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REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
te
REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
(j'AHAlSSAKT TOVS LES M 0 1 S^
M- DE LKSTOURBKILLON
administrateur-trSsoiuer :
J. DE KERSAUSDN
ARCHIVIOTB
CLAUDE DE MONTl DE REZE
Ï6"' Année, — i" Livraison.
NOTICES
BUKEAUX DE LA REVUE
1, Bu* il>&.rrentra, NANTBB
VANNES *
V" LAFOLYE & FILS
1900
PARla
VICTOR RETAOX & FILC
VANNES. — IMP. LAFOLYE, 2, PLACE DES LICES.
LA MÈRE BERTHELOT
ET I^K
COUVENT DUS URSULINES DE NANTES
ISuiW)
CHAPITRE IV
P<u*relé dei rallgiauMs k leur lortis du cloître. — Retui du Dlitrid de leur
payer la peniion iccordée par U loi. — Prét«ite de ca rafua. — Mémoire
adreué par la mare Davoyiiss. pour démontrer le défaut de inoUh de ce relu a
de payement, — L'obtlinetlou dei autorités dana ce refua vaincue par un
socood mémoira de la mire Davoynei, et ordre donné le iS décembre 179^
depiyer le trimeitro d'octobre. —Compte détaillé da ion administration fourni
par I» mire Davoynes. — Défaut de payement des Irimestrea de janvier et avril
179!. al Douvellea réclematiooi en mai 1793 de la mère Duvoynei il ce iujal.
— Quelque* détaili sur la deitlnation des bAUntents du couvent évacué.
Ces pauvres ôlles . jetées brutalement sur le pavé, sans res-
sources, sans vètemenls, puisqu'il leur était interdit de porter les
seuls qu'elles possédassent*, à la charge de leurs parents et de leurs
amis, avaient hâte de toucher le premier trimestre de leurs
pensions. L'administration du District, k laquelle incombait le
■ Voir I& livnÙMn de novembre- décembre 1S09.
• Va décret da II mar* 1791, avait aboli 1») coitumes religieux en ce lena
■eDlement que les religieux ne «eiaient plua obligea da Ir* porter. Ce fut
l'art, 9 du décret du 18 aoAt (79!. qui interdit le port public deecoitumes
religieux et eccléaiaatiqaeE. CotUct. de loi*, t. IV. p. SS3.
6 LA MÈRE BKBTHKLOT
devoii: de le leur faire tenir, attendit la fin du mois pour délibérer
à ce sujet. Le procureur-syndic objecta les manquants du récole-
ment de l'inventaire, prétendit que la valeur devait en être estimée
par des experts, et conclut à une retenue proportionnelle qui serait
imposée à chacune des titulaires du traitement^ le surplus seule-
ment devant leur être versée
En outre il fut décidé qu*à raison de la subordination du District
au Département il appartenait au Département de prendre la déci-
sion.
Le Département délibéra, et renchérit sur le District en déclarant
que les Ursulines, n'ayant point rendu leurs comptes, il était abso-
lument impossible de leur payer leurs pensions ; que même il y
avait lieu de les assigner pour les faire déclarer, par le tribunal,
déchues du droit de les recevoir à l'avenir.
La Supérieure crut de son devoir de protester, et elle le lit avec la
dignité et la simplicité d'une mère qui réclame justice pour ses
enfants spoliés.
« Les religieuses Ursulines, expose-t-elle dans sa requête à
MM. les administrateurs du Département^ en date du 6 novembre,
sont sorties de leur couvent le i*"' octobre dernier. Il leur est dû un
traitement qu'on ne leur a pas encore payé. C'est avec étonnement
qu'elle a appris qu'on voulait retenir sur leur traitement la valeur
des pièces d'argenterie, et que le District [lire le Département) a
émis l'avis qu'on les poursuivit devant le tribunal pour faire pro-
noncer la déchéance de tout traitement.
« Elle avoue de très bonne foi que l'argenterie, qui a été inven-
toriée, ne s'est pas trouvée en entier lors du récolement et qu'il
manque un encensoir d'argent, un calice et un saint ciboire avec
quarante-et-un couverts.
« Les couverts appartenaient aux sœurs ; on les leur aurait ac-
cordés lors de leur sortie. On ne peut lui faire un reproche d'en
avoir disposé dans l'état de détresse où s'est trouvée la commu-
nauté qui, depuis trois ans, a été privée de la majorité de ses revenus
^ District de Nantes, 2'i octobre 1792..
ET LE COUVENT DES URSUUNES DE NANTES 7
dont la nation s*est emparée, et qui n'a payé aucun traitement. On
a pris les revenus sans enlever les charges ; la communauté a dû
payer pour sept cents livres de pavés dont elle ne retirait aucun
avantage. On peut consulter le livre de dépenses, et on verra que
le prix de l'argeuterie a été employé aux dépenses nécessaires à la
subsistance. » Entrant dans ie détail^ elle explique que les revenus
dont la nation a joui depuis plusieurs années, sans en faire part à la
communauté, sont de beaucoup supérieurs au montant de la récla-
mation. Sur les revenus, il est dû à la communauté i3,868 livices^
et les quarante religieuses n'ont rien pour vivre. « S'il est indis-
pensable, ajoute-t-elle, de rendre à la nation la valeur de l'argen-
terie qui manque, qu'on ne la prenne au moins que sur le seul
traitement de lexposante, jusqu'à ce que la nation soit remplie.
L'exposante en fera le sacrifice, si cela peut tourner au bonheur et
à la prospérité de la nation, et si tout ce qui se trouve accroître
d'ailleurs à la nation par la destruction de la communauté ne lui
suffit pas ». Elle conclut en demandant humblement que l'adminis-
tration rapporte l'arrêté autorisant le procureur-syndic à assigner
l'exposante et les autres religieuses, pour les faire déchoir de leurs
traitements. Signé S' Anne Davoynes.
Le 37 novembre 1793, le Département délibéra, et, considérant
que les religieuses Ursulines n'avaient pas rendu leurs comptes,
arrêta qu'il n'y avait lieu de rapporter le précédent arrêté.
Parmi les lettres adressées au Département et qui ont été con-
servées, on eu rencontre deux signées de deux sœurs converses,
datées, l'une du Pont-Saiul-Martin, 7 novembre, et l'autre de Nantes^
13 novembre, dans lesquelles ces pauvres filles, nommées Ursule
Judalet et Rose Pesueau, font connaître leur état de misère et ré-
clament leurs (rimestres de pensions.
Le 3o novembre, autrd lettre de la supérieure au Département,
dans laquelle elle renouvelle sa demande, et affirme que le i*' oc-
tobre elle a remis au commissaire tous ses comptes et ses livres, et
que ce commissaire les a mis sous scellés dans la chambre qu'elle
occupait.
Deux longs procès- verbaux du Département résument la discus-
8 LA MfeRE BERTHBLOT
sioD qui eut lieu i propos de cette seconde requête. Le Département,
revenant sur sa première décision, reconnut qu'il était peut-être ex-
cessif de faire prononcer la déchéance de tout traitement, faute
d'avoir rendu les comptes en temps utile ; que, d'ailleurs, il se pou-
vait, comme le prétendait cette religieuse, que ses comptes eussent
été mis sous les scellés, le i*^*" octobre, avec les autres titres et pa-
piers, et qu'il y avait lieu de les recherchera Eu attendant, il fut
arrêté que le trimestre d'octobre pourrait leur être avancé i titre de
secours, d'après le tarif suivant : aux religieuses âgées de plus de
60 ans, 175 liv. ; à celles âgées de plus de 5o atis, iSo liv. ; à celles
âgées de 40 ans et au-dessous laS liv. ; aux sœurs converses, en
suivant la même échelle des âges : 116 liv. i3 sous 4 deniers, 100
liv., et 83 liv. 8 sous 8 deniers. Il fut bien exprimé qu'aucun autre
trimestre ne leur serait payé aussi longtemps qu'elles n'auraient
pas rendu leurs comptes, et que, s'il y avait lieu, les comptes une
fois rendus, elles souffriraient sur leur trimestre à échoir l'imputa-
tion de la valeur des effets par elles soustraits, « si mieux elles
n'aiment les représenter en nature et non détériorés. »
Le i5 décembre, le District confia à Ramard, l'un de ses membres,
la mission de « lever les scellés, et de rechercher, tant dans la
chambre de la diteDavoynes que partout ailleurs, les papiers qu'elle
soutient y être renfermés*. »
Ramard écrivit à la Municipalité pour l'informer de sa mission
et la prier de lui adjoindre .deux officiers municipaux « pour l'é-
tablissement du compte des Ursulines'.
Le citoyen René Lenormand assista à la recherche comme repré-
sentant officieux des religieuses. On remua un certain nombre de
sacs de papiers que M. Lenormand déclara être inulile» à ses clientes,
et il fut, sur son reçu, mis en possession des livres de comptabilité^.
Le i5 Janvier 1798 les religieuses attendaient encore leur trimestre
d'octobre promis k titre de secours. Le District leur demandait, pour
* Dép Q, 11 et 12 décembre 179?, fo 67,
* District de Nantes, 15 décembre i792, n« 611, f 183.
> Archives municipales. Série GG.
* Procès-verbal du ?1 décembre 1792. District de Nantes.
ET LE COUVKNT DES UR8UUNIC8 DE NANTES î*
la leur payer, de jusUfier de leur résidence 8urle territoire de la Uc
publique depuis le i*' octobre^ conformémeut au décret du 8 dé-
cembre dernier.
Munie de ses livres et quittances, la mère Davoynes put aisémenl
établir le tableau complet de ses recettes et dépenses, et elle le dé-
posa, le ai janvier 1793, au secrétariat du District. Ce tableau, qui
forme dix grandes pages in-fo, discute chaque article. On s'est in-
troduit, dit-elle, au couvent plusieurs fois depuis la sortie des reli-
gieuses, mtkU elle affirme que^ tant qu'elles y ont demeuré, rien n'a
été détourné. Les actes constitutifs de crédit sur le clergé de France,
sur les Etats de Bretagne, sur plusieurs communautés de Nantes
ne se retrouvent pas, mais ces actes sont de nulle valeur puisque
les biens de ces établissements débiteurs appartiennei^t maintenant
à la Nation. Si les religieuses ont pris leurs lits et du linge, elles en
avaient le droit. « Les commissaires vaquant au récolement, voyant
avec commisération plus de quarante religieuses, sœurs converses
et affiliées, sortir avec peu de ressources d'une maison où elles
avaient compté passer le reste de leurs jours, se portèrent & leur
accorder a chacune une écuelle et une assiette détain, quelques
plats et pots de terre, ainsi que ce qui restait de mauvaise faïence,
et c'est en conséquence de cet abandon que les religieuses ont dis-
posé de ces modiques articles. Si, cependant, on estime qu'elles ne
devaient pas le faire, elles en rendront compte » Les couverts vendus
avaient été fournis par les religieuses; chacune avait apporté le sien.
Depuis 1790, les mises ont toujours excédé les attouchements ;
en i790,de 189 livres a sous a deniers ; en 1791, de io,4'io liv. i4 s.
3 d., et en 179a de 34 10 liv. 10 s. comme cela se voit par les livres
de recettes et de dépenses. Ce déficit s'élève è plus de i4.o6o liv.,
il vient de ce que le nombre des pensionnaires a diminué à raison
de Tin certitude du sort des couvents, du non payement de loyers, et
de la cessation du payement d'arrérages dus par le clergé de France,
les Etats, la Commune de Nantes. Cependant les religieuses n'ont
pas laissé un sou de dettes ; par les ressources qu'elles ont trouvées,
• Eod, 15 janvier 1793 n<» 679.
10 LA MÈKE BKRTHRLOT
tant dans le produit de l'argenterie que dans celui de trois vaches
vendues et dans le secours de leurs parents et amis.
Le total des sommes, provenant des couverts d'argent et de Tar-
genterie d'église vendus, s'élevait à 264o livres. La mère Davoynes
concluait en demandant le payement du quartier courant^ et de
ceux subséquents en leur temps, i
Le quartier d'octobre dut être payé i une date que je n'ai pu re-
trouver dans la comptabilité du District. En tout cas, il le fut sous
^ déduction d*un douzième réservé pour la contribution patriotique^
Le 4 mai 1793. la mère Davoynes, qui signait cette fois Anne
Davoynes, procuralrica de la ci-devant communauté des Ursulines
de Nantes, écrivait aux citoyens administrateurs du Département :
« Exposent les ci-devant religieuses, sœurs et affiliées de la mai-
son de Nantes, que des besoins pressants les obligent de vous rap-
peler qu'il leur est dû les quartiers de janvier et d'avril du traite-
ment leur accordé par les décrets de l'Assemblée nationale, seule
ressource qu'elles ont pour vivre, étant sans états et sans biens. La
plupart ont des familles qui ne peuvent subvenir i leurs besoins ;
d'autres ont été forcées de recourir aux bienfaits de quelques amis,
mais ces amis, ainsi que les parents des autres, ne peuvent plus
venir au secours des exposantes, en sorte que ces malheureuses
femmes sont réduites à la plus grande indigence et exposées à
manquer des choses les plus nécessaires à la vie.
« Ces vérités constantes et elYrayanles vous détermineront sans
doute. Citoyens administrateurs, à venir à leur secours en arrêtant
que les exposantes seront payées des deux trimestres de leurs trai-
temeuts. Cela est d autant plus juste qu'il y a lieu de croire que le
receveur de la Nation aura fait rentrer les sommes considérables
qui étaient dues à la ci-devant communauté des Ursulines lors de
la sortie des rehgieuses, au désir des états attachés à leur requête
déposée le 21 janvier dernier.
« Au surplus, les exposantes ont obtenu leurs certificats de rési-
dence exigés par la loi.
' Mesare générale appliquée aux pensionnaires de TEtat, Dép. Q, 16 octobre
1792, f. 15.
ET LE GOUVICNT DES URSUUNKS DK NANTBS H
tt Qu*ii VOUS plaise, Citoyens administrateurs, ayant égard à ce
que devant exposé, arrêter, qu'elles seront sans retardement payées
des deux quartiers de janvier et d'avril de leurs traitements. »
Ces retards dans les payements des pensions étaient alors chose
assez commune. Les impôts ne rentraient pas, et la ressource per-
pétuelle et toujours la même était la planche aux assignats. L'in-
surrection vendéenne ajoutait encore au désordre de l'administra-
tion et à celui des finances.
Au moment où la Société d'Archéologie de la Loire- Inférieure
entreprend de faire l'histoire des monuments et des rues de la ville
de Nantes, quelques notes sur la destination donnée aux bâtiments
du couvent pendant la révolution ne seront pas déplacées dans ce
travail.
Jusqu'à la fin d'avril les gardiens, établis par le District au mo-
ment de l'évacuation du couvent, l'avaient seuls habité. Le a mai
1793, le Comité central, formé de membres de chacune des admi-
nistrations, avec pouvoirs de prendre toutes les mesures nécessitées
par rétat d'insurrection d'une partie du département, décida qu'il
serait transformé en caserne. Le général Gallibert fut chargé de
faire préparer les salles et d'y monter des lits. Les scellés mis sur
les chambres furent levés^ et tous les meubles furent transportés au
couvent de la Visitation pour y être vendus aux enchères dans la
journée du 8 mai; u sans s'arrêter rigoureusement aux dispositions
des lois nouvelles rendues pour cet objet'. »
Il restait encore une partie de la maison qui motivait la présence
d'un gardien ; cdtte partie fut occupée par une compagnie de cava-
lerie d'Ille-et-Vilaine^ le 8 juin, et le gardien congédié reçut une in-
demnité de vingt sous par jour*.
Le District, sollicité de livrer la chapelle afin d'en faire un ma-
gasin pour le ai* régiment, refusa^ le 3i juillet 1793, de crainte,
porte la délibération^ d'engager sa responsabilités.
Durant l'hiver de 93 à 94, un hôpital militaire dit de VEgaliié fut
établi dans le couvent.
< Départ. Q, & mai 1793, f. 158. ~ District 6 mai 1793.
s District, 6 juin 1793.
s Eod, Si juillet 1793.
12 LA MÈRE BERTHBLOT
Les soldats cantonnés avaient pillé les jardins ; aussi n*est-il pas
étonnant qu'un citoyen nommé Tourmeau, qui s'était rendu adjudi-
cataire, moyennant trois milles livres^ de la récolte des fruits, vins
et légumes de Tenclos, ait demandé une diminution du prix de son
adjudication. Il lui fut répondu qu'U devait connaître cette situa-
tion quand il avait soumissionné'.
Il ne parait pas que, durant les années qui suivirent, le couvent
ait été occupé par un service public.
Le i3 floréal an V, j4 avril 1797, un membre de l'administration
appela l'attention de ses collègues sur le projet qui avait été formé
de transformer en jardin botanique l'enclos des ci*devant Ursulines
qui était tombé dans un état complet de dégradation. On se borna
à décider que l'on s'occuperait de tirer le meilleur parti possible du
foin et des fruits.
LorsquUl fut question de l'établissement à Nantes d'une Ecole
centrale, maison d'instruction secondaire destinée à remplacer les
nombreux collèges de l'ancien régime, qui avaient été détruits par
la Révolution, aucun édifice de la ville ne parut plus apte que le
couvent des Ursulines k recevoir cette destination, malgré d'impor-
tantes dégradations^ auxquelles il ne fut remédié qu'en l'an Vil.
Les cours de l'Ecole centrale furent ouverts le i*' messidor an IV
19 juin 1796. et durèrent jusqu'à la fermeture de cette école le T'
messidor an XII, ao juin i8o4'.
Peu après le lycée remplaça l'école centrale, et l'ancien couvent
n'a été démoli que pour faire place au nouveau lycée.
Les pensions furent payées aux religieuses plus ou moins régu-
lièrement pendant les trois premiers quarts de Tannée 1793, mais
elles cessèrent de l'être à partir d'octobre. La Convention avait dé-
crété, le 3 de ce mois, et le 9 nivôse an II, 29 décembre 1793, que
les fiUes des congrégations qui n'avaient pas prêté le serment cons-
titutionnel étaient déclarées déchues de leurs pensions de retraite'.
* Départ. Q, 24 pluviôse, an II.
* Etude sur V Ecole centrale de Nantes^ par M. More), Annales de la So-
ciété académique de Nantes ^ 1S82.
s DuYergier, Collection de lois, première édition, T. Il, '-^53 et 445.
KT LE COUVKNT bK8 URSULINKS UK NANTES 13
CHAPITRE V
Caractères de la persécution révolutionnaire. — Motifs apparents et motifs réels
des sentences de mort rendues contre les fidèles catholiques. — La mère Ber-
theiot recueillie par Madame Lamelle à la sortie du cloître; son séjour à
Oudon et au Loroux dans les propriétés de M"« Laruelle. -* Sa fuite sur la
ri^e droite de la Loire en octobre 1793. — Son arrestation dans la commune
de Ligné. — Son emprisonnement à Ancenis. » Dénonciation dirigée contre
elle. — Interrogatoires subis par elle à Ancenis les ao et ai janvier 179/1. —
Son transfèrement à Nantes dans la maison de Saint-Charles, et, peu après,
dans la prison du Bouflay. — Sa comparution devant le tribunal révolution-
naire. — Sa condamnation i mort par ce tribunal. — Motifs de sa condamna-
tion. — Traditions sur son exécution, pieusement recueillies et conservées
par ses compagnes.
Déjà une législation cruelle menaçait de mort les prêtres réfrac-
taires errant sur le territoire de la république, et le moment était
proche où la moindre manifestation de la foi catholique exposerait
8OQ auteur à être dénoncé comme suspect, qualification fâcheuse,
suffisante pour provoquer l'emprisonnement, et qui conduisit à
l'échafaud un certain nombre de fidèles.
La persécution révolutionnaire eut les mêmes caractères que les
persécutions exercées par les empereurs païens aux temps héroïques
des premiers chrétiens. Si les supplices matériels n'eurent pas les
mêmes raffinements de cruauté^ des tortures morales de toutes sortes
furent infligées à ceux et à celles qui furent noyés, décapités ou fu-
sillés. Les églises furent fermées ou consacrées fi des usages tempo-
rels, les objets du culte, les vases sacrés^ furent vendus et profanés,
les biens des prêtres et des religieux furent confisqués, et, comme
aux premiers siècles , ces mêmes traitements furent infligés aux
personnes, en haine de la foi, et à défaut de déclarations qui étaient
considérées par l'Eglise comme des actes d'apostasie.
Sauf pour les prêtres réfractaires, les condamnations capitales
prononcées contre des fidèles ne le forent jamais expressément pour
14 LA MÈRB BBATHBLOT
cause de religion. Au moment ou il opprimait la foi avec le plus
d'intolérance, le gouvernement républicain affectait de proclamer
la liberté de conscience, mais les juges n'avaient que l'embarras du
choix des motifs qui leur permettaient de légaliser les sentences des
accusés qu'ils voulaient envoyer à la mort. Il y avait mille façons
de travailler au plus grand crime qui se put commettre, au réta-
blissement de la royauté. Les uns y avaient travaillé en émigrant,
les autres pour avoir simplement correspondu avec des émigrés.
Certains furent convaincus d*y avoir travaillé par de simples pa-
roles, et comme, en réalité, on savait bien que tous les catholiques
haïssaient le régime républicain qui proscrivait leur religion, et
qu'ils n'attendaient son rétablissement que de celui de la royauté,
la propension des juges révolutionnaires était grande à transformer
en délits politiques les moindres manifestations religieuses.
Dans les départements de l'Ouest, et particulièrement à Nantes
et à Angers, centres principaux du pays insurgé pour obtenir la
liberté de ses autels, tout acte religieux pouvait, à la rigueur, être
regardé comme un acte de complicité avec les rebelles, mjs hors la
loi pour le seul fait d'avoir porté les armes contre la république.
Si, dans d'autres départements, et à Paris surtout, on rencontre
comme motifs de condamnation^ la participation à de prétendues
conspirations, à Nantes et à Angers^ le considérant, incessamment
reproduit dans toutes les sentences, est une participation directe
ou indirecte, matérielle ou morale, à l'insurrection.
Tel fut le prétexte de la condamnation à mort prononcée contre
la sœur Berthelot par le tribunal révolutionnaire de Nantes.
Sortie de son couvent en même temps que ses compagnes, elle
n'avait pas tardé k trouver un refuge chez une de ses tantes,
nommée M™* Laruelle. Née Baziilais, comme sa mère, M""* Laruelle
habitait la paroisse de Doulon', et vraisemblablement leur amitié
datait de loin.
* Cette double circonstance, du nom porté par M** Laruelle avant son
mariage, et de son domicile dans la paroisse de Doulon, est révélée dans
une délibération du District de Nantes, du 21 février 1791, qui eut à statuer
sur la propriété contestée d'un banc dansTéglise de Doulon.
RT LE GOUVICNT DES URSULINBS DE NANTES 15
M°^* Laruelle peu après s'établit à OudoD ; la mère Berlhelot l'y
suivit. Restées toutes deux à Oudon jusqu'au mois de juillet 1793»
elles se retirèrent ensemble dans une propriété nommée la Brigol-
lière, appartenant à M"'"" Lamelle et située à une lieue et demie du
bourg du Loroux-Bottereau. Cette commune était alors occupée
par les insurgés. Après la bataille de Gholet, lorsque, les 16 et 17
octobre, Tannée républicaine envahit le pays, les habitants s'en-
fuirent vers le nord, et, imitant la grande armée vendéenne qui
passa la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, ils se répandirent dans les
communes de la rive droite de la Loire avoisinant Ancenis. La
mère Berthelot erra dans ces communes pendant trois mois^ se
cachant dans les maisons où on voulait bien lui donner asile^ quand,
le 17 janvier 1794, elle fut arrêtée au village de Chalonges dans la
commune de Ligné. Conduite à Ancenis, elle y fut emprisonnée
comme suspecte. Des charges furent produites contre elle dans une
dénonciation dont voici le texte, relevé sur Toriginal, comme les
autres pièces dont copie va être donnée, et qui forment son dossier
conservé aux archives du greffe du tribunal civil de Nantes.
Extrait du Registre des Déclarations faites au Comité de surveil-
lance d^ Ancenis du 23 brumaire an IL (i3 novembre 1793).
Françoise Limerson, épouse du citoyen Piot, déclare, qu'ayant été
emmenée de la ville d'Ancenis par les brigands, le a8 juin dernier^
et constituée prisonnière à Champtoceaux, et, delà, à la Haie-Botte-
reau, commune du Loroux, où elle est restée jusqu^au 18 octobre
dernier, époque de sa délivrance; que GuilletS prêtre ci-devant
habitué de Sainte-Radegonde, paroisse du Loroux-Bottereau, est
resté caché avant le mois de mars dernier dans un rocher, près
d'un ruisseau appelé la Divatte ; que son confident était le meu •
nier du moulin à eau situé sur le même ruisseau, au-dessous du
pont qili conduit de Landemont à la Haie-Bottereau ; que ce meu-
* Guillet, (Denis-Martin), né à Bouguenais, titulaire du bénéfice de Sainte*
Radegonde, paroisse du Loroux-Bottereau ; resté caché dans le pays pen-
dant la Révolution ; mort vicaire du Loroux le 18 mai 1809.
16 LA MÈRE BfcCHTHKLOT
Dier a, en outre^ un moulin k vent sur la lande près de Sainte-
Radegonde : ce meunier doit se nommer Gaudier (ou Gandier) ;
qu'elle a vu ledit Guillet, pendant qu'elle était prisonnière k la
Haie-Bottereau, ainsi que Estafel de Bonnœuvre, les deux frères
Barbet d'Ancenis, dopt l'un est prètreS Rouxeau*, prêtre de Mé-
sanger, Massonnet^ ci-devant curé de Ligné, Rousseau, le bossu^
d'Ancenîs, Bernard, tanneur d'Ancenis, d'Esigny, père et fils*, de
Mésanger, les deux frères Viau, dits la Romerais', du Loroux-
BoUereau, Lyrot, chef de brigands» et sa fille, Flavigny, de la ci-
devant Ghampagîie, la fille Berlhelol, ex-religieuse des Ursulines
de Nantes ; que ces personnages tenaient leurs conciliabules chez
Tiger*^ du Loroux-Boltereau» où était établie leur résidence.
Certifié conforme au Registre. Signé : Gollisieau, secrétaire.
Sur celle dénonciation» le Comité révolutionnaire d*Ancenis or-
donna que la mère Berthelot serait interrogée.
Son interrogatoire fut ainsi libellé :
* Barbot. (Alexis-Thomas), vicaire de CouffA ; suivit l'arméo vendéenae;
eut le boDheur de découvrir dans un fourgon, les reliques volées à. la cathé-
drale du Mansi et les sauva. Curé de Mauves en 18SU; se retira peu après
à Champtoceaux chez son frère aine, officier des armées vendéennes et y
mourut le 22 décembre 1831.
' Rouzean (Krançoia), vicaire de Mésanger. puis curé constitutionnel de
cette paroisse; rétracta son serment vers 1793; curé de Saint-Mars-du-Désert
en 1803 ; mort à Mésanger le 9 avril 1809.
> Massonnet, (Clair;, curé de Ligné depuis 1778. 11 y avait trois prêtres de
ce nom, tous les trois frères, et nés à la Basse-Indre. Clair, ouré de Ligné,
ainsi que son frère François avaient pris des passeports pour fiilbao en
1792. Tous les deux sont morts successivement titulaires de la cure de Ma-
checoul, Clair, le 13 janvier 1813. François, le 12 mai t8l7. Si, vraiment, le
curé de Ligné se trouvait au Loroux en 17V3, il faut en conclure qa*iln*avait
pas quitté la France, ou qu*il y était rentré peu après sa déportation. Le
troisième. Louis Massonnet, est mort curé de Saint-Méme en 1829. Voir
Le diocèse de Nantes pendant la Révolutûm, t. ii.
* Blondin d'Esigny, sa femme et son fils, turent condamnés k mort le
\" pluviôse, co janvier 1794 ; La justice révolut. à Nantes et dans la Loire-
Inférieure, par A. Lallié, p. 117.
* Viau. Jacques, dit Du pé -Ko m me rais , conJamné à mort le 13 nivùse
an II, 2 janvier 1794.
* i^iu* Tiger, sa fille et son fils furent condamnés k mort par la commission
Lenoir le 14 pluviôse an II, 4 février 1794. La justice révolut. p. 182.
BT LE COUVENT DES UR8ULINES DE NANTES 17
« L^an deux de la République française une et indivisible, le i^'
pluviôse (dimanche, ao janvier 1794).
« Le Comité de surveillance, séant à Ancenis, a fait venir de la
maison d'arrêt une femme ; les questions suivantes lui ont été faites
par Guichard, Tun des membres à ce commis.
Demande, — Quels sont vos noms, âge, profession et demeure ?
Réponse. — Je me nomme Angélique Prudence Berthelot, âgée
de 48 ans passés ; je suis religieuse aux Ursulines de Nantes ; j'ai
demeuré depuis le mois de novembre 179a, chez la dame veuve la
Ruelle ma parente.
D. — Depuis le mois de novembre» où vous êtes entrée chez la
daoQe la Ruelle, qu'êtes- vous devenue ?
/?. — Je suis restée chez la dame la Ruelle jusqu'au commence-
ment de juillet dernier ; je l'ai suivie au Loroux-Bottereau en une
terre nommée la Brigollière qui lui appartient, où nous sommes
restées jusqu'à Tépoque du 17 ou 18 octobre dernier, que nous
avons passé la Loire avec l'armée des brigands^ vis-à-vis la ville
d'Ancenis, sans avoir d'autre dessein que de nous rendre à Oudon.
/>. — Quand avez- vous été arrêtée, par qui et pourquoi ?
i?. — Je fus arrêtée vendredi dernier par les citoyens de la com-
mune de Ligné, au village de Chalonges, parce que j'étais cachée
chez Levêque, laboureur.
/). — Depuis quand demeuriez-vous dans la commune de Ligné?
B. — Je l'ignore ; j'allais et venais dans les différentes communes
circon voisines.
D. — Avez-vous suivi l'armée des brigands qui s'est portée à
Château-Gonthier, la Flèche, Laval, le Mans et fiutres villes?
R. — Non.
D. — Avez-vous dit la vérité?
R. — Oui.
Lecture faite de son interrogatoire a dit qu'il contient vérité ; n'y
vouloir ni augmenter ni diminuer, et a signé.
Signé : Angélique-Prudence Bertuelot, Luneau, Guichard.
h
TOME XVI. — NOTICES — XVl*^ ANNÉE, l""* LIV. 2
18 LA MËRB BBRTHËLOf
é
Quelques jours après elle subit un second interrogatoire :
Le 6 pluviôse an II fa5 janvier 1794) de la République une et in^
divisible, le Comité de surveillance a fait revenir, de la maison d'ar-
rêt dans le lieu de ses séances^ Ângélique-Prudjsnce Berthelot, ex-
religieuse Ursuline, qui a répondu comme suit aux nouvelles ques-
tions qui lui ont été faites.
D, — Pendant votre séjour aU Loroux-Bottereau vous étes*vous
toujours tenue à la BrigoUîère, chez votre tante veuve Laruelle ?
B, — Oui.
D. — Avez* vous vu, pendant voire séjour à la BrigoUière, Mas-
sonnet, ex curé de Ligné, Rousseau, prêtre de Mésanger, Barbot,
prêtre de GoufTé, et son frère laïque, d'Esigny père et fils^ les deux
frères Viau dits Laromerais, Lyrot de la Patouillière, Flavigny ?
/?. — Non. Je ne sortais pas, je ne voyais personne ; il se peut
cependant que j'aie vu passer les gens dont vous me parlez, comme
j'allais à Téglise ; je ne les connaissais que de nom.
D, — N'avezvous jamais assisté, avec les particuliers qu'on
vient de vous nommer, aux conseils que les rebelles tenaient chez
Tiger au Loroux I
R. — Non.
D, —. Connaissez-vous Tiger et niez-vous vous être trouvée chez
lui dans la compagnie des ci-dessus dénommés ?
R, — Je Connais Tiger de figure; je conviens que je suis allée
chez lui, mais le plus rarement possible et parce qu'il m'y invitait.
D. — Le connaissez-vous particulièrement ?
B. — Non ; et s'il m'a invitée une ou deux fois à diner, c'est par
pure honnêteté,etparce que la maison delà BrigoUière était éloignée
de près de demi-lieue de l'église.
/). — Avez-vous vu au Loroux un nommé GuiUet, prêtre ha-
bitué de Sainte-Radegonde de Nantes^
B. — Oui, je lai vu à l'église; au reste, je nie m'être trouvée à
des conseils chez Tiger, avec ceux que vous m'avez nommés, quoi-
1 Erreur : M. Guillet était prêtre habitué du prieuré de Sainte-Radegonde,
près le Lorouz-Bottereau.
fiT LE COUVBNT D£S URSULINKS DE NANTES lÔ
V
que j'en aie effectivement vu quelques-uns que je connaissais seu-
lement de nom et de figure.
Lecture faite des réponses et questions, elle a dit y persister et
a signé.
Signé : Angélique-Prudbnge Berthelot, Laheu.
A quelle époque la mère Berthelot fut elle amenée d'Ancenis à
Nanties, pour y être jugée? Aucun document ne nous l'apprend.
Tout ce que Ton peut savoir, c^est que, sur le registre d'écrou de
la prison du Bouffay, elle est portée, à la date du 1 1 ventôse an 11^
i«' mars 1794, f* lao, comme venant de Thôpital Saint-Charles.
Cet hôpital, comme l'indique son nom, avait été établi dans la
maison des religieuses de Sainl-Charles, vraisemblablement située
entre les rues Saint -Clément^ Saini-Rogatien et des Orphelins, dans
la ruelle qui porte encore le nom de Saint-Charles.
Il arrivait souvent qu*on enfermât des prisonniers dans les hôpi-
taux, à cause du grand encombrement des prisons, et de fait, à ce
moment, la prison du Bon-Pasteur, spécialement affectée aux
femmes, regorgeait de prisonnières.
L'usage était de transférer, dans la prison du Bouffay, voisine du
local du tribunal révolutionnaire et du lieu des exécutions^ les pré-
venus qui devaient être traduits devant ce tribunal, et c'est ainsi
que la mère Berthelot avait été amenée et écrouée au Bouffay, le
II ventôse an II, i*' mars 1794.
Elle fut appelée le lendemain à comparaître devant le tribunal
révolutionnaire présidé par Lepeley, auquel, sur Tordre de Carrier,
Phelippes avait dû céder ses fonctions de président. Aucun avocat
n'était admis à présenter, devant le tribunal révolutionnaire de
Nantes, la défense des accusés.
Les charges produites contre elle sont résumées en termes abrégés
et presque illisibles, par le greffier, sur un chiffon de papier, dans
Tordre ci-après :
TÊMOiifs :
lo Françoise Limerson, femme de Piot, administrateur du conseil
du District d'Ancenis : lorsqu'elle fut conduite en prison (à Champ.
20 Li MÈRE BfiRTHBLOT
toceaux) déclare qu'elle a vu l'accusée dans ce pays, où elle avait
été transférée ; puis, elle Ta connue chez la Desroussières ; elle a
été k la Haie-Bottereau où elle vit encore l'accusée avec Dufresuy ;
qu'elle était habillée en religieuse.
a' Marie Plonneau, femme de Viilemain, menuisier à Ancenis,
3; ans, déclare que, lorsqu elle fut amenée prisonnièi^, elle a vu
l'accusée chez la Desroussières à Ghamptoceaux ; qu'elle élait alors en
son costume de religieuse avec une croix à soû côté ; que cependant
elle ignore que ce fût l'accusée.
3^ Mathurin Gosnuel, 44 ans, à Oudon, déclare avoir vu l'accusée
chez Lamelle ; que« lors de Tévacualion d'Oudon^ il se retira à
Nantes, et que, iorsqull s'en retourna, il apprit que la maison
Laruelle avait passé avec les brigands.
4* Julien Richard, 3a ans, directeur de la Poste, dit que lors de
la sortie des religieuses, elle se retira chez Lamelle, et, que, quelque
temps après, il appiit que tous les habitants de cette maison avaient
passé avec les brigands avec leurs eflets et bestiaux.
Ces dépositions orales, en admettant que le grefûer les ait fidè-
lement reproduites, atténuaient plutôt qu'elles ne grossissaient la
prévention résultant de la première dénonciation , puisqu'elles
étaient muettes sur les relations de la sœur Berthelot avec les
chefs insurgés ; néanmoins elles confirmaient le fait qu elle avait
conservé son costume religieux, et elles insistaient sur cet autre
fait, qu'à deux reprises difiérentes, elle avait fui les lieux occupés
par les troupes républicaines pour suivre les insurgés.
Ce reproche pouvait être adressé k une foule d'habitants qui
avaient, comme elle, quitté Oudon pour le Loroux-Bottereau, et le
Loroux-Bottereau, pour les paroisses avoisinant Ancenis, après le
passage de la Loire par la grande armée, et qui ne furent point
traduits devant le tribunal révolutionnaire.
Restait le fait d'avoir conservé son costume. Ce fut sur ces
dépositions que fut libellé le jugement suivant, dont le dispositif
ordonna que la mère Berthelot subirait la peine de mort dans le
délai de a4 heures.
« Au nom du Peuple français,du 1 1 ventôse l'an II (i*"' mars 1794)
de la République française une et indivisible.
£T LB GOUVBNT DES URSULINB8 DE NANTES 21
n Les juges formaot le Tribunal révolutionnaire du Département
de la Loire-Inférieure, après avoir entendu Goudet, accusateur
public, dans son accusation contre Angélique-Prudence Berthelot,
ci-devant religieuse ursuline de Nantes, native de Doulon, district
de Nantes, présente; lecture faite, en présence des témoins ci après,
de la loi du 5 pluviôse, relative aux faux témoins, et en présence
de: deux commissaires de la Municipalité de Nantes.: Françoise
Limerson, femme de Piot, administrateur du district d'Ancenis ;
Marie Pionneau, femme de Villemaiu, menuisier, âgée de 37 ans,
demeurant à Ancenis ; Mathuriu Cosauel, âgé de 44 ans, demeu-
rant k Oudon ; Julien Richard, âgé de 3^ an3^ directeur de la poste
àOudon. témoins assermentés, dans leurs dépositions orales reçues
eo présence de l'accusée ; cette deriiière dans ses interrogatoires,
et Goudet, accusateur public, dans ses conclusions, chaque juge
ayant donné son avis séparément et k haute voix, le président a
prononcé le jugement suivant :
« Le tribunalfd'après les dépositions des témoins, reconnaissances
et aveux d'Angélique-Prudence Berthelot, reconnaît pour constant
que ladite Berthelot est une ennemie prononcée de la république ;
qu'elle a tenté et provoqué le rétablissement de la royauté et le retour
de Fancien rpgime ; qu'elle a toujours conservé son costume reli-
gieux ; qu'elle a quitté un pays conservé par les troupes républi-
caines et passé au Loroux-Botlereau, qui était en possession des
brigands ; que. dans ce repaire de scélérats, elle a fait partie d'un
conciliabule qui s'est tenu chez Tiger, chef de révoltes et émeutes
contre-révolutionnaires, et où assistaient journellement les nommés
Guîllet, Rousseau, Massonnet et Barbot, prêtres réfractaires, ainsi
que d'Esigny père, d'E^igny fils, Lyrot,chef des brigands et autres
contre révolutionnaires ; en conséquence, le tribunal déclare la dite
Berthelot atteinte et convaincue de ces faits ; dit qu'elle est contre-
révolutionnaire ; pour réparation de quoi, la condamne à la peine
de mort, conformément aux lois des 19 mars, a8 mars, 10 mai et
5 juillet derniers ; déclare ses biens acquis et confisqués au profit
de la république ; ordonne que, pour la conservation des dits, une
expédition du présent jugement sera, k la diligence de l'accusateur
22 LA MÈRB BERTHEXOT
public, adressée au Département, lequel jugement sera exécuté de
jour et dans les a4 heures, imprimé et affiché partout où besoin
sera. Fait en l'audience publique où présidait Lepeley, et assistaient
Lenormand, Le Coq, Davert et Pellerin, juges du tribunal ; présent
Goudet, accusateur public.
Signé au registre par les cinq juges, î^ 6b.
On a raconté, et cette tradition, pieusement recueillie par ses
compagnes, est demeurée vivante dans la communauté, que la
sœur Berthelot aurait été condamnée pour avoir, après sa sortie du
couvent, continué d enseigner le catéchisme aux enfants. Inter-
rogée, a-t-on dit, par les juges, elle déclara hardiment qu'elle
s'était fait un bonheur de graver dans le cœur des enfants les vérités
de la foi chrétienne. — Désavoue, lui aurait dit lun d'eux, que tu as
enseigné le catéchisme aux enfants, et tu sauveras ta vie. — A Dieu
ne plaise, aurait-elle répondu, que j'évite la mort par un mensonge.
Plutôt mourir mille fois. — Au moins, ajouta-t-il, promets de ne
plus instruire les enfants. — Moi, répliqua-t-eile, faire cette pro-
messe, être infidèle i mes engagements, jamais. »
Uabbé Tresvaux a consigné cette tradition dans son Histoire de
la Persécution révolutionnaire en Bretagne*,
Il est bien certain que la mère Berthelot eut préféré mourir plu-
tôt que commettre un léger mensonge. Il est au contraire très peu
probable que la vie lui ait été offerte en échange de la promesse
de ne plus enseigner la doctrine chrétienne. Et si j'ai peine i croire
ce récit ce n*est pas parce que, ni Tinstruction sommaire ni le ju-
gement n*en contiennent la trace, c'est parce que une pareille dé-
marche, faite en vue de sauver une accusée, est invraisemblable et
contraire aux pratiques aujourd'hui bien connues des agents de la
justice révolutionnaire. Qu'un juge, accessible à la pitié, et scru-
puleux observateur de la loi, désolé d'être par la rigueiK d'un
texte, obligé de condamner un prévenu auquel il s'intéresse,
lui conseille un mensonge qui lui permettra de l'acquitter, cela,
probablement, a pu arriver, mais les juges révolutionnaires n'é-
' T. II. p. 4ft.
KT LB COUVENT DBS URSULINBS DB NANTES 23
talent ni accessibles à la pitié ni scrupuleux observateurs de la loi.
Ils étaient souverains appréciateurs des causes qui leur étaient
soumises^ et pourvu qu'ils accrochassent, au dispositif de leur
condamnation, un lambBaa de texte de loi, ils n*en demandaient pas
davantage. Us savaient bien quepersonne ne leur reprocherait leur
iniquité, et que marne on leur en tiendrait compte. De plas,
aucune loi n'interdisait la pratique ni renseignement de la foi
catholique,de même qu'aucune loi ne limitait la liberté de la presse.
Seulement on guillotinait, sous un prétexte quelconque^ ceux qui
pratiquaient et enseignaient la foi catholique, et les journalistes qui
censuraient les actes du parti régnant. Une apostasie éclatante, telle
qu'aurait été, par exemple, la prestation à Taudience du serment
constitutionnel, n'aurait rien ajouté au pouvoir qu'avaient les juges
d'acquitter la mère Berthelot, si la pitié leur avait suggéré de le
faire. Il leur aurait suffi de déclarer que les dépositions 4es témoins,
ce qui était la vérité, avaient établi qu'elle avait eu des relations avec
les rebelles, mais nullement qu'elle avait été leur complice. Elle fut
condamnée uniquement parce qu'elle était religieuse, parce qu'elle
avait gardé son costume, et surtout parce que une telle condam-
nation ne pouvait manquer d'être bien accueillie à la société popu-
lation.
Condamnée le 1 1 ventôse an II, i'' mars 1794, elle fut le lende-
main conduite à Téchataud sur la place du Bouffay, et guillotinée
en même temps qu'un mesureur de charbon de Uontretaia, nonponé
Goébaud, qui avait été condamné à la même audience qu'elle, 9ous
la prévention d'avoir pris part i l'insurrection en quittant un pays
occupé par les républicains pour aller s'établir dans un pays bccupé
par les rebelles. Le même jour, 12 ventôse, fut aussi exéciHl; sûr
la place du Boufiay, un des chefs du pays de Retz, le plus mar-
quant après Charette , Ripault de la Cathelinière. Il avait été
jugé lé jour même, et la sentence portait qu'elle devait être exécutée
de suite.
La même Berthelot marcha à l'échafaud avec le courage et la di-
gnité de l'innocence, assurée de la récompence de son sacrifice.
Elle avait une très belle voix que le public aimait à entendre, chaque
24 LA MÈRK BifiRTHBLOT
année, pendant la semaine sainte; à l'office des ténèbres, et on rap-
porte qu'elle gravit les degrés de Téchafaud en chantant avec ferveur
le cantique :
Je mets ma confiance,
Vierge en votre secours,
Servez-moi de défense
Prenez soin de mes jours.
Et, quand ma dernière heure
Aura fixé mon sort,
Obtenez que je meure
Delà plus sainte mort.
Il y a tout lieu de croire que ses restes furent portés au cimetière
du Grand-Brigantin, où étaient inhumés à ce moment les suppli-
ciés de la place du BoufTay.
{A Suivre) Alfred Lallié.
/ /
LES CELEBRITES INCONNUES
UN PETIT-NEVEU DE MICHEL DE MONTAIGNE
^^^^^^rf^^^^MM»^^^^^»^
RAYMOND DE MONTAIGNE
LlEUTBMAlfT GÉHÉRAL à SAINTES, ÉYÊQUE DE BATON!f E , ETC.
Suite (1).
VII
Raymond de Montaigne resta peu de temps abbé de Sablon-
ceaux.Louis XIII le nomma^en 1629, évêque de Bayonne, pro-
vince d'Auch^ à la place de Henri de Béthune, qui, nommé le
1*' octobre 1626, avait passé à Maillezaisie 22 mars 1629. Il fut
préconisé à Rome, le 4 mars 1630, par le pape Urbain VIII :
et il songea à se faire sacrer. La bulle lui disait de choisir les
prélats qu*il voudrait ; il choisit d'abord Tévôque diocésain.
C'était Michel Raoul de La Ouibourgëre« qui avait été doyen
du chapitre de Saintes, agent général du clergé de France,
promoteur dans l'assemblée de 1608 etdéputé aux états de 161 4
avec Raymond de Montaigne^ révoque et le président. Il était
évèque depuis 1618, et avait eu des rapports fréquents avec le
nouvel élu. Ensemble ils avaient fondé les Récollets.
Il s'adressa ensuite à l'évoque le plus voisin ; c'était Henri
(1) Voir la livraison de décembre 1899.
26 RAYMOND DE MONTAIGNE
dé Béthune» qui se trouvait son prédécesseur immédiat sur
le siège de Bayonne Henri deBéthune, fils du duc de Charost,
ambassadeur de France auprès du pape Clément VIII, et de
Catherine Le Bouthiilier de Senlis. Avant d'avoir été sacré
pour Bayonne, il fut transféré à Maillezais, siège épiscopal qui
devait ôtre un peu plus tard ("1648^ transporté à la Rochelle. Il
avait tout récemmentfô janvier 1630J reçu l'onction des mains
de l'archevêque de Paris.
Au moment où l'on songeait, sur les conseils de saint Vin-
cent de Paul,à faire de La Rochelle une ville épiscopale au dé-
triment de Maillezais, il fut appelé à Tarchevèché de Bordeaux
(ld48j, où il se trouva bientôt, lui, calme, modéré, au milieu
des agitations de la fronde qui le chassa de la ville, et où il
ne revint qu'après Torage et mourut en 1680.
Le dernier 'prélat assistant était Louis de Nogaret d*Ëper-
non, évoque de Mirepoix (3 juillet 1630-1655^^ fils naturel de
Jean-Louis de Nogaret^ duc d'Ëpernon, de La Vallette et de
Caudale, pair de France, comte de Foix et vice-roi d'Aqui-
taine. Abbé dlsle-de-Médoc, diocèse de Bordeaux, il avait été
en 1628 donné pour coadjuteur à Pierre de Donnaud, évèque
de Mirepoix, avec le titre d*évèque in partibus de Sébaste, et
consacré le 22 décembre 1629. Depuis le 3 juillet 1630, il était
évoque titulaire de Mirepoix ; il passa en 1656 à Garcassonne
où il mourut le :10 septembre 1679.
Les trois évoques avaient accepté avec empressement Tin-
vitation de Raymond de Montaigne, « mesme lesdicts seigneurs
évèques de Mirepoix et de Maillezay^ par lettres très courtoi-
ses et honnêtes ». Leur caractère les mettait à l'abri de tout
soupçon de mesquinerie ou de malveillance. Lavalette était
le fils d'un des meilleurs amis de l'élu ; Béthune montra
dans la suite une grande douceur et une grande modération ;
Raoul, homme de mérite et de zèle, était déjà âgé et mourut
deux mois juste après. Et pourtant un incident faillit au der-
nier moment compromettre la fête, ajourner le sacre, causer
un scandale retentissant. La cérémonie était fixée au di-
RAYMOND DK MONTAIONB 27
manche 14 janvier 1630. Mirepoix et Maillezais étaient arrivés
le samedi 13, et étaient descendus sur les 5 ou 7 heures du
soir chez leur frère de demain, « en la maison dudit seigneur
de Bayonne ». Ils vont rendre leur devoir à l'évoque du lieu.
Au retour^ sur les 9 ou 10 heures, ils portent au seigneur de
Bayonne une antienne qu'il n'avait peut-être pas prévue :
Vous êtes abbé deSabloneaux et des Alleux; vous êtes prieur
des Essards et d'Archingeay ; vous voilà évoque de Bayonne;
vous ne pouvez rester président du présidial. Vous ne pouvez
ce soir résigner ces fonctions ; mais demain, vous ferez « pu-
bliquement et soUempnellement, sur les saints évangiles, en
présence de tout le corps de la ditte ville de Saintes », ser-
ment de vous défaire de votre charge de président, et ne
tenterez, a en auculne sorte, de n'entrer au palais pour
quelque cause que ce fust. »
La proposition était brusque et un peu vive, môme formulée,
comncie elle dut Tétre, en termes ménagés et polis. Mais
Montaigne se cabra. Quoi, on lui imposait un serment et un
serment public ! on se défiait donc de lui ! A quoi bon ces
formes solennelles ? Est-ce que sa parole ne suffisait pas ? La
noblesse, le clergé, le peuple entier assemblés en foule seront
témoins de sa honte! Lui, habitué à commander, devait donner
des gages de sa soumission, peut-être môme de sa loyauté?
Il répondit donc « avec tout respect et honneur », et supplia
les prélats « de ne le traiter point avec cette rigueur ; que,
quand ils auroyent toute authorité sur luy, ils ne le debve-
roient pas obliger à ce serment soUempneU qu'il estimoit
luy estre honteux, parce qu'il causeroit aux assistants quelque
mauvaise et funeste impression de luy ». Et d'ailleurs, pour
quel motif exigeraient-ils un serment ? Il n'y a point incom-
patibilité que le dict évesque fust juge ; par touttes les loix ce
cumul estoit permis ; et « la pratique en estoit tel, mesme en
en ce royaume, où la plupart des seigneurs archevesques et
évesques estoient conseillers dans les parlemens, et avolent
séance après les présidons avec yQ\\ délil^érative et aulcun
28 tlAYMOND DB MONTAIONB
avec droict de rapporter les procès. » N'avait-on pas en France
« aucun de messeigneurs les chancelliers, gardes de sceaux,
qui estoyent évesques ? » Lui ne ferait donc que suivre un
commun usage et les exemples donnés. Son droict est donc
évident, incontestable, strict. 11 peut porter la toge et la sou-
tane, tenir la balance et la crosse, bénir et condamner. Cepen-
dant si messieurs de Saintes, de Mirepoix et de Maillezais
jugeaient « que la charge de président en Saintonge fust trop
inférieure à la dignité épiscopale, il estoit prest de leur donner
parole de s*en démettre dans le temps qu'ils lui prescri-
royent. » Quant au serment, lui Testimaît injurieux ; c* le ser-
ment estoit de droict » et Ton ne devait pas le demander pour
des choses « qui ne sont que de bienveillance ». Puis en vertu
de quelle autorité veulent-ils l'obliger ?
A ces arguments qui ont leur valeur que répondirent les
prélats ? Montaigne qui raconte la scène omet complètement
leurs raisons. Il y avait des motifs, et certainement sérieux.
Trois personnages graves n'auraient pas tout à coup suscité
cette difficulté, si elle n'eut été qu'une chicane ? Ne les trou-
vaient-ils pas un peu dans le caractère de leur confrère ? Peu
maniable, irritable, entouré d'ennemis, environné de procès,
ayant dans la province un6 grande situation et un pouvoir
considérable, devait-il être laissé exposé à la tentation de
mettre la puissance spirituelle au service de sa passion ou de
ses intérêts? Se flgure-t-on le pontife voyant dans un plaideur
heureux un fidèle révolté, ou anathématisant un justiciable
qui a gagné contre lui ? Il y avait certainement en cause des
faits particuliers, des choses personnelles que La Valette et
Béthune ne lui pouvaient objecter qu'à demi mot,qu'il dut sans
doute comprendre et qu'il n'a pas jugé à propos de rapporter.
Il a parié de « l'artifice et de la passion de ses malveillans »,
qui seroient contents de le voir réduit à cette ^ grande extré-
mité ». Ce qu'il ne dit pas, on le devine. Les évoques, d'ailleurs,
ont dû se borner à des généralités et se tenir dans le vague :
l'intérêt de la religion, et de la justice ; les difficultés qui ré-
f^ulters^ient de cette accumuIfLtion dp dignités religieuses et
RAYMOND DE MONTAIGNE 29
civiles, de puissance spirituelle et administrative ou judi-
ciaire. Ils ne pouvaient froisser ou affliger leur hôte en lui
disant crûment : Tu es ille vir ; c'est vous qui êtes cause de
ce mal. lis répliquaient, par la bouche de Béthune^ « qu*il u*y
avoit point à distinguer, qu'il falloit que cela fust^ qu'ils vou-
loient et entendoient que ce flst dans Téglise des pères ré-
collels, en présence de toute l'assemblée et avant le sacre ;
que aultrement ils estoyent rézpUus de s*en aller. » Mais,
ripostait Montaigne, comment ce scrupule tardif» vous est-il
venu ? Vous saviez bien que j*étais président. « estans plu-
sieurs fois veus à Paris ». S'ils avaient « volonté de lui faire
cette difficulté, ils la luy debvoient mander avant de venir, »
et ne pas « luy promettre d'assister à son sacre, s'ils le vou-
loyenttraicterde telle sorte. » A présent, c'est trop tard;
neuf ou dix heures seulement les séparent de la cérémonie :
« tous les corps de Téglise, de la noblesse, de la justice, de la
maison de ville et de l'élection dudit Xaintes estoyent tous
priez et advertis ; et quantités de puissants hommes delà
province estoyent arrivez pour y assister. » C'est le moment
qu'on a attendu pour lui poser une condition inacceptable l
Il ne peut admettre cette pression^ et ne jurera pas.
Il était une heure du matin, et la discussion ne se termi-
nait pas. Henri de Béthune déclara a qu'il estoit rézollu de
s'en aller » : il sortit de la chambre et demanda son carrosse.
Alors « ledict seigneur de Bayonne, ne pouvant par aucune
raison et prière, destourner ledit seigneur de Maillezaisde
sa rézollution, auroit esté contrainct et forcé de luy dire qu'il
feroitce qu'il voudroit ». L'affaire est donc réglée et l'on peut
procédera la consécration. Or voilà bien où parait le robin
versé dans les arguties du palais. Il prêtera le serment qu'on
exige ; mais il le prêtera, le couteau sous la gorge : et son
serment sera nul et de nulle valeur. De grand matin, il mande
maître Verjat, notaire royal en Saintonge, celui qui instru-
mente et minute pour lui et sa famille,
Et qui jure pour lui quand il en a besoin ;
30 haymond de montaiûnb
puis trois témoins Pierre Lepau» greffier de la chambre du
siège présidial, « honorable homme Pierre Mestreau, avoeai
en la cour » ! et Nicolas Gombaud, prieur de Soubise, plus
tard prieur de Meursac et chanoine de Saint-Pierre ; Téglise,
le barreau, le tribunal. Il dicta, Verjat écrivit
Ce que je viens de mfionter'.
Puis il protesta quMl n'avait promis et qu'il ne jurerait que
« pour éviter le grand scandale que cela apporterait, le dé-
sordre, confusion et honte que cela luy causeroit, qu'il ne
sera tenu d'observer» un serment qui n'a jamais été exigé,
et qu'exigent des « personnes qui n'ont aulcune autorité de le
faire, et contre tout ordre et raison ». Il déclara que « le dit
serment ne luy pourra nuyre et préjudioier en façon quel-
conque », Cependant il était « prest à se desmettre de sa
ditte charge de président, lorsqu'il plaira au saint père, au
roy, à nos seigneurs les prélats de France luy ordonner. »
S'étant ainsi mis en règle, sinon en paix, il fut sacré en grande
pompe dans cette église des Récollets qu'il avait bâtie, où
depuis 1628 il avait choisi sa sépulture et où il repose encore
maintenant.
VIII
Le nouvel évoque de Bayonne qui, le 30 mai précédent,
constituait un procureur pour se présenter devant le roi, et
prêter en son nom le serment requis, vu « les urgentes
affaires qui requièrent sa présence audict Bayonne, où il faut
qu'il se transporte au plus tôt, » l'évoque de Bayonne ne se
hâta pas trop cependant de se rendre à sa nouvelle résidence.
Il avait aussi des affaires à régler à Saintes.
Le 27 août, il afferme à Mathieu Du verger, marchand à
' Et que je prends dans la pièce elle-même découverte par M. Dangibeaud
parmi les minutes de Verjat et publiée par lui dans son livre Le présidial
de Saintes. Raymond de Montaigne, avec une loale d*autres pièces nota-
riées qui m*ont servi pour cette étude.
RAYMOND DB MONTAIGIfK 31
Marennes, pour cinq années^ des marais salants « tant sur le
havre de Brouage que sur la rivière de Seudre », moyennant
500 livres tournois par an, et de plus, mais la première année
seulement, « un thonneau du plus excellent et meilleur vin
qu'il luy sera possible de trouver, rendu à ses frais^ coutz et
despens en la ville de Bayonne. » Je note dans ce contrat la
clause que lesdits « marais seront gouvernés par les saulniers
catholiques qui les gouvernent à présent et autres de la
mesme religion. » Le 12, il demanda à Tévèque de Poitiers,
Ghasteigner de la Roche-Pozay, des lettres qui confirment sa
nomination d'abbé' des Alleux, et lui permettent de prêter
serment.
Le 28 novembre, comme cousin-germain de Marie de Brian,
veuve de Lestonac, il donne procuration à François Chapus
H d'offrir le retraict lignager d'un escu d'or et un douztn,
monnoyedu présent royaulme de France », à Benjamin Potin,
sieur de La Soye, marchand au bourg de Marennes, « pour
retirer d'icelluy la seigneurie du Pief-Laurant, ses apparte-
nances et dépendances, nombre de marais sallants et autres
domaines qu'il auroit acquis puys quelques moys de la ditte
demoiselle ». Le 16 février 1631, il donne « comme ayant le
droit de messieurs de la Sainte-Chapelle, à Paris, » procura-
tion à sa sœur, Catherine de Montaigne, pour affermer les
revenus, droits et fruits de son évôché de Bayonne. Puis il
songe à ses enfants. Son fils Nicolas, à qui il a résigné sa
charge de président depuis déjà trois ans, n'a pas obtenu ses
lettres de provisions. Il y a eu opposition de la part des con-
seillers. Mais enfin, lui, a promis de se démettre, il voudrait
bien que ce fut en faveur de son fils. Le 24 juillet 1631, le
lieutenant particulier, une dizaine de conseillers se réunissent,
sous prétexte qu'on s'est servi de leur nom pour u former
opposition à l'expédition de l'office du président au dit siège,
résigné par messire Raymond de Montaigne à mattre Nicolas
de Montaigne, advocat au parlement, son fils » ; ils déclarent
que, « pour les recommandables vertus et qualitez qu'ils ont
32 RAYMOND DIS MONTAIGNE
recongnus en la personne du dit sieur de Montaigne fils »,
ils le jugent « comme personne très digne et capable de
Texercer ». En vain oppose-t-on que l'office a été supprimé,
il n*en est rien; Charles Guitard l'a eu de longues années,
puis après sa mort Jacques Guitard, son fils, conjointement
avec celle de lieutenant général pendant vingt ans; enfin
Montaigne a « exercé celle de président Téspace de dix ans
avec grand honneur, intégrité et très rare suffisance, rendant
et administrant la justice au contentement des subjects du
roy et de toute la province ». Malgré ces éloges donnés au
père et au fils, malgré ce certificat de capacité, Nicolas ne peut
être président à Saintes.
Enfin Raymond se décida à prendre possession ; le 28 juin
1631, son procureur Michel Doyhenard, docteur en théo-
logie, chanoine de la cathédrale, fit pour lui les cérémonies
d'usage. 11 y avait un an qu'il était sacré. Ce ne fut toutefois
que trois mois après qu'il se dirigea vers son siège. Le nouvel
évoque avait des parents, des alliés, des amis dans le pays.
Sa sœur, nous l'avons vu, avait épousé le baron d'Urtubie,
« l'un des seigneurs les plus distingués du Labourd ; Antoine,
comte de Grammont, de Guiche et de Louvigny, vice-roi de
Navarre, gouverneur et maire perpétuel de Bayonne; Du-
verger de Joannis, lieutenant du maire ; de la Lande, sieur du
Luc, premier échevin, plusieurs autres notables s'honoraient
de son alliance ou de son amitié ». Il se trouvait dans une
excellente situation. Le premier par sa dignité, et respecté
comme évoque, il avait déjà des relations personnelles qui
lui facilitaient singulièrement son ministère.
La position était peut-être difficile. Il y avait longtemps que
Bayonne n'avait pasd'évêque: car Henri de Béthune, nommé
en 1626, ne s'était pas môme fait sacrer ; et Claude de Rueil
avaitdès cette année quitté Bayonne pour Angers. Pendantcette
vacance de cinq ans, l'administration, confiée à ses vicaires
généraux capitulaires,n'avait peut-être pas eu toute la fermeté
qu'un titulaire eut montrée ; Téchevinage, toujours méticuleux
RAYMOND DE MONTAIGNK 33
sur ses droits OU ses privilèges, avait peut-ôtre empiété sur
l'autorité épiscopale. On sait avec quels yeux jaloux tout
corps constitué regardait un autre corps constitué^ à quels
débats, quels procès^ quels scandales môme donnèrent lieu
des rivalités^ parfois mesquines. Bayonne ne devait pas être
exempte de ces petites passions ; et le nouvel évèque ne
paraissait pas d'humeur à laisser des abus, si abus il y avait,
gêner plus longtemps son pouvoir, ni à souffrir que
quelqu'un, corps ou particulier, ne s'inclinât pas^ humble et
soumis, sous sa houlette pastorale.
Tout alla bien d'abord. Arrivé chez sa sœur, M"* d'Alzatte,
il informe le corps de sa ville. Le 22, Duvergier-Montferrat,
échevin, et Daymar, jurat,lui sont députés pour l'aller saluer
au nom de la cité. De retour le 26, ils se louent de l'accueil
de révêque qui leur a « fait des protestations de bonne affec-
tion pour la ville. » C'est le lendemain samedi qu'il entra
solennellement. Dandoing, échevin, et Daymar, jurât, avec
douze ou quinze bourgeois, allèrent au devant de lui jusqu'à
une lieue de la ville. Les échevins l'attendaient à la porte
Saint-Léon en robes noires et en chaperons ; l'un d'eux le
«
harangue ; il répond fort honnêtement. On est les meilleurs
amis du monde ; on se félicite^ on se congratule. C'est la lune
de miel.
Un mois s'était à peine écoulé, et la lutte commençait? Quel
en fut le motif ou l'occasion ? Un incident peut-être que
Tamour-propre grossit outre mesure- C'était à la messe dans
réglise Notre-Dame, le jour de la Toussaint. Que se passa-
t-il? Le registre des délibérations ne le dit pas; mais on y voit
qu'il s'agit de privilèges méconnus, de droit violé, d'empié-
tements possibles. L'évêque menaça des censures ecclésias-
tiques. Aussitôt de Luc, échevin, et Harriet, jurât, vont au
nom du corps trouver le prélat irrité pour l'assurer « qu'ils
seraient marris d'avoir entrepris aucune chose dans la dite
église au préjudice de son droit ; que ce qu'ils ont fait, ils ont
creu le pouvoir faire et que l'authorité de leurs charges le
TOMB XVI. — KOTICBS XIV' ANNÉE, i'*' UV. 3
34 RAVNiOND DE MONTAKÎNK
leur permettait. » Ils protestent que, si de l'avis des gens du
roi ou de messieurs du parlement de Bordeaux, à (}ui ils vont
soumettre le litige, ils ont « failli par aucune entreprise sur le
droictdudit sieur évesque ou de Téglise, » ils lui en feront,
« telle satisfaction et déclaration qu*H ad visera ». Ils le sup-
plient de « les vouloir exempter de ses fulminations et cen-
sures en l'avis qu'ils ont qu'il a intention de le faire contre
eux, » mais plutôt leur « faire traictement d'ung bon pasteur
qu'ils honorent et respectent comine tel, n'estant ni relaps,
ny diésobéissans. « L'évoque leur accorde quelques jours pour
prendre leur consultation à Bordeaux ; mais en attendant, il
exige une déclaration immédiate « qu'ils sont marris de ce
qui se passa ledit jour dans l'église et qu'ils n'y pourront faire
aucun acte de justice ». Leséchevinâ trouvent que c'est un peu
préjuger la question ; mais comme l'évoque parle d'excom-
munication a fondée sur le trouble qu'il prétend estre ad-
venu, ledit jour, pondant que le saint office de la messe se
célébroit » ils se décident donc à signer par provision l'acte
suivant : « Les dits sieurs sont marris de ce qui s'est passé le
jour et feste de la Toussaint dernier dans l'église, en laquelle
ils ne feront aucun acte de justice, jusqu'à ce qu'ils soient
plus particulièrement informés par leur conseil de ce qu'ils
doivent faire. »
Cette conduite conciliante du corps municipal fit-elle ter-
miner amiablement l'affaire ? Les registres de la ville n'en
parlent plus. Mais, si tout finit là pour cette fois, il y eut ce-
pendant un premier froissement. Les rapports ne furent plus
dès lors aussi agréables entre le corps de ville et Tévôché.
Un mois après son arrivée, M. de Montaigne « demande une
petite loge qui appartient à la fabrique, bastie dans le jardin
appartenant au chapitre, pour s'en servir et y bastir, en fai-
sant quelque recognoissance à la fabrique » . Le chapitre ne
veut rien accorder « sans l'adveu desdits sieurs, patrons lais
de ladite fabrique ; » et il en réfère au conseil. Aussitôt, la
ville ("21 novembre 1681J désigne Dacarrette, échevin, et
HÂYMONU DE MONtAlUNfi bO
Daymat-, jurât, pour, arec les délôguës dii chapitre, Hiriard
et de Lissulde, aller vèoir ledit sieur de Bayonne et lui
offrir la jouissance de la dite loge pour tout le temps ei soubs
telle condition d*utillilé pour la fabrique qu'il. Youdra sans
alliéner le fonus. »
Un peu plus taird l'évoque demande davantage ; il voudrait
élever une conslruclion. Le 9 janvier 1632, les chanoines
exposent au conseil de ville que « M. de Bayonne les sollicite
de luy accorder la puissance de la loge appartenant à i& fa-
briqué, qu'il désire faire bastir pour y loger son carrosse,
tenir le foing, et faire quelque logement pour ses domestiques ;
son intention étant qu'après son décès ou quictant l'évesché,
il lui soit seulement recogneu et remboursé jusqu'à six cents
livres sur le bastiment qu'il fera et que le reste» avec le fonds,
denieurera pour la fabrique » Le conseil, après délibération,
consent encore avec empressement. « Et furent commis
MM. du Holde, eschevin, et Harriet, jurât, pour faire en sa-
voir la respoûseaux dits sieurs du chapitre et au dit sieur
évoque, et en faire passer le contract ou acte avec ledit sei-
gneur évéque, et les sieurs fabriqueurs ecclésiastique et layt»
de ladite église. »
Il paraît toutefois que le contrat ne fut pas signé immédia-
tement : car dans une délibération du i2|iovembre 1635, trois
ans après par conséquent, on voit que « ledit sieur évesque
désire avoir entièrement la loge appartenant à la fabrique,
qui joint le jardin et la maison du chapitre près i'évôché,
pour servira son utilité, en en faisant trois escus de rente êC
la fabrique ». Le 10 décembre, la loge lui était louée douze
livres, qu'il devait « donner au fabriqueur iay annuellement ».
Une question d'assez mince importance en apparence vint
troubler la bonne harmonie. Le 16 janvier 1632, on députa de
Harriet et de Luc vers l'évoque pour lui demander «^ s'il veut
entretenir le concordat fait ci-devant entre M. d'Etchaux',
* BwtrftAd d'xCciiaun, évôiiu» de fi«yoAne de 1&U8 à 1821.
36 RAYMOND DE MONTAIGNE
pour révesque, et les dits sieurs du corps de ville sur la no-
mination des prédicateurs et payement d'iceux ». Il répondit
« que pour le passé il veult effectuer le concordat, et que, sy
après il pourvoict de prédicateur, il pourveoira aussi au
payement». Voilà un point délicat : le choix du prédicateur.
II peut paraître étrange qu*it soit remis au conseil municipal.
Or, le conseil payait; il prétendait avoir un orateur qui lui
plût. L'évoque s'y prêta de bonne grâce... pour cette fois, et
on lui annonça qu'on a nommé « le sieur Gasamiaille, prieur
du couvent de Saint-Dominique de ladite ville, pour prédica-
teur pour les advent et caresme prochain ». en le priant de
l'approuver.
Le 28 mai, « la ville ayant ci-devant institué sainctement la
prédication en la chaire de ladite ville durant Toctave du
sacre de chaque année, et de tant queladicte feste approche »,
on s'occupe de chercher un prédicateur et l'on nomme « le
P. Nicolas Josse, prieur du couvent des Carmes de ladite
ville ». Et l'on prie l'évoque d'approuver ce choix. Mais
l'évoque répond « y avoir pourveu, il y a plus de six mois, de
la personne d'un père augustin, et que c'estoit à luy de son-
ger àces affaires et non auxdits sieurs de la dite ville; et qu'ils
ne s'en donnassent point la peine ».
La ville ne dit rien, laisse prêcher le P. augustin et attend.
L'octave finie, les prédications terminées, l'orateur sacré ré-
clame les douze écus d'usage. Le cas était prévu sans doute.
Et la ville répond « que ledit prédicateur avoit esté nommé
par M. l'évesque et non par la ville, qui estoit en possession
de le faire comme instituteur de ladite prédication ; il ne sera
pourveu par la ville au payement du prédicateur ».
Raymond de Montaigne céda. L'année suivante, étant à sa
propriété de la Vallée, en Saintonge, il écrivit, le 15 sep-
tembre 1633, à l'un de ses vicaires généraux, Michel Doilharat,
officiai du diocèse, une lettre qui fut communiquée, le
5 octobre, au conseil de ville ; « il lui bailloit charge de veoir
les dits sieurs du conseil et leur représenter de sa part qu'il
RAYMOND DK MONTAIGNB 37
rend grftces aux dits sieurs des bonnes volontés et affections
qu'ils ont porté et portent audit sieur évesque, et de plus
qu'il désireoit que le concordat passé entre lesdits sieurs
évesques, ses prédécesseurs, et lesdits sieurs du corps de
ville choisissent lesdits prédicateurs en satisfaisant aussy par
eux à ce qu'ils se sont soubmis par ledit concordat. » La ville
accepta donc avec empressement. On nomma aussitôt pour
prôcher lavent le P. Legros, que le vicaire général approuva
en l'absence de l'évoque.
Tout semblait donc réglé ; mais le choix du prédicateur
était une affaire importante ; à chaque instant il en est
question dans les délibérations. Ainsi, en 1635, on rappelle à
révoque qu'il doit trois cents livres pour le salaire des pré-
dicateurs. Le 21 janvier 1636, on lui députe Detcheverry,
échevin^ et de la Lande, jurât» « pour luy dire que la ville
a ad vis que Mgr le duc d'Espernon a voulonté et désire pour-
voir la ville d'un prédicateur pour Tadvent et caresme
prochain ; qu'il désire lui plaire en cela, et prieront M. de
Bayonnede l'agréer ainsi. » M. de Bayonney consentit sans
peine, mais il dut payer cependant : car, dans une séance du
28 mars^ on lui réclama « les cent livres qu'il est obligé de
bailler de sa part pour le père prédicateur.... pour avoir
presché en la chaire de cette ville le caresme dernier, » en
môme temps qu'on demande « à MM. du chapitre deux cens
livre.<^ qu'ils doibvent d'arresrages pour les régens du
collège. »
Quelques jours après, nouvelle encontre. La ville a « nom-
mé et choisy le P. Segure, de Tordre des Augustins, pour
prêcher les octaves du sacre prochain et donné connaissance
de ladite nomination à M. le vicaire général pour l'absence de
M. de Bayonne, qui auroit agréé ladite nomination. » Mais
l'évoque — peut-être ignorait-il l'approbation donnée par le
vicaire général, peut-être voulait-il qu'elle fût donnée par lui-
même personnellement, — déclare « au corps qu'il ne pouvoit
approuver ladite nomination et n'entendoit que le dit père
38 nAYMPND PB MOr^Ti^^îONK
prôçch.^t, sy preroièrprp^nt on n3 rerjdpit audit sieur |SVPsqH^
ce qpy luy 0§t dp»}}, p'est à s^ypir flpe la pr^sentetipp de ]i^
nomination dwdit père lui spit faicfe, afin da r^pprouver, sy
bon liiy 83mble. 9 h^ cprpç répond qu'jl ^, déjà satisfait à son
devoir ; r?éli.propiO$, il prie l'évêqpe d'agréer la npipination.
Le ipalentendn f^t probat^leipent éclajrcj, et l'on ep resta 15.
Qft sont dps symptômes ; Ip ipalaise pxj^te ; i| va se révéler
de teipp^ en temps. Gomme poi^rtapt la lutte n'est pas encore
engagée ouvertement, on se fait parfois des amitiés, pn pro-
testa d'^ffpctions réciproques et l'on se doppe dps témoi-
gnage^ de défj§rence niutpelle. Il y a des alternatives de beau
teniîP^ptd'pfagp.
Lp iQ janvier 1632, sur la rpmontrance du sieur lieutenant,
on epyoie pp dépptation « MM. de Luc et de Harriet, eschevjp
et jpr^t, pour prier M. Tévôque et MM. du chapitre pour
faire qpelqpès prpcpssjpns et prières, h ce qu'il plaise à Dieu
de conserver le roi et le bien servir en son voyage qu'il a
espript faire vers Metz ». L'évêque promet d'ordonner « des
prières pbascun dimanche à la grand'messe. » Trois mois
après, Ip conseil apprend avec étonnement que M. de Bayonne
^, défpndu « auxdicts sieprs de Fpssecave et de Gayon puisné,
bpprgepis, comys par lesdils sieurs du corps, de quester
pour les moypes Carpoes. » Le 23 avril, on envoie « Duhalde et
Daccarret,écbevins, pour en conférer avec lui. » On prpflte
de Toccasion pour lui réclamer 150 livres que la ville a avan-
cées pour lui « pour le prédicateur des advent et caresme de
Tan 1629 et 30 ». Grosse question qui allait susciter de longs
dé^^ts. En 1636. un pommé Bedat était poursuivi pour ou-
trage au corps de ville qui le tenait en prison. M. de Mon-
taigne intercède pour le malheureux, pe 7 mai, il revient à la
charge et prie «' lesdits sieurs du corps de ville de vouloir
avoir esgard aux prières qu'il leur avoit ci-devant faictes pour
B^dat, et, en sa considération et celle du nombre des enfants
et fpmme dudit Bedat, qpy meurent de faim, se contenter
d'une satisfaction à laquelle il obligera ledit Bedat envers
RAYMOND DR MONTAIGNE 39
lesdits sieurs du corps, puisque d'ailleurs sa longue détemp-
tion a deub expier en quelque fasson son offense. » L'échevi-
nage est inflexible : « l'excès commis par ledit Bedat est si
grave qu'ils sont obligés de continuer les poursuites contre
lui intentées. » Et l'on ordonne au syndic de poursuivre
l'accusé « jusqu'au jugement dudit procès ».
Le 30, c'est le tour de la ville. Elle demande à l'évoque,
d'arrester que ses lacquais et domestiques ne le suivent à
la procession du Saint*Sacrement avant lesdits sieurs du
corps ». Il est probable que l'évoque s'y prêta de bonne grâce.
Car aussitôt^ comme retour et en échange de son bon procédé
il exprime son désir d'« ouvrir une porte ou la muraille an-
tienne qui ferme la terrasse de Tévesché, afin d'avoir sortie
sur les remparts ou aller près du Châteaux-Vieux pour y faire
àa promenade. » Le conseil ne veut rien décider et renvoie
TaffaireàM. le comte de Gràmont, gouverneur de la dite
ville pour « faictestre résolu à ce qu'il appartiendra. >>
Dans une autre circonstance il y avait eu de la part de la
jurade plus d'empressement et de zèle. M. de Montaigne avait
conçu le projet de reconstruire son évôché. Le pays de La-
bourd lui promit tout le bois nécessaire ; il désirait que la
ville contribuât à la dépense et que pour sa part il plût « aux
dits sieurs luy bailler et fournir toute la pierre de taille et
massonnerie» chaulx et sable qu'il aura besoing». Lui ferait
le reste. Par une délibération du 30 janvier 1632, il fut arresté
que lesdits sieurs bailleront audit sieur évesque toute la pierre
de taille, chaux et sable qu'il aura besoing pour ledit basti-
ment, rendu sur les lieux. »
Tout était pour le mieux ; on était d'accord ; le palais épis-
copal allait commencer ; la ville désirait être agréable à son
évoque, et l'évoque se montrait heureux des bonnes disposi-
tion de la ville ; qui pouvait troubler un si juste concert et di-
viser des cœurs si bien unis ? Toutefois, c'est par là que la
la discorde éclata, vive, ardente.
{A svivrp) Louis Audiat.
PREUVES DE NOBLESSE
DES
DEMOISELLES DU POITOU
Reçues dans la Maison Royale de Saint-Louis
A SAINT-CYR
DE 1686 A 1793
Exiràile» de» Manuscrits^ conservés à PariSy à U, Bibliothèque
Nationale, et publiées avec des notes.
Par le Vicomte Paul de CHABOT
(Suite) ^
DE BRUNET DE NEUILLY»
Preuves de la noblesse de demoiselle Geneviève de Brun et
DE Neuilly, agréée par le Roi^ pour être admise au nombre des
filles demoiselles que Sa Majesté fait élever, dans la maison royale
de Saint-Louis^ fondée à Saint-Cyr, dans le parc de Versailles,
(Janvier 1739).
Armes : de gueules^ à deux chevrons d'or alaises^ accompagnés
de trois étoiles d'argent^ posées deux en chef et une en pointe.
Premier degré : produisante.
Geneviève de Brunet de Neuilly, 1729.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Neuilly ,
dont le duplicata est déposé au Greffe du baillage de Pon-
* Voir la liyraison de novembre 1899.
*BiàL Nat. Cab, des Titres. Vol. 305, p. 29. F. Français : 32.130.
PREUVES DE NOBLESSE 41
toise, diocèse de Rouen, portant que Geneviève de Brunet,
fille de m'* Jean-Baptiste-Prançois de Brunet, chev., sgr de
Neuilly, capitaine de cavalerie, et de dame Euphémie -Angé-
lique Hébert, sa femme, ayant été,ondoyée à la maison, reçut
le supplément des cérémonies du baptême, le 21 de novembre
de l'an mil sept cent vingt-neuf. Cet extrait, délivré, par le s'
Brechot, commis greffier dudit baillage et légalisé.
m
Deuxième degré : père et mère.
Jean-François de Brunet, sgr de Neuilly ; Angélique-
Euphémie Hébert, sa femme, 1721,
Contrat de mariage de m'* Jean -François de Brunet, chev.,
sgr de Neuilly, capitaine de cavalerie, fils de m'* Jean-Charles
de Brunet (qualifié chev.), sgr du dit lieu de Neuilly et de
dame Anne de la Selle, sa veuve, accordé, le vingt-sixième de
janvier de l'an mil sept cent vingt-et-un, avec demoiselle An-
gélique-Euphémie Hébert, fille de Guillaume-André-Hébert,
chev., des ordres de Notre-Dame de Montcarmel et de Saint-
Lazare de Jérusalem, conseiller secrétaire du roi, maison cou-
ronne de France et de ses finances, ci -devant général de la
nation française aux Indes-Orientales et envoyé de Sa Majesté
vers les princes d'Orient, et de dame Marie-Gilette Boileau.
Ce contrat, passé, devant le Court, et Sabreguette, notaires
au Châtelet de Paris.
Commission de lieutenant-colonel du régiment de Bourbon-
Cavalerie, donnée par le roi au dit de Neuilly, capitaine, dans
ledit régiment, le dix-neuvième de septembre de Tan mil sept
cent trente-et-un. Ces lettres, signées : Louis ; plus bas, pour
le Roi : Bauyn, et scellées.
Transaction, faite le 3* de juillet de Tan mil sept cent dix-
sept, entre dame Anne de la Selle, veuve de Charles de Bru-
net, éc'., sgr de Neuilly, d'une part, et m'c Jean-François de
Brunet, son fils aîné, chev., sgr dudit lieu de Neuilly, capi-
taine, dans le régiment de Vaudrai-Cavalerie, et Jérémie-
42 PRBUVUS DE NOBLESSB
Joseph de Brunet, éc, lieutenant au même régiment, demoi-
selles; Marie-FrQncQÎse-Cathprine-Cécile ^t Marie-Jeanne de
Brunet, ses t^utres enfants, par laquelle, ladite Anne de la
Se}le, assure au dit Jean-François de Brunet. Ja terre et sei-
gneurie de Neuilly , à la charge de payer à chacun de ses dits
frères et sœurs, la somme de 30Q01. etc. Cet acte reçu par
Roffet, notaire, au Heu de Saint-Cyr, baillage de Chaumopt-
en-Vexin.
Troisième degré : aïeul.
Je^ll-p|iarl4^8 49 Brunet, sgr (}*Houdelaincourt, Anne de
la Selle, sa femme, 1676.
Pour ce degré voir le premier degré de la preuve de Char-
lotte de Brunet de Neuilly en y ajoutant :
Prdpnnapce, rendue, le sixième d'avril de Tan mil-six cent
quatre- vipgt -dix-neuf par M. Phélypeaux, conseiller d'Etat
et copaniissaire départi* dans la Généralité de Paris, par
laquelle, jl ip^intipnt dans la qualité de nobje jet d'écuyer,
Jean-Charles de Brupi^t, sgr de Neuilly, en conséquence des
titfes qu'il avait représentés, depuis Tan mil cinq cent trente-
sept. Ce^te ordonnance, signée : Phélipeaux.
Quatrième degré : bisaïeul.
J<{r($f|iie de Brimât, éc*^ ; Simone de Galois, sa femme, i636.
Pour ce degré, voir le second degré de la preuve de Char-
lotte de Brunet de Neuilly, en y ajoutant :
Transaction, faite, le dixième d'octobre de Van mil six cent
yingt huit entre demoiselle Eléonore des Jobars, veuve de
Je^Q d.e firunet, éc^, d*une part et denioiselle )^iesse de la
Haie, veuve de Jérémie de Brunet, éc% tant en sop noni que
cpinrn^ futripe ^^ Jérénije et d^ Jeapne (}e Brunet, ses enfants,
sur les différends qu'jls avaient avec demoiselle Anpe de Bar,
fepime de Louis de la Plapche, éc^ par rapporf: à un échange
d'héritages qui avait été fait entre Pierre de Marna, la dite
Fléopore des Jobars et le dit feu Jérémie de Brunet, son fils.
DFft DBMOlSHîLLKS DU POITOU 4^
Cinquième et sixième degrés : troisième aïeul
ET QUATRIÈME AÏEUL.
Jérémit de Brunat, éc^ fils de Jean de Brunet, éc% s' de
Beauvais ; Liesse de la Haie, sa femme 1604 et 1582.
Pour ce degré voir le troisième degré de la preuve d^ Char-
lotte de Brunet de Neuilly, en y ajoutant :
Obligation, faite, le vingt-septième d'août de Tan mil cinq
cent quatre-vingt-deux, par Charles des Jobars. éc% sgr de
Colombe, par laquelle, il promet de payer, à Jean de Brunet,
éc, et à demoiselle Eléonore des Jobars, sa femme, ce qu'il
leur devait du restant de la vente qu'ils lui avaient faite de
leur part, dans la succession de Pierre de Montigné, éc% sgr
d'Aizauville. Cet acte reçu par Berthaud, notaire, à Chau-
mont.
Nous,Louis-Pierred'Hozier, juge général d'armes de France,
chevalier de l'ordre du Roi, conseiller en ses conseils, maître
ordinaire en sa chambre des Comptes de Paris, généalogiste
de la maison, de la chambre et des écuries de Sa Majesté et
de celles de la Reine,
Certifions au Roi que demoiselle Geneviève de Brunet de
Neuilly a lanoblesse nécessaire pour être admise au nombre
des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever, dans la
maison royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr, dans le
parc de Versailles, ainsi qu'il est justifié par les actes qui sont
énoncés, dans cette preuve, laquelle nous avons vérifiée et
dressée, à Paris, le lundi douzième jour du mois de janvier de
l'an mil sept cent trente-neuf.
Signé : d'Hozier.
44 PHKUVES DB NOBLESSK
DE LA BUSSIERE'
Preuves de la noblesse de demoiselles Suzanne et Marie de la
BussiÈRE, présentées pour être reçues dans la communauté des
demoiselles de Saint-Louis^ à Saint-Cyr, sous le gouvernement de
Madame de Maintenons institutrice et supérieure perpétuelle de
cette Communauté, — Février 1686.
Suzanne de la Bussière,1672 ; et Marie de la Bussière,
1675.
Armes : d'azur, à une bande d'argent accompagnée en chef de
deux vols de même, et en pointe de deux molettes d'or*.
Extraits des registres des baptêmes des paroisses de Saint-
Rémy et de Notre-Dame de Péroux, au diocèse de Poitiers
signés par collation du 30 novembre et 24 décembre 1685, de
la Porte, prieur de Saint-Rémy et Faudineau, curé de Péroux
portant que Suzanne fille de Jacques de la Bussière, éc, s' de
la Bauberderye, et de demoiselle Claude Négrier fut baptisée
le 13 juin 1672, et que les cérémonies du baptême furent sup-
plées le 17 avril 1677, à Marie de la Bussière, sa sœur, née
le 6 avril 1675.
«
Premier degré : père et mère.
Jacques de la Bussière, sgr de. la Bauberderye, Claude
Négrier, sa femme, 1670.
Négrier : d'argent, à un chevron de gueules accompagné de
.'^ testes de Maure de sable bandées d'argent, 2 en chef et une en
pointe.
* Bibl. Nat. Cab. des Titres, 293, p. \b.
• Âlias : éTasur^ à la bande d^ or, accompagnée de deux molettes de même,
Vune en chef, Vautre en pointe et de deux demi vols d*argent posés en
bande aux flânes de l'Ecu, (B.-F.).
DBS DEMOISELLES DU POITOU 45
Contrat de mariage de Jacques^ de la Bussière éc, s' de la
Bauberderye, fils de René de la Bussière éc^ et de demoiselle
Léa de Montsorbier, avec demoiselle Claude Négrier, fille de
Daniel Négrier, éc% s»" de la Paire, et de demoiselle Marie Fri-
con. Ce contrat du 1*^ août 1670, reçu par Jaquet, notaire à
Montmorillon.
Transaction du 2* septembre 1650, signée Trotin, notaire à
la Braillère, faite entre M'» Isaac de Montsorbier, chev. sgi»de
la Braillère, et M^" Jacques de la Bussière, son neveu, chev.
sgr de la Bauberderye, fils de M*" René de la Bussière et de
dame Léa de Montsorbier, sur les différends qu'ils avaient
pour le partage de la succession de M'*' Jean de Montsorbier
et de dame Jaqueline de TEspinay.
Deuxième degré : aïeul et aïeule.
René de la Bussière, sgr de la Bauberderye, Léa de Mont-
sorbier, sa femme ^ 1629.
Montsorbier : paie d'or et de sable de 6 pièces.
Contrat de mariage de René de la Bussière, éc^ s"" de la Bau-
berderye, fils aîné de François de la Bussière, éc% et de demoi-
selle Suzanne de Vallée, avec demoiselle Léa de Montsorbier,
fille de Jeap de Montsorbier, éc% s' de la Braillère et de de-
moiselle Jacqueline de TEspinay. Ce contrat du 1'*' août 1629,
reçu par Pain, notaire à la Merlatière.
Sentence rendue en Télection de Châtelleraud le 7 juin 1634,
portant confirmation de la noblesse de dame Léa de Montsor-
bier, veuve de René de la Bussière, s' de la Bauberderye.
Troisième degré : bisaïeul et bisaïeule.
François de la Bussière, sgr de la Bauberderye, Suzanne
de Vallée, sa femme, 1589.
De Vallée : d'azur^ à trois chevrons dor.
Contrat de mariage de François de la Bussière, éc^ s* de la
« U'avait épousé en premières noo68, le 13 novembre 1648, Marguerite de
Ferrières. (B.-F.)
_* ^.
4B i^^kuVES DE Nbi^LitâSR
fiâUberdèfyë àVec deihoi^éilë SUzâtinë de Vàiléë, &llë de Jean
de Vallée, et', s' de la ToUcbe, et de dëîhôikelle tl^etievièVe de
la ËuSsiëré, daknè de là Jarlrjne. Ce contrat Au A jàhViët- 158Ô
reçu jpai" t^ôiriër, notaire à Saiht-Sâviîl,
Partage du 29 juin i59â, signé : HERTAUt^ lieutenant de la
chàtellenie d'Angles, fait entre François et ChHâtotihe dé la
bussièi-e*, éc^, des biehs qui leUt ëtaieiit échus par la mbH de
Jac(|ùes db la Bussière, éc^ s' de la Badbfei:tleryfe,et de détnoi-
selle Fràhçttisë Gaultier, leur père et mèrte.
Quêi'trième degré : tRiSAÏEUL ET TkisÀïfeULfe.
Jacques de la Bussière^ sgr de la Bauberderye, Françoise
Gaultier, sa femme, 1562.
Donation mutuelle du 29 décembre 1562, signée : Charles,
notaire de la chàtellenie de Pleumartin, faite entre Jacques
de la Bussière, éc% et demoiselle Françoise Gaultier, sa
femme.
Partage du 30 août 1573, reçu par Cateliii, notait^e à Chîtré,
fait entre Guidu, Jacques et Antoine de la Bussière éc" des
biens qui leur étaient échus par la mort de Jacques de la Bus-
sière, éc' s"", de la Guillôterye, et demoiselle I^errette Gaultier,
leur père et mère.
ftetrait d'héritages fait le 30 hovembre 1503 par Jacques de
la Bussière, éc', comme Ris de Jacques de la Bussière éc, s%
delà Guilloterye. Cet acte signé : Tisain, notaire à Senàn.
Cinquième degré : (QUATRIÈME aïeul et aïeule.
Jacques de la Bussière, sgr de la Guilloterye, Perrette
Gaultier, sa femme, 1540.
OflFre de retrait fait en la justice de Chauvigny, le 27 juin
1559, à Guiou de la Bussière éc, acceptant pour Jacques delà
« Chriitophe de la Buuière, éc% sgr d«t Effes, servit comme gendarme d*a-
prèi un e«rtiftoat du m'* de uochefort du 15 juiUei 1589, et épousa le 22 aoûi
XbUit Suzanne du Jeu. (li,'F,),
DKS blSMOlSKLLBS DU POltOU 47
Bussiëre, son père,éc% s^ de là Giiillôterye.Cet acte signé : de
BOUER.
Rétrocession d'héritages faite le 28 itiai 1553 à Jacques delà
Bussière, éc',s' de la Guilloterye,pâr Pierre et François Ferré,
ses neveux, enfants de Bertrand Ferré, éc% s' de la Bauber-
derye, et de demoiselle Jacquette de la Bussière. Cet acte,
signé : Charles, notaire à Pleumàrtin.
Sixième degré : cinquième aïeul.
Jean de la Bussière, éc^ 1490.
Deux^ contrats de vente et d'échange d'héritages, faits le
18 avril 1503, avec Simon de Lucé et noble Jean de là Bus-
sière*, éc
Autre vente du 21 novembre 1499, signée : Tisam, notaire à
Chauvîgny, faite à noble homme Jean de la Bussière, éc, par
noble homme Jean de Lucé, sgr de la Vachonnerie.
Ordonnance rendue à Poitiers le 26 septembre 1667, par
M. Barentin commissaire départi pour la recherche des usur-
pateurs du titre de noblesse, dans cette généralité, portant
confirmation de la noblesse de Jacques de la Bussière, éc^ s'
de la Bauberderye, sur la production qu'il avait faite pour la
justifier des mêmes titres que ceux, qui sont énoncés dans
cette preuve.
Nous, Charles d'Hozier, conseiller du Roi, généalogiste de
sa maison, juge général des armes et des blasons de France,
et chevalier des ordres militaires de Saint-Maurice et de
Saint-Lazare de Savoie, certifions au Roi et à haute et puis-
sante dame Françoise d' Aubigné, dame de Maintenon, dame
d'atours de madame la Dauphine, institutrice et supérieiure
perpétuelle de la Communauté des demoiselles de Saint-Louis,
à Saint-Cyr, que demoiselles Suzanne et Marie de la Bus-
sière ont la noblesse nécessaire pour être reçues au nombre
* Jean d« la Baatièr«, éc% igr du Chillou, avait époaaé Simone Deline ou
de Lucé. {L.-F).
»
48 PREUVISS DE NOBLESSE
des demoiselles de cette communauté, comme il est justifié par
les actes énoncés dans cette preuve que nous avons vérifiée et
dressée à Paris, le 15 février 1686. Signé : d'Hozier, et plus
bas ; vu bon. Signé : d'Hozier,
DE LA BUSSIÈRE DE GUÉDELON*
Preuves de la noblesse de cfcmowc//e Anne-Camille-Gabrielle-
Françoise de la Bussière dk Guédelon, agréée, par le Roi,
pour être admise, au nombre des filles demoiselles, que Sa Majesté
fait élever dans la maison royale de Saint^Louis, fondée à Saint-
Cyr, dans le Parc de Versailles, Juillet 1765.
Armes : d'azur, à une bande d'or, accompagnée en chef d'un
vol, aussi d'or, et d'une étoile d'argent et en pointe, d'une étoile
aussi d'argent et d'un bol dor.
Premier degré : produisante.
Anne-Camille-Françoise de la Bussière de Guédelon,
1765.
Extrait des registres des baptêmes de la paroisse de Saint-
Symphorien de Treigny, en Puisaye, diocèse d'Auxerre, gé-
néralité d'Orléans, élection de Gien, portant que demoiselle
Anne-Camille-Gabrielle-Françoise de la Bussière de Guédelon,
fille de m'* Louis de la Bussière, sgr de la Bussière, Guédelon,
Guerchy, etc., capitaine de cavalerie, au régiment d'Orléans,
gentilhomme ordinaire de Mgr le duc d'Orléans, premier
prince du sang, chevalier des ordres militaires de Saint-Louis,
Saint-Lazare et Notre-Dame du Montcarmel, et de dame
Louise de Contaud de Coulange, sa femme, naquit, et fut
baptisée, le 3 juillet 1755. Cet extrait, signé : Rameau, curé de
Treigny, et légalisé.
' Bibl. Nat, Cab. des Titres , 311, p. 77.
DES DEMOISELLES DU POITOU 49
Deuxième degré : père et mère.
Louis de la Bussière, sgr de la Bussière ; Marie-Louise
de Contaud de Coulange, sa femme, 1751.
Contrat de mariage de m'^'' Louis de la Bussière, sgr de la
Bussière, Guerchy, Guedelon, etc., capitaine de cavalerie, au
régiment d'Orléans, chevalier des ordres royaux et militaires
de Saint-Louis, Saint-Lazare et Notre-Dame de Montcarmel,
gentilhomme ordinaire de Mgr le duc d'Orléans, fils de feu
m"^* Edme-Paul de la Bussière, sgr de la Bussière, Guerchy,
Guedelon, etc., et de dame Geneviève du Bois des Cours de la
Maisonfort, accordé, le 30 janvier 1751, avec demoiselle
Marie-Louise Contaud de Coulange, fille de feu messire Jean
Contaud, éc^ sgr de Coulange, etc., et de dame Marguerite
de Polastron. Ce contrat passé devant Simon et Chardon
notaires, à Auxerre.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Treigny,
diocèse d'Auxerre, portant que Louis, fils de m'« Paul de la
Bussière, sgr de la Bussière et de Guedelon, et de dame Gene-
viève du Bois des Cours, naquit, le 14 avril 17Q5, et fut baptisé,
le lendemain. Cet extrait, signé : Arnol, curé, et légalisé.
Troisième degré : aïeul.
Bdme-Pattl de la Bussière, sgr de la Bussière ; Geneviève
du Bois des Cours de la Maisonfort, sa femme, 1703.
Da Bois-des-Cours de la Maisonfort : d'azur, k trois
mouches à miel d'or, posées deux et une.
Contrat de mariage de m" Edme-Paul de la Bussière, fils de
m""* Louis de la Bussière, sgr de Guerchy, Guedelon^ et la Fas,
et de dame Louise de Rolland, accordé, le 3 juillet 1703, avec
demoiselle Geneviève du Bois-des-Cours, fille de m^® Gédéon
du Bois-des-Cours, sgr de la Maisonfort, etc., et de dame
Catherine Gillot. Ce contrat passé au lieu de la Maisonfort,
TOME XVI. — NOTICES. — XVir ANNÉE, l'^'' LIV. 4
50 prbUves dk noblêssb
devant Gaboré, notaire juré, sous le scel de la châtellenie et
de la baronnie de la Maisonfort et dépendances.
Extrait des registres des baptêmes de Téglise paroissiale de
Treigny, portant que Edme-Paulde la Bussière, sgr de Guer-
chy, Guédelon, etc., et de dame Louise de Roland, naquit, le
30 octobre 1678, et fut baptisé le 6 novembre suivant. Cet
extrait, signé: Paillard, vicaire de Treigny, et légalisé.
Quatrième degré : bisaïeul.
Louis de la Bussière, sgr de Guerchy ; Louise-Marguerite
de Rolland, sa femme, 1678.
Contrat de mariage de m"^* Louis de la Bussière, sgr de
Guerchy, en partie, le Guédelon, etc., fils de m"""" Edme de la
Bussière, sgr du dit Guerchy etc , et de dame Béguine de
Courvol, accordé, le 11 janvier 1678, avec demoiselle Louise-
Marguerite de Rolland, fille de m*"» Louis de Rolland, sgr de
Tansaine et Arbource, et de dame Gabrielle d'Assigny. Ce
contrat passé devant Bouziat, notaire royal, en la ville de
la Charité-sur-Loire.
Foi et hommage du fief de Guerchy, fait, le 31 mai 1677, à
S. A. R. Mademoiselle, à cause de sa baronnie et châtellenie
de Péreuze, par m" Louis de la Bussière, sgr de Guerchy,
Guesdelong, fils aîné de défunt m'* Edme de la Bussière, sgr
desdits lieux, d'Angliers, Charon, etc. Cet acte reçu par Edme
Pic, notaire audit Péreuze.
Cinquième degré : trisaïeul.
Edme de la Bussière , s*" de la Bussière ; Bénigne de
Courvol, sa femme, 1640.
Articles du mariage d'Edme de la Bussière, éc\ s' dudit lieu
de la Bussière, fils de Jacques de la Bussière, éc% s' de Guer-
chy et de Chamron, arrestés, le 20 avril 1640, avec demoiselle
Bénigne de Courvol, dame d'Angliers, fille de Jean de Cour-
DES DEMOISELUCS DU POITOU oi
vol, éc'. S' de Bazolle et de la Boissière. Ces actes, que les par-
ties promettent rédiger, en contrat, passés devant Racquet ,
notaire .
Ordonnance de Monsieur de Macbault, commissaire départi
par Je Roi, pour Texécution de ses ordres, en la généralité
d'Orléans, par laquelle il donne acte à Edme de la Bussièrc,
éc, s' de Guerchy,fils de Jacques de la Bussière ; écuyer, sieur
de Guerchy, et de demoiselle Edmée de Boisselet; de la
représentation des titres justificatifs de sa noblesse, pour
jouir par luy de tous les privilèges accordés aux nobles, à
l'effet de quoi il serait compris dans le catalogue desdits
nobles. Cette ordonnance signée : de Machault.
Sixième degré : quatrième aïeul.
Jacques de la Bussière, sgr de Guercby ; Edmée Boisse-
let, sa femme, 1602.
Inventaire fe^it le 2 juillet 1626, par Etienne Fabre, notaire
au bourg et paroisse de Tregny, à la requeste de Jacques de
la Bussière, éc% sgr de Guerchy, au nom de père, tuteur et
ayant la garde-noble des enfants mineurs de lui et de défunte
noble demoiselle Edmée Boysselet, sa femme, savoir, des biens
meubles de la communauté d'entre ledit sgr de Guerchy et la-
dite demoiselle Boysselet. Cet inventaire duêment signé.
Partage fait le mardi 12 avril 1602, entre nobles personnes
Jacques delà Bussière, éc', sgr de Guerchy ; Edme de la Bus-
sière, éc', s" de la Bussière, et demoiselle Marie de la Bussière,
leur sœur, des biens, à eux appartenants, comme héritiers de
défunts noble homme Jean de la Bussière, éc^et Edmée d'Or-
léans, leurs père et mère. Cet acte passé à Saint-Sauveur,
devant Griveau, notaire.
Nous, Louis-Pierre d'Hozier , chevalier, conseiller du Roi
en ses conseils, juge d'armes de la noblesse de France et com-
missaire de Sa Majesté, pour lui certifier la noblesse des de-
52 PREUVES DB NOBLESSE DES DEMOISELLES DU POITOU
moiselles élevées dans la maison Royale de Saint-Louis, à
Saint-Cyr,
Certifions au Roi que demoiselle Anne Camille-Gabrielle-
Françoise de la Bussière DE GuÉDELON a la noblesse néces-
saire pour être admise au nombre des filles demoiselles que
Sa Majesté fait élever dans la maison royale de Saint-l,ouis,
fondée à Saint-Cyr, dans le Parc de Versailles, ainsi qu'il est
justifié par les actes énoncés dans cette preuve que nous
avons vérifiée et dressée, à Paris, le trente-un juillet mil sept
cent soixante-cinq.
Signé : d'Hozier.
LES ÉCHAUBROGNES
TOUT-LE-MONDE
POUR cette localité qui nous est devenue totalement étran-
gère, je me contenterai de transcrire Tarticle que lui
consacre Célestin Port, dans son Dictionnaire historique,
géographique et biographique de Maine-et-Loire, en y ajou-
tant quelques mots.
Tout-le-Monde, canton et arrondissement de Cholet (9
kilora. i/2, età 60kiiom. d'Angers). Tout-le-Monde en Poitou,
1622 (Doué et C). Par le centre, du nqrd-est au sud-ouest,
circule le ruisseau du Trezon, autrement dit de Péronne, dans
une vallée sinueuse et profondément encaissée où il traverse
les étangs de la Ghalouôre (2 hect. QO), de Fromenteau
(1 hect. 12), et de Montour (1 hect. 76) avec moulin à eau,
jusqu'au confluent du ruisseau de la Fardellerie, qui descend
du nord en formant limite avec Mazières.
Perdu, à distance de toutes les voies, au centre des forêts
de Breuil-Lambert, de Vezius et de Chanteloup, le pays for-
mait^ jusqu'à la Révolution et depuis une date inconnue, tout
au moins dès le XV* siècle, « une fillette » ou succursale,
avec simple chapelle, desservie par un vicaire, dans l'immense
paroisse de Saint-Hilaire des Echaubrognes, dont le sépa-
raient la paroisse très restreinte et la ville de Maulévrier.
La loi du 5 juillet 1791 annexa la succursale à cette dernière,
en la rattachant au département de Maine-et-Loire, mais ne
^Voir la livraison de décembre 1899.
TOMK XVI. — NOTICES. — XVI* ANNÉE, l"-2' LIV. 5
54 LKd ÉCHAUBtloaNKi^
l'ut appliquée qu'eu vertu d'un arrôté du 29 messidor, an V,
qui n'eut môme de réalisation qu'en 1807. Une ordonnance
du S juillet 1843 a érigé son ressort particulier en paroisse
distincte, et depuis lors une rivalité constamment en éveil,
sollicitait la création d'une commune que la loi votée le 2,
promulguée le 17 février 1864, après dix ans de discussions
et d'enquêtes, a constituée enfin. L'ancienne chapelle, avec
portail ogival, s'élève encore, sans clocher, au centre du
bourg, etc. (Depuis plusieurs années déjà, cette chapelle a été
démolie, et elle est remplacée par une charmante église en
style de XlIP siècle avec flèche sur la façade). En dehors du
bourg, sur le chemin d'Yzernay se rencontre une petite
chapelle, dite de TArceau, où viennent en pèlerinage le^s
épouses infécondes. Sur le pignon, une croix en granit porte
un christ grossièrement entaillé : au-dessous, on lit sur les
montants : Jean Lepage ^650. Nom du fondateur et date de
l'érection. Tout-le-Monde dépendait en 1780, comme Saint-
Hilaire des Echaubrognes, du doyenné de Vihiers, de l'évôché
de Poitiers jusqu'en 1317, de Maillezais jusqu'en 1648, plus
tard de la Rochelle. Au civil, du comté de Maulévrier, du
présidial et de là sénéchaussée d'Angers, de Télection de
Montreuil-Bellay, du grenier à sel et du district de Cholet.
La seigneurie de la Crilloire formoit autrefois une petite
paroisse, englobée maintenant dans celle de Tout-le-Monde,
et comprenait le château où une chapelle dédiée à saint Sé-
bastien servait d'église, une métairie et un moulin, quelques-
unes seulement des borderies, et non pas môme toutes celles
qui s'élevaient à Tentour du ch&teau ("voir plus loin la notice
sur la Faucherie).' La Crilloire est une ancienne seigneurie,
avec château-fort, au fond d'une vallée coupée par de nom-
bi eux étangs, jadis, et dont deux subsistent encore. L'édifice,
entouré de vastes douves vives, encore existantes, formait
un quadrilatère irrégulier. Il s'ouvrait vers l'est par une porte
unique à pont-levis. Du château, incendié pendant la guerre
de la Vendée, et depuis démoli à peu près complètement, il
LkS ÉCltAUBHOÔNBâ ^5
De reste que la base des tours, aux larges brèches à demi,
recouvertes de lierre. A cinquante mètres, un puits qui a pour
margelle une dalle de tourbe au nom de Renée Barbot, morte
en février 179... Une autre dalle, celle d'un ancien receveur,
mort en 174... sert de seuil à une ferme. A 500 mètres des
raines s*élève, sur une éminence, un vaste château moderne
appartenant à M. de Formon.
La terre donnait son nom, jusqu'au XVI* siècle à une
famille de chevalier de qui elle passa à la famille Laurent ou
de Laurens. En 1588, Pierre Laurent ou de Laurens, sieur de
la Cri lloire, guerroyait dans l'armée du roi de Navarre; en
peine d argent sans doute, comme son maître, et piqué d'am*
bition, il envahit un jour le château de Vezins, et avec l'aide
de quelques soudards, enleva la jeune baronne, Louise de
Maillé de Lathan, récemment veuve, qu'il conduisit à la Gril-
loire. Après un jour de réflexion, pour tout répit, il la tratna,
le pistolet au poing dans la chapelle, où un prêtre consacra
le mariage. Mais, ni prières, ni menaces, n*ayant pu dompter
la belle, il espéra mieux en lui rendant sa liberté après une
captivité de onze jours. La baronne porta plainte immédia-
tement au présidial d'Angers, et^ pendant que ses parents et
tenanciers venaient assiéger le ravisseur^ celui-ci, hors d'état
de se défendre^ regagna Tarmée. Couvert un instant par
l'amitié du roi, il se laissa prendre dans une embuscade
d*archers, fut conduit à Angers, condamné à mort et décapité
le 7 mai 1588. G*esi le sujet d'un des arrêts célèbres recueillis
par Pocquet de Livonnière, qu'a rajeunis d'un style roman-
tique M. Charles Tenaisie...
Lors des guerres de la Vendée, le commandant Tillemet
avait été envoyé en éclaireur par le général Ligonnire dans
la direction de Maulévrier, avec dou?^ cavaliers. Le 16 avril
1793^ cet ofAcier pénétrait avec son détachement dans le
chftteau de la Grilioire près Tout-ie-Monde, où il se trouva
tout à coup cerné par une bande d'une centaine de Ven-
déens, Pour en sortir, il fut obligé de s>o faire jour le
56 LB8 ÉGHAUBROGNBS
sabre à la main, et força leurs lignes en Jaissant deux
morts et neuf blessés. A quelque distance du château,
honteux de sa fuite, il rallie subitement sa petite troupe
et quoique blessé lui-même d'un coup de crosse à Tépaule et
d'un coup de feu à la cuisse, il revient à la charge pour sur-
prendre à son tour les paysans, mais la plupart s'étaient déjà
retirés. Dès lors, n'ayant plus désormais d'ennemis en face,
il continua librement son excursion, et alla rejoindre à la
chute du jour son corps d'armée Un décret proclama pom-
peusement qu'il avait, pour ce fait, bien mérité de la patrie.
Certes, du côté des Vendéens, bien des coups de main sem-
blables ont eu lieu et sont restés dans l'oubli ; mais sou-
venons-nous qu'alors, dans cette conspiration générale du
mal contre le bien, les républicains seuls, étaient vertueux ;
tandis que, la langue française subissant elle aussi sa
révolution, les Vendéens n'étaient que des brigands, cou-
pables au premier chef d'avoir agité le flambeau de la guerre
civile au milieu de leurs concitoyens ; comment de pareils
monstres; auraient-ils jamais pu bien mériter de la patrie^...
« Je vis, dit quelque part en ses Mémoires M"'de laRoche-
jaquelein, arriver un jour à Cholet une jeune fille, grande
et fort belle qui portait deux pistolets et un sabre à sa cein-
ture. Elle était accompagnée de deux autres femmes armées
de piques : elle amenait à mon père un espion. On l'interro-
gea, elle répondit qu'elle était de la paroisse de Tout-le- Monde,
et que les femmes y faisaient la garde quand les hommes étaient
à l'armée. Son petit air martial la rendait encore plus jolie.. .»
(Voir, outre le Dictionnaire de M. Célestin Port, les Archives
de Maine-et-Loire, série m., notice manuscrite de M. Spal.
Notes de M. de Saint-André, Répertoire arch, 1868, p. 98).
LOGIS SEIGNEURIAUX
Vers la fin du IX*^ siècle, les seigneurs, parvenus par la fai-
blesse des princes à se rendre maîtres du territoire qui n'é-
tait que confié à leur administration, transmirent leurs titres
et leurs nouveaux « droits » à leurs enfants, laissant à l'atné
LBS ÉGHAUBROGNËS 57
le titre et le domaine principal, et aux autres quelques sei-
gneuries inférieures qu'ils en détactiaient. G^est par suite de
ces démembrements successifs que le pays se trouva bientôt
partagé en plusieurs baronnies : les baronnies poussèrent
elles-mêmes au-dessous d'elles des châtellenies qui leur ren-
daient les mômes devoirs de dépendance. C'est la féodalité.
On peut aisément^ d'après ces données, se représenter l'as-
pect qu'offrait au moyen-âge ce réseau étendu sur notre con-
trée. A Thouars, Beaupréau^ Mortagne, Mauléon, Maulévrier
ou Gholet demeurait le véritable seigneur, celui qui régnait
en petit souverain sur les alentours ; mais il était loin de
posséder en propre tout ce territoire sur lequel il avait seule-
ment le droit de suzeraineté. Dans les petits manoirs, disper-
sés çà et là dans la vaste étendue de nos paroisses, vivaient
des maîtres de moindre importance féodale, il est vrai, mais
bien mieux que leurs suzerains, inféodés aux mœurs du pays,
aux instincts de la population. Ils ne paraissaient point à la
cour, ne quittaient presque jamais la contrée, sinon pour
aller de temps à autre combattre sous la bannière de quelque
vaillant capitaine et payer ainsi leur dette envers la patrie.
C'était là, la vraie noblesse du pays, les seigneurs préférés
des paysans. Les logis ou manoirs que s'étaient bâtis cette
petite noblesse étaient nombreux dans nos paroisses, nous
en comptons une quinzame au moins. Leur physionomie, un
peu altérée par l'âge, est presque toujours la môme. En étu-
diant leur forme dans ceux d'entre eux que le temps ou les
révolutions ont le mieux respectés, on arrive sans trop de
peine, grâce à cette architecture des temps passés, bien plus
caractéristique que la nôtre, à déterminer leur âge, et à les
reconstituer par la pensée. Us datent presque tous du temps
des guerres de religion : bien qu'ils soient loin d'ôtre des for-
teresses, et que l'invention de la poudre leur eût fait perdre
beaucoup de valeur dans leurs moyens de défense, on voit
cependant par l'ensemble des précautions prises dans leur
construction, qu'ils étaient parfaitement disposés pour ôtre à
58 LirS ÉCHAUBt^OGNES
Tabri d'un coup de main et qu'ils pouvaient du moins se dé-
fendre contré ces bandes de pillards si nombreuses alors:
sorte de communistes pratiques dont Tespèce, déjà bien
ancienne, menace de se perpétuer jusqu'à la fin des temps.
Parmi ces manoirs, les uns, b&tis sur un tetiain uni, comme
Livois, l'Ëcurie, Louisière, Landebergëre, n'ayant par le fait
de cette position, aucune défense naturelle, avaient été en-
tourés de douves, ou tout au moins de hautes murailles d'en-
ceintes. D'autres comme Lhoumois, la Guichardière, Touvois
ou la Progerie, perchés sur la pointe d'un mam^^lon ou sur le
bord escarpé d'un cours d'eau, étaient comm^ des sortes de
guérites féodales où chaque famille seigneuriale se gardait à
l'approche de l'ennemi, et de là protégeait ou défendait sa
terre et ses biens. Dans d'autres de nos manoirs enfln,
comme à la Coudraie, Noyers, à Aubert, àlaRenaudière, b&tis
tout au plus tôt à la fin du XVI« siècle, à une époque où les
oirages, enfantés par les guerres religieuses avaient pris fln^
les douves, les hautes murailles disparaissent, et on ne trouve
plus qu'un castel de forme plutôt moderne et bourgeoise que
féodale, et où déjàun certain amour du bien-être s'est intro-
duit. Deux de ces demeures seigneuriales, la Foucherie et la
Sicardière, bien que anciennes^ n'ont réellement rien dans
leur construction,qui les distingue d'une habitation ordinaire.
'Toutes ces gentilhommières du reste ont un aspect bien
plutôt champêtre que seigneurial^ mais elles suffisaient aux
goûts simples et rustiques de la noblesse d'autrefois. Là s'é-
coulait, heureuse et calme, l'existence de ces modestes sei-
gneurs peu soucieux du luxe, pourvu qu'ils eussei.t, hors le
temps de guerre, facilité de se livrer au plaisir de la chasse,
délassement favori de la plupart d'entre eux. La proximité
de leurs demeures disséminées dans la campagne, leur per-
meltait de joijidre, aux charmes de la vie de famille, des rela-
tions fréquentes. La simplicité de leur vie et une communauté
d'intérêt les taisaient même se mêler aux paysans dont ils
pâi*tageaieht les délassements, les mœurs, et souvent aussi
LB8 KCHAUBROONBS 59
les travaux ; mais qui les payaient en retour d^une grande
vénération, jointe à une sorte de familiarité joviale et rus-
tique. Mais ici-bas tout prend fln : à celte noblesse qui, ou
s'éteignait, ou désertait ses anciens manoirs, se substitua peu.
à peu dans les temps qui précédërentla Révolution, une classe
nouvelle, celle de la bourgeoisie^ non pas, dans nos pays du
oQoins, cette bourgeoisie voltairienne, impie et dissolue, mais
une bourgeoisie honorable, à mœurs vraiment patriarcales, et
qui, après ôtre parvenue à la fortune, émigrait parfois hors des
villes et aimait à venir habiter une terre qu'elle avait acquise
à beaux deniers comptants et autour de laquelle elle jouissait
d'une considération, dont elle était légitimea\ent flère. Sou-
vent aussi, elleavaitcontracté des alliances avec cette noblesse
qu'elle remplaçait peu à peu et dont elle reprenait d'ailleurs
les allures, glissant môme furtivement à la suite de son nom
roturier un nom de terre quelconque. Si ces qualifications ne
constituaient pas la noblesse, souvent elles la faisaient sup-
poser. Elles servaient encore à désigner plus spécialement les
diverses branches des familles alors encore nombreuses
dans leurs enfants, et devenaient ainsi comme un deuxième
nom greffé sur le nom patronymique. Citons dans nos parages
les Gyerault de la Brosse, les du Ghiron de la Guérivière,
Guinoyseau de la Saunerie^ Tocqué de la Saulaie et d'Aubert,
Gillebert des Arsisetde la Louisière, la famille Rocquet dont
les nombreux rameaux portaient les dénominations de
Rocquet des Vannes, de la Borde, de TEpinay, de la Maison-
Neuve et de la Brunière, etc.
Au sein de cette bourgeoisie honorable se recruta souvent
ce clergé fortement trempé que Dieu, dans sa miséricorde,
suscita dans nos religieuses contrées pour les préparer à
traverser les jours mauvais et à l'aide duquel se reformèrent
ensuite nos cadres, lors du rétablissement du culte. On n'a
point oublié encore les noms de MM. Cousseau du Vivier et
de la Richardière, de Châtillon, de M. Vion du Bois, de la
Chapelle-Largeau, etc.
N
60 LES ÉCiiÀUBROGNES
Au moment de la Révolution, trois ou quatre de ces logis
seulement étaient habités dans nos deux paroisses. Aujour-
d'hui, de plusieurs d'entre eux il ne reste plus guère que des
ruines, laRévolution là plus qu'ailleurs, a promené l'incendie.
De plus, toutes ces gentilhommières ont perJu leurs pro-
priétaires d'autrefois, et les acquéreurs nouveaux, peu sou-
cieux de conserver ces restes parfois accusateurs, se gardent
bien d'arrêter les ravages du temps. Le fermier de son côté,
car tous ces vieux logis ne sont plus maintenant que de
simples fermes, voit d'un œil indifférent se dégrader pièce
à pièce cette demeure où il a remplacé ses anciens maîtres
dont il ne sait même plus le nom. Quelques années encore
et il ne restera rien de ces débris intéressants d*un passé à la
fois si rapproché de nous et si éloigné de nos mœurs.
AUBERT
Aubert, communément appelé le Bert, est situé au point où
le ruisseau de la Picoulée, qui a pris naissance au Bois-
Boissière, vient se jeter dans le Louin qui, à partir de là,
forme la limite de la paroisse de Loublande d'avec celles de
Moulins, et de la Ghapelle-Largeau. Aubert n'est distant de
Moulins que d'un kilomètre environ. Nous avons dit
ailleurs comment il se fait qu'on Ta adjoint à la paroisse de
Loublande, bien qu'il se trouve aussi éloigné de son nouveau
chef-lieu paroissial qu'il Test du bourg des Echaubrognes.
La Révolution n'a eu garde d'épargner le vieux logis d'Au-
bert,et on ne l'a point réparé depuis lors. Au milieu des ruines,
quelques pierres portent gravées des initiales et le millésime
de 1779, date, soit d'une réparation, soit même d'une recons-
truction totale du manoir. Un portail cintré^ accosté d'une
porte plus petite, donne entrée dans une vaste cour. Le logis
en occupait la partie orientale. Le voisinage de l'eau avait
nécessité l'exhaussement du terrain et le corps du bâtiment
reposait sur une sorte de terrasse ou d'esplanade. Je n'ai
LES ÉGHAUBROGNBS 61
nulle part trouvé traces d'armoiries. Les servitudes, à porte
cintrée, s'ouvraient autour de la cour^ faisant face à une cha-
pelle sans caractère ni style et qui maintenant sert de de-
meure au fermier. M. des Ormeaux» le propriétaire d'Aubert
avait essayé, il y a quelques ^années, l'élevage en grand des 4^
sangsues, il a renoncé à son entreprise et les bassins môme
ont disparu.
Voici les quelques notes que j'ai pu recueillir sur le passé
d'Aubert : Frère Jacques Thieulin, procureur de l'abbaye de la
Trinité deMauIéon, en 1669, dit que M. d'Aubert^seigneur de
ce lieu et de Douxsanjue, devait sur cette dernière propriété
trois septiers de blé seigle à la dite abbaye. On pourrait donc
être autorisé à croire qu'à cette date il y avait encore une
famille de chevalerie portant le nom de la dite terre ; mais dix
ans plus tard, le 3 mai 1679, une transaction a lieu entre ce
frère Thieulin et Jean Théronneau, possesseur du domaine
d'Aubert. Et Jeian Théronneau reconnaissait déjà cette rente
dans l'aveu qu'il faisait au seigneur de Bois-Bodard, pa-
roisse de Jaliais, dès le mois de juillet 1675. Cette rente est
ensuite servie à l'abbaye par François Saplnaut de Bois.
Huguet jusqu'en 1716. Quelques années avant la Révolution,
Aubert passa à la famille Tocqué, de Chfttillon-sur-Sèvro. En
l'année 1704, Jacques Tocqué, receveur des tailles, affermait
de J. Gillebert de la Louisière, un logis proche de l'église de
Saint-Melaine à Mauléon, pour la somme de soixante-dix
livres. Ce même noble homme,Jacques Tocqué de la Saullais,
conseiller du roy et receveur des tailles en l'élection de Mau-
léon, décéda, le 9 mars 1716, à l'âge de 53 ans. On n'aurait eu
garde d'oublier sur sa tombe le nom d'Aubert s'il en eut été
le propriétaire. Mais, le 4 août 1784, M. L. Roy, curé de Saint-
Pierre d'Echaubrognes, procède à la sépulture de damoiselle
Prançoise-Perrine Texier, veuve de M. César Tocqué, con-
seiller du roy, receveur des tailles^ décédée le jour précédant
à la maison noble d'Aubert de la dite paroisse, âgée de 78 ans.
Puis l'an 1792, le 2 août, ce môme M. Roy qui avait alors prêté
Ô2 LES ÉCHAUBROQNES
le serment* inhume le corps de M. César-Antoine Tocqiié,
ancien receveur des impositions royales, décédé le 31 juillet
en sa maison d'Aubert, âgé d'environ 66 ans. C'est ce môme
M. Tocqué que nous avons vu page 31, le 3 mars 1791, compa-
•* raître en sa qualité de maire des Echaubrognes, devant les
commissaires de la République et se démettre de sa charge
entre leurs mains. L'auteur de l'excellent ouvrage fltfnnrfc
la Roche jaquelein et les guerres de la Vendée donne Un
fac-similé d*un autographe du dit M. Henri, signé de lui et de
M. deLescure faisant mention de notre vieux castel d'Aubert :
« Messieurs, je vous prie de vouloir bien faire suspendre
a l'exécution de l'ordre que vous avés donné de faire enlever
« les bûches qui sont à Aubert, chés M. Tocqué et de donner
« des ordres promptement pour en empocher Texécution.
«< A Châlillon, ce 21 may 1793. Signé : De La Rochejaque-
« lein, Lescure >».
Ce billet a été fait le jour même où l'armée avait été convo-
quée à Châtillon, afin de partir de là sur Fontenay, pour aller
venger Téchecqu'ony avait subi cinq jours aupai'avant.
Le 9 octobre de la môme année, après la rentrée de Wes-
termann dans la ville de Châtillon, les débris de ses soldats,
des étrangers pour la plupart, heureusement, et appartenant
à la légion germanique, ivres de sang encore plus que de vin,
se souillèrent les mains dans des massacres horribles : ils
tuèrent des enfants, des femmes môme patriotes, qui, n'ayant
pas peuriJ'eux, étaient restés lors de la prise de ChâUllon
deux jours auparavant. Je citerai M"« Tocqué (Marie-Rose
Pasquier de Villegois. mariée en 1770 à César-Auguste
Tocqué, sieur d'Aubert, paroisse des Echaubrognes, receveur
des tailles à Chfttillon). M. Tocqué avait été enrôlé et emmené
de force par les Bleus et il était payeur dans l'armée répu-
blicaine. Pressentant le danger que courait sa famille, il re-
venait pour la protéger. Il y a apparence que les hussards
républicains qui rentraient dans Châti lion étaient ivres. Trois
du quatre d'entre eux sur les 11 heures du soirjentrèrentchez
LES I^CHAUBROONES 61^
M. Tocqué dont la maisoa était très apparente et le portail
largement ouvert : là, descendant de cheval, ils pénétrèrent
brusquement dans le logis, heurtant vivement le prince de
Talmont sur un escalier, sans le reconnaître, et se dirigeant
du côté de la lumière où était la maîtresse de la maison, ils
la sabrèrent sans pitié avec l'une de ses filles, âgée de six
ans. Une autre de ses enfants, ajoute M. Amaury-Gélusseau,
plus légèrement blessée, échappa miraculeusement à la mort
et devint M*' de la Roussardière, une des femmes qui, au
retour de la paix, ont le plus contribué par l'aménité de leurs
rapports et Tintelligente gaieté de leur esprit, à cicatriser les
plaies de la guerre. Les deux autres enfants de M""* Tocqué
restèrent attachés sur le corps inanimé de leur mère ;
M** Radigon, Tune ^de ceux-là, non moins bonne, non moins
estimée que sa sœur, vécut prèsd^elle pour consoler ses sou-
venirs. Quand M. Tocqué arriva quelques heures après, il
trouva les pauvres victimes au milieu de la cour, baiguant
dans leur sang.
Après la Révolution, M. Tocqué, fils du précédent, je sup-
pose, vint se fixer dans la partie du vieux manoir qu'avaient
quelque peu épargné les hordes républicaines, il fut maire
de la commune de Saint^Pierre des Bchaubrognes, après
M. Bouchère, pendant une partie de la Restauration. Il eut
une fille unique, Marie Tocqué, qui épousa depuis M. Bague-
nier des Ormeaux, médecin à Maulévrier. Voici l'inscription
gravée sur la tombe de M. Tocqué au cimetière des Echau-
brognes : Ici reposent les restes de feu César-Auguste Tocqué,
décédé à Aubert le 26 février 1832, à l'âge de 55 ans.
LA COUDRAYE-NOYERS.
« La maison noble de la Goudraye-Noyers^ paroisse de
«c Saint-Pierre d'Eschaubrogne, est composée d'une maison
« belle et sollidement bastie, d'une cour d'entrée entourée
a d'escuryes, estables et aultres bastiments, un parterre der-
64 LES ÉGHAUBROQNES
« rièrela maison, en lequel est une chapelle, terrasse, jardin
u pottager ; à la suitte un estang joignant le mur de la cour;
« une belle prairie plusieurs allées et venues, etc. » Cette
description mise en tdte d*un acte de partage de la Goudraye-
Noyers, fait en 1757, lui convient de tous points encore au-
jourd'hui. Bien qu'elle soit, réduite à n*ôtre plus qu'une
ferme, tombée depuis bien des années déjà, entre les mains
des industriels choletais, qui ont remplacé un peu partout en
nos alentours les vieilles familles nobles ou bourgoises d'au-
trefois. Avec son bel étang, sa noble architecture, ses grosses
tours, la Coudraye-Noyers a encore grand air, et, comme au
dernier remaniement de la paroisse des Echaubrognes, les
gens de Loubiande tenaient essentiellement à avoir cette
bague au doigt^ il a fallu tailler à travers champs afin de la
comprendre dans les limites de la paroisse nouvelle.
Le portail d'entrée est surmonté d'un écusson que l'on
retrouve sur la façade du logis; il porte une fasce surmon-
tée de trois têtes cT oiseaux arrachées. Le corps de bâtiment
regarde le midi, il se compose de deux parties accolées en-
semble : celle qui est sur le bord de l'étang, au levant par
conséquent, parait être la plus ancienne, et elle est aussi la
plus dépourvue d'ornements. Elle est, depuis la Révolution du
moins, surmontée d'une charpente plus élevée et recouverte
de tuiles ; tandis que l'autre partie a une toiture très aiguô
et est recouverte d'ardoises. Une petite échauyuette domine
l'angle sud-est du côté de Tétang. Deux ou trois grandes
fenêtres garnies de meneaux sont maintenant murées et on
n'a laissé ouverte que celle du rez-de-chaussée qui est proté-
gée par un fort grillage en fer comme les fenêtres de l'autre
corps du logis. A l'angle nord-est est un des deux escaliers
en pierre conduisant à l'étage supérieur. La partie la plus
récente du logis, à l'ouest, contient une vaste pièce d'habita-
tion et les étages, dont l'un s'est effondré il y a quelques
années et n'a pas été rétabli, sont fort élevés. Cette portion
duch&teau est Qanquée, aux angles, de deux grosses tours
LBS ÉGHAUBROONRS 65
munies de mâchicoulis et surmontées d'une toiture très aiguë.
L'une de ces tours forme Tangle sud-ouest et une autre, qui
contient un escalier, donne sur la terrasse qui précède le
jardin. Le tout est d'une belle architecture et le trumeau de
maçonnerie dans lequel s'ouvrent les trois fenôtres superpo-
sées de la façade est tout en pierres de taille. Ces fenôtres
avec leurs meneaux sont ornées de moulures et de motifs qui
rappellent les meilleurs temps de la Renaissance. Le millé-
sime, 1595, qui surmonte la poterne s'ouvrant sur la chaussée
de l'étang ne peut rappeler qu'une réparation faite au vieux
logis qui accuse une date plus ancienne dans son ensemble.
La chapelle formait une construction isolée : elle était située
à Tangle nord-est du jardin ; il n*en reste plus traces. Si
notre vieil édifice n'a point la coquetterie du castel de Saint-
Georges que M. Brissonnière a fait construire il y a quelques
années, près de là, du moins, avec ses fortes assises et ses
puissantes tours, il semble aussi bien, sinon mieux que ce
dernier être construit pour braver pendant de longues années
encore Faction destructive du temps, lequel ne Ta guère
entamé, bien qu'il soit vieux de prè's de trois siècles.
En 1587, noble et puissant M" René de Corneillaud, cheva-
lier de l'ordre du roy, lieutenant de cinquante hommes
d'armes, sieur de la Goudraye et du Mazuresu, faisait sa de-
meure au dit lieu et maison noble de la Coudraye-Noyers,
paroisse de Saint-Pierre d'Echaubrogne. Le 29 janvier 1627,
(ou 1637), Pierre de Corneillaud, son fils, est acquéreur d'un
pré sur le Louin appartenant antérieurement à M'* de Meulles
seigneur du Fresne-Chabot et de la Darbellière, en Saint-
Aubin, puis à Jacques de Hillerin, seigneur de Bazoges. Le
seigneur du Puy-Herbert lui devait la journée d'un homme
afin de faucher le dit pré.
En août 1642, damoiselle Marguerite de Romagny, épouse
de Simon Cheminée, écuyer, sieur de la Ménardière» tant en
son nom que comme soi faisant forte pour René Cheminée,
écuyer, sieur des Brosses, et damoiselle Philippe de Gormeil-*
66 Lfts éghaubrogNils
laud, son gendre et sa fille, et de datnoiselle Anne, sa seconde
fltie encore mineure^ et de présent demeurante à Mortagne,
vend à Pierre de Corneillaud, écuyer sire de la Coudraye,
y demeurant, le droit de dîmes sur le lieu de TAudeuinière-
Pierre de Corneillaud avait épousé damoiseile Jeanne Gyerault
d*une famille d'ancienne bourgeoisie demeurant à Angers ; et
par contrat gratieux (sic) passé par devant M* Rocquet, no-
taire à Maulévrier, le 22 septembre 1673» il lui code une partie
de la Coudraye» et lui vend le surplus d'icelie pour la somme
de 2078 1. 14 s. 4 d. La Coudraye était tenue féodalement du
comté de Maulévrier. Jeanne Cyerault était veuve en 1678»
époque où elle acquiert le tennement de la Frérie de M*^ Ga-
briel Garion, seigneur de TEperonnière. Ce petit domaine est
situé à la sortie du bourg d'Echaubrogne entre la route de
Ch&tillon et un champ qui longe un autre chemin allant dudit
bourg à la Planche-aux-Moines.
Daqs Téglise de Saint-Pierre, on voyait il y a une cinquan-
taine d'annés, à l'entrée du chœur du côté de Tévangile, une
plaque de cuivre fondu portant Tinscription suivante : » Puis-
« santé dame Gyerault, épouse de M. Pierre de Corneillaud,
« vivant écuyer, seigneur de la Goudraye-Noyers, décédé le
« 17 juillet 1696^ a fondé en cette église à perpétuité deux
« messes solennelles, vigiles et office des morts, à même
u jour de son décez, par acte de J. Gh4iil}ou et L. Ghastain,
« notaires de. Mauléon, le 16 may 1596, Requiescant in pace
« Amen. » La dite plaque porte en chef un écasson au champ
chargé d'un chevron de ,,.. accompagné de 5 corneilles de
sable, et surmonté d'un timbre ou casque d écuyer. Grâce à
répaisse couche de badigeon qui la recouvrait, cette inscrip-
tion fut respectée parles révolutionnaires. Lors de la réparer
tion faite à Téglise en 1840, M. Hubert, le curé d'alors, se re-
fusa à laisser remettre en place cette plaque ainsi qu'une
autre, concernant les seigneurs de Touvois, sous prétexte
que les fondations qu'elles relatent ont été abolies par la
Révolution. Nt. l'abbé Rivière, son successeur, raisonnant de
Lfes éc(iAui3K0(^Nes 67
même façon se crut Hnalement autorisé à donner au pro-
priétaire de la Goudraye la dite plaque. Celui-ci la flt attacher
sur le trumeau d'une des cheminées du vieux logis^ où Ton
ne s'attendait pas à la voir venir échouer.
