint favorable aux
intérêts russes, et que celle-ci serait plus tôt réduite h conclure
avec la Russie une paix conforme* à ses vœux.
C'est ainsi que l'Autriche mêlait les fils compliqués de sa (wli-
tique, que même la diplomatie de ce temps-là, très large en fait
de morale, ne craignait point de qualifier d' « artificieuse, pleine
de duplicité et d'avidité*. »
La Russie garda dans tout le cours de cette affaire une neutra-
lité qui ne saurait être expliquée autrement que par ses relations
avec l'Autriche issues du partage de la Pologne. Pour pouvoir
toutefois contrecarrer au moins en partie cette ambition démesurée
de l'Autriche qui, d'après l'opinion de la Russie, « désirait gou-
verner l'Europe d'une manîère despotique par des résolutions
prises dans son cabinet, » la Russie cherche h exciter la Porte
contre l'Autriche, lui montrant (d'accord avec la Prusse) t que
l'Europe entière était étonnée de voir comment la Turquie, qui
n'avait presque rien perdu dans une guerre aussi acharnée avec
la Russie, souffrait que l'Autriche lui arrachât en temps de paix
une portion si considérable de temtoire. » Mais la Russie se borna
à ces intrigues cachées, et ne voulut en aucune manière prendre
part ouvertement à cette affaire. La Russie, ainsi que la Prusse,
étaient d'avis que cette circorislance ne méritait point que l'on se
jetât dans une guerre, mais que si les Turcs voulaient cliasserles
Autrichiens de la Bukovîne, ils ne trouveraient rien h redire. Le
divan même de la Moldavie demande, d'acoord avec son prince,
l'intervention de la Russie contre ce démembrement; mais la
Russie leur répond que ^ depuis la restitiUion de ce pays à la
Porte, elle n'avait plus aucun dvoU de se mêler de ses
affaires*. »
Qu'était devenue la protection russe? Quel usage faisait-elle
de son droit d'intervention en faveur des principautés? Si jamais
celles-ci avaient eu besoin de rintervention de quelqu'un, c'était
1. Zinknsen, Geschiehte der osm. Reiches (n Enropa, VT, pag. 107 et 113.
2. Zinkeiften, OeschicMet VI, p. 111. — Corop. KauoiU &TWut. Doc. Uûur-
mouKakJ, vri, p. MO.
LES DBMEMBREMEN'ra DE LA MOLUiTIË. 79
bien alors. Mais la Russie tournait le dos k la Moldavie quand
ceUe-ci étendait vers elle ses mains supplianles. Pourquoi? Parce
que le droit d'interrention de la Russie n'avait point été stipulé
dans l'intérêt des pays roumains, lùah bien dans celui de celte
puissance qui allait en faire usage lorsque cela lui conviendrait,
et lorsqu'une pareille intervention pourrait lui apporter un avan-
tage quelconque. Maintenant au contraire la Russie restait
iudiâëreute, n'a^'ant à attendre ni perte ni gain. Tant il est vrai
qu'en politique toute autre considération que celle ào rintérêt
parait déplacée, et qu'une nation qui niêlo le sentiment h la
politique montre qu'elle est encore loin d'être mûre pour la vie
publique.
Parmi les autres puissances, iteules l'Angleterre et la France
pouvaient jouer un r6le plus important dans l'affaire de la Buko-
Tine ; mais elles en furent empêchées pour différents motifs.
L'Angleterre avait perdu toute influence sur le divan par le con-
cours donné à la Russie, de sorte que sa voix n'était nullement
écoutée. La France, par son traité de 1758 avec l'Autriche, que
la Porte considérait comme dirigé contre ses intérêts, avait aussi
perdu les sympatliies de la Porte, de sorte que les puissances qui
déterminèrent le résultat final de cet événement furent comme
toujours les arbitres naturels de l'Orient : l'Autriclie, la Russie,
et jusqu'à un certain point la Prusse.
V.
Les prétextes que TAutriche inventa pour mettre la main sur
la Bukovine furent les suivants.
Premièrement elle prétendait que de tout temps il avait existé
avec la Turquie des malentendus au sujet de la délimitation des
frontières; que la Turquie avait constamment refusé d'envoyer
des commissaires qui, d'accord avec l'Autriclie, missent une fin
à cet état de choses ; que, dans les dt^niers temps, l'Autriche
étant forcée d'établir un cordon sanitaire, à cause de la peste {[ui
avait éclaté en Turquie, elle avait été forcée de comprendre dans
€6 cordon le territoire en litige pour ne point paraître renoncer
à ses prétentions, en le laissant en dehors. — Secondement,
l'Aulricbe soutenait que par le partage de la Pologne elle était
entrée en possession de ta Poculie. Celle-ci aurait cependant pos-
sédé» dans les anciens temp^, d'une manière indubitable, la Ruko-
80
A. D. XKMOPOL.
vine, et par conséquent l'Aulriche, représentant les droits de la
Pocutie, pouvait les revendiquer, la Porte n'ayant occupé ce dis-
trict qu'abusivement.
Outre ces deux motifs qui constituent en quelque sorte les
droits de l'Autricbe sur la Bukovine, elle en invoquait encore
d'autres qui sont purement utilitaires et dont nous ne saurions
tenir compte, car ceux-ci tie peuvent jamais constituer un titre,
et h l'aille de pareils argmneuLs on j)Ourrait toujours déposséder
quelqu'un de ses droits les plus sacrés. Parmi ceux-ci elle
indiquait la nécessité de mettre un frein à l'émigration des états
autrichiens et celle d'avoir une route commode entre la Galicio
et la Transylvanie.
Quant au premier point, il faut remarquer qu'en effet l'Au-
triche avait plusieurs fois protesté contre l'usurpation des fron-
tières par les habil<ints de» principautés'; mais ce fait s'était
produit sur les frontières de la Transylvanie et on comprend
difficilement comment l'Autriclie venait mêler une question de
rectification de frontières à ses prétendus droits sur la Pocutie.
Ou bien la Pocutie avait possédé la Bukovine et avait sur elle des
droits ab antiquo. et alors il devenait inutile d'invoquer en outre
une usurpation de frontières ; ou bien ces droits lui faisaient
défaut et alors ils ne pouvaient être remplacés par une prétendue
usurpation. L'Autriche invoquant deux titres, dont l'un excluait
l'autre, montrait bien par là qu'aucun n'était sérieux. C'est ce
que remarquait déjh Frédéric II. 11 observe « que les querelles
pour la fixation des frontières qui dérivaient justement de la paix
de Belgrade sont continuelleraenl mêlées aux droits que don-
nait sur la Bukovine la possession de la Pocutie ; qu'en tous cas
ces droits eux-mêmes ne sauraient être qu'une conséquence do
ceux que la cour de Vienne a acquis relativement k cette partie
de la Pocutie, qui lui a été cédée par le traité de Saint-Péters-
bourg sur le partage de la Pologne'. » Par suite, si même l'Au-
triche voulait invoquer les droits de la Pocutie, elle ne pouvait le
faire pour le tout, mais seulement pour la partie échue à elle, car
l'autre partie avait été prise par la Russie.
Nous ne connaissons point de documents que l'Autriche aurait
1. Voypiï ÎPR dorutnenU de llourmauzakl, VII, p. .*îfl, 32, 47. T7.
2. Lettre de Frédi'^ric U au roiiili! de Sulins, du 7 janvier 1775, dans Ziok^-
scn, Ctschichie drrotm. Retche$ m f.uropa, VI, p. 110.
^Êà
LES PEXEVBREHETTS ItK LA MOLMATIS.
H\
pu iovoçuer pour soutenir les ancicas droits de la Pocutie sur la
Bukovine, car ces documents n'ont jamais '^'u le jour, malgré
l'intérêt si prononcé de 1" Autriche à les faire publier. Nous savons
au contraire que la Pocutie elle-même avait été dans les anciens
iempsuDSUJet de querelles entre les princes moldaves et les rois de
Pologne ; mais que jamais la Pocutie ai la Pologne n'a possédé
celle partie de la Moldavie que l'on appelle la Bukovine. En effet
c'est dans cette province même que se trouvait l'ancienne capitale
de la Moldavie, Soutscbava, Radaoutz, résidence d'un èvèché
fondé par Alexandre le Bon, le couvent de Poulna, lieu de
sépulture des princes de Moldavie, et il est hors de doute que de
pareils endroits n'auraient pu se trouver dans une partie du pays
dont la possession aurait été disputée par lefi étrangers.
Mais noQS avons indiqué plus haut le véritable motif qui
poussait l'Autriche à occuper la Bukovine, celui de proQter aussi
des dépouilles de la Turquie, et comme ce motif n'était point
avouable, on lui prt'férait n'importe quel autre.
£n vertu de ces soi-disant droits, l'Autriche, sans attendre le
résultat des négociations, met de prime abord la main sur la
Bukovine, étant convaincue « qu'urie prise de possession immé-
diate serait bien plus facile h garder que d'obtenir une cession de
la part des Turcs et que, par conséquent, il serait à souhaiter de
prendre possession de ce morceau de territoire h la première occa-
sion, sans s'inquiéter davantage '. >
En même temps, l'Autriche, pour intimider la Porte, concentre
des troupes dans la petite Valachie, montrant par ces préparatifs
qu'elle était résolue de conserver à tout prix le district occupé, et
profite aussi de l'ignorance géographique de la Porte pour lui
bire accroire que la portion de territoire dont il s^agissait était
d'une étendue tout k fait insigniiiante et qu'elle ne méritait en
aucune feçon l'importance qu'on y attachait, eu égard surtout k
l'amitié do TAutriche.
Les Mokiaves, voyant le péril qui menaçait leur pays, envoient
à la Porte, par l'entremise de leur prince Grégoire Ghyka, une
plainte rédigée par le divan du pays, dans laquelle les Ijoyards
exposent que : « les procalés de rÀuLriche ne s'accordent nulle-
ment avec les protestations d*amitié qu'elle fait si souvent par-
venir à la Porte ; que le district occupé par l'Autriche est une
1. TtusDt  KauDitz, Dor. Hoiirmoazaki, \n, p. 101.
RbV. HlSTOB. XVI. 1" FASC.
82
A. ». XBPCOPOL.
telle portion de la Moldavie qu'il surpasse tout le reste de ce pays
en fertilité et valeur intrinsèque ; que tous les habitants demandent
le secours effectif de la Porte amtre une perte telleiiieut doulou-
reuse. » Mais, pour le nialtieur du pays, cette itlaiute ne se borne
point k cette exposition. Vers la 6d, tout comme si elle n'avait
point été écoulée, elle prend le ton delà menace par les paroles ;
« que si le sultan, cunti*L' toutsattente, ne donnait point Tatteulion
naérilee au principal intérêt d'une province soumise à sa domina-
tion, les Moldaves se trouveraient placés dans une grande incer-
titude sur les moyens qu'ils devraient employer pour sauver leur
pays ; s'il leur fallait recourir eux-mêmes à la force, ou si réduits
à la dernière extrémité ils devraient chercher leur salut dans la
protection d'une puissance étrangère '. »
Cet acte, que les boyards avaient rédigé, de concert avec
Ghyka, dausle camp du maréchal Romanzov, prouve par son
contenu Tinfluence russe sous laquelle il prit naissance. Il cherche
en effet à effrayer lea Turcs par le spectre de la protection
russe sans obsor%'er que par une pareille menace on compromet-
tait la cause de la Bukovine plu.'j qu'on ne la défendait. Mais la
Russie qui avait intérêt à effrayer les Turcs, afin de les forcer à
l'exéculian du traité de Kainardji, que les Turcs s'efforçaient
d'éluder de toutes les manières, ne prit en aucune considération
l'intérêt de la Moldavie, et, s'occupant seulement du sien, com-
promit aux yeux des Turcs le pays et son prince. Le baron de
Thugut apprécie au point de vue autrichien ce document de la
manière suivante : < A cause de la mauvaise rédaction de la
plainte, la juste sensibilité delà Porte pour la conduite ehonlée
de Ghyka a éloigné tout à fait l'atlt^nlion de la Porte de l'objet
même du litige et a pnjvoqué le Reis-Effendi h s'exprimer avec
la dernière amertume par rapport h la témérité de la menace que
les Moldaves pourraient s'adresser à une protection étrangère*.
L'Autriche gaguait parla uu point important : la Moldavie et
son prince, défenseur nalural du pays, perdaient sans retour la
confiance de la Porte et Thugut ne laissa point passer Toccasion
sans dénigrer Ghyka de toutes ses forces auprès de la Porte,
accentuant principalement ses liaisons avec la Russie, qu'il vou-
lait surtout prouver par la circonstance que les papiers de Ghyka
t. Tbugul à Kaunilz. Dik. lluuniwutakî, VII, p. 112.
2. ibid.
LES DE»EJinR£XeXTS DR LA HOLDiTIE.
ftS
étaient toujours apportés h CoostanlinopU* par des courriers
russes. Ceci (ièmontmit suffîsammt^nt, selon Thujçiit, sa coupnhln
enteule arec la Russie, car il ne pouvait ignorer l'habitude des
Russes d'ouvrir les lettres.
Ce n'était pourtant point la première fois que la fortune favo-
risait une cause injuste, et les Autrichiens, dignes émules des
Russes dans le talent de mettre k profit les événements, puisèrent
dans ces cii'constanceâ un puissant encouragement pour donner
suite à leurs intentions et dépouiller, sans aucun scrupule, un
étal petit, feihle et privé de tout défenseur. I^urs efforts furent
coufjtmés par le plus éclatant succès, preuve qu'en politique le
droit n'est qu'un nom, et que celui qui l'invoque tombera presque
toujours victime de sa bonne foi, pendant que le succès se mettra
éternellement du côté de la force et de celui qui en dispose. Et
eela paraît être dans la nature des choses ; le droit en effet ne
peut être appliqué entre les hommes que par une force supérieure;
entre les peuples, cette force faisant défaut, elle doit être rem-
placée par uue autre, qui ne peut être que la force brutale de
chacun d'eux. Li^ peuples donc seraient aussi soumis à la loi
tiatale de la lutte pour TexisteDce en vertu de laquelle les forts
seuls ont le droit de vivre pendant que les petits peuvent tout au
plus aspirer h servir de pâture aux puissants de la teire.
Mais revenons à l'histoire.
Ghyka était persécuté surtout par son ennemi le plus acharné,
Alexandre Ipsilanty, prince de Valachie. Celui-ci, aifivéau trône
par les instances de la cour de Vienne, qui désirait toujours
avoir dans les principautés des princes soumis h ses volontés,
informait sans relâche le ministre autrichien de toutes les
démarches de Gh} ka et mettait l'internonce dans ta possibilité
de les condiattre d'une manière efficace. Ainsi, c'est le prince
de Valachie qui &it connaître au baron de Thugut le contenu de
la plainte adressée par les boyards à la Porte. C'est encore lui
qui l'informe que Ghyka avait rédigé ce document dans le camp
des Russes. La correspondance entre Thugut et Ipsilanty était
lelleauMit fréquente et InqKirtante que l'ainbassadeur demande k
stm ministre une clef clûffrée, afin de pouvoir communiquer avec
loi en toute sécurité.
Ayant à lutter, d'une part contre les intrigues si savamment
combinées du cabinet de Vienne, de l'autre contra la corruption
employée par le même cabinet, comme un digne pendant de ses
84
A. 11. tETOPUL.
perfides machinations, il eût été diiîfîcile, même pour l'homme le
plus fennc et le plus constant, de sauver la cause qu'il défendait.
Ghyka pouvait le faire d'autant moins, que nous le voyons dans
tout le cours de cette affaire louvoyer entre l'Autriche el la Rusae
sans une politique constante, s'efîbrçant de sauver sa position par
tous les moyens imaginables. Ainsi, pendant que sous main il
travaille avec la Russie pour combattre les plans de l'Autriche,
il courtise ouvertement l'ambassadeur de cette puissance, s'ef-
forçant de le convaincre « que craignant de laisser arriver à la
Porte les rapports des boyards moldaves par une autre voie, il ne
pouvait s'empêcher de les faire parvenir à sa connaissance ; mais
qu'il avait cliargé son beau-père, lacovaki Rlzo, de lui faire
connaître en secret toutes ses démarches afin qu'il puisse prendre
à temps les mesures nécessaires'. » Dans une lettre adressée à
Thugut, il lui dit ; « que malgré toutes les démarches que les cir-
constances l'ont forcé de faire, toutefois dans son âme il a tou-
jours eu l'inclination la plus pure pour le très haut service de Sa
Majesté, et il a fait tout son possible pour aider la réussite de
l'entrejirise*. » La missive qu'il envoie à l'internonce le 25 mai
1778 est encore plus explicite : « Je ne puis qu'apprendre avec
plaisir la inclusion de l'arrangement amical entre les deux em-
pires, relativement aux frontières du côté de cette principauté ;
j'espère que la satisfaction que j'ai éprouvée en cette occasion ne
TOUS soit pas inconnue, et quoique ce ne peut être qu'une perte
bien considérable pour la Moldavie, je puis vous assurer. Mon-
sieur, que j'ai lait ce qui a pu dépendre de moi, en coutribuantde
la manière qui m'a été possible à l'accomplissement de cette (sic)
ouvrage, ainsi que vous serez amplement imformês par la bouche
de M- lacovaki Uizo, mon beau-père, et que je saisirai de même
toutes les occasions de pouvoir témoigner par la suite la part
que je prends pour le bien des intérêts de Leurs Majestés impé-
riales et royales, bien assuré que Leur Magnanimité ne laissera
pas de faire sentir au pays, aussi bien qu'à moi, le dédommage-
ment de cette perte par les effets généreux et les marques efficaces
de leur bienveillance '. »
Il faut observer que Ghyka tâchait de s'attirer d'autant plus
1. Thiigat A Katinilz. Doc. Honrmotrxaki, Vn, p. 12S.
2. Tliu^jul à KauniU. Dtx-.. lluitriDOuzakir VII, p. 195,
3. Dm. Uourmouxnki, Vtl, p. 170. (Lfl texte original est françui».)
LES DéMEMBSeVEnTS M Ll HOLVATTE.
89
les fiaveurs de TAutriche qu'il voyait celle-ci gagner du terrain et
ses menées avec la Russie n'aboutirent à aucun résultat. Il crai-
gnait, avec raison, que si cette puissance réussissait k se faire
céder par la Porte un morceau si considérable de territoire, il lui
serait bleu plus facile d'obtenir la destitution de son prince.
Ainsi c'est toujours Thugut qui rapporte que < Ghyka lui-même,
depuis qu'il a reconnu l'insuffisance de l'assistance russe, parait
s'être cfinvaiticu de la nécessité de chercher à se rendre digne à
Tavenirde la très haute bienTeillance*. »
Ghyka avait, en effet, été trompé jmr les Russes. Ceux-ci
avaient voulu l'employer seuleirient tt)mme leur instrument.
Ainsi, ils cherchèrent h obtenir par l'entremise de Ghyka la
démolition de la forteresse de Ilotin, que le prince de Moldavie a
la naïveté de demander à Thugut. Mais l'intemonce sentant très
bien dans une pai^^ille demande une intrigue russe> tendantsoità
obtenir quelque chose en môme temps que l' Autriche, soit h gâter
les affaires de celle-ci, se ganle bien de transmettre h la Porte
une pareille proposition.
Le rùle joué par le prince de Moldavie avait été tout aussi
triste qu'humiliant. Aveugle instrument dans les mains des
Russes, il servit leurs intérêts en croyant sauvegaiiler les siens et
s'opposa h l'Autriche dans l'affaire de la Hukovine. La Russie,
en effet, ne pouvait procéder directement contre l'Autriche &
cause de la communauté coupabl» d'intérêts qui avait son ori-
gine dans le partage de la Pologne ; mais, d'autre part, elle ne
pouvait voir sans inquiétude l'Autriche s'étendre en Moldavie.
La cour de Saint-Pétersbfjurg avait donc besoin d'un paravent
derrière lequel elle pût travailler sans être aperçue; ce paravent
fut Ghyka.
D'après tout ce que nous avons rapporté jusqu'ici et en prenant
surtout en considération le double jeu de Ghyka par rapport à
l'Autriche, on pourrait difficilement soutenir que ce prince dans sa
lutte contre l'Autriche ait été inspiré par l'amour du pays. Lors-
qu'un pareil sentiment existe, il ne saurait faire des concessions,
mais il persiste au contraire avec force du commencement h la fin
comme toute chose qui provient du cœur. Ghyka n'était poussé k la
résistance que par un calcul, qui devait, selon lui, laisser intacte
sa position. Il devait donc flotter entre la Russie et l'Autriche
I. Tbogul i Kaaaiti. Doc. Houmuiuakj, VTI, p. 213.
8tt A. D. XE'ÏOi'QL.
selon que l'une ou l'autre de ces deux alliances lui ofirall plus de
chances de réussite.
Pour donner, autant qu'il est possible, notre opinion sur
Ghyka, nous croyons que ce prince s'intéressait à la Uukovine
comme étant une portion du pays qu'il gouvernait et dont 11 dési-
rait garder la possession intacte. Comme il avait été dans de
bonnes relation» avec les Russes, il implora à cette occasion leur
protection. Ceux-ci profitèrent de la circonstance pour chercher
à réaliser par l'intermédiaire de Ghyka quelques-unes de leurs
vues, intriguant en même lemjis de concert avec ce prince
contre la cession delà Bukovine, cession qui ne leur convenait eu
aucune manière. Celui-ci, voyant que les Russes n'osaient le sou-
tenir ouvertement, tourne ses regards vers l'Autriche auprès dd
laquelle il avait toujours cherché h conser^-or un ivfugo en cas de
malheur, afin de garder la principauté même démembrée, et ne
pas s'exposer à la jjerdre tout h feit. Dans toute cette conduite de
Ghyka, nous ne pouvons voir que l'intérêt et des motiûs égoïstes
et nullement celte impulsion intérieure puissante et irrésistible
qui pousse toujours en avant, souvent môme à la ruine et à la
mort, et qui est le patriotisme.
Toutefois, iiouâ ne saurions cacher que le dossier de Ghyka
n'est point encore fermé. Pour pouvoir nous prononcer en pleine
sécurité sur son caractère et sur les motifs qui le poussaient à
résister à la prise de la Bukovine, il faudrait pouvoir pénétrer
dans les secrets des archives russes qui nous dévoileraient cette
partie de la question, comme les machinations de l'Autriche
ont été mises k découvert par la public^alion des documents
autrichiens, faite par un patriote roumain contre les intentions et
le gré de l'Autriche '.
L'Autriche, voyant la Moldavie si faiblement défendue, n'omit
aucun moyen pour déterminer la Porte à la cession de la Buko-
vine. En premier lieu, elle invoquait sa sincère amitié, prouvée
I. Euiloxe lie Uoiirmouzaki, ^Uiit fort bien tu à la cour de Vienne, obtînt
UpermJÂsion ilexlratre des Archives imiièrialcs des documenU rr-lAtiTs  l'faia-
linre dfA Roumaine- Il en prnlita pour copier presque tout ce qui s*y trouvait,
luAmc dans les archives secrètes, et légua i sa mort c£s doruntïcnts i l'état
roumain qui charp^a unn conimisitjon dt* )eur publiralion. CpIIo-cI »e fait inaîn*
tenant par le libraire Hncrirr et C" â Rurharcst. danii %mv. inagniliquc éilitina en
sept vohimcA. Les documents sont ri^produitA dans les (cites originaiii : Utin,
allemand, fTanqai«, italien et ijrec.
LES OEMCHBREHCfTS DE Li UOLO^TIE.
87
juâqu*!i Véridence par sa complète neutralité daus la guerre qui
Tenait de finir; ensuite elle montrait (jue si jusque-là elle n'avait
point rempli l'engagement pris par elle dans le traité de subsides
de déclarer la guerre à ta Russie, elle en avait été empêchée
uniquement par le manque d'une route commode pour la marche
de ses troupes, qui lui serait acquise par la cession de la liuko-
vine* ; enfin, elle desservait la Moldavie aux yeux de la Porte,
en disant que ce pays, qui ne payait aucun tribut au sultan,
prendrait toujours le parti des Russes, ses coreligionnaires,
principaleineut depuis que la Russie en avait pris la protection,
et ne serait pour la Porte d'aucune utilité, ne pouvant contribuer
qu'à augmenter ses dangers. L'amitié de l'Autriche pourrait
GeiUe astiurer la réalisation de ses espérances et réloigiiemeot
des périls.
Pendant ces ijourparlers avec la Porte, les Autrichiens entraient
toujours plus profondément dans le corps de la Moldavie et éten-
daient les limites de leur occupation de sorte que quelques troupes
aatrichiennes étaient arrivées jusqu'à Roman et Botouschany.
Cette avidité insatiable de la cour de Vienne provoque Tintei^
Donce même à des conseils de modération. 11 observe qu'ayant
d^à remis sur cette affaire à la Porte un mémoire accomj)agné
d'une carte, il se compromettrait lui et sa cause en demandant
maintenant davantage : il dit dans une dépêche du 4 mars 1775:
« Je crois qu'en tant que l'avancement des trou{>es ne serait
qa'un moyen de pression contre la Porte, il aurait le meilleur
«fiel pour la conduite des négociations ; mais s'il me fallait
insistOT pour la cession des partie:» occupées dans les derniers
temps, je trouve de mon devoir à vous communiquer que la ces-
aioD du district bukovinien d'après ses premières limites étant
déjà entourée de tant de difScultés, je ne puis avoir aucun espoir
de parvenir à déterminer la Porte à de nouveaux sacrifices et
une pareille exigence pourrait facilement entraîner la perte de
tout ce que nous avons obtenu, i»
La cour de Vienne, se voyant forcée à limiter son usurpation
à la portion de territoire désignée par la carte de Tbugut, envoie
I. Comme «ela peut paraître lncroyabl«. ni^ine )K)urd«« Turcs, nous rap|N>r-
loM M8 ttwU textuellement : « Wenn wïr un» in der Holdau rethl fcfttACtzen,
abduu erst der uns wcbrcnd «lem Iclzlcn Krieg erniaogelli! We{; oflTen &tcbi;,
uns mit erKiebiKen Nacbdruck Tùr iHe rfortc zu T6n*âD<leD. » Kanaitz A
Tbaicul. Doc. FlDariDouzak), VII, p. 145
88
A. U. X£XOPOL.
à celui-ci, le 21 février 1775, les pouvoirs nécessaires pour traiter
formeUement avec la Porte, étant persuadée par les dépêches de
son ïimliassadeur que le dénouement de la question lui serait
Éavorable. La Porte ayant accédé en principe à la cession de la
Bukovine le 4 mai 1775, Tacte déSnitif est arrêté et signé trois
jours après. Il comprend quatre articles.
Par le premier, la Turquie cède pour toujours à l'Autriche les
terressituées d'une part entre le Dniester, les confins de la Pocutie,
de la Hongrie et de la Transylvanie, de l'autre par la limite
commençant aux frontières de la Transylvanie, au ruisseau
nommé Teschua imputzita, et passant par les villages Kahdreui,
Stoulpikani, Capoul Codrouîoui, Sutschava, Siret et Tscher-
naoutzi, jusqu'au territoire de Hotin, pour lui donner une preuve
indubitable d'amitié, d'affection et de bon voisinage. Dans le
second article il est sli])ulé que l'Autncho ne pourra bâtir des
fortci-essos dans le district cédé. Le troisième s'occupe d'une rec--
tification de la frontière de Transylvanie. Enfin, dans le qua-
trième il est stipulé que la ville d'Orschova, qui avait aussi été
réclamée par l'Autriclie, restera toujours en possession de la
Turquie.
Par cette convention le crime était consommé et il est difficile
dédire lequel des deux auteurs est le plus coupable, de l'Autriche
qui avait insisté ou de la Porte qui avait cédé. Pourtant si nous
prenons en considération la positîou respective des parties, l'état
désespéré de la Turquie, à la suite d'une guerre qui avait brisé
ses forces, la politique profondément perfide de l'Autriche qui
mettait sou amitié comme prix de la cession de la Bukovine
dans un moment où la Turquie avait si grandement bea>in de
secours, si enfin nous considérons que le provocateur est toujours
plus coupable que celui qui exécuta, nous n'hésiterons pas k jeter
la plus grande part de responsabilité sur le compte de l'Autriche.
Au fond du tableau, jouant un rôle plutôt passif, se tenait la
Russie, contemplant d'un œil impassible le démembrement de la
Moldavie, lorsqu'un seul mot prononcé par elle eût suffi pour
l'empêcher, et ce mot, il était de son devoir de le prononcer,
depuis qu'elle avait pris sur elle la défense des pays roumains
contre les empiétements des Turcs. Mais le mot devoir est étranger
au vocabulaire de la pi>lilique moscovite.
Q fallait maintenant faire passer la convention arrêtée sur le
papier dans la réalité des choses, tracer sur le sol les limites fixées
LES DEMEMBREMENTS DE LA MOLDAVIE.
89
par les mots, ce qui n'était point trop facile, surtout à cause des
insistances de Ghyka (poussé par les boyards ou par les Russes,
nous ne saurions le dire) & être nommé commissaire turc dans
l'affaire de la délimitation. L'Autriche fit tous les efforts imagi-
nables pour empêcher celte intervention de Ghyka, * craignant
que le prince moldave ne devînt Tarbitre exclusif de l'affaire' ».
L'Autriche, voulant agir par la corruption et arracher ainsi h
U Moldavie un morceau bien plus grand de territoire que celui
cédé en réalité par les Turcs, Insiste beaucoup près de la Porte
pour qu'elle n'envoie qu'un seul commissaire, pour pouvoir
l'acheter h meilleur marché. Thugut, étant informé qu'un certain
Tahir-Aga allait être nommé commissaire, fait k celui-ci un
cadeau de 1,000 ducats pour le disposer en faveur de l'Autriche,
et tâche de le prémunir contre toutes les intrigues de Ghyka.
Mais cela ne suffisait point. Le pacha de Hotin avait été chargé
de surveiller toute l'affaire et comme celui-ci se montrait plus
rebelle, le trésor autrichien met à sa disposition la somme assez
considérable de 30,000 florins'. Le Reis Mendiest acheté jiar un
couteau garni de brillants, portant une montre, qui avait été
travaillé à Vienne et à Paris, et, il faut remarquer, comme un
détail très curieux, le conseil de Thugut, de choisir de bonnes
pierres, car le Reis Ëffendi se connaissait en pierres prét:ieuses.
Thugut craignait donc que les brillants ne fussent faux^l En
même temps pour s'assurer de lacovaki Rizo et le déterminer à
persister dans sa ti'ahison en montrant à Thugut tous les papiers
qui viendraient de Moldavie. Thugut demande et obtient pour cet
homme un pot-de-vin de 1,000 ducats. Enfin, pour éloigner de
Tahir-Aga toute apparence d'être favorable k l'Autriche, Thugut
fiiil semblant d'être tout à fait mécontent de sa nomination,
non moins que de sa conduite dans l'affaire bukovinienne, pro-
testant continuellement auprès de la Porte contre ses actes et
entretenant ainsi cette dernière dans rerr<;ur si profitable k l'Au-
triche, que Tahir-Aga était un honnête défenseur des intérêts de
son pays '.
Ghyka, d'autre part, poussé parles Russes, s'oppose de toutes
1. Tbagat à Katinilz. Doc. HoannoDzaki, VU, p. 124.
2; KauniU à TfiugDl. Doc. Uourmouzabi, VII, p. 198.
3. Tbugut à KnuniU. Duc. Huunuouzalu, VII, p. Ihl.
doBO» i des infèrieura, comparez p. 180.
4. Thufful â Raunitz. Doc. UourmouzaLi, VU, p. 206.
Pour les cadeaui
90
A. II. XEXOPOL. — LES oéUEMBBEXEÏtTS DB U MOLDATIB.
SCS forces à la ra j>acitti de l'Autriche. Ainsi nous le voyons protee-
ler auprès du pacha de Holin contre Tahir-Aga comme ne devant
pas respecter, dans ses travaux de délimitaiion, la convention
arrêtée ; il informe la Porte que plusieurs officiers autrichiens
étaient venus au-devant de Tahir-Aga chargés de présents pour
le corrompre, et se donne en général toutes les peines possibles
pour combattre sous main les plans de l'Autriche de concert avec
la Russie et la Prusse. U profite surtout des difficultés fort
sérieuses qui prennent naissance entre les commissaires turcs et
autrichiens au sujet de la délimitation du «)téde Hotin. Voyant
pourtant tous ses efforts infructueux, il veut au moins sauver des
mains des ravisseurs la ville de Soutschava, ancienne capitale du
pays ; mais ses peines furent inutiles, et ainsi s'accomplit cette
délimitation malheureuse, par laquelle la Moldavie perdit encore
une vingtaine de villages en deçà de la ligne fixée par la con-
vention.
A. D. X£NOPOL.
{Sera continué.)
^
MELANGES ET DOCUMENTS
DE L'ELECTION AU SCRUTIN
DE DEUX CUANCEUERS DE FRANCE SOUS LE RÈGNE DE OURLES V.
Kraiïçois Du Chesnc* et dom Michel Fclibien' ont conslalé les
premiers, il > a près de deux siècles, que deux dus (^'^ands chanceliers
de Charles V, Guillaume de DormauseL Pierre d'Ûrgemont, étaient
purenus à cette haute dignité par voie delecUon. Le fkit est assure-
menl curieux et d'autant plus singulier qu'il s'est passé sous le régne
d'uo prince dont les dt>J)uts dans la politique active avaient été mar-
qués par de uontiauels démêlés avec les assemblées élues pendant
la captivité de son père. L*étonnemeat redouble quand on voit ce
mode de nomination appliqué, en plein moyen âge, à un poste de
confiance tel que celui de chancelier de France, pour lequel Tclection
pare et simple au scrutin ne serait acceptée de nos jours par aucun
chef du pouvoir exécutif sous la forme de gouvernement même la
plus libérale.
Les deux faits relevés par Félibieo n'avaient pas échappé à l'érudi-
tion si étendue et si sagacc de M. Victor Le Clerc, qui a pris soin de
les signaler dans son maL'i^tral exposé de l'élat des lettres au xiV s.*.
Ces fleux faits doivent être d'auUiil plus remarqués qu'ils sont isolés
et que, même sous le règne si original de Charles Y, on ne pourrait
citer un Iroisièmc exemple d'un grand office de la couronne conféré
par voie d'élection au scrutin. Il est bien vrai que, vers le milieu de
ee règne, le 2 octobre ^ 370» Bertrand OuGuesdin, rappelé d'Kspagne,
fut nommé connétaïilu de France à la suite d'une délibération du
Grand Conseil du roi à laquelle avaient pris part un certain nombre
de bourgeois de Paris, llans un de ses mandements, postérieur de
trois jours seulement h la nomination du nouveau connétable,
1. But. dts chanceliers de France, 1G80, in-fol., p. 3^, 570 el 371.
t. BMotre de ta vUle de ParU, T, 673 el 674.
3. BUMre lUtéraire de la France, XXIV, 309.
02
»XLA\r>ES LT DOCDMEYTS.
Charles V s'exprime en ces termes : «i Par la deliberacion cl advis de
noslre grant conseil et de plusieurs prêtas, nobles, bourgoiz et babi-
tans de nosire bonne ville de l*aris, avons ordenné de mettre sus
sans diila}' certaine provision pour la deirense de nostreriit rojaiime,
pour laquelle briefmenl exécuter et mener à bonne et desideralde
concluaion, avons, par la dicte deliberacion et advis, ftiit et establi
nosLrc connestable de France notre amé et fca! Bcrlran du Gucs-
clin'. » Kaut-il conclure de celle phrase où le roi sCRible vouloir faire
entendre que le vote du subside a été en queUpie sorte subordonné à
l'investiture du la plus haute charjic militaire du royaume en foveur
du chevalier breton, faut-il conclure de celte phrase que l'initiative
de la nomination de Bertrand, comme connétable de France, est
venue de l'assemblée du 2 octobre et que Thonneur en revient à celte
assemblée plutôt qu'à Charles V lui-même? Nous ne le croyons pas.
Du Guesdin était Breton de naissance, c'csl-à-dire presque élranscr.
Don gentilhomme, il n'appartenait pas néanmoins à la haute noblesse
et descendait d'une branche cadette et jjauvre. Après avoir mentionné
la nomination de ce chevalier de fortune, le rédacteur des Grandes
Chroniques ajoute qu'il < estoilde mendre li^magc que autre conneft-
table qui («ravant eusl esté' ». Il est permi:> de supposer, lorsqu'on
trouve une rèllexion de ce genre sous la plume d'un historiographe
officiel, que le choix de llerlrand ne f\jt pas vu d'un très bon œil, du
moins au premier moment, par des maréchaux de France tels que
Mouton de Blainville et Louis de Saocerre, qui étaient en situation de
prétendre à cette dignité. En se faisant demander par ses conseillers
une décision arrêtée depuis lon^'temps dans .son esprit, Charles V a
voulu surtout dégager, autant qu'il était en lui. sa responsabilité per-
sonnelle d'une innovation dont certains représentants des grandes
familles féodales pouvaient se trouver blessés.
Malgré le bon accueil fait par l'opinion pubUquc à la nomination
de Du Guesclin, le roi ne parali pas avoir eu recours à une délibéra*
lion analogue à celle de l'assemblée du 2 octobre, encore moins à
une élection» lorsque, vers le milieu de l'année 8ui\"anLe, il se décida,
après une vacance de plus de deux ans, à nommer un premier prési-
dent du Parlement en reniplocemcnt de Simon de Bucy, mort dès le
7 mai 4369. C'est que ce prince venait alors de rencontrer, au sein
mémo do sa tiaulo cour de justice, une opposition très nette à quel-
ques-unes de stv; mesures llnancicres. Mal payes de leurs gages pour
aiinsi dire depuis le commeiiccmcnt du rë^ne, les membres de la Cour
t
\
\. Arch. ^•t. *ecU tkUt.. K 49, &• bt,
1. Cr»Mé9S CAfMifKM de mw». H. P. Parâ, in-S". VI, SU.
DK l'élection de DEC! <:HjI!1CEI.IF.IIS.
93
s'étaient prèles de fort mauvais grâce à l'emprunt fon:é auquel
Charles V avait cru devoir soumettre tous les fonclionnaircs en géné-
ral et les ofliciers de sa maison en parliculicr, dan^ les ilernicrs mois
de 1370. Le iH décembre de cette année, Hu^es Aubriol, prévôt de
Paris, était venu on personne apporter une sommation de payement
aux coDàeilIer» récaJcitninU;, et voici en (juels termes le greffier de la
chambre civile a consigné i^ur son regiâlru cet incidimt: t ilemt^rr.redy
mn' jour de décembre, les seigneurs des deuz cbamhres assemblez
au conseil, le prevost de Paris leur présenta un mandement du roy,
en une codule plaquée soubz le scel âecrcl du ro}, par laquclc il
list commandement à touz de paier dediuis trois jours les sommes à
quoy il eâtoient ordenez do par le roy *. >
Le <0 février de l'année suivante, Guillaume de Melun, archevêque
de Sens, et Guillaume de Dormans, chancelier du Uauphiné, avaient
fkit de la part du roi, près des sei|iueurs du Parlement, une démarche
qui n'avait pas dû leur être moins désagréable que le message trans-
mis par Aubriot sept semaines auparavant. Ils avaient reru mijssion de
proposer aux conseillers de servir sans gage^ pendant la durée de la
session de (37^, en leur lai ssantseulementespérer que ces gages seraient
payés plus tard. 11 est presque su|)er(lu d'ajouter qu'une lellt* propo-
sition avïiil été accueillie par les intéressés avec une extrême Froideur»
« Ce lundi x* jour de février, lit-on dans le registre de la cour, Paroe-
TSâque de Sens et mes^^ire iluillaunie de Dormans vlndrent requérir
de par le roy aux seigneurs de ixirlement qu'il vousissenl servir sans
gigM en ce parlement^ et le roy les en salifRera autrefoU. Et pour
savoir leur vulenli'i et nîs|miis(!, ont les diz seigneurs ouiz par manière
descnitinecha^eun ilf-sst*i;.'neursqui(>n subt^Uinceunl. ditetre-s^Hindu
qu'il sont prés de faire le plaisir du roy et do serf îr au miex qu'il
poorront. mais ilz ni> pourroieiil l)Ounement servir sans gages. Et
ain^ le raporta devant tous après le scrutine le dit messire Guil-
UuiDe'. «
Cette réponse négative donnée par la voie du scrutin, si prévue
qoelle dût être, n'était pas de nature à recommander ce mode de
Tutatiou auprès de Cliarles V. Aussi ce prince n'en usa-t-il pas lors-
qut:. conmie nous le disions plus haut, vers la fin d'une session [>ar-
leoientairc commencée sous de si fâcheux auspio>s, il prit le parti
de donner un successeur à Simon de Rucy. Ce successeur, installé en
qualité de premier président le mardi 47 juin 1374, fut Guillaume
de Sens qui semble avoir été nomme directement par le roi en dehors
t. Aieh. Xal., »ect. Jud., X t4r>9, ^ 445 ▼-.
i. Arch. N»t., sect. jad., X 1469. r^ 446 v*.
94
HtfUNfîBS BT DOCCVKMTS.
de toute participation des membres de la Cour à cette nominalion.
« fie jour, écrit le greffier Nicolas de Villemer, messire Guillaumede
Seris, chovaliiir, nez du p;iis de Xantonge, fu créé premier presidenl
et institué en Parlement ou lieu et aux gages où soluil e&lre messin*
Symon de Bucy, jadis premier président au dit Parlement. Et le
institua au dit lieu et e^^tat monseigneur Jehan de Dormans, cardinal
de Rome et chancelier de France. Et preiât ce thème : a Congratula-
« mini michi, quia inveni ovem meam quam pcrdideram... ■ El
après adressa sa parule à chascun lies sci^ieurs de Parlement, en
disant : ■» Krater tuus eral morluus et reviviscit, perieratetinventu*
« est'. T. Originaire de la Rochelle, Guillaume de Seris était un Irans-
Aige du parti anglai» dont il avait été, depuis la conclusion du traité
de BrétJgny. l'un des principaui chefs en Aunis et en Sainlonge.
Envoyé ii Rome par te prince de Galles, à la On d'août 43<i8, pour
obtenir l'adhésion du pape Urbain V à la levée d'un impôt sur les
dîmes inféodées, c'est-à-dire aliénées iwir TÉglise et possédées par
des laïques^, Guillaume avait été fait prisonnier, s'il faut on croire
Froissarl, au moment où il passait sur les confias de ta Bourgogne
pour retourner en Guyenne'. Il s'était alors rallié au parti français
et Charles V avait conru une telle idée du mérite de Seris qu'il n'avait
pas cru trop te récomjienser en l'investissant, dans le cuunuit du
mois de mai 1374, de ta haute charge de magistrature restée vacante
depuis la mort de Simon dt^ Bucy. Cette marque de la faveur royale
était d'autant plus iiisi^ine que, contrairement à un usage à peu près
constant, le nouveau premier président n'avait jamais appartenu,
avant sa nomination, au grand corps judiciaire dont il devenait le
chef. En voy;int meltre ainsi à leur lète un ancien t^vori du prince
Noir, les conseillers du Parlement qui avaient vieilli au service du
roi de France et dans l'expédition des alftires, trouvèrent sans doute
que Cliarlos V mettait trop en pratique la parabole de l'enfant pro-
digue ; et l'on peut se demander si les versets cités par le cardinal cl
chancelier Jean de Dormans sur la brebis perdue et retrouvée, le
frère mort el ressuscité, ne ciichent pas, sous un semblant d'éloge,
quelque sous-entendu ironii]ue destiné à répondre aux secrètes
réflexions de plus d'un membre de la Cour.
Quoiqu'il on soit, la promotion de Guillaume de Seris ùhi première
présidence du Parlement est le dernier exemple que l'on paisse citer
d'une noiniuaLiou à celte haule charge judiciaire, ainsi qu à celle de
1. n«d., f 457.
2. CAroni^iMf tU J. Froiasart, VII, sommtirr, p. xxxv, noie 1.
3. ibid,, Muimure, |^ xut, iiolc 3.
DE L*éLECnon DE DEDX Cli?(CELlEaS.
95
chanerîier de France, taiit directemciU par le roi. Depuis le mois de
mai 1374 jusqu'au diniancfae 16 septembre 1380, date de la mnrL de
Charles V, il y eut lieu deux fois de pourroir en roémc temps à la
vacance de l'une et l'autre cbai^; et dans cos deux circonstances le
ofaef de l'Ëtat, renonçant de son propre mouvement à l'une de ses
pràro9iUvo& les plus es&enUcUes, (Il procéder à des élections par voie
de scrutin.
La première fois, celte double vacance fût amenée au coramence-
menl de 137:2 par la démission volontaire de Je<in de Oormans, «ir-
dinal et évéquc de lieauvais, des Tonclions de chancelier dp. France.
Le H révrior de celle année, Cliarle^i V convoqua en l'hûlelde Saint-
Pul tous les membres do son conseil pour prendre part â l'élection
d'un nouveau chancelier. U mol conseil doit être pris ici dans le sens
le plus large, puisque le grelller du Parlt^ment évalue a deux cents
environ le nombre des vûlantâ« prélats, barons et autres. Guillaume
de Dormanâ, auparavant chancelier du Dauphiuéj Tut élu chancelier
de France en remplacement de son frère, et Pierre d'Orgcirnonl,
auparavant second pn^sitient du Parlement, l'ut du cbancelicr du
Dauphine en remplacement de Guillaume de Dormans. C'est ici le
lieu de citer le procès-verbal de celte double élection auquel se réfère
Pélibien. Le greffier civil du l^arlemejit, (|ui a rédiiié ce prorês.\erl»al,
s'appelait Nicolas de Villemer, du nom d'un village situé près de
Joi^if ' (l'où n était originaire, et la forme « Villemar » adopt(>e [>ar
rhiâtoriea de la ville de Paris et, d'après celui-ci, par M. Victor Le
Clerc', doit être rejetèe comme vicieuse.
« Ce samedi xxi" Jour du février, écrit Nicolas de Villemer, vaca la
court du commandement du roy qui assembla tout son conseil jusques
«a nombre de deux cens personnes ou environ, prelaz, barons et
«atres. en son bostel à Saint Pol. Et là, en la présence de tous,
inonteigneur Jehan de Dormans. cardinal de Beauvez, chancelier de
Vranee, s'adressa au roy etli dist ces paroles : « Exalta&li... >, elles
demeoa moult sagement; et en conclusion supplia au roy qu'il vou-
B5t reprandre ses seaulx et li avoir excusé de roffice de chancclerie
et y pourveoir d'autre, lit après plusieurs paroles, le roy reccut l'ci-
cusacioo du cardinal et le reteinl do son conseil le plus grant et le
plus principal. Et puis, par voie de scrutine, procéda à l'eleccion de
nouvel eliancelier par l'avis et deliberacion de ses diz conseilliers, et là
fil esleu et créé en chancelier munsiMgncur Guillaume de Dormans,
chevalier, paravont clianceUer du Ûalpbiné, frère du dit cardinal. Et
1. AuJ. Yonne, Arr. Joigny, c. Ailtant-fior-Thulon.
2. BiU. imér. de la élance, X.\tV, 209.
96
MJLl^GES RT DOCrWfiTTS.
par ce vaca l'office de la chancellerie du Dalphiné, auquel oITlcc par
ce mesme scrutine fu csieu et présentement créé en chancelier du
Dalphiné maistre Pierre d'Orgemonl, secont président du Parlement ' . •
L'élection au scrutin d'un chancelier de France et d'un chancelier
du DauphJné était une nouveauté qui dut frapper vivement les con-
temporains. Aussi, le rédacteur des (inindes l-hroniques, malgré lo
caractère de réserve orBeielIc dont son œuvre est empreinte, a-Uil
qualifié cet événement de notable. « Par notable élection, dit>il^ fist
le roy chancelllcr messire Guillaume de Dormans> chevalier, frrâv
germain du dit cardinal de Biauvais^. * Cette double élection se
reproduisit le 20 novembre de l'année suivante, lorsque la chan:e de
chancelier de France devint de nouveau vacante à la suite des décès
des deux frères Guillaume el Jean de Dormans survenus, le premier
le H juillet, le second le 7 novembre suivant. Grâce à Nicolas de
Villemer, le scrutin du dimanche 20 novembre <373 nous est encore
mieux connu que celui du samedi 24 février 4372. Nous savons, par
exemple, que le nombre des électeurs Tut d'environ cent trente et que
Pierre d'Orgemonl, alors premier prè-sident du Parlement, fut élu
chancelier de france par cent cinq voix sur ces cent treïite votants.
Dans la même séance, un simple conseiller au Parlement, mailre
Arnaud de Corbie. fut aussi élu premier président en remplacement
do Pierre d'Orgemonl. Mais écoulons le procès-verbal de cette séance
mémorable tel qu'il a été dres.sé par le greffier civil de la cour : « Ce
dimanche ix' jour de novembre, le roy nostre sire teint son grant el
gênerai conseil au Lovre do preias. de princes de son lignage, barons
cl autres nobles, des seigneurs de Parlement, des reijuestcs de son
bustei, dL's comptes et autres conseillers Jusques au nombre de vi" et
X personnes ou environ pour eslire chancelier de France, pour ce que
la chancellerie v;iqnoit, comme il est enregistré sur le premier jour
de ce parlement. Et en gênerai, tout haut, dist le roy nostre sîre
devant tous ceuz qui là cstoient, tant du conseil comme autres, que
pour ccste cause avoit il fait assembler son dit conseil, et puis tlsl
tous aler dehors. Kt après, par voie de scrutine, Ûst chascun de œuz
de stui conseil venir a lui et par serment jurer aux sains évangiles
de Dieu que tous louchèrent, prelaz et autres, de lui nommer el con-
seillier selon leur avis et eslire la plus souffîsant personne qu'il sau-
roient nommer, fusl d'église ou autre, pour eslre cbano^lier de France.
El furent les noms et les dépositions de tous escriz par moi Nicolas
1. Arch. N*t., «ecl. jod., X !4e9, ^ SOI. Ce procès-rerbal a déjà *lé puUïé
pir Fr. Dq Cbeue, Bi$t. des chancetiers de Ftance, p. 356.
2. Ciuiuief Chroniques de France, éd. P. Pvis, In-S', VI, 333.
DE L*ifl.i:Cno?l PE DECX CHAXCELrERS.
#T
«le ViUfloier, à c« ordonné par le rfty el en sa pristinoe où esloii avec
maistre Pierre Blancbcl son socretaire tant seulenienl. Elloul ouy el
escripl. ta trouva que maisLrc Pierre rl'Orgoraont, pamvanL premier
Ipreajd^nlde Parlement, nez de Lni^n; sur Marne, (lar le trrip plu»
I pnni nonihre ûrs eslUens fu nomme et esleu cbancdier de Kraiice,
e'est assavciir par cenL et cini] des diz esliseos. Kl ce dist et publia à
lous le Toy nostre sire el créa son cbaiiœlier de Krance le dit itiaisLre
Pierre d'Orgemonl. Le<]ufl se excusa moult bumblemeiil et supplia
au roy qu'il l'en vosisl tenir pour excusé et y pourveoir d'autre, car
il doubtoit mont qu'il ne tusi pas soufTIsanl à ce, etc. Ei lo roy U
res(M>ndi qu'il esloil tout content et enferme de sa floufllsance, el lors
U livra les seauli de France... Il est vray que en ce mesme scrutine
fu csIeu premier président en Parlement, Arnault de Corbie en lieu du
dît maistre Pierre-, mais ce ne Tu pas lors publié, el pour cause
dedairée le lundi n' jour du janvier eusuivunt '. »
L« nouveau chancelier de France et le nouveau premier président
élaicDl deux parvenus sortis des rangs de la bourgeoisie, le premier
aéi Lagny-sur-Marne, le second originaire de Iteauvais. Ils avaient
défauté l'un et r.iutre comme simples avocat.s au Piirleinent de Paris,
el le roi Jean cUiil venu les choisir parmi les membres du tuirreau
pour tes éIe^'c^ au rang de conseillers. Successivement simple cod-
seiller. quatrième, troisième, second président, chancelier du Dau-
phînè, premier président du Parlement, eniln chancelier de France,
mailre Pierre d'Orgeraonl avait gravi, pour ain.si dire, un â un tous
les degrés de la hiérarchie judiciaire. Ouanl à maître .\rnaud de
Corbie, l'èleaion du 20 novembre l'avait trouve simple conseiller et,
lui Élisant franchir tous le.$ rangs intermédiaires, le portait comme
d'un bond à la première présidence.
Le résultat de ce scrutin mérite d'autant plus de fixer l'aLtention
, que ooa seulement les nouveaux élus n'étaient pas gentilshommes,
maiâ qu'ils n'êtaienl pas même chevaliers du n>i, comme on disail
alors. La seule concession que Charles V crut devoir faire aux pré-
jugea nobiliaires du temps, ce fut de leur conférer Fespèce de cheva-
lerie civile dont nous venons de furler, à la tête de No<;l qui suivit
leur élection, et de donner l'ordre d'attendre l'accomplissemeut do
cette cérémonie pour procéder à Finstallation d'Arnaud de Corbie en
qualité de premier président. C'est à quoi .Nicolas de Villeraer fait
allusion lorsqu'U termine le procès- veri>al de la séance du 20 no-
Tembrc par ces mots : a mais ce ne fu pas lors pubhé, et pour
f. X U70, r* 36. Cf . Fr. Du Chnoe, tiUt. dei chanceliers de France^ P- 37Q
e(771.
Rbv. HisToa. XVI. 1" fak. 7
08
MJU^IGBS BT DUCUMETTS.
cause ». En ofTel, à la date do Nor], on trouve la rnootion suivante
inscrilfi sur le registre d(îs plaidoiries : « Ce rJimcnche jour de Noeï,
le roy noslre sire fist et créa chevaliers au Lovre monst'ifnieur son
cbancelicr, lors maisLre Pierre d'Orgemont, et maiâtre Amaut de
Oorbifi '. n II lie faut donc voir dans les trois épis d'urçe d'or du blason
des Orgcmonl, dans les trois corbeaux do aablc de l'écu des (lorbie, que
des armes parlantes, des armes de vilains anoblis seulement pendant
la seconde moitié du iiv" siècle. Comme on répète encore tous les
joura qu'au moyen àgo l'accès des liaules dignités était rigounsuse-
ment fermé aux non nobles qui n'entraient pas dans les ordres, il
n'est lias san^ intérêt d'ajouter que Pierre d'OrKemonl, au moment
où il fut élu chancelier de Fmnce, était marié dopuis plus de trente
ans, que sa femme Marguerite de Voisines vivait encore^ enfin que
six enfants légitimes, sans parler d'une lUle naturelle, étaient issus
de ce mariage-.
Comme nous l'avons dit des les premières lignes de ce travail, en
abandonnant ainsi à des scrutins auKiuels prenaient part cent trente
et même deux cents votants b dusi^oiatiou du jilus haut diguitatrc de
la couronne, Charles V faisait preuve d'un libéralisme si large, qu'h
l'hcuro actuelle, Icâ chefs des Ét^its môme les plus démocratiques se
décideraient peut-être difficilement à suivre l'exemple de ce roi du
moyeu àge^. Toutefois, quelque hardie que fût une telle innovation,
ce serait en mécoiuiaitrc le véritable caractère que d'y voir une de
ces concessions que la peur arrache, sous les gouvernements faibles,
à la lâcheté* plutôt qu'à In générosité du (Hiuvoir. Au conirairo, les
scrutins du 21 lévrier 1372, du 20 novembre 1373, correspoudent à
l'uDO des périodes de notre histoire où la royauté, non contente
d'exercer dans toute leur étendue ses droits séculaires, a fait valoir
ses revendications contre le clergé aussi bien que contre la noblesse
avee le plus de fermeté et de vigueur. C'était le temps ou un grand
magistrat, imbu jusqu'à la passion du principe tout moderne de
l'édité devant la loi, celait le temps où Hugues Aubriot tm craignait
pas do faire appréiiender, dans le diœur de Notre-Dame de l'aria, un
prêtre qui s'était mis sous le coup d'une poursuite criminelle, au
mouieut où ce prêtre, revêtu de ses habits sacerdotaux, était à Tautel
I. ibkL. î' 6t.
S. P. Anselme HUtotre grnéaL de la maisoH de tramée, \l, 337 A 339. 34G
3. Chtflrs VI, fidèle conliDiialeiir de U politique da «w père, anUnt do raoîas
qM sa fjiibtf rii»oii le lui pcrtuil, miiDUol le &\stètnc d« rêlcclioo (Pr. Oa
flhwn, Uut. de* chancelirrt de Framce^ p. 42^J fpû diqiAnit «oiu Charles VU
{IM., ^ 479. 480, 4»3j.
DE L'iEterTinN ui: bu^x ciu.xckiJCB.s.
9»
et«il^rail la messe. Celait le lemps où le meilleur élève d'Aubrtot,
Oudarl d'Atainville, ancien examinateur au Chàtelet sous les ordres
du r.imeux pn^vûl, (i(!Vi'fiu bailli deHouen, bravait une triple exeom-
munication dont Philippe d'Aleni;on, archevêque, primat rie Nor-
mandie, prince du sang, l'avait frappé, et taisait mettre sj^us séquestre
le temporel de l'archevêché, ainsi que Ie5 prt)pric(és privées de ce
potentat féodal et ecdêsiiLsU'iuc. Lorsiju'un gouvernement procède
avec cette vigueur contre ses plus puissants adversaires, te chef de
ce gouTerncment peut de sou propre mouvement se dessaisir de telle
ou telle de ses prérogaiives, mais on ne la lui arrache pas. Il n'y
aurait pas moins d'iovraist^mblanee à proU'^nrlre que te recours au
mode électif n'a été, dans les deux circonsLances dont nous parlons,
qu'une ruse de Oharles V pour s'éviter la resi«nsabilitê souvent
gènanlp d'une nomination directe. Si CRtte supposition était fondée,
le roi se serait borne à une simple consultation, commt^ dans l'atlkire
de la promotion de Du Gucsclln à TotTIce de connétable de France; il
n'aurait point exposé les candidats de son choix aux hafards d'une
élection en refile. Il faut donc chercher une autre explication, et cette
explication nous croyons l'avoir trouvée.
Les scrutins des ii février <372 et 2fl novembre ^373ont coïncidé
avec l'un des évunemenls les plus nolabb's de nuire liîstoire littéraire
pendant la seconde moitié du xir* siècle. Nous voulons parler de la
traduction fram^aise des œuvres politiques, morales et économiques
d'Aristote, notamment de l'ÉLhique et de la Politique, exécutée pour
Charles V par le célèbre Nicole Oreame, alors doyen du chapitre de
Notre-Dame de Rouen. Une note précieuse, relevée par M. Léopold
Deltsie a la On du manuscrit orik'inal de la traduction franiviise de la
I\>litique conscrvéaujourd'hui a la bililiolhèquc d'Avranches, constate
que celle traduction a été faite de 1370 à 1377 : i Ce livre, dit l'anno-
laleur de la Politique, dont l'écriture est contemporaine de la trans-
cription du volume, ce livre fti corapwsépar maistrp Nicolas Oresroe,
avec les li\res d'Ethiques, Yconomiques et de Celo, es ans de .Vostre
Seigneur accctxx jusques à lxxvii. estant doyen de Rouen. Puis fUt
evesquc de Lisiex*. » Acbevt^ si'ulement dansleœurant de 1374, la
traduction fi-ançaise de la Politique fût commencée au plus lard
en 437â comme on le voit par l'arlicle suivant, extrait du compte du
trésorier Krançois t'-hanteprime : « A NîcoJe Orcsme, doyen de l'église
Nostr^ Dame de Rouen, pour avoir eschpt et translaté en fran^ois
un livre appelé Politiques, par lo commandement du roy, l'an
1. intml. çénérai tt méthodique de* manuscriU françaU de la BibîMfù^e
rtaUtmate, II, 307.
100
UéUNGES ET bOCnaiËMTS.
M ccc Lxxu*. a Un autre oxlrail auloriso même à la faire reruûnter
aux premiei'â moh de cette année : « Le roy, lit-on dans ud autre
endroit du même compte, le roy a donné cent livres à maistrc Nicole
Orcsmc, lequel lui a translate de kilin en François les Ethiques et
l*£)litique.s. h ccc i.xxi*. j» Il s'agit ici de l'année <37l, ancien stjle,
qui correspond aux premiers mois do <372. Dnrui, M. Uelisle a
signalé sur un exemplaire de la traduction fraui.'aise de l'Êtliique et
de la Politique, qui fait partie de l.'i hililiothéque royale de Bruxelles,
la mention suivante : ^ Ou coin mandent eut de 1res noble , puissant
et excellent prince Ciharles, par la grâce de Dieu roy de France, fu
cesl livre cy translaté de latin en françoii imr honorable homme cl
discret maistro Nicole Uresrae, maistre en théologie et doien de
l'église Nostrc Dame de Kouen, l'an de grâce m ccc lxxii*. »
Nous demandons pardon d'Atre entré dans des détAils de chrono-
logie aussi arides. On se demande sans doute, non sans quelque
impatience, par quel lien ces détails, qui au premierabord ne semblent
intére&saiiLs qu'au point de vue de l'histoire littéraire^ se rattachent
à réleclioii au scrutin tle Guillaume de iJormans et de Pierre d'Orge-
mont. Ce lien est selon nous très étroit, car nous sommes persuade
que c'est sous l'inlluence de la lecture de la Politique d'Ari.stole que
Charles le Sage, ayant à pourvoir en 1372 et en 4373 à la vacance
do la charge de chancelier de France^ a provoqué les scrutins du
21 février et du 20 novembre. On a vu par les articles de compte
cités plus haut à quel [winl le roi de France a olê préuccupé, pendant
ces deux années, de la traduction en français de celui des ouvrages
du grand plUlosopbe grec qui devait l'intéresser le plus. Et que l'on
ne croie pas que ce prince^ rélléchi et studieux par excellence, ne vit
dans la lecture de cette traduction qu'une afihire de curiosité. Il a
pris soin de nous prémunir contre une appréciation aussi erronée en
disant dans un de ses mandements, on date du 21 mai 1372, que la
traduction de la Politique et de l'Éconumlriuc lui était ■ très néces-
saire et pour cause* ». Le 31 août de l'anmie suivajite, il revient sur
l& mâme idée dans un autre mandemenl où il donne l'ordre de payer
comptant deux cents francs d'or « :i midstre Nicole Oresme, doyen
de Rouen, sur sa peinnc ou salaire de nous translater deux livres,
tesquicz nous sont très nécessaires, c'est assavoir Politiques et Yco-
numiques" ». On ne peut douter par conséquent que Charles V n*ait
1, Vaa Praet. Catalogue de Gitles Malet, p. 46.
1. IJ., ibUi.
3. Méianget dr paléographie- r/ de bibliographie, p. 274.
4. L^o|>old Dclislo, MandemenU et actes divers de Charles V, p. 458, n* 889.
h. Ibid.^ |). 552. n* 1061. Que Ctiarlcs V lût 1» ouTmges qu'il faisait traduire
DE L KLECrrO?» IlE DECX CBA?ICEI.IEaS.
il
lu les deux irailés dont nous venons de donner les litres, soit dans
la Induction latine de Durand d'Auvergne, que le roi était parfhile-
ment capable de comprendre', soit dans les parties du lexle déjà
traduites t-n rran(;aiâ par Oresme, avec l'intention bien urrélée d'y
puiser des lei;ons, deu tirer profit pour le gouvernement el l'admi-
Dî&traLion de son royaume.
Or. personne n'ignore que Tune des théories les (dus chères à Aris-
Utte e&t la théorie de l'éJeclion appliquée au recrutement de toutes les
efaargBfi publiques. Il n'est fzuere de chapitre de sa politique ou il ne
coofeeee, plus ou moins explicitement, la préférence tju'il accorde au
mode éteciir pour la désignation du personnel des divers ordres de
magistrature. Au chapitre vi du livre lU, il s'est attaché à réruter^
atec la profondi^ur et la concision qui raractérii^cnt son génie, les
otiFjecllons auxquelles peut ilonoer prise le principe de l'élection.
Cette rêrulalion se termine par une phrase que tous les hellénistes
savent |>Qr cœur et qui aurait pu être invoquée de nos jours par
les partisans du suffrage universel : « Les individus isolés , qui
prennent part à une élection, dit Arîstote, jufrcront moins bien que
les savants, j'en conviens-, mais réunis ils vaudront beaucoup mieux
ou du moins ils vaudront autant^ ■ L'auteur de la Politique est éga-
lement l'ennemi de toute démarclie, de toute sollicitation ; il va jusqu'à
dire que, [nr cela seul qu'on sollicite une place, on en est indigne.
Il ajuule itar contre que les magistratures doivent être conféréi'â par
voi« d'élection aux plus dignes, même malgré eux : a On ne saurait,
Ut-on au chapitre vi du livre 11, on ne saurait approuver que le
ciloyen qui doit être appelé à une Tonction publique vienne la soUi-
cïler en personne. Les magistratures doivent être conflécâ au mérite,
qu'il les accepte ou les refuse^. » Rappel ons-nous la scène qui eut
atcc llnlention d'y puiser des leN^oas pour le goQTernetnenl de M>n royattue,
eela eut altml^ par tous les l«ttrèa qui onl Iraraillé pour c« prince! et notamment
pu l« Iradnclpor du tir proprieUttitnis remm, if»n fflfbechon i • Ccst désir
At v^pumcf. prince très débonnaire, a DÏpu Hrlii^ el enraritit' en roBtrc ciicr très
fenDemnit dH «mlrt* joarur. *\ nimrne il appert iiianîfeKlPnifînt m la gnial et
cupicBM EDDltiliHle de tirres de divers» science* que vous avez assembli'z cbu-
CBS jour par vostre fervent dilÎKODce : e&fjQeU livre» tous puisez la parfonde eaue
de upieoce au &eaa de vobtre vif entendement, pour la cftpandre aux cousoila
et aoi jiiHfnnenp, au jinuiru du poeple que Dieu voua a cnmniift jiour goiivemer. »
Paulin Paris, Lfs innnuscrtls français de la bibtiothtçMe du roi. l, 263.
I. t CotapûlrtomctA enlcndoit sod talin s, dit Ctiristine de Pisan. ttist. de
Charles V, part I, rbAp. vt.
2- « *E«Tai TÔp îxttTiKn: lùv «fpwv xpitTi; Twv iîî6i(i)v ; anavtïç îi 5yvt>ïl4vTt£ ^
{kkttouc ^ v'j HÛpnjz. V Polit., I. Ili, ch. VI : Irad. de Barlb^leinv Saint-Hilairc,
I, «m à 271.
\0i
MéUNGRS BT DOCriTCXTS.
lieu cjilre Charles V el Pierre d'Ûrfemonl, à la suite de ne mémorable
scrutin du 20 novembre 1373, où Pierre venait d'êlro élu chancelier
de France par cent cinq voix sur cent trptile votants : « Lequel, dit
Nicolas de Villerncr. se excusa moul hiirablement et supplia au roy
qu'il l'en vosïst tenir pour excusé et y pourveoir d'autre, car il
doubtoit moût qu'il ne fust pas souffisaot à ce. Et le roi 11 res-
portdi qu'il esinit tout content et enformê de sa souffîwince,
et lors li livra les seaulx de France, n Oeitc scène n^est-elle pas le
commentaire vivant du passage emprunté au chapitre vi du livre II
de la Politique que nous citions tout à Theuro?
C'est un fait aujourd'hui ac(|uis à la numismati({ue que l'inlluence
des doctrines économiques d'AristoLe, commentées par Nicole Oresme
avec la sagacité ta plus Judicieuse, domine Ibiâtoire monétaire du
rè^'nc de Charles V. C'est à celte inttueitce qu'il faut attribuer la lixité
des monnaies qui caractérise ce rc[.'ne et forme un si rrap|>anl con-
traste avec les variations continuelles, excessives de ces mêmes mon-
naies sous les deux premiers Valois, lie mémorable traité De oriçins^
natura, jure et mvtationtbus monetarum avait paru dès la fin du
règne du roi Jean (jui n'en avait tenu aucun compte; mais le succes-
seur de ce prince s'était emprcssi?, aussitôt après son avènement au
trône, de mettre en pratique les sages maximes déduites s selon les
raisons d'Aristotc^ », [>our nous s(!rvir des expressions d'Oresme.
Ne serait-il pas étrange que les théurii^s ari.slotélifpies n'eussent
exercé leur action que dans cet ordre de ftiits el que les autres parties
deradministnitiony fussent restées complètement étrangères 7 Quand
on sait Tadmiralion profonde que Charles le S^igt;, à l'oxemple de tout
son siècle, avait vouée à Aristole, est-il contraire a la vniisemblance
de supposer que cette admiration n'est pas restée absolument stérile?
Ksl-il téméraire de recourir à cotte supposition alors qu'une coïnci-
dence vraiment niinartiuable nous y invite, alors surtout qu'on n*a
pas do meilleure exphcation a proposer de l'élection par voie de scru-
tin de deux chanci^liers de France, à l'une des périodes de notre
histoire où le pouvoir royal a été le plus fort et le plut? jaloux de ses
prérogatives? Telles sont les questions que nous soumelLons, en
(inissant celte étude, au jugement des savants plus versés (|ue nous
ddus la connaissance de Fantiquité classique et du moyen âge français.
Siméon Loge.
Ibid., I, II, chap. ri; traducUon de Barlhëlcray Salat-Hitairc, I, 172 el 173.
1. !•'. Meunier, Euai lur ia vie gt let ouvrages de Mcoie Oresme, p. G5.
r<iXEXTS IXEbITS DE sinT-smo^t.
103
FRAGMENTS INEDITS DE SAINT-SIMON'.
{Stcond article.)
III.
Lb comte DB U ViOGlTTO!l>.
Le comte de la VaugiiyoD, André de DéU>alat% uq des plus pauvre»,
et PD mémo tempf dos plus légers gentilshommes de France.
II n'y a i>as moyen d'aller à plus qu'ii sr^ou père*, [|ui vivoit de wo
pelil firT. si lanl pst qu'il fût fief, appelé la Grange-Foumitînleau^. I^
mhn i^app^loit Majïe Jumeau ; et tout cfîla d'une obscurité parfaïU!.
I Vnir Retiu kisi.. XV. 333-348,
2. Kxtntt des Lr'gères nolioiu sur Oa ebcratfers de l'ardre du Saint-Esprit,
ToL S4 d«s Papiers de âaiot-Sinion.
X Le» si^atores donnent : Br'toutat; mil» Saint-Simon écrit : Bélhœttat,
comme VlUitniri' dfs grandi offiriert, (orne IX, |i. 240-
4- iklon Amelol dr la llousrwiyc, qni a roosarré un arlicle de sm Ât^moires
ktiUH^pUM [éd. 1737, tninp II, p. 70-78) A H. et M-' de la Vangujrtui, k « pj^rr.
•'appcloit FromenUs (sk) cl paMoit pour an homme de néant {en note : Il m'i
Uè dit par de» pcrfwnncs dignes de foi que le p^re da comte de li Viagoyoa
amil Hé plus dr dix un» rJiinirgicn servant dans la nuiiiu>n de CondA). ■ On
tmaTe àanf, un nu. de Clâirambdult, n* 1245, p. 3t>4d et 3341, de» preuve» de
DobleM* — lrè« «uApMites — que ce [>^rc fit, en 1C39, |Kiiir l'onlre de Saint-
Mlebel. Il t'«ppet«U André-Pizon de B^lnuUl et ivail été pt^e dn duc de
M— tpensier. puU écuyer dn prince Je Condé, ROUTerncar d'Amboise et de
Déola, aide de cniiip des marêcbaui d« famp des Annfet« du Kuî en 1Q38. ot
Uoilciiaat général aux Iles d'Amérique en I6ôl. Il épousa, le ^G février 16%,
Xarie imncao, tille d'un ingénieur de l'artillerie. Leur til» André naquit an
mois de janvier 1630. el fut baptisé te 28 féTrier suiranl, i l'éeli^e Saint-Rorh
de Pari»- Lm continua teum du P. Ani^ehne ne sont \>H>i remontée plu^ haut que
k père, comme ledit Saitit-Simon, et. quoiqu'il existe au C^liinot lics Utroit, datis
1« doftûcr BAtodlat, de nuiiibreux Litres relatifs à îles ^enératiims unléricures,
la IliaMon jurait trop mal prouvée pour qu'on »itc l'atlopter. Quand M. de la
VtBfcnTon fournit ses pre-uves pour l'nnlrc du Saint-Esprit, en I&H8, au mar-
rpiifi de Beringlien et au comte de Oamachett. il ne remonta pas pins ligQt
que vm prre, et renvoya, pour les degrés antérieurs, aux prcnvcs de 1(>39,
qui, bien que suspectes, avaient été cooHrmées et appronrées le 7 juillet 16GS,
par le diM! de >oaitles el par Colberl. — Somme (ouïe, les Bctoulat devaient
detcendrc d'un notaire d'I&soudun qui viviiit au xt* ftiécle-
S. Le Ûef de la Grange-Promenteau ou Fourmenteau était en Rerry, dan^ la
mcmTaflce de CIiMrauroux.
404
■ilUTfCES ET DociiiiE?rrs.
Lo frôro aine, qui s'appoluil la PctiUcyôre', et qui rcescmbluil parlai-
temeDt à un pauvre bonleux, l'étoit ea efTet. Il avoit ud file capitaine de
cavalerie, qui vi\oit do son emploi, et qui éloit honnête gar(;oo^.
Notre chevalier de l'Ordre s'appeloit Fonrmentrau. C'etoil un grand
homme sec et fort noir", qu'on prenoit. pour un Espagnol, avw, Wau*
coup lie phyi^ionomLfi et d'esprit dans les yeux qui ne trunipuient puial,
avec beaucoup de courofje, d'esprit el de cceur ; Tort bien fait en sa jeu-
nesse ; une belle voix et des talents pour les damps, qui le tirent
subsister, et qui, par enchaînement, tirent sa fortune*. La vieille Beau-
vais*, première femme de chambre favorite et confidente de la Reine
mère, et que, pour cela, le Hui a toujours aimée et dielinguée, elle et
les siens, ouït parler de ce Fourmenieau : elle en fut curieuse. Il s'y Ql
1. Sic, par suite d'uao mauTaiM leclure. — Ctiarlos do B^tonlat. seigai-ar de
la GninKe-retiti(>rc, servit A l'ctranf^er. Il derînt eurtnleadant général de l'ar-
Ullcrie vrniticanc en IGlti, vuinimaiula enMiite, de I6Ô0 ii 1657. le» cuirassiers
du roi de Portugal, fit les fooclion» de marcchal de& logis géufiral â« l'année
vëniticmic de Candie m tCtiO, ot celles de gouverneur de diverses place» de
TranslIvutUL' pour l'Empereur. Il se lairU à Venise et eut : I* Charles de Dé-
loulal de la Pelitière, m» fui r-apititine <-iii régiment de Vivarais et p«>)ifiéda U
coiniuaniii'rii: de Biirani^iiiA de lordire de Saint-Lazare-, 2' Louis de la PcUliire,
abbé de FranqncTftull, qui mourut A Vkrit, le 'il m^irs 1725, âgé de soixaote-
qutozo anà. i' le chevalier de Fitiineiitcau, capitalae au régiment Royal-Vais-
seaux ; \* René, choralier de la PeltUère, qui fui reçu page du Roi en lOM, pnla
jiaâu mousquetaire et Lieuleiiaiit dans le régiment de Crui(»ol. Le \tin ot la
tnèrc Tivaienl encore A Psii»^, en 1090, et habitaient tnodostemenl rueGuisarde.
2. Outre tf^qu/itrc lil& nommés ri-di^si^iis, il yavail une sœurqui, selon leagéiiéu-
logies, ^ptiitfia Gabriel Imbert, neigneur de Pr!tilTat. capitaine de eaTalcrie. Amelol
de la llou&saye prétend quec'était un maître maçon. De cette alliance naquit un Ois.
n Coiiiiriie il iiageuit sous le vent de âoo oncle, dit Anielot. il ne laineoil j>aâ de faire
riiimune i\f. {[ualîté, et de g'ea donrifr liiun le^i sùn dans l'ei^pÀram-i! (|u'il avait
de ponvoir p|>r)U!wr M"' du Broulav ; à quoi la m^re roiisentoil, pour dr^bomt-
rcr sa lilli-, par mur Idcbelt^ par«ille A celle qu'elle avoit faite elle-mV>iDe en ne
remariant uvfr Itt^loidut. Mam elle eut bifau faire, et le beau-pere auati : la
ilniHiinidlu refusa Petit- Val a\ci: tout li: iiii^jiris ijucr mèriloit an basse Dala-
aancf. De dèsi^poir, il s'en alla au {.erant, et «c (il ensuite cordclierau Saial-
Sépulcro. u Cette demoiselle de Bnint-Miiigrin mourut le fi aoiït 1686, uns
avoir été mariée, c illustre par sa haute vertu l'L *a grande piété. » {itoréri.)
Quant au cordelier, I) upostunda pluK tard et fut enlermé à Saiat-Lazare le
Î5 marh 1698. (Arr,h. iialioimles 0< 42, fol. C2.)
3. Non» arons fait reproduire pour IV-dition in-ipiarto des Mémoires rou
portrait lavé d'apK'i une Loile de U coUcclion du SaÎQl-£sprit^ qui se IrouTC
danit le ra>>. Clalrainbaull I \tïJ, fol. 219.
4. Lpm Mémoirts dirent : « Il avoit de la grâce, une voix channante, qu'il
Citait Ivi^ UivQ a<-compagner du liilh et du la guilare ; avec cola, le langage
lies ri-Mime», tU- l'e^pril, et inKinuanl. > — Froinenteau eut ua rAle dans l'/ni'
promptH de YtHers-Votlerelt que M. Edouard de BartJièlcmy a reproduit en
partie à la suite de sa notice Rur Dangeau.
5. J'ai publié en 1878 uni- notice sur Madame tU Beanvais et ta famiUe.
I
I
nAGiie?iTs iniibiTS iti: ftAi?ir-âiHo.i.
4 OS
pritAOter; U lai plut, el, on fort pou de lemps, viol k conclusion, el
l'eulrecint tout li> reste de sa vin *. Voilà Fourmenleau hors de misère^
et mes sage pour ue s'y pas replonger par intidrtité à sa vieille ; mais
Q pensa, plus haut et songra à cheminer. 11 servit auiaut que les
«bwDces qu'on lui permettoit lui en douooienl le temps. Par cette
vieille, que toute ta cour mênageoil, et grauds, et miniistros^ cl priuces
dn sao^ même, il s'y fit conuoitre. Il étoit doux, insinuant, amusant;
il fat d'abord souffert pour sa protectrice, enûn pour lui-même. Le Koi
Toalut bien qu'il eu^entàl la foule du courtisan ; il lui en revint beau<
coup de bien par les dames, et M"* de BeauN-aîtt peu à peu le disposoit
à faire quelque chose pour lui. Tantùt^ un mol dn Roi le fal»oit
rPguUer aprèf une petite pension pour lui donner quelque pain ai^uré.
liO baron de Itcauvais^, lils de cuito vieille, étoit ïtubalterncment de
lOQS les plaisirs du Roi, parfaitement bien el en grande familiarité avec
loi, audacieux pour hasarder, mais connoissant bien et son maître ei la
coar pour se risquer ; avoit pris Fuurmenteau en amitié et le porloil
t On tmuTo df piquants dol&ils Mir les origines de cette liaisoD dai» le
jBumat d un voyage ù Paria (de deux jeuoes Iloltandais). publié par TA. Fau-
{skn, p. 389 : • Le 2*2 (janvier 165KJ, le sieur de l>iiiK<!liain|M, «ruyer de H. le
duc d'Aojou, nous raroata de quelle fat^on Fromeatran s'e^t bien mi» auprtr«
de M" de Beaarais, a aafjiè. ses bonnes ftr^ces el est derenu son galant.
Comme il ne uvoit nù donner de (a t^te, it fil coonoissanrc avec un abbé qui
yourerooit cette dame : il A'alUrha à lai, cl fil si bien que, par son moyen
Biénie, il fatrcprit sur sa o^mqui^te; car, âpre» qu il l'eut produit el qu'il lui
«Bt dooné 9€Cèê auprès de Hargol (c'est aîtiBi qu'on nomme erttfî femme de
cbanbre de U Heine), il travailla si bcareusement à s'en faire aimer, qu'il y
rtesaii, el l'a enfin #m))nrlê par-dessas le pauvre abbé, qnj, nnc autre fois, sera
pCttft avise que de «e &it à aucun ami en fait d'amour et de (;alaaterie d'inté-
rêt. Depuis «Itirs un ^oit Frumentuu chez \c Riii, chei la Rvinc, et cbcz U. le
Cardinal, aussi avanl el aussi bien tu que la pluparl de t^eui qui y sont des
premiers et de la plus secrète intrigue. Même il est en espéninrc d'avoir an
rcgiineiil de cavalerie la caiu|»aiuie prochaine; el afin qu'il y poisse mieux
parveair et qu'oa ne dise pas faaulemenl que c'eitt In seule Beauvais qui l'y a
porté el qui le lui a fait donner, il «si allé se jeter dans Uardyck arec tous
les ToloQtairea el tous les braves de la cour. Il est vrai qu il en piful Hw- de
reloar, puisqu'on auare qu'eolrc Calais et iri l'on a trouvé des relais pour
lui, que ri.Ttle bottDe dame y a envoyés. Elle lui entretient un carrosse i. quatre
riieraiit el ln>is laquais. » — L'année prérédeole, les deux voyai.;ears avaient
vu Fromenteau en compa^^nie de M. de BrediTode. leur rompalriolc, qu'il avait
connu jadis lorsi|u'il servait en Hollande, et aui|uel il s'était alLicbé h Paris,
■ ne le quitlani pas d'un )ias, se serrant de la commodité de son carrosse el
4e n bourse. » « c'est, écrivaient-ils alors, nn compaKnoo fort nécessiteux el
indigeiitT et qui ne fait pas tant ici l'homme d'iinptirtance qu'il le faiMÔi ejt
aotre pays. > {Journal, p. 1G!>J II résulte des couplets et épigraramea conserves
dmos le Chansonnier que sa liaison avec M"* de Bcauvois reraoutail tout au
moins a I&i5.
î. Slot douteux et phrase singulière.
i. Voyez le torac I" de I editinn nouvelle des iVe'moirex, 187U, p. 291*
406
H^AIGBS RT DOCUMBITS.
auprès des courtisans et des ministres, dont il ètoii lui-même méimpt^.
Tant fut procé(li> <^nfin quR. la vieille n'en faisant plu« ou presquR plu»
d'usagp, mais l'aimant toujnvirsasara pour continuer à payer, etcapabla
d'ontnndre à sa fortune aux dopons du plaisir dn le voir, tant fut pro-
cédé (|ue Fourmenleau fut ouiployê auprès de plusieurs pricct^s d'AUn-
magne, et qu'il y réussit fort bien '. U éluit instruit, el s'appliquuii fort
h Tétre, et savoil très bien fairp sa cour suivant s^s vuosetses besoins.
Recrêpi de la sorte, et dans le mondn à peu près sur !e pied de tout le
monde, par sa dépense» ses entrées chez le» seigneurs et les ministres, I
SOS ncgociatious, et bien vu du Hoi, il trouva une fortune et ne la man-
qua pas. Ce tut Is plus laide créature qu'[on] eût su voir, lillKdeM. de
Saint-Maigrin, qu'fon] a vu (p. 132) chevalier de l'Ordre en 1661, et aoû
hêriiière par la mort de ^n fr^r^ unique tue à la porte de la plus haute
fortune, au combat du faubourg Saint- Antoine, Pans enfants, el enterré
à Saint-Uenie, veuve de Barthélémy Quélon, comte du Broutay, et
grand-mère du comte de la Vauguyon d'aujourd'hui, gendre du duc de
Btîthune^. Fourmenteau l'épousa eu janvier 1666'; el le voilà (>ou9 le
nom de comte de la Vauguyon, qu'il prit en se mariant, jouissant de
luus les revenus de sa femmf*, une e8|>ècd de petit seigneur ^. Avec les
1. Selon ks liftes qui se Irouvenl dans Icms. ClmrainbaultDf^, il fut d'abord
enTOfé en Dramlcbaurfi. au mois île juin l(>72, puis en navifrrR, au mois de
juin 1679, À Cotoiîit« el A Trêves An mois de septembre IGSO. Nommé ambas-
sailfur en Esihiruc au mois d'août 1081. il rtl son ralrèe A Madrid le M février
I0*(2, l'I eut son oingé Ip 6 nuTBinlire 1683, après la déclaration de Riifirrr. En
août 1085, il alla A ta mur d<^ Vienne romnie envoyé eilrnordinaire, ni il en re-
vint nu mois iln dt^rembre IGR7. Sa r.»rrcfip<>nilanre i^ndant rfi> divrrw-s ain«i
bas-Mdc5 Cftt rotij^crrée au DépiM dcR aflalres étrangères, et M. Mi(;net va aciti
des frai^inoQla de l'année I<jT2 dans le tome IV des N^gockations reialivesài
tuci-'esxivn d'Eijmgne. p. 80 cl t^ulv. Jamais U. de la Vauguyun ne fui eavoyè'
K\\ nanernark. rumme le iLiaent le» Mvmoires (tome I*', p. 292); ce fut au con*
traire, d'aprii» la Gazette d'Amslerdamf le désespoir de navoir pas eu celle
ambassade, en IG92, i\c. préfércnrc k Ilonropau!:, qui le poussa au suicide.
2. Le comte de la Vaujinyon, qui fui créé duc par Louis XV en I7.i8, épousa
M'" de Bélbunc-CharoRt le \ mars 1734.
3 M" do AévifïniV érrlt À sa lîlle. le t9 JnIHet tB7) .- t La Vaogoyon, ipriCj
deux ans de mariage avec Fromenteau, t'a euliti dt^larè, et elle est logée cba
lui. C'esl un bon parti qne l'romienteau ! » lUm le contrat de mariage (15 jon- '
vier 15lt8^, qui fui pni<li>il ponr les preiu'en dr* l'Ordre, il hi> qualifiait : s André
de TîV'IouIst dt! la Petilit>n% chevalier, «einnsur de From<'tilp.aii, premier gaa-j
tilboiiiitie du M^r le ituc d'Orléans, frj're unii|UR du Rcii. > Kpri^i le luariagefi
il prit les (itreit de : n haut et puissant scJuni-ur M" André de Héloulal de
Caussade, chi-Talier, comte de la VaURuyon, marquis de Saint-Maigrin, baron
de Timniîins, Villon el GratfliKrp, eeiRiieur de l'oiimu'iiluaii el autres lieux. »
4. Kncore une at!ii«ion au mot de U Rniyi>re. — T.'articW Stokb fourni au
Dictionnaire de Moréri par le duc de la Van|;uy«n m'exprime ainsi sur ce
loarlugc : n Marie do Stuer, élaol veuve ia romle du Broutay, se maria secré-
ICDoent, Agée de cinqnaatc-cînq ans, à André de Uélboulat (fie), seigneur de Fro-
rtiGMETTS IX^DITS DE SAI.IT-SIMOX.
107
leeès que lui avoieat dûQDés tes aU'oireB qu'il avutt maniées^ U accuu-
tuma le Roi et les ministres à lui, cl nnfîn U eut l'amliassade d'Rs*
pagne '. On y fat content de lui', et, peu après Ron retour, il obtint une
de* crois places de conseiller d'Ëtal d'épée, et exxûn il fut chevaiier de
l'Oidre».
meoleaa, sitnple ticntiltiomnie. Le comte de ta Vaugayon, son p^re, vivoit
eocore. U coDçat ua si vir rhaicri" de celte alliance inégale. (|u'it ea mourut
Irte peu de tempt après; mais il drsb^rita m fillr. et institua pourimn lirriltfr
BBirfrwl )e Jmine marqnti du Broutay, Mal fiU dn m fill« unique rt de Bar*
Ihélcoi; Jt< Quclea, eoralc du Broulay, A U charge, pour lui et m pustéritë.
de porter miu nom et sea Ari»i^ ronjolntement avec W.» ucnoes et de prendre
i* titre d« comte de U Vau^yon. Cepenilant la ronites^e du Broulay, dès
ifo'i^e eut apprit^ la mort de sou père, se mil co possession de loois In biens
de cette apulenlr tiucre<.<tton, fil prendre au sieur ile Prnmenleau le nom de la
Vauf^uyou, nous lequel t-Mf Iv jumsia aui dignités de fbevaller du Saint-Ks|iril,
de euasciller d'état d'épée et d'ambasMdeor eo E^pa^ne. Le sieur de Frumvn-
leau o'a point eu d'eofa(it<i <le Marie de Sluer, et a liai iragiiiueiopul sa rie A
Paiit eo 16!)3. ■ J'ai dit, dans nés unies du tome I"* de la nouvelle édlllon,
p. 203, re qoVtaient res Stuer de Bretagne (Saint-Simon écrit A lorl : Estkueri)
et leur prélenlioo an nom de Staarl. H. A. de ta Borderie a publié récemment,
dans b Corr«»poiidoHC« drs Bénfttictins frrefoiu, p. 33i\. uoo lettre du niar-
qoîs de Carrad" a dom Maur Audien, de 1690. où il est dit que, |»our aToir
commaoicatioo du portrait du père «le M"* de la Vaugoyon, on devait bien
avoir soin de ne rapi)elf>T que Jacques stuart. La vérité sur l'onginc de celte
famille fut èlablie des 1693. donâ le Mercuie galant.
t. « En Espaïqie, dil Ametol de la Uoussaye, il lit plusieurs tours de cbe*
vafier de riodustrie, et en sortit sans payer ses délies. Il doana au courrier
qal tni apporta la nouvelle de la naissance de M|;r le duc de Bourgogne une
lettre de cfaaoge de reut louis d or è n*coroir de son banquier de Parin, Quol-
qiM* jour* aprts, a>aul su que M. d'Oppède, alors ainbassadeur eu Purtu^,
a'atoil donné que dit louis A re courrier, il se repentit de sa libéralité, et
r^oqua l'ordre de payer les cent louis; mais, le banquier le» ayant déjA payé»
lorsqu'il reçut oe secoud ordre, la Vauguyon eut le créve-cu>ur de ne recueillir
de soa doa que la bonté d'avoir uiuntré aa vanité et «a mauvaise fui. Ce fait
M'a été conté par son secrétaire, nommé Dury. u — Selon M** de Colîgny
(CorrapoNdance de Bttug, éd. Lalanne, torne V, p. 418). la reine d'Espai$ne
demanda, aprèii la trêve de Batisbonne, qu'on lui envoyAt un ambassadeur de
■•illcore maison que Frouienleau.
2. Kn HTTi, Bussy écrivait (Correa/jortdaaee, tome II, p. \h^) : ■ Je mVlonne
<iae M. de la Vauguyon, jadis Fromeulcau, soit devenu on grand négociateur;
j« savais bien qu il l'étoil sur uu autre chapitre, qui o'a pas, je crois, nui à sa
fre&ière lurtuoe. ■ ■
S. Voir « que Bassy peuàa de cette Domination, dans sa lettre du IH de-
acnkn 1688. A M** de Sévigné. Il fallall faire les preuves de noblesse régle-
■MBlaires ; mais j'ai déjà dit que la Vauguyon te bonu A remonter jus(|u'A son
ptR, en reovoyanl, pour les Kênéralions précadeatea, A ta production (oumio
dnqiBiale ans plus lôl pour Inrdre de !Uint-Ulchel ri reviséu en iriGâ pur les
<a— lisaiires royaux, qui l'avaient Irouvée fort c douteuse. » Toutes ces preuves
««al oanservées au Cabinet des titres cl dans U série dite des Pièces origiaalea.
408
MEUTfCES ET DOCOMKTTS.
Parti d'où il éluit el arrivé où il se trouvoit, il n'y avoit personne qui
n'admiiûl sa rorluno; mai? lui en étoit d'autant moins conwnu, qu'il
seotoit biou qu'il n'étoil pas en droit de m plaïndrR. Le fils du premior
lit do sa fnmmc avoit demandé son bien et ses droits sur celui de sa
mèra : La Vauguyon, mis par là à Tctroil Pi cndetlû de ses voyages aa
dehors, mouruil de faim. Il eu parla aux ministres plus d'tme foie, et
au ru>i enfin, ^ui, de foie à autre, lui TaÎKiit donner quelque lé^^re gra-
liGcalion. Cela bouchait quelque trou, mais en laissnît tùen de vides.
 la fin, la têtn lui en tourna. Il avnit eu de petits acc^^ à Paris, qui
étoicnt demeuré» ensevelis parmi un petit nombre d'amis; mais il en
eut ua à Foulaiiiebleau qui érlala, et qui fut d'aulanl plus dangereux
qu'il s'y conduisit ap^^4^, et tout de suite, en homme sa^çe'. llsortuitdc
chea Monsieur le Grand et passoit sur une petite terrasse qui, par un petit
palier ubacur, aboutit de plein pied au salon devant le Fer-à-chevaJ et
la Tribune*. Dans cette obscurité, il avise M. de Gourtenay', avec qui
jamais il n'avoit eu aucune paroie ni le* moindre orabre de démêlé, et
qui s'en alloii chez le cardinal de Coislin, qui, en absence du grand
aumônier, avuit son logement joignant et par-delà celui de Monsieur le
Gnind. Aussitôt flambergc au veut, et à attaquer M. de Courtenay;
celui-ci à mettre la maiu à l'épée, à parer, à se nommer, à demander à
qui il en a, à lui dire qu'il est dans la maison du Roi, et tout cependant
à ferrailler, pour n'fMre pas battu ni percé. A ce bruit, des Suisses
accourent, les séparent. M. de Courtenay leur raconte comment il a été
attaqué et sa surprise, et continue son chemin uù il alloil. Pendant ce
temps-là, La Vanguyon, revenu à soi, enfile la galerie des Réformea et
s'en va chez le Hoi, qui, au sortir de dîner, êtoit dans son cabinet, dit
t. Les plÊces reUlives A celtt; aventure et à «es sait» ont été publiées par
U. Fr. RavaiasuA, dan» les Archives de la BostiUe. luiiie IX, p. SS.'^-SST. Oa
trouve (lnni> le ms. Clairjitiibault 71!), p. \h\-\'i1, cr rn^iport fait Imuédiutc-
ineot après là qufrelltr, pour le gccréUitrc d'Ëtal de: la niAison du Roi :
n A FontalnflhlMU;. lo 11' orlobre (1691). — M. ]« prince de Courtenay el M. de
la Vatiguyun vicnaenl de tneltre l'épcc A ta nain dans le pnlirr qui sépant la
tribune de la ebapelle d'arec la &alle des gardes de rapparlcmfDt &v b Reiitr
roére. Un rbcvaii-lèttcr qui y est nrmnni, les a tièjuréft. 1^ prnmirr est bleue
i la mail), et un point paru dopiità : l'autre e-.st l'-nii M! jetirr aux ptcd« du Bot,
cl lui fl avnu^" qu'ayant Inmvft dans le petit tit'ftré M. de Courtetiay teic
pour téCc, il en avoit été tolteineat {iressé à tviupa de |Kiing el de cuude,
que, qaoîqu'il cill rerulé aoLanl [|u'jil avitit pu, il itVtoil vu cmitroiiit de mettre
réi>éo A la main le premier; qu'il n'avoit jamais eu de querelle ni de démêlé
HVei: M. de Courtenay ; qu'il avoit scalemciil observé que, de|iui& huit joors,
Il le rherchûil piirtoiil pour le bruM^uer, et qu'avanl-bicr, au {«rtiquc, il le
*inl lircr par le brad pour »o mettre devaiil lui. Le Roi a ordonné au grand
pr^'vàl d'eu infomier, i-l à M. ili! la VaufJiuytiri île s« tenir chez lui pour attendre
Bc» ordres. » — Cf. la Corrvsi>ondanct de Buisif, totne VI, p. 508 et 537.
2. Voyez la note 4 de la p. 'J94. tome I, de» Mémoires.
3. Louis-Cbarles, prince de Courtenay (lfrlO-1723).
\. Sic.
FMOMEl^TS lîrfwre DE SAIST-SIMO.I.
409
À l'huisûer qu'il faui que sur-le-champ il parle au Roi, et, sur la diffi-
culté rpii lai en eet faite, Uiurne la clef et entre. A Fontainebleau, il
n'y a qu'un cabîueL, ou du moins alors, qui est ovale et grand. Le Roi,
voyant entrer ainsi La Vauguyon, est surpris, et pourtant lui demande
avec liODte ce qu'il a de si pressé. Il se jett« à genoux Pt dît qu'il vient
lui apporter sa tële pour réparer sou manquement de rcsp(>ct, qu'il vient
d'être attaqué par M. de Courteuay; et le reslo. Le Koi le fait lever, lui
dit qu'il verra ce que c'est que cela, et le renvoie ; et toujours avec
bouté. Aussitôt il mande le grand prévôt, qui s'en va trouver M. de
Courtenay, qui lui racoule sa surprise, qu'il a été attaque saut: cause ni
prétexte, etc.; point de témoins que ces Suisse» qui les trouvèrent fer-
raillants. Ce qu'il y eut de triste pour un bomme sage qui n'avoît
aucun tort, et de la naissance do M. de Courtenay^ fut d'être traité
cumnio l'autre en égalité parfaite*. On les mil chacun dans un de ces
cwrosaes du Roi sans armes qu'on appeloit de Bontemps ou df la
Pvmpe. parce que Bootemps, comme gouverneur de Versailles, en dis-
pOBoil, et qu'ils étoienl tirés par des attelages de la Pompe de Ver-
cailles * et servoient à voiturer de bas domestiquas du Roi distingués;
un exempt du grand prévôt avec chacun, quelques>une de ses archers
autour, à cheval; et, séparément quoique eu même temps, mais nuu li
rue, ils furent conduits à Paris, à la BnsLillr. Ils y furput tous doux sur
le même pied, et, au buut d'un mois, ils y virent leurs amis. U'édair-
ctoaements^ nul moyen d'en avoir d'autres, et, au bout do huit mois,
après aroir pris les mesurée convenables pour que tout fût fini entr'eux,
ils eortireat de prison, et, quelques mois après, eurent permission
de revenir à la cour'. Le pauvn> M. de Courtenay D'en aurait jamais
été plus cru que l'autre, si, doux ans après, il n'étoit arrivé autre aven-
ture qui mil au uet la folie de M. de la Vauguyon *.
Il s'en alloit à VersaiUee, et, entre 8éve et Ch&ville, rencontre un
palefrenier des livrées de Gondé, qui s*en alloit à Paris avec deux che-
vaux de main. U arrôte, appelle ce palefrenier et apprend que ce sont
des chevaux de Monsieur le Prince. Il met pied à terre et prie le pale-
frenier de lui en laisser monter un. Le palefrenier s'en défend ; l'assuro*
qu'il est seniteur de Monsieur le Prince et qu'il le trouvera fort bon,
moQlre md cordon bleu, et, moitié figne moitié raisin, ôte le caparaQon
H monte, se met au petit galop, et le palefrenier après, sa voiture et ses
1. (Test précisément ce que dît Uufisj : ■ Il y a autant de dlslanfe entre
leur Ciule qu'eotr« leur naissance, s
?. Des 6ctiric& avaient été coa.^tniites, en IG72, dans la me de la Pompe, sar
l'einpta«emenl d un pa^itkm de H'" de la Valliere.
3. Arrêtés le l*: <Krtubre 1691, ils furent relâchés le 3 février 1^2, et oe re-
parurent i U cour que te 17 juillet suivant,
4. Cette oouTetk aventure est racontée dans In gazett« hollandaise d'Ams-
lerdam, dans le Joumat de Daiigeau, dons le Ctianswnnier de Gaigoière», etc.
— Cf. les Mémoirei, tume 1 di- IVilillun d« 1871), p. 297-298.
â. Li VaBgilTOa répond en l'assurant, otf.
uo
ir<Li?(6£S ET DOCCHEMS.
gens demeuré» Rur le pav6 et Fort étonnés, bien qifaccoutumèH à ces
frasques. Quand il est au bout du Goars vers Parts*, il gagne ta porto
Saini-Honorc, puis: le rempart, et arrive enfin à la Bastille, met pied à
terre^ donne une pJHtùle ou deux au palefrenier, et le remercie. De là,
va cheK le gouverneur, lui dit qu'il OBl le plus malheureux des bommei&,
qu'il a iléplu au Hù), et iju'il lui demande une chambre de prisonnier.
Besmaus lui faitdescomplimouts, l'envisage, le trouve égaré, s'informe
qui l'a amené, puisqu'il ne paroit personne, et eaRn lui demande à voir
Vordre du Ruï. La Vauguyon répond qu'il c'en a point, mais qu'il en
peut -bien être cru sur sa parole, insiste et sa fâche. Besmaus le
ravoîso^, lui fait eulondre qu'il ne peut qu'obéir, et non pas mettre per-
soone eu prisou. non plus qu'en liberté, de son autorité particulière;
lui propose à diner et de demeurer chez lui jusqu'au retuur d'un cour-
rier qu'il va envoyer à Versailles. Faute de mieux, il fallut bien en
passer par là. Besmaus ne put ni le consoler, ni apprendre de quoi il
9'agissoit, ni presque le faire manger. Il se douta que la tôte étoit en
désordre. Sur le Boir, le courrier rovint avec une lettre de M. dp Poni-
ciiartrain, qui mandoit a Besmaus denvuyer La Vauguyon chez lui, que
le Roi ne savoit pas ce qu'il vouloît direetn'avoit nul mécontentement
de lui, eucore moins pensé à l'envoyer ii la Bastille, et qu'il falloil que
ce pauvre homme fût devenu fou. Ce dernier article ne lui fut pas dit ;
mais ne.«îmau8 lui fît valoir tous les autres, et, avec cela, vit l'heure
qu'il passeroit la nuit chez. lui. Enlin, à forcrt de l'amadouer, il le ren-
voya dans son carrosse chez lui, au faubourg Saint-Germain*. On peut
juger du bruil que Gt cette équipée. Le Hoi laissa tout de suite revenir
La Vauguyon à la cour, et lui parla avec bonté, et tâ^ha do lui remettre
la tétn. Cela lava tout à fait M. de Gourteuay*.
M°": de la Vauguyon, cjui muunjit aua^I de faim avec lui, ne put
supporter davantage les eâca|;>ade8 domestiques, ({ui étolent fortes ei
dcvenoient fréquentes; elle s'en alla à SainL-Maigrin". Cette absencfl
afToiblit encore la subsi-'^tance de La Vauguyon et lui altéra de plus oji
plus la tête. Elle y mourut à plus de quatre-vingts ans, 2^ octobre 1693< :
1. A U |>nrlt< lie la rniiTôrPiife, dit l« l«xtff di>8 Mémoires.
2. Havoiser du ravoyer, reiiicttn^ en bonne voie, Jans le bon cheinia.
3. II luibilait la rue de Grcncllc-Saint-Gcnnain.
4. Gaignièreft, qui cltt? ces deux traits de fotlc dans le commealaire de soa
Chansonnier. racoat« aussi qu'un jour La Vauguyoa, chez M. de Croissy. vou-
lut battre Langlée, parce que celui-ri •ac parlait pas assez raspectueusesneal de
Monsiiîur. IM». fr. tï69l, p. 179-181).)
â. En Limousin.
6. L« Vi, ot non le !29. Saint-Simon fait confusion de quanUéme avec La mort
du mari. Voyfx le Mercvre de 1(593, octobre, |». 233, et décembre, p. 204-221,
cl celui de 1694, juillet, p. 3i-i2. On Ironvft dan* le lus. fr. 6911, fol. 17-20,
des lettres du tils de M*^* de la Vauguyan sur la mort de sa mère et sur la
conduite indigac de • K. de Fromenteau. d
FEACVETTS H^ftlTS Uh SAnT-SlHON.
m
olor?. La Vaagnyon, saas ressoarce, tourna catièrement, et, an beat
da moi?, qui fnt le ^ novembre de la mâmoaDDêe, qu'il choisit exprès
parer qu'il éloit TAte ou dimanche ', il envoya tous ses gens à la messe
et dit qu'il voutoit df^meurer seul à dormir. Il étoil re^té au lit et avoit
mis prés de lui deux pistolets bien chajigés, qu'il se tira l'un apr^
l'autre, et »'ea cassa ta léte >.
U avoit Fait d'autres moindres folies, et quelques-unes plaisantes par
la peur qu'il donna. Une des premières' fut à M™» Pelloi, veuve tlu pre-
mier président de Rouen, qui avoit une jolie maison dans le faubourg
Saint-Oennain, où, tous Iw soir«, olledonnottâ souper à quatre ou cinq
personnes dn sp^ amis, et on y jouoit à l'ombre nu au berlan, unique-
ment pour s'amuser. La Vauguyon y alloit presque tou^ les jours et
éloit tout À fait bien avec cotte petite société. Un soir qu'au brelan' la
boone femmi? Fellot Ut un reuvi à La Vauguyon, qu'il quitta : ■ J'en
mis bien aise, dit-ellOf que vous «oyez un poltron ; qui est-<:o qui Teât
cm ?» Et de rire et s'amuser. La Vaugujron ne répondit rien: mais, le
jeu fini, il laissa sortir la compagnie, et puis dit au domestique qu'il
Touloit dire un mot en particulier à M"»** Pellot. Ils sortirent; et lui
ansrilftt va fermer \e» verrnux, met son chapeau jusque sur ses yeux, et
Tient k M"*^ Pellot en furie. Elle, bien étonnée, lui demande à t|ui U en
a : « Comment ! eu jurant de toute sa force, et lu recognanl le cul à sa
chemins, à qui j'en ai ? M'appeler un poltron ! v Et.de ses deux poinK-*'
fermés lui avoisinant le^s oreilles : « Je mus vous écraser la tâte et vous
4p{)feadre à parler. » La pauvre femme, transie, faisoit des révérences
peqtendiculaires entre ses deux poings, et s'oxcusoit tant qu'elle pou-
Toii sur sa réputation ; enfin, après e'ôlre exhalé un quart d'heure en
menaces, il la laissa demi-morte de frayeur. Sps gens, rentrés, eurent
bien de la peine à la remettre, et encore plus à savoir ce qui lui étoit
UTÎTé. Elle cul ta bonté, assurément bien estimable, de s'assurer de
leur secret, parce qu'elle voulut se mettre à l'abri d'un autre télo-à-téte.
Elle le reçut ù l'unlinaire, et un ne t'a su qu'après sa mort. — Mais eu
ToUà trop sur ce pauvre La Vauguyon, qui n'eut jamais d'enfanisf
t. C'était un dlmaoche. "Voyez nn rapport du temps que J'ai donné daaa jtrs
aat«s dn lom« 1 des Mémoires, p. 9d8-?99.
2. t'u des cormpoiidiiits de la inanjube d'iluxelies lui écrivait au »ujet de
et aidcMe : ■ L« mort <it^ M. de U VAii^iuvon me f^it horreur. Il y « limgletnpfi
ftte fe n'étois aperçu du (léâordrt'^ et de. U foiblfssc de M>n rsprît; mais.
enBDie il ne m avoit jamais p<iru propre au trafique, je no ui'ima^inoiK pas qnn
u folie dût tourner de ce èiMe-lÀ. Je pense qu'il ue n'^t-t jet^ d^ns le rôle des
désespérés qae pour faire honneur au cordon bleu et A U place tfu'it avoit
dam le Conseil. • {Archives de ta BaHUle, publiées par M. Fr. RaraiMoa^
(MDc IX. p. 337.}
3. Vo}C£ la vertion de» M^moirtSj dans notre tome 1", p. 293>294.
k. Sic, Undii que. deux lignes plus haut, Saint-Simon a t^erît : berïan.
&. Le dossier Bstouiat. au Cabinet des titres, contient, en nanoscril et on
112
HéLAHUBS ET DOCOHKIfTS.
imprimé, plDsieun oxetnplaires d'une Kfinéalogie qui paraft ivoir élè prèpir/>e
en UiHO par H. cln U Vaugu^ron hii>ni^mo, ri imprimée par sea &oin« pour
prenitre ptare lUnt^ un suppléiuotit ou niif rniidUioD de ViJisloire du Berrif de
la Tluutxa.isière. La pngiitaLton f>eule manque & c«tle pîj^^ tir ilmx pa^s In-
folio, «iiii dpvaJl enlrer au fliapilr* .XI du livre XII; nifanmoinK, Iw ilfox
éditions f]ui pnrarcnL ri>l1« unnéc-là m^^iae ne coaliennont qu'ime d^tni-p^K»
(p. t0i6) du fçénéalii^ie des Déttjulal de In Perrière. EvideiDincnt M. et M— tie.
U Vaugufon ne purent faire acceplor la ûliatinti éUttitie p«r «ux, ou bit^n la
Thaumasftière ao refusa à l'in^i^rcr pour quelque autre motif. Le morcisiu M
lurmine par une liio^raiibJt' complète du mari, qui mérite qu'on la mette rn
regard d« non portrait. « André d» néloulai de Fromenteau . seigneur de
Grateloup, haron de Tonoeins, coRile de la Vau^uyon, marquis de Saint-Mat-
Kfln, naquit an mois de révrier de l'an 1030. A I Age de Dis ani«, il paf^sii danft
Ic8 ilcâ de l'Amérique arec tson père, à qui li> Koi aToït dunné le gouTnrnemenl
de l'Ile de Snint-Chrislophc. Apr*« y avoir demeuré quelque-^ année», il revint
ca France, et, au Rortir de l'acadêDaic, il romnicni;A de servir, l'an 1&45, au siège
de DixiDudc, étant cadet dans le régiment des gardes. La commÎMion d'eii-
se]);De colonelle du régiment des garder du duc de Modène, qn'il ent l'année
Rolvante, lohligea de se rendre en ro**me temps au %\è#e de Crémone, dan» le
Milaooift. Tonl Jeune qu'il ébtit altirji, il s'aequilla si Ivien de eel emploi, qne
t'iin le jugea capalile de commander un détacticmenl que l'mi fil pendant ce
Rlège pour fiicilUer un passage H la cavalerie. Il fut blessé deux foi*, et Ir»
bleft«ure«i dangereuses, mais honorables, qu'il reçut, furent auBsiliM réc-oinpcn-
sées d'one c<^Hnpagrile dans le raCme régiment, où il n'y avoit encore que peti
de jours que l'on lui avnit donné une enseigne. Comme »on r^urage le portoll
à ree.hcrr.Jicr la gloire dàn^ toutes le» occasions où il croyait qu'il la pouvoil
acquérir, di-s qu'il fut retourné en France, le prince de Tarenle le (il capitaine
danft son régiment, et il se trouva A la bataille de Rethcl. qui Tut gagnée l'in
t6M). Après H'étrc toujours signalé également dans tous les sièges qui se
firent en Champagne et en Flandres pendant cinq ans, it alla en &uMe l'an
1656, et le mi Charlc»'GustaTe, qui considèroit les hommes de courago,
lui donna une rx^mmission pour faire la levée d'un ré;;iment de cavalerie
■et d'un régiment d infanterie. Dans ro Icmps-U, il cul des raisons de quitter
le service de ce prince et de revenir en France. Il n*y fut |tas plus tAt
arrivé, qn'il viiulut ^Ire I un dihi volontaires qui se distinguèrent, l'an 1657,
ou siige de Muntmcdy. L'année d'après, Il suivit M. de Torenno devant
Dankerqne, cl, durant le siège de celte place, il soutint arec tant de
vigueur nn K^geineiit que l'on avilit abandonné A rattai|ue île la eiintrese^rpc,
que cette action fut louée liaulement de son général, et qu'elle lut attira
son CHtimc. Il en inérila la œntinuation le Jour de ta bataille de^ Onniis ;
il prit le marqulii de KiriielKhtirg A la télé du bataillon qu'il nmimandolL,
et, dans toutes les or^uisions mt il hasarda généreusement sa vie pendant celle
Jonrnéet il iit voir A HM. de Cridagne et de Créquy, qu'il n'abandonna point,
qu'il avûit la coodtiilc des plu;ç sages capitaines et la fermelé des plus vail-
lants soldats de l'armée. La conclusion de la paix et du mariage du Roi, qui
furent le fruit de la victoire (|ue ses Inuipes venoieiit de retnporter aux Dune«r
ayant, l'an 16.^9, rétabli le repos de l'Europe, te ciymte de la Vauguyon, qui
éluil connu nUirs sous le nom de Fromenteau, acheta, l'an IGGO, la cliarge de
premier cUanibcUun de Monsieur, et. ce prince l'envoya en même temps A
Londres, faire Ic^ premiers compUmeuts de sa part à la prince&ae d'Angle-
raiCMEirre ixédits de SAnfT-aiMON.
443
terre, qa'il époDU le d«niifr rnm Ar l'an 16GI. Larsqae la gnirre eut éU dé-
clarée cotre l'Augleterre el U Hollande, I'ilii 1GG6, le coint« de lu Vau^uyon,
qui en aroil (^teuu la permiii^ion de Monsieur. »e rendit aussitiM auprès du
dur d'Vork. monta sur son vaisseau, cl inil liflauntuji df [i*rl  Iniile» Ipb
«rtionA <|ui se pa^«èreul entre le* deui IlolU-s. Il n'« iii«ii<|iié df|«iii!4 celn
asrtiae dn rrA Klorteusis campagnes que le Rai roiuineara en ir»G7, et il fui
bleu^ an uège de I>oua]r. L'on U^i8, Monsieur le choisit [Kiur <^lrtf l'un de se«
) ûdes de camp. Dan» le temp» qae toute l'Enrope se IxuuTa surprise par tant do
[ coaqttéCes qu<< le Itoî Tit sur le» HollaDduift. i'nu 1672. Sa liajUAl^, qui avuit
I jngiè pax tout ce qu'elle avoit tm faire au eomte de la Vauguyon, qu'il auroit
■tant d'habileté lUns les Dégociation^ iiu'll aroit marqué de C4>ura^i' k la
t Coanr, le nomnoa «on «nToyé eitnordinaire aupr«>« di> l'êlerteur de Rrandc-
bouric. et il e\<>ctita s\ bien le» rhnnes dont il étoit rharK^. qu'il fut renvoyé avec
U m<^ine qualité, l'année suivante, aupr^ du iii^nic prince. A »ou retour an -
prta du ftoi. qui falsoit lui-ro^c le sieite de Hatïfttricbt, l'an If)73, il alla avec
In bravée qui attaquoient la cunlre5car{)o et la demi-lune de cette rille. De U,
U suivit Uoofiietir le Prince derant Oudenarde: cl, durant le lîi^e de la rillc
de lluy, il persuada si bien le gouverneur dr cette place du danger où i) ^ti>il
d'^rr forcé, que t<^ lenip<i que l'on fi;.iKaa par ce moyen rendit, t^n 1*^5, In prise
de UabouTT: bien plus facile qu'elle n'aurait éle. parrr que le prtnrje d'Orange
t'auroit Mcoarue, iti le gouT'*rni^ur d'Huy se fùl défendu huit jours de plus,
cumine il se pouvoiL. A la pri-ie de la ville de Coudé, l'an 1676, el A la priM! de
[ CflOc de Valencienncs, l'an 1G77. il ite trouva dans tous les lieux oii les jictions
forent les pins hardies, et, pendant que l'on baltoit la citadelle de Comhray,
qui fat assiégée peu de jours après que le Roi eut soumis Valcndeuneii, il alla,
ave« ftii toIiHitaires, attaquer la conlrescariw I épé* à ia main . il y prit un ofll-
cier qui l'avoil blessi d'un oup de grenade : il fit abandonner aux sssié^
lool le chemin rouvert, el il soutint le feu des mousqufl-'i et dps i;nmades des
SapagnoU avec tant d'iolrépiditê, que le Hoi, qni «voit été le tétitnin de U vi-
gDnmue attaque de ses Ironies, dont il eut sept ou huit cents bomnieit tué*
oa blante^ dit qu'il n'aroit jamaU yu un si ^rand feu, ni une occasion plun
(kérîUense. Enlin, la Kaliit faction qu'eut Sa Majesté de la première uégocialion
itue le comte de. U Vau^ujon avtùt faite A Berlin {hmit wn Krrvic^, lui ayant
dooné lien de croire qu'il ne réut^siroil paa avec un mobidre succès dons les
antres emploi» qu'elle voudroit lui confier, elle le nomma, l'an ItiTO, son en-
voyé extraordinaire auprès des éleeleurs de Bavière, de Cologne et de Trêves.
]] soutint ensuite pendant IroiH ans, avec beaucoup de dignité, l'ambassade
4*Bs|>agDe, où il fut envoyé lan 1681. 11 remplit de mémo la fonction d'envoyé
atraordinaire auprèa de l'Kmpereur, l'an 1685; et la justice dn Itoi a récom-
pea»« tant de services par la charge de conseiller d'Êlat d'épée, dont elle le
paarvul l'année dernière, et («r le rao^ de l'un des chevalirn de ses ordres,
dont elle vient de I honorer à la promotion quelle en a faite le !•■ de janvier
de cette année. U épousa, le 13 de janvier do l'an IG6K, Marie d'Eslucr de
Canssade, veuve de Barthélémy de Quélen, comte du Broutay, et liJIe héritière
de Jacques d'Estuer de Caus^ade, comte de la Vau^tuyon el manguiii de Saint*
Maigrin, ca pi laine-lieutenant des chevau-lègers dv la (partie du Ruî, comman-
drar de ses ordres et grand sénéchat de Guyenne, et de Miiric de Roquelaurc;
mais il tt'eo a point eu d'enfants. — Bktodlat |)orte pour armes : de sable i
un chevron d'argenl» iccomiMigné de trois chardons d'or, tiges et feuilles de
sinuple. v
RlV. HiSTOB. XVt. i" PARC. 8
IM
viUNCBS BT DOCOHBRTS.
IV.
Lf. UARQiriS ET U MAEQDISE DE GiVOTE*.
M. de Cavoye, dont le nom est Ogcr, geniilhonini(ï de Périgord fort
simple*.
Sa m6rc' étott de ces femmes de beaucoup d'esprit et d'intrigue à
qui un petit cercle obscur, et encore moins la province, [ne] peut suffire,
et dont te génie perce et arrive au moine à ee faire connoîtro et à nager
dans une plus vasle étendue. Elle ss 8t donc connaître k la cour dans
des temps où les troubles de la régence d'Anne d'Autriche la rendoient
accessible à toutes sortes de personnes. M^»* de Cavoye ue lui fut pas
inutile et lui pUit, et tout cela aida à la mettre; dans le grand moude et
à la cour, mui.s dans l'état ou les femmes do sa sorte s'y tcnoient dans
ces temps-là, co qui n'empéchoit ni leur coosidéralioD ni leur crédit.
1. Elirait de l'article des Grands Maréchaux des loois ds la uaibon do
Roi^ dans le mémoire sur les Grandei charges de la couronne, vol. G8 de»
Papiers de Saint-Simon. Cf. une grandi» Ailditlon ou Journal de Dançfau,
t. V, p. 35&-^5«, et divers paAi^ngeii des Métnoires^ t. 1, p. 15tt-153, 399-301,
etc.
2. Il «îgnait : Looia Doqer de Cavoye, sans apostrophe. Ce que les génèa-
togicB font coanallre de ses anc^ircs, qui étaient, croyons-nous, de Picardie,
et non de Périgord, n'offre rien de saillant. Le père du niurqufs . François
Ok*)') fteigneur d« Cavoye, c genlilhomme d« Picardie, peu arcnmmodé,
mais de beau(-4]up de cœur, h c'e»t-à-dire , au »ens où Talkinaut des
Ri*iaux empli>i(> ce mot, duelliste rnoominé, avait ^té d'aliord attarh^ A
U, de Montmorency; le cardinal de Ricticlicii le prit pour rapilainc de ses
luau^uetaires en UiH, et il mourut en 1041. de blessures reçues devant
■(.ipauiiie. Il avait eu au mnin» douze emfiials. Le marquis de Cavoye, dont
parle ici Saint-Simon, porta d'nbord le litre de chevaMer. Comme il atteignit
Vigp de soiiHiitfHiuinze anfi en 84^pl4;mbro 1715, il devait <tn; ni^ en sep-
tembre 1G40
3. Uarie de Lort de Sérignan, mariée en premières noces A un conseiller au
présidial de Nîmes, p»l% en 1020, à François Oger, seigneur de Ca»uye,
et morte subitement en juiltet I66â. Elle était, depuis 1650, dame de la
inaiacin d'Anne d'Autriche. Les deux époux passaient pour avoir autant
d'esprit l'un que l'autre; mai» M** de Cavoye possédait plu» de finesse et
d'entregent. Voyez s-oa hist-irictte dans Taltemant des Réausc, t. V, p. 175-
180, et le» fiti'moires de M. d'Âriagnan, I. I, p. 36 el suit. Tallcniant dit, en
terminant rhislorictlc, que M"' de Cavoye. M" Pilon et M"* Cornuel « sont
trois origînauï. » M"* de Cflvoye (i^urc sous le nom de Cassiopr dans le
Dictionnaire des l^réeifxnex. — Sa faniilh? est représentée aujourd'hui par nn
jeune oflirier d'infanterie, M, le comte de Sérignan, qal vient de publier pour
la Réunion des Ofiiciers nue élude historique de grand intérêt snr GuU'
tourne in, tiathmtder de Holtande et roi d'Angleterre.
ni«GME?rTS i:nDiTS or. Sii?(r-siMOX. 415
CeU«-ci fut donc sur le pied â>D avoir avec la Reine et les ministres,
d'eairer dans beaucoup d'intrigues de cour, et d'y dtre mêlée avec la
meilleure compagoie^ parmi laquelle elle eut beaucoup d'amis et en fil
à son âls, r|ii'clle élcvoit auprès d'elle el qu'ollrt faisnil admettre^ pour
l'amour d'elle, avec leo enfants de ses amis. C'est [ce] qui lui aplanit
tout à la cour dès fta première j^uDesse et le fit coanoitre du Hoi, qui^
aimant la mère à cause de la Reine mère, s'accoutuma au OU et lui
témoigna de la bonté ^
GaToye étoit on dos hommes de France le mieux fait, de la meilleure
mine, qui se mettoit le mieux >, des pluB galants et des plus heureux
en ce genre. Cela lui aa]uit Tapprubation des femmes et le môla en
intrigues de ce genre avec la lleur de la cour, et rapprocha du Roi
da^TUitage, qui, en ce temps-là, étoit te plus bel homme et le mienx
fait, et le plus galant de son royaume, et qui aimoil et s'amusoit de
tout ce qui l'étoit. (^voyr, ainM mis k la mode, sut s'y maintenir par
son assiduité et par l'estiuie. Il avoit fort peu d'esprit, mais du sens, el
ce qu'il avoit d'esprit s'ëtoit tellement façonné au grand monde el aux
manières de la cour, qu'il en paroissoit bien plus qu'il n'en avoit en
efliet'. D'ailleurs, sûr, discret, Hdèlc, lK>n ami, honorable et plein d'hoD-
neur'. U fît très bien & la guerre, qu'il suivit assez peu, el eut plu-
t. Le Mor&t, qui a consacré on grand arlinle à Caroye, dit : « Il cat le
boDb«ar d>tre élevé aupré» du roi Louis XIV, les belles qualité» qui brilloicnl
en lui Miint en;i;agé ceut qui étoieni chargés de l'édiicalinn ili* i-ir prince A
adiD«ltre le jeune d'Oser, qui n'avolt encore que »vfl ans, pour lui tenir
Gompaignie : ce qui, reiemptanl des tatiguei^ onlinaires de létude, lut en lit
recevoir tout le fruit, &on goQt a'ètant formé parfaitoineut dans une cour dont
la poUtesfvc? est connue de tout le monde, i
1. Ce premiormembre de phrase se retrouve lextaeUement dans les Jf<fnio<r8«;
Tovex le t. I de rédiUon de 1673, p. 30().
3. ■ Sans espril, mais arec une belle ligure, un grand usage du monde, et
tni« à la eour par une maîtresse intrigante de mère... • (T. H de 1879, p. 81-
82.) Selon un article do Mercure. fétTlcr 1716, p. 93, que j'aurai encore lieu
4o etier, « M. de Caroje ti'a%<>it Tait aucuneH éladeti, mal» il avait le goût
eieeneol, en cela semblable au Roi m» maître, et il a toujours ravoriiié les
gcn^ de lettres. M. Itacine lui étoit fort attaché, et H. l'abhé Gcnc^tl reconnoll
qu'il contribua beaucoap à le faire connollre à la cour, u
4. • M. de Caroye ne K'e»t jamalu servi de son crédit que pour faim du
M*fc La France est pleine de [>enk)nnt'» A i|ni il a rendu service. Son plus
^and plaUir étoit de tirer de 1 nbscuritê le mérite inconnu, et 11 n'a jamais
BULOqué da prendre hautement te parti de l'innocent n|iprimé centre les puïs-
Mnc<« les ptuB rt-'doutabks : il sufhsoit d'être mallieureni pour obtenir »a
recomniBodiitlon, e( ceux qui ne pouvaient trouver d'aixt!» jusqu'au tréne en
Iroavuie-nl sùreneut un par lui. Toute la cour, ju(M|u'au plus bas uflicier, lui
rend ce témoignage. U. de Vaux^ é4:uyer du llui, renruntranl un jour M. de
Cavoye^ dit à des personnes A qui II venoit de montrer \e» branles de Ver-
sailles : ■ Voici ce qa'il y a de plus rare i U cour ! Regardez un homme qui
■ o a jamais toenti. el qui ne s'esl servi de son crédit que pour faire plaisir
fl < tout le monde. ■ L'élo};e élnil d'.iQt.-inl plus smcére que M. de Cavoje n'a
u«
véuNGSS ET UOCDKRHTS.
steors afTaircs particaliâros, moins pour lui que pour ses amis, ce qui
arrivoit souvpiit en ces tomps-là, dont il se tira si bien qu'il en fut
appelé le brave Cavoye, et que ce nom lui est toujours reste depuis'.
Tout cela le mit eu train ilt> fortuiiet que sa 6gure acheva par la plus
unique de toutes les aventures.
Au mariage du Roi, en 16&i), ou uomraa des filles d'Iiooneur rie la
Reine; madeiurnselle de Cut'tlojçou^' eu fut une. Son père, qui mourut
en 1683, étoit lieutenant de roi en Ilauie-Iiretagne et gouveraour de
Rennes. I! y avoit bien servi, il étoit conseiller d'État d'épée, ei fut
nnmmé en 1667 pour tenir les États de la province'. Mademoiselle de
Coijtlo^'on n'êtoil ni belk\ ni bien faîte, ni fort spirituelle, mais très
vertueuse, très bonne lîlte, aimi^e de toutes sea r^onipagnes et de tout le
inonde, et assez volontiers ingénue; elle avoit vingt, et un ans au
mariage du Roi*. Dans les suites, Cavoye, qu'elle voyuit chez la Heine
et partout, lui plut, et peu à peu lui plut davantage. Ëlles'ajusloil avec
Jamais eu d'occasion de servir M. de Vaux. » (Mtrcare gaUtnt, février ITlfi»
p. 88-yo.)
1. « C'éloit un lempii où on se batloit fort malifré les ftdils : Cavoye, brave
cl adroU, s'y acquit taut de répalaliuii, qim le nom de bruve Cacoye lui en
demeura. » {Mémoires.) Voyez le» Mémoires d'Ainelot de U Koussaye, t. III,
p. 113-114, til \'èlnt!.B t\e Cftvoye ilanH le Moréri.
Rapptiinns auKSi qu(> son nnm ti^ure avec honneur dans l'épltrc TV de Boi-
leau, sur le passade du Kbin (1673) :
Le Salle, Beringben, Nogenl, d'Ambres, Cavois,
Fendent les Ilots trenablaol» sous un si noble poids.
Le Hoi, croyant «(u'il avait péri dans celle affaire, eu manifesta, selon l'abbé
An OhoUy {Mémoires, p. 558), un profond rtiugrin. Plus tard, fn M>R4, il le
noiutiiA sou iiide de camp; maiftjaninis Cavû>c Dcut de régim4>iil, ni du grade,
et il ne compta jamais dans le •> militaire, a C'est sur quoi Saint-Simon insiste
A dessein.
2. Louisp-Philippe dp CoftLlogon. Lee aafrcs filles d'honneur, au moment où
se place riil**ti»ricll(' de C^'Kiyp. étateiil Tbcobon, Ludree, Dain|itL'rre, lïouvray,
La Uarek, La Molbe-Moudaiicourt et Lannuy. Dangeau ayant ctimtni» quelque
part l'erreur de <[uatifier M" de C^voye de f dame du {tataÎH de In Reine. »
Saint-ShnoD n'a pa» manqué de relever dédai^neusemciil 4-e lapsus : « Daine
du palais, Jamaiit tic la fut, ni n'y songea. » [Journal, t. VI, p. 63.) Selon nue
note maivinale de la itrande Mititm di- Tallcmant (t. V, p. 178), ta mère de
Cavo>e aurait élé nommée d.ttnc d'honneur tie la Rolne régente en IG-i.l; mais
elle ne fut qite daitie de la iiiaiMn ou dn palais pendant une quinzaine d'années.
3. Vuyex l'/lutair*; génr'atogique des grands officier» (que Saint-Simon suit en
ce moment), i. V[l. p. 725-726.
4. Suliil-Simon calcule d'apré:* VHtstoire gèuéalogiqtte. qui dunni? quatre-
vingt-huit ans, en 1729, il .M"* de Cav(>>e; mais tton épilnptie, dans l'iSglisc
Sainl-Sulptre. ne dit «nie quiitre-viogl-troia ans : ce qui ferait encore trente
et nn on Irenlc-denx ans À la iilJe d'honneur lorsqu'elle se maria, au lieu de
Ircnle-sepL. Il faal h'émi LphIt plnltM à l'épitaphe, conforme d'aillear<t à l'ex*
trait de l'acte murtnaiie donné par M. le comte de Chastcltux. dans ses Notet
prUes aux archives de l'état civU de Paris, p. I8Z
rEieXCTTTS nÉDÎTS DE SjIIST-SIMO?».
plus dû soin les jours qu'elle crùyoit 1q renconirer. 8es compa{3:nos s'en
a[ieri;.areat : elle ne 1r dr^savoua pas. En un mot, elle en devint amnu-
reu»^, et si amoureuse qu'elle ne le pat cacher. On lui en lit la guerre:
elle ne s'en fâcha point, ot cette ingénuité, précédée de la conduite la
plus eatière', fit trouver grâce à sa rùputatioa. Cavoye, qui ne la trou*
^'oil point à t^on gré, s'importunoit'des plaisanteries et rebutoit assez
cruellemeut Cu(>ilogon, quand elle x'échappoit quelqiierois à lui dire
quelques moii». Vint nn voynpe de guerre*: cela fut plus fort qu'elle, et
la voiiîk aux hauts cris. Il n'en fallnit pas tant pour en déshonorer une
autre; à elle, cela ne fit pas la plus petite impression : le Roi en rit, la
Beim! la voulut consoler, et la cour, d'ordinaire si maligne, ne Qt qu'en
rire aussi, la plaindre et louer sa bonno foi. Le plaisant fut que, toul
peadant Tabscnce de Cavoye, il ne fut ca la puissance de personne de
lui faire mettre un ruban ni la moindre parure ; le négligé fut entier ot
fidèle, et, à son retour, la joie, les ajustements, tout éclata sans aucune
mesnre*. On s'y accoutuma: et c* fut toujours la même chnm tout*»
les fois que Cavoye Ôloit ii la guerre et qu'il en revenoit. Elle vint enfin
i le courre part4>ut où elle le pouvoit voir, et des dames avoicnt la
nouvelle complaisance d'aller avec elle. Cavoye lui étoit toujours cruel :
tantqu'enfîu le Roi, et la Heine même, le lui reprochèrent ctlul comman-
dèrent sêrieusemeut de la mieux recevoir. Parmi toui cela, pas l'ombre
de rendez-vous, de visites, ni de rien qui pût passer les liornes les plus
exactes pour ce qui regarde le moindre sonprun; mais tout le reste à
bride abattue. Dans ces temps-là, Cavoye fui d'une alTaire particulière,
qni te conduisit k la Bastille*. Got'llogon, éperdue, ne vouloil plus voir
I. C'est-à-dire la plus Irrëprocliablc, la pins intacte.
3. 4 II fallul aller à l'armép, où pourtant il ne passa pas les petits emplois. *
(itémotrrA.) C cul de la guerr*» dr Hoilanilr qu'il s'ajdl.
3. On Irourc AaaA le Cban&t>niiier de la Bibliothèque nationale (ma. fr. 12GItJ,
p. i04) c« Ctfoptet de l'année IG71 :
Il OR manque i la CoCtlo^ou
Qu'un Caroye d'une humeur plus tendre,
Qui prouvât par d'autres raterons
L'aïuour dont d a su la prendre.
La {lauvrt'lle meurt de langueur
Pnur tant dt* rharroe et de riifueur,..
Le romtnenlateur a ajouté en note : « Il y avoll déj loni^eraps que H'" de
Coellogo» airnoil le marquis de Gavo)e. et, comme pile avoit beaiirnup de
^eriu et que ses vu>u\ alluîcnl au mariftgc, elle ne i\n r^rlmit |Xiinl, jusquo-
U que, Cavojie ayant ôlè plusieurs années en |irison pours'f>trc hallu en dacl,
H"* de GuJtlogon, pendant tout ce tcmps-U, ne porta ni niourbes. ni rnbant,
ni habit de ronlour, ni fri*ur«. CaToyc, de M>n cMé, l'aroit fort aimée ; mai»
M pjUisinit nVloît pluH si vive, et it atleiHlnil. p^wr l'époii^rr. qne le Roi Ht du
bien a tous les deux. » On voit quii ranal»giH eat rmoanjuabl^ entre ce com-
mentaire, qui vient sans doule de Gatgtliùre^, et le récit de Saint-Sinion.
4- Je n'ai po Ironver traces de cet emprisonnenienl pour duel dan» la publicittiun
418
MéU-TGES ET OOCCXETTS.
le jour; elle tomba malade d'inquiétude, et, quand l'aflaire fut finie, le
Roi, qui vûutoii sérieuBement mettre ordre à ces combat;, maift qui,
pourcplui-là, qu'on avoitfiu déguiser, voulut Men ne pas perdre Cavoye,
In chAtiâ pourtant par six mois do prison. G<^lte absence désespéra '
Coëtlogon; elle en parla cent fois au Roi et à la Reine, et. n'y gafçoant
rien, elle se mil à quereller le Roi et à lui dire vérilatilemenl des
injures. £]lo Qt quelque chose de plus public, outre sa manière de se
mettre et kb persPVPraDCP à ne plus suivre la Reine & la comàlie ai à
aucuns plaisirs. Le Roi mangpoii toujours au grand couvert avec la
Reine et chez elle, etc'fitoil la dame d'honneur Pt Ica filins de la Reine
qui la servoient*. Elle se mil à refuser tout service au Roi; elle ne
toucha plus h aucun plat de son côté; s'il demaudoit une assiette ou à
boire, et que le hasard ou !e tour fut à elle de lui en donner, elle fai-
eoit la sourde oreille. Le Roi s'en divertissoit, et quelquefois, l'appelant
par sou nom,Jui en demanduil; elle hochoit la tête et ne branloit pas;
et s'il redoubloit : ■ Non, disoil-elle, je ne vouftBflr\-irai point; vous ne
« le méritez pas. i El souvent Ips larmrs venoienl; et cela au dîner et
au souper public, devant toute la France. A la fin, on eut peur que la
lôtene lui tournât, cl la duchesse de Richelieu, lors dame d'honneur
de la Reine, eut orûvo. d'elle et du Roi de mener Coêtiogon à Paris, voir
Cavoye à la Bastille; et cela se répéta trois ou quatre fois. Grande joie
quand il nn fut sorti, et complimimts reçus de tout le monde, comme
si c'eût été son frère. A la fin, l'éclat devenu trop grand, et la pauvTe
Elle n'en éioit pas mieux ; il lui falloit autre chose, et, cette autre chœe)
la même pïtîë d'elle qui lui avoii fait passer en tout bien et honneur
les accessoires, lui procura de môme la realité. La Reine parla à
Cavoye d épouser Goûtlogon, et fut respectueusement refusée; le Roi lui
parla aussi, et il ne s'y trouva {>as plus porto. A la fin, le Roi prit un
ton de maître, et on môme temps un air de bouté; il lui tit entendre
qu'il n'étoit pas d'un honnête homme d'empêcher une honnftte fille do
s'établir, quoiqu'il no fût pas caxiw de ses folies, mais qu'il ne pouvoit
do plus lui on refuser toute sa reconaaieeance; ipie l'alliance élotl très
bonne pour lui : que, pour l« bien, il y suppléeroît; qu'il verroit que ce
seruil enfin le bonheur de sa vie; et qu'eu deux mots, il le vuuluil et le
vouloit incesi^amment. Cavo>*e, au pied du mur, en voulut au moins
tirer parti, ri trouva moyen d'avoir quelque argent du Roi et la charge
de U.Fr. RAvaisMui ; niais on y volt (t. IV, p. 8) que, te 3 Mptembrc IG6C, un
ordre fnt donné d'arrêter Cavoye »rpr. le cbftvatlenle l^trraine et le marquis de
Villeruy, \»Qi \vi IniiA étant parlifi sans pcrini&aioii pour rejoiiulre la (lotte do
Hollande. lU ârrivcnnil iifiiinniohi^ à dostîuittidii. et Caviiyc, avri: tes chrva-
iiers de Lorraine ol de Cnlslin et M. de Busea, se couTrit de gloire en sauvant
le nnvire imiiral de Ruvler mennré ji.ir nu brûlot nn^biis : Toyez son élofïe
dans le Moréri, t. 111, p 360, cl la relation de la Goiette. année 1066, p. 868.
1. A la lin de l'annoe 1673, tes Alh-ti jijanl ét^ r^voyécK, In service revint,
cninnie par le pasaé, aux ^cnUlidiommeft servants et aux maîtres d'bûtel;
voyez te Sévignf', t. UI, p. Zii, 34â et 386.
PXAGHK?ITft INEDITS UE SilHT-SIllOM.
dûDt il 8*agii ici^ Le manago se fit'. Coctlogon fnt traniiporlé<>, ei a
vécu plus de cinquante ans' avec Ini dans la plus parfaite union, et cllo
dans le même amour et dans une admiration contiauolle, jus(]u'à la
vieîlleeM. Elle ee levoit souvent pour le regarder dormir, et, devant
lonle la cour, elle lui faisoii des care«MS. Cavoye la laistmit faire et lui
donnoit sa main à baiser; on rioit et on y êtoit accoutumé*.
Il eut, sept ou huit ans avant la mort du Roi, une longue maladin,
qui le retint â Paria '. Comme II étoit fort mal, le Uni, qui avoit beau-
coup de bonté fwurluî, lui en donna une marque tout à fait Ringuli^rc
en lui envoyant Fagon, son premier médecin. C'étoit le premier de »od
art pour l'esprit et la finesse, et d'un tel crédit auprès du Roi, quMl n'y
avoit prince du »ang ni ministre qui osAt^ malade, résister à ce qu'il
ordonnait. Fagon, après une loogue consultation, «e détermina À une
parg;&tion. FiaoL, médecin de Cavoye, eut le courage de s'y opposer et
de soutenir qu'il y avoit un grand danger de le foire. Fagon, en colère,
peniate et TordoDiie. M*^ de Cavoye, qui étoït présente, déclara que
son cher mari ne la prendroit point (car elle ne Tappeloit jamais autre-
ment). Pagon à (Acher de lui faire entendre raison ; puis se tourne &
l'atioUiicaire, l'onlonne de nouveau, s'en va, et laifwo un autre médecin
qu'il avoii ameué, pour exécuter 9es ordreg et lui rendre compte. Finol
répéta ensuite le danger â M"^ do Gavoye et protesta qu'il n'osoit plus
rieo dir^. Le lendemain arrive^ la médecine et le médecin que Fagon
avoit laisse- M""» do Cavoye bur dit de s'en aller, et que son cher mari
DC prendra point médecine. Eux à se fonder en nÛBODuements, et, pour
cunclufion, à E'approcfaer tout â fait du lit pour la faire prendre. Â
l'instant, voilà M"«de Cavoye en pieds, qui sort un pistolet de dessous
1. Celle de gruni marèehrti dos loftift^ qui m irouTJiit racante par la mart du
mmte de Pmullay, et que coi]vott«i«nl uoe vingtAine île iirétendanls. Caroye
ro fol pourra le 1** rérrier 1G77. Elle rapportail vingt-cinq mille livres.
U'année suivante, Il eut dd de« justaucorps bleus. Selon lu Gaiette d'Amster-
dam de 167G (correspondance de Paris du ?9 septembre), le bruit avait d'abord
enaru que ke roi donnerait à Cavoye la lieutenanre de LaiiK>ieiJnt-, giour te
éédder an mariage.
2. Vojc£ l'acte, en date du 9 février 1677, dana le Dictionnaire critique de
ial, p. 336. On n'y iloniie que vin)(t-sept ans environ A la mariée, ce qui était
ccrtaiactnent tQr\acl de plusieurs années.
3. liiez : ijuarante ans.
4. CsLroye av lai&sait pas de ranlinuer la même vie que par le pa8.4é, s'il
faut en croire Dussy-Rabutin. qui, en avril 1G78, lui attribue une xrande |nis<
doa pour la «imleww- 'le Gramiml. {CmTrspontttinee, l. IV, p. 102.)
5. Cette anecdote ne >te retrouve pa« dans les Mémoires. Il s'afitit évidem-
ment d'une malAdie dunt parlent Dangeau et Rarinv au printemps de l'an-
oée 1698. et qui Torça Cavoye à quitter la cour pour no temps. Lo Roi,
tool en temoÎKDant beaucoup d'enric de le revoir, lui ronseilta de se résÎKner
à cette retraite momealanée, et il l'alla fisiter peu après dann sa maison di*
Ladcmics. [Journal, t. V|, p. 35t et 303 ; Œuvres dr J. BaciAr, I. VII, p. 233-Î34.)
6. Sic, va singulier, l'un portant l'aulri'.
iîQ
HâLANGBS ST DOCtMS.VTS.
sa robe^ et qui, le mettant à l'orotUe île l'aputhicairo, proteelo qa'elle
le Ici va Ucticr, et qu'elle aime mieux qu'il meure que «m cher mari.
lln'yaToitpoiatdu tout de grimace: le pistolet étoit, chargé bei et bieu, et
elle l'eût tué comme elle le disoii. Le pauvre apothicaire cuurl encore
à cette vigiûu, le médecia de Fagou après, et ne reatrèreut plus dans la
maison. Foison fît grand vacarme; le Roi, à cause de lui, fut un peu
f&chè, ut M*°* de Gavoye ne s'en soucia guère. Son mari gaérlt, ot a
survécu de Roi de plu^iieurs années ^
Pour n'y pas revenir^, M*"* de Gavoye pensa mourir de douleur'. Elle
n'a jamais voulu voir personne depuis que les amis qui se trouvèrent
alors cliex clto^ n'a jamais fait avicime visite pour quoi que c'ait pu
être, ni rté prendre Pair. Tous les jours, sans y avoir jamais manque,
elle aUoit à Saint*âulpico, dans la chapelle où il étolt enterré^, et y
passoit les après-dinèes entières, sans préjudice quelquefois des matins.
On l'accusoit d'aller s'entretenir de lui et de lui aller conter toutes les
nouvelles; mais, de noxivelles, oIIp n'en savoit point, à la vie qu'elle
faisoif . Mange» toujours seule et frugalement, cl ne revit Jamais de
cartes, elle qui les aimoit, et le monde, et à vivre honorablement. Elle,
ses appartemeuts, ses équipages, Uius ses gens, portèrent le premier
grand dfuil de veuve tant qu'elle a vécu. Elle étoit riche et donnoit
tout aux pauvres et passoit sa vie à prier Dieu. Ellr mtjurui ain.si
en 1729', après une courte maladie, ot la télo toujours saine, ayant été
veuve dix ou onze ans, !^ds avoir jamais eu d'enlanls^.
Gavoye, entre mille autres, donna dnux bourdes trop singulières pour
t. Voyei rj-apr^s, p. 126.
2. Pour ne pas revenir Bur cette mort.
3. Cf. les Mémoires, t. \II, |>. 417-ïlâ, cl lAddKion au Journal de Dangeau,
I. XVI. |i. 314. Je ne (Iwute pas que l'article nécrnloKJqiiff riiiiiiaci-é di Cavujre
par le Meratrt galant de février t7l(i n'oit été fourni |iar la veuve ot ne mil
un l^nioif'nn^e <Jo se» regret» et de sa douleur. L'article bi<H£raphiqDe du
Moréri n'en est qu'une paraphrase.
4. La chn|if-(lc do Sâint-Cbarles : voyez les épitâphes de H. et M"' de Ctvoye
d.inti la Description de Paris, par PlKantol de la Force.
b. Matliii'u Murai!) dil, dntn MS JUématres, en juillet I72â {t. Ul, p. 205} :
« M~* de Gavdvi!, qui parle tous leti jiiurA de son mari i»ort, et qui tai apprend
t«)Ut rcqui se pastvc dans le m^nd^ donne au curé de Sainl-Sul|>icc loul Min
bien, (liirce qu'il favorise cette vjslnu. i
G. Le 3 mars 1720, A 83 ans, dit répilapbe ni|iporlée par Pi^aaiol de la
Porta, ou Ik S8 un«, ««Ion VlUstairf gént'alo^ite, qui ajoute (t. Vil, p. 126) ;
« Par son teitaniffiit, elle nomma les pauvris de la paroisse Saint-ljnlplcx' ses
lè);ataires universels, fondd A )>erj>éluiilé dana cette é^li«i.* un sorvirc annuel
pour le roi Louis XIV, la reine Marie-Tliere« ot Mur le Daujdiin leur lils, en
reconnois&ancc des Menfails (pie son luan et ellu en avoieat rertis, el InisM
4O,0nO livre» pour lo ItAtiimml de relie églisi'. Les liériUers du innréi-lial de
CtiBtIogon (sou ourle) ont IraaHifit* avec le iruré de Saint-Sulpice et les Diar>
KuiUiers de celte paroiatie, en 1729, au sujet de ces legs, o
7. Elle avait eu un seul llli), mort aussitôt après sa naissance.
rRir.VEMTS TTlimiS DE SilNT-SIVON.
124
ne les pas rocnatcr*. Mantcamp*, daos leur joutiessc, êluit eu toul
genre ta fleur dw pois et celui qui donnoii le prix aux gens el aux
cfaoaM, au miliou des hraTM ei des galants de la cour et du plus grand
monde. It étoit Longueval et fntre do la di^mière femnif! du premier
marécluU duc d'Efitrécs. Ou ctuit à Fontainebleau, on 1674, et uu
jour..., devant Gavoyc, Manicamp. qui n eioit pas à c« momeni dana
la oonipaguie. Tut infloimenl loué sur son esprit et sur son savoir ; et eo
aObt il avoit beaucoup de l'uo et do l'autre'. Taut de rëpétitious
«nnuyèrenl Cavoye : il dit qne pr>rsonnc n'aimoit mieux Manicamp que
lai, mais qu'avec tout son esprit et tonte » .<tc)ence, lui, qui êtoit un
ignorant et un sot, paneroit bien de lui faire accroire ce qu'il voudroit,
et le jeter dans un panneau. Ils s'êcbauflërent, ils parièrent; mais
GaToye mit dc^ux cnndition.s : le fiecrnt, el que, la chose faite, ils lui
repondruient de Manicamp, de ne le pas laisser brouillé avec lui. Là-
dessus, Cavoye imagine la plus folle chose du monde, et se met à être
triste avec Manicamp, ot disirait à ne pas répondre. Api^-s cinq ou six
joon de ce manège, Manicamp, inquiet de l'état où il voyoit Cavoye,
en parle à leur société, qui, comme lui, l'avoient remarqué , et ils se
demandoieui les uns aux antres ce que cepouvoit être, car eux-mémea
fpii avoieut parie, ii^rQoroieni ce que Cavoye vouloii faire. Enfin, Mani-
camp détourne Cavoye une après^dinée et le mène promener, eux
t. Cf. le Journal de Dangeau, t. T, p. 355-3S8, Addition de Saint*Siinon A
l'article do 29 janvîcj- WJd. Unos les î/émoirts, Sainl-Simoa se contente de
dire qn'U j aumit un a (letit llrre i faire des hisloireu de Caruye, » cl d«
cite que quclqueti-ooii des bonft mois qnc lui fiiumi»«ai( t an »i long n^age de
la coor el du ^rand monde, teoanl lico d'eK|)rît el de lumière. « (T. VI, |i. 426.]
Oa re*le, il ne rassemble pas ici non plu^ tontes les anerdoles qu'il poué*
4aH sur le compte de son personnage ; quelques-unes y manquenl, qui sont bien
cûnnoes: ceUc du maréchal de ChAteaurenaaIt introduit, malgré M. el U""dc
Cavoye, comme « une bomlie tombée au milieu de cet élixir de cour, * dans
ta nai^in rharmaate qu'itR aTsieal k Luciennes, el où ils ne rocevaienl qu'an
monde traj/é, « la plupart gens de facieude el de manège » (voyez cette anec-
dote ÛMJU nue Addition au Journal de Dangewi, t. IX, p. 93-iM, ot dans les
Mémùim, t. III de li<73. p. 37^379); — son eatrelien avec lo Roi au eujel de la
retnilc du comte du Gbanitel (Addition au Journal de Dangtau, \. XI, p. 30-
31; Mtmoirex, I. IV, p. 375^76); — la plaîsanlerie dégoùlantt*. éi-ipurante,
(|u1l âl au cuiudr dr Reurron, et qui eut des suites si beureuse» pour celui-ci
(Additioa au Journal de Dangeau, I. I, p. 40G-407; ne &e retrouve pas
les Mémoérvs] , etc. On a aussi dans les mémoires conleuiporains
qsetqaes bons mots ou plaisanteries de Cavoye ; voyex les Œuvres de J.
Aoefiu, L I. p. 278 et 279; les LeUres de M" Ituiwyet, t. I, p. S^i-S'^'). cU-.
}. IfanJeamp étant mori co tf>ti4, Saint'Stmoii n'a point eu occasion de
pâfler de lui dans les Mémoire*; mais l'anerdnte qu'où va lire tin retrouve
dans I Addition à UangeaD, 1. 1, p. 83-84, et de plus il l'a platéu une troisième
fi^ dsm l'article d'Earaiss de ses Duchés-pairio éleints.
y Dans l'AddiUoa, Saint-Siniun dil qu'on ndinirait l'esprit de Uanlcamp
« par mode. >
123
U^LANr.ES ET DOCOVBTrS.
deux seuls, sor le partorre du Tibre, à l'ccArt; et, ne pouvant relonijp i
curiosité davantage, demande à Gavoyo à qui il en a. A peine en pat-il
tirer rép4inBp; oi redoubla de plus belle. Cetoit le point où Gavoye le
\ûuloit. Enfin, après mille importunités, Cavoyn lai dit cfxtp deux rai-
BODB l'eniEt&choieiii du le Batisfain;, par<w qu'il s'agisRoit d'un fort grand
se-cr(*t, <]ui, à la vérité, ne regarduil que lui, el que ce secret, s'il lui
disoit, non seulement il ne le pourroit croire, maia qu'il ne douteroit
pas qu'il no fût fou. Voilà Manicamp encore plus curieux, plus
empressé, et qui se met, 9ur l'amitiè et la politique, à conjurer Cavoye
de lui en faire part pour le soulagement de l'un et de l'autre. Enân,
Cavoye, tien poussé à bout, et après avoir bien répété qu'il In rroiroit
fou, lui conGa, comoie le plus grand secret du monde, qu'il no savoit
commeni ui par où Ba réputaUon de valeur ctoit allée jusqu'eu Pologne
(c'étoit lors de l'clection du roi Jean Sobieskî); qu'ils étoient dans une
grande guerre ; que la jalousie les uns des autres leur faisoit exclure les
Piastes' ; que, de priuces étrangers, lieuri UI tes en avoit guéris ; qu'eu
deux mots, puît^qu'il l'alloit donc le lui dire, il F;avoit qu'il alloit être
élu. Manicamp, en effet, dempura bien étonne, el lui demanda quelque
chose de plus. Gavoya lui dit qu'il n'eu Mtvuit pas davantage que ce que
M. de Pomponne lui eu avoil dit depuis quelques jours, et qu'il tvoit
bien vu que, lu veille, le Roi l'avoit appelé dans son cabinet (cl cela
éloil vrai, mais ce u'étoit rien moins que Pologne), et que c'étoit de là
qu'il avoit la certitude de la chose, dont le courrier étoit attendu à tout
moment. Et lit-dessus, voilù. Gavoyo à se confondre d'une si prodigieuse
fortune, et à s'aftliger de ce qu'elle alloit le séparer de sa patrie, du
Roi, de scfi amis et de ses maitreet;»» pour toujours. Tout cela fut dit
d'un air si naturel ot si simple, que, quelque étrange que cela pùl être,
Manicamp n'eu duulaplus et se mit sur son bien dire à consoler Cavoye
et à s'euthuusiasmer de la couronne de son ami. Ce godau' bien avalé,
Cavoye n'eut rien do plus pressé que d'aller avertir ceux contre qui il
.avoit parié, et d'eu aller faire le conte au Roi, avec qui il ctoit fort
libre; et en prit occasion sur quelque logement*. Le Roi no le pouvoit
croire, et voulut bien pourtant demander à Cavoye en public, devant
Manicamp, s'il n'y avoit point de cosirrier. Manicamp sourit en
dant Cavoye, noyc (ce lui sembloit) dans la modestie, répondant presquel
bas qu'il n'en savoii rien. Knâu, comme il n'étoit plus question que de
tirer le secret à Manicamp, quelques-uus du parli lui firent entendre
qu'ils savoient quelque chose, et vinrent à bout de se la faire dire tout
du long. IjOs voilà tous aux grandes admirations; mais l'excès d'envie
do rire les trahit bientôt, et les voilà aux grands éclats; Manicamp à
1. Les prétcndanU 'muf> ilcs anciens souverains de la Pologne, ou ra^mc
siirplrmcitl (l'une familie poluQaisL'.
2. U. Littré signale r-e mot ibins un [Ntstuge des Mémoirts (t. Vlli, p. 231), et
dlc de plus un passade Je M" de Slaa], i|ui le <|ualttii' de « terme ftas^^n. »
3. En sa quaUlé de (irand maréchal des loiils.
FliGMETTS ItéDITS DE SAI!1T-SIV0!t.
123
leur prutester qu'ils pouToicnt rire et eVa m(X[uer, mais qun rien
n'éloil plus vérilable; et les cclats à redoubler. Enfin, on eut toutes les
peinec du monde k détromper Manioamp. Quand il le fut, il vouloir
toerCkToye, et leurs amis crurent ne lef> jamais raccommoder. EuQu
iU eo viorenl i. bout, et furent aussi amis qa(t devant.
L'auLra irait n'est pas inférieur à celui-ci ^ Le Uoï voyageoit, et
CtToyc faiaoit les logemeuts^i. En arrivant à une couchée, la Reine vil
une grande maison de pierre de fort belle apparence, crut que c'étoit
no logis, et, passant devant, vit qu'elle ètoit pour M** de Montespan.
Le pis fut qu'elle trouva la maison où elle logea fort inférieure. Et la
mili en tpllp colère, que, toute bonne et sainte qu'elle étoit, mais sotte
jusqu'à croire manquer de place pour ollo-mëmcà la comédie et y aller
lie bonne heure pour y en avoir, elle va trouver le Hoi, le lire en par^
ticulier et se met à foudre en larmes, lui demande justice de Cavoyc,
de le chasser et de lui OUïr »a charge. Le Roi demande ce qu'il a fait;
elle lui dit qu'il lui préfère M*"* de MonieApan, qu'il met dans un
palais, et elle dans un bouge, et la rend le mépris de toute la cour. Le
Roi feniit bien toute la sotti.*^ do cette plainte; mais, avec tous ses
anurars, il a toujours eu pour la Reine la plus grande considératiou. Il
eut beau faire auprès d'elle : elle se p&moit, et il fallut lui tout pro-
mettre. Dès que le Roi eu fut débarrasse, il envoie chercher Cavoye ut
lui Apprend où il en est. Cavoye se veut excuser; mais il n'étuil pa^
question du Roi, mais d'a^iaîser la Rcfine : sans quoi le Roi no savoit
comment le tirer d'afTaira. Cavoye pensa un peu, puis se prit à rire, et
dit au Roi qu'il savoit bien par où en sortir, maisque, pour cola, il fat-
loit qu'il lui permit de faire ce qu'il voudroit, et qu'il lui promit encore
de ne s'en point fàcber. Le Roi l'etoit tant d'une si ridicule aveniui-e, et
•à Acbeuse pour Cavoye, et où Mi^^de Moatespau étoil si en principal,
qu'il lut permit et promit tout ce qu'il voulut. Cavoye, tout de suite.
Ta trouver la duchesjw de Richelieu, dame d'honneur de la Reine, ptmr
en obtenir un moment d'audience. M<"* Je Richelieu lui dit qut> la
Reine le foroit ji>ter par les fenêtres, et quil ne s'y hasardât pas. Fina-
lement, après bien de^ instances et des refus, tant de M'^* de Itichelieu
que de la Reine, Cavuye à la fin fut admis. 11 essuya d'abord toute la
bofdée, puis lui dit qu'elle avoil raison, mais qu'il l'avoit aussi, et que,
ti «lie nvoit l'état des chose^^ elle le remercieroit. I^ Reine haissoit
M"** de Monteepan, qui n'avnit point d'égards pour elle, et avoil tou-
jcron aimé M"" de la Vallière, qui eu avuît d'iuUais, et elle disoit
quelquefois dans son jarigoD, en parlant de la première : a Cette pute
tn^ fera mourir. ■ Cavoye, qui te savoit, lui dit qu'il ètoit vrai que la
1. Ccluî'là aussi til ilooft l'AdditiiMi.
2. Olail ane des plus tin|)ortaDlcfi attribution» de sa cbart;e; voyez le ctui-
pit/c (la GaAMD uabëcual uss louis dans \'Ètui de la fYance, el les Mèmoirti
d» duc de Lufnti, toine XU. ))- ttO-111, lu Journal de liaugeau, Uiincs III,
p. 311, \VI. p. 113, cil.
V2^
MéUNr.BS BT DOCDMEEtTS.
in»Uon de M"» de Monteepan étoit plas belle que la sienne et 9«mbloit
aussi beaucoup meilleure; que, si pile lui vouloît promettre le secret, il
BC fîoroit à elle et mellroit sa fortune entre ses mains ; qu'il lui diroit
donc qu'atlaché au Rui comme il rétoit, et par conséquent & elle, il
mouroil de duuleur el de ItOQle du scandale et du triomphe de M*"* do
Montoepan; que, examinant sa maison pour la Heine, il avoît trouvé
qu'elle étoit toute prête à Wirnlier, et que là-desstts 11 l'avoit choisie
pour M*« de Monlespan, dans la fermn opinion qu'elle y seroit écrasée
la nuit mâmo, el d'en défaire ainsi te Roi ot elle. A l'instant, voilà
Cavoye le meilleur des amis de la Rnne, et tout fut plus qu'apaisé.
Elle se chargea 'de dire au Rui qu'elle pardoancit ù Cavoye el qu'il lui
avoit dit de bonnes raisons. Au sortir de là, Cavoye alla trouver le Roi,
qui étoit dans l'inquiétude; il lui dît que tuut éluit llui et qu'il étoit
l'homme de ta cour pour le mieux avec la Reine, {(uî lai en parleroit
dans le soir. Le Rui, surpris au dernier point de deux extrémités si
proches, lui demanda comment 11 avoît pu faire. L'autre, après l'avoir
fait souvenir qu'il lui avnit tout permis, et [iromifidene ne Tôcherderien,
lui ciinui t<uit son dialogue; et le Hoi à en rire aux larmes. La bonne
Relue étoit faite pour Ôtre dupe à ce point.
Cavoye fut toujours dans la meilleure compagnie de la cour et la pins
choisiû, et toujours la plus relevée, et toujours parfaitement avec la
Roii. Tl eut beaucoup d'âuiis cousitlérahlcs^ et outra souvent eu beau-
coup de confîdiinces d'intrigues de la cour. On se doit en lui, el on n'y
étoit pas trompé. M. de âeignelay étoit son ami intime'; par consé-
quent, M. de Louvois ne lui vouiloit pasdo bien. Ce fut lui qui, sous le
I. M**dnSévignérite A? nombrcu^os preuves du crédftdont il jouisuil auprès
du Roi. Le Mercure, dans l'urUdc déj^ indiqué plo&ieurft foie, dit : t L'attache-
ment de M. de Cavoye ivoiir le roi déftinl n été inliniment pbis fûrt (que celai
qu'il avAÏt eu p>nur Turf'nne]. Élfvé nupr^s de ce (;ranit prince AH l'Age de
scipt ans, H «voit iin^rité son anulié la plus intime; la fermeté, la druilnre de
coiur de M. de Cavoye ont été t«8 liaiiînns de cette amitié... Louia le Grand
aiinoil en lui des qu;ililés <[u il pnssédoil si émincinmcnt. U. de Caroyc lui a
tonjoLir» dit la vérité, san» craindrv de lui déplaire, et, quoiqu'il ait eu pour
ennemiu kXvs perMmne» qut poiivnieiit beauroup auprès du lloi, quoiqu'on ait
inia tout en usa^e pour \e perdre dans son o^pril, on n'a jainaîe pu y réussir.
On a traversé sa fortune : il «en souciolt peu ; mais on n'a pu lui ùler le cœur
ni l'eiiUin» de sou maître : c'est luul ce qu'il vouloil du Roi. v
1. Son intimité aver Racine e^t bien connue. Louin XiV disait d'eux t
■ Ca>o)e avec Racine se troil bel esprit: Racine avec Cavoye se croit cour*
tisan. » {Œuvrta de Hacine. t. I, p. '278 et 2»l, et t. VII. p. 13, noie h.)
Comme autres «.mis de. Cavivye, le Merrure rjle les deu\ prinre* de Condê , le
duc de Bourbon et le priiire de Conli. Turenne et Luxeuitiouff;, Colbcrt el
beignclay, les marécliaux de Noaille» et de Rouniers.
'i. Dans uu rouplet de l'année IGdt, sur la mort de Selguclay, le chanson-
nier disait {.\ouveau siècle de lovts .\IV, t. U, p. 3t»f] :
Tuurville crainl d'éUe |>€iidu,
Et Cavoinrhi-rcbe «n autre maître.
PUtiMEnS l?(Rlil-fô UK SilIfT-SmOÏT.
43S
prètoxle do sa charge do chancelier do l'Ordre, fit avec to Roi la pro-
rootioo île 1688', et on crut que, dans le nombre de ceux qui en furent,
et qui n'f'n doivent pas être, Cavoye eût passé sans M. de Louvois*.
Gavo)-o ëtoii gâté» il étoit devouu impotent, il vivoil avec rèlite de la
cuur et no parloit seulement pas aux autres, il étoit riche, il vivoit
très boDorablement *, et fort bien avec le Hoi : il se cnii un seigneur'.
Aussi fut-il outre quand il sut la promotion, et qu'il n'en etoit pas'. H
eavoit la cour, U se contint ; mais, quelque temps après, il Ht au Rot
ses plaintes amères. I^e Roi le consola comm' il put*, et redoubla ds
bonlês, l'assurant que ce qui éloit différé n'étoit pas perdu ^. H eui
donc patience, mais, plusieurs années apr^, voyant. faire plusieurs
chevaliers de l'Ordre, tantôt doux, tant<''t quatre, nt quelqiiefdia plus*,
réeolat de vendre sa charge et en demanda la permission au Hoi'. Le
I. Toir. dan» le ms. Clatrambault 7?t, p. 487>4^, le d^lill exact des dt^i-tlons
prius pv Lûuid XIV ton île r^lte |iroiDulton, et des motif» i|o'il fil ronnailro
pabU^BCneat pour en exclure certains noms de prince» en vuo. C'étaitr dit
aiOearc Salnl-SImon, U prt^nii^re primiotii>n * toute rnlHtiiire, » «t Irt secnSlairR
dlîtat de la guerre y tit comprendre, de préférence aux courlisuns désiKnés
par leur oaiuance on par leurs charges de cour, ceux qui avaient bien servi
4au les guerres prt^r>denti-s, nti qui |K>uvaient servir dans celte qu'il ■ luinu-
IfliL » On trouve dan^ les Mt^oére», tome I de IMition de 1873, p. 299, la
rMftCtiun délinitivc de ret é|>i)UHle de In vie de Cavi>j'r.
L Tbv ses prédécesseurs dans la cbarge de grand maréchal des logis avalent
m rOrdre.
5. Cet adverbe r^irrige noblement.
4. On voit que Saint-Sirnoi) atlW-tioaDe singnliëremait les allusions au mot
de la Rni)érc ftur Daniipau {Pauifilule),
5. Sur le merontenleiueni de Cavojc et des autres oabHés, voir le Sévijné,
l. VIII, p. 30), 2i6el i'S7. Nous avons dit que Cavoyr, quoiqu'il eût vailluumeal
servi, c'avait ni rêgimeut ni t;rade dans l'année ; de plus, un libelle du temiis,
l«a Anm^a de la cour pour les années 1697 et 14^98 (éd. de t73t», t. Il, p. t!>-?0}
préleadeat qu'il fut exclu de la proinottoa de 1(>JM parce que Itr Roi a|iprit qu'il
avait trafiqué de Mtn crédit auprès de Seignelay et de l'ainirauté. Les Annaies
ajoatcat, comme Salnl-Simoa, que Louvois protita de l'occasion pour marquer
tes Mntimenls d'aoiniositè à l'égard d'une créature de son rival Seignelay.
4. Sic. avec apostrophe.
7. D'après une lettre de Boilcau, c'est eo juin 1693 que le Roi aurait fait
«•Ile protnesM [tSuvres de J. Racine, t. VII, p. l»9).
& il ]r eut de» promolioDs exceptionnelles en 16S9, 1G93, 1694 et 1G95.
9. OÛsean parle de celte démarche à la date du 29 janvier 16%. et c'est à
fn^OA â» ce passage du Journal <iue Saint-Simon a fait l'Additinu que nous
avons îndtqaée, et qui est lo premier texte de t'Uiatoriettc de Cavoye. Dans
les Ife^Kolres, U a changé toutes les cireonstdAces et suivi Dangeau de plus
prto qnll ne le fait ici. — On altribna ces désirs de relraite é la dévotion ou
à U maladie. Deux ans plus tard, des souffrances fort incommodes décidèrent
acore Cavoje à se renfemirr pitur un temps dans sa maison de Lucienoes
et à De plus luraltre qu'à U^rly, comme un voisin, quund la conr j vlea*
ànii. t Le Roi même lui fit conseiller de prendre ce parti, et témoigna beau-
126
HiLA?tGfô (T DOCtlMOTB.
Roi Gt ce qu'il put pour l'ou cinp6cher, pais lui demanda nn mois, et,
peDilant ce mois, Ut parler à C&voye par ses amis, et enBn l'envoya
chercher; lui dit qu'il y avolt trop loniçtemps qu'ils éUiient ensemble
pour se quitter, le cajola, et as^sura p^^nsion et brevet de retenue à m
femme' ; et on croit qu'il lui promit do ne plu« faire de chevaliers saas
lui!*. Ce qui est vrai, c'est qu'il n'y en a pas eu depuis, et qu'on l'altri-
Ijua à celle promesse*. Après la mort du Roi, il se retira, à Paris et ne
sortit presque plus de sa maison, où il ne recevoït que ses amis parti-
culiers, et acheva sa vie dans la piété*.
ciup d'envie de le revoir. » (Lettn» de Racine, dnnsses Œuvres, i. VII, p. 233-2M.)
I. "Vojcz le Journal de Dangcau, tome* V, p. 3M et 450, et VI, p. 63: l«a
Annales de ta cour, l. II, p. l^. Les conipensatinns rarenl nombreuses et con-
sidérables : pensioD de M.OOO livres pour te mari cl la femme (28 Janvier 1G97
el ÎO d*r«rabre 169S) ; don de lerrwt. [>our rendre IfHir» jardins de I^iirienneti
H tout à fait aimnblcfi > (janvier I7U()); brevet d'afisuranee de 300,000 livnts
sur la cbarice de iin'ADd marécbat de» logift (19 oct^ibre I7U7): prorogation du
privilèRc des chai«es iMirtatives 4 Pari* el dan» le» autres ville», dont Cavoye
jonissatt ilppiil» 1675, et de la part du privil^^e des chaise» de la conr, que soo
pire avait eue en 1639, par ntottié Awer le niarquiK de Monlbrun (2 novembre
1707, 17 décembre 1708 et 2 février 1716), etc. En juin 1709, le Rot aentremlt
lui-inènie pour que Gavoye vendit, sur le pied de 300,000 livres, la simple sur-
vivance de sa charge au âls de Chamillart ; mais il resta titulaire juaqa'A son
deniier jour.
