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Full text of "Revue historique de l'Ouest .."

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REVUE 


HISTORIQUE 


DE    L'OUEST 


te 


REVUE 

HISTORIQUE 

DE  L'OUEST 

(j'AHAlSSAKT     TOVS     LES     M  0 1 S^ 


M-    DE    LKSTOURBKILLON 

administrateur-trSsoiuer  : 
J.  DE  KERSAUSDN 

ARCHIVIOTB 

CLAUDE  DE  MONTl  DE  REZE 
Ï6"'  Année,  —   i"  Livraison. 

NOTICES 


BUKEAUX    DE   LA    REVUE 

1,  Bu*  il>&.rrentra,  NANTBB 
VANNES  * 


V"  LAFOLYE  &    FILS 

1900 


PARla 

VICTOR  RETAOX  &  FILC 


VANNES.   —   IMP.    LAFOLYE,   2,    PLACE   DES   LICES. 


LA  MÈRE  BERTHELOT 

ET    I^K 

COUVENT    DUS    URSULINES    DE    NANTES 

ISuiW) 


CHAPITRE  IV 

P<u*relé  dei  rallgiauMs  k  leur  lortis  du  cloître.  —  Retui  du  Dlitrid  de  leur 
payer  la  peniion  iccordée  par  U  loi.  —  Prét«ite  de  ca  rafua.  —  Mémoire 
adreué  par  la  mare  Davoyiiss.  pour  démontrer  le  défaut  de  inoUh  de  ce  relu  a 
de  payement,  —  L'obtlinetlou  dei  autorités  dana  ce  refua  vaincue  par  un 
socood  mémoira  de  la  mire  Davoynei,  et  ordre  donné  le  iS  décembre  179^ 
depiyer  le  trimeitro  d'octobre.  —Compte  détaillé da  ion  administration  fourni 
par  I»  mire  Davoynes.  —  Défaut  de  payement  des  Irimestrea  de  janvier  et  avril 
179!.  al  Douvellea  réclematiooi  en  mai  1793  de  la  mère  Duvoynei  il  ce  iujal. 
—  Quelque*  détaili  sur  la  deitlnation  des  bAUntents  du  couvent  évacué. 

Ces  pauvres  ôlles .  jetées  brutalement  sur  le  pavé,  sans  res- 
sources, sans  vètemenls,  puisqu'il  leur  était  interdit  de  porter  les 
seuls  qu'elles  possédassent*,  à  la  charge  de  leurs  parents  et  de  leurs 
amis,  avaient  hâte  de  toucher  le  premier  trimestre  de  leurs 
pensions.    L'administration  du  District,  k  laquelle  incombait  le 

■  Voir  I&  livnÙMn  de  novembre- décembre  1S09. 

•  Va  décret  da  II  mar*  1791,  avait  aboli  1»)  coitumes  religieux  en  ce  lena 
■eDlement  que  les  religieux  ne  «eiaient  plua  obligea  da  Ir*  porter.  Ce  fut 
l'art,  9  du  décret  du  18  aoAt  (79!.  qui  interdit  le  port  public  deecoitumes 
religieux  et  eccléaiaatiqaeE.  CotUct.  de  loi*,  t.  IV.  p.  SS3. 


6  LA    MÈRE   BKBTHKLOT 

devoii:  de  le  leur  faire  tenir,  attendit  la  fin  du  mois  pour  délibérer 
à  ce  sujet.  Le  procureur-syndic  objecta  les  manquants  du  récole- 
ment  de  l'inventaire,  prétendit  que  la  valeur  devait  en  être  estimée 
par  des  experts,  et  conclut  à  une  retenue  proportionnelle  qui  serait 
imposée  à  chacune  des  titulaires  du  traitement^  le  surplus  seule- 
ment devant  leur  être  versée 

En  outre  il  fut  décidé  qu*à  raison  de  la  subordination  du  District 
au  Département  il  appartenait  au  Département  de  prendre  la  déci- 
sion. 

Le  Département  délibéra,  et  renchérit  sur  le  District  en  déclarant 
que  les  Ursulines,  n'ayant  point  rendu  leurs  comptes,  il  était  abso- 
lument impossible  de  leur  payer  leurs  pensions  ;  que  même  il  y 
avait  lieu  de  les  assigner  pour  les  faire  déclarer,  par  le  tribunal, 
déchues  du  droit  de  les  recevoir  à  l'avenir. 

La  Supérieure  crut  de  son  devoir  de  protester,  et  elle  le  lit  avec  la 
dignité  et  la  simplicité  d'une  mère  qui  réclame  justice  pour  ses 
enfants  spoliés. 

«  Les  religieuses  Ursulines,  expose-t-elle  dans  sa  requête  à 
MM.  les  administrateurs  du  Département^  en  date  du  6  novembre, 
sont  sorties  de  leur  couvent  le  i*"'  octobre  dernier.  Il  leur  est  dû  un 
traitement  qu'on  ne  leur  a  pas  encore  payé.  C'est  avec  étonnement 
qu'elle  a  appris  qu'on  voulait  retenir  sur  leur  traitement  la  valeur 
des  pièces  d'argenterie,  et  que  le  District  [lire  le  Département)  a 
émis  l'avis  qu'on  les  poursuivit  devant  le  tribunal  pour  faire  pro- 
noncer la  déchéance  de  tout  traitement. 

«  Elle  avoue  de  très  bonne  foi  que  l'argenterie,  qui  a  été  inven- 
toriée, ne  s'est  pas  trouvée  en  entier  lors  du  récolement  et  qu'il 
manque  un  encensoir  d'argent,  un  calice  et  un  saint  ciboire  avec 
quarante-et-un  couverts. 

«  Les  couverts  appartenaient  aux  sœurs  ;  on  les  leur  aurait  ac- 
cordés lors  de  leur  sortie.  On  ne  peut  lui  faire  un  reproche  d'en 
avoir  disposé  dans  l'état  de  détresse  où  s'est  trouvée  la  commu- 
nauté qui,  depuis  trois  ans,  a  été  privée  de  la  majorité  de  ses  revenus 

^  District  de  Nantes,  2'i  octobre  1792.. 


ET   LE   COUVENT   DES   URSUUNES   DE  NANTES  7 

dont  la  nation  s*est  emparée,  et  qui  n'a  payé  aucun  traitement.  On 
a  pris  les  revenus  sans  enlever  les  charges  ;  la  communauté  a  dû 
payer  pour  sept  cents  livres  de  pavés  dont  elle  ne  retirait  aucun 
avantage.  On  peut  consulter  le  livre  de  dépenses,  et  on  verra  que 
le  prix  de  l'argeuterie  a  été  employé  aux  dépenses  nécessaires  à  la 
subsistance.  »  Entrant  dans  ie  détail^  elle  explique  que  les  revenus 
dont  la  nation  a  joui  depuis  plusieurs  années,  sans  en  faire  part  à  la 
communauté,  sont  de  beaucoup  supérieurs  au  montant  de  la  récla- 
mation. Sur  les  revenus,  il  est  dû  à  la  communauté  i3,868  livices^ 
et  les  quarante  religieuses  n'ont  rien  pour  vivre.  «  S'il  est  indis- 
pensable, ajoute-t-elle,  de  rendre  à  la  nation  la  valeur  de  l'argen- 
terie qui  manque,   qu'on  ne  la  prenne  au  moins  que  sur  le  seul 
traitement  de  lexposante,  jusqu'à  ce  que  la  nation   soit  remplie. 
L'exposante  en  fera  le  sacrifice,  si  cela  peut  tourner  au  bonheur  et 
à  la  prospérité  de  la  nation,  et  si  tout  ce  qui  se  trouve  accroître 
d'ailleurs  à  la  nation  par  la  destruction  de  la  communauté  ne  lui 
suffit  pas  ».  Elle  conclut  en  demandant  humblement  que  l'adminis- 
tration rapporte  l'arrêté  autorisant  le  procureur-syndic  à  assigner 
l'exposante  et  les  autres  religieuses,  pour  les  faire  déchoir  de  leurs 
traitements.  Signé  S'  Anne  Davoynes. 

Le  37  novembre  1793,  le  Département  délibéra,  et,  considérant 
que  les  religieuses  Ursulines  n'avaient  pas  rendu  leurs  comptes, 
arrêta  qu'il  n'y  avait  lieu  de  rapporter  le  précédent  arrêté. 

Parmi  les  lettres  adressées  au  Département  et  qui  ont  été  con- 
servées, on  eu  rencontre  deux  signées  de  deux  sœurs  converses, 
datées,  l'une  du  Pont-Saiul-Martin,  7  novembre,  et  l'autre  de  Nantes^ 
13  novembre,  dans  lesquelles  ces  pauvres  filles,  nommées  Ursule 
Judalet  et  Rose  Pesueau,  font  connaître  leur  état  de  misère  et  ré- 
clament leurs  (rimestres  de  pensions. 

Le  3o  novembre,  autrd  lettre  de  la  supérieure  au  Département, 
dans  laquelle  elle  renouvelle  sa  demande,  et  affirme  que  le  i*'  oc- 
tobre elle  a  remis  au  commissaire  tous  ses  comptes  et  ses  livres,  et 
que  ce  commissaire  les  a  mis  sous  scellés  dans  la  chambre  qu'elle 
occupait. 

Deux  longs  procès- verbaux  du  Département  résument  la  discus- 


8  LA    MfeRE    BERTHBLOT 

sioD  qui  eut  lieu  i  propos  de  cette  seconde  requête.  Le  Département, 
revenant  sur  sa  première  décision,  reconnut  qu'il  était  peut-être  ex- 
cessif de  faire  prononcer  la  déchéance  de  tout  traitement,  faute 
d'avoir  rendu  les  comptes  en  temps  utile  ;  que,  d'ailleurs,  il  se  pou- 
vait, comme  le  prétendait  cette  religieuse,  que  ses  comptes  eussent 
été  mis  sous  les  scellés,  le  i*^*"  octobre,  avec  les  autres  titres  et  pa- 
piers, et  qu'il  y  avait  lieu  de  les  recherchera  Eu  attendant,  il  fut 
arrêté  que  le  trimestre  d'octobre  pourrait  leur  être  avancé  i  titre  de 
secours,  d'après  le  tarif  suivant  :  aux  religieuses  âgées  de  plus  de 
60  ans,  175  liv.  ;  à  celles  âgées  de  plus  de  5o  atis,  iSo  liv.  ;  à  celles 
âgées  de  40  ans  et  au-dessous  laS  liv.  ;  aux  sœurs  converses,  en 
suivant  la  même  échelle  des  âges  :  116  liv.  i3  sous  4  deniers,  100 
liv.,  et  83  liv.  8  sous  8  deniers.  Il  fut  bien  exprimé  qu'aucun  autre 
trimestre  ne  leur  serait  payé  aussi  longtemps  qu'elles  n'auraient 
pas  rendu  leurs  comptes,  et  que,  s'il  y  avait  lieu,  les  comptes  une 
fois  rendus,  elles  souffriraient  sur  leur  trimestre  à  échoir  l'imputa- 
tion de  la  valeur  des  effets  par  elles  soustraits,  «  si  mieux  elles 
n'aiment  les  représenter  en  nature  et  non  détériorés.  » 

Le  i5  décembre,  le  District  confia  à  Ramard,  l'un  de  ses  membres, 
la  mission  de  «  lever  les  scellés,  et  de  rechercher,  tant  dans  la 
chambre  de  la  diteDavoynes  que  partout  ailleurs,  les  papiers  qu'elle 
soutient  y  être  renfermés*.  » 

Ramard  écrivit  à  la  Municipalité  pour  l'informer  de  sa  mission 
et  la  prier  de  lui  adjoindre  .deux  officiers  municipaux  «  pour  l'é- 
tablissement du  compte  des  Ursulines'. 

Le  citoyen  René  Lenormand  assista  à  la  recherche  comme  repré- 
sentant officieux  des  religieuses.  On  remua  un  certain  nombre  de 
sacs  de  papiers  que  M.  Lenormand  déclara  être  inulile»  à  ses  clientes, 
et  il  fut,  sur  son  reçu,  mis  en  possession  des  livres  de  comptabilité^. 

Le  i5  Janvier  1798  les  religieuses  attendaient  encore  leur  trimestre 
d'octobre  promis  k  titre  de  secours.  Le  District  leur  demandait,  pour 

*  Dép    Q,  11  et  12  décembre  179?,  fo  67, 

*  District  de  Nantes,  15  décembre  i792,  n«  611,  f  183. 
>  Archives  municipales.  Série  GG. 