De Jeanne Gyerault, la Goudraye passa à ses neveu et nièce,
François et Lucrèce Gyerault : elle resta indivise entre eux.
En 1721, ils firent acquisition d'une rente sur le moulin de la
. Voie dans le voisinage, dont le tenancier s'engage à leur
payer à la fête des Rois» outre le prix de ferme convenu entre
eux « un gasteau ou fouace de fleur de froment de la gran-
deur d'un boêsseau et bien embeurré. » A diverses époques»
Lucrèce Gyerault rend hommage de la terre de la Plaine,
autre ferme située pareillement non loin de là, à M"* René
Barjot, en sa qualité de baron de Cholet, pour la moitié de
ladite propriété qui est de l'Anjou ; et pour l'autre qui est du
Poitou, elle en doit hommage au sénéchal de Mauléon. En
vertu de quoi, elle est tenue, comme une vassale, au baiser à
son dit seigneur, à la première rencontre.
Mais nous voyons, le 29 novembre 1714, François Gyerault
comparaissant à Mauléon, au nom et comme fondé de procu-
ration de sa sœur pour payer ledit tribut, et rendre hommage
au sieur de la Morinière pour lors sénéchal de cette dernière
baronnie.
Le 13 mars 1721, le jeune seigneur de la Sicardière, Fran-
çois Garnier, venait à peine de contracter alliance avec
dame Elisabeth Baudry d'Asson, quand^ pour faire face à ses
prodigalités» il se vit contraint d'aliéner le meilleur de ses
revenus , en vendant à ce môme seigneur de la Goudraye-
Noyers ses terrages de la Marche, qui consistaient principa-
lement en rentes de blé^ argent, et menus suffrages à perce-
voir sur les villages de l'Aussendière, la Petite-Goudraye, la
Grande-Goudraye, la Grande et la Petite Saunerie, la Touche-
aux Charries, laGaudière, le Fontenil, la Maubretière, le
Bordage de Bossiron, Alias Aubert, les Bouschages, etc., en-
semble environ 69. boisseaux de blé, sans, parler des m^nus
68 LES ÉGHAUBHOGNËÔ
avec le droit de banc dans les églises d'Echaubrogne et de
Moulins ; mais avec entre autre charges depayer 29 boisseaux
au seigneur de la Foucherie, et six boisseaux au sieur curé de
Saint-Pierre d*Echaubrogne. Le jeune dissipateur les vendit
indemnes de cette charge, car nous voyons que dans le pro-
cès qui suivit sa mort^ c'est aux héritiers de la succession et
non au seigneur de la Goudraye-Noyers que le possesseur de
la rente s'adresse pour rentrer dans ses fonds. François
Gyerault en rendit hommage pour la première fois, le 4 août
1722, à messire Nicolas de Neupville, duc de Villeroy et de
Beaupréau, son suzerain.
Pendant que le sieur Garnier de la Sicardière dissipait les
restes de sa fortune, nous voyons le sieur de la Goudraye,
en compagnie de sa sœur^ vivant paisiblement de leur vie
demi-champôtre , demi-bourgeoise , séjournant tantôt à la
Goudraye, tantôt à Angers où il était paroissien de JSaint-
Maurille, s'occupant à diriger Texploitation de sa propriété
dont il renouvelle périodiquement les baux de ferme. Â cet
éloge, il n'y a qu'une petite restriction à faire ; ils n'auraient
pas été de leur temps si« pour occuper leurs loisirs, ils n'a-
vaient pas eu au moins un ou deux bons procès se poursui-
vant tranquillement pendant des années avec quelques-uns
de leurs voisins. Ils n'y faillirent pas, et c'est môme grâce à
cela que nous connaissons leur existence et quelques-uns de
leurs faits et gestes recueillis à travers une vingtaine de
liasses contenant une double procédure. La bonne demoiselle
Lucrèce ou plutôt Lucresse Gyerault ainsi qu'elle s*obstine
toujours à signer son nom, sans se soucier de son ortho-
graphe historique, soutient le premier de ces procès contre
demoiselle Golbert de la Frogerie, au sujet de redevances sur
la Plaine. De son côté messire François Gyerault de concert
avec Pierre Rochard, écuyer, sieur de Landebergère, en pour-
suit un autre contre les propriétaires de TEmonière et de la
Gautrèche. Nous y découvrons entre autres choses que rien
que pour ce dernier» le fisc n'oublie pas de prélever les épices
LES iCHAUâROaNBd (A
de 100 1., plus 60 autres livres dues au greffier pour la grosse»
plus 12 I. pour prix du parchemin (10 feuilles de vélin in-4'*
couverts de l'écriture la plus fine et la plus serrée).
P. Gyerault mourut vers 1741, et sa sœur en 1755. A la mort
du cette dernière, le domaine de la Goudraye, vu le grand
nombre d'héritiers ne put être divisé. Après publications faites
au prône de la messe dans les églises d*Echaubrogne, Boésse,
la Renaudière etc, la Goudraye fut adjugée, le vendredi 19 août
1757, à Tun des cohéritiers, la dame Eveillon, pour la somme
de 35.200 livres. Go domaine comprp.nait, outre le logis, le bor-
dage de la Goudraye» la métairie de la Petite-Goudraye, la mé-
tairie du Gast^ le Pré Maillard, la métairie de la Plaine, la
rentefoncière de 90 l.surles moulins de la Voie, le bordage de
la Frérie, le bordage Garnier, quatre maisons ay canton des
Monneries et le flef des terrages de la Marche.
Puis, le 20 août 1817, une autre dame Eveillon, veuve de
messire Gharies-Jean Eveillon, ancien capitaine au régiment
de Lally, demeurant à Angers, en qualité de donataire de son
défunt mari, vend ces mômes biens à M. Henri Le Chat de
Tessecourt, à M. Augustin Le Ghat, chevalier de Saint-Louis
et à M. Arsène Avril de Pignerolle ; et dans ce partage entre
les nouveaux acquéreurs, la métairie du Gast et de la Frérie
passèrent à M. de Tessecourt, tandis que le château, la mé-
tairie de la Goudraye, celle de la Plaine, le bordage Garnier
et la rente sur les moulins de la Voie échurent à M. de Pigne*
rolle. Ce dernier a vendu depuis lors la Goudraye à M. Bonnet»
de Gholet, dont les héritiers la possèdent encore.
ESCOUBLEAU
Que peut-il y avoir à dire sur ce pauvre village, enfoui et
comme perdu dans un bas-fond, à Textrémité de cette immense
paroisse des Echaubrognes, du chef-lieu de laquelle il est dis-
tant de plus de deux lieues?... Rien ne le distingue aujourd'hui
de ses pareils, sinon qu'il est encore plus petit, plus humble
TOME XVl. — NOTICES. — XVI* ANNÂE, l''*-2* LIV. 6
\
^0 LBS ÉGHAUÉROONES
que la plupart d'entre eux... Il n'en a pas moins été le berceau
d'une des plus anciennes et des plus illustres faniilles de la
noblesse française.
Voici ce que rapporte delà maison d*E3coub1eau le Diction-
naire des Familles de Vancien Poitou, en tête de l'article qu'i
consacre aux diverses branches de la famille qui a porté ce
nom : «Escoubleau, maison connue dès le XIII* siècle et qui
tire son nom^dit LaChesnaye, du flef d'Escoubleau» paroisse
delà Chapelle-Lai*geau près Ch4tillon-sur-Sèvre.»II faut sûre-
ment lire ici Saint-Pierre des Echaubrognes en lieu et place
de la Chapelle Largeau, car c'est à tort que la Chesnaye et tous
ceux qui Tout copié etisuite ont attribué à cette dernière pa-
roisse ce village qui n'ena jamats fait parHe : sa proximité de
ce bourg les a induits en erreur. La rive droite du Lerin sur
laquelle Escoubleau est située, a toujours été du territoire des
Echaubrognes.
Maintenant encore, il appartient, sansconteste, à la paroisse
de Loublande taillée dans celle des Echaubrognes. Ce flef,
continue La Chesnaye, ne consistait déjà plus au siècle dernier
que dans un moulin et une prairie. La famille d'Escoubleau
joignait encore à son nom celui de Sourdis, nom d'un ancien
castel, situé paroisse de Saint-Jouin sous Châtillon, dtqui, de
gentilhommière ornée de tours, fossés, chapelle, pont-levis
etc, était, dès 1750, devenue simple ferme. « Sourdis, dit
M''' Cousseau, cet humble manoir d'où est sortie cette famille
illustre qui a donné des généraux aux armées, des ambas-
sadeurs à nos rois, des présidents aux assemblées du clergé
de France, des cardinaux à l'Eglise romaine ; cette famille à
l'illustration de laquelle suffirait le nom dece saint archevêque
de Bordeaux, justement appelé le saint Charles de l'Aqui-
taine. »
Je ne dirai rien de plus de cette famille qui ne nous appar-
tient que pour le lieu oti elle a pris naissance. On peut à son
sujetconsulter tous les généalogistes. Une des chapelles de
Téglise Saint-Jouin sous Châtillon garde encore le nom de
Sourdis«
i
LES ÉGHAUBROQNBS 71
Les d'Escoubleau portaient : parti d'azur et de gueules^ à
la bande d'or^ brochant sur le tout.
On lit dans V Univers du 7 mars 1849, page 4 col. 3 : a L'ar-
mée vient de perdre l'un de ses vétérans les plus distin-
gués : M. le général d'Escoubleau de Sourdis, commandeur
et chevalier de plusieurs ordres, ancien aide-de-camp de
M. le duc de Berry, est mort le 23 février^ dernier descendant
d*une famille ancienne et illustre, alliée à toutes les premières
maisons de France. »
Au moment de la Révolution, le village d'Escoubleau
fut le théâtre d'un de ces drames ténébreux, trop fréquents^
hélas I à cette malheureuse époque. Gomme celui de la Fou-
cherie, dont nous parlerons bientôt, il paraît avoir eu la cupi-
dité pour cause.
LA GRANDE ECURIE
Vers la fin du siècle dernier, la famille Mercier, branche de
Marigny, originaire du Bas-Poitou (Beauchet-Filleau, Dic-
tionnaire des Familles du Poitou, II, p. 387), était propriétaire
du logis de la Grande Ecurie, en Basse-Marche, paroisse de
Saint-Pierre d'Echaubrognes. Le sieur Rem i-Charies-Etienne-
Denis de la Guérivière* conseiller du roy et receveur des
impositions à Châtillon, acheta, le 29 mars 1784, de dame
Jeanne-Françoise-Marie-Madeleine Mercier de Marigny,
épouse de messire Alexis-Hilaire des Nouhes', et de Jeanne-
« Remi-Ghsrlet-Eiienne-Deni0, seigneur du Chiron et de la Ouérivière
dans la paroisse du Temple^ en Poitou^ dit Tannotateur des Mémoires de
M'^* de La Rochejaquelein, possédait déjà depuis Tannée 1776 le domaine de
laSicardiôre en notre paroisse. 11 avait eu de Angélique Ayrault»son épouse,
Louis-Char les-Denis, qui fut tué le 23 octobre 1793 à Laval. Ils furent Tun
et l'autre, fUsillés eux-mômes au Mans, le 23 frimaire, an II (16 décembre
1793). Sa sœur Elizabeth-Gharlotte porta par son mariage, en 1796, le nom
de la Guérivière à Jean Fidèle de Bersy qui avait été blessé, et son père tué,
dans la Gar>ie Suisse, le 10 août 1792.
* 'Alexis-Hilaire, ftls d^Alexis-Henri des Nouhes et de Marie d^Aulx né en
1756 à Pouzanges en Bas-Poitou, s'enrôla en 1777 au régiment de Condé-
Dragons ; congédié Tannée suivante comme gentilhomme, il entra en 1779
72 LS8 ÉGHAUBR00NB8
Henrielte-Florence-Adélaïde Mercier de Marigny^ épouse du
sieur Baptiste-Michel PasQuier, bourgeois, tous demeurant
paroisse des Aubiers, la terre et seigneurie de la Grande
Ecurie, à charge de payer sept charges de blé à la seigneurie
de Landebergère, quatre boisseaux à Tabbaye de la Trinité
de Chfttillon, 12 boisseaux au château de Ghâtillon, huit bois-
seaux pour gros de dîmes à la cure de Saint-Pierre d'Echau-
brogne> quatre boisseaux à la seigneurie de la Durbeliëre,
trois boisseaux à la seigneurie de Maulévrier. A la charge en
outre des rentes constituées ci-après : trois charges de blé»
dues au nommé Lapin, de Moulins, au principal de 900 livres ;
84 livres dues au sieur de la Plainte-Mauvif, d'Angers;
76 livres dues à la Maison-Dieu de Poitiers ; 17 livres 17 sols
au sieur Pasquier de Laudinière ; 12 sous dûs à messire
Raoul, seigneur du Soulier ; 110 livres à la demoiselle de Bel-
leau-Garville, veuve de messire André Turpeau ; 102 livres
aux héritiers Desaivre, prieur de Moulins. Les dames vende-
resses devront jouir encore quatre années de tous les menus
suffrages dûs par le fermier. Le tout pour la somme de
15 600 livres. Ladite terre appartenait aux dames venderesses,
de la succession de messire Joseph-Louis-Madelaine-Florent
Mercier, chevalier, seigneur de Marigny, la Galière et autres
lieux, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis,
leur père, époux de Marie-Madeleine-Thérèse de Fesque,
fille de Jeau Gharel, seigneur de Marmande. La pièce qui
relate cette vente est sur parchemin, et est munie d'un sceau
à empreinte effacée. La famille de Marigny, éteinte mainte-
nant, portait : d'azur, à la croix entourée de quatre coquilles
de même, M. de la Guérivière-Bersy a vendu depuis lors
cette terre à M. Brissonnière, de Nantes. Le logis de la Grande-
Écurie est un manoir du XVI» siècle. On y remarque un bel
(Uns lêf VolonUires da chevalier de Larminat. En t78i, il épousa Jeanne-
Madeleine Mercier de Marigny et quitta le service en 1791. Il se distingua
dans la grande armée vendéenne comme major de la division 4^9 Aubiers,
e^ fut sabré daqs les ri^es de Savenaj [xbid) .
LS8 ÉGHAUBROGNBS 73
escalier en spirale, au sommet duquel est une voûte suppor-
tée par une colonne qui n'est autre que le prolongement du
moyeu de Tescalier, et qui s'épanouit en quatre nervures
prismatiques. Dans la grande salle basse est une vaste che-
minée^ et les poutres à leur sortie de la muraille, sont sup-
portées par des consoles ou. corbelets en enroulement. La
façade du logis est très simple et sans écussons ni armoiries.
Des douves» en partie comblées lïiaintenant, font le tour,
non seulement du logis, mais même de la terrasse qui le
précède. En avant de la cour est une chapelle qui sert main-
tenant d'étable à brebis. Elle est de même &ge que le logis.
Sa porte d'entrée est cintrée à anse de panier, et ornée de
quelques moulures, alternativement toriques et prismatiques.
L'intérieur de l'oratoire a deux travées . Les nervures de la
voûte partent d'une base élevée de près d'un mètre au-des-
sus du sol. Cette voûte est toute bosselée et sillonnée de
nombreuses lézardes. Une corniche formant une moulure
fait le tour de la chapelle. Il n'y a plus d'autel, un petit bé-
nitier, à l'entrée, est à moitié engagé dans la muraille. Au
chevet, une fenêtre sans meneau est ornée de deux lobes
formant un trèfle.
D*où vient ce nom de Grande Ecurie?. .*. A la fin du XVP
siècle, vivait à la cour des Valois, François d'Escoubleau,
premier écuyer de la « Grande Ecurie » chevalier de l'ordre :
c'est le père du cardinal de Sourdis. Est-il invraisemblable de
supposer qu*il aurait fait construire, à quelques pas d'Escou-
bleau, berceau de la famille, ce petit manoir, auquel il aurait
donné ce nom de Grande-Ecurie en souvenir de la dignité
dont l'avait revêtu son prince? A cette époque, ces flatteries
en acte n'étaient pas absolument chose rare ; qu'on se sou-
vienne des « figures retraictes au naturel des plus renom-
més chevaulx du roy Henry deuxiesme qui estaient en son
écuryeàson avènement à la couronne » selon que le rapporte
une inscription qu'on peut lire encore sous une arcade m
çuperbe château d'Oyron, da^s notre voisinage,
74 r.BS ÉCHAUBROGNBS
La chapelle des Rouchères sur les terres de l'Ecurie, mais
située près de rBmonière, a été construite par un sieur
Ayrault, fermier, il y a une cinquantaine d'années. Elle est
dédiée à saint Gloud. Le 15 juillet mil huit cent trente sept,
Mi' de Bouille a accordé l'autorisation de faire célébrer la
sainte messe trois fois par année dans l'humble chapelle.
LA FOUCHERIE
Dans ces notes, la première place semblerait àe droit ap-
partenir aux sires de la Foucherie. C'étaient en effet, dit la
tradition, les seigneurs de notre paroisse de Saint-Pierre
des Echaubrognes. Cet ancien fief est situé par delà la Moine,
dans la partie de notre paroisse qui entra, lors de la révision
du cadastre, dans la circonscription de c.elle de Maulévrier.
Les souvenirs qui nous sont restés de la famille de nos an-
ciens seigneurs peuvent se résumer à deux points princi-
paux : le rôle important que la tradition leur attribue dans
nos démêlés avec les Anglais, pendant la guerre de Cent ans ;
et la façon, humble, mais flère et digne, encore dont cette
ancienne maison prit fin quelques années avant la Révolu-
tion. M'appuyant sur les récits tant de fois entendus par moi
dans mon enfance, et qui, comme toutes les légendes du
foyer, brillaient plutôt par les détails d'imagination que par
l'exactitude historique, je m'étais complu à attribuer au vain-
queur des Anglais une longue suite de descendants, riches
des dons du cœur, sinon de ceux de la fortune; mais le dé-
pouillement de quelques titres de date relativement récente,
et bien incomplets, qui me sont tombés entre les mains me
forcent à renoncer à cette illusion. Différents noms appa-
raissent en effet, et à peu d'intervalle, dans la trop courte
liste de nos anciens seigneurs. Etaient-ils tous les descen-
dants de nos preux du XV" siècle, de môme, qu'ils avaient
hérité de leur vieille seigneurie? Je ne sais, hélas!
Au dire de la tradition, les Anglais venaient de saccager
LES EGHAUfiHOONBS 75
Maulévrier, Eschaubrognes et tout le pays d'aleatour, brûler
les églises et prendre de force le château de Maulévrier, dont
le seigneur avait même succombé dans la lutte. Alors, dit-on,
Foucherie le Grand, et le sire de la Crilloire unirent leurs
forces, et boutèrent les Anglais hors du camp des Ouleries
où ils étaient fortement retranchés, et auquel ils ont légué
leur nom à travers les âges. Foucherie eut la plus large part
de gloire dans cette chaude journée; s'il n'était déjà seigneur
de la paroisse il le devint sûrement après ce brillant fait
d'arme. Aussi, rapporte toujours la tradition, à partir de ce
moment, lui, et ceux de sa lignée furent toujours dans les
meilleurs termes avec le roi qui les appelait « mon cousin »,
et ils lui répondaient familièrement sur ce ton. Outre ce
magnifique privilège, ils obtinrent une autre faveur dont le
souvenir s'est transmis fidèlement jusqu'à nous. Ils avaient,
dit Célestin Port, le droit, et ils l'exercèrent jusqu'à la Révo-
lution, d'entrer un dimanche chaque année dans l'église de
Maulévrier... ("N'oublions pas qu'il y a un parti pris de vou-
loir toujours tout attribuer à Maulévrier. C'est là que les ren-
seignements ont été pris et donnés par un Maulevrais. Mais
la tradition, elle, hésite entre Maulévrier et les Echaubrognes,
et comme les sires de la Foucherie étaient seigneurs de cette
dernière paroisse^ il paraîtrait bien plus naturel de les y voir
exercer leur privilège^... Ils entraient donc dana l'église à
cheval, armés de pied en cap, lance au poing et casque en
tête, et ils s'avançaient ainsi jusque dans le sanctuaire, et y
faisaient leurs dévotions ; puis en sortant ils avaient droit
de couper avec leur épée les cordes des cloches^ si elle gê-
naient leur passage. Le sire de la Crilloire, pendant ce temps,
se faisait de son côté, octroyer des faveurs, sinon plus
honorifiques, du moins beaucoup plus sérieuses et plus
utiles,telles que l'érection du chef-lieu de sa châtellenie en
commune et en paroisse, et son affranchissement de tout ser-
vice etredevances féodales, ainsi que de la gabelle, des tailles et
aides quelconques^ Peut-être, le temps a-t-il embelli et grandi
'^6 LES ÉGHAUBROGNAS
certaines particularités du présent récit, mais le fond doit en
être vrai. Peut-être, à en juger par la mince fortune, de ses
derniers héritiers, le brave sire de la Foucherie, eut-il été plus
sage en s*attachant davantage^ lui aussi, au côté pratique. Si
autrefois, comme on l'affirme^ il y avait à la Foucherie un
ancien château-fort, il n'en reste plus de traces qu'un rez-de-
chaussée, de construction fort ordinaire, surmontant une cave
voûtée et profonde. Beauchet-Filleau (Dictionnaire des Fa-
milles du Poitou, p. 518), d'après la généalogie de la famille
Cossin, parle d'une famille Buignon ou Beugnon dont un
membre Jean Buignon, sieur de la Foucherie, fut présent au
contrat de mariage de Jacques Cossin, lieutenant du pays de
Gâtine en 1482. Mais nous sommes déjà bien éloignés, on le
voit, du temps de nos luttes avec les Anglais. Le 8 janvier
1500; Etienne Buignon^ écuyer, sgr des Faubrognes (il faut
lire ici évidemment d'Eschaubrogne) , reçoit de la part de
Jacques Laurens, seigneur du Buignon-Riche^ l'aveu de la
terre qu'il tient de lui. Mathurine Buignon, une des filles de
Claude Buignon, écuyer/ sgr de laRablais en Saint-Clémentin.
épouse Hector Grimault, sgr de la Vallée. Le principal domi-
cile de cette famille Buignon paraît avoir été le château de la
Girardière, en Combrand. René Buignon, s' de la Girardière,
et Jacques Beugnon, s** de la Roassiëre, maintenus nobles par
sentence en opposition, du 30 décembre 1667, portent, dit Du-
gast Matifeux, d'or au chevron d'azur ^ à trois molettes déperon
de gueules.
{A suivre)
LES CELEBRITES INCONNUES
UN PETIT-NEVEU DE MICHEL DE MONTAIGNE
«*»^^^<«M»«M»iX»»<^««^»^l
RAYMOND DE MONTAIGNE
LIEUTENANT GÉNÉRAL À SAINTES, ÉYÉQUE DE BATON NE , ETC.
Suite (1).
IX
En 1035 eurent lieu par province ecclésiastique les élections
à rassemblée générale du clergé qui s'ouvrit à Paris, le 25
mai. Raymond de Montaigne, qui avait été député du tiers
aux états généraux de 1614, fut député du clergé, pour la pro-
vince d'Auch, en même temps que Jacques Raoul, évoque de
Saintes, pour celle de Bordeaux. Il y avait vingt ans de cela,
et la situation était autre. Il y joua un rôle effacé : d'abord,
Richelieu était là^ quoiqu'il ne parût pas aux séances ; puis
M. de Montaigne ne put qu'y siéger deux mois et au milieu
de graves difficultés. A la vérification des pouvoirs du 30 mai,
l'évéque d'Aire, Gilles Boutant, protesta contre son admission,
et en son nom Tévéque d'Orléans, Nicolas de Netz, demanda
des commissaires devant lesquels il expliquerait les motifs de
son opposition ; en même temps il remit aux agents généraux
du clergé la requête de Tévêque d'Aire contre lui, et aussi
celle de Jacques de Bulu, officiai d'Auch^ contre l'élection de
Charles de Poudeux, sieur de Saint-Grie, chanoine en l'église
cathédrale de Lescar. Le 4 juin, au moment où l'on allait juger
le différend, l'évoque de Bayonne « requit monseigneur Tar-
chevèquede Bordeaux de s'abstenir du jugement du différend
qu'ils ont ensemble ; à quoi monseigneur de Bordeaux repli-
(I) Voir la liyraison de janvier- féTrier 1900.
TOME XVI. — NOTICES. — XVI* ANNÉE, 3«-4t LIV. 7
78 RAYMOND DE MONTAIGNE
qua qu'il n'avait aucun procès contre le seigneur de Bayonne,
sinon que, pour raison des réparations des bastiments de
Tabbaye de SaintrBlanxeau (sic) il était intervenu avec les
religieux de la dite abbaye. » L*archevôqué cependant, c'était
Henri d*Ecoubleau de Sourdis, son successeur au siège abba-
tial de Sablonceaux, se déclara prêt à s'abstenir. L'évoque
d'Auxerre, Dominique Séguier, fut un des commissaires, as-
sisté de révoque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, Prançois-
Adhômard de Monteilde Grignan, pour rapporteur. Le 12, on
lit les pièces ; on entend Gilles Boutant, Raymond de Mon-
taigne et Dominique de Vie. Or, si Tévôque d'Aire s'oppose à
l'élection de l'évêque de Bayonne, l'archevêque d'Auch a ordre
de sa province de s'opposer à celle de l'évêque d'Aire ; on
renvoie donc les parties devant les commissaires pour pro-
duire tout ce que bon leur semblerait, dans un mois pour tout
délai. Par provision on admet « le seigneur Raymond de
Montaigne, évoque de Bayonne », dans l'assemblée avec voix
délibérative, ainsi que Dominique de Vie. archevêque d'Auch,
et autres députés du second ordre.
Usant de la permission l'évêque de Bayonne prit part aux
travaux de l'assemblée. On trouve sa signature au. bas de la
déclaration du 7 juillet par laquelle rassemblée déclarait
« illégitimes, invalides et nuls » les mariages des princes de
sang qui peuvent prétendre à la succession de la couronne,
contractés contre là volonté du roi et sa défense.
C'est M" de Bayonne qui fut chargé, le 15 juin, avec les
évoques d'Amiens et de Mirepoix, d'aller saluer le garde des
sceaux, Pierre Séguier : et le lendemain, avec l'archevêque
d'Aix et les évoques de Nîmes et de Viviers, de recevoir
MM. de Léon et Aubry, conseillers d'état, venant, au nom
du roi, demander l'avis du clergé sur le mariage des princes.
Le môme jour, sur la proposition de l'archevêque de Bor-
deaux, il était avec les archevêques de Tours, les évêques de
Chartres et d'Auxerre, nommé pour dresser un projet de
règlement général « sur la forme, convocation et tenue des
« «^
RAYMOND DE MONTAIGNE 79
assemblées diocézaines et provinciales, afin de les rendre
uniforme par toutes lesdites provinces. »
Le 20 juin, il se plaint des cours souveraines qui déclarent
nulles les provisions d'évôques où ne sont point indiqués les
bénéfices possédés, malgré la dispense dont jouissent les
évoques de France, en Italie^ en Espagne et dans toute la
chrétienté, et malgré la permission du pape, « en quoy Tau-
thorité de sa Sainteté est grandement intéressée et la dignité
épiscopale abbaissée, estant privée en France d'un privilège
dont tous les évesques jouissent ailleurs par la gratification
du Saint-Père qui seul aie droictd'en ordonner.» L'assemblée
déclara que cette demande serait « insérée dans le cahier des
affaires spirituelles. »
Le 25 juin, Raymond de Montaigne prit de nouveau la pa-
role. Contre tous les usages on avait imposé les bénéficiers
de Béarn, et il protestait énergiquement. Il y eut de longues
discussions. L'assemblée le pria avec les évêques de Séez,
d'Auxerre et de Saintes, c de s'assembler et rechercher dans
tous les édits, déclarations et arrêts que le clergé a pour ses
immunités et privilèges, les raisons sur lesquelles on peut
establir cette exemption, afin d'appuyer l'instance qui sera
faicte pour Tobtenir. » Ses anciennes fonctions de président au
présidial le rendaient fort précieux & l'assemblée pour toutes
ces contestations fiscales. Aussi le voit-on faire plusieurs rap-
ports sur ces questions. Le 3 juillet, il rend compte d'une
mission auprès du président Amelot et du procureur général
au grand conseil, relative à un règlement « des frais et loyaux
cousts. » Il obtint ce qu'il désirait ; et « M^ le président Ta re-
mercié de la peine qu'il a prise si utilement. » Le 14 juillet, il
est encore chargé, avec l'évêque de Châlons, de voir les com-
missaires du roi au sujet de la régale. Le 21, il est député au-
près du roi pour le supplier de maintenir le clergé dans lés
exemptions du droit de régale qu'on voulait imposer aux dio-
cèses d'Auch, de Saint-Paul et de Nîmes. L'évêque de Ghftlons,
Jacques de Neuchèze^ porte la parole ; et en rendant compte
M RAYMOND DB MONTAIGNE
de leur mission» Raymond de Montaigne se plut à louer « la
fermeté et Tintelligence » de son collègue.
8a mission^ bien commencée, allait Anir. Le 21 juillet, ré-
voque d'Aire représenta que le jour était venu de juger son
opposition. Le 23, môme observation. A quoi Tarchevêque
d'Auch répondit « que, sans entrer au faict particulier de la
contention entre M«f'" d*Aire et de Bayonne, il vouloit seule-
ment représenter la charge qu'il avoit de la province d*Auch
d^assurer l'assemblée que la nomination avoit esté faicte dans
l'assemblée provinciale, avec toutes les formes pratiquées
d'ancienneté dans la province, que toutes les procurations
estoient selon l'usage et la coustume d'icelle et que le sei-
gneur évesque de Bayonne ne pouvoit consentir à aucune
subrogation au préjudice de la province qui Tavoit nommé, à
laquelle on ne pouvoit donner un procureur contre son gré. »
Rt il requit l'assemblée de prononcer sur l'intérêt de sa pro-
vince. L'archevêque de Bordeaux sortit comme il était conve-
nu. On obtint aussi que l'archevêque de Toulouse, récusé par
l'évoque d'Aire, s'éloignât ; et l'assemblée décida que les pro-
vinces d'Auch et de Toulouse ne pourraient prendre part au
vote. On allait juger ; Dominique de Vie déclara « qu'il avoit
charge expresse de la province de s'opposer à la réception de
M*' révoque d'Aire dans cette assemblée, et qu'en consé'
quence de ce, il s'opposoit, au cas que la compagnie voulût l'ad-
mettre et qu'il endemandoitacte. » Le président, Jean Joubert
de Barraud, un quasi saintongeais, archevêque d'Arles,
demanda l'acte ; il promit de l'apporter. Mais Raymond de
Montaigne pria M" d'Auch de n'en rien faire, ne voulant « pas
suivre plus avant cette opposition. » La protestation était
signée de six évoques de la province. Le 24 juillet, les quatre
commissaires qui étaient les évêques d'Auxerre et de Saint-
Paul, puis Ferdinand de Neuville, abbé de Saint-Vandrille,
député de Lyon, et Guillaume Jocet, archidiacre de Saint-
Malo, député de Tours, conclurent à l'admission de l'évoque
d'Aire. L'assemblée adopta. Mais elle décida d'abord que
RAYMOND DE MONTAIGNE SI
l'évoque de Bayonne serait payé de ses taxes jusqu'à ce jour,
tant pour le venir que pour le retour, aux termes des règle*
ments. Lui-môme voulut remercier l'assemblée, et Tassem-
• blée « lui a témoigné, dit le procès-verbal, la satisfaction
qu'elle avoit de sa présence et de ses bons avis ». M»* d'Auch
ajouta qu'il avait renoncé à son opposition uniquement à la
prière de Tévôque de Bayonne; puis il prie qu^on délivre
« l'extrait de la délibération qui lui ordonne de se retirer, »
et en outre, « la proposition qu'il a faite en faveur des ecclé-
siastiques de la Basse-Navarre contre ceux de Béarn pour le
payement des décimes, afin qu'il fasse apparoir qu'il s'est
acquitté delà charge qui lui a été donnée^ »
Ainsi, quelque vice de forme empêchait Raymond de Mon-
taigne de prendre plus longtemps part aux travaux de la
compagnie. Mais il se retirait après les protestations en sa
faveur de six évoques de sa province, après avoir rempli une
partie de son mandat, après avoir pendant deux mois assisté
aux réunions où il avait souvent pris la parole et donné
d'utiles avis. Il partait avec les éloges et les regrets de ses
collègues dans l'épiscopat. L'évéque de Bayonne . avait pro-
fité de son séjour à Paris. Il avait obtenu du conseil du roi
un arrêt « par lequel il est ordonné qu'il sera imposé et
levé la somme de quinze mille livres tournois pour le basti-
ment de l'évesché, trois mille sur la ville, et les douze mille
autres livres sur le pays de Labourd ». Cela changeait tout à
fait les conditions premières proposées par Tévêque, accep-
tées par la ville : le pays de Labourd fournissant le bois ; la
ville^ la pierre, la chaux et le sable; l'évèque se chargeant du
reste. Aussi, quand, le 12 novembre 1635, au nom du prélat,
Pierre Duverger, chanoine de Notre-Dame, vint au conseil
communiquer cet arrêt, « et le prier de se disposer à y satis-
faire m, il y eut plus que de la surprise. Quoi ! On avait
accordé ses demandes au prélat, et il faisait intervenir l'au-
^ CoUection des procès- verbaux des assemblées générales du clergé de
France, t. ii, p. 658.
82 RAYMOND DB MONTAIONB
torité royale 1 Quoil l'on voulait imposer la ville I C'était
contraire à ses privilèges. On délibéra. Cependant, il fallut se
soumettre. Le 23 novembre, on vota les trois mille livres, non
sans protestations et sans quelque mauvaise humeur. « Ouy
le syndic de la ville, a esté ordonné que, sans approuver le
terme d'impôt que la ville n'a jamais souffert, et à la charge
de retirer déclaration dudit sieur de Bayonne, la ville lui
baillera 3000 livres pour ledit bastiment. »
On paiera donc, c'est entendu. Mais les officiers munici -
paux ont trouvé un biais pour débourser le moins possible.
Monseigneur veut avoir de nous mille écus. iSh bien! ne lui
a-t-on pas déjà fourni des matériaux? Il y on a bien pour sept
cents livres. De plus^ ne doit-il pas quelque chose pour le
salaire des prédicateurs ? Oui , trois cents livres. On lui
retiendra donc trois cents livres, plus sept cents livres, soit
mille livres.
Donner et retenir ne vaut. Sans doute, le prélat consentait
à cet arrangement; mais je soupçonne qu'il fut au fond mé-
content et blessé. La lutte ne tarda pas à devenir directe et
publique.
Quelle en fut, dirais-je^ le prétexte ou la cause? C'est une
simple question de voirie et d'alignement. Malheureusement,
nous n'avons ici, pour nous guider et nous éclairer, que les
registres municipaux ; nous n'entendons , par conséquent ,
qu'une voix. Et cette voix est-elle juste? L'animosité paraît
avoir été vive. Il se peut que le corps de ville ait fait pencher
la balance en sa faveur et donné tous les torts à l'adversaire .
L'impartialité, qui est rare chez les individus, l'est peut-être
encore plus dans les corps ; et l'échevinage en cette circons-
tance prit des résolutions, céda à des entraînements dont un
individu se serait certainement gardé.
Il serait bien long de raconter par le menu les détails de
la querelle. Nous nous bornerons aux principaux incidents ;
c'est un chapitre curieux des rapports entre deux autorités
jalouses. Le 11 juillet 1636, le conseil est informé que Ray-
RAYMOND Dft MONTAIGNIS 83
■
moDd de Montaigne désire, pour son palais épiscopal^ « se
servir de la place vide qui est au-devant dudit évesché, près
la porte de Larochepaillet. » Cette place est à lui ; il n'a donc
aucune autorisation à solliciter de personne. Mais il a voulu
« faire part aux eschevins de son desseing, afin qu'ils soient
tesriloias qu'il ne veut rien entreprendre sur ce qui est au
publicq, déférence qu'il ne rendroit pas à autre personne,
non pas môme à un prince du sang, quand il seroit sur les
lieux, contre la volonté duquel il ne lairroit pas de continuer
son bastiment s*il Tavoit entreprins, quelque instance qu'il
flst au contraire. » Ces paroles, toutes pleines de courtoisie
pour les échevins montrent en môme temps un caractère
assez énergique et une fermeté peut-ôtre un peu voisine de
l'entêtement.
On en réfère au comte de Gramont, gouverneur de la ville ;
le gouverneur envoie des canonniers examiner si l'édifice
projeté ne nuira pas au service des fortifications et de la
défense de la ville. Non, il y aura « place suffisante pour le
passage du canon. •> On allait donc probablement adopter les
conclusions de Gramont- Tout à coup se présente au conseil
Pierre de Hiriard, chanoine de Notre-Dame, tenant à la main
«un titre décent trente ans, escript sur parchemin.» lia
droit aussi à la place, et si l'on permet à l'évoque de bâtir, il
bâtira lui aussi. Or si le chanoine bâtit, une rue se trouve
supprimée. Il faut donc réfléchir mûrement avant de répondre
oui à révoque. L'intervention de ce chanoine contre le pasteur
du diocèse était trop singulière pour être spontanée ; mais
elle venait merveilleusement à propos. L'argument décisif
était trouvé. Aussi le prélat se plaint-il des obstacles qu'on
lui suscite ; il croyait rencontrer « plus d'affection et d'amour
4ans Tesprit desdits sieurs du corps. » Evidemment Hiriard
a été poussé ; c'est à lui qu'on en veut. Eh bien l qu'on lui
signifie un acte en bonne forme d'opposition à ses projets de
construction. Sinon» dès demain matin, à cinq heures, les
travaux commenceront. Les propos s'échangent ; on est
84 RAYMOND DE MONTAIONK
blessé, on s'irrite. Bayonne ne m'est rien, s'écrie l'évoque.
Si, répondent les échevins, si le roi ne nous eût pas fait
l'honneur de vous nous donner pour évoque, il nous en eût
donné un autre. — Et quel autre?' J'ai refusé « l'archevesché
d'Aix et plusieurs autres bénéfices, qui estoient de bien
plus grande considération que non pas l'évesché de Bayonne. »
La discussion continua sur ce ton très peu courtois de part
et d'autre. Puis le prélat offrit, si l'on lui voulait permettre
' de bâtir selon ses plans, d'empêcher Hiriard d'élever sa
maison, de lui faire déclarer en justice qu'il n'en avait pas le
droit, et qu'au cas oii un tribunal donnerait raison au cha-
noine, il ferait démolir à ses frais le palais épiscopal élevé
sur le terrain litigieux ; « qu'il avoit assez de biens pour ré-
pondre de sa promesse. »
C'était une ouverture, et la proposition pouvait être ac-
ceptée. On ne se pressa pas d'y répondre, et Montaigne se
h&ta trop de croire qu'on rejetait sa transaction.
Le lendemain matin, 13 juillet, les échevins voient avec stu-
péfaction les travaux commencées. Ils se plaignent vivement
de ce manque d'égards ; l'évoque répond qu'il a attendu en
vain leur décision. Mais un corps ne s'assemble pas facile-
ment: plusieurs membres étaient absents. Bref, on se sépare
fort mécontents les uns des autres. Peu après le syndic fait
sommation de cesser les travaux. Le prélat, encore plus irrité
de cet acte juridique, leur jette l'épithète d'ingrats. Ils ri-
postent qu'il leur était difficile d'être ingrats, n'ayant encore
reçu ni faveur ni bienfait. — Vous n'êtes pas seulement des
ingrats, mais encore des tyrans. Moi, je suis aimé du peuple.
Il n'y a même dans le conseil que trois ou quatre qui s'op-
posent à mes desseins. -» La discussion s'échaufiTe ; les
propos désagréables continuent.
Enfin on se sépare et le conseil ordonne qu'il sera fait du tout
un procès-verbal qui sera inséré dans le livre des délibéra-
tions. On avait oublié d'inscrire les bulles de Montaigne; on
n'oublie pas de copier ce long factum.
KAYMOND Dt£ MONTAIGNE 85
L'évèque avait des partisans dans le conseil et il savait tout
ce qui s'y passait. Aussi on crut frapper un grand coup. Le
18 juillet, le premier échevin Dolives, rappelant les injures
« proférez par ledit sieur évoque », les mots ingrats et
tyrans, demande, « sy, attendu les contumélies et parolles
outrageantes proférées par ledit sieur évesque, le corps en
général et particulier se doibt deppartir de le visiter ; et sy
aucun en particulier ne se veult priver de le visiter, s'il pourra
assister aux délibérations.» C'était une atteinte flagrante portée
à la liberté individuelle. La passion ici dépassait les bornes.
Le sieur de Lalande, échevin, fait fort sagement observer que
cette proposition est un outrage aux membres de l'assemblée,
que c'est accuser de peu de fidélité les échevins, jurats et
autres officiers du corps de ville, « la charge et qualité relevés
dudit seigneur évesque ne pouvant que rendre lesdites visites
justes et honorables, » N'était-il pas possible de rendre de
telles visites « sans desseing d'y offenser l'intérest public? »
Donc, si Ton veut passer outre, il proteste de nullité, et se
pourvoira contre la décision.
Malfirré ces réserves, l'assemblée irritée déclare que qui-
conque ira chez l'évoque ne pourra plus prendre part aux
délibérations qui le concernent. C'était mettre Tévôché en
interdit ; l'évoque eut la pensée d'excommunier l'hôtel-de-
ville. Il se retint; même un peu après, il chercha à atténuer
ses paroles et à excuser ce qui avait pu blesser l'échevinage.
Le 12 août, le grand vicaire va au conseil. On a dit que
l'évêque avait traité les échevins d'ingrats et de tyrans ; il
n'a pas dit cela, « ains seulement avoit dict que cet empes-
chement estoit une tyrannique violance ; en quoy il n'a creu
rendre aucune offense auxdits sieurs du corps, desquels il
est serviteur. » Il ajoute que le chanoine Hirriard ayant re-
noncé à son opposition, l'obstacle à la construction du bâti-
ment n'existait plus; c'est pourquoi il priait « lesdits sieurs
de trouver bon qu'il continue son bastiment. » Le conseil
aurait dû être touché de cet acte> où le prélat, en réalité,
86 RAYMOND DE MONTAIGNE
s'inclinait et reconnaissait implicitement ses torts ; et il aurait
pu, oubliant des paroles blessantes ou des procédés trop
sommaires, accepter les excuses offertes et faire la paix. Il
n'en fut rien. Le conseil persista dans son opposition. Alors
révoque jugea à propos de céder pour un temps à Torage. Il
quitta Bayonne et son diocèse, et vint se réfugier dans sa
paisible maison de campagne de La Vallée.
La Vallée, paroisse d'Archingeay, canton de Saint-Savinien,
arrondissement de Saint-Jean d'Angély, était une agréable
résidence. Acquise par Charles Guitard, peu avant 1598,
12,000 livres, elle avait passé à son fils Jacques, puis à Mon-
taigne, au moins en partie. Raymond s'y plaisait. Elle lui
avait d'ailleurs coûté quelques ennuis, comme toutes ses
acquisitions et ses charges. Le 16 juin lôll^ Jacques Guitard,
son oncle, était mort. Par son testament du 30 janvier, il insti-
tuait son héritier en tous ses meubles, a acquêts et tiers de
patrimoine », Jacques de Lescure, conseiller au parlement de
Bordeaux, son cousin. Le 15 juin 1612, Jeanne Guitard, veuve
de Pierre Desbarre, conseiller an parlement de Bordeaux, y
demeurant ; Marie Guitard, femme de Jean Philippier, prési-
dent en l'élection de Saintes, faisant pour elle et pour autre Marie
Guitard, demoiselle, dame deLaToucherolle, puis pour René
de Lescure, écuyer, sieur du Breuil-Bastard, leurs cohéritiers
en la succession de Jacques Guitard, sieur des Brousses, de
La Vallée et autres lieux, se transportent à La Vallée pour en
prendre possession. Mais la place était prise. Raymond de
Montaigne s'y était installé, et n'entendait pas en sortir. En
effet, sa tante Jeanne Guillet, femme de Jacques Guitard, lui
avait légué « la tiers de tous biens antiens et patrimoniaux de
la communauté desdits Guitard et Guillet. » Il avait donc sur
cette terre des prétentions très légitimes. Aussi les pauvres
dames trouvèrent-elles tout hermétiquement fermé. En vain
elles frappèrent aux portes, appelèrent: rien ne parut. Pour-
tant à la fin, une fenêtre s'ouvrit. Une tête s'y montre. C'est
le jardinier. Mais il déclare « n'avoir charge de faire ou ver-
RAYMOND DE MONTAIGNE 87
faire d'icelle ni autre dudit logis, ains seulement avoir la
garde d'icelle, qui luy avait esté donnée par M. le lieutenant
général de Xaintes. » Impossible d'entrer. Les voilà bien
loties. Femmes d'un conseiller en la cour et d'un président ,en
l'élection, on refuse de les recevoir; elles sont forcées de se
transporter « en la basse court ». hSlles détëlent, mettent
« leurs chevaux en la grange dudit logis noble ». billes de-
mandent pour elles-mêmes asile au bordier, François Gi-
roisme, en sa maison, où, dit le procès-verbal, elles ont « beu
et mangé^ et en icelle faict plusieurs autres exploits, le
tout sans contredit aucun et en présence dudict Giroisme,
Suzanne Roche, sa femme, et André Giroisme, leur fils ». Le
bon tour que leur avait joué Raymond de Montaigne! Elles
n'en font pas moins actes de propriétaires, coupent de l'herbe
en un pré, ouvrent et ferment les portos, font du feu dans la
diambre du bordier ne le pouvant ailleurs, se promènent
dans les vignes, prés et garennes, et déclarent aux métayers
« qu'ils heussent à recevoir et reconnaistre désormais autre
sieur quelesdittes demoiselles et leurs cohéritiers ». Etienne
Dufaure, praticien à Bordeaux, Denis Moufïlet, sergent royal
à Saintes, signent la protestation. Puis en même forme l'on
prend possession de La Maisonneuve, de Goulon, de Grand-
maison, métairies dépendant de La Vallée: le 19, en l'île
d'Arvert, paroisse de Saint-Etienne, de plusieurs marais situés
dans les prises de Chateaupré, Laguillac, etc. De là procès.
En outre, Jacques de Lescure, par contrat passé le 24 dé-
cembre 1613, devant Dussault, notaire royal, avait cédé ses
droits sur La Vallée à Montaigne pour 70,8!^ livres. Mon-
taigne avait ainsi cinq parts sur neuf. Mais les héritiers lé-
gitimaires attaquaient le testament contre Lescure. Arrêt en
la chambre de l'édit de Paris, (7 juin 1614) qui les condamne
aux dépens. Armand Guitard, frère naturel de Jacques, élève
aussi des prétentions, prétextant des lettres de légitimation ;
mais il est débouté le 9 juillet 1616 et n'obtient qu'une pen-
sion de 400 livres jusqu'à sa mort(août 1633). Autre procès
SS a/lYMOND DB MONTAIGNE
entre les héritiers naturels de Jacques et l'évoque de Bayonne
pour le partage des biens patrimoniaux, d'autres encore dont
il serait trop long de rapporter tous les incidents'.
L'évoque de Bayonne, en attendant ce règlement définitif,
jouissait de Ln Vallée. Hélas î en jouissait-il ? Vieux lutteur, il
sentait le besoin du repos ; avait-il assez de forces pour en
goûter les douceurs ? On a de lui (18 novembre 1636) une
lettre trouvée par Tamizey de Larroque, adressé au duc
d'Epernon : « Monseigneur, disait-il, vous avez agréé ma re-
traite. Accusé par quelques personnes qui faisaient gloire de
mespriser l'église, et ne pouvant demeurer sans préjudicier
à mon caractère et à mes successeurs, j'ai jugé plus à propos
de me retirer que d'user en cette saison de Textresme remède
convenable au mal. Vous m'avez'fait l'honneur, monseigneur,
de vouloir prendre cognoissance de ce qui ^est passé par
delà ; sur quoy j'attendray vos commandements pour y rendre
entière obéissance sur ce subjectettous autres, comme estant
véritablement, monseigneur, votre très humble et très obéis-
sant serviteur.
R.... ev. de Bayonne.
« A La Vallée, ce 18 novembre 1636 ».
Cette lettre faisait prévoir une résolution définitive. Le
3 février suivant, a estant de présant en la ville de Saintes »
il se démettait de son évôché entre les mains du roi ; toutefois
1 Un arrAt du 7 septembre 1626 ordonne le partage des Brousses et de La
Vallée, où Montaigne aurait un tiers, plus deux sixièmes sur les deux autres
tiers, une restitution des fruits perçus depuis 1611. Nouvelle source de con-
testations, dont le pauvre évéque ne vit pas la fin. C'est son fils qui, le 17
juin 1638, en présence de François Chapus, ancien procureur au présidial,et
de Jean Oaboriau, juge d'office de la ch&tellenie de Neuvio et des Brousses^
demeurant à Beauvais-sur-Matha, par acte de Verjat, notaire, transigea avec
Jean de Li venue, chevalier, seigneur de Rivières, demeurant audit lieu, pa-
roisse de Saint-Thomas de SaintODge, ayant les droits de Marie Guitard de
La ToucheroUe, de Raymond Desmier, écuyer, seigneur du BreuiUBlanzac, et
des enfants de feu Christine de La Faye, femme de Daniel Desmier du Breuil-
Plessis, reçoit les 4 neuvièmes du patrimoine de Jacques Qui tard et la resii-
tation des fruits perçus, et accorde le reste aux autres. Le procès avait duré
Î9 ans. Un seul de ceux qui l'avait vu naître était survivant. Le combat ne
finissait pas faute de combattants ; mais peu s'en fallait.
RAYMOND DB MONTAIGNE 89
en renonçant aux dignités épiscopales, il songeait à son flls ;
c'est en faveur de Nicolas de Montaigne, son fils, clerc ton-
suré du diocèse de Saintes, qu'il les résignait. Mais ce fut
François Pouquet,le frère du fameux surintendant, que le roi
lui donna pour successeur, et qui, abbé de Saint-Sever, puis
en 1643 évêque d'Agde, archevêque de Narbonne en 1659,
mourut en 1673 à Alençon, où il avait été relégué par suite
de la disgrâce de son frère.
Raymond de Montaigne avait environ 50 ans. Il pouvait •
songer que sa vie avait été longue et bien remplie, et que la
fin devait en être prochaine. Neuf ans auparavant, le 18 août
16^, il avait écrit de sa main et signé son testament décou-
vert par M. Dangibeaud (voir page 43 de sa brochure) :
« Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Je Raymond de Montaigne, conseiller du rojr en ses con-
seils, et président de Saintonge, considérant que toutes person-
nes sont subjectes à la mort, dont Theure est incertaine, et
désirant, avant en estre prévenu, disposer de mes biens,
après avoir recommandé mon âme à Dieu, mon créateur,
à son cher Fils Jésus-Christ, mon rédempteur, qui a souffert
mort sur la croix pour mon salut, après avoir prié la sainte
vierge Marie, mère de mon Sauveur, et tous les esprits bien-
heureux, d'intercéder toujours pour moy particulièrement à
l'heure de mon trépas, ay fait mon testament en la manière
qui s'ensuit ».
En quelque bien qu'il décède il veut « estre porté et enterré
en l'église des révérends pères Récollets de Saintes, de la-
quelle je suis fondateur ». Il défend expressément toute pompe
funèbre et ne veut que « personne soit convié ou appelé
à ses funérailles, fors lesdits pères Récollets. » Il lègue ensuite
aux pauvres 300 livres, le jour de son enterrement, 300
le jour de la huitaine ; aux Jacobins et aux Cordeliers 1000
livres chacun à la charge d'une messe quotidienne pour lui et
les siens*; à l'hôpital Saint-Pierre de Saintes 300 livres.
« Le 13 septembre 1638, Jean Gandillaud, bachelier en théologie de la
faculté de Paris,cu8tode et gardien du couyent des pères cordeliers de Saintes,
90 RAYMOND DE MONTAIGNB
Quant à ses biens^ et ceux de Marie de Maulevaud, son
épouse, il institue son héritier universel son fils Nicolas de
Montaigne, qui devra payer à Anne de Montaigne, sa sœur,
15,000 livres en sus des 10,000 écus de sa dot et des 2,000 écus
de bagues et joyaux ; 2,000 livres à Raymond Gombaud, filleul
de Raymond de Montaigne et fils de Marguerite de Navailles,
et 30 livres à chacun de ses valets. Tout était donc réglé.
Dans les premiers jours de mars 1637 il expira ; « Defunctus
mensi martis anni 1637 »j dit le Gallia.
Le 20, le chapitre de Rayonne, « adverti que le sieur évesque
est déceddé en Xaintonge », fit célébrer pour lui une messe
de Requiem, à l'issue de laquelle on se réunit pour nommer les
administrateurs du diocèse, 5«rf^ vacante. L'acte capitulaire,
où assistaient douze chanoines : Pierre du Vergier, a leur
ancien, » Pierre de La Clau, Arnault et Rertrand de Haiet,
Pierre de Hiriard, Pierre Goubert/Jean de Laborde, Michel
d'Oihérard, Robert de Lane, Jean du Vergier de Hauranne,
Jean de Lissalde et Martin de Laségue, non compris deux
prébendiers Jean de Lalande et Jean de Labourdette, prêtres,
n'exprimait ni un regret^ ni un éloge ; c'est sec comme un
procès-verbal ; et peut-être les chanoines ne tenaient-ils pas à
dire le contraire de leurs pensées^
D'après, en effet, tout ce que nous venons de raconter, il
est aisé de voir que, magistrat ou évoque, Raymond de Mon-
taigne fut un homme peu aimable. On disait de Gaton qu'il
reconnaît avoir reçu de Nicolas de Montaigu, abbé des AUeaz, 50 boisseaux
de grain, mesure de Saint-Savinien, 25 de froment, 25 de mesture, à valoir
sur la somme de 300 livres dues au couvent pour quatre années, à raison de
75 livres par an, pour une messe basse célébrée chaque jour au couvent sur
la recommandation de Raymond et de Nicolas de Montaigne. U reconnaît en
outre avoir reçu une chasuble noire estimée 18 livres, que Nicolas de Mon-
taigne doit pour une vieille chappe de velours noir qui avait été prêtée le
jour de l'enterrement de Raymond de Montaigne et qui fut perdue.
* Tout ce (j^ui est dit ici de Bayonne me vient des communications que m*a
bien voulu faire M. Tarchiviste Dulaurens.il m*a très obligeamment transcrit
les textes. Je lui envoie mes plus affectueux remerelments.
RAYMOND DB MONTAIONB Dl
avait porté à la noblesse des coups qu'elle lui avait rendus. Si
Montaigne eut à souffrir de ses ennemis^ il sut bien leur faire
payer les tracasseries, dent pour dent, procès pour procès.
Il serait difficile de juger ici Raymond de Montaigne, magis-
trat et homme d*Église. Sans doute il remplit ses fonctions de
judicature avec zèle, avec loyauté, avec justice; le mandat de
député du tiers aux états généraux est une preuve qu'il avait
su gagner Testime, la considération générale à Saintes et dans
la province de Saintonge. On a vu le rôle important qu'il joua
à ces assemblées en 1614, saluées de tant d'espérances,* finale-
ment si stériles au moins en résultais immédiats. Saintes lui
doit la fondation du couvent des Récollets ; et Tabbaye de
Sablonceaux, des réparations trop tôt interrompues par son
départ. Gomme évoque, il ne paraît pas avoir laissé, sinon
dans son diocèse^ au moins à Rayonne, un souvenir aussi
universellement respecté. Son administration, d'ailleurs, fut
courte et presque continuellement entravée. Au point de vue
où les choses en étaient venues, il parait difficile qu'il eût pu
désormais faire beaucoup de bien. Qui eut tort dans cette
petite guerre qu'on pourrait»appeler les querelles de rue mi-
toyenne? Nous n'avons pas toutes les pièces; nous n'avons
môme entendu presque qu'une des parties. Gomment notre
jugement pourrait-il être éclairé ? Mais il nous paraît qu'il ne
fut pas comme chef du diocèse ce qu'il avait été comme pré-
sident de la sénéchaussée. Habitué aux formes rigoureuses
de la justice, ne regardant que le droit strict, homme de loi,
peut-être ne vit-il pas que la position d'un pasteur d'âmes
n*était pas celle d'un président de tribunal, et que si l'un doit
être avant tout Tesclave de la lettre, l'autre doit être surtout
l'interprète de l'esprit. « Il ne faut pas, écrivait l'auteur des
Essais, il ne faut pas appeler debvoir, comme nous faisons
tous les jours, une aigreur et une intestine aspreté. » Sa mis-
sion était toute de douceur et de conciliation. Quand même il
eut ea raison, quand même la jurisprudence et les textes
fussent-ils poilr lui, il eut plus gagné à ne point montrer tant
'j
92 RAYMOND DE MONTAIGNE
d*exigence. Je sais bien que Michel de Montaigne l'a dit :
« Et est opiniastreté sœur de la constance, au moins en
vigueur et fermeté ». Mais la fermeté n'est point faiblesse ;
elle n'est pas non plus entêtement. Des paroles malsonnantes,
des expressions peu gracieuses, des procédés un peu rudes
ont dû blesser des esprits déjà peu bienveillants. Voilà pour
un côté.
Ce qui atténue singulièrement les torts du prélat, c'est la
conduite du corps de ville, mettant pour ainsi dire son évoque*
en quarantaine, interdisant la porte de sa maison aux
membres du conseil ; c'est leur refus d'entrer en accommo-
dement, quand le pontife s'inclinant relire, en les expliquant,
les termes qui avaient choqué les susceptibilités des échevins,
et leur demande de cesser une opposition dont le prétexte
avait disparu. Cette humilité, cet aveu répare bien des paroles
vives. Il faut tenir compte aussi de l'esprit de corps. Le pou-
voir municipal se dressait encore debout devant tout autre
pouvoir. Il n'y avait pas longtemps que Richelieu avait
dompté la fière cité de Guiton ; les villes étaient encore fort
jalouses de leur indépendance ; et, n'ayant plus à guerroyer
contre l'ennemi extérieur, elles bataillaient volontiers contre
quelque rival d'influence ou d'autorité à l'intérieur. Le pré-
texte en était assez mesquin ; évidemment on l'avait cherché.
Une part, et assez large, de responsabilité dans ces dissen-
sions fâcheuses retombe donc sur l'échevinage de Bayonne,
Enfin, ce qui prouve encore qu'il y avait là, avant tout, un
froissement d'amour-propre local, c'est l'amitié que témoi-
gnaient à M«' de Bayonne un certain nombre môme de jurats
et d'échevins ; ce sont les égards qu'eut pour lui le comte de
Gramont, maire et gouverneur de la ville, l'approbation que
semble lui avoir donné le duc d'Epernon, et enfin l'aflFection
qu'avait pour lui le peuple. Toutefois, j'aurais voulu que Ray-
mond de Montaigne, avant ses démêlés avec le corps de ville,
eut relu le ch. 29, liv. I, de son oncle breton, delà modération :
« On peult et trop aymer la vérité et se porter excessivement
RAYMOND DE MONTAIGNE 93
en una action juste. A ce biais s'accommode la voix divine :
« Ne soyez pas plus sages qu'il ne fault, mais soyez sobrement
« sages... » J'ayme des natures tempérées et moyennes ;
rimmodération vers le bien mesme, si elle ne m'offense, elle
m'estonne et me met en [jeine de la baptizer... L'archer qui
ouUrepasse le blanc, fauU comme celui qui n'y arrive pas »
A ces défauts de caractère, Raymond de Montaigne unissait
d'excellentes qualités. Il eut des amis môme dans ce présidial
que ses façons un peu autoritaires indisposaient ; le duc
d'Epernon le patronnait, le cardinal de Richelieu le fît évêque.
Celui avec lequel il semble avoir eu le plus de relations est
Nicolas Pasquier, Pasquier, lieutenant général à Cognac,
Pdsquier, maître des requêtes, Pasquier, seigneur de Maixne
et de Balanzac, Pasquier, l'auteur du Gentilhomme et des
Remontrances, Nicolas Pasquier enfîn, le fils d'Estienne Pas-
quier ; relations de voisinage, relations d*état, relations de
lettres. Estienne Pasquier écrivait à Pelgé de Michel Eyquem
de Montaigne, l'auteur des Essais, (lettre 1", livre XVIII,
t. II de ses OEuvreSy p. 517) : « Nous estions, luy et moy, fa-
miliers et amis par une mutuelle rencontredes lettres. Fusmes
ensembiement en la ville de Blois, lors de cette fameuse as-
semblée de trois estats de l'an 1588. » Ce que le père disait de
Michel de Montaigne, le fils, Nicolas Pasquier, le pouvait à
peu près répéter de Raymond de Montaigne. Je ne sais si
c'est « une mutuelle rencontre de lettres » qui rendit « fami-
liers et amis » Nicolas et Raymond. Je ne crois pas que Ray-
mond de Montaigne' ait jamais rien écrit, pas même des
Lettres ou des Remojitrances. Mais le voisinage et la commu-
nauté des fonctions devaient réunir le lieutenant général de
Cognac et le lieutenant général de Saintes.
Tantôt à propos de ses procès il lui adresse des doléances
un peu banales sur la prospérité et l'adversité (liv. 1*% lettre
X, p. 1086.) Tantôt à l'imitation d'Estienne qui avait jugé les
£ssâfîs et l'auteur des Es5ai5, il vante en bons termes la richesse
de la langue française fliv. Vil, lettre 1^% p. 1283) : « Laissons-
TOM XVI —NOTICES = XVI* ANNÉE, 3'-4« LlV. 8
94 RAYMOND DE MONTAIGNE
là, dit-il, laissons-là la Grecque et la Latine ; esludions d*ac-
croistre et abonir la nostre, qui court aujourd'huy par
toute l'Europe ; trouvons mots nouveaux, courts, doux
charnus et nerveux, bien recherchez et eslabourez, faisans
renaistre et resusciter ceux qui ont esté dès-pieça délaissez;
rappelons-les ; lesquels remis en usage auront plus de grâce
et de goust, pour estre sortis de nostre ancien estât, que ceux
que nous avons empruntez des nations estrangères. Si d'a-
venture nous n'en avions pour exprimer ce que nous vou-
lons traiter ou représenter, lors transplantons chez nous,
adoptons et naturalisons les estrangers les plus propres, et
mieux sonnants aux oreilles. » Un siècle plus tard, Pénelon
dira exactement la môme chose dans sa Lettre à r Académie.
Puis il célèbre le soin qu'avait son père de polir et repolir ses
œuvres (liv. Vil, lettre IX, p. 1309) : « Vous avez raison de
dire que le livre des Recherches de la France de feu mon père
est un ouvrage plein, solide, bien élabouré, et escrit d*un
haut sens, avec un beau et fluide langage, lequel il a enrichy
de mots propres et épithMes non oisifs. , , » Voici (livre IX,
lettre P*, p. 1361) un résumé historique des guerres de Reli-
gion : « Vous désirez que je vous écrive d'oti dérivent ces
mouvemens contre ceux de la religion prétendue réformée. »
Voici (liv. IX, lettre II, p. 1369). à la suite de la première ses
craintes sur « les malheurs qui peuvent arriver des confisca-
tions que le roy donne pendant la guerre. « Je prévoy qu'il
naistra de grands malheurs des confiscations que le roy
donne tant des biens des bourgeois de La Rochelle, Saint-
Jean et autres places, que de ceux qui s'y sont retirez, et de
la forme du serment qu'on tire des personnes de la religion
prétendue réformée qui n'ont bougé de leurs foyers w
Puis, c'est la prise de Saint-Jean d'Angély en 1621 par Louis
XIII (livre IX, lettre 3, p. 1370) ; un voyage où il a eu beau-
coup à souffrir de la neige, présage évident et certain de
quelque événement fâcheux (livre III, lettre XI, p. 1179),
c'est la disgrâce du maréchal d'Ancre qu'il raconte fort au
RAYMOND DB MONTAIGNE 95
long, non sans maltraiter beaucoup le favori tombé (livre VI,
lettre XVI, p. 1273) : « Oyez comme Dieu se joue des grands
par le discours de la naissance, du progrez et du couronne-
ment de la fortune du maréchal d'Ancre :
Celsa mentis ab arce
Despicit errantes, humanaque gaudia ridet. >
Nicolas Pasquier, qu*ii habitât soit Cognac, son poste judi-
ciaire, soit Balanzac, sa seigneurie, où il mourut, n^était guère
qu'à 25 ou 12 kilomètres de Saintes, et il y venait souvent, bien
que les maisons, dit-il, y soient « recluses et pressées » et
que Tair n'y pénètre que « puant et rance ». En novembre
1626, il y signe un contrat d'acquisition avec Jean de La*
vergne, chanoine ; en mai 1628, avec Joseph de Navailles,
écuyer, seigneur de Roustan, neveu de Raymond de Mon-
taigne. En 1629, on trouve une déclaration de Laurens Queu,
écuyer, sieur de Chatelars, et Nicolas Pasquier, écuyer, sei-
gneur de Mainxe et de Balanzac, à Jean Aymar, garde des
sceaux au présidial de Saintes. Il écrit (lettre I'*, livre I") :
« Je me souviens des discours qui se tindrent, il y a quelque
temps, chez vous, des langues française, grecque et latine. »
Pasquier ne négligeait aucune occasion d'envoyer quelques
feuilles de papier à son collègue ; tantôt il disserte pour lui sur
la paix qui doit régner entre les diverses religions (livre X,
lettre X, p. 1439); sur la tolérance qu'on doit employer à
l'égard des dissidents (livre IX, lettre XI, p 1385), sur la né-
cessité de faire la paix (lettre X, liv. IX, p. 1383) ; tantôt il lui
prouve l'influence de la lune sur les animaux et les hommes
(liv. IX, lettre XIV, p. 1391) : « Que chacun en ce monde parti-
cipe de la lune. »
Certainement pour avoir un tel correspondant Raymond de
Montaigne n'était ni sans valeur, ni sans cœur.
Il fut inhumé à Saintes, chez les Hécollets, comme il l'avait
demanidé, là où il avait été sacré. Eut-il des funérailles digties
9(i) RAYMOND DE MONTAIGNE
d'un évêque, lui qui avait voulu être enterré sans pompe ? Je
rignore, mais je sais qu'on eut besoin de chapes ; on en em-
I
prunta une aux cordelîers ; même elle fut perdue et son fils
dut la payer 30 livres, encore était-elle vieille et usée.
Raymond de Montaigne repose encore dans le caveau où il
fut déposé II y est avec trois autres tombeaux, comme l'a ra-
conté un vieillard qui les avait vus jadis.
L'éçlise à la Révolution fut confisquée comme bien national.
On ne songea sans doute pas à en fouiller le sol ; d'autant que
construite depuis un siècle et demi et pour des religieux elle
n'avait rien qui tentât la cupidité. Elle devint le club des amis
de la Constitution ; Ton y installa solennellement, en 1791, le
buste de Mirabeau, ancien sous-lieutenant en garnison à
Saintes, après une procession triomphale où parada l'évoque
constitutionnel Isaac-Etienne Robinet avec tout son clergé.
Pierre Garesché de la Parée en fut propriétaire ; puis elle
fut halle aux bouchers, puis salle de réunion, gymnase ; elle
est aujourd'hui une imprimerie. Des presses typographiques
fonctionnent sur le cadavre de ce magistrat batailleur et de
ce prélat peu endurant. Il dort là son dernier sommeil au
bruit de la vapeur qui les meut. C'est un repos agité qui con-
vient bien à celui qui s'est tant remué pendant sa vie. Le
papier, qu'il a si passionnément aimé, se déroule chaque jour
sur sa tête. Les fils de ceux qu'il a tracassés de ses procès
incessants, toujours renouvelés, « immortale jeciir », l'un re-
naissant de l'autre, passent près de son tombeau et nul ne
sait qu'il est là. Il manque un trait au tableau ; que ces pages
écrites pour lui, près de lui, presque sur sa sépulture que
j'ai révélée, n'aient pas été imprimées par ces machines qui
s'agitent sur lui.
(Fin) Louis AuDiAT.
LA MÈRE BERTHELOT
ET LB
COUVENT DES LRSULINES DE NANTES
(.9u((e'J.
CHAPITRE
; VI
icial
ion poi
r[*8 coni
Ire dix religiousea ur
lulinM du coi;
ivent de Nantei. —
estatio
n et leur emprlsonnemeiit >u
Bon-Paateur.
— Leur compiTu-
idev
anilo
tribunal
Leur condamnation i garder prl-
ju«luà 1.
pali.
L'immolatioD de la mère Berthelot n'avait pas épuisé tous les
traiU de la persécutioii révolulionaaire contre les Ursullnes de
Nantes. Une dizaine d'enlre elles, dont la supérieure, la mère Da-
voynes, vivaient cachées dans différents quartiers de la ville. Quoi-
qu'elles ne menassent pas de bruit, elles ne réussirent pas k se faire
oublier. Dénoncées au Comité révolutionnaire, comme réfractaireA
au serment, et, partant, comme de mauvaises citoyennes capables
de compromettre la paix publique, elles furent envoyées au Bon*
Pasteur, prison spécialement affectée aux femmes.
Un premier ordre d'écrou, du i" floréal an 11, ao avril 1794,
•igoé Bachelier, GraadmaiBoa.Gaullierpère, et Bollogniel, membres
■ Voirl» H>rai«on d« jaaTier'HTrierltDO.
98 LA MÈRE BKRTHBLOT
du comité révolu tioDDaire concerne les nommées : i* Marie Raymond,
a"" Marie Roberderie, 3** Françoise Ripnault, 4* Anne David, 5"* Mar-
guerite Bontan^ 6^ Anne Launay, 7* Louise Lasalle, 8*" Perrine
Perrochaud domestique, toutes de l/ai , ci-devant communauté des
Ursulines de Nantes^ non assermentées.
Un second ordre, portant la même date, ce qui semblerait in-
diquer que celles-ci ne furent pas arrêtées avec les autres, signé
également de plusieurs membres du Comité révolutionnaire con-
cerne : 1^ Anne Davoynes, ex-supérieure de la ci-devant commu-
nauté des Ursules de Nantes ; a*^ Louise Bourdin, 3* Angélique
Marchand, 4« Françoise Judalet, autres ursulines de Nantes, non
assermentées et fanatiques'.
A ce moment diverses causes atténuaient d*une façon très sen-
sible l'ardeur des terroristes. Chaux et Goullin é\aient absents de
Nantes, et la Société populaire, privée de ses deux meneurs,' était
inquiète et émue des attaques dirigées contre le Comité révolution-
naire. Les représentants en mission, envoyés pour remplacer Car-
rier^ qui avait fatigué par ses excès les sans-culottes les plus exces-
sifs, étaient eux-mêmes disposés à une certaine tolérance. L^ a8 ger-
minal, 17 avril 1794, dix-huit religieuses de Vannes, de Guérande,
du Croisic, dont plusieurs ursulines du .couvent de Guérande,
traduites devant le tribunal révolutionnaire, comme suspectes et
n'ayant pas prêté le serment, avaient été simplement condamnées
à rester jusqu'à la paix en état d'arrestation* .
Les onze ursulines de Nantes et Perrine Perrochaud, tourière,
qualifiée domestique, comparurent le a3 floréal an II, la mai 1794,
devant le même tribunal et ne furent pas condamnées plus sévè-
rement que leurs sœurs de Guérande.
Au nom du peuple français.
« Le q3 floréal an II (la mai 1794), les juges formant le tribunal
révolutionnaire du Département de la Loire-Inférieure^ séant à
* Regi8tr« d^écrou da Boo-Pastear (Archives du greffe), bur ce registre les
noms sont mal orthographiés ; ils sont écrits ci-dessus comme ils devaient
rôlre.
ET LK COUVENT UKS URSULINKS DB NANTES Ô9
Nantes, après avoir entendu Lecoq. accusaleur public daaa ses
accusations contre :
« i^ Anne Davoynes^ religieuse et supérieure des Ursulines de
Nantes, native de la commune de (illisible) en Anjou, 7a ans ;
— a' Louise Hourdin, native de Palluau, 64 ans, religieuse ursu-
line; —3* Françoise Benoalt, native du Gap, 71 ans, id. ; —
4* Angélique Marchand, native de Nantes, 35 aus^ id. ; — 5*^ Ma*^
rie Raymond, native de Noirmouliers, 70 ans, id. ; — 6^ Anne Laa-
nat/, native de Fougeray, (lUe-et-Vilaine). 53 ans ; — 7* Marie Bo-
berderie, native deCasson, district de Nantes, 57 ans ; — 8*" Louise
Lasalle, native de Blain, 47 ans ; — 9^ Marguerite Bonlan, native
de Nantes, 58 ans ; — 10* Anne David, 33 ans, native de Marsac,
district de Biain ; — 11* Françoise Judalet, de Plessé, district de
Blain, 63 ans.
tt Les toutes ci-devant religieuses de la communauté des Ursulines
de Nantes, et Perrine Perrochaud, âgée de 4o ans, native de Legé^
doaiestique des ci-dessus dénommées^ les toutes présentes; ces
dernières dans leurs interrogatoires, et Lecoq dans ses conclusions,
chaque juge ayant donné son avis séparément et à haute voix, le
président a prononcé le jugement qui suit :
tt Le Tribunal, considérant qull est appris par les aveux des onze
accusées qu'elles ont constamment refusé de prêter le serment
prescrit par la loi du i4 août 179a (style esclave) et par celle du
9 nivôse, suivant l'article 3 de cette dernière loi, les déclare sus-
pectes, et comme telles ordonne qu'elles demeureront en état d'ar-
restation jusqu'à la paix ; que celles qui avaient des traitements ou
pensions, en demeurent privées^ même de ce qui pourrait leur être
dû jusqu'à ce jour ; et que pour valoir et servir ce que de raison,
expédition du présent sera adressée au Département.
tt Et, relativement à Perrine Perrochaud considérant que cette
dernière est attachée au service des ci-dessus dénommées depuis
huit ans, et que, quoiqu'elle ne soit pas sujette au serment, lors de
son interrogatoire, elle a approuvé le refus de serment des autres
accusées, en disant que, si elle était dans le même cas, elle ne le
* La Justice révolutionnaire à Nantes et dans la Loire- Inférieure, p. t3.
100 LA MÈRE BBRTHBLOT
prêterait pas, la déclare suspecte, et, comme telle, la condamne à
rester en état d'arrestation jusqu'à la paix.
« Fait en l'audience où présidait Lepeley et assistaient Pellerin,
Lenormand et Davert, juges dudit tribunal.
Ce jugement fut le dernier rendu par le tribunal révolution-
naire.
Le lendemain, a4 floréal, i3 mai 1794, ie tribunal révolutionnaire
de Nantes recevait le décret de la Convention du 19 du même mois
portant que les tribunaux et commissions militaires établis dans
quelques départements, par les arrêtés des représentants, étaient sup-
priméS; et qu'il ne pourrait en être établi qu'en vertu d'un décret
delà Convention. En conséquence, et après avoir consulté le rçpré-
sentant Prieur de la Marne, le tribunal révolutionnaire déclara
qu'il cessait ses fonctions. Tous les accusés de crimes contre révo-
lutionnaires devaient être conduits à Paris.
Quelques semaines encore et l'arrestation des membres du Comité
révolutionnaire délivrait la ville de Nantes de l'oppression de la
terreur^ alors qu'au contraire, à Paris, l'application de la loi du 2a
prairial la porterait à son apogée.
ET LK COUVBNT 0K8 UHbUI.INES UE NANIES 101
CHAPITRE VII
Envoi de dix religieuses au SaniUt. — Mort de la mère Davoynes durant sa
captivité. — Extrait de son acte de décès. — Payements partiels de leurs pen-
sions faits aux religieuses en présence dé leur extrême détresse — Conditions
exigées pour obtenir de légers à-comptes. — Quelques souvenirs sur la vie
de plusieurs religieuses durant leur dispersion. — Projet de reconstitution du
couvent favorisé par Mi^* Laetitia Bonaparte à la fin du Consulat. — Décret du
9 avril 1806, autorisant les religieuses survivantes à reprendre la vie com-
mune et la pratique de leur règle. — Achat de Tancienne maison dite le
Séminaire de Saint-Clément. — Réunion des religieuses dans cette maison. —
Reprise de la vie claustrale et de la pratique de renseignement des jeunes
filles.
En marge du livre d'écrou du Bon-Pasteur on lit que les reli-
gieuses et la sœur tourière, avaient été transférées au Sanitat le
la floréal, i'^ mai. C'était un traitement de faveur. Tandis que les
autres hôpitaux et prisons de Nantes, étaient tombés, par l'efiet de
l'incurie et de la trop grande agglomération, dans un état de désor-
ganisation et de malpropreté lameti tables, seul, Thospice du Sanitat,
dont une partie avait été convertie en prison, avait continué d'être
tenu avec ordre et régularité. Ce résultat, merveilleux dans un temps
où l'anarchie paralysait tous les services publics, avait été l'œuvre
très méritoire de la supérieure et d'un administrateur de cet hos-
pice, madame Anne- Victoire Mazeau, et M. Drouin. M"" Mazeau,
religieuse ursuliue de la Davrais, près d'Ancenis, sortie du cloitre
le 10 août 17921 après vingt-deux ans de profession, avant de deve-
nir supérieure du Sanitat, avait certainement prêté le serment,
puisqu'elle favorisa l'exercice du culte constitutionnel dans la cha-
pelle de rhospice, transformée en la paroisse de Notre-Dame de
Ghézine. U. Dfouin était un propriétaire patriote d'opinions mo-
dérées. Tous les deux déployèrent dans l'administration du Sanitat,
durant la période si difficile de la Terreur à Nantes, un dévouement
et une énergie vraiment rares.
102 LA MÈKh. BHKIUELOT
La disparition des registres d'écrou de la prison établie au Saoi-
tat ne permet pas de déterminer la durée de la détention des onze
ursulines condamnées à garder prison jusqu'à la paix. La mère
Davoynes y mourut le ag thermidor an II, i6 août 1794. A cette
date, sur le registre de la Section Voltaire et Brutus, v* 16, précé-
demment dite Sanitat-Hermitage, se trouve la déclaration par le
sieur Brisart, tenant les écritures de Thospice de la Réunion (nou-
veau nom donné au Sanitat), du décès d'An ne-Thérèse Davenne^
âgée de 7a ans, supérieure des Ursulines de Nantes, morte le ma-
tin ; témoins : sœur Hélène, 60 ans, et Marie Légal 63 ans, infir-
mières audit hospice.
Pour la régularité des comptes^ car à ce moment il ne pouvait
être question de faire restituer la moindre obole à des malheureuses
qui ne possédaient rien, et dont les pensions avaient été supprimées,
le Département, le 37 messidor an II, i5 juillet 1794, rappela dans
une longue délibération, tous les arrêtés qui avaient été pri«, les
deux années précédentes, relativement aux Ursulines, et conclut en
ordonnant au District de représenter tous les titres, actes, papiers
ayant appartenu à la ci-devant communauté des Ursulines « pour,
passé de ce, être statué ce qu'il sera vu appartenir. »
L'état d'extrême pauvreté auquel étaient réduites la plupart des
religieuses en décida quelques-unes à adress r une demande de
secours à ladministration. Cette requête parvenue aux représentants
alors en mission à Nantes fut exaucée, et un arrêté du 9 floréal an
III, a8 avril 1796, signé de Ruelle et de Chaillon, ordonna de re-
mettre, à titre de secours, une somme de trois cents livres, une fois
donnée, à toutes les religieuses insermentées qui se trouvaient dans
le besoin.
La loi du 11 prairial an III, 3o avril 1795, abolit l'obligation du
sermect, et la remplaça par une simple déclaration de soumission
aux lois de la république*.
Puis vint la loi du a4 messidor an III — i a juillet 1796, qui ren-
dit aux (( personnes du sexe attachées aux ci-devant communautés
ï Art. 5. Duvergier. Coll. des lois, !'• édil. t, Vlif. p. !*»9.
KT LE COUVKNT UKS UR8ULINBS DE NANTES 10^
cODgrégations ou hôpitaux, leurs pensions ou retraites » sous la
condition de faire cette simple soumission' .
Ce décret parait élre demeuré sans effet. Les Conseils du direc-
toiie, par une résolution du lo messidor an IV, a8 juin 1796*1 exi-
gèrent, pour le payement des pensions aux ci-devant religieuses, la
justification du serment de la liberté et de l'égalité qui avait été
imposé à tous les pensionnaires de l'état par décret du i4 août
179a {seulement il ne serait pas exigé qu'elles l'eussent prélé en 179a-
Enfin la loi du i4 fructidor an IV, 3i août 1796, assura, pour
lavenir seulement, le payement des pensions moyennant la simple
soumission aux lois de la république'. Plus tard une loi du 5 prai-
rial an VI, a4 mai 1798, apporta quelques restrictions au payement,
et déclara que ces pensions seraient réduites en proportion des
ressources qui étaient échues aux religieuses, ou qui leur écher-
raient à Tavenir^.
Les pensions payées se réduisaient d'ailleurs à fort peu de chose
par suite de la prétention des receveurs de District d'en payer la
plus grande partie en assignats ou autres valeurs dépréciées, et une
toute petite partie de numéraire.
Quoique dispersées, les Ursulines s'étaient donné une supérieure^
la mère Guerry de Lavergne. Cette religieuse, autorisée de M'' Du-
voisin, se décida, au mois de mars 1806, à entreprendre le voynge
de Paris, avec la mère Dupont, pour solliciter de l'Empereur l'auto-
risatlon de reconstituer la communauté. Par la protection du car-
dinal Caprara, ces dames obtinrent une audience de M°^* Mère
Lœlitia, qui les accueillit avec bienveillance.
Le décret d'autorisation fut signé le 9 avril 1806.
Quelques religieuses, notamment la mère O'Dlelte, la mère Si-
mon, et la mère Luzeau du Ravenel, avaient ouvert des pensions,
1 Mdme Collection, t. VlU, p. 12^.
* }lème Collection, t. IX. p. 13^. L« serment de la liberté et de légalité
n^avait pas été considéré comme an «ermeni schismatique. Les prôtres l«s
plus orthodoxes avaient aussi fait ac(e de soumission aux lois de la répo*
b.iqae. •
• Mente Collection IX. U9.
*T. X, p. 34?.
104 LA MÈRE BERTHKLOT
OÙ les familles les plus respectables de la ville s'étaient empressées
d'envoyer leurs jeunes filles.
De retour à Nantes, mère Guerry de Lavergne acheta, en son
propre et privé nom, l'ancienne communauté des prêtres de Saint-
Clément, où les prêtres refractaires avaient été enfermés du 7 juin
au 16 août 1793^ et qui était plus tard devenu Fhôpital de la Mon-
tagne. Plusieurs dames et demoiselles, anciennes élèves de la com-
munauté s'empressèrent de venir en aide à la mère Guerry de
Lavergne^ notamment M"" Archer, Leloup de la Biliais, de Tre-
velec, de Laloge Latouche, et surtout M°^* de Martel. \
Le a5 juin 1806, les membres de l'ancienne communauté, dont
le nombre n'était plus que de vingt, rentrèrent dans le nouveau
local, que la communauté n'a pas quitté depuis lors, et qui^ par
suite d'acquisitions, a été beaucoup augmenté. Une très belle cha-
pelle a été construite. Le pensionnat tenu par ces dames est nom>
breux et prospère. Les familles les plus respectables de la ville de
Nantes y envoient leurs jeunes filles.
Alfred Lallié^
Dictionnaire des ordres religieux d'Helyot, collection Migne,
p. 8i4 : %
Décret du 9 avril 1806.
« L'association religieuse des dames charitables connues sous
le nom de dames de Sainte-Ursule dites Ursulines, et qui a pour
but de former gratuitement les jeunes filles de la classe indigente
aux vertus chrétiennes et aux devoirs de leur état est provisoirement
autorisée. Elle est placée, pour sa discipline intérieure, sous la sur-
veillance des évêques diocésains. Les statuts de cette association
soumis à notre approbation impériale seront vus et vérifiés en con-
seil d'Etat sur le rapport de notre ministre des cultes ; ils y seront
portés dans les six mois qui suivront le présent décret.
L'association des dames de Sainte-Ursule pourra admettre de
nouvelles associées, en se conformant aux lois de l'Empire qui
proscrivent les vœux perpétuels. Quand les dames de Sainte-Ursule
ET LK GOUVBNT DKS URSULINES DE NANTIES 105
voudront se réunir dans une commune, elles exposeront au préfet
du déparlement qu^elles désirent profiter du bénéfice de notre pré-
sent décret, et, elles lui transmettront copie de leurs statuts signée
iDdividuellement de chacune d'elles, et que Févêque du diocèse
c:ertifiera être conforme aux statuts généraux soumis à notre ap-
probation ; le préfet du Département en donnera avis à notre
ministre des cultes ainsi que des mesures d'exécution qu'il aura
jugé devoir prendre. »
PRRUVES DE NOBLESSE
DEMOISELLES DU POITOU
Reçues dans la Maison Royale de Saint-Louis
A SAINT-CYR
DE 1686 A 1793
Extraite* de» Manuteriti; eonteruit à Paru, à la Bibliolhèqae
Nalionate et pabliéfi avec âei nolet.
Par le Vicomte Paul de CHABOT
(Suite'}
DE BUSSY'
Preuves de la noblesse de demoiselle Marcuebite-LouiSB de
Bussy. agréée par le ftoi, pour être admise au nombre des fiUes
demoiselles que Su Majeslé fait élever, dans la maison royale de
Saint-Louis, fondée, à S»inl-Cyr, dans te parc de Versailles ; mai
/757.
Armes : de sable, à un aigle d'or, êployé^.
Premier degré : produisante,
Harguerite-Iiouise de Bussy, 1746.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Pierre du Marché de Loudun.diocèsede Poitiers, portantque
Marguerite-Louise, fille de m" François-Louis-Marc-Antoine
> Voir U faicicule de jan*i«r-râvrUr 1900.
• Bibl. Nat. Cati des niret, vol. J09. p. S3.
■ Allas : de sable, à l'aigle à deux Utes d'or. (B.-F.)
PREUVICS DB NOBLESSE DES OEMOISlfiLLBS DU POITOU 107
de Bussy, chev., sgr de Bizay, capitaine au régiment de Gu-
yenne, et de dame Louise-Antoinette dé Fargeon, sa femme,
née le 28 août 1746, fut baptisée le lendemain. Cet extrait
signé : Gogué, prêtre, chapelain de ladite paroisse, et légalisé.
Deuxième degré : père et mère.
François-Louis-Marc-Antoine de Bussy, sgr de Bizay ;
Louise- Antoinette Fargeon, sa femme, 1745.
Contrat de mariage de m'* François'-Louis-Marc- Antoine de
Bussjr, chev., sgr de Bizay, capitaine au régiment de Guyenne,
fils de M'* François-Marie-Antoine de Bussy, chev., sgr châ-
telain de Biza3^ etc, et dedame Marguerite Le Doux, sa femme,
accordé, le 21 avril 1745, avec demoiselle Louise- Antoinette
Fargeon', fille de m" Lambert Fargeon, éC s^ de Laloure et
de feue noble dame Marie-Louise Valette des Plans. Ce
contrat passé devant Vézian, notaire, à Montpellier.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Pierre du Marché de Loudun, portant que François-Louis-
Marc- Antoine , fils de François-Marc- Antoine de Bussy,
éc^ s^ de Bizay, et de dame Marguerite Le Doux, sa femme,
fut baptisé, le 27 novembre 1712. Cet extrait signé : Gogué,
prêtre, chapelain de ladite paroisse, et légalisé.
Troisième degré : aïeul bt aïeule.
François-Marc-Antoine de Bussy ; Marguerite Le Doux,
sa femme, 1711.
Contrat de mariage de m''* François-Marc-Antoine de
Bussy, chev., sgr de Bizay, fils aîné de m" Marc- Antoine de
Bussy, chev., «sgr de Bizay et de dame Marie Durson, sa
veuve, accordé, le 9 février 1711, avec demoiselle Marguerite
> n fut fait comt^, par le Koi pour représenter le parrain de Tune des filles
de Louis XV, baptisée à Fontevrault et il dat cet honneur à l'amitié qu'a-
▼ait pour lui l'alibesie de ce monastère {B,-F.)
• Elle fut guillotinée, à Paris, le 9 floréal an II. (Î8 avril 1794). (/>.-P.)
108 PHEUVKS DE NOBLESSE
Le Dou3L, fille de Richard Le Doux sgr de Chasseigné, et de
dame Françoise Gaultier. Ce contrat, passé devant Cornay
notaire à Loudun.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Notre-
Dame deNantilIyde Saumur. portant que Marc-Antoine-
François, fils de Marc- Antoine-René de Bussy, éc, s' de
Bizay, et de dame Marie Durson, sa femme, naquit et fut bap-
tisé, le 11 avrill68i. Cet extrait signé: Guérin, vicaire de
Nantilly, et légalisé.
Quatrième degré : bisaïeul kt bisaïeule.
Marc-Antoine-René de Bussy, sgr de Bizay ; Marie
Durson , sa femme, 1679.
Contrat de mariage de m* Marc Antoine- René de Bussy,
chev., sgr de Bizay. fils de feu m^* René de Bussy, éc', s' de
Bardonneau, et de dame Marie de Chaulme, accordé» le 13 mai
1679, avec demoiselle Marie Durson, fille de Balthasar
Durson. s*" d'Aubigny, et de demoiselle Marie de Lhomeau.
Ce contrat passé devant Amat notaire à Saumur.
Quittance de la somme de 4331 I. donnée, le 12 décembre
1680, par m'« Michel des Hays chev., sgr de la Maisonneuve,
etc. ; et à m""* Marc- Antoine-René de Bussy, chev., sgr de
Bizay qui lui avait payé ladite somme, pour les causes des
obligations et jugement rendus tant contre lui que contre feu
m'* René de Bussy, son père, chev. , sgr. de Bizay. Cet acte reçu
par Amat notaire à Saumur.
Cinquième degré : trisaïeul et trisaïeule.
René de Bussy, s' de Bardonneau, Marie de Chaulme, sa
femme, 1644.
Contrat de mariage de René de Bussy, éc% s* de Bardonneau,
fils de feu m'* René de Bussy, chev., sgr de Bizay, et de dame
Claude de Bresne, accordé, le 29 juillet 1644, avec demoiselle
Marie de Chaulme, fille de Nicolas de Chaulme, éc^ et de de-
DBS DBM0I8BLLB8 DU POITOU 109
moiselle Judith Hamelin. Ce contrat passé devant Alexandre
notaire à Loudun.
Donation mutuelle, faite, le 10 janvier 1645, entre René de
Bussy , éc', s' de Bardonneau, et demoiselle Marie de Chaulme,
sa femme ; cet acte reçu par Thomas Aubéry notaire royal à
Loudun.
Ordonnance rendue à Tours, le 11 janvier 1669, par M. Voi-
sin de la Noiraye, commissaire départi dans les provinces de
Touraine, Anjou, et Maine, par laquelle il donne acte à de-
moiselles Geneviève et Renée de Bussy, filles de feu René de
Bussy et de demoiselle Claude de Bresne, des titres qu'elles
avaient produits, pour justifier qu'elles étaient sœurs ger-
maines de René de Bussy, éC, s*^ de Bardonneau, qui avait
obtenu acte dudit s' commissaire, le 7 mai précédent, de la
représentation qu'il avait faite devant lui des titres justifica-
tifs de sa noblesse. Cette ordonnance signée : Voisin de la
Noiraye.
Sixième degré : quatrième aïeul et aïeule.
René de Bussy, sgr de Bizay, Claude de Bresne, sa femme,
1601.
Bresne : d'argent^ à un lion de sable^ langue et ongle de gueules.
Contrat de mariage de noble René* de Bussy, éc gentil-
homme ordinaire du Roi, fils aîné de noble René de Bussy,
éc',s' de Bardonneau, et de feue demoiselle Geneviève Lefèvre,
sa femme, accordé, le 11 juillet 1601, avec demoiselle Clawde
de Bresne, fille de m'" Claude de Bresne, chev sgr de Bombon
et de Graigy, et de dame Anne de Nicey. Ce contrat passé
devant Herbin et Thibert, notaires au Châtelet de Paris.
Nous, Louis-Pierre d'Hozier, juge d'armes de France, chev.
1 II était fils de René de Bussy, éc, sgr de Bardonneau et de Oeneviôve Le-
fè?re, mariés le 2 norembre U72. Petit fils de René, éc% sgr de Bardonneau et
de Gnjonne de Vaurimoire, fille de Michel, éc', sgr de Larmenerie, mariés le
iO mai 1525 et arrière-petit- fils de Martin de Bussy, éc, et de Mathurine
Halloret.(B.-F.)
TOME XVI. — NOTICES. — XVI* ANNEE, 3*-4* LIV. 9
110 PKLUV69 OË NOBLESSE
doyen de TOrdre du Roy, conseiller en se^ conseils, maître
ordinaire en sa chambre des Comptes de Paris, généalogiste
de la Maison, de la Chambre et des Ecuries de Sa Majesté, de
celles de la Reine et de Madame la Dauphine^
Certifions au Roi que demoiselle MarguiiRite-Louise de
BussY a la noblesse nécessaire pour être admise au nombre
des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans la mai-
son Royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr dans le parc
de Versailles, comme il est justifié par les actes énoncés dans
cette preuve, que nous avons vérifiée et dressée à Paris, le
mercredi quatriesme jour du mois de mai de l'an mil sept cent
cinquante sept. Signé : d Hozier.
DE BUZELEP.
Preuves de la noblesse de demoiselle Marie-Suzanne-Char-
lotte DE BvzELET^ a (/réée par le Roi, pour être admise au nombre
des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans la maison
royale de Saint-Louis, fondée à Saint- Cyr, dans le parc de Ter-
sailles, août 1746.
Armes : d^ azur y à un croissant d'argent, accompagné de trois
roses d'or posées deux en chef et Vautre en pointe.
Premier degré : propuisante. •
Marie-Suzanne Charlotte de Buzelet% 1734.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Sainte-
Croix de la ville de Metz, portant que Marie- Suzanne- Charlotte
de Buzelet, fille de m" Dominique-Jacques-Cézar de Buzelet,
chev., capitaine dans le régiment dauphin dragons et de dame
Catherine La Croix, sa femme, naquit et fut baptisée le 5 oc-
tobre 1734 ; cet extrait signé : Maujean, curé de ladite église
de Sainte-Croix, et légalisé.
* Bib. uat. Cah. des Titres. 3ù7. p. 2«.
< CaUe famille originaire d'Anjou a eu plusieurs alliances avec des fa-
milles Pi^it^vines, c*esi ce qui nous a engagea donner ici c«lt« preu're.
UKS DbMOlSBLLILS UU POITOU 111
Deuxième degré : père et mère.
Dominique- Jacques-César de Buzelet, sgr. de Bagneux ;
Catherine La Croix, sa femme, 1728.
La Croix : d'azur^ à une croix d'or.
Contrat de mariage de Dominique -Jacques-Cézar* de Buze-
let, éc% capitaine dans le régiment dauphin dragons, fils de
m'* Jacques de Buzelet, éc', sgr. de Bagneux, chev. de l'ordre
militaire de Saint Louis, lieutenant-colonel commandant ledit
régiment, et de dame Barbe d'Harquel, sa femme, accordé, le
18 décembre 1728, avec demoiselle Catherine La Croix, fille de
Jacques La Croix, ancien conseiller du roi, maire de la ville de
Pont- à- Mousson, et de dame Marguerite la Lande. Ce contrat,
passé devant Dancerville, notaire royal à Metz.
Vente faite le 13 février 1737, à m*^* Dominique- Jacques-Cé-
sar de Buzelet. chev., capitaine dans le régiment dauphin, et à
dame Catherine de la Croix sa femme, par dame Barbe d'Har-
quel. veuve de m" Jacques de Buzelet, chev., ancien lieute-
nant colonel dudit régiment ; par m'* Pierre-Nicolas de Bel-
champs, chev.. et dame Marie-Suzanne de Buzelet, sa femme,
et par m^* Charles- Adrien de Buzelet,chev.,!ieutenantaumême
régiment lesdits Dominique-Jacques-César, Charles-Adrien
et Marie Suzanne de Buzelet, enfants dudit feu Jacques de
Buzelet et de ladite Barbe d'Harquel ; savoir : des cinq si-
xièmes de la terre et seigneurie de Bagneuf, consistante en
haute, moyenne et basse justice, et dont la totalité avait été
acquise, par ledit feu Jacques de Buzelet. et ladite Barbe d'Har-
quel, par sentence de décret du baillage de Metz, sur les héri-
tiers de m'« Jean-Jacques de la Croix, chev. de Tordre mili-
taire de Saint-Louis, brigadier des armées du roi, du 27 janvier
1713 Cet acte reçu par Baltus, notaire royal audit baillage
de Metz.
^ Il obtint vers 1780, sur Us fouili de la guerre une pension de 'i4uO livres,
en considération d«s ses services comme lieutenant-colonel attaché au régi-
ment daupbin-dra^ous. (B.-F.\.
112 PREUVES DB NOBLESSE
Troisième degré : aïeul.
Jacques de Buzelet, sgr. de Bagneux; Barbe d'Harquel, sa
femme, 1699.
d'Harquel : d'azur^ à une licorne d'argent^ passante sur une
terrasse dor^ mouvante delà pointe de VEcu, et surmontée d'une
fasce^ en devise^ de même ; et deux massues^ aussi d'or^ passées en
sautoir^ liées de gueules, brochant sur la fasce et renversées.
Contrat de mariage de Jacques Buzelet, éc% major du régi-
ment de dragons-dauphin, fils de Jean Buzelet, éc% s' de la
Cormerie, et de demoiselle Perrine Coulon, sa femme, accordé,
le 27 juin 1699, avec demoiselle Barbe Harquel, fille de Domi-
nique Harquel, éc', conseiller secrétaire duroi^gardedes sceaux
de la chancellerie près le parlement de Metz, et de demoiselle
Marguerite Simon. Ce contrat passé devant Bony, notaire
royal à Metz.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Mon-
treuil-le-Henry, diocèse du Mans, portant que Jacques de Bu-
zelet, fils de Jean de Buzelet, éc', s*^ de la Cormerie et de de-
moiselle Perrine Coulon, sa femme,fut baptisé le 4 février 1655.
Cet extrait, signé : Dellessort, curé de ladite église et légalisé.
Ordonnance rendue le 3 janvier 1699, par M. Hue de Miro-
mesnil, maître des requêtes et commissaire départi dans la
généralité de Tours, par laquelle Jean de Buzelet, s' de la Por-
terie, fils de noble Jean de Buzelet, éc', s' de la Cormerie et de
demoiselle Marie Vérité, sa femme, est maintenu dans sa qua-
lité de noble et d*écuyer, dont il avait justifié la possession par
titres. Cette ordonnance, signée : Huë de Miromesnil.
Quatrième degré : bisaïeul.
Jean de Buzelet, s' de la Cormerie; Perrine Coulon, sa
femme 1654.
CouLON : d*azur, à un chevron d'argent, chargé de trois roses
de gueules.
DES DBMOISKLLES DU POITOU 113
Extrait du registre des mariages célébrés dans Téglise pa-
roissiale de Montreuil-le-Henry, diocèse du Mans, portant
que Jean de Buzeiet, éc, s' de la Cormerie, et demoiselle
Perrine Coulon, y reçurent la bénédiction nuptiale le 16 février
1654. Cet extrait, signé : Delessort, prêtre, prieur curé de la
dite église et légalisé.
Sentence, rendue, en l'élection du Château-du-Loir, le
5 octobre 1633, par laquelle, i) est ordonné, que Jean de Buzelet,
éc', 9' de la Cormerie, fils de Pierre de Buzelet, éc', s*" de la
Moussardière, jouira de Texemption des tailles, tant qu*il vivra
noblement. Cette sentence signée : Hubert, Mellier, etc.
Partage des biens de Pierre de Buzelet, éc% s' de la Mous-
sardière et de la Cormerie, et de ceux de Jeanne, dite Rachel
de la Haye, sa veuve, fait de son consentement, le 12 mars
1631, entre Henry de Buzelet, leurs fils aîné, éc% et Jean de
Buzelet, éc'; demoiselles Gatienne et Michelle de Buzelet,
leurs enfants puînés; par lequel, ledit Henry de Buzelet,
prend, pour son droit d'aînesse, la maison et seigneurie de la
Moussardière et cède à ses puînés, la maison de la Cormerie.
Cet acte reçu par Vérité, notaire royal de la cour du Mans,
demeurant à Châtillon-de-la-Châtre, sur le Loir.
Contrat du premier mariage de Jean de Buzelet, éc, s' de
la Cormerie, fils aîné de Pierre de Buzelet, vivant, éc', s*^ de
la Moussardière et de demoiselle Jeanne de la Haye, sa femme,
assisté de Henry de Buzelet, son frère aîné, éc\ s' du dit lieu
de la Moussardière, accordé, avec Marie Vérité, le 15 février
1628. Ce contrat passé devant Tourtay, notaire à Boulloire,
ressort de la cour du Mans.
Cinquième et sixième degrés : troisième aïeul
ET QUATRIÈME AÏEUL.
Pierre de Buzelet, s' de la Moussardière, fils d'autre Pierre
de Buzelet,s' du dit lieu de la Moussardière ; Jeanne, dite
Rachel de la Haye, sa femme 1585
Contrat de mariage de Pierre de Buzelet, éc% fils de Pierre
114 Pr.EUVES DE NOBLESSE
deBazelet, éc% et de demoiselle Gatienne du Noyer, accordé
avec demoiselle Jeanne, dite Rachel de la Haye, le 15 mars
1585. Ce contrat visé dans la sentence ci-devant du 10 juin
1634 et dans Tordonnance ci -après, du 26 novembre 1598
Ordonnance rendue à Vendôme le 26 novembre 1598, par
Charles Boucher d'Orçay, conseiller d'Etat, président au
Grand-Conseil, Jacques Blanchard, trésorier général de France
à Orléans, et Robert Regnault, conseiller en la cour des aides,
commissaires députés, pour le régalement des tailles, en la gé-
néralité d'Orléans, par laquelle Pierre de Buzelet, s' de la
Moussardière , est maintenu dans lexemption des tailles, en
conséquence des titres qu'il avait produits, pour justifier sa
noblesse depuis l'an 4 426 Cette ordonnance signée: Le Moyne.
greffier commis.
Hommage de la troisième partie des fiefs et métairie de
Danceys, situés dans la paroisse de Saint Firmin-des-Prés, et
dans la mouvance de la châtellenie de Vendôme, fait le 13 mai
1578 à Henry, roi de Navarre, duc de Vendômois, par Pierre
Buzelet, éc\ sgr de la Moussardière, fils aîné et héritier prin-
cipal de Pierre Buzelet, vivant, éc*, sgr dudit lieu de la Mous-
sardière, archer de la Garde du corps du roi. Cet actç reçu par
Péreu, notaire de la cour de Vendôme,
Nous, Louis Pierre d'Hozier, juge d'eu'mes de France, che-
valier sous-doyen de Tordre du roi, conseiller en ses conseils,
maître ordinaire en sa chambre des Comptes de Paris, généa-
logiste de la maison de la chambre et des Ecuries de Sa Ma-
jesté et de celles de la Reine,
Certifions au roi que demoiselle Marie Suzanne-Charlotte
DE Buzelet a la noblesse nécessaire pour être admise au
nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans
la maison royale de Saint Louis, fondée à Saint Cyr dans le
parc de Versailles, ainsi qu'il est justifié par les actes qui sont
énoncés dans cette preuve, laquelle nous avons vérifiée etdres-
sée à Paris le jeudi quatriesme jour du mois d^aoust de Tan
mil sept cent quarante six.
Signé : d*Hozier.
DES DEMOISELLES DU POITOU 1 15
DE CAÎÎTINEAU^
Il existe dans ce dossier une preuve pour demoiselle A^ne-
Françoise-Rose de Cantineau, fille de M'* Jean-François de
Cnnlineau. chev. sgr de la Benicherie et de dame Marie- Madeleine
de Lancreau, née le 24 oct, 1719, Celte preuve remontant k
quatre degrés n est pas signée. Elle ne porte pas la mention indi-
quant si elle a été dressée pour Saint Cyr. Nous ne croyons donc
pas devoir la reproduire ici.
DE LA CASSAIGNE DE SAINT-LAURENT».
Preuves de la noblesse de demoiselle Nicole de la Cassaigxe
DE Saint-Laurent, agréée par le Roi^ pour être admise au
nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans la
maison royale de Saint-Louis fondée à Saint-Cyr, dans le parc
de Versailles. Mars 17US.
Armes : d'azur, à un dauphin d'argent pâmé et courbé, écar-
telé : d'or, à un chêne de sinople, les glands et les racines de
méme^.
Premier degré : produisante.
Nicole de la Cassaigne de Saint-Laurent, 1733.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Varennes,
au diocèse de Reims, portant que Nicole de la Cassaigne, fille
de m'® Chrétien de la Cassaigne, sgr de Saint-Laurent, capi-
taine de cavalerie dans le régiment de Bretagne, et chevalier
de l'Ordre de Saint-Lazare, et de dame Anne-Marguerite
Godinet, sa femme, naquit et fut baptisée, le huit mars 1733.
i Bibl nat. C ah. des Titres, Nouv. d'Hoz. vol 80, dos. 1328, p. P.
« Bibl, nat. Cab. des Titres 306, p. 40.
• Alias écartelé aux i et 4, d'or, au chêne de sinùple, [ou châtaignier) ;
aw6 2 ef 4 : d'asur au dauphin d'argent couronné de même. (B.-K.).
116 PREUVES DB NOBLESSE
Cet extrait signé ; Vaalet, curé de la dite église de Varennes,
et légalisé.
Deuxième degré : père sET mère.
Charles-Chrétien de la Cassaigne, sgr de Saint-Laurent,
Anne-Marguerite Godinet, sa femme, 1724.
Contrat de mariage de m*^* Charles-Chrétien de la Cassaigne,
chev., capitaine de cavalerie, dans le régiment royal de Bre-
tagne, accordé, le 17 mars 1724, avec demoiselle Anne Mar-
guerite Godinet,fille de Richard Godinet,procureur au bailliage
de Clermont et dans la maîtrise particulière des Eaux et Forêts
de Varennes, et de demoiselle Anne d'Heure ; ce contrat passé
devant Maupassant, et Vuarin notaires à Varennes.
Partage des biens de m'* Charles de la Cassaigne, chev., sgr
de Saint-Laurent, commandant la compagnie des gardes de
S. A. S. Mgr le prince de Condé, et commandant dans le Cler-
montois, et de dame Anne Héraud de Gour ville, sa femme, fait
le 7 décembre 1724, entre m" François de la Cassaigne\ sgr de
Saint- Laurent, baron de la Borde, chev. de TOrdre militaire
de Saint-Louis, messire Charles-Chrétien de la Cassaigne,
chev. sgr de Saint-Laurent, capitaine de cavalerie, dans le
régiment de Bretagne, et dame Marie-Louise de la Cassaigne,
femme de m'* Jean-François des Francs, chev., sgr de la Gord,
tous trois enfants desdits Charles de la Cassaigne et Anne
Héraud de Gourville ; cet acte reçu par Guérineau et La
Fiton, notaires royaux en la ville de Niort.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Varennes,
au diocèse de Rheims, portant que Charles-Chrétien de la
Cassaigne, fils de m'® Charles de la Cassaigne, sgr de Saint-
Laurent, commandant la compagnie des gardes de S. A. S.
Mgr le prince de Condé, chev. des ordres de Notre-Dame du
^ Dit le marquis da Saint-Laurent, baron de la Borde, capitaine au régi-
ment de Bretagne-cayalerie, marié vers 1720, k Marie-Louise de Bremond,
flUe de Jeaa-Loui8,marquis d*Ar8,et de Judith-Huberte deSiinte-Maure {B.^F.).
DKS DEMOISELLES DU POITOU 117
Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, et gouverneur
du Clermontois, et de dame Anne de Gourville, sa femme,
naquit, et fut baptisé, le 11 juillet mil six cent quatre-vingt-
seize. Cet extrait signé : Vaalet, curé de la dite église.
Troisième degré : aïeul.
Charles de la Cassaigne, sgr de Saint-Laurent, Anne
Héraud de Gourville, sa femme, 1681.
Héraud de Gourville: d'argent, à un chevron d'azur^ accom-
pagné de (rois mouchetures d'hermines de sable.
Contrat de mariage de m*^' Charles de la Cassaigne, chev.,
sgr de Saint-Laurent, grand-maître des Eaux et Forêts du
Cleraiontois, et de dame Louise de Bremond, sa femme, ac-
cordé, le 3 mars 1681, avec demoiselle Anne Héraud de Gour"
ville, fille d'Hélie Héraud de Gourville, éc, conseiller, secré-
taire du Roi, maison couronne de France et de ses finances
et de dame Anne Préveraud. Ce contrat passé devant Lange,
notaire au Châtelet de Paris.
Provisions de chevalier de justice des ordres de Notre-Dame
du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem données,
à Paris, le 29 janvier 1696, par Philippe de Courcillon, marquis
de Dangeau, grand-maître des dits ordres, à Charles de la
Cassaigne, sgr de Saint-Laurent, lieutenant des gardes de
M. le prince. Ces lettres signées : Philippe de Courcillon, de
Danoeau et scellées.
Transaction faite, le 22 avril 1695, entre m*"* Charles de la
Cassaigne, chev., sgr de Saint-Laurent, lieutenant des gardes
de S. A. Mgr le prince, et haut et puissant sgr m" François
de Granges, son beau-frère, chev., sgr de Puyguion, mestre
de camp, au régiment de cavalerie de Mgr le duc de Bour-
gogne, tant en son nom. que comme se faisant fort, de dame
Françoise de la Cassaigne*, sa femme, sur les diiférepds qu'ils
' Françoise, mariée, le 27 mai 1682, à François de Granges, marqais de
PoygQÎon. (fl.-F.).
118 PKKUVK^ UK ^()H^.RSSK
avaient pour le partage des biens de m'" Jean de la Cassaigne,
chev. sgr de Saint Laurent grand-maître des eaux et fo-
rêts de Clermontois, et de dame Louise de Bremond, sa
femme, père et mère desdits Charles et Françoise de la Casai-
gne. Cet acte reçu par Lange, notaire au Châtelet de Paris
Provisions de l'état et charge de gentilhomme ordinaire du
prince de Condé, données par ce prince à Chantilly, le 24 mars
1684, à son cher et bien amé Charles de la Cassaigne, s' de
Saint-Laurent, sur la démission de Jean de la Cassaigne. son
père, s' du dit lieu de Saint-Laurent. Ces lettres signées :
Louis DE BouBBON, et scellées.
Brevet d'enseigne des gardes de Mgr le Prince, donné par
lui au s' de Saint-Laurent, le 1" juillet 1683. Ce brevet signé :
Louis DE Bourbon.
Quatrième degré : bisaïeul.
«
Jean de la Cassaigne, sgr de Saint Laurent ; Louise de
Bremond, sa femme, 1655.
Bbemond : ctazur, à un aigle d'or, a deux lestes.
Contrat de mariage de Jean de la Cassaigne éc^ s^ de Saint-
Laurent, fils d'Antoine de la Cassaigne éc', sgr dudit lieu
et de demoiselle Jeanne de Saint-Pasteur, sa femme, accordé,
le 10 mars 1655, avec demoiselle Louise de Bremond, fille de
messire Philippe de Bremond, chev., sgr de Céré, de Ver-
nou, etc., et de dame Françoise Géraud. Ce contrat, passé,
devant Vachier, notaire à Angoulême.
Extrait de l'Etat des Officiers de la Maison de monsieur le
Prince de Condé, arresté, en Tannée 1675, dans lequel, au
nombre de ses gentilshommes ordinaires, est employé Jean
de la Cassaigne, s' de Saint-Laurent, au lieu du s^ de Viala.
Cet extrait signé Pauvre.
Commission de capitaine d'une compagnie de soixante
hommes à pieds françois, pour tenir garnison, dans la ville
de Verdun, donnée, par le Roi, au s' de Saint-Laurent, le
DKS DEMOJSBLLKS DU POITOU llO
18 février 1674. Ces lettres, signées : Louis, et plus bas : par
le Roi, Le Tellier, et scellées.
Commission de capitaine d'une compagnie de cinquante
hommes, dans le régiment de Champagne, donnée, par le
Roi, au capitaine Saint-Laurent, le 6 novembre 1673." Ces
lettres signées : Louis, et plus bas : Le Tellier, et scellées.
Commission de commandant, dans la citadelle de Verdun,
donnée, par le Roi, le 15 septembre 1670, à son cher et bien
amé, le s' de Saint-Laurent, en considération des services
qu'il avait rendus, dans les différents emplois qui lui avaient
été confiés à la guerre Ces lettres signées Louis, plus bas :
DE Lionne, et scellées.
Ordonance, rendue, à Poitiers, le 30 décembre 1607, par
monsieur Barentin, commissaire départi dans ladite généralité,
portant que Jean de la Cassaîgne, éc% s^ de Saint-Laurent,
jouirait de tous les privilèges dont jouissent les autres nobles
du royaume, en conséquence des titres qu'il avait repré-
sentés, depuis l'an 1566 ; cette ordonnance, signée Barentin.
* Brevet de sergent de bataille des armées du Roi, donné par
Sa Majesté, à Poitiers, au s' de Saint-Laurent, le 13 no-
vembre 1651 ; ce brevet signé Louis, et plus bas : de
Loménib.
Transaction, faite, le 31 décembre 1650, par laquelle noble
Jean de la Cassaigne, s' de Saint-Laurent, abandonne,
moyennant la somme de 6000 livres, à noble Bertrand de îa
Cassaigne*, son frère aîné, s"* de Saint-Péau, tous les droits
qu'il pouvait prétendre, dans les successions de noble An-
toine de la Cassaigne et de demoiselle Jeanne de Saint Pas-
tour de Bousas, leurs père et mère. Cet acte, reçu par Mor-
telli, notaire à Bassoues, diocèse d'Auch.
* Bertrand de la Cassaigne, sgr de Saint-Péau. major du château de
Saint-VIaixent. (B.-F.).
120 PREUVKS DE NOBLEbSB
Cinquième degré : trisaïeul.
Antoine de la Cassaigne, s"" de Saint-Laurent ; Jeanne de
Saint-Pastour, sa femme, 1598.
Contrat de mariage de noble Antoine de la Cassaigne, fils
de noble Bernard de la Cassaigne, et de noble Marthe d'Abé-^
raéra, sa femme, accordé, le 25 novembre 1598, avec demoi-
selle Jeanne de Saint-Pastour fille de noble Jean de Saint-
Pastour et de demoiselle Edmée de Coussol, dame deBoussas.
Ce contrat, passé devant Castaède, notaire de la ville de,
Bassoues, en Armagnac.
Contrat de mariage de noble Jean-Louis de Pardaillan,
sMu Caumort, accordé, le 26 juillet 1623, avec demoiselle Mira-
monde de la Cassaigne, fille dl noble Antoine de la Cassaigne
et de demoiselle Jeanne de Saint-Pastour de Boussas. Ce
contrat passé devant Matairon notaire, à Bassoues.
Sixième degré : quatrième aïeul.
Noble Bernard de la Cassaigne ; Marthe d'Abéraéra,
sa femme, 1560.
Contrat de mariage de noble Bernard de la Cassaigne, sgr.
de la Cassaigne, fils de nbble Jean de la Cassaigne, dit Four-
quevielle,accordé, le 29 juillet 1560, avec noble Marthe d'Abé-
raéra, du consentement de noble Pierre d'Abéraéra, sgr. de
la Fitte ; ce contrat passé devant Betheille, notaire à Saint-
Sever de Rustan.
Septième el huitième degrés : cinquième aïeul et sixième aïeul.
Jean de la Cassaigne^ sgr de la Cassaigne , fils de noble
Peyret de la Cassaigne Isa beau d'Abéarède. sa femme, 1526.
Contrat de mariage de noble Jean de la Cassaigne, sgr de
la Cassaigne, fils de noble Peyret la Cassaigne et de noble
Antonie de Plessis, sa veuve, accordé, le 21 octobre 1526,
avec honorable Isabeau d*Abéraède^ fille de noble Jean d'Abé-
DBS DEMOISELLES DU POITOU 121
raède et de noble Blanque de Laur. Ce contrat, passé devant
Dabadie, notaire, au lieu de Talasac, en Bigorre.
Donation de la somme de cent cens petits, faite, le
1*' d'août 1535, par noble Blanque de Laur, dame de Talasac,
à noble Isabeau d'Abéraède, sa fille, en augmentation de la
dot qu'elle lui avait constituée, en la mariant avec noble
Jean de la Cassaigne. Cet acte reçu par de Ruber, notaire à
Saint-Sever.
Nous, Louis-Pierre d'Hozier, juge d'armes de France, chev.
de rOrdre du Roi, son conseiller en ses conseils, maître ordi-
naire en sa chambre des comptes, à Paris, généalogiste de la
Maison, de la Chambre et des Ecuries de Sa Majesté et de
celles de la Reine,
Certifions au Roi que demoiselle Nicolle de la Cassaigne
DE Saint-Laurent a la noblesse nécessaire, pour être admise
au nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever,
.dans la maison royale de Saint-Louis, fondée, à Saint-Cyr,
dans le parc de Versailles, comme il est justifié par les actes
qui sont énoncés dans cette preuve, laquelle nous avons
vérifiée et dressée, à Paris, le samedi trente mars, mil sept
cent quarante- trois. Signé : d'Hozier.
DE CHAMBORANT'
Preuves de la noblesse de demoiselle Anne de Chamborant,
présentée, pour être reçue, dans la communauté des filles demoi-
selles de la Maison de Saint- Louis, fondée, par le Roi, à Saint-Cyr,
da ns le pa rc de Versa il les .
Produisante : Anne de Chamborant, 1691.
Armes : d'or, à un lion de sable, lampassé et armé de gueules.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse d'Aussac,
au diocèse de Poitiers, portant qu'Anne, fille de Jacques de
« Bibl Nat. CaJb. des Titres : 287. p. 04.
122 PREUVES UK NOBLltSSE
Chamborant, éc', s' du Boucheron, et de demoiselle Anne Guyot
de la Mirande, sa femme, naquit et fut baptisée, le 16« de juin
de l'an 1691. Cet extrait délivré le 7* de juin de l'an 1700,
signé : Planteac, prieur curé de l'église d'Aussac et légalisé.
Premier degré : père ET mère.
Jacques de Chamborant. sgr du Boucheron ; Anne Guyot
(Je la Mirande, sa femme, 1689.
Guyot : d*or, à trois perroquets de sinople, becqués et membres
de gueules et posés deux et un.
Contrat de mariage de messire Jacques de Chamborant,
chev., sgr du Boucheron, fils de messire Jean de Chamborant,
chev., sgr de Villevert et de dame Suzanne Saulnier, sa
femme, accordé, le 10* de juillet de l'an 1689, avec demoiselle
Anne Guyot, fille de messire Jean Guyot, chev., sgr de la
Mirande et de dame Anne Gourdin, sa femme. Ce contrat,
reçu, par Pougeard, notaire à Confolens, en Angoumois.
Partage des successions de messire Jean de (^hamborant,
chev., sgr de Villevert et de dame Suzanne Saulnier, sa
femme, fait, le 28 de juillet de Tan 1677, entre messire Jean
de Chamborant, ses frères, éc'% s" du Boucheron et des
Essars. Cet acte reçu par Pougeard, notaire à Confolens.
Deuxième degré : aïeul et aïeule.
Jean de Chamborant, sgr de Villevert ; Jeanne Saulnier.
sa femme, 1655.
Saulnier : d'azur^ à une plante de chardons à trois tiges d'or^
feu niées de même, ces tiges à dextre et à semestre^ chargées cha-
cune à la cîme d'un oiseau d'or, ces oiseaux affrontés.
Contrat de mariage de messire Jean de Chamborant, chev.,
sgr de Villevert et de Neuville, fils de messire Joachim de
Chamborant, chev., sgr de Droux, et de dame Catherine des
Vaux, sa femme, accordé, le 'iU-^ d'avril de Tan 1655, avec de-
moiselle Jeanne Saulnier, fille d'Estienne Saulnier, éc', sgr de
Di'S UEMolbËLUUS DU POITOU 123
Plessat, et de demoiselle Anne d'OrfeuUle, sa femme. Ce
contrat reçu par la Cbaize, notaire à Angouiême.
Jugement, rendu, le 16* de mars de Tan 1667, par M. d'A-
guesseau. intendant à Limoges, par lequel il donne acte à
Jean de Chamborant, s' de Villevert, dans la paroisse dEssé,
élection d' Angouiême, de la représentation qu'il avait faite des
titres servant à la preuve de sa noblesse, depuis Jacques de
Chamborant, fils de noble et puissant messire Foucault de
Chamborant», chev , sgr de Chamborant de Droux et de la
Clavière, vivant l'an 1450. Cet acte signé : d'Aglesseau.
m
Troisième degré : bisaïbul et bisaïeule
Joachim de Chamborant, sgr de Droux ; Catherine des
Vaux, sa femme, dame de Villevert, 1611.
Des Vaux : de sinnple^ à Iroi'S rochers d^argent posés 2 et /.
Contrat de mariage de Joachim de Chamborant, éc'. sgr de
Droux, dans la Basse-Marche, premier écuyer de Madame,
accordé, le l6* d*octobre de l'anlôll, du consentement de haut
et puissant sgr messire Joachim de Château vieux, son oncle
maternel, comte de Confolens et baron de Verjou et de la Vi-
latte, chevalier des ordres du roi, chevalier d'honneur de la
Reine Mère et gouverneur de la Bastille, avec demoiselle Ca-
therine des Vaux fille de Jean des Vaux, éc% sgr de Villevert,
au ressort de Confolens, enAngoumois. Ce contrat reçu par
Babaud, notaire à Confolens.
Partage, donné, le 13* d'octobre de l'an 1605, par noble
Gaspard de Chamborant, éc% à. Joachim de Chamborant,
son frère, dans la succession de messire Jean de Chamborant,
leur père, sgr. de Droux, chevalier de TOrdre du Roi et dans
* Foucault de Chamborant, chev., sgr de Chamborant, Droux, la Cla-
vière, etc , servit sous Charles VI, comme chevalier bachelier, avec 16
écuyers de sa chambre en 1418. Il épousa Jeanne de Clujrs. Il était fils
de Foucault, chev . sgr de Chamborant, Droux, etc., et de N. de Mau-
mont et petit fils de Pierre, chev., sgr.. de Chamborant, etc , et de Mar-
guerite de Forges et arrière petit-fils de Geoffrctj et de Denise Gazeau.
[B -F).
124 PRKUVBS DE NOBLESSE
celle de dame Catherine de Chàteauvieux. leur mère ; cet acte
reçu par Bichon^ notaire au Dorât dans la Marche.
Quatrième degré : trisaïeul et trisaïeule.
Jean de Chamborant, sgr. de Droux ; Catherine de Chà>
teauvieux, sa femme, 1575.
Chateauvieux : d'azur^ à trois fasces ondées dor.
Contrat de mariage de haut et puissant sgr. messire Jean
de Chamborant, chev., sgr. de Droux, accordé, le 31 de juil-
let de Tan 1575, avec demoiselle Catherine de Chateauvieux,
fille de haut et puissant sgr. messire Claude de Chateauvieux,
baron de Fromentes et de Veijou, maître d'hôtel ordinaire du
Roi et son bailli de Bresse et de dame Marie de Montchenu,
sa veuve, dame de la Vilatte, en Angoumois. Ce contrat
reçu par Pinard, notaire à Confolens.
Testament commun de haut et puissant sgr. messire Jean
de Chamborant, chev. de l'Ordre du Roi et sgr. de Droux et
de dame Catherine de Chateauvieux, sa femme, fait, le 19*
de novembre de Tan 1596, par lequel ils ordonnent que Ton
les enterre, avec leurs prédécesseurs dans Téglise de Droux,
et ils instituent leurs héritiers Gaspard* et Joachim de Cham-
borant, leurs enfans. Cet acte reçu par Guiard, notaire au
bourg de Rançon, province de la Basse-Marche.
Cinquième degré : quatrième aïeul et aïeule.
Pierre de Chamborant, sgr. de Droux ; Philippes Loubes,
sa femme, 1540.
LouBES : Lozangé d'or et d'azur.
Transaction, faite le 25* d'août de Tan 1574, sur les diffé-
' Gaspard de Chamborant, chev., sgr. de Droux, s'était acquis l'estime
du roi et une grande influence dans son pays. Le 20 novembre 1615, il
avait obtenu de Henri de Schomberg, gouverneur de la Marche, une
ordonnance enjoignant aux habitants de la paroisse de Droux d'aller
travailler aux réparations de son château de Droux. 11 avait épousé, par
contrat du 28 février 1606, Françoise Couraud, tille de Pierre, chev., sgr
de la Rochechevreux et de Jeanne de Rechignevoisin. [B.-F.)*
DKS DEM0I8iBLLI8 DU POITOU 125
rends qu avaient entre eux Pierre de Chamborant, éc% sgr
d*Ars, et Jean de Chamborant, son frère, éc', sgr de Droux, à
cause du partage des successions de Pierre de Chamborant,
éc' et de demoiselle Philippe Loubes, sa femme, leur père et
mère. Cet acte reçu par Junien, notaire au Dorât.
Testament de Pierre de Chamborant éc\ sgr de Droux, fait
le 3* de novembre de Tan 1545, par lequel il laisse l'usufruit
de tous ses biens à demoiselle Philippe Loubes, sa femme,
et il la charge du gouvernement et de l'administration des
personnes de Jean et de Jean de Chamborant, leurs enfants.
Cet acte reçu par Bersac, notaire au lieu de Droux.
Nous Charles d'Hozier, conseiller du Roi, généalogiste de
sa maison, juge général des armes et des blasons et garde de
TArmorial général de France et chevalier de la religion et des
ordres militaires de Saint-Maurice et de Saint-Lazare de
Savoie, certifions au Roi que demoiselle Anne db Chambo-
rant a la noblesse nécessaire, pour être reçue dans la corn-
mimauté des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans
la maison royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr dans
le parc de Versailles, comme il est justifié par les actes qui
sont énoncés dans cette preuve, laquelle nous avons vérifiée
et dressée, à Paris, le 29° jour du mois de r^ovembre de Fan
1702. Signé : d*Hozi£r.
DE CHAMBORANT»
Preuves de la noblesse de demoiselle Christine-Elisabeth de
Chamborant, agréée par le roi^pour être admise au nombre des
filles demoiselles, que Sa Majesté fait élever dans la maison royale
de Saint^Louis^ fondée à Saint-Cyr, daus le Parc de Versailles.
Août 1753.
. Armes : d'or^ à un lion de sable, langue de gueules^.
« Bibl. Nat. Cèb. des Titres, 308, p. 80.
* D*or, AU lion de sttble armi et Umpàssé de gueules* Devise : « Oneques
ne failli. » (B.-F.)
TOME XVI. — NOTICES — XVl* ANNÉE, 3'-4* LIV. 10
126 PREUVieS DE NOBLBS^Sfi
Premier degré : Produisante.
Christina-Blisabeth de Chamboranti, 1742.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Notre-
Dame d'AttigDy, diocèse de Rheims^ portant que Christine-
Elisabeth, fille de messire Jean de Chamborant de Villevert,
brigadier des gendarmes de la reine et de dame Elisabeth-Ca-
therine Le Tanneur^ sa femme^ naquit^ et fut baptisée, le 29
janvier 1742. Cet extrait signé Rauquil, curé de la dite pa-
roisse, et légalisé.
Deuxième degré : père et mère.
Jean de Chamborant, s' de Villevert : Elisabeth-Catherine
1-e Tanneur, sa femme, 1739.
Contrat de mariage de messire Jean de Chamborant, éc,
s' de Villevert, fourrier de la compagnie des gendarmes de la
Reine, fils de messire Jean de Chamborant, vivant, éc% s*^ de
Villevert, et de dame Anne de la Bioche, accordé, le 7 octobre
1739, avec demoiselle Elisabeth-Catherine le Tanneur, veuve
dus' Aubert de Chauvallon et fille de Jean-François-Gabriel
Le Tanneur, lieutenant, en la Prévôté d'Attigny, et de demoi-
selle Jeanne Balardelle. Ce contrat passé devant Plaisant
et de Juilliet, notaires, à Attigny.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse d'Essé,
diocèse de Limoges, portant que Jean de Chamborant, fils de
messire Jean de Chamborant et de demoiselle Anne de la
Bioche, naquit le 12 et fut baptisé le 13 du mois de septembre
1696. Cet extrait signé Mailhot, curé de la dite paroisse, et
légalisé.
■ Cette famille d'ancienne chevalerie tire son nom du bourg et paroisse
de Chamborant, première baronnie de la vicomte de Bridiers, sise en
Poitou, sur les confins du Limousin et de la Marche. {B.-F.)
DES DEMOISELLES OU POITOU 127
Troisième degré : aïeul.
Jean de Chamborant, s' de la Boissonnie ; Anne de la
Bioche, 1695.
Contrat de mariage de Jean de Chamborant, éc**, s' de la
Boissonnie, fils de feu Marin de Chamborant, éc% s' du Vi-
gnaud, et de demoiselle Marie Chevalier, sa femme, accordé,
le 8 avril 1695, avec demoiselle Anne de la Bioche, fille de
Jean de la Bioche, vivant, s' de Rivaleix, et de demoiselle
Anne Dessec ; ce contrat passé devant Genty, notaire de
la Chàtellenie de Lesterpe.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse d'Essé,
diocèse de Limoges, portant que Jean de Chamborant, fils
de Marin de Chamborant et de demoiselle Marie Chevalier,
fut baptisé, le 3 janvier 1662. Cet extrait signé Mailhot,
curé d'Essé, et légalisé.
Quatrième degré : bisaïeul.
Marin de Chamborant, sgr du Vignaud ; Ktarie Chevalier
de la Frapinière, sa femme, 1649. •
Chevalier : de gueules, à trois clefs d'or, posées deux et nne^
les deux du chef addossées* .
Contrat de mariage de Marin de Chamborant, éc', ëgr du
Vignaud, fils de messire Joachim de Chamborant, chev., Sgr
de Droux et de Neuville et de feue dame Catherine de Vàul,
accordé le 29 juillet 1649, avec demoiselle Marie Chevalier
fille de feu messire Jacques Chevalier, chev., sgr de la Fta-
pinière et d'Availle et dame Catherine de Linax. Ce contrat
passé devant Faidy, notaire royal de la baronnie de Saint-
Maixent.
Accord fait, le 17 décembre 1652, entre messire Jean de
Chamborant, chev., sgr de Villevert, mestre de camp d'un
i Alias : deguenles, à deux clefs d*orposé9iteii, V»nn9AUênba$, (3.-F.)>
128 PREUVB8 DE NOBLESSE
régiment de cavalerie et Marin de Chamborant, son frère
puisné, éc, s' du Vignaud, sur le partage des biens hérédi->
taires de feu messire Joachim de Chamborant, leur père, chev.,
sgr. de Droux, et de Neufville. Cet acte, reçu par Maillard
et de Coulombe, notaires au comté de Confolens.
Cinquième degré : trisaïeul.
Joachim de Chamborant, s' de Droux ; Catherine des
Vaux, sa femme, 1611-1605.
Contrat de mariage de Joachim de Chamborant, éC, s' de
Droux, premier écuyer de Madame, accordé, le 16 octobre
1611, avec demoiselle Catherine des Vaux, fille de Jean des
Vaux, éc», s' de Villevert, et de demoiselle Françoise du Pin,
sa femme. Ce contrat passé devant Babaud, notaire à
Confolens.
Partage donné, le 13 octobre 1605, par noble Gaspard de
Chamborant, éc% à Joachim de Chamborant, son frère, éc',
dans les biens de feu messire Jean de Chamborant', leur
père, s' de Droux, chevalier de TOrdre du Roi, qui de son
mariage, avec feue dame Catherine de Ch&teauvieux, leur
mère, avait encore laissé demoiselles Marie, Catherine et
Anne de Chamborant. Cet acte reçu par Bichon, notaire,
en la ville du Dorât,
Nous, Louis-Pierre d'Hozier, juge d'armes de France, che-
valier-doyen de rOrdre du Roi, conseiller et ses conseils,
maître ordinaire, en sa chambre des comptes de Paris^ gé-
néalogiste de la maison, de la chambre et des écuries de Sa
Majesté, et de celles de la Reine et de Madame la Dauphine
Certifions au Roi que demoiselle Christine-Elisabeth ds
^ Il ayait épousé en premières noces Madeleine de la Béraudière, yeuTe
de Mathurin de Ripousson. Il était fils de Pierre de Chamborant et de
Philippe Loubes; petit-fils de Gujr de Chamborant, chev.» sgr. de Droux*
lu Clavière, TAge-Meillot et de Françoise de Salaignac et arriéré petit-
fils de Jacques de Chamborant, chev.. sgr. de Droux, la Clavière^ etc.» et
de Marguerite Chauvet. {B.-F.),
DBS DEMOISELLES DU POITOU 120
CHA.MBORANT a ta noblesse nécessaire pour être admise au
nombre des fiUes demoiselles que Sa Majesté fait élever,
dans la maison royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr,
dans le Parc de Versailles, comme il est justifié par les actes,
énoncés dans cette preuve, que nous avions vérifiée et dres-
sée, à Paris, le samedi onzième jour du mois d'août de l'an
mil sept cent cinquante-trois. Signé : d'Hozier.
{A suivre).
LES ÉCHAUBROGNES
(Siiile'j.