3. d Le Roi j ajouta des espéraoces sur l'Ordre. Cavoye prélendit ca avoir
eu parole; el le voilà enrùlé A ta cour plus que jamais. » {Ucmoira, U I
de 1873. p. 300.}
3. Sainl'SIrann répète, dans an eEKtrolt des Mémoires (t. X. p. 246), qvs le
ftrand prévûl de Sourches ne put jamais avoir l'Ordre i canse de celle pr»-
mesfW) du Roi k Cavuye. Il n'y eut plus en effet de grande procnotioa, mais an
8Ss«x grand nombre de nomiaationfi de prélat:;,, d'étraogers, de mareriiaux de
France ou d'uniriers généraux. C'est ce que aigoitie ce passage de l'Addittoa,
qui a semblé étrange el ikoutuui «ni éditeurs de Dangeau : n EnOn, il ne fut
point cbevalier de I Ordre, et le Roi, qui en fil & plusieurs reprÏMJi, moamt
avaiil lui, sans avoir fait de promotion. > (Journal, t. V, p. 356.)
I. H mourut A Paris, aprtH une longue maladie, lu 3 février 1716, âgé de
srtixnnle-soiïe ans environ; voyci le DtcftoRnaire critt^fue de Jal (p. 33r>), qui
prétend, |)nr suite d'une mauvaise transcription, reporter cette date A 1715.
a H"* de Cavoyc, dit Oangeau, a a^isislé son mari jusqu'au dernier moment de
un vie, lui parlant de Dieu comme une femme inspirée et sans qu il ttil échap-
pât une larme : ce qui est d'autant pins eilraordioaîre que jamais feiame n'a
l>orté l'amour pour son mari plus loin qu'elle. » Cavoye était fort riche, et
n'avait point de parents proches: aussi ses amis avaienUils compté se partager
sa fortune; mais, outre qu'il esisUit une donation mutuelle entre les deux
époux, le quart des bleus se trouva légué aox pauvres après U mort d« la
veuve, quinze mille livres i l'éjjlise Saint-Siilpice, et d('» nVornpenses magni-
Uqucs aux serviteurs, a II avoil beaucoup de mérite, dil cjirore Oaiigeau, et
beaucoup dami.i considérables, et fut universellement regretté. » [Journal
de Uantjeou, 1. XYI, p. 3U*3lô ; cf. l'article nécrologique du A/ercare^a/an/,
février 1716, p. 03-U5.)
PHiGME^TS IttéuiTS &E SilMT-SlMO*^.
<27
V.
Le lusâcaiL oe Vadbaïi*.
M. de Vauban, rous uae apparence de peu d'esprit et an cxtcrionr
grossier et qui sentoil Ip ruBtrp» ne trouva un de ces hnureux génies
donnÔR rarement pour élever une nation au plus haut point de gloire el
pour illustrer un règne de la gloire des conquérants, et en mAme temps
UQ de cee hommes encore plus rares qui se comptent pour rien, l'It^tat
pour tout; qui travaillent sans cesse, mois uniquement pour sa grandeur
el pour son bien ; qui, au-dessu» de la fortune, et par conséquent t;upé-
rieurs' à toutes ses vues, (e sont au^si i!i ta flatterie; iacapablei<. do
parler que NTai et au prince et à f;es ministres, quelques^ doHcats el
redoutables qu'ils soient, et qui, au^dossusde la gloire même, prérèrent
le SDCcès à tout, et au succès môme, je veux dire plus glorieux et plus
prompt, la conservation des homuies et des plus vils soldats dans i'ari
consommé de forcer les villes. Toi fut lo principal artisan des lauriers
de LoqU Xrv, et qui, avec raison, crut s'en couronner en lui donnant
le bâiOD de maréchal de France *.
Il s'appeloit SébasUen Le Prestre, né 1** mai 1663 '. 8od grand*père,
seigneur de Vaulun, Rejrvit sous lo prince de Contî avec la noblesse de
Nivemois. Sou pcre servit ausù, sans qu'on uit tnip au en quelle qua-
lité. Son bisaïeul étoit seigneur de Vauban. On n'en sait pas davantage,
et on no remoule pas plus haut*. Les alliances militaires, luulâs dans
la môme uiëdiocrité ; le frère aîné de aon père servit dans la aiôme mê-
1. Extrait da mémoire sur les Officiers de ta couronne de £oi£f« XIV.
{ llAaicBAUx DB France, vol. 68 d*^ Pa|)iers do baiiit-Simon.
i. Dans le manuftrril, supérieur, au singulier.
3. An pluriel, daDn le mmufcrit.
4. Comparez cet éloge â c«lui qui a pris place daos le& Mémoires, tome III,
p. 379, anoèe 1703.
5. Celtr (lAtfî rAt donnéf^ par l«s continnAlenrs du P. Anxcime, li>mp Vtl,
p. G53: d'après Jal, qui n consacra à Vauban un ioDg article de son Dic-
tionnaire erilique, Sébastien Le Prestre ne fut buptisé que le tS mai.
6. Eu parlant <I« la promotion du maréchal à l'iirdre du Sai»I-E<tprit (1705),
Saint-Simon dit dans les Mémoires (tome IV, p. 208) : « Vaubita, qui ft'appo-
loil Le PreKlre, étoit de Nirernois. S'il éloit gentilhomme, c'êloilbica tout an
plus : il montra son frère aîné ponr le premier i|uj ail mtv'i de l<:tur race, et
qui avolt Hv Kulemrnl en l'arriiïrc-ban de Nivemoift. au retour duquel il mou<
nit en 163S. Rico donc de fti court, du si nouveau, de si plat, de si raioiCe.
VolU ce que les grandes o.l uniques parties militaireu et de eitoyen ne pon-
voienl coDvrir daos un sujet d'ailleurs il di^oe du b&lon et de toutes tes ^rlcfts
que le s«ul mérite jk'uI el doit ar^uérlr. » Jal a relrvè aTfM- raison l'erreur xon
fi-ifê aine^ qui, oa l« roil, oc su trouvul pas daos la preraitre rédaction que
nous doDDoas îd.
128
MtfUItGBS ET DOCDUENT:}.
diocrittif ainsi que ses enfants, dont Talné fat, en 1650, major de
la ciladelle de Lille ; cctui-là Tut père de Dupuy-Vftul>an, qui a servi
pendant près dp soixanto ans dans une gunrre à peu près continuelle,
qui s'acquit une grandn gloire à la défense do Bêtliune, m 1710, pen-
dant un fort long siège, et qui est mort en 1731, lieutenant généRil el
grand-croix de Saint-Louis^ à soixante-douze ans.
Celui dont on parle ici montra de bonne heure ses talents pour Tal-
taquo, la dcfenr:e et la forlt&catiou des places, soutenus d'une grande
valeur, d'un coup-d'oeit sûr et d'un Jugement exquis. Il pas^a par \pf
petits emplois, d'où ces m^mcs talents lo tirèrent. Capitaine dans
Pii^ardie, lieutenant aux garder, il dirigea les plus grands ji'lè^cs, eutle
secret de ta plupart des grandes entreprises, donna l'idée et le dessein
do plusieurs, ol conduisit tous les grands sièges que le Roi fit en per-
siinm^ Sa probité, sa bonté, la clarté de Rfts onirpa, les fautes qu'il cou-
vroit, la justice qu'il rendoit au mérite, aux vues, aux actions, le soin
qu'il avoit de ménager la vie de» hommes, lo rendirent cher aux offi-
ciers et aux troupes, et ses talents et ses succès donnuienl toute la con-
fiance en sa capacité, qui ne fut jamais trompée. Il fut successivement
gouverneur de la citadelle de Lille, de Douay, commifisaire gênéraï deaj
fortifications de France, lieutenant général, grand-croix de Saint-Louis,'
el c'est lut qui a fait presque toutos les places que le Roi a bftties.
Quoique sou vrai et principal métier fût les fortifications et les sièges,
il ne laissa pas de commander les troupes de terre el de mer en Basse-
Bretagne en 1694 et 95, où il rendît inutiles les projets des ennemis,
qu'il obligea de se rembarquer avec grande précipitation à Camaret, où
ils étoieut descendus, et de se retirer sans avoir rien fait. Il con&er
encore la Flandre maritime, avec un corps de troupes, après la batailla
de Ramiltics, et, voyant depuis la lenteur et les mauvaises mesures dq]
siège de Turin, il pressa le Roi de lui permellre d'y aller, de laisser son
bâton de maréchal de France derrière la porte (ce fut son espreaaion)^^
de ne se môlcr que du siège, et de ne toucher en rien à l'autorité ni anx
fonctions de général d'armée du duc de la Fouillade. Le Rui luua son
zèle; mais, jaloux de hi gloire du gendre de son ministre et de son
choix, il ne voulut pas l'obscurcir ; il lui en coûta Turin et l'Italie *.
Vaui)an3, dans un si grand nombre de voyages qu'il avoitfaitiA tra*
vers le royaume pouraller aux diverses frontières et visiter ou hAtir ce
grand nombre de places, en avoit remarqué la misère et la mauvaise
administration. De longues réflexions, sur do longs examens, lui en
tirent concevoir le remède. H crut chacun aussi droit, qu'il l'étoit lui-
môme, et aussi excellent patriote. Une sorte d'autorité, que sa modestie 1
1. Cnroparez le» Mémoires, tome IV, p. 42t.
% Ce dernier épUmle de la vie de Vauban est raconté pit» lon^QcmcQt dans
les M^tnorrex, Inrae V, p. 149-154. CompArcz la notice que j'ai lue, en ISlh, à
l'Académie des sciences morales cl |N>litique&, sur \a Prvacripiion du Pni/H\
de dime royale et la mort de Vauban.
FBiGHSffTS IKIÎOITS DE Sil.MT-SUIO?l.
429
ne l'avoit pu einp<^cher de gagner auprès du Roi et de ses ministres, lui
donna de la couûance : il moatra les maux et le remède avec autant
d'évidence et de clarté dont noe telle et «i vaste matière peut ôtrn sus-
ceptible, après tout le travail et l'application qu'il avoit pu y mettre, et
Bt imprimer ce livre sous le titro de IHme royale, par lequel il monlroil
réoonne préjudice ([ue soiiffroii l'État, dans son commerce ei dans ses
membres, du grand nombre d'impôts et de taxes, et nomhien de gous
B'y enrichissoicnt énormément, combien peu à proportion il en entroit
danî> les coiïres du Bui; et prétondoit, par un seul impl^t do la dimede
tous les biens, évalués daiis une proportion qu'il proposoit^ donner
infiniment plus au Roi et soulager en surplus le peuple et tous les
aotrej particuliers'. Il présenta son livre au Rui, qui le reçut fort bieUi
et aux ministres, el ce livre eut un débit infini. Mais les ministres des
finances le trouvèrent si étrangement mauvais, qu'ils trouvèrent moyen
d'en faire un crime à lauteur. C'tJtoit les prendre par l'endroit le plus
sensible : arbitres souverains des biens de tout le monde en cent ma-
nières difVôrcntes, maîtres de cette armée de commis, d'archers, de
gardes de toute espèce., de celle nuée de fenniers, de irailantâ, de rece-
veurs, dont la ferme étoit entre leurs mains, el dont la leur s'augmcn-
toit à leur gré, on peut juger du frémissement avec lequel ils virent un
ouvrage qui tendoit à les dépouiller de tous <xs avantages et à les
réduire à la situation générale. Aussi n'épargnèrent-ils rien contre le
Uttc et contre son auteur, qui aurolt mal passé son temps, sans l'auto*
rite du Roi et se« grands 8er>'ices. Mais, si cela sauva sa liberté, les
cris des ministres furent tels, que le Roi ne put moins faire que de
marquer son indignation à un si bon snrviteur, et qui, en cela môme,
méritoit' lanl de nouvelle» louanges. Le maréchal en fut si consterné
et si outre, qu'il ne Gl plus que languir, el qu'il en mourut de douleur
fon peu de mois aprè«, à I^ris, DU mars 1707 ^, à :<oixanlc-quatorzc
ans, universellement admiré et regretté. C'était un homme d'un désin-
téressement parfait. Il a fortifié plus de trois cents places et a eu
la direction en chef de clnquante-troiif sièges.
Il avoit eu deux filles : l'aînée, morte avant lui, avoit épousé M. de
Ifeagrigny ; l'autre, M. Bernin de Valeotioè, contn'dcur général de la
maison du Boî, qui s'est ruiné en bel esprit, en poésies el en musique.
I. On remarquera que, dan» cette rédaction, 11 ncftt poiot |>orié des livre*
de B<ii>iilbf-rt, ni de acs relations arec Vauban.
i. Ce mot est en inlerlimie.
3. DanH le mnnuscril, 1607 ^ voyex ei-dessas, p. 127. oole 5.
RbV. HiSTOB. XVI. 1" FASC.
130
HSUN6BS ET OOCOMB'ITS.
nOCUMRNTS INÉDITS RELATIFS AU PREMIER EMPIRE.
NAPOLÉON ET LE ROI .lÉROMIi.
{Suite.)
Ainsi que nous l'avons dil plus hauL, le roi, ne recevant pas de
réponse de Icmpercur rclalivemcnl à sesjusles réclamations à l'égard
des agents fratirais en Wcstphalic et désirant mettre son Trère bien
aucournnt de [a situation llnancière du pays, lui expédia son premier
aide de camp, le général Morio, avec la lettre ci-dessous :
JftaOklE A N&POLftON.
GasBâl, 3 février 1809.
Sire, j'envoie auprèi; de Votre Majesté le général Morîo, mon premier
aide ûc. camp ; il a été un de mes ministres, il était présent à touR mes
coosoile d'admiuisiraùoQ, nt connaît très bien la situation do mon
royaume. Votre Majesté pourra avoir de lui loa» tes reoseigno meute
qu'elle désirera preodro sur l'état du trésor, comme sur les autres par-
ties d'admiaistraiion.
Je ne puis prendre de biais avec Votre Majesté ni la tromper en
aucune monièrâ dans une circonstance aussi majeure, mais il est certain
que le ruj-aume de Westphalie nn peut résister plus de 6 mois au mau-
vais état des liuaace-s.
Quant k moi. Sire, je me trouverai toujours bien parloui oH je serai
placé par Votre Majesté, si je conserve toute son amitié.
L'empereur était [ku porté à aimer et à estimer les ofRcicrs qui
quittaient son service pour celui de ses Trcres ; il répondit à Jérôme,
le u février <S09 :
Je suis étonné que vous m'envov-iez le général Morio, qui est une
espèce de fou. Voua trouverez bon que je no le voie pas. Quant à la
situation de votre trésor et de votre admiuistrulion^ cela uc me regarde
pas. Jo »ais que l'uu et l'autre vout fort mal. C'est une suite des mesures
que vous avez prises et du luxe qui règne chez vous. Tous vos actes
portent t'emprointe de la légèreté. l^)urquoi donner des karoonies à des
hommes qui n'ont rien fait? Pourquoi étaler un luie si peu en harmonie
avec le pays et qui serait seul nue calamité pour la Westphalie par
le discrédit qu'il jette dans l'administration? Tenez vos engagemeota
HIPOUO.N BT LB BOl JlUÛKE.
431
avec moi, et songes qu'on D>n a jamais prie qu'on no les ait remplis.
No daub>z jamais du reste de tout l'iDtér^t que je voua porte.
Rbimiaud a Champaony.
Gassel, 18 février t809.
Dans une dépêche pTêcédente' j'ai pendu compK* de? recettes H des
dépt^nses présumée^) de la liste civilo. Quant aux fînani^rs det l'ICtat, on
m'assure que le déOcit de l'antice passée est de douyi' milllona et
qu'une crise est inpvitabief peul-âtro dans six mois. Il est certain que
les Juifs ont prête de l'argent. On parle de trois millions. Pour remplir
le déficit, on s'occupe surtout à pousser l'exploilation du sel aussi loin
qu'elle peut aller. On compte sur un grand débit en Uullande. Avant la
demitn levée, le Roi entretenait huit mille hommes de troupes. On
parle d*niie forte réduction dans sa garde. Si la guerre a lieu, on ne
doute pas que le désir du Roi d't>tre appelé à l'armée ne soit rempli.
L'on s'en promet des moyens de faire de gnndes économies pendant
son absence.
Sa Majesté Impériale a voulu que je lui rendisse compte de la con-
duite des ministres. Le premier eu ligne est M. Sim^n : il réunit à
l'amour du travail et à la probité des connaissances, des talents et de
l'amabilité. Il est peut-être le seul qui avant de fléchir devant la volonté
suprême ose se permettre quelquefoîf: des représentations, qui ne sont
pas toujours bien accueillies. En public, il a con.nammenl été traité
avec une grande distinction, et l'on croit que la faveur lui eat revenue.
Son département marche. Le général EbU^esX infatigable au travail. Il
se trouve, dit-il, au milieu d'un chaos à débrouiller^ de fripons &
déjouer ; entravé par une triple administration, celle de l'armée, de la
pide et des troupes françaiscis, il ne sort presque point, mais tout son
•xlérieur montre une sanle fortement dérangée ; s'il continue ainsi, le
travail le tuera dans un an.
Le comte de FurtensUin a grandi depuis qne je l'ai tu à Dresde. Il
mt de tout: les ministres le plus constamment prê.<: de la personne du
Roi. Son ministère lui laisse encore quelques loisirs pour les plaisirs,
n a les formes aimables et il se met peu à peu au niveau de sa position.
Ons*ap?rroit de temps en temps, même dans des occurrences de routine,
que le chef et les employés ont besoin d'expérience. On rend justice à
la droiture do son caractère. Les soins à prendre puur sa famille font
partie de ses occupations. Ce qui le justifie, c'est que les sosurs sont
aimables, les beaux-fréres des hommes de mérite.
M. Bulow était employé dans radmiaistratioo prussienne à Magde-
bourg. Sa probité est intacte, mais on le dit peu capable de sortir de la
route ordinaire. Il serait peut-être à sa place si les affaires étaient à ta
I. Pablièe dans les Uémoèra rfu roi Jéràme,
% Avait rcmpItcA Unrio i la guerre.
132
HKUNGKS ET DOCUKSXTS.
leur. Mais il les y fera venir dinicileroent. On l'accuse de ne point aimer
les Français; est-ce par aversion ou seulement parce qu'il est ministre
des finances?
M. de Volfradt* esi un homme de bien et de mérite, un peu douce-
reux ei prol>ablemem «ans énergie comme son auciea uiaiire. L'orga-
nisalion de son ministère l'occupe tout entier. 11 est encore à l'épreuve
et c'est ce que le Uoi lui-môme, dit*OQ, lui a déclaré.
Parmi tes prétendants à la place de minislre, ou nomme toujours
M. Potliau* pour l'intérieur, M. Bercagny pour les finances ou la jus-
tice. On prétond qne M. de Truchsess visait à celui des relations
ozlcri cures.
Parmi les membres du corps diplomatique, le minisire de Bavière a
une réputation de malignité et d'urgueil ; celui de Hollande, de petites
ftnacories et d'économie balave ; celui (k Saxe, l>on, souple, né conrtt'
Ban, Irenible d'avoir dos atTaires; celui de Wurtemberg, poli et réservé,
laisse dans le doute si sa nullité est de nature ou de calcul ; celui de
Darmsiadt, avec de la mesure, a une tournure de francbiso et de loyauté
militaire; le chargé d'affaires de Prussfl, avec ses profondes révérences
ot son très roodesle extérieur, est vrai représentant d'un roi de Prusse :
d'ailleurs il est instruit, honnête homme, on se loue ici de sa conduite.
M. Bercagny. sans avoir le Litre de ministre d'état, L'est peut-être
plus que les autres : Ic9 talents, les connaissances administratives, la
Bnessc, l'activiié ne lui manquent point; ou craint seulement que Gett«
dernière qualité ue l'entraîne à faire naître des affaires pour rendre sa
place plus importante. On attribue au Roi un penchant naturel pour
faire, sous tous les rapports, l'essai et l'usage de son pouvoir; et le
mérite de M. Hcrcagny sera d'autant plus gnuid, s'il reste fidèle à lins-
litution de la police qui est de prévenir les occasions de punir. Tous les
Wcf^tphaliens nn sont pas contents, tous ne sont pas fidèles, mais ils ne
conspirent point. Ce sont plnt^t des indices que dej> faits qui donnent
U<n à ces remanjueâ ; mais on craint dans une matière aussi grave des
èvtnenienls possibles qui pourraient changer ta marche sage et mesurée
du gouvemement, ou le dèToloppement d'un système qui pourrait le
dénaturer.
On parie ici d'un parti allemand et d'un parti français; parmi les
Allemands il existe un parti de Tex-éiecteur et un parti do roi ; mais si
dans le parti du n>î on distingue un parti allemand et on parti fran-
çais, on commet ui» erreur qui pourrait coaduire à des conséquences
Acheuses. Le vrai parti français aam eeluî qui, eooqitant sur l'inébrao-
lablo solidité du nouvel ordrv de rlineifj » nçomtm aor le temps pour
•Ofuécir de 1& fortUM el des dioKiiictians et ne voudra pas recueillir
dut UM premièra anaée «e qui dotl «m le Imii d une longue carrière
da tiavait et de fidêlil*.
t. Mkdstn et llaWftaw^.
i. Mari d'uM <l« n«n de U ri—
?CiPOl^OX VT LR KOI JÉRUXE.
133
GaAJfPASHY * Rbi»habd.
_^ __ Paris, le 23 février 1809.
' '''V&iiueiir, 8. ^M. l'Empereur et Roi a eu e«us Ips yeux vos dépêches
des 3, 5 Pt 9 février, n^ 13, 14 et 15, et les deux bulletins y jointe, et
m'a donné un ordre qu'il m'est agréable de remplir, celui do vous
léxDoippnej' ss satisfaction pour ces dèpôcbfts et de vous mander qu'il les
a hiec avec inlérfi.
Bien que les dépenses du roi n'aient pas été aussi grandes que vous
Tavez dû croire, ignorant que le Roi ne louchait point son trailcmenl
do prince français, comme elle? ont de b«aucA)up dépai^sé sa It'gle civile.,
l'Empereur lui a écrit pour lui en témoigner son mécontentement; mais
le Roi s'en excuse en niant la vérité du rt^proche. Sa Majesté sent com-
bien il est nécessaire d'inspirer à ce prince unei^priL d'économie et elle
TOUS chai^ de profiter de.s occasions que le Roi. s'entretenant avec
^vous, vous fournira |>our le faire., avec l'à-propos et la mesure qui vous
Ht propre*.
Du re<te, S. M. croit utile que von» sacliier. que ce que le Roi vous
a dit d'une question que l'Empereur lui aurait faite à votre sujet et de
n réponse n'est qu'une forme plus aimable donnée par ce prince à un
eompUmiuit auquel vous ne sauriez mieux répondre qu'en re<]oublant
d'ottealion et de vigilance.
Quant aox doutes que ma lettre du 25 janvier vous avait laissés. Sa
Majesté me charge de vous faire conuaitre que les Français employés
dans le palai» au service du Roi et naturalisés W'e.stphalienK, lelin que
M. le comte de Furetenstein et autres qui peuveut être dans le même
cas, n'étant pins P>anrais Ront libres d'accepter les décorations qui leur
sont données. Tous les autres n'eu peuvent accepter sans l'autorisation
de 8a Majesté I. et R.
8a Majesté vous recommande do voir eouveut M. Siméon et le général
SMé pour connaître leur opinion et leur position et la lui faire connaitrc.
Des symptômes assez sérieux commençaient â faire prévoir une
prise d'armes de rAuLriche et il était à craindre que tks troubles ne
Tinssent à éclalcr en Westphalie. Jérôme, prévenu par divers rapports
et par quelques correspondances, en écrivit à Tcmpereur. Ou trouvera
aussi plus loin, à la date du 24 février, une lettre de Reinhard à ce
siget. adressée à M. de Champagny.
jÉnOltB A N&POLfiON.
Ca&sel, 23 février 1809.
Sire, jVnvoie à Votre Majesté, par cxiurrier extraordinaire^ «leux
dépAcheit chilTrées que j'ai reçues hier, non pas d'un agent secondaire^
KitiHGM RT D0CUaB5TS.
icaiB d'un homme jouissant d'une grande fortune en ce pays qui m'est
eniièrpmenL dévoué et qui a des relations intimes avec les pcreonncs les
plus disUnguées de Vienne.
Bien que jo pense que Votre Majesté soit déjà, instruite d'une partis
des détails contenus dans ces dépêches, j'ai cm ne pas devoir tes lai
laiseer ignorer et j'y joins un état des Torces de l'Autriche.
Les rÔKlinents wesipbaliena, dont j'ai annoni:^ le départ à Votre
Majesté, saut arrivés à Mayoiic«. Il y u eu qutîlques dêsprteura parce
qu'un leur a l'ait croire sur la route qu'ils aUaienl être désarmés à
Mayence et envoyés dans les lies. Je vais les remplacer sur le champ et
porter celte division à 8000 hommes'.
J'ai donné le commandement de cette division au général Morio que
je veux mettre à même de prouver à. Votre Majesté ses véritables seo-
timents.
Sous ses ordres seront les généraux de brigade Weber ei Boeraer et
le chef d'état-major Heraberg.
Jo viens d'ajouter une seconde compagnie d'artillerie.
Jébomz a Napolèok.
Gassel, 19 mars 1809.
Bire, quoique bien persuadé que Votre Majesté soit instruite de tous |
les projets de l'ennemi, je ne crois pas devoir me taire sur le rapport
qui vient de m'âtre fait par dos officiers de ma maison, ayant, pour
leurs affaires personnelles, des relations étroites en Hanovre.
D'après ce rapport « il parait que les Anglais ont formé le projet do
débarquer 30 à 4U mille hommes sur les côtes de Hanovre pour attaquer
ce pays et pénétrer en Hollande, s
J'annonce avec satisfaction a Votre Majesté que la levée de la cons-
cription se fait avec le plus grand zélé dans la majeure partie de la
Weatphalie et principalement dans les départements de l'Elbo et de
rOckor dont l'esprit est excellent.
Quant au pays de l'ancienuo Hesse, il est décidément mauvais et jo
désirerais bien que Votre Majesté m'autoris&t à répartir dans cetto]
partie de mon rttyaume un des régiments français qui sont à Magdo-
bourg, alîn de dië^siper les esprits remuants et de contenir les mal-
voillanls.
Si Votre Majesté consent h cette demande, j'enverrai on remplacement
à Magdcbourg un régiment westphalien de même force.
Je priu Votre Majesté de me répondre sur cet objet*
t. Celle diviftjoa était dlrijîée sur l'Espagne on elle p^ril presque tout
caUArR. Le gt^n^nil Morio, qui la romiitanilail, nf. rtroaquit pai la faTeur impé-
rialf, car un iiA^urr (|iii- re iiiAlhriiri'iu Dnicier s'rtanl \tTèhc.nl<' aui TuJIrrii!^,
à fon retour «le la réiiin&ule, .NapolcoD lui dit Irusqucmeol : « Quitlcs-vous?
— L« général Slorio. — Vûo6 géoéral? Dans mon année vous ne seriet pa»
Caporal. «
%kT0Li07l KT LE BOT J^RÔVE.
13»
HBUtUAlU) A GiUHPAQny.
Cassel, lo 24 février 1809.
M. le comt« de PurstensUin m*a fait pari des nouvelles qu'il a renues
de Vienne et qui ont délenniné te Roi à envoyer hier un courrier à Ba
lCajasti3 l'Empereur. Il m*a parlé aus» d'une lettre de M. Uaflinger à
D&rmsiadt, qui, ayant à écrire n M. Pothau, t'informe en confidence du
niêcontentement gènénl qui, d'âpre» lea renseignementii parvenus à
M. Bétfïinger et qu'il dit avoir fait connaître h Votre Excellence, régne-
r»il en Westphalie et qui selon lui pourrait amener une explosion
llénèrale. M. de Furstfmtetn m'a dit qu'il n'allachait pas une grande
importance à cet averlissement ; que la police était parfaitentenl failc
en VTestphalie: que te peuple était bon; que les not>le.s étaient KdMcs;
que le Roi était aimé et q^uMI était d'ailleurs exactement informé de
tout c« qui se passait dans soa royaume. Quoiqpae je partage à plusieurs
égards cette opinion de M. de Purstemlcin, je me réserve cependant,
Mon&eignpur, de revenir sur- cet objet nous le double rapport des faits
et des réflexions qui s'y rapportent.
On voit que M. Reinbard, moins opUmistoqueM. de Furstcnstein,
était aussi jitus clairvoyant On touchait aux aventures de Schill, du
duc de Brunswick et à la guerre avec l'Aulriche.
Reinbabd a Chaupaony.
Gassel, ce 28 février 1809.
J*ai annoncé à Votre Excellence que j'aurais quelques détails à ajouter
au compte que j'ai rendu dans ma lettre n* 17 de l'audience parliculièro
que j'ai eue de 8a Maje<iié wesiphalienne. M. le comte du Furxtenstrin
était venu me dire que je n'aurais qu'à m'adres&erau cbambetlau de
service et que le Roi me recevrait immédiatement. Je suppose, ajouta-
l>il, qae vous avez quelque chose de particulier à dire à Sa Majesté.
< Non, dis-je, il ne s'agit que de communiquer les vues de l'Empereur
cuncemant l'organisatioD du contingent wefttphalien : je suis un igno-
rant qui ira prendre une leçon chez un maître consommé dans l'art
militaire, i Sur cela M. de htrstenstein m'apprit que le Roi avait mal
dormi. — C'est qu'on veille un peu tard (il y avait eu deux nuits de
bal pour l'anniverîaire de la Reine). — Oui, dit M. de FttrsUmiein. le
Hoi tntvaillr souvent fort avant dans ta nuit.
L.orsque j'arrix-ai, M. le c.ov\\p. de Funtenslein était avec le Roi. Je fus
introduit dès qu'il fut sorti. Ce n'est, dit le Rui, qu'une circulaire,
qu'une note diplomatique. Quand je l'eus informé que le même conr-
rier m'avait apporté l'ordre de proposer aux princes de Waldeck et de
la Lippe quelques changements relatifs à Torgani^tion de leur cunlin-
lU
■iUTIfiBS ET DOCCMB^ÏTS.
geot, Le Rot me cita l'exemple de quelques K)ldatswefitphalien6 enrôlée j
dans le pays de Scliau en bourg. « J'ai fait ilire au prince, ajotita-t-il, que
s'il ne les rendait pas, j'enverrais des {gendarmes pour les Faire chercher
et que je pourrais bien le faire venir lui-raftme. (Le prince vint en effet
à Cassel pour s'excuser.) Ces petits princes m'ont proposé de m'envoyer
des ministres, je n'en ai pas voulu, o
Pot unn tran<:ttioD un peu brusque le Hoi me parla ensuite des
comptes de M. JoUivet, où se trouve porté jusqu'à l'herbe qui croît sur
la place Frédéric et sous les croisées du château sur les bords de U
Fulde.
Il paraît que cet article et plusieurs autres que Sa Majesté me clia
avec une intscibllit^ qui m'a paru légitime, s'étaient trouvés compris j
dans la moitié des domaines réservée à Sa Majesté l'Empereur et qu'ili i
avaient été évalués à une certaine somme dont M. JoUivet. par une
raison de devoir aussi très légitime, demandait le remboursement,
a J'aurais pu envoyer ces beaux comptes k l'Empereur ; mais je n'ai pas
voulu faire tort k M. JoUvft dans l'esprit de mon frère. Cependant, je
sais que M. JoUivet est mon pspifin. A quoi bon écrire à Paris que j'ai
donné un diamant, que j'ai couché avec une belle? Un ministre ne doit
point s'occuper de cps bagalpllps; il doit mander qui> le Roi se porte
bien, que la Westphalic marche dans 1e système de la Fiance, et voil&
tout. Que rèsulte-t-il de cet espiounage? Cela peut donner un instantj
d'humuur; des frère!' peuvent i-e brouiller un instant ot peut-être cola j
m'esl-il déjà arrivé ; mais ils se léconcilient. J'aime et je respecte l'Em-
pereur comme mon père; l'Empereur dans un moment de vivacité peut
me faire quelques reproches, mais ensuite on s'explique et l'on sait
mauvais gré à celui qui a été la cause de la brouillerio. ~ Votre
Majesté, dis-je, a daigné me dire qu'elle était ruuteiiledemoi; j'ose me
flatter qu'elle l'est encore ei je la supplie surtout de croire que ma con-
duite tendra constamment à entretenir les sentiments d'amour qui lient
les deux augustes frères. — Oui, dît te Rui, et puis revenant aux
comptes de M. JoUivet, et pui? l'apostrophant et évitant avec une adresse
admirable de me donner le droit de m'exptiquer ce vous qui semblait
cependant me regarder aussi : si vous mandez jusqu'à ce qui se passe
dans ma cuisine, je vous traiterai comme le ministre de Davière,
comme !« ministre de Wurtemhprg^ et non comme ministre de famille ;
je ne vous admettrai chpz mnî que dans tes occasions de cérémonie (le
Roi, me domandai-je, aurait-il lu mon dernier bulletin? Il était parti
par cette voie pou sûre d'Hanovre) ; d'ailleurs M. JoUivet n'a jamais été
accrédité pri-s de moi; je pourrais le regarder comme étranger; je pour-
rais même, s'il voulait me tracasser, le prier de partir; cependant c'est
uu hunnéle homme, c'est uu brave homme, mais il se noie dans les
détails. Si vous ëtieis chez le roi de Bavière, chez le roi de Wurtemberg
(toujours M. JoUivet vh vioiT) alors, à la Iwnne heure, il faudrait tout
observer, tout écrire; mais tout ce que mon frère voudra savoir je le lui
écrirai moi-même, et pour ètro bien avec l'Empereur il faudra être bien
UrOLéO!! BT LR BOT jésÔVE.
137
JiTcc moi. » Je saisis ces dcrûière» paroles : t Siro, Votre Mojosté me
fait la Ipçon ; ello prêcha un converti, el je la prie d'étro convaincue
que ce que je désire ardemment, c'p.sI d'obtenir et de mériter sa con-
fiance. > Cette conversallun, MonBeigneuff qui dura près d'une demi-
heure et dans laquelle je me sais gré de m'étre re8treinl & ce peu do
mots que l'abondance el peut-être une intention préméditée du Roi mo
permirent de placp!r, m'a paru devoir être rapportée parce qu'elle peint
et le caractère du Roî el ma situation. J'ai eu pendant un instant le
projet de dire à M. de FurUnstein qu'il n'avait qu'à consulter Wicquo-
Tort ou Bnrlamaqui, pour se convaincre que l'idée que le Roi se faisait
des devoirs d'un ministre était un peu trop étroite, mais j'ai réfléchi
que la sagacité de Sa Majesté s'était prémunie contre toute objection.
C'est parce qu'il est frère de l'Empereur que le Roi trouve qu'il est
inutile qu'on écrive ce que sa conûsnce le porterait au besoin à écrire
lai-mCme. C'est parce qu'il e.çt frère de l'Empereur que Sa Majesté
impériale veut être informée de tout; et dans cette difTércnce d'opinion
mon devoir est iracé, U consiste à obéir à mon souverain.
Cependani, depuis cette audience^ j'rî pris occasion de demander à
phisieurs porsonoes qui m'ont parlé de l'étal des finances, et même à
H. Bereagny, si personne n'avait proposé au itoi de mettre la véritable
aitaatioD de ses aflalres sous les yeux de Sa Majesté impériale? Qu'il
me semblait que c'était là le seul moyen de sortir d'embarras et d'éviter
de grands inconvénients; enfin qu'inetruire l'Empereur était rendre le
plus grand senice au Roi. M. liercagntj m'a répondu qu'il croyait qu'un
enchaînement malheureux de circonstances avait empêché que cela ne
•e fut jamais fait d'une manière détaillée et lumineuse; que M. Beugnot,
l'homme te plus propre à faire un pareil exposé, s'en elant chargé et
étant tombé malade, avait trouve Sa Majesté impériale partie pour
Bayoniie; que depuis le Roi n'avait envoyé à Paris que des aidus-dc-
cuDp et qu'eu général il était diflicile de trouver ici un homme capable
de r^tpondre, mue ce rapport, à l'atlcnte de l'Empereur.
Le lendemain de mon audience, M. dp Buhw, ministre des finances,
OM dit : Votre visite d'hier va nous coûter encore quelques millions. —
Je répondis qu'il n'y avait dans les intentions do Sa Majesté impériale
rien qui dOl amener ce résultat. — Mais le Hoi l'a dit. — Au contraire»
dans ce que le Roi a dit voua pourriez y trouver une épargne ; car si le
contingent doit toujours être de 35,000 hommes et qu'il soit question
de former deux divisions westphaLienncs ; le Hoi se proposant de
demander, dans la même proportion, une diminution des troupes fran-
çaises à votre solde, y gagnerait tout, ce que, selon lui» un pareil nombre
de troupes westphatieanes coûte de moins.
Cest depuis quelques jours, Monseigneur» que les doléances sur l'élat
des linances westphalieunes me parviennent de toutes paris. Tous les
ministres et un grand nombre de conseillers d'État m'en ont parlé, à.
l'exception de M. tU Purttemlein qui s'en tient à la politique et qui, du
reste» voit tout en couleur de rose. Cest que peu à pou les état.<: de
438
AHGES ET nocnvtTrs.
recelte et de dépensa de l'année papsée se complètent, quo le bilan se
Tait cl que l'abîme est devant les yeux. Il peut s'ôtre gliâse dans les
reoseignements que j'ai déjà transmis à Vutre Excellence, des iiiexoctl'
ludes de détail; mais les résultats sont certains. Pour l'année courante,
le ministre des finances et^père 38 millions ; il en promet 3f>. Sur cette
somme, il Faudra pour les troupes wj^slpha lieu nos 13 à 14 militons que
le ministre de la guerre espère de réduire à onze ou à douze; pour les
troupes Trançaises huit milHoas. Or les autres dépenses sont évaluées
par le budget :
Dette publique, intérêts, 3,70Û,t)00 fr. 1
Âmortifiation, BOO,O0Û |
Liste civile,
Conseil d'État,
Ministère de la justice et de l'intérieur,
— des fmauces, du commerce et du trésor,
— du secrétaire d'Etat et des rel. ext-,
— de la guerre,
A.500,000 fr.
5,000,000
322,000
5,000,000
8,463,000
1,090,000
20,000,000
Total,
44,375,000 fr.
On porte à un million la dette Elottantc do la liste civile. Si celle-d
doit encore puiser dans le trésor public, voilà le tonneau des Oanaïdea;
et comment dès cette seconde année les économies du Roi peuvent-elles
faire rentrer la dôpense dans îcs limites qui ont été si fortement excédées?
Les sujets de la Westphalie payent !9 à 20 francs par télo. De tout
temps cette proportion était en Allemagne; en temps de guerre, sans
commerce et sans la possibilité d'établir un système productif et bien
combiné d'impositions indirectes, Glle pourra difficilement se maintenir,
au moins il sera impossiblo de la dépasser. Et que pourra<t-on attendre
de la ressource des emprunts?
Dans ma dépêche n* 16 j'ai informé Votre Excellence qu*ou comptait
beaucoup .sur le débit des sels weslphaliens en Hollande. Depuis quel-
ques jount MM. Vanhal et Greliel, négociants d'Amsterdam, sont arrivée
ici. Il s'agit, autant que je puis en juger dans ce moment, d'une espèce
do traité de commerce, en vertu duquel ces maisons feraient des avances
en argent qui leur Rersieiit renibourpées par des sels, des cuivres, des
fers et d'autres minéraux qu'il» auraient la faculté d'extraire de la
Westphalie. L'avaace dont on parle oftt de 6 millions. Le ministre de
Hollande a présente ces négociants à M. le comte de Furstenstein ; hier
ils ont eu avec le ministre des finances une conrérenc" où leurs propo-
sition» ont été acceptées; aujourd'hui le tombera soumis a l'approbation
de Sa Majesté. Us se sunt présentés chez moi puur me demander dos
Icitres de recommandation pour les agents frantais à Brème par où
l'exporta lion doit se faire en suivant le Weser. Jo leur ai promis ces
lettres ; mais je les ai prévenus que mou devoir serait de rendre C4)mpLc
de cette transaction à mon gouvernement. Ils m'ont dit que M. dr
Fursututein se proposait do m'en parler.
•TiPOLtforr BT LE ROI i^RfiHF..
139
M. le baron de Lindcn, ministre plénipotonliaire de "Wt-stphalie près
le prince-primai, vient d'être nommé mioistrepléntpolentiaireâUorlin.
M. Simion fils, qui depuis trois mois y éUiit arrive comme chargé
d'aŒureft, a été nommé ministre plénipotentiaire à Darmsladt Bt chargé
d'aflkîTM à Francrort. Le Roi a fait cette distinctiou parce qu'il est sur-
venu que le prince-primat n'avait point encore accrédité de ministre
auprès de la cour de Westphalie. M. de Norvins, secrétaire général du
ministère de ta guerrn, a été nommé chargé d'afEaircs près la cour do
Bade. Od dît que M. d^Bsterno par ordre da JRoi a dû retourner à Vienne.
Lorsqtie M. de FursleTuUnn me parla du retard de l'arrivée du comte de
Orênt, je lui demandai si ce retard avait influé sur la permission
donnée à M. d'Estemo de e'abs^at^r de son post«? Il me répondit que
non. M. de Linden, de son cdté, est sur le point de quitter Vienne. Ses
deraières lettres annoncent que le« troupes autrictiieonesse mettent eu
mouvement, que la guerre est résolue à Vienne, que farchiduc Chartes
commandera en Allema^o une armâc qu'on dit être do I'2l),000 hommes
Bt qui pourra élre de 130,000; que l'archiduc Jean commandera
100,000 hommes du côte de l'IUliR; l'archiduc Ferdinand l'armée de
Bohème. — C'est ainsi que la destinée puurf^uit ta marche et que les
décrets do la providence s'exécutent, lorsque l'heure de la chute des
empires a sunnél
La guerre avec l'Aulriclie devenaiiL lic jour en jour plus prolKible,
l'empereur voulut avoir des notions certaines sur le contingent wesl-
pbalien^ et fit envoyer l'ordn^ au haron Reînhard de lui foire con-
naitre exactement l'état des troupes de Jér6me. Vers le commencement
de mars, le ministre adressa, sur ce sujet, à M. de Champogny, une
très longue lellre que nous allons analyser.
H. Reinhard gelant adressé, pour avoir des renseignements exacts,
à M. de .Vor^ins. alors secrétaire-général au département de la guerre,
et le général Kbtû, ministre, ayant refiisé de communiquer les états
de situation, M. de Norvius avait tiré de sa mémoire les chilTres et
les Dolions d'où il résultait : que l'armée westphalienne était furie de
42 a 13 mille hommes dont 500 officiers, présents sous les drapeaux,
que sur ce nombre 7000 étaient en marche et en KsiKigne, ni 2500 à
Gassel ; que le matériel d'artillerie, fort pauvre, consistait en dix>huil
bouches à feu données par l'empereur; que le général Morio venait
d*Bcbetcr vingt-deux caissons et leurs atlclages, (pj« les généraux
étalent pour la plupart vieux, usés, incipal>]es, etc. La lettre do
Reinhard se terminait ainsi :
Le général Bbté. Monseigneur, est venu m'entret«nlr de ses chagrins
et de ses sollicitudes. Il craint, malgré t«>ule la persévérance de son
travail, de n'être po» en état de metirn de l'ordn) dans radminislratlou
cl dans l'oi^anisatiou de l'armée neâlphalienue ol de remplir l'atleute
140
BI.AXGER FT IK>CrMEXTS.
deS. M. I. Le Roi, dît-il, a'e.st pas toujours dUpot^é à s'occuper des détails.
Beaucoup d'Iieures se perdent à att4*adre dans l'antichambre. On eet
distrait et Tou ne doiine pas assez d'attention à ce qui u'amu&e pas
assez. Souvent mémo une chose a été convenue et le lendemain c'est à
recommencer, parce que M. le comte de Bemiorode (Da Coudras) peut-
être s'y est opposé. Au conseil d'État (et ceci ca n'est pas le gênerai
Ëblé qui me t'a dit] le ministre de la guerre, qui n'est pas orateur, fait
sa proposition. Un oraleur, par exemple le général Mono, parle contre
avec éloquence. Le général Eblé hausse les épaules et se tait. Souvent
l'élo^ence l'emporte. Souvent aussi le roi dit : Morio, vous n'y êtes
pas! — Mais voici ce que tn général Eblé m'a raconté, et ce qui lui a
fait de la peine.
Au dernier conseil, le comte de Hardenberg, grand-veneur, dit, au
sujet d'une certaine afTaire : Je m'arrangerai là-dessus avec le ministre
de la guerre — Ce n'est pas cela, dit le roi en plein conseil, vous êtes
grand-officior et c'est au minii^tre de la guerre à s'arranger avec
vous. Il 1^emble que si cette maxime est bonue^ il Faudrait au moins
pour la proclamer attendre que le temps et l'usage l'etissent cou-
sacrée?
M. (TAlbignac, grand-écuyer, en déplorant comme le général Eblé les
désordres» des finances, l'impossibilité de continuer les dépenses de la
cour sur le pied où elles sont, pst réduit à la nécessité de se renfermer
dans un respectueux silence après s'être fait dire souvent : o Ce ne sont
point là vos fonctions. ■ Il m^a exprimé le désir ardent de voir le Roi
appelé à l'armée. Il ne voit que ce seul moyen d'espérance et presque
de salut. Au retour d'Ërfurt, m'a-t^il dît, le Hui était un tout autre
homme. Ses conversations avec l'Empereur l'avaient changé, mais huit
jours apiès^ les femmes, ta Reine, les intrigants l'avaieut de nouveau
circonvenu. — Et comment fait, lui demand&i-je, le trésorier-général
M. Du Chambou qui paraît être un très honnête homme? — Il se désole
et puis il s'étourdit, dit-il.
Il est de mon devoir, Monseigneur, non d'accuser M. de Bulow,
ministre dei* (inances, mais de dire que beaucoup de personnes l'accuaent.
Aux yeux de M. Joltivet, c'est un ennemi des Français, qui n'est
jamais de honnR foi. Aux yi^ux de M. d'AlMgnac. c'est un Prussien qui
nous Inilûl et qui dans cette vue augmente le désordre et favorise les
dépenses. Aux yeux du Roi lui-même, ra'a-t-on dit, c'est un bomrae
qui ment avec un sang-froid imperturbable-
Le général Eblé aussi m^a dit que sa conduite commençait à loi
inspirer des doutes; qu'ils étaient convenus de faire en commun au Roi
des rvpréseutatiuns sur l'état des linanres et sur l'impuisibilité de faire
ou de continuer certaines dépenses; mais qu'au moment décisif M. de
Bulow avait fléchi et qu'il avait Uni par dire quil y avait moyen de
trouver de l'argent. M. de Bulow est celui des ministres que je connais
le moins, et qui, quoique jo ne laisse pas de causer souvent avec loi,
se tient assez nn réserve avec moi.
îtiroiion kt lb auj jébôxe.
IH
HB1KHA.RD A GRAMPAaifV.
Guiel, 10 mars 1809.
féxtds déjà informé que le Roi ne louchait point son trail^menl de
priDCf> français ; mai» je n'ai point rectifié cette erreur, parce qu'elle se
rectifiait d'elle-même : quant à la dépense de la Usto civile qno j'ai
portée à 13 milltoDS en treize mois, je l'ai évaluer ainsi sur l'autorité de
deox oiinislres d'Éiai. D'autres renseigne me nls, comme j'ai eu l'honneur
de l'écrire k Votre Excellence, la retïtrpîgnajont à dix ou douze millions.
J'ai eoKuitf^, dans une autre dépêche, porte le déficit du trètK>r public
pondant l'année passée à douze millions. Le déficit cet entre le trewr
public et la liste civile, et celui du trésor public, proprement dit, o^est
que de E>ix millions.
Que le Roi soit parvenu à porter la recette de sa liste civile, au moins
ponr l'année pas5ée, à sept millions et demi, jusqu'à huit millions, c'est
ce qui m'a été asiiuré de trop de côtés, pour que je puisse légitimement
en douter. On m'a cité comme non compris dans L'arriéré des six mil-
lions du trésor public :
!■ Obligation» souscrites par le Roi et remises à la caisse d'amortis-
sement de Paris, 1,500,000 fr.
S' Restitutions et charges concernant les domaines
réserves à Sa Majeëié l'Empereur, 1,&00,000
3» Emprunte du Roi, 2,000,000
4' Oeue floiianie de la liste civile d'après l'autorité
d'an ministre d'Ltal (lo général £blé) (un million);
d'après d'autres renseignements, 500,000
£n y ajouiani la liste civile et supplément,
Le total sera de
5,r)0u,)nto
7,f»lH),000
13,000,000 fr.
D^près te même calcul le total du déficit du trésor public et de la
liste civile sera do M,500,OOÛ fr. à 12 millions.
Il se {tout que dans cette évaluation m^^mc il y ait encore quelque
double emploi, et ijue, par exemple, une partie de l'emprunt ait été
employée à éteindre des obUgaliuuiï, et je suis d'autant plus porté à
croire que ma première évaluation a été exagérée, que le Roi, ayant la
réputation d'être \Tai, aurait certainement dédaigné de nier ce qui
aurait été d'une parfaite exactitude.
J'étais, je l'avouerai, un peu effrayé, lorsqu'après avoir évalué, en
vertu d'infurmatiuns qui dataient de la fin de décembre et du commen-
cement de janvier, à deux millions seulement l'excédant des dépenses
de la liste civiU>, j'appris de plusieurs côtés qu'elles avaient monté en
tnt&lite & une fltimme de 13 millions. Mon devoir me pressa d'en infor-
mer Ba Majeslé, et en ce moment'ci je préfère de répondre promptement
U2
HtfUNGES BT DOCDHItTS.
à la lettre de Votre Excellence déjà trop retardée, par des ëclaircisse-
menu encore incomplets, plutôt que d'attendre ceux que dee recherches
ultérieures- pourraient me fournir, et que je me réserve de transmettre.
L'adminÎBtraiion directe des finances de la Westphalic csL entre les
mains des ALlcmiinds qui, par plus d'un motif que je dois ou respecter
ou excuser, se tiennent vis-à-vis de moi dans une réservo qui ne m'a
pae encore permis de cborcber à puiser abondamment dans les sources
d'infcrmaiions dont ils sont dépositaires, et je ne do\9 pas brusquer oae
confiance qui ne m'est pas refusée, mais qui n'ose pas passer leâ bornes
du do.voirou de la circonspection. D'un autre côte, tant que jo conserverai
l'es pcninccd'obtpnir mf^R reaspigncmentiîdela persuasion qui devraitétre
celle de tout Wcstphaliea, que c'est l'idejitité d'intérêt, que c'est l'amitié
pour le souverain et pour te pays qu'il gouverne, qui les réclament pour
en faire le meilleur usage, je répugnerai à employer des moyens dont
le moindre inconvénient est d'offrir peu de garantie pour l'exactitude.
Je n'ose pas non plus me Qatler. Monseigneur, que le Roi me four-
nisse des occasions fréquentes de lui donner des conseils d'ëconointe; à
Texception d'une seule occasion dont je me suis emparé, je n'ai encore
au l'honneur dû voir Sa Majesté que dans les cercle-s de cour, et Votre
Excellence aura pu se convaincre par la conversation dont je lui ai
rendu compte et dont sa dépêche vii-nt de me donner la. clef, que dans
l'opinion de Sa Majesté, des communications de cette nature avec lo
ministre de France sembleraient déroger à ane intimité k laquelle le
Roi attache un prix si légitime. Peut-être votre correspondance u t lérieure,
Monseigneur, mouvrira-t-cllo quelques facilités à cet égard, pcut^tro
pourrai-je saisir quelque circonstance où faisant connaître an Roi les
sentiments de mon àme, je te disposerai à m'accorder une confiance que
je m'étais préparé d'avance à ne point espérer aprée un séjour de deux
ou trois mois seulement. Quelque délicate que puisse être ma mission,
je n'y vois point de devoirs incompatibles, mais seulement des devoirs
do première et de seconde ligne : ils sont tous dans ce que Sa Majesté,
avec une bonté qui m'a pénétré d'admiration, a daigne me faire
répondre au sujet du compliment que m'a fait Sa Majesté westphalienne.
L'économie personnelle du roi, insuffisante sans doute pour remédier
à la pénurie des finances do l'État, aurait cependant sur leur améliora-
Uon une influence incalculable, et cette vérité est tellement sentie, qu'il
y a peu de jours, un des plus estimables coaseiUers d'Ktat m'a dit que
si, en doublant Ut liste civile, on pou^'ait établir ta certitude d'un ordre
parfait et invariable, et celle d'intéresser le roi aux finances de l'Etat
autant qu'aux siennes propres, on ferait te marché le plus avantageux
pour la Weslphalie.
Les discussious relatives à Ut négociation de l'emprunt ou du traité
hollandais ne sont pas encore terminées. Âvant-bier, en allant chex
M. le comte de Purelenstein, je rencontrai l'un des négoci&utâ qui avait
lendoz-vous chei ce roinisire pour la même heure : il me dit que Is
négociation avait rencontré ipielques difficultés, qu'elle faisait jaser,
Ml
XiPoUon tT LB 101 JÉRÔME.
443
qu'on prétendait que les inûréts monteraient à onze ou douze pour cent
(d'antres dîmot treize), tandis qu'ils ne seraient que de ni. Los d^ux
manières de compter au reste peuvent se concilier. L'empnint, m'a-i-on
dit. doit se faire réellement à 6 pour cent d'iatérdts; mais les prêteurs
auront en même temps, pour le compte du gouvernement, la r^ie de
l'extimction et de la vente des seU et métaux dont ils seront aaoti», et
mus oe rapport, il leur sera alloue des provisions et des frais. Quoi qu'il
ea «oit, MonRetgn(>ur, le besoin d'argent pour le trésor de "Westphalie
est impérieux et uff^ent. l.e^ difliiiultËS qui se sont élovêeK semblent
prouver qu'on ne veut pas y pruc^der légèrement. Le crédit de la West-
phalie, le commerce de Hollande y sont intéresses; les deux rois en
désirent le succè«; quant à moi j'attends toujours qu'on m'en parle.
L'emprunt sera de six millions de francs.
Cassel, 10 mars 1S09.
Depui; Ici! fêtes de l'anniversaire de ta reine, il n'y a point en de
cercle & ta cour. Au second bnl, Sa Majesté en valsant avec le ro( se
Ironva mal. Elle eut une snïTocation qui cependant passa heureusement
et ne laissa point de suite. Dans la semaine passée, la reine pendant
quelques jours se tint enfermée dans se.s appartements. Le roi a soiiiTcrt
et souffre encore d'un rhumatisme auquel il était déjà sujet l'année
passée ; un peu de lièvre s'y joint vers la nuit. U y a eu quelques con-
certs dans l'intérieur.
M. le comte de Bn-nUrode (général du Coudras» donna quelques jours
un baf pour la Kie de M"^ la comtesse : on lira un feu d'artifice dans
la eour; la maison étant située au milieu de la ville, lo roi, pour main-
tenir les règlements de police, condamna M. de Btrnierode à une amende
de Ï6 fréderics, et M. Btrcagny fut condamné à la même amende puur
avoir été témoin de t'infraclion, et ne s'y ôtre pas opposé. M"** de^^rn-
terwie ce jour-là rai^ul de la Keine un beau présent cousistant en colliers
et en pendants d'oreille de perles et d'améthystes.
Le Moniteur westphalien d'hier annonce que M. le comte de Truchsesi
élant obligé de résider sur ses lerre-s, près de Koen{gsbe% Sa Majesté
avait accepté la démission qu'il avait donnée de sa plaro do grand-
chambellan. Il y avait encore des personnes qui croyaient aux revo*
oanu. Toutes les personnes de ta cour se louent de t'aflabiliié de la reine,
depuis que M"^ de Truchias est partie. On s'étonne comment avec tant
d'esprit cette dame a pu trouver le secret de ne point laisser un seul
ami.
M. le comte et M<»« la comtesse de Boekkn, tous doux attachés à la
cour, vont la quitter pour résider dans leurs terres. M. de fio^AIen avait
la direction do la garde-robe que le valet de chambre, Louis, chassé il
y a quelque temps, avait exploilée à son profit. M. de Boehlcn était
abseat depuis deux mois.
m
HÛLknSKS ET DOCCMITTS.
Hi(«r, dit-on^ les ofBciera âf. la garde ont été convoqués pour ^tre
avertis de se tenir prét« à entror en campagne. On en Wère que le roi
lut-môme se dispose à partir pour i'armee.
Un événement extraoriJinairn arriva dcrnièremeni à Brunswick. Le
valet de chambre du général de UeUeruigeD, commandant du départe-
ment de rOcker, entre en plein jour dane l'appariemeni de ion maître
assis devant uue table de maniiVre à lui tourner le dos; il s'en approche,
passe une corde autour du cou du générât et cherche à l'étrangler. Lo
général se lève, lutte avec l'assassin et se débarrasse de la corde. Celui-
ci sort, rentre et lire à bout portant un coup de pistolet dont te général
est blessé. Dans l'intervalle on accourt et l'assassin e-st saisi. 11 estea
prison et Ton ne conçoit pas encore lu cause de cet attentat.
M. le baron de Kcudelsiein [La Flèche) est en ce moment à Brunswick
pour se concerter avec les autorités de cette ville, sur les réparations à
faire au chÂteau que le roi a promis d'habiter pendant quatre mois de
l'an née.
Sous le rapport de l'industrie^ comme sous plusieurs autres^ la villo
de Cassel est bien eu arrière de celle de Brunswick. On cite des habi-
tants do la première des traits de paresse qui sont incroyables. I^es
artisans refusent d'augmenter le nombre de leurs ouvriers, du moment
Où ils ont assez d'ouvrage pour gagner leur subsistance journalière. Il
s'agissait do faire faire des galons, il y en avait de dilférentes largeurs.
Ceux il qui on jirojiosa la fouruiiure la refusi^renl en entier, uniquement
par U raison que des galons de petite largeur leur donnaient trop de
peine, quoique du reste ils eussent les métiers et les instruments oéoes-
sairea pour les faire.
La reine a fait rac(]insition d'une petite maison de campagne sur le
chemin de Napoléonshœhe où elle se propose, d'établir une vacherie
suisse.
Le second jour de ta télc il y eut à Napoléonshœhe un petit opéra
intitulé k Retour tVAline, où jeun M. te comte de Puratensteio. I^ feo
d'artifice fui, contrarié par la neige et par quelques accidents.
Baron Do Cisss.
(Sera œntinué.)
BULLETIN HISTORIQUE
FRANCE.
Les jticnnrrs dc mi<iistèbe de la VAat.iK. -^ Nos lecleurs savenl,
gr&ce aux révélations de M. Klanimermont, que les riches archivcâ
de la roarioe, les documenta d'une histoire qui complétant de pages
gtorieuses, se trouvent dans un état fait pour décourager les recherches
el (kdliLer les dét/jurncmentâ. Oe (ja'ils savent p<>-ut~é(re moins, c'est
que cet état de choses n'est pas seulement préjudiciable aux intérèls
de la science, mais qu'il est en même temps cx^ntraire a la loi ; que
l'administralion des archives de la marine ne s'est pas conformée au
dècrcl de 4855 ordonnant le dépôt de l'inventaire de ces archives aux
Archives nationales, dépôt vainement réclamé en IK60 par M. de
Laborde ; qu'elle n'a pas tenu plus de compte du règlement des
archives adopté par une commission le 25 mai iHCii et prescrivant
reacampillage et le triage des pièces, leur division en deux séries :
l'une composée des documents relatifs à l'ancien régime, l'autre com-
prenant tes papiers modernes, eniin la rédaction d'un inventaire dc
la première série. L'administration a fait mine, il est vrai, d'appliquer
certaines prescnptioas de ce règlement, elle a opéré œ qu'elle consi*
dère sans doute comme un triage et un classement. Mais cette opéra-
lion n'a fejl en réalité qu'aggraver le désordre en lui donnant l'appa-
renoe de l'ordre, car elle a consisté à prendre les papiers qui se
trouvaient pélo-mêle dans des cartons et à les relier sans le:i classer ;
tC6l ainsi qu'on a formé une collection de 10,000 volumes qui ne
peurenl offrir, on le voit, que la plus grande confusion. Quant à un
apillaj.'e et à un inventaire, ces deux opérations, qui sont corol-
i, car c'est eu estampillant qu'on devrait procéder à un iaven-
laire sommaire, sont encore à faire. La question de rorganisation
des archives, si opportunément soulevée par M. Flammermont, est,
an moment où nous écrivons, soumise à une commission qui sur
quatre membres n'en compte qu'un compétent ; celui-là l'est doulile-
meot. il est vrai, à la fois comme érudit et comme attaché depuis
plusieurs années aux archives qu'il s'agit de réorganiser. Ce n'est
peut-être pas se montrer injuste pour une commission aiusi composée
ReV. UjSTUR. XVI. 1" FASC. iO
Uft
BDLLBrtN HISTOiUQUS.
que do supposer qu'elle n'apporte pas à sa lâche une grande passion
ni de ^nindes lumières. Il semble quecettetâcheseraitraieux dévolue
à une cdmniission où siégeraient, sous l.'i présitlence du miniatre, le
directeur des Archives nationales, l'adminislrateur de la BiblioLhèque
nalionale et d'autres personnes compétentes. Ce serait à cette réunion
d'hommes éclairés, où les exigences administratives seraient défen-
dues en même temps que les intérêts de la science, puisqu'elles
auraient dans le président un représentant autorisé, qu'il appartien-
drait soit d'assurer la conservation, l'ordre et le facile accès des
archives, non plus par de vains rèRlemcnls, mais par le recrutement
d'uu personnel plus comi>éleut que celui auquel ce service a été confié
jusqu'icif soit de décider le rersement des archives anciennes da
ministère aux Archives nationales si la commission reconnaissait que
le ministère ne peuldonneràsesarchivBS une installation convenable
et les placer sous la surveillance de véritables archivistes. Dans le
cas où elles conserveraient leur autonomie, devrait-on rendre per-
maneute la commission qui les aurait urj^anisées et loi attribuer un
rôle analogue à celui de ta commission des archives des admires
étrangères? Cela nous parait inutile, tes raisons qui ont motivé la
création de cette dernière ne sont pas applicables ici et l'existence
d'un personnel, doué de connaissances historiques et initié aux tra-
vaux d'archives, soit qu'on le prenne parmi les anciens élèves do
ri^cole des chartes, soit que le choix du ministre se porte sur des
personnes connues par des pubhcations relatives à l'histoire de la
marine, sufHra parfhilement pour introduire l'ordre dans œ riche
dépôt et en faciliter l'usage au public.
Pi;BLiciTio:fs ?fODVBLLES. Docm^TTS. — La Société de l'histoire de
Paris vient d'exécuter une des entreprises qui se recommandaient le
plus à sa sollicitude en publiant une édition critique du journal pari-
sien I le plus important qui soit parvenu jusqu'à nous et que, faute
d'en connaître l'auteur, on désigne sous le titre de Journal d'un
bourgeois de Paris. La connaissance de deux nouveaux mss., celui
de Rome et celui d'Aix, n'a pas, il est vrai, mis l'éditeur, M. Tueley,
Il même ito nous donner un texte sensiblement diirérent de celui de
La liarre. et ses recherches sur l'auteur du journal n'aboutissent,
comme celles de M. Longnon, qu'à une proliahilité ; mais ce qui fait
l'originalilo et la valeur de celLu édition, c'est le commentaire perpé-
tuel dont M. Tueley Ta enrichie. Nous ne proposerons pas ce coraraen-
taira pour modèle à tous les éditeurs do textes ; nous croyons qu'en
I. Journal rf un bourgeois de Paris (140S-t449} pobti^ d'iprèft les mu, d«
Romo «1 de PaHt p«r AI. Tneley. 1 toI. in-S*, xuV-413 p. Champion.
PIUNCB.
117
r
principe un édileur doit se borner n roctiflcr tes erreurs certaines du
documpntqii'il publie •tanschcrchiir à le compléter, sans enlroprenrtre,
par exemple comme l'a fait M. Tuetc.v, la biographie do tous \o^ p^r-
«onna^^qui y sont mentionnés. La publimtinn d'une chmnifpic dégé-
l aatremerit en une discussion de tous les lentes romiwrès
tUfs aux évéïiemf'nls racontés par le chroniqueur, et l'on trouve-
rail les éléments critiques d'un ouvrage original là où l'on ne doit
trouver que les éclaircissements indispensables d'un document his-
l4>rii|ue [larliculier. Mais si à c^ jioinl de vue général on est tenté de
trouver raunotalion de M. Tuetey surabondante, on revient en partie
de'celte impression quand ou réllêchil que le principal intérêt de ce
joomal consiste à nous initier à ta vie privée des Parisiens du xv« s.
et que ce genre d'intérêt couipnrtail, pour être phnnemenL apprécié,
les détails que l'éditeur nous a donnés sur les hommes et les menus
inddents de la vie quotidienne mentionnés par le bourgeois du Paris.
Ces détails, puisés pour la j>Iu|>art dan.*^ les iJocumenls des Arcliives
DftUooaleSf attestent le soin avec lequel .M. Tuetey s'est acquitté de
sa làclie en même temps que les précieuses ressources ofTerLcs par
eeC admirable d(^|MH pour l'histoire parisienne et la biographie des
persouuages marquants du xs* s. *.
M. N. L. Caio:i a publié les lettres échangées entre le secrétaire
d'ËL^t de la guerre. Des Noyers, et Le Tellicr*, pendant que celui-ci
remplissait les ronclions d inlendant de police, justice et finances
auprès de l'armée envoyée en Piémont pour défendre les intérêts de
la régente CUri:^Une de France contre ses Iwam-tréres et les Espa-
gnols. C'est une correspondance d'alTaires où l'on peut étudier Vorga-
uisaUJon d'une armée en campagne. Il appartenait à l'éditeur d'entre-
prendre cette étude ; mais, tout en traitant ce sujet dans son
iDlroduclion, il ne Ta pas assez fortement conçu ni suffisamment
mûri et il a manqué ainsi l'occasion de nous faire comprendre d'une
hiron précise les imperfections du système militaire <iue Richpiieu et
Uazarla avaient à leur disposition pour l'exécution de leurs grauds
deudits.
La 2* partie du axueil des écrîLs de MetLernicb ^ se distingue de la
1. L'Miteur iiiniit m k quoi l'en tPDir xur rr qu'il faut Rolendrc par la
duimire de Jf* Bupt^ cq coasultant dos ÈtwU» sur l'imdmtne et ta claue
ituttufrieilê à Pari* au XIJI' et au XIV s., p. 103. On appelait portetàr^af-
ftmtmre dd portefaix et noo un vrndpur ri'ntij^t» de tiarnxriieinpnl (p. 44, q, 3}.
t. MIchet Ce Teitier, son administration comme intendant d'armre en Pié-
■H»»< (1610-1643), inss. inédiu ilo la RîblioLbèque nationale, ropies du temps.
I Tttl. 111-1-2, 3'i4 p. Pedone-Lauriel.
3- Jf«molrea, docvments et écrUs divers LaiWM par te prince de MetternicH,
I4X
BDLIKTIN HISTUUQQE.
première par la composition» par l'inlérél, comme par le caraclëre
do la période à laquelle elle se rapport*. L'autobiographie eo est
absente, nous n'avons plus à faire ici à un dipluniate jouant un
homme de génie jusqu'au moment favorable pour lui porter un coup
dw-jsir, mais à un homme d'État devenu le représenUint, l'oracle du
système polili(|ue qui a remplacé le grand empire, mellaiil lou3 ses
soins à maintenir l'union entre les puiâsauces qui Tonl renversé, la
jointe alliance, et à empêcher tout ce qui peut porler atteinte à
Torganisalion créée par le congres de Vienne. L'intérêt en est sensi-
blement moins grand que celui de la première partie. C'est moins
sur la politique générale de l'Europe pendant celte période que sur
la personne de Mellernicli qu'il ajoute à nos connaissances. Un cer-
tain nombre de documents, dont une partie aurait pu sans inconvé-
nient rester inédile, nous fait connaître en lui le père de famille, le
mari deux fois veuf, l'amateur de tableaux, le dilettante, le grand
seigneur terrien. Mais les faces nouvelles sous lesquelles Metternicb
se présente à nous sont loin d'égaler en intérêt ce qu'on appreud sur
ses idées et sur son rôle politiques. Ce fut toujours sa préoccupation,
son ambition de rattacher sa politique à un système, d'en donner la
théorie. Jamais préLention ne fut moins fondée. Rica de plus rudi-
mentaire, de plus grossier, de plus enfantin qu'une doctrine qui
cnnlbnd le jacohiiiisniu et le libtTalisme, le gouvernement parlemen-
taire et la révolution. Heureusement la politique de Metternicb vaut
mieux que ses théories-, elle adopte pour principe le statu, quo^ le
respect des traités, le maintien des gouvenicments établis et, bien
quelle ne recule pas, pour défendre les trônes, devant l'iotervention
armée, elle ne nourrit auc:un projet de conquête et est émînemmeal
pacifique. La grande erreur de Metternicb fut de réduire la poUtique
à la diplomatie, de ne tenir aucun compte des ferments que la ftévo-
Uilion et l'empire avaient lai.<.sés au sein des populations, de loura
aspiralious à l'indépendance uationalet à la liberté civile et politique.
Dems les grands courants populaires il ne distinguait pas ce qu'il y
avait de légitime cl de réalisable et ce qu'il y avait de factice, il ne
voyait que l'inlluencc des sociétés secrètes la où il y avait des tradi-
tions historiques ou des nécessités du temps. Ce n'était pas un ullrat
mais, comme les vitra et sans avoir l'eicuse de leur fanatisme, il
enveloppait d'un égal dédain, d'une égale aversion des inslitulions
aussi proUtablcs aux gouvernements qu'aux peuples et les concep-
pabliés par soa fils, le priace Richard de Hetternich, elasftés el réonis p«r
M. A. de KliakowslrxBm. 2* iwtie : l'ire de paix (1816-1848), 1 vol. in-S*.
3* roi. 631 p., 4' roi. 610 p. Pion.
I
n
I
Pli?ICI.
4AM
lions chimériques des actions politiques, telles que la consUlution
espagnole de 1S42 ou la constitution française de 1793. Aussi cette
politique de pure compression ne pouvait réussir que tant que
l'aniour du repos, d'un repos vivement apprécié après les boulever-
sements de la Révolution et de l'empire, l'emporterait sur le be^n
de réformes et de garanties. C'est à celte œuvre do réaction, secondée
par ce besoin universel de tranquillité, que Mellcmich consacra une
habileté qui brillait d'un vif éclat autour d'un tapis vert ou dans la
rédaction d'un memoramlum , mskis qui était absolument impuissante
a saisir la réalité en distinguant les éléments avec Iesquf>ls il fallait
compter de ceux qu'on pouvait éliminer. Cetle :ip[irériation de la
politique de Meltemidi est naturellement ainetiée par un recueil dont
le principal intérêt consiste à nous la faire connaître dans ses pré-
tendus principes et dans son application. Quant a l'histoire diploma-
tique de TEurope de 1815 à <830, ses données ne seront pas sen^-
blement modiflée-i par le_s documents contenus dans ces deux vulumes.
.VNTKjCirK. — Le nouvel ouvrage de M. Fr. Lentjrmant* fournit
un nouvel exemple des lumières que la vue des lieux, l'étude du
terrain .^tpjKirtent à l'histoire, et offre une nouvelle application de
celte mèlhude qui cherche à comprendre te passé jur l'élude de ses
monuments, de son vocabulaire topographique et des mœurs du
présent. Lor<^]u*elle est pratiquée par un homme de talent, celte
méthode produit des ouvrages d'un grand attrait \ cet attrait ne (hit
pas défaut au livre où M. Lenormanl a consigné ses impressions de
voyageur et ses souvenirs d'antiquaire sur les villes de la Grande-
Grèce qui bordent le littoral de ta mer Ionienne. L'érudition dont
tl y fait preuve est» comme dans ses autres ouvrages, un peu diffuse et
loafTue. on ne se fatigue pourtant jamais à le suivre dans ce pays si
déchu de son ancienne pro-^périté et où il sait si bien retrouver les
traces d'un passé florissant ou glorieux.
Unri;^ ifiK. — L'histoire communale de Sentis n'est pas marquée
par des événements bien dramatiques, sa charte n'a pas servi de type
à d'autres constitutions url}aines, et néanmoins te tableau de ses
inâUtuLions municipales, tel qu'il vient d'être tracé par M. Flammer-
mont', présente un vif intérêt. C'est qu'on y trouve la vie intérieure
d'une cité pentlanl presque tout lo cours de l'ancien régime, d'abord
en tant ({ue commune, puis sous l'administration d'un bailli royal
I. ta Graiule~Crèce, paysages et hiitoirt. Littoral de la mer lonienM.
Tome I, t toi. ifH«*, 473 p. A. LéTv.
1. OiUoiredes imlHuiions municipales de Sfntt$. \ vol. iii-8*. 310 p. Vi«wft:.
Famé le 45* fasc. île ta Bibliothèque de l'École de* hautes éludes.
150
BOLLETI.N IdSTOaiQCIB.
dont los pouvoirs laissaienl à la ville une assez grande aulonomie.
Quoi lie plus di^iie de K'IIuxîon 4|U(! te ^pecLicLti d'un régime dégéné-
rant en oligarchie el remplacé par un autrequi glissesur ta même peu le ?
AvanI de nous conduire à ce terme presque fatal, M. Flammerniont
nous fbdt assiâtcr aiu tàtoancmenls de l'adniimstration municipale, à
ses luttes avec les représentants du pouvoir central. La municipalité
en effet nou^appnraiL ici dans ses i-apportsavec l'Étal aussi bien que
dans sou développemetiL propre. L'indépendance des municipalités
an matière lînancière, leur part et celle de l'État dans les impôts
communaux, leurs obligations militaires sont marquées en traits
inslruclifs et i) serait ilifticib' de trouver un autre ouvrage qui nous
rende mieux compte de l'exéculion des réformes de Torganisalion
mililaire dans les villes. De toutes les parties de l'administration
urbaine, ce souL Icà (inanccs et le service militaire qui ont le plus
attiré l'aLteniionde M. Flammermont ; cela se comprend puisque ce sont
les besoins auxquels réchevina{« avait à pourvoir en première ligue.
Le seul reproche qu'on pourrait fïiire à l'auteur de cet excellent livre,
c'est de n'avoir pas esi^ayé de nous donner une idée, par voie de con-
jectures el 'l'analogie.-?, puisque les dvcum<;nls fonl défaut, du rc^nme
de la ville antérieurement à la charte de i < 73. Il est bien diftlcile au
ïccîcur de se résigner à ne voir commencer l'histoire d'une ville
qu'avec la concession de sa charte communale et de croire que l'his-
toire des villes voisines ne fournit pas des analogies sulïlsanUîs jwur
permeltiT de faire un peu de lumière sur les origines de Senlis.
M. Julien Havul a voulu contrôler et délerininer avec précision ce
que l'on sait communément d'une façon vague sur la répression de
l'hérésie au nioven âge '. Xégligi?ant les pays i)t)ur lesquels Picker a
récemnienL étudié cette question, Il a recherché c>omment la législa-
tion el les mœurs avaient traité l'hérésie en France, en Angleterre,
en Provence, en Catalogne, dans l'Ilalie du nord. L'auleur n'a pu
épuiser ce domaine si étendu encore, et bien des faits, comme il le
reconnaît, ont dii échapper à ses recherches. Toutefois ceux qu'il a
recueillis nous paraissent suflisants pour justiflcr les conclusions très
nettes el très précises de son travail. Pour donner une idée du degré
de précision auquel M. Havbt est arrivé, nous dirons qu'il va jusqu'à
distinguer et à établir trois phases dans la façon dont l'hérésie a été
traitée, du xi* au xm* siècle, dans les pays de langue italienne cl de
langue d'oc. Son travail, fait avmc la criliijue el la sobriété habituelles
â l'auteur, atteinl pleinement son but en ce qu'il ramène à des lois
ï. L'hrresic et le briu séculier ou mtiyen âge Jtugu'aH Xtll' siMe. C7 p.
in-fi*. CbamploD. (Kxtroil de la £iài. de lie. des chartes, mO, p. 4ââ et 570.)
FJU7VCE.
IM
ou à des usages des faits qui ne paraissaient s'expliquer que par des
drconsUnces parliculières. — M. Fr. Ûclaborde, qui prépare une
éditiOD de Guillaume le Breton, nousadonné un fhigmenl' do l'étude
critique qu'il a entreprise sur les œuvres de ce chroniqueur, l'un des
plus reoianiuatileâ du moyen âge. (lest de sa chronique en prose
qu'il s'occupe celle fois. 11 en classe les mss. , et détermine le nombre
de SCS rédactions ainsi (jue le point où s'arrête l'œuvre de Hifford et
où commence celle, de (juilhuino le Breton, dont il enricliil la bio-
graphie en prouvant qu'il fut chanoine de Saint-Pol de Léon.
Tewps modbbses. — M. A. Laugel a réuni en un volume' un cer-
tain nonihre dPà éludes où il a fait connaître aux lecteur* de la ffetTie
des deux momies plu^^ieurs travaux originaux ^^ur de-s personnageîi
ou des épisodes des guerres religieuses. Les idées que M. Laurel s'est
foit«s sur cette période sont justes et assez personnelles, le ton de ses
articles est vif, tous ceux qui composent son volume méritaient d'être
recueillis à l'exception du dernier', résumé incolore où l'auteur n'a
rien mis du sien ♦.
ta biographie de T.laude RadueP se rattache à l'histoire de la
pédagogie el de rhumanisme. Uaduei iulroduisîL à ruaivcrsilé et au
oolU^ des arts de Nîmes, dont il fut recteur, le système d'enseigne-
ment inaujLruré par la confrérie de Li vie commune à Dcventcr, suivi
au gymnase de Sainl-Jérùnie de Liège el auquel Jean Slurm donna
tant d'éclat à Strasbourg et les Jésuites tant de faveur «n l'adoptant
tL en rappliquant dans leurs nombreux collèges. Né d'une réaction
eoAtre la soolasiique du moyen âge, ce système alliait par l'cLuUe des
auteurji anciens et la prati([ue des langue mortes la culture de la
rhétorique et celle de la dialectique, c'est lui qui forma sous l'ancien
ré^me tant d'excellents humaniste:» et qui , après avoir dâ son succès
1. Étude »r la ehrotiiçuc en proie de Guiliauttu le Breton, hR p. vor^.
TboriiL Forme le fasc. 12' de la Bibliothèque des écoles françaises d'AtMènea
d de Home.
i. La tkfurme au XVf siicie, Ûudes et portraits, 1 vol. in-8*. 393 p. Pion.
3. Le duel de Marie de Médicis el de Bichetleu.
4. Nous «T0D6 Kinarquè dans une lecture ra[)i<le quelques incxacUtados. te
Pire d'Auben du Maurier, p. G^. L'auteur des Mémoires pour servir à l'hls-
Mrt de Uoitawte (tel »t le tllre exact de l'ouvrage cité par M. L.) n'Apparlrnait
i aocuo ordre reJî^eui. — U- L. a oublié [p. 178] que ChArtcA de Valuîs, coiutc
d'Anvcrgnc. éUil le frère utérin d'IIenrielle d'Entra^ues, et que c'est surtout
A ce titre qu'il obtint riodolKence d'Henri IV, ~ Jacqucs-Nompjir de Cauinoat,
nMrqnU poi* duc de l<a Force, m pajra pa» de sod abiuratton le bitou de
SDjrècbal Cp. 231}.
5. Claude Baduet et ta réforme des études au XVI* s., par U.^. Gaufrèft,
t»^, 3M p. Uacbett«,
452
BDUBtrM amoKioni.
à ce que l'ctucle des mots le conduisait à ccllti des choses, est à son
tour accusé de sacrifier les choses aux mots. D'un auU*ecôt£, Raduel
appartient à ca groupn d'humanistes qui éU'ileiU partisans plus ou
njoiiis déclarés de la Herunne. Tel Câl le milieu moral et intellectuel
où se déroute la carrière agitée, laborieuse et ingrate d'un homme
qui soutint une lutte acharnce en Taveur des études philologiques
contre la scolaslitjue ot qui, suspect d'hérésie, n'évita peut-être une
On tragique qu'en altaut terminer obscurément et [lauvrement sa vie
à Genève. M. Gaufrés a excellemment marqué la place modeste occu-
pée par Baduel dans Thumanisme et la Réforme, bien trace la Ûlia-
tion du s)'slème pèda^'o^iquc appli()ué pour la première Pois par
Gérard Groole et popularisé par les Jésuites et, tout en indiquant,
comme il en avait le droit, sa préférence pour ceux des humanistes
qui adhérèrent explicilcmenL à la Réforme, tandis que d'autres,
esprits plus libres ou cœurs plus pusillanimes, dissimulaient leur
syçipathie, il n'a jamais quitté le Ion de rbislorien pour prendre
celui du prêdicant ou du sectaire.
C'est au XVII' sicclc que la vraie théorie du droit public se formule
l>ar l'organe (le GruLius et de Lcihnitjc-, mais ces granijs penseurs
devancent leur temps qui nous oirre, à côté de leurs pures doctrines,
tes utopies d'un Campanelia, d'un llobbes, d'un Fénelon, etc. Dans
le volume ' i|u'il vient d'ajouter à ses précédcfllcs études sur le droit
public cl naturel, M. Ad. Franck étudie les systèmes et la vie des uns
et des autres, il le fait dans cet esprit de lit«ralisme élevé qu'on lui
connaît et sous une forme un peu oraloiro qui laisse soupçonner que
les mêmes idées avaient trouvé leur première expression dan? un
cours avant de revêtir la forme du livre. Nous avons été surpris des
termes dans lesquels M. Franck parle du CoTtsotato del mare; si la
date et la langue de ce docum(int présentent des incertitudes, rien
n'autorise à suspecter son aulhenlicité ni à rat)aisser son importance
jusqu'à en faire une œuvre apocryphe fabriquée pour appuyer les
prétentions des Génois ou di>3 Pisans (p. <I7). M. Pranck n'avait pas
besoin d'aller bien loin pour s'en faire une idée plus juste. Pardessus '
lui aurait appris que ce texte avait été rédigé avant le xi^ s., proba-
blement à B.'ircelone, et qu'il est d'une importance capitale pour This-
toiro du droit commercial et international.
Nous terminerons ce bulletin en annonçant les biographies de trois
1. Réformateun H pubticitta de l'Europe, XVII' s., in-^-, 513p. OilBuna-
Lérj.
2. AecttoU des lois Tnartiimes antérieures au XVItî* s., tom« U.
-"^ —*
FEA.fCB.
153
femmes du ivn* et du xnit* s. qui n'ont pas joué un rôle historique
important et dont la destinée, pour exciter tout l'intérôt dont elle est
susceptible, aurait réclamé des historiens plus diâUngués. M. Chan-
telauze a consacré aux relations de Louis XIV et de Marie Mancini cl
à la vie de celle dernière un livre ' qui inspire un senlimenl de
décepUon f;t d'inquiétude. Par la puMieation du journal de Rnurgoing,
par Li n»yélaIion d'un Ret/ inwnnii. qu'il avait su découvrir dans la
correspondaiicederabbéCharriL'r,M.Ghanlelauzeavailmcriléreslirae
des historiens en même temps qu'i I faisait connaître son nom du grand
public. Le cardinal de fietz et ses missions diphmaliques à Home
fi«mblait indiquer dt'j;i un auteur moms dilTicile pour lui-même, porté
à s'aveugler sur l'intérêt des documents qu'il découvre. L'ouvrage
que nous annonçons aujnurd'tiiii nous fait craiiidri* que. séduit par
se^ succès antérieurs, M. ClianlcIauZL' no se laisse eulrainer à composer
rapidement des livres qui. sous un litre piquant, ne nous apprennent
rien de nouveau ou d'intéressant. Si, après avoir lu, non sans fatigue,
sa dernière publication, on se demande cfl qu'il faut en retenir, on
fc'y trouve rien dont l'histoire puisse faire son profil, car ou connaia-
"sail avaat M. Chanlelauze la tentation passagère de Mazarin de
bjre monter sa nièce sur le trône de France. A défaut d'intérêt his-
torique, les aventures de la princesse Colonna présentent-elles du
moins uii intérêt ronianes<iue ? Pas davantage. Pour s'intéresser au
récil de ses escapades, il faudrait y trouver autre chose que les
caprices d'une femme qui n'obéit à aucun sentiment sérieux et pro-
fond. {'>nllii, du moment où M. Chantelau/e se faisait le biographe d'une
aventurière qui ne mérite d'occuper l'histoire que pendant un court
épisode de sa carrière, il n'aurait pas dû reculer devant la difllcultc
de dissiper l'obscurité qui entoure sa vie pendant son séjour (>n Italie,
de 4689 a 1705, puis de n05 à sa mort, dont l'auteur ne prend
même jas la peine do déterminer la date précise. En réalité M. Chan-
telaïue a donné, à force de citation», les proportions d'un livre à uu
travail qui n'aurait dû ^re qu'un article de ReN'ue.
La maréchale de Villars n'a aucun titre pour servir de centra à un
tableau de la société du xnr et du xviii* siècle, et l'on s'étonnerait
que H. Cb. Giraud on ait fôit le sujet d'un livre', si l'on ne s'aper-
cevait de suite qu'elle lui a .icrvi de prétexte pour s'occuper du maré-
chal. Le volume de M. Giraud est très agréable à lire, mais il ne faut
I. ImtU XIV et Marie Mofteint, d'aprtede Dourcaax documenU. 1 toI. in^.
(38 p. Didier.
% la maréchalede Vittars et son temps. 1 vol. iD-16. 290 p. Ilachatte.
i
4!M BDLLBTIil HISTORIQQB.
y chercher ni une élude historique fortement conçue ni des porlraila
(tnement tracés, il faut oublier, en le lisant, Couâia et, Sainte-Beuve*.
A pari quelques tellres échanges entre Villars ol Chamillard et qua
nous avons lieu de croire imyJiles, ce livre n'ajoute rien à l'histoire
politique et miliuire du temps, et, quant à l'histoire morale et litté-
raire, l'auteur ne la r^eunit pas paria façon dont il la traite. M. Gi-
rnud parle de la société à laquelle appartenait la maréchale de Villars
en amateur délicat, non encrititpae pênèlrant qui trouve jwur cliaque
chose le ton juste, la nuance précise. IJ ne manque pourtant pas de
pas^e^ qui font honneur à sa sagacité : tels sont ceux où il expose
les rapports du régent et de Villars, entouré de considération et
d'honneurs, mais tenu à l'écart des afTaires, où il décrit et explique
lo caractère de Louis XV enfont, où il caractérise les diflTérenles
phases morales du xvni' siècle.
Une hiographie de ta comtesse de Verrue * offre un intérêt de plus
d'un genre ; on y trouve un roman, un tableau de mœurs de la
société du xvii' et du xviu* s., le spectacle d'un souverain d'un esprit
plus grand que sa fortune, étouffant entre l'empire et lu France et
profitant ci>t>oudant de co double voisinaj^c pour faire mettre â prix
son alliance. Nous ne dirons pas que M. de Leris aittiréloutle parti
possible de ces divers éléments d'intérêt ni qu'il ait fïiit un ouvrage
vraiment distingué, mais ni des aptitudes hisloriqucs évidemment
limitées, ni un style trop peu châtié, ni des erreurs de lecture* ne
peuvejat lui liter le mérite d'avoir recherché et consulté les sources
de son sujet et d'avoir écrit un livre agréable et d'un intérêt soutenu.
Gustave FifiniBS.
1. L'AUtcnr a. lui aus^, romplétement oxibiiè re dernier, ev 11 ne cite pas
les cinq arlicleft itur Villars qui fimt |Nirlii> îles Cauaefies du lundi, lome XIIL
'1 la comtfsse de i'errue et la cour de Victor'Amedée 11 de Savoie, par G. de
Loris. 1 Toi. pet. io'tti, iCÛ p. Quaatin.
3. P. 153 • (|ui lui »«rail ili(;n<! n. liseï : d4^sigaé. P. 137 c prévoir «, lisez :
pi^veair (T). P. 168 « jugeant au m^derin > (T). P. 192 « En 17U Louis XfV
mourait. »
iUTKKHE.
459
AUTRICHE.
Les pays donl j*ai a retracer l'aclivilo historique pendnnt l'année
4X80 préi^ntcnt un ensemble d'une êlendue assez considérable. Ils
forment le coiur de la monarchie autrichienne; ce sont la Basse et la
Haute-Autriche, Salzbourp. la Styrie, la Carinlhie, la Carniole, puis
le pays de Ofirity; el llstrie avec Trieste.
Un com pie-rendu aussi varié que les pays dont il s'occupe devient
notablement plus fnclh (|uand on peut le commencer en signalant
des travaux d'une vcritablf valeur. C'est ce qu'il nous est permis de
(kirct grâce à un travail de M. le professeur A. Bcssos, de l'univer-
sité d'Iunsbruck. Ce travail traite d'un sujet dont on s'est assez
occupé pendant ces dernières années : les années 1277 el 1278
dans la Basse-Autriche, tes rapporta de Rodolphe de Habsbourg el
d'Ottocar de Bohême, leur rencontre el leur lulle décisive à Uùmkrul
le 26 août 1278*. L'opinion qu'on se faisait de ces événements s*étail
formée sous l'inllucnoe do plus d'une idée fausse ; ces idées feusscs
■ provenaient en partie d'une interprétation inexacte, en partie de
l'emploi incomplet des sources^ a ces motifs s'ajuuUiit une certaine
légèreté, qui present<iil suivant sa fantaisie, à l'aide de phrases
empruntées à la discussion politique du jour, les faits et les per-
sonnes de ce temps ». (Lorcnz, Deutsche Geschichte, II.) l^e travail
critique de Bussou signale ces erreurs imputables a la légèreté et à
la prévention et retrace le dévelo[)peraent gcnénil des faits tels qu'ils
se sont réellement passés pendant ces deux années; il éclaircit l'un,
conteste l'autre, sans faire de polémique, et son expo.<ition, C4imme
ses documents, témoigne combien il est maître de son sujet; cette
conviction s'impose à ceux même qui ne peuvent consulter eux-mêmes
les sources. — M. K. SononEH* a traité une autre partie de l'histoire
de la Basse- Autriche au moyen âge, la conquête de ce pays par le roi
Hathias de Hongrie. C'est un travail consciencieux qui a été suivi
d'une série de suppléments. — Il est regrettable qu'il ait [laru immé*
diatement après sa publication do nouveaux document:^ relatifs au
même suJl^I, donl l'auteur n'a pas pu profiter. Ainsi M. F.-M. Mitta a
publié une petite et intéressante chronique de 1477-90 tirée d'un ms.
1. A. fiuMOQ, Der Kri«g von 1378 und die Sehiacht bet OUrnhntt (Archit f.
attoT. Cachtckie, Bd. 62, t-145}.
2. trobening medertaterreielu dunh Mathàai Corvinus in dett Jahnn
US2-90 iBlaeiterf.LantUskuade «m A'iederoiterr. 1879^ mitG\ Documtnten).
43G
BCLLFTm IIISTORICtK.
do la bibliothèque de Munich' cl d'autres données ont été fournies
par un précieux Tormulaire conservé dans les archives du monastère
d'Admoni^.
Mais la publication la plus étendue et la plus importanle pour la
Basse-Aulricbe est Tbistoire de la Réforme et de la réaction contre
la Réforme dans les pays au-dessous de l'Enns, par WiEOEMArr»'.
Une œuvre approfondie sur ce sujet manquait jusqu'ici; il fallait se
conteiitHr du livre de lUupach écrit en I73*i [Evangelhckes OEsfer-
rêieh), d'extraits de cet ouvrage et de travaux peu étendus et disper-
sés ou de ce que des ouvrages généraux (tels que Buchholz, Hurler,
Koch, clc.) contiennent sur cette matière. Kn sa qualité de prêtre
cathoiiquiï, Tauleur a pu pénétrer dans des archives ecclésiastiques
de Vienne fermées aux laïques. Wiedemann a bien proûté de cette
facilité. Il a rendu ainsi un grand service a la science. L'ouvrage
compte actuellement deux gros vol. et en aura cinq. Il doit aller jus-
qu'en <848. Le premier vol. comprend le mouvement de reforme et
la réaction qu'il provoqua jusqu'en 4 640, le second aborde les détails
de cette luLle dans les quatre évêchés du pays. La matière de ces
2 vol. est abondante et en grande partie nouvelle. Mais quels que
soient les litres de l'auteur à notre reconnaissance, il mérite trois
grands reproches. D'abord il n'a pas consulté les archives d'Éiat de
Tienne. Les archives ecclésiastiques et administratives ne sufOsaient
pas pour le but qu'il s'c5t proposé. La Réforme et le mouvement
anli-réformiste ont eu aussi une histoire politique, on pourrait dire
diplumati(|ue^ cette histoire est enfuuie dans les archives d'Étal,
dans la correspondance des nonces et les rapports des agents diplo-
matiques. La partie la plus délicate de la lutte se trouve ainsi trop
réduite dans l'exposition. De plu5 l'auteur est loin d'avoir consulté
toutes les sources imprimées, dans lesquelles se trouvent des reoseî-
gnemeots de grande valeur. Ënlin son ouvrage est moins une véri-
table histoire qu'un recueil de pièces reliées par de courtes transitions.
On voit cependant (>ar plusieurs passives du récit que Tauleur sait
rac^jnler, mais il a été débordé par la surabondance de la matière, ce
qui a fait de son ouvrage, d'ailleurs si recommandablc, un ouvrage
hÂtif et mal digéré.
L'œuvre du chroniqueur Grégoire ou Mathieu Hagen, qui parait
avoir été amimejicec en UOO. a ete l'objet d'une étude critique très
I. ZeiUcttrip f. trsttrrHch. Gfmnasien, 1880, p. 16-Sa
S. La leito d<t ce fonuoUire Ml pnbtié arec qiielqae» ippeodices daas les
Bttkmf s. Kun4« iMnrnxrk. GeKÂickUquHim^ 1880, 33 a. f.
3. Th. Wieilcaiana, G«xÂ, der Heformaiéom «. GtyenrefonnalHut im Lande
uut«r der Enns. Pn^, Trmpjik?. 1 Bil. 1879. viu ei 674. II Bd. lâSO. 6S3 5. iii-«-.
imicflK.
<57
attentive de M. F.-M. Mjteji'. Ce chroniqueur accueille arec une si
niaise crédulité toutes les Tables jusqu'au xiii* s., qu'ifîneaâ Sylvius
l'appelait asellus bipes. A partir du xiii* s., il a cependant une base
plus solide. Mayer recherche quelles sources il a eues a sa disposition
et il arrive sur celte question à des résulLils Intéressants. Mais un
autre problème s imposait à lui; c'était de trouver le vérilalile auteur
de la chronique, car le nom de Hagen Lui parait être plutôt celui d'un
copiste. Il croit le reconnaître dans un certain Joh, Sefncr, profes-
seur de théologie à l'université de Vienne, parce qu'il a trouvé un
traité de ce personnage dans un ms. de la chronique et constaté qu'il
vivait à Vieiinc en UOO; mais l'argumentation à l'appui de celle
opinion n'est pas convaincante.
La lopographie historique est représentée parmi les publications
de la Basse- Au triche d'abord par te dictionnaire topographique de ce
paj-s que M. de Beckkr publie aujs frais du Verein fUr landes-
kuTide l'on SiederœsterreiiA'. L'ouvrage esl conçu sur un plan trës
large; de A à Pnrf il ne compte pas moins de 320 fuges el, jiour
beaucoup d'articles, toutes les sources historiques relativesaux dif-
réreQle6 localités ont été mises à contribution. Ce dictionnaire forme
le pendant a la grande carte du pays, que la même société fait graver
sur cuivre en 412 grandes feuilles, dont 70 environ ont paru. 11 faut
aussi mentionner ici comme publiciition de texte relative en partie à
la lopographie historique de la Basse- Autriche l'excellente reimpres-
sion du Codex Falkensteinensis. C'est moitié un Codex traditionum^
moitié un terrier des comtes de Falkcnstein en Bavière. 11 a été com-
mencé a la flu du xii* s. par le comte Siboto et se rapporte aussi en
grande partie à la Basse-.Vu triche. 11 a déjà été imprimé au siècle
dernier dans le t. Vil des Monumenta boica, mais mal, et la nou*
velle édition est accompagnée de gloses très intéressantes^.
Les travaux d'archéologie pure sont très cultivés en Autriche. On
compte un certain nombre de recueils consacrés entièrement ou en
partie à celte science. Ses progrès el ses résullaLs ne peuvent m'oc-
cupef ici et je me bornerai à signaler un ouvrage qui appartient au
domaine de la topographie et de l'histoire. C'est l'élude comparative
I. Cntertwhunyen ûbtr dût ccsterreich. ChrovÀk des MatliutUM odet Grtgor
Bagtn {Archic f. œslerr. Getchichte, Bd. 60, 29S-339J.
î. Topographie voa yiederœsferreich : Die alphab. Reihenfotge der Oii-
Khaften, bearb. toq U. A. Beckcr. Wicn lii79-60. A-Dorf. tui el 3t0 p.
X Vret bayerische TradUion^Mcher ata âem 12. Jahrh. Festscktift t, 700
Jmhr. JubUceum der WitteUbacher ThronOesieiyttng (/ Cod. Fatkaruteitieniis
benoigog. T. H. Peu) Miinçheu, Kellerer, 1880, tO&^i p. in-i*.
158
BCLLETTl DTSTOBIQOK.
de F&biana el de son emplacemenl*. Celle élude paase en revue
d'abord les sources à partir do 39'J {lyotUia dignifatum), ensuite la
polémiciuc sur cette i|ue$(ion de M5r> à IN7I. L'autour lui-même
avail déjf^ exprimi* son opinion. I^es tndicaliori!^ !çur la situation de
cette ville, où l'on s'eslplu depuis OLbou de Kreising à voir Vienne,
s'appliquent A toute la partie orientale de l'Autriche jusqu'à la fron-
tière occidentale du Noriquo, de Vienne â l'Knns. Ai^ourd'buî on
s'est mis d'accord — jusqu'à nouvelle élude — pour considérer le
milieu de cette bande de terre longue de 25 milles, ta petite ville de
Maulern, comme l'emplacement de l'ancienne ville romaine. L'auteur
de ce travail savant et approfondi se prononce aussi pour celle
région.
Pour Thistoire des localités particulières, la clarté exige qu'on
embrasse sous la même rubrique les recueils de documents el les
ouvrages d'exposition. M. dk Z^issbedg a publié un nécrologe peu
étendu de l'ancienne chartreuse de Gaming*, dont les articles les
plus anciens appartiennent au iiv* s., M. Kopil une histoire du
village de Wâehring près Vienne^, faubourg Lrès important de te
capitale, el M. A. Maykr une histoire de l'écoleS. Étienneà Vienne*.
Ce dernier travail, qui intéresse à la fois la topographie, Ibistoire de
la civilisation el l'histoire proprement dite, est une page intéressante
de l'histoire générale de la capitale. L'école municipale de SainU
ÉUcnne est mentionnée pour la première fois en 1237 et fut, jusqu'à
la fondation de l'université (4365), l'élablissement d'mstruction le
pluâ important de Vienne^ son histoire jusqu'à sa transformation
(1770) est substantielle et habilement présenli'o. C'est à l'histoire du
droit que se rattache l'étude remarquable de G. Wixtee sur le plus
ancien statut munici[>al de Wiener-Xeustadt*^ elle conlient a la fois
une nouvelle édition et un examen de ce texte.
C'est surtout dans les publications du Verein fiir Lanâeshunde
qu'il faut aller cherclier l'hisloire des principales familles do la
Casse- Autriche. Ce recueil s'est enrichi de deux publications : l'une
de P(BLzL sur les seigneurs de Meissau', famille de ministeritUes
1. F. Kenoer, Favianii {Mtit/uilun^en des Mterthunuoereins tu Wien.
1990, 19 Bd. p. 49-tOï, in-*').
'î. Zur Ceuhiekfe der Karthause Caminy {Arch- f. atterr. CewA. 60, 58V0O.
3. GrMhtckte da Wieiier Vororta WzhréHf (BUtt. f. Iaii4«»kun4t v.
IViedo'sterr I8t>0. 37-*»}.
4. Oie iiUrgf-rschule su St Stephan in Wien {Ibid. 3tl-8î).
5. Dos Wiener-.yeuxUdter Stadtrecht de$ 13. Jahrk. Uritlk und Àutgabe
(ireA. /". asterr. Gtsch. 60, 71-292).
G. Die Berreti ton Meiêiau {BU. f. Uindmkunde «. mederasterr. 1880).
AcrnicHB.
459
très riches et très influents, surtout au xin* s., maréchaux hôrédU
lajrcs de la province; Pautre de M. de Lrscan* sur les étudiante
viennois, priiicipahmient Irs fils de nobles fainilles, qui fréquen-
tèrent les universités italiennes du xni" au ïtïi* s.
Si Ton passe à la Culturgeschichie ^ qu'elle s'occupe de la vie
publique ou de la vie privée, sans se restreindre dans une localité
peu étendue, il faut s arrêter sur l'introduction de Bic»' à l'histoire
de la législation agraire dans la Basse-Autriche et sur le (némoirc de
Newild^ relatif à l'histoire do la chasse dans le même pays. M. B. est
connu par son étude approfondie sur le (iscus regius sous les rois
francs, particulièrement dans la Basse-Autriche actuelle^ Le si^elqu'il
aborde aujourd'hui se rattache au premier, mais il faut attendre le
parti quiî l'auteur en tirera, carTintroduction ne donne que le cadre.
Le travail de Newald est tréâ agréable à lire et contient beaucoup de
choses neuves. U réftile avec raison l'idée que \&privilegium minuâ
de H5G ait créé au profit des ducs un droit de chaàse ré|j;aliea et
montre que ce fut l'ambitieux duc Rodolfe IV qui réglementa le
premier la chasse dauâ son Ëtat. La chasse fut toujours un droit
privé; sous l'empire de leur passion pour la chasse, certains princes
étendirent non seulement les domaines ou ils se livraient à cet
exerdce, mais aussi l'influence du gouvernement sur la chasse
privée. 11 aurait Ikllu ajouter que la bureaucratie encore à l'enfonce
du XVI* s. s'efTor^il de faire de la cluiâse dans les fiefs et dans les
princi{>aulcs relevant directement de l'Kmpire (par ex. des évéques
allemands) un droit régalien. On pourrait en fournir deâ preuves.
Mais les conditions où se trouvait l'Empire ne permettaient pas
d'augmenter le conflit du gouvernement et des sei;^'neurs laïques et
eeclésiasUques par l'application de théurici aussi radicales. L'auteur
montre d'une façon très intéressante comment le droit de chasse
s'est (oi^ours étendu de plus eu pluâ eu descendant dans l'échelle
sociale et s'est toujours restreint en la remontant : jusqu'au xvii» s.
la noblesse ne prétendait exercer sur ses terres que la grande chasse
(le cerf); il restait au paysan l'ours, le loup, le sanglier, le loup-
œrvier, le renard, le lièvre, le chevreuil; au xnV s. il ne lui restait
que les oiseaox. Le travail de Newald trouve son complément, pour
Tempereur Maximilien I*^ le grand chasseur par excellence, et pour
1. ŒMterreieher an italien. Vnévasitœten i. Zeii dtr Réception tUs rcnn.
HeckUM {Ibid.)>
2. SènteUumfi s. fM. Gseeh. der AgrarverfasMunç in MtedL'Oesterr. {Ibid.
Î52-3U).
3. J>ie Jagd tn Nieder aster. {Ibid. 203-2â).
K. BUttL f. iMHdakunde v. mrd. Œsterr. 1878, 797-361.
460 BCLLBTIN aiSTOaiQDE.
la Styrie, dans un portrait de ce prince et une descriplion de la chasse
dans les monLagncs rie Styrie, que l'on doil à M. F. -M. Mitbr'.
QuiLtons maintenant la Basse- Autriche pour passer à la Haute-
Autriche.
Les publications historiques se groupent ici principalement dans
les Jahrcsberiehtea du Muséum Francuco-Carolinum de Linz. Mais
les Jahresherichlen de 1880 no c(^)nticnncnt que peu de chose qui
nous iiil^resse, car les sciences naturelles y occupent la plus grande
place. La publication du Codex diphmaticus, qui a été conOèe aux
soins dLliifnut.s et éclairés rifts mnines du chapitre do Sainl-Fiorian,
en est tuujours au Vïl* vol. Kn revanche un bénédictin du couvent
de Heichersbcrg, M. K.. Hbmdl, a donné au public un document très
précieux pour la connaissance de la vie administrative et économique
do ctittu communauté au xfi.^. Il Taut encore mentionner une courte
contribution a riiisloire de l'orjii^nisatiou miliUiire des États pro-
vinciaux dans la Haute-Autriche et des arsenaux d'Ennsetde Linz».
Ce travail se rapproche [lar le sujet d'autres travaux publiés en
Styrie et dont je parlerai plus loin. Nous avons épuisé avec ce travail
tout ce qui peut entrer cette fois dans notre butletin. On aurait pu
croire que l'année ^«80 serait aussi féconde dans la Haute-Autriche
qu'ailleurs. Elle rappelle en effet un souvenir d'une certaine impor-
tance historique pour la ville de Steyer qui, d'après la tradition,
fût fondée il y a eu 900 ans en I8S0, et qui, par ses comtes,
donna son nom à la province de Styrie dont cependant elle ne
iU jamais partie. A la même époque, l'empereur Frédéric I*' avait
élahli la dynastie des Wiltelshach en Havièro et élevé au rang de
ducs hs margraves de Styrie. L'anniversaire de ces trois événements
a été célébré dans les pays qu'ils intéressaient, mais ce n'est qu'en
llaviére qu'il a été l'occasion de productions littéraires d'une grande
importance.
L'activité historique a été beaucoup plus vive à Salzbourg que
dans la Haute*Autriche. A la vérité la publication du Codex diplomo'
ticus du couvent de Saint-Pierre, centre le plus ancien de la culture
intcllecluelle dans tout le Norique. cette publication est encore en
préparation, mais le recueil du Verein fur Landes kunde de Sahhoarg
l. Zur Grschichte des Jagd- u. ForstiDescm Steiermarks in dtr Zeii Mari-
miliaiu I [Mlttheilungen des histor. Verelns /. SUnermark, 1S80, 1-41).
i, Barthohmœi Hoga- dicli Schirmer ceiterarii 146Ï.69 rH/istrum procura-
ihnis rci domeaticae pro famiiia Reichersperg {Aixhiv f. irsterr. Ge$ehteflte,
61, 35-38),
3. Knckowllxer, Die staend. Zeughaetuer s« Lim und Enn» {Jahresber. de*
Mvs. ffoitc-Caroi. 1880).
AOTBICUK.
m
contient plusieurs travaux très intcressauLs. L'histoire de l'arche-
véebé ààxiA la première moitié du xiv* s. a été l'objet d'une commu-
nicaiioD faite par M. F. -M. Maïei à roccision d'un rormiil.iire du
xn* 5. '. Cette oommunication se rapporte au temps de l'arehevèque
Frédéric III (ISIS-SS) ol, parmi les \7 lettres de l'appendice, tes
n"* 3, 14 et 15 sont ceux qui offrent l'intérêt li» plus général. Sou8 le
litre : Le culte du soleil dans l'Allemayne du S.'O. aistnt le cArw-
iitmisme^t M. A. Pri^zixiikr a traité la question bien connue du
paganisme dans le chriâLiaiiiâme, alliance ({ul se manifeste suuvenl
encore aujourd'hui dans la langue et les mœurs, ("est à l'aide de
documents et d'usages du moyen âge el des temps modernes qu'on
la constate, en l'absence de documents plus nombreux de l'époque
païenne. L'auteur a relevé habilement ces analogies, mais, en raison
même de l'attrait du sujet, trop sommairement et sans être complet,
même pour le petit pays de Salzbour^. M. Wacxer retrace l'activité
de deux humanistes à SaUbourg, de ceux qu'on appelait dans l'Aile-
magne du sud (raocs-maçons, illuminés; — il fait connaître leur
enseî^ement el leurcullua* générale^. Nous rencontrons ici le labo-
rieux et coDsclencicux M. ZiiL^sa avec deux mémoires. Le premier
traite de l'histoire des salines à Salzl>ourg\ il est savant el exact;
l'autre est consacré aux noms de lieux du pays de Salzbourg dans
lesquels entrent des noms d'arbres et de forêts'. C'est un sigel dont
on s'occupe beaucoup aujourd'hui. Il est difTicile à étudier dans un
pays où les noms de lieux conservent les traces de plusieurs popu-
lations superposées et où l'on rencontre, à côLé de noms germaniques,
IteAuctmp de nom:* slaves, romains et celtiques. Les erreurs sont
donc faciles el fréquentes, et l'auteur n'a pas su les éviter complè-
tement
Stti«. — Pour la Styrie, Je commencerai par signaler la publica-
Uon Ibite a l'occasion du jubilé déjà incnlionne^ parce qu'elle se rap-
porte pour la plus grande fjarlie à l'histoire du pays. Klle se compose
de trois conférences faites par le chef de l'assemblée du pays, le lan-
deikaupimann, M. ok KAiscHtELU, par le professeur vo.i K.ro.^bs et
t. BHtnuge sur G^ich, des Erzbisthums Saliburg {Artktv f. dëterr. Ge-
aekàthU, 62, 149-198].
?. Der vonhrislHche Sonnendienst ira deutschen SUdotten {UtUheii. der
GttttiÈch. f. saizburg. Landeskunde, 1880. 101-129}.
3. B. Wa^oct, Aus dem Zetlalter der Aupilaerunç (ioi. WeUmayr «( hcann
MîchI). Jbid. 148-186.
4. Zur G&chkhte des saizburg. SaUweseni {Ibld. 1-64).
5. Butck. V. Baum, }yatd u. Au ht taUbutç. FUr- u. Ortmamen {Ibid.
130-147).
RkV. HiSTOB. XVI. 1" F48C. tl
402
BIÎLLHTI» HUTOaiQDK.
par l'auLeur du pré^nl bulletin. Ce dernier a «xposê commcnl U SL>'-
rie éUil devenue un duché, le f^econd s'est occupé des rapports de la
Styrie avec l'Autricho depuis leur réunion (4 i 92i jusqu'à Ferdinand II
[1(H9), cl le premier a fait connaître le développement intérieur du
pays depuis Kenlinand II juiqu'au xviii* s.'. M. K.-M. Maïbh a Iratlé
une partie très inlérossaute de l'histoire provinciale, le début de la
conlre-i-éformation sous l'archiduc Ferdinand II [^ 599-1 600}, d'apré»
un ms. qu'il a découvurl aux ardiivcs des États de la Haute-
Autriche^. Cette réaction religieuse comœenra par diverses commis-
sions qui se Iraiisportèrvnt dans It-â principaux centres du luthéra-
nisme el chercheront à y rétablir le catholicisme do gré ou de force.
Je dis : chercbcreiit, car je n'adhère pas à la conclusion de l'auteur
que les commissions de ItiOO marquèrent le terme de la contre-
réforœalion, ce fut seulemeiU la fin des commissions de ce genre el de
cette année. La résistance religieuse leur survéeul. Mais lo princi[)al
était fait; la plante était coupée à moitié, ses racines ne furent arra-
chées que pluâ tard. Cela coûta encore deux générations — et Gnale-
ment le succès ne fut pas encore complot. Les renseignements fournis
par le travail de M. M. sont neufs et très intéressants ; la relation de
Tincendie et de la dL>âtruction de l'église protestante de Scliarfeaau
près de Cilli est particulièrement frappante. t>tte relation trouve bod
com[>lémÊnl dans le livre d'Ûrozen, dont je parlerai plus loin. Le
Darrateur aurait peut-être dû se servir de plusieiffs lettres de la mère
de l'archiduc à son fils, relatives à ces commissions (Hurler, Gesch.
Ferd. II. 4 vol.). C'est à peu près à la morne époque (]ue se rapporte
mi travail deZwicbinscK sur la rébellion tchèque ^ Il en est question
dans ce bulletin parce que la source dont s'est servi l'auteur s'oc-
cupe iMiiincoup des mécontents de Styrie et fait ressortir leur relation
avec ceux de Bohème. Cette source dont ou s'était jusqu'ici peu servi
consiste dans les dépêches des ambassadeurs de Venise à la cour de
Vienne ; on y avait eu rarement recours jusqu'ici pour étudier l'état
politique de la Styrie. Tandiâ que nous possédons la série des rap-
!. t^ttehrift 1. Krinn. an d. heter der vor 700 Jakr. stattgefundenen Erk^
tmm9 d<r Stfierm. s. tierzMglhumt, Gru ISSO. U ». u-S-. I Die KniaUckelung
H Krkehung d. Stetenmari *. Hmo$tkume Ton Zah«; II Dit Vereimçung d,
SUiermark mU ŒUfireéch u. ikrt stfilmttç im Gt$chidiUiebên des Habêbur-
çttakmtes ton Kroih*» ; III lUe irttlere KntKécktung 4m imnartn poUi. Lebvtu
dtr Steirrmark voo KaÎM-rrcld.
?, Zur Getchichtf Innerofsterrûicks 1600 (Fonchunfen sur deuUchen Ge-
xhichU, XX. 503-503).
3. H. Ton ZKiediDwfc, rmtdOMiacht GetaudisekMfttktrieAit Uber die bak-
mi*ehe HfMtim t6IS-16ÎO, Gru, Uttschner H Ubeosky. 1880. 70 & Ib-S*.
di
ACTEICHE.
1<>3
poHs que les ambassadeurs vénitieus présoutaient à la fin de leur
mission irelasioni) du xri* au xviit< s., od s^cst très peu servi des
dépèches rédigées pendant qu*ils la remplissaient. L'auteur a tiré
habilement parti de nouveaux malériaux. Le journal du comlo
Sigmuod von Auersperg sur les événements dont (jraLz fût le Iticâtro
pendant la première invasion française de 4797 ap|>ellc notre atten-
tion sur un épisode triste et ruineux de l'histoire de la province et
particulièrement de la capitale*. '
Le tr.i\-ail de M. t\. Peinlich est d'un genre à part; il est conçu
sous une forme originale et pénible : c'eut une série de tableaux de
tous les fléaux physiques dont la Slyrie a été victime de l'an 4000
à l'an 1500^. Cette triste énumération a été dressée par l'auteur en
même temps qu'il composait son grand ouvrage sur l'histoire de
lapefite en Sl}'rie, en 2 vul., que je signale ici aux lecteurs de la
fUtme à cause de son importance, bien que sa publication remonte
d^jà à plusieurs année8^
L'archéologie est représentée comme d'habitude par une série de
petites notices et de petits mémoires. Je ne mentionnerai ici que le
gr&nd traité de F. Piculbr sur les antiquités étrusques de la Stjrie
et de la Carinlhic *. Les sources de ce traité consistent dans une série
d'inscriptions sur brouze et sur pierre, et dans des noms de lieux où
l'on retrouve avec plus ou moins de cerlitude dea traces de la langue
étnieque. Ce travail se recommande eu tout cas par de grandes
recherches et il serait à souhaiter que ceux qui peuvent l'apprécier
en fissent usage dant^ leurs œuvres d'exposition historique pour leur
donner une exactitude plus rigoureuâe.
Parmi les ouvra^'es d'histoire locale sur des circonscriptions
étendues, je mentionnerai d'abord l'histoire du diocfiSR de levant de
J. ÛttuzKH^. Les travaux de l'auteur, chanoine de cet évèché, ont
déjà beaucoup enrichi l'histoire de ce diocèse et du pays en général.
Le !«' vol. de l'ouvrage précité s'occupait de l'évêclié de l-avant
fondé en i^rinlhïeet transféré dans notre siècle seulement en Styrie;
00 y trouve l'histoiro et les dotations des diirérenles paroisses, la
1. StpKUKd» Grafen wm Àuertptrg Tagebueh zur Gescfitckie der franzath
tdien InmsioH i-on Jahr 1797. Mil Rrlwut«runKcn rerteh^a tod F. vod Ktoms.
IMUtheiiunyen der kM. Vereines f. Steimnark, 1^), tOti-209).
•l. ChronuHs€he Uebcrskhl der nnfrkvurdigsteH yatttrtreignisiê, txindplaçen
«, CuUunnoiHtTtte der Meifrnwrk votu J. 1000-1500. Grii, IS80, PUcat.
3 Gttehichtê der Peêi in Steiermark. Gru, 1 Bd. ISH. 559 pp. Il Bd. G62 pp.
io-6*.
4. £tnutUcke Reste in steiermark u. Kaemten (mtthetlungen d. A- k.
CtHtrolamminlon s. Krfonchung usw. der BaudenkmtUe. xmt, 33^).
5. tue DkBcete Lavûnt, 1 Ed. Cilli, 1880, io^.
161
BULLETIN mSTOaiQCB.
liste des curés, etc. Le vol. nouveau esl consacré aux paroisses de
la partie méridionale du diocèse, de l'archidiaconô de (îiJli. Il fail
connaître nolaoïnieiit ))eaucou|) de documenU relatifs à la construc-
tion et â la destruction du lempfe proU?sLant de Scharrenau. dont il
a récenimenl découvert les ruines et dont il a priicédemnient décrit
les fouilles et le plan clans un article approfondi*. L'ouvrage de
J. Wicii^BH, l'iiistoire du monastère d'Admont^, dont le 4' cl der-
nier vol. a jtâru l'année charnière, a par son étendue et l'almiidance
des renseignements qu'il contient uuc très grande importance. W. est
un religieux de ce couvent, dont il a depuis 4870 orgauisé les
archives. Le terrible incendie d'avril U65 avait presque complète-
ment anéanti ces archives, les plus riches de la Slyrieet peut-être
aussi de l'Autriche. W. les a reconstituées a l'aide d'un petit nombre
de fragments arrachés aux flammes, de documents trouvés dans les
décombres el dans les paroisses, et il les a admirablement classées'.
Il a dune mis en ordre lui-même les matériaux avec lesquels il a
écrit l'histoire de son monastère. On aura une idée de leur abon-
dance «iuand on saura que ces 4 vol. contiennent un appendice de
plus de 4200 documenU du ir au xix' s.
Parmi les travaux relatifs â l'histoire des grandes familles ou des
personna^'cs importants de la province, nous citerons d'abord le
mémoire do Kumhsh sur les seigneurs de Wildon '. En dépit de beau-
coup d'erreurs et d'omissions, c'est un bon travail. Nous signalerons
ensuite le livre de Zwiediv^xk sur le prince llans Ulrich von Eggen-
berg", le rejeton d'une famille de marchands d'une petite ville de
Sljrie et le favori de l'empereur Ferdinand II. qui fit de lui, simple
gentilhomme, un prince d'Empire, un duc de Krumau, et qui l'en-
richit. Pourtant le prince était moins un homme d'initiative el d^ac*
Uvilé qu'un liomme remuant; c'est ce qui, s'^joulant à la sympatliie
1. J. Orozen, J)ie lufherische Kirche su ScMarfenau (MlWieilungeH de*
hi$U Venins f. Sleiermark. 1879, 177-182).
2. Geich. des BenedicUnatUftes AdmoAt, 4 fidc. Graz \^S0, 703 pp. in-6*.—
U I*' vul.j 343 p., a paru en 1874, le 2*, &17 p., en 1876, et le 3', 585 p.,
en 1878.
3. Ce classement csl décrit dans an arl. iatitulé : Dos Admonler Archiv in
ieinem çrçenti\tTl. Ztt^ndet et inâèré ilans les Beilraege s, h'und^ steicrm.
OescMchUquellrn, 1874. 71-9.'>. Voy. auMil : Fin iriederentandmei Klosterar-
ekiv In Slei^rmark daoï Ltefaer, Archivai. Zfiitxhrift 1878, 137-163.
4. K. J. Kummer, i)(U MknUierialenyeschltcht von WildonU [àtcMv fUr
mterr. Oexhichte 59, \rî-3T2).
5. II. V. /wieilincck. Hana ririch FUrtt M» Eggcnberg, fmtttd u. erster
àHniaier Kaisrr Ferdimtnds II, Wicn. 1880, ti el 236 p. iii-8* mit 1 Kupf.
06 DiKumcnlou g«nx od. in Avâiug.
Atmicae.
f65
^
du monarque, lit le foiidemenl de sa fortune ai en assura la eonscr-
vntJOD. Les hommes d'initialive éprouvenl presque LoL^ours l'iiisla-
bililè de la fortune et de la ftiveur, — R, PenLicH s'occupe d'un
personnage du monde savant et de la petite noblesse dans sa
liographie du médecin, musicien el poète Adim vun Lobenwatdt'.
personnage appartient à la seconde moitié du xni* s. et jouit
pendant sa vie duno réputation de médecin qui s'étendait bien au
delà de sa province. Il se distingua notamment par la science el
rénergie avec lesquelles il combattit les épidémies pestilentiel los^de
cette époque.
L'Iiistoirc du droit local s'est considérablement enrichie par la pu-
blication des coutumes de villages el de marchés qui a été fâite par
MM. Risr.Honet Sr.Hrc\BACH*. Ce recueil forme le 6* vol. desOPj/err.
Weislfiiimer, Banntaidinge (statuts de villages), publié:* par l'acado-
inie impériale des sciences. Les pays autrichiens présentent souâoe
rapport une abondance exceptionnelle de matériaux. C'e^t le Tyrol qui
en possède le plus , c'est là qu'elles sont les plus anciennes el les
plus intéres&intes ; il 5 en a aussi beaucoup d.ins la lîasse-Aulnche.
Ui î^lvrieet la f.arinthie au contraire sont relativement pauvres en
dfjcumcnts de ce genre. L'observation de Gnmm que ; « les pays
originairement occupés par les Slaves ne possèdent pas ou ne pos*
sedent que fort peu de W&islhiimrr, » cette observation semble être
juste en elle-même. Il est vrai que c'est à propos de la Basse-
Autriche qu'elle a été faite, el que dans ces termes elle peut être
contestée. Ici la germanisation pénétrant par la lïavière s'c^t faite
beaucoup plus vite qu'en Slyrie, où elle a gagné lentement du terrain.
La Basse-Autriche compte sûrement environ 500 liannfaidinge^
sinon plus; la Sl)rie au contraire n'est représenlée dans eu livre que
par 75 niunéros comprenant t02 morceaux, qui ne sont pas tous de
purs WeisthUrn/r. Du reste, comme les éditeurs le déclarent cux-
mèraes. le recueil ne ix>ut être tout à fait complet, mais il contient
du moins la plus grande partie des Weisthumer. On y trouve
5 textes pour le xiv s., 23 pour le xt*. 38 pour le xvi«, 22 pour
le xrii* et t4 pour le xriii*. L'édition est très soignée-, les travailleurs
seront notamment reconnaissants à MM. BiscliofT et Schœnlmcfa de
leur excellent index, auquel le premier a apporté sa science de
juriste, le second ses connaissances de germaniste.
i. D- Adam van Leb^traldt, ^h ifeiriseAer Arz.t u. Schriflaietler des XVII.
^Jakrh {MUtheilungen des hiilor. Vereini fiir Steierm. IS80, 42-105].
F Bificboff el A. Schœnbach, StetrUcbe u. KaemthUchtf Taidinye, Wieo.
SI, 735 a. in-8*.
Ifiè BDLLETrK HISTOEIQDR.
Plus haut, en parlant de. la Hauie-Au triche, j*ai annoncé que Je
reviendrais sur ce que j'a\ais dit de l'art militaire à propos d'un
mémoire peu étendu relatif à ce sujet en Slip-rie. L'histoire de l'orga-
nisation militaire a fait en effet l'objet de trois publications d'une iné-
gale étendue et dont la dernière est très approfondie. Elles traitent
ce siùet »ous la Tornie d'inventaires de musées. Nous menlionncroas
d'abord l'inventaire du château de Gratz au xvu* siècle, publié par
WiSTLER'. En même temps que ce travail, paraissait sur le niérao
sujet une étude de F. PicuLsa, eon(;uc dans un sens plus historique.
Elle remonte autant que possible aux origines de cette collection el
retrace ses vicissitudes '. I>a capitale de la Stvrie ne possède rien des
collections artistiques de la famille de Ferdinand I", et, parmi les
armes qui ont appartenu a l'État, elle n'en possède plus qui soil
digne d'attention. Mais, en revanche, elle peut se gloriOer de l'arsenal
des anciens Étals provinciaux [landschaftliehes Zeughaus] comme
d'un établissement qui, par son originalité historique, dêQe toute
comparaison avec ceux du même genre dans les autres pays ou les
autres viile,s. (îet arsenal a f;ii(. l'objet d'un ouvrajire Irès largement
con^'U et traité avec biwucoup de comiiélence qui ÏJiil honneur à la
province. Nous demandons la permission de faire connaître en quelques
mots cette iu:*litution, unique en son genre, aux lecteurs delà Revue.
Les anciens Étals de Styrie jouissaient d'une grande indé[)endance.
La défense du pays elle-même leur était conRée. Ils étaient seulement
soumis à la survci llance et à ladire^liondu gouvernemenl , qui leur four-
nirai! des subsides cl, s'il f>ouvail, des soldats. Ces cunlingenls étaient
tjjujours au xrr et au xvii" s., dans les temps ordinaires et dans les
guerres d'une importance secondaire, subordonnés aux forces mili-
taires des ÉULs. On comprend que ceux-ci avaient besoin d'un arse-
nal considérabb'f pour équiper leurs soldais. Ce système de poates
d'observation sur la frontière du S.-O. de l'empire dura jusqu'à ce
que les Turcs ftissent chasses de la Hongrie, c'est-à-dire jusqu'à la
fin du xvn' s. Jusque-là les garnisons des États de Styrie oocupèrent
beaucoup de petites rorteresse."? de la Oroatie et de la Slavoaie. On
sait que la fameuse institution des confine militaires dirigée cootre
les Turcs reposait sur l'existence de celte ceinture de forieressos.
Txtrsque l'armée permanente autrichienne se développa, la milice des
1. J. WaftUer, Zur Geschichte drr Schatz., h'vnst-unH Hustkammf^r in derk.
k- Hurg zu Grat iMUt/ieUung^n der CenirnicommiASion utr Hrfonchung der
Muttil H. /ii$torischei% Denlmale 187U u. 1880).
'2. I'. Pichier, Beitraege s. Gftch. der UtndafHnlt . Rûst- und Kunttkammer,
sotrie dfs taitdesfarstt. Zeuykautes m Gm% {Àrehiv f. œtierr G«$di. 61.
223-667).
d
«rraicRE.
167
États Tul supprimée, el. lorsque les TurfS furent repousses jusqu'à
leurs frontières naturelles, les milices des États n'eurent plus de rai-
son d'être à côté de Tannée régulière. L'ennemi avait reculé, les
armes dont on s'était servi contre lui étaient restéei^, au moins en
grande partie. C'est leur réunion qui forme l'arsenal provincial.
Celui-ci n'est donc pas seulement une colleelion d'armer, c'est l'en-
semble de tous les moyens de dofensc employés au service du pays
du iT* an xnir s. Le l>Âtiment Ini-méme, qui s'élève dans ia princi-
pale rue de Grat7. et qui est contigu au palais des États, e.'^L enrore
ce qu'il était en 4644 lorsqu'il fiii construit pour ser\'ir d'arsenal. Le
contenu de ce remarquable monument du passé n'est pas, il est vrai,
à beaucoup près aus<i ricin- qu'il était il y a environ cent ans. L'incurie,
l'ignorance, la guerre de 1 .S48 lui uut fait subir de nombreuses portos,
mais il l'est encore assez pour permettre d'équiper plusieurs milliers
dliommesavcc les engins de guerre en usage à partir du xv^ s. Si ce mu-
sée contienlbeaucoupde choses inlèressantes et belles, les archives pro-
iriociales renferment un grand nombre de documents relatifs à l'achat,
à la distribution et à la conservation des annes. Faire connaître à la
fVon d'un inventaire, au point de vue historique et artistique, le con-
tenu de ce musée el de ces archives, tel e^il l'objet de l'ouvrage impôt-
lanl (\i\ à rinitialive el aux frais dû corale Fai^z voy McKii *. Ce
baui personnage est le fils de feu l'arcliiduc Jean, frère de l'empereur
François I*% et c'est une grande autorité en matière d'histoire miti-
laire'. Il s'est associé M. PrcHi.ii:R, que nous avons déjà souvent nommé
ici, qui s'est chargé de ia première partie, c'est-à-dire do la partie
historique, tandis qu'il se réservait à lui-même la seconde. La pre-
mière s'est un peu trop étendue et elle aurait gagné à être abré-
giéo ; mais son auteur y a fait entrer bien des chosCvS nouvelles» qui
seront instructives pour beaucoup de lecteurs. ï^a deuxième partie
est traitée avec la précision technique dont bsI capable un homme
qui a fait de ce sujet l'élude de toute sa vie, et qui, dans sa façon de
1. Dtu tandéS-Zeiiçhaus in Crus.. Lripzlg, 1881. Impartir : htittorir|UP. 116 p.
el inTMitairM A partir df> t.SôiJ, 15 p. — II* partir : deitcriplirp, UO p. îd-I',
anc tiii« To« de l'ancnal et 43 tables. CommisAion de J.-A. Brockbaus. Leipsig.
Prix • ËO marks =• T2 (r.
%. Le comte de UfTxa a débuté par deux courts mémoires sur deux pièces
d'annure défenuTe très inléressantrs : le heaume de I.eoben en Styrie (Pirax
Ï878, 8 i. iD-4') aTL«c 2 planohcs, et \c. be-aunie de la faniillr de Pnmrk, Tieille
fomiUe de Styrie, lequel serrait de conraunetneol i VécatAoa rot ir accroche
iêm Véf\ï(>t raihédrale de Aecknu (Guay, 1878, 24 p. in-t' avec 2 pi. et 1 labl«
de sceaui). Le premier lieaumc fat refait du xiv* au xr* f-iède-, le scrond eut an
original du xiv*.
46«
iiiiLLirrn aiSToaiQTiG.
le traiter, ne pertl jamais son but de vue. Les planches qui oocom-
pagneiU l'ouvrage sont dessinées avec beaui^up d'art.
CiHiXTHit:. — Pour la Carinlhie, je n'ai à mentionner aucune
pubiicalion hi&torique, sauf celles de MM. Majer et Picliler, dont
j'ai parlé plus haut. Là société historique de ce pays, qui Hori&sait
il y a quinze, ans, au temps de son fondateur, le baron von Ankcrs-
liofon, mi ftiil de publications que tous les deux ans. On dit qu'il y a
sous prtîâse le Codex diplomaticus de l'ancienne abbaye cistercienne
de Viklring; j'en parlerai peut-être une autre fois.
CinxioLE. — On peut en dire autant de la Carniolc, dont la société
historique n'existe plus depuis quinze années, où la littérature
bisU>ri(|ue est encore moins importante qu'en Oarinthie et où de plus
la haine de race des Slovènes récemment excitée s'oppose presque
entièrement aux travaux désintéressés. El n'a paru qu'un petit livre
de R A mes sur Marie-Thérèse et la Carniole', agréablement écrit,
mais qui ne vise |>as à la profondeur et où ont pénétré les préten-
tions du patriotisme slave, il a paru aussi un petit travail archéolo-
gique de Mùi.L.\KR, mais il sera filu*^ k propos d'en parler quand
je m'occuperai de la province voisine d'Islrie.
Je passe maintenant aux pays situés sur le bord do l'Adriatique,
où les publications historiques sont écrites surtout en italien.
GoRicK. — Pour le coraLc de Goricc, nous n'avons à signaler qu'un
travail de Buirkla sur la société savante « degli Arcadi » fondée à
Gohcc'. C'était une imitation de la vie pastorale; la liste des membres
de l'association rappelle le catalogue de la boutique d'un jardinier
lleuriste jHipparcus Callistenius , l'ermusus Cecropius. Amarindus
Crelensis, etc.) : la Révolution frani;aise mit un terme â son existence.
Le principal service rendu par cette académie est d'avoir légué sa
bibliolhwiUK à la ville de Triesle. On pourrait aussi faire mention
d'un écrit iper le nozzej sur le château de Cormons ' qui donne uno
description de ce château tirée des ross. de M. A. Nicoletti, l'un des
plus anciens et des plus laborieux historiens du Frioul (né en 1536
à Cividnic. mort dans la même ville en iSdfi). — Nous devons à un
Allemand, M. 0. v. ltiii:iTS4:nwf:aT, un petit travail sur Aquilée, qui
n'a d'autre but que de provoquer le gouvernement autrichien, en
rappelant le grand rbla du patriarchat, à faire un port de ce village
1. P. T. Rsdicft, Maria Theresia u. das Land Krain, 174^^. RudoKswcrt,
1861, 7t |i. io-8'.
1 C. BiutMtld, l'Aecademiû dsfti Arcadt Itomatio-SoHUaci. Gorz, 1880, 22 p.
iB-8*.
3. M. A. NicotctU, îl casMIo di Cormûtu edid. J. di Uuuooi [Noue Zajalti-
Anlonioi). Vcnedig, 1880, n p. in-8".
AITTHICaE.
4R9
iléfiert ot malsain et y appeler ries ouvriers do la Friso orientale el
de ta HoUando pour élever des digues. C'est, selon toute apparence,
le travail d'an jeune homme'.
Trento ed Aqutleja^ tel est le titre d'un petit écrit decirconstance»
précédé d'une pn*&ce de Joppi ', qui a paru en l'honneur de Mgr Del-
jaboiia, lorsqu'il a été nummé à l'éféclié de Trente. U renferme
6 pièces dunl ta plus ancienne ap|>artient à l'année 970 et la dernière
à 1336. Le a*" 4 était connu par Mabillon^ les autres sont rclalirs a des
matières bénéficiales sans importance.
Utiie. — Pour ri&trie. l'activilé historique se concentre à Trieste;
pourtant il parait aussi des ouvrages dans la province et au dehors.
Un de? principaux recueils consacrés aux recherches historiques csl
y Areheografo Thestino, qui Ci^t conçu dans un esprit vraiment
scteDlifique. L.es feuilles politiques, telles que Vlstria^ insèrent quel-
quefois de longs mémoires historiques.
Comme étemlue, Fouvrage le plus important est l'histoire d'istric
de C. j»B FRA'ïCEscfli*. Il faut distinguer nettement entre Icj^ dUTérentes
parties de cet ouvrage au point de vue de leur composition et de leur
valeur. On s'aperçoit parfaitement sur qui l'auteur s'appuie, quels
sont les Iravaia préparatoires qui lui ont servi, quels modèles it a
choisis. La meilleure partie est la dernière qui traite du comté de
Pisino et de l'istrie dans les temps modernes; pour l'époque anté-
rieure Jusqu'au xui* s. c'est Manzano qui lui a servi de modèle , avant
celte période on manque d'ouvrages allemands qui traitent même en
pusanlde l'istrie-, pour la période antérieure aux Romains, il fau-
drait attendre les n'sullals tics laborieuses recherches de Pervanoglù *
pour ue rien dire que d exact. M:ûs l'auleui' offre pour tes temps pri-
mitiTs plusieurs données qui mériteraient d'être suivies ; par exemple
p* 47 se:s observations sur les retranchemenLs circulaires de l'istrie,
qui s'accordent en tous points avec celles de .\. Mulincr sur les par-
ties de PIstrie limitrophes du Kar?l^. Il faut dire au contraire que
les questions etimographiques relatives a la période antérieure aux
1. Aquiifja. dos Emporium an der Adria mm EnUUhcn bH sur Tereéni-
fwiif mit Beutschiaïkd. SUtlgarl. Bonz, 1880, io-S*.
2. Udiof. !8tiO. 27 ss. in-8*.
3. L'htrkt, N<i(e stonclie, Pari'azo. IS7d, SOS m. in-8*.
4. Gf Istri {.irehtografo Tritslino tSâO) et Le coÏ4>nie greche suUe atUe
orientât* dei mart Adriatico i_Ibid,).
b. Atxkaeologisthe Exeurte nach SHd-Steiermank u. A'rnin {MUtML d.
OmfruJ-CanimlAitoK /. KunU- u. bist. Denkmale 1880) traite pour li première
Mb 4e» rrlnuicbeiDentA préttifttarique& du KJinit, où il o'en n dccoumt pas
Moins ite onze.
no
eCLLSTI?! flISTOKIQCÏ.
Romains sonl Irailées avec peu de sùrelé; on en aura une idée quand
on saura qu'il raltache au cdlique (p. 23) des noms ooramc Brest,
Tfirstaic, Plaoik, Bcrlusnik, Cremet'nak, Ruvin, etc. Si les savants
de rislrie pouvaient se décider à adopter des idées plus sensées sur
les Slaves et leur imraigralion en Islrie, de pareilles erreurs ne repa-
raîtraient plus. Mais nous reviendrons la-dcssus.
Dans le domaine de l'archêoloyie nous citerons les doux mémoires
ou plulùt les deux séries d'inscriptions sur pierres et sur poteries
publiées par Gaecorutti *■ Il est a regretter que ces deux séries
n'aient pas paru séparément. — La découverte d'un cadran solaire à
Aquilée par M. OregorulLi, le sixième qu'on y ail trouvé, a fourni
à F. KE?(xta, de Vienne, l'occasion de traiter des cadrans solaires
chez les Romains dans une dissertation approfondie K
A l'histoire politique et plus spécialement aux rapports de l'Autriche
avec Venise du xti* au xvii" s. sont consacrés deux travaux du pro-
fesseur A. Puscai". L'un traite de la guerre pour la possession de
Gradisca de t<H6 à ^6I7. l'autre de-s préliminaires de cette guerre,
c'esl-n-dirc des longs tiraillements qui précrâlérent la rupture com-
plète entre les deux États. Ce qui plaît cliez Puschi, ce qui prévient
tout de suite en sa faveur, c'est le langage simple et sensé, qui
nomme les choses par leur nom et ne dissimule pas {uir des phrases
les lacunes ou les vérités peu agré^ablcs.
Si la courte histoire d'Albona par T. Lncuxi * n'avait été écrite
pour les lecteurs d'un journal étranger à llslrie, on pourrait lui
reprocher d'être superficielle. Mais on serait peu équitable en jugeant
à un point de vue rigoureux des productions destinées au (frand
public. On ne peut nier qu'elles roç-oivent de ce public un meilleur
accueil que de ses travaux scientifiques. Quand elles mettent en cir-
culation des assertions séduisantes, — et cela arrive de ce côté du
territoire italien aussi bien que de l'autre, — les travaux les plus
approfondis ne peuvent les déraciner et elles deviennent quelquefois
des dogmes de la politique quotidienne. Ainsi l'on trouve dans Lucïanl
et dans Franceschi celte assertion qu'il n'y a pas eu en Istriedinva*
1. /scKsIonf inédite aq^tiffese, ixtrtane e trierttne {Arrheoçr. iriest. IBSO) «t
AHtkfii vasi /ittiU de AguHeja [Ibid.].
2. Ru-muche doniincntiArtfii oui AquU^a {Mittk. der Centra teommission
D. f.. w. 1880, |.?3).
3. Attinenze Ira Caaa d'Austria r la Heput^tica àt Venrzia det \b'i'i at \6\6
(Programiadf-AStadt-lïyinna^iumii lu Triwt) 1879,60 M. io-i' . — Cennt intoTHo
atia guerra tra t Àustria e ta HepubMéea dt l'enesia neçU anni 1616 e 1617
(Archdosr. trie«lino, 18>60).
■t. Atitono, stadii itoriai-rtitognt/iei. VeneiliSi 1679, 32 p. U-4*.
iFTRICUE.
m
sion slave avant le commencement du ix' s. , mais tout au plus des
incursions non suivies d'établissement. Les deux auteurs n'ont pas
déeouvert ce prétendu axiome, il est plus ancien qu'eux. Mais ii cadre
avec leurs opinions, et comme il est affiénhle de {wnser iLuciaoi,
L c. iS) qu'au rm* s. la population de Flstrie « era un solo popolo,
compatto, concorde », il:* n'ont p;is vérini^ ruxactiludc de cet axiome.
IJ n'est autre cliose pourtant que la conàéquencu erronée de la fausse
interprétation d'un ptacilc des missi impériaux du royaume fVanc
en 804, qui est dirigé aussi liien contn' les usurpations des évè>]ue9
d*btrie que contre celliis du cher de radmiiiistraliun civile et raili-
lairc, le « général Johaones », grec de nation suivant toute appa-
rence. Les deuï pouvoirs, le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir
civil, travaillaient d'un commun accord à asser\'ir l:i ixiputalion et à
en tirer autant d'argent que possible. Ce Johannes établit des Slaves
dans des propriétés particulières, pour tirer de ces propriétés des
revenu-s. Cela prouve seulement que l'on employait en HQi des Slaves
pour cultiver des terres déjà occupées, cela ne prouve pas qu'il
*n'existàt pas de Slaves en Istrie et qu'il ne s'en fût pas établi depuis
longtemps déjà sur les biens sans mailres. Oe serait à ceux qui sou-
tiennent le contraire à prouver d'abord comment les Slaves, qui ont
occui» et colonisé avant le ix* siècle U*s raonta^ïnes et même une
partie des plaines du i^'rioui, le Karst et la ûaimatie avec toutes les
terres de l'intérieur, auraient respecté l'Istrie. Scbatlirik lui-même
De peut fournir les preuves dune occupation patriflque, on n'en trou-
verait que pour des cas bien rares, et ce placite nous en fait connaître
un. Mais il est difficile d'admettre que la phrase « quod non est in
actis non est in mundo » puisse être appliquée à la questiou. Les
adversaires de la s/avisation de l'Istrie ne s'aperçoivent pas que leur
opinion fait peu d'honneur à la force de ri^sislancede leur race. Nous
oe saurions admettre en faveur du prétendu « po[>olo compatto, con-
corde B d'Islric que l'immigration d'une race aussi peu avancée
qu'était la race slave ail [tu réussir à déborder la civUtà italiana^
comme elle l'a fait au moins par le nombre, si cette immigration
n'avait eu lieu qu'au ix* s. V
G. Di StaitAC'ïji a traité l'histoire militaire de Flslrie. Il s'est fkit
1- Jf Toutirais ègateineal conlredirc en noie nne reinaniiie taïle par LucUdî
dans one DOto de ia p. 31. Il dit (pic le ooin piipulairi> d'A<U>Iititer(i (Iiiotir-Krain}
esl Hottotna et i[ue c'est fllnpfemeat une ahréfiation <lt>. Pottumia, que t>ar
oooMquenl U Vio Poitumia qui aIJail â'Ilalîe en Norique |>aft&ail par ta. Or la
via PoAtumia paM« encore aDJounl'hui prto de Trévise et allait aulrefoie {en se
UAirquanl i Quadrivium) A Aquiléc, mais pas ddn» \e& montagnes. Postoina. plus
exMtcmrnl Pustopinn, t&l on nom sUti? dêrir^ dt! PusUi ^ dèMrL
172
itcLLirrn Ri<;TORtQos.
déjà avantageusement connaître par plusieurs travaux sur co sujet
publii?s dans VArchirio t?e/ieto et ailleurs. Il emploie avec prédilec-
tion et intelligence les traités faits par Venise avec des condottieri
pour les guerres d'Islrie du xin* au xV s. '. De pareilles études ne
l>euvenl se faire qu'à l'aido dM archives de la chancellerie vénitienne.
Il n'a pas signalé moins de 80 capitaines et chefô de bandes qui ont
combattu en Istrie au 8er\ice de Venise et il les suit dans leur car-
rière parlont oii il peut. Je me Iromi» peut-être, mais l'auteur me
parait avoir oublié dans sa liste Ulricus de Rayf[in]bcrg. Les t'o/n-
memoriaii aux archives des Frari renferment le traité passé par la
république avec lui 'V,72) le 20juiIleH356. A la vérité nous sommes
obligé de dire que les derniers indci donnes par M. de Sardagna ne
sont pas dressés d'une façon très pratique. Il se plaint de n'avoir pas
trouvé dans les glossaires l'exf ilicaUon de bien ries mois embarrassants;
il ne peut, par exemple, attribuer aucune signification au moi sUipo.
M. de Sardagna sait mieux que personne que le métier de soldat,
parliculièremcnl au xiv* s., ét-Tit exercé on Italie par dits Allemands.
Depuis les mots guerra, guardia, guasio, etc., jusqu'aux noms des
armes et du harnais de guerre, presque tous les termes de guerre ont
une origine germanique, cl un glossaire allemand aurait peut^lre
résolu le plus sfiuvert ifs dimcuUés qu'a renmntré('s l'auteur. Un
voc'ilmiaire de 1618 traduit slapo (dont M. de S. dit : < parebbe fosae
uiia specialità dei Veneztani ») par piteus depressus, lattis et le Cod.
ital. Monacen. 362, f. 2i, par cervelicra. On dit encore aujourd'hui
en Allemagne : Schiapphut^ et les femmes duTyrol roulent leurs che-
veux par derrière dans uncpocheltc de lin qu'ellesappcllcnt.«:Ate;)/)m.
Lo stapo est aussi une bf^chfinfiavbe, c;L';que en fer ([ui couvrait la
nuque. Nous pourrions aussi donner comme exemple le mol schin-
eheria, dont il parle aussi et qui a également une origine germanique :
il vÎLMiL en effet de scinca = libia, crus, et était le mot technique allo-
matid qui désigiiaii l'arnnire défensive de la cuisse.
Nous avons la satislhclion de terminer ce bulletin par l'annonce
d'un bon ouvrage, comme nous l'avons commencé. Pour mieux dire,
c'est d'un ouvrage en perspcclive qu'il s'agit, car Coiiiii ne donne
dans son écrit sur Pierpaolo Vergerio le vieux * qu'une étude sur la
place que ce père de l'humanisme lient dans le monde savant avec la
liste des lettres de lui actuellement connues. Il public celte UslA pour
1 . jWmiorto dk sofdati Lilriank e di altri itatiani e forestieri che miHùtrono
uelt Istrin allô sUpendio di Venezia nei secoii Xlll, XIV c XV {Archeogr.
rieal. 18S0, Ift-lOî).
?. C. A. Combi, Di Pierpaolo Combt il seniore dn CapodAstria t dti nto
fputolario. Veoi», 1880, 1Î5 p. to-8".
BDHh^VK.
173
provoquer la recherche d'aulres lellres. La première {cirlie esl écrite
avec une otmpéLence remarquable \ la seconile, qui promet la publi-
cation d'une aoui-co importante pour la transition du xiv* au iv* s.,
exdtcra une grande attente dan* le muiide savant. Les quelques
IcUrcs de Vergerio publiées par Muralori Scr. 26, lettres de |>olilessc
puur la plupart, justifionl cette attente.
1. von Zahzi.
BOHEME.
Nous commencerons ce bulletin en parlant de certaines publica-
tions dont nous avons dtîjâ annoncé le début; noua devons mention-
ner d'&bord dans cette catégorie les Begesta Bohemiae et Moraviae
{ — 1310), recueil entrepris par Kbkkk et continue par Khlui cl
dont le dernier vol. conliont un index des noms de personnes et
de lieux*. — Le 2* vol. des recës de la diète renreruie les actes
des diètes de ï546-(557, c'est-à-dire de h période pendant laquelle
l'opposition des Étals de Bohème contre Ferdinand 1" se développe
avec ses oonsétjuences parai le le mont à la guerre de Smalkalde'.
A la même période appartient aussi la persécution dirigée contre la
communauté des Trères moraves, qui atteignit surtout leur chef,
iotaaimes Augusta. Arrêté en 1346, il ne recouvra la hberté que
seize ans après. Ge qu'il soulTrit, son compagnon de captivité, Jakob
BileJt, l'a décrit dans un récit simple mats saisissant. \ h place de
rédiUon inauflisaute de 4837 nous possédons mainteuaut une édition
soignée et critique de ce récit ^. — Le 2* vol. des lilni erectionum
arehidioecfsis Pragtnsis sec. XIV et XV {sumpli&ua Prayensis dot-
toruM thcoloyiae collegii éd. Cl. Borovy| a paru f^385-^390). —
M. le D' RtztK a termine rédilion de la chronique de Iteckoosky et Ta
ftùl suivre dans le dernier vol. de la biographie de lauteur et d'un
aperçu de son activité littéraire^.
1. Beg^a dipiotnalica nec non epistotarta Bohemiae tt Moravie. Opéra
Jotcphl Gnler. StuDlibot regiae scienUarum societatis Bohemiae. Vol. 8.
Fn^, 18S0.
2. Snemg ceské. Vsdava kr. Zenuky archiv ie$kg. II, 13(6-1557. V. Prau,
1880.
3. Zivot Jana Augustg. V. Praze, ISâO. Nâkladem s|M)lku Komeoskéhû.
V PaseUtfve itarych prébebi4v, K. vi/ciani upravU A. Rack. III. V. Praïc,
KaUacIeia dedicloi w Prukopa.
174
BDLLEir?! DISTOKIVDK.
I
La plus puissante famille noble de la Bohème au mo^en âge était
celle des seigneurs de RoâenIjerK. Ils possédaient des biens-fonds très
élondus dans la Boliênie méridionale. On trouve un registre de ces
biens en mémo lempâ qu'un tableau des rapports des seigneurs 1er-
ritrns avec la poi)ululion rurale llxéo sur leurs terres danï4 le HegiS'
irum bonorum ïlo&enbfrtfen&iujn rôdigé vers 4379-I3N0 et dont
M. J. TacuLAfi a doimé en ^880 une édition remarquable dans les
publications de la Société royale des sciences'. Au moment oii ta
fainille des Kosenberg alUil s'éteindre avec les frères Guillaume et
Pierre Vok (f 46<<), elle trouva son historiographe dans Wenzcl
Rrezari, auquel Pierre \\A avait confié en 4:i9fi la direclion de ses f
arciuves conservées alors à Krumau [Krumiov). Transférées à Witlin- ■
gau \Trcbon) au commencement du xtii" s. et classées par Brezan,
eHi's sont devenues et sont restées jusqu'aujourd'hui la propriété des
princes de Schwar/.enberg. Elles ont rendu ot rendent encore à l'his*
totre tchèque des services inappréciables, parmi lesquels il faut comp-
ter celui d'avoir provoipié l'activité littéraire de Brezan. Il commença
sous les auspicBS ilo Pierre Vok u^^' histoire des Rosfliiherp en langue
bohème, dont ta première partie ( — 4545) a été malheureusemenl
perdue. On a conservé au contraire la fin de l'ouvrage^ l'histoire des
deux derniers Koscnborg, les frères Guillaume et Pierre, mais c'est
seulement dans notre siècle qu'elle a été publiée par le Muséum de J
Prague, l'histoire de Guillaume en 4847, la biographie de Pierre, que ■
tout récemment encore l'on croyait perdue, en 4880'. L éditeur,
M. Fr. Mares, avait déjà publié dans la Revue du Mmeum {Casopis
Muséum 4H7S) uae biographie de Brezan, et l'inlruducliou de son
édition qui est faite avec soin donne un aperçu des sources de l'his-
toire des Rosenberg.
On trouve loute une série d'études sur l'histoire bohème daaa
les publications dirigées par l'Académie impériale de Vienne. Nous
mentionnerons surtout les Vrkunden und AiUenstiicke sur (JEstcr-
rexchischen Urschichte in Zeitaiter Kntser Fridricks IV und Kœntç
Gwrgs v<m Pùdeàrad{lÀÀO-iÂm recueillis et publiés par te D'-Adolf
Biciivix> [Fontes, acta et diplomata, vol. 421. L'éditeur a réuni là de
nombreux documents puisés dans dilTérenlcs archives et qu'il a déjà
utilisés en partie pour ses travaux. Le recueil se compose de 388 pièces,
dont la publication répond à .toutes les exigences de la critique.
I
1. Kt^islmm AMonui Bosenherymsium a. 1S79 eoti^latwm. Uxbtr sbotf
Hoiinberskeho. K. Tydui apravU J. Tniblar. V. Prue, 1S80, VkoiniMl r
D- GrAir et F. D«Uvl.
t. Kocfavd Bnuta Uvot /^rtrc Voàa s Hotenberka. K. taka Dpn^l Fr.
M«r«. V. Prue, ISSO. VkoMbti ft. Binuif*.
*
BOBÊVB.
<75
— M. LuâcftT a publié dans VArchiv un ècril politique 1res paa-
siODoé du temps du roi Georges ; c'est on traité dirli^é contre ce
prince et dû a la plume du Siléâien Xicotaâ de Tempeiftild. L'édi-
teur l'a accompagné d'une inlroducUon critique intéressante, où
il dtimoDtre nolammenl que le traité de Temp(;lfold t'sL devenu une
source imporlanle pour un historien du iri* s., Johannes Oochlaus,
adversaire littéraire du Luther et auteur d'une histoire des Mussites,
importante par les sources d'où elle est tirée. — M. le prof. HrcrLEn
a publié dans les comptes- rendus des séances de l'Académie de IS8<J
un travail sur la bataille de Praipic (Itt juillet 1420|, où stf trouve
imprimée pour la première ToIa une relation jusqu'ici inconnue et
écrite dans le camp du roi Sigismond. C'est une lettre du mart<rave
de Meissen au duc de Bavière, dont nous ne possédons plus qu'une
ancienne traduction frani;aisc. — On doit à M. Fr. Ïidiu une publi-
ttliuii impurlante de sources [dans r.4rc/iit') ; c'est une édition de la
CanceUaria Amêsti^ dans l'introduction de laquelle l'éditeur a Ikit
entrer une bio^rrapliie du premier archevêque de Prigiie, Arnest von
Pardubic, contemporain lit arai de Charltis IV, ainsi qu'un tableau de
radmîaistratiun ecclésiastique de son archevêché. — l*armi les Ira-
TEUi moins étendus, nous mentioimerons les études critiques de
H. LoscaTB sur Cosraas de Prague.
Nous avons à constater la réalisation du vœu souvent exprimé de
TOÎf un savant autorisé entreprendre l'histoire de Charles IV, envi-
sagé non seulemeut'comrae roi de Bohème, mais aussi comme sou*
TOTBÎn de l'Allemagne et comme empereur. Celte entreprise a été du
nste beaucoup facilitée par les regesles de Charles IV mis au jour
par M. Kdbeil M. le D' Wbru^skt a fait paraître le premier vol. d*une
histoire de l'empereur Charles IV et de son temps *. Ce vol, va jus-
qu'à l'électiou de Charles comme roi des Romains (1346) ; le reste de
800 règne jusqu'à sa mort (1378) doit occuper trois volumes qui
BeroDt à peine sufllsants si le récit doit être aussi étendu que dans le
(nmier. En généra], ce récit, tout en étant d'une lecture a^Téable,
est plutôt surabondant même dans les épisodes. On ne peut reprocher
à Taulcur de n'avoir pis employé des matériaux nouveaux et incon-
Dus-, il n'y en a pa.<;. 11 possède à fond les sources aussi bien que les
ouvrages de seconde main. Sans rien perdre de l'objectivité requise,
il éprouve pour son sujet cette sympiUhie qui donne de la vie à l'expo-
sition. Parmi le-s excursus puhlit^s en appendice, nous appellerons
l'attention sur le premier, qui traite des connaissances linguistiques
lie Charles et aborde la question récemment discutée de sa nationalité.
t Cuekidite Kaiter Carl't IV und ieine ZeiU Ian«bruck, Wagner, 1830.
CORRESPONDANCE.
LB SAINT MARTIN DE M. LECOY DE LA MARCHE.
M. Lecoy de la Marche m'a fait Ibonncur do publier une réponse
à l'arltcle de la Betme historique sur son Sainl. Martiu, el il en
demande l'insertion. Bien qu'il se soit enlevé, en imprimant et en
distribuant d'avance cette réponse, tout droit à une semblable récla-
mation, nous la reproduisons, par cuurloisie, en ajoutant nos obser-
vations à chacun de ses paragraphes, et en supprimant seulement
quelques-uns des éloges qu'il se décerne à lui-même.
G. M07(0D.
ff i" Il est ÎDf^xact que cet ouvrage ■ s'affiche comme n'étant point
• an livre d'histoire, mais un livro d'édification et d'hagiographie, > et
qa'il y ait, par conséquent, « puérilité à le juger au nom do la critique
« historique. * La préface seule suOît à démontrer le peu de fondement
de celte assertion, dont le sens et la portée sont faciles à deviner. Si
vous l'aviez lue, Monsieur, vous y auriez certoinemeDl remarqué l'énu-
merntion rfps sources où j'ai puisé, des archives et des bibliothèques
que j'ai mises amplement à contribution, comme on le voit assez par
lea notes dont le texte est accompagné. Vous auriez constaté en outre
que, non content d'étendre aussi loin que possible mes propres iuvesti-
^tiottf, j'ai fait appel aux lumières de l'Europe savante et des personnes
les roieax placées pour m'cclairer sur toutes les questions d'histoire
locale; que denx cent soixante d'entre elles m'ont communiqué des
documenta ou des détails intéressants ; que les noms de celles qui
m'ont adressé les réponses les plus importantes remplissent à eux seuls
plus d'une grande page. Ce procédé, trop peu usité chez nous, aurait
dû, ce me semble, Ôtre apprécié jiar un critique si favorablement dis-
posé pour tout ce qui nous vient de l'Allemagne. Je n'ai peut-t^tre pas
réussi., malgré tout, à faire une œuvre historique ; maiî; il est impossible
de nier que tel ait été mon but principal, telle ma prétention nettement
accu&ée. Je n'avais aucune raison pour renoncer, à propos de l'histoire
de saint Martin, à la méthode que j'ai fidèlement suivie dans mes tra-
viux antérieurs comme dans mon enseignement public, méthode que
Hbv. Histob. XVI. 1« PAfic. 13
a»
CORSESPONDINCE.
je m'honore d'avoir apprise à la meilleure école d'érudilioa qtii soit eo
France, et que les suffrages ri'pétés du plus compétent et du plus savant
aréopage ma Tont une loi de ne pas abandonner *.
I 2o II est inexact que, « pour grossir nos connaissances sur La vie de
* saint Martin, j'aie accepté une foule de lcgend(>8 et de traditions
f n'ayant point pour elles l'autoiilé d'un témoin oculaire comme Sul-
0 pice Sévère. » Où sont toutes ces légende»^ s'il vous plaît ? Vous ea
avez découvert jusqu'à trois, nombre un peu faible, il est vrai, pour
constituer une c foule n. Mais vous n'avez pas eu la main heureuse.
De la première légende, celte du voyage de saint Martin à Kome avec
saint Maximin^ je n'ai accueilli à litre d'élément historique que le fond,
que le trait principal, dégagé de tous ses accessoires merveilleux ; je
l'ai accueilli parce que cette légende a une origine beaucoup plus
ancienne que les autres, et que le fait m'a paru propre à combler une
lacune regrettable dans la btograpliie du saint : encore ai-je eu soin de
le ranger simplement dans la catégorie des événements probables (p. 132).
La seconde j'-gimdc, celle du sang do saint Maurice rapporté à Tours
par tiatiit Martin, je l'ai disculée à l'aide des munumeuU et dest textes,
et J'y ai distingué dee ampUËcations apocryphes [p. 230-234). Quant à
la troisième, celle de l'identité du Zachêe de l'Évangile et du saint Sîl-
vain de Levroui, je t'ai bel et bien écartée (p. 296}. J'en ai signalé
d'autres encore, dont vous ne parlez pas, parce que, dans la vaste syn-
thèse que j'avais entreprise, je ne devais rien négliger; j'ai parfois
invoque leur accord avec les documents authentiques : jamais je ne leur
ai attribué une autorité propre ; à plus forte raison n'ai-je pas « traité
€ comme des faits historiques les légendes les plus décriées. >
€ N'est-il pas pfquant^ Monsieur, de vous entendre me reprocher
l'abus de l'éléucut traditionnel, après m'ôlre vu précisément blâmer
par un des principaux organes de la presse religieuse, et par la plume
d'un ancien élève de l'École des chartes, d'avoir accordé à ce même
élément une place trop restreinte ? En somme, je me suis tenu en garde
contre l'un et l'autre pxcés. Placé entre Charybde et Scylla, je prévoyais
trop qne la critique m'attendrait à ce double ecueil. C'est alin do t'êvitor
que je me suis étroitement attaché au témoin ocnlaire des grandes
actions du saint, que je me suis, pour ainsi dire, cramponné à ce guide
I. Personae o'a pu se méprendre sur le seiu et la portée de mes paroles.
Assurément H. L. a voulu r&ire une aam historique ; mais, malgré ses
dTorls, le C4r«ct(re purement tiaftioijrïphique de «on aturre édite aux yeux.
VoiU tout CR que j'ai tuuIu dire ot ce que je maintiens. Quant ft la prétentioD
de M, L. d'avoir écrit la vio de saint Uartin, dans Te^prit où il l'a ftitt, par
4gard poar l'Écolo de« rharte« et pour l'Académie des Inscriptions, je crois
que beaucoup de membres de ces deui corps saTaats n'accepteraient pas cette
snlidaril^, et pensent que l'on peut, sans contradiction, louer [quoique avec
des resiriclions) le Boi Rênr, oomme l'a fait l'un des directeurs de cette BcTve
{Rw. hiit,, 187», art. '^10}. et critiquer le SanU Martiii, comme je l'ai faîL
COaHESPO?rOA>fCE.
na
Kûr, en un mot, qac j'ai fait de récUircUsement et du commentaire des
texteet de Sulpice Sévère l'esseace môme de mon travail *.
« 3' Il c«l ineiact, parnlessus lout^ que « j'accepte les traditions
■ locales qui font évangi^lifer par »aint Martin toutes les parties de la
« Pranci?, « que je ■ donne comme preuve du passage de «aint Martin
€ l'existence d'églises paroissiales qui lui sont consacrées, » et que je
me serre t de cet argument puur tmcer son itinéraire *. Vous me pr6-
> In justement là, Monsieur, le système que j'ai combattu. Vous me
' forcez à TOUS apprendre ce que tous mBS lecteurs ont pu voir en tétc du
lung chapitre où j'ai cherché à reconstituer, d'après les vesiij^s aulben-
tiqaes, les voyages du célèbre missionnaire. Il y a uu auteur récent qui,
pour recoonaltre la trace du saint dans le Poitou, a pris, en effnt, pour
base les églises élevées en tf>n honneur : c'est dom Chamard, bénédictin
de Ligugê. Et il y a un autrn auteur qui, plus dif&cile, a refusé d'ad-
mettre avec lui cette base trop peu solide : c'est celui à qui vons repro-
cbei, saos barguigner, un i manque absolu de critique ». Le sptème
exposé an même endroit de mon livre {p. 377 et siiiv.) est, an contraire,
de natare à satiiifaire les plus exigeanls. Il consistée n'accepter comme
pieuTes du pas>^ge de L'apùtre que les témoî.!^a;;e& écrits les plus for-
mels et les plus anciens, tels que ceux de Sulpice et de Grégoire de
Tours, ou les inscriptions antiques, et à se servir seulement des ê^ÎBee
\. M. I,. ne paraît pas avoir compris la portée de ma critique. Je n'ai cité
que trots exemples, parce que la iliscuskion qu'il ia&tilue sur ces trois points
m'a para (wrlicaUérement significative, mais tout le volume témoigne des
m^aes défauts de méthode et de critique. U. L., en effet, n'accepte pas en
bloc les lésBode» ; il cd rejette ce qu'il trouve par trop absurde et conserve
le re»t«. VoiU ce qu'il appelle de la critique. El quelle sera vutrc régie en
BMlière d'absnnliléî Pourquoi l'identité de Zscbèe avec, saiut Sylvain do
Levroax est-elle plus absurde que l'anecdote dn sang de saint Maurice, et
celle-ci plut absurde que celle de l'oura qui porte les ba^zigen de saint Martin
ci de uiat lUximln t U. L. trouve piquant d'avoir été blAm^ i la fuis par
■toi cl par un ancien élâve de lltrole des chartes qui lui reproche d'avoir fait
trop bon marché des légendes. C'est qu'en effel il n'y a pas de milieu et (pio
SM d««x contradicteurs sont sur un mdllcar terrain que le sii^o. On peut à bi
ri^Cor (aire sa part au sarotiturel an nom dcstt^ite&, onnepeutpas U lui faire au
Bom eu bon sons, ou si on la (ail, on mécontente avec raison et les croyants et
Icd seeptiques. Même pour Sulpice Sévère, U. L. croit qu'il sufflt de dire qu'il
a été léiDoio oculaire, et dés lors d'accepter soî-m^e les yeux fermés tout cjb
^HnOMte. C'est connaître bien mal l'hagiografihie que de donner une valeur
■fcsoloe à an écrit de ce genre, même contenifKjriiia. En réalité il d était pas
possible d'écrire une \ie détaillée de saint Martin â un |K>int de vue Traiineot
historiipie. Le seul témoignage qui ait quelque valeur, c'est Sulpice, et il est
■tifirilc de dire quel est le dc^ri de son autorité. (U. L. n'a du reste pas
mtee examiné la question de l'nulorité de S. S-, ta seule question critique
tetéressaale qu'offrit son sajel.} Tout le reste a'cîit que légendes et fables ;
■usai al-jc ru raition de dire que U. L. a accueilli une foule de légendes pour
ITMBir sa Tie de saiiil Hartin.
JSO
CORRËSI'UMUXCE.
uu des tradiUon» locales & titre d'iadices complémentaires^ lorsqu'ils se
rencoutrent sur l'itinérairo fourni par les icxtes. Vous ajoutez ceci :
« La simple lecture de la table que l'auteur a dressée lui-même d«5
« églises paroissiales de Franco placées sous rinvocaiioD de saint Mar-
« tin aurait dû suflire à lui montrer la fragilité d'uu pareil argument. ■
Rassurcz-vonts, Monsieur; j> l'ai reconnu depuis longtemps: • Ces
« églises se trouvent en telle quantité sur notre sol dès l'époque la plus
n reculée, qu'il faudrait croire (si on les adoptait pour base) que saint
c Martin a posé le pied partout... Le vocable des églises ne peut nous
« prouver qu'une choso : c'est la présence d'une relique quelconque du
a bieulicureux confesseur (p. 278). ■ Et, ces priucipi^s posés, je m'y
suis scrupuleusement conformé jusqu'au bout de ma minutieuse enquête,
distinguant avec soin, dans la récapitulation, les résultats certains des
résultats probables. Gomment tout cela peut-il vous avoir échappé *?
a 4° Il est inexact que j'aie songé à contester ou & diminuer le rûle
du peuple dans les élections épisropalos, ou, pour parler votre langage,
toujours plein do charitables intentions, que j'aie eu « peur qu'on no
« croie au droit du peuple de choisir les évéques ». Tout le moode n6
sait<il pas que ce droit existait dans les premiers siècles et qu'il a cessé
d'exister depuis longtemps? Quelle sorte de peur pourrail-oii ble-n
épmuver devant a-XU'. vérité biinale ? Le récit très détaille que j'ai donné
de l'élection du saint évèque de Tours (p. 169-177) proteste, d'ailleurs,
t. De ce que M. L. a été plus modéré que D. Chunard dnns VappliralloD
il'un système faux, de ce qu'il a même vu (p. 27ti) toute la faiblesse de e« sys-
tème, il ne s en suit nulleniunt qu'il no l'ait pa» aujtî. Je n'en tcux pour preoTC
que cv qu'il dil sur lus voyages de saint Martin dans les Ciiales (p. 300» 311,
312, 318, 3IU}, etc.. etc. U. L. dit, il est vrai, |i. 277, qu'il y a trois sortes
d'inilires (wiiir connaHn^ les To>a((e» de itainl Martin : a tes dœumeoU ëcril»,
les lé-gundes, les vocables dest églises, > Il ajoute, |>. 278, que les Tocd>les ne
fournissent que des renseignements saqs valeur et que les légendes ont miuns
de valeur encore. Ce qui n'emp^cbe pas que, dans tout ce cbapitre, les doco-
inonl« écrit.s rAntccnjiorainH faisant presque entièrement défaut, il restitue
tous les vi)>itg(^s de saint Martin d'après les ^^Uscs et les It^gendes. L'arcord
de deux témoi^^nages sam valeur est pour lui équivalent à un témolgnaue
Traiscmblable. Je ne peux pas itppeler cela de la critique. Il ne suflit pAS
de poser dencellcnts principes, il faut tes suivre, quitte à diminuer son
Tuluine de moitié et A détruire une léi^endc au lieu d'avoir l'air de la défendre.
Je reconnais du reste que j'aurais diï citer le pasiuge que M. U uppri'sd
i mes critiques et montrer que fl'il n'a pas mis en pratique une intine
méthode, ce n'est pm faute de l'avoir connue. Je reconnais aussi que
M. h. a ^té fort habile, qu'il y a dans son litre dos séries de pettt-étrr,
lie siy d'atlénuatiunA de tout (>enre qui lui permelt/int do se défendre à la
fois contre rcux qui l'acnisenl tic trop croire et contre ceux qui l'accusent
de trop nier. Il a éviJeuiuent Iruuvé que ma critique manquait de dèlicalesM
et de nuances. Mais son systènii! déquilïbre, de demi-doutes et de demi-alCr-
malions ne peut passer pour une méthode de critique scientifique. Ce n'est
qu'un artiliee littéraire.