*  Procès-verbal  du  ?1  décembre  1792.  District  de  Nantes. 


ET  LE   COUVKNT   DES   UR8UUNIC8   DE   NANTES  î* 

la  leur  payer,  de  jusUfier  de  leur  résidence  8urle  territoire  de  la  Uc 
publique  depuis  le  i*'  octobre^  conformémeut  au  décret  du  8  dé- 
cembre dernier. 

Munie  de  ses  livres  et  quittances,  la  mère  Davoynes  put  aisémenl 
établir  le  tableau  complet  de  ses  recettes  et  dépenses,  et  elle  le  dé- 
posa, le  ai  janvier  1793,  au  secrétariat  du  District.  Ce  tableau,  qui 
forme  dix  grandes  pages  in-fo,  discute  chaque  article.  On  s'est  in- 
troduit, dit-elle,  au  couvent  plusieurs  fois  depuis  la  sortie  des  reli- 
gieuses, mtkU  elle  affirme  que^  tant  qu'elles  y  ont  demeuré,  rien  n'a 
été  détourné.  Les  actes  constitutifs  de  crédit  sur  le  clergé  de  France, 
sur  les  Etats  de  Bretagne,   sur  plusieurs  communautés  de  Nantes 
ne  se  retrouvent  pas,  mais  ces   actes  sont  de  nulle  valeur  puisque 
les  biens  de  ces  établissements  débiteurs  appartiennei^t  maintenant 
à  la  Nation.  Si  les  religieuses  ont  pris  leurs  lits  et  du  linge,  elles  en 
avaient  le  droit.  «  Les  commissaires  vaquant  au  récolement,  voyant 
avec  commisération  plus  de  quarante  religieuses,  sœurs  converses 
et  affiliées,  sortir  avec  peu   de  ressources  d'une  maison  où  elles 
avaient  compté  passer  le  reste  de  leurs  jours,  se  portèrent  &  leur 
accorder  a  chacune  une  écuelle  et    une  assiette  détain,  quelques 
plats  et  pots  de  terre,  ainsi  que  ce  qui  restait  de  mauvaise  faïence, 
et  c'est  en  conséquence  de  cet  abandon  que  les  religieuses  ont  dis- 
posé de  ces  modiques  articles.  Si,  cependant,  on  estime  qu'elles  ne 
devaient  pas  le  faire,  elles  en  rendront  compte  »  Les  couverts  vendus 
avaient  été  fournis  par  les  religieuses;  chacune  avait  apporté  le  sien. 
Depuis  1790,  les  mises  ont  toujours  excédé  les  attouchements  ; 
en  i790,de  189 livres  a  sous  a  deniers  ;  en  1791,  de  io,4'io  liv.  i4  s. 
3  d.,  et  en  179a  de  34 10  liv.  10  s.  comme  cela  se  voit  par  les  livres 
de  recettes  et  de  dépenses.  Ce  déficit  s'élève  è  plus  de  i4.o6o  liv., 
il  vient  de  ce  que  le  nombre  des  pensionnaires  a  diminué  à  raison 
de  Tin  certitude  du  sort  des  couvents,  du  non  payement  de  loyers,  et 
de  la  cessation  du  payement  d'arrérages  dus  par  le  clergé  de  France, 
les  Etats,  la  Commune  de  Nantes.   Cependant  les  religieuses  n'ont 
pas  laissé  un  sou  de  dettes  ;  par  les  ressources  qu'elles  ont  trouvées, 

•  Eod,  15  janvier  1793  n<»  679. 


10  LA   MÈKE   BKRTHRLOT 

tant  dans  le  produit  de  l'argenterie  que  dans  celui  de  trois    vaches 
vendues  et  dans  le  secours  de  leurs  parents  et  amis. 

Le  total  des  sommes,  provenant  des  couverts  d'argent  et  de  Tar- 
genterie  d'église  vendus,  s'élevait  à  264o  livres.  La  mère  Davoynes 
concluait  en  demandant  le  payement  du  quartier  courant^  et  de 
ceux  subséquents  en  leur  temps,      i 

Le  quartier  d'octobre  dut  être  payé  i  une  date  que  je  n'ai  pu  re- 
trouver dans  la  comptabilité  du  District.  En  tout  cas,  il  le  fut  sous 
^  déduction  d*un  douzième  réservé  pour  la  contribution  patriotique^ 

Le  4  mai  1793.  la  mère  Davoynes,  qui  signait  cette  fois  Anne 
Davoynes,  procuralrica  de  la  ci-devant  communauté  des  Ursulines 
de  Nantes,  écrivait  aux  citoyens  administrateurs  du  Département  : 

«  Exposent  les  ci-devant  religieuses,  sœurs  et  affiliées  de  la  mai- 
son de  Nantes,  que  des  besoins  pressants  les  obligent  de  vous  rap- 
peler qu'il  leur  est  dû  les  quartiers  de  janvier  et  d'avril  du  traite- 
ment leur  accordé  par  les  décrets  de  l'Assemblée  nationale,  seule 
ressource  qu'elles  ont  pour  vivre,  étant  sans  états  et  sans  biens.  La 
plupart  ont  des  familles  qui  ne  peuvent  subvenir  i  leurs  besoins  ; 
d'autres  ont  été  forcées  de  recourir  aux  bienfaits  de  quelques  amis, 
mais  ces  amis,  ainsi  que  les  parents  des  autres,  ne  peuvent  plus 
venir  au  secours  des  exposantes,  en  sorte  que  ces  malheureuses 
femmes  sont  réduites  à  la  plus  grande  indigence  et  exposées  à 
manquer  des  choses  les  plus  nécessaires  à  la  vie. 

«  Ces  vérités  constantes  et  elYrayanles  vous  détermineront  sans 
doute.  Citoyens  administrateurs,  à  venir  à  leur  secours  en  arrêtant 
que  les  exposantes  seront  payées  des  deux  trimestres  de  leurs  trai- 
temeuts.  Cela  est  d  autant  plus  juste  qu'il  y  a  lieu  de  croire  que  le 
receveur  de  la  Nation  aura  fait  rentrer  les  sommes  considérables 
qui  étaient  dues  à  la  ci-devant  communauté  des  Ursulines  lors  de 
la  sortie  des  rehgieuses,  au  désir  des  états  attachés  à  leur  requête 
déposée  le  21  janvier  dernier. 

«  Au  surplus,  les  exposantes  ont  obtenu  leurs  certificats  de  rési- 
dence exigés  par  la  loi. 

'  Mesare  générale  appliquée  aux  pensionnaires  de  TEtat,  Dép.  Q,  16  octobre 
1792,  f.  15. 


ET   LE    GOUVICNT   DES  URSUUNKS    DK  NANTBS  H 

tt  Qu*ii  VOUS  plaise,  Citoyens  administrateurs,  ayant  égard  à  ce 
que  devant  exposé,  arrêter,  qu'elles  seront  sans  retardement  payées 
des  deux  quartiers  de  janvier  et  d'avril  de  leurs  traitements.  » 

Ces  retards  dans  les  payements  des  pensions  étaient  alors  chose 
assez  commune.  Les  impôts  ne  rentraient  pas,  et  la  ressource  per- 
pétuelle et  toujours  la  même  était  la  planche  aux  assignats.  L'in- 
surrection vendéenne  ajoutait  encore  au  désordre  de  l'administra- 
tion et  à  celui  des  finances. 

Au  moment  où  la  Société  d'Archéologie  de  la  Loire- Inférieure 
entreprend  de  faire  l'histoire  des  monuments  et  des  rues  de  la  ville 
de  Nantes,  quelques  notes  sur  la  destination  donnée  aux  bâtiments 
du  couvent  pendant  la  révolution  ne  seront  pas  déplacées  dans  ce 
travail. 

Jusqu'à  la  fin  d'avril  les  gardiens,  établis  par  le  District  au  mo- 
ment de  l'évacuation  du  couvent,  l'avaient  seuls  habité.  Le  a  mai 
1793,  le  Comité  central,  formé  de  membres  de  chacune  des  admi- 
nistrations, avec  pouvoirs  de  prendre  toutes  les  mesures  nécessitées 
par  rétat  d'insurrection  d'une  partie  du  département,  décida  qu'il 
serait  transformé  en  caserne.  Le  général  Gallibert  fut  chargé  de 
faire  préparer  les  salles  et  d'y  monter  des  lits.  Les  scellés  mis  sur 
les  chambres  furent  levés^  et  tous  les  meubles  furent  transportés  au 
couvent  de  la  Visitation  pour  y  être  vendus  aux  enchères  dans  la 
journée  du  8  mai;  u  sans  s'arrêter  rigoureusement  aux  dispositions 
des  lois  nouvelles  rendues  pour  cet  objet'.  » 

Il  restait  encore  une  partie  de  la  maison  qui  motivait  la  présence 
d'un  gardien  ;  cdtte  partie  fut  occupée  par  une  compagnie  de  cava- 
lerie d'Ille-et-Vilaine^  le  8  juin,  et  le  gardien  congédié  reçut  une  in- 
demnité de  vingt  sous  par  jour*. 

Le  District,  sollicité  de  livrer  la  chapelle  afin  d'en  faire  un  ma- 
gasin pour  le  ai*  régiment,  refusa^  le  3i  juillet  1793,  de  crainte, 
porte  la  délibération^  d'engager  sa  responsabilités. 

Durant  l'hiver  de 93  à  94,  un  hôpital  militaire  dit  de  VEgaliié  fut 
établi  dans  le  couvent. 

<  Départ.  Q,  &  mai  1793,  f.  158.  ~  District  6  mai  1793. 
s  District,  6  juin  1793. 
s  Eod,  Si  juillet  1793. 


12  LA    MÈRE   BERTHBLOT 

Les  soldats  cantonnés  avaient  pillé  les  jardins  ;  aussi  n*est-il  pas 
étonnant  qu'un  citoyen  nommé  Tourmeau,  qui  s'était  rendu  adjudi- 
cataire, moyennant  trois  milles  livres^  de  la  récolte  des  fruits,  vins 
et  légumes  de  Tenclos,  ait  demandé  une  diminution  du  prix  de  son 
adjudication.  Il  lui  fut  répondu  qu'U  devait  connaître  cette  situa- 
tion quand  il  avait  soumissionné'. 

Il  ne  parait  pas  que,  durant  les  années  qui  suivirent,  le  couvent 
ait  été  occupé  par  un  service  public. 

Le  i3  floréal  an  V,  j4  avril  1797,  un  membre  de  l'administration 
appela  l'attention  de  ses  collègues  sur  le  projet  qui  avait  été  formé 
de  transformer  en  jardin  botanique  l'enclos  des  ci*devant  Ursulines 
qui  était  tombé  dans  un  état  complet  de  dégradation.  On  se  borna 
à  décider  que  l'on  s'occuperait  de  tirer  le  meilleur  parti  possible  du 
foin  et  des  fruits. 

LorsquUl  fut  question  de  l'établissement  à  Nantes  d'une  Ecole 
centrale,  maison  d'instruction  secondaire  destinée  à  remplacer  les 
nombreux  collèges  de  l'ancien  régime,  qui  avaient  été  détruits  par 
la  Révolution,  aucun  édifice  de  la  ville  ne  parut  plus  apte  que  le 
couvent  des  Ursulines  k  recevoir  cette  destination,  malgré  d'impor- 
tantes  dégradations^  auxquelles  il  ne  fut  remédié  qu'en  l'an  Vil. 
Les  cours  de  l'Ecole  centrale  furent  ouverts  le  i*'  messidor  an  IV 
19  juin  1796.  et  durèrent  jusqu'à  la  fermeture  de  cette  école  le  T' 
messidor  an  XII,  ao  juin  i8o4'. 

Peu  après  le  lycée  remplaça  l'école  centrale,  et  l'ancien  couvent 
n'a  été  démoli  que  pour  faire  place  au  nouveau  lycée. 

Les  pensions  furent  payées  aux  religieuses  plus  ou  moins  régu- 
lièrement pendant  les  trois  premiers  quarts  de  Tannée  1793,  mais 
elles  cessèrent  de  l'être  à  partir  d'octobre.  La  Convention  avait  dé- 
crété, le  3  de  ce  mois,  et  le  9  nivôse  an  II,  29  décembre  1793,  que 
les  fiUes  des  congrégations  qui  n'avaient  pas  prêté  le  serment  cons- 
titutionnel étaient  déclarées  déchues  de  leurs  pensions  de  retraite'. 

*  Départ.  Q,  24  pluviôse,  an  II. 