EN JO&d, Jean Rousseau, écuyer, seigneur de la Foucherie
et mari de dame Madeleine de Cumont, possédait une
rente de quatre charges et un boisseau de blé seigle sur
la Sicardière, pour l'avoir acquise de Rsné Grimault, écuyer,
sgrdela Rablais,pourla sonimedeinilletivres.laquellerenteil
vendit ensuite à messire Marin de Boyiëve, chevalier, sgr do
la Maurousière. Ce René Grimault de la Rablals avait pour
femme RenéePicault qui mourut en 1714, figée de 77 ans et fut
enterrée à Tessonniére, dans la chapelle de Saint-Mandé, lieu
de sépulture de la famille Ouignard delà Satle-Guibert, avec
laquelle les Grimault eurent plusieurs alliances. C'est en com-
pulsant les registres de Tessonnière que j'ai découvert les
liens rattachant les anciens seigneurs de ma paroisse natale
avec ceux de la paroisse où j'habite maintenant.
La Foucherie ne tarda pas à changer encore de maîtres,
car, en 1364, Colbertde Croissy reconnaît et maintient nobles,
par sentence non expédiée, Henri Grimault, s' de la Rablais,
de Saint-Clémentin, et Hector Grimault, sieur de la Foucherie,
de la paroisse de Saint-Pierre d'Echaubrogne. Ils portaient :
de gueules â 5 besanls tf argent, au chef de même, chargé d'une
hure de sanglier, de sable, mirée d'argent et languée de gueules.
(Le besant était une ancienne monnaie de Constantinople ou
'Voir Ift livraison d« janriar-fiTrier I90O.
LES ÉCHAUBROGNBS 131
BysMtnce. L'asage s'en répandit en France aux XII* et XIII*
siècles au moment des CSroisades, et les paladins français le
mirent sur leur écu pour montrer qu*ils avaient fait le voyage
en Terre-Sainte).
Hector Grimault était marié à Renée de Beauregard : ils
eurent pour fils Esprit Grimault, éouyer, époux de Marthe de
Monbielle, de la Goussaye, près Bressuire, et pour fllle Made-
leine Grimault dont le petit-fils Pierre Blouin, sieur du Patis-
seau, se portera plus tard comme héritier (sous bénéfice d'in-
ventaire) dans la succession de Marthe Grimault, sa cousine,
la dernière de sa race.
En 1715, Esprit Grimault n'était plus, et ses enfants, Victor et
Marthe, émancipés en la jouissance de leurs droits, sous l'au-
torité de messire Charles de Touvois, leur curateur, avouent
une rente de 500' à Georges Girard, meunier à Giron, paroisse
de Boôsse. L'un et l'autre ne savent signer. Au 8 mai 1716,
leur mère, Marthe de Montbielle, est encore vivante, mais le
9 mai 1789, Marthe de la Foucherie n'avait plus ni sa mère ni
son frère. Majeure, elle arrente Elle Cossin, sgr de Sainte
Martin, Mauricet, etc., et demeurant en la maison noble de la
Braudière, de Terves, la borderie de la Boulinière, relevant
noblement de la terre-*fief et seigneurie de Puy-au -Maître,
pour 26' de rente et 300' de pots de vin. Si Marthe de la
Foucherie ne savait pas signer en 1714, il faut reconnaître
que même en cette année 1739, sa signature, apposée sur
le susdit acte, est bien informe; ce n'est pas moins la
seule relique qui soit restée de la dernière héritière de nos
anciens seigneurs (papiers communiqués par M. Benjamin
Desormeaux, notaire à Maulévrier). Un procès, qu'elle perdit
vers cette époque, avait enlevé à la pauvre demoiselle les der-
niers restes de sa fortune et peut être aussi la plus saine
partie de sa raison. Vivant de fruits et de légumes, seule, à
peine vêtue, ta tête couverte de sa petite cape de bure, sans
domestique ni fermier, restant presque à l'état sauvage dans
son manoir délabré, Marthe de la Foucherie refusait néan-
132 LCS ÉCHAUUROaNKS
moins toute assistance, et à i'offre que lui faisait le seigneur
de Maulévrier, son suzerain pourtant, de lui donner l'hospi-
talité, elle ne répondait que par un orgueilleux refus^ parce
que, disait-elle, le sire de Golbert n'était pas de son rang. Ce
n'était pas chose rare de la voir par roies et chemins, escortée
de deux énormes dogues ses fidèles compagnons, aller mar*
mottant entre ses dents. « Non, non, jamais de pardon ! » Gela
sans doute à l'adresse de ses adversaires pour son procès.
Dans la saison rigoureuse, il lui arrivait de se réfugier pabrfois
la nuit dans un four pour y recueillir les restes d'une chalenr
qu'elle ne se donnait même plus la peine d'entretenir dans
son propre foyer. Elle mourut le 10 janvier 1766, et son inven-
taire, fait le 11 mars suivant, estime à 24^ son mobilier et à
148* 7" le cheptel composé de quatre pièces de bestiaux, vivant
à l'aventure dans les broussailles qui entouraient le logis, et
qui rentraient d'eux-mômes le soir pour occuper deux des
trois pièces qui composaient la demeure de leur maltresse.
Dans le détail des divers ustensiles de cuisine ou de ferme
que cite l'inventaire, nous trouvons mentionnés : c Un vieux
morceau de bord de chapeau d'argent (Pj et une mauvaise
poignée d*épée estimés ensemble 12". A l'égard de deux mau-
vaises armoires, d'un bois de lit et trois mauvais coffres, les
experts ont dit « qu'ils ne valaient pas la peine d'être estimés,
et le sieur Brémault, sergent royal et présidant l'estimation,
ayant voulu les faire ôter de leur place, où ils étaient en la
pourriture, pour les faire visiter par les experts^ ils se sont
trouvés tellement pourris qu'ils sont tombés en morceaux qui
ne peuvent être tout au plus bons qu'à brûler », etc. Marthe de
la Foucherie fut enterrée sous le porche de l'église de Saint-
Pierre à côté de la mère de M. Jean-Michel Benestreau, vicaire
de Saint-Hilaire. Ses restes, que probablement n'a point
atteints la pioche des démolisseurs, avaient été recouverts
d'une tombe sans aucune inscription, et que comme toutes les
autres on « utilisa » lors de la reconstruction de l'égliscen 1840.
Il est aujourd'hui, sûrement, bien peu de personnes parmi les
LES ÉGHAUBHOONES 133
habitants d*Echaubrognes, qui sachent que dès les premiers
pas qu'ils font en entrant dans la nouvelle église, et en longeant
les fonts baptismaux, ils foulent aux pieds les restes de la der-
nière descendante des anciens seigneurs de leur paroisse. Le
11 août 1788, c'est ce même sieur Brémaud, sergent royal, qui
est devenu le propriétaire de la Foucherie. A cette date, est
faite une saisie féodale par les agents du comte de Maulévrier,
pour faute d'aveu et dénombrement, et faute de paiement d'ar-
rérages. 4c Les agents connaissant le caractère violent du sieur
Brémault, qui s'emporte en propos indécents contre le séné-
chal, font dresser procès-verbal et portent plainte devant ce
mdme sénéchal de Maulévrier qui avait nom messire Malarmé
de Gherville. » C'est probablement ce susdit sieur Brémault
qui étant venu, lors de la Révolution, se réfugier à la Foucherie,
et étant porteur d'un sac qui renfermait des valeurs, éveilla
pour ce motif ta cupidité de son fermier, qui, aidé des gens de
celui-ci, l'étrangla pendant la nuit. La terre fut ensuite vendue
nationalement i M. Quentin Vivret, depuis juge de paix à
Gholet, et ses héritiers en sont encore les propriétaires.
LA PROGERIE
La Frogerie est un manoir du XV« siècle, situé à droite de
la route et de la voie ferrée» de Maulévrier à Cholet^ sur une
petite élévation qui, grâce au pays plat des alentours, permet
de laisser apercevoir de très loin ses quatre tourelles h toiture
aiguô, et recouvertes d'ardoises. Le ch&teau a été Tobjet, il y
a quelques années, d'une réparation plus ou moins heureuse.
Un joli portail à cintre en accolade donne entrée dans le logis,
à un des angles duquel se trouvait une chapelle. Une pièce
extraite des archives de la Rochelle nous donne le détail des
modestes revenus dont jouissait le desservant de la Chapelle- '
nie : « 1728. — Déclaration que donne à Messieurs de i'assem.
blée générale du clergé de France, qui sera tenue en l'année
mil sept cent trente, et à Messieurs du bureau du diocèse de
134 LES éCHA^UBROaNGS
la Rochelle, Pierre Brosseau^ prêtre demeurant à Tout-le-
Monde, paroisse de Saint-Hilaire d'Eschaubrognes, son an-
nexe, de la Chapelle de Notre-Dame de Pitié (Plusieurs pouil-
lés disent que ladite chapelle était dédiée à Saint Nicolas) de
la Frogerie^ laquelle a pour patron et collateur M. de Maulé-
vrier, des biens et revenus de ladite chapelle pour satisfaire à
la déclaration de l'assemblée générale du clergé de France du
2 décembre 1726, des biens et revenus de ladite chapelle qui
consistent en une petite métairie, située en la paroisse de
Mazière, appelée la Veaugarnie, relevant de la seigneurie de
Mazière consistant en terre labourable, paty^ aire, aireaux, pré,
maison à toits couverts à tuiles, plus les dixmes vulgaire*
ment appelées les dixmes de la Frogerie, grosses, menues et
vertes dixmes, le tout affermé par chaque année, savoir, la
métairie de Maugarnie, en la paroisse de M azières, soixante
livres par ah, plus la nourriture d'un cheval, et un charroi de
vin en Anjou, par acte du T" jour d'Avril 1727, à Jean Tricot et
Françoise Charrié, son épouse, rapportée devant Bernard
et Paillon notaire royal, payable à la Saint George, suivant le
bail dont j'en rapporte copie ; la nourriture d'un cheval et le
charroi de vin en Anjou estimé 20 livres, plus les dixmes de
ladite Frogerie ci-dessus mentionnées, desquelles je jouis par
moy-méme, ont été affermés à la somme de 18 livres par an,
comme il appert par acte passé le 29* jour de décembre 1691,
rapportée parBouchet, notaire de la comté de Maulévrier, cy-
joint. Je n'ai point d'autres titres des revenus delà chapelle
de la Frogerie, ce qui fait que j'ay été longtemps à. faire ia
présente déclaration.
Lé total du revenu de la chapelle de la Frogerie à la somme
de quatre vingt dix huit livres par an cy . . 98 h
Sur laquelle somme de la Frogerie doit être déduit.
1" Au prêtre qui sert ladite chapelle, à raison de deUx
messes par chaque semaine quatre-vingt livres par an.
2* Pour les décimes, huit livres six sols trois deniers
cy8 1.6s. 3d.
LES éCHAUBROGNES 135
3» Il est deub à la Seigneurie de M azière douze boisseaux
de blé seigle, mesure de Ghollet, évalués à onze livres la
charge de, gros dixmes à raison de 46 b^ par charge, fait
7' IV 8*. Brosseau P^»-« »
Cette terre avait le titre de baronnie et appartenait dans
Torigineà une famille de chevaliers de môme nom^ comme en
témoignent quelques notes détachées recueillies dans THis-
toire manuscrite que Mgr Gousseau a laissée inachevée sur la
ville de Châtillon. Je les transcris sans pouvoir les faire suivre
d'aucune note, « 1716. — Aenordis Foreta datRainaldo, priori
s. Salvatoris de Gordis^et fratribus suis, terram de Frogeria
fD. Mazet). — 1224, Wilhemus. fllius Elfredi, dat otagium in
terra Frogeria de Riallum. — 1234, Don d'un terrage par
Theobaldus Arpini, miles, dominus de Progeriis ».
8 aoûtl648, Pierre de Gorneillaud, sgr de la Coudraye-Noyers,
avoue être redevable au seigneur de la Frogerie de quatre sei-
zièmes de grosse avoine rendable à la Périnière, paroisse de
Saint-Pierre d'Echaubrognes,au terme de Notre-Dame Ange-
vine, et mesure de Maulévrier. A l'article de la Goudraye-
Noyers, nous avons vu une damoiselle Golbert de la Frogerie
poursuivant longuement un procès relatif à cette môme rente
due sur le village de la Plaine. — Louis Gabriel de Rorthays,
branche de la Popelinière, épouse, le 14 juillet 1688, Marie
Anna Robert de la Frogerie (Bbauchet-Fillbau). La dite
seigneurie passa aux XVII et XVIII^ siècles aux seigneurs
de Maulévrier, les Gouffler d'abord^ et les Golbert ensuite, aug-
mentant d'un titre de plus la nombreuse liste des seigneuries
dont ces hauts et puissants seigneurs étaient les titulaires.
C'est de la Frogerie que Tonnelet était garde-chasse en 1793,
etc*est de là qu'il partit, lors de l'insurrection vendéenne, à la
tête de ses 150 hommes, pour aller rejoindre à Villefort son
camarade Stofflet.
La Frogerie, comme laGuictiardière, Loumoiset Touvois,
faisait. autrefois partie de la paroisse de Saint-Hillaire des
Echaubrognes.
136 LES iCHAUBROONBS
LA GUIGHARDI&RE
A petite distance de Loumois et de Touvois^ mais sur la
rive opposée de la Moine, est assise la vieille maison noble de
la Guichardière : elle occupe Textrôme pointe d'un coteau au
pied duquel coule la petite rivière^ laquelle en cet endroit sert
maintenant de limite entre Maulévrier et les Echaubrognes .
C'est là que la Moine reçoit le ruisseau de Touvois ou de la
Planche -aux-Moines» qui un peu plus haut a fait tourner le
moulin de Moreau. L'enceinte du logis est flanquée de quatre
tourelles ; un pont-levis jeté sur un fossé, maintenant com-
blé, rejoignait le manoir au coteau, à son seul point accessible,
le midi. La chapelle et les servitudes, ici encore, rayonnaient
autour de la cour intérieure. Une grosse tour est surmontée de
sa toiture aiguë recouverte d'ardoises^ tandis que le double
corps de logis est couvert en tuiles. Tout l'ensemble paraît
remonter au milieu du seizième siècle. Le prieuré de la Gui-
chardière relevait de Bellefontaine. En 167C^ en était seigneur
François de Soussay. Ses descendants, Louis et Alexandre de
Soussay, l'habitaient encore en 1740.L'alné faisait valoir, outre
son propre domaine, celui de la Sicardière, devenu vacant
par le supplice de François Garnier. Pour obtenir cette exploi-
tation il s'était porté caution pour Jacques Routier, fermier à
la Petite-Roche, même paroisse de Saint-Hilaire, à qui elle
avait été adjugée pour la somme de 380 livres de ferme.
Malgré leur participation à ces travaux champêtres, nos
seigneurs avaient, paratt-il, des loisirs, et^ entre temps, ils se
livraient dit-on, à la fructueuse contrebande sur le sel dont
nous avons déjà dit un mot ailleurs. Les greniers i sel de
Gholet, Ch&tillon, Saint-Laurent, etc, [n'approvisionnaient
guère que ces localités même ; et le reste du pays vivait de
contrebande. Or, le Poitou était exempt de l'exercice de la ga-
belle^ tandis que dans l'Anjou on était assujetti à des droits
exorbitants. Les faux-sauniers, et notre Louis de Soussay de-
LB8 ÉGHAUBR0GNE8 137
vait être du nombre, armés jusques aux dents, circulaient
librement, bien que clandestinement, dans le pays, péné-
traient même quelquefois jusqu'aux salines^ malgré le carcan,
la marque et les galères, auxquels ils étaient condamnés en
cas d'arrêt. Ils vendaient ensuite à prixréduitdans les châteaux
et les villages le sel qu'ils colportaient en fraude. Le peuple
détestait les « Gabeloux et la Justice t^ottée » qui les pro-
tégeait; et, dans les rencontres qu'ils faisaient entre eux, il y
avait souvent des rixes, des blessures, voire même quelque-
fois des morts. Il en fut ainsi de notre Louis de Soussay
qui fut assassiné, vers Pâques de l'année 1738, par les em-
ployés de la gabelle de la brigade de Saint-Laurent-sur-Sèvre.
Nous voyons, par une des pièces du procès delaSicardière,
que Louis de Soussay avait eu de son mariage avec Marie-
Anne de RicheteaU; un fils dont son frère Alexandre fut
ensuite nommé le tuteur. La veuve eut beau déclareç que
n'ayant point été en communauté de biens avec son mari, elle
ne voulait point s'embarrasser dans le bail judiciaire de la
Sicardière, son beau-frère n*en fut pas moins obligé, pour gérer
ses intérêts de se porter comme opposant à la délivrance des
800 livres que réclamait le sieur Golombat, fermier du domaine
et, à celle de 900 livres que demandait, de son côté, le sieur
Jolly, sous-fermier des francs-fiefs ; se fondant, dans ce ref us^
sur ce que la saisie faite parles susdits des fruits dudit domaine
avait empêché l'adjudicataire de pouvoir en jouir tranquille-
ment. A ce défaut de se livrer à la contrebande, nos bons
gentilshommes joignaient encore celui d'un amour effréné du
jeu. Je ne sais lequel d'entre eux sacrifia sa fortune à cette
passion funeste. Un montre encore^ au delà du village des
Vannes, une prairie qu'il perdit par suite d'un coup malheur
reux du sort. Mais en dépit de tous ces défauts, et malgré leur
rudesse, ils n'en avaient pas moins l'amour de la famille et
du foyer, ainsi qu'on va pouvoir en juger par la lettre suivante
du chevalier de Soussay à sa femme, Renée - Marguerite
Gauvain.
1
^
138 LES ÉGHAUBROONES
« De la Fontaine, ce 4 may 1740.
Ma très chère femme. J'ai l'honneur de vous écrire celle-ci
pour m'informer de Tétat de votre santé qui m'est aussy chère
que la mienne. Je vousdiray, ma très chère femme, que mes
frères sont arrivés le 4 du mois, dont ils me disent qu'il me
faut votre procuration ; c*est pourquoy je vous envoyé Saint-
Jouin. Sitôt qu'il sera arrivé, je vous prie d'envoyer quérir un
notaire à Maulévrier parce qu'il faut qu'il parte dès le lende-
main. Je vous prie de vous conserver et de vous gouverner,
de ne point vous impatienter de moy. Je me porte très bien,
Dieu merci, je suis et je seray toute ma vie, ma très chère
femme, votre très humble et tout affectionné serviteur. Da
SoussAY, chevalier de la Guichardière^
Tous mes frères et sœurs vous embrassent et vous saluent.
Je vous diray, ma chère femme^ si je ne suis pas pour lafoire^
vous amènerez les deux veaux pour les vendre. Je vous diray
que mes chers frères, ils ont été très mortifiés de votre ma-
ladie, et très fâchés de ne point vous voir. Je vous diray que
nous voulons faire des partages définitifs, tant de père que de
mère, par le môme acte. »
A cette pièce est adjointe la procuration démandée, faite le
lendemain, par Pierre Bodi, notaire royal à Maulévrier, par
laquelle dame Renée-Marguerite Gauvain, fille de défunt
messire François Gauvain, chevaHer, et épouse de M. Alexandre
de Soussay , chevalier de la Guichard ière*, y demeurant, paroisse
Saint-Hilaire d'Echaubrognes, autorise ce dernier à renoncer
à la succession de feu sieur François Gauvain,père de ladite
demoiselle. Signé, Renée - Marguerite Gauvain, p' certifier
véritable.
La Guichardière est ensuite devenue la propriété du cheva-
lier Hay de Slade ; puis, au moment de la Révolution, elle
appartenait à M. Pierre Charrier qui y fut assassiné par les
bleus, le 23 janvier 1794. Son fils, M. Pierre Charrier, fut
un des derniers maires de la commune de Saint-Hilaire des
Ëchaubrognes.
LIS ÉCHAUBROQNSS 139
LANDEBEHOËRE
Celui-là ne peut se faire une idée du cbarme que présente le
séjour à la campagne, dans notre Vendée, qui ne Ta pas vue
au printemps, alors que ses champs et ses prairies sans
nombre, revôtus d'une verdure naissante, semblent être un
immense tapis sur lequel les haies et les buissons forment
mille dessins capricieux. C'est dans un des sites qu'ils font
ainsi» qu'apparaît le petit castel de Landebergère situé à une
demi'lieue environ des Echaubrognes, entre les deux chemins
conduisant Tun à Moulins et l'autre à notre nouvelle paroisse
de Loublande. Vues à dislance, du sommet du coteau qui leur
fait face, sur la route de Moulins, ces ruines apparaissent
comme encadrées dans un massif de verdure. Des arbres
grands et vigoureux ont en effet surgi au milieu desdécombres
et sur le bord des douves. Des buis magnifiques, plantés là
autrefois comme de simples bordures, sont devenus arbres à
leur tour et font comme une ceinture au vieux castel ; tandis
que sur la terrasse et dans le jardin, de grands marronniers
entremêlent leur feuillage avec celui des ifs et cachent aux re-
gards des passants ces pittoresques ruines encore en partie
recouvertes du côté de TOuest surtout, par des lierres dont
les milliers de griffes' contribuent du moins à soutenir leurs
murailles chancelantes. Une petite avenue, plantée irréguliè-
rement de noyers plus que séculaires, bien décrépits, et que
Ton ne songera point à renouveler, longe le jardin et conduit
à une cour extérieure qui précède le logis. Celui-ci est encore
entouré de ses fossés ou douves qu'alimente une fontaine
située vis-à-vis la porte d'entrée. Dans ces douves peu pro-
fondes^ croupit au milieu de grandes herbes, de décombres et
de broussailles, une eau bourbeuse, recouverte d'un épais
limon. Un pont étroit donne accès dans la cour intérieure. On
y pénètre par une porte surmontée d'armoiries à demi effacées
et grossièrement sculptées sur le granit. Deux petits pilastres
140 LBS ÉCHAUBR00NE8
cannelés servent de support à Técu dont le champ porte un
lion accompagné de deux croissants montants. Une singularité
de cet écusson c'est quMl est représenté renversé, pointe en
haut, une sorte de couronne ou peut-être de lambel, y sur-
monte lesdites pièces. La vieille porte en chêne est d'une
grande épaisseur et garnie de gros clous. En pénétrant dans
la cour on voit; à main gauche, le corps du logis dont la face
regarde le levant. Une portion du vieux manoir, quelque peu
séparée, sert de demeure au tenancier, Tautre est demeurée
telle que l'a laissée l'incendie révolutionnaire. Le temps a
donné à toutes ces ruines un cachet de poétique mélancolie ;
rien surtout de triste et désolée comme la partie des b&timents
qui n'a pas été réparée depuis la Révolution. Il n'y a plus là
debout que les murailles ; plqs de toiture, plus de séparations
intérieures, encore moins de planchers, la pierre seule a sur-
vécu, mais le vieux squelette résiste et semble presqu'intact.
Une petite porte, envahie par les décombres., donne entrée dans
l'intérieur des ruines, où Pon aperçoit par les fenêtres et au-
dessus de l'entablement ces grands arbres qui ont poussé le
long des salles désertes. Une sorte de moucharaby, percé de
plusieurs archères, et perché à l'angle oriental de la façade,
était là comme pour surveiller l'entrée et au besoin pour servir
à la défendre. Dans cette même partie des ruines se trouvait le
petit oratoire^ autrefois pièce obligée de chaque logis dont les
étroites dimensions ne permettaient pas la présence d'une
chapelle. Les salles étaient largement éclairées par de vastes
fenêtres encore maintenant garnies de leur meneau en croix.
On peut voir aux cheminées superposées des divers étages, les
jambages ornés de belles moulures, et leurs larges manteaux
surplombant maintenant dans le vide. La porte du logis, à
deux battants et en chêne massif, ornée de gros clous, témoi-
gne elle aussi de l'intention qu'on a eue de se mettre à Tabrl
d'une surprise : précaution du reste que la situation isolée du
vieux manoir suffirait à elle seule à justifier. Cette porte est
accolée de deux pilastres surmontés ri'une archivolte. En
L£S ÉGHAUBROONES 141
retour d'éqoerre, un autre corps de logis, moins élevé, a des
fenêtres géminées et cintrées qui rappellent davantage encore
la renaissance. Là, au premier, est une vaste salle servant
maintenant de grenier à blé ; elle se termine par une tourelle
bâtie en encorbellement sur les douves. Une chambre de
l'étage supérieur reînferme un cadre dédoré où Ton voit im-
. primée sur une soie, jadis blanche, une thèse de philosophie
dontle texte imprimé est surmonté d'une gravure représentant
la sainte Vierge. On lit au-dessous : « Has conclusiones, Deo
duce, et sub auspiciis B. M. V. propugnabit m collegio ..
(effacé) societatis Jesu, Joannes Courtin, fonteniacensis, ma.
gister laureatus... die mensis augusti 1674. » Et plus bas, un
écusson fort endommagé, porte : d'argent au chevron d'or,
accompagné de trois quinte feuilles, et au chef chargé de trois
étoiles avec un casque d^écuyer. Ce sont les armoiries de la
famille Courtin, de Pontenay. Nous devons àTétat d'abandon
môme dans lequel est demeuré Landebergère depuis la Révo-
lution, de la trouver à peu près telle que l'avaient quittée ses
anciens maîtres : seuls, la petite futaie qui avoisinait le manoir
et plusieurs magnifiques arbres qui ornaient le jardin et les
prieurés voisins, ont disparu. Dans un vieux titre de la Cou-
draye-Noyers, en date du 24 avril 1664, il est dit que la
Oaudière, de la Petite-Ecurie, était tenue par les seigneurs de
Landebergère. Ils percevaientégalementune rente deîcharges
de blé sur la Grande-Ecurie. En 1718, M. Pierre Rochard,
écuyer, sieur de Landebergère, conseiller secrétaire, du roy,
auditeur à la Chambre des Comptes de Bretagne, à Nantes,
intente, de concert avec P. Gyerault, sieur de la Coudraye-
Noyers, un long procès au sujet d'une rente sur la Gautresche,
laquelle consistait en sept septiers de seigle, le charroi d'une
tonne de vin pris à Pontenay, de Mauzé, et rendable à^la
Grande-Métairie de Boissière, plus deux moutons de deux ans,
avec leur laine, deux oies et deux chapons. Messire Alexandre
Cousseau de la Richardière, sénéchal de Mauléon, leur donna
gain de cause, et réclama en même temps aux propriétaires
TOME XVI. — NOTICES. — XVl* ANNÉE, 3«-4« LIV. 11
142 L£8 ÉOUAUBROaNES
de la Qautresche deux septiers de blé, cinq sols, plus une
géline et une trousse de paille de rente féodale qu'ils devaient
aux sires de Mauléon .
Le 11 décembre 1733, ce mâme Pierre Rochard de Lande-
bergère est dit avoir hérité du fief du Pasty situé à Fontenay ;
il le tenait du chef de sa femme, demoiselle Marguerite Courtin,
fille unique de Marguerite Pichard et de Jean Courtin, conseiller
honoraire au siège royal et sénéchaussée de Fontenay : (c'est
le môme qui a soutenu la thèse de philosophie mentionnée
plus haut). Remarquons en passant que c'est à tort que
M. Beauchet Filleau dans son Dictionnaire^ 1. 1, p. 528, attribue
N. Pichard comme épouse à Pierre Rochard, car Marguerite
Pichard était sa belle-tnère. Demoiselle Marie-Marguerite
Rochard de Landebergère, fille de Pierre Rochard et de Mar-
guerite Courtin, épousa» par contrat du 7 janvier 1737, Victor-
Gabriel Buor, chevalier sgr de la Gobinière. Nos registres
paroissiaux mentionnent ledit Gabriel comme ayant été témoin,
le 18 août 1750, au mariage de son jardinier, René Périgeois,
originaire de Précigné, alors du diocèse d* Angers. L'année
suivante, cette demoiselle Marguerite Rochard de Landeber-
gère, femme de Gabriel Buor, est marraine, et Louis Guinoy-
seau de la Saunerie est parrain du second enfant.
Victor-Gabriel Buor n'existait plus lors du mariage de
Marie-Marguerite, sa fille unique, qui le 5 octobre 17Ô2,
épousa Louis Buor de Boislambert, son cousin. Les Buor, ai
nombreux au Poitou qu*un proverbe disait : « Battez les
buissons, il en sortira des Buor », avaient donc étendu un de
leurs rameaux jusque dans notre paroisse. Les Buor, dit
M. B. Pillon, membres d'une lignée, pauvre d'or, mais riche
de cœur, et comptant parmi leurs ancêtres le bon chevalier
c( aux marches du Poitou » dont parle Froissard, et parmi leurs
alliances les du Guesclin et les Clisson. La famille de Buor
porte : d'argent d 3 coquilles de gueides, au franc-canton
d*azur.
Parmi les électeurs de la noblesse du Poitou en 1789, figure
Gabriel Henri Rochard, écu yer, sgr de Landebergère, lieutenant
Lies ÉGHAUBROQNKS 143
r
de nos seigneurs les maréchaux de France. Il se fait repré-
senter par un fondé de pouvoir, et est pour la paroisse de
Dissais, en Bas-Poitou (Mém. des Antiquaires de V Ouest ^ XXX,
p. 408J. A Tarmée des Princes, troupes de ligne infanterie,
compagniede Dauphiné, se trouvait Jacques-Augustin Rochard,
chevalier de Landôbergère, capitaine dans ce régiment et chef
d'escouade dans la compagnie. (Beauchet-PilleaUjfimtgfre^ du
Poitou, p. 80).
Au commencement du siècle,Landebergère appartint quelque
temps à M. Grellier du Fougeroux ; maintenant c'est M. Esprit
Baudry, ancien maire de Cholet, qui en est le propriétaire.
LIVOIS
u II existe aux Echaubrognes, dit M. Berthelé, plusieurs
vieux logis seigneuriaux : le plus délabré, le plus incomplet,
mais non le moins pittoresque est le château de Livois, dont il
reste encore les servitudes et une partie des douves, le tout
encadrant quelques débris de murailles curieuses ». Qu'au-
rait dont dit de ce castel l'ex-archiviste des Deux-Sèvres, s'il
eût pu voir Livois, il y a cinquante ans, alors que le vieil édi-
fice, (bien que ayant été brûlé par les révolutionnaires, natu-
rellement) était encore debout tout entier, et privé seulement
de sa toiture. Je l'ai vu moi-môme encore en cet état. Il repré-
sentait merveilleusement, mais comme en miniature, ces châ-
telets ou fortins du moyen-âge qui, avant l'invention de la
poudré, étaient construits de façon à résister à une attaque
même assez sérieuse. Entouré de douves vives, séparé des
servitudes et de la cour, autrefois par un pont-levis que le
temps avaient transformé en une passerelle soutenue à son
milieu par une pile de maçonnerie, il pouvait fort bien main-
tenir les assaillants à distance. Si l'entrée n'y était pas protégée
par une herse, une solide porte en gros barreaux de fer, fa-
çonnée en forme de damier, et solidement cadenassée, à l'ai-
144 LES ECHAUBROGNES
(Je d*une serrure que maintenait en même temps un verrou,
protégeait ou interdisait le passage. Cette porte, du. reste,
existe encore, et a été transportée àTouvois par M. Le Roux,
actuellement propriétaire de l'un et l'autre manoir. Par le
pont-levis on avait accès dans une cour étroite dont la mu-
raille, au midi, s'abaissait quelque peu afîn de laisser accès au
soleil et d'éclairer la façade du logis. Au dedans un spacieux
corridor éclairait deux sa41es basses, et contenait un escalier
pour desservir Tétage supérieur dont la distribution était la
même. Le tout était éclairé au midi .et au nord par de hautes
fenêtres. Une sorte d'échauguette portée en encorbellement par
de grosses pierres de taille, dont on peut voir encore la base,
à l'angle nord-ouest dominait de ce côté la toiture. Les moulures
qui décoraient les fenêtres et les portes, indiquent bien la fin
du XV" siècle. Son propriétaire .a laissé tout cela se détério-
rer à plaisir. Depuis bien des années les douves ont été en
grande partie comblées, les murs écroulés ont fournis des
matériaux pour édifier sur place des toits pour les animaux ;
et au milieu de ces ruines aété élevée, en ces derniers temps,
je ne sais quelle informe tour carrée qui achève de déparer
les restes de l'ancienne demeure. Nous verrons, à l'article de
Touvois, que la famille Raou] du Soulier était devenue proprié-
taire de ce logis, qui était encore habité par deux de ses mem-
bres au moment de la Révolution. C'est à Livois que demeu-
rait, avec sa fille Marie, dame Clotilde Cantineau de la Char-
pentrie, veuve de M'** Henri de Touvois, lorsque le sieur
François Garnier de la Sicardière s'unit à elle en troisième
noces^ vers 1729.
LOUISIÈRE
Sur la route des Echaubrognes à Châtillon et au sommet du
plateau qui s'étend entre le ruisseau de la Picoulée et celui de
la Planche-aux-Moines, s'élève le vieux logis de Louisière.
Il est formé d'un seul corps de bâtiment, et accosté au rai-
LB8 ÉGHAUBROGNBS 145
di d'une tour carrée, trapue, avec toiture en ardoises. Il do-
mine le paysage quelque peu dénudé des alenfours. Cecastel,
avec la teinte grisâtre que lui a donné le temps, et entouré de
murailles de clôture, trouées en plus d'un endroit, ressemble
plutôt^ vu de la voie ferrée qui le longe, à une ruine, qu'à une
habitation méritant le titre trop pompeux de château. Con-
trairement à ses pareils, cependant^ il ne paraît pas avoir trop
souffert pendant la période révolutionnaire. Nulle part je n'ai
trouvé trace d'armoiries. Son ensemble accuse une construc-
tion du XV1« siècle. Le portail d'entrée surmonté de son
cintre a disparu. La pièce principale de l'habitation est une
vaste salle avec cheminée de première grandeur et dont le
manteau repose sur deux énormes consoles. Deux poutres
supportent le plancher. On arrive à Tétage supérieur par un
vaste escalier en pierre qui occupe tout Tintérieur de la grosse ,
tour dont nous avons parlé. Dans une des pièces du logis se
voyait encore, il y a une soixantaine d'années, une armure
complète de chevalier que le propriétaire a fait disparaître
depuis.
Les redevances dont cette seigneurie était grevée envers
Tabbaye de la Trinité de Châtillon paraissent avoir donné du
souci aux religieux. Ils durent avoir à soutenir, vers 15Ô0, un
procès considérable à cette occasion, comme il appert par leur
pouillé rédigé en 1669 et années suivantes, par l'un d'eux,
frère Jacques Thieulin. Voici les notes que j'y ai trouvées
éparses, et qui sont presque tout ce que j'ai pu butiner con-
cernant Louisière.
« Sur la maison'de Louisière paroisse, d'Echaubrognes, il est
dû au 3 -septembre, 30' 8» 8<* comme rente provenant du
procès de Louisière^ pour la poursuite duquel on a amorti cinq
ou six anniversaires. Cette rente doit tenir lieu des anniver-
saires amortis. — Le couvent est tenu à faire un anniversaire
pour frère Pierre Torode, prieur de Saint-Pierre (de Mauléon)
le 7. février. Il a donné 100' qui sont employées au procès
de Louisière. Plus un anniversaire pour Jean de Gaucourt,
146 LBS ÉCHAUBROONES
abbé, le jeudi d'après les cendres ; il a donné 100^ qui sont
employées au procès de Louisière. Plus un anniversaire, le
16 mars, pour frère Jean de Bons, provost ; outre l'anniver-
saire, tous les prebstres de l'abbaye sont obligés de dire une
basse messe, il a donné pour cela sept livres sur Louisière,
Plus un anniversaire pour frère Laurent Mail ineau, prieur de
Tabbaye, le 18 novembre, lequel a donné 100^ qui sont
employées au procès de Louisière. Sur Louisière, paroisse
d'Echaubrognes, appartenant à Jacques Boisson^ écuyer, sieur
delà Guierche, en Saint-Amand, est due au couvent la somme
de 700* de rente foncière rendable, terme de chacun 8* jour de
septembre. Sur Louisière, paroisse de Saint-Pierre d'Echau-
brognes, appartenant à François Sapinaut, écuyer. sieur de
Bois-Huguet, est dû au couvént30*8"8' de rente hypothécaire,
par contrat passé par Fuseau notaire à Mauléon, le 7 septem-
bre 1686. Cette rente est remboursée et les arrérages entière-
ment payés par le bois d*Aubert. »
La famille Sapinaut, maintenue noble par sentence rendue
par M. Rouillé du Coudray, le 24 mars 1670, porte d'argent à
trois mer leUes de sable. « Le 21 mars 1701, Jacques Gillebert
de la (Petite) Louisière, procureur fiscal à Mauléon, offre foy
et hommage, et présente son aveu au seigneur de Graude-
Louisière, pour raison de la Petite-Loqisière, et il a consigné
50 livres et 4 boisseaux et demi de bled pour le rachapt de la
moitié dudit lieu, regardant le Poitou, deub par le décez de sa
mère. Laquelle consignation dame Bonne de Laurens, au nom
et comme tutrice d'Urbain Boisson son fils, a retirée de Challet,
le 1**' avril. Te tout suivant Tacte d'offre fait par Brosseau et
ledit Chdllet qui en a la minute, quittance estant au pied. »
Livre de Raison de J. Gillbbkrt.
(Voir plus loin)
LBS ÉGHAUBROGNBS 147
L0UM018
En face du chAteau de Maulévrier, vers le midi, s'élevait
encore à la fin du dernier siècle le manoir de Loumois. La
Moine, née à quelques kilomètres de là, vient en serpentant
jusqu'au pied du tertre sur lequel est assis le premier ; elle
baignait pareillement les murailles du second, situé vers le
bas du coteau qui lui fait face. Ce n'est que depuis peu, que le
cours de la petite rivière a été redressé. Le riant vallon^ au
milieu duquel ce ruisseau serpente doucement, était prédestiné
par son assiette tranquille a être choisi de bonne heure comme
lieu d*habitation. Dès le milieu du XVI* siècle, le chevalier qui
habitait Thébergement de Loumois, faisait à nouveau la pieuse
fondation que nous allons rapporter, et il ne fait que rebâtir
la chapelle qui en assurera le service. Le site est toujours
demeuré charmant ; mais chapelle et manoir ont disparu
depuis longtemps. Jadis des chênes gigantesques formaient
comme une ceinture au manoir ; les chênes ont disparu à leur
tour, ou plutôt» un seul est demeuré, mais au lieu de protéger
les tourelles du vieux castel, il n'a plus pour emploi que de
garder contre les rayons du soleil les instruments aratoires
du fermier qui encore ici, a remplacé les anciens seigneurs.
Mais, si le castel n'existe plus, du moins son souvenir n'est pas
entièrement effacé, et grâce à une précieuse charte du Béné-
dictin D. Fonteneau, nous allons pouvoir faire un instant
revivre un passé vieux déjà de cinq ou six siècles.
« Année 1342,7 mai. — Confirmation faite par Jean, évoque de
Maillezais, d'une chapelle fondée par Rainaud de Trocha, che-
valier seigneur de Lomaye, dans son hébergement de Lomaye
situé près de Maulévrier et dans la paroisse Saint-Hilaire
d'Echaubrognes. »
(Original. Abbaye de la Grènetière. Dom Fonteneau IX,
p. 270.)
tt Frère Jean, par la volonté de Dieu, évoque deMaillezais, à
tous ceux qui les présentes verront et entendront, salut en
148 LES ÉGHAUB ROGNES
celui qui est appelé le vrai salut. Savoir faisons à tous que
par devant nous, noble Rainaud de Trocha, chevalier, sei-
gneur de Lomaye en son hébergement situé près de Maulé-
vrier et dans la paroisse de Saint-Hilaire d'Êchaubrognes de
notre diocèse de Maillezais, préoccupé de son salut par un
mouvement de pieuse religion, après s'ôtreen préalable assuré
de notre vouloir et consentement, en l'honneur de la sainte et
indivisible Trinité, de la glorieuse Vierge Marie et de tous les
saintS; pour le salut de son âme, celui de ses parepts et amis,
a de nouveau fondé une chapelle dans son hébergement de
Lomaye. Cette chapelle il l'a dotée ainsi que son chapelain,
sur ses biens et revenus propres. Il a légué à perpétuité pour
son entretien et celui de son chapelain une terre au village
appelé communément la Roche-Vitet, avec tous ses droits et
appartenances, dans un fief du susdit seigneur, situé dans la
paroisse de Saint-Hilaire d'Izernay. En outre, cinq septiersde
seigle, mesure de Maulévrier^que Jehan Audebaud, seigneur
de laPéronère, doit comme revenu annuel et perpétuel lai
payer sur sa dîme du Grore, paroisse des Aubiers, lesquels
cinq septiers de seigle, mesure susdite, ledit Audebaud est
tenu de livrer audit noble homme tous les ans, soit au manoir
de Lomaye soit à Maulévrier, le dimanche qui suit l'Assomp-
tion de la Bienheureuse Vierge Marie, donne de plus ledit
seigneur deux cantons de vigne à lui appartenant situés près
deMéhondu, au Champ de Bataille (?) en la châtellenie qu'on
nomme communément... quitte et nette de toute redevance,
sauf la dîme que le chapelain d'alors sera tenu (déchiré)
. . . d'Aubigné*.... En outre ledit seigneur a jjonné à la Châ-
tellenie et au chapelain cinquante sols en monnaie courante
de revenu annuel et perpétuel. A savoir vingt-cinq sols pris
et assignés sur sa terre de la Poiteguinière, sise en la paroisse-
de Saint-Pierre d'Kchaubrognes, payables et rendables chaque
année en la fôte de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge
*■ Une ferme de Nihondi se llrouve dam la paroisse d*Aabigné canton de
Vihiers (Maine-et-Loire).
LBS ÉGHAUBROONBS 149
Marie, et dix sols de la susdite monnaie, prélevés et établis sur
la Basse-Lande, près de la terre et pacage aux Maoasseaux
en la paroisse de Saint-Hilaire d'Bchaubrognes, payables et
rendables à perpétuité chacun an au saint jour de Pâques, et
quinze sols à prendre sur les cens et redevances autres que le-
dit seigneur possède et a coutume de percevoir en la paroisse
de Maulévrier, payables à perpétuité, chacun an en la fête de
Saint Aubin. Ledit seigneur transfère à ladite chapellenie et
au chapelain qui y sera nommé tous les titres de propriété et
de possession dont lui-même jouit ou peut jouir sur les choses
susdites. Mais pour lui, et pour ses héritiers à venir,seigneurs
de Lomaye, selon qu'ils seront au moment, ledit seigneur
se réserve douze deniers de redevance franche sur toutes les
choses susdites, etce, à perpétuité et payables chacun an, par
le chapelain qui y sera, le dimanche d'après la Nativité de la
Bienheureuse Vierge Marie, pour toute redevance féodale.
En fondant la dite chapelle le seigneur de Lomaye pour lui,
ses héritiers, ses successeurs ou. ses ayants-cause a retenu le
droit de patronage ou.de représentation, droit expressément
exercé cette première fois, et qui le sera pareillement, autant
de fois, que la chapellenie viendra à vaquer de quelque façon
que ce soit. Ce droit de patronage ou droit de présentation,
nous le réservons au dit seigneur et à ses héritiers, et ayants
cause appartenant à la maison de Lomaye, et nous avons
gardé et gardons collation et institution du chapelain de la-
dite chapellenie, toutes les fois que le cas se présentera. De
plus ledit seigneur, dans la fondation de cette chapellenie a
ordonné que le chapelain serait tenu rigoureusement à célé-
brer trois messes chaque semaine en la chapelle dudit héber-
gement de Lomaye réédiflée par ledit seigneur, à savoir, la
première pour les défunts, la seconde de l'Esprit-Saint, la troi-
sième de la Bienheureuse Marie, mère de Jésus Christ. Et
pourra ledit seigneur ou tout autre qui possédera ledit do-
maine de Lomaye, faire célébrer l'office divin par son chape-
lain ou un autre prêtre approuvé, chaque dimanche, aux fêtes
150 LES ÉCHAUBROGNES
solennelles de NoôU de P&ques, de TAscension, de la Pente-
côte, deTAssomption de la Bienheureuse Vierge Marie, et de
Tous les Saints, à voix basse, secrètement, à huis clos, avant
la messe paroissiale, en présence, du ch&telaîn ou de la châ-
telaine, de leurs enfants et des amis qui peuvent leur survenir,
à Texclusion, toutefois, des excommuniés et des interdits. Mais
la messe paroissiale dite aux jours sus-énoncés, l'office divin
pourra être célèbre solennellement. Que si le chapelain célè-
bre le dimanche, il ne sera ensuite tenu qu'à deux autres mes-
ses dans la semaine. Dans la susdite chapelle ne pourront être
célébrées, les obsèques, à moins qu'il n'en ait été autrement
statué par Tautorité. La bénédiction nuptiale n'y sera donnée,
et les relevailles n'y seront faites qu'autant que la permission
en aura été obtenue de la part de qui de droit. A tous ces ar-
rangements, Guillaume Tiffanelli, prêtre, curé de Saint-Hilaire
d'Echaubrognes, en la paroisse de qui est situé ledit héberge-
ment a été présent, et a souscrit en tout ce qui pouvait con-
cerner son église ou le regarder lui-mftme ; et il a été convenu
entre ledit seigneur et le curé susnommé que le chape-
lain institué dans ladite chapelle lèvera et gardera toutes
les offrandes qui pourront être faites dans la chapelle. En
retour de ces concessions, ledit seigneur s'engage pour lui et
ses successeurs dans ledit hébergement^ à payer à perpétuité
et chacun an, comme rente à ladite église paroissiale de Saint-
Hilaire d'Echaubrognes et à son curé, et cela de sa propre
main, la somme de dix sols en monnaie ayant cour, le lende-
main de la Saint Aubin. Cette somme est assurée sur ledit
hébergement, engagé à cet effet. En outre, ledit seigneur a
réglé et statué que le chapelain, pour lors nommé à ce béné-
fice aura place à la table du manoir seigneurial trois fois en
chaque semaine, à savoir chacun des jours où il célébrera la
messe dans ladite chapelle. Et le même seigneur s'est engagé
pour lui et ses successeurs à fournir pour la chapelle un lumi-
naire suffisant, et à tenir ladite chapelle dans le même état de
décence que sa propre maison, à pourvoir le chapelain de
LKS ÉCHAUBROQNBS 151
touiea les choses qui lui' seront nécessaires dans l'excercice
de ses fonctions. (Elle reste est de st>le.) >»
DoQné & MaQlévrier,le jour du mardi qui a précédé l'Ascen-
sion, Tan du Seigneur 1342 '.
Plusieurs passages de la susdite charte, effacés ou lacérés,
rendent obscures quelques-unes des clauses [de la pieuse
fondation. D'ailleurs, dit D. Fonteneau, il y a dans l'original
quantitéde fautes contre la grammaire : il paraît que le secré-
taire ou notaire entendait mal le latin.
Jeanl^*^ succéda sur le siège épiscopal de Mailiezais.vers 1333,
à Geoffroi II de Pons, et il tint le siège dix ans. On ne connaît
de lui que la pièce que nous venons ds citer, ce qui la rend
doublement précieuse. Admirons quel soin prend le pieux
seigneur afin que rien ne manque à son œuvre ; car Ton sait
combien ce mélange de dons^ restreints par des redevances
féodales et que nous retrouvons ici comme dans toutes les
fondations et donations de l'époque, était une source féconde
de procès et de chicanes. Un chapelain est institué, afin de
prier pour le salut du chevalier et de sa famille ; on règle ses
appointements, il est en outre assuré de trouver toujours au
manoir le repos qui doit suivre Texercice de ses fonctions
saintes Les pieuses offrandes des fidèles ne pouvant plus
avoir pour but l'entretien de la chapelle, puisque ledit seigneur
se charge de ce soin, viendront grossir la provende de Tau-
mÔDier. Il y a lieu de ne point froisser le curé de la paroisse
sur laquelle est situé le manoir ; on prend son avis, et l'on
indique minutieusement les moyens pour l'indemniser de la
perte des offrandes, otc. Mais on se réserve biân expressément
le droit de nomination au bénéfice, et nous voyons dans une
autre charte du même D. Fonleneau, que plus de 230 ans
après, lel'^ juin 1574. Henri d'Kscoubieau, évêque de Mail-
lezais, charge son vicaire général, Anthoine de Beaumont,
1 C«tte charte est imprimée parmi les pièces justificatires qui se trouvent
k la suite de V Histoire de Maillezais ^dx M. Lacurie, lequel Ta extraite de D.
Fontaneau.
452 LES ÉGHAUB ROGNES
prieur de Notre-Dame de Coron, de conférer la chapellenie
devenue vacante, par le mariage de Charles de Lomaye,
écuyer. Tout se passait donc encore comme il est prescrit
dans Tacte de fondation, et nous voyons en outre que la fa-
mille du donateur n'était pas éteinte à la fin du XVI* siècle.
« AnthoinedeBeaumont, prieur commendataire du prieuré
de Notre-Dame de Coron, chanoine prébende de l'église collé-
giale, royale et séculière de Saint-Hilaire le Grand de Poitiers
et vicaire général du révérend Père et seigneur en J. C.
Henri d'Escoubleau, par la grâce de Dieu et la volonté du
siège apostolique, évêque et seigneur de Maillezais, confère
la chapellenie de Tous-les-Saints, sise au manoir dû seigneur
de L'Homaye, paroisse de Saint-Hilaire de Echaubrognes, de
ce diocèse, devenue vacante par le mariage de noble homme
Charles de L'Homaye, écuyer... dont la présentation appar-
tient au prochain héritier de la maison noble et de la famille
noble de L'Homaye. Le dixième jour de juin, l'an de Tlncar-
nalion du Seigneur mil cinq cent soixante quatorze. »
L'original de cette pièce est, dit D. Ponteneau, dans les
archives de l'abbaye de la Grenetière. Il est scellé d'un grand
sceau de l'évoque de Maillezais qui est parti d'azur et de
gueules, à la bande dor, brochant sur le tout, siinnorité
d'une crosse et d*tme mitre : ce sont les armes de Sourdis.
Gomme toute chose ici-bas, notre chapelle eut s*^s vicissitudes,
puisque, dédiée en 1342 à la Sainte Trinité, à Notre-Dame et à
Tous-les-Saints, elle se trouve dans un pouillé du diocèse de
la Rochelle, datant du XVIIP siècle, désignée sous un nouveau
vocable, celui de Sainte-Emérence. Le secret de ce change-
ment pourrait sans doute être demandé à nos terribles guer-
res de Cent Ans, ou à celles dites de Religion. Détruite à Tune
dfe ces époques, elle aura été reconstruite, et pour une cause
restée inconnue, dédiée à la jeune compagne de la gracieuse
sainte Agnès. Mais ce n'était pas encore la dernière de ses
transformations, si j'en crois le dire du fermier de Loumois,
car au moment de la Révolution, elle aurait été dédiée à sainte
LES ÉGHAUBR0GNB3 153
Néomaye, qu'on nommait vulgairement sainte Rémoise, et
mdme pour le cas présent, sainte Loumoise, et qu'on venait
invoquer là contre la migraine et les maux de tête. La chapelle
d aiors n'avait point de voûte, mais un simple plafond, elle
pouvait contenir une soixantaine de fidèles. Le chapelain avait
des revenus sensiblement diminués, et faisait sa résidence à
Maulévrier. Le vieux logis qu'on n'a achevé de démolir que
vers le commencement de ce siècle avait dû être l'objet d'une
restauration, vers 1738 ou 1740, car des pierres, utilisées depuis
dans d'autres constructions, portent ces millésimes. II était
situé vers le milieu du pré qui est au-dessous du jardin, il
avait sept tourelles, dont une, celle qui était à gauche du por-
tail, existe encore. Gélestin Port; saidant des notes de
M. Boutillierde Saint André, nous fournit la continuation de
fhistoire des châtelains de Loumois; et, nous Talions voir, la
seconde partie est un peu moins édifiante que la première.
« Loumois, ancienne seigneurie détachée par Jacques de
Montbron, de sa terre de Maulévrier, au profit des trois enfants
adultérins, qu'il avait eus d'Iolande d'Ëscoubleau de Sourdis.
Leurs armes rappelaient poétiquement celte origine, et por-
taieut : de sable^ semé de larmes d'argent, sans nombre^ et
pour timbre une tête de femme, les cheveux retroussés de
devarit en arrière, comme sortant du bain. Elles s'y voyaient
encore au XVIP siècle gravées sur un tuÊfeau, au haut d'un
ancien pavillon attenant à la chapelle ; et la terre, qui à défaut
d'héritier légitime devait faire retour au comté, appartenait
encore, vers 1620, à la descendance des Montbron. En est sieur
Jean de Bailleul, en 1688. François de TEstoile, en 1699, qui y
résidait avec sa femme Thérèse de Bailleul. Sa famille y de-
meura jusqu'à la Révolution. Vendue nationalement, la terre
appartenait en ISIO àM.RocquetdelaBrunière, qui l'a léguée
à M"* Gesbron de la Roulière ».
La voie de fer, qui se trouve près de là, a été inaugurée le
23 décembre 1868* Elle franchit la Moine sur un viaduc en
granit du pays, comprenant sept arches de 12 mètres d'où-»
154 LKS âCHAUBROONICS
verture, ensembie d'une longueur de 117 mëires et dont le
parapet, en pierre de tonnerre, domine d*une hauteur de trente
mètres toute la riante vallée. Sur le coteau qui fait face à l'an-
cienne gentilhommière et au ch&teaude Manlévrier, dans son
assiette pittoresque, une croix, elle aussi dégradée, déjà noir-
cie par le temps, marque lelieu^ où, le 1**^ septembre 1847, à
quelques pas de son orgueilleuse demeure, succombait, vic-
time d*un accident de chasse, à Tâge de 15 ans, Paul Edouard
Vict'urnien Colbert de Maulévrier. le dernier rejeton de la
branche aînée de cette famille.
On voyait il y a une quarantaine d'années, près de là, au
Croisant de la Touche, deux gros blocs de pierre déterminant,
de chaque côté du chemin conduisant à Loumois, le point
extrême ou pouvaient s'avancer jadis les limiers du puissant
seigneur de la Sévrie, sur les confins du domaine des barons
de Maulévrier, et non loin de là, encore, le long d'un chemin
faisant maintenant partie du parc, s'élève, isolé, un grand
portai), sui;monté de l'écusson des Gouffler et accosté d*une
porte basse. C'était rentrée pour laisser passer le môme
seigneur de la Sévrie pour exercer ce droit de chasse jusque
dans les avenues du château.
LA RENAUDIÈRE
Les ruines de la Renaudière comme celles de Livois étaient
encore tout récemment les vieux témoins de l'acharnement
que mirent les républicains à tout détruire dans notre bourg
des Echaubrognes. L^importance du premier de ces logis,
importance dont on peut juger par sa vaste enceinte, et, au-
trefois, par ces belles ruines^ sa proximité du bourg, tout le
désignait de prime abord aux incendiaires que dirigeait le
trop fameux général Caffln. Au bout d'une petite avenue plantée
d'ormeaux s'ouvrait, au bas du bourg, sur le chemin de Lou-
blande, un grand portail dont les deux massifs de maçonnerie
LR& ÉGHAUBROGNEB 155
ornés de pilastres d'ordre toscan, supportaient un entablement
triangulaire au centre duquel était un 6cusson> portant deux
épées en sautoir, armoiries qu'on retrouve reproduites sur un
autre point du mur d'enceinte. Ce portail, qui ne manquait
pas d'élégance, a été abattu comme gênant le passage des
charrettes de la ferme. Â l'angle sud-est, sur le chemin, une
grosse tour était demeurée debout: on l'a démplie pour élar-
gir la voie. En face de l'avenue était un verger dont les bons
seigneurs d'autrefois ne devaient pas être seuls à recueillir les
fruits, si les murailles ne lôs protégeaient pas mieux alors
qu'elles ne le font maintenant. Une poterne s'ouvrait près des
servitudes, habitation actuelle du fermier, et donnait sur le
chemin desFbrts. A quelques pas de là, des mâchicoulis sur-
montant le mur et percés de meurtrières permettaient aux châ-
telains de surveiller la circulation dans le chemin. On a abattu
ce travail dernièrement, en. arasant toute l'enceinte. Uu logis
il ne restait plus guère que l'étage inférieur d'une grosse tour
du XVP siècle renfermant une chambre à laquelle on accédait
par un étroit escalier pratiqué dans l'épaisseur de la muraille.
Tout cela vient d'être pareilleqient détruit ainsi qu'un pan de
mur, reste la façade, donnant au midi, et où s'ouvrait une
vaste fenêtre ornée de moulures. Une chambre formant jadis
l'angle sud-est de l'ancien logis demeure, seul reste, et est
encore habitée. Une pauvre vieille fille aveugle, que j'ai con-
nue étant jeune, m'a dit que le propriétaire de la Renaudière
au moment de la Révolution avait nom M. de Pierre. Depuis
lors, elle a souvent changé de maîtres, M. de Bois-Jourdan au
commencement du siècle l'a vendue à Charles Adélaïde Roy
de Mayé, époux de Julie, Marie-Louise Minot d'Houdan ; leur
fille, Sophie Roy de Mayé, épousa, en Juillet 1837, Joseph Théo-
dore de Crozé de Clesme, qui à son tour a vendu la Renaudière
à M. Jules Escot, de Moft treuil Bellay. Le propriétaire actuel
est M. Bergère-Pellaumaille, le môme qui s'est fait récemment
l'acquéreur du château de Maulévrier I...
Que de réflexions peuvent faire naître toutes ces vicissitudes!
Il y ajuste un siècle, que ce qu'on appelle « la grande Révo
150 LES ÉGHAUBROGNËS
lution » chassa brutalement les anciens seigneurs de leurs
demeures antiques : ceux qui les y ont remplacés comme
propriétaires, jouissent-ils beaucoup plus tranquillement de
leurs biens ?.. en présence des convoitises de plus en plus
menaçantes des socialistes (qui en font trembler plus d'un à
leur tour), ils peuvent se convaincre qu'une seule chose ici-bas
a des promesses de stabilité : l'Église de Jésus-Christ.
{A suivre.)
J
I
MESSIRE JEAN LAINE
DERNIER RECTEUR DE SAIN1WUL1EN DE VOUVANTES
AVANT LK CONCORDAT
SON JOURfML ET SES NOTES
On historien célèbre des temps passas, au début de l'éloge
pompeux qu'il consacre a l'un de ses contemporains, dit que
c'était déjà à son époque un vieil usage de transmettre à la
postérité les actions d'éclat et les vertus morales des hommes
illustres'.
C'est la même pensée qui nous porte aussi nous à écrire la
vie de tous ceux qui à quelque titre peuvent nous intéresser,
dans les diverses positions où la Providence les a placés. Et
l'on peut bien affirmer sans prétention que, retracer d'après
leurs propres écrits, ou les souvenirs de ceux qui les ont
connus, la physionomie de ces prêtres dn dernier siècle qui
ont si généreusement combattu et si glorieusement soufTert,
dans la simplicité de leur vie, pour une cause sacrée, offre un
intérêt de premier ordre. Dans les temps difficiles et particu.
lièrement obscurs que nous traversons, le spectacle du grand
' Tkctie, Vie d'Agrieala : - Claroram riromni f&fU aior«*<)ae poaten*
trad«re antiquitai ntitatum. >
TOMS XVI. — NOTICES. — XVi° ANNÉE 5'^-6= LiV. 1'^
158 M£SSIRE JEAN LAINE
eourage qu'ont montré ces victimes de la Révolution est une
lumière et une force. Si la comparaison de l'énergique netteté
de leur altitude avec la faiblesse et les indécisions de la nôtre
n*e«t pas faite tout d'abord pour nous plaire, si elle cadre mal
avec les louches et douteuses compromissions qui déshonorent
aujourd'hui tant d*hommès, et si elle nous fait rougir, il peut
arriver toutefois que peu à peu ces sentiments si naturels, ces
premiers mouvements fassent place à une réaction salutaire ;
et q^e nous nous disions à nous-mêmes que faire comtne ces
âmes héroïques dans des conjonctures assez semblables, dans
tine situation qur présente plus d'une analogie, et en somme
demande beaucoup moins d'efforts et de courage puisqu'il n'y
va pas de la vie pour nous comme pour elles trop souvent,
n'est après tout qu'un devoir.
Le dernier recteur de Saint-Julien de Vouvantes avant le
Concordat, le prêtre don t nous recueillons et publions le journal
et les notes, les souvenirs et les actes, à uiie époque si troublée,
se trouvait un jour chez un menuisier de son bourg*, causant
familièrement avec lui. Il était alors partout question du
fameux serment civique que tout ecclésiastique devait prêter
sous peine d'exil et bientôt de mort : « Eh bien. Monsieur le
recteur, dit brusquement le brave ouvrier, et le serment? —
Mon ami, repartit aussitôt le recteur apercevant un hachereau
que le menuisier tenait en mains, entre ma tête sous ce ha-
chereau et le serment, je ne balancerais pas. » Un mot heu-
reux a suffi bien souvent pour illustrer un homme et faire
passer son nom à la postérité ; nous estimons, nous, que cette
profession de foi si énergique du recteur de Saint-Julien de
Vouvantes, justifiera le souci que nous avons de consacrer
quelques lignes à sa mémoire. D'autant que M. Laine dans la
suite de sa vie n'a fait qu'affirmer ce premier témoignage. Ses
épreuves, ses longues souffrances, sa déportation prouvent
surabondamment qu'il sut demeurer toujours dans la dispo-
* La Bommé F^rroche, famille éteinte aujoard'htti.
MESeiRJi JEAN LAINE ^ IW
sition de sacrifier sa vie à sa foi de chrétien et de prêtre catho-
lique romain.
Un autre motif nous a vivement porté à publier les notes et
les mémoires de M. Laine. Ilaété un de ces recteurs laborieux
et intelligents f qui nous ont laissé écrite dans leurs registres
l'histoire de leur paroisse et de leur temps. Rt non seulement
M. Laine nous a donné des renseignements curieux et ins-
tructifs sur ce qu'il a vu et entendu, mais il a été amené par
des circonstances particulières à reproduire la physionomie
exacte et fidèle de sa paroisse sous le rectorat de ses prédé-
cesseurs. De sorte qu'il nous fait, pour ainsi dire, l'histoire de
ce petit pays de Vouvantes pendant tout le cours du XVI1I«
siècle.
Sans crainte de paraître exagéré, nous dirons avec un docte
et pieux bénédictin qui daigne nous encourager que « ces re-
cherches locales deviennent autant de matériaux précieux
pour l'histoire générale. » C'est qu'en effet, ces notes de
M. Laine jettent un jour pour nous inattendu sur l'état moral
et les dispositions d'esprit de nos paroisses rurales pendant
le XVIII® siècle. Elles nous prouvent par des faits que l'esprit
philosophique qui régnait alors, l'incrédulité et le scepticisme
qui pervertissaient les classes élevées de la société, se répan-
daient peu à peu dans les masses, envahissaient les campagnes
les plus reculées, y jetant le trouble et l'inquiétude, y semant
bientôt la division et la haine. L'antagonisme entre le pouvoir
religieux et le pouvoir civil qui devait si violemment éclater
plus tard se révélait déjà jusque chez nous ; les luttes des rec-
teurs avec le général de la paroisse, les tracasseries mesquines
et parfois graves auxquelles ils' étaient exposés ne faisaient
que trop prévoir des conjonctures plus difficiles, des épreuves
plus cruelles. En un mot, pendant au moins les soixante
aanéc^quiont précédé la' Révolution, on peut voir dans tout
ee» que» en copiste scrupuleux, nous allons rapporter, un
germe qui grandit et se développe, en attendant qu'if produise
des fruits si amers, sur cet humble théâtre de Saint-Julien; et
160 ME86IRB JBAN LAINE
dans cette petite société troubiée et divisée une image ea rac-
courci, mais trop fidèle de la grande société française allant à
la dérive et se précipitant vers june catastrophe inouïe jusqu'ici
dans nos annales.
Mossire Jean Laine naquit le 17 août 1741 à Azé, petit bourg
près de Gh&teau-Gonthier, alors du diocèse d'Angers :
Le dix-huitième jour du mois d^aoùty mil sept cent quarante
et un, lisons-nous dans les registres paroissiaux, a été baptisé
par nous curé d*'Azé, Jean né hier^ fils de François Laine et de
Françoise Bourjuge, son épouse ; a été parrain Jean Bourjuge ;
et marraine Cécile Bourjuge, tous de cette paroisse.
Suivent les signatures : D'Espinay curé*, François Laine,
Jean Bourjuge, Cécile Bourjuge,
Gomme le prètreéminent qui lui avait conféré le Baptême,
et dont nous reproduisons ci-dessous Tépitaphe significative^
M. Laine rencontra dans sa vie agitée plus d'un adversaire et
d'un ennemi ; comme lui aussi il sut s'en faire craindre^ et si
une violence et une persécution inouïe que n'avait point
soupçonnées le recteur d'Azé eurent raison des forces phy-
siques et de la liberté de notre recteur de Saint Julien de Vou-
* Le baptisear de M. Jean Laine, messire Charles de TEspinay (ou d'Eipinay) .
eur6 d'Azé de t7*2S k 1766, fut an homme de talent et de renom qui mourut
dans sa cure le 3 avril 1766. Il était né au château de ViUatte, paroisse de
Challains (en Anjou) en Tannée 1692. Il fut inhumé dans l*église d*Azé qu*il
avait gouvernée pendant quarante-trois ans avec le zèle et la charité d*uD
digne pasteur, en présence du clergé de la ville de Ghàteau-Gonthier et de
tous les prêtres de la conférence.
Tandis que la tombe de M. Jean Laine a disparu par suite de la création
d'un nouveau cimetière, celle de M. d^Sspinay est parfaitement conservée ;
voici l'épitaphe de ce recteur qui sut se faire craindre des méchants et d'in-
justes adversaires, telle qu'on la voit encore sur une dalle encastrée dans le
carrelage du chœur de l'église d'Azé :
Hicjacet In loco que^jure et sporUe elegit, Carolus de rEfpinay, Hujus
ecelesix rectar, Vir Non tantum nobilitaie insignis Sed omni virttUum
génère. Omnibus ingenii dotibus^ Scientia prœsertim et eloquentia Clarissi^
mus; Primorum amicitia Atque infirmorum zeneratûme CommendcUtiS ;
Malts iantûmyEi injuste rebellantibi4S Pertimescendus. Obiit 30 non.
aprilis, an. 1766, 74 an. natus. Requiescat in paee.
ME8S1RB JEAN LÀlNÉ 161
vantes, il sut du moins sous leurs coups répétés, pendant
tout le cours de sa vie et au milieu du dénûment le plus
complet, de l'adversité la plus extrême, garder sa dignité
sauve et son caractère intact.
Nous n'avons aucun détail sur Tenfance et la jeunesse de
M. Laine.
Quand il fut nommé à la cure de Saint Julien de Vouvantes,
il était vicaire à Saint-Macaire en Anjou, depuis Tannée 1T77.
Le curé de Saint Macaire s'appelait Sébastien Soyer et avait
pour premier vicaire son frère Augustin. Ils exerçaient le
ministère dans cette paroisse, le premier depuis 1749, le
second depuis 1750. Depuis 1751 jusqu'en 1772, cinq épidémies
vinrent à différentes époques (1751, 1765, 1766, 1767,
1772) exercer les plus grands ravages dans la population^
puisqu'elles firent 493 victimes. Ce fut sans doute l'excès de
fatigue occasionné par ces épidémies qui nécessita la présence
d'un second vicaire. M. Laine succédait à un M. Leroyer qui
qui ne resta qu'un an à son poste. Les années 1779, 1780 et
1782 furent encore marquées par le retour du fléau qui n'avait
que trop décimé précédemment la paroisse et qui, cette fois,
vint y jeter un deuil plus profond. Le premier vicaire M. Au-
gustin Soyer mourait le 10 marsl782, et le 10 octobre suivant
le curé son frère le suivait dans la tombe. Tous deux mouraient
sur le champ de bataille, victimes de leur dévouement. Mais
quelles fatigues ne dut pas endurer M. Laine I Depuis le mois
de mars il resta seul vicaire et porta la plus lourde charge
qui avait toujours été celle de M. Augustin Soyer, comme
l'attestent les registres de Saint-Macaire ; et ce fardeau ne fît
que s'aggraver par la mort du curé. Le 6 novembre François
Maurre, sous-prieur de Saint-Florent-le-Vieil vint visiter celte
paroisse si désolée. Ce fut M. Laine qui le reçut ; et il con-
tinua ensuite seul ie saint ministère au milieu du fléau jus-
qu'au 14 décembre, époque où M. Pierre Charles Fleury fut
nommé curé. Le 2 octobre 1783. M. Monrobin arrivait à Saint-
Macaire remplacer M. Laine.
i02 MSStIRB JEAN LAINE
ff Le vingt-quatre septembre mil sept cent quatre-vingt»
trois, messire Jean Laine prestre et vicaire de Saint-Macaire
en Anjou, a pris possession de la cure de Saint-Julien de
Vouvantes, et a succédé à messire Pierre Jouneaulx... »
Telle est la note que M. Laine lui-môme, de sa belle et
large écriture, nous laisse à la fin du registre paroissial de
Saint-Julien de Vouvantes de l'année 1783, pour y notiRer sa
nomination. La cure dont il venait d'être pourvu, était à la
présentation de M. Tabbéde Saint-Florent de Saumur.
Le preqiier acte qu'il signe au registre est du 10 octobre.
A son arrivée à Saint-Julien de Vouvantes, M. Laine trouvait
la paroisse encore sous le coup de Témotion causée par la
mprt foudroyante de M. Jouneaulx survenue le 17 août 1783, &
la suite d*une attaque d'apoplexie.
Il succédait à un recteur dont la vie avait été agitée et trou-
blée par une série de procès retentissants et dont la mémoire
paraissait fort discutée. Après avoir pris possession dans des
circonstances si délicates, M. Laine se mit tout d'abord en
demeure d'étudier la situation et de s'entourer de tous les ren-
seignements que le plus simple bon sens lui dictait. Il trouva
précisément en son presbytère, comme collaborateur l'homme
qui convenait: son vicaire, le vénérable M. Joseph Maillard.
Cet humble prêtre qui devait comme son recteur confesser sa
foi, et la confesser plus glorieusement encore, puisqu'il eut
l'honneur d'ôtre une des victimes de l'ignoble Carrier, était né
à Saint-Julien et n'avait jamais quitté son pays. Prêtre À la
fln de 1749, il fut aussitôt nommé vicaire de sa paroisse natale
et exerça le saint ministère sous les deux prédécesseurs de
M. Laine : MM. Hamel et Jouneaulx. Nul autre mieux que lui
ne pouvait renseigner à tous égards le recteur nouveau venu.
M. Laine ne tarda pas à connaître les épreuves successives
auxquelles avaient été soumis ses prédécesseurs et les calom-
nies atroces dont ils avaient été les victimes. Aussi, une fois
renseigné, prit-il la plume et cloua-t-il. pour ainsi dire, au
pilori, dans ses registres, ceux de ses paroissiens, et ils
ME88IRE JBAN LAINi 168
n'étaient pas les moindres, qui s'étaient faits dans cette bour-
gade de Saint-Julien de Vouvantes, les représentants, les fau-
teurs de l'irréligion du siècle, et s'étaient rués avec une sorte
de rage contre les recteurs qui ne leur revenaient pas. Vif
comme il paratt l'avoir été par caractère, impressionné d'ail-
leurs par la révoltante injustice qu'il saisissait sur le fait,
M. Laine ne ménage point ses expressions ; nous ne pourrons
pas toujours les reproduire; il poursuit jusqu'au tribunal du
Souverain Juge ceux qui pendant leur vie se sont acharnés à
la perte de leurs recteurs, en crayonnant vis-à-vis de leur acte
de décès quelques-unes de ces notes vengeresses: «Voilà l'hom-
me qui a perdu son recteur » ; « Voilà un des membres qui
fut l'ennemi juré do son recteur en le fameux procès de la
paroisse de i776 » ; « Voilà la femme qui catéchisait et formait
de faux-témoins en le procès de 1776 » ; « Voilà l'homme insti-
gateur du fameux procès injustement intenté au recteur » ;
« Voilà l'homme qui a signé tous les écrits en le procès contre
le sieur recteur, et qui en son vivant a fait passer à la Cour
toutes sortes de calomnies contre le dit recteur et plusieurs
autres habitants. »
Pour avoir une idée complète de l'extrême agitation dans la-
quelle il trouvait sa paroisse, agitation qui ne devait plus
cesser, mais augmenter et éclater en une persécution bien
autrement grave ; pour en bien saisir ce qui n'en fut pas la
cause, la cause étant plus profonde, plus générale, mais sim-
plement l'occasion, faisons comme notre recteur, et avec lui,
avec ses notes, ses observations, remontons bien plus haut.
Ce sera l'histoire locale sans doute, mais histoire particulière
qui apportera ses lumières, son concours à l'histoire générale.
w Les offrandes apportées anciennement à cette église (li-
sons-nous dans une requête adressée par le recteur de Saint-
Julien de Vouvantes à Mgr l'évêque de Nantes en date du
13 septembre 1752) étaient très considérables, puisque, en 1560,
Mgr Antoine de Créqui étant évêque de Nantes, pour faciliter
rétablissement d'un collège à Nantes, on proposa d'aliéner le
164 MES8IRB JEiiN LAINE
patrimoine de cette dite cure, tel quMl était, au profit de l'hô-
tel de Ville du dit Nantes ; un nommé Chemin, recteur du dit
Saint-Julien en 1561, abandonna et céda les gros fruits de sa
cure à la maison de ville de Nantes pour Tentretien du dit
collège suivant Tacte latin qui est déposé aux archives de
cette église et dont il sera facile de représenter une copie s'il
est nécessaire de la produire ^ En novembre 1639 un nommé
Blanchard curé du dit Saint-Julien obtint un arrêt de la cour
qui cassait l'union des dixmes de cette cure faite en faveur du
dit collège*. En juin 1690 une déclaration du roi qui règle la
portion congrue des curés et des vicaires survint. En 1690,
Ttiomas Coursier curé de cette paroisse se trouvant dans ce
temps-là trop resserré dans son casuel par une grande dimi-
nution des offrandes, somma MM. les maire et échevins de
la dite ville comme gros décimateurs de lui payer la portion
congrue pour lui et son vicaire à raison de 450 /f , suivant la
dite déclaration du roi. Ces MM. échevins qui jusqu'alors
n'avaient payé aux curés que de très légères sommes, cher-
chèrent les moyens de s'emparer de cette demande, et plai-
dèrent pendant quelques années, prétendant que, n'étant pas
les seuls décimateurs de cette paroisse, ils ne devaient con-
tribuer que pour leur part au payement de la portion congrue
qu'on leur demandait. Cependant le Parlement sans avoir
égard à leurs défenses rendit un arrêt en 1701 par lequel la
communauté de Nantes fut condamnée solidairement à payer
aux curés de Saint-Julien de Vouvantes 300 H- par chacun an
et 150 -H- pour le vicaire, quitte de toutes charges et rentes fors
de 50 # pour les décimes suivant la dite déclaration du roi
de 1690. Cet arrêt de 1701 déposé aux archives de cette église
oblige les autres décimateurs, les dtmes ecclésiastiques
épuisées, de contribuer à la dite portion congrue du recteur
et du vicaire. Mais comme MM. les échevins de la ville de
I Cette pièce n 'existe plus aax archives.
• Tout les documents relatifs à cette affaire sont encore aux archÎTet de
rhôtel de Ville de NanUs.
• MS6SIRE JEAN LAlNé 165
Nantes ne crurent pas trouver leur compte à payer outre les
charges 450 H- par an sur le revenu de cette cure, ils délaissèrent
au dit sieur Thomas Coursier, contre qui ils avaient plaidé,
les dîmes qu'ils avaient jusque-là possédées en la dite paroisse,
et affermées 415 -H- en 1636. Gependant,comme il no paraissait
pas que ces MM. échevins en eussent fait un abandon en
forme^ Alain Desprez, antéprédécesseur du dit Hamel^pourvu
de ce bénéfice par le dit abbé de Saint-Florent qui avait été
maintenu en son droit de présentation par l'arrêt cité de 1634,
et trouvant que sa cure était chargée aux décimes d'une somme
extraordinaire, somma de ce chef, le 20 avril 170Ô, MM. les
maire et échevins de Nantes comme gros décimateurs étalant
droit de percevoir les dîmes autrefois afTectées à cette paroisse,
de lui payer la portion congrue pour lui et pour son vicaire à
raison de 450 -H- selon la déclaration du roi de 1690,et les char-
gres au-dessus de la somme de 60 # ; leur abandonnant toutes
les dimes et autres fonds dont ses prédécesseurs avaient joui
sur ia bonne foi depuis environ 15 (?) ans. Sur cette demande
faite par le dit Desprez alors recteur, MM. les échevins après
avoir examiné les baux à ferme de cette cure dont ils avaient
joui depuis 1560 jusqu'à 1693, c'est-à-dire 133 ans, ayant trou-
vé que ces baux n'avaient jamais été portés qu'à 400 -H- par an
environ, comme il paraît par leur délibération du 27 juin 1709,
après avoir demandé l'avis de M. l'intendant consulté sur
cette affaire, ils ont mieux aimé faire pour toujours au curé de
Saint-Julien de Vouvantes et à ses successeurs, un abandon
en forme de tous les droits qu'ils pouvaient prétendre sur
cette cure. Cet abandon est du 10 juillet 1709. Le dit sieur
Desprez recteur se voyant encore surchargé d'une somme
considérable aux décimes, et se trouvant évidemment dans
le cas de la Déclaration du roi qui fixe les décimes des cures
à portion congrue ou qui l'ont optée, à la somme de 50 # pour
tous décimes ordinaires, et extraordinaire, et à la somme
de 18# pour la subvention pendant qu'elle se lèvera, présenta
une requête à MM. les juges des décimes le 3 août 1709, et y
100 MB88IRtt JflAM LAINA
attacha l'option qu'il avait faite à M. le Receveur de payer 60#
de la portion congrue le 20 avril 1709, et les sommations préa-
lablement faites à M. le Receveur de payer 60 if- pour sa part
de portion de toutes décimes et charges du clergé; et cette
affaire mise en délibération dans une assemblée de MM. les
députés et syndic du clergé de Nantes, il fut enfin arrêté à la
vue des pièces susdites, que la cure de Saint-Julien de Vou-
vantes serait regardée à l'avenir comme une cure à portion
congrue, et en conséquence que les termes de février et d'oc-
tobre de cette année et les autres termes à l'avenir ne seraient
payés que sur le pied de 50 # par an pour toutes décimes
ordinaires et extraordinaires, et 10 # pour la subvention
pendant qu'elle sera levée sur le clergé. Cet arrêté parut par
la première quittance du 4 octobre 1709 avec cette réduction ;
est expressément marqué : conformément à la déclaration du
roi de 1690 dont voici les propres termes :
« Voulons et nous plaît que suivant notre déclaration du
« mois de janvier, les curés et vicaires perpétuels jouissent
« de la portion congrue de 300 # par [chacun an, qui seront
« payées par les gros décimateurs, si mieux ils n'aiment leur
« abandonner toutes les dîmes qu'ils perçoivent dans les dictes
tt paroisses, auquel cas ils seront et demeureront déchargés
« des dites portions congrues ; sur laquelle somme de 300-H- les
« dits curés et vicaires perpétuels seront tenus de payer, par
« chacun an, leur part des dîmes qui seront imposées sur les
« bénéfices de notre royaume à commencer seulement au
« premier département qui en sera fait par les députés des
« chambres ecclésiastiques, laquelle part des dîmes sera
« imposée modérément sur les dits curés et vicaires per-
« pétuels, dont nous chargeons l'honneur et la conscience des
« dits députés, jusqu'à ce que par nous il en ait été autrement
« ordonné, sans que la dite part et portion puisse excéder la
« somme de 50# pour les décimes ordinaires et extraordinai-
« res, dons gratuits et pour toutes autres sommes qui pour-
« raient être imposées à l'avenir sur le clergé, sous quelque
MBStlKV JBAN LAINi 167
a prétexte que se puisse être ; dont nous avons dès à présent^
« et pour lors, déchargé et déchargeons par nos présentes
« les dits curés et vicaires perpétuels* ».
« Des termes si clairs et si formels de la dite déclaration
da roi ne semblent pas avoir besoin d'explication, et autorisent
suffisamment le sieur Hamel recteur de cette paroisse à
supplier Mgr Tévêque, MM. les syndic et députés, d'expédier
sa requête avant qu'il paye ses dîmes, et de vouloir bien
arrêter dans la première délibération de la chambre ecclésias-
tique que, conformément à la dite déclaration du roi de 1690
touchant les cures à portions congrues, et en conséquence du
présent arrêté les termes d'octobre 1751 et de février 1752 dus
par le sieur Hamel, ni les autres termes qui pourraient être
dus par le dit successeur Hamel dans la suite, et par ses suc^
cesseurs, ne pourront excéder la somme de 50/^ par an pour
toutes décimes ordinaires et extraordinaires, et celles de lOff
seulement pour la subvention... Cette modération étant faite,
arrêtée et accordée obligera le suppliant qui a l'avantage de
vivre en partie, comme les premiers apôtres, des offrandes
des fidèles, et qui est tenu d'avoir chez lui un vicaire pour lui
aider à conduire 800 communiants et qui a une belle église à
décorer^ un grand presbytère à entretenir, beaucoup de
pauvres à soulager, cette modération, dis-je. l'obligera et Ten-
gag'era à offrir ses prières au Seigneur pour la santé et la
prospérité de MM. les Juges des décimes.
A Saint^Julien de Vouvantes, le 13 septembre 1752.
R. Hamel, recteur^ » •
1 Voir les Mémoires de Messire Alain Desprez, recteur de Saint-JtUien de
Vouvani^, dant la Revue historique de VOuest, livraisons de Juillet, Sep-*
teinter» et Novembre 1892.
* Bené^François du Hamel (comme porte expressément son acte de décès),
né à Chateaubriant en 1705, second fils de René, seigneur da Moulinroal,
avocat au Parlement de Bretagne, alloué et Maître des Eaux et Forêts de la
Baronnie de Gh&teaubriant, mort en t72S, et de dame Françoise Oallaii,
dame de Beaumanoir et du Rancoôt en Conquereuil ; nommé recteur de St-
JaUan de Vouvantes,' il prit possession de cette cure le 1*^ mai 1735 et il
moarut le 25 novembre 1769, âgé de 65 ans. Il eut pour héritier! ses nevetts:
168 MES8IRB JBAN LAlNÉ
Cette requdte signée de M. Hamel et copiée tout entière de
la main de M. Laine sur les feuilles libres du registre de 1774,
nous apprend donc quelle était la situation de cette cure au
temporel, cure à portion congrue dont le revenu « tant en
pourpris qu*en dtmes et offrandes de toutes espèces produit^,
années communes, 12 à 13 cents livres. En 1742, le recteur
n'en fit que 1082 -H- 2' G**. Les dtmes partagées en sept ou huit
seigneurs, et le pourpris cçnsistanl en trois ou quatre jour-
neaux de terre, ne produisent au recteur que 7 à 800# ; quant
aux offrandes de grains, ou orges, et autres casuels, tous dé-
pendant de la dévotion des fidèles de 30 à 40 lieues à la ronde,
elles ne se montent qu'à 4 ou 500 -H- par an, quoique dans le
publie ceite cure autrefois très considérable par les offrandes,
passe encore pour valoir 3000 # de rentes. Si quelques années
elle a produit 14 à 15 cents livres, par ailleurs la misère a été
bien plus grande dans cette paroisse dont le plus grand
nombre deë paroissiens sont artisans et journaliers, ou petits
Bertrand B4^hu, congeiUer au Parlement, devenu seigneur du Moulinronl par
son mariage avec D^i* Antoinette Rouault de la Valiais, flUe de Joseph sei-
gneur de la Vallais. et de Perrine du Hamel, d* du Monlinroul ; et Jacques
Hochedô de la Oaémerais époux de Jeanne du Hamel, d* du Raneoêt.
Chargé par sa sœur, Madame Kouauit de la Vallais de surveiller ses inté-
rêts an Monlinroul, le recteur de St-Julien géra cette propriété de 1747 à
17(7. Il existe encore aux archives du Moulinronl, plusieurs cahiers écrits
de la main de M. l'abbé du Hamel et contenant ses comptes de gestion. Ce fut
lui qui planta les beaux chênes qui existent encore sur cette terre, dont il
s*occupa avec intérêt et intelligence, tandis que sa sœur habitait Rennes où
son mari était procureur au Parlement. Deux des autres sœurs de Tabbé du
Hamel Jeanne et Renée étaient religieuses à St-Sauveur de Béré en 1746.
La seigneurie du MoulinrotU, moyenne justice sous Chàteaubriant appar-
tenait en USOà Pierre Guischart, en 1480 à Jean Costard, en 1508 à Guillaume
RouauU, époux de D"* Gallinier ; ce fut leur fils Jean Rouault qui fit bâtir en
15761e château actuel du Monlinroul, que leur fille porta par alliance en 1579
aux Hamel; des Hamel il vint aux Béchu en i7à6, et en 1875 èi M * RegnauU
de Bouttemont, née Pauline Varin de la Brunelière et fiUe de D"* Béchu du
Monlinroul.
Les Hamel portent pour armes : d^azur au chevron d'argent accompagné
de trois croizettes fleuronnées d*or,
{Note due à Vobligeance dû comte Xavier de Beîîevue, gendre de Madame
de Bmitemont, propriétaire du Uoulinroul en 1876^ par héritage de son
oncle if. Hippjlyte Béchu du Monlinroul, conseiller général et maire de
C?idteaubriant.)
M£S8IA£ JEAN LAINE 160
colons, qui ont besoin de tout lorsque le blé renchérit, ou
lorsqu'ils tombent malades. » Ce sont les expressions mômes
et le témoignage du recteur dans sa requête.
Ces offrandes, au temps de M. Laine « valaient autant que
le revenu de la cure. » Elles donnèrent prétexte à la lutte
contre les recteurs.
A l'époque du rectorat de messire Alain Desprez (1709-1728)
dont nous avons publié les Mémoires, le pèlerinage de Saint-
Julien paraît avoir été dans toute sa gloire. La translation
solennelle des reliques du patron que le courageux et zélé
recteur était allé chercher à Brioude, avait eu un grand reten-
tissement dans toute la région, et les années qui suivirent
durent amener ici un grand nombre de pèlerins ; ce qui, en
augmentant la dévotion populaire au patron, accrut aussi con-
sidérablement les revenus des recteurs, profitant, comme
d'un casuel reconnu de tous, des offrandes en nature et en
argent déposées dans Téglise. Pendant tout le rectorat de
M. Alain Desprez^ tout futau calme et à la tranquillité la plus
complète, et cet illustre recteur qui paraît avoir joui d'une
g^rande autorité, ne fait allusion dans la partie de ses Mémoires
qui nous a été conservée, qu'au bonheur et au succès de ses
diverses entreprises. Ce fut sous son successeur, messire
Jacques Dezé, que la guerre éclata pour ne plus se terminer
qu'à la grande catastrophe de la fin du siècle où devait s'en-
gloutir tout son passé.
Au temps de ce recteur, vivait dans le pays de Saint-JuHen
de Vouvantesun homme d'origine humble et obscure, lequel
recueilli charitablement chez les moines de la Primaudière'
y servit d'abord en qualité d'enfant de chœur et de cbmmis-
sionnaire Les religieux ayant remarqué son intelligence,
«l'instruisirent et lui donnèrent une éducatiomnajeure, de
façon qu'il fit des progrès en la jurisprudence, et devint un
^ lioiustÀre de Tordre de Grammont fondé sur les confins delà Bretagne et
de rAojou, en 1207, par les deax seigneurs de Ch&teaubriant et de Pouancé.
170 ME8SIRK JEAN LAINE
homme célèbre en cette paroisse où il était craint'. » Sénéchal
delaChapelle-Glain, avocat en parlement, il ne tarda pas à
jouir d'une influence prépondérante dans toutes les affaires
delà paroisse. On le voit mêlé à toutes les délibérations im-
portantes du Général. Sa fortune devint considérable. « Il
amassa en peu de temps au moins cent mille livres de biens. »
Dans une telle situation acquise par son travail et son intelli-
gence^ avec le concours des moines de la Primaudière, il était
à même de contribuer dans une large mesure au bien public
Une malheureuse imprudence de M. Dezé compromit tout.
En jouant un jour à la boule aveo le Sénéchal^ circonstance
qui prouve une assez grande intimité, ainsi que la bonne
simplicité des relations de l'époque, le recteur, dans un mo-
ment de contrariété et d'impatience, lui reprocha la bassesse
de son origine. Ce fut sa perte. Le compagnon du jeu du rec-
teur n'écoutant « que la passion de se venger se porta à ima-
giner^ à supposer contre ledit Dezé, les faits les plus horribles
et les plus punissables par les lois canoniques et civiles, en
le noircissant de la plus honteuse et injurieuse calomnie
auprès de M. le procureur général. Il en arriva à ce point qu'il
ne resta au recteur d'espérance de conserver la vie qu'en
résignant à M. Hamel son bénéfice cure, et d'errer çà et là
après « avoir quitté l'habit sacerdotal. >>
Ce procès fut « d'abord instruit à Nantes et ensuite à
Rennes. L'accusation fut grave sans doute» puisque M. Dezé
fut obligé de démissionner. Dans les divers documents que
nous avons pu consulter^ nous trouvons trace d'autres procès
antérieurs intentés au môme recteur. Ck)mme le remarque
justement un savant archiviste, dans une intéressante étude
publiée dans le Correspondant du 25 octobre 1888^ sous ee
titre Un curé breton sons V ancien régime : « Autrefois, tout
était matière à procès, et les bénéfices étaient sujets plus que
toute autre chose à une foule de contestations... » Pour ce qui
* TiMift lie »•<■ •■tv« g«ilUni«to «onlr «stfail» testatItBiDMit dte WMIM dft
M. JUiiié.
liBSSlRE JEAN LAiNé 171
est de la cause en question, nous savons notiamment qu'une
sentence fut rendue contre M. Dezé par l'offtcialité de Nantes,
le 3 décembre 1734, mais là se bornent i^os renseignements.
C'est Tannée môme de la démission du recteur. M. Laine croit
à la calomnie et les termes exprès et sévères dont il se sert
pour stigmatiser les accusateurs, ne laissent pas de doute sur
sa conviction intime. Il était sur les lieux, avait interrogé des ^
témoins qui avaient connu les faits et les personnes; son témoi-
gnage des plus précieux a une grande valeur.
A la suite et en compagnie du sénéchal de la Chapelle Glain,
nous voyons paraître dans cette lutte contre les recteurs un
grand nombre d'amis, d'alliés, de parents ; et s'établir avec
eux et par eux, tout un parti puissant qui ne sera pas plus
tendre aux successeurs de M. Dezé qu'à lui-môme. L'impru-
dence de ce dernier fut grave, il est vrai ; elle ne fut toutefois
évidemment qu'un prétexte au déchaînement de la haine ; et
si les recteurs successifs n'eurent pas un pareil écart de
langage à leur actif, la perception qu'ils faisaient des riches
offrandes en nature déposées aux pieds delà statue /lu patron,
fut Toccasion suffisante pour recommencer l'attaque et les
procès.
Pendant le rectorat de M. Hamel successeur de M. Dezé,
des tentatives furent faites pour arrêter « les dites offrandes,
mais elUs n'eurent pas de suite, parce que M. Hamel les
répandait en le sein des pauvres... » M. Hamel, nous l'avons
Yu par une note reproduite plus haut^ appartenait à une noble
famille et jouissait d'une fortune assez considérable. Par ail-
leurs il était fgrt estimé dans la paroisse : « Quoiqu'il y ait
déjà bien longtemps, écrivait en 1844 le vicaire, M. Leroux,
rédacteur du registre paroissial, que M. Hamel est mort, sa
mémoire cependant vit encore dans cette paroisse qu'il gou-
verna pendant plus de trente cinq ans. Les anciens aimaient
à raconter à leurs enfants les beaux exemples de vertu de ce
bon prêtre... Sa charité était vraiment extraordinaire : tous les
ans, à l'approche de l'hiver, il faisait aux pauvres une grande
172 ME8SIRE J£AN LAINE
distribution d'habillements, sans compter les aumônes consi-
dérables qu'il distribuait chaque semaine et les secours qu'il
donnait aux pauvres honteux... » Toutes ces qualités du véné-
rable recteur, l'estime général dont il jouissait n'empêchèrent
pas le Général^ en maintes occasions^ de lui susciter de mes-
quines tracasseries dont les traces évidentes sont demeurées
dans les procès-verbaux qui nous ont été conservés de ses
réunions.
Mais ce fut surtout sous le gouvernement de M.' Jouneaulx
que la lulte se raviva, prit des proportions énormes et reten-
tissantes, et fut comme le prélude des scènes tragiques et
sanglantes de la Révolution.
Monsieur Jouneaulx était originaire de la paroisse de. Sain t-
Julten de Vouvantes, et d'une famille riche et puissante. Des
familles rivales de la sienne, influentes également, virent son
arrivée ici avec peine. Il avait été successivement prieur de
Ghanveaux et de Juigné les Mous tiers. Prêtre de beaucoup
d'esprit et de talent, il s'entendait à merveille à faire valoir la
bonté de sa cause, et il en donna de bien belles preuves dans
le fameux procès qui lui fut intenté, et lorsqu'on' voulut lui
enlever les offrandes de l'église*.
Un prétexte futile donna lieu à la première attaque : le refus
par le recteur de prêter une somme de trois cents livres à
un. solliciteur important mais peu responsable. Furieux de
s'être vu évincé, le triste personnage jura de s'en venger.
Pour l'honneur du pays, il est juste de constater que la plu-
part des instigateurs, accusateurs, délateurs de M. Jouneaulx
étaient des étrangers, c'étaient presque tous des fonctionnai-
res de l'époque désignés sous le nom de « sénéchal, procureur
fiscal, receveurs des devoirs, maltôtiers, apothicaire. »
M. Laine les nomme tous, hommes et femmes, car les femmes
aussi s'en mêlaient; il nous fait assister pour ainsi dire, à l'or-
ganisation de l'attaque, à l'instruction de l'affaire, à tous les
* Registre de p&roisse.
MBSSIRE .JEAN LAlNÉ 173
conciliabules de la cabale. On fait d'abord intervenir le
Général « afin de porter ses plaintes, au sujet des barriques
remplies de blés et froments bénits chaque année par le
recteur, et exposées dans^ le sanctuaire de l'église, pour que
chaque voyageur déposât son offrande en les dites barriques et
emportât une petite quantité de grains bénits.» « L'indécence,
disait le Général, qu'occasionnent ces barriques ne permet pas
qu'elles soient exposées dans le sanctuaire ». Aussi il fut
décidé capitulairement qu'elles seraient placées au bas do
l'église. On avait fait entendre au Général que, lorsque ces dis-
positions seraient prises, la fabrique aurait les deux tiers
des offrandes et les recteurs un troisième tiers seulement.
Cela ne suffisait pas. Il fallait d'autres griefs pour perdre le
recteur, on s*attaqua à sa moralité. D'après ses ennemis
M. Jouneuulx « ne trouvait dans la crédule dévotion des voya-
geurs qu'une seule chose, à savoir : de grandes ressources
pour sa cupidité. Bien exercé par la ruine totale da la petite
paroisse de Chanveaux (en Anjou' dont il fut quelques années
le pasteur, il pilla et dévasta la paroisse de Juigné les Mous-
tiers qu'il quitta après avoir enlevé à cette cure deux fermes
de 400 H- de rente. Depuis son arrivée à Saint-Julien, tous les
tribunaux d'alentour n'ont cessé de retentir du nom de cette
paroisse malheureuse, et le mal est arrivé à un tel excès qu'il
est resté aux habitants de cette paroisse le surnom de faux
témoins de Saint Julien^ ».
Les faux témoins, suivant l'affirmation de M. Laine, se
trouvaient au rang des ennemis du recteur : « Tous les soirs,
le catéchisme se fait à de basses et viles âmes pour les faire
déposer choses et faits inventés par deux scélérats. Deux
femmes, aussi méchantes que peu spirituelles, sont chargées
des leçons qui étaient nocturnes et données seulement au
milieu des ténèbres ». Plusieurs paroissiens sont gagnés à la
cause « toutes âmes viles» basses et méprisables qui déposèrent
1 Extrait d'un pamphlet anonyme publié à Saint-Julien, à 100 exemplaires,
en 1791.
TOME XVl* — NOTlGfiS. — XVl* ANNÉB, 5*-6® ANNÉE. l3
1*71 MlâSSIRE JEAN LAlNÊ
tout ce qu'on peut inventer de plu^ horrible, sans craindre de
conduire leur recteur aux derniers supplices; choses et faits
qui nedoivent être marqués ici pour nu pas choquer les oreilles
chastes; et une fille bâtarde, domestique de l'apothicaire,
femme aussi difforme et laide que méchante, eut le front assez
épais pour déposer et soutenir faits à elle personnels en face
du dit recteur qui ne la connaissait pas et ne lavait jamais
confessée, ce qui, pour les honnôles gens, était une preuve
concluante que le recteur n'était pas coupable du crime dont
on Taccusait ».
Les cabaleurs avaient entraîné « en leur parti le procureur
fiscal delà juridiction de la Rivière en haut bois, aux fins de
signer tous les écrits de leur détestable projet; homme borné,
ivrogne, impie et sans probité, lequel signait sans connais-
sance de cause toutes les horreurs delà plus noire calomnie
contre M. Jouneaulx )>. « Un avocat au Parlement, subdéiégué
de rintendance etchef de la maison de force à Rennes, homme
spirituel et dangereux, travaillait de son côté à perdre ledit
Jouneaulx, de concert avec le sieur Brossays, substitut du pro-
cureur général. Sans doute que ledit Brossays ne prévoyait
pas alors devenir, par alliance, cousin du recteur de Saint-
Julien de Vouvantes; et sans examiner la vérité en cette
affaire mal et injustement ourdie, le parlement l'instruit sans
connaissance de cause, sans faire la moindre réflexion, sans
s'apercevoir de la grossière calomnie qu'il a devant les yeux,
il porte toui d'abord un arrêt, et pour ainsi dire fait défense à
saint Julien défaire des miracles, et aux voyageurs d'apporter
des offrandes et de faire toucher leurs chapeaux au dit saint
Julien «.
J. Saint-Fort Rondblou,
(A suivre), prêtre.
LES CAPUCINS DU CROISIC
PENDANT LA RÉVOLUTION
(Suile)'
SECONDE PARTIE
; RELIGIEUX APRÈS 1,'ÉVACL'ATION DU COl'VENT
CHAPITRE I"
Arrivée ues capucins a Nantk». — Ltc pkère Martinibn du
LUDE BN l!:Sl'AGNB KT LE PÈHK FsHUlNANU DE RbNNES A
Jkrsuy. — Lk pkre Julien uk ïSaint-Bhamdan est désiqné
pour uesservir la paroisse de kl>uans.
Le 27 décenibre 1791, nous l'avo;is vu, dix-neuf religieux
avaient dû quitter leur couvent pour venir à Nantes confor-
mément aux ordres de l'administrai ion ; cinq, trop malades ou
trop vieux pour faire le voyage, étaient restés au Croisic.
Avant cette date, trois capucins avaient déjà abandonné le
couvent. C'est d'abord le frère Marfinien du Lude : il était
parti pour l'Espagne et son absence est constatée tant par le
district de Guérande que par le directoire du départe-
176 LEfi GAPUGIN8 DU GR0I81G
ment*. C'est ea second lieu le père Ferdinand de Rennes : d'après
la délibération du directoire du 17 février 1792*, il n'est pas en
effet mentionné parmi les religieux et aucun traitement ne lui
est assigné. Quand partit-il? Où alla-l-il d'abord? Nous l'i-
gnorons; nous savons seulement que plus tard il a résidé à
Jersey*.
Le troisième capucin valide, qui ne vint pas à Nantes, fut le
père Julien de Saiut-Brandan. Oubliant les vœux qu'il avait
prononcés et la déclaration qu'il avait faite de « vouloir
continuer la vie commune* », ce religieux ne craignit pas
d'accepter un poste ne Tévèque constitutionnel et du directoire
du département. Au lieu de se rendre à Nantes avec ses con-
frères, il alla d Rouans célébrer les fôtes de Noël.
La paroisse de Rouans était restée Adèle à ses anciens
prêtres et n'avait aucune confiance pour les jureurs et leurs
amis'. Un capucin, le père Paciflquede Rennes, ancien gardien
du couvent de la Fosse à Nantes, y avait été déjà envoyé' pour
y célébrer le culte, mais il ne fut pas bien accueilli par la
population, ainsi que le prouvent de nombreuses pièces*.
* Le directoire da département, dana la délibération précitée du t9 février 1792
(Arch. dép. Q. Administration centrale, Keg. 3. lo36), constate qae, « le frère
nommé da Ludr a'étant absenté, il doit être distrait da tableau n, et Tétat da
personnel du coavent, arrêté par le district, porte, après son nom, cette ob-
servation : < En Bspagne ». =^ Voir aussi l'Était dressé par le district de
Ouérande le 10 juillet 1792, Arch. départ. L. 238.
' Voir supra cette délibération reproduite in extenso.
1 Derifistoarbeillon,{6:r Familles françaises à Jersey pendant la Révolution,
p. 437. — D'après le relevé fait sur le « Tableau des ecclésiastiques réfugiés
à Jersey », p. 267 à 479, quarante-sept capucins, tant de la province de Bre-
tagne que de celle de Normandie, y auraient résidé pendant la KéTolutioo.
* Arch. dép. Q. Clergé régulier. Ordres mendiants. Inventaire de titres et
mobilier. Etals de situation. CapuHns de Machecoul. — D'après le procès-
verbal du 13 janvier 1791, c le dit père Julien, faisant les fonctions de gar-
dien... m*a déclaré vouloir continuer la vie commune d'après la demande que
je lui eu ai fait ». Même déclaratioa au procè»-verbal du 4 février: « Lesdits
pères gardiens et Allexis et frère Laurent nous ont déclaré séparément vouloir
continuer la vie commune, ce qu'ils ont signé : frère Jul[bn, capucin\gardieo.
frère Allkxis, capucin prêtre, et frère Laurent, capucin, t
• LaHié. Op. cit. l. p. 241.
• Arch. dép. L. 144. Rouatis. Clergé séculier. Personnel.
$
PBNDANT LA RÉVOLUTION 177
Le 11 juinetl79i, il écrivait de Rouans la lettre suivante
« è messieurs les administrateurs du district de Paimbœuf » :
« Messieurs. — J*ai oublié de vous mander que hier dimanche 10
du courant, il s'est passé une petite scène fanatique qui aurait pu
avoir des suittes sans la prudence et la fermeté de' messieurs Desnos
frères qui ont mis fin à l'orgie. Je crois qu*en cas d'événement, ce
serait prudent d*intimer vos ordres à la municipalité de Rouans et à
Monsieur Desnos, commandant de la garde nationale, afin que, en
cas de récidive, on arrestà les progrès du mal occasionné par Téga*
rement de ces pauvres gens qui ne pèchent que par séduction.
J'ay rhonneur d'estre avec le plus profond respect^ messieurs,
votre très humble et très obéissant serviteur. — Richard, prôtre. »
Les administrateurs du district de Paimbœuf s'émurent de
cette situation et prirent, dans la séance du 15 juillet 1701 la
délibération suivante:
« Vu la lettre du s^ Richard desservant la cure de Rouans et après
avoir entendu les dénonciations verbales faites au directoire par
diflTérents habitants de Rouans que, dimanche dernier, le nommé
Blanchard fils, accompagné de plusieurs autres particuliers tant de
Rouans que des paroisses voisines, au moment de la grande-messe du
8' Richard, entrèrent dans Téglise le chapeau sur la tôte et avec un
chien auquel ils disaient : Voilà ta grand'messe à toi, et faisant
plusieurs autres farces qui tournaient en dérision et le prêtre et les
cérémonies sacerdotales qui allaient se faire.
Le Directoire, ouï le procureur sindic, a arrêté que dimanche pro-
chain il serait descendu par M. Le Mercier au bourg de Rouans
pour y prendre tous les renseignements nécessaires au sujet du délit
causé dans Téglise de cette paroisse au moment de la grand'messe,
faire toutes perquisitions utiles pour en connaître les auteurs, se
saisir de leurs personnes et surtout de celle du nommé Blanchard fils
et les faire conduire au district pour y être entendus. . .
Arrête qu'il sera tenu compte audit sieur Richard, la somme de
soixante livres àvalloir aux appointements qui lui seront dûs pour
le temps de sa résidance à Rouans, m
Conformément à cet arrêté, le commissaire se rendit à
Rouans pour faire son enquête. En voici le procès-verbal :
« L'an mil sept cent quatre vingt onze, le dix sept juillet, nous
Noét Mathurin Lemercier, nommé commissaire par arrêté du jour
178 LES CAPUCINS DU CROISIC
d'hier>, savoir faisons que nous sommes transportées jusqu*à Rouans
accompagné d*un détachement de neuf dragons ; y étant arrivé sur
les huit heures du matin, nous nous sommes transportés chez Josepii
Blanchard afin de vérifier les faits contenus dans l'arrêté du jour
d'hier ; nous avans trouvé le dit Blanchard au lit et l'avons inter-
pellé de nous dire si son iils Pierre Blanchard était à la maison. Sur
sa réponse négative, nous l'avons requis de l'envoyer chercher ; il
nous a répondu qu'il ne savait ou il était et qu'étant malade, il
n'avait personne pour ènvoier quérir le dit Blanchard, mais qu'il ne
tarderait pas à venir et qu'il l'enverrait nous parler.
Nous sommes ensuite transporté chez le nommé Perrodeau auber-
giste pour tâcher de trouver des renseignements sur les faits
dénonbés à l'administration ; là ledit Blanchard âls ayant paru dans
ladite maison et ayant été nommé, nous l'avons obligé de nous sui-
vre. Interrogé sur les faits passés à Rouans le dimanche dix, il a
répondu n'avoir connaissance qu'aucun ayant mené un chien dfi(,ns
l'église à la messe, mais que petidant les vêpres il a vu le nommé
Michel Souard sur la porte de l'église qui était ouverte, le chapeau
sur la tète, et qui disait en allant: Ils ne sont que quatorze. Il a
ajouté que Noôl Au binais et Jacques Bonteau étaient témoins de ce
fait : iceux appelés ont confirmé la déposition de Pierre Blanchard
et ont dits avoir bien entendu dire qu'on avait mené un chien dans
l'église, mais qu'ils ne savaient pas quels sont les auteurs de cette
farce.
Michel Souard arrivé a avoué qu'il s'était approché du seuil dé
l'église et avait compté les personnes le chapeau sur la tête, mais
qu'il n'avait cru faire de mal.
Nous avons requis M. le Commandant du détachement de garder
^s susnommés et les avons pour cela consigné à la cure de Rouans.
Après plusieurs perquisitions, nous n'avons pu nous procurer
aucuns renseignements sur le délit dénoncé à l'administration...
Notre mission remplie, nous nous sommes mis en marche pour
nous en retourner ; nous avons requis M. le Commandant du déta*
chement de s'arranger pour emmener les particuliers quQ nous
avions mis en état d'arrestation. Nous avons rencontré sur notre
passage le sieur Richard, ce digne prêtre âgé de soixante-trois ans,
qui, malgré ses infirmités et son grand &ge, n'a pas caisse de venir
au secours d'une paroisse sans pasteur et qui en remplit les fonctions
avec un zèle infatiguable, et était accompagné de tous les membres
' C'ett d* avant-hier qu'il faut lir(».
PBNDANT LA Rt^VOLUTION 170
de la municipalité qui ont joint leurs instances aux siennes pour
nous prier de pardonner aux jeunes gens une faute qu'ils avaien t
commis plus par ignorance que par malice ; MM. Desnos, comman-
dant de la garde nationale, se sont joints à eux. Nous, commissaire,
▼aincu par les sollicitations du sieur Richard et de la municipalité
et de MM. Desnos, et voulant, autant qu'il est en nous, répondre à la
charité et au zèle qui les animent, après avoir remontré aux jeunes
gens rinconséquence de leur conduite et les dangers auquels ils
s'exposaient, nous les avons relâchés sous leur causions juratoires
de se représenter toute et quantes fois ils] seront requis par les
administrateurs*
Fait et arrêté en Rouans les jours et an que devant sous nos
seings et ceux du S' Richard et officiers municipaux sachant signer.
V. Richard, prêtre desservant de la paroisse de Rouans. — T. Bris-
soNNBAU, — .ÏEAN JoussE, maire, — J. Favion, — Guilbaud, — Julien
Brunetbau.
Tous ces incidents prouvent combien Tex-père Pacifique
était peu populaire à Rouans, malgré les grandes qualités que
lui trouvaient le commissaire-enquêteur. Aussi prétextant son
grand âge et ses infirmités, donna-t-il sa démission. Il offrit
sa succession à son ancien confrère, le père Julien : celui-ci
accepta la proposition et, à cet effet, écrivit aux autorités la
lette suivante* :
« Monsieur. — Il parois que mon confrère qui dessert la cure de
Rouans désire beaucoup que j^aille le remplacer vu son grand ftge et
ses infirmités qui ne lui permettent pas de faire de longues courses
dans cette paroisse ; il me prie de faire quelques avances pour m*y
rendre le plus tôt possible, mais je n'ose le faire sans une nomination
ad hoc pour cet endroit ; si je suis nommé, je m'y rendrois, mais il ne
convient pas que je demande, cela feroit naître uneembission («toque
je n'ai jamais eu pour aucun places quoi que jan ai mt plusieurs
dans mon ordre ; il faut une nomination dç la part des électeurs et
alors j'tturai le plc^isir de vous vojr et de vous témoigner mon pa-
triotisme, il y a môme un de rn^s confrères qui désire de tout cœur
devenir mon vicaire, si je suis nommé à cette cure de Rouan; je laisse
le tout à votre prudence et à votre sagesse sur cet objet, et que tout ce
que vous m'écriré à ce sujet me parvienne par la voye de la. poste
pour raisons connues.
J'ai rhonneur d*ôtre fraternellement.
P. Jui.TEN, capucin.
» Arch. dép. L 22S.
180 LES CAPUCINS DU CROISTC
Au Croisic, ce 23 août 1791 . »
De son côté, le conseil de la commune de Rouans, sans
doule sur l'indication du père Pacifique, demanda le père
Julienpourdesservir la paroisse et le directoire du département
le désigna à Tévôque constitutionnel, comme il résulte de la
délibération suivante du 27 août 1791» :
u Vu la délibération du conseil général de la commune de. Rouans
du vingt-un de ce mois, par laquelle il demande qu'il soit envoyé un
prêtre pour desservir ladite paroisse et l'avis du district de Paimbœuf
du vingt-quatre.
Le directoire, ouï le procureur général sindic, arrête que Tavis du
directoire de Paimbœuf sera communiqué à M, Minée, évêque du
département, qui est invité à pourvoir le plutôt possible la paroisse
de Rouans d'un prêtre desservant et de donner les pouvoirs au sieur
Julien, ci-devant capucin, indiqué par le district de Paimbœuf. s'il
le juge propre à cette desserte, en attendant la nomination dSin
curé constitutionnel. »
Les offres de service du père Julien ne furent pas immé-
diatement accueillies : les électeurs nommèrent môme pour
succéder au père Pacifique un vicaire de Saint-Sauveur de
Brest, nommé Lamotte; mais celui-ci i-efusa. Les anciens
prêtres étaient en effet restés dans le pays : la population les
réclamait, mais ne voulait pas avoir un curé jureur*.
Toutefois quelques bons patriotes firent des nouvelles
pétitions qui furent communiquées au conseil épiscopal et,
celui-ci, dans sa séance du 16 décembre 1791, désigna enfin le
père Julien».
« Séance où présidait M. Soulastre et assistaient MM. Chesneau»
Darbefeuille, Binot^ Laforcade, Andrieux et Bessefon,
Vu la requête de plusieurs habitans de la paroisse de Rouans, l'avis
du district de Paimbœuf du dix de ce mois, sur lequel a été ordonné
communication dattée du quinze du courant,
* Areh. dép. L. Directoire du département. Délibérations. Registre 5,
f« 69 recto.
• Lallié. Op. cit, I. p. 242. — On y trouvera tous les détails relatifs à la
situation de la paroisse de Rouans.
' Arch. dép. L. 144.
PBNDANT LA RÉVOLUTION 181
Le conseil épiscopal, qui n'a rien négligé jusqu'à ce jour pour
procurer aux habitans de Rouans les secours spirituels, observe
qu'il leur a d'abord envoyé pour desservant le père Pacifique ci-de-
vant capucin. Au retour de cet honnête ecclésiastique qui, pendant
un mois de séjour à Rouans, eut plus d'une mortification à essuyer,
les démarches de monsieur l'évéque et de son conseil ne furent point
négligées, pour inviter un prêtre indiqué par le père Pacifique, sur
lequel on devait compter d'après ses promesses ; mais le retour des
ecclésiastiques non assermentés de cette paroisse changèrent telle-
ment les dispositions des habitans que ni ce premier prêtre ni un
second envoyé par le conseil n'osèrent courir les risques et s'exposer
à l'effet des menaces dont ce dernier déguisé fût témoin, contre
quiconque viendrait déplacer leurs prêtres qui pour lors étaient
girovagues dans la paroisse.
Sur ces entrefaites, un des membres du conseil a écrit et fait des
engagements pressants à M. La Motte qui refuse comme il apert de
la lettre ci-jointe.
A cet instant même, le conseil se joint à un honnête citoyen de
Rouans, M. Plissonneau pour décider M . Julien à accepter les offres
qu'il a faites ; il est prévenu qu'il trouvera à Rouans sa mission qu'il
est vivement sollicité de remplir aux fêtes de Noôl. Dans la vérité du
fait cette paroisse n'a pas droit de se plaindre du défaut de ministres
puisqu'elle a dédaigné de les accueillir, et le conseil épiscopal pré-
vient les habitants qu'il est de leur intérêt d'avoir des égards pour
M.Julien, demeurant maintenant au Groisic, parce qu'il n'a pas
d'autres moyens de pourvoir à ses besoins. . . »»
Le lendemain, Laforcaàe, vicaire épiscopal et « faisant les
fonctions de secrétaire de la maison épiscopale de Nantes »,
adressant cette délibération au président du Directoire* :
«< Monsieur. — J'ai l'honneur de vous adresser la délibération du
conseil épiscopal de Nantes, sur la communication qui lui a été
faite de la requeste des habitants de la paroisse de Rouans. Je prends
en même temps la liberté de vous assurer du respect très profond
avec lequel je suis, monsieur, votre très humble et très obéissant
serviteur. — Nantes, ce 17 décembre 1791. — Laforcadb, vicaire
épiscopal. >
Le Directoire, le jour mdme, ratifla la décision du conseil
épiscopal, comme l'atteste la délibération suivante* :
4
1 Arch. dép. L. 144.
' Arch. dép. Q. Administration centrale. Ke^^istra 2 f» 177 acto et L. 144.
182 LES CAPUCINS DU CROÏSÏp
— « 0^1 17 déceoibre 1791. — - Vu la requôte de plusieurs habitapts
de la paroisse 4^ Houans Inondante à obtenir un prêtre pour la des-
serte de la paroisse, Tavis du district de Paimbœuf au pied du dix
décembre présent mois, le soit copimuniqué au pied à M. révoque
constitutionnel dû dépi^rtement et à son conseil du quinze et la déli-
bération du conseil épiscopal du seize.
Le directoire, ouï procureur général sindic, arrête que copie de la
résolution du conseil épiscopal en datte du jour d'hui sera envoyée
au district de Paimbœuf qui informera la municipalité de Rouans
de la mission donnée au sieur Julien, prêtre, pour desservir la parois-
se et chargera cette municipalité de veiller spécialement à ce que le
sieur Julien ne soit troublé ni inquiété dans l'exercice de ses fonc-
tions à peine de répondre des événements. »
Au bas d'une copie de cette délibération se trouve la note
suivante : « Pressé, à expédier pour mardi au plutard. » Les
fêtes de Noftl approchaient eui effet et le capucin devait ôtre
arrivé à flouans pour les célébrer.
Le pore Julien gagna immédiatement son poste et entra en
fonctions. Rénssit-il mieux à Rouans que son prédécesseur?
Nous rignorons : nous savons seulement qu'il n'y resta pas
longtemps; car, le 4 mars 1792, un récollet Sauveur Baudouin
fut nomn^é à la cure*.
Quel fut le motif de son départ ? Lui fit-on quelques « petites
scènes fanatiques » ? Eut-îl trop de u mortifications à essuyer » ,
de la part de la population, malgré les avertisseo^ents réitérés
du conseil épiscopal et du directoire du département? Nous
n'avons pu trouver de renseignements précis sur ce
point.
Nous préférons croire qu'il regretta d'avoir violé ses enga-
gements religieux et qu'il rejoignit ses confrères à Nantes. S'il
avait prêté le serment schismatique, (ce que nous ignorons),
il ne tarda pas à le rétracter ; car il fut soumis à l'appel nomi-
nal, comme tous les ecclésiastiques insermentés. Il est égale-
ment compris, ainsi du reste que le père Pacifique, dans la
Lallié. op. cit. I. p. 24S et procèt-verbal d'élection. Arrh. dép. L. %.
PRNDANT LA RÉVOLUTION iSlS
liste des prêtres sujets ;i la déportation*. Il est donc certain
que tous les deux revinrent sqr leur seriperit, sj toutefois ils
s'y étaient soumis*.
CHAPITRE II
SÉJOUR DBS RELIGIEUX A NaNTBS. — DÉPART DE DEUX FÏ^ÈRKS
POUR L*lTALie. — ArRIVÉK DBS RBUGIÉUX MAT*ADES. — ApPEL
NOMINAL. — Arrestations kt incarcérations.
Seul, à notre connaissance, le père Julien accepta un poste
de révèque constitutionnel. Tous ses autres confrères qui
s étaient retirés au couvent du Croisic persistèrent jusqu'au
bout dans leur résolution de vivre et mourir sous la robe de
capucin. Leurs déclarations en ce sens avaient été formelles !
plusieurs d'entre eux ne s'en étaient pas contentés et c'est ains
que le père Anastasë de Landerneau signa, avec d'autres re-
ligieux capucins du Finistère, la protestation des prêtres de ce
déparlement contre la constitution civile du clergé*. Ils pré-
fèrent tous la déportation et môme la mort à une adhésion
quelconque, même indirecte, àcetteconstitution schismatique.
Le père Dosithée fut bien, il est vrai, nommé le 15 mai 1791
à la cure de Cheix par les électeurs réunis à Paimbœuf. Voici,
en eCFet, l'extrait du procès- verbal de son élection* :
* Arch. (iAp. L. h. — Ltite des ecclésiastiques du département de Loire-
Inférieure sujets à la déportation ou à la réclusion en vertu de la loi du
26 août {79:, formée d*après l'arrêté du département du 9 brumaire an iV
pour 1 exécution do la loi du 3 dmlit mois de brumaire. .
* Pour pouvoir «zercer le culte constitutionnel, il fallait en principe prô-
isrle serment, expressément exifré par les décrets des 12 juillet et t7 novem-
bre 1790 At 4 janvier 1791 ; mais les pères Pacifique et Julien nVxercèrent
jamais officiellement U» fonctions de curés : tous deux turent seulement
envoyés à Rouans temporairement pour y exercer le culte en attendant l'é-
lection régulière d'un curé constitutionnel. M. Lallié. cependant, pense
€ qu'il est plus que vraisemblable que le père Pacifique prêta le serment ».
Op. cU. 11. p. 936, v» Richard, Vincent.
s Téphany, Histoire de la persécution religieuse dans Us diocèses de
Quimper et de Léon, p. t>4 à p. 73 et p. 306.
* Arch. dép. L. — Un atitre procès-verbal du 21 février 1791 après midi
mentionne aussi l'élection à cette môme cure d'un père Marc; mais c'était le
père Marc de Janzé (Blandin) f des Grands Capucins de Nantes », et non notre
père Marc d'Auray ou de Vannes (Burguen) qui faisait partie du couvent de
Machecoul.
184 LES CAPUCINS DU CROISIG
"... M. le Président a annonce à rassemblée qu'il ne restoitplus
à pourvoir que la cure de Cbeix et a demandé qu'on s*on occupât de
suite. — Chaque électeur ayant mis son bulletin dans la boite, le
scrutin fermé, les billets comptés et dépouillés, le père Dosité, oy-
devant religieux des Petits-Capucins, a réuni tous les suffrages et a
été nommé curé de Gbeix. »
Mais en marge on lit la mention suivante qui prouve que le
père Dosithée persista dans ses engagements :« A refusé ».
Le père Julien parlé bien aussi, dans sa lettre du 23 août
« d'un de ses confrères qui désire de tout son cœur devenir
son vicaire » ; maisrien ne prouve que le confrère en question
fût un des capucins retirés au Croisic. Ce devait être plutôt un
religieux d'un autre couvent qui, dès le début, avait indiqué
son intention de sortir du clottre. Les capucins qui firent cette
déclaration, furent malheureusement assez nombreux, surtout
au couvent de la Fosse de Nantes dont le père Pacifique avait
été jadis le gardien".
Pendant que le père Julien célébrait à Rouans les fêtes de
Toctave deNoël, les dix-neuf capucins valjges qui avaient quit-
té le Croisicle 28 décembre à midiS étaient arrivés à Nantes.
C'étaient les pères Joseph de Saint-Brieuc, Ignace de Quim-
perlé, Alexis de Mamers, Siméon d'Auray, Clément de Saint-
Brieuc, François de Bécherel, Ambroise du Croisic, Marc de
Vannes, Jean Chrysostome de Corlay, Fortuné d'Ancenis,
Paterne de Pontivy, Norbert de Saint-Méen, Raphaël de
Plaintel, et les frères Didacede Vannes, Placide de Lesneven,
Augustin de Quintin, François de Nantes, Gabriel-Ange de
Vannes et Séraphin de Brest. Comment firent-ils le trajet qui
séparait le Croisic du chef-lieu du département? Nous l'igno-
rons : il est toutefois fort probable qu'ils gagnèrent Nantes par
bateau en remontant la Loire. Huit mois et»demi après, plu-
- On paat consulter sur lee déclarationi des r«ligidux de la Fosse, Areh-
dép. L. 223.
^ Voir supra les lettres de U municipalité du Croisic au district de Quérande
et au procureur sjmJic du district du département da 27 décembre 1791 .
PENDANT LA RÉVOLUTION 185
sieurs d'entre eux devaient redescendre ce même fleuve pour
Stagner la terre de l'exil î
A Nantes, ils retrouvèrent deux de leurs confrères qui
n'avaient pas encore prêté le serment : les Pères Paul-Marie
de Rennes etSéverin de Gorlay, anciens religieux du couvent
de la Fosse. Tous deux étaient restés à Nantes et habitaient
près de leur ancien couvent, le premier « Grande rue des
Capucins, maison Valiot », le second « rue des Capucins, chez
M. Boireau, ^concierge du Ghib *). Le Père Paul-Marie ne tarda
pas u prêter le serment schismatique à la constitution civile
du clergé*. Quant au père Séverin, à partir de ce moment, il
suivit le sort des religieux qui s'étaient jretirés au Groisic;
nous en parlerons donc dans la 5uite'.
A Nantes, les Gapucins logèrent dans diverses maisons par-
ticulières. C'étaient sans doute le plus souvent des amis des
religieux qui se firent un honneur de leur donner un asile et
de les recueillir gratuitement pendant le temps de la persé-
cution. Quelques-uns durent. aussi loger chez des personnes
d'humble condition, afin de ne pas payer un prix de pension
trop élevé. Souvent plusieurs religieux purent demeurer en-
semble dans la même maison et mener ainsi jusqu'à un
certain point la vie commune.
Voici, d'après un document conservé aux archives départe-
mentales', les domiciles de la plupart de nos religieux à la
date du 26 mars 1792 : v
* U prêta ce serment à la date du 8 juin 1792. H avait, au reate, demandé
dès le début « k mener la vie cominnne dans le couvent de Nantes..., sinon à
quitter la vie commune et à se réunir au clergé séculier de Nantes ». — Voir
Areh. départ. L. 223.
* Si ce religieux qui persista toujours dans ses vœux resta à Nantes et n*aUa
pa« avec ses confrères au Croisio, ce fut très probablement à cause de sa mau-
vaise santé. «^...Si le couvent de Nantes reste on un qui me plaît, c*est-à-dirs
qui convisnt à ma santé, qui est préférable à tout autre chose, lisons- nous
.dans sa déclaration, je le veux... »> mais il ne veut pas être placé « dans un
endroit tout à fait contraire à son tempérament ». — Voir Arch. dép, L,223.
* Atch. dép. L. 3. — C'est la liste des prêtres présents à Tappel nominal du
C6 mars 1792. Nos religieux y sont portés aux n«* 10 à 22, 38« 39, 43. &0et230.
186 ^Ks Capucins Du CROibic
<« Raphaël et Paterne : Pont de la Magdeleine, chez V* Boireau.
François : Haute grande rue, chez M. Thibaut, au Pilory.
Jean CfirUostome : Grande rue. chez M™* Oaudillon.
Fortuné, Ambroiseet Norbert : rue Baclerie,chez M. Queltier cord*'.
Siméon : Rue S*« Croix, chez M"* Grégoire.
Julien .' Rue S* Clément, chez Cœur de Roi, portefaix.
Gabriel- Ange : Chez Guillaume, jardinier, à St Similien.
Joseph : Place Saint Pierre, chez M. Douaux^ ex-chanoine.
Clément : Grande rue-
Bèranger : Près Téglise S'» Croix, chez M. Gallon, cordonnier.
Alexis : Haute grande rue, chez Aubin, boutiquier.
Toussaint^GeorgeSj Bichardy capucin dit en religion Paul-Marie :
Grande rue des Capucins, maison Vallot.
Noël Frat^ulet : Rue des Capucins, chez M. Boireau, concierge de
Club.
Augustin, capucin : Rue de la Poissonnerie, chez M. Viau.
Didace : Haute grande rue, chez Aubin.
Marc, capucin : Rue S^ Léonard chez Paillusseau» boutiquier. >'
Sur cette liste^ ne figurent pas plusieurs de nos religieux,
notamment les frères Séraphin de Brest (Boisnier) et Placide
de Lesneven (Riou). Tous les deux avaient en effet quitté
Nantes et étaient partis pour Tltalie. C'est ce qu'il résulte de
Tarrôté du directoire du département du 17 février 1792* dans
lequel est mentionnée une « requête des sieurs Mathieu Bois-
nier et Guillaume Fliou, tendante à recevoir leur traitement à
Nantes attendu leur prochain départ pour l'Italie, suivant la
déclaration par eux faite au secrétariat du département ».
Nous savons qu'ils se retirèrent, le premier au couvent des
capucins d'Orvieto et le second à celui de Riano».
Le père Julien, au contraire, se rappelant ses anciennes
déclarations, était venu à Nantes rejoindre ses confrères qu'il
avait eu la faiblesse d'abandonner un moment. Nous avons
déjà dit plus haut que, le 4 mars, un ancien récollet avait été
régulièrement élu curé constitutionnel de Rouans, et le père
Julien est porté sur la liste que nous venons de reproduire
* Arch. dép. Q. Administration centrale, registre 3 f* 86. Voir supra, cet
arrêté qui a été publié in ejctenso.
> Laliié x>p. cit. 11. p. 42, t" Boisnier, et p. 338, \* Riou.
I
I'ENUANT la RÊVOLUTiOX 187
comme domicilié à la date du 26 mars « rue Saint-Clément,
chez Cœur de Roi, portefaix ».
Les religieux contraints de revenir à Nanles, par ordre de
radminislration,purent-iIscélébrer la messe? Nous Tignorons;
mais nous supposons que cette consolation ne leur fut pas
retirée : au début de leur détention môme, cette permission
leur fut accordée, ainsi que nous le verrons plus bas.
L'arrêté du conseil général du département du 9 décembre
1701 obligeait les ecclésiastiques amenés ou venus au chef-lieu
à faire « constater chaque jour, à midi, leur présence au direc-
toire du département, en s'inscrivant sur un registre qui sera
ouvert à cet effet dans un des bureaux du secrétariat* ». Nos
capucins auraient dû se soumettre à cette prescription, et
l'arrêté du 17 février 1792, portant règlement de leurs trai-
tements, décide « que ceux des religieux qui se sont rendus à
Nantes et qui sont obligés de s'inscrire chaque jour au secré-
tariat du département ne pourront rien recevoir qu'en repré-
sentant au receveur du .district un certificat d'inscription du
secrétairegénéraldudépartement*)). Mais ladisposition relative
aux appels demeura d'abord inappliquée et ce fut seulement
par son arrêté du 8 février que le département, informé du
départ d'un certain nombre de prêtres, se décida à la mettre
en vigueur*. « Huit jours après la publication du présent dans
la ville de Nantes, porte Tarticle 2 de cet arrêté, il sera fait
tous les jours à midi, au secrétariat, l'appel nominal de tous
les prêtres qui doivent s'y présenter, et les absents seront
poursuivis et arrêtés par la force publique pour être conduits
à l'administration, qui décidera ce qu'elle croira convenable
dans la circonstance. »
Cet appel eut Heu exactement chaque jour, mais, un mois
après, le 7 mars, un membre du département fit observer
« que les premiers jours, il se présentait un bien plus grand
' Lallié. op. cit. I . p. ît!«)
• Voir supra cet arrêté.
' Lallié, op. ci*. 1. p. 240.
18S LES CAPUCINS DU CKOISÎG
nombre de prêtres. De jour en jour, dit-il, le nombre des
présents a diminué progressivement. Enfin, ce jour, sur cent-
trente prêtres qui devaient comparaître, quatre-vingt-quatorze
se sont trouvés absents. » Le département nomma en consé-
quence deux commissaires pour « choisir une maison où
seront retenus les prêtres qui ne seprésenteront pas à l'appel
nominal ». Le 12 mars, le séminaire de Saint-Clément était
indiqué comme « pouvant suffire au besoin de deux cents
prêtres ' ». Le 22 mars, le directoire prenait un nouvel arrêté,
en vertu de Tarlicle 2 duquel « huitaine après publication du
présent/ tout ecclésiastique non assermenté quel qu'il soit,
qui n'aura pas constaté sa présence au chef-lieu de département
en s*inscrivant au secrétariat et en comparaissant régulière-
ment à rappel nominal qui s'y fait tous les jours à midi, sera
recherché et conduit par la force publique dans la ville de
Nantes». L'article 4 désignait la maison de Saint-Clément
comme lieu de détention*.
Les capucins qui étaient à Nantes, obéirent pour la plupart
à cet ordre : Ton peut constater en efïet dans la liste publiée
plus haut que tous ceux qui étaient revenus du Croisic étaient
présents à Tappel du 26 mars, sauf le père Ignace de Quim-
perlé '.
Cependant, ainsi que nous l'avons dit à la fin de la première
partie de cette étude, le directoire du district de Guérande avait
enjoint aux cinq, capucins malades ou infirmes de venir au
chef-lieu du département, conformément aux dispositions de
l'arrêté du 8 février. Les religieux réclamèrent et présentèrent
des certificats émanant de deux chirurRiens. Mais les admi*
nistrateurs guérandais ne voulurent pas faire droit à leurs
j ustes requêtes et, le 12 avril, leur ordonnèrent de se conformer
à l'arrêté récent du 22 mars.
^ Lallié, op, cit. I. p. 15?.
' Ibidem, p. 2M.
> Boisoicr et Kion étaient partis pour l'Italie, ainsi que noas TaToni ▼&
pi as haat. Le père Ignace était-il parti ? Nous l'ignorons.
PENDANT LA RÉVOLUTION ' 180
Le 25 avril, au matin, ils prenaient le chemin de Nantes : ce
fut le 30 seulement qu'ils se présentèrent au secrétariat du dé-
partement. C'est à cette date, en effet que figurent « Charles
de Locronand^ Anastase de Landerneau, Hyacinthe de Quim-
per, Dosithé de Guémenée, et Hyacinthe Marie de Redon » sur
une û liste ;de MM. les ecclésiastiques non assermentés qui
se sont présentés pour être inscrits au syndicat longtemps
après l'arrêté du 22 mars 1792* ». Purent-ils enfermés à ce
moment dans la maison de Saint-Clément pour retard à exé-
cuter le dit arrêté ? Cela parait fort probable ; car à la suite de
leurs noms ajoutés à la fin de la liste d'appel du 26 mars*, se
trouve cette mention : << Renfermé ». Leur détention ne fut
pas de longue durée : nous verrons, en effet, tout à l'heure
qu'ils étaient en liberté lors de l'arrêté du 5 juin. A la suite
du nom du père Hyacinthe de Quimper dans la liste d'appel,
il a été mentionné du reste que ce religieux habitait « chez
M. Thibault ».
Ce fut vers cette époque qu'un autre capucin, le père Marc
de Vannes (Burguen) fut incarcéré au Bouffay, à la requête
de Dorvo, procureur de la con^mune'. Il entra dans celte pri-
son le 24 avril 1792, et fut « mis en liberté le 28 avril* ».
L'arrêté du 22 mars ne fut pas obéi longtemps, et le nombre
des présents dut diminuer chaque jour. Dans une liste de
« MM. les ecclésiastiques manquant à l'appel du 19 may 1792 »,
figurent quatre de nos capucins ; les pères Raphaël, Paterne^
* Ârch, dép. L. 3.
' Voir cette liste aux no* 380 à 384.
s LaUié, op. cit. IL p. 64. v» Bnrgen et Registre de police, f» 74.
* G*e8t-ce que constate a TÉiat nominatif des prôtres qui ont été incarcérés
dans la prison du Bouffay, y compris ceux de passage depuis le t*' jaiiiTier 1792
V. S. jasqa*à ce jour arec les mutations qui les concernent ». (Ârch. dép. L. 4).
Cet état a été dressé par Bizeau, gardien « le 7 pluviôse an VllI de la Répu-
blique française une et indiyisible », diaprés les registres de la prison. L^
père Marc y est porté sur le nom de « Furette Burgoin, dit Père Marc, cap.».
N*ayant pu consulter le registre de police, nous ne savons quel fut le motif
de son arrestation et s*il lut condamné en « en police correctionnelle » ;
*'état ci-dessus le laisse supposer.
' To Mt£ XVI. — Notices. ~ xvi» année, b'-'-Ô^ nv. 14
iW LES GAt^UqiNS DU GROlSlC
Joseph fAufTray; et Mmc^. Les ecclésiastiques qui purent à
ce moment quitter Nantea, firent bien : car avant peu, la
Ut>erté allait leqr être retirée.