I
C0nBKSPn>D4\CR.
181
Un
ut ealier contre le Bontiment que vou» ma prêtez, et tous ceux qui
m'oal eutendu traiter publiquement les questions relatives à nos orï-
les religieuses protesteraient de même si vouft les interrogiez. I>a
oie réserre à faire sur ce point, vous la faites \ous-mânic : l'institu-
tion ou rordinalion ■ ne pouvait évidemment procéder que dos évëques,
« qui ont fteuU ta tradition apostolique < >.
■ Il me serait facile de relever d'autres iapsus du même genre^ v Ce
% qui élonro davantage, dites-vous avec assurance, c'est que l'auteur
a ne connais^ pas mieux lo droit canonique, et qu'il pense qu'il y avait
c dps churévéque» en Krauce au v" siècle, i J'ai rappelé en passmt
f qa'uo ne vil guère les cborévèques en Occident qu'à partir du v* siècle «
ip- SIS), ce qui est un peu dilTérent. Mais, eussè-je écrit < m Ft^ance ■,
t ne m'en dédirais nullement. Malgré toute ma bonne volonté, il m'est
1. Poar U question des éIrclioDs éptwropales voict ce qu'a écrit M. h. p. 173,
|74 : • liau% vojotifi dans la pratique te motln dXrrtion f-nsrigné pnr <uinl
jpri«a : Que celui qui dûit gouverner le diocèse soit choiâi par les fivA(|ueA
oisins en présence du peuple, et qu'il Mit jugé digne pu* les auffnHîCit du
abllc — Il ne fâul pas rroire qu'i aiieunc i^pmjnn le peuple ait créé ilirec-
uojit les «Téqucs. — Cyprict) ne lui ultribuait qu'uoe voix consultative, et
prêtait aui érAques voisins qu'il apparteuail de nommer Térilâbtetueot et
loftliluer leur» noureaux eoll«>);ueii. s On voit que U. L- soutient danti M>n livre
l d&os M répoDAK deux lhéoric<i dilTércnlefl. Ici il prétend que le peuple a
le droit de choisir l'évéque : là il dit que le peuple n'a que loix consultative
et donne seulenient soa avis, après le choix des èvéqueti, < sur le caractère et la
r^utatiou des candidats >. Puisqu'il est reveou lui-même, sans l'aTouer il est
mi. MIT le» afllrniations de son livre, je me diftpense de lui citer le» textes
sans nombre du m* au z' s. qui prourent que le peupln a le dniit d'eUctio
•VMit l'intervention des êr^ues et non le droit de cimietijuj après leur inter-
veatioa, que bien loin d'être conf^ulté sur le caractère du cnadidat après sa
WMDiaatioo, c'est lui ipii nofjimr et ce sont les éTèquesqui jugeot le caractère,
InulnicUon, les doctrines du candidat et ralitient ou cassent le choix du [leuple.
Ob chercJierait en valu dans ft4dnt Cyprien la phrase citée par M. L. U y a
S^oaU on « par les évAques * qui en change le sens. Voir! la phrast; rérllable :
« Ul Mcerdoi plèbe présente suh omnium oculis deligatur et dignuH atque
idûwas publiro judicio ac Icstimonio cxitnprobetur. » Il n'y a pas deltgaturab
eftieopis, et en effet il est clairement indiqué au | sntvani que ce detigatur
embrasse i U fuis le suffrayium donné par le peuple et le judicium prononcé
par les évoques. « De nnirersac fralernilatîs sufTragio al de cpîscûporum judi-
cio epÎKopatUB ei deferlur > Ep. G6, g 4 et 5. Du m* au x* s. les évëques ont
été choisi; par le clergé et te peuple, examinés, confirmés et ordonnés par les
évoques rompruvinciaux. M. L. est trop bon écriTain pour soutenir que c'est
là ce qu'il a dit dans les phrases citées plus haut. Quant à ce qu'il ajoute plus
loin que v te pape avait en principe le droit d'élire les évi<ques », cette afiirma-
UoD est ptuA «xtraordinairc encore que les précédentes. Nicolas I" lui-même
&'ajamai>> rmis une prélenlion pareille, et n'a rérlaiiié jioar la Papauté te droit
dr conlirmatiOQ qu'eu ce qui roacurne tei^ métropolitains, Mais en voiU assez
MT ce sujet, je ne veux pas multiplier outre mesure ces petites Icoms de
droit canon qui paraissent chagriner si fort M. L,
482
COREESPOIDASCB.
impossible d'accopter votre petite Icçûn do droit canon, ot jo me per-
mettrai de vous renvoyer, pour en prendre «ne vous-même, au cours
d'un de nos plus éminenls professeurst M. Adolphe Tardif, au Diction-
nairt des Antiquités chréUennei de Martigny (articlo choritéquei)^ et sur-
tout û Tlioniussin, cf^Lte autoritt' si sûre, qui non snulemeul aHirmi^ ce
que vous conteftoz, mais qui cite un concile do Riez de l'an 439 men-
Ûoimant en propres termes un de ces dignitaires ecclésiastiques '. Je
pourrais vous demander aussi comment la manière dont j'ai cherche^
soloa vous, < h concilier les partisans de l'apoEitolicité de l'Église de
■ Tours avec leurs contradicteurs fera sourire les uns cl les autres »,
alors que j'ai simplement reproduit ra\is des plus sages d'entre eui.
Ah 1 si j'avais défendu d'une manière absolue la thèse de l'apostoUcîté»
de quels sarcasmes ne m'au riez-vous pas acaihlé f Je m'en suis gardé :
j'ai encore mal fait*. Vralmoat^ Monsieur, vous êtes difTiclle à contenter.
Ëtes-vuus plus heureux quand vnus rappelez, en croyant trouver là une
arme contre moi, que c'est la critique moderne qui a di^mâlé dans Gré-
goire de Tours la reproduction de certaines légendes germaniques? Et
ne craignejt-vuus pas que ceci ne réveille inopportunément le souvenir
du singulier procédé dont vous avez usé jadis envers certain auteur,
que vous avez < exécuté » sommairement dans une note fort «évére de
vos Études critiqufx sur les sources dif l'histoire viéroringieriHe (son œuvre
n'était, du resto, quo l'essai d'un débuiaut), pour adopter un peu plus
loin, au sujet du caractère légendaire do quelques chapitres de Grégoire
de Tours, son opinion, ses arguments et jusqu'à ses expressions, sans
1 . Pour les chor^T^qocs, je maintiens avec asmranee qu'il n'y en eut pas eu
Occident an v' ». Lf seul et unique texte qui les mentionne est le texte au
condic de Riez de 439 qui déposa Annentarins pour n'AToir pas été cananiqae-
meut institue. Sn rêf^vraiit au cnnAn 8 du concile de Mcée qui autorise a insti*
tuer comme cborévéques lef. évoques repentants dus oovaUens, les perça \*cr-
mettent de donner à Armentarius une église de campagne • la qua chorcpiscopl
nouitne ut Hem canon lotjuitur fovtsAtvr >. tes membre» du concile de Riez, eo
appliquant ce lerrjic ttn!r de chorévéque quiU eiiiprunteol au concile de Nic««
sans en ctimprendre la portée (car les fooctions qu'ils pcrtitcttcnl à Arraenta*
riu« ne ^onl nullnnieul ct^llei^ d'un f borévéi|a«>}, ont clairement prouvé que c«it«
insltUilion n'était point connue au v' h. diini^ 1 Église acxidcntalc. Puisque M. L.
me renvoie A Thumas^n, il aurait bien Tait dc*L{; relire [ou de le lire) avant
de Ik citer- Il verrait que TbomaHsin comprend comme moi le texte du concile
de Riez et qu'il ajoute en conclusion : n LfiK chorévéques étaient donc pnuque
inconnus dan» tout l'Occiilont jusqu'après l'ati bOO. » Conime le tfile unique
sur les cborévêques conccriae le concile de Riez el le diocèse d'Embnin, M. L.
n'a po8 lieu de se plaindre que j'ait; écrit : en t-Yance, au lieu de : m (KcidenL
'2. Assurément : et M. L. u en efl'et eu tort de ne |>as exprimer ucttemcut
tson opinion. Écrire ua livre sur saint Martin sans qu'il soil possible an lec-
teur <1« savoir ce qu'un pense sur l'apnsfolicilé des Kgtiscs des Gdules, r«
n'est pas m: tenir en gard^ contre deux cicès, c'est évilftr de se prononcer sur
une quentioti capitiili', el dit rroisscr le^t partihans den deux ductriaes. La science
et la critique s'accoinmodcol mal de ces timidilés iogenienses.
CORRESrOXDK^CR.
183
vouloir avouer ni si^olcr cette re&fiemblanco compromt^itante ? Vuus
avies, U est vmi, un motif puissant pour rendre â l'objet de vos
riguetm cet hommage involontaire. Un érudit allemand, lo docteur
jDBphans, s'était prononcé dans le même sens sur ce point particulier
de criciq^ue. Dès lorri, vous jugiez bon de vous incliner... et do le citer.
Germania locuta est : ctttua finita ut '.
c MaiB je veux m'ea tenir aux rectitications qui précèdenL Otte
besogne faite, qxte reçte-t-il do votre article*. Monsieur, en dehors de
l'expreffiion trop peu dog:uisée de la répugnance que vous inspireut mes
opinion? et mes croyances ? Briauconp moins, assurément, qu'il ne reste
de mon li\Te après votre rude attaque. Et pourtant quelle belle mati&ro
TOUS aviez à traiter I J'aurais aimé, je l'avoue, qu'un adversaire de votre
■avoir et de votre habileté examinât après moi quelques-unes de ces
grandes et intéressanteiï questions soulevées par l'histoire de notre
apdlre national : les origines du nionncliisuie en Ciaule, l'établissement
de nos premières paroisses rurales, la transformation de la classe agri-
oolc, la grave affaire des priscilUanistes, cei épisode capital, dont vods
vou« Ôtea gardé de dire un mot, sans doute parce que ai l'événement ai
le récit ne justifient vos préventions, et l'influence du culte de saint
Martin sur les destinées de notre patrie, et la forme primitive du monu-
ment qui abrita le corps du thaumaturge, et les incroyables dévaiitations
des huguenots (sujet quelquefois emharrasjiam, j'en conviens), et le»
rapports de la légende martinienne avec les mythes germaniques, etc.'. >
A. Lecoy ds lx Mabche.
S. Cette iasinoa.tioa serait odifose, ni elle n'était pas trop plaisante. H. L.
a poMié jadis une brochure sur l'aulonti de Gréf;oire de Tours dans laquelle,
Toolanl détruire l'impressioa qui ressort des écrits du grand éTéqae en ce qui
louche l'élal de 1'Ê|j;tiKe rbrétii-nni- ati ti* n-, il a n^uni tiiun len arguments du
P. Lecointe et de H. Kriet contre l'authenticité et l'autorité de Vllisloria Fran-
eontm. Il j au^me ajouté quelques drguinents noureanx, entre autres r«luî-ci :
qu un boouM aussi instruit que révoque de Tours n'aurait pas appelé Octave
Octavien î oomrae f\ Octavianus n'était }>a5 le nom d'AoRusLe! Ayant lu ce tra*
«ail de U- U 1 la Bibliolb^que naliunale, je n'ai pa» trouvé qu'il valût la peine
de !• réfuter autrement qup dans un« courte itote, et j'ai préféré m'en tenir A
b réftitation des arf>nnic&ts du P. Lecuinic et de H. Kries, les seuls qui eos-
•enl quelque voleur. Mais mon livre tout entier es) la rontrc-partic de celui
de M. Ler^y de la Uarche. Il insinue |K)ur(ant que je l'ai pitié sans le nommer,
parce qu'en parlant de légendes frauqaes d'aprë» U. Junghans et non d'après
loi, je me sni^ï servi comme lai du mot de refrain. \a vérité est qu'après
avoir la md livre je a al pas cru utile de me le procurer ni de m'en servir,
méiM pour le réfuter. Si cette similitude de mois vient d'une rémiotaceoce,
•Ile eat bien involontaire. M. L., &ans s'en douter, a montré là une fois de plus
WiMca il manque et desprit critique et d'impartialité.
3. Il 7 a en effet beaucoup de choses dont j'aurais pu parler et je ne crois
pas que le livre de U. L s'en fii( beauc^iup mieux trouvé, J'Ai d'ailleurs [larlé
de l'épisode de« priscillianisles en protestant contre l'assertion d'après laquelle
l'Eglise catholiipie aurait conserTé k l'éj^ard des hérctiqoes les principes do
184
r^RHESl'aiVIlilfCE.
Uilérance de saint Martin. Je renvoie sur ce p«ijit M. L. h l'excellenl traTul de
M. Harel sur VHrrè^ie el t« Bras sécuiier au moyen âge.
Je relèTc enfin niie dernière in^irluHLi^>n de M. L-, U »cale qui m'ail louché,
et qu'il sait Atre injuMc. Il i<.iipivi&e que mcfl jogAnienlK Ront dirtéd par larépu-
gDUice que m'inspirent ses opinions et mïs croyance». Il est pourtant assez au
courant de ce que i'écris depuis douze ans pour saroir que «'il est une cbûse
A laqufdle j'ai donné loofl mes ^ins, c'est à ne pas laisser inlltjencer mes juge-
ments par les upinionit palttîquvs nu reliKicu6e&i que si j'ai quelquefois péché
par quelque excès, cnl par la liienreillance pour les tuuvres de ceux qui peuseal
aalremenl que moi, jiar la «évérilé pour ceux qui, arec des opioioas semblable»
aux loiennpïi, me paraissent manquer d'équité ou d'es)trit srieolilique. Je puis
ritcr <l ci't t'Kanl mes jn^eiiu-nls sur h-f* livres de M. Thureau Dangin, de
U. Gautier, de M. Valois, on au contraire ceux sur U. Jules Delaborde, sur
M. R. Uoeière^, sur M. L. Double ; je puis invoquer comme têmoiiçnage chacun
de mes Bulletin a dan»>c{?lU' Hfvuu. La v«ritê e»I qu'en Ju^raiit M. L, je me suiK
inspiré des m^men sentiinenU, quu je l'ai lu av^tc le désir dv pouvoir le louer, cl
qu'après 1 avoir lu j'ai modéré autant que j'ai pu l'expression de mes ju^^emeols.
J'ai dJl exrWJ'eiiï re (jui méritait seulement d'être trouvé bon ; j'ai loué let* qua-
lités litlêraireA de M. L. sans parler «le (^f> défauts littéraires. Aussi plus duo
savant, parmi ccui mêmes dont M. L., si respectueux pour les traditions d'école
et la majesté des aréopages, me doit pas contcsier la compétenee, m*a-t-il repro-
ché mon indulKcnco. Je ne la regretlo pas, c^r elle ne fait que uittnii ressortir
tout ce qu'il y a d'acerbe, d'injuste el de peu ratsomté dans la réponse de U. Locojr
de la Marche.
G> UONOD.
■CI5iriT : A BISTOAY UP ANCIKNT GBOcaiTBT.
18ï
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
BDXBtTRT. A blstory of anciftiit geography among the Greeks and
Romans, from Lhe earliest âge, lill the fall of Lhe Roman Empire.
— 20 caries. — 2 volumes (G66, 7^3 pp.). — Lond., Murraj J87i>.
La publicatiou d'une liistoire de la géographie ancieuatj est la bien-
venue en France aussi bic>n qu'en Angleterre. Les derniers grands
ouYTiges d'ensemble qui ont été publics sur ce sujpt simt dôjà anciens
eC vieillissenl chique jour par le progrès des recherches. Le manuel
de tCiepert, si riche de raiUi et de résultata, n'est qu'un résume^ où
Tbistoire des connaigsances ne figure qu'à titre d'aperçu rapide. Le
DouTol hictorien de la géographie ancienne ne pouvait guère saisir do
moment plus Tavorahle. Sa manière n'est pas sans offrir de la ressem-
blance^ avec celle de Grote. Elle a plusieurs qualités de la célèbre his-
toire de Grèce, et maUieureusemeat au^si quelques-uns de ses défauts,
parmi lesquels il faut compter la prolixité. Cependant, ce que nous
reprocherions surtout à cet ouvrage, c'est d'ofTrir plutôt une série d'études
SUT les faits et les documents qui se rapportent à la gèngraphic ancienne,
qu'une expositiun solidement encbaincc du sujol. Chaque partie est
traitée avec soin, mais eu elle-même. On se lasse d'une méthode dont
l'analyse est le procédé exclusif; ou plutôt l'on est forcé de reconnaître
qu'au maniement, mi^mc très habile, de r^t instrument d'investigation,
l'historien doit joindre l'exerclw d'autres facultés, sans lesquelles son
œuvre n'est ni complète, ni vivante.
Tout ce qu'une analyse minutieuse, s'appuyant sur un bon système
d'interprétation des textes, servie par une connaissance très solide, nous
ne dirons pas de ranliquité, mais de l'antiquité classique, peut appor-
ter de lumières, a été réalisé dans cet ouvrage. Nulle part n'a été dressé
avec plus de précision le bilan des connaissances propres à chaque
auteur et à chaque époque. Dans ces études qni atteignent parfois tes
proportions de monographies, les sources écrites de la géographie
ancienne sont distinguées les unes de^ autres, passées en revue suivant
l'ordre chronologique, et chacune est appréciée avec une justesse qui
ee dément rarement. Les renseignements sont examinés dans leurs
rapports avec le^ vues générales et les moyens d'information du témoin
dont ils émanent. Si l'on songe & la confusion dont l'abus des citations
-ngues ou fausses menace les recherches de géographie ancienne, on
estimera le prix de ces études qui, prenant les textes à leur source, eu
rétablisisent nettement la date et le sens.
186
C01irTKS-llB:TDV9 CBITIQDRS.
Nous n'aurions, nu (ait d'omisisianfi, à regretter que cf>llo du Périplo
du Bosphore, qu'a publié en 1873 M. Wescher. D'un autre côté, il est
malaisé de comprendre à quel litre le De mensura orbis du moine Dîcuil
Ggure danit une histoire de la géographie anciejine. L'œuvre est inté-
ressante sans douto; mais par sa date (ne* siècle), aussi bien que par les
Bourcos nouvelles de ses renseignements, elle n'appartient plus à la.
période classique. Cette apparition inattendue de l'Islande sur l'horixon
géographique n'est justifiée par aucune eiplicaiioc préalable.
Nous résumerions volontiers les lacunes de cette histoire en disant
qu'elle est plutôt celle des acquisitions de la géographie, que celle de la
Bcience olle-méme. Les progrès de la géographie ne se mesurent pas
seulement à la quantité des matërieux qu'elle amasse; et si quelque
chose distingue surtout le mouvement scientiSque qui eut ses foyers à
Milet et à Alexandrie, c'est le caractère théorique et généralisa leur que
lui imprima de bonne heurt', le génie grec. A la vérité nn suit assez
aisè-mcnt, à travers les substantiels chapitres consacrés h Ëratosthèncs,
flipparque, Piolémée, le développement, avec les causes qui l'ont favo-
risé ou entravé, de la géographie mathématique. Mai» les efforls ou, si
l'on veut, les tâConnemenU de la géographie physique ont été négligea
avec un injuste dédain. U s'agit moins de savoir si les anciens onl
atteint la vérité, que s'ils ont eu, et à quel degré, le sentiment de«
vraies méthodes. De rares indications disséminées en ditTérents cha-
pitres ne permettent pas de suivre le progrès des observations, de juger
comment aux conceptions puériles de la géographie primitive se subs-
tituèrent des théories plus ou moins exactement fondée* sur Texpo-
rience des faits. Pour n'être pas spécialement des géographes, Hippo-
crate et Théophraate ont autrement contribué aux progrès de la science
de la terre que Scymnus de Chio ou Oenys le Périégète, et occupent
dans son histoire une place peu conforme à celle que leur laisse M. B.
dans son livre, où Aristote lul-mémo n'a qu'une part étroitement
mesurée.
Parmi les causes politiques dont l'innuence a été capitale sur le
développement des connaissances terrestres, celles dont nn a principale-
ment tenu compte sont : {' La colonÎMtlon grecque, fait à vrai dira
aussi ancien que la race elle*môme, et qu'il est un peu arbitraire de ne
considérer qu'à partir du vra" siècle; — 2* l'expédition d'Alexandre et
l'établisseiueûl des monarchies helléuiqueB; — 3° la conquête romaine.
Les campagnes d'Alexandre sont étudiées de très prés au point de Tue
lopographique. L'importance du sujet justifie ce soin. Faut-il admettre
cependant qu'elles aient été le signal < d'une extension subite des
connaissances >, et peut-on dire qu'après Arbële l'expédition devient
< un voyage de découvertes i? Les résultats de Texpédition se répan-
dirent par df^s écrits, dont les principaux ne furent publiés que long-
temps après U mort du conquérant. Suns rabaisser la valeur do ces
résultats, il semblerait juste de réserver le uom de découvertes aux
explorations do l'Inde G&ngètique ot du littorot africain jusqu'à la Corne
iDTrecniT : i BiSToai or i^fcrevr ceogeapht.
^87
du sad^ qui, sous les Ptolemé«s et les 6éteacide«, ouTiireat vérilablo-
meDt an monde nouveAa.
La conquête romaine et I^Jttensioa do l'Empire vers l'Ortent ne
sauraient expliquer les cbangetneDls qui 8'acœmpltrenl dans les voîca
de commerce de l'Asie vers le premier siàcld de notre ère, et qui nuronl
tant d'inQuence sur les progrès de la géographie alciandrine. tkj sont
les révolutions politiques de l'Asie, et aon celles de l'Europe qu'il faut
ici considérer. A l'époque où Marinu» de Tyr recueillit ses précieux
îliDéraires ver« la Sérique, l'nuteur rappelle avec raiiton que la Chine
dominait dans le bassin du Tarim. 11 nViU pas été moins utile d'ajonler
quand finit cette domination. Elle avait déjà ceîtsé au temps de Plulemée:
tout indique que les relations directes par terre cessèrent avec elle; et
c'est pourquoi ce géographe dut se borner à compulser, en les coordon-
nant de son mieux, les renseignements de son devancier sur ces contrées.
A la môme époque la Chine exerçait aussi sa domination snr le Tonkin,
duat elle resta maîtresse jusque vers la fin du vi" siècle. Cette circuos-
tance, qui parait avoir échappé à rattenùon do l'historien, nous sem-
blerait de nature à modifier son opinion snr la position du port et du
payf des âinae, qu'il incline à placer dans la Cochinchine et l'Annam.
Terminons par l'examen de quelques points particuliers, sur lesquels
il peut être utile d'attirer l'attention.
!• Dans le chapitre, excellent d'ailleurg, sur Hérodote, la région
montagneuse qui marque la limite jusqu'à laquelle parvenaient les
renseignements des Grecs de l'Euxin, est identifiée avec l'Oural, de
préférence a l'Altaï. Mais depuis le temps où Hoeren planait sur les
pentes ile TAItaï les lointaines tribus dont les négociants* d'Olbia con-
naissaient les noms, les progrès de nos connaissances sur r.\si« cen-
trale ont accrédite d'autres idées. C'est plutôt vers le^ grandes chaînes
du Tian-Chao et du Pamir, sur la route des gîtes aurifères encore
eiploilés dans le Tibet occidental, que se portent aujourd'hui les con-
jectures, n e-st regrettable que celte hypothèse ait été passée sous
silence.
2" L'auteur n'admet pas la circumnavigation de l'Afrique par les
Phéniciens. II serait inutile de rentrer dans uue discussion où l'on
peut regarder rx)mmn épuisés les arguments pour ou contre. Mais un
pointsubsidiaire mérite examen. Hérodote, toujours préoccupé de prouver
par un témoignage expérimental que la Libye est entourée d'eau,
allègue en outre l'opinion des Carthaginois. L'auteur pense que c'est le
voyage de Uannon qui, vaguement parvenu aux oreilles d'Hérodote, a
servi de fondement à ce prétendu temuignago. l^a conjecture ne parait
pas heureuse. Les renseignements de source carthaginoise qui se
trouvent, en petit nombre, dans l'historien grec, se rapportent évidem-
ment à une époque anlérieure à Ilannun. Il y est question du oommen'^
entretenu avec les populations de la côte du Soudan, c'ost-;L-dirc de
relations qui n'existaient plus au temps de Hanaon, puisque le but
attesté du voyage fut précisément de les faire revivre.
488 COHPTBR-lR^DDR CIHTIQDBS.
3* Sur la question tant discutée de TOxas, tes idées de l'auteur
manquent de clartô. On sait par Slrabon que Potrocle attribuait &
l'Oxus et à riaxorte une embouchure directe et Indépendante dans la
mer Caspienne. L'auteur infère simpli^ment de ce passage qu'à l'époque
d'Alexandre on ne connaissait pas l'existence distincte du lac d'Aral,
sans 8R préoccuper d'aillpurs dVxpliqu**r cnmment à la même époque
l'emploi de TOxus cnmme voif> navigable Vf^rs la mer Caspienne est
décrit en propres termes par l'historien Aristoboilloa. Cet important
témoignage n'est pas môme mentionné. Plus tard cependant il enre-
gistre sans discussion le passage par lequel Varron nous apprend que
cette voie de commerce était aussi pratiquée au temps do Pompée. Il
est difficile de saisir t\ travers ces contradictions une opinion person-
nelle. Sur un seul point Tautour se prononce avec une netteté qui ne
laisse rien ù. désirer. Il n'y a pas de doute, suivant lui, que le lac
d'Aral ait existé dans la période de Tantiquité historique ; mais les
anciens ne Tauraient jamais connu. Ce serait une illusion de croire que
VOriana palus de Ptolémée et d'Ammien Marcellin se rapportât à cette
mer intérieure.
4* Nous citerons parmi les meilleures discussions de l'ouvrage celles
qui nonc«rnent la valeur des matériaux employés par les anciens pour
déterminer avec précision les dimensions dos contrées et les positiont
des lieux. Nous ne pensons pas que l'auLeur ait exagéré leur insuffi-
sance. Il rejette, comme une hypothèse gratuite, ropinicm qui attribue
à Ëratoslhénes, dans son estimation erronée du degré terrestre, l'emploi
d'un stade différent du stade olympique. On doit regrettej" que Taiiteur
ait cru devoir passer trop brièvement sur la carte d'Agrippa, dont il
rec(»nnajt pourtant l'importance. H est probablement dans le Trai en
disant qu'elle reposait sur des données empruntées aux itinéraires.
Mais la question méritait d'6tre examinée de plus près, et à ce sujet les
travaux de MuclleahotT, de Partsch, paraissent être restés inaperçus.
Reconnaissons qun M. B. s'est très habilement servi du texte môme do
Ptolémée, afin d'en tirer la preuve des procédés auxquels U étaîl
réduit, par l'absence ou la pénurie d'observations astronomiques, pour
établir ou rectifier ses positions. Il n eu raison d'insister sur l'iûcertitude
de résultats ainsi obtenus, et de réduire à leur juste valeur les inter-
prétatious qu'on peut être tenté de fonder sur des coïncidences plus
apparentes que réelles.
Kn résumé cette histoire de la géographie ancienne est, malgré ses
imperfections*, un excnllcnt instrument d'étude, qui rendra, nous n'en
doutons pas, de véritables services.
P. VmAL-LABLACBE.
t. Ajoutons quelques observations de détail — II oe semble [ws probable
qullérodutp ait ignoré le ftolfe Pcrsiquf>, ai Tnn roDiiiMitqu'Dératre l'aroonu.
— Dans le Périple de Scjlai ({ 35), l'identiflcatioa d'Antium, liinile des Tjr-
rbéaiens et des LiKure*- «^ec Autlpolis, uoua Mmblv peu admissible. — Ilast
E. DIVAIMXS : r.éoO&iPHIK nt: Ll^ tlAFLK ROVAIM-.
isit
Ë. DcâJARDCvs. Géographie historique et adminiatratiTO de la
Gante romaine. Tome II, gr. in-8» de 74 S p. Paris, HacheLle.
Prix : 20 fr.
Avant d'aborder l'analyse de ce tome II, nous devons toutes nos
AxCQses à M. Ernest Drsjardins, comme aux lecteurs de la Aerue, pour
le retard que nous avons mU à parler d'un ouvrage aussi itnpurlanl. Ce
retard, nous essaierons de nous le faire pardonner en consacrant h ce
volume un compte-rendu au moins aussi délaillo que celui que le tome
pramier a obtenu de M. I^ul Guiraud (L VU de la Revue, p. 443-44â).
Dans le plan primitif de M. £. D. l'ouvrage devait comprendre deux
volumes, dont le premier serait consacré à la géographie historique de
la Gaule, à l'étude de la formation et de l'organiitation des provinces,
de leur administration politique, civile, militaire, Ûnancière et reli-
gieuse, de rinslitution municipale, des corporaiiou», du culte et de
l'êtai social pendant les quatre siècles qu'a duré la domiuation romaine
dans les Gaules. Le second volume aurait contenu l'étude des voies
romaines a\ec les mudificatious qu'elles oui subies aux difl'érentes
^>oqueg, la topographie des cités, celle des cantons qui ont été retn)uvés,
les vici on bourgades, les castttla ou ch&teaux forts, les Ueux hisLo-
riques, les stations thermales et les endroits célèbres par le culte des
divinités topiques. Ce plan s*est modibé dans l'exéculiou. Un volume
entier, le premier, a elé reiupll par la géographie physique comparée
de l'époque romaine et de l'époque actuelle; celui que nous avons sous
les yeux porte eu sous-titre la cohûv^.te, et se divise en cinq chapitres^
I, Introduction. II, Élat de la région S. E. à l'arrivée des Romains.
m, Conquête romaine et organisation provisoire do la province. IV,
Étal de la Gaule chevelue à l'arrivée de César. V, Résumé géographique
des campagnes de César. Au moment de clore cette seconde partie,
M. E. D. nous annonce que le volume suivant traitera de la géographie
politique — orgiiaisatiou des provinces et des cités — et nous montrera
la Gaule moralement conquise par la civilisation romaine. Un tome IV"
et dernier complétera ces études de géographie historique.
L'auteur, dans le chapitre I"' qui sert d'introduction aux trois
Tolumes attribues par lui à cette partie de la géograpbie gauloise, passe
en revue n^us les termes qui doivent hgurer dans une histoire de la
Gaule administrative. En jetant un regard rétrospectif sur les € procédés
tente et sûrs des Komains dans t'ojuvro do la conquilte depuis les plus
anciens temps, en Italie >, en nous racontant la destruction des natio-
DaUtéa italiennes, il tend i faire la preuve de ce fait que, pas plus que
ces dernières, le^ nationalités gauloisps ne constituaient dans leur
ensemble une patrie commune. Cette a:>serti(ui a été couteslée. Le
peu exact de dire que ta description des ra^Burs et du caractère gantois dans
Stnbon soit empronlèe à César. — Dans la carte de l'emiiire ronaiin i sa plus
grande eileofiion, on a'îndiinie qu'nae Uaurétanlc ; SingîdaiiuiD est à la place
de Vjmioacium : Aquilée est oubliée.
490
COMPTES-BEXPDS CKITTQU89.
témuigaage non saspecE de César < uoiversae Galliae coDsensio >
(B. G. VU, 76) devait fitro en effet un sérieux argument en Taveur de
l'opinion contraire ; mais M. D. le rrduit à sa valeur exacte au
moyen de chifTres décisîfB d'après lesquels plus d'un tiers du territoire
gaulois resta neutre dans la lutte à outrance dont Verdngétorix prît la
direction. L'institution du mum'eipium romain stibi^tituè en Gaule à la
civitas devait consommer cpitle œuvre de désagrôgal ion et préparer l'ab-
sorption des ppuples gaulois dans la grande patrie rnmaine. Nous arri-
vons ainsi au i"* siècle de notre ère, où l'on voit la Gaule, € municipa-
Usée et romaniséo », contenue par les armes d'une seule cohorte (1,000
à i,2Û0 hommes).
Il était naturel que M. D., éttadiant l'état de la Gaule au moment
où commencent les guerres de César, ouvrit cptlc étude par une revue
nouvelle et critique des peuples de la t région Sud-Est ». Et d'abord il
faut donner acte à notre auteur de sa profession de foi en matière de
géographie historique, t Nous n'avons pas eu un seul instant la pensée
dViprimer une opiuiou et de recommencer cps agréables tournois où la
politique contemporaine pourrait reveadiquer une large part cl dans
lesquels des lettrés de talent, comme Ampère le jeune ou Prôvost-
Paradol, se plaisaient à prendre carrière. Pas une proposition historique
qui ne BOit un fait ; pas un fait qui ne soit établi sur des preuves, c'eet-
â-dire sur des textes ; tel est le but que chacun doit poursuivTe, tel est
du moins le but que nous pourtiuivoDs » {p. 29). L'auteur s'est tenu
parfile et l'on peut affirmer, son livre à la main, qu'il a- fait entrer la
discussion do la géographie gallo-romaÏDe dans une voie absolument
neuve, la seule qui pût, sinon toujours aboutir au dernier mot de la
science, du moins nous y conduire tût ou tard. Les matériaux sont
ilésormais réunis, lu plupart sont déjà mis k leur place déSnitivp, et
d'autant plus facile sera l'œuvre d'édiGcation pour les esprits vraiment
critiques qui reprendront cette œuvre au point où le savant académicien
l'a conduite.
Suit donc un tableau en raccourci do l'histoire des cinq ou six
« familles ethnographiques » qui avaient occupé le sol de la Gaule avant
l'arrivée des Homaiiis, les Ibères, les Ligures, les Ombres, les Phéni-
ciens, les Grecs, puis enSn les Celtes « que les Romains n'ont pas dis-
tingués des Gaulois n.
Les Ibères ont un caractère à part et une individualité persistante
qui rendent plus sensibles les traits communs do tuus les peuples qui
n'appartiennent pa^i à leur race. Notre auteur discute les opinions de
M. d'Ârbois do Jubatnville et de M. Lagneau »ur les peuples qui ont
reçu un contingent ihérion, ei arrive k cette conclusion que l'Espagne,
rÀquitaino proprement dite, le UoussiUoa, le Das-Languedoc et le
Florentin italien sont les seules régions de l'Europe où se retrouve la
toponymie ibérienne. Il atlach*?, non sans raison, plus d'importance à
Tonomastique locale, qu'aux textes grecs et latins où se rencontre une
opinion sur les Ibères. Il adopte Icss conclusions de M. d'Ârbois de
E. DESIi&DIlfS : GiiOCRAPaiB OE U ûktlK. BOUAI^tt;.
A94
Jabtinville sur la question si conlrovcrsée des Ligarcs, dont l'origine
doit être considérée comme absolument indépendanto de celle des
Ibères ; maie il insiste plus que no l'avait fait M. de Jubainville sur ce
point qu'elle se ratiaclie étroitement à Torigine des Gaulois proprement
ails. Les Ligures sont venus d'Orient et ont dû remonter la vallée du
Danube. Il est à noter que la question ligurienne, à la diffcmnce de celle
des Ibères, ne comporte guère d'autres éléments de discussion que des
textes historiques placés dans leur vrai jour et rapprocbée avec un sen-
timent juste de leur inégale autorité *.
Les bornes imposées à cette analyse ne nous permettent pas de résu-
mer, môme on quelques mots, les développements cou&acrês par notre
auteur aux tliéses qtii portent les titres suivants : le^ Déciates elles
Oiybri étaient Ligures ; — SaUuvii, Salyes ; — les Sailuvii sont Ligures
pais Celto-Ligures ; — les Sailuvii Ligures sur la côte maritime ; — coo-
fëdéraliou des Ligures Saiiuvii ; — la légende et rinscription fausse des
saintes Marira, etc., etc.
Après avoir passé en revue çl discute point par point l'emplacement
de tontes les localités mentionnées cbez les écrivains ou Kur les pierres
èpigrapbiques comme appartenant au territoire des Ligures, M. D.
s'occupe des peuples appelés Ambrons^ Ombriens, Ombras. U montre
l'origine commune des Vmbri et des Ligures^ communauté dont le pre-
mier indice se rencontre dans une anecdote racontée par Plotarque
{Marius, XIX, 5j. D'autre part il relève ce fait que les murs de Murviel
(Hérault) et ceux de Nages (Gard) ont des caractères qui lo« distinguent
essentiellement du système de construction gauloise ou romaine, et les
rapprocbent d'un système dont l'application se retrouve dans les murs
de Citlà d'Umbria ; il tire de là cotte conclusion que le domaine des
Umbranici ■ devait comprendre, outre le diocèse d'Albi. ceux (lire
celui) de Montpellier, une partie de celui de Nîmes et s'étendre sur tout
le Bas-Languedoc, cela bien entendu avant l'arrivée des Gaulois et
pent-étre même avant celle des Ligures (p. 125). Nous aurions voulu
que M. D. dit un mot de plus pour marquer le rapport existant selon
loi entre les Vmbri et les Umbranici qui se succèdent immédiatement,
— sans autre lien que la similitude de noms, — dans le cours de son
argomen talion.
Aptes les Vtnbri^ les Phéniciens. L'auteur, dans une exposition lumi-
t. Cesl le liea de rappeler l'opinioa éooDCêe par U. Al&ed Haary dans son
Innil intitulé ; Le» Ligures ei l'arrivée dts populations celtiques au midt dff
lu Gaule ;nit>liulUèque de l'ËcoIe de^ bautes éludes, Se. pbilolog. et hi^lor.
35* CucioUe, lS7â). < J'ai cherché â «lablir, u dii l« savant ar^éinlcien
(Jtwmol de» Swantt^ 1S78, p. 586), que les Li^urvs oot été l'aTanl-f^rde de
llnva&iOQ celtique. Tûiit^fois ces iiroIo-Ce[ti>s dur«nl se iimdifîer par leur rroi-
s«meiit âTec U population qu'ils reuconlréreal dao» U Proveuce, premier siège
de leur établïsseroeat i t'est du Rlit^oe. ■ Voir aussi le« premières paj^es du
lirre de M. le professeur L. de Vairoger : Les Celte*, la Gaule celtique, etc.
ittat la Rtvue a doDoê un comple-reudD (XIV, 1&9).
192
COMPTBS-BSTTSOS dUTtQIÎBS.
Qeuse, aouBmouLre roccupalion des câtea mùridiouales de la Gaule p&r
CCS voyageure-uégociants de race sémitique. C'est là un des faitâ les
ptus intéressants et les moins élucidés de notre histoire primitivef
même après les publications de MM. l'abbè Barges, Judas, MnTers,
Muok, Ole. M. E. D. pnnsc que les Sémites ont dû faire un long séjour
sur les eûtes de la Gaule méridionale et dans le Bats-Rhône ; il s'appuie
pour établir ce fait sur l'appellation d'Ora tibyca conservée encore, an
temps de Pline lo naturaliste, aux doux petite» bouches occidentales du
fleuve, celles qui devaient embrasser l'île Melina et qui donnaient accès
à. VRûfactea du Rhône (Saint- Gilles), c'ost-à-dîrc au port fluvial de Mel-
karth '.
Le p:iragraphe relatif aux Grecs de la Gaule, à la colonie phocéenne
de Marseille, rempli de faits intéressants et de considérations neuves,
se fait lirp agréablement, ce qui n'ôte rien d'ailleurs ^ sa valeur scïen-
tiliquo. Une belle carte comparative en couleur nous fait voir Marseille
à l'cpoquc grecque, en 1850 ot en !877, alors que l'antique cité pho-
céenne s'est trouvée quintuplée. Nous passons on revue Ips diverses
colonies, des Grecs échelonnées sur la côte, soit à (a place des établisse-
ments phéniciens, tels que ceux d'Haraclea Canabaria (baie de Cavalaire),
Portus flereulis, distingué par notre auteur comme par Ptoléroôe du
Portus ïlerculis Momeci, soit de création ligurienne puis hellénique, tels
que TauroëntU7n {Tareoto), Olbia (Almanare), Pergantium (Brégançon},
Alcans ^baie de Cavalière), Citharista portru (la Cioiatl, Antipotis (An-
tibes), etc.
La distinction entre deux Portus Herculis^ simplement énoncée
d'abord, donne lieu un peu plus loin (p. 180) à uns petite digression sur
laquelle, il convient de nous arrèlor. D'Anville n'admettait pas cette
distinction présentée par Ptolémée dans les termes les plus formels. Le
Portus Hercuhs Munoeci eat celui de Monaco. Lesecoud Portus HercuUs
est placé par M. D. ■ dans le beau havre de Villefranche ■. Ses auto-
rités sont Cluvier (Italia antigua)^ RiccioU {Geograjthia riform.), Giof-
fredo (Storia deile Alpi Marilitnei. La question a été reprise récemment
par M. Edmond Blanc, bous la forme d'une communication à l'acadècote
des inscriptions et belles-lettres (C-r. des séances de IS79, p. (îl). Après
avoir rclové les opinions émises avant lui, M. Blanc combat le dédou-
blement du Portus HercuUs, et propose commo pis aller d'assimiler le
Ptirlus HercuUs = Villefrandie à VHeractea Accabaria. A son tour,
il cruit trouver dans Gluvier un argument on faveur do co dédoublo-
menl *.
1. Sur une publication de M. l'abbé Barges que H. E. D. n'a pu comprendre
dans )■ nomenclature hlbllrigrapliiqijft de. la qiiRsIlan qu'il a, iri comme presiiae
partout, ajoutée en note an développement de ivon teite, — voir Repve cri-
tigueAa nerxind semestre 1879 (n** 150 et 154).
2. Cp. Cluvier, Ital. Ant. i. I, p. 63- Comment ce psuage a<t>il pD prêtur
UDsi à deux inten'r^lAtioas qui s'excluent mutuellement? En rèolllé Clurlcr
E. DEâJABOIfifS : G^tM^IUl'IlIB DE Li likULE BOMilNE.
I!)3
Le ptngnpfae suivant nous met etifm aux prises avec ta question
tant controversée ilos « Celles ou Gaulois p ; mais c'est plutôt un lablcAU
critique îles divers systèmes d'i^xpUcalioa de nos celtiates (pic le pys-
t^nte de notre auteur iui-m^mc. • M. Alexandre Bcrtroml, dit-il avec
justesse, t'est fait Tarchi^logue de ce qu'on peut appeler la question
celtique; MM. Gaidoz et Abel Hovetacque en sont avec lui li.>s lin-
guistes ; M. le D' Broca, l'analomiste ; MM. rie Satilcy et flh. Hobert,
tes numismati^tes'. Quant à M. le D» Lagueau, il peut prétendre au rùlo
de bibliographe, tant il a apporté de zèle à l'œuvre de dépouillement
des textes classiques *. ■
Dans l'opinion de M. E. D., ce sont MM. d'Arbois de Jubainville et
te Jy Broca qui paraissent avoir réduit la question à ses véritables
termes, • te premier en éliminant toutes les théories préconçues, qui
n'ont pris naissance que dans des temps tr&s rapprochés de nous... ; —
Iv second, en conslatant, grAw à lanthropologio, que la seule classiGca-
tion acceptable nous est fournie par Ips difTérences physiques, obser-
vables encore de nos jours, entre les deux types désignés par lui sous
tes noms do type belge et type celtique, t M. E. D. nous parait bien
sévère en qualitiant d'arbitraire le système de M. Alexandre Bertmnd
qui fait des Celtes un peuple ou même une race esscnlicUemeol dis-
tincte du peuple et de la race gauloise. Si M. Bertrand s'est exagéré la
ccKtitnde de sa donnée en prenant pour épigraphe le vers d'Horace
Qao me cumque rapil où veri deferor hospcs,
il n'en est pas moins hors de doute que eon mémoire sur ta valeur d$s
a^TMsiom KeXToi et raXdTat etc. datii Polybe est d'un excellent exemple
comme application de la méthode mathématique à la toponymie. I^ur
M. £. D. Gâtâtes et Celtes sont synonymes. U ne serait même pas éioigné
de DO voir dans Gâtâtes qu'une simple trsnscripllon de Kani, Kt>Ttxo\,
rappelle qu'on s'est deniand^ 91 Portas Hereulis Monœci se rapporte iV Uonaco
on à Villefrancbe, près de Nice. Cette dernière altriboUon rejtose, ajou!«-l-iI,
Mirée que le port de Viltofrancbe est plus vaste que celui de Monico. Le
uvMt géop-apbe peo» qu'on a pu donaer à Villefraoche le nom de Porius
BtrcuUa (tool court) pour le diàUuguer du Porivs lleraUis Sioiurci. Tuulcfois
U soupçonae que Ptoléméo vofuit donner A ce lieu tanUïl le simple nom de
rorhu Btrculis, taotdt celui de Portut Monœci ; ~ et ayiinl apprU qu'il y
aTkil ta deui ports, a nttriliué les deux aom«i séparés à res deux porU. rluvier
csUme que «i les babitonls ont lire parti de celte rade, le port a dO recevoir le
nom de PoTtus yicfrrntium étaul silué à deux mille» de Nice. Enfin il identifie
'\'iilerr«acbc ou ViUafranca arer l'ancienne fHioula de rilirirraire d'Aiiloaia.
Malheareasement U. K. D. ajourne au volume qui trailera des Toies rouialocs
rexpienioa de aoo opinion 'sur lemplacemi^nt de celte drmiere localité.
1. Cette énuinératiuu [Hturnt [tarallre Itien in^ufTiMnte, wah plusieurs Iravaox
ll« M. Lagaeau sniil piutéricurs » riinprtAsiuii du Tuiniuf: qui noun orrupc.
Nous appelons l'attenliun des rrlUstes Rur «on article Cftles liiM le dicltoo-
nalre des sciences médicales du D' A.. Decharobre, article Ircs complet^ suivi
d'uae riche biblioti;rapbie.
Rb\. HisToa. XVI. I" PASO. 13
|!>4 COHPTGS-HBKDUH caiTlQCEH.
KtXtcU en retXAtot. Nous plaçant à ce poialde vue, nous hasarderons une
autre conjecture qui nous parait tout aussi acceptable ; c'est que FoXim ^1
serait la t'urmc Gaili gréciséc au plus tard 260 aus avant noire ère^ data ^^
h laquelle on la voit ëgurer dans un texte de Timèe de Tauromenînm.
Cette étymologio tond raitÂcoiiQrmor Topinion de M. d'Arhoisdc Jubain-
ville et de M. K. D., mais il nous en coùinrait de lui socriGcr sans
nouvel examen la distinction proposée par M. Bertrand.
Ueb autre question non moins controversée retif-'Ut quelque temps
noire auteur. Il s'agit de l'opinion récemment produite par M. Dertrand
relativement à l'origine âts Gaulois qui s'emparèrent de Rome en 38J$t
et dont rémigration dans la Cisalpine, d'après le savant directeur du
musée de Saint-Germain, ne peut être placée à une époque aussi reculée
que le cummcncomcnl du vi' siècle avant l'ère chrétienne. Pour M. Ber-
trand, le récit de Tite-Live est une pure légende. On sait que
M. Maxlmin Dcloche, daos une suite de communications faites à l'aca-
démie des inscriptions, défend et justifie la tradition de Tite-Live et
8'appHqne à montrer lîn'clle m concilie avec le récit de Polybe. M. E. D.
termine l'historique de la question en proposant de conserver en entier
le récit de Tiie-Livc (V, 34-35)j sauf < peut^tre ■ ce qui coaceroe la
date de l'émigratian (vers 600). Il adopte comme « excellente • la Ustfl
âos peuples transalpins envahisseurs do Rome telle que l'a dressée Titfr-
Live. Ce n'est pas qu'il dédaigne celte de Polybe; seulement la dilTé- ^m
renca entre ces deux listes lui semble tenir principalement a la diCTi^ (
rcncf» de leurs ilestinations respectives. La première, celle <le Tite-Live,
est dressée surtout au point Je vue de l'historien, tandis que celte dCj
Polybe a plut6t un intérêt géographique.
Vient ensuite une eoumération détaillée et raisonnée des peuples 1
gaulois fixés dans la n'gion du sud-esi, Volces Toctosages et Arèco-j
miques, Cavaret:^, Voconlit, AUobroges, etc.
Le chapitre III devant traiter de la conquête romaine et de l'organi-l
ration provisoiro de la province, l'auteur, avec raison, fait précéder son
exposé d'un tracé de l'itinéraire d'Ànnibal, et indique la roule suivie
d'ordinaire par Içs troupes romaines se rendant en Espagne, .\jinihal,
selon M. D., dut franchir les Pyrénées par le col Peribus, où plus tard
fut construite une voie romaine, — traverser le Rhône aux environs d« ^
Caderoiisso, ce qui est aussi l'opinion proposée par le colonel Henné- fl
bert, suivant en cela Napoléon !•», — et les Alpes au mont Genèvre;^
mais te passage des Alpes n'est que simplement rappelé ici, ayant été
discuté au tome I*' (p. 68 et suiv.) '• ^M
I
I
1 . L'èl>iaologie dv Geuèvre est encore h Irourer ai l'oa a'idopte pu celle
qu'a ]iro]u>i^éo M. Alfred Maury {Journal des Satanls, sept. 1878, p. M8)
savoir : Mon* Vagicnioruni devenu par nu'ilnlhiVsc Gaviemonim, d'où Geaivre.
Ce nom est exclusivement imiKisé au pic Matrona daus Ammien Uareellio
(XV, X, C) et dans t'IUnérairu de Bordeaux â Jémftaleai. Ce root, Bolnot
M. Uaury, est certainemeal c<;Uiqu« avec le sens d'Irrigation. Le pic Uatroaa
A
E. DESJABDIIVS : (IHOGRAPRlE DE LA CiULE ROMAIMi.
4'J5
En connexil« avec les cxpédilioas d'Aunibal, cet hiï^lorique prélîmi-
aaire nous montre Marseille inquiétée par les Ligures transalpins et
apprl&nt Iw Romains à son secours l'an ilh av. J.>C., la ville d'Aix
Toodèe par G. Sextius Calvinus, la gunrre contre les Allûbrogps on 122-
121 ot rétablis^Mnerit do lu Prormar ipii ihî fui dabord auin- rhosnque
la mission, provincia, de foire campagne en Gaule. Ici une digression
mr la condition des colons de Narbonne et sur l'état de ta Province
(Narbonnaise) en 102.
L'historiqnr reprend avec l'arrivée en Gaule des Cimbres, Tentons,
Ambrons^ Toygènes et Tigurins ; il se continue par les campagnes de
Blarius, le tableau de la Province de 102 à aU, page peu connue de nos
annales où le romain Fontêius, que défendit Oicéroa, joua un »ï triste
niio. Cbemin faisant M. E. D. rencontre plusieurs points de controverse
topographique tels que l'emplacement de f'cn(ia=îValence, question doul
il donne faute de mieux une utile bibliographie.
Nuu» arrivons ainsi à l'an 60, après les guerres allobrogiqnes, lorsque
les Germains, engngôR comme mercenaires par les Arvornes unis aux
Séquanes contre les Éduens, portèrent tear nombre de 15,000 à 120,000,
baliircnt les Éducns dont le chef Divïtiacus vint h Rome invoquer
l'appui du Sénat.
Le chapitre IV nous donne l'état de la Gaule chevelue à. l'arrivée de
Géear. H nous est impossible d'analyser cette descriptiou de la Gallia
eomata et des soixante peuples qui ont formé les soixante civitata
d'Auguste dans l'organisation de l'an 27 av. J.-C.; mais nous signale-
rons la belle carte dont cette description est accompagnée. Topographie,
mythologie locale^ étymolopie ethnographique, toponymie gauloise,
telles sont les matières; que M. O. traite ici avec plus ou moins de
développement. Partant de la division qui ouvre les Commentaires do
Géear, il décrit tour à tour l'Aquitaine, la Celtique [clsUgérine} et le
Belgiura. Un 4*^ paragraphe est consacré à tu Celtique transtigérine et à
eee vingt-deux peuples, parmi lesquels se rencontrent les Parisii, avec
leur ville LvUtia ou Lucoloda. Cotte partie de la Géographie est un de
cmx où se manifestent avec le plus d'éclat et d'attrait les qualités des-
criptives et démonstratives du savant professeur. Il fait revivre le Paris
gillo-roroain jusqu'à produire une véritable illusion. La question de
êmahum-Cenabum lui donne l'occasion de produire, sous toutes réserves
d'ailleurs, tue hypothèse combattue depuis par M. Alfred Haury '
Hrait une msler aquamm. — Le nions î.esura ou Lesora (Losèro] ne se ren-
contre poor la première fois que à&D^ Sidoine Apollinaire, tuai» Il doit être bt«n
aalii'rieur a ce i>oèle et d'oriKitie celli(|ue. — Vae luonta^'nc non mentionnée
daoft rilincrairti tracé par U. Desjirdins donne lieu à une intéressante ob&er-
Tilion de M. Maury (lieu ciléj. Il s'agit de Gaura Uonsque l'itinéraire Je Bor^
daax i JéruKalcffi place entre Luc et lions Seleucus (ta Uastie, Mont Saléoo).
Cawra correspondrait an col de Caftre qui se trouTC prccisénient dans la direc-
tion marquée par t'Ilinéraire.
\. Journal des Savanh, octobre 1878, p.5S9.
4%
COMPTES -BEITDOS CaiTIQCKS.
d'après laquelle César aumii eu en vue doux locatitës distinctes daxis les
pa.«sages de scb Commentaires où ce nom Ggure : VnRùCenabum # em*
poriiim » et ■ oppidum Garnutum » devenu Orléans (Cotnmfnt. I. VU,
3 et 1. VUI, 5t par Hirtiua), l'autre < Gennbum Carnutum» oppidum
Genahum », qui serait Gicn {Comment. 1. VII, 11-12|. Il n'y a matlieu-
reuscment aucun argument comparatif à tirer de ce fait caracléristiquâ
que les Gcnabema paâseat la Loire sur leur pont à l'approclie des
Romains, ce qui nouR prouve que Genabum était sur la rive droite du
Oeuve. Gion ot Orléans sont pareillement sur cette rive et durent y ôlre
dans l'antiquité. La plus grande objection qu'on puisse faire i l'hypo-
thèse de M. E. D., c'est que Cé.«ar, chez qui le style et la pensée sont
d'une clarté proverbiale — quand il ne tient pas à être ubscur, et ce
n'était, guère ici le cas, — n'aurait pas à quelques pages de distance
mentionné deux localités distincteB avec la même qualification t oppi-
dum Genabum ».
Un tableau synoptique en quatre colonnes des 21 civîtates de la Cel-
tique d'apriîs César, Pliufl, PtuliMutie ot la Notitia provinciarum est du
plus grand intérêt au double puinl de vue de la topographie et de la
linguiatiquo gauloise. Ce tableau, en raison môme de son utiUtéetdesa
bonnn structure, nous rend d'autant plus sûnsible la privation d'instru-
ments analogues pour les 38 autrns peuples du territoire gaulois.
Au premier abord, le récit des guerres de César oa Gaule semblerait
mériter uue analyse qufliiue peu développée dans uae revue dont la
matière spéciale est riiîstoire proprement dite, mais notre auteur n'ap-
porte dans cettr^ partie d^ son ouvrage aucune prétention à l'originalité ;
son intervention personnelle n'a guère d'autre but que de nous prémunir
contre les lémériiés ou les inadvertances de ses devanciers, et encore
n'est-ce toujours qu'eu ce qui regarde les points de controverse géogra-
phique. Nous ne voyons poiut que M. Ë. D. ait donné son appréciation
sur les publications de Léon Falluc, de Jacques Maîssiat, de F. de
Saulcy, bien qu'on leur doive une étude étendue, approfondie sur le*
campagnes do Jules César dans les Gaules.
La question d'Alesia olTrait à M. D. une belle occasion de déployer
son taleut d'exposition et d'appliquer une argumentation précise et
lumineuse. ïl ne s'y est pas pleinement abandonné. Son historique,
complet, nous le reconnaissons, mais bien sommaire, laisse au lectear,
impressionné par cette grande et triste page, comme le regret i\ue l'au-
teur n'ait pas donné à son récit tout le développement et le pittoresque
dont il semblait susceptible. Il nVprouve aucun (embarras, dit-il, à
déclarer qu'au début de la lutte archéologique? h laquelle a donné Heu
cette question, et dans un temps d'ailleurs (1856-5â> où l'on u'avaJl fait
encore aucune exploration, il s'était prononce pour VAirsia frauc-com-
toise, pour Alaise. M. Ë. L>. nous propose la solution < non donteaso
aujourd'hui » qui lui parait ■ la plus conforme aux indications de
César ■>. Celte solution correspond aux conclusions proposées ou approu-
vées par Napoléon III dans la Vie de César et par la commission de la
E. PESTABni^s : néncRArntE de la citLE EovAme.
197
topographie des Gaules. Alcsia est duuc toujours »ur te lerritoirâ
d^AUse-Sainte-Reîne. Il n'y a plus, danc l'esprit de M. K. 1)., que deux
otijeclîoDS qui l'empôcbeDl d'adopter cet e m placer ment f&ns résen'e,
d'abord la difficulté de placer les 250,000 défeuseurs d'Alesia sur le
mont Auxoîs, pui» t'étcndue de 16 kilomèlres donnée â la circonvalla-
lion, lorsque les vallées qui eiitoureut cette coltine ue peuvent satisraire
I à cette mesure. Mais notre auteur a singulièrement alTaittti lui-même
ta première objection on faisant observer avec raison que tes manus-
crits ont pu jeter te désordre et le trouble dans la statistique numérique
du contiogeal de chaque peuple.
Une dernière question d'emplacement se présente dans le « Résumé
géographique des campagnes de César >. Il s'agit A'tlxeUodunum. oppi-
idum des Cadurci. LePuyd'Issotu ue satisfait pas entièrement M. E. I>.
rmaJgrè les eiploratiuns (tourlant bien démonstratives, sinon convain-
otnlee, de M. de Gc8»ac. Toutorois il voit dans ceti/? attribution une car^
rtaine probabilité. £d discutant précédemment (p. -i^) la toponymie
^dn Cadurciy l'auteur c'avait défendu ni rejeté aucune solution. Il s'était
sntenlé de rappeler divers autres emplacements^ proposes par le
^géDér3,) Creuly (Ijuxech), par M. A. Sarretle iTlsseli. Il aurait pu
accruitre sa bibliographie, ample déjà surcctteque-stion comme presque
sur luutcs les autres, s'il avait eu connaissance du travail de M. Th.
Tamizey de Larroque < de la question de l'emplacement d'Uxellodu-
nom » 1854, in-8*».
On ne aurait trop louer M. Deejardins de cette circonspection, qui
ne t'a jamais abandonné dans le cours des deux premiers volumes ei
qui, l'on peut en être assuré, continuera de diriger sa critique dans les
deux volumes à venir. Aussi nous associons- nous pleinement à la pensée
d*un de uua maîtres lorsqu'il rvconuall â celte consciencieuse et savaule
publication tous le» caractères d'un uuvrago d'enseignement^. 11 y a
plus : l'œuvre d'un érudlt français où nous sont présentés dans leur
première forme les êJéments de ta nationalité gauloise, et où chacun do
ooDs peut voir à l'origine les dènomîualioQs, l'état} et souvent aussi
k J'bistoire de son pays natal, c'est â notre avis une œuvre salutaire au
Iprcmier chef, en un mot, une œuvre d'éducation.
C. E. R.
Die primitive Caltor des Turko-tatarischen Volkes auf Griind
sprachlicher Forschungcn, von Hcrraann ViMBiÎBY. I^ipzig, Brock-
baus, 487U. Cnvol. in-SS viii, 276 p.
Le titre de ce livre indique suffisamment qu'il relève de la philologie
plus que de l'hisioire. l^e savant voyageur hongrois qui, depuis plu-
1. Voir, sur ci>tl« controverse, notre Bibliographie générale des Gouiei.
1** partir, 5* série (questions lopograplûques), section VxfUodunum.
1. AUred ilaury, (. c, p. 583.
498
COMPTSS-RE'ÏDnS CRITIQDSS.
sieurs anné(%, partage son aciiviti^ littcrairo cnirc. les quesiiona orinn-
tales conte mporainos et l'élude des dtaJcctcs Uirtarcs, nou» donoe ici le
complémeut du travail qu'il a publié récemmeat bous le litre de
StjfmologiscMs ^œrterbueh der Turko-tatarischen Sptachen. Daas I'ud
comme dans l'autre ouvrage, l'auteur demande à. l'examen comparatif
des dialectes CArtare^turcs, muDguU et aliaïques les iracea de la civîli-
satioD primitive de cette grande famille asiatique dont le passe restera
longtemps encore poti cuunu, sinon tout à fait ignoré.
Les peuples de race turque n'ont pas d'histoire, ce qui no veut pas
dire qu'iïp furent heureux. Chez eux pas d'archives, pas môme de sou-
venirs de t'amille d'un caractère moitié fabuleux, moitié historique; un
dirait qu'ils sont nés avec l'islamisme, ou du moioB c'est aux anna-
listes arabes et bj^antins qu'il faut demander quelques vagues rensei-
gnements sur leurs premières manifestations historiques. Ici donc,
faute d'autres documents, la philolugie peut seule nous aider à dcm^
1er le passé de cette race ; mais , bàtons-nons de le dire , cette
science nous offre de précieux secours. On sait que le type distinctif
de cette famille de longues consiste dans la soudure des différeates
parties du discours à un radical Invariable, au moyen d'afOxes et doi
anfOxes. Ce mécaniïime auquel oa a donné le nom bizarre mais expressif
d'agglutination pormct da dégager sûrement la racine des particules qui
l'enveloppent et df poursuivre ainsi l'analyse des mots primitifs, avec
plus de précision qu'on ne peut le faire à l'égard des langues arieuiee.
C'est grâce & la structure pariicutière des idiomes turcâ-tartares que
M. V. essaifi de reconstruire l'état social et politique, les moeurs, le»
croyauces religieuses des peuples qui les parlent. Son livre est divisé en
vingt sections dont voici les titres : L'homme et le corps humain ; —
Le sexe et l'âge; — La famille ; — La demeure; — Le mobilier et le
vêtement ; — Mets et boissons ; — Chasse et agriculture ; — Commerce ;
— Armes; — Guerre et paix; — Gouvernement; — Poésie; — Musique,
danse et jeux; —Terre, lirmament, étoiles, etc.; — Climat, phènomèoes
célestes ; — Terre et eau ; — Rèpno animal ; — Régne végétal ; —
Couleurs ; — Dieu et rolîgion ; — Notions morales et abstraites.
Sous chacune de ces divisions, l'auteur groupe les racines corres-
pondantes aux idées qui y sont développées; il poursuit l'étude com-
pan>e de res éléments linguistiques dans les diiïérents dialectes
asiatiques do mémo souche et arrive, à travers de nombreuses digro^
sions, à une synthèse qui ne modifie en rien d'essentiel les opijiloos
admises sur tes peuples de race mongole et tartare. Nou.s les trouvons
de bonne heure en possession d'un état social mitoyen entre la barbarie
et la civilisation, tantùt pasteurs et nomades, tantôt séduntaires clj
agriculteurs, mais partout ot toujours plus aptes à la guerre, aux inva-
BÎons, à la spoliation qu'à la vie policée; race envahissante et domina-
trice, faeonnéii merveilleusement ]iour la conquête, mais incapable de
gouverner et do conserver ce qu'elle a conquis. Tels ont été en plein
moyen âge les Turcs des petites dynasties (Sassanides, SatTarides, etc.)
I
TIOCLPEKK : GESCHICBTC PEU l'KSKH t'Ml AlUltKIl.
l!»9
qui réfèrent m Bactriane et en Perse; tels furent les Turc? compoMini
b atilice prétorienne du khalifat de Baghd&d, et les cohortes miiitaircs
4vti Stfldjoukidee et d'autres dynasties. C'est ainsi qu'on pnut vraiscm-
blatilemeut se B^rer aussi les Gers Tourauiens dont le Scixah-Samth
nouK raconte le^ luttes gigantesque^:, f'\ toutefois la dénomination de
iauranien ne comprond pas d'autres âlomenls quo ceux de race turque,
ce qui est loin d*élre établi.
Ce c'est pas ici le lieu de suivre M. Vamlx'iry dans son analyse phi-
lologique qu'il conduit avec uhé? ingénieuse dùlicatesse et une i^ounais-
Mnce approfondie dea nombreux dialeclfis turcs. pRut-on accorder an
hardi voyageur unn conGance illimitée? Nous ne le pensons pas. Sur
un ternÛQ aussi mal aflemii, il est difficile de marcher d'un pas tou-
jours assuré- Bon nombre des étj'mologîes proposées dantii son livre
seront contestées, tton nombre de ses assimilations prammalirales et
philolopiquRs seront reléguées dans k domaine dos conjociurps. Qu'on
nous permi'tte d'en citer un seul exemple, qui a un caractère hisloriquo
ou toutau moins ethnographique. D'après M. V. le mot sarle. qui si^i-
fie primitivement mardutnd, puis, par extension, voyageur et ftranger^
s'appUqaer&itauxpopulalionsderacectdetype iraniens dont lesanc^^tres
furent en contaLl avec les Tun:s par les relaliûus commerciales. Rien
de moins jus^iiliô quo celle assertion. Les vocîibuUin?.^ indigènes qui
confondent quelquefois les Saries avec les Ttu^jiks (ou Taziki) s'accordent
du moins à les considérer comme des populations itdentairei, urbaines.
tour témoignage, confirmé par celui des voyageurs modernes tels que
Shaw et M. de Ujfalvy, contredit, ou le voit, l'opinion du pliilnlngue
boQgroiSt qui .se serait sans doute aperçu de s,h mcpri^ïc s'il avait con-
sulte ses notes do voyage et t>p.'^ observations personnolles.
Ces inexactitudes et quelques autres du mi>iae genre ne doivent
pourtant pas nous porter à méconnaître tout ce qu'il y a d'original et
d'instructif dans le travail de M. Vamhéry. On doit au contraire le
remercier de la persévérance avnc laquelle il étudie In passé d'une race
inférieure, il est vrui, aux Sémites et aux Ariens, mais qui a son rang
dans l'histoire etqui, par ses représentants actuels, les Turcs Osmantis,
semble devoir encore exercer une certaine înQuence sur les destinées
de notre civilisation occidentale.
BAKsiea DB Mbynard.
Oeschlchte der Peraer und Âraber zur Zeit der Sasaniden aus
dcr arabischen t^lironik Ats Tabari uberâetzt... von Tb. Nœldeu.
Leydcn, Brill, 4879. Un vol. in-S", pp. x):nii-503.
Abou Jafar Moubammed ben .larir, plus connu sous le nom de
Tabari, né en 839 à Amot, dans le Tabarislan (de U son surnom), mort
à Bagdad en 023, a écrit, entre autres ouvrages, nne chronique univer-
selle qui s'étend de la création du monde à l'année 915. Celte chronique,
300 COHPTBS-EB.VOUS CaiTIljOBS.
écrite GQ arabe, est une des sources auxquelles sont venus le plus soa-
venl puiser ses successeurs j mais sou succès môme lui a été fatal : an
abréKé persao fait par Bclami a tue rûriKinn), comme jadis Justin
avait lue Trogue Pompée. Néanmoins la perte n'a pas été aussi irré-
parable : un des plus éminents orientalistes de notre temps, M. de Goeje,
de Leydc, a reconnu qu'en rappruclianl les fn^;menls de l'original
contenus dans Ips diverees hibliothfrquns d'Orient et d'Europe fCona-
tantinople, Rritish Muséum, Bodléienne, Paris, Berlin, Leyde, Algej-)
il était possible de reconstituer le texte complet do l'ouvrage primitif.
L'appel fait par lui aui orientalistes d'Europe et aux sympathies du
public savant a été entendu; les principaux arabisants se sont partagé
la Lâche et bienlAt Ton aura en vingt volumes l'œuvre originale de
T&bari, éditée, ei suivant les ca:is annotée, et traduite, par des savacta
commp M. Dartli, M. Nœldeke, M. Guyard, M. de. Goeje, etc. |
M. Nœldeke iî'est chargé de la partie de Tabari relative à Thistotre
(le la Perse kous les 6a»sanîde«. Il vient d'en donner te texte dans la
CoUectiim dt- M. do Gonje, et dan« un volume â part la traduction avec
un commi'ntairiî abondant. Otte [KTiode drs Sas.^iinidP3 vs^t une de
celles dont ta counaist-auce importe te plus à l'histoire intellectuellr des
sept ]iremiers sièctet) du christianisme, car c'c^sl la seule pôriode où
l'Occident et l'Orient se soient trouvés l'un en face de l'autre pendant
si longtemps, Tun et l'autre dans leur pleine indépendance et avec une
personnalité franchement accusf?e; c'est aussi celle dont l'histoire est
la plus diflicile à faire, â cause de la diversité des sources, de leur îac{>-
héronce et de leur étal fragmentaire. JuNtuici, c'est surtout à l'aide des
écrivains byzantins rjue l'on a e.'ïsayë de la reconstituer : le gros de la
besogne a ctr fait au siècle dernier par Le Beau, complété et rectifié au
commenconieat de ce siècle par Saint-Martin, qui a essaye d'éclairer
les documents occidentaux par l'étude des sources orientales. Mais
depuis âaiuL'Martin, ta science a marché : le livre de M. Nœldeke oe
donne certes pas et ne peut donner le dernier mot, car le nombre de«
Sfiurces urientales mise^: k la disposition île l'Iiistoripii est r^ncore inG-
nimenl pptit on comparaison de ce que l'on est en droit d'atl4>ndre; maïs
il indique la voie à suivre et les mille conquêtes de détail qu'il contient
donnent lieu d'espérer beaucoup pour l'avenir. L'auteur, par l'étendue de
ses counais-^nces orientales, est un de ceux qui étaient te mieux en
état de remplir sa tâche difficile. Les source» d'une histoire complète
des Sassanides sont, outre les Uttératures grecque, arabe et persane, la
littérature, la numismatique et l'épigraphie peblvie, les écrivains armé-
niens, les chnmiqueurs pt les théologiens syriaques, enfin le Talmud
où se trouvent dispersés nombre do renseignements historiques et géo-
graphiques. M. Nœldeke peut consulter directement toutes ces sources,
à part les sources arméniennes. Aussi il n'est guère de page qui ne
contienne un rapprocliement nouveau, qnelque fait nouveau établi,
quelque erreur roctifiàe, qu'il s'a^^isse d'hisiotre militaire ou d'adminis-
tration, de théologie ou de philologie. Signalons en particulier les
luirrBMPS-kEiDPKri : cournuES m. l'anjoii Et do yihim. 2ul
obflârvaiionB i^ur le rôle dea chréiien? en Perse et la part qu'ils ont
prise À la chute de Ghosrnes Parviz ([ai oarre la période de l'anarcbie
et ouvre la Perse aax Arabes.
Dans l'ioLToduction, M. Nœldeke recherche les sources de Tabari
pour l'histuire des Sassaiiides. Ce qui fait l'intérêt spécial de cette
l>artie de Tabari, c'eRt qu'il reproduit plus ou moins directement tout
aa ordre de documoats d'origine gassanidc dont le représentant occoa-
sible le plus connu jusqu'ici, Firdousi, est pustérieur de près d'un
siècle et demi h Tabari. U s'agit de cette chronique pehlvie, à la fois
nytUique, le^endain^ et historique suivaut les époques, connue sous le
&m de Livre de;* Rois, qui s'étendait des oriiçines de ITrao à la mort
de Chosropa Parviz, et qui, rL'diffée sous le dernier rul sa^saoide,
Yezdgiid III, traduite en persan sous les Saamuides, et augmentée
d'un certain nombre de traditions indépendantes (par exemple, la
légende grecque d'Alexandre), a pris sa forme définitive et durable sous
les mains de Firdfmsi. Ce document pohivi était entré dans le monde
arabe par une autre vuie, par la traduction d'Iba Moqafla, et c'ost de là
qu'elle est entrét! dantt les (buvk» dlba Qotciba, d'tCutvcliiu6 et de
Tabari, Mais à eàté do ce cercle de traditions, il est une autre série qui
no se retrouve ni dans Ibo Qolciba, ni dans Eutychius, ni dans Pir-
dou#i et que Tabari a en commun avec Yaqoubi. Il y a donc là à câté
du oorps de traditions coordonné ofticiellomenl par les Sassanides,
d'antres snurcpjî historiqurs qui ont trouvo leur roule dunù façon ou
d'autre dans le courant des chroniques postérieures, oi Le départ de cofi
deux ordres de sources permettra de remonter plus haut qu'on n'a pu
le faire jutKiu'ici dans la tradition sassauide proprement dite. Ici l'ajuvre
de la critique commence à peine.
L'ouvrago finit par àe» études détacliëes sur quelques points spéciaux.
Meniioanonsen particulier les observ-alions sur l'organisation intérieure
d<* l'empire, sur Mazdak et ea secte, sur la révolte d'AuoshazAd contre
Noashirvào, sur le roman de Bahràm GAbEn. Chacune de ces étudea
est nourrie de faiLs et conduite avec une méthode sûre, I^ livre do
M. X. est le guide indispensable de tous ceux qui veulent étudier
l'histoire de lu Perse sous les Sussanides, soit à l'iulérieur, suit dans
?«& relations avec Byzance.
James Darubsti^tbb.
Contâmes et Institutions de TAnjoa et dn Maine antérienres
an XVI» siècle. Textes et (locumunts aviic notes et disserlalinns
par M. C.-J. limTEflfs-HEAtPRK. Première pjirLie. Coutuiniw cl
stjlBs, lome Iruisième. Paris, Durand ni Pedono-I^^uriel, ^879,
^ vol. in-«* di\ 324 p.
M. Beautemp^Iteaupré poursuit vaillamment sa grande entreprise.
Voici un nouveau volume, le troisième, qui contient deux slifies ange-
302
C011FTES-IB!(DD5 CIUTIQITES.
vias du x\* siècle et la contome de 1463, s&ns parler de textes acces-
soires. Vrai festin de roi I Ces vieux styles n'ont pas été jusqu'ici étu-
diés d'assez près : ce sont les aïeux de notre code dt procédure, tout
comme les coutumes sont les premiers essais d'un code civil. C'est vers
le xv« siècle que la division des textes coulumiers on styU d'une part et
en coutume proprement dite d'autre part s'accuse nettement : id,
comme partout, la synthèse, une grossière et infonne s>nthè*o, a pro-
cède l'analyse : le droit ciWl et la procédure sont sortis d'une même
coque, d'un même œuf.
Nous sommes au xv« siècte : la coque se brise. Les deux idé«s se
séparent et nnust nous trouvons en présence de deux codes de procodare
et d'un code civil. I^a raculté d'annlyf^e a fait chez, loft jurisconsultes de
sérieux progrès depuis deux siècles : il suffit, pour s'en convaincre, de
comparer la coutume du xiii* si^le avec celle que nous avons sous les
yeux. Le droit romain a continué sa marche victorieuse : il a enlacé la
vieille coutume comme un lierre gigantesque armé de mille racines pé-
nt^lranles; un chapelet de glosi^teurs rumanisants s'est acharné sur ces
textes^ coutumiers pour les enguirlander de lois romaines quand ils ne
se sODl pas ouverts d'eux-m^mes sous le coin romain.
En examinant attentivement cette société féodale déjà vieille, con»-
ciente et rÔlléchie, on fait cA ex là de curieuses dcoouvencs : je constate
que dnpuis le xn* ot le xni» sièclp l'aristocratie féodale a esRayé do répa-
rer, par une modification à la loi des successions, le dommage que
lui causait te partage des fiefs. Dans les terres qui n'étaient point ba-
ronic$, l'aiûé noble laissaîi autrefois à ses cadets un tiers en propriété;
il garantissait ce tiers en parage h ses puinés : de là an morcellement
désastreux, car « la malere de paraige deppend de despié de 6é et en
est la principale cauite *. » L'aristocratie a limité le mal et conjuré sa
ruine en restreignant aux filles les successions de ce genre : les puioés
miilcs n'ont plus qu'une jouissance viagère. Ainsi le droit d'aioeese
s'est développé, s'est fortiiié avec le temps au lieu de s'amoindrir. Cette
transformation était réalisée dès la 6n du xiv* siècle.
Sur ce^ questions et sur tant d'autres qui se pressent quand on inter-
roge ces vieux textes, M. B.-B. nous donnera sans doute bien des
éclaircissements dans la notice destinée au t. HJ, mais qui sera publiée
avec le t. IW. Pour l'instant, ce t. UI n'est encore qu'un recueil de
textes; les observations que M. B.-D. y a jointes n'ont trait qu'aux
manuscrits.
Chacun des textes puhlies par M. B.-B. sont ici, comme précédem*
mcntj baptises d'un nom alphabétique fort inutile, car cfis textes se
distinguent tt)ut simplf*mont par eux-mêmes de la manière la plus évi-
dt;nte. Pourquoi donc leur donner, sur le titre seulement et comme
pour la montre, les quallQcatious de GIII ? La conséquence de ces qua-
lifications pompeuses est désastreuse. Dans le volume de M. Boaulcmps-
I. P. 3tG.
Beaupré G désigne tout à Is foi$ un style aag«Tin et une édition Je la
couiome sugeTioe datéo de 1497 ; H désigne un autre style angevin et
une èditioD de la coutume représentÀa aujourd'hui par ua cxomplairo
de la Bibliolh^que do la cour de cassation ; I désigne la coutume de
1463 et l'éditioD du la coutume de l'an 1503 représentée aujourd'hui par
Texemplaire do la Bibl. nal. Rés. F 4583. Voilà une source de conJTu-
fioDs t&chenaes.
Les textes sont généralement bien établi». Toutefois quelques timi-
dités éloonen t. Pour une correction heureuse et certaine introduite dans
le texte fp. 193. stricti substitué i scripti] j'en rencontre dix tout aussi
certaineequi sont relé^ruées dans les notes (p. 169, note 3 ; 169, note 5 ;
etc., etc.). Quelques fautes évidentes du ms. sont coosi^rvées trop ftcru>
puleusemcnt t>l saa» aucune note : p. 21 7, vlam&u lieu dédain; p. 228,
etetieoirs au lieu de escKtoir : p. 484, dabU pour datte, etc., etc. A la
p. 3S5, 1. 4, il ne faut pas lire eJtese mais chtxt. Le chesi est un certain
eapace de terre autour du château ou de la maison ; ce vieux mot auge*
vin et tourangfuiu tigure dans les coutumes de Tours et de Loudunois ;
â ce litre., il est rceimilli par ic$- dictionnaires de droit du xvtu* siècle
(Voyez notamment le Dictionnaire de Claude de Farrière, 3* édit., t. 1,
p. 308).
Les gloseateurs dont M. B.-B. a reproduit les notes ont cité très sou*
vent divers jurisconsultes du moyen àgp. M. B.-B. ne parait avoir
accordé aucune attention à ces jurisconsultes qui sont désignés la plu-
part du temps par les premières lettres de leur nom ; et tandis qu'il
anaot« les glossaleurs à l'occasion d'un renvoi au droit romain as«eK
Facile â reconnaître, il ne fournit pas le moindre reueeigtiement de
nature à éclairer les allusions bien plus embarrass&nl^d qui ont trait aux
ouvrages de ces divers jurisconsultes ; il n'essaye méuie pas de nous eu
donner les noms quand ils ne Ggurent qu'en abrégé et de nous renvoyer
avec précision à leurs œuvres. Ainsi un glossateur nous a laissé cette
note : Vûiealur pro ista tnateria Saltalus in l. Cum projxtmu. C. De nau.
/e,, qui lit ipsam puldurrime tractai. Sur quoi M. B.-B. : /. 3, C. h.
<., 4, 33. On ne voit pas trop i'analftgie de cette toi avec la décision de notre
late *. 8oit ; mais le gtossateur nous renvoie à Salicetus et non pas
précisément à une loi du Gode. II fallait donc nous parler ici de Richard
SalicetuB de Bologne et de son commentaire sur le Code. — A la p. 193,
un gtossaleur cite Cy. sur le Code ; il fallait nous parler de Çyuus de
Pistorio et se reporter n son commentaire sur le Code. — ■ P. 233, 393,
un glossaieur renvoie à ■ Spoc. ■ Il s'agit de Guillaume Durant le Spe-
culator, etc.f etc.
La disposition typographique n'est pas très heureuse : quelques glcnea
sont imprimées en italiques, les autres ne se distinguent pas du wxia.
J'aurais préféré runitormitô et j'aurais, ce lue somblc, adopté le carac-
tère italique pour toutes les gloses.
I. P. 189, note 7.
SOI
(XIHPTKS-HK.YDUS CRITfQrBS.
Mais je D'insistf! pas sur ces dëtaiU. t^e? iravaillcura n'y accordoront
qu'une attonlion h'wo. »cci>nc\airv. ; j'attends comme eux avec itupationco
la 8uite de cette importante publication.
Paul ViOLLET.
tJnpedruckte Anglo-normannische Gesohlohtsqnellen, bgg. von
F, Lif.behiia:hs. Strasabiirg, Triitiner, i879. vi'359 pa^'as. Prix :
7 m.
Les sources inédites de l'histoire anglo-normande publiées dons ce
volume sont les suivantes :
i" Ànttales Anfffwaa-ùnici trrevM. rédigées par les moines de Christ
Church à Cantorhury; ellps vont de l'an 925 à 1202; rllnn sont l'critBs
en latin à partir de 1 110. Elles apprennent bien peu do chuse ; tout au
plus permet Icnt-enes de préciser quelques dates.
2' Annales Hatlingenses 10GG-tl89. (Quelques extraits de ces annales de
Rcodin^j; ont été déjà publiés par Pertz.
Z* Annales Petrobur/fenses bret^issimi I087-!177.
4* Annales de ecclaiis et regnis Ânglorum 162-1125, Rédigées un peu
avant le milieu du xii" g., elles contiennent de brefs mais intéressants
délailft sur le Domesdaybook, le couronnemenl de Henri I"", etc.
h" Annatfs Phjmptùniemes 1066-1170. Ce? très brèves annales, prove-
nant de la bibliolbcque des chanuines Augustins de Plymptont au
diocèse d'Exetcr^ accurdeut uuo attention toute particulière aux évéoe-
ments de l'année 1141; pour le reste, elles n'intéressent guère que
ï'hieHoire ecclésiajtti<jue.
fi*. 7» Annales di- Rouen, augmentées et continuées à Worcester et à
Hocboster, 43-1181.
8' Annales tnonasterii de Belio 1000-1296.
9' Annales Wintonienses, continuées à Saint-Augustin doCantorbury
741-H79.
10^ Annales Cicestrenses 634-1164. D'une exirôme sécheresse ot sans
intérêt.
11* Annales S. Edmundi 1-1212. A censultor pour le régne de Jean,
surtout en 1212. Le récit dos événements de cette dernière année ne
prend pa8 moins de 5 pages, ce qui est luut à fait exceptionnel.
12' Annales Colecestrencet 524-1 lUiî. Longs et intéressants dctaitâ sur
la fondation de l'église de Saint-tlcan à Colecest^r en 1195-06.
13° Anrtales sancti Albani 1200-1211. Ces annales ont été une des
sources auxquctlos a puisé WVndovcr pour rédiger sa chronique; c'eel
ce qui leur donne de la valeur.
14* Annales de Winchester augmcnté«s dans le monaetèro de Wa-
verley 1201-1260. Sans apprendre rien dp très nouveau, ces annales
méritent d'être consultées par tous ceux qui s'occupent de l'hisuiire
d'AugloLerre au xiii* ».; elles l'ournissent, entre autres, quelques reosei-
E. tOTB : CBSCIIICRT1{ I). BfCXISCBE^ irC^ir.S AUOLPII I.
205
goemeuts sur les lulies de Uoari III el de ses barons ; par exemple en
1 259-1 eeo.
15° Hertmanni arehidiaeoni miraatla sancti Eadmundi. Cet ouvrage
d'édification a été rédigé^ entre 1071 el 1101, par rarchidiacre Uermann,
& la demande de Baudoin, ahlié de Bury-Saint-Ëdmunds : des pxtrait«
en onl été puhUéft par Martine, l^ partie rcsléo ju^u'ici inéditt^ rem-
plit 50 page-s (231-281) dn présent volume. Gomme tant d'autres êcrilB
do mémo genre, ce recueil dos miracles do saint EiJmoud intéresse
l'histoire des mtBursct de La crédulité humaine.
16* Badmrri viiraeula sanctt Ansflmi. Eadmer est un anglo-saxon,
contemporain de l'archidiacre Ilermann, mais plus jeune, car il naquit
rers lOGO; c'est un écrivain abondant, auteur d'assez nombreuses vies
de saints. La vie de »aint Ausetme est de beaucoup celle qui a le plus
de valeur historique; rédigée sans doute en 1115 à la demande de l'ar-
chevêque de Caat«rbary Ualph, elle complète d'une façon intéressante
ÏHùtoria Nowrum du même autenr.
17* Vita sancti Stephani archiepiscopi Cantuarieniis , par Mathieu
Paris. Dans ce fragment, le célèbre chroniqueur anglais trace un por-
tnit Rttiméf exact dans sm ligoee générales, d'Et. Langton. Sir Fr.
Maddea avait déjà signalé, dans »on édition de Vfliitoria Anglorum, un
iemUet du ms. cottonien Vesp. B. XIXI, où il reconnaisrail le style et
la main mémp de Paris. M. Liebermanu a retrouvé iloux autres feuil-
lets du même fragment de la Vie d'Et. Langton dans un autre ros.
cottonien, Nero, U. I. Il est certain que t'écrit est de Paris ; mais M. L.
pense, et son appréciation doit être considérée comme au moins très
vraisemblable, que les trois feuillets sont de la main d'un acribe de
Saint-Alhans, avec des corrections de l'auteur.
Tel est le contenu de ce livre. Pour élxe fort reetreint, l'intérêt n'en
est pas moins réel, ai l'histoire générale doit trouver peu de faits nou-
veaux dans les annales ou fragmenta d'annales qui sont pour la plupart
Ui sécheresse même, l'histoire dee idées et des mtsun tiendra compte
de ces vies de saints personnages, qui ont clé en même temps des
hommes politiques importanu. Ajoutons, en terminant, que tons ces
textes sont publies avec un soin, une minutie iogémeose que Ton pour-
nit presque traiter d'excessive; l'introduction dont M. L. a bit précMer
les Mincies de saint Edmond et ceux de saint Anselme se recommande
d'une Eaoon particulière à l'attention des érudits par l'abondance et
IVjcactitnde des rem^eîgaemeats.
C. B.
G«schicbta des r<BinischeD K<Bnl|^ Adolph I von Nassaa,
Xach urkundlicber Ouellenroràchuog beariidlct von F. W. B,
Rora. Wieàbadeo, Limfaarlh, f »79. xv-37S pages.
L'auteur de ce volimie (qu'il ne Cant coofioudm, ero]nns»flKUia, avec
aocon des nombmtx Rotb déii comm ea AneoMgDet, t soin de oovs
20A
COMPTES-ltEnDUS ClITIQUES.
apprendre (pic sa situation indépeudaDte Ta mis ea état de componr
son livre dans des coadilioQB on ne peat pins favorables, en lui per-
mettaul de se transporter partout où il savait devoir trouver i]uetquo
pièica inf^dite, quoique manuscrit encore inexploré concernant le règne
d'Adolphe'. Un homme de loisirs el de fortune qui se hausse n de tels
devoirs et qui prend pour règle de conduite la maxime de Seuèque :
Otium siTie îiitcris mors ei vim homims j«pu^tura, — voilà qui est d'un
lion exemple; et l'on ne peut que féliciter M. R. de le donner et lui
souhaiter beaucoup d'imitateurs.
Le choix du sujet a été déterminé par ■ l'intérSt et l'amour a que
porte l'auteur à l'histoire des pays rhénans. Il l'a été encore par le
désir do faire mieux que les premiers biographes d'Adolphe : Wagner
et Gùnderode, qui ne sont plus à la hauteur des connaissance»
actuelles; Mûnch qui est supertîciol ; Koppquî est incomplet; Schliep-
hake qui est traînant, et dill'us, phitdt compilateur qu'historien; liOreox
qui dans son Histoire iV Allemagne, aux Xllï* et XIV* sièclis s'est pl&cà &
un point de vue tout personnel*.
Après avoir ainsi exécuté ses devanciers, M. R. déclare vouloir lea
surpasser en s'enfonnanl jusque daaa les plus intimes replis des événe-
ments du règne d'Adolphe. Pour atteindre ce but il n'aura qu'à faire
usage, nous dit-il, de la masse de matériaux imprimés et manuscrits
qu'il a tirés de maintes bibliothèques dans le cours de ses voyages.
Nous avons donc alTairo à un savant armé de toutes pièces, dont tes
déclarations imposantes font perdre toute envie de lui chercher noi.se.
Aussi avions-nous pensé tout d'abord à louer en confiance, sans y
regarder de trop prés. Puis, dans l'ospoir d'apprendre quelque chose de
nouveau et de trouver une abondance exceptiounello de documents
inédits sur un sujet qui nous intéresse particulièrement, nous nous
sommes avisé d'examiner en détail le livre V, un des plus lon^ du
volume, qui traite des relations d'Adolphe de Nassau avec l'Angleterre,
la papauté et la France. Cet examen donne iîeu de notre part aux
remarques suivantes.
6ou8 le titre do Uteratur-Zusammenslellungy pp. ix â xv, M. H. a
placé en tète de son livre une trfcs longue liste des ouvrages qu'il a
consultés. Cette liste, ne fournissant gtiôrc d'autre* indications que celles
delà QueUenhunik de Dahlmann-Waitz, nous semble d'une parfaite inu-
tilité. Il eût été facile d'échapper à ce jugement en notant les travaux
récents relatifs au règne d'Adolphe, par exempte, pour le chapitre qui
nous occupe, l'intèresîîantn monographie de M. Georg Hùffer sur les
relations politiques de l'archevâcbé de Lyon avec t'ICmpire et la France
avant 1312^
1. TXtr VerfaMer isl ein nacb allen Seitftn hîn uoabbffiugiger Uido, dem die
Verbffillnisse gestaiten za sein wo er Wàll.
2. Prérace, p. itt.
3. Die SladC Lyon und die WesLbœlfle des Erzblslhums in ibrcn poUdscben
E. lOTB : r.escaicaTË u. a<ciiiscH8^ Kocxifis AttoLpn i. 207
L'Appendioe do la page 372 a au contraire sa pleine raison d'Ôtrp,
puisque M. R. y menliuime 32 actes iacoanus aux Régentes de Bœhtner.
Cet appendice est sans doute la première ébauche du Codex diptomatieuA
Adolphi que nous promet la préface.
Puisque M. R. a fortune et loisirs^ pourquoi donc n'a-l-il point
entrepris dans les archives do Paris ou de nos départements de l'Ksl
quelques recherches uouvelle» ? Môme après Bethmann-nollwe^ cl
M. Waitz, il y a encore beaucoup à glaner chez nous sur Tbisluire
d'Allemagne. Pour n'en donner qu'une preuve, Bettançon possède l'ori-
ginal de l'acte qui constitua, en mnrs 1^95, la ligue des seigneurs du
comte de Bourgogne contre Philippe le Bel au profil d'Adolphe de
Nmmu. Cet acte que M. R. ignore a été publie ou 1879 dans le MusM
d$$ archives départementalts.
Reproche analo||;ue mais plus grave, M. R. ne cile jamais nos chro-
oiqueurs français, alors môme que leur témoignage esl le seul A invo-
quer pour établir un fait. Ainsi il ne dit rien de deux passages des
Chroniqtuj d/^ Saint-Denis trè» sajels h critique, nou!: en convenons,
mais néanmoins fort dignes d'attention puisqu'ils donnent à croire,
l'un qu'Adolphe avait résolu dès les premiers jours do son règne la
guerre contre le roi de France*, L'autre qu'un traité intervint entre
Philippe le Bel et Adolphe à la Pcntccàte de 1295'; deux faits sur
lesquels les chroniques allemaudes gardent un silence absolu. Nous
remarquerons eucore à ce propos que si Perlz et Murnton sunl men-
tionnés dons la Literatur-ZusammensteUung, Dom Bouquet n'y est pas.
M. R. aurait-il quelque parti pris?
L'auteur déclare (p. *237-238) que c'est une question do savoir si
Philippe le Bel céda la ville de Valonciennos au comlc de Hainaut —
et s'il envoya réellemenl à Adolphe l'arroganio lettre du 9 mars 1^5
(p. 243). A noire avis, tes chroniques françaittex permettent de ee pro-
noncer pour l'aflirmalive, quand on prend la peine de les consulter sur
cos deux points.
P. 246. L'auteur reconnaît que des subsides avaient été promis par
Edouard aux princes allemands et peut-être aussi au roi des Romains.
Le peut'étre nous semble do irop, car les annales de Golmar, Godefrid
de Ensmingen, Mathieu de Westminster, d'autres encore affirment le
(ail ealégoriquemeut.
R S46, note 2. Urk. bei Dortrecht, 10 August 1294. d'après Bœhmer.
LadatedeLieu est fausse. La charte fuldonnee à Westminsier, comme
le prouve Tcncbainement des faits et, mieux encore, la transcription
de Dûment, Corps diplom.
P. 248. M. R. ôcourte singulièrement l'histoire des relaiionii entre
Bexichangeo zum âoaUcli«n Reiche uad sur fmnza&siscbi'a &roae. HUns-
iCT. 1878.
t. BUt. de fYanee, XX, 66t.
2. llUd.
208 COUPTES-fiBXnUN CHITIQDGA.
Philippe, Adolphe ot Edouard en l'aimèe 1395. L'ambassade de mon-
seigDour Mouche eut lieu beaucoup plus tard qu'on ne le croirait, à en
juger par l(>rw;it de l'auteur, lequel ne moclro que très impartaitemeiit
ractivité prodigieuse déployée en cette occasion par le représentant do
Philipp(>. C'est au zôlo do monseigneur Mouche qu'est dà, selon nous,
le traité conclu à Lille, le 23 mai, avec le frèrt; d'Adolphe.
P. 266, M. R. parle des conférences de Grammunt en 129B, d'après
une CtiTYmique des Pays-Bas éditée par J.-J. de Smet (RecufU des Chr.
de FI. Ul, 1I6J. Il eût pu citer égalemeul le Chronicon Flandrix do
Budt (Ibid. I, :t05| et surtout Jean Dcsnoui^Iles (Hist. de Fr. XXI,
184), le »eul historieu contemporain qui fasse mention de ces confé-
rencoB. Deehmer a ignoré, lui auesi, le passagaque nous visons dans ce
chroniqueur. — Ce Grammont, Grantmont, alias Giraudmont, est le
Gerardi «u Geraldi mons des textes latins et du GaUîa Chrùtiaruty V,
45; en flamand Geeraeràsberçen, sur la Dendre, à. 30 kil. E. d'Oude-
narde.
P. 270. Le Tait que neims et Paris se seraient fortiËès à la hàle
en 1298, sur In bruit d'une invasion de Diebold de PGrl, landvogt
d'Alttace, par le haut Uhiu, est tout h fait inailmissible, surtout pour la
seconde de ces deux villes. L'assertion qui estt d'un chroniqueur alle-
mand ne se retrouve point dans nus chroniqueurs français.
P. 272. M, R. no veut pas que les atermoiements continuels
d'Adolphe en juin 1297, si favorables au roi de Franco contre Edouard,
aient été motivés par les livres tournois de Philippe. C'est pourtant co
qu'afUrme très expUcilemBal la chronique de Jean Dosnouolles : elle
attribue même à Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, l'avis donné au
roi de France de gagner à prix d'argent le roi des Romains « qui
("sio'yt moult nonvoiteiis i. Mais ici comme ailleurs:, M. R. ne sait rico
des sources fraocaiBcs. L'explication qu'il propose on rappelant que tes
seigneurs allemands complotaient à ce moment même contre leur roi
et le retenaient ainsi en Allemagne a sa valeur, nous ne le nions pas;
elle ne f^upprime pas cependant la possibilité de ce qu'avance Je&n
Desnnuelles. Ce dnniier attribue encore i!^ Tor fniuçais passant par les
mains du duc d'Autriche le complot des seigneurs allemands cootre
Adolphe. Autre assertion que M. R. ne connait pas.
M. R., recherchant les causes qui firent échouer Adolphe dans ses
entreprises contre le roi de France (p. 279-280), les voit dans la parlia-
lilé du pape pour Philippe le Bel, dans Palliaoce de ce dernier avec le
duc d'Autriche, dans la faibtetifie politique de l'Empire, etc., toutes
considérations fort jutâtes auxqiielles il faut ajouter seulement, pour
Être complet, la profonde incapacité du roi des Romains et cet esprit
d'irrésolution qui, du commeucemeal n ta an, le jeta tantôt vers
Edouard, tantôt vers Philippe, selon l'iotérèt du moment, jamais en
raison d'un plun de]>ins longtemps préconçu. C'est cotte conduite qu'il
faut se rappeler pour comprendre la dédaigneuse oraison funèbre que
fit à co roi des Romains un chruniqueur anglais cootemporaîa - êodem
K. HOTU : bESCBlCDTC 11. ROEMt&CHEN KOEXIf.S ADOLPH I.
209
eiiam anno Adotphus rea; Alemannie vocvum ainicts fiduciam in se fiabm-
tibus etprteipue, qucà ruqmus est dicendum, régis Angtie pactum preva^
rioans,.. eorruit*.
M. R. a-t-il étudié les chroniques du xm* siècle avec l'esprit de cri-
tique Décessaire en pareil cas? Nuus eu doutons un peu quand nous le
voyons nous renvoyer à Pontes, 11^ 34, ou à Perlz, XVI, 738. L«»
teites liutéré« dan? ces r(>specubles coUcctions ont une autorité bien
illégale, une valeur bien dittércnte, suivant leurs auteur?. Si l'on ne
prend la peine de nous uummcr ceux-ci, les renvois sous la forme
indiquée plus baul ne servent de rien, à moins de supposer que le lec-
leor est en mesure de se reporter sur-le-champ, sans quitter son
binet, à ces encombrants in-folios des Monumenta Germani». Ce
tétait point notrot vjn».
Arrêtant là notre examen, nous diront^ seulement que le livre de
M. R. n'accuse point uue étude bien approfondie des sources de son
sujet et ne marque par coasé^iuent aucun progrès appréciable sur l'ou-
vrage do Kopp dans la critique des faits.
Lo mérite de M. R. est ailleurs. L'auteur nous semble en elTet avoir
écrit un livre que liront avec plaisir tous les esprits cultives qui aiment
rhistoire p(>ur les spectacles qu'elle oITre^ sans se préoccuper des minuties
auxquelles s'arrête l'énidit. Le tableau du règne d'Adolphe est en
somme attrayant, large et bien éclairé, car M. R. ne craint point de
remonter souvent en a^^iên^ jusqu'à Rodolphe de Habsbourg et même
jusqu'au grand interrègne*. Sa langue pure et simple, son style clair et
précis nous ont failiwngtTinvolonlairemenl à cette Histoire de laguerro
de Timte Ans dans laquelle nous avons appris jadis à sentir «l à aimer
le génie de la langue allemande. L'épigraphe principale du livre ; « Hic
ntorlui vivunt, hic mufi loquunturl » est peut-être un peu prétentieuse.
Elle témoigne du moins des ofTnrLs de Tanteur pour animer sou récit et
rendre plus vivante au lecteur la réalito des personnages et des événe-
ments.
Le volume se termine par les initiâtes 0 A M D G qui révèlent dus
senlimentâ particuliers dont nous déclarons n'avoir point retrouvé l'in-
fluence dans le cours du livret
Alfred Lkaoux.
t. ChroQ. Sallib. apud Pez, I, 394.
?. L'auteur carart^riAt; lui-m^me le« résultais d« ta mélhodc par un mot Ifis
jasle qu'il e^t nialheur«uF>ctni!nl iinpDSBJbti* de bien rendr« en fraïK^-ais :
D Dadurch gewinnei das Huch an Allseitigkeit. »
3- Nous avons ri'l<rv(^ Jfs faateA Dombrea^vs daos l'orthographe tant aoeicoae
que iiiodfrm- clés m>ni9 TraDi;»!» de lieux ou de personne*, — sans parler de*
CKUt«« il'i ni pression ilana le tctte allemand. K la page 2G6, les cbiflfres du texte
M) oitBcorileDi point av«c ceux des oolee.
Bet. Hinoft. XVI. I* vase.
14
SiO
RECOËIU PG&lOUIQDfS.
RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
1. — Bibliothèque de l'Ëcolo des chartes, 1880; 6* livr. — UL
RoBBHT. Ohmnique dp Saini-Olaude, xii* s. (donne une série d'abbés
toute ditTorpiite de cell? qu'on trouve dans le fia//, christ.). — J. ILwet.
L'hérésie et le bras séculier au moyen âge, juMju'au xni* r.; fin {voici
les concluiiîuas do cet excellent mémoire : depuis la chute de l'empire
romain jusqu'à la fin du x* s., les hérétiques n'ont cté justiciables que
de la juridictinn ecclésiastique, et passibles que des peines ecclésias-
tiques. Au XI" et au xu* ii., les bérctiques ont été généralement pour-
suivis et bri)téâ vifs dans les paye de langue germanique et de langue
d'oil, sans que pourtant ce supplice leur fût inflige en vertu d'une lui
ou d'une coutume positive. Dans les pays de langue italienne el de
langue d'oc, les hérétiques ont été quelquefois persécutés et mis à mort
pendant le premier tiers du xi« s., puis habiluellemeul toléré* jusqu'à
la fin du xn" s., enfin dans les dernières années de ce siècle et dans les
premières du xiu', ils ont élo punis du bannissement, de la confisca-
tion des biens, etc. Pendant le xm* s. au contraire se sont établies des
lois ou des coutume» qui condamnaient les hérétiques au feu. Ce der-
nier supplice est ainsi devenu partout la peine légale de l'héréAie). =
Bibliographie, tlessets. Lexsalica {atL de M. d'A. de J. fait surtout au
point de vue Linguistique). — Mittheilungen des Instituts fur œster-
reichiscbe Ciescliichlsforecliung (analyse des fasc. 3 et 4 du 1. 1). —
Muehlbadier. Die Urkunden Karls Ul. Die Regesten des Kaiserreichs
unler den Karolingem 75?-91$ (travaux importants pour Ihistoire, le
second surtout, qui est un recueil des actes de tous les Carolingienfi, el
non seulement des empereurs. £□ outre, l'auLeur ne s'est pas contenté
d'analyser les actes pmpremeut dits ou diplôme»^ il a noté, à leur date,
tous les événements de la vie des Carulingiens ; c'est à ta fois un cata-
logue de leurs actes et un précis de leur biographie). — I^ cartnlaire
du prieuré do N.-D. de Longpont (texte correct; bonne introduction
consacrée à l'origine du village et du prieuré de Longpont, et à la
généalogie des seigneurs de Montlhéry, qui en furent les bienfaiteurs
ou les fondateurs). — Lnlore.. Cartulaire de Saint-Pierre de Troyes.
Chartes de la collégiale de Saînt-Urbain de Troyes. — Carsonnet. His-
toire des locations perpétuelles et des baux à longue durée (important).
— Pagéiy, Mémoires sur le port d'Aiguee^ mortes (important, malgré de
nombreuses imperfections; cf. Rtv. hist, X.11I, 180). — Comte d« Lim-
minglit. Gninicque ... de Namur par P. de Croonendael (ce qui donne
de la valeur à cette publication, c'est un ^ipendicc qui contient
54 pièces, la plupart inédites), = Livres nouveaux.
RKCOEILS PéniOOlQOES.
2U
s. — Revue critique. 168t, a* 4. — Lucfu. T. Livi ab orbe comliia
tibri XXVl-SXX jrccenaiuD très importante du texte; appareil cri-
tique très considérable). = N' h.DOmichen. Geschichle des altenAegy]!-
tans (excellent). = N* 7. Stubbs, CoDfiUtutioDal bistory of England
louTrage qui Tait époque). — Poet. J.-G. Uists LcbenserinnprunRpn,
î* part, (mémoires rurîpnx à consulter pour les historiens fran<,-ais de
l'empire et de la rcstaurationl. ^ N' 8. Ollhicr. L'Église et rÉt;it uu
concile du Vatican (remarquable). = N* tO. Cannât. Dr; municiiialibus
M pruvincialibus militits in împerio romano (réunit tous les documents
et commente avec soin les inscriptions n^Ialives au sujet). — Ofutsch.
Die Synode tod Sens 1141 und die Verurthetlnng Aba>tArds (bon ; le
synode de Sens doit ^tre placé en lUI, non en 1140). — Cftiruel. His-
toire de France peudanl la minorité de I^uis XiV, t. IV (très exact;
relève un grand nombre de menues erreurs dans les écrivains du temps,
chez Uetz par exemple). = N" 12. Àndrestn. De vila et moribus Julii
Aghcolae liber (texte et commentaire excellents).
S. — Le Cabinet historique. Sepl.-déc. 1880. — Dm.AUBrER. Les
Albigeois ou les Cathares du midi de la France, 4* art. (rites particu-
liera et obsenances ; fêtes; organisation religieuse). — Em. Moluobr.
f)ocumentfi pour servir à l'histoire do* trésors de quelques églises du
ressort du parlement de F*aris au xvin* s. — BAftcHET. Particularités
relatives à M*»" de Pompadour (1* publie une lettre du mari de M»» de
Pompadour, L«normant d'Ëtioles, du 6 fév. IT.'iC. Lenormant rélicite sa
femme de sa conversion, mais refuse de la recevoir chez lui. Le lende-
main 7 fév., M*"' de Pompadour était nommée dame du palaii: de la
reine, qui ne pouvait refustT d'avoir îiupK;s d'elle une femme snparoe
de son mari, puisque celui-ci ue voulait pas d'elle. C'était an coup
monté. — ï" Publie un extrait de mémoires inédits d'un certain Duforl,
introducteur de.s ambassadeurs, qui montre Louis XV profondément
touché de la mort de sa maîtresse ; en voyant le convoi défiler dans
l'avenue., il dit i avec deux grosses larmes coulant le long de ses joues :
Voilà les seuls devoirs que j'aye pu lui rendre ». — 3* Publie une
déclaration du marquis de Marigny, frère de M""» de Pompadour, sur
la soustraction des papiers les plus secrets de la marquise par M. de
Choiseul, quelques heures avant la mort de la favorite. Où sont ces
papii-Rç?Où sont tes papiers de Choiseul?). — Gust. Masson. Epaves
du xvitr" s. (publie 26 lettre» de divers personnages, hommes d'fltat ou
écrivains). — Ltvbt. Bibliothèques de Gènes : mss. relatifs à l'histoire
de France. — OuptESsis. Catalogue de la collection Oelognes. — Robbbt.
fii&t des catalogues des mss. des bibl. d'Espagne et de Portugal.
4. — Revae des documenta hietor. 2*sér., 7«année, tt»22,23,24.
Oct.-déc. 1 880. — Lettre du colonel Combe demandant sa mise à la retraite,
18 oct. 1880 (la demande ne fut pas accueillie ; uu au plus lanj, Coml>e
était tué à l'assaut de Constantine). — Étrennes doonpos à Charles VU,
dauphin, par sa femme Marted'Anjuu, jauv. 1420 (Charles rëcompenM
•2\2
RBCUEILB PRKIODlOCes.
généreusement Jean de Gamaches, qui avait été l'émUsaire de la dau-
pliiae). — Bulletiu adressa par Lai>eyronie, ï" chirurgien du roi, au pro-
cureur gènoral du parlompiit cIp Paris, pimrluiannoncprqup I«oui« XV,
lombé malade à Metz, était hors de danger, 19 août 1744. — Lfillre du
général Itapp, infligeant les arrôls de rigueur à l'ordonnateur Muuay,
Dantzig, ^3 août 1810. — Certificat consUtaot le nombre des journées
d'ouvriers nécessaires pour terminer les uavaux aux fortifications de
Lyon, 1G1&. — Proc^s-verbat de la saisie faite au château d'ËcguevîUy de
luih'S qui ■< »erv:iient à cnclare les forC'Ui pour le plaisir de la chasse et
peuveut aujourd'hui se convertir en tentes pour nue concitoyens qui
vont combaiire les ennemis de la liberté t. Sept. Ï792. — Lettre de
Ji^rùnie Bonaparte notiUant au prince Louis la mort de son père, l'cx-
rui de IloUande. Florence, 27 juill. 1846. — Deux Iptlres du chevalier
d'Ëon. — Philippe le Hardi envoie au roi de France sun secrétaire,
H. de Dangeul, • tant pour le fait de Bretaigne, touchant nostrc frère
le duc lie Oretatgne et nostre cooâin le sire de Cliçon, conneslahle
de FroGL-e, comme pour autres bcsongnes seciÈtcs... » Boaune, 17 ocl.
1387. = S» année. Janv.-fëv. Quittance signée par Tristan l'Hcrmite,
mars 1474 v. st., avec rac-similé- — Lettre d'Elisa Bonaparte à Lucien,
l'engageant û accepter un tr6ne que lui offrait Napolwn, 20 juin 1807.
— Charles VII invite le bailli de Vormandoîs à secourir son beau-père,
Henè d'Anjou, contre les entreprises du comte de Vaudcmonl. Orlêaus,
S7 août 1431. — Lettre du comité de salut public au représentant
Dumont, en misaion dans t'Oiite et dans la Somme (a 11 nous a paru
que, dans vos dernières opérationsj vous avez frappe trop violommejit
sur les objets du culte catholique. » tî brum. an II). — Louis XVIII
nomme le chevalier de Chareiie a général de son armée catholique et
royale ». Vérone, 8 juin 1795.
6. — Revue ffAnérale de droit. Jauv.-fév. 1881. — VioiÉ. Études
«ur les impôts indirects des Romains ; !•' ari. : la Viarsima libertatis ou
VAurum ricesùnarium (cet imi)6t, établi en 3bb avant J.-C, a persisté
sous la république et l'empire jusqu'à l'époque de Justinïen. Perçu
d'abord par voie de fermage, il fut vers le it" s. do l'empire perçu par
dos puiployé^ de l'empereur). 2« art. (livr. de mars-avrilj ; la Viresima
hertditatum^ établie par Auguste. — Leport. Les institutions et la
législation des (iaulois ; hn. — Db Cboos. Éludes sur les jurisconsultes
de l'ancienne Frdnc« : François Dauduin ; fin.
6. -~ Nouvelle Revue historique de droit. Janv. 1881. — .\abois
PB Jdbainvillb. Études sur le Seuchus-Mor: la hiérarchie sociale en
Irlande. — Esubi». Études sur les contrats dans le très ancien droit
français. ~ RËnocis. Coutumes de ClermoDt-dessus (de 1262; pa-
bliëes d'après le ms. unique de la Bibl. nal. Texte en tangue vulgaire
du Midi).
7. — Revue archéolo^qae. Janv. IdSl. — Gh. Robert. Nouvelles
observations sur les noms dos deux premiers (jordiens. "=" Fèv. An. db
RBCCRILS péSIOlHQnKiî.
2\Z
n&RTHÊLEVT. Note SUT les monnaies gauloises trouvrés au Mont César.
Oise. — R. DB LA BLAïtcnÈRB. — Nouvellfs inscriptions inédites do
la Valle de Terraciae. — Maobîi et Tuolik. Tmis dipldmcfi d'honneur
dn iT* s. (se rapportent à un certain Claudius Lupicinus, leénéral
romain, connu d^s faîptoriens ancien;: eoiif; les règnes do Julien et de
Jovien). — Caohat et Fbbkiquk. La table de Souk el Khmis {t«xtA et
traduction).
8. — Revue politique et littéraire. 1881. N* 9. — Colonel 3vm.
Le lô fructidor, d'après de? documents inédits (chapitre détaché du
3" vul. de la JetiM^se de. Bonaparte, qui vient de paraître). = N* 11. In.
Mémoires de Lucien Bonaparte : Murât ou le brave poltron (Lucien
\ienl de notifier à son Trère, par une simple lettre de part, son mariage
avec Alexaiidrine de Bleschamps. Bonaparte, furieux, envoie Murât au
milieu de la nuit si|;niûer à Lucien ijue kou niaringe lui déplaît, et
qu'il eat résolu à le faire casser. Amusant récit de l'entrevnie de Mural
avec son beau-frère Lucien). = N" 12. EIahuaud. Catherine II et la
Révolution française; les libéraux russes et la rêactiun 1790-1792
(montre le début de la franc- maçonnerie en RuHsief et les persécutions
fort vives qne tes tibemux eurent à subir de la part de l'ancienne amie
de Voltaire et de Diderotl.
9. — Joamal des savants. 18S0, Dec. — i. ZstL&n. La captivité
de Richard Cœur de Liun eu Allemagne, ll93-9i j lin en janv. (n'ap-
prend rien de nouveau, sinon peui-tHre ([ue VHùtoirr (CAnifteUttr par
Pauli est nn ouvrage anglais, ce qui est peu exact. La Gescliichte von
Rngland do Pauli n'a pas mômp été, que nous sachions, traduite en
anglaîsl. ^ (881. Fév. Rod. Dapeste. Le« anciennes lois du Danemark
(ces lois ont la plus grande analogie avec les lois suédoises préeédem-
ment étudiées par Tautour; les différenres se sont produites assez tard,
el sous l'influence du droit romain). — Ecmeis. Un fragment de loi
municipale romaine (découvert en 1880 près d'Esté; ce texte coni]tnmd
1 parties : la l'* a pour but de fixer la oompétrnoe des magistrats muni-
cipaux quant aux actions de droit privé dans lesquelles la cocdamna-
Iton entraine l'infamie; la seconde apporte des restrictions à la juridic-
tion des duumvirs). =^ Mars. Mémoire de Choiseul, remis au roi en
1765 (Choiseul y explique sa politique pendant la guerre de Sepl*Ans
(important).
10. ~ Revue des Deux-Mondes. I*' fev. (881. Jurirn db la Oka-
TiiRE. [jC drame macédouteit ; > art. : la bataille d'Arb&le.«. — Rivièrr.
La marine française au Mexique^ 2* arl. : du blocus des eûtes aux pre-
miers événements de Matamoros ; .>art. {l.-i mars} : des événements de
Bllatamoros à l'évacuation. = l.'i fév. Rkkas. Les crises du ralliulicisnio
naissant : le monuinismc. — 0. d'UAUsi^nsviLLB. Le salon de M""" Nec-
ker, H« art. : Coppet [tendant la Révolution ; les domièro.s .-innées do
M'~Nccker; fin. — An. Lbroy-Beauuei;. Un homme d'État russe,
6* art. : les lois agraires do Pologne et les dernières années de M. Milu-
afi
RKCniILS ntRinDIQITRS.
Uû8. = l"" mar«. Bor^fiien. Les éloclions à Hume vers la fin de U R&- ,
publique (très curieuse étude; M. B. renvoie sur ce putot intêrceMQt à '
uu bon Iivrr> Av. M. I. tîtiDLiU, Le eUzioni e il broçlio neUa repubblica
romana). — Bariioux. Le comlc de MouUosier et les luttes relifEieuses
souR la Hf*i^Lauratioa. — E. Daudbt. Les royalistes du Midi »on» lit
Ri^vcilulioii ; !"• art. : la conspiration do Satllans ; 2» art. (15 mars) : le
ciimp do Jïilès (récit dnimaûquc do cette insurrection fort Icgèreracal
conduite, et ({ui échoua complètement. M. D. §e faitd'élrangeâ illusions
lorsqu'au manière do conclusion il écrit : « 8i elle avait réussi, elle
aurait jeté sur Paris, k rhnure où la Vendée se enlevait, où les fron-
Itères g'ouvr&ient h l'invaicion, une formidable armée royaliste qui eût,
non pas rétabli l'ancion régime, mais changé le cours de la nêvolu-
tion n). = 15 mars. J. Bertrand. J. Charpentier est-il l'assassin de
Hamus ? (non ; la postérité a caluuiuio Charpentier ; réfutation en règle
du liTre de M. WaddingtOD sur Ramusj. ,
11. — Revne de France, i" fév. — O. de VAr.Lft8. André Chéoier
et les JacttbiUB , \' art. — U. de SvBBt. Napoléon III ; étude hisiurique
trad. de raUemand (étudie ta diploniatie napoléon ieoue, et surtout les
rapports de la France avec l'Autriche de 1859 à 1867); Gn le 15 février.
^ Fév. Cx^mle o'IuBviLi.R. Le maréchal Bugeaud, 6* art. {la< Icfçeudc»
de ta rue Transuunaîn. Bugcaud, dans une lettre au ministre du
28 mars 1848, proteî^te contre les accusations dont on le poursuivait :
■ Je ue suis point allé dans celte rue, ni aucune fraction des troupes
que je commandais. • C'est le général de Lascours qui commandait
i'uttaque de la rue Transnonain). = 15 mars. Dbhome. Caltierine du
MddiciS| d'après sa correspond once. => l" avriK Mémoires de M. Kliod-
worth; Tannée 1813 (anecdotes peu intéressantes sur le célèbre diplo-
mate autricbieu). — Fobmiroii. Don Juan d'Autriche aux Pays-Bas,
!576'78 (intéressant).
18. — La Nouvelle Revrxe. I* déc. 1880. — La guerre de Grimée,
d'après des documents inédits. 2* art. Séboslopol et la conférence de
Vienne. — Bëois. Le registre d'écrou de U Bastille de 1782 à 1789
(nombreux extraits. Le 14 juillet, il ne restait à ta Dastillç que 7 pri-
sonniers). s= l« janv. 1881. Dûmes. Les fouilles d'Olympie. » 15 mars.
Gilbert-Augustin Thiebry. Kpi.<:<xles de la contre-révolution; le capi-
taine Sans Façon, 1813 (roman historique]. — Dépasse. Strasbourg pea*
dant la Révolution (d'après le livre de M. Seiuguerletj.
13. — L« Correspondant, 10 fév. 1881. — Comle Boulay de la
Meurthe. La négociation du (encordât (début d'une étude importante,
faite d'après îles documenix nouveaux ; il est question dans ce l'^ art.
dca ouverturof faites par Bonaparte au cardinal de Mârliniane, aprAe
Marongo et après la famense harangue de Milan ; de l'affaire des léga-
tions, de l'arrtvét^ en Fmnce de Gobeuzl et du cardinal Spina). — Mar-
qois de Vooùt . M"*" de Maintenon et le maréchal de Villars; Dn<lettre«
de t7()9 et de 1711 ; celles de 17l'2 malbeurï^uBemeul se auot perdues).
KECCEtLS rJllIOblQDBS.
315
I Laooubb. Commenl on dcvif^nt terroriste (èlurlo sur Couthon,
ifià^^ÊÈ 1h ouvrages de M. Mège, dont la Itew hist. a [iarl<^ à plusieurs
reprise); fin le ^ fév. = 25 fev. Comte do CnAMi'AGsv, Le conseil
muDÎcipAl de Pari» de 1356 à 18^ (art. de poli>miqu(>, portant sur Et.
Marcel^ les Seize, la Commune révoKitioiumire). = 10 mars. Abbé
SicuD. Cinquante antt d'ins^traction et de morale laïques 1762-ISOS. —
Rtets. La jeunesse de Fox {d'aprè.s Trevelyan). — M. de LESCtras. Kiva-
rol et la société française pendant rèmigralion.
14. — Revue dn Danphlné et do VlvapaJs. Janv.-rév. iSSi. —
Ul, GuB^ALtEB. Leb deux t-^utivi-s ui stjourt. du très chrétien roi de
FniDce Charles Vlli en la cité de Vienne, les années 1491 et 1494,
publiées d'après les mss. de Grenoble, de .Montpellier et de Vienne. —
PffcsK. IjCb historien? dauphinois et la nouvelle école historique ta l'oc-
casion du ms. de Chorier, pub. par Alf. Vellol). — Document? pour
serrir à l'histoire de la ville de Vieiuie pendant la période révulution-
oftire ; suite (publie le règlement de la Société dcK amis de la constitu-
tion).
16. — Revue historique et archéologique du Bfaine. T. VIII^
> Uvr. — JocBBiT. NégocialinnR reintives à révncuation du Maine
par les Anglais M44-H48. — Id. Doux attaques de.<i .Anglais contre le
Lude eu 1374. — Lbdru. \je9 seigneurs de la Roche-Cuisnon (la série
assurée n'en commence qu'au xv« s. ; nombreux extraits de documents
relatifs a celte famille|. — Cnutoon. Les protestants au Mans en 1572,
avant et après la Saint- Barthélémy {cherche à expliquer pourquoi la
Saint-Barthélémy ne fit pas de victimes dans le Maine, publie une lettre
du maréchal de Goesé, 8 oct. 1572, seul document qui nous soit resté
sur CCS événementa).
18.— Annuaire -Bulletin de la Société de l'histoire de France.
T. XVn, 1880, 1" piîrtic. — A. de Boislisle. FVagments inédits de
Soint-^imon (fragments d'un éloge de Mgr le duc de Bouigogne, mars
1712. — Projet de discours pour le lit de justice du 2 sept. 1715. —
Note» sur l'abbé do Gordes, évéque de Langers; sur les Moruay-Monl-
chevreuil ;, sur M"»« de Bévîgne et les Grignan. — Lettre de Saint-
Simon au card. de Flcury, 20 nov. 1738. — Fragments dn « Parallèle
def trois premiers Bourbons ■*. — «Matériaux pour ^rvirà un mémoire
sur l'occurrence présente •, août 1753. Cette ■ occurrence • est la pro-
iMlalion des princei; du «tang contre les qualités prises par le prince de
Soubise avec le consentement du roi). ■= ?" partie : Documents et
Dolices historiques. A. us Boisuslb. Notice biographique et historique
sur Etienne de Vesc, sénéchal do Beaucaire : suite.
17. — BoUetln de la Société de l'histoire de Parla. 1" année.
N* 5. — DouET d'.\bco. Deux actes du x\* s. reJalifs à la juslire de
Saini-Magloire, août 1421. — Exécution d'un parricide, oct. 1498. —
IjVCB. L'administration intnrioure de rnfttrl-Oîeu île Paris en 1368 et
1369. — V. DcFoun. Le ^(émiaairc d'Issy, ancien château de la reine
21 fi
iBCTÎmi peRfoniQOMr
Margoeriw» do Valois, dit le Petit Olympe. = N' 6. Deusle Inscrip-
tionfi parifiiennes du xv* s. (d'après un ras. de la hibl. de Tours). —
OmiNT. ï'oèmo do Tôulfe sur les moînos do SainUMaur des Fu&sès. —
Giittt. Lecleik:. Le chàu>au de Villeiireux à Isey. — BotTLENOBH. L#a
bialuB dp MIto de Guise à Rufil (2* remmo du maréchal de Richelieu).
^ 8o anné^. N' 1. Cnmto do M&rst. Inscr. de cadrauf solaires rolcvéoe
en 1787 à Paris et aux envirnnit. — R. L. Iiiscr. parisiennes inédites
(conservées au musée de Hagnols, Gard; toutes du xvii* s.) — Dsusle.
Paris et Paradifi au moy£>D Age (relève plusieurs passage^) où des chro-
niqueurs du XIII' ou même du xi« s. se complaisent à rapprocher ces
deux termes, et à en faire un jeu de mois flatteur pour les Parisiens).
18. — Bulletin de la Société des antlqnalres de rOaest. 1880.
t* ir. — V'" OK LasticS'-Jai.. Ijeni'» Aimard de Chouppes (neveu de Pierr«
de Chuuppes, l'ami et le conspagnon d'arm(!£ de Henri IV, le marquis
Aimard, uê en 1612, jouit de la couGaucede Louis XIII, puis de Maza-
rin, fut grièvement blessé au siège de Bordeaux en 1650, fut envoyé en
Portugal pour n^ocier la paix, mission diflicile, puisque Mazarin venait
d'abandonner ce pays en signant le traité des Pyrénées. On a de lui
des mémoires de 1635 à 1660. Il mourut en 1677}. = 3* Irim. Abbé
Dbockoh. Extrait du Papier-lerricr de Vivone au iv» ». »4»trim.
A. Richard. Le chàti^au de Saint-Maixent (description et historique;
te château fut construit trè? probablement par Louis VIII, pour assurer
sa domination en Poitou. Travail intéressant).
19. — Bulletin de la Société dn protestantisme français.
15 jauv. 1881. — Peer. Un chapitre de la polémique eutre protestants
et catholiques au xvn's. (jKilemique soutenue par Pierre du Moulin de
Lorme-Grenier contre Paul Hay, marquis de Chastelet, auteur d'un
TraiU de la politique de /a Franct^ qui lui valut 15 jours de prisun à la
Bastille]. — Lettre de Babou de la Bourdaisière, ambassadeur de France
i Rome, an connétable de Montmorency, 25 fév. 1559 (montre que te
pape Paul [II n'était pas aussi tolérant qii'on l'a dit). — L<ottre-circu-
laire d'un martyr 1684 (écrite de Lausanne, par Brousson). — Dèlib«>-
ratioQ du conseil général de Ribaute 1686 tacte d'abjuration signé en
présence du lieutenant du juge royal). — Uo naufrage de déportés pour
la foi, 1887. — H. Boaiun. La famille de Boyve.
20. — Bulletin d*histoire ecclésiastitiae et d'archéologie rell-
giaose du diocèse de Valence. Pn.<mièrf> année, 1", !• et 3* livr.,
sepu lS80-féYrier 1881. — L. A. Filut. Essai bistoriquesnrla paroisse
de Salles. — C Pasaossisa. Confiscation des rerenus du prieuré de
Tauliguan par ordre de Lesdigatères , 1575-1578. — A. B. Bluh.
Mémoires de J.-6. Brun, curé d'Aouste, sur lest eveDemeute de sua
églisi^ de 179^ au Concordat (ISOi). — V. Ghevalibb. Cens et reole« en
Vivarmis du prieure de Saint- Vallier ; document en langue vulgaire de
1!8?. — 1. Cnsvii.rEii. N'oies cl docameots pour servir à l'histoire des
:
:
IBCCBILS ptfHlODiQCtS.
217
doyens de l'éfflise de Die au xvi« sièclf". — J. Roman. Noto sur l'abbayo
de Clairecombe, diùcèBC de Gap. — P. GoiLuioyE. Documents iDëdite
jvlaiifs à la df^volion de I^ouis XI enven; satnt Arnoux de Gap el au
premier pèlerinage de Charles VIII à N.-D. d'Ëmhnia. — A. B. Blaih.
Le Royan^ el la Rérorme. — V. Mazet. Pierre Pédou et le diocèsn de
Die pendant la Révolution.
21. — Académie des inBcriptlons et belles-lettres. — Séances.
19 noT. M. Egger appelle l'altentioa isur un mémoire de M. Geoi^e-
vitch, membre de ta Société archéologiqne d'Odessa ; ce mémoire con-
tieni une longue inscription grecque récemment découverte prèn de
Ôèvaçtupiilj et relative aux victoires remportées par les généraux de
Miilintlate sur les Scythes de la Chentouèse taurique. = 3 dec. M. de
Longperior lit une noto Kur 'i monnaips fort rares du moyen &ge : 1* ud
denier d'ai^nt au nom d'Alberic, second mari de la célèbre Marosia et
père du pape Jean XI ; 2" un floriD d'or frappé au nom de Charles le
Mauvais, qualifié a rui d'Aragon », et qui dull par cousé([uenl «« rap-
porter à l'année 1352, où le roi de Navarre, allié au roi de CasLille,
envahit l'Aragon; 3*^ un ducaton d'or de Giano Cam]K) Frcgusu, doge
de Gènes en 1512, pièce unique. ^ 10 déc. M. Le Blant termine la lec-
ture de son mémoire Sur tiutU/ves actes des martyrs non insérés dans i$
reeufii de d. Ruinart ; en appendice, it donne la traduction d'un long
têeit tiré de la vie de saint Ephrem, qui fournit un grand nombre do
detaili sur les usages judiciaires de l'empire. = 17 ol 24 déc. M. Jour-
dain Ut un mémoire du comte de Qcrtau sur le port et la Tille de T>t.
s» '25 fév. M. L. Detisle Ut un mémoire sur un ms. en lettres onciales
de ta bibliothèque publique de Bruxelles; ce ms. a été écrit à la fin du
m* s. par ordre de Niimidius, abbé de Saint-Bcniant de Sois^otis. Dans
la séance du 4 mars, le même érudit lit une notice sur deux m^s. qui
ont appartenu à Charles V ; Tua, conservé à la bibliothèque royale de
Bruxelles, conUent une trad. fr. des Météorologiques d'Aristotc ; l'autrcj
auj. la propriété de M. Blancard, de MarsciUe, est un bréviaire exécuté
richement pour Jeanne d'^ivreux, femme de Charles IV le Bel. Des
1200 vol. que couteuait la i librairie ■ de Charles V et de Charles VI,
on a réussi à en retrouver jusqu'ici 70, dont-M à la Bibl. nationale. On
•aît que c'est à l'uifailgable erudlUon de M. Delisle qu'est due la décou-
verte de plusieurs d'entre eux. := 10 mars. M. le docteur Lagneau Ut
uu mémoire sur les Anciens peuples tle l'Uispanie ; il prétend y recon-
naître les repré^utants de quatre grandes races: les Atlantes, venus
du N.-O. de l'Afrique, les Ibères, parents de-s Ibères du Caucase, les
Lignres et lea Celtes.
3U. — Académie des sciences morales et poUtlqfaes. Compte-
rendu. Jaiiv. I8tîl. — H. l>AHEirrE. Los ancienne!* lois «uéduises (dêjii
pub. dans le Journal des savants, sept.-oct. 1}<KU). = Pêv.-mars. V. Oo-
BtTT. Les assemblées proWnciales au siècle d'Auguste (cf. Hev. pot. et
A
248
■ECGBILS r^&IODIQUES.
littérairey 18B0, u* 18). — Leyasseur. Esquisse de reUiaogmpfaip! de la
France (cf. ibid., n» 21 et 23). — Hanotaoz. Ëg^juiBse Bur des maiîmes
d'Étal et des fragnients politiques inédits du cardinal de Ridielieu (cr.
Rev. kist. XV, p. 417). — Rocodaw. La politique pontificale wus Gré-
goire VII.
83. — Mémoires de la Société des sciences morales, des
lettres et des arts de SeiDe-et-Olse. T. XJ, I87S. — Tai-hajikl.
Une journée de Louis XIV. — DmAnii. Esquisse d'une hiBtoîrpde Ver-
sailles. — Maûuet. Notice sur le château ot sur le couvent dos Cordô-
liers de Noisy-le-Roi. — Mebcier. Notice sur l'emplacement de Petr<^
mantf^um iadiqué dana ritiuéraire d'Aatonlu, de Luteliaà Rolooiafçus
(serait Bautbidu, auj. Saint-Gen-ais ; maJB il est bien dillicile de faire
venir Bantlielu de Mantalum). = T. XU. 1880. Taphanei.. De l'urigiDe
de ['écolo miliiaij'o; les compagnie» de cadets. — Ploix. Les empoi-
Bonnenienla sous Limis XIV, et M'^* de Monteepaa. — Mallet. Noies
sur la Kerié-Atais (on pourrait réclamer plus d'exactitude danfllairans-
cripUou des textes latins ou français du moyen Age). — Taphakel.
L'école royale mititaire 17^1-1788 (lertnre faite an congrès des Miciétés
savantes à la Sorhonne, eu 1S79; fait partie d'une Histoire de l'école
militaire de 8aiut-Gyr, que prépare fauteur). — Mercier. Bilirax et le
camp romaitt sur la frontière rémoise; épisode de la deuxième cam-
pagne de César daos les Gaules. — Babt. Une charte carie vingienoe et
une charte du moyen Age (1* Précepte de Carloman, de nov. 769, texte
et fac-similé < de omunitate Ecclesie Argantuili a rerum Ecclesie perli-
nonlium i. 2* Charlti de Louis le Jeune, de 1152, relative, comme le
prucepte précèdent, au monastère d'Argenteuil. L'auteur aurait bien dû
en publier le texte). — CoilARn-Luvs. Note sur les archives du prieuré
de N,-D, d'Argonteuil à propos do la charte de Carloman. — Maqoet.
Notice sur Rocquencourt. — DstsauT. Note sur la population de Ver-
sailles au xviu' s. (10,000 personnes dans le cbàteau et dépendanoee,
50,000 habitants).
84. — Mémoires de TAcadémle des sciences, inscriptions
et belles-lettres de Toulouse. 8' série, t. Il (pour le t. I, voy. Rev.
Iiist. XIV, "iU')}, IHHO, l*"" semestre. — Dl<h(;rii.. Dos vœux et doléances
renfermes dans les cahier.'î de 1789 relativement à l'instniction publique.
— DR8iiASREAïïx*RF.tiNAnn. Illstoire de l'imprimerieiToulouse au xvi*«.
— Lallikk. Cicéroo et lu ilictature de 8ylla (expose avec finesse les cir-
cnnslancps politiques dans lesqnelles Cicérnn prononça ses discours
pour 0- *^t pour L. Rosi'ius, et le discours, aujourd'hui perdu, pour la
femme d'Arretium ; montre qu'il fallut alors à Cicéron un réel cou-
rage pour faire une oppositicn 91 timide, si voilée fût-elle, au de«po-
llsnie de Sylla). =: 2« seni. B.vbry. Note sur une copie manuscrite d'un
livre do rdisoti de noble Ciubriel Dupuy, seigneur de la Roquette,
86. — Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres cA
gGCTBlLS rfSmODIQCES.
219
arts de SkTole. 3- sërie, t. VIIl Clianibérj-, Châtelain 1880). — Val-
Lici. i^uelquB8 mots fur les docouverlos archéolu^ques cl Dumisma-
Uqnes de Prancin, près Montmètian, Savoie (notonî! la description de
45 médailles de fainillos roinfiiaos trouvées en 1869 daiiK un champ
■pparlenant à M. Dccoux; ces mcdailles font aujourd'hui partie du
muièe départemontal de GhambéryJ. — A. Dcfour et F. Rabot. Lq
pèra HonuJ et le ciirdinal de Kichelieu; épisode de l'histoire de Frauce
et de Savoie au xvii* ». (d'apros dea document;^ authentiques et inédits
do0 archive)) de Turin; apologie du pÈre Monod, de son caractère^ de
•es wniiments, de sa politique). — C^anTA. La mission du soigneur
de Barrer., envoyé extraordinairt) de François I*'^ roi do France, a U
ooor de Charles Ul, d ic de Savoie (François 1'', en 1527, avait »ongé à
bire aJliauoe avec la Havoio, 9ur les baso« d'un mariage entre Margue-
riia de Pmnce et Louis de Piémont, hls aine de Charles : ce mariage
«oraît été accompli lorsque le prince aurait 14 ans. M. de Barres fat en-
voyé & Turin à cet effet ; il devait s'eiïorcer d'eag&ger la Savoie k Tond
dans l'alliance rmoraise. Ses inRtructiuDs, publiées par l'auteur, met*
tetil en pleine lu(ni^rc la politiqui> astucieuse de François I'', qui,
d'ullcurv, échoua dans cette tenlulive). Ce mémoire intéressant a été
publié en tirage à part (Ghambëry, Cliàtolain, 30 p. iD>8*).
26. — Union géographique du aord de la France, nulleiin.
?" année, 1880-î*!. N'* T., 7, 8. — D' UAny.iND. Les races de lludo-
Chîne (expose la tentative si malheureusement avortée de M. Dupuis,
la situBtion du paytt et son importance au point do vuo commercial).
— HcBESDEAC. La Syrie et le^ massacres de 1860.
87. — Annal«a de la faculté des lettres de Bordeaux . 2* année.
N" 4. Dec. 1880. — LocH^tiitE. Philippe-.\ugusto et la sfrtieté ecclésias-
tique (ioléreifsant; montre les progrès accomplis {*ar la royauté dt'tii-
Ituse de »e soustraire à rinfliience [wnliGcale. Cetle étude est annoncée
comme devaut faire partie d'une hiRloire abrégéo do Philippe- Auguste
qui paraitra prochainement). — Aulard. Un plagiat do Mirabt'au
(moulre que Mirabeau, dans son discours du i<* sept. I78U, emprunta
des phrases catière« à la brochure d'un publiciste instruit, mais as$er
mauvais écrivain, le marquis de Cosaux).
M. — Revue d'Alsace. Janv.-mars 1881. — Knspbldbr. Marie-Caro-
line Flachsiand, femme de J.-tî. Herder. — S-vulr». Le livre de comptes
de iNimut'l Métguillct (publie quelque» extraits de ce livre d'un ])a.<;tcur
de MoatbéUard au xviii* s.}. — Liblin. Les églisefi de Bolfurt; i^uito
(Chapelle de N.-D. de Juie 1230-131»; collégiale de Saint-l>Mii» Ï3W-
l«âS}. — BcKorr. Lo-tti-e.<; sur la Terreur en Alt^uce. — IJaiith. Nou»s
biographiques sur les hommes de la Révoluiiou à Strasbourg cl aux
euviroos.
i
220
39.
nKCfEILfi r>fSRrODlQC8S.
HlBtoriache Zeltscbrift. Nouv. »érie ; t. l\^ 3« Tasc. —
Paulseh. Organisation cl régi e me n talion ilos universîtéfi allemandes au
moyen Aro (ruiIr à l'art, déjà analysé par la liev. hist. XV, 489). —
■WEmoARTBs. Gomment les communautés chreiienoes primitives devin-
rent l'i-gliso catholique. — Bbùckabb. Eludes sur l'hiatoire de Pierre le
Grand [réptiqim à la critique faite par M. Schirn^n du Peter der Grosse
de M. Bnicknnr dans les Gatting. gelrhrte Anieigen). = Gomptc»-ren-
duit. Klatt. Quellen und Chronologie des Klnomenischen Krîeges [tra-
vail Fort efitimahl*'). — Ihne. Rœmische Gescliichte^ vol. IJI-V (excel-
lent). — Guiraud. Le différend entre Céaaret le Sénat (contient beao-
cotip de remarques excellentes, mais ne résout pas la questiont. —
Napp, De rcbus ab imperatore M. Aurclio Anlonino in Oriente gestîs
(travail consciencieux ; rien de nouveau). — Martcns. Politische Ges-
chichte de» I^ingobardenroichs uuter Kienig Liutprand 71'2-74^ (travail
estimable, mal romposé; des erreurs). — GeneU'n. Das Schonkuags-
versprechen und die Schenkung Pipin's [ne discnte pas la question de
«avoir si la donation de Pépin au pape est un fait certain ; il s'en tient
■ 6ur ce point aux résultats afflrmatifs auxquels est arrivé Fickcr ; étudie
seulement avec érudition et sagacité ceriaius point,»* de détail insulti-
samment traites par Oeisner). — f}annenbfrg. Dio deutschen Munzen
der wrcheischen und fra^nki.schen Kaiserzeit (travail excellent, deE<tiné
à rendre aux historiens de réels services). — KugUr. Gcschichtc d«r
KrenzKûge (bon travail d'ensemble, suffisamment érudii., et bien écrit;
fait partie de la belle Histoire universelle dirigée par Oncken). — ffeç»t.
Die Chroniken der niedersiechsischen 8la?dte : Bratinschweig (textes
excelienUs). — Loxerlh. Beitrn^ge zur Geschichte der hiissilischeu Be-
wegung (3« partie, qui contient le Tractatus de iongew) schismaie de
l'abbé Ludoir de Sagan, avec un commentaire soigné par l'éditeur).
— Lier. Der .^ugsburgificlie Humauistenkreis (bonne étude sur B. Adel-
manii d'AdelnianusfoIden ; fait souhaiter ijue l'auteur donne la biogra-
phie de Peutinger à laquelle il avait d'abord songé). — Brùekner. Die
slawischoii Ansiedlungcn in der Altmark (bon). — Mûlvtrstedt. Codex
dipUimaticus Alvcnslcheui'is (consciencieux; mais le KVfttéme suivi pour
In publicatitm des textes est défectueux). — Srebs. Vorhandiungen und
Korrespiindenzen der si:lile.sisclien Fursten und Rta^nde , vol. V 1622-
1625 (iinportant!. — Otto. Geschichte der Sladt Wiesbadon (boa). —
Wichner. Geschichte des Benedictinerstiflos Admont (beaucoup de faits
mal présenté^!). — Zévort. Le marquis d'Argenson et le ministère des
affaires étrangères, 1744*47 (remarquable). — tia%quet. De l'autorilo
impériale eu matière religieuse et Byzance [écrit avec talent ; conuois-
sanco 8upor(icicllo des sources).
30. — Forschungen zur deutacben Geschichte. T. XXl, 1"'' ftisc.
— liAMi'RKi:»!. L'originu des « liittres du coasent^ïment » et la r^vendî-
caiiou de)( biens du domaiue impérial sous Rodolphe de Habsbourg
(leis o lettres de consentement > WHlebriefe, Bont des lettres palentos où
I
BBCCBILS P^UOPIQCIS. 234
. ^4É' •zpranément spécifié lo conrantemont des électeurs de l'empire
germanique k a>rtAÎDS actes du muverain. L'ori^np de ces lettres, dei^-
linécs à limitfïr le pouvoir impérial, est dÎRCutée. On trouve dns traces
fréiiueutes du consentement des c principes regnî • depuis l'époque
caruUogieniie; mais l'iastitutiou régulièni des lettres de conseutemeat
ne doit pas remonter plus haut que Rodolphe I". De nombreuses atié-
natious du domaine avaient été faitei: par Frédéric II, Guillaume de
Hollande et lUchard de Cornouailles; Rodolphe les révoque, et pour
que de pareils abus ne se reproduisent pa«, les électeurs, ou la majo-
rité d'entre eux, devront désormais donner leur consentement à toute
aliénation du domaine impérial). — La chronique de Hugo de Reul-
, Uogen, publiée par K. Gilbert (chronique rimée du xiv*s.) — LmnKBR.
Contributions à ta vie et aux œuvres de Dietrich de Niem (étudie to
I ùe ttilOy le Liàer canceilartae, les h'ivilegia et jura imperii de Dietrich,
e( 8C« rapports avec la ville do Dortmund). — Willk. L'adhésion de
Tubingue à la ligue souabe en 1519, et la clause de Tubingue. —
Hallwich. Wallenstein et les Saxons en Bohême 1531-1632 tlravail
imporUot puisé aux archives de la guerre de Vienne). — Dabn. Sur
I Ammicn Marcellin XXVII, c. 5 (on s'est donne beaucoup de p<'ine
pour traduire par € judex » l'eipresaion dont A. M. qualifie Aihanaric,
roi des Visigoths ; mais la langue d'.\. M. n'est pas toujours exacte^ et
les équivalents qu'il donne des termes étrangers manquent de précision;
ici, il emploie le mol judev ]Hjur désigner un chef militaire). — Pfluoil-
H&RmKo. Études diplomatiques: fausses bulles des papes; sur des
diplômes qui paraissent originaux (celui de Charles le Chauve pour le
monastère de Haiut-Uuuu, du 26 mai K7ti). — Wy.<(BKBn. Le combat du
Lechfeld (le lieu du cumliat livré par Otton l*' aux Hongrois en 955 ue
peut être le Lechfeld situé au sudd'Augsbourg ; il Tant le chercher au
Dord de la ville). — luKHLeB. Le combat de Marchfeld ; 2* article.
31. — Nord tind Slid. Jahrgang 1881. Janvier. — Schneeuanb.
Strasbourg et la rmiditiou à la France (fait d'après la chronique stras-
I>ourgeoise de Reisseisen publiée par Reuss. Le patriotisme de la ville
annexiN> se borna à i>lipulor la c-onscrvatiiin de ses prtvilf>gp« (^t d(^ sa
constitution intérieure. L'opposition contre la France commença avec
rinvasioD des jésuites cl la propagande catholique et prit fin à la Ilévo-
lutioD, qui resserra le-s liens jusque-là assez lAches qui unissaieut
l'Alsace à la France).
39. — X>«atsche Rundschau. Fév. 1881. — Le feld-maréchal Pas-
kiévilch et le priuce CurtcUakuf (publie à nouveau une lettre impor-
tante, restée presque inconnue, de Paskiévitch sur les opérations mili-
laireâ en Crimée et sur le Danube ; la lettre est datée du 16 sept. 1855).
— Jastbow. Des plus récentes histoires universelles (celles de Weber,
d'Oocken, de Kanke). =■ Mars. K. Hillebrakd. GuIzqI dans la vie
privée (d'après ta correspondance t peu intéressante • publiée par M-de
222 RBCUEiLs réaioiiiuDEs.
Wiu ; Gulxui est aussi peu sympathique dans sa vie privée que dan»
8a vie politique).
33. — GœttinglBche gelelirte Anaeigen. N<>* 5>6. — Mùhlbacher.
Die Kege^ilon de» Kai^rreiclis unter den KaroliDgern (excellente édi>
tion ciitiëroraeDl remaniée et complétée des Régestes publiés pour la
première fois par Bœhmer en 18331. — Rahn'cht et Meisner. Deutitche
Pilgerreiseu nach dcm heil. I^ndc (publieat 23 récits de pèlerirniges,
presque entièrement inédits; avec une liste des Allemands qui ont
visité la Terre- Sain te de 1300 à 1600 ; lee auteurs ont réussi à découvrir
environ 1400 noms. Erreurs de* détail assex nombreuses). — Gierkt.
Joiiaunes Âltlmsius und die Enlwicklung der naturrecbtUchen Blaata-
theorien (excelleDlK = N» 7. Ritsclil. GeAchichte des Pietismus imxé-
resftant). ;= N' 8. Moaumenla germ. bistor. : scriplorum tom. KXV
(analyse do ce nouveau volume par Waitz). = N"» 9-10. iavelrye. Uis-
toire de la propriété primitive, irad. allem. Ctrès intéressant; 1b traduo
leur a heureusement rectifié ou complété certains points, p. ex. en co
qui concerne ta marlcn germanique). — Ross. Tbeory of village commu-
nities (n'est jias a-ssnz au courant des travaux allemands). ^ N* 11.
^n6ury. Bistory of ancient geugraphy (compilalion utile; manque
souvent de clarté ei d'exactitude|. — Piê, Ueber die Abstummung der
Rumienen (serait mieux appelé Essai sur l'histoire de la dilTusion des
Roumains; fort intéressant d'ailleurs}. — Franciss, Der douiscbe Epie*
kojjat in seiuen Verbwltniss zur Kaiser und Reicb unter lloinrich lU
1039-56 (!" partie, sur rélection dea évoques ; fait avec critique).
34. — ChBires-Gesellscbaft. HlstorUches Jahrbacli Rd. ?.
Hefl 1. — lUTTiKQEa. Le patriarchat de Cunstaulinople et l'église bul-
gare au temps de la domination des Latins (étude sur le Provinciaie n^
manum, document officiel rédigé par le camérier Cencius entre 1210 et
121'?, à l'aide de;^ catalogues des anciens évêchés grecs. La réorganisa-
tinn ecctésiastiqut* entreprise par les empereurs latins conserva pour
base les anciennes relations entre la métropole et les diocèses}. — Nœ-
avt». Les donations des Carolingiens aux papes, l*' article (polémique
contre l'art, de SybcJ inséré en I8S0 dans VHistorische ZcitsdtrifX. Exposé
approroodî des rapports de Pépin et d'Etienne il à Ponthioa. Les
anciennes posses.«ious byzantines en Italie prirent pendant la Lutte avec
les Lombarde le o<>m de Bespublica romanorum (dans le sens de Répu-
blique romaine), te pape étaut nalurellomenl considéré comme leur
souverain ilans leurs rapports ax'ec l'étranger. Cette RetpublicB compre-
nait Don seulement le territoire de Rome, mais aassi l'exarchat; c«
Fui pour tous ces pays que lt> pape demanda @t obtint la pmtaction de
Pépin), = Comptes-rendus critiques. Acta UisUirica resgestas Polonlae
illustnintia, tomus IV iaa\Tage digue de servir de modèle). — Pflugk'
Uartlung. Acta poniifîcum rumanorum inediia I (nombreuses erreurs;
tègirement fait). — Waitx. Die Verfassung de« deutschen Volkeft
iBCDBILS PéaiODIQDBS.
223
la stteBter Zeit. 3 aufl. (conteste plusieurs points). — Siektt. iîesch.
der ilpuLech(>n 8taaL<n'nrfasfiung I rn'ajoute Heo à nos wonaiBSincfts, ne
fait quVmbrotiilIf^r nos idées). — Erhardi. AellesCe germanischo Slaa-
Lenbiiduag (a une graude valeur).
36. — RbelaischeB Masenm f. Pbiloloffle. Neuo Folge. Bd. 36.
Heft, t. iï*8!. — .\f!ï\0H. I)p. la chronologie dns leitros de Pline le
Jt-une (les trois premiers livres contiennent des lettres de 97-104, les
lettres du 4* appartiennent aux années 103-106, les livres suivants se
nppurtent aux anneett 106-109). — Ukqer. Les lupercales (dérivé de
lues et parco. Lupercus veut dire celui qui éloigne les épidémies et b
stérilité. La fête était célébrée en Ttionnour du dieu Inuus|. — BnoK.
De ta KoViTcîa 'A^vaWv d'Aristole (les fragments historiques, récem-
ment découverts dans un papyrus égyptien et attribue»; par Blass à
Théopompe, sont des fragments do cet ouvrago d'Aristute. tk)mmea-
taire approfondi avec des recherches importantes sur l'époque de Tbé-
miKtocle). — E. Mbyer. Les sources de ce que nous savons sur la guerre
d'Antiochus le Grand contre les Romains (it est inexact qu'Appien se
soit servi d'uu ajinaliste romain, comme t'a dit Mommsen. Âppien ne
8*081 se-Tvi que de Polybe), — Von Duiu«. Le [wrt de Ponipeï. — Urrr».-*!-
utaoBa. Le roi Massiaissa d'après les inscriptions grecques {Annali deW
Inst. Rom. 1629, p. {56 et suiv.). — F(SRS-rsa. L'ige du service mili-
taire cbes les Romains {l'âge était plus élevé sous l'empire que sous la
république).
36. — PhUologTis. Bd. 39. Hea3. 1880. — Gœrres. Pour servir à
la critique de q.q. écrivains originaux de l'empire romain (étudie le
rtoil des infortunes du prince gaulois Julius Sahinus et de sa femme
Eponine, sar lesquelles Merivale a élevé des doutes non jusliQés}. —
UïfOBJi. Le cycle intercataire alhéuien (étude très compliquée du calen-
drier athénien). — Srti.tWABHDER. Les legiones urbanat (sous la Répu-
blique il y avait cette diQérencc entre les légions ordinaires et les Ugio-
nés urbatuu^ que ces dernières n'étaient formées qu'exceptionnellement
pour lerN'îr de garnisons ou de réserves; elles se composaient des jeunes
gens, des vieillards et des invalides. Lee légions ordinaires étaient au
ooDlraire des troupes actives, qui se recrutaient ]>armi tes hommes
dans la vigueur de l'Age). — H. Haupt. Les recherches sur les sources
de IHon Cassius. \f art. (traite de la partie qui va de la fondation de
Home À la 2* guerre punique, tl n'est pas démontré que Dion se soit
servi de Fabius Pictor).
37. — Nene Jahrbllcber f. Philologie und Pœdagogik. Band
121. Ueft II) und 11. 18*10. — ILunkel. Le camp romain au temps de
Polybe ;la porta praetoria, la porte de sortie, n'était pas sur le front
stratégique, mais sur le derrière du camp. Recherches très approfondies
sur l'étendue du camp).
38. — MlUbeilangen des deutschen arcbaBologiachen Insti-
tutaa in Athan. Jahrg. ô. Hoft 9. 1S80. — SotiUtDT. Notes de voyage
(nouvelles inscriptions de Delphos et de Chryso). — WBn-. Cythéro
[topographie, tomplo, tombeaux, inscriptions, histoire). — Buim. Rap-
port sur les fouillps de l'AcropuIo au prioLemps de 1880. — Kuedlkiu
Documenls relatiTs au trésor athénien (coQLienl des coosptes de receltes
et do dépenses des années 306-305 av. J.*C. Recherches sur l'adminis-
tration des finances alhénif^nnes). — Lollixo. Une nouvelle horne des
dépendances du temple d'Arterais Amarysia à Athènes}.
39, — AbhaDdlangen der historischen Classe der K. bayerî-
BChen Akademle der TVlssenscharteii. Ud. XV. Ahth. 1. 1880. —
Stie\'e. I,rf?s négociations relatives à la succession de l'empereur Ho-
dulfttll de ir>81 à iW'i, (aussitôt que Uudulfe eut été provoqué à prendre
de? mesures t* nordiques relativement k sâ succession, il déclara qu'il ne
fallait pus agir précipitamment, car il nourris&ail depuis 16 ans la pen-
sôjc d'épouser leabelle-Claire-Eu génie. Lorsque cette princesse eut été
Oaucée à l'archiduc Albert, il chercha à prévenir toutes le» prcteulioos
de celui-ci à la couroune et choisit Mathias pour successeur. L'auteur
retrace d'une façon approfondie Les jdiases de la maladie et tes tergi-
versations continuelles de l'emperour. Efforis du duc Maxirailien de
Bavière et d'Henri IV, roi de France, pour obtenir la couronne d'Alle-
magne. Tout échoua contre la résolution de Hodolfe. 17 appendices). —
RoGKmaBR. Sur d'aucîens travaux relatifs & l'histoire de la Bavière et
du Paloiitiat conserves dans les archives secrètes de cour et d'ICtat
{n° iT-iO'i. Beaucoup de valeur). — .\hth. 2. PaEasR. Rpcherches pour
servir & l'histoire du royaume d'Allemagne de 1330 à 133-^ (la bulle de
Jean XXTI qui sépare l'Ilalio de l'Kmpirc appartient au commence-
ment de 1331 et se nutache à la tentative de Philippe de Valois pour
procurer à sou frère Charles en 1330 la couronne d'Italie. Les traités
conclus entre ceux de Piumaccio et d'Avignon furent des traitée peu
durables arrachés par la nrcefislté; 11 ne peut iViro question d'un clmn-
gement dans la politique du pape Jean XXII en 1331 et 1332. Les
négociations paciliquesde Louis de Bavière à Avignon de 1330 à 1334
ne doivent être attribuées ni à la pusillanimité ni à des scrupules reli-
gieux, mais à des considérations polii-ique:^. L'empereur n'a jamais
songé sérieusement à abdiquer). — RirrEft. Pohlique et hisluire de
l'union à la fin du règne de Hodolfe U et au commencement de celui
de MalUias (la politique de concession avait ses représentants dans le
cercle des confédérés comme au sein de l'union , mais l'énergie
déployée par les membres de l'union assura la prépondérance aux
roprésenlauts énergique!* de la cause do l'empire. Dans le conseil
impérial le vice-chauc«Uer d'Ulm était le moins conciliant-, au rebriurs
de l'évèiiuo Klcsl qui était porté aux coacessioos, mais qui reculait
devant toutes celles qui auraient pu être décisives). — WûftDtmM.
Contributions à l'histoire de la fondation et de ta première période
de l'ordre bavarois de Saint-Uubert(U^'i-17Û9, Avec des documents en
appendice}.
lECÏÏSrtS PJHIOniQDRS.
225
40. — Ai)handlangen der phllosophlsch-phllologlscben Classe
der K. bayerlscheo Akademle der Wissenschaften. lid. XV.
Ablh. 2. \SA\). — I.AtTH. Sîphtims et Ampnmosi's (rois de la xix" dy-
nastie qui apparUnaiPiii il'abi)nl à la casU? sacerdotal"!' el usuritèrenl I»?
In'me. C'est à tort qu'où le» considère comm« ayant rngnf! concur^
remniÊot k d'autres, iU furent en réalité tes succeR»eun( do làcllios U).
— LiCTu. La période du phénix.
41. — CorreBpondenzblatt des Gesammtver«iii8 der deutschen
Geachichtft- tmd AitertbQinsvdreine. '2S« aonf^c. No* &S. Daroi-
stjidl. — WcERSEn et UEcitMASH. Les foritncationit, les postes et autres
travaux de défense au moyeo Age (parti cullèrem en t dans la He^so el
les lerriloires limitrophes).
42 — Jahrbûcber des Verelns von AItepthumsrr«unden Im
Rbeinlande. Heft GG. 1879. — S^.k.seider. Le$ routes romaines outre
la Meuse et le Rhin. — Von Ei.tksîteb. Lu Pimlo romaine de Mayoaco ù
CoblenU (découverte à Coblentz en 1878). — Hùbubr. Du limes romain
en Allemagne (soutient contre Duncker Texistencc d'une frontière for-
tïQee pxlerïenn>). — Ckhist. Contrihutinns à l'étude de la mythologie
comparée imonumnnl dwt IHi lasses. Ce sont pndKiïdemeul des divioiliVs
celtiques qui présidaient aux routes). — lu. Inscriptions de lOdenwald
et du Mainthal (euile. Inecriplions do Zellbausen) — Bose. Deux
tablettes votives de la Dca Icovellauna (trouvées à Sablon aux envi-
raoB de Metz. Cette déesse appartient à la mythologie celtique). — Id.
La pierre tumulaire de la legio secunda (Augusta) dans la Haule-6er-
mauie (exhumé* à Kœnigshofen près de Strasbourg}. — Asuacu. Nou-
velles inscriptions romaines (N- 1. Inscription votive découverte à
Neuâs. N' 2. Inscription tombale docouvcrlc à Cologne. N' 3. Inscrip-
tion tombale découverte à Andemacb). — fi. al8*h Wbkbth. Voies
romaineii {\. De Weissenthurm k Neuwied. 2. D'Ahr à Bonn. 3. De
Trêves .i Bonn. 4. Ija voie Bolgica à Wessclingen. 5. Roulis de Wor-
riogen). — Van Vleïjten. Une découverte do monnaies à Bonn (elles
appartiennent au xvi* uu au xvii* s.). — lo. Petites éludes de niimisma-
tique (description d'uno importante découverte faite à Trêves démoules
en terre avec des empreintes de monnaies^ destinés à la fabrtcaliou de
bnsee monnaie ; médaillon de Gordien III en argent ; 125 monnaies
appartenant à la seconde moitié du xi* s.)- — tLËKT-zELËR. Liste des
bourgme-sires d"Alx depuis les temps les plus anciens jusqu'à l'invasion
française. — Comptes-rendus de découvertes d'antiquités romaines à
DooD, Cologne^ Bregenz, Darmstadt, Liroboui^, Rheinzabern, Linz;
comptes-reudas de la découverte de constructions sur pilotis ji Donaues-
chingen. — Deppb. Sur la durée de la bataille île Teutcbourgitdle dura
2 jours). — PoHL. Voies romaines (I. A Euskirclien. 2. A Blaukenhei-
menlorf dans le cercle de Schleiden). = Comptps-rendus critiques.
Frahner. Les médaillons de l'empire romain (heaucoup de valeur). ^
Hefl 67. 1879. Becker. Sur fhisUiim primitive de Mayence, de Castcl
Rsv. HisTOR. XVI. !•' fASc. 15
236
RSCrCILR PïEniODrQCBS.
el d'Heddernheim ; suite au 138 Hft. (coiistitut. des villes rom. du Hhin,
leur fondation, leur développ. et leurs fortificatjûns. Artaunnm est U
même localité qu'Hombourg vor dcr Hœhe). — Schneider. Houtej fttra-
tégiqueg rotnainefi sut la rive gauche du Rbin el de la Moselle. —
E. HûiLtuR. Le «aiicluaire de Nodou (près d'AvUmi-tHii daus le comté
de Giouccstcr). — Mohusen. Fragments de deux (aides de bronso (trou-
vées à Mayence ot contenant une liste de 16 noms de soldats). — Klein.
Inscriptions romaines (1. Monuments votifs de divlaités celtiques troa-
vées à Berkum. 2. Inscripliou militaire en Thonneur d'Âuloain le
Pieux trouvée à Bonn). — Z.vnqkmeisteb. Inscriptions sur briques de
Mariaweiler et de Bonu, — SEF.oEa. Les cautonacments et les travaux
de dèrense romains en):re Ubernhourg sur le Mein et Seckmauern dani:
rOdenwald. — Alde^ikirche». L'authenticité de l'inscription votive
de l'église de Scbwarzrheindorf (de 1151, est authentique. Il n'y a pas
eu de chancelier impérial du nom d'Erchenbert). — Compte-rendu
de décôuvrrtes d'antiquités préhistoriques, romaines et germaniques à
Bonn, Gcrolsiejn, Sablon, Trêves. = Heft tî8. Sghxeideb. Voies straté-
giques romaines daus les provinces rhénanes, la Westphalie, ia Hesse
et le Nassau. — Muqller. DanB(}uel tempe faut*tl placer l'établissement
de !a voie romaine sur rHunsrùck ? (faite par Agrippa bous Auguste).
— Von Becker. Les voies romainos dans le pays diî Badeu el le Wur-
temberg. — \Voi.F et MoMMSEN. La découverte des restes d'un castrum
romain à Deuiz ((^sar passa le Hhin à Deutz ; ce autmm était une
tète de pont fortiGée à ce passage du Rhin; il conserva son importance
dans les temps postérieurs. Recueil d'inscriptions). —Eraue, Anciennes
inscriptions chrclicnnos de Trêves. ~~ Hurnbr et Muuusen. Sur les
iascriptious du sanctuaire de Nodon en Angleterre. — V. Vlbdtbm.
Une dt'couverte de petits ]»lats irisés à Bonn. — K«iNEN. Découverte
d'un castrum franc à Neuss. — Comptes-rendus de fouilles faites à
Bonn, Cologne, Duisbourg, Metz, Xanlen» etc. — Comptes-rendus cril.
Casagramli. Agrippiiia |peu concluant). = 188U. Heft 69. Asbach. L'uri-
gine de la Germaine de Tacite (lorsqu'eii 98 Veslricius Bpuriuna com-
mença ses nptSrations contre les Germains sur la rive drt^ite du Rhin,
Tacite, pour satisfaire la curiosité des Romains, Iraca à la hàic une
eBijuisse de la Germanie. C'est ce qui explique le peu de précision et le
vague de «es renseignements). — Hbitnkr. Rapport sur les antiquités
découvertes dans le cercle de Trêves en 1879-SO. — ScHMBtDBB. Voies
militaires romaines dans lee provinces rhénanes, la Weetphalîe et lo
Hanovre. — Z.\.soe.mei8T£h. In&cription de la Ùea Moguntia. — lu. Ins-
criptions de la vallée du Neckar, du Ki-euzwald et de Daxlanden. —
P. WûLTBna. Nouvelles inscriptions de Bonn. — E. ads'm Wbebth.
Verreries romaines. — lo. Cimetière franc à Cobern sur la Mo.selle. —
lo. Compte-rendu des dernières découvertes faites à Xanten. — Kbaus.
Horac Metenaes (catalogue dos mss. du baron Lcuis-Numa do Salis,
mort récemment. Ces mas. sont de la plus grande importance ponr
l'histoire do Lorraine). — Cuiupt^^rendu de découvertes d'antiquités
I
RBCnBn.» PBRrOOIQDSS.
£27
romaines fuie* à Bonn, Uaden, llregenz, Uagnau, Mayenc«> Metx,
Mœn, Ncnss, Salxbrunn prés Kemplen, dans la Haul«-8ouabe et
rOdenwald.
43. — MiUbeUnn^D an die Mitglleder des Vereios fQr 6e-
schichte tud AltertfamnsJninde InFrankfbrt a. Hain. IVl. 5. N* 4.
imy. — FiLK. Chroniqueurs du Rliin moyen â la lin du moyen &ge
«. I^ moine d'Ëberbach. 2. Theudoric Gresemund. 3. Uebclin de
neimhach. 4. Georges Uell. 5. Jacob de Mayence et aulrej;. Renitei-
gnemf^niR sur leurs renvres et lenrs mss.). — Gbotefend. Pour sen-ir à
i'bistoire ancienne da couvent de Paterehausrn. — Scgneidbr. La mort
et la succession dn landgrave Georgoft Christian de Uesse-Hamltourig
(mort à Francfort en 1677. Travail fait d'après les documents dos
archÎTes de Darmstadl). — Becke^. Pour servir à rhÏHtoire de Metz
sous \es Romains. — 1d. L^ dièiu de Francfort, en 1454. — In. Le sou-
lèvement des Bagaudee au lu* siècle. — Bûcher. Agriculture des 6er-
m«iof. — Dechemt. Édita de tolérance des empereurs romaine. —
RnK. L'Allema^me ven; 500 après J.-C.
44. — ZeiUchrlft fiir die Geachichte des Oberrheina. Dd. 33.
Hefl 3. Ift80. — WiLLB, Le journal el lo livr»' de déponfes de l'électeur
palatin Frédéric IV (fin). — Von Wsegh. La suppression du couvent
d'Herrenalb par le duc Ulrich de Wurtemberg, 1535 (publication d'an
ms. de Carlsruhe du xvii"» s., dont les sources sont des aclcs ofBciels).
— Habtfelder. StatatR do la ville d'Oberkirch (rédigés au xvi* s., mais
une grande partie de leurs dispositions remonte à une époque très anlé-
rienre).
46. — Alemannia. 8* année. Fasc. 3. — BinLmoEa. Urbarium de
BeurOD (commencement du xiv* s.; Huile). — Bdck. Encore les Ala-
manR (primitivement Alacinanni ou Atahmanni). — Doll. Inscriptions
de maisons en 8ouabe. — DmLiHiiER et Crkci^ijui). IjOs 8ouab(^s et les
Alamans {U. ha habitants de l'AlIgreu, renseignements relatifs à l'his-
toire de la civîUsalton tirés des sources du moyen t^gc). — Bibunoeb.
DoLL et BncK, léf;ende& populaires {supen^iittons, relies de paganisme,
charmes amoureux, formules de IténédicIJon).
46. — 43 Bericht Ober Bestand iind "Wlrlcen des Uatorlachen
Verains an Bamberg im Jahre 18791880. — H. Webur. [liâioire
des études supérieures dans le grand chapitre de Bamberg von 1007-
1603 (312 p. L'auteur s'occupe particulièrement de l'universilc à l'aide
de nombreux ducumcnts).
47. — Zettscbrlft der Geaellschaft ftlr Befordemng der G«-
■chichts-Alterthums und Volksltunde von Freiburg,dem Breis-
gaa and den aogrenzeaden Landschaftcn. Bd. V. I,s80. ïleft 'l. —
MADBBa. Chartes relatives à rhistoîro do la seigneurie d'Uesenberg
(1052-1543 ; extraits de 143 documenta, publication intégrale de 45 gé-
néalogies des seigneurs d'Uesenberg. de 1D50 jusque vers 1450). —
32$ ascuEiLs réaiODittOKs.
P. V. RoKOEEi. Qaolqucs notices sur l'histoire de la seigneurie de Tiers»
perg 1392-1463. — Bauer. La fondation de la ville do Fribourg ea
Briijgau (fondée par lo duc Borctitold II de Zii>hriugeu vors 1090, el
agrandin par ses deux fils; fait d'après des pièces d'archives).
48. — MlttheilungâB âe« Hanauer Bezirksvereins fDr hes-
fllsclie Gescblchte und Landes- Knnde. N* 0. 1H80. — Mullmanh.
Histoire du baron de Trimborg [d'après les documents). — Baron
ScuE^K zv ScuwËiNsuERu. Gtiijéalugîp des familles seigneuriales portant
le nom d'Hituau (ifs familloâ Borrelilpu-Uanaii et Hucheu-Hananl. —
lu. Pour servir à l'hisioirc i\i*s chAteaux de Rouneburg el de Ranneu-
berg et de leurs posses.<;eurF. — k. von Behe etR. âucuien. Généalogie
dos comtes d'Hanau (1243-1736). — Suohisb. Les tombeaux des comtes
d'ilaaau {important puur leur généalogie). — Jungiuns. Histoire du
village de LaugenRelbold (d'après les documents. Plein de renseigne-
menu* statistiques et relatifs à l'histoire do la civilisation). — Cuno.
Adam Hertzug [inspecteur dos écoles et des églises du comté d'Hanau-
Mùuzeobt^rg à la Hn du xvi* s.). — J^unorahs. Relation contemporaine
de Charles Behagel sur le siège de Uauau par les impériaux |lti35-
1636). — NECHiîLLBB. Etat de Hanau de 17*27 à 1732 (commerce,
industrie, visiteurs êlrangers, .suksistaiiiicit, etc.). — Junghans. Willielm
Aoloaitis, le premier imprimeur du ilauau (vers I59i|. — Wolff.
Conduites d'eau éiablies par les Romains dans le voisinage de Hanau.
49. — QaartalblEBtter dds hlatorischen Verelna f. dae Groas-
herzoc^hum Uessen. 1H78. — Wvss. Deux tlocuinents relatifs à
l'histoire dR lu pèche i Mayence (de 1333 à 1339). = 1879. N- 1-4.
Publiés en IStJU. Koflbb. Le village de Didiglieim (recueil relatif au
\illage de Uidi^heim qui fut uni plus tard à la ville de Hombourg
vor d*T Hoïlio). — Comte Schenk zv Schweinshkbg. Le ch&tean de
AVafl'ensand. — Wvss. Notes sur les rois des Romains Albert II et
Frédéric UI (tirées des archives du château de Kried!>ergJ. — In. Le
couronnement d'un électeur palatin à Obcr-lngellicim et ses frais
(d'après des documents des archives de Darmstadt de 1577). — Aperça
des publications historiques relatives à la Hesse.