*  Etude  sur  V Ecole  centrale  de  Nantes^  par  M.  More),  Annales  de  la  So- 
ciété académique  de  Nantes ^  1S82. 

s  DuYergier,  Collection  de  lois,  première  édition,  T.  Il,  '-^53  et  445. 


KT  LE  COUVKNT  bK8  URSULINKS  UK  NANTES        13 


CHAPITRE  V 

Caractères  de  la  persécution  révolutionnaire.  —  Motifs  apparents  et  motifs  réels 
des  sentences  de  mort  rendues  contre  les  fidèles  catholiques.  —  La  mère  Ber- 
theiot  recueillie  par  Madame  Lamelle  à  la  sortie  du  cloître;  son  séjour  à 
Oudon  et  au  Loroux  dans  les  propriétés  de  M"«  Laruelle.  -*  Sa  fuite  sur  la 
ri^e  droite  de  la  Loire  en  octobre  1793.  —  Son  arrestation  dans  la  commune 
de  Ligné.  —  Son  emprisonnement  à  Ancenis.  »  Dénonciation  dirigée  contre 
elle.  —  Interrogatoires  subis  par  elle  à  Ancenis  les  ao  et  ai  janvier  179/1.  — 
Son  transfèrement  à  Nantes  dans  la  maison  de  Saint-Charles,  et,  peu  après, 
dans  la  prison  du  Bouflay.  —  Sa  comparution  devant  le  tribunal  révolution- 
naire. —  Sa  condamnation  i  mort  par  ce  tribunal.  —  Motifs  de  sa  condamna- 
tion. —  Traditions  sur  son  exécution,  pieusement  recueillies  et  conservées 
par  ses  compagnes. 

Déjà  une  législation  cruelle  menaçait  de  mort  les  prêtres  réfrac- 
taires  errant  sur  le  territoire  de  la  république,  et  le  moment  était 
proche  où  la  moindre  manifestation  de  la  foi  catholique  exposerait 
8OQ  auteur  à  être  dénoncé  comme  suspect,  qualification  fâcheuse, 
suffisante  pour  provoquer  l'emprisonnement,  et  qui  conduisit  à 
l'échafaud  un  certain  nombre  de  fidèles. 

La  persécution  révolutionnaire  eut  les  mêmes  caractères  que  les 
persécutions  exercées  par  les  empereurs  païens  aux  temps  héroïques 
des  premiers  chrétiens.  Si  les  supplices  matériels  n'eurent  pas  les 
mêmes  raffinements  de  cruauté^  des  tortures  morales  de  toutes  sortes 
furent  infligées  à  ceux  et  à  celles  qui  furent  noyés,  décapités  ou  fu- 
sillés. Les  églises  furent  fermées  ou  consacrées  fi  des  usages  tempo- 
rels, les  objets  du  culte,  les  vases  sacrés^  furent  vendus  et  profanés, 
les  biens  des  prêtres  et  des  religieux  furent  confisqués,  et,  comme 
aux  premiers  siècles ,  ces  mêmes  traitements  furent  infligés  aux 
personnes,  en  haine  de  la  foi,  et  à  défaut  de  déclarations  qui  étaient 
considérées  par  l'Eglise  comme  des  actes  d'apostasie. 

Sauf  pour  les  prêtres  réfractaires,  les  condamnations  capitales 
prononcées  contre  des  fidèles  ne  le  forent  jamais  expressément  pour 


14  LA  MÈRB   BBATHBLOT 

cause  de  religion.  Au  moment  ou  il  opprimait  la  foi  avec  le  plus 
d'intolérance,  le  gouvernement  républicain  affectait  de  proclamer 
la  liberté  de  conscience,  mais  les  juges  n'avaient  que  l'embarras  du 
choix  des  motifs  qui  leur  permettaient  de  légaliser  les  sentences  des 
accusés  qu'ils  voulaient  envoyer  à  la  mort.  Il  y  avait  mille  façons 
de  travailler  au  plus  grand  crime  qui  se  put  commettre,  au  réta- 
blissement de  la  royauté.  Les  uns  y  avaient  travaillé  en  émigrant, 
les  autres  pour  avoir  simplement  correspondu  avec  des  émigrés. 
Certains  furent  convaincus  d*y  avoir  travaillé  par  de  simples  pa- 
roles, et  comme,  en  réalité,  on  savait  bien  que  tous  les  catholiques 
haïssaient  le  régime  républicain  qui  proscrivait  leur  religion,  et 
qu'ils  n'attendaient  son  rétablissement  que  de  celui  de  la  royauté, 
la  propension  des  juges  révolutionnaires  était  grande  à  transformer 
en  délits  politiques  les  moindres  manifestations  religieuses. 

Dans  les  départements  de  l'Ouest,  et  particulièrement  à  Nantes 
et  à  Angers,  centres  principaux  du  pays  insurgé  pour  obtenir  la 
liberté  de  ses  autels,  tout  acte  religieux  pouvait,  à  la  rigueur,  être 
regardé  comme  un  acte  de  complicité  avec  les  rebelles,  mjs  hors  la 
loi  pour  le  seul  fait  d'avoir  porté  les  armes  contre  la  république. 
Si,  dans  d'autres  départements,  et  à  Paris  surtout,  on  rencontre 
comme  motifs  de  condamnation^  la  participation  à  de  prétendues 
conspirations,  à  Nantes  et  à  Angers^  le  considérant,  incessamment 
reproduit  dans  toutes  les  sentences,  est  une  participation  directe 
ou  indirecte,  matérielle  ou  morale,  à  l'insurrection. 

Tel  fut  le  prétexte  de  la  condamnation  à  mort  prononcée  contre 
la  sœur  Berthelot  par  le  tribunal  révolutionnaire  de  Nantes. 

Sortie  de  son  couvent  en  même  temps  que  ses  compagnes,  elle 
n'avait  pas  tardé  k  trouver  un  refuge  chez  une  de  ses  tantes, 
nommée  M™*  Laruelle.  Née  Baziilais,  comme  sa  mère,  M""*  Laruelle 
habitait  la  paroisse  de  Doulon',  et  vraisemblablement  leur  amitié 
datait  de  loin. 


*  Cette  double  circonstance,  du  nom  porté  par  M**  Laruelle  avant  son 
mariage,  et  de  son  domicile  dans  la  paroisse  de  Doulon,  est  révélée  dans 
une  délibération  du  District  de  Nantes,  du  21  février  1791,  qui  eut  à  statuer 
sur  la  propriété  contestée  d'un  banc  dansTéglise  de  Doulon. 


RT  LE  GOUVICNT   DES   URSULINBS   DE   NANTES  15 

M°^*  Laruelle  peu  après  s'établit  à  OudoD  ;  la  mère  Berlhelot  l'y 
suivit.  Restées  toutes  deux  à  Oudon  jusqu'au  mois  de  juillet  1793» 
elles  se  retirèrent  ensemble  dans  une  propriété  nommée  la  Brigol- 
lière,  appartenant  à  M"'""  Lamelle  et  située  à  une  lieue  et  demie  du 
bourg  du  Loroux-Bottereau.  Cette  commune  était  alors  occupée 
par  les  insurgés.  Après  la  bataille  de  Gholet,  lorsque,  les  16  et  17 
octobre,  Tannée  républicaine  envahit  le  pays,  les  habitants  s'en- 
fuirent vers  le  nord,  et,  imitant  la  grande  armée  vendéenne  qui 
passa  la  Loire  à  Saint-Florent-le-Vieil,  ils  se  répandirent  dans  les 
communes  de  la  rive  droite  de  la  Loire  avoisinant  Ancenis.  La 
mère  Berthelot  erra  dans  ces  communes  pendant  trois  mois^  se 
cachant  dans  les  maisons  où  on  voulait  bien  lui  donner  asile^  quand, 
le  17  janvier  1794,  elle  fut  arrêtée  au  village  de  Chalonges  dans  la 
commune  de  Ligné.  Conduite  à  Ancenis,  elle  y  fut  emprisonnée 
comme  suspecte.  Des  charges  furent  produites  contre  elle  dans  une 
dénonciation  dont  voici  le  texte,  relevé  sur  Toriginal,  comme  les 
autres  pièces  dont  copie  va  être  donnée,  et  qui  forment  son  dossier 
conservé  aux  archives  du  greffe  du  tribunal  civil  de  Nantes. 

Extrait  du  Registre  des  Déclarations  faites  au  Comité  de  surveil- 
lance d^ Ancenis  du  23  brumaire  an  IL  (i3  novembre  1793). 

Françoise  Limerson,  épouse  du  citoyen  Piot,  déclare,  qu'ayant  été 
emmenée  de  la  ville  d'Ancenis  par  les  brigands,  le  a8  juin  dernier^ 
et  constituée  prisonnière  à  Champtoceaux,  et,  delà,  à  la  Haie-Botte- 
reau,  commune  du  Loroux,  où  elle  est  restée  jusqu^au  18  octobre 
dernier,  époque  de  sa  délivrance;  que  GuilletS  prêtre  ci-devant 
habitué  de  Sainte-Radegonde,  paroisse  du  Loroux-Bottereau,  est 
resté  caché  avant  le  mois  de  mars  dernier  dans  un  rocher,  près 
d'un  ruisseau  appelé  la  Divatte  ;  que  son  confident  était  le  meu  • 
nier  du  moulin  à  eau  situé  sur  le  même  ruisseau,  au-dessous  du 
pont  qili  conduit  de  Landemont  à  la  Haie-Bottereau  ;  que  ce  meu- 

*  Guillet,  (Denis-Martin),  né  à  Bouguenais,  titulaire  du  bénéfice  de  Sainte* 
Radegonde,  paroisse  du  Loroux-Bottereau  ;  resté  caché  dans  le  pays  pen- 
dant la  Révolution  ;  mort  vicaire  du  Loroux  le  18  mai  1809. 


16  LA  MÈRE  BfcCHTHKLOT 

Dier  a,  en  outre^  un  moulin  k  vent  sur  la  lande  près  de  Sainte- 
Radegonde  :  ce  meunier  doit  se  nommer  Gaudier  (ou  Gandier)  ; 
qu'elle  a  vu  ledit  Guillet,  pendant  qu'elle  était  prisonnière  k  la 
Haie-Bottereau,  ainsi  que  Estafel  de  Bonnœuvre,  les  deux  frères 
Barbet  d'Ancenis,  dopt  l'un  est  prètreS  Rouxeau*,  prêtre  de  Mé- 
sanger,  Massonnet^  ci-devant  curé  de  Ligné,  Rousseau,  le  bossu^ 
d'Ancenîs,  Bernard,  tanneur  d'Ancenis,  d'Esigny,  père  et  fils*,  de 
Mésanger,  les  deux  frères  Viau,  dits  la  Romerais',  du  Loroux- 
BoUereau,  Lyrot,  chef  de  brigands»  et  sa  fille,  Flavigny,  de  la  ci- 
devant  Ghampagîie,  la  fille  Berlhelol,  ex-religieuse  des  Ursulines 
de  Nantes  ;  que  ces  personnages  tenaient  leurs  conciliabules  chez 
Tiger*^  du  Loroux-Boltereau»  où  était  établie  leur  résidence. 
Certifié  conforme  au  Registre.  Signé  :  Gollisieau,  secrétaire. 

Sur  celle  dénonciation»  le  Comité  révolutionnaire  d*Ancenis  or- 
donna que  la  mère  Berthelot  serait  interrogée. 
Son  interrogatoire  fut  ainsi  libellé  : 

*  Barbot.  (Alexis-Thomas),  vicaire  de  CouffA  ;  suivit  l'arméo  vendéenae; 
eut  le  boDheur  de  découvrir  dans  un  fourgon,  les  reliques  volées  à.  la  cathé- 
drale du  Mansi  et  les  sauva.  Curé  de  Mauves  en  18SU;  se  retira  peu  après 
à  Champtoceaux  chez  son  frère  aine,  officier  des  armées  vendéennes  et  y 
mourut  le  22  décembre  1831. 

'  Rouzean  (Krançoia),  vicaire  de  Mésanger.  puis  curé  constitutionnel  de 
cette  paroisse;  rétracta  son  serment  vers  1793;  curé  de  Saint-Mars-du-Désert 
en  1803  ;  mort  à  Mésanger  le  9  avril  1809. 