Le 4 jqin, en effet, à la suite de dénonciations et sous le Taux
prétexte d'une éqpeule de prêtres réfractaires qui auraient eu
lieu i^Saint-Joachim, le Département, après délibérations con-
formes de la municipalité et du district, arrête que « tous les
ecclésii^sMquea qon asserm'mtôs seront, sans délai, tenus de se
retirer dans la maison de Saint-Glément ». Gette décision devait
être tenue secrète, notifiée seulement aux intéressés le len-
demain lors de Tappel nominal; une force armée suffisante
aurait été réquisitionnée pour les conduire sans bruit dans le
lieu de détention qui leur était assigné'. Mais le secret ne fut
pas gardé ; le 5 juin, au matin» douze cents gardes nationaux
et la populace vinrent au Département réclamer Tarrestation
des ecclésiastiques. Ceux-ci, avertis, no tombèrent pas dans
le piège qui leur était tendu et se cachèrent. Alors les gardes
nationau2( se répandirent dans la ville, violant ledomicile^des
particuliers soupçonnés de receler des prêtres^ pénétrant dans
les couvents de femmes dont iU brisèrent les portes.
Cent trois ecclésiastiques, Uint du clergé séculier que du
c'ergé régulier furent ainsi arrêtés et conduits, malgré les pro-
testations de courageuses femmes, au Séminaire, en attendant
que la maison de Saint-Clément fût en état de les recevoir.
Dans le nombre se trouvaient buit capucins : les Pères Charles
de Locronan (Guéguen de Kermorvan), Alexis de Mamers
(Bèzard), Siméon d'Auray (Tanguy), Séverin de Corlay (Pra-
boulet), et les frères Didace de Vannes (Skeven), Augustin de
Quintin(Gaudin), François de Nan tes (Béranger), Gabriel-Ange
de Vannes (Labrely). Dans la soirée du 6 juin, ces huit religieux
étaient transférés, avec qudtre-vingt-huit autres ecclésias*
tiques, au Séminairede Saint-Clément'. Deux autres capucin Si
les pères Joseph de Saint-Brieuc (AuCfray) et Norbert de
1 Arch. dép. L 3.
» Lallié, op. cit. 1. p. 268 el s,
» Ibidem, L p. 273,
PENDANT LA RÉVOLUTION 191
Saini-Méen (Richard) y rejoignirent plus tard leurs confrères :
ce qui porta à dix les capucins détenus à Saint-Clément'.
Inutile de parler ici de leur séjour dans cette maiton où ils
pouvaient recevoir des visites, se promener dans le jardin et
jouir de la chapelle. M. Lallié a donné sur ce point les rensei-
gnements les plus détaillés et nous n'avons qu'à y renvoyer
le lecteur'.
Les 'ecclésiastiques ne devaient pas au reste demeurer long-
temps à Saint-Clément. Les gardes nationaux trouvèrent en
eiïet que le service de garde y était difficile et ne tardèrent pas
à réclamer. Le conseil général de la commune demanda donc
dans la séance du 13 apût 1792 leur Iransférement au Château,
parce que « la surveillance de Saint-Clément exigeait un
service très dur et une garde très nombreuse ». Le môme
jour, le Département Ht droit à cette requête « tant pour la
sûreté des ecclésiastiques que pour prévenir les désordres et
les troubles'. » Dès le lendemain, on commença à transporter
les lits, et, le 16 août, les ecclésiastiques détenus à Saint-Clé-
ment étaient tous logés au Château. Toutefois deux capucins
malades, le père Charles de Locronan et le frère François de
Nantes,n'y avaient pas suivi leurs confrères; avec deux autres
ecclésiastiques, ils allèrent au Séminaire: mais ils n'y restè-
rent que quelques jours ; « entrés dans la ditte maison le qua-
torze août matin » ils furent «^transférés au Château le vingt
au soir* ».
Ce fut certainement à regret que les religieux quittèrent
* Ces danx religieux figarent en effet sur la liste des ecclésiastiques non
sermentés logés au Château dressé le 16 août 1792, après le transfert de Saint-
Glteieot au ChÀtean. (Aroh. dép. L 4.) H est dooc certain qu*ils séjoarnèrent
dans cette première prison ; mais nous ignorons à. quelle date ils y furent
conduits.
* Lallié. Op. dt, I. p. 279. — Voir aussi le même, les Noyades de Nantes.
p. 108.
3 Lallié. Op. eit. 1, p. 291, et Les Noyades, p. 114.
^ Arch. dép. du Durectoire du département. Registre 4, fo 134. Arrêté du
1*' septembre 179*2 relatif au « paiement dn la pension des prêtres réfrac.
taires détenus au Séminaire ». — Voir aussi Lallié, op. cit. i.
192 LES CAPUCINS DU CROISIC
leur première prison : ils y jouissaieut en effet d'une certaine
liberté, tandis qu'au Château ils furent soumis à un régime
sévère, ne pouvant recevoir de vibiles, n'ayant plus que la
cour de cet établissement pour se promener et ne possédaiit
plus, les premiers jours tout au moins, la faculté de dire la
messe^
LfCs huit capucins qui furent transférés au Ch&teau le
16 août, eurent la consolation d'être logés dans la même salle
Ils figurent, en effet, dans la liste du recensement fait après
le logement des ecclésiastiques comme occupant la chambre
N^ 1 située au troisième étage du gouvernement et qui com-
prenait onze lits, du numéro 103 au numéro 113'. Deux sécu-
liers seulement, Courgeon, ei-devant vicaire de Paulx, et
Berthelemy furent logés avec eux. Nos religieux purent donc
dans leur prison mener pour ainsi dire la vie commune dans
un dénûmentqui rappelait celui de leurs anciennes cellules :
chacun en effet avait pour tout mobilier « un bois de lit, une
paillasse, une couette ou matelas, un traversin ou oreiller,deux
draps et une couverture »,et encore, comme pour montrer que
ces bons religieux n'avaient pas, malgré la loi, renoncé à leu
vœu de pauvreté, il est bien spécifié que tous ces objets appar-
tenaient « à la Nation' ».
Cependant, un grand nombre d'ecclésiastiques s'étaient
cachés et avaient échappés à l'emprisonnement. Près de qua
tre cents prêtres auraient dû être détenus et cent et quelques
seulement étaient à cette époque incarcérés. Les patriotes s'en
émurent et signalèrent le danger au conseil du* Département.
Celui-ci s'empressa de prendre, le 20 août, un arrêté ordon-
nant qu' M il sera fait perquisition et saisie de la personne des
prêtres et ecclésiastiques qui ne se sont pas rendus à la maison
de sûreté^ ». L'ordre du conseil fut immédiatement mis à
< Uilié, op. cii, I. p. 297.
« Ârch. dép. L 4. — Cetta liste fat arrêtée le 16 août 179t, Tan IV de' la
liberté !
' Arch. dép. ihidffm,
* Lallié. op. cit. 1. p. 29j.
PRNDANT LA RÉVOLUTION 193
exécution of, les jours suivants, plusieurs ecclésiastiques et
religieux furent arrêtés et conduits à la P^rman^/ic^ de la mu-
nicipalité d'abord, et au Château ensuite. C'est ainsi que le
père Anastase de Landerneau (TourmeO et le père Hyacinthe -
Marie de Redon (Legrand) furent arrêtés le 22 et allèrent le
23 rejoindre leurs confrères au Ghclteau. Le 2i, c'était le tour
du père DosUhée de Guétn îué (Hjrpe) arrêté la veille chez
M*'*'* Desloges sur la Fosae *.
Ces arrestations portaient à treize le nombre des capucins
détenus au Château^: leur séjour dans le vieil arsenal devait
ô^re de courte durée.
1 Lailié, op, cit. I. p. 2)6 et il. p. 178, 22S et 375, V* Herpe, Legi^nd et
Toarme). — Nous n*aTon8 pas pu malheareusement retrouver aux archives
communales *de Nantes les procès-verbaux de leurs arrestations qui existent
cependant.pnîsqa'ils sont mention né.s par M. Lallié.
* >f. Lallié mentionne (Op. cit. I, p. 296 et 33 i) comme détenu le père
Rente ur ca.p}xcin de Nantes CVst une errduif qu*il rectifie lui-môme ailleurs
(1. p. 394 et H. p. 331, Vo Remeur). Le père K^meur était cordelier et au-
mônier des dames de Sainte Elisabeth de Nantes. Voir également : P. Flavien
de Rlois, .Statistique, p. tO et P. Edouard d'Alençon, E.^sai de martyrologe
de Vordre des frères mineurs pendant la Rérolution française^ p. 35.
I
I
PREUVES DE NOBLESSE
DES
DEMOISELLES DU POITOU
Reçues dans la Maison Royale de Saint-Louis
A SAINT-CYR
DE 1686 A 1793
Extraites des Manuscrits, conservés à Paris^ à la Bibliothèque
Nationale et publiées avec des notes.
Par le Vicomte Paul de CHABOT
(Suile)^
DE CHAMPLAIS».
Preuves de la, noblesse de demoiselle Françoise dk Cham-
PLAis, présentée pour être reçue dans la Communauté des demoi-
selles de Saint-Louis, à Saint-Cyr. Août 1686.
Produisante : Françoise de Champlais', 1673.
Armes : d*argent, à trois fasces de gueules^.
Extrait du registre baptistère de la paroisse Saint-Pierre
du Fay, au diocèse du Mans, signé, par collation du 6 no-
vembre 1685 : Ribaut, curé de cette église et légalisé, portant
que Françoise, fille de François de Champlais, éc^ sgr. de la
Masserie et de demoiselle Anne Dieuxivois, fut baptisée,
le 12janvierlb73.
^Voir la livraison de mars-avril 1900.
» Bibl. Nàl. Çab. des Titres, vol. 293, p. 79.
> Cette noble et ancienne famille, originaire de Bretagne, habita long>
temps le Poitou.
* Alias : d'argent, h trois fasces de gueules surmontées en chef de trois
aigles éployés de sable. ^B.-F.t. -
PRRUVRS DE NoBLftSS» UK8 DKMOISRLLRS DU POITOU l^.")
Premier degré : t^feufe Et itÈkIS.
François de Champlals, s^ de la Masserie ; Anne Dieuxi-
vois, sa femme, 1664.
DiEUXivois : d'azur, à un chandelier triangulaire, surmonté
d'un soleil de même.
Contrat de mariage de François de Champlais, éc% s' de la
Masserie, fils aîné de François de Champlais, éC et de de-
moiselle Marie de Bâtard, avec demoiselle Anne Dieuxivois.
Ce contrat, du Id mai 1664, reçu paf Btuneau, notaire, au
Mans.
Deuxième degré ; aïeul,
François de Champlais, sgr. de la Masserie ; Marie de
Bâtard, sa femme, 1636.
Bâtard : dazur^ à la fleur de lis d'or, partie d'un aigle d'ar-
gent au lamhel de trois pendants d'or.
Contrat de mariage de François de Champlais, éc, s' de la
Masserie, flls de Jean de Champlais, éc% et de demoiselle
Marie de Longueuil, avec demoiselle Marie de Bâtard, fille
de Guillaume de Bâtard , éc*, s' de la Paragère et de
demoiselle Marie de Ségrais. Ce contrat, du il juillet 1636,
reçu par Robelot, notaire, au Mans.
Hommage du 7 juillet 1637, Signé : Dkvison, notaire au
bourg de Milessere, fait à François de Champlais, éc', sgr.
des terre, fief et seigtieurie de la Masserie, du t*ortail, du
Plessis-Fouquère et de la Goûte.
Troisième dégre : bisaïeul.
Jean de Champlais, sgr. de la Masserie, Marie de Lon-
gueuil, sa femme, ,1611.
Longueuil : d'azur, à trois roses d'âtgetil, 2 et 1 ,au chef d or,
chargé dé trois roses de gueules.
Contrat de mariage de Jean de Champlais, éc% s^ de la
Masserie, fils de François de Champlais, éc\ et de demoi-
100 PRKUVES DE NOBLRSSE
selle Marie d'Andigné, avec demoiselle Marguerite de Lon-
gueuil, fille de Nicolas de L'ongueuil, sgr. du Raucher, con-
seiller au grand conseil, et de demoiselle, Geneviève Croquet ;
ce contrat, du 31 janvier 1611, reçu par Guillard, notaire, au
Châtelet de Paris.
Hommage, fait à Jean de Champlais, éc, sgr. de la Masse-
rie, du Portail, du Plessis-Fouques, et de la Goûte, par le
prieur de Notre-Dame de Chaufour, au Maine, le 12 juillet
1612. Signé : Rébillard, notaire, au Mans.
Quatrième degré : trisaïeul.
François de Champlais. sgr. de la Masserie; Marie d'An-
digné. sa femme, 1579.
D*Andtgné : d'argent, à trois aigles de gueules, 9 et 1 .
Partage noble, du 2() septembre 1579, signé : Boindreau,
notaire au Mans, donné par Louis d'Andigné, éc' s"" de l'Isle-
Briant, à noble homme Franço^is de Champlais, son beau-
frère, s' de la Masserie et à demoiselle Marie d'Andigné, sa
femme, aux biens de feu nobles Louis d'Andigné, sgr de Tlsle-
Briant et de Marie Pelle, leurs père et mère.
Hommage, fait à Mgr François de Champlais, éc% sgr de la
Masserie, du Portail, du Plessis-Fouques, du Fief-Assé et de
la Goûte, le 16 novembre 1588, signé : Bazoges, notaire, au
bourg de Saint-Georges-du-Bois.
Partage noble, du 12 février 1574, signé : Guéhéri, notaire,
au Mans, fait, entre François de Champlais, éc^ s"^ de la Mas-
serie et demoiselle Urbaine de Champlais, sa sœur, femme de
Jean delà Chevrière, éc*", s' de la Roche-de-Vaux, des biens
qui leur étaient échus, par la mort de feu nobles Pierre de
Champlais et , demoiselle Charlotte de la Houdinière, leurs
père et mère.
Cinquième degré : quatrième aïeul.
Pierre de Champlais, sgr de la Masserie, Charlotte de la
Houdinière, sa femme, 1736.
La Houdinière : d'argent, à ta croix fleurdelisée de sable.
DRS DBMOISELLES 'dU POITOU 197
Contrat de mariage de Pierre de Champlais, éc\ s' du Ples-
sis-Fouques, fils de Guillaume de Champlais, éc s' de la Mas-
serie, avec demoiselle Charlotte de Ja Houdinière. fille de
noble Mathurin de la Houdinière, sgr de Chantilly. Ce con-
trat, du 6 janvier 1536, reçu par Honoré, notaire, au Mans.
Sentence, du 28 mars 1640, signée : Bellot, élu au Mans,
et commissaire député, par le Roi, pour la vérification de la
noblesse du Maine, par laquelle, Pierre de Champlais, éc s'
de la Masserie, est confirmé, dans sa noblesse, après avoir
justifié, par titres, que Guillaume de Champlais, son père, était
fils de Foulques de Champlais, petit fils de Pierre de Cham-
plais, et arrière petit-fils de James de Champlais, éc.
Sixième degré : cinquième aïeul.
Oaillaume de Champlais, sgr de la Masserie : Françoise
Briant. sa femme, 1506.
B RIANT : d'argent^ à la fasce de sahie, accompagnée de .six ro-
que/s de même, 3 en chef, 3 en pointe.
Contrat de mariage de Guillaume de Champlais, éc% fils
aîné de Foulques de Champlais, éc sgr de la Masserie et de
demoiselle Josseline du Hallai, avec demoiselle Françoise
Briant, fille de Lancelot Briant, éc'. Ce contrat, du 30 sep-
tembre 1506, reçu par Le Clerc, notaire, à Château Gontier.
Donation entre-vifs du 12 septembre 1504,signée : Garreau,
notaire, au lieu de Bourgnouvel, faite par noble homme
Foulques de Champlais, éc, s*" de la Masserie, à Guillaume
de Champlais, son fils aîné.
Septième et huitième degré,f : sixième aïeul et septième aïeul.
Foulques de Champlais, sgr de la Masserie ; Josseline du
Hallai\ sa femme, 1480.
Du Hallai : de gueules, fretté d'argent.
Partages du 5 mars 1497, fait entre Foulques de Champlais,
* Alias : Josceline Drouet. {H.-F:\
198 PHEUVES DE NOBLKSSE
ê
éc%sgrdela Masserie, et Colas* et Etienne* de Champlais,
ses frères/^des biens qui leur étaient échus» par la mort de
feu Pierre* de Champlais, leur père, aussi, éc s"" delà Màsserie.
Nous Charles d'Hozier, conseiller du Roi, généalogiste de
sa maison, juge général des armes et blasons de France, et
chevalier des ordres militaires de Saint-Maurice et de Saint-
Lazare de Savoie ; certifions, au Roi, que demoiselle Françoise
DE Champlais a la noblesse nécessaire pour être reçue dans la
communauté des demoiselles de Saint-Louis, comme il est
justifié, par les actes énoncés dans cette preuve, que nous
avons vérifiée et dressée, à Paris, le 31 août mil six cetit
quatre-vingt-six. Signé : d'Hozier.
CHASTEIGNER DE ROUVRE*.
Preuves de la noblesse de demmselle Françoise-Claude Chas-
TEiGNER de Rouvrk, présentée^ pour être reçue dans (a com-
munauté des filles demoiselles de la maison de Saint-Louis, fondée
par le Roi, à Saint-Cyr^ dans le parc de Versailles. Février i 708.
tYançoise-Claude Chastelgner de Rouvre, 1697.
Armes : d'or, k un lion de sinople, passant^ langue de gueules.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse d'Auché,
au diocèse de Poitiers, portant que Françoise-Claude, fille de
Joseph Chasteigner, sgr, du Plessis de Rouvre, et de dame
Radégonde Pélisson, sa femme, naquit le 28*^ d'avril, et fut
^ CoUb, sgr, de la Boutdellère, au pays d'Anjou, dont les descendants
s'établirent plus tard en Poitou. {B»F.)
* Etienne, éc, sgr des Roches de Vendeiivre. partageait le 5 mars 1497.
avec ses frères, la succession de leur père. Le 6 avril 1490, il avait été
nommé prévôt des Maréchaux en Basse- Bretagne, puis gratifié le même
jour d'une pension de 390 livres, comme gentilhomme ordinaire de
THôtel du Roi et en novembre 1492, reçut les provisions de conseiller et
maître d'Hôtel du Roi. 11 épousa, en janvier 1480, Jeanne de Foi Hé. fille
de Jean, éc' sgr des Petits-Monts et de Marie Foucher. {li.-F.)
' Pierre de Champlais. sgr de la Ma s^erie était fils de Jametde Cham-
plais, éc'', sgr de la Màsserie et de Jeanne de Rouillon et petit-fils de
Georges, marié vers 1378 à Péronnelle de Montourtier, dame de la Ma- -
série. (fl.-A'.)
« BihL Xal. Cab. des Titres, 298. p. 87.
DBS D£ldOI$£LLRS DU POITOU 199
baptisée le septiesroe d'août de Tan 4687. Cet extrait délivré
le 26' de décembre de l'an 1707. Signé : JouzEAL^ vicaire de
Tégiise d'Auché, et légalisé.
Premier degré : père kt mère.
Joseph Chasteigner, sgr. de Rouvre, Radégonde Péiis-
sofî, sa femme, 1684.
Contrat de mariage de Joseph Chasteigner, fils de Jean
de Chasteigner, vivant, chev. sgr. du Plessis du Rouvre, et
de dame Madeleine Pastureau. sa femme, accordé le 16* de
février 1684, avec demoiselle Radégonde Pélisson, fille de
Pierre Pélisson, éc% sgr. de Mari et de demoiselle Claude
Faucan. Ce contrat passé devant Gautier, notaire à Poitiers,
et signé : Gautier.
Inventaire des biens laissés par la mort de Jean Chastei-
gner, éc% sgr du Plessis, fait le 8* de juin 1657, à la requête
de demoiselle Madeleine Pastureau, sa veuve, et de César
Chasteigner», éc% seigneur de Rouvre, de Joseph Chasteigner
éc'", sgr. de Saint-Aubin et de Jean Chasteigner. éc, s' de
Malvaut, leurs enfants. Cet acte reçu par de Vizeau, no-
taire, au bourg d'Auché.
Deuxième degré : aïeul et aïeule.
Jean Chasteigner^ sgr, de Rouvre, Madeleine Pastureau,
sa femme, 1629.
Contrat de mariage de Jean Chasteigner*, éc^ fils de César
Chasteigner, éc% sgr. de Rouvre, et de demoiselle Renée de la
* Né en 1631, fit partie de l'assemblée des nobles du Poitou, tenue, à
Poitiers, les 3 et 4 juillet 1651 (fl.-P.).
« Sgr de Rouvre, de Mallevault, du Claudis. etc , fut confimé dans
sa noblesse, par sentence des élus de Poitou, le 28 juin 1634. et dispensé,
le 26 juillet 1635. à cause de sa santé, de se trouver au ban réuni à Saint-
Maixent, il fournit à sa place Moïse de Loubeau, éc, sgr. de Chalusson.
en état et équipage de service. Il se trouva à Poitiers, en 1651. à l'assem-
blée des nobles de cette province, pour nommer des députés aux Etats
de Blois. 11 était décédé en 1659 et avait épousé en premières noces N.. .
de Brilhac, veuve du sçr. de Saint-Bazely. (B.-F.).
J
200 PRKUVES nrc noblrsse
Grèze, sa femme,accordé le 21* de novembre 1629, avec de-
moiselle Madeleine Pastureau, fille de Guillaume Pastureau,
éc', s' de Vaumoreau,et de demoiselle Marie Martin de Torigné.
Ce contrat passé devant Tristant, notaire, au lieu de Benest.
Accord sur le partage des biens de César Chasteigner, éc^
sgr. de Rouvre, fait le dO" de novembre 1617. antre demoiselle
Renée de la Grèze, sa veuve, Jean Chasteigner, son fils
aîné, éc, sgr. du Plessis d'Auché et de Bellancourt, et de
René Chasteigner*, son frère, chev. de Malte, etc. Cet acte,
reçu, par Fouard, notaire au Heu de Chatel-Acher.
Troisième degré : bisaïeul et bisaïeule.
César Chasteigner, sgr. de Rouvre, Renée de la Grèze, sa
femme, 1581.
Contrat de mariage de César Chasteigner*, éc% sgr. de
Rouvre, fils de Louis Chasteigner et de demoiselle Marie
Turpin, sa femme, accordé le 13« de septembre 1581, avec de*
moiselle Renée de la Grèze. fille de Gabriel de la Grèze, éC",
sgr. de Traversay, eit de demoiselle Marie d'Auché. Ce con-
trat passé devant Fontenier, notaire à Civray.
Jugement rendu à Poitiers, le 16 de décembre 1588, par les
commissaires ordonnés par le Roi pour le régalement des
tailles, dans cette généralité, par lequel Cézar Chasteigner,
éc^ sgr de Rouvre, est maintenu dans la possession de la
noblesse qu'il avait prouvée depuis Tan 1476. Cet acte signé :
DE HkRE.
Quatrième degré : trisaïeul et trisaïeule.
Louis Chasteigner, sgr de Rouvre, Marie Turpin de Joué,
sa femme, 1556.
Turpin de Joué : d'azur, à (roi.s bezanis d'or^ posés deux et un,
I Chevalier de Malte, tué par les Turcs, dans un combat sur mer, en
1020. {B.'F,), \
< U reçut quittance pour sa contribution aux ban et arrière-ban, le
10 avril 16U1 et ne vivait plus le :)0 novembre 1617. (fi.-F.).
DES DEMOISËLLKS UU POITOU 201
Contrat de mariage de Louis Chasteigner^ éc*^ sgr, de
Rouvre, fils de Geoffroy Chasteigner*, éc' sgr de Malvaud,
et de demoiselle Jeanne des Francs, sa femme, accordé le 21
de novembre 1556, avec demoiselle Marie Turpin, fille de Jean
Turpin, éc% sgr de Jouhé, en Angoumois, et de demoiselle
Françoise Turpin. Ce contrat passé devant Apchalle, notaire
à Ruffec.
Procuration donnée le 13 de novembre 1556, à Jacques
Foucher, éc^s"^ de Taisson, par demoiselle Marie des Francs,
dame de la Picaitière, pour- donner, en son nom, à Louis
Chasteigner, son neveu; éc\ sgr de Rouvre, la maison noble
avec les. terre, fief et seigneurie de la Grange-des-Francs,
appelée la Motte-Breuil-Bon, qu*elle avait acquise de François
de l'Esperonnière éc' sgr de la Roche-Bardoul, et de demoi-
selle Marguerite de Villeneuve, sa femme, le 13 d'août 1554.
Cet acte reçu par Guillemin, notaire de la cour de Cherveux.
Nous, Charles d'Hozier, conseiller du Roi,- généalogiste de
sa maison, juge général des armes et des blasons, et garde
de Tarmorial général de France, et chevalier de la Religion et
des ordres militaires de Saint-Maurice et de Saint-Lazare de
Savoie, certifions, au Roi, que demoiselle Françoise-Claude
Chasteigner de Rouvre a la noblesse nécessaire pour être
reçue dans la communauté des filles demoiselles, que Sa Ma-
jesté fait élever, dans la maison royale de Saint- Louis, fondée
à Saint-Cyr, dans le parc de Versailles, comme il est justifié
par les actes qui sont énoncés dans cette preuve, laquelle,
nous avons vérifiée et dressée à Paris, le mardi quatorzième
jour du mois de février de Tan mil sept cent huit.
(A suivre,) Signé : d*Hozier.
* Louis, éCsgrde Rouvre, xMallevault, le Bourgneuf. Saint-Gelais. etc.
fut blessé d'un coup de canon en défendant courageusement le château
et la ville de Poitiers, qu'assiégeait Tamiral de Colign^, en 15(59 et mou-
rut le 15 août, il fut inhumé dans l'église Saint-Didier. {B.-F.)
» Geoffroy, éc sgr de Mallevault, etc., fils d'Antoine, Se» sgr de Malle-
vault et de Louise Thibault de la Carte. Petit-fils de Louis, éc sgr de
Mallevault. etc.. et de Catherine de Saint-Aubin et arrière petit-fils de
Jean, sgr de Prinçav, etc., et do Jeanne de Baussnv, dame de Malle-
vault. \^B.'F.).
LES ÊCHAUBROGNES
(SuiW).
LA SICARDIÈRE
Au plus haut que je remonle, en compulsant les titres que
M. Prissoimière a bien voulu me communiquer concernant fa
seigneurie de la Sicardière. je trouve, à fa date du 10 juin 1582,
un aveu de la maison noble et métairie de la Sicardière et -
terres des Châtaignernies, rendu par Jean Charrier, écuyer,
sieur des Granges et de la Sicardière, au seigneur du flef des
Granges et de la Sevrie. Le 5 dc^cembre i6&à, une grosse en
parchemin contient le contrat par lequel les biens de Jean
Charrier, vivant, écuyer, sieur des Granges, de la Sicardière
et de la Vairie sont partagés entre ses enfanfs. Une de ses
filles, damoiselle Marie Charrier, était, au 1*"" mai 1612, veuve
de Roland de la Longueraire, sieur du Fougeray, et leur fllîc,
damoiselle Jeanne de la Longueraire, avait épousé messire
Jacques Garnier, sieur du Breuil, demeurant à la Rcche-
Vineuse, paroisse de N(îuvy. Elle était veuve, le 24 avriM6ô4,
jour où elle fit aveu du flef des Terrages de la Sicardière entre
les mains de messire Pierre de Gondi, baron de Mortagne.
C'est en effet de cette puissante baronnie que relevaient les
Terrages, principal fief, croyons-nous, du domaine de la
Sicardière, et nous voyons par la suite les Garnier se présenter
périodiquement à Mortagne pour y faire hommage dudit fief,
des terrages, aux pieds des hauts et puissants seigneurs qui
s'y c5ont succédé, les Gondi, ducs de Retz ; les Créqui, ducs de
Lesdiguières, les Neuville, ducs de Villeroy et de Beaupréau,
Voir le fascicule de mars-ayril 1900.
LBS KGHAUBKOdNKS 203
Au dire de Colbert de Croissy, les Garnier de la Sicardiëre
sont sortis d'Exoudun, élection de Saint-Maixent. Us furent,
ainsi que les autres branches de cette famille, nombreuse alors,
reconnus et maintenus nobles par sentence du 27 septem-
bre 1667. Us portaient : gironné d'or et de gueules de douze
pièces. (Duqast^Matifeux).
Autrefois, quand un chevalieravait forfait à Thonneur, on le
dégradait et Técu, blasonné de ses armes, était brisé ou lacéré,
puis foulé aux pieds de toute l'assistance. Ici, c'est le temps
qui s'est chargé de ce soin : quelques recherches que j'aie
faites, jB n'ai pu trouver nulle part à la Sicardiëre, la moindre
trace de Técusson des Garnier, qui étaient donc, et j'en ai le
cœur soulagé, des étrangers venus, il y avait même assez
peu de temps, s'implanter parmi nos tranquilles populations.
La Sicardière, leur demeure, est, grâce à son aspect modeste,
restée è peu près telle que l'avait laissée ses anciens maîtres.
Malgré son titre de châtellenie rien ne la fait distinguer de la
plus simple de nos fermes vendéennes.
Suit, en novembre 1673, un partage entre les trois enfants
de mesisire Jacques Garnier qui étaient Pierre Garnier, sieur
du Breuil, demeurant à Roche-Vineuse, près Neuvy; outre
Pierre Garnier seigneur de la Sicardière et y demeurant, et
damoiselle Madeleine Garnier, femme de Jean Cantineau
seigneur de la Charpenterie en Lamairé, et pour lors, mineurs
tous les trois. La Sicardière^ avec ses dépendances, estimée à
la somme de 0572^ échoit à Pierre Garnier jeune^ qui devra
indemniser les cohéritiers. Ce même Pierre Garnier se maria
plus tard i^ Marie Lessard dont il eut trois fils. La maison
« seigneuriale » alors, comme de nos jours, consistait en un
petit corps de logis, une cour, grange et écurie, un cofombier
sur la porte, le tout entouré de murailles, deux jardins y
attenant, aussi eu partie entourés de murailles, d'une conte-
naace de deux boisselées, 46 gaullées, le tout estimé 800* puis
les terres de la métairie, et enfin les droits de terrages, à
charge de payer 29 boisseaux de seigle aux sires de la Fou-
204 LES ÉCtiAUÔROGNUd
chérie et six boisseaux au curé de Saint-Pierre d'Echau-
brogne, etc.
En 1676, messire Grimaud de la Rablais, en Sain t-Clémen tin,
qui était héritier de Jean Rousseau, écuyer, vivant seigneur
de la Foucherie, vendit celte rente* à messire Marin de Boy-
lesve de la Maurousière, seigneur de !aTessoualle,dePuyguyon
de Vaujoly et autres lieux, résidant à la Maurousiàre de Saint-
Hilaire de Mortagne^ Ce dernier charge un jour messire
Durand, vicaire de la Tessoualle, d'aller percevoir ladite rente
et plusieurs autres en se rendant à cet efTet sous le « grand
chesgne » de la Sicardière ; mais le pauvre vicaire^en est pour
ses peines, il a beau attendre depuis onze heures du matin,
jusqu^à cinq heures du soir « ainsi qu'il apparaît par le soleil >»
il ne voit rien venir !.. Ce n'est pourtant pas que le sire de la
Sicardière eût beaucoup de chemin pour s'y rendre; mais,
comme on s'en assurera dans la suite, le noble sire, dès lors^
devait un peu partout mais par contre il ne payait nulle part.
Sans ce défaut invétéré chez lui, du reste, nous n'aurions pas,
nous, en mains, les titres qui le concernent,car messire Marin
de Boyslesve colligea ces 14 ou 15 liasses de grosseur raison-
nable chacune, pour pouvoir prouver bien et dûment ses droits
à percevoir, chacun an^ cette rente de 29 boisseaux de seigle
qu'on lui devait, mais qu'on ne lui paie point régulièrement,
hélas !...
En février 1685, Pierre Garnier, fils et principal héritier de
Pierre Garnier et de Marie Lessard,et ses deux frèrés,Charles
et Mathurin ont perdu leur père ; ils se font émanciper et
agissent sous l'autorité de Laurent Déringère, leur curateur.
En juin 1698, Pierre Garnier veut partager la Sicardière avec
ses deux frères susdits^unisàcausede la difficulté de « partir
la mestagrie » : Charles et Mathurin consentent à abandonner
leurs droits, moyennant une rente de 104' pour chacun d'eu^c.
Pierre Garnier s'empresse, dès le 20 janvier 1699... non pas de
' De 29 boitieaux envers le sire de la Foucherie.
LBS égiuubho(;nes 205
payer ladite rente, mais de la faire réduire à 90^ 10*. A la suite *
de cette transaction les deux frères cadets allèrent habiter
chacun leur petit bien : Charles, dit de Saint-Mariin, le Cou-
chapon paroisse de Treize- Vents ; et Mathurin dit du Fief-
Chollet, le Chiron, paroisse de la Chapelle- Largeau. Le '
!•' février 1710, Pierre Garnier qui avait épousé Marie Garnaud
n'était plus» et sa veuve, agissant comme tutrice de ses deux
enfants François et Pierre, est dite avoir eu à cette époque un
procès à soutenir contre Urbain Boisson, sieur de la Guierche
et du Plessis. Nous avons déjà vu ailleurs que le premier
usage que fit de son droite à sa majorité, le sieur Fra/i(:ot5
Garnier, ce fut de vendre son fief des Terrages de la Marche à
son voisin le sire de la Goudraye-Noyers.
Le moment est venu d'aborder l'histoire de ce triste person-
nage, le plus célèbre d'entre les Garnier de la Sicardière. Mais,
pour retrouver sa véritable physionomie, il faut avoir recours
non aux papiers poudreux des procureurs qui plus tard
s'entredisputèrent les lambeaux de sa maigre succession,
mais à la tradition qui Ta rendu légendaire, et en a fait c,omme
un autre B9.rbe-Bleu, bien moins puissant, mais non moins
extravagant, non moins cruel, que le terrible seigneur de
Tiffauges. François Garnier était, avons-nous dit, le fils aîné
de ce Pierre Garnier que nous avons vu hériter de la Sicardière
en 1698. Il avait pour frère puîné Pierre, dit le chevalier de la
Sicardière, plus tard le compagnon de ses excès. La tradition
est muette sur le caractère et la conduite de leurs deux
oacles du Gouchapon et du Chiron, et toute Tattention se
concentre sur ces deux jeunes héritiers de Pierre Garnier.
Marie Garnaud leur mère, mariée le 10 mai 1692, avait perdu
son mari avant le 1*" février 1710, avant par conséquent que
ses deux fils eussent atteint leur majorité. Ce veuvage préma-
turé explique déjà la jeunesse orageuse des deux jeunes sei-
gneurs qui précisément, parce qu'ils étaient seigneurs et
nobles, pensaient être en dehors de la loi commune, et, en
fait de déportements, se croyçiient tout permis. Sans éduca-
TOMK XVl. — NOTICKS. — XVl* ANNÉE, 5«-6* LIV- 15
206 LB^S teSAUBROONBS
tion, livrés à tous leurs instincts et n'ayant pour tout passe-
temps que l'exercice violent de la chasse, ils eurent le loisir
de s'adonner à un libertinage effréné qui faisait dire aux gens
des alentours qu'il était souverainement imprudent et dange-
reux, pour une honnête fille de s'aventurer, en gardant ses
moutons, trop près du manoir mal-famé de la Sicardière. Et
des faits, hélas 1 trop nombreux, ne prouvaient que trop com-
bien on avait raison. Lors de Tinstruction du procès des deux
frères, le jardinier du lieu exhuma par ordre de la justice les
cadavres de quatre ou cinq enfants nouveau-nés, enfouis
autour de la demeure maudite. Mais c'est de François, Talné,
que la tradition^a surtout gardé un effrayant souvenir. Selon
le dire d'un vieillard qui me racontait quelques particularités
de son histoire, particularités apprises par lui, dans son
enfance, de la bouche de gens qui avaient pu en avoir été
les témoins, c'était un fort mauvais sujet, menant joyeuse vie,
etun train grandement disproportionné avec sa mince fortune.
Aussi, plus tard, les procureurs signaient-ils pour toutes les
redevances qu'il avait à solder, invariablement, des arrérages
de 29 ans ; c'était intégralement le temps écoulé depuis sa
majorité jusqu'à l'époque de sa mort.
Mais surtout ce qui a frappé l'imagination de nos gens et est
resté profondément gravé dans leur mémoire, c'est la rapidité
de course de ses chevaux à caractère. (Je pense que mon nar-
rateur voulait dire par là des animaux possédés, ensorcelés).
Un jour « Sicardière » était en régal et la chose arrivait
fréquemment, il s'aperçoit au commencement du dîner qu'une
des pièces qui devaient figurer sur la table fait défaut. Sans
délai, il enfourche le fameux « Bayard », c'était le nom de son
principal (de son unique coursier peut-être), part comme un
trait et « Sicardière » est de retour, muni de ladite pièce, avant
la fin du repas. Or, dit la légende, c'est à Angers, ville éloignée
de quelque dix-huit à vingt lieues du manoir, qu'il était allé
la quérir... Et ces courses vertigineuses fatiguaient si peu
Bayard, que souvent il lui arrivait, à son retour, lorsque la
LES ÉCHAUBROGNfiS 207
porte du logis se trouvait fermée, de franchir d'un bond la
haute muraille de la cour. Ajoutons toutefois, au risque de
diminuer un peu le merveilleux de notre récit de tout à Theure,
que ces repas tout pantagruéliques devaient se prolonger bien
au-delà des limites d'un festin, ordinaire. Enfin à tout cela il
n'y a pas encore grand'chose à redire, mais il n'en était pas
malheureusement toujours ainsi au sujet d'autres proues-
ses de notre triste héros, fort capricieux de sa nature, et
enclin, paraît-il, à des accès d'une colère aussi terrible qu'elle
était souvent peu motivée. On a pu voir pendant longtemps,
racontent les anciens, sur une pierre de la vieille église de
Loublande^ les traces du sang d'un malheureux enfant, vio-
lemment arraché des bras de sa mère et écrasé par lui, dans
un de ses accès de fureur insensée. — Un autre jour, revenant
à cheval de la ville de Cholet, il rencontra un pauvre hère, et
fantaisie lui prit, sans la moindre provocation de la part du
malheureux, de le poursuivre et de vouloir le forcer comme
une bote fauve, puis tenter de le fouler aux pieds de son
cheval. Le paysan ne dut, après maints circuits, son salut
qu'à son adresse et à l'agilité de ses jambes.
Une vie aussi désordonnée et aussi criminelle, ne pouvait
manquer, môme en ce temps-là, de lui créer plus d'une diffi-
culté et finalement de lui faire avoir maille à partir avec dame
Justice. J'arrive donc à la tragique conclusion que tant de
méfaits n'avaient que trop fait pressentir. Il revenait un jour
de Mortagne, quand, à la suite d'un de ses derniers attentats,
les gens de la maréchaussée se présentèrent à la porte du
manoir pour procéder enfin à son arrestation. La dame du
lieu, avertie de la présence des gendarmes, à Thuis du logis,
prévint son mari en hâte, mais encore assez à temps pour
qu'il pût s'évader. L'état d'ivresse du malheureux l'empêcha
de pouvoir profiter de l'avertissement et il se laissa saisir et
garrotter sans opposer la moindre résistance. Le coupable fut
de là transporté à Poitiers, le procès s'instruisit; une multitude
de faits monstrueux allégués à sa charge, et dont il fut ai-
208 LES ÉCHAUBROONES
sèment reconnu coupable, furent plus que suffisants pour
motiver sacondamnation à la peine capitale. C'était Je 12 juillet
del'année 1737...
J'en étais là de ma notice sur François Garnier, quand
M. Tabbé Drochon, à l'époque curé de TAbsie, et depuis reli-
gieux de l'Assomption, a bien voulu me communiquer la
pièce suivante. Elle ne fait que confirmer et préciser ce que
nous savons déjà, en y ajoutant, hélas ! dans sa concision^
plusieurs particularités qui ne concourent pas à réhabiliter
la mémoire du triste héros.
« Jugement souverain efe en dernier ressort rendu par mon-
« sieur l'Intendant de Poitiers, assisté de messieurs les Com-
tt missaires du Conseil entre le Procureur du roy de la
« commission,demandeur, en crimes d'incendies, inceste, voU
(c et assassinats, viols et viollances publiques, contre François
« Garnier, escuyer, seigneur de la Sicardiôre, et encore d'in-
« cendie contre Marie David, et la dame de la Sicardière> son
« épouse, et le chevallier de la Sicardière, son frère. Veu nous»
« par jugement souverain et en dernier resort, avons déclaré
« led. sieur François Garnier de la Sicardière aîné et Marie
a David attaints et convaincus des incendies commisses au
« château de la Sauvagère. Ledit sieur François Garnier de la
« Sicardière atné, aussi attaint et convaincu des crimes d'in-
« ceste et viollances. Pour réparation de quoy, et les autres
« cas résultants du procès, avons condamné le dit sieur
a Garnier de la Sicardière alné^ à avoir la teste tranchée par
i( l'exécuteur de la haute justice sur un cbafaut qui sera à cet
« effet planté à la place de Saint-Nicolas de cette ville ; que ses
« biens situés dans le pays où confiscation a lieu appartiendront
« et seront confisqués au profit du roy^ et condamné ladite
a Marie David a estre pendiie et étranglée jus<;^u'à ce que mort
« s'ensuive à une potence qui pour cet effet sera plantée à
« ladite place de Saint-Nicolas de cette ville, par l'exécuteur de
tf la haute justice.
<c Déclarons la contumace bien et dûement instruitte contre
« le sieur Chevallier de la Sicardière et adjugent le profit pour
LES ÉCHAUBROQNks 209
« le cas résultant du procès. Avons banny ledit sieur chevallier
« de la Sicardiëre à perpétuité du royaume, enjoint à luy de
« garder son ban sous les peines portées par Tordonnance
M Ce qui sera exécuté par effigie, dans un tableau dans lequel
« notre présent jugement sera inscrit et exposez à un poteau
« qui sera élevé à la dite place de Saint-Nicolas par Texécuteur
tt de la haulte justice. Ordonnons en outre que ses biens
« situés où confiscation a lieu, demeureront confisqués au
« proQt du roy, et avons mis la dame de TEtoille, femme du
a sieur Sicardiëre aîné, hors de cause, ordonné qu'elle aura
V provision de sa personne. Condamnons en outre le sieur
« Sicardière aîné, la David et le sieur chevallier de la Sicar-
« dière, en huit cents livres d'amende envers le roy, le tout
u sollidèrement. Ce qui sera exécuté nonobstant appel et sans
« y différer. Et sera notre présent jugement lii, publié et affiché
a partout où besoin sera donné. Fait en la chambre criminelle
«( du Pallais royal de' Poitiers, le douze du mois de juillet
« mil sept cent trante sept. Signé : Lenain, Dutressé, Vincent
« de Villegay, Rabrieul, Millon, Labrosse^ Gaborit, Mallet,
c Dulcot, Girault, Constant Filleau, Le Chénier du Charpreau,
• raporteur, et Marquet, le jeune, procureur, greffier de la
u commission. Le présent jugement en ce qu'y concerne le
c< sieur Sicardière aîné et Marie David a esté exécuté led. jour
« 12 juillet; en ce qu'y regarde le sieur Chevallier delà Sicar-
« dière,contumax, le lendemain 13 juillet 1737. Signé : Marquet
M le jeune, procureur, greffier de la commission. »
A ces autres méfaits et immoralités, François Garnier
ajoutait donc encore le titre d'incendiaire et de voleur et il
faisait partager sa vie criminelle à ceux de son entourage. La
tradition ne m'avait point appris l'existence de cette Marie
David, sa complice, et qui partagea sa fin ignominieuse à
Poitiers sur cette place Saint-Nicolas qui est, je présume, la
même que la place des Halles actuelle.
Aux quatre femmes que nos titres attribuaient à François
Garnier, comme nous le verrons plus loin, il faut donc en
210 LES ÉGHAUBR06NES
ajouter une cinquième, portant ce nom de l'Estoile qui nous
fait penser qu^elle devait être de la famille des seigneurs de
Loumois ; et bien qu'elle eut été « mise hors de cause, et
qu'elle eût eu provision de sa personne » il est permis de
croire, par sa qualité môme d'inculpée, qu'elle fut quelque peu
de connivence avec son mari. Il reste toujours à expliquer et
à comprendre comment un pareil monstre avait pu trouver
moyen de contracter toutes ces alliances, dont le nombre et
la courte durée ne prouvaient que trop la fin criminelle.
Si ces scélérats tout couverts de crimes, de tyrannies et de
violences de toute sorte, trop souvent échappaient, en vertu de
leur noblesse, à la loi commune et à des châtiments trop bien
mérités, ils n'y échappaient donc pas tous comme vient de
nous le prouver l'arrêt précédent.
Nous revenons maintenant à nos documents. D. Foyiteneati
qui prenait ses notes en 1756, une vingtaine d'années par
conséquent après l'exécution de François Garnier, consacre
dans son 83« volume, Notices et tableaux généalogiques, quel-
ques lignes à la famille des Q^Tni^r {Bibliothèque de Poitier).
« Gentilshommes du nom de Garnier en Bas-Poitou. »
« Garnier eut trois fils : l'aîné fut un de la Sicardière, père
« de celui qui, pour des faits de cruauté, eut la tôte tranchée
« à Poitiers en...
« Un autre fut nommé de Saint Martin et faisait résidence
« au Couchapon, dans la paroisse de Treize- Vents. C'est une
« espèce de bordQrie. Il avait deux garçons et une fille. Un
« des garçons est mort vicaire de Saint-Jouin de Mauléon au
a mois de juillet 1756. L'autre garçon est employé dans les
« aydes ou gabelles. La fille veut épouser un ancien valet. La
tt mère vit encore. Le père de M. de la Sicardière décollé eut
« un autre fils qui vit encore, qu'on appelle le chevalier de la
« Sicardière, qui demeure paroisse du May, en Anjou, à deux
« petites lieues au-delà Cholet. Il a été marié deux fois. C'est
« un homme qui n'est point aisé, tête dure. La Sicardière,
« après la mort de son frère, fut mise au bail et y est encore.
LES ÂCHAUBROONBS 211
« MM. Oautrouneau et Guineoyseau, deux notaires de Chatil-
« lon-sur-Sèvre, voulurent avoir le bail, mais ils font cédé au
* chevalier qui en jouit.
tf M. de la Sicardière décapité n'a point en d'enfants légi-
tt limes, mais beaucoup de bâtards. Il a été marié deux ou
« trois fois. La 2'"« femme était une cuisinière qui restait chez
« M. de la Boullaye d' Auzon : la3"'» étoit d'une bonne noblesse
« de la maison de Gazeau, en Anjou, sœur de M. du Gazeau et
« de xM"^' du Picatdoré, demeurante actuellement à Angers.
H Ces messieurs du Gazeau et de Picatdoré n'ont point eu
a d'enfant. On croit que M"»* de la Sicardière est encore à
« Thouars, au couvent.
c< La Sicardière est une petite maison noble dans la paroisse
u de Saint-Hiiaire d'Ëchaubrognes. Le Fief-Gholet petit bien
« dans la paroisse de la Ghapelle-Largeau. Il a des enfants, il
Il a été marié trois fois. La dernière est une servante qu'il a
tt prise à Gholet. »
La succession de la Sicardière ne fut pas plus tôt ouverte,
que les agents du use et les nombreux créanciers se hâtèrent
de s'en disputer les restes. Dès les premiers mois qui suivirent
le tragique événementjles procureurs deGhatillon dressèrent,
pour le besoin de la procédure, les pièces suivantes que nous
transcrivons intégralement, pour les comparer ensuite avec
les notes de D. Ponteneau (Papiers de M. Boylesve,)
17 janvier 1738. — « Brief examendes procédures faites au
« siège de Ghâtillon-sur-Sèvre, au sujet des biens saisis des
« sieurs Garnier de la Sicardière, en la paroisse de Saint-
« Pierre d'Ëchaubrognes, marches communes d'Anjou et de
« Poitou. Les sieurs François Garnier et Pierre Garnier, sieurs
« de la Sicardière, ayant été condamnés par jugement souve-
« rain rendu à Poitiers le 12 juillet 1737, l'un à mort, l'autre
« à un banissement perpétuel hors du royaume, les créanciers
i* ûrent saisir leurs biens, tant pour assurer leurs fonds de
a rentes, que pour les arrérages dus, ou pour d'autres dettes.
« Avant de faire le précis de la procédure, il est bon, pour
« éclairer les faits, de faire une courte généalogie des Gar-
212 LRS ÉCHAUBROONES
o meVf et une liste des créanciers et de leurs demandes. Peut
« être sera-t-on obligé de faire quelques observations en
(( certains endroits qui paraîtront Pexiger. Les notes entre
« parenthèses ne se trouve pas dans le tableau dressé par les
tt agents : je les ai puisées dans divers titres du procès, et
« mises ici parce que les procureurs, eux, n'avaient relaté
u dans le tableau que ce qui était nécessaire à la procédure. »
Pierre Garnier sieur de la Sicardière et sa femme Renée
Lessard, d'où sont issus, avant 1698.
jo Pierre Garnier^ flls aîné, sieur de la Sicardière (y demeu-
rant.)
Ih Charles Garnier, sieur de Saint Martin (au Gouchapon
paroisse de Treize-Vents.)
III* Mathurin Alias Mathieu Garnier, sieur du Pief-Chollet,
(au Chiron-Bonnet paroisse de la Chapelle-Largeau.j
Pierre Garnier, sieur de la Sicardière, marié (le 10 mai 1092)
à Marie Garnaud, d'où sont issus :
1. François' Garnier, sieur de la Sicardière,
Condamnés l
2. Pierre Gartner, cheva'ier de la Sicar-
dière, cadet..
François Garnier, sieur de la Sicardière, marié :
En V* noces à damoiselle Elisabeth Baudry d'Asson
(l'était op 1722.)
En 2* noces à Marie Gourdon, dont esl issus :
François, fils aîné (légitime.)
En 3*^ noces à Clotilde Cantineau de la Ctiarpenterie
(c'était en septembre 1729.)
En 4* noces à Marie Marquet (le 29 septembre 1730,
dont est issu :
N. Garnier (2* fils léi^itime.)
\ En 5*^ noces, enfin, à N. deTEstoile.)
LES ÉGHAUBROGNES 213
Pierre Garnier Sicardière, marié à dame Ville-
^ , neuve du Caseau, dont est issue N. Garnier (Geneviève
Victoire, mariée plus tarda Jacques François BouUay-
du-Martray.)
Il*
Charles Garnier , sieur de Saint Martin, marié en 1'*" noces
à N.» dont est issu Charles Garnier, prestre (vicaire d*abord
de la Romagne, près de Saint-Jouin de Mauléon). Marié en
2^ noces avec Gabrielle Pellerin dont son issus Pierre et Jac-
ques (alias Jean) Garnier, et quatre filles, Gabrielle, Marie-
Madeleine, Marie-Charlotte, Marie-Suzanne et Françoise-
Angélique.
Illo
Mathurin (Alias Mathieu) Garnier^ sieur de Fief-Chollet,
inarië à N. dont est issu : Jacques Garnier-
La première remarque assurément, c'est Tétonnemgnt de
voir un prêtre sortir d'une pareille famille: le fils aîné du
sieur de Saint-Martin, nommé comme lui Charles Garnier, fut
successivement vicaire de la Romagne et de Saint-Jouin de
Chfttillon où il mourut en juillet d656.
A la distance où nous sommes des événements ci-dessus
racontés^ je n*ose affirmer que D. Fonteneau, bien que prenant
ses notes une vingtaine (Tannées à peine après la mort de
F- Garnier se soit trompé; mais les dites notes diffèrent en bien
des points d'avec la généalogie etles autres documents libellés
sur place, e/ 5ta: mois seulement après Iç jugement, par les
procureurs de Châtillon. Ainsi le frère cadet de François Gar-
nier est dit avoir été cesgionnaire du bail de la Sicardière,
selon D. Fonteneau, tandis que, dans l'autre pièce, on affirme
que Pierre Garnier avait été banni « à perpétuité » selon que
le texte du jugement en fait lui-môme foi. Cette condamnation
prononcée contre un contumace, n'avait-elle pas été suivie
214 LRS ÉCIHAUBROONKS
d'effet?., ou bien le coupable, en considération de son carac-
tère « peu aisé et de la dureté de sa tête » aurait-il été promp-
tement gracié ? Toujours est-il que les titres que j'ai eus entre
les mains mentionnent messire Pierre Garnier, chevalier de
la Sicardière, comme demeurant en Tannée 1767 en sa terre de
Mille, près du May, en Anjou. Toutefois, remarquons que la
2* adjudication du bail de la Sicardière fut faite en le nom de
sa femme, et non à lui-môme. D. Ponteneau,qui ne dit mot de
cette condamnation au bannissement, affirme en outre que
ledit chevalier fut marié deux fois, l'autre généalogie lui attri-
bue, pour femme unique, cette dame Villeneuve du Cazeau
que D. Fonteneau prétend avoir été la 3"" femme de son frère,
le « décollé ». Si comme l'affirment les pièces des procureurs,
François Garnier a convolé à une quatrième alliance avec
Marie Marquet, et même à une cinquième avec la dame de
l'Estoile, comment cette dame du Cazeau pouvait-elle lui sur-
vivre encore, renfermée dans son couvent de Thouars?..
D. Fonteneau assure que François Garnier fut marié deux ou
trois fois, qu'il n'eut point d'enfants légitimes, mais seulement
beaucoup de bâtards : (nous ne contestons nullement la der-
nière partie de cette assertion), mais par la généalogie fournie
par les procureurs, et les autres pièces, nous voyons qu'il eut
cinq femmes et deux fils légitimes. Ces cinq femmes ont dû
mourir, sauf peut-être la dernière, dans l'espace d'une dizaine
d'années. Trois d'entre elles, n'ayant pas eu d'enfants de cette
union, ne sont pas mentionnées sur l'arbre généalogique des
procureurs, mais je les ai vues citées sur d'autres pièces, et
on spécifie bien que c'est de la 2*" et de la 4'' qu'il y a eu posté-
rité. La première de ces infortunées fut damoiselle Elisabeth
Baudry d'Asson, qui,le 1*' avril 1722,ratifie la vente et délais-
sement que fait son mari à F. Gyerault, des Terrages de la
Sicardière. La seconde fut Marie Gourdon, sans doute cette
cuisinière prise au dire de D. Fonteneau chez M. de la Boullaye
d'Auzon : il en eut son fils aîné portant môme prénom que
lui. La 3*" aurait été, non damoiselle du Cazeau, mais une
LES ÉGFIAUBROGNES 215
autre pareillement de bonne noblesse, damoiseile Glotilde
Cantineau de la Charpenterie, veuve en !'*• noces de Henri de
Touvois, sieur du Pin, duquel elle avait eu une flUe, Marie de
Touvois, mais qui n'eût pas d'enfants de cette 2* alliance. Elle
fit, le 4 juin 1730, son testament en faveur de François Gar-
nier, son 2« mari. Enfin, le 29 novembre de cette année, était
passé le contrat de mariage du même avec sa 4*" femme^ Marie
Marqueta dont il eut un autre fils. Nous avons vu que le texte
de la sentence de sa condamnation lui attribue une 5* femme,
la dame de TEstoile que je n'ai vue nulle part figurer ail-
leurs. Voilà donc, sans préjudice de toute cette autre lignée
dont parle D. Fonteneau, deux enfants légitimes reconnus à
F. Garnier, et il faut bien reconnaître qu'ils étaint tels, puis-
que, lors de l'ouverture de la succession, on constitue, comme
curateur du premier, François Proust aubergiste, demeurant
au Temple, et comme curateur du second Jacques Garnier,
du Pief-ChoUet, son cousin. Il est vrai qu'il n'est fait nulle
part ailleurs que là, et dans le tableau généalogique, mention
de ces deux enfants, et que même un peu plus tard nous
voyons Geneviève-Victoire Garnier, la fille de Pierre « le
banni » devenue, je ne sais comment, propriétaire de la Si-
cardière, et en disposant comme il sera dit plus loin.
Il y a également discordance au sujet des sieurs de Fief-
Chollet et de Saint-Martin, relativement au nombre de leurs
mariages et de leurs enfants. D. Fonteneau ne donne même
pas, non plus, la date de l'exécution, laissant en blanc le quan-
tième à mettre. Il place en outre la Sicardière dans la paroisse
de Saint-Hilaire au lieu de TattribueràSaint Pierre des Echau.
brogne?, comme de droit.
Suit enfin la longue liste des créanciers et des opposants
au bail. Nous trouvons en tête, évidemment, le nom de
M'" Marin de Boylesve, avec ses 29 boisseaux de blé sei-
gle et ses 29 années d'arrérages, le tout réduit à la somme de
687* 17% puis damoiseile Hardouine des Granges de Surgère,
puis les enfants de Charles de Saint-Martin, puis les notaires
216 LES ÉCHAUimOONER
de Châtillon, puis Jean du Breuil, Marie du Breuil veuve
d'Alexis Gobin, dit « Fleur d'ageon » etc, etc ; sans parler de
Jacques Colojubat, fermier du domaine, à Poitiers, qui récla-
me pour sa part 800^ montant de l'amende à laquelle ont été
condamnés les deux frères ; puis JoUy sous-fermier des
Francs-Fiefs, à Tours, demandant la somme de 900' et 2 sous
par livre ; puis M. de la Rochejaquelein, puis M. le Curé de
Saint-Pierre d'Echaubrognes... et bien d'autres.
Le 7 janvier 1738, on procéda à un inventaire du mobilier :
l'estimation totale des biens et effets mobiliers de la Sicardière,
faite par devant André François Guinôyseau et Jacques
Qiliebert de la Louisière, s'est trouvé monter à la somme de
137* 16". Le prix de vente, nous le verrons ailleurs, n'atteignit
que le chiffre de 208' 40' dont le greffier retint pour frais 133i
3' 4<*, ce qui fit qu'il ne resta que 75' 4' S^ que l'on donna par
moitié aux curateurs des deux mineurs. On avait passé cinq
jours pleins seulement à inventorier et à classer les vieux
papiers titrés* I La succession que laissaient les Garnier était
donc des plus embrouillées, et grevée d'une infinité de char-
ges : heureusement que Châtillon-Mauléon possédait à l'épo-
que une nuée de procureurs, notaires, avocats, etc. Je ne parle
que pour mémoire des greffiers, sergents etc, à qui le procès
de la Sicardiëre donna pendant quelque temps curée. Je ne
sais quelle diligence firent les autres créanciers pour rentrer
en possession de leurs droits ; je n'ai que les papiers du sieur
Marin de Boylesvel Pour lui, dès le 7 janvier, jour où l'on
inventoriait les effets mobiliers de la Sicardière, il prenait les
devants et se faisait recommander auprès d'un certain maître
« Roulleau » (quel nom prédestiné pour un gratte papier!) Il
paraît que parmi ces procureurs, celui-ci, par exception, était
consciencieux y c'est le sieur Marin de Boylesve qui l'affirme ;
il est vrai que le dit Marin avait pour lors besoin de lui ; aussi
le flatte-t-il, l'appelle-t-il un homme « écléré » plein de capa-
^ C*e8t daus ces titres que j*ai trouvé le» noms des différentes femmes de
François Garnier, le décollé.
LKS ÉGIIAUHKOGNES 217
cité et de zèle ; il joint môme un écu de trois livres à toutes les
louanges qu'il lui prodigue tout en lui affirmant qu'il aura un
surcroît d'obligation s'il s'oppose à la mise au bail de la Sicar-
diëre. Les deux notaires, maîtres Guynoiseau et Gautronneau,
qualifiés aussi en maint endroit du titre d'homme habiles, fins
patriciens etc. couvrent d'écriture une quantité énorme de
papier, Echaubrognes même, qui le croiraitaujourd'hui ? four-
nit aussi son contingenta cette glorieuse cohorte ; c'est le sieur
Ponteny, pour lors sergent dû comté de Maulévrier ; mais un
peu plus tard, d'autres membres de cette famille qui n'a dispa-
rue de chez nous que depuis peu d années, montèrent jusqu'à
la très honorable profession de notaire ! Du temps que les
Echaubrognes en comptaient jusqu'à trois ou quatre tant sei-
gneuriaux qu'apostoliques, car je ne sache pas qu'ils soient
arrivés jusqu'à en avoir jamais de royaux... Mais en même
temps que ces hauts employés de nos seigneurs voisins s'oc-
cupaient de leur étude, ils vaquaient aussi à d'autres profes-
sions plus humbles, mais qui leur procuraient plus sûrement
le pain de chaque jour. Les nôtres susdits étaient tisserands,
et selon le besoin, imitant en cela le factotum d'Karpagon, ils
savaient passer le tablier de l'artisan sur la simarre du tabeil-
lion seigneurial.
Maigre toutes les oppositions qu'on y fit, la Sicardière n'en
fut pas moins mise au bail judiciaire. Le premier adjudicataire
fut un sieur Jacques Routier, fermier à la Petite Roche,
paroisse de Saint-Hilaire d'Ëchaubrognes ; il l'obtint pour la
somme de 380^ ; mais son entrée en jouissance ne se fit point
sans traverses, car celui dont il n'était que le prête-nom,
Louis de Soussay, sgr de la Guichardière, fut assassiné cette
même année 1738, par les employés de la gabelle de Saint-
Laurent, nous l'avons vu ; et d'autre part les employés du fisc,
le sieur Joly traitant des Francs-Fiefs de Touraine et d'Anjou,
et le sieur Colombat, sous-fermier des domaines, voulurent
faire saisir les fruits et récoltes ainsi que le prix du bail, et
entravèrent l'exploitation par tous les moyens en leur pouvoir.
218 LBS ÉOHAUBROONBS
On ne dit pas dans nos papiers, qui eul gain de cause quand
l'affaire fut portée au siège ducal de Ghfttillon, le 17 septem-
bre 1740. Le second bail fut adjugé à madame de laSicardière
« la jeune » femme de Pierre, chevalier de la Sicariiière, pour
200* pour la première année qu'elle dut payer d'avance,
et à 300^ pour les suivantes. Le 9 septembre 1776, M. Rémi
Charles Etienne Denis du Chiron, receveur des tailles de
l'élection de Châtillon, acquiert de Geneviève Victoire Garnier,
veuve de Jacques-François Boullay du Martray, ancien con-
seiller à l'élection d'Angers, la terre de la Sicardière (voir la
notice sur la Grande-Ecurie). M. du Chiron l'achète pour la
somme de 27,000 livres, avec entre autres charges une rente
viagère de 300* au principal de 4,000 francs, à servir à mes-
sire Jean Baptiste Nicolas Cesbron d'Argonne, officier des
grenadiers royaux et demeurant à Luigné. C'est ce môme
Cesbron d'Argonne que nous retrouvons, une quinzaine
d'années après, gouverneur de Cholet, lors du passage de la
Loire par les Vendéens, et ne voulant faire ni grâce, ni quartier
aux prisonniers faits sur les républicains.
En 1815, la rente de 29 boisseaux de seigle n'était pas encore
éteinte, puisque, à cette date, M. Marin de Liyonnière, un des
héritiers de messire Boylesve de la Maurousière, réclame à
M. Chiron de la Guérivière Bersy, demeurant à Oiré, commune
du Vaudelnay, près Doué en Anjou, le paiement de ladite rente.
Celui-ci s'exécute et éteint la redevance.
La branche des Garnier du Fief-Chollet a fourni un soMat à
l'armée vendéenne, en la présence de Pierre-Jean Garnier, né
au Chiron-Bonnet de la Chapelle-Largeau,le21 septembre 1776,
et qui servit la bonne cause, de 1793 à 1795, et en 1799. Elle
n'est pas encore éteinte, car en parcourant le Dictionnaire des
Familles de f ancien Poitou, j'ai vu que Louis Joseph Charles,
chevalier de la Touche, né à Bonneuil-Matours a épousé, le
13 avril 1807, Marie-Jeanne Garnier du Pief-Chollet dont il a eu
postérité encore exista^ite. Le Chiron-Bonnet est habité,
maintenant «ncore, par une famille Laydet qu'on m*a dit des-
cendre des Garnier par les femmes.
LES iCHAUBROGNES 219
• La malédiction de Dieu semble peser sur cette famille infor-
tunée depuis les méfaits et la condamnation des deux grands
coupables dont nous avons raconté Thistoire. J*ai connu dans
mon enfance un des derniers, sinon absolument le dernier
héritier de ce nom déshonoré. Pauvrement recouvert d'un
vieil habit, formé de plus de pièces que n'en comportait jadis
l'écusson de sa famille, il promenait çà et là sa vie oisive et
inutile, il était réduit à Tindigence et à moitié idiot. Les enfants
s'en amusaient, l'appelant par dérision Garnier le Noble. Il
demeurait à Saint-Jouin sous Ghâtillon, où il est mort en 1840.
TOUVOIS
Touvois, qu'on écrivait autrefois Thouvaye, est, comme la
Guichardière et Loumois, une de ces petites gentilhommières
qui avoisinent Maulévrier, tout en étant jadis de la paroisse
de Saint-Hilaire des Echaubrognes, et que le comte de Colbert
n'a pas manqué d'accaparer lors du remaniement, en 1810,
pour celle de Maulévrier, afin d'en faire comme des satellites
àson orgueilleux château. Nous avons déjà parlé ailleurs du
ruisseau de la Planche-aux-Moines que d'autres appellent le
ruisseau de Touvois, un de ces mille petits cours d'eau qui
sillonnent notre Vendée, et lui donnent cet aspect à la fois si
frais et si pittoresque. Celui-ci naît vers le village de laTaillan-
derie, et après avoir parcouru de vertes prairies ombragées
par de grands arbres qui y entretiennent la fraîcheur en en
dessinant le cours, il passe tout près du coteau sur lequel est
assis notre castel : et à quelques pas de là il va mêler ses eaux
à celles de la Moine, au pied du manoir de la Guichardière*
L'entrée du Logis de Touvois précède une assez vaste cour et
s'ouvre au levant. Le portail était surmonté, il y a peu d'années
encore, du blason de ses anciens seigneurs. Lors de sa démo-
lition, la pierre qui le porte fut encastrée dans le massif de
220 • LES ÉGHAUBROGNES
maçonnerie voisin. Deux animaux, qui n*ontavec le lion qu'un
air de parenté fort éloignée^ y sont représentés supportant
Técu qui a pour pièce unique un paon rouant, armoiries plus
parlantes que le site tranquille que s'étaient choisi les anciens
seigneurs de Touvois pour y construire leur demeure- A l'angle
sud-est de la cour s'ouvre une petite porte, que protège
maintenant la grille de fer enlevée au logis de Livois. Cette
porte donne accès dans un corridor étroit et quelque peu
sombre, à rentrée duquel commence la spirale d'un escalier,
en pierre renfermé dans une tourelle à laquelle M. Le Roux,
le propriétaire, a restitué sa toiture aiguë. Au bout de ce corri-
dor, une porte basse donne entrée dans une vaste salie, la
pièce principale du logis. Le plancher en est fort élevé et garni
de deux grosses poutres qui supportent une triple rangée de
chevrons que le temps a noircis mais sans pouvoir les atta-
quer. Deux vastes fenêtres, garni es à l'intérieur de perrons, et
encore munies au dehors de leurs grilles de fer aux barreaux
énormes, éclairent largement, à l'est et à l'ouest^ ladite salle
dont le seul ornement est une vaste cheminée sous le manteaAi
de laquelle on peut tout à Taise se tenir debout. Dans Tâtre,
une plaque de fonte porte un écusson armorié, mais qui n'est
point celui des Thouvaye. Lq logis ne paraît point avoir
grandement souffert de l'incendie révolutionnaire, mais iln*a
été pendant longtemps qu'une simple ferme, et il était abso-
lument dégarni de son mobilier ; celui qui Tome maintenant,
dans cette pièce et dans toutes les autres, y a été mis par les
soins de M. Le Roux. A l'étage supérieur de la tour, située, au
sud-est, avait été construit un petit oratoire. Une statue repré-
sentant la sainte Vierge ou peut-être sainte Anne — car la
sculpture en est si grosière qu'il est permis de s'y tromper —
parait être restée dans cette chapelle pendant la Révolution.
Depuis lors elle avait été apportée à l'oratoire de Bon-Secours
près des ruines de Livois ; finaleoient on l'a déposée à l'arceau
de Sainte-Anne, situé près du village de la Grande-Métairie,
sur le chemin de Maulévrier à Saint-Aubin. Nous avons si
LES ÉCHAUBROQNKS 221
peu de documents sur les ancieris châtelains de Touvois que
nous ne pouvons tenter d'en idonnerune histoire suivie, nous
nous contenterons de transcrire, par ordre d'ancienneté, les
trois chartes précieuses que D. Ponteneau nous a conservées,
et d'y ajouter les rares documents qu'il nous a été possible de
recueillir nous-môme. La période la plus brillante pour le
castef et ses propriétaires paraît bien avoir été le XVI» siècle.
I* Extrait du contrat de mariage de Pierre de Thouvaye,
écuyer,avec damoiselle Jeanne Eschallard (an 1506, 7 janvier).
Original au château du Soulier (D. Fontkneau, XXV, p. 781j.
« Sachant tous que, en la prolocution... du mariage...
« pour être fait en face de la sainte Eglise, d*entre Pierre de
« Thouvaye, écuyer, flls aîné de Hardi deThouvaye, escuyer,
'< dudit lieu seigneur et de Jeanne de Baumont, damoiselle,
(c ses père et mère : et damoiselle Jeanne Eschallard, fille de
« feu noble homme François Eschallard, en son vivant
«( escuyer, seigneur de la BouUaye, et de damoiselle Louise
« de la Haye, ont été faites les convenances qui s'ensui-
« vent...
. . . Assavoir est, noble et puissant Jehan du Bouschet, sei-
« gneur de Puy greffier, en nom et comme soi-faisant fort pour
« ledit Hardi de Thouvaye, escuyer susdit, de présent ab-
«• sent... et ledit Pierre de Thouvaye escuyer susdit, d'une
< part. Et noble homme Anthoine Eschallard, sgr dudit lieu de
» l;i BouUaye, frère aîné de ladite Jeanne, et ladite Jeanne
« damoiselle susdite, d'autre part. Lesquelles parties, sçavoir
« ledit Pierre de Thouvaye, escuyer, et ladite Jeanne Eschal-
w lard ô l'autorité de ladite Louise de la Haye, sa mère,
« et dudit Anthoine, son frère aîné, ont promis... à prendre
« pour femme ladite Jeanne; et icelle Jeanne ledit de Thou-
« vaye... et en faveur dudit mariage, ledit seigneur du Puy-
•• greffier, audit nom, a marié ledit Pierre de Thouvaye,
« comme fils aîné et principal héritier dudit Hardi... Ledit
« Eschallard promet de donner aux dits futurs conjoints la
TOME XVI. — NOTICES. — XVP ANNÉE, 5®-6*» UV. 16
V
222 LES ÉCHAUBROGNES
<* somine de milles livres tournois (environ 8000 fr. de notre
« monnaie.)
« Le 8 janvier mil cinq cent six (suivent les signatures.) »
Plus tard, Golbert de Groissy nous affirmera que la famille
Eschallard de la Boullaye est une des plus ancienneset des plus
nobles du Poitou. Un de ses membres, Maximilien Eschal-
lard, marquis de la Boullaye, conseiller d'état et gouverneur
de Fontenay» devint auXVIP siècle un des chefs les plus tur-
bulents de la Fronde.
Il fallait que les occupations qui retenaient Hardi de Thou-
vaye loin de chez lui, fussent d'une nature bien grave, pour
Tempècher ainsi d'assister aux fiançailles de son fils atné et
principal héritier. Peut-être le noble sire était-il du nombre de
ces chevaliers qui après avoir fait en Italie ample et facile
moisson de lauriers, y éprouvaient en ce moment des revers
qui les contraignirent bientôt à abandonner le royaume de
Naples, leur récente conquête. Jehan du Bouschét a soi-faisant
fort » pour le remplacer en cette affaire était son compagnon
d'arme, il avait accompagné Louis XII en Italie, et était revenu
dans ses terres avec un poignet de moins — Quant aux mères
des deux futurs conjoints, elles appartenaient sans contre-
dit à deux des plus anciennes familles de notre pays, les la
Haye et les Beaumont.
ir Commission de l'office de capitaine du château d*Ar-
genton. donnée à Pierre de Thouvaye écuyer, et à Charles de
Thouvaye, son fils, par Tristan de Châtillon, seigneur d'Ar-
genton, de la Grève, de Moncontour, et de Ghantemerle.
(An 1521, 29 octobre. Original, château du Soulier, D. Fon-
teneau XXV p. 785). a Tristan de Chastillon, seigneur d'Ar-
« genton, de la Grève, de Moncontour et de Ghantemerle, à
a tous ceux qui ces présentes verront, salut. Sçavoir fai-
« sons que nous à plain confians des bons sens» prudence et
« bon gouvernement de Pierre de Thouvaye escuyer, seigneur
« dudit lieu de Thouvaye, et de Charles de Thouvaye son fils.
LES ÉCHAUBROGNRS 223
(( pour rémunération des bons et agréables services qu'ils
u nous ont faits, dont nous nous tenons content, et espérons
« qu'ils nous facent, avons donné et octroyé, donnons et octro-
M yons, par ces présentes es dits de Thouvaye Toffice et estât
" de capitaine de notre château dudit Argenton Ô les fruits,
« proufits, gages, revenus émoluments d'icelloi office deus et
« accoustumés pour icelui exercer et joyrpar eux etchascun
« d'eux, en leur vie seulement, et au survivant d'eux ; et les-
« quels avons mis et mettons en possession d'icelui recte et
« actuelle, parla tradition et octroi de ces présentes. Donné
« en notre dit château d' Argenton, sous le scel de nos armes,
« le vingneufîème jour d'octobre, mil cinq cent vingt-un.
« Signé r Tristan de Châtillon, de main original. »
Note (de D. Fonteneau). L'original entier de la pièce
est dans les archives du château du Soulier, en Bas-Poitou.
Au bas du titre pend à une bande de parchemin un reste de
sceau rouge.
m. — Extrait d'un don pour agréables services rendus, fait *
par noble homme Pierre de Thouvaye, écuyer, à Charles de
Touvaye, écuyer, son fils puisné, de l'office de capitaine du
château d' Argenton.
tt Sachent tous, que personnellement établi noble homme
« Pierre de Touvaye écuyer, seigneur dudit lieu... adonné,
« cédé, délaissé et transporté à Charles de Thouvaye, écuyer,
'^ son fils puisné, tous et chacun, les fruits, proufits, revenus,
« esmoluments audit establi appartenant en et de l'office de
« capitaine du château d'Argenton, audit establi, et à son fils
« donné, et au survivant d'eux, par feu noble et puissant
« Tristan de Châtillon, en son vivant, seigneur dudit lieu
« d'Argenton comme appert par les lettres dudit don datées
« du vingt-neuf octobre mil cinq cent vingt-un. Signées de sa
tt main, et scellées du scel de ses armes... Ledit don fait audit
« Gharlos par son père pour les bons et agréables services
224 LUS ÉCHAUBROGNES
* que ledit Charles de Touvaye a cy-devant fait audit Pierre
« de Thouvaye establi, son père etc. Le neufième février mil
« cinq cent trente-deux ». (L'original, au château du Soulier).
La charge dont Pierre de Thouvaye est investi consistait à
commander au château d*Ârgenton, et à veiller à ce que chacun
s'acquittât du service militaire, et notamment du « guet et
garde » auxquels étaient tenus tous les habitants de la sei-
gneurie. Son fils^ bien jeune encore, lui est adjoint néanmoins
dans cetofilce. Dix années plus tard, alors qu'il n'avait encore
qu'une vingtaine d'années, nous voyons Charles de. Thouvaye,
succéder à son père ; et Tristan de Châtillon étant mort dans
cet intervalle, comme la charge était héréditaire dans l^ famille
des Thouvaye, pendant trois générations, ainsi qu'il est stipulé
dans les, deux chartes, Pierre de Touvaye, sans en demander
à nouveau l'autorisation au successeur de Tristan de Châtillon,
investit son frère cadet de cette même charge : d'autres devoirs,
M est à croire, réclamaient par ailleurs la présence de son aîné.
Le scel qui pendait à la bande de parchemin de la première
des deux chartes devait porter: de geules à trois pals de vair
au chef d'or^ qui est de la maison de Châtillon-sur-Marne,
armoiries, que nous trouvons dans nos alentours, à l'église
de Loublande, et qu*on peut voir aussi sur la porte de l'hôpital
de Châtillon.
Célestin Port indique François de Thouvaye comme étant
en 1539, sept années après l'investitude sus-dite, propriétaire
de la maison et cour seigneuriale de Touvaye, il nous apprend
que ce fief relevait de Maulévrier. Ce François de Touvaye
était, il est à croire, le fils aîné de Pierre de Touvaye, men-
tionné dans les deux titres ci-dessus. En 1654, était seigneur
de Touvois,René Serplllon* puis vient ensuite René deTouvois
touchant lequel nous avons un document déposé maintenant
aux archives de la fabrique des Echaubrognes: c'est une plaque
■ René SerpiUon, sieur de la Boissatte, en Bouillé-Lorets, maintenu noble
par M. Voisin, intendant de Touraine (Duoast-Matifkuz, p. 474^
LES ÉGHAUBROONES 225
de cuivre d'environ 15* sur 20. Elle était placée autrefois,
comme l'inscription de la Goudraye-Noyers, sous Farcade du
sanctuaire de Téglise de Saint-Pierro des Echaubrognes, du
côté de l'évangile. Elle porte l'inscription suivante : « Cy gist
« messire René de Tovvois, écuier seigneur dudit liev et de
« Livois, qui décéda le 13 septembre 1676, et qui en movrant
« a fondé en cette église vne grande messe à perpétuité
u chacvun iour de tovtes festes de Notre-Dame chovsmées et
« non chovsmées et à l'issue d'icelles qu'il sera dit un libéra
u sur sa fosse, et pour cet effet a legvée^ la cvre de cette
« église le nombre de devx charges de bled seigle payable
« sur tovs ses biens, à la feste de Notre-Dame d'Aovst, par
« testament du 1*' septembre 1676, recev par messire Lovis
« Cavtineâv, cvré de cette paroisse et par Ivi accepté, par
« acte du 15 ivin 1677. Passé par Grosleav notaire du comté
« de Maulévrier. » « Priez Dieu povr son âme, et le prestre
« advertira les assistants qv'il dit la messe povr le repos de
« l'âme de fev messire de Tovvoi.»- . »
Le prix moyen de la charge de blé pouvant être à cette
époque de 20 à 25^ et les fêtes de la sainte Vierge « choumées
et non choumées » n'étant dans le diocèse de la Rochelle qu'au
nombre de huit, sauf erreur de ma part, l'honoraire se trou-
vait être d'environ 4* et la pieuse fondation du châtelain don-
nait en outre l'avantage d'avoir deux messes chantées ce»
jours-là, car ladite fondation ne pouvait empêcher le chant de
la messe principale ni son intention appliquée aux paroissiens
en ces jours.
Cette fondation et ce choix que fait René de Touvois, de
réglise de Saint-Pierre pour y avoir sa sépulture sont une
preuve de la préférence que nos seigneurs donnaient à la
résidence de Livois qui leur appartenait aussi, sur celle de
Touvois qui était de la paroisse de Saint-Hilaire.
En 1683, un René Théronneau, sgr de la Pépinière, épouse
220 LES feCHAUBROGNFS
Marie de Touvois. — En 1715, M. Henri de Touvois, écuyer.
sgr diflPin, se marie avec dame Clotilde Cantineaa de laChar-
penterie, et a pour fille Marie de Touvois qu*on dit être pro-
priétaire de la maison de Beauchène, paroisse de Moutiers,
sur le Layon. Devenue veuve, Clotilde Cantineau se femaria
avec François Garnier, le trop célèbre sire de la Sicardière,
dont elle fut la S"' femme. Au moment de son mariage, elle
aussi habitait à Livois. Cette même annéetl715, le 21 juin,
Charles de Touvois, le dernier du nom. est tuteur de M. Victor
Grimaud, et de damoiselle Marthe Grimaud de la Poucherie
Marié à Marie Françoise Guerri, il avait eu d'elle deux filles,
Marie Charlotte et Renée Françoise. Il était mort en 1730,
époque où Marie-Françoise Guerri marie sa fille aînée à
Philippe Gilbert Raoul, chevalier sgr du Soulier, la Roche,
Maurepas, la Brosse Guignard, la Prée, etc. De ce mariage
naquirent Philippe Charles Raoul qui fut père de Joseph
Henri, mort à Quiberon, le dernier de sa race, et de sept autres
enfants tous morts sans alliance. Parmi ceux-là étaient deux
filles qui habitèrent longtemps le château de Livois: elles y
étaient encore au moment de la Révolution. L'une d'elles suivît
l'armée vendéenne et en partagea les souffrances au delà de la
Loire. A son retour, elle vendit tous ses biens à M. Le Roux
dont un des fils habite maintenant le logis de Touvois auquel
il a fait faire d'importantes réparations en ces derniers temps.
Les Raoul portaient : de à gueules quatre fasces (alias fusées)
d'argent (Bbaughet-Filleau).
VILLENEUVE
Voilà un nom inconnu à la plupart des habitants des Echau-
brognes, et pourtant une petite gentilhommière portant ce
nom se trouvait autrefois au milieu même de notre bourgade.
Il est vrai qu'il n'en reste bientôt plus guère de traces. Le
LI£S ÉGHAUBKUGNËS ' 227
double portail, donnant sur la cour qui la précédait, et la gen-
tilhommière elle-même ont été vendus et démolis en partie,
vers 1840, pour faire place à des constructions nouvelles.
C'était au bas du bourg, et devant la façade de Téglise Saint-
Pierre qu'elle était située. Au dire des bonnes vieilles de la
localité, c'était une maison où « il revenait 1 » Que de fois,
pendant la nuit, n'avait-on pas cru entendre les esprits remuant
commeà pleines pelles, dans l'épaisseur des grosses murailles,
des sommes fabuleuses qui avaient disparu malheureusement
jusqu'au dernier sou^ lorsque le logis fut démoli. Dans les pre-
miers temps qui suivirent la Révolution, on entendit également
pendant un certain temps sur la toiture, môme en plein jour,
.cette fois, un certain bruit sec, comme celui que produirait
une petite pierre y tombant d'une certaine hauteur, et cepen-
dant, jamais la moindre trace de pierre jetée, non plus que du
bras qui l'aurait eu lancée. On fit à plusieurs reprises des per-
quisitions qui toutes demeurèrent infructueuses. Toutefois, à
la fin, après menaces faites de faire descendre sur les lieux
dame Justice, l'esprit frappeur finit par cesser de se faire
entendre. La famille de Villeneuve, dont une branche habita
ce logis, était originaire du May, en Anjou, un de ces seigneurs
avait doté de 80^ de rente la fondation qu'il avait faite de la
chapelle de Saint-Eutrope dans l'église de Saint-Pierre d'K-
chaubrognes. Lors de la visite de Mgr de Menou, évoque de la
Rochelle, vers 1740, ce môme bénéfice rapportai t,ditBeauchet«
Filleau, la somme de 100* et il était passé à la nomination de la
famille de la Fenôstre de Ghanteloup, du chef de Jacques Léonor
de la Fenôstre qui avait épousé, par contrat du 14 août 1661, da-
moiselle Marie Villeneuve, fille de feu René, chevalier, seigneur
du Gazeau etduBois-Grosleau.
Nous avons vu,à l'article de LaSicardière,que Pierre Garnier,
chevalier, avait épousé jane Villeneuve du Gazeau, dont il eût
une fille. Dans nos registres paroissiaux, je trouve qu'en 1789,
« Vincent Louis Frouin, fils du fermier de TAudouinière, de
«
228 LES KGHAUBROGNBâ
Saint-Pierre des Echaubrognes, a pour parrain M. Charles
Anne de Villeneuve de Goué, chevalier, sieur des Basses-
Marches, la Gaudrie et autres lieux, ancien lieutenant de
vaisseau de Sa Majesté.» Ge vieux marin habitait son manoir
de Villeneuve' peu avant la Révolution. Je n'ai aucun autre
renseignement sur son compte, sinon que la goutte le retenait
perclus sur un vieux fauteuil dont on m'a montré les restes
vermoulus^ relégués dans le grenier de son ancienne habitation.
Lors de nos guerres vendéennes, un autre Villeneuve du Ga-
zeau fut un des officiers les plus distingués de la grande
armée. En dernier lieu, le vieux logis appartenait à là famille
de Riche teau.
'A suivre).
MESSIRE JEAN LAINE
DERNIER RECTEUR DE SAINT-JULIEN DE VOUVANTES
AVANT LE CONCORDAT
SON JOURNAL ET SES NOTES
(Suite').
Un extrait des registres du Parlement de Rennes, publié par
la veuve François Vatar, imprimeur du Roi et du Parlement,
nous apprend par le fait que le procureur du Roi « entré à la
cour le 3 août 1775, a remontré que, par arrêt du 19 août 1771,
elle avait proscrit une superstition qui s'était accréditée dans
l'église paroissiale de Saint-JuUende Vouvantes, prùsChâteau-
briant, évôché de Nantes. Le recteur de cette paroisse entrete-
nait toute l'année, dans le sanctuaire de cette église, devant
la statue de saint Julien, des barriques ou tonneaux ouverts.
Une multitude de pèlerins des paroisses voisines, et même
des diocèses les plus éloignés de la province, allait y verser
des offrandes considérables en grains, dont le recteur seul
profitait. Il avait soin de Taire e.^poser au même lieu, dans un
tonneau séparé, quelques mesures de son propre grain qu'il
bénissait publiquementen grande cérémonie. lien faisaitdis-
Iribuer aux pèlerins, une poignée à chacun, qu'ils serraient
< Voir I* foackalit mBi-jain 1900.
TOMB XVI. — NOTJCRS. — XVI' ANNÈB, 7*-8' UV. 17
230 * MESSIR£ JEAN LAlNÉ
avec soin dans leurs sacs ; et les faisait loucher ainsi que
leurs chapeaux, à différentes reprises, à la statue du saint qui
est au maître-autel, prétendant par là faire fructifier leurs
semences et les préserver d'accidents. Depuis le 28 août, jour
de la fête de saint Julien, tous les dimanches, jusqu'à la fin
de l'automne, raftluence des pèlerins était prodigieuse. Les
tonneaux placés dans Ip sanctuaire étaient remplis et Vidés
dix fois dans le jour ; et, au temps môme de l'office divin,
une file de pèlerins apportant du blé aux tonneaux durecteur,
ou les valets de celui-ci. enlevant ces grains, occupaient l'église;
ce mouvement continuel, qui troublait le service divin, a quel-
quefois occasionné des querelles qui ont eu des suites
fâcheuses. »
« L'arrôt de la Cour avail fait disparaître ces abus, en défen-
dant aux recteur et prêtres de Saint-Julien, d'exposer des
tonneaux dans l'église sous peine de 300 # et à toutes per-
sonnes de placer aucune offrande en .srrains dans le sanctuaire,
et de faire toucher leurs chapeaux et sacs à la statue de saint
Julien. »
« Immédiatement après la dispersion du Parlement, on
fît des tentatives au conseil pour détruire les dispositions de
l'arrêt de 1771 ; n'ayant pu y réussir, un particulier qui possé-
dait des fiefs dans cette paroisse, (le sieur Simon de Vouvan-
tes, Henri François, ami particulier du recteur Jouneaulx),
excité et vraisemblablement soudoyé, se pourvut, en 1772,
devant les juges du tribunal qui avait élé substitué au Parle-
ment, et demanda le rapport de l'arrêt de la Cour. Après
une discussion contradictoire, ce particulier fut débouté par
un jugement de 1772; mais il eut recours à de nouvelles res-
sources. Le sieur Jouneaulx de la Baudussais, recteur de cette
paroisse, mit sa requête le 21 août. Le 22, sur les conclusions
du sieur Ménardeau, intervint un jugement qui rapporta l'ar-
rêt du 19 août 1771, et sans faire aucune mention du jugement
rendu quelques mois auparavant,ordonna qiCil en serait usé à
l'avenir comme au passé, ce sont les termes de cet acte. Le
SON JOUHNÂL BT SES NOTES 231
sieur Jouneaulxle fit afficher et publier, rétablit les tonneaux
dans le sanctuaire de Téglise ; la recette des offrandes devint
plus abondante que jamais et Tabus se trouva autorisé. »
« Les offrandes en grains ne sont pas le seul objet de dépen-
ses des pèlerins ; outre l'argent qu'ils donnent pour dire des
messes devant la statue de saint Julien, ils paient pour faire
faire des processions en leur présence, pour faire sonner les
cloches. Le tarif pour les ornements augmente en proportion
de leur richesse. »
« Une chaîne avec un carcan ou collier de fer est scellée à
un des piliers de cette église. L'ignorance et la superstition
l'ont consacrée, elle est devenue l'objet de la vénération des
pèlerins. La tradition répandue parmi eux est que ce collier
de fer-^yient d'un galérien qui, ayant fait son vœu à saint
Julien, fut dégagé par miracle. Tous les pèlerins se passent
cette chaîne au col, donnent quelque monnaie pour offrande,
et se croient préservés de la fièvre pour le reste de leur vie.
Les fontaines publiques du bourg de Saint-Julien ont, dans
l'opinion populaire^ des vertus extraordinaires. Il suffit de
s'y être plongé une fois, pour être préservé de certaines ma-
ladies. La plupart des pèlerins ne s'en retournent qu'après
s'être baignés dans ces fontaines dans lesquelles on puise
journellement de l'eau pour boire. »
<( La Cour voit les inconvénients qui résultent de ces pra-
tiques superstitieuses et la nécessité d'y porter un remède
nécessaire. »
« A ces causes, le dit procureur général du Roi a requis
qu'il y fût pourvu sur ces conclusions qu'il a laissées par écrit.
Lui retiré, ses conclusions vues, ouï le rapport de M' Huart
de la Bourbansaye, conseiller, et tout considéré :
« La Cour faisant droit sur les remontrances et conclu-
sions du procureur général du Roi, sans avoir égard au
jugement du 22 août 1772 ordonne que l'arrêt du 19 août 1771
sera bien et dûment exécuté en tout son contenu ; en con-
séquence, fait défenses au dit Pierre Jouneaulx, et à tous
232 MESSIRB JEAN tiAlNé
autres prêtres ou laïques, d'exposer ou faire exposer, le 28
août de chaque année, ni aucuns autres jours que ce soit, des
tonneaux ou autres vases vides, ou remplis de grains dans
le sanctuaire, ni en aucun autre endroit de l'église de la dite
paroisse, à peine de 300 -H- d'amende, applicable aux pauvres
de la dite paroisse, et dont la distribution sera faite par les
juges du lieu, et d'être procédé extraordinairement contre les
contrevenants ; fait pareillement défenses, sous les mômes
peines, aux habitants de Saint-Julien de Vouvantes, à ceux
des paroisses voisines, et à tous autres, de faire toucher leurs
chapeaux et sacs de grain à la statue de Saint-Julien étant
au mattre autel, de mettre aucune offrande en grains dans
le sanctuaire de la dite église ; ordonne que les arrêts et rè-
glements de la Cour, concernant le respect dû aux églises,
seront exécutés selon leur forme et teneur; enjoint "et fait
commandement aux juges du clocher de saint-Julien de Vou-
vantes, de tenir la main à Texécution du présent, et de se
faire prêter main forte par tel nombre de cavaliers de ma-
réchaussée qu'ils jugeront convenable ; ordonne pareille-
ment que le présent arrêt sera imprimé, lu, publié et affiché
aux portes principales de l'église paroissiale de Saint-Julien
de Vouvantes, et à celles de toutes, les autres paroisses du
diocèse de Nantes, à l'issue des messes dominicales ; que
les dites affiches et publications seront réitérées, le 28 du
présent mois, aux portes de l'église de Saint-Julien, et par-
tout où besoin sera ; ordonne au surplus quie le dit Pierre
Jouneaulx sera assigné pour être ouï, interrogé, répondre
aux conclusions du dit procureur général du Roi, et être vers
lui autrement procédé, ainsi qu^il sera vu appartenir. Fait au
Parlement, à Rennes, le trois août mil sept cent soixante
quinze : Signé : L. C. Picquet^ »
M. Laine dans ses notes nous affirme que cet arrêt ne parut
pas, que même on en ignor^a alors la teneur. Toutefois, fort de
* In-6« de 4 pages, chez la veave François Vatar, imprimeur du Roi et
du parlement, Rennes.
SON JOURNAL KT SES NOTES 23i^
cet arrêt qu'il connaissait sans (Joute, le procureur fiscal de
la Rivière en haut bois, Jean-René-Marie Montigné, lorsque
« les Bas-Bretons vinrent en voyage en cette église le 25
août 1775 avait enlevé les chaînes attachées au pilier du bas
de l'église. » (1 y eut grand tumulte à la nouvelle de celte
vexation odieuse, les pèlerins exaspérés se précipitèrent dès
le matin au devant de la maison où le procureur était couché,
et le malheureux réveillé si malencontreusement « fut obligé
de se sauver^ la culotte en mains, jusqu'au village de Duron
(situé à 1500 mètres du bourg), aux fins de se conserver
la vie que les voyageurs voulaient lui ôter, s'il ne leur rendait
les chaînes. Un serrurier qui les avait ôtées de Téglise, fut
obligé de les y replacer en présence de tous les étrangers*. »
L'agitation,commeon le voit,était à son comble dans le bourg
de Saint-Julien. Mais les ennemis du recteur ne désarmaient
pas^ et taquinés par des scènes qui les irritaient ils pressaient
I Parmi les nombreux pèlerins qui^ chaque année, venaient à Saint-Julien
honorer le glorieux martyr de Brioude, se distinguaient entre tous les
autres les Bas-Bretons.
Le registre de paroisse, rédigé en 1S45, nous donne au sujet de ce pèleri-
nage les renseignements suivants que nous complétons :
Les Bas-Bretons arrivaient toujours le 25 août, jour de la fête de Saint
Louis, dont la statue se trouvait dans l'ancienne église, du côté de Tépltre,
au maître autel, tandis que celle de Saint-Julien occupait le côté de l'Evan-
gile. Saint Louis était, peut-être à cause de cette arrivée et des honneurs
qui lui étaient rendus, regardé comme le patron secondaire du lieu. Les
pèlerins bretons n'étaient pas moins de douze à quinze cents. Le clergé de
cette église allsit les recevoir solennellement, avec croix et bannières, au
bas du bourg, près d'une croix de pierre élevée sur la place principale, et
qu'une nouvelle route a forcé de démolir. On n'eut pas le souci, ^Ans le
temps, de replacer ailleurs cette croix qui demeurait pour nous l'un des
souvenirs d'une aupsi remarquable manifestation. Les cloches faisaient
entendre leur joyeuse sonnerie ; tous étaient sur pied, tout était en joie, k
^'arrivée de ces hommes d'une foi si vive, et qui venaient de si loin. Après
avoir fait tous ensemble leur station dans l'église et avoir visité les fon-
taines dont l'une guérissait, par l'intercession de saint Julien, de la ftèvre ;
la seconde, des maladies des ydux ; la troisième, de la gale ; les Bas-Bretons
se faisaient un bonheur de sonner les cloches jusqu'à une heure avancée de
la nuit. Le lendemain, ils se livraient à un de leurs divertissements favoris,
à la Intte, cette fameuse lutte dont il est encore tant parlé. IfiUe avait lieu
près des fontaines, dans un pré qui a conservé le nom de pré de la lutte^
situé entre le ruisseau du moulin de Vouvantes et le lavoir de ce bonrg. Ce
234 MKbSIRK JICAN LAINI^.
iaCour d'en finir. Celle-ci continuait d'instruire la cause :
« Déjà elle avait décrété M. Jouneaulx le recteur, le sieur
Maillard son vicaire,» et un grand nombre de paroissiens
dont M. Laine donne les noms, parmi lesquels on peut signaler
le seigneur de Vouvantes « demeurant en son château de la
Meilleraie, et M. Lejeune, sieur du Chalonge, avocat au Par-
pré, actuellement traTené par la grande route, appartenait au seigneur de
Vouvantes, mais c*4tait le seigneur de la Motte-Glain qui avait le droit de
présider la lutte et de décerner le prix. 11 donnait au vainqueur une paire
de gants blancs et un louis de vingl-quatre francs. De plu8, comme il
existait une entente très cordiale entre le seigneur de la Motte-Olain et le
seigneur du vainqueur, il était convenu que celui-ci, en considération de
sa glorieuse victoire, serait exempt pendant une année de toutes les redevan-
ces dues en sa qualité de vassal. Pour gagner le prix, il fallait avoir terrassé
de suite trois combattants, et les avoir fait tomber sur le dos et non de côté.
Le vainqueur était proclamé roi de la troupe. C*était lui qui la présidait au
retour, et ce retour était un triomphe. Le capitaine de la lutte était désii^né
avant le combat ; c^était lui qui en donnait le signal. Ce titre fut toujours
très estimé ; il ne s^obtenait pas au prix de la bravoure mais au prix de la
générosité ; ainsi, c^était le plus offrant pour cette église qui était déclaré
capitaine, pourvu toutefois qu'il fût bien prouvé qu'il était laboureur, parce
que les hommes des autres professions ne pouvaient prétendre à ce titre de
capitaine.
En 1803. M. Jouneaulx. maire de cette commune, eut l'heureuse idée de
faire revivre cet ancien usage. Il fit donc lutter les Bas-Bretons qui vinrent
ici, cette année-là, au nombre de deux cent cinquante. Il donna au vain-
queur douze francs et une paire de gants blancs.
Quelques années après, M. le marquis de Rochequairie, sachant combien
il serait agréable au peuple de tout le canton de voir cette lutte bretonne
régulièrement rétablie, se fit un plaisir de la présider et de donner un prix
au vainqueur. Les choses auraient continué sur ce pied, sans le moindre
inconvénient; par malheur, le préfet qui -administrait alors le département
crut voir dans ce fait quelque réminiscence des anciens droits féodaux, et
il s*empres8a de défendre à M. de Rochequairie de présider cette lutte qu'on
dut dès lors regarder comme entièrement abolie. On fit cependant encore
quelques efforts sous la Restauration, pour la laire revivre, mais les Bas-
Bretons ne venant plus en aussi grand nombre qu'autrefois, la lutte n*avait
plus la solennité de l'ancien temps, et cet usage finit par disparaître. Les
Bas-Bretons n'ont pas cessé pour cela de venir en pèlerinage à Saint-Julien
de Vouvantes, mais ils y sont venus en bien moins grand nombre. Depuis
quelques années surtout, nous n'en voyons, chaque année, qu'une quinzaine.
Nous nous souvenons nous-méme, avoir vu encore quelques-uns de ces
pieux pèlerins jusque vers Tannée 1865. Fidèle aux anciennes traditions, le
vénérable M. Brossaud, curé de Saint-Julien de Vouvantes. les recevait avec
joie, leur faisait sonner les cloches et porter les bannières à la procession
solennelle des reliques, le 28 août.
SON JOURNAL KT SKS NOTBS 235
leiueifi. '> tt Toutes ces victimes innocentes étaient inquiétées ;
là majeure partie des habitants de ce bourg abandonnaient
leur ouvrage, et fuyaient avec leurs femmes dans les villes
voisines ; quoiqu'innocents, ils craignaient d^ôtre compromis
en cette affaire, et de devenir la victime des monstres acharnés
à la perte de leur recteur. Deux des habitants de ce bour^^
étaient déjà môme emprisonnés à Rennes ; Victor Besnard
chirurgien décrété de prise de corps ne paraissait ni le jour
ni la nuit: le recteur se cachait et n'osait célébrer la messe.
On le vit soudain tout quitter et fuir en Anjou pour éviter les
supplices qui le menaçaient ; mais revenu à lui, il se propose
de lout souffrir s'il le faut. Reutré en son presbytère il se
rend à Rennes secrètement, ne se fait voir à personne qu'à
ceux qui lui étaient dévoués. Averti qu'on va le saisir, il s'é-
chappe de la ville et finalement y rentre aux fins de se justi-
fier, lui et ceux qui étaient détenus en la prison. »
Cependant M* du Guiny, conseiller au Parlement, et le sieur
Brossays, substitut « entendaient ici les faux témoins. Ce fut
alors, sur les lieux, qu'ils ouvrirent les yeux et découvrirent
la cabale, l'injustice et le mauvais caractère de tous les dé-
nonciateurs, et l'affaire ne parut pas aussi criminelle. Le dit
Brossays, devenu précédemment parent du recteun par son
mariage avec une nommée Martineau, de la ville de Candé,
descendue des Jouneaulx, se montre le patron et le défenseur
du recteur ; M* du Guiny apaise les esprits par la douceur de
son caractère.et ce procès qui devait conduire au supplice le pré-
tendu coupableest en quelqucfaçon apaisé par le dit du Guiny.»
La Cour dans son arrêt du l'^' avril 1776 condamne à des
amendes, à des admonestations un certain nombre d'accu-
sés; «renvoie hors d'accusation, néanmoins sans dommages
et intérêts, Joseph Maillard, prêtre vicaire, et hors procès
Pierre Jouneaulx de la Baudussais, prêtre recteur ;
défend ladite Cour, sous peine de 300 # d'amende, conformé-
ment à l'arrêt du 3 août dernier, qu'elle répète, en tant que
besoin, au dit Jouneaulx recteur et à tous autres, de faire
236 MESSIRB JEAN LÀINÉ
exposer des tonneaux ou autres vases vides ou remphs de
grains, dans le sanctuaire et dans aucun autre endroit de
Téglise, et aux pèlerins de faire toucher leurs chapeaux et
autres choses à la statue de saint Julien; .... ordonne aux
juge et procureur fiscal de Haut-bois, de veiller à ce que, lors
des processions et autres cérémonies publiques, le bon ordre
soit tenu^ et qu*il ne soit fait aucun tumulte, soit par les gens
du pays, soit par les pèlerins ; Ordonne finalement que les
chaînes et le collier de fer attachés à un des piliers do Téglise
seront apportés au greffe de la Cour, et que le présent arrêt
sera affiché aux portos de la dite église, depuis le 1®' août
prochain jusqu'à la fin de septembre, et publié tant au bourg
de Saint-Julien, après la messe dominicale, qu'aux paroisses
voisines et dans celles de Questembert, Carnac. Theix.Gorve-
lot, Sulniac, Elven, Larré, Rochefort et Labry' ;
« Fait au Parlement, à Rennes, le premîier avril mil sept
cent soixante seize. Signé ; L. C. Picquet.* »
« Ce dernier arrêt, témoigne M. Laine, fut en eflet affiché
à la porte de l'église de cette paroisse, et publié presque en
toutes les églises de cette province. Le 28aoûti776, lorsqu'il
était "attaché à la porte de la dite église, les cavaliers de maré-
chaussée, armés de leurs fusils, pistolets et sabres, se pla-
cèrent en le sanctuaire pour empocher les pèlerins d'appro-
cher de la statue de saint Julien ; mais les pèlerins furent
les plus forts et contraignirent les cavaliers çle quitter leur
poste. Bien plus les voyageurs approchent de la statue et font
reposer au bas du pilier de l'église les chaînes que le sieur
Montigné avait enlevées et dont il s'était emparé Le serrurier
décrété pour avoir replacé ces chaînes ne fut pas blâmé par
la Cour, parce que s'il eût refusé de les placier, les voyageurs
l'auraient tué. Ces chaînes avaient été laissées en l'église par
« Ce sont les noms des paroisses du Morbihan qui envoyaient le plus grand
nombre de pèlerins Bas- Bretons à Saint-Julien.
■ In-4 de 4 pages, chez la veuve François Vatar, imprimeur du Uoi et do
Parlement, Rennes.
SON JOURNAL ST SES NOTBâ 237
un homme qui était conduit aux galères, et qui se recomman-
dait au dit saint Julien. Sa prière fut écoutée et il fut déchaî-
né. Le procès-verbal de ce miracle est à l'hôtel de ville de
Nantes, mais les dites chaînes ont été portées h Rennes. Il
existe encore au côté gauche de la statue de saint Julien des
menottes de ce dit homme. Le crime capital qu'on trouvait à
raison de ces chaînes, est que ceux qui venaient en voyage
se les passaient sur les membres dont ils étaient affligés.
Selon ces insignes calomniateurs, c'était une indécence, ainsi
que les barriques exposées en le sanctuaire remplies de blés
bénits que chacun emportait et mêlait avec les autres grains
qu'il devait semer. Si le profit eût été pour ces dits accusa-
teurs, ils n'auraient jamais inventé ce mystère d'iniquité,
mais ils ne pouvaient voir avec des yeux compatissants que
les recteurs s'emparassent des dits blés apportés en offrande
au dit baint, pour les répandre ensuite en le sein des pauvres. »
Le total des dépenses et frais de ce procès fut considérable ;
il en coûta en particulier « à M. Lejeune, sieur du Ghalonge,
sept cents livres, à M, de Vouvantes cent pistoles, à
M. Jouneaulx recteur, au moins dix mille livres, pour rache-
ter bien de ses paroissiens qui n'avaient pas le moyen de
payer. Malgré cela, un bon nombre d'habitants prirent le
parti de quitter le bourg et la paroisse, par crainte de subir
le sort de ceux qui ont été condamnés par l'arrêt à payer
mjustement tous les frais de la procédure qui auraient dû in-
comber, ajuste titre, aux délateurs et calomniateurs susdits. »
(c II ne reste actuellement aux recteurs de cette paroisse qu'à
bénir des blés et froments au presbytère, pour les distribuer
aux voyageurs étrangers et aux paroissiens lorsqu'ils apporte-
ront quelques offrandes ; en exposant ces grains bénits en le
dit presbytère, les recteurs ne vont pas contre l'arrêt, et les
paroissiaux, quelque mauvais qu'ils soient, ne peuvent in-
quiéter leurs recteurs. »
Malgré l'arrêt et la défense du Parlement, la coutume im-
mémoriale de faire bénir les grains aux pieds de la statue de
238 MESSIRK JEAN LAÏNÉ
Saint-Julien, ne tarda pas à être remise en rigueur, proba-
blement môme du vivant de M. Laine ; et, après les mauvais
temps de la Révolution, les pèlerins de la paroisse et les
voyageurs étrangers ont repris jusqu'à nos jours les pieux
usages de leurs ancêtres. Si les membres du Parlement de
Rennes pouvaient revivre, ils reverraient « en le sanctuaire,
près de la statue de saint Julien, les barriques remplies de
grains bénits » qui avaient si fort effarouché leur religion.
Ce procès ne fut pas le seul qu'eut à soutenir M. Jou-
neaulx ; il en perdit un autre contre ses paroissiens « au
sujet de la graine de lin : .... avant que Tarrôt fût rendu M.
Jouneaulx perçut pendant deux années la dite dîme. Le suc-
cesseur ne peut marquer la teneur de ce procès, parce qu'il
n'en a trouvé de copie. »
« Dans ces procès, fait remarquer judicieusement le rédac-
teur du registre de paroisse, M. Jouneaulx n'était pas seul
en cause , ses successeurs y étaient aussi ; c'était pour lui
un devoir bien rigoureux de ne pas faire de concessions, il
n'était pas libre d'en faire ; sa résistance ne mérite donc que
des éloges, d'autant plus que la perte de tels droits aurait
tourné en définitif à la perte des pauvres de cette paroisse,
les recteurs n'ayant plus été si bien à môme de les soulager.»
D'autres tracasseries mesquines vinrent s'abattre sur le
recteur Jouneaulx, au sujet des réparations à faire au pres-
bytère et à l'église. D'après le dossier assez endommagé qui
existe aux archives municipales, ces tracasseries se renou-
velaient au décès de chaque recteur. Les pièces que nous
avons sous les yeux et dont les premières remontent à 1672,
font allusion déjà à des faits bien antérieurs à cette
date ; et Ton ne peut s'empôcher, à ce sujet, de re-
marquer encore une fois avec le docte archiviste cité plus
haut, que sous l'ancien régime, tout était matière à procès,
la situation des recteurs obligés de compter avec je ne sais
combien d'autorités rivales et jalouses était des plus délicates
et des plus compliquées.
SON JOURNAL KT SES NOTES I^.'^O
Les choses s'aggravèrent tellement pour le malheureux
recteur de Saint-Julien qu'on le menaça de saisir tout son
mobilier et cette saisie fut exécutée. Il avait perdu « un procès
considérable au Parlement de Paris avec les paroissiens de
Chanveaux en Anjou ; ces derniers sont sur le point de faire
exécuter l'arrêt On est en peine, disent le sénéchal et le
procureur fiscal de Vouvantes, si on peut s'opposer à l'exé-
cution de l'arrêt, et quel parti prendre à ce sujet pour
la sûreté des hypothèques de notre cure. Notre recteur
cherche à nous compliquer avec les habitants de Chanveaux ;
nous ne le voulons point, nous ne voulons point plaider au
Parlement de Paris ; nous pensons bien que notre recteur
voudrait que nous ferions les réparations de sa cure après sa
mort, la preuve est sensible : il y a fort longtemps qu'il a
licite ses biens à un de ses frères, cela en vue de nous frus-
trer... » On demande en définitive à Rennes de donner avis à
ce sujet, et la marche à tenir. Dans une délibération tenue
à Rennes le 11 avril 1781, on est d'avis.: « de 'saisir les
meubles et effets mobiliers de M. le recteur, pour éviter la
saisie que ne manquerait pas de faire le Général de Chan-
veaux; au lieu que si le Général de Saint-Julien fait faire la
première saisie mobilière il ne sera plus forcé de plaider au
Parlement de Paris, mais il saisira un tribunal de Bretagne
dans lequel le Général de Chanveaux sera forcé de former son
opposition, sans pouvoir faire saisir, parce que saisie sur
saisie ne vaut. » L'intérêt du Général de Saint-Julien en cette
conjoncture est d'autant plus pressant, « qu'on n'aperçoit dans
le presbytère que des meubles et des effets de peu de valeur,
que cette circonstance nécessite une saisie provisoire de ce
qui peut y exister, pour prévenir les enlèvements qui pour-
raient être faits, » D'après cet avis le Général de la paroisse
demande donc que « le dit sieur recteur soit condamné de faire
fairg les réparations du presbytère et de l'église dans le délai de
trois mois, faute de quoi, et passé ce délai le dit Général en
fera l'adjudication au rabais aux frais du recteur ; et attendu
240 MRSSIHE JBAN LAINE
le péril dans le retardement il sera permis au dit Général de
faire saisir et séquestrer conservatoirement les meubles et
effets mobiliers du recteur, tant dans le presbytère que dans
quelque lieu où l'on en découvrira. »
Ce fut le 10* jour de mai 1781, après midi et le jour suivant
que saisie fut faite du mobilier Jouneaulx à la requête du Géné-
ral de la paroisse. Cette saisie va nous permettre de pénétrer
à l'intérieur d'un presbytère de campagne au XVIII* siècle,
et de voir combien était modeste assurément ce mobilier si
minutieusement décrit^ dont' s'accommoderaient fort mal
notre luxe et notre confortable modernes, combien simple et
humble le train de vie de nos recteurs d'autrefois. C'est à ce
titre que nous donnons sommairement les principaux détails :
Les premiers témoins requis « proches voisins du dit sieur
reèteur, pour être présents à la saisie, refusèrent de le
faire. » On se contenta de la présence du sergent de la juri-
diction et d'un « journalier » « A l'endroit, le dit sieur
recteur nous a fait voir dans la cuisine les meubles qui
suivent : une crémaillère, deux chenets, une pelle, une pince
à feu, deux grilles, un triangle, le tout de fer, une marmitte
de fonte, une cuillère de fer, un tournebroche avec une
broche aussi de fer, deux casseroles, une de cuivre et une de
tôle, deux chaudrons de cuivre, une mauvaise poêle à lessive,
une tourtière avec son couvercle de cuivre, deux friquets,
une casse de cuivre, une de fer blanc, une de terre, une
poêle à frire, quatre plats et sept assiettes d'étain et une
douzaine de cuillères d'étain, une armoire de différents bois
fermant à clef, laquelle sert de buffet, qui a été ouverte par
le dit recteur, il s'y est trouvé une douzaine de plats et deux
douzaines d'assiettes de faïence, une table de bois de cerisier
avec un tiroir, une mauvaise armoire avec une vieille table
de cuisine appartenant au Général de la paroisse, quatre
chaises, deux bancs. No trouvant plus d'autres objets que
ceux ci-dessus dans la dite cuisine, le dit sieur recteur nous a
conduits dans le salon, où il s'est trouvé : un cadre doré, en-
SON JOURNAL ET SES NOTBS 24l
viron dix huit pouces de long sur quatorze de large, deux
petites tables et une autre en forme de bureau, une douzaine
de chaises tournées, tant bonnes que mauvaises, deux
chenets, un trépied et une galettoire en fonte, tous les effets
qui se sont trouvés dans ledit salon De là le dit recteur
nous a conduits dans sa chambre où nous avons trouvé : un
lit garni lui servant, une armoire fermant à clef qu'il nous a
ouverte, où il s'est trouvé les hardes à son usage, une autre
demi-armoire qui sert à ramasser les registres de la paroisse,
. un bureau à plusieurs fermetures pour ses papiers et livres ;
ce sont tous les effets qui se sont trouvés dans la dite
chambre » Suit la description de plusieurs autres
chambres dont Tameublement est à l'avenant, notamment
celle d'une parente du recteur, où, pour tout objet de luxe, on
remarque : c une vieille glace, deux chandeliers argentés
achetés des deniers de celle-ci à une vente ...... « De là,
le dit sieur recteur nous a conduits dans une autre chambre
destinée au vicaire, il s'y est trouvé : un lit à l'ange garni
d'une couette, oreiller et traversin remplis de plume, un
matelas, deux draps y servant de toile de brin, une couver-
ture de laine blanche et rideaux de ras jaune garnis en in-
dienne, une mauvaise table, deux chaises. . ... Montés dans
le grenier nous n'y avons trouvé aucuns grains.... De là,
des dits greniers descendus dans la cave avec le dit sieur rec-
teur, lequel nous a présenté : un fut de barrique pleine de
vin blanc, et une en coulage à demi-pleine, une autre barrique
en coulage de cidre, deux charniers l'un avec du bœuf, (autre
avec du lard, chacun presque vide, cinquante bouteilles de
verre noir De là conduits dans l'écurie nous avons
trouvé : deux cavales, l'une sous poil gris, l'autre jaune, trois
vaches laitières et deux petits cochons En outre le dit
sieur recteur nous a fait l'ouverture d'une armoire dans la
sacristie et dans la dite armoire, celle d'un tiroir, où il
s'est trouvé une petite botte dans laquelle il y a quelques
pièces d'argent qui m'ont paru tout au plus faire la somme
/•
242 MK^mC JBAN LAlNÊ
de 36 # qu'il nous a déclaré être des messes à dire Au
regard de l'argenterie demandée, le dit sieur recteur nous a
présenté une cuillère potagère avec six cuillères et four-
chettes d'argent. . . n
Dans sa défense du 9 juillet 1781, le recteur remercie
tant soit peu malignement le Général de sa sollicitude au
sujet des réparations^ exigées. Le dimanche 16 septembre
suivant, il parait devant l'assemblée du Général et repré-
sente « qu'il était supris que Ton le poursuivait aussi voî-
iemment pour les réparations de sa cure et chanceau de
cette église, dont il a reçu le tenable il n'y a que neuf ans.
et qu'il est à la connaissance de tous que le dit recteur les a
entretenus soigneusement, que si le Général a quelque soup-
çon quUlse trouve quelques défectuosités, il peut nommer tel
expert qu'il lui plaira avec deux membres du Général pour
examiner le tout^offrant sur le champ d'y faire travailler et
de mettre le tout en bon ordre, pour en rendre compte au
Général lors do sa première assemblée, mais que le tout
se fera sans frais ot sans qu'il soit nécessaire de se pour-
voir dans aucune juridiction... »
Ces propositions étaient trop simples et trop sages
pour être acceptées» Le Général « cédant sans doute à l'im-
pulsion d'une cabale ennemie du sieur recteur, nous dit
le greffier lui-mômc dans son rapport du 16 septembre
1781, veut à grands frais procéder à la visite des répara-
tions, et nommer un expert éloigné de quinze lieues,
expert qui no peut môme être présumé avoir la moindre
connaissance relative à l'architecture, et qui n'a été choisi
que pour constituer le recteur dans une plus grande
dépense... >» Aussi le recteur, par son procureur, entend-il
faire évoquer la cause à' la première audience de la juri-
diction de la Rivière en haut bois.
Que se passa-t-il finalement? Les pièces nous font
défaut. Tout porte à présumer que la mort de M. Jouneaulx
survenue inopinément empêcha cette misérable chicane
d'aboutir.
SON JOURNAL KT SES NOTJfiS 243
Sur tous les points Ton s'attaquait au recteur. Le re-
gistre de paroisse nous apprend encore que « d'une
promptitude extraordinaire à célébrer les saints offices,
cela fut cause que des paroissiens prévenus le dénoncèrent
à M"^ Frétât de Sarra lorsque cet évêque vint donner la
confirmation dans la paroisae, prétendant môme qu'il
omettait de réciter des parties considérables de la messe.
Mf l'évêque le fit célébrer devant lui. M. Jouneaulx fut de
Taveu de tous moins de temps, ce jour-là, que de coutume
à dire la messe. On s'attendait à des reproches sévères
et le désappointement fut complet, lorqu'on entendit
révoque donner publiquement bon témoignage à M. le
recteur -lui disant qu'il pouvait très bien continuer de la
sorte, et que non seulement il ne faisait aucune omission,
mais que de plus toutes les cérémonies étaient parfaite-
ment faites. »
Ce fut le 17 août 1783 que M. Jouneaulx décéda. Sa
mort fut subite; les agitations de sa vie en hâtèrent sans
doute le terme.
Ses ennemis et ceux de ses prédécesseurs, de M. Dezé
surtout, qui avaient poursuivi leurs recteurs avec tant
d'acharnement haineux eurent, pour la plupart, une fin
des plus tristes que M. Laine ne manque pas de -faire
remarquer comme une punition justement méritée : « Le
principal instigateur mourut comme il avait vécu. Sans
appeler aucun prêtre pour lui donner les soins nécessaires
et les grâces qui lui auraient été d'un si grand secours, ses
enfants s'y opposèrent môme, et ne voulurent permettre qu'il
parlât au recteur Hamel ni à son vicaire, dans la crainte qu'ils
ne Tobligeassent à reconnaître et à avouer la calomnie dont
avait été victime M. Dezé son ancien recteur. » Impiété exé-
crable dont on devait déjà, à cette époque, trouver un aussi
triste exemple ! « Après la mort de son père, l'un de ses
malheureux enfants se mita courir dans le bourg, en criant
comme un insensé ou un impie, à haute et injelligible voix :
244 MESSIRE JBAN LAINÊ
è
Mon père est damné! Mon père est damné I » Malgré une mort
entourée de circonstances si scandaleuses, le Général « accor-
■
da au défunt et à sa famille un enfeu dans le grand cimetière,
preuvede l'imbécillité de ces Généra uxqui,detoustemps,n'ont
agi en toutes affaires qu'en cabalant, en commettant mille
injustices, et Honorant ceu]^ qui le méritaient le moins en
cette paroisse. »
Pour les autres « confrères d'iniquité » hommes et femmes,
trois meurent misérablement sous le rectorat même de
M. Joùneaulx. Le procureur fiscal décéda « avec la plus
grande tranquillité d'âme sans réparer la moindre injustice. »
L'apothicaire « homme étranger et inconnu, et qui était ap-
pelé auprès des malades, en cette paroisse, parce qu'il n'y
avait ici de chirurgien établi, glouton aimant la bonne chère
et surtout le vin, vit encore comme un impie, sans faire de
Pâques^ allant néanmoins à l'église, le lendemain de ses
ivresses, pour demander en hypocrite un pardon qu'il sollicite
vainement. » L avocat au Parlement de Rennes qui avait été
si funeste à son recteur, « ennemi de la paix, n'ayant du
plaisir qu'à semer la discorde dans les familles, conseillant
le pour et le contre dans les procès ; d'ailleurs pusillanime»
toujours armé de pistolets et d'une grande pique, fut obligé
de vendre son bien à un neveu par alliance de M. Joùneaulx,
et réduira de son vivant ses quatre enfants à la mendicité :
Malè parta maté diladunturK Le subdélégué de l'intendance
à Rennes, homme aussi intrigant que politique et méchant,
qui travaillait de son côté et sur place à perdre le recteur,
a été honteusement chassé de sa place et privé de ses reve-
nus. Tous ceux qui ont eu part au mystère dUniquité finiront,
en mourant, comme les dénommés ci-dessus. Dieu leur donne
cependant tout le temps de réparer leurs torts en leur en-
voyant des maladies longues et douloureuses, ils dépérissent
à vue d'œil, mais ils ne se convertissent. »
* En français : Bien mal acquis ne profite p(U.
\
SON JOURNAL ET SBS NOTES 345
M. Laine, après avoir été historien Adèle, (levait être un
prophète clairvoyant.
C'est dans une paroisse aussi profondément troublée qu'il
arrivait comme recteur, successeur de M. Jouneaulx. Il se
rendit promptement compte dala situation,«raconta l'histoire
du passé que nous venons de faire avec lui, et tâcha d'en faire
son profit pour les jours qui s'annonçaient plus mauvais
encore pour lui que pour ses prédécesseurs. Nous trouvons
en effet dans divers endroits de ses cahiers, des notes du
genre de celles que nous reproduisons et qui indiquent assez
qu'il ne se fit pas longtemps illusion sur ce qui l'attendait
lui-môme : « Si MM. les recteurs de cette paroisse, écrit-il,
veulent vivre en paix avec les habitants de cette ville, dont)e
caractère est double, faux et traître, il faut qu'ils les régalent
souvent, qu'ils applaudissent à leur irréligion et à leur liber-
tinage, qu'ils soient rampants devant eux, et favorisent leurs
injustices et leurs trahisons ; autrement ils seront traités
comme leurs prédécesseurs qu'ils ont poursuivis à outrance
en les exposant aux derniers supplices. Le recteur actuel est
chéri, aimé et considéré, mais qu'il attende, il ne tardera pas
à devenir la victime de ses paroissiens. » Cette note conçue
en des termes si acerbes, si peu flatteurs pour les habitants
de Saint-Julien, empreinte en môme temps de si triste mé-
lancolie, ne peut guère étonner le lecteur instruit déj&de ce
qui s'est passé, et sur le point de juger mieux encore de tout
par ce qui suivra.
« MM. les recteurs, vicaires et autres prôtres habitués de
cette paroisse, écrit encore M. Laine dès les premières années
de son séjour à Saint-Julien, ne doivent faire société avec
aucun de leurs paroissiens ni les fréquenter, parce que leur
caractère est double et faux ; au moment qu'ils croiront trou-
ver des amis parmi eux, ils seront trahis à la première occa-
sion. Ce défaut qui est habituel et héréditaire existe ici au
moins depuis près décent ans. Il ne s'agit que de se rappeler
tout ce que les dits paroissiens ont eu la bassesse et Tinhu-
TOME XVI. — NOTICES. — XVI* ANNÉE, 78*-8* UV. 18 v
246 MESSIRK JEAN LAIMÉ
manité de faire souffrir à MM. Dezé et Jouneaulx leurs rec-
teurs. Les procès pendants à la Cour en sont les plus grandes
preuves. •
Nous n'avons guère de détails sur les procès auxquels
fait ici allusion M. Laine. Il nous dit seulement :«...!! paraît
que le procès criminel intenté à Nantes (1785-1786) par le pro-
cureur du'Roi sera de la dernière conséquence pour plusieurs
habitantsde ce bourg Jamais le procès de M. Dezé intenté
à Nantes en 1733, ni celui du recleur Jouneaulx en 1776 ne
sont comparables à celui dont il est ici question. L'instigateur
est le môme que celui du procès Jouneaulx. >» En marge du
registre : « Ce procès a été jugé à Nantes et les accusés ont
été innocentés, mais il leur reste un vernis qui demeurera
ineffaçable. »
Un autre procès où M. Laine fut mis directen^ent en cause
lui fut intenté le 14 août 1785. Le recteur fut condamné à en
payer les frais. Il s'agissait de dîmes que le fermier du tem-
porel de la Primaudière voulait percevoir seul à l'exclusion
du recteur. Le dit fermier dut laisser un tiers des dîmes aux
recteurs de Saint-Julien. M. Laine eut soin d'attacher au
registre la sentence rendue. Elle a disparu. Il donne ensuite
exactement le nom « des champs et pièces défrichées avant
iV68, sur lesquels et en lesquels le recteur de Saint-Julien se
réserve la dîme, quoique les moines de la Primaudière aient,
en up canton déterminé, droit de dîmage sur les autres
terres. »
A l'exemple de ses prédécesseurs et des recteurs de son
temps, M. Laine note dans ses registres, les diverses cala-
mités qui venaient si souvent affliger leurs populations, mon-
trant par là qu'il s'intéressait à tout ce qui touchait à la
famille dont il était le père.
« La sécheresse, à commencer de la Toussaint dernière
1784, a été des plus grandes en cette province et autres du
royaume; vers le commencement du mois de juin» il tomba
un peu deau, mais elle fut bientôt desséchée par les vents
SON JOURNAL ET SES NÔTB8 247
du Nord qui ont constamment soufflé de ce côté pendant au
moins huit mois ; ils étaient des plus froids. La neige a été
sur la terre très abondante, elle y a duré près de deux mois.
On a fait partout des prières publiques par ordre du seigneur
évoque, qui donna les Quarante Heures le jour de la Trinité ;
le mardi suivant, fête des saints Donatien et Rogatien, avec le
jour du Sacre. Le peuple a demandé plusieurs processions
qu'on a faites. Il n'y a eu ni foin, ni lin en celte paroisse, si on
en excepte les prés de la seigneuiie de Vouvantes appelés les
Garennes. En chaque métairie, il n'y a pas eu un quart de
grains de l'année précédente qui n'était ni bonne ni mauvaise.
En certains champs, on n'y a pas cueilli la semence. Les blés
noirs ont complètement manqué. En les pays vignobles, il y
a eu abondance de vin ; plusieurs habitants ont acheté la
barrique douze livres, prise à Tanche en la paroisse de Sainte
Herblon. Les cidres ontabsolumént manqué non seulement en
ce canton mais en le Rennais. Le froment, boisseau de ChSt-
leaubriant, se vend actuellement 11 # 10, le blé seigle 10 -H-
l'avoine 8 yf et le blé noir 7 # 5. La moitié des besliaux, soit
bœufs, soit vaches, chevaux et moutons ont péri par faute de
fourrages, chaque particulier aimant mieux les tuer que de
les voir perdre sans le moindre profit. Les seigneurs abandon-
naient leurs chevaux et les envoyaient ça et là faute de pen-
sion. Le millier de foin a été vendu par le fermier de Vou-
vantes quarante écus. La charretée de paille a valu jusqu'à
quarante livres. Le peu de bestiaux qui reste va périr cet
hiver, ou du moins la majeure partie. L'étang de Vouvantes
dès le commencement de juin a été à sec; on y marchait
comme sur la prée de la Garenne, et il n'a été rempli que vers
la Toussaint dernière où il a tombé un peu d'eau. Tous les
puits, môme celui de la cure ont tari en ce bourg. Les fon-
taines de Girouix ont fourni à tous les habitants de cette
bourgade et aux bestiaux. La sécheresse dont il est mention
au registre de 1722 n'est rien en comparaison de celle-ci.
L'Intendance, par la voix du ministère, a fait distribuer par
248 MBS8IRË JEAN LAINE
paroisse, une certaine quantité de graines, et a fait proposer
pour procurer de l'ouvrage aux pauvres, des chanvres et lins
et le Général Ta remerciée. »
Au mois de janvier 1789, M. Laine fait mention du ter-
rible hiver qui dévasta nos campagnes et occasionna tant de
misères ; épreuve qui, coïncidant avec toutes les autres per-
turbations physiques et morales de^ Tépoque, devait si puis-
samment influer sur les esprits des populations, les aigrir et
les pousser à tous les excès de la Révolution :
« Le 13 et 14 novembre dernier (1788), le froid a été des plus
sensibles, au point que les vieillards ne se rappellent point
qu'il ait été plus grand ; il a été constant pendant deux mois
sans interruption jusqu'à ce jour 13 janvier (1789) ; il n'a point
tombé d*eau depuis le mois de septembre dernier. La majeure
partie des grains semés en la poussière, n'est point encore
levée, à 'raison de la sécheresse qui a été des plus grandes.
Les puits de cette ville ont tari dès la Toussaint. Les fon-
taines de Girouix ont satisfait à tous qui y allaient, tant pour
eux que pour leurs bestiaux. Les bestiaux ont été abreuvés
à la crèche, à raison de la grande quantité des neiges et
glaces qui ne permettaient de les conduire à l'étang de Vou-
vantes, dont les glaces étaient épaisses de plus de dix-huit
pouces. Tous les légumes, les genôts et autres choses sont
gelés. On ne peut décider s'il y aura abondance de grains,
puisqu'ils sont encore en terre. La neige a couvert la terre
pendant huit semaines, elle a tombé en grande quantité à
différentes fois. Le grand hiver de 1709 n'a pas été si rude et
si violent au rapport des vieillards qui en ont connaissance. »
« Année 1789, année des révolutions de la France. Le Tiers-
Etat, sous prétexte de procurer aux recteurs un sort heureux,
leur promet tout, s'ils se rangent de son côté; mais : In caudd
venenumf »
Par ce proverbe latin, M. Laine faisait entendre suffisam-
ment que le clergé devait se défier de ces promesses comme
d'un poison.
SON JOURNAL BT SES NOTES 249
« Le trente et unième jour de mars, par publication faite
dimanche dernier, en vertu d'une lettre du Roy pour la con-
vocation des Etats Généraux à Versailles, le 25 avril 1789,...
les paroissiens habitants^ biens tenant^ se sont assemblés
pour faire leur cahier de condoléance, qui devra être présenté
aux dits Etats. Deux députés savoir : MM. Lejeune de la Mar-
tinais et Cordeau, tanneur, ont été nommés pour présenter
à Thôtel de ville, le 7 avril, le dit cahier, et se réunir avec
le tiers-état du diocèse de Nantes, lequel députera et choisira
un nombre de personnages dignes^ ainsi que dans les autres
diocèses de cette province pour se rendre le 16 avril à Saint-
Brieux, où les trois ordres doivent se trouver pour y tenir
une espèce d'Etats généraux de cette province, parce que les
ordinaires ont été interrompus (à Rennes) par les journées
des 26 et 27 janvier dernier »
Ici, M. Laine raconte sommairement ces incidents si
graves qui furent le début des scènes violentes de la Révolu-
tion en France.' Les responsabilités de ces journées san-
glantes sont assez difficiles à préciser. On peut dire que,
comme dans tout conflit, trop souvent, et particulièrement
à cette malheureuse époque, chacun y eut largement sa part.