60. — Zeitschrlft d. Berelschen Qesclilchts-Verelns. Bd. XV.
1879. — KîauHALAT. Le lestameul de la ducliesse Suphie de Juliers
(1-173). — Bucumcnl relatif à la rupture des fiançailles entre le land-
grave Louis I de Hes^e et Marguerite de Clèves (H31). — Katt-CR. Pour
servir à l'hiBtoirn ecclèsiasliquo de rAllemagne du N.-O. au xvï* s. —
Régostcs pour l'hisLoiro des barons d'ilammorstein. — Tobibn. Docu-
ments du couvent do Gevelsberg. — Strauvek. La prise du duc Guil-
laume do Berg par son lils, le comte Adolfe de Ravensberg (28 aov.
1403).
51. — Mlttheltungen des Vereins f. Aataaltische Geschlchte
nnd AJtertbumskuiîde. Bd. II. Hefu «. I>psftau IHHO. — Jacobb.
Histoire du bailliage de Baîrenrodo. — Eckstsi.n-Iluerstedt. la terra
RECtTEILS P^BlOOrQC
229
KoWnensi jrogistre censter et lorrier «les prévûtg de la caihédralp dp
Ua^eboarg pour le bailUagnde Kopthcnvers 1302). — SisntOK. Vuyago
du princo Léopold d'Anbalt-Nassau on tlalic (1693-1695). — Kracs.
Un rapport sur la bataille de Striegan (1715).
SB. — Nenes Archiv T. Seachsiacbe Goschichie u. AlterthuniH*
kunde. Dd. I. Hefi 1. 1880. — Haron ù Byrn. Giovanna Qu-^uova el
la troupe des comiei italiani à la cour de réLoct«ur de Saxe rot de
Poto^e (sous le prince électeur Frèdèric-Augusle I*'). = Coinptes-ren'
duR critiques : Urkundenbuch der Universilxct l^cipzi^ von U()9 lus
1555 (très méritoirp). — Schjefer. fieschichtc des uecheischen Postwe-
«ns (bon). — Gautsch. Aelteate Goscbichte der sirchsiscben Schweiz
(bon). — Aperçu dea derniers travaux relatifs à Thistoire de la Saxe et
de la Thuringp.
63, — Zeltschrlfi dea hlstorlschen Verelns f. Nieâenuechsen.
Jalirg. 18S0. — nriRtis. Les rogesics des seigneurs do Ilonibourg
(431 numéros de li?9 à 1436). — Harland. flestes de paganisme dans
le Salling-Gebirge ft. La légende du cbasseur sauvage. 2. Loups gamus
et démons. 3. La dèt^se Frcya dans le? croyances populaires). — Siuo».
Les t^tes de chevaux clouées aux pignons des maiftons de paysans de
fai Basce-Saxe (l'opinion qui attribue un Kons religieux symbolique à
ew ornements est errouce). — Mùllbb. Les aligaomcntfi de tombes
près Clauen danit le district de Peine. — Sbnff. La bataille de Sieveurs-
faauson 1553 (racontée en détail dap^^s des .sourrei^ nouvellement
découvertes). — Hahlako et Boueaiasn. Statuts; def associations de voi-
sinage d'Ëtubeck en 163G (cette instilutiou m ratUiLhn aux ghildes
d'assurance mutuelle germaniques). — Eogebs. Samuel de Chuppuzcau
(De h Paris en 1625, précepteur du futur roi d'Angleterre Guttkuuio lU,
gouverneur des pages de la cour de Brunswick à partir de Ifi82, remar-
quable comme poète et bistorieu). — Dokoncr. Documents .«ur la cous-
Lniclinn du pont d'Humelu sur le Weser (1391). — Harlano. Le tribu-
nal de canton au Sùlberg prèâ Slrudtbagen. — lo. Le i'ogaisbiirg près
le village de Vogelbeck. — Bodeuanh. Règlement municipal do Nord-
heim relatif aux mariages et aux baptêmes (!(iSO). — Fiedelbr. Lista
et index analytique des documents publiés par la société historique de
U Basse-Saxe (.«iiiite. N*» 672-765. Périodi- de 1300 à !76Sj.
64. — Geschlcbts-BlBBtter fOr Stadt aod L&nd Magdebarg.
Jalirg. 15. Hefl. 4. 1880. — "Wegen-eb. Usages suivis dans les fêtes du
payg de Magtlebouri; (la fôle des moissons et la ffttft de saint Martin).
— Krùhne. Hecherchps sur l'histuire de raucienne cuusliluiiou muni-
cipale de Magdebûurg (suite, llîstoire dn i'arclievôchc de 973 à 1018.
Origine du burgraviat. Usurpation du bailliage archiépiscopal par les
burgraves). — Hkhtkl. Pour senir à l'histoire de la Rèformation dans
l'archevôcho de Magdelyourg (d'après les notes mss. de G. v. Alvenlcbcn
conservées dans la bibliothèque municipale de Mugdebourg). — In., Le
mude d'élection des conseillers municipaux de Mugdebourg {d'après un
document de 1680).
230
HECneiLS PBRIODIQCRS.
65. — Jahrbûcher and Jahresbfricht des Vereins fflr meklen-
burgische 0«sohichte and Alterthamskande. Jahrg. 45. 1880. —
WiuuER. KclatioQ (l'IbraUim ibu Jakub sur l«w Slaves en 973 jlbrahîm
était un juif de l'Âirique Bepteutrionale, qui faisait probablement partie
de l'ambaiisatip fiovoyne par les Sarrasins d'Afrique à Othon I" Pi ^i
consigna par pcrit ses impressions personnelles sur les populations
glavcSf leurs instîtutinns et leurs mœurs. Teito et commentaire soigné
de cette rnlaliDD publiée pour lu première fols par M. I. de Gœje dans
les Verslayen en makelingen dsr K. Ahademù van Wetensckappen). —
Cbull. Uuc inscription du chœur du couvent des Dominicains de WU-
mar [contient d'iniportonls maseignemenui comme en dunnerait une
chrimiqui! sur la période de i2lfi-14t)6). — Kiss. La chronique rimée
sur les difficulléii! soulevées par l'érection de l'église de Saiut-Jacqucs
de Roetoclc en collégiale (du x\i" s.) — Wiooer. La vie du duc Frédéric
le Pieux jusrju'à son avènement (d'après des pièces et des lettres de Mil
à ITSG. I^es renseiffuements sur le séjour du prince dans les cours de
France, d'Angleterre el de Prusse présentent uu intérût particulier.
Beaucoup de détails importants pour l'histoire des mœurs et des idéesf.
— A. J. C. EUB Neudbn. Contributions à l'histoire du grefTe de Schwerin
(personnel, procédure, statistique des procès, intervention directe du
duc, honoraires des employés du xvi* au xu' s.). — Liscn. Antiquilcs
préhistoriques du Mecklembourg {fragments de Tàge de la pierre et du
bronze, anneaux, urne colossale, etc.). — Voss. Contributions à l'iiis-
toire des drapeaux mecklembourgeois idescripiion des drapeaux du ivm*
et du XIX* s. conservés jusqu'à nous, suivie de rc^nseignements impor-
tants pour l'histoire de l'armée en Mecklembourg).
S6. — Zeltachrlfc fttr preusslsche Geschlchte and L&ndeft-
knnde. Jalirgang XVLI. Sept.-oct. 1880. — FaciisEa. Les démêlés
de l'abbé Bastianî avec le chapitre de la c.it.)iêilnile de Breslau et,
le prince évéqiie Philippe Gotth, comte Slhaffgotsch, 1753-175G (bio-
graphie de l'abbë Bastiani, qui rendit les plus; grands services à Frédéric
le Grand dans les nombreux différends de celui-ci avec l'église catho-
lique de Bilèsie rt dont Tautcur fait les plus grands éloges), — Dbotsiln.
L'Angleterre et la Prusse, 1740-1746 (le plan de lord Carteret était
d'occuper la France sur le continent pendant la prrmière guerre de
Bilésie de telle facou qu'elle ne pûl songer au rèCabUesemeat des Bluarts.
L'hostilité du peuple anglais contre les troupes haiiovrlonnes à la solde
de l'Angleterre et la crainte dos Anglais de ne travailler que dans l'iu-
térét du Hanovre causèrent la chute dp Carleret en 1744. En 1746 on
songeait encore en Aitglelerro el eu Russie à se réunir avec l'Autriclie
pour fondre dur la Prusse et la mettre en pièces). — Kobsb. Les rap-
ports de» ia Prusse et de La France en 1741 et 1742 [le désir de Fleury
était d'éviter que la rranc4t j^rît part à une action militaire contre TÂu-
Iriche, tandis qu'il s'efforçait par des negocîaUous diplomatiques do
fortilier la politique active dos adversaires de l'Autricho el de faire
ajourner ['étectioa de François I" comme empereur. Fleury avait une
LICOKOâ PlâfllODIQlTBS. i^ii
grtnde antipathie coDlre Frédéric le Graml). = Nov-dcc. Esduamw-
DCEBpCR. Pour Ben'ir à l'hiPioire du Gread-Ëlectour (expuBé des ëvé-
nemenls dont il osl qtit^stiou dans lo 9" vol. des Urkundm und Àkten'
stQdu ivr Gtschùchte des Kurffirtten Pritdrich HïiAe^n} — Uaaosohh,
Drkundê» it. AklerutQcke sur Gesehichte des Kurfiirtten Friedrich Witttelm,
tome X (expose des ucgociations des Étal« de Brandcbi>un$ contenues
dans ce vol.). — Gueci^b. I^b relations du Brandebourg et du Danemark
en t679 (addition à ce qui a paru «ur ce i^ujet dans le mt>[ue recueil ou
1879. Daprèit les protocoles du Gonâeil d'Ëtat de Danemark qui prouvent
que ce pays Tait alors aussi bien que le Brandebourg plusieurs tenta-
tives pour conclure une paix séparée avec la France). — Brocx. Anglais
el Brandebourgeois (cherche à déterminer l'élémont brandebourgeois
dans les troupes qui ont pris part à l'expédition de Guillaume d'Orango
en Angleterre eu 1688 el à ses campaguett augio- irlandaises). — Noaii-
Borr. Henri Scbeve (important pour l'bistoirede l'humanisme allemand
du xTi* ». Biographie et appnMîiation historique « littéraire). — B«tt-
CHER. Le» lieux habités par les Germains d'après Tttciie.
57. — SehrifteB dea Verein* flïr di« Geachiclite der stadt Ber*
Un. Fasc. XVU. Berlin, 1880. — FaiEOBL. Découvertes d'anliquités
préhistorique faiU-s, à Berlin et aux environs.
58. — Jahreabericbt der Schlestacheo GeseUschaft far vater-
laendlache Coltur. 1880. — lûtEas. Oc ta tactique au commcncemant
du XVII* s. et pluh: spécialement de la bataille de la MoDtagne>Blanche.
— Grûhhagbn. Ia mtsffion de l'ambassadeur aDglais tord Hyndford à
Olnmtz imars !7V2). — Rëiua»n, Les négociations du priuce Henri à
Péi«rshourg sur la question turque et la question polonaise dans l'hiver
de 1770-71. -~ Fbohkbr. Le comte d'Hoym (né en 1740^ ministre diri-
geant de Silésîe de 1770 à 1806. Son rôle consista seulement à tître un
fidèle senrileur de fion roi, il n'eut d'ailleurs aucune initiative per>«on-
nelle). — Fkchneb. La fuite du comte 8cba%otsch, priiice-évéqne de
Breslau et le séquestre de l'cvécbe de Brcslau par Frédéric le Grand.
69. — Archiv fUr œsterreichlache Gesohlchte. Bd.63. HselTtel.
IftAO. — VVr.ftTHEiiiER. Deux des.ori|>iions de la cour de Vienne au
xvm* s. (ces deux pièces proviennent des archives du ministtre des
affaires étrangères en France. Le premier document, intitulé ; Portrait*
dt ta eour de Vienne, a peut-être pour auteur te marquis de Durfort,
ambassadeur de France; le n' 2 : Tabttau drs ministres et des principaux
pertonnaga de la cour de Vienne, devait ser\ir de guide au priuce Louis
de Rohan lorsqu'il alla à Vienne en 1772 en qualité d'ambassadeur.
Tcxtej. — Lange». VoîtK de l'Albanie du nord et de l'Herzégovine de
se aoumettro à l'Autriche, 1737-1739. (Lo passage du patriarche dlpek,
Ârscntus loannovirh et d'une troupe do Serbes et d'Albanais en
Autriche en 173>t détermina aussi rUcrzègovinc â entrer en négociation
avec celte puissance par Vnchkovich et Milichovich qui avaient de
28S BECCRILB PéatODIQlTKS.
pleine pouvoirs. Le soulèvement projelé des Slaves du sud fut déjoué
par la paix de Belgrade si pénible pour TAutricho. Nombreuses lettres
et piàcfw incditps ru appendice '.]
60. — Mittheilasgen der K. K. CentraJ-€ommlsalon eut Erfor-
schnog and Erhaltong der Kaost usd historiscben Denkmale.
HiJ. VI, llelt. 3. Vienne. 18no. — Ph;hleii Restes étrusques ea Cityrie
01 en (Jarlnihie (suite). — Jenny. Kuiues de l'aDcieiine Briganiium. —
Kesser. MimumnntF romains à Petronoll et a Celeja.
61 . — Zeitachrlft des Ferdinandenms fOr Tlrol and Voraribere.
3 Kolge. Ilefl 24. Inusbruck tSSO. ^ L. H- Le mouvement protestant
dans le Zitlerthal au xvi« s. (PubUcalion de 7 lettres écrites à uu par
l'archev^uc de Salzbourg. 1562.) — 1d. Bapi^^me d'enfants mort-
nés dans le Tyrol (textes appartenant aux années 1683-1692). —
Id. Poursuites dirigées par le clergé contre des livres prohibés dans le
Tyrol (lettres et protocoles, 1758). — In. Mesures priB«« contre l'inlro-
ducUoQ du jacobinisme en 1794 (le prince-évéque de Brixcn se fiaîï^ait
rendre cumple par les prôtres de son diocèse des sentiments religieux ot
politiques des lidèles. Publie des renseignements très intéressauifi four-
nis pas les prêtres).
62. — Rcchcnscbafts- BeHcht des Aosschasses des Vorarl*
berger Muséums- Ver«ina in Bregcns. Jahrgang 1879. Bri^geru.
— ZtKsMÀiD. Le Neubttrg, et histoire des choTalierE Thumb de
Neubourg dans le Vorariberg jusqu'à la vente de leur seigneurie i
TAutriche en 1363 (généalogie très complète accompagnée de ren-
seignements sur l'ancienne noblesse du Vorarlberg). — P. Joarna
Baptirta. Prazalanz (ville qu'on croit engloutiel. — IltUHBL. Liste
chronologique des documents de l'ancien monastère bénédictin de Meh>
rerau (suite. De 1501 à 1599).
63. — Mittheilongea des AJterthamsTereins su Plaaen. Publié
par J. Mûller. Plauen^ lÂSO. ~ Moellm. Documents relatifs a l'his-
tuiro dp Plauen et de son bailliage publiés in estenso ot par extraits
(1 12*2-1302). — Albebti. Remarques sur le document le plus ancien
relatif à Plauen (.1^ 1122).
64. — Beitraege zar Konde steiermaarklBcber G««chlchtsqnel-
1«B. Jahrg. 17, 1680. — F. M. Mayeh. Mémoires de Léopold Ulrich 6chi»>
dlberger sur l'histoire d'Ëisenerz : 1* Chronique universelle jusqu'à 1713,
en grande partie d'après des chartes; 2* Grdrnkfmch composé en 1709
contenant le catalogue des chartes et pièces d'archives qui se trouvaient
alors à Eisenerx ; 3* le • Ehrenruf » (histoire de StjTie jusqu'en 1710).
— L VOD Zabn. Sur uu livre de formules des archives d'.Xdmont, du
XV* s. (compn>nd 609 numéros, dont 350 environ importants pour l'his-
I Pour le» Autres art. du ce ouméro, voy. le ballelin d'Autriche inséré dsos
t« préaent nam^m.
BECCBILS PiniOOIQaBS.
:i33
toire. pour colle surtout des duchés autrichieat). — Kùuuel. La
t RegUtrator > de la ville de Bruck (publie les protocoles des dèlibéra-
doiuda cooftcil de ville do Bruck, 1541-1515; împorlaut pour l'bistoire
dw mœars et du druit). — DrsutsKE. Con tri butions & l'étude des noms
de lieu en Styric (d'âpre les €barto.<l.
66. — Mltthellongen des historischen Verelns fOr St«lerinark.
Heft 28f 18^. — F. M. Mayer. Pour servir à t'bi&tolre de la chasse et
du régime forestier en Styrie au tomps do Maximilien (co travail est
fait à l'aide d'un ms. dos archives dp (irat^ contenant un mémoire de
1526 adressé à l'archiduc Ferdinand pour lui faire connaître l'état df»
fbrdtfl B0U8 Maximilieu l*** el lui proposer des améliorations. On y
retrouve ce principe souvent exprima que les mines el les forëU! appar-
tiennent au droit régalien des princes. Les abbayes nn doivent point
avoir de druit de choi^sr, mais elles font partie clles-mômes dos propriétés
priacières). — Krautz. Pour servir à rhisloire du soulèvement qm
éclata a Ëisenerz en Styrie en i683 (lors du siège do Vienne par les
Turcs, les Jésuites, soupçonnés d'être les instigateurs de la guerre,
furent poursuivis et leurs biens pillés. Public une r^'lation du t«mps).
— Aperçu des publications historiques relatives à lu Styrie ^
66. — BUttbelluagen des Verelnes ffir Gescblchte der Deat-
■cbea In Boebmen. Jahrg. 18. N" 3. 1^0. — Scnr.imK. T.,a rimdation de
Fenlinand. iCe nom comprenait divers établissements unis au noviciat
des Jésuites de Prague, notamment un séminaire {Ktur les étudiants
pauvres et un séminaire pour la nobles^, qui complèreni parmi les
moyens les plus efUcaces employés par la réaction contre ta Réforme
en Bohème. Texte de» pièces les plut* importantes rflativoA à ractivité
du séminaire des Jésuites.) — Pakcerl. Pour servir à l'histoire do la
fondation de la ville de Budweis. — Wagner. La superstition au xvn*
el au xvui* s. — tiiEBWEKy. Histoire des mines d'or du Schwarzenthal
dans le Rîesengebirge. = Comptes-rendus : Ùrnii. Éludes d'hisloirc
bohème. Hoss et la guerre des Uussiles (appréciation très défavorable).
— Kffbs. Die Schtacht ara Weissen-Berge (remarquable). — Tomek.
lan Zizka (très méritanll. —Janssen. Zu8U£ndedeedeutschenVolkes,etc
(jugemeiiL favorable). ^ Jahrg. VJ. N» 2. 1880. — IjOsbrth. Notes his-
toriques du greflier municipal Wenzel d'Iglau rédigées au temps des
Hussites. — Reyer. Kaspar Pïlag (possesseur do la ville de Schiaggou*
w^d, IS37-I547. Détails approfondis sur les finances municipales et les
CMiditions de cette possession). — Waokbr. Charlatanisme sctentitique
dans U Bohême méridionale, IS70-I59I [appendicel. — IIbuschka. Le
D* Franz Stark (arl. nécrologique. \é en 1818, mort dans une maison
de fous le 27 mars 1880. Liste de kcs nombreux travaux, qui ont surtout
pour objet l'étude des noms germaniques et celtiques). — ScusnipPLua.
Éludes pour servir à l'histoire d'Ossegg (suite). = Comptes-reudus :
I. Voyez poor les autres arL le bultetio uulrir.bien ci-dessus.
234
HSCDBtLS rriRioniQirsâ.
Lindner. Geiwhiclite des deulschea Reiches unler KrenigWenzel. Bd. 2.
(Trèp bon.) — Wutf. Das UnUrrichtKwnsen ir OEsUirreich uuIerJoBef II
(oxcellentl. = Riester. GeschicLte Baieras 11 Bd. (très boa». — Ludikar.
Des Mallpserordea mit beFont^erer Hûcksicbt auf Bœhmen (boa).
67. — Caaopls Musea Praloostoi Gekého {BeV'Ue du Muséum
tchèque). 1881^ vol. I. — I. Goll. Pierre de CUelcic et 8« œuvres. —
J. BiLEK. La contre- réformation cat.bolique en Bohême, 1650-1780, —
Kr. Mares. Rouhik de Hlavatfc, guerrier du xv« f. — Rapport sur
l'aualyse chimique des ratures qui ea trouvent daas le ms. du Kralové*
dvûr (KccnÈginhof). (Selon ce rapport, les résultats sont faTombles à
l'auibeDiicitê du ms.i
68. — Bntletitt de l' Académie impéHale des sciences de Saiat-
Pètersbourg. Tome XXV. 1879. — Brosset. Sur un projet d'éludé
des chartes géorgieanes (les relalious bisloriques sur le Caucase parve-
nues jusqu'à nous ne donnent qu'une idée inRurGsante de« diverses
archives du Caucase). — Id. Notice sur un ma. arménien, {formules
adapteei» aux calendriers arménicD et romain, notions aslronomiques, etc.)
— lu. Collection numii^nmtique orientale de L'Krmtla|$e impérial. —
SciiiBFNER. Sur un ms. thibetaio {relatif à l'hietoire el à la mythologie
indiecme). = Tome XXVI. 1880. — Baron vûn Roses. Notice sur un
nis. arabe. — 'WiEOEM.\Nri. Notice sur la vie et les travaux de F. A.
Schiofacr (né à Roval en 1817, mort en nov. 1879. Liste de ses nom-
breux écrïis sur la langue el l'ethnographie indienne, finnoise, sibé-
rienne et thibétaîne). — DoRfr. Sur les moimaies des Ileks ou anciens
klians du Turkeetan.
69. — Mitthellun^en ans dem Oeblete der Geschichte IAt-
£st-und Knrlands, B^l. XII, Heft. 3. Riga, 1880. — Schiëm\.hn. Les
documents relatifs au duc Jacques conservés dans les archives ducales
de Millau. — ScHiiineN. Renseignements sur les recherches d'archives
dans l'èlê de 1801. — Mou.brup. Le plan de Conrad UexkiiU et de Frédéric
de Spedl en vue d'une conquête de la Livonie parla France. — Mettio.
Sur l'histoire de la constitution du chapitre de la cathédrale de Riga.
70. — Sitzangsberichte der Kurlnodlscheii GeseUscbaft fftr
Llteratur nnd Knnst. 1879. Millau, 1880. — Dueit[.>iO. I..es châ-
teaux de l'ordre à Riga. — Von Raison. Un établissement germanique
primitif dans le voisinage de Windau. — Le Wegebuch courlandnis de
Grot (date de 1718).
71. — The Academy. 5 fèv. 1881. Cooper. Mémorial» of Cambridge
{important; fait suite aux Annats et à VAthenae du même auteur, un
de ceux qui connaissaient la mieux Cambridge, l'histoire de sa ville el
de pon uuiversité|. — Troltopc. Clcero (iniéree^nl, mais ce n'est pas
Tceuvre d'un historien). =; 12 fév. Gairdner. Three fineenth-ceolury
Chroninles wlth htstorical memoranda by J. Stowe (ces trois chroniques
BIXCEILS péaiODiQlIiS.
235
n'ajooteot pas beaucoup i ce que l'on savait déjà ; lo document le plus
intéressant est une proclamation attribuée à J. Cade et qui est certaï-
nemeot de ses partisans. Les Mémoriaux historiques de Stowe nous
Font connaître la situation religieuse à Londres sous Ëlisabcihi. =
19 fév. Joyce, Keatîng'K hisiory of Ireland (bonne édition du Inxte gaé-
lique de cette histoire légendaire de l'Irlande). — Black. The proftetyles
of Isbmael (histoire succincte des tribus tcuraniennes et de leurs migra-
tions vers l'ouest ; fait sans soin ni critique). — Ascarate. Ensayo subre
la historia del derecho de proprietad (remarquable). — CunningUam.
The churcbes of Asia ; a metbodical sketch of the second ceutury (dis-
sertation académique sans grande valeur). — Fornander. An accuunt
of the polvnesian races : its origin and migrations (curieux). » 5 mars.
Fyff». A history of modem Europe I 1792-1814 (vues originales et
saines; beaucoup d'erreurs de détail). — Robertson. Materials for the
history ofTh. Bocket; vol. U (imporianl). « !2 mars. Dîxon. History
of the church of England I538-S8 (médiocre). ^ 19 mare. Bent. Genoa;
how the Republic rose and fell (sans valeur). = 'ifi mars. Twiss. Heo-
rici de Uracton de Legibus et cnnsuetudinibus Angliae librï V (édition
très mignéo; détails nouveaux sur la vie presque ignorée de Bracton,
chancelier de la cathédrale d*Exeter de 1261 à 1268 et mort cette mAme
année; bonne étude sur l'origine de 1' c assise of novol disseisin i). —
Bigtiow. History of procédure in England 1066-1201 (excellent).
78. — The Athennom. 5 fév. Stevens. Mad. de .Staël (siifGsant). —
BmwH. Mad. do Mainteuon (très mauvais). — Matthew. The englisb
Works of Wyciif hitherlo unedited (publication soignée de 28 morceaux
composés par Wyclîf, ou sous son infiucnce directe). — l^rd Clemumt.
A history of the famîly Fortescue (bonne monographie). — 12 fév.
Loni Sllrnboraugh. A political diary 1828-1830 (curieux). = i2 mars.
FitigeraUt. Life of George IV (excellente biographie consacrée à un
homme par trop méprisable). — Palrtier. Uaroun al llaschid (fait partie
du Jffw Plutarch. récit bien fait autant qu'amusant). = 19 mars. Gni'rd-
tur. Letters and papers, domestic tiad lureign of tho reign of ilenri 'VIII
(important).
73 — The Nation. Î5 nov. 1880. Wirnor. The mémorial history of
Boston 1630-1880 (ouvrage considérable et dû à de nombreux collabu-
nteurs; le !••• vol. • the oarly and colonial Periods i est le seul paru ;
beaucoup de variété et d'intérêt). = 9 déc. UUiebrarul. German thought
froro the 7 years'war to Gœthe's doath [tableau rapide et brillant du
mouvement intellectuel en Allemagne au xvni" s. et surtout à l'époque
de Herdcr). = 23 déc. Lady Jackson. Old Paris, its court and liierary
salons (sans valeur). ^ 13 janv. I88t. Irwin. Chapters ou Oudh history
and affaire (intérc*^a[it^ surtout en ce qu'il montre l'échec de radmini.s-
traliou anglaise daiiii l'ancien royaume d'Aoudc). =: 20 janv. Sol^y. The
autobiography of commodoro Ch. Morris U. 9. (intéressants mémoires
236
RBCaEtLS r^RIOniQUE».
d'un des meilleurs oriicîcrs de la marine am<.'ricaino, qui prit une part
active â Ea guerre coutre les Anglais do 1B12 â 1815). = 27 janv. Oa
Costa. Memoirs of Lhe prutestant epïscopal Church in ihe U. 3. of Âme*
rica, by W. Whithc (nouv. cdiiion, précéilcc d'une lionne introduction
sur l'origine el les progrès de l'église épiseopale avant la guerre de
rindépendance). = 17 fév. Lamb. Histor>' of ihe city of New-York
(ÏDtêres&ant). = 2\ fév. The necropolis uf Ancon in Peru {expose le
résultat des fouilles exécutées sou.'i tes auspices des directeurs du musée
de Berlin par MM. Reisu et Stiibel. Détaitt; intéressants sur la civilisa-
tion et l'industrie de l'empire des Incas).
74. — Archivio storlco italiano. T. VTI, l"- liv. — C. Minieri-
UiGCiu. Le rè^e de Churie.s I"' d'Anjou, du \ janv. 1*284 au 7 janv. 1285
(cet inventaire devait primitivement s'arrêter au 31 déc. 1283; M. M.-R.
réimprime ici, en lui donnant plus d'étendue, l'année 1284, qu'il avait
déjà publiée en 1873. On y assiste aux dé~sastres que l^uria fait éprou-
ver â la marine angevine). — Lronij. Décrets de la commune do Todi
coutre les Juifs, et justice qni leur est rendue par Franc. Sforxa, 1438.
— Livi. Les marchands de soie de Lucques à Bologne aux xiii* et xiv*g.
(plusieurs bourgeois de Lucques, chassés par les Gibelins et Uguccione
délia Faggiuola, sf réfugièrent à Bologne où ils obtinrent aisément la
pemiission d'établir des métiers à tisser la soie, 134! ; les Anciens do
Lucques essayèrent alors de les rappeler, mais sans y réussir). — Rsu-
uoNT. — Un orfèvre siennois du xni" s. en Hongrie). — 1d. Note addi-
tionnelle au mémoire publié dans VArch. slcr. ita!. VI, 3, sur les doux
Cabot (une brochure récent* de M. Bullo prétend les faire naître i
Chioggia, mais rien ne te prouve ; tout co qu'on sait, c'est que Jean
Cahot fut admis en 1476 dans la lioui^eoisio de Venise). — Gkeiurdi.
Un scandale à l'université de Pise en 1474. = Comptes-rendus : ffani.
Gli statuti di Pietro II conte di Savoia (réédite et commente un statut
de Pierre II, le i petit Cliarlemagne » ; intéressant pour l'histoire du
droit). — VLwhi. La società palatina (analyse de l'art pub. dans l'JrcA.
stor. tovibardo, 30 sept. 1880; cf. Rev. hUttyr., XV, 247). — Portioti.
Tre anni di storia dopo il sacco di Mantova 1631 (d'après des doc. tiré«
des archives de Mantoue}. — Adriani. Lettere inédite iatornoall' assedio
di Piea 1504. — Baiio. Spigolature dagU Archivi irivigiani (doc. du
XIV* 8. relatifs k Trcvise). — Lattes. Il fallimento nella legislazione ban-
caria di Venozia (bon). — Ceretti. Francesca Trivulxio. = A part.
Inventaire par M. C. Gdasti des chartes de la collection Stroiui conser-
vée aux Archives de l'État à Florence.
76. — Archtvlq storlco siciUano. b" année, fasc. i, 3. — V. di
GiovANM- Le monastère de Sainte-Marie la Gadera, plus tard Sainte-
Marie la Ijatine, qui existait au xn* s. près do Polixzî (monographie
historique d'après des doc. d'archives du xii" au xiv* s.). — Patricolo.
L'église de la Trinilé de Délia, près de Castelvetrano ; monument du
AECCCILS P^RIODIQOBS. 237
xn* S. découvert lo 31 ra&n 11^80. ~~ Cipolla. Sur les origines probables
dp Caluvnlum Pt dp Sclafani (rrpnussp l'origine arabe qu'Amari el
J'aulrca hi.sLorieDS ont attribuée à res deux localités ; Caltavuturo ii'f-»\.
qu'une traductioa arabe du nom de Tàpyiov mcalionDo par Diod. do S.
dans rbietuire d'Ajzalbocle ; Sclafaui correspondrait de sou cAté au x^poc
'AiiStxoc du même auteur; l'élymologie de ce dernier mot est Ksciilapii
fonum). — Cavallabi. Tbapsos (appendice au mémoire du mCme auteur
intitulé £« città e le opère di escavasioru in Sicitia anteriori ai Gnci). —
Salix^s. Documents siciliens cooser^'és dans tes archives de la maison
Caetaoi de Rome (ta plupart du xvii" s., et rplatifiï à l'administration
dadacdeSennoneia, 1662-1667). — Salvo-Gozzo. Chroniques relatives
aux tumultps survenue pu Bidie dan<i Ipp premières années du régne de
aiaries-Quint. — G. m Mabzo. Dfwuments relatifs à Vincenzo de Parie
dit le Humain, peintre célèbre à l'aterme au xvi* s.
76. — Archivio délia società romana di storla patria. Vol. IV^
fasc. 2. — Levj. Le tome I d("s registres du Vatican ; leitres* de Jean VIII
(detcriplion minutieuse de ce ms. ; travail imp«friaai : publie en outre
2 balles, l'une de Jean VUI, do sept. 877, par laquelle le pape déclare
prendre sous sa protection les sulîragants de l'église de Bordeaux pen-
dant ta vacance ilu siège archiépiscopal ; Taiilre de Grégoire VU, du
I" fév. 1075, en faveur de l'abbaye de Bausa). — Cconom. Noies ajou-
tées au commentaire d'Alexandre VU sur la vie d'AffOstino Chigi ; fin.
— ToMASsrm. La campa^juc de Rome au moyen âge ; suite. Variétés
(extraits curieux des papiers Chigi ; c'est la liste des présents faits par
Ixmocent X, pendant tuute la durée de son poniitîcat, liste dressée sans
donle par onlrc du pape Alpxandre VU, successeur d'Iimoccnt X, qui
voalait montrer les sources de l'énorme fortuue faite parOIimpiaPam-
6li). — Formules des serments prêtés par ie séuat romain sous le p«n-
tiâcal de Paul U. = Comptes-rendus : Farster. Farnesina-Studien
limportant pour l'hii'loire de l'an).
77. — Archivio storico lombarde. 31 déc. 1880. — Celte livraison
Mi tout entière consacrée aux Actes du second congrès des Commis-
tions et Sociétés italiennes d'histoire locale.
78. — Naove Kffemeridi sicillane. Sepl.-oct. 1880. — Pithè.
Anciens usages pour la fôte de la mi-août à Palerme et on d'autres
endruils de la Sicile. — Dt Geovasni. Vente d'une esclave blaucbe à
Trapani au xiv* s. ; affrunchissemont et dotation d'une autre esclave À
Polisuci au xv» s. — Salomosb-Mahino. Notes sur l'histoire de la Sicile
du XY' au XIX' s.
79. — Archeografo trlestlno. Vol. VII, fasc. 3-4, fév. 1881. —
G. di SAflDAQSA. Notices sur des gens do guerre originaires d'istrie et
d'ailleurs qui ont combattu on Istrie à la solde de Venise aux xtn*-xiv* s.;
suite. — Kunz. Monnaies inédites ou rares des fabriques italiennes (mon-
naies dee comtes et duc« d'Urbin). ^ Moapcrqo. Vie de Gianrinaldo
Carli de Capudislria, par Giammaria Mazzuchclli^ 1720-1765 (d'après le
238
RBCUBn^ nÎRJOniQtTBS.
ms, du Valican ; à la suite U liste des œuvres da comte Carli). — yUn-
«ICH. Inventaire des chartes en parchftmîn conRerrées aox archives du
chapitre rRviSivndissimc de la cathédrale de Trie*t€ : suite, de i370 à
1384. — Puacm. Détails sur la guerre entre l'Autriche et la république
do Venise en 1616-i6i7. — IIortjs. La ville de Prague décrite par un
humaniste en 1399 ; deux lettres d'Uberlo Decembrio et de Coluccîo
Balutati. = Compte-rendu : ZvÀedinfck-Siidenhorst. Veneiiaûifiche
Gofiandtschaftf-Berichte iiber die bœbaiieche Uebellion, 1618-1620
(important; voir plus haut, Bulletin autrichien^
80. — RIvista europea. 16 mars 1881. — Mola. Giacomo Casa-
nova et la république de Venise ; document» inédits. — Amobb. Deux
diKuraentf inédits relatifs au règne de Vlctor-Amédée II en Sicile.
81. — Archivio storlco, artUtlco délia cltt& e provlncla dl
Roma, 0* année ; \ùl. IV, fasc. 5. — âlloul Documents tirés des
archives de Subiaco (contient : 1<* un Chronieon Subtacense, du Trévigan
Cherubiuo Atirzto, qui raconte Iok événemeuts dont Rome et Subiaco
ont été le théâtre sous le pontificat de Clément VU et la part active
prise par le célâbre cardinal Pompeo Coloaaa ; S" quatre lettres de
Oharle^-Quint en espagnol et en latin, relaiivBs à la lutte, racontée par
Mirzio, entre loa moinps allemand» et ceux de la congrégation du Mont
Gassin pour la posseJïRion des monastères de S. Scolastica et du S. Speco
de Subiaco, 1522-1535 ; 3* la charte de donation faite par Nareio, paLricc
romain eu 309, à l'égUse de B. Lorenzo, do la a curtig i de Subiaco). —
Bkrtoi.otti. Curiosités historiques et artistiques recueillies dans les
archives de Home (bistuire de reliques ; destruction d'antiquités par
ordre des papes, etc.).
88. — La Rassegna settlmanale. 9 janr. |88t. ~- Gugtielmotti,
Storia délie fortificazioni doUa spiaggia romana 1560-1570 (beaucoup de
recherche et de critique ; itiiporlaut). = 16 janv. Uu fiuaucier italicu
du XV* 8. (Diomede Carafa, un des plus grands politiques italiens du
moyen Age, auteur d'nn de régis et boni prineipis officio, qui mérite
encore aujourd'hui d'être étudié}. := 23 janv. Gkmtile. Un étudiant à
Athènes en 45 av. J.-G. (Cicéron). — Friedljgnder. Die italienischen
Schaumûnzen des XV Jabrb. 1430-153U 11" fasc. qui contient une
bonne étude sur Pisano). = G fév. Campori. [jettere inédite di priocipi
e principesse délia casa di bavoia (publication « per le nozKe » ; Inl^
ressante). = 27 fév. Un chapitre de l'bisloire des miniatures (rend
compte de l'ouvrage de Springer. die Psalter Illustrationen îm frùhen
Mittolalterj. — Ottolenghi. La vita e i tempi di L. Provana dal 8ab-
bione (ami de Santarosa, d'Ornato, de BaltK), il prit part à l'insnrrec-
tion do 182i qu'il dé^pprouvaît cependant ; mort sénateur le ^7 juillet
1856). — Adaini'TemUhni. Gronaca di Fivixzauo 1799-1833 (notes prises
au jour le jour par une femme, Maria-Felice Ademi, fille d'un historien-
géographe de mérite). = 13 mars. RtccA-SALBnuo. De quelques opinions
:
•
KccnBrts p^groDiQDis.
HD&ncièrea de MAchiavel et de Guichaxdio. -> 20
protentantianie en Espagne (intéressant).
239
mars. Feribbo. Le
88. — OaeUea fOr Schwelzer^schicht« berausg^ebea von der
allgemeinen goschiclitrorechenden GnselUchaft d<>r Scliwfix. Bd. lit,
(S80 {\e tumfi IV paraîtra plus tardf. — P. Scn^'ei/RR. Négociations de
M. Mousiter, envoyé et réttidcat français en Suisse pendant les années
1664-1671 {avec une étude préliminaire qui Tait très bien comprendre la
dépendance financière et politique où la Suisse se trouvait alors vis-ik-
vis de la France. Quant aux dépêches cllcs-mémns, l'éditeur s'est borné
h reprodoire tou^ les passages qui concernent les relations û&t deux
Étals ou qui offrent quelque intérêt pour l'histoire de la Confédération
suisse ; mais la méthode qu'il a adopter se jiisliiie sufBsamment par
l'étendue de ces documents, el elle devra sans aucun doute ^ire suivie
dans le» publications analogues qui seront proposée» à la Société géné-
rale dhisloire suisse. M. S. a calculé que la correspondance des rési-
dents français en Suisse remplirait pour le moins une centaine de
volumes in-8*. G^esl dire qu'on ne peut songer à la donner telle quelle,
et qu'il faudra do toute nece.isité y appliquer un procédé abréviatif).
64. — Indicatear dlilstoire suisse publié par la Société générale
d'histoire suisse. 1880, n** l-i. — Th. dk Liebelsal-. Le Clipearius T9U'
tonicorum de Conrad de Mure (petit poème héraldique du xni« ».). —
L. ToBLRK. Sur la langue des écrits du « grand .\mi de Dieu » (donne
à entendre que l'auteur, quel qu'il soit, de ces écrits ne peut avoir été
originaire de Li Suisse orientale). — £. Ducscu. Le I> Jobanues a
Lapide (séjours de Jean Heynlin de Steiu à Derne). — J. Stbicklbr.
Une lettre du bourgmestre Schwend, de Zurich, au chancelier du duc
de Milan, 1492 (vente d'une partie du butin de la guerre de fîourgngne;
oflre au duc de Milan du poignard de Charles le Téméraire). — A. Daqcet.
Ludovic Sterner, de Fribourg (secrétaire de la ville de Frilwurg, de
U96 à 1510, puis de ta ville de Dienne, et champion du catholicisme
dans celte dernière localité). — J. Ahibt. Chartes et sceaux apocryphes
du ini« s. (pièces relatives k l'histoire de SoleureJ. — F. L. Dauuahn.
Note^s sur l'histoire des comtes de Toggenbourg. — Th. de Libbeiuu.
Chants historiques de ta Suisse. — F. Fiala. Notices nécrologiques. —
J. Wybsch. Documents relatifs à l'expédition de Leventine, 1755. —
X. MossxAXM et Th. dk Libbenau. Une lettre du R. P. Canisius, extraite
des archives du VaUcan (M, M., qui a eu récemment l'occasion de tra-
vailler dans oes archives, se loue très fort de ta libéralité avec laquelle
elles sont ouvertes depuis t'avénoment de Léon XJU, et engage les his-
toriens à proGter, pendant qu'il esl temps, de ces bonnes dispositions).
— Q. Gbiltcm. Notes sur l'histoire de la cartographie Buisse.
85 — MItthellangen der aotlqnarlschen Geaeltsehaft in
Zurich, iid. X3U, Ueft 1-2, 1881. — U. IIahn. Fresques du moyen
Age dans U Suisse italienne.
240
KECUBTLS PL'BIODIQCBS.
86. — Thorgauisctie Beitrcege znr Vaterleendischen Ge-
schicbte heraus^egebcn vom hiRU>ri^chpn Verein des KanUins Thiti^au.
Hdl X\, 1880, — J. A. PupiKOFEB, La landsgcmcindc de WeinMden
et Iç gouvorDement provisoire de 1798 (documents relatifs à l'atlrau-
chisBPnM'nt du bailliage de ThurgovÎpK
87. ~ Jahrbucb des ïiistoriachen Vereins des Kantons Gloras.
Heft XVII, tïiSO. — P. OiNNËR. Notice sur les travaux historiquc^s du
D' J. Uecr (ancien landammann de Glaris et membre du Conseil fédéral
suisse, auteur d'une excellente étude sur Thistoire de Glaris de 1699 à
1802). — J. WicHSEB. Notice sur les travaux historiques de J.-J. Tschudi
{savant glaronai? du xvin" k.). — J.-J. Bllmer. Collection (i« documenls
pour servir à l'histoire du canton de Claris (suite et fin, 1442-43).
88. — Mémoires et docaments publiés par la Société d'histoire
de la Suisse romande. Tome XXXV, 1881. ~ A. Morel-Fatiu. Frag-
ments d'uue histoire monétaire de Lausanne (1355-7& et ii7U-l588). —
E. Chavannes. Extraits des Manuaux du Conseil de Lausanne (1383-
1511). — Ch. Le Fort. Un trait** d'alliance du xiv» s. (traite d'alliance
conclu pour dix ans, le 25 janvier 1350, entre François, évéque de I-au-
Moue, Amédée, comte de Savoie, Aniêdée, comte de Genevois, Isabelle
de Chftlona et Catherine de Savoie, dames de Vand, d'une part, et les
villes de Berne et de Fribourg, d'autre part). — H. O. Wibï. Les stalles
d'église du xv» et du xyf siècle en Suisse (Hauteriva; Fribourg ; Eeta-
vayer; Moudon ; Genève ; Lausanne).
89. — Ëtrennea chrétiennes publiées par une réunion de pastcnrs
fit de laïques. 8* antiee> Genève, 1881. — A. RfcvTi.LE. Jean Uns. —
P. VAïxnEB, Kfiquisse.c d'histoirfi suisse : Ulrich Zwinglo et la Refor-
mation de Zurich. — E. Rjtteb. .I.-.I. Rousseau et Jacob Vernet.
90. •— Pamietniki Akademii Umi^etnosci w KraAtotôie
(Mémoires de lAcademie des sciences à Craco\ie. Section philoe.-hie-
tor.]. Tomof IV. — Hbyzman. l>ii lêtrislaLion de l'église concernant les
asiles comparée aux lois civiles qui les règlent. — WoJCiBcao<csKi.
L'annalistique polonaise depuis le x'-xv* siècle (première partie d'un
travail d'érudition remarquable uons tous les rapports par l'originalité
des aperçus aussi bien que par l'emploi d'une mMhodc exncUï dan» les
recherches, qui a pour sujet une question vivement débattue par d'autres
historiens ; l'auleur tâche d'éclairer les origines des preuiiéres annales
de Pologne et d'expliquer leur (iliatiou à travers les siècles ; il combat
l'hypothèse de Waitz, qui a prétendu avoir trouvé ou plutôt deviné
dans les annales de Mayence perdues lo commencement dus annales
polonaises et essaie â prouver que c'est dans les annales de Corvey
qu'il faut cborcher leur origine).
91. — Rozpra-wy 1 spra-wozdania Akademii Umlcjetaosci w
Krakowie (Travaux et comptes-rendus de l'Acad. des sciences à Cra-
IBCOSrUf r^BTODIQOKS.
241
I
I
ie. Section philos.-liislor.). Tome XH. — DoBiECKr. Le champ de
bataille des Eaux-Jaunes (entre les Cosaques saporogues et l'armée de
la république polonaise au mois de mai IC48; c'est un appendice an
Invail du même autour sur le château Kudak, v. Rev. hixl.^ Xltl, 224,
74}. — Suite et Un des travaux do MM. Lucas Gromhicki, I>' Antoine J.
(RoixbK V. Rrr. hùt., XIÏT, 222, fi'J.
92. — Biblloteka Warszawaka, (Ribl. de Varsovie). Janvier 1880.
— Lbuwa. David Hilchen (syndic de Riga f 1610 ; travail superficiel et
iocohérent, quoique écrit d'après les lettres inédites de H. ; Go dans lo
n* de mors). =: Mars. R. Uube. Le diplâmn de Boleslas accordant des
privilèges aux Juifs et ses coufirmatiims pnstnrieures (analyse couscien-
deusB faite par le nestor des juristes pok^nais de cette espèce de lettre
patente datant de 1264 et qui a été conânnée et ratiSêe à plusieurs
reprises; ce document nous est parvenu dans une double rédaction et
l'auteur prouve que sa seconde rédaction amplifiée a été falsifiée parles
Juifs au xv« 8.1. = Avril. Ghoubtowski. La famille du hetman Jahlo-
ROwski (sans trop de valeur, plus roniau qu'histoire, contient cependant
quelques détails sur les mœurs de la fin du xvii' et du commencement
du xvni' s., d'après les mémoires du fils do hetman J.) = Mai. Biob-
LEiSBN. Raymond Korczak (poète peu connu du xviii* s.). = Août.
Smolka. Tableau de la civilisation polonaise au xn" s. (extrait d'un livre
publié depuis. Varsovie, Gebethner et Wolf, 4881, xxsu-hH p. in-8* :
Miasko le Vieux ci son nècle, qui contient l'histoire du démembremont
de la Poiogoe entre les Uls de Boleslas Bouchc-de-travers et des luttes
qui ont amené la chute du vieux absolutisme monarchique ; cette his-
toire est précédée d'un tableau de l'elat géographique, politique et social
de Pologne jusqu'au commencement du xn* s., tracé d'une main de
maître et pour la première fois dans son en.semMe, d'après les sources
publiées depuis 40 ans et que l'auteur a conscieucieu^ment utilisées;
suite et &n de cet extrait dons le no de sept.). — Kbaszewski. Le congrès
historique de Dlugosz (à Gracovie, 19-21 mai 1880, v. H. h. XIU,
238-9 ; description et comple-rendu ; Gu dans le n* de déc.).
B3. — Atenenm (de Varsovie). Juin 1880. — J.iBLONOwsKi. La Podolie
& hi En du XV' $. jtrès intéressante esquisse de l'élat social de cette pro-
vince d'après les prélèvements d'impûts inèdita; suite et fin dans les
n»» de juillet et d'août). = Aoùi. Rybabski. Documente concernant
Nicolas Rcy et sa famitte (tirés des archives judiciaires do Checing et
de Varsovie, fier\'ant à éclairer plusieurs circonFtanccs de la vie du plus
ancien poète polonais au xvi" 8.}.= Septembre. Smolbnski. La noblesse
conndérée à la lumière de ses propres opinions (très bonne idée de faire
connaître quelles opinions a eues la noblesse polonaise sur son rôle et sa
destination pendant plusieurs siècles, mais manquer dans l'exécution
faute de système et de méthode dans le choix des sources). = Octobre.
pROciusKA. Les deruiêrcë auutes de Witold [d'après des documeuli> tirés
des archives de Kœnigiiberg, qui vont être publiée prochainement par
Rbv. HinoH. XVL i'^ fabc. 16
242
UCOKILS PIÎKIODIQPRH.
l'auteur ; première partie d'un iravail consciencieux mais poesablement
lourd sur le célèbre congrès tenu à Luck en ! V29 par l'cmpnrpur Sîgis-
mond, Wladislas^ Jagellon et Wilold ; celle partie s'occupe des antëcé*
dents du congrès depuis la paix de Melno signée en 1422 par l'ordre
tcutoiùquc et la Pologne ; suitP et fin dans les n"» de nov. et ûêc).
94. — ppEe-wodnik naukowy t literacld (Guide scicntiûtjuc et
lîttémirede Lêopol). Janv. ISHO. — BABiDbXËWii:^. Le château de Biala
(travail posttiume. un peu dîirus el auecduttque, d'un des plus labonoax
biftoriens polunaiâ, décétié il y a 10 ans^ sur sa villf^ natale, ^es anciens
oaaitres, les Hadzi^sill, et une académie éphémère qui y exista quelque
temps ; suite et fin dans n"'' suivants jusqu'au mois d'août). — Kcbao^a.
George Ossolinslû (troisième partie d'une remarquable monographie,
V. H. h. XIII, 224, 73, qui t'ormeru une histoire oimplèie de !a Polognn
aux temps d'O. ; celle partie contient l'histoire des années 1tUi-4â;
fluito in tin dans les n*^ suivante jusqu'au mois d'octobre). = Février.
KE-ntxyntiKi. Le discours de Crumer sur « l'indigenat u en Prusse, quelques
détails concernant ta uationalilë de Copernic (pour servir à élucider
cette question en litige entre les Polonais et leji Allemands; l'auteur,
fondé sur le discours de Cromer, qu'il a eu la bonne chance de retrou-
ver, dùmoutre que la mère de Copernic a été d'origine polonaisej. ^
Mars. Kant&cki. La créauce napolitaine (3* partis de ce traxilil, v. Rst\
hist.y XLLL, 224, contient l'histoire de cette créance depuis 1627 ju»*
qu'au XIX" s. ; lin dans lo n" d'avril). = Avril. CnTËDousKr. Le traité de
commerce entre l'Autricho et la Pologne de 1775 (et les négociations
qui l'ont précédé). — Fi.xk£L. Nicolas Sep Szarzynskl (quelques notices
Urées des archives de Léopol sur la vie peu connue de ce jioèie,
f en 1581). ^ Mai. Lorkif.wicz. La révolte de Danzig en 1525 (premier
travail d'un jeune biskirien, non sans valeur, quoique un peu ditTua;
l'auteur a bien compris les vraies tendances religieuses des divers par-
tis, mais, tout en relevant le caractère social et fiolîtique de ce mouve-
ment, il n'a pas su mettre en pleine lumière l'importance des institu-
tions autonomes dont raboUtiun était en jeu et dont l'explication donne
la clef de ces événements; suite et (in dans les n" suivants jusqu'à
novembre). := Juillet. Sxujski. La pEace de Dlugosz dans l'historiogra*
phic européenne (brillant discours prononcé à l'occasion de l'anniver-
saire de cet histurieu, v. R. h. XIII, 23S). — PjtocuASKA. Le bouffon
Henue à la cour de Witold (le grand maître de l'ordre teutonique a
envoyé plusieurs fois ce boulTon en Lithuauie, 1426-2S, en s'en servant
comme d'ngeni diplomatique). = Octobre. lo. Le jugement de Dlugosx
sur Witold (l'auteur cherche i démontrer que les reproches faits par D.
à W. 8UQt dénués de fondement).
95. — Przegl&d Polakl (Revue polonaise do Cracovie}. = Janvier,
PszKBDW.v. La litléralurc au grand-ducîiàde Posen pendant la première
moitié do notre sifcclc (bel essai d'une histoire littéraire de celte pro-
vince, qui a été pendant quelque temps le centre de la vie intellectuelle
RECOEILS PéSIODIQDES- 243
en Pologne ; suite et fin dans les a'>* suivants jusqu'à juin). := Juin.
8zujsKi. La renaissance et la réformation (en Pologne ; cinq conférences
pleines d'aperçus nouveaux et brillants, mais souvent contestables ; suite
et fin dans les n» de juillet et d'août}. — Mycielski. La fête de Dlugosz
et le congrès historique. = Août. D' ÂNTomB J. (Rollb). Benoit Hule-
wîcz (homme de lettres, f en i817, ami et partisan de Félix Potocki, a
joué un r61e marquant pendant la diète de 4 ans et la confédération de
Tar^wica). — Smolka. L'état politique de la Pologne au xii" s. (un
autre extrait du livre de l'auteur : Miesxko le Vieux et son siècle ; suite et
fin de cet extrait dans les n» de sept, et d'oct.). = Octobre. Powtd&j.
Rytwiany et ses maîtres (recueil incohérent de notices et anecdotes
vraies ou fausses, réunies sans ordre, sur plusieurs familles seigneu-
riales qui ont possédé pendant plusieurs siècles ce château ; suite et fin
dans le n* de novembre). = Novembre. D' Antowe J. (Rolle). Denis
Tomaszewski (un autre ami et partisan de Félix Potocki et secrétaire
de confédération de Targowica, f en 1825, auteur d'une épopée : la
Jagellonide, qui a eu l'honneur d'être critiquée par Mickiewicz dans sa
jeunesse; cette esquisse, comme la précédente du même auteur, est
pleine de vie et de couleur).
2U
CHK07flQi;e BT BIBLIOGRIPHIB.
CHRONIQUE ET BIBUOGRAPHIE.
France. — M. Louis Combes, décédé le 6 janvier dernier, avait
Ijubliè sur Marie- Antoinette et le procès ilii collier, aur Galilée et Tin-
quisition, cur divers épisodes de la Révolution fran<;-aiRe, etc., un assez
grand nombre d'articles insérés dans des jouruuux, et plus Lard réums
en volumes. C'était plus un polémiste qu'un historien.
— Nous avons reçu de M. Tratchevsky uue réponse à l'article de
M. Sorel sur Vergeuues paru daus la dernière livraison de la Hevue.
Nous publieruDii cette répuuse daus uoLre livraison de juillet.
— La ccmmissiop de l'Académie des inscriptions pour le prix
Gobort aura dix ouvrages il examiner. En dehors des travaux actuelle-
mont en po5so«8ion du premier et du second prix, ce sout ; l'IIiitoire de
l'intervention française au Tonkin, 1872-74, par M. HomanetduCaitlaad
{Rev. Ajï/. XIV, 168); tes Ancionn&s comjnunaut^s d'arts et de métiers,
par Alph, Martin ; tes Origines de la tactique française, par M. Hanly ;
le Recueil des cliartes fie l'abbai/c de Cluny. par MM. Bernard et Bniel
(flfiv. hist. XV, 418); l'Inquisition dans le Midi de la France au Xllï' et
au XIV' s., par M. Ch. Molinier [Hev. Uist. XV, 147) ; SaiJtt Martin de
Tour.i^ par M. Lccoy de la Marche [Hev. hist. XV, 425J ; l'Histoire géné-
rale de la maison royale de Francs par le Père Anselme, continuée par
M. Potier de Courcy.
— L'Académie des sciences morales a décerné à M. Esmeis le prix
Rordin jujur CUisluire de l'ordvnnancc criminelle de 1670 (voir le rap-
port sur le concours dans le compte-rendu des séances de l'Acad. Fèv.-
mars 1881, p. 401).
— L'Académie des inscriptions et belles-lettres a décidé de proroger
à l'anntV. 1882 le sujet des concours sur lo.s institutions de Charics V
(prix ordinaire) et sur Christine de Pisan (prix Bordin).
— M. G. Pallaib va publier chez Pion lu correspondance inédite du
prince do Tîilleyrantl et du roi Louis XVIII pendant le congrès do
Vienne. Cet ouvrage fera patienter les historiens qui réclament la pu-
blication des mémoires du célèbre homme d'i'Jcat. ~ Eu môme temps
que l'édition frani^ise, paraîtra chez Brockhaus, à I>eipzig^ une édition
allemande conâée à un érudit do mérite, M. Paul Baiulbu, et ooe édi-
tion anglaise.
— En dehors de« ouvrages en cours de publication (Extraits des
auteurs grecs, t. IV; Froissart; une Chronique du xv« s. par Lefôvre
de Saint-Rémi; le dernier vol. des Mémoires de La Iluguorye; les
derniers vol. de Brantôme), la Société de l'histoire de France va biealAl
CBBOYIOrE ET BIBLIOGRAPHIE.
245
Caire paraître le I**" \ol. de» Étahlisseinents de saint Louis par M. I^ul
VioLLST ; elle s'occupe activement de faire réuair les Lettres de Louis XI
diHséminées un peu partout dans les archives et les liihtioih^qviett de
l'Europe ; elle se propuse eufiii de publier les (imvres de Sidoine Apol-
liuûre, dont l'éditeur sera M. Km. Châtelain; la Chronique d'Auxerre
par Robert Aliotant, xii' s.; éditeur M. Aug. Molixier; les Chroniques
de Rigord et de Guill. le Breion, pub. d'après les mss. de Paris et du
Vatican, par M. Fr. DcL\nDRDB; los mémoires et lettre? du maréchal
de Villarvi, par M. le marquis de Vooûk.
— Le comité de la Société de î'hist. du protestantisme français a décidé
de publier une uble générale des matières contenues dans les 20 vol.
de son bulletin. Il existe une table des li premiers volumes, mais
incomplète. Elle sera entièrement refondue dans la nouvelle table, con-
fiée aux soins de M. N. Weiss.
— Lo l*' numéro du Bulletin épigraphique de la Gaule ^ dirigé par
M. Florian Vallenlin, vient de paraître; l'analyse de ce numéro {Rev.
crit. n' lll donne une excellente idée de cette publication nouvelle.
(Vienne, chez Savigné. Pnris, Champion. Pr. 15 fr. par an.)
— M. OB BittrrEiLLBH publie, sous le titre de Petite bibliothèque mes-
sine, une série d'ouvrages n'Ialifs au pays messin ; il a comnieucé par
l'Eloge de Metz, de Sigebert de Gembloux, et Tera paraître ensuite te
Joamal de Jean le Coullon, 1540-1585, les Mémoires de F. BufTet, 1580-
1&88, etc.
— On vient de retrouver aux archives de la Mayenne In cartalairo
du prieuré de la Crnpte. La Revue historique et arch^otogique du Maine
doit en donner prochainement l'analyse.
— M. O'Rbilly, conseillera la cour d'appel deRouen^ vient de publier
(Rouen, Cagniard; Paris, Champion) des Mémoires sur la vie publique
et privée de Claude Pellot, successivement intendant du Dauphiné, du
Limousin, du Poittm et de la Guyenne, plus tard premier pnrsident du
parlement de Normandie. 1619-1683: ces mémoires sont rédigés d'après
de nombreux documents inédits, notamment sa correspondance avec
Colbert et le chancelier Séguier, qui tieut dans le livre une place con-
sidérable. L'ouvrage, tiré à petit nombre, forme 1 vol. gr. in-8*au prix
de 12 fr. le vol.
— La bibrairie Leguicheux-Oallienne (le Mans) vient de mettre en
vente les Mémoires de Le Prince d'Ardenatj, publiés par l'abbe Gustave
EntAULT (1 vol., 6 fr.}. Le Prince d'Ardenay a été successivement avocat
au parlement, négociant, juge-consul, et maire du Mans; il appartient
à la fois au xvin" et au xix* s., à cette époque de transition si impor-
tante à étudier. Ses mémoires embrassent la période 1737 à IKI.'i.
— L'ouvrage que M. Alfred Marchand vient de publier sur les con-
grégations religieuses (Moines et nonnes, histoire, constitution, rèolr,
ooflunw tt statistique des ordres religiextx, tome I, I vol. in-16. Fischba-
246
CHKOTIQUE ET RI RMOCBAPHIB.
cher) apprendra au grand puhlic l'origino et le doveloppement de cod-
grégations mligicuaos duiit la filiation est géDoralement ignorée, non
qu'elle soit rlirticitc à connaître, maiti paroo q^u'il faut, aller la chercher
dauts des ouvrage», LcU que celui du P. Helgot, que les gens du monde
u'oul pas la patience de feuilleter ou dont ils igooreul môme l'exia-
tCDCC.
— M. Ph. Tamizey de Larroque a recueilli sur le P. Gortade, pieux
soneltislc du xvii" s. et auteur d'un Caltridrier spirituft en madrigaux
devenu très rare, dett notes et extraits qu'il a publiés d'abord daus la
Hev. {kshibiioph. et cju'il a fait tirer à pari (Sauveterre de Guyenne, chez
Ghollot, 1881). Oc qui fait ic. prix de a>tte brochure, c'est moins encore
ce qui se rapporte au P. Cortado que l'appf^ndicp ajouU'' par l'auteur : ta
Bibliographie tamizeyenne. M. Tamizey do Larroque, qui connaît si bien
le XVI* et le xyii" s., qui a publié tant de textes, de mémoires, de livres
sur cette époque, devait au public lettré la liste complète de ses publi-
cations. C'est ce qu'il viont de faire, et dont tout érudit le remerciera.
Gettc uulice ne comprend pas moins de 75 nnmérns, sans compter ce
qui est sous presse. Le n" 73^ qui vient de paraître, est une Vie initie
de la diicitesif de Luynes par l'abbé J. F. Boileau (Paris, J. Vie ; Bor-
deaux, Duthn, 69 p. in-8*) qui nous oITre un admirable portrait d'une
des plus nobles femmes du xvu* s. Parmi les excellentes notes dont
l'éditeur a accompagné re textpi précieux, nous n'en trouvons qu'une A
reprendre, la n. 1 de. la p. 37, qui contient une injustice et qui assuré-
ment contristerait le CŒur de M»« de Liiynes si elle pouvait la lire*.
— M. Hèrelle vient de publier la Correspondance inédite de d. Thierry
ds Viaixncs, fougueux janséniste mort près d'Utrecbt le ât oct. 1735.
Dans les 16 lettres qui comp^'sent cette correspondance, il eet surtout
question du P. Quesnal (^Pol]/bîblion. janv. 188t, p. 87).
— M. DE BoirrciLLeB vient do publier sous le titre Éloge de Metz une
traduction française d'un poème latin de Sigebert de Gembloux; une
bonne introduction el des notes excellentes donncut à cet opuscule une
réelle valeur historique (Paris, Dumoulin. Pr. 5 fr.K
— M. l'althé J. Ai.ii^N^s a publié le cartulaire de Saint-Maximin en
Provence, avec une étude sur ce couvent, ses prieurs, ses annale» et
ses écrivains {Buttetin de la Soc. dei études scientif. et arch^l. de Ora-
ijuignan^ t. XU).
1. Au moment de mettre sous presse noaa recevons de H. T. de L. on« des
]ilna prériAumcs piibltcftltiinft île [txvumpnlA qu'il nou<i ait encore donniSefl .-
IMlres inédites de Pierre de Marca. evt'que de Coiuerant, arctunn'qu* de Tou-
lenueeide Paris, au chanceUer Séguier. (Bordcaui, I^febvrc; Pari», Champion.
79 p. in-8*.) Aut 27 lettre» à Sêguicr en îM>nl jaînlcs là antres i dÏTcrs per-
sonaiges. — Grdcv aux mmibreuses notes de M. T. de t.. autanl qu'xux leltre»
etieviiiémct!., relie brocbure est du plus vif iulêriM pour lliitiluirt- du Midi ddtts
la seconde moitié du xvu* s., 6l ruolribue i mt^lre dans uu meillttur jour U
ligure d'iiQ cicellunl hislorien doublé d'un |»ol:iUque avisé el d'un homme
d'alise IrËft rcspcclablr.
CHiOKIQUIi: ET BIBLIOGRArBIB.
347
— M. l'abbé Vaientin Dofodb vient ilç publier deux nou\enus vol.
des anciponcs descriptions de Pari» dont it a entrepris la réimpression :
U^ Glorieutei antiquités de Paris, par Ant. du Mont'Royal (ui-103 p.
in-8*. Pr. 6 fr.) et la GmruU et excellente ciU de Paris, par A. Thevet
Ipr. 5 fr. — Paris, Quantîn).
— La librairie Fidchbaclier vient de mnltro en venir la !■* livraison
d'un grand ouvrage destiné à attirer l'attention des biiitoriens et des
archéologues ; c'est la n'productlun fac-:iimiié des gravures représentanl
les grandes scènes historiques du xvi* s., et exécutées au cours même
des événements par Tortorcl et Périssln. L'ouvrage sera publié sous la
direction de M. Alf. Fkanklim, en ^1 livraisons contenant chacune uno
planche en héliogravure, et accompagnée de notices historiques par
MM. Daudry, Bordier, Lalanoe, Lcnient, de Longpérier, Maspcro,
Rambaad, etc. (pr. de la tivraison : 3 fr.).
— Nous avons déjà aanoacé (IX, 406) te l*' volume de l'importante
publication entreprise avec tant de soin par M. Delaville le Roulx :
les Registres des comptes municipaux de ta ville de Tours. Le 2* volume
vieul de paraître <Tcurs, Semeur-Lflplaioe ; Paris, Alph. Picanl, 188ï|;
il comprejid les rt^istres VI et VII et se rapporl« aux années i367-
13^^ c.-à-d. presque entièrement au règne de Charles V. Dans les
édaircissementâ, qui sont fort abondants, l'auteur a pu hlié un grand
nombre de pièce;*, extraites surtout des Archiver uaiiouale?. Une table
hiaii faîtp complète ce volume si intéressant pour l'histoire de Tours Al
de la Ton raine.
— M. G. HAHOTAnx a fait paraître à part (Picard^ 48 p. io-S*) une
excellente notice lue à l'Académie des sciences morales t^ur les Maximes
d'Ëtat de Richelieu publiées par lui danft le dernier volume de mélanges
de la collection des documents inédits (cf. Rer. ttiit. XV, 417). Il y
expose les preuves de l'authenticité de ces fragments et fait ressortir
leur importance pour l'histoire politique du xu* s. et pour la connais-
sance du caractère de Richelieu.
— MM. Ath. MouBisB et F. Dsltour viennent de donner la 4* éd. de
leur Notice tur te dociorat ès-iettrei^ suivie du catalogue et de l'analyse
dos thèses françaises et latines admises par tes facultés des tottros depuis
I8t0 (Delalain, 442 p. ia-8'). Ce très utile et intéressant catalogue, suivi
de deux index, est dressé avec grand soin. La mention suivante : « Les
thèses de Michelet manquent à la bibl. de la Sorbonue » n'est pas tout
à fait exacte. Ces thèses se trouvent à la bibl. de la faculté des lettres,
à la Borbonne, mais elles manquent à la bibl. de t'Unirersitf, qui ne
porte pas le titre de Bibl. de la Sorbunne. M. Rîbot n'est pas professeur
au lycée Cfaarlemagne- Rien de plus curieux que de suivre te& trans-
formations du doctorat depui.4 lo temps où l'on traitait on 10 ou 20 p. :
de l ÈpopH. de l'Ode, etc., jusqu'aux gros livres d'érudition aciucU. Trop
gros d'ailleurs. Il faudrait que les thèses fussent des Uièses, l'élucida-
tion d'un point contesté d'histoire, de philologie, de philosophie, une
248 cBfio^ngrE et BrBLiocRAPDiB.
dissertAtion critique. Il faiidraii do plus qu'au lien d'une thèse latine
et d'une thèse française, on demandtll deux thèse* françaises d'un
caractère dirTcrcnt, par ex. pour les historiens une thèse de critique des
faits et une th&se de critique dus sources; pour tes Uuêraleurs, une
thèse de critique liltéraire et une thèse de philologie ; pour le» philo-
sophes, une thèse de philosophie doctrinale et une thèse d'histoire de
\a. philosophie.
™ Nous recevons de M. Cl. Pejuiouu une Lettre à un ami sur la
réforme de l'enseignement de l'histoire dans !cs l}fcécs (Bourg, imp. Authier
et Barbier), dont noua appnmvons presque tous les point*. M. P.
demande le remphiceraent dp la rédaction d'histoire par dos deiwir*
d'histoire, l'orgamsation d'interrogations régulières et obligatoires,
l'êlah lissera eut d'heures de lectures par les âlëves; il vent que l'on con-
sacre à lu correction des devoirs, aux interrogatioas et à des lectures
historiquRs la troisième heure accordée h l'histoire dans les classes
supérieure!*. ËnUo il demande, et ce point est d'une importance capi-
tale, qut> le maximum des heures imposées aux professeurs d'histiiire
suit do r^ heure.s au lieu de 15, et que les heures supplèmcataircs
soient payées 200 fr. au lieu de JOO. Il est iniiiue d'imposer aux
prufpsscurs d'histoire un maxituum supérieur à cplui des professeurs
de grammaire, et si Ton n'ajqwrîe pas un prompt remède à cette injus-
tice, le recruiemont dos profesifeurfi d'hi?toiro deviendra impossible.
Leurs études préparatoires «ont les plus ftrducs, leur enseignement est
le plus fatigant, Ils n'ont presque pus de leçons privées, et on les place
dans une situation inférieure à celle de leurs collègues au point de vue
du nombre d'heures réglnmenlaire I Cette situation appelle un prompt
remède.
— Publications rêceutea relatives au Dauphiné: Haout de Vienne,
sire de Louppy. gouverneur du Dauphin^, act. 136l-5e;)i. 1.109, par Edni.
Maignien (extrait du Bulletin de l'académie de-lphinale . Grenoble, Dupont,
188t, 36 p. in-S"). — Oatamd de Bonmet, par Tcisseiro (extrait du
journal le Dauphiné. Grenoble, Drevel, 1881.8 p. in-8«). — Les Escoyéres
en Queyras, par le D"" Ghabrand \ibid., 16 p. in-8*). — AnsU et son
musée, par Â. Penjoh. Besançon, Jacquin, 38 p. in-lS, avec une carte
et 12 dessins. — Essai sur les origines monastii^ues dans le diocèse dé
Valence (ordre des Frèrcn minimes ; congrégation des religieux de
Notre-Dame) par Je chanoine Nadal. Valence, Céas, 50 p. in-8', (880.
— Sous ce titre: Les Médecins à l'université de Besançon (Besançon,
Dodivers, 52 p.), ie docteur J. Mbynier vient de réunir tous les faite et
documents relatifs à l'enseiguement de la médecine à Dôle et à Besan-
çon, depuis la fondation de l'université jusqu'en 1789.
— On annonce la publication prochaine de VtOstoire des étals gtnà"
faux et rffs libertés publiques en Franche-Comté, par M. ftd. Clbrc.
Alsace. — Un èrudit alsacien, M. G. Fbantz, est mort à Colmar
le 7 oct. 1880 ; il avait publié plusieurs articles dam* YAtsatia^ dans la
CflROlftQCTK ET BIBLlOGUrBIS. 249
Hevuf d'Alsuce, et plttsieurs brochures sur des pûints d'histoire locale de
l'Alsace.
Belgique. — Le père Rémi de Buck, un des collaborateurs des Àcta
SanctoruTH, «si mort à Bruxelles le h nov. dernier.
— M. Ch. Rablbkbbce, bien connu par ses travaux sur les Paya-
Bas au ivi« 8. ei sur l'Inquisition néerlandaise, vient de publier un
nouveau Uvre^ Metz et Thioniille sous CliarU4-Quint (gr. in-8°, 363 p.)î
c'eet une œuvre originale et intéreseante.
— M. Frédéric Faber vient de terminer son grand ouvrage en b vol.,
VBisUnre dtt théâtre français en Belgique depuis «i origines jtuqu'à nos
jours. La (lériode de la république et de l'empire intéressera spèciale-
mCDi le lecteur français.
Allemagne. — Le fasc. 21 de la grande collection d'histoire univer-
selle publiée sous la direction de M. Oncke», clies Grote à Berlin, con-
tient la fîn de VHistaire des croisades par M. Kuoi.Eit et le commence-
ment de VHistoire de l'empire romain par M. G. F. HeRT/iigan. Le
travail de M. Kuglor n'apporte rien do nouveau et nous parait un peu
rapide et trop abrège. Par contre, l'œuvre de M. Hertzbei^ : GeschiehU
von ifeltas u. Rom., dont THistoire de l'empire est la 1* partie, est un
travail original, fortement conrtu et traité avec le talent dont M. H. a
déjà fait preuve dans son Histoire do la liréc^ au moyen Ago. I^s livr.
38 et 31 contiejinent une excellente ffisloire de la révolution d'Angle-
terre par Alf. Stebm, où les recherches que l'auteur a faites au Britisb
Musetim et dans les archîvps d'Angleterre pour son grand ouvrage sur
Mitton lui ont permis d'introduire un as.scz grand nombre des rensei-
gnements inédits.
— La librairie Brockhaus à Leipzig vient de publier le l*' vol. des
Ji*moiren sur Zeilgeschirhtc d'Oscar Meding (Gregor Samarov), conK-
dent, pendant longtemps, du feu roi de Hanovre Georges V; ces
mémoires vont de 1860 à 1870.
— Les Forschungen xur deutschen Gachichte viennent de publier la
lahle des vingt premières annéos {Sach-Register zu Hand ! et XX par le
D' G. BccuuoLz. GiL'tiiugue, Dieterich, 4-i p. in-8*|.
Au triche- Hongrie. — Il s'est fondé en Autriche en (879 une
société pour l'histoire du protestantisme en Allemagne; depuis 1880,
I société fait pamitre un Jarhbuch dont la Hemte critique (1881, n*5)
anaivse les deux premières livraisons (Vienne, KUnkhardt; 3 Qorins
par an).
Angleterre. — Notre collaborateur M. GARnt.-<BR va bientôt faire
paraître deux nouveaux volumps de l'excoltenie histoire de l'Angleterre
an \\n* s. à lur[uelle il travaille depuis si longtemps. Ces volumes
embrassent l'Iii^loire du régne de Charles l" de 1637 à l'cxploaiou de
la guerre civile. L'auteur a utilisé un grand uombredo dépêches d'am-
bassadeurs étrangers.
250 CHBOniQtTB ET HIBLIOCIUPIIIE.
— On anDonoo une histoire d'Irlande, par M. Standish O'Gr&dv ; le
\" vol. sera cocsacré à une étude critique minutieusH de l'époque
ancienne.
— Un laborieux érudit du comté de Norfolk, M. W. Rte, publie ua
recueil intéressant pour l'histoire locale, the Norfolk antiguarian Mis-
celianj/. La seconde partie du vol. II, qui vient de parattrc, contient
14 articles dont le plus intéressant, celui de miss Lucy Toulmin Sjiith,
inlèresse l'histoire du refuge protestant en Anfçlelerre.
— La PaUeografical Society va faire paraître un nouveau fascicule de
la série des mm. orientaux.
— Le prof. Bbelky a fait à Cambridge, pendant une année presque
entière, tin cour» sur la jeunesse de Bonap^irto, m vie en Cor^e, sou
attitude au déliut de la Révolution. C'est pn'cisêment Ip sujet traité par
M. lung dont, le 3» vol. vient dp paraître. M. Secby doit publier cee
leçons avec des document» inédits.
— Le duc de Manchester vient de déposer au Public Record of^ce
son importante collection de papiers do famille. L'inventaire de ces
docunieuls paniiira pnjciiaincment dan» le 8* rapport de la commission
des Historicat msË.
— M. Percy Fitooeralo prépare une biographie de Georges FV pour
lai|uelle il a pu utiliser des correspondances et des mémoires encore
inédits.
— M. Th. Arnold prépare, pour les Monumenta hittoriae Britannia
medii aevi (coll. du MastRr of the rails), une nouvelle édition des œuvros
historiquos de Siméon de Durham ; et M. Howlett un second volume
de Monuinenta fi-anciscana.
— Pamù les récentes ac/]uisition8 dn département doA mss. au Rri-
tish muséum, on cite la minute du conseil royal de la guerre, 25 juin
Ifiiâ, une lettre autographe de Gliarles I" au princ« Hupert aprèg la
chute rie Bristol, 15 oct. 1645 ; des lettres de la reine Marie-Amélie de
1841, 1842, i845, etc.
— Lo 7' vol. du Calendar dns domestic state papers, par M*"' E. Ghëeit,
vient de paraître; i) comprend le.s mois do mars à décembre 165t.
— M. SiNKBR, de Trinity r^ollegp, â Cambridge, est sur le point de
publier un catalogue des livres anglais avant 1600.
Italie. — La riutice nécndogique consacrée à C. DoM-CoupAuni dans
le dernier numéro de la Revue, p. 512, contient une erreur qui se trouve
répétée dans la plupart de« notices bibliographiques sur cet estimable
écrivain : l'Histoire de la littérature chrétienne des onze premiers si^es
est l'œuvre de C. Balbo, publiée en 1836. Nous trouvons dans un petit
discours pronouoé par M. E. FKBREno, à la Faculté des lettres de Turin,
l'iiidicûtioa «.xacte des ouvrages de Buu-Compagui. Parmi ceux qui
appartiennent à Thisioire, citons : l/etla monarchia rappresentaliva .
Turin, 1848 ; La Francia dcpo il 24 maggio 1873, Tnrin, 1875; U Chitxa
COHOXIQCK ET BIRLIOCKAPBIB. 254
0 to stato in Jtatia, Florence, t866 ; une élude sur Boèce publiée dans
les mémoires de l'Académie des sciencp^s de Turin en 1843 ; // tegno di
Carlo magno in Italia, e scrilti minori di G. Balbo pub. par 3oii-0>ai-
pagni en 1862.
— Le second vol. du Machiavel de M. P. Villabi vient de paraître
(Florence, Le Monnier); il comprend : !« les chapitres ^J à 16 du livre 1,
et fournit t'histoirft de Machiavel rt de Florencp jusqu'au retour dp^i
Médicis, 1ÔI2; 2* Ips chap. t-1 du livTe II où l'auteur étudie le prince
et les discours du célèbre homme d'État noroutin. L'appendice contient
de nombreux documents. Un 3* vol. complétera l'ouvrage.
— M. P. Vmo, prof, d'histoire et de géographie à i'instilui supérionr
de Livoume, annonce la prochaine publication d'un Diario storico tial
1494 al 1500 de Fr. Ricclardi de Pistoie, dit Ceccodea, œuvre d'une
réelle importance au point de vue historique el philologique. Le livre
paraîtra vers la fin de l'été.
— M. Cesare GuAgn a réuni en deux volumes (Bologne, Romagnoli)
les narrations en poésie et en prose et les documents qui ont rapport
au fameux Sacco di Prato, de 1512, qui préluda au rétabliKscmfnt des
Médicis d Florence. La plupart des narrations (vol. [) étaient déjà
publiées, maifl il est intéressant de les avoir réunies; les documenta
(vol. II) étaient presque tous inéditii, el sont dp la plus hante impor-
tance; ils sont pleins de renseignemenls aussi curieux que nouveaux,
et jettent la phis grande lumière sur la situation et les forces des deux
partis en Toecane. Les cruautés et les violences commises par les lilspa-
gnols à Prato en reçioivent la confirmaiion la plus authentique; le gou-
Ternpment florentin de Boderini et le parti d» la litjpirté à Florence y
révèlent leur honnêteté autant qun leur incaparjtfi et leur impuissance;
et d'autre part on voit clairement la grande influonce qu'avaient con-
servée les Médicls en Toscane, môme après avoir été proscrits el exilés.
•^ Le 3* vol. de l'/ni«nfan'o del R. archivio di Stato in Lucca vient de
paraTtrft (louera, Gnisti, 1880, in-4", p. 4G(>). Nos leoteurs ont été déjà
reaseignés sur les deux premiers volumes de cetl^* importante publica-
tion {Retu« hisior., VI, 410|. Le troisième contient une partie de Tiu-
ventaire des documents de VÉiai de Lucques, depuis la Qu de la Repu-
Mique (1805) jusqu'à l'annexion do Luc(|ucRau grand duché de Toscane
(1847), c'est-à-dire neuf ans de la prinripanié Baciocchi, fondée par
Napoléon, et déchue avec lui (IfiO-ï-lBU) ; trois ans de gouvernements
pmvisoires, sous l'iiifliience aulrichienne (ISH-lfiH); tronto ans du
duché bourtionien (1817-1847). (kimme dans les deux volumes précé-
dents, t'inventaîre de chaque série est accompagné d'éclaircissements
tUatoriquee très intére66antfi et toujours pu if es aux sources. L'inven-
taire se terminera par un quatrième volume, les tablf?s do tout t'ou-
Tiage.
— On vient d'instituer aux archives de» IKiat à Venise un Musie
paiéograpfivitte tie la régionv/nitirnw, compose do fac-similés de chartes,
352 CRBOrtIQTlB ET BlllL[Or.RAPniR,
mss. et autros monumf^nt.'ï paléographiqu(>8 du ix> au xv i^iècle. — Lo
musée a élé inan^ré par un discours sur t'histnirp de l'écriture, de
M. Hiccardo Pbedblu, directeur do ces archives (Venczia, Naratovich,
1881).
— Nous avons le plaisir d'annoncor la prochaine publiration de
VArcliivio paUografico italiann, dirigé par MM. G. Paou et E. Mokaci
[Rome, Martelli). Ce sera une collection de fac-BÎmilés paléograpbiquM
BD héliogravure de documents et de ms». ilaliend. t.a publication eera
faite dans lo môme format que le recueil de la Paleographicat Society de
Londres. Chaque table sera accompagnée d'une notice descriptive et
critique et dune transcription du texte. Chaque fascicule comprendra
environ 10 tables ; 50 tables formenmt uu volume. Le premier fascicule
paraîtra très prochainement et contiendra entre autrea choses la repro-
ducliuu intégrale du papyrus 90 de Mariai (vi" J-iècle].
— Le tome IV des Diarii de Marin Sanudo, publiés avec une régula-
rité remarquable par M. Barozzi, vient de paraître.
— Le pruf. G. ne Leva vient de publier le 4" vol. de sa Sioria doeu-
menlata di Carlo V in correlasione ait' Italia ; il comprend la période de
la paix de Crespy à l'intérim d'Âugsbourg, et apporte beaucoup de
faits nouveaux à l'histoire du concile de Trente.
— M. C. M,\LAQor-A est chargé par le rainietère de rinstniction
publique de Prusse do publier de trfes important» rnss. du xiir au
ivr* s. conservés dans les riches archives de Botngne ; ces mss. con-
tiennent une grande quantité de notices relatives aux Allemands qui
fréquentèrent l'université de Bologne.
— La correspondance de Ferdinand Galiani avec le marquis Tanuccï,
publiée par M. Razzom dans VArchiv. stor. iial., vient de paraître en
volume iKlorencc, Vieusseux; prix : 6 l.). Ce que noua eu avoos dit
dans l'analyse des périodiques permet d'^n comprendre l'importance.
— La ville de I^alerme se prépare à fêter le 6* centenaire des Vâprea
siciliennes [cf. Nuove effem. sioit.. n* de sept.-oct. i680|.
— M. G. Clarbtta a donné aux Actes de l'Académie de Turin, et à
pari (Turin, Paravia, 30 p. iii-Rï, un intéreasant travail sur Robert de
Duracxo {Roberto di Durazio dei reait di Sapaii e ta famigtia di Jacopo di
Savoia, principe d'Acaia), suivi de deux documents inédits, sur la déli-
vrance de Robert eni'ermé h Pignerol^ et sur te déB que lui porta
Antclmes de Miolans, sire d'Urtiéres.
— MM. Antonio Manno et Vincenzo Pbouis viennent de publier la
tahie analytique des publications de la R. Deputazione di storia patn'a
per le anttche provincic e la Lombardia depuis la création do la commis-
sion ('20 août 1833) jusqu'au 1" août 1880 (Turin, Paravia). On y trou-
vera la liste de tous les membres do la commission depuis l'origine.
— L'ouvrage de M. Ghetti intitulé Storia délia indipedensa itatiana
{814-{870 [Torino, Lœscher, 1879. 1 vol. in<8», 644 p.) e!!t un manuel écrit
CDRO^IIQDB BT BIBLIOGKiPBIK.
253
au point de rae aatioDBl italien. Il peui éire utile aax lecteurs français
do lo consulter. Le grand ouvrage do M. Hianchi s'arrête à 18^ et de
plus l'étniiicnt historien de ta diplomatie italienne ue traite que des
n^ociatioQ5. M. Ghettï résume l'hislaire antérieure des états d'Italie
et suit à travers toutes aee manifestatloos le développement d^ L'idée
oaiionale et l'unité italienne.
— Le dernier ouvrage de M. Cantù, Us Trente dernières annéM (1848-
1878), vient de paraître en frau«iis cbez MM. Firmin Didot ei C*». On
y trouve le curieux témoignage des Benlimenls contradictoires qui
inspirent tous les livres de ce caUioIîque répuhlicnin^ pa[)atin et fedé-
ruliste. Il use prendre la défense du roi de Naples Ferdinand II; il est
dur pour Cavour, il dëplure Tunité italienne, et en même temps il
ne recule pas devant des expressions digues des irrédentistes le-s plufi
outrés, lorsqu'il dit par exemple que la Savoie et Nice sont une Irlande
pour la France. Si l'on veut avoir une idée de la prodigieuse confusion
de cet esprit distingué et mal équilibre, où la théologie catholique
fait la guerre à un amas de notions indigestes empruntées à la
science moderoe, il faut lire le chapitre intitulé : « Us Sciences histo-
riqua. » Nous pensons toutefois que c*e8t le traducteur et non M. Cantù
qu'il faut rendre responsable des erreurs sans nombre qui détigurent
les nom? propres : « YafTé, Fiker, Siebel, Bulde, Flinth, etc. >
Espagne. — Une Aevuto de VaUnda vient de se fonder en Espagne ;
elle « occupe de l'histoire de la littérature et des beaux-arts de l'anciea
ro\'aume de Valence.
Danemarlc — Il vient de paraître & Copenhague les ouvrages sui-
Tants ; Vanmarks ydre poUtiske Historié i Tiden fra Freàen i Prag tH
Frtden i Bntmsebro (163d45|. Et Bidrag lil Europas diplumatiske His-
torié under Frediveaarskrigen. Âf. J. A. Friuericia. Kjœbenhiivu. <f.
Erslevs Forlag 1881. (L'histoire extérieure politique de Danemark
depuis la paix de Prague jusqu'à la paix de Brœmsebro ; contribution à
l'histoire politique de l'Europe peudant la guerre de Trente-Âos.) —
fUgesta diptoinatica hisluj-iae Ikinicae, Séries secunda. Tomus priur (789-
1349).
Russie. — M. Bbccn, professeur à Odessa, est mort le 3 juin 1880;
U a publie un assez grand nombre de mémoires sur la géographie histo-
rique de la Russie méridionale <voy. Potybiblion. janv. 1881, p. 82).
— M. le baron F.-A. Buulbr, directeur des archives au ministère
des afhires étrangères à Moscou, vient de publier des extraits de» plus
importantes archives de Moscou ; ces extraits sont accompagnes d'un
rapport eo français sur l'organisation des archives russes, et dim
mémoire sur les rapporta entre la Ituiisie et la Prusse, d'après tes mss.
des archives de Moscou.
— M. Ladischitski a publié, d'après ces mêmes archives, un ouvrage
sur la mission du prince Prozorovski à Londres eu 1662.
254
CRBOniQDR RT BIBLIOCHAPHIB.
— La Société de littérature finnoise, foodée à Helfiingfors en 1831, célé-
brora, les 30 juin, 1** et 2 juillet prochains, son anniversaire semi-sécu-
laire. La sucifHe y invite mes membres et tous les amis de Res travaux
pour prendre part à des discussions sur la Lang:uo, l'archéologie et l'hia-
toiro. Lea question? i\ traiter pour l'Iiigloirp, l'archéologie et l'ethno-
graphlp sont Irs suivantes : Statistiriufi des ppupipa df» rar# finnoise. —
I*a part dos peuples Ënnois dans Ip,s rechcrchps anthropologiques
nurupccuncs. — La classtUcatiun des antiquités do Tàgc do for en Fia-
lande au point de vue de leur forme. -^ Les sëpulturcii antiques de
Finlande. — Quelles contrées de la Finlande ont été habitées par les
Lapons selon les recherches historiques? — Quels sont les laits positifs
que donnent les recherches historiques, archéologiques et linguistiques
cuncornant la mif^ratiou des peuplet^ luiuoi» vers les bords de la mer
Baltique ? — Aperçu de l'histoire des Zyrianes. — Ce qu'on sait par
les recherches archéologiques concernant la vie et les mœurs des Fin-
nois à ta fin de l'époque paycnne. — iàur L'introduction du christianisme
en Finlande.
Ëtata-Unla. — M. J. Winsor, bibliothécaire J) l'université Harvard,
et Jiutcur d'une Afrfmonof hisloty of Hoston. se propose de faire paraître,
à l'aide do plusieurs collaborateurs, etavec l'appui de plusieurs sociétés
locales d'histoire, une Histoire crili([ue de l'Amérique; cette histoire
conjjirendra 8 vuL Le 3", qui paraîtra en premier lieu, est intitulé
Englisk discofgries ami sfUteintnts in America. Chaque vol. sera accom-
pagné de carte», de portraits, d'autographes, etc. On pense que trois da
ces volumes pourront Ôire terminée avant la lin de 1882.
— M. Samuel A. Grekn a été chargé par la vilte de Boston de donner
une édition nouvelle des Karly records ofGroton, 1G62-1707, chronique
pleine de faits curieux pour l'histoire intérieure du Massachusetts.
— Le i* catalogue de la bibliothèque de l'étal de Massachusetts vient
de paraître. Il est très complet et rédigé avec un soin extrémemeot
minutieux.
— L'iuslitut archéologique d'Amérique a décidé rexploratloa de
l'ancien Absos, la principale colonie grectiue de la Troade.
— Le numéro de janvier 1881 du Magasin/t of nmerican history est
consacré eu grands partie à l'histoire de Yorklowa et de l'alliance
Irancu-americaine peudant la guerre de l'indépendance.
— M. Théodore Iqvino, neveu de l'historien américain Washington
Irving, est décédé le 20 décembre dernier. Il avait publié en 1835 une
Histoire de la conquête de la Floride par Fernando de Suto, 2 vol.
USTX DU LITUS UÉfOsâs AD BO&BiO DB Là RBTDB. 255
LISTE DES LIVRES DÉPOSÉS AU BUREAU DE LA REVUE.
[Nous n'tndiqvons pas cntr qui ont éîéjug^$ dans tes Buttelins
et la Chronique.)
AdbA. Le» rbr^Ueri!^ dans l>mplrr romain i](* U fin tlr^K Anloninit ati milieu
du ur «., 180-Î19. Didier, vi-53i) j>. iu-S*, 1«81. Pr. : 7 fr. 50. — Caktault.
La trière «théaimiie ; étude d'archéologie navale. Thorin, xxri-2riO p. in-8',
1881. — Id. De caufta HarpaliiH. Ibid., 142 |i. in-S". — Caovbt. L'empereur
jQftUnies et Kun teuvre It^gUlativc ; étude historique et juridi4]ue. Ciien, Le
Blinc-Uardel, 105 [i. in-S". Pr. : 2 fr. 60, 1880. — Obulhante. Une famillf de
finaoce au xtiii' a. HeUel, 2 toI.. 497-557 p. io-8', î'édil. Pr. : 21)fr.— Deb-
CBAMF3 DU Pas. ni^Uiiredc la ville de Saiiit-Omer depuis siinorîgitiejtitKiaVj] 1870.
Arras, Sueiir-Charniey,5IXi ]>. in-Â'. — Dcbau.. Précis d'histoire militaire 2' part.,
I vol. iii-«* «Tec atUs. Dumaine, IK8U. Pr. : U fr. — Du Bois Mkllt. Htsloiro
a»ecdotique et diplomatique du traité de Turin entre la Sardaii^ne et GenèYC,
17S4. BAle, Georg, 133 p. iD-8'. Pr 1 m. 50. — Laih. Umi&e d« I.a Valli^re
cl la jeunesse de Lauis .VIV. Pion, in-H*. Pr. 8 fr. — LArtKOK dr Kermaikoant.
Cartutaire de l'abbaye de Saiiit-.Uicbi^[ d<i Tré|K>r(. Uidot, cux-42â )>. in*4*
avec an atlas do fac-simUc. — Lsait. La llandfeste de Fribouriit dans llJeclil-
laad de l'an \1\9. Lausanne, Benda. Pr. : S fr. — Abbé Mamobaox. Histoire de
l'abbaye et du village de IlautviUers, 3 vol. ni-^ib, 600, 637 p. ia-8*, 188a
riperaay, Doublât. — IUrimkb. Lettres i Panizzi, 183U-70, pub. par L. Fagan.
Câlmaon-Lévy, 2 toL in-^*. Pr, : 1& fr. — Hobtimkb-Tbknauz- Histoire de la
Terreur, t. VIU ; ibid., Tm-624 p. iu-8*. Pr. 6 fr. — Noël. Etude historique
sur l'or^anisalion fiiunciére de la Fronce. Charpentier, zi-504 p. in-12. Pr. : 3fr. 50.
— Abbé Pkoubur. Atinulea du diocèse de Soissons, t. IV, vii4i82 p. iJi-8*. Sois-
sons, FéTre-Darcy, 188(J. — Pispafi. Histoire de la réunion de la Francbe-
CiHut^ A la France, 2 vuL XTiu-'i80. 512 p. in-8'. Parie, Cliiimpinn ; Ite&anron,
Marion, 1880. — Qubfat. Rcdicrcheà historiques sur la Grande-Tliury près
Helz. MeU, Sidot ; Parifi, Dumoulin, ii-lSG p., I88(L — RBuaa. L ALsarc pen-
dant la Révolution française, t. L Fiscbbacher, x-359 p. ia-8'. — Hublb (A. dbJ.
Antoine de Uourbou et Ji-anne d'A[brct, L 1. Labitlo. Pr. : ii fr. — SHiKauiiiu.n.
Htrasbour;; liendant la K^rolulion. Paris et Nancy, Berger-LevrauM, 3I>1 p. in*8*.
Pr. : G fr. — Vbbnbs. UéLanges. Fi^Mr.hbarlter. — 'WALLOJf. Histoire du tribunal
réroluUonnaire pendant la Terreur, t. Ht. Uacholle. Pr. 7 fr. 50.
AoLBB. Heriog Wetf VI uod sein Soho. Haanover, Hclnring. Pr. : 4 m. —
Daougjibtnkb. Uebcr die Quellcn des Casâius Dio, Tubiogcn, Luupp. 60 p.
in^v Pr. : L m. — I)AUHaAiLTB.H. SIeidau's Uriefnucbsul. Slra&burg, Trùbner.
xxx-330 p. in-8*. — Hudi.nsky. Die Auebreiiunu der laleinischeu Sprncbe ùtwr
Italien uud Froviozen dat rœmiscben Reichos. Berlin, Hertz, xii'2t37 p. io-â*.
— DûB«. Die Rciscn des Kaisers Iladrian. Wien. Gerold's Soho, 124 p. in-8'.
— Uabtwig. Qaellen und ForKbuiigcn ziir xltcslen Gescbicbte der Sladt Flo-
reni. ï* part. Halle, Nlemeyer, vi-3i8 p. in-8*. — Von Holat. Verfasaungsge-
schichle der vereiiUiitea Staalen Ton Amerîka, scil der Ailmini^trallon Jackson'».
S56
IISTB DBS irTBES D^POSéS AO BORRiD I)B U BSTDB.
Bd. U, zv-474 p. iu-S*. fieriia. Springcr. Pr. : 12 m. — Mauksb. Harksteinc
fn der Oeschichte der Vwtker, MOMaSO. Leipzig, Kammer, xi-l063 p. gr. in-S*.
Pr. : \1 m. — Maybaum. Die Kntwickluni; de* altiitraeliCiBctieo Prieslcrthums.
Ilreftlau, Kffibni^r, vii]-l'2li j>. In-H". Pr. : 2 m.^O. — HUblbachkr. DiâRegMteo
lies Kflisorrcirhs untrr den KaroUnKcrn, 75'2-918. l'* lîvr. 160 [>. in4*. Inns-
bruck, Wayner, iUSO. — PoIUiHcbe Correspondenz Friedrirh's de» GroAsen,
Dd. V. Berlin. Diiiifkcr. — ScsinHMACiiBn. Ge»cliirltlfl CastUifns iin xii und
xnt Jalirliutidcrt Gotha, Perllipt^, 1881. — Ïciiheidkb. Die Geburt der A^thena.
Viivn, Gerniid's sobn, 45 p. in-8'. — Szanto. Untcr^uchungen ùhcr das alliftche
Bùrgcrrorhl. Wien, Kûtiflgeo, SA p. iii-S*. — VoiOT. Die Wiedcrbclcbnng des
classischen jUtertlium*». Dd. 1. Berlin, Reimer.
Lbthbridob. Short mannel nf (ho history oF India. London, Uacmlllan.
Pr. : r> ftli. — Shaowbll- The life of Colin Campbell, lord Cljde. I^mdtm,
Blarkwootl. 2 vul. xvui-4j7, x-\S'J p. in-8'. — Wuiuu.bh. The hislory of Iiidia,
Troni thp c&rllt&l «g«s. 4' vol., 2* part. Loaàoo, Triiboer, xxvii-60() p. lo-ft'.
Pr. : 14 &h.
CutAPPWjj. Vita e opère piuridlcbe di Cino da Pistoia. Plsloia, Brac^li,
240 p. in-12. Pr. 3 1. — Càpasso. Fra Paolo Sarpi k t intt>rdello di Veuexia.
Firenzc, Gazetla d'Ilalia. ISÎIO. — Casabiakca. II fcudalism» e la Sardc^p»
Dfil inciliii evo. NapiOÎ, Nobill, 154 p. in-8*. Pr. 3 1.— Villabi. Niccolû Manhla-
vclli e i SDOL Icmpi ; vol. II, bi}'l p. ia-8°. Pr. 7 I. 50. Firenze, Lemunoier.
Errata du nKRNiicn i«dm6ro.
P. 281, I. 16, au lieu de
BUS Bujel» II, lira 600,000.
t au^monle de un million et demi le nombre de
P. 402, l.
9, au lieu de Reyncck,
lisez Reineck.
—
tl
—
Wdldeubourfi,
—
Waldbourg.
—
14
—
Wph{iIi alleu.
—
Webtphallen.
—
_
—
llarlz,
—
iloriit.
—
—
—
VeUIn*îin.
—
Vcltheira.
—
15
—
Munchenhau&en
(
Miiiicbbaasen.
-^
16
—
MeerTcId,
Mcerreldl.
—
22
—
Spaderbum,
—
Spada-Tom,
—
27
—
Wend,
—
Wendl.
P. 406, 1,
, 5
—
Leiehcnfeld,
—
Lercheofeld.
—
0
_
KuHter,
—
KUâter.
—
S
-^
GruDK,
—
OriiHne.
P. 473, l
.33
—
p«luriuro,
—
preturium.
L'un des propriétaires-gérants, G. Monod.
NogâDl-lvBotrou, îuipriiueric Daupeley-Gourerueur.
LES
DÉMEMBREMENTS de la MOLDAVIE
{Suite.)
VI.
Dans la première partie de ce traTail, uous avons moDtré quel
fut le sort de la Moldavie. Voyous maintenant quel fut celui
de son prince.
Ghyka était déjà compromis aux yeux des Turcs parce qu'il
devait sa nomination au trône de Moldavie aux instances
des Busses. Les intrigues de Thugut contribuèrent aussi pour
une large part h ce résultat, d'autnnl plus i][ue Ghyka s'aidait
des Russes et des Prussiens pour combattre les plans autrichiens.
Ainsi nous l'avons vu plus haut envoyer très souvent ses
pajiiers à Constantinople par des courriers russes. La [dupart
des intrigues de Zegeliri, ambassadeur prussien près de la Porte,
avaient lieu sous l'influence de Ghyka, et les Turcs m^ jm^u-
vaient voir sans inquiétude cette liaison intime entre leur vassal
et leurs plus mortels ennemis. Voilà pourquoi Thugut craignait
tant l'arrivée du prince Hepnin, ambast^deur russe extraor-
dinaire à Constantinople, lequel, devant passt*rpar Jassy, allail
s'entendre avec Ghyka au sujet de la Bukovine et créer ainsi
de nouveaux obstacles dans la marche de cette affaire. Le sieur
de Gaffron, ambassadeur de Prusse, allait prendre son chemin,
toujours par Jassy, i>our se rendre à son poste, et ce contact du
prince de Moldavie avec les adversaires de l'Autriche ne fiuuvait
eu aucune façon convenir h cette puissance. L'affaira de la Buko-
vine dans laquelle Ghyka, défendant sou pays et sa position, avait
été forcé de faire cause commune avec les ennemis de la Porte, le
discrédita tout à fait aux yeux de celle-ci, qui voyait en lui un
Rbv. HmoB. XVI. i' pAflc. i7
25S
A. 0. XBIVOrOL.
agent du czar. Elle s'attendait à tuut moment à ce que Ghyka
abandonnât la cause de son suzerain pour embrasser celle de son
protecteur. Ceux quisavaient lepeu de valeur que les Turcs atta-
chent à la vie humaine pouvaient dès lors prédire à Ghyka une fin
tragique.
Les Turcs cherchèrent donc à se défaire de Ghyka à tout prix,
car il ae leur suffisait pas de le destituer. Ghyka, éloigné du
trône, aurait pu se réfugier chez les Russes et devenir ainsi une
cause perpétuelle de troubles pour la Turquie. Il devait donc être
mis à mort et remplacé par un prince Adèle, qui aidât les Turcs
à rétablir leur influence eu Moldavie.
Ceux-ci s'étaient habitués dès longtemps à se jouer du sort
et de la vie des princes roumains. Trop heureux celui auquel le
sulUn faisait sentir sa disgrâce par le chiffon noir appliqué sur
l'épaule (signe de la destitution) et dont U ne se faisait pas apporter
la tête h Constantinnpie. Et cela tnvs souvent pimr 1rs causes les
plus futiles. Hésiterait-il à le faire quand il s'agis.sait de briser
un instrument dans les mains de l'ennemi le plus acharné de
l'empire ottoman !
Les prétextes pour le meurtre de Ghyka furent bient4>t trouvés.
La Porte, ayant ordonné aux princes roumains d'envoyer imme-
diatemsnl à Galalz et Ibraïla une certaine quantité de blé, dont
la Porlfi voulait s'approvisionner, dans l'atteule d'une nouvelle
guerre avec la Russie, Ghyka se permit d'obser^-er que le pays
ayant souffert de grands dégâts à cause des sauterelles et des
inondations, il lui était de toute impossibilité de satisfaire à cette
demande. Eu même temps il insistait près de la Porte pour être
exempté de l'obligation de livrer une nouvelle quantité de bois de
construction dont les Turcs avaient besoin à Isacoea, celui qui
avait déjà été fourni ayant été perdu par suite du naufrage des
quatorze navires qui le portaient. La Porte, que le traité de
Kainardji privait du tribut des pays roumains pendant deux ans,
irritée par le refus de Ghyka, lui répond qu'elle n'accédera
jamais à ses demandes et que le refus (i'oblonipérer à ses ordres
entraînerait pour lui les plus terribles conséquences; elle lui
enjoint en même temps d'acheter du pain en Pologne si le pays en
manque.
Il paraît que Ghyka se refusa néanmoins k exécuter ces ordres,
car parmi les incriminations dont il fut l'objet âgurait aussi soa
•
LES néVEMBREHETITS DE U VOLDATIE.
25t»
refus d'acheter du blé en Pologne, sous prétexte qu'il eu
avait été empêché par les Russes. Les autres chefe d'accusa-
tion étaient qu'il entretenait des coiresjtoudaiices secrètes avec
la Russie et qu'il avait amassé par ses exactiuDs une immense
fortune, dans linteiition de se sauver en pays étranger. Toute-
ibis ces accusations devaient stTvir à justifier seulement sa desti-
tution. Pour justifier sa mort on avait contre lui un grief bien
autrement grave. On prétendait * qu'il s'était exprimé vis-à-vis
de l'enToyé de la Porte dans des termes tellement insolents et
incompatibles avec la dignité <Le la Porte, qu'il avait dii être
puni pour son manque de respect' ».
Il fut frappé par des assassins et non par la justice.
Au commencement du mois d'octobre 1T77, un envoyé turc,
Kara Highiorsades Ahmed-Bey, vint au pied-à-terre liabituel
des Turcs à Jassy, sur la place du Beilic, et ]X)ur attirer le
prince chez lui il fit semblant d'être indisposé. U l'invita en con-
séquence à passer chez lui, pour lui communiquer des ordres
très importants. Ghyka, qui ne s'attendait nullement îi un piège,
se rendit le soir chez l'envoyé de la Porte. Il y trouva jilusieurs
janissaires qui, aussitôt qu'il fut entré, se jetèrent sur lui et
le percèrent de leurs yatagans.
C'est par trahison que ta Moldavie avait perdu la plus belle
partie de son territoire; c'est ena>re par trahison que tombaient
ses princes, l'un sous le couteau de la Turquie, l'autre i>ous celui
de l'Autriche, moyen digne de la politique de ces deux empires,
dont l'un était aussi imprévoyant que l'autre était rapace.
Quel fut le rôle de l'Autriche dans le meurtre de Ghyka?
Il est hors de doute que Thugut, qui s'était donné toutes les
peines imaginables pour mener h bonne fin le grand œuvre de
sa vie, voyant Ghyka combattre ses plans avec tant tle téna-
cité, était porté contre lui k une haine des plus implacables.
Dans t«ut4?s ses dépêches il se plaint de la conduite du prince
moldave, le traitant de « Grec sans foi ni loi » et ses actes
d' « intrigues envenimées ». Il est tout aussi incontestable que
l'internonce aurait sacrifié sans la moindre hésitation le prince
moldave à sa vengeance s'il avait été en son pouvoir de le faire»
et on a même des preuves suffisantes que telle était son intention
1. Doc. Dourmouzaki, Vil. p. 310.
'MO
i. D. xe*(oroL.
dans UD cas extrême : < Quoique Gbyka m^te, sans aucun
doute, plutôt la plus sévère punitiou que le moindre signe de
bienTcillaDce de la part de Leurs Majestés, je ne puis pourtant
assez vous répéter mon opinion qu'il serait utile que les commia-
saires impériaux ctiai^ès de la délimitation l'entretiennent avec
des paroles douces et des promesses qui n'engageraient à rien.
pour ne pas irriter davantage son mauvais vouloir dans l'afiaire
de la délimitation. Selon les circonstances on pourrait employa
contre lui un ton plus prononcé et des menaces plus sérieuses^
d'autant plus facilement qu'il ne dépendrait que du bou plaisir de
la très haute cour de punir même personnellement et par des
voies de /ait ce Grec perfide et dépourvu de foi, sans entrer h
cause de ceb dans de grandes difficultés avec la Porte*. >
Mais Tbugut ne garda point le poste d'ambassadeur à Cods-
tantinople jusqu'à la mort de Gbyka ; il parait avoir quitté la
capitale de Tt^npire ottoman peu de temps après avoir terminé
l'afiaire de la Ilubovine (juillet-août 1776). Il fut remplacé par
Emmanuel Tassara qui était loin de nourrir contre Ghyka l«s
mêmes roolife de haine. Au contraire, aj)prenant le meurtre
de Gbyka, il qualifie cet acte d' « aussi <.>dieux que violent et
contraire aux traités' ». La correspondance entière de ce temps
prouve d'une manière indubitable que la cour de Vienne était
tout à Sait étrangère au meurtrtï de Gbyka. Dans tous ces docn-
ments il ne se trouve pas même une allusion à œt événement,
et Kaunitz en parle k Tassara comme d'une afiairequi n'inté-
resse nullement l'Autriclie. En effet si l'Autriche avait voulu
toer Gbyka, elle l'aurait £ait alors que son intérêt était en jeu,
quand celui-ci luttait contre elle pour conserver la Bukovine.
Telles furent \ea |>éripéties de cet événement si malheureux
pour la Moldavie. La Bukovine fut perdue à cause de Gbyka,
qui, étant dévoué aux Busses, poussa la Porte à ajouter foi plntdA
aux insinuations de l'Autriche et à ses protestations d'amitié,
qu'à la voix de la vérité qui sortait d'une bouche suspecte.
Gbyka périt à cau^ de la Bukovine, car, voulant sauver VintA-
grilé du territoire »ur lequel il était appelé à règiter, il se rap-
pr\)cba toujours davantage des Ruâses, par Ui il derint de plus
t. Thofnil k K^oniU. D(>r. Hounoauzaki, VU. [k \Sô. Coinpvei p. 17&
2. Tasun à KmbîU. Dur. UutinMMiz«ki, V||, |i, JOS.
en plus odieux aux Turcs qui le sacri6èrent à leurs craiutes.
Ainsi quoique Grc^oire Ghyka n'ait point i>èri delà mèraemaiD
qui mutila la Moldavie, la perte de la clef de ce pays* est
étroitement liée dans le souvenir du peuple roumain au sang de
Gbyka, el U>us les efforts ne paniendronl [mui à détruire oe
que la légende a consacré, ce qui est devenu une croyance popu-
laire.
Guerre de 180ti. Paùv de Bucfiarest, 1812.
I.
ha paix de Kainardji, malgré tout le sang qu'elle avait coûté,
n'était qu'âne suspension d'armes, car au lieu d'aplanir les dif-
ficultés qui exislaient entre la Russie el la Turquie, elle n'avait
fait que les augmenter. En effet la Russie avait exigé la liberté
des Tatars, dans l'intention ti-ès peu cachée de les soumettre à sa
domination, ce qu'elle ne manqua pas de faire peu de temps
après 1783. Mais non contente d'envahir l'empire ottoman du
côté de l'Europe; elle commence h le miner du côté de l'Asie, en
attirant sous sa domination les peuplades du Caucase, ce qui
poussa les Turcs h lui déclarer de nouveau la guerre en 1787.
L'Autriche, ne pouvant cette fois pêcher en eau ti-ouble, ainsi
qu'elle l'avait fait dans la guerre précédente, est forcée de
prêter main-forte k sou alliée, a6n de partager avec elle les
dépouilles de la Turquie. Le plan de partage était le suivant :
la Russie gardait la Crimée et t'Autricbe occupait la Bosnie et
la Serbie. Le reste des provinces ottomanes servirait à former
le nouvel empire byzantin, pendant que les pays roumains,
qu'aucun des alliés ne voulait céder h l'autre, garderaient une
sorte d'indépendance sous le prince Potemkiu-
La Turquie allait donc lutter de nouveau contre se-s deux
ennemis séculaires et le résultat d'un combat aussi dispropor-
tionné ne pouvait être douteux. Mais pouvait-elle faire autre-
ment? En fait, c'était elle qui déclarait la guerre; c'était elle
qui prenait l'offensive, pendant que la Russie gantait le rôle
bien plus beau d'être sur la défensive. En réalité pourtant
1. Kiunili: A Tlnij^t. Dor. Hnnrmouuki. VII, ji. 123.
la Russie et l'Aulricbe étaient les provocateurs. Ces deox puis-
sances s'étaient habituées à toujours demaiid^ aux Turcs et
ceux-ci avaient tant donné, qu'ils ne pouvaient plus le faire, sans
toucher au cœur de leur empire. Ils avaient donné a rAutricbe
la BokoTÏneet maintenant elle exigeait la Bosnie et la SeH>ie;
aux Russes ils avaient cédé la Crimée et cenx-d convoitaient
maintenant le Caucase. A la ^erre sourde par laquelle Russes
et Aatrichieus minaient leur empire, les Turcs opposaient la
guerre franche et ouverte. Le sort des armes leur fut fatal ; mais
la justice reste de leur côté ; et s'il est vrai que l'hisloire se
rapporte â la politique comme le passé au pivsent. il n'en est pas
moins incontestable que pendant que la politique ne reconnaît
pas d'autre Dieu que le succès, l'histoire en adore un autre bien
sapérieur, qui est la morale ou au moins le droit.
La mort de l'empereur Joseph D, le sincère allié de Catherine,
et l'avènement de Léopold au trône des Habsboorgs mil fin k
cette guerre spoliatrice. L'Autriche s'étant convaincue qu'elle
avait^iitfausse route en aida ut les projet£ ambitieux de la Russie,
se retire de la lutte par la paixdeSistow.eu 1791. qui est bientôt
suivie de la paix de Jass>% en 179?. conclue avec la Rnssie. Mais
pendant que TAutriclte reste les mains vides, la Russie £ut consa-
crer par les Turcs la cession définitive de la Crimée et acquiert en
outre la forteresse d'Oczakow, par laquelle elle recule ses fron-
tières jusqu'au Dniester.
Parmi toutes les puissances eurapéennes, la Turquie comptait
un seul ami, la France. Jamais, d^MÙs leurs premières rclatioQs,
l'entente n'avait été troublée entre ces deux pavs.et si la Turquie
favorisait par tous les moyens le développement du conuneroe
français en Orient. la France interposait souvent ses bons offices
dans les démêlés delà Porte avec les autres puissances. Les rap-
ports entre la France et la Porte étaient donc des meilleurs,
quand tout d'un coup la politique tout k fait personnelle de Napo-
léon vint jeter le trouble dans ces relations et mettre l'inimitié
entre deux peuples qui avaient vécu jusqu'alors dans le plus par^
fait accord.
En l'année 1798, Bonaparte, général du Directoire, aedâddei
oonqDM* l'Egypte. H voulait remplacer, par la possesioo de
cet important i»ays. plusieurs colonies que la France avait cédées
aux Anglais, et en même temps porter à l'Aiigletenne un coup
4
LCS oéHF-SlUBEllElTS DE Ll HULUWrE.
2(i3
mortel par la création d'uu empire maritime français et la con-
quête de ses colonies indienDes. Honaparte voulait cadier à la
Porte le Téritable but de sou expéditioD. et lui faire croire qu'il
n'avait d'autre intention que de l'éprendre l'Egypte aux Marae-
lucks pour ta faire rentrer sous la domination du sultan. Bona-
partesavait pourtant très bien que la Porte ne se laisserait pas trom-
per par un pareil pnHeile et que son expédition contre l'Egypte
était un acte d'inimitié indubitable contre les Turcs. Mais comme
l'amitié de la France pour la Turquie n'était que le résultat du
commerce que la première faisait en Orient et que le plan de
Napoléon, en cas de rêussite, ne pouvait qu'au^enter ce com-
merce , on comprend tWis facilement pourquoi la mauvaise humeur
de la Porte ne l'arrêtait point.
Ce n'était pas là le seul acte hostile du gouvernement fran-
çais à l'égard de la Turquie. Napoléon venait peu de temps aupa-
ravant de conclure avec l'Autriche la paix de Campo-Formio
par laquelle Venise était cédée & l'Autriche, en échange de la
Belgique, qui passait à la France (1797).
X^ seigneurie de Venise avait cessé depuis longtemps d'être un
ennemi redoutable pouf la Porte ottomane, et les temps étaient
passés où le lion de Saint-Marc menaçait de déchirer de ses
griffes l'étendard du prophète. Une fa ibles.se et dea malheurs com-
muns avaient rapproché ces deux états comme ils avaient rap-
proché la Turquie et la Pologne, et ]a Turquie ne i)ouvait voir
avec indifférence que le territoire de son ancienne rivale, et de sa
compagne d'infortune, allât augmenter l'étendue et la puissance
de l'empire des Habsbourg».
A tous les points de vue, la politique de la France était donc
hostile k la Poi-te et celle-ci ne pouvait faire autrement que de
répondre b l'inimitié par l'inimitié, à la guerre par la guerre.
La guerre fut déclarée à la France le 2 septembre 1798.
Un changemeut :si itialleudu dans la politique oneutaledela
France dut en entraîner de semblables dans celle des autres pays
européens. L'Angleterre, qui craignait l'expêilition d'Egypte,
s'allia k ta Turquie; mais ce qui fut plus extraordinaire, c'est
que la Russie elle-méaie uffrit aussitôt ses services à la Porte, et
surtout le secours de sa flotte do la mer Noire.
I^es Russes avaient besoin de la faiblesse des Turcs pour pou-
voir réaliser leurs plans en Orient; ils ne pouvaient donc per-
2nf
A. n. XENOPOI,,
mettre aux Français de s'établir en Egypte et de prendre ainsi en
leurs mains ta directiou des affaires ilans cette partie du monde.
Voilà ijourquoi nous les voyons abandonner leur politique tradi-
tionnelle et prêter secours h leur ennemi héi-ôditairc, ce qu'ils
firent plus lard encore une fois, à l'occasion de la révolte de
Méhêinet-Ali. pacha d'Kgypt*^, qui menaçait leur politique de la
même façon. La politiquo i-usso possède un mérite inconlttitablo,
celui de savoir attendre et de ne jamais se presser de manière à
compromettre l'avenir. Au besoin elle sait même soutenir son
tiunenii, pour être la seule h profiter de sa chute.
Une disposition du traité d'alliance conclu en cette circons-
tauce entre la Russie et la Turquie met pleinement en lumière
son but, qui était de servir exclusivement les intérêts russes
sous le prétexte du secours apporté à la Turquie. La flotte russe
devait être employée de préférence à chasser les Français des
lies Ioniennes, qui sfiraient déclarées indépendantes, sous 1« pro-
tectorat de la Russie, projet qui rentrait dans le plan de l'empire
grec rêvé par Calherine II. Quant aux véritables intentions do
la Russie vis-à-vis de la Porte, sa conduite eu Géorgie nous
les fait suffisamment connaître. Renouvelant les intrigues qui
avaient amené les Ta tares sous sa domination, elle arrive aux
mêmes résultats en Géorgie. Le vassal russe Héraclius, venant à
mourir, son fils Alexandre veut, à l'aide des Lesghiens, échapper
aux Russes. Ceux-ci soutiennent alors contre lui un prétendant,
Geoi^es XIII, qui lègue à sa mort son pays à l'empereur Paul
(1^01). La Géorgie tombe de cette manière sous le sceptre de la
Russie.
On connaît le résultat de l'expédition d'I^gj-pte. La flotte qui
avait transporté l'armée française en Afrique ayant été détruite
par Nelson à Ahoukir, et les communications avec la France ae
trouvant tout b. fait interceptées, Napoléon voit t*ius les jours
diminuer le nombre de ses soldats, et malgré tes plus brillants faits
d'armes, il est forcé de retourner en France pour combattre la
deuxième coalition qui s'est formée pendant son absence. Kléber
reste en Egypte et soutient avec beaucoup de vigueur l'honneur
des armes françaises, jusqu'à ce que le couteau d'un fanatique
incttfî un terme h ses jours. L'armée française , privée d*un
commandant inteUigent, est réduite à capituler.
Toutefois les revirements de la politique européenne ramènent
LtS piNEVBRSUE:VTS ùt LA HOLDATIE.
203
bientôt ta France à son ancienne amitié avec la Porte. Après
la conclusion de la paix, en 1802, la France cherche à attirer la
Porte dans une alliance contre les puissances euroi'êerinc.s qui
s'étaient liguées pour la troisième fois contre elle. La Uussie et
l'Angleterre, qui avaient le plus grand intérêt à combattre ce
rapprochement de la France et de l'empire otlmnan. prêtent à
la première des intentions hostiles à l'égard de la Porte,
pour la discréditer aux yeux de celle-ci. Ainsi elles font courir le
bruit que la France veut occuper la Morée et que NafKjléon
a conçu le projet de partager l'empire ottoman en donnant à
Louis XVII la Pologne et en dèdoramageaut la Prusse par
le Hanovre, l'Autriche par la Bosnie et la Serbie, et la Russie
par la Moldavie, la Valachie et la Bulgarie, pendant que la
France ae contenterait de la Grèce jusqu'à Salonique. L'An-
gleten'e et surtout la Russie voulaient, [>ar de pareilles inven-
tions, combattre l'influence française en Orient, et elles étaient
parfaitement servies dans leurs intentions par la rivalité qui
avait existé entre la France et la Turquie et par le rôle de puis-
sances alliées qu'elles-mêmes avaient pris à cette occasion. La
Russie obtint de la Porte le renouvellement de son traité d'al-
liance en 1801, en lui présentant l'alternative d'une amitié for-
cée ou de la guerre. Prétextant toujours la nécessité de défendre
les Turcs contre les agressions d&s Français, les Russes firent
de Sébastopol un port militaire ut renforcèrent leurs troupes dans
tes îles Ioniennes, pendant que l'ambassadeur français s'effor-
çait de montrer ces préparatifs sous leur véritable jour, c'est-à-
direcomme des mesures qui menaçaient l'existencedclaTurquie.
I^ Porte ne savait plus que penser au milieu de tant d'in-
fluence.s contradictoires. La France, qui avait toujours été son
amie la plus sincère, avait perdu sa confiance par l'expédition
d'Ég>pte. Les puissances qui avaient été jusqu'alors ses enne-
mies les plus irréconciliables lui avaient prêté secours contre son
ancienne alliée. Par là ves puissances et surtout la Russie avaient
obtenu un avantage immense : la France était compromise aux
yeux de la Porte, pendant que la Russie avait acquis le droit de
se mêler des affaires ottomanes, d'imposer aux Turcs son amitié
bien plus dangereuse que son hostilité, car elle permettait à la
puissance russe de se développer eu toute sécurité et de se pré-
parer ainsi pour les événements futurs.
266
A. H. XEnUPOI..
La Russie, qui no voulait pas faire ud pas sans gagner
quelque chose sur la Turquie, chercha à obtenir parle renouvel-
lement du traité d'alliance le droit d'intervenir dans l'organisa-
tion civile et religieuse de la Moldavie (*t de la Valachio et l'ei-
l«nsiondesa domination dans la Géorgie. Mais la Turquie repoussa
avec énergie ces nouvelles exigences et la Russie dut se contenter
pour le moment des avantages géiiéraux que lui assurait son
traité d'alliance avec la Porte.
n.
Le xvi' siècle commence pour les Turcs sous ]es plus défavo-
rables auspices. Presque toutes les provinces de leur empire se
révoltent, lesunes pour des causes politiques, lesauti^à l'instiga-
tion de bandes de brigands, pour la plupart militaires en retraite,
qui avaient servi dans les guerres précédentes. Ces bandes, sous
la conduite de chefs entreprenants, pillent et ravagent les pro-
vinces de l'empire. Parmi ces pillards étaient Ûjezar, pacha de
Syrie, les Wahabitesen Arable, ^Vli, pacba de Janîna» et surtout
Paswan-Oglou en Bul^^arie.
De tous ces perturbateurs, c'est le dernier qui nous intéresse le
plus, car son action se rattache k l'histoire des pays roumains
et au sujet de ces recherches.
Paswan-Oglou, dont le père et le grand-père avaient péri sur
l'échafaud, pour cause de brigandages, après avoir oblenu. par
sa participation courageuse à la guerre contre les Autrichiens, sa
grâce du sultan, organisa tous les vagabonds et les mauvais
sujets de l'empire en une sorte de bande année, et commença b
ravager les provinces turques et notamment la Valachie qui.
étant la moins bien défendue, donnait surtout prise à ses dépréda-
tions. Pour pouvoir mieux résister à l'autorité du sultan, il for-
tifia Widdin, qu'il entoura d"un fossé profond. Cette forteresse,
transformée en un repaire de bandits, lui sert de point d'appui
pour ses opérations ; c'est de là qu'il envoie ses liordes rava-
ger les provinces limitrophes sans distinction de ghiaours ou de
Bdèles, bravant impunément les ordres et les armées du sultan.
Alexandre Ypsilanti, qui régnait en Valachie, avait été forcé à
plusieurs reprises de racheter le pays du pillage par des cen-
taines de bourses et de fournir à Paswan-Oglou des quantités con-
LES D^MUIBBeSEXTS DE LA XOLDâTIE.
367
sidêrables de céréales, de bestiauxet de denrées. De cette maaière
il s'était compromis aax jeux de la Porte, qui le destitua et le 0t
remplacer par Hangerli, en 1798. Celui-ci, pour plaire au capi-
tau-pacha, qui avait contribué h sa nomination, et qui avait été
envoyé avec une forte armée contra Paswan-Oglou, prônait le
plus grand soin de fournir à l'amiêe turque tout le nécessaire et
surtout les provisions. L'armée, conduite par des pachas * pleins de
barbe, mais vides d'esprit*, > fraternisa avec les bandes paswa-
niennes, et au lieu de défendre la Valachie contre leurs dèpréda-
tioDS, fit cause commune avec elles. L'expédition ayant manqué
complètement sou but, Paswan-Oglou en devint plus entre-
prenant, et le capitan-pacha, pour se justifier aux yeux du
sultan, accusa Hangerli d'avoir entretenu des correspondances
avec le révolté et de l'avoir assisté en secret dans ses opérations,
accusation qui amena la destitution d'Hangerli et son remplace-
ment par Alexandre Morouzi, en 1799. Paswan-Oglou exigeant
aussi de ce prince 75 bourses par an, celui-ci se plaignit k la
Porto et demanda le secours des pachas du Danube contre ce bri-
gand. Sa demande lui fut aussitôt accordée, mais à quel prix!
« Les pauvres chrétiens étaient obligêis de faii*» les tmiisporU
nécessaires à l'année turque, et quoique la plupart eussent à leurs
chars jusqu'à dix chevaux ou quatre k six boeufs, ils perdaient
toutes leurs bétes h cause île la rudesse de l'hiver et de la hâte,
qu'on exigeait d'eux, ou bien ils tombaient avec les animaux,
laissant leurs femmes veuves et leurs enfants orphelins, pen-
dant que ceux qui s'en retournaient, revenaient pieds et mains
gelés et enduraient de telles souffrances que la plimie se refuse à
les décrire. Le pays soufTrait d'autant plus que les Turcs pré-
posés à sa garde, c'est-à-dire les impériaux, non seulement
n'empêchaient nullement les désordres des paswaniens, mais au
contraire les aidaient en grande partie à les commettre'. »
Ces terribles dévastations ne f»ouvaient affermir les sym-
pathies des Roumains pour les Turcs, et il ne faut pas
nous étonner si nous les voyous recourir au czar pour les sau-
ver d'une pareille oppression, d'autant plus que les Roumains
savaient maintenant que les Russes avaient pris sur eux l'obli-
1. Chronique T4lêqM faiédit« de Zilote le Roumain.
2. Chronique ntaqna Inédite.
268
*. ». X£:<iOpnL.
galion de les défendre contre les empiétements des Turcs. Tls
savaient que par le traité deKainardji. et surtout par la conven-
tion explicative d'.'Vinali Kawak, les Turcs s'êtaieut engagés vis-
à-vis dp-s Russes h ne jtîus molester les pays rcnmiains et â se
contenter d'un tribut payable en argent tous les deux ans, et
maintenant, au lieu de respecter leurs engagements, ils dévas-
taient le pays de la manière la plus inhumaine, tant par les
bandes de Paswan-Oglou que par les armées envoyées pour le
défendre. Les Russes, saisis de la question par les plaintes des
boyards du pays, se décidèrent cette fois h faire usage de leur droit
d'intercession et demandèrent par une note à la Porte la nomina-
tion de Constatitin Ypsilanti à l'hospodarat de Valachie, exposant
■K que les boyards valaques, après plusieurs plaintes sur l'état
malheureux de leur pays, auraient exprimé le désir unanime que
le trône de la principauté fût confié à Constantin Ypsilanti ; que
ce prince jvourrait devenir l'organe principal de l'alliance qui
unit si heureusement les deux empires et contribuer pour beau-
coup au maintien des n^îatious de bon voisinage; que sa nomi-
nation coritenteraït d'autant plus l'empereur que sa destitution
lui avait été désagréable, étant contraire aux traités'. »
La Prusse, qui avait été servie par Ypsilanti d'une manière
très eflicace du temps que celui-ci était dn)gman h Constantînople,
soutenait aussi la candidature de ce prince, et la Porte ne voulant
point troubler les bonnes relations qui existaient à cette époque
tant avec la Prusse qu'avei: la Russie, confirma la nomination des
deux princes agrêablesaux Russes, Constintin Ypsilanti, pour la
Valachie, et Alexandre Morouzi, pour la Moldavie. Les Russe*,
voyant les Turcs si bien disposés nn Innrfavcur, ne laissèrent point
échapper l'occasion et demandèrent, par une seconde note, de
mieux préciser quelques dispositions relatîvesaux principautés qui
n'étaient pasassnz c](>in'sou bien exécutées, fondant cette demande
surtout sur las plaintes des boyards. La Porte, qui avait cédé sur le
point principal, la nomination dos princes, se montra disjiosèe k
satisfaire aussi à ces exigences, et par une réponse adressée au
général Tamara, and)assadeur de Russie k Constantinople, elle
consentit aux modifications proposées par la Russie, les sanction-
nant pai' un hatti-houmayoutn adressé aux principautés en l'an-
1. ZinkflÎMin, Geschiciite der osmonischeti Keiches m Eumpa, Vil, p. 213.
LES PRMUIBftEME'tTS DE Lt VOLDAnF..
20!)
née 1803, dont la principale disposition est la suivante : « Doré-
oaTant les princes seront élus pour la durée de 7 ans et ils ne
pourront être destitués que pour cause de iiiè£aitâ, qui seront
portés par ma cour k la connaissance de l'ambassadeur impérial,
et seulement dans le cas où la faute serait constatée par les deux
cours, sa destitution sera prononcée'. »
I^ nomination des deux princes sus-mcntiouncs, partisans des
Russes, est de la plus grande importance pour rliisloire de la
guerre qui nous occupe. Aussitôt qu'ils eurent pris en main les
rênes du gouvernement, ils commencèrent à faire de la politique
russe, complotant eu secret contre leur suzerain.
Vers celte époque, les Serbes s'étaient révoltés sous Tschemi-
Geoi^es, et les Russes, profitant de cette circoastano' qui pouvait
si bien servir leurs plans, inspirèrent aux Serbes, par l'entremise
du prince valaque, Tidèe de solliciter leur intervenlioD auprès de
la Porte en leur faveur. Les Serbes acceptèi^ut avec joie celte
proposition et envoyèrent en 1804 à Pétei'sbourg une députa-
tiou composée de Prota Nenadovitsch, Jean Protitscb et Pierre
Tâchiardaclia , pour demander îi rem[)ereur de Hussie de pro-
téger le peuple serbe. Tous le-*- secours |x>ssibles leui* furent
immédiatement promis et les députés serbes retournèrent dans
leur patrie, au printemps de l'année 1805. pleinement satis-
faits des promesses du grand empei'eur. La Hussie intervint h
CoDstantinople en laveur de ses nouveaux clients et menaça
même de faire entrer une année en Moldavie pour la protéger
d'une manière plus efficace, ce qui contribua beaucoup à leur
iaire obtenir l'indépendance administrative, que les Turcs finirent
par reconnaître à leur pays. Les deux voïvodes de Moldavie et
de Valachie avaient été pendant tout le temps d'un grand secours
aux Russes, pour faire parvenir aux Serbes les provisions et les
munitions nécessaires pour soutenir la lutte.
Na(»olèon ayant été proclamé en 1804 empereur des Français.
la Russie, s'appuyant sur son traité d'alliance avec la Porte,
exigea que celle-ci ne reconnût pas le nouveau titre de son
ennemi, pendant que NajHjléon mettait tous ses efforts h attirer
la Porte de son côté tians sa lutte contre la Russie. 11 était
de toute impossibdité pour la Turquie de garder la neutralité
I. Zinkebeo, I. c. VII, p. 245.
370
A. 0. XeifOPQL.
entre les deux empires^ et, comme le rôle que la Turquie pouvait
jouer dans cette guerre pouvait être très importaut, cliacuDa
des deux puissances ennemies la sollicitait à prendre son parti.
Ne pouvant rester neutre, il était naturel que la Porte em-
brassât la cause du plus heureux, et voilà pourquoi, après
la briiliinto victoire d'Austerlitz (2 décembre 1805), la Porte
se plia aux exigences de la politique Irançaise. Le titre de
Napoléon fut reconnu et bientôt après, à la suite de l'insistance
énergique de Sebastiaiii, ambassadeur de France à Constauti-
nople, la Porte se décida b se prononcer d'une façon plus active
en faveur de !a France.
Cette dernière avait été dès le commencement contraire & la
Domination d'Ypsilanti et de Murouzi au trùne des principautés,
parce qu'elle connaissait leur dévouement à la cause des Husses.
Napoléon, voyant maintenant que ces princes aidaient sous main
la révolte des Serbes, les dénonça à la Pcirte et insista vivement
|>our qu'ils fussent destitués. La Porte, continuellement excitée
par Sebastiani et furieuse de l'entente secrète des princes rou-
mains avec les Serbes, ne tint pas compte du hatti-houmayoum,
par lequel les princes ne pouvaient être révoqués avant le
terme de sept ans qu'avec l'assentiment de la cour protectrice,
et procéda à la destitution de Morouzi et d'Ypsilanti troîâ
années avant le terme légal, nommant. <^ leur place Soutzou et
CalIimftqiHî, aduiirateurs de Napoléon et partisans dévoués de
la politique française (septembre 1806).
Les ambassadeurs de Russie et d'Angleterre, apprenant le
triomphe de Sebastiani, menacèrent itumédiatement la Porte du
bornbaniernent de Constantinople par la flotte anglaise, si elle
ne replaçait immédiatement sur le trône Ypsilanti et Morouzi.
Lorsque la nouvelle de cette violation des traités arriva à Saint-
PéU»rsbourg, ordre fuL donné au général Micbelson d'entrer aussi-
tôt avec ses troupes en Moldavie (i6 octobre). Huit jours après, la
Porte, cédant aux menaces de la Russie et de l'Angleterre, réin-
tégra les princes destitués. Toutefois l'empereur Alexandre ne
crut pas devoir retirer s(îa troupes des principautés , prétextant
maintenant que s'il y était entré, ce n'était pas pour se venger
de la destitution des bospodars , mais bien uniquement pour
les préserver des brigandages dePaswan-Oglouet pour forcer les
Turcs à respecter leur hatti-houmayoum, qu'ils violaient à tout
LES DBVKHBBKHe.'fTS DB LA MOLDAVIE.
27^
moment, en imposant aux principautés dt>â fournitures de denrées
pour des prix tout à fait illusoires. La Kussie. qui était tou-
jours h la piste d'un prétexte pour déclarer la guerre aux Turcs,
l'ayant si commodément trouvé, n'aurait voulu pour rien au
monde laisser passer l'occasion de se mesurer de nouveau avec
eux. Maintenant que la cause de la guerre avait disparu par le
rétablissement des princes, elle invoquait d'autres gne& qu'elle
avait toujours h sa disposition comme protectrice des pays rou-
mains. Dans une note adressée à la Sublime Porte elle préten-
dait n'être nullement intéressée ^ la réintégration des princes;
ce qu'elle voulait, c'était le rétablissement des privilèges et
des droits de la Moldavie et de la Valachie, leur délivrance
des ravages causés soit par les bande* de Paswan-Oglou,
soit par les troui>es de la Porte, et pleine sécurité pour leurs
habitants, comme aussi l'organisation d'une milice nationale qui
fût en état de les défendre contre le renouvellement de pareils
désordres '.
La paix de Kainardji avait commencé à porter ses fruits. Jus-
qu'à présent la Russie les avait soignés, cultivés, et le moment
était venu où elle allait tirer profit de ses peines. Cetlo gueiTe
avait pris naissance à cause des principautés ; c'était pour les
défendre contre les abus des Turcs, contre les déprédations des
bandes paswaniennes, pour leur assurer les droits garantis par
les traités que la Russie répandait le sang de ses enfants. Eu
apparence elle était poussée k la guerre par le motif le plus pur ;
en réalité elle ne cherchait que l'agrandissement de sa puissance,
fût-ce même aux dépens des peuples dont elle s'était déclarée la
protectrice désintéressée.
Le but de la Russie a été de tout temps la domination sur
l'Orient ; ses rivaux sont donc tous les peuples qui ont en Orient
une part d'autorité. Voilà pourquoi elle ne distingue point
entre amis et ennemis, entre adversaires et alliés ; tous sont éga-
lement coupables aux yeux de ia politique russe, car tous
s'abreuvent à la source où seul le lion a le droit de boire ; tous
doivent donc être éloignés, l'un par la guerre, l'autre par l'usur-
pation, pour que tout l'Orient devienne moscovite.
La Porte, ne pouvant comprendre quel motif pouvait pousser
t. ZiakedMn, 1. c. VII, p. 410.
S73
A. 0. XEffOPOI..
les Russes h envahir ses frontières, quand elle avait pleioeineut
satisfait à leurs exigences en replaçant les princes destitués,
denianilait coiitinuiîll*^nioiit l'explication de ces procédés hos-
tiles à Italinsky, ambassadeur de Russie. Celui-ci, n'étant
nullement informé par sa cour de ses véritables intentions, ne
savait Iroji quo rôpoiuîro, vt l'ambassadeur français profitait de
cette position t-mbarrassante de son collègue pour pousser conli-
uuellemeot les Turcs à la guerre contre la Russie, leur montrant
sous les couleurs le« plus vives les succès de Napoléon sur la Via-
tule. Sous l'empire de ces excitations, la Porte publia un mani-
feste <lans lequel elle se plaignit amèrement de la perfidie de la
politique russe qui, malgré les concessions de la Porte, violait
à main armée le territoire ottoman, et ainsi la guerre se ral-
luma entre les deux puissances vers la fin de l'année 1806
(27 décembre).
ni.
L'Angleterre, qui jusqu'alors avait été dans toutes les occa-
sions Tallice do la Russie, no manqua |ias de lui venir en aide avec
toutes ses forces. Le 25 janvier IS07 elle deraonda h la Porte, par
l'organe de son ambassadeur Arbuthnot, le renouvellement de
aon traité d'alliance, l'expulsion de l'ambassadeur français de
Constantinople, la remise des foi*ts des Dardanelles ainsi que de
la flotte turque k l'Angleterre, et enfin la cession de la Moldavie
et de la Valacbie à la Russie ^ Si la Turquie se refusait à obtem-
pérer à ces demandes, elle s'exposerait à la vengeance de ces
deux puissances et attirerait sur elle les plus grands malheurs.
Ces prétentions étant repoussées, Arbuthnot quitta Constantinople
et se rendit à bord de la flotte anglaise, qui stationnait non loin
du détroit des Dardanelles. Celle-ci prit aussitôt des disi>ositiûns
menaçantes qui firent craindre aux Turcs le bombanlementdeleur
capitale. Le 19 février la flotte anglaise leva l'ancre et, pous-
sée jiar un vent favorable, fit voile vers les Dardanelles, tira
quelques coups de canon contre les forts qui gardaient l'entrée du
détroit, et, après avoir coulé bas plusieurs navires turcs qui vou-
t. Ziukoiscn, I. c. Vll^ p. 429.
LES DEHEMBBEXETTS DE U MOLDlTlE.
273
lurent faire résislaDce, apparut soudainement devant Constanti-
nople. L'amiral anglais Duckworth remit à la Porte un ultimatum
renouvelant les demandes de l'ambassadeur et menaçant, en cas
de refus, de bombarder Constantinople. Les Turcs, effrayés, vont
trouver l'ambassadeur français Sêbastiani. lui montrent que la
capitale ne [leut s'exposer pour lui à uo bombardement ai lui
demandent de quitter la ville. Dans ce moment critique l'ambas-
sadeur, gardant toute l'énergie el la présence d'espril nécessaires
en pareille circonstance, répond qu'il ne s'éloignera du poste
qui lui a été confié par son souverain que contraint par la
force. L'honneur, la sécurité et l'indépendance de l'empire otto-
man sont en jeu ; la flotte de l'amiral Duckworth peut assurément
réduire en cendres une partie de la ville et semer la mort parmi
ses habitants ; mais comme il ne dispose pas d'une armée de
terre qui soutienne son entreprise, il ne saurait jamais mettre la
main sur la capitale. « Il est vrai que vos murs sont mal défen-
dus ; mais vous avez du fer, des munitions, des provisions el des
bras ; que la vaillance leur vienne en aide et vous repousserez vos
ennemis. Je vous prie de dire k votre souverain maître que j'at-
tends avec confiance une décision qui soit digue de lut et de l'em-
pire qu'il tient sous sa domination. » Le sultan, encouragé par
ces paroles, se décide à résister et confie à Sêbastiani la direction
de tous les travaux de défense ; les Français qui se trouvaient à
Constantinople se mettent h la disposition de l'ambassadeur et
tous déploient la plus grande activité pour réveiller l'enthousiasme
et le ùinatisme religieux de la population musulmane. Bostand-
achis, janissaires, osmanlis, chrétiens, hébreux, arméniens, jeunes
et vieux, en un mot tous ceux qui étaient en état de mettre la
main à l'œuvre, s'emploient à l'enyi au travail des fortifica-
tions qui sortaient de terre comme par enchantement, de sorte
qu'en une nuit on taisait bien plus de besogne qu'on n'en avait
fait pendant des années.
Les Anglais, qui s'attendaient à ce que les Turcs cédassent k la
peur, voyant le peuple de Constantinople si résolu et craignant
d'être enfermés dans le détroit, renoncent à l'idée de bombarder
Constantinople et se hâtent de sortir du Bosphore, se dirigeant
h pleines voiles sur les Dardanelles qu'ils réussissent à repasser,
après avoir toutefois éprouvé des pertes considérables. Voyant
que leur coup de main contre Constantinople avait complètement
Rev- HîSTon. XVI. 2« pasc 18
274
i. D. XE^flPOL
échoué, ils se décidèrent h attaquer rÉgyptcet prirent par surprise
Alexandrie; mais leurs troupes n'étant point renforcées à temps
furent battues h deux reprises par Mehemet-Ali et faites prison-
nières, de sorte que cette entreprise réussit tout aussi peu que
la première.
Pendant ce temps, Napoléon ne cessait d'exciter les Tuixs à la
guerre contre ses ennemis. Le 20 janvier 1807 il écrit à Sébas-
tiani que : « les Russes ne disposent pas dans les principautés de
forces suffisantes pour pouvoir passer le Danube ; ils n'ont pas
plus de 35,000 hommes dans ces pays et ils seraient fort affaiblis
s'ils étaient forcés iretitrelenir une seconde armée en Crimée.
Voilh pourquoi il faut envoyer la flotte turque dans la mfir Noire
où les Husses ne sont point en état de s'opposer à elle. Il faut pous-
ser la Perse à la guerre et chercher à soulever la Géorgie. Tâchez de
déterminer la P<»rte k ce qu'elle onlonne au pacha d'Erzerouni de
marcher avec toutes ses forces vers celte province. KntreteneK en
même tiMnps le prince de-s Abbas dans de bonnes dispositions et
insistez k ce qu'il prenne part à la lutte contre l'ennemi commun.
Ce prince, le pacha d'Erzeroum, les Perses et la Porte doivent
atlaqu[*r eti même temps la Géorgie, la Crimée et la Kessarabie *. »
Les Husseji en effet n'avaient occupé la Moldavie et la Valachie
que par surprise. Le général Michelson avait passé le Dniester
quand la guerre n'était point encore déclarée, et, profitant du
désarroi dans lequel se trouvait la Porte par suite de ïa
pression en sens contraire des puissances dans l'affaire des princes
Morouzi et Ypsilanti, ils avaient successivement occupé Jassy,
Galatz, Folkschanyet Huchai-est, de sorte qu'ils avaient étendu
leur domination sur les deux principautés. Les Turcs, excités par
les Français, envoient des forces assez considérables contre les
Russes» et ceux-ci, étant contraints d'affaiblir encore leur année
d'occuj>ation pour renforcer les troupes dirigées contre Napoléon,
se voient forcés de battre en retraite, abandonnent Bucharest, et
auraient même été obligés de repasser le Dniester si une catas-
trophe intérieure n'était venue arrêter la marche des armées
musulmanes.
Le sultan Sclim 111, dès son avènement au trftne (1785), avait
conçu l'idée de supprimer le corps des janissaires, cette troupe
t. Ziiikeitcn, l. c. p. 174.
Lf:s nEHEMBREMENTS DE Ik MOLDAVtB.
S75
fameuse qui avait £ail jadis la puissaoco des Oltomans, mais qui,
arec le temps, était deveDue tellement arrugante et indiscipli-
née qu'elle n'offrait plus pour l'empire qu'une cause continuelle
de troubles et de désordres. L'entreprise n'était point facile, d'au-
tant plus que la guerre qui avait éclaté rendait les janissaires
nécessaires. Voilà pourquoi au lieu d'être supprimés par le
sultan ce furent eux qui le renversèrent, élevant à sa place un
prince idiot, Mustapha IV, qui ne régna qu'une année.
La guerre de la Turquie contre la Russie et l'Angleterre ne
pouvait donc pas prendre des proportions considérables, attendu
que les deux parties étaient entravées dans leurs opérations.
l'Angleterre et la Russie par leur guerre contre Napoléon, la
Turquie par ses troubles intérieurs.
Napoléon était en effet le centre autour duquel gravitait le
monde de son temps; un monde autour d'un homme! Le sort de
tous les empirtîséUiit lié au sien, les intérêts de tous les pays se
réglaient d'après ï«.^ intérêts. Les traditions politique» du passé
étaient brisées, les voies suivies si longtemps par les peuples
abandonnées ; les alliances et les inimitiés se forgeaient et se
défaisaient au jour le jour, d'après les caprices de l'arbitre de
l'Europe. La volonté d'un homme avait remplacé les relations
nécessaires qui déterminent la conduit** des peuples entre eux;
l'intérêt de l'individu avait supplanté l'intérêt collectif. Aux yeux
de Napoléon les États n'étaient que des moyens, des instruments
par lesquels il voulait arriver à son but suprême, la domination
sur rEurojie et sur le monde entier.
Quelle valeur pouvait avoir l'empire ottoman aux yeux d'un
pareil homme ? Pas d'autre que celle d'un instrument au service
de sa politique, qu'il employait tant qu'il pouvait lui servir, qu'il
brisait et jetait loin de lui aussitôt qu'il ne lui était plus d'aucune
utilité. Voilà pourquoi il ne faut point nous étonner si nous voyons
la politique de la France changer de nouveau de direction après
la paix deTilsitt.
Par cette paix Napoléon se rapproche de la Russie et s'assure
le coQCOursde cette puissance dans sa lutte contre l'Angleterre, son
ennemi le plus implacable, d'autant plus dangereux qu'il était
inattaquable. L'empereur Alexandre promet à Napoléon son
entremise pour la négociation d'une paix avec l'Angleterre ; mais
conune Napoléon ne pouvait obtenir cette assistance sans une
276 ~= A. ». xbvoPOL.
compensation, il u'hèsite potul h sacrifier son ancieime alliée»
qu'il avait lui-même jetée dans la guerre contre la Russie. Il offre
& cette puissance d'interveuir auprès de la Turquie pour la con-
clusion d'une paix, avec promesse que, daus le cas où la Porte
refuserait les pruposîlions de la France, celle-ci s'allierait à la
Russie pour partager l'empire ollomao. La Russie obtiendrait la
Bessarabie, la Moldavie, la Valacbie et la Bulgarie jusqu'aux
Balkans; la France, l'Albanie, la Tbessalie jusqu'à Salouique, la
Morêe al Candie ; l'Autriche devait être dédommagée par la Ser-
bie et la liosuie, pendant que les Turcs resteraient en possession
de la Roumélie et de Coustantinople. l/empereur .Uexandre, se
montrant mécontent de la part qu'on lui faisait, proposa h Napo-
léon de lui laisser aussi les îles de l'Archipel ainsi que l'Fgypte
en échange de Coustantinople, le rêve d'or de la politique mosco-
vite. On dit que Napoléon, entendant cette demande de l'empereur
Alexandre, mil, par un mouvement dont il ne put se rendre
maître, le doigt sur une carte qu'il avait devant lui et, montrant
la capitale de l'empire ottoman, laissa échapper cette exclama-
tion : « Coustantinople ! Constantinople î je ne la céderai jamais,
car c'est là l'einpin; du monde. »
L'ejupereur Alexandre, voyant Napoléon tellement résolu sur
cette question, se contenta de la part qui lui èlail faite, et c'est ainsi
que fut conclu entre les deux souverains le fameux traité dont
l'article 8 stijiule que : « Pareillement, si par suite des change-
ments qui viennent de se faire à Constantinople, la Porte n'ac-
cciitait point la médiation de la France, ou si, après l'avoir
acceptée, il arrivait que, dans le délai de trois mois après les
nég(Kiatious, elles n'eussent pas conduit k un résultat satisfai-
sant, la France fera cause commune avec la Russie contre la
Porte ottomane, et les deux hautes puissances contractantes
s'entendront pour soustraire toutes les provinces de l'empire
oltoiciau en Europe, la ville de Constantinople et la province de
Roumélie exceptées, au joug et aux vexations des Turcs *. »
Les Turcs entrent dans une fuœur insensée en apprenant cette
trahison de Napoléon. Sébastiani réussit toutefois à les calmer un
peu en leur faisant comprendre que la mtdiatioudela France pré-
vue par la paix de Tilsitt était à leur avantage, car ils se trou-
I. Comte de Gardca, UUtoire générale des traitét de patx, X, p. 237.
LES I>£mPJIKRF.1IE^T9 de U MOLDiTIE.
277
raient dans l'impossibilité de continuer la lutte contre la Russie,
surtout depuis que cette puissance, ayant fait la paix arec Napo-
léon, pouvait employer toutes ses forces dans sa lutte contre la
Porte. C'est ainsi que fut conclu l'armistice de Slobozia , le 24 août
1808, dans les condilionssuivantes : Si la paix entre ia Russie et la
Turquie ne pouvait être conclue imaièdiatemenl, alors l'annistioe
sera prolongé |>our le moins jusqu'au 21 mars 1809; les Russt^
et les Turcs évacueront les principautés dans le tenue dt? 35 jours,
les premiers se retirant derrière le Dniester et les derniers derrière
le Danube : les vaisseaux capturés, leurs équipages et h*» prison-
niers faits de part et d'autre seront restitués. Relativement aux
principautés on dispose que, jusqu'à la conclusion de la paix,
leur gouvernement sera confié à un divan composé de boyards, ce
qui mécontenla vivement Ypsilanti, lequel, se voyant éloigné
du trône par cette mesure, courut porter plainte k Pétersbourg et
prolester contre l'injustice qu'on lui faisait.
L'empereur Alexandre, mécontent de la condition princijmlede
l'armistice de Slobozia : l'évacuation des principautés, fit sem-
blant d'être blessé par les autres points : la restitution des vais-
seaux, la destitution indirecte d'Ypsilanti et le terme de l'armis-
tice, qu'il jugeait beaucoup trop long ; il refijsa donc de ratifier
cette convention etjwrsista k rester dans les principautés quoique
les Turcs en fussent sortis. Napoléon voyant les intentions du
czar, qui étaient de se mainteniren possession des principaulèsjus-
qu*& la conclusion déônilive de la paix, avec Tespèrance de pou-
voir lesincorpoper pour toujoursàson empire, projtosa k Alexandre
de les lui céder sous la condition de prendreà la Prusse la Silésie,
qui serait annexée au royaume de Saxe, état en tout dévoué aux
intérêts français. La Russie ne pouvait d'aucune manière accep-
ter cet échange, qui annihilait la Prusse et créait eu Germanie
un État puissant, placé tout h fait sous l'influence française.
Quoique Alexandre refusât d'adhérer k cet échange, il n'en per-
sista pas moins k maintenir ses armées dans les principautés,
prétextant que Xapoléon, de son cMé, continuait à occuper les
provinces delà Prusse jusqu'au paiement intégral de la contribu-
tion de guerre. Napoléon, qui avait le plus grand intérêt à vivre
en paix avec la Russie pour pouvoir employer toutes ses forces
contre IWnglelerre, ferma les ^eux sur cette violation de la paix
deTilsitl et prêta même aux Russes l'assistance nécessaire pour
i. D. XExopor.
l'acquisition de la Finlande. Enfin voyant que, pour conserver
l'amitié des Russes, il devait leur sacrifier la Moldavie et la Vala-
chie, il jeta tout à fait le masque vis-à-vis de la Turquie et lui
fit savoir que, toutes les peines qu'il s'était données pour faire
abandonner aux Russes les principautés étant restées infruc-
tueuses, la Porte devait serésoudreh perdreces deux provinces si
elle voulait conclure la paix avec la Russie. Cette déclaration,
qui avait au moins le mérite de la franchise, ruina complètement
l'influence française à Constantinople et poussa de nouveau les
Turcs dans les bras de l'Angleterre.
Pendant que le* périls extérieurs s'amoncelaient toujours
plus menaçants sur la tête de la Porte, une nouvelle convulsion
intérieure rapprocha encore de l'abimt' le corps décomposé de
l'empire dr-s Usmanlis. Le 28 juillcf. 1808 un soidèvement des
janissaires mit fin aux jours de Mustapha, élevant Mahmoud II
sur le trône des sultans. Napoléon, voyant la Turquie si près
de sa ruine et, d'autre part, son influence dans ce pays pres-
que annulée, se décide à frapper un grand coup. 11 écrivit
h iVloxandre : « Puisque nos ennemis nous forcent absolu-
ment à être grands, eh bien, soyons-le! je vous laisse la Tur-
quie, la Suède et tout l'Orienl ; arraugez-vous comme il vous
plaira ; quant à moi, je me charge de l'Occident'. » Cette décla-
ration provoque une nouvelle entrevue des deux potentats qui a
lieu k Erfurtli (27 septembre 1808), et Napoléon garantit k
Alexandre l'acquisition de la Moldavie et de la Valachie par
l'article suivant (Vlll) du traité secret conclu entre eux: « S. M.
l'empereur de toutes les Russies, d'après les révolutions et clian-
gements qui agitent l'empire ottoman, et qui ne laissent aucune
jHjssibilité de donner, et par «jnséquent aucune espérance d'obte-
nir des garanties suffisantes pour les personnes et les biens des
liabitauts de la Moldavie et de la Valachie, ayant déjk porté les
limites de son empire jusqu'au Danube et réuni la Moldavie et la
Valachie h son empire, mi pouvant qu'à cette condition recon-
naître l'intégrité de l'empire ottoman, S. M. l'empereur Napoléon
reconnaît la dite réunion et les limites russes de ce côte, portées
juïiqu'au Danube '. »
L^ première conséquence de l'entrevue d'Erfurth fut la rècon-
1. Zinkelsen, I. c Vit, p. ôSI.
2. C<iiiU« de Garden, 1. c. XI, p. 287.
LEâ DKllUIBBEME?iTS DE Ik MOLDATIE.
279
cilîalion de la Turqiii*^ avec l'Atiglelerre par le traité des Danla-
Delles (5 janvier I80i>), qui rétablit les rapports entre ces deux
puissances dans l'état où lisse Irouvaieut avant le commencement
de la guerre.
La nouvelle de la conclusion de cette paix mécontenta les
Russes au plus haut degré. Le 6 mars 1S(>5, le prince Proso-
rowski Cait savoir à la Porte que l'armistice ayant expiré, les
hosLililés l'econmienceront imnièdiateuieut si le résident anglais
n'est pas expulsé de Constantinople et si le porteur de la note russe
ne retourne pas dans les 24 heures avec une réponse favorable.
La Porte se refusant d'exécuter les demandes de la Russie, la
guerre recommence. La première mesui'e appliquée par les Turcs
fut la prohibition du commerce russe, par laquelle ils portaient
aux Busses un coup assez grave.
La campafîne de Tannée 1809 se passa en luttes sans impor-
tance; les Russe^s réussirent seulement à prendre IsmaQ et se
peïirèrHnt ensuite dans les principautés pour y passer l'hiver,
pendant que les Turcs s'en retournaient h .\ndrinople. Dans le
courant de l'année 1810, les Russes prirent encore quelques
forteresses : Turtucaï, Bazardjik et Silistrie. L'Angleterre, qui
avait pris k la place de la b'rance le roledemi^iatrieedela paix,
se heurtait sans cesse contre une difficulté qui paraissait insur-
montable, les prétentions de la Russie sur les principautés,
prétentions qu'elle fondait surtout sur la circonstance que
ces pays étant de religion grecque devaient appartenir bien
plutôt à la Russie qu'à la Turquie ; mais plus les Russes se
montraient désireux de mettre la main sur les pays roumains,
plus les Turcs s'opi nia Iraient k ne [tas renoncer à leur posaes-
«ion, de sorte que la guerre continua aussi dans le courant
de l'année 1811 sans être conduite avec énergie ni d'un côté ni
de l'autre.
C'était k l'année 1812 que le sort avait réservé de voir la
fin de cette guare qui traînait depuis plus de cinq ans, et ce
fut toujours la France qui, après l'avoir provoquée, devait y
mettre un terme. L'amitié de Napoléon pour la Russie ne dura
pas longtemps; oelle^ù refusant d'adhérer au système continental.
Napoléon lui déclara la guerre et se mit en marche contre elle à
la tète d'une armée de 500,000 hommes. On comprend très
(acilernent que, dans une pareille circonstance, la Rxissie eût
tout intérêt à conclure la (taix avec la Turquie. Ce qui est plus
à. 0. XMOML.
difficile à saisir, c'est comment la Turquie sedécida k consentira
une paix par laqucille on la dépouillait de uouveau d'uim partie
de son territoire, quand elle aurait pu tirer un profit si avanta-
geux de la guerre qui venait d'écbter entre la France et !a Russie
et forcer même celle-ci h lui céder quelque chose jiour la conclu-
sion de la paix ! Ce qui paraît avoir déterminé les Turcs à sous-
crire à des conditions aussi désavantageuses, c'est le manque de
confiance que leur inspirait la France par suite de l'idée fausse
qui les dominait qu'en politique, comme dans la rie habituelle,
l'ennemi d'aujourd'hui doit être celui de demain et que l'intérêt
ne saurait changer momentanément les rapports des peuples;
idée honnête mais barbare, car elle donne un rôle au sentiment
là où seul l'intérêt domine.
Puis il est à remarquer que la dépêche même par laquelle
Napoléon annonce aux Turcs qu'il se met en marche contre la
Russie avait été reçue par le dragoman de la Porte, Panaiote
Morouzi, lequel, au lieu de la transmettre à son gouverneraeut,
l'envoya k son frère Dimitri Morouzi, l'un des représentants de la
Porte qui négociaient avec les Russes la paix de Ducharest, et ce
dernier, qui était gagné par les Russes, « envoie immédiatement
une estfifette au divan de Constantinople par laquelle il lui fait
savoir que si le traité n'est pas signé par le sultan dans l'espace
de. dix jours, Kutusow passera les Balkans avec son armée et ne
s'arrêtera que sous les murs d'Andrinople pour y dicter une paix
bien autrement onéreuse. Une pareille nouvelle, si terrifiante
pour les Turcs, étant rapportée au sultan qui avait eu tant à
souffrir de Kutusow et avant qu'il eût connaissance de la commu-
nication de Napoléon, il no put faire autrement que de signer le
traité et de l'expédier k ses [dèuipotentiaires qui le remirent aux
Russes. Napoléon, étant informé de cette trahison, met la main
sur la correspondance secrète des négociateurs turcs avec la
Russie et l'etivoie au sultan, et, i>endant que le prince Dimitri
célébrait la conclusion de la paix dans les principautés par les
bals les plus brillants, on signait k Constantinople le fîrman de
mort conti'e lui et contre ses ^ères, lequel fut exécuté peu de
jours après '. »
1. Emmanuel Draghlci. Uiitoire de la Moldavie. (En roumain; l'auteur éUi(
eoQlcmporaiu Jim* ^Ténements.) II, p. 78.
LES DéifnBBEllETTS DE LA HOLDATIE.
âK<
La paix conclue à Bucharest le 38 mat 1812 contenait les con-
dilioiis suivantes : Le Pruth, (iepuis son eulrée eu Moldavie jus-
qu'à son embouchure dans le Danube, formera désormais la limite
des deux empires. Les habitants des principautés seront exemptée
du tribut pour deux ans ainsi que des contributions pour toute la
durée de la guerre et obtiendront les autres faveurs stipulées habi-
tuellement dans les traités entre les Russes et les Turcs. Les
Serbes obtiennent aussi une amnistie complète et l'indépendance
administrative.
IV.
Cette guerre avait été entreprise par les Russes pour sauver les
pays roumains du joug et des vexations des Turcs; on pouvait
donc s'attendre k un changement de régime pendant la durée de
l'occupation russ« (1806-1815), d'autant plus que les Russes
voulant les incorporer déânitivementàleur empire, il était natu-
rel de leur présenter en perspective un autre genre de gouverne-
ment que celui qu'ils avaient dû souffrir sous la domination des
Turcs. C'est ce qui aurait dû être ; nous verrons ce qui eut
lieu.
L'un des maux les plus criants de la domination phanariotè
avait été l'abus que l'on commettait dans la distribution des
boyaries'. lesquelles, emportant exemption des contributions
ci droit aux fonctions, n'étaient pas seulement honorifiques.
La Russie, au lieu de mettre fin à cet abus, trouvant que c'était
un excellent moyen pour se faire des partisans, se mit à l'ex-
ploiter sur une échelle beaucoup plus étendue. La précieuse
chronique contemporaine déjà citée dit ë ce sujet : « 11 n'était
pas moins curieux de voir la manière dont on créait les boyards
d'après un nouveau système, c'est-à-dire par îles titres écrits,
qui arrivèrent même à être vendus pour de l'argent, ce qui les
dégrada tout à fait, car tous les mi^^érables et les vauriens pou-
vaient en obtenir '. »
Un autre mal que la Russie aurait dû combattre de toutes ses
forces, c*était la corruption des fonctionnaires, chose qui, il est
1. TitriTA (le aobles.s«.
2. Chronique înMitR Ae Kilotf le Roomain.
282
A. B. XE!(0POL.
vrai, ne devait pas lui être trop facile, vu la profonde corruption
dans laquelle elle-même élait plongée ; d'où il suit que l'adminis-
Iratioii d«s principautos ne pouvait être qu'une copie fidèle de
celle de la Russie. La même chrouique raconte : < Et ou com-
mença h « pousser » de. l'argent, cl à commettre toutes les turpi-
tudes pour pouvoir arriver aux fonctions et aux faveurs ; les
petits boyards voyant que, pour y arriver, ou n'avait nullement
besoin de mérite mais seulement d'argent, imitaient l'exemple
des grands, et, comme celui qui donnait davantage était le plus
favorisé, on vit bientôt tous les mauvais sujets placés dans les
emplois de l'État, dépouillant le pavs h qui mieux mieux; les
plaintes n'étaient reçues par personne, car tous étaient gagnés
h la corniption. Loi, âme, Dieu et récompense étaient traités par
eux de songes et mensonges. L'argent était la seule chose qa'lLs
adoraient, la seule idole à laquelle ils sacrifiaient*. » La mémo
chronique ajoute que les Russes étaient les premiers à voler et à
dépouiller le pays et cite comme exemple de leurs déprédations la
lutte qui s'engagea entre deux boyards qui voulaient arriver au
minisUVe le plus lucratif du pays, celui d<w finances : « Pour
pouvoir lutter l'un contre l'autre ils avaient surtout besoin d'une
bourse bien garnie. Voilà pourquoi ils s'efforçaient à ï'envi de
gagner de l'argtMit pour pouvoir en donner h ceux par l'influence
desquels ils espéraient obtenir ce poste et suflSre en même temps
aux bals et auti'es cérémonies continuellement exigées par les
commandants, les généraux et jusqu'aux plus petits officiers russes
afin de gagner leurs bonnes grâces, et je puis dire que les Russes
avaient si adroitement pris leurs mesures que tout ce que les
boyards ravissaient au pauvre peuple était dépensé pour leurs
amusements*. »
Ce tableau d'une borde de spoliateurs qui dansent et se repais-
sent aux dépens d'un peuple malheurfîux a quelque cbosede révol-
tant. Au temps des Turcs, les fortunes ravies allaient enrichir
au loin les familles des ravisseurs; maintenant elles étaient bues
et mangées, jetées au vent au bruit des verres et des cris d'allé-
gresse, en face du peuple spolié.
Si nous ajoutons k ces faits la protection encore plus marquée
1. Clironlque inéililc.
2. Mcin.
LtS oéveMBHRMElTT^ PE I.i MOLDAVIE.
is3
des religieux grecs, qui dépouillaient les couvt'nUde leurs biens,
— protection d'autant plus naturelle que les Russes venaient
au nom de l'église pour soustraire les malheureux chrêtien-s au
joug des mahométans, — l'introduction dans les pays roumains
d'une monnaie fausse imposée par les Russes comme paiement
imaginaire pour leurs achats, et principalement les abus sans
nombre commis par les armées russes, ce qui fait dire à notre
chroniqueur que par où les armées russes passaient « la terre en
gémissait >, tout cela peut donner une idée affaiblie de l'état des
pays roumains pendant l'occupation russe.
Les liabitants des principautés, s'élant plaints d'abord au com-
mandant général Kutusow, reçurent pour réponse < qu'il leur
laisserait les yeux pour pleurer. » Voyant que les Russes ajou-
taient Tinsulle aux maÛieurs dont Us les accablaient, les Rou-
mains se plaignirent directement k Tempereur Alexandre. On dit
que celui-ci, apprenant leurs souffrances intolérables, se serait
écrié dans un moment d'indignation : < De pareilles cruautés ne
sauraient être tolérées », et il ordonna k TschitscbakdT. qui avait
remplacé Kutusow ilans leconmianflemenl, de prendre les mesures
nécessaires pour condiattre le* désordres et les abus de toute sorte
qui se commettaient. On peut juger, d'après les mesures que le
commandant fut ubligé de prendre, de ce que les pays avaient dû
souffrir jusqu'alors, et ce n'est que le aintraste entre un état
désespéré et un autre quelque peu plus supportable qui explique
les couleurs sous lesquelles le chroniqueur peint les réformes
de Tschitschakoff : « 11 supprima la demande des innombrables
chariots qui tuait les bêtes, faisant transporter les objets néais-
saires à l'armée [tar un sen'ice organisé ; les déprédations même
des employés du pays furent jusqu'à un certain point enrayées ;
les juges se corrigèrent et, en un mot, une sollicitude paternelle
s'étendit sur le malheureux pays. >
Un pareil état de choses ne pouvait inspirer aux Roumains
des sympathies pour leurs soi-disant libérateurs. Se rappelant
aussi les souffrances endurées pendant les guerres précédentes,
ils en vinrent à se convaincre que la domination russe n'était
point destinée à répandre sur leurs pays le bonheur qu'ils
attendaient. Quelle blessure bien autrement profonde dut leur
causer l'enlèvement d'une portion si considérable de territoire !
Si la prise de la Bukovine, qui n'était qu'un lambeau en compa-
884
à. D. KE!(OrOL.
raison de la Bessarabie, les émut si fortement, allaient-ils rester
indifférents au démembrement do la moitié de leur pays? Aussi les
plaintes à la Porte ne tirent-elles pointdéfaut. Les boyards ne man-
quèrent point cette ftjia entxire de remplir leur devoir, mcmlrant
à la Porte la perte œnsidérable que subissait la Moldavie. Us
firent preuve de beaucoup d'habileté politique, laissant tout k fait
de côté les récriminations et faisant semblant de défendre seule-
ment l'intérêt de la Porte ; ils appuyaient surtout sur la perte
économique qu'allait souffrir le pays par le démembrement de la
lîessarabiii. Ixs 120,000 kilos^ de blé qui étaient fournis chaque
année aux Turcs pour leurs armées, étaient pris en entier dans
la Bessarabie, car dans le reste du pays on ne cultivait que le
maïs pour la nourriture des habitants. Des 300,000 ocas*
de beurre que les Turcs prenaient dans le pays, 120,000 pro-
venaient de la Bessarabie. Puis la plus grande partie des bes-
tiaux et des brebis était élevée dans les plaines qui s'étendent de
Tautre coté du Prutli ; en cédant cette province k la Russie on
diminuait le commerce de la Moldavie qui consistait surtout dans
l'exportation des animaux. La Porte devait en conséquence
réduire lo tribut, car il était impossible d'exiger de la moitié du
pays ce qui lui était demandé quand il était entier. Voilà les
arguments qui faisaient demander aux boyards le rétablissement
des frontières de la Moldavie « telles qu'elles avaient été depuis
les temps les plus reculés, afin de récupérer la meilleure partie du
pays, qui procurait nourriture, commodité et refuge aux habi-
tants, leur facilitait la vie en leur procurant le nécessaire, tant à
eux qu'à leurs bestiaux, en un mot la plaine et le cœur du
pays*. »
Ces protestations trouvèrent tout aussi peu d'éclio que celles qui
avaient été élevées h l'occasion de la Bukovine. La catastrophe de
Napoléon en Russie, qui fit d'Alexandre le maître dcriiurope, em-
pêcha pour toujours la Porte de revenir sur un fait accompli, et ainsi
«lejourfataldeTapplication du traité étautanivé et chacundevant
vivre dorénavant là où lesort l'avait jeté, ces heures amères firent
couler bien des larmes, car le peuple rassemblé allait et venait
1. I kilo = 4 liccloUlrc6 Ap|>roximAUvement.
2. I ora. = un peu pluK d'un k i luirai» m r.
3 Plainte do» boyards ptiur lu Ik'sttarabie du 'i octobre 1812.
LES l>£ll£aiBIEJIE1T8 HE tA HOLDAVie.