>  Massonnet,  (Clair;,  curé  de  Ligné  depuis  1778.  11  y  avait  trois  prêtres  de 
ce  nom,  tous  les  trois  frères,  et  nés  à  la  Basse-Indre.  Clair,  ouré  de  Ligné, 
ainsi  que  son  frère  François  avaient  pris  des  passeports  pour  fiilbao  en 
1792.  Tous  les  deux  sont  morts  successivement  titulaires  de  la  cure  de  Ma- 
checoul,  Clair,  le  13  janvier  1813.  François,  le  12  mai  t8l7.  Si,  vraiment,  le 
curé  de  Ligné  se  trouvait  au  Loroux  en  17V3,  il  faut  en  conclure  qa*iln*avait 
pas  quitté  la  France,  ou  qu*il  y  était  rentré  peu  après  sa  déportation.  Le 
troisième.  Louis  Massonnet,  est  mort  curé  de  Saint-Méme  en  1829.  Voir 
Le  diocèse  de  Nantes  pendant  la  Révolutûm,  t.  ii. 

*  Blondin  d'Esigny,  sa  femme  et  son  fils,  turent  condamnés  k  mort  le 
\"  pluviôse,  co  janvier  1794  ;  La  justice  révolut.  à  Nantes  et  dans  la  Loire- 
Inférieure,  par  A.  Lallié,  p.  117. 

*  Viau.  Jacques,  dit  Du  pé -Ko  m  me  rais ,  conJamné  à  mort  le  13  nivùse 
an  II,  2  janvier  1794. 

*  i^iu*  Tiger,  sa  fille  et  son  fils  furent  condamnés  k  mort  par  la  commission 
Lenoir  le  14  pluviôse  an  II,  4  février  1794.  La  justice  révolut.  p.  182. 


BT  LE   COUVENT   DES   UR8ULINES  DE   NANTES  17 

«  L^an  deux  de  la  République  française  une  et  indivisible,  le  i^' 
pluviôse  (dimanche,  ao  janvier  1794). 

«  Le  Comité  de  surveillance,  séant  à  Ancenis,  a  fait  venir  de  la 
maison  d'arrêt  une  femme  ;  les  questions  suivantes  lui  ont  été  faites 
par  Guichard,  Tun  des  membres  à  ce  commis. 

Demande,  —  Quels  sont  vos  noms,  âge,  profession  et  demeure  ? 

Réponse.  —  Je  me  nomme  Angélique  Prudence  Berthelot,  âgée 
de  48  ans  passés  ;  je  suis  religieuse  aux  Ursulines  de  Nantes  ;  j'ai 
demeuré  depuis  le  mois  de  novembre  179a,  chez  la  dame  veuve  la 
Ruelle  ma  parente. 

D.  —  Depuis  le  mois  de  novembre»  où  vous  êtes  entrée  chez  la 
daoQe  la  Ruelle,  qu'êtes- vous  devenue  ? 

/?.  —  Je  suis  restée  chez  la  dame  la  Ruelle  jusqu'au  commence- 
ment  de  juillet  dernier  ;  je  l'ai  suivie  au  Loroux-Bottereau  en  une 
terre  nommée  la  Brigollière  qui  lui  appartient,  où  nous  sommes 
restées  jusqu'à  Tépoque  du  17  ou  18  octobre  dernier,  que  nous 
avons  passé  la  Loire  avec  l'armée  des  brigands^  vis-à-vis  la  ville 
d'Ancenis,  sans  avoir  d'autre  dessein  que  de  nous  rendre  à  Oudon. 

/>.  —  Quand  avez- vous  été  arrêtée,  par  qui  et  pourquoi  ? 

i?.  —  Je  fus  arrêtée  vendredi  dernier  par  les  citoyens  de  la  com- 
mune de  Ligné,  au  village  de  Chalonges,  parce  que  j'étais  cachée 
chez  Levêque,  laboureur. 

/).  —  Depuis  quand  demeuriez-vous  dans  la  commune  de  Ligné? 

B.  —  Je  l'ignore  ;  j'allais  et  venais  dans  les  différentes  communes 
circon  voisines. 

D.  —  Avez-vous  suivi  l'armée  des  brigands  qui  s'est  portée  à 
Château-Gonthier,  la  Flèche,  Laval,  le  Mans  et  fiutres  villes? 

R.  —  Non. 

D.  —  Avez-vous  dit  la  vérité? 

R.  —  Oui. 

Lecture  faite  de  son  interrogatoire  a  dit  qu'il  contient  vérité  ;  n'y 
vouloir  ni  augmenter  ni  diminuer,  et  a  signé. 

Signé  :  Angélique-Prudence  Bertuelot,  Luneau,  Guichard. 

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TOME   XVI.    —   NOTICES  —  XVl*^   ANNÉE,  l""*   LIV.  2 


18  LA  MËRB  BBRTHËLOf 

é 

Quelques  jours  après  elle  subit  un  second  interrogatoire  : 

Le  6  pluviôse  an  II  fa5  janvier  1794)  de  la  République  une  et  in^ 
divisible,  le  Comité  de  surveillance  a  fait  revenir,  de  la  maison  d'ar- 
rêt dans  le  lieu  de  ses  séances^  Ângélique-Prudjsnce  Berthelot,  ex- 
religieuse Ursuline,  qui  a  répondu  comme  suit  aux  nouvelles  ques- 
tions qui  lui  ont  été  faites. 

D,  —  Pendant  votre  séjour  aU  Loroux-Bottereau  vous  étes*vous 
toujours  tenue  à  la  BrigoUîère,  chez  votre  tante  veuve  Laruelle  ? 

B,  —  Oui. 

D.  —  Avez* vous  vu,  pendant  voire  séjour  à  la  BrigoUière,  Mas- 
sonnet,  ex  curé  de  Ligné,  Rousseau,  prêtre  de  Mésanger,  Barbot, 
prêtre  de  GoufTé,  et  son  frère  laïque,  d'Esigny  père  et  fils^  les  deux 
frères  Viau  dits  Laromerais,  Lyrot  de  la  Patouillière,  Flavigny  ? 

/?.  —  Non.  Je  ne  sortais  pas,  je  ne  voyais  personne  ;  il  se  peut 
cependant  que  j'aie  vu  passer  les  gens  dont  vous  me  parlez,  comme 
j'allais  à  Téglise  ;  je  ne  les  connaissais  que  de  nom. 

D,  —  N'avezvous  jamais  assisté,  avec  les  particuliers  qu'on 
vient  de  vous  nommer,  aux  conseils  que  les  rebelles  tenaient  chez 
Tiger  au  Loroux  I 

R.  —  Non. 

D,  —.  Connaissez-vous  Tiger  et  niez-vous  vous  être  trouvée  chez 
lui  dans  la  compagnie  des  ci-dessus  dénommés  ? 

R,  —  Je  Connais  Tiger  de  figure;  je  conviens  que  je  suis  allée 
chez  lui,  mais  le  plus  rarement  possible  et  parce  qu'il  m'y  invitait. 

D.  —  Le  connaissez-vous  particulièrement  ? 

B.  —  Non  ;  et  s'il  m'a  invitée  une  ou  deux  fois  à  diner,  c'est  par 
pure  honnêteté,etparce  que  la  maison  delà  BrigoUière  était  éloignée 
de  près  de  demi-lieue  de  l'église. 

/).  —  Avez-vous  vu  au  Loroux  un  nommé  GuiUet,  prêtre  ha- 
bitué de  Sainte-Radegonde  de  Nantes^ 

B.  —  Oui,  je  lai  vu  à  l'église;  au  reste,  je  nie  m'être  trouvée  à 
des  conseils  chez  Tiger,  avec  ceux  que  vous  m'avez  nommés,  quoi- 


1  Erreur  :  M.  Guillet  était  prêtre  habitué  du  prieuré  de  Sainte-Radegonde, 
près  le  Lorouz-Bottereau. 


fiT  LE  COUVBNT  D£S  URSULINKS  DE   NANTES  lÔ 

V 

que  j'en  aie  effectivement  vu  quelques-uns  que  je  connaissais  seu- 
lement de  nom  et  de  figure. 

Lecture  faite  des  réponses  et  questions,  elle  a  dit  y  persister  et 
a  signé. 

Signé  :  Angélique-Prudbnge  Berthelot,  Laheu. 

A  quelle  époque  la  mère  Berthelot  fut  elle  amenée  d'Ancenis  à 
Nanties,  pour  y  être  jugée?  Aucun  document  ne  nous  l'apprend. 
Tout  ce  que  Ton  peut  savoir,  c^est  que,  sur  le  registre  d'écrou  de 
la  prison  du  Bouffay,  elle  est  portée,  à  la  date  du  1 1  ventôse  an  11^ 
i«'  mars  1794,  f*  lao,  comme  venant  de  Thôpital  Saint-Charles. 

Cet  hôpital,  comme  l'indique  son  nom,  avait  été  établi  dans  la 
maison  des  religieuses  de  Sainl-Charles,  vraisemblablement  située 
entre  les  rues  Saint -Clément^  Saini-Rogatien  et  des  Orphelins,  dans 
la  ruelle  qui  porte  encore  le  nom  de  Saint-Charles. 

Il  arrivait  souvent  qu*on  enfermât  des  prisonniers  dans  les  hôpi- 
taux, à  cause  du  grand  encombrement  des  prisons,  et  de  fait,  à  ce 
moment,  la  prison  du  Bon-Pasteur,  spécialement  affectée  aux 
femmes,  regorgeait  de  prisonnières. 

L'usage  était  de  transférer,  dans  la  prison  du  Bouffay,  voisine  du 
local  du  tribunal  révolutionnaire  et  du  lieu  des  exécutions^  les  pré- 
venus qui  devaient  être  traduits  devant  ce  tribunal,  et  c'est  ainsi 
que  la  mère  Berthelot  avait  été  amenée  et  écrouée  au  Bouffay,  le 
II  ventôse  an  II,  i*'  mars  1794. 

Elle  fut  appelée  le  lendemain  à  comparaître  devant  le  tribunal 
révolutionnaire  présidé  par  Lepeley,  auquel,  sur  Tordre  de  Carrier, 
Phelippes  avait  dû  céder  ses  fonctions  de  président.  Aucun  avocat 
n'était  admis  à  présenter,  devant  le  tribunal  révolutionnaire  de 
Nantes,  la  défense  des  accusés. 

Les  charges  produites  contre  elle  sont  résumées  en  termes  abrégés 
et  presque  illisibles,  par  le  greffier,  sur  un  chiffon  de  papier,  dans 
Tordre  ci-après  : 

TÊMOiifs  : 

lo  Françoise  Limerson,  femme  de  Piot,  administrateur  du  conseil 
du  District  d'Ancenis  :  lorsqu'elle  fut  conduite  en  prison  (à  Champ. 


20  Li   MÈRE  BfiRTHBLOT 

toceaux)  déclare  qu'elle  a  vu  l'accusée  dans  ce  pays,  où  elle  avait 
été  transférée  ;  puis,  elle  Ta  connue  chez  la  Desroussières  ;  elle  a 
été  k  la  Haie-Bottereau  où  elle  vit  encore  l'accusée  avec  Dufresuy  ; 
qu'elle  était  habillée  en  religieuse. 

a'  Marie  Plonneau,  femme  de  Viilemain,  menuisier  à  Ancenis, 
3;  ans,  déclare  que,  lorsqu  elle  fut  amenée  prisonnièi^,  elle  a  vu 
l'accusée  chez  la  Desroussières  à  Ghamptoceaux  ;  qu'elle  élait  alors  en 
son  costume  de  religieuse  avec  une  croix  à  soû  côté  ;  que  cependant 
elle  ignore  que  ce  fût  l'accusée. 

3^  Mathurin  Gosnuel,  44  ans,  à  Oudon,  déclare  avoir  vu  l'accusée 
chez  Lamelle  ;  que«  lors  de  Tévacualion  d'Oudon^  il  se  retira  à 
Nantes,  et  que,  iorsqull  s'en  retourna,  il  apprit  que  la  maison 
Laruelle  avait  passé  avec  les  brigands. 

4*  Julien  Richard,  3a  ans,  directeur  de  la  Poste,  dit  que  lors  de 
la  sortie  des  religieuses,  elle  se  retira  chez  Lamelle,  et,  que,  quelque 
temps  après,  il  appiit  que  tous  les  habitants  de  cette  maison  avaient 
passé  avec  les  brigands  avec  leurs  eflets  et  bestiaux. 