Les susceptibilités exigeantes de la noblesse et du haut
clergé, l'entêtement inexplicable du tiers contribuèrent à
faire couler en Bretagne « les premières gouttes de sang
que la Révolution devait répandre, et qui furent la source
de ce fleuve de sang qui sépare le vieux monde du monde
nouveau^. » Nous laissons à M. Laine la responsabilité de
ses appréciations. Renseigné sur les événements, il l'était
peut-être un peu moins sur leurs causes très diverses ; c'est
à l'histoire qu'il appartient maintenant de porter un juge-
ment plus sûr et pius équitable :
« .... La noblesse de cette province se déshonora pour ja-
mais dans ces journées, en faisant armer les laquais et
1 Chateaubriand : Mémoires cTautre-'tombe.
250 MeSSIRE JEAN LAINE
gens sans aveu, dans le champ Montmorin (champ de
Mars) près de Rennes. Après une exhortation pathétique
et insidieuse prononcée par un noble qui s'était mis l&chement
à leur tête, tous ces gens armés se rendirent au Parlement
où la Cour les attendait; ils demandaient que le pain
fût diminué et que la Constitution bretonne fût changée. Au
sortir du Parlement, ces monstres frappent, tuent et mas-
sacrent indistinctement tous ceux qu'ils rencontrent, à l'ex-
ception des nobles. Les jeunes gens du tiers s'arment et se
mettent en état de défense. Tous les habitants de Reones
imitent la jeunesse ; à tous les pas on rencontrait des com-
bats. La noblesse qui avait autorisé ces excès ne brillait pas
en sa défense. Un jeune homme employé aux devoirs dé-
sarma un noble avec qui il se battait ; ce noble désarmé
demande par faiblesse à son vainqueur de lui permettre
de Tembrasser^ le dit jeune homme consulte la foule qui les
entoure pour savoir s*il lui accordera cette grâce ; tous una-
niment s'écrièrent que oui ; on rendit son arme au gentil-
homme désarmé et on le reconduisit à son hôtel. Un nommé
OmneS'Omnibus, Rennais, vole à Nantes pour y demander
des secours. Les jeunes gens de Nantes au nombre de cinq
cents se rendirent à Rennes avec armes et bagages. Les Ma-
loîiins qui y étaient déjà, arrivés avaient conduit avec eux
trois pièces de canon La noblesse renfermée aux Corde-
liers avait formé un arsenal de la salle des délibérations et
elle tirait delà des coups de fusil et de pistolet sur le Tiers-
Etat. Enfin la vigilance de M. le comte de Thiard (gouverneur
de la province) qui s'exposait avec une faible garde à tous les
dangers, volant en tous les coins de Rennes, pour ramener la
paix et la tranquillité, y réussit parce que le Tiers-Etat ne vou-
lait pas répandre le sang. La noblesse exigeait que le tiers
désarmât, ce qui lui fut refusé. Cependant il fut arrêté que
la noblesse ne ferait aucun usage de ses armes, à moins
d'être attaquée, et cette promesse fut jurée par les nobles sur
leur parole de gentilshommes. Les habitants de Rennes ga-
SON JOURNAL BT SES NOTES 251
rantirent par leurs paroles ou leurs écrits que la jeunesse
également n'attaquerait pas les nobles ; et alors on vit tous
les gentilshommes quitter Rennes et se rendre en leurs cam-
pagnes, pour y jouir des douceurs de la vie et y pleurer leurs
cruautés inutiles.... Ehi ces journées, cinq nobles ont été
tués par le Tiers-Etat^ et plusieurs autres ont été dangei'euse-
ment blessés. Parmi le tiers, on a compté deux tués et plu-
sieurs blessés, entr'autres un chapelier blessé par les laquais
de deux coups de couteau au bras^ et un nommé Vignon con-
fiseur, fournisseur de la noblesse qui, pris pour un person-
nage du tiers, reçut comme tel de la dite noblesse un coup de
fusil. »
Les Etats généraux venaient de s'ouvrir, et, le 18 juin,
M. Laine écrit :
tt Les Etats généraux veulent dépouiller TEglise de ses
biens et en donner l'administration à la nation ; afin qu'il y
ait moins de prôtres, que la religion catholique ait moins
d*éclat, et que les protestants qui inspirent et commandent
tout propagent plus facilement leurs erreurs. »
Le 12 juillet :
« . . . . Ces Etats prennent aujourd'hui la qualité d'Assem-
blée nationale. MM. le comte d'Artois, frère du roi, le prince
de Condé, le marquis d'Autichamp etc., se sont sauvés en Sar-
daigne et ailleurs, leurs tôtes ont été mises à prix, ainsi que
celles de beaucoup d'autres personnages. Le prince de Lam-
bech, cousin de la reine, a été bienheureux de s'échapper. »
A l'occasion de la prise de la Bastille ;
« Cette forteresse que Louis XIV et Turenne jugèrent
imprenable a été prise d'assaut en quatre heures^ et elle est
aujourd'hui rasée et démolie. MM. de Launay, gouverneur de
la forteresse, de Foulon, qui avait un superbe château à Doué
près Saumur, intendant des vivres pour Paris, ont été déca-
pités par la milice nationale parisienne sur la place de Grèves ;
M. Berthier, gendre du dernier intendant, a été aussi déca-
pité, parce que la corde qui devait le suspendre au funeste et
252 ME8S1RB JSAN LAlNÉ
lerrible réverbère cassa trois fois ; auparavant il a été obligé
d'embrasser la tête de son beau-père. »
L'effroyable panique du jeudi fou (telle qu'on la dénomma
dans le Maine en particulier, à cause du jour où elle se pro-
duisit*) qui bouleversa les campagnes où des nouvelles alar-
mantes circulaient de toutes parts ^ menaçantes pour les
personnes et les propriétés, se fit sentir à Saint-Julien de
Vouvantesl le 21 juillet. M. Laine ne manque pas de la consi-
gner dans ses notes* :
« Le vingt et un juillet, vers les six heures et demie du
soir, je faisais un acte de baptême, quand on vint m'annoncer
que dix mille hommes arrivaient en cette ville pour y mettre
tout à feu et à sang ; je quitte tout et sors pour prendre des
informations. Je rencontre entr'autres le syndic qui déjà
i Dom Heuriebize et Triger : Sainte Scoltistiqtie patronne du Mans ;
étude hagiographique des plus remarquables publiée en 1897.
* M. de la Sicotière dans son ouvrage si admirablement documenté : Louis
de Frotté et les Insurrections normandes, écrit à ce sujet ces réflexions si
justes : ; •
« Dès le commencement de la Révolution, on est effrayé de la voir détour-
née de la voie qu'elle aurait dû suivre, par la substitution de Tinitiative
fougueuse des passions populaires au fonctionnement régulier des corps lé-
galement constitués, par Tingérence spontanée ou forcée de ces corps eux-
mêmes dans des attributions qui ne leur appartiennent pas ; confusion de
tout les pouvoirs, mépris de toute autorité, dédain de toute légalité, la
nouvelle aussi bien que Tancienne. L'incroyable licence de lapresse, pendant
les dernières années, avait échauffé les esprits dans les régions les plus éle-
Tées t la misère, la disette, la cherté excessive des subsistances les exaspéraient
au-dessous. La prise de la BastiUe fut un excitant trop puissant, et la pa-
nique universelle causée par Tannonce de rapproche de ces brigands ima-
ginaires, dont la légende reste encore inexpliquée après un siècle de re-
cherches, avait fini d'affoler toutes les têtes. Pour en donner une idée, il suf-
fira de dire qu'à Domfront, des gens habituellement sensés étaient sincère-
ment convaincus que Mayenne, à quelques lieues de distance, venait d'être
occupée par trente mille Espagnols. »
Nous avons tenu à reproduire ces lignes d'un grave historien pour répri-
mer d'avance les sourires que, après plus d'un siècle, pourrait faire naître le
récit de M. JLainé.
Tous se souviennent que nos désastres et nos douleurs des années 1870 et
1871 furent précédés et comme annoncés dans les bourgs et les campagnes de
nos régions par de nombreux et d'effrayants incendies dont la cause n'a ja-
mnis été connue*
SON JOURNAL BT SES NOTES
253
faisait sonner le tocsin, je lui demande ce que signifie ce bruit
et quelle est cette nouvelle ? Qui l'a apportée? Est-elle écrite?
Communiquez-la moi. — Ce sont, répond le syndic, des per-
sonnes du village de la Champellière qui ont apporté cette
triste nouvelle, — J'interroge à mon tour ces dits paroissiens,
t ils ajoutent que les dix-mille hommes sont déjà à la Caran-
tage (village du Petit Auverné), qu'ils y ont tué un jeune
homme malade : Déjà-, continuent-ils,ils sont en notre village.
— On veut envoyer un exprès qui refuse ; on dépêche un
jeune étourdi au château de la Motte-Glain, il n'ose passer
le bourg de la Chapelle abandonné de tous ses hommes
qui s'étaient réfugiés dans la forôt de Ghanveaux. La panique
augmentait dans les esprits de cette ville. Nos gens se sau-
vaient dans la forÔt de Juigné, ou se cachaient dans les blés
et les barges' de foin où ils passèrent la nuit; plus le tocsin
sonnait, plus les hommes tant du bourg que de la campagne
fuyaient. .Le sieur Presnais de la Briais avec sa dame et ses
deux enfants, malgré les assurances que je pus donner à son
domestique,et mon invitation de se rendre ici avec ses armes*
traversa la forôt de Juigné, et se rendit au prieuré où il
coucha, sans vouloir accepter le souper quoique servi en gras,
puisque c'était le mardi. Cependant six à sept hommes pas-
sèrent la nuit à garder cette ville, ils ne virent personne que
des gens des autres paroisses qui se sauvaient dans la forôt.
Cette alarme fut donnée au même jour en plus de quarante
paroisses à la ronde. Les villes de Rennes, Nantes et Angers
l'eurent la veille. »
Depuis cette panique il y eut, toutes les nuits, « dans .cette
ville », une garde dont M. Laine donne la composition ; on y
remarque les hommes les plus notables de la paroisse, en-
tre autres « les deux députés pour Nantes, MM. Lejeune de
la Martinais et Cordeau, tous officiers de la milice b(»urgeoise ;
leurs soldats, des sacs à vin, ne se rendent à la garde qu'a-
i Mot populaire pour désigner les meules de paille et de foin.
254 MBSSIRE JBAN LAINE
vec l'espérance d'y boire egregié, et font plus de trouble qu'ils
ne servent au public ; arrêtent indistinctement tous les voya-
geurs, ecclésiastiques et nobles. L'homme qui, sans être offi-
cier, est à la tôte de cette soldatesque mériterait avec toute
raison d'être arrêté. Le chevalier Gibot, officier au régiment
de Penlhiôvre, en garnison àDinan, passant par cette ville, le
28 juillet, avec son domestique et un recru* fut gravement
menacé d'un coup d'épée à la poitrine ; je le délivrai des
mains du chef et de ses satellites. Je fis de même pour un se*
minariste sorti de Paris, et qui se rendait à Saint-Malo. Le
16 août, un maçon de garde (M. Laine donne tous les noms)
se permit quelques insolences graves à l'endroit d'une femme
qui se rendait à Téglise pour y entendre la sainte messe, il
reçut un souffiet, quoiqu'il fût en fonction, et ce brutal plein
de vin la jeta parterre d'un coup de son fusil. Le 30, un
jeune Carme sorti de Challains (Anjou), se rendant à Rennes,
fut inquiété, je le délivrai encore des mains du dit chef et de
ses satellites. Cette garde bourgeoise a voulu aller de pair
avec les villes voisines et a commencé à fonctionner à cause
des journées de Paris du 13, 14, 15, 16, et 17 juillet dernier. »
« Le trentième jour d'août mil sept cent quatre vingt neuf,
nous, recteur soussigné, à la réquisition de MM. les soussi-
gnés, et en vertu de la permission par eux obtenue à notre
insu, de M. l'abbé de laTullaye, vicaire général de M«M'éves-
quede Nantes, endatedu21 du présent, signée : delaTuLLAYs
vie. gén. et attachée au registre, avons béni le drapeau de
la commune de cette ville et paroisse^ »
Suivent les signatures d'un grand nombre d'habitants de
Sciint-Julien de Vouvantes, et de plusieurs des paroisses voi-
sines d'Erbray, de la Chapelle-Glain, d'Auverné et de Juigné.
> Vif uz mot qui signifie excédé de fatigue: soldaisreerus et harassée (Ltttré).
' Nous, vicaire général de Algr TEvecque de Nantes, permettons à M. le
recteur de la paroisse de Saint-Julien de Vouvantes de bénir les drapeaux
de la commune de la paroisse.
 Nantes, ce SI août 1789.
Db La. TuiXATK^ vie. ^ea.
SON JOURNAL KT SKS NOTES 255
Où y remarque la signature du vicaire. Joseph Maillard. Le
recteur fait précéder la sienne de ces lignes. « Cette céré-
monie, en quelque façon forcée, sera pour la suite un sujet de
beaucoup de peines pour le soussigné, qui aura à lutter
contre les officiers de Id milice. »
Il ne se trompait pas. Le 6 septembre, annonce fut faite aux
habitants de Saint-Julien de Voulantes de s'as&eml5ler à
réglise, à rissue des vôpres du 8, pour former un corps de
milice bourgeoise. De son côté, le recteur défend « de s'as-
sembler le dit jour en son église, pour cette fln^ puisque le
corps existe déjà. Le 30 août, il avait fait bénir son drapeau et
jurer l'obéissance à son commandant. » « Le S septembre,
seconde annonce de s'assembler à l'issue de la grand'messe,
cette annonce signée ainsi que la première par les mar-
fTuilliers. L'assemblée a eu lieu à l'église par ordre du sieur
Lejeune, sénéchal de la Rivière en haut bois, qui y présidait.
Le recteur, dangereusement malade, n'a pu s'opposer à la
réunion de cette assemblée scandaleuse^ véritable foire où
éclatèrentdes débats malhonnêtes^ où tous s*accablerent de
reproches honteux, et où Ton finit par vouloir se battre à
armes blanches ou à feu. Ce cartel fut pour la dernière fois
proposé sous le clocher, toutefois personne n'accepta. Le 29
septembre, le prétendu comité qui parait avoir son origine
de cette assemblée du 8, et qui est tout h fait illégal, a fait un
arrêté contre son recteur, au sujet d'une explication par lui
faite au prône de grand'messe du 27, sur les abus, troubles
nocturnes et autres désordres commis par la garde et officiers
de la commune et paroissiens de la campagne, ayant la pré-
tention de former une milice bourgeoise. Cet arrêté a dissous
la milice et lui a fait défense de monter la garde et de faire
des patrouilles. »
Le deux octobre un procès-verbal d'accusation signé de
« quatre membres du comité de cette ville et des officiers de
la milice, fut déposé par le député Cordeau au comité de
Nantes qui ne fit de réponse, et n*y fit droit que le 24, lorsque
256 MBSSIAB JEAN LAINE
trois des principaux membres du comité de cette ville men-
dièrent à Nantes la réponse dont ils se chargèrent, et qu'ils
ne présentèrent à leur recteur que le 29, après l'avoir lue le
27 au comité et en avoir instruit le bourg de la Chapelle le
28, jour où il y avait foire. »
Voici la réponse du comité de Nantes :
« MONSIBUR,
« Nous voyons avec douleur, dans un procès-verbal qui
« nous a été remis au nom du comité et de la milice nationale
w de votre paroisse, que, ministre d'un Dieu de paix et d'une
« religion divine, dont la charité fait la base, vous avez pu
« vous oublier jusqu'au point de professer, dans la chaire de
« vérité, des propositions qui inculpent un corps respectable,
« dont le zèle et les services ne méritent que des éloges et
u des encouragements. Vous n'avez pas prévu sans doute,
« Monsieur, les suites d'un pareil scandale, elles vous eussent
«.fait frémir, et vous vous fussiez arrêté ; mais enfin, vous
« "les ivez prononcées ces paroles faites pour inspirer de la
« déHance et de la haine, pour semer le trouble et la discorde,
« pour armer vos paroissiens les uns contnî les autres, vous
(( leur guide et leur pasteur. Le mal est fait ; il ne vous
« reste, Monsieur, pour en arrêter les suiteg, d'autres
« moyens que de faire une réparation aussi authentique que
tt l'injure; nous Texigeonsde vous, en vous annonçant que, si
« vous nous refusez, nous saurons vous y contraindre ; mal-
« heur à vous si, retenu par une mauvaise honte, vous
« craignez de désavouer un emportement aussi criminel que
« celui auquel vous vous être livré. Un prêtre qui a pu s'en
« rendre coupable doit tout sacrifier à son repentir. Vous
« avez dit, Monsieur, et c'est au milieu d'un temple consacré
« par la présence de l'Etre suprême, que, (vous avez osé le
« dire) vous refuseriez les sacrements, la nuit, sil'ofïlcier ne
« répondait pas de votre vie. Si réellement vous avez craint
« pour vos jours, lorsque vous n'aviez à vous occuper que du
SON JOURNAL ET SES NOTKS 25?
<c salut des &mes, et à remplir les fonctions les plus augustes,
a les plus saintes, les plus utiles de votre ministère, vous
« n'êtes pas digne d*en être chargé Si vous avez feint de
« craindre, c'était pour vouer vos braves militaires à la haine
« publique ; quel démon a pu vous inspirer une intention
« aussi perfide ?
« Nous avons Thonneur d*ôtre, Monsieur, vos très humbles
c< et très obéissants serviteurs, les officiers municipaux et
« membres du comité. Signé : De Kervéûan, Gallon
a etc.. »
A la récepMon de cette lettre menaçante, M. Laine ne se
tint pas pour battu. En réponse, il rédigea deux rapports
extrêmement longs et détaillés pour se justifier, et surtout
pour attaquer à son tour les abus et les désordres publics
qu'il avait, une première fois, dénoncés courageusement en
\ chaire.
« A Monsieur le Maire de ville, et, en cas d*absence, à
Messieurs du comité de Nantes,
« Messieurs, le choix que mes accusateurs ont fait de vous
pour statuer sur ma conduite dans le gouvernement de ma
paroisse^ et notamment depuis l'établissement de la milice
nationale formée en Saint-Julien, me fait croire qu'ils me
sont encore dévoués, quoique leurs démarches disent le
contraire. Vous êtes des juges de paix, cette paix ils la
cherchent puisqu'ils vous ont consultés et me citent à votre
tribunal ; je Tai toujours désirée, je n'ai cessé de la prêcher,
je l*achèterai au prix du plus grand sacrifice, mon ministère
mêla commande, je n'ambitionne rien davantage Vous
avez vu avec douleur, dites-vous, que je me suis oublié
jusqu'au point de proférer des propos atroces qui inculpent
un corps respectable... et moi, je vois avec une plus grande
douleur et surprise, que vous m'écriviez de la sorte, sans
autre instruction que celle qui provient d'une délation calom-
nieuse... Il est beau de vous voir condamner un accusé sans
lui donner le temps ni la facilité de se disculper!... Aucun
/
258 MBSStRB JEAN LAINE
tribunal n'agit de la sorte... Quoi qu'il en soit, je vous prie de
lire les présentes, elles vous instruiront parfaitement de tout.
M. Heulin de la Martinaye, ancien membre de votre comité,
que je viens de consulter à ce sujet, vous fera, lors de son
retour à Nantes, le portrait de ceux qui m'ont noirci à vos
yeux. Il vous dira que je suis le quatrième recteur poursuivi
par ses paroissiens,il vous fera Tanalyse de l'afifaire présente ;
il en est si instruit, qu*il m*a assuré qu*il ne pourrait rien
m'en arriver de fâcheux, qu'il la prenait pour son compte, en
ajoutant qu'il serait à souhaiter que tous les recteurs eussent
agi et parlé de la sorte... La faute que vous me reprochez par
votre lettre du 25, décachetée au comité de Saint-Julien le 27,
lue à la foire et dans les auberges de La Chapelle le 28, c'est
d'avoir dit en chaire, que je refuserais les sacrements, la nuit,
aux malades, si l'officier de paix ne répondait de ma vie.
Exactement voici ce j'ai dit : Je ne sortirai de chez moi pour
aller aux malades, que. quand l'officier de garde répondra de
ma vie. Ai-je euraison de m'exprimer delà sorte et sans
emportement ? Il suffit pour cela de connaître toutes tes scènes
que je vous rapporte avec vérité, et autres que je supprime,
et que je rapporterai, s'il est nécessaire... »
Et ici le recteur accusé dévoile un grand nombre d'actes
de violence faits aux personnes par la prétendue milice, et
particulièrement par les gardes de nuit, tous faits causés par
l'inconduite et l'ivrognerie. Le comique se môle au tragique :
« Un journalier parait au corps de garde sans cocarde et
en sabots. De ce chef il est insulté par son lieutenant qui l'ac-
cable de propos malhonnêtes, et lui donne un soufflet. Le
malheureux garde court chez lui chercher sa cocarde et ses
souliers, et ainsi accoutré revient à son poste et rend à son
lieutenant ce qu'il en avait reçu, ses injures et son soufflet.
Une rixe très vive s'élève entre les deux champions. La
femme du journalier accourt au secours de son mari qu'ua
autre soldat allait percer de sa pique. Son état do grossesse
n'est p^s respecté ; le lieutenant lui décharge des coups de
SON JOURNAL ET 8BS NOTBS 259
poing dans la poitrine et un autre fusillier l'entraîne cou-
verte de sang. L*enfant qu'elle mit au monde mourut au
bout de treize jours.... Tous ces faits sont attestés par des
témoins nombreux et irréprochables. On fait violence aux
pauvres gens en les arrachant à leurs travaux, on les force
d'abandonner leurs maisons et leurs moissons, leurs femmes
et leurs enfants, pour aller monter la garde ; ou bien il faut
qu'ils se fassent remplacer à prix d'argent. On arrête et traite
indignement les honnêtes gens, eussent-ils leurs papiers
les plus en règle. On achète des grains qu'on revend plus
cher. Le corps de garde regorge de boissons que les sen-
tinelles absorbent à qui mieux mieux, etc. etc.... Il est dans
cette milice des gens capables de tremper leurs mains dans
le sang de leurs frères d.
Ces actes et tous ceux que nous passons sous silence
étaient bien de nature à justifier de la part du recteur une
intervention et une sévère admonestation. Et comme on lui
reproqhait « ces sorties faites du haut de la chaire, lors de
la lecture de la lettre du Roi et mandement de Monseigneur
révêque, » il répète à ses juges, en douze paragraphes, les
plaintes et les recommandations qu'il a adressées à ses pa-
roissiens, particulièrement : « que je voyais des coupables et
que ces coupables me voyaient ; que celui qui a des oreilles,
qu'il écoute ; que plusieurs officiers, chargés de famille, dé-
pensaient, à leur garde nocturne, jusqu'à six livres d'argent
dont leurs enfants auraient grand besoin ; que des domes-
tiques, la garde montée, au lieu d'aller au travail, restaient à
boire avec leurs officiers, s'enivraient et ne reparaissaient
chez leurs maîtres qu'à 10 ou il heures, qu'ils volaient ainsi
leurs maîtres ; que personne n'était exempt, cette année,
de payer les redevances aux seigneurs, que les aubergistes et
les cabare tiers étaient tenus de régler leurs comptes avec les
employés des devoirs à raison de leurs débits. ... ; enfin, je
recommandai, en finissant, aux officiers, de parler et d'agir
avec douceur, bonté et humanité envers leurs soldats : et en
i
*
260 MKSIRIC JBAN LAlNÉ
particulier aux soldats d'obéir à leurs offlciers avec la plus
grande soumission, afln que l'union, paix, concorde et intel-
ligence régnent en le dit corps de milice. Telles sont, Mes-
sieurs, mes sorties. Plusieurs membres présents ne pouvaient
s'empêcher de les approuver d'un signe de tète ; et, à l'issue
de la grand'messeetdans la soirée^ déclaraient que j'avais eu
raison de les faire* • • . Le 30 septembre, le major et le capi-
taine de la milice vinrent ici me sommer de leur nommer les
coupables que j'avais eus en vue, pour qu'ils fussent punis.
Je leur répondis que je n'étais comptable de ma conduite
qu'à Dieuet àmon évéque, et que je n'avais jamais joué le
rôle de délateur contre mes paroissiens Si vous aviez
veillé sur votre troupe, Messieurs, vous ne me feriez pas une
telle demande, à moi qui, depuis plus d'un mois, n*aipu sortir.
— Vous avez attaqué tout le corps, me dirent-ils f — Je re-
partis : Si vous eussiez assisté à notre messe dominicale, vous
n'ignoreriez pas ce que j'ai dit ; mais vous vous en rapportez
à des gens ignorants et calomniateurs qui, pour vous faire la
cour, vous ont fait des narrations bien contraires à la vérité.
Pour vous prouver que je n'ai point attaqué tout le corps^
j'ai recommandé qu'au cas où des vagabonds ou autres gens
suspects paraîtraient, il fallait venir au bourg chercher des
secours, et que si MM. les officiers étaient absents, j'irais
moi-même conduire les soldats au lieu où il serait besoin.
Concluez, Messieurs^ si j'avais attaqué tout le corps de la
milice, me garderai-je bien de paraître à sa tête Main-
tenant, Messieurs ; je me soumets à vos décisions^ seulement
vous saurez qu'un certain nombre d'officiers de la dite milice
ont refusé de signer contre leur recteur, et que depuis lors,
ils ne sont plus appelés aux assemblées, et qu'ils sont sans
doute rayés de leur grade. Fasse le ciel que mes paroissiens
(je les estime tels, quoi qu'ils fassent pour me molester)
lèvent le bandeau qui leur cache les vues de leur pasteur,
vues de concorde et d'union, qu'ils méditent la lettre du Roi
et le mandement de leur premier pasteur, qu'ils écoutent la
SON JOURNAL ET SBS NOTES 261
voix de leur conscience, ils me rendront justice et m'aide-
ront à mettre enfin le bon ordre dans ma paroisse. »
Cette défense énergique fut portée à Nantes par le domes-
tique du recteur : et, le 3 novembre, après le retour de son
fidèle commissionnaire^ M. Laine adressa au comité une
nouvelle lettre dont nous publions les extraits suivants:
« Messieurs, samedi soir, lors de l'arrivée de mon domes-
tique, qui a été heureux de vous présenter, la veille, deux
lettres pour me disculper de l'accusation portée contre moi,
je formai le projet de paraître hier devant vous, pour vous
prouver mon innocence et confondre mes calomniateurs;
mais une nouvelle loi fut promulguée ici par un officier,
vers les quatre heures et demie du soir, qui défendait, au
nom du comité, à toute personne de sortir du bourg, et de
louer des chevaux, pendant vingt-quatre heures, sans la per-
mission du major,lequel sans doute voulait dépêcher vers vous
avant que ma présente vous parvînt. Si vous jugez à propos
que je fasse le voyage de Nantes, vous me le ferez savoir.
Je ne craindrai pas, Messieurs, de vous assurer en plein
comité que, le 27 septembre, j'ai fait mon devoir et rempli
les fonctions de mon ministère — Mes paroissiens, à la
majorité, sont témoins des sorties que j'ai faites, ils s'en
souviennent bien, et assurent que je n'ai blessé que ceux
qui étaient coupables ; d'ailleurs, mes paroissiens sont actuel-
lement tous soldats, en qualité de recteur et d'aumônier, j'ai
droit de les reprendre et de les corriger de leurs fautes, de
la manière dont se sert un aumônier de régiment de troupes
réglées: j'ai le même droit que lui sans craindre vos pour-
suites. Les trois membres du comité de ce bourg, lors de
leur conférence avec vous, ont surpris et trompé votre reli-
gion, et vous ont fait un rapport infidèle des faits qui se sont
passés depuis l'origine de la garde. Non, je ne me suis em-
porté le 27 septembre, mais je ne nierai avoir élevé la voix
et avoir parlé avec véhémence et zèle. Les abus, les indécen-
ces, les injustices les cruautés commises m'y forçaient.... Le
TOME XVI — NOTICES XVl* ANNÉE, 7«-8*' UV. 19
262 MBSSIRE JBAN LAINE
bruit se répand ici que voua devez envoyer des fusiliers
pour me conduira devant vous; si vous voulez leur exempter
cette course, vous pourrez me marquer de me rendre, et aussi-
tôt j*Qbéicai le jour désigné : J'ai l*honneur... etc.. »
J. Saint-Fort Rondklou,
(A suivre), prêtre.
LES CAPUCINS DU CROISIC
PENDANT LA RÉVOLUTION
(Smle)'
SECONDE PARTIE
Sort des Religieux après l'évacuation du couvent.
CHAPITRE III. -
Déportation des rkligikux en Portugal. — Les noyades de
Carrier. — Sort des survivants lors du rétablisbeuent
DU CULTK.
Une loi du 26 août 1792 édicta dans son article 7 que
« chaque prêtre ou religieux devait demander un passe-port
pour le pays éieftngc.r choisi par lui, et si, dans un délai
de quinzaine à partir de la promulgation dans son dé-
partement, il n'avait pas franchi la frontière, il serait appré-
hendé, emprisonné et plus tard dirigé sur la Guyane *. Seuls,
les sexagénaires el les inllrmes pouvaient rester en France
où ils seraient entermés dans des prisons désignées à ce
efTelV
'Voir ta lUrkiion da mai-join ISOO.
* Lallié. op. cit.. 1. p. 119.
2d4 LES CAPUCINS DU GROISIG
Le 6 septembre, la municipalité, le district et le départe-
ment, réunis en une assemblée pléniëre, décidèrent de faire
notifler cette loi aux intéressés qui auraient un délai de vingt-
quatre heures pour prendre parti. I/a no tiflcaiion eut lieu le 7,
et, le 8, les prêtres et religieux passèrent les déclarations
exigées par la loi. Quatre-vingt-dix-sept demandèrent à être
déportés en Espagne ou en Portugal, et soixante-six sexagé-
naires ou infirmes demandèrent à rester en France.
On trouve aux archives départementales* trois procès-
verbaux des déclarations faites par les prêtres et religieux
enfermés dans les prisons. Les voici dans leurs parties qui
concernent les religieux capucins du Croisic : '
a Déclaration des prêtres, cy-devant reliKieux et autres ecclésias-
tiques non assermentés détenus au Château de Nantes, reçue par
nous Jullien Gaudin et Godebert, officiers municipaux de la com-
/inune de Nantes, commissaires nommés & cet effet par le conseil gé-
néral.
L'an mil sept cent quatre vingt douze, le IV« de la liberté et le
I**" de régalité, le huit septembre, sont comparus :
I
11. — GuâaiN, René, âgé de 80 ans, né ^ cy-dev^ Basse Bre-
tagne, capucin, désire rester. — René Ouégin Kbrmorvan.
31. — AuFFRAY, Jean, &gé de 39 ans, né à Plaintel, district de S*-
Brieux, cy-devV capucin du Croisic, désire aller en Portugal. —
Jean Auffray.
41. _ Gaudin, Pierre, âgé de 56 ans, né à S^-Brandan» district de
S* Brleux, cy-dev« capucin du Croisit, désire aller en Portugal. —
P« Gaudin.
43. — PiCH\RD, François, âgé de 24 ans, né à S^-Min district de
Montfort, cy-dev* capucin du Croisit, désire aller en Espagne. -- F.
PiCHARD.
44. _ Stevin, Pierre, âgé de 67 ans, né à Darsa (Arzal), district
de Vanne, cy-dev* capucin du Croisit, désire rester suiv' la loy. —
Pierre Stb\ten.
* Arch. dép. L. 4.
* Nom indiqnoni les numéros d*ordre des déclarations comme aux procèt-
verbaux .
3 Le nom du lieu de naissance est illisible.
PENDANT LA Wlf^VOLUTlON 265
47. — Labrbny, François Antoine, âgé de bi ans, né à Vannes,
cy-dev' capucin du Croisit (frère) désire aller en Portugal. — La-
BRBLY^
58. — Hbrtpb, Michel-François, &gé de 60 ans du E4 aoust d**" né à
Guémené^ district de Vannes, cy^ev^ capucin du Croisit, désire
rester suiv' la loy. — Michel François Hbrpb.
Il
11.^ Bbrranger, Cl^irleS} âgé de56ans»néàS^ Donatien, ci-devant
religieux capucin, déclare vouloir aller en Portugal et n'a signé dé-
clarant ne le sçavoir.
24.— Fraboulâ, Noôl-Yves, âgé de 41 ans, né à Merléac, district de
Quimper, ci devant religieux capucin, déclare vouloir aller en Portu-
gal et signe. — Fraboulet.
36.— Taïiguy. Vincent ftgé de 44 ans, né à Garnac, district d'Âuray,
ci-devant religieux capucin du Groisic, déclare vouloir aller en Por-
tugal et signe. — Vincent Tanguy.
46. — Lbgrand René, Jpi^, kgé de 67 ans, né à Rhedon, çi-devant
religicyuix capucin, déclare vouloir rester à Nantes et signe. — René-
Joseph Lbgrand.
48. — Tourbcbl Charles, âgé de 56 ans, ci-devant religieux capucin
du Groisic, déclare vouloir se rendre en Portugal et signe. — F.
Tourmbl, cap.
m
3.— Bêzard, Jacques, Louis^&gé de 51 ans, natif de Mamers ci-dev^,
capucin prôtre de la communauté du Croisic. déclare qu'il veut aller
en Portugal. — Bézard. »
Gomme on peut le voir par les déclarations ci-dessus, sur
les treize capucins renfermés dans les prisons de Nantes,
quatre demandèrent^ à cause de leur âge, à rester en France
conformément aux dispositions de la loi; les autres, sauj
^ Ce religieux avait d*abord signé de feon nom de religion : « Frère Gabriel-
Ange cap. » ; mais cette signature est raturée : elle était sans doute illégale
aux jeux des commissaires.
266 LBS CAPUCINS DU CROISIC
Richard, qui désigna l'Espagne, déclarèrent vouloir se
rendre en Portugal,
, Il peut sembler étrange qu'alors que tous les autres ecclé-
siastiques ou religieux choisirent l'Espagne comme lieu de
déportation, les capucins seuls demandèrent à être exilés en
Portugal. Nous croyons en avoir trouvé le motif.
Les capucins de la province de Bretagne possédaient jadis
un couvent à Lisbonne à cause des missions qu'ils desser-
vaient au Brésil : c'était de ce couvent que s'embarquaient
leurs missionnaires.
Le père Balthasar de Bellesme, dans le curieux manuscrit
dont nous avons déjà parlé,* classe le couvent de Lisbonne
parmi ceux de la province de Bretagne':
« Noms des missions estrangères et à quelles provinces
elles sont assignées
.... A la province de Bretagne.
.... Pernambourg au Brésil.
Ly abonne en Portugal pour le passage au Brésil. »
Il est fort probable qu'au moment de la Révolution, ce
couvent devait encore exister et, s'il ne dépendait plus de la
province de Bretagne (ce que nous ignorons), il est certain
que les capucins bretons avaient conservé avec ceux de
Lisbonne de nombreuses relations. Aussi, en demandant à
se retirer en Portugal, les religieux nantais espéraient
pouvoir dans le couvent de Lisbonne continuer à vivre selon
les règles de leur ordre.
Un document postérieur à la Révolution vient confirmer
cette hypothèse : c'est la déclaration faite en 1825 par un
capucin au commissaire de police de Nantes que « pendant
la Révolution, il était réfugié à Lisbonne... et qu'il était
venu à Nantes dans l'espoir d'y trouver un navire où il eût
pu s'embarquer pour retourner à Lisbonne où son intention
' Bibliothèque publique de Rennes, mes. n* 27b.
* W* 121 recto. — Voir aussi iichimatismus, 1893, p. 39.
PJCNDANT LA KÉVOLUTION 267
est» a-t-i! dit^ de terminer sa carrière tfan^ une communauté
de son ordre, qui a toujours été un azile pour les religieux
capucins de Vancienne province de Bretagne, »*
* Arch. dèp. V. Cultes. Persotifael, Suipècu. — L« oipQcin en <|ae8tion
ét»it l« P. Jean-Baptiftte qui appartenait au contitit de Saint-Serran au
moment de la Révolution. Voici dans quelles cireonstancés il fut amené à
faire la déclaration dont nous parlons. Cet épisode est asSe2 curieux pour
ttoover sa place dans ce trA^àil, bien qu'en dehors de notre sujet.
Ce digne religieux avait profité dé la protection que TBtat accordait \ la
religion catholique pour revenir en France et revoir son pays et sa famille
avant de mourir. Après avoir eu cette satisfaction, il s'apprêtait à retourner
en Portugal et était venu à Nantes pour y trouver un navire en partance
pour ce pays ; mais il avait fait vosu de vivre et mourir sous la robe de
bure de saint François et la vue d*nn capucin dans lés rues de Nant^f émut
le journal libéral de la ville, VAmi de la Charte. Dans son numéro du
vendredi 17 juin 1825, M. Victor Mangin fils y écrivait:
c Nous avons vu, il y a environ quinze jours, un moine de Tespèce.dite
eapucins : cet individu »e promenait dsns noé rues et sur nos quais dans
son grand costume, c'est-k-dire avec ses sandales, sa robe et son capuchon ;
il avait de plus les pieds nus et fort sales. Plusieurs personnes le regardaient
avec curiosité, d'autres avec inquiétude, et le plus grand nombre n'y faisaient
aucune attention. La curiosité était bien natuielle chez ceux qui jeunes
encore n'avaient comme moi jamais vu de capucins qu'en peinture, à moins
que cela ne soit des capucins de cartes; l'inquiétude était tout a fait dans
l'ordre, ceux qui ont assez vécu pour avoir vu les divers ordres religieux qui
pullulaient jadis en France et que Ton rétablit aujourd'hcii peu à peu malgré
les lois qui les proscrivent, ces derniers savent parfaitement que Vamour
du bien public est ce qui dirige ces hommes retirés de la société et dont le
royaume n'est pas de ce monde »
Profitant de cette occasion, le journaliste continuait en parlant de « la
fortune colossale que possèdent déjà les Trappistes de la Meilleraye, dont le
pays se passerait volontiers » ; des frères de SainWean de Dieu • qui ont
acquis tout ce qui constituait autrefois le dépôt de mendicité a Saint-
Jacques », etc.. etc.* et il concluait :
« Tournons un instant nos regards sur la malheureuse Espagne : le roi ne
peut avec les revenus de l'Btat faire face à aucune dépense ; et lit pénurie
où se trouvent ses finances a empêché même ce monarque de monter et
compléter son armée. Eh bien I au milieu de la misère publique, l^s moines
jouissent d'une fortune incommensurable et offrent à leur souverain d'ai*mer,
d'équiper, d'entretenir et de solder une armée de; quatre mille hoinmes I...I...
Ce fait, mis en perspective dans le tableau de ia France actuelle, n'est pàé
d'une maigre importance, c'est un trait qui devrait éclairer nos hommes
d'Etat si la lumière pouvait pénétrer les épaisses ténèbres dont le plébicide et
régicide jésuitisme a soin de les entourer. Fiat lux 1 »
Cet accès de rage anticléricale, occasionné par la vue d'un pstuvre càpuciii,
ne fit qu'augmenter à l'occasion d'une exposition despiroduitsde l'industrie, et
des arts du département de la Loire-Inférieure organisée par les membres les
plus influents de la Société académique. Les trappistes y prirent part : < Leè
268 LES CAPUCINS DU GR0I8IC
Tous les religieux capucins de la province de Bretagne, qui
émigrèrent en Espagne et en Portugal^ n^allèrent pas cepen-
dant au couvent de Lisbonne. Ce couvent aurait été du reste
aoacUorètes de l'abbaye de la Meilleraye oot fait déposer à la Halle divers
articles et notamment du cuir tanné.... > Aussi fAmi de la Charte demande-
t-il de plus en plus au gouvernement de faire la lumière (Voir n^* des 19,
S3 juin, H et 13 juillet 1826). Fiat lux :
lé9 Journal de Nantes et di Ijl Loire^ Inférieure s'efforça de calmer son
confcèce et dans son numéro du mercredi 22 juin 1825 il s'exprime ainsi à.
propos de notre capucin :
« No'is allons t&cher de le tranquilliser, et si nous ne parvenons pas à oal-
mt^r les inquiétudes de son es;)rit fantastique, nous tâcherons du moins, en
substituant Triistorique au romantique, d'empêcher que sa peur ne devienne
contagieuse, et ne trouble aussi Timagination et les yeux de ceux qui ponr^
raient regarder son portrait, sans songer aux capucins de cartes, dont il
nous a entretenus l'autre jour.
» Mais que parlons-nous de capucins de cartes ?... Il s'agit d'un vrai capucin
qui a parcouru les rues de Nantes : il avait une longue barbe, une robe à
capachon, des sandales et les pie.ls fort sales !
B Sans doute, en voilà bien assez pour effrayer les petits enfants qui. comme
M. V. M., n'ont vu jusqu'ici que des capucins de cartes.
» Mais que notre ami se rassure ; j'ai pris dès informations : ce vilain
capucin appartient à un couvent de Lisbonne: il n'a fait que passer dans
cette cité, et nous ferons smlement à nos magistrats le reproche d'avoir
étendu les lois de l'hospitalité. au point de perm<^ttre qu'il se présent&ti Nantes,
sans couper sa barbe, sans prendre dss souliers et sans jeter son froc aux
orties. »
Cet article ne contenta pas VAmi de la Cfiarte qui continua sa campa^rne.
On finit pars'émouvoir en haut lieu et^ par lettre confidentielle du 3 novembre,
le ministre de l'intérieur demandait au préfet c des renseignements au sujet
des assertions contenues dans le journal libéral de Nantes, intitulé VAmi de
la Charte . I^sur l'apparition k Nantes d'un capucin ;2* sur la reconstruction
de nombreux monastères dans le département de la Loire-Inférieure ». Le
préfet fit faire une enquête et voici la lettre que lui écrivit le commissaire
de police èi propos de notre capucin :
c Nantes le ^ novembre 182&. — M. le préfet, — J'ai l'honneur de vous
informer que le capucin signalé dans le journal dit L'Arnt de laCharte le 17
juin dernier était arrivé à Nantes dans les premiers jours de ce dit mois, il
y est resté dix jours et logeait à l'Hôtel-Oieu chez M. Dagorne, aumônier
honorpire de cet hôtel, son ami, et avec lequel il a fait ses études à Dinan,
département des Côtes-du-Nord ; ce religieux est français ; il se nomme Hervé
&gé de 72 ans, natif de Dinan ; il résidait avant la Révolution à Saint-Servan,
(lile-et-Vilaine) dans le couvent de l'ordre des capucins sous le nom de R. P.
Jean-Baptiste ; penr'ant la Révolution, il était réfugié à Lisbonne et n'est
rentré en France que après quelques années ; il demeure chez M^^* Hervé, sa
sœur, propriétaire à Languenan (Côtes-du-Nord) ; il était venu à Nantes dans
l'espoir d'y trouver un navire où il eût pu s'embarquer pour retourner à
Lisbonne où son intention est, a-t-il dit, de terminer sa carrière dans une
PRNDANT LA RÉVOLUTION 269
trop petit pour les contenir tous. Nous savons en effet que
beaucoup se réfugièrent soit chez des particuliers, soit dans
des couvents d'hommes appartenant à d'autres ordres*. Mais
nous pouvons bien supposer que le couvent de Lisbonne en
reçut un grand nombre.
Le 10 septembre, à 5 heures du matin, il fut procédé à l'ap-
pel des prisonniers qui devaient être déportés et à la distribu-
tion de leurs passe-ports. Le soir a au soleil couchant '>, deux
bateaux les emmenèrent vers PaimbœuP. Par ordre de l'ad-
ministration les capucins avaient dû quitter leur costume et
couper leur barbe. La descente de la Loire fut longue et pé-
nible' et ce fut le 13 au soir seulement que les malheureux
prêtres et religieux arrivèrent à Paimbœuf, où ils furent
embarqués sur les navires qui devaient les conduire «n exil.
Le lendemain, le chasse-msirée Le Télé maque qmlisLii le port,
emportant vers l'Espagne trent-huit prêtres ou religieux
dont les neuf capucins qui avaient déclaré vouloir être dé-
portés en Portugal*. En passant, ils purent sans doute aper-
cevoir au loin dans la brume les clochers de Balzet du Croi-
sic qui leur rappelaient le dernier couvent oii ils avaient
mené la vie religieuse !
cominanauté de son ordre, qui a toujours été ua azile pour les religieux
capucins de Tancienne province de Bretagne.
«On m'aaussi assuré, Monsieur le préfet, que, pendant son séjour h. Nantes,
on lui a offert la place d'aumônier du Sanitat qu'il a refusé, en donnant pour
excase qu'il ne renoncerait jamais k quitter ses habits religieux,
« Je suis, avec profond respect, monsieur le préfet, votre très humble et très
obéissant serviteur.' — Bouybr, comi"' de police »
Le méine jour, (T novembrd, le préfet, dans une lettre confidentielle :
envoyait ces renseignements au ministère de l'intérieur, division de la police.
En ce qui concerne les congrégations, il traitait les articles de VAmi de la
Charte de racontars fantaisistes et donnait ces renseignements précis sur les
eervices que rendaient les congrégations établies à Nantes. (Voir ces pièces :
Arch. dép. V. Cultes. Personnel, Suspects).
* Voir notamment pour les capucins du Finistère :abbé Pevron, Dtj^ments
pour servir à l'histoire du clergé et des communautés religieuses dans le
Finistère pendant la Révolution^ II, pp. 247, 2&0 et 2!)i.
' I^Uié. Les Neyades de Nantet, p. ïl\ ,
* Voix dans Lallié, op. cit.^ I, p. 302, le rapport de cette expédition.
* C'étaient Aufiray,Béranger,Bézard, Pi aboulet, Gaudin, Labrely. Pichard,
Tanguy et Tourmel. Voir Arch. dép. L., i.
270 LES CAPUCINS DU CROISIC
Le 20, ils débarquèrent à Bilbao.
Deux autres capucins, qui ne figurent pas sur la liste des
ecclésiastiques détenus, les pères Ambroise du Croisic(MarotJ
et Fortuné d'Ancenis f Vénard), se firent délivrer le 14 sep-
tembre 1792 des passe- ports pour Saint- Sébastien par le
navire La Ville rff Nantes qui partit le lendemain*.
Nous n'avons pu jusqu'à présent recueillir aucun rensei-
gnement particulier sur le séjour de nos religieux en Portu-
gal ou en Espagne. Qu'ils furent accueillis par des religieux
de leur ordre ou d'un ordre différent ou môme par des laïcs,
ils n'est pas douteux que partout ils rencontrèrent la même
bienveillance et le même dévoûment. Beaucoup d'auteurs
ont rapporté les touchants témoignages d'estime que reçurent
àTétranger les prêtres français que la Révolution chassait en
foule de leur malheureuse patrie: il nous est donc inutile
d'insister sur des généralités qui sont connues du lecteur.
Pendant que leurs confrères plus jeunes prenaient le
chemin de l'exil, les quatre capucins sexagénaires* étaient,
* LaUié, op. cil. y II, V^* Marot ei Vénard. Voir aussi la c liste des prêtres
insermentés qui ont obtenu des passeports » dressée le 8 Prairial an iU
d'après les pièces déposées au secrétariat du greûe de la municipalité de Nantes.
Arch. dép. L. 3.
> C'étaient Guéguen de Kermorvan, Herpe, Legrand et Steven. Nous n'avons
aucun renseignement sur un certain père Jerosme^ capucin, qui y fut en-
fermé le 10 décembre (LaUié. op. cit.. I, p. 339) : ce doit être U môme que
« Jean Pelé capucin arpenteur embarqué le 7 janvier !793 » (Arch. dép.
L 4) et qui avait obtenu un passe-port pour Lisbonne le 6 décembre 1792
(Lallié, op. cit., II, p 301. Voir aussi : P. Flavien Statistique, p. îl). Jérôme
devait être son nom de religion, Jean-Baptiste son prénom et Pelé son nom
de famille. En 1785, il y avait au couvent de la Fosse un père Jérôme de
Mayenne fort mêlé aux difÛcuhés qu'il y eut à cette époque entre ce couvent
et Graslin. Voici dans quels teimes celui-ci sVxprime sut* le compte de ce
capucin dans une lettre à rinlendaht endatedu 'i7 novembre 1785 (Arch, dép.
C. 336) : « Ce grand moine si parleur, si grossier et si content de sa capacité
qu'on appelle le père Gérômey est un véritable énergumène.... Ne pourriez,
vous pas, Monsieur, demander au ministre un ordre pour que ce père Gérâme^
prédicateur à la cathédraie de liantes, aoii envoyé dans une antre province?..*
L'éloignement de ce prédicateur, qui est atrabilaire Jusqu'au délire, disposera
peut-être les autres et le père gardien lui-même, qui n'est pas un méchaat
homme» à entendre raison » D'autre part, dans une lettre à l'intendant
en date du 18 décembre 1785 (Arch. dép. ibidem), les capucins s'expriment
PfSNDANT LA HÉVOLUTION 271
dès le 10 septembre, transférés avec soixante-deux autres
ecclésiastiques, du Château aux Carmélites'. Leur détention
dans ce couvent fut encore plus pénible qu'au Château : il
n'y avait aucune infirmerie, bien que tous fussent vieux et
infirmes ; tous les objets du culte leur furentrelirés et ils ne
purent malgré leurs réclamations célébrer la messe, si ce
n'est en cachette avec des calices délain : toute communica-
tion avec le dehors leur était interdile et c'était à granti'
peine qu'ils parvenaient à se faire payer les vingt-cinq sous
que chacun devait toucher chaque jour pour sa nourriture.
Nous renvoyons à l'ouvrage si complet de M. Lallié le lec-
teur qui voudrait avoir des détails sur ce point*.
Ce fut aux Carmélites que la mort vint délivrer de ses souf-
frances le père Dosithée de Guémené (Herpe). Le vénérable
religieux mourut le 5 mai 1793. Voici son acte de décès, tel
qu'il est inscrit sur les registres de l'état-civil de Nantes' : .
« Michel François Herpe, ex-religieux, cy-devant capucin, trouvé
noyé dans le puit des cy-devant carmélites de Nantes.
« Le cinq mai mil sept cent» quatre-vingt-treize. Tan second de
la république française, à midy, moi Henry Soulastre, membre du
conseil général de la commune de Nantes, département de la Loire-
Inffrieure, élu pour constater l'état civil des citoyens, j'ai transcrit
litéralement le procès-verbal dont la teneur suit :
« L'an mil sept cent quatre vingt treize. Tan second de la répu-
blique française, ce jour cinq mai huit heures du matin .
€ Devant nous, Joseph Aimé Debourgues, juge de paix, du troisième
ainsi: ... « Il ne nous restait qu'une seule voie, celle de trouver parmi nous
un religieux en état de retrouver les délornemens et les justes mesures du
terrain de notre clôture cédé pour la confection de la ri'ie et des autres objets
inhérans. Ce même religieux a levé les plans actuels de M. Qraslin dans
toutes leurs dimensions et les a rapprochés le plus qu'il lui a été possible
delà vérité... ». Ce religieux ne serait-il pas le capucin auquel la municipa-
lité donnait encore en 1792 la qualité d'arpenteur qui étonne au premier
moment ?
« Lallié, op. cit., I. p. 331
> Voir Lallié, op. cit. I. p. 340 et suivantes.
» Arch. comm. de Nantes. Etat civil. Actes de décès. Registre de la section
de Saint-Pierre et do Saint-André, plus tard de Marat et des Sans-culottts
f* \\> verso.
272 T.RS CAPUCINS DU CROISIC
canton de la ville de Nantes, en cette qualité officier de police de
sûreté, ayant avec nous a déffaut de greffier de cette police le citoien
Jean Baptiste Auguste Herbert, greffier de notre justice de paix.
Bst comparu le citoien André Fresneau dit Dufresne, concierge de
la maison des cy-devant carmélites de cette ville, lequel a dit: Il a
apprid ce matin, que dans la nuit dernière, le nommé Michel Fran-
çois Herpe, ex-religieux capucin^ l'un des ecclésiastiques détenus
en cette maison comme non assermentés s'étoit précipité dans le puit
de ladite maison, où il s étoit noie, qu'il a aussitôt vérifié le fait,
et a fait retirer de ce puit le cadavre dudit Herpe et qu'il requiert
notre transport en ladite maison, pour y faire le lief de ce cadavre
et a signé. — A. Fresneau Dufrbsnis.
Duquel réquisitoire, nous, juge de paix susdit, avons décerné
acte; en conséquence, de compagnie du requérant et de notre
greffier, nous nous sommés transportés à ladite maison oii étant
rendu au bord du puit d^icelle, nous y avons apperçu un cadavre,
vôtu dans les habits de capucin, que ledit Dufï*esne nous a déclaré
être celui dont il s^agit et pour en faire la visite, nous avons mandé
le citoyen Allain Bisson, chirurgien en cette ville, y demeurant
Basse rue du ch&teau, paroisse de Saint Pierre, lequel étant venu,
nous lui avons annoncé le sujet de sa commission et avons pris son
serment de s*y bien et fidèlement comporter, ce qu*il a promis et
juré la main droite levée Ledit Bisson ayant ensuite procédé à la
visite dudit cadavre, nous a rapporté qu'il n'y voioit d autre cause de
mort que l'immersion. C'est son rapport qu'il a affirmé véritable et
a signé : Bisson.
De tout quoi nous avons rapporté le présent procès-ver\)al pour
valoir et servir ce que de raison. Arrêté sous seing dudit Fresneau,
celui dudit greffier et le nôtre. Ainsi signé : A. Fresneau Dufrbsnb,
Herbert et Debourgue. — Soulaste. »
Delà lecture de ce procès-verbal, il semblerait résulter
qu'Herpe se noya volontairement en se précipitant dans le
puits Nous ne pouvons cependant l'admettre : car il n'est pas
vraisemblable qu'un religieux qui supportait avec tant de
patience et de résignation toute sorte de souffrances, ait
voulu, à moins de folie, y mettre fin par un suicide. Il vaut
mieux supposer qu'il y tomba par accident : peut-être aussi
quelque bon patriote, précurseur de Carrier, Taida-t-il à s'y
PENDANT LA RÉVOLUTION 273
précipiter*. Cette mort « par immersion » devait être un triste
présage pour ses codétenus ?
Cependant, Tadministration eut besoin de Tancien couvent
de Carmélites pour y loger des soldats que les événements
de la Vendée amenaient à Nantes. Aussi, dans la nuit du 5
au 6 juillet, les prêtres et religieux furent-ils conduits sur la
Thérèse, navire qui était en rade, au devant de la Sécherie :
On ne leur laissa pas môme le temps d'emporter leurs eiïets
privatifs et ceux que plusieurs habitants de la ville leur
avaient prêtés. Quand ils les réclamèrent, ils apprirent que
les canonniers logés aux Carmélites les avaient volés et mis
en pièces 1 Le 7 juillet, des commissaires vinrent à leur tour
les dépouiller de quelques vases sacrés en étain et de
quelques vieux ornements qu'ils avaient cachés pour pouvoir
célébrer la messes Les malheureux étaient i^W^meni entassés
dans ce navire que, par la grande chaleur, il s'en exhalait des
a miasmes putrides et pestilentielles ». Aussi, dans un inté-
rêt d'hygiène publique, leur transfert à Tancien couvent des
Capucins de TErmitage, fut-il décidé : le 19 juillet, quinze des
plus vieux et des plus malades y furent conduits : les autres
allèrent les y rejoindre le 7 août.
Seul des trois capucins qui étaient encore détenus, Guéguen
de Kermorvan alla sur la Thérèse^ et nous supposons qu'il
fut, à cause de son grand âge (il avait plus de quatre-vingts
ans), transféré aux Petits-Capucins, dès le 19 juillet. Quant
à Legrand et Steven. ils restèrent aux Carmélites sans doute
pour cause de maladie. Leur présence au milieu des soldats
épouvanta un membre de la municipalité. « Il y a, aux Car-
mélites, dit^il à la séance du 26 juillet, un prêtre etdeux capu-
cins qui tiennent les propos les plus inciviques aux soldats
1 Cest donc à tort que Cahour (Essai de statistique du clergé nantais
tant séculier que régulier à Vépoque de la Révolution française^ p. 49) et
Tresvaax (Histoire de la persécution révolutionnaire en Bretagne, nouvelle
édition, U, p. &28) porte Herpe sur la liste des prêtres noyés dans la Loire
par ordre de Carrier. 11 mourut bien noyé, mais dans le puits des Carmélites.
> Lallié, op. cit.. 1. p 319 et s.
274 LB8 CAPUCINS DU CROISIC
casernes dans cette maison^ » N*étaieni-ce pas plutôt les
oreilles des pauvres religieux qui étaient scandalisées par les
propos blasphématoires des soldats ? Quoi qu'il en soit, dès
le lendemain, le commissaire de police se présenta aux Car-
mélites pour en faire sortir le prêtre et les deux capucins. Il
arriva trop tard pour le prêtre qui venait de s'évader : il dut
se contenter des deux religieux quMl conduisit aux Petits
Capucins.
Ce dut être pour nos trois capucins, au milieu de leurs
soulTrances, une grande consolation de se trouver dans un
ancien couvent de leur ordre. Peut-être même purent-ils jouir
de l'ancienne chapelle pour y dire la messe ou y prier: d'après
un procès-verbal du 18 pluviôse an II (ô février 1794), en
elTel, les ornements, vases sacrés et différents, objets du culte
n'en furent enlevés qu'à cette dernière date*. La situation des
détenus était cependant des plus tristes. Entassés au nombre
de plus de quatre-vingt-dix dans cette maison pouvant conte-
nir dix religieux', ils occupaient les greniers et les corridors,
mal vêtus, mourant presque de faim avec les^ingt-cinq sous
qui leur étaient alloués chaque jour et ne pouvaient suffire à
leur entretien*. Malgré « l'air chargé de vapeurs gazeuses et
méphitiques >» ils préféraient encore le séjour dans cette
« maison angustiée », dans ces a cellules étroites et basses
d'étage » à celui des navires sur la Loire. Mais le comité révo-
lutionnaire ne faisait aucun cas de leurs préférences et, par
son ordre, le 7 brumaire an II (28 octobre 1793J, ils étaient
transférés à bord de la Gloire^. C'était la dernière étape de leur
long et douloureux martyre. Vingt jours après, daus la nuit
' Lallié, op. cit., I. p. SG6. Voir aassi le même. Les noyades de Nantes
p. 143. C'est à tort que M. Lallié les appelle « les jieres Stevea et Legrand » ;
car c'étaient deux frères lais.
> P. Flavien de Blois. Les cavucins de VErmitage de Nantes.^ p 103 et «.
* P. Flarîen eod, op. p. 94 et Procès-verbal de la municipiilité de Nantes
Hn 4 mai 1790. ibidem.
♦ Lallié, op. cit.. i. p. 3^7 et s.
» I^Uié, op. cit.. 1. p. 372.
PBNDANT LA BéVOLUTION 275
du 26 au 27 Brumaire fl617 novembre), nuit qui suivit la fêle
de la déesse Raison présidée par Minée lui-môme, ils étaient
transférés sur une sapine qui était coulée bas dans la Loire,
conformément aux instructions de Carrier*.
Nos trois capucins étaient parmi les victimes du farouche
représentant*. Leurs corps furent emportés par le courant du
fleuve ; trois jours après, un lieutenant des douanes trouva
surle rivage trois cadavres, dont celui d*un capucin. Voici en
efret, le procès-verbal qui se trouve dans les registres de
l'état civil de la commune de ChantenayV
« Trois prostré noyé.
« Aiyourd'huy 19"' novembre 1793, la i^"" de la République Fran-
çoise, a été inhumé les corps des trois hommes mencionné dans le
procès verbal cy-après :
«« Le 29 primaire (xic) de Tan deux •■"• de la République Françoise,
devant nous,Josepb Mocquard Juge de paix du canton de Chantenay,
S* Herblain et Indre, district de Nantes, sur la réquisition qui
m'a été faite par le citoyen Favrot, lieutenant des douanne de la
République établie à Rochemorice, paroisse de Chantenay, le-
quel nous a dit qu'étant à faire ses observations ordinaire sur les
bord du rivage, il auroit apperssu trois cadavres flotant sur leaux
scavoir deux sur le pré la Maronnière, paroisse de S^ Herblain et
l'autre et la queue de Tisle Pabise dudit Chantenay et a consseillé
de venir nous en donner le présant avis et a signé sa présante dé-
claration. — Favrot.
Sur quoi, nous juge de paix sus dit, accompagné de Jean Gouy
assesseur ayant fait appeler Julien Jeannay, oS*** municipal de la
paroisse de Chantenay et André Garaux notable, nous nous serions
transporté tous de compaignie sur les lieux où nous avons trouvé
les cadavres en question et après les avoir examiné, nous avons re-
marqué qu'il y en a un costumé de capucin ayant la robe et cordon,
âgé d'environ soixante et quinze ans et autre à son costé ayant aussy
' Lallié, op. cit., 1. p. 383 et 8. et Les Noyades de Nantes, p. 145 et s.
* Ce ne furent pas les seuls martyrs franciscains de la période révolation-
naire. La liste en e^t longue et Ton peut consulter sur ce point : P. Edouard
d'Alençon, Esshi de Martyrologe de Vordre des Frères Mineurs pendant la
Récolution française.
* Archives communales de Chantenay-sur-Loire. Registre des décès, aqnée
1713, {• 7 verso, n*. 5«. — Noua conservons Torthographe.
276 LES CAPUCINS DU GROISIC
costnmé de prostré &gé d'environ cinquante ans et l'autre costumé
aussy de prestre qui nous a paru avoir le poignet croche de la main
droite, et dont ladite main nous a paru périe, les deux derniers à
chacun d'eux une mauvaise veste culotte et bas noirs. Après les
avoir examinés entre nous, n'ayant point de chirurgien, n'avons con-
nu aucun coup ny blessure qui peut leur avoir occasionné la mort ;
n^étant vei^u personne réclamer les dits cadavres, nous les avons
délaissé à Claude Alain qui est nomé pour ramassé les cadavres
noyés qui son est chargés pour les faire transporter aux lieux où
on dépose ordinairement les cadavre noyés pour y rester jusqu'à ce
qu'il en soit autremant ordonez,et le dit Garaux a déclaré ne scavoir
signer. De tous quoi nous ayons fait et dressé le présent procès
verbal que nous avons signé.
Mocquard, juge de paix, Jeaunay oIT*' municipal, Jean Gouy asse-
seur, Jean Bretonnière. assesseur.
Vérification faite sur les lieux de tout quoi nous avons dressé le
présant acte de décès sur les registres à ce destinés sous notre seing.
Louis ViAUD, oft*' public. >»
Le môme jour, Piton, curé constitutionnel de Chantenay,
leur donna la sépulture. « Ont été inhumés, lisons-nous sur
le registre paroissial à ia date du i9 novembre*, les cadavres
d'un noyé, vôtu en capucin, qui a paru âgé de 75 ans, et de
deux autres noyés qui ont paru être deux prêtres, vêtus de
vestes, culottes et bas noirs, Tun âgé à peu près de 50 ans,
Tautre ayant le poignet de la main droite croche ; ladite main
semblait périe. »
Ce noyé, vêtu en capucin, devait être très probablement
le père Charles de Locronan (Guéguen de Kermovan), âgé
de quatre vingts-ans*. Les corps de ses deux confrères ne
furent pas retrouvés*. Gomme on le voit dans Pacte de décès
de Guéguen de Kermorvan et dans celui de Herpe, les capucins
^ D*aprè8 M. Lallié, op. cil,, l. p. 39b,
* C'est Topioion de M. Lailié, 1. p. 395 et 11. p. 160. Voir Guéguen de Kermor-
Tan. Legrand et Steven n'avaient en effet que soixante-huit ans, étant nés.
le premier le 26 août 172& et le second le 18 septembre 1725.
* Du moins nous n'aTons trouvé aucun acte constatant leur décès aux
archives des communes df Chantenay. Indre, Rexé et Bougiienaiii.
PttNDANT LA HÉVOLUTION 211
qui ne furent pas déportés purent conserver jusqu'à leur
mort leur costume religieux.
Que devinrent les pères Hyacinthe de Quimper (Salon),
Ignace de Quimperlé, Julien de Quintin (Provost), Clément
de Saint-Brieuc (Le Prévost), Marc d'Auray (Burguen), Jean-
Chrysostome de Corlay fGuyomartj, Paterne de Pontivy
(Le Lagadec) et Raphaël de Plaintel (Lebreton) qui ne sont
pas mentionnés dans les listes des ecclésiastiques déportés
ou emprisonnés ? Nous l'ignorons, et jusqu'à ce moment
nous n'avons pu trouver aucun document les concernant.
D'après M. Lallié*, ^^ un registre spécial delà municipalité de
Nantes mentionne la délivrance, à des prêtres, de deux-cent-
quatre-vingt-quinze passeports, du 26 avril au 26 décembre
1792 ». li est fort problable que nous eussions trouvé dans ce
registre des détails intéressants sur le sort des religieux que
nous venons de citer ; malheureusement, malgré toutes nos
recherches aux archives communales, nous n'avons pu mettre
la main sur cette pièce importante.
M. l'abbé Cahour* indique les Pères Clément et Jean-Chry-
sostome , comme ayant été emprisonnés et déportés en
Espagne ; mais aucune pièce ne nous a jusqu'à présent con**
Armé cette affirmation. Dans tous les cas, les capucins men-
tionnés ci-dessus figurent touS; sauf le père Ignace, dans une
liste non datée « des prêtres non sermentés qui se sont enfuis
du chef-lieu du département^ ». Il est donc probable qu'ils
purent ainsi éviter les recherches de la police et échapper à
la prison, à la déportation ou à la mort.
Quand le Directoire du département fit dresser la liste des
ecclésiastiques sujets à la déportation, tous y furent égale-
ment compris, sauf les père Ignace de Quimperlé et Hyacinthe
de Quimper.
* Op. cii., 1. p. m
* Essai de statutique du clergé nantais pendant la Révolution françaiset
p. 9&
* Arcb. dép. L 4.
TOME XVl. — NOTICES. XVI* ANNÉK, 7»-8« LIV. 20.
278 LES CAPUCINS DU GR0181C
Voici au reste cette liste en ce qui concerne nos capucins* :
« Liste des ecclésiastiques du département de Loire- Inférieure
sujets à la déportation ou à la réclusion en vertu de la loi du
:iGaoût 1792.
Formée daprès l'article 2 de l'arrêté du département du 9 bru-
ihaire an IV pour l'exécution de la loi du 3 dudit mois de brumaire.
Auffray (Jean), dit Joseph de Saint Brieucy ex-ch^uc\n.
Bèzard, dit Alexis de Alamers^ ci-devant capucin
Boiseriez^ (Matthieu), dit Séraphin de Brest, ci-devant capucin.
Burguin (Fidèle), dit frère Marc, ci-devant capucin.
Bèranger (Charles-François), frère lai, dit frère François^ ci-devant
capucin.
Fraùoulel.
6raw^ m' (Pierre;, dit frère Augustin, capucin.
Guyomart^ dit J^an Chrysostome, ci-devant capucin.
Leprévôt (Maurille), dit Clément de Saint- Brieiic, ci-devant capucin.
Labrely (François-Antoine), dit Gabriel" Ange, ex-capucin.
Leseven^ ci-devant capucin.
Lelagadec (Yves-Joseph-Marie), ci-devant capucin.
Lebreton (Brieuc-Yves), dit Raphaël, ex-capucin.
Marai (Pierre), dit Ambroise, ci-devant capucin.
Richard (François;, dit Norbi^rt, ci-devant capucin.
Provôt (Pierre) dit père Julien, ci-devant capucin.
Renard^ (Grégoire), dit Fortuné d*Ancenis.
Richard^, ci-devant capucin ,
i2eau7.( Guillaume), ci-devant capucin.
* Arch. dép. L. 3 et 5. 11 existe plusieurs exemplaires imprimés de cetta
liste dans ces deux liasses.
» C'est Boisnter qu'il faut lire.
* C'est Gaudia qu'il faut lire.
* Ce doit être Ster^/i. i
* C'est Vénard qu*il faut lire.
* C'est sans doute le pèce Pacifique, celui qui avait précédé le père .Julien
à Rouans.
' C'est Hiou qu'il faut lire.
l^ifiNDANT LA HÉVOLUTIUN 279
Hiucke, dit frère François, ci-Jevant capucin.
Steven^ (Pierre), ci-devant capucin, dit frère Didace.
Tan^/uy (Vincent , dit Simèon, ci-devant capucin ".
Que devinrent nos religieux après la Révolution lors du réta-
blissement du culte eu France? Nous l'ignorons. Certains
durent rester en Portugal comme ce père Jean-Baptiste dont
nous avons déjà raconlé les aventures* : d'autres durent
rentrer en France et devenir membres du clergé concorda-
taires, suivant en cela l'exemple de leur ancien provincial,
le père Victorin de Rennes, dans le monde Pierre Jean
Quéré, qui, revenu de Texil, devint vicaire à Sainte-Croix de
Nantes et mourut le 18 mars 1820 à Tàge de 72 ans curé de
Sainte-Marie de la Chézine (^aujourd'hui Notre-dame-de-Bon-
Port)."* Mais aucun d'eux ne figure sur la liste dos prêtres con-
cordataires du diocèse de Nantes*. Les seuls anciens capucins
que nous y trouvons en outre du père Victorin, sont deux re-
ligieux du couvent de la Fosse qui avaient adhéré à la consti-
tution civile et occupé des postes dans le clergé constitutionnel''.
^ Le rddactaur de cetie liste a oublié que depuis longtemps ce religieux
était mort noyé.
2 Voir, supra, ea note, vers le commencement du chapitre.
> Lallié. op cit., 11. p. 324, V* Quéré. Ce fut en 1817 qu'il fut nommé curé
de Notre-Dame (Dd Kersauson, Etat séculaire du clergé dans le diocèêe de
Ayantes, p. 223 et Abd). Cet auteur ne le mentionne pas parmi les vicaires de
Sainte-Croix {Eod. op. p. 430) : M. Tabbé Grégoire {Le rétablissement du culte
darii le diocèse de Nantes après la Révolution, p. 97.) l'omet également sur
la liste du c'ergé lors de la réorganisation de 18U3).
^ Abbé Grégoire, op. cit., p. 95 et suivantes.
* Le premier estle père Marc de Janzé. dans le monde Blandin, Jean-Fierre:
Après sa sortie du cloître, il devint vicaire à Vertou, fut élu. le il février 1791 »
curé de Gbeix (Arcli. dép. L 3): eu 17'.)3, il se rét'ugia à. Nantes où il obtint
un certificat de ciTisme, prêta tous les serments ei vécut à Saini-Jean-de-Boi-
seau (Arcb. dép. L 246). Au Concordat, il fut nommé curé de Sdiint-Brevin
(Grégoire, op. cit., p. lii)^); il n'exerça pas biea longtemps cette fonction,
puisqu'il mourut le t*'' vendémiaire an Xlll,23 septembre 1804 (Lallié, op. cit.,
h. p. 38, V« Blandin, et de Kersauson, op. cit., p. 28.)
Le second est le père Cypri.^n de Vannes, dans le monde Quennec, Jean-
Marie. E^bvoyé dès le début de 1701 avec le père Aimé de Saint- Malo pour
desservir la paroisse de Sautron, il en devint curé à la mort de celui-ci le
280 LKS CAPUCINS OU GK0181G PENDANT LA^RBVOLUTION
Nous ignorons également s'ils exercèrent des fonctions dans
leurs diocèses d'origine.
29 novembre 179:;. Les réiruci^ires lui firent une forte opposition ; et l«s 11
mars 1703 et jouira suivants, lei brigands piWèr en i son presbytère. Dans la
liote des objets lui appartenant qui furent Tolés ou détruits il ne manque pas
de mentionner « une grande et petite avouiliette. y joint un slambique, le
tout en fer blanc, différents ingi'édients propres à faire de la liqueur, de
rélixirde vie et une fiole d'odeur, deux prises de poudre d*iroe » (Arch. d^p.
L 192). Pour augmenter son casuel, ce capucin défroqué devint'il à ses
moments perdus fabricant de liqueurs et de parfums? 11 prêta tous les
serments et se retira à (Jhantenay où il exerça les fonctions de commissaire
du directoire exécutif près l'administration municipale (Arch. dép. L V46
et Lallié, op. cit. 11 p. 324, Y» Quennec) Bien qu'il eut accepté une mission de
Carrier, il devint vicaire à Saiot-Brevin (Grégoire, op. cit., p 1 5), puis curé
en 1804 ('Kersau son op. cit./ p. 223 et 388) ou 1806 (Lallié, /oc. ctf;. 11 se
retira du ministère en 1823 et mourut le 15 décembre 1825.
(A suivre) H. Glotin.
PRRUVES DE NOBLESSE
DEMOISELLES DU POITOU
Reçues dans la MaisoQ Royale de Saint-Lonis
A SAINT-CYR
DE 1G86 A 1793
Extraites des Manuscrits, eomereés à Paris, à ta liiltththfqae
Sationale el publiées avec dta notes.
Par i.e Vicomte Pai l m: CHABOT
{.S,r //?').
CHASTEIGNER'.
Preuves delà iiohlesse Je liemni-ielle Mahiv>Cha»[.otte Ciias-
TEir.NËR, agréée par le lioi, pour élre ailniiie au numbre des fillet
demoiselles que Sa Majesté fa'tl élerer dans h mnhoit royale de
Saint-Louis, fondée. A Sainf-Ct/r, dart-i li- pan- de Versnillen;
J,,i„ (73«.
Armes : '/'"/■, à an lion pn'manl de ainnple, langue de gueules*.
Premier degré : l'RonirsANTK
Anne-Marte-Charlotte C ^asteigner. i 74l>.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Cybard de la ville de Poitiers, portant qu' Anne-Mari e-Char-
> Voir la fucicalc <!• mai-iuln 1300.
' Hihi. .V.i(. Oab. dts Titres, vol. 309, p, 76.
' DÔr. & an lion painnl de sinopte. armé ri l»i»p»*ié de gnenlt». ifi -P.)
2S*J PRKi:VKS DK NOIU.KSSI",
lotte, fille de messire Bonaventure-René Chasteigner, éc',
sgr. de Tennessue et de dame Anne-Marie Chambellain, sa
■
femme, ondoyée le 17 août 1746, reçut le supplément des cé-
rémonies du baptême le 18 avril 1747. Cet extrait signé :
Hei.layer curé de ladite paroisse et légalisé.
Deuxième (ler/ré : pkre et mèrk.
Bonaventure-René Chasteigner^ sgr. de Tennessue, Ma-
rie-Anne Chambellain*, sa femme, 1745.
Contrat de mariage de messire Bonaventure-René Chas-
teigner, chevau-léger de la garde ordinaire du Roi, fils de
messire Jean Chasteigner, chev., sgr. de Tennessue. et de
dame Catherine Charrault sa veuve, accordé, le 26 janvier
1745, avec demoiselle Marie-Anne Chambellain, fille de
messire François Chambellain, éc% sgr. du Lizon, chevalier
de l'Ordre militaire de Saint-Louis, capitaine de cavalerie, au
régiment de Beuvron, et de dame Louise Brun. Ce contrat,
passé par devantMoreau et du Chastenier. notaires à Poitiers.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse d'Amail-
lou, au Bas-Poitou, portant que Bonaventure-René, fils de
messire Jean Chasteigner, sgr de Tennessue, et de dame Ca-
therine Charrault sa femme, fut baptisé le 8 mai 1712. Cet ex-
trait signé : Le Borgne, prieur curé d'Amaillou, et légalisé.
Troisième decfré : aïeul et aïeule.
Jean Chasteigner, sgr de Tennessue ; Catherine Charrault,
sa femme, 1710.
Contrat de mariage de messire Jean Chasteigner', chev.,
* Chambellain : d'azur, à une branche de trois lis d'argent naissante de
la pointe de Vécu, un soleil d*or en chef. (B.-F.)
' Jean Chasteigner, sgr, de Tennessue, la Blouère, Saint-Juire, etc.,
commanda un escadron des gentilshommes de la province du Poitou,
en 1702, suivant un certificat du marquis de Vérac, lieutenant-général,
pour le Roi, en cette province. Il épousa : 1° Louise-Françoise Regnault:
2" ie 23 avril 688, Gabrrelle Guischard, fille de Jacob, chev., sgr d'Or-
feuille et de feue Gabrielle Chasteigner ; 3° par contrat du 21 février J710,
Cathorino Charrault. (B.-/^
DRK'nRMOlSETJ.KS DU. POITOU ^^'^»
9
sgr de Tennessue, veuf en dernières noces de dame Gabrielle
Guischard, accordé le 21 février 1710, avec demoiselle Catherine
Charrault. Ce contrat, passé devant Coyreau, notaire, à Par-
thenav.
Contrat de mariage de haut et puissant messire Jean Chas-
teigner, chev., sgr de Tennessue, la Blouère, etc., fils aîné
de haut et puissant messire Nicolas Chasteigner chev., sgr.
de Tennessue et de dame Marie Jaillard, accordé, le 15 mai
1688, avec demoiselle Gabrielle Guischard, fille de haut et
puissant messire Jacob Guischard, chev., sgr d'Orfeuille et
de dame Gabrielle Chasteigner. Ce contrat, passé devant Poi-
rault, notaire de la Châtellenie de la Ronde.
Partage des biens de haut et puissant messire Nicolas
Chasteigner, chev., sgr de Tennessue et de dame Marie Jail-
lard, sa femme, fait le 27 octobre 1687, entre haut et puissant
messire Jean Chasteigner, chev., sgr de Tennessue, leur fils
aîné, et ses frères et sœurs puînés. Cet acte reçu par Pinault,
notaire, à Airvault.
Quatrième def/ré : bisaïeul et bisaïeule.
Nicolas Chasteigner, sgr de la Blouère, Marie Jaillard, sa
femme, 1654.
Jaillard: d'azur, à trois tours d'or.
Contrat de Mariage de messire Nicolas Chasteigner*, chev.
sgr. de la Blouère, fils dé haut et puissant messire Antoine
Chasteigner, chev. et de dame Jeanne Le Tourneur, sa femme
sgr. et dame, de Tennessue, accordé le 28 juillet 1654, avec
demoiselle Marie Jaillard, fille de haut et puissant messire
Louis Jaillard, chev. etdedame Louise Jousseaume, sa femme,
sgr et damede Saint- Juire. Ce contrat, passé devant Grignon,
notaire, à Fontenay-le-Comte.
Hommage du lieu et maison noble du Bas-Mazière, mou-
vant de la baronnie de Parthenay, fait le 22 mai 1656, par
« Il fut maintenu dans sa noblesse, ainsi que son père, par sentence de
M. Barentin, le 9 août 1667. rR.-F.
284 PRBUVSS DK N0BLB88R f
Nicolas Chasteigner, chev., sgr de Tennessue, auquel lesdits
lieux et maison noble avaient été donnés en faveur de son
mariage, par Antoine Chasteigner, son père chev. sgr de la
Blouère. Cet acte signé : Olivier.
Cinquième et sixième degrés : troisième et quatrième aïeux
ET AÏEULES.
Antoine Chasteigner, sgr de la Blouère, fils de Nicolas
Chasteigner, sgr de la Blouère ; Jeanne le Tourneur, sa femme.
1619-1614.
Le Tourneur : cf'azur, a (rois tours d argent maçonnées de
sable^ posées 2vt i .
Contrat de mariage d'Antoine Chasteigner*, éc', fils aîné
de haut et puissant Nicolas Chasteigner, sgr de la Blouère
et du Chastel de Tennessue, et de demoiselle Françoise des
Francs accordé, le 22 juillet d6i9, avec demoiselle Jeanne Le
Tourneur, fille de Pierre Le Tourneur, éc' sgr de Burbure, et de
' demoiselle Jeanne Gobin. Ce contrat, passé devant Souchard
et Chaigneau, notsures à Thouars.
Procès-verbal des preuves de la noblesse paternelle et
maternelle de Charles Chasteigner, éc% fils de Nicolas Chas-
teigner, éc',sgr de la Blouère et de Tennessue,et de demoiselle
Françoise des Francs fait le 40 mars 1614 pour sa réception au
rang de chevalier de l'Ordre de Sàint-Jean de Jérusalem, au
grand prieuré d'Aquitaine, par frères Claude de Linières et
Simon Le Cornu, chevaliers du même ordre, commissaires, à
ce députés. Ce procès-verbal signé : F. Claude de Linières, et
F. Simon Le Cornu, fut rapporté le 5 mai suivant, au chapitre-
provincial du dit prieuré et les preuves y contenues trouvées
bonnes et valables, par acte signé : Le Sueur, chancelier du-
dit chapitre .
* II fut maintenu noble par sentence de Télection du 30 juin 1634 et
mourut avant le 9 août 1667. Fils de Nicolas, éc**, sgr de la Blouère.
Tennessue, etc. et de Françoise des Francs. Petit-fils de Bonaventure,
éc sgr de la Blouère. etc. et de Louise de la Forest et arrière petit-fils
de Thomas, éC, sgr de la Blouère et de Catherine Guischard. (B.-F.)
DES DKMOTftEU.KS DU POITOU 285
Nous, LouisPierred'Hozier, juge d'armes de France, chev.,
doyen de l'ordre du Roi, conseiller en ses conseils, maître or-
dinaire, en sa chambre des comptes de Paris, généalogiste de
la maison, de la chambre et des écuries de Sa Majesté, et de
celles de la Reine et de madame la Dauphine.
Certifions au Roi que demoiselle Anne-Marie-Charlotte
Chastetgner a la noblesse nécessaire pour être admise au
nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever,
dans la maison royale de Saint-Louis, fondée, à Saint-Cyr,
dans le Parc de Versailles, comme il est justifié par les actes
énoncés dans cette preuve, que nous avons vérifiée et dressée,
à Paris, le samedi dixième jour du mois de juin, de Tan mil-
sept-cent-cinquante-huit. Signé : d'Hozier.
DE LA CHAUSSÉE
Preuves de la, noblesse de demoiselle Angélique-Anne de la
Chaussée^ agréée par le rbi, pour être admise au nombre des
filles demoiselles que Sa Majesté fail élever^ dans la maison de
Saint-Louis^ fondée, à Saint-Cyr^ dans le Parc de Versailles,
50 juin i7ô3.*
Armes : écartelé de sable et d'argent^.
Premier degré : produisante.
Angélique-Anne de la Chaussée, i74x.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Notre-
Dame de Souvigné, portant qu'Angélique- Anne, fille de mes-
sire Jacques-Gabriel de la Chaussée, éc% et de dame Anne-
Bénigne Isambert, sa femme, naquit le 46 juillet ilii, et fut
baptisée le 12 des dits mois et an. Cet extrait signé : Thinon,
curé de Souvigné, et légalisé.
' BibL Nat, C^b. des Titres, vol. 308. p. 7'».
' Elle mourut à Saint-Oyr, le 2 octobre de la même année. (Laine,
t. IV, p. 9.)
* Alias : ée&rtelé d'argent et de sable. (B.-F.)
o
'i<Sr, IMIKL'VES DE NOBLESSE *
Deuxième drgré : père i-rr mère.
Jacques-Gabriel de la Chaassée\ sgr. du Pin de Rouvre :
Anne Isambard, sa femme, 4732.
Contrat de mariage de messire Jacques-Gabriel* de la
Chaussée, éc", sgr du Pin de Rouvre, veuf de dame Margue-
rite Vasselot,et fils de feu messire François de la Chaussée éc',
et de dame Marie Faydit, accordé le 5 juin 1732, avec demoi-
selle Anne Isambard, fille de François Isambard, receveur du
bureau des traites de Surgères, et defeue dame Anne Arsault.
Ce contrat passé devant Jacques de la Borde, notaire royal, à
Surgères .
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Romans,
élection de Saint-Maixent, portant que Jacques-Gabriel, fils
messire François de la Chaussée, sgr du Pin de Rouvre, et de
dame Marie Faydit, naquit et fut baptisé le 16 septembre
1697. Cet extrait délivré par le s' Métayer, greffier de la sé-
néchaussée et siège royal de Saint-Maixent. et légalisé.
Troisième de(jrv : AÏEur. kt aïeule
François de la Chaussée, sgr du Pin de Rouvre: Marie
Faydit sa femme, 1693.
Extrait du registre des mariages de la paroisse d'Augé,
portant que François* delà Chaussée^éc^ sgr en partie du Pin
de Rouvre d'unepart, etMarie Faydit, âgée de26 ans, reçurent
la bénédiction nuptiale le 26 juillet 1693. Cet extrait signé
Richeteau, curé d*Augé, et légalisé.
Contrat post-nuptial du mariage de messire François de ia
* Isambard : de «abie, au loup d*argent. (Laink. id.)
' Lieutenant au régiment d'Orléans, il prit part à la guerre de la
succession d'Espagne. 11 avait épousé en premières noces, à SouvigniT».
le 19 janvier 1722, Marguerite Vasselot, fille de feu Gabriel et de Marie-
Jeanne de Cumont. 11 mourut, à Souvigné, âgé de 57 ans. le 8 avril 1754,
(/y. -F.)
* Capitaine au régiment de Mornac-lnfanterie, fut maintenue noble,
par M. Quentin de Richebourg, le 20 février 1715. (R.^F.).
r>KS DKMOISKLLES DV l'OlToU ^ *iî<7
Chaussée, éc% fils de feu messire Hilaire de la Chaussée^ éc^
sgr de Champmargou, et demoisselle Marguerite de Mayré, sa
femme, accordé, le 13 juillet 1697, avec demoiselle Marie Fa}^-
dit, fille de feu messire JeanFaydit et de dame Gabrielle Ri-
deau. Ce contrat passé devant Hubert et Texier, notaires des
baronnies d'Aubigny et de Faye.
Partage fait le 10 septembre 1691, entre haut et puissant
messire René de la Chaussée*, chev., sgr de Champmargou,
stipulant, tant pour lui que pour messire PYançois et de-
moiselle Marie-Bénigne' et Charlotte-Marguerite de la Chaus-
sée, ses frère et sœurs, d'une part, et dame Hilaire-Louise de
la Chaussée, femme d'Alexis Le Gascoing,éc', sgr. duChesnay,
savoir, des biens qui leur étaient échus, par le décès de dame
Marie de Mayré, leur mère, veuve de haut et puissant messire
Hilaire de la Chaussée, sgr de Champmargou. Cet acte reçu
par Coutanseau et Métairion, notaires du marquisat de la
Garnache.
Quatrième degré : bisaïeul et bisaïeulk.
Hilaire de la Chaussée, sgr de la Chaussée, Marguerite
de Mayré* sa femme, 1646.
Contrat de mariage d'Hilaire^ de la Chaussée, éc, s*" de la
Chaussée, fils de Jacob de la Chaussée,éc',et de demoiselle Ca-
therine deLisle, sgr et dame de Champmargou et de Chazay,
accordé, le 18 avril 1646, avec demoiselle Marguerite de May-
ré, fille de feu Claude de Mayré, éc', sgrdu fief de la Babinière,
et de demoiselle Marie Le Texier, sa veuve : ce contrat, passé
* Ec, sgr de Champmargou, il épousa, avant le 24 février 1679, Jeanne
Didier-Aymon et était mort avant le 18 octobre 1732. (B.-F.)
* Marie-Bénigne, mariée vers 1690 à René de Laurière, éc"". sgr des
Bourdiniëres et de la Touche. (B.-f.)
' Mayré : d'or, à 8 annelets de gueules en orle^ au franc canton du méme^
chargé d*un lion d'argent , armé de sable. (Laine.)
* Il fut nommé, le 20 août 1650, commissaire provincial d'artillerie et
confirmé, dans sa noblesse, le 22 août 1667. Il avait assisté en 1651, à
l'assemblée de la noblesse poitevine, réunie, à Poitiers pour nommer des
députés, aux Etats de Tours. (R-F.^
288 PRRIJVRS DR VOBLRPSR
devant André Redoys et Mathurin du Gué, notaires de la
baronnie de la Garnache.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Grégoire d'Augé, diocèse de Poitiers, portant qu'Hilaire, fils
de Jacob de la Chaussée, éc% sgr de Baincy, et de demoiselle
Catherine de Lisle, s^ et dame de Champmargou. naquit
le 10 novembre 1621, et fut baptisé le 19 du même mois. Cet
extrait signé : Richeteau, curé d'Augé, et légalisé.
Cinquième degré : trisaïeul et trisaïeule.
Jacob de la Chaussée, sgr de Baincy, Catherine de Lisle,
sa femme, 1621.
Contrat de mariage de Jacob* de la Chaussée, éc , sgr de
Baincy, fils de Daniel de la Chaussée, éc%sgrdu Lacet de
Baincy, et de demoiselle Jacquette du Chilleau, accordé le
13 janvier 1621 avec demoiselle Catherine de Lisle, fille de feu
Antoine de Lisle, éc', s' de Lisle et de demoiselle Jacquette de
Vattelier, sa veuve, dame de Champmargou. Ce contrat passé*
devant Duryvault et Sanxon, notaires de la cour d'Aubigné
et Faye.
Ordonnance, rendu le 5 novembre 1624, par M. Amelot, inten-
dant en Poitou, par laquelle Jacob de la Chaussée éc', sgr de
Baincy est renvoyé comme noble et issu de noble lignée de
l'assignation, à lui donnée pour la représentation des titres
justificatifs de sa noblesse. Cette ordonnance, signée : Amelot.
Partage fait le 6 septembre 1622, entre demoiselles Claude-,
Marie^ et Antoinette de la Chaussée, filles et héritières d'E-
léazar de la Chaussée, vivant, éc% sgr de Bournezeau, d'une
part, et Jacob de la Chaussée, éc% fils et héritier de feu Daniel
' A3'ant été convoqué par M. de Parabère, en 1625, pour rejoindre le
corps de la noblesse, à ('hàlons, et se réunir à l'armée que Louis XII l
voulait commander en personne, il produisit deux certificats des
I" septembre» et 23 novembre 1025 de M. de Beauvau, attestant qu'il avait
déjà servi le roi en bon équipage. {B.-F.)
' Claude delà Chaussée, mariée, à Jean Vergnault, éc, sgr de la Girau-
dière. (fî.-F.)
» Marie, mariée, à Charles T.aurand, éc sgr du Ronday. (B.-/' )
UlfiS DBM0LSI£LL1&S DU POITOU 289
de la Chaussée, éc' ; savoir, des successions de feu Jean de la
Chaussée, éc^ sgr de Bournezeau, père des dits Eléazar et
Daniel de la Chaussée. Cet acte reçu par Ragonneau, notaire
royal, en la cour de Mirebeau.
Sixième degré : QuATRiÈMii aïeul et aïeule.
Daniel de la Chaussée, sgr du Lac ; Jacquette du Chilleau
sa femme, 1592*.
Contrat de mariage de noble Daniel' de la Chaussée,éc',sgr
du Lac, fils puîné de feu noble Jean de la Chaussée, éc', sgr de
Bournezeau. et de demoiselle Marie de Marcirion, sa veuve,
accordé, le 3 février 1592, avec demoiselle Jacquette du Chil-
leau, fille de noble René du Chilleau, éc, sgr du Chilleau, et
de demoiselle Hélène de Mathefelon, sa veuve ; ce contrat,
passé devant Chenier, notaire de lacour de Montreuil-Bonnin.
Nous, Louis-Pierre d'Hozier, juge d'armes de France, che-
valier doyen de l'ordre du Roi, conseiller en ses conseils,
maître ordinaire en sa Chambre des comptes de Paris, généa-
logiste de la maison, de la chambre et des écuries de Sa Ma-
jesté et de celles de la Reine et de madame la Dauphine,
Certifions au Roi que demoiselle' Angéliqijk-Anne de la
Chaussée a la nçblesse nécessaire pour être admise au
nombre des filles demoiselles, que Sa Majesté fait élever,
dans la maison royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr,
dans le parc de Versailles, comme il est justifié par les actes
qui sont énoncés dans cette preuve, que nous avons vérifiée
et dressée, à Paris, le samedi trentième jour du mois de juin,
de l'an mil-sept-cent-cinquante-trois.
Signé : d'Ho/ieh.
^ Du Chilleau : d'aiur, à trois numiotis passant d'argent, (Lainé^
^ Fils du Jean, sgr de Bournezeau, marié le 12 septembre 1564, à Marie
de Marcirion. Petit-fils de Pierre, sgr de Bournezeau, et de Nicole
Jainineauet arrière petit-fils de Laucelot et de Marguerite Niel ou de
Nueil. (B^'F.) •
:^Hf* PHKUVKS DE NOBLBSSK
DE LA CHAUSSEE
Preuves- Je la noblesse de demoiselle MaRie-Josèphe de la
Chaussée*, agréée par le Roi^ pour être admise au nombre des
filles demoiselles que Sa Maje$ié fait élever^ dans la maison
Royale de Saint-Louis^ fondée, à Sainl-Ci/r, dans le parc de
l^ersailles^. !iO avril 1766.
Premier degré : produisante.
Marie-Josèphe de la Chaussée, 1755.
Armes : écartelé de saple et d argent.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Notre-
Dame de Montreuil-sur-Mer, portant que Marie-Josèphe,
fille de messire Charles de la Chaussée, éc% sgr. de Saint-
Aubin, chev. de l'prdre Royal et militaire de Saint-Louis,
major des ville et citadelle de Montreuil, et de dame Marie-
Béatrix Moullart, sa femme, naquit le 5 janvier 1755, et fut
baptisée le lendemain. Cet extrait, délivré par le s' Durand,
curé de la dite paroisse, et légalisé.
Deuxième degré : père et mère.
Charles de la Chaussée, sgr de Saint-Aubin ; Marie-Béa-
trix Moullart, sa femme, 1750.
Moullart : d'or, à un lion de vair, langue et ongle de gueules.
Contrat de mariage de messire Charles de la Chaussée, éc%
sgr de Saint- Aubin, major des ville et citadelle de Montreuil,
chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis'^ fils de messire
« DiOL Nal. Cab. des Titres, vol. 311, p. 91.
* Elle épousa M'* Félix-Louis-Joseph "Warnier de Wailly, chev. sgr de
Lignon, de Verdure, etc. (Laine.)
3 Etait capitaine d'infanterie lors des sièges de Tournay, d'Ath, de
Malines, d'Anvers, de Berg-op-Zoom. de Maëstricht et de plusieurs
autres places, nommé major de Malines, par le maréchal de Saxe, le
14 juin 174G, et commandant du fort Markaut, près deHulst,dans la Flan>
dro hollandaise, par le même maréchal, le 7 décembre 1747. (L.\inkj
François de la Chaussée, éc, et de dame Marie Faydit, sa
femme, accordé, le 3 juillet 1750, avec demoiselle Marie-Béa-
trix MouUart, fille de messire Charles- Joseph-Bartbélemy
Moullart, sgr de Villemarest, et de dame Jeanne-Françoise
Mathon, sa veuve. Ce contrat, passé, devant Poultier Taîné,
et Hacot, notaires, à Montreuil-sur-Mer.
Extrait des registres des baptêmes de la paroisse de Ro-
mans, ressort de Saint-Maixent en Poitou, portant que
Charles, fils de messire François de la Chaussée,éc',et de dame
Marie î'aydit, fut baptisé, le 1'' janvier 1705. Cet extrait, déli-
vré par le s*" Métayer, greffier de la sénéchaussée du siège
ro3'al de Saint-Maixent, et légalisé.
Troisième degré : aïeul.
François de la Chaussée, sgr du Pin de Rouvre ; Marie
Faydit, sa femme, 1693.
Pour ce degré, voir le troisième degré des preuves de no-
blesse d'Angélique- Anne de la Chaussée, rapportées ci-dessus.
Quatrième degré : iusaïeul.
Hilaire do la Chaussée, sgr de la Chaussée ; Marguerite
de Mayré, sa femme. 1646.
Pour ce degré, voir le quatrième degré des preuves de no-
blesse d'Angélique-Anne de la Chaussée, rapportées ci dessus.
Cim/uième degré : trisaïeul.
Jacob de la Chaussée, sgr de Bainsy ; Catherine de Lisle,
sa femme, 1621.
Pour ce degré, voir le cinquième degré des preuves de
noblesse d'Angélique- Anne de la Chaussée, rapportées ci-
dessus.
Nous, Louis-Pierre d'Hozier, chevalier, conseiller du Roi en
ses conseils, juge d'armes de la noblesse de France et commis-
saire de Sa Majesté pour lui certifier la noblesse des demoi-
29:^ PRB u vas dk noblb6sb dus uëmoiskllbs du poitou
t
selles élevées dans la maison royale de Saint- Loi|is, à Saint-
Cyr,
Certifions au Roi que demoiselle Marie-Josèphe de la
Chaussée a la noblesse nécessaire pour être admise au
nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans
la maison royale de Saint- Louis, fondée à Saint-Cyr dans le
parc de Versailles, ainsi qu'il est justifié par les actes énoncés
dans cette preuve, que nous avons dressée et vérifiée à Paris,
le trentième jour du mois d'avril de Tan mil-sept-cent soixante
six.
Signé : d'Hozier.
(A suivre.)
>s
MESSIRE JEAN LAINE
DERNIER RECTEUR DE SAINT-JULIEN DE VOUVANTES
AVANT LE CONCORDAT
SON JOURNAL ET SES NOTES
(Suite.)
Le recteur reçut-il Tordre de se rendre à Nantes, ou se dé-
cida-t-il spontanément à parUr«nous ne le savons; toujours est-
il que la lettre suivante qui mit fin aux débats o fut lue à haute
et intelligible voix, en plein comité de Nantes, par le dit
mdire, qui la présenta aussitôt au recteur y rendu pour se
disculper et confondre la calomnie de Messieurs du comité de
son bourg. «
« Nantes, le 10 novembre 1789.
« Monsieur,
H Nous avons recules lettres que vous nous avez fait Thon-
u neur de nous adresser le 29 octobre et le 3 de ce mois. Nous
« y reconnaissons que votre intention n a pas été d'offenser la
« garde nationale de votre paroisse, dans le prône qui a donné
« lieu aux plaintes que le comité nous avait portées contre
« vous, et auxquelles nous avons cru devoir la première lettre
« que nous vous avons écrite. Vous avouez que vous avez prêché
« avec véhémence, nous vous invitons à préférer l'onction de
« la douceur dans tous les temps, et surtout dans les circons-
« tances où elle est si nécessaire, sans néanmoins^vous relâcher
« sur les abus qu'il est de votre devoir de contenir, par la
« distribution de la parole de Dieu aux paroissiens. Nous
« VàiT WMfvnuoik de juiliet-Aoât f{)W.
TOMIE XVI. — N0TIGE8.— XVI* ANNÉE, 9M0* LIV. 21
294 MBSSIRB JBAN LAlNÉ
« écrivons aujourd'hui au comité pour l'engager à vivre ea
« bonne union avec vous» et à considérer comme un effet de
« votre zèle les avertissements que vous avez cru devoir
« donner à ceux qui en avaient besoin, et nous espérons que
« cette affaire n'aura pas d'autres suites. Il est de Tintérôt de
« tous, d*étouffer le premier germe de division, et de con-
« courir ensemble au bien public comme de bons patriotes.
« Nous avons l'honneur d'être...
« Db Kbhvégan^ maire, etc..
On peut dire que si ces conseils si sages avaient été écoutés
et suivis, à Saint-Julien comme ailleurs, les excès de la Ré-
volution nous auraient été épargnés. En terminant le récit de
cette lutte, le recteur ne peut s'empêcher de faire une dernière
réflexion bien judicieuse.
« Les soldats de la milice de cette paroisse sont de pauvres
métayers, closiers, ouvriers, journaliers et domestiques avec
quelques compagnons. On ne doit être surpris qu'ils se soient
livrés avec leurs chefs, les uns et les autres indisciplinés,
aux susdits abus, et qu'ils aient eu le front assez épais pour
oser traduire leur recteur devant MM. du comité de Nantes,
nouveau tribunal érigé par la révolution présente des Etats
généraux ; lequel tribunal veut connaître de tout et s'arroger
tous les droits, même sur le recteur, qui s'est acquitté de ses
devoirs avec la plus grande régularité. Déjà ses paroissiens,
aussitôt la dénonciation connue, se partageaient d'avance ses
meubles, ses effets et sa récolte, et jouaient la fable du Re-
nard... >
Il remarque aussi que les principaux chefs qu'il ne ménage
point sont les nis et descendants de ceux qui avaient précé-
demment dénoncé et poursuivi MM. Dezé et Jouneaulx. Enfln
il ajoute :
« On ne doit pas blâmer la conduite du recteur qui ne
cherche à faire punir ces instigateurs. Il est bon de dire du
reste que les lois ne s'observent plus en ce moment. Le Par-
lement de Rennes est en vacance et peut-être sera aboli. Les
SON JOURNAL ET SES NOTES 295
Présidiaux croient gagner beaucoup en ce bouleverscmrnt, ot
moi je crois qu*i!8 se trompent avec bien d'autres. »
La Révolution, en effet, précipitait sa marche, et ces journées
sanglantes queiM. Laine appelle « Seconde conspiration du
5 et 6 octobre », il les raconte ainsi dans son journal :
« Quatre à cinq mille femmes, ou hommes déguisés, sont
partis pour Versailles, en arrêtant tous les personnages qu'ils
rencontraient en leur chemin, et se sont présentés à l'Assem-
blée nationale pour qu'elle leur procure du pain ; ensuite,
elles sont allées jusqu'à pénétrer, malgré les troupes, en les
appartements de la Reine qui se sauva en chemise dans Tap-
partement du Roi. Plus de trente à quarante mille hommes
parisiens^ tous armés, s'étaient réunis à elles. M. de la Fayette
commandant la milice avait beaucoup de peine à contenir
les soldats qui, à grands cris, demandaient que le Roi se ren-
dît à Paris pour y résider. Le Roi avec la Reine et leurs en-
fants s'y rendent et y sont encore. 11 y eut à Versailles beau-
coup de soldats tués, surtout des gardes du corps, dont deux
têtes entr'autres étaient portées aux côtés du carrosse du Roi
par des soldats de la milice, qui répétaient sans cesse*
chemin faisant : Voici le meunier^ la meunière^ voici leur petit
mitron. — Le duc d'Orléans a passé en Angleterre. »
Cette année de 1789 si pleine d'agitations et de trouble pour
sa paroisse comme pour le reste de la France, M. Laine nous
apprend qu'elle fut aussi malheureuse sous d'autres rapports.
Tout contribuait à aggraver la situation de notre infortunépays:
(c La récolte de la présente année n'a pas été plus abon-
dante que celle de 1785. Le boisseau de froment, avant la
récolle, a valu 15 y/-, et celui de blé 12 -H- ; on n'en trouvait pas
pour son argent, quoiqu'il y eût une. grande abondance de
tous grains en 1788. La milice nationale a été obligée de
visiter les greniers des particuliers, aux fins de les forcer à
vendre l'excédant des grains qui leur étaient inutiles jusqu'à
la récolte ; cette milice a fait la visite chez tous les nobles et
s'est emparée de leurs armes pour la plupart. . . Le clergé
296 MBSSIKIS JBAN LAINE
s'est jeté tôle baissée du côté du Tiers<Etat,en lui abandonnant
t^r'- î»; .vili'^.'S, en faisant, le 4 août dernier, le sacrifice des
dîmes au profit de la nation, laquelle fournira à l'entretien et
à la dotation honnête des ministres de la religion. La noblesse
a consenti, à l'Assemblée, à l'écrasement du clergé, ainsi
qu'il est facile de le voir par le décret du 2 novembre qui
supprime toutes communautés d'hommes et de flUes
... Les pluies ont été abondantes depuis le 13 janvier, on a
eu bien de la peine à ramasser le peu de grains qu'il y a eu.
Les cidres et les blés noirs ont été en assez grande quantité,
ainsi que les lins.* On a eu bien du mal à ensemencer, cette
année, à raison des eaux continuelles. Le froid ne s'est point
encore fait sentir. Le boisseau de froment vaut actuellement
14 #, et celui de seigle 11 a- ; on ne sait ce qu'il vaudra après
Pâques de l'année prochaine. Il est à souhaiter qu'il vienne
en France des blés étrangers, ou bien l'on sera dans le cas
de mourir de faim. L'Assemblée nationale a rendu un décret
qu'elle a renouvelé plusieurs fois, afin que la circulation des
grains eût lieu par tout le royaume ; ce décret ne rend point les
grains communs et ne fait point manger le pain à bon marché.»
L'année 1790 ne devait pas être plus calme que la précé-
dente; et si, personnellement, M. Laine ne fut pas inquiété,
sa paroisse, par suite des événements qu'il note dans ses
registres, au fur et à mesure qu'ils se produisent, eut sa part
des troubles qui désorganisaient peu à peu toutes les insti-
tutions du pays. Des élections multipliées, en particulier,
vinrent, comme elles le font encore aujourd'hui, mettre en
ébullition toutes les têtes et fomenter toutes les haines.
« Cejour, 21« de janvier 1790, on a fait la description de
toutes les âmes qui existent en cette paroisse pour la faire
passer à l'Assemblée nationale qui l'avait ordonné. Elle se
monte, y compris les enfants, à quatorze cent deux âmes. »
« Le 1*' février, création de notre municipalité. M. Pottin
de Villeneuve a été nommé maire. . » Parmi les notables, on
remarque en premier lieu le nom de « M. Maillard, prêtre et
SON JOURNAL BT SES NOTBS 297
vicaire, » Deux listes étaient en présence, mais « une cabale
forte et nombreuse fit toutes ces nominations. »
« Le 2 février, les officiers municipaux et le corps de la
milice nationale se sont rendus processionneilement au
Champ-de-Mars. Les premiers ont allumé le feu de joie, et
les membres de la milice ont fait aux officiers municipaux le
serment d'être fidèles à la Loi, à la Nation et au Roi, ainsi
qu'il est ordonné par un décret de l'Assenablée nationale. Mais
Messieurs les officiers municipaux n'on point fait leur serment
à la commune^ ainsi ils n'y sont pas encore reconnus. »
« L'assemblée du canton composée des paroisses de Saint-
Julien, dTJrbray, du Petit Bourg d'Auverné, deJuignéetde
la Chapelle-Glain a commencé le 28 mars à nommer des élec-
teurs, aux fins de se rendre à Nantes le 7 avril et d*y former
le département ; et ensuite aller à Chftteaubriant y nommer
cinq juges qui formeront la barre royale. La dite assemblée a
fini le 31 mars à 4 heures du matin. »
« Le 5 avril, Messieurs de la municipalité entendirent en
témoignage , d'après le réquisitoire du procureur syndic et
les assignations notifiées, les dépositions de plusieurs per-
sonnes, afin de connaître ceux qui enlevèrent, le 25 mars, les
différentes lettres patentes du Roi, affichées à la porte prin-
cipale de l'église. Les dits Messieurs de la municipalité vont
obtenir un monitoire parce que les témoins ne s'entendent
' pas suffisamment pour que les coupables soient poursuivis.
L'un de ces témoins, qui est cause du réquisitoire, a déclaré
au maire qu'il avait reconnu à 9 heures du soir la soutane de
son recteur, toutefois il n'a pas vu le recteur enlever les af-
fiches, cependant ce témoin l'avait raconté partout. »
Au 14 mai nous lisons ces lignes et ces réflexions inspirées
par les tristes événements qui se succédaient : « Le royaume
de France est bien troublé ; il est menacé de voir la religion
bannie de son sein. Les philosophes l'attaquaient sourde-
ment depuis longtemps, les législateurs aujourd'hui ne rou-
gissent pas de tenter tous les moyens de l'anéantir, avec cçlçi
298 MBSSIKK JKAN LAlNÉ
ils nous promettent le bonheur et l'on a la simplicité de Tes-/
pérer. Quel aveuglement! A mon jugement, cet aveuglement
est quelque chose de plus étonnant que tout le reste. »
« Le 30 mai 1790, M. Pottin, maire, s'est saisi des clefs des
archives dont étaient chargés les recteurs. »
« Le 3 de ce mois de juin, jour du Sacre, la milice nationale
co'nmandée par M. Chassaing, receveur des devoirs, assista
avec la municipalité à la procession du Très-Saint-Sacrement.
Quelques soldats ivres cassèrent, sur le soir, sept fusils en
se battant. Le commandant et le maire se présentèrent pour
mettre la paix, mais ils furent obligés de se retirer et de se
sauver promptement, ainsi que le procureur de la commune.
Ce dernier présenta une requête à la municipalité pour pour-
suivre le soldat qui avait voulu le frapper et Tassommer. Mais le
coupable, qui se sent soutenu, semble se flatter de l'impunité. )>
« Le 14* jour de juillet, par un décret de l'Assemblée na-
tionale, les habitants de cette paroisse ont juré à midi et fait
le serment civique d'être fidèles à la Nation, à la Loi et au
Roi, et de soutenir de tout leur pouvoir la Constitution. Le
tout en mémoire de la prise de la Bastille. Cette fête qui
a du être célébrée avec éclat à Paris, où chaque municipalité
a député un sujet pour faire le serment ci-dessus aiji nom de
leurs commettants, a été des plus mouillées ; tout le jour
il a plu ici, ainsi qu'en toute la France ; elle n'a pu avoir
toute la splendeur qu'on s'était proposé d'y mettre. Le dé*
puté de cette paroisse est un nommé René Poulain, meunier
de Vouvantes ; il a apporté ainsi que ses confrères une mé-
daille blanche qu'il a fait dorer. »
M. Laine, originaire d'Anjou, ne pouvait se désintéresser
des nouvelles qui lui venaient d'Angers, où là, comme partout,
la Révolution faisait de plus en plus l'application de ses
principes par le trouble et l'émeute. Il raconte ainsi qu'il
suit les événements du 4 septembre et jours suivants :
« Le 4 septembre les carrailleurs (sic, ouvriers carriers)
près la ville d'Angers, s'assemblèrent sur la place d'armes,
SON JOURNAL BT SES NOTRS 2d9
pour faire diminuer le prix des grains et faire mettre la po-
lice sur le pain ; les officiers municipaux les satisfirent ; mais
le 6, ils revinrent sur la dite place,armés de toutes pièces, afin
d'empêcher le transport des grains ; leur projet était d'incen-
dier la ville, de la piller et de saccager tout. Déjà les maisons
étaient marquées et désignées ; mais la garde nationale s'op-
posa courageusement à leurs pei*vers desseins, les repoussa
avec courage et fermeté. Parmi ces malheureux se trouvait
une nommée Catherine Gaultier, mère nourrice de l'exécuteur
de haute justice, qui fut pendue par lui, pour avoir, à la tète
de quatre cents femmes^ le sabre à la main, fomenté la sé-
dition. Il y eut aussi quelques hommes et autres femmes pen-
dus. Beaucoup de prisonniers sont encore retenus au château
d'Angers, pour avoir participé à l'insurrection. Le tambour
major de la milice nationale qu'on dit avoir distribué des car-
touches aux perreyeurs, et avoir fait battre la générale, s'est
noyé avec sa femme à trois lieues d'Angers, pour éviter la
potence. Beaucoup de coupables sont en fuite. Le départe-
ment d'Angers a fait désarmer toutes ]les paroisses voisines.
Plusieurs de ces perreyeurs se jettent chez les fermiers riches
et aisés pour les voler et les massacrer. »
Trompépar des bruits calomnieux, M. Laine <5rut que Të-
vêque d'Angers, M. Couët du Vivier de Lorry, à la suite de
quelques prélats prévaricateurs, avait failli à tousses devoirs,
et, dans son journal, il ne rappelle plus que le « ci-devant
évoque d'Angers. » Il est avéré que M. de Lorry se pré
facilement à certaines modifications de réglementation ecclé-
siastique approuvées par le Roi, dans les premiers moments
de la Révolution ; il publia un mandement dont l'Assemblée
Constituante admira les termes et vota l'impression, mais de-
vant la constitution civile et le serment il recula et-demeura
fidèle à l'Eglise catholique. A la fin de 1791, il quitta la ville
épiscopale qu'il aimait et où il était aimé*. Invité d'une ma-
nière pressante par Le Goz, métropolitain intrus de Rennes, à
1 Note communiquée d'Angeri.
300 MfeSSIHB JEAN i.AlNÉ
entrer dans le schisme, il lui répondit : » Il y a plus de
quaraaie ans que l'Eglise de Jésus^Christ dfin^ laquelle j*ai
eu le bonheur de nat*jpe, m'a imposé de grands devoirs, j'es-
père avec le secours de sa grâce y être Adèle. »* Comme
nous le verrons /plus bas, M. Laine reviendra sur ces pre-
mières impressions si défavorables. Cependant, il y eut, à
Angers môme, certaine défiance puisque M. Laine écrit : « Le
ci-devant évêque n'a plus pour vicaire général que M. Follen-
fant ancien curé de la paroisse Saint-Maurice; les autres
curés de la ville font encore leur o^Tice à la manière accou-
tumée ; aucun des chanoines de sa cathédrale n'a voulu être
son vicaire, et tous se sont récusés. » 11 ne fait pas le même
éloge des moines ^ quisout sortis de leurs couvents, et ha-
billés en séculiers font un grand scandale dans la ville. Les
chapitres deSaint-Laud, de Saint-Martin, de Saint-Pierre, de
Saint-Maurille, de Saint-Julien et de Saint-Mainbœuf^ les
deux premiers chapitres royaux ont eu le môme sort que
celui de Saint-Maurice qui est la cathédrale. Tous les cha-
noines deces chapitres ajctuellement ne peuvent plus assister
à roiilce. L'église Saint-Aubin sert de lieu de réunion pour
les assemblées du département. Les religieux ont été obligés
de tout quitter sans avoir permission d'emporter seulement
les effets qu'ils avaient en leurs chambres. L'abbaye royale et
la communauté de Saint-Aubin sert de logement aux admi-
nistrateurs du (jépartement, qui ont jouissance de tout le
bien de cette abbaye, comme des auti*es abbayes, commu-
nautés, chapitres et bénéfices quelconques de l'Anjou. »
Après celte petite digression faite dans son pays natal,
M. Laine revient à sa paroisse de plus en plus agitée :
« Le 23 et le 25 juin, les témoins entendus précédemment
parla municipalité de celte paroisse ont été assignés pour
déposer à Nantes contre les auteurs de la prétendue révolte
du 11 mai dernier, jour où quelques pauvres malheureux
> TresTaax du Fraval, Histoire de la persécution révolutionnaire en
Bretagne, tome U.
BON JOURNAL KT SES NOTBS 301
étaient allés en différents villages solliciter les habitants à se
révolter, en raison qu'un marchand de grains vendait son
blé plus cher qu'il n'avait promis de le faire. Plusieurs per-
sonnes ont été décrétées de soit ouy, et ont paru devant le
juge le 25 septembre dernier. » On ignore la suite de ce petit
incident qui montre à quel point de surrexcitation l'on était
parvenu dans nos campagnes, incident qui disparaît du reste
au milieu des événements plus graves et plus inquiétants.Tout
contribuait d'ailleurs à aggraver la situation dans la province:
« La récolte en Bretagne, écrit M. Laine à la fin de sep-
tembre, est absolument manquée, il n'y a pas de grain pour
nourrir les habitants jusqu'à Pâques prochain. Malgré les
décrets de l'Assemblée nationale qui permettent le transport
des grains en l'intérieur du royaume, ils sont arrêtés par la
populace de chaque paroisse. Le boisseau de froment, me-
sure de Château briant, vaut 30 # 10 sols et celui de blé 10 -H-
Les blés noirs ont aussi manqué à cause de la grande séche-
resse. Il n'y a ni pommes, ni châtaignes, ni vins en Bretagne.
L'Anjou espère un peu de vin, mais il sera bien cher. La
livre de bœuf vaut 9 s. ; point de commerce, les bestiaux de
toute espèce ne valent sol, les assignats monnaie détruisent
tout ; à cause de ces assignats, personne ne veut acheter,
personne ne veut vendre. »
Le 8 octobre, on nomma des juges pour composer le tri-
bunal de district de Châteaubriant, d'après la loi de l'organi-
sation nouvelle de la magistrature. Parmi les élus de Saint-
Julien, M. Laine cite : « MM. Fresnais de la Briais et Lejeune
du Chalonge ; et le 10, la garde nationale de cette paroisse
alla avec pompe, drapeau déployé, conjointement avec celle
de la Chapelle-Glain, chercher le dit Fresnais et le dit Lejeune,
pour allumer un feu de joie préparé en cette ville. La céré-
monie finie, il y eut danse qui dura le reste de la journée. 11
y avait exposée devant l'église une barrique de cidre d'où
chacun tirait à volonté. »
Le 26 novembre eut lieu l'élection du juge de paix.
%2 MKSSIRR JBAN LAINÉ^
tt M. Fresnais de Beaumont (frère de M. Fresnais de la
Briais) fut nommé par les citoyens actifs de cette paroisse, de
Juigné, du petit bourg d'Auverné et d'Erbray ; quoique ceux-
ci ne soient plus du canton, mais désirent d'en faire partie
comme auparavant, n*ayant point demandé au district à en
être distraits et séparés. En conséquence, après avoir pré-
senté une requête, ils ont cru, le département n*y ayant fait
droit, qu'ils pouvaient voter avec leurs frères qui les ont
reçus d'une voix unanime. » Cette irrégularité fut cause que
des réclamations s'élevèrent, comme nous le verrons plus
loin^ que l'élection du 26 novembre fut cassée, et qu'une agi-
tation plus violente vint troubler la paroisse et accentuer la
division.
« M<^ Tévdque de Nantes, lisons-nous à la date du 29 no-
vembre, ayant fait ses efforts pour rétablir son chapitre ca-
thédral, et ayant protesté contre les décrets de l'Assemblée
nationale, a été obligé de se sauver, à 10 heures du soir, et
de quitter son palais, dans la crainte de perdre la vie. » Et un
peu plus loin : « Il n*y aura point d'ordination à Noël, M. de
la Laurencie, évêque de Nantes, ayant été obligé pour la se*
conde fois de se sauver au milieu de la nuit, pour éviter la
mort que la canaille lui préparait pour le lendemain. Cette
canaille stipendiée avait entouré l'hôtel épiscopal pour arrêter
le dit seigneur évoque. M»"^ TÉvôque du Mans a été obligé de
fuir comme celui de Nantes. M»' l'Évoque d'Angers, pour la
première fois, s'est montré dernièrement avec énergie devant
MM. du département; et leur a dit que, tant qu'il n'avait pas
été question de la religion, il s'était prêté à tout, mais que,
actuellement, il était prêt à présenter sa tête plutôt que de
consentir à faire le serment civique. Il y aura beaucoup de
curés qui l'imiteront, ainsi que des religieuses, surtout les
dames du Roncerai qui sont prêtes à tout souffrir et refusent
absolument le serment. Les curés qui ne voudront pas se
soumettre, seront remplacés par des moines désœuvrés, sans
avoir la permission du seigneur évêque, ils se contenteront
SON JOURNAL KT SBS NOTES 303
de celle du département, comme si ce dernier avait reçu de
Jésus-Christ la puissance qu'il donna à ses apôtres. 0 Dieu!
que l'Assemblée fait de mal & TEglise et à ses ministres qui
la défendent aux dépens de leur vie I Courage ! martyrs de
notre religion I Une couronne vous est présentée ; elle est
déjà suspendue sur vos tdtesl » Cette couronne,nous le savons,
M. Laine était tout prêt à la mériter. « Un décret, continue no-
tre courageux recteur, porte que les curés qui ne voudront pas
faire le serment, seront privés de leur bénéflce, M. de Mirabeau
en est Fauteur. Il prétend que la constitution n'avance pas par
la faute du clergé qui s'y oppose. Ce Mirabeau qui a tant de
fois échappé à la potence, sera l'exécration du genre humain
avec ses complices, les deux Lameth et autres, comme le duc
d^rléans ; ils veulent détruire la religion de ce royaume,
nous séparer de Rome, et introduire chez nous le schisme et
le presbytérianisme. »
Dans cette année 1790, les élections succédaient aux élec-
tions ; c'était le renouvellement perpétuel de l'agitation. Nous
avons déjà vu l'élection de la première municipalité, celle
des juges du tribunal, celle du juge de paix. Le 30 novembre
« la commune s'assembla pour nommer trois échevins et six
notables. » Le sort désigna ceux dont le mandat devait être
renouvelé. « Lorsqu'on faisait les billets pour la nomination
de six notables, M. Pottin maire se désista de sa charge de.
maire, M. Chassaing de celle de commandant, M. Jouneauix
de celle de capitaine de la milice nationale M. Fresnais
de Beaumont, en sa qualitéde juge de paix, prête, aujourd'hui
le 2 décembre, serment devant la municipalité assemblée à
cet effet... ; les juges du district de Châteaubriant installés le
30 novembre, siégèrent le !«' décembre... Le3 décembre, la
commune de cette paroisse a nommé par scrutin M. Nicolas
Gobert maire cette assemblée fut très tranquille, les op-
posants et leurs agents n'étant pas présents Le 5, la garde
nationale alla, drapeau déployé, tambour battant, à la Fres-
nais, chercher M. de Beaumont, juge de paix du canton de
304 MICSSIHB JKAN LAINE
Saint-Julien de Vouvantes, pour ramener à la grand'messe.
A^près les vêpres, on le conduisit processionnellement sur la
place de la Halle où était préparé un feu de joie qu'il alluma.
Il y eut danse le reste du jour et une partie dje la nuit, parce
qu'il Y avait encore une barrique de cidre exposée, de la-
quelle chacqn tirait à volonté. »
JL'allégresse publique comme la joie particulière de M. de
Beaumont futde courte durée, comme nous le prouvent la
requête suivante et les suites qu'elle eut pour les électeurs
et leur élu.
« A MM. les administrateurs du département de la Loire-
Inférieure.
« Reuiofitrent les citoyens actifs soussignés des paroisses
de Saint-Julien, la Chapelle-Glain, Juigné des Moustiers, le
petit bourg d*Auverné, formant actuellement le huitième can-
ton du district de Ctiâteaubriant, que Télection du juge de paix
faiteàSdint-JuIien doit être regardéecomme nulle. Les détails
suivants vous convaincront facilement qu'il y aurait la plus
grande injustice de laisser subsisterune pareille élection : les
quatre paroisses ci-dessus dénommées ont été convoquées par
ordre de M. le procureur syndic de s'assembler à Saint- Julien,
la paroisse d'Erbray le fut aussi dans le même tem ps, pour s'as-
sembler à Béré, canton dont elle fait partie. Cette dernière, au
lieu de se rendre à sa destination, est venue à Saint-Julien et a
demandé à être admise à y voter. Le sieur Laine pèreS se disant
président de droit par son ancienneté d'âge, tint une conduite
répréhensible. 11 proposa à l'assemblée de voter avec Erbray.
Cette motion fut admise par les réclamations de 20 ou 30 per-
sonnes seulement du parti du sieur Laine. Le sieur Pottin,
maire de Saint-Julien.porteur de l'arrêté de notre département
qui ôtait la paroisse d'Erbray du canton de Saint-Julien, se
présenta pour lire à haute et intelligible voix, votre arrêté
du mois d'octobre dernier, et représenter à l'assemblée que,
^ C*e$t la première fois qu*il est question du père du recteur, Frtmçois
Laine qui, il faut le croire d'après cette indication, habitait avec son ftle.
SON JOUKNAL KT SK8 NOTKS 305
si l'on admettait Erbray à voter, Téleclion serait illégale. Le
sieur Laine voyant Tempressement du dit Pottin à vouloir
parler, eut la témérité de lever la main pour le frapper et
lui dire en le menaçant : Retirez- vous, vous n'ôtes pas digne
d'occuper la place que vous avez. — Un officier municipal,
croyant mieux réussir que le maire voulut prendre la parole,
mais il fut encore plus mal reçu. Le sieur Laine, f)ls. recteur
de Saint-Julien, s'étant écrié qu'il fallait le mettre à la porte,
on prenait déjà le dit officier par le collet de son habit et on
le traînait de force dehors, quand d'honnôtes citoyen» s'y oppo-
sèrent. On vit bien dès l'instant qu'il y avait un parti violent
dans rassemblée, et qu'il paraissait impossible queTélection
qu'on allait faire fût légale, les chefs de ce parti étant connus
pour tout oser entreprendre, pour réussir à faire nommer
la personne qu'ils avaient en vue. Le maire et Tofficier
municipal se retirèrent, ainsi qu'une grande partie de Tas-
sem blée, tous indignés de cette trame odieuse et du mépris que
l'on faisait de votre arrêté, et du peu de respect témoigné au
maire et à Tofficier municipal. Cette seule narration suffirait
sans doute pour annuler le procès-verbal de l'élection du 2Ô
novembre, mais pour le détruire entièrement, les soussignés
disent, soutiennent et offrent de prouver que le parti violent
quia toujours dominé en cette assemblée, admit pour voter des
gens qui n'en avaient pas le droit... ; que le même parti chassa
de la dite assemblée, les fils de métayers majeurs, citoyens
actifs ; et de plus, que les votants, en grande partie, sortaient
de leurs poches leur scrutin tout fait, quoique ne sachant
écrire, au mépris de la loi qui ordonne qu'ils seront écrits
par les scrutateurs, ou par ceux qui savent écrire, sur le bu-
reau et en leur présence. Par tous les faits ci-dessus, vous
sentez, Messieurs, qu'une pareille élection ne peut subsister;
et, de l'humeur dont nous connaissons ceux qui ont causé
toutes ces injustices, il est facile de voir qu'on ne pourra
jamais procéder à aucune élection légale, tant qu'ils y prési-
deront, et même tant qu'ils seront admis comme citoyens
306 MfSSSIEB «tRAN LAINE
actifs. C'est pourquoi, Messieurs, qu*il vous plaise prendre
en considération ce que dessus, en permettre la preuve, et
en conséquence annulej: le procès-verbal de l'élection du juge
de paix du 26 novembre dernier, ordonner que les .sieurs
Laine, përeetflls... seront déchus du droit de citoyens ac-
tifs à la prochaine élection, avec à eux défense de récidiver à
l'avenir ; et surtout, principalement nommer un commissaire
pris dans le sein de votre administration pour convoquer une
autre assemblée, la présider et procéder à une nouvelle
élection... » Suivent les signatures.
M. Laine qui nous transmet la copie de cette requête ne
fait aucune réflexion au sujet de Tattitude et des paroles qui
lui sont prêtées dans cette affaire. L'élection fut annulée
comme nous l'apprendrons plus loin.
« Le 26 décembre, MM. Gobert maire, Bangérard procu-
reur de la commune ont été fêtés. A Tissue des vêpres, il y a
eu procession et charivari à cette occasion. L*ancien maire
qui donna sa démission le 30 novembre, ainsi que les sieurs
Ghassaing et Jouneaulx n*a point paru en public depuis ce
jour. La garde nationale était sous les armes, M. Meslier
tenait la place de commandant. »
A la fin de son registre de 1790, M. Laine écrit ces notes :
« Léopold, empereur, frère de la reine de France, la rede-
mande, parce qu'elle est exposée aux plus cruelles mortifica-
tions. On s'est opposé à sa demande. Quelques jours après,
la Reine a trouvé sous son couvert un écrit en gros carac-
tères où Ton lisait ces mots : Au premier coup de canon que
votre frère tirera en France, on lui enverra votre tête en
réponse.
« L'Assemblée nationale a accordé à la veuve de Jean
Jacques Rousseau une pension de 2000 #, en récompense des
services (!) que feu son mari a rendus à la France; et, pour
consacrer sa mémoire, il lui sera érigé une statue.
« Le duc d'Orléans étant bien au-dessous de ses affaires^ et
ayant déclaré son bilan, a obtenu, par décret de la dite
SON JOURNAL Kf SBS NOtBS 307
assemblée, un million de revenus par an, en faveur de son
patriotisme. »
Ce fut en cette année 1700, le 26 février, que M. Laine f)t
«i la déclaration de son bénéflce cure, pour être inscrite sur
le livre de la municipalité de Saint- Julien, et ôtre envoyée à
celle de Nantes, après avoir été affichée à la porte principale
de Téglise, suivant le décret de l'Assemblée nationale. »
M. Laine déclare donc que son bénéfice consiste:
<c l"" En sa maison presbytérale et en ses dépendances.... »
Le recteur en fait l'énumération et la description'.
« 2" En trois champs appelés les Rochettes^ sujets à rachat
à chaque mutation de recteur... ; 3** en environ une boisselée
de pré, appelée le pré du chêne, et deux cordes de terre en
un pré dépendant de la chapelle Sainte-Catherine...; 4"" en
les dtmes produites par les terres des fiefs d*Herbetière, de
fk grande et de la petite Selle, de la Rivière en haut Bois, les-
quelles dtmes, en tous grains moulans, se perçoivent à la
treizième gerbe, à l'exception de celles produites en des
terres proche les Aulnais qui ne se perçoivent qu'à la trente-
troisième... ; 5* en un tiers des dtmes de tous grains moulans,
produites par les terres dépendant des fiefs de Vouvantes,
d'Ardenne, de la Boissière, de Vioreau ou de Châteaubriant ;
les deux autres tiers sont perçus par les seigneurs des fiefs
respectifs; à l'exception des dîmes produites en les anciennes
novales, portées au registre de 1754, qui, avec les menues et
vertes dîmes et la dlme des agneaux, à la treizième gerbe et
au treizième agneau, sont perçues en toute l'étendue de la
paroisse par les recteurs, à l'exception de tous décimateurs
quelconques. Lesquels revenus produisent^ chaque année, au
soussigné la somme de quatorze cents livres: 1400 #.
« Quant aux charges : sont dûs, dimanches et fêtes, deux
1 Ce presbytère plus que modeste êenrit aux succeMeara de M. Lain4,
après le Clonoordat, jusqa*ea Tannée 1891, époque à laquelle la municipalité
sa décidaenftn à bâtir po'ir les carés de Saint-Julien de Vouran tes une
tiabitation des plus convenables.
308 MBSÔIRB JBAN LAlN^
messes, Tune grande et l'autre basse : 108 a- 16 s. ; pour dé-
cimes, chaque année : 90 # 12; pour M. le vicaire : 350 -H- ;
pour pains des fidèles et ceux des messes avec le vin : 15 /^ ;
pour réparations annuelles au chœur et chanceau de l'église,
du presbytère et dépendances : 165 -H- ; pour rente aux seigneurs:
1 # 11 s. ; pour tous domestiques avec leur nourriture chaque
année : 430 #. Partant les revenus de la cure se montant à
1400# , et les charges à 1160 //• 19 s., il ne reste au soussigné
pour frais de ménage et pour son entretien que la somme de
238 # 1 s. Laquelle déclaration est véritable... LAiNÉ,recteur. »
« M. Laine fut exact dans sa réponse, nous dit le registre
de paroisse, en ne déclarant toutefois que le minimum des
revenus ordinaires de ses terres et dîmes ; il ne dut pas faire
mention de ses honoraires de messes, de son casuel et des
offrandes faites dans le chœur de l'église, offrandes qui va-
laient autant que le revenu de la cure. Et il faut bien que les
choses fussent ainsi, parce que si le bon recteur n'avait eu
absolument rien autre chose que 238 a- au-dessus de ses re-
venus pour ses frais de ménage et d'entretien, il n'eût pas été
dans une position tenable, et surtout il n'eût pu distribuer si
souvent, comme il le faisait, des aumônes très considérables*.»
Cette année de 1790 fut l'année du serment constitutionnel
imposé au clergé. Dans nos contrées les prêtres prévarica-
teurs et ambitieux furent relativement rares, et plus que
^ La cure de cette paroisse et les terres en dépendant furent vendues
pendant la Révolution. La même chose eut lieu dans presque toute
la France. Depuis longtemps, 1» cupidité convoitait cette riche mois-
son. Le mauvais usage que plusieurs ecclésiastiques faisaient de leurs
revenus servait de prétexte à des plaintes dans lesquelles, comme il ar-
rive souvent, on en voulait moins à Tabus qu'& la cnose môme. On insul-
tait à la piété des anciens bienfaiteurs de l'Eglise, on se moquait de leur
religieuse prodigalité. On refusait de croire que c'était le clergé lui-même
qui. le plus souvent, avait donné à des possessions auparavant arides et inha-
bitées, rimportance et la culture qu'elles avaient acquises. On se dissimu-
lait que ces biens étaient fondés sur des titres que leur antiquité seule eût
dû rendre sacrés. Mirabeau et Talleyrand furent les provocateurs d'un décret
qui devait mettre aux mains de l'Assemblée nationale les biens du clergé,
cette masse de richesses évaluée au quart du sol de la France. (Registre de
pacoisse.)
SON JOURNAL ET SES NOTBS 309
partout pBut-ôtre signalés et tournés en ridicule. Aussi trou-
vons-QOus parmi les écrits de M. Laine certaines notes où ils
ne sont pas ménagés^ témoin la suivante : « La ville de Gaen
on Normandie a treize curés ; l'un d'eux aspire à Tépiscopat ;
les vers suivants lui ont été adressés :
Traître à la Foi, traître à l'Etat. !
Traître à son Roi, traître à l'Eglise !
X.* veut devenir prélat.
Pourquoi marquer de la surprise ?
Sur treize ne fallait-il pas
Que Ton reconnût un Judas ? »
Dans un grand nombre d'acles de baptême de cette môme
année 1790, ie père de Tenfant est signalé comme absent*.
L'année 1791 s'ouvrait, elle est la dernière que M. Laine
devait passer dans sa paroisse. L'épreuve allait devenir plus
rude pour lui, mais point supérieure à son courage.
Au commencement de cette année, nous trouvons copie
d'une séance du district de Châteaubriant, datée du 9 février.
Dans cette séance où est présent M. Lejeune, procureur syn-
die, on examine avec soin dans tous les détails le compte-
rendu .du recteur de Saint-Julien de Vouvantes concernant
' Si noui ne reproduisons pas le nom, c*est qu*il nous a été impossible
de le Ure.
L'Assemblée nationale avait dans ees représentants une collection de noms
des plus pittoresques : Bouche, Trou, Lanusse, Cochon, Chou, M^on, Las-
non, La Beste, La Poule, etc. Les plaisanteries et les rimes ne leur étaient
pas épargnées. Lanusse, curé de Saint-Etienne, près Bayonne, député du
clergé de Tartas vint à mourir. On lui fit cette épitaphe de saveur un peu...
gauloise, que nous trouvons encore parmi les notes de M. Laine :
Le grand Lanusse est mort en rendant un lavement
Bouche et Trou sont en pleura d*avoir perdu leur frère ;
Et sur un tel malheur gémit la France entière
Qui voit que ses décrets n*ont plus de fondement?
* Note du greffier du tribunal de Châteaubriant, Af. Gustave Leray^ qui a
contribué pour sa bonne part à sauver de l'oubli une grande partie des notes
de M. Laine écrites dans les registres dé 1790 et 1791 déposés au greffe. Nous
sommes heureux de témoigner ici à cet honorable fonctionnair toute notre
gratitude pour sa bienveillance parlaite.
TOME XVI. — NOTICES. — XVl" ANNÉE, 9M0' LIV. 22
310 MKSSIRE JEAN LAINE
« la régie etTadministration qu'il a eue pendant 1790 du béné-
fice curial de sa dite paroisse ». Sur le chapitre de la charge,
ft le Directoire délibérant » se contente d'observer au sujet
des grains de dtmes, « que ces grains ont été mesurés à Taire
dans un temps qu'ils n'étaient pas parfaitement secs, et qu'ils
n'ont point été grôlés, » et il est par conséquent d'avis « qu'il
soit déduit un huitième au lieu du tiers demandé pour le
déchet ». Passant au chapitre de la décharge « le Directoire
pense que la réctamation d'une somme de 18 # pour trois
journées de M. le recteur à marquer les agneaux ne peut
être allouée; il a en effet demandé une somme de S -H- payée
pour môme cause, cette dernière somme suffisante pour cet
objet paraît devoir être allouée, mais il ne serait pas raison-
nable d'allouer le paiement à deux hommes tandis qu'il n'en
fallait qu'un pour compter les agneaux ; il ne serait pas juste
surtout d'allouer 6 -ff par jour à un recteur dont le traitement
se trouve payé par la nation ; en fait, il est le seul à réclamer
un pareil paiement. .L'article pour paiement de Thonoraire
d'une messe doit aussi être rejeté comme étrangère la régie
du comptable... Quant aux sommes employées pour le temps
passé par M. le recteur à sa mesurée des grains de dîmes,
elles ne paraissent pas devoir être allouées. M. le recteur
recevant un traitement honnête de la nation, il est singulier
qu'il vienne demander un second traitement pour quelques
moments qu'il a été occupé à la mesurée des grains de sa
régie, il est peu de citoyens qui n'ait donné plus de temps
pour les affaires de la nation... M. le recteur demande une
somme de6 ^^ pour avoir fourni des poches aux mesurées des
grains, cette somme ne paraît pas non plus devoir être allouée,
parce que le prêt que M. le recteur a fait de ses sacs ne paraît
pas lui avoir été préjudiciable Il demande 350 # qu'il
dit avoir payées à M. Maillard, son vicaire. Le directoire ob-
serve que M. le recteur ne justifie point ce paiement, et que
M. Maillard, son vicaire, a déclaré au Directoire, le 3 janvier
dernier, lorsqu'il reçut un à valoir de son traitement, n'avoir
SON JOURNAL KT SES NOTES 311
touché de son recteur qu'une sommejde 150 # ; ce qui est jus-
tifié par délibération du dit jour; en conséquence, le Direc-
toire est d'avis de n'allouer que cette somme de 150 a- 15 s.