2S5
sur les bords du Pruth comme des troupeaux, passant d'un village
à au autre, pendant des semaines entières, tous Cuisant leurs
adieux à leurs pèn^s, frères et parents avec lesquels ils avaient
été élevés et avaient vécu ensemble jusqu'au moment où Us
devaient se séparer, peut-être pour toujours'. >
En effet la Bessarabie était perdue pour toujours du moment où
le vautour de l'Oural y avait enfoncé ses serres, et les adieux de
ses habitants étaient bien le symbole de l'adieu éternel que le
pays faisait à la moitié de lui-même. Depuis lors le Prulh devint
« la rivière maudite' » dont les âots marqueront la séparation
d'un peuple !
C'est maintenant que les plans de la Russie sur Xeit principautés
roumaines se montraient sous leur véritable jour. Si la Russie
luttait pour elles, ce n'était point pour leur rendre la libeiié,
usurpée par les Turcs, mais bien pour les soumettre à sa propre
autorité , pour changer la suzeraineté turque contre la dorai-
nation moscovite. Si jusqu'à présent la Russie avait gardé
un silence calculé sur la future position des principautés, par
la prise de la Bessarabie elle montrait d'une manière évidente
quelle voulait les englober dans son vaste empire.
Le résultat fatal pour les Roumains de ces deux guerres fut te
démembrement de leur pays, dont une partie alla augmenter
l'immense étendue de la Russie, l'autre assouvir l'avidité de
l'Autriche. Ces deux guerres mettent, pour ainsi dire, à nu les
projets de ces deux empires sur les pays roumains. Ce tra-
vail pourtant 86 continue en sourdine jusqu'à nos jours et il nu
cesse pas de se produire même dans les temps présents, avec plus
on moins de vivacité, avec plus ou moins de constance.
Essayons de conuatlre les raisons qui poussent ces deux
empires à la conquête des pays roumains.
La situation géographique de la Russie est des plus défavo-
rables au développement de son commerce. Fermée de tous côtés,
elle n'a pas d'issue sur l'Océan. La mer d'Ochotsk et la mer
Blanche sont inaccessibles, l'une par son éloignement, l'autre à
cause de ses glaces. La mer Baltique et la mer Noire, les seules
par lesquelles elle puisse sortir sur l'Océan, communiquent avec
U BlMMmrt Draghiri. Histoirr de ta Moîdatle, II, p. 93
l> flyitde |Hi|iulairv niutUare.
28G
A. I). 1E?(OPOL.
celui-ci, l'une par le Sund et le Belt, l'autre par le Bosphore et
les Dardanelles, détroits qui peuvent être facilement ferraès par
les pays qui les dominent. Si le Danemark, état petit et faible,
n'a jamais obstrué le canal respiratoire de la Russie du côté du
nord, il n'en est pas de même de la Turquie, qui s'est toujours
efforcée jusqu'à ce jour d'empêcher le développement de la marine
russe. Dans toiis les traités intervenus entre la Russie et la
Turquie, nous voyons constamment reparaître la clause qui
garantissait la liberté de navigatiou des Russes dans les eaux de
l'empire ottoman. I,a Russie a donc un intérêt majeur à mettre
la main sur les détroits du liospliore et des Dardanelles et à se
défaire d'un portier qui empêche souvent son maître de sortir de
chez lui. Voilà la cause qui pousse continuellement la Russie
vers le sud. Pour mettre son plan à exécution, elle est aer\'ie par
des circonstances exceptionnelles : ce sont sa a»nmiunavïté d'ori-
gine avec une grande partie des peuples de la péninsule des
lîalcans et celle de religion avec la totalité de ces populations.
Si pourtant quelques-unes d'entre elles, comme les Grecs et les
Roumains, se sont convaincues avec le temps qu'elles ne pou-
vaient s'atteudre de la part des Russes qu'^ une domination
encore plus arbitraire que celle dont elles désiraient secouer le
joug, la plus grande partie ne cesse de souhaiter cette domination,
comme la plus haute faveur que le ciel puisse leur accoixier. Cette
tendance à l'union entre les Slaves du nord et ceux du midi est
contrecarrée par les Roumains, qui s'interposent entre ces deux
tronçons de la même race, comme un précipice que les deux
frères veulent combler au plus lût. Voilà le secret de l'inimitié
naturelle qui existe entre les Russes et les Roumains.
Passons à l'Autriclie. Celle-ci rassemble sous bien des rapports,
par sa position géographique, k la Russie : même manque de
l'élément qui vivifie les nations. Cernée de tous côtés par des
teiTÎtoires étrangers, elle tâche par tous les moyens possibles
d'avoir un débouché sur la mer. VoUk ce qui la poussait au
moyen âge k étendre sa domination en Italie; voilà ce qui la
force aujounl'hu! à maintenir, coûte que coûte, sa domina-
tion sur Trieste qui lui ouvre la mer Adi'iatique, et, dans
la crainte qu'un jour ce port ne lui soit ravi, elle pousse
toujours plus avant sa domination sur les eûtes de cette mer,
pour le moment dans la Rosiàe el l'Herzégovine. Sa com-
LES D^lieifBREHP.TrS RS tl XOtnATIE.
municalion avec la mer Noire se fait par le Danube; il est donc
naturiil que l'Autriche tende à la domination exclusive du cours
de ce fleuve, en attendant qu'elle puisse s'établir sur les bords
mêmes de la mer dans laquelle il se jette. La possession des pays
roumains lut procurant du même coup ces deux avantages, la
tendance de l'Autriche k les incorporer se trouve suffisamment
expliquée.
Il £aut toutefois remarquer que» pendant que l'intérêt de TAu-
triche n'est que commercial, celui de ta Russie se trouve mêlé à
un autre d'ordre supérieur, l'iutèrêt national. L'Autriche, depuis
qu'elle a renoncé à l'idée de pouvoir g«rmanisfir s<?s provinces,
composées de tant de nationalités diverses, tâche de maintenir
leur unité par la création de pui&sants intérêts économiques com-
muns. Voilà jvourquûi, scion toute probabilité, elle a m^noncé de
notre temps à l'idée, si prononcée autrefois, de soumettre les pays
roumains à sa domination politique et se contente de les asservir
au point de vue écon{>mique.
L'histoire depuis 1812 jusqu'à ce jour confirme pleinement ces
vues. Ainsi la Russie, après la guerre de 1828 et la paix d'An-
drinople, introduit dans les principautés une organisation nou-
velle» celle du règlement organique, par laquelle elle a.sservil les
pays aux boyards, ceux-ci au prince et le prince à ses caprices.
Michel Sttiurza. Bibesco, Stirbeïuet Grégoire Ghyka ne sont que
les instruments de sa domination dans les principautés. Us trem-
blaient au moindre mot du consul de Russie et exécutaient en
tout ses ordres, relatifs surtout aux mesures à prendre pour
étouffer toute manifestation de l'esprit national. En 1848 la
Russie, croyant le moment favorable pour réaliser ses plans, à
la faveur des troubles qui déchiraient l'Europe entière, fomente
elle-même une révolution dans les principautés, pour pouvoir
trouver un prétexte légal d'y mettre le pied, peut-être pour
ne plus en sortir. Lf>rs de l'union des deux principautés, la
Russie ne croit pas devoir s'opjwser h leur désir, attendu qu'il
devenait plus facile pour elle de les avaler d'un seul trait que
par morceaux. Mais lors de l'élection du prince Charles, voyant
que l'état roumain prenait quelque consistance, elle proteste avec
tant d'énergie qu'elle perd le calme et le sang-froid qui caracté-
risent d'habitude sa politique. Enâu le dépouillement de son allié
dans la dernière guerre peut convaincre même les plus incrédules
288
A. D. XF.50P0I.. — Lr.S DRMHUBRKHICf T^ l>K LA lll)I.»AVTI.
que la politique de la Rusaie n'a nullement changé depuis 1812,
que son désir le plus ardiînt est toujours de faire disparaître le
peuple roumain de la face du globe le plus tôt possible.
D'autre part rAutriche, par l'eitensiou abusive de 3a juridic-
tion consulaire, qui prêtait son appui même aux nationaux, créa
dans les principautés une classe nombreuse de gens disposés à
soutenir Tinfluence auti-ichienne. Quand les circonstances eurent
brisé ce moyen entre les mains de l'Autriche, elle eut !*ecours à
d'autres pour assurer sa suprématie économique, c'est-à-dire aux
conventions commerciales et à la navigation sur le bas Danube,
qu'elle Lâche tous les jours d'accaparer davantage.
La guerre de Crimée vint tempérer un peu ces tendances con-
quêrant<w et donna l'essor h la [lationalité roumaine. L'union
des principautés et l'avènement d'un priuce étranger sur le trône
du nouvel état peuvent faire espérer au peuple roumain un avenir
plus heureux. 11 ne doit pourtant point oublier que sa situation
est devenue bien plus dangereuse depuis qu'il est devenu indépen-
dant. Tant qu'il était attaché au flanc du gros vaisseau qui s'ap-
pelait la Turquie, il partageait son sort, exposé à de continuelles
tempêtes, mais moins en péril de chavirer. Maintenant que le
vaisseau a sombré et que le canot est jeté à la mer, celui-ci est
seul à lutter amtre les flots et lo danger est terrible quand la
frêle embarcation dtut passer le détroit dont les rivages sont tour^
mentes par les flots écumeux de Charybde et de Scylla.
A. D. Xenopol.
MEIANGES ET DOCUMENTS
DEUX CHEFS NORMANDS
DBS ARMÉES BYZAI^TmES AT} XT SIÈCLE.
Sceaux de Hervé et de Houssel de BaiUeul.
Dans un récent séjuur à CnnslaïUinopIe, j'ai réuni une quantité
eonsid^ralile de iM^eaux en plrmil), dits viilgairejiiii>iit liulîes byzaiitines.
Je me suis mis à éliidifT cns pelits iiioiiumeiits bien trup négligea
jusqu'ici, qui forment une mine inépuisable d'indications précieuses
pour la connaissance du moyçn âf;e byziinlin. Parmi ct'u\ «lue je suis
parvenu à déchifTrer, il en est deux dont riulérét est des plus vifs pour
l'historien comme jwur l'archéologue; ce sont les sceaux de Hené et
de Roussel de Eîailleul, célèbres cheffe d'aventuriers normands qui ont
joué un rôle très important dans les événements militaires de l'em-
pire byzantin au xi* siècle.
On sait la place considérable qu'ont tenue, pendant toute la durée
de l'empire d'Orient, dans les armées impériales, les mercenaires
étrangers. A chaque pru^e de.s chroniques, dnpuis là règne de Cons-
(itin jusqu'à celui de sou dernier successeur, W est fait mention des
Dldal^ d'origine élranf^ère qui constituaient souvent la portion
principale, presque toujuurs, du moins, réLile des armées byzantines,
et composaient â peu près exclusivement les divers balaillous de la
garde impériale. Toutes les nations avec lesquelles l'immeuse empire
(Ut en rapport dnranl dix siècles, depuis les plus voisines jusqu'à
celles si lointaines qu'il semble que leur nom même dût être ignoré
à Byzance, toutes ces nations ont tour à tour fourni leurs coutingents
à celte portion si importante de l'armement byzantin. Les Avares,
les Hérules, les Vandales, les Goths, les llun*?, les Scythes, les
SlavonSf les Scandinaves, les Danois, les Russes, les Anglais, les
Francs, les Normands de France et d'Italie, les Bulgares, les Pelche-
nègues, les Kbazars, les Hongruisi, les ArmënienSi les divers peuple;»
Rbv. Histor. XVI. 2« PA8C. !9
290
HéLAr«ffi:S KT MCrUE^TS.
du Caucase, Alain», Aliasges, Ibères, les Musutmand soixa tous leurs
noms si divers, Agarènes, Arabes, Sarrasins, Turcs et Huaiio-Turcs,
Maures et Turcopoules; plus tard les Catalans, les Oénois. les Tar-
tares, sont venus, lour à tour, combattre et périr par milLlers sous
rétcndard des vasiieis. Les noms des Varègues ou VxrinRS, ceux
des cavaliers Alains, les premiers écujcrs du monde, ancêtres des
Tcherkcsses d'aujourd'hui, sont demeurés cèlelires. En lisant les
historiens, on rencontre à chaque page les mots de fédérés, çoiîepiToi,
de hélairies, bat(}«{ai. Les chefe des corps étrangers, les grands
hétériarques , les acoljle^ des Varègues, jouaient le premier rôle
dans Tenipiro : ils ont fait et défait les empereurs. Lorsqu'au prin-
temps les grands domosLiques ou les protostrators conduisaient leurs
bataillons vers le DanuJje ou le Taurus contre les miilLilude^ du
khagan des Slavons ou du grand émir des Agarènes, des corps entiers
étaient composés de Francs, de Busses ou de Scythes. On s'imagine-
rail difficilement de quels éléments divers pouvait se composer un
simple détachement des armées impériales. Le corps de troupes en-
voyé en !»37 par Romain Locapéne au secours d'A^rigento assiégée
par les Sarrasins, se composait, noua dît le Porphyrogénéie'f de
445 fantassins russes, de 47 Khazars, 44 captifs turcs de Mésopota-
mie, 84 autnw Turcs, 7'J jirisonniers sarrasins plus récents, 34 sol-
dats de la grande hétairie, AU de la moyenne hétairie, 45 Phargans,
(8 Palermitains, 36 Arméniens, 202 cavaliers nobles ou archontes
Tbessaliotes el Macédoniens, 9S Scholariens vétérans, 608 recrues
du mémo corps, 74 basiliciens et 35 soldats des cohortes urbaines.
Parmi tous ces mercenaires, il en est dont le nom, au xi' siècle
surtout, durant l'époquo qui précéda immédiatement les croisades,
revient plus fréquemment que tout autre; ce sont les Francs,
<I>p(jpfToti à tout instant cités par Cédrénus, Michel AttalioLe, Anne
Comnëne, Mcéphore Grégoras, Jean Sc>lit/.ès, dans leurs récits des
guerres et des révolutions de cette période. Ces Francs étaient pres-
que tous des Normands italiens. On sait que les premiers de ceux-ci
qui posèrent le pied dans la [lénin^ule se mirent au service des ducs
et calapuns byzantins de Âicilo et de Calabre pour combattre les Sar-
msins. bientôt ils tournèrent, leurs armes contre leurs anciens alliés
el cherchèrent à se tailler des principautés pour leur compte, lanl
aux déiicns des Grecs que des Infidèles. Un nombre considérable
cependant allèrent jusqu'à Constantiuople et furent princij>alement
employés par tes vasUeis dans la lutte incessante contre les Turcs
en Asie. C'est de ces Normands-là que je vaudrais dire quelques
t. De Caerim. Ed. Bonn., t. I, p. 660.
SETi anrs xoBXi^ins kv xr siicut.
291
ttiots. lu passèrent à cette époque pour les meilleurs soldats des
armées byzantines. Admirables cavaliers, ils étaient considérés
comme presque invincibles, disent les chroniqueurs qui célèbrent à
l'euvi leurs vertus guerrières : « ivîpe; a;[j.5y.sfîîç xai zîXeiwxof,
hommes sanguinaires et belliqueux i», dit Michel AlUiIiole ^ Tout en
ne pouvant se passer d'eux, tout on admirant leur courage intrépide,
on ne les aimait point à Byzance, et la jalousie çrecque supportait
impatiemment ces aujiliaires aussi arrogants qu'indisciplinés, sur
lesquels on ne pouvait compter : « çùtret fàp àhr.ff^ov zh *[^voç xSn
^tf^btv, natura entra infidam genus Francorum >, dit le même his-
torien'. liCS Normands arrivaient d'ordinaire à D,\zance par groupes
de plusieurs centaines, commandés par queb|ue capitaine qui s'était
couvert de gloire contre les Sarrasins eu Sicile ou en Calabre. Beau-
coup de ces chefs de compagnies franches ont joué un rôle capital en
Asie au xi' siècle. Trois surtout : Hervé. Robert Crépin ou Crispin.
et Rousse) de Baillcul, que les chroniqueurs byzantins nomment
•Kf3i3»oç, Kpi«:îvcç, Oùpffi>.toç OU PuoiXioç, sont célèljres, tant par
leurs prouesses guerrières que par leur turbulent esprit de révolte
et leur intraitable indiscipline qui mirent plus d'une fois Tempiro à
deux doigts de sa perte.
J'ai eu le bonheur de retrouver à Hon^^tanlinople le sceau de
Roussel de Bailleul, fort altéré, il est vrai, mais sur lei|uel le nom
grécisé du fameux Normand se décbifïVe sans peine. D'autre part,
M. I^mbros d'Athènc-< m'a cédé le sceau de Hervé, également aci]uis
par lui à Oonstanlinople et qui est en parfait état de consenation.
Ce sont jusqu'ici les seules reliques connues de ces chefs fkmeux. Ju
n'ai pas retrouvé le sceau de Crispin ; je ne parlerai donc pas de oe
personnage célèbre. Kptcsïvo; s •^p3tTTix(l>Xo;, t'.répin le Francopoule,
qui, après avoir été le plus brillant capitaine de l'armée d'Asie, Qnit
par tomber victime de la jalousie des Grecs. Ces sceaux de plomb de
ces guerriers venus des bords de la Manche sont pleins d'intérêt pour
nous autres Occidentaux-, on y lit leurs noms grossièrement grecisés
comme dans les climniques byzantines, airubles de titres empruntés
au pom[>eux catalogua des charges ofticielles de la cour des vasiieit;
on y volt leur correspondance officielle ou privée placée sous l'invo-
cation de la Panagia ou de saint Nicolas, le grand saint asiatique.
La bizarrerie des noms propres exceptée, rien ne dislingue ces sceaux
de ceux d'un haut foncliounairc purement grec, d'un Tarchaniote,
d'un Catacalon ou d'un Comnène, et ce(>endant derrière tout cet
■
1. Kd. Boaa.. I. p. 107.
2. /Wd., p. IÎ7.
292
KU!VGES ET DOCtTHR^TS.
apparat, rideau puéril, destiné à tromper l'incurable vanité de la
cour byzaiilinc. les chefs francs, ainsi déguisés, élaient bien demeu-
rés les rudes ferrailleurs d'Occident, batailleurs incapables de frein,
dignes devanciers des Taiicrède et des Bohémond. On en jugera par
le rapide résumé de leurs hauts fails. tiré des chroniques byzantines.
Les savants éditeurs du premier volume des Historiens grecs des
croisades^ publiés sous les auspices de l'Académie, ont consacré aui
récits conLemporaîas concernant les aventures de ces capitaines une
place importante dans la preniiore partie de ce recueil, première
partie qui constitue comme une introduction naturelle à l'œuvre
entière.
1.
Hervé est le plus ancien en date, du moins pour les faits concer-
nant rhiâloire d'Orient, des deux chefs dont j'ai retrouvé les sceaux.
Nous avons bien moins de renseignements sur lui ijue sur Roussel.
Cédrénus est de tous les auteurs celui qui le cite avec le plus de
deuils. La première mention qu'il nous en fait remonte à l'année
1049, lorsque régnaient à Byzanœ la vieille impératrice Zoé, et son
dernier époux, Constantin Mononiaque. Tandisqueles Petchenèpuos,
franchissanL l'Hémus , etivabissaienl la Thrace qu'ils dévastaient
affreusement, le sultan des Turcs faisait éprouver le même sort
aux Lhèmes des frontières d'Asie. Bientôt les Pctchenègues s avan-
cèrent sur Andriiiople. Une prernicre armée, commandée par
Constantin Arianite, fut complètement défaite à DanUiolis. Alors
(Constantin Monomaque, dit Cédrénus, rassemblant des forces nou-
velliîs, les mit sous le coinmanilernent du recteur iNiccphore l'eu-
nuque, auquel il donna pour iieut-enauls le fjmurux Catacalon,
surnommé ; kîxouijlévc;, el Hervé le Fraiacopoule, qui comiuandail
pourlors lescontingenLf de sa nation, « xi'i 'Ep^i^io^ Tbv^pflrff^TaoXsv,
àp/cvTaTtîtTiT£-:û>v6ji.ûsi}v(Jv ». L'armée imp(;riale, traversant l'Hémus
et les Portes de t'er jusqu'aux Gwil collines, alla se retrancher à
Diocènc, localité toute voisine. La présomption du racleur valut aux
Grecs un désastre complet. Iler^é et ses Francs occupaient l'aile
gauche. Les Petchenèi^ues enfoncèrent l'armée byzantine qui s'enfuit
en désordre. Seul Catacaloa résisLa plus vigour^ïusemont. Ici nous
perdons de vue Hervé pour quelque temps. En 403^, après de nou-
veaux échecs, l'empereur désigna comme chef suprême, elhnarque,
de la guerre contre les Petchenègui^s, Nicéphore Bryennc. Parmi les
contingents qui (Urenl mis sous ses ordres, Hédrénus énumére : tous
los alliés, r,ivT:x -i 3U[j.;u7t)ux, les archers a cheval du Telouch, tes
DEUX C.HF.FS VORMi^DS XV W" SIECLE.
293
Francs et les Varèguos. ^pi^oti^ xai Bapônsùç, etc., etc. Mais,
dans ce passage, Hervé, qui avail très probablement continué
à commandiT ses compatriotes, n*est pas nominativemonl diisigné.
Il ne re.fiarall dans in récit de f.édrénuH i|ue six ans plus tard, en
<057, après la mort de Théodora. au moment même où Michel
Stratiotique, à peine proclamé, avail déjà réussi a indisposer contre
lui les chefs de Tannée qui s'étaient déclares sus partisans, et aux-
quels il refusait toutes les dignités qu'il leur avait promises. Cédrénus,
après avoir énuméré les principaux parmi les méconlenls, Isaac
Gomnène, Michel Vourizès, Bryenne, ajoute le nom de Hervé le
Fraucopoulc. Ici. je traduis presquu textufllemeuL : « lit le nou-
veau vasileus, dit lu chroniqueur', en agit de même à l'égard
de Hervé le Francopoule, qui avait combattu jadis en Sidlc aux
côtés de Mnniaccs. s'y était couvert de gloire et s'était jusqu'à ce
jour montre constamment l'ami des Grecs. Non seulement l'em-
pereur lui refUsa la dignité de magister qu'il réclamait avec insis-
tance, mais il le congédia avec force railleries el injures. Hervé, en
véritable barl>are incapable de =10 maîtriser, " — remarquez cette
forme méprisante : dt ^ippaçe^ xatt tîjv èfp)v dbwtTicxsTc;, — « ne
put tolérer cette insulte. \e songeant qu'à se venger, le chef franc
demanda et obtint son congé, sous prétexte de regagner sa patrie,
passa Lout au contraire aussitôt en Asie et se retira dans les terres
qu'il possédait à Dabarama d'Arménie. 1^, il s'aboucha avec un cot-
tain nombre de ses compatriotes qui avaient pris leurs canlonne-
monts d'hiver en cette région, en débaucha trois cents du service de
l'empire, pas^a avec eux sur les terres des Infidèles el lit alliance
avec le turc Saumk ou Siyamouk qui était en guerre avec les Grecs.
Cette union ne dura point; bientôt Turcs et Krancs se brouillèrent.
Hervé, qui se défiait, malgré les apparences soigneusement conser-
vées p;ir Samuk, conseilla rainement la prudence à ses compagnons.
Un jour que les Francs étaient à leur repas, ils ftnent ï^uhitemenl
attaqués. Sautant sur leurs chevaux, toujours bridés par onlre de
leur chef, ils repoussèrent les Turcs après un violent combat, et en
tuèrent un grand nombre; les survivants se sauvèrent à Chlial.
Malgré le» prières de Hervé, les Francs voulurent les y suivre.
L'émir de Ohliat, Aiwu .\asar, Xîtovâoof, venait précisément de leur
faire des ouvertures de paix. Ils voulaient se reposer dans celte ville
importante sise sur le lac Van et se refaire au bain des fatigues de la
lutte. En vain, Hervé les mit en garde contre la perfidie de l'émir.
Les voyant sourds à sa voix, il les accompagna à Cbliat, les sup-
1. CédrénM, Ed. Bonn., t. Il, pp. 616 et atiiv.
2»4
)ttfU?rCBS ET DOCtmSTTS.
pliant pour le moins de ne pas quitter leurs armes. Eux^ à peine
entrés dans la ville, se mirent à boire. L'émir, de son côté, après
s'être concerLé avec Samuk, enjoignit secrètement à tous les habilanis
d'avoir, à un si^'nal donné, à s'emparer de leurs hôtes morts ou vife.
Quand Les Francs, épuises de débauches, se fbrent endormis, on tua
les uns. on lia les autres ; i^ielques-uns s'échappèrenl en sautant du
haut de la muraille. Hervé ftii (>ris el mis aux fers. Abou Nasar flt
aussitôt nmndor à l'empereur qu'il lui offrait ol)éis.sanoe et qu'il
tenait captif son capitaine rebctle. »
De ce récit du chroniqueur grec qui renferme à peu près (oui ce
que nous savons sur Hiîrvè, je retiendrai deux ou trois points impor-
tants. Tout au déhuL, OwJrénus nous dit que le chef normand avait
combattu précéderament, en Sicile, aux côtés de Georges Maaiacès-
Or, la dernière campagne de cr patrice dans l'Italie méridionale eut
lieu en 1038. Il aborda à Bari avec Sfondrilus, patrice et duc; tous
deux passèrent, en Sicile, où Maniacès battit à plusieurs reprises les
armées sarrastiics. Le même Cédrénus nous apprend ' que Maniaces
fut à cette occasion secondé par un corps de cinq cents Francs d'au-
delà des Alpes : « xjtt 4»piYY0uÇ wevTaxoatcu; a^b tôv irspav twv
"AXîrewv Vaklwf [tÂxa.r.z\t:^^tf:xç ». Leur chef était Ardouin, que
Cédrénus qualifie de seigneur indépendant, « /ùpaç tivbç ap^cvr* xal
ûrà |j.iriSev&{ àrfà^vt*. Après la disgrâce de Mani»cès. son successeur
le calapaii Michel Doricii ou iJuIcien se brouilla aviw les Francs
(1039), leur refusa la part de butin promise, .^e battit contre eux et
fut vaincu à deux reprises. Le pa.s8age de Cédrénus nous apprend
quB Hervé dut être un des chefs de ces cinq cents Normands. Il est
probable que c'est à la suile do ces événements ifue lui et les siens
passèrent en Orient ; en tous cas, ce dut être entre les années 1 039
et 404».
Gé^lrénus nous donne également ce dêlail intéressant que Hervé
possédait dans le thème Arméniaque une demeure nommée Dabarama :
« ànîkbv* èv rii KXT j Tîv 'Apti.svtaxcvoîx(ct aitoû, ttj AaSatpâiAt] j». U s'agît
évi{lcrament là d'un de ces fiefs militaires que les empereurs concé-
daient principalement dans liw thèmes frontières et auxquels M. Ram-
haud a rxïn.sacré un des plus intéres.-wints chapitres de sa belle
étude sur l'empire izrcc au x* siècle. Nous voyons que d'autres
Francs, ceux que Hervé débaucha, avaient pris leurs quartiers
d'iiiver dans la même localité. Du reste, je le répète, uu fait domi-
nant dans tous ces récits, c'est le nombre considérable à cette
époque de cos guerriers normands dans les rangs dos armées irapé-
t. Ed. Bonn., p. &4â.
DEDX CBEFS MORHllDS AD XI* 5IBCI.E.
295
riales. Les Francs, si ■I*pi-fTc'i sont partout : Galacalon. allant soule-
ver les troupes contre rempereur Michel Stratiotique au profit
d'Isaac r«oaiiiène, en rencontre deux lé^'ions campées près de
Nicomédie. Dans la bataille livrée au pied du moiU Sophon, qui
décida du s^uccès du prétendant, de nombreux Francs comballaienl
pour Stratiotique sous les ordres de leur compatriote, le palrioe
Raodolphe. qui Ùit Tait prisonnier.
A partir de la catastrophe de f.hliat qui lui coûta la liberté^
Hervé n'est plus mentiouDé par Cédrénus; les autres chroniqueurs
n'en parlent pas davantage.
I.ie magnifique sct^u du capitaine noiinand que j'ai eu la bonne
fortune de retrouver oirre au droit le buste de saint Pierre, un
des saints le plus rarement figurés sur les bulles byzantines,
mais qui, par contre, se rencontre fréquemmeul sur les mon-
naies et les sceaux des princes normands ditalie ou de S^rie. Au
rêver?, une longue légende en sept lignes donne, après la formule
traditionnelle : KITIK BOlieFJ Tû CÛ AOl'AQ. le nom de Hervé
écrit flous sa forme grecque, EPBEBIOC O «M'AlTOIlûAOr..
comme dans Cédrénus, suivi des litres de magister, de ivstiariteci
de ttraiiiate de l'Orient ou de TAnalolio : F.PREBIÛ MAriCTPÛ
BECTH- (pour BECTHAPiTH) S CTPATH.\ATH TH[C] ANA-
TOAHrC] TQ «t>PArOlia,\U. Le premier de ces litres, celui de ma-
gister, est précisément celui que Michel Stratiotique reftisa si dure-
ment d'accorder à Her\'é; le second est une autre dignité de cour ^
le troisième, celui de straltlate ou chef miUlairc des contingents
d'Anatolie ou de l'Orient, est bien plus important. Notre sceau est
donc postérieur à la disgrâce, à la rébellion cl a la captivité de
Hervé. Très peu de temps après ces événement, Michel Stratiotique
fut renversé, on le sali, par les chefs militaires qu'il avait froissés
par ses mépris, et détrôné au profit d'Isaac Comnène. Il n'est pas
396
mSUfCRS ET nocntsTTTS.
téméraire de supposer que Henô réussit promptemcnt à se racheter
des mains de l'émir <je Chliat, et courut faire acte d'adhésion
au gouvernement nouveau succédant à celui qui lui était hostile.
Isaac Comnène le récompensa en lui conférant la fligniLc palatine
quy lui avait refu^éi;! Michel VI, ef en l'élevant à un des premiers
comniandement.s niilitaire^^, lémoignaf^e éclatant de ta hrillanle répu-
tation que s'était acquise l'indocile capitaine. En conséquence, ta bulle
dont Je donne ici le dessin remonte, suivant toutes probabilités, à
l'époque du règne fort court d'isaac I" Comnène, fondateur de la
grandeur de sa maisun, c'est-à-dire entre <057 et *059.
n.
Les détails que nous possédons sur Roussel de Baîlleul sont plus
nombreux que ceux que nous avons sur le compte de Hervé. Ds nous
sont fournis principalement par Michel Attaliote et Nicéphore Itryenne
qui furent li^s œnlempurains du Nunnaitd. Atmu Comnène, Zonaiiis,
Juan Sc^litzéâ, Michel Ctijcas, etc., parlent éb'alemeut du fameux chef
d'aventuriers. Au droit de son sceau ligure un des types classiques
de la siKÏHographie hjzanlino, le (buste |di' pa Vierge dans l'atlitudc
de l'oniison, portant sur la poitrine le médaillon du Christ, nntrelcs
sigles accoutumées. Au revers, on lit la léficndc : 9KE B0 TÛ l'.Q
AOrA' OrPCEAH BEOT • TÛ '^PA^O^ powreEOTOKE RO110EI TQ
CÛ AOTAD OrPCEAHÛ RECniAPlTH TQ ^PArrOnQAQ. Mn-e de
Dieu, prMe secours à ton serviteur Oursel, vestinrifc, ie Franco-
pmtie. Le prénom du chef normand psI ici écrit comme dans Bryennc
et Anne îlomnène qui le n^mmc^nf. loujmir.s : OûoséXisç, OùptréXtoç 5
'l*p*rfci;, Urseliui. Attaliote, Scylitzoa et Zonarasécrivenlau contraire
'PoucÊXioç, liusselius.
Dans ses nutcs à !>ficéphore Brijenne^ Du Gange a consacré à
Roussel de Bailleul et à ses origines prolmbles une note fort détaillée
t. Ed. Bonn., p. 219.
DEUX CHRPS MOnilkHIlS iV XI* SIECLE.
S»
dont je me bornerai à reproduire quelques déUiils indispensahles,
avant de passer au rédl des Taits el gestes de noire personnage en
Orient, lesqueU nous intéressent plus particulièrement ici. «Roussel ou
Oursel, dit Du Gange, de la noble famille des Bailleul, un des plus
illustres parmi les capitaines normands qui d'Italie |)asserenl eu
Orient ot s'j illustrèrent au service des empereurs, était venu en
Pouille avec Buliert Guiscard et les autres lîls de Tancrède. Il s'alta-
cha principalement a la fortune de Roger, frère de Robert, et s'acquit
une renommée si grande dans lerf Uillea contre les Sarrasins que le
chroniqueur contemporain G. Malaterra, qui nous a dit son nom
de fttmille, lui attribue une part principale dans les succès rem-
portés par les Xurnijuids à cette époque, soil vprs l'an *0iî9 ». Du
Onnge, après avoir rapidement résumé les récits bjzantinis concer-
nant l'bisloire de Rou.ssel en Orient, consacre le reste de sa note à
l'étude des diverses familles du nom de Ballleul. Il est difficile de
dire à laquelle de celles-ci appartenait Roussel. Je dois ajouter que
le moine Aymé, dans son Butotre de li Normant^ éditée en <835 par
M. r.hampollion-Kigeac sous les auspices de la Société de l'Histoire
de France, a consacré plusieurs paragraphes de son premier chapitre
aux aventures orientales de Roussel, qu'il nomme LIrselh; mais ce
récit conftis ne m'a fourni presque aucun fait nouveau.
A la suite, très probablement, de dlssentimpnls avec d'autres chefs
normands, Roussel, vers le coramenc*'nieat de l'an (070. passa en
Orient où Tattirail avec bien de ses compatriotes le bruit de la lutte
héroïque soutenue par Romain Diogene contre le sultan des Turcs.
Un autre chef normand célèbre, Roiierl Crispin ou Crépiii , le
KptTRtvoç des Byzantins, l'avait précédé dans cette exode d'Italie en
Romanie et combattait déjà sous la bannière impériale. Sur celte
phase nouvelle de la vie de Roussel, les détails al>ondenl dans les
chroniqueurs. Je les rapporterai le plus brièvement possible, suivant
de préférence les récits de Bryenne et plus encore ceux d'AltaUote.
OursiM avait amené avec lui un corps assez nombreux de ses coro-
patriult>s. VUistoire de ti Mormant nous dit qu'il s'illustra d'abord
en triomphant de la «contrée de Slavonie* ; il ït'agit sans doute la de
quelque expédition victorieuse contre les Ouzes et les I^tcbencgues.
Le célèbre Normand parait pour la première fois dans le récit d'AUa-
liole. lors de la dernière campagne de Romain Oiogene, qui devait se
terminer si fatalement pour le malheureux empereur C'était au
printemps de 1071. De Sebaste. Romain s'éUiil porté en avant avec
l'armée et avait dépassé Colonêi', voulant aller atl;u|uer le sultan Alp-
Arslan sur son propre territoire. Il cam^â quelques jours à .\r2en et
lança en éclaireurs dans ta direction de Obliat des contingents ouzes
39S
néU'Cr.BS ET OOCrMRTT».
et germains, puis la ^'ardo impériale commandée par Josepb Tarcha-
niotc, enfin les Francs de Roussel, « àvSpc; risôcvoûç îtx?« ytXp% t, dit
All.ilJoLe, « 7£vva!ou xat zzXii^xxst^t », ditScylitJscs. Dhliat élait aux mains
des Turcs. Itunmin lui-même marcha sur la place forte de Mantzi-
kierl, l'enleva rapidement, et presque aussitôt rencontra le sultan.
Alors s'engagea la bataille fameuse qui, le 26 août, au troisième
jour, se termina par la défaite et la (vipLivIlé de Romain. Pendant
cette journée et celle de la veille, l'empereur avait vainement attendu
l'arrivée du corps détaché à GhliaL. Il se passa là des faits obscurs.
Très certainement le sultan dut envoyer dans cette direction des
forces nombreuses^ doslinêcs à tenir en échec Roussel et le Tarcha-
niote. U'aulrc part, il est aussi certain que les contingents ouzes
passèrent à rennenii. Les chroniqueurs, tous d'accord sur ce point,
le sont moins sur le compte de Roussel. Altalioto l'accuse formolle-
menL de lâcheté, le traite de niiséralyle, et raconte qu'à l'arrivée des
Turcs, il se retira honteusement avec ses Krancs, à travers le thème
Arméniaque, sur les terres de l'empire. Il semble plus probable que
Roussel, attaqué par des forces supérieures, ne put songer à secourir
l'empereur et dut se retirer précipitamment à la nouvelle du grand
désa-slre de Mantzikiert.
Nous retrouvons bient6t après notre chef normand au faite des
honneurs. Romain Dio^ne était mort misérablement. L>*empereur
filichet Ducas retenait seul. Robert Grispin aussi, aprèâ des avon-
turcs diverscfi, avait péri par le poison, victime d'habiles intrigues.
Roussel lui âurc^Via en ijualilc de généralissime d«s contingenta francs,
très nombreux alors dans les armées impériales. Attaliote les cito
presque à chaque page. Une nouvelle armée alla opérer contre les
Turcs en ^073; on en donna le commandement au jeune Isaac
lïnmuéne, ^rand dnini'!sti((ue des scliole-s d'Analolie. Oursel lui fut
adjoint avec quatre cents Francs : « ô 4>pi-n'oî OupoéXtoç, t^ç ÉTaip{«c
ù)v To3 KpiTnfvou xaù rfit; èxîfvou xiTâp/.iiïv ^âXorn-oç, itE èxelvou th
Rienlôl, sous un futile prétexte, le chef normand, vers Iconium
ou Césarée, quitta, l'armée avec ses liomnies, trahison qu'il méditait
depuis longtemps au dire de Rryenne, et se mit à tenir la campagne
pour son compte, pillant et rançonnant la Lycaonie et la Galatie,
for<;anl villes et châteaux, baltanl Turcs et Grecs, cherchant à se
tuilier une princi|Ki.uté dans ces contrées eu proie à l'anarchie d'une
guerre interminable. Dp nombreux aventuriers se joignirent à lui.
Isaac Gomnene, qui voulait le faire poursuivre, en fut empêché par
l'approche subite de l'arroépi turque. Les impériaux furent battus et
Is&ac fait prisûunier, ce qui donna a Roussel quelque répit. On confia
DEDX CMKf% IMORMANnS iO XI* Slft<:LE. 399
le soin de le dompter au propre oncle du jeunn eni[>ereur, le célèbre
césar Jean Ducas, celui-là niéme qui avait été le principal inslru-
ment de la perle de Romain Dio^ene. Le césar p;i:>sa en Asie avec
une Torte armée; au pont de Zompi, sur le haut Sangare, non loin
d'Amorium, sur la limite des thèmes AnaloUque et de Cappadoco.
il rencontra Oursel le l>arb.irc, « tcv ^iç^zcm », comme l'appelle
Bryonne, et ses cavaliers francs. Le césar avait avec lui les corps
de la t^arde armés de boucliers et de haches, et d'autres f'rancs que
Br^emie appelle des Celtes. KeXTo{, guidés par leur cht^f Papas.
Mc(!phore Botaoiatc. le Futur empereur, commandait les Phrygiens,
les Lycaoniens et les autres Asiatiques qui formaient l'arrièrc-garde.
Oursel commença par débaucher Papas et le reste de ses «tmpalrioies
qui passèrent de son côté. La bataille «^'enga^a, et les Francs, les
barbareit comme les nomme conslamnicnl Bryenne, furent compièLe-
ment vainqueurs et firent un immonse carnage. Le césar fut pris de
la propre main de Roussel. Son (ils, Androiiic Ducas, également pri-
sonnier des Francs, ftit presque aussitôt relâché. Le condottiere
victorieux» dont la renommée avait soudain démesurément lerandi,
poursuivit sa mnrche avee une année nolahlemcnt jtocrue, train.inf
avec lui son augusU* caplif. L e^iprit échautle |)ar If succès, il rêvait
déjà le pouvoir suprême; traversant toute ht BiLhynie, prenant les
villes les unes après les autres, il alla camper aux porter de la capi-
tale el hrùla les édlBces de Chrysopolis. Cependant, pour se faire
recomiaitre par les Grecs, il sentait bien qu'il lai fallait, à lui un
étranger, quelque homme de paille, sous le nom duquel il pût exercer
l'autorité véritable. Il persuada donc à son prisonnier, le césar,
de SB laisser proclamer empereur. Le couronnement eut lieu à Nico-
médie. Coustantinuple trembla. Michel Ducas, en face de ce préten-
dant nouveau si formidabtemeni appuyé, ne sachant quel parti
prendre, chercha à gagner Roussel en lui olTrant la dignité alors
fort prisée de curopalate, et lui renvoya sa femme et ses enfanta pour
lâcher de le lléchir. En même temps, en vrais Byzantins, l'empereur et
son ministre, le fameux logotbète Nicephore, négociaient secrètement
aTec les Turcs pour arriver à se débarrasser par leur moyen du ter-
rible aventurier. Leurs inlrifj;ues llnirent par réussir, et le Turc
Artouch, très probablement Urtok, alléché par des subsides considé-
rables, marcha sur Roussel à la tète dune immense armée. Les
Francs qui faisaient trembler lemporeur et l'empire éUienl au
nombre de deux mille sept cents ou trois mille. Avec eux combat-
taient les pjirtisuns du césar. Le choc eu( lieu aux pieds des contre-
fortâ septentrionaux du mont Soplion. LesUrséliens et les Césariens,
comme les désignent les chroniqueurs, commencèrent par enfoncer
306
MriLiMr.RR ET DOCTMBTTS,
ravant-garde enocmio; entraînés par Tardeur de la poursuite, les
cavaliers francs tombèrent inopinément sur le groa de l'armée turque,
forte do cent mille hommes, chifTre certainement fort exagéré. Acca-
blés par le nomlire, après une résistance désespérée, couverts de
flèches qui tuaient leurs chevaux, après des charges rêpclées qu'ils
exécutaient sous le couvert de leurs boucliers étroitement unis les
uns aux antres, les Francs furent vaincus et succombèrent en grand
nombre. Roussel nt Je.in Diicas furent faits prisonniers. .lean Ducas
fbt racheté aussitôt par l'empercnr, son neveu, qui craignait qu'il no
devint un instrument aux mains des Infidèles. Roussel jirévint un
sort («reil en se rachetant lui-même à l'aide d'une forte somme que
lui fournil promptemcnt sa femme, rcfligiéc avec les Francs survi-
vants dans la forteresse de MéUiliole; puis, traversant harijimenl
avec eux et sa famille une contrée infestée de partis ennemis, il se
retira dans ses anciens cantonnements du thème Arméniaque où U
avait vraisomblaldcment un Hef. Là, il recommen<;a à tenir la cara-
pace et rouvrit aussitôt les hostililés, pillant les villes, prenant les
forteresses, battant impériaux et Tuixvs, et menaçant les grandes
cités maritimes du Pont. Six mille Alaina envoyés contre lui sous le
commandement de Nicephore Paléolotjue se débandèrent ou furent
iKittus par ses avant-postes.
Alors l'empert-ur. voulant en finir avec cet infatigable adversaire,
confia le soin de sa poursuite au brillant Alexis t'iomnéne, le futur
Alexis I". La détresse de l'empire était telle que le jeune capHaine
dut partir sans argent et presjjue sans soldats. Près d'Amasia, il
rallia Itîs Alains ilébandés et. remédiant à sa faiblesse par la ruse,
comrnen^'a par alTamer les troupes de Roussel. Sur son ordre, les
villes fermèrent leurs portes et ne li\Térent plus de vivres aux Francs.
Un événement inattendu dénoua brusquement la situation. Roussel,
apprenant lan'ivée sur les terres de l'empire du sftldjoukide Tutuch
ou Toulauh a U tétc de forces c<)nsidé râbles, lui avait fait demander
alliance. Tutuch lit mine d'accepter, mais, ^agné par les habiles
messages d'Alexis, il n'attira Oursel dans son camp, sous prétexte
d'une entrente, que pour s'emparer de sa personne. Au moment où
lus Francs désarmés prenaient place sans défiance à un banquet. Us
furent saisis et liés; Onrsel ftil livre enchaîné à Alexis. Tous les
Francs disperses en Romanie mirent bas les armes.
Je passe sur un fort long récit de Bryenne tout à la gloire d'Alexis
Gomnène, récit que sa fille Anne a reproduit in extenso, racontant
les négaciaLions et les démêlés du jeune général avec les habitants
d'Amasia au sujet de la captivité et de la rao^un du chef normand.
DEVX CBErs ^OHMi^lDS iD XI* SIBCLK.
ao4
l'habile conduite de Comnène, son slratJipéme pour arracher Roussel
à la fureur populaire, el les péripoiies de sou retour à Coostautinople
avec son précieux prisonnier. C'était vers la Hn de l'année 1073.
Alexis trouva a iléracléc une lettre de lerapereur le mandaiil incoii-
Uneul â Coustaiiliuuplc. Il achera le va>a{^ par mer pour éviter la
roule de terre infestée par les partis ennemis. L'empereur lui fit bon
accueil. Roussel futjelë dans un borrihle cachot, lié comme une bétc
fauve; il y serait mort dt! faim sans la générosité d'Alexis qui le
bisail secrètement secourir. Par ordre de l'empereur, le malheureux
fut soumis a mille tortures, cruellement fustigé a coups do nerfs de
bcBUf, et traité, dit Attaliole, plutôt commu un vil esclave, que comme
UQ capitaine si souvent victorieux des ennemis de l'empire.
Nous perdons un Tue Roussel jiendant quelques années. Il est fort
probable qu'il passa presque tout ce temps dans celle dure prison.
Nous le retrouvons à la flu de <077, au moraenL ou la double révolte
de Nicéphore Botaniale en Asie el de Brjennc eu Kuropc allait ftûre
tomber le prince détesté qui depuis six ans régnait à lîyzaucc.
Michel VII, aux abois, attaqué jusque sou.s les uiurs de sa capitale
par les troupes de Jean Bryenne. frère de l'un des prétendants, après
avoir inutiirmcnt invoqué l'appui des Tuns, songea a Roussel, le-
quel, dit Atlatiule, éUiit plus élruilenient emprisonné (jue jamais
pour avoir voulu quelques semaines au|Ktravanl s'évader el rejoindre
Botaniale. Le Normand, comblé de promesses d'honneurs el île digni-
tés, jura à nouveau fidélité à l'empereur dans le saint oratoire des
Btachernes et Ait mis derechef a la Léto das Varcgues et iIcs Francs.
11 chercha vainement d'abord à débaucher ceux di; ses compalriolcs
qui combattaient pour lîryenne, puis, lui et Alexis Comrienc, soute-
nus par ly lloltc, coururent attaquer Jean Bryennc à Athyra, le sur-
prirent et lui lireut éprouver une défaite sanglante.
(îepcndanl chaque heure nouvelle voyait le triomphe plus complet
de Botauiate, le prétendant d'Asie. Les chefs militaires passaient
successivement à lui, à mesure qu'il se rapprochait de la capitale ;
Roussel finit [mr faire de même. Knvoyé par l'empereur .Micliel,
après son succès d'Alhyra, pour enlever Hérach^ de Thniceaux sol-
dats de Bryenne, il s'empara de celte ville sans coup férir, mais, au
heu d') rétablir rautorile du souverain lépitime. il y procl.ima son
adhésion au gouveniemcnt de Botaniale. Prc5(|ue au même momenl,
celui-ci faisait a Constantinople son entrée viclorieusi', tandis que
l'incaitablc Michel, abdiquant eu sa faveur, courait sVnlermer dans un
monastère. Cette trahison tardive ne devait point protiter a Roussel;
il péritf à la fia du mois de mars tu7K, fort peu de jours après lo
302
HiLATTÛES KT DOCtTVEXTS.
triomphe définitif de celui auquel il s'était rallié. Ici, les récits des
chroniqueurs (iiflerent assez uulableiDeul. Br^euae raconte qu'à la
chntft de Michel, son fameux ministre, le logothèteNicéphore, courut
à Selymvria se réfugier auprès de Roussel, et chercha à l'entraîner à
rejoindre avec lui Tarmée de Brjenne. Mais Roussel, repoussant ses
propositions, le fit encliainer et t'envoya à Hotanlale. Scylitzès dlil,
au contraire, qu'Ourscl, après avoir caché quelque temps le loj.'OthèUî
qui était venu le retrouvera llcrdcléc(et non à ScljmvriaJ, fut empoi-
sonné par lui, et qu'alors la femme et les enfants du capitaine nor-
mand livrèrent le meurtrier au nouvel empereur. Zonaras dit bien
qu'Ourse] fil mettre aux fers le logothèle, mais il ajoute que le Nor-
mand mouru! presfjue aussiUjt après, d'une manière fort subite, et
que ses soldats, persuadés qu'il avait été empoisonné par son prison-
nier, livrèrent celui-ci à Bolaniate. AtU'iliote est presque d'accord
avec Zonaras, cl raconte comment le loKolbèlc et son plus fidèle
acolyt<i, le grand hétériar4)ue David, réussirent à gacner à cheval avec
quelques i>artisaiis la ville d'Héracléc, où ils furent massacrés parles
soldais û\.', Roussel qui les accusèrent d'avoir empoisonné leur chef.
Au milieu de ces récits divers, un fait parait certain, c'est que le
célèbre avenlurier périt de mort subite et quelque peu mystérieuse,
au inomcnl m^me de l'élévation de \iot'!phore Botaniata, soit vers les
mois de mars ou d'avril <078.
Le simple titre de vestiarîle ou vestite qui figure sur le sceau de
Roussel prouve (|ue ce petit monument date, suivant toute vraisem-
blauce, de la première épo<pie du séjoiu' du capitaine normand en
Orient, lorsqu'il n'était encore qu'au début de sa courte carrière
d'honneurs et d*r dignités. Plus tard, Roussel dut ftiire graver sur son
sceau des titres bien autrement importants.
On a vu que te (irand hétériarque David, chef suprême des bélai-
rîes ou corps étrangers de la garde, joua aux côtés de son patron, le
trop fameux logolhele, nu rôle assez obscur dans la fin tragique de
Roussel, et qu'il paya de sa vie la mort de l'aventurier normand. Ce
David, dont les fonctions étaient fort importantes, semble avoù* été
l'âme damnée du logolhète et uu des exécuteurs ordinaires de ses
sanglante:^ exécutions. Attalioto. raconte que cxt fut lui qui, par ordre
de son maître, arra^'ha violemment lo vénérable évéque d'Icone du
sanctuaire de Sainte-Sophie où il avait cherché un refuge, et le fll
traîner hors de l'église devant l'empereur Michel.
J'ai eu la bonne fortune, parmi les quelques sceaux de grands
hétériarque^ que je possède, de retrouver deux exemplaires de celui
de ce David dont la mort fut comme le contre-coup de celle de Rous-
imnt cnitps tfouiitos ad
393
sd. Ct« deux exemplaires sûiil i[uelqu(> peu imparfeits, mais ils se
complèlenl lun lautre. Au droit, figure la Vierge, vue à rai-corps
dans l'attitude de l'oraison. Au revers, on lit la lé^nde en six lignes :
eRE BOH0EI AAA MEPAAÛ ETAlPF.rAPXH, pour 0EOTOKF.
B0H6EI AABIA iXKl est l'abrfvialiun onlin.Llre |>our AAltIA :>ur les
sceaux bjzantius) MEl'AAU KTAIPEIAPXIl, Mcre (U Dieu, prête
secours à David grand hétériarque.
Je demande la |>crmissiûu de reproduire un dernier sceau de ma
Gollocliou, qui offre ici un vérilablc intérêt d aclualik>. Il est dp fort
petile dimension, mais il porte un nom célèbre dans la litleralurc
bvzantinc, celui de Michel Attaliotu ou Atlaliales. l'écrivain coutem-
porain de Roussel, qui a racunlé tous les cvenenieuLs de celle épo<|ue
agitée et cite à maintes repriâe^ le uuin du brillant capitaine. L'bis-
toire de .Michel Attaliote, écrite à la louange de fiotaniate, est connue
depuis peu, on le sait. Le mérite d'avoir retrouvé à la Ribliolhc^iue
nationale le plus important manuscrit de celte chronique et de l'avoir
fait connaître au monde savant revient à feu Brunel de Preâle. Le
sceau que je possè<le porte au droit le type de la Panagia Kodigitria
portant t'cnfiint divin sur le bras gauche. Au revers, on no lit que le
nom de l'écrivain avec le titre d'anthvpate : Mi\Aa\ A-NeVIlATOC
[O] ATTA.\EIATH(;. Michel Attaliole s'est chargé lui-même de dater
a peu près exactement ce sceau précieux, en nous racontant dans sa
Synopsis qu'il fut créé Juge et anthypate la trolsiénie année de
Michel Ducas, soit en 1074. a peu près au moment de la marche de
Roussel et du césar sur Constantinople.
Û. ScHU'IlBfiBCEK.
304
M^UNGRS KT OOCm^TS.
LETTRES INÉDITES
DE MARGUERITE DE FRANCE
Trois princesses du nom de Marguerite ow.iipent une place remar-
quahledansnoLre histoire :MargiiRrited'Angoulème, reine de \avarre,
Marguerite de France, duchesse de Savoie, et Marguerite de Valois,
reine de Fnni* et de Navarre, (l'est surtout au charme de leur esprit
et à leur amour des choses littéraires que la stuur de François I",
que la Illle de ce grand roi et que la première Temme de Henri IV
doivent l'immorLel éclat de leur nmommëe. Déjà nous possédions une
iniportaulti partie du la currespuudanee de la première et de la der-
nière de CCS princesses', mais nous ne connaissons presque rien de
la correspondance de la duchesse de Savoie^, et M. le comte Hector
de la Ferrière a été l'interprète dfls sentiments de la plupart des
curieux, en déclarant qu'on ne saurait trop regretter les lettrcâ de la
digue elle de François I*^ de celle qui la première protégea Ronsard '.
1. Lettres de Marguerite d'Angoutéme, sœur de FrançoU /", reine de
iVararre, publiées d'après tes nianutcrils de la bihUothêqae du Roi. par F.
CfÉNiN (Piiri'i, I8i|, iii-8"). — Sounelles leUfêi de la reine de iWavarre adressées
au roi Fratiioii I" sim frrrr, put/lir.es d'après le nianuscrit de la tèbliothi^ue
du Roi, par te mime (Piiris, tâiî, in-S"). Les deux volumes r^nrflrnient
32"2 IcUres, l'un 171 et l'autre tSl. — Hémoires et teilres de Marguerite de
Valois. Nouvelie édition revue sur tes manuscrits des bibliotfiè</ues du Hoi et
de l'Arsenal et publiées par M. ¥. Cu&isak» (Paris, \U^, in-8*t- Il y a 14
U4 lettre» de la lîlle Je Culberine de Uédùis.
2. Sads di>ule oa possède d'aitsez nombreuaesi lettres de la aecoade d«s trois
Uargucrite dau« divere volumes d« la Iliblicilbëque naliooale (Funds français),
mtih combien pou do curieux mil pri* le délirai plaisir d'aller le» y ttrel
3. Deus ann.i'ex devtission ù Saii\(~ Péter sbourg (Paris, imprimerie impériale,
1S&7, grand iii-6*, p. 57). M., de La l-'erriere annonce que les letlres de Margue-
rite de France si.nl nu nombre de cinquante-aii. Vèriïication faite, it ne s'en
trouve dans la bililiiilhcqne de Sain1-Pt?len>boiirp iju« lri>Blfl-wpl. L'nê lettre
de Marguerite ài) Valoiii a par crri'nr é16 m^lce, dous le u" 22, ani leltrea de sa
tante dans le volume XI.VI de U rulterliun d'autograpbe» de ecilte bibliuthùque.
Nous avivtia encore erarlé une lelUc de réliciUtloQ qui faisait double emploi
avec une aut{e du mâine Jour.
LETTRES i:fEDITEâ Dt MAftr.DBRITB DB FKA^CE.
305
Ce sont précisémenl les lettres dont M. de La Ferrière parlait ainsi^
que nous venons aujourd'hui mettre en lumière. Extraites de ces
riches collecUoiis de la ltil)liolh»)uc impériale de SaiuL-Pétersbourg,
qui nous oui fourui loâ lettres inédites du cardinal d'Armagnac', el
qui nous fourniront encore bien d'autres documents utiles à l'hi»-
Inirc', les lettres adressées, de (5(10 à 1574, par Marguerite de
France à François II, à Charles IX, à Henri 111, à Catherine de
Hédicis. au cardinal de Lorraine, au maréchal de Bourdillon, à Jean
de Morvillier, présentent, à divers é^rds, beaucoup d'intérêt, el
c'est avec une vive sympathie, j'en suis sûr. que ion va lire les
pages tracées, ou. si Ton veut, dictées par la grarieusc princesse que
chantèrent à Tenvi tant de célèbres poêles^, el qui a inspiré à Bran-
lûme ces lignes si pleines de respect el d'admiration : « Elle [Made-
laine de France, reine d'Ecosse] ne demeura pas longtemps rcjne
qu'elle ne muurust, bien regrettée du roy et de tout le pays, car elle
estoil Tort bonne, et se Taisoit beaucoup aymer, el avoil un fort grand
esprit, el esloit fort sage et vertueuse, ainsin que nous avons heu
madame Marguerite de France, sa sœur depuis duchesse de Savoye,
laquelle a esté si sage, si vertueuse, si parfaitie en sçavoir et sapience,
qu'on luy donna le nom de la Minerve ou Palas de la France pour
sa sapience... Elle heust le c^ur grand el haut... C'estoit la bonté
du monde-, au reste, comme j^ay dicl, charitable, maguiflque,
libéralle, sape, vertueuse, si accostable et douce que rien plus, et
principallenient à ceux de sa nation... Bref, on ne si.'auroit jamais
tant dire de bien de cesle princesse, comme il y en a heu, el fouU
droict uny plus brave escrivain, qui enlrepristses verluz...* » De ces
enthousiastes paroles du seigneur de Bourdi'ille, je ne rapprocherai
que les simples et graves paroles du président de Thon : < G'élail
une princesse d'une prudence rare, d'une piété exemplaire, el d'un
courage au dessus de son sexe^. »
Ph. TlMnBT DE LilRllQrR.
t. LiTraisou d'octobre-déccmbre 1876, p. 516-565, et livraison de Dovembre-
décembrc 1877, p. 317-347.
?. Je rxotB poavoir aunoDcer li prochaine publlc^ttiun, dans celle revue, d'uD
assez grand nombre de lettres de Marguerite de Valois.
3. A Ronsard il faut joindre ll4<mT Relluau, Marr-r]aud« tie Uullel, Ji>An Daurat,
Joacbim du Bellay, Etienne Jodelle, Olivier de Magny, Ctéuieul Uarot, Jacque»
Pelleller (du Han^}, Itagiies Snlel, etr.
i Œuvres et'mptftet publiées par M. Lodoric Lalanne pour la Socittè de
l'Hi»lMre de France, l. Vjll, p. 128- 137.
5. Btstoire uairerselle, \\m LIX, i l'annét! 1574, p- 1^7 du tonie VII de la
Iniducltoa franc-iise. Ix>ndrea, 1734.
RjtV. HlKTOB. XVI. 2* PA8C. ÎÛ
30ti
KlfLinCSS BT DOCCMBXTS.
I».
Monsetpieur, ayant receu en ep Heu quelques moublos du feu seigneur
de la Vigoo, en son vivant vostre ambassadeur en I^evont ^, deu i grands
candélabres, deux arcs lurquoys avecquett leurs carquuys et une vase
de terre sygyletle^, que le dict sieur do la Vigne avoit destine pour
vous, comme il ma mande par une lettre, quil mavoit cscriite un peu
auparavant de son trcspas, jay prie monsieur le président de lUopital'
I. Collection du aalograptie», vol. XLVI, d* 29. Qoelqaes-uaei de» lettres de
Harguerite de Prairn «odI daléeft, luaift i^lusieurs ne le noot pas. Nous classerons
d'abord, [lar ordre ctironolof^ique, lea lettres de la prentiére catëfjorie. et nous
donnerons ensuite tout ainiplement Les autres dans l'ordre où elle« ont été
recueillies 4U bibliolbèque itopiriale de Saint-Péler&bourK.
?. PranfaU tl. qui régaiiit di>pui<i le 2 juillet 1559, avait alors un pou moins
de seize ans. Sa tante Uargoerile, A ce momeol, en avait près de 37, étant nte
le 5 juin 1623.
3. Sa mission est aâm m 1556 dans la lisle des ambassadeurs miniittres près
la Portc-Oltumaae {Annuaire hisforique pour lann/e Ift48, puNte par lu
SocUfté de l Histoire de France; Paris, IH47, p. 'M). 11 e^l question de U
Vigne dans le premier rapi/ott de Jean de J/on/uc tvr son ambassade {Négo^
cUiiioru de la France dans le Levant par E. Cbareiâsb (L. I. 1818, p. 609,
612). Voir encore sur ce dipluniâlc le» yotes et documents tiiédils pour servir
à la biographie de Jean de Monluc, ev^ue de Ko/«nce (Paris, IH^ iu-S*,
p. IS). D'ajjriA la lollre de Marguerite, le aieur de La Vigne dut mourir dans
les dernier(> mois de I5â9.
4. C'Gsl-à-dirc lerrc sigitlée ou terre bolaire. On désignait autrefnis w>as ce
nom de^ terres unclueuftes «u louriier, dimueotes dans U bourbe, auiqiiellesoo
attribuait toutes 6ortei de pnopriêiés mMininalcs. On les Épurait, pour l'emploi,
à l'aide de décantations successives, puis on les mettait eu pains de formes
diverses et on le^i marquait du sceau du Grand-Seigneur, d'où le nom de terre
sigiUée. Le bol le plus estime était r^liii qitp l'on lirait de Perse et d'Arménie.
Il était d'un grain retnarquallenirnl lin, d'un rouge vif dij A l'otjrde de fer. On
le donnait nttniue astringent, fortirtaiil, hémoslKliquo. La belle couleur de celle
terre a prubabli^inenl in!if>iré l'idée d'en façonner avec art des échantillons choisis.
Dans i'iareiitdire de Gabrielle d'Eatrees mentionné par M. de Laborde {Notice
des émaux, b{joux et objets divers exposés dans Us galeries du miuee du
/.outTff, l. Il, p. 169), figure < ung pot de bol ArméaicquR, prisé vi escua. > On
trouvera (Mélanges d'histoire et de titlt-rature, par U. utt VioNhi;i.-MAaviLi.s,
I. Il, 1725, p. 339-342, et Dictionnaire de Trévoux, au mot Sigttlee) d'abondants
délails sur celle terre qui a été souvent aussi appelée Terre de Lentnos. Voir (&
ce dernier mot) le Dictionnaire de médecine de MM. Njslen, Litre et Robin,
18&8, p. \m.
s. Uicbel de L'Hospital fut premier président de la Chambre des Cooptes
{lâS4), avant de devenir chancelier de France (30 Juin 1560). On sait que Kor-
iETTAES IllÉmTES m: UàRCCBRITB I>B FUi?tCB.
307
de vous faire ce présent ei de vous ramentevoir les serrîces que le dicl
de la Vigno vous a taicL et avoiL vdluntn île fainï sil eut vesceut, aus-
quels je vous supplye très humblemeut, iDuuseigaGur, avoir esgard el
les recoognoislre envers deux petites niepces^ qu'il a laissées despoar-
vues de tout support, sil ne vous playst en avoyr pytie, du moing de
leur faire payer ce. qui estoit deu au dicl de la Vigne pour son entrete-
Dcment en estai dambas&adeur, dout plus amplenieat vous pourra
rendre compte le s. de Guuf&er *, tun des anciens amyâ et serviteurs du
dict de la Vigne, et ensemble de plusieurs aultres choses, concernant vos
ofTaires et particuUieremeut du fait de ma santé, que me gardera de voas
ennuyer de plus longue lettre, a laquolle je feray fin, par mes 1res
humbles rccommcndations a voslnî bonne grâce, priant Dieu, monsei-
gneur vous doDner eu santé très heureuse et luugue vye. De Nice ce
xxiij"» jour dapvril lôGO.
Vostre très humble et 1res hobclssanto tante et fiubjctle
Marguerite de France.
(Au roy.)
Au CASDrNAL DE LoRBAINS '.
Mon cousin, ayant receu en ceste ville quelques meubles du feu sieur
de la Vigne, eu son vivant ambassadeur pour le roy eu Levant, jay aduii»
guérite de France, ayaal succédé A sa lant« Uarfiucrtle d'Angoul^e dus Tapa-
nage du ilurbé de Berry, avait fiitt aussitâi de l'émiaent magistrat son chancelier
parUculier (avril 155U). Voir dan^ l'eiccllenl ouvrante de M. F. Dupn^>tAsale,
coaseiller à la Cour de cassation, Mkhel de t'Bospitat avant son étévatéon au
poste de chancelier de France (Paris, 1875, io-B*], le chapitre iotituté : L'Hos-
pital, chancelier de ta dueheAse Marguerite. I) y a là de complets reaseign«-
meots &ur la su^ur Ue Henri II roimid^r^ doo 8«iilen)«nl coniuiâ ia&piratrire et
protectrice de rHo-spilal, mais eiirore ruiiimtf inspiratrice et protectrice de
Lancelot de Caries, de Pierre Ducbâtcl, de Salmon Hdacrin, de l'iliilien Fluninio
qui, mourQRl, lui adressa de Home des chanta pieux d'une exqaîse pureté (Warc.
Aat. FlatiiinH de rébus divinis carmina ad .Vafsaritam, Benrici Gallorum
reçli iororent {lufetix, 1550, in-1'), etc.
1. Noua Dc supposons ^oa que ton doive chercher ce )t«rsoDnagc parmi les
notnbreui eofanlH venus du troi&ijitne des cinq mariages de Claude Jr? GoulBer,
comte de ManlevrJer (I5V^), marquis de Boïsi (156t), duc de HoanH (1566J,
enfants parmi lesquels on remarque FTançoLn de Goufner, cberalier de Malte.
V«tr le [atna V de VHisttitre g^n^tUagique des grands officiers de la Couronne,
le tome V du Moréri de 1759, e)c. Le Gondier dont tl a'agit ici nous parait avoir
appartenu à une bien moins noble maiHOn.
2. H>id., Xk- 31X
3. Charles de Lorraine, archevêque & Il ans cardinal à 23 ans, était alors
âgé de 36 ans. On sait l'ini porta nce du rAte i^u'il joua som le règne de Frao-
fois U et plus encore f«u» celui de Charles 1\.
308
MtfutVCBS ET DOCDMENTS.
{ne. adviséf) ûe. vous choisir six tapis de Turqnio, des plus heaulx, marquer
en courte poincte sayotle de cramoysy, et une cuyr de Bulgarye, que
je vous oavoye, ei ay douoe charge a monsieur le presitleaide lUopital
de vous présenter de ma part, saichant bien laubligatioQ que vous
avoyt lo dict sieur de la Vigne, pour la bonne volante que luy avez
tousjuiirs portée, laquelle, mon cousin je vous prye voulloir continuer
envers deux petites niepces quil avoyst, lesquelles par son tefttatnfnt il
a faicteR bqb héritières, et pareillement avoyr pytîe de deux de ses ser-
viteurs, lua nomme de Grouffier, présent porteur, et lautre Nicolas de
Oiolle^ entre les mains duaquel il deslroyt faire tomber son abbaye, on
bon lieu près Tholose ', delaquelle le wigneur eve&que de Torbes* \f)
!uy dehvoyt recnmpnnpor d'un benoGce de huict a neuf cens livres de
rente, ainsi que plus amplement vous dira de toutes ses affaires le dict
sieur président de IHopital, et particulièrement de las^urance que jay,
que vous ayderez, tant aux dictes héritières et serviteurs, el recogne*-
trez ce qui est deu au dict de la Vigne par le rtty, pour son entretene-
ment en estât dambassadeur, comme aussy le dict fieur vous fera
apparoyr de la vérité, sy voua luy faictes ce?t honneur de lescouler
pour lamour de moy, et vous rendra »i bon compte de cesle charge,
ansemblt! de ma santé, i[uil nest bcsoing que je vous pci facn un aultre
discours de plus longue lettre^ a laquelle je feray fin par mes recom-
mandations bien fortes a voslre bonne grâce, priant Dieu, mon cousin,
TOUS conserver en fa faveur. De Nice ce (?)"• jour dapvril 1560.
VoBtre plus obligée cousine Marguerite de France.
(A monseigneur le cardinal de Lorraine, mon cousin.)
Atl CARDINAL DE LuRBAiNE.
Mon cousin, vous ne vous contentez de nous accûmoder, monsieur
de Savoye ' et moy, on tous nus alTaîres, dont nous nous sentons inâ-
niment aubliges, pour ta boune voluute, que vous faictes cuuguoisire
1. Notts avons vabement cherché quelle pouvait «Ire c«lte abbaye. Le GalUa
ehrisUana ue donne pa& sur ce point le plus petit lilet de luint^re.
2. ÉvtJeiiiiiiiriit Tarbcs. L'évéque «le Tarbes était alors Goalien Relia d'An-
boise, de la bronche des seigneurs de Btissy. On le trouve iléjA installé sur le
^iègH de Tarbes en 1553, et II orcupiiîl encore ce sii^^ge en 1573, année vers lu
tin de laquelle il mourut- Voir Gatiia chrisiiana, t. 1, col. 124U.
3. Ibid., ir 28.
4. Kmtnafluet Philibert, dit Tele de fer t i rause de la fermeté qu'il fll
paraître dait-'t toutes ses rÈ5olutiiiafi, > ainsi i|iic s'expriment les auleuni de l'Art
tU vérifier les dates, était né i Cliambéry Is g juillet lâîl et il avait éfiousè
la fille de François 1*', le 9 juillet 1559, devant le lit de mort Ue Henri 11. M. de
La Perrière a si^aalé (DeiU années de mission à Saint- Pétersbourç, p. 57)
LSITRES IXriDITES DE «iHOORRITB PB FBATICE.
en louB les endroit?, <imp. nous avonp besoin^ de vostrc ayde. Mays
Oultre CPla vous ae votip pnnuypz de prondre !a poyno dn moRf-ripre Ipr
princii>allefi nouvelles de !a court, rommo par vosire In'itrc de ïij^'jour
do ce moys. Vims inr faiclos entendre ce quil playst au roy faire sut les
différents de lan (de luy?) et dela^oynedAtlglete^re^ laquelle, comme je
pense, ne sera si mal conseille que de commencer et voiilloir soustenir
la guerre contre un prince si puii!sant, et qui a le droict et la raygon
pour ]uy, en vnulanl maintj'nir et garder qui est sien. Toutlrfnys, pour
le repos, le hien et tranquillité, que le feu ruy avant son trespas avoyl
acquis a toute la chrétienté', je vouldroyfi bien, que tous ces dilTereniâ
fuBseat passes par quelque bon aci;urd, et prye Dieu, que par sa Baincle
grâce il luy playse mestro la main tant a cesto alTaïre quaux aultros
troubles dp la relligion, quR me mandez nostre encor^sdu tout apaises.
£ntrc aultrcs choses que je regrEtte, cest la payne et le travail, que je
scay que vous y prenez pour l'honneur de Dieu et service de Sa Magofle,
et crainds quavRO] le temps vous neussiez pas asspz d*» force pour sous-
tenir tant de labheur., desquf'l je mattends bien que tour faict^s mainc-
tenant pari a monsieur de Mor\'illier * (?) qui vous y servira aussy fidè-
lement et suffisamment qui! vous est aublige, et que vous le congneesiez
homme de bien ' ; cella, mon cousin, me donnf^ un peult de repos a
mon esprit, pour la crainte que jay de vous, qui ncst moindre que telle,
que vous avez de ma malladye, de laquelle vous devez prendre mainc-
tenant quelque seurele pour lamendemenl que je commence davoyr.
I cinqnanlc^sepl leltres r>ri|;iiiales d'Kmraanael Philibert, duc de Savoie, adressées
é Charles l\, Henri III, Catherine d« Mcdicis el à divers [«raonnages de la
cour de Franctï, de 15^7 à 1581), ■ lelirps qui «ppiir tiennent A la rollecUon d'au-
tographes transportée de France en Rus».)e à la fin du siècle dernier.
1. EllMtx^tb. alors &geed« via^t-sepl an*, régnait depuis deui ans. LePnncr
si puiMont dont it va éir? questtnn fsl Philippe II, alors âgé de treote-huit ans,
et qui régnait drpuis quHtrR ans.
7. De ce fralemel élof(c donné i U Mge |iolitiqiie de Henri II, il Tant rap]i[o-
cher l'éloge ipi en a fait, près de 3D0 ai\s. plus tard, le sâvant éditeur — taut
apprécié par Micbetet — des Négociations de ta Frnnee dant te Levant [Aver-
iistement du t. Il, 1K50, p. xxv, rxvi).
3, Jean de MorvilUer, né & Blois le t" décembre lôOG, mort 4 Toars lo
13 ortobre 1577, fut «.ncxoMlTCment lleulrnanl Kênéral i, Uourges (1^361, doyen
de T'^glise de la même ville, roasetUer du roi an grand 4'osa&eil, maître des
requét4>s ordinaires d>F l'bôtcl du roi, ambasi^adcur h Venise (1546), ériiquo
d'Orléans (avril 1501), iisanic de* sccanx de Fraiire (15G8-I&71). Voir la tbése
pour I« doctoral t'A-lRllrcs de M. Oustavr Rdi^uenaiilt df> PucÏkism : /mn de
Morvillier. Élude sur la poUUque française au XVI' siècle d'apris des docu-
ments iiiédéh [Pans, 1870, in-8-). Cf. Revue critique d'histoire et de littérature,
n* du '.'S >uin 187U. p, 4I9-5Î0.
4. M. 0. baguenanlt de Piit-b«ssc rappelle (p- 5) que Jean de MorvilUer i était
très protégé par lu famille de Lorraine el par le cardinal en particulier; ■ qu'il
aiTumpai^na son |iro1erl(?ur a Home en septembre 1565 (p 91] el qu'il l'accom-
pagna encore au coacile de Trealf en octobre 1563 (p. Iô6}.
340
MELANGES RT DOCPHRHTR.
Jay laifiM pour quelques h4>un>fi du jour et plue, depuifi quatrf> nu cinq
jour en [ra]|?)et mo faici porter rlans uno chaise lo plu? longtpmps que je
pays par mnn snq'ue{?), afin que peu a pou jo puisiKfî prendre do layr ni me
fortîtierT pour mon aller par après loger en engar iEngadine?) ou jay 6ftj>e-
rauce de recouvrer au loger (?] du dîcl château au demeurant ma içanle,
avecq layde de Dieu, lequel je prye, me recommandant de fort bon
cucur a vostre grâce, vous donner, mnn cousin, en santé longuo vie,
que vous dejjire. De Nice ce septième (?) jour de may i560.
Mon cousin, si je [guéries de ccste malladye, comme jcspere, je lien-
dray ma dicte saute de Dieu premièrement, oi puy» de monsieur de
Dcl3trcccay(?)', lequel jo vous recommande aultant que je puis.
Vostre plus obligée cousine Marguerite de France.
(A monsieur le cardinal de Lorraine mou cousin.)
IV».
Mon cousin, oultre les bonnes nouvelles que mon cousin monsieur le
grand prieur, vostre frcre^, a apportées a monseigneur de Savoye el a
moy de la cbai^ quil a de nouB bailler les quatre galleres avecq la
Bheurme* cy devant promises el accordées par le roy, comme vous
avez mande, ce ma eati? fort grand playsir de le voyr, pour me consollcr
avec] luy du mal que jay rece u en nesto lonpue malladye, et me wnibU*
que sa prejiencc et la souvenance que jay de vous en le voyant muut
ayde de supporter la longueur de ceste dicte malladyo, qui touttefoys
va lousjours eu dimiuuant, par ce soîug el diligence, que le sieur de
Gaslellan" falcl auprès de moy, doncjeeperebientOBtgariaon aveclaydc
1. Sous ce nom si fort défigurô, il faut raconnaitre très pmliableinvit Le oocn
du dobl« inèdecia CiwleUn, dont il va Être question daos une >t]e& notes de la
lettre suivante.
2. Ibid., n'3t.
3. C'était Fraa(;eb de Lorraine, grand prieur et g^Jièral des galères de France,
né le 18 avril I53i, mort te G mnn 1563.
4. C'cst-à-ilire iiliiourmc. Rabelai* se sert de l'exprcMion chnrme et on disait
encore au xvji' aiéclo ckiorme. Voir le DicUonnaire de la lançue françalaâ
par H. Liltrc.
b. [] s'agit 1A d'Uonorft Cailelan, premier mC'decia du roi de Franc«, qai avait
été envoyé de Purls à Nir« |M>ur aider \es médetinsdu pays k gui^rir la dufheAM
de Savoie. Il jouissait d'une fnrt grande riSjJutatloQ. C'est l'anteur d'un discoars
Hir les vertu» et le» connaissances nécuMsaires à un médecin : Orafto </ua futuro
medUco neeessaria expticanîur (Paris, \bhb] Il mourut au ti^ffi de Saint-Jean-
d'Angély (15G9'), en même temps que boa habile confrère et inséparable ami Jean
Chii|>e1iiin. Voir l'éloge donné pnr J^cqu'is-Augusle de Tbou aux dpux célèbres
médccia» (livre XLVI, p. 638 et 653 du loine V d« la traduclion rranç^itse déjà
citbc). Cf. une lettre de tiuy Patin, du 11 mars 1644 (p. III et 112 du tome I
de l'édition du docteur J. H. Aeveill^Pai:iseJ, lettre où l'oo voit que Michel de
LBrrneS nt^OITES de KABUUBKtTB DH FBAIVa:.
ni\
de Dieu, lequel jt» prye, mo rccomnieadaot bien fort a voslre grâce,
vous donner, mon cousin en sanie 1res bonne et longue vye. De Nice
ce (?) jour de juing [1560].
Voslre plus obligée cousine,
Marguerite de France.
{k monseigneur le caniiaat de Lorraine, mon cousin. }
V.
Ait ftoi UB Francs.
Monseigneur, j&y entendu tant par vos leitrcs, que par mon cousin,
moDtieigneur In Grand Prieur, la bonne Kuuvenarice ipiil vous play.st
avoyr de moy, dont, oultre les infirysbienfaictsque monsieur de Savuye
et moy recepivonE ordinairement de Voslre Magesle >, Je me sen» parti-
culierement obligée et redevable et me vois de juur eu uultre la volunte
que jay de vous faire service, comme le debvoyr et obligation me com*
mondent, f.ncnres je mattend» bien, estant hors de cei«te maladye pou-
voyr satisfaire a Vostre Magoste par lolH'yssance que jay toute ma vye
délibérée luy porter. Mon cousin monsieur le Grand Prieur moxposanl
la cbarge quil a de bailler de voslre part a monseigneur de Sayoye leâ
quatre galleres quil a pleust cy-de>-ani a Vostre Mageste luy promettre
et accorder avecq la sheurme, il sest cicuser dn (0 pouvoyr fayre
preseuteuieut. si a» nesl nu prenant les deux gallere.s du luipitaine
Obdsaole» ^, et luy baillant par Vous assignation de ta valleur dicelles,
illospilal composa des vers latins ■ sur la mort de ces deux grands hommes >.
On s une ode des plus louHngeuses d'Olirier de Magnj, »dre»$6e ■ A llonnoré
Caftlellan, eircllcnt mMixio {Lf-s Odn, édition de M- A. Courbet, 1376, t I,
p. 116-122]. Le poète avait Hé. guéri de la Oèvre par le grand ro^ecln, et il lui
payait u» honoraires en beaux vers où il lui prooielUit dXcnitâcr sa méniotrc.
l. itHd., n* 3Î.
1. Hargaerile avail raison de parler de la raronnaissancc qu'elle garderait de
ces infinis bienfaieti, mais elle avait tort de »r faire caution Ae la recoanai:^
aanee de son mari. Emmaiiuel Philibert, aprës ta iiiorl de la duchesse (16 a^At
1574), se conduisit envers la Fraorc avec ingralilude el perlidie, et le président
de Tboa ne l'a pas trop sérèreinenl traité, gnand il a dit de lui en ce mtmt
livre UtX oîi il rend si bien hommage à la vertu de Uarj^ucrile : 1 11 ne cessa
poial de machiner contre le Rui el ie royaume, A i{ui il étail si redevable. La
mort iH^iiie ne put mettre tin A ses mauvais des-^einii. Il transmit loute sa mau-
vaise volonté A son fils, à (pli il ne tint pas qu'elle n'eilt lont son effet dans
l'occasio'n. > DranlAme est encore plu% indigné que J.-A. de Tbon de l'odieusa
conduite du pt:rr «I du dis (t. VIII, p 133).
3. Ce devait être Anioine de GabaJ.sole, seigneur de Porlo-Veccbio, né dans le
Cotnlal-Venalsiiin. (t<^ntiltii>mme ordinaire de la chambre du roi, «'apilalne de
dMix Kaléres, lequel fut tué au sli^ge de Rouen (t.'iC?) <M enseveli dans l'éftlise
de Salnl-Êloi de roUe ville. C'était le frère de ce Jean de Cabassok qui, tmlevé
tout enfant par des pirates turcs, parvint aux premiers emplois de l'cmptre
3<3
H^U^ICSS £T DOCTMBIITS.
et quant aux denx aultres qui reateruyemt, qui! nous en acoramocicroyt
lo miculx qui! luy seroyl piwsiblo «ur celles que Vous avez a Marsciillc.
Pour ce que ceste promesse a este Taicle de Vosire grâce et pure libera-
lite« it vous playra commander quelle soyt exécutée et vous supplye,
monecifineur, ne Vous cunuyer de la Ires humble requesle que je Vous
eu fatz, estant certaUi que les dictes galleres ne seroat moing voslres
estant es maïas de monsieur de Savoye, que si elles demeuroyent ea
voslre pori de Marfieille. car vous pouvez vous asseurer que sa vye et
le demeurant de tous ses biens spront tousjours employez pour vostre
servie» du bï bon cucur que Je serviteur que vous ayez en ce monde.
Je laisseray ce prupos pour Vous mander do ma disposition, qui neat
eucores telle ipie je vouidroys bien désirer, plus pour le respect de
vostre service que pour mon bien parlicullior. Jespere touttefoys avoyr
bieutosl guarisuu. car il ue me reale plus quune foeblesse et debilitaliua,
a cause de la longueur de ma malladye, a quoy jay bien loppinion que
le sieur de Castillan remedira avpcq layde de Dieu^ lequel je prye, me
recommandant très humblement a vostre bonne grar^, vous donner,
monseigneur, eu parfaite santé très heureuse et longue vye. De Nice ce
(?) jour de juing 1560.
Vostre très humide et ires obcissanio tante et subgeie
Marguerite de Franco.
(Au roy.)
VI».
Au CARDiriAL DB LUBBAIKB.
Mon cousin, je voys assez, par vostre leitre du rxij» jour de inay der-
nier passe, le soin que vous avez de moy et la poync oii vous avez este
pour ne scavoyr si souvent de mes aouvelle^ comme vous avez accous*
lume, et me samble touttefoys quen cela je nay este si paresseuse que
vous en avez oppinion, car je vo;is eu avais faict cy-devant amplement
entendre par le sieur de Parelle que monsieur de Savoye a depescbe vers
Sa Mageste, et depuys je vous en ay aussi faict enteudre par le sieur de
laCoetye Iiin «le mes Rentilbommes. Touttefoys je ne veulx par la pré-
sente tant mexcuser ()ue vous remercier des nouvelles que vous me
départez par vostre dicte leitre, par laquelle je voy que les troubles
qui surviennent a cause de la relligion ne sont eacores apaisez >, et que
ottoman, et un desnenJanl de cp Cuithume i1« CahasAote qui, au milieu du
XV* Ait>f-to, fUnit £4:ii)er t^l «rhun-Min du ntj Hcnr. Voir \e DicUonnaire histo-
rique, bioyrapftiiiui! et bibUogni^iUiqtte da diipartemmt de VauetuM, par te
docteur Uabjavui., t. l, grand iti-il", IHU, p. atâ-316.
1. ibid , u- 33.
2. Sur ces troubles, qui soivireoL la coojuntlion d'Amboise, voir, eotre tous
les autres hiftlorieas du xvi* aiucle, I)lai?te de Uooloc [Commtntairts, édition
LETTRES nébITES Dr HiRr.HEBITe IlE FRAKCC.
343
quF-lqnn peyne que ton y ptiis.ee mt^Rtrr*, i! en resto loupjouni quelque
mcine que Ion no ppult extirper ri ce nest par In travail Pt Kolliritiidc,
que vous avez env^e dy employer, qui me faict craindre qu'avec lanl
(ïaultrtN! aHaire^ doul voub estee cbarg^ vous uy puissicK saiisfaîre^ el
que ce travail voub soit cause de quelque malladye, laquelle ne mo
faschera mnings, quo c^^llfi qui ma dure fti loaguomont. Quant aux nou-
velles dAuglctorre ce ma este fort grand plaisir dentondre ce qui on est,
ensemble de celles dKscosse par les coppyes deis lettres et advic, que
mavez faict envoyer par le sieur de Fresoe '. Par cept« depei-che jay
I>eu congmùstre en iiuel estai sont les dIctP afTaires, et ne me puys
persuader que ceste rtiyne dAngleterre soit si mal conseillée que den-
trepreudre si légèrement de rompre le traicte dcnlro le fou roy monsei-
gneur et IVere et elle, pour commencer une guerre h mal fondée contre
la puissance du roy, nestant même secourue et aydee par le roy catlio-
lique', lequel, comme vous mo mandez, faict en cest endroict tous les
bons ofHces quïl drjïht pour empesrher que le repos et tranquillité de
toute la chreslicnle no soit troublez par le mal hcureiinconvenicntsdc guerre.
Je mattends que le ^ieur de Handan ', qui lors de vostre dïcle Icître
ueslois eocorea do retour, vous en aporlera quelques bonnes nouvelles.
de M. de Rabl«, livre cinquième, t. H, p. 360 «( ioiv.], et Théodore de Bëze
(Histoire ftectfiiastigue du e{/tiie.K r^farmées au royaume rfe Frante, «lilion
de Lille, IS41, (ivre troisième contettant les choses adt-enue* sous François II,
t. 1, p. 133 el suiT.]
1- Pierre Forgel, ^ieur de Fre^De, qui de^-inl sccrélaire d'Ëtat sou$ Henri III,
était ûls de Pierre Forget, conseiller et secrêlaire des rois Frauçois I" el Henri M,
et de Fninçoiie de Forti», une des dacies de la reine. Il Était frère de Jean
Forget, prénidenl à mortier au )>arl«in«nl de Pari*.. Pierre Forget, au niomenl oii
Il fut earojé eu Piéuionl, aurait étt> bien jeune, si ses bingriiphes ne bo iromjient
pas en te faisant mourir, Agé de 66 ans, le ?t nvril 1610, <'e qui lui donnerait
16 ans sculemeat cd 1560. Voir daa.s le Choix de poésies de P. de Itonsard
(Pariv Didol, 18C2. t. li, p. 369] on sonnet i A M. Forget, secrétaire de
Madame de Savoie ».
1. Pbilii>i>e II, ilors Agé de 33 ans, régnait sor l'Espagne depuis le IS jan-
vier tânë, jour de t'ubdic^ilioa de Cbarles-Quinl. On <uit qu'il était te ncTeii pir
alliance de .Marguerite de Fronce, ayant 6pou«é en juin 15.VJ U fille de Henri 11,
Ëlisatielli de France.
3. C'êtail Charles de la Ruchefoucauld, roinle d« Randsn, chevalier de l'ordre
du roi, captlaiae de 50 hommes d'amies de ses oriion minées, cnlnncl {iênéral de
l'infdiiierie, liUde Frd[)^*otslI,cointedela Roebefourutuld, cl d'Aime de Polignac,
datne de Randan. Il était alorR ambnvsadeur ea Angleterre, comme oo le voit
daoB le Oictionnaire de Moréri, généalogie RnrMfoucauld [La], l. IX, p. 271.
Constatons, en puisant, que le nom du comte de Randan a été omis dans la liste
de<t Ambassadeurs, ministres, près le çouva-nement a»ylats, insérée dans
VAnnuatre fiisturlque pour l'anntfe 1648 publié par la Société de rilistolre de
France (Paris. 1847, p, Î35-2W]. Charles Je la Itocliefoucauld devait mourir
deux ans plus tard {\ aovetubre 156?), au siège de Rouen, d'une bte&sure reçue
au siiige de Bourges et qai avait été mat pansée, selon U refn^rquc du préxideni
de Thou [livre X.VXIII}.
841
MéU\6ES ET lIOCCMEÏ^Ta.
csar il me Semble quello ne peult r^ruser les boanestes offres que le
roy luy faici, plus pour le respect del'ÎQWrestdp la dicte chrétienté que
de nulle aultre chose (outre la (iance que nous dehvouR avoir en la bonté
dd Dieu, qui en ung mesme temps ne uous vouldm abii^mer de tantde
maux). Outre tous ces malheurs ce que je regrette et plains autant est
lennuy et pejne que reçovl la royne d'Escosse, vostre eeur*, qui toutte-
fnys en mon avis na faulte de bon couraige, se voyant si bien pourveue
de vaillants hommes, et qui font si bon debvoyrpour le service du roy,
comme jay peu entendre par les dicts avis et mémoires. Mais pour
ac vous faire plus long discours de ces dicts affaires, je ne vous diray
ftultre chope, siuon que jeepere que pour vostre prudence et bonne con-
duilte, le roy en aura tel fin quil désire. Au surplus, mon cousin, jay
receu une aultre lettre de vous, par mon cousin, monseigneur le Grand
Prieur, lequel a dict a monsieur de Savoye el a moy la chai^ quil
avoit de luy bailler les quatre galleres qui cy-devant !uy ont este pro-
raiHeB; Loultefuys, au moyeu du voyage d'Escosse, quil va faire il dicl ne
pouvoir satisfaire ce qui luy a este commande, si ce nost en pronnant
deux galleres, qui sont au capitaine Gabassoles, avec la chcurmo.
lequel en ce faisant \\ fauldroit estre paye et satisfait de la valleur de
cesdictes galleres (>ar le roy, en tuy baillant quelque bonne assignation;
et quant aux deulx aultres qui resleroyent, mon dict cousin, monsei-
gneur le Grand Prieur, nous a promis de nous en accommoder le mieulx
quil luy Rera possible, et a nostre cwateutement. Puur ce, mon cousin,
que uous tenons eu partye ce bienfait de vous, je vous prye y mettre la
main, de sorte quil puisse venir à effect et faire baiUer au dict Cabas-
soU's asâignalion et recompeoBe de fles dictes galleree. Quant aux deulx
auttres s'il vous playsoyt, mcin cousin, vnullotr faire tant pour nons,
que la cheurme se preigne partye sur lea dictes gallereSj qui demeur-
ront après le partemout de moadict cousin, monseigneur le Grandi
Prieur, au port de Marseille, vous ubiigeryez beaucoup mou dicl sieur
de Savoye, lequel, après tant dasseuraiice de Sa Magcste, la royne
mère, et particuUiercmeiit de vous et de mon cousin monseigneur le duc
de Guyse^ sest tousjuurs tenu pour certain davnir les dictes galleres ea
tel équipage que luy out este promises, el en a cuuceu puur cela une
bien grande euvye et oppinion de les avoyr, qui faict que je vous prye
de reclief, mon cousin, avoir souvenance en cesi endroict, tant de
vostre promesse que de la fiance que nous avons en vostre bonne
1. Marie de Lorraine, tille de Claude de Lorraine, premier duc de Guise, et
[l'Antniiielte de Buurbnn, ^laiE nèo le 71 novembrt \Mb. Elle avait <klé mari^,
le 4 aufit 1534, avec Louis (l'Orléans, dur de Longiieville, et, le 9 août 1638, avec
jHr4|ui;-s V, rui d'ËciK.ie. Au innincnt cm lu fir^oiilc lettre parvint au cardinal
de Lorraine, >ia sœur n'était plus (depuis le lO juin), fille laisM uae iKIe unk|ue,
alors Agée d'un peu moins de 18 ans, si célèbre sou» lu nom de Marie Slutrl.
'2. FranvoU de Lorraine, 5«ruiid ihir de Guise, Srdre aîné du cirdiiMl de
Lorraine, était alor& âgé de M uns.
LBTTRSS rM^MTES PE ll4Kr.DEBtTE l>S FIUSCE.
345
volnnte, car je pen^e bien quit est eu \ous dexocuter ce bienfaict, don,
et libéralité de Sa dicte Maçesic, lequel ne peult ertre empesche pour
le respect de pou service, car je croy que tou? avez bien oppinion, que
lesdictes qimtn* gallerm entAnt H mains do mondict sienr de Savoye
seront an^tant on la puissance et diiipo«:ition de Sa dicte Mageste, que
si elles estoyenl en son port de Marseille, et que Ion en fera aussi
aysement pour la votante que vous scavez que iDonseigoeur de Savoye
a demployer tout ce qu'il a en ce monde pour son dict service. Touchant
ma disposition il mcst demeure de la longueur do ce$te malladyc une
si grande debiUtatîon, que je ne me puys encores bien Tortiftier. Je sens
bien touttefoys que jamande quelque peu de jour en aultrc, mes^memeni
depuys que le sieur de Castellan ma ordonne de prendre du lait dan-
nesse et les bains a certains jours, comme luy mesme ma promis vous
mander plus particulUerement, et pour ce il mo suflini de me recom-
mander pour le présent bien fort a vostre bonne grâce duuiisi bon cueur
que je prye Dieu, mon cousin, vous donner ea saute très bonne et
longue vye. De Nice ce xij* jour de juing.
Vostre plus obligée cousine
Marguerite de France.
(Â mon cousin monseigneur te cardinal de Lorraine.)
vn».
Au CAiDIHAL ItK LoaSAOtB.
Hou cousin, jay rcceu en ung mesme temps deux lettres de vous ; par
celle du troisième jour de ce moys ' voup me faicles scavoir bien ample-
moni les nouvelles ([ue vous avez receura dAngIp.terre par monsieur de
Randan. et !a bonne et saincte délibération que le roy a de conserver
te repoz de la ohresiienie, aussi laide et support que le roy caitiolique a
promis a Sa Mageste, si elle en a beeoing. Je vous remercye, mou cou-
sin, de la peyne que vous prennei de me faire part de toutes ces nou-
velles, que je su\-s bien fort ayse denlendre, pour laffection que jay au
service de Sa Mageste et mesmement pour Icsperance que me donner
de quelque bon lin. Au surplus je vouldroys que le présent dont vous
me remercyez si fort eut este encore plus bien, mai.'t je mattends que
vous ne regarderez tant a ta valleur^ qua la bonne \oluute de celle qui
vous lenvoye ^, i{ui ne désire rien davantage que vous faire congnoistre
combien elle se sent vostre obligée, et pour ce que cela \ieut des biens du
i. Celle lettre du 3 join 15G0 était une réponse à la lettre de Marsnertle, du
mois prcredeol^ lettre qui, parmi relies qoe l'oo >i«ni de lire, vsi l.i troisième.
3. Oo a TU qne Uai^uerile avait offert au cardinal, doat lei goùts hixuetit
âûBl bien coanux six ttt'i^ ^ Turqiûa.
346
aifU?(GES BT DOCDMBIVTS.
feu sieur de la Vigne, quejay retenu pour leur prix, je vous prye, mon cou-
pin, avilir queli]upfiii» BOuv^nHiico et pytie de queltiues pauvres héritiers
et serviteurs qujt ina laisse et dont jay prins la charge, a ce quils ptiis-
senli quand la commodité des affaires du roy le permettra recouvrer ce
qui estoil deu ou dict la Vigne, qui est le spuI moyen quits ont de
vivre et dcstre pourveus. Par vostre aultre lettre du ix«jourdoce movs
vous me raonslrez assez dtf «[uelle affecliou vous maymez, tant par le
desplaysir que vous avex de la longueur de ma maladye, que par la
prière que vous me faictes et oon»eil que je me donner, d'obéir a la
consultation qui a este fai<'te par le» médecins du roy pour tair quiU
sont dadvis que je change. Grâce a Dieu depuys peu de temps je me
trouve bien fort araandee et de beaucoup plus que je nay faict par cy-
devaut. ïouttefoys en quelque estât que je soyes je ne feray rien de ma
leste et croyray entièrement ce que le sieur de Castellan ordonnera pour
ma saute, niesmement putsquil pîuyst ainsi au roy et royoe' mo le
commaniler et que mrs meilleurs amys me conseillent le semblable,
entre les(|ueU vous scavez combien je suys tenue de suivre vostro con-
seil. Je vous feroys pour la présente plus ample response a ce que vous
me mandez touchant le retardement des quatre gatleres données a
monsieur de Savnye, mays après le parlement de mon cousin, monsieur
le Grand Prieur, nous vous hii avons faîct uue.si ample expédition, qun
puur cesle heure je ne vous diray aultre chuse, sinon que je me senteroys
fort heureuse si en cesl endroict je pouvoys voir monsieur de Savoye
bientost content^ iielon quil espère eu laeseurance que luy en avez
donnée, et vous recommandant cest affaire aullant que je puys et
moy de bien bon cueur en voalre bonne grâce, je prj*e Dieu, mon cou-
sin, vous conseruer en la sienne. De Nice ce xxix« jour de juing 1560.
Vostre plus obligée cousine
Marguerite de France.
(A mon cousin, monseigneur le cardinal de lorraine.)
VI U >.
Ad CARSINAI. DB LOBRAIHE.
Mon cousin, jay entendu comme monsieur de Bourdillon' envoyoit
a la (îourt certains articles proposez par le procureur du Roy a Thurin
1. Ccfl reines ëlalÊnt la rcine-niÈre, CalhtHno de Médicis, et la jeune reine,
Marie Stuarl.
2. Ibid.. B* 35-
3. Imbert de la IMatière, sei^eur de BouriHllon, éuU &h de Philibert de la
Ptatiere, »i?igaeur de<i BortFes, bailli et rjpilainp de Manie» et de Meulan. Vlaré-
chai de cain|i en 15^2, Imhitrt Lleriiil, rtix aiivi plua tard, iniréchal dff France.
Il avait été eavojé en Piémonl des l.iSO. i\ mourut A Fonlainebleaii le 4 avril 1367.
Voir le curieux chapitre de Branti\rac sur M le mareschat de Bourdition (t. V
dee ÛËDvres fompltiles, Crandf capitaines français, {<. 71-8?).
LËTTISS IX^DITES DE MIBCOCBITE 1>£ FIi?(CE.
3*7
de quelques plainctes quil laict, comme |)lu8 amplement vous pou\Tez
veoir par le conlcnu d'icoulx ausquels a este faict responce par les
gens de monsieur mon mary, lesquelles, je pense, ne Ircuverez imper-
tinentes, ne desray^unnabies, dont lou(tefoy« je ne vous veulx faire plus
ample discours, remettant le tout a vostre bon jugement et a ce que
moneieur de Thulon vous en fera entendre.
El pour ce il met sultit vous afeseurer dune chose, quen toutes les
ordonnances que monsieur de Savoye a faictes sur ses terres et subgots
de Piedmont, il na eu aultre intention sinon de pourveoir aux abbus
qui se peuveot commestro au service de Sa Magestc et au sien, et de
prendre raysonuablemeut de ses dicU t>ubget2 ce que par eulx luy a este
accord». Les coni^ipnatinns et regrets quil faict tenir des vivre? ne tendent
a aultre fin par ce que Ion congnoi5se que plusieurs marchands et
aultres particuliers voulant faire leur profil de la liberté octroyée aux
cinq villes retenues par Sa dicte Mageste, il semble touttefoys que ses
marchands et au Itres »i:>yeni les princJpaulx instigateurs de ces plainctee,
vcu le support quils ont des ofticiors dp Sa dicte Mugeste. i^uanl â la
diâlributioii du kci^I K le surplus desdict« articles, ji; niait(;nds, mou
cousin, que vous nous en contenterez et que vous ferez ce bien a mou-
sieur de Savoye et a moy que de le soustenir en ce quil vous semblera
juste et équitable et que particullierement luy vouidrez bien ayder a
ce que par tordre quil veult tenir audict Piedmoat it puisse avoir
moyen de satisfaire au foumissomenl des vivres, qnil doibt aux sus-
dictesciuq villes, et que commodément it ne pourra faire, si ce nesten
reformant let; abbus que ces dicts marchands et aultres puurroyent
faire. Mais je ne vous dtray aultre chose do tous ces alTaires et me suf-
firay de remestre le tout en vos maius, vous les recomniaudaut et moy
de bien bon cueur a voslro bonne grâce, priant Dieu, mon cousin, vous
conserver en la sienne. De Nice, ce vi* jour de septembre 1560.
Mon cousin, pour ce que vous êtes celluy a qui je me plains prive-
ment de ce que Ion nous faict, je vous prie voulloir pour\'tH)ir a ceste
allaire et avuir esgard qoau sortir de ma malladye et pensant me
remettre du tout, fus on Picdmont où je voy je y auray bien peu de
contentement et de playsir, si vous ne faictes que je y puisse vivre en
paix et faire cesser toutes ces crieryes.
Vostre plus obligée cousine
Marguerite de France.
(A mon cousin monseigneur le cardinal de Lorraine.)
IX.
 UON COUSJ.f
Mons' de Bourdillon, chevalier de l'ordre du Roy mon seigneur et
Depveu, et lieutenant gênerai do S. M. eu Piedmoat <.
l. N'î.
318
MiUKGES ET DOCUMETTS.
Mon cousin, j'ay ce matin receu lettres de la Court par lesquelles l'on
me faicl entendre que la Hoyne esloit retournée une fois de Toury'
au boys de Vinceunes sttus avoir pu rieu fcre avec cculx d'Ortcans*, mats
que deepuis le xvu^ de ce mois Elle avoit receu nouvelles d'eulx qui la
feroienC ce jour mesmef monter à cheval pour ristourner i Boygency'
où elle espeniit donner Bn à ces troubles par quelque bon accord. Elle
ne tarda point de sy aschemînor ti>nt aussi tost, enooros quelle se acn-
tist assez mal d'une ch(>ute de cheval qui luy avoit Taict fort grand mal
à une maint, une hanche et un bras qui la garde de ne poiiTOir escripre
de sa main ^ L'on me mande encores que le camp du Roy est beau-
coup plu« fon dp oavaIlf>rye, mais que ceulx d'Orléans en sont plus
d'infantnrye ^. Mais nonobstant tout noia l'on me donnp fort grande
espérance d'accord ^. Je crois, mon cousin, que vous aurpz entendu ces
nouvelles, toute^fois je n'ay voulu faillir à les vous mander, et vous
advertiray de ce que j'en auray par cy apris davaulaige, ce que je vous
prie ausRÎ vouloir fere de ce que vous seriez adverty premier que
moy. Mo recommandant pour fin daussl bon cueur & voitro bonne
1. Aujourd'hui Tboury, commune du d^iiarlemenl de txtir-«l-Cber, «rroodisse-
ment île Romurantin, canton de Neiing-flur-beuvron, à ^4 kilomètres de Bluis.
Ce fut en r«1te btimlilF! Iu<!alit(; que Ciitbrriiir dt; Kédicîs, nrtain|>aguée du nri
lie Navarre et du duc Henry de Montmorency, eut avec te prince de Coodé oue
conférence i[ui resta sans résullat et qui a re^u le nom de Parlement de Thoury.
Voir sur l'entrevue (cummeaccment de juin) de h reiue-DiÉre nvec Louis de
Bourbon XHisteire eccfésiasligue de Th. do Bèce (livre VI, t. Il, p. 47-49),
VHtsloire de J.-A. de Thou (livre XXX), l'Histoire de$ princes de Condé par
M. le duc d'Aomate (1. I, p. tiO-l-tl), etc.
2. On sait que le priore de Condé s'était, 1« 3 avril précèdent, emparé de la
ville d'OrlÈaa», qui, aelon l'expre&sion des auteurs de l'jtrt de tèri/iifr les dates
[t. VI, 1818, p. 170), devint, à partir de « jour, le boulevard de l'hérésie.
3. Beaa^Qcy, cbef-lieu de canlon du dêparlctncai du Loiret, arrondissement
d'Orlédiis, à t\i kilomètres de celte ville. La nouvelle enlrcvur^ eul lieu (29 juhi)
non i Beaugeacj, mais i Talcy, petit village qui est Duainleiiant le chef-Ueu
d'une cuinmunc du Loir-el-Cber. arrondissement de Blois, canton de Marcheaoir,
« k cinq lieues de Ch&tcatidun », comme le marque Th. de Hèze (t. U, p- 570.
Ainsi que rhistoripn protestant, M. le dnc d'AumoIe (t. I, p. 141) *cnl Taity.
Ttttcy est l'urlboi^raplie oITlcielle.
4. Voilà bien de» détails sur un accident dont les historien*; ont en gÂnéral
fait une tr^s brïve menliou. M. le duc d'Aumale, par exemple, s'est contenté de
dire (t. I, p. Ut) que Catherine, < quoique blessée d'une chule de cheval ■, fut
lidèle au rendez-vous.
6. M. le duc d'Auinnte dil (p. 170) : < I>es deux armé&t se rnpprocb^renl et
n'étaient plus qu'A deux liPues l'une de l'autre; le choc paraissait iaèriiable,
lorsque les négociations recommeocérenl. n
0. Malgré toute l hibllet^ d(>ployt^ par Catberine do Médlcis o1 par son colla-
borateur Jean de Monluc. év&|uc de Valence, un des plus lins diplomstes de ce
temps, l'accord oe se fit pas, et la prise de Beaugenry par les huguenots, la
prise de Blois par les catholiques, suivirent de pr6s l'entrevue du W juin.
LRTTIItS intîmTES l>b HARGCUITE DE FUMCR. 319
grâce que je supplie le créateur vous donner , moo cousin, en santo
très bonne et longue vye. De Fossau {Fossano) ce xxljj do juîng 1562.
VoBlre Iwane cousine
Marguerite de France.
X.
A M. DU BOL'BDILLO».
Mon cousin, le sieur Pau^son, trésorier de monsieur mon mary en
Piedmont, ma faïct entendre que le pmces qu'il a par délia au parle-
ment de Tburiu routre une nommée Madona Bochona pour quelque
domme dai^ent quelle luy doïbt, duquel je vous ave quelquefois escript,
est prest a juger, et pour ce que dnpuys deux ans en ça sa partye a
tùUMOurs fuy le plus qu'il luy a esté possible et quil craint fort quelle
nempesche encore le jugement, je vous prye, mon cousin^ le vouleoîr
avoyr pour recommande en la meilleure et plus brefve expédition dejuft-
ticeque lonpouvra pour le dit procès, etauresteluydouueraussy moyen
de pouvoir habiter et faire réparer une maison qu'il a dans Tburin,
laquelle depuys loagtt^mpit eu çà a este tousjours occuppee par geatil-
bommes et daullres soldats, de façon qu'il ua un moyen de remédier a
ta ruyne, où il ma faict entendre quelle pourra tomber, si par vosirc
ayilc il no donn<* ordre. En quoy, mon cousin, je vous pryc le voulooir
gratifier pour lamour de moy, et sur ce pninct je pry*:' Nostre Seigneur
vuus donner, mon cousin, eu santé, très bonne et longue vye. Ce pr«-
mier jour de septembre, 1562.
Voslre bonne cousine, Marguerite de France.
A mon cousin monsieur de Bourdillon, chevalier de l'ordre du Roy
mon5^gneur et nepveu, et lieutenant gênerai de sa Mageste en Pied*
muni.
XI'.
ÂD HAKfeCR&L nS HoDBDILLOK.
Mon cousin, jo depesche expressément Forget' présent porteur,
devers leurs Magestes, aueiant pour les acertainer' de la disposition
de moDsienr de Savoye, que rendre compte des auttres parlicu tarîtes
1. Ibid., r 12.
2. Il a été déjà question de Pierre Fo^t dans U Rixi^e des prAwales lettres,
adressée au cardioal de L/>rraiDe, eo juia 1560. Le futur secrétaire ilEUl, éga-
lement investi, malgré son exiréme jeunes», de la cootiaoce de Catherine de
Mèdicis et de cell? de Marguerite de France, faiiuiil la navelle, Kmb\e-l-i\, ealre
la cour de France et la cour de Savoie.
3. Assurer, rendre certain. Ce mot, sur lequel un des plus ip'acienx ver» de
Oitecal Marol a mis ootnine un njroo, n'a pas sorTèeo ao xvt* siècle.
39W llâLAXGeS tT UOCCMEIVTS.
Burvnanes pardecà durant sa maltoilyfî, ilont je luy ay donne chaire de
vous faire ami^Ie cummuuicalion, et au demeurant t^smoigner du cod<
t{>ni3ment in&oy que je receu du sieur Ludovic pour lee boaâ oUicos
quil a faictz en deux foys envers moy pendant mon affliclion^ desquels
je n'ay failly de me louer a la roync, comme je demeure aussy bien
cunlent* de ce qu'il a pieu a leurs susdictcs MagestCR di*nvoyer visiter
monsieur de Savoye el muy par muaoieur te président de Birague>^
pour la bonne oppinio» que jay de ce perwonage là, vous asseuraat
que là, ou jauray jamays moyen de recongnoistre les honestet^s qae je
re(;ois de tous deux, ce sera tousjourf; de liicn bonne voluotc, tant
envers eulx que tout ce quo leur appartiendra, ainsi ([ue ledicL Forgot
vous dira plus au lung avec le reste de mes nouvelles, dont me
remcctant sur Uiy, el apros vous avoyr prie de le croire, je supptye le
Créateur, moQ cousin, quil vous doinct sa grâce, mo recommandant de
bien boa cueur a la vostre.
De Thurin ce dernier jour de soplciabrc 1562.
Mon cousin, monsieur de Pequigni* ma faîci entendre la souvenance
que TOUS avez eue de luy pour la recommandation que je vous en ay
faicte, dont je vous remercye bien fort, et vous prye pour lamour de
moy de continuer de fa<;on quil eu puysse sortir quelque bon effecl,
car jestimeray ce bien là comme si celoit pour moy-mesme.
Vostre bonne cousine
Marguerite de France.
A mon cousin, monsieur le maréchal de Bourdillon.
XU».
Ad maréchal ds BornoiLLON.
Mon cousin, je croy que par le pacquet que monsieur de Savoye et
moy vous despeschames byer après disnervous aurez veu quil do ooub
1. Heuéde liiraKue, oé vers t509à Milan, mourut A Paris le ^4 novembre 1383.
CoQSt^iller au parlcntenl M Pari» Mms François I", il devint pliiH tant présideal
du bénit de Turin, gouverneur de Ljon, gardi! des sreiuK de France (1^70],
cbiinrelicr (1575), cardinal (1578). Le niiiréchiit dn ikiurdillon (■.[>oii!«h en t>erondes
noces Française de Biraitue, la lille uTiique du futur prince de L Ë^Use- Voir le
portrait, &i virempnt retricé par Braolôiac. de Kené de Biraguc {Œuvra eom-
ptèles, t. V, p. 76 et 77).
2. C* Tiivin était alor» porté par Charles d'Ailly, baron de Péquigny, (iU d'An-
toine d'Aillr, vidniuc d'Ainiciis, et de Marguerite dn Mclun. [<a baron de Péqut-
gny fut tué à La bataille de S^iîtil-Deuis [10 novembre 1567), eu nit^me lem|is que
Ma frère. Louis d'Aillj', vidame d'Amien-i, Ce qui cipliqiio la recommandai ion
de Marguerite de France eu fnreur du baron de Péiinigny, c'^fll que le frère
atné de ce geulilhomme, FrançoiA «l'Ailly, mort i^a Aui^leierre hu nwh de jan-
vier 15{î0, avait épousé Françoise de Balarnay, lilte de Reuf: de Bulurnay, comte
du fioudiogc, et d'Isabeltâ de Savoie.
3. tbid., n" n.
LBTrtES néDITI» DE VARGDEftlTf. DR FlunCR.
321
poUTOit arriver meilleure aourelle que celle que nous enlendismes par
Micquer (?) de ce que vous mavez advertye preseutemeol, par ce pur^
leur vostre serviteur. Vous pouvez juger, mon cousin, si Jay occaeion
destre contente pour le désir qu'ay tou.'ijours eu de vous vovr au désir
que vos vertuz méritent', }>articuliercment aussi pour mon respect*
ayant raconnue en vous toute la [perte] que jay ces jours faicte en feu
monsieur le maréchal de St-André', qui est toute la oonsolation que
monsieur de Savoye meo a peu donner^ me remectant devant le^ yeubt
lamytie que je doibls espérer de vous et de monsieur de Viiîilleville (*f
qui tous deux avez succédé encedéMr. Au reste, mon cousin, jay bien
amplement fairt entendre a vostre dict porteur ce que jay entendu des
nouvelles de ceste bataille*, qui me gardera de vous en dire davantage,
priant Dien vous donner, mon cou»n, en santé très heureuse et longue
vy€. De Rivoles' ce xxnii» de décembre 1562.
Vostre bonne cousine, Marguerite de France.
A mon cousin monsieur de Bourdilton, chevalier de lonlre du roy
monseigneur et nepveu, maréchal de France et lieutenant gênerai de
Sa Magcste en Piedmout.
xni«
A Catbuihb de MfcDicn.
Madame, voyant lestât ausquel mes affaires sont mainctenanl a
1. Marguerite r^Jicile ici U. de Boardilloii de u noTnination au grade de
maréchal de France, «o remplacemeot du maréchal de Saiol-Andié qui renaît
d'«tre OÂMBsiné (19 décembre).
'2. Pour r« qui me regardp, d« re^ecluâ.
3. Jacqa«s d'Albon. marquis de Frunsac, seigneur de Saint-André, marérhal
de France dcpuu l'anni't; \ôil, hit prianonier à la bataille de Dreui, eut Ui IMe
casste d'un coup de pistolet par Baiibigny, stcarde Uéiiéres, qu'il avait aalreFoi&
graTeneat oulnge. Voir les abondants déUils que donne a ce snjet J.-Ang. de
Thou dans son récit de U baUilIc de Drfui (livre XXXIV, |». 477-4S5 du 1. IV
de U traduction d^ Londres), dêldîU qu U faut rapprocher de ceux que l'on
troure dans les Ménioires de Vieilleville (Collection Uichaud et Poujoulat,
L IX, p. 3ï!-3-13]. BrantAcH, dans sa notice sur M. U Marexfial de Saint-
André ((. V, p. 30-46), est beaucoup plus faTorable à Jarques d'Albon quK le pré-
sident de Ttiou, qui dt^clare toutefois que ce Kcntiltiomme éUH orné des plut
brillanles qualités miturallM. Marguerite de Fraurc rcgretlail en lui un des plus
anciens serviteurs cl des plus dévoués favoris du roi Henri II. â'il (allaîl en
croire ïa r«l4cteurs de ï'Art de vé'ifia' Ut daiet (édition de 1818, in-8*, t. VI,
p. 177), le cbagrÎD de U prineesu aurait été partagé par plunieurs ; > Le marêclial
de Satol-André, disenl-iU, emporta des re^U; c'était le cavalier le plus
afanable de hm temps; u |mlili>^<w égalait t'urbanîte grecque et romaine. »
4. Sur la bataille de Dreoa voir les remnniuables pages de H. le duc d Aa-
laale dans sou Histoire des princes de Coudé (t. 1, 1868, p. 168-212).
â. Rivoli, chlteaa près de Turin,
e. nud., n- 36.
RïV. HiSTOB. XVr. 2" FABC. Î1
322
MEur<tr;es bt oocracm-s.
Bourges* et le peu de seuretc quil y a poar mes oiUciers «l mesme
pour Moudia, pnHtuDt porteur, commis au donsaine «t a la reofpte de
mes fîitaDces, de pouvooir v&cquer a ce qui est besoing pour mon ser-
vice et la charge qutl en, a fiar àelh, tant pour la haine particultiere
dautwuns des priucipaulx ministrnii oi nrficïcrs du Roy, monseigneur et
nepveu* el de la dicte ville, que pour le peu de recours qnil y a du
président (?) a la justice, comme je le faict entendre a monsieur le
cbanceUier, par ce qui men a este o«cript nt mande, de delà, pour, ail
Vous playst, en estre advertyo. Jay est* contraincto de vous impor-
tuner de ce mot de lestm et vous envoyer ce dict porteur par deli,
pour vous supplyor tro? Iiumblemcnt, Madame, quaprea lavoir ouy, et
faict ouyr en ses plainctes, il vous playse luy moyenner telle seureto a
l'endroict de ueux de La dictn ville, quit ne soit empeer^he au manie-
ment de me5 affairris, attendu que mcsiAnt inTorm^e a la vorite des
occasions quil leur pouvroit avoir donnrr dp le traiter de ceflte façon
et avoir si ppu desgard au service quil me faict, je nay point trouve
quils en «veut une grande rayson. Je croy. Madame, que vons vods
asscurez bien que je ne vouidroys permectre qn'avlcun des attCleos
coât liberté de mal fain*, ny moins les sousLeiiir quand ils auroyent
oITeacè, mais jespere aussy quen ce que Ion les tourmentera sans
propos et au desadTantaige de mes affaires, tl vons playra les avoyr en
protection, comme je vous aupplye 1res humblement. Madame, avoir
le dict Muadin, et le recommander aussi à mon cuui^in, monsieur le
prince de la Roche-sur- Yen*, aftin quil tienne la main que le sieur
de MontoneiK?), son lieutenant en la dicte ville de Bourges, continue a
le favoriser ot mes dicts atTaires, comme il a faict par cy devant en ce
qui luy a este possible. Je me remestray du reste a monsieur le clian-
cellier. Madame, et a Forge(, auttquel j'en escrîpts bien amplement et
vuus suppliray de reschef treshumblemoiit avo^T moy le« dicts miens et
mesdicte affaires en vostre protection et bonne grâce acconstumée,
alaquello, après mcstre ircshumblcmont recommandée je supplye le
1. Les afiaire^ dont parle Marguerite étaicot celles qu'elle avait, comme
ducbesw ilti Ikrry, dius U capitale de son duché.
ï. Charles IK, qui avait succédé, le 5 décembre ISfiO, à wn TrÈre François II
et qui Mail alort A%e. de 11 Ans,
Z. Chaitei de lïoarboo, princ« de la Rocbe^ut^Yoïi, fila de Loois de Bourbon
et de Louise de llourboo, oomlesM de Monlpeaster, et frère oadet de Louia do
Riiurbun, dur de Hoolpcuipr, mourut le lU octobre 1565. BrnntAiiw fait un
ffisui élotjA de ce prince (t. V, ]>. 3&-3Û), vaotaot surtout umoileratiitti, coasla-
tauL qu' « il nuiuillnil et lendoit plu« i appaiser les troubles de la l-ranee par
la doauur que par U Huorre et la rigueur, > «1 K^sumant amsi loot le bien
qu'il en arnit déjj^ dit : t 11 efttoit Irèi^ sa^e et fort adrïsé, «t avoit un très bon
eeos, et le leooilHia meilleur que celai de M. sou frère; aussi le rai Henry le lit
gouverneur de Pari^ el du TUIo-de- France aprte la batailla de Saiot-Quanlio. où
11 le servit très bien el i son couteulemeot et de tout le royaume. •
LETTRES I1TfbtTl% DR HAEûCEfttTE tiB PRAnCE.
323
ÔreAtPUr tous tloiinpr, Madame, en «ntp treu heoreuse Bt longue vye.
De RïToles ce dernier jour de Décembre lôfiï.
Vostre ires humble et très obéissante icar et subgette.
Marguerite de France.
(A la Royae.)
XÎV*.
A M. Dl AfORTTLLTinii
Monsieur de Morvillier, »aichant U bonne assistance et la faveur que
vous preiïtez a tous ceuEx qui vous sont recommandez de ma part, et
particulièrement lomitye, que vous portez à monsieur le président du
Saluée et quavez este dernièrement rapporteur des articles de ceulx de
Savillan(?), entre lesquels en estoit ung do la justice deLavaudix, qui
appartient au dict président, je vous ay bien vonla faire ta présente,
pour voue prier de voulloîr entendre de ce porteur ce qui reste à faire
pour le dicl président et sa femme, non seullement pour regard de la
dicte justice, mays pour aucuns aultres articles, que jay voulu signer
moy mcsme, pour vous tesmoigncr et aux aultrcs, pourquoy et com-
ment je les treuve raisonnables, mesmes pour vous ester loppîuiou ou
soupçon, que vous pouvoit avoir donne ledict de Savillan, que mon-
sieur de Sûvoye et moy pensions de recouvrer la souveraineté de La-
vaudîx si la justice du dict lieu estoit séparée de celle du dict Savillon,
a quoy nous aavotis pense, uy penserons jama>'s. Et neantmoins noua
vouldrions bien soustenir le droict du dict président pour les bonnes
qualités que scavuus estre eu luy et en sa femme, pour les services
qu'ils ont foict et continuent de faire a 8a Mageste et a mon Gis, et
parcequ'il me semble touttes leurs requestea estre bien fondée», sur
lesquelles si vous trouver quelque difficulté, je vous prye men advertif,
et le dict porteur aus^y, qui pourra vous y satisfaire, lequel jenvoye
expressément pour solliciter ce f^ict, comme jescriptz aussy a monsieur
le chancellier, saichact bien que de vous deux priocipallement pro-
viendra la plupart de layde et bien quils recepvronl en cela, que je
vous reconmande de recbef austaut et plus que mes propres aflhires,
affin quau plustost ce dict porteur sen puysse retourner, bien depescbo,
priant Dieu, monsieur de Morrillier, vous maintenir en sa saioate et
digne garde. De Thurin, c« vni* jour dapvrit, 1567.
Vostre bonne amie, Marguerite de France.
S.V»
A M. OB MotivrLuei.
Monsieur de Morrillier, je ne vous puis assez remercier des bonnes
nouvelles que vous mavez départies, par vos lettres du xn« de ce moys,
1. rbid., D* 1
2. Ibid., 0* B.
pour Iass6ur&ace que vouâ me donnez que la paix sera bieatost con*
due et arreglee eu France*. Je vous prye de croire que ccste nouvelle
ma rendu si cootenie et Ratisfaicte, qu'il scroil mal aysc de vous
exprimer par letlre le piaysir que jen ay, car jay tousjours esUoié,
qne la paix appurteruil plue de fruict et de commodiie au royaulme,
que nui aultrc rem^do, et masseuree, que ii ceulx qui ne la désirent
poincl avnieol vues uus leltrea, quïlH pe.seruiuut mîeulx les choses,
qu'ils ne le fout'. Mays jay loue Dieu grandement de ce quo la Royne
a este si hîen conseillée, et mas^eure que dan^ ce taict vous Daves
rien olilyc do vostre prudence et bon jugement à luy reraonstrer
combien ccsto paix est salutaire, el quau contraire une telle guerre oe
poull apporter que la ruyno et la subvortiou dua estât, chose certene-
ment qui dolLt estre bien mûrement délibérée, et beaucoup plus con-
sidérée qu<* la passion de ceulx qui ne eavent pas conguoistre le mal-
heur qui en peult parsonir, jusques à ce quïls layeot cxperimeaie à leurs
despens. Je vous prye, monsieur de MorviUier, et puysque voua avee
voulu pri'udre ceste peine pour tuoy de me donner un si bon advU,
voultoir parachever et madvertir de la concludsion qui aura este faicte
de la paix, car jay si grand peur que quelque uns Icmpeschent, que je
nauray piaysir entier, que je nen soyc cerlaineaieut asseuree*. Vous
remerctianl au demourant de lasseurance, que vous me donnez de vous
1. C'est Itt paix qui fut coQclue arec les réfornië«, quelques jours plus tard,
A Loiigjurti^^aii, k\ (|ue l'un ftiirniiinina la fiaii' Ititirrm. La (ilupdit duAérudits, y
Winpm M. Ludovic Lmlanne (Dictionnaire hii(oriqtte de la France), donaent aa
traita du paii la dtiti! du 23 mars. Daaa l'Ar( de vérifier les dates, c'est le
27 mars qui esl indiqué. Oombitia il soritit désirable que, pour ce qui cooceme
t'hisUvirc àù France, ce recueil lût revu, corrigé et compléta de façon i devenir
le guide le plus sûr de tous lea Iravdilleurtt! L'a menibre de riu»litul trop (ùl
nvi à la scieuce, M. E. EluutiiTic, avaiï formé 1« projet de donaer uDe nouvelle
Édition fort îiint^liurii^ir Av. Xa CUronohgie historique des rois de Fruftce. Puisse
ce projet être procliaiaemcnt repris et mené à bonne lin par un non molos
conscicocieux cl qoq moins habile érudit I
2. Ce l&ngage si raisonnable et si humain s'accorde bien avec te que racoate
Branlàine (t. VIli, p. |35j du l'iiniour île Uarguerile pour ta France et de la
douleur que lui cuusaient les guerres civiles qui eiisaiigl an I aïeul mu pays natal :
« C'eiitalt Uvule ia joye lorsqu'elle ojoit de bonnes nouvelles, et son triste
desplai&ir quand elle en oyoit de mauvaiises. tjuand les promierâs guerres y nas-
qujrenl, elle en pritst si grand ennuj qu'elle en cayda mourir; el quand la paix
fui faille ei qu'elle vint à. Lyon veoir le roy et la reyne mère (juillet 1560), elle
ne se peut rtaouler de a'en conjouir avceq'ciix et de prier la reine de rentrcteoir
bien, et m courrouier & pLusieitrA huguenots, el en parlant à eut et en leur
«BcrivanI, de quoy i\r l'avaieat esmeue, et les prier de n'y luunier plus; r-ar ilx
l'honrioroient furl cl a\oye«i( en elle créance, d'aulaut qu'A aucuns elle leuravoil
faict pUi^tr; et à grand pcyne fcti M. l'admirai eusi jouy de ses bicii-s de Savoie
saa& oHe. *
3. ïAar^uerilo ne so trompait pas : Jean de Uorvlllicr avait joué na rAle trèa
actif dans lotîtes les négocialions qui aboutirent à la |>aix de LongjumetD. Voir
l'ouvrage déji cité de 31. G. Uagueuaull de Piiche»se, p. 2U0-206.
LETTRES nUDITES HE UiBGCTSRlTE KE FRAMCK.
325
voalioir employer pour madamo de Piquigny*, je vous pryo oncoroa
avoir aes affaires en telliï rcconmandation, que les myennes propres,
car je layme tant, que je ne puys estre a mon ayse la Toyant tour-
mentée. Mays jpsperc que par le moien de la paii elle sera relevée
dune grandr pciue, mnyeimaiil qu'il playse a la myuo ue permettre
que luy soit faict tort en son hon droict, ce que je craius, daultaal que
par tc$ lettres quelle me!M:ript. elle me mande, que Iherilier de feu
monsieur le Vydame d'Amyens la traitera doulcemeni; quant a moy je
pense qui! nya ptunct daultre héritier, que le fils de madame de
Piquigny*. Ce qiiH la royne ma escript me faict croire, quelle e^t fort
importunée du steur de Trancliollyon, qui me faict vous prier de rcchof,
monsieur de Morvillinr, de vous y employer de bonnf> faron pour
lamour de moy. Et vous asfteure que jestimeniy ce playsir comme si!
eatoit faict a moy mesme, qui, pour ne vous faire plus longue lettre,
je feray Gn a ce$te-cy, ou vous priant faire estât de moy, comme de la
mpilleure et plus seure amye que vous ayez en ce monde. Priant Dieu,
monsieur tit* Morvillier, vous donner très longue et bonne vye. De
Thurin, xxmr jour de Mars I56t*.
Vostre bien bonne amye, Marguerite de France.
A monsieur de MorviUïer, conseiller du Roy monseigneur et nepveu,
en son conseil prive.
XVI r
A M. DB MoHVILLIBR.
Monsieur de Mor\-illier, jay receu a la fin par te sieur nornellis et
par vos lettres le contentement que jay si longtemps désire, qui
estoit dentendre une bonne pacification des fasclieux trouble<: de ce
pauvre royaulme, de quoy je loue Dieu ei suys in^nimenl ayse de ce
quil luy a pieu en avoyr pitye. r>e ma part jay tou.«jours pen^^e que
le repus de leurs Magrsti's et la tranquillité de leurs peuples dnpen-
doit totaltemenldune si bonne et amyable paix, qne jespere que ceste-
cy sera, laquelle je pr^-e Dieu voultoir continuer de bien en mieulz*.
1. C'était François*^ de Wnrlv, veuvi- d*^ Cbarles d'Ailly, barun Je Pecquigny,
\ué l'iniWie pr^Menlc, comme nous l'avons ru daos une autre noie, A li bilaille
de Sainl-Dcflis.
2. Pbiliberl-BnuDaDuel d'Ailly, baron d« Pèqaigny, ridamt d'Amiens, fils de
Charles d'Ailly «1 de Françoise de Warly, ^i«it probablfinent, s'il faut en juger
par ws prénoms, filleul du duc di; Savoie, mari de Marguerite de Fraocc. Il
est parlé daa^ l'article Pecquigni/ du Moréri de 1759 (t. VIII, p. 186) du procès
occasionné par U mort timultante, sur le cbarop de batailtc de Salnt-lïeiiis,
des deux frères Louis el Charles d'Ailly, procès qui dura jusqu'au \1 décembre
1!>7^ Jour où triompha la cause de Philibert- Emmanuel d'Ailly.
3. IMd, n- 14.
4. Le» patriotiques vceux de Marguerite ne furent po.^ exauces, el la paix du
13 mars 1&68 fut de »i courte dorée, que les cooleinporaius U »aniommereot
SSV HKUUGBS et DOCOMBNTft.
CepeDdant je vous faict ce moi pour voua romcrcyer de la peyne que
vous avL'z prinsc a me faire participer a »ua si bonne aouvcUft, et voue
prye de mea escripre qualquefoys, quand le loysir vous en sera donne,
car, entre tous let: playsirs que vous me EM^uriex faire, cesluy-la mest
le pluF agréable, et pour reconi[)enfie je vous prye faire estai de tdov,
comme de la meilleure amye que vous ayez en ce monde, ot qui désire
vous faire playsir de liien fort bon cueur*, comme vous con^noistrox
aveoque le temps, atteudaut lequel je faig tlu et prye Dieu, monsieur de
Morvillier, vous avoyr on sa saincte garde. De Thuria ce uuti* jour
dspvrtl t5G8. Voslre bonne amye, Marguerite de France.
A monsieur do Morvillier, coQseillîerdu Hoy monseigneur et oepveu,
en son conseil prive.
XVUï.
PlaiM au Roy usant de son aecoustumèe clémence, libéralilê et bonté,
et fln oonsidémtion de^ i^erviccs que luy a cy-devaut faiclz Eymard de
Savoye, prisonnier détenu as prisons du Grand Ghastelei de Paris puis
iroys ans, vouLloir le délivrer des dites prisons, captivité et misère en
laquelle il est à présent en estréauté de maladie, en danger de perdre
la vie, ot Sa Aicip Maicstô frustrée du très-humble et fidelle service
qu'il (lapcro luy faire;; ot pour r^si effect se chargera, s'il luy plaist, des'
dcbtes du dict de Bavrtye, montant environ six mil livres, que ses com-
mis ont obtenues coutro luy en la cour des Aydes au dict Paris, par
arre&t, en hayoe des services que icelluy de Savoye a cy-devant faiclz
à Ôa dicte Majesté, pour avoir defféré iceuU commis et aultres faisans
malversations im ses ânances, et lesquclr. commis doibvenl encore» à
Sa dicte Malesté environ seize mil livres de deniers revonaas boas, ou
bien donner à icelluy î5avoye pareille somme de six mil livres pour
acquitter les dictes dehtes, et d'icelleluy faire bailler assignation, oultre
et par-dessus la somme des six mil livres doDuée par le dîct sieur, laquelle
en ce faisant demeurera h icelluy de Savoye pour tout bien et marque
des dictz services faicts, et moyen de vivre pour le reste do ses jours.
(Sans date et sans signature.)
{Sera cùndnui.)
la petite paix. Six mois é p«ine Apres U sigaalure do traité de Lonf^umeiu,
on avait d6jà repris l«s armes sur plusieors poiats, ootammeot en Poitou et en
Provence.
1. Ce ne sont point \h de vaines formules ; on sent ta quelque sorle sou« c«s
lignes alfcclueuMfî palpil«r le hon cu«ur Je Uarguerlte, cl d« r«lle teltre,
comme de la plupart des lettres qoi prftcMeat ou qui suivent, ce qui m; dégage
fiurlonl, c'eêl un seoltnienld>xqui«o tiontft. Noire publicalion, à cet 6gard, coo-
limiiï dfî la fAçoa la plus ^lalanle (oui «t que nous avaient apprix W éloges
des poÈLos et des prosaletiTS, éloge» résumés dans ces dsux vers de Ronsard :
Kn la Cour où. For|;ot, rien ne se voit de bon
Que ta Mule ntailreste en boulé souveraine.
2. md., n' 4.
VEUBIIIia ET SI» ATOLO&l&TCS.
32T
VERGENNES ET SES APOLOGISTES.
REPONSE A M. SOABL.
A ma connaissance, il n'y a pas encore dan» la science bistorique
de jugemenl bien établi sur Vergennes et sa politiiiue. Je oe connais
Dîbif^raphie sérieuse de ce ministre, ni travaux spéciaux sur lapoli-
tique ea^térieurc do Louis XVl. J'ai dune cru opportun de Iraitor
oolte question, même en partant des Taitâ connus et à plus forte rai-
son aprfê avoir trouvé des documents nouveaux do la plus haute
valeur. Iiésin*ux de laisser le lecteur Jugo de la véracité de mes
aperruSt j'ai surchargé mon article de citations elde textes; pour que
le reste des documents ne fût pas perdu pour ta sclenW:, je les ai
donnés comme pièces justiOcalives de mon travail publié en bro-
chure ' . Mes opinions peuvent âlre « très discutables > ; peut-être même
tes historiens les rëfulcront-ils compléments Mais ce nV^t qu'avec
des preuve-s de la valeur des mienne-s que l'on [«ul démontrer la
baasaté des docomenls que j'ai puhliés ou la fausseté de mon inter
prétation. C'est ce que j'attendais de M. Sorel quand j'ai lu sa cri-
tique {Refyue historique^ mars-avril iHHi]. Mais j'ai vu, à mon grand
reurel, que M. S. n'avait tenu aucun compte des documents qu'il
avait sous la main, réunis dans ma brochure. Par exemple, au sujet
de la fklsiflcation des pièces officielles, M. S. va Jusqu'à me repro*
cher de ne pas prouver ce que j'avance, alors precisomenl que j'ai
donné un iniporlaiil dociuaent contenant la démonstration eclaLanie
de ce fait iVer^nnes à Louis XVl, 3 janvier f785].
Naturellemenlje garde mon jufçement; le prouver à nouveau senit
répeter mon article \ je dois seuleaiont prol ester mintre les upinionBqtMt
l'on m'attribue. M. & prétend que, dans mon désir do noircir Ver-
gennes, j'en fitis un « sot » et que je raille sa vertu. Loin de là, mon
intention élail de peindre un personnage vivant avec ses défauts et ses
qualités; je me suis efforcé de justifier Vei^n nés contre « sesadver»
aaires • qui veulent en faire la & cau:^ de la révidulioii ». J'ai Lâché
d'expliquer ses fautes par les circonstances au milieu desquelles il se
f.A. Trutxh«ifkj, IjiFmncn«H'Aflmma^»sntu Lnuii XVL AvMunappm-
dice roBtiuiant d«s lnUrea et d« uémoinifi iaédiU de Vergcnncs. Puù, Qcmwr-
BûUière, 1880.
328
■^nUKS KT OOCIJMBXTS.
trouvait. C'est un vrai chagrin pour moi que M. S. n'ait pas été con-
vaincu par mes paroles : « Vergennes élail meilleur que le système
qu'il représenlail... On a LorL de lui reprocher d'avoir voulu mourir
ministre; mieux vaudrail rechercher pourquoi des gens telsqueVer-
geiinesdevieniient ministres.» Mon jugement esl clair: Veruennesélaït
un excelleul homino. sympalliiiiueàcauàe de sa verlu ; mais un ministre
médiocre, sans talent ni éuergie. Il me semhle qu'en me lisant atten*
livement M. S. serait tombé d'accord avec moi. Lui-mr-me il recon-
naît chez Vergennes des » irrésolutions », « certaines défaillanceâ et
certaines maladresses ». U admet même qu'il a « queliiuefois dépassé
tes limites de rhahilelè ». Alors, sans doute, M. S. n'aurai! pas dit
explicilemiïnl : i M. T. reproche fort à Verj.fennes son goiit \)Oiir la
vertu ». Pour faire tomber cette grave accusation, foite trop â la
hâte, je n'ai qu'à renvoyer a une page de mon article précisément
consacrée â l'expression de ma sympathie pour la vertu de Vergennes.
Après avoir [>arlé des, défauts de Vergennes comme ministre, j'ai dit:
« En revanche, Verg^mes était d'une pureté de mœurs digne d'un
puritain, etc » Voy. Hev. AlJf^, XV, 256-258.
Il n'èlalt pas nécessaire |»ur M. S. de démontrer ce que j'ai prouvé
moi-même dans cette page. Je crois également qu'il était superflu
de citer, d'après d'Alembert, Malesberbes et Turgot comme des
ministres « vertueux r.. Selon la tradition, Louis XVI n'a pas choisi
Vergennes seulement â cause dp sa vtTlu, mais aussi par crainte de
« l'esprit audacieux, du génie hardi » de Choiseul. Le père de
Louis XVI et madame Adélaïde ont recommandé au roi Vergennes
comme un homme « éleré dans la connaissance des intérêts de la
maison de Uourbon *. (SouJavie, 11, 1S9.) Quant à Turgot, il est
avéré t]ue Vergennes était l'ennemi acharné de ses pernicieuses idées.
DoiS'Je rappeler sa chute rapide tandis que Vergennes reslait au pou-
voir jusqu'à sa mort? Je remarquerai seulement que Vergennes a
été une des causes de la disgrâce de Turgot, de Maleshcrbes et de
Nccker, et qu'il croyait sauver la France avec le génie iînancier de
Calonne.
Évidemment nous n'aurions pas tant différé d'opinions, si M. S.
n'avait pas voulu placer Vergenises parmi les hommes d'État dont la
politique « avait de la dignité et de la grandeur ». Reléguant les
documents au second plan, M. S. ne s'attache qu'à la tradition. U
invoque œ l'opinloD de^ contemporains ou des successeurs immédiats
de Vergennes ». Il reconnaît qu'au nombre de ces dangereux témoins
il se trouve d*; « très ardents détracteurs » de Vergennes <]ui m'ont
devancé dans mou jugement ; mais il ne les cite pas. II s'appuie prin-
cipalement sur Soulavio. M. S. a remarquée juste titre que Soulavie
VEKOEXTfES bT SES APOLOGISTKS.
329
« est un de ceux que la critique récuse le plus souvent > et qu'il
« relate te pour et le contre x. Il me semble donc qu'il ne faut pas
suivre ses opinions, mais seulement lui emprunter les faits quand
ils ne sont pas en contradiction avec les documents. C'est ce que
j'ai fait et pourtant M. S. dit que je connais « fort mal ■ Sou-
lavie. Il me reprucho de n'avoir attribué aucune importance « aux
éloges que cet écrivain prodiime à Vergennes >. M. S. m'in-
dique même le passage que j'aurais dû citer : a M. de Ver^îonoes
avait re^^u les principes de l'ancienne poliliquci frauraisc dans sa
pureté primitive... M. de V. porta au cabinel toute l'énerk'ie d'un
grand caraclère, bien qu'il fût naturellement pusiilaiiinie t'L indécis. »
Je ne trouve ici que la confirmation de mon jugement sur Vergcnnes.
J'ose même prétendre que la « pusiUaaimilé » et « Tindécision i> ne
sont pas bien éloignées des « irrésolutions, défaillances et mala-
dresses B comme dit M. S. D'après le point de vue expliqué dans
mon premier chapitre, m u'esl pas non plus un éloge de dire que
VcreenrïûS avait reru « les principes de l'ancienne po]iti(|ue fran-
çaise daus sa pureté primitive j*. Pour cooipléler le jugement de
Soulavie, M. S. aurait pu ajouter que Vergennes était « dévot, partisan
des jésuites, faible de caractère » (Soulavie, II, 159, ^9f>). D'après
Soulavie, Vergennes n'a fait preuve de caractère que dans les occa-
sions où il a fallu défendre le pouvoir royal contre tes moindres
atteintes. Si l'on peut citer les témoignages des successeurs immédiats,
pourquoi M. S. a-t-U négligé les paroles d'un dcshonimeâ (jui ont eu
à soulTrir de Tincapacité de Vergennes? J'ai publié une dépêche de
Savary expédiée de Sainl-Félersbourg en (807, ou il dit : " Voici ta
cause du mauvais état de nos aflhires dans ce pays : nos ministres
n'ont laissé ici aucune trace de ce qu'ils auraient dû faire pour notre
avantage... Ségur a été courtisan aimable plutôt que ministre de
France... Le gouvernement français d'alors, dans l'état de faiblesse
où il élail tombé, ne prévoyait pas le mal qui se préparait et ne fai-
sait rien pour l'empèchcr. »
M. S. puise â des sources encore plus dangereuses : c'est « l'avis
des intèrexsés ». Je laisse le lecteur juge de la valtiir .•scientifique de
semblables arguments. Remarquott^ seulement que le choLx en est
fait un peu à la hâte. Désirant prouver que l'Europe avait en haute
estime la diplomatie française du temps de Vergennes, M. S. tire de
Béer une lettre de Joseph II, où il dit : « Si M. de Vergennes goûte
l'idée de l'échange (Bavière contre Pays-Bas), le roi la goûtera aussi;
sinun il sera également inutile ([ue la première impre.ssion du roi
soit même avantageuse parce qu'il n'en arrivera ponrIanL rien au
fond. » Il est évident qu'il s'agit ici des relations entre Vergennes et
330 HétANOES ET P0CDI1£NTS.
Louis XYI el ncui entre Tl^urope et la Vrance. De plus, dans ceil*
lettre, Joseph pfétendail que la France devait elle-méœe lui proposer
la Bavière*. Pourtant dans ce U\Te de Béer jque M. S. cite par hasard
avec un titre incomplet el sans donner la pagci il y a un passage qui
lui aurait ôlé d'une jurande utilité. Kn ce qui conoeme les éloKes de
Marie-Thérèse, M. S. oublie que Vergcnnes lui plaisait parce qu'il
n'était « pas entreprenant >•. Mais ces éloges furent adressés à Ver-
gennes au coniniencenient de son ministère, et M S. n'a pas tenu
compte des lettres postérieures (ferinipi;ralrice. (iBt atilili delà chro-
nologie se fait seuLir dans le portrait du principal personnage de son
livre : ta question d'Orient^ qu'il cite dans sa critique. J'admets
pourtant que Marie-Thisrèse et surtout liatlierine II louaient Ver-
gennes. Marie-Thérèse se souvint à plusieurs reprises que Vergennes
lui avait rendu u de réels services » (GefïVoy, II, <87,266j. Catherine,
qui avait décoré raint>assadfiur français à ConstanLinople, regretta la
mort de Vergennes en se rappelant sans doute qu'il ne voyait dans
Tagrandissemcnt de la Russie « aucuu préjudice pour la France ».
Ce n'est pas à moi de jui:er à quel point t'cLalagc de ces louanges
prouve (iue Vergennes était « un très bon Français », comme dit M. S.
Dans notre Jugement sur la politique de Vergennes, nous ne dif-
férons que sur un seul point : M. S. place la Prusse au uombre des
4 faibles n que la France devait protéger. Je ne pense pas qu'où
puisse ranger parmi les ftiihies la Prusse de Frédéric 11, >*aim|ueur
de presque toute l'Europe et créateur de l'alliance des princes alle-
mauds. Je pourrais même prouver^ au moyeu des documents des
archives, qu'alors l'Angleterre, la Russie, l'Autriche el même lE^
pagne avaient sur la Prusse une opinion loule différente de celle de
Vergennes et de M. Sorel. M. S. afllrme que le* Frarieais davaienl
conserver la Prusse et que a Frédéric otTrait le meilleur et le moins
coûteux moyen de contenir l'Autriche n. Vergeanes, comme le
démontrent mes documents, voyait dans la Prusse un ami naturel de
la Fruice qu'il fallait soutenir à tout prix pour son salut. Je suis
parfaitement d'accord avec M. S. : la France devait proléger les
vrais feibles et dans tout mon travail je reproche à Vergennes
d'avoir mal rempli cette lâche. L'un retrouve précisément le même
reproehki dans le passage de Bignoii cité par M. S., comme éloge de
Vergennes : <> Ou doit pardonner à M. de Vergennes de n'avoir pu
prendre une attitude plus énergique dans les conteslalions relatives
à la Bavière, aux Provinces-Unies. ■>
En eUet, esl-oo pour protéger la Bavière que Vergennes a afOrmé,
I. Bcer, JM9ph il, LeopoUi II uiKd tianmtv, p. 190.
TBRCËi^ieS ET 9CS iPOLOGIâTES.
33«
au débul des négodaliona» que l'échango des terriloires « n'éUûl on
rien cûntrairc aux inlcrùls de la France » ? Élait-il bien le protecleur
de )a Hollande, lui quu les Hollandais accusaient de n'avoir « ni carac-
lère moral, ni caractère politique »? N'était-ce pas malgré lui que
Gaslries s'efforçait de protéger les Hollandais coulrc la l*russe? Je
regrette que M. S. ait omis ces faits^ d autant plus ([u'ils démontrent
que je ne me contredis pas dans l 'appréciation de la politique de
(laslries. Je regrello enc:0re davantage que dans la question hollan-
daise, à laquelle J'ai consacré nombre de pages appuyées sur
les documents inédits, M. S. n'ait porté son attention que ^r une
seule phrase, et cela pour en faire un usage inattendu. 11 cite ainsi
cette phrase : « on s'indigna contre Vergennes... en Autriche et en
Prusse ■. H. S. dit ensuite : « Il ',Tratche\&ky} aurait pu ajouter en
Unssie, car c'est là que Topposilion de Vergennea aui vues de con-
quéUfs fut le plus i in pallem nient subie. One nuus iuiporle si en
France on est satisfait de lui ? Les ministres franrais ne sont pas faits
pour servir les cabinets étran^ra. « Javoue ne pas comprendre le
déair de voir mentionner ici la Russie, puisqu'il n'en est pas question.
Je ne comprends pas davantage pounjuoi M. S. a remplacé par des
points le mot principal de la phrase, ia Hollande?
L'histoire de la politique de Vergennes est en<'<)re à faire. Je suis
complètement de l'avis de M. S. quand U dit, au siyel de mes ■ aper-
çus ;issez nouveaux » ; « Je ne me pro|>ûse pas de les discuter ici :
il y l^udrail t^ute une élude qui embrasserait l'ensemble de la pqli-
dque de Louis XVI. n Mais dans ce cas un travail scientifique doit
avoir pour base les documents des archives. Il y en a lieaucuup qui
n'ont pas encore été étudiés. Il en reste, même aux .archives natio-
nales : je profite de l'occasion pour attirer de nouveau raltontion des
savants sur un important volume de dépêches de M. de Maulcvrier,
dont j'ai déjà fait mention. Je crois qu'il faudrait surtout étudier la
question dans les archives du niinislëre des Affaires étran^'ores.
Peut-être M. S. pourrait-il y trouver des pièces plus importantes
qu'un préambule d'un mémoire de Vergennes, semblable à tant
d'autres, e( auquel il attache une !Ù grande valeur. Jr m» crois en droit
de préttiiïdrft (jne mon point de vue sera juslifîé, car U corres|)on-
dance de Vergennes avec le roi et ses mémoires politiques sont les
cléments fondamentaux de Tétude de la question. J'espère toutefois
que les historiens framais ne me feront pas un reproche de nourrir la
conviction que la France a eu et aura assez de célébrités politii|ues |>our
qu'on n'ait pas besoin de rehausser les médiocrités. Je remarque chez
eux, dans ces derniers temps, un autre penchant. La politique i pré-
voyante et avisée » de Louis XV a été niée. On a appelé V « écho des
332
M^UICES ET D<K:1IMK^S,
contemporains déduits k tes louanges adressées à Choiseul. On a même
déclaré que Turgot n'était ■ nullement un homme d'État n. En ran-
geant Vergennes h côté de minislrcs tels que Bornis, avec lequel il
a une certaine ressemblance, je serai [>wil-étre plus prés de ces his-
toriens que M. S. qui le place plus haut que Turbot, comme un
a homme d'Ëlal » dont la politique était grande et digue.
C'est itiutileraenl que M. S. B'appes;intil sur le rûle de la France
Pt (le la Russie dans rhir^toire de la Crusse. Li science commence
seulement à étudier cette question, et si j'en ai dit quelques mot.s, ce
n'est que pour indiquer une des manières de Tenvisager. Je n'oserais
pas suivre Tcxemple de M. S. qui. en deux pages palhétiques, tranche
« trèâ racitement > cette qucstiuii. Les faits qu'il rapporte sont îiidu-
bjtablemenl 1res < connus », car on peut les trouver dans tous les
m;inuels; mais le point capital c'est que la science no les a pas encore
éclaircis.
Je u'ai voulu aussi qu'eflleurer la question, quand j'ai parlé des
lois historiques, sans l'élude des(iuelleri je ne vois pas de progrès véri-
table pour la science historique. J'espère qu'après cette protestation
M. S. ne prétendra pas que j'ai employé le mot a intégration » pour
me servir d'une « expression riche !■. Je regrette l}eaucoupque ce
terme scieutilique {que j'ai répété quatre fois en cinq lignes et non
pas deux) n' « offre pas » à M. S. « un sens précis ». Ou bien M. S.
nierait-il les lois historiques?
11 no me reste <[u'ii remercier M. S. de son indulgence pour mon
français et je la réclamerai de nouveau pour ma réponse. Je ne me
suis pas attaché aux a nuaue^s », chose inaccessible à un étranger;
j'ai seulement poursuivi la clarté et la précision si nécessaires à la
polémique.
A. TBATCHETSRr.
Le 46 avril.
Note de la Rédaction. —^ Nous croyons dnvoir clore ici la discussion
soulevée par MM. Sorel et Tratchevsky. Elle ne pourrait être utilement
reprise qu'après uue étude spwiale sur l'ensemble de la politique de
Vfirgennps d'aprèc Ifta nomhn»ux documents que contient le dépAt des
Affairée étrangèrcp. Nous ospérons tjup quelque historien connaissant à
fond la politique européenne du xvni" siècle sera tenté par un si beau
Riijpt. M. Tratchovsky a été surtout frappé par l'indécisiuii des vues de
Vergcnnes et la faiblesse do sa conduite dauf quelques affaires Impor-
tantes, en particulier dans celle de Hollande. Il a mis ce fait eu lumière,
mais en mi>me temps il en a tiré des conclusions générales sur les capa-
cités politiques de Vergcnuos, conclusions qui ont paru exagérées h
M. Sorel. Pour celui-ci le fait capital qui justiOo Vei^eanes, est que la
LES VJXOiaES PB MBTTGR'YICH.
S33
' France était en Europe plus grande, plus influente, plus respectée après
Vergennes qu'avant lui, et que daas rimpt^ssibilîté où l'un était de
prévoir en 1780 Ips destinées futures de lu Prusse, le plus sage était de
maintenir en Europe le statu quo, de contenir l'Autriche ei la Prus&c
l'une par l'autre, comme l'a fait Vei^ones. La question est maintenant
posée; d'autres l'approfondiront et la résouilront. Nous croyon» que
M. 6. dans sa réponse qui était non une réfutation en règle, mais une
protestation au nom d'un point de vue historique diflerent, a bien indi-
qué In point \iilnérubEe de la thètie de M. T. ; mais nous aussi pensons
qu'une partie do cette thèse subsistera cl qu'on rabailra à l'avenir de
l'idée exagérée qui avait coure jusqu'Ici sur le génie diplomatique de
Vei^eaues.
LES MÉMOIRES DE METTERNICH.
Une publicalioD historique a rarement excité une attente aussi
vive qiie la première partie des Mémoires, documents et écrits,, dit^ers
laissés par le prince de Metternick, parue siinutlanément en alle-
mand, en anglais et en fi-ançais^ On pouvait supposer que le Toile
qui semblait cacher tant dcvénemcnts remarquiblcs allait se déchi-
rer ptiur Ea |)remiére fois, que l'homme d'Klal éniinenl qui, pendant
une longue i>ériodo, a Joué le premier rôle en Europe, allait initier
le lecteur aux secrets les plus importants de la politique, ('es espé-
rances uni été réalisées dans une certaine mesure, mais pas autant
qu'on devait le croire. Du re-ste. ce ne sont pas les niéinoires de Met-
ternicb qui font la priucipule valeur de ces volumes. Il faut au con-
traire avouer en ce qui touche ces mémoires qu'ils n'rml ^lour ainsi
dire pas modifié l'opinion étalslie, et Melternich lui-même fait sur
ceux qui examinent de près ses paroles l'impression d'un témoin
peu véridjque.
Qu'on rélléchisse à toutes les ressources dont dispose aujourd'hui
la critique pour s'twcuper d'une pareille publication. Les deux
premiers volumi-'s de cet ouvrage considéralile traitent de la période
de 4773 à 4845. Il n'y a peut-être pas d'éjioque sur laquelle, peo-
1. Mémoires, documents 01 écrits divers laisses par le prince de MeUemidi,
chancflier de cour et d'État, publié» par «on Ula lu yrinr-e Rirtiurd de Melter-
Ditb, classés ri réuui& par U. A. de Kliakowslroem. Première partie : Uepui*
la naissam-e do Mcltcriucb jusqu'au congrès de Vienne (1773-1815). ! tomes,
Paris, Pion. 1860.
dant les dernières vingt années, on ail répandu autant de lumière
nouvelle : Mémoires, journaux, ocirrospondanccs de persODuages qui
se sont illustrés à octte époi^ue ont été publiés en grand nombre. Les
ardiives, précédemment fermées au public, se sont ouvertes. M. d*\r-
ncLh le premier a appliqué aux archives de Vienne ces principes
libéraux qui peu à peu et plus ou moins ont obtenu partout gain de
cause. Lps hi.sloriftns |)euvenl inainlpniint puiser ;i la source même.
Ce qui passait jusqu'ici pour une tradition inébranlable se trouve
démenti par les actes offlciets, et toute l'hiBloire de la Révolution et
de l'Empire se trouve soumise à un K^nd procès en révision. Il
n'est donc pa.s étonnant qu'on ait en main tous les moyens dp contrô-
ler sévèrement les assertions d'un liomme qui nous apprend com-
ment il a vécu et ce qu'il a fait pendant la période en question.
Onand même nous aurions affaire à un homme plus digne de foi que
MelternicU, il prêterait encore fréiiucmment le flauc h la critique.
Plus nous connaissons une époque, plus un auteur de mémoires
court risque d'être convaincu de beaucoup d'erreurs, plus il lui est
difficile de nous apprendre quelque chose de nouveau.
Mais les mémoires de Metternich ne forment qu'une partie de la
nouvelle publication. Elle contient en outre, ainsi que le titre l'in-
dique, des Documents et écrits divers laissés par le chanceliw de
cour et d'État, Ce .sont ces documents et écrits qui font la valeur
principale des deux volumes, lis sont très varies : portraits de
quelques contemporains célèbres tracés par le prince de Metternich,
c'est-a-dire le portrait de Napoléon (t 820) et le portrait d'Alexandre I"
(1829), lettres de Metternich à sa femme, à sa Rite, à ses père et
mère, à Marie-Louise, a Taïleyraiid, à Fauché, etc., dépêches du
temps de ses fonctions diplomatiques à Dresde, à Berlin, à Paris,
nombreux rapports à l'empereur François, instructions au prince de
Schwar/enbcrg, au chevalier de Lebzel Lern , discours prononcé par Met-
ternich en qualité de curitcur de CVcadémiedes beaux-arts (Vienne,
\2 février \%\%\, etc. On lit aussi avec intérêt le projet d'un appel à
l'armée impériale et royale rédigé en 093 et une brochure anonyme
parue en UO-t dans laquelle le futur champion de la réaction s'ex-
prime dans des termes enflammés en faveur dVne levée en masse,
lùifln on peut appeler l'attention sur un mémoire relatif au congrès
<le Vienne, qui se trouve à la fin du deuxième volume. II a été inséré
dans le recueil, bien qu'il n^émaue pas de Moltemich lui-même, mais
de Frédéric de tienlz qui l'a adressé sans contredit au prince de
Garadja, hospodar du Valachie.
Tous ces documents et écrits n'étaient pas restés inconnus. Plu-
sieurs ont été déjà imprimés, par exemple les deux mémoires sur les
LES «AlOmBS D£ 1IBTmi<flCK.
3S5
évenluaiités d'une gnerre avec la France rédigés à Vienne le A dé-
cembre (80S, publies par Adolf Bcer, Zehn Jahre asterreichiseher
Politik (Uipzig, Brockhaus, ^87^), une série de dépêches qu'on
trouve déjà dans Oncken, (JEsterreic/i unâ Preussen im Befretungs-
kriegp (Berlin, (irote, 4876, 18791, d'autres pièces avaient déjà été
portées à ta connaissance du public par le livre d'Helfcrl sur Marie-
Louise (4 873); il en est de même de l'tissai sur Napoléon. On aurait
été reconnaissant k réditenr sMI avail indii[ué où chacun de ces docu-
mfints avail déjà été Imprima, d'aulant plus que le texte qu'il en a
donné présente assez souvent des différences avec celui qu'ont donné
ses devanciers V Ces difTérences sont ^iles à expliquer, mais cette
expliralîon n'est pas à l'avantage de la nouvellf^ publicalton. Les
auteurs des onvragea antérieure â celle publication ont puisé dans
les collections offtc'relles, aux archives d'Ét&t de Vienne, les docu»
menU qu'ils unt réunis. Motternicb avait formé pour lui-même un
recueil d'actes auquel il avait donné le tilre de Hafériaux destinés à
servira Chistfnr« de mon temps (Préface, p. vi et vol. I, 220). Il lui
est proltablemeiil arrîTé souvent de se servir de simples projets ou do
copies hâtivement faites, sans s'inquiéter des documents déposés aux
archives d'Élal. Le lecteur aurait trouvé un grand intérêt à être tou-
jours averti des difTérences du texteofficiet et du texte de Mettemicfa.
L'éditeur a cependant pris soin d'ëclaircir par de nombreuses notes
les documents qu'il publiait, mais ces noies sont pour la plupart
biographiques. KUessont, il fUut te reconnaître, rarement inexactes'.
Il est impossible d'&naly.ser tousce.-^ documents. Il faut les étudier
pour roconnallre leur haute importance pour la connaissance de
Heltemich et de l'histoire de son temps. Dans ses lettres il se montre
comme on amusant causeur, traitant les questions politiques et
sociales avec une aisance égale, mais sans jeux d'esprit éblouissanti.
Un intérêt particulier s'attache à la série de lettres écrites par lui à
sa femme pendant le congrès de RasLadt. Ces lettres font voir
clairement combien il se consolait facilement des pertes de Pempire
1. Qu'on compare par exemple la lia du mémoire du 4 U«ceinbr« 1808 (II.
257) avec le Icxte donné par Ueer (1. c. p. h^)- Les mcmoircs oc donoent pas
le pa&iiagc : « La fèrilé — à une victoire > qui «e Uonvc dans Béer p. 52i-
529. SoDTent on Ht dans Oncken des phrastfM qui manquimt dans le texte des
m^nires sans que l'on «oit av«rU dr cette licune. Tar ex. i ta lin de b
dè|>«cbe du t*' luiJIel tS08 (II, 18G) il manque U phrase : « Et tplle est ma
conviction — illuMires. » Cf. Oncken, II, 5%. Dans ta d*p«< be du 17 aoàl tS08
(II, 194-1 W}, il manque avant l'alinéa : * Il est saperOu », un long paasago qui
est dans le tnxl«; donné pur Oockea, II, 6U4-605.
2. Oa «si flurpriâ de voir que I liditcur dit (I, 358) de Birras et de Rewbell
en 1706 : ■ CoovenUonncJfi connus, pAu tard meiultreA du Directoire exécutif. »
336
H^LiNGES ET DOGCmTTfi.
allemand, pourvu que l'AuLricbe fil des acquisitions imporlaoles.
Les essais biographiques dans le^-^quels il peint Napoléon el Alexandre
sonl de petits chefs-d'œuvre dans leur genre'. MeUernich fait ses
portraits avec beaucoup de fini tout en évitant de les surcharger. Il
avait l'avantage d'avoir bien connu ces deux pt^rsonnaye-s. Personne
ne lui contestera le mérite d'avoir été un sagace observateur, on ne
peut pas dire que ses sentiments per.-ionnels aient nui à l'indépen-
dance de son jugement. Cela était à craindre surtout )X)ur le portrait
d'Alexandre qui avait pris une attitude si hostile à Metlernich pen-
dant te cx>ngrès de Vienne et qui inspira toujours à ce dernier une
très grande dwdance. A l'égard de Napoléon, la lâche de Metternich
était plus Tacite. Car il avait affaire ici à utie nrtlure moîiis complexe,
et .Metternich n'avait jamais eu â se plaindre personnellcmcnl de
lui. Sur beaucoup de points son portrait ressemble à celui de M"* de
Uémusat.
.Mais ce sonl surtout les dépêches et les rapports de Metternich qui
forment la partie la plus importante des documents contenus dans
ces deux volumes. IjCs dépêches et ce fappurl font connaître racli-
vilé diplomatique de Metternich à l'époque lu plu:^ critique, et rien â
ce point de vuo no. saurait les remplacer. Ils servent aussi à le pré-
senter sous un jour beaucoup plus favoral)le que celui sous lequel
on Ta vu jusqu'ici. Quand Metternich, qui ne fut rien moins qu'un
ascète, quand le galant .Metternich nous dit dans l'avanl-propos de
ses mémoires : « Depuis ma jjremiere jeunesse jusqu'à la trente-
sixième année d'un ministère laborieux, je n'ai pas vécu une heure
pour moi w , il se laisse allor. il est vrai, à une ltossc exagération.
Mais on voit très clairement par les documents publiés ici avec quel
zèle iilctternich se consacrait aux afTaires, cl la force inépuisable de
travail qu'il déploya au milieu d'o(T.upalions très diverses inspire, un
grand riîspecl pour stis lalenls^. A la vérité il n'apparaît jamais que
comme un diplomate éminent. Les circonstances extérieures absorbent
presque exclusivement son attention. Mais il a envisagé ces circons-
Uuices extérieures, il n'y a pas à en douter, à un point de vue Loul
autre qu'on ne Ta prétendu.
Beaucoup de gens ont cru que Metternich, après la guerre de ^S09,
avait pris tout à (aii au sérieux ralliancc hrançaise, cl qu'il l'avait
1. Le Journal de GenU donne A penier qu'il a èlé le rolUbnrati^ur de Mel~
lernich diittft ce i^yrtmit de Nitiinléon. Il n'en est jifiR moins pour la plus
(grande partie kbiik ddule t'œuvre de Hetlemirii. Fricdrirti Gcntx, Taçetrtie/ter,
Vf, 92, 210.
2. Lt! côinte d HardenberK disait une îoh de Metternich : c Traraillaiil arec
facilité^ il {iréfère repf>adaut les atnuaeinenlii au travait. » Y. Ouckea, II. 89.
LES iriMOtBES DE IfETmiTnCH.
337
considérée comme durable. On lui a vivement reproché d'avoir
sacrifié à cette alliance l'archiduchesse Marie-I^uise, « la fille des
Césars ». On a soutenu que dans les premiers mois de t8*3 il était
encore fort éloigné do ridéed'alaisser .Napoléon, les armes à la main.
Une réaction s'est manifoslée récemmcul contre celte opinion et en
faveur do Metternich, et les documents contenus dans ces deux vol.
contribuent beaucoup à la rectifier.
Metternich n'a jamais considéré la paix de 4809 que comme une
trêve et n*a jamais renoncé à l'espoir dVnlendre sonner un jour
l'heure du soulèvement général contre la suprématie de la France.
C'est ce qui résulte cliii remont d'un rapport daté de Komorn et du
iQ août 4809, et adressé par lui à l'empereur Frani^oîs :
11 faudra — lit-on dans ce rapport (II, 305) — qn'à partir du jour de
la conclusion de la paix nom* système 6e borne exclu si vemeat à lou-
voyer, k nous elfacer, à composer avec le vainqaeur. De cette manière
seulement uous prolongerons pcut^lrc notre existence jusqu'au jour de
la délivrance comœuae. Saas l'asâislaoce de la Russie, il ue faudra plu^t
jamais songer à secouer le joug qui pèse sur toute l'Europe... Il faut
que nous réservions nos forces pour des temps meilleurs et que nous
travaillions à notre salut par des moyens plus doux, sans nous préao
caper de la marche que nous avons suivie justiu'ici.
Au nombre de ces > moyens plus doux », il faut mettre le maria^
de larchiducbesseMarie-Louiâe et de Napoléon. L'Autriche ne se liait
nullement par là au système français , elle gagnait seulement du
temps pour se reconnaître et préparer la lutte déci^^ive. « Les vœux
de Sa Majesté, dit Metternich dans une instruction au prince de
Scbwarzenberg du 19 février ^H^0, se bornent à l'espoir de pouvoir
gagner par l'immense sacrifice qu'elle fait quelques année^s de
repos, et la possibilité do guérir bien des plaies causées parles luttes
toujours renouvelées des dernières années » (11, 323)', Le ministre
développe la même pensée dans un rapport a l'empereur François
du 28 juillet 4840 (U, 378), dans lequel il dit en propres termes que
l'Autriche doit employer ce répit « à rassembler ses forces pour tous
t. GitoQS aassi aa passage de t'iostrncUon gèuéraJe ponr le comte Zlcliy,
ambasftsilear d'Autriche A BcrlÏD, du H aTril 181 1 : <■ l^i marche des érénc-
mmU a sou» l>esaci>up de rapports changé de dirocttoii par raUtance do faiDiltc
entre \«s souTerainK dr l'ABtrichn et de la Franre. Tonjoars occupé de la ponr-
fiuile de ses plans de domination anivenielle, l'empereur Napoléon a, par ce
rail, été forcé de dérier de la route tpi il avait satrie jusqu'à cette période.
L'Autricbe t'est, par le m-iriage, retiré de U première ligue d'attaque, etc. u
(Archires d'àtat de Vienne.)
Rkv. ILstur. XVI. 2" PAM. iS
338
HJliXfilS ST DOCCUBTr».
les cas qui peuveiit se présenter dans l'avenir -. « L'aspiralion à \a
domjnalioci universelle Bst dans la nature même de Napoléon, olle
peut être modifiée, contenue:, mais jamais on ne parviendra à
rétûufTer... Il peut survenir des circonstances où nous ayons à faire
appel à toutes nos forces pour prévenir notre asservissement ou
pour résister au joug. » Les nouveaux documents jettent du reste
peu de jour sur l'atiitudr de Metternich pendant la première moitié
do 1813. On pourra encore soutenir que Mettcrnich s'est trompé sur
la situation et a cru pouvoir arriver à une solution paciflque sans
racccâsion do l'Autriche à la coalition. On ne peut prouver le con-
traire jiar des documeiiLs. Maïs est-il vraisemblable qu'un bomœe
qui rtîcon naissait si dairemtint « Inspiration de Napoléon à la domi-
nation universelle m ail pu |)enser que Tempereur ferait des conces-
sions forcées? Ne peut-on pas plutôt affirmer que des ménagements
imposés par le caractère de son souverain, la nécessité de compléter
les préparaLifs de l'Aulriche, la crainte de la prépondérance de la
Prusse et de la Russie lui inspirèrent cotte politique tortueuse qui
mit au désespoir la masse des patriotes allemands? Lorsque le
moment décisif approcha, il posa à l'empereur François» dans son
rapport du 12 juillet 18(3, la question suivante : « Puis-je compter
sur la fermeté de Votre Majesté, dans le cas où N'aplèon n'admel trait
pas les bases proposées par nous? Votre Majesté est-elle invariable-
ment résolue à remettre aux armes de l'Autriche et de toutes les
autres puissîinces coalisées le soin de faire triompher la bonne
cause? » (11^ 467). Plusieurs semaines avant que l'Autriche entrât
dans la coalition, des observateurs pénétrants conscn-aient l'espoir
qu'elle prendrait part à la lutte. Guillaume de llumboldt, qui n'était
rien moins qu'optimiste, écrivait dès le 9 mai au chancelier d'Étal
Hardenberg : « On peut compter sur la cour de Vienne et je prie
Votre Excellence de le faire*. t> Le comte Hardenberg, qui observa à
Vienne bien des choses inaperçues par les gens non initiés, disait le
31 mai iHiS que Meltcrnich était d'avis u qu'il fallait renoncer à
l'espoir de résnllaLs qui n'élaient plus à atteindre, .se contenter de
moins et ne regarder l'arrangement (jue l'on pourrait faire que
comme une trêve dans laquelle on se pr^arerail encore à de nou-
veaux efforts* ».