Ces  dépositions  orales,  en  admettant  que  le  grefûer  les  ait  fidè- 
lement reproduites,  atténuaient  plutôt  qu'elles  ne  grossissaient  la 
prévention  résultant  de  la  première  dénonciation ,  puisqu'elles 
étaient  muettes  sur  les  relations  de  la  sœur  Berthelot  avec  les 
chefs  insurgés  ;  néanmoins  elles  confirmaient  le  fait  qu  elle  avait 
conservé  son  costume  religieux,  et  elles  insistaient  sur  cet  autre 
fait,  qu'à  deux  reprises  difiérentes,  elle  avait  fui  les  lieux  occupés 
par  les  troupes  républicaines  pour  suivre  les  insurgés. 

Ce  reproche  pouvait  être  adressé  k  une  foule  d'habitants  qui 
avaient,  comme  elle,  quitté  Oudon  pour  le  Loroux-Bottereau,  et  le 
Loroux-Bottereau,  pour  les  paroisses  avoisinant  Ancenis,  après  le 
passage  de  la  Loire  par  la  grande  armée,  et  qui  ne  furent  point 
traduits  devant  le  tribunal  révolutionnaire. 

Restait  le  fait  d'avoir  conservé  son  costume.  Ce  fut  sur  ces 
dépositions  que  fut  libellé  le  jugement  suivant,  dont  le  dispositif 
ordonna  que  la  mère  Berthelot  subirait  la  peine  de  mort  dans  le 
délai  de  a4  heures. 

«  Au  nom  du  Peuple  français,du  1 1  ventôse  l'an  II  (i*"' mars  1794) 
de  la  République  française  une  et  indivisible. 


£T  LB   GOUVBNT  DES   URSULINB8   DE  NANTES  21 

n  Les  juges  formaot  le  Tribunal  révolutionnaire  du  Département 
de  la  Loire-Inférieure,  après  avoir  entendu  Goudet,  accusateur 
public,  dans  son  accusation  contre  Angélique-Prudence  Berthelot, 
ci-devant  religieuse  ursuline  de  Nantes,  native  de  Doulon,  district 
de  Nantes,  présente;  lecture  faite,  en  présence  des  témoins  ci  après, 
de  la  loi  du  5  pluviôse,  relative  aux  faux  témoins,  et  en  présence 
de:  deux  commissaires  de  la  Municipalité  de  Nantes.:  Françoise 
Limerson,  femme  de  Piot,  administrateur  du  district  d'Ancenis  ; 
Marie  Pionneau,  femme  de  Villemaiu,  menuisier,  âgée  de  37  ans, 
demeurant  à  Ancenis  ;  Mathuriu  Cosauel,  âgé  de  44  ans,  demeu- 
rant k  Oudon  ;  Julien  Richard,  âgé  de  3^  an3^  directeur  de  la  poste 
àOudon.  témoins  assermentés,  dans  leurs  dépositions  orales  reçues 
eo  présence  de  l'accusée  ;  cette  deriiière  dans  ses  interrogatoires, 
et  Goudet,  accusateur  public,  dans  ses  conclusions,  chaque  juge 
ayant  donné  son  avis  séparément  et  k  haute  voix,  le  président  a 
prononcé  le  jugement  suivant  : 

«  Le  tribunalfd'après  les  dépositions  des  témoins, reconnaissances 
et  aveux  d'Angélique-Prudence  Berthelot,  reconnaît  pour  constant 
que  ladite  Berthelot  est  une  ennemie  prononcée  de  la  république  ; 
qu'elle  a  tenté  et  provoqué  le  rétablissement  de  la  royauté  et  le  retour 
de  Fancien  rpgime  ;  qu'elle  a  toujours  conservé  son  costume  reli- 
gieux ;  qu'elle  a  quitté  un  pays  conservé  par  les  troupes  républi- 
caines et  passé  au  Loroux-Botlereau,  qui  était  en  possession  des 
brigands  ;  que.  dans  ce  repaire  de  scélérats,  elle  a  fait  partie  d'un 
conciliabule  qui  s'est  tenu  chez  Tiger,  chef  de  révoltes  et  émeutes 
contre-révolutionnaires,  et  où  assistaient  journellement  les  nommés 

Guîllet,  Rousseau,  Massonnet  et  Barbot,  prêtres  réfractaires,  ainsi 
que  d'Esigny  père,  d'E^igny  fils,  Lyrot,chef  des  brigands  et  autres 
contre  révolutionnaires  ;  en  conséquence,  le  tribunal  déclare  la  dite 
Berthelot  atteinte  et  convaincue  de  ces  faits  ;  dit  qu'elle  est  contre- 
révolutionnaire  ;  pour  réparation  de  quoi,  la  condamne  à  la  peine 
de  mort,  conformément  aux  lois  des  19  mars,  a8  mars,  10  mai  et 
5  juillet  derniers  ;  déclare  ses  biens  acquis  et  confisqués  au  profit 
de  la  république  ;  ordonne  que,  pour  la  conservation  des  dits,  une 
expédition  du  présent  jugement  sera,  k  la  diligence  de  l'accusateur 


22  LA  MÈRB  BERTHEXOT 

public,  adressée  au  Département,  lequel  jugement  sera  exécuté  de 
jour  et  dans  les  a4  heures,  imprimé  et  affiché  partout  où  besoin 
sera.  Fait  en  l'audience  publique  où  présidait  Lepeley,  et  assistaient 
Lenormand,  Le  Coq,  Davert  et  Pellerin,  juges  du  tribunal  ;  présent 
Goudet,  accusateur  public. 

Signé  au  registre  par  les  cinq  juges,  î^  6b. 

On  a  raconté,  et  cette  tradition,  pieusement  recueillie  par  ses 
compagnes,  est  demeurée  vivante  dans  la  communauté,  que  la 
sœur  Berthelot  aurait  été  condamnée  pour  avoir,  après  sa  sortie  du 
couvent,  continué  d  enseigner  le  catéchisme  aux  enfants.  Inter- 
rogée, a-t-on  dit,  par  les  juges,  elle  déclara  hardiment  qu'elle 
s'était  fait  un  bonheur  de  graver  dans  le  cœur  des  enfants  les  vérités 
de  la  foi  chrétienne.  —  Désavoue,  lui  aurait  dit  lun d'eux, que  tu  as 
enseigné  le  catéchisme  aux  enfants,  et  tu  sauveras  ta  vie.  —  A  Dieu 
ne  plaise,  aurait-elle  répondu,  que  j'évite  la  mort  par  un  mensonge. 
Plutôt  mourir  mille  fois.  —  Au  moins,  ajouta-t-il,  promets  de  ne 
plus  instruire  les  enfants.  —  Moi,  répliqua-t-eile,  faire  cette  pro- 
messe, être  infidèle  i  mes  engagements,  jamais.  » 

Uabbé  Tresvaux  a  consigné  cette  tradition  dans  son  Histoire  de 
la  Persécution  révolutionnaire  en  Bretagne*, 

Il  est  bien  certain  que  la  mère  Berthelot  eut  préféré  mourir  plu- 
tôt que  commettre  un  léger  mensonge.  Il  est  au  contraire  très  peu 
probable  que  la  vie  lui  ait  été  offerte  en  échange  de  la  promesse 
de  ne  plus  enseigner  la  doctrine  chrétienne.  Et  si  j'ai  peine  i  croire 
ce  récit  ce  n*est  pas  parce  que,  ni  Tinstruction  sommaire  ni  le  ju- 
gement n*en  contiennent  la  trace,  c'est  parce  que  une  pareille  dé- 
marche, faite  en  vue  de  sauver  une  accusée,  est  invraisemblable  et 
contraire  aux  pratiques  aujourd'hui  bien  connues  des  agents  de  la 
justice  révolutionnaire.  Qu'un  juge,  accessible  à  la  pitié,  et  scru- 
puleux observateur  de  la  loi,  désolé  d'être  par  la  rigueiK  d'un 
texte,  obligé  de  condamner  un  prévenu  auquel  il  s'intéresse, 
lui  conseille  un  mensonge  qui  lui  permettra  de  l'acquitter,  cela, 
probablement,  a  pu  arriver,  mais  les  juges  révolutionnaires  n'é- 

'  T.  II.  p.  4ft. 


KT  LB   COUVENT   DBS  URSULINBS   DB   NANTES  23 

talent  ni  accessibles  à  la  pitié  ni  scrupuleux  observateurs  de  la  loi. 
Ils  étaient  souverains  appréciateurs  des  causes  qui  leur  étaient 
soumises^  et  pourvu  qu'ils  accrochassent,  au  dispositif  de  leur 
condamnation,  un  lambBaa  de  texte  de  loi,  ils  n*en  demandaient  pas 
davantage.  Us  savaient  bien  quepersonne  ne  leur  reprocherait  leur 
iniquité,  et  que  marne  on  leur  en  tiendrait  compte.  De  plas, 
aucune  loi  n'interdisait  la  pratique  ni  renseignement  de  la  foi 
catholique,de  même  qu'aucune  loi  ne  limitait  la  liberté  de  la  presse. 
Seulement  on  guillotinait,  sous  un  prétexte  quelconque^  ceux  qui 
pratiquaient  et  enseignaient  la  foi  catholique,  et  les  journalistes  qui 
censuraient  les  actes  du  parti  régnant.  Une  apostasie  éclatante,  telle 
qu'aurait  été,  par  exemple,  la  prestation  à  Taudience  du  serment 
constitutionnel,  n'aurait  rien  ajouté  au  pouvoir  qu'avaient  les  juges 
d'acquitter  la  mère  Berthelot,  si  la  pitié  leur  avait  suggéré  de  le 
faire.  Il  leur  aurait  suffi  de  déclarer  que  les  dépositions  4es  témoins, 
ce  qui  était  la  vérité,  avaient  établi  qu'elle  avait  eu  des  relations  avec 
les  rebelles,  mais  nullement  qu'elle  avait  été  leur  complice.  Elle  fut 
condamnée  uniquement  parce  qu'elle  était  religieuse,  parce  qu'elle 
avait  gardé  son  costume,  et  surtout  parce  que  une  telle  condam- 
nation ne  pouvait  manquer  d'être  bien  accueillie  à  la  société  popu- 
lation. 

Condamnée  le  1 1  ventôse  an  II,  i''  mars  1794,  elle  fut  le  lende- 
main  conduite  à  Téchataud  sur  la  place  du  Bouffay,  et  guillotinée 
en  même  temps  qu'un  mesureur  de  charbon  de  Uontretaia,  nonponé 
Goébaud,  qui  avait  été  condamné  à  la  même  audience  qu'elle,  9ous 
la  prévention  d'avoir  pris  part  i  l'insurrection  en  quittant  un  pays 
occupé  par  les  républicains  pour  aller  s'établir  dans  un  pays  bccupé 
par  les  rebelles.  Le  même  jour,  12  ventôse,  fut  aussi  exéciHl;  sûr 
la  place  du  Boufiay,  un  des  chefs  du  pays  de  Retz,  le  plus  mar- 
quant après  Charette ,  Ripault  de  la  Cathelinière.  Il  avait  été 
jugé  lé  jour  même,  et  la  sentence  portait  qu'elle  devait  être  exécutée 
de  suite. 

La  même  Berthelot  marcha  à  l'échafaud  avec  le  courage  et  la  di- 
gnité de  l'innocence,  assurée  de  la  récompence  de  son  sacrifice. 
Elle  avait  une  très  belle  voix  que  le  public  aimait  à  entendre,  chaque 


24  LA   MÈRK   BifiRTHBLOT 

année,  pendant  la  semaine  sainte;  à  l'office  des  ténèbres,  et  on  rap- 
porte qu'elle  gravit  les  degrés  de  Téchafaud  en  chantant  avec  ferveur 
le  cantique  : 

Je  mets  ma  confiance, 
Vierge  en  votre  secours, 
Servez-moi  de  défense 
Prenez  soin  de  mes  jours. 
Et,  quand  ma  dernière  heure 
Aura  fixé  mon  sort, 
Obtenez  que  je  meure 
Delà  plus  sainte  mort. 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  ses  restes  furent  portés  au  cimetière 
du  Grand-Brigantin,  où  étaient  inhumés  à  ce  moment  les  suppli- 
ciés de  la  place  du  BoufTay. 

{A  Suivre)  Alfred  Lallié. 


/  / 


LES   CELEBRITES  INCONNUES 


UN  PETIT-NEVEU  DE  MICHEL  DE  MONTAIGNE 


^^^^^^rf^^^^MM»^^^^^»^ 


RAYMOND  DE  MONTAIGNE 

LlEUTBMAlfT     GÉHÉRAL     à      SAINTES,     ÉYÊQUE     DE      BATON!f  E ,     ETC. 

Suite  (1). 