M. le recteur demande paiement de 14 # 15 s. pour le vin
consommé aux messes paroissiales les dimanches et fêtes,14s.
pour le pain d'autel, et 3 # pour les hosties distribuées au
peuple pendant 1790. Ces diflérentes sommes ne paraissent pas
non plus devoir être allouées, c'a été pour la fabrique que
M. le recteur en a fait l'avance, c'est à elle qu'il doit s'adresser
pour en avoir remboursement.Quant aux articles de la décharge
pour honoraires de messes,de bénéfices simples^ ils sont étran-
gers à la régi§ de M. le recteur; le Directoire pense qu'ils
doivent être distraits du compte, sauf au comptable à venir par
requête réclamer ses dus.... Total de la décharge : 299# ; total
de la charge : 1468 # 9 s. ; partant la charge excède la décharge
de 1169 # 5 s. Arrête qu'expédition du présent soit envoyée au
département avec le dit compte pour l'arrêté final d'iceiui. Fait
à Châteaubriant, le 9 février 1791 » Suivent les signatures.
Nous ne voyons point de réponse immédiate faite par
M. Laine à cet arrêté, mais à la date du 10 mai suivant nous
lisons la réclamation suivante adressée à MM : les adminis-
trateurs du département de la Loire-Inférieure :
« Le sieur Jean Laine, recteur de Saint-Julien de Vouvantes
au district de Gh&teaubriant, s'étant présenté à l'adminis-
tration, aux fins de percevoir son traitement porté par votre
arrêté du 22 février, et en vertu des requêtes subséquentes
tendantes à recevoir les honoraires des messes fixées aux cha-
pelles ou bénéfices fondés en son église, par lui acquittés au
défaut des titulaires qui ne sont prêtres, et enfin à recevoir la
ferme de son bénéfice de Chesneloup, fondé en l'église parois-
siale de Saint-Clément de Graon ; le dit Laine se rendit le 6 du
présent à l'administration, pour obtenir les sommes men-
tionnées par le dit arrêté et les requêtes, toutefois en pro-
duisant les quittances de ses vingtièmes, fouages et capita-
tions pour l'année 1790 et l'aperçu du revenu de sa cure depuis
312 < MESSIHE JEAN LAINE
huit ans quMl en est titulaire, qui doit vous avoir été présenté.
Les vingtièmes, les fouages et capitations du* sieur Laine
n'ayant point été traités par erreur, ou oubliés en ses re-
quêtes, vous êtes suppliés. Messieurs, d*y faire droit et d'ar-
rêter la compensation que vous jugerez bonne être, et d'au-
toriser MM. du district de Châteaubriant de compter au
soussigné les sommes qui lui sotlt légitimement dues et qui
lui sont très nécessaires, et vous ferez justice. A Saint-Julien
de Vouvantes, le 10 mai 1791. Laine recteur. »
Il ajoute : tt Vous verrez, Messieurs, par l'aperçu que j'ai
fourni à Messieurs les administrateurs du district de Château-
briant, à raison des revenus de ma cure, qu'elle ne me pro-
duisait, les années précédentes, tout au plus 1200 H- , sur les-
quelles je payais à Monsieur le vicaire 350 -H-, et au bureau des
décimes 91 /^ 8 s. En conséquence, il ne me restait que 739 H-
sans y comprendre les droits seigneuriaux. D'après ces vé-
rités, on m'a taxé depuis peu à 300 # de don patriotique, et le
décret rendu par l'Assemblée nationale en 1789. n'exigeait
des particuliers, en la susdite année, que le quart des re-
venus. Je vous prie de prendre en considération cette obser-
vation qui est de toute justice, et de me faire compter ce
qu'on m'a retenu au dessus de ce qui est porté par la loi.
Le dit jour et an que dessus : Laine, recteur de Saint-Julien
de Vouvantes. »
C'était la loi du plus fort qui allait prévaloir. M. Laine n'ob-
Imt pas de satisfaction. Nous le verrons, l'année suivante,
après son départ précipité, revenir sans se décourager à la
charge, et par des lettres datées d'Angers, protester vaillam-
mentcontre l'injustice, et s'autoriser dans sesréclamations,de
son titre de recteur légitime de Saint-Julien de Vouvantes.
Nous avons su précédemment par la requête présentée à
Messieurs les administrateurs du département de la Loire-
Inférieure, que l'élection de M. de Beaumont comme juge
de paix du canton de Saint-Julien de Vouvantes, faite le
26 novembre 1790, était contestée. L'assemblée dite primaire
SON J019RNAL ET SBS NOTES 313
qui Tavait élu, avait été marquée par des scènes violentes et
scandaleuses d'où était môme résulté un procès en instance
au tribunal. M. de Beaumont^ très mortifié de ces agissements,
prévoyant d'ailleurs Tannulation de son élection, et voulant
préparer sa revanche et son succès, publia au commencement
de janvier 1791, un Mémoire pour le canton de Saint-Julien de
Vouvantes, Ce Mémoire de 18 pages, sans noms d'auteur ni
d'imprimeur, sur papier de luxe, orné en titre d'une superbe
vignette, nous donne une très curieuse physionomie des per-
sonnes et des choses à l'époque. C'est l'histoire complète
k
d'une opération électorale en 1791. L'on y reconnaîtra, en
lisant les principaux détails que, maintenant comme alors,
les choses se passent absolument de la môme façon. On dirait
un modèle qu'on se plaît à reproduire : appel retentissant,
invitation pressante aux chers concitoyens ; éreintement
mutuel des divers candidats par brochures ou affiches impri-
mées et manuscrites ; médisances et calomnies qui fouillent
et dénoncent la vie publique et privée; corruption des élec-
teurs par rintimidation ou l'ivresse ; falsification des bulletins
et introduction frauduleuse de billets dans le chapeau servant
d'urne, ce qui ne devait pas être difficile ; bagarres, Insultes,
coups de bâton, coups de poing, procès, etc; puis, après la
victoire, chants patriotiques, festins, danses et feux de joie,
tambour et musique, discours vibrants de patriotisme, rien
n'y manque; en un mot: tout i&cérémonial usité et fidèlement
reproduitde nos jours, dans un trop grand nombre d'élections.
a La paroisse de Saint-Julien^ dit au début l'auteur du
Mémoire, est agitée par des procès scandaleux Le recteur
de Saint-Julien est décrété ; le président de l'assemblée pri-
maire, âgé de 80 ans, (M. Laine père) insulté, frappé dans
cette assemblée, est cependant décrété ainsi qu'un des mar-
guilliers... Ces trois décrétés sont d'honnôles patriotes,
accusés par cinq ou six petits intrigants qui veulent tout
dominer, de leur avoir manqué de respect dans rassemblée
primaire du 26 novembre dernier. Qui pourra croire que dans
314 MESSIRB JBAM LAINE
ces heureux moments de la restauration de la liberté, cette
extravagante platitude soit la seule matière de deux grands
procès au Département et au Tribunal ?... Sublime Uécla-
ration des Droits de Thomme, sont-ce là tes effets ? Les
décisions des tribunaux ne serviront qu'à propager la discorde
dans tout le canton. . . . et.il en peut résulter, dans un avenir
très prochain, des événements malheureux que tout bon
citoyen doit s'efforcer de prévenir. . . S'il est impossible de
contenir les méchants par la persuasion, il est un moyen
infaillible de les abattre : il faut les démasquer; bien connus,
bien ridicules, ils ne sont plus dangereux; Tiniquité ne sup-
porte pas la lumière, elle est anéantie dès qu'on éclaire ses
démarches... Osons donc, puisque le bien publient la tran-
quillité d'un grand canton l'exigent, osons dénoncer cinq ou
six petits orgueilleux qui méconnaissent les droits du peuple,
publier leurs noms et dévoiler leurs manœuvres intéressées. . .
livrons-les une seule fois au tribunal infaillible d'un peuple
calme et attentif. Bientôt couverts par les arrêts suprêmes
d'un ridicule ineffaçable, leurs nouvelles élections seront
reçues partout avec le mépris dû à leurs auteurs; réduits à
leurs moyens personnels^ ils seront forcés de laisser en paix
leur pays natal qu'ils désolent depuis très longtemps. »
Et ici, M. de Beaumont se charge de la besogne. Gomme
il avait affaire dans son élection à M. Jouneaulx, neveu de
l'ancien recteur, Tun de ses plus sérieux rivaux, il saisit cette
occasion pour attaquer la mémoire du recteur^ et même celle
de l'un de ses prédécesseurs M. Dezé que nos lecteurs con-
naissent tous les deux. Pour l'auteur du Mémoire^ M. Dezé
n*est qu'un infâme curé qui avait répandu dans la paroisse
l'esprit de chicane et de discorde ; M. Jouneaulx purement et
simplement un voleur, dont il rappelle la condamnation « par
le Parlement qui n'avait su le contenir, » et les procès « dix,
vingt en même temps (!) contre ses propres frères, contre
tous ses voisins et ses paroissiens, et encore en ourdissait-il
entre eux et les dirigeait-il avec fureur. Hélas 1 » soupire ici
SON JOURNAL ET SBS NOTES 315
le Mémoire^ « son esprit vit encore ; on croirait qu'il dirige
du haut des Cieux, » on voit que l'auteur ignorait absolument
ce qui se passe là-haut, « où il repose depuis huit ans »,
point en paix, paraît-il, « toutes les menées et les cabales
qui nous tourmentent. C'est ce qui nous a forcé d'en remon-
ter l'histoire jusqu'à lui t. Et aussi peut-être, sinon tout
d*abord, quelques vieilles rancunes héréditaires qui remon-
taient précisément jusqu'à M. Dézé. \
Après cet exorde vengeur où Ton remarquera qu'il laisse
de côté le nom du recteur M. Laine, qui avait faute de mieux
sans doute voté pour lui, l'auteur du Mémoire en arrive à la
personne de ses ennemis qu'il éreinto de son mieux en les
faisant simplement connaître : « Citoyens, vous ne pouvez
attribuer à une vaine méchanceté » oh! non, évidemment:
tt les portraits qup Ton est forcé de faire de tous ces person-
nages, quand vous vous rappellerez qu'ils sont toujours dé-
nonciateurs ou témoins, et souvent Tun et l'autre, dans les
affaires qui troublent ce canton ; que les lois règlent le degré
de confiance dû aux témoins suivant leur qualité, leur carac-
tère et leurs mœurs; le portrait le plus détaillé de nos éter-
nels dénonciateurs est donc de l'essence môme de ce Mémoire
et commandé par la loi même. Commençons par le chef,
sans ménagement comme sans humeur. »
J. Saint-Fort Rondelou,
Prêtre.
{A suwre.)
LES ÉCHAUBROGNES
(Suilt)'.
J. GILLEBERT
Notre Poitou est vraiment riche en documents sur l'histoire
locale. Parmi les sources intéressantes, à divers titres, oit
celle-ci puise ses renseignements, les Registres-Journaux
appelés encore Livres de Raison occupent une place impor-
tante par les détails infimes qu'ils conliennent, les secrets de
la vie privée! qu'ils révèlent. M M, de La Fontenelle, deVaudoré,
Beauchet-Filleau. et Bélisaire-Ledain ont eu, dans ces derniers
temps la bonne fortune de découvrir des trésors en ce genre,
et ils ont considérablement augmenté les richesses de nos
annales poitevines. Humble glaneur è leur suite, j'ai eu entre
les mains le Livre-Journal d'un bourgeois de Chàtillon-
Mauléon, au dernier siècle. Ce journal est d'un ialérét limité
sans doute, car il ne relate aucun fait politique, mais sim-
plement les faits survenus dans la famille de son auteur, et
les diverses transactions que nécessitait la gestion d'une
fortune assez considérable pour l'époque où vivait son auteur.
Telles qu'elles sont cependant, ces humbles pages ne m*ont
pas paru sans valeur. On y trouve parsemés ces mille petits
renseignements, toujours curieux, sur les mœurs et les habi-
tudes de la vie privée d'autrefois, qu'un contemporain rapporte,
' Voir le fuscicnle de mai-JDÏn 1900,
LES ÉGHAUBR06NES 317
sans se douter qu*un jour viendra où ils pourront avoir pour
d'autres que pour lui quelque intérêt. Ce vieux, registre
exhale un parfum de religion et d'honnôteté qui aide à nous
apprendre ce qu'était la classe bourgeoise, il y a deux cents
ans, alors que rincrédulitéetTimmoralilédu dernier siècle ne
lui avaient pas encore innoculé leur v^nin. On y voit des
habitudes toutes patriarcales et des relations d'amitié, entre
le propriétaire et le tenancier, infiniment moins pressuré, et
partout, bien plus heureux alors qu'aujourd'hui. Dès la pre-
mière page, Tauteur avertit qu'il veut a que foy soit adjoustée
« à iceluy registre par ses hérittiers pour tous les articles qui
« y sont insérés de sa main, comme conformes à la vérité :
« quand mesme les quittances de paiements qu'il y articulera
M seront perdiies et adhirées. » Jacques Gillebert, sieur de la
Louisière, avocat en parlement, procureur ducal et fiscal du
duché-pairie de Châtillon-sur-Sèvre, ci-devant Mauléon, fau-
teur de ce journal, tient aux Echaubrognes par son titre de
sieur de la Louisière, petit bien situé à 3 kilomètres environ
de noire bourg, au village de la Taillanderie. Il était le fils
puîné de Pierre Gillebert, notaire à Mauléon., Son frère aîné»
Pierre GilleberU conseiller du roy, élu en l'élection de Mauléon,
avait également pris son titre de sire des Arsis, d'un autre
village de notre paroisse : mais ni l'un ni l'autre n'habita les
Echaubrognes. Cette famille était originaire, ou de Mortagne,
ou de Pontenay-le-Comte, villes dans lesquelles elle possédait
un logis de môme qu'à Mauléon. Nous ne connaissons de la
biographie de notre procureur que ce qu'il nous raconte lui-
môme, dans les trois pages qui précèdent le long exposé de
ses recettes et de ses dépenses. Je vais tout d'abord trans-
crire ces humbles annales de famille, entremôlées comme
toutes choses ici-bas d'événements joyeux et de jours de
tristesse. Malgré leur concision, elles laissent percer, en plus
d'un endroit, le cœur et la foi du chrétien qui les a rédigées.
« Le septième jour de juillet mil six cent quatre-vingt-treize,
« j'ai contracté mariage avec demoiselle Françoise Pichard,
'6i^ LKS KCHAUBROGNeS
« fille de defTunt messire Nicolas Pichard, sieur des Bourra-
« chéries^ lieutenant criminel de Fontenay-le-Comte et de
« damoiselle Renée Moreau, lequel mariage a esté célébré en
« Téglise de l'Arbsie, par le sieur curé dudit lieu ledit jour et
« le contrat passé par Loyauté, notaire royal à Fontenay, le
« même jour. Dieu veuille y donner sa sainte bénédiction ».
« Le 9* jour de may 1694, Françoise Richard machère femme
« est accouchée sur les cinq heures et demie du soir, d'un
« garçon, après avoir esté dans les douleurs depuis deux heu>
« res du matin ; et sur les 9 heures du soir du mesme jour,
« est décédée malheureusement dans les douleurs. Dieu veuille
« avoir pitié de sa pauvre âme, et est enterrée dans l'église de
« la Trinité.
a Le lundy dix-septiesme du mesme mois, ledit garçon, mon
« fils, a esté tenu sur les fonds du batesmc en l'église de la
« Sainte Trinité, par M. Nicolas Pichard, sieur du Pasty; son
« parrain, et Marie Pommeraye, ma mère, qui lui ont donné
u les noms de Nicolas Jacques Marie (Il est conseiller à
« Fontenay).
u Le lundy dix-huictième jour de novembre, mil six cent
« quatre-vingt-dix-sept, j'ay épousé en Téglise de Noire-Dâme
« de Fontenay, damoiselle Gabrielle Marguerite Gollin, fille di*
« defTunt M. François Gollin, sieur de la Martinière, ad** et
« receveur des décimes de Fontenay, et de damoiselle Fran-
M çoise Marie Draud. Après que le con tract en a esté passé ledit
« jour par Frin notaire royal audit Fontenay. »
« Le lundy vingt-cinquième jour dudit mois de novembre,
« mil six cent quatre-vingt-dix-sept, sur les cinq heures du
« matin, est décédée Françoise Pommerais ma tante, veuve
« de deffunct M. Pierre de Fontaine, et a esté enterrée le len-
te demain en l'église de la Trinité de Mauléon. »
« Le samedy, sixiesme jour de septembre mil six cent
« quatre-vingt-dix huict, environ demi heure après minuict,
« Gabrielle Marguerite Gollin ma femme est accouchée d'un
« fils, lequel a esté baptisé en l'église de la Trinité de Mau-
LES ÊGHAUBROGNKS 319
r
« léon par le R. P. Barbereau, prieur de l'abbaye et curé de la
<* dite paroisse le lundi ensuivant, huiclième du mesnte mois,
« et nommé Pierre François par M* Pierre Gillebert, sieur
« des Arsis, conseiller du roy, et esleu en l'éleclion dudit
« Mauléon, mqn père, son parrara, et damoiselle Françoise
« Marie' Draud, mère de ma femme, sa marraine. (Il est
« prieur de la Tessoualle.) Le 26*' jour de novembre 1698
« damoiselle Françoise Marie Draud, veuve de M* François
« Collin sieur de la Martinière, ma belle-mère, est décédée
« et a esté enterrée en l'église Nostre-Dame de Fontenay. »
« Lel9 juin 1700, environ, trois heures après midy, est dé-
« cédée Marie Pommerais, veuve en premières noces de
« M** Lepielvre et en deuxièmes noces de M* Pierre Gillebert,
« ma mère, âgée de 75 ans, et a esté inhumée en l'église de
« la Trinité, près l'autel de la paroisse ..
« Le 24 novembre 1700, Marguerite Gabrielle Gollin, ma
u femme, est accouchée d'un garçon qui est né environ sur
« sept heures du soir, et a esté baptizé le . lendemain en
« l'église de la Trinité et nommé Charles-Marie , par
« M« Charles Aumond, sieur des Essars, sénéchal de Ghâteau-
< mur, mon cousin germain, son parrain et damoiselle Marie
« Agnès Collin, ma belle-sœur, sa marraine. » (Il est curé de
i< Saint-Mâlo-des-Bois.)
« Le vingt-deuxième jour de mars mil sept cent quatre,
« jour de samedy saint, environ une heure et demie du maiin^
«'ma femme est accouchée d'une fille qui a estée baptisée
« le môme jour, en l'église de Nostre-Dame de Fontenay,
« laquelle a esté tenue sur les fonds de batesme par
« M* Jacques François Collin prieur de Saint-Pompain et da-
« moiselle Charlotte Rose Collin, mes beau-frère et belle-sœur,
« qui luy ayant donné le nom de Marie-Rose; et le jeudy
« dixième d'avril ensuivant, elle est décédée, environ sur le
« midy et enterrée le lendemain dans le cimetière de Lou-
« gesve. »
« Le dix huict septembre 1704, damoiselle Renée Moreau,
320 LES ÉCHAUBROGNBS
« veuve de M* Nicolas Pichard, sieur des Bourracheries,
« mère de deffuncte Françoise Richard ma première feiiime,
a est décédée dans le bourg de TOrbrie, âgée d'environ 72iins,
« et a esté enterrée le mesme jour dans le cimetière du dit
« lieu, proche la cmix. »
« Le septiesme jour de mars 1705, environ une heure
c après minuict qui estait un jour de samedy matin, Gabri-
a elle Margueritte Gol)in, ma femme est accouchée d'une
« fille qui a esté baptizée le mesme jour en TégUse de la
« Trinité, et nommée Marie-Rose, du nom de ma deffuncte
tt fille. Le parrain est M"" René Denys, sieur du Chiron, rece-
u veur des tailles de celte élection et la marraine damoiselle
« Françoise Collin, veuve de M. Pierre Garbier, médecin de
« feu Monsieur frère unique du roy, ma belle-sœur. »
(C'est une dévote).
« Le vingt deuxiesme jour de juillet 1707, Marguerite
« Gabrielle Gollin ma femme est accouchée d'une fille née
« environ demi-heure après midy. Laquelle a esté baptizée le
« 23 du mesme mois dans l'église de parroisse de la Trinité, et
« nommée Eléonor Madelaine. Le parrain a esté Nicolas
« Jacques Marie Gillebert, mon fils atné, et la marraine Eléo-
« nor Rougeuu, ma nièce, n (Elle a épousé M*" Jacques de
Hillcrin, avocat en la cour, président du dépost de Ghâtillon.
procureur du roy, des trailes du mesme lieu, procureur fiscal
du duché et sénéchal de Morlagne).
« Le qualriesme jour de mars 1709, environ une heure
« après minuicl est décédé M. Pierre Gilleberl, sieur des
« Arsis, conseiller du roy, éleu en élection de Mauleon. mon
w frùre, âgé d'environ boi.xante ans. Il a esté enterré le
« mesme jour en l'église de Saint-Pierre, proche la balus-
« l.-aile de l'autnl, à main droite, et le sixiesnie du môme
« mois et an, environ sur les dix heures du malin, est décédée
« damoiselle Angélique Rougeon, sa veuve, âgée aussy
a d'environ soixante ans et a esté enterrée le lendemain en
« la dite église, au-dessous de son mary. » — u Le treiziesme
LES ÉCHAUBROQNES 321
(( jour de novembre 1709, environ sur les 11 heures du soir,
« Marguerite Gabrielle Collin, ma femme, est accouchée d'un
« garçon qui a esté baptizé le quinze du mesiïie mois, en
« l'église de la Trinité, et tenu sur les fonds du batesme par"
tt M. Gabriel François Gollin, prestre prieur de Soullans, et
« damoisclle Charlotte Roze Gollin, frère et sœur de ma
« femme, qui Tont nommé Gabriel Charles. »
'< Le vingt-septiesme août mil sept cent onze, environ
« demi-heure avant midy, Marguerite GabrieHe Collin, ma
« femme, est accouchée d'un garçon qui a esté baptisé le
tt lendemain en l'église de la Trinité fet nommé Jacques
« Augustin, par M. Pierre de Fontaine sieur de la Marau-
(' dière et damoiselle Jeanne Durand, veuve de M. Charles
û Aumond, sieur des Essars, vivant séneschal de la baronnie
« de Châteaumur, ses parrain et marraine. »
« Le seiziesme jour de décembre 1723, Gabriel Charles
« Gillebert mon fils, né le 13 novembre 1709, est décédé sur les
« trois heures du matin, et inhumé en l'église de la Trinité de
« celte ville, au-dessous de mon banc, vis-à-vis le second
« pillier à gauche en entrant. »
« Le premier jour de juillet 1726, Nicolas Jacques Marie
« Gillebert, mon fils aîné et de deffunte damoiselle Françoise
« Pichard, ma première femme, a épouzé en l'église de
« Saint-Savin de Poictiers, damoiselle Marie Jacquette Mac-
« quin,fîlle dedeffunt M. René Macquin, eschevin et major
0 de la ville dudit Poictiers et de dame Marie Angélique
« Diné. Le contrat a esté passé le mesme jour par Bourdon
a notaire royal audit Poictiers. Le dix sept apvril 1727,
« Marie Jacquette Macquin ma bru, est accouchée d'une fille,
« environ sur les onze heures du soir, laquelle a esté bap-
« tizée le lendemain dix huict en Téglize de Notre-Dame de
« Fontenay, de laquelle j'ay esté parrain, et dame Marie
« Margueritte de Mouillebert, épouse de M. Charles de Vil-
« ledon, chevalier, sgr de Gournay, la marraine, elle a esté
« nommé Marie Jacquette. »
322 LES ÉCHAUBROGNES
a Le seize octobre 1729, Jacques Augustin mon fils, âgé de
« dix-huict ans, un mois, dix-neuf jours, est mort à la Tes-
« soualle, chez son frère le prieur, sur les trois heures après
a midy, après onze jours de létargie, et a esté enterré dans
« Téglise dudit lieu. »
Ici s'arrêtent les notes de J. (jillebert sur sa famille : ce que
je vais ajouter je Tai trouvé épars, de côté et d'autre dans le
livre écrit en entier de sa main, jusque vers Tannée 1740,
époque probable de sa mort. A partir de cette date, c'est sa
fille, Marie-Rose, qui continue, avec plus de ponctualité que
de science de la grammaire, à inscrire les recettes et dépenses.
Dans ce labyrinthe, le mieux à faire c'est de noter au fur et à
mesure qu'ils se présenteront les faits quelque peu dignes de
remarque. Nous allons commencer par donner quelques
explications sur Tautobiographie de J. Gillebert.
Il avait perdu son frère avant Tannée 1682, et il étaitmojeur
en 1689, époque où nous le voyons se mettre à administrer
sa fortune par lui-môme. Le premier événement qu'il rap-
porte en son livre, c'est son mariage avec damoiselle Fran-
çoise Richard, en 1693. Moins d'une année après, à la joie
qu'il éprouve de voir son union bénie, succèoe, hélas î bien
rapidement, Timmense douleur qu'il éprouve par la perte de
« sa chère femme ». La phrase saccadée et incorrecte qui
annonce le malheur semble être comme un reflet des an-
goisser (lu'il éprouve. Huit jours s*écoulent jusqu'au baplftme
de l'enfant dont la naissance a coûté la vie à sa mère. Puis
avec son esprit d'ordre, il n'oublie pas de noter que pour
l'enterrement, le service de huitaine, celui du bout de Tan
avec les droits curiaux, le luminaire et un annuaire de
messes pour la défunte, il donne aux R. R. P. P. de la Trinité
la somme d(î 200#. Puis nous le voyons plus loin régler
pareillement le prix des mois de nourrices de son « petit Jac-
quet ». Il donne à cette effet pour chacun an 36#. et une aune
et demie de serge. Il doit en outre fournir la chandelle,* la fa-
rine et le pain pour l'enfant. Plus lard, il entrera dans les
LES ÉGHAUBROONICS .S23
mêmes détails au sujet de son n pelit Chariot » piâ/s de la
« petite Rosette ». Quatre années après son union si inopi-
nément brisée, Jacques Gillebert contracte une deuxième
alliance Hvec damoiselle Marguerite GabrielleCoUin. Le rang
qu'occupaient à Fonteuay les deux familles auxquelles il s'allia
donne la mesure de la considération dont il jouissait lui-
môme. Par son premier mariage il était devenu le beau-frère
de Nicolas Pichard du Pasty qui eut dix enfants dont quatre
furent prêtres et deux religieuses ; puis de Jean Courtin, ron-
seiller du roy à Pontenay et qui avait épousé Marguerite
Pichard. La fille unique de ces derniers nommée Marguerite
comme sa mère, se maria plus tard avec Pierre Rochard, de
Landebergère. Nous en avons parlé ailleurs, page 215. (Voir
également les archives de la préfecture de Poitiers et le Dic-
tionnaire de Beauchet-Filleau.)
La deuxième femme, Marguerite GoUin, descendait du cé-
lèbre médecin calviniste Sébastien Gollin. Le P. Mulot,
successeur du bienheureux Montfort dans la charge de
supérieur des Pilles de la Sagesse de Saint-Laurent-sur-
Sèvre, appartenait également à cette famille par sa mère.
Marguerite Gollin survécut à son mari dont elle avait eu
sept enfants. Outre la fille qu'ils perdirent en bas âge, ils
eurentladouleur de voir mourir un de leurs garçons à Tâge de
14 ans, et un autre à l'âge de 18 ans, un mois, 19 jours, selon
que le pauvre père le remémore douloureusement en parlant
de la cruelle maladie qui emporta le jeune homme. Avec
quelle sensibilité et quel sens profondément chrétien, il an-
nonce en quelques mots résignés toutes ses angoisses pater-
nelles : il eut la consolation de consacrer h Dieu les deux
enfants aînés de cette deuxième union: l'un fut curé de
Saint-André-sur-Sèvre puis prieur de la Tessoualle ; et
l'autre curé de Saint-Malo-du-Bois près de Saint-Laurent-
sur-Sèvre Marguerite Gollin avait, elle aussi, de nombreux
frères et sœurs. Notrn livre-journal en fait connaître cinq,
dont deux prêtres, le prieur de Saint-Pompain et celui dr.
324 LES ÉCHAUBROGNES
Soullans au canton de Saint-Jean-de-Mont. Ce dernier dans
une lettre qu'il adressft à un avocat de Poitiers, en 1713,
nous laisse deviner qu'il n'avait point fait de Tarchéologie
une étude spéciale.
« M. Hugueteau de la Repoussonnière, avocat à Pontenay,
« m'a montré, dit-il ces gros coings de pierre de meulle, et
« ces deux sabres de cuivre que les massons de M. de Bouille
« ont tirés des fondements de son chasteau : on ne sçait à
« quoy ils pouvaient servir. »
Les notes que nous trouvons mises en marge sur le registre,
après la naissance de plusieurs des enfants sont d'une autre
main que de celle du père. L'une de ces notes qualifiant de
« dévote » sa fille Marie-Rose, tendrait à faire croire que les
sentiments religieux deJ. Gillebert ne se serait pas perpé-
tués également che» tous les membres de sa famille. La dite
Marie-Rose resta fille, et mourut dans un âge avancé, le 9 no-
vembre 1791. Elle avait eu pour parrain ce Denis du Chiron
de la Guérivière que nous avons vu ailleurs devenir proprié-
taire de la Sicardière, et de la Grande-Ecurie. (Voir plus haut)
Eléonor-Madeleine , l'autre fille de J. Gillebert, épousa
M" Jacques de Hillerin, d'une ancienne noblesse. Elle en
eut Gharlotte-Eléonore-Aimée, Sophie-Anna-Bénigne qui se
fixèrent à Mortagne, et Charles de Hillerin dont la fîlle Clé-
mentine habita à Châtillon le logis de Bourneau , où elle
mourut vers 1840. A la tête de toutes les bonnes œuvres, ells
fit don, en mourant, de sa maison pour y établir une école
chrétienne tenue par les frères du bienheureux de la Salle.
C'est elle qui a fait déposer au presbytère de Châtillon le
Livre-de-Raison qui nous occupe en ce moment. On sait que
c'était autrefois l'usage parmi les familles notables de choisir
le lieu saint comme lieu de sépulture. Combien devaient
s'élever ferventes, vers Dieu, les prières de notre J. Gillebert
dans cette église de la Trinité où à chaque pas il foulait les
tombes qui recouvraient les restes de tant d'ôtres chéris et
regrettés. L'église de paroisse précédait la collégiale, et elle
LRS ÉGHAUBROGNES 325
était d'une construction bien plus ancienne qu'elle, puis-
qu'elle appartenait à la période romane. G*est pour conserver
ce souvenir que M^" Gousseau a conseillé d'édifier en style
roman la façade de Téglise actuelle.
La vie de notre procureur, partagée entre les devoirs de
sa charge, les soins donnés à sa famille et Tadministralion
de ses biens, ne parait pas avoir été grandement mouve-
mentée. Il entreprend peu de voyages, et ceux seulement
que nécessitent son emploi ou le besoin des siens. Il se
rend une ou deux fois à Paris où il avait envoyé son fils
aîné achever ses études. Pour lui, son centre d'affaires,
c'est Châtillon; et de là il rayonne aux alentours pour
présider aux ventes, dresser des inventaires, etc. C'est ainsi
que nous l'avons vu faire celui de la Sicardière, après le
supplice infligé au châtelain. De son vivant, François
Garnier était son débiteur, car J. Gillebert accepte, à valoir
sur la dite dette, quatre charges de blé qu'il prend sur le
village de la Boulaie, paroisse de Rorthais. Après l'incendie
de la Sauvagère, J. Gillebert va diriger la vente de ce qui
restait et il achète plusieurs pièces du mobilier et il en tient
compte sur le prix de ses vacations. A son fils aîné à qui il
avait donné le nom de Turaillé, comme lui-môme il avait
pris celui de la Louisière, il achète la charge de procureur
du roy en la maréchaussée de Fontenay : et pour l'expédition
de la commission et enregistrement d'icelle, il paie h la
connestablie, 81 /^ 2 s. Il fait passer à sa nièce du Pasty,
248 # 12 s. pour une rente qu'il avait perçue pour elle sur
la Ribaillerie, en notre paroisse. Il partage avec son frère
des Arsis une somme de 45 # que feu le sieur des Buardières
devait à leur père. Il paie à M. Tocqué, 49 /^ 10 s. pour sa
capitation. Pour le compte de la baronnie de Mauléon, il
perçoit 3 septiers de blé dûs sur la Grande Saunerie, deux
sur lajQrandeCoudraie^ 8 boisseaux sur la petite Ghaillouère,
4 boiseaux sur la Béchusière ; et par suite du procès que
celte perception avait occasionné, il touche un mandement
TOMIB XVI. — NOTICES. — XVl^ ANNÉE, ©«-lO* LIV. 23
326 LB8 iCHAUBROGNBS
de 200 # sur René Arnauit^ métayer à la Grande Goudraye et
un de 12# sur la veuve Ghaillou et son fils meslayer à la
Grande Saunerie.
Outre sa charge de président du dépost qui était héré-
ditaire, et lui valait 29d# 6 s. 8 d. de gages, avec 200# de
gratification et 6 boisseaux de sel pjur sa provision, il
perçoit encore 100# de rente que lui verse le lieutenant
criminel de Pontenay, sur sa charge, et il a le quart du
greffe de la baronnie de Châtillon, qu'il afferme pour 25#
par an.
Quant à ses revenus patrimoniaux, s'ils étaient assez con-
sidérables, ils étaient aussi singulièrement embrouillés.
Ce qui ne contribuait pas peu à cet inconvénient c'est
que la plupart des biens de famille étaient restés indivis
entre lui, son frère et leur deux sœurs, mariées, l'une à M. de
TEmauferuère, et l'autre à M. de la Jarrie. J. Gillebert avait
à Fontenay une maison dite des Loges, à Mortagne un
logis affermé à M. de Gennes, procureur du roy à Poitiers ;
à Mauléon un logis près de Saint-Melaine qu'il afferme à
M. Tocqué d'abord, puis à M. du Bosc, beau-frère de son
neveu, M. Cousseau de la Richardière avec qui il l'échangea
plus tard. Pour le logis de Bourneau, il l'avait acheté en
partie de M. de la Brunière. Si J. Gillebert poussait souvent
jusqu'à la minutie son amour de l'ordre, il était néanmoins
charitable. C'est ainsi que sur la ferme de la Grassière, en
Nueil. dont il avait un sixième, il avait stipulé que le tenan-
cier réserverait la moitié du prix de la ferme pour le
donner aux pauvres. Je n'entends point, dit-il ailleurs, tirer
à conséquence avec mon fermier de la Gaillardière, pour des
raisons qui me sont connues, j'ay obmis décrire plusieurs
choses, voulant qu'au cas où nous viendrions à mourir, l'on
se contente de prendre ce qui se trouvera pour lors de bes-
tiaux ainsi que le grain et l'année qui sera en terre, mais
qu'on laisse le dedans de la maison aux enfants. » Il abaisse
les prix de ferme à plusieurs de ses tenanciers après la
disette de 1709. etc.
Î.ES éCHAUBROGNES 32
Il a le quart d'une petite borderie au hameau de Bouroche
et une charge de blé de rente foncière que lui paie le prieur
de Saint-Gemme sur le village de la Vitre, il fait grâce d'une
année (le fermier n'ayant pas récolté de blé). « J'ay, dit-il au
village de la Louisière paroisse de Saint-Pierre d'Echau-
brognes, une mestayrie appelée la Petite-Louisière, affermée
en 1689 pour 50/f six charges de blé seigle, mesure de
Mauléon et une charge et demie, mesure de Maulévrier,
4 poulets à la Pentecôte, 2 chapons à Noël et un agneau à
Pâques. Le onze janvier 1696, j'ay aCfermé pour cinq ans à
commencer de la Sainte-Georges prochaine à Jacques Bernier
et Vincente Berthelot demeurant à la Béchusière la mestay-
rie delà Petite-Louisière pour m'en payer par an la somme
de iOQ-ff- demi charge de blé seigle, 4 poulets, deux chapons
et la fllerie de deux livres de lin à Noël. Le 5 février, payé h
Thomas Tournerie, collecteur de Saint-Pierre d'Echaubrognea,
pour l'année 1695, 10. -H- à valoir sur la taille et crue de la
Petite-Louisière. » En 17l0 il n'en perçoit plus que 85y^ . En 1753»
Mathurin Gouin prend à ferme la Petite-Louisière pour il
pistoles. Bn 1760 il prolonge sa ferme de concert avec son
gendre Jean Baron. Les descendants de ce dernier sont encore
à la Petite-IiOuisière comme fermiers, et nous avons dit que
dans les guerres de la Vendée les Baron ont servi avec
distinction.
Avec la dépréciation qu'ont subie les valeurs monétaires,
ces prix de ferme nous semblent maintenant bien peu élevés
mais, souvenons-nous, par contre, que la main d'oeuvre, le
taux de vente du blé, des bestiaux et des denrées était loin
d'atteindre les prix d'aujourd'hui, c'est ainsi que se faisait
la compensation. Il reste à savoir si notre état de choses
actuel, sous ce rapport, est un progrès. Donnons un aperçu
de ces diCférences de prix d'après notre Livre de Raison:
ainsi les journées de travailleurs se payaient alors 5 sols ;
les fagots de bois, un escu le cent ; une brebis de 2 à 4#; une
baude3 # 8 s.; une taure d'un an 11 #;une vache, 24 /f; une
328 LBS ÉCHAUBROGNES
moitié de cochon 9 #; le miel 5. s. la livre ;^le beurre, 6 sols; la
carpe 5 sols ; le boisseau de marrons, 12 sols ; les œufs, 2 sols
la douzaine. Quant au blé seigle, le seul qui fut cultivé alors
dans nos contrées, car la culture du froment n'y était point
connue avant 1830 ou environ, la charge de 18 boisseaux,
dans l'intervalle de 1698 à 1725, n'a atteint qu'.une seule fois,
en 1723, le prix de 31 fr. 18 sous. Son prix moyen variait de
12 à 18 livres la charge. Môme remarque à faire pour le prix
des diverses marchandises. Ainsi J. Gillebert paie à Oger son
cordonnier, 1? -H- pour quatre paires de souliers, il se récrie
sur le prix de 24 -H- que lui réclame un autre cordonnier pour
six paires de souliers et il en fait « modérer » le prix à 22 # ;
mais, par contre^ il paie un quarteron de thé 50 sols ; et
M. Aumaud des Marchais achète à Paris un bonnet pour
M. Tocqué et il le paie neuf livres. J. Gillebertet, sur ses vieux
jours, donne chaque année, à Garnier, perruquier, 8 -H- pour
lui faire le « poil » une fois la semaine. Voyons maintenant
ce que lui coûta la mise en ménage d'un de ses enfants, le
prieur de la Tessoualle. Sa mère lui achète pour 53 it de serge
verte pour garnir un lit ; elle lui donne trois douzaines de
serviettes, une fine, une de brin et une grosse ; trois nappes
idem, six draps, une poêle à frire, une paire de landiers de fer,
une douzaine et demie d'assiettes neuves, en étain, je pense,
puisqu'on en indique le poids qui était de 31 livres en y com-
prenant quatre mazarines moyennes et deux grands plats. Un
chandelier, six cuillers et six fourchettes « en métail ». plus
un demy cabinet, pour loger le tout. On lui a fourni par ail-
leurs, en autres meubles acheptés ou estimés., fournitures,
façon et argent de preât, la somme de 435 it. Sous ce rapport
encore, on le voit, la différence entre nos temps actuels et ce
temps-là est grande 1
Le 6 août 1721. il paie à M. Janneau, régent, 22 -H- 10 s. pour
15 mois d'écolage de son fils Gabriel à raison de 30 sous par
mois; et le mesme jour Jacquet, son autre fils, commence le
latin. Dans ces temps d'ignorance prétendue, du reste, les
LES ÉGHAUBROGNRS 329
parents, quoique bienpiuschargés de famille qu'aujourd'hui,
ne reculaient devant aucun sacrifice quand il s'agissait de
réducation de leurs enfants.
« Au mois de may 1719, Jacques Blanchard, dit La Fleur,
soldat de milice» dans la campagnie deM. le chevalier Saint-
Séverin pour la paroisse dé Sant-Philbert-de-Bouin, natif de
Plémin , proche de Moncoutour , en Bretagne , m'a déposé
entre les mains deux louis d'or de nouvelle fabrique, valant
présentement 36 -H- chascun pour luy garder jusqu'à son
retour, ou pour luy envoyer au quartier où il sera en me
renvoyant copie du présent extrait que je lui ay mis entre les
mains; ou, en cas de mort, employer le dit argent pour faire
prier Dieu pour luy et pour ses parents, sans que je sois tenu
de la diminution des espèces. » Le 30 août 1720, il rend la dite
somme, etc, etc..
En quittant à regret les pages de ce vieux Livre de
Raison de J. Gillebert, j'éprouve le besoin d'exprimer le
sentiment d'estime, je dirais de vénération, que je ressens
pour leur auteur... Qu'il y a loin de cette existence calme et
sereine s'éteignant paisiblement dans la satisfaction du
devoir accompli, à celle des « employés » de nos jours, ter-
minant prématurément dans le remords, quand ce n'est pas
dans le crime, une existence enfiévrée durant laquelle chaque
jour ils ont été exposés à sacrifier leur conscience à leurs inté-
rêts matériels ! Nul doute que chacun des enfants de J. Gille-
bert aurait pu ajouter à la fin dudit Livre de Raison les
quelques ligne que j'ai trouvées dans un autre ouvragé de
même nature : « Mon père ne m'a jamais donné que de bons
exemples, et je serais le plus indigne des homme si j'étais
capable de déshonorer sa mémoire. Je prie Dieu de me donner
les secours nécessaires pour Timiter en sa vie et en sa mort. »
Ici finit la tâche que je m'étais imposée; des souvenirs, inté-
ressants pour notre localité, flottaient épars : j'en ai recueilli
le plus grand nombre possible^: puisse maintenant quelqu'un
plus habile que moi, savoir les utiliser ? Je lui souhaite autant
de plaisir à en tirer parti que j'en ai éprouvé à les r^ssçmbler .
330 LKS KCUAUBaOQNBS
NOTES DÉTACHÉES
Dans ce travail, il est souvent question de redevances en
blé à payer ou à percevoir. Voici d'après F. J. Thieulin, pro-
cureur de Tabbaye de la Trinité de Mauléon-Châtillon, les
principales mesures en usage vers 1712, dans nos contrées,
et comparées à celles de Mauléon.
<c Mauléon. La charge de Mauléon est de dix-huit boisseaux
et le septier de seize qui en 1712 a été réformé par justice à
Tancien type du boisseaux de MauJéon, comme il paroist par
les procédures qui en ont esté faites icy et à Poictiers, du
consentement de M»"" de La Tréraouilie.
MoRTAGNB. La charge de Mortagne est de seize boisseaux et
est plus grande d'un boisseau etdemy que celle de Mauléon,
mesuré à la réforme du boisseau de Mauléon en 1712.
Maulévhiee. La mesure deMaulévrier est de 16 boisseaux
pour la charge. Elle n'est guère plus grande que le septier de
Mauléon, selon la nouvelle mesure.
Ghabtkaumur. La charge de Ghasteaumur de la Flocellière.
de MontournaiSf des Herbiers et des Epesses est de 12 bois-
seaux et est plus grande d'un boisseau que celle de Mauléon.
Malièvrb. La charge de Malièvre est de 14 boisseaux et
est un peu plus grande que celle de Mauléon et le septier est
de 16 boisseaux, et partant plus grand de deux boisseaux et un
tiers que la charge de Mauléon. Les 14 boisseaux font à la
mesure de Mauléon vingt boisseaux et demy. Le septier fait
23 boisseaux et demy, mesure de Mauléon 1713.
La Chasséb. La charge de la Chassée et Pief-rETÔque est
de 16 boisseaux et est un peu plus grande que celle de
Mauléon.
BaBssmaE. La charge de Bressuire est de 16 boisseaux qui
en valent 17 boisseaux à la mesure de Mauléon.
Arosnton. La charge d'Argenton consiste en 20 boisseaux
qui ne valent que la charge de Mauléon, »
LbiS ÉGHAUBROONKS 881
Lala. Village, maintenant commune de Maulévrier. Le
flef et seigneurie, tant domaine que censif appelé Lala et la
Richardière en la paroisse de Chaubroigne. 1540 (c 105 f. 189^.
A côté, Cassini indique Lala-Renault, Lala-Tisseau, Lala-
Mauléon, Lala-Férolieau, Lala est le nom ancien de la pre-
mière ferme autour de laquelle se sont élevées d'immenses
terrures qui ont pris leur surnom particulier, aujourd'hui
tombé, du nom de leur premier maître.
La Pigouléb. 28 juillet 1246. Don fait à la léproserie de
Mauléon de trois sous d'or de revenu annuel, rendabie la
veille de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie sur
la terre de la Pécolée, que Marie de Marenil et Aimery de
Mareuil son premier mary avaient acquise (Ghâtillon, Histoire
manuscrite, M«' CousseauJ.
1090. Mention faite des Fontenelles (castellum Fontanellium)
{Cartulaire de la Trinité de Mauléon),
1120. Dîme due à Tabbaye de Mauléon sur le Vivier, Gi-
rard du Bois est témoin d'une donation faite par R. Qabard
partant pour Jérusalem (Présumé le village du Bois des
Echaubrognes). {Cartulaire de la Trinité de Mauléoji.)
1212. Messire Etienne Perereia (de la Perrinière ?...) avait
été jadis abbé de la susdite abbaye de Mauléon [Car-
tulaire de la Trinité de Mauléon).
2 novembre 1406. Thibault Caste, recteur de l'église de
Saint-Pierre de Cholet lègue pour Thôpital de la dite ville
quarante sols de rente qu'il a sur la terre de la Goquebelau-
dière que tient le métayer de la Bretonnière, en la pa-
roisse de Saint-Hilaire-d'Eschaubrognes. (Histoire de Cholet,
Amaury-Gellusseau).
NiLLiÈRK (la Grande), ferme, commune de Maulévrier, avec
fief et seigneurie appartenant au seigneur de Maulévrier qui
y réunit, en 1613, les fiefs duRochay, de Jousmier et du Petit-
Pont. Le tout acquis, dès 1653, par Pierre de Carion. En est
sieur Marie-François de Carion, chevalier capitaine d'infanter*
332 LBS ÉGHAUBROaNËS
rie, 1689-1696. Non loin, sur le chemin, s'élève la petite cha-
pelle de Recouvrance.
NiLLiÈaE(La Petite) hameau, commune de Maulévrier, dite
dans les titres au XVIP siècle la Nellière-Fontevraud et par
corruption laNillière-Pronteau. C'était un domaine du prieuré
fontevriste de la Rimonière.
FIN.
PRRUVES DE NOBLESSE
DES
DEMOISELLES DU POITOU
Reçues dans la Maison Royale de Saint-Louis
A SAINT-CYR
DE 1686 A 1793
Extraites des Manuscrits, conservés à Paris, à la Bibliothèque
Nationale et publiées avec des notes.
Par le Vicomte Paul de CHABOT
[Suile').
CHAUVELIN DE BEAUREGARD*.
Preuves de la noblesse de demoiselle M a rie- Jeanne Chauvelin
DE Beauregard, agréée par le Roi pour être admise au nombre
des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans la maison
royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr, dans le Parc de Ver-
sailles. Décembre 1733. ^
Armes: d'argent^, à un chou cabu de sinople et un serpent
d'or tortillé autour de la tige.
Premier degré : produisante.
Marie- Jeanne Chauvelin de Beauregard\ 1723.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Martin du lieu de Queaux, au diocèse de Poitiers, portant
1 Voir le fascicule de juillet-août 1900.
* BihL Nat. C&b. des Titres, vol. 304. p. 22.
' Alias : d'irgent, au chou arraché de sinople, la tige entourée d'un ser-
pent d'or, la tête en haut. {B.-F.)
♦ Elle mourut célibataire. (B.~F,)
334 PRBUVES D^ NÛBI.ES8E
que Marie-Jeanne Chauvelin, fille de François-Sjlvain Chau-
velin, éc', sgr de Beauregard, et de demoiselle Marie-Cathe-
rine de Nuchèze, sa femme, naquit le 28*''® d'octobre de Tan
1723, et fut baptisée le 30™'' desdits mois et an. Cet extrait si-
gné : FRADET, curé de ladite église, et légalisé :
Deuxième detfré : père et mère.
François-Sylvain Chauvelin, sgr de Beauregard, Marie-
Catherine de Nuchèze. sa femme, 1718.
Nuchèze: de gueules, à neuf molettes d'éperon d'or posées 3,
3, et 3.
Contrat de mariage de François-Sylvain* Chauvelin, éc\
sgr de Beauregard. fils de Jacques Chauvelin, vivant, éc', sgr
dudit lieu de Beauregard, et de demoiselle Anne Augron, sa
veuve, accordé le 4""' de septembre de Tan 1718, avec demoi-
selle Marie-Catherine de Nuchèze, fille de Pierre de Nuchèze,
éc% sgr de Badevillain, et de demoiselle Catherine Cacault. Ce
contrat passé devant Cuirblanc, notaire au lieu d'Usson,
sénéchaussée de Civray.
Ordonnance, rendue à Poitiers, le troisième de mars, de
ranl715, par M. Quentin de Richebourg, maître des requêtes,
et commissaire départi dans ladite généralité, par laquelle
Jacques Chauvelin, sgr de Beauregard, et François Chauvelin,
son fils, sont maintenus dans la qualité de nobles et décuyers,
dont ils avaient] ustifié la possession. Cette ordonnance signée :
de RiCHEBOURG.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Nicolas de Beauvoir, portant que François Chauvelin, fils de
Jacques Chauvelin, s' de la Sigogne, et de demoiselle Anne
Augron, sa femme, naquit et fut ondoyé le 30"' du mois d'août
* François-Sylvain, chev, sgr. de Beauregard, Mortesgne, le Verger,
les Aguestons. la Mothe-Pommeraye, Availles, la Sigogne. etc., capitaine
au régiment de Picardie, puis inspecteur des haras du Poitou, servit
au ban de 1758 dans la 4"" brigade de Tescadron de Boisragon, et mourut
en août 1767. (B.-F.)
OBQ DBMOISJCLLQS DU POITOU 330
de l'an 1694, et qu'il reçut le supplément des cérémonies du
baptême, le 23 novembre de Tan 1695. Cet extrait signé :
TouzAO-LiN, curé de ladite église.
Troisième degré : aïeul et aïeule.
Jacques Chauvelin, sgr de Beauregard, Anne Augron,
sa femme, 1688.
Augron: d'argent, à nn chevron d'azur.
Contrat de mariage de Jacques Chauvelin, éc', sgr de
Crespy, fils de Jacques Chauvelin, éc sgr de Beauregard, lieu-
tenant général pour le roi, au gouvernement de Péronne et
de demoiselle Marie- Anne de Bridiers, sa femme, accordé le
21"' de juin de l'an 1688, avec demoiselle Anne Augron, fille
d'Adrien Augron, s* de la Barre, et de demoiselle Marie de
Montenay. Ce contrat passé devant RuUier, notaire à Poitiers.
Commission de lieutenant-colonel du régiment de Beaujo-
lais-Infanterie, donnée à Versailles, par le roi, Tan 1706. au
capitaine Chauvelin de Beauregard, sergent-major dudit ré-
giment. Ces lettres signées : Louis, contresignées : Chamil-
LART, et scellées.
Provisions de chevalier de Tordre militaire de Saint-Louis
données par le Roi, à Versailles, le second jour de février de
l'an 1705 au s"" Chauvelin de Beauregard, major du régiment
dlnfanterie de Beaujolais. Ces lettres signées : Louis, contre
signées : Chamillart, et scellées.
Transaction faite le 8"' de mai de Tan 1686, entre François-
Sylvain Chauvelin*, éc% sgr de Beauregard, capitaine dans le
régiment de Beaujolais, et Jacques Chauvelin, son frère, éc'
sgr de Crespy, sur les différends qu'ilsavaient pour l'exécu-
tion du partage qui avait été fait le onzième de février de l'an-
née précédente des biens de Jacques Chauvelin. vivant, éc%
ï François-Sylvain, chev., sgr.de Beauregard et de la Sigogne, chev. de
Saint-Louis, en 1705, lieutenant-colonel au régiment de Beaujolais-ln-
tanterje en 1706, mort sans enfants de Marie-Anne de Brilhac, fille de Louis,
éc*. et de Marie-Anne de Gennes^ (^•-^)»
336 PREUVES DE NOBLESSE
sgr de Beauregard, lieutenant de Roi, à Péronne, et de demoi-
selle Marie- Anne de Bridiers, sa femme, leurs père et mère. Cet
acte reçu par Limousin, notaire, de la baronnie de Chauvigy.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Nicolas-du-Chardonnet, à Paris, portant que Jacques Chau-
velin, fils de Jacques Chauvelin, s»* de TEpine et de Beaure .
gard, lieutenant pour le Roi, à Péronne, et de demoiselle
Marie de Bridiers sa femme, naquit le 7"* de janvier de Tan
1665, fut ondoyé le 18"* des dits mois et an, et reçut le supplé-
ment des cérémonies du baptême le 8"" de février de l'an 1674
Cet extrait signé : Pellet, vicaire de ladite église.
Quatrième degré : bisaïeul et bisaïeule
Jacques Chauvelin, sgr de Beauregard, Anne de Bridiers
sa femme, 1654. ^
Bridiers : d^or, à une bande de gueules.
Contrat de Mariage de messire Jacques* Chauvelin, chev.,
sgr de Beauregard et de l'Epine, capitaine d'une compagnie
de cavalerie dans le régiment Mestre de Camp de France, et
fils de Vincent Chauvelin, vivant éc, sgr desdits lieux, et de
demoiselle Louise-Honorée Courault, sa femme, accordé le
28"* d'octobre de l'an 1654 avec demoiselle Anne de Bridiers,
fille de messire Louis de Bridiers, chev, sgr du Solier, capitaine
de cavalerie dans le Régiment Royal, et de dame Madeleine
de Pestivien. Ce contrat passé devant Mauduit, notaire à
Saint- Gautier, ressort dlssoudun.
Ordonnance rendue à Soissons, le 4" jour d'avril de Tan
1670 par M. de Machault maître des requêtes et commissaire
départi dans ladite généralité, par laquelle, il donne acte à
Jacques Chauvelin, éc^ sgr de l'Epine et de Beauregard, lieu-
tenant pour le Roi au gouvernement de Péronne, de la repré-
sentation qu'il avait faite devant lui, des titres justificatifs de
« Il fut écuyer de la Grande-Ecurie et Chevalier de l'Ordre du Roi, fit
partie du 1*' escadruii des nobles du Poitou commandé par M. de
Moussy- la-Contour, convoqué à Melle, le 5 juin 1693. (B.-F.).
DES OBMOISBLLISS DU POITOU 337
sa noblesse, depuis l'an 1538. Cette ordonnance signée : de
Machault.
Commission de capitaine dans le régiment de Picardie,
donnée par le Roi, à Versailles, au capitaine Beauregard, le
24"*' d'octobre de Tan 1683. Ces lettres signées Louis, contresi-
gnées : Le Tellier, et scellées.
Ratification faite le 12'"' de mars de l'an 1655 par dame
Louise- Honorée Couraud, veuve de Vincent Chauvelin, chev.,
sgr de Beauregard et de l'Epine, du contrat de mariage de mes-
sire Jacques Chauvelin, son fils, avec demoiselle Anne de Bri-
diers, et de la donation qu'elle lui avait faite de tous ses biens
par ce contrat. Cet acte reçu par Cirot notaire de la Châtel-
lenie de la Messelière.
Cinquième degré : trisaïeul kt trisaïeule.
Vincent Chauvelin, sgr de Beauséjour, Louise-Honorée
Courault, sa femme, 1617.
Courault : de sable, à une croix d'argent et une bordure de
gueules.
Contrat de mariage de Vincent* Chauvelin, éc',sgr de Beau-
séjour, fils de Jacques Chauvelin, conseiller du Roi, trésorier
général de ses écuries, et de demoiselle Cécile Boyer, sa
femme, et assisté de Jacques Chauvelin, son frère, conseiller
au parlement de Paris, accordé le 23™* de janvier de l'an 1617,
avec demoiselle Louise-Honorée Courault, fille de haut et
puissant sgr messire Pierre Courault, sgr de la Roche-
chevreux, chevalier de l'Ordre du Roi, et dç dame Jeanne
de Rechigne voisin. Ce contrat passé devant Richer, notaire de
la Châtellenie deBazois, sénéchaussée de Montmorillon.
Hommage de la maison noble de Beauregard, mouvant de
rhôtel de Ressoneau, fait le dixième d'avril de l'an 1642, par
Vincent Chauvelin, éC, sgr de Beauséjour à Gaspard de Té-
' Vincent Chauvelin fit partie du ban des nobles de la Basse*Marche,
convoqué en 1G35. 11 mourut en 1650. (B.-F.)
338 PRBUVBS ne noblesse
deau, éc', sgr de Ressoneau et de Pingermier. Cet hommage
signé : V. Chauvelin, Gaspard de Tédeau et Courbivaud,
greffier.
Lettre du Roi, écrite à Paris, à M. de Beauséjour, le 31"''
de mai de Tan 1626, par laquelle Sa Majesté lui mande
que pour ses vertus et mérites, il avait été choisi pour l'as-
semblée des chevaliers frères et compagnons de l'ordre de
Monsieur Saint-Michel pour y estre associé, et qu'elle avait
nommé le Vicomte de Brigueuil, pour lui en donner le collier,
de la part de Sa Majesté. Cette lettre, signée : Louis, et con-
tresignée : Beauclère.
Lettres de retenue dans l'état de charge d'écuyer de
récurie du Roi, données à Paris, par Sa Majesté, à Vincent
Chauvelin, sgr de Beauséjour, le 26"® de février de 1623. Ces
lettres signées : Louis, contresignées de Loménie, et scellées.
Sixième et septième degrés : quatrièmes et cinquièmes
aïeux et aïeules.
Jacques Chauvelin, éc% fUs de Toussaint Chauvelin, éc',
Cécile Boyer, sa femme, 1584.
Boyi':r : d'argent^ à un lion de gueules, et un chef d'azur, chargé
de trois étoiles d'or.
Contrat de mariage de noble personne Jacques Chauvelin*
fils de Toussaint* Chauvelin, vivant conseiller, procureur-
général de la reine-mère du Roi, et de noble femme Marie
Malingre, sa veuve, accordé le 8"** de mai de Tan 1584, avec
demoiselle, Cécile Boyer, fille de noble homme Jacques Boyer,
éc% et de demoiselle Marie Valin. Ce contrat passé devant de
la Fond, notaire, au Chàtelet de Paris.
1 Jacques Chauvelin^ trésorier général des écuries du Roi, mourut en
1C09 {B.-F.)
• Toussaint Chauvelin, éc, sgr de Fromentel et de Mitry, procureur-
général de Catherine de Médicis, épousa : 1" le 11 février 1538, Geneviève
de Brce, puis le 20 juin lô55, Marié Malingre. {B.~F.)
DBS DEMOISBLLfeS DU POITOU .^39
Emploi de l'ordonnance ci-devant rapportée et datée du
1**' avril 1670, dans laquelle sont énoncés :
Une sentence des requestes du Palais, rendue le l?"* de
mars de l'an 1568, entre demoiselle Marie Malingre, veuve
de Toussaint Chauvelin, éc% conseiller, procureur-général de
la reine, comme tutrice de Claude» Toussaint. Catherine,
Madeleine, Jacques, et Jean Chauvelin, ses enfants, et Chris-
tophe Chauvelin, éc', comme tuteur d'Alexandre Chauvelin,
fils dudit feu Toussaint Chauvelin, et de feue dame Geneviève
de Brée, sa première femme. Cette sentence signée : Formaget.
Et le contrat de mariage de noble homme Toussaint
Chauvelin, éc% s' de Fromentêl, accordé avec demoiselle Ge-
neviève de Brée, Tonzième de février de Tan 1538 (vC contrat
signé : Pkrrier.
Nous, Louis-Pierre d'Hozier,juge général d'armes de France,
chevalier de l'Ordre du Roi, son conseiller, maître ordinaire en
sa chambre des comptes de Paris, généalogiste de la maison
et des écuries de Sa Majesté et de celles de la Reine,
Certifions au Roi que demoiselle Marie Jeanne Chauvelin
DE Beauregard a la noblesse nécessaire pour être admise au
nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever
dans la maison royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr,
dans le Parc de Versailles, ainsi qu'il est justifié par les
actes qui sont énoncées dans cette preuve , laquelle nous
avons vérifiée et dressée à Paris, le lundi 28"® jour du mois
de décembre de Tan mil sept cent trente-trois.
Signé : d'HozieA
CHAUVELIN»
m
Preuves de la noblesse de demoiselle Marie Julie Chauvelin,
agréée par le Roi pour être admise au nombre des demoiselles
que Sa Majesté fait élever^ dans la maison royale de Saint-Louis,
fondée à Saint-Cyr, dans le Parc de Versailles, 6 avril 1769,
1 Bibl. Nat. Cah. dis Titres. Nouv. d*Hoz. voî# 95, dos 1853, p. 36.
340 PREUVEBS DE NOBLESSE
Premier degré : produisante.
Marie- Julie Chauvelin 1759^
Armes : d'argent^ à un chou cabu de sinople et un serpent dor^
tortillé autour de la tige.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Notre-
Dame de Niort, diocèse de Poitiers, portant que Marie-Julie,
fille légitime de feu messire François-Marie de Chauvelin, éc^
capitaine au régiment de Bourgogne, et de dame Josèphe
Chassin de Thierry, naquit, le 10 janvier 1759, fut ondoyée
le lendemain, reçut le supplément des cérémonies du baptême^
le 8 mai 1760, et eut pour parrain, messire François-Silvain
de Chauvelin, son aïeul, sgr de Beauregard et de Cigogne.
Cet extrait délivré le 11 juin 1766, par le s"^ Bouhier, vicaire
de la dite église et légalisé.
Deuxième degré : père et mère.
François-Marie Chauvelin, éc*^ ; Josèphe Chassin de
Thierry, sa femme, 1759.
Extrait des registres des mariages de la paroisse de Louis-
bourg, Isle-Royale, évéché de Québec, portant que le s' Fran-
çois-Marie Chauvelin, capitaine au régiment de Bourgogne,
fils de François-Marie* Chauvelin de Beauregard, éc'', et de
dame Neuchaise^ natif delà paroisse de Queaux, évêchéde
Poitiers, d'une part ; et demoiselle Josèphe Chassin de Thierry,
fille de feu François-Nicolas Chassin de Thierry, éc% capitaine
de la colonne, chev. de Saint-Louis et de dame Marie-Josèphe
Rousseau, native de Louisbourg, d'autre part, reçurent la
bénédiction nuptiale, le 5 février 1758. Cet extrait délivré, le
15 février 1769, par le s"^ Haran, garde dépositaire général
des archives et registres provenant des colonies méridionales
et septentrionales et légalisé.
' Née posthume, mariée à François Scourions de Boismorand. (B.-F.)
* François-Sylvain Chauvelin. (/?.-F.)
» Catherine de Nuchèze. (6.-F )
DBS DBM0I3BLLES DU POITOU 341
Contrat de mariage de s' François-Marie de Chauvelin,
capitaine au second bataillon du régiment de Bourgogne,
en garnison à Louisbourg, Isle-Royale, natif de la paroisse
de Tios, en Poitou, fils de messire François-Sylvain Chauve-
lin de Beauregard, éc^ sgr de Beauregard, etc., et de feu
dame Catherine de Nuchaize, accordé, le 5 février 1758, avec
demoiselle Marie Josèphe Chassin de Thierry, fille de feu
M. de Thierry, capitaine des troupes détachées de la Marine,
à Louisbourg et chevalier de l'Ordre royal et militaire de
Saint Louis, et de dame Marie-Josèphe Rousseau, sa veuve.
Ce contrat, passé à Louisbourg, Isle-Royale, devant Bac-
querille et Morin, notaires royaux, en la même isle, est
produit par expédition délivrée, le 15 février 1769, par le
s*^ Haran, garde et dépositaire général des archives et registres
provenant des colonies méridionales et septentrionales et
légalisée.
Et pour le surplus des preuves de la dite demoiselle Marie-
Julie Chauvelin, elle produit les preuves de la noblesse de
demoiselle Marie- Jeanne Chauvelin de Beauregard, sa tante,
reçue à Saint-Cyr, en 1733 et ainsy conçues :
Preuves de la noblease de demoiselle Marie- Jeanne Chauvelin
DE Beauregahd iujrééc par le roi pour être admise au nombre
des demoiselles t/ue Sa Majesté fait élever, dans la maison royale
de Saint-Louis, fondée fi Saini-Cyr, dans le Parc de Versailles.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Martin du lieu de Queaux, au diocèse de Poitiers, portant
que Marie-Jeanne Chauvelin, fille de François-Sylvain
Chauvelin, éc', sgr de Beauregard, et de demoiselle Marie-
Catheriaie de Neufchèze, sa femme, naquit, le 28 octobre 1723
et fut baptisée, le 30 des dits mois et an. Cet extrait signé :
Fradet, curé de la dite église, et légalisé.
TOMK XVI. — NOTlCut. — XVI' A^^ÉE, U*-lO' uv. 24
342 PREUVES DIS NOBLESSE
Troisième degré : aïeul.
François-Silvain Chauvelin, sgr de Beauregard ; Marie-
Catherine de Nuchèze, sa femme, 17i8.
DE NucHÈZE : de gueules, à neuf mofettes d'éperon d'or^ posées
5, 3 et 3
Pour ce degré, voir le second degré des preuves de Marie-
Jeanne Chauvelin de Beauregard.
Quatrième degré : bisaïeul.
Jacques Chauvelin, sgr de Beauregard ; Anne Augron, sa
femme, 1688.
Pour ce degré, voir le troisième degré des preuves de Marie-
Jeanne Chauvelin de Beauregard.
Cinquième degré: trisaïeul.
Jacques Chauvelin, sgr. de Beauregard ; Anne de Bridiers,
sa femme, 1654.
Pour ce degré voir lequatrième degré des preuves deMarie-
Jeanne Chauvelin âe Beauregard.
Sixième degré : quatrième aïeul.
Vincent Chauvelin, s'^ de Beauséjour ; Louise-Honorée
Courault, sa femme, J617.
Pour ce degré voir le cinquième degré des preuvesde Marie-
Jeanne Chauvelin de Beauregard.
Septième degré : cinquième aïeul
Noble Jacques Chauvelin ; Cécile Boyer, sa femme, 1584.
Pour ce degré, voir le sixième degré des preuves de Marie-
Jeanne Chauvelin de Beauregard ;
Nous, Denis-Louis d'Hozier, conseiller du Roi en ses
DES DEMOISELLES DU POITOU 343
conseils, président en sa cour des comptes, aydes et finances
de Normandie et commissaire de Sa Majesté, pour lui cer-
tifier la noblesse des demoiselles élevées dans la maison royale
de Saint-Louis à Saint-Cyr,
Certifions au roi que demoiselle Marie-Julie Chauvelin
est nièce de demoiselle Marie-Jeanne Chauvelin de Beaure-
gard, reçue dans la maison royale de Saint-Louis, à Saint-
Cyr, sur les preuves de sa noblesse, certifiées à Sa Majesté,
le 28 décembre 1733. Fait à Paris, le 6 avril mil sept cent
soixante-neuf.
Signé : d'Hozier.
CHEVALEAU DE BOISRAGON*.
Preuves de la noblesse de demoiselle Marie-Elisabeth Cheva-
LEAU DE BoiSRAGON, agréée, 1786. (sic).
Premier degré : produisante.
Marie-Elisabeth Chevaleau de Boisragon, 1776-'.
Armes ; dazur, à trois roses d^ argent, posées 2 et i .
Extrait des registres des baptêmes de la paroisse de Saint-
Pierre ès-Liens de la Chapelle-Bâton, diocèse de Poitiers,
portant que Marie-Elisabeth, fille légitime de Jean-Baptiste
Chevaleau de Boisragon, major d'infanterie et chevalier de
Tordre royal et militaire de Saint-Louis, et de dame Marie de
Magne, fut baptisée, le 22 novembre 1776, étant née, le 5 oc-
tobre précédent. Cet extrait délivré, le 20 février 1783, par
le s** Bezeaud, curé de la dite paroisse.
Deuxième degré : pkrk et mère.
Jean-Baptiste Chevalier de Boisragon ; Marie de Magne
sa femme, 1775.
' Bibi. Sut. Cab. de.s Titres. Nouv. d'Hoz. vol. 9G dos. 1890 p. 17.
' Elle mourut célibataire, au château de la Chesnave, versl80o. [B.-F.)
1
344 PKBUVKS DK NOBLESSE
Contrat de mariage de messire Jean-Baptiste Chevaleau*
de Boisragon, major d'infanterie et chevalier de l'ordre ro}''al
et militaire de Saint-Louis, fils majeur de feu messire Armand
Chevaleau de Boisragon, sgr de la Chesnaye, la Vienne, Cha-
meslay, etc., ancien lieutenant-colonel du régiment d'Orléans-
Infanterie, et de dame Marguerite Gondin de Boisseron, sa
veuve, accordé, le 11 septembre 1775, avec demoisselle Marie
de Magne, fille mineure de feu messire Pierre de Magne, sgr
de la Grange, et dame Françoise des Maisons. Ce Contrat
passé devant Ribault et Bourbeau" notaires royaux.
Extrait des registes des baptêmes de la paroisse de Sainte-
Néomaye, portant que Jean-Baptiste Chevaleau de Boisra-
gon fils de messire Armand Chevaleau de Boisragon, sgr de la
Chesnaye, et de dame Marguerite de Gondin de Carsan. con-
joints, fut baptisé, le 27 novembre 1737, étant né la veille. Cet
extrait délivré, le 12 septembre 1775 par le s»^ Messay. curé
de Sainte-Néomaye, et légalisé.
Troisième degré : aïeul.
Armand Chevaleau, sgr de la Chesnaye ; Marguerite de
Gondin de Carsan, sa femme, 1734.
Contrat de mariage de messire Armand» Chevaleau, sgr
de la Chesnaye capitaine au régiment d'Infanterie d'Orléans,
fils légitime et naturel de feu messire Jean Chevaleau de
Boisragon et dame Louise-Perside de Laste, accordé le 22
mars 1734 avec noble dame Marguerite de Gondin de Carsan,
fille légitime et naturelle de feu messire Louis-Henry de Gon-
din, sgr de Carsan, et de dame Louise de Cornettes ; ce con-
trat passé devant François Puech, notaire royal.
Extrait des registres de la paroisse de Saint -Martin-du-
* Dit le chevalier de Boisragon. ancien officier au régiment de Chartres-
Infanterie, major du régiment provincial au bataillon de Saint-Maixent .
{H. -F.)
• Il fat lieutenant-colonel du régiment d'Orléans-Infanterie, chev. de
Saint-Louis, commandant d'un des escadrons de la noblesse du Poitou
au ban de 1758. [li,-F.)
DBS DKMOISKLLES DU POITO U 3i5
Fouilloux, en Poitou, portant qu'Armand fils légitime de mes-
sire Jean Chevaleau, sgr de Boisragon et dame Louise Perside
de Laste. fut baptisé, le t> janvier 1702. Cet extrait délivré, le
28 janvier 1734, par le s' Panay, curé de la dite paroisse, et
légalisé.
Qutitrième (legré : bisaïeul.
Jean Chevaleaii, sgr de Boisragon ; Louise- Perside cle Las-
te, sa femme. 1688.
DE Laste : d'azur^ k un chevron (l'or, ,sur monté d'un soleil de ,
même, et accompagné^ en chef de deux étoiles d'argent, et en pointe
d'un croissant de même.
Contrat de mariage de messire Jean Chevaleau\ sgr de Bois-
ragon, fils de défunt messire Jean Chevaieau, sgr dudit lieu de
Boisragon et de dame Catherine deJViarconnay, sa veuve, ac-
cordé, le 6 mars 1688 avec demoiselle Louise-Perside de Laste,
fille de messire Pierre de Laste, sgr de laMothe-Jarrière, et de
dame Marie du Verger. Ce contrat passé devant Bon et
Dourceau, notaires.
Transaction, faite le 9 mai 1684, entre François Richard,
s' de Lestang, et messire Jean Chevaieau. sgi- de Boisragon,
fils de feu messire Jean Chevaieau, sgr de Boisragon, et de
dame Catherine de Marconnay, sa veuve, au sujet de quelques
sommes dues, au dit feu sgr de Boisragon. Cet acte reçu par
Thibault, notaire royal.
Cinquième degré : trisaïeul
Jean Chevaieau, sgr de Bosragon, Catherine de Marconnay,
sa femme. 1652. 1634
DE Marconay : de gueules, à trois pals de x^air et un chef d'or.
Contrat de mariage de messire Jean- Chevaieau sgr de Bois-
* Jean, sgr de Boisragon, né le 30 janvier 165G. baptisé au temple de
Saint-Maixent. Il servit au ban des nobles du Poitou de 1689. {tt.-F.)
* Jean, chev. sgr. de Boisragon, né le 31 déc. 1615. baptisé au temple de
Saint-Maixent, marié en U^ noces, vers l'an 1640, à Louise Chevaieau, sa
cousine. Il fut confirmé, dans sa noblesse, en 1667, par Barentin. {B.-J*.
346 PREUVES DE NOBLESSE
ragon, fils légitime de défunts messire Pierre Chevaleau,
sgr dit lieu, et dame Marthe Régnon, conjoints, accordé le
25 novembre 1652, avec demoiselle Catherine de Marconnay ,
fille de messire Philémon de Marconnay, sgr de Monde vis,
et de dame Françoise de Vasselot, son épouse. Ce contrat
passé devant Baudin et Texier, notaires royaux.
Jugement rendu, le 22 août 1667, par monsieur Barentin,
intendant de Poitiers, par lequel vu les titres représentés par
Jean Chevaleau, éc', s^ de Boisragon, le dit sgr intendant or-
donne qu'il jouirait, en qualité de noble et d'écuyer, de
tous les privilèges accordés par le roi aux nobles de son
royaume. Ce jugement signé : Barentin, et expédié, en 1678,
par le s' Aubouin, secrétaire de monsieur l'intendant de
Poitiers.
Sentence, rendue en l'élection de Saint-Maixent le 9 no-
vembre 1634, par laquelle, vu les titres représentés par Pierre
Chevaleau, éC", s' du Boisragon et delà Tiffardière,fils aîné de
défunts Jean* Chevaleau et demoiselle Renée de la Bérau-
dière, et notamment, son contrat de mariage avec demoiselle
Marthe Régnon du 16 juin 1614, il est ordonné, que comme
^ issu de noble lignée, il serait employé au rcMe de la taille, au
rang des nobles et exempts. Cette sentence signée : Houdry
commis greffier.
* Jean» éc', sgr, delà Tiffardière, Boisragon» etc. capitaine huguenot,
se distingua par sa bravoure. En 157ï, il se signala au siège de Luâi-
gnan ; en 1585, il accompagna Condé dans l'expédition d'Angers et ne diit
la vie qu'àla générosité d'un catholique. En 1587, il défendit Saint-Mai-
xent, dont il était gouverneur, contre le duc de Joyeuse ; les habitants,
voyant leurs murailles détruites le forcèrent de capituler ; mais, la ville
une fois rendue, le duc viola la capitulation et laissa faire le pillage
malgré les sollicitations pressantes des seigneurs de sa suite et surtout de
Louis de Chasteigner d'Abain. 11 épousa, le 17 déc. 1572 Louise de la
Béraudière, fille de René, éC, sgr de Vieiilechèze et de Jeanne Singarreau.
11 était fils de Claude Chevaleau, éc^, sgr. de la Tiffardière, Boisragon.
etc. et de Marie Jay. Petit-fils de Claude, sgr de la Tiffardière et de Marie
Grignon et arrière petit-fils de Jean, éc'. sgr de la Tiffardière et de Louise
de Saint-Gelais,(B.-^.)
DKS DEMOISELLES DU POITOU 347
Nous Denis-Louis d'Hozier...
\
\
Certifions au Roy que demoiselle Mabie-Elisabetii Cheva-
LEAU DE BOISRAGON
à Paris, le deux may mil sept cent quatre-vingt-six. (Sic)
Signé : d'Hozier.
(A suivre.)
MESSIRE JEAN LAINE
DEBiNJER RECTEUR DE SAINT-JULIEN DE VOUVANTES
AVANT LE CONC<lBDAT
SON JOURNAL ET SES NOTES
{Suiley
Le chef, c'était M. Jouneaulx, le neveu du reoleur; « pos-
sesseur de plus de cent mille francs et qui ne paie aucun
impôt... dont tout le bonheur réside dans le vil agiotage de
son argent, dans les odieux profits de l'usure, et qui afTame
tous les pauvres de ce canton par le plus dur accaparement de
tous les grains. Célibataire, sa société est formée de quelques
plats libertins et de quelques filles perdues.... Il tient à ses
ordres, par les secours pécuniaires qu'il dispense, surtout
trois à quatre confidents intimes dont est Tormé son comité
secret- Il est le directeur de la troupe et le caissier, un autre le
compositeur et le solliciteur, un troisième le courrier et l'es-
pion,et les autres sont les machines qui criai lient, frappent au
besoin suivant les ordres. Voyons comment ils remplissent
leur rôle ; l'un, maltôtîer' est un Auvergnat tombé de ses
montagnes à Saint-Julien.... L'histoire de sa première jeu-
' Voir la faacicule de seplembrc-octobre 1900.
Eipreiiian de dénigrement pour déiîgner toat percepteur d'iinp6U_
TOMB XVI. — NOTICES. — XVi* ANNÉE,11'-12' UV. fô
[P'î!»'!'. ^^J ,'■■"■» _
il
350 ^ MRSSIRE JBAN LAINE
tiesse n'est guère connue que par des lambeaux détachés de
éon propre bavardage ; c'est par lui, par des indiscrétioiis
baûhiitties qu'on sait 8onexpul4ion> pour rapines, de la tâaisoti
paternelle, la dureté du procureur qui le roua en le chassant,
ses indécences sous l'habit de bénédictin et son service de
dix-huit mois sous l'habit de soldat.... Par toutes ses basses
métamorphoses, il se préparait à l'état de maltôtier que lui
procura un riche financier chez leque l il faisait, dit-oû, ÙA
autre genre de service. Mais cette seconde époque de sa vie,
^ sa co^uite maltôtière, est parfaitement connue dans tout
ce canton. Sa dureté, sa rapacité, ses fréquentes infidélités
sont constatées surtout par les fréquentes corrections ))écu-
niares qu'il a reçues au Présidial de Nantes.... Et c'est lui
qu'on ueut nomper dans ce moment juge de paix ! Maltôtier
ignorant et imbécille, et juge de paix ! Juge de sa propre
régie ! Sa main droite prêtera serment à sa main gauche I Que
je vous plains, pauvres habitants du canton ! Mais rien
ni
n'étonne de ces Messieurs ; ils sont peu nombreux, il fau t
bien que chacun fasse plusieurs personnages 1
« Le sièur L. remplit encore plus de rôles. Il ti*était point
citoyen actif ducanton de Saint-Julien, ayant depuis sept ou
huit ans son domicile de droit et de fait dans le château de
GhâteaubrianU comme ofBcier des chasses duci-dôvanb prince
de Gondé, et où il demeure gratis encore à présent. Mais
trop connu dans la ville pour y rien espérer, il court à Saint-
Julien et se range parmi les votants, malgré l'opposition de
l'assemblée que la cabale de sa famille subjugua. Il lui fut
facile ensuite ♦ de se faire nommer électeur du canton qu'il
n'habitait point.. <.. C'est lui, assure-t-on, qui a rédigé la
requête au Département, qui a porté les pièces à Nantes, les
a appuyées^ et est retourné à son tribunal où il a été nommé ;
élection qui, dérivant de la première, est^ comme elle, frappée
de nullité, et les nullités d'élections ne se couvrent jamais.
Arlequi-n charretier, charrette et bagage, ne fit jamais tant de
rôles dans une môme comédie ; encore est-il expert dans plus
■IH
SON JOUHNAL ST 8B8 NOTES 351
d'un genre, car c'est à. ses poignées de billets que son ami
Potin doit son élévation à la mairie qu'il viedt d'abdiquer.
« Ce Villeneuve-Potin; fermier des moulins de la ci-devant
seigneurie de Vouvantes, n'a été connu que par sa simplicité
et ses ribottes II doit sa grandeur à ses dettes. Ne pouvant
payer un trop gros article aux Jouneaulx, il a engagé sa
personne, il s*est fait leur esclave ; mais ils Tont affranchi
pour rélever à la place de maire. C'est à cette occasion que
L. jeta au chapeau du scrutin une poignée de billets, pour
Potin... Potin, maire, voulut, le 36 novembre dernier, renou-
veler cette heureuse forme d'élection pour notre juge de paix,
mais l'Assemblée était tenue régulièrement;... il ne resta
de ressources aux factieux que de la troubler. Potin s'agite
comme un furieux... insulte^ et, quand le vieux président
s'approche pour le calmer, il prétend qu'on lui manque de
respect et qu'il va verMliser... Le président de 80 ans qui
manque de respect à Potin I Au moulin, mon ami, au mou-
lin I Potin se retira en effet.
« Mais l'apothicaire n'est pas si facile à congédier ; il a
résisté dans plus d'une assemblée ; c'est le plu% impudent
de toute la troupe Il fut longtemps l'ennemi des Jou-
neaulx ; mais quand l,a fuite de l'aristocrate Rochequâdrie,
dpnt il était le bouffon, I.e médecin et l'espion, laissa cet em-
pirique sans emploi ;' quand ce ci-devant marquis cessa de
lui payer, tantôt à coups de vin, tantôt à coups de bâton, les re-
mèdes et les clystères qu'il le forçait de donner à ses chiens,
la cabale Jouneaulx s'en empara à bon marché ; elle fit un
grand coup en l'élevant à réchevinage ; dès^ ce moment, il
devint son plus fougueux champion. C'est lui qui a bouleversé
depuis un an, dix fois, toute notre municipalité. . » Suit une
longue énumération des faits imputés à cet homme que M. Lai-
né nous donne précédemment comme étranger et inconnu
dans la paroisse, mais qui y avait Qxé son domicile et acquis
quelques biens. « C'est ce misérable qui donnaitdes coups de
pied et des coups de poing au président âgé de 80 ans, dans
352 MBSSIKB JEAN L^lNé
rassemblée primaire du 26 novembre... c'est ;lui qui, quatre
jours après, à l'assemblée du 30, fut convaincu, pris sur le
fait, de fabriquer comme scrutateur,' de faux billets pour les
paysans; il mettait les noms de sa cabale à la place de ceux
qu'on lui indiquait...
« Ce fameux comité, quand il quitte les cabarets du bourg,
va tenir ses séances chez la Rousseau, vieille et antique vierge
qui se distrait avec ces Messieurs de la perte du curé Jou-
neaulx dont elle a dirigé la maison pendant vingt ans... C'est
là qu'elle et les acteurs qu'on vient de dépeindre vont régler
les archives et le coffre-fort de la paroisse dont elle a souvent
la clef; c'est là qu'on concerte les plans de la cabale et les
moyens d'exciter de nouveaux troubles,ou d'accréditer de nou-
velles calomnies.., là surtout qu'on s'arrange pour dispenser la
clique de toute espèce de contributions publiques, en les reje-
tant sur le pauvre peuple... Ils se disent pourtant amis de la
Révolution ; oui, dans le sens des places qu'ils se sont fait
donner, mais point dans le sens de l'égalité qu'ils ne peuvent
souffrir. . . Dans la contribution patriotique aucun d'eux n'adér
claré le qiifirt de ce qu'il aurait dû payer pour le vrai quart de
son revenu: de fait, l'un (l'auteur du Mémoire donne les noms),
qui a plus deTOOO/A de rente, n'en a déclaré que 150 ; l'autre,
qui a un patrimoine de 2000yf ,un emploi de 200, des acquêts, fait
un commerce odieux mais immense, a déclaré 50^ ;ce n'est pas
le soixantièmeau lieu du quart. Celui-ci a plusde4000^ de rente
il déclare 150,environ le vingt-cinquième au lieu du quart, Ce-
lui-là, avec2400# et sa place, déclare 300... Les autres, rien,
rien !... Et ces braves municipaux n'ont pas rougi, de taxer
d'office à 110#, 120yf de pauvres veuves, (dont les noms
suivent) qui ont à peine 3 ou 400 francs, et sept ou huit enfants.
C'est ainsi, sages électeurs de ce district, que l'on vous dé-
daigne,que l'on persécute vos parents et qu'on rejette sur vous
et vos familles tout le poids des impositions, digne recon-
naissance des places dont vous avez honoré ces orgueilleux!
Que nu sentent-ils donc, ces ingrats, comme nous, les plaisirs
SON JOURNAL ET SES NOTES 353
de cette fraternelle égalité que vous chérissez et qu'ils re-
jettent si insolemment ; elle ferait pourtant le bonheur de tout
le canton !..• Sans leurs perfides intrigues, le canton de Saint-
Julien serait en effet un des plus heureux, comme il est un
des mieux dessinés du royaume ; nulle querelle, nulle riva-
lité entre les cinq paroisses ; empressement réciproque à con-
server leurs biens mutuels ; fôles, feux de joie, visites, fes-
tins,serments, tout s'est fait avec la plus admirable fraternité !
Braves paroisses ! Saint-Julien, Erbray, Juigné, la Chapelle,
Auverné, vous seriez le modèle des autres cantons, vous se-
riez un spectacle ravissant pour les plus sublimes inventeurs
de ces réunions patriotiques, si Ton pouvait extirper de voire
sein cette peTtite tache gangrenée qui vous afflige,... et chasser
du pays ces. faiseurs de procès. ... »>
Après cette adj.uration délirante, l'auteur du Mémoire
éprouve le besoin de retomber encore une fois sur le curé
Jouneaulx, auteur de tout le mal, qu'il accuse « d'avoir dé-
vasté ses bénéfices en Saint-Julien dont il a vendu pour plus
de 10000 francs de beaux bois, et d'avoir ruiné son bourg en
déshonorant jusqu'à son saint ». Il invite « la Nation à pré-
sent propriétaire de tous les objets envahis par ce curé et les
siens », à surveiller attentivement ces biens, et à redemander
aux héritiers les sommes injustement perçues sur ces béné-
fices, avec leurs intérêts. Il en arrive ensuite au procès in-
tenté au recteur Laine et à son père, à la requête présentée
contre Télection du 26 novembre, tendante à l'annulation de
cette élection « de ce juge de paix librement choisi, et à qui
le canton témoigne la plus grande satisfaction depuis un mois
qu'il est en exercice. » Mais le dénonciateur Jouneaulx a
traîné de porte ep porte, « chez tous les procureurs de Châ-
teaubriant, son valet, l'a enfin conduit au greffe, et lui a dicté
une dénonciation contre le juge de paix, coupable d'avoir fait
des menaces à ce journalier... Quoi ! de vieilles menaces
faîtes, il y a trois mois, à ce valet font la matière d'un procès
criminel I 0 ciel ! il n'y a pas un homme de ce bourg qui ne
354 MESSIRB JBAN LAINE
lui ait dit ou fait cent fois pis. Cent coups de bâton sur ce
coquin-là ne feraient pas un léger délit ; ilf<6s a cent fois mé-
rités et reçus en détail... Mais cette dénonciation n'a eu
d'autre but que de détourner Tatlention d'une émission de
pièces de fausse monnaie dans notre bourg, ce qui a forcé le
juge de paix d'en instruire le tribunal, où le crime se poursuit
contre ce valet de Jouneaulx et d'autres... »
Après avoir ainsi déversé sa bile avec tant de profusion sur
ses ennemis, Tauteur du Mémoire, en terminant, adjure « ses
braves concitoyens, tous les zélés patriotes de ôe canton^ de
reconnaître pour ce qu'elle est, cette clique dévorante de
Saint-Julien^de ne pas souffrir qu'une douzaine de méprisables
signature sou dépositions mendiées puissent l'emporter sur la
réclamation de trois cents citoyens actifset des cinq municipa*
lités du canton. » Il parle « d'une Providence inconcevable
qui supporte cette clique assez puissante pour dicter ses lois
aux tribunaux » ; il invoque « l'esprit sublimede la Révolution,
la Divine Constitution », et il espère fermement que « de nou-
velles assemblées amèneront l'expulsion certaine de ces ca- .
lomniateursde toutes fonctions publiques, laquelle expulsion*
vengera le canton de Saint-Julien d'un odieux despotisme, i»
L'élection ainèi préparée eut lieu le 3 ^ le 4février.Le procès-
verbal en onze pages, imprimé à Angers, chez Mame impri-
meur du département de Maine-et-Loire, aux frais de « gé-
néreux patriotes », rend un compte détaillé des opérations de
ces deux jours. Il nous donne d'abord la « Lettre écrite par
M.L. J. T. Presnais, ci-devant de Beaumont aux cinq muni-
cipalités du canton de Saint- Julien de Vouvantes, le 15 janvier
1791. » Le département ayant ordonné une nouvelle élection de
juge de paix, la première « ayant été annulée pour trois nul-
lités.... j'ai l'honneur. Messieurs, écrit le candidat, devons
inviter à vous trouver à l'assemblée du 3 février, afin que
nous prouvions àtoutle pays que nous sommes aussi soumis
aux lois que tendrement unis entre nous. Oublions toutes les
intrigues de nos ennemis, et ne nous occupons que des moyens
SON JOURNAL BT SBft NOTES 31b
V
d'assurer la paU et le. bonheur de ootre eanton... Quoiqu-ii
arrive, vous Irouvejez toujours en mdi le serviteur, le Mr^,
l'ami le plus zélé et le plus pénétré de vos bontés. » h»
3 février, à Touverture de l'assemblée primaire^ M. Fresn^is
prononça un discours : « Vous m'aviez tj^it, Messieiurs, Vhon-
neur <)e me nommer votre juge.«. Tout à coup, une décision
appuyée sur la nécessité d'observer les formes prescrites^ a
airaulé mon élection et rendu vaine toute votre bonne volon-
té pour moi... J'ai la satisfaction de vous voir réqnis avec l'in-
tention de travailler au bien de tous nos concitoyens... (libres
dans votre choix, ne vous occupe^ que de votre bonheur...
Quel que soitle nouveau que vous allez faire/ je vous proteste
que j'en serai satisfait. Si vous fixez vos vœux sur un citoyen
plus actif et plus éclairé que moi, je vous applaudirai de bon
cœur, et je lui rendrai mon hommage particulier avec le plus
sincère empressement. » Lettre et discours sont d'une cçr-
rection irréprochable et d'un désintéressement rare,
lie 3 février donc, à 10 heures du matin^ les citoyens actifs
et éligibles du cantoi) de Saint-Julien de Vouvantes, se réur
nirent dans l'église paroissiale. L'assemblée était présidée
provisoirement par M. Laine père, doyen d'âge. Puis, aucunes
difficultés ne s'étant élevées sur la qualité et les droits des
citoyens présents, on procéda d'abord à la nomination d'un
président. « A cet effets chaque citoyen présent a écrit ou fait
écrire son bulletin sur le bureau par l'un des trois scrutateurs
provisoires, et l'a déposé dans le chapeau destiné à cet effet ;
et, à l'instant où il a été appelé, le nom de chaque citoyen qui
a donné son bulletin a été en môme temps inscrit sur une
liste particulière, pour constater invariablement le nombre
des votants. » La pluralité absolue ne s'étant trouvée, au pre-
mier tour de scrutin, en faveur de personne, on procéda à un
second, et M.Louis Joachim Toussaint Fresnais obtint la ma-
jorité absolue des suffrages : 104 voix sur 133 votants. Dans
les mêmes formes, on nomma un secrétaire. Puis le prési-
dent et le secrétaire définitifs prêtèrent serment » de main-
356 MESSIRE JEAN LAINE
tenir de tout leur pouvoir, la Constitution du royaume, d'être
fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi, et de choisir en leur
âme et conscience les plus dignes de la confiance publique,
de remplir avec zèle et courage les fonctions civiles et poli-
tiques qui leur seront confiées, et de n'en avoir point été sol-
licités, ni sollicité eux-mêmes, ni reçu de présents. »> Le pré-
sident fit afficher « au chapeau servant de boôte fsicj la for-
mule dudit serment, et, à l'instant où chaque citoyen a déposé
son billet dans le vase, il a répété ce serment par ces mots :
Je le jure. » Ace moment un certain nombre d'électeurs dé-
clarèrent avoir été sollicités de donner leurs voix en faveur
de M^ Lejeune de la Martinais ; le procès-verbçil fait connaître
ici leurs noms et ceux de leurs solliciteurs ; un membre «< a
été renvoyé par l'assemblée, sur sa propre déclaration d'avoir
sollicité plus de trente personnes; un autre déclare avoir
reçu 3^ et son fils 20 s. pour solliciter en faveur de M. Le-
jeune ; les sollicités ayant déclaré qu'ils ne tenaient point à
ces sollicitations, et vouloir au surplus nommer en leur âme
et conscience, l'assemblée les a admis à voter, » On procéda
ensuite à un scrutin de liste simple pour nommer trois scru-
tateurs. Elus, ils firent serment... « de garder le secrei sur les
bulletins qu'ils vont faire pour ceux qui ne savent pas
écrire ; » et, à 10 heures du soir, le président leva la séance
et remit la continuation de l'assemblée au lendemain u
■
8 heures, pour la nomination du juge de paix et de ses
assesseurs.
Le lendemain, vendredi 4 février, à 9 heures du matin, au
son delà cloche, l'assemblée se trouva réunie et le scrutin
fut ouvert dans les mêmes formes que la veille, cette fois
pour l'élection du juge de paix. De nouvelles déclarations de
sollicitations furent faites. A Erbray elles étaient en faveur
de M. de la Rigaudière ; dans les autres paroisses, en faveur
de M. Lejeune et en grand nombre par le solliciteur Jou-
neaulx. A l'un on proposait « une bouteille de vin, à l'autre
un dîner chez. M. Jouneaulx ; tous lesquels ont déclaré ne
SON JOURNAL fT SBS NOTES 357
point tenir à ces sollicitations ». On avait dit que « M. Beau-
mont, président, était allé chez M. Maillard vicaire^ pour
solliciter son suffrage. Celui-ci ayant été piandé h' la prière
du président qui a foroiellement contesté le fait, a donné un
démenti, disant que le sieur Beaumont ne lui avait jamais de-
mandé sa voix ». Finalement, M. Fresnais réunit la pluralité
absolu de 232 voix sur 305 votants, et fut proclamé juge de
paix du canton. Parmi les quatre assesseurs pour chacune
des cinq paroisses, M. Laine père fut élu à Saint-Julien ; et
à 6 heures du soir la minute du procès-verbal fut signée. Le
Nota d^ne suivant y fut ajouté :< » Aussitôt que la-commission
eût proclamé pour juge de paix M. L. J. T. Fresnais ci-de-
vant de Beaumont, celui-ci remercie ses concitoyens de la
manière la plus affectueuse en disant : Messieurs, ma recon-
naissance est à son comble, la confiance que vous me témoi-
gnez m'a pénétré jusqu'aux larmes. Je vous consacre tous
les moments de ma vie, disposez-en sans réserve. — Ce court
remerciement fut accueilli par les plus vifs applaudissements,
ainsi que l'avait été son premier discours. Au même instant,
des citoyens apportèrent au milieu de Téglise des faisceaux
de lauriers dont chaque électeur orna son chapeau ; pendant
ces élans de joie et les accolades qu'on prodiguait au juge,
on dressait un bûcher sur ta place, au bas de la ville, où les
mêmes citoyens armés, drapeau déployé, tambour battant,
conduisirent M. Fresnais mettre le feu, chantant des chan-
sons patriotiques dont une était en son honneur, et au son
des cloches. Tel a été le témoignage flatteur que ces braves et
respectables citoyens ont bien voulu rendre à l'un des leurs,
qui leur a exprimé sa reconnaissance par ces quatre vers :
Les liens enchanteurs de la reconnaissance
M'attachent pour toujours au sein de mon pays.
A mes concitoyens, pour tant de confiance.
Mon entier dévouement n'est qu'un trop faible prix . »
M. Laine rend sommairement compte de cette élection si
mouvementée; il dit simplement :....« Quelques individus
'■»JL .1.
358 MttSâlRK JBAN LAINE
peu satisfaits de n'avoir pas été oommés, eurent ataezde
crédit par leurs calomnies pour séduire Messieurs du district
et du département et faire annuler la première élection. Leurs
1 efforts ont été inutiles... Une infinité de malheureux séduits
par de fausses espérances^ ont eu Tâme assez, basse pour aller
en les différents villages du canton débiter des horreurs aux
citoyens actifs, pour qu'ils donnassent leurs voix à M. Le-
jeune de la Martinaiset npn à M. Fresnais de Beaumontqui
cependant a été nommé, malgré de hbnteuses cabales^
comme on peut le voir par le procès-verbal imprimé par les
ordres de l'assemblée primaire...* Le 20 février la milice
. nationale des cinq paroisses s'est rendue ici pour fôter le dit
Fresnais de Beaumont, et assiter à un dîner prépar^^pour
elle. Après les vêpres, elle a assisté au feu de joie qui a été
suivi de divertissements. » Gomme le lecteujr a pu en juger
jf lui-même, les cabales, les calomnies, les horreurs pe furent
pas des moyens exclusivement réservés à l'un des partis.
Chacun à son actif en eut sa bonne part. Si l'un attaqua^
l'autre sut se défendre naturellement en prenant les mêmes
armes*.
1 M* Louis Joachim Touuaiat Freaaaia de Beanmoat, né à LéTin en Saint-
Julien de Vouvantes, le 23 juin 1736, aprte avoir donné son approbation et
•on appui aux idées nouvelles, et avoir ekercé les fonctions de jnge 4^ paix
du canton de Saint-Julien, auxquelles il avait été élu dans les circoniitances
ci-dessus rapportées, fut entraîné par un de ses parents dans le parti des
chouans. Un mandat d'amener fut lancé contre lui le 29 juillet 1793. H était
prévenu, lui et quelques autres inculpés d*étrec les chefs d*une bande de
brigands armés qui fondirent sur le bourg de la GhapeUe^Olain, se portèrent
chez le maire Joseph Frotté, et demandèrent une hache pour abattre Tarbre
de la liberté, menaçant, à défaut de mettre le feu à la maison. * (M. Alfubd
LiALUé : La Justice révolutionnaire à Nantes.) Dans la séance tenue le
21 pluvîAse an JI(tl fév. 1794), par la Société poptUaire républicaine de Châ-
teanbriant, « sur la motion du citojen Delourmel, la société arrête qu'il ser^
fait une adreete au Comité du Salut public et au tribunal révolutionnaire de
Rennes, pour dentander le jugement d'un grand coupable, Fresnais-Beau-
mont. » Arrêté vers la fin de l'année 1793, dans les environs de StaUntJulien,
pense- t-on, et remis au ooocieige de la maison d'anrêt le l** janvier 1794,
M. Fresnais de Beaumont fut condamné à mort par le dit tribunal dans sa
séance publique du 27 pluviôse (15 février) au matin. Le jug^emeiit porto que
« le dit Beaumont est un de ces scélérats peiftdet qui, abuasat de la oo»»
SON JOURNAL ET SES NOTES 359
Le 14 mars encore des élections, cette fois pour nommer
un évéque à Nantes. L'élu fut « Julien Minée, curé des Trois-
Patrons a Saint-Denis, originaire de Nantes, fils d'un ancien
chirurgien riche de la même ville. Ainsi, suivant le décret
sur Korganisation du clergé. ^M. de la Làurencie n'est plus
ê
fiaDce que lai afaiept marqu^éd ses Goncitojens^ et dont il n'a usé que pour
les perdre, en se rendant leur chef dans les réToltes qui ont eu lieu dans son
eanton et dont il a été finstigateur, révoltes dans lesquelles Tétendard de la
royauté a été levé et la cocarde nationale fpulée aux pieds, Tarbre de la
liberté abattu, et les documents de la municipalité de Glain (ne) brûlés
devant la porte du maire, à qui il en serait arrivé i^utant, s'il ne se fAt
soustrait aux fureurs de Beaumont et de s^ horde scélérate . est^il aàssi
coupable d'avoir occupé un grade d'officier dans l'arçiée des brigands de la
Vendée, et d'avoir présenté, divers plans cte eampa^e pour cette armée où il
a.vé«» eomme les autres de brigandage?... En conséquence la Commission
militaire révolutionnaire^, ouï de Piennes, .. condamne le dit Fresnais-Beau-
montàla peine de mort, et ordonne qu'il sera livré au vengeur du peuple,
aveo confiscation de ses biens au profit de la République. » Il fui exécuté le
• lendemain 16 février, à Rennes, et non à Châteaubriant, comme Va admis la
croyance populaire, et où d'ailleurs la guillotine n'a pas fonctianné pendant
la Révolution . Dans sa séance du t9 février suivant, la Société rép%tblieaine
de GhAteaubriant s'entretint de cette exécution qu'elle avait sollicitée, et l'un
de ses membres qui n'était autre, hélas ! que le propre frère de M. de Beau-
mont, fait monstrueux qui n'est pas isolé dans les sanglantes annales de la
Terreur, eut le triste courage de s'écrier : < Toujours attaché au grand corps
de la grande famille républicaine, j'en chérirai toujours les sages lois. Qu'elle
tombe la tête des monstres qui ont déchiré son fein, rien de plus juste!
Vive' la République ! Vive la Montagne I » La société, vivement afEsctée et
singulièrement satisfaite des expressions énergiques et républicaines du
citoyen Fresnais\ lui répond par son président qu'elle applaudissait à son
civisme et qu'elle le verrait avec plaisir à ses séances. {Extrait du registre
4es délibérations de la municipalité de Châteauhriant,) Les biens de M. de
Beaumont lurent vendus. Ce fut un autre de ses frères qui les acheta. La
métairie de la Motais fut acquise pour 17000 livres, celle de la Frasnais pour
18000. Cette vente eut lien le 23 octobre 1794. Les bestiaux furent vendus
également et Ta moitié du prix revint au gouvernement, les métairies étant à
moitié. (Extrait des registres du bureau d'enregistrement.)
Nous écrivons ces ligne^ dans la maison, dans les apparteipents mêmes qui
furent assez longtemps la propriété de M. Fresnais de Beaumont. Cette
maison aveo toutes ses dépendances bien confortables s'appelait la Patichau-
derie. Il la vendit, nous apprend M. l^ainé dans ses ^sèmoireSy « au com-
mencement du mois de janvier 1786 au sieur Ghassaing.receveur des devoirs».
La famille Gh^ssaing la revendit en 1848 au propriétaire actuel.
M. Fresnais.de Beaumont était âgé de 58 ans quand il fut exécuté. De son
mariage avec Marie-Anne Gault de Pduancé il eut quatre enfants, deux
garçons et deux filles, qui durent mourir jeunes, car après la Révolution, on
ne retrouve plus leurs traces.
360 MBSSIRC JBAN LAINE
évèque, prétendent les dits électeurs ; mais on peut dire
aussi que M. Minée est révoque de MM. les électeurs, et non
révoque du diocèse de Nantes. »
Au mois d'avril, toujours des élections: <c Noms des curés
que MM. les électeurs nommèrent à Châteaubriant les 3 et 4
du présent mois d'avril, au lieu et place des recteurs qui ont
refusé le serment ordonné par TAssemblée Nationale par son
décret du mois de novembre dernier: A Béré, Turoche ; à la
Chapelle Gi^m^Salmon ; à Saint- Vincent, Beauregard ; à Saint-
Julien de Vouvantes^ Pmat/6?; à Rougé,CA^e^ ; à Saint-Aubin,
Richard', à Auverné, Rebion; à Moisdon, Rodrigues; à Erbray,
Maillard; h Soudan, Bau</oum; à Sion^Lucas; à Fercé,Gtrar(/ ;
à Noyai, Bebuffet ; à Villepot, Bougouin ; à Juigné, Taupin ; à
Issé.Chapelain; à Tretlieuc ^Lebeau ; à Ja,ns^ Lemoine ;à Abba-
retz, Denis. Il y a en ce district huit recteurs sermentaires
sur tes vingt-sept dont il est composé... A mon avis, MM. les
curés sus-dénommés sont pour MM. les électeurs et non pour
les paroisses. »
Le 1*' mai, intronisation solennelle de Julien Minée
évèque constitutionnel de Nantes. « Aucun prêtre ou peu
raccompagnèrent ; des religieux en petit nombre composaient
son cortège, encore y furent-ils forcés par la garde nationale.
La fête était belle à>aison des repas qu'on avait préparés
à cet effet. »
Le 13 juin nouvelle élection de curés : « C'est la troisième
qu'ils font ; à la dernière, il y a seize jours, ils nommèrent
sept curés, il n'y en eut qu'un appelé Perderiau, moine récollet
de Nantes, faisant depuis six semaines les fonctions de vicaire
k la Chapelle Glain, sans doute après avoir reçu l'approba-
tion de Julien Minée, évoque constitutionnel de Nantes, il n'y
eut, dis-je, que ce moine qui ait accepté la cure de Moisdon
et a osé déplacer M. Landeau, recteur de Moisdon depuis
32 ans et âgé de 63 ans. » Cette troisième élection qui se fit
« en la seconde fôte de la Pentecôte »> compléta et modifia la
première. Ainsi furent nommés : « à Meilleray, Denw; à Saint-
SON JOURNAL BT SKS NOTBS 361
I
Julien de Vouvantes, Paves ; h Fercé, Guingtiené \k ]\iigné^
Coqtielin ; à Jans, PetUeati ; à Villepot, Taupin ; à Erbray,
Marteau ; à Soudan, Reign^ ; à Treffieuc, Grosbois ; à Rougé»
Gilbert^; à Abbaretz, Graverçati. »
« Le dix neuf juin, l'Assemblée primaire a nommé élec-
teurs MM : Louis Fremais de Beaumont et Gilles Cordeau
de Iaparois5iedeSdint-Julien... pour se rendre incessamment
à Nantes afin d'y nommer MM. t les députés à la seconde légis-
lation à Paris» et renouveler moitié de MM. les administra-
teurs du département et du district. »
La situation des prêtres insermentés devenait chaque jour '
de plus en plus intenable ; aussi trouvons-nous sans surprise
mais avec un douloureux intérêt la note suivante de M. Laine,
la dernière qu'il ait écrite à Saint-Julien, dans ses registres :
« Le 23 juin i791, le recteur et son vicaire prirent la fuite à
10 heures du soir, en la forêt dé Juigné, parce que le district
ayant appris que Louis XVI, roi de France, s'était sauvé avec
1a Reine^ le Dauphin et Madame ses deux uniques enfants,
ordonna à toutes les municipalités de son ressort d'arrêter en
la nuit du 23 au 24 juin tous les prêtres et les nobles, d Cette
note ne fut pas rédigée ce jour-là même, le recteur rt'en eut
pas le temps, mais plus tard dans une circonstance impor-
tante que nous signalerons. « Ce 2â juin, nous marque le
registre de paroisse, était, cette année, le jour de la fête
solennelle du T. S. Sacrement. Le matin, le recteur et le
vicaire eurent la consolation d'admettre à la première com-
munion les jeunes enfants de la paroisse ; et le soir, sur les
10 heures, il partirent incognito, ne se trouvant plus en
sûreté dans le presbytère. M. Laine trouva moyen de se
cacher pendant quelque temps dans la paroisse de Juigné,
de Carbay et de Soudan ; puis il revint dans quelques villages
et même dans ce bourg ; mais, comme il était l'objet de beau-
coup de recherches, il ne put y rester bien longtemps. Il se
retira définitivement dans la ville d'Angers, et il y demeura
jusqu*à la lin de la Terreur. »
362 MBSSIRU'JBAN LAlNÉ
I
Après le départ précipité de M. Laine, le sieur .Salmon, curé
intrus de la Chapelle Glain, vint ici faire une sépulture et un
baptême. Le curé intrus de Saint-Julien, Paves, autrefois cha-
pelain à Marcillé-Robert, diocèse de Rennes, où deux notables
de la municipalité allèrent le chercher, arriva ici au comment
cément' de juillet 1791. Sa première signature est du 29.
Quelques documents trouvés à son compte^ aux archives
départementales, feront suffisamment connaître ce malheu-
reux prêtre.
c Du Directoire de Ghâteaubriant, le il janvier 1792... Le
sieur Paves adcuse plusieurs de ses paroissiens de propos in-
jurieux etscandaleux, lorsqu'il passe pour aller administrer
les sacrements aux malades.... Le Directoire, voyant par les
réponses des prévenus qu'ils ne sont nuUement coupables- des
faits qu'on leur impute, est d*avis... qu il n*y a lieu de déli-
bérer, mais que le sieur Paves soit invité à tenir dorénavant
une conduite plus exemplaire, et capable de lui concilier la
confiance de ses paroissiens, et à se bien pénétrer que ce *
n*est que par «le chemin de la vertu, de la piété et de la tolé-
rance qu*il pourra y parvenir. )> Cet intrus demande, le 18 dé-
cembre 1792, à être payé de ses trimestres depuis le 26 mai
1791 ; il était alors titulaire de la chapellenie de Bonne Mort,
en Marcillé-Robert, ot son traitement était fixé à 260# 10 s.
Le Directoire, après divers considérants, est d'afvis « qae le
traitement ne peut être dû au citoyen Paves que depuis le
1*' juillet 1791, car d'après le oertificatdu district de laûuercfae
du 10 nov^Bbre 1792 il a été payé du second trimestre de Tan-
née 91 c'est-à-dire, à la fin de juin, et non pas, comme il le pré-
* tend, à l'époque du 26 mai... » C'est dans cette pièœ que la
date précise de son arrivée ici, le 2 juillet 1791 , est marquée.
Enfin un extrait d'un « procès-verbal de la municipalité de la
ville de Saint-Julien de Vouvantes » achèvera tout à fait d'é-
difier Ic'iecteursur les sentiments et la conduite de ce mal-
heureux dévoyé. Le 29 juin 1792, il refuse deTecevoir le corps
d'un défunt (le procès- verbal donne tous les noms desportevrs^
^ SON JOIiaNA.L ET 6B8 NOTBS 363
>
des témoins et des parents) déposé « sous le chapitreau » ;
de nntroduire, suivant l'usage au miUeu de Téglise ; de le
conduire au cimetière. Le maire et un officier municipal se
transportèrent dans le cimetière pour y acoompagner lé mort
sur le refus formel du sieur Paves. « La municipalité observe
de quel droit le dieur Paves s'ingère de n'entrer au sanc-
tuaire que ceux qu'il lui platt, tous les habitants de cette
paroisse n'ont-ils pas ie n^ôme droit? Lui qui est l'homme
de paix ou qui doit l'être, peut-il avoir des préférences qui
deviennent scandaleusM^ et ne servent qu'à semer la discorde
entare les citoyens, et ce pour la troisième fois que le même
cas arrive I La municipalité ne peut s'empêcher d'en porter
ses plaintes à MM. du Directoire, pour qu'il lui soit ordonné,
de ne mettre à l'avenir aucunes diiSérences dan^ le culte
entre les citoyens puisqu'ils contribuent tous à son traitement
et qu'il soit aussi plus honnête dmns ses propos...* car lors-
qu'il fût averti du décès susdit, il aurait répondu qu'on pour-
rait enterrer te défunt dans shmi jardin, t>ubiea môme le saler
pour le conserver., le sel n'étant ^as cher. »... Suit la signa-
ture du maire et de tous les témoins. Le Directoire, dans sa
«
séance du 3 août, vu le procès-verbal précédent, « considé-
rant que Tégaltté qui existe entre tous les citoyens ne per-
ih^t pas de faire des distinctions entré euximêm^ dans la sé-
pulture... est d'avis qu^il soit fait défense au sieur Paves de
faire à l'avenir pareille distinction... pour quelque raison
que'cesoit. » Dans une autre circonstance, cet. intrus scan-
daleux présente une requête « tendante à faire ordonner à
deux époux de se rendre devant leur curé pour recevoir la
bénédiction nuptiale, et légitimer leur mariage fait sans qua-
Itté par le sieur Bédard, vicaire non conformiste du Petit-Au-
vêrrré... » Le Directoire^ considérant que l'état des personnes
^ïertt m'ariage sont étrang-ers à Tadministration, et que d'ail-
leurs le sieur Bédard qui a dû être arrêté aux fins de l'ordon-
nance déoe Direètoire^en date du 21 février, pour être conduit
au chef-lieu, se trouve actuellement hors d'état de faire aucuh
364 MRSSIRa JBAN LAINE
mariage, est d'avis qu'il n'y a lieu de délibérer. » Cela suffit
sur ce triste personnage, et l'auleur du registre de paroisse
est bien venu à dire de lui : « Il n'avait que deux bonnes qua-
lités: celle de bien chanter et celle de bien écrire, mais du reste,
il était ivrogne et impie bien notoire. Sa mauvaise conduite
le fit mépriser de tous, même de ceux qui l'avaient fait venir.
Les choses en furent portées à ce point d'exaspération qu'on
attenta plusieurs fois à sa vie, il fut obligé de s enfuir pour
se soustraire à l'indignation générale. Il rentra ainsi dans
l'obscurité d'où il n'aurait jamais dû sortir. » Sa dernière si-
gnature dans les registres paroissiaux est du 14 octobre 1792,
« l'an l"de la République française », suivant ses expressions.
Le registre de paroisse le fait demeurer ici jusque vers le
milieu de Tannée 1793. Si nous en croyons des renseignements
qui toutefois manquent de précision, le sieur Paves, recteur
intrus de Saint-Jiilien, aurait été tué, à cette malheureuse
époque, dans les environs d'Erbray'. Ce fut un nommé
Maïence, « officier municipal public, préposé pour l'exécution
de la loi du 20 septembre 1792, dans l'étendue de la commune
delSaint-Julien de Vouvantes.>,qui rédigea désormais tous les
actes de naissance, de mariage et de décès.
C'était donc sous une houlette bien peu sûre qu'était conduit
le troupeau de M. Laine, en de bien tristes mains qu'était
passé son héritage. Le légitime recteur de Saint-Julien,
retiré forcément à Angers, devait suivre avec une doulou-
reuse curiosité les événements malheureux qui se succédaient
dans sa paroisse, comme dans le reste de la France. Il pou-
vait être suffisamment renseigné par son vieux père, demeure
à Saint-Julien cortme l'indique assez clairement la lettre sui-
vante trouvée aux archives départementales. Elle fut adressée
aux administrateurs du district de Châteaubriant le 30 mars
1792. C'est Ifr seul signe de vie que nous avons de M. Lainé
. Son ancien litre de chapelain de Bonne Mort, n'aurait été pour loi
qu'une amère ironicé
I
' SON JOURNAL ET SES NOTES 365
pendant cette année et les deux autres 93 'et 94. Les premières
lignes de la lettre sont fortement endommagées, mais il n'est
, pas diBicile d'en établir le sens :
« J'ai riîonneur, Messieurs, de vous présenter mon certi-
ficat d'existence.... aux fins de compter à François Laine (son
père).... muni de ma procuration... la somme de 250# échue
au mois de janvier dernier, et celle de 125/^ qui échoit le
1^' avril, en vertu des décrets de TAssemblée nationale qui
accorde un faible traitement aux recteurs qui ont refusé le ser-
ment.... Vous observerez que je ne dois payer d'imposition
foncière ni mobilière, ni autres quelconques, puisque je ne
possède aucun fonds en votre département, ni que je ne l'ha-
bite depuis le 23 juin dernier.... Je ne cesserai de réclamer
les honoraires des messes que j'ai dites depuis... 1789 jus-
qu'à 1700 pour MM. (es chapelains de la Goussauderie, de
Sainte-Catherine, de la Garenne qui ne sont prêtres J'es-
père que vous me ferez la justice que je dois attendre de
vous, et que ma demande cinq fois réitérée ne fera la moindre
difficulté ; ou bien vous agiriez différemment des corps ad-
minitratifs de cette ville fAngers) qui ont les mômes lois à
suivre que vous..... Laine, prêtre, Angers, le 30 mars 1792. »
A la suite de cette lettre on lit, ce qui fut probablement toute
la réponse qu'obtint M. Laine : « Soit communiqué à la muni-
cipalité de Saint-Julien pour avoir ses observations sur le
fait de savoir : !• s'il n'y a pas dans la sacristie de l'église de
cette paroisse un tableau portant de quel nombre étaient
chargés annuellement les bénéfices en question ; 2» dans le
cas qu'il n'y eût point de tableau, ou qu'il fût insuffisant, si
les dits bénéfices étaient chargés de quelques messes, et de
quel nombre chacun d'eux l'était annuellement. Au Directoire
de Ghâteaubriant, le 12 juin de l'année 1792.... »
Comment se passèrent pourM. Laine ces années effroyables
de 1792, 93 et 94? Nous l'ignorons absolument. Aucune de ses
notei^) si tant est qu'il en ait laissé, ne nous est parvenue.
C'est le silence de la terreur. Il dut faire comme tant d'autres
TOME XVI. — NOTICES. — XVl* ANNÉE, 11*-12* LIV. 26
/
366 MESSIRB JBAN LMNÉ
qui étaient restés en France, vivre dans un incognito absolu,
dans la crainte continuelle, de jour et de nuit, d'être découvert
et traduit devant le tribunal révolutionnaire. Son vieux père
qui était demeuré à Saint-Julien, y mourut sans pouvoir re-
cevoir la dernière bénédiction et les suprêmes embrasse-
ments de son fils. Gomment Tintrus que nous connaissons
put-il alors remplacer le recteur légitime ? Torture particu-
lièrement pénible infligée entre tant d'autres au cœur de
M. Lainé^ ! Pendant tout ce temps, aucun culte n'étaijt rendu
dans les temples catholiques. Il avait entièrement cessé dans
toute la Bretagne vers la fin de 1793, même dans les édifices
sacrés occupés par les intrus, sauf peut-être de très rares ex-
ceptions au fond des campagnes. Les églises étaient fe>mées
ou èiliployées à des usages profanes, les cloches ne se fai-
saient plus entendre, et tout à l'extérieur annonçait un peuple
qui avait renoncé à son Dieu'. Des édifices sacrés furent
même dévastés^ et tous les objets de piété qui s'y trouvaient,
brisés et brûlés. Il ne paratt pas que Téglise paroissiale de
Saint-Julien ait eu à subir une pareille impiété. M. Laine
nous en fournira ci-dessous la preuve. Les croix plantées sur
les bords dé nos chemins, quelques-unes de très vieille date,
furent respectées et conservées.
Comme un pasteur fidèle qui n*abandonne son troupeau
qu'à la dernière heure et à toute extrémité, qui veillé dans
le voisinage du bercail, épiant le moment propice pour y
rentrer, et, dès la première^éclaircie après la* tempête, accourt
pour porter secours à ses ouailles fidèles, M. Laine rentra à
Saint-Julien pendant Tannée 1795. Le traité de la Jaunais
signé lé 27 février 1795, ratifié peu de t^mps après par la Con-
vention, les quatre arrêtés rendus à la Mabilais près de
»
4 Voici Tacte de décèi : François Laine, âgé de 79 ans, originaire de la
paroisse d*Azé, près Châteaugontier^ veuf de Françoise Bourjuge, décédé
d'hier en ce bourg, a été inhumé le lendemain au cimetière par le ettré
soussigné, 6 septembre 1792, l'an 4 de la liberté.... Paves, curé.
< Àbbé TresVaux du Frava], Histoire de la persécution révolutionnaire
en Bretagne*
SON JOURNAL *T SfeS I^OTK^ 367
t
Rennes, le 21 avril suivant, eurent une grande influence sûr
la position des prêtres catholiques en bretagne. La persé-
cution cessa alors ; les prêtres qui étaient cachés n'atteh-
dirent pas la conclusion des conférences de la Mabilais pour
de montrer et célébrer publiquement la messe'. Lé culte pii-
blic était même inauguré à Nantes, dans l'église Sainte-Croix
par M. de Boischollet, vicaire général*. Le 11 juillet, une ins-
truction pastorale du môme vicaire général circulait Secrè-
tement ordonnant « à tous les recteurs, vicaires, prêtres
catholiques de rentrer de suite dans leurs paroisses respec-
tives.., » Bien avant cette date, le 9 mai 1795, M. Laine reve-
nait à Saint-Julien. C'est lui-même qui nous l'affirme dans
une note échappée aux investigations de M. Leroux, Tauteur
de notre registre de paroisse, mais absolument authentique
et parfaitement lisible. Retrouvant encore les registres dès
actes dé baptêmes, de mariages et de sépultures, il écrivit
& la date du 23 juin 1791 les quelques lignes relatives au
départ précipité du recteur et de son vicaire, que nous
avons données plus haut, et qu'il n'avait pas eu aIoi*s le
temps d'insérer au registre, et il les fit suivre de cette men-
tion très expreàse ; « A Saint-Julien de Vouvantes, le d mai
1795, jour du retour du soussigné au milieu de son trou-
peau: Laine, recteur de Saint-Julien de Vouvantes. x» Puis en
marge» vis-à-vis des premiers actes signés des intrus Salmon
et Paves il note courageusement : « Ce dit Salmon était intrus
de la Chapello-Glain. Le souligné Paves est intrus de cette
paroisse. Messieurs Pierre Jounaulx et Gilbert Chassaing
allèrent le chercher en le diocèse de Rennes. » Nous n'avons
pas trouvé d'autre trace d'un séjour qui, malgré les espé-
rances générales, ne fut sans doute qu'un rapide passage.
La persécution ne tarda pas à se raviver, et dès le 29 sep-
tembre, un nouveau décret obligea les prêtres catholiques
« Abbé Tr«»svaux du Fraval, op- di.
» Alfred Lallié, Le IHocese de Nantes pendant la Révùluiion. .
•
■i
I
368 MKSSIRK .fBAN LAINÈ
à pourvQir à leur sûreté et à abandonner de nouveau leurs
égflises à la dévastation, et leurs fidèles à une seconde ter-
reur. L'administration départementale de la Loire-Inférieure
.se distingua même entre toutes par l'arrêté des plus rifçou-
reux qu'elle prit contre les prêtres le 31 octobre.* Mais, pour
Thonneur de M. Laine, nous avons été heureux de décou-
vrir la trace incontestable de sa réapparition dans sa pa-
poi.sse.à cette heure favorable mais trop fugitive, et la preuve
nouvelle de son ferme courage et de son indomptable éner-
gie. La paroisse de Saint-Julien demeura une seconde fois
. veuve de son légitime pasteur, et même privée de la pré-
sence de tout autre prêtre pendant le reste de l'année 1795,
toute Tannée suivante et la première partie de 1797.
D^s le commencement de cette année une accalmie nou-
velle> malheureusement encore une fois momentanée, s^étant
produite, M. Laine se hâte d'en* profiter : <« Ce fut le 9 mai
1797, nous marque le registre paroissial, que notre recteur
eut le bonheur de revoir sa chère paroisse et d'y reprendre
Texfercice public de ses fonctions pastorales. » Il s*agit d'un
second retour, comme nous venons de le prouver. Au mois
de juillet suivant, le fameux intrus de Saint- Vincent des
Landes, Phelippe de Beauregard, dénonciateur de ses frères
dans le pays de Châteaubriant, écrivait à l'administration
centrale dont il était Tagent: « Dimanche dernier, 22 juillet,
M. Laine a fait une entrée solennelle dans sa paroisse
de Saint-Julien de Vouvantes, .. '». Enfin, la loi du 24 août,
abrogeant celle qui prononçait la peine de déportation ou de
- rédusiou contre les prêtres insermentés, semblait devoir
inaugurer véritablement pour Tavenir une ère nouvelle.
C'était le calme après une effroyable tempête. M. Laine put
certainement en jouir ici et en profiter, quoiqu'il ne nous ait
laissé aucune note relative à son second retour parmi nous.
* M. Alfred Lallié. Op, cit.
i
SON JOURNAL ET SES NOTES Îi69
Mais ce calme fut bien éphémère. Le coup d'Ëtat du 18 fruc-
tidor an V, 4 septembre 1797, vint rendre le sort des prôtreâ
fidèles aussi diflicile et aussi douloureux que dans les temps
les plus mauvais*. Cette fois, M. Laine ne put échapper
au nouveau danger suspendu sur sa- tète. Toutes les muni-
cipalités ayant reçu Tordre d'exiger le serment de fructidor,
x\m comprenait celui de haine à la royauté, et de faire saisir
pour être déportés ceux qui refuseraient de le porter, le rec-
teur de Saint-Julien fut surpris et arrêté dans son presbytère,
nous dit expressément le registre de paroisse: a Déjà tant
épuisé dans le creuset des tHbulations, il fut encore jugé
digne de souffrir de nouvelles épreuves. Dès le 14 septembre,
c'est à-dire, quatre mois et cinq jours après son retour dans
la paroisse, il fut arrêté dans sa propre maison et cpnduit
à Ghâleaubriant. » Le 30, il fut amené à Nantes. La veille, il
écrivit à la maison d'arrêt une pièce importante, en forme
de testament, qui se trouve actuellement aux archives dépar-
tementales. Cette pièce fut saisie parmi les papiers d'un
brigand célèbre, dit le Grand Louis, personnage énigmatique,
assure M. Lallié, qu'on a dit être un comte de Savary, com-
mandant d'une troupe de chouans dans les environs de
Nantes, et qui fut trouvé assassiné*.
Dans ce document M. Laine fait connaître d'abord ses di-
vers débiteurs ainsi que les sommes qui lui sont dues. L'unede
ces sommes qui s'élève à 1200 y/^ avait été prêtée par lerecteur
« pendant le carême de 1797, au citoyen Vigneron fermier au
château de Ghallains en Anjou.... laquelle somme doit être
payée en argent monnayé, ou en nature de froment ou de
} M. Alfred Lallié, op. cit.
'M. Alfred Lallié, op. cit. La présencu de ce chef de bandes k Saint-
Julien et dans les environs, en 179V, est constatée par cette note prise dans
le registre des dépôts faits au grefte de la police correctionnelle de Tarron-
dissementde Châteaubriant : « Le 16 brumaire an VU, le juge de paixof&cier
de police judiciaire du canton de Saint Julien de Vouvantes, a déposé diffé-
rentes auditions de témoins sur les désarmements faits, et les actes de
violence exercés chez et sur divers particuliers par le nommé Grand Loviis
émigré et ses coadjoints. »
370 MBSSIKK JKAN LAINE
seigleà raison delà valeur de la dite somme. »0d peut induire
de là que le recteur de Saint-Julien se trouvait, au moment
marqué par ce prêt, caché dans les environs de Challains. Il
parle ensuite ()*une certaine quantité « de grains vendus ou
prêtés à divers individus de Saint-Julien pendant Tannée
I7d5 ». Cette date indiquerait donc bien un séjour de M. Laine
dans sa paroisse à cette époque. Il spécifie que, au moment
oti il rédigeait son testament^ il avait « quarante aulnes- de
toile en train de se faire, à raison de 15 sous Taulne, chez le ci-
toyen Lemesle » ; qu*un autre tisserand avait « sept livres de
fil gros pour faire de la toile, et que le citoyen Michel Gasnier
serger avait cinq livres et demie de laine pour faire de Té-
toffe. » Le recteiir jouissait-il donc encore, pendant ces années
si bouleversées, des offrandes en blé, seigle, froment et lin
quç les paroissiens et les étrangers venaient offrir à l'église»
ou qui étaient dues à titre de dîmes ? C'est une question assez
curieuse qui peut être inspirée par la lecture de ces détails.
Après avoir consigné ce qui lui était dû, le recteur procédant
par l^'et 2* signale tous les objets du culte, ainsi que tous les
effets lui appartenant qu'il avait avec un grand soin, ici et là,
ui^ peu dans Routes les directions, dans le bourg, dans les
villages, jusque dans la ville d* Angers, cachés et confiés à
des personnes sûres, avant son arrestation en 1797 et sa fuite
en 1791. C'est un véritable inventaire de ce que la fabrique
avait pu ainsi sauver à Tépoque révolutionnaire, et à ce titré
nous le reproduisons aussi complètement que possible : « Il
y a, écritle diligent recteur^ chezlaFlond, au village de Duron,
12 couverts d'argent et un calice d'argent,., au bourg, chez le
citoyen Duvacher beaucoup d^effets, comme livres, etc... chez
le citoyen Berthelemi, à la Guertais, beaucoup de livres,
assiettes^ bouteilles déposés chez lui par ma cuisinière ou par
moi en 1791... chez le citoyen Rouger, cordonnier au bourg :
un encensoir, une navette, un bénitier, le tout argenté, deux
chandeliers de bois doré ; chez le citoyen Jahanne, tailleur au
dit bourg : deux chapes, une chasuble avec son étole, son ma-
SON jbuRNAL KT SES NOTES 371
nipule, son voile, une étole pastorale blanche relevée an
.bosses d'or; également chez le citoyen Oustin, journalier au
village d'au-delà l'eau : des couettes, traversins, oreillers,
draps, couvertures... avec deux matelas, mes habits d'été et
d'hiver de différentes couleurs, avec mes soutanes, rochets et
beaux ornements à fairè^ y compris une chasuble d'un tissu
d'or avec des fleurs, ainsi que le manipule, Tétole, le voile et
la bourse ; Jeanne Tur pin, ma domestique, donnera connais-
sance où sont tous mes effets.... i> Ici sont énumérés tous les
ustensiles de cuisine, tous les meubles et vôtetnents de Tin-
fortuné recteur, dispersés de côté et d'autre. Sa pendule est
« au village delaChampellière, chez le citoyen Valin....chez
le citoyen Pelletier, voiturier à Ghallain, il y a un paquet
à mon adresse.... Chez le citoyen Bain, relieur à Angers,
rue des Deux-Hayes, 14 : un soleil d'argent en sa botte, six
grands chandeliers argentés, un crucifix de même gran-
deur argenté. Deux custodes en argent sont chez le dit
Gustin. Chez Jahanne une boîte avec un soleil doré avec
ses anges dorés ; un autre petit soleil est en la chambre qu'oc-
cupe à Saint-Julien le citoyen Cordeau. Chez la mère de ce
dernier une aube blanche non dressée, ainsi qu'une autre
chez la veuve Pinon avec un rochet et l'ornement commun
dont je me servais ordinairement avec l'étole, le manipule,
le voile avec l'aube et le cordon ; et trois autres étoles pas-
torales blanche, rouge, noire déposées, je crois, chez le ci-
toyen Perroche menuisier audit bourg. Chez la citoyenne
Sauvager, femme du notaire public^ mes quatre reliquaire^
dont les baguettes sont dorées, une des glaces est cassée; ces
reliquaires n'appartiennent point à l'église. Chez le dit Bain :
une croix de procession dorée, une navette argentée et plu-
sieurs autres objets qu'il ne refusera pas. » Serait-ce là la
superbe croix processionnelle, chef-d'œuvre d'orfèvrerie du
mqyenflge, que possédait la fabrique, par nous décriLe dans
Le Général de la paroisse de Saint-Julien de Vouvantes\ et
< Rexme Historique de VOuest ; 7« livmson, juUlet iS9S.
372 MEftSIRE JEAN LAINE
signalée minutieusement par tous les comptes rendus des
marguilliers depuis au moins 1562? Nous sommes portés à le.
croire* Parmi tant d'objets du culte qu'il réussit à sauver, le
recteur de Saint-Julien n'aura eu garde d'oublier le plus pré-
cieux. Ce qui, malgré tout, ne nous a pas empêchés de perdre
définitivement cette précieuse relique du passé,saisie, on peut
le croire, dans les perquisitions qu'amena, on va le voir, la
découverte de ce testament. M. Laine ajoute : « J'ai donné
permission à ma domestique de filer les livres de poupées de
brin, de vendre la toile que me fait Lemesle, pour se payer de
ses. gages, et des frais et peines que mon arrestation lui occa-
sionne. Je lui donne l'étoffe que le dit Gasnier me fait, en re-
connaissance de ses bons services. Je lui permets de recevoir
de madame Lejeune de la Martinais 124 y/- qu'elle me doit,
sans y comprendre le prix du cheval que son mari m'enleva
en les fêtes de Noël 1793... lequel cheval m'avait couteau
Mans, au mois de décembre 1793, 300 #, et que le dit Marti-
nais vendit l'année d'après à Borbeau, métayer à laChapelle-
Glain 750 y/- ; je ne lui demande pas d'intérêts, je réclame
seulement le prix que j'ai payé pour l'avoir. Fait à la maison
d'arrêt, le 29 septembre 1797... Laine, recteur de Saint-Julien
de Vouvantes. «Au-dessous de cette signature. M. Laine écrit
ces lignes si touchantes, qui montrent bien que le malheureux
prêtre ne se faisait aucune illusion' sur l'extrême gravité de sa
situation : « Je me recommande à Dieu, aux prières des catho-
liques et je prie qu'on fasse dire des messes pour moi. Laine. »
Cette recommandation suprême est le dernier écrit qui nous
ait été conservé du vénérable confesseur de la foi. Il croyaitaller
à la mort évidemment ; il devait, après de cruelles épreuves et
de terribles souffrances, vivre encore un certain nombre
d'années.