I
1. Hoiusser, DtuUche Getchiehie, 3* éd., vol. IV, p. 210.
2. OiK'kHD, loc. ciL II, [1. 325. Cf. un passA^e den mvtnoiriett du comte df
Senin (Lcipicig. \^%Z), y. ^2ô. f II fut facile à M. d« Senfn do dérn^Ier que la
cour d^AutrirhQ n'avait aucun e&poir sérieux pour la paix ni de plan tixp pour
les condiUuoft A proposer et était au fond décidée & La guerre coatre la France :
UD ne cberchail dune, suivant l'expression dâ M. de Metlernicti lui-nitme, qo'i
LBS aiRMOiaïuS DR HETTER^Ica.
3S9
Une autre question est celle de savoir où devaient tendre ces
• etTorts ■ dans la penâôc do Mcttoniich, et il est très vraisemblable
que les intérêts do l'Autriclif^ venaient pour lui «n première ligne,
ceux de l'Europe aprô5. Kien im prouve que des lors ni même assez
longtemps après il se soit proposé pour but le détrùnement de Napo-
léon et le renver-«emenl de Templre. Il est inwnlestable au contraire
que, avant môme qu'uu coup de fusil eût «lé tiré du oAé des \utri-
cbiens, il avait assuré par de secrètes u^ociations riié^émonie de
l'Aulrichc sur l'Allemagne et l'Italie '. Il était tout à f^ii dans le vrai
quand, dans son rapport précité à l'empereur François du 12 juil-
let. ifHZ. il disait : < Nous sommes parvenus dans l'espace d'un
petit nomlire d'années à conquérir le premier rang en Euro[«. » Ce
nmji.', l'Autriche ne l'a |)aà conservé. Elle a perdu son hégémonie en
All(Muai:[ii; et en iL'ilie. Mais la politique représentée par Mellernich,
cette politique qui ne tenait pas compte du principe des nationalités,
n'en a pas moins laissé des traces pendant un demi-siècle.
Passons maintenant des Documents et écrits aux Mémoires. On s'en
ferait une idée fausse si l'on croyait y trouver un chef-d'œuvre litté-
raire. Ils ne sont pas d'un seul jet; ils appàrtlennenl à des époques
très diirérenles. Un fragment, les « matériaux pour servir à l'his-
toire de ma vie publique», a été écrit en \iHA. C'est l'autobiographie
du ministre jusqu'en ^SlO. Un autre, « la clef de mamanièrede voir,
et d'afrir pendant la dureté de mon ministère, do 1X09 â 1R48 », écrit
en 1S52, est la continuation des « matériaux ». Ces deux mss.
étaient destinés par Metternich « à rester pour toujours dans les
archives de sa maison ». Toutefois il cousentil qu'on en fit usage
« pour combler des lacunes ou pour redresser des erreurs historiques
en ce qui concerne soit les évéjicments, soit sa personne ». Un
troisième fragment est l'histoire des alliances de 1813 à 1845, vas.
remontant à l'année 1829 et primitivement destiné à la publicité. 11
n'est pas achevé, l'année 1815 n'est même pas traitée, mais, pour
les années 1813 et 4814, il est beaucoup plus complet que la partie
correspondante de la Clcf^. (j'wL de ces trois fragments que l'éditeur
a composé l'autobiographie de Melternich jusqu'en 4815.
Personne ne niera que tous ces souvenirs, à quelque époque qu'ils
aient été écrits, témoignent d'un talent littéraire remarquable. L'au-
amoscr le Infiî^ et A gagner du temps pour acheTer les prêperatifK qu'on anoon-
çait devoir éln termiDés de iiiuiière à pouvoir eotrer eo carapagoe à la fin de
mai. ■
1, V. Oockeo, n, 464.
3. Il cAl ccpendanl à regrelter que eette partie correspoodanle de la Clef
«It été supprimée par l'éditeur.
340
iiilLArrr.Ks bt documpats.
leur sait grouper habilement les failâ, son style a quelque chose
(l'insiiiuanl. IL lui manque, il est vrai, ce tour épigramniatiquc qu'où
trouve dans les mémoires d'autres hommes d'État célèbres, maïs il
n'est jamaiâ traînant ni ennu>(;ux. Mais si Ton s'attache à la valeur
historique de ces pièces autobiographiques, il faut recuiniaitre qu'elle
est fort mince. Le récit olfrc peu de parlicularitéâ intcressanLes. 11
se tient généra lem tînt à la surface et se horne a résuraer les faits. Il
abonde en erreurs matérielles et révèle partout dos tendances
marquées.
En ce qui est des erreurs, celles qui sont imputables aux défail-
lances (le la mémoire sont les plus excusables. Toutefois il semble
étonnant que MetUïrnich se soit fié à sa mémoire sans appeler â son
aide d'autres secours, (l'est seulement ainsi que .s'expliquent les
nombreuses erreurs clironologiquûa. 11 fait mourir le prince de
KauniU en février n94, tandis qu'il est mort eo juin, et il fait de
Thugul son successeur, tandis que Kaunitz lut remplacé de son
vivant par Cohen/.l, qui céda la place à Thngut. Il aflirme d.'ms ses
mémoires que Napoléon a quitté Kastadt deux jours avant son arrivée,
et dans une lettre à sa femme datée de Rasladt, il écrivait ; « Je
vous ai mande hier que Bonaparte était parti pour Paris peu d'heures
avant noire arrivée » (1, 345). Les mémoires de Mellernich rap-
portent (1, eOj qu'il a iiuilté Paris le 4 octobre ^sos et qu'il est arrivé
à Vienne le \Q octobre. Ses dépêches [iJ, 237} montrent qu'il était
encore le 30 octobre à Paris. Le départ de Napoléon de Strasbourg
en I7K8, au moment de l'arrivée de Metternich, est aussi une pure
fanlaisie, Uonaparte n'a jamais été on garnison dans cette ville*. U
faut aussi reléguer dans le domaine des fables ce que Mellernich
raconlt; (1, 42; que dans l'été do 1792, avanl la proclamation de la
République frauçaiso, U était a Mayence, « entouré d'étudiants qui
inscrivaient les leçons d'après le calendrier républicain ».
Mais il y a dans les mémoires d'autres points faibles qui sonl
inexcusables. Ils cuntieuuenl des inexactitudes de faits et des lacunes
frappantes qui ne s'expliquent pas toujours par de simples oublis.
M. OaiLleu a fait ressortir ilans un travail remarquable beaucoup de
ces entorses à la vérité et rectillé les mémoires à l'aide des pièces
diplomatiques émanées do Mcttcrnich lui-môme ou d'autres docu-
■
1. Mémoires^ I, 6. a Lor&qtte j'arriTtl dans celïc ville, le jeune iNipolèoa
bdnapiirlf! venait dv la quitter ; il y arail lîni ses études spéciales cdttnmu olE-
l'ier au régiment d'artillrrie qui était eu gnruiiiuu  Slr«6bour{;. J'eus lejt tn^tnes
[>roreË6Gur de luatbciaatîque!! et d'escrime que lui, etc. » Cf. Juag^ Bonaparte
tt non temps. 1, ciuip. XI.
LBS HriNOlURS DR HETTEBIICfl.
341
ments conlemporains*. Il a moniré que Mellcrnich a présenté dans
ses mémoires, sous des couleurs toutes difTérenies de celles de la
vérilft, troU périodes de sa vie publii|ue : son séjour à Berlin eomme
amba-isadeur, son activité diplomatique de 1808 à Ik^o et [es négo-
claliuns de Laogres et de Troyes. Metternich prétend dans ses
mémoires que, comme ambassadeur à Berlin, il combattit le projet
de la Russie de recourir, s'il le fallait, à des mesures cocrcitives
contre te roi de Prusise pour le faire entrer dans la coalition. « Si
j'avais pu encore arriver assez t^jt, dit-il, j'aurais supplié l'empereur
Alexandre d'aiiandonuerun plan dont l'cIfeL inévitable serait de jeter
la Prusse dans les bras de la France, n Mais dans ses dépèches il
dit : « Le roi ne cède qu'à un seul sentiment qui le domine en chef,
c'est celui de la iM'ur », et « tout semble dépendre maintenant de la
fermeté que l'empereur Alexandre mettra dans sa conduite vis-à-vis
du roi et de l'cffel que produira l'entrée des troupes nisses » (11, 22,
49). Il prétend dans ses mémoire.s avoir compris pendant son ambas*
sade à Paris, avant i]ue. la ^erre de 'tSOO éclatât, c que sa tâche se
réduisait à remplir le rule d'un spectateur iuactif et aussi imparliai
que pouvait l'être un homme de «sur, à une époque où le monde
traversait une révolution sociale ». Mais on voit par ses dé()éches
qu'il ne fut pas le moins du monde un spectateur inactif et impar-
tial, mais qu'il eut avec Napoléon, Talleyrand, etc., des conversations
très impo^tantej^ sur le partage de la Turquie, dont il ne dit pas un
mot dans ks mémoires. Si l'on s'en tenait à l'autobiographie, il fau-
drait croire que Metternich n'a pas envisagé sans appréhension l'issue
de la guerre de 1S09. Les « préparatifs matériels » lui paraissaient
suffisants, mais il ajoute : » Il n'en était pas de même de la partie
morale de cette grande entreprise. Je pus me convaincre que sous
ce rapport le cabinet se livrait à plus d'une illusion. » Cependant les
mémoires ré<ligés par lui à Vienne a la fhi de 1808 prouvent qu'il a
beaucoup contribué lui-même à nourrir les illusions de sa cour. Et
il se montre dans ses dépêches plein de confiance. Le 3 avril ^809 il
écrit de Paris au ministre Stadion :
Les moyens militaires sont égaux, les dijtpnaitions des peuples «ont
pour nouB ; pourquoi le succès ne le serait-il pas?... Les peuples de
notre empire 849 serreront tous autour du lr6ne de l'auguste maison qui
leur a assuré des siècles de prospérité et de bonheur. Je suis loin de voir
le mémo empressement ici. La lutte n'c«t donc pns égale, elle est entière-
ment & l'avantage de notre augustn maître (II, 2881-
I. Paul Bailku, Die ^femoiren Meiternicks dans H. von S]rb«l, Butortsche
Zâtiehrift, >cue Folge, vol. Mil, p. 227-277.
343
HfEUNGSS KT DOCPMÏTTS.
Le récit de l'audience du 4 5 août IfïOS olfre un des points les plus
inLéressanla pour la critique des mémoires*. Il y a là rertaines
nuances dont il faut tenir compte. Metternich présente cet événement
dans ses mémoires d'une faron plus dramatique encore qu'il ne se
passa. Dans les mémoires, lo récit commence ainsi : u Après quelques
instants d'un silence inaccoutumé, Napoléon, d'un air sérieux qui
annonçxiit la prémnlilation, s'avanra vers moi jusqu'à la dislance de
deux pas. Là il s'arréla et m'adressa à haute voix la question sui-
vante : Eh bien ! monsieur l'ambassadeur, que veut l'empereur voire
maître? » etc. Dans le rapport du 17 aoiit 4808. il est dit que Napo-
léon, après avoir causé de choses indiirérenles avec Metlcrnicli et
avoir abordé le comte Tolstoy en faisant le tour du cercle, se retourna
vers Metternich « avec un air qui n'annonçait pas d'ordinaire l'ap-
proche de l'orage », etc. Selon les mémoires, « Napoléon élevait de
plus en plus la voix, comme il avait l'hahilude do le faire chaque
rois qu'il poursuivait le double but d'intimider son interlocuteur el
de frapper les assistants ». D'après le rapport contemporain, « l'em-
pereur n'oleva pas un seul moment, la voix ; il ne quitta jamais ni le
ton ni les expressions de la plus étonnante mesure; nous avions
l'air dti faire un cours de politique. » Dans les mémoires on lit :
« Aussitôt que Napuléun cuL quitté la salle, je fus entouré de tous
mes collèjgues, qui venaient me féliciter au sujet de la leçon que,
selon eux, j'avais donnée à l'empereur. « Une pareille altitude de la
part du corps diplomatique n'est pas waisemblable en soi, el dans le
ra])pflrl au Iteu de ce détail on trouve seulement : « U est superllu
de parler à Votre lixcellence de l'etret qu'a produit cette longue «tn-
versation sur tous les assistants. » Selon les mémoires, Metternich
répondit au comte de Champagny qui lui assurait « que dans la scène
de l'audience il n'y avait eu pour lui rien de |H;rsomiel el que le seul
but de sfin maître avait élé d'écîaircir la situation : « L'Europe sera
en mesure de ju^cr do quel c6lé se trouvent la raison et le bon droit. »
Dans son rapport du il août I80K (II, 200), il dit : •> Je me bornai
à l'assurance très sommaire que j'entrevoyais dans cette conversation
1. On trouve d«ns ThierA. I.X, 203-206, et dans Lanfrgy, IV, 388. un rèfîil de
cet ontreUcQ d'après uue It^Ure Je M. itfî Ctininpogny i U. Audrruss), Le
ul&UIre de Saxe, comte de Si'nltl, raconte dans iet, mémoires (Leipzig, Veil
et 0*, 1ft63), i>. 55 : « nae c<e fut à lui tjne M. de Cliarofiagny s'adressa au nom
de l'euipereur, en mare tS09, pour fui deiiiauder coniiiiiiiiicalioD de mn rapiKtrl
ftur cet entretien, par U rumparAtiiori duquel on viiuiaU i^ans doute ^tre siir
de ne fa» trop s'éloigner de la vérité ilau» Ik préritt qu'un nIhiU piililifr (dans
le Monitewr). Géivi-d ft'écarle floarent dM paroles originales que M. de SenSl
avait (ranBinises, mais il s'accorde a&ftcs avec la v^ril^ pour lo fond. •
LES HlEllOIRES DE METTEailCII.
343
même un nouvel espoir pour la conserralion de la paix. » Celui qfui
ne lirait que les mémoires pourrait croire que c« fameux entretien a
annoncé l'ouverture des hoi^UIités. Celui qui étudie les actes diplo-
matiques s'aperçoit que Meltcrnich eut encore avec \apoléon des
conversations très auiicale;^ et qu'on considérait la guerre comme ne
devant pas « avoir lieu avant un an s.
Le récit des négociations qui précédèrent la conclusion de la paix
de Vienne est. comme M. lïaillcu l'a établi, tout à fUit inexact dans
le$ mémoires. 11 faut en dire autant du récit du mariage de Napoléon
et de l'archiduchesse iMane-Louise. C'est encore un cas où les lettres
et les actes diplonialiques du ministre peuvent encore servir à rec-
tifier son aulol>iugraphii>. On [K>s:sêdo en outre dans le livre dllel-
ferl sur Marie- Louise un guide précieux. Metlernich raconte dans ses
mémoires :
Nous étions instrnits des négociations que Napoléon avait eatamâtt
avec la cour de Russie en \tio d'une union avec une grande-duchesse,
et nous savions aussi qu'il était résolu à rompre son mariage avec l'im-
pératrice Joséphine. Nous noug doutions si peu de ses vues sur une
archiduchesse d'Autriche, que lorsque M. de Laborde noua l<>s fît entre-
voir, nous crûmes ôtro Ifs jouets d'un rtîvc. Mais il nous fallut bien
croire qun la chof^e otait sérieuse lorsqu'à l'occasion d'un bal masqué
Napoléon, en porMone, pria ma femme, qui était re.sièo à Paris, de me
faire connaître ses intentioa:». Voici ce qui arriva : Dans un bal masqué
donné par l'archicbancelier Cambacérés, et auquel ma femme a\'ait été
iuvitée d'une façon très pressante, un masque s'empara du bras do
M*^ de Mettemich. Celle-ci reconnut aussitôt Napoléon. Le masque
conduisit ma femme dans uu cabinet à l'extrémité des appartements.
Âpr^s quelques propos iusiguitiants. Napoléon lui demanda si elle
croyait que l'arcbiduchesse Marie-Louise accepterait sa main, et que
t'Emporeur son père consentirait k cette union. Ma femme, très surprise,
affirma qu'il lui était impossible de répondre à cette question. Napoléon
lui demanda ensuite si, à la place de l'archiduchosse, elle lui accorde-
rait sa main. Elle lui asRura qu'elle la lui refuserait certainement.
B Vous âtos méchante, lui dit l'Empereur; écrivez à votre mari, et
demandez-lui ce qu'il pense do la chose, a Ma femme s'y refusa, et lui
indiqua le prince de Schwanzenber^ comme rinlcrmédiaire qui devait
le mettre en rapport avec la cour impériale. Elle ne manqua pas d'ins-
truire aussitôt l'ambassadeur, qui se trouvait au bal, de ce qui a'clait
passé entre elle et l'Empereur.
Mettemich raconte plus loin que le prince Eugène Beauhamais flt
le lendemain matin les mêmes ouvertures au prince Schwurzenbei^,
V au nom de Terapereur et de l'aveu de l'impératrice Josq>hine, sa
mère *. Il rapporte une conversation qui eut lieu à ce sujet entre
j
344
UilATitiES ET DOCUBIBMfi.
toi et l'empereur François, aussitôt qu'on eut connaissance à Vienne
de ce qui s'était passô". L'empereur Krançois en cause avec son
ministre et lu cluirgo d'eu jjarler à sa nile. Celle-ci rcpund : « Je ne
veux que ce que mon devoir me commande de vouloir. » L'empereur
François, par un senlimeot héroïque et magnanime, se décide à
accepter : « Envoyez un courrier a Paris pour annoncer que j'accé-
derais à la demande de l'empereur des Français, mais sous la réserve
rormelie que ni d'un côté ni de l'autre il ne sera posé de condition :
il est des sacrifices qui ne doivent être souillés par rien de ce qui
ressemble à un marché. « Et Slettemich conclut par ces mots :
« Voila la vérité sur le mariage de Napoléon avec l-arclUduchesse
Marie-Louise. »
Ce récit est un roman hisLorli|uc, dans lequel les TaiLs sont arbi-
trairement disposés. Nous savons par les actes diplomatiques do
.Melternich que. lorsque M. de Labordc le sonda sur la possibilité
d'une alliance de famille des deux cours, il ne crut pas du tout « être
le jouet d'un rêve ». Nous connaissons son instruction au prince
Schwaiv.eniier^ du 25 décembre 1^09, dans laquelle il lui trace la
conduite quMl doit tenir dans cette circonstance, instruction écrite
avant que Napoléon eût manifesté par un seul mol ses inlcnlions à
regard de l'Aulrichû. Nous possédons une lettre de ta femme de
Metlernich du 3 janvier I8< 0, où elle raconte que le I" janvier elle
a été présentée à l'empereur. L'empereur lui dit : « M. de Melternich
a ta première place rie la inonarchie ; il cotmait bien ce pays-ci, il
pourra lui être utile. » Madame de Melternich ajoute : a Otle phrase
me frapiïa surUJUt par ce (]ui va suivre. » Et elle raconte que le lende-
main elle fut appelée à la Malmaison et que là la reine de Hollande
et Joséphine lui exposèrent le plan d'un mariage de Napoléon avec
l'archiduchesse. Nous posswlons aussi la réponsii de Metlernich à
cette lettre de sa femme, en date du 27 janvier ISIO. Il s'y exprime
ainsi : ^ C'est avec un intérêt bien vif que j'ai lu les renseignements
que renferme votre lattre sur l'enlrevue que vous avez eue avec
l'irapéralrice...; je regarde culte affaire comme la plus grande qui
puisse dans ce ujoment occuper rEurope. » A la raémei date appar-
tient une lettre à Schwarzenberg, où l'on trouve ces moU : « On
nous en a trop dit pour admettre la possihi lilé qu'il n'entrât pas dans
les intentions de la cour de France de s'allier avec la maison impé-
riale d'Autriche. » Nulle part il n'est question de celte entrevue
décisive de Na|K>léon avec M"" de Melternich. 11 est possible
qu'elle n'ait pas été entièrement inventée, que Napoléon et M*"' de
Metlernich se soient entretenus dans un bal mas<]ué de la question
du mariage, mais cet entretien n'a pas ou en tout cas l'importance
^
que Melternicb lui attribue. Ce n'est pas lui non plus qui a été
chargé par l'empereur François de conférer avec sa fllle, et Marie-
Louiso ne presscnlK ijm'lque chose du sort qui la menaçait que bien
après l'époque indiquée par Melternicb. 11 coniredil lui-même son
assertion par une lettre écrite à Schwarzenhcrg le U ffevrier 1840
|II, 320). et où Ton lit :
Son Altesse Impériale n'étant, à l'époque du dernier courrier, pat»
encoro informée d'une question qui depuis longtemps occupe l'Europe
entière, je n'ai pas été dans le cas do préjuger celle de sou consentemRnl.
J'ai ta salisfaciion de vous prèveuir coulideoliellement aujourd'liui que
M"" l'archiduchesse Marie-Louise n'a vu, dans l'ouverture que eon
augiisle père lui a faite depuis sur la possibililé que Napolran eteadit
PC* vues jusqu'à elle, qu'un moyen de plus de prouver ù ce père chéri
le dévouement le plus absolu.
On sait d'auti-e part, par une lettre de Marie-Louise à son père du
5 décembre 1 MO. qu'elle avait commencé par le prier de lui épargner
cette preuve de dévouement ^
En uu mol, l'effet dramatique produit [var la lecture de lautobio-
grapbie diminue sensiblement quand iiii tient compte des pièces.
Il semble que M. Th'iers ait en partie suivi le récit de Mcllernich,
quand il a trailé du mariage autrichien dans son Histoire du consu-
lat et de l'empire. On lil du moins dans oel ouvra^'c iXI, 293) : ■< Ce
monarque (François] qui aimait beaucoup sa Hlie et qui ne voulait à
auRun degré la contraindre, chargea M. de }/ettêrnich daller lui en
parler lui-même. Ce ministre se rendit donc auprès de l'archidu-
chesse Marie-Louise pour lui faire part du sort qui l'atlendait, si
elle voulait bien l'afirétT... Elle accueillit avex la réserve wjtivenable,
mais avec une joie sensible, la nouvelle du sort briUant qui lui était
offert. »
On savait déjà que Thiers, pour le récit du célèbre entrelien qui
eut lieu à Dresde le 26 juin 4813 entre Napoléon cl MettcrDich,
s'élait servi bien qu'avec une grande liberté de la relation du ministre
autrichien^. On voit maintenant par la présente publication que
Thiers s'est souTent adressé à Metternich pour obtenir des rensei-
gnements historiques. C'est peut-être à Metternich qu'il devait des
renseignementâ sur lAcadémie des beaux-arts do Vienne, dont le
chancelier éuil curateur et qui comptait Gœlhe parmi se^ membres
I. Helfert, loc. cil. p. 403.
1. Vu), U criliiiac des récits différents dan* Onrken, Iik. dt., tl. 384 et
«uir. Il eiiftle de l^^rcA différenreA enlre le récit de Hellernicfa, publié i>ar
Helfert, p. 363-370, et celui des ménaoire».
J^
346
MIEUVOBS ET DOCOMBTTTS.
honoraires*. Mais c'est uniquement de son imagiDation que l'his-
torien français a lire (X.III, 54} cette assertioD élonnaote que
« G<vlhe et Wieland avaient été attirés et reçus à Vienne avec beau-
coup d'éclat ».
Revenons aux mémoires de Metternich. Ces mémoires confondent
les pourparlers de Langres et de Troyi-s en <SU. II met la question
de la succession de Napoléon au premier plan et se donne comme le
partisan des Bourlmns, tandis qu'il représente Alexandre comme leur
eiiiieini le plus pronuncé. Maiâ il ne dit pas que le désaccord de la
politique russe et de la politique autrichienne portail en première
ligne sur la question de savoir si Ton devait continuer la guerre et
faire reculer ta Franc* en décades frontières de < 792 ou imposer des
bornes à l'intluence de la Russie. Il fait d'uno question secondaire la
question principale et laisse dans l'ombre la véritable cau.se du
désaccord. Il se fait au^si honneur d'avoir soutenu conLre Alexandre
et son entourage révolutionnaire le principe de la légitimité dans un
moment où le dctr6nemeut de Napoléon n'était pas encore une chose
compleLement assurée.
Si l'un reclierche maintenant tes motifs de ces dérogations des
mémoires à la vérité historique, dérogations d'autant plus impar-
donnables que le ministre pouvait daoe bien des cas consulter tes
documents officiels, on reconnaîtra que souvent la vanité a guidé sa
plume. Il veut se rendre encore plus imporlant qu'il ne l'a été. D
veut exagérer la part déjà considérable qu'il a prise aux événements.
Il vise par-dessus tout à passer aux yeux du lecteur pour l'apprécia-
teur s;igc et infaillible des hommes et des choses. 11 dit bien (1,45):
« Les hoinm(*.s tie savent guère deviner les vraies causes et la portée
des événements qui se passent sous leurs yeux. » Mais en ce qui le
concerne, s'il fallait croire ses mémoires, les causes et les conaé-
quences de tous les événements lui seraient apparues, comme s'il
èLiit un être i^upériour à l'humanité. Presque à cliaque page on ren-
contre des expressions telles que : « J'avais raison » ou * Le lemps
m'a justifié » ou k Les événements ont montré que je ne m'étais [>as
Irompé » ou « La suite a montré que mes calculs étaient justes. >
Lui qui dans sa dépêche du 3 avril 4809 avait dit : « La lutte est
entièrement à l'avantage de notre maître » raconte dans ses mémoires
(1, 79) : « Le ministre (Sladîon) reconnut que Va politique que j'avais
proposée aurait été plus sage que celle qu'on avait suivie. » Lui qui
1. Vo). ta h'ilrr tle r*>nicrclemeTit!i île Go*lhe, to!. I. 238, c\ le discours pro-
nonce p«r Hellernicb en sa qualité de cural«ur de l'Ac»démie, 1î (énier 1812,
II, 452-46a
dans son rapport du 2K décembre 48H (11^ 434) avait dit : « Si Ton
peut conjecturer l'avenir en s'appuyanl sur l'expéritMice du passé et
surtout sur Texpériencc des derniers temps, il est certain que, selon
toute apparence, la France triomphera » • il raconte dans ses mémoires
[I, 124) : t La campagne de 48^2 fut «suivie de conséquences que dès
le principe j'avais reconnues non seulement comme possibles, mais
encore comme étant les plus probables à cause des idées foncière-
ment erronées de Napolnon. » L'exposé des négociations de Langres
et de Troyes, avec la confusion qui y ré^ne, trahit le dësir de Met-
bernich de se représenter contnie le prophète infaillible et on n'a pas
besoin^ en le lisant, de se souvenir des circonstances politiques de \ fi'29^
sous l'empire dt'-squelles Metternirh l'a composé. Préoccupé par la pen-
sée de passer pour un hommn qui ne s'ei»t. jamais trompé, Melternicb
devait nécessairement faire violence à la vérité historique. L'a-l-il
fait inconsciemment ou en a-t^il eu le sentiment? A-t-il négligea
dessein tes documents diplomatiques émanés de lui-même, dont
l'étude l'aurait mis en garde contre plus d'une fausse asserlion, ou,
tout en les consultant, a-t-il intenUonnellemcnt passé sous silence
les résultats de cette élude? Nous n'osons résoudre cette question
dans un sens ou <lans un autre. Peut-être les volumes suivants per-
metlront-iîs de léclaircir.
A cette prétention d'avoir eu toujours raison, qui se manifeste dans
Taulobiographie de Mctlernich, ^'ajoute o^lle d'avoir toujours été
l'homme vertueux par nxci'ltence aussi hien dans la vie privée que
dans la vie publique. On ne trouve rien ici du Mettcrnich auquel,
lorsqu'il avait vinirt ans, Kaunilz rendait le témoiirnage d'être un
bon et aimable jeune homme d'une verve séduisante, un ])»rfiiit
cavalier. On ne trouve pas ici le fiivori des femmes, sur la frivolité
duquel les hommes de tous les partis no tarissent jamais*. On ne
voit qu'un homme integer vitx scelerisque punts^ modèle de gravité
et de moralité même dans sa jeunesse, ejcempt de passions, même
de passions lé-gilimes.
L« carrière diplomatique, dit-il (I, 22), pouvait sans doute flatter
mon ambition ; mais durant toute ma vie Je fus ioaccessibla à ce sea-
1. Un iIm Juj;Mn«nU les pins défiTorablcs est celui de Ri^iuin, BUtoire de
ftaaxe, etc., X, 124 : « Pour ua lioininp de mœnrs Kravcs comne l'imbus»*
deur Olto, l'air qu« n^epirait M. de MeUcrnich élail un air «mpoiMinniï : La
colerie d'IinmmcA «Ido remiueâ avec lesqucU il w Irourail en rnntacl riia([uit
jour sctnblail A ccl aiiibâftsadeur «tre un réfPfitacle de Itccnt:c, de T^nalilè cl
de corruptiri't) ; c'était a «e» veux la régence au petit pied. • Vojcz le jogemeat
de Stein dans Pertz, Da* Ltbt% des fi-eihmm vont stéin, IV, 25S.
348
■ilATCES RI documbeits.
tiaient.... Dans rarrati^meutde ma vie la joaraée appartenait entièn^
mpnt anx afTaires fit la soirée était un tomp» de récréation péparant le
travail du repos(I, 24).... JVusdes rapports très fréquents aver Ir prinr*«
Louis-Ferdinand ; il me prît même on atTcction, mai» les déPauts dont
je viens de parler élevèrent une barrière entre nous. Pendant tout* ma
vie j'ai eu la mauvaise compagnie eu horreur; or le prince Louis vivait
dans un monde détestable.
Si l'on trouve dans le Metternich des mémoires un homme d'une
haute moralité, on y trouve aussi un homme d'Étal non moins
moral. A ses yeux en effet la morale publique et la morale privée
sont d'accord et il prétend avoir rempli les devoirs de l'une el de
l'autre. D'après lui, la base sur laquelle repose le syslème des éLaU
modernes est identique à celle sur laquelle « la grande société
humaine repose qui s'est formée nu sein du christianisme. Cette base
n'est autre que le précepte formulé par lu livre par excellence : Ne
fais pas à autrui ce que lu ne veux pas qu'on te fasse. » 11 résiUte do
là que la vraip sagesse poHtique consiste à attacher plus d'importance
aux intérêts f;énéraux qu'aux intérêts particuliers.
L'histoire nous apprend que chaque fois que les intéréu particuliers
d'un Ëlat sont eu contradiction avec les intérêts généraux et qu'on
néglige ou méconnait i:es dernierf^ pour travailler rxcIu vivement à suivre
les premiers, ce fait doit être regardé comme une exception, comme
une maladie dont le développement ou la prompte guérisoo décide eu
dernier ressurl de la destinée de cet Étal... En face de ces vérités, que
devient la politique de l'égoîsme, la politique i3u bon plaisir ou do
Tambition mesquine et surtout celle qui rechercho Tutile en dehors de*
règles les plus élémentaires du juste, qui se rit de la foi jurée et qui, en
un mot, repose uniquement sur les vaines prétentions de la force et de
l'habiletéTOn peut juger, d'après celte profession de foi, quelle valeur j*ai
toujours attribuée à des politiques de la taille ou, si l'on veut, du mérite
d'un Mazarin, d'un Talleyrand, d'un Caunlog, d'un Capo d'Islria, d'un
Uaugwitz et de tant d'autres plus ou moins célèbres.
Principes excellents, dont la carrière de Mcltemich et l'histoire de
l'État dnnt il a servi les intérêts avec tant de zèle forment un corn*
nientaire original.
Mais un homme dans la situation de Metternich pouvait bien ne
pas s'apercevoir que ces principes avaient dans sa bouche l'air d'une
ironie. Il availdanssa longue carrière appliqué contre les Allemands
et les iLaliens, les Polonais et les Hongrois, la politique « do la force
et de l'hahiloté »; il entendait admirablement l'art « de se rire de
ta foi jurée «^ il n'avait même pas repoussé au congres de Vienne
l'alliance « d'un Talleyrand ». Mats il n'en pouvait pas moins,
LES NlhlOlKES DC HEITERNICfl.
3-19
l'époque où il formulail C05 principes, en <844, se considérer
comme le champion le jilus rnsolu et Ii: plus fidèle des iiitérêls géné-
raux, donl le principe de la Révolution lui paraissait l'ennemi. Ce qu^il
ne comprenait pa» c'était que ces inlérèls généraux n'étaient pas les
inlèréls des peuples, mais ceux des cours, et le résultat trompait sou
attente. La Révolutioa, qu'il croyait avoir combattue vicLorieu£e-
ment, releva de nouveau la télé. Ses mémoires trahissent encore les
prétentions de Mellernich en ce qu'ils Ponl remonter trop Iwut les
origines de cette lutte pour nous faire admirer le coup d'ojîl et la
prévoyance de leur héros. I^^jrsqu'il n'était encore qu'éludianl a
l'universilé de Mayence, Metterutcb aurait reconnu la vocation de sa
vie entière : « Je sentais que la KévoluUon serait l'adversaire que
j'aurais désormais à combattre > (1, ii). Plus lard, comme ambas-
sadeur à Paris, il eut la meilleure occasion de former son opinion :
« Napoléon m'apparaissait comme la révolution incarnée, tandis que
dans Li puissance que j'avais à représenter auprès de lui, je voyais
la plus sûre gardienne des bases sur lesquelles reposent la paix
sociale et l'équilibre politique. » Mais la Kévolution a aussi infecté
les alliés. Le czar .\lexandre nesl pas. pour employer les termes de
McUemich, resté exempt de Tesprit révolulionnairc (1, 169), ses
idées llottaient quelquefois dans le brouillard d'un libéralisme
vague " [\, iHH], et c'est encore le ministre autrichien qui doit entre-
prendre la lutte contre cette dangereuse erreur.
Comme on le pense bien, Mellernich n'est pas favorable à la
Prusse. 11 la considère, après la paix <lu Tilsilt, comme et^uit à moitié
passée a la Révolution, et ce sont précisément les hommes aux-
quels elle doit sa r©f;énéralion qu'il poursuit de sa haine. C'est ce
qui l'empêche de rendre justice à la conduite de l'armée prussienne
pendant la guerre de l'indépendance, il nu dit pas un mot des mérites
de Gneisenau. .\u contraire Schwarzenberg possède, selon lui, « les
qualités esscuUelles d'un grand gênerai > (I, 464). L'armée autri-
chienne est « habituée de tout temps à l'obéissance et â une disci-
pline sévère ■>. L'armée prussienne au contraire laisse beaucoup â
désirer.
Elle a été rassemblée à la hâte, formée d'éléments essentiellement
nationaux que le Tugeabund avait préparés et travailles de longue maio,
compreuani de nombreux batailloDs de volontairos fanatiques comme
l'étaient alors les étudiante et leurs professeurs, les hommes de letlreit
et l6s poètes de toute valeur. (1, tt>3, 164.)
Cette armée, remplie du désir de se venger des Français, « domi-
nait le cabinet ». C'est ce qu'on vit a la liu de 1 si 3, lorsque le
quartier général des souverains se trouvait à Francfort :
850
miu^rcKK ET itocDHETrra.
La somrace révolutionnaire qui depuis 1808 avait porté tant de frait
en Prusse, germait ici sur un vaste champ et promettait une riche
moi&sun. Les Arndt, les Jalm et les hommes qui depuis ont joué nn
si triste râle, se trouvaient ton» à Francfort, suit dans l'armée comme
foucltounairos, soit dans Teatourage des ministres.
Le czar Alexandre élait aussi uUeint par ce ^i^us; « imbu d'idées
révoluUonnaire-s, entouré de conseillers tels que Labarpe, Steio.
Jomini, il nourrissait das projets qui auraient ccmduit le monde à sa
perte » il, \T2]. Le roi de Prusse restait « Iraiiquilte au milieu d'un
peuple surexcité » (I, 164), mais il avait besoin d'être dirige par des
personnes d'une Intelligence supérieure. Ces personnes étaient rem-
pereur François, « mûri à l'école de l'expérience, ne perdant jamais
un sang-froid naturel dans les résolutions à prendre. Jugeant lout
avec un calme qui ne se démenlail Jamais > (I, 164} el Meltemîch
lui-mérne, cliar^ê t de b dirticiie rnissiuri d'amener la réalisation du
vrai bien, que des menées roupables auraient [»eut-élre empw^hftc, et
de prévenir ainsi une situation qui n'aurait que trop sûrement com-
promis l'avenir de la société elle-même » (1, 1 73). C'est ainsi que les
événements apparaissaient à distance à l'esprit de Mctternich. On
croirait à le lire que les succès des campagnes de 1848 et de 1814
sont dus au mérite de l'empereur, du ministre et du générât autri-
chiens. On ne soupçonnerait pas que c'est précisément ce que Mellor-
nich appelle TespriL révolutionnaire qui, avec l'ônergie de larmée
prussienne et la leritieté d'Alexandre, a vaincu Napoléon. Il y a une
lettre de Gncisenau à laquelle on pense involontairenient quand on
lit Metternich. Gneiseuau fait remarquer que Tempereur François el
Melternieh n'étaient pas la lorsque w le destin força enfin » de mettre
à exécution la résolution de marcher sur Paris*. Les mémoires de
Metternich ne réussironL pas a retourner sens dessus dessous la tra-
dition historique.
On aura remarqué que Mottornich parle deStein el du Tugenbund
à propos de l'esprit révulutionnaire de la Prusse. Il attribue au
Tugendhund une grande importance. Il dit dans un autre endroit de
ses mémoires (I, 119), lorsqu'il parle de Tannée 181 1 : a La Prusse...
excitait le sentiment allemand au moyen ûuTugendbund. >• Dans un
rapport du 2H ilécembrc \iH I (11, 13f) il exprime la crainte que « le
Twjendbund jette le roi dans les bras de la Russie ». Chaque fois
qu'il parle de Slein, il manifeste son aversion conlru oe ■ politique
1. Oneitenftu i Gibsone, 16 mars 1815. Voy. Dax leften Gneisenaii's. Biod 4,
p. 332 (par llan» Delbrttck. ContinuKtian de rourrH^c publié par Perlz sous le
m«inc titre, 1880).
UEB MlfllOIRBS m: VETTBRKICn.
35<
passionné > qu'il semble considérer comme le cher do cetle dange-
reuse secte. 11 esl surtout révolté par l'influence que Stein excrwî sur
l'empereur Alexandre.
L'esprit révolutionnaire, dit>i] fl, 168), qui en 1B07 n'était caché sous
le awnleau du patriotismn pruaaiea et rpii plus tard avait arboré les
couleurs teulonique», fut introduit^ en 1813 et eu 1813, daus les conseils
de l'empereur de Russie par If^ baron de Sieiu^ le général Gneif«nau
et d'autrett trauffugCR pruosicna et allomands. On n'a qu'à lire altenli-
vem^nt quel qu<?s!-u nés des proclamations: lancnes par le czar pendant la
cam])afine do 1812 pour ne garder aucun doutf> â cet égard. Le mémo
esprit présida aux ncgoctatioas qui eurent lieu entre la Uussîe et la
Pru.i^e à Kaliach... Dès l'année 1812, après la retraite de XapulêoD,
l'empereur .\lexandre avait jeté les yeux sur le baron de Stein pour en
faire l'arbitre futur des destinées de l'Allemagne. Celui-ci joua un rôle
considérable dans les conférences do Kaliscb et son influcuce ne cessa
de se faire sentir jusqu'à la deuxième paix de Paris en 1815. Puurlant
ce n'est qu'à Leipzig que le czar mil pour la preioière fois le baron de
Stein en face du cabinet autrichien.
Mellcrnich raconte à ce sujet qu'après la bataille de Leipzig il
s'oppoâa énergi(|uenient au projet -n de mettre le baron de Slein à la
(jfile de radmiitislTâlion des pa>s allemands reconquis et à reconqué-
rir. » Mais cette opposition, soutenu© par l'empereur François, fut
inutile.
Le ciar finit par m'avouer qu'il avait fait des promftsses formetips au
baron de Steiu, et qu'il lui faudrait absolument les tenir snus peine
d'éire taxé de faiblesse excessive. Il n'y avait plus qu'à céder. On cons-
Utua le comité d'administration sous la présidence du baron de Sleiu ;
mais je constatai, eu présence du czar, que je prévcyai.s les suites
fâcheuses qu'aurait forcément pour la constituLion future de l'Allnmiigne
l'influence d'un homme qui relevait directement du parti révolution-
naire. Les événements n'ont que tropjusliËé mes prévisions. L'admi-
nistratiou dont l'organisation fut réglée à Leip/Jg a servi d'appui et de
levier aux foctious, et c'est à sou inUuence directe qu'il faut attribuer
eu grande partie l'essor révotulionnalre que, dans les auiiêes suivantes,
l'esprit public prit en Allemagne. Cette administration était formée des
gens qui étaient à la t^te du parti populaire ; c'est elle qui organisa la
révolntion qui n'aurait pas manqué d'éclater en Allemagne sans les
eflbrls que lireut plus tard leti princes alliés pour se sauvt^r eux-mêmes
et pour sauyer leurs peuples. Il suflit de citer les noms de Jahn, d'Amdl,
même de (roerres et de beaucoup d'autres pour ne laisser aucun doute
à cet égard.
Il est intéressant de comparer à ces déclarations des extraits des
dépêches des ambassadeurs autrichiens à Berlin. Le l<J mai 1809. le
352
IKLtNGKS kT DOCtrWBTITS.
Iiaron de Wcs^nberg unnonçaiL que Stein étâil le Tondateur « d'une
associaLioa secrète doiil les rainiOcations embrassaient louLe la SUo-
sie, les Marches et la Poméranie. » Il ajoutait :
Celle assuciatiou a été connue dopuis sous le nom de Tugendbund, et
il (jarait même que le miniatre, fier d'en élre le chef et de diriger en
«ecret les esprits et l'opinioD publique, lui donna une espèce d'orgaoi-
saiion qui rappelle assez celle de Tordre des illuminés. Cette maaière
de gouverner une monarchie déchue, peuplée de malheureux et de
mècunlente, minée par la misère et par la plus profonde immoralilè,
dut avoir tûu» [eseiïets funestes qu'ont toujours produits ces institutions
qui forment un corps séparé entre le souverain cl le peuple (statuai in
statu). Tous les membres de cette association se crurent appelés à la
pariicipaLion des afTaires du gouvernement; le respect pour la personne
du mouarque, viole déjà plus d'une luis, diminua encore; l'obéissance
et la subordination, ces deux Liens qui constituent eEsentieltemenl
rii^tat, se rftEilctièrent txtujour^ davantage, et cette association, traitant
en ennemis tous ceux qui ne voulurent pas y accéder, réveilla J'esprit
de parti qui, joint à l'apathie personnelle du souverain incapable de le
supprimer, accclora l'état de désorganisation dans lequel nous voyons
aujourd'hui la Prusse.
On lit aussi dans un mémoire de Wesscnberg, du 20 janvier 4810,
que Stein a Tavorisc le Tugendbund pour agir par en bas plutôt que
par en haut en vue d'oblenir des réformes. Les dépêches du comte
du Bomhelles ut du comte Zichy, do (SIC â 48<3, appeltenl souvent
aussi l'alLcnlîon sur les dangereuses menées de sectes qui n'existaient
que daus l'imagination de ces diplomates dcHants. Guillaume de
Humboldt, Scharnhorsl, Giieiseuau passaient pour membres de la
secte, Lo 25 février 4 Si 3. le comte Zichy écrivait encore à Mellernich:
a Les esprits sont dans une fermentation difficile à calmer... Les
militaires et ies chefs de la secte sous le masque du patriotisme se
sont exclusivement empares des rênes *. »
Le même spectre troublait aussi l'agent de la France Saint-Marsan.
Celui-ci parlait aussi dans ses dépêches des « frères de la vertu ». U
ap[helait Stein leur « patriarche », racontait que les -i adeptes - étaient
reslés après sa chute en rapport avec lui, i^uc Gneisenau était un
<i chef de la secte n, et lo prince de Hatzfeld le mettait en garde
contre les « jacobins allemands ' ». Or le Tugendbund avait élc dis-
sous le 31 décembre 4809 cl n'avait jamais eu une Kraiide extension.
Stein n'en avait jamais fait partie, pas plus que Scharnhorst, Gneise-
1. Archires d'État de Vienne.
2. An-liives des aGraireu êlranijère!) é Pari». Pniue (par exemple, H Juillet
1811, -Z7 octobre tSll).
LES «Gnomes nE MnTKHYICH.
353
nau et tant d*autres qu'un cro>ail afRIiés à la ■ secte ». Il ne l'avait
jamais vue d'un œil favorable. Mais pour Metternich les mots Tugend-
bund, parti révolutionnaire, idées de leutomanie étaient synonymes.
Il avait rerais en \%{{ à l'empereur Praii^-oîs un mémoire ou, s'ap-
puyant sur les renseignementâ du baron de Weâsenberg, il .s'étendit
sur le Tugendbund. Il disait que les principes de l'association étaient
révolutionnaires au plus haut deiçré et affirmait que le baron de Slein
avait été pendant son ministère un de^ principaux chefs et le patron
du Tugendhund^. Il conserva loniitemps ce soupiçon et bien des
années plus lard, lorsqu'il travaillait à son autobiographie, il croyait
sans doute encore qu'il avait existé, sous la direction de Stein, une
grande association révolutionnaire.
II ne faut pas trop lui reprocher cette erreur. En Prusse aussi on
crut longtemps aux visées révolutionnaires d'une société secrète qui
aurait clé identique au Tugendbund. En 1HI6, Gneisenau dut se
défendre du reproche d'être le chefde celte association^. Les écrivains
français de notre temps eux-mêmes, trompés sans doute par Bignon,
ont partagé les idées les plus fausses sur le Tugendbund. On trouve
chez Lanfrey. par exemple, des erreurs incroyables : « C'est un pro-
fes.seur de philosophie, Maurice Amdt. qui fonde le Tugendbund. »
< Les anciens ministres Hardeiiborg et Scbamhorst. les généraux
Btiichor et Gneisenau, etc., en sont les membres les plus actifs *
(IV. 378). Ce sont là des erreurs que Lanfrey aurait pu fadjemejit
éviter en se donnant la peine de consulter par exemple la Deutsche
Geschiehte d'Haeusser*.
On ne peut parier de l'appréciation des affaires prussiennes qui se
trouve dans les roémuires sans faire une remarque digne d'attention.
Metternich se fait honneur d'avoir donné & la Prusse les meilleurs
conseils dans la crise qui a précédé la guerre de (812. Les relations
qu'il retrace ont un caractère conciliant, presque paternel :
Le« rapporte personnels qui s'étaient établis entre le roi Frédéric-
Guillaume III, le ministre Ilardenberg, quelques autres personnages
qui jouissaient de la confiance du prince, et moi, à la suite de mon
1. llAp|>orl dt' Melliirnicli, 16 mars tSll lArrbii-e» à.'tux de Vienne), publié
pir moi iIao!- le journal Die GegenKart, 1880, n* 17.
3. DelbhJrk. Dos Uben Gttasenaus. Toi. 5, p. 107.
3. On pcot se renseigner sur I histoire du Tuçen^lbund, si in»l conauc
en France, A l'aide de^ ouTrages spéciaux dont Tolci les titres : J. Volgt,
Geachichte des Tugendbundet, Kœnig«b«rg, I8.S0: G. Bter^rh, Beitrsge sur
Gexkichte des »o<j€tkannten Tugendbrindea, Hamburg, 1862 ; A. LettmAnii, l»er
Ti»9*màbund, Âus érn KknterUmenen Papieren des MUsUfters Profes^ir H. F. G.
D, Berlin, 1367.
Rïv. HiSTOB. XVL 2* PAW. 33
354 Mtfui.'VGtS ET M>CC1IENTS.
amba&satle à Berlin, me permirent de faire écouter ma voix à ta cour
de Prusse. Je profitai île l'occasion pour exposer fidèlement la Térité
sur la situation do [a Prusâo et de l'Autriche, pour eacouragor le rot â
la patience et pour lui indiquer les moyens de Ratut que le temps et let
événemcats ni^ manqui^rnieut pas de lui fournir ; je lui dis qu'il pouvut
être moratement siir que l'erapereur François serait toujours à ses côtés
comme un ami &d&le. Le roi comprit ce langage. C'est aÏDsi que fat
amenée entre les deux fiouveraîost cette uniun qui résista aux orages dot
années sulvanteft et qui exerça t:ne puiR-<uinte influence non seulement
sur Ifw destinées de la Prusse, mais encore «ur celles do l'Europe (I, 1 !4).
Il réassort des actes dlpbmatiques, dont nous avons connaissance,
que ces termes sont exagérés. Il s'établit certainement, dans le cours
de i«H , des rapports intimes entre )a cour de Vienne et la cour de
Berlin. .Mais la conilancc n'existait que d'un côté. Metlernich con-
naissait les iiéf^ocialions de la Prusse avec la France et la Russie,
mais il gardait b silence sur ses négociations personnelles avec
Napoléon en islO. Tandis que la Prusse essayait de s'entendre artc
FAutriche sur une méthode d'action commune, l'Autriche gardait
une réserve prudente. Frédéric-Guillaume III et Ilardcnherg, placés
entre l'alliance fran^-aise et ralliancc russe qui les exposaient toutes
deux aux plus grands dangers, appelèrent au secours, mais Metler-
nich ne Ht rien « pour les encourager et pour leur indiquer les
moyens du salut, n II avait prescrit à Tambassadcur a Berlin, le
comte Zichy, d« se borner au rOIe fie » simple observateur », d'ac-
cueillir arf référendum toutes les communications pru^tennes, et de
déclarer scuK'mont que « l'Autriche n'était liée par aucun engage-
ment contraire aux intérêts de ses voisins *. » Quelque temps aupa-
ravant le prince Esterbazy, au cours d'un voyage, était passé à Ber-
lin. Frédéric-Guillaume III t'invita à sa table et lui parla à cœur
ouvert :
Je déaire ardemment, dit-il» me conformer aux vues de l'Aulriche
puiwiue nos iDtér<>U! ne sont pas en opposition et que j'ai la plus grande
contiance dans le caractère personnel de S. M. l'empereur. Il e.st essen-
tiel de moitre le plus grand secret dans cette transaction puisqu'il y va
de mon exisience, umi allés durchaus nurmfindtich ; sans autre but que
celui d'un concert et sans préjuger sur une décision quelconque ni »ur
les idées qui^ l'Autriche trouverait bon de me faire snggérE'r.
Le chancelier d'État Hardenber^; s'exprimait dans le même sens.
Eslerhazy répondit que r.Vulriclie se trouvait heureusement en silua-
1. Instruction néairale pour le comte de Zich), G avril 1811. Archive» d'État
de Vienne.
r.Rs Hi^JfoiBRS DR HRiTcamcn.
as»
lion de pouvoir rester neutre dans une guerre et que peut-être l'em-
pereur François oon sidérerait comme une atteinte à la neutralité
l'inlluence prépondérante que pourrait exercer la Prusse. Hardenberg
répondit alors qu'il ne restait a la Prusse qu'à se jeter dans le^; hras
de la Fronce. Metternicli fUt mis au courant de cea entretiens, mais
il se fiarda de désavouer le prince Eslerhazy et de donner un conseil
précis au roi ou au ministre de Prusse '. II dêclam qu'il devait lais-
ser la Prusse adopter un système approprié à sa situation. Il déclina
loule espèce d'accord arrèlé. — Dans Faulomn* de < 8H , le baron de
Jacobi fut envoyé à Vienne. Il pressa aussi le ministre autrichien de
s'expliquer d'une façon pusilire sur ce que la Prusse puuvaiL attendre
de l'Autriche dan.s le ca-s d'une attaque de la France. Mctteniich évita
de répendre à cette question. Il soutint que Napoléon n'attaquerait
pas la Prusse. Gomme Jacohi maintenait que cette éventualité était
possible, il se borna à dire que l'Autriche n'assisterait pas en silence
à l'anéanlissement de la Prusse, mais qu'elle présenterait des obser-
vations à Napoléon. Enfin il conseilla à la Prusse de conclure une
oUianoe avec la France, si elle pouvait le foire à des conditions hono-
rables ; si Napoléon imposait des conditions humiliante.s, la Prusse
était assez forte pour se défendre en retirant ses troupes derrière
l'Oder', il n'était rraimcnt pas nécessaire d'aller à Vienne pour
recevoir ces leçons de sagesse politique. Le chancelier d'État Harden-
berg déclara encoiv- une fois « qu'il ne désirait que se conformer en
tout à ce que TAutriche jugerait convenable et que l'impulsion qu'elle
voudrait donner serait suivie scrupuleusement^. » Mais Metternich
ne Ht rien pour donner « l'impulsion » qu'on lui demandait. Sch;irn«
horst fut envoyé à Vienne en qualité d'agent secret. Il fallut d'abord
comliattrc l'idée qu'il était membre de la « secte » du Tugendbund.
Arrivé â Vienne, Scharnhorst eut plusieurs conférences avec Metter-
nich. Mais il n'obtint rien sinon la promes.'^e que l'Autrichn resterait
neutre. Toutefois Metternich y joignit le conseil verbal de s'allier
plutôt avec la Bussio, si peu satisfaisantes que fussent les proposi-
tions de cette dernière. Mais il n'osa pas répéter ce conseil par écrit :
Nous nous sommes convaincus, écrivait-il À l'ambassadeur d'Autriche
i Berlîa, que l'envoi de M. de Scbarnhorst n*est que le dernier esaai
1. Letlre da prince d E«terbazy à MetterDirli. Dr«.->de. 15 msr» 1811. Lettre
de Uelteniirb uu votait Kictiy, G arril 181t. Archives A'tXaX de VieoDe.
2. Max Diinrker. Aus dur Zeii Hiedrichs des Grouen unà Friedrich WU'
hetpuill, 1876, p. 352. 4tO, Ul. — PotUiseher Naehian de* Siaatsministers
\ IwiuHg von OmpUda, 1869, II. p. 54.
3. Dépêche du comte Zkhy. BerltD, f9 aoTcmbre 1811. Arrhives d'Etal de
Vienne.
33ft MÉunCES KT I)0CCME;(TS.
d'un parti bien intentionDè, mais qui se trouve paralysé par les ir
hitîous H la faiblosâe du roi et Les irrésu lu lions et les chim^ref: de
l'empereur AlexauJre. U vunlait se renforcer de l'appui de l'Autriche»
muis comment Tempei-eur pourrait-il se charger d'une respoDsabiUlèc
parait trop forte au souverain mftmo de la Prusse ? Comment rAutriclw^
peut-elle suppléer à rincutiéreiice des plans delaHuBsie? Ckmiment
l'Autricbe pourrait-elle se trouver chargée de jeter la Prusse entre le
bras de la Ku!^sie, laiidiR que celte dernière puissance n*a paa le cou^
rage d'enlever la Prusse ?... Il est donc clair, M. le comte, que l'empe-
reur voue le plus grand intérât au roi de Prusse, que si nous ne nous
faisons nulle illusion sur U nature des dangers que partagent avec cette
puissance et l'Autriche et l'Europe entière, notre auguste maître n'a
pas moins dû sa croire non appelé à prononcer en dernier ressort sur
1rs chances que préstmte ou pour ou contre son existence le parti que
prendra le roi eu faveur de la Uussie ou en faveur de la France... S'il
nous est impossible de nous charger du rôle qui devrait Atre celui de la
Russie, d'olTrir au roi avec l'alliance un soutien réel et tout pr^t, il doit
nous être bien moins réservé de nous charger de celui bien plus com-
prouiettaiil encore dans notre étal de dénuement niomenlané, de sup-
pléer par nus conseils à ce qu'il peut y avoir de manque d'énergie dans
le caractère même du roi et de mesure et de sagesse dans les conseils
de l'empereur Alexandre '.
Nous sommes bien loin de reprocher à Metternîcb celte attitude.
Il avail assez de motifs pour reculer devant la resïwnsabllité qu'on
voulait lui imposer. L'armée el les llnances autrichiennes ctaienl
désorganiséeà. Le:> plans de la Mussie, qui s'était tounm* contre la
Turquie, inspiraient à Vienne une extrême déllance. L'Autriche n était
pas en état de donner à la Prusse même l'assistance moraJe que
celle-ci lui deinandail. On se lrum]>eniil donc tout à l^IL si l'on
croyait Mettertiïch lorsqu'il se présente dans ses mémoires comme le
conseiller paternel de ta politique prussienne. Mais ce qu'il y a de
pis, c'est qu'il cache dans ses mémoires le plus im]K)rtanl. Il cache
qu'à la fin (la ^H^^ Il considérait comme avantageux pour l'AuLriche
de faire cause commune avec Napoléon au Lieu de rester neutre el
«lu'il spéculait sur un partage de la Prusse. C'est ce que nous
apprenjienl des documents remarquables émanés de lui-même el
publiés dans le second volume. Précédemment déjà, dans son u rap-
port princijwl sur les résultais de la mission de Paris du < T janvier
■1814 n, il avait déclaré qu'il serait désirable, dans le cas oil Napo-
léon rétablirait le royaume de Pologne, d'obtenir comme compensa-
1. Hetlernicli au comte de Zichy, 29 décombre 1811. Archive» d'filat da
Vienne.
LBS V^tfOlBRS DE HSTrERMCE.
lion d'une parLie de la Galicie, outre l'Illyrie, la Haute- Au triche, etc.,
une partie de ta Silétie. \\ ajoutait alors ; « UetLu compensation tou-
tefois ne serait pas conditionnelle et dépendante du démembrement
de la Prusse qui sera. seJon moi, une conséquence inévitable de la
procbaino! guerre *. " Dans uu autre rappttrl du 28 novembre 4811,
il revenait sur cette idée, il pesait les chances que pouvait avoir
l'Autriche si la guerre éclatait :
Le meilleur parti, disail-il, serait certaînemenl la neutralité dans le
I où l'i88ue de la guerre serait défavorable à la France, mais un rôle
'tutifseut nous minage des cfuinces de sauver notre existence dans le cas
où la France serait victorieuse. Le cboix de V. M. de\Tait donr, à vrai
dire, être déterminé par la probabilité plu5 ou moins grande des résul-
tats de la guerre future. Si l'on peut conjecturer ravenir en s'appuyant
sur l'expérience du passé, et surtontsurrexpérience des derniers temps,
il est certain que, seion toute apparence, ta France triomphera. Quant
aux frais et aux autres chaînes, je suis convaincu qu'une stricte neu-
tralité enlraiue des sacrifices plus considérables qu'un rôle actif.
On le voit. Metternich conseille de jouer un rftle actif. L'empereur
François lui répondait : « La seconde alternative que vous examinez
à propos de-s questions posées par vous me semble la plus conforme
à nos intérêts. » Mais si l'Autriche jouait un rû!e actif, c'est-à-diri!
si elle s'alliait avec la France, elle pouvait aussi attendre de la France
la récompense de son concours. En tout cas elle avait droit à des
compensations dans le cas où elle devrait céder une partie de la Ga-
licie. C'est toujours la SiEésie qui doit servir à cette récompense et à
ces compeusations, et non pas seulement une partie de cette pruviace.
mais la province entière.
I.A conduite actuelle de la Prusse, dit Metternicfa dans son rapport,
est, à tous les égards, dangereuse pour notre intérât. Si les armements
considérables que fait cette puissance l'amèDenl à s'unir étruitement
avec la France, elle Aéra en droit do prétendre à des dédommagements
considérables; elle prendra en quelque sorte l'avance sur nous... Si la
France a des vues dangereuses pour la Prusse, si le Tugendbund jette
le roi dans les bras de la Russie (et lo premier cas surtout me parait
tout aussi probable que les efforts des membres de cette Ugue pour
amener le second résultai sont certains}, ce pays sers immédiatement
inondé par les armées françaises ; alors le sort de la Prusse sera entre
les mains du vainqueur et il n'est que trop probable que les débris d« cet
empire deviendront la proie des confédérés.
Dans mon dernier rapiiort j'admettais que la Prusse derint un des
liés ordinaires de la France sans avoir à déployer des forces exccp-
1. Vol. II, p. 114.
358
MtitAHCES IvT DOCCMETTS.
tinanDlIes. Je n*ai pas b(*£oin de dire combien la BÎtualion recUe diffère
profondément du point de vue auquel je me plaçais. Cette eituatiou
touche à l'une des questions les plus importantes, & celU de la diisolu^
tion possible de l'État prussien tout entier ; elle menace de jeter entre les
maÎDti d'une puissance dont les intérêts n'ont rien de commun avec
les noires^ la Siié^îe, cette province qui, par sa situation, nouscoD\ien-
drait, fi qui, de plus, nous est presque absolument nécessaire diins le
cas où le royaume do Pologne serait rétabli; elle menace en outre de
nous àter toute possibilité d'wbtenir une compensation pour la perte de
ta Galicie. Cela conduirait Metternicb aux conclusions Buivaatea ;
o DaiitJ le cas où l'Auiriche serait dêcidêo à prendre uue part active aux
événements, i1 faudrait charger le prince de Schwarzenbei^ de fai:
connaître à l'empereur des Français la résolution prise par Votre Maji
de consentir à la mobilisation d'un corps d'armée si :
a) Napoléon prouve à Votre Majesté que, dans le cas où l'issue de la
lutte serait favorable aux armes françaiees, l'Âutricbe retirerait un
avantage réel de la guerre...
b) L'empereur des Français veut reconnaître la coopération de TAu-
triche en lui ouvrant la perspective d'acqitirir la Silésie, les provinces
illyriennes oX la fronlièrc de l'înn, y compris Salrburg '. Dana un rap-
port du l.') janvier 1812, Metternich pense : * La question de la froniièrei
bavaroise, comme celtR de la frontière de SiU^ie, pourrait, au besoin,
être ajournée jusqu'au moment de la paix* > : « Il avait reçu un
rapport du prince de Scbwarwnberg sur une audience accordée par
Napolêou le 17 décembre i8(l. Scbwarzeoberg lui a%-ait communiqué
comme opinion de Napoléon : ■ La question de ta Sitésie serait décidé»
à la moindre faute que commettrait la Prusse ; «I œmme. si la guerre est
heureuse, on ne ma/iquera pas d'objets de compensation. Napoléon dispo-
sera aussi mlontiers de la SiUsie en notre faveur dans le cas où la
Prusse ne se serait point écartée de la ligne tracée, parce que toute pro-
vince doit lui convenir, tandis que la Silfisie m( la âeuU qui puùn
agrandir l'Autriche. >
Il faut rapprocher tous crs dnciimenLs pour pénétrer la per-
fidie dfc MutLernJch. II donnait verbalement à Scharnhorsl le con-
seil d'uite allianc4i de la lVus.sc avec la Russie. Il n'osail pas
donner ce conseil par écrit. Il abandonne la Prusse à son libre choix
dans l'espoir que l'Autriche, dans un cas comme dans l'autre, obtien-
dra la Silésie. Qu'on ne dise pas qu'il voulait tromper Napoléon. Il
traite pour tout de bon el conflJenLiellement la question de Silésie
aux
aif^H
II, p. 4^^4^5. n faut lira, p. 4^. « 28ooveinbrâ tSIl », «u lieu de
mbre ». Cf. p. 437 les inoU « rapport que j'ai eu rbonneor de lui
le 28 narembre ».
1. Vol.
f 28 déce
adresser
2. Vol.», p. 437, 44t.
NiPOlioX BT LE aoi JÉRÔME.
390
avec son souverain, qu'il désigne comme « te véritable, Tunique
représentant gui reste encore d'un ordre de choses consacré par le
temps et reposant sur le droit éternel immuable. »
Comme le comte de Saint-Marsan Taisait remarquer à Hardenberg,
au commencement de 1>H3, laduplicilédeMetlermcb, celui-ci déclara
sur le ton de TindiMnation que c'élail là a lo lanfj;a{k'e de la guerre de
sept ans, mais non de cdie de 1H13'. » « M. de Meiiemich, avait dit
un jour Napoléon, est tout près d'être un homme d'ËUl, il ment très
bien '. » EL cependant c'est ce même Meltemicb qui développe dans
ses mémoirt» cette belle théorie que la vraie sagesse polilique con-
siste à suivre le précppU», : « Ne fais pas à autrui ce que Lu ne veux
pas qu'on le fasse. » Au même endroit il proclamait ce principe que
« le rétablissement des rapports internationaux sur la base de la
réciprocilù, foiis la tjarantw de fa rec<mnaissance des droits acquis
et du respect de la Toi jurée, constitue de nos jours l'essence de la
politique, dont la diplomatie n'est que rapplicalion journalière. ^ Il
était clair fju'il ne pouvait démentir celte profession de foi par le
récit vériilique de ses rapports av*?c la Prusse en IHJO et 1812. Dans
l'a vaut- propos de ses mémoires on lit : « Les hommes qui funl eux-
mêmes l'histoire n'onl pas le tevtps de l'écrire, a On pourrait dire
aussi bien : < Les hommes qui font eux-mêmes l'histoire ncfon/^ajt
toujours capables de l'écrire. »
AIRred Stbhti.
DOCUMENTS LNEDITS RELATIFS AU PREMIER EMPIRE.
NAPOLÉON ET LE ROI JÉRÔME.
{SnUe.)
REtHHABD A GhaUPAONT.
Cassel, 16 mars 1809.
Impatient d'éclaircir la question si embrouillée de l'état des finances
WRSLphaltflnoes, je mo suis prévalu du nouveau litro que 1rs inUatioDs
1. Onckcn. n, 1t4.
2. Mémoires de M*" de RémuMl, 1, p. 10&.
360
H^UNGBS RT DOCDMSNTS.
do Sa Majf^stè l'ompprcur me donnaient auprès de M. Siméan. Je lui ai
fait part des infonnatioas que j'avais recueillies a ce sujf^t, et je lui ai
demandé les siennes. Voici la réponse de M. Simcon : il y a en pour
l'aonéc passée excédant et déficit à la fois. Le budget, rédigé cncoro
M>us M. Bcugnot, avait évalué les recetteft à 23 millioas. Les dépenses
des ministères avaient été réglées eu conséquence : elles devaient être,
par L'xemple, de 5 raillions pour le ininiRtère de l'intérieur et de la.
justice. Mais M. Bulow trouva que l'évaluation avait été trop Torte et
qu'il fallait la réduire à 18 millions. Chaque ministère subit en cons^
quence une réduction proportionnelle. Celui de l'intérieur ot de la
joRtice ne desiût recevoir que 3 millions 1/2 ; cependant comme au bout
de Tannée les recettes se trouvèrent avoir monté à 22 millions, il y eut
un excédant de ^ unllions. Maïs l'admiiiiâtmtiun peu économique du
général Morio et TeNcédant des dépenses que causait l'eulretien des
troupes françaises, avaient produit dans le département de la guerre un
dcBcit qui absorba non seulement l'excédant de 4 millions, mais bien
au-delà. La liquidation des dépenser de ce département n'étant pas
encore achevée, on ne peut connaître le montant précis du déficit.
Ayant dit à M. Siméon que la «iimrce des renseignements qui portaient
le déficit des finances de l'État à 6 ou mftme à l'2 millions remontait
au conseiller Malchus, directeur de la caisse d'amortii^^ment, il m'a
répondu que M. Matchus était l'ennemi déclaré de M. de Uutow, ci
qu'on avait tort d'ajouter une foi entière à ce qu'il disait au désavan-
tage de son antagoniste.
Quant à M. de Btdow lui-môme, M. Simfon m'en a dit beaucoup de
bien, il a ajouté que quand il y aurait des reproches & lui faire, il serait
absolument impossible de le remplacer dans le moment actuel; mais il
m'aconlinné ce qui m'avait déjà été rapporté des préventions qui ont
été Inspirées au roi contre la véracité et même contre la probité de c«
ministre.
M. Ufebvre* et moi ayant cherché des occasions d'entretenir M. de
Bulow directement de la situation des finances, ce ministre s'est fort£-
mi'nt récrié contre l'imputation d'un déficitde l'année passée. Il a a^turé
que tout ce qui concernait cet exercice était, parfaitement en règle ei
assuré; mais il a confirmé en même temps tout ce que j'ai déjà écrit
sur le déficit de Tannée courante. Il a ajouté que quant aux dépenses
de la liste civile, c'était autre chose, et que cela ne le regardait ni pour
le passé, ni pour l'avenir. Cependant il a soutenu que le roi u'avait rien
pris sur les budgets des dépenses de l'État. Enfin il m'a remis la aote
ci-jointe sur les finances de 1808. Elle est, dit-U,, ic résume du tableau
qui sous peu sera mis sous les yeux du public.
Vutre Excellence a maintenant sous les yeux un tableau ofBciel et
ostensible qui ne coïncide nullement avec les autres renseignements, au
moins jusqn'n ce qu'on puisse juger de quoi s'est composée la recette.
■
1. Premier serrétalre renpiaçjint M. Reinbard en cas d'absence.
Niroiio^ ET LE aOI JlfRÔMC.
361
Je cro», Monsoignnur, devoir terminer là mes iafumiatiuns prélimi-
aair»i. et ne roproadre celte malièrc que lorsque lo lemp» et les circons-
tances m'auront permi:) d'y apporter un plus grand jour. Ma pnttition
ne mf permet pu d'établir en cp moment une espèce de confrontation
qui d'&illeurs ne pourrait donner que des résultats incomplets. Votre
Excellence me permettra seulemeut de lui soumettre les obse^^'atioa&
suivantes.
M. dp Butow m'a dit lui-mAme qu'une rentrée de 12 millions sur
l'emprunt rorcc: de '20 militons s'était Irouvéfî assurée au premier jan-
vier, et qu'il comptait sur ]a totalité des 20 millions. Tous les autres
témoignages ne portent la recette qu'on peut espérer de l'empnmt Forcé
qu'à 8 ou â, tout au plue à 10 millions : ain^t dans cette circonstance.
au moins, il parait hors de doute ou que M. de Bulotif se serait trop
flatté, nu ([u'il n'aurait pas dit la vérité. M. Siméon, qui d'ailleurs ne
lArail 8'étre occupé des Goances que par aperçu, croit à la probabilité
d'un déficit de 5 à 6 millions pour l'annéu [)a8sée; M. JoïUvel eu assure
t'ezistonco et lo porte à tj.
Si la recette de !i!},7U0,(MK) fr. se compose elTectivement de revenus
réels et imputables à l'année 1808, il est à pré-sumer que la crainte du
déficit de L'avenir, causé par les dépenses du département de la guerre,
aura fait exagérer le mauvais état des finances, même pour le passé,
surtout aux yeux des Alieraands; que cette clameur générale qui s'est
élevée, se sera égarée dans f^on objet, et qu'elle aura été en partie arti-
ficielle pour décréditer M. de Uulow.
Quant aux paiements arriérés qui existent réellement dans plusieurs
parties et qui, par exemple, dans quelques branches de l'instruction
publique, comprennoni jusqu'à huit mois, outre que cet arriéré peut
avoir dos causes locales, M. do Uulow m'a dît qu'il en existait sans
doute, puisque les rentrées, quoique assurées, u'élaieui pa»» encore
toutes réalisées, mais que positivement ces rentrées feraient face à tout.
J'ai fait obser\'er à ce ministre que puisque les revenus de Tanuèe
avaient si heureusement excédé l'estimation, c'était preuve que la
Westphalie avait de grandes re^tsources, et qu'on pouvait espérer que,
son système financier >>lant. actuellement oi^^anisé, elle supporterait
même une forte augmentation de dé^ienses.
M. de BiWouï m'a répondu que laconstilation avait fait tarir plusieurs
sources de revenu; qu'on ne pouvait pas compter dès les premiers
moments sur un succj>8 complet des opérations nouvelles; que les pro-
vÎDoes les plus riches étaient surchargées de frais d'entretien des gens
de guerre, qu'elles s'en refisfiniaienl déjà au point de faire craindre
qu'elles ne pourraient hientdt plus payer leurs impositions; et tout-à-
coup il s'est rejeté sur le chapitre des dépenses que causaient les troupes
françaises. On dit, a-t-tl ajouté, que je suis l'ennemi des Français :
mais je suis ministre des Ënaoces, je dois défendre les intérêts qui me
sont confiés, et lorsque je vois, d'un cAté, les soldats français luges et
nourris chez les habitants, les transports faits par réquisition ; lorsque
S62
■éunr.lS GT DOCCUBTTS.
d'un antre je toïb accourir ici tant de FraoçaîB qui cherchent k îtàté
nue fortuna rapide et ar^Aparer tontes les places et tous les pnifits,J
mVBt-il pt>rmis àe rpaler indifl'iéreat?
Il me reste à dirp. Monseigneur, que lonvpie j'ai évalué les dépens
de l'année courante à ib ou 46 millions, les nouveaux régiments qui sft''
lèvent, et les dépenses qu'exige la mise en activité du contingent entier,
n'y étaÎRDt pa« compris, Pt que Ip tal)leau de la totalité dos d«>pQn&p«
qui a été mis souft les yeux du roi monte à 'ti millions. Vous voyez
toujours, Monseignonr, cette alternative : ou hirn il n'y a point en d'à
riéré |K>nr l'année passée, mais le déficit de l'année courante sera d'au-"^
tant plue Tort; ou bien il y a ou ilu deticit l'année passée, et celui de
l'année courantn sera d'autant moindre; et l'intérêt do ce pays-ci c'e
de soutenir que 1ns doprnHK.s de l'armée et de la guerre sont les i
cKiises do désordre, louant aux dêpen.«es de la liftte civile, riru n'a con-
tredit jusqu'à présent les reus(3ignement8 que j'ai transmis.
DaD« cette situation des choses, l'opération qui se Fait avec la Hol-
lande pourrait être un véritable bienfait. Hier l'approbation de Ha
Majesté hollandaise est arnvée, ni le traité ne tardera pas à ^tre conclu.
Il est vrai que le** condiiiouR seront un peu onéreuses. Le» voici : inté-
rêts Spourceat et en outre un et demi pourcenten loterie; commission
*2 pour r^nt; IratR dA l'opération, au moins 5 pourront; les Tiai», disent
les préteurs, seront dr première mise : ils n'auront pas besoin d'être
renouvelés, quand Topératirtn durrrait pendant viugl ans. L'emprunt
actuel sfHi de 'i millions de llorins en actions de lOltO florins pour
lesquelles on s'inscrira à la bourse d'Amsterdam. Le^ Hollandais rece-
vront ii^ denrées au lieu du dépôt; ils se chaîneront de leurs transports
aux frais dp la Weslphalie, Ha Majesté le rui de Hollande en permettra
l'importation et le débit.
D'un autre côté, on a calculé que le prix des sels en Hollande était
en ce moment quadruple de celui qu'ils ont aux lieux de dêpdt «d
Weslphalie, et comme ils font l'objet principal de l'opération entière,
on a trouvé que six mille lafts suffiraient à peu près pour couvrir
l'emprunt.
M. le comte de Purtenstein, comme je le prévoyais, ne m'a parlé de
rien. Cependant les négociants hollandais étant revenus pour mo
demander des lettres de recommandation pour les agents français à
Bremcn, j'ai d'autant moins hésité à leur conUrmer ma promesse, qne,
Votre Excellence étant instruite depuis 15 jours de celte opération, ■
trouvera en mesure de faire, parvenir se^ ordres soit à moi, soit A^
M. Legau.
Lee négociants hollandaî;^ m'ont dit que le succès de cette opération
avait éprouvé ici beaucoup de dirtïcultes. On protend que It jalousie
contre M. de Buimv en a été la cause ; que les préventions du roi cont;
ce ministre viennent de M. de FursUnjtein et do M. Bwcagny, et quo^
le projet de placer des Français à Ea tête des Gnances et de l'intérieur
existe toujours. Sa Majesté I. et H. m'a recommandé de luf faire con-
TTirot.éo'V rr i.e roi jékôhe.
363
oaitre t'opinion et U situation de M. Siméon et de M. le général Sbté.
J'ai ilejà en partie satisfait à cetonlri?, voici ce qu'il me rest^ à BJuulor.
La situation do M. Sitn^on s'est beaucoup auieliurée : il a ro(ngue du
crédit et de l'iuOuence. Son fils, que le roi n'avait pas trop bien mité,
a obtenu un poste plus avantageux. Il parait certain qu'on avait proposé
au roi un projet d'après lequel le directeur de la haute police aurait ete
une espace de premier ministre, et que le roi l'a rejeté. L'opinion de
H. Simion sur le roi est celle de tous ceux qui ont l'honneur de l'appro-
cher. It rend uoe justice entière à son 0£ur et à son esprit : il admira
ta droiture et U noblef^sede Tun, la sagacité et la pénétration de l'autre ;
il ne dissimule point quelques défauts de caractère ou d'inexpérience.
Le roi lui paraît trop impérieux sans être toujours ferme. Les idées
qu'il se fait des droits et des devoirs de la royauté lui paraissent encore
ou incomplnls ou erronés; il craint qu'onlourë par trop de mêdiocriu*s
dans son intérieur, le roi ne se laisse trop aller à des ministres, et qn'il
ne lui soit difficile d'acquérir ce coup d'œil de monarque qui ombrasse
l'ensemble, et qui sait mettre toutes les choses à leur véritable place.
Quant aux linances, M. Siméon pense aussi que la Weetphalie ne pourra
pa» supporter à la longue tes charges qui pèsent sur elle en ce mument-
cî ; sur tes dépenses de la liste civilo^ il s'en rapporte à la voix publique.
Le général Sbli se plaint de ce que le roi^ dans son cabinet, ne donne
pas toujours aux détails des alTaires la même attention qu'il leur don-
nerait au conseil d'État. Il trouve de la diffîcuUé à concilier toujours
ses devoirs comme ministre de la guerre en Wesiphalie et comme
géueral français dans de^ queslious concernant les fraiii d'eulrctieu, ou
la conduite des troupes auxilialree. 11 m'a avoué que cette considération
avait inQué aussi sor la demande qu'il avait faite à M. Ip comto da
Bunebourg d'ôtre employé activement en cas de guerre. Il m'a chargé
surtout de faire cûiujaitre à tSa Majesté L et H. sa fidélité de tuuë les
temps et son entier dêvouemeni. 11 évalue les dépensée accessoires à
Faire pour mettre le contingent sur In pied ordonné par Sa Majesté à.
3 millions sur lesquels M. de Buiow lui a accordé un acompte de
500,000 fr.
P. -S- — l^e roi, il y a qiieb(ue9 jours, demanda an général Eblê un
état de situation do ses troupes. Le général le lui porta. Il n'est |>as
exact, dit le roi. — Mais, Sire, il est conforme aux états qui se trouvent
dans mes bureaux. — Enfin le roi insista, et le ministre fut obligé d'y
faire difTérenis changements dont le résultat était une difTérence de 7 à
800 hommes au plus.
BVLLSTUi.
Cassel, 17 mars 1809.
Le roi est sorti hier pendant quelques roinuttts eu voiture. l>e temps
était pluvieux ; il devait aller le soir au sppctacle en grande loge. Mais
un accès de lièvre assez fort« l'a pris. On croit que c'est une suite des
douleurs de ses rhumatismes.
3f>4
véUNGSS ET DOCCMBTTS.
8. M. depuis quelque temps n'avait pa» Tair d'une parfaite santé.
T^ Rai, il cause <le pon indispoBÏtiûn, n'avait pas non plus. n>ru la cour
dimanche dernier. Lemëmejuur, il fit publier dans In palais an onln> par
l(>4]uel les entré^R journalières auprès de Leur» Majeïités furent reetreinlev
aux grands officiers et aux personnes de service du jour. Depuis cel
urdre, ûd a vu paraître i>our la première fois en fracs, dans leji solréei
do la ville, [es pentonnes attachées au palais ot M. le comte de Furstens-
tcin. On assure que M™« de X... jouit en ce moment de la confiance du
roi. Elle attend son mari qui sera, dit-K}n^ nommé aide de camp de S. M.
Depuis queli|ue temps, M"*^ de \... paniit rarement dans les sociétés
DU le^ quitte à neuf heures. On préUnd qu'eiie rui s'est point aneore
rendue. 8i elle se fait désirer longtemps, et si la passion du roi est asws
T'irle pour ne point ctiercher à se distraire ailleurs, elle aura bien mérité
de ce jfiUQR prince.
M, de Marinville, secrétaire intime do roi, qu'on dit être employé
Busiii pour une certaine partie des plaiRirt^ de S. M., est devenu gardien
de la cassette du roi, à ta plaoe de M . Uudiambon, dont les représentaticos
quelquefois un peu importunes avaient déplu. Cependant M. i^ucAamAon
reste trésorier général de la couronno. M. In comte de Lerchenfeid,
ministre de Bavière, a fait, il y a quelque» jourt<, pour la troisième fois
depuisdeux muis, une course qui parait encore devoiraboutirà Francfort.
L'objet de la première élatt un rendez-vous, moitié d'amour, moitié de
politique, avec M"» la princesse de là Tour tt Taxis. Il en revint malade.
Dans la seconde il avait vu le prince- primat. Tl en revint rempli de
fausses nouvelles qu'il débita avec beaucoup d'assurance, m^mc à M. le
comte de Fursienstein, et qui se trouvèrent démenties trois jours après.
On ne sait pas encore ce qu'il rapportera de la Iruisième. Cependant,
romme le pouvernemenL westphalien ne s'est point formalise de ces
voyages hors du pays où il est accrédité, il y a lieu de croim qu'ils ont
été autorisés, et que le roi est au moins eu partie dans le secret de ces
absences.
La foire de Casse! a commencé lundi dernier : elle durera quinze jours.
Elle est fréquentée par un assez grand nombre de marchands.
RatKHAno A. Ca&irpAGKV.
Uassel, 21 mars 1809.
M. Bercaçtty m'a parlé longtemps contre M. de Butow et ae m'a pas
caché qu'il avait accuse ce ministre auprès du roi lui-même. Voici les
principaux, uu plutôt les seuls griefs que M. Uercagu}/ ait articulû.
M. Beugnol était dans l'usage de laisser dans le« caiwea départementales
tous les fonds nécessaires aux dépenses locales. Il entretenait souvent
8. M. de la pénurie du trésor et de la mk^essitéde ménageries ressources
de la Westphatin. M. Aq Butow n'eut rien de plus pressé que de se faire
valoir par l'abondance avec latjuelte il savait faire affluer l'argent an
trésor; il y fit venir celui réservé par M. Beugnot; il en fit l'étalage aux
youx ite S. M. En attendant, un granti nombre d'employés dans le»
départeuteuts ne furent pas payps. Les juges de paix, les officier» de
police Turent laisses dans la mifiàro. Les plaixilos arrivèrent aussi de
tous côtés; il fallut à grands frais renvoyer l'argenl. M. de fiutouraaccu-
œulé aussi les recettes communales avec celles du trésor public. Kufin
M. do Bulow est un charlatan, un intrigant du grand genre. Lo roi s'est
moins contenu dans ses dépensrs, parce <{u'im lui a pentuadi*: que cela
était moins nécessaire. M. Bercagny craint que M. de Bulow ne par-
vieonQ & se faire renvoyer par une bouiade; <[u'alors il ne scil regretté
et il ne dissimule point que ce n'est que son grand cordon de la légion
d'honneur qui le protège, t Maî;^, dis- je à M. Bercagny, M. de Bulow a
obtenu un excédant dans lc« recettes de l'an passé ?» — « Excédant, dit
M. Bercagny Gi\ baussaiitie« épaules... >, maisil n'entra dans aucun détail.
Quoi qu'il en s^ut, Monseigneur. M. B\ihw peut avoir ete faible ; il peui
avoir osé se permettre ce qu'un conseiller d'Èlai fronçais pourrait prendre
sur lui; il peut avuir succombé à l'envie de plaire et de faire autrement
que son prédécesseur; aujourd'hui du moins son langage a changé, et
il dit hautement que si les dépenses continuent sur te pied actuel^ il ne
reste qu'à mettre la clef sous ta porte.
L'affaire de l'emprunt hollandais n'est point encore terminée. On
parle sourdement d'un projet de banque territoriale ou plutùl d'une
banque à billets hypothéqués sur des immeubles. Je persiste à penser
que, même aux conditions onéreuses que j'ai fait connaître, l'opératioD
de l'emprunt est bonne pourvu qu'on n'en abuse pas. Elle serait détes-
table si, pour obtenir bi^aucoup d'argent à la fois, elle dépouillait te
royaume, de ses produits bruts, si l'on encombrait les marchdnili.M!S do
la Hollande et si l'on anticipait ainsi peut-être sur les revenus de plu-
sieurs années.
Je suis convaincu, Monseigneur, que vous rendrez justice à la solli-
citude avec laquelle je m'appesantis sur l'état des tinances. C'est le c6tc
faible du pays, el j'ose ajouter du roi Le pays peut être sauvé d'em-
barras imminents ; il en est temps encore; le roi peut être sauvé d'une
situation pénible, d'un découragement qui déjà le gagne et du regret
de céder à la nécessité tandis qu'on e^t digue d'acquérir la gloire d'une
résolution libre et généreuse.
Votre Excelleoce peut prévoir aussi deux èvénemeDls dont l'un ou
l'autre, ou tous les deux peut-être, peuvent arriver dans l'espace d'un
mois : le départ du Roi pour l'année et un changement important daus
les projets. Dans les deux cas, je croirai devoir me prévaloir de l'aulo-
rîsatiou qui m'a été donnée de vous eu ioformer, Monseigneur, par un
courrier exti-aordiuaire.
HBtnB.\RO A GUAMPAONY,
Gassel, 39 mars 1809.
J'ai reçu la dépêche par laquelle Votre Excelleuce me charge de
8«6
VBLANCES I^T DOCVXETTS.
donner communicatiou à la cour de* Caseel de ta disposition que 6a
Majesté impériale a fait» du grand duché de Berg, en faveur du &ls
aîné de 6. M. le roi do Hollande. Je me stuis acquitté de cet ordre, et
j'ai adressé une copin do l'actn à M. le comte de Furstenstein.
J'ai demandé au gêiitïral £6/<fdansqiit>Ilf) intention le roi avait ordonné,
dans l'état de situation de ses troupes, que le prince-connetable lui
avait demandé^ les changements doot j'ai parlé dans le posl-ecriptum
do mon n« 24. Ce ministre m'a dit que ce D'étail point dans la vue de
porter un plus grand nombre d'hommes effectif» que celui qui existait
rcoUomenl, mois dans celle do montrer que son arméf entifere était,
jusqu'aux moindres délaiLs, organisée sur le modèle français, et en état
de marcher.
Ijf» monnaies, Moniïeigneur, m'amènent naturellement aux finances,'
mais ue sera, je l'espère, puur en sortir au moins pour quelque temps.
J'ai trouvé l'occasion de prendre coauuti^saiicc d'unn pi&cc aulhenliquo et
ofliclHllp qui ue laisme aucun duulp sur le déficit des finances de l'I-^taL.
C'est un rapport fait par une commission spéciale du conseil d'Ëlatsur les
dépenses de l'armée oi sur les moyens de les réduire k une proportion
convenable avec les revenus. Dans ce rapport, les dépenses de l'armée
pour l'année couranlfl sont évaluées comme suit :
Troupes westphaliennes, 14,350,000 fr.
Troupes françaises, 7,9îlfl,000
Arriéré du dépu-^ de la guerre pour l'année passée, 6,000,000
En y njoutJint les autres dr-pensesde l'Étal, telles que
je les ai déjà fait connaître dans mon n^ 19,
28,240,000
24,375,000
La dépense totale sera de 52,6i5,(KlO fr.
Dans tes dépen>;e3 de la guerre ainsi énoncées, i^e trouvent comprises
celles de la conscription nouvelle et de la levée des deux nouveaux
régiments.
A l'égard de l'arriéré dpC,0OO,0f>0 In rapport s'exprime ainsi : • Quand
il serait vrai qu'une partie de ce déficit sera couverte par un excédant
dans les recettes, etc. ». Mais d'un autre c6lé le général £AJ^ estime que
l'arriéré ira à" millions et au-delà.
£n évaluant en conséquence l'arriéré de l'Étal entre S et 6 millions,
et l'arriéré de la liste civile, tpl que je l'ai énoncé dans mon u" 22, entre
4 et Û millions, Tarriéré total de l'année passée sera toujours entre 10 el
12 millions, et rien ue m'autorise, jusqu'à présent, à me départir de
cette esUmat-iou. Or, Monseigneur, les recettes présumées de l'année
devant monter au plus à 38,&Û0,000, l'arriéré de rËtatponr rannécsera
de 14,000,000.
Je reviens au rapport qui a èle soumis à Sa Majesté, mois sur lequel
il n'a été el dans les circonstances actuelles il n'a pu être pris aucune
détermination. O rapport met en princijM! que, dans la proportion des
recettes de l'État, les dépenses de ta guerre oa peuvent excéder 13 mil-
HAPOUOTT ET LB IlOl JRIi6hK.
367
Uom. n prouve par des f&its que, dans le systêmo allemand, l'eatreticu
de 25,000 hommes ne côtoierait que 10 à 11 ; et que daos le système
prussien il no coûuirait que 8 millions. Il recherche les causes qui
augmentent les dépenses pour l'armèii woftlphalionne, et il indique les
moyens de lea réduire. Les causes d'augmentation, il \p» trouve prin-
cipalement en ce qu'une armée de 25,000 hommes pour l'enirelieu et
l'administration a étë organisée entièrement sur le pied de l'année
française, qui est de 600,000 hommes: eu ce que la garde par son
nombre, par ses dépenses et par son administration séparée, est hors de
proportion avec le reste de 1 armée et avec le-s moyens du ro^-aume (la
garde est de '2473 hommes, elle coûte, wlon le rapjwrt, 1,800,000 fr.;
les Traite de première mise des deux nouveaux régiments en coùteni
autant); en ce que toutes les fournitures se font par enirepri^te et rien
par économie; en ce que le matériel et le personnel de l'armée n'étant
point séparés, il n'existe aucun conlrèlo pour les dépenses, pt qup Ips
facultés du ministre de la guerre le plus probe, le plus actif, no sau-
raient suffire à une pareille surveillance, etc., etc. Les moyens de
réduction seraient de rendre le soldat allemand à ses anciens usages
pour le pain, pour l'habillement, pour les masses, de rétablir surtout
l'usage des retenues, ce qui produirait l'épargne de pins d'un tiers sur
la solde.
Le général Eblé pense que la dernière conscription de 7000 hommes
suffira à peine pour remplir tous les cadres, le xiâe qu'a laissé la déser-
tion, el les nouveaujc corps accessoires devenus nécessaires pour orga-
niser les deux divisions conformément aux vues de Sa Majesté I. et R.
Sa modestie est telle, que malgré son travail infatigable, quoiqu'il ne
ae permettp presque p«fi nn seul moment de distmotion, il craint que
M8 moyens ne soient au-dessous de sa place; qu'on ne lui fasse ce
reproche, et que tandis que ses camarades vunt recueillir de ta gloire
sous les yeux de l'emperpur, il n'ait à lutter infructueusement dans
une situation ditticile et peut-être ingrate. Ce qui l'afDîge surtout, c'est
qu'il cmit remarquer que le roi n'a pas assez confiance en Itii. Je l'ai
rassuré sur tous Ifs poinLs : je lui ai fait sentir qu'au moins le mi ne
lui refuserait pas la confiance de Tcstime. Je l'ai consola par mon propre
exonple, et on elTei, Monseigneur, c'est la même nuance de caractère
de 8a Majesté qui, pour le général Bblé et pour moi, produit les mémos
effets. Elle ne nous empêchera pas de sentir, d'aimer et d'admirer ses
excellentes qualités, el pour ce qui me concerne piT^onnellement. s'il
est certain que plus de confiance de la pari de 8a Majesté me rendrait
plus heureux^ je dois dire en même temps que la manière dont la plu*
part des personne* qui approchent du jenne monarque se conduisent h
muu èfïaril ne me lais»? rien à dét^irer.
L'alTaire de l'eiuprunt hollandais <->st terminée. Les deux négociants
sont partis sans me demander de lettres pour M. Lagau. Ils doivent
revenir. Ils devaient fournir sur-le-champ ? millions d'argent comptant;
ils sont allés chercher un troisième.
368
MELANGES ET DOCtlHETTS.
M. de MoroDville, ministre de Uarmfiladt près cette cour, est parti ce
malin en congé. Tl sera chargé de conduire à l'armée l'un des fils du
grand-duc. Son départ laisse des regrets à ceux qui l'ont connu.
La pntice a recueilli plusieurs indicâs de menées secrètes qui ont
lieu en ce mumimt, dans une partie de la Westplialie, sous 1rs auspices
de l'ancien électeur. Il y a des émissaire?, des afûches, dos promesses
pour les militaires qui voudraient quitter le service de la ^^'estphalie.
L'eHel d» ces manœuvres est sufGsamment neuira1t$è par la marche
imposante des troupes françaises qui successivement traversent ce pays.
Lo 20" régiment d'infanterie ot deux régiments de cuirassiers ont passe
par Cassel.
On élait à la veillfî de la singulière aventure du major prussien
Schill el des soulèvemeiitâ de quelques parties du nouveau royaunie.
La police avail vent de quelques trames on cours de préparation,
mais ne Leuail nullement le fil de la macbinatiou.
BtXUETlM.
Ca!<«el, ?9 mars 1809.
Le Moniteur v/estphalien fait mention aujourd'hui d'une excursion
que le roi fil dernièrement pour MUnden où Sa Majesté alla voir un
yachl que le roi de Hollande lui avait envoyé. La modestie du roi n*a
pas permis qu'on y parlât des bienfails qu'il a répandus sur sa route. H
s'est eutrcteuu familièrement avec des habitants de la ville el de la
campagne qui étaient accourus pour le voir. II a fait manœuvrer an
bataillon weslphalien qui se trouvait là; et comme c'était un jour de
dimanche, il lui a fait distribuer 25 frédèrics qui ont él^ reçus aux cris
de: Vive le Roi! Il rencontra, au rotour, des conscrits cheminant gâte*
ment et criant : Vivat der Kônig f d'aussi luin qu'ils purent l'aperceToir,
il les encouragea et leur Gi également donner une petile gratification.
O'un autre cAté, M. le colonel Bongars* épargna dernièrement au roi
quelques frédèrics, sous prétexte d'avoir mal entendu. I^ roi, un soir,
voulant aller à l'Orangerie avec îa reine, et ne trfjuvant aucun» de ses
voilures prélCf*, couiinanda qq'on fil avancer le premier cocher qu'on
trouverait : il ordonna ensuite au colonel Bongars de donner i col
homme 25 frédèrics; M. Bongarii en donna 5.
La santé de 8a Majesté parait ai^sez bien rétablie : ta reine à son
tour a èl« incommodée pendant quelques jours.
Il y a eu concert et cercle jeudi passé â la cour, pour la première fois
depuis un mois.
M. de Urchenfeld, ministre de Bavière, est désolé de l'habitude que
le roi a prise depuis quelques semaines de donner à souper aux per-
sonnes attachées au palais, les jours d'assemblée chez ce ministre. 11
L Chef de la léKtoD de gendarmerie.
TTiFOL^OR ET LB BOI JKBÙHK.
3«9
parle de faire un quatrième voyage de plus longue durée que Icit aulreti,
el dans lequel il emmènerait sa femme. On prétend que le souper
auquel celle-ci avait été invitéfi par la reine, sans son mari, et où elle
manqua seule do toutes les fommes des autres ministres, a donné lieu
à ces soupers qui désolent M. de Lerchenfeld.
M. le comte de Furstenstetn vient de se fiancer avec la fille aînée de
M. le comte de Hardcnherg, conseiller d'État el grand-vropur. Ce mariage
parait liien asHorli el d'une bonne politique. Il attachera au rui uns
famille considf^rée, mats dont la fortune a beaucoup soufTert, el qui
n'avait pas la réputation d'aimer beaucoup le^ Françaïe.
Le général Ehlé aussi attend M''* Freteau pour l'épouser : elle appar-
tient à une famille inHnimeni respectable de l'ancienne robe de Paris,
TQ^\» elle n'a, dit-on, que t8 ans, et le général EbU en a plus de cin-
quante. Et son miniittèm?
BnuETm.
Cassel, 15 avril 1809.
Le Moniteur westphalien d'hier donne des nouvelles du voyage de
LL. MM.; on dit aujourd'hui que leur relour n'aura lieu que le 23.
Avani^hier a passé un courrier extraordinaire venant du quartier-
général de M. le duc A'^Âuerstaedl et portant des dépèches pour le roi.
Le département des relations extérieures ayant reçu hier de Stuttgard,
par estafette, la nouvelle qu'un mq);: considérable a passé l'/nn prés de
Hraunau . je présume que le.<: dépêches dr ce courrier auront donné à
Sa Majesté connaissance de cet événement important. Voilà dune la
guerre coraraeucé«! Si ta justice de nuire cause et le nom de Napoléon
doivent déjà faire pressentir, môme k nos ennemis, que les arrête de la
destinée seront accomplis; si déjà la grande catastrophe qui se prépare
n'appartient plus au domaine de l'incertitude, qui ne peut plus Ujuiber
que sur les événements qui l'amèneront, c'est cependant avec un frémis-
sement invutoniaire rju'on entend retentir an loin ce premier coup de
canon; nouveau signal de la fureur aveugle, de la mort et de la chute
d'un empire!
Un aiurrier westphalien, renvoyé de Vienne par M. d'Eatemo, a porté
la nouvelle de l'entrée dans cette capitale du ministre anglais et la pro-
clamation de Vai'chîduc Chartes, aussi remplie d'illusions que d'impos-
tures. M. ^''Extirmo explique ce qui y est dit des truupes étrangères qui,
dans une union intime, vont combattre À cOté des armées autrichiennes,
par un débarquement que les Anglais vont faire à Trieste.
Il n'est pas douteux. Monseigneur, que parmi ces frères allemands
qui, encore ou rangs paisibles, attendent leur délivrance, l'Autriche no
compte surtout un grand nombre de NVestpbaliens. Des faits dont j'ai
déjà rendu compte, des renseignements venant de Vienne, et de nouvelles
correspondances interceptées, en offrent la preuve. Du reste. les événe-
ments qui pourraient faire quitter à ces rangs leur attitude paisible ne
Hbv. Uistok. XVL 2« fasc. 24
370
M^U^OBfl ET IK>CtIXETr8.
sont fçuère dans Tordre dos prolubiliim, et Im deraiora placarda d'io-
sarrcclinn dont j'ai rendu coinpu? à Vutre Excellence, Boot, ainsi que
ceux qui les avaienl précédés, restés sans effet.
A la suite de l'attentat de Stendal, plusieurs liabiiants de cette ville
ont été arrôtôs. J'apprends qu'un d'eux s'psi lue dans sa prison; mais
ce qui donne une nouvelle importance à celle affaire, ce sont les revéla-
liODs faites par un homme, porteur de currespoudance^ suspectes,
reveuauL de Berlin, el arrêté à Magdtfbuurg. Cesl un paysan des envi-
rons de Bieleleld qui avait entrepris le second voyage, sur l'instigation
de quelques anciens baillis de son canton. Il fut adressé deux fois au
major lîlUcher et au major Schill, tous deux au service actuel de Prusse,
Ce ftit le major Schill. le môme qui avait acquis quelque célébrité dans
la dernière guerre, qui le Ht loger et nourrir gratis, et habiller à neuf.
Dans sa seconde course, dès qu'il fut entré sur to territoire prussien^ et
qu'il se fut annoncé comme porteur d'un message pour le major Schiit,
il fut csct)rté de poste eu poste par des hussards du corps de c:el unîcier,
excepté la dernière staliuu qui précède Berlin. Il portail dee billets dn
major Schill adressés à quatre baillis, billets insignifiants en apparence,
mais qui expriment l'espérance de se revoir bientôt. En mi^mc temps.
le major, qui se croit sans doute un héros, envoyé son porlrail aux
quatre baillis. Le major liUieher avait remis an messager une espace de
lettre circulaire où il exhorte au courage et h îa persévérance.
Un fait, Monseigneur, qui avait déjà frappé mon attention, lorsque
je l'ai lu dans Ips papiers allemands cl que j'ai relu hier dans la feuille
du Pubiicùtc d'avril, me parait avoir un rapport assez marqué avec
rèvénemenl de Stendal et avec la déposiiion de ce paysan. Le voici :
o Berlin, 27 mars. Le 16, les hussards de SeJiitt sont partis inopinément
deceliecapitale pour aller prendre des cantonnements dans les environs,
du côté de Lichtenberg. Ou croit que ce corps est chargé d'obsen'er le*
Iralneurïi des troupes qui iraverseul actuellement ta moyenne Marche
et d'empôcher qu'elles ne s'écartent de la route militaire pour se répandre
dans le.s campagnes et y commettre des excès', a
J'ai fait part de cette circonstance à M. Siméon qui élail venu m'ia-
former de l'arrestation faite à Magdebourg, Elle lui a paru d'autant plus
remarquable que le prisonninr avait aussi déposé qu'il avait rencontré,
on revenant du Dortin, ces hussards qui s'étaient soigneusement informés
du nombre de troupes qui pouvaient être à Magdcbourg.
Le préfet du déparlement de l'Elbe avait adressé son rapport au
ministre de l'intérieur qui l'a re^u cacheté du sceau du cabinet du roi.
U e«t en conséquence probahln que 8a Majesté aura déjÀ priii connaia-
sance des faits, et l'un attribue à cette circonstance l'ordre qu'a reçu
avant-hier M. tiereagny de se rendre à Brunswick. Le ministre de la
justice, de son càléj y a adressé «on rapport, et il a déjà donné des
ordres pour l'arrestation provisoire des quatre baillis et de quelques
1. C'était lo brusque départ de Schil) pour ftoo expédition.
ifiroL^on n le noi j^kôhe.
37^
KUtres personnes compromises. On se dem&nde, Monseigneur : serait-il
possible que le gnu vemnmrnt pniitsifn Pût connaiRSancp do ces mana^u^Tef;
et y conuivài, ou bien est-ce l'or anglais qui, à Viaf-u de ce fïouveme-
meni, entraine à uno conduite aussi criminelle des hommes inconsi-
dérés ei présomptueux? Si cette dernière hypothèse e*t fondée, elle
prouve dang quel état déplorable de déconsîdéntUon et d'impuissance
doit être tombé un gouveriiemeut dont les chefs de la force armée oitenl
86 permettre des actes qui peuvent compromettre jusqu'à l'exisleuce de
leur patrie.
Ce qui indispose f>arttculièrcmBnt en ce moment-ci un grand nombre
d'habitants de la XN^stphalie, c'e^t la conlributiou personnelle portée à
4,400,000 francs, et de!?Uoée à eatrer dans la caisse d'amortissement.
On la perçoit aclueilemeol pour l'aunée passée; dans uu mois elle
devait être perçue pour l'année courante; c'est du moins ce qu'on m'a
assuré. Cet impôt, qui est nue espèce de capitatiou, est reconnu par
radministration même comme ayant été assis sur des bases entièrement
faativcSf et les inconvénients qu'a fait découvrir sa perception, sont si
graves, qne, malgré te besoin extrême qu'on a d'accélérer les rentrées,
on est obligé de s'occuper des moyeus d'y remédier en changeant le
principe de l'imposition. Dans le môme temps, uu décret royal a accu-
mulé le paiement de deux deuxièmes de la coulributioa foncière, en
ordonnant qu'à l'avenir les douzièmes seraient payés d'avance.
Des réclamations lamentables ont été adressées ici de Marbout^ depuis
qu'on y a appris que l'université était menacée de sa dissolution. Les
autres universités se montrent plus résignées à leur sort, parce qu'il
était plus prévu. Ou espère que Su Majes^tc se laissera flècliir, et que
la suppre-ssion de Marbourg n'aura pa» lieu, du moins en ce moment-ci.
Le ministre des finances attend d'un jour à l'autre le retour d'un des
négociants hollandais avec Lesquels il a négocié l'emprunt de 6 millions.
Il craint que la déclaration de guerre ne nuise à cette upération, et
même il vient de me dire qu'il n'y compte plus. Il se plaint aussi des
cITets momentanés d'une opération financière du gouvernement fran<;aÏB
qui, dil-il, a souliré, dans l'espace de dix jours, à la Weslphaiie seule,
plus de 6 millions, et qui entrave singulièrement la perception des
impôts. Cet embarras est pas.<uger, mais il survient dans un moment
où déjà l'on n'est pas trop à son aise.
Depuis le départ do M. le comte de Furstenstein. le secrétaire-général
des relations extérieures, autorisé par ce ministre, me communique
assez exactement les nouvelles qui arrivent à son département; et j'en
Mis d'autant plus de gré à M. de FurstensMn que l'époque est plus
importante. C'est dans ces communications que j'ai trouvé aussi la solu-
tion de ce qui avait ét^> une énigme pour moi, c'est-à-dire la cause de
cetip froideur dont j'ai dit un mol à Votre Excellence dans mes n"* 29
et 30. Sous la même date que celle do votre lettre à laifuclle était jointe
la copie de la lettre de Sa Majesté â l'empereur d'Autriche, M. de Win-
tsingcrode avait rendu compte de plusieurs communications confiden-
372
HéU.fGKS ET DOCDHKATS.
tielles que Votre Excellence lui av&il {Hormis de prrndrp; et quoique le
texle QiâiDe d? la leltn* de l'empereur soit assurémeui une chose plus
précieuse que l'extrait un peu informe qu'en avait fait M. de Winlzirt'
geroda, je ne sais quelle jalouiiie avait fait croire qu'il était de U
dignité du roi do recevoir de pareilles commuai cation s plutôt par le
minifltre de Westphalie que par le minisirp de Prance. Je sais que
M. de FMTsietxstein s'est explique ilans ce sens. Comme i son retour
j'aurai des remercimcnls à faire à ce ministre, Je saisirai ToccasioD pour
luire un premier essai, en alHirdaat cette matière délicate.
Rbikharo a Chaiipagxy.
Cagsel, 20 avril 1809.
J'ai reçu ta lettre de Votre Excellence du 10 avril, par laquelle elle
me charge do faire couvenir Ha Majesté weBtphalïenne et M. le prince
de yValdêch dei> arrangements au moyen desquels il leur sera facile de
couvrir les avances que le trésor public a faites pour leurâ contingents;
je me suis empressé d'exécuter vos nrdrwi.
M. le comte de Fursiemtcin est revenu de Brunswick hier. Le roi, qui
n>st point allé à Magdeboui^, est attendu aujourd'hui. Le courrier qui
lui a Ole expédié de Strasbourg, par Sa Majesté l'empereur, a passé par
Ga^sel le 17 au t<oir. Il s'i?)Si rencontré avec le courrier de l'armée venant
de Oonawert et cliargê par Sa Majesté d'un paquet de monseigneur le
prince, de Sr.ufdxateL On croit que ce papier renferme 1rs instructions
concernant le commandement qui u été confié a Sa Majesté et dont on
dit qu'elle est extrêmement satisfaito, après l'extensiou qui parait y avoir
êlé donnée.
Des lettres récentes de Hollande annoncent que l'emprunt sera rempli.
Seulement sa concurrença avec quelques opérations financières qui en
ce moment ont lieu en Uollande môme, retardera un peu l'entière exé-
cution de celle qui concerne la Westpbalic; cette nouvelle est très
heureuse, car ta pénurie du trésor public àCaasel se fait de plus en plus
péniblement sentir.
P. 5. — LL. MM. sont reveoaes aujourd'hui à midi : elles ont fait
leur entrée au bruit du canon. On lîxe au 2S le nouveau départ du roi«
en conséquence des instructions plus récentes venues do Strasbourg.
Vers le mois de mars <809, lorsque la guerre avec l'Aulricbe
paru! immirienlc, un« rumeur sourde se rép:iiidll au r-enlre do
rAlleni.iguf^ dans la Hesse électorale, dans le iluclié de Brunswick,
dans la Vieille-Marche cl dans la plupart des départements du
royaume de Westplialic. Le t'ouvcrnemeiil français avait au. dès
le mois d'août 180K, par la lelLre inlerceplée de Stein au prince
de Witt^'enstein, qu'il oxlâtail un vaste réseau d'associ allons
politiques occultes, n'atleniJanl qu'une occasion, uu signal, pour
]iiPOLâo!f m LR ROI lithm.
feire éclater un Mulèvoment contre nous. Les mesures prises par
Napoléon iwur l'abolition fies sociétés socrèlea n'eurent qu'un
résultat, celui de les rendre plus prudentes, plus dissimulées et,
partant, plus dangereuses.
La Prusse était le Toyer principal de cc« sociétés et cela se com-
prend; l'Kmpereur n'avait-îl pas réduit ce royaume k sa plus simple
expression? n'avait-il pas ruiné ses finances? anéanti ses armées?
ne soulevait-il fias chaque jour dns difficultés nouvelles pour relar-
der l'évacuation de ses places fortes et pour maintenir ses armées
françaises dans le^ provinces laissées par le traité de Tilsill au roi
Frédéric-Guillaume III?
Voici quel était au commencement d'a\Til Tètat des troupes fran-
çaises et de la confédéralion ainsi que de leurs emplacements. En
Westphalie, huit à neuf mille hommes de l'armée de Jérôme; à
Hasdebouri;, un régiment français et un westphalien : dans les villes
furies de Stettin. de Glogau, de Cuslrin. dix mille soldats (Vançais
vivant chez l'habitant ; la division hollandaise (jralien, à Lunebourg,
au nord-e-it du Hanovre : à Stralsuiid dan.s la Poinéranii' suédoise,
deux bataillons du due de Meckleml»ourg-Scbwerin et un de Mecklem-
bourg-Slrelitz (treize cenU hommes).
Lorsque NapoU'on parti! pour se melire à la tête de la Grande
Armée, il prescrivit la formation d'un 10* cori>s pour être |ilaciî sous
les ordres de son frère Jérume, et composé des troupes westpha-
liennes en .\IIemagne, de la division Gralien, des (roupes saxonnes
du colonel Tliiclmann. r,e ^0" corps avait mission de couvrir la
Westphalic, ta Saxo, et la ijarïie orientale do l'AIIpjnagnn. Il )>onvait
être renforce par l'armée de réserve du vieux duc de Valniy (quartier
général à Dessaul, cbarxée d'empêcher les Autrichiens de prendre à
revers les corps de Napoléon o|)erant sur le Hanubc.
Le 3 avril i 809. dans la nuit, une centaine de militaires allemands
a^ant pour chef un M. de Kall, ancien capitaine aux hussards de
Schill, venant de Spandau, ville prussienne, [ténetrèreni dans la petite
place de Stendat, se furmèrent en l>ataillc sur le marché, prirent lt*s
chevaux et les armes des gendarmes westphalicns. et pillèrent les
caisses. Le 4, à huit heures du matin, ils se dirigèrent sur Bourgstadt,
cherchant, mais inutilement, à entraîner les paysans, dont un très
petit nombre les suivit.
r.clte sini-'ulière et intempestive levée de l>oucliers était la consé-
quence d'un pian d'insurrection générale suscitée par les sociétés
secrètes, insurrection à la tête de laquelle se trouvaient le major
Schill. le duc de Urunsnick-Oels, le capitiine de Katt. Ce dernier,
n'ayant pas eu la patience d'attendre le signal du soulèvement,
37J
M^URGES ET DOCtVBNTS.
brusqua la prise d'armes, csiiérant entraîner le gouvernement prus-
sien à déclarer la guerre à la France, pendant que Napoléun était
encore eu Espagne et allait se trouver aux prises avec rAuiriche.
t'échaulTourée ridicule de Kalt fut désavouée par le gouvcniemenl
prussien, et n'eut d'autre suite que do compromettre le major ScbiU
et dn Uàler son mouvement, aiasi que nous le verrons plus loin.
Pendant (|ue Na|>olé<tri, traversant rEsi«^'ne el la France en toul
bâte, courait se mettre à la tête de sa grande armée, en Allemagne,
le roi Jorûme quitUiil Cassi'l le 9 avril avec la reirn^ pour visiter les
deux départements de l'Ocker et do l'Elhe, cl les villes de Brunswick
et de Magdebuur^. Relnhard rendit compte de ce voyage par une
lettre en date du i 5 avril :
L^urs Majestés sont arrivée» dimanche dernier au eoir à Weeade,
domaine mynl près de Gœitingen. Elles y ont pas<ié La nuit. I^e lende-
mnin elles ont couché h 8m>Mm ilans la maisun iln M. Ju(U)b8uhn, pré-,
sident du Consistoire juif. M. Jacobftuhn est ua nëgocianl très estimablei
et très estimé ; il n Tormé à Seeeen, à ses frais^ puur les jeunes geus de
su ualiun, im établi (^oemenl d'infdruclion qui se distingue par la nou-
veauté de l'objet ni par les bons priocipefi qui le dirigent.
On rfit qoe la Reine en arrivant à. Bruu^wick s'est Iruuvcc inc*>mmo- ,
dée. On n'apprend pas encore que le Roi suit parti puur Magdebourg.
Immédiatement après leur arrivée à Brunswick, LL. MM. oui envoyé
ici des ordres pour faire venir des liu et plusieurs valets de chambre et
de pied. M*»* ta baronne do Keudelsuiin et M*»' d'Otterstedt qui, il y a
un mois, croyait déjà fttre parvenue au terme de sa gros!M!S8e, ont
accompagne Ea Reine. Les ]>crsunnes principales qui sont avec le Roi
sont : M. le comte de FiirKtenstetn, M. Cousin de Marinvîllei M. le
baron de keudelstein, M. Bongars. M. le comte de Wiitingerode, gmud-
maréchal du Palais, revenu le 10 de Marseille et de Paris, est aussi allé
rejoindre Sa Majesté.
A peine de retour dans sa capiUle, Jérôme ftil inrormé par son
niint.«^Lre de la police de la fernumliilion que l'on remaniuail dans les
difiTérentcs provinces de son royaume. Inquiet puur la reine, sentant
qu'il serait beaucoup plus fort pour résister à Torage, lorsque sa ,
femme serait à l'abri de; lout danger, ayant bientôt d'ailleurs ks%\
mettre à la télé du 10" corps, il crut devoir se sépan^ momonUu)é^-
menl de la princesse qu'il envoya rejoindre l'impératrice Joséphine
de qui elle était tendrement aimée.
Catherine arrivée a Francfort écrivit do celte ville, le 2tt avril i 809,
à Napoléon :
dire, le Roi rend compte à Votre Majesté des motifs qui 1c portent à
veiller h ma sûreté en m'eovoyant auprès de 8. M. rimpéralricc; rinBur>
NiPOL^n Et LE UOI JfiEÙllB.
375
reclion qui s'augmente de momeut en moment el qui esc générale dans
tout le Royaume, la nécessité où le Hoi xe trouve de oe point dïvi^^r le
\icu de Torces qu'il a pour veiller à ma gûralé m'ont engagée à consentir
à me Féparer de lui dans un moment aussi critique; » ce n'était pour
lui lainser la lilKTté necestiaire de veiller à sa propre sûreté et à celle de
ces Ëtats, je n'aurais pu m'y décider et j'aurais pour moi la centîance
dans les succès de Votre Majesté, mais c'est un sacrifice nécessaire à la
sûreté et à la tranquillité du Roi.
A |)cine 1» ruine avail-clle quille Cassel qu'tinc conspiration à la
tête (le laquelle étail un des colonels de la propre ^mie de Jcrâme
fut découverte f»ar le plus graud des hasards. M. de Dœrnlvt^rg, le prin-
cipal conjuré qui trahissait son souverain, quoiqu'il fùl comblé de
SCS bionrails, devait pénétrer la nuit dans le palais du Roi, l'enlever,
ce qui eûl été très facile, et le livrer aux An^dais.
M. Reinliard rendit compte des événements de tUssel à TEmiiereur
par une notification en date du 2ti avril envoyée par le comte de
Fûrsleiisiftiiï, et par une lettre du 29 au duc de Cadoro. Voici ces
deux documeutâ :
BSRCAONY Â RgimiAlU).
26 avril 1809.
Le samedi, 22 avril, le gouvernement fut averti que plusieurs rassem-
bleroenla de paysans se formaient sur les hanleurs de Napoleonshœlie,
ainsi qu'à Homberg, et dans divers autres villages environnant Cassel.
IjC Roi envoya de suite quelquet* détachements de sa garde pour dissi-
per CCS attroupements el faire rentrer les paysans dans le devoir^ mois
ceux-ci excités par quelques malveillants, parmi le&quels on distinguait
le sieur Dœmberg, colonel des chasseurs de la garde, qui s'était mie à
leur tête, el quelques autres persunnes moins marquanl<*s, refusèrent
obslinément d'obéir. On fui obligé de les y conlraîudro par la force ;
plusieurs des insurgés fureul tués, et un grand nombre amenés prison-
niers à Gastiel. Le lundi 2-1, tout était enlièroment disparu.
Il [larait que celte insurrection, préparée depuis lungtonps par des
agents secrets de l'électeur^ devait être générale; mais les mesures
promptes et vigoureuses prises par le gouvernement l'ont arrêtée dans
sa naissance. Les insurg\?s avaient peu do fusils, et n'étaient armés,
puur la plupart, que d'instruments aratoires. On les avait entraines par
l'espoir du pillage et la meuaco d'incendier leurs maisons s'ils refusaient
de marcher. On s'était efforcé de leur persuader que tont était disposé
en Wostpbatic pour une révohitiun. rt qu'ils allaient être appuyés par
des armées prêtes à entrer dans le royaume ; mais bientôt, revraus de
leur égarement, ils se sont empressés de rentrer dans leurs foyers et de
reprendre leurs travaux. Les rapporta qui arrivent aujourd'hui des divers
^
37fi
M^UTIfiKlï BT POCtlMSnTS.
points OÙ riasurrecLioD avait éclaté annoncent que II tranquilUlé ettl
rétaMic partout. Quelques-uns des principaux moteurs sont arrêtés; et
il parait que 8. M. aura la consolation de n'avoir qu'un petit nombre
d(! coapablt^s à punir.
Lns habitants de (^ttsel, loin de prendre aucune part à ces désordres,
ont saisi celle circonstance pour donner des preuves fiarticulières de
leur dévouement à Inur souverain : et toutes tei: classes de citoyen» ont
Rollicilé la faveur de servir Sa Majesté, et d'être cmptuycs à maïntcoir
la traoquilUlé dans la ville, et à la défendre si elle était attaquée.
Le suutisigué, en adreBisanl, d'après l'urdre du Roi, la présente com-
munication à Son Escetleucc M. Hfinhard, envoyé extraordinaire cl
ministre plénipotentiaire de France, sai.tit cette occasion pour Ini renou-
veler li3B assurances de sa haute considéra tio a.
Rbinhard a C\00ItE.
Cassol, 29 avril t8(»9.
Ce fut une estafette, envoyée par le roi de Wurlembt^rg à la reine
déjà partie, qui apporta le bulletin de la bataille du îl (Landshul) ; une
autre estafette envoyée par le roi de Wurtemberg à son ministre près
CRtu> cour, porta le bulletin de la bataille du 22 |Ëckmuhl), et un cour-
rier de retour, du niiaistrc de Bavière, apporta celui do 23, écrit sur le
champ da Itataille do Ratisbonnn. Il serait impossible de peindre
l'impression produite par des événements qui semblent éclipser jas-
([u'aux mirafjlies d'Âusterlitz et d'Iéna, et déjà j'apprends que ceux qui
espéraient. diHeremmnnt disaient aujourd'hui : hieu h veut.
Ni les nouvelles, Monseigneur, ni les troupes qui étaient déjà on
nombre suffisant, n'ont été nécessaires pour dissiper les attroupomepts
du 22 et du 23 ; mais ce sont nos victoires seules qui détruiront jusqu'à
la pensée d'une révolte dans les esprits les plus mal intentionnés. C'est
le feu du ciel qui est tombé ainsi sur tous les projets déloyaux et
inHnnsés.
Un régiment hollandais venant d'Altona, et l'avanl-garde de deux
mille hommes venant de Mayence avec six canons, sont entrés hier &
Gassel.
J'ai annoncé à Votre Excellence l'arrestation de deux anciens sem-
leurs do l'Électtiur dont les noms avaient été mis, par les meneurs de»
rebollcs, au bas d'une pniclumation. (]e sont MM. de Leoness et de
Schmeerfold, homme d'un âge déjà avancé. Il ne s'est point trouve de
preuves contre puk; mais comme anciennement suspects ils ont été
conduits à Mayence où ils seront détenus en prison. Plusieurs ofRciers
des cuirassiers ont été arrêtés ou destitués. C'est le seul régiment qui se
soit mat conduit, et dans lei^uel il y ait eu des défections. Plusieurs
autres arrestations ont eu lieu, celle d'un curé par exemple qui avait
béni des drapeaux, celle de la femme d'un oftîcier qui avait envoyé à
son mari par la poste une èchorpe pour le garantir en cas de danger.
?fArOLB0?( RT LE SOI JÉKÔlIE.
377
D'autres ont déjà ôté relftchés. Une centaine de pay!;aQ5 a péri. Onl
cinquante envirua ont été entasses dan» les prisons de Ca^sel. Le comte
et ta <:umte68e de Bœbleu de la Poméraoie ci-devant suédoise, l'iio
chamlicllnn, l'autre dame de la reine, ont reçu l'ordre de quitter Casse!
dans les vingt-quatre heures et de rendre leurs décorations. Ce qu'on
sait du motif, c'est que le Roi a reproché à M. de Dœhlen de s'être
promené au parc à huit heures du soir avec un inconnu, et d'avoir dit
en la quittant : Je désire que ce plan réussisse.
La dame à l'écharpe de garantie demeurait à Homber^, petite ville où
il y a on chapitre protestant de dames nobles. L'abhesse était sœur de
l'ex-miaistre Stein. Ijb sœur d'un ex-ministre de l'Électeur en était
aussi. Otle petite ville était le Foyer de l'insurreclion Les chauoioesses
ont été arrêtées et conduites à Cassel.
M. le comte de Fursteostein m'a adressé par ordre du Roi uue note
concornam cette insurrection. J'ai l'honneur, Monseigneur, de vous en
trausniellre ma copie, ainsi que celle de ma réponse.
Je n'ai rien à ajouter pour le moment aux causes qui ont amené oa
événement, et dont ma correspondance a rendu compte à Votre Excal-
leno!. Hais il faut sans doute vous entretenir dejt fortes et pénibles
impresnons qu'ils ont produites et des conséquenres qui peuvent en
résulter. Qu'un attentat qui p»rait avoir eu pour objet la personne sacrée
du Roi ait profoiidémeut alTecté l'Ame généreuse et confiante de ce jeune
monarque; que tes Français qui t'entourent après avoir craint pour lui
et pour eux-mêmes, indignés, exaltés, se fassent un mérite exclusif de
leur hdélité; que les défiances, les soupçons s'étendent au delà des
burncs légitimes; que beaurroup d'Allemands consternés ne se croient
pas assez protégée par le f^entiment de leur innocence; que liés avec
des coupables par des relations do famille ou de société, ils craignent
de paraître coupables eux-mêmes; qu'il en résulte un état d'anxiété,
voilà ce qui n'est que trop naturel.
Biais quelles sont les maximes qu'adoptera désormais le gouverne-
ment? Sera-ce la sévérité ou lu clémence que la politique conseillera do
faire pré\aIoir? Des pa.ssions subulterues et quelipies iiiLénHs particu-
liers ne s'empareront- ils pas de la circonstance pour amener des
changements, soit dans les personnes, soit dans le mode de l'adminis-
tration ?
M. Bercagny, dont la place en ce moment acquiert une grande
imjwrtance , m'a parlé â ce sujet dans un sens qui me parait
extrêmemeul sage. Il m'a dit qu'il avait calme lui-même des mouve-
ments trop fongueux de quelques Français, et qu'il sentait toute
l'importance qu'il y avait à ce qu'il no s'établit point de scission ni de
distinction entre les sujets ou les serviteurs de Sa Majesté sous le
rapport de la nation à laquelle ils appartiennent.
J'en étais là. Monseigneur, lorsqu'il m'a été annoncé de la part de Sa
Majesté qu'Ello me recevrait en audience particulière pour lui remettre
la lettre par laquelle Sa Majesté l'empereur des Fraur-ais, rui d'Italie,
878
MJUXGSS ET DOCDMeNTS.
lut aanoaca l'beureux Bca>ucheninat de 8. A. L madAmo 1& vic»-r«ine
d'Ilalief lettre que j'avais roçue avanl-hier. Je reviens de ceU« auiiieooe.
Le Roi m'a témoigné son étonnemeot de ce que le courrier qu'il avait
envoyé au quHrtier<gëDOral impérial n'était pas eacore revenu. Il m'a
eusuite parlé des évêucmeuLs du jour; et je lui ai dit que toute la «m-
diiite qu'il a tenue dans ces circonstances pénibles, (|ue surtout tous le»
acte« qui portent l'empreinte de l'impuliiiou fie ruo propre esprit et de
son caractère, ont dû lui attirer l'amour et l'admiration, et c'est très
certainement l'eS'et qu'ils ont produit sur moi. En effet Ka rc»olution de
monter à cheval et de w montrer du côté même où l'on avait vu parditre
les rebelles au moinonl où dans leurs ras»emblemeDt.i oa le dÎHiîl déjà
priKounter ; celle de ue point quittr'r ma résidence an mumeni terrilvleoù
rinn ne f^emblait encore garantir la fidélité de ses gardes; »on allocutioa
aux ufficiers; les deux proclamations qu'il a dictées; les mots qu'il a
dilH tit duut j'ai rite quelques-uns; tout cela est vraiment royal. Il «tt
certain, ma dit 6a MajcsU:, que sAim la découverte de M. de Malms-
bourg, je me trouvai» surpris. Los rebelles devaient, arriver dans la
nuit, les conjurés entraient dans mon appartement saus ol>stacle et sans
défiance ; et croirioz-vous qu'il y avait une foute de gens qui savaient lo
complut, et qui ne se croyaient pas obligés de le révéler. Cependant^ a
ajouté Sa Majesté, l'Allemand par son caractère n'est pas traître. —
C'est une manière de voir fauf;se et crinrilnelle, ai-je répondu, par
laquelle ceux dont parle Votre Majesté se sont fait illusion à eux-mâmes,
et cependant oserais-je dire à Votre Majesté, â. présent que le danger est
[lassé, que les espérances coupables ne renaîtront plus, que le sentiment
même qu'on ppui supposer en avoir été la cause, une certaine ténacité
(l'attachement, tournera au profit de votre règne, et que plu? le temps el
les cvénoments s'chiigneront du passé, plus la Qdéitté à Votre Personne
et à Votre Dynastie deviendra inébranlable et assurée.
On ne peut, Monseigneur, arrêter sa ponsee sans frémir snr les mal-
lieurs qui seraient toml>és sur ceux-là même qui, dans leur aveuglement,
désiraient peut-être te succès de l'insurrection. Aujourd'hui en punissant
les p<^rlidep d'action cl los traitres, il sera facile d'être généreux envers
les couf)ables d'imention ou d'égarement. J'apprends que l'Intention de
Sa Majesté est de publier nue amnistie générale pour tous les paysans.
Les autres seront mis en jugement, et môme à l'égard de ceux-ci, Il
parait (|ue l'intention du Roi est de faire prévaloir la clémence.
Sa Majesté a fait la réponse la plus terrible et la plus sublime aux
manifestes d'insurrection de l'Autriche, en se servant du courage ol du
dévouement de ces mêmes Allemands, qu'on voulait séduire, pour écra-
ser les armées autrichiennes. Il y aura solidarité do destinée^ et ce sera
une glorieuse récompense de la lidelité des nnn, lorsqu'elle obtiendra le
pardon ou repentir des autres. J'ose avouer à Votre Excellence que
lorsque j'ai vu le Roi déjà porté à pressnntir que tel serait le systàme
qu'adopterait son auguste frère, je me suis abandonné mol-mdme h cm
beaux pn'Si^en II méats.
Sa Majesté m'a fait l'honneur da mp parler de son voyage
Hambourg Je désireraiR beaucoup, Monseigneur, de recevoir vos ordres
pour savoir si de préfèreDcc je dois suivre le Roi ou rester h Casaûl.
Jusqu'à présent rieu n'annonce que l'intention de Sa Majesté sitit de se
faire accompagner par les tnembre« du corps diplomiiuque, et s'il m'oBl
permis d'opter, je no quitt^^rai point cette résidence. Mais il peut arriver
des cas où deti instructionfi éveuiuellea seraient pour moi d'un grand
prix pour diriger ma conduite.
Ain^i, le mois d'avril iHQ9 avail vu se produire, en Wostphalic :
la ridicule érjuipéc du capiLiine de Katt à Stcndal, et la conspiration
plu» sérieuse du colonel dencernberir. Le 2S, comnienra la stnuiiliére
course du major deSchill, el hIenU'd apri'5 l'enlreprise fleses|)érée du
duc de Itruiiâwick-ÛeU. LesalTaires de Scliill et du duc de Brunâwick
&OQt rapportées loaguement et très exactejnent dans le qualricme
volume des Mémoires rtu roi Jérôme. Nous n'en ferons pas l'hislo-
rique. nous nous bornerons .i donner quelques lettres et bulletins
qui y ont Irnil :
BnLLirrni.
Cassel, 3 mai 18119.
Le mAriage du comte de Karsiensiein avec M»* de Uanlenlwrg a été
célébré dimanche dernier au palais. La société a été peu nombreuse, la
corbeille riclie et magni&que. It y a eu eonper et bal. Lu lit nuptial a
été dressé dans une pièce atlenanu'> à la salle du conseil. — M. de
Gilfa, ancien grand-écuyer de l'élocteur, pore de tri^ixo f>nrant.<t vivant«,
el n'ayant d'autre moyen d'oxistence quo les appoiutemcnL*: dos places
que son épouse et lui remplissent à la cour, a profité de cette circons-
tance pour demander au Roi la ^dkce de H>n gendre, le sieur de Bulllar,
compris dans l'arl. I*' du décret du 29. S. M. la lui a promis. — Ia
sœur de M"* de Slein soutient son rûle d'faérotne. Elle nr sort point;
elie provoque son supplice. Elle est du reste vieille, laide, contreruile.
Une stnur dn M^^ de Gilsa, dignitaire du môme chapitre, a refusé la
permission que le Moi avait donnée à son frère de la prendre chez lai.
— Le Roi a fait plusieurs nominalious d'ofliciers pour remplacer ceux
qui ont été de«titué8 ou arrêtés. — On a trouvé parmi les papiers
Dœrnbcrg un paquet cacheté et portant Tinscription ; à ouvrir après ma
mort. Ou dit que ce paquet ne rcnfennp que des lettres d'amour, dont
quelques-unes de M"" de P. Cet homme, ppu de jours avant sa défec-
tion, avait fait venir sa femme et ses trois enfants qui résident à
Brunswick et qui se trouvent aujourd'hui dans la misère. Quatre mille
francs que le roi lui avait donnés se sont trouves intacLs dans son
secrétaire. Il parait que ce n'est pas sans comlmis intérieurs qu'il s'est
chargé du rôle de Iraitre; ii y a danasa conduite présomptive délire et
inconséquence. — Pendant la crise, la ville do Cassel paraissait plus
880
MlSLAKr.K5 ¥J DOCCHETTS.
calme qa'à l'ordiDaire. Le pmiple semblait apathique, mais il moutrait
uni* grande incrédulité sur nos virtoires. — Quelques mauvais sujets
avaient excité des mouvements dan*; une commun» du département du
Harz. Ts forent arrêté», et le préfet manda au ministre de l'iatérieur
qu'il avait pris les mesures les plus efGcaces pour emp&cher que ta
contagion ne gagnât le départ<^mpntde la Werra. C'était danscederaier
déparlement qu'était le foyer de l'insurrection. — Le Iwroude Wendl,
aumônier du Roi, cnvnye dans les communes catholiques de la Hesse,
qui en effet n'ont pas remué, dit à son retour qu'il les avait exhortés à
no point se mêler de ces affaires, à labourer leurs champs et à laisser
faire les autres. Il n'y entendatt pas malice.
MM. dr Malshnurg et de Coninx, ronseillers d'fttal, allant l'un cl
l'autre dans hbk terres, l'un vers Padcrborc pour calmer les esprit»,
furent arrêtés tous le» deux et coururent quelques daugers. Le second
fut «tuv^ par une ancienne femme de chambre de sa femme, qu'il ren-
contra Toya^f^ant en compagnie avec un étudiant. RUe lui fit prendre le
rûle et le costume de (ton amant, et ce fut sous son escorte qu'il revioL
à Gossel.
Bulletin.
15 mai 1809.
Un membre du Conseil d'État disait dernièrement qu'il fallail chas-
ser tous les Allemands de la Wesphalie. — Un chef du départemeut
dei- relations extérieures a proposé gravement au ministre de Saxe de
troquer le royanme de Wesphalie. — M. de Wolfradt, minisirc de
l'intérieur, ayant obtenu par lo canal de M. Bercagny un emploi pour
un Allemand qu'il lui avait recommandé, lui exprima sa reconaaisitancaj
avec un tel élan <ie i^eutiibilitc qu'il alla jusqu'à lui baiser la main. Ja^
suis d'autant plus tuuché de cette faveur, ajoute M. de Wolfradt, que
c'est la première que voufi ayez accordée à un Allemand. M. Bercagny,
furieux, lui repondit : Monsieur, si tout autre qu'un ministre d'Étal
m'avait fait un pareil compliment, je l'aurais jeté hors de la porte. —
La commission spéciale a condamné à mon un maréehal-des-logis des
cuirassiers ctiDvaincu d'avoir aesisté à l'enlèvement d'nne caisse par les
paysans révoltés. Elle a condamné h la môme peine un jeune homme
do vingt-un ans, officier du même régiment. Il a été exécuté avant-hier.
Il avait demandé de commander lui-mflme l'exercice pour son exécu-
tion. On eut lo tort de le lui permettre; il mourut avec beaucoup de
courage. — La gendarmerie avait ramassié quatre-vingt-treize conscrits
qui avaient déserté après la publication du premier décret prononçant
la peine de mort contre ce crime ; à cause des circonstances actuelles,
ils furent tous condamnés. Assemblés sur le lieu de l'exécution, on leur
déclara que deux seulement seraient fusillés, et que le sort en décide-
rait. Cette clémence, tempérée par ime sévérité nécessaire, a produit un
très bon effet. Malheureusement, le sort se montra injuste, là où le Roi
s'était montré si bon, il tomba au sort tes deux plus doux, peut-être les
NirOLfON ET I.B KOI i^ltftlIP.
38 1
plus innoc«nts de la troupe. — M. de HutlUr, i^eodre de M. de Gilsa, a
obtenu sa grâce. Il n'a perdu que son emploi, et a été conduit en France.
Il sera détenu pendant deux ann. — \je Rai fait sonvnnt passer la revue
des troupes. Il se promèoe beaucoup à cheval et i[uelquefoîs a pied
dans le beau parc de CasBcl qui a été inlerdii au public pendant cer-
taines heures de la journée et de la BOirép. — On avait Tait ejipérerà un
des régiment? de cuirassiers français qui traversaient la Wesphalie
que \p- Roi le [la^Rprait en revue. Le régiment allcndit pendant deux
heures a la pluie à la porte de Casse), et la revue n'eut pas Ueu. Quel-
qu'un en parla à Sa Majpsto : — J'étais, dit IcHûi, embarrasse de décider
à qui j'accorderai» la droite. Si c'était aux cuirassiers, j'affligerais ma
garde, et elle a'avait encore rien fait pour la mérJler.
Nous allons faire connaître de quelles forces disposait le roi
Jérôme à cetle époque critique :
Du <0* corps dont il avait le commandemenl et qui était composé :
4* de trois raille cinq cents hommes en garnison sur l'Oder ou dans
la Poméranie; de quatru cents hommes [général Liebert) à StuLLin-,
de onze cenU homme-* if^néral Coudras) à Stralsund ; de deux mille
hommes à Cuslrin; de la divlr^iun we.^l[)haliennL* d'Albi^'uac à la
poursuite de Schill ; de la division hollandaise GraLien cj^alement en
marche sur Straisund, et recevant des ordrws Uiiitûl de son souve-
rain, laiilôt de Jérôme; de la divi:>ion we^tphalienne de la garde
(deux mille cinq cents combattants), commandée par les généraux
du (voudras comte de Iternlurode, tiongars pour les pardes du corps,
colonel comte de Laugeuswartz pour Les grenadiers a pied, major
Fulgratr pour les chasseurs à pied, colonel WolfTpour les chevau-
lêgers, prince dp Philipsthal pour lus chasseurs carabiniers, envoyés
a llalberstadt. QuarLit^r ^'(inéral à Cassel, chef d'étal-major général
le général Rebwell. La division we.stphaliennc de la ligne avait ses
trois régiments d'infanterie à Magdobourg, i'% 5% 6*; le régiment
de cuirassiers à Ualberstadt. La division Gnitieu forte do deux bri-
gades, d'un régiment de cuirassiers et de trois compagnies d'artille-
riOf était à Straisund où elle délruisil les bandes de Schill. Enfin à
l^sol et à Maijdebourg se trouvaient encore, sous le colonel Chaberl,
des détachements français et du régiment Grand-Duché de Berg en-
voyé de Majcnce lors des troubles, environ trois mille hommes.
Tout cola composait bien im oorpa d'environ seize mille combat-
tants, mais la garnison de Magdebourg en immobilisait cinq mille,
mais l'empereur redemandait dans toutes ses lettres te renvoi du
régiment Grand-Duché de Berg, mais la division hollandaise ne devait
pas tarder a recevoir de son roi l'ordre de rentrer en Hollande à
cause du débarquement des Anglais aux bouches de Ifciàcaut, ea
39&
H!fu?tlïB5 tr DOrO»B?TW.
sorle que, parle Tail, Jérôme ne pouvait mettre en ligne plus de huil
à neuf mille hommes, en y comprenant deux mille Saxons à Dresde
souâ les ordres du colonel Thielmann.
11 y avait bien aussi ;ï Dessau, sous le nom de Corps d'otiscrvation
de TBlbe, deux divisions aux ordres du duc de Valmy, mai^ ce der-
nier avait défense de disposer d'un homme sans l'ordre formel do
l'empereur, à moins (|ue ce ne fût pour la défense de Mayence.
r.ependai]t le duc do Brunswick-Oels, secondé par TAulriche,
était parvenu à lever à ses frais, en KoliRme, une légion qui, revê-
tant l'uniforme noir, prit le nom de : Armée de fa Vengeance, et le
duc dépossédé de Hesse leva également une autre légion Je sept â
huil eenla Itommes portant l'uniforme vert.
Vers le milieu de mai IKO^, ces deux légions, soutenues par quel-
ques troupes aulriciiiennes, s'établirent vers Neusladl, G^bel et
Kumbur'pi sur la froiilièrc de Bohême, meimrant la Saxe. A celle
nouvelle, notre allié, le roi de Saxe, se relira à Leipzig, au nord-
ouest de ses Ëlats, vers la Westphalie, demandant h Jérôme de
marcher à son secours, affirmant que la Prusse avait déclaré la
guerre, que Tavanl-garde de Guillaume nvirchait sous les ordres de
filucher. Napoléon, recevant cette nouvelle de son frère Jérôme,
répondit que le* Prussiens n'étaient pour rien dans cette levée de
boucliers, que le 40" corps sufllsait pour lenir lèlc à l'ennemi du
côté de Dresde, ville qu'il fallait occuper el garder. II défendit au
duc de Valmy de déplacer ses divisions.
Sur les ordres de Jèrùme, le colonel Thielmann, avec ses deux
mille Saxons, se porta de Dresde sur la frontière de la Lusoce, livra
quelque-^ combats au duc de Brunswick dans les montagnes, le
chassa <1h Zillau et de Rùmburg. Mais voyant l'ennemi manœuvrer
pour gagner les défilés de Leitmerilz et de Tœplilz et se porter sur
Dresde par la route de Dîppoldiswalde, il se hâta do se replier sur la
capitale du royaume pour la fléfendre. En effet, un corps autrichien
de six mille hommes, commandé par le général Aro-Knde, s'était
rendu a Leitmeritz pour appuyer le duc. Le ^0 juin, tes Autrichiens
et 1rs bandes de Brunswick, ayant opère leur jonction, marcheront
sur Dre-de. Le M , ils y enlrérenl. Thielmann, se voyant trop inférieur
en force pour lutter dans la ville, préféra tenir la cam|iagne. W avait
pris la résolution de se replier sur le itt' corps, lors(|nc dans la nuil
du H au 13 juin il crut pouvoir essayer de surprendre les bivouacs
du duc. Après un combat des plus vifs, la cavalerie, autrichienne de
Ain-Ende força les Saxons à se replier sur Leipzig par WUsdAif.
Thielmann ne fut pas d'abord poursuivi, le général autrichien ayant
voulu recevoir du gouvernement de ta Bohême l'autorisaLion de se
\iPOLé»^ ET LE KOI I^RÔlIK.
3H3
porter sur Leipzig. U 19, ciHte aulorisaUuncUinL arrivée pcrmil aux
deux alliés de suivre Tliielmami qu'ils rcnconlrèrcnl près de la ville.
La luUe ne fut pas longue, le coloael snxou avail trop peu de monde,
il passa lEIster et se replia par Lut/eii sur la Saaie. Le 22, il fut
joint à Weisseiirels par les troupes du roi Jcrûiuo. Ce deroier. ajaul
à Cassel le rcginienl ^raiid duc de Berg et sa garde (trois mille
bommesi, expédia Tordre a \lbignac et à Gratien, l'uu à Domilz,
l'autre à Stralsund. de le venir joindre à marches forcées a SomJer*-
hausen, en descendant l'un par Magdeiwurg. l'autre par Brunswick.
Lui-même avait 1 intenlinn de se porter sur Sondershausen avec sa
garde, et de là sur Dresde. Mais les opérations contre Scbill n'ayant
pa* permis à ses deux généraux de se mettre en marche pour la
Westphalit' avant les premiers jours de juin, le Roi modifia ses pro-
jets primitifs. CeiHtndanl, en apprenant le 45 juin Tcntréc à Ûrtisde
des Autrichiens, il Ht partir le 4fi ses troupes, et le 4 8 il se mit lui-
même en marche après de nouveaux ordres ouvo^és a Alhignac cl
à Gralien.
L'empereur ue plaisantait pas pour ce qui avait trail aux aftïùres
de la guerre. 11 écrivait à Eugène, le vice-roi d'Italie : « Mon fils,
la guerre est une chose sérieuse >; à Joseph, à Naples : <■ Les
états de situation de mes troupes sont les romans que Je lis avec
le plus de plaisir ». Aussi les négligences de Jérôme à cet égard
lui étaient-elles très sensibles. Le 16 juin 4801), il manda au prince
de Neurchalcl :
Mon coubId, écrivez aa roi de Westphalie, commandant le 10* corps
d'armée, que je n'ai aucune ftiLuation, que je ne reçois aucun rapport,
que j'ignore où sont mes troupes, que depuis dix-sepl jours que l'airaire
de âchlll s'est passée, je n'en ai paa encore reçu de rappurl uflictel ; que
si, comme commandant du 10* corps, il ne correspond pas fréquemment
avec vous et ne vous rend pas compte de tout ce qui InieresEe ce corps
d'armée, je me verrai obligé d'y nommer un autre commandant.
Jérôme crut de sa dignité de mener avec lui à Tarméc, non seule-
ment un grand nombre d'équipages, de gens de cour, chambellans et
autres, luais même lus ministres plcuipotuutiaires étrangers accrédités
auprès de sa personne. Averti de celle circonstance piir les lettres de
Reinbard, N'apoléon. qui aimail à voir Taire la guern*. sorieiisemeul,
comme il la faisait lui-même, trouva fort mauvaise celle manière
d'agir de son frère.
Cependant le 21 juin, les divisions Altûgiiac et Gralien après des
marches rapides se joignirent aux autres troupes de Jérôme qui
se irouva ainsi à la tête d'une douzaine de mille hommes. Le 22,
384
HiLÀnOKB BT DOCOtfBVrs.
Albignac rallia les Saxons sur la Saaie a WcisscnieU, et les opéra-
lions commenceront.
Nous donnerons plus loin 4|uoU|uvs lettres de M. Reinharfl relnlivefl
à cette campagne de Saxe ]jt^iidant laquelle il ne quitta pas le quar-
tier général du Roi, campagne qui mécontAriita fort l'empereur ; mais
avant, analysons rapidement les évéjiemenls militaires.
Le 2A juin, Jérôme, ayant rallié les troupes du \0* corps et étanl
arrivé de sa jjersotme à Querfurl, passa la SaaIe et pou»s;i reniiemi
sur Leipzig qu'il évacua le lendemain. Le Roi entra le â6 à Leipag,
pendant que le général d'Albicnac continuai! a pousser les AuLri-
chicns sur Drtïide. Vn polit engagement eut lieu à W'aldhcini, et pen-
dant la nutl le duc de Brunswick se séparant de kienmaycr avec ses
Itandes fila sur Chemnitz au sud-est pour gagner Bayreuth et la
Westphalie. tandis que les landwehr de Kienmayerse ralliaient sur
llresdt*. el que lui-même avec ses trouijes régulières prenait la roule
de BayreuLli. Le 29, tout le ^0* corps étant ooncenlré à Waldbeim,
Jéri>ine marcba sur Dre.sde. Le 30, le colonel Thielmann commanda
Tavant-garde du 10' corps, el le général d'Albignac pendra n
Dresde où le Hoi fll son entrée le 1" juillel.
A Dresde, Jérôme apprit que ses États paraissaient peu tran-
quilles, qu'une expédition anglaise semlilail intinaciT les c6les de lu
Hollande, et que le duc de Brunswick se dirigeait sur la Weslphalie.
(les nouvelle» le déterminèrent à abandonner Dresde où l'emperour
voulait qu'il se maiiilint. Le 4, il quitta cette Tille, faisant engager
rortcment le roi de Saxe à rentrer dans sa capitale.
Reinhard écrivil à Tliampagny, de Mersebourg et de Leipzig le
2f> juin, el de Dresde le i" juijlui, les deux lettres suivantes :
ReiiTBjutD A Champjlont.
Mcrsehourg, 26 jaia 1809.
Le Uoi est arrivé à Qaerfurt avant-hier malin à onxe heures (24 juin);
hier, à dix heures du matin, H est arrivé à Mersshourg.
La division du géoèral Gratien, te rcgimont de Derg et une grande
partit de la garde marchent avec Sa Majesté. La tuLalito de cee troupes
et>l PDU^ G et 7,000 hommes; celles du général d'Albtgnac, en y cnm-
prcnaut les îiaxons, munteat au même nombre d»»» loquet il y a
1,300 chevaux. L'artillerie des deux corps est de 5'^ pièces; cclln des
Hollandais surU)Qi e^t trîts belle et parfaitement tenue. Le corps hollaa-
dais ei environ 800 Franrais, répartis entre les deux divisions, soDl
ce que nous avons de micujï eu ofûcierti ol po soldats. D'après des reu-
seignBmnnts qu'on a Lieu de croire exacts, les forces du duc d'OeU
muaient eu tout à 9f080 hommes. 8a bande noire, qui s'appelle U
■riPOUon BT LE ROI léR^ME.
385
Légion de la Vengeance, cm uop mauvaise troupe ; quelques escadrons
dTJhlADR, du tegiineiit de Blankeaslein, méritent un peu plus de con-
^déntion. Le 33, le duc d'UoU fit an mouvement en avant, et loe
troapei saxonnes furent obligées de reculer jusqu'à Weisseiifels. Ce
mouvement avait pour objet de masquer la retraite. Rti eiïet, dés le^,
l'ennemi évacua Leipsig uù nos troupes sont entrées hier au soir à doux
linures. O matin loutp^ nus truupt!^ se sont p(iriêi>8 en avant : le Roi
partira à onze heures.
On a intercepté une lettre où l'irchiduc Charles reproche au duc
d'OeU les excès commis en Saxe par sa troupe, qui doit, dit-il, être
entièrement soumise aux loi? de la discipline autrichienne, aussi long-
temps qu'elle aura besoin d'être soutenue par les Autrichiens. D^à le
doc d'Oets était subordonné au général autrichien Am-Ende, et c'est
à celui-ci qu'il adressa la deputation de Dresde qui était venue à sa
rencontrp.
Le général Gratien a présenté hier au Hoi les principaux orficiers d6
sa division; 8a Hajc«tè s'est entretenue pendant longtemps avec eux. Il
rè^e une grande activité au quartier-général. Le général d'Albignac a
été Gdèle â l'ordre de ne rieu hauirder. Depuis que les ennemis se
retirent, quelques personnes pensent qu'il aurait pu se porter sur leur
derrière : il valait encore mieux ne wmmeUre aucune imprudence.
La ville de Cassel est tranquille. Cependant, le général Ëblé a pris
occasion d'un mouvement qui a eu lieu à Carlshaven contre des gen-
darmes, pour écrire en deux mots au Roi ; que jamais la WRstphalic
n'a été aussi près d'une insurrection générale. Une preuve des ma-
noeuvres clandestines qui coutiuuent à y avoir lieu, c'est qu'on a arrêté
deruiérement une voilure chargée d'armes et de poudre à canon an
moment de son passage par Homberg. Dans une lettre interceptée de
l'électeur de Hesse, il est dit qu'on ne fera rien de bon aussi longtemps
que cet entêté de roi de Prusse ne se déclarera point. Il est certain que
Ifia matières combustibles sont entassées partout; mois touteît les étin-
celles ne seront point propres à y mettre le feu.
Leipzig, 1a 96 au soir.
I« Roi est entré h Leipzig & deux heures du soir, h cheval et à la tâte
de ses troupes. H ne reste plus de doute sur la retraite des ennemis et
sur la diniailte qu'il y aura à les atteindre. 8a Majesté partira demain :
le corps diplomatique ne le suivTa pas immédiatement.
Ce soir le Roi m'a fait entrer dans son cabinet : îl m'a rejietê que
depuis Sundersbausen il n'avait pas eu le temps d'écrire i S. M. l'Em-
pereur. Comme il a paru atucher quelque intérêt â ce que j'écrivisse,
j'expédierai celle lettre par estafette jusqu'à Stuttgard.
Dresde, ce 1" juillet 1809.
Le Roi partit de Leipzig le 1S k onze heures du matin : la dirisiou
hollandaise l'avait précédé la veille. Sa Majesté poKsa lanuitàGrimma.
Be\'. Histob. XVI. 2« FA8C. 25
886 uiLAmtt ET DOCUMENTS.
Le lendemain 29^ le quartier-général devait dtre transporté à Waldheim,
petite ville située dans un défilé. Le Roi était en arrière, etnosToitnreB
l'avaient cette fois précédé, lorsqu'à une demi-lieue de Waldheim nous
rencontrâmes le général d'Âlbignac qui ordonna aux bagages de rebrous-
ser chemin. Les ennemis ayant fait un mouvement sur leur gauche
s'étaient portés sur Ghemnitz. Le quartier-général fut établi à Hartha,
village en arrière de Waldheim, Hier à deux heures de l'après-midi, le
Roi est arrivé à Nossen d'où il est parti ce matin à cinq heures. A dix
heures, Sa Majesté a fait son entrée à Dresde à la tête de ses gardes et
des cuirassiers saxons, au bruit des canons du rempart et des cloches
de la ville. Elle s'est logée au palais de Brûhl.
Baron du Gissb.
(Sera continué.)
BULLETIN HISTORIQUE
FRANCE.
GotfiTs DES TR&ricrx atsTORiQiiBS. — Le Comité des travaux histo-
riques institué par M. Guizot auprès du ministère de l'inslrucUon
publique, et ctiargé de diriger la pubtication des documents inédits
rdatife à l'histoire de France el de servir de centre aux sociétés
savantee des départcmonl:}, vient de subird'assez importantes modi-
fications. La constilulion même du Comité a été changée. Les deux
sections d'histoire el d'archéologie ont été fondues en une seule -, un
certain nombre des anciens membres ont cessé d'être membres actifs
pour devenir membres honoraires, et des membres nouveaux ont été
nommés. La nouvelle section d'histoire et d'archéologie compte
quarante-quatre membres. L'ancienne commission delà tu|N)^raphie
de-s Gaules y a été réunie comme commission de géographie histo-
rique de la France. Une commission composée de membres du
Comité et de délégués des ministères des alTaires étrangères, de la
guerre et de la marine, sera chargée de provoquer et de diriger des
publicalions tirées des archives de ces tn^is ministères. Enfin, l'in-
lenlion du Comité est de remplacer la Hevue des Sociétés savantes
par denxrecueiU, dont le premier serait un Bulletin du Comité qui
publierait les documents communiqués jiar les correspondants, le
second une Bévue des travaux historiques, coiiipr^tmui l'analyse et,
dans une certaine mesure, la critique des mémoires publiés par les
sociétés savantes de l*aris etd<;s déparlements. Cette revue sera dirigée
par unei commission spéciale et rédit'ée par de jeunes auxiliaires :
MM. Kabelon, Ucrger, J. Havet, Ë. Molinter. Omonl, Pruât, Raynaud.
Nous ne pouvons qu'approuver ce dédoublement et la création du bulle-
lin; mais la /7rtnfef/«fraiyi HxAùf or tgu^f nous paraltprésen tardes dif-
fïcullés graves, et une utilité médiocre, surtout en comparaison des frais
qu'elle exigera. Il serait plus utile pour les travailleurs que le Comité
fît t^ire ch^iquc anne« un Index analytique et méthodique de toutes
les matières contenues dans les publications des sociétés savantes
parues pendant l'année précédente. Si Ton objecte que cet index n'aura
388 RCLLRTII niSTOniQCK.
pas, comme la Revue, Tavaiilage de disUiiguer les bons travaux des
mauvais el de donner des directions et des conseils aux sociétés de
province, je répondrai que ce sera souvent dans un mauvais travail
laissé de cùté par les rêdacleurs de la Revue (]ue se trouvera le ren-
seignement utile à tel ou tel historien, el que d'un autre côté le rôle
de péda^guc vis^-vis des sociétés de province ne convient guère i
un comité ofllciel. Ce ne sont pas les critiques des rédacteurs de la
Revue qui amélioreront le.s Iraraui des savants des départements;
ce sera le développement de renseignement supérieur. Lcjouroù les
classes elevt'ies de la nation siMont convaincues que le l>accalauréat
est non le couronnement, mais le commencement des études sérieuses,
el qu'on ne peut pas prétendre au titre d*homrae cultivé si l'on n'a
pas reçu l'inslruclion supérieure dans les Facultés, ce jour-là les
bonue^ï nièlhodeâ el la vraie critique se ré[>andruut sans que le
Comité ait à s'en occuper. Il rend d'ailleurs des services bien plus
grands qu'il ne peut le faire par la Revue en dirigeant chaque année
le congrès dus sociétés savantes. Déjà celte année les séances ont été
beaucoup plus intéressantes que les années précédentes '. Le Comité
a demandé que les communications fussent courtes; il a invité à
faire des communicalions orales au lieu de lire des mémoires écrils;
il a cherché à provoquer d'utiles discussions. Enfin, et c'est là une
utile innovatiou, il a indiqué aux sociétés savantes quelques-uns des
sujels sur lesquels elles devraient instituer une sorte d'enquête pour
arriver à faire la lumière par des elforls collecUfs *. Ajoutons encore
t. Oltou parmi Icb comtnunicalion« les pliu inléreftSiinte& : celle de M. Fure«-
tié »ar le livre do comptes d'un inarctiand de Moat^uban (t338-13^}, irèa riclie
en reaseigiieinenl» {mur l'iiJHl'oire êctjiiuoiique et juridi«iup ; cellf de M. Cail-
lemer sur ton conlllts de Juridktiou entre le n>i de Franre et l'arrbeTéque de
Ljron au xiv' s. ; celle de U. FierTiJle sur Ia corre«ponduice des goavcn>enr&
Rf^aéraui des Tavs-Bas arec le magistrat de Saint-Oiner, de l!iT7-15â3: celle
de M. de Lairwi!re)ns de Hooseatiatlle sur une t^axelle écrite en I7lj0 pendant
les cAnfèrenced de Gt^rlruydcnberg par U, de Marissot, èchcvin de SalnUOiner ;
enfin et Aurtout celte de M. Coinbrs sur Ihk conTérences Ac l).iyniinc en 15G5.
Par des lettres Urées des arcbires de Siniancas et dont les principales sont
dues à I)oD Francis d'AIara, M. Combes a mis bors de doute que Catberine de
HéiidB a conçu dès [jfia, sans l'ins^iiraliuii de Philippe 11, un projet de mu-
sacre qui aurait englobé non seulemeul hi prutuslants, tnat» uiâiue tout les
partisans de la tolérance, tels que l'Huspital.
i. Lei quesliouA proiw^es celle année sunl toutes du ressort de l'arcbéologie.
Ne |H>urrait-cin [las engager les soriélés savanle-i i entreprendre une Aérie de
travaux dont U >alpur serait Itoaucuup sicrun s'ils |K>ur«ient Otre faits siuiul-
tanéruenl sur divers |M>ints de la France? l'ar exemple : révision c( criliquedcs
listes du Gallîa Clirisliana ; publlcaliiin des nécroNiijes des abbayes : dépouille-
nteul des nole^ lustoriqxies, éconouiiques, et«., qui se Irouieiil sur les ancieiiA
ruvcE.
3Ktf
qu'au lieu de donner des subvenlioos el des prix, le Comité se
résene d'encouraflcr par des subsides importants les publications ou
les recherches qui lui paraîtront ofl'rir le phisd'intorèl. C'est par ces
mojens, c'est aussi (>ar les iravaux qu ils pul)Uenl eux-mêmes, beau-
coup plus que par une rerue destinée a rester peu lue, quo les
membre? du Comité pourront exercer une induence scientifique sur
nos sociétés provinciales.
Le Comité continuera les publications commcnoées (documenta
Inédits, dictionQairL>s topO!.Taphiques. répertoires arohéologiquesl qui
Forment déjà une si imposante et remarqaible collectiuni il pour-
suivra, nous l'esitérons, avec activité les travaux de géographie his-
torique auKijuels l'iini-ienne commission de la carb'desG.iules appor-
tait une SI rdcheuse letileur; enfin la nouvelle commission, qui sera
spécialement chargée des publications tirées des archives des afTaires
étrangères, de la guerre et de la marine, pourra rendre les plus
signales services. Cette innovation est pcul-êlr(! la plus import;intc el
la plus heureuse parmi celles qui ont été introduites dans le Comité
des travaux historiques. Cette nouvelle commission, en elTet. ne sera
pas astreinte! à suivre strictement les errements de l'ancien Comité.
Tandis que le Comité s'est borné jusqu'ici à accepter les projets de
publication qui lui étaient proposés sans choisir lui-même les
éditeurs el sans pouvoir apprécier toujours sufllsainraent d'avance
leur compétence, la commlàsion prendra TinitiaLive des publica-
tions qui lui paraîtront les plus utile.s, et elle choisira elle-même
les savante à qui elle confiera le travail. Elle sera par conséquent
plus assurée et de Tutililé de l'oeuvre et de sa bonne exécution. blUc
pourra apporter de la suite et de la méthode dans les publica-
Uons, no pas laisser par exemple interrompre pendant trente ans un
ouvrage aussi iiniHirUuU que les Xêyociatwn* de la ntcccssion d'Es-
pagne, tin autre avantagi' sera que cetto nouvelle commission, dont
les publications s'adresseront à un public plus étendu que la plupart
de celles qui font partie des documents inédits, pourra adopter, au
lieu du majestueux 10-4". le format bien plus commode, plus por-
tatif et plus économique de rin-S". Nous voudrions même qu'elle
allât plus tom, qu'elle ne fût pas obligée de prendre l'État pour
imprimeur et pour éditeur, qu'elle pût, comme l'École de Rome ou
l'École des l-ingues orientales, s'adresser à un libraire-éditeur qui,
moyennant une i^ubvention peu élevée, publierait à son compte oer-
rcffistrcs {taroisiinux, de, etc. On n d«niaiHlr au\ Miciètài dn faiiw des nipparls
ftur l>liit do biblinttièqiir* et des niusèe» d'aotiquil^ft de» dépArlemeot», Ce
senil un ItavaiI d nne grande uliJilé.
390
BrU,BTn niSTORlQUR.
laines gêries dont le débit eat assuré. Ce sérail à la Tois donner aux
ouvi'ajjes une Itnaucouj) plus grande publicilé el diminuer sensible-
ment la charge du budget.
Dans l'excellent discours prononcé à la séance de clôture du Coo-
grès des sociclés s;ivaiite5, M. J. Ferry a annoncé la création do la
Comtm^iou dont nous venons de parler, li l'a fait mallieureuseraeut
dans lies lernic.< inexacts [|ui ne Taisaient pas S4>ntir 1 ntilité de cette
innovation m qui d'autre part pouvaient prêter à plus d'un malen-
tendu. Ou aurait pu voir en etl'et dans ses paroles un blànie à
l'adresse de la Commission des archives diplomatiques, une accusa-
tion d'accaparement que rien dans les faits ne Justifie, et une inlor-
dtclion pour cette coranaission d'entreprendre aucune pulilication * . La
Commissiou des archives dtplumatiques n'a jamais songé à se réserver
aucune partie du dépôt qui lut est confie, el elle a toiyours été dési-
reuse d'aider do tout stni pouvoir les savants, en particulier ceux qui
Iravaillenl pour le Oomilé des travaux historiques ; quant à son droit
d'entreprendre des publications, M. J, Ferry est un esprit trop libéral
pour le lui eontesleret ce droit est n^counu par rarlicle h du règlement'
des archives. Il est bien évident que la (commission des archives diplo-
matiques sera dis|K>sée à céder à la nouvelle commission du Comité
des Iravaux historiques le soin de diriger la plupart dos publications
de documents proprement dites pour concentrer tous ses eflbrls sur la
rédaction et la publication 4ie catalogues et d'iavenlaires analytiques
qui pourront doter la France d'une série d'analyses de nos curres-
fxtndances diplomatiques analogues aux Cahndars anglais. Hais il
serait fâcheux de vouloir concentrer dans la commission du minîs-
lère de l'Instruclion publi([ue toutes les publications qui peuvent être
liréf>â de nos archives spéciales. Qu'elle se charge de celles qui
i*cgardenl spécialement les historiens, les érudits, rien de mieux ;
mais il y a des pubUcations qui intôreâsent spécialement la diplo-
matie, l'art militaire et l'histoire navale, qui ne peuvent être eulrc-
prises que par des commissions ou des bureaux historiques spéciaux
à chaque ministère.
E'jSKiGXBiiENT. — M. MauHce Vernes, dans un arLich' intéressant
de La Hevue de l'histoire des retûjions, publie ensuite à [xart en bro-
chure, a trmté à fond une question qu'il avait déjà plusieurs fols
1. I Un a pu craindre, a dit M. Fnrry, que le ministère de» afFafre» élran-
jgjfnn, déposilaire de. Ia plus ridift cnllNiiinn de documenls historique», ne tdu-
lùl »ft la réserver laul onli^-re. u M. l'rnust. ilans son rapiiort &ur le budget de»
■flTkirca élrnog^r^-ti de 1881 , a ronclicri sur les incxnrtUiitl«(t coniiuiM» |>ar
H. Kerry. Il parait vroire. que la Comini&sina (1m Archives cll|>lomatlquea cflsie
d'eiiftlcr et e»l raltachéc tout erillire au Comil^ dea Travaux historiqae».
ruiv CE.
391
abordée: Qwife place favt-it faire à l'histoire des religions nux diffé'
renis degrés de l'enseignement public? (Leroux, 30p. in-8). 11 demande
la créaLioD dans les priiici|Kile.$ facultés des letlros de trois chaires :
Histoire générale des religions ; — Judaïsme ; — fihrislianisroc ; el
à l'École normale, d'un cours d'hisloire comparent de*i religions.
Il v«mt(|U(7, dans l'enseignement secondaire, dos notions précises sur
le judaïsme et le christianisme prennent phce dans le programme
d'histoire et qu'un cour^ rapide d'histoire comparée des religions soit
bit aux élevés de philosophie. 11 délire enfin que des indications
générales sur Thistoire religieuse soient mêlées aux cours d'histoire
faits aux enfants des écoles primaire^f. Sur le premier point nous
joignons nos vœux à ceux de M. Verues, eu ce sens que l'enseigne-
ment de riiistoire des religioas, et en particulier des religions Juive
cl chri'lieinie. nou<^ parait un des pins dignes de figurer sur le pro-
gramme des faculléà des lettres, s'il se trouve des profe.sseurs
capables de s'en charger. Nous ne croyons pas indispensable que
tous les pnuids centres universitaires soient pourvus deschairesque
réclame M. Venies. mais II serait Imn qu'elles esisLissenl dans deux
ou trois centres pour qu'un étudiant français ne fût |>as oblige d'aller
chercher l'instruction sur ces matières en Hollande ou en Allemagne*.
En ce qui touche renseignement secondaire, nous ne croyons pas utile
de pLicer un cours d'histoire des religions en philosophie. Comme nous
croyons déjà que renseignemenl même de la philosophie dans les'
lycées est une erreur, à plus forte raison remiserons- nous d'y intro-
duire ce cours nouveau. Nous le renverrons, avec la philosophie, aux
facultés'. Nous nu demandeions pas non plus par conséttuent la
1. Oo pMt voir qurli vules horizna» rbiitoirc dM relljponft oavre k l'«(ude
el A la pras^ [ur U briKliurc qiie ricat àe. publier M. James Darmosleler :
Coup Avril sur l'htstotrf d» pfupte juéf (Librairie >ootellc, 21 p., iu-8'). On y
Ironven résumée dans un ma^nUiqnc lanftage el itm; one rare éléTitioa d idées
IVtrUEe desUoée de ce petit peuple i qat â été auiijuiée la première place dans
l'bUtfrïn religieuse de l'immaniti. On ne lir« pa« uns Amotloa les belles p*tKi
conucréM au Talmod el an n>k des Juifs an moyen Age. Assnrément Tbistoire
des reliions enseiguée par desborames qui, comme U, Dannesteler. scratealA
la Tels des liiiguÎHlHs, des penseani et de« éeriviîits, aerail une den ctisciplines les
plus digne» de ligurcr dans le prugrauiiue <(e nus FdL'ult^i).
1. H. Vcrnes Tient de publier rieui rolames de Mr'tanges d'histoire reitçieuse
(PbdUiacher) où |)re«>{ue loule» le» qumltons relatives « U rvtigion juire wiul
lialiéM aiec l'e»|irti «cimlillque le plu» deu^-bé de tout parti pris. Malgré le
rMux et l'ini|>arlialjté du lanj^age de M. Verne», crait-ïl qu'il Mirait possible de
parler ce LingA^e A des élèves de lyoéc sans froîMer des convietioM re^iK-
tabl«« ? Il oublie trop que TbisUiire «si la plus rsdoaUble eoMimie dei> rali-
glonc poaiUves.
392 BUUETtX HISTOMttUI.
(TèaUon d'un cours ù l'École normale. Les élèves que l'histoire des
rcliîJ:ions intéressera iront l'ûlnriler aux cours d(î la faculté. En ce qui
concerne la place à donner à t'hi-itoirc religieuâc dans l'enseigiienieol
de Thisloirc gcncratc dans les lycées et les écoles, nous sommes à
peu près d'accord avec M. Venies. Nous croyons comme lui qu'un
cours liieit l'ait doit conlenir des notions sur la religion juive aus&i
bien que sur la religion égjpUemie et doit enseigner la formation de
!*é},'lise chrétienne aussi bien que la Réforme -, nous croyons comme
lui (jue l'on peut, sans froisser aucune croyance, donner ces notions
à un [Hthii di: vue purement historique, sans nier ni affirmer les foila
fluruaturets auxquels elles se rattachent ; mais nous croyons aussi
que pour le faire il fout une discrétion, un tact, un talent mprne, que
peu de professeurs posséderont, surtout dans les écoles primaires*,
nous croyons que le plus grand nombre se laisseront entrdiner à
exposer leurs opinions religieuses personnelles; nous croyons enfin
que beaucoup de parenL-i, en voyant que l'enseignemenl religieux,
supprime ailleurs, subsiste dans les coui-s d'histoire, penseront qu'on
est inspiré dans cette réforme par des senLinieiits hostiles à la reli-
gion. Aussi approuvons-nous ti* (îon^-eil supérieur de s'être montré
très réservé dans la rédaclicm des programmes.
Nous ajouterons, au sujet des réformes proposées par M. Vernes,
«ne réilexion d'une portée plus générale. M. Vemes, comme M. Fouillée,
comme M. IJrapcyron, comme M. P. Berl, lorsqu'ils se uiontrenl
préocx:upés de faire donner à un lycéen des notions complètca
d'hisLoire religieuse, de philosophie, de j:«>i,'raphic, de sciences
naturelles, me paraissent se méprendre un |>eu sur le véritable carac-
tère de l'enseignement secondaire. Us le considèrenl comme consti-
tuant à lui seul un enseigneraenl complet, et ils se préoccupent d^y
fairy rentrer toutes les connaissances nécessaires pour im homme
cultivé. Nous croyons au contraire que renseignement secoii-
d^re classique doit n'être qu'une préparation générale de l'esprit à
des éludes sérieuses ([ui se feront h runiversilc. cl que l'élude des
langues et des mathématiques est le principal instrument pour cette
préparation générale. .Sans doute il l^ul nourrir cet enseignement,
y faire rentrer le plus possible de connaissances positives, mais il ne
feuL pas ([ue ce soit au délrimenl de la culture même de l'esprit.