VII 

Raymond  de  Montaigne  resta  peu  de  temps  abbé  de  Sablon- 
ceaux.Louis  XIII  le  nomma^en  1629,  évêque  de  Bayonne,  pro- 
vince d'Auch^  à  la  place  de  Henri  de  Béthune,  qui,  nommé  le 
1*'  octobre  1626,  avait  passé  à  Maillezaisie  22  mars  1629.  Il  fut 
préconisé  à  Rome,  le  4  mars  1630,  par  le  pape  Urbain  VIII  : 
et  il  songea  à  se  faire  sacrer.  La  bulle  lui  disait  de  choisir  les 
prélats  qu*il  voudrait  ;  il  choisit  d'abord  Tévôque  diocésain. 
C'était  Michel  Raoul  de  La  Ouibourgëre«  qui  avait  été  doyen 
du  chapitre  de  Saintes,  agent  général  du  clergé  de  France, 
promoteur  dans  l'assemblée  de  1608  etdéputé  aux  états  de  161 4 
avec  Raymond  de  Montaigne^  révoque  et  le  président.  Il  était 
évèque  depuis  1618,  et  avait  eu  des  rapports  fréquents  avec  le 
nouvel  élu.  Ensemble  ils  avaient  fondé  les  Récollets. 

Il  s'adressa  ensuite  à  l'évoque  le  plus  voisin  ;  c'était  Henri 

(1)  Voir  la  livraison  de  décembre  1899. 


26  RAYMOND    DE    MONTAIGNE 

dé  Béthune»  qui  se  trouvait  son  prédécesseur  immédiat  sur 
le  siège  de  Bayonne  Henri  deBéthune,  fils  du  duc  de  Charost, 
ambassadeur  de  France  auprès  du  pape  Clément  VIII,  et  de 
Catherine  Le  Bouthiilier  de  Senlis.  Avant  d'avoir  été  sacré 
pour  Bayonne,  il  fut  transféré  à  Maillezais,  siège  épiscopal  qui 
devait  ôtre  un  peu  plus  tard  ("1648^  transporté  à  la  Rochelle.  Il 
avait  tout  récemmentfô  janvier  1630J  reçu  l'onction  des  mains 
de  l'archevêque  de  Paris. 

Au  moment  où  l'on  songeait,  sur  les  conseils  de  saint  Vin- 
cent de  Paul,à  faire  de  La  Rochelle  une  ville  épiscopale  au  dé- 
triment de  Maillezais,  il  fut  appelé  à  Tarchevèché  de  Bordeaux 
(ld48j,  où  il  se  trouva  bientôt,  lui,  calme,  modéré,  au  milieu 
des  agitations  de  la  fronde  qui  le  chassa  de  la  ville,  et  où  il 
ne  revint  qu'après  Torage  et  mourut  en  1680. 

Le  dernier 'prélat  assistant  était  Louis  de  Nogaret  d*Ëper- 
non,  évoque  de  Mirepoix  (3  juillet  1630-1655^^  fils  naturel  de 
Jean-Louis  de  Nogaret^  duc  d'Ëpernon,  de  La  Vallette  et  de 
Caudale,  pair  de  France,  comte  de  Foix  et  vice-roi  d'Aqui- 
taine. Abbé  dlsle-de-Médoc,  diocèse  de  Bordeaux,  il  avait  été 
en  1628  donné  pour  coadjuteur  à  Pierre  de  Donnaud,  évèque 
de  Mirepoix,  avec  le  titre  d*évèque  in  partibus  de  Sébaste,  et 
consacré  le  22  décembre  1629.  Depuis  le 3  juillet  1630,  il  était 
évoque  titulaire  de  Mirepoix  ;  il  passa  en  1656  à  Garcassonne 
où  il  mourut  le  :10  septembre  1679. 

Les  trois  évoques  avaient  accepté  avec  empressement  Tin- 
vitation  de  Raymond  de  Montaigne,  «  mesme  lesdicts  seigneurs 
évèques  de  Mirepoix  et  de  Maillezay^  par  lettres  très  courtoi- 
ses et  honnêtes  ».  Leur  caractère  les  mettait  à  l'abri  de  tout 
soupçon  de  mesquinerie  ou  de  malveillance.  Lavalette  était 
le  fils  d'un  des  meilleurs  amis  de  l'élu  ;  Béthune  montra 
dans  la  suite  une  grande  douceur  et  une  grande  modération  ; 
Raoul,  homme  de  mérite  et  de  zèle,  était  déjà  âgé  et  mourut 
deux  mois  juste  après.  Et  pourtant  un  incident  faillit  au  der- 
nier moment  compromettre  la  fête,  ajourner  le  sacre,  causer 
un  scandale  retentissant.  La  cérémonie   était  fixée   au  di- 


RAYMOND  DK  MONTAIONB  27 

manche  14  janvier  1630.  Mirepoix  et  Maillezais  étaient  arrivés 
le  samedi  13,  et  étaient  descendus  sur  les  5  ou  7  heures  du 
soir  chez  leur  frère  de  demain,  «  en  la  maison  dudit  seigneur 
de  Bayonne  ».  Ils  vont  rendre  leur  devoir  à  l'évoque  du  lieu. 
Au  retour^  sur  les  9  ou  10  heures,  ils  portent  au  seigneur  de 
Bayonne  une  antienne  qu'il  n'avait  peut-être  pas  prévue  : 
Vous  êtes  abbé  deSabloneaux  et  des  Alleux;  vous  êtes  prieur 
des  Essards  et  d'Archingeay  ;  vous  voilà  évoque  de  Bayonne; 
vous  ne  pouvez  rester  président  du  présidial.  Vous  ne  pouvez 
ce  soir  résigner  ces  fonctions  ;  mais  demain,  vous  ferez  «  pu- 
bliquement et  soUempnellement,  sur  les  saints  évangiles,  en 
présence  de  tout  le  corps  de  la  ditte  ville  de  Saintes  »,  ser- 
ment de  vous  défaire  de  votre  charge  de  président,  et  ne 
tenterez,  a  en  auculne  sorte,  de  n'entrer  au  palais  pour 
quelque  cause  que  ce  fust.  » 

La  proposition  était  brusque  et  un  peu  vive,  môme  formulée, 
comncie  elle  dut  Tétre,  en  termes  ménagés  et  polis.  Mais 
Montaigne  se  cabra.  Quoi,  on  lui  imposait  un  serment  et  un 
serment  public  !  on  se  défiait  donc  de  lui  !  A  quoi  bon  ces 
formes  solennelles  ?  Est-ce  que  sa  parole  ne  suffisait  pas  ?  La 
noblesse,  le  clergé,  le  peuple  entier  assemblés  en  foule  seront 
témoins  de  sa  honte!  Lui,  habitué  à  commander,  devait  donner 
des  gages  de  sa  soumission,  peut-être  môme  de  sa  loyauté? 
Il  répondit  donc  «  avec  tout  respect  et  honneur  »,  et  supplia 
les  prélats  «  de  ne  le  traiter  point  avec  cette  rigueur  ;  que, 
quand  ils  auroyent  toute  authorité  sur  luy,  ils  ne  le  debve- 
roient  pas  obliger  à  ce  serment  soUempneU  qu'il  estimoit 
luy  estre  honteux, parce  qu'il  causeroit  aux  assistants  quelque 
mauvaise  et  funeste  impression  de  luy  ».  Et  d'ailleurs,  pour 
quel  motif  exigeraient-ils  un  serment  ?  Il  n'y  a  point  incom- 
patibilité que  le  dict  évesque  fust  juge  ;  par  touttes  les  loix  ce 
cumul  estoit  permis  ;  et  «  la  pratique  en  estoit  tel,  mesme  en 
en  ce  royaume,  où  la  plupart  des  seigneurs  archevesques  et 
évesques  estoient  conseillers  dans  les  parlemens,  et  avolent 
séance  après  les  présidons  avec  yQ\\  délil^érative  et  aulcun 


28  tlAYMOND    DB  MONTAIONB 

avec  droict  de  rapporter  les  procès.  »  N'avait-on  pas  en  France 
«  aucun  de  messeigneurs  les  chancelliers,  gardes  de  sceaux, 
qui  estoyent  évesques  ?  »  Lui  ne  ferait  donc  que  suivre  un 
commun  usage  et  les  exemples  donnés.  Son  droict  est  donc 
évident,  incontestable,  strict.  11  peut  porter  la  toge  et  la  sou- 
tane, tenir  la  balance  et  la  crosse,  bénir  et  condamner.  Cepen- 
dant si  messieurs  de  Saintes,  de  Mirepoix  et  de  Maillezais 
jugeaient  «  que  la  charge  de  président  en  Saintonge  fust  trop 
inférieure  à  la  dignité  épiscopale,  il  estoit  prest  de  leur  donner 
parole  de  s*en  démettre  dans  le  temps  qu'ils  lui  prescri- 
royent.  »  Quant  au  serment,  lui  Testimaît  injurieux  ;  c*  le  ser- 
ment  estoit  de  droict  »  et  Ton  ne  devait  pas  le  demander  pour 
des  choses  «  qui  ne  sont  que  de  bienveillance  ».  Puis  en  vertu 
de  quelle  autorité  veulent-ils  l'obliger  ? 

A  ces  arguments  qui  ont  leur  valeur  que  répondirent  les 
prélats  ?  Montaigne  qui  raconte  la  scène  omet  complètement 
leurs  raisons.  Il  y  avait  des  motifs,  et  certainement  sérieux. 
Trois  personnages  graves  n'auraient  pas  tout  à  coup  suscité 
cette  difficulté,  si  elle  n'eut  été  qu'une  chicane  ?  Ne  les  trou- 
vaient-ils pas  un  peu  dans  le  caractère  de  leur  confrère  ?  Peu 
maniable,  irritable,  entouré  d'ennemis,  environné  de  procès, 
ayant  dans  la  province  un6  grande  situation  et  un  pouvoir 
considérable,  devait-il  être  laissé  exposé  à  la  tentation  de 
mettre  la  puissance  spirituelle  au  service  de  sa  passion  ou  de 
ses  intérêts?  Se  flgure-t-on  le  pontife  voyant  dans  un  plaideur 
heureux  un  fidèle  révolté,  ou  anathématisant  un  justiciable 
qui  a  gagné  contre  lui  ?  Il  y  avait  certainement  en  cause  des 
faits  particuliers,  des  choses  personnelles  que  La  Valette  et 
Béthune  ne  lui  pouvaient  objecter  qu'à  demi  mot,qu'il  dut  sans 
doute  comprendre  et  qu'il  n'a  pas  jugé  à  propos  de  rapporter. 
Il  a  parié  de  «  l'artifice  et  de  la  passion  de  ses  malveillans  », 
qui  seroient  contents  de  le  voir  réduit  à  cette  ^  grande  extré- 
mité ».  Ce  qu'il  ne  dit  pas, on  le  devine.  Les  évoques,  d'ailleurs, 
ont  dû  se  borner  à  des  généralités  et  se  tenir  dans  le  vague  : 
l'intérêt  de  la  religion,  et  de  la  justice  ;  les  difficultés  qui  ré- 
f^ulters^ient  de  cette  accumuIfLtion  dp  dignités  religieuses  et 


RAYMOND  DE  MONTAIGNE  29 

civiles,  de  puissance  spirituelle  et  administrative  ou  judi- 
ciaire. Ils  ne  pouvaient  froisser  ou  affliger  leur  hôte  en  lui 
disant  crûment  :  Tu  es  ille  vir  ;  c'est  vous  qui  êtes  cause  de 
ce  mal.  lis  répliquaient,  par  la  bouche  de  Béthune^  «  qu*il  u*y 
avoit  point  à  distinguer,  qu'il  falloit  que  cela  fust^  qu'ils  vou- 
loient  et  entendoient  que  ce  flst  dans  Téglise  des  pères  ré- 
collels,  en  présence  de  toute  l'assemblée  et  avant  le  sacre  ; 
que  aultrement  ils  estoyent  rézpUus  de  s*en  aller.  »  Mais, 
ripostait  Montaigne,  comment  ce  scrupule  tardif»  vous  est-il 
venu  ?  Vous  saviez  bien  que  j*étais  président.  «  estans  plu- 
sieurs fois  veus  à  Paris  ».  S'ils  avaient  «  volonté  de  lui  faire 
cette  difficulté,  ils  la  luy  debvoient  mander  avant  de  venir,  » 
et  ne  pas  «  luy  promettre  d'assister  à  son  sacre,  s'ils  le  vou- 
loyenttraicterde  telle  sorte.  »  A  présent,  c'est  trop  tard; 
neuf  ou  dix  heures  seulement  les  séparent  de  la  cérémonie  : 
«  tous  les  corps  de  Téglise,  de  la  noblesse,  de  la  justice,  de  la 
maison  de  ville  et  de  l'élection  dudit  Xaintes  estoyent  tous 
priez  et  advertis  ;  et  quantités  de  puissants  hommes  delà 
province  estoyent  arrivez  pour  y  assister.  »  C'est  le  moment 
qu'on  a  attendu  pour  lui  poser  une  condition  inacceptable  l 
Il  ne  peut  admettre  cette  pression^  et  ne  jurera  pas. 