A la suite delà saisie de ce testament on fît naturellement
les diligences nécessaires contre les individus dénommés,
comme dépositaires d'effets appartenant à M. Laine, et Pelle-
tier voiturier fut dénoncé au jury d'accusation près le tribunal
SON JOURNAL ET SES NOTES 378
de Segré et condamné. C'est ce que montre la pièce sui-
vante* :
« Angers, le 5 ventôse an VII de la république une et indi-
visible. (23 février 1799).Le commissaire du directoire exécutif
près l'administration centrale du département de Maine-et-
Loire à son collègue de la Loire Inférieure/à Nantes : Citoyen
collègue, d'après la communication que vous m'avez faite de
récrit relatif au nommé Laine, prêtre réfractaire, ex-curé de
Saint-Julien deVouvantes,lequelaététrouvé parmi les papiers
de feu Grand Louis^ j*ai fait les diligences nécessaires contre
les individus dénommés comme dépositaires d'effets appar-
tenant au dit Laine, et le citoyen Pelletier, voiturier à Challains
canton de Candé, ayant reçu un dépôt dont il n*a fait aucune
déclaration, va être dénoncé au jury d'accusation près le tri-
bunal correctionnel de Segré, et poursuivi conformément à la
loi... »
Nous trouvons de plus, relativement à cette affaire, dans le
registre des dépôts faits au greffe de la police correctionnelle
de r arrondissement de Chàteaiibriant, les trois pièces sui-
vantes :
« Du 17 ventôse an VII (7 mars 1799J. Le citoyen Richard,
juge de paix de Châteaubriant, a déposé un cahier contenant
le résultat des visites domiciliaires et perquisitions qu'il a
faites en la commune de Saint-Julien même, pour découvrir
les meubles et effets appartenant à Laine, prêtre réfractaire,
sujet à la déportation, ainsi que les pièces qui ont motivé les
recherches et visites du dit juge de paix. »
« Du 24 ventôse an VII (14 mars 1799). Le citoyen Delys, huis-
sier a déposé les meubles et effets appartenant au nommé
Laine, ex-curé réfractaire et déporté, de laco.mmune de Saint-
Julien de Vouvantes, comme suit :... » Dans rénumération y
faite on ne remarque en fait d'objets de culte que les a quatre
reliquaires dont les baguettes sont dorées ».
* Archives départ, de la Loire^nférieure,
374 MESSIKE JEAN LAINE
« Le 29 brumaire an IX (20 novembre 1800), Nous, Pierre De-
lafosse, trésorier de l'hospice civil de Châteaubriant, déclarons
et reconnaissons avoir, ce jour, reçu du groffler du tribunal
civil de Gh&teaubriant, tous meubles et effets saisis et con-
fisqués au profit de la République par jugeme.nt du 7 prairial
an VII (26 mai 17Ô9), sur la personne de Tex-quré de Saint-
Julien de Vouvantes. Les dits meubles et effçts à nous remis
en vertu de l'arrêté du sous-pré^et de cet arrondissement, en
date du 25 du présent mois ; desquels nous déclsurons donner
pleine et entière décharge au dit greffier. »
D'après ces notes, les seules qu'il nous ait été donné de
trouver, nous ne pouvons savoir ce qu'il advint des nombreux
objetsdu culte si minutieusement désignés par M. Laine dans
son testament.
Pendant son court séjour dans sa paroisse le fidèle recteur
avait repris la rédaction régulière de tous les actes de bap-
têmes, mariages et sépultures. Le registre original, la minute
de ces actes est perdue, mais une copie nous en reste et elle
est authentique, faite par les soins de M. Condomine, premier
curé concordataire de Saint-Julien de Vouvantes. Depuis le
14 juillet 1797, la signature (la copie) de M. Laine reparaît
jusqu'au 10 septembre suivant. Il était arrêté le 14 du môme
mois. Après cette date du 10 septembre ^797 jusqu'au 20 avril
1800, on ne retrouve plus rien aux archives paroissiales.
Avant de quitter son pays qu'il n'espérait plus revoir,
M. Laine pouvait se rendre le témoignage d'avoir résisté jus-
qu'au bout et de ne céder qu'à la violence. Loin d'abandonner
son troupeau pendant l'orage, il Tavàit surveillé de très près.
Il s'était, avons-nous dit plus haut, en nous appuyant sur l'af-
firmation de l'auteur du registre de paroisse, retiré en Anjou
en 1791, et y était demeuré jusqu'à la fin de la Terreur.
M. Lallié dans son sérieux ouvrage, Le Diocèse de Nantes
pendant la Révolution, affirme qu'il resta cdjché dans notre
diocèse. Cette dernière assertion est beaucoup plus fondée,
M. Laine s'était sans aucun doute retiré en Anjou, nous en
SON jpURNÀL ET 8K8 NOTES 375
avons donné des preuves, mais il n'y avait pas toujours sé-
journé; car sans parler de son premier retour en 1795 dans
sa paroisse, retour que nous avons suffisamment établi par
une de ses notes, dans plusieurs autres circonstances, il
s'était rapproché de Saint-Julien le plus qu'ilavait pu. C'est
une indication fournie par un curieqx registre conservé aux
archives paroissiales de la Chapélle-Glain. Ce registre rédigé
par M. Cordeau*, premier desservant de la dite paroisse après
le Concordat, porte dès sa première feuille cette mention :
a Ici commencent les extraits recueillis par le maire Hé cette
. paroisse et le desservant, et concernant les actes de baptême,
de bénédictions nuptiales et de sépultures^ autant que faire se
pourra^ qui ont été, reçus et enregistrés de i79i à 4SQi,
d'après les déclarations des personnes intéressées, >> Dans ce
recueil si précieux pour la région nous voyons que M. Laine
recteur de Saint-Julien de Vouvantes, a fait à la Chapelle-
Glain un baptôme en septembre 1791 ; également un baptême
à Beauchône, paroisse d'Erbray, en 1792, on ne précise pas
le jour; le l*"" mai 1793, un baptôme au village d'Osiller, pa-
roisse delà Chapelle-Glain; le 4 juplet delà môme année, un
baptôme à Qaint-Julien môme; en janvier 1794, il bénit un
mariage à la Chapelle-Glain, « Salmori (l'intrus) résidant en
cette paroisse sans mission légitime » ; le 6 juillet 1795, il bap-
tise « en son tteu natal » un enfant dont le père est de Soudan
et Id mère de Saint-Sulpice des Landes ; le 14 août suivant, il
fait un nouveau baptôme à Saint-Julien ; et le 14 septembre
un second à Beauchône en Erbray ; le 4 février 1796, on le re-
trouve baptisant à Saint-Julien, et le 24, à Erbray. Constata-
tions authentiques tout à l'honneur du courage et de la fidélité
du légitime pasteur l Et combien d'autres actes, sans doute,
qui n'ont été ni déclarés ni consignés ?
M. Laine fut envoyé de Nantes à Rochefort pour être déporté
en vertu des lois de fructidor an V, par arrêté du 1*" brumaire
1 Notre gr^ad oncle maternel, originaire de Saint-Julien ae Vouvantea.
376 MESSIRE JEAN LAINI^:
an VI (22 octobre 1797). D'après M. Tabbé Tresvaux du FravalS
il fut embarqué sur la frégate la Décade aveci une trentaine
de prêtres des divers diocèses de Bretagne.
Ce que furent les souffrances, les tortures physiques et mo-
rales de M. Laine et de ses compagnons de captivité, pen-
dant leur déportation à la Guyane, nous a été transmis dans
les nombreux récits publiés par les victimes survivantes, ou
par des narrateurs fidèles ; récits lamentables, remplis de dé-
tails navrants que la France religieuse n'a pas dû lire dans Ig
temps sans éprouver la plus profonde émotion, mais que, il le
semble du moins, elle a trop vite et trop longtemps oubliés.
Le registre de paroisse de Saint-Julien de Vouvantes, à l'oc-
casion de la déportation de M. Laine, reproduit l'un de ces
récits, mais sans en indiquer Tauteur, en le qualifiant de très
fidède. On y donne le texte môme de la première lettre que
Tun de ces malheureux prêtres adressa à son père. C'est un
admirable iionument de résignation chrétienne, de pardon et
d'oubli des plus cruels traitements, de foi héroïque et digne
des plus beaux siècles de TKglise. Les déportés couchèrent à
Rochefort sur un peu de paille. Traîqés sur le bâtiment qui
devait les transportera la Guyane, pour la plupart âgés et
infirmes, ils étaient « serrés les uns contre les autres, étendus
sur des planches, tourmentés de vermine, sans linge, sans vê-
tements, plus mal nourris que les plus vils criminels... Ils ne
respirent que par une soupape, la contagion se propage, une
odeur de mort se répand dans cette fournaise ardente, et
cependantle plus léger murmure ne se fait point entendre....
Nous débarquâmes à Cayenne, continue la lettre ; les habi-
tants de cette colonie veulent nous secourir, mais le commis-
saire du gouvernement exécute aussitôt les ordres reçus
les déportés sont divisés en plusieurs classes, les uns partent
pour Sinnamari et ses environs, les autres sont jetés dans
les affreux déserts de Konanoma... Ce pays situé na mi-
• Histoire de la persf^cution révoliitwnnaire en Bretagne^ tome II.
SON JOURNAL ET SES NOTES 377
lieu des bois est couvert de marais fangeux qui corrompent
1 air par des exhalaisons fétides, et les habitations se bornent
à quelques cabanes, asile de douleur et de mort. . . . Chaque
jour ce sont de nouvelles pertes, une victime est suivie
d'une autre. -.i. Nous savons que dans tous les cantons où
se trouvent des déportés, leur sort n'est pas moins affreux
que le nôtre... Ceux que la mort n'a pas atteints jusqu'à ce
jour, languissent dans l'état le plus misérable...» Dans une
autre partie du récit donné par le môma registre, nous lisons
que les confesseurs de la foi... « étaient exposés tout le jour
aux feux du soleil qui tombaient perpendiculairçment sur eux ;
lesoir, des insectes venimeux, des moustiques venaient les
assaillir de leurs piqûres et les couvraient d'ampoules puru-
lentes... Les cabanes et l'hôpital sont pleins de malades. Les
qnglesdes pauvres prêtres se détachent de leurs doigts, leurs
jambes sont enflées et couvertes de pustules... La dyssenterie
a tellement épuisé ces infortunés, qu'ils 'n'ont pas môme la
force de changer de place, et il n'y a que leurs confrères ani-
més de la plus héroïque charité qui aient le courage d'appro-
cherd'eux pour les servir,... ils ne cessent de vivre qu'après
la plus cruelle agonie... Ils aimaient mieux expirer dans leurs
cabanes qu'à Thôpital, parce que les infirmiers barbares qui
le desservaient, les accablaient d'outrages au lieu de leur
donner des soins. Quand un prêtre ne laissait rien en mourant,
les nègres chargés de faire la fosse se refusaient à cette fati-
gue, qui incombait alors aux confrères du défunt... » Le
nombre de ceux qui moururent durant cette déportation, af-
firme le registre de paroisse s'appuyant sur des documents
officiels, y compris huit prêtres qui avaient péri pendant la
traversée, ne fut pas moins de cent soixante-neuf.
(A suivre). Saint-Fort Rondelou, prêtre.
PRF.UVES DE NOBLESSE
DES
DEMOISELLES DU POITOU
Seçnes dans la Maison Royale de Saint-Louis
A SAINT-CYR
DE 1686 A 1793
Extrailet det MtaiiucrUt, eonurvi* à ParU, à la BibUolhèqae
Sationait et pabliéet avec <ki noUt,
Par le Vicomte Paul de CHABOT
DE CHIEVRES DE SALIGNAC
Preuce.1 de U noblesse de demoiselle Jeanne de ChiÈvbes
DE Saugsac, prêsenlée poar être reçae dans la communauté
des demoiselles de Saint-Louîs, à Saïnt-Cyr. Novembre 1686.
Jeanne de Chlèvres de Saligoac, 1676. '
AuMEs : d'argent, à l'aigle éployée de sable.
Extrait du registre des baptêmes du consistoire de la R. P-
R., établi, à Rarbezieux, au diocèse de Saintes, signé par col-
lation du 26 septembre 1686, Boumier, greffier au présidial de
cetteville, etJégalisé, portant que Jeanne, née le 1" mars 1676,
dutnariage de Jacob de Chièvres, sgr de Salignac, et de dame
Marie Le Maréchal, fut baptisée le 23 avril de la même année,
' Voir le fascicule de septembre- octobre IS'JO.
3 Bibl. .Va(. CMb. det Titret. 2M. p. 10.
PREUVES DB N0BLES8B DES DEMOISBLLKS DU POITOU ' 379
Premier degré : père et mère.
Jacob de Chiëvreâ, sgr de Salignac ; Marie Lé Maréchal,
sa femme, 1664.
Le MarécJial : d*Azur^ d un chet'7*on d'argent, nccompagné de
trois étoiles de même, 2 et 4 .
Contrat de mariage de messire Jacob de Chièvres, cher.,
sgr de Salignac, fils de messire Pierre de Chièvres, chev., sgr
de Rouillac, de Curton et de la Montagne,et de dameEléonore
de Montalémbert. avec demoiselle Marie Le Maréchal, fille
de messire Charles Le Maréchal, chev., sgr de Bourneuf et de
la Fère, et de dame Madeleine d'Angliers. Ce contrat, du 30
juin 1664, reçu par Arnauldeau, notaire, à Niort.
Partage, du 17 juin 1667 donné par Pierre de Chièvreé,
éc, s' de Rouillac, à Pierre* de Chièvres, s' de Curton,
et à Jacob de Chièvres, s' de Salignac ses enfants. Cet acte,
reçu par Durand, notaire, à Barbeiieux.
Deuxième degré : aïeul et aïeule.
*
Pierre de Chièvreâ, sgr dé Rouillac; Eléonore de Monta-
lembert, sa îFemme A 627.
MoNTALEMBERT .' d*argent, à la croix ancrée de sable.
Contrat de mariage de Pierre* de Chièvres, éc\ s"" de Rouil-
lac, fils de Pierre de Chièvres, éc% s' de la Valade et de Fran-
çoise Brivet avec demoiselle Eléonore de Montalembert, fille
de Robert de Montalembert, éc% s' de Vaux, de Chantemerle,
de Saint-Simon, et de, la Grange-Barabin, et de demoiselle
Jeanne de Livenne. Ce contrat, du 23 décembre 1627, reçupdr
Talion, notaire, à la Valade, en Angoumois.
Transaction du 12 janvier 1651, signée : Beinàud, notaire,
à Angoulôme» faite, sur les différends qu'avait Jacob de
^ Pierre, éc, sgr de Rouillac, marié le 18 février 1655, à Jeanne Han-
son. {B.-F.)
» Pierre, éc' sgr de Rouillac, est compris dans les registres des ban et
arrière-ban de la sénéchaussée d'Angoumois des 13 et 15 novembre 1615.
17 rbai et 17 juin 1613, et au chapitre des exempts des rôles des tailles de
1" >
euts paroisses. {B,-F.)
380 preuves.de noblbssb
Chièvres, éc' , s' de Guitres , avec Pierre de Chièvres, éc*^, s*"
de Roixillac et avec Marc de Chièvres, éc% s' d'Aubanie, en
Périgord , ses frères, pour la succession de demoiselle Eléonore
de Montalembert, leur mère et de Catherine Laîné, leur aïeule
maternelle.
Arrêt du Conseil privé du Roi, rendu le 16 juin 1643 eX signé :
PoTEL, portant confirmatioh de la noblesse de Pierre de
Chièvres, éc'", s' de la Valade, dans la paroisse de BasseroUes,
en Périgord.
Troisième degré : bisaïeul et bisaïeule.
. Pierre de Chièvçes, sgr de la Valade ; Françoise Brivet, sa
femme, 1687.
Brivet : d'azur, à une fasce d'argent, accompagnée de trois
étoiles de même\ 'posées 2 et i ,
Contrat de mariage de noble Pierre* de Chièvres, éc^ fils de
Pierre de Chièvres, s^ de la Valade, et de demoiselle Jeaime
Audebert, avec Françoise Brivet, fille de M* Barthomé Brivet,
procureur pour le Roi à Tonnay-Chàrente, et de Catherine
Laîné. Ce contrat, du 2 janvier 1587, reçu par La Font, notaire
àAngoulém'e.
Partage, du 25 mars 1594, signé : Rousseau, notaire à la
Valade, donné par Pierre de Chièvres, éC, s' du Breuil, à
Jean de Chièvres, éc% s^ de Vilars, et à Jacob^ de Chièvres,
éc% s' de Mazolières, ses frères, aux biens qui leur étaient
échus, par la mort de Pierre de Chièvres, éc% s^ de la Valade,
et de demoiselle Jeanne Audebert, leurs père et mère.
Quatrième degré : trisaïeul et trisaïeule.
Pierre de Chièvres, sgr du Breuil, Jeanne Audebert, sa
• »
femme, 1550.
< Pierre, éc sgr de la Valade et du Breuil-Salignac, avocat au prési-
dial d'Angoulême. Il testa, le 14 février 1617. (B.-F.)
• Jacob, éc, sgr du Petit-Moulin, marié le 19 août 1601, è Marie Gou-
din fille de René, éc, sgr de Puj-Gibault et de Françoise de la Romagne.
DfkS OBM0I8ELLBS DU POITOU SSl
AuDEBERT : d'argent, à un lion d'azur, accompagné de cinq
fleurs de lis de même, 2, 2 et i .
Vente d'héritages, du 20 mars 1571, signée : Le Prat, no-
taire à la Valade, faite, à demoiselle Jeanne Audebert, femme
de Pierre de Chièvres', éc\ s' du Breuil.
Partage du 17 juillet 1547, signé ; Le Prat, notaire, à la
Valade, fait entre Jean et Pierre de Chièvres, éc", des biens
qui leur étaient échus, par la mort de Pierre de Chièvres, leur
père, éc'.
Vente d'héritages, faite, le 20 avril 1542, à Pierre de Chièvres,
éc', s' du Breuil.
Ordonnance, rendue à Limoges, le 16 mai 1668, par laquelle
M. d'Aguesseau, intendant dans cette générahté, donne acte
à Jacques de Chièvres, sgrde Salignac, de la production qu'il
avait faite devant lui, pour la justification de sa noblesse, des
mêmes titres que ceux qui sont énoncés, dans cette preuve.
Nous. Charles d'Hozier, conseiller du Roi, généalogiste de
sa maison.juge général des armes et blasons de France et che-
valier des ordres militaires de Saint -Maurice et de Saint-
Lazare de Savoie, certifions au roi que demoiselle Jeanne de
Chièvres de Salignac a la noblesse nécessaire pour être
reçue dans la communauté des demoiselles de Saint-Louis, à
Saint-Cjr, comme il est justifié par les actes énoncés dans
cette preuve, que nous avons vérifiée et dressée, à Paris, le
29 novembre mil-six-cent-quatre-vingt-six.
Signé : d'Hozier.
* Pierre, éc', sgr de Valade et du Gazon, épousa en 1541 Jeanne Aude-
bert, il testa le il novembre 1588. Il était fils de Pierre, éc% sgr de la
Valade et du Gazon, marié le 24 avril 1509. à Marie d? la Fontaine, fille
d*Antoine et de Jeanne de Chambalus. (B,'F.)
ToMB XVI. — Notices. — xyi* ANNÉE,il*-12* liv. 27
i
362 PREUVES DB NOBLESSE
DU CHILLEAU^
Preuves de la noblesse de demoiselle Catherine du Chilleau,
présentée pour être reçue dans la. communauté des filles demoi-
selles de la maison royale de Saint Louis ^ fondée par le /?oï\ â
Saint'Cyr^ dans le Parc de Versailles. Décembre 1706,
Catherine du Chilleaa, 1697*. |
Armes : de sable ^ à trois moutons passants d'argent et posés
S et i.
Extrait du registre de la paroisse de Monterre-Silly, au
diocèse de Poitiers, portant que Catherine, fille de Pierre
du Chilleaû, sgr du Retail, et de dame Catherine-Thérèse
Mesmin de Silly, sa femme, naquit le 21 et fut baptisée, le
26°* de mars de Tan 4697. Cet extrait délivré le 5** d'octobre,
de la présente année 1706, signé: Hexri, curé de l'église de
Monterre-SïUy, et légalisé.
Premier degré : père et mère
Pierre du Chilleaû, s' du Retail, Catherine-Thérèse Mes-
min de Silly, sa femme, 1693.
Mesmin de Silly: d'azur, à une foi d'argent, accompagnée
en chef de trois étoiles d'or, et en pointe dun sautoir de même.
Contrat de mariage de Pierre dû Chilleaû, chev., fils de
messire François du Chilleaû, chev., sgr du Grand-VeIours,et
de dame Catherine-Renée des Francs, sa femme, accordé le
31"* de mars 1693, avec demoiselle Catherine-Thérèse Mesmin,
fille de messire Claude Mesmin, chev., sgr de Silly, et de dame
Thérèse Couprie. Ce contrat passé devant Bouteau, notaire
à Loudun.
■
• Bibl. Nat. Cab des Titres, 298, p. 54.
* Elle décéda au Calvaire de Loudun, le 31 janvier 1751, et sa succession
fut partagée entre divers héritiers, ses cousins. (/^.-F.)
DBS DEMOISELLES DU POITOU . 383
Acte de la prise de possession d'une maison acquise à
Loudun, (^ Charles de la Haie, éc", s' de Sozeau, faite le 11 de
mai 1699, par messire Pierre du Chilleau, chev., s^duRetail,
dans la paroisse dô Notre-Dame d'.Ort, et par dame Cathe-
rine-Thérèse Mesmin, sa femme. Cet acte reçu par Coufex,
notaire à Loudun, en présence de Louis Thibaud, éc^ s"^ de
Chassaigne, secrétaire du roi.
Deuxième llegré : aïeul et aïeule.
François du Chilleau. sgr du Grand- Velours ; Catherine
des Francs, sa femme, 1686.
Des Francs : d'or, à deux fasces d'azur.
Contrat de mariage de messire François du Chilleau, chev.,
sgr du Grand-Velours, fils de messire Jacques^ du Chilleau,
chev., sgr du Retail, en Mirebalais^ et de dame Catherine
Aymar, sa femtne, accordé le 16™* de février 1666, avec
demoiselle Catherine des Francs, fille de messire Pierre des
Francs sgr du Pas. en Loudunois, et de dame Marguerite Ay-
mar. Ce contrat passé devant Godart, notaire à Loudun.
Jugement, rendu à Poitiers, le 10"»* de décembre 1667, par
M. Barentin. maître des requêtes et intendant dans cette
généralité, par lequel il maintient François du Chilleau,
^ s' du Grand- Velours, dans la possession de sa noblesse,
qu'il avait justifiée par titres depuis Tan 1446. Cet acte
signé : Barentin.
Partage de la succession de messire Jacques du Chilleau,
vivant, chev , sgr de la maison noble du Chilleau, dans la
paroisse de Vasles.et de dame Catherine Aymar, sa femme,
fait noblement, le 2"*' de novembre 1662, entre messire Fran-
çois du Chilleau', leur fils aîné et principal héritier, et Charles*
'• François, chev. sgr du Chilleau, la Charrière. Orfeuille, la. Grange
etc. assista à rassemblée de la noblesse réunie à Poitiers, pour nommer
des députésauz Etats-Généraux de 1651. Il mourut avant le 4novembre1G80.
Il avait épousé, le 14 septembre 1G65, Marie-Bénigne Thibault de la Carte,
fille de Jacques, chev., sgr de Veuzé. et de Françoise Chauvinière, {B.-F.)
. » Charles, éc' sgr du Retail. la Bastonnière. lesFaugèreset de Loulière,
fut maintenu noble, par Bareutiu, le iO décembre 1667 et mourut avant le
4 novembre 1680.(8.-^r)
384 PREUVES DK NOBLESSE
du Chilleau, éc, sgr du Retail, François' du Chilleau, éc', sgr
du Vignaut, et François du Chilleau, éc% sgr du Grand-Ve-
lours, ses frères. Cet acte reçu par le Boiteux, notaire, au
lieu de Montreuil-Boniri.
Troisième degré : bisaïeul et bisaïeule.
Jacques du Chilleau, sgr du Chilleau, Catherine Aymar, sa
femme, 1626.
Aymar : de gueules^ à trois croiselles d'argent^ posées 2 et i .
Contrat de mariage de Jacques du Chilleau^, éc^ sgr
du Chilleau, du Rétail et de la Charrière, fils aîné et princi-
pal héritier de Charles du Chilleau, éc% et de demoiselle
Anne de Chérité, sa veuve, accordé le 26"* de juillet 1626,
avec demoiselle Catherine Aymar, fille de Geoffroy Aymar,
éc% sgr du Grand- Velours, et de demoiselle Françoise Gen-
drot. Ce contrat passé devant Fromentin, notaire à Mirebeau.
Partage réglé le 13 septembre 1649, par Pierre Pithon,
conseiller au parlement, entre Jacques du ChilleaU;, éc', sgr du
Chilleau, Jacques du Chilleau, le jeune , éc, s"* de Beaure-
gard, René' du Chilleau, éc', sgr duRivau, et Jean-Baptiste-
du Chilleau, éc% sgr du Bois-Coutant, tous enfants et héri-
tiers de Charles du Chilleau et de demoiselle Anne de Ché-
rité, leurs père et mère, cet acte signé : Pithon.
Aveu de la maison noble du Rétail assise dans la paroisse
du Bourg de Notre-Dame d'Aust, et mouvante de la Baronnie
de Moncontour, donné le 8°* de juillet 1636, à messire Louis
' François, chev, sgrdeSaleine, la Tour-Savary,le Vignault,les Grands-
Ormeaux, etc. marié le l»*" février 1683 à Marie de Tusseau, fille de Louis,
Baron de Maisontiers, sgr de laTour-Savaryet de Marguerite du Rajrnier.
(B.-F.)
* Jacques, chev. sgr du Chilleau, du Retail, etc, fut reconnu par les
élus de Poitiers, comme noble et issu de noble lignée et extraction, le
1*' juillet 1634. Il avait servi à l'armée de Lorraine, d'après un certificat du
Comte de Parabère, commandant le ban du Poitou. Il était décédé avant
le 10 décembre 1653. Sa femme Catherine Aymar, était veuve de Jacques
de Fleury quand il l'épousa le 26 juillet 1626.
»fleoé, éc, sçr du Rivau, chai^oine de Méniçoute, iJ^rF,)
DES DEMOISELLES DU' POITOU 385
Gouffier, duc de Roûannois et Moncontour, etc, par Jacques
du Chilleau, chevalier, sgr du Chilleau et de la Charrière. Cet
acte reçu par Fromentin, notaire, à Mi'rebeau.
, Quatrième degré : trisaïeul et trisaïeule.
Charles du Chilleau, sgr du ChilleauS Anne de Chérité, sa
femme, 1596.
Chérité : d'azur^ à une croix engrélée d*argent cantonnée de
quatre croix pattées d'or.
Contrat de mariage de Charles* du Chilleau, éc', sgr du
Chilleau, fils aîné et principal héritier de René, sgr du Chil-
leau, et de demoiselle Hélène de Mathefelon, sa femme,
accordé le 3«* de septembre 1596, avec demoiselle Anne de Ché-
rité, fille de Jean de Chérité, vivant éc', sgr de la Verderie
et de la Bellinière, Tun des cent gentilshommes ordinaires
de la maison de Roi, et de demoiselle Aliénor le Gai de la
Borderie. Ce contrat passé devant la Rue notaire, à Beaufort,
en Anjou.
Aveu de la maison noble du Rétail, donné le 29"' de
juillet 1600, à dame Jeanne de Cossé, duchesse de Roûannois,
et baronne de Moncontour, etc. par Charles du Chilleau,
éc*", sgr. du Chilleau. Cet acte reçu par Gouaut, notaire à
Mirebeau.
Cinquième degré: quatrième aïeul et aïeule,
René du Chilleau, sgr du Chilleau, Hélène de Mathefelon,
sa femme, 1552.
Mathefelon : de gueules, à six écussons d^or, posés trois, deux
et un.
Contrat de mariage de René* du Chilleau éc, sgr du Chil-
Jeanne (B^-F.)
Charles, éc, sgr du Chilleau, du Retaii, d'Orfeuille, de la Grange, du
Kivau. delà Charrière, etc. Il mourut le 6 mars 1625. {B.-F».)
* René, éc^ sgr. du Chilleau etduRetaiU décédé avant le 16 mars 1584,
fils de Louis, éc sgr. du Retail et de Guyonne de Chan^pelais ; petit-fils
deGauvain. éc' sgr du Chilleau, et de Jeanne Hélje de la Roche-Esnard,
et arrière petit-fils 4e Pierre, écr, sgr di^ Chilleau et de Jeai^ne ^ellivier.
386 PRSUVEâ DE NOBLKSSIfi
* •
leau» accordé le 15"'' d'août 1552, avec demoiselle HéJène
de Mathefelon, fille de Jacques de Mathefelon, éc', sgr de la
Charrière, et de demoiselle Luce du Courret Cet acte passé
devant Mornet, notaire de la Cour de Chizé, ressort de Poî- '
tiers.
Accord fait le 17"» d'octobre 1552, entre René du Chilleau,
éc*^, sgr du-Chilleau, et demoiselle Jeanne du Chilleau, sa
sœur, sur la part qui leur revenait avec Louis Rousseau, leur
frère utérin, éc, sgr de la Boissière, dans les biens de demoi-
selle Guyonne de Champelais, leur mère, vivante, femme de
Louis dujChilieau, leur père, éc' sgr du Chilleau. Cet acte reçu
par Pinaut, notaire au bourg de Sanxai, pour la Cour du
Bois-Pouvreau.
■
Enquête faite le 14"* de septembre 1547 par les comman-
deurs de Roche et de Frétai, par laquelle, les témoins nobles
ouïs, pour déposer de la noblesse paternelle et maternelle de
François du Chilleau, de la paroisse de Vasles, au diocèse
de Poitiers, présenté, pour être reçu chevalier de Tordre de
Saint-Jean de Jérusalem, au grand prieuré d'Aquitaine, dé-
clarent qu'il était fils de Louis du Chilleau et (Je demoiselle
Guyonne de Champelais, et petit-fils de Gauvain du Chil-
leau, aussi éc', sgr du Chilleau, et de demoiselle Jeanne Hélye
de la Roche-Esnard : que Guyonne de Champelais, était
fille d'Etienne de Champelais, éc\ sgr de Vaudonois et de de-
moiselle Jeanne de Poinches, et qu'ils les avoient tous vus,
et connus, vivant noblement, suivant les arrière-^ans, et fai-
sant tous autres actes de noblesse, comme gentilshommes.
Cet acte signé : Frères François Pelloquin et Louis de
Granges, commandeurs.
Nous, Charles d Hozier, conseiller du Roi. généalogiste de
sa maison, juge général des armes et des blasons et garde
de l'Armoriai général de France et chevalier de la Religion et
des ordres- militaires de Saint-Maurice et de Saint-Lazare de
Savoie, certifions au Roi que demoiselle Catherine du Chil-
leau a la noblesse nécessaire pour être reçue dans la commu-
DBS DEMOISELLES DU î>OITOU 38*7
lïautë des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans
la maison royale de Saint-Louis, fondée à Saint-Cyr, dans
le Parc de Versailles, comme il est justifié par les actes qui
sont énoncés dans cette preuve, laquelle nous avons vérifiée
et dressée à Paris le vingt-unième de décembre de Tan mii-
sept-cent-six. Signé : d'Hozier.
DE CHOURSES^
Preuves de la noblesse de demoiselle Louise Cha.rlotte- Made-
leine DE Chourses, agréée par le Hoi, pour être admise au
nombre des filles demoiselles que Sa Majesté fait élever dans
la maison royale de Saint- Louis, fondée à Saint-Gyr, dans le
Parc de Versailles. Mai 1746. »
Armes : d'argent, à cinq fasces de gueules.
m
Premier degré: produisante.
Louise-Charlotte-Madeleinc; de Chourses*. 1736.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Piacé,
diocèse du Mans, portant que Louise-Charlotte-Madeleine
m
de Chourses, fille de messire Louis de Chourses, sgr de Piacé,
et de dame Louise d'Escorches, sa femme, naquit, le 5 dé-
cembre 1736, et fut baptisée le 11 du même mois. Cet extrait,
signé : Testier, curé de la dite église, et légalisé.
Deuxième degré : père et mère.
Louis de Chourses, sgr de Piacés Louise d'Escorches, sa
femme» 1736.
D'Escorches : dargent, a une bande d'azur^ chargée de trois
bezants d'or.
Contrat de mariage de messire Louis de Chourses de Beau-
regard, chevalier sgr de Piacé, de Chaigne et de Beichg^reau,
fils de messire Godefroi de Chourses de Beauregard, chevalier
» Bibl. N&t. CAb des Titres, 307, p. 22.
•Cette famiilè illustre, origiaaire du Maiae, a possédé de nombreux
fiefs en Poitou au XV» siècle. Nous donnons pour cela, ici, celte preuve.
388 PREUVES DR NOBLESSE
sgr desdits lieux et de Boisfrelon et de dame Madeleine-Rose
Pasquinot, sa femme, accordé, le 10 octobre 1731 , avec de-
moiselle Louise d'Escorches de Sainte -Croix, fille de messire
Pierre d'Escorches de Sainte-Croix, chevalier, et de dame
Anne de Samay. Ce contrat, passé devant Fontaine, notaire
à Beaumont-le-Vicomte.
.Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Bonné-
table, diocèse du Mans, portant que Louis de Chourses, fils
de Godefroi de Chourses, éc% s*" de Beauregard, et de dame
Madeleine-Rose Pasquinot, sa femme, naquit et fut baptisé
le 8 novembre 1699 ; cet extrait signé: de Fonchères, prêtre,
curé de Bonnétable et légalisé.
Troisième degré : aïeul.
Godefroi de Chourses, sgr de Beauregard ; Madeleiile-Rose
Pasquinot, sa femme. 1698.
Pasquinot : (Targent^ à une fasce de gueules, chargée d'une
coquille d'argent, accostée de deux couronnes d'or k Cantique et
accompagnée de six m^rlettes de sable, posées 3 en chef, ? et /,
et 3 à la pointe de reçu, aussi 2 et i .
Articles du mariage de Godefroi de Chourses, éc", s' de
Beauregard, fils de Jean-Baptiste de Chourses, éC s^ du dit
lieu de Beauregard, et de dame Marie-Thérèse Vandermeer,
accordés, sous-seings privés, le 6 octobre 1698, avec demoi-
selle Madeleine- Rose Pasquinot, fille de Jacques Pasquinot,
conseiller du Roi, Maître perpétuel et ancien bailli de Bon-
nétable et de demoiselle Madeleine Poullard. Ces articles,
reconnus devant Esnault le jeune, notaire royal au bourg
de Prévelles dans le Maine.
* Renonciation à la succession de feue demoiselle Marie-
Thérèse de Chourses, faite le 7 juillet 1699, par messire Jean-
Baptiste de Chourses, son père, chev., sgr de Beauregard, au
profil de Godefroi de Chourses éc*^^ son fils, né de son mariage
avec feue dame Marie-Thérèse-Vandermeer. Cet acte, reçu par
Daspres, notaire, à Bonnétable.
ÛKS DKM.OISBLLKS DU POITOU 389
Ordonnance de monsieur Chauvelîn, intendant de la Géné-
ralité de Tours, rendue le 26 février 1697, par laquelle il
maintient dans la qualité d'écuyer, Godefroi de Chourses,
s*^ de Beauregard. Cette ordonnance, signée : Chauvelîn.
Quatrième degré : bisaïeul.
Jean-Baptiste de Choursfes, sgr de Beauregard, Marie-
Thérèse Vandermeer, sa ifemme, 1667.
Extrait du registre des mariages célébrés à la Haye,
- portant que frère Bernard de Saint-Joseph, missionnaire,
administra le saint sacrement de Mariage, le 31 juillet 1667,
selon les décrets du concile de Trente, à Jean de Chourses,
chev., sgr de Beauregard, et à mademoiselle Marie-Thérèse
Vandermeer. Cet acte, signé.: Frère Bernard de Saint-Joseph,
missionnaire, Beauregard et Maria-Théresia Vandermeer, etc.
Ordonnance, rendue, à Tours, le 13 février 1668, par
monsieur Voisin de la Noiraye, maître des requêtes et com-
missaire départi dans la dite généralité , par laquelle il
donne acte à Gabriel de Chourses, éc', sgr, de Beauregard,
gouverneur des Ville et Château de Bonnétable, de la repré-
sentation qu'il avait faite, devant ledit commissaire, des
titres justificatifs de sa noblesse, depuis Tan 1477, tant pour
lui, que pour Gabriel de Chourses, éc^ prieur de Soulesme ;
Louis de Chourses, éc', sgr de Cheigné ; Jean-Paul François
de Chourses, éc' s' 'de Beauregard, et Jean-Baptiste de
Chourses, éc', ses frères, demeurant au dit lieu de Bonné-
table, élection du Mans, enfants de Gabriel de Chourses, éc'
S' de Beauregard et de demoiselle Jeanne Pasquinot, sa
femme. Cette ordonnance signée : Voisin de la Noiraye.
Accord, fait, le 20 janvier 1653, entre Gabriel de Chourses,
éc% s[de Beauregard, gouverneur du château de Bonnétable ;
Louis-François et Jean de Chourses ; demoiselle Anne de
Chourses, et messire Gabriel de Chourses, leur frère aîné,
prêtre, prieur de Soulesme, sur le partage noble qu'ils avaient
à faire, des biens de messire Gabriel de Chourses, vivant,
TOME XVI. — NOTICES. — XVl® ANNÉE, il«-l2*LIV. 28
300 PREUVES DK ND9LB88B
chev.^ sgr. de Beauregard, et de dame Jeanne Pasquinot,
sa femme, leurs père et mère. Cet acte reçu par Aubineao,
notaire à Bonnétable.
Extrait du registre des baptêmes de la paroisse de Saint-
Sulpice, à Bonnétable, au diocèse du Mans, portant que Jean-
Baptiste de Chourses, fils de Gabriel de Chourses, éc**, s*" de
Beauregard, capitaine des gardes de Monseigneur le comte de
Soissons et de demoiselle Jeanne Pasquinot» sa femme» fut
baptisé le 26 mars 1634. Cet extrait signé : de Jonchères^
prêtre, curé de la dite église de Bonnétable, et légalisé.
Cinquième degré : trisaïeul. **
Gabriel de Chourses, sgr de Beauregard ; Jeanne Pas-
quinot, sa femme, 1621.
Pasquinot : rf'arycni, à une fsLSce de^gueules, chargée d'une co^
quille d argent^ accostée de deux couronnes d'or^ à Fanlique, el
. accompagnée de six merleiies de sable^ posées trois en chef^ deux^
et une^ et trois à la pointe de Vécu^ aussi deux et une.
Articles du mariage de Gabriel de Chourses, éc, sgr de
Beauregard, cornette des gardes de M: le comte de Soissons,
et fils de Guillaume . de Chourses, éc', capitaine des dits
gardes, et de demoiselle Françoise de Commines, arrêtés sous-
seings privés, le 11** de janvier 1621, avec demoiselle Jeanne
Pasquinot, fille de noble Jean Pasquinot, contrôleur de la
maison dudit sgr, comte de Soissons et de Renée Reverdy.
Ces articles, déposés dans les minutes de Jean Moreau»
notaire au Mans.
Autres articles du même mariage de Gabriel de Chourses,
éc% sgrde Beauregard, cornette des gardes de Mgr le comte
de Soissons, accordés le 17 janvier 1620, du consentement
de Guillaume de Chourses, son père, éc' capitaine desdits
gardes, avec demoiselle Anne Pasquinot, fiUè de noble homme
Jean Pasquinot. Ces articles, signés : Môreau.
Commission de capitaine d'une compagnie de cinquante
arquebusiers à cheval, destinés pour la garde du comte de
f
DBS DBMOtSBlX^BÔ DU POITOU 3^^
) SoissODfi, donnée par le Roi^ au Camp devant Royan, à son
; cher et bien aimé, les' de Beauregard de Chourses, le 14 mai
j 1622. Cette commission, signée : Lonis, et plus bas: par le Roi.
I Brulart et Scellée. ,
Sixième et septième degré: quatrième aïeul et cinquième aïeul.
OniUattme de Chourses, sgr. de Beauregard^ fils de Jean
de Chourses, sgr de Brémien ; Françoise de*Commines, sa
femme.
CoMMiNES : de gueules f à une croix de vàir, reçu bordé d'or.
Emploi des articles ci-dessus rapportés du mariage de Ga-
briel de Chourses avec demoiselle Jeanne Pasquinot, dans
lesquels sont nommés Guillaume de Chourses; éC et demoi-
selle Françoise de Commines.
Commission de capitaine de cent arquebusiers à cheval,
pour la garde du comte de Soissons, donnée à Angers, par
la Reine, mère du roi, au s' de Beauregard,. le 24 juillet 1620.
Cette commission, signée : Marie ; et plus bas, par la Reine,
mère du Roi : Bouthillier, et scellée.
Procuration donnée, le 3 juillet 1618, à Guillaume de
Chourses, éc' s% de Beauregard, capitaine des gardes de Mgr
le comte de Soissons» par haute et puissante dame dame
Madeleine de Chourses,. sa sœur, femme de haut et puissant
sgr, messire Gédéon de Thianges, chevalier,. sgrdéMoulinière,
pour retirer tous les meubles qui se trouveraient appartenir
à la dite dame, tant au château de Loms, que dans la maison
de Brémien et ailleurs ; cet acte reçu par Morel et Briquet^
notaires au Ch&telet de Paris.
Donation de la somme de 24.000 livres, faite le 19 octobre 1580,
par messire Jean de Chourses, chevalier, sgr de Brémien, de
Boisfrelon et de Nocufle, tant en son nom^ que comme
R
fondé de la procuration de dame Antoinette de Castelnau
^ de Clermont. sa femme, à Guillaume de Chourses, leur fils,
capitaine des gardes de Monseigneur le comte de Soissons.
Cet acte, reçu par A la mange, notaire à Lyon.
d92 PREUVES DE NOBLESSE DBS DBMOISBLLKS OU POITOU
Nous, Louis-Pierre d'Hozier, juge d'armes de ^France,
chevalier, sous-doyen de Tordre du Roi, conseiller en ses
conseils, maître ordinaire en sa chambre des comptes de
Paris, généalogiste de la Maison, de la Chambre et des Ecuries
de Sa Majesté et de celles de la Reine et de Madame la
Dauphine^
Certifions au Roi, que demois.elle Louise-Charlotte-Made-
LEiNE DE Chourses a la noblesse nécessaire pour être admise
au nombre des filles demoiselles, que Sa Majesté fait élever,
dans la maison roj^ale de Saint-Louis^ fondée à Saint-Cyr,
dans le parc de Versailles, comme il est justifié, par les
actes qui sont énoncés dans cette preuve, laquelle, nous
avons vérifiée- et dressée à Paris, le jeudi vingt-sixième jour
du mois de mai de Tan mil-sept-cent-quaranle-six.
Signé; d'Hozier.
RRVUE HISTORIQUE DE L'OUEST
XVI* ANNÉE. — 1900
TABLE DES MATIERES
NOTICES ET MÉMOIRES
La Mère Berthelot et lé Couvent des Ursulines de Nantes (suile)^
par Alfred Lallié • 5 97
Les célébrités inconnues : un petit neveu de Michel de Montaigne,
Raymond de Montaigne, lieutenant-général à Saintes, évèque de
Bayonne, etc. (suite), par Louis Audiat 25, 77
Preuves de Noblesse des demoiselles du Poitou reçues dans la
Maison royale de Saint- Louis k Saint-Gyr de 1686 à 1793 (suite) y par
vicomte PB Chabot 40,106,194,281,333,360,378
Les Echaubrognes, par l'abbé Victor Grégoire (suite). 53, 130.
202, 316
Messire Jean Laine, dernier recteur de Saint-Julien de Vouvantes
avant le Concordat, son Journal et ses Notes, par Fabbé J. Saint.
FortRondblou 157,229,293,349
Les Capucins du Croisic pendant la Révolution (suite), par
H. Glotin 175, 263
REVUE HISTORIQUE DE LOUEST
XVI» ANNÉE. — 1900
TABLE DES MATIERES
PAR NOMS D'AUTEURS
NOTICES ET MEMOIRES
Anonyme. — Les Echaubro^nes , par l'abbé Victor Grégoire
(suite). . ' 53, 130. 202, 3ir»
AuDiAT (Louis). — Les célébrités In'^onnues : un petit-neveu de
Michel de Montaigne, Raymond de Montaigne, lieutenant-général à
Saintes, évoque de'Bayonne, etc. (suite) 25, 77
Chabot (V^'« de). — Preuves de Noblesse des demoiselles du Poitou
reçues dans la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr de 1680 à
M'as (suile).. . 40,100,194,281.333,360,378
Glotin (H.)- — Les Capucins du Groisic pendant la Révolution
{suite). ' , . . 175, 263
hMAAt (Alfred). -— La Mère Berthelot et le Couvent des UrsuUnes
de Nantes [suite) 5, 1>7
Saut- Fort lioxDBLou (Abbé .T.). — ' Me^sire Jean Laine, dernier
recteur de Siint-Julien de Vouvantes, avant le Concordat, son
Journal et ses Notes 157, 229, 293, S49
REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
REVUE
HISTORIQUE
DE L'OUEST
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BUREAUX DE LA REVUE
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V" LAFOLYE & FILS
PARIS
VICTOR RETAOX A, FILS
V>, na BDnapiru
VANNES. — IMP. LAFOLYE, 2, PLACE DES LICES.
i
\
I
j
I
NÉCROLOGIE
GASTON DE CARNË
La Bretagne toute entière et en parti eu lier, la
Revue Historique de V Ouest ont éprouvé, au début
de cette année, une perte aussi cruelle qu'irré-
parable en la personne de M. le Comte Gaston
DE Carné de Carnavalet, décédé subitement le
24 janvier au château du Kermat en Inzinzac
(Morbihan), à Tâge de 44 ans. Marié à Made-
moiselle de Kerouartz il y a quelques années,
il laisse plusieurs jeunes enfants.
Passionné pour l'histoire de la Bretagne , Gaston
de Carné honora grandement, dans sa trop courte
carrière, les Etudes historiques bretonnes. Eru-
dit de premier ordre, écrivain consciencieux et
méthodique, on lui doit de remarquables études
et d'importants travaux. Il fut, en 1884, l'un des
premiers fondateurs et le premier Directeur de
cette Revue qui ne saurait oublier ses éminents
services et l'affectueux intérêt qu'il ne cessa de
lui témoigner. Aussi, en attendant qu'il lui soit
donné d'insérer dans ses colonnes la Biof/raphie
à laquelle il a droit, se fait-elle aujourd'hui un
devoir de publier en tête de son premier numéro
de Tannée, comme un dernier et trop juste hom-
mage, l'intéressant compte-rendu ci-dessous de
son dernier ouvrage^ dont l'auteur, notre excel-
lent ami M. Frkdkric Saulnier, conseiller à la
Cour d'Appel de Rennes, ignorait encore sa*
mort, lorsqu'il le composa pour la Revue.
LA RÉDACTION.
M""" LA M'^' DE L'ESTOURBEILLON
Un autre deuil non moins cruel est venu
frapper la Revue Historique de l'Ouest en la per-
sonne de son Directeur, M. le M'* de j/Estour-
BEiLLON DE LA Garnache, député du Morbihan,
qui vient de perdre sa mère, décédée à Nantes
le 12 février, à Tâge de 67 ans.
,Née à Nantes le 15 août 1833, Anne-Marie-
Caroline Pépin de Bellisle ava it épousé dans
cette ville M. Amand-Marie-Gabriel, Marquis
DE l'Estourbeillon DE LA Garnache, père* du
1" député actuel du ^Morbihan.
Elle était fille de Monsieur Julien Pépin de
Belllsle, ancien préfet, chevalier de la Légion
d'honneur , et d'EMiLiE de la Roche-Saint- André.
CHRONIQUE
BIBLIOGRAPHIE
DOCUMBNTS SLR L*. LlGUF. EN BRKTAGNB r CORRESPOND AN CB DU
DUC DE MbRCOGURBT DES LiOUEURS BRETONS AVEC l'ËSPAONE...
publiée avec une préface historique et des Notes par Gaston
DE Carné. — Rennes, PMhon et Hervé, 1899, 2 voi. in-4'.
' On a beaucoup écrit depuii! trois cents ans sur les troubles de la
Ligue en Bretagne. Des mémoires fort curieux, des documents de
toute sorte, militaires, politiques, diplomatiques, judiciaires ou d'or-
dre privé ont été publiés, L'hist,oire de notre province it cejte épo-
que a été souvent narrée, et, dans ce siècle, elle a même /ait l'objet
d'une thèse de doctorat es lettres, travail sérieux justement estimé.
Et cependant tout un côté de cette histoire, et non le moins impor-
tant — les relations des ligueurs avec l'Espagne - était resté obscur,
mal connu.
Les deux beaux volumes que notre érudit et consciencieux ami,
M. de Cai'né, vient de donner & la Société des Ribliophiles Bretons et
au public sont destinés à combler cette lacune. Ce qu'on ignorait ou
ce qu'on savait mal est auiourd'hui en pleine lumière, grftce aux
documents inédits que le savant éditeur ne s'eut pas contenté de
reproduire ou de traduire, mais qu'il a en outre mis en valeur dans
une introduction historique d'un haut intérêt'.
<lé
Cei piices «ont au nombre
intégralement tranacriteH.
ieWet qui I
Bdel'
n françaÎB i
ipagnol
suffit pi
phiqae fort utile : chacun d*s perionnsgM qui ont joua un rôle dans l'affaire
de Brïlapne a sa nolice, dans laquella sont résumé» les principaux traiti de
aa lie : c'est an complément intéressant du iraTail de M. de Carné. Noaa
aTon* particulièrement remarqué les pogea pleines de détails typiques qui
t Ytea aonrmil, aventorier hardi et <• p^clieuren eau trouble n dont
.n(p. 170 e(
'■)
6 CHRONIQUE
Pour juger définitivement le duc de Mercœur et ses actes, pour se
rendre compte de la marche des événements, il faut être fixé sur le
caractère et les phases diverses de l'intrigue que le chef de TUnion
en Bretagne a nouée avec Philippe II et qu'il a entretenue pendant
près de neuf ans. De quelle façon chercha-t-il à s'appuyer à la fois
sur le roi d'Espagne et sur le pape ? Que voulait-il en réalité et à
quoi tendait-il f Quels furent les rapports des principaux ligueurs
avec le prince étranger ? Comment furent conduites la politique et
l'expédition espagnoles et quels résultats donnèrent-elles ? Autant
de questions, et d'autres encore, à la plupart desquelles on ne pou-
vait faire une réponse précise, faute d'avoir consulté des archives
qui n'ont que récemment livré leurs secrets.
En 1808, à la suite de l'invasion de la Péninsule, le magnifique
dépôt de Simancas, dans lequel se conservaient les sources officielles
et authentiques de l'histoire de ce pays, fut transporté à Paris. En
1815, le roi Ferdinand VII en obtint la restitution ; mais par une
heureuse fortune dont les travailleurs bretons se féliciteront, une
partie de ce fonds fut laissé en France, aux Archives Nationales - en
particulier tout ce qui concerne les relations de Philippe H avec la
Ligue et' sa correspondance tant avec «les partisans de celle-ci qu'a-
vec ses propres agents.
M. de Carné na pas hésité à se plonger dans l'examen d'une masse
décourageante de lettres, de dépêches, d'instructions, de rapports,
d'états de troupes et de dépenses, etc. Il a été récompensé de ce pé-
nible labeur par la satisfaction d'avoir réuni un véritable trésor de
documents^ presque tous inconnus qui jettent un jour nouveau sur
l'histoire de notre province, à l'une de ses époques les plus troublées.
Cette mine n'était pas restée inexploitée. MM. Capefigue et Forneron
y avaient eu recours, en se plaçant seulement à un point de vue
général. Ce dernier, dans son Philippe II, n'a consacré aux relations
de ce roi avec la Bretagne qu'une dizaine de pages où apparaissent
— M. de Carné a dû les relever (p. III de l'avertissement) — à côté de
grosses erreurs, des jugements d'une sévérité outrée, fondés sur des
documents mal lus et mal compris.
On peut donc dire que le public breton a, pour la première fois,
sous les yeux les éléments d'une étude largement documentée sur
l'occupation espagnole, ses préliminaires et ses péripéties de 1589 à
1598. D'ailleurs, pour apprécier tout le parti qu'un historien sagace
peut tirer de ces preuves, il suffit de lire l'excellent morceau d'his-
toire que M. de Carné a appelé trop modestement un « essai ». Rien
n'est plus attachant, plus instructif que cette préface de cinquante-
CHKONIQUE 7
neuf pages dans laquelle la politique du roi d^fispagne, ses tergi-
versations et ses maladresses, Tintrigue du d\A de Mercœur avec lui
et avec le pape, ses tortueuses et compliquées négociations et l'occu-
pation militaire sont clairement et magistralement exposées. Résu-
mons-les succinctement.
Philippe II rêvait d'asseoir sa fille aînée. Isabelle-Glaire-Eugénie,
malgré la loi salique, sur le trône de France, et, sans négliger cette
perspective, il travaillait à faire d*elle une duchesse de Bretagne^
C'était en apparence plus facile, puisque l'autorité d'Henri. IV était
méconnue dans une partie de la province, que le gouverneur avait
levé rétendard de la rébellion contre le prince hérétique et qu'il
semblait disposé, d'accord avec ses adhérents, à soutenir Iqs droits
de l'Infante. Quoique Mercœur n'eût fait dans le sens aucune décla-
ration formelle, il lui prêta un concours effectif en soldats et en
subsides : dès le 12 octobre 1590, 3000 Espagnols débarquaient à
Saint-Nazaire. Les principaux ligueurs entraient dans ses vues :
l'un des plus respectés, Qeorges d'Aradon, conseiller au Parlement
et plus tard évéque de Vannes, désintéressé et considérant seule-
ment le bien de la religion, fût le premier à prendre en main la
cause de la princesse étrangère (pièces 39 et 42>.
Celle-ci aurait peut-être triomphé, si le roi d*Espagne avait envoyé
en Bretagne des forces suffisantes — il lui aurait fallu huit ou dix
mille hon^mes — et s*il avait eu l'appui loyal et résolu du duc de
Mercœur. L'attitude et les actes de ce dernier, désormais bien
connus, ont contribué pour une part à un échec qui a consolidé
Tunité française. Les documents publiés par M. de Carné, complé-
• Par sa mère, Elisabeth de France, fille d'Henri II, elle était arriére-petite-
fille d'Anne de Bretagne dont son père revendiquait pour elle Théritage. Elle
est morte sans enfants, longtemps après l'échec de cette tentative, mais les
prétentions affirmées en son nom ont survécu aux circonstances qui leur
avaient permis de se manifester. Les descendants de sa sœur et héritière,
Catherine, duchesse de Savoie, ont eu la velléité de les faire revivre. Les
archives royales du Piémont contiennent plusieurs mémoires qui y sont rela-
tifs : un des derniers en date qui parait avoir été écrit en juillet 1727,
est intitulé : Rifflessioni sincère... {Réflexions sincères sur les droits
appartenant à la maison royale de Savoie sur U duehé de Bretagne).
L'inventaire imprimé (1876, in-8, p. 664) énumère divers documents réunis k
l'appui de cette thèse, des généalogies démontrant que Victor-Âmédée II,
duc de Savoie, et plus tard roi de Sardaigne, descendait directement d'Anne
de Bretagne, les deux contrats de mariage de cette princesse et l'acte d'union
de 1532. La politique Sarde, en cas de démeofibrement de la France, ne vou-
lait pas être prise au dépourvu : la cour de Turin se préparait à réclamer
sa part, en vertu des droits que le roi tenait de son arrière-grand'tante. Ces
pièces n'ont plus qu'un intérêt de curiosité.
8 GHRONIQUR
tant ce qu'on savait déjà, prouvent avec certitude que, sous ombre de
servir le grand intérêt de la Foi, il ne pensait qu'à poser les jalons
de sa propre élévation (pièces 49, 68, 150, 175, 241, 269). Depuis la
mort du malheureux Henri III, il tranchait du souverain — en
attendant un roi catholique — et ne désespérait pas de devenir duc
de Bretagne.
On a cru que la duchesse de Mercœur qui descendait directement
des ducs par Charles de Blois et Jean de Brosse de qui elle tenait le
comté de Penthièvre, avait un violent désir de relever le trône
ducal, malgré les renonciations formelles et géminées de ses ancê-
tres. Cette hypothèse doit être écartée : telle qu'on la connaît et que
la révèlent les documents les plus sûrs, femme de résolution
prompte et hardie» Marie de LuxemJbourg n'aurait pas souscrit à la
politique sournoise, menteuse et temporisatrice de son mari. Dès le
début, bien avant que celui-ci se soit décidé à prendre parti, dès le
10 janvier 1591 (pièce 38), elle a écrit à Tlnfante en des termes sou-
mis et déférents qui excluent toute rivalité personnelle. Elle est
donc hors de cause.
Le duc de Mercœur était trop bien informé pou^ne pas juger que,
. dans la Province, parmi les partisans de l'Union^ il n'y avait en sa
faveur aucun mouvement marqué d'opinion: il essaya de le provo-
quer, sans rien brusquer. C'est ce qui explique que sa diplomatie
s'attacha à traîner les choses en longueur, à amuser le roi d'Espa-
gne, tout en se ménageant les moyens d'atteindre son but. Il espérait
que Rome lui en fournirait d'efficaces et qu'à la fin, elle lui donnerait
la préférence.
Les jdspions espagnols qui l'entouraient et dont quelques-uns qui
l'approchaient de très près jouissaient de sa confiance, ont fourni
à leur maître des informations très précises sur les projets de son
allié. L'un d'eux, Martin de Çamudio. dans un rapport du 6 octobre
1591 lui apprit que le duc se proposait d'écrire à Rome pour obtenir
de nommer en Bretagne, pendant la vacance du trône, à tous les
postes ecclésiastiques, évéchés, abbayes, etc, pour « s'emparer peu à
< peu de la souveraineté à l'aide de ces gratifications et. . . attirer
« les gens à lui prêter serment comme duc de Bretagne, ce à quoi il
< aspire^ >» Un autre agent, Diego Maldonado fit savoir que le duc
i Préface historique, p. XVIII. Dans ce chapitre III de son trarai],
M. de Carné a fait preuve d*ane remarquable lagacité. Le dépouillement des
innombrables pièces rédigées en espagnol lui a permis de donner un aperçu
sommaire des intrigues du duc de Mercœur à Rome. Il déclare d^ailleurs
loyalement que, dans le nombre, bien des documents ont pu lui échapper et
qu'une recherche minutieuse, qui prendrait beaucoup de temps, amènerait
la découverte de renseignements nouveau;^ sur ces intrigues.
CHRONIQUK 9
allait envoyer à Rome un émissaire pour solliciter du pape le droit
de nomination aux bénéfices vacants et lui soumettre la question du
duchéi. Prévenu à temps, Philippe It se mit en mesure de déjouer
cette intrigue. Du reste, l'envoyé breton tomba malade et ne put
remplir sa mission : Innocent IX mourut sur les entrefaites et le duc
ne reprit que plus tard les négociations avec Clément VUl. L'accueil
de ce dernier fut assez encourageant pour lui faire croire que le
terrain était bien préparé : il se voyait près de toucher au port
lorsque le Souverain Pontife se décida à absoudre Henri IV.
Entre temps, le roi d'Bspagne avait subi un cruel échec : les Etats
Généraux s'étaient prononcés contre la candidature de T Infante. Il
est à supposer que le duc de Mercœur, malgré ses promesses, ma-
nœuvra secrètement pour la faire échouer. Philippe ne renonça
pas à ses visées : il en appela au sort des armes. Quoique son allié
lui insinuât depuis quelque temps que les forces réunies en Bretagne
étaient plus que suffisantes et que c'était au cœur de la France qu'il
devait jeter ses troupes, il envoya un renfort de 2000 hommes, sous
le commandement de Jean de Luna, qui débarquèrent à Blavet.
Le duc de M eroœur ne fit rien paraître de son mécontentement
et quoique très instamment pressé de reconnaître publiquement les
droits de l'Infante, il eut l'art de mener de front ses relations avec
le roi d'Espagne, ses intrigues à Rome et des conférences avec les
royalistes. Enfin acculé dans ses derniers retranchements^ il con-
clut, avec serment, un premier traité (20 novembre 1594) dans lequel
il se réserva plus d'un échappatoire. Dans un second traité du
30 juin suivant, accompagné d'un nouveau serment, il donna toute
satisfaction à son allié, fit toutes les promessQ3 désirables, mais il en
subordonna la réalisation à des conditions qu'il avait imposées au
roi, conditions dont il savait la réalisation impossible dans l'état
actuel des finances espagnoles. D'ailleurs la partie, à ce moment,
était perdue pour l'un et pour l'autre
A cette heure du règne de Henri IV, la Ligue avait obtenu la seule
victoire qu'elle pût honorablement désirer pour la pacification du
pays: le roi huguenot était entré dans le giron de l'Église catholique.
Gomme le dit justement M. de Carné (p. XXXV), la résolution de
Clément VI II de donner à cette abjuration la sanction d'une absolution
solennelle ne fait plus de doute pour personne : trois mois après
(17 septembre 1595), elle sera un tait accompli et les ligueurs n'au-
ront plus de prétexte avouable pour continuer la lutte : ils ne résis-
' Id. p. XIV.
10 , CHRONIQUE
teront plus, ils ne négocieront plus que pour se vendre le plus cher
possible.
Dans son chapitre VI « La fin du rêve, » Fauteur montre, pièces en
main, combien à été tortueuse, misérable, honteuse, dans cette der-
nière période, la conduite du duc de Mercosur. Quelle illusion peut-il
se faire ? Il semble qu'il n'aie plus qu'à sa soumettre et à se confier à la
générosité du roi légitime, puisqu'aussi bien* il unira par là. Il ne
s*y résoudra que trois ans plus tard, sans pitié pour la Bretagne
mise à feu et à sang.
Tout en négociant avec le roi de France, les documents espagnols
en font foi, il persistera à maintenir des agents à Rome et à rester
abouché avec le roi d^Espagne à qui il demandera de nouveaux
envois de troupes et fera de nouvelles promesses, espérant ainsi
créer à son souverain des embarras sérieux dont il tirera proût. Il
voudra paraître redoutable et faire la loi pour sa soumission, au lieu
de la recevoir. Et il la recevra piteusement le 13 mars 1598, sous
rimpression d*un profond découragement, après la découverte du
complot tramé contre sa personne par les royalistes (pièce 349).
Des documents forts intéressants empruntés à d'autres sources
avaient permis à M. Joiion des Longrais de porter les jugements les
plus durs sur la politique férocement égoïste du duc de Mercœur
uniquement préoccupé de « la manutention de sa grandeur particu*^
Hère » ainsi qu'il en a fait Taveu^ La publication de M. de Carné
complète la démonstration : désormais on n'y ajoutera rien. Le chef
de la Ligue en Bretagne ne s'op relèverait pas si sa mort glorieuse en
Hongrie n'avait en partie racheté ses fautes.
Comme nous l'avons dit. les plus autorisés parmi les ligueurs bre-
tons soutenaient la candidature de Tlnfante, et à Georges d'Âradon
dont nous avons déjà parlé, nous ajouterons Jacquelot de la Motte,
conseiller au Parlement de Nantes, et Louis Dodieu de Vély, premier
président de U môme compagnie qui entretinrent des relations per-
sonnelles avec le roi d'Espagne (pièces 66, 67, 68, 74, 75). Le duc de
1 Le duc de Mercœur, d'après des documents inédits, Saint-Brieuc, 1895,
in-8<*, p. *9. On savait en Bretagne que lui seul retardait la conclusion de la
paix : f Eq Tannée 1597, au commencement d*icelle les députés du roi et de
M. le duc de Mercœur furent fort longtemps pour penser traicter de la paix
qui ne peult estre faicte parles élonguements de M. de Mercœur. » (Journal
de François Grignart, écuyer, .«' de Champsavay publié par M. Raison du
Cleusiou. — Saint-Brieuc, 1899, in-8o, p. 52.)
GHBONIQUiB il
Mercœur, dont ils contrecarraient les desseins secrets, les chassa en
1593 delà ville, siège de leurs fonctions'.
Nous ne nous étendrons pas sur l'histoire do Toccupation mili-
taire: On sait que le contingent espagnol, bien quMl ait contribué
au gain de la bataille de Craon, a rendu peu de services. Trop peu
nombreux, mal payé, souvent indiscipliné, il n'a eu d*autre utilité
que de conserver à Philippe II une place sur le littoral breton. Une
tentative sur Brest n*a donné aucun résultat. M. de Carné (chap. IV,
VII et VIII) a emprunté aux pièces inédites qu'il publie les éléments
d'un récit fort instructif qui résument toutes lés phases de Toccupa-
tion : on y voit que le roi d'Espagne en ne plaçant pas expressément
Juan de TAguila, commandant de ses troupes sous les ordres du duc
de Mercœur, n'a pas peu contribué à Téchec de Texpédition. Le chef
espagnol, par son attitude hautaine, par son caractère hargneux et
difficile et sa prétention de traiter d'égal à égal avec l'allié de son
maître, a entravé les mouvements de celui-ci et lui a créé d'inces-
sants ennuis. II a fini par s'aliéner ses propres soldats qui. en 1597,
l'ont arrêté et emprisonné. Lorsque les troupes espagnoles, dans les
derniers mois de 1598 furent rapatriées en exécution des traités, la
Bretagne eut un long soupir de soulagement.
Nous aurions beaucoup à prendre encore dans la publication de
M . de Carné : il vaut mieux que nos lecteurs s'y reportent et qu'ils
apprécient eux-mêmes l'importance capitale des documents qu'elle
contient. Sans demander s'il reste quelque chose à glaner après lui
dans le fonds espagnol des Archives Nationales, ils le remercieront,
comme nous le remercions, d'avoir mis à la disposition des travail-
leurs bretons cette mine précieuse d'informations nouvelles. Ces
bonnes aubaines deviennent rares.
F. SA.ULNIIR.
* M. de Carné fait observer que la femme du président Dodiea, à Tinsu de
son mari, espionnait la duchesse de Mercœur et sa mère pour le compte de
TEspagne. Un document curieux (pièce 173) apprend qu'elle a reçu pour
prix de ses services une chaîne d'or de cent écus.
Le Gérant : J.-A. Blino.
•*^
Vannes. — Imprimerie LAFOLYE.
CHRONIQUE
BIBLIOGRAPHIE.
Parmi les nombreux ouvrages qui, depuis notre dernibre
Ghroniqub, oui vu le jour dans nos provinces de l'Ouest,
nous appellerons spécialement sur les suivants l'attention de
nos lecteurs.
BRETAGNE
En BRETAGNE, nous devons tout particulièrement signaler : Let
Confesieart de la Foi pendant la grande Révolution sur le territoire de for-
ehidiocète de Rennes, par notre infatigable et distingué confrère
M. le chanoine Guillotin de Corson, Rennes, imp. Plihon et Hervé.
— Sainl-Gildat de Rkays. Aperças d'histoire monastiqœ, par M. Marius
Sepet. Très intéressant volume in-12 de 416 p. que nous ne saurions
trop recommander à nos lecteurs et qui constitue un tableau très
vivant du passé de l'un de nos plus anciens monastères bretons. —
Charles-Amand Ta/fin, marquis de ta Rouerie. Généalogie, Note», doea-
menls et papiers inédits. 1 vol. in-S", 223 pages, publié il Rennes, par
M. Delarue. — Ckoaans et Réfractairet en Bretagne et aa Bat-Maine,
par le vicomte Aurélien de Courson. ln-8", Nantes, lib. Cier. — /^
lot ifei 5uapecfs, pnr la comte Albert de Mun, député du Finistère.
Ouvrage aussi curieux que plein d'actualité. In-16, Paris, lib. Pion,
— Le Principe proportionnel dans les élections municipates françaises, par
Sevérin de la Cbapelle. In-iV, 40 p. Guingamp, imp. veuve Eveillard
et F. Breban. — SeaUtte, par Pierre Mael. In-8*, 313 p. et 58 gra-
TOME XVI. ^ DOCUMENTS. — XVI* JUntiK, 5*-4° LIV. 3
14 CHRONIQUE
vures. Paris, lib. Hachette. — Au pays d'Aleih. Etude sur Aleth et la
Ronce et Histoire de Saint-Servan^ par J. Haize. Saint-Seryan, imp. J.
Halze. — Le Gardien du Peu, par Anatole Le Braz. lp-8% 322 p.
Paris, Caïman Levy, éditeur. — Le Chercheur des Provinces de VOuest,
Intéressante Revue, dont nous avons déjà reçu les cinq premières
livraisons, fondée et rédigée par notre collaborateur et ami Gaëtam
DE WiSMBS. Paraissant par livraisons mensuelles, grand in-8% cette
Revue illustrée comprend dans sa \^^ partie, une Chronique, des
' Variétés et des Documents ; dans sa 2* partie des Questions et Réponses
sur desjaiis historiques ou littéraires. Elle se publie à Nantes à l'impri-
merie Bourgeois, (5fr. par an). — Dans la U* livraison du tomeLXi
de la Bibliothèque de V Ecole des Chartes : Mandements épiscopaux impri-^
mes à Tréguier au XV* siècle^ par Léopold Delisle, directeur de la
Bibliothèque Nationale et Le Bréviaire des Bretons de P, Le Baud,
Jaussement attribué au copiste Manhugeon, pdi,r G. Gouderc.
Dans le N* 4 du tome XV de la Revue des Traditions populaires :
Usages et coutumes du pays Nantais, par M"^* Vaugeois ; Contes du Mor^
bihan, par François Marquer. — Dans les 2* et 3* livraisons du
tome XV des Annales de Bretagne : L'origine sarrazine de Duguesctin,
" par F. Lot et Stades sur Merlin, par le même. — Notes détymologie bre-
tonne, par ÇmileEsnault; Le culte de Saint-Médard dans ie diocèse de
Nantes et dans VOuest, par Léon Maître. — Les traditions populaires du
pays de Z>oi, par D. Duine; Recherches dialectales bretonnes, par J.
Loth ; Le patois de Saint'Pern, Landajan et Monterfit, par E. Ficbot ;
Le Breton de Plogoff, par J. Loth ; La population de Guémené''Sur^ScorJf
et des environs de 1790 à 1896, par P. Le Nestour ; L'administration da
duché de Bretagne sous le règne de Jean V, par Gh. Bellier Dumaine. —
Dans la 2* livraison du tome XXIII de la Revue de Bretagne et de V«n->
dée (février 1900). Les dernières bénédictions de Vabbaye de Saint^Georges
de Rennes et la Révolution, par Tabbé Charles Robert ; Dans la mer
dislande, par P. Giquello: Voyage à Paris en 1782, Journal d'an gentU-
homme breton, par le C^* L- Remacle; Mémoire généalogique sur la maison
de Plœuc. Archives de la Mairie de Poullaouen,"p9Lr la G^** du Laz ; Le
château de la CourbeJoUière, Poésie, par Charles Le Bourg. -* Dans
le XXXll* fascicule du livre premier du Répertoire général de Bio-
Bibliographie bretonne, publié à Rennes chez Plihon et Hervé, par
notre excellent contrère M. René Kerviler, les très intéressantes
notices concernant les familles : Denais, Deniau, Denis, Denis de Kere-
dern, Denis de Trobriant, Denis de Lagarde, Dénouai, Dépasse, Derennes^
Deric, Derrien, de Derval, Deschamps, Desgrées da Lou Deshayes, Desiles,
Deslandes, Desnos, Desportes, Després, Desiouches, Desvaux , DetaiUe,
CHRONIQUE 15
Dearbroucq, Deverre^ Dévier, etc., etc. — Dans le tome XXJCVII du
Balletin de la Société (VEmalation des Côteg'du-Nord : Exploration du tu-
muloâ de Toisen-Maharit, commune de Tréverec (Côtes-du-Nord), par
MM. Martin et Berthelot du Ghesnay ; Moncontonr de Bretagne et set
environs. Notice géographique, par A. Houssaye ; La Télégraphie sans
fil. Conférence par L. Détaille; Proverbes bretons, par L. Vallée;
L' Emprunt Jorcé de 1558 (Lettres patentes du roi Henri II et vente de
partie du domaine royal de Ch&teaulin en Gornouailie), par B.
Tempier.
NORMANDIE
La NORMANDIE a vu paraître : Histoire générale ecclésiastique et
eivUe du diocèse de Séez, ancien et nouveau^ et du territoire qui Jorme aa*
jourd^hai le département de VOrne. Tome IIL par Tabbé L. Hommey.
In-S"», 482 p. Alençon. Imp. Renaut Debroise. — Vieilles rues et vieilles
maisons de Ronfleur, du XV* siècle à nos jours, par Charles Bréard.
In-i6, 354 p. Màcon, imp. Sesaw. — Inventaire sommaire des Archives
départementales du département de l'Orne : Archives ecclésiastiques. Série
H. N»» 3352 à 4738. Tome IIL Abbayes de Jemmes, par L. Du val, ar-
chiviste du département. In-4» de IV-LXVlII-332 p. Alençon, imp.
Renant Debroise. — Inventaire sommaire des Archives départementales du
département de TBure. Archives civiles, Série £, n<> 1 à 1837, par MM.fabbé
Lebeurîer, Dolbert et Gr. Bourbon. In-4*(le lI-ÏV-472 pages. Evreux,
imp. Herissey. — Notes extraites de trois Livres de Raison de H73 à 1550.
Comptes dune famille de gentilshommes campagnards normands, publiés
par l'abbé Aubert. In-8*, 56 p. Paris, imp. Nationale. — Urbain de
Hercé, dernier évêque et comte de Dol, grand aumônier de V armée catholique
et royale, par Tabbé Charles Robert de l'Oratoire de Rennes. In-8'*avec
deux portraits et une carte. Paris, lib. Victor Retoux. — La chapelle
deGaillon et les fresques d Andréa Solario, par l'abbé F.-M. Blanquart.
In-8**, 29 p. Evreux, imp. Herissay. — Pont-Audemer et Quillebceuf, par
par Louis Régnier. In-8* 65 p. Caen, imp. Delesques. — La Chapelle
de laCommanderie deChanuau diocèse d Evreux, par le môme. In-8^,10 p.
Evreux. imp. de TEure. — Brionne Le Donjon. Les Eglises et le Musée,
par Louis Régnier. In-8S 58 p Caen, imp. Delesques. — Dans la 6"
livraison de la IX* année de la Revue catholique de Normandie» Notes
historiques sur le Prieuré conventuel dHéauville à la Bague par L. Cou-
pey ; Essai historique et archéologique sur Angerville Larcher, par G. Co-
mont ; Les Normands au Canada. Journal dune expédition de dlberville^
par l'abbé Baudouin (1696-1697). Lettres de dHerville. — Odon de Con-
teviUe, évêque de Ôayeux, Son rôle au début de la première Croisade,
16 OHRONIQUK
MAINE ET ANJOU
Au MAINE, nous signalerons : La Tapisserie des saints Gervais et Pro'
tais à la cathédrale du Mans, par W Barbier de Montault. In-8*, 38 p.
Laval, imp. Goupil. — Vocabulaire du Haut-Maine^'pubiié par M. Charles
Raoul, comte de Montesson, 3* édition. In-S*". Le Mans, imp. Mon-^
noyer. — Dans le n** 44 du tome XV du Bulletin historique et archéolo^
gique de la Mayenne : Excursion historique et archéologique à Laval et Châ-
teau Gontier (21 juin 1892), par Paul Brindeau ; La maison de Laval, par
le C^* Bertrand de Broussillon ; Les torches des communautés lavaloises
aux processions de la Fête-Dieu au XVII* 5i«cZe,par J . -M. Richard ; Lettres-
ordonnances du dac de Mazarûif par A. d*Hauterive.
En ANJOU : Souvenirs dan volontaire de Cathelineau (Campagne et
Captivité) 1870-1871, complétées après un quart de siècle parle baron
de Fontenay. ln-16, 198 p. Belléme,imp. Levayer. -— Du bail à complant
dans Maine-et-Loire^ par René Beucher,avocat à la Cour d'Angers.
Paris, lib. Jouve et Boyer. — Le Livre dor du monument de Montreuil'^
Bellay, destiné à perpétuer le souvenir des fêtes du iU août 1892 en V honneur
de Toussenelf Donalle, Duret et Moreau, Gr. in -8** 120 p. Saumur, imp. L.
Picard. — Dans les 3« et 4* livraisons du tome XL de la Revue d'Anjou :
Etat da département de Maine-et-Loire en t année! 800 y^dkV Tabbé Uzureau ;
Le colonel de Villebois-Mareuil, par leC^^de Blois. — Les mémoires de Vabbé
Gra^ct, par E.-L. — Les Filles de la Charité aux Hospices d Angers, par
Dom Ambroise Guichard. — La famille Boy lesvejj>B.v P.de Farcy.— Sawi
Florent, Sa vie, ses miracles, ses reliques, par le V^«»*« de la Fregeolière,
née de Beauregard. Angers, librairie Gastineau. — Cartulairede tab-
baye da Ronceray d Angers . Table alphabétique des noms, dressée par E .
Vallée et imprimée sous les auspices et aux frais du C^^^ Bertrand de
Broussillon. In-8*, Paris. — Mémoires du général dAndigné, publiées
avec Introduction et Notes, par M. Ed. Biré. In-8°,avec portrait. Tomei,
1765-1800, Paris, lib- Pion. — Histoire de t Eglise et de V Académie pro-
testante Sammuroise, publiée par M. Desmé de Chauvigny dans la
Revue Poitevine et Sammuroise. — Inventaire sommaire des Archives dé-
partementales de Maine-et-Loire, Archives civiles. Série B. Supplément
(suite). Arrondissement de Bougé et de Cholet, par CSélestin Port. Angers,
Lachèze et Delbeau . In-8® IV 472 p. — Monographie de la cathédrale
d Angers. Monument. Trésor, Tapisseries, Vitraux, par J. Denais. In-8*,
XXlV-499 p. et 7 planches. Paris, Laurens, éditeur. — Chalonnes sur
Loir, Un mariage de grands seigneurs en 4à22, par L.-F. La Bessiôre.
CHRONIQUE 17
In-8*, 19 p. Angers, lib. German et Grassin. — Deux victimes ven-
déennes ; Marie et Renée Grillard, de Cholet, fusillées au Champ des Martyrs
près Angers le i»»* février t79U, par l'abbé Uzureau. In-8% 11 p. Vannes,
imp. Lafolye. — Anciennes Académies d'Angers ; Les dernières rentrées
publiques avant la Révolution, par l'abbé Uzureau. In-^^ 27 p. Angers,
imp. Lachèse. — Maître Lardent^ notaire, par Lerox-Cesbron . In- 18*,
lib Pion.
POITOU
En POITOU, nous avons à signaler : Le canton de Chantonnay à travers
V Histoire, par M. Louis Broohet. In-8% 170 p. Fontenay-le Comte,
imp. Claireaux. -- A travers la Vendée; Sainte- Hermine et son canton,
par René Vallette. In-8*, 80 p. Fontenay-le-Comte. Imp. CormeaU;
- Alexandre Bonnin de Fraysseix. Notice bibliographique, par le même.
Gr. in-8° de 10 p. avec portrait, Vannes, imp. Lafolye. — Etudes sur
les Chartes Mérovingiennes de Vabbaye de Noirmoutier, suivie de la
Chronologie du règne de Dagobert II, par M. Tardif. — Histoire de
l'abbaye de la Sainte^Trinité de Mauléon (aujourd'hui Châtillon-sur-
Sevré), par Dom Fourier Bonnard. chanoine régulier de l'abbaye de
Notre-Dame de beauchène près Cerizay. — Biographie delà Yendée
militaire, André Ripoche, par Henri Bourgeois, In-8*, 36 p. Luçon,
imp. Bideaux. — Histoire de Vabbaye de Fontgombault, par Tabbé Bel-
loire, curé d'Angles sur TAiglin. Poitiers, lib. Oudin. — Dans la
1'» livraison de la XIII' année de la Revue du Bas-Poitou : La Vendée
qui s'en va. Notre-Dame de Coussaye, par L. Brochet; Le clergé de la
Vendée pendant la Révolution, par Edgard Bourloton ; Découverte d'une
inscription gallo-romaine à Civray près Maillezais (Vendée) par M. E.
Espérandieu ; Les Ursalines cloitrées de Luçon au XVIIP siècle d'après
leur correspondance, par Tabbé H. Boutin ; Les représentations drama-
tiques dans les Collèges poitevins, par Henri Clouzot; La Révolution à Vile
d*Yeu, par Tabbé E. Bossard ; Biographies inédites des Chejs Vendéens et
Chouans par M. Tabbé de la Fontenelle de Vaudoré. — Chronique par
René de Thiverçay.
18 CHRONIQUS
NECROLOGIE
Les pertes les plus cruelles sont venues depuis trois mois
frapper nos provinces de TOuest et nombreuses sont les
familles que ce rude hiver est venu atteindre dans leur
plus chères affections.
BRETAGNE
• En BRETAGNE, nous avons à enregistrer les pertes de : M. Guy-
Marie-Casimir DB LA Fruglate, décédé au ch&teau des Tourelles,
prèsMontfort-sur-Meu, le 8 janvier dans sa 11* année. — M. Ro«
ger-Augustin-Marie Le Vatbr deîla Morandate. mort à Rennes le
11 janvier dans sa 47« année. — M»** veuve Pître de la Porterie, née
Emma de la Tribouille, morte à Nantes le 12 janvier. — M*« veuve
Le Cour-Grandmaison, née .Tosépbine-Marie Qicquel, décédée à
Nantes, le 12 janvier à T&ge de 76 ans. — M. de Raismes, ancien
sénateur du Finistère, more à Bourges, chez son gendre M. Gom-
paing de la Tour-Oirard, capitaine d*artillerie, le 12 janvier à Tftge
de 71 ans. — M»* Hbmery de la Vuxeauroy, née Le Lart de Sawt-
ECrmont, décédée le 14 janvier à Sainf-Brieuc. — M. le chanoine
Julien Le Fort, ancien curé d*Elven, né à Mauron, le 4 juin 1825,
ordonné prêtre, le 24 septembre 1849, d'abord vicaire à Noyal-
Muzillac. puis à Auray en 1860, aumônier des Eleligieuses de la
Retraite de Vannes, puis recteur de Caro, de Nivillac et curé-doyen
d'Eiven, le 22 janvier 1873, chanoine honoraire de la cathédrale de
Vannes, le 10 avril 1880, décédé le 15 janvier. — M"* Louise Gui-
GNARD DE Saint-Ours, décédée à Nantes le 16 janvier. — M"" Urvoy
DE Portzamparc, née Caroline-Marie de L6cluse de Longratb, dé-
cédée à Quimper. le 17 janvier dans sa 67" année. — M. l'abbé
Decorsb, né à Sainte-Marie de Gannedel ([Ile-et-Vilaine), décédé à
Saille (Loire-Inf.), le 17 janvier. — M«»» Suzanne-Marie de LAcuybr
DE LA Papotibre, veuve de M. Gondalibr de Tugny, décédée à Nantes
le 18 janvier à T&ge de 64 ans. — M. Louis Vichot, ancien conseiller
municipal de Morlaix, ancien député du Finistère, décédé à Morlaij,
le 18 janvier. — Le R. P. Cartier, supérieur des Missionnaires de
r Immaculée-Conception de Rennes, décédé dans les derniers jour« de
janviei* à r&ge de 68 ans. — M. Tabbé Rosec, chanoine honoraire,
curé-doyen de Pleyben, né à Sibiril. d'abord vicaire à Bsquibien, puis
GHRONIQUB t9
recteur de PouUan jusqu'en 1877, époque où il fut nommé curé de
Pleyben, décédé vers la mi-janvier. — M. le C^* Léon de Garné-Trs-
ciEssoN chevalier de la Légion d'honneur, ancien inspecteur des Postes
et télégraphes, maire de Quitté, mort au ch&teau de Beaumont,
près Caulnes (Gôtes-du-Nord), le 19 janvier dans sa 65« année. —
M. PouTRiN, proviseur au Lycée de Rennes, mort dans cette ville le
21 janvier. -> M. le commandant Libault dk la Ghevasnbrie, ins-
tructeur en chef à l'Bcole de cavalerie de Saumur, chevalier de la
Légion d'honneur, mort le 21 janvier, à Tàge de 43 ans. — M™« Au-
guste nu PoNCBAU, née db la VonciB, morte à Nantes le 21 janvier.
— M le V*« Frédéric de Janzé, décédé le 23 janvier à Paris dans sa
84* année. ^ Notre dévoué collaborateur et ancien directeur Gaston-
Louis-Michel-Marie DB Carmè db Carnavalbt, dont nous avons déjà
signalé la perte dans notre dernière livraison, décédée au ch&teau
du Kermat près Hennebont dans sa 44« année. ~ M. Guichbtbau,
ancien maire de Montfort-sur-Meu, chevalier de la Légion d'hon-
neur, mort à Rennes le 25 janvier à Tàge de 77 ans. — M. l'abbé
François Hod&b, chanoine titulaire de Rennes, mort le 28 janvier
dans cette ville à Tàge de 72 ans — M. le général de division en re-
traite DE Hay-Durand, grana oâlcier de la Légion d'honneur, né à
Vannes en 1830, décédé le 28 janvier. Promu divisionnaire en 1887,
il avait commandé la 30* division à Avignon et la 15" à Dijon. —
M. Louis-Honoré dbla Touchb, colonel d'infanterie de marine en
retraite, officier de la Légion d'honneur, décédé à Rennes le 29
janvier à l'&ge de 80 ans — M«» veuve Danays, née Louise-Aimée
Estourneau de Tersannes, morte à Rennes, le 29 janvier à Tàgede
85 ans. ~ M. le G^* Le Mintibr de la Motte-Bassb, décédé à Dinan
dans les derniers jours de janvier.
M. Tabbé Jean-Mathurin Le Pen, né à Bubry, le 7 mars 1857, vi-
caire à Sainte-Hélène (Morbihan), mort le 2 lévrier. — M"" Marie
Rouault de Livoudray, morte à Rennes le 3 février à l'âge de 87
ans. —M™* DU Bouaysdb la Bégassièrb, née Quimper de Lanascol.
morte à Guingamp le 5 février à T&ge de 63 ans. — M. Henri Naas,
chef de bataillon au 70* régiment de ligne, chevalier de la Légion
d'honneur, mort à Vitré le 5 février à Tàge de 51 ans. — M. l'abbé
Gazillb, curé de Saint-Mars de Goûtais (Loire-Inférieure), mort le
5 février à l'âge de 66 ans. — M. Hippolyte-Pierre Roger, capitaine
d'infanterie en retraite, chevalier de la Légion d'honneur, mort à
Rennes le 5 février t l'âge de 69 ans. — M«* la C**"« de la Choub de
LA Mettrie, décédée au château de Langevii\iere (Ille-et-Vilaine), le
8 février. — M. Guy- Alexandre Huchet, comte de Qubnétaiw, mort
20 GHRONIQUB
au château de la Mollière en Saint-Senoux (Ille-et-Viiaine), le 8 fé-
vrier à rà-ge de 55 ans. — M«* veuve Reine-Aimée Boutillbr du
Rbtail. née de Gha&seloup de Chastillon, morte à Vannes le 9 février
dans sa 78* année. — Le R. P. Christophe Mazbry, né à Nantes, pa-
roisse Saint-Similien, en 1840, vicaire général de Malacca, mort
vers le 10 février. — M. Philippe- Auguste de Lambilly, mort à Vannes
le 10 février dans sa 75* année. — M. du Bois de la Pastbllièbe, dé-
cédé à Nantes le 10 février à Tâge de 61 ans. — M. Jules Glaizot, in-
génieur des Arts et Manufactures, vice-président de la Chambre de
Commerce de Brest, chevalier de la Légion d^honneur^ mort à Brest
le 10 février et inhumé le 12 à Landéda. — Le R.P. Brichet, de Tordre
du Saint-Esprit, procureur du Séminaire français à Rome, chanoine
d'honneur de la cathédrale de Vannes, mort le 10 février à l'âge de
73 ans. — M"' Anne-Marie Caroline Pépin de Bbllisle, M*'* de l'Es-
TouRBEiLLON de la Garnache, décédée à Nantes, le 12 février à Tâ^e
de 67 ans. ~ M. Ladislas Rsgnouf de Vains, décédé le 13 février dans
sa 58* année. — M. Frédéric Rado de Saint-Gu^das, mort à Saint-
Etienne-de-Montluc, le 11 février dans sa 83« année. — M™* Victor-
Claude Clemansin du Maine, née Eugénie Coinquet, décédée à Nantes
le 16 février à l'âge de 73 ans. — M. l'abbé Dodillard^ décédé à Nantes
le 16 février. — M. Olivier de Fargy, ancien officier d'artillerie, dé-
cédé le i7 février. — M"* Lucie-Henriette Roumain de la Touche, re-
ligieuse Augustine à Nantes, décédée le 24 février dans sa 23^ année.
— Le Révérend et illustre P. Dorgère, curé de Sainte-Anne d'Evenos
près Toulon, chevalier de la Légion d*honneur depuis la campagne
du Dahomey à laquelle il prit une part active, décédé le 25 février.
— M. Tabbé Rogel, chanoine honoraire de Tinos, curé-doyen du Faou
(Finistère), depuis 1885, décédé le M' mars à Tâgede 66 ans. — M. Le
Roux, directeur de la C** des vapeurs bretons et Président du Con-
seil des Prudhommes de cette ville, décédé le 8 mars. — M. Tabbé
MuRAiL, né à la Marne, vicaire à Abbaretz depuis 1892, décédé le
19 mars à Tâge de 42 ans. -> M. Tabbé Vincent Sorin, prêtre de Saint-
Sulpice, né au Blgnon (Loire-Inférieure), ordonné en 1858, décédé à
Montréal (Canada), le 1*' mars. — Le commandant La Guerre, chef
d'Etat-MaJor du S*" arrondissement maritime à Lorient, officier de la
Légion d'honneur, capitaine de vaisseau depuis 1885, décédé à Lo-
rient le 18 mars à Tâge de 60 ans. — M^* de La venay, née Gaillard de
KsRBERTiN, mère de M. de Lavenay, secrétaire général de la Préfec-
ture du Morbihan, et de la C*'**' de la Goublaye de Nantois. décédée à
Rennes le 26 mars. ^ M™* Hymène de Fontbvaux, décédée à la Benâte
(Loire-Infcrieure), le 30 mars à l'âge de 72 ans.
CHRONIQUE 21
MAINE ET NORMANDIE
Dans ces deux provinces, nous avons à enregistrer les deuils de :
M»« la V"»« Joseph d'Hbluno, décédée à Laval, le 29 janvier. —
M. Jean-Marie Ruault, chef de bataillon d'infanterie en retraite,
officier de la Légion d'honneur, né à, Goron (Mayenne) en 18^, mort
le 31 janvier. ~ M. Souchu-Sbrvihièrb, ancien député de la Mayenne,
de 1836 à 1885, mort à, Laval, le 18 février. — M»« db Goussema&br^
religieuse de la Providence, directrice eu pensionnat de Garentau
(Orne), décédéé dans les derniers jours de janvier à llige de 53 ans.
— M. Louis-Isaïe Letondot, chef de bataillon en retraite, officier de
la Légion d'honneur, mortàCaen le février. — La Révérende Mère
SÀiNT-SiMton, Supérieur des Religieuses de l'Hôtel-Dieu de Saint-
Hilaire du Harcouôt, depuis près de 50 ans, décédé le 20 février. —
M. Henri-Auguste Pognon, colonel du génie en retraite, comman-
mandeur de la Légion d'honneur, mort à Rouen le 30 janvier à TÀge
de 66 ans. — M. Georges- Victor-Thomas Froidbau, lieutenant*colo-
nel d'artillerie de marine en rétraite, officier de la Légion d'hon-
neur, décédé à Cherbourg le 5 mars. — M»« Anne-Victurnienne-
Julienne des Balbbs Berton de Grillon, comtesse de Levis-Mirbpoix,
mère du député de TOrne, décédée le 24 mars à Paris, à T&ge de
77 ans. — M"« Gustave Bouvattibr, femme de l'ancien président
du Tribunal civil de Goutances, décédée à Avranches le 7 mars. —
M. Louis EsNAULT, auteur de nombreuses et importantes publica-
tions né à Isigny (Calvados) en 182*3, décédé le 27 mars. — M. le
V^* d'Amphbrne, décédé en mars, à Versailles, à T&ge de 82 ans .
ANJOU ET POITOU
L*ANJOU et le POITOU ont vu s'éteindre : Mm* Hardy des Ajllburs née
DE Dloys, déoédée à Ghemillé-Changé (M.-et-Loire), le 18 janvier à
ïkge de 53 ans. — M** Coindrbau, belle-mère du contre-amiral Bou-
tet, décédée à Saintes^ le 2 février à T&ge de 77 ans. — M. Louis-
Alfï*ed DE MiBuifLEs, ancien receveur générai des Finances, cheva-
lier de la Légion d'honneur, décédé le 8 février dans sa 86* année.
— M™* MoREAu DBS Briottières, décédéo à Augcrs le 18 février. —
M. Jean Godet de la Ribouillbrie, ancien o^cier d'infanterie, décédé
dans les premiers jours de janvier, au château delà Barre (Vienne)
à l'âge de 36 ans. ^ M. l'abbé de Saint-Aubert, chanoine de la cathé-
drale de LuQon, décédé le 6 janvier à l'âge de 74 ans. — M"** veuve
22 CHRONIQUE
Fleubt de la Gaillèrbs, née Marie-Charlotte* Hélène Tdbpdi db Jouhk,
décédée aox Sables-d'Olonne, le 11 janvier à Tàge de 73 ans. — M**
Virginie Frbncb, comtesse db Suzashbt, décédée à Paris le 13 janvier.
—M. l'abbé Emile PauDHOififB. né à Saint-Gervais (Vendée) le 19 jan-
vier 1834. prêtre habitué à Saint-Laurent-sur-Sèvre, décédé le 19
janvier à l'âge de 66 ans — M. db Ouusdin, ancien préfet de la
Vendée, conseiller-maitre à la Cour des comptes, décédé à Paris le
19 janvier à l'âge de 60 ans. - M. Emile me Gooè, mort & Saini-Snl-
pice le Ver4on (Vendée), le 20 janvier. — M. le €*« Alexis de Chas-
TEiGNER, vice-président de V Académie des Seienees^ LeUret et ArUde
Bordeaaxy décédé le 21 janvier à l'âge de 79 ans. ^ M. Lonis-Victor
GHAMurr. chef du bataillon du génie en retraite, chevalier de la Lé-
gion d'honneur, né en 1834, décédé à la Roche-sur- Yon le 28 janvier.
— M. Louis-Jean-Baptiste Pibiigt, chet de bataillon au 48* régiment
de ligne, chevalier de la Légion d'honneur, décédé & Guingamp le
31 janvier à Tâge de 54 ans. — M. François-Btienne Adam, ancien
professeur du Lycée de la Roche-sur- Yon, de 1860 à 1864, poète dé-
licat, l'un des fondateurs de la Société artUiiqae et liUéraire de fOoesl ,
décédé à Paris le 12 février à l'âge de 66 ans — M l'abbé Alphonse
Gkonmii, décédé & Challans (Vendée), le 26 février à l'âge de 30 ans.
^ M Urbain Dblago«ik, homme de bien et bibliophile des plus éru-
dits, décédé à Fontenay-le-Comte le 21 février dans sa 74* année. —
M** la M*** DE Radts db Lugnac, née des Collards des Hômbs, décédée
à Niort le I*' mars. — M. Henri Seevantead de la Brunibbe décédé
le 19 mars, à l'âge de 55 ans. — M™* de Boisinard. née Boscals de
RfcALs DE MoRHAc, décédée à Saintes le 26 mars à l'âge de 81 ans-
Jehan de la Savuiatb.
Le Génnl : J.-A. Blino.
Vannes. — Imprimerie LAKOLYK. 2, place des Lices.
BIBLIOGRAPHIE
■ «UM» ■
"^OniaiNB KT GÉNÉALOQiEDB LA MAISON DB Trogoff, par M. le
V*® Louis Urvoy de Portzamparc. — ' Vannes Lafolye, édi-
teur 19Q0, in-8'.
Nos lecteurs ont eu sous les yeux le travail de notre érudit ami,
M. de Portzamparc, au fur et à mesure de la publication qui en a
été faite dans cette revue : néanmoins nous leur demandons la per-
mission de leur parler de cette œuvre considérable, maintenant
qu'elle est terminée et qu'on peut Tem brasser dans son ensemble et
dans ses détails. A vrai dire, il était difâcile de la bien juger avant
que ses parties fussent réunies en un beau volume de quatre cent
cinquante pages; il faut la reprendre aujourd'hui pour se .rendre
compte de sa valeur incontestable et de la somme de labeur qu'elle
représente.
Si la science généalogique n'avait pour but et pour résultat que de
fixor les degrés de filiation et de distinguer les diverses branches
(l'uae maison noble, de noter avec soin les alliances et de les blason-
ner, elle serait loin d'être inutile. Il est intéresant pour Tbistoire
générale, et plus souvent pour l'histoire provinciale ou locale,
d'avoir ce fil conducteur qui la sauve de doubles emplois, de confu-
sions et de lacunes regrettables. Mais en outre, la généalogie dévelop-
pée et docuruontôe, telle que nous l'aimons, est une des voies les
plus directes puar atteindre à la connaissance exacte du passé C'est
avec elle qu'on suit le mieux la marche du mouvement social depuis
plusieurs siè 'ks, en l'observant dans les phases diverses qu'ont
traversé, soit ics familles dont la haute origine se perd dans la nuit
des temps, soit celles qui sorties des rangs inférieurs sont venues
tôt ou tard se placer dans la classe des privilégiés.
Quoi de plus instructif à d'autres points de vue qu'un travail de
ce genre bien composé et appuyé do preuves ! Droit féodal, coutumes
anciennes, mœurs d'autrefois, rivalités politiques ou familiales,
drames oubliés, caractères des vieux âges, tout cela ressuscite et
revit dans .^on cadre naturel.
Aussi aurons- nous toujours de sympathiques encouragements pour
les laborieuses recherches des généalogistes : nous voudrions que
ceux-ci fussont plus nombreux et que chacune de nos grandes fa-
milles bretonnes eût son histoire faite sur pièces. En abordant
celle de la maison de Trogoff à laquelle il tient par les liens du sang,
M. de Portzamparc a rempli un pieux devoir et donné un excellent
TOMK XVI. — DOCJMENTS. — XVl" ANNE, 5»-6' LIV. 3
24 BIBUOGRAPHIB
exemple'. Nous l*cn félicitons et nous soœmes heureux qu'il n'ait
pas été arrêté par les difficultés de sa tàcbe : grâce à sa persévérance
que rien n*a lassée, il a parcouru totite la carrière si étendue qu'il
s'était tracée et mené à bien une entreprise pleine de périls.
La maison de TrogoIT continue sa tradition d'iionneur et de patrio-
tisme ; par Tancieuneté de son nom, par les actes de son passé par
la situation élevée qu'elle a su maintenir en Bretagne, par l'impor-
tance des familles auxquelles elle s'est alliée, elle méritait de trouver
un historien : pouvait-elle en souhaiter un plus zélé pour sa renom-
mée et plus soucieux de la vérité que M. de Portzamparc ?
Le plan que Tauteur a adopté lui était imposé par son sujet. li
devait d'abord porter la lumière sur les origines primitives des Trogofl,
puis conduire chaque branche jusqu'à son extinction ou jusqu'à
l'époque contemporaire. Il a voulu compléter son travail par des
notices héraldiques et généalogiques sur les familles alliées et faire
ainsi de son livre un trésor de précieuses informations. Nous lai on
savons un gré infini : peut-être — ceci est une affaire de goût per-
sonnel — aurions-nous préféré, pour plus de clarté, les trouver en
Appendice à la suitç de la généalogie, plutôt que dans le texte. L'es-
sentiel est qu'elles soient dans l'ouvrage, et comme une Tabledes
nomt précédée d'un ArmortaZ,permet de se reporter très facilement
aux alliances que l'on cherche et que celles-ci sont distinguées
par la différence des caractères typographiques, nous nous garderons
d'élever une critique sur ce point*.
La question des origines de la maison de TrogofiT n^était pas facile
à résoudre. L'auteur l'a abordée de front et nous croyons avec lui<
que la tradition immémoriale qui fait sortir cette famille des barons
de Lan vaux est dans le vrai. On doit au moins considérer qu'il y a à
l'appui de cette opinion les présomptions les plus graves, telles que
l'identité des armoiries et la possession de la terre du nom. C'est
entre les mains d'Alain de Lan vaux qu'on trouve dans la seconde
moitié du Xlll^^ siècle la seigneurie de TrogoIT apportée en mariages
suppose-t-on, par sa femme sur laquelle d'ailleurs on n'a aucun ren-
seignement. Alain avait un frère aine, Geoffroy, héritier de la maison
d'Hennebont, chef de la branche principale de Lanvaux presque
aussitôt fondue dans les Picaud : il serait, lui, l'auteur de la branche-
cadette qui aurait, au XIY* siècle, substitué à son nom, patrony-
^ M. de Portzamparc a pour aïeule maternelle. M™* de Lécluse de Longraye,.
néd deTrogofT de Goatalio, d'une branche encore existante. (Généalogie,]». 149).
* L^Appendice (pp. 303-400) est consacré aux pièces officielles généalogiques
(actes de partage, arrêts de maintenue, Dreuves devant Chéi-in, états de<
services, etc.) et h quelques rectiflcatioas.
BIBLIOGRAPHIE 25
miqae celui de Trogoff sous lequel sa descendance s^est perpétuée.
Celle-ci a toujours eu les mêmes armes que les Lanvauz, d'argent à
trois foscds de gueules^ sauf qu'elle les a longtemps brisées d'un
lambel d'azur: sa devise a d'abord été la leur: Tout franco
Sur ce même terrain, nous rencontrons une autre difliculté. 11 }* a
eu deux seigneuries de TrogofF possédées d'ancienneté par la famille
de ce nom : elles étaient sises Tune dans la paroisse de Plumergat,
Tautreen Plouégat-Mouôzan . On n*a aucune raison précise qui per-
mette de dire quelle est celle qui a été le berceau des Trogoff. M. de
Portzamparc penchait pour la seconde : il a plus tard très loyale-
ment reconnu que des raisons sérieuses militaient en faveur de la
première qui est voisine de Lanvaux. Ce voisinage est toute une
révélation et semble coufirmer les origines que Ton sait (p. 3D7)>. '
Ces problèmes discutés, la Généalogie peut marcher avec plus d'as-
surance : néanmoins dès le premier pas elle rencontre une question
embarrassante. A côté d'Y von de TrogoiT, auteur commun incontes-
table de toutes les branches, apparaît Marguerite de Léon sa femme
Un acte authentique du XV« siècle (menu du 15 décembre 1403>,
émanant de leur ô)s aîné, la nomme en toutes lettres; mais d'elle on
ne sait que son nom : aucune pièce ne fournit le moindre indice snr
sa famille : on est réduit aux hypothèses. La tradition veut qu'elle
appartienne à l'illustre maison des comtes souverains de Léon, et M.
de Portzamparc, se guidant d'après le synchronisme des dates, sup-
pose qu'elle pourrait être fille d'Henri 7'' du nom, seigneur de Moyon-
sui'-Andelle et de Marguerite d'Avaugour, sa^seconde femme. Nous
ne regrettons pas que notre savant ami soutienne cette thèse, puis-
qu'elle nous a valu (pp. ::^6-d8) une très instructive généalogie des
comtes de Léon. Seulement comment se fait-il que Marguerite, dame
de Trogoff, n'y figure que par conjecture et qu'on ne trouve nulle
part aucune trace des relations de parenté qu'Yvon de Trogoff et ses
enfants ont dû entretenir avec son père, sa mère> son frère ou ses
8œurs,de celles qu'ils n*ontpu manquer d'avoir avec les Rohan en qui
* Un autre frère cadet de Geffroy a dû être le chef d*uae troisième branche
de LanTaux qui n'est pas sortie de la médiocrité et ne s'est éteinte qu'au
bout de plusieurs siècles. M. de Portzamparc 8*e8t conienté de la signaler
îp. 396 ;
• Le nom de Trogoff vient certainement des mots bretons traou ou tron
(valiée) et goff (forgeron), rappelant à la fois une situation topographi(^ue
et une ancienne industrie. Avant d*ôtre arrêté à sa forme actuelle, il a été
écrit de bien des manières, tel sans doute qu*on Ta successivement prononcé :
Tuongo, Tuongofty Tuogouff, Tuogoff, Trongoff, Tuogo, Trongo, Trogo,
( V.sur Ttitymologie de ce nom les savantes remarques de M. de Berthou. (Revue
de Bretagne, de Vetidée et d'Anfou^ janvier 1900, p. 68.)
26 BIBLIOGRAPHIB
s'est fondu cette branche ? Pas Une pièce n'y fait la moindre allusion.
A cette objection on répond -- ce qui est exact— qu'aucun acte non
plus ne dément cette flatteuse alliance. Admettons-la... jusqu'à
preuve contraire.
Après le fils aîné d'Y von de Trogoff qui n'a laissé que des filles,
se déroulent les deux branches ctidettes, celle de Rocumelen aujour-
d'hui encore représentée par les rameaux de CocUalio et du Boisgue
zennec, et celle deKerlessy qui s*est éteinte au XIX* siècle. Des ta-
bleaux très bien conçus résument cette longue histoire avec une
clarté saisissante.
Redisons ici que M. Portzamparc a mené à bien une entreprise
ardue. Tous ceux qui se sont essayé & ce genre d'études apprécieront
comme nous ce que nos lecteurs doivent à la sagacité, aux recherches
persévérantes, à la patience laborieuse deTérudit auteur. Quand une
^^énéaloprie est dressée et qu'elle se présente, accompagnée de preuves,
avec toutes ses branches degré par degré, beaucoup de ceux qui la
lisent ou la consultent n'aperçoivent pas toujours le nombre et la
complication des problèmes qu'il a fallu résoudre, les dates, les indi-
cations de lieux et de faits qui n'ont été fixées qu'après de fastidieux
et interminables dépouillement d'archives, souvent par le concours
de dévoués correspondants
A combien de portes n'est-ôn pas obligé de frapper avant d'obtenir
un simple renseignement d'état-civil. Nous nous souvenons que M.
de Cou rcy a écrit vingt-huit lettres avant d'arriver à savoir qui
était M. de Caud, mari de Lucile de Chateaubriand et il n'en fût pas
resté là si un pur hazard n'avait mis le destinataire de la vingt-hui-
tième lettre sur la trace qu'il ne cherchait môme pas lorsqu'il l'a
découverte. M. de Portzamparc a imité l'éminent continuateur du
père Anselme : il ne s'est pas découragé, et nous, ses lecteurs, pour
qui il a travaillé, nous l'en remercions.
Il y a aujourd'hui une émulation qui soutient les courages: elle
n'existait pas il y a cinquante ans. Peu à peu les études généalogi-
ques ont pris une faveur marquée. La liste commence a être longue
des familles bretonnes dont l'histoire a fait l'objet de monographies
justement estimées : citons entre autres les maisons de Talhouet, de
Cjrnulier, de Courson,de Kersauzon, de Farcy, du Breil, de Lambert,
de Saizy, du Liz, de Lantivy. Celle de Trogoff n'a plus rien désor-
mais à leur envier. F. Saulnier.
Le Gérant : J.-A. Blino-
Vunnes. — Imprimerie L.\FOLYfi^ 2, place des Lices.
NOTES D'ALLIANCES
F&IIILLES- ROUX DE LAUBINAIS, GRÊLIER DE U BARBOTIÈHE
& MASSICOT DE LA VERDRIE
IU)IX DE LAirtl.VVIS
Au début du XVI!' siècle, vivaient Hon. pers. Sébastien
Billy. s' de la Michaudrie et Françoise Glotin, sa femme.
Ils eurent deux filles: Jeanne et Martinne.
Jeanne, l'aînée, épousa M' Jacques Le Barbier, sieur du
Verger, dont le curateur ëtiiil encore en 1670, M" Pierre Le
Barbier, sieur du Vieilpont. son oncle. Us habitaient en-
semble leur maison de la (juitordais en la paroisse de
Donges. et eurent un fils, Pierre Le Barbier du Verger.
Damoiselle Jeanne Billy de la Michaudrie mourut le. 83 avril
1682.
Martinne Billy, sa sœur cadette, épousa N. H. Pierre Roux,
sieur de Laubinais, avocat en la cour et grelFier en chef de
la juridiction du duché-pairie de Cnisliii au siège do Pont-
château.
TOME XVI, — DOCUMENTS. — XVl^ ANNÉK, 7"-8^ LIV. 4
28 , NOTES d'alliances
Avec sa sœur, Madame Le Barbier du Verger, elle
partagea, en 1670^ les successions de leur père et mère qui
comprenaient principalement les métairies de la Michaudrie,
de la Glémensaye, de la Girardaye et de la Bérie, dans les
paroisses de Pontchâtean et de Prinquiau, avec les bois-
taillis de la Planche prisés, en livres du temps, à plus de
18.000 livres.
Elle eut trois enfants : Joachim, Claude et Thérèse qui
partagèrent, à leur majorité, la succession de Damoiselle
Thérèse Roux de la Marlinais, leur tante.
Damoiselle Thérèse Roux de Laubinais, dame de la Bérie,
mourut fille.
Noble et discret Messire Claude Roux de Laubinais fui
prêtre et recteur de la paroisse disse, évôché de Nantes.
Et N. H. Joachim Roux, sieur de Laubinais^ qui continua
la descendance épousa damoiselle Marguerite Mareschal.
Celle-ci, fîlle d'un célèbre imprimeur du roi à Nantes,
avait une sœur, Damoiselle Charlotte Mareschal mariée à
Messire Jean-Baptiste Reyne, écuyer, substitut de MM. les
procureurs-généraux de la Cour des Comptes de Bretagne,
fils d'Ecuyer Claude Reyne, directeur des fermes du Roi à
Paris. Damoiselle Charlotte Mareschal, habitait alternative-
ment sa maison du Pavillon, en la paroisse de Mauves et
son appartement de la rue Richebourg à Nantes. Elle eut un
fils, Ecuyer Salomon Reyne, mineur en 1767, et décédé sans
postérité.
Son frère, N . M* Pierre Mareschal, licencié-ès-lois et im-
primeur du Roi à Nantes, avait épousé damoiselle Renée
Baissin .
M. et Madame Roux de Laubinais eurent deux filles,
Thérèse et Marguerite.
Thérèse, mariée à écuyer Jean-Baptiste Bazille», conseiller
1 Damoiselle Marguerite Qeneviève Bazille, sœur d'écuyer Jean-Baptiste
Bazille, avait épousé N. H. Jacques Jean-Baptiste d'Ezpilly, libraire à Paris.
Elle eut un fils N. H. Robert Jean-Baptiste d^Ëxpilly, qui épousa le 17 mai 1774,
NOTBS O ALLIANCES 2S
du Roi et notaire apostolique du comté de Nantes, eut quatre
enfants.
Ecuyer Jean-Alexandre Bazille, clerc tonsuré.
Marie Thérèze Bazilie» épouse de N. H. Pierre Segondy :
Suzanne Bazille, mariée à N. H. François Sallentin, d'où
naquit un fils François Guillaume Salleniin, baptisé à Sainte-
Croix de Nantes le 21 juin 1785.
Et Rose Bazille.
Marguerite épousa à Nantes M. Maître René Massicot, sieur
de la Verdrie, conseiller du Roi et son procureur au siège
royal de la police de Nantes.
Une seule fllte, Charlotte Massicot de la Verdrie, naquit de
cette union. Elle épousa Nubie Maître Olivier Dlnot, s' de la
Dabinière, sénéchal et seul juge du marquisat de Fromenteau
et procureur fiscal du marquisat de Goulaine.
PREUVES :
12 février i670. — Partage des successions d'H. P. Sébastien Billy,
s' de la Michaudrie et Françoise Glotin,sa femme, entre leurs enfants
demoiselle Jeanne Billy, épouse de M« Jacques Le Barbier, s' du
Verger et demoiselle Martinne Billy, femme de N. H Pierre Roux s*"
de Laubinais. Led. sieur du Verger sous l'autorité du sieur de
Lanouelle-Biliy son curateur.
22 avril 1675. — Contrat sur velin, portant vente par N. H. René
Moysen, s' de Gordrosit, avocat en la cour, dem^ à sa maison noble
du Cordrosit en Pontch&teau, à M* Jacques Le Barbier, s' du Verger,
dem^ à sa maison de la Guitordais, en la paroisse de Donges, de
divers biens acquis judiciairement par le sieur de Cordrosit sur
M. de Saint-Aubin et dame Julienne de l'Ëstourbeillon son épouse,
tenus prochement à devoir et rachat de la vicomte de Donges pour
380 livres. (Julien Nicolas, not. rég.)
19 mars 1679 et 24 janvier 1680 « Débats que fournissent
M^" Jacques Le Barbier, s' du Verger, père et garde naturel de Pierre
Le Barbier son fils, de son mariage avec feue H. F. Jeanne Billy, et
k NantM, demoiselle Marie Anne VaUr, flUe de N. H. Joeeph Mathurin
Vatar, libraire imprimeur, et de demoiselle Anne Verger.
30 NOTES D'aLLJANCKS
/
M' Pierre Roux, s' de Laubinais, avocat en la Cîour, mari d'H, F. Mar-
tinne Billy, à ['encontre de prétendus mémoires fournis par H. H.
Jean Glotin, ci-devant tuteur desd. Billy.
i4juin 1686. — 22 février i699, — 5 avril 1697, — 3 mai 1710.
— Fermes sur velin des métairies de la Michaudrie, de la Garlaye
et de la; Bérie.
15 novembre 1719, — Accord de partage entre Noble et discret
Messire Claude Roux, recteur d'Issé, N. M« Joachim Roux, s' de Lau-
binais, et damoiselle Thérèse Roux, dame de la Bérie, pour leurs héri-
tages situés dans les paroisses de Pontcbâbteau et de Prinquiau.
S m>ai 1750. — Extrait des rég. du Présidial de Nantes. Jugement
rendu entre demoiselle Louise Guérineau, veuve du S' Couturier et
Dame Marguerite Roux de Laubinais, veuve de M. .Maître René
Massicot, s»" de la Verdrie, conseiller du roi et procureur du siège
royal de la police de Nantes.
19 mars 1751. — Décharge sur papier de la somme delO.OOO livres,
prix de Tofflce de procureur du roi de la police, par demoiselle
Marguerite Mareschal, veuve de N. H. Joachim Roux, s' de Laubinais,
à damoiselle Marguerite Roux de Laubinais veuve de M. M*»"» René
Massicot de la Verdrie.
17 juillet 1156. — Contrat de constitution au principal de 2000 liv.
souscrit par Dame Charlotte Mareschal, veuve d'écuyer Jean Reyne,
substitut de MM. les procureurs et avocats généraux de la C. des C.
de Bretagne,au profit de demoiselle René Baissin, veuve de M. Pierre
Mareschal, licenciées lois et imprimeur du roi à Nantes. (Moricet le
jeune not. et Le Goiiais not. rég.)
11 août i767. — Quittance sur velin par les héritiers de feu
Ecuyer Claude Reyne, directeur des fermes du roi à Paris, à made-
moiselle Marguerite Roux de Laubinais, veuve de M. M^'* René
Massicot de la Verdrie. héritière pour moitié de dame Marguerite
Mareschal, veuve de N. H. Joachim Roux, s^^ de Laubinais, héritière
elle-même pour moitié de dame Charlotte Mareschal, veuve d'écuyer
Claude Reyne, substitut de MM. les procureurs et avocats généraux
de la C. des G. de Bretagne ; lesd. héritiers étant : demoiselle Anne
Catherine Reyne d'. à Paris et autre Jean Bap^«. Reyne écuyer, son
frère, absent depuis 27 ans.
48 m^rs 1772. — Contrat sur velin portant vente du clos des Mo-
rinières à dame Marguerite Roux de Laubinais, veuve de M. M« René
Massicot de la Verdrie. (Savariau not. et Marie not. rég.)
NOTfis d'alliances 31
i2 Juin 1777, — Accord fait entre demoiselle Marguerite Roux de
Laubinais veuve de M. M*'". René Massicot de la Verdrie, Conseiller
du Roi et procureur de la police, d'une part : et Jean Alexandre Ba-
zille, clerc tonsuré, N. H. Pierre Segondy et Marie Thérèse Bazille
son épouse, Rose et Suzanne Bazille émancipées de justice sous
l'autorité de N. M« Joseph Bourdier, avocat, enfants et héritiers d'É-
cuyer Jean-Baptise Bazille et de dame Thérèse Roux de Laubinais
pour le règlement des successions do dame Marguerite Mareschal
veuve de N. H. Joachim Roux de Laubinais, et de damoiselle Roux
de 1^ Bérie, leurs tantes.
11
(JRÈLIER DE LA RARBOTTIERE.
H. H. Anselme Grôlier, sieur de la Noo, épousa, vers 1630,
Demoiselle Perrine Le Tourneux dont il eut trois enfants;
Gilles, André et Pierre.
N. H. Gilles Grôlier, s'' de la Noë, eut une fille, Demoiselle
Perrine Grôlier qui épousa N. H. Julien Perron, s"" de la Noô ;
et celle-ci eut à son tour deux enfants. Noble et discret
messire Yves Perron, docteur de hi faculté de Paris, recteur
de Chateau-Thébaud ; et N. II. André Perron, s^ delaCham-
pinière.
M*' André Grôlier, notaire et procureur, se maria avec
Demoiselle Catherine Goguet, fille d'H. P. Louis Go^uët,
notaire royal, etdeGuiliemine de la Grullye. Il eut une fille,
Mathurine Grôlier, mariée le 12 Décembre 1650 à M° René
Massicot, sieur de la Verdrie, notaire et procureur de la
châtellenie de Geste.
M* Pierre Grôlier, frère d^André, épousa demoiselle
Sébastienne Goguët, sœur de Catherine Goguôt et do Perrine
Goguët, épouse de N. H. Jean Chesneau, s' de la Chartye.
Ils eurent entre autres enfants, N. H. Grégoire Grôlier,
s' de la BarbottitTe.
Demoiselle Sébastienne Goguôt, veuve de M* Pierre Grôlier,
s'unit en second mariage à N. H. Julien Macé. s' de la Fosse.
32 NOTES D*ALL1ANGKS
Vers 1699, M. Grêlierde la Barbottiere épousa damotâelle
Marie Brisson, veuve de M"" Michel Godin, s' de la Besneraye.
Celle-ci avait eu de soa premier mariage une fille, Marie
Godin de la Besneraye, qui épousa N. H. René Massicot de la
Verdrie, fils d'autre N. H. René Massicot, s' delà Verdrie et
de demoiselle Mathurine Grêlier.
N. H. Grégoire Grôlier, s' de la Barbottiere, procureur-fiscal
de la juridiction de la Régrippière eut deux enfants, Louis et
Jeanne. •
N. H. Louis Grêlier, s' de la Barbottiere, son fils, épousa
demoiselle Julienne Bureau de Clisson, sœur du chanoine de
Téglise Notre-Dame, vénérable et discret messire Jacques
Bureau. Il habita successivement, en la paroisse du Loroux-
Boltereau, ses maisons de la Faveltière et de la Chardonnière
et mourut sans postérité.
Damoiselle Jeanne Marie Grêlier de la Barbottiere épousa
N. H. François Pftqueraye. Elle mourut à Geste, le 18 mars
1762, sans laisser d'enfants.
La terre noble de la Barbottiere, en la Boixiëre du Doré,
comprenait deux métairies relevant « à foy, hommage et ra-
chapt quand le cas y échiet », de la seigneurie de la Boixière.
Acquise pour partie, dès 1748, par N. M*" Olivier Dinot, s' de
la Dabiniëre, sénéchal du marquisat de Fromenteau ; elle est
demeurée depuis en totalité dans sa famille. Au décès, (sur-
venu à Nantes le 7 décembre 1858,) de mademoiselle Charlotte
Marie-AIexandrine Dinot de la Dabinière, dernière représen-
tante du nom, cette propriété a été acquise par M. Le Bar-
bier du Doré.
PREUVES.
3 avril et 4 mai i652. — Partage des successions d'H. P. Anselmd
Grêlier et Perrine Le Tournenx, signé Goguôt. not.
i2 décembre' i650. — Contrat de mariage de demoiselle Mathurine
Grêlier, fille d'H. P. Anselme Grêlier, et Perrine LeTonrneux, avec
M* Henô Massicot, s*" de la Verdrie.
NOTES d'allianobs \ 33
i3. 14. 15. 16 et 17 juillet 16S8. — Arpentage des biens dépen-
dant de leurs successions, signé Nouêt, arpenteur royal.
2 juin 1708, — (Contrat de mariage de M* René Massicot, s' de lia
Verdrie, procureur fiscal de la châtellenie de Geste, fils de M« René
Massicot, 85 de la Verdrie, et de demoiselle Mathurine Grôlier, avec
demoiselle Marie Godin, fille de M» Michel Godin, s*" de la Besneraye,
et de demoiselle Marie Brisson -, signé Grélier not.
10, 12, 13. 44. 15. 16 et 18 juin 1646. — Arpentage des biens
dépendant des successions d'H. P. Louis Goguôt, et Guillemine de la
Orullye; signé Goguôt, not
6 juillet 1658, — Aveu rendu au seigneur marquis de Goulaîne
par M"" Pierre Grôlier^ comme mari de demoiselle Sébastienne
Goguôt.
5 février 1659. — Aveu rendu par demoiselle Sébastienne Goguôt
veuve de M* Pierre Grôlier, à la seigneurie deBeKHchène— {28 mars
4699). — Autre aveu rendu au marquis de Goulaine, par NT. H.
Grégoire Grôlier, s'' de la Barbottière .
27 novembre 1698. — Transaction passée entre N. H. Grégoire
Grôlier, s' de la Barbottière, et N. H. Julien Macé, s' de la Fosse, époux
de dame Sébastienne Goguôt.
17 juin 1748. — Contrat sur velin portant vente de la métairie
noble de la Barbottière par N. H. Louis Grôlier. s'dud. lieu et demoi-
selle Julienne Bureau son épouse, à M* Olivier Dinot, s** de la Dabi-
nière> procureur-fiscal du marquisat de Goulaine, et demoiselle Marie
Anne Massicot, son épouse (Calvez not. et Ghau vigne, not. rég).
2 août 1760. — Quittance définitive donnée par M. et M"»* Joseph
Coquain de la Robinière, héritiers de demoiselle Julienne Bureau,
veuve de N. H. Louis Grôlier de la Barbottière à N. M* Olivier Gré-
goire Dinot de la Dabinière.
1777. — Rôle, des 20°»" de la Boixière montant à 635 livres :
M»« de Chambellé 39^7», — le sieur Bureau de Laubretière 43M% —
le s*" Bureau de la Gaudinière 3^ — les héritiers Bureau du Fief-
Hullin 2545", — la dame veuve Michelin 2949*, — M. Brelet, recteur
de Saint-Nicolas 37^ — les héritiers Godin 3345% — la demoiselle des
Mesliers 2644». — la dame Chevaye 1246% — le s' Pichelin du Gléray
22*, — le S' de Gadoret 17^ — les héritiers du s' Massicot de la Bre-
tellière 1442», le s"" Dinot de la Dabinière 2644*, — le s' Biguier
d*Orange 3145V — le s' Bureau de la Bossardière 1M3*, — M. le
recteur de la Roussière et son frère 54^2% — M. de la Bazinière,
1943». —
34 NOTfES d'alliances
i5 janvier 1727. — Constitut au capital de 1200* au profit de
dame Jeanne Luzeau, veuve de M. M* Mathurin Danguy, sur N. H.
Louis Grôlier, s' de la Barbottière, et son épouse (Jouan et de
Bourgues, not).
4 mai 1726, — Constitut de 100' de rente au profit de N. H.
Mathurin Terrien, s' de la Chauvinière, dem'. à la Fosse de Nantes,
sur Louis Grôlier de la Barbottière (Villayne et Boufflet notaires).
13 avril 1711, — Subrogation par N. H. Louis Grèlier,s'' de la Bar-
bottière, en faveur d'Ecuyer Nicolas Polly, cons, du Roi, secrétaire
auditeur en la G. des C, dem^ à Nantes, place des Jacobins (Desbois
not. roy. et Le Lou not. rég).
18 décembre 1700. — r Contrat sur velin portant vente parN. et D.
messire Yves Perron, docteur de la faculté de Paris, recteur de
Château -Thébaud et N. H. André Perron, s*" de la Ghampinière, héri-
tiers et fils de N. H. Julien Perron, s' de la Noô et de demoiselle
Perrine Grêlier, à M« Grégoire Grôlier, s*" de la Barbottière, notaire
et procureur de la juridiction de la Régrippière, de la maison terre
et manoir noble de la Verrie, en Vallet. (Delalande not. rég.).
III
MASSICOT DE LA VERDRIE
M* René Massicot, sieur de la Verdrie, notaire et procureur
de la châtellenie de Geste, épousa le 12 décembre 1650 demoi-
selle Mathurine Grôlier, fillo d'H. P. Anselme Grêlier, sieur de
la Noo, et Perrine Le Tourneux.
Ils eurent un fils, N. H. René Massicot, sieur de la Verdrie,
procureur fiscal de la châtellenie de Geste, marié à demoiselle
Marie Godin, fille de M* Michel Godin, s' de la Besneraye, et
de demoiselle Marie Brisson.
De ce dernier mariage issurent six enfants : René, — Fran-
çois — Grégoire, — Mathurin — Jeanne et Marie-Anne.
I* M. M* René Massicot s' de la Verdrie, conseiller du Roi et
son procureur au siège royal de la police de Nantes, épousa
demoiselle Marguerite Roux de Laubinais, fille de N. H. Joa-
chim Roux s' de Laubinais, avocat en la cour, et dedamoiselle
Marcuerito Mareschal.
NOTES d'alliances 35
Il eut une fllle Charlotte, mariée, comme il sera dit plus tard.
à son cousin N. M" Olivier Grégoire Dinot, s' de la Daoinière,
avocat en parlement militant.
IP M* Jacques François Massicot, s' des Ardennes, fut notaire
royal et procureur fiscal de la châtellenie de Geste. Il eut trois
enfants dont deux garçons et une fille. L'aîné fut prêtre, et le
cadet, M. Massicot des Ardennes, comme chirurgien du Roy,
fit à bord des escadres françaises toutes les campagnes delà
j
guerre de l'Indépendance.
III. N. H. Grégoire Massicot, s' de la Bretellière, procureur-
fiscal de la juridiction de Lyvernière, à Clisson, eut aussi plu-
sieurs enfants. Mesdemoiselles Marie-Perrine et Françoise
Massicot moururent à Geste, la première en 1835 et la se-
conde en 1836. Par testament, elles léguèrent deux maisons
à la commune de Geste pour y loger un instituteur et une
institutrice.
A la même époque existaient encore M. Grégoire-René-
Charles Massicot de la Bérangerie, fils ou petit-fils de M. de la
Bretellière, demeurante sa propriété delà Grenotière en Gu-
gand ; M. Pierre-Jules-Siméon Massicot et mademoiselle
Léocadie Massicot, ces deux derniers domiciliés à Paris, et
issus de M. Maximin Massicot, originaire de Cuba.
Une lettre de M. Valentia Massicot, en date à Nantes du 28
février 1836, établit que trois messieurs Massicot moururent
à Cuba et qu'ils possédaient au Gap des maisons et des pro-
priétés. Mesdemoiselles Massicot et leurs petits-neveux Pierre
et Léocadie, après un procès soutenu au tribunal de la Seine,
touchèrent d'ailleurs leur part dans l'indemnité accordée aux
colons de Saint-Domingue.
IV. Noble et discret messire Mathurin Massicot, s"* delà
Potardière.fut prêtre et vicaire au Loroux-Bottereau.
V. Demoiselle Jeanne Marie Massicot épousa N. H. Mathu-
rin Brégeon, s"" de laBouchefoire. Ils eurent, entre autres en-
fants, M. Gabriel Brégeon, propriétaire à Nantes et mademoi-
36 NOTES d'alliances
selle Marie Françoise Brégeon, épouse de M. Mathias Benoist,
chevalier de la Légion d*honneur et percepteur des contribu-
tions directes à Geste.
VI. Enfin, le 25 septembre 1736, demoiselle Marie-Anne
Massicot épousa à Geste N. H. Olivier Dinot, s' de la Dabi-
nière, sénéchal et seul juge du marquisat de Fromenteau
et procureur fiscal du marquisat de Goulaine.
Deux enfants naquirent de cette union : Olivier et Marie-
Anne.
N. M« Olivier Grégoire Dinot de la Dabinière, avocat en
parlement militant, président du district de Glisson, puis juge
au tribunal civil de première instance de Nantes^ épousa sa
cousine germaine Charlotte Massicot de la Verdrie.
Et Damoiselle Marie-Anne-Elisabeth Dinot de la Dabinière
épousa, le 19 novembre 1765, en Téglise paroissiale de la
Chapelle Heulin, au diocèse de Nantes, Noble Homme. René
Henry Taliendeau, s' du Montrut, flls majeur de feu N. H.
Pierre Tallendeau, s' du Montrut, et de dame Marguerite de
Navière.
Originaire de la paroisse de Geste, sur les confins du Poi-
tou et de la Bretagne, la famille Massicot de la Verdrie
possédait, dans chacune de ces provinces, des biens consi-
dérables. Au partage de la succession de M^ René Massicot
de la Verdrie, procureur fiscal de Geste, figurent, pour une
évaluation dépassant 60.000 livres tournois, la maison fami-
liale de Geste , la terre et seigneurie de la Verrie en
Vallet ; les trois moulins à vent et à eau de^ Ardennes, en
Geste ; la métairie de la Gaudinerie, en la paroisse de la
Chaussaire ; celles de la Blouèreetdu Giron en Saint-André de
laMarche; de la Paragère dans laparoissed'Andrezé;du Chiron
en la Poitevinière ; des Haute et Basse-Bretellière en la Boi-
xière ; de la Potardière et de la Ménandière en la Ré-
maudière; plusieurs maisons aux bourgade Geste, la Chaus-
saire, la Remaudière et la Regrippière: les fiefs, dîmes, et rôles
rentiers de la Verrie et des autres terres nobles etc., etc..
NOTfiS DALLIANGBS Oi
La maison principale de Geste et le manoir noble de la Ver-
rie sont très amplement décrits au partage.
« Au bourg de Geste, province d'Anjou, la principale
maison consistant dans une grande salle basse, sa cheminée
de pierre de grison ; un salon à côté, sa cheminée aussi de
pierre de grison^ le tout carrelé donnant sur la rue ; une cui-
sine à coté donnant sur la cour avec sa cheminée de bois ;
une petite chambre à côté de la cuisine donnant sur la cour ;
leurs chambres au-dessus et une allée qui conduit au degré
pour monter aux chambres hautes ; au derrière de la salle cy-
devant une grande allée pour sortir dans la cour ; et au-dessus
des salles et salon deux chambres carrelées avec leurs che-
minées de pierre de grison et un grand grenier régnant sur
le tout avec le degré à noyau; pour y monter ; sur lequel degré
est un pavillon carré, couvert d'ardoises, servant de pigeon-
nier : et au derrière de la dite salle basse une grande chambre
basse avec sa cheminée de bois ; au-dessus une chambre
aux lattes avec sa cheminée ; cave voûtée au bout de la dite
chambre basse ; une boulangerie au-dessus et un vieux four
ruiné ; chambre au-dessus avec une cheminée ; cour au-der-
rière desdits logements ; une grande écurie pavée, la fanerie
au-dessus ; un grand portail à deux battants avec son pa-
iastre pour entrer et sortir de ladite cour ; jardins et cour
derrière, avec le droit privatif de prendre les eaux qui des-
cendent depuis la grande porte de l'Eglise, du four à ban et
des autres endroits etc. etc.
« .... Au lieu noble de la Verrie, en la paroisse de Vallet, la-
dite maison noble de la Verrie, composée de deux chambres
basseg et une haute au-dessus, avec escalier de pierres en
dehors, vers la cour, où il y a un grand portail ; une tour en
laquelle il y a un plancher ; grange avec cour et plus loin un
logement séparé, appelé le logement du métayer avec four et
dépendances, jardins derrière et vivier dans la cour etc..
« ... Les terres, vignes, jardins, p&tures, prés et autres
héritages da ladite maison de la Verrie, etc. • . ,
•^ - NOTES u'aLLTANGRS
« . . . • Le moulin à vent de la Verrie, avec ses terroirs et
tour, situé proche ledit lieu, avec logement de métayer, grange^
four et dépendances les rentes foncières et féodales y
attachées et encore les droits et prééminences seigneuriales ;
droit de patronage et présentation qui appartient à la maison
de la Verrie, dans la châpellenie de Saint-Yves, desservie en
l'église collégiale de Glisson. etc. . . etc. . . »
Noble Maître René Massicot, s' de la Verdrie» conseiller du
Roi, fut solennellement installé, « commeprocureur au siège
royal de la police de Nantes », le? janvier 1740. Pendant les
onze années qu'il passa dans ces hautes fonctions, il prit
d'importants arrêtés parmi lesquels M. de laNicollière-Tei-
jeiro, dans son « Inventaire Sommaire des archives munici-
pales de Nantes » a signalé les suivants :
Rapports.... du 21 juillet 1740, « sur le balayage et l'entre-
tien de propreté des rues; » — du 18 juin 1744, « sur l'enva-
hissement par les marchands étalagistes des rues et des
places et principalement la place du Bouffay; » — du 13
août 1744, V sur le libertinage et la débauche qui^ malgré la
vigilance apportée par la police, fait tous les jours de
nouveaux progrès, quelque soin qu'on prenne de s'informer
et de chasser ces infâmes prostituées qui empoisonnent le
citoyen ; » — du 28 novembre 1744, « sur la vérification des
aunes; » — du 24 juillet 1749, « pour la prohibition chez les
libraires et imprimeurs, des libelles, gazettes ou nouvelles
à la main, contraires à l'exacte police ou à l'ordre public et le
plus souvent remplis de fausses nouvelles, de médisances et
de calomnies qui passent dans les provinces et môme à
l'étranger; » — du 16 octobre 1745, « sur les comédiens qui,
donnant du feu au parterre, ne cessent de troubler les re-
présentations à spectacle par l'éclat de petits pétards que
les jeunes gens, sans éducation et sans goût, jettent conti-
nuellement dans le feu, » — du 17 mars 1751, « sur los
marchands et fournisseurs qui, abusant des dégâts extra-
ordinairement causés aux maisons par la tempête du 14 au
NOTKS d'alliancks ' 39
15 mars, voudraient vendre les matériaux plus chers que le
prix fixé par la* police royale etc.. etc. »
M. de la Verdrie mourut à Nantes au mois d'avril 1751.
Par ordonnance royale du 13 mai de la même année, il fut
remplacé dans sa charge par M. Gabriel Le Roux, avocat au
Parlement. Et le nouveai^i procureur du roi paya à Madame
de la Verdrie, pour prix de l'office de son feu mari la
somme de 10.000 livres tournois.