Sinon, l'on aura cultivé la mémoire aux dépens de l'intelligi^nce ; on
accablera sans profit le cerveau des enfants ; ils apprendront tout
et ne sauront rien. Oue renseignement spédal ou commercial s'oc-
cupe exclusivement de meublei* la tête de ses élèves des notions
nécessaires à un industriel ou à un négociant, rien de mieux ; mais
l'enseignement classique a une visée plus haute, il doit former Pes-
rH*^r.E.
39S
pril, le rf nrtre capable de recevoir l'instnicUon supérieure. \je bacca-
lauréat ne doil pas élro un couronnemenl d'édifice ; il doit être la
porto qui conduit du Ijccc à la faculté.
Ces idées commencent d'ailleurs à se répandre. On en a eu la
preuve dans les discussions de la Société d'enseignement supérieur
relatives au baccalauréat : plusieurs nieml)res se sont prononces en
faveur de la transformation du baccalauréat en certificat d'études
décerné après un p\amen pas^é devant les professeurs mémi'.s de l'en-
seignement secondaire sous la surveillance d'un déléifue de l'État;
on en a la preuve dans le zèle avec lequel le gouveracment travaille
à dévcIop(»er notre ensel^aicment sniHTieur. La préparation â la
licence et a l'agrégation dans les faculté.^ s ort'anis*^ et donne d'ex-
cellents résullats, el, dans le discours dont nous avons parlé plus
haut, le ministre a nettement procJamé. aux applaudissements do
l'assistance, qu'un jour viendrait où l'on n'arriverait plus au profes-
sorat qu'après (|ualre années de scolarilé dans les faculiés. Une nou-
velle école d'érudition et de rochercbes est venue s'ajouter à nos
Écoles d'Athènes et de Rome, celle du Caire, dont le premier direc-
teur, notre collaborateur M. G. Maspero. a été peu après son arrÎTÔe
en tigj-pte appelé à la direction du musée du Boulaq '^ et a élé rem-
placé par M. Lefébure. SI cetteccolc était exclusivement consacrée à
riCgyptoluirie, on pourrait ^icnser(|u'il aurait mieux valu se contenter
d'envo.ver au Caire une mission temporaire que de former une pépi-
nière indéfinie d'ég^ptologues qu'on sera ensuite fort embarrass*» de
caser a leur retour. Mais nousespémns que l'École du Caire, loin de
se restreindre al' Ëgyptologie, deviendra une véritable école d'orienta-
listes qui s'occupera el de l'assyriologie. et des antiquités sémitiques,
et même de l'Iiisloire et des moiuimenLs arabes el turcs. Du Caire
pourront partir des explorateurs vers l'Afrique et vers l'Asie. L'École
du Caire entrera en relations intimes d'un côté avec l'École d'Alhcnes
dont le domaine rejoint a chaque instant les études orientales, de
l'autre avec l'École de Rome avec qui elle aura un terrain commun,
la Tunisie, â la fois punique el romaine. Nos trois écoles pourront
avoir ainsi la plus riche et la plus féconde activité et se prêteront un
mutuel appui.
1. Cett« nomtoatioD lusw ai des mains françaiMA l'adiuirablo masée crté itir
les noins àr Marielln. Le nouTCAii directeur, qui comiiip hislorjen ri comme |ibi-
loloKUA tU îiicoiitCAUbli>inent y>upérieur à soo êminonl premier i^»eur. i raoBtrÀ
de» us d^tniU i|u il cUil diji^nn ite lui Kuocrder Aum la ilirrrtioa i)e6 fouilles par
lei fouilles faites dans le tniQ)>eau du roi Ounns. On peut espérer que les rectier-
dies dirigent en ce mofnenl vont nous livrer des moiiunieals de la tu* A la
X* djiiastic qui roia<[Uonl jusqu'ici dans In Mrie des moaumenis é^^ptiens.
8M BCLLETIIf UI&TORIQni.
L'École do Romo donne loua les jours des preuves nouvelles tto
viLalilé. Dans le domaine de ranlitfuik!, M. de la Hlancbère s'occupe
des Terres Pontines et de Tprracine, M. Lacour Gavel du règne
d'Anlonia, M. Jullian de l'adminialrarion impériale ; pwur le moyen
âge. M. Durricu a entrepris des recherches très imporUnUis sur \a
domination française à Napics au xiv* el au xv* siècle, M. Engel
étudie la nurnismalitiue et la sigillographie des établissements nor-
mands en Italïi» et en Sicile au xi" s. Enfin, M. Thomas a entrepris
sur Itoaifaw Mil un travail analogue à celui que M. Berger a achevé
sur Innocent IV et qui e^il en cours de publication. Nous venons d'en
recevoir le 2* fascicule qui ne le cède pas en intérêt au précédent. Il
est tout entier consacre à l'année 4 24r>. l'année du concile de Lyon,
où tant de grandtîs airaires politiques et religieuses furent discutées,
et on Innocent iV exilé, mais toujours mailre et chef du monde
catholique, brave la puissance dr Frédéric II. L'École de. Rome, donne
une preuve nouvelle de son activité en entreprenant la publicalicHl
périodique de itfc/an^tfj d'archéolotjie et d'histoire il*aris, Thorin;
Rome, Spithœver; 4 à 5 fiisc. par an. 3 fr. 50 lefasc.). lie recueil de
mélanges sera pour l'École de Rome ce que le Bullclin de correspon-
dance hellénique est pour l'École d'Athènes, un moyen de prendre
pari d'unu manière plus suivie au mouvement de la science, de com-
muniquer immédiatement des dficou vertes do détail, de publier des tra-
vaux d'étiimhie restreinicqui sonlà la fois la préparation et l'accom-
pagnemenl naturel des mémoires de longue haleine entrepris par les
élevés. Les deux premiers fascicules donnent la meilleure idée du
recueil. Nous y signalerons en particulier une belle inscription de
Taormine contenant des fastes de Tauroménion, publiés el com-
mentés par MM. Lafaye et Martin, une excellente élude critique de
M. L.-ioi*ur Gayct sur les fastes consulaires des dix premières années
d'Anlonin le Pieux, et un très intéressant article de M. Mûnlz sur
les travaux artistiques exécutés à Rome el dans l'Étal romain par les
soins (le Itonlface VIII et en particulif;r sous les relations de Boni-
face Vm et da (liotto.
Je ne veux pas quitter l'École de Rome sans dire encore quelques
mots d'une mesure qui me semblerait de nature à rendre plus
fécondes encore les études qui se font à Athènes el à Rome. Un grand
nombre do jeunes '^m^ qui se rendent dans ces doux écoles au sortir
de l'École normale n'ont pas encore une préparation tout à fail
suffisante, et souvent même no sont pas décidés sur la nature des
travaux qu'ils veulent enlreprenrii-c. Il faudrait à notre avis ((u'avanl
de partir pour l'étranger ils dussent passer au moins un an à tra-
vailler librement à Paris à la Faculté des lettres el à l'École des
FRANCE.
895
faMItoaéUidw, ru achèveraient de développer leurs qualités de cri*
Uques et d'érudiU ; dans un milieu où loules les brancheâ de la
science sont rcprésentixïs, leur vocation spéciale se manifesterait
d'une niajiiére plus ?iionUinèe. Ils parliraient alors pour Ronm et
■ pour Athcnes sachant ce qu'ils veulent faire, et ils pourraient sans
perdri' de temps s'atteler tout de suite à une besogue 5))éciale. S'ils
le préréraienl, ils devraient pouvoir aller travailler en Alleniagne uu
en Angleterre. Pourquoi même n'y en aurait-il (ws qui resleralrnl à
l*aris deui ou trois ans à faire apprentissage d'érudils? Devons-
nous continuer à vivre dans l'idée que notre enseignement sujwricur
ne iwul pas former des savanU et que c est seulement à l'elrangcr
rjue l'on iwul apprendre a pratiquer les bonnes méthodes? L'n phi-
lologue ne trauvora-l-il pas à l^rîs toutes les directions dont II a
besoin, n'y a-L-il |)as des nianuscriu lalins ailleurs qu'au Vatican ?
Un jeune historien sortant de lÉcole normale et désireux de s'oc-
cuper du moyen âge ne fera-t-il pas mieux de suivre des cours à
l'Écide des chartes, à la l-'acultê et à l'École des hautes éludes (fuc do
se jeter immédiatement sur quelques séries de re^stres pontiflrâux
qui absorberont ses meilleures années dans un labeur assez mono-
tone. Sans doute un séjour à l'étranger, soit en Allemagne, soil à
Rome, sera toujours profitable, mais surtout quand on y sera sufli-
sommenl préparé. L'École de Rome me parait avant tout destinée à
ceux qui veulent se consacrer à l'histoire romaine et a l'archeotogie
romaine et du moyen Âge ; quant aux bisUirlens médiévistes et aux
philologues» il faut qu'ils soitîiit déjà formés avant d'aller a Rome,
et qu'en y allant ils sachent d'avance quels sunt leiî travaux duuL
ils vont chercher le^ matériaiu en Italie. En permetlaul ainsi à dw
jeunes gens de travailler à Paris même, on donnera aux professeurs
du haut cnscignemenl des élèves, au sens le plus vrai du mot, et le
plus puissant des encouragements ; car si leur principale fonction est
de former des professeurs, leur fonction la plus élevée est de former
do8 savants.
Ajoutons, en linissanl cet article consacré aux progrès de Tensei*
gnement supérieur, qu'un dérret du 25 lUv. 48KO vient d'introduire
une réforine des plus imporiantcs pour les études historiques dans
les Facultés de droit. K'examen de licence en droit comportera à
l'avenir l'histoire générale du droit français, et des chaires d'histoire
du droit français vont être créées dans loufCh les KaculUîS de droit.
So\i!> réclamions depuis longtpjnps cette réforme. Nous y applaudis-
sons de grand e/eur.
PoDLiCATioNs DE i»ncrHB?(TS. — Nûus croyons devoir signaler à nos
lecteurs la belle édition que vient de donner Al. U. Houebt du Peuta-
3ft6
ICLLKTI^i niSTOaiQDB.
leuquc de Lyon ', ce précieux manuscrit (|ui, après avoir été partiel-
Icmcnt volé, dénaturé et vendu par M. Libri, a élé libcralemenl m-
tituc à la France^ par lord Ashburnham. Les qucsUons de textes sonl
poul-élre en efibL les plus importantes p<)ur l'hisloire du chrislia-
nismu, cl il n'est pas indilTt'rent de connaître lus Lradurlions de la
Bible qui ont précédé la Vulgale et qui ont servi aux premiers Pères
de l'Église. M. U. Robert, par une étude paléographique, gramma-
ticale Ql critique à latjuelle il a apporté la conscience qu'il met à tous
ses liavaux, est arrivé à la conclusion que cette traduction a été faite
en Afrique, à la fin du m* s. ou au commencement du iv«, sur uoe
version grecque, et ne doit pas être cunlondue avec l'Itala. Ces con-
clusions ne [>araissent \ïss encore avoir été acceptées de tous les
savants ; mais il csl impossible de Fournir plus d'éléments pour la
soluLioti du prohiemi-! (pio Vu fait M. Robert.
Un de nos meilleurs professeurs de droit, .M. E. Diraoïs, vient de
donner une édition des Institutes de Gaiw (Marescq aJné) que nous
recommandons aux historiens aussi bien qu'aux juristes. Elle leur
olTre le Lexle le plus relent et le plus complet, celui qui a été lu par
Studemund, mais reproduit avec une disposition typogmphiiiue
meilleure el plus claire. Les noies nous rournisscnt en outre toutes
les le^jons, corrections, conjectures des précédentes éditions, en im
mot toute l'histoire du fameux palimpseste de Vérone. L'excellent
travail de M. Dubois, qui est un chef-d'œuvre d'exactitude el de
patience ', a donc Tavanlage de condenser en un volume de 538 p.
toutes les éditions antérieures. Je n'y regrette qu'une chose : l'absence
d'un index. Conimenl consulter un texte juridique sans index et sans
table?
La Normandie se montre, parmi nos provinces, une des plus actives
dans le champ de L'érudition historique. Non seulement elle eâl
représentée à Paris par quelques-uns de nos savants les plus émi-
iients, mais l'intluencc de ces savants a eu échange cortlribuc à
répandre en Normandie le goût de l'érudition sévère et des bonnes
méthodes. Je suis assuré ipje pas un des membres de la Société des
AriU((uaires de Normandie et de la ÎNociéLé d'histoire de Normandie
ne me démentira si je dis que les travaux de .M. Uelisle, dQ
t, Pentaleuehi Versio tatina antiçuissima f codicf luçdunensi. ParU, Firmio
DidoL, 1SH1. T^ n-pnHiucUun de lu partie du ms. encore inédilv reproduit exacte
meiil Ifîs inradère» et h disposition inalêrirlle (in uianus^crit. Pour le mie,
M. R. 8'osl contpiilë de reproduire en la coDatiounânl IVdilion donnée par feu
Lnrd Aslihumliiitii, ijui avait Hchclc le niaauscrit Libri «aos ea MToir l'ori^M.
1. L'impriincrit; Bvr^er-l^vrauU litérile es part d'éloge& dans ce Inrail.
L'einculioii matérielle du volume nt admirable.
r>ticE.
397
M. Luce, lie M. Loir oui loiyours été pour eux un eucouragement et
uu exemple. De même qu'à la dernière séance générale de la Société
des iVntiquaircâ de Normandie M. Lécra Hcuzey portait la parole
comme président, à la dernière séance ^'énérale de la Société d'his-
toire de Normandie, M. Lair, tout en oQVant a la Société le manuscrit
d'une édition crllique de Guillaume de Jumièges, si impatiemment
attendue et que nutre laborieux confrère a su mener à bien malgré
tant d^autres occupations, a prononcé un excellent discours où il a
tracé avec ime rare connaissance de rbisloriogrtiplile normande tout
un plan de publication des sources de l'histoire de .Normandie'.
I^i&se la Société élever un jour ce monument à la gloire de notre
province I Elle en est capable, car tes bons travailleurs n'y manquent
pa^. Elle nous en donne lom les ans des preuves. M. Dolbet vient de
nous apporter le 2* volume de VHistoire ecclésiastique du dioeèêe de
Coutances. par R. Toustain de Billy, et M. Roblllard de [îeaurepaire
a publié le texte très intéressant des Cahiers des États de .\onnandie
sous Henri I V, avec do nombreux documents à Tappui. La Société
annonce la publication de Trois anciens routumiers et du Grand
couiumier de Normandie^ cotiHée à M. ios«pb Taniif. enfin eelle
d'un« Chronique de i'abbaye de Jumiêges, confiée à M. l'abbé Lolh.
liln dehors des publications de la Société nous devons signaler l'édition
de ta dernière partie des Chroniques de Normandie |I'J23-M53),
due aux soins de M. Hellol. Cette compilation du xt* siècle,
publiée plusieurs Tois à Houeu au xt' et au xn* siècle, contient
Iroia fragments 1res importants. L'un {ch. X à LXXXj est une
chronique contemporaine écrite, d'après M. liellol, de UlT-MJtf
et de 1 122-1424 par un bourgeois rouenuais partisan des Bourgui-
gnons et qui raconte ce qu'il a tu ; le second, intitulé Pé*/!/ Traictii,
est encore une chronique rouennai«e qui s'étend de M2f .i 1444 '; le
Iroisiéme est le lieamvretnent de Sortnantlie («r le héraut Uerrî, ce
document si intéressant publié en 1863 par M. Stevenson ^. Une der*
1. Noos rrrlifieron», A propos de w discours, une «iT«ur trnp soarait rtpnK
Aaiw M. L«ir ciprinte l<> Ta>u qu'on relroure la partie perdue dei Amulet de
Flodo«rt]. Nous invilons les èrudits normands i »epiriiner U>u(« lYcherclie ft ce
su)el. U o'jr s pas de partie penlue de» Auiules. L'idée errooée que l'Iiistoire de«
•nnèca S78 à Q 17 avait été écrite par Flodoaril a été mïM en STanl Mus aucune
preare sérieose par U. Cuadet dan» I édition de Richer qu'il a donnée A U
Socièié d'HiMoire de France, édition dont le texte e&t ta reproduction de celui
de Parti et où la traduction, U préface et Ih oote» rounnillent de Taules.
2. M. IL la croit écnle au fur et à mesure de» évéDeineots. A mes yeui cette
opinUm mI erronée
3. yarraiion ttf (he expulsion ofihe E*4fli*h from ^formandj/. M. ilellol a
398
BCLLETIt HIATORIQUB.
nière parUe : le Hecoueremânt du demorant de Guinnne, ofTir moiiu
d'iiitérdt. M. Hcllot, prenant pour base Tédition de GiiiUaume \t
Talleur parue à Rouen «n I5«7, a soipneusenient relevé toutes les
variariles dos nianuscriU cl des éditions et ajouté en noies un ven-
tablu commentaire perpétuel. Malgré les oritiqUMqui pourraient être
faites à quelques-unes dt^ ces notes, M. Ilellot n'en aura pas moins
rendu un grand servie* ;t tous ceux qui s'occupent de l'hisloire tin
XT* siHe ' .
L'ouvrage de D. Coqnelin ^ur l'abbaye de SainUMichel Jelrepuri.
dont la Société d'histoire de Xormandlc a coniniencti la publication,
trouve son complément naturel dan» le Cartulaire que M. Lirusca m
KF.uiAnr.A!fT vient de rééditer avec un soin et un luxe admirables'.
Ce Cartulaire factice, dont M. do Kermain^'anl a réuni les élémenl«
dispersés dans les bibliothèques et les archives de Paris, de Bouen et
flu Tréporl, se compose de 271 pièces dont la plus ancienne est
de 1030, la plus récente de 1528. Une ample introduction, qui donne
un aperçu de l'histoire de l'abbuje et fait ressortir l'intérêt des piéeea
publiées, e.st suivie d'une série de notices biographiques sur les abbés
depuis Herbert jusqu'à Jacques 111 de Ligniville qui assista, en 4 791 .
à la destruction de l'abbaye. Les documents publiés par M. de Ker*
maîDKant u'ofl'rent pas eeulemenl l'inlérét commun à Ions c«ux que
renferment les cartulaircs, c'est-à-dire des renseignejuenls sur le
régime de la propriété, sur les droits féodaux, sur la chronologie des
seigneurs ecclésiastiques ou laïques, sur la topographie du moyen
âge; ils olIVent encore un intérêt spécial en nous montrant les
relations de l'abbaye avec les comtes d'Eu, les droits [larticiilier»
que iMïfUî abbaye exorrait sur les revenus de la pêche maritime, les
conflits de la juridiction ecclésiastique et de la juridiction seigneuriale,
enfin <>l surtout la ruine de l'abbaye causée à ta fois par les ravages
de la guerre de Cent Ans et par les abus financiers de la curie
romaine. Au xiv* s. la levée dos annales et des fntctus medH fem~
ports avait réduit l'abbaye à la misère. Celle belle publication Ikft
laissé de riM« lonl« In pirmi^re |>arlte diA ChroniqHe$ qui ni^rilertUt bien
il'élrE ^ludicr el réédiléc aver soin.
1 . Il serait Injuste <le ne pas «Kaaler l«s nerrice» qu« rein] ft l>niiIUioii nor*
Tnntidc r<.'icc[lcn( (ditf'ur M. Ch. iUélrfie, <iui est le tiliratm dtr Id îHKrli^ii
d'tiisloirc Ak Nonnaadtr et de la Société de» BititioptiUeD mut'iuial». Non»
avunH (teaucoup tardé A aonont^r ldc très corieu»* rfiniprMfil^ii fac-AinniM
publiée pur M. M^ytcrie des Piicfs relatives aux posâédéei de Lcuvétrt, et m
jurtlculier de X'IHsioiTe de Magdelaine Bavent, h ParUi chei Jari|ue» Le
Gentil, I0&3.
2. Cartulaire de l'abbai/e de SalntMichd du Trépmi, Psris, Dltfol, 1 tôt
gr. ia-l* de cux-426 p., de 8 plaachet en liéliognvurc.
FRANCS.
3^9
le plus gi-antJ honneur au zèle de son éditeur. Je regretle seulement
que chaque charte ne soil pas prcaktée d'un titre accompagné d'une
brève analyse. La table n'y supplée que d'une manière insuflisanle.
M. J. Dbuvilli: Le Roolk vient d'achever le second volume des
Bfffistres des comptes municipaux de In ville (le Parit {Tours, Semeur-
(jîiplainr; l»iiriH, Picard). Il s'étend de I3«7 a *3X0, Nous avons déjà
fait remarquer rinlèrèt de ces documents qui non soulemeiil four-
nissent une foule de renseignements économiques et statistiques pré-
cieui^maisédaircntencore beaucoup de points rplalifaaux institutions,
Ibiâloire des inipùb et même a des hïl» de t'Iiistuirc tj;enérale. Les
oomples publiés dans le présent volume se rapportent surlout aux
déi>enscs de^ fortifications de Tours et à la guerre contre les Anglais;
mais les titres : messageries, dépenses communes, ga^ cl salaires
sont peut'èLre les plus ricUcâ en détails intéressants. M. Delavillc Lo
Roulx a d'ailleurs beaucoup ajouté à la valeur de son volume |>ar les
note^ et les documents inédits publiés en ap|>endice à Toccasion des
principaux personnaites qui fleurent dans les comptes. Si^inalons en
particulier celles sur Jean de Bueil, sur le siège de Monlcotitour, sur
les Trousseau, sur Pierre de Chcvreuse. La Société archéologique do
Touraine, sous les auspices do laquelle se fait cett^; belle publication,
donne aux sociétés savantes de province un exemple qui mérite d'èlrc
signalé, d'être récompensé et d'être suivi.
Les semaines qui viennent de s'écouler nous ont apporté une série
de recueils do lettres du plus piquant intérêt, sans parler de deux
recueils qui se rapportent spécialement à l'époque révolutionnaire et
dont nous dirons qucbjues mots plus loin. La plus curieuse de
ces correspondanass peut*étre est celle de rablw Galiani, que nous
devons à MAI. L. Perey et G. Maugras (C. Lévy), dont le premier
volume vient de paraître. Galiauï o'éLait pas seulement un des
bomcncs les plus spirituels d'un siècle spirituel entre tous^ c'était
un homme dont ies connaissances élaienl aussi étendues que son in-
telligence était pénétrante et profonde. On a dit de Diderot qu'il four-
nissait d'idées tous les hommes de sa généntiou, et que c'éUil
dans la causerie que son génie éLiit le plus fécond. Oela est plus vrai
peut-être encore de Galiani. Noua devons savoir gré à M.M. Perey
et Maugras d'avoir fait revivre dans une préface pourtant un peu
trop rapide celle ligure si originale, de nous avoir révélé comme-ut la
dépendance à latjuelle la cour de Naples était réduite vis-a-vts de
celle d'Espagne l'obligea, inalgréses talents diplomatiques, à quitter
l*aris pour retourner en Italie, de nous avoir donné pour la première
fois dans un texte correct la charmante corres)X)nduuce que nous
devons à ce rappel devenu pour Galiani un exil, d'y avoir ajouté d^à
100
BCLLETI?! niSTOBIQOK.
24 leUres Inéditos^ do nous promcUre enfin la correspondance avec
Tanucci, le ministro. des afTaires étrangères à Naples. qui nous mon-
trera sans doute Galiant sous ses côtés les plus sérieux el apportera
des documents nouvc-iux à l'Iiistoire diplomatique du xtiii* s.*.
Les deux volumes de LeUres de M'"* de Hémtuat^ publiés par
son pC'lit-flls, s'étendent de 4 804 à 4812. On y trouvera le cora-
mentuirc des Mémoires avec plus de naturel, avec un ton plus cons-
tamment juste, mais aussi avec des réticences rendues nécessaires
par l:i [wiice impériale. Ne devail-il pas y avoir aussi plus d'un
poiiiE, sur les4]uel.s M"" de Hémusal . au milieu delagloii'e du rë^ne,
n'aurait pas osé s'avouer à elle-mâme ni surtout avouer aux autres
ce qu'elle pensait et ce qu'elle senlail. el qui n'ont pris toute leur
significaLion qu'après la décadence el la chute ? A côté des mille détails
t|ue nous olTrent ces lettres sur la cour de Napoléon el sur l'intérieur
de Joséphine, a côté de portraits tracés d'une main légère et sûre, il
y a dans ces lettres toute une histoire intime des jilus louchantes et
qui, à une époque commn celle de l'empire, a dû se rcpél«r bien des
fuis, c'est l'histoire des soulTrditces d'une femme séi^arée d'un m:iri
qu'elle airae profondément, de ses inquiétudes de tout genre, des
douloureux malentendus qui naissent de la séparation. Il y a là tout
un coin de l'Iusloire murale Je la société française pendant les guerres
de l'empire décrit de la manière la plus émouvante et la phis sincère.
La consolation, pour ces femmes fidèles notées au foyer, c'étaient les
enfants, cette jeune b'ênéraliun qui allait être la charmante, la poé-
tique, l'éloquenLe France de la Restauration. Les lettres de M"" de
Iténms:)l nous monln-nl celte jeune génération dans un de ses repré-
sentants les plus éminents, les plus symjtalhiques, dans M. lîharles
de KemusaL
La cour de Napoléon l" sort moins maltraitée des mains de M** de
Rêmusal que celle de Napoléon III des mains de Mérimée. Il était
pourtant un ami du premier de^ré, mais un ami singulièrement désa-
husé et clairvoyant *. Sa clairvoyance d'ailleurs ne va qu'a bien voir
ce qui se passe autour de lui, mais elle ne s'étend pas aux jugement'^
qu'il porte sur la politique générale el sur l'histoire. S'il était besoin
do prouver que l'égoïste scepticisme, l'aLsencc de sens moral rendent
l'esprit étroit et stérile, le conservatisme borné de .Mérimée le démon-
trerait amplement. Il n'y a chez lui aucune vue d'ensemble, aucune
i. Nous Tenons de receroir le wkûùA volume qui contiept lea lettre» A teé
aniift ili' Kninci! A* 1773 i 17S7. Il y en a douze d'inédît«H.
2. Lettres à M. PanizH, I850.1870, jjubl. |>ar L. Fagaii. Pftrii, Uvy, 2 vol.
In-S*, 1880.
raines.
404
conception du développement historique ; rien que les anxiétés Iri-
viales du rat dérangé dans sou fromage. Mais de quels traits péu»-
trants, acérés, impitoyables, n'a-t'il pas dépeint ou plutôt raconté la
politique étrangère et intérieure du second empire, politi'|ue de rêves,
de coups de tète, d'intrigues et d'ennui 7 Pas d'idées, pas de principes,
pas de traditions : le règne de la frivolité, de l'incurie, du laisseraller.
au point de vue moral comme au point de vue politique. De 4850 à
4 SftO, c'est la griserie du joueur lieureui ; de 1 8tîO à 4 870. c'est la las-
situde el l'inquiétude du parvenu blasé qui gaspille do gaité de cœur
sa fortune dans des distractions vulgaires ou dans des entreprises
sans logique, mal conçues et mal conduites. Ce qui ajoute au piquant
de ces révélations, c'est (lu'elJes sont faites par un conservateur scep-
tique à un sceptique révolutionnaire, et que Mérimée et Panlzzi
servent d'intermédiaires entre la Krancect l'Ilalic. entre Xapoléon II!,
Cavour el Garibaldi. Seulement le sceptique révolutionnaire avait au
fond de lui le cœur d'un patriote; aussi dans ces négociations esl-«c
lui qui a eu et le be^u rWe et le profit. On est Icnlé, je l'avoue, en
face de cette ironie perpétuelle de Mérimée, de prendre contre lui-
même la défense de ses amis et de montrer qu'il y a eu en eux, mal-
gré tout, plus d'idées sérieuses ou généreuses, et que leur œuvre
politique a produit plus de résultais utiles que son indulgence sarcas*
tique ne le laisserait supiwser.
Livaes iouveacx. A.ntiqcitks. — M. G. Pbrbot vient de com-
mencer avec l'aide de M. Chipiez une œuvre importante qui, bien
qu'elle intéresse avant tout les archéologues, n'en est pas moins
une œuvre historique. I/Histoire de Part dans l'antiquité en effet,
telle qu'ils l'ont conçue V est une véritable histoire de la civilisation.
Oaus les six livraisons que nous avons sous les yeux et qui sont con-
sacrées à rÉgypte, nous trouvons une étude sur le sol de l'Egypte,
sur ses habitants, sur leurs mœurs domestiques, sur leur organisa-
tion iwlilique et sociale qui, appuyée constamment sur les monu-
ments, éclairée par la reproduction d'un grand nombre de ces monu-
ments, prend une vie et un relief singuliers. H. Perrol ne pouvait
pas prouver d'une manière plus péremptuire l'utilité de la chaire
d'archéologie qui a été créée pour lui â la Faculté des lettres M les
services que peut rendre cette chaire aux étudiants qui s'occupent de
l'histoire ou de la littérature antiques. Les volumes que M. Perrot
I. Oittotre dt Vart dans l'antiquité, figypte, AssjrrfA, Pêne. A&ie-Miaeur«,
Gr^r«. ÈlTuric. Rntne. T. I i rÊg)7>te. Pari«, Hachettr, 188t. Panll ta \itni-
Mnd bettdoroadjirt''» dt 16 p. coùl«nl 50 ceot. Lmivragc formera JOO Itmluas
enriroo.
K£\. Hiint>B. XVI. 2« FA^. 26
402 BtUETi:<l niBTOElQCB.
consacrera a la Grèee et à Rome ne seront-ils pas une histoire par les
nionumenU) des deux civiliaalions grecque et romaine, un con^men-
taire perpétuel des couvres des poètes et même des philosophes ? C'est
seulement par Talliance des éludes archêologi([ues, liltéraires, linguis-
tiques et hisloriijues que l'on arrive à des vues vraimeutsyuthétitiuBS
eL complète.') sur le développement des civilisations. Cette alliance de
disciplines qui se prélent un mutuel secours commence à être prali-
ffuée dans notre haut enseignement, dans les cours de M. Perrot,
dans cmx de M. I\a>el ou de M, G- Paris. La récente nominatioo de
M. Graux, charité d'ensei^ier a la Sorboune la littérature et l'histoire
grecques, nous montre qu'on a compris entin les inconvénients d'un
système ({ui parquait tes professeurs dans une étruile s|>écialilé.
Bientul, nous l'uspérons, les mots : philologie ancienne ne slgniOe-
ront plus simplement l'éLude de la phonétique ei de la syntaxe
grecques et latines, mais l'étude de raullquite sous toutes ses faces.
Le beau recueil des Monuments de Vart antique que puLIie
M. UiTcr (Ouantin) pourra être joint an litre de M. Perrot comme la
magniUquK illusiralion de quelques poinLs spéciaux. La rapidité avec
laquelle la seconde livraison a suivi la première nous prouve que le
succès souhaité et prédit par nous a cette entrepriâe ne s'est pas lUl
attendre. On y trouvera la reproduction de plusieurs statues égyp-
lienniiïs et de cuillers en bois sculpté accompagnée d un très intëres-
SiuU commentaire. On y admirera le beau scribe accroupi du Louvre.
Nous signalerons aussi La discussion de M. Rayel sur la louve du
Capitole. Dans une discussion très hien conduite, il cherche à prouver
i|ut^ la louve est un bronze du temps des Tarquins, celle même sous
laquelle les Oguinii placèrent en 265 les deux statues deâ enfants
fondateurs de la ville. Je suis disposé à m'incliner devant l'autorité
d'un Juge aussi compétent, mais j'avoue que la louve me parait
être un bronze carolingien tandis que les enfants sont certainement,
comme le reconnaît M. Rayet, de la Renaissance.
A mesure que .M. Ai;bé avanco dans ses études sur les persécutions
de l'Église, il devient plus maître de son sujet, son horizon s'élargit,
sa critique devieni plus délicatu el plus sure. En même leinp.s le-s
docuniLMiLs d(!viennent plus nombreux et l'hislotre prend une liase
plus solide. Aussi le nouveau volume * qu'il vient de publier est-il
singulièrement inàlruclif et intéressant. Cette époque est une de celles
où le christianisme fait les plus rapides progrès irrâcea l'indlirérence
des mauvais empereurs, tels que Commode ou Ëlagaltalc, et à la demi*
1. /.M eiureUens dans Vempire romain de la fin iet AnUmins au mUéeu d»
Ni* M. 180-249. Paris, Didier. 1881.
FItTICK.
403
complicité de princes doux el loléranU, leU qu'Alexandre Sévère et
Philippe. Les souverains préoccupés de rendre à l'empire son unité
menacée et à la loi romaine sou autorilé ébranlée, elau premier rang
SepLime Sévère, sont impuissants à arrêter le flot toujours montanl
des doctrines nouvelles, el, malgré des pcrséailions locales ou des
violences populaires isi^Iées. le christianisme jouit dune paix et d'une
lil)erLé relatives. M. Aube soumet à une critique très pénétrante tous
les récils de martyres qui nous ont été conservés el dégage ces
récits et les documents judiciaire<i aulbenliques «(ui leur servent
parfois de base des embellissements el des inventions roma-
nesques dont l'imaginatinn chrétifmne a été trop féconde. Ce qui
est peut-être plus inti^res^nt encore que cette critique des actes
des martyrs, c'est l'analyse que fait M. Aul>é des ftentimanU et
des idées de la population chrôlicone. Au lieu de cette troupe de
mannequins, Uiillês tous sur le même patron, pensant, parlant et
agissant de même, que les historiens dévots nous ont trop souvent
représentés, H. Aube nous montre de vrais hommes, avec leurs fai-
blesses, leurs passions, leurs disputes, et aussi leur véritable gran-
deur. Le chapitre sur l'Église d'Afrique, publié naguère par la Hetrue^
et celui sur les chrétiens intransigeants el les chrétiens opportunistes
sont à cet égard d'excellents morceaux de psycholo^e historique. Peu
à peu l'histoire des premiers siècles du christianisme se dégage des
couleurs convenues, fades et monotones de la légende pour revêtir
les couleurs vivantes et variées de la réalité. Grâce à MM. Renan, de
Pressensé, Aube, de Rossi, Le Riant, nous arrivons à connaître non
seulement le cadre historique où s'est développé le christianisme pri-
mitif, mais la constitution de l'Église, la \ie privée, les idées el les
mœurs des premiers chrétiens.
MoTEii Af.K. — Nous sommes très heureux tlo posséder dans une tra-
duction française le V vol. du remarquableouvragedeM. J. Steexstrdp
sur l'histoire primitive des Normands (cf. Bev. hùt., IV, 424, XII,
131, XIV, 40ri|. Nous y trouvons une série d'études .sur l'autorité de
Saxo Grammaticus, sur Ra^nar Lodbrog, sur les institutions mili-
laires el les lois des Normands établis eu NeuslriCf qui sont du plus
vif intérêt et qui excitent d'autant plus la réflexion que les hypo-
thèses y tiennent une assez large place. Parmi ces hypothèses, une
I. Étude prélimiHawe jiour servir à l'histoire de» Sarmands ei de teun
ineasion avec uac introduttioo <le U. E. de Beaurcpaire. Paris, Champion,
\S&i. C>iit Is tr«4ucUoo Au \" toI. les Jiormanneme i Indiednén^ i fforman-
nertUUa; la 3* partie caosacrre aux eau*» des expédiliuaii normandes a rté
omise. Il est regrelUble que la IntecUon coil écrite dam od fnocais aiuBi
incorrect.
404
BOLLETi:<l BlâTOailiOE.
des plus ingénieuses el des plus utiles csl celle par laquelle M. S.
rapproche ce que Dudon du Saint-Oucntiu nous apprend sur les loU
normandes, des lois de Frocle conservées par Saxo Grammalicus.
Mais par contre nous ne saurions être aussi affiniiatif que M, S. sur
1« caractère purement danois des invasions normandes; nous croi^oos
qu'il exagère sint^ulièrenient l'autorité de Uudon de Sainl-Ouentin
el qu'il no s'est pas rendu compte de la manière dont ce chroaiqueur
a compose les deux premiers livres de son histoire.
tlien de plus délicat que la critique des écrita hainographiques.
Beaucoup d'érudiUs ne se sont pas même doutés desdirticullëâ qu'elle
oti're. Nous avons ru récemment M. Lecoy de la Marche làire un gros
livre sursainlMartln sans examiner l'autorité du seul témoin contem*
porain, de Sulpice Sévère. 11 croit que, parce qu'il lui consacre quelques
pages et constate que Sulpice a vécu quelque temps auprès du saint, il a
mis son autorité hors de toute contestation. H Ignore que, du vivant
même (Ift Sulpice, on mettait ses récits en suspicion. Si M. Leco> veiitse
rendre compte de la dill'éreiice qui existe entre une compilation hâtive,
mise, en œuvre par un littérateur habile, et une oeuvre de critique
consciencieuse el pcnctranle, il n*a qu'à lire l'élude reniarquable que
vient de consacrer M. {<kUHLi:& à la vie de sainte (leneviève *. Après
avoir établi, par une étude comparative très minutieuse des ma-
nuscrits, le texte le plus ancien de la Vita GenovefaCj il prouTe
qu'elle a clé écrite peu de temps après la mort de la sainte par un
témoin oculaire île sa vie ; et cependant, quand il veut en tirer des
renseignements historiques certains, il voit la réalité s'évanouir pour
ainsi dire enlrc ses mains ; il nii peut arriver à la certitude presque
sur aucun point ; il montre enlin que Thagio^ruphe copie des vies de
saints antérieures, en particulier celle de saint Martin par Sulpice
Sévère. M. Kohler a reçu, quand son travail était terminéf une
précieuse conlirmalion de ses recherches. 11 avait avancé dans son
mémoire que l'auteur de la Vita Gcnovefae avait dû copier une Vie de
saint Uermain d'Auxerrc, mais pas celle que nous possédons et qui
cûulieul au contraire des passages empruntés à la Vie de sainte Gene-
viève. Or il a trouvé après l'impression de son livre, dans un ms.
nouvellement aci{uis par la Uihliothéque nationale [nouv. acq. lat.
2178), une vie do saint Germain qui ne contient pas ces derniers
passages, el qui est évidemment le texte primitif. Voilà une preuve
bien frappante de la bonne méthode suivie par M. Kohler ^. Bien que
1. Étude critique sur le texte de ia vie latine de sainte Geneviève de Paria.
Vieuvy. tS8l. Ce iwénioiir, <\»\ fail parlîe de la Biblii(tbè»iur; de l'Bcole des
liauleA ^tude», a valu à aogi auteur le titre ti élève dtpl^imé.
i. U. Lccuy, iidiia âa rvpûnse i la Hevue (Rtv. hiit., \\\, 1711), disait avoir
I
riu?fCB.
405
B'appliquant à un sujet très restreint, on peut Urer du travail de
M. Kohler des conclusions générales d'une grande portée pour la
critique des œuvres tiagiograpliiqucs.
Le li\Te de M. pEnuouo sur tes Origines du premier duché d'Aqui-
taine illactioltei est une thèse de doctorat es lettres ; ajoutons qu'à
cerlainà éjrards elle est un modèle de ce que dcvraîenl être les thèses
de doclorat. Trop souvent on présenta comme thèse une biographie
quelconr|ue, le récit d'une période, pour lesquels on se contente de
dépouiller el de mettre en œuvre un certain nombre de documents
inédits ou imprimés, mais qui n'exigent ni esprit critique ni esprit
inventif. Une thèse devrait être ou l'clucidation il'une question difli-
cile el peu connue, ou la démonstration d'un point de vue nouveau.
Klle doit être le témoignage moins de l'application du candidat que
de sa bonne méthode et do l'originalité de son esprit. A ci* point de
vue, le livre de M. Perroud répond à tout ce qu'on peut exiger d'une
thèse. Le sujet qu'il a choisi est des plus obscurs, il l'a traite à un
point du vue tout à fait nouveau, et bien qu'il ail fail preuve dans
ses hypothèses d'une hardiesse poussée parfois jusqu'à la témérité,
il n"a jamais quitté le terrain de la crili(iue historiqm'i pour celui de
la fantaisie lillêraire. M. Perroud ne laisse rien 3ubsi.ster des récits
de M. Fauriel ni de l'hypothèse de M. Drapeyron sur la suppression
de l'épiscopat en Aquitaine. Après avoir écarté les combinaisons
arbitraires du brillant auteur de l'Histoire de la Gaule méridionale,
H. Perroud reconstitue avec une remarquable sagacité la vie do
l'Aquitaine de 600 à 720, et montre comme s'y est graduellement éta-
âpplit]»^ le« prinripf» de méthode qu'il a reçus A l'itcfile des charlcfl. M. Kohler,
qui est de la mine école, dit sans doate la m^mc cbo«e, ot ta mAlhotle est Juste
l'opposé de celle de M. Lccoj. Noua CToyoni- que c'efll M. Koliler qui représente
vraimenl la niêUinde de l'Kcole des cbarle«. — U. Lkcoy db la Harcrb
a cru deToir faire imprimer et diatrjhuer f'n dernier mol au sujei dei cri-
tiques dr. hf. CabrM /Honod. Les |iflrsoaDP-s qui VDudnml pri'nilre U peine
d'ctaminer les divers {KiinU sur lesquels H. L. nous répond, reronnaitront
qoc CCS réiK)n»cs ne sodI que dc« faui-fuyants. Noua ne penlroas ni le tesops
de 1104 lecteurs ni le nAtre en nous y arrêtant plui lunt^leiop». Ilelevonit msuIu-
mont deux poitils qui rArar.lérisenl U {toléraique de M. L. Il dil * quf? j'ai tron-
qua Ml r^ponM. u C'e^l matérietlemritt vrai, puisque j'en ai supprinié quelques
lignes: c'esl moralement faux, puisque je n'ai rien supprimé de ce qui rnn^
lUuait sa dinrusAlun rmitre moi, «l qu'il Inisw t-roire par l'expression dont il
se Rert que j'ai diminué la force de stu arijumenlH en ]f» (ronquaol. — Plus
loin il prétend que j'ai dit n en mautait français quelque rluise d'à peu prrt
ieinbtabte A re que dil Thomassin «. M. L. ÎKDure donc que Ttiomatsin a publie
en frant^s la Discipline de l'Êfdiftt! avant de i» traduire en laUu, éi que je l'ai
cité lextueUentent. La méprise est plai!tante [Hiur un auteur qui » indigne tant
que j'ose lai donner des lecoo!) de droit ranon.
406
BDI.LBn>i HISTOHIQrR.
hli un duché indépendant et pres4|ue souverain. Comme il ne s'avance
qu'appujê âur des textes, Il est Tacilo de se rendre compte du degré,
de cerlilude de chaque («rlie de celte restilulion, bien que >I. Perroud
ait naturutlemerit quelipie tendance à exagérer parfois la solidité de
ses hjpoLimses. M. Drapeyron avait supposé que c'était Topprcssion
des Fraiiks qui avait supprimé au vii« el au vni* s. l'épiscopal dans
plusieurs diocèses d'Aqui laine. M. Perroud a montré que ct>tle su[i-
pression a dû provenir d'une tiuslililé Iradilionnello contre un clertzé
propriétaire, hostilité qui se retrouve chez les princes «l dans ia
population même. 11 montre cnlin que la force militaire du duché
d Aquitaine est venue des Wascons, dont le rôle dans le midi a été
toujours prépondérant du vi' à la fin du nir* s.'. La thèse de M. Per-
roud, de mémo que la thèse de M. Mcilinier sur l'inijuisition du Midi.
et que la thèse de M. Dupuy, de Rennes, sur la Réunion de la Bre-
tagne à la France ', est une preuve de la tendance de plus en plus
forte ([ui pousse les professeurs de l'UniversilJî vers les travaux
d'êrudiUou et les recherches originales. Us sont d'autant plus dignes
d'éloges qu'ils ont travailJé en province, dans un milieu où Ton ne
trouve guère d'encouragemenL ni de secours. Il faut de plus louer
chez M. Perroud l'exacte connaissance qu'il a de tous les travaux
étraufiers se rapportant à son sujet, tandis que d'autres universitaire,
M. Dupuy j>ar exemple, ont été critiqués avec raison pour s'être con-
tentés d'éludier les travaux et les documents fï^nçais.
Si le livre de M. Kohler fait honneur à l'École des chartes el à
l'École des liantes éludes, et celui de M. Perroud à IX^niversité,
l'Essai de M. CuarK Sombres sur les villes neuves du sud-ouest do la
France' nous montre quels excellents el utiles travaux pourraient
sortir de nos sociétés de province s'ils éUient dirigés par des vues
d'ensemble, il y a de vastes enquêtes historiques que les érudits d«l
province seraient mieux ifuc i^ersonnc en position de conduire s'ils
avaient la culture (générale et ia bonne méthode scientinquc néces-
saires pour les entreprendre avec fruit. C'est par eux que notre bis-
1. J.a thèse latine dp H. Perroud sur les Emporta d'Afrifiue ut aoRi^i une
ceuvre solide cl in|{Ànieuftti où il expose des rue^ très originalcii sur la politique
curomerclale de Carlhajie.
1. Celte llitete a« nouK ayinl été cnva/M que tout réceinmeot. nous n'avons
pti encore en {inrier li nos tectcnrs. Un compte-rendu développé lui sera coo-
Mcré dan» nolrp procbnin nuiaéro.
3. k'ssai sur les cilles fondées dans Ir. jiui-ouet< de la France aux XJll* d
XI V s. sous te nom générique de baitides (ourragt! dnnl la première |>arlie a
flt« couronnée ]>ar lu Société Archéologique du midi d« la France). Toulonac^
l'riTat, 1880.
PliNCB.
loire ecclésiastique, notre histoire administrative et noir? histoire
muiiicipalo devraient surtout être étudiées. Nous espéronâ que le
livre de M. r.urie Seimbres exercera à cet é^rd une heureuse
inQuence. U ne s'est pas liorné h une minutieuse étude de toutes lits
baâtidcs, des procédés d'aprëâ lesquels elles ont été construites et des
contrats entre les habitants, les seigneurs et la royauté qui ont pré-
sidé à leur fundaljon et à leur développement, il cherche à rattacher
leur histoire à celle du développement de la royauté et de la société
du moyen àse. II a montré le rôle passif, ou du moins tout egolslc.
joué par la royauté, et en même temps les avantages qu'elle a retirés
de ces créations de villes, Timportancc des eontratâ de partage par
lesquels les villes étaient placées sous la recommandation royale, les
résultats de la création des bastides pour rémaiicipuUon des serfs et
la formation du tiers-étal. S'il y a dans le livre de M. Curie Scimbres
certaines vup.s trop absolues et (les erreurs (le détail, il nVii a |>as
moins une grande portée et une réelle valeur scienLÎUque. Nous vou-
drions que des études semblables fussent faites pour les autres par-
ties de la France et nous appelons sur ce point l'attention de nos
confrères de province. Nous rappellerons aussi qu'il y a quelques
années un de nos meilleurs archéologues, M. Courajod, a pris pour
sujet de sa thèse de l'École des chartes les villes neuves et en parti-
culier celles do Champagne. Sans vouloir le détourner des recherches
sur riiistoire de l'art où il rend tous les jours de si grands services
et où il apporte a la fois tant de liberté d'esprit et une si sûre critique,
nous voudrions qu'il ne laissât \\a& ensevelis et perdus pour les
savants les résultats si intéressants de ses travaux d'autrefois '.
Signalons encore quelques travaux moins importants d'histoire
locale. M. Nérée Océpat, dont nous avons loué l'Histoire de Woippy,
vient de consacrer une élude non moins consciencieuBe à un sujet
plus restreint encore, à la Grande-Thury *, domaine qui doit son
I. II. L. Courajod est aUacbé a h conserva lion des monuments du (x)uvre«t
U t'occupe avec autant de zètc que de bonheur de l'étude et rie renrirlti«4«-
meat de» coliectionfi (|iii lui sont c4)D6ce«. Le» récentes aciiui^ilinnfl, «uiquelles
il vient de cotiHarirr iinn inlnreMUinte Uriichure {Acquisitions du musée dr ta
seuifiturt moderne au Louvre en 1S80. Paris, Rai>îlljr, 1881), font le (iIuk graod
faimneur A notre graod miiftèe national. Il s'y trouve en particulier une madone
i*n li>rr<! mile du xv* ». qui est d'un style vraiitieul fai^niïque cl qui Toîl près-
«enlir Mi£li(;I-Ange. On peut dire <|u'aTec les bocnnieft qui »onl aujourd'hui
Chnrfiti^s «le rtos collections de sculpture et d'arch^oipe d» Louvre, avec
MM. Siislio, H^ron <!»' Villefosse, Courajod, etc., l'esprit H:ienlifiqiie duminr U
où l'on a rru trtqi Miuvenl que le bon gnùt d'un aiiiiileur |>ouvait suUire.
3. Rnfierchei historiées svr ta GTOnde-Ttxurg près Metz. Metz, Sidol ; Pari*.
Domualin, IS60.
408
BULLRTM UISTOHIQDB.
importance à ce qu'il a été possédé par plusieurs persounagoâ ooiisî-
(inrables (Je Melz, War> el Aiidrouiii Roucel, Claude Baudoche,
Wiriat Coppercl, Henri de Poulel qui fut une des victimes de la
Terreur. — M. l'abbé PriniBcn continue ses Annales du diocrse de
Soàsons (SoIssoDB, Fevre UarcjK Le 4* volume contient le xiv* et le
IV* siècle. M. l'abbé Ma^ceacx a consacré trois forts volumes à Ti/w-
^oir« ï/ô /'flô/'aye ff^ rfwtïV/o^e rf7/rt«;fi//er« (Épernay, Doublai) , une des
plus riches et des plus puissantes aJ)ba>es de Champagne. MM. Pécheur
et Maiiceaux sont des orudits très laborieux ; si leur?; ouvrages laissent
sur beaucoup de points prise a la critique, ce sont néanmoins des
recueils de renseignemonts et de documents dont nous devons leur
être reconnaissants. Tous deux d'ailleurs ont apporté à leur nîuvre
un grand L>8pril d'iuiparlialilé et de la modération. M. .Uanceaux en
donne une preuve remarquable en avouant que la misère d'une par-
tic de la population d'Ilautvillers vient des habitudes de mendicité
que leur onl données les moines des derniers siècles.
Tevi'S MoueK:i(Es. — M. diï Riiuif: est un travailleur st exact et ai
lalforieux qu'on éprouve quelque scrupule à lui adresser des critiques
sur le plan d'après hïquiîl il a entrepris son grand ouvrage relatif à
Jeanne d'Albrel. Nous ne pouvons cependant nous emiM'clier de trou-
ver un vérilable excès dans les développements que donnent aujour-
d'hui certains historiens à leurs ouvrages. Ils ne veulent rien perdre
de leurs recherches, ils ne nous font pas grâce d'un seul fait si insi-
. gnifiant qu'il soit ; ils accordent la même attention à des événements
d'importance très diverse \ ils transforment une œu\Te narrative qui
devrait être vivante et laisser dans l'esprit une impression nette en
annales, où les faits, enregistrés dans le dernier détail à leur ordre
chronologique, s'enchevêtrent au point de perdre leur valeur, leur
saveur et parfois môme leur sens. Nous adressions récemment ces
critiques a M. Uelaborde. Nous no dirions pas que toute l'œuvre de
M. de Ruble mérite les mémos reproches, mais c'est le cas pour plus
d'un chapitre. L'hisUjire de Jeanne d'Albrel aurait, oe nous semble,
gagné à être traitée en un ou deux volumes. Le second de ceux que
lui consacre M. de Ruble ^ ne nous conduit que jusqu'à la mort
d'Henri 11, ce qui nous en promet bien encore trois ou quatre pour
arriver à 1572. Cette criliqu^^ faite, disons que M. de Ruble mérite la
reconnaissance des historiens pour l'étendue et la nouveauté des
recherches auxquelles il s'est lirré dans les archives espagnoles et
dans nos Archivas nafinnaies. Le récit des négociations d'Antoine de
Bourbon avec Gharles-Ouinl et Philippe II, de 1550 à 1557, et de
t. Àniùine de Bourbon 6l Jeanne d^AlVret, 1. I. Puris, Labitte, 1881.
nu<MX.
409
celles qui Turent reprises en 4558-1559 par l'intermédiaire de Gam-
boa, conLienl une foule de dclails nouveaux sur les iolrigues aux-
quelles le duc de Vendôme se livra pour recouvrer la Navarre^ el
nous inonlre au vif ce mélange de duplicité el do crédulité, d'ambi-
lion et d'indécision qui le caractérisent. Le chapitre IV sur le com-
mencement de la Réforme en fiêarn el en Guyenne est rempli égale*
ment de précieux renseignements; le volume se termine par un récit
très circonstancié et en partie nouveau de la mort d'iJenri 11. Si M. de
Uul>Ie est souvent accablé par la masse des détails qu'il veut faire
entrer dans son récit, il a du moins le mérite de ne pas le surcliarger
de longues citations de documents inédits comme Ta (hit M. Dela-
Iwrde dam» son Coliguy. Il n'avance rien qui ne soit appuyé sur un
texte indiqué en note, souvent il emprunte au documenl les termes
mêmes dans lesquels il rapporte le fait : mais il est 1res sobre de
reproductions de documents m extenso et rejette en appendice pn;sque
tous ceux qu'il a cru utile de faire connaître. Louons aussi l'esprit
d'Impartialité dans lequel le livre est écrit, impartialité poussée sou-
veal jusqu'à la froideur, mais qui n^xclut pourtant pas la sympathie
pour les nobles caractères, à quelque parti qu'ils appartiennent *.
U en est un peu de Louis XIV comme de Napoléon. Chaque élude
nouvelle sur le caractère de l'homme et du souverain diminue le
prestige que la gloire el tes adulations avaient contribué a créer. Plus
on examine leur vie inlime, plus on pénètre dans leur cœur, plus on
y trouve d'é^oisme, de légèreté, disons mieux, de ha:ïseâse et même
de cruauté. Rien de plus accablant jwur la mémoire du tjrand Roi,
ol nous pourrions ajouter, du grand siècle, que le livre de M. Liia
sur ÏJtuise de la VutUère et la jeunesse dt hiuisXtV (Plonl. M. Lair
était surtout connu jusqu'ici comme médiéviste et on le dirait occupe
de la lâche difficile de préparer une édition critique de Guillaume de
I. Malgré cette impartialité je ne troure {Mu toajoors die2 M. de Rablc, si
bien infonnè dn rhone» el de» hommes du xvi* s., nti juste Sfîriliin<>iil de crk
homtiifè et de ces choses. Dire de Marguerite Ai- ValtMit » <)u'clle lient la pre-
mière |ilari' parmi rr* gt^nèreux esprit» que Uossiiet approuve d'avoir voulu
purifier I Kgliseunn rompre ruQil«D(X,3J), c'est Taire uu routrf-seos hi«tori<|Uu.
JamAÏA RosHtiet n'aurait approuvé l'amie do Lef^Tre d'Ëlapks et de GéranJ
Jtùu^tiel -, el je «toute que Tamie de Uarol nul lM!auroup giuUè li; ^raiid êvi^iue
de Meaui, le persécuteur de« pauvres proteftlanla de sondiooèfte. CaMn et Bn^-
fliet soal plus prèa l'un de l'autre que Bosauet et Har|i;uerile. ~ Cîlouft encore
OU pMaage dont la rédaction fait un peu sourire (p. 'i^^) : n Le prince de Beam,
Ag^ de moimdeciAq ans, écrivit U lettre suivante. A'oiu n'altrihuoni pas la
rédaction de cette pièce intérestante à l'Uiustrc enfant qui tu tigna, iaai« il
phit n^aiimoin« de reproduire un documeut qui est la première roanirefttation
oflicielle du patriotisme du plus grand de nos rois 1 »
410
aoiX
iflvfôRiQm.
Jumiôges, lorsque toul à coup il nous a surpris, el agréablement
siu"pri3, avec ce gros volume sur le xtii" s., qui esl eu réalitc touU;
une histoire des amours de Louis XIV jusqu'au triomphe de la Mon-
Lospan. On trouvera peut-être que M. Lair a apporte un zèled'ôrudil
trop minutieux à tlélerniiner toutes les dates, à noter tous les dfilaUà
de CCS aventures amoureuses qui, par leur nature même, échappent
à Phistoire pour tomber dans le domaine de la raédisanoe et du com*
mérage. Ce n'est point notre sentiment. Il était bon qu'un esprit
vraiment critique dê^'af.'oâl la vérité de cet amas d'anecdotes, dont
beaucoup sont apocryphes el presque toutes pleines d anachronismes,
et montrât comment s'était formé, ou plutôt s'était déformé le coeur
d'un prince que la nature et l'éducation n'avaient point fait tendre et
que la toule-puissance rendit égoïste et sensuel jusqu'à l'atrocité.
M. Lair a dû adoucir plus d'un Irait de son tableau, glisser sur plus
d'un épisode; car une im.i^e exacte des mœurs do la cnur de Louis \IV
ne serait ni acceptée par le |)ublic délicat ni peul-étrc tolérée par les
tribunaux ; mais ce qu'il nous dit suflitâ montrer cette cour tellequVJte
fut, c'est-à-diro une des plus corrompues qu'ait vues la Franco, cl où
le vice était accru (t'bypocrisie. Pour la première fois l'histuirode La
Vallière câl dépouillée de la légende qui t'a poétisée, avec la vuljj^ire
promptitude de la chuli*. le rapide abandon dii la [pauvre fUle séduite,
la longue expiation dans la domesticité déshonorante de la Moatespan.
La sinœriCé, le désintéressement et surtout la pénitence consorvenl
à Louise de La Vallière son charme mélancolique ; mais Louis XIV
qui, après avoir fait d'elle sa maîtresse en juillet iti&i, courait, déâ
le printemps de ^ 062, les gouttières du château de Saint-Germain
pour pénétrer chez les filles d'honneur de la reine, peutdifDcUcmeal
passer pour avoir éprouvé, même une fois, un amour sincère, dévoué
oL profond. Utie foule do personnages secondaires du récit do M. Lair
reçoivent en passant une vive lumière, Guiche, Lauzun, .M'"" Hen-
riette, l'honnête et niaise Marie-Thérèse, le docile Colberl, humble
domcslique des amours royales, M™* de Monlausîer, qui se sert de
son renom de vertu pour mieux s'entremettre au service des passions
de Louis XIV '. Le jugement sur Louis XfV^ et sa cour qui s'imposa
à nous après la lecture du livre de M. Lair est d'autant plus sévère
que l'auteur [iii-itiéme est un admirateur du grand siècle el qu'il est
plutôt indulgent pour Louis XIV. Les faits parlent assez haut.
1. M. Lair a donné en apr>entticc la première édition correcte 4es lettn» de
Lh ViiUit^.rf! ail inaréclial (Ip Rnllr-rundr^. Ajntttons r|up. Mns traiter i fond laïques-
tion de 1 cTupoL^oDiieineiit àe H"" Henriette, il monlri' que les prè&oiuplionft
re&teai Ir^t forte» et que les arguments sur lesquels s'appuie l'bypoth^e d'ans
inori iialurellu «ont loin d'avoir lu valeur qu'on leur aUribue.
knct.
AU
M. le comte de LiTt;ir. à qui nous devons déjà un bon livre sur les
assemblées el l'adminlâlralion provinciale- en Fraiirt', vient do fairp
paraître une excellente étude sur les Origines dupom^oir ministëriet
en France. Les secrétaires d'État depuis leur institution jusqu'à la
mort de Louis XV (Société Libliugraphique'i. Ce Lravail tj'és cons-
ciencieux, appujé à la fois sur les docuiuenUi des arcliives el sur les
mémoires eonlemporainâ» retrace toute l'histoire des sccretaires
d'Ëtat et éctaircit la question si délicalc du roncUonnemeut des
Conseils du roi. Rien n'&^l moins connu que l'hisloirc adminiâlrative
de l'ancieu régime, rien n'est plus nécessaire a connaître pour com-
prendre l'hisloire politique. Nos livres d'histoire, même ceux qui
sont consacré!^ aux iiislitutions, founnillenl «l'errrurs sur Uiul ce qui
touche à l'admiuiatratiun «t ils sont en général à cet égard a la fois
vagues et inexacts. Bien que H. de Luça> ail négligé quelques points
qu'il aurait dû èclaircir, en particulier la question rie siivoir ijuand a
paru le Litre de Ministre d'État el ce qu'il si^'niliail, bien qu'il laisse
de côté la période de ^74-1 789 qu'il croit à tort suflisamment
étudiée» il n'en a pas moins écrit un li^TC précieux, nourri de faits,
que devront lire avec soin tous ceux (|ui voudront connaître com-
ment fonctionnait lu [Hiuvoir rojai aux deux derniers siècles. Ils y
trouveront exiiosé avec la plus grande précision, pour la première
fois, le mécanisme de l'aUmiaislration centrale. Nous voudrions voir
se multiplier les travaux sur l'histoire des institutions. Nous no
comprenons pas que nos archivistes, qui ont tous les matériaux entre
les mains, nn se fa.sscrU |)as un point d'honneur d'enlrepn^ndre ces
travaux. Sans doute s'ils ne s'y intéressent pas, cela vieui en partie
do ce qu'a l'École des chartes on concentre trop exclusivemcnl leur
pspriL sur lo mo}en âge. Pourtant les archives qu'ils doivent classer
et inventorier sont surtout des archives modernes. Nous espérons
qu'aujourd'hui, où le cours sur l'histoire des institutions est iwusso
Jusqu'en 1813, on encouragera les élèves â choisir comme sujets de
thèse des questions d'histoire administrative des xvi', ivn' et XTnr*s.
Ce serait un grand bien pour l'histoire, pour les archives et pour les
archivistes.
Est-il possible d'arriver en histoire â des jugements vraiment
équitables ? La postérité peut-elle se faire une idée et une image juste
des événements passés, surtout des époques de révolution et de
troubles ? On est parfois tenté d'en douter. Quand on est trop près
d'une époque, on en partage les passions ; quand on en est trop loin,
on ne les comprend plus. Ce qui se passe aujourd'hui pour la Révo-
lution est tait pour décourager ceux qui espéraient que le jour
approchait où l'on pourrait prononcer sur cette grande crise un Juge-
443
SULLCTI?! BISTORTQrB.
menl impartial et comprendre, sans Ich partager, les sentiments qui
en ont affité les acteurs. Chaque jour nous apporte des ouvrafteaj
nouveaux, des documents nouveaux sur la période révolulionnairp :
nous apiirenons â en connaître les moindres détails ; nous en suivons
les péripéLio^s jusque dans les moindres villes de province, ci pour-
tant il nt' me sembla pas que nous connaissions beaucoup mieux la
psychologie de la natinîi fran^-aise à cette époque, que l'irritant pro-
blème posé à notre esprit ol à notre conscience par ces hommes si
grands et sî mesquins, si héroïques et si criminels, soit près d'être
résolu» que l'accord soit près de se Taire entre les hommes de bonne
foi et de bon sens sur le jugement à porter sur eux. L'ouvrage de
lUichelel re-ile enrx)re à mes yeux celui qui Tait le mieux comprendre
ce qu'a été la Révolution. On peut y reprendre plus d'une inexacti-
tude et plus d'une exaii'éralton, dilTérer de lui dans ses appréciations
sur les hommes de la Révolution, mais seul il donne la vive impres-
sion de la /lèvre universelle dans laquelle on vécut de 89 à 95, fièvre
d'enthousiasme, fièvre de crime. ïlêvre de peur, de ce mélange de
ftireur et d'altendrissemcint, de féroces égoismcs et de dévouements
sublimes, de déclamation et de m&le simplicité, de grandes idées et
niaises chimères, de* vertus les plus désintéressées et des passions
les plus viles. Je ne connais pas rie lecture plus entraînante ni plus
douloureuse, qui f^sse mieux aimer ce qu'il y eut de généreux cl
d'héroïque dans la RcvoluHon, ni mieux détester ses c/)Iés hideux et
stupides, qui donne plus la terreur de la Terreur. Les récils les plus
violemment hostiles font une impression moindre. On vous montre
de purs st^élérats dont vous vous sentez séparé par un ablmt^-, vous les
condamnez sans être ému, vous croyez que rien de serahliilile ne [wurrai t
se reproduire ; mais quand avec Micbelet on ast e<mporlé parce tour*
billon, qu.'ind on voit cetlp progression fatale d'octobre 89 à juin 92,
du 10 août au 3 septembre, du 21 janvier au 2 juin 93, de prairial
à thermidor, quand on se sent pris dans les dents de cet horrible
engrenage, on se demande avec terreur : Qu'aurais-je fait, si j'avais
été là ? aurais-je su éviter la lâcheté des uns, la férocité des nutres?
Car ce grand résurrccteur du passé vous rend tour à tour lâcbcavec
la plaiup. atroce avec Saint-Just, héroïque avec Hoche et Marceau.
La Révulutiun vous apparaît vivante, réelle, imminente, il semble
qu'elle va rretimmencer demain. Quod Di otntn avertant f Relisez
Michelet dans le Précis de la lUvoUtion française (Marpon et Oela-
grave) (|ue vient de publier M'"" Michelet, et où les sept volumes de la
grande hisloir*^ ont éle réduits avec une habileté et une exactitude
merveilleuse:* en un seul volume, vous retrouverez cette impression
peut-être plus puissante encore. Nous voudrions voir celivre dans les
FIlIfCE.
443
mains de tous les jeuneâ gens. Le momenl de la critique viendra
ensuite ; mais ils garderaient au fond du cœur l'impression inou-
bliable du tragique enfîintement de la France contemporaine.
Aujourd'hui, c'est la critique qui l'emporte; et ce sont les côtés
négatifs ou sombres de la Révolution que les historiens paraissent
surtout disposés à faire ressortir. A un certain point de vue, nous
sommes disposés à nous en féliciter, car il est bon que notre démo-
cratie voie à quels dangers, à quels désordres, à quelles catastrophes
conduit la désorganisation des pouvoirs publics et la domination des
minorilC:> violentes décorée du nom de souverain(;t''> populaire. Mais,
au nom de t*é()uilé historique, nous protestons contre uup tendance
qui méconnall ta vraie ps}'cho]ogiu de l'époque révolutionnaire. iNous
n'adressons pas ce reproche à M. \VAr.i.o:v, qui avance rapitlement
dans son Histoire du Tribunai Révolutionnaire de Paris (Hachette),
car il se borne a analyser une à une les atfaires soumises au terrible
tribunal, et il n'y a pas a.ssurément de circoiislauces atlénuanles a
présenter en faveur de cet odieux instrument de tyrannie dont la pro-
cédure était ta négation même de la jusUcu. Les volumes Ul et IV
qui viennent de paraître contiennent les pluâ intéressantes parmi
les causes célèbres de la Révolution ; relies des lléberlistes, des Dan-
tonistes, de M"" Elisabeth, la cunspiration des prisons, etc. Ce cons-
ciencieux dépouillement des cartons des archives n'apporte aucun
élément nouveau d'appréciation sur les événements ni sur les
hommes de la Révolution , mais il met au jour un certain nombre
de documenta curieux, des traits inédits. Si M. Wallon échappe
au reproche de partialité |)ar la nature même de son œuvre, nous ne
pouvons en dire autant de plusieurs autres ouvrages qui viennent de
paraître. M. Victor Pif.kre, dans un livre^ intéressant d'ailleurs, sur
i'École U)us la Hétolution françaûie \?>(K\êléhlb\i0irni\ih'u\UK], montre
bien l'impuissance de la Révolution à répandre l'instruction primaire
dans les campagnes, mais ne rend pas justice aux idées, aux inten-
tions et aux eiforts des révolutionnaires, intentions que leurs héri-
tiers réalisent aujourd'hui. — Le l)aron de Lajre a entrepris de
continuer avec les notes laissées par M. MoRTivKH-TEh^ivx/V/Mftnre
de ta Terreur (Levy), suspendue au septième volume. Le huitième,
qui vient de paraître, s'étend du 2 juin au 27 octobre 4703. U est
consacré â rélabUsscmeut de U Constitution de 1793, â l'organi»a-
tion du système terroriste, aux commencements de la guerre de
Vendée. Il est loin d'olTrir le même intérêt que les précédents, bien
qa'il soit écrit avec calme et avec clarté et qu'il uoua apporte
quelques documents nouveaux sur la résistance des Girondins en
pruv'moe et sur la Vendée. Le quatrième volume du grand ouvrage
4U Bri.LBn^ msToiiiQni.
de M. SciODT sur V Histoire de ta comtilution civile du ct*rgé (Didot).
bien qu'il renferme une foule de renseignements inédils Urés des
archives nationales, ne nous semble pas aussi approfondi que les,
prnmlenls. Il t'ondensc on un seul volume la longue période qui '
s'étond de la Hn de 4793 au Concile national de 1804 -, cl surtout il
est écrit d'un bout à l'autre sur In ton violent d'un pamphlet.
L'ouvrage de M. TiisE doit être mis à part parmi tous ceux qui
sont consacrés à la Révolution, non seulement parce qu'il est dû à
un des penseurs et des écrivains les plus puissants do notre temps,
mais aussi à cause du point de vue auquel il se place. Il ne faïl pas
UHR histoire de la Rmilution, il cherche dans l'histoire de la Révo-
lulïon les Origines de ta France contemporaine. Après avoir montré
dans son premier volumeà quel |ioinl Vancien régime était oppressif
et vermoulu, il a analysé dans le second tes raisons pour lesqut!lles la
Consliluante, en supprimant toute la force et toute la cohésion du pou-
voir exécutif cl en remettant ta puissance publique au peuple même,
aboutit a Vanarchïe. Dans le (roisièmc volume qu'il nous donne
aujourd'hui, il décrit la Conquête jacobine (llachetle), c'est-à-dire le
système par lequel une mluorité violente a imposé sa volonté à la
France lout entière. Il est impossible de décrire avec plus do
vigueur, danaljser avec plus de netteté que ne la fait M. Taine, les
fautes, les crimes du parti révolutionnaire, et l'étal d'oppression et
de terreur dans lequ(!l il a W.uu la natiun eiiLiêre. Il a accumulé une
masse de faits, nouveaux {Hjur la plupart, appuyés par de:« textes
précis, qui nous font coonajtro l'élal des esprits et la vie quotidienne
dans la France entière. 11 a disséqué dans un chapitre d'une rare
vit'UBur les défauts de l'esprit jacobin \ il a mis à nu la faiblesse des
Girondins qui ont poussé à la guerre étrangère par haine de la
royauté vX qui ont été les premières victimes de sa chute ; il a enfin
terminé son volume par une des pages les plus éloquenles qu'ail
jamais inspirées l'héroïsme des années révolutionnaires. Et cependant,
je dois l'avoutT, jusqu'ici, si Je vois bien dans le livre de M. Taine co
que la Révolution a eu dfi funeste, comment les ruines qu'elle a faites
ont préparé la France aux fléaux du despotisme et de la centralisa-
tion excessive, je n'y vois pas les résultats positifs, sociaux et poli-
tiques qui l'ont fait aimer jusqu'à la passion du peuple même
quelle a fait tant souffrir, qui ont étendu son influence sur l'Kuropc
entière, ni les grandes idées qu'elle a proclamées et répandues et
qui triomphent partout aujourd'hui, ni même la vraie uature des
scntimRnts et des idées des hommes de la Révolution. Je n'y trouve
ni uni; philosophie, ni une psycliologie D^mplele de la Révolution,
mais seulement des |>oint3 de vue partiellement vrais, exprimésavec
FBA^fCe.
415
une rare énergie. En prononçant plus haul le mot système^ j'ai
indiqué le vice capital des théories de M. Taine. Il représente la con-
quête jacobine comme le fruil d'un plan précunçu, froidement
accompli par une poignée de scélérats^ el méconnaît tout ce qu'il y
eut de spontané, de fatal, de complexe dans cet événement, où pour-
tant la direction du mouvemenl ne reste pas six mois de suite dans
les mêmes mains, où roémeT à vrai dire, les hommes ne sont rien, el
la logique des (ails et des idées, tout. I^.e qu'il y a d'exclusif dans les
théories de M. Taine le conduit a une série de contradictions.
Dans son second volume, il n'a montré que les IHutes, les erreurs, il
a dépeint la France comme déjà (omt>ée aux mains de la populace, il a
foil un tableau si ridicule de la prise de la Bastille, des fédérnllous,
des séances de la Constituante, que l'on n*a |)as pu croire qu'aucun
homme sensé ait éprouvé la moindre sympathie pour une révolution à
la fois aussi hideuse et aus.si grotesque. ; el i>ourUmt dans le troisième
volume il nous nionlro une foule d'hommes honnêtes, intelligents,
appartenant aux classes les plus cuitivées, qui, après avoir partagé
l'enthousiasme de 89 et de 90, ou se retirent et se cachent, ou émi-
grent à leur tour, ou tombent victimes de la Terreur. Us tombent
victimes, et pourtant Ils ne cessent pas d'admirer et d'aimer celle
Révolution qui les tue; étrange phénomène que M. Taine n'explique
jMis. Unonsdémoritreaussiquelesëlpcttonspourlal>ê.gislativedevaicnt
n'amener â l'a^senihlee que de:^ hommes sans valeur, sortis des der>
niers rangs de la société ; il peint les Girondins suus les couleurs les
plus défavorables ; et ces raême^ hommes devicnueul pour lui sous
la l^unvenlion les représentant'^ de la classe aisée et éclairée, des
hommes honnéles el soosés. ËnGu il trouve que la France héroïque
des armées console des crimes de la France scélérate des clubs ; il
oublie que c'est la même bien souvent ^ que plus d'un des conven-
tionnels, dont les motions à la Iribune nous paraissent à la fois
ineptes et atroces, a été à la n'ontière la plus pure incarnation du
{tatriotiâme, <pie, dans ces Âmes troublées, le bien et le mal, ta cupi-
dité et le désintéressement, l'amour de la liberté et rinstinct du des*
potisme se trouvaient mêlés et unis. Il supprime tout ce qui explique
les violences : les conspirations réelles des nobicâ \ les intrigues do
t. Sor ces coospiraUom doat les mémoires et Im corrcspoadaores Ja temps
do la Etérointion aouâ parlent sâns cesM, mai» qui resteat aMcz obscures,
U. E. Dauobt vifiit i)h [iiiblier un volume du plu» vif ialcrti -. Uigtoire des
coHipiratiom royaiùtes du Midi soiu la Révoluiion (17110-1793), consacré au
camp du Jali>s, à la iMiispiratiuii de Saîllan.^ rt k rinrturrerliiMi du Charrier
dans l'AvejToa. — M. Daudcl a mis au jour dans uu récit des plus éiuuavanls
des failA presque inconnus. Od peut dire «lu'il a révél<^ tout ua c^té i^nori
4f6
BtrUBTfX BISTOaiQUK.
la cour el du clergé, les ogrussions de rétrftnger-, il ne moatrc pas
que la crainte consUntc de perdre les flruita de la HévoluUoD
sunixcjiail les cerveaux jusqu'à ta folie.
M. Taine simplifie la psychologie des Jacobiiiit comme les Jacobins
simpliftaienl la société, il lu simplifie en la mutilant. « Ajoutez donc
le hien .1 côté du inni. (>„s sceptiques cmyalent à la vérité prouvée et
ne voulaient fiu'elle pour maîtresse. Ces logiciens no fondaient la
société que sur la justice, et risquaient leur vie plutôt que de
renoncer h un théorème établi. Ces épicuriens emtfrassaient dans
leurs sympathies l'humanité tout entière. Ces furieux, ces ouvriers,
ces Jacques sans pain, sans habita, se battaient à la frontière pour
des inlérél^ humanitaires et des principes abslraitâ. La gèiiérosîté et
l'iMithousiasme oui abondé ici... lis sont dévoués à la vérité
abstraite... Ils ont suivi la philosophie... Ils ont eu pour but le salut
universel... Ils ont combattu le mal dans la société... ils ont été
généreux. Us ont eu un héroïsme sympathique, sociable, prompt à
la propagande, et qui a réformé IKurope'. » — Oui a écrit ces lignes?
C'est M. Taiue\ parlant de Carlyle dans un passage où il semble
jilacer les révolutionnaires franoaià au-dessus des puritains anglais.
Il y avait peut-élre quelque exagération dans son point de vue
d'alors ; mais n'êtait-il pas plus près de la vérité qu'aujourd'hui où
il ne voit dans la foi des révolutionnaires aux idées abstraites et
absolues qu'une sorte de maladie de l'esprit et du cœur? M. Taine a
euw>re restreint la portée de son œuvre par la préface placée en tête
du troisième volume. La conclusion qu'il tire de ses études sur la
Révolution, c'est qn« la politii]ut! e.st cliose complexe et doit être
cunOéc à des gcn.s instruits et expérimenlés. Une époque aussi
troublée que la Révolution ne me parait rien prouver à cet égard,
à supposer (]ue l'idée soit juste en elle - mémo. II y a bien
d'autre.s leçons à tirer des Livres mêmes de M. Taine, des leçons plus
profondes et plus neuves. M. Taine a montré, mieux que personne
ne l'avait Hut avant lui, le danger des idées les plus nobles tomtuint
dans dns ccrv&iux mal prèpai'és, Tirripossibilité de IransfurmiT tine
société par des procédés radicaux au nom de principes àpriort, la
nécessité de certaines forces coercitives dans un étal pour em|>êcber
les bêtes fauves qui sont dans le cœur de l'homme de se déchaîner,
rimmense disproportion entre les aspirations de l'homme et ce qu'il
est capable de réaliser; enfin et surtout il a mis admirablement en
lumière les défauts du caractère IVancaîs : la faiblesse des hommes
de la Révolution en prciTintic. M. D.iudet Jans m préface parte avec raifton de
son ittijiarlijIJté. Nous ne l'avons Jiimais trouvée co défaut.
1. IJiit. de la litt. angl., IV, p. 'âHb.
riit;HrK.
417
modércâ qui, aux premiers dcbuires, se découragent et se rulirûiil do
l'aclion, l'aveuglemenl des partis conservateurs qui poussent à la
violence dans l'espoir d'une réaclion, l'instinct despjjtique qui natl
chf^z les Franr;ai5 lic leur foi dans ta vcirilé. absolue dp leurs idi^ cl
de leurs princi|>e5. Voila quelques*uDS despoinisde vuequi donnent
à l'ouvr:i|j;e de M. Taîne son puissant intérél. c( son nlllili'' st>cijik'.
Ce qui fâit par contre la faiblessr du liTn- de M. TaJne, c'est
d'avoir voulu, à la suite de M. Morlimer-Ternaux, identifier la
période de la Consliluante avec celle de la Terreur, à ce point que
3on troisième volume semble presque une ré^wlition du second ;
d'avoir été insensible à « ces temps de jeunesse, d'enthousiasme, de
fierté, de passions généreuses cl sincères, dont, malgré des erreurs,
les hommes conser\'eront éleruellement la mémoire, et qui, pendant
longtemps encore, troubleront le sommeil de tous «ux qui voudront
les corrompre et les as8er\'ir '. » — «i Quelque vittlenls qu'aient été
lescoupsde la Révolution, écrivait M""* de Rémusat en 1805, quelques
plaie» (|u'L*lle ait ouvertes, et quelque (race douloureuse qu'elle ail
laissée de son passage, je crois que toute cette cpo<{uc imposera à la
postérité, et qu'elle reculera et élèvera encore la gloire du nom Fran-
çais. > Si M"* de Rémusat, dont la fbniille avait été cependant si
durement Trappée par la Révolution, disait cela, mais tout bas et à
son mari seul à une ét>oque où l'un n'aurait pu sans danger parler
«iDsi tout haut, c'e>:t que la grandeur bienfaisante de la Hérolution
remporte sur tous ses erimiîs.
On éprouvera cette mémo impression en lisant les lettres de M. de
Staël Holstein, publiées gvar M. Lboczof Le Ikc^. Ces lettres, qui
s'étendent de ns3àfov. 1792, nous montrent un speclateur étranger,
évidemment impartial par situation comme par caractère, qui note
jour par jour le mouvement des esprits, rendant hommage aux
nobles sentiments qui inspitont la Constituante, l'enthousiasme excité
par les réformes, et puis aussi les fautes accumulées [>ar 1^ roi, la
noblesse, le clergé, les Constituants eux-mêmes, précipitant le cours
de la Révolution, do jour en jour plus violente et plus désordonnée*.
— M. Léouzon Le Duc ajoute à ces IcUres celles qu'écrivit en I7'.ï9
U. de Rrii]knian. Bien que ce; dernier fftl un e8i)rit moins fin et moins
clainoyanl que M. de Staël, le récit des préjmratifs du in brumaire
1. ToeqDCTille, l'Ancien r^^me et ta Réfolution, p. tu.
?. Correspondance diplomatique du baron de Slaêt Hotitein, ambassadeur
de suède n» fronce *( de urn succesieur comme chargr d'affaires, le baron
Brinkman. Documents indlit« itur l« RêToluUon, 1783-1799, rfcueîllU atu
arcJuves royales Je .Suède Pt (lubliétt a ver une iaIrndnrUun, Parin, Mai'liPtl?, IR$1.
3. Oa reni.)rquerii les ju(;etnCiiU de M. de Sla«l sur Vergennea. lls^ualenU^
rement d'accurd avrr reui qu'a émi» îri luÊine iL Tratr.tieTaky.
Rbv. UiSTOa. XVI. 2« pas*;. 27
\tii
BrLLSTin ll»TOai<}CB.
ot iJe rétablissoraenL du consulat ronne un épilogue piquant aux
lellres qui décrivaient les premières phases de la Bévolulion.
Ce sont aussi les premiers inomenLs d'enthou^osnitt el de foi que
nous retrouvons dans tes dtH^umenls publiés parM. R. Rbuss* et qui
nous offrent à la fois le tableau des évéacmonts qui se passent
à l*uris et de ceux qui se passent à Strasbourg. Les lettres des
députés el des magistrats de StrastH)urg sont des lémoigna^'es éma-
nant d'hommes hoauétes, modérés, sincères, et ont à ce titre une
haute valeur. Noos souhaiterions que M. Reuss put continuer ce
recueil qui nous donnerait, au jour le jour, la vie de Strasbourg pen*
dant la Hévoiutjon. L'essai de M. SBiMceiiaiBr sur Strasbourg pen-
dant la Bévolulion (Berger-Levraulll pourrait alors être repris avec
des informations plus complètes et plus précises. Tel qu'il est néan-
muias, il se lit avec un vil' intérèL et fait comprendre (ce qui reste
obscur après la lecture du livre deM. Taine), comment l'Alsace, bien
que Ica passions rêTolulionnaires y aient été moins violentes qu'ail-
leurs, n est devenue passioiuiéraent française que ^râce à la Révo-
lution. On re^'retleche/. M. Âcinguerlet mi parti pris d'indulgeoce à
l'égard deâ révolutionnaires qui fait perdre à ses personnages beau-
coup de leur originalité.
Le livre de M. Duval Joitve sur Montpellif.r pendant la Hivolution
(Mouti)eilier, C. (iouiet. 2 v. în-12] est écrit à un point de vue bieu
plus partial encore. On y trouvera néanmoins des documents inté-
ressants, mais mis en œuvre avec peu d'habilelé. L'histoire générale
vient trop souvent s'y mêler à l'histoire provinciale.
Signalons en terminant un 1res curieux chapitre de l'hisloiro de
Nantes pendant la Révolution : Le samcuioffe J. J. GouUin^
membre du Comité révolutionnaire de Nantes, nw-nui. (NantoSi
Vincent ii'orûst et E. Grimaud. Paris. Champion, JttSO.) L'auteur,
M. Lii.LtË, a montré dans celte élude les mêmes qualités que dans
celle qu'il a consacrée aux iNoyades. La Qgure de Goullin, trè-s digue
d'être placée â côté de celles de Carrier, avait déjà été esquissée par
Micbelel; M. Lallié Ta peinte dans toute sa laideur dans un portrait
dont nul ne contestera la vérilé. Ci. Mo'toD.
1. L'Alsace pendant Ut finolutiott franfatie. Corrupondance desdépaUa de
Strasbourtt A l'Afijieniblffî niitinnalc (178'.^. Doriiment» Uréx des archivas de
iitrasbourg. Paris, Mschbactier, 1881. — Nous devona encore A U. B. Reass
deui bnu-tiures intéreMantes : StUtffmann Alexandre oh tes jyibviationt d'ttn
israelite ilrnibourgeoU pendani la Terreur. Strasbourg, Trpoltel el VVQrU.
lâSO, vl une notici' e^ur l'Œucre de bienfaisance pour les pauvres honteus,
t780-lâ80, publiée à roccasion da c«ul«iiaire de TmiTre.
'ILLEHACXB.
MO
ALLEMAGNE.
TUTAtn RBUTirS A L HISTOIRE CRKCQtTK.
Fouilles, monuments H inscriptions. — Dans le cours des années
dernières, la scienre allemande a e,ssajp d'étendre notre c<>n naissance
de l'organisation politique et de la civilisalion de l'ancienne Grèce
par l'interprétation des rtréouvertcs faites sur quatre points princi-
paux : à Ol^nipieconuneà Samulbmce, à Pergame comme en Troade,
cet essai a hnliammpnL réussi. L'ex[>édition de Samothrace, entreprise
I>ar Al. Conze, Al. Ilauser et 0. Beondorf sous les auspices du
ministère de l'instruction publique autrichien ', avait à continuer les
recherches de \ S75. Grâce à des ressources très considérables, ces
savants ont réussi à exbumer les fondations d'un temple qui était
consacré au culte primitif des dieux cbthonicns, les Cabires. Ce culte
ÎVkl implanté dans lUc aux temps préhistoriques par les Pélasges de
la Thrace et, à partir du r s. a?. J.-(l.^ se pro[)aj;ea rapidement en
Occident aussi bien qu'en Asie-Mineure. Les fuuilles de Samutlirace
n*ont pas seulement mis à notre disposition une foule de monuments
intéressants au point de vue de l'art, ils ont encore augmenté, quoique
dans une mesure moins considérable, les docunïcnls épigraphiqucs
déjà connus. — Les fouilles d'Olvmpie entreprises aux frais du gou-
vernemcnl allemand *, après avoir mis au jour en ^B7!l eten 4kko un
nombre considénible de constructions, de i)ronzps, de lerres-cuites, de
sculptures, de monnaies et d'inscriptions, approchent maintenant de
leur terme. Au commencement de ^880 le nombre des anciennes
monnaies découvertes, qui avait atteint l'année précédente le chilTre
de <370, s'élevait à 3035, le nombre des inscriptions s'était élevé de
429 k 696. Kurtwaengler, Kirchbolf, Treu, Dittenlwrger cl d'autres
ont publié en IS79 et \H%Q^A&n^V Archxoiogische Zeitung k\m\ ^v^\\.
par les soins de Tlnslitul arcbéolofçique de l'empire d'Allemagne, le
texte et le mmmentaire d'in.scriplions dont une partie présente aussi
de l'importance pour l'histoire romaine.
Les fouilles entreprises par le ministère des cultes de Prusse dans
le terrain du Tacropole de l'ancienne ville ro)'ale de Pergame^
I. ire\u arrkaolngisthe Vntêrguehunoen auf samo^hmie. Aasuief&hrt... tou
Al. Conxf, Ata. Iljiuiier, o. nrnndurf. Wrm, 1830.
?, Die AHxgrabunijenz.» (itifmjHa, tV. Vdmnidtt der Arbeilen und f'iinde
vom Winter u>ut f'riihjohr I87H-?J. Hrsg. t. E. Curliuii, P. Adlw u. G. Treu
Berlin. 1»60.
3. Die t'TgeUniise der Attsgrabungen su Ptrgamon. Vorlaulimer Derichl too
420 BDLtETIX BISTOBIQtIB.
(aujourd'hui Bergama] ne le cèdeal guère en importance a celles
d'Olympie. Dirigées par l'ingénieur Humann qui, comme on sait, en
a pris l'initiative, elles ont conduit à la découverte d'un autel gigan-
lûS(|ue en marbre, compté par Ampelius {lib. ment., VTII, M) parmi
les merveilles du monde. cL de la t'iynntomacInR qui le décorait. On
a réussi ensuite à mettre au jour le gymnase qui se trouvait dans la
capitale des Altolidcs, ainsi qu'un temple consacré à Auguste d'une
maguificcnci! extraordinaire. Les iiLscripUons grecques qui ont été
exhumées, au nombre de 150 environ, ont été publiées et commen-
tées par Gonze et LoUing. — Heinrich Scbiicmaon', aux services
signalés duquel les antiquaires commencent seidemenl à rendre pleine
justice, a continué ses IbuilJes à Hissarlik, dans la plaine de Troie, et,
avec l'assistance du prof. Vircliow, de Kerlin, et Km. Burnouf, de
Paris, mené â boimc fin ses éludes sur la topographie Irnieiine.
Schliemann ne compte pas moins de sept villes diiïérentes, enfouies
sous cette colline après s'éti*e succède dan.s le cours des siècles.
Tandis que la plus ancienne ne se composait que de mai.son8 de
Limon et de bois et que ses liabitaDls ignoraient presque enlièremenl
les instruments et les armes de pierre, les maisons de ctdie qui la
remplaça immédiatement étaient construites on pierres cimenti^es avec
de la terre glaise ; ses liabitanls ne possédaient ni or, ni argent, ni
bronze, mais ils faisaient usage d'armes et d'ustensiles de pierre.
l>a troisième ville, ensevelie a une profondeur de 23 à 33 pieds,
a été exhumée par Schliemann avec son mur d'enceinle complet,
ses portes, son palais royal, et est considérée par lui comme
rilion d'Homère. A l'appui de celte opinion il invoque sa richesse
extraordinaire en métaux précieux et en objets d'art de toute
espèce et ceLIe circonstance significative qu'elle semble avoir été
lirusquemeiit envahie et mise au pillage par l'ennemi : les maisons
construites en briques ont été réduites en cendre par un violent
incendie et parmi leurs débris (disent des squeleUes avec les casques
en tète et les lances au côté. — R. Viiuiuow ^ a décrit minutieuse*
A. Conze. C. Uamaon, R. Bohn, U. Stiller, G. Lolling und O. Rtscbdorfl*. Ber-
lin, 1880 ( Sépara t-Abtlruck aas ileni Jahrbucb tlcr Kg), preiuaitchcn Kuoat-
saramluiigen. 1 Bd.).
t. lUoi, Stadt ufid Land des Trojaaer. Forschiuften a. EnldecJtgn. in dcr
Truas u. be&OQdcrs auf der Baustelle vimTroJn. Mlteincr Selb«lbiogriptiîe dea
Verf. e. Yorrede t. K. Virchow u. Deilrag«n \on P. ABtlierftoa, H. Brugscb-
Boy, E. Burnouf. K. Calvert. A. J. Duflleld, J. P. Matiaffy. Hu Huiler, P. Po»-
(olacca;!, A. H. Sayce u. R. Vircliow. Leipïlg, t88I.
2. BeiUxge zur LaniUikunde der Trotu. Abhundlungen derKgl, Akademit
der WiSKHicimfien :u Beriin. Aus dem Jnbre ItîTO. Berlin. lltâO. — Tr^ja und
iU.KMtC^e.
(21
menl les particularilos relatives à la mer, à la lerre, aux nionlauiies,
à la plaine, aux fleuves et aux sources dans la Troade, eu tenant
loi^ours compte des indications topo^raphiqiics de riliade. La flore
et la faune du pays, comme les occupations, le genre de vie, les
traits caractéristiques de.s habitants ne diflérent presque pas aujour-
d'hui des descriptions d'Homère. Sur la riueslion topographique, A'ir-
chow s'accorde complètement avec Schlicraann et s'efTorfc déublrr,
notamment par des recherches géologi4|uesT que le Mendereh actuel
est le même que le Scamandre d'Homère, qui a chanf^é son ancien lit
en partie ensablé, en partie rempli d'eau de mer. pour un nouveau.
L'Institut archéologique allemand d'.\lhènes a déployé aussi une
grande activité. 11 a dirigé des Touilles dans le tombeau à roupole de
Menidi ' et le temple d'Athénée à Tégée. Les Mittheilungcn desàeul-
achen arckœol. Instilufes in Athen (Jahrg. v. (880) ont rendu compte
de l'activité des membres de Tlnstitut, dont l'intérêt se porte notam-
ment sur raiieiennp lopo^'raphie de la Grèce et les anciens actes et
documents de t'Attiquo. Quant aux textes et aux commentaires d'ins-
criptions grecques Insérés dans les recueils philologiques de rAlte-
magne. tels que Vttermes iHd. XV, 48S0) et le /ïhdRùches muséum
fur Philologie (Bd. XXXV, 48«0), la Revue historique en a déjà
rendu suffisamment compte.
Recherches sur Vautorité et les sources des écrivains tjrecs. — Les
sources écrites que nous possédons sur l'histoire grecque primitive
se sont beaucoup enrichies par deux fragments d'un papyrus égyp-
tien du musée royal égyptien de Berlin, l'es fragments, qui con-
tiennent l'histoire de l'ancienne constitution athénienne jusqu'à
ThémisloeJe, ont été pour la première fois mis au jour par Blass
[Itermcs XV, 1880, S. 373 et suîv.), qui a cru y retrouver des par-
ties du 40* livre des Philippika de Tliéoprunpe ; mais, comme BerjA
t'a déraontrti [Rheinisc/ies muséum fur Philologie XXXVI, 4 884,
S. 87-4 4 S), ce papyrus nous a plutôt conserve les restes inestimables
de la raXtTita 'AOTt;vau.)v (l'Ari^ti)le. On s'est beaucoup occupé des
sources de la bibliothèque historique de Diodore, qui. mieux que tout
autre ouvrai^c do l'antiquité, nous donne une idée de la méthode
d'après laquelle les anciens faisaient usagi- des soumis et nous initie
aux procédés de composition de l'hisLoriographie antique qui nous
paraissent si étranges. Krall a démontré que les Ai-p:r:iaxàet l'iEfi
der Burgberg von Jllssarlik. Deutsche Rundichau. Bd. XXll, &. 26-40. Berûn,
1880.
1. /Mi Kuppf-lgrab bei MrnUli. Uritj;. vom deulsclieii «rclueologisrh«ii Inft-
tllule in Ath«D. Atbfa, 1880.
^22
KLLBTIII HISTORIQUE.
^(r/.o; <Ie Alani'lhon Formenl la source principale du I" livre de
Uiodore' ; mais Uiodure ne s'esL pas cunLeiilê de c«lLe auLorité cl il a
fûiKlu les li.sLes de rois ruurnie.s par Manéthon avec [es gf*npjlogitt
d'Hérodote, à l'aide d'intcrcalations empruntées à d'autres auteurs,
de façon à faire un ensemble bigarré et impossible. L'analyse du
3* livre de Oiodore, par G. Scii?îEii>t;n *, a montré que oel bistoriea
s'était servi, pour le chap. 2 et les chap. suivants, d'Arlemîdoros, et
pour les chap. <2-4*t d'A^atharchides. Les recht'rches de Schneider
aboutisâeiU à une conclusion 1res défavorable sur la méthode critique
de Diodore : dans les parties étudiées par Schneider, Oiodore ne suit
jamais qu'une autorité, qu'il copie mol pour mol sans jamais U
compléter ni la contrôler. Les rechei*cliesdeG.-F. U:<I(;kii sur la ciiro-
uologÎKdu même historiuns'accurdeut avec eejugemeut. H'apréslui^,
Dlodorc a agi avec la chronologie, c'est-à-dire pour la Gxatioo du
commencement de l'année, comme avec les faits historiques : il a
eniprauLo sa chronologie aux âouroes dont il se servait pc>ur les dif-
férentes parties de son ouvrage sans tenir compte deîf coutradi citons
qui en résultaient, sans se donner la peine d'adapter ces différeals
styles au sien, c'est-à-dire au style alliquc. C'est précisément grâce
à cette négligence de Diodore qu'Un^^r a pu découvrir les sources de
plusieurs parties de sun œuvre et établir notamment qu'il s'était servi
tour à tour, pour l'histoire de l'époiiue des successeurs d'AJcutaudre.
de Jérôme de Gardie et de Uiyilos d'Alheaes. — Ou lira avec le plus
grand intérêt les éludes de K. MùiXEn-STRùiraG^ sur la tendance et
l'auteur de l 'AO^aïuv toXîteIï, que l'on a altrilmè a Xénnphon.
L'ingénieux auteur déffloulrc avec sa vigueur habituelle le peu de
fondement de toutes les conjectures faites jusqu'ici sur ce sujets mais
il ne les remplace que |)ar d'autres suppositions purement subjec-
tives : récrit en question serait, d'après lui, le projet d'un discours
prononcé dans un club athénien du parti aristocratique et tendant à
démontrer rimpos.sibiîité du riévclopjKîment de ce parti par les voles
p:icinques ; l'auteur dt' ce projet a voulu m<mtrerque la seule chance
de succès du parti repose dans un soulèvement n maiu armé^î et dans
une franche alliance avec les Lacéd«niomcng. Mùller-Slriibing croit
I. Manetho und Diodor iSitiungsherichtt der Akademie tu Wien. i^kUtH
loph. hislor. Cltmc. lia. 90. 1880, S. 237-284).
^ Qitilms ex fontibtu peiiofrii Diodonts Ubr. tll, eapp. 1-18 [Sj/mbotae toa-
chimiçx. Tlu'il. t. Bvrliti, 1860, S. 710-254). — Le même, J>e Diodori fontiàiu
(llb. i.-iV}. Berlio, IS80.
3. Die Jalirepoche des Dtod<rros [Philoto^ut. Bd. 39, !8fiO. S. 305-32â).
4. Die AtUsche Mfirift vom staat dtr Athener {Philologvs. Soppleinent-
band. IV, tSAO.S. t-188).
ALUMir.XE.
438
pouvoir désigner avec uno grande vraisemblance comme l'auteur
de ce discours, pronoacé entre 417 et 4^4. le dief du parti oligar-
chique, Phrjnicbus. — La question de savoir quand a été composée
l'histoire deThuc}dide, question dont dépendent si étroilunient la
valeur el l'aulorilédecel ouvra^, Tait roljjeldt*^ travaux deG.MKtr.K^
et de P. KiEL^. D'après Mcyer, Thucydide a compilée l'histoire des
années 431-424 peu après la conclusion de la poix de Nicias et This-
loire de l'expë^Iilion de Sicile avant l'an 404. Ces deux écrits, publiés
séparément, ont été remaniés par Thucydide après l'is.'^ue définitive
de la guerre et fondus en un seul ouvrage, dan^ lequel il insérail encoi*c
les parties omises antérieurement d'après les matériaux que l'auteur
avait réunis. 1/opinion de Kiel est plus vraisemblable : comme on ne
trouve dans l'histoire de Thucydide aucun passafje indiquant d'une
fiiçon précise que la composition soit antérieure à la fin de ta guerre
du Péloponèse, tandis qu'on en trouve beaucoup ([ui suppo^nt la
guerre terminée, on peut affirmer que Thucjdide n'a commencé a
rédiger son œu^re rpj'après l'an 404 ; quant a la question do savoir
s'il eu avait préparé certaines parliez auparavant et quanti il l'aurait
f^t, nous n'avons aucune donnée pour ia résoudre. Le livre de Th.
Fell^er* nous fournildcs riMiseigncmcnls trè^ intéressants sur la ft(;on
dont Thucydide a distribué et mis en œuvre la matière historique
qu'il avait à traiter. L'auteur dési^uie avec raison le ti* livre de
Thucydide comme « le moins achevé de cette ouvre iiiaclievée » ;
on y itjnconlre partout des matériaux qui n'ont pas été mis en œuvre,
des oontrarlictions dans lus t^iVs qu'une révision nouvelle aurait fait
di.s|iaraitre. Des discours iropurtanis sont présentés sous la forme
indirecte ou réduits à ({uelques phraseis courtes el cou{)ces qu'il faut
considérer probablement comme le canevas de di'H:4iur$ réelkmunt
prononcés. A oûlé de ce qu il y a d'ébauche dans la forme on remarque
dans le huitième livre tout entier ctttto merveilleuse clarté d'exposi-
Uon, ce iroùt de> considérations générales el cetle habileté extraordi-
naire pour faire des portraits qui n'appartiennent qu'à Thucydide.
Pour une grande partie du 8* livre Thucydide a pu profiter de run-
seignementâ donnes par Alcibiade, avec lequel il s'est rencontré en
I. Quitus temporitfiis Thucydides huloriM avjc partes scripserit (Programni
iitr KlMtcnchule llfeld;. Nordhausen. 1880.
'2. Qho tetnitore Thucifdlda priorem operis sus pariem compoiuerit. Hudot.
lïWO (DiunrUtiu GoUingensift}.
3. FoTschung und llnraieUuntjxrreàsK d«t Thulydidrs gezeigi an tiner Rriiik
des achten ifurftes. Wieo, IStkl. {Vntersuchun'j€n ans der atien Geschichte.
lien -2.)
i%i lOLLKTIH UISTOBIQOE.
Tbrace. — Essiuhs ' s'est occupé îles parties de Justin, qui trailenl
de l'histoire de la Grèce el des Grecs Hr Sicile, J. Df.i,L!iis '' de la rtm-
fiance qu'il faut accorder à Theopompi^. Hdijai'Fel'' a tente une
rcconsUtution de l'hisluriograpliie du iv** et du r* siècle, notamment
des œuvres perdues dEphorc, de Théopompe. d'Ion, de Slesimbrote,
de Pliilochoro cl de Phanodeme. D'après lui, Kphore a elé la source
principale de Diodore j^ur les <l% ^2' et 13' livres de rhisloire
grecque ; c'est seulement dans son ré«it iJft la campa^Tie des Athéniens
contre Syracuse (Diod., XJII, 2-33} que Diodore s'est servi et d'Kphore
et d'une seconde source, qui est vraisemblablement l'hilistos. On
arrive au même résultat pour Justin qui, pour rbistoire {grecque
depuis les guorre-s médiqucs jusqu'en H^y, a suivi Ephore et eu même
lemiia Thucydide ; quant à rhisloire de la guerre de Syracuse (415-
413), JusUn (Trogue Pompée) l'a probalilemenl puisée dans Philislos.
Cornélius Népos s'esl servi d'Kphorc pour les biographies de Thc-
xniâiocle, d'Aristide et de l^usiuiias, et de Thèopompe pour celles do
Cimon, d'Alcibiade, de Théraistoclc el d'Aristide. Enlin certains pas-
sages des biographies de TfaémJâlocle, do Cimon, de Pèriclès, de
Mcias et d'Alcibiade, par Plulanjue, peuvent aussi être rajjportés
Ephore cl à Théopompe. — Voi-lbricht * a contrôlé la valeur histo-^
rique de l'Analiase di^ Xéuuphon eu la comparant au\ autres sources
relatives a l'histuire des années -iOJ et ^00, nulanmient ;i Ct^^sias el
à Diodore. Le douLe élevé par l'aiiteur sur l'exactitude absolue du
récit de Xénophon nous parait pleinement Justifié. — Kgehleh' a
cckiirci la que.^ttioa de l'aulorilé des historiens qui mit raconté les
expetlitiuHs d'Alexandre. G^uharo' a étudié les sources de la biogra-
phie de Démoslhène par Plutarque. D'après Gcbhard, Plutarque a
suivi presque conslammpiit Salyros en le complélanl par quclqiies
renseignements empruntes à Théopompe, a Duris, à Demetrius
Magnes, etc., el par quelques passages des discours de Démoslhène
et d'Iiischine.
OuTHAGEs (;É»éRAi)x BT MO'xor.aAPHiES. — Bn télé do cette section noua
signalerions l'ouvrage de Rimkc, si la HevM ne lui avait rendu pleine
1. Unta-âuchunçen flfrer cUe Qnelten des Pompejut TtOi/us fSr tUe griës» ^
chische und sutliache Getchtchte. Dorpal. 1881) (PreiBSTfarifl).
2. Zur Kritik des {letchtchLxvhreiOrr.'i Tiirvpumptts. Ittnii, 18H(I,
3. VHterattctutnyen Ubrr die DarsIeHung der grieehisctu^\ Gesehéehle von
ISÎt t*U 413 fwr Chr. bri h'phoros, Theopomp u. a. Autoren. LcipzlA- 1S79.
i. Z«r iV'itrdIffunç und Erkioerung vo» Xénophon Anabasis. R«Ubur|;, 1880.. j
5. Fine QiieUenkrUik sur GesckidUe Atfxanders des CnuMH (a Déodor,
Curttus H}ut Justin. Leipzig, 1880.
r>, De l'Iutarchi i» Di'tnofthfnis vita loniibus ac fide. Honactiii, 1880.
AI.LEHAC^E.
425
justice par la plume d'Arnold l>chaercr. Nous n'avons pas la même
raison pour ne pas parler de l'histoire grecque de G. -F. HLRrzsBRr.*,
déjà honorablement connu par ses travaux antérieurs. Ses tableaux
pleins di^ vie, sinon toujours sulTisamuient. fundus, nivèlent un homme
qui connaît son sujet à fond et dans les détails, el font à l'hiâtoire do
la philosophie, de la littérature, des mœurs el de la relif^ion la place
qui leur est duc. L'illustmtion de l'ouvra^'c, qui consiste dans des
reproductions des chefs-d'œuvre de la plastique et de l'arcbilecturo
antiques auxquelles s'ajoutent des cartes et des vues du pays, fâl
excellente, — L'ouvrage dont nous avons maintenant à cntrelejiir
nos lecteurs aurait pu. sans dommage pour la science, rester dans le
portefeuille de Tautcur : il n'a d'une œuvre scientinquc et impersim-
nelle que l'apparence ; en réalité il plie les faits de l'histoire univer-
selle aux concepUons baroques de la prévention personnelle. L'auteur,
M. Julius Sr.HT«Rcz ■, ijui a entrepris une hi.sLoire de la démocratie et
un exposé juridique el philosophique de l'importance des ingtitulions
démocratiques dans le présent et dans l'avenir, a commencé cet
ouvra^^, qui n'aura pas moins de 6 vol., par l'histoire de la démo-
cratie athénienne, «[ui sera prochainement terminée. L'idée qui forme
le lien dea parties pnrue^s jusqu'ici et <|ui fait à l'ouvrage comme une
enseigne voyante, l'idée à l'appui de laquelle le savant auleur no se
lasse jamais de tracer de nouveaux tableaux, d'invoquer de nouveaux
exemples, est celle-ci : Le peuple athénien du iv* et du V siècle n'a
pas eu ces (jualiU's morales et intellectuelles que les historiens lui
ont attribuées. Ija vanité el la cupidité, Pinconstanœ et l'amour delà
volupté, l'intolérance et la cruauté forment les traits caractéristiques
de ce peuple au temps de sa prétendue grandeur-, ses hommes les
plus distingués ont été presijue Ions des intelli^'cnce^ médiocres en
même temps qu'ils étaient souillés par dos vices de tout genre. En
un mot la démocratie athénienne, à part ses créations dans te domaine
esUiétique, n'a presque rien fait ptmr la civilisation. La place nous
manque malheureusement ici j>our signaler el réfuter en détail,
comme nous le voudrions, les attaques aussi frivoles qu'excessives
de l'auteur contre les grands hommes de la race hellénique, nolam-
menl contre Péricles, SnphiKle el Deniosttiène. Nous devon.s nnus
contenter de dire que quiconque voudrait adopter lu clironii]ue scan-
I. G«$eMckte t-Ofi tlel'as und fton. 1 a»ndi>. Berlin, 18701880 [AUyemeine
GeschkhU in Einzeldorsteltun^en, henuf^tf,. von W Oni'koa, Erale Hau|>l-
ablhrilung. :> Theil).
?. i>ie Demokratie, Bd. I. Ertle Haifte. ZweU« UalRe, erale und zweit4>
Ablheilnng. Leiptig, 1977-1880.
426
BCLLETin OISTORIQUE.
i1aleu3Q comme guide pour &o feire une idée des peuples civilisés de
notre temps, scrail cerlainemenl amené à Iracer une caricature de la
société aciupllp encore plus repou-isanle que cellp que la société alhé-
nionne présente danâ le livre de M. Schvarcz. Que la »évérilé de l'auteur
puisse avoir raison sur quelques points contre l'admiration très exa-
gérée des philologues allemands pour les Hellènes, nous ne le cod-
testons pas; mais un écrivain qui traite Thucydide d'ignoranl el
d'esprit borne. Uémostliène de lâche, de havard égoïste elde traître.
Sophocle de vieillard déijauché admirateur de la pédérastie, et qui
se Qatte d'arriver ainsi > par ta méthode inducUvc « à réfuter on
qu'on a dit fie la valeur intellectuelle de la république athénienne, un
tel écrivain prouve simplement par de pareilles fantaisies la valeur
exagérée qu'il accorde aux caquets des comédies satiriques, aux dis-
cours parlementaires passionnes et aux articles de journaux, si peu
propres à faire comprendre la vio intime d'un peuple. Si les Allié-
nien.s furent nn grand peuple, ce n'est pas t.'ml à cause des noms
fameux qui brillent dans leur histoire qu'a cause des idées exprimées
par leur litCcrature, leurs arts plastiques et leur philosophie, idées qui
ont dirigé le monde antique et exercé é^'alcmcnl une iulluence iacal-
culablu sur le développement intellectuel des temps modernes. Vou-
loir représenter ces grandes idées comme celles d'un peuple d'une
intelligence médiocre, souillé par des vices contre nature, est un blas-
phème insensé qui se condamne lui-Diêrau. — L'ouvrage d Alexandre
KucoMiRi est inspiré par uno tendance diamétralement opposée à
celle de Schvarcz : il a pour but de jusUnci' les républiques antiques
des reproches qu'on leur fait, il contribue à une réaction salutaire
contre les phrases de jour en jour plus répandues sur ■ l'absolutisme
intelligent ». 11 est évident que l'auteur, qui, d'âpre sa propre
déclaration, s'adresse au grand pubhc, n'a pas, pour bien des détails,
tenu compte des résultats des dernières recherches, qu'il a fermé les
yeux sur plus d'une imperfection de la démocratie grecque et qu'il
n'a pas toujours ren<lu justice aux ({ualiléa personnelles de leurs
adversaires, les partisans do la monarchie ; l'image que l'auteur nous
donne du déveluppement pohtiquc dcsGrecs n'en est pas moins fidèle
dans son ensemble, el le ra|)prochement constant établi |>ar lui entre
les événements particuliers et les transformations des institutions
politiques, des croyances et des mœurs, distingue avanlageusoment
ce livre qui a encore le niérilc d'être écrit avec beaucoup de vivacité.
Ou trouve une remarquable contribution h l'histoire du système
politique (lu Péloponè.se dans le 1" vol. des Hecherchet d'histoire
\. Gesctiichte de* Dethokratu. Btl. 1. Alferthum. linnhir%, 1860.
ALLEU âG^E.
427
grecque de G. BtrmtT', dont Tautciir a Tait surtout un complémeul
de son histoire des Laoédémoaiens el de leurs alliés '. Le plus împor-
lAiU des trois incmoires réunis sous ce litre nous pamil <Hre celui
ijui traite des rapfiorts de Sparte avec le sanctuaire d'OI^MuiMC ol de
l'origine de ta plus ancienne confédératioTi du Pcloponèsc. E. Curtius
avait It^ piremier oxprimé, dans le tome I de son histoire grecque,
Popinion que cplln non fédéra lion avait été une association d'États
politique el religieuse dont Olympie était le centre religieux et Sparte
La capitale politique ; il avait maintenu contre les attaques de Busoll
et ex|K>sê sous une forme plus précise et avec oue argumentation
plus forte sa première opinion dans un article de VHermn (vol XIV,
1879, p. 429 et suiv.). fiusolt essaie de nouveau et, à notre avis, avec
succès, de démontrer ipjo cette hypothèse est insoutenable ; il ne
conteste pas seulement quTJlympie ail été le sanctuaire de la confé-
dération Spartiate, il met même en question le caractère religieux de
cette confédération qui, dès son origine, n'aurait représenté que des
tendances purement politiques. Si Sparte |>rétendil plu^ tard avoir
pris une part prépondérante a la fondation des jeux olympiques, elle
avait pour cela de bonnes raisons : en se présenlaut comme l'béri-
lière léçitime de IVlops, fondateur présumé de ces jeux, elle croyait
donner un nouteau fondement à son antique suprématie sur le
Péloponéee. Le second mémoire s'occupe de riiLscription des l'^hala-
driens récemment découverte à Olympie a^x des rapports de la Pisatide
avec l'Elide après rauéantissemeni du preoiier de cesÉUts. fc)n dépit
des doutes i^raves exprimés par Curtius, l'auteur persiste ici encore
dans sa première opinion, que Pisa a été le nom d'une coiïlrëe el
d'une confedéralioii d'Klals et jamais celui d'une ville. 1^ truisiente
mémoire est relatif à répoi]ue de la guerre du Péloponése, dont la
période la plus obscure, celle des années 42I-41S avant J-C, est de
la pari de M. B. l'objet d'une élude approfondie. Il chercliesurtoutà
éclaircir les dilTérentes phases de la politique ar^ienne qui, avec une
inconslàoce incompréhen.'^itde, tantôt poncliait i>our l'aristocratique
Sfiarte. tantôt coquctlait avec ta démocratie alhéiiieune. Il y avait du
reste peu de ville^ du Péloponése qui ne fussent le théâtre d'une lutte
entre l'oligarchie et la démocratie, el la politique du parti démocra-
tique voyait toujours dans Sparte une ennemie. Considérée à ce point
de vue, la bataille de Maotinéc acquiert une im[}ortance extraor-
dinaire : elle ne fut pas seulement un coup funeste pour la confédé-
ration argieonc en [)articulier. elle a.ssura aussi pour longtemps au
1. ForschunçcH iur Crirchlschpti Geichichte.'^cW I. Brcslta, tôfll).
î. Ton»? I. r.ei|.zig. 1878. Cf Revue hUt., XII, i09.
42ft RQLLBTtK niSTOITOCB.
parti oligarchique, la prépf>nrlérance dans la confédéralioD d'ÉtaU du
l'i'IopnnRse. — B. N»:«(î ' a fait une critique très acerbe du livre d?
HusoU ^ur les Lacédémoiiienâ eL leurs alliés cl mià la critique en
garde d'une façon irès digne d'allcntion contre l'emploi dos sources
de l'hisloiro grecque primitive, le plus souvenl fort suspwles. —
B. Stahk' s'esl propose d'éclaircir les premières relations des Grecâ
avec le peuple d'Israël ; tandis i]ue dans les temps primitifs le nom
do lavan désignait les Ioniens, la Genèse (10, 4} comprend sous ce
nom les lial)itants de Tartessos. de Rhodes et de Chypre, cl aux
temps helléniques lavan prit le sens d'Hellènes. Le travail dn H. Doii-
DOHFF^ offre, des rerriarrpies jusles, sinon neuves, sur la constituUon
de Snlon et sur Ifital politique, èeonomique et mnral de la république
alhéiiienne à celte époque. U. vox \ViLiiiowiTz-Moi;LLE\DoiiFr a fait
de l'hisloire de la constitution athénienne depuis les guerres médiques
jusqu'à l*èriclt\s rohjet d'un exposé très comjjlel sous ce titre : Aus
Kydathtn *. Si bMucnup des remarques de l'auteur lui ont été sug-
gérées uniquement par son goût pour les aperçus spirilucls, nous
trouvons aussi dans son livre, pour nous indemniser, des recJierches
Faites d'après les sources sur l'orjianisatian militaire d'Athènes. Oïa
est vrai surloul des excursus sur les stratèges athéniens, les officiers
subalternes, les y pc6papxoi el âiti^ntoToi, et du rapprochement des ren-
seignements qui nous ont été conservés sur les contingents des
membres de la confédération athénienne. Les deux dissertations
topographiques : La citadelle et la ville de Cecrops jusqu'à PéricUs
et te marché de Cecrops jusqu'à Clisthènes sont pour l'histoire
d'Athènes d'un intérêt secondaire. Nous nous bornerons à signaler le
mémoire de Steup " sur rentrée des Grecs d'Asie, en 479, dans la
confédération heHénif|ue el l'ouvrage remarquable publié en 1879
par 0. Meltzkr'" sur l'histoire des Carthaginois, si étroitement liée à
cette des Grecs de Sicile, et nous passerons aux travaux consacrés à
la guen-R du Péloponêse. La hêtr noire des historiens à tendance con-
servatrice, le <i fougueux démagogue )> Oléon, a trouvé dans Grolc
d'abord, plus récemment dans G. Gilbert, des juges plus favorables^.
1. Kritiscbe Bemrrhungen Ufier die acUerr griechische Gesehickte uod ibr«
Uebcriicfcrung (Histor. ZettschriH. Bd. XLUl. M. ¥. Bd. VII. p. 384-410).
2. De populo Javan. Ghua, IttSO.
3. Aphornmen iur Beurlheitunç der tolonitchen Verfattung (Sfmbotae
Joachtmicae. Tb. 1. 1880. S. 101-118].
V PkitoioijLtehe VnlertuchuHgen. Hcrniiftfi. T. A. Kieutlng u. V. t. Wilamn-
wilz-MiHIrtidnrr. IlefL. 1. Rcrlin, 1880.
h. ilhfifiitschfs Htvseum fur Philologie. Bd.35, 1880. S. 321^35.
6. (ieichtcht^ der Karthager, Bd. t. Berlin, 1879.
7. Gf. Inrllcle do N. Uatolne, nemte hi$t., VI, 24t.
! reconnaissant à RiiuixGKH* d'avoir entrepris l'analyse
l'iixpoâi': donne par Thucydide de la coiiduilA^ et surluul des idées
polîLiques exprimées dans les discours de Cléon. Le résultat de celte
entreprise est égalemenl honorable pour tous deux : C]i>ou a rempli
jusqu'à sa mort se5 devoirs de nef wiateur et de soldat, el Tliurydido
a recoQDU aaoâ faésiler les services rendus par son adversaire et son
eDDemi. Bûdinger complète la rehabilitation de niéon en prouvant
que ce démagogue a été l'ennonii acharné de l,i débauche, qu'il t'avail
réprimée el qu'il s'esl distingué p<ir des moîurs Lré^ sévères. Il a déjà
élu question du mémoire de Puilii-pi' sur la bataille des Arginuses,
on ne peut recouuailre une valeur scîenliûqueà celui où Webeb^ a
cherché à rcprcsenler le paiihclléDisme comme le principe de la poli-
tique aUiéaienoe depuis les guerres inédiques jusqu'à la domination
maoédonieune. — 11 a paru, dans ces dernières années, plusieurs
mémoires écrits ^ cum ira et studio > sur le Lhéàlre du combat des
dix mille contre le peuple moulagnard de^ Uritcs, combat dont il
est i[uesUon dans l'Anabase de Xénophon. (Vcst à ce si\jet que se
rapporte récril de RicuitA* qui, s'appu.vajil sur une étude très
approfondie de lous les passais de Xénophou relatifs à cet évéue-
mcnt (Anab. V, 2, 6), décrit remplacement de la p-TppiicoXiç des
Driles et les opêratioas dirigées contre eux par les Grecs. — Les
recherches exactes de G. F. U.igbr ^ ont jeté une lumière inallenduc
sur l'époque si importante où le dernier grand homme do la Grèce,
DémosUiène, a disputé à Philippe, par la puissance du sa parole,
l'empire de la Grèce ; elles ont démontré en elTet que l'ordre chrono-
logique dans lequel on a rangé jusqu'ici les discours poUUques de
Démosthène est cnnlrairc à la vérité, (le qu'on appelle la 2" ol}'n-
lliiemie a éle prononcé, d'après la démonstration d Unger, au prin-
temps de 352, la 4" en février 33*. la 4^ philippiqueen octobre 351,
la 3* olynthienne en août 349. Ce résultit, on le comprend, donne un
aspect tout nouveau aux entreprises de Philippe sur la Chalcidique. On
1. Kietm bei Tkuk^dides {SilmngsbfrtchU der Kaiirrlichen Akademie der
Wisaenschafltn in Wien. PkiUuop/ûtch-tmtorûche Classe. Bd. 96, 3. 3G7-1I3,
wieo, idSû).
3. Die ArginuseH-Schiacht und dos Pt^ihlsma des KannoROS {Rkeimiacha
Muséum fur f'hilologie. Ud. 3.i, 1880, S. (î07 o. f.).
3. Die nationuie Politik der Athener. ZàU, 1880.
4. Atte* Hiid neues lur Expédition Xanophons in das Gtbiet der Drilen.
AUenbarg, 1880.
5. Zeitfolge der vier ertten demosthenisdien liedea. (Sitiugsberichie der
^téloêopkisch'phMoçiKhea und historuehen Ciasse der k. bagerischen AkO'
dtmie der WissenscHaften, Ikt. t-3, I&80, ». 273-3Î9.)
À
430
BCLLETTI HTSTOtlgOB.
sait rnainl^iiant que la soumission de toute la cTtle oocîdenlalede la CbaJ*
ddique élailaccomplieà la (inde la première guerre olynlhienne.en 95< .
el qu'Olynlbe était tombée dans la dépeudance de la Macétluine en ce
sens qu'elle devait s'obli^'er [)ar traité à avoir les mêmes amis et les
mômes ennemis que Philippe. l^tt« dcpendanco forcée fut le motif
pour lequel les Olynlhiens, dans les négociations qu'ils entamèrent
jHïu de temps après avec les Alhêinens à l'insu du roi, cherchérenl à
pous^ser ceux-ci à la guerre, en quoi Ils furent chaleurcuâomL'iiiaidéf
par Démosthène. La première philippique a provoqué l'envoi de
Charidèmc avec dix vaisseaux de gu«rre vides el cinq talents, Uindis
que l'envoi de cînquanle lilreme.s sur la côte de Macédoine, n'eut pas
lieu par suite de la lélliargie habituelle des Athe.nieus. — Le dernier
vol. do la remarquable histoire de l'éloquence attique de F. Blàss'
s'occupe de l'activité des amis et des adversaires de Démosthèues. C0^
sont surtoul Hyperidos, Lycurj,'ue, Eschine, Deraadc el Dinarque,
donl l'auteur a mis dans tout sou jour l'importance aus^i bien dans
l'histoire de la guerre gréco- macédonien ne que dans la littérature.
— C. Drœck=' a donné une hio^rraphie pleine de mérite du financier
et homme d'État Lycurgue. — Le.-; recherchos d'A. Ton Sillet' sur
les dynasties grecques de la Bactriaiie et des Indes, presque cnliére-
menl tbiidées sur des dorutncnis numismatiques. nous Iransportenlj
au temps dos successeurs d'Alexandre, ainsi que le travail de NuBt-
DEKB * sur la dérivation du nom d'Atropatene ; le savant orientaliste
a prouvé que le satrape persan Atroi)ate.'^, d'abord l'un des généraux
les plui distingués de Darius, puis partisan et salrapu d'Alexandre,
enfin subordonné au satrape de Médîe, Pithon, s'était affranchi vers
320 de celte dépendance et avait donné le nom d'Atropatene à la
petite Médit!.
Tuviiix SUR LE iinoir ccblic kt pbitiî. — L'année dernière, Usener
[CkronologiseM Beitr.rge, Rhein. Mus. Bd. 34, S. 388-44i| elUngcr j
{P/iiloloffus Bd. 3S. S. 423-302) ont essayé, ch;icun de leur cfité, del
se servir des nombreux psephismes athéniens trouve^s pendant les
dix dernières années pour reconstituer le système clu-onologique
1. Die attiichâ BeredsamkeU. III Abtb. 2 Absctin : DemostheHes «Tenaun
itW Veyftar. L<>ipzig, lli80.
'1. De Lycurgo Atheniensi pecuniarum pubOcurum adméntttnttore, Hindac,
XiSiiQ (UitiMrUIiu Boiitieiii^is].
i. Die .Ytichfotifer Àlexanders das Grossen in Baktrien tind Indien. Berlin»
1879.
4. Aîropatene (ZeitseMfl der deulnhen MorgenUendischen GtieltKhafU
Bd. 34, 1880, S. 692, und folg.).
ftUBiite?rE.
m
intercataire athénien ; dans un nouveau travail, Uuckh' apporta de
nouveaux arguments en Taveur do l'opinion qu'il ^'est f^ile sur cett^?
question et qui diffère sensiblement de celle d'Usener; Unger main-
tient que le cycle intercaJain^ de dix-neuf ans, I" T.wEsiixtSoLZTif (ç
avait déjà remplacé, dans la périude comprise entre 346 cl 323
avant J.-O., le cycle intercalaire de huit ans, tandis qu'Usener avait
assigné à cette sul}Stitution l'an 312. Ad. REDScn ' s'est occupé des
jours consacrés aux assemblées populaires régulières ; J. H. Lirsms*
a cherché À établir que le calendrier athénien avait subi l'inlluence
de l'oracle et de l'amphictiouie de Delphes. Il a conclu avec raison,
d'un document publié dans le Bulletin de eorrespondanee KeUéftiqve,
IV, p. 225 et suiv., que c'était l'ordre de l'oracle de Delphes qui avait
fait adopter dans la 2* anuée de la 83' olympiade la réÀulution d'in-
tercaler un mois, prohalilemenl parce qu'on voulait, pour un motif
quelconque, reculer le mois de la fêle de la Pythie. — L'hypothèse
d'une douille lecture des propositions de loi dans ]'asâ«mblée du
peuple à Athènes, dont G. Gilbbit et W. IUetei. s'étaient déjà occu-
pés Tannée dernière à différentes reprises, a été vivement comlialtue
par le premier * dans mi nouvel article ; le même savant a entrepris
une comparaison très intéressante des renseignements dont nous dis*
posons sur l'étabhsseraent et la suppression des phylés attiques' ; il
a essayé en même temps de déterminer le nombre des grcfllers athé-
niens, qu'il réduit à un seul *. 11 a déjà élé fait menlion de^ commu-
nications de KiRcuaorr sur les fragments récemment découverts des
listes de tribus athéniennes [Monatsbericht der k. preussiicheri AkO'
dtmie der Wisienschaften zu Berlin^ mai 4880], et de celles de
G. ScHiEFsa sur de nouveaux fragments de documents relatifs a la
marine athénienne et sur la division des pbyléâ aUiénienncs en
trituras {.Vittheiiungén des deutschen arc/i^ologischen ïnstHuts i»
JUhen, Jalirg. 5, IK80. S. f3-57, 85-88]. La magistrature des
voiâcçûXmç, iuàtituée par Périclès, rétablie par Uémélrius de Pha-
1ère, est un point obscur dans l'histoire de la coustitutiou athénienne.
1. Dn- Atthche sehatlkreis (Ptitohgus. B<l. S9, 1S80, S. 475-5^6}.
2. Dedéebus cwitiOHum ordftiariamm apud AthtnUiues. SlraMburg, 1880.
3. Zum GrieckiMchcti Kalendtrictten {Iripziger Stadien tur etautschen PM-
tolofie. M. III. Lelpii^, ItiHÛ, S. 2U9-.>t5).
4. Ente und ztreitr laung m dfr AtheHisch^n Volksvenamnhtns {Jahrbià^
cher fur cloa$i»che PhUoioçU. Bd. 1?1, t8SU, S. 529-538).
5. Zv G^icKtcMe der Zwalfzahl der atiisthen Phylen {Phiietoçnt. Bd. 39^
S. 373-376).
& Dtr alhenische HatKschreiber iPhitologut. Bd. 31>, 1880, S. I3I-U7J.
4S3 lutLTmr historiqqb.
STAKkeR ' a âoomîs à une criliqun âtivère \e» renseignemenls rares K
[K^u lâùfâ que nous a lairiâés l'anliquitu sur ce sujet el il a pu esi Lirer
un exposé des alLributiuns do ces magistrats. La suppression de
r^u^page, qui fut remplar.!: |)ar les voixs^ûXxxsi;, (\it amenno far sa
rèâi>taDce aux m oditl cations do la constilution daniit un sons dt^mo-
cralique ; les nouveaux magistrats furent investis seulinnenl du droil
de vélo suspensif contre les propositions de loi, Périclès voul-uiL bor-
ner le plus possible, leur autorité. Encore du vivant de Périclèâ. cel^
nui(^islrnture parait avoir été abolie. PtTKnsex ' a trailo l'hiâLoire des
genfes atbcnienues et leur place dans ta vie publique. V. Tuuiisu'
a étudié dune fhçon très approfondie la répartition des impôts et îles
prestations dins rAtU<|uc. Jules ME^iiHEft ' a fait passer sous aoi
jeux le tableau vivant et coloré de la vie publique d'une grande ville
grecque sous la domination romaine en retraçant la situation poli*
Uque d'Épliè.se après l'an 130 avant J.-C. I^ nombre ex Ini ordinaire
d'inscriptions que nous possétions sur le.s filles grecque» de l'A:!!^
Mineure el dont l'auteur a tiré parti autant qu'il a pu, donne à. son
travail une irrande portée pour la connaissance de la vie publique eo
Grèce. Le fait que des matériaux si précieux n'avaient pas «lé utilisés
jusqulc) prouve que la valeur des documents authentiques pour les
recherches d'histoire grecque n'est pas encore suffisamment reconnue.
On ne renoncera jamais, on ne peut renoncer à essayer une recons-
titution de l'histoire poUtique de la Grèce à l'aide des œuvres des
hisloriena 1res diflerenles par leur valeur et leur autorité, mais on ne
sera sûr d'avoir alleiril ce résultat <|ue s'il est confirmé par les témoi-
gnages des contemporain:^ ou des documents. C'est seulement lors-
qu'on aura fait ce travail qu'on sera en mesure de présenter dans
une synthèse philosophique l'histoire poUtique et sociale de la Grèoe
et des autres peuples anciens dans ses rapports avec l'esprit des
temps modernes.
1. De nomophylacibus Afheniensium. Neisse, l880(Brr»>Iiiapr Dittgertalloo).
2. QuaesUones de hls(oria gentium Atticarum. iscbleftwig, 1880.
.1. Oe civium Atfienietisium utunerll/u» eorumgite tmmunitafe Wien, 1&80.
4. Qiui eoiutidone Ephesii usi tint inde ab Asia in formant pmvindat
redactti. nerlîn, 1880.
Ovvchlcbie des Kircheostaate» von Moiitz Broscii. I Rd.: Dos lyi
mnd xTii Jahrhundert. Golha, Friedrich Andréas PerLhes, ur-
489 p. iQ•8^
Écrire une histoire des États de l'Église depuis l'époque où Jules II
réduisit à uue uoilé sans bomogéoèit^ des états indépendants) est une
entreprise lrÔ5: difTicilo. Le mot allemand Kirchenstaat , qui traduit
États pontificaux, indique déjà cette dinicultê, car it fait ressortir la
contradiction intime inhérente à cette oi^anisalion politique. Le régime
d'une Église ou de l'égUse en général est un système politique inorga-
nique, puisque l'État et TÉglise sont des choses toutes dilTerentes, qui
s'excluenlréciproquement. Machiavel le premierapénetn; neltement retle
vérité. Cest pour cela qu'il a eiclu les Étals de l'Église de !>es cousidé-
rations politiques en justi dant cette omission à sa manière, par une ironie
voilée à la Taçon de Boccace : * Ma essendo quelli retti da ragione
superiore* alla quale, la mente umana non aggiunge, lasccrù il parlame
perché esseudo esaltati e mantonuti da Dio sarebbe uflîciu d'uomu
presuntuoso e temerario di discorreme {Principe^ cap. XI) •. Il u'esi
guère moins diflicile de bien écrire l'histoire d'un tel régime, dont le
chef est te repn>$entant de Dieu sur la terre et doit penser continuelle-
ment non seulement au bien de ses sujets, mais au salut de tous les
hommes, — que de gouverner un pareil Ëlat avec Intel tifrence. Les
considérations qui doivent guider le successeur de saint Pierre dans sa
mission spirituelle et universelle doivent constamment traverser et
inlluencer les mesures les plus favorables i son temporel.
L'ouvrage de L. voo Raoke sur les papes, leur gouvernement ecclé-
»a8tii|ue et civil aux xvi' et xvii" s. est un cfaef-4'œuvTe de l'art histo-
rique.
Le don éminent de ce grand historien d'introduire la coalear et U
vie dans l'histoire générale et individuelle., de saisir avec pénétration
les idées et les tendances générales dominantes, de suivre dans le détail
leur Influence même éloignée en apparence, ce don ne pouvait se
donner mieux carrière qu'eu retraçant cette pnriode de la papauté qui a
suivi la Reforme et àlaquetle rencbaînemeul des grands intérêts généraux
avec des intérêts mesquins et pereonnels adonné un caractère si parti-
culier. On ne voit pas aussi nettement qu'il le faudrait dans l'ouvrage
de Ranke à quel point était insoluble le problème que la papauté s'était
posé depuis, la Réforme, de donner à la fois orfri et urtn des lois attel-
Rev. Histor. XVL 2« rAWi. 28
434
COMPrES-HEXPrS CBmOFK.
gnant leur but et ne sp. neutralisant pas réciproquement, {iroblème qui
ne fut écarté que par la sécularisalioa de Iclat ecclëfiiasLiquei qui i*n
éUmina uu des termee. Kauke ne voulait d'aiUeur>< qu'exposer au point
de viiy purcmrut historique la succession des LenUitives faites pour
rpsoudre ci? problème, et il pouvait Ui fairr? sans mniin' trop pd évïdencp
ce <fu'il avait d'insoluble, car il devait erabrasiwr dans son eusemblr
l'activité d^ la papauté après la Reforme et il n'avait pas par conséquent
à tenir comptR des échecs particulier» de ces tentativea.
Au contraire, celui qui essaie de faire l'histoire de la papauté dopai»
ta Héfurmalion â l'un ou à l'autre de ces points de vue, soit comme
gouvernemeui de l'Ëglise, Hoil comme (fouvemeaient temporel, celui-là
doit marquer davantage celte contradiction et juger plu» sévérf^menl ce
qui s>£t paKSé. Les papes ayant on général fait passer les intérêts do
t'Ëglise avaut ceax de tear temporel, ayant surtout considère celuî-ci
comme un moyen et le gouvernement général de l'Égli^ comme le but,
une histoire dei4 élab: du saint siège doit nécessaireiuent revêtir de^
couleurs moins favorables qu'un exposé du gouvernement de l'Èglist
calholique par la papautc, ceci soit dit sans vouloir dissimuler que
l'histoire du catholicisme a souvent subi l'induenee décisivo des préoc-
cupatiouâ iuspirées aux papes par Uur temporel et par le népotisme.
La justesse de cette idée est dêmoatrt>e, selon nous^ par l'ouvrage que
nous annonçons et dont la première partie est consacrée par M. Brosch
à rbistoiru des Étais de l'Égliso depuis Jules Q jusqu'à Innoceal XJI
(U'J2-1"00). Son récit ne fait passer sous nos yeux aucune figure sym-
pathique. Les écrivains d'un catholicisme à toute épreuve accuseront
ce recii d'inexactitude et traiteront cet ouvrage d'ouvrage à tendance.
Je ne crois pas qu'ils puisseul justifier celte critique. Loi-squeM. Drosch
entreprit pour la grande coUoctioa d'Heereu et Uckert un ouvrage en
quelque sorte parallèle à l'histoire du grand duché de To!:ca.ne, pubUê
par RcumoDt, il était déjà occupé dans les archives de Venise^ ville où
il s'est Uxé, d'études sur l'hisloire de l'État de l'Églii'e. Brosch a pré-
senté le premier résulta important de ces études dans l'ouvrage inti-
tulé : Papst Juliui II unddir Grlindung fies KircJienstaaies. Gotha, 1878.
Comme cet ouvrage, cehii dont nous nous occupons porte le caractère
que lui ont donné les relations des ambas^deurs vénitiens, principale
stmrctt l'uiployée par l'auteur. Cela ce veut pas dire que Drosch n'ait
pas prolite également des ouvrages imprimes importants. Si les reca-
lions vénitiennes, publiées ou inédiles, ont particulièrement attàré son
BtlentioD, c'est qu'elles nous éclairent mieux que tous les autres docu-
ments sur les questions auxquelles les modernes historiens attachent
avec raison le plus d'imjiortance ; sur la situation économique dm
Éuts d'où ces diplomates instruits dans le commerce datent leurs
relations. En fait, les autres sources de l'histoire des États dt> Tt^Iisc
au XVI* et au xyii" s. n'offrent pus Itis renseignements sur la population,
les revenus, la dette publique, etc., qu'on trouve dans ces relaiioaa
vénitteunes. Que ces renseignements soient consciencieusement uliUaés,
UORITZ BnOSCH
c'est ce que nous g&raatit la coiisdeoce avec laquelle M. B. unTailte
d'habitude. Si d'antres archives qae celles de Venise^ celles ^e Munich,
par exemple, avaient été eiploilées au m^me degré, certaines assertions
de M. B., celles notamment qui concernent lee rapports dX'rbain VIII
avec les puissaoces de la guerre de Trente Âns^ auraient pu t^tre pré-
cisées d'une façon plus rigourrunie. Le livre excellent et si inu<ressant,
récemment public parGre^orovïussur les rapports directs d'Urbain VITl
avec l'Espagne, la Bavière et la France^ et ses rapports indirects avec
Gustave- Adolphe, ce livre qui démontre péremptoirement l'opposition
complète des intérêts du souverain tempor«»l avpc le rAln du chef dp la
calhoUcité, n'a malheureusemnnt pas pu être utilise par Bros4:b.
L'auteur, abstraction faile d'une courte introduction, qui traite de lu
fondation et de l'origine des États de l'ÉgUse, a divisé son livre en
13 chapitres. Si Ton en retranche troist le 3*, le 8* et le 13*, qui s'oo
cupeut presque exclusivement de la civilisation des États de l'Église
au commencement et à la fin du xvi* siècle, ainsi qu'à la fin du xvti*,
comme aussi du développement de l'art à Home^^ notamment pendant
ta Henaissance, l'histoire des États de l'Eglise aux xvi* et xyn* siècles
se divise en trais parties, subdivisées en tO chapitres. Les chap. I et 2
TOOt jusqu'à la mort de Clemenl VU (1534). Les chap. 4-S contiennent
la fin du ivi» siècle. Les chap. 9-12 sont consacrés au xvn*. Chaque
chapitre se compose de la biographie d'un pape ayant joue un grand
rôle, tel que Sixte V, ou da récit d'événemeats importants pour l'his-
toire territoriale des États de l'Église, comme la dcvolalion d'Urbino.
Nous l'avouerons, nous aurions en ce qui nous concerne adopté uu
plan sensiblement difTérent. Mais en présence de la multiplicité des
rapports, qui composent une histoire des États île l'Églini, du mélange
presque inextricable de mobiles inspirés par l'intérêt général de la
catholicité, par L'inlérét des États de l'Église et par l'intérêt purement
personnel, nous reconnaissons facilement qu'on peut être d'un autre
avis que nous. Il n'est pas possible ici d'entrer dans les détails pour
faire comprendre par des ejEcmpIes cette diversité dans la conceptioo
du plan. £n général uu peut louer M. B. de s'être moutré au niveau du
sujet extrêmement diflicile qu'il a choisi. Le reste de sa tâche ne pré-
sentera pas du reste les mômes difficultés que te début.
O. H.
t. Nous ne Murioas dire pourquoi M. B. ne s'ast pas orrupA df plus prè* de
U conslrucUoD de tcgti^e deSatiit-Picrre, c'est-é-dire du plust^vod tnouutneot
èlcxé p«r U p^pAulé ipr^ U Kéforue.
J
^30 COSIPTES-RK>miS CMnQCSS.
J. WTCRr.aiH. Aibertlno Kossato. Ein BeîLrag zur itaJienischen
Geschichtti des vierzehiUen JahrbunderU. Leipzig, 4880. S. 74,
in-8\
Âlbeniuo Mussalo, l'historien de Tempereur Henri VU, du roi Lou»
de Bavière et dr leur lempe, le poète d'Eccerînis el de rAchiUéis, le
rhèlour et l'autenr de lettres dans le goût de Pétrarque, a mené une
vie si agitée et si mêlée aux luttes de son époque, qu'il mérite bien
qa'oD glaue encore de quoi ajouter de nou\eaux détails aux travaux de
Ooenniges, de Tœche et de Clappetleti. Cest ce que le D' VVychgratD
vient de faire avec succès dans un travail qui est son début d&ne la
science hiaturique. Il retrace en trois chapitres, en même temps que
les vicis&iludee de la Haut«-Itatie, aot&mment pendant les trente
premÎPrRK aiiné^K du iiv« s., la vîr de l'Iinnimp d'État padouao, qui fut,
comme Dante, l'ami et l'admirateur dn Henri VII, bien que celui-ci
l'ait mis après la révolte de Padouo sur la liste des proscrits. Lrs rap-
ports de Mus?ato avec Henri VU forment l'objet du premier chapitre
ip. 1-26]. Le second est consacré aux hoslîtiléa qui éclatèrent en 131^
entre Cangrancle délia 8cala de Vérone et lei; Padouana, et fait con-
naître le rôle de Muss&lo comme agent, diplomatique de «i patrie el le
succès de ses négociations pour mettre iân â ces hostilités, bien qu*il
fût devrnu le prisonnier de Cangrandc. Le couronnement de MassUo
comme poète par l'université de Padoue fut la conséquence de ce succès
diplomatique. Ce triomphe poétique fut l'apogée de la carrière d'un
homme qui, sorti d'une condition plus que médiocre, acquit une gloire
impérissable de poète et d'historien national {p. 27-45). Mais Padoue
ne jouit pas longtemps de la tranquillité intérieure nî de la paix avec
Cangrandc. Celui-ci s'était emparé à la au de 1317 de la position impor-
tante de Monsetice et Padoue se voyait directement menacé. Mus^to
fut alors envoyé pour chercher des alliés contre Cangrande, tantôt i
BoLiigne et à Florence, lantùt auprès des prèlendant« allemands, Fré-
dôric de Habsbourg et T^uis de Bavière. Mais il ne roussit pas à éviter
à sa patrie le sort qui la menaçait. Cangrande devint seigneur {tiçnon)
de la ville et Marsigliu de Carrare fut sou vicaire. Mussato, qui avait
été l'ami des Carrare, fut banni de la ville et, rongé par le chagrin et
le besnin, termina ses jours à Chiopgia en 1330 (p. 46*58). Ce fut à
Chioggia qu'il acheva son travail ; Oe rébus gestis Italicorum poxt mor-
tem fieinrici VU. après avoir terminé en 13H son histoire d'Henri VII,
VHislorxa Augusta. Ce fui là aussi qu'il écrivilson LxuUiVicu% Itavarus. qui
est la source la plui^imporumte pour l'htstoirede l'expédition de Loui^df^
Bavière à Rome. Wychgram traite un peu sommairement de ces
ouvrages dans le chap. IV- Il passe encore plus rapidement sur la tra*
géflie Kcc«rinis, daus laquelle le^î getites des Rccelini da Romauo sont
racontés en vers métriques, sur l'Achilléide, sur les élégies, les soli-
loques, les hymnes el les 18 lettres d'un homme que l'on met à bon
droit & cAté de Pétrarque parmi les précurseurs de la Renaissance.
0. H.
PLOnCHEA : ORLU VlV
&QVICO CISTRLVBTBO. (37
Délia vltm e délie opère dl Lodovlco CasteWeiro, [vir Attilïo
pLoxcnKR. ("^negliano, *fi79. Un vol. gr. iii-8" ric 412 pages, aiiec
un portrait do Caalclvelro.
A lire ce court ouvrage, on fierait tenté de croire que CastelTetro est
une des plus grandes figures do nm temps : c'est le propre ei l'incon-
vénient de bien des monographies. Qu'on replace cet émdîl dans ce
' aips, on voit bien vile qu'il u'y occupe qu'un rang secoudaïrc, et qui
(ferait moindre encore aï sa querelle avec Annîbal C^rn ne lui avait
assuré plus de rcinommée qu'il n'en aurait obtenu gnicc à ses écrits,
désormais oubliés.
Ce n'est pas que je veuille justifier le dictionnaire de Bouillet de ne
lui avoir point fait place dans sa nécropole ; mais l'article que Ginguené
consacre à Caiiielvelro dans la biographie Michaud suffît f>our le bien
faire connaître, et nous en apprend sur son compte à peu près autant
que la laborieuse étude de M. Ploncher. lavolonlairemejit, on pense à
M. Renan, qui, daus une page de ses attachants mémoires de jeunesse,
se déclare humilié d'avoir pris tant de peine pour arriver, en fait de
croyances religicuFes, au résultat qu'atteint pans peine le moindre
gavroche do nos faubourgs. Ce n'est pas à dire que Ginguenc soit
gavroche et que M. Ploncher soit M. R<^nan. Il y a, dans Ginguené, un
savoir qui, après s'être étalé dans sa grande histoire de la littérature
italienne, se fait discret pour les besoins du recueil où il écrit, et il n'y
a pas, dans M. Ploncher, la lucidité profonde, la magie de style qui font
le charme de M. Renan.
L'intérêt du livre de M. Ploncher est tout entier dans la discussion
d'un fait qui domine la vie de sou hérvs, (fauis la collection un peu trop
disséminée des jugement; qui ont été portés à son sujet, et dans la
bibliographie raisonnée de ses œuvres. Quant à la biographie etle-
méme, elle disparaît un peu trop sous l'attirail de la discussion, et l'on
peut dire qu'il faut déjà presque la connaître pour la démêler dans les
pages de M. Ploncher, je veux dire pour distinguer ce qui est certain et
acquis de ce qui est conjectural et discutable.
Il est vrai que, pour notn* auteur, cette querelle de Caro el de Casiei-
\etro est la phis grande de la littérature italienne (p. 23i. Non pas, sans
doute, que les injurei: y soient plus épicées ou plus violentes que dans
bien d'autres r on ne voit pas que ces deux ardents adversaires aient
échangé les mots de monstre, de bourreau, d'assassin, de parricide, qui
étaient, à propos d'un mot mal écrit ou mat interprété, la monnaie cou-
rante de la discussion pour firasme, Scaltger el leurs ennemis. Je trouve
même fort héoiiçnes, à tout prendre, les épigrammes que cite M. Plon-
cher, et par lesquelles il estime que se jusiilieoi les grandes colères de
Cftslolveiro, mais ce qui fait la gravité de la querelle, c'est qu'on ne s'y
est pas tenu aux mot£ de pitissardes ou d'érudits, — alors c'était tout
un : — il y a eu mort d'homme. Un poète, un « cariste ou caresco >,
du nom d'Alberigu Lungo, fut assassiné, le domestique de Casielvetro
os
COMPTBS-RENDCS GSITlQCrBS.
accuse d'être t'âs^assia, ei CasleKelru lui-même proecrit^ persécuté. 11
est vrai quH 1^ meurtre ne fui pa» la vérilabb cause de la proscHplion.
Le crime de Castflvctro fut d'avoir traduit un \i\n de MclaDchlhon ;
soo matiicur, d'apjiarti'nir ù celle académie de Modëaequi futdènoaoM
tout entière comme eolaclièe d'hérésie par du de ses membres altéré de
vengeance, pan^ qu'un confrère lui avait joué le mauvais tour de lui
faire manger une fîgue^ qu'il avait, au préalRble, bourrée d'aloÂs.
Castelvetn) est-il mouririer, a-t-il soudoyé le meurtrier? Voilà U
principale ([uestion qu'agite M. Ploncber. On est porté à penser qu'il l'a
résolue à TUonneurdu Modéuais, et pour se défeadre d'une opiuioo in>p
arrêtée à cet égard, il faut se rappeler te proverbe selon lequel qui u'ea*
teud qu'uoe cloche n'entend ffu'uu son. De mt>me sur le piiiat, assez
ppu ÎDtrn^ssaut aujourd'hui, de Mivûir si Castelvetro niprita le;: fou-
dres ponlificalcs par son adhésion aux doctrines « prétendues réfor-
mées ». M. Ploncber a-i-il raifou de voir en lui • une des sealînclles
avancées de celte phalange trélile qui proclama la liberté de U
pensée (p. 117)? » Si cela signifie qne Castolvetro fut un libre petuenr,
je crains que l'affirmation ne &oit exce^t^ive. En tout cas, elle n'est pai
îusiifièe. Il y a bien peu d'bommes, en ce tempe, qui aient, comme
Érasme, pris leur vol ver» la libre pensée. Mais on doit le rerooaaitre,
cequinedonuorait, aujoiinrhni, d'omhrageàperfionne, tatra^liictiond'uu
écril de quelqu'un des chefs de la Reforme était certainement, alorr,
une preuve d'adhésion à leurs doctrines. Que Caslolvelro ait ou non
abjuré le culholicisme, — et il parait bien qu'il ne l'abjura jumai», — il
n'en était pas moins suspect aux yeux de la cour de Rome, et même
punissable, puisque le grand intérêt de cette cour était alors d'arrAier,
s'il olait possible, la propagation de l'hérésie. Muratori, d'ordinaire si
judicieux, s'évertue donc en pure perle à démontrer que Castetvetro
ne méritait pas la sentence dont il fut frappé, et qui le condamna i
vivre désormais dans l'exil. Il aurait pu ï-'épargner une réticence peu
digne de lui : ne va-t-il pas jusqu'à dissimuler le compromettant séjour
que Cnstelvetro fit à Genève, doux années durant? C'est là de la piété
filiale voilant tes nudités paternelles; mais Castelretro, à moitié bér^
tique, est-il donc un père pour Muratori? M. Ploncher, lui, n'a point
de ces scrupules surannés. Il reconnaît, il prouve que Castclvelru
pench&ii fortement vers Luther; qu'il avait écrit en faveur de la
Réforme, mais que, u'osant publier cet ouvrage, il l'avait enfermé dans
une cachette murée, et que le jour cm, on 1824, cette cachette fut dccou'
verte et ouverte, les prêtres firent brûler tout ce qui s'y trouvait, comme
sorti de la plume d'un hérétique condamné.
Nous vivons dans un siècle où l'amour de la vérité a pris le pas sur
le zèle de ta propagande, et M. Pkincher est de son siècle. H dit le vrai
ou ce qu'il croit vrai. S'il penche un peu trop vers l'apologie, c'est qu'il
est sur une pente où l'on glisse facilement. U reconnaît, d'ailleurs, que
Gastetvetro a bien quelque chose à se reprocher, ne fût-ce que son
humeur batailleuse, le caraclère aciimonieuxi pointilleux, implacable
4
ri^NCBEK : D£LU VlTi E D£LL£ OPERE Dl LODOVICO UATELVETRO. t3'J
de sa critique, accuratissîma et acutissinta, comme di»iil Mcnago, le
peu de sûreté d'un jugeineat qui l'entraîoe à une cbarge a foad de
train contre l'Arioste et le lloland fitn'rux. Si notre autour a tort do
trop louor le styln, pénible, otmcur, confus de wn hcros, et de Totr en
lui « le p\us grand lettré du lemp» t, il no montre pas san^ raison que
cette violence parut presque de la douceur auprès de cetlt> d'Anuibal
Cftfo, à ce point qufl t'agrei^seur a la postérilé pour lui, car c'était 0&9-
telvetro qui avait mis le feu aux poudrer en attaquant, crime irrémi»-
sible! une pièce de vers d'AnnibaJ Caro à l'éloge des rois do France.
On ne saurait contrster que Cast^^lvetru fut intègre et franc, indé{>en-
daot et fier, dr-daigiHMix des hunncura et de mœurii pure*, le meilleur
des hommes enfin, quand la pasf^ion ne sa mpttait pas en travers. Son
autorité sur ses contemporains est indubitable : de toutes parts lui arri-
vaient des écrits on grec, en latin, en italien, dont tes auteurs tenaient à
MYOlr de lui ^'il y avait lieu de les livrer à l'impression. C'est un oracle,
maie qui s'agite incessamment sur son trépied.
Nous louerons M. Ploncher de l'ef^prit critiqup qu'il a apporté flans
t(OD travail. Il a fouillé les bibliothèques et les archives, et fait quelquef^
trouvailles, notamment un exemplaire de celui des livres de Castelvetro
qui fut brûlé à Rome par la main du bourreau, exemplaire chargé des
marques à l'encre, preuves de l'attentiou que le premier possesseur avait
mise à le lire. Il est bien aussi d'avujr restreint son champ detndet::, et de
l'avoir assez creuse pour élro véritablement utile sur quelque;: points de
détail. L'examen des sources montre que notre auteur a su les étudier,
les comprendre, el ne pas leur dooucr à toutes la même importance.
Mais nous regretterons que, comme beaucoup de ses c<tm|»airioles, il
ait eu un médiocre souci de la conqwsitiou, de la clarté, de l'ititorét. Il
dissémine la biographie à toute? les pages, où les particularités sont
noyées dans le Qot des obsen-ations critiques ; il rejette dans une sorte
d^appendice, comme digne de peu d'attention, tout ce qui est propre à
peindre l'Iiomme. Il a enBn certaines négligences faciles & éviter. Un
auteur sérieux peut-il écrire MtVaivxfkov? Un Italien do dîx-neuvième
àècte peut*il assez ignorer le français pour ne pas corriger sur éprouves
« gnimmarien », < en queqne sort », ■ q'an, q'autre, q'avoit >? C>n me
dira peul-ôtre que, comme parie la sagesse populaire, il ne «ied pas à la
poêle de se moquer da poêlon, et que nous autres Français nous estro-
pions tout aulaut l'italien . que nous disons obstinément t le Dante i el
c le Titien ■ pour Dante et Titien; que nous écrivons comcdia et non
ewnmeiiia; quedans le fameux dicton : Se non i eero i btrn trovato^ nous
nous obstinons k transformer m en st. Mais d'abord nous ne uous
moquons point, nous faisons œu\Te de critique; en outre, les fautes des
nns ne justitientjut-s cellesdes autres; enfin, nous ne trouverons point mau-
\Aii qu'on nous rende la pareille, n'ayant de plus vif désir que d'éviter
les erreurs et de nous corriger de nos défauts,
P.
440
COSrTBS-BR^IDrR C&tTlQCES.
Btlenne Dolet th« martyr oftha RenalsBaaoe. .-V biO|n*aphy by
ItichïLrd Tiople)! C.ubistik. M. A. Lincoln a)llc^, Oxford chaa-
o'ilor or Ihe diocèse of Manchester. Luiidon. Macmillan and Co,
(880, iii-S" de XX cl 559 pages, avec deux portraits.
Cetle savante biographie, résultat de longues années de recherches.
laisse liien loin derrière elle le dithyrambe un peu supcrficieJ do
M. Joueph Boulmier, qui faisait de Dolet a le Christ de la pensée libre*.
■ Promèlbée » luttant • contre Jupiter a. Tout plein de renseigne mente
uûli^s, et enrichi Je nombreuses lellnss extraites des manuscrite de Tou-
louse explorés pour la première foi», l'ouvrage de M. Christie recevra
certainement des travailleurs raccneil favorablp qu'il mérite. On ne
pourra plus désormais parler ni écrire sur la Renaisi'ance sa,Q:s le con-
sulter, et souvent avec Truit, puisqu'il renferme des notices sur les uni-
versités de Paris, Orléflos, Padoue, Venise, Toulouse, et sur de$
personnages tels que Langeac, év6que de Limoge^^ Jean de Pins, évvque
de Rieui, Jean de Btiyssoonê, auteur des manuscrits ct-dessus luen-
tionnés (conrondu [i^trM. TuHîn avec Jeau Botssun, Imis fois csLpitoa]),
Voulté (Faciot), Burding, Pierre Buuel, le martyr Jean de Caturce,
Pierre DuchAlel, évéque de Tulle et lecteur du roi, Clément Maroi,
Rabelais, Guillaume Bigot, Maurice et Guillaume Scèvo, Arnoul do
Ferrior, Arnoul Ferron (souvent confondu avec le precédenil, Scaliger,
Gryphius, Jean de Vauzelles, Despêriers, Matthieu Gribaldl, l'inquisi-
teur Orry, Pierre Lizet, etc.
Bien qu'elle soit généralement sûre, l'érudition de M. Christio pri>-
senle, r et là, des lacunes fort naturelles chez un étranger. Il a négligé
de parcourir pluitieurs ciuvrage» n'cents qui l'eussent, tout au moînt,
aidé à complétt.>r et à rccti&L'r sun appendice bibtiogniphi<iue, de Iinlu-
coup supérieur, du reste, à celui do M. Buulmicr. Toutefois il a réussi
à faire mieux connaître tout un côté de la vie de Dolet; m&ÎB il en est
un autre qu'd a lalesé entièrement dans l'ombre, et que nous essaierons
de remettri> en lumière.
M. Christie ne surfait pas son héros. « Des hommes de lettres de U
première moitié du xvi' siècle, deux seulement, dîi-il, vivent encore
réellement... Seulit, Marot et Rabelais ont conser\'é la popularité qu'ils
avaient acquise de leur vivant... C'est U liaison de Dolet avec ces deux
èminenls écrivains qui, plus que toute autre chose, excepté sa morl, i
préservé sa mémoire d'un complot oubli, et a au moins rendu son aoil
familier à tous les Français instruits... Durant ptusieure années,
trois hommes furent êlroitemeot uuîs par une amitié iMseesiir la cora-^
munautê des goûts et des sentiments. Tous trois s'accordaient dons un
ardent amour des lettres, du progrès intellectuel, et dans la haine de
superstition et de la bigulerie, • Après celle amitié, c'est, en effet,
sort tragique du malheureux Dolet qui lui a conserve la célébrité qui
lui avaieni value ses Oimmentaires sur la langue latine, immense travl
vail, comparable au Tli^aaurus de Robert Ëstienoe. Ses querelles écla-
STItN:<IE UOLET TUE MiBrïR 01' TIIK KBNjU3SJk!fCE.
Ml
tantes de cicêroninn agressir et emporté, qui lui créaient de redoutables
eoDemis, oITrent aujourd'tiui Lieu moîag d'intérêt que ce qui louche à
Bft condamnation et A (ta mort, c'est-à-dire ses opinions religieufiee.
M. Christie a relevé, dans les écrite de Dolet antérieurs à 1539, plu-
sieurs passages où celui-ci témoigne de son aversion pour l'œuvre entre-
prise par Luther, Zwingle, Œcolampade, etc. Il nous fait suivre avec
un vif intérêt \es hésitalluus et les prugrës de la pensée du grand huma-
niste relativement à l'immortalité de l'&me, mise eu doute cà et là, puis
oettemeutafBnnée dans te Genethtiacum^ dans les vers que le condamné
écrivit avant de marcher au supplice, et dans VAxiocftus, dialogue qu^il
avait traduit quelques années plu:: t6t, et dont son biographe a négligé
le passage le plus important. La conclu-sion de M. Cliristie diUere peu
de celle de M. Henri Martin et de M. Boutmier, qui ont vu dans l'il-
luslre victime de la place Maubârt, non un protestant, ni un catholique,
mais un libre penseur.
■ Rien, dit-il, no jut^tifie l'accusation d'athéisme portée contre Oolet.
D était déiste sincère, plein de reconnai&Mtnce envers le diviu créateur
et gouverneur du monde. On éprouve cependant une grande difficulté,
vu l'inconsistance de ses. opinions, à les définir d'une façon plus pré-
cise. Ses déclarations ostentatoires d'orthodoxie et ses od(?s à la Vicrgo
ne sont pas absolument concluantes... Le dédain qu'il manifeste pour
Luther dans le dialogue /V tmHatione aceroniana, la légèreté et l'in-
différence avec lesquelles il traite 1rs sujets théologiques, faisaient sentir
aux Hél'ormateurs qu'ils n'avaient rien à espérer de lui; que les matières
qu'ils jugeaient de la plus haute importance : U justification par la foi, la
communion 5ous les deux espèces, la nature précise du sacrement de
l'autel, n'étaient pour lui qu'un vain songe, bien moins important
qu'une sentence de Cicéron ou un vers do Térence. Son paganisme
classique le faisait détester également de Calvin et de l'inquisiteur Orr>-
tpages 254-256J... La religion qui se recommandait d'elle-mâme à
polet, et qui semble avoir été ii peu près inévitable pour tout homme
pensant d'alors, également incapable d'accepter l'aulorité de l'Église ou
la théorie arbitraire des Réformateurs, était la religion naturelle, la
religion du devoir bornée au monde actuel et ne se troublant pas pour
l'avenir, dont on ne peut rien savoir avec certitude, et sur lequel il est
inutile de raisonner ou de spéruler ■ (pages 471-475).
Comme ce n'est point là, tant s'en faut, Dolet tout entier, le bio-
graphe a dû ajouter d'autres traits, qui, bien que fort atténués, ne s'ae-
cordeot point avec les premiers : « Dolet n'était ui protestant ni catho-
lique;... matit toutes ses sympathies étaient pour le parti de b Réforme;
et bien qu'il semble être reste étranger aut questions de doctrine et
purement théologiques*, il n'était pas insensible à la valeur du Nou-
t. H. Chrûttie rtiiiiprcnd nalarrtlrinral lidrol dans U m^mf^ calégarie : « Bien
que, dit-Il p. 3S9, par sa Iriduclion des puuuies rhanl^!^ ditn.>i Ica temples pro-
lealaoU., Hdrot ail pris place parmi 1«« ap«ilre« de l'Église r^ormée de France,
443 COMrTK9-BE\1»D5 CaCTlQCBS.
veaa Testament, i>i sentait que la cauf^e des Réformateurs était celle
du progrés H de la liberté de penser... Il est certain que tous »es amis
appartenaient au parti de la Héformc, qu'il aimait la vie pure et la
morale toucbanle de Lefêvro d'Étoples ni de Charles de Sainlc-Marihe;
il est clair qu'il le^ lisait tous deux et désirait travailler à n^pandre la
lectare du Nouveau Testament; qa il se disait chrèlien et »e senuit
vivement attiré par la bonté naorale. »
Cet adepte de la religion naturelle qui se dit chréUen, ce disciple de
Pomponacc et de Lucrèce qui aime le Nouveau Testament et veut la
répandre, sort déjà des limites de la vraisemblance. Que serait-ce si
M. Chrifitic n'avait rïea atténué? Durant plusieurs années^, Dolet expose
sa vie en concourant ù la dilTusion d'ouvrages évangéliqups ; or ces
ouvrages sont tout imprégnés du dogme rondamenlal qb'il aurait, selon
M. ChriKlin, tenu pour une pure chimère (des trente-trois ouvrages
impriméit par Dolet on 15i2, quinze ou seize sont de cette nature). Le
savant qui, d'après son biographe, n'éprouvait que du dédain pour les
spécuIntiouR de la vie future, traduit ot imprime VAxiochusy puis, con-
damné à mort, il écrit à ta Conciorgerio le Cantique de l 'immortalité.
Dolet repoussait, nous dit-ou, l'idée d'une révélation surnaturelle; or,
à ta On d'une préface que M, Chrif>tie & eue cous les yeux sans la repro-
duire, il invite ses lecteurs à méditer t la parole de Dieu», à la * rece-
voir en toute révérence comme la vraie nourriture de l'Ame », et dons
une épitre liminaire, dont M. Cbri^tie a jugé superflu de citer même
un fragment, il aflirme que< toute Thistoire de la vie de JésuB-Chrial »
a été prédite et « préfigurée > dans les psaumes. — Sans douta,
rbomme est ondoyant et divers, et l'écrivain qui disait au débat de sa
carrière -. t Je suis homme à varier d'heure en heure*, a pu âtre léger,
incûn!<(>quent, outré en lout^ mais non pas cependant au point de lom*
ber dans ces contradictions énormes, impoiisibleg.
It sufQt, d'ailleurs, pour les taire disparaître, de distingtier deux
phases dans la vie IntelLecluetle et morale de Dolet. La dJfBculté qu'é-
prouvait le biographe à définir des opinions dont il a lui-même sjgoalé
l'inconsistance, aurait dii l'avertir qu'il faisait fausse route on mêlant
toutes les dates, et en prêtant à l'auteur du Galo christianiu le scepli*
cisme, les préventious et les répugnances de l'étudiant de Padoue, de
Toulouse, et de l'auteurdu traité contre Érasme. A partir de 1 j39, Dolet
il > a cependant lieu de [>eDMr iiu'il se déstnlêretisait dti dogme Ihèolo^que,
atigfit bien que s«« amis [Uol«t p.l RahoUii^]: (]ur m sjrmiMilhiR pour le prote»-
tantisnic n>lail qut> n^^lîvc, l'I qut, pour lui comme pour le Rrand tnallre, le
t grMiiil pL'ul-Atic t était un problème absolument insoluble et qui n'offrait
qu'un médiocre intér^^t. ■>
Or Marol ae désint^n-SBnit »t pm du dogme, sa sympathie pour Ir pmles-
lanlisme élait m pmt négative, qu'il fut un de.s proiiiier» A répandre en Franre
Ias Qouvftlln doclrioes, et que 1m rriliqoes les plus comptt«Dl» soni anjour-
d'biii unanimes i reconnaître que i Marot était beaucoup pliifi protestant qu'on
ne l'arait cm Jusqu'ici ■.
HÙLLER : BBLAZIOYI nBLLG CITTi TOSCAlfK COLL OBIBim.
4U
n'écrit plas une ligne^ du moins on n'en signale aucune, qui porte l'em-
preinte de la libre pent^; ses «ontimenta avaient subi, dès lorji, une
modification que M. CbriAlie n'a point aperçue, parce qu'il n'a fait
qu'effleurer la grande question du temps, celle de ia réforme rcU*
gicuse.
Dolet, répète-Uil, n'était ni protestant ni catholique : asserlion vraie
en un sens, et pourtant inexacte en ce qu'elle ne va pas au fond des
choses. Ne f:erohlo-t-tl pas, à^l'entendre, qu'il existât, alors comme
aujourd'hui, deux Églises opposées, bien tranchées et délimitées, entre
lesquelles il u'y avait place pour rien, si ce n'est pour le scepticisme «l
l'trouie moqueuse? Or la scission, bien qu'en voie de s'accomplir, nVlait
pas faite en France sous In règnf> du prédécesseur de Henri II. Non
seulement le premier baptême schismaiique, duquel Cliandieu^Grespin
f<l VHistmn rcctèsiastique datent l'éiaiitissement des Églises rèfonnéee,
n'eut lieu à Paris qu'en 1555, c'est-à-dire ^ix années après le supplice
de Dolet; maïs, de pins, il existait, et il exista longtemps encore, un
ptrûintermédiairefort nombreux, qui n'était pas celui de b libre peasèe.
C'est À oe parti de Lefèvre d'Étaplefi, de Marguerite ei do la plupart
des humanl»tte.«, au parti qui voulait une réforme sans schisme, qu'ap-
partenait Dolet Nous le démontreroDS aiUeursi, ne pouvant entrer ici
dans les développements que comporte la question. Nous pensons en
avoir dit assez pour faire voir que la partie faible et vulnérable de l'ou»
vrdge de M, Christte est la partie religieuse. Il y manque, dans tous les
cas, un élément capital, l'analyse de la profession de foi do Dolel, c'est-
à-dire du Cato christianus. Gomment M. CbrisUe a-t>il pu ne pas faire le
possible et l'impossible pour obtenir commaoicalion de cet opuscnle,
dont il savait que M. Didot possédait Tunique exemplaire connu?
0. DOUEK.
Docnmnntl salle relasloni detle cittÀ toscane coll' Oriente
cristlaao e col Turchi, Ado ail' aooo 1631, raccotU c annoUtU
da GnrsEPPE MiîLLEH. Firenze, Gallleiana, f879. 40 di pag. LnT-533,
avec deux facs. lithogr.
Ce volume est te sixième de la collection des Documenli drgii archivi
toseani publicati per eura delta R. Soprintendensa agit architi medesimi-
Ceux qui l'ont précédé sont le volume des diplômes ara lies des archives
de Florence, publiés a\-ec commentaires par Michèle Amari (1863); un
mince volume contenant l'appendice de ce recueil (1867), le 1" vol. de
Vlnventario e regesto dei Capùoli del comuue di F*renzs Anseé par Gesare
Gnasti (!866), deux vol. de finventaire des archives d'état de Lucques
rédigé par Salvadore Bongi (1872-1«76. Cf. ficrw hùt., VI, 410)». Le
I. Dhos un Ar,^ prochains nDinéro« du ButUtin de ta Setiété de l'Histoire
dm ProiettantUme.
3. ht troisième volume est paru co 1890.
444
COMPTBS-REXnDS CaiTlQÏÏBS.
surintendant des arcbivfis toscanes, dans la courte prérace mise par lui
en lëte de ce volume, dû aux sotuB du professeur G. MUMf^r de l'uni-
vprsité dfl Turin, annonce que dorénavant les publicatious qui paraî-
tront sous SCS auspicec consisteront en rogesteeot en inveataires, tandis
qu'on laissera aux sociétés savantes et aux savants isolés le soin de
publier in'^ixteTtso les documents et les recueils de pièces. Nous applau-
diacons à celte décision, qui cependant ne doit pasétre appliquée d'une
farnn absolue; ei nous nous félicitons que l'excellente publitialion
dWmari ait été suivie de celle-ci qui la complète en quelque sorte. La
première contenait des documents arabes, latins et italiens sur les rela-
tions politiques et conimerciale.s de Pîm et do Florence avec les île»
Baléares, l'ATrique septentrionale^ l'Egypte et la Byrie pendant quatre
siècles, c.-â-d. du xii* au xvi"; celle-ci se rapporte aux relalious des
villes toscanes avec l'OrieDl chrétien et les Turcs pendant la même
période.