Il  était  une  heure  du  matin,  et  la  discussion  ne  se  termi- 
nait pas.  Henri  de  Béthune  déclara  a  qu'il  estoit  rézollu  de 
s'en  aller  »  :  il  sortit  de  la  chambre  et  demanda  son  carrosse. 
Alors  «  ledict  seigneur  de  Bayonne,  ne  pouvant  par  aucune 
raison  et  prière,  destourner  ledit  seigneur  de  Maillezaisde 
sa  rézollution,  auroit  esté  contrainct  et  forcé  de  luy  dire  qu'il 
feroitce  qu'il  voudroit  ».  L'affaire  est  donc  réglée  et  l'on  peut 
procédera  la  consécration.  Or  voilà  bien  où  parait  le  robin 
versé  dans  les  arguties  du  palais.  Il  prêtera  le  serment  qu'on 
exige  ;  mais  il  le  prêtera,  le  couteau  sous  la  gorge  :  et  son 
serment  sera  nul  et  de  nulle  valeur.  De  grand  matin,  il  mande 
maître  Verjat,  notaire  royal  en  Saintonge,  celui  qui  instru- 
mente et  minute  pour  lui  et  sa  famille, 

Et  qui  jure  pour  lui  quand  il  en  a  besoin  ; 


30  haymond  de  montaiûnb 

puis  trois  témoins  Pierre  Lepau»  greffier  de  la  chambre  du 
siège  présidial,  «  honorable  homme  Pierre  Mestreau,  avoeai 
en  la  cour  »  !  et  Nicolas  Gombaud,  prieur  de  Soubise,  plus 
tard  prieur  de  Meursac  et  chanoine  de  Saint-Pierre  ;  Téglise, 
le  barreau,  le  tribunal.  Il  dicta, Verjat  écrivit 

Ce  que  je  viens  de  mfionter'. 

Puis  il  protesta  quMl  n'avait  promis  et  qu'il  ne  jurerait  que 
«  pour  éviter  le  grand  scandale  que  cela  apporterait,  le  dé- 
sordre, confusion  et  honte  que  cela  luy  causeroit,  qu'il  ne 
sera  tenu  d'observer»  un  serment  qui  n'a  jamais  été  exigé, 
et  qu'exigent  des  «  personnes  qui  n'ont  aulcune  autorité  de  le 
faire,  et  contre  tout  ordre  et  raison  ».  Il  déclara  que  «  le  dit 
serment  ne  luy  pourra  nuyre  et  préjudioier  en  façon  quel- 
conque »,  Cependant  il  était  «  prest  à  se  desmettre  de  sa 
ditte  charge  de  président,  lorsqu'il  plaira  au  saint  père,  au 
roy,  à  nos  seigneurs  les  prélats  de  France  luy  ordonner.  » 
S'étant  ainsi  mis  en  règle,  sinon  en  paix,  il  fut  sacré  en  grande 
pompe  dans  cette  église  des  Récollets  qu'il  avait  bâtie,  où 
depuis  1628  il  avait  choisi  sa  sépulture  et  où  il  repose  encore 
maintenant. 

VIII 

Le  nouvel  évoque  de  Bayonne  qui,  le  30  mai  précédent, 
constituait  un  procureur  pour  se  présenter  devant  le  roi,  et 
prêter  en  son  nom  le  serment  requis,  vu  «  les  urgentes 
affaires  qui  requièrent  sa  présence  audict  Bayonne,  où  il  faut 
qu'il  se  transporte  au  plus  tôt,  »  l'évoque  de  Bayonne  ne  se 
hâta  pas  trop  cependant  de  se  rendre  à  sa  nouvelle  résidence. 
Il  avait  aussi  des  affaires  à  régler  à  Saintes. 

Le  27  août,  il  afferme  à  Mathieu  Du  verger,  marchand  à 

'  Et  que  je  prends  dans  la  pièce  elle-même  découverte  par  M.  Dangibeaud 
parmi  les  minutes  de  Verjat  et  publiée  par  lui  dans  son  livre  Le  présidial 
de  Saintes.  Raymond  de  Montaigne,  avec  une  loale  d*autres  pièces  nota- 
riées qui  m*ont  servi  pour  cette  étude. 


RAYMOND   DB  MONTAIGIfK  31 

Marennes,  pour  cinq  années^  des  marais  salants  «  tant  sur  le 
havre  de  Brouage  que  sur  la  rivière  de  Seudre  »,  moyennant 
500  livres  tournois  par  an,  et  de  plus,  mais  la  première  année 
seulement,  «  un  thonneau  du  plus  excellent  et  meilleur  vin 
qu'il  luy  sera  possible  de  trouver,  rendu  à  ses  frais^  coutz  et 
despens  en  la  ville  de  Bayonne.  »  Je  note  dans  ce  contrat  la 
clause  que  lesdits  «  marais  seront  gouvernés  par  les  saulniers 
catholiques  qui  les  gouvernent  à  présent  et  autres  de  la 
mesme  religion.  »  Le  12,  il  demanda  à  Tévèque  de  Poitiers, 
Ghasteigner  de  la  Roche-Pozay,  des  lettres  qui  confirment  sa 
nomination  d'abbé'  des  Alleux,  et  lui  permettent  de  prêter 
serment. 

Le  28  novembre,  comme  cousin-germain  de  Marie  de  Brian, 
veuve  de  Lestonac,  il  donne  procuration  à  François  Chapus 
H  d'offrir  le  retraict  lignager  d'un  escu  d'or  et  un  douztn, 
monnoyedu  présent  royaulme  de  France  »,  à  Benjamin  Potin, 
sieur  de  La  Soye,  marchand  au  bourg  de  Marennes,  «  pour 
retirer  d'icelluy  la  seigneurie  du  Pief-Laurant,  ses  apparte- 
nances et  dépendances,  nombre  de  marais  sallants  et  autres 
domaines  qu'il  auroit  acquis  puys  quelques  moys  de  la  ditte 
demoiselle  ».  Le  16  février  1631,  il  donne  «  comme  ayant  le 
droit  de  messieurs  de  la  Sainte-Chapelle,  à  Paris,  »  procura- 
tion à  sa  sœur,  Catherine  de  Montaigne,  pour  affermer  les 
revenus,  droits  et  fruits  de  son  évôché  de  Bayonne.  Puis  il 
songe  à  ses  enfants.  Son  fils  Nicolas,  à  qui  il  a  résigné  sa 
charge  de  président  depuis  déjà  trois  ans,  n'a  pas  obtenu  ses 
lettres  de  provisions.  Il  y  a  eu  opposition  de  la  part  des  con- 
seillers. Mais  enfin,  lui,  a  promis  de  se  démettre,  il  voudrait 
bien  que  ce  fut  en  faveur  de  son  fils.  Le  24  juillet  1631,  le 
lieutenant  particulier,  une  dizaine  de  conseillers  se  réunissent, 
sous  prétexte  qu'on  s'est  servi  de  leur  nom  pour  u  former 
opposition  à  l'expédition  de  l'office  du  président  au  dit  siège, 
résigné  par  messire  Raymond  de  Montaigne  à  mattre  Nicolas 
de  Montaigne,  advocat  au  parlement,  son  fils  »  ;  ils  déclarent 
que,  «  pour  les  recommandables  vertus  et  qualitez  qu'ils  ont 


32  RAYMOND   DIS   MONTAIGNE 

recongnus  en  la  personne  du  dit  sieur  de  Montaigne  fils  », 
ils  le  jugent  «  comme  personne  très  digne  et  capable  de 
Texercer  ».  En  vain  oppose-t-on  que  l'office  a  été  supprimé, 
il  n*en  est  rien;  Charles  Guitard  l'a  eu  de  longues  années, 
puis  après  sa  mort  Jacques  Guitard,  son  fils,  conjointement 
avec  celle  de  lieutenant  général  pendant  vingt  ans;  enfin 
Montaigne  a  «  exercé  celle  de  président  Téspace  de  dix  ans 
avec  grand  honneur,  intégrité  et  très  rare  suffisance,  rendant 
et  administrant  la  justice  au  contentement  des  subjects  du 
roy  et  de  toute  la  province  ».  Malgré  ces  éloges  donnés  au 
père  et  au  fils,  malgré  ce  certificat  de  capacité,  Nicolas  ne  peut 
être  président  à  Saintes. 

Enfin  Raymond  se  décida  à  prendre  possession  ;  le  28  juin 
1631,  son  procureur  Michel  Doyhenard,  docteur  en  théo- 
logie, chanoine  de  la  cathédrale,  fit  pour  lui  les  cérémonies 
d'usage.  11  y  avait  un  an  qu'il  était  sacré.  Ce  ne  fut  toutefois 
que  trois  mois  après  qu'il  se  dirigea  vers  son  siège.  Le  nouvel 
évoque  avait  des  parents,  des  alliés,  des  amis  dans  le  pays. 
Sa  sœur,  nous  l'avons  vu,  avait  épousé  le  baron  d'Urtubie, 
«  l'un  des  seigneurs  les  plus  distingués  du  Labourd  ;  Antoine, 
comte  de  Grammont,  de  Guiche  et  de  Louvigny,  vice-roi  de 
Navarre,  gouverneur  et  maire  perpétuel  de  Bayonne;  Du- 
verger  de  Joannis,  lieutenant  du  maire  ;  de  la  Lande,  sieur  du 
Luc,  premier  échevin,  plusieurs  autres  notables  s'honoraient 
de  son  alliance  ou  de  son  amitié  ».  Il  se  trouvait  dans  une 
excellente  situation.  Le  premier  par  sa  dignité,  et  respecté 
comme  évoque,  il  avait  déjà  des  relations  personnelles  qui 
lui  facilitaient  singulièrement  son  ministère. 

La  position  était  peut-être  difficile.  Il  y  avait  longtemps  que 
Bayonne  n'avait  pasd'évêque:  car  Henri  de  Béthune,  nommé 
en  1626,  ne  s'était  pas  môme  fait  sacrer  ;  et  Claude  de  Rueil 
avaitdès  cette  année  quitté  Bayonne  pour  Angers. Pendantcette 
vacance  de  cinq  ans,  l'administration,  confiée  à  ses  vicaires 
généraux  capitulaires,n'avait  peut-être  pas  eu  toute  la  fermeté 
qu'un  titulaire  eut  montrée  ;  Téchevinage,  toujours  méticuleux 


RAYMOND   DE   MONTAIGNK  33 

sur  ses  droits  OU  ses  privilèges,  avait  peut-ôtre  empiété  sur 
l'autorité  épiscopale.  On  sait  avec  quels  yeux  jaloux  tout 
corps  constitué  regardait  un  autre  corps  constitué^  à  quels 
débats,  quels  procès^  quels  scandales  môme  donnèrent  lieu 
des  rivalités^  parfois  mesquines.  Bayonne  ne  devait  pas  être 
exempte  de  ces  petites  passions  ;  et  le  nouvel  évèque  ne 
paraissait  pas  d'humeur  à  laisser  des  abus,  si  abus  il  y  avait, 
gêner  plus  longtemps  son  pouvoir,  ni  à  souffrir  que 
quelqu'un,  corps  ou  particulier,  ne  s'inclinât  pas^  humble  et 
soumis,  sous  sa  houlette  pastorale. 

Tout  alla  bien  d'abord.  Arrivé  chez  sa  sœur,  M"*  d'Alzatte, 
il  informe  le  corps  de  sa  ville.  Le  22,  Duvergier-Montferrat, 
échevin,  et  Daymar,  jurat,lui  sont  députés  pour  l'aller  saluer 
au  nom  de  la  cité.  De  retour  le  26,  ils  se  louent  de  l'accueil 
de  révêque  qui  leur  a  «  fait  des  protestations  de  bonne  affec- 
tion pour  la  ville.  »  C'est  le  lendemain  samedi  qu'il  entra 
solennellement.  Dandoing,  échevin,  et  Daymar,  jurât,  avec 
douze  ou  quinze  bourgeois,  allèrent  au  devant  de  lui  jusqu'à 
une  lieue  de  la  ville.   Les  échevins   l'attendaient  à  la  porte 

Saint-Léon  en  robes  noires  et  en  chaperons  ;  l'un  d'eux  le 

« 

harangue  ;  il  répond  fort  honnêtement.  On  est  les  meilleurs 
amis  du  monde  ;  on  se  félicite^  on  se  congratule.  C'est  la  lune 
de  miel. 