PREUVES
26 février 1716 — Extrait de baptême de Marie Anne Massicot de
la Verdrie, et 25 septembre 1736 extrait de mariage entre lad. de-
moiselle de la Verdrie et N. H. Olivier Dinot, s' de la Dabinière, pro-
cureur fiscal du marq' de Fromenteau, tous deux signés Jacques
Courtin, vie. de Geste.
b janvier 1139 — Partage fait entre N. H. René Massicot, s' de la
Verdrie, avocat à la Cour, François Massicot, s"" des Ardennes, notaire
et procureur delà châtellenie de Geste; Grégoire Massicot de la Bre-
tellière; Mathurin Massicot, s*" de la Potardière» tous deux émancipés
de justice sous l'autorité de M* Louis François Lofficial.leur curateur:
Mathurin BrégeonjS»" de la Bouchefoire,et Jeanne Marie Massicot, son
épouse; Olivier Dinot, s^ de la Dabinière, procureur fiscal du mar-
quisat de Goulaine et Marie-Anne Massicot son épouse ; tous enfants
et héritiers de feu M« René Massicot, s'' de la' Verdrie, procureur
fisca^ de Geste et de à}^^ Marie Godin.
16 juin 1739 — Contrat portant vente par d"» Jeanne Grélier, veuve
de N. H. François Pâqueraye à M. Jacques François Massicot, s' des
Ardennes, not. et proc. de la chat** de Geste. 21 décembre 1738 et
2 janvier 1739 — Parta^^e de la succession de feu d'^* Marie Brisson,
V en premières noces de M" Michel Godin et en 2"*" noces de M*
Grégoire Grélier, s"" de la Barbottière, fait entre N. H. Louis Grélier
v« de N. H. François Pâqueraye et les héritiers Massicot de la Ver-
drie représentant leur mère, d*^' Marie Godin, fille de lad. d*^* Drisson.
10 février 1751 — Contrat portant vente par M« Olivier Dinot,
S' de la Dabinière, procureur fiscal du marquis de Goulaine, sa
femme et tous les cohéritiers de N. H. Louis Grélier, s*" de la Bar-
bottière, de partie des domaines de la métairie de la Blouère
en S*-André de la Marche à H. et P. M"** Louis de Beauveau, chevalier
40 NOTES d'alliangbs
seigneur marquis dudit lieu^ la Treille, la Séguinière, en S^-
André de la Marche et autres lieux demeurant en son château de la
Treille en S'-Melaine près Chollet. (Louis Hazard net. et Lofficial
ndt. rég.)
(5 oc(oôrei75/. — Lettre missive écrite par M* Louis François
LofQcialS notaire de la baronnie de Monfkucon, à son cousin M. Dinot
de la Dabinière, procureur-flscal du marquis* de Promenteau.
20 février i783 âipassim, — Lettres missives de 11. Massicot des
Ardennes, chirurgien du Roi. '
Vicomte Ooon du Hautais.
I N. M« Loais François LoffioiaU notai r« de la baronnie de Monifaucon et
sénéchal des cbàtelleniee de la Kégrippière et autre» j«ridietiona en Bretagne.
Marié à demoiselle Thérèse Sourice, il ent un Als M* Louis Pro8;er Lofficial,
atoeat au Parlement et député des Deux-Sèvres à la Convention qai fut le
principal négociateur du traité dé la Jaunaye et moarat, sous la Restauration,
conseiller k la Cour d* Angers.
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VOYAGE CIRCULAIRE EN BRITAGN..
Billets d'excursions délivrés toute Vannée
(1" Classk 65 fr. — 2"* Classe 50 fr.)
Les Compagnies de TOuest et d^Orléans délivrent, toute Tanné
aux prix très réduits de 65 fr., en !«•• classe et 50 fr., en 2*»* classe,
des billets circulaires valables 30 jours, comprenant le tour de la
presqulle bretonne, savoir : Rennes, Saint-Malo, Dinard. Saint-
Brieuc, Guingamp, Lannion, Morlaix, Roscoffy Brest, Quimperlé,
Douarnenez, Pont^Labbë, Concameau, Lorient, Auray, Vannes
Savenay, Le Croisic, Guérande, SaiM-Nazaire Pont-Château y Redon
et Rennes,
Ces billets peuvent être prolongés trois fois d*une période de 10
jours moyennant le paiement, pour chaque prolongation, d'un
supplément de 10 /o du prix primitif.
Le voyageur partant d'un point quelconque des réseaux de TOuest
et d'Orléans pour aller rejoindre cet itinéraire, peut obtenir, sur
demande faite à la gare de départ, 4 jours au moins à l'avance, en
môme temps que son billet d'excursion, un billet de parcours
complémentaire une réduction de 40 "/„, sous condition d'un par-
cours minimum de 150 Kilomètres ou payant comme pour 150 Kilo-
mètres.
La même réduction lui est accordée après l'accomplissement du
voyage circulaire, soit pour revenir à son point de départ initial
soitpour se rendre sur tel autre point des deux réseaux qu'il a choisi.
Vannes. — Imprimerie LAFOLYhj, 2, place des Lices.
COMPTE DE GESTION
POUR LES ANNEES 1697-1701
RENDU PAR
ll(issire Pierre -Christophe JOUACEILE
Chanoine de Xanies
A Messieurs le<% Doyen, Chanoines et Chapitre^
DE l'Kglisk de Nantes
AVANT-PROPOS
Ce compte que rend noble et discret missire Pierre Chris-
tophe Jouacelle, chanoine de réglise cathédrale do Nanfes,
pour les quatre années de recettes(l697-1701) et que nous pré-
sentons aujourd'hui aux lecteurs de la Revue flisioriqice de
rOuest, avec Tespoir qu'il les intéresseni, a été reproduit par
nous d'après le manuscrit original, intégralement et môme si
Ton peut dire servilement, avec l'orthographe du temps (ou
celle du rendant compte). Nous n'y avons ajouté que les noies
de bas de page, et les parenthèses afin d'éclairer, autant qu'il
était en notre pouvoir, bien des points qui, sans elles^ reste-
raient, croyons-nous, au moins obscurs et môme, pour cer-
tains, inintelligibles.
J. DB Kersauson.
TOMB XVI. — DOCUMENTS. — XVI* ANNÉE, 9«-10* LIV.
COMPTE DE GESTION
Compte que rend à Messieurs les Doyen, Chanoines et Chapitre
de l'église de Nantes, noble et discret Pierre-Christophe Jouacelle.
chanoine de la dite église, de la récepte ordinaire de la bourse des
distributions dudit chapitre, qu'il a fait pendant quatre annéez
commencez à feste de Toussaint mil six cent quatre-vingt-dix-sept,
et finie à pareille leste de Toussaint mil sept cent un, suivant la
ferme qui lui a été faitte.
Roole des cures qui doivent le denier de saint Pierre, payable
chaqu'un an, à la feste de Pentecoste, diviséez en Climats, comme il
s'en suit^.
Climat de Nantes.
Saint-Donatien
Sainte-Luce
Thouaré
Saint-Mars-du-Désert
Mouzeil. . . /
Ligné
Les Touches
Joué
18»
3
2
iO
8
12
11
18
monnaie.
6^ —
^ Ce manuscrit, émanant des archives du Chapitre Cathédral de
Nantes, est reproduit ici in extenso,, avec son orthographe. Les notes de
bas de pages seules sont le fait du copiste signataire, ainsi, toutefois, que
les rectifications modernes des noms des paroisses, dans le texte et mises
entre parenthèses.
COMPTE DE GESTION 43
Montrelaix (Montrelais)
Trans . .
Teille
Mésange (Mésanger)
St-Herblon de la Roussière(6rande Roussiëre).
Fouillé. • • •
Pannecé
Béligné
La Gornuaille (nunc d'Angers)
Couffay (Gouffé)
Varade (Varades) . . .
Encenis (Âncenis)
Frigné (Freigné nunc d'Angers) . . . .
La Feillée (Le Fuillet, nunc d* Angers). . .
Oudon
Carquefou
Maulve (Mauves).
Anest (Anetz)
Doulon
Maumusson
Saint-Pierre de la Roussière (Petite Rouxière).
30 Petit Mars
\'J
6^
monnaie.
s
7
S^
—
15
»
—
16
—
4
H^
—
9»
4^
7
—
10
3'»
—
9
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10
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—
12
—
12
9
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8'»
—
4
4
—
3
6
—
5
7
-^
7
6
7
—
13/^, 17«, ty\ monnaie^.
Climat de Chateaubriand
Grand-Ghamp. . . . • 9# monnaie.
Berray (Saint-Jean de Béré) 20 —
Meydon (Moisdon) 20 —
SalBfré 12 —
Goncreuil (Gonquereuil) 6 6'* —
Pierric 12 —
Ruffigné 8 —
Saint-Aubin des Gh&teaux 12 -^
Nozay 12 —
Auvernay (Grand et Petit Au verné) ... 20 —
6#, II", 0'\ monnaie.
44
COMPTB DB GBSTIOM
Riaillé
Dervul
Saint-Julien dé Voulante .......
Casson . . . . ,
Fougerré (Fougeray. nunc de Rei^nes). • . .
Guemnay (Guémené-Penfao)
Paseuil (Puceul),
Abaret (Abbaretz)
Saint-Vincent-des-Landes
Vav
Jans
Avesac (Avessac)
Soudan. . ^
Rougé. .
Sucé
Sion
Iscé(issé)
Héric. . *
Herbignac.
Vrix(Vritz)
!.a Chapelle-sur-Erdre
La Chapelle Glain.
Le Pain (Le Pin)
Bonneuvre . .
Le Prieur de Coutreux?. . . . . .
Louisfer (Louisfert).
Marsac
Massérac
Mouays
Nort
Saint-Mars la Jaille t -
42 Tréffteux*
9-
monnaie.
17
e*»
—
8
—
3
6
—
40
—
19
—
8
—
15
—
9
8<»
17
6
—
9
—
15
—
12
—
18
—
20
—
14
—
8
—
8
—
14
20
—
6
7
a»»
7
t
3
6
—
6
8^
—
9-
3
8^
—
2
6
—
16
—
4
—
10*
—
18^, 8%
10*,
monnaie.
^ £n outre des deux paroisses (Erbray et la Meilleraye) omises au climat
de Cbâteaubriant, nous nous étonnons d'y voir figurer Herbignac qui
n'en a joinais fait partie et qui est portée — à raison cette fois — au
climat de La Roche-Bernard, auquel elle a toujours appartenu. Pourquoi
aussi est-elle marquée i4' au climat de Chàteaubriant et à a.^" dans celui
de la Roche-Bernard ?
COMPTE UG QR8T10N
45
Climat de la Roche-Bernard.
Saint-Herblain
Couôron
Saint-Etienne de Montluc
Cordemais.
Malville
Savenay
Prinquiau
Donge (bonges)
Montoire (Montoir)
Assérac
Gamouiel (Gamoôl, nunc de Vannes). . .
Herbignac
Saint-Gildas
Saint-Liphard
Pontchâteau
Missiliac
Saint-Dolay (nunc de Vannes)
Sévérac
Guenret (Guenrouet)
Plessô
Fégréac
Blain
Quily
Couéron
Vigneu (Vigneux)
Orvaux (Orvault)
Ghantenay
Saint-Nazaire
Kscoublac ;
St-André près Guérande (St- André des-Eaux)
Fay
Crossac
Besné
Cambon (Gampbon)
Dréféac
La Chapelie-Launay
20-
26
20
20
8
16
6
15
15
16
4
25
12
8«
20
13
12
7
13
14
12
20
3
14
7
8
3
25
14
8
15
8
3
14
1
5
monnaie.
4«» —
2^ -
9<i —
4d
COMPTK DE GESTION
Trelière (Tretlières)
La vaut*. . . .
5
9
Climat de CUsson.
monnaie.
n#, 19% 6^, monnaie.
Vertou, ... *
Saint-Sébastien d'Aignes-lez-Nantes. . . .
Saint-Bris (Brice) de Basse-Qoulaine (du nom
du Patron)
Sainte-Radegondede Haute-Goulaine (du nom
du Patron)
Saint-Julien de Concellé
LaChapelIe-Hulin(Heulin)
Le Lorouz-Bottereau
La Chapelle-Basse-Mer
Cngand (nunc de Luçon)
Gétigné
Mouziilon.
Qorges
Monière (Monnière).
Maydon (Maisdon)
Cb&teau-Thébault. .
Le Bignon.
Le Pont Saint-Martin.
Saint-Aignan.
Saint-Ijéger .
Saint-Jean de Bouguenais^
Le Pellerin
Il*
7
monnaie.
3* —
o
•—
8
—
9
4
4'»
■
2.-S
—
20
—
6''
—
5
3
—
4
7
8
3
—
fl
—
7
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3
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4
—
6
3*^
—
3
8
—
•>
•^
—
i\
r,''
5
m. 15%
7^
monnaie.
* G*est dans ce ciimat que nous constatons le plus d'onii.Hsions : ces
omissions sont à notre avis, les suivantes : i° Ni vil lac. (nunc de
Vannes) autrefois siège du doyenné et dont la Roche-Bernard qui lui a
pourtant donné son nom, n*était que succursale, appelée alors Jeuilletie ;
a° presque tout le sous climat de Guérande. comprenant : Guérande,
Batz, Mesquer, Piriac et Saint-Molff. 3^ Le Temple, Sautron, Le Gàvre
et Saint-Miolarde- Redon. Gouëron figure aussi a fois pour aô" V'et pour i4'
' La paroisse de Bouguenais est pourtant sous le vocable de saint
Pierre.
COMPTU DE GtCSTION
47
Vallet
Saint-Lnmine de Ciisson .......
Aigrefeuille
Remouillé
Montebert^ .
Saint-Hilaire du Bois
VieiJlevigne
Brains
Veûe (Vue) . . .
Saint-Pierre de Bouguenais*
Rezay, (Rezé)
La Trinité de Ciisson /. .
Notre-Dame de Ciisson
Saint-Gilles de Ciisson
Saint-Jacques de Ciisson
Saint-Bris (Brice) de Ciisson
Boys (Bouaye)
La Bernardière (mine de Luçon). . .
Saint-Fiacre
Le Pallet
Labaye (Fouassière).
La Chevrollière
Saint-André de Treize Voye (mine d'Angers).
.Chix (Choix)
15
monnaie
2
7d
—
2
6
—
2
6
—
6
—
2
4*»
—
17
4
3
8
—
13
4
—
20
—
12
—
8
—
1
2'«
2
^f)
—
6
—
2
6"
—
5
1
&'
—
1
6
—
4
8
—
2
6
—
7
8
—
2
4
1
15#. 2\
monnaie.
Climat de Rays
Saint- Léobin (Lumine) de Coutays.
La Limousiniôre
Saint-Colombin
Touvoye (Touvois)
Saint- Etienne de Mer-Morte. . .
Sainte-Croix de Machecoul. . . .
La Trinité de Machecoul. . . .
Saint-Mesme
Fresnay •
Saint-Cir (Cyr) en Rays. . . .
20»
6'»
monnaie.
7
6
—
7
6
9
6
—
7
2
—
12
6
—
12
6
—
4
4
—
6
—
13
—
» Dan» ce climat il n'y a d'omis que Géneston, mai» Bouguenais est
marqué deux fois (Saint-Jean) 6*. G'* et Saint-Pierre (ao").
48
COMPTE DE GESTION
Sainte-Pazanne
Saint- Hilaire de Chalégns. . . .
Rouans
Arthon. . . .
Le Bourg des Moustiers. . . .
Saint-Michel Chef Gert (Chef). . .
Saint-Brevin
Saint-Viau
Frossay. . \
«aint-Père en Rays
Sainte-Opportune
Saint-Philbert. .
Saint- Jean de Carcouet (Gorcoué).
Le Clion
La Plaine
Chauvay (Chauve)
Chemeray (Chéméré)
Gorsept
La Bénate
Le Port Saint- Père
Prigné.
Saint-Gilles de Pornic. . . . .
Saint-Mars de Coutay*
20
monnaie.
8
6^
—
20
6
—
13
—
18
—
9
9
3^
—
12
6.
—
15
—
11
—
20
—
- 20
8
—
26
—
11
—
8
8^
—
3»
3^
—
8
8
—
8
6
—
11
—
5
3<»
—
6
6
—
8
4
—
19y^, 2%
8^
monnaie.
* La seule omission à signaler dans ce climat est Paimbœuf, qui n'y
figure pas, puisque Prigné y remplace le Bourgneuf actuel .
En outre des 9 paroisses que nous avons signalées comme ayant été
distraites du diocèse de Nantes, à la Révolution, nous remarquons encore
dans une des la autres, toutes , situées sur la rive gauche de la Loire
et faisant alors partie du sous climat d'Ancenis et qui sont : Boin, La
DrufTière, Ghamptoceaux, Drain, Landemont, Lire, Montfaucon,
(Saint-Georges et Saint-Germain) Rochementru, Saint- Grépin, Saint-
Laurent, des Autels, Tillier et La Varenne, toutes ayant été attribuées au
diocèse d'Angers. '
En somme le nombre des paroisses mentionnées au rôle forment
un total de i88 ainsi détaillées : Glîmat de Nantes 3o — de Ghâteau-
briant, ^2 — de la Roche-Bernard, 38 — de Clisson, ^5 — et de Rays,
33. Sur ce nombre il y a lieu de tenir compte des paroisses distraites et
des omissions ; on voit quUl y a loin cependant de là aux a6i paroisses
actuelles.
En additionnant les totaux des cinq climats émargés on trouve : pour
le climat de Nantes, i3^ l'j: 6<* — pour Châteaubriant, i8^ 8', lo^ — pour
COMPTE DK GESTION 49
Somme totalle du contenu aud. rolle fait par an : quatre vingt-
huit livres quinze sols monnaye, revenant en tournois, à la somme
de cent six livres dix sols tournois, ce qui fait pour les quatre
années du présent compte, la somme de quatre cent vingt-six livres
tournois 4267/-, monnaie.
Autres deniers receus pour le droit d'Âna-
te* ou de port pour la vacance des prébandes
de TEglise» cathédrale et des cures sujettes
audit devoir, soit par mort, résignation, per-
mutation, ou autrement par quelque vacance
que ce soit, pendant les dittes quatre années,
au désir des Extraits du Secrétariat cy repré-
senté.
Pour la vacance de la Prébande de noble et
discret Charles-Louis Robert, prestre, cha-
noine de TEglise de Nantes, pourveu en Cour
de Rome, par résignation à cause de permu-
tation, avec m'*^ Charles-Joseph Guyho, pour
certaines chapelles obtint visa de la signature
le 14 décembre 1697 et receu au chapitre
vingt-cinq livres monnaye. Cy 25#. —
Pour la vacance du doyenné, de m"
Pierre-Guillaume de la Vieu ville', prestre
pourveu en Cour de Rome du doyenné de
la Roche-Bernard : 17^, 19", 6'^ — pour Clisson : i5*, a», et pour le pays de
Rays: 19', aSS**. — Soit au total 84^lo^0'*
or d'après Missire Jouacelle, le total devrait donner . . . 88^ i5% »>
ce qui constitue une différence de .4', 4* 6'^ différence qui ne peut
provenir que des chiffres mal faits ou d'erreurs de calcul, de la part du
chanoine, ou peut-être de la nôtre
* Annale, taxe que payaient à la cour de Rome ceux qui étaient pourvus
d'un bénéfice.
* Guillaume de la Vienville Pourpris (Pierre) appartenant à une noble
famille bretonne, originaire du diocèse de Saint-Malo et qui portait :
de gueules au lion grimpant d'argent, couronné d'or, étolt doyen du Cha-
pitre de Nantes depuis 1G99 et i**"" abbé commendataire de Saint- Maurice
de Garno^H, au diocèse de Quimper, lorsqu'il fut appelé, le 8 janvier
1721, à remplacer, sur le siège de Saint-Brieuc, M. Louis Frétât de
Hoissieux, décédé le 3o octobre précédent. Sacré le 6 juillet (1721) Guil-
laume de la Vieuville (Guillaume était son nom patronymique et non
son prénom) mourut d'apoplexie le i3 septembre 1727.
50 COMPTK DK GKSTION
Nantes, vacant par te décès de M^ Claude
Avril. Obtint le visa de sa bulle le 23* d'août
1698 et vue au chapitre le ... Cinquante
livres monnaye. Cy 50#, moDQaie.
Pour la vacance de la prébande de noble et
discret Anthoine Maillard, prestre, chanoine
de l'église de Nantes, pourveu en Cour de
Rome à la mort de missire Claude Gorge,
obtint visa de signature le 3 décembre 1698
et receu au chapitre le . . vingt-cinq livres
monnaye. Cy 257/, —
Pour la prébande de missire Joachim de Mo-
zoyer, prestre, pourveu par Tordinairevacante
par le décès de missire René Laugoumard ■
Obtint son visa le 14 novembre 1809 et receu au
chapitre le... vingt-cinq livres monnoye. Cy. 'S^,
Pour la vacance de la Prébande de M"^*
Pierrrede Vertamond pourveu par l'ordinaire
de la prébande vacante par le décès de mis-
sire Anthoine Maillard. Obtint son visa le 13
décembre 1699. Veu au chapitre le., vingt-
cinq livres monnaye. Cy. ......: 25#, —
Pour la vacance de la Prébande de missire
François Robard, preste, chanoine de Téglise
de Nantes, pourveu par l'ordinaire vacante
par la démission de Robert Bécigneui. Obtint
visa le 15 mars 1701 . Receu au chapitre. . 25/if,
Pour la vacance de la Prébande de missire
Louis Robert, prestre, chanoine de Téglise de
Nantes, vacante par le décès de missire
Joachim de Mazoyer. Obtint visa pour l'ordi-
naire le 15 avril 1702. Receu au chapitre...
vingt-cinq livres monnaye. Gy 25y/-, —
Pour la vacance de la Prébande de missire
Mathieu Oaultron, prestre, chanoine de l'église
de Nantes, pourveu par l'ordinaire vacante
par la dén^ission de missire Charles Robeit,
chanoine. Obtint visa le 28 avril 1701. Receu
au chapitre. . . Vingt-cinq livres monnaye. Cy . 25#, —
COMPTE DE GK8T10N 51
Cures.
Pour là cure de Qeneton, dont a été pour-
veu par l'ordinaire François Gaspard Roux
vacant par la démission de F. Charles Correur
sur la présentation de Fabbé de Sainte-Gene-
viefve,comme général de TOrdre des chanoines
réguliers de Saint-Augustin. Obtint visa le H
décembre 1097 /..... ?
Pour la cure des Touches, dont a été pou r-
veu par l'ordinaire, missire Oilles de Ruays',
vacante par la démission de missire Claude
Gaubert prestre et visa du 9 janvier 1698.
Dix livres monnaye. Cy l^#, mon.aie.
Pour la cure de Vrix (Vritz) dont a été
pourveu eu cour de Rome, Louis Rousseau,
prestre, vacante par la cession de commendede
missire Henry Le Boursier, prestre, à cause
de permutation delà chapelle de Saint-André,
Et visa du 42 Janvier 1698 soixante sols mon-
noyés Gy 3#, —
Pour la cure de Saint-Laurans, dont a été
pourveue en cour de Rome, missire Nicolas
Cassard, vacante par la démission de missire
Charles-Louis, Robert, à cause de permu-
tation pour la chapelle Saint-Sauveur de la
Rigaudière. Et visa du 18 février 1698 - ?
Pour la cure de Saint- Père en Retz, dont a
été pourveu eh cour de Rome missiro Yves
Le Berrcî, prestre, vacante par le décès de
missire Urbain Barbant, prestre. Gt visa du
19 mars 1698. Treize livres monnaye. Cy. \'Mf, —
Pour la cure de Kougeray Oui ne de Rennes),
dont a été pourveu en cour de Rome. Mis-
sire Joseuph(sic), Le Ponrii, prestre, vacante
par le décès de missire Louis du Breil. Et visa
du 8 avril 1698. Cinquante livres monnoye. Cy. 50#, —
* Missire Gilles du Ruays mourut en 17 17.
• Missire Yves Le Berre était encore curé de Saint -Père en Retz en 171 a.
52 COMPTI£ DK GESTION
Pour la cure de Mouzel, (Mouzeil). dont a été
pourveu missire Charles Berthau*, pourveu
en cour de Rome, vacante par le décès de
missire Joseph Le Penru*, prestre. Et visa le
7 juin 1698 3#, monnaie-
Pour la cure de Fougeray vacante par le
'décès de missire Joseph Le Penru, prestre,
dont a été pourveu par l'ordinaire messire
Guy Larcher. Et visa le 18 juin 1698. . . . 40yf. —
Pour le prieuré cure de Montbert, vacante
par la démission de frère Bertrand du Gues-
clin, dont aété pourveu frère Pierre Le Franc,
prestre, sur la présentation de Tabbé de
Sainte-Geneviève, de Paris. Et visa le 21 juin
1698 2#, —
Pour la cure de la Brufflère, (nunc de
Luçon). vacante par la démission do missire
Estienne Lair, dont a été pourveu par l'ordi-
naire, missire Guillaume Beaufran, prestre.
Et visa le 19 juillet 1668 6#, —
Pour la curede Gorges, vacante par le décès
de missire François Bage', prestre, dont a été
pourveu par l'^^^rdinaire, missire Alexis Bage,
(probablement son neveu), prestre, sur la
présentation deTabbé de Saintr.Ioing-de-Marne.
Et visa le 1«' août 1698 ICff , —
Pour la cure de Prinquiau, vacante par le
décès de missire François Mérot, prestre,
dont a été pourveu en cour de Rome, de
l'administration ad quinquinium , missire
Louis JuUiot^, prestre de TOrdre de Tancienne
observance de Saint-Benoit. Et visa le 6 août
1696 2#, -
' Missire Charles Berthau élait encore ciiic de Mouzeil en 171 1.
^ Nous croyons que Missire Jo nacelle a fait ici confusion de nom pour
Missire Penru. En effet, nous voyons celui-ci pourvu de la cure de Fou-
geray le 8 avril cGqS et décédé en celle paroisse 2 mois plus tard.
Comment admettre qu'il ait pu être cucé de Mouzeil dans l'intervalle. ?
3 Missire François Bage, recteur de Gorges, depuis 1678 eut en effet
pour successeur M*"** Alexis Bage. qui vivait encore en 1702.
* Missire Louis Juliiot, vivant encore en 1715, remplaça M*** F. Mérot,
qui était recteur de Prinquiau depuis 1680.
COMPTE OK GESTION 53
Pour la cure de la Ghapelle-Hulin, vacante
par la démission de missire Alexis Bage^
dont a été pourveu par TOrdinaire de missire
Louis Blandin, prestre, sur la présentât on de
Tabbé de Saint-Join g- de-Marne. Et visa le
13 septembre 16»8 3#, mcnnaie.
Pour la cure de Rougé, vacante par le dé-
cès de *. dont a été pourveu en cour de
Rome, missire Guillaume Donval. Et visa de
la signature, le 4 nov. 1698 14#, —
Le premier décembre 1698, missire îean
Lorideau. a refus de la provision de la cure de
Mauve, vacante par le décès de missire Jean
Lorideau, sur la présentation de missire Le
Prince *....... 57/^, —
Pour la cure de Derval, vacante par la dé-
mission de missire Jacques Fos^é. prestre,
dont a été pourveu par l'Ordinaire missire
Pierre Le Grand de Terenau, prestre. Et visa
le 16 décembre 1698 6#, —
Le 17 décembre 1698 refusa missire René Gé-
rard; prestre du visa de signature on Gourde
Rome de la cure de Pau Ix, vacante par la rési-
gnation de missire Matburin Fraval, pour
cause de permutation avec la cure de Guer,
diocèse de Saint-Malo (nunc de Vannes. . .
Pour la cure de Sion, vacante par la démis-
mission de missire François Le Corres. dont a
été pourveu par l'ordinaire missire Jean
. Chaillou prestre. Et visa le 20 février 1699. . 4 y/, —
Pour la cure de Fegréac, vacante par le dé-
cès de missire Leroux, dont a été pourveu par
^ Missire Alexis Bage démissionnaire de la Chapelle Heulin pour
devenir recteur de Gorges en 1698 comme on vient de le voir.
' Nous pouvons ici combler la lacune du rapport et compte-rendu de
M"^ Jouacelle, en indiquant que le prédécesseur de M'" Dom Val Guil-
laume, curé de Rougé et mort en 1698, fut M'" Pierre Hirel, titulaire de
ce poste depuis au moins 1679. Nous ignorons Vannée du décès de Dom
Val, mais ce que nous savons, c'est que son successeur, M*** Massart de la
Cour, mourut en 173 1.
54 COMt>TE DR GKSTÎON
l'ordinaire, missire Jacques Fossé^ prestre.
Et visa le 10 avril 1699 10#. monnaie
Pour la cure de Saint-Estienne de Montluc,.
vacante par le décès de missire Michel Le
Liepvre, prestre, dont a été pourveu par Tor-
dinaire missire Joseph Goôn^ sur la nomina- "^
tion de noble et vénérable missire Guillaume
de la Vieuville doïen de TEglise de Nantes
et présentation du chapitre. Et visa le 2 may
1699 «/A, -
Pour la cure de Paulx, missire René Girard,
qui avait été refusé le 17 décembre 1698, obtint
le visa de la signature de Rome, le 8 juillet
1699 3yA. —
«
Pour la cure de Mauve, vacante par le dé*
ces de missire Jean Lorideau (2« de nom et
prénom) dont a été pourveu missire Jean Lo-
rier*, prestre, par l'ordinaire, sur la présen-
tation de Monsieur le Prince. Et visa le 1*'
août 1699 M^, —
Pour la cure de Vieillevigne, vacante par
le décès de missire Limousin, dont a été
pourveu missire Jacques Rousseau^, prestre
par Tordinaire, sur la présentation de M'» le
Prince. Et visa le 4 septembre 1699. . . . I6#. —
Pour la cure de Bouin (nunc de Luçon),
vacante par la démission de missire François
Henry, dont a été pourveu par l'ordinaire
missire Jean-Baptiste Franage. Et visa le
24 novembre 1699. 24#, -
Pour la cure d'Orvaux TOrvault). vacante
par le décès de missire Pierre Le Mercier, ,
prestre, dont a été pourveu par TOrdinaire
1 Nous avons vu tout à T heure que missire Fossé était démissionnaire
de DervaL
2 Monsieur du Bois de la Pateliôre (Registres de Saint-Elienne de Mont-
iuc) le nomme Gouin de Beaucbesne.
3 Missire Jan ouJean-Bapliste Lorier, successeur, à Mauves, de a* Jean
Lorideau, vivait encore en 173a.
* Missire Jacques Rousseau était encore curé de Vieillevigne en 1737.
COMPTE DE GBSTION 55
missire Louis Lair*, prestre, sur la présenta-
tion du Chapitre et la présentation de messire
Charles Caiot, chanoine. Et visa le 16 dé-
cembre 1699 :j#, monnaie.
Pour la cure de Lavau, vacante par la dé-
mission de missire Nicolas Juel, prestre, dont
a été pourveu par l'Ordinaire missire Nicolas
de la Fosse', prestre. Et visa le 18 décembre
1699. . . ■ 14^, -
Pour la cure de Touvoye (Touvois), vacante
par le décès de missire Le Prestre, prestre,
dont a été pourveu par TOrdinaire missire
Claude Brevet. Et visa le 27 avril 1700. . . 10#,
Pour la cure de Saint- Vincent des Landes,
vacante par le décès de messire Pierre Picaud,
dont a été pourveu par l'Ordinaire missire
Nicolas Boyleau. Et visa le 4 may 1700. . . ayf , —
Pour la cure de Héric, vacante par le dé-
cès de missire René Bouffart, prestre, dont a
été pourveu par l'Ordinaire missire René
Guitton\ prestre, sur la présentation du Cha-
pitre et nomination de M*^» Robert, reli-
gieux, chanoine 3#, —
Pour la cure de Rouance (Rouans), vacante
par le décès de missire Joseph Burbar, dont a
été pourveu en Cour de Rome, missire Julien
Brenugat, prestre. Et visa de la signature le
13 août 1700. 4#, —
Pour la cure de Vallet, vacante par le dé-
cès de missire Hyacinthe Monnier^ dont a été
pourveu par TOrdinafre missire Jacque Le ^
* Missire Louis Lair, seigneur de Lessongère, ne dut pas être long-
temps curé d*Orvault, car on trouve son successeur. M'* François Guilon,
déjà en possession de ce titre dès 1712.
* Missire Nicolas Juel, mort en lôgg, était curé de Lavau depuis 1687.
Nous trouvons encore son successeur, messire Nicolas de la Fosse, à ce
titre, en 1734.
' Missire René BouiTart était curé de Hèric depuis au moins i683. Son
successeur missire René Guitton ne dut faire que passer à Hèric, car M***
Daniel Gholet, qui vint après celui-ci, mourut en 1708.
56 COMPTE DB GESTION
Loup^ sur la démission de droit de misslre
.îean de Besit et nomination de missire Charles
Gherouvrier, chanoine. Et visa le 22 sep-
tembre 1700 4y/-, monnaie.
Pour la cure de Saint-Ck)lombain(Colombin).
vacante par le décès de missire Hyacinthe
Cherreau, prêtre, dont a été pourveu par l'or-
dinaire missire Nicolas Gendron'. Et visa le
8 janvier 1701 8#, —
Pour la cure de Sainte-Lumine (Saint-Lu-
mine) près Clisson. vacante par le décès de
missire David, prêtre, dont a été pourveu par
Tordinaire, missire Guillaume Rafin . Et visa
le 11 janvier 1701 4#, —
Pour la cure de Blin (Blain) vacante par le
décès de missire Louis Guiard, prêtre, dont a
été pourveu missire François Plau', prêtre,
par Tordinaire, sur la présentation du cha-
pitre et nomination de missire Charles de
Sesmaisons, chanoine. Et visa le Uavril 1701 . lO/f , —
Pour la cure de Saint- Vincent des Landes,
vacante par la démi^ion de missire Nicolas
Boyleau. prêtre, dont a été pourveu par l'or-
dinaire missire Chaînes Thillier prêtre. Et visa
le !!• may 1701. , 6y^, —
Pour la cxxre de Chauve, vacante par le
décès de missire Honoré Rome, dont a été
pourveu par l'ordinaire, missire Philippe Mé-
nager, prêtre. Et visa le 17 may 1701. . . 3#, —
Pour la cure de Donges, vacante par le décès
de missire Riboust, prêtre, dont a été pourveu
* Missire Hyacinthe Monnier, mort en 1700, avait succédé, vers i658 ou
1660, à missire Cl. de Compludo. Il fût remplacé à sa mort par missire
.lacques Le Loup de la Régna udière, (^ui vivait encore en 17 15 et même
plus tard, très probablement.
* Missire H. Cherreau occupait la cure de Saint-Colombin depuis
1680.
^ Missire Guillard des Jaulnais était curé de Blain depuis 1687 et fut
remplacée sa mort, en 1701, par missire F. Pelaud de la Ville>Aubin«
qui mourut en 1710.
COMPTE DE GESTION 5"?
par l'ordinaire missire Pierre Blanchard S
Et visa le 12 juin 1701 10#, monnaie.
Pour la cure de Saint-Philbert, vacante par
la démission de missire Ambroise Duclos,
prêtre, dont a été pourveu en cour de Rome
missire Jan Philippe Le Ray* prêtre. Et visa
le 14 juin 1701 2/A, —
Pour la cure du Pèlerin, vacant par rési-
grnation, à cause de permutation avec Missire
Robert Rouaud, dont a été pourveue en cour
de Rome missire Alexandre Rogon, prestre.
Et visa de la signature le 21 juillet 1701. . ZH-, —
Pour la cure de Saint-Mars du Désert, va-
cante par la résignation de missire René-
Denis Bruneau, pour cause de permutation,
dont a été pourvue en Cour de Rome, missire
Thomas Pinson, prestre. Et visa de la signa-
ture le 29 juillet 1 701. I2y^, —
Le 23 août 1701, refusa missire Christoflê
(sic) Simon, de la provision du Prieuré Cure
de Chauve, sur la présentation de R. Joseph-
Baptiste Monnier, abbé de Pornic. Et visa de
la signature de Rome
Pour la cure de Sain t-Herb lai n, vacante
Dar le décès de missire Denis de la Vallée,
prestre, dont a été pourveu par l'ordi-
naire missire Sébastien de Pontual^ prestre,
sur la présentation du chapitre et nomination
de noble et discret Jean-Gabriel de Pontual,
chanoine. Et visa le 3 septembre 1701. . . 10/f , —
Pour la cure de Saint*Etienne de Montlue,
vacante par la résignation de missire Gouin,
^ Missire Riboux fut curé de Donges de 1697 à 1701 et missire Blanchard
de 1701 à 1704.
^ Missire Ambroise Duclos fut curé de Saint-Philbert de 1689 à 1701
et fut remplacé, à cette date, par missire Jean Philippe Le Ray, dont
nous ne connaissons pas la date de départ ou de mort, mais qui ne dé-
passe pas. dans tous les cas 1706, ou Ton trouve son successeur missire
Honoré Nepvouet.
^ Missire Dondel de la Vallée, curé de Saint-Uerblain en 1698 -|- 1701.
Sébastien J. P. de Pontual, son successeur, en 1701 -|- 1749-
TOME XVI. — DOCUMENTS. — XVI^ ANNÉE, 9*-10* LIV. 6
58 COMPTB DE GESTION
prestre dont a été pourvue mîssire Ange Ar-
chilligrrave' en cour de Rome. Et visa de la si-
gnature 23 septembre 1701 8#, monnaie.
Four la cure de la Chapelle Launay vacante
par la résignation de missire Guy de Gham-
peau, prestre, dont a été pourveu en cour de /
Rome missire Charles D'Antres^. Et visa de la
signature le 3 octobre 1701 2#, —
Somme totalle des Annates & monnoye six
cents livres' qui reviennent à tournois : sept
cent vingt livres 720^, —
Autres deniers reçus, tq.nt des fermiers du
greffe de la juridiction du Chapitre et du
Moulin, que des rentes pour le louage des dis-
tributions . Pour les fermes du greffe de la ju-
ridiction du Chapitre, le Comptable a reçu de
M. Gendron, greffier, quatre cent quarante-
quatre livres pour les deux premières années
de son compte, à raison de deux cent vingt-
deux livres par an . Plus le dit Comptable a reçu
pour les deux dernières années trois cent
soixante livres, à raison de cent quatre-vingt
livres par an, le Chapitre aîant fait un nouveau
bail à M. Oendron, pour trois ans, qui ont
commencéà la fôte de Toussaint de Tannée...,
à cent quatre-vingts livres par an. Les quatre
années ensemble font pour le présent compte,
la somme de huit cent livres 800 #, —
Pour la ferme du moulin à vent du Cha-
pitre, tenue par Jean Thibaudeau, meunier, à
raison de quatre-vingt-dix livres par an, qui
est, pour les quatre années échues & la feste
I Missire Ange, Achille de Grave, et non Arcbilli Grave, curé de Saint-
Etienne de Montluc en 1701, Tétait encore en 1738.
^ Missire Guy de Ghampeaux, curé de la Chapelle-Launay de 1668 à
1701 — missire Charles d*Hantrays curé en 170 1 f 1706.
3 Le compte d* Annates, pour les prébendes et pour les cures diffère
un peu, selon nous, de celui-ci, puisqu'on ajoutant les aa5# des pré-
bendes, aux 355//- des cures, on n'arrive qu'au chiffre de 58o#, soit une
différence de 30 /A , qui provient évidemment des chiffres omis par l'auteur
pour les deux cures de Géneston et de Saint-Laurent des Autels.
COMPTE DE GESTION
59
20oy^.
de la saint Jean-Baptiste mii sept cent un, la
9omme de trois cent soixante livres. Cy pour
quatre années 360 #,
Pour la rente due par les RR. PP. de TOra-
toire, tant pour l'ancien arentement que pour
rindemuité du fief des maisons et jardins où
est basti leur Eglise et Couvent, revenant &
cinquante livres tournois de rente, en juridic-
tion par an, suivant les actes passés avec eux
et les aveux par eux rendus au Chapitre, qui
est, pour les quatre annéesdu présent compte
échus & la feste de la saint Jean-Baptiste 1701,
la somme de deux cents livres, dont le Comp-
table prend charge
Pour la rente due par les Dames religieuses
de la Visitation, tant pour Tancien arente-
ment de la maison de la Mironnerie, où sont
basti leurs Eglise et Couvent, que pour l'in-
demnité du fief pour pouvoir tenir en main-
morte ladite maison et autres acquêts par
elles faits sous le fief du Chapitre enclos et de
Couvent, suivant et à leurs désirs, des actes
passés avec les dites religieuses et notamment
de l'accord et traité du 9 juillet 1644, au rap-
port de Petit, notaire royal, la somme de deux
cent seize livres quatorze sols tournois de
rente féodale et en juridiction parchaclhi an,
payable par les demies années par moitié, au
terme de Saint-Jean et de Nodl, qui est, pour
les quatre années du présent compte écheus
à la Saint-Jean 1701, la somme de huit cent
soixante six livres, seize sols
Plus pour une autre parcelle de rente, due
par les dites religieuses de la Visitation pour
l'indemnité dn logis par elle acquis du sieur
Gardoin, le 6 décembre 1666, suivant letraitté
pasé avec les dites religieuses, le 29 may
1669, raporté par Le Breton, notaire royal, la
somme de dix livres tournois de rente féodale,
et en juridiction par chacun an payable par
les demies années, ce qui fait, pour les quatre
monnaie.
866#.16«.
60 COMPTE DE GESTION
année du présent compte, échue de la feste
de Saint-Jean Baptiste 1701, la somme de
quarante livres 407/^, monnaie.
Plus pour une autre parcelle de rente de
vingt livres tournois, due par les religieuses
de la Visitation pour Tafféagement d'un jardin
et appenti et d'une partie de celuy que pos-
sédait cy-devant missire du Breil, chanoine,
suivant l'acte du 1*' juillet 1681, rapporté par
Blon, notaire royal. Ce qui fait pour les quatre
années du présent compte, finie à la fête de
Toussaint 170 Ma somme de quatre-vingt 1. SO-H-, —
Plus pour la recette due par les religieuses
Ursulines pour l'indemnité du fief et pouvoir
tenir en main morte de la maison de la Gole-
trie, de Belle veiie et autres héritages par elle
acquis sous le fief du chapitre, où est à pré-
sent bastie leur maison et couvent, six vingt
livres tournois de rente féodale et en juric-
diction, payable par les demies années, Saint-
Jean et Noél par moitié, au désir des actes
passés avec les dites religieuses et notamment
de celui du 22 mars 1642 raporté par Quenil,
notaire royal, ce qui fait pour les quatre
années du présent compte échue à la Saint-
Jean 1701. la somme de qmitre cent quatre-
vingt livres 4S0-H-, —
Plus pour une autre rente de cinq sols
monnoye, aussi en juridition, diie par les
dites religieuses Ursulines pour la terre leur
délaissée par le chapitre pour l'accroissement
du chemin au devant de rentrée de leur mai-
son au désir de Tacte passé avec elles le 21 juil-
let 1632, rapporté par Hardy, notaire royal,
ce qui fait, pour les quatre années du présent
compte fini à la saint Jean, la somme de une
livre quatre sols l/f, 4% —
Le dit comptable se charge de dix-huit
livres d'une part pour une année de dédomma-
gement du moulin du Chapitre, k cause du
bastiment neuf de la communauté ecclésias-
COMPTE DE GESTION 61
tique de Saint-Clément, suivant acte rapporté
par Le Merle^ notaire royal, le 23 janvier
1686 monnaie.
Le comptable &e charge de la somme de
soixante-douze livres pour quatre années du
présent compte, de la somme de dix -huit
livres d'un part de dédommagent (sic) du mou-
lin du chapitre, à cause du bastiment neuf de
la communauté ecclésiastique de Saint-Clé-
ment, suivant l'acte raporté par Le Merle,
notaire royal, le 23 janvier 1686
Plus la somme de cent huit livres treize sols,
quatre deniers sur la dite communauté au
désir du mesme acte, suivant la conclusion
du ES** janvier 1686 et, en outre, de la somme
quarante-cinq livres dix-huit sols pour trois
annez de Tindamnité du dernier acquest
d'avril, acte passé le 7 août 1697. Le tout
échue à la feste de Noôl 1700. Lesquelles
trois parcelles de rente font ensemble la
somme dedeux cent soixante-deux livres, treize
sols quatre deniers. Cy 262/A,13", 4* —
Autres deniers receues pendant quatre annez
du présent compte pour les lods et ventes de
contrats d'acquêts sur tous les fiefs du cha-
pitre
De noble et discret missire Pierre Bérard,
chanoine de l'Eglise de Notre-Dame, acqué-
reur d'avec Marie Peloteau de missire Pierre
Rousseau, sieur de la Gravaudière et de mes-
sire Martial Gaillard, M" Âpoticaire et Elisa-
beth Niotel son épouse, se faisant tant pour
eux que pour Jacques Niotel, sieur de la
Chaussée et W Michel Pintel et Marie-Thérèse
Niotel, son épouse, d'une maison appelée le
Chapeau Rouge, près la carrière de Saint-
Clément, par contrat raporté le 18 décembre
1697, par Gendron, notaire royal pour la
somme de deux mille livres neuf sols, suivant
conclusion du trentième décembre de la môme
année, y compris trente sols tournois aussi
62 COMPTiC DB GESTION
pour les lots et rentes pour un petit canton
de pré contenant environ treize cordes en la
prée de Sainte-Luce, acquis par honnête fille
Dionne Jorget, de Mathurin Millet et Anne
Gouinet, sa femme, pour la somme de vingt
et une livre, par contrat en datte du 14 dé-
cembre 1697, au rapport de Picot, notaire de
la juridiction du Chapitre. Le tout suivant
autre conclusion du 30 décembre 1607. Cy. 167#, 10». monnaie.
De honorable homme Claude Gennevois,
marchand, acquéreur d'avec François Du-
breil, sieur de la Pinelais, de deux maisons
et jardains, Tun situé au faubourg de Saint-
Clément, avec un petit jardin au derrière
joignant, d'un côté et d'un bout, la tenue de
Saint-Michel, Tautre maison avec un iardin
au derrière, citué faubourg S* André, joignant
d'un côté les héritiers du nommé Gourin,
d'autre côté le sièur Gouin et d'un bout le
marais d'Erdre, par contract volontaire du
24*^ mars 1698, raporté par Le Courbe, no-
taire royal, pour lasomme de douze cent livres
en principal et cinquante livres de denier
à Dieu, et les dites maisons et jardins par
écuyer Guillaume Le Pannetier, sieur de
la Rouaudière pour la même somme par
sentence rendue par la juridiction du Cha-
pitre le 10 avril 1698. Reçu suivant la con-
clusion du 8 avril 1698, cent-vingt livres. Cy. 120/^, —
De noble et discret missire René Thibout\
prestre, acquéreur judiciairement d*un logis
citùé au haut de la grand'rue, en paroisse de
Saint-Lorent, iognant d'un côté au sieur de
la Rivière Bouchaud,d'un côté de Guesoelin et
consors ; par le devant de la rue qui
conduit à la place Saint-Pierre, par derrière,
* Missire René Thibout ou Thiboult, originaire de Nantes, était recteur
d^ Missiilac depuis 1694. Avant d'entrer dans les Ordres, il avait été marié
et avait eu, de son union avec Renée Eveillard, deux filles. Renée et
Marie, dont l'une se maria à Missiilac. Missire Thiboult résigna sa cure
en 1718.
COMPTE DE GESTION 63
le logis prébandai de missire de Paye, cha-
noine, le 10» d*avril 1698 par la Juridiction du
chapitre pour la somme de quinze cent livres,
suivant la conclusion du 12" jour de may 1698.
Reçu cent quatre-vingt-sept livres dixsols. . 187//-, 10% monnaie.
Autre part, d'honorable personne Perrine
Le Gras, veuve de feu sieur Gilles de Becq, mar-
chand et par Pierre de Becq, son fils, acqué-
reur d'avec ecuier Jean-Baptiste du Breil,sieur
de Ghancartier, d'une maison et autres loge-
ments cour et d*un iardin au derrière avec
ses apartenances et dépendances, cituée au
delà de la barrière de Richebourg, le tout
joignant d'un côté, vers Grient et bout vers
septemtrion Tenclos des dames religieuses
Ursulines ; d'autre bout, vers midy la rue du
dit Richebourg et d*autrecôté, vers Occident,
en partie maisons et jardins de Tacquéreuse
et, en autre partie, iardin de la dame veuve
de Montaudoin, pour la somme de trois mille
deux cent liyres, par contract du ll« d'avril
1698^ raporté par Alexandre, notaire royal.
Reçu suivant la conclusion du 12* may 1698,
la somme de deux cent vingt cinq livres. . 225 /f, —
D'Elisabeth Ghomme, veuve de feu Jan
François, acquéreuse de deux corps de logis,
citués au faubourg de Richebourg. borné par
le devant, de la rue de Richebourg. par le
derrière, de la rivière de Loire« d'un côté le
logis apartenant au sieur Le Breton, d'autre
côté une ruelle, d'avec Guillaume Guôt, pour
la somme de neuf cent cinquante livres, en
principal, par contract en date du 10» janvier
1698, au rapport de Coussi, notaire royal.
Reçu suivant la conclusion du ?• janvier 1699,
la somme de deux cent vingt cinq livres,
attendu que la maison n'a été vendue que
cette valeur. Cy 225#, —
D'honorable homme François Tivier et
Catherine Ménagé, sa femme, acquéreur de
la moitié d'une maison et jardin, cituée sur
64 COMPTE DK GESTION
la Motte Saint-André, joignant d'un côté,
vers Orient, le iardin de la trésorerie, vers
rOccident, le jardin des héritiers du sieur
Garnier, architecte, d*un bout, vers le midy,
tes ieux de boule, appartenant à la veuve
Maisonneuve, d*autre bout, la Motte de Saint-
André. d*avec M* Jean Benoist, choriste
de l'Eglise de Notre-Dame de Nantes, pour la
somme de quatre cent cinquante livres, en
principal, par contract du 12" décembre 1698,
au rapport de...., notaire Royal. Reçu suivant
la conclusion du 9* janvier 1699, la somme
de trente sept livres, 10 sols. Cy 37/^,10», monnaie
Pour copie conforme J. DE KbrSaUSON.
{A suivre).
Le Gérant : J.-A. Blino.
Vannes. — Imprimerie Lafolye, 2, place des Lices.
COMPTE DE GESTION
POUR LES ANNEES 1697-1701
RENDU PAR
' Missire Pierre-Christophe JODACELLE
Chanoine de Nantes
A Messieurs les Doyen, Chanoines et Chapitre
DE l'Eglise de Nantes
(Suiley
D^honnôte fille Jeanne Déserts, acquéreuse
d'avec dame Jeanne Proust, veuve de défunt
messire Jean Sorin. sieur de la Perrière, mes-
sire François-Joseph Sorin, seigneur de la Gi-
iiaire, conseiller du Roy et maître de ses
comptes en Bretagne et de noble et discret
Jacques Sorin, d'un petit logis situé au fau-
bourg de Saint-^ndré, joignant d'un côté, vers
le septentrion, une maison apartenant aux
vendeurs, d'autre côté un logis d'une chape-
lenie, par le devant la rue de Saint-André, à
Barbin, par derrière la tenue cy après : d'un
autre petit logis, borné des deux côtés aux
vendeurs et d'un apentif, au delà d'une cour
commune, joignant la dite tenue d'un autre
petit logis ioighant^ vers l'orientel l'occident
aux vendeurs ; vers midi et occident, lesdits
apentifs tenue et d'une tenue et jardin
derrière des dits logements et cour indépen-
dante, aux vendeurs ; d'autre côté, la tenue
et grange du sieur Rodrigue,tanneur,d'un bout
vers occident, les marais des Pères Chartreux
d'autre bout, les dites cour etappentifs, cy de-
vant les dites maison et tenue,pour la somme
de trois mille trois cent livres, par contrac-
tion datte du 22 janvier 1699, au raport de
Lalande, notaire royal. Reçu suivant la con-
clusion du 30 janvier 1699, la somme de deux
cent cinquante livres. Gy 250//-, monnaie.
' Voir la livraison de ieptembre-octobre 1900.
TOME XVI. — DOCUMENTS. — XVl" ANNÉK, 11M2^ LIV. 7
66 COMPTE DE GESTION
De Janne Marcé, acquéreuse d*avec Elie Le
Duc. maître boulanger et Anne Vilaine, sa
femme, d'une maison et jardin citué au bourg
de Saint de Saint-Donatiens,ioignant,d'un côté,
Mathurin Gra veuille, d'autre côté, Nicolas
Gassard et, par le devant, la rue conduisant
de Nantes au d. bourg, pour la somme de
huit cent livres, par contrat du 14« mars 1699
au raport de Le Breton et Alexandre notaires
royaux et, par autre part, de Marguerite
fhomas, veuve de Michel Charpentier, acqué-
reuse d'avec missire Jan Baudoin, prestre, d'un
jardin, pour la somme de cent six livres, par
contract du 8« avril 1699, au raport de Pinot,
notaire de la juridiction du Chapitre. Regu,
suivant la conclusion du 30** mars 1699,
soixante livres d'une part et treize livres de
Tautre, faisant deux susd. acquêts, la somme
de soixante-treize livres. Cy. ... . 73/^, monnaie.
Des Révérends Pères Chartreux de Nantes,
acquéreurs d*avec dame Proust veuve de
messire Jean Sorin, vivant sieur de la Per-
rière, conseiller au Présidial de Nantes, tant
en son nom que comme procuratrice de mes-
sire Claude Louis Querry, seigneur de Bois-
hamon, conseiller au Parlement de Bretagne
de dame Marie Sorin, son épouse, Messire
François Sorin, seigneur de la Giliaire, con-
seiller du Roy. M* de ses comptes en Bretagne
et noble et discret messire Jacques Sorin,
sieur de la Périère, de trois teniie se ioignant
cituées au lieu de la Godival, en la paroisse
de Saint-Donatien, bornée par la rue condui-
sant de la Barrière de Saint-André,au fonteny
de la barrière, à Barbin, par les acquéreurs et
par la tenue de la Mulonnière, de la tenue de
la Férière en la paroisse Saint-Clément, d'une
maison au faubourg de Saint- André, d'une
autre maison joignant la précédente, le tout
borné par la rue conduisant de la barrière
Saint-André, à Barbin, par les marets de TEr-
COMPTE OB GESTION 67
dre et d*une autre rente foncière de douze
livres par an, sur sa maison du sieur Perault
et Perine 6arlain,sa (emme, les dites choses ac-
quises pour la somme de deux mil cent qua-
rante livres, par contractdu 30 mars 1699; au
raport de Le Breton, notaire royal. Reçu,
suivant la conclusion du 6* avril 1699', quinze
cent- dix-sept livres dix sols. Oy 15l7/f,l9% monnaie.
D*honorable femme Louise Joubert, veuve
de Lurent à* Argent, acquéreuse d*avec Bar-
ihèhny^ Cornât, sieur de Villers et »fanne Furet,
sa femme, d'un corps de logis et cellier, en la
rue conduisant de Saint-Similien au Bour-
gneuf^, joignant par le derrière, les héritiers
du sieur Borré et d'un moulin à tan au de-
vant de la dite maison, rue entre deux, joi*
gnant, par le derrière, les héritiers du sieur
Bureau, pour la somme de douze cent livres,
par contrat du 4«juin 1699, au raport de Le
Fay, notaire royal. Reçu, suivant la conclu-
sion du 12<' juin 1699, la somme de cent livres.
Cy 100#, -
Plus, par honorable LouisGorset, cbapellier
et Françoise Pelletier^ sa femme, acquéreur
d*avec dame Marguerite Frémon, épouse et
non commune en biens de messire Charles
Fouré, conseiller du Roy et son premier ad-
vocat au Présidial de Nantes, d*une maison
et tenue de Mircon en Saint-Similien, joignant
d'un bout et d'un côté, messire Nicolas Gui-
^ Le manuscrit porte, par erreur, en marge, i4i7', io% au lieu des
i5i7^ lo", inscrites.
' Le nom d'Argent était répandu en la paroisse de Saint-Similien à la
fin du 'xvni<> siècle, cette famille appartenant à la corporation des Tan-
neuses. Lorent à' Argent devait être maître tanneur (Note de M. Glermont).
' Barthémy est ici évidemment pour Barthélémy, soit «que récrivain
ne se soit pas aperçu de son abréviation, soit que Barthémy fût alors en
usage pour ce nom de baptême.
^ La rue conduisant de Saint-Similien (ou Saint-Sembin au Bourg-
neuf était alors la rue du Tertre (aujourd'hui Le nôtre) et aboutissant au
quai des Tanneurs près la rivière d*Erdre (Note communiquée par
M. Glermont).
68 COMPTE DE GESTION
cheau, procureur au Présidial, d'autre côté
le chemin conduisant au TarensaT\ d'autre
bout, les acquéreurs, pour la somme de
deux mille livres, par contract du 12» juin
1690. Reçu, suivant la conclusion du 22** du
même mois et an, la somme de cent soixante
et six livres. 16G/f, monnaie.
De Joseph Hacquenille, marchand libraire
par adjudication judiciaire en la juridiction
du Chapitre, le 16 de juillet 1699, d*une
maison de la fontaine, située à Richebour^,
entre une ruelle qui conduit à la rivière de
Loire, du côté, vers Orient, vers Occident,
la maison du Chapeau Rouget appartenant à
la dame de Villeneuve de Santo dominique\
d'un bout, vers midy, le logis appartenant à
la veuve Beliard et au sieur Le Breton,
d'autre bout, la rue et pavé de Richebourpr»
par luy acquis, pour la somme de huit cent
livres, en conséquence de la saisie des biens
de la succession de défunct Joseph Bahuaut.
Reçu suivant la conclusion du 8° août 1609.
la somme de cent livres. Gy 100/f, . —
De Mathurin Libeau, laboureur, acquéreur
d'avec Clément Jouneau. laboureur, et Louise
Fouquet, sa femme, de sept boisselées* de
vigne, dans le clos de la Chapelière, trois
sellions* de terres en lagaignerie des Landes,
* Le nom de Tarensar était usité à cette époque pour désigner la rue
Talensac : les deux noms se rencontrent très souvent et indifféremment
pour désigner cet accès, au XVI® siècle (Note de M. Glcrmont).
- Autre Chapeau Rouge, distinct de la maison du même nom, près
Saint-Clément .
' L'orthographe, mi-partie Espagnole et Française, aurait demandé
ou Sanlo Domingo, ou Saint Dominique, tout l'un ou tout l'autre.
^ En langage viticole, la boisselée qui varie beaucoup de superficie
suivant les pays, représente, dans celui de Nantes, 12 ares, i5 centiares.
Les 7 boisselées représentent donc 85 ares, o3 centiares.
^ Le seillon ou scillon est également une mesure agraire particulière à
la Haute- Bretagne, et encore actuellement usitée : elle représente o ares.
81 centiares. Les trois sellions' donnent donc une superficie de a ares,
centiares.
COMPTE DE GESTION 69
deux planches de vigne dans la vigne du
Moulin, le tout en la paroisse de Sainte- Luce
pour la somme de quatre vingt dix livres,
par contract du 9« may 1699, au raport de
Hardy, notaire Royal. Reçu suivant la
conclusion du 8» août 1699, la somme de sept
livres. Gy 7//-, monnaie.
De M. Louis Ghesneau» sieur de la Guit-
tonais, acquéreur judiciaire par la juri-
diction du chapitre, de deux logis situés à Ri-
chebourg. ioignant, d*un côté, vers la Barière
de Richebourg. une ruelle descendante de
TËglise des Minimes, dans la grande rue de
Rîchebourg^ d'autre côté, maison apartenant
au sieur du Parc Piquau. d'un bout, par le
derrière, à...., d'autre bout, maison apar-
tenant au nommé Le Roy, à luy assignée le
30c de juillet 1699, pour la somme de quatorze
cent dix livres, sur l'exposition d'honorable
femme Anne Péan, veuve de Jean Molle. Reçu
suivant la conclusion du 28« septembre 1699,
la somme de cent soixante-seize livre. Gy. . 1767/^, —
De François Benoîst, jardinier et Françoise
Talvard. sa femme, acquéreurs d'avec écuier
René Brézier, sieur de la Servaude, de deux
petits logis et jardin. iQignant, d'un bout la
rue qui conduit de Nantes aux Ghartreux,
d'autre bout, la rue qui conduit du faubourg
Saint-André à la croix des Chartreux, d'un
côté, vers l'occident, La maison des héritiers
du sieur Landrieux, d'autre côté le jardin de
demoiselle..., pour la somme de neuf cent
livres en principal et de cent livres en denier
à Dieu, par contrat du 22* octobre, au raport
deGravoille, notaire de la juridiction des
regaires et de celle du chapitre. Reçu suivant
la conclusion du 28» octobre 1699, la somme
de soixante-quinze livres. Cy 75//-, -^
^ Cette ruelle désigne probablement la vieille ruelle, Goustou, {autre-
jois Saint- François), encore existante, aboutissant en effet de la Chapelle des
Minimes,(aujourd'hui de Tlmmaculce Conception) à la rue de Richebourg.
70 COMPTE DE GESTION
De damoiselle Vibonne de la Haye, veuve de
la Haye, veuve de mess ire Jacques Mahot, ac-
quéreuse d'avec honorable homme Julien
Geard (ne serait pas Gérard?) procureur spé-
cial d'honorable femme Mathurine Dubois,
veuve de Louis Branger et avec honorable
fille Françoise Tripon.d'un iardin situé au fau-
bourg Saint-Simiiien, ioignant, d*un côté et
d'un bout, ladite acquéreuse, d'autre côté, de
la chapelle possédée par le sieur Bureau^,
d'autre bout le iardin de la veuve Gigonneau,
pour la somme de quatre cent livres, par con-
tractdu 22« décembre 1699, au raport d'Allou,
notaire royal. Reçu, la conclusion capitulaire
du 4* janvier 1700 la somme de cinq livres. Cy. 35//^. monnaie.
De M. René d'Achon. procureur syndic de
la Communauté de Ville, acquéreur d'avec
damoiselle Marianne Biton, d'une maison et
jardin citué au faubourg Saint-Clément, ap-
pelé l'Hermitage, ioignant d'un cr>té, le logis
du sieur de la Ville aux blancs Coucaud,
d'autre côté, le logis de la Chapelle des Macé,
d'un bout, par derrière, plusieurs jardins,
appartenant au sieur Minier, Gervant et autres
et. d'autre bout, par le devant, la rue qui con-
duit de Saint-Glément à Saint-André, pour la
somme de dix neuf cent quatre vingt dix huit
livres, par contrat du sixième de mars 1700.
au raport de Petit, notaire royal. Reçu, sui-
vant la conclusion capitulaire du 10« de mars
1700, cent vingt cinq livres. Gy 125yf , —
De noble homme Jean Pavagot (Pavageau)
et femme acquéreur d'avec Pierre Lorideau,
Ecuier, sieur de la Poissonnière, de la maison
' On voit figurer en 1708 sur les registres paroissiaux de Saint-Similien,
l'acte de décès de Jean Bureau, prêtre et,en 1705 celui de Julien Bureau^
également prêtre. Il est donc permis d'induire que ces deux frères,
prêtres de chœur tous deux, à Saint-Similien, vivaient ensemble, non loin
de cette église et avaient, en leur logis commun, la chapelle privative
dont il est question. (Note de M. Clermont).
COMPTE DB GESTION 71
et dépendance de la Nobiiière^ située en la pa-
roisse de Sainte-Luce, consistant en maison
principale, logements, jardins, prés, vignes,
bois de haute futaye, cernoyée de murailles,
une bouderie (probablement buanderie) et
iéterie (sic), joignant l'entrée de ladite mai-
son, un pré appelé la Cotinellerie, la pièce de
terre de la Gotinellerie, la vigne de la Gotinel-
lerie, la gaignerie de la Nobilière. autre pièce
de terre> partie labourable, partie en vigne,
avec deux journaux de terre en la gaignerie
de Landes, le tout entre terres appartenantes
cy-devant au feu sieur de la Fresnaye Savari,
la tenue des Masures, les Landreaux, le che-
min de la Chobeletière. conduisant à la gai-
gnerie des Landes et terres de la Bruinière,
pour la somme principale de six mil deux
cent livres et pour trois cent livres de pot de
vin, par contrat du 18 mars 1700, au raport
de Lalande, notaire royal. Reçu^ suivant la
conclusion capitulaire du 22 mars 1700, la
somme de cinq cent quarante et une livres,
treize sols, quatre deniers. Gy. . . . . 5417/^,13", 4** monnaie.
De Mou' Saint-Pierre Boulonnais, procu-
reur au Présidial de Nantes, acquéreur d'avec
dame Marie- Anne Le Loup, veuve de Messire
François Descartes, d'une maison située en la
haute rue du Château de Nantes, entre la
maison de messire de Lorières Gornulier et
celle du sieur Paulo. d*un côté la maison des
héritiers du feu sieur Touronne, d'autre côté,
Tenclos des Carmélites, par derrière, pour la
somme de sept mil livres, par un billet seig
(seing) privé, fait entre M* Pierre Favreau,
notaire royal de Clisson, comme procureur
spécial du dit Boulonnais et la dite dame
Marie-Anne Le Loup. Reçu suivant la conclu-
sion capitulaire du 2 décembre 1699, la somme
de cinq cent quatre-vingt-trois livres par
commandement sur le receveur de la (irande
bourse^ en date du 2* juin 1700, ordonné par
72 COMPTE DE GESTION
le chapitre, pour faire la distribution, attendu
que pareille somme de cinq cent quatre-vingt-
trois livres estentrée par compensation dans
le payement du mémoire des frais du dit Bou-
lonnais présenté au chapitre, Cy 583 /f, moniiPi.
De misslre François Papion, recteur de
Sainte-Luce, acquéreur de deux contrats, Tun
d*avec Pierre Nau et Julienne Rétière, sa
femme, d'un logis et jardin situé au village de
L*angle en Sainte-Luce, avec plusieurs can-
tons de prés et de terres labourables en la^
dite paroisse, pour la somme de deux cent
dix livres, par le contrat du 4« may 1699, au
rapport de messire Grégoire, notaire royal.
L'autre acquêts fait par le recteur, d'avec Ju-
lien Vilette et Mathurine Meni, sa femme,
d'une maison et jardin situé au village de
Maltierre, en la dite paroisse, de deux cent
livres par contract du 9» août 1699, raporté
par le dit Grégoire. Reçu suivant la conclu-
sion capitulaire du 3® septembre 1700, la
somme de trente-neuf livres, trois sols, quatre
deniers tournois, Cy 39^, 3% 4* —
De noble et discret missire Pierre Bérard,
chanoine de TEglise Collégiale de Notre-Dame
de Nantes, acquéreur d'avec honorable per-
sonne Jean Bouré et Jeanne Dubreil sa femme,
d'une maison et cour au derrière, située
proche et au delà de la barrière de Saint* Clé-
ment, entre le logis du Chapeau Rouge et la
maison d'honorable homme Jean Philibert,
pour la somme de mil livres, par contract du
18* de septembre 1700, au rapport de Gendron,
notaire royal. Reçu suivant la conclusion ca-
pitulaire du 6" octobre 1700, la somme de
quatre-vingt-deux livres. Cy 82#, —
D'honorable femme Marie Perottin, veuve
d*Henry Fumet, acquéreuse d'avec M«
Jacques Barieu, et dame Marie Grau tel, son
épouse, d'une maison faisant le coin de la
grande rue et de celle de Saint-Gildas, située
COMPTE DE GESTION 73
en la paroiste de Saint-Lorent, entre la
maison du sieur Formon et celle des Serpen-
tines, pour la somme de cinq mil livres, par
contract du 2* octobre 1700, au raport du Gen-
dron, notaire royal, R^çu, suivant la conclu-
sion capitulaireduS* octobre 1700, la somme
de trois cent trente livres tournois. Gy. . . 330/^, monnaie
Distributions de la somme de cent trente
livres tournois, receu pour le pot de vin de la
ferme des dixmes du chapitre, en Assérac,
raportéepar Gendron. notaire royal, le 13® dé-
cembre 1703^ conformément la conclusion de
ce jour. Gy 130 /f, —
Distribution faitte à Messieurs du Ghapitre,
de la somme de vingt-cinq livres dix sols, pro-
venant du denier adieu de la ferme de Sautron,
aia^gée à M . le recteur de Sautron^ pour la
somme de deux cent livres. Gy 257/^, 10«, —
De M* Aubin Gendron, procureur Prési-
dial de Nantes, adjudicataire d'une maison,
magasin et jardin le ioignant, cituée à Ri-
chebourg, entre maison et jardin appartenants
au sieur Gharon, d'un côté, et, d*un autre
côté, autre maison et iardin appartenant aux
héritiers de feu messire de Ghamcartier, les-
quels héritages lui auraient été aiagés à la
juridiction du chapitre, le 21 janvier 1701,
pour la somme de quatre mil cinq cent dix
livres, ayant été exposée en vente par M'*
Pierre Bouchaud, procureur fiscal, comme
dépendant de la succession de feu sieur
Gauvre la Merse
Et par autre part, de la somme de trois cent
soixante-quinze livres, aiagée au Ghapitre, le
10 de février par sentence de la même juridic-
tion pour lots et ventes de Tacquets des héri-
tages, faite par le dit sieur Gauvre la Merse,
d'avec le sieur Goignaud. Reçu le tout, con-
formément delà conclusion du 14 février 1701,
^ Missire André Hubert le, recteur de Sautron de i68S | 1713.
74 COMPTE DE GRSTION
en deux parcelles, ià somme de neuf cent
trente-huit livres, 3 sols, un denier. Gy. . 938#, 3% !•* monnaie.
De noble et discret missire Pierre Bérard,
chanoine (^o l'Ëglise Collégiale de Notre-Dame
de Nantes, acquéreur d'avec honorable homme
Nicolas Macé. tanneur et Anne Mériais, sa
femme, do co qui leur appartient d'une mai-
son cituéc au faubourg de Saint-Glément,
près la bariëre, ioignant, d*un côté, la maison
du Chapeau Rouge, d'autre côté les héritiers
de Claude Auvry et, par derrière, les reli-
gieuses de la Visitation', pour la somme de
cinq cent livres, par le coi^trat du 2* mars
1701. ReQU> suivant la conclusion du 9 mars
1701, la somme de quarante livres tournois.
Cy 40#, —
De Pierre Racineux et Julienne Gaillard, sa
femme, acquéreurs d'avec noble homme Fran-
çois Le Breton et Marie Michet du mesme
(c'est-à-dire Le Breton), sa femme, de trois
apartements de maison, cituée en la ruelle
conduisant de l'Eglise de Minisme, à Riche-
bour-. entre le sieur de la Rigolerie Forêt et
le jardin de l'H couronné, pour la somme de
quatorze cent livres en principal et de vingt
cinq livres dix sols de denier è Dieu, par con-
tract du 26*' f ouvrier 1701, au raport de Bi-
geau, notaire royal. Reçu, suivant la conclu-
sion du 9'^ mars, la somme de cent soixante
dix huit livres tournois. Cy 178^, —
Distribution de la somme de quatre cent
livres tournois, pro venue de la succession
d*fiustache Le Prince, décédé sans héritiers
au faubourg de Richebourg sous le fief du
Chapitre, laquelle leur est échue par droit de
désérance, par composition faitte avec la
1 Le Chapeau Rouge, en Saint-Clément, existe encore de nom au n* 45
de cette rue et confinait autrefois avec Tenclos de la Visitation (at^ur-
d'hui caserne) 4ûnt la façade donne et longe la rue neuve Gambetta.
- Il s'agit encore ici de la rue Coustou, actuelle, déjà mentionnée.
COMPTE DE GESTION (O
veuve, suivant l'acte raporté le , par Gen-
dron, notaire royal, pour ce qui en seroit dû,
après le décès de la veuve, sur une maison
par eux acquise pendant leur communauté,
dont ils ont payé le principal et sur deux
cents livres^ qu'ils auroient encore payé à
valoir, sur une autre maison par eux acquise,
les dites deux maisons cituées au faubourg de
Richebourg, le tout pour ce qui regarde la
succession abandonnée et sans préjudice
d'autres droits seigneuriaux, suivant la con*
clusion capitulaire du !•' jour d'avril 1701. Cy. 400#, monnaie.
Distribution de la somme de deux cent
trente et deux livres, quatre sols, un denier,
restés entre mes mains comme chanoine
syndic, tant pour Taresté de compte rendu
par les tiers tiers de missire Haugoumard,
chanoine» pour quatre années finies à la fête
de Toussaint 1684, que de payement fait par
le sieur Libeau, pour la moitié de l'exécution
obtenu contre luy et les consorts héritiers de
feu M* Granget, le tout suivant la con-
clusion du îi2« avril 1701, la somme de. . . 232 /A, 4», 1** —
Des dames religieuses Carmélites de
Nantes» acquéreuses d'avec noble gens Henry
Gouin et Etienne Gouin, passant tant pour
eux que pour Anne Gouin, veuve de Jacques
Gouin^ d'une maison cituée dans la rue du
Château, entre la maison des deux derniers
maires chapelains et celle de M* Pierre Bou-
lonnais, pour la somme de cinq mil cent
livres, par contract du. Cy 425 #, —
Distribution de la somme de quatre livres,
provenue de l'absence de M*- l.e Bigot, en
déports des lots et ventes de deux petits
logis acquis par François Benoist, jardinier
et Françoise Talvard, sa femme. - Plus la
somme de neuf livres provenant de lots et
vente d'un logis citué à Richebourg aiagé à
messire Louis Chesmau sieur de la Guit-
tonnais. Plus la somme de trente cinq livres
76 COMPTE DE GESTION
sept sols, pour ce qui revient au dit sieur
Le Bigot, de ses distributions, depuis le 1"
jour de novembre 1699, jusqu'au 26 de
décembre, suivant lesquelles les trois par-
celles font la somme de quar^tute huit livres
sept sols. Cy 48#, 7% monnaie.
De messire Jean Tousé, Ecuier, sieur de
Boloré, conseillier du Roj', auditeur de sa
chambre des comptes de Nantes, acquéreur
d*avec les dames religieuses Carmélites, de
Nantes d'une maison cituée en la Haute rue
du Château, entre les maisons des deux
nouvelles Maires Chapelles et celles de
M« -Pierre Boulonnais, procureur, pour la
somme de cinq mil livres, par contract du
9« jour de juillet 1701, au raport Le Pelletier,
notaire Royal et Le Breton, régistrateur.
Reçu, suivant la conclusion du 13® juillet,
1701, la somme de trois cent cinquante livres
tournées. Gy. . 350#, —
De Jean Pineau^ boulanger et Dienne
Faucilion, sa femme, acquéreurs d'avec
Perrine Richard, veuve de François Poinçar.
d'une maison et jardin et autre dépendance,
cituées au faubourg de Saint-Clément,
ioignant, d'un côté la maison de Michel
Dubreil, veuve Minier, et d'autre côté, la
maison de la veuve Ecoté, d'un bout, le
jardin du sieur d'Achon, pour la somme de
deux mil cinq cent livres par contract du
!•' août 1701. au raport de Le Pelletier ieuno
notaire royal et Petit, notaire royal, régis-
trateur. Reçu, suivant la conclusion capitu-
laire du 10» août 1701, la somme de deux cent
huit livres, six sols. Cy 208 /A, 6", —
Nota, — D'honorable homme, Jean Rotu-
reau, M^ Boulanger et Jeanne Allaire, sa
femme, acquéreur d'avec noble et discret,
Jean Landeau, chanoine de Téglise Notre-
Dame, d'une maison, jardin et dépendance,
citué près le barrau de Saint-Clément, entre
COMPTE DE QBSTION
n
110#,
7912#, 5» ^
la maison de W Jean Perrault et celle de
la veuve Minier, pour la somme de douze ^
cent livres, en principal, par contrat du 13«
septembre 1701, au raport de Gendron, notaire
royal. Reçue pour Lods et Ventes dudit ac-
quest, (voir le contract d'acquest) ; suivant la
conclusion du 30« octobre 1701,' la somme
de cent dix livres
Mises et dépances faites par le comptable
pendant les quatre années du présent compte,
dont il demande allocation à Messieurs du
chapitre qui ont gagnés leurs distributions
pendant les quatre années du présent compte
le comptable leur a payé la somme de huit
mil trois cent trente-huit livres^ {nota). .
A quoy restent le total de la recette dudit
temps, des droits de lots et ventes des con-
tracts d*8tcquets faits sur le fief du chapitre,
suivant les déportements et des distributions
de deniers qu'il représente, au nombre de
vingt-six, tous signés et garantis de Mes-
sieurs les chanoines qni les ont touchées et
receu par tous acquêts et décharge de ladite
somme de huit mil trois cent trente-huit
livres. Cy 8338 #,
Pour le gain du chapitre, pro cessions, saluts,
ordinaire des dimanches et samedi, le dit
comptable a payé à M^"" Les chanoines, la
somme de deux mille cent cinquante livres,
huit sols, neuf deniers, suivant les gains et
déportements qu'il représente, au nombre de
huit; pour les quatre années du présent
compte, tous garantis de W* qui ont
reçu. Cy 2150#, 8«
Pour les processions qui se font chacun an
monnaie.
9*» —
' Il y a ici erreur manifeste du comptable qui a inscrit fautivement et
pardéfaut d'attention, à ce premier article. 8338 y/- au lieu des 7912^ 5% g*^,
inscrits en marge la somme qu'il allait inscrire pour le second. Telle est
la seule explication possible.
78 COMPTE DE GESTION
aux Eglises de Saint-Sébastien et Doulon*, le
comptable a payé la somme de quatorze
livres, pour chacun an d'icelle à M*
François Baudoin, scribe du chapitre pour
distribuer aux assistants qui viennent
suivant les quittances, qui représente à la
somme de cinquante six livres. Cy, pour les
quatre années du présent compte. . . . oOyf , monnaie.
A Messieurs les chanoines qui ont été
assignés sur cette bourse par les déporte-
ments des gros fruits du chapitre, faits,
chacun an, la fête de Toussaint, pendant les
quatre années du présent compte, le dit
comptable a payé la somme de cinquante
deux livres quinze sols 52//^, 15% —
Pour certains menus frais ordinaires,
acquittés par chaque année par le dit
comptable, soit pour musiciens, passajit ou
autres, le dit comptable a payé par ordre du
chapitre la somme de (Nota, il manque un
extrait) pendant les quatre années du présent
compte, suivant.... extraits, de conclusion
capitulaire, signée par ordonnance du cha*
pitra, François Baudoin*.
Pour la distribution de messes de Requiem
à Note (chantées) ou autre fériés non fondées,
suivant Taresté du chapitre, le comptable a
payé au scribe pour distribuer aux choristes
qui ont assisté, la somme de 267 livres d*outil
présente acquit 267yf, —
Le comptable a payéfi Bournigal, serrurier,
la somme de deux cent vingt deux livres
contenue on ses deux mémoires arrestés par
ordre du Chapitre dont il demande allocation. 322#, —
* Les deux pèlerinages de Saint-Sébastien, d'Aigne-lez, Nantes et de
Doubon, surtout le premier, étaient très populaires dans tout le diocèse.
On venait à Saint-Sébastien jusque de la Roche- Bernard, alors de
Nantes. Celui de Saint-Médard de Doubon, se bornait à la ville de
Nantes et en particulier au Chapitre. A Taller et au retour, on faisait
station à la Chapelle de Notre-Dame de Toutes-Aydes aujourd*hai
paroisse.
* Cette omission n*est pas imputable au comptable.
COMPTE DE GESTION 79
Le Comptable a payé à Douiliard. maître
charpentier» la somme de cent vingt neut
livres, dix sols, suivant son mémoire, prix
fait et arresté par les Commissaires du Cha-
pitre, y dénommés pour les réparations du
moulin, dont il demanda allocation. . . . 129//-, 10*, monnaie.
Le Comptable a payé à missire Tabbé Barri n,
chantre (il s'agit ici de la dignité de Grand-
Chantre) et chanoine, la somme d*onze livres,
cinq sols, pour les causes mentionnées au
mandement du 7 mars 1701, dont il demanda
allocation. Cy liy/^, .V. —
Le Comptable a payé aux Collecteurs de la
paroisse de Saint-Clément, quatorze livres à
quoy le Chapitre s'est taxé volontairement,
pour les causes y mentionnées dans la quit- j
tance, dont il demande allocation. Cy. . . uy/, —
Le Comptable a payé à Nicolas Bouteille,
massoii, la somme de soixante et une livres,
cinq sols, contenue dans deux mémoires.
Quittances pour les réparations de Beaulieu
et de Carquefou, dont il demande allocation. 61 /A, 5*, —
Plus a payé à Landeau. charpeatier, la
somme de soixante neuf livres, 1 3 sols pour sept
cent dix huit pièces de tins\ dans le celier et
grange de Saint-Sembin (Saint<Similien), sui-
vant la quittance et reconnaissance des fer-
miers, qui s'en sont chargés, dont il demande
allocation, plus huit livre pour refoncer et
relier les cuves tout à neuf, de bon cercle. Les
deux sommes ensembles, revenant à celle
de soixante dix sept livres treize sols^. Cy. . 77 #, 13% —
Le Comptable a payé à M' de la Haut3-
Forest Mouillard, la somme de cinquante
livres, que Messieurs du Chapitre ayant accor-
dez suivant laquittance de 24 mars 1701, dont
dont il demande allocation. Cy 50 yf, —
1 Tins, bois que l'on place dans les caves aux celliers pour étayer et
soutenir les tonnes et barriques.
- Les 77' 1 3* d*abord inscrits, régulièrement, en marge, sur le manus-
crit, ont été grattées ensuite par lauteur et remplacées fautivement par
781, ^3^
80 COMPTE DE GESTION
Le comptable a payé à Landeau, charpan-
tier, la somme de soixante et huit livres, con-
tenue dans son mémoire et quittance, de la
besonne (besogne) qu*il a fait à la Demerye
et pressoir de Carquefou par ordre de Mes-
sieurs du chapitre; marché fait avec luy, dont
le comptable demande allocation. Gy. . . 68 #, monnaie.
Le comi^table a payé à M. Verrier, M""
charpantier, un mémoire arrestépar missire t
du Verger Bigot, chanoine, la somme de dix-
huit livres, neuf sols, six deniers, pour les
ouvrages y contenus, dont il demande allo-
cation. Cy 18#, 9s 6-* —
Le comptable a payé à Pierre Chesneau,
maçon, la somme de quatorze livres, pour
avoir démoly dan|i la cuve des lieux communs
de la maison de Tancienne Psalette, es remas-
sonné à chaux et simens la boite qui estoit
creusé et dont la matière sortait dans les
caves, suivant sa quittance du 19*> octobre
1699, dont il demande allocation 14/^, —
Le comptable a payé à Julien Greté, la
somme de cinquante deux livres, seize sols
pour avoir nettoyé les lieux commune du Lo-
gis neuf de l'ancienne Psalette, selon sa quit-
tance du 10« octobre 1699, plus trente sols à
Groilard, sonneur, pour y avoir descendu et
voir le toisage. Fait la somme de cinquante-
quatre livres six sols, dont il demande allo-
cation. Cy 54#, 6% —
Le comptable a payé aux Chesneau, maçons,
la somme de quinze livres, pour avoir fait des
amortissements aux cheminéez du logis de
l'ancienne Psalette, pour empescher la fuinée
suivant la quittance du 23 mars 1701, 'dont
il demande allocation. Cy 15#, —
Le comptable a payé la somme de cinquante
livres pour la couverture des logemens de
Beaulieu et du pressoir de Saint-Sembin, sui-
vant là quittance du 10« octobre 1700, dont
il demande allocation Cy 59#, —
COMPTE OB OSmON , Bl
Le comptable a payé à Verrier, charpantier
la somme de sept livres, neufs sols, six deniers^
pour le mémoire arresté de missire Le Bigot
et pour Tancienne Psallette, dont il demande
allocation, Cy . 7y/, 9% ô'" monnaie.
Le comptable a payé à M^ Louis Hugues
Le Provcnça.1, menuisier, la somme de deux
cent vingt livre pour les armoires qu'il a fait
dans les archives suivant son marché arresté
au chapitre, le 9 mars 1700, de laquelle
somme il demande allocation. Cy. . . . 220^, mm
Le comptable a payé au sieur Gendron et Le
Courbe notitires royaux, la somme de dix sept
livres dix sols, pour les vaccations de Tactc
fait au Sanitat, fait entre M'» du Chapitre
et le lieutenant général de police, au sujet
de la préséance au sujet de la loterye des
pauvres, comme il est convenu, dont il de-
mande allocation. 17y/-,10" —
Le comptable a payé à M» Verrier,
charpentier, la somme de vingt six livres
deux sols pour le pilier qui est dans le cha-
pitre et autres articles contenus dans son
mémoire, dont il demande allocation. Cy. . 2GH', Z\ —
Le comptable a payé une somme de trois
livres 15 sols à Landeau, pour le pavé et
ferrure de la barrière de la desnerye de Saint-
Sembin dont il doma'^de allocation. Cy. . . dH-, 15", —
Le comptable a payé cinq livres à Nicolas
Bouteille, maçon, pour avoir reparé la tuil-
leryc de couverture sur le cellier de Saint-
Sembin, dont il demande allocation. Cy. . o/^, *—
Le comptable a payé à Hugue Le Provançal,
menuisier, la somme de cinquante sept livres
cinq sols pour les abats vent et croisée du
chapitre plus neuf cent dix neuf livres, dix
sols à un peintre pour les peindre de deux
couches en huille, lesquelles sommes font
soixante six livres, quinze sols, dont il de- .
mande allocation. Cy. .*..•... 6eiy/,15», —
Le comptable a payé à M" Cerbon, pro-
TOMKXVI. — DOCUMENTS. — XVI* ANNÉE, ll^-l^^ LIV
êZ GOMPTR Dis Gh:8TI0N
cureur, la somme de huit livres, pour les
frais et vacation de son mémoire, dont il de-
mande allocation. Cy. ...... . Sff, moanaie
Le comptable a remboursé à missire Le.
Bigot» chanoine, huit livres pour le pputeau
du pressoir qu*il a fait mettre à Saint Sambin,
suivant la quittance dont il demande alloca-
tion. Cy: huit livres. 8^. —
Le comptable a payé la somme de six livres
. pour avoir fait faire le pavé qui est entre le
pressoir et TE^lise de Saint-Sambin, pour
empêcher les eaux qui perse la muraille du
pressoir et pour pouvoir entrer et sortir le
yin du pressoir, dont il demande allocation,
suivant la quittance de Louis Duvaud. Cy. Oy^, —
Le ^comptable a payé à Mathurin Marion
maître menuisier, par ordre du chapitre, sui-
vant la quittance du 9« juin, 1700 signé Bau-
doin,la somme de sept livres,dont Û demande
allocation. Cy 7y^, —
Le comptable a payé à la veufve 3ertin la
somme de soixante-cinq livres, huit sols, six
denierSjpour les fournitures qu'elle a fournye '
au fermier de Carquefou, pour Tordre du
chapitre, au désir de la quittance du 23^ fé-
vrier 1701, dont il demande allocation. Cy. . ^>-'^y/, 8", 6<* —
Plus lé comptable a envoyé, par l'ordre du
chapitre, à M. Bridou, haute contre^, demeu-
rant à Saint-Malo, vin^t-et-une livres, trois
sols pour son voyage à venir à Nantes, pour
rentrer à Saint-Pierre, suivant son receu du
5- oiîtoÉre 1701.1 Cy 21/^. 3«,
-Le comptable a payé, en deux mémoires de
M. Le Bigot, chanoine, qui a arresté les dits
mémoires, tant pour Beaulieu que ports de-
lettres, qu'il a payés, la somme de quinze
livres, dix sols, dont il demande allocation. Cy. l?^yf . 10% ^
Le comptable a payé; en deux mémoires
^ 11 s'agit ici évidemment d'un Chantre, qu'on avait fait venir à l'essai
de Saint-Malo pour la cathédrale.
COMPTE OB GESTION ' $3
quittancez à Imber Ralncé, couvreur, la
somme de vingt livres, treize sols^ pour les
ré|»arations de la couverture de Garquefou et
de la maison du chapitre, devant le séminaire
dont il demande allocation. Cy 20//^, 13% nTnnaic.
Le comptable a payé à M. Gendron» notaire
la somme d*onze livres trois sols pour Tact^
d*accord d'avec le sieur Guerineau, pour les
dixmes de Saint-Donatien et pour les extraits
des livres de visitte de missire des Jonchères'
pour une procure pour la charge des déci«
mes à M* Le Doyen et un autre à M«
Fourré, dont il demande allocation. Gy. l II y/, 3% ^ •
Le comptable a payé à Landeau, charpen-
trer> la somme de cinquante-cinq livres, qua*
torze solSf pour la réparation de la tenue de
Beaulieu, au désir de son mémoire quittance
dont il demande allocation. Cy.. . . . . 55//,)i\ -
Le comptable a payé trois livres pour deux
mémoires quittances de réparations de vitres
et Mes planches aux lieux communs de
M"» d'Elva, dont et demande allocation. Cy. 3y^. —
Plus le comptable a payé vingt cinq livres
pour avoir fait netoyér les lieux communs de
la mesme maison, à vis le Séminaire, apparte-
nant «u chapitre dont il demande allocation.
Cy 25/f, -
Le comptable a payé & Duchesne pour ne-
toyér la cuve des Lieux Communs des logis
proche la Nouvelle Psalette, où demeure M.
Tabbé Barin, cent vingt six livres, huit sols,
suivant le marché et la quittance dont il de-
mande allocation. ...••..... 126yf, "-», —
> Missire Couppet'ie des Jonchères fut archi-dîacre de la Mée, de i663
à 1702. 11 devait être neveu d^autre Coupperie. (Pierre) qui Tavait précédé
'dan$-la même charge, de i63a à i663, date de sa mort et arrière grand
oncle de missire Henri, Jean-François Coupperie du Portereau.né à Vertou
en 1781 , prêtre vers 1756 (docteur en théologie). Emigré en Angleterre,
puis en Allemagne, après avoir été curé de Vallet de 1758 à 1791 clian.
hon. en i8o3 1 18x6. '
84 , GC'MPTB OR ObSTION
Plus pour la mesme maison, près la nou-
velle Psalette, le comptable a payé, pour les
trois mémoires de réparations, la somme de
neuf livres» onze sols, dont se demande allo-
cation. Cy ', ■•^^* • • 9/f, 11», monnaie.
Le comptable a payé la somme de sep lirres
dix sols, pour le ballet que M. du Verger Bi-
got fit faire dans la cour de derrière du petit
logis de Sala un, pour détourner les eaux qui
perçaient la muraille de sa cuisine de M"* de
la Beirye. au logis deTancien Psalette, dont il
demande allocation. Cy. 7/;^, 10% —
Le comptable a payé la somme de six livres
dix sols à Couturier, vitrier, pour réparation
de vitre à la maison de Carquefou, suivant
son mémoire quittance, dont il demande allo-
cation. Cy Ç.it 10', —
Le comptable a pay^ six livre pour avoir
fait faire une porte neufve à son jardin, qu'il
vient de fermer et par permission du Chapitre,
dont il demande allocation. Cy e#, —
Le comptable a payé à M, Boulon naye, pro-
cureur, la somme de douze livres pour frais
de Taffaire des héritiers de M. Granges, sui-
vant la quittance dont il demande allocation.
Cy 12#, —
Le comptable a payé à Angers, à M. Rouillé,
cinq livres huit sols, pour la copie de la sen-
tance arbitrable rendue entre les dignitez
de Nantes et le chapitre, le 17 juillet 165U
dont on avait besoin, selon sa lettre missive...
et forme de quittance, dont il demande'allo-
cation. Cy ., .. ., 5#,8S —
Plus le comptable a payé à M"« de la Roche-
Saint-André, deux livres, pour rembourse-
ment de réparation qu'elle a fait faire où elle
demeure, dans le grand logis, d'une marche
suivant sa quittance dont il demande alloca-
tion. Cy. 2#, ^
Le comptable a payé à M» Gendron, no-
taire^ la somme de vingt et une livres, douze
COMPTE DS GESTION 85
âols pour la vacation et controlles de fran-
chises, faits par Messieurs du Chapitre, Tun à
M"»« de la Roche Avril, un autre à M»** de
Courseille, un autre à messire d'£spinoze,
suivant sa quittance du 13* septembre 1608,
dont il demande allocation . Cy 51^,12», monnaie.
Le comptable, a payé à Julien Crété, la
somme de trente six livres, pour avoir netoyé
les lieux communs de la maison de SalaUn,
rue des Carmélites, suivant la quittance du
16* juin 1701, dont il demande allocation. . 30 /f.
Le comptable a payé la somme de cinq livres
pour un mémoire de couverture d'un débris
de cheminée, sur le grand logis de Tancienne
Psalette, dont il demande allocation. ... 5//, —
Plus le comptable a payé pour les saoqs de
toille, qu'il a fait faire par ordre du Cha-
pitre pour mettre plus commodément les
archives, lorsqu'on travaille a les mettre en
ordre, la somme de vingt-deux livres,dix sols,
tant pour la toille façon et corde de foint et
autre, fournye aux archives pour la néces-
sité des autres dont il demande allocation. Cy. 22 y/ 10", —
Le comptable a payé la somme de treize
livrés pour les frais de la requeste pour l'ob-
tention des derniers octroys, laquelle M*"
le Doyen* (a) pris pour partir à Paris dont il
demande allocation. Cy 13//-, —
Plus le comptable a payé a M' Doubau
avocat, trois livres douze sols, pour deux au-
diances contre le curé de Saint-Luc^. . . 3//, 12» —
Pour le droit de recepte du devoir du de-
nier de saint Pierre demande le comptable luy
estre alloué la somme de deux cent treize
livres, dix sols six deniers faisant motyé. de
telle de quatre cent vingt livres un sol tour-
nois à laquelle revientla cliarge du dit devoir. 213/f , 10», 6*' —
Pour le droit de recepte des Annates et va-
* Le Doyen était, à ce moment et depuis 169g, — Pierre- Guillaume de
la Vieuville-Pourpris, qui, en 1721 fut appelé au siège épiscopal de
Saint-Brîeuc et mourut en 1727.
* Le recteur de Sainle-Luce était alors Missire François Papion.
rMWl ^t.-^-r---m-^ -^^^——- r^-^ - m^^-t^a,:^.n,,^n:^^-.^^.zP^wt^~T-r--i^-r^ir-T--<-^, -~ -r-r^- —r-.^ — . t^--^ -:r---T- j.-g _ -■■- t» - =■ -^^ —
M ÛOMPTB DR 088TI0N
cance de Prébandes et Gui^e la somme de deux
cent qus^rante livres, ftiisant la trêve (troi-
sième) partye de celle de sept cent vingt
livres à laquelle revient la reeepte des dites
Annates • « . 24i)-H-, wmmIi.
Pour le droit de reeepte des fermes du
et du moulin (à Barbin) du Chapitre, ansemble
les rentes due par les Pères de TOratoire,
Ursulines et Dame de la Visitation et la com-
munauté ecclésiastique de Saint*Clément, mon-
tant ensemble à la somme de trois mille quatre
vingt dix livres^ treize sols quatre deniers, à
raison de six deniers pour livre, demande
allocation de la somme de soixante dix sept*
livres, cinq sols, quatre deniers. - . . . . 77#, 5% 4* —
Pour le droit de reeepte des Lods et ventes
et désérance, cy-devant revenant ensemble
à la somme de sept mil neuf cent douze livres
cinq sols, neuf deniers, que le Comptable a
distribué sans avoir retenu son droit de re-
cepte, qui, à raison de six denier par livre,
revient à la somme de cent quatre vingt dix
sept' livres, seize sols, un denier, dont il de-^
mande allocation. Cy..V • 197/^,16», 1* —
A Messieurs les Examinateurs du .présent
compte, la somme de pour radresse du
présent compte, supplye lai estre alloué la
somme de douze livres, à raison de soixante
sols par an, suivants les précédents comptes.'
Cy . . , 12#, —
RÉCAPITULATION
1"* Sommes dues pour le denier de Saint'
Pierre par les 200 paroisses du diocèse 1701, 4Î6#, —
2° Pour les vacances des Prébendes, . . 225y^, — -
30 Pour pourvoyancesfkux cures. ... 357//-, —
4° Pour les fermes du Chapitre. . . . . 3089#,17% 4* —
5' Pour les Lods et ventes. '." . . . . 8147#,W, 10* —
6° Pour les mises ordinaires 18776//-,' 9«, 8* —
70 Pour les mises extraordinaires. . . . 2405#,4% 5* —
En tout. . . . 33427 y^, 7», 9* —
Pour copie conforme J. PB KiHSA.us0Xf
NOTES DlTAT.CIVIL & HISTORIQUES
EXTRAITES DRS
HEGISTKES m PAI(OISSES DE L'AHROnDISSElfENT DE NANTES
Dont ies archives ont été détruites
r
(Suite').
VI(. — CANTON DE. SAINT-PHILBERT DE GRANDLIEII
A. — LA CHEVROLIÈRE. (Paroisse de)
La série des anciens registres de cette paroisse ta de 1668 à 1789^
chaque année formant un cahier^ sauf 1679 ^qui en comprend trx>is.
Dix-huit années font malheureusement défaut, savoir : 1677, 1682-
1687,1692-16%, 1710, 1712-1716, 1 732 et 1733. L'année 169Î
est assez fortement mouillée , ce qui rend la lecture du texte impos-
sible souvent. ^
815. — 1668, 3 mai. — Baptême de Suzanne, fille de messire
Jean YoisinySieur de la Tullière, et de damoiselle Janne Mélient, née
la veille ; nommée par noble et discret missire Pierre Charette»
sgrde Trejet et recteur de Gouëron, et damoiselle Suzanne Bureau,
fille de noble homme Estienne Bureau et de damoiselle Hathurine
Gîqueau, demeurant à la Fosse de Nantes. Signé : Pierre Gbarette ;
Suzanne Bureau ; Chapelain ; Forteneau ; Bureau ; Voysin ; Voy-
sin ; E. Esveillard; Guichet, prêtre. (M.)
816. — 1668, 18 novembre. — Baptême de Jean, fils des mêmes;
nommé par escuier Jan- Baptiste. Charette, sgr de Larsangle et da^
i Voir la livraison de novercbre 1899.
"WT-ZT
:i.T.î.'» ï.»»'! "•
88
NOTES d'État civil et HrSTORIQUES
molselle Françoise Mélîent. Signé : Françoise Mélient; Jah Baptiste
Charele ; Marie Bourget ; Guichet, prêtre ; J. Pitau : Esveillard ;
Voysin ; Louerat, prêtre, vie. (M.)
817. — 1670^2/4 novembre. — Baptêniede Jacques, fils de messire
Pierre Voysin, sieur du Mortier et de damoiselle Marie Biton ;
nommé par Jacques Laurent, sieur delà Rouselière, non marié, de-
meurant au bourg de Legé et damoiselle Catherine Pantin, non
mariée, demeurant à Nantes. Signé : Laurans ; Catherine Pantin
de la Guère ; Janne Mélient ; Bourget ; Marie Louerat ; Esveillard^
Voysin ; Voysin : Louerat, prêtre ; Guichet, vicaire. (M.)
848. — 1673^ i 6 février. — Sépulture de escuier Michel Pan-
tiu; sieur du Verger, en présence de noble et discret Claude Pantin,
abbé de la Guère, f>rieur de la Lande de S. Amand et recteur de la
paroisse de la Chevrolière. Signé : Claude Pantin, recteur susdit ;
Louerat, prêtre ; Guichet, vicaire, f M.)
819. — 4673, 4f septembre, — Baptême de Françoise, fille do
noble homme Guillaume Richard, sieur de la Musse, et de damoi-
selle Marie Bourget, née la veille; nommée'par noble homme Allain
Chauvin, sieur des Courtis, advocat en la cour et parlement de
Bretagne^ et damoiselle Françoise Adam, dame de la Brandaizière.
Signé: Françoise Adam ; Janne Gazet ; Alain Chativin ; Marguerite
Bourget ; J. Mesnier; Guillaume Richard; Pierre Richard ; Voysin ;
Guichet, prêtre. (M )
820. — i67U, iO novembre. — Baptême de Françoise^ fille de
maistre Jean Voisin, notaire royal, et de damoiselle Janne Mélient,
sa femme, née la veille ; nommée par Claude Amiaud et damoi-
selle Françoise Mélient, aagée d'environ les i4 ans. Signe: Fran-
çoise Mélient ; Marie Louerat ; C. L. Amyaud ; Marie Voysin ; Voy-
sin; Louerat, prêtre ; Voysin; Guichet, prêtre. (M.)
821. — 1678^ 2 février. — Baptême de Janne, née le 3o dé-
cembre 1677, fille d'escuier Juliien de Brasdanne de Bugnons et de
damoiselle Françoise des Vaux, dame du Molay, demeurant en la
maison noble de Treget; nommée par escuier Jan CJharetle, sgr
NOTES d'État civil et eistoriquks 89
de Larsangle, non marié, et damoiselle Janne Charette, non mariée
demeurant en la maison noble de Larsangle, paroisse de Ckïrdemais.
Signé : Jan (Jharete ; Janne Gherete ; Jan Baptiste Gharete ;
Glere Gharete ; J. de Bradane du Bugnons ; E. Esveillard ; Yoysin ;
Dupas, recleur delà GhevroUère. (VI.)
822. — i679, 17 janvier. — Sépulture, en Téglise, de noble
homme Jan-Bapliste Charette; escuier sgr de Larsangle, décédé
le r5, aagé de 6o ans ou environ. Signé: Dupas, recteur de la
Ghevrôlière.
823. — 1679, 20 mai, — Baptême de Julien, fils de Julien de
Bradane de Bugnons, escuier sgr de Treget, et de Françoise des
Vaux; nommée par escuier René de Bradane de Bugnons, son
oncle, demeurant en la paroisse»de Montrelais, maison noble de
Molay, non marié, et demoiselle Thérèse de la Grue, fille d'escuier
François de la Grue et de dame Catherine de la Gastinaire, sgr et
dame de la Freudière. Signé à la minute : Thérèse de la Grue;
R. de Bradane de Bugnons ; Damien de la Grue ; Louis de la Grue ;
Louis.Gharette; Dame Françoise Angélique Ilay ; Thérèse Boin ;
Janne Charette ; Claire Charette; Prudent de la Grue ; Angélique
de Coedîc ; Voisin ; Bahier, prêtre ; de Bradane de Bugnons ;
Dupas, recteur de la Ghevrôlière.
82^.— 1679,17 juillet. — Baptême de François- Alexis, né le i3 du
dit mois, fils de Louis de la Grue, chevalier sgr de la Guercheet de
la Noë de Passay et de Janne-Françoise Hay ; nommé par escuier
Prudent de la Grue, son oncle paternel, demeurant au chasteau de
la Freudière, et Françoise du Bois, veuve de messire François ^
Garion, chevalier sgr du Petitpont, demeurante à Nantes, paroisse
S.-Laurent. Signé : Françoise du Bois, douairière de Petitpont ;
Prudent de la Grue ; Gatherine de Gastinaira ; Louise de la Grue ;
Thérèse de la Grue ; Dupas, recteur de la Ghevrôlière.
825. — 1680, 12 mai. — Mariage de noble homme Charles Nep-
vouet, sieur de la Grue, veuf de damoiselle Charlotte Savin, demeu-
rant en la maison noble de la Grue, paroisse de Saiiit-Philbert
de Graud-Ueu, et damoiselle Bourget, veuve de noble homme
i
90 NOTKS D*6tAT civil KT HISTOaiQUKS
Guillaume Richard» dieur de la Musse. Signé à la minute : Charles
Nepvouet; Marie Bourget ; Dypas ; Jullien Gourmil ;*J. Morice,
prêtre ; Dupas, recteur de la GhevroUière.
826. — i680, 13 juin. — Baptême de Françoise, née le ii; fille
d'escuier Jullien de Bradane de Bignon, sieur du Molay, et de da-
moiselle Françoise des Vaux, demeurant en la maison noble de
Treget; ûoùimée par escuier Jean- Baptiste des Vaux^ non marié,
son oncle^ et damoisclie Françoise de la Grue, non mariée, fille de
feu escuier Claude de la Grue> seigneur des Huquettières. et de feu
damoiselle Françoise Hubert. Signé en la minute : Françoise de la
Grue ; Jean-Bapltse des Vaux ; Prudent de la Grue ; Thérèse de la
Grue ; J. de Bradane de Bugnon ; Dupas, recteur de la Chévro-
Hère. : •
827. — i683.y i^"" juin. — Mariage, en la chapelle de S Jan de
Laubmière, paroisse de la Chevrolière, de messire Prudent de la
Grue, cheuallier seigneur de la Granduille, fils de messire François
de la Grue, cheuallier seigneur de la Freudière, et de feue daine
Catherine de la Gaslinatre, demeurant au lieu noble de la Freudière
et demoiselle Marie Loirat^ fille de deffuncts nobles personnes Honoré
Loirat et de damoiselle Marie Voisin, demeurant en la maison noble
de.Langle, tous de la paroisse de la Chevrolière ; en présence de
messires René de St-Gilles, cheuallier, seigneur du Gage et de
Jullien- Prudent de Bruc, cheuallier demeurant en l'abbaye de
Geneston, et de messire Bonnaventure de Ribe, cheuallier seigneur
de la Villemoré, demeurant à la maison noble de la Brossegapail,
paroisse de S.-Golombin. Signé: Prudent de la Grue ; Marie Louerai ;
René de S.-Gilles ; Jullien Prudent de Bruc ; de Ribe de la Ville-
moré : JuUienne Minguet; Marie de Théron ; J. de Sihy, {y prêtre,
vicaire de Montbert.
828 — i683, Ï7 mai — Baptême de François, fils des précé-
dents ; nommé par Jacques Voisin, non marié, et damoiselle Jeanne
Amiau, femme de noble homme Mathurin Haubert. Signé : Pru-
dent de la Grue : Jacques Voisin ; Jeanne Amiau ; Florat ; J. Voisin ;
0. Charruau ; Françoise Lesné ; Dupas, recteur.
NOTK9 d'État civil et historiquks 91
829. — 1683, 12 septembre, — Sépulture, dans le chœur de
régHse paroissiale, par le Révérend Père supérieur de l'Oratoire de
Nantes, de noble homme messire François de la Grue, sieur de la
Freudîëre. Signé : Pierre Lecoq, vicaire.
830. -** i68U^ 24 mai. — Mariage de noble homme Charles
Nepvouet; sieur de la Grue, de la paroisse de S«-Philbert, et veuf de
damoiselle Marie Bourget, avec Marie Bitton,veuve de Pierre Voisin*
sieur du Mortier. Signé: Charles Nepvouet; Pierre Le Coq ; M.
Ouairy : F. Dupas ; Dupas, recteur de la GhevroUière.
831. — 1685, m mai. — Mariage de escuyer Sébastien de
Roques, fils mineur de feu cscùîer Claude de Roques, sieur de la
Poëze et du Josnay, et de dame Janne Arnaud, de la paroisse du
Loroux, avec dame Françoise des Vaux, veuve de escuyer Julien de
Brasdane, sieur du Molay et de Tregel. Signé : Françoise Desvaux ;
Sébastien de Roque ; Guy Le Texier ; Lucas ; Fortîneau ; Dupas,
recteur.
832. — 1685, 24 septembre. — Baptême de Anne, née la nuicl
précédente^ fille des mêmes ; nommée par escuyer François de
Bradasne, sgr du Treget et Jacquette Laurens. Signé: Dupas,
recteur.
833. — 1685^ 2U septembre. — Baptême de Sébastien, fils des
mêmes, né ledit jour ; nommé par escuyer Prudent de la Grue,
sgr de la Grandville et Jeanne- Françoise-Angélique Hay, compagne
d'escuyer Louis de la Grue, sgr de la Freudière. Signé : Prudent de
la Grue ; Françoise Hay ; Sébastien de Roques ; Dupas, recteur.
834. — 1685^ 15 octobre. — Baptême de Marie, fille de messire
Prudent de la Grue,* chevallier sgr de la Grandville, et de dame
Marie Louerat, née le 1 1 du dit mois ; nommée par messire Loui
de la Grue, chevallier sgr de la Guerche et de la Praudière,et Marie
de la Grue, sa cousine. Signé : Louis de la Grue : Prudent de la
Grue ; Jan BouUard ; Dupas, recteur.
835. - 1688,10 février. — Baptôme de Louis, fils d'escuier 1^- .
bastien de Roque et de Françoise des Vaux, né la nuict précédente^
92 NOTES D'ÉTAtf CïVIL KT HISTORIQUES
nommé par escuier Louis Charette sgr de Larsangle et Prudence
de la Ghastelannaye, sa cousine germaiiie. Signé : Louis Charelte ;
Prudence de la Chastellanaie : Sébastien de Roques : Jan Bugnet ;
Dupas, recteur de la Chevrolière.
836. — i688, 3 juillet. — Baptême de Alexis, fils de messire
Prudent de la Grue, sieur de la Grand ville et de Marie Louerat ;
nommé par Joseph Mélient^sieur de Laugerive et Fidèle de la Grue,
âgné : Joseph Mélient ; Thérèse de la Grue ; Prudent de la Grue ;
Rouill'ard, prêtre vicaire.
837. — i689^ 25 janvier, — Baptême de Marguerite» née le dit
jour^ fille d'escuier Sébastien de Roque, sgr de la Poëze, et de
Françoise des Vaux ; nommée par vénérable et discret missire
François Dupas, prêtre recteur de la paroisse, et damoiselle Fran-
çoise de Brada ne de Bugnon. Signé : Dupas^ recteur de la Chevro-
lièie; Rouillard prêtre vicaire ; Prudances de la Chatelanaye.
838. — 1689, 13 septembre. — Mariage de missire Jan Savary,
chevalier sgr de la Bedoutièrè, de la paroisse de Mormaison, évé-
ché de Luçon, et damoiselle Janne Charette. Signé : Jan Savary ;
Janne Charette ; Téresse Bogu ; Robert Gareau ; Jaque Begaud ;
Louis Charette; Jan de la Roche de S. - André ; Jaque Savari ;
Louis de la Roche ; Louis Jonas de S. -André; B. Girard, prêtre.
839. — 1689, 2 novembre, — Sépulture, sous la grande tombe
de réglise paroissiale, de Marie Louerat, épouse d*escuier messire
Prudent de la Grue, sgr de la Grandville, décédée la veille, aagée
de 35 à 36 ans. Signé : Dupas, recteur de la Chevrolière.
840. — 1690, U mars. — Sépulture de deux enfants jumeaux
baptisés et décédés la veille, enfants de n. h. Sébastien Roque
sieur de la Poëze et de n. f. François des Vaux. Signé : Le Cerf,
prêtre vicaire.
841. — 1690, 12 mars. — Sépulture de Françoise des Vaux,
décédée la veille, aagée de quarante ans environ, épouse de escuier
Séllllstien de Roques, sgr de la Poëze. Signé : Dupas, recteur de la
ChevFOiière.
NOTES d'État civil et historiqubs 93
842. — /69f , 23 mai — Sépulture, dans l'église, du flls de mes-
sire de la Guierche^ chevalier sgr de la Freudière et de Françoise
Hay, aagé de 3 mois environ, ayant été baptisé dans 1 église Saint-
Clément de Nantes. Signé : Defaix, prêtre vie.
843. — i697, 5 mars. — Baptême de Jeanne, fille d*escuier Jean
Savary, sgr de la Bedoutière, et de Janne Gharette^ demeurant
à la maison noble de Larsangle ; nommée par escuier Louys
Ciiarette, son oncle, et Thérèse Savary, sa sœur, laquelle a dé<
claré ne savoir signer Signé : Thérèse Boin ; Jan Savary ; Louys
Gharette ; G. Bedouet, prêtre recteur.
844. — i697^ iOjaiUet. — Sépulture, dans l'église, de escuyer
Prudent de la Grue, sgr de là GrandviUe, décédé la veille, âgé de 44
ans ou environ. Signé : L. Maillard ; G. Bedouet, prêtre recteur.
845. — 1698, 26 avril. — Sépulture, en l'église,. de dame Thérèse
Boin, veuve de escuier Jan-Baptiste Gharette, décédée la veille^ âgée
de 78 ans à la maison noblede Larsangle. Signé :G. Bedouet, recteur.
846. — 1718, 2 juillet, — Sépulture^ au pied de la croix dans le
cimetière, de escuier François de Brasdasne, seigneur de 9rejet,
âgé de 4a ans. décédé ledit jour. Signé G. Bedouet, prêtre recteur.
847. — 1719, 25 septembre.- — Sépulture de vénérable et discret
George Bedouet, prêtre recteur de la paroisse, âgé d'environ 67 ans.
Signé : A. Biron, prêtre vicaire.
848. —1720, 1 1 avril, —Sépulture, dans l'église, d'esicuyer Louis
Gharette, sgr de Larsangle, décédé la veille, âgé d'environ 60
ans ; en présence de écuier Jan Savary et M. Viau prêtre, signé .
Jan Savary ; François de la Grue de Passay ; Passier, prêtre ; Le Sé-
néchal, prêtre, vicaire.
849. — 1721^ 22 février. — Mariage de missire Charles-Isaac de
Montsorbier, chevalier sgr de la Braillière, de Repulet et de la Con-
Urdière, flls de feu messire Charles-Daniel de Montsorbier, sgr
de la Braillière et de dame Anne de là barre, de la parusse de
Goloigne, diocèse de Luçon, et damoiselle Thérèse Savary, fiHe de
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N0TB8 D*ÉTAT CIVIL KT HISTOBIQUES
juessire Jan Savary, sgr de la Bedoutière et de feu dame Janne
Charette ; en préseuce de François Savary, équier sgr de la
Sablère, Jan Savary éqoier sgr de la Bedouiière, de Joseph-
Daniel de Montsoii>ier, équier sgr de la Rabatelière, de Mathurin
Raimbaud, comme aussi du consentement de missire Adrien-Jan
Brethé, chevalier seigneur de la Guibertière^ fondé delà procuration
de laditte Anne de la Barre, pour consentir audit mariage. Signé :
Charles Isaac de Montsorbier ; Thérèse Savary ; Jan Savary ; Fran-
çois Savary ; Joseph Daniel de Montsorbier ; Marie de la Joue :
Charrette ; Janne Savary ; Adrien Jos ; Marie Guibertière ; Adrien
Jan Brethé de la Guibertière ; Mathurin Raimbaud ; Y. Le Senes
chai, prêtre vicaire.
850. — n2i, 27 octobre. — Sépulture, dans l'église paroissiale,
de dame Marie Richard, épouse d^escuier Yves Guillon, sgr de
Teille et du Planty, conseiller du Roy, secrétaire auditeur en la
Chambre des comptes en Bretagne, décédé la veille. Signé : Y. Le
Seneschal, prêtre vicaire.
•
y 851. — ' i722, 26 septembre. — Baptême de Anne-Thérèse^ née
la veille, fille d'écuier Charles-lsaac de Montsorbier et de dame
Thérèse Sdvary ; nommée par é$:uier Jean Savary et dame Anne de
la Barre^ Signé : Tailfert, recteur de Ja Chevrolière.
852. — / 722, 7 octobre. — Sépulture de la précédente.
853: — 1723, 17 septembre. — Baptême de Jeanne Thérèse, fille
des mêmes; nommée par Jean Boutin et Jeanne Daniel, sa femme.
Signé : Charles Isaac de Montsorbier; J. B. Tailfert, ancien grand
chantre, chanoine de Notre-Dame de Nantes et recteur de la Che-
vrolière.
854. — i731, 9 avril. — Baptême de Bonne-Elisabeth fille, d*68-
cuyer Jacques Guillon^ sieur de Beauregard» et de damd Anne Lucas,
née la veille; nommée par n. h. Jacques . Lucas, sieur de la
Ghampionnière et damoiselle Bonne Lucas. Signé à la minute :
Bonne Lucas ; Jacques Lucas Ghampionnière ; François Freneau ;
Magdelaine Freneau ; Pierre François Galbaud du Fort, prêtre ;
NOTES d'État ctviL bt historiques 95
Gabrielle Landais; Jacques Guillon de Boauregard ; J. Freneau,
rectear de la ChevroLière.
855. — /7^0j 1""' mars. — Sépulture, dans le chœur de ré;glise,
de écuyer Louis delà Grue, chevalier sgr de laGuerche.du château
de la Frudière, de la . maison noble de la Noë et de Passay, sgr
fondateur de Téglise paroissiale de la Chevroliere, mort au châ-
teau de la Frudière» âgé de 89 ans. Signé: J. Bureau *prâtre,
recteur.
856. — y7//i, 21 avril. — Sépulture de écuyer René de Ker-
moisan, chevalier baron de Tresiguidy, sgr de la Freudière, de la
Noë et de Passay, sgr fondateur de Téglise de la Ghevroliére, époux
de dame Marie-Renée de la Grue, dame fondatrice de la dite église, .
décédé la veille, âgé de 7a ans. Signé : J. Bureau, prêtre, recteur.
857. — / 7^i3, 3 1 janvier. — « Le dernier jour de janvier mil
sept cent quarante trois, nous Claude Barbier, recteur de S.-Phil-
bert de Grandlieu ; en conséquence de la commission à moy
adressée par 'Mgr évêque de Nantes^ le a8 janvier présent mois,
Signé: Beaupoil, vicaire général, Nous avons, en présence et du
consentement du vénérable et discret messire Jaque Bureau,
recteur de cette paroisse, bénit la salle du presbytère dudit lieu,
pour y être à la venir fait et célébré les offices de la paroisse, attendu
que réglise de céans est censé interdite étant dénué en grande
partie des murs et couverture, ainsy conformément au pouvoir à
nous accordé, nous avons en présence des soussignés, transporté
le S. Sacrement de 1 église paroissiale de la Chevrolière dans la
nouvelle chapelle bénite en l'enclos du presbytère, adjacent au
cimetière du dit lieu. En suite de quoy, nous avons célébré la
S*® Messe. Pour la décence, nous avons fait transporter le taber-
nacle de réglise ancienne dans la nouvelle avec la lampe et un
gradin et un marche-pied servant à Tautel de la S*' Vierge, la
fontaine des fonts avec les saintes huiles, un devant d'autel de
damas blanc à fleurs de différentes couleurs^ les quatre chandeliers
et les quatre vases servant au grand autel, le pupitre et les livres,
une chasuble noire complète, une blanche de satin avec un gallon
98 NOTES d'état civil et historiques
de soye, une autre aussi complète de salia violet avec un gaUo^
de soye, une nappe de cotton et une autre mauvaise, le bénitier de
cuivre^ un petit crucifix servant au grand autel; comme on nous
a représenté que quoique les marguilliers en charge eussent
convoqué le général' de cette paroisse de l'assembler dimanche
dernier pour nommer des notables qui prissent le soin des orna-
ments -et meubles qui resteroient dans Téglise, le dit général a
refusé de s'assembler et nommer des commissaires à ce sujet et
que, même les marguilliers quoique avertis, n'ont point voulu ce
jour comparoilre à l'église^ nous en avons laissé les clefs entre les
mains de Pierre Jouin, sacristain, qui a bien voulu de se charger.
De plus, dans la nouvelle église avons transporté deux calices et
deux custodes. Fait le même jour et an que dessus, quant audit
sacristain cy-dessus a déclaré ne savoir signer. (Signé) P. Cherpen-
lier, prêtre vicaire de S.-Philbert de Grandlieu ; F. Bruslé, prêtre :
P. Kenney, prêtre vicaire : G. Chabin, prêtre vicaire, signant pour
M. le Recteur ; Soret, vicaire du Pont S. -Martin ; B. Barré ; Pierre
Coquin ; Louise Bureau ; G. Barbier, R. de S.-Philbert. •> (M).
A suivre. Le M'" de Gbanges de SunGïiRES.
CHRONIQUE
BIBLIOGRAPHIE
Nous sommes heureux d'annoncer .u nv .,. . ,
nouvelle Revue, intitulée : L Anjou Historique, Comme son no m
rindique, elle a pour but de faire connaître Thistoire de l'ancienne
province d'Anjou et du département de Maine-et-Loire. Elle ne sor-
tira point de ce cadre, en publiant des articles étrangers aux Annales
angevines.
L'Anjou Historique donne des articles de fond, dus à la plume de
savants et d'érudits familiarisés avec l'histoire locale. Il se propose
aussi de publier des documents originaux de toutes sortes (Mémoires,
Correspondances, pièces d'archives), en ne donnant que deis textes
so'igneusement établis et en les accompagnant de notes et d'éclair-
cissements ; le nouveau périodique fait une large part à Tinédit,
puisant d'une main dans les immenses collections des dépôts publics,
et de l'autre s'efforçant de faire sortir des archives privées les ri-
chesses qui y sont parfois trop jalousement gardées. En même temps,
V Anjou Historique donne une place importante à la réimpression des
documents devenus rares, ainsi que de ceux qui, publiés Isolément
ou dispersés dans de vastes recueils, ont besoin d'être réunis pour
trouver toute leur valeur.
Il commencera ces réimpressions intéressantes par le Fouillé du
diocèse d^Angers^ imprimé par ordre de Monseigneur VlllusOrissime
et Révérendissime Michel- François Gouet du Vivier db Lorry, évéque
if Angers. Cet ouvrage, devenu fort rare, est plein de renseignements
sur l'organisation ecclésiastique du diocèse d'Angers à la un de Tan-
cien régime, et on demandait depuis longtemps une nouvelle édition.
V Anjou Historique parait les 1*^ j^nyier, mars, niai,juiUet, septembre et
novembre, par fascicules de 112 pages environ, et forme chaque année un
fort Yolume de près de 700 pages.
Le prix de TAbonnement est de 6 francs par an. Les Abonnements partent
du l"' janvier ou du i«' juillet.
Prix du numéro : i fr. 25.
S'adresser à MM. Schmitet Siraudeau, 4, Chaussée Saint-Pierre — à An-
gers fMaine-et-Loire).
TOMJC XVI. — DOCUMENTS. — XVI* ANNÉE. — 11*-12* LIV, 9
98 CHRONIQUE
Barthélémy Pogquet. — Le Pouvoir Absolu et VEsprit Pro-
vinciaL Le Duc d'Aiguillon et La Chdlotais. -^ Paris, Perrin,
1900, 2 vol. in-18.
En lisant la remarquable étude que vient de publier l'auteur des
Origines de la Révolution en Brétij^gnSy je me suis plusieurs fois
posé une question d'ordre général qui demanderait une discussion
approfondie, à savoir si, lorsqu'on doit traiter un point délicat d'his-
toire locale, il vaut mieux appartenir à la province dont il est cas,
ou lui être étranger. Certains critiques craindraient probable-
ment une partialité instinctive de la part de Tautochtone : mais
d'autre part, il faut bien convenir que plus d'une circonstance im-
portante ne peut être appréciée à sa juste valeur par des esprits
trop enclins à la généralisation et qui font tout ployer sous leur
joug impitoyable. Ce qui est sûr, c'est que M. Pocquet vient de nous
démontrer que l'histoire de la Bretagne, pendant ses luttes contre
le pouvoir royal, ne peut être écrite que par un breton, surtout de-
puis que, par le fait de l'invasion des idées socialistes, la glorifica-
tion de la centralisation à outrance, au proût de l'unité nationale,
est devenue un thème adopté par ces mêmes universitaires qui por-
taient jadis aux nues les résistances au despotisme royal. La Cha-
lotaisfut autrefois leur' héros de prédilection : aujourd'hui d'Ai-
guillon est leur dieu : ils sont devenus plus royalistes que le roi.
C'est qu'ils n'ont pas compris ou n'ont pas voulu comprendre que
la Bretagne n*était pas, sous l'ancien régime, dans une situation
comparable à celle des autres provinces de France réunies au do-
maine de la couronne, soit par voie d'héritage, soit par vole de con-
quête^ Ici la réunion n'avait eu lieu qu'à la suite d'un traité, d'un
contrat bilatéral, librement accepté de part et d'autre à des condi-
tions déterminées. Ces conditions qui constituaient ce qu'on appelle
des privilèges, parce qu'elles mettaient la Bretagne en meilleure
posture vis-à-vis du pouvoir royal que les autres provinces, pou-
vaient.ne plus se trouver du goût des ministres de Louis XIV et de
Louis XV dont elles gênaient la voracité ûnancière, mais il ne leur
appartenait pas de les supprimer : elles étaient la loi des parties ;
elles devaient être conservées jusqu'à leur destruction par consente-
ment mutuel ; auparavant toute résistance à leur infraction était
un droit absolument légitime. Voilà ce que n'ont pas admis
MM. Marion et Carré, les dernier^ historiens des événements qui se
passèrent en Bretagne de 1760 à la fin du règne de Louis XV; et
M . Pocquet a eu grand raison, en écrivant son nouveau livre en
opposition directe avec les leurs, d'insister en de nombreux passages
sur eu traité d'union de 1532, trop souvent méconnu ou oublié.
L'ouvrage de M. Barthélémy Pocquet se composera de trois vo-
lumes : il nous en donne deux aujourd'hui, le premier intitulé : La
Démission du Parlement \ le second. Le Procès ; le troisième sera La
CHRONIQUE 99
RéhabilUation. Avec ces deux volumes nous sommes donc en pleine
bataille, et c'est plaisir de voir avec quelle dextérité M. Pocquet sait
se mouvoir au milieu d'une foule de documents souvent obscurs ou
contradictoires, démêler les âls embrouillés des intrigues, faire sail<
lir les points lumineux, et mettre de Tordre et de la clarté dans un
véritable chaos de procédures, de correspondances et de pamphlets.
Il ne peut entrer dans notre cadre de résumer ici les phases princi*
pales de ce drame : il y faudrait un article complet de la Revue. Ces
phases, du reste^ sont bien connues : mais ce qui Test moins, c*est le
manège latéral, ce sont les coulisses et les dessous: et là, M. Pocquet
est passé maître en explorateur ; lettres, dépêches, chansons, chro«
niques, tout est dépouillé, analysé, commenté, et nous donne une '
série de tableaux d'une vie intense de la société de ces temps trou*
blés. Il en résulte qu'il n'y eut pas seulement un simple différend
entre deux hommes qui se détestaient, mais une résistance irrécon-
ciliable de la province à des exigences regardées comme abusives ;
et le procureur général fut considéré comme l'inspirateur, le chef
occulte mais réel de l'opposition : dès lors, ce fut un ennemi qu'il
fallait abattre, et tous les moyens furent bons, poursuites arbitraires,
rigueurs injustifiables et cruelles, pour consommer ce qui n'était en
somme qu'une monstrueuse iniquité. Il en résulte aussi que la
loyauté, l'énergie, la fermeté et le désintéressement furent les traits
distinctifs de la vie de La Ghalotais. à qui on ne peut reprocher pen-
dant ces luttes, ni une action basse, ni un acte de faiblesse, et qui
ne sacriûa sauf peut-être en une fâcheuse circonstance que nous al^
Ions dire, aucune de ses convictions à ses intérêts personnels : c'est
bien le martyr des libertés bretonnes.
Il y a en effet une ombre au tableau .^Pour le public qui connaît
peu les droits réciproques que pouvaient avoir, Tune en face de
l'autre, la Bretagne et la royauté, le nom du procureur général de
La Ghalotais, évoque surtout le souvenir du proscripteur des jésuites,
et la foule ne voit guère en lui que l'auteur des fameux Comptes-
rendus et du plan d*Educatioii nationale. Les passions politiques se
sont emparées de cet ouvrage, et toutes les fois qu'il est question
de nouvelles mesures contre les ordres religieux, on réimprime les
réquisitoires du procureur général devant le Parlement de Rennes,
M. Pocquet a consacré un chapitre particulier à l'étude de cet inci-
dent d'ordre plus général, parce qu'il peut être considéré comme se
rattachant à la bataille, le duc' d'Aiguillon s'étant montré person-
nellement favorable aux Jésuites. Il prouve que le compte-rendu
des constitutions qui fut officiellement demandé, au mois d'août 1761,
à La Ghalotais, par le Parlement, est bien son œuvre propre, et non
celle de d'Alembert, comme on Ta quelquefois prétendu. Mais ici je
l'arrête. LaGhalotais, nous dit ailleurs M. Pocquet, n'était ni janséniste
nimoliniste et semble même avoir professé un certain dédain pour les
disputes des théologiens. 11 pratiqua toujours la religion catholique
100 CHRONIQUE
dans ses plus rigoureux devoirs, jusqu'à la fin de sa vie': il faisait ses
P&ques et observait le carôme,etpar une contradiction singulière entre
ses écrits et sa conduite, ses filles et ses petites-filles étaient élevées au
couvent. . . S'il en est ainsi, peut-on qualifier assez sévèrement un
réquisitoire dans lequel les altérations de textes sont nombreux et
palpables, et qui applique à la société en général les ouvrages de
quelques particuliers absolument désavoués et condamnés par
leurs supérieurs? Il ne suffit pas de dire : « Nous préférerions beau-
coup, pour notre compte, que La Ghaiotais n'ait pas écritles Comptes
rendus », il fallait appeler tout crûment cet ouvrage une mauvaise
action : car un procureur général n*a pas le droit de laisser passer
dans une œuvre de cette importance et qui conclut à la destruction
de toute une compagnie, des erreurs, des contradictions, des cita-
tions inexactes, mal comprises ou tronquées. La vérité, triste à
dire^ ne serait-elle pas que, sachant le premier ministre Ghoiseul
favorable à la destruction de Tordre, il voulut lui faire sa cour pour
obtenir la survivance de sa charge sur la tète de de son fils, faveur
qu'il obtint en effet, un peu plus tard, au détriment de son avocat
général Le Prestre de Chateaugiron dont il se fit un ennemi impla-
cable?... Ilfut récompensé par les applaudissements enthousiastes de
Voltaire ; mais bientôt lui-même eut à subir des peines analogues à
celles qu'il avait fait infliger aux Jésuites. Ce rapprochement n'a pas
échappé à sa petite-fille M™« de la Fruglaye : « La justice de Dieu, dit-
elle, semble poursuivre d'une manière évidefote les fautes duprocureur
général dans les souffrances de l'homme privé. Il avait représenté
les Jésuites comme perturbateurs du repos public, promouvant l'in-
trigue, fauteurs de troubles. La réfutation de ces injustes accusa-
tions se trouverait au besoin dans les mémoires publiés pour sa
propre défense par M. de la Chalotais pendant son procès. Il y re-
pousse de toute la force de sa conscience d'honnête homme les ac-
cusations mômes dont il avait chargé les Jésuites avec aussi peu de
fondement qu'il y en avait à les lui imputer. Il serait facile de rap-
procher les divers chefs d'accusation ; la similitude de la conclusion
des deux causes n'est pas moins frappante. . . » M. Pocquet cite ce
paspairc dod mémoires de M"» de la Fruglaye : j'eusse préféré qu'il
l'eu'u écrit lui-môme.
* En résumé, les deux volumes que nous présentons aujourd'hui
aux lecteurs de la Revue Historique de V Ouest constituent la plus
importante contribution à l'histoire de la Bretagne pendant Le
XVIII*' siècle qu'il nous ait été donné de constater depuis longtemps.
C'est en môme temps une œuvre de bonne foi, de justice impartiale
et d'ardent patriotisme. Je ne lui reprocherai que quelques incor-
rections de noms, comme pour le Père Le Pape de Kerniny, d'Hélian,
près Quimper ; je pense qu'il faut lire Elliant. Ce ne sont là que
vétilles. Les deux volumes de M. Pocquet réclament leur place dans
toute bibliothèque bretonne. R. K.
REVUE HISTORIQUE DE LOUEST
XVI» ANNÉE. — 1900
TABLE DES MATIÈRES
DOCUMENTS
Chronique, Nécrologie, Bibliographie, par F. Saulnikr. . . 5
Chronique, par Jehan de la Sayinate. . . . . . . . 13
Bibliographie : Origine et Généalogie de la Maison de Trogoff, par
M. le V*« Louis Urvoy de PortzamparCt de F. Saulkier. .... 23
Notes d'alliances sur les familles Roux de Laubinais, Grélier de la
Barbotièreet Massicot de la Verdrie, par le V*« Odon du Hautais. 27
Compte de gestion pour les années 1697-1707 rendu par missire
Pierre^Ghristophe Jouacelle, chanoine de Nantes, à Messieurs les
Doyen^ Chanoines et Chapitre de TÉglise de Nantes par J. de
Kersauson 41, 65
Notes d'état-civil et historiques extraites des registres des pa-
roisses de l'arrondissement de Nantes, dont les archives ont été
détruites pendant la Révolution (suUe\ ipa.r le M** de Granges de
SURGÈRBS 87
Chronique, Bibliographie, par R. K 97
REVUE HISTORIQUE DE L'OUEST
XVI' ANNÉE. — 1900
TABLE DES MATIERES
PAR NOMS D'AUTEURS
DOCUMENTS
GRANGiBDBSuRaÂRB8(M'* de). — Notes d'état-civil et historiques
extraites des registres des paroisses de l'arrondissement de Nantes,
dont' les archives ont été détruites pendant la Révolution (mité). 87
Kersauson (J . de). — - Comptes de gestion pour les années 1697-
1701, rendu par missire Pierre-Ghistophe Jouacelle, chanoine de
Kantes. à Messieurs les Doyen, Chanoines et Chapitre de TÉglise
de Nantes 41,65
OnoN DU Hautais (V**). — Notes d'alliance sur les familles Roux
de Lauhinais, Grélier. de la Barhotière et Massicot de la Yerdrie. Z!
m
R. K. - Chronique, Bibliographie 97
Saulnibr (F.)- —Chronique, Nécrologie, Bibliographie. . . 5
— Bibliographie : Origine et Généalogie de la Mai-
son deTrogoff, par le V*« Louis Urvoy de Portzamparc. . . 23
Savinatb (Jehan de la).— Chroniques. . . ■ 13
Le Gérant : J.A. BLINO.
Vannes. •— Imprimerie Lafolyb,