Disons rapidement le contenu du Tolumn. Il est divisé en deux
parties : la première contient les relations diplomatiques des commane
toscanee avec l'Orient et compte 2b'2 docunienls dont le plus ancien^
date do H08 et le plus récent de 1530. II y a dans cette première
partie sept documents en grec, un en français, les autres sont en latin
et en italien. La deuxième partie renferme les règlements pris par la
commune de Florence relativement à la navigation et au comme
d'Orient depuis l'institution des consuls de la mer jusqu'à la chute >
la République; elle compte .^8 documents de m\ à 1531. Le volume
est accompagné d'un discours historique du professeur Mûller; decom*
mentaires historiques très abondants et parfois intéressants^ mais qui
no nous semblent pas toujours à leur place, car on y trouve de lonni
fragments de livres imprimés; d'un index analytique et d'un gtossaîr
qui laissent à désirer; de notices bibliographiques très exactes; et dt
fac-similé lithographique on denx planches d'un diplôme grec d'Jsaacl
Ange Gomnènc (an. 1193 : partie 1, n' 34).
Notre iulculion étant de donner une simple notice de ce vol., et non
d'en faire l'analyse, nous ne nous arrêterons pas à relever l'importance
de tel ou tel des documents qui y sont publiés : qu'il snfBse do
qu'il constitue, avec celui d'Aniarî, un recueil remarquable de piè
sur les relations do lu Toscane avec l'Orient, pendant la période de
l'indépendance communale. Ce recueil témoigne de l'ardeur commer-
ciale avec laquelle le^ Italiens s'élancèrent dans tes voies ouvertes avec
les cnùsades par l'enthousiasme religieux. Ge« documents, comme le
remarque Mùller, sont une nouvelle preuve du sens pratique et de
l'flctif esprit de spéculation des communes italiennes, qui virent da
les croisades surtout un moyen de développer leur commerce et, après^
s'être assuré cet avantage matériel, répondirent très froidement aux
exhortations périodiques d»s papes pour la délivrance de la terre sainte,
A co point do vue les documentai florentins du xiv< et du x\'' s., ren-
fermés dans ce vol., sont très intéressants : on doit en dire autant do
T. ILCEX : MAAKÛRIF COIRl» VOU «OITrBWUT.
445
ceux qui concernent la rivalité de Veaise et do Floreau), el les sccu-
satiooâ rédpruques d'entente avec les Turcs et d'oubli des iulérâts
chrétiens en Orient; de ceux qui ont trait aux posseesionâ des Piaans à
CoDstantinople, aux relations de Pise avec les empereurs d'Orient, avec
le» rois de Jérusalem et de Cypre et avoc dlfTérents princes de l'Orient
latin i à l'organisation du consulat ot de la nation florentine à Cons-
lantinopiei au nolisemont des galères qui faisaient le 8er\'ice de navi-
gation et de transport entre l'Orient et la Toscane el aux conditions de
ces voyages, aux tarifs, etc. Pour montrer encore mieux l'utilité de ce
volume, il ne sera pas inutile du rappeler que Heyd s'en est utilement
sen'i dams son importante histoire du commerce levantin.
C. P.
Theodor Ii.(;k\. Markgraf Conrad von Montferrat. Marburg,
N.-G. Elwerl'sche Verlagsbuchhandiung. S. <37 in-s-.
Cet excellent travail, début d'un jeune historien de Marbourg, de
l'école de C. Varrentrspp, s'occupe d'un personnage dont la vie s'est
déroulée sur deux ou, si l'on préràre, sur trois théâtres complètement
diftinctâ. Si La première période de la vie du fils actif et ambitieux de
Guillaume le Vieux, remplie en partie par sesrapportf tantjH amicaux,
tantAt hostile» avec Frédéric I*' et kos vicaires dans la Haute-Italie et
l'Italie centrale, présente un intérêt particulier pour les historiens
allemands, la seconde et la troisième période appartiennent plat4ïl au
domaine des historiens français. Ceux-ci se sont en elTet emparés,
comme de leur domaine propre, de l'histoire des croiBades et de tout ce
qui en dépend*. Le ri^cit du second et court séjour de Conrad de Mont-
ferrat à Constantinoplc en il87 et de son rôle en terre sainte — il
débarqua le 13 juillet 1187 à Tyr — Jusqu'à son assassinat par les
sicaires du Vieux de la monugne, le 28 avril 119?, pourra donc inté-
resser aussi beaucoup de savants français.
I^ D' Ilgen a fait précéder la biographie du mai^rave Conrad de
Montferrat d'un examen critique des quatre -source? principales de la
biographie de son héros. Nicetas Choniates, la chronique de celui qu'on
appelle Denoit de Peterborough, celle de l'évéque Sicard de Crémone
el les couliouatiuns de Guillaume de Tyr sont étudies au point de vue
de leur autorite, de l'origine de leur» renseignements, de leurs rapporu
avec d'autres sources. Si l'auteur n'a pas précisément découvert do
nouveaux points de vue ni apporté de nouveaux matériaux puur l'ap-
préciation de ces sources, il faut rBconnaiire k sa louange que la cri-
I. INotoas poortoot qoe la melUeure histoire des Croisades est celle de
Vilàra. U tiieilleure liï^loire de la iirrniière croiâxde celle de M. t\f Sybel, ri
que l«i^ travaux de MM. Hagrnnicyer, Hurictit, Kugler sont d'uue iinporUnte
capitale.] N. d« U Réd.
iU\
COMPTES -KBMDDS CBITIQDSS.
tique à laquelle il les a raumises est très intelligente et très appropriée
au 9ujet et qu'elle l'a conduit à constituer la bi^v^rapliie de son hén»
aussi solifiement que Ap^ matériaux souvent incûmplote le rendaient
possible.
Ces matériaux, le I> Ilgen les a réunis ou grand complot. B a ébê
RRcondé dan? cette tâche par dilTérentes personnes, auxquelles i!
exprime sa gratitude. Parmi elles se trouve M. Tbeodor WiiflteEireld de
Gmiiingen, le savant qiii connaît le mieux aujourd'hui lo moyen à^
italien ; cela n'étonnera aucun de ceux qui connaist^ent par expcrieuce
son empre^geineut à assii^ter des trésors de son érudition ceux qui tjm-
vaillent daus le domaine où il e«t passé maître. Si jo puÏR faire jet
quelques ]>etites additions au livre d'IIgcn, c'est en partie ^r&ce aux
matériaux qui m'ont été communiqués par Wùatenl'eld et qui <te
trouvent chez moi.
Otarad de Mnntferrat avait surpris k Comerino en 1179 son ancien
suzerain al allié^ l'archevéiiue Christian de Mayeace, le chef du parti
impérial en Italie, ^'élatt emjHirè de sa persoune, et l'avait tenu en
prison plus d'un an. On juge combien était faible le pouvoir impérial
en Italie, quand on voit un empereur auj^si puissant que Frédéric
l'était en 11B0 hors d'état de faire mettre en liberté son représentant le
plus élevé dans la péninsule. Les villes italiennes durent contribuer
à la mnron de t xu milia perpororum i. Sienne fut du nombre el slm-
pusa 4U0 livre?. Cette ville entreprit même alors une expédition contre
Conrad df Mûntferrat pour la délivrance de Christian, cela résulte dn
document inédit auquel l'auteur renvoie p. 62, remarque 5, el quej^
connais par Wiislcnfcld. Lo 12 février 1281, Uerardus de Suriano fait
expédier au consol Thomas de Sienne k San Flaviano, cliAieaa de
Conrad de Monlfcrrat où Christian de Mayenee avait été passa^remen:
détenu, un acte par lequel il s'engage à ne porter aucun préjudice
{offctmo) à la ville de Sîeuue pour sa solde et celle d autres chevaliers,
ni pour les dépenses et les pertes qu'ils ont faites au service de cette
commune et dont il doit être indemnisé en argnnt. Thomas donne pour
cautions de cette convention un ceriain Clarimbaldus et les consuls de
VilorLe, qui étaient en hostilité avec Conrad.
Je dirai aussi quelques mots des rapports de Conrad de MoDlferral
avec l'Italie centrale, qu'Ilgcn a passés sous silence. D'accord avec
Ficker, Ilgen explique (p. 45) « l'intervention assex énigraatique de
Conrad dans l'Italie centrale » par ce fait qu'il avait été chargé en 117^
de l'administraiion d'une partie do la Toscane méridionale après y étn
venu avec Christian de Mayenee. Le séjour de Conratl en TVmouw
s'explique plus simplement. Ôasœar, Agnès, qni figure dans des docu-
ments meutionués p. \0 et 56, avait contracté avec Guido Ouerr« IV,
comte palatin de Toscane (f 1213), une union qui resta stérile et qui
prit lia entre 1178 et 1160 par la mort d'Agnès. Guido Gucrra étant le
seul rejeton m&le d'une nombreuse famille, l'ambîtioa et la cupidité
des Mûntferrat pouvaient espérer qu'après sa mort sans posiérib^^
BOGCSLAWSKI : niS LBREY UBS f.BXFltiLS bCHOtlBrCZ. 117
Frédéric I*', doot ils étaient le« allîét; par leur mère, l^s gniiilierail des
Gère d'empiro Aps Guidi. LVmpnreur avait déjà couseoli à ce que la
ville et le château de Poggibonzi sur la limite des comtés de Plorencc
et de Sienoe, que Guîdo Guem rv avait donnés à sa femme à l'occa-
sion de leur mariage, passassent à Conrad Ip. 48J. De môme que l'on
C0DStatf> la présence dp Judith, m^re de Conrad, auprès de sa TiUe en
Toscane, il est vraisemblable que Conrad sesl rendu plusieurs fois
auprès de son beau-frère. La murt d'A(j;aè8 et le mariage de Guido
Gaerra IV avec Gualdrade di BelUncione Berti dei Ravignani, dont
Dante a parlé et qui après 1180 donna à son mari cinq fils, trompêreut
l'espoir conçu par les Montrerral d'obtenir une riche succettsion en To9<
cane. Quant k ta question de savoir si ta première fi^mme de Conrad,
qui, d'après Nicetas, mourut uu peu avant 1183, ne lui avait pas
apporté des possessions dans la Toscane méridionale, c'est ce qne nous
ne pouvons décider, car ou ne connaît pas, que je sache, le nom ni
rorig:ine de cette femme.
0. HARTwin.
DftA I*eben des ^serais Dumouriez, von A. v. BoGOSiawSKi. Ber-
liii, Suchhardt, 1879, 2 vol. 167, 312 p.
M. de Bogaslaw!;ki a été séduit par l'intérêt romanesque qui s'attache
i U carrière si aventureuse et au caractère si singulier de Dumouriez.
Le sujet, en efTet, est on de ceux qui $onl le plus capables d'éveiller
U curiosité et de provoquer la réflexion. M. de B. a écrit son livre pour
le public allemand, et il est & croire que le public allemand le lira avec
intérêt. Le public français y trouverait peu de choses uotivelles. Sauf
quelques délai lt< très secondaires et esses insignifiants sur lo sëjonr de
DumouriwE en Pologne, le livre de M. de B. n'est guère qu'une biogra-
phie tirée des MêmoiroEde Dumouriez et commentée d'après les ouvrage.<
imprimés à différentes époques sur ce persunnage. M. de B. s'est beau-
coup servi de riUsloire de M. de Sybel, et c'est cette histoire à la main
qu'il a fait »on travail. Il discute peu ou point. U a garde pour lui sa
critique et presque toutes ses sources. Son livre est un récit ; la partie
militaire est à peu près la seule qui puisse être consultée avec quelque
profit par 1rs historiens français. Les derniers chapitres sont très pcour-
lés, et, traitant du rùle de Oumonrieji après 1814, .M de B. a négligé de
Irts curieux documents — fort ignorés du reste — qui se trouvent dans
les suppléments à la correspondance de Wellington.
A. 8:
44«
MGDCns PKniOOIQOB.
RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
1. — Revne des qoesttona hlstorlcrnea. 1" avril 1881. — H. de
L'Ki'iNOis. Le papo Alt'xandn* VI jrea^ii coDtre la teodasce de cerUuos
écrivains catholiques qui avaient teaté la réhabiliutiou d'Alexandre VI ;
il dit très justeinont : < j'ai besoin d'Alexandre VI pour m'expliquer
Luthor »). — FuRoeOT. L'aliénation des biens du clergé sous Charlee IX
{ordonnée en 1563, 1574, 1576, malgré l'oppositioD, aases faible d'ail-
leurs, du parlement et du clergé; celui-ci réuBSÎtà eauver une bonne
partie des biens monucês en s'imposant extranrdinalrcnipnt ; on anraii
aimé à Atre mieux renseigné ttur ces opérations. L'article reste supers
ûciel et diffus). — Le R. P. Bbucker. La mission en Chine do 1722 à
1735 (d'iiprès les lettres d'Antoine Gaubiel. — A. C. Les reliques df>
saint Adalberl, èvftque de Prague et martyr, apôtre de la Pruî^se el
patron de la Duht>me (découvertes à Prague lo 15 mars 1880). — Comte
de Pr^-MAiGRE. La chronique espagnole de la Pucellc d'Orléans (livre irèa
rare, dont la Bibl. nat. a récemment acquis un exemplaire ; ce qu'il
raconte de Jeanne d'Arc n'est en général qu'un tissu de fubtes. H permet
tout au moins d'éctaircir un poiul curieux : d'après ta chronique de
d'Alvaro, la Pucelle aurait envoyé une ambassade au roi de Ca$tiUe
Jean 11, pour demander du secours lors du siège de la Rochelle (1436).
Le fait attribué à Jpiînnn d Arc e.st imposi^ihlc ; mais il pouvait être vrai
de la fausse Jeanne. Or, ta chronique d'Alvaro n'a fait ici que copier
l'histoire de la Pucelle, ce qui relire à ce fait toute authenticité^. —
PreoAUD. La réunion de la Franche-Comte à la France (d'après le livre
do Piêpapp). — liAGUBNArLT DE PucHESSB. Lc ministère du cardinal
Mazarin (d'après l'ouvrage de Chéruel). — Ed. de lUiiTnÉLGiiY. Letder*
■tiers mois do la lî^gaiion de France à Mayeuoe (étude intéressante
d'après des papiers de famille inédits). — Gaitot. I^rs Mémoire» de
Meliernich. = Butlctin bibliographique : Senudion. Histoire doa
cnfuuls abandûQuës depuis l'antiquité jusqu'à nos jours (iuléressanU.
— Hmilencq. Gorharieu et ses seigneurs (bon). — G. He Conlaâsu
Les communes du canton de ta Fprté-Macé (recherches coasdeo-
cieuses]. — Fonseea-Bonavidei. Rainhas de Portugal (beaucoup de
renseignements précieux}. — Fleury. Histoire do l'église de Gf^nève
fbon). — yage. Guillaume Sudre, cardinal limousin |l>on). — Feret. Un
curé fie Chareoton au xvii" siècle : l'abbé Véron |curieux|. — Travers.
Inventaire s<:tmmaire des archives communales de Bélhuno (très utile;.
2, — Bibliothèque de rËcole des chartes. 1881. {*• Uvr. —
Blancard. Rûle de ta confrérie de Saint-Martin du Canigou. —
UCDRIL5 PlfaiODIQDBS.
44»
IV 8. LoKWEnrsLD. Une lettre inéditA d'Alcuin (tdres&ée sbjis doute à
Théodulf d'Orléans, en axtil ou juin 798 ; l'original est très mntîlé). —
Comte RuifT. Les archives des établis se m eals latinâ d'Orinnt (indique
d'abord tout ce que l'on sait ou ce que l'on peut eonjeclurer de I étal de
ces archives ; puis signale l'importance des chartes de Terre Sainte^
provenant de l'abbaye de N.-D. de Josaphat, qu'a publiées M. F. Dela-
bordo). — J. Gauthier. Catalogue des mss. de l'abbaye cistercienne de
la Charité, au diocèse de Besançon jrédigé au siècle dernier par D.
Guill. Pinard ; ce catalogue a cela d'intéressant qu'il nous fait connaître
une collection dont la plupart des volumes paraissent avoir disparu).—
L. OB Mas Latrib. Quelques autographes français des archives de
Venise (ane lettre signée de Henri IV, 25 avril 1608 ; trois lettres de
Richeliea au chevalier Soranxo, ambassadeur de Venise près la cour de
France, Ï630; trois lettre» au doge de Venise, de Tureoue, 1669, du
dauphin et de Louis XIV, 22-27 mars 1699). — A. Thomas. Les archive©
du comté de la Marche jexistaient au xv* s. au château d'Aubusson;
elles ont disparu au xvi* s., sans doute dans les guerre!: de religion).
*= Bibliographie : P. de PUury. Notes additionnelles et reclificalivee
au Gallia Christiana lauraieot, elles auMii, besoin d'additions et de
rectifications). — Souvenirs de la Flandre wallonne} t. XVII] ol XIX
(utile, surtout pour l'histoire des familles seigneuriales des envîroaa
de Douait. — Sarradin. Eu.'itache Descbamps, sa vie et ses œuvres (mé-
diocre). — Miihoz y Ritfro, Maoual de paleograSi diplomàtica espa-
fiola de los siglos XLt al XVIJ (mauuel utile, mais fait trop vite). —
livrée nouveaux. — Chronique et Mélanges.
8. — Revue critique. 1881. N' 13. — l'an den Berg. Petite histoire
des Grecs (manuel utile et fait avec une grande conscience ; un certain
nombre d'erreurs de détail, et quelque manque de proportion dans
l'exposé des faits). « N* 14. Jordan, (^pitol, Forum, und sacra via în
Rom (conclusions du grand ouvrage sur la topographie de Rome,
qu'achève en ce moment l'auteur; beaucoup d'aperçus curieux et de
faits nouveaux). — Ttiouret. Ueber den gallischeu Brand (réussit à rejidre
plausible son opinion que, si Home a été pillée par le^ Gaulois, elle n'a
pas été détruite). = N" 15. Oau*. De Suidae Biogrnphicorum origine et
fide (consciencieux, mais confus). — Doubla, L'empereur Charlcmagno
(plaisanterie de mauvais goût). — Schybergson. Le duc de Rohan et la
chute du parti protestant en France (excetleut et neuf sur certains points).
^N* 17. Philippson. GescbicbtedespreussischenStaulsweseus 1786-1813
(livreetudié aux sources, compose avec méthode; très instructif). = N* 19.
D. Schafer. Uansische Geschichte bis 1376 (un des travaux les plus im-
port, qui aient paru sur les pays de la Baltique). — Reinhardt. Valdcmar
Âlterdag og bans kongegjeraing (bon, mais inégal). — Baudet. Notes
pour servir à l'hititoire des États provinciaux du Quercy (très iosuCG-
sant). := N» 20. Freund. tîicero historicus (sans valeur). — Perino. De
foDtihus niarum Hadriani et S. Severi ab JÇ.. Spartiano conscriptarum
(dissertation bien conduite. Mariua Maxïmus serait la principale source
Rbv. UisToa. XVI. 2« rAsc. «9
450
RECUEILS p^RioniorEs.
de ces biographies, surtout de la seconde). — Boeçtien. Bibliotbea
belgica, bibliographie Rénérale dea Hays-Bàe (importam; cbaqu»
ODTrage est décrit sur un bullelia ^paré, ce «gai permet à chaque loai-
cripteur d'adopter le classement qui lui convient le mieux. — Briquet.
Lettres de l'hislorieu du l'oitou, Jean Bealy, i6ti-l647 (pnblwi
181 lettres précèdéett d'une excellente notice biographique sur Besly;
rannotatloii des lettres est trop maigre), := N' 21. Flamnurmoni. His-
toire de^ institutions muoicipalei; de SenlLs (modèle d'histoire lotiotc).
— Bahtiingk. Napolèuo Bouap&rte, u U ; des chapllree excellents;
mais l'exposition rst en géuéral trop loutTue et trop souvent aussi
rnutcur avancr^ des faits sans preuves». ^ N* 22. fionnal. Les capitu-
lations militaires de la Prusse. La diplomatie prussienne depuis U
paix de Presbourg jusqu'à celle de Tilsitl (publie beaucoup d'eitraitJ>
intoreesants de pièces uffîcieltes ; mais les présente mal).
4. — Le Cabinet historique. Janv.-fèv. 1881. — A. Moumsa.
Notice sur la collection de July de Fleur; (importante pour l'hisloirv
admiuisLralive du xvni*».). — 1». Inventaire-sommaire de la coUectloa
Joly de Fleury, r>« art. — N. Valois. Cartulaires de l'abbaye de N.-D.-
des-Prés de Douai ; notice sur deux mss. du Musée Britannique; fin
dans le n^» suiv. ^^ Mars-avril. Taiiizet de Labroook. Lettres inédite*
de J.-J. Bouchard à Peiresc, 1633-35.— E. MotwiBB. Note sur les ori-
gines de l'émaillerie française. — U. Robert. Supplément à l'histoirv
Utténiire de la congrégation do 8ain^Maur.
5. — ReToe archéologique. Mars 1881. = Gagnât el Fbrhiqdb. Li
table de Souk-el-Khmis ; suite ■ commentaire (les colons du Saltitt
Burum'tanm avaient à se plaindre des mauvai.i procédés dejt condut^toni
à levir égard ; le nombre de leurs corvées annuelles avait été démeso-
rémont augmenté ; ils présentent une supplique à l'empereur Commode,
182 ou 183, qui leur fait rendre justice). = Avril. Gaidoz. De quelques
monnaies baclriennes à propos d'une monnaie gauloise. — Oblattrk-
Inscriptions de Cbemtou |Simittuj, Tunisie ; avec des notes et recù&'
cations de. M. H. de Villefosse. — Lettre de M. Jurgiewitch â M. Egger
sur deux inscr. do Crimée (une de ces inscr. trouvée sur t'emplacemenl
supposé dn l'ancienne Phanagorifi nous fait connaître l'époque où vivait
un certain roi Aspur^, déjà connu d'ailleurs; il était contemporain
d* Auguste) .
6. — Nouvelle revue historique de droit. Mars^avril ISSi. —
N» 2. Ed. Bkaudoih. Etude sur le Jut italicum. — D'Abbois de Jubum-
viLLE. Etudes sur le Senchus M6r; 4" art : l'administration de U
justice (le pouvoir judiciaire était exercé & la fois par les assemblées
publiques, les rois et les jurisconsultes ou brebouB).
7. — nevuo des Deux-Mondes. 1*^ avril 1881. — Cusson. Les
premiers jours de l'armislico en 1871 ; trois voyage:} à Versailles (très
intéressant). — Coûordah, Les fouilles de Pergame. — Em. Uavbt.
Etudes d'histoire religieuse : critique des récits sur la vie de Jésus, =:
ftBCDBO» r^arODlQOBS.
191
15 avril. TALLBTUini. Rapport fait au roi Lonis XVIII ponilant soa
Toya^ de Gand i Paris ; Juin 1815 (extrait Tort curieux de la corres-
pondan»> de T. qui rient de paraiirel. -~ Maexds. M. Thiers ; 4* art :
la révolution de FëTrier; M.Thiers et La seconde Repnbtiqurcn France,
s A. Dunin'. L'instruction publique en 1TS9 (it y ax-ail heancoup d'éla-
blissoments d'instructiun de tout ordre, maïs pas d'oi^anisation d'en-
semble). == I*" mai. â. Ltice. Jeanne d'Arc et les ordres mendiants (très
cnriense étude, qui explique la dévotion particulipre de Jeanne à JéHus
et à Marie, ei l'exaltation générale des esprits pn France, surtout che»
les paysans, qui prépara et facilita la mi»sion de Jeanne).
8.-1.0 Correapoaduit. ib mars 1881. — LEsccaE. Rivarol et la
société françai!u> pendant l'émigration, t" art.; 3* art. le 35 avril; Sn
le 10 mai. = 10 avril. Abbé Sicarr. Cinquante ans d'insirurtion et de
morale laïques; 1762-1808: 3* art.; 3* art. le H) mai. » 25 mai. Cl.
Jakxbt. Xa race française dans l'Amérique du Nord.
9. — Rcrvne des fitodea JutTea. N» 3. Janv.-mars 1881. —
J. Ualèw. Mana$sê, roi de Juda, et sef: contempuruîns. — S. Luca.
Catalogue des documents du Trésor des chartes relatifs aux Juifs Etous
le r^ne de Philippe le Bel. — Scbbid. Histoire dos Juifs de Haguenau
sous la domlnatioD allemande. — A. Caren. Les Juifs de la Martinique
au xvn* s. — J. DaitENtiouaG. Les anciennes épitaphes des Juifs daoa
riulie méridionale. — Lobs. Notes sur rtusloire et les antiquité»
juives en Espagne.
10. — !« Spect&tenr miUt&ir«. 15 féT. 1881. — Saixt-Aihiin.
Deux erreurs de Saint-Simon, l**^ art (sur la mère du Cavoye dont
M. de Boislislo a publié, dans te dernier vol. de la Revw historique^ le
portrait tiré des papiers de Saint-Siniun. La présente notice peut servir
à compléter les annotations de M. de B). ?■ art. (15 awiJI sar le duc
du Maine {qui se conduisit honorablement a la bataille d'Arteele,
du 14 juill. 1695). = 15 fév.-l5 avril. Rochas. Les vallées vandoiseSf
suite.
11. — Ballatln de la Société da protestantlame (Vançala.
15 fév. — Fra?!Ki.[n. La mercuriale du 10 juin 1559 /séance du parie-
menl où assista Henri 0 et où il fit arrêter du Faur et du Dourgl. —
Cadisr. Ix!s églises réformées du Béom de 1664 à iBSh. — Leilre de
HarUy de Sancy à Th. de Bézc, 1! juill. !590 (parle des intriguas des
partis qui se disputaient Henri IV et des manœuvres du duc de Parme
pour débloquer Paris). — Interrogatoire de Paul Colognac, pasteur du
Désert et martyr, oct. 1693. — Le protestantisme en Normandie ; deux
lettref du ministre Mordant à M. Néêe, 1779-1784. — Viel. Deux vic-
times de l'intolérance au xvtiT< siècle jsuite- te 15 mars et le 15 avril).
=■ 15 mars. Arrêt du parlement de Paris contre Txmis do Borgues,
6 avril 15*9. — Le protestantisme à .\nnonBy, lTOO-1701. — Note des
dépens d'un martyr : Etienne Toiasier, dit Lofoge, U août I7&4
(dépenses pour ta nourrittire el les médicaments du prisonnier.
^52 RECCSILS péBtODIQDES.
frais de procédure, salaire du geôlier et de l'exécuteur des hauies-
œuvres. Teissier fut on eflet pendu à Montpellier). — Bibliogra-
phie : Jobannis Calvini opéra, volume XXO (comprend plusieun»
index et plusieurs opuscules de Calvin). := 15 avril. Ooueh. Le
fondateur de la caitise dos couvcrsions (uolice sur Pélisaon ; peo9«
que l'abbé Pélisson n^esl pas mort dans la foi caibotique). —
Lettre de. Catherine del Piano, veuve de Th. de Bèzc, à G. Sigi*-
mond de Zastrisscl, oct. 1605 (contient des détails snr la biblîo-
thëque do Bèze). — Dei.av*ud. La Révocation et ses suites dans la
t^aintonge et l'Âunis, 1C88-1G97. — Dbstahdao. Articles du synode pro-
vincial de Béarn, tenu le 9 janv. 1759. — Ch. FaossARD. L'emblème d«
la religion réformée.
12. — Mdmoires de la Société de l'histoire de Paria et de Ttle-
de-Fraace. T. VII, 1880. — Goubajod. La cheminée de la salle des
Caryatides au musée du Louvre (les deux statues de Jean Goujon, qui
ornent cette cheminée, proviennent du I^uvre lui-même, des apparte-
ments de Henri 11 H d'.\nne d'Autriche). — A. Gazirb. La Bastille
en 1743 (publie une reUtîon inédile de l'abbé de Hoquette, qui y fut
enfermé pendant six mois environ. Le crime (]ui l'avait amené dans
cette prison était grave : il était jan^téniKtB et accusé d'élever dans ses
principes cinq nnfants orphelins que leur père lui avait coafiés|. —
L. DouET d'Arcq. Inventaire après décès des biens meubles do
M» V. Cardonnel, chanoine de N.-l>. de Paris, H38. — A. Chkvjlliu.
Un charlatan du xvui" s., le Grand Thomas. — Lbcaroïi. Les origines
de la municipalité parisienne. 1" part.; la Hanse, ou Marchandise de
l'eau de Paris (étude consciencieuse). — A. Dl-foub. Histoire du siège
de Paris sous Henri IV en !ô90 (d'après une relation inédite et
anonyme, rédigée par un témoin oculaire, ligueur déclaré ; elle com-
plète avec intérêt les récits laisses par Pigafetta et Cornejo). — Â. ni
BoisListe. Les iutemlants de la généralité de Paris [notice biographique
sur ces intendants depuis le tueur d'Orgeval, commissionné en 1633,
jusqu'à Bertier do Sauvigny, qui remplaça son père en 1776 et mourut
de la façon que l'on sait, à Paris, le 22 juillet 1789. Presque rien sur
leurs attribu lions).
13- — Académie des sciences morales et politiques. Comptes-
rendus. Nouv. série, XV, 4' livr., avril IS8I.— Rosskedw Saust-Hiumbe.
Mahomet et le Coran. = 5" livr. Mai. Darbste. Les anciennes lois du
Danemark. — Vachsroi. Le comte do Serre, sa vie et son temps.
14. — Acad. des Inscr. et belles -lettres. Comptes-rendus. 4* série,
l.VUI, 1880. = Oct. -dcc. AnnÉ, Unnouveau tcxtedosactesdess'^'Félicitè
et Perpétue et de leurs compagnons marly rs eu Afrique, à Carlbage, sous
le règne de Septime 3évèr«, 202-203 (publie ce lexie d'après sept mas.
de la Bifal. nat. de Paris; donne de nombreux délails sur l'interroga-
toire, que le texte de Ruinart ne contenait pas). — La Blancïtërs.
Estampages et interprétations d^inscriptions découvertes & Vallo di Ter-
UOTClt.^ PlhtlODIQWS.
JSS
racina. — G. Pabis. Rapport sur les ouvrages cnToyc« au concoure pour
le» autiquités de la Franc* en !8SÛ (cf. ff«t\ hist. XIV, 231). — Wallok.
Notice historique sur la vie et les travaux de Caussin de Perceval. —
Hedzey. Rapport sur les travaux des écoles d'Athènes cl de Rome pen-
dant l'année 1880. = T. TX. 1881. Janv.-mars. Laqnu.u. Les anciens
fmuples do tnispanïn {cf. fl«'. hist. XVI, 217). — Rapport du secrétaire
perpétuel sur les travaux de l'Académie pendant le 1*' semestre de
t880.
15. — Revae des Sociétés savantes des départements. 7* série,
t. in, 2« livr. 1881. — Finot. CJiarie d'atl'ranchis.cpniGnt octroyée aux
habitants d'.Vmuncourt par Ilcnri de Neulchàlel, 12 juin IfilO. — Id.
Titres cuacemant l'alTranchi&senieut des habitants de Bcmmadou, 1337-
1606. — MiBEitR. Les chevauchées d'un maitre des requêtes en Pro-
vence, 15ÔG (intéressant par l'origine des intendants). — In. Documente
sur l'enseignement primaire en Provence avant 1789. — Ghabvbt. Une
lettre inédite de Jean Cavalier, de Jerspy^ 2fî août 4739. — Mar^ïv.
Urdonuauce de Jean de Soîssons^ eire de Moreuil, relative aux mesures
à prendre pour la défense de la ville de Compiègne en mai Ull. —
Seiivois. Notes sur les gages des serviteurs de Daniel Huei. — Roserot.
Inventaire du cb&teau de Coursan en 1482. — Edm. Micuxl. 6 inscrip-
tion!* de règliRe d'Yèvre-lp-Châlel il^irPt).
16. — Revue historique et archéologrique dn Haine. T. IX,
l»* livraison. 1881, 1" sem. — Mbkjot d'Elbesne. Eftsai sur la Fronde
dao» le Maine; siège du Mans en 1572, d'aprèe des doc. inédits (met
eu lumière l'incapacité de Beaufort et les alTreuz ravages commis par
son armée). — Abbé Cbaulks. I/eacetnte gallo-romaine du Mans. •=
2* livr. Abbé Frooeb. Les Cam&ldules au Maine. — Âbbé Lsobd. Lee
seigneurs de la Hoche-Ooisnon ; fin.
17. — Archives bistoriqaea de la Salntonge et de l'Aunis.
Tome V'I. — P. de Ki-kuhy. L'aumûnerie de Saint-tiille,-* de Sur-
gères , 1105^1447 (publie 15 chartes qui retracent Tfaîstoire tem-
porelle de l'aumônerie de Surgères depuis sa fondation par Guillaume,
duc d'Aquitaine, jusqu'au xv* siècle). — Mabchuqay. Documents
relatifs à Pregent de Coetivy^ seigneur de Tailtelioiirg et amiral de
Franco, 143G-1452 idélails surtout biographiques et généalogiques;
signalons, comme pouvant présenter un intérêt plus général, la liste
des seigneurs de Didunne, 1232-1500, et une lettre-missive de l'amiral
doooaol quelques détails sur les opérations militaires en Bretagne el en
Normandie, 3 fêv. 1450|. — J. Pellissom. Pièces relatives À deux com-
munes de rammdi.ssemeni de Barbczieux, Brroeuil et Condeon, lt!85-
1778. — Pièces diverses: montres et rôles, baux et capitations. à la
Rochelle, Saint-Jean-ti'Angély, le Brouage, Saujon, 1503-1764. —
Autres pièces relatives à MarenDes.Oléron, Arven, 1347-1789 (déclara-
tion du duc de Richelieu en faveur de ses lenanciers d'Hiers-Rrouage;
cahier des doléances et plaintes des habitants de Marcanes, etc.). —
454
t£GOBILS réaiODIQUBS.
Autres, relatives au Brouage (création d'iioe amirauté par Henri m,
etc.^ ; à Cbamplaia (lettre de Chaïuplaio au roi sur la découverte de li
Nouvel le- Franco, et sa supplique à la chambre de commerce qui le
recommande 'au près du rot, 16)8). — Lettres de Chabot de Jamac, A.
Barbot, J. Besly, P. de la Hoguette, A. du Puy. Original du i cayer
pour préiienter au roy, dressé et arreeté par les despulés d&s eâglixee
réformées de cr roiaunm, a^ieemhleK en cegte ville de la Rochelle >,
13 oct. !Ôt)7. = T. Vil. P. iiE FuiusY. Chartes sain tongeAÏ ses de l'ab-
baye de la Couronne, I1i6-U76. -* H. Rehaco. Correspondance rela-
live aux provinces d'Aunis, Saiuiuuge, Ângoumois, Anjuu, eutre l'in-
tendant F. de Villemontée et le chancelier ëeguier^ 1634-1648 (di^spo-
sious entre l'archev. de Bordeaux et le duc d'Épemon ; (roubles en
SaiutDuge; contre-coup de la Fronde; plaintes formulées à Bordeaux
et à la Rochelle contre l'intendant, etc.| — J. PBLLrs»ON. Pièces reta-
lives aux tcmplns de ScgonKac et de Jamac, 160T-1684. — G. TobtaT.
Actes relatiri: à Saint-Saturnin de Scschaux, Pantoy, Saint-James,
Gibran^ 1450-1778. — Dangueaud. Saintee en 1770; notes de Le Ber-
u>u de Bouuemie, lîeuteuaut-géaéral de la sénéchaussée de Sainlonge
et présidial de Saintes. — Mélanges (charte de Charles VU rappelant le
don fait à Jacques !«' d'I^sse du comté de Saintonge et du ch&teau
de Rochefort, 1428. — Pièces produites par D. du Bourgs médecin ordi-
naire du roi, pour se faire dégrever des tailles, 1579-1607. — Lettre du
pasteur S. Loumeau à Duplessis-Momay sur les événements de la
Rochelle, 1623, etc.).
18. — Annablea de la foonltè des lettres de Bordeaux, â^année,
n* l;jaav.*mars 1881. — CoMifEs. Ga/ette hebdomadaire de la guerre
de la succession d'Kspagne, par le colonni Chevalier du Bourk, agent
de Chamillard (analyse et extraits, d'après le ms. des archives de la
guerre). — Locuaire. Remarques sur la succession des grands officiers
de la couronne qui ont souscrit les diplômes de Louis VI et de
Louis VU, l"'- art. (notice sur les sénéchaux Anseau, Guillaume et
Etienne de Garlande, sur Raoul !•', comte de Vermandois, et Thi-
baut V, comte de Blois).
19. ^ Annuaire de l'asBûciation pour l'enconraeemeat âai
Atndea grecques en Fraince. 14* année, 1880 {pour la 13* année, voir
XIII, 20tj). — Nicéphorc Grégoras : éloge de la ville d'HérocIée du
Pont, d'après Memnon et autres historiens inconnus; texte inédit^ pub.
par Sathas.
20. — Bulletin de la Société de« sciences historiques et natu-
relles do l'Yonne. Année 1880, 34* vol. (pour le 33o, voir Hcv. hislor.,
XIV, 211). — lira. Psto-. Cartulaire du prieuré de Jully-lea-Nonnain»,
canton d*Ancy-le-Franc, arrond. da Tonnerre (collection de chartes,
dont la plus ancienne remonte à 1115, et upparteoant toutes, à 20 prfe»,
au xu* et au xin* s. On regrette l'absence d'une table dos noms do lieu).
— MoNCCAUx. Les coutumes et péages de la vicomte de Sens (publie un
HECOETLS PéBIODlQDBS. 4S5
texte moins ancien, mais plus complet iiue celui que M. Lecoy de la
Marche a inséré en 1866 dans la Bibt. de l'Éc. da chartes ; rectifie en
môme terops un point d'histoire locale : la vicomte de SeuK n'a pas été
achetée en I2G9 par l'arcLevëque; celui-ci c'en acquit qu'un tiers; la
vicomte Biibsistait encore au xviii* », Le texte de ces coutume» est »uivi
de l'état el ilènonibremeat des bieus et revenus dépeudaoi de l'arche-
vêché do Sens et d'un inventaire des titres de« fiefs qui en relevaient
au xvnt' s.). — Csalle. La léproserie de Sainte-Marguerite; l'église de
Saint-Siméon et le cbAteau de Choux. — Deuay. Une campagne de la
garde nationale d'Âuxerre en 1792 {contre un t^oulèvement des flotteurs
et gens de rivière qui réclamaient une augmentation de salaire). —
Challe. Émeutes à Auxerre en 1630 ; une campagne des gardes natio-
naux de l'Yonne (récit de l'autour, témoin oculaire).
ai. — Mémoires de la Société d'archéoloerte lorraine. 3* fsérie^
t VIU (pour le t. VU, voir Rev. hùtor. XIII, A35|. — Des RoBam: et
Lepaoe. Lee armoiries de Nancy (do l'origine du chardon héraldique).
— E. UB Bartuêu^y. Lettreftde M. de Callières à la marquise d'Uuxettet
sur la cour de Lorraine (CaUïères avait été chaîné en mai 1700 de déci-
der le duc do Lorraine à céder au roi ses Etats en acceptant le duché
de Milan en échange ; te détail de ces n^oelations a été exposé par
M. d'HausKonville ; les 4 lettres publiées ici n'en parlent pas}. — L. Ger-
main. Note bioiu;raphique sur dom Maugérard. — Battorr. Quelquet: notes
sur le palais ducal de Nancy, 1516-1731. := Lbpaqb. Deux registres de
l'église collégiale Saint-Georges de Nancy, paroisse de la Cour. —
FAvna. Sur l'élection de Charles-Joseph de Lorraine, à l'évéché d'Os-
nabmck, 1698. — Germais. Médailles de Christine de Lorraine, grande
duchesse de Toscane, 1588-1598. — Benoit. Les princes de ta maison
de Lorraine abbés de Ctuny.
98. — Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie,
t. IX, années 1878-79 et 1879-80. —La Cois-re. Ue ta sépulturp do
Charles df> Bourgueville, seigneur de Bras. — Noël. Rapport général
sur les deux fouilles exécutées par la Soc. des Antiq. Ac. Normandie en
aoiil el sept. 1868 au Val-ès-Dones. — OmLLOUxan. Recherches sur le»
GoUiberts (nous avons déjà mentionné cet excellent mémoire qui semble
résoudre la question si controvereée des Coltiberts : c'étaient des hommes
libres, obliges seulement à des redevances ou à des prestations déter-
minésB; ils devaient Irur liberté à un acte d'affranchissement). — L«
SiGoniaE. Lettre sur les papiers de la famille du conventionnel Pletde
Beauprey, vendus à Séez en 1880 {avec quelques détails sur la biogra-
phie de ce personnage, d'ailleurs fort obscur; exilé en 1816 comme
r^cide, il rentra en France en 1818 et mourui en 1821 1. = Bibliogra-
phie : La Sicotière. Le curé Pons (publie la correspondance inpdiie de
ce prêtre, membre de la Constituante, de I789à 1791. ~~Cb. de Montsey,
Histoire de la Flèche et de ses seigneurs (intéressant, surtout pour
l'histoire de Guillaume Fouquet de La Vareune, un des serviteurs
456 ucunu pfoiooiQOBs.
dévoués de Henri IV). — Pépin. Saint-Fierre-soF-Dives. — Sauvait. Co
BumAnier du roi Louis XV. Mgr d'Aydtc. — Appert et Biancfuiiin.
IlisUiire de rimprim»ïri<» à Domfront. — Abbé Pigeon. Oisloire ds U
cathédrale de Couiauceft.
23. — Annales de la Société d'émnlatlon da l'Ain. 14* atanêe,
1881. Janv. -Mars. — Jariun. Bourg et Bell ey pendant la RcTolutioa
(biographie de Juuberl; »es débuts au barreau, puis à l'armeo. Sur ces
éludes de M. Jarria, voir Bev. histor. XUl, 232j. — BiiossÀaD. Descrip-
tion historique et lopographique de Taucienae ville de Bourg, 13* arL
24. — ReTne de TAnJoa. 1880. Juillet. — H- Sauv&ob. Un singu-
lier jtrocès angevin (HVSll. = Aiiiit. L'ablM* T. pLrrrKAt]. Annales ecclé-
siastiques d'Anjou : Guillaume Ruzé, èvëque d'Angers (1572-1587). =
Sept. Artliur Du Chêne. Uu petit collège avant et pendant la Révolu-
tion : Baugé de 1682 à 1793 (intéreseant ; suite en oct.: fin eu nov.). —
\. JouDEHT. Hecherches historiques sur le canton do Bierné: Saint-'
Michel de Feins (fin en décembre). = Oct. Id. La vie mrale au xvi* s.
(d'après le Journal du sire de GoubervilU. p. p. rabbÔTollemer)' = l>èc.
Comptes royaux de 1520, p. p. M. de Couo?nr (fragments de comptes
recupillis sur les cnuvprtures de registms municipaux de Chinon ; ils
raentioanent Triboulet et Pierre Mangol, orfèvre du roi}. =^ Janvier.
Récits iuéditei de Fraii<;ois Chéron sur la vie de famille dans les classes
bourgeoises avant la Hévulution, p. p. Hebvé-Bazih (guite en fèvr.).
= Mars. Ed. ne Barthélémy. La maison d'Anjou en Hongrie. ^ A
part : Ifotrc-Dame Angevine de Grandet.
25. — Les lettres chrétiennes, revue d^nselgnement, de phi-
lologie et de critlqiie. 1" année, 1880, mai-juiu. — J GAZjuct'i.
Introduction (la Hevue sera particulièrement consacrée aux recherches
d'érudition sur la philologie et rarchèologie chrétiennes; elle s'uccupen
aussi des questions d'enseignement). — L'abbé Dcilhè db 8. Pbojvt.
Histoiro littérairo: de la théologie. — Lboov dk la Marchs. L'enseigne-
ment au moyen âge. — L'abbc La Monnibr. I^AJeunesse de Saint-Fran-
çois d'.\&?ise (suite en juillet). — Fr. Godsfroy. Les érudils français an
XIX* siècle (fin en juillet). — Revue critique (précédée d'une lettre de
M, l'abbé U. Cubvalibr sur l'utilité et les conditions de la critique
d'érudition, qui donne une idée très favorable de l'esprit dans lequel
cctic partie importante do laita'uc sera rédigée}. = Juillet-août. E. Gaa*
TtER. La renaissance italienne et son influence en Europe (suite en sept.).
^ 8ept.-ocl. L'abbé L. Bouboain. L'épiscupat français au xu* siècle. —
Lbcoy db la Mahchb. Los monuments écrits relatifs à saint Martin. =:
Nov.-di'c. Ch. IIuTT. L'ensoignemp-ntdans la Grèce antique. — P. Allajld.
Le^ rapports de l'Ëglise et de VÈl&t au ni* siècle. — Les autres articles
insérés dans ces premiers numéros traitant de points particuliers rela-
tifs à l'histoire litléralre, à l'hynujographie, à la musique sacrée et i
l'épigraphio chrétienne.
26. — Annales de philosophie chrétienne. 1881. Janvier. —
BECCeiU P^BIODIQCES.
457
£. Bjibblon. Lee inscriptions canéiformes relatives à la prise de Daby-
lone par Gyrus. — G.-H. Tounarr. Le cimetière Sainte-Agnès à Rome.
=: Mars. L'abbé Ch. Taociio». Le Pentateuque de Lyon. — J. ]Ialë\'v.
Notes sur quelques p<iints conlestes dans l'histoire de Gyrus (réponse à
l'article do M. Raboloa).
87, — nevne de Bratairne «t de Vendée. 1880, juin. — R. Keivi-
LER. La Brelagno à l'Académie fi-am^aifie (le cardinal de Soubifte |17iT-
ilhCi), suitf^ennov.Janv. elfév. ;le prince L<»nJïi, ipjatrième cardinal de
Rohao, J73i-1803). — A. de KRRMAmanv. Une excumicin dans la pres-
qu'île de Rliuye (suite en oct., fin en nov.). = Juillet. R. Ohku. Saint
Caradec appartîeat-il à la Bretagne ? — L. MaÎthb. luventaire iioni-
maire des archive» de la Ix>irc-Infèrioure {préface de la ftorio E ; cette
série, la plus importante de la Loire-Inférieure, comprend notamment
le trésor des chartes des ducs de Bretagne (4090 pièces de 1030 à 1514)
et les litres de famille, environ 75,000 pièces). — Lettres incultes de
H. de Bouille, lieutenant-général du mi en Breugne (15f)8-1574), p. p.
A. Ds LA BoBOERiB. ^ Aoûl. A. DE LA Bobdbuie. Docnments inédita de
Thistoire de Bretagne : l'île de Bréhatsotis la Ligue de 1591 à I5!)5. ^
Sept. Mémoire sur la canalisation de la province présenté aux ^lats de
Bretagne de 1746 par le comte de Kersaason. — L'abbé Acobbeac.
Souvenirs des guerres de Vendée : un mois de campagne (extrait des
mémoires de Pierre Devaad, des Cerqueux-«ou8-Maulevrierf simple
soldat de l'armée vendéenne ; la deuxième attaque de Luçon et le com-
bat de Chantonnay). — A. Fabry. Les villes de Bretagne : Quinlin (fin
en nov.) == Oct. Du Lalhehs [>b la Babre. Galerie des poètes bretons :
Tabbé du Laurens de la Barre, 1715-1798. = Nov. Documents inédits
sur Jacques Cartier et ses compagnons (1555), p. p. A. db la Borderib
(trois arrêts du Parlement de Bretagne concernant, les deux premiers
Jacques BonlaiD^ Macé Jalobert et Guillaume Si'^uart, le troisième
J. Cartier lui-même ; ce dernier arrêt établit que Cartier vivait encore
en 1555; son exi^teacen'avaitëté jusqu'à présentconstatêe que jusqu'en
1552). Janv. Abbé GaÈaontB. État du diocè») de Nantes en 1790. —
R. P. Flavibn de Bi.O[s. Les Capucins de l'Ermitage de Nantes, 1539-
1880 (suite en février).
28. — Bulletin de la Société des bibliophiles bretons et de
rhlBtoir« de Bretagne. 3" année, 1879-18J>0 , Nantes, 1880. — Règle-
ment pour les vivres des troupes, 1557 (Bibl. nat. fr. 22310, f. 111. —
R. BLA^CUAHD. Uniua de l'abbaye de Genestun à la cuugrégaliuii des
chanoines réguliers de France, 165&-1657 (rectilicalion au CuUia Chris-
Haïui].
S9. — Mémoires de TAcJulémie de Stanislas. 4* série, t. XII.
Nancy, 1880. — Murey. Ex-votu du duc Auioiue de Lorraine en recon-
naissance des victoires qu'il remporta en Alsace sur les Rustauds en
1525. — Debidol'B. Le général Bigarré, aîde^C'Camp de Joseph Bona-
parte (d'apr&s ses mémoires inédits conservés à la Bibliothèque d'Âa-
438
EBCVFTtR réniDDIQUES.
gwfl^. — Haooiolu, Fouillé scolaire on inventaire des écoles dans \m
paroisseB flt annexer (lu diocèse de Toul avaol 1789 et do 1789 à 1S33.
80. Mémoires de 1& Société des lettres, sdences et arta de Bar-
le-Dnc. T. IX, 1880. — V. Servais. NoutbIIps r^chorchps sur la situa-
tion de la librairie, rélablÎAScmeDt cl l'état do rimprimene k Bar-Ie-
Duc du xtir* au xviir s. — Bunnadellb. Élude sar les soigneurs de Ligay
en Barrais de la maison de Luxcnibuurg, ta ville et la citadelle de Ligny.
— L.-Ch. BoNNS. lilude sur la condition des ctrangers eu France depuis
les origines de la inuuarchip jusqu'à no!^ jours. — Maxe-Werlv. Études
sur les monnaies au type altéré de Ucnri l'Oiseleur |lronvaille de Loa-
geaux).
31. — Mémoires de la Société d^a^coltare, oommeroe.
sciences et arts de la Marne. ChAlons-sur-Marne, 1S80. — E. l'sn-
BiRR. Sur un manuscrit d'Ëlienne de Bourbon. — Colonel db DouansOLLS.
Souvenirs lorrains et champenois du moyen âge (la ville de Neufcb&teau
et les premiers Valois; les villes de Lorraine el la loi de Beaumont).
— Abbé LucoT. Jeanne d'Arc on Cbampagae (publie une aol« inédits
d'un contemporain de la Pucplle sur la campagne du sacre, écrite suf]
un ordo de la cathédrale de ChàtouB., Bibl. nat. latin. 10570}.
38. — Travaux de TAcadémie nationale de Reims. T. L!£JV.
IB80, — L, DeMiLisoN. Étude critique sur la vie de saint Bigebert, roi
d'Anstrafie, par Sigc^bert de G^embloox (conclut que la Vita Sancti Sic»-
berti n'a aucunt; valeur historique et que les faits qu'elle rapporte sont
empruntés à des sources que nous possédons toutes el qui ont souvent
été utilisées d'une façon inexacte par Sigebwt de Ge-mblaux). —
H. Jadart. Du lieu natal d'Urbain II [Chfttillon-sur-Maroeotnon Ctt^]
tillon-fiur-fiar). — lo. Étudo sur la vie, les œuvres et la mémoire de
Dom Jean Mabillon (intéressant ; publie en appendice un grand aombrs
do documeuts rplatifs à Mabillon)-
33. — Mémoires de la Société arcliéologiqae et hlttoritpie de
rOrléanals. T. XVII. Orléans, 188U. — Bol-chbr db Moi.andoh. La
famille de Jeanne d'Arc; son séjour dans l'Orlèanaiâ d'après des titre*
récemment découverts (travail imporlant). — J. Boinbl. NouvosozJ
documents sur Jean do Lya, neveu de Jeanne d'Arc. — D*" Patay. Les]
enseigneii, emblèmes et inscriptions du vieil Orléans (travail curieux, j
accomjiagné d'un très bol all>uin d'eaux-fortes). — Contrat de marisgft]
d'Anne d'Orléans, petite, fille do Diinois^ avec André FV de Chauvigny,
seigneur de Ghàteauroui (1494), p. p. M. Bucubt. — P, oe FàLics. Un
étudiant bàlois à Orléans en IdS9 (Thomas Flatter). — TaAncuAU.j
Pierre Vallet, graveur Orléanais (1575-IG12). — L. Jakay. Les suites dfl
la Fronde pn Orléanais, 1653-1660 (intéressant" étude sur nu ëptsoda|
peu connu de la Fronde ; insurrection des sabotiers de Sologne; assem-'
blées de la noblesse eu Orléanais ; procès de Créquy^ Dannery et Mou-
lin-Chnpel ; arre.station et exécution de Bonnesson. Parmi les pièces^
juïitiiicatives, lettres de Mazarin, Sérier, Colbert, Pommerou, Le ToU
Uer, etc.).
KECVSaS PlEBIODTQrBfl.
459
34. — Balletin de la Société arctaéologlqae et historique de
rOrléanals. T. VIT, 1880. — N- 104. Ihdekt. Notes sur la Mott«-Bare&a
et le moulio de TRApiLal à Orléans. « N* 105. Datiiel. Not^ sur tes
deux Bérauld et quelques-uas de leurs coalemporains (reclificalions k
la France proteitanU).
36. — Balletin de la Société niTemalse dea lettres, des sciences
et des arts. T. VIII, 1880. — Rrnv. Etude sur lt> parcours des anciennes
provinces romaines dans la partie nnnl du département de la Nièvre. —
Liettres d'affaires du duc de Nivernais (1716-17^8), p. p. Tabbé Botrra-
LiEB. — I>. RouBBT. Lft quesiloD dc Gergnvût. — Mgr Croskim. Ësndes
sur la géographie do la Nivemie pendant les cinq premiers siècles de
notre ère, et principalement sur la Gergovie des BoTens. — Abbé Boo-
TiLUBi. Mystères et nioralilés jonés par penuinnages ou simplemont
figurés aux entrées des princes à Nevers, de 1396 h 1515 (d'aprôs les
comptes de l'hûtel commua do Nevers). — V. Gcbneao. Prieurs de
Saint-Cbristophe de Château -Cbïnoa. — Concordat entre le curé de
baint-Pierre do Nevers et ses paroissiens ea 1494, p. p. l'abbé Bounb-
URB. — Charte de 1487 relativp aux Frères-Mineurs de Nevers, p. p.
M. DB CiusTEi.LLX- — Alibé BouTiLLiEB. Rapport sur une inscription
romaîno récemment découverte à Monccaux-le-Comte fcotte inscription
meniioane les opificcs ioricari du pays éduen}. — Is. L'auieur des
fresques de Saint-Pierre de Nevere. — Ruby. Notes historiques sur
rarroodissement de Glamecy. — â. Sonhië-Moret. Notice sur les écri-
vains de Glauecy (42 articles). — V. Gub:<hau. Le marquisat d'Espeuilles.
— Abbé BocTiLLiEii. Anciennes marques des boulangers de Nevers. —
Id. Drames litui^îques ou rites &guré<t et cérémonies religieuses dans
l'Église de Nevers. — Le Roubbt. Michel Deepréfays. — V. Gubkbao.
Monlins Engilbert.
36. — Mémoires de l'Académie des sciences, beiles-lettres
et arts de Glermont-Ferrand. T. X.XJ, 1879. — Général Bobsoh. La
nation gauloise et Vercin^étoris. — M. Faucon. La rédaction de la
coutume d'Auvergne en 1510, d'après un r6Ie des Archives nationales.
— Fr. MàoE. Chronique!) et récits de la Révolution dans la ci-
devant Basse-Auvergne (département du Puy-de-Dôme) Les batail-
lons do volontaires, 1791-1793 (continuation des importants travaux de
L'autoor sur la Révolulioa en Auvergne ; nombreuses pièces justitîca-
tivee). — GoHENDv. Découvertes â Ghamaliércs d'un denier mérovingien
de Lothaire frappé h, Clermont et d'un coin mérovingien à Uaint-Mart.
37. — Mémoires de la Société des lettres, sciences et ai^ de
l'Aveyron. T. XI. Rodez, 1879. — II. Affub. Substitution du français
au latin et au patou dans la rédaction dos actes publics. — L. Vaisse.
Un documetnt retrouva et quelques faits rétalilis cunceruaot l'histoire de
l'éducation des sourds-muets en France. — J. de GibSAc. Le marquis
de Mootcalm-GozoQ (Compte-rendu à ses commettants par le marquis
de M.-G., député de la noblesse de la sénéchaussée de Villefranchc-de-
460
KECtTBaS péRiooiQins.
Rouelle aux ÉtaLs-Génémux). — L'abbé Cteès. Rapport sur les tfaerraes
el un ciraetwre gallo-romain découverts à Rodez. — P. Fouloctkr-
LwËRaitu. Étude historique et statistique Ëur le c^iuton tie Saint-Semio.
— MM. C\BROL. Essai dn critique historique au sujet d'une >ille qui a
existé dans la plaine de la Madeleine, près de VillefraDche-de-Rouergue.
— 0. CxfiRoi.. Sé^odun. — L'abbé V. Lafok. Histoire de la rondaiioo
de l'abbaye de floc-Dieu.
38. — Commission historique et archéologique de la ICayenne.
Procès-verbaux et dtwuments. T. I. Laval, !880. — D"" Vehneau. Sur la
grotte de Voutré. — E. Mobeau. Études préhistoriques sur les environs
d'Eroée. — Id. Le bronze aux environs de Graon. — Ed. DaLAtmAT.
Notes historique» sur la commune de Montenay, canton d'Kmée. —
T. Abraham. Le chiUeau de Montjean. — Acte d'inhumalinn de René-
Antoine de Ferchault, seijçneur de Réaumur, tiré des archives de Saint-
JuUen-du-Terroui (19 octubrc 1757; le physicien U. décéda à son châ-
teau de la Bermondière^ au Maine).
39. — Mémoires de la Société polymathique da MorbUiaii.|
1879. Vannes. — Le Mp.^K. Gonêalopip des sires de Rieui. — L'abh
Luco. Les paroisses du diocèse de Vannes jsuile ; duniie liste des rec-
teurs d'après le dépouillement des registres de paroisses). — D» di
Closvadruc. Prise de possession de la baronnie de U Roche-Bernard
par le comte de Boisgpiin^ marquis de Cucé, en 1744. —Le Mmt.
Généalogie des baron? do la Rocho-Bernard.
40. — Mémoires de la Société nationale d'agHcnltore, sciences
et arts d'Angers. Nouvelle pt?riode. T. XXI. Angers, iSSO, — L. Cos-
KiKH. M"* Rusalie Barbot, souvenirs du vieil Angers. — V. GonAfto-l
FAUtTBiBB. Place du Flalliemeot à Angers; fouilles de 1878-1879. — '
G. Rondeau. Saint-Michel du Tertre d'Angers (suite; la paroisse Saint-
Michel au ivi* siècte).
41. — Mémoires de la Société archéologique d'IUe-et-Vllalae.
T. XIIL Renues. — F. Romou. Observations critiques sur l'archéologie 1
préhistorique, spéciatpment en ce qui concerne la race des Celtes. —
L. DccOMBË. Excursion à Sainl-Brioi. L'alignement mégalithique de la
Croix-dcs-Marins. — L'abbé U.vmabd. Fouilles Taitcs à Caruac en 1874-
1876. — L'abbé Paris- Jallobert. Registres de comptes de la paroisse
d'Izé des xv« et xvi« siècles. — L. Madpillé. Notices historiques eti
archéologiques sur Lph paroi<>ses du canton de Saint-Brice.
42. — Mémoires de la Société agricole, scientifique et litté-
raire des Pyrénées-Orientales. T. XXlV. Perpignan, 1880. — Bulle
du pape Ôergius IV pour le monastère dn Mont-Canigou (1011), p. p.
L. Pabri.
43. — Bulletin de TAcadémie du Var, nouvelle série. T. IX, 1 87^
1880. Touluii. — D' H. Grèmire. Lpa droila seigoeuriaux oji Provence.
— D» G. L,\MOBRT. Essai sur le régime municipal et l 'affranchissement
do6 communes en Provence au moyen &ge. — Xy H. Gafioeiu. Le
maréchal duc de Richelieu à Toulon «n 1756. — Db Jaubcbt. Les cap-
tives dons l'antiquité. — Gb. Griûux. Les arts du dessin et l'Ëcole du
Puget à Toulon.
44. — Revue d'Alsace. Avril-juin 1381. — Bbkoit. Un ambassa-
deur lorrain à Strashourg, 1606 {Elisée de Haraucourt, envoyé en Alle-
magne pour y recevoir l'investiture des fiefs que le duc de Lorraine
tenait du Saint-Empire). — Mossuank. Matériaux pour t^rvir à l'histoire
de la guerre de Trente ans ; suite (siège et prise de Brisach ; alliance de
Colmar avec le duc de Saxe-Weiroar ; mort de ce dernier). — Hûckkl.
Réglementation d'une forêt communale d'Alsace aux xv* et xvi* siècles
(traduction d'un règlement de 1469 noncpruant des droits usagers d'une
forât indivise de la Basse- Alsace). — Barth. Notes biographiques sur
les hommes de la Révolution à Strasbourg ; suite.
45. — Messager des sciences historiques de Belgique. 1t^8t,
1" livT. — Anselme Adorne-s, ou un voyageur bourgeois au xv «iècle
(envoyé en 1469 par la ville de Bruges en Ecosse pour lâcher de rame-
ner les marchands éco&sais qui avaient cessé d» vpuir faire le commerce
à Bruges ; l'année suivante il part, mais pour son propre compte, pour
rOrient, où le duc de Bourgogne le renvoya en 1474 pour t&cher de
persuader au chah de Perse d'attaquer les Turcs. Il échoua dans son
entreprise. 11 mourut assassiné eu Ecosse le 23 jauv. U83). — Va» osa
Elst. Essai sur nos anciennes franchises rurales. — Van her Haeohbn.
Mémoire sur la lettre de cachet dans le Languedoc sous Louis XV «l
Louis XVI (l"" art. L'auteur, après avoir indiqué les caractères géné-
raux de la lettre de cachet, en étudie tes applications diverses, et, dans
le présent art., sun emploi dans les causes matrimoniales; intéressant).
46. — Hlstorlsche Zeitachrlfb. Nouv. série, 10" vol., l" fasc. —
Flatue. Les mémoires de M. Von Priesen (ministre du roi de Saxe, du
6 mai 1849 au 'i oct. 185'2 et du i janv. 1859 h 1876, M. Priesen a pris
part à plusieurs des plus graves événements de ce siècle ; ses mémoires,
qui viennent de paraître à Dresde, chnz R-eusch, en 2 vol., sont intéres-
sants ; mais ni la personne, ni la politique do l'auteur n'ont rien gagné
à l'apologie qn'il en a faite). — Nisscn. L'explosion de la guerre civile
en 49 av. J.-G. ; 2" art. = Compies-rendus : Lewrmant. La monnaie
dans l'antiquité (remarquable). — Weilh. Votera Castra mit seinen
(imgebungea (bon). — Wietersheim. (^chichte der Vœtkerwanderoni;
(excellente réédition par F. Dahn). — Sybel et Sicksl. Kaisenirkunden
in Âbbildungen (!«■' fasc. comprenant 30 doc. reproduit» en ^ planches
avec 3 feuilles de texte; important pour la diplomatique). — WinAeï-
niann. Kaiser Otto IV von Brauascbweig 12(^8-1218 (excellent). — Vast.
Le cardinal Bessarion (irréprochable au point de vue du détail biogra-
phique ; appréciation trop favorable du caractère et de l'œuvre du car>
diual ; connaissance incomplète des travaux allemands, p. ex. de ceux.
46S
ftEcucn.» réaiODiQiTBS.
(le Voif;t, sur le sujet). — Maurenbreeher. Geschiehte Aer Kaihoti»cheo
BeformaiioD {remarqaablp). — ffey. GeschicbUî des Reichsca^ la
Speyer 1529 (utile pablïcation de documeoU). — Goldichmidt. '2 lettres
de Uardenbcrg à Slein, avec le? rcponsee, {811 (publiées dans l'origioal
en franrai-t). — Baitteu. Uue lettre de Stejn sur la qoesûon allemande
en 1813.
47. — Neaes Archiv. 6' vol., Tasc. 3. — Waitz. Mss. de Paris (la
plupart de l'aocicn supplément latin de la Bibl. nat. — GiLSEnr. Mss.
latine de Saint-Pétersbourg ; euile. — Schwarjcsb. Les Vitae et MiracuU
du monastère d'Ëbrach. — WAirs^BACH. La Kt'fa HiUkgundis metrica
et autres poésies. — Brësslau. Les sceaux des rois et empereurs d'Alle-
magne de la dynastie dn Franconie, 1024-1125. = Mélanges : Ewald
Sur l'opuscule de Corippus de Tolt'tle, fn iattdem Justini. — Lœwenfcld.
Biir la chronologie de quelques IcUres de Pascal II et de Calixte Q. —
Sattmann. Isingrim^ Tami d'Otton de Freisùng (admet avec Pertx, et
malgré t'opinion contraire dn Wilmans qui avait rallié la plupart des
suffrages, que cet Isingrim, à la demande de qui Otto a composé 8«j
chronique, était l'abbé du même nom au monastère souabe d'Otteabea<^
ren, 1 145-1 IHO. — OHo- Ij'Exordivm magnum ordinis Cùterteensû dc
monasîére d'Eberbach. — Peribach. Le ms. desmëmoiresdu fnLDdBcaû
Jordanus deGiano. — Schum. Sur les originaux récemment retrouvés dsl
bulles pontificales pour Xienburg'Sur-Saale. — Pflugh-Haritung. Lettres
des années 1047-1146.
48. — Neae mllItaBrische Blaetter. Jabrg. 10. Hoft 1, 186L —
Principes du dévelujjpemeut hisWrique de l'armée cueaque. — A. v. B.
Xa prise de Mayence par Custine, 1792 (d'après le journal d'an oflicier
hcssûis).
48. — JahrbQoher fur die deatsche Armée und Marine. Bd. 38.
Heft l. — Gopiavii. L'expédition des Français on Egypte, 1798-1801
(suite jusqu'à la bataille de Hamtéj. — ËBEuxn. 1^ convention du gêne-
rai York à Taiiroggen (ce fut un des actes les plus hardis, les plus vrai-
ment grands de l'histoire),
50. — Beibeft sum Militsar-Wochenblatt. 1880. Hefl 8. —
ScmLD. Origine et première forme de raumônerie militaire en PrussaJ
{contient dos détails intéressants pour l'hisifiire militaire de U Prusse).
51. — 'Wantembergiscbe Vierteljahrhefte fUr Landesg«-
schichte. Jahr^. IIL 18t*0. Hefl 1. — Cahpabt. Le pays d'origïoe de
Zaïriiigi'n dan.s les Alpes eouabes (le lieu d'origine des ducs de Zeeringett'
a généralement été placé à Zaïriugen, près de Fribourg en Brisgau.
Mais il existe un autre village bien plus ancien du nom de ZaDringen»
situé dans les Alpes souabes près d'Ulm, que l'auteur routîent avoir êié
la première résidence des ducs. U y a là une montagne nommée SchloM^J
berg et une forêt nommée Uerzugslauch. Recherches sur l'histoire de
barons de Stubersbeim, de Metzlngen, deTenzIingen et de Ravenstein^
des comtes de Helfeastein, etc.}. — Bossear. L'entrée de l'armée fran-
aSCltEILS PÉEIODIQORS.
463
çaise i Monthélianl et son expédition en Lorraine, 1587-88 (d'après les
notes d'ao coniemporaÏD conservées aux archives d'Œbriagen. L'auteur
s'exprime avec amertume sur les vices et les cruautés des Français. La
ville de Strasl>ourg entretenait à cette époque des relations étroitpf; avec
les ducs de Wurtemberg, qu'elle tenait exactement au couraat de ce
qui se passait sur les frontières de la France. Art. très intéressant). —
GiBPBL. La nomination du prince électeur ClémouL Wenceslas de
Trêves comme coadjuteur du doyen de la collégiale d'ËIIwangen, 1770
(d'après une relation contemporaine Urw» des archives royales de Stutt-
gart).— BiRUNOEs. Im description du Wurtemberg par Jacques Frisch-
lin (extraits de cotte relation conso-rvée dans un ms. inédit de 1614).
— BuoK. Explication étymologique de noms de lieux importants du
Wûrtembenî (Nassgensiadt, Fulgenstadt, Saulgau, Stadioo, Emerkin-
gen, EfTringen, Wain, Weihung, Wîmpfen =■ In latin Vimptaium).
— KoHAuucK. Les seigneurs de Neuffeu et leurs rapports avec le comt^
de Horstetten et la ville d'Ulm. — Ueble. La famille patricienne des
Winckelhofer à Ebingen, î. — Von Uw. Le plus ancien document de
la ville de Rotenbui^ a. N. {1280. Remarquer sur les familles d'Hall-
fingen^ d'Owe et d'Ehingen). — Eheuank. Le séjour de Charlns-Quinl
À Hall en décembre 1541 (d'après des sources inédites et iDléres«ante8
pour l'histoire du muuvemenl de la Héfurmaliun en Souabe]. — Cas-
VART. L'égli&e collégiale de Rappach entre Weinsberg et CKhringen. 11.
(querelles au sujet de sa possession au xv* s.). — SaniBmEB. Lettre iné-
dite de Tilly au duc Jean-Frêdéric de W^ùrtemberg sur la bataille de
Wimpfen, 1622 (rcctide sur plusieurs points les récits antérieurs de la
bataille ; remarques intéressantes). = Ueft 2. Ubbzoo. La longueur du
mnr de frontière romain dans son parcours à travers le Wurtemberg
(fait avec la collaboration de plusieurs membres du bureau statistique
et topographique. Résultats très importants éclaircis par une carte
exacte. C'est Trajan qui amena pacifiquement les Hermundurcs à céder
la partie de leur territoire située sur la rive gaucbe du Danube et
«'étendant jusqu'à Gunxenhausen ; en même temps il faisait de la baule
et de la basse Germanie une province dans toute la force du terme en
y réunissant les Champs Decumates). — Caspast. Le pays d'origine des
ZsBringen (suite. Les baron» d'Albeck appartenaient à la grande famille
des Zseringen). — Hërle. l^a famille patricienne dns Winckethofer à
EhÎQgen (&n). — Von Iîetd. Les relations commerciales des villes
impériales do la Haute-Suuabe avec l'Italie et l'Espagne pendant le
moyen âge (s'occupe surtout d'Ulm, de Ravensberg, de Biberacb). —
K. v. HoBTLBR. Le bavarois Hiesel, capitaine de brigands (publîcaUoa
d'une lettre de 1770|. — Bossert. Les visites pastorales: dan» Ib comté
d'Hobcnlohe en 1556 (texte). — Willb. NimveJles relations sur Incom-
bât de LaufTen, 153-i (texte de six lettres inédites). — Bussërt. Le con-
tingent d'Hobenlobe-Langenburg à la bataille de Rosbach, 1757 (procès-
verbal d'une enquête à laquelle furent soumis sept soldats d'IIohenlobe
de retour dans leurs foyers après Rosbach et qui donne des renseigne-
464
IBCOSILS r^BIODtOITBS.
nienU complets sur les péripéties de la bataille et l'état de l'armée
impériale). — Gueu». Liste des étudiants wurtembergeois do l'UiiiTer-
sité de Fribonrg, de 1460 à 1540. — Weizs-eckeb. DécoaTertes d'anti-
quités rom&tnMi à HoidcDhcim. — Tn. r^ comté d'Hurnia (— HiirnbeimJ.
— GiEFEL. Regesta. Heiîgbaceiiaia linvenlaire des documeuts de l'an-
cicnao abbaye princière d'Heggbach, conservés maintenant à Buxheim,
près Memmingeu ; phi&ieurs documents émanés de papes et d'empe-
reurs. Période de M75-16&9). — Wkizsackeh. L'autel zx>maia trouvé à
Ueagen (inBoription : Aram Danuvîo Q. Veranus votam solvens, etc.}-
— H&RTMAKN. La famille WidmanD de Schwa^bisch-flall (plasiears
membres de cette famille, qui fleurit du xv" au xvii* s., s'occupèreat
activement d'histoire. Rposeignpments sur leurs ouvrages en partie iné-
dits). — SiEO[.m. Marcus Freund, astrologue franconien (1603-166?.
Biographie complète.) — Caspabt. Jean-Conrad Holderhusch et son
journal (1618-1640. Renseignements tirés de ce ms. inconnu jusqu'ici).
— IIevd. Le compte municipal de Blaufelden en 1653 (relevé des secours
accordés aux étudiante et aux voyageurs pauvres, principalement ecclé-
siiistiqucs, profnKseurs et artisans expulsés de I^ur patrie à cause de
leur foi). = Ileft h. Caspakt. Le pays d'origine des ducs de ZœringeQ
(6n. Les rois des Alamans Vadomar, Vithicabus, Raudo appartenaient
i la famille qui porta plus tard, peut-être même dè« cette, époque, le
nom de ZiPringen)- — Bach. L'bôicl de ville d'Ulm. — Von Ablt. Les
fouilles de réglisr d'UIm. — Seukfkb. Liste des ecclésiastiques, profes-
seurs, imprimeurs, pharmaciens, etc., qui se sont fait admettre de ISSd
à 1827 dans la corporation des forgerons d'Ulm. — Id. Un procès des
années 17^6-1711 (au sujet du défaut d'iionorabilité d'un apprenti
orfèvre issu d'un bourreau). — Sautebi. Procès pour homicide en 1447,
1479, 1520 et I5.S9 (d'après la chronique do Schusscnried). — Bdqk.
Étymologie de PAummeru (:= Flumarî, primiUvemenl Frumari). — ^
Ki^Hji. Albert, Georges et Pierre de Hoblentz, maîtres des ceuvres
la fin du XV* s. — Esnst. Le tumutus de Westfrnhausen an der Jagst.''
— BtiuLER. Histoire de la famille des barons de Crailsheim (depuis 1;"21).
— BossBST. Appendice à l'histoire de Mergentheim iremarquable).
62. — Zeltschrift des Vereins fOr TbariOffische OesoUohU
imd Alterthamslnuide. Neue Folge. Dd. 2. Hefi t. 1880. — BrvcuELa.
KBgi»>trum suhsidii clero Thuringiae anno 1506 impopili |ce précieux
document est uu rùlo des cuulributious imposées en 1506 au clergé
thurîngien de la province de Mayence pour couvrir les frais que l'ar-
chevêque nouvellement élu, Jacques, eut À supporter à l'occasiou de
son intronisation. Ce r61e, qui est très long, jette un grand joar noo
seulement sur la situation matérielle du clergé Ihurîugien au comme
cernent du xvi« siècle, mais aussi sur l'organisation ecclésiastique
général; il otTre en môme temps des matériaux pourl'hiKt. de l'agricul
tare en Thuringe. Publication intégrale du texte et commentaire coid"
plet). s HeftS. 1880. Wb.\ci£. La guerre de la succeasion da margra-
viat de Meissen sous l'empereur Henri VI (exposé complet appayé 5ur
RECOEOS ptfsiODIQrCS.
46»
les Bonrces). — lo. Pour servir & la critique de rhistoriogr^ihie
de Reiubardsbrunaea. — Heobl. Trois documents proveDaat des
archives hospitalières de Gotha t!'279, H2I, I156|. —G. L. SonioDT.
Letlres inédites de Jastus Menias, le rérormaleorde la Tharinge (1525-
1553)- — MiTzsoHKB. Recherche de trésors i Weltabourg et à Tauten-
bourg, 1698 ei 1699 (dirigée par le duc Maurice-Guillaume de Saxe-
Seitx).
53. — Mitthellungen des Yereins f. Hamburgische Geaohichte.
Jabrg. 3. I8«0. N<* 10. — Koi'pjians. Les micii-us reLTusemeDls de la
population à Hambourg. — Id. Privilèges des savetiers de Hambourg
(de la tin du xiv* ».|. — N* 12. lu. Pour servir h rhisloire des aceusa-
I tcurs publics à Hambourg. — BAunrELDT. Lettre du coaseil de Ham-
bourg au coaseil do Luoebourg du 29 juillet 1495.
54. — Hlstorlsches T&sch«Dbaeh. 5 Fotge. Jabrg. 10. 1880. —
F. Hoffmann. Isaac C^aubon (biographie complète qui s'occupe parti-
culièrement de sL^u séjour dans les cours do France et d'Angleterre, de
ses rapiwrts avec Heuri IV et avec le cardinal du Perron). — Tollui.
La diète d'Augsbourg en 1530 (expo^ en détail l'attitude de Michel
Senet et do Martin Bucer à la dièlo. Luther était décidé, dans le cas
joù ses doctrines seraient tolérées par L'empereur et le pape, à ne pas
■«'opposer à la répression de celles de /wiugle. Les luthériens, les catho-
Miquee et les anabaptistes, opposés entre eux, s'unissaient dans l'hnsti-
litè la plus vive contre les zwingtiens. Les divisions des reformés tinirenl
par les conduire à leur perte). — Welïhofb». Les débuts de Guil-
laume d'Orange {Vapoloçie publiée par Lui est uu écrit à tendance dont
il faut se servir avec la plus grande précaution. Des le début de sa car-
rière polÏLique, Guillaume se considéra par système, non comme un
sujet obligé envers la couronne d'Espagne à une obéissance absolue,
mais comme un Tassai dont le suxeraîn ne pouvait requérir les services
que dans des cas exceptionnels. H eut ane part prépondérante au com-
promis conclu par la noblesse inférieure des Pays-Bas, bien qu'il t'ait
nié plus tard énergiquenient. ITaprèfi son plan, le compromis ne devait
servir qu'à efTmyer le gouvernement pour l'amener aux concessions
exigées par Guillaume et par le pays tout entier. Mais ce plan échoua
aussi contre les sentiments plus violents dvs nobles confédérés, qui ne
voyaient dans la modération de Guillaume que faiblesse et Idcbetè). -~
l Bbûcenbb. Correspondance de Pierre le Grand avec l^iherine (dans ses
lettres à Pierre, Catherine parait être tout à fait au courant de la situa-
tion politique générale et comme l'amie et la lidcle compagne de Pierre.
A l'inverse des précédentes czarines, elle fut ta compagne morale, la
collaboratrice de son mari, pour lequel elle éprou^-ait une admiration
sincère et dont elle comprenait et approuvait complètement les réformes
comme Les plans et les règlements pollriques et militaires). — Forsten-
BEiM. Due principauté moderne dans l'ancien temps (histoire de l'ancien
royaume bulgare. Les deux races des DuUber et des IfuMden^ considé-
Rkv. Hictob. XVI. 2» FASc. 30
466 aecDBtr.ft p^BioDtQCBS.
née comme des peuples difTérents, étaient identiques). — Ribbl. Poar
Mrvir h. l'hiKtoire intime du socialisme (exposé phîlosoptiique et liislo-
ri(fue des mouvements socialistes dans l'aotiquitc et les temps mu-
deroes).
65. — Hermea. Bd. XV. Heft 4. 1881. — Joh. Scbmidt. La dispa-
rition de lieux uums dans de» iiiscriptiuns tatiuee i\es nunis d'KustaUie
et d'Agricola, consuls en 4*21, et d'Eusébe et d'Hypatiua, con&ule en
359, ont été effacés dans les deux ioscripuons en question, probablement
en punition du crime de haute trahieun). — ZAïtQBMEisTEa et HuaRsa.
Taltte de plomb de Rath (contenant l'anathème prononcé contre pln-
sieurs perKonnes snupçnnnéfîs du vol d'iintt nappe dans les premicm
siècles du christianisme). — E. HùoKiin. CiUuiia en Portugal (compta
rendu de rouille-s avec des remarques intéressantes sur la civiUaatioD
celto-romane en Poriuga!, en Espagne, en France et en Grande-Bre-
tagne). — DnTEHQCfiuBR. luscripliou d'Erylhrcc (de 270 avant J.-C.
relative à l'incursion des Gaulois en Asifi). -^ H. ScaiLuta. Adsertor
libertatis (Mommson avait conclu de ce titre attribué à JuHus Vli
que celui-ci voulait rétablir la République. Mais Vespasien a pris éga-^
lemenl ce titre). — Gruppe. Die» aier (à rapprocher de quinquatrus,
sexatrus^ etc. Dies ater ne signifiait pas autre chose à l'origine que le
premier jour après le commencement de [a semaine).
56. — Philologns. Bd. XL. Heft 1. — 1881. — Urgeb. Les aotir
du XI' livre de Diadoro(le commencement de l'année était poor ^b
rèquÎQoxe d'automne, Candis que Timéc fait commencer l'année arec It^
printemps. La liste des rois de Sparte et de Macédoine donnée par Di(K
dore est, comme une partie de son histoire de Sicile, tirée d'Kpburej. —
H. HAnpT. Daren, Malalas et Sisyphos (une grande partie des erreurs de
Malalas est imputable à ses sourceSf et non à lui). — A. MOLt.BB. L'ar-
mement des légions romaines (les légionnaires ne portaient pas ^ou»
l'eatpirn un plïHtron de miîi\ mais un» cuinissi* df. métal, la Utrica seç^
meniaUtf que Ira Romaines avaient empruntée aux Ktnisquets). —
H. Uacpt. Dion Gassius (suite. Dion Cassius s'est servi pour l'histoir»
de la 2' guerre punique, eu mÔme temps que de Tite-Live, d'un ccri>
vain qui a étudié des sources romaines, numides et puniques et qui
vraisemblablement n'est autm que Cœlius Aniipatfr. Il n'est patJ
démontré que Dion ait suivi exclu.<tivemcnt Tite-Uve pour l'histoire de
la guerre de Syrie et de la guerre de Macédoine^ mais il a altéré son
récit par celui que lui rourniRsait une autre source). — G. F. Uxcoi.
Sur Gceltus Antipater (recherches sur la division de son ouvrage et le
contenu de q. q. livre), — Illhardt. Tilus et le temple de JprusaleiS]
(l'auteur cherche à prouver que l'iuLénît politique devait amener Tito»|
à ruiner le temple, mais que d'un c6té l'imagination, l'ostentation
l'amour de la f^Ioire chez le prince, de l'autre tes nécessités financièret^
de l'État lui (irent désirer de se rendre maître du temple sans le
détruire).
MCDRtiJt rt^BinmQves.
4«T
57. — Aleiimiml&. Jahrg. ÎX. Hefl I. 1881. — Baumamn. Sentence"
de Kdlhofhom sur rUnUîrecc (rédigée au pluB tard dans la 2" moitié
du XV* 8.). — BucK. Lee noms géoKrapliiq ues de la France (explication
d'un grand nombre de noms de lieux d'origine celtique, latine et
fr&nque. Les noms en -ville, -villiers, ne se trouvent qu'à partir do
l'époque Tranque. La plupart des montagnes portent des noms d'origine
récente, principatemeni germanique, preuve que les montagnes avaient
rarement reru dee noms propres dans les temps primitifs). — In.
Recueil de noms de famille el de lieux de la Uauto-Allomagnc. —
MûNDEL, Légendes et usager populaires d'Alsace. — Qartfelukr. Mœurs
du Reucbtbal. — BlRu^0Elt. Protestations contre le luxe des vêtements
à l'époque do la guerre de Trente An». — In. Liber vi\-entium etdefunc-
torum du couvent de Pficffcr (publication lidéle).
58. — Scbrlften des Vereins fOr Geschtohte des Bodensee**
nnd aeiner Urnsebong. Heft. 10. 1880. — HAKa. Arhon à l'epoqae
romaine et les voies romaines pa»Hani à Arlion (d'abord village celtique
sous le nom d'Arhona, puis poste fortitie sous ceini d'Arbor Félix,
eoBn place frontière contre les Alamans. Compte-rendu de fouilles). —
BAnTiicLDt. Histoire d'Arbon au muyeo âge el dans les temps modernes.
^= Marti:<. Histoire et possessions du couvent de Reichenau. — Lœ-
W£.N£TEiN. Épisodes de la vie intérieure do la ville de Radolfzell au
XVI* et au XVII* s. (les ordonnances municipales, les fonctionnaires
municipaux et l'instruction ; très intéressant). — Scbobbb. Pour servir
à l'hiatoire de la construction de la cathédrale de Constance. — E. von
Tbceltsch. L'époque préhistorique dans l'Allemagne du S.-O. et la
Suisse, particntièrement en ce qui loncbe le lac de Constance et ses
environs (avec une cane des endroits où ont été découverts des objets
de l'âge de pierre, de bronze et de for). — ZùLtrG. Esquisse historique
sur l'église paroissiale d'Arbon. — Aluîevbb. Jean^Henri de Ffummem,
bourgmestre de la ville impériale d'L'eberlingen (1585-lt>6^|. — SAtrrBa.
Les familles nobles de l'ancien comté de Montforl. — Priubs. Tracée
du tribunal vebmique à Lindau (extrait de documente du xv* s.). —
MotL. Le château d'Ârgen sur le lac de Constance (sou histoire eu
partie d'après des notes inédiles). — ZtfisjuiR. Les cht'iteaux- forts d'Att
el de Neu-Montfort dans le Vorarlberg (fait eu grande partie d'après
les documcnis). — Poihsiq»ok. Regestes pour l'histoire des barons de
Bodman (839-1271).
59. — Zeitschrift fDr das Oymnasial-Wesea. Herausgegcbeo
von Uirscbfelder und Kern. Jahrg. 34, Berlin, lS8fl. — PKTEssooayF.
Les auteurs du 8* livre du Bellum Gallicum, du Dellum Alexaodrinum,
du Bellum Âfricauum et du Bellum Hispanicum (Eirtins, l'auteur de
ces écrits, s'est fait donner pour tes composer, par les lieuteuanls de
C^sar, de« retalions écrites el les a copiées littéralement; de là la diver-
sité qui se maalfciste dans ces écrits). := Comples^rendus crit. : Peter.
Ueber die Quellen der leltereD rœmtscben Gescbiciito (très bon). — Exa-
408 UCOBILS P^RIODIQnS.
men des publications fuies l'ouDêe deniiêre sur Cortius Rafus, Hén^
dote et 8allu$te.
60. — Mlttbellnngen das Verelns Ton GescblctatBfkvnden su
Rhelnberg. Hofl 1. 1880. — Schneider. Voies romaines. — L<KMPKBTt.
Les si^'es Jt* tlheiiiborg. — Pigk. Najïoléon I*' à Hbeînbtîrg en 1804.
— Id. l*our servir à l'histoire du village dTfsum.
61. — Jahrbacher fOr classische PtUlologle. Bd. 133. Heft t.
1881. — SxKîiUEi,. Liïs facrificiîs aux luàue^ chez les Grecs (il est inexact
que les animaux mâles ne pussent pas ôtre àacrilios aux divinités infer-
nales). = ComplBs-rendufi crit. : lodl. Die culturgeschichuchrelbung
(remarquable, malgré beaucoup d'idées erronées).
82. — Archiv fUr oBterreichlBche Oeschlohte. Bd. 60. Heit. 1
1881). — UtÊERTH. Gontriltuiious h 1 histoire du mouvement ha«>ile
(III. Le Trantatus de longevo schismate de l'abbc Ludoir de Sagan
Texte acmmpagné d'une iulruduction historique sur la vie et raotiviu»
Iilt<5raire do Ludolf, sur Ila cootomi, les sowrces et la valeur hisuirique
du traite, remarques critiques et pragmatiques). — H. R. von Zeissbsro.
Pour servir h l'hii^toire de la chartreuse de Gamingen Autriche au-des-
sous de L'Kans (l'ondée en 1332. Esquisse de rhietJ>ire du couvent. Publi-
cation des documents rédigés par le chartreux Guillaume Bofer qui
vivait à la fin du xv* s. Ces documents v-e. composent d'un nècrologe,
d'une Usie des prieurs, d'un déiiumbreoieut des moines depuis XAdt H
des convers de 1146 à i486, eiiliu un aperçu des ubits, pour lequel U
s'est servi d'un diplmnatarium qui existe encore). = Bd. 61. HeEt. I.
188Û. LosERTu. Études sur Cosmas de Prague (l'èditiou et la critiqDS
historique de Cosmas par Kœpke dans les Mon. Germ. SS. IX. soal
in^uftisantes. Le travail de Koïpke a négligé une série de passages
emprunti's par Cosmas à d'autres ouvrages .sans valeur. Il en réralle
que plusieurs points de i'anciemie histoire bohème, considères jusqu'ici
comme des faits historiques établis, doivent être rayés de cette histoire,
par ex. la pcrsonualité do la duchesse Ilemma, la caractcris tique de
Boleel&s U, etc. Cosmas s'est servi do UegtDOo. Il a terminé son pre-
mier livre eu tllO). — Mkinul. Baclliulomaei Hoyer dictj Schirmer,
cellerarii 1462-H6'j Regtstrum procurationis rei dûrac«ticae pro familia
Keicliersporg (ébauche de l'histoire du chapitre de Rcicbersperg dans
la Haute-Autriche et texte du registrum)'.
03. — Strefflears <Bsterr«ichische m!ltt»rische Zeitschrlft.
Jahrg. 21. Ud. i. Ht'ft 12. Wieu, 1880. J.-G. Expose des oporaiious de
l'armée principale des alliés eu France du îl février au 22 mars 1814
IM.
I Pour les autres articles voy. les bulletins d'Autrirhc et de BohAme dans
notre tleruier nuiucru, uiasi que te bulletin de publiculiuiis reliLivei» à I'adIj-
quilé roinaioe qui sera pablîè dus aolre procbaia imniro.
BBCUEILS P^ItlODIQCES. 4119
64. — Peâlschrlft znr Erlnnemng an die Feler der ver "700
Jafaren stattgefnndenen Erbebuog der Steiermark zum Herxog-
thame. 1880. Herausg. vooi AusiMibusse des hislorischen Vercins fur
Sleiermark. Graz 1880. — J. v, Zahm. Le d^^veloppemenl de la Styrie
et son érectioD en duché. — F.-R. v. Kronbs. L'union de la Btyrie et
de l'Autriche et sa situation dans la vie de l'ÈLit autrichien jusqu'en
1619. — -M. V. Kaisghprld. Le développement de la vie i>oliiiquo inté-
rieure de la Styrie depuis 1619 «s'occupe particulièrement de la consti-
tution des ordres!.
65. — The Academy. 2 avril 1881. — ShadwtU. The Ufe of Colin
Campbel], lord Clyde (biographie eulhousiaste d'un des meilleurs géné-
raux de l'Angleterre^ un de ceux qui ont le plus fait pour ètouOer la
révolte des Cîpayes). — Ha\ch. The organisation of ihe early Christian
churchfs (cours professé h Brnmpton en 1880; leçons brillantes» mais
inégales). — Longman. Frederick tlio Great and Ihe 7 years war
(œuvre estimable de vulgarisation), t— Cos. Hisi(»ry of tfae esta-
blishmenl of british rule in India (compilation de faits indigestes
et sans originalité). — Jennings. On anecdotal history of tlie british
Parliament (agréable). =^ 16 avril. Vonde da Carnota. Memoirs
of Ibe Ficld-Marshall Ihe duke do Saldanha (biographie, ou plutôt
apologie fort détaillée psr le heau-frére et l'admirateur du maré-
chal ; nombreux extraits de sa correspondance). — Bryant et Gay. A
p^ipular bislory of the United States vol. IV (très médiocre. Le nom du
vénérable poète et joumahsie, W. Cullan Bryant, n'est sur la couver-
ture du livre que pour attirer les acheteurs; sa part de collaboration est
absolument nulle; c'est un livre de pure fabrique). ^ 7 mai. Frefman.
Tlie historical ge<<gcaphy of Europe (e»|uisse remarquable et d'une
grande utilité). = i\ mai. Rusult et Prendtrgast. Galendar of the Siata
papers relating to Ireland in the reign of James I, 1615-1625 (très im-
portant). — Boutgci: Histury of Ghioa (bon). = 28 mai. Pelayo.. Hieto-
ria de lo$ Hcierodoxos espafloles, t. Il |complémcnt indispensable à
l'histoire de l'Égli&e en Espagnel.
86. — Tho Athenaenm. 2 avril 1881. — The Ught cavalry brigade
in Ihe Crimea {extraits des lettres et du journal du général lord
G. Paget). — Forsier et DanicU. The life and letlers of Ogier Ghiselia
de Busbecq (important. Les lettres forment deux groupes distincts :
I* les lettres en latin écrites de Turquie où Busbecq était ambassadeur
à Gonstautinople, 1554-1562 ; 2» les lettres en français, 1574-1590,
écrite>B de la cour de France ; ces dernière» contiennent une peinture
trfes vive de l'état de la France pendant les guerres de religion). =
9 avril. Ewarl. The story of a soldier's life (récits agréables sur la
guerre de Grimée et sur la révolte des Gipaycs; des longueurs). «
16 avril. Gairdrter, Three XV tb. ceotury chronicles (contient : 1* une
chronique latine, qui est originale pour la plus grande partie des
rèf^es de Henri VI et d'£douard FV ; 2« de brèves u notes of occur-
470 ascDBiu réaiODiQtJBB.
rencBS > relatives à la même époque ; 3" des otites historiq^ues de Joho
Stuwe, très iutérBssautes [lour la vie privée de» IvOudooiens au deboi
du règne d'ËUsabetb). = 30 avril. Fretman. The historical geography
of Europe (excellent exposé des changements politiques et des modîfi*
calions territoriales de l'Europe; tnais la géographie proprenieni dite
est malheureusement absente de ce livre. 11 est accompagne d'un
volume de Ixjnoes cartes). = 2t mai. Brewer. Englisb studies (réim-
pression d'articles parus dans diverses revues snr des questions de liité'
rature et d'histoire, articles la plupart excellents. A signaler ceux qui
se rappurtent à l'histoire de Henri VIII et aux Stuarts). = Il juin.
Burrows. The rogÎRter of the visitors nf the nnivereity of OxTord, 1647-
1658 (intéressant). — Wren. History of England to 1485 (assez bon
manuel, qui iosiste surlnui sur l'époque celtique ot anglo-saxonne).
67. ~ Société Jersiaise. fi< hutletin annuel (Jersey, G. Le Feuvre,
1881. In-4", p. 241-299). — P. L., Commiesion donnée à Henri Cor-
Djrsbo, Helier Gartemt, Jean Nicnlln et Thomas Bortram. 30 Hen. VI ÏI.
Â. D. 1545. — P. L., la cour ecclésiastique de Jer«ey de 1557 i 1567.
— Extraits du jouroal de Jean Chevallier (1047-1631). — Inspeximos
de L'an 1542 {ou'ie de paraisse ou enquête testimoniale sur un procès).!
— E. K. C[uble], GauLîsh, Roman and Parlhian Coins {avec tuftl
planche ; sept médailles, dont cinq — une gauloise et quatre romaines
— trouvées à Jersey). — Catalogue de la colleclioa d'objets faisuii
partie du musée de la Société jersiaise, 1880.
68. — ArcUvio storico itaUano. T. VOI, 2« fasc. de 1881. — L*
Mantia. Nottcefi et documeul« sur les coutumes des villes de Sicile
(1*' art. d'un travoil qui promet d'être imporunt). — Malaqola. G&lileoJ
Galilei et l'université dn Bologne. — Del Lunoo. Le livre del Chiodû et
les condamnations dorentines lie 1302 (notes extraites d'an registre
intitulé : Libro délie condanne dellc famrglie ribrlli dti comune d\
Firenze dal 1302 al 1379, detto det Chiodo, un inventaire de ce re^sire
serait précieux pour l'histoire des (ruetfes blancs}. = Comptes- rend us :
Gasiodini. Nanne Gozzadini c Baldassare Cossa, por Giovanni XXIII
(longue analyse par M. Cosci de ce livre intéressant). — Bettom. Storia
délia Riviera di Salù (iticumplel; la partie diplomatique est bien traitée,
la partie économique entièrement négligée). — Variétés: Maj:z.att?iti. Le-
Teleutetoçiù d'UbaldodiSebaetianodeGubbio; œuvre inédite du xrv«s. —
PiOLi. MpliLtjges de paléo^aphie et de diplomatique (sur un ms. de la
Magliabechianu avec chiffres numéraux arabes, supposé du xc* s., et
qui appartient bien plutdt â la l'" moitié du xtv* s.).
68. — Arcbivlo storico lombarde. 31 mars 1881. — RosolottI.
Les confédérés français et pii^niontais à Crémone en 1733-17^ (la
l** partie de ce travail est un retourné rapide de la campagne, suivi d'un
jugement sévère à l'excès sur la politique française ; la seconde n'est
plus qu'un fragment d'histoire locale : dépenses militaires, hôpitaux.
RECireiLS f^Rioiiigois.
4TI
elc). — CiPOLLA. D'un nouveau Iravail sur la reddition de Milan eu
1162 (analyse d'un mémoire du D' [>ohe, Bextr^ge xur Gaehichte der
Capitulation von Maitand 1163). — Curn. De quelques peintres anciens
peu connus. — Portioli. Les sceaux du cardinal L. Gonzaga (gravés
[lar Celltni). — Giamamdrba. La dominatiun de Francesco Sforxa dans
les Murclies (impurtaDt mémoire fait d'après des source*» provinciales ou
municipales en graude partie înèdites|. — I.vtra. Le musée des st&lues
et la bibUoLlièque de Manloue. — Cu-olla. Angelo Simoupsa, Iwui^coÎb
de Vérone (publie rarrdl do conseil et Tacto de nomination, en 1441,
de Bimonottn^ habile et actif secrétaire de Fr. Sfuna). — Gheppi. Les
derniers princes de la maison d'Esté (d'après do nombreux documeuls
inédit«f. — Bvrruniifi. La p^cfae sur le lac de Garde au xvti* et au
xvui* 5., suite. = Cïûmples-reudus : Bianchetti. L'Ossol». inferiore (mo-
nographio tr&s soignée). — Jfa/ii. Somma Lomhardo (agréable). —
Spinflli. Ricercbe speitanti Sesio Caleade (bon). — Biadego. Letlere
inédite di Scipione Maffei.
70. — Archlvio atorlco per le provlncle napoletane. 6* aonée^
fasc. I. — C. MiiriBRi Riccio. (Quelques faits de l'histoire d'Alphonse I
d'Aragon du 15 avril 1437 au 3i mai 1458 (analyse les cedules de la
trésorerie des rois aragODaîs, cooservèee aux archives de Naples, et
contenant beaucoup de faite intéressants pour l'histoire civile et mili-
taire, les beaux-arts, etc.}. — GAaioitAXi. Le parti autrichien à Naples
en 1744 {publie uu certain nombre de documents tirés des volumes de la
Giunta di italo et relatifs à un complot formé à Naples lorMjue les
Antricbiens tentèrent de la reconquérir en 1744 1. — Koccard. Les
sources de l'histoire de Naples aux archive? de l'État île Modfene.
Otrante en 14S1 (publie les dépêches des arobaKsadeurs d'Esté ; des avis
et notes transmis par des particuliers, des lettres de princes, de con-
dottieri, un rapport sur la prise d'Otrante par le commissaire du duc de
Barif adressé k Lud. Sfortal. — Comptes-rendus : Sclirmter. Ueber die
Eleimatb des Hugo Falcandus(a réussi k établir que H. Falcandns ne peut
être identifie avec l'abbé deSaint-Denis, H. Poucaut; pour le reste, l'auteur
n'a pas réussi k résoudre les questions relatives à l'hliitorien de la Sicile.
Cf. Hn\ hist., \\\b09].— PisdceUi-Tafpgi. Paleografiaartisiicadi MonU^
cassioo (important). — p. Bonaventura da Sorrtnto. 1 C^ppucini de.lla
provîncia monastica di Napoli e Terra di t^voro (travail plus apologiv
tique qa'hiittoriquet. — Winkfimann. Ueber die entao Staats Univer-
siueieu (étudie t'influence exercée sur les hautes éludée par la création
dé l'université de Naples fondée eji 1224 par Frédéric II). — A. dt
Umnso. Memoric intemo agU ultimi anni dclla vitn di S. Tommato
d^Àquino i disculpe Charles I" d'Anjou de toute pari prise à la mort do
saint TbomaSf qu'il ne cessa de favoriser, et qui mourut de maladie
sRos soapooQ possible d'em poison oemeol). — Btaneo. Gli ultimi awe-
nimenli del regno di Gioacchino Moral (Bianco a pris, comme of&cier
d'état-major de Mural, part aux campagnes de 1814-1&; see mémoires,
473
fiSCITEILS réaiODIQORS.
sans apprendre rien de bien nouveau, méritent cependant d'èlre ood-
sultés).
71. — AreUTlo storîco marchiglano. Fasc. 3 et 4. — Coktt.
Rapport de Lod. Clotiiu à Alfixandro VI sur l'état de Cameriao —
BALVinu. Etude analytique .sur les statuts inédits de Rimini de 1334*
— Gl-bj. L'université de FcmiO ; suite. — Ruuihaki. Les conepiratioa»
Impériales de Romaine el de Toscane, 1167-117.'! ; suite. = MAsem. Ij*
collège et l'univei-sitc NolPi » Fano ; Les premiers cliapitres du Monl-de-
Piété à Fanu. Ms. ancien des gabelles de Fano. — VAXzoLnîi. Chrooicoa
Pisauri ; suite. — Golucci et Santom. Chapitres des Juifs de Cnmerico
en 1558. — Vj^s fascicules complètent le I" et peut-être l'unique volume
de VArchivio marchigiano.
72. — La Rassegna Mttlmanale. Tl mars 1881. — Psatsao. Le
mariage du margrave 0. Philippe de Brandebourg, 1095 (avec Ut com-
ie-ssv de Salmour; il y eut une tentative de mariage secret qui échoua,
les ajiianls furent sépares de force : le margrave mourut peu après au
siège de Casale ; sa veuve épousa plus lard un comte saxon). — G. db
Castro. Un épisode de l'histoire des fermes à Milan au milieu du
xviii* s. ^^ 10 avril. S. von Heyking. Zur Geschichte der Uandels-
bilanx théorie (intéressant ; mais travail fait de seconde main et asses.
mal informe de l'histoire du commerce en Italie). = 17 avril. Pagani.
A, La* Marmora ; ricordi storici dolla campagna di Crimea (rien de
nouveau), ^ 24 avril. Cuen. La mort de Marie-Louise d'Orléans, reine
d'Espagne, 1089 (croit, d'après les dépêches des ambassadeurs vénittens
que la reine a été empoisonnée; on s'en délivra parce qu'elle n'avait
pas donné d'enfants à Chartes 11). = l"' mai. Moua. Documeoij sur le
comte de Caglioslro. — Rfpertorio délie pergamene délie université e
délie cilta di Aversa 1215-15Ï9 [bon inventaire de 54 doc. nonservésaux
archives de Naples). « 23 mai. Bforza. Ricordi délia famiglîa 8fonui
di Mûntiguoso {cette famille, qui u'a aucun rapport avec les Sfona de
Milan, a joué un certain rôle politique û Lucques dans les dix dernier
années du xvin* s.), s Masi. N. Machiavelli e i suoi tempi (d'après
livre de Villari).
73. — R. depatazione dl storia patria (Modène). Séance 15 jan-
vier IHKI. — MRtiPORi-R(>N<:A0Li\. Mémoire sur le prince Alméric d'Esté,,
61s du duc Franr.ois I'-' de Modèno (s. xvii). (Parle de l'expédition orga-'
nisée par le card. Muzarin pour aller au secours des VèoUienSf menaces
par les Turcs dans le royaume de Candie, expédition dans lai^acUo le
prince Alméric eut le conmiaud émeut de 4,000 fantassins français.)
74. — R. Accademla de! Lincet (Roma). — Classe des scieocM
mor., histur. et pliilolog. — S>éance 20 mars 1861. — MonpuBQO et
ZBNATri. Les mss. Russiani de la Bibl. coreinienne de Rome concer-
nant l'histoire littéraire italienne. — Som-CFRR. De l'administratioa^
politique à l'epoqun carlovingienne. — Pieoai.Ti. Bibliographie paléo»(
BBCOBILS P^aiODIQCBS. 473
ethnologique italienne du zv!" b. à 1880. — Fiorelli. Rapport sur les
découvertes archéologiques dans le mois de février 1881.
75. — Historlsk TldBBkrift. 5* série. Vol. II, cah. 3. — Heisb.
L'ancienne Copenhague d'après les nouvelles recherches. — E. Lcefflbr.
La valeur historique de la tradition sur le Danebrog (les armoiries de
Heval les plus anciennes sont le Danebrog). — Mûllerup. Quelques
points de la guerre de Sept ans dans le Nord : Tarrestation de l'ambas-
sade suédoise à Copenhague en février 1563. Le traitement et l'échange
des prisonniers de guerre. — Bruun. Sur l'introduction de Tabsolutisme
en Danemark en 1660 (Frédéric III n'a jamais promis une constitution ;
il n'a pas fondé l'absolutisme). — Mollerdp. Catalogue des publications
historiques pour le Danemark, 1880. = Comptes -rendus critiques.
Rist. Lehenserinneningen (très intéressant). — Slantels. Beitrtege zur
Hansischen Geschichte. Die Recesse der Hansetage. V. — Hansisches
Urkundenbuch, von Hœhlbaum (bon).
76. — PersonalhiBtorlsk Tldaskrift. Vol. n, cah. 1. — Barfod.
Un général danois dans l'armée russe (petite biographie intéressante,
écrite en 1782, de German lagan Bon (ou Bohn), général en chef sous
Pierre le Grand. = Cah. 2. Bricka. Les étudiants danois et norvégiens
à l'université de Leyde, 1574-1674 (avec des renseignements biogra-
phiques).
77. — Danske Magasin. 4' série. Vol. V, cah. 1. — Rcerdam. Le
professeur Hans Zoega et sa nomination de docteur à Rostock. —
Rgerdau. Nouvelles notes sur l'écrivain politique du IV Christophe
Dybvad (publie entre autres : une lettre de De Gahaignes, professeur à
Caen, à Dybvad). — Mollerop. Documents relatifs aux événements qui
suivirent la mort de Valdemar Atterdag (d'après les originaux conservés
à Schwerin).
4T4
CHBOMQCR BT «IBLIOCBlfOIK.
CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
France. — M. DrvEBQiBst db Uauranks est mort à Paris le 20 mfti
dernifir. 8*m Histoire du gouvernement parlementaire en France (1857-
1873, 10 vol. in-S*) est unf) œuvrn d'uDo grande valeur. Il laiasc de nom-
broux fragments autobiographiques el hieloriqueg.
— Nous apprenons égalâment la mort do M. benjamin FnxoH, bien
connu comme coIlBcûonneur d'autographes ei comme auteur de publi-
cations historiques et archéologiques sur la Vendée, etc.
— Nous apprécierons dans uoire prochain Bulletiu l'œuvre hiatorique
d'E. LiTTaÈ, dont l'érudition franraise déplore en ce moment la perte.
— M. l'abbé Pletteau, historiographe du diocèse d'Angers, est
mort à Angers le ^23 janvier dernier. Il avait entrepris, depuis plu-
sieurs années, dans la Hevue de l'Anjou, ta publication des Annalet
ecclésiastiques de l'Anjou, travail qu'il a conduit jusqu'à l'èpiscopat de
Guillaume Ruzè (1572-1587). lï a insère, en outre, dans divers recueils
locaux, uu certain nombre d'article» sur Thistoire de l'Anjou, et notam'
ment, en 1862, dans le Rt^pertoire historique et archéologique de l'Anjmt,
une élude sur le jansénisme el l'université d'Angers et sur t'évâque
Henri Amaukl^ qui donna lieu A une vive polémique locale. (V. B«vue
de l'Anjou, lëvr. 1881. Ivotice sur Pabbè Pletteau, donnant rénamàr»-
tion de ses travaux.)
— M. le comte de DEnTOL<, décédé également à Angers, avait poblié
en 1813 un Essai sur la iopoijraphie de Tyr, qui fut considéré alors
comme ayant éclairé d'un jour nouveau d'importantes questions d'his*
toiro et d'archéologie. Il était revenu tout récemment sur ce sujet de
ses premières études dans un mémoire communiqué à l'Académie dos
inscriptions au muta de décembre dernier, dans lequel il discute cer-
taines opinions de M. Renan relatives à la topographie de Tyr (voir
Comples-rendus de l'Académie des inscriptions, ai^née 1880^ p. 350).
— L'Académie des sciences morales et politiques a décerné l'un des
doux prix Odilun I^rrut au mémuirc de M. van deh IIsl'vll, de Gand,
Bur l'Institution du jury en France et en Angleterre, et l'autre à celui de
M. GuASSON ëur la Prucédure civile en France et en Angleterre depuis le
Xilï' s. jusqu'à nos jours. Elle a remis au concours le sujet suivant, sur
lequel un seul mémoire, rédige surtout d'après des travaux de seconde
main, avait été présenté : Hi?cbcrcher les origines et les caractères de la
chevalerie ainsi que de la littérature chevaleresque (terme le 31 dèc.
1881). Le prix ïlordiu sur les grandes compagnies de commerce depuis
CHIOÏVIQDE KT BJkLIOGUFHIB. 475
le XVI* 8. n'a pas été décerné. Le sqjei esi remis au concoure (31 déc.
1883).
— L'Académie des inseripUons ei belles-leures a décerné le grand
prix Gobert à M. Dupuy, pour son Hùtoire de /a réunion de ta Breiagne
à ta France. Nous sommes heureux de.cf*tte distiocUon si méritée qui
encoangera les professeurs de dos Pacutlès el de nu!> lycées de pruvince
à entreprendre dee travaux d'érudition d'après les documenls inédiU
conservés dans les archives et les bibliothèques départementales. Cest
comme professeur au lycée de Dre^t que M. Oupuy a mené à bien ce
grand travail. M. Brcrl a obtenu le 2' prix pour son Cartutaire de
Cluny. L'Académie a voulu indiquer ainsi l'estime qu'elle fait du soin
apporté par M. Bniel à sa grande entreprise et l'espérance de lui voir
publier bientôt une ample introduction qui permettra de lai accorder
nne récompense plus élevée. — L'Académie française a accordé la plus
grande partie du prix Archon-Despeyrouses (2,500 fr.) à M. L. L&l&ane
pour son index de Brantôme.
— L'Académie des inscriptions et bellee-leiires n décerné le prix
La/bos-Melicoq à M. J. Ft.AUMERM0»T pour iion Histoire de Srnlù (voy.
plus haut, p. 149), et un des prix Brunet à M. Auguste Molikieb pour
une très considérable et lré« importante bibliographie du Languedoc
— L'Académie franraise, daus sa séance du h mai, a décerné le pre-
mier prix (iobert à M, Cu^bubi,^ auteur de l'Histoire de la minorité de
ùauis XIV (4 vol. in-8*y. Le second prix, à M. Derthold Zellsh, pour sea
publications intitolées : Hicheiiitu rf le4 ministrM de Louis XIU ; le Canné'
table de Luynes.Xj^ prix Thérouanne est [Mtrlagê entre M. Borsai-LV,
chef d'vscailron d'état-major, directeur dee éludes à l'ËcoIe militaire de
âaiot-Oyr, pour non travail intitula : Le mar^cAoidr A'oAvrf (3 vol. in-S"),
et M. OE PifipAPE, ofBcier du service d'étal-major, pour son Histoire dâ
ta réunion de la Franche-Comté à ia France. L'Académie a, en outre,
accordé une mention très honorable à M. Ë. Rardy, auteur d'un ouvrage
en 2 volumes sur les Origines de tu tactique française.
— £n exécution du legs de M"** la comtesse Rossi, la Faculté de droit
de Paris a mis au concours le sujet suivant : Dn pouvoir législatif en
France depuis l'avènement de Philippe le Bel jusqu'en 1789. Le prix
est de 2,000 fr. ; les mémoires devront être remis au secrétariat de la
Faculté le 31 mars 18S3 au plus tard.
— Dans sa séance publique amiuelle du 12 de ce mois, l'académie de
Stanislas a décerné pour ta première fois un prix fonde par un de ses
oorrespondanls, le d' Herpin, de Metz, décède en 1872. Ce prix est des-
tiné, d'après le testateur, k récompenser un ■ trawl concernant des
questions scientifiques, statistiques ou historiques, se rapportant parti-
culièrement à la Lorraine ou à l'ancienue province des Trois- Ê^'échés».
Il a été attribue à M. Bunvalot, conseiller à la cour de Dijon, pour un
ouvrage inédit (de 752 p. de grand format) intitule : Une page de VhiS'
un
GiniOTtIQOE ET BIBLIOGRiPBIE.
loire du tiers-état; c'est une élude sur la loi de Beaumont, charte
fameuse de 1182.
— La Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne
vient de décider, sur la propasitîOQ de M, de la Borderiez la publi-
cation d'une collection de docucn'>nts sous le titre A'Archioes <U Itrt-
txkçne. recueil de chroniques^ titres et documents inédits relatifs à l'his-
toire de cette province, in-V. La publication commencera dans le
cours de 1881 ; il paraîtra un demi-volume par an. — En même t^mps
que VH'fpital des Bretons de Saint-Jean^d'Acre (1254-I26t|, par M. Dela-
ville Le Roulx, dont nous avons déjà parlé (XV, 500). la Société a mis
en distribution le second fascicule du Choix de documents inédits sur
l'histoire de la langue en Brelagney par M. Anatole de EUrthéleiny ; ce
fascicule complète l'ouvrage.
— M. l'abbé GnÈGoiRE fait paraître fNautes, Fare«t et Grimaad)
VÉtat du diocèse de Nantes en 1790, comprenant, d'après les documenta
des archives du départ^mf<nl, des communes et des fabriques, ta statia-
tique du diocèse au moment de la Révolution. L'ouvrage est divisé ea
deux partir»; T. Paroisses fît chapltrea. II. Abbayes et communautés.
Dans la premièrD partie, il txi traité, sous chaque paroisse, du nom,
des origines, du patron, des revenus, des charges, du clei^é, de régltsa
pt des chapelles, rurales et domestiques, des oralotrep etdescimetièreBf
des confréries pieuses, des écoles, régenteries et collègeA, des hôpitaux
et bureaux de charité, des bénéfices simples, prieurés et chapollenies
avec leur présentateur, titulaire, revenus et chaînes. Un plau analogue
est suivi pour la seconde partie.
— M. Mabèchal, à qui nous devons le meilleur de nos manuels d'his-
toire contemporaine^ vient de publier une Histoire romaine (Delagrave)
conformémpnt au programme de la classe de quatrième. Gel ouvrage,
furt étendu pour un livre élémentaire (702 p. in-18) a le mérite d'ôtre
écrit avec verve, avec un vrai sentiment de l'antiquité, et de rappeler
constamment au lecteur les textes des auteurs anciens. Une lai^e place
est faite aux institutions, & l'histoire littéraire qui est traitée avec un
soin particulier. Des gravures, en général bien choisies, viennent animer
et écldirer le texte. Mais il nous semble que la surabondance dos détails
en rend la lecture très difficile, surtout pour des enfants de M à 13 ans,
et que l'auteur, trop peu au courant des travaux de l'érudition moderne,
a au contraire accordé trop de confiance à des travaux vieillis et
dépassés.
— Le t. Il des Mémoires sur Us asssmblées parlementaires de la AiHw-
Ivtion (Didot), p. p. M. de LesGure, contient des extraits des mémoires
pleins de partialité, mais honnêtes et -intéressants, de Montlosier, eL
les médiocres mémoires de Durand de Maillane sur la Convention.
— M. Louis Blanc vient d'achever ta réimpression des lettres qu'il a
adressées de Londres au journal le Temps de 1861 à 1870. Sous le titre :
CBIOflQrS n «IBLIOGUPBIV. -177
Dix ans de Phistoir» d'AngUterre (Lovy, 10 vul. în-18), ces kttros forment
uae histoire au jour le jour de ta vio et de la politique aD(|[lai&ed.
— En tête de Tutile et fidèle traduction de {'Histoire grecque de Car-
tius dont le second volume est en cours de publicatiua (Leroux,? fr. 50
le Tol.], M. Boucuii-LBCLEitQ a placé une préface où il a parrait4>meut
défini le caractère et les mérites de Tœuvre du savant historirn. Nous
ne saurions approuver la méthode qu'il a prise pour dÎEtiuguer les ht^
monymes, Pt qui consisb? à li^ur appliquer des orthographes dilTûrentes,
à dire Eschinc pour l'orateur et Aeschioes pour le tyrao.
— M. RADinà a pris La rôsolntton d'être plus sobre dans le choix des
pi6ce« qui composent le Chansonniti' historique (Quanlin)- Il a en rai-
wn> car l'œuvre menaçait de prendre des proportions eiagéréns. Les
huit années de la régence avaient occupé 4 volumes ; le t. V à lui seul
embrasse Ibs huit années qui suivent |1724-1732). Noas y trouvons des
épigrammes acérées coutre le duc de Bourbon et contre Fleury, des
pièces curieuses relatives au procès de la Cadiôre, d'autres sur M. de
Noailles et sur les convulsionnaires. La pièce intitulée Xiiglise rotnaine
est vraimeut belle. Dans la préface historique mise en tète du volume,
M. Raunio parle du traité de Nymphoobourg. Ce traité est une pure
lègemle diplomatique el n'a jamais existé-
— M. Octave Noël a consacré un volume intéressant à \' Organisation
financière de la France (Charpentier, f>04 p. in-18). Embrassant toute
notre histoire financière depuis lee origines do ta monarchie capétienne,
ce livre n'a pas la précision ni l'ordre rigoureux qui serait nécessaire i
un livre d'étude ; mais c'est un aperçu rapide fait par un homme géné-
ralement bien informé, et qui met vivement sous les yeux les diffé-
rences essentielles entre notre système financier moderne et le système
de l'ancien régime.
— MM. Charavay frères poursuivent avec beaucoup d'activité leurs
Jolies collections qui ont l'avautage de rOunir l'élégance au bon marché.
La bihliuUiéquo des Français conti(^ndra une série de classiques où ont
déjà pris place les Fables de 1^ Fontaine, et qui va noas donner \'His-
toire d'Henriette d'AngUterre et les Mémoires historiques de M*» de l-a-
Eayette. La bibliothèque d'éduc-ation moderne s'est ouverte par un
recueil de récits hi.storiques intitulés i'Héroisnu civil, par M. E. Ciiaha-
VAY, qui forment un cxcellcut livre de lecture. C'est dans cette même
série qu'il faut ranger une bonne histoire des découvertes de U. Liviog-
stone par M. F. Loriot. M. BtcQ de Pouociàassa réuni en un charmant
volume ses Lettres critiques sur la vie, les œuvres, les manuscrits d'An-
dré Chéoier, enfln M. H. Welscuisueb a étudié un côté des plus curieux
de la Révolution daus le Thiâtre de la Htvolution, 1189-1799. Ce serait
faire trop d'honneur à ce ihéftlre que de voir dans ce livre une étude
littéraire; c'est une élude de mœurs et d'histoire, et qui en dit beau-
coup sur l'état des esprits pendant la Révolution, sur l'abaissement
intellectuel et moral produit par Tanarchie et la terreur. Une petite
478 CBBO?(IQDB BT BIBUOfiUPHrS.
plaquette sur les Bijoux de Jlf»' Du Barry ajoute de tr&s intérceeut«
îlét&ils & ceux qu'avaieni donnés MM. de Ganctturt sur )<%s prodiiraMi^
de la maîtresse de IjOuU XV et sur leB basses cupidités qui dniornii-
nèrent sa perle. M. Beubag a réédité avec une iraductiua une cnrleose
relaliun flamande, parue eo 1504, du Second voyage de Tcuco de Gama à
CaOcut.
— Danfl le discours pronoocé à ta séance ^oleonelle dee 5 f&cultétf à
Lyon, M. Cailleuer réfute l'opinion RXfiosèe par M. Tardif {JVour. Reo.
de droit, PV", 291) que ladêcrétale d'Honoriu» ITI, super spécula, de 1ÏI9,
aurait été sollicitée par Phi lippe- Auguste à l'iustigatioD de sce baroas,
enneiDig nés du droit romain (Lyon, impr. Mougin-Rusaod) ; il montre
que cette dècrétale est un véritable acte d'hofitilité envers le droit civiL
— M. J. Cadvet a publié fCaen, Le Blanc-flardel) une étudo hifto-
rique et juridique sur l'empereur Justinien et son ouvrt tégistative rextr.
des Mimoirei de l'Acad. nat. des sciences, arts et belles-lettres de Caéu) ;
il pense, avec raison selon nous, que Jusiinien vaut mieux que la répu-
tation qu'un lui a faite d'après les mémoires secrets de Procope ; c'est
comme si, pour juger Louis XJV, on n'avait que Saint^imoo. Mais
c'est vouloir trop entreprendre que d'expowr, à propos d'une étude sur
Vauvre tégîslative de cet empereur, l'origine et la vie privée de JusU-
niea, les principaux évéuBmeuts accomplie, âous son règue, surtout U
constitution politique, administrative et nùliuire de l'empire à son
époque; c'est trop élargir le cadre d'un travail qui ne dépasse pas
100 pages. Le travail de M. Cauvet serait mieux appelé rapide esquisse
plutôt qu'étude bistorique et juridique.
— C'est au contraire une véhi&ble étude de critique historique que
nouB donne M. Le HAnov sous ce titre : Le dernier des duc* de Norman-
dii (Caen, Le Blanc-Hardel, extrait du DuUetin de la Soc. des Antiq. de
Normandie, L IX, supplém.l. C'est une histoire soigneusement faita de
Robert Courtebcuse ; et c'est aussi un essai de réhabilitation.
— M. G. (jHASfiioTis vient de publier chez Em. Leroux ua Tolnxna
intitulé linslruction publique chez les Grecs depuis la prise de Cnns-
tantinople par les Turcs jusiju a nos jours, avec sialislique et \ cartes
figuratives pour l'année scolaire ISIg-TÔ Ixn-îiSO p. in-8». Prix : Î5 fr.|.
— Le sa^'ant éditeur de Pierre de l^e^îtoile, M. Eug. Halpiibn, vient
de publier un recueil de Lettres inédites de Henri iV au chancetier Bel-
lièvre (Champion, 53 p. iD-8'>), écrites en 1602. Gousidérées iBolément
des autres documents de cette époque, ces lettres, qui se rapportent k
des affaires diverses, n'ofTreni pas grand intérêt, sauf peut-être eellea
qui témoiguent de précautions prises par le roi pour empêcher Biroa
d'échapper au châtiment de son crime, mais, pour les juger équitable-
ment, Il faut natureUement les rapprocher des autres documents con-
temporains, surtout de la correspondance publiée par Berger de Xivrey,
et ceux qui s'en donneront la peine reconnaîtront sans doute que M. H.
n'a pas fait œuvre inutile en faisant cette publication.
CfllOmQOB ET BrBLIOCUPIIB. 47»
— Varchivisie de Cambrai, M. A. Duriboi, vient de publier {Um
archives communatrs de Cambrai, Lille, impr. Danel) no aperçu d»
vicissitudes des arcliive^» municipales suivi d'un état de ces archives
qui, si wmmaira qu'il soit, est appelé à readre des services.
— M. BotiCBBR DE MoLANDOS 8 cniTcpris, avec M"* Foulques db Vil-,
LARET, la transcripliûa des registres de comptes municipaux d'Orléans
depuis le commencement de la série (1384) jusqu'à la tin du xv« siècle:
La comptes de la mtU d'Orléans des XIV et XV» i., 1384-(160 (Orléans,
Herluison, 25 p. ln-8*). Après a\oir achevé eu 43 vol. in-ï» la copie de
42 registres originaux embrassant la période comprise entre 1384 et
i460> il a présenté à la Société archéologique et historique de l'Ortea-
oaîs un rapport sur cette première partie de son travail et sur l'écono-
mie de la collection ainsi qu'un état îadtcatif des registres. Gr&ce à
l'initiative et à la persévérance de M. B- de M. et de M"« F. de V,,
cette précieuse collection se trouvera désormais à l'abri des rtsiiues de
destruction qui ont récemment alleiol Iob archives à Bordeaux, à
Saintes et ailleurs.
— M. f3orciiER DB MoLANOON vifiot en outre de publier dans une bro-
chure intitulée : Documents Orléanais du rèçne de Philippe- Attguste
(Orléans, Uerluison), les statuts donués aux tisserands et tisseurs d'Or*
lé&ns, 1309; une enquAie sur les limites de la Juridiction de l'evâque
d'Orléans à Pithiviers, d'où il ressort que la ville et la banlieue de
Pithîviers étaient du ressort de cette juridiction ; une enquête sur cer-
tains droits d'usage dans la forôt d'Orléans, le devis relatif k la ro<-Ans-
tructioa de la Tour Neuve d'Urlèaos par le roi, dont l'auteur nous
retrace l'histoire.
— M. Th. -Anes a réuni dans un volume d'une lecture très attachante
H6 souvt^nirs do trois ans de campagne au Sénégal et de la campagne
de la Mézère en Océanie. On y trouvera des détails intéressants sur la
colonisation et l'esclavage au Sén^l et sur Tarcbipet des fies Samoa,
dont il a été si souventquestion dans ces dernières années.
— M. Edmond Brdwaert a publié à part les Métnoires de Jacquts
Carorguy, greffier de Bar-sur-Seine, 1582-I69& (Picard, ^47 p. in-8'),
qui ont déjà paru dans le Cabinet historique. Ou y trouve un tableau
très fidèle de la vie provinciale pendant la Ligue et de la pacification
qui suivit le triomphe d'Henri IV.
— H. Henri Chbvreul vient d'ajouter an important volume (Faris^
J. Martin) à sa coUeclion de poèmes inédits ou rares sur l'histoire de la
Ligue en Bourgogne. Ce volume contient le Discours de ta prise des
ville et chasteau de Beaune par Monsieur le marescluil de Biron en 1595,
deux relations inédites sur le môme sujet et un autre Discours du temps
$w la ràiuction des villes de Dijon et de Nttys.
— s ... (kt accablement physique était moins occasionné par l'Age
que par les feux d'amour véhément qui l'épuisaient, et qu'elle ne pou-
JiHQ
CBROXIQCE BT BtBLtOCaAPaiS.
vait cx}ntf!nir... Les assauts d'amuurne lui laiasai^ntqoc peu de momsDti
de repos. Ils se rumonlraieat impétueux et violents... a Ce n'est pas
d'an roman aaturalisile que sont tirées ces lignes, c^eet d'un ouvrage
sur Sainte Catherine de Gènet <Sautoû| par Mgr Paul Fuchk. i qui
nouB devons déjà 2 vol. sur M^^ de Montmorency. Malgré le« pro-
messes du litre qui annoncent un ouvrage tiré des ms. italiens orig-
naux, on n'y trouvera rien de nouveau ni d'inédit.
— Le fa'l^6i6/i'on annonce que M. Ë. hb Bsaccoubt vient de commenoar
rimprc^HRiondes deux premiers vol. de son Histoire de Charles V//^ qui
en aura liuq.
— M»* la marquise os BLOCQUEvmtK vient de doter avec U plat
pieuse libéralité U ville d'.'^.uxerre d'un musée consacré au souvenir de
son père, Oavout, le prince d'Eckmuhl. Sans parler de curio!«iles de
grand prix, oUe a. constitué uur f bibliothèque d'Eckmuhl » avec tous
les livre?» qui proviennent du maréchal et tous les livres publiés où il i
été question de lui. Il y a aussi des papiers secrets qui ne verront le
jour que quand M"" de Blocqut^vîlle l'ordonnera (Bulletin de ta Soc det
se. histor. et nat. de l'Yonne, 1880, 34" vol.).
— M. H. PiOBONHEAO a fait imprimer les deux premières leçons da
cours qu'il professe à la Faculté des lettres en remplacement de M . Wal-
lon. Il a pris pour sujet la politique économique des rois, de Frwice
depuis Louis XI jusqu'à la mort d'Henri III. Ces deux premières leçons
«arrêtant précisément à l'époque qu'il s'e.«t proposé d'étudier, ne con-
tiennent que des généralités, mais, à dèfatit de nouveauté, ces généra-
lités ont le mérite de la justesse. U faut féliciter M. P. du courage avec
lequel il aborde des questions épineu&es et arides en apparence, maie
qui ont tenu dantt te passé de notre pays, comme elles la Ueiment
encore, la première place.
— Le t. XX VIII de V Histoire littéraire de la France vient de paraître.
Il contient la suite du xtv« s. Il est dû à MM. Renan, Paulin et Gaston
Paris, Uauréau, Litlré. Nous citerons comme particulièrement impor-
tants au point de vue lùi^torique les articles de M. Renan sur Chrit^tine
de Stummeln, la pieuse extatiijue du xiv» s., et sur Bertrand de Gol,
celui de M. Hauréau sur Arnaud de Villeneuve, celui do M. G-. Paris
sur Jukemou Sakesop, auteur du châtelain de Coucy, et celui de
M. P. Pariti sur Jeau de Meun.
— M. Cil. FiF.nvii.i.F. vient de publier «nus le titre modeste de Docu-
ments inédits sur Philippe de Commynes (Champion, ^00 p. in-8') un
volume fort im[>ortaat pour l'histoire du xv* s. Nous avons déjà parie
de la i" partie de ce travail \La ferme du seî aux Ponts~^-Cé et la
Galeasse .yoire-Dame. Hev. hisi.. XII, 4951. La seconde, consacrée à la
Baronnte d'Argenton, esi plus intéressaule eucore. Elle nouR apprend
de quoUe manière Gonimynes arriva, par un mariage, h s'emparer
d'une seigneurie sur laquelle ses droits n'étaient rien moins que cor-
tains, l'étendue de ses possessions, le train splendide qu'il mena sur sps
CBBOIIQCS ET BIBUOCEAPBIB.
481
terrée, les procès qu'il laissa à ses hôriiiors. Tout est nouveau, tout est
Inédit dans ce travail, tiré tout entier dos archives dArgenton cnnsor-
véefl aux archives des Cdles-du-Nord. Il éclaire d'un jour nouveau uon
seulement la biographie do Comntynes, mais aussi plus d'un point de
la vie fiHkdah*, administrative el econoroinue à la On du x%* s, Il fait
grand honneur à son auteur, un des bumnies les plus instruits et les
plus laborieux de notre administration universitaire,
— Nous consacrerons prochainement un article développé aux ques-
tions traitées par M. Belot dans l'i m portante édition qu'il vient de
donner de La Hépublique (£Athéne-s (Pedone-Lauriel, 137 p. io-i'), publiée
avec une iatroductiou, uao traduction et un commentaire historique el
critique.
— M. n. BottnrER continue avec un soîa et une activité qui ne se
ralentifiseni pas sa belle réédition Ae \& Franai proUMantf (Fischbocher),
qui est, comme nous l'avons déjà dit, une œuvre toute nouvelle. M. B.
a enfin consenti à mettre son nom à cette publication ; il est juste qu'il
ait tout l'honneur d'uo travail dont il a tonte la peine, et d'ailleurs son
nom est pour l'ouvrage lui-même une recommandation et une garantie.
I*a première (lartle du 3' vol. contient la fin de la lettre B et le com-
mencement du G (Iioui|[on-Ca9tellin). On y remarquera surtout les
articleis : Driçonnet, contenant des documents inédits siir uu homme
qui mériterait do trouver nn biographe ; Claude BrousMn. que l'ouvrage
de M. Nègre et celui de M. Douen sur les Pastmrt du désert (2 v., 1S79)
ont si bien fait connaître ; Brunier, Buter suivi d'une ample et excel-
lente bibliographie ; enHo i'aslellin. Ce dernier personnage est l'édilour
et le principal auteur du recueil nelébrn de gravures historiques du xvi's.,
connu sous le nom de Torlorel et Perrissin, recueil qui va tMre réédité
avec des notices historiques de MM. Bordier, Douen, Dufour, Schiclc-
1er, etc., chez l'éditeur Fischluicher. M. Bordier donne des détails
nombreux et inédits sur les origines et la composition de cette précieuse
collection.
— M. d'Arbois de JcBAiNViLLe ■ fait paraître en brochure «es remar-
quables £f udu »ur te droit celtique : la Senchu$ Mâr (Larose, 108 p. iu-8*).
I^r une comparaison délicate de ce traité de jurisprudence avec les
traditions et les ouvrages que noufla transmis la vieille Irlande, M. de J.
arrive â prouver que la première recensiondu Senchus doit remonter au
IV* s. Elle fui due à 3 rois, 3 évoques et 3 jurisconsultes. Conservé de
mémoire juupie vers l'an 800, le Senchus M6r fut rédigé alors dans une
langue déjà altérée et que les copistes subséquents ont encore modifiée.
M. de J. lire ensuite de ce précieux dùcumeul les renseignements les
plus intéressants sur la coai^lituliou sociale et politique de l'Irlande
primitive, sur la Flaith ou classe des riches divisée en sept degrés, qui
cunstitucnt une sorte de ploutocratie, et sur les filé ou savants qui
exercent une très grande inDuencc surtout sur la justice. La dernière
partie, consacrée à la justice, au rôle des assemblées politiques et à la
royauté, est de la plus haute importance pour l'histoire de toute la race
Rsv. HtSTOB. XVI. 2» PASC. 91
482 CBEONIQCE KT BISLIOGRAPHtE.
celtique. Nous y relrouvouB le dieu Lm^ (le Mercure gaulois d'après
César), qui a donné son nom h Lyon {tugdunum).
— Ia librairie Ilachelle a mis en vente une TabU atphabétitju« des
Mémoires de Saint-Simon, rédigée avec beaucoup de soiu par M. Paul
GuËBin. archivisie aux Archives natiunales. C'est ou travail iudispeu-
eable, même après la table des matières rédigée par Saiat-Simou lui-
même ot qtii avait éié publiée par M. Ad. Réguier eu 1877. — Sigua-
lons également la table générale et analytique de» Causprîes du luodi,
portraits de femmes et portraits littéraires, par M. Ch. Pebbot (Gami«r).
De pareils livres se recommandcm d'eux-mêmes par leur iodisculable
utilité.
Bel^que. — M. Cb. Stedr, doyen do la classe des lettres de l'Aca-
détnie ruyule do Belgique, est décédé récemment k l'âge de 86 aus. U
avait publié divers mémoires, entre autres sur l'État des Paya-Bas
aulrichieuR i^ous Chartes VI (1829) et sur tes troubles de Gaad sous
Charlcs-Quint (1835).
Allemagne. — Le 28 nov. dernier est mort à Brackel en Westpbaiie
W. E. GiEi'BRs ; né en 1817, il fui, de t85l à 1874, prufeeseurau Gym-
nase de Paderborn. Ses travaux, insères pour la plupart dans la Zeit-
schrift f. Geschichle utui Aller thumskuntlf. Wastfalens, te rapportent À
rhistoire provinciale de la Westphalie.
— Lo2d janv. 1881 est mort Fr.-R. Wilkass, archiviste de la ville
de Munster depuis 1853. Né en ISI"?, il fut un des élèves les plus dis-
Ui^uéB de Ranke, et publia en 1835 une excidlenle dissertation : dt
tiionis Caisii fontihus et auclorilate. Il travailla depuis aux JakrhUcher
des deutsdicn Heichs et aux Mnnumcnta Germaniae historiea. Comme
archiviste, il publia son Westfxtische Urkunitenbuch et une édition cri-
tique des Kaiser l'rkunden der Provins Westfakn au.i lUn Jahren 777-
1313. Peu avant sa mort il avait publié, dans VHiatorischt Zeiischrift de
Sybel [A\* vol., 1870), im iuiéressaut mémoire «ur l'Inquisition en
AilemagOG au xiv et au xv* s.
— Le 4 mai est mort à Leipzig le professeur H.-J. Floss, connu par
Bos travaux sur l'histoire eccléfiiastique : dit Papstwahl unter dên Otto~
nen iRribourg, 1858) ; Dreiktcnigeabuch ; die Uebersetzung dtr hailigan 3
Kanige von iiaitand nach Kaln (Cologne, 18G4), etc.
— Le sujet de concours proposé en 1879 par l'Académie des sciencea
de Munil^tl sur U chronographie de Théophanes, ses sources et ses
conlinuations, a été décerné à M. Oarl de Booa, de Berlin. — La ra^me
Académie a mis au concours les sujets suivants : 1" [étudier le recueil
d'extraits d'anciens écrivains grecs fait par ordre de l'empereur Cons-
tantin Vil Porphyrogcnète ; terme le 31 dec. 1882; prix, 1,500 m.
2- Étudier les œuvres des écrivains militaires grecs, t Texceptioa du
TaxTixAv -^Ativttfi.» d'Aineias ; terme le 31 déc. 1882 ; prix, 2,000 m.
— La Bociéié Jablonowski, à Leipxig, a mis au concours ; 1"» pour
168t, tes Regeates des rois polonais de 1295 à i&06 ; 3* pour 1883,
I
CBBO^rtQDR RT BTILTOCBAPBÎB.
4H3
recueillir les fftils relatifs h l'accroissement excessif de la population et
à la rareté des logements daus le<: grandes villes de Tantiquité ; 3* pour
18$4 : exposer les modifications historique-ft et l'état actuel dca fron-
tières qui séparent le domaine des dialectes haut et bas allemands à
l'est de l'Elbe.
— La Société qui s'est formée pour reconstituer la bibliothèque incen-
diée de Mommseu a réuni la summc confsidérable de lOtS^OUO marcs
(132,500 fr.), quia &lé remise à l'illustre savant pour le 64* anniversaire
de H naissance.
— La librairie B. Mohr (Paul Stebeck), à Fribourg en B. et à
Tubin^e^ publie une Douvetle édition, améliorée par M. K. A. Barack.
de la Zimmerische Chronik ; la i** wiition, enfouie dans les volumes de
la Société littéraire de Stuttgart, ne se trouvait pas dans le commerce.
L'édition comprendra 4 vol. dont le 1" vient de paraître {prix de chaque
vol., par souscription 15 m. Âpres rapparilioo du dernier yoI., apris
PAqucfi 1882, ce prix sera porté à 18 m.)-
— En réponse au dernier ouvrage de Schliemann, Itios, Emile Brbn-
TAKO a fait paraître récomment un livre intitulé : Zur Lantnç der TYo-
janischen Frage. Heillimnn, Heiininger.
— Le 4* vol. des Grschichtsguelten Jm Bislhums Mùnster a paru. Il
contient les Vitae gnncti Liudgeri, publiées par W. Dîckamp.
— M. W.-E. RoTH a entrepris la publication des FonUs rerum Nas'
aoicarum , l'ouvrage entier comprendra de 12 à 14 vol. Le l*' vol. vient
de paraître chez C. Limbarth, à Wiesbaden.
— On a retrouvé par hasard à Siettia 5 des anciens registres de la
viMOf pour les années 1305-1570.
— Les livr. 32 à 27 de la grantle collection d'ilùtoire universetU
publiée par M. Onckbn (Allgemeine GejchicJite in BinseldarsMlungen,
Berlin, (irote) sont particulièrement intiTensantes. l,es livr. '22 et Î6
contiennent l'Hislbire do l'Empire romain, par M. Hertzborg, d'Auguste
à Titus. Dans les livr. 23 et 24 commence l'Ilistoire primitive des
peuples germain et roman, par M. Dahn.quiestun littérateur de talent
en môme temps qu'un érudîl très laborieux. Son récit s'étend jusqu'à
la chute de l'empire ostrogothique. M. Dûmichen continue son Histoire
d'Égj'pte dans la livr. 25, qui est consacrée tout entière aux divisions
géographiques. Enfin M. Oncken nous donne dans la livr. 27 le débul
d'une élude sur le xvni* s., sous le titre : Dos Zeitatter Friednchs dés
Grouen, qui promet d'être une des parties les plu? intéressantes de
toute la collection. Signalons 1c soin avec lequel est illustré de gravures
et de cartes l'ouvrage de M. Dûmicheo.
Autriche-Hongrie. — I^ 29 avril dernier oftt mort le D*" AsnanAca,
professeur émêriic d'histoire à l'Université de Vienne. Né à Uœchst en
Nassau en 1801, il publia en 1827 une Histoire des Visigoths, en 1835
une Histoire des Gépides et des Hérules; eu 1829 une Histoire des
Omeiadcfli que suivit sa GMchicfile Spantcns und Portugais sur Zeit dâr
484
CBROMQCK ET BIBLIOCUPSIR.
Almoraviden und Almohaden. Avec la GachichUi dM K. Siegmund en
4 vol. (1839, mai), il aborda l'histoire d'Allemagne, à laquelle il coosa-
cra encore une Geichichte dcr Grafen von Wertfieim. A Bonn, uù îl pro-
feeee ilepui? 1842, il composa un ouvrage bien connu, VAllgemeines
Kirchen-LeTîcon nn 4 vol. Il fut appelé à Vienne en 1853 : là il publia de
nombivux travaux, relatifs pour la plupart à l'histoire romaine, dans
lei Sitsungsbehchte d. W. Akademie, et un grand ouvrage sur Tbistoire
de l'Université de Vienne, dont î vol, seuls ont paru ; le 3* est resté
manuscrit.
— M. MuEHLBAcnEtt, phvatdoccat à Innsbrack, a été nommé profes-
seur d'iiÎËloire à Vienne.
— Le 3* vol. de la Geschickte des deutschen Vatkes, de l'historien
catholique bien connu, J^lnssbn, inlerrompue par une grave maladie de
l'auteur, paraîtra bientût.
— H. Kaddbro, auteur d'une bibliographie des sièges de Vieuoe par
les Turcs, est mort à Vienne à l'àgc de ÎO an?.
Danemark. — Le 1** vol. du grand ouvrage de t'illustre Mauvio sur
ia ccnslitutiun romaine vient de paraître (voir fler. crit.. n' 19, p. 733).
On a pu craindre que l'ouvrage tùi inlerrumpu parce qu'où disait l'au-
teur souffrant ou aveugle. Nous sommes heureux de rassurer les amis
de la science historique : Madvîg se fait aider, mais il n'a pas cessé de
travailler.
Suéde. — La Suède vient de perdre un de ses meilleurs historiens,
Aoders Fbyxell, décédé à Stockholm le ti mars dernier, à i'ftge de
86 ans. Il avait publié, en 44 livraisons, des récite sur l'histoire de
Suède [Berattelter ur svènska historien) qui ont eu un grand succès et
dont certaines parties ont été traduites en français, ainsi que rhistnire de
Gufllave-Adnljihe, par M"« du Pugel. On cite encore : Uandinghar
rorande Sverige4 histoi-ia (Documents sur l'histoire de Suède, 4 vol.,
!836-43) ; Om aristokrat fordomando i svenska historien (Sur l'aristocra-
tie dans l'histoire de Suède, 1845-50); Itidrag tilt sverges literaturfiit'
tttria (Notice sur l'histoire littéraire de la Suède, 1860-62).
Italie. — Le ^1 avril deraic>r (anniversaire de la. fondation de Roniel
a été inaugurée, dans la salle de l'Académie de San Luca, la biblio-
thèque Sarti, léguée il y a quelques années à la ville de Rome par
l'architecto Sarti- Elle est très riche en ouvrages concernant l'histoire
de l'art et t'archéutugie. M. Cerrott eu a dressé le catalogue.
— Le dernier document publie dans le Reportorio dette Pergamene deli*
Université e delta città d'Avfrsa (\aples, [HAi^ in-8*) est assex curieux :
il donne le compte des dé[>enscs faites pour la réception de Cliartes-
Quint à Avorsaen 1ô35. AjouUma que le volume est orné des fac-similé
des souscriptions des ïiouveraius et des grands officiers du royaume.
— On a publie le 4" fasc. de la Paleografla artittica du Moni-Gassio,
de Dom OderÎHio Piscicblli-Takoui {cf. Hm, hist.. IX, 420); avec ce vol.
sont épuisées deux dos sections tracées par le programme général :
1* la Gotica corale, en un fasc. ; 2* la Longobardo-cassinese, en 3 fasc.
CHBOTKïVK KT BIBtIOCRiPffIS. 48S
Cette Reconde section se compose de 54 pl&nches on chromolithographie
avec une introduction historique et [>al(^ographique.
— M. B. Cai-ahso vient de publier iNapkw, au etègo de la Sociflé
d'histoire, Piazza Dante) an important ouvragp intitulé : Manumentaad
fifeapolitam' ducatus htstoriam perhnentia (5&8-U39|. Cet onvrage com-
prend 2 To!. Le t. I, divisé en 3 parties, contient : \' Chronicon ducum
et principum B^fnewnii, Salerni et dueitm {feapolis, avec noies chronolo-
giques et di»;erlations fipéciales ; 1' Chronicon episeoporum sancUié ffea-
politaruu Ecciexiiu et la Séries continuata episeopornm tt archiepiscopontm
/Krapo/itanorum, jusqu'au temps de Rog^r II; ^ ua Apptndtx monumen-
torum ad Chronica ducum et episcoj>orum yeapulitanorum. Le t. II con-
tiendra : Rcffesta Seapotitana ab a. 912 ad a. 1)30. — Oiplomala et car-
thae ducum iVeapoUj. — Capitufaria et Pacta. — Tumuli ducum /feapolis
et inscriptiones. Le prix de chaque volume est de iO tr.
— Notre collaborateur, M. Gesare Paoli, a publié, dans les ÊtUtfiei"
lunçtn des Instituts f. asterr. GesetiichtsfarsehuTig, II, 2, un intéressant
document pour la chancellerie italienne de Uenri VII. C'est iinp lettre
patente de l'archichancelier Uenri, archevêque de Colugue, du 5 ^pt.
1310, par laquelle, se trouvant empêché de suivre l'empereur en Italie,
il confie le sceau de l'empire à Henri, olibé de Villens.
Hnsalft. — On annonce la prochaine apparition, dans la littéra-
turc !«cientiftque de Russie, d'une grande publioition du plus sérieux
intérêt, VUistoire universelle. La nécessité d'un pareil ouvrage se
Tait Denlir depuis quelque temps , car on s'est contenté jusqu'ici
de traduire les livres èirangers, comme par exemple l'ouvrage de
Schlosser. L'Histoire uniterselU, par des profejiseurs rusi^s, sera le
premier ouvrage national do ce genre. Cette entreprise a déjà tronvé
son éditeur, le libraire de Saint-Pétersbourg Ilicker. La publica-
tion de VHisloire universelle sera dirige par le professeur A. Tbat-
cHBTSKv; elle embrassera '20 volumes, avec cartes et gravures. Le bnt
de cet on\Tage est de Faire connaître au public, sons une form^ popu-
laire i la fois et sérieuse, les derniers rcsuliats de la science historique,
en s'attacbaul surtout au déveluppemrnl de la civilisation. Les faits
seront exposés par période!*. La Russie, les Ôlaves et By&ance tien-
dront la principale place. Le premier volame, formant introduction, sera
Goosacre à l'histoire da développement de la science historique et à
l'âge prèbistorique. L'histoire ancienne embrassera 4 vol.; l'histoire
dn moyen âge et rhistnire modem** jusqu'à nos jours, chacune 5 vol. ;
5 volumes enfin sont réserves jiour l'histoire de la Russie, de Byzance
et dc« Slaves. Les auteurs qui prennent part à cette publication sont :
Vassilievsky et Modestov (de PUniversité de Saint-Pétersbourg), Miller
et Kovalevsky jde Moscou), Antonovitch, Loutcbilzky et Forlinsky (de
Kiev), Kondakov, Tratchevsky et Ouspensky (d'Odessa).
— M. V. Milles, professeur à l'Université de Moscou, coonn par ses
recherches sur la mythologie aryenne, publie un nou>-el ouvrage sor
les Ossétes. Il les a étudiés pendant son récent voyage au Caucase.
Rev. UisToa. XVX. 2« fasc. 31'
4Sff
USTB DRS LITRE» DlffOSéli AO BORBiD D8 Ll BETCK.
Ontre l'histoire des 0f«&tcf>, liasée principalement sur les chroniques
géoi^ennpSf cet'ouvrage traitera de la langue, do la religion et des tra-
ditious de ce peuple presque iocoDnu. L'auteur citera des textes de
poèmeë héroïques des Ossétes, ea en doaaant ta iraductïou en nisse cl
en tes accompagnant de commentaires.
— Ou sait que jusqu'en 18^0 nos archivet; des alTaires étrangères
n'étaientouvertesaux savants quejugqti'àl'époqueide la mortdoLoais XV.
Grâce à la doutoIIp Commission, animée d'intcnlion& plus lîtiérales,
l'année passée nuire collalioratcur, M. TraicUevsky, a obtenu la permis-
sion d'étudier les documents concernant les relations enire la France ot
la Russie sous Napoléon I**'. Il publiera eu plusieurs volumes avec
des commentaires les plus importants de ces documenta (dont le nombre
dépasse 3,000| dans le Recueil de la Société hintoriquff rtusf ; l'ensemble
sera précédé d'une iutroduction tiietorique et le texte sera accompagné
d'une traduction russe.
— M. OuspBNsKY, professeur de l'Université d'Odessa, qui s'occupe do
l'bistuire de ByMnce, publie, dans le Journal du minhtère de l'instruc-
tion puàiiqite en Hussie, un grand ouvrage traitant d'Alexis II eld'An-
dronique Comnène. Il étudie également l'origine de la question
d'Orient en Russie, surtout au xvi' siècle, et a déjà compulsé eu vue de
ce but les documents des arcUivos des Frari. à Venise.
USTE DES LIVRES DÉPOSÉS AU BUREAU DE LA REVUE.
(JVou n'indiquoru pat crur i/ui ont r'té jugés dans les Builetins
et ta Chroniifue.)
BiONKR. Dupidx. 2toI., vui-224'^64 p. Io-8*. M. Dreyfous— BoluûtcI Bot-
]>0T. La cil^gAiiloiflc selon l'hiDtoire et les Irkditians, ?86 p. iD-$". Aulun, Dejassieu.
Paris. Champion. 1879.— L'Ebtoile. Mémoires. Journaux; I. !X,t607-1609. Ubrai-
rie des Hibliopliiles. — Galland. Journal d'A. Galtoud peniljuit sou ««jour à Cons-
tantinopk, 1672-73; pub. et aanot^ par Cti. ScheOer.? vol., Tni-285-220 p. in-â*.
LfTiiux. — IjcNORMANT. La GfOiitie-Grèoe ; paysages et bistolre ; L 11, 4fi6 p.
\n-H'. A. Léry. — Maoniekvii.ls (R. oi}. Le niarécbat d'Hamlèrcs et le goo-
verneinent de Cumpiè^e, ]6-i8-9l. Ploa. — Mbtbb (Ad.}. Histoire de la ville
de Vemon et de son aucieiiiie cbdtolleuic, 1 vol. 401-420 p. în-â'- L» Audeljrs,
Delacroix, IS77. — Paoart D'HaRUANSART. I.es anciennes communautés d'arts
et de métier» de Saiol-Omcr. 2 vol. 740-405 p. ln-8% 1879-81. Saint-Omor,
FI. Lemaire. — Pajoi.. Les «uerrc» aous Louis XIV ; t. 1. 1715-39. Didot. xti-
Oii p. iQ-4*. — PÉoor-OoiBR. Histoire des IIrh de In Manciie. l'iun, xx-56() p.
ÎD-UV Pr. : 7 fr. 50. — SaxaLAlONB. Av«ui et dérionibretucut di' In vicomte de
Couches au xv' a., suivis du ciiuluinler de la for^t. Impr. Martinet, x-['iG p.
in-S*.— Tallktrand. Correàpoodiuice inédite du prince de TallejrraDd et du roi
Louis XVIII peodanl le congrès de Vienne ; pub. p. G. Pallain, xxtiu-328 p.
in-â". Parift, Pluii ; l^uodros, Bentley ; Leipzig, Brockhaus. — Tbiurs. Diteoan
parlenieotaires : 1. X et XI, I8£^186ti. Calmana-Léry. — VALrasv. La diplo-
matie fraoçaiïe au xvu" s. Uugues de Llonae : la paix des Pjréii^s. Didier,
cxxxi-330 p. in-8v Pr. : 7 Tr. hO. — Zkllbr (Jean). La diplomatie française
I.ISTB DES LrVftBS D^FOSÉS AU BtIttBAt) J)B LA KEVCB.
Am
ven If milieu do xtT «. : d'flprèa la corresiMtadoncc de G- PelUder, aubuM-
dMir dff Fran^ÎB 1" à Veoiftf [153ÎH512). Uacheïlf, im-ilî p. in-*".
BntntcK. Die grlinmen Gci><;ll»chanen in S|faDieD, bis ziim Tode Ferdj-
nandS' V]l. Uayencc, Kiithheim, xii-328 p. in-fi*. Pr. : 5 m. 50. — Fmy. Die
Bchicksale des kconitïl. Gutcs In UcuUchland uoter den leliten Staurero. Berlin,
HfTlz, 3^1 p. ia-S*. — GitùKiiAOBN. Oesrbtrhtt>deftentMMhtesîflcbea Kricf!c«;
t. I. Gotha, Pmhek. Pr. : 10 m. — Habsel. Ge«clilrlita der praïuaiMhcn Poli-
tUt, I-* part. lUtuT-ISOS. Uipxig, HinH, xii-&87 p. iaS\ Pr. : 13 m. — Un-
oiNBKiMKB. Pctnis Martyr Angleriu» und Min Opo* vpistotanim. Berlin, Seeba-
ffin, ?10 p. in-^'. — KocH. Die fnihMlcji NiP(|prla««ungmi iler Minnrltca im
Hhelngebiete. Leipzig, Dunckcr H llumblol, viu-IIH p. Id-S*. — Kopaluk.
Cyrillu& %va Airxandrir. Maymrr, KitTlitii>im, viii-375 p. Itt^, — MîIluui-
$TRu»].Ma. Ttiukydideiftcbe ForechuDgea. Vieiinr, Konegen, v-276 p. in-4*. —
PnTZNKB. G«scbichle der rœmiMhen Kalfterkttioaen tod Augu^lus bis Hadria-
au& Leipzig, Tpobiipr, ti-?90 p. lo-8*. Pr. : 6 m. 40. — P(khliia!<i?i. Oie
Anfeage Rom». Erlangeo, Reicli«rl, &\ p. in-8*. Pr, : 1 m. 'W. — Possk. Die
Markgrafeo toq Ueissen uod des llaus Wellin bi« zu Conrad d. Groasen. Leip-
zig, Gi«8ecke, tv-l64 p. ln-«". Pr. : y m. — Ranks (L. too). Sienimllirbe
Werke; t. XLVIII. Hardenbers uod die Geschichle de» preusa. StaaU. 1793-
1813, î" édit, 3" ToL, 444 p. tD-8'. Leipzig, Dunckerct Huniblot. — RinoHorPBk.
Die Flogiw.brinen-Li(eralur zu Rettion de» fipaoiscbao Erbolgekiitgi. Berlin,
UJttler el fils 1?0 p. inS*. — Rom. Augsbargs ReformatiofUgMcUchte, 1617-
tb'Zl. Uunirb, Arkn'niaon, Ibl p. In-S*. Pr. : i m. 80. — Stcantkld. Das
Verluelloiss de« AreUta zum Kaiser and Retch Tom Tode Fri«drirb'H 1 bfô lan
iDlerregnuiu. U«rlia, Uertz, it-U7 p. io-8-.
GoNZBKBACQ (A. Ton). Der General H. L. Ton Erlarb Ton C&atelen, 2* parL,
xxx-643 p. at 9â p. ia-8* de doc, Berne, Wyss. — Planta {G. too). Die corre-
tiscbeo llerracbafleo io der Fcudaizeti, I" litr., 86 p. Berne, Wyu.
Noaa (F. -A. Ton). Kaiser Akbar. Lcydc, Brill ; L I, 518 p. in-8'.
Coz. Iltstory orihe e&tabllsbmenl of Britisib nilo in India. Lon<)mi, Longmans,
290 p. in-18. Fr. : 1 A. ~ GAKDmKR el MuLLfNOKR. Intnxlurliun Uie Uietr «tudj:
of engliah bÎAlorjr. Londres, Ke^an Paal cl C*. xvii-424 p. in-8*. — GA9co:oitE.
Locl e libn> VeriUlum, ntlh au» Infrodnction of James E.Th. R<^ers. Oxford,
GUrtadou Près*. 2j4 p. in-4». — Lonoiiam. Fredeiik Ibegrealaad Ihe 7ycan
war. Lungtuans, £)? p. in-18. 2 ih. 0 d.
TiMATKîtu. A bistorj of Greece from Lhe earliest tiinef> (o tbe pre^eol. 2 toI.
x-447, TII-U5 p. in-8-. Pr. : 3 «h. 6 d. chaque. New-York, Apptetoa.
GALAifTt»o. I conti del Foreae «d i Ooufller de Boysl. Uilan, Rebeschid,
167 p. io-ti'. 1880.
Erbatuu du dernieb noh&so.
M. de Grntnmonl, secréuire da la Sorièt^ bistoriipie algérienne, uat terlt
pour rectifier une errear éclup]'^ à M. Fagniez dias son article *ur le coni-
mnte extérieur de la France A tVjioque de Henri IV. La pécbe cl la prépara*
Uoo du corail s« faisaioul non a HascAva [Itev. hitU, XVI, 8. note 3], maU i
MaMacarèa (Mer»a-ecbKbarai, le port aui ïerroteries). Notre correspondant
ajoute que le nom de Lenriu, ({ue l'auteur avait fait auivre d'un point d'inter-
rogatiiin [iiid.), doit «tre lu Lenchc, cl qu'il s'agit ici de« Leacbe ou Lencio
dont il est souvent question dans les Meçociatlons de ia France dans le levant
de Cbarrièrc.
488
TABLB DBS MATliUS.
TABLE DES MATIÈRES.
ARTICLES DE FOND.
6. Fagsik/.. Lncorampixenxtérifîurdela FrancflsousHcnrilV. 1
A.-D. Xénopol. Les démembrements de la Moldavie au iviir s. 49, 257
MÉLANGES ET DOCUMENTS.
G. ScnLuMBEBOER. Doux chofs normocds des armécfi byzactJQeft
au XI* s 289
Siméon Lcce. De réieclion au scrutin de deux chanceliers de
France sous Charles V 91
LouTCuisiiY el Tamizby ob Lahbooub. Lettres médites de Mar-
guerite de France 30i
A. DB BoisLisLB. Fragments inédits de BaJnt-Simon .... 108
Tratcuevsky. Vergennes cl ses apologiste* 327
Baron m: Caske. Docunif^nts ineilîta relatifs au 1"* Empira :
Napoléon et le roi Jcrt'me . . 130,3.59
Alf. Stern. Les Mémoires de Mellernich 333
CORRESPONDANCE.
6. MoNOD. Le Saint Martin de M. fx^coy de la Marctie . . . 177
BULLETIN EISTORIQDE.
Altemaffne. — Travaux relatiis à l'antiquité grecque (Q. Haupt). 419
Autrlclie. — (I. von Zahn) \bb
Bohême. — (I. Goll) 173
Frasce. — {6. Faqbibk, G. Mohod) 14&t3S7
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
BBàUTBHPs-BBAUPnè. Coutumes et institutions de l'Anjou etda
Maine antérieures au xvi« e 201
Brosch. Ge.><chichtit des Kirohcnfttaates 433
BtJKnuRv. A hisiorv of ancient geographv- ...... 185
Ciiiii!>TiE. lîltïpnne r)olpl, the martyr of tfie Renaissance. . . 440
DasjARDnf.s {Km.}. Géugraptile hisiorii^ue et administrative de
la Gaulo romaine 189
Iloes. Markgrat" Conrad vun Montfrrrat 445
LiCBBRMAXN. Ungfîdruclcte angle- normannische Geechichts-
quellpn 204
MÛLI.BII. Documonli snlle relaziuni délie citlà toscane coH'
Orieulo criatiano i^ coi Turchi. Uuo ail' anno 1531. . 443
NcELUEK£. Ceschichte der Perser und Àraber sur Zeît dor Sas-
sanideu 199
Ploschkr. Délia vita e dclle opère di Lodovlco Caalelvetro. . 437
RoTH. Gejîchichle Aps rrrmischen Ktrnigs Adolph I von Nansau. 205
VonnÈRY. Die primitive Ciiltur des Turco-tatarischen Volkes. 197
WïcuoBAM. Alberliuo Mussalo. 436
TIBLB DBS MATlfclBS. 489
USTE ALPHABÉTIQUE DES RECUEILS PÉRIODIQUES
n DES 80CIËTÂ8 SAVANTES.
VBJMGB.
1 . Académie des inscriptions et belles-lettres 217,452
2. Académie des Sciences morales et politiques. . . . 217,452
3. Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux . . . 219,454
4. Annales de philosophie chrétienne 456
5. Annales de la Société d'émulation de l'Ain .... 456
6. Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France. 215
7. Annuaire de l'association pour rencouragement des
études grecques 454
8. Archives historiques de la Saintonge et de TAunis . . 453
9. Bibliothèque de PËcole des chartes 210
10. Bulletin de l'Académie du Var 460
il. Bulletin de la Société archèol. et hist. de l'Orléanais. 459
12. Bulletin de la Société d'Hist. du Protestantisme franc. 216,451
13. Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris 215
14. Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie . 455
15. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest . . 216
16. Bulletin de la Société des Bibliophiles bretons. . . . 457
17. Bulletin de la Société des sciences histor. et naturelles
de l'Yonne. 454
18. Bulletin de la Société nivemeùse des lettres, sciences
et arts 459
19. Bulletin d'histoire ecclésiastique du diocèse de Valence. 216
20. Le Cabinet historique 211,450
21. Commission hist. et archéol. de la Mayenne .... 460
22. Le Correspondant 214,451
23. Le Journal des Savants 228
24. Les Lettres chrétiennes 456
25. Mémoires de l'Académie de Stanislas 457
26. Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et
belles-lettres de Toulouse 218
27. Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et
arts de Glermont-Ferrand 459
28. Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et
arts de Savoie 218
29. Mémoires de la Société agricole et littéraire des Pyré-
nées-Orientales 460
30. Mémoires de la Société archéologique et historique de
l'Orléanais 458
31. Mémoires de la Société arcbéoloRîque d'Ile-et-Vilaine . 460
32. Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts
de la Marne 458
33. Mémoires de la Société d'archéologie lorraine. . . . 455
34. Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de
l'Aveyron 459
35. Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de
Bar-le-Duc 458
36. Mémoires de la Société des sciences morales, lettres et
arts de Seine-et-Oise 218
37. Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de
rne-de-France 452
49(1 UDLg DES MATtKRBS.
38. Mémoires dft la Société nationale <l'agricuUuro,8ciflnces
et art» d'Ang^^ra 460
39. Mémoires dn la nnciété polymathique du Morbihan. . 460
40. La Nouvelle Revue 314
41. Nouvelle Revue tiiRlariquB de droit 5]î.450
42. Revue archéologique 2iî, 450
43. Revufi critique 211,449
44. Revue de l'Anjou 456
4^1. Hoiitio de Bretagne et de Vendée 457
4G. Revue de France '214
47. Re\-ue des Deux-Mondes 212,450
48. Revue des DocumenUs historiques 211
49. Revue des études juives 451
50. Hevue des Question» hiaUiriques 448
51. Revue des oÎDciétéH gavante» des départemenla. . . . 453
52. Revue da Oaiiphinn et du Vivarais 215
53. Revue néuèrale du droit 21Î
54. Revue historique et archéolugique du Maine .... 215,453
55. Revue politique et littéraire 213
56. Le Spectateur militaire 45t
57. Travaux de l'Académie nationale de Reims 458
58. Union géographique du nord de la France 219
1. Revue d'Alsace 219,46!
BBLOIQCE.
1. Messager des sciences historiques de Belgique
461
ANGLETERRE.
1. TheAcaderay î ^4,469
2. The Athenaeura 235,469
3- Société jergiaise 470
ferATB-ONIS.
1. The Nation 235
ALtBMAOKB.
1. Abhandlungen d-histor. Classe d. Âkad.d. Wisseosch.
(Munich) 224
2. Abhandlungen d. philo».-pbilolog. Classe der Akad. d.
Wissensch. (Munich) . - 225
3. Alemauaia , 227,467
4. Beihefl zum Militœr-Wochenblatt 462
5. Bericht ùber Wirken d. histor. VereinazumBamlwi^. 227
6. Correspondenzbtatld.Gesammsvereinsd.D.Gescbichte-
vereine 225
7. DeuCj^che Rundschau 221
8. Forschungen rurdeutschen Geschichte 220
9. Geschichtsldf tter îûv Stadt und Land Magdeburg . . 229
10. Gcerres-GeselUchafl Î22
11. (iœttingische golehne Aûzeigen ....... T2Î
12. Herme» 460
13. Uistorische Zeitschrift 220,461
TABLB DBS HATlàRES. 494
Pi(n
t4. Historische Taschenbuch 465
45. Jahrbttcherd. Vereinsv. Alterthumsfreuden im Rhein*
lande 225
16. Jahrbûcher d. Vereins f. Mecktenburgische Geschichte. 230
17. Jahrbûcher des Vereins fur classische Philologie. . . 468
18. Jahrbûcher fur d. deutscbe Armée and Marine . . . 462
19. Jahresbericht der Schlesischen Gesellschaft .... 231
20. Mittheilungen an d. Mitglieder d. Vereins f. Gesch. in
Frankfurt a-M 227
21. Mittheilungen d. d. Archœolo^. Institutcs in Athen 223
22. Mittheilungen d. Hanauer Beztrksvereins f. Hessische
geschichte 228
23. Mittheilungen d. Vereins f. Anhaltische Geschichte . 228
24. Mittheilungen d. Vereins f. Hambumsche Geschichte. 465
25. Mittheilungen des Vereins von Gescnicbtsfreunden zu
Rheinberg 468
26. Neue Jahrbûcher f. Philologie u. Psedagogik .... 223
27. Neue Militœrische Blœtter 462
28. Neues Archiv 462
29. Neues Archiv f. sschsische Geschichte 229
30. Nord und Sud 221
31. Pbilologus 223,466
32. Quartaiolœtter d. bistor. Vereins fur Hessen .... 228
33. Rheinisches Muséum fur Philologie 223
34. Schriften d. Vereins f. d. Geschichte d. Stadt Berlin. 231
35. Schriften d. Vereins f. Geschichte der Bodensee. . . 467
36. Wûrttembergische Viertatjahrshefte f. Landesgescbichte 462
37. Zeitschrift Gesellschaft f. Geschichte v. Freîburg-i-B. 227
38. Zeitschrift d. Bergischen G eschichts- vereins .... 228
39. Zeitschrift A. historischen Vereins f. Niedersachsen . 229
40. Zeitschrift d. Vereins f. Thuringische Geschichte . . 464
41. Zeitschrift f. d. Gymnasial-Wesen 467
42. Zeitschrift fur die Geschichte d. Oberrheins .... 227
43. Zeitschrift f. pre.ussische Geschichte 230
ADTRICHB-HONORIB.
1. Archiv. f. Œsterreichische Geschichte 231,468
2. Beitrœgez. KundeSteiermserkiscberGescbichtsquellen 232
3. Gasopis Geského Muséum 234
4. Festschrift zur Erinnerung d. Ërhebung d. Steiermark
zum Herzogthume 469
5. Mittheilungen d. Commission f. bistor. Denkmale . . 232
6. Mittheilungen d. Alterthumsvereins zu Plauen . . . 232
7. Mittheilungen d. histor. Vereins f. Steiermark . . . 233
8. Mittheil. d. Vereins f. Gesch. d. Deutsch. in Boehmen 233
9. Hechenschaftsbericht d. Ausschusses d. Muséums Ve-
reins in Bregenz 232
10. Streffleur's œsterreichische militœrische Zeitschrift. . 468
U. Zeitschrift d. Ferdinandeums f. Tirolu. Voiarlberg. . 232
RUSSIE.
1. Bulletin de l'Acad. ion), des sciences de Pétersbourg . 234
2. Mittheilungen aus d. Gebiete d. Geschichte Livlands . 234
3. Sitzungsberichte d, Kurlœnd. Gesellschaft f. Literatur
u. Kunst 234
ITALIE.
i. Aecademia dri Lincei 472
2. Archeografo triestino 237
'i. Archivio dclla societÀ romatu di Btoriapatria. . . . 237
i. Archivio slorico, artistico di Borne Î38
5. Archivio storico itttlinuo 236,170
6. Arclûvio storico loailiardo 237,470
7. Archivio storicii niarnhigiano ' . . . 472
8. Archivio storicn pi>r lt> [iruvîncie napoletaae .... 47t
9. Archivio storico siciliano -. 236
40. R. Depiituziuue di storïA palria (Modèae) 472
11. Nuove Ëdemeridi siciliane 23"
12. La Raesegna seltimanale 238, 472
13. La Rivist* Europea 238
DAnSSARX.
t. Daufike Maraxin 473
2. Historisk Tidskrift 473
3. Pcfftonalhistorifik Tidsskrift 473
Ghronîquo et BiblioffraphÎQ 244,474
Liste des Ouvrages déposés au bureau de la Revue . . . 2â5,486
Erratum 256,487
NOr-CTT-nîlTRÎi
STANFORD UNIVERSITY
UBRARY
Stanford, Caiilomia