Un  mois  s'était  à  peine  écoulé,  et  la  lutte  commençait?  Quel 
en  fut  le  motif  ou  l'occasion  ?  Un  incident    peut-être    que 
Tamour-propre  grossit  outre  mesure-  C'était  à  la  messe  dans 
réglise  Notre-Dame,  le  jour  de  la  Toussaint.  Que  se  passa- 
t-il?  Le  registre  des  délibérations  ne  le  dit  pas;  mais  on  y  voit 
qu'il  s'agit  de  privilèges  méconnus,  de  droit  violé,  d'empié- 
tements possibles.  L'évêque  menaça  des  censures  ecclésias- 
tiques. Aussitôt  de  Luc,  échevin,  et  Harriet,  jurât,  vont  au 
nom  du  corps  trouver  le  prélat  irrité  pour  l'assurer  «  qu'ils 
seraient  marris  d'avoir  entrepris  aucune  chose  dans  la  dite 
église  au  préjudice  de  son  droit  ;  que  ce  qu'ils  ont  fait,  ils  ont 
creu  le  pouvoir  faire  et  que  l'authorité  de   leurs  charges  le 

TOMB  XVI.  —  KOTICBS  XIV'  ANNÉE,  i'*'  UV.  3 


34  RAVNiOND   DE   MONTAKÎNK 

leur  permettait.  »  Ils  protestent  que,  si  de  l'avis  des  gens  du 
roi  ou  de  messieurs  du  parlement  de  Bordeaux,  à  (}ui  ils  vont 
soumettre  le  litige,  ils  ont  «  failli  par  aucune  entreprise  sur  le 
droictdudit  sieur  évesque  ou  de  Téglise,  »  ils  lui  en  feront, 
«  telle  satisfaction  et  déclaration  qu*H  ad  visera  ».  Ils  le  sup- 
plient de  «  les  vouloir  exempter  de  ses  fulminations  et  cen- 
sures en  l'avis  qu'ils  ont  qu'il  a  intention  de  le  faire  contre 
eux,  »  mais  plutôt  leur  «  faire  traictement  d'ung  bon  pasteur 
qu'ils  honorent  et  respectent  comine  tel,  n'estant  ni  relaps, 
ny  diésobéissans.  «  L'évoque  leur  accorde  quelques  jours  pour 
prendre  leur  consultation  à  Bordeaux  ;  mais  en  attendant,  il 
exige  une  déclaration  immédiate  «  qu'ils  sont  marris  de  ce 
qui  se  passa  ledit  jour  dans  l'église  et  qu'ils  n'y  pourront  faire 
aucun  acte  de  justice  ».  Leséchevinâ  trouvent  que  c'est  un  peu 
préjuger  la  question  ;  mais  comme  l'évoque  parle  d'excom- 
munication a  fondée  sur  le  trouble  qu'il  prétend  estre  ad- 
venu, ledit  jour,  pondant  que  le  saint  office  de  la  messe  se 
célébroit  »  ils  se  décident  donc  à  signer  par  provision  l'acte 
suivant  :  «  Les  dits  sieurs  sont  marris  de  ce  qui  s'est  passé  le 
jour  et  feste  de  la  Toussaint  dernier  dans  l'église,  en  laquelle 
ils  ne  feront  aucun  acte  de  justice,  jusqu'à  ce  qu'ils  soient 
plus  particulièrement  informés  par  leur  conseil  de  ce  qu'ils 
doivent  faire.  » 

Cette  conduite  conciliante  du  corps  municipal  fit-elle  ter- 
miner amiablement  l'affaire  ?  Les  registres  de  la  ville  n'en 
parlent  plus.  Mais,  si  tout  finit  là  pour  cette  fois,  il  y  eut  ce- 
pendant un  premier  froissement.  Les  rapports  ne  furent  plus 
dès  lors  aussi  agréables  entre  le  corps  de  ville  et  Tévôché. 

Un  mois  après  son  arrivée,  M.  de  Montaigne  «  demande  une 
petite  loge  qui  appartient  à  la  fabrique,  bastie  dans  le  jardin 
appartenant  au  chapitre,  pour  s'en  servir  et  y  bastir,  en  fai- 
sant quelque  recognoissance  à  la  fabrique  » .  Le  chapitre  ne 
veut  rien  accorder  «  sans  l'adveu  desdits  sieurs,  patrons  lais 
de  ladite  fabrique  ;  »  et  il  en  réfère  au  conseil.  Aussitôt,  la 
ville  ("21  novembre  1681J   désigne  Dacarrette,  échevin,  et 


HÂYMONU   DE   MONtAlUNfi  bO 


Daymat-,  jurât,  pour,  arec  les  délôguës  dii  chapitre,  Hiriard 
et  de  Lissulde,  aller  vèoir  ledit  sieur  de  Bayonne  et  lui 
offrir  la  jouissance  de  la  dite  loge  pour  tout  le  temps  ei  soubs 
telle  condition  d*utillilé  pour  la  fabrique  qu'il.  Youdra  sans 
alliéner  le  fonus.  » 

Un  peu  plus  taird  l'évoque  demande  davantage  ;  il  voudrait 
élever  une  conslruclion.  Le  9  janvier  1632,  les  chanoines 
exposent  au  conseil  de  ville  que  «  M.  de  Bayonne  les  sollicite 
de  luy  accorder  la  puissance  de  la  loge  appartenant  à  i&  fa- 
briqué, qu'il  désire  faire  bastir  pour  y  loger  son  carrosse, 
tenir  le  foing,  et  faire  quelque  logement  pour  ses  domestiques  ; 
son  intention  étant  qu'après  son  décès  ou  quictant  l'évesché, 
il  lui  soit  seulement  recogneu  et  remboursé  jusqu'à  six  cents 
livres  sur  le  bastiment  qu'il  fera  et  que  le  reste»  avec  le  fonds, 
denieurera  pour  la  fabrique  »  Le  conseil,  après  délibération, 
consent  encore  avec  empressement.  «  Et  furent  commis 
MM.  du  Holde,  eschevin,  et  Harriet,  jurât,  pour  faire  en  sa- 
voir la  respoûseaux  dits  sieurs  du  chapitre  et  au  dit  sieur 
évoque,  et  en  faire  passer  le  contract  ou  acte  avec  ledit  sei- 
gneur évéque,  et  les  sieurs  fabriqueurs  ecclésiastique  et  layt» 
de  ladite  église.  » 

Il  paraît  toutefois  que  le  contrat  ne  fut  pas  signé  immédia- 
tement :  car  dans  une  délibération  du  i2|iovembre  1635,  trois 
ans  après  par  conséquent,  on  voit  que  «  ledit  sieur  évesque 
désire  avoir  entièrement  la  loge  appartenant  à  la  fabrique, 
qui  joint  le  jardin  et  la  maison  du  chapitre  près  i'évôché, 
pour  servira  son  utilité,  en  en  faisant  trois  escus  de  rente  êC 
la  fabrique  ».  Le  10  décembre,  la  loge  lui  était  louée  douze 
livres,  qu'il  devait  «  donner  au  fabriqueur  iay  annuellement  ». 
Une  question  d'assez  mince  importance  en  apparence  vint 
troubler  la  bonne  harmonie.  Le  16  janvier  1632,  on  députa  de 
Harriet  et  de  Luc  vers  l'évoque  pour  lui  demander  «^  s'il  veut 
entretenir  le  concordat  fait  ci-devant  entre  M.  d'Etchaux', 

*  BwtrftAd  d'xCciiaun,  évôiiu»  de  fi«yoAne  de  1&U8  à  1821. 


36  RAYMOND   DE   MONTAIGNE 

pour  révesque,  et  les  dits  sieurs  du  corps  de  ville  sur  la  no- 
mination des  prédicateurs  et  payement  d'iceux  ».  Il  répondit 
«  que  pour  le  passé  il  veult  effectuer  le  concordat,  et  que,  sy 
après  il  pourvoict  de  prédicateur,  il  pourveoira  aussi  au 
payement».  Voilà  un  point  délicat  :  le  choix  du  prédicateur. 
II  peut  paraître  étrange  qu*it  soit  remis  au  conseil  municipal. 
Or,  le  conseil  payait;  il  prétendait  avoir  un  orateur  qui  lui 
plût.  L'évoque  s'y  prêta  de  bonne  grâce...  pour  cette  fois,  et 
on  lui  annonça  qu'on  a  nommé  «  le  sieur  Gasamiaille,  prieur 
du  couvent  de  Saint-Dominique  de  ladite  ville,  pour  prédica- 
teur pour  les  advent  et  caresme  prochain  ».  en  le  priant  de 
l'approuver. 

Le  28  mai,  «  la  ville  ayant  ci-devant  institué  sainctement  la 
prédication  en  la  chaire  de  ladite  ville  durant  Toctave  du 
sacre  de  chaque  année,  et  de  tant  queladicte  feste  approche  », 
on  s'occupe  de  chercher  un  prédicateur  et  l'on  nomme  «  le 
P.  Nicolas  Josse,  prieur  du  couvent  des  Carmes  de  ladite 
ville  ».  Et  l'on  prie  l'évoque  d'approuver  ce  choix.  Mais 
l'évoque  répond  «  y  avoir  pourveu,  il  y  a  plus  de  six  mois,  de 
la  personne  d'un  père  augustin,  et  que  c'estoit  à  luy  de  son- 
ger àces  affaires  et  non  auxdits  sieurs  de  la  dite  ville;  et  qu'ils 
ne  s'en  donnassent  point  la  peine  ». 

La  ville  ne  dit  rien,  laisse  prêcher  le  P.  augustin  et  attend. 
L'octave  finie,  les  prédications  terminées,  l'orateur  sacré  ré- 
clame les  douze  écus  d'usage.  Le  cas  était  prévu  sans  doute. 
Et  la  ville  répond  «  que  ledit  prédicateur  avoit  esté  nommé 
par  M.  l'évesque  et  non  par  la  ville,  qui  estoit  en  possession 
de  le  faire  comme  instituteur  de  ladite  prédication  ;  il  ne  sera 
pourveu  par  la  ville  au  payement  du  prédicateur  ». 

Raymond  de  Montaigne  céda.  L'année  suivante,  étant  à  sa 
propriété  de  la  Vallée,  en  Saintonge,  il  écrivit,  le  15  sep- 
tembre 1633,  à  l'un  de  ses  vicaires  généraux,  Michel  Doilharat, 
officiai  du  diocèse,  une  lettre  qui  fut  communiquée,  le 
5  octobre,  au  conseil  de  ville  ;  «  il  lui  bailloit  charge  de  veoir 
les  dits  sieurs  du  conseil  et  leur  représenter  de  sa  part  qu'il 


RAYMOND   DK    MONTAIGNB  37 

rend  grftces  aux  dits  sieurs  des  bonnes  volontés  et  affections 
qu'ils  ont  porté  et  portent  audit  sieur  évesque,  et  de  plus 
qu'il  désireoit  que  le  concordat  passé  entre  lesdits  sieurs 
évesques,  ses  prédécesseurs,  et  lesdits  sieurs  du  corps  de 
ville  choisissent  lesdits  prédicateurs  en  satisfaisant  aussy  par 
eux  à  ce  qu'ils  se  sont  soubmis  par  ledit  concordat.  »  La  ville 
accepta  donc  avec  empressement.  On  nomma  aussitôt  pour 
prôcher lavent  le  P.  Legros,  que  le  vicaire  général  approuva 
en  l'absence  de  l'évoque. 

Tout  semblait  donc  réglé  ;  mais  le  choix  du  prédicateur 
était  une  affaire  importante  ;  à  chaque  instant  il  en  est 
question  dans  les  délibérations.  Ainsi,  en  1635,  on  rappelle  à 
révoque  qu'il  doit  trois  cents  livres  pour  le  salaire  des  pré- 
dicateurs. Le  21  janvier  1636,  on  lui  députe  Detcheverry, 
échevin^  et  de  la  Lande,  jurât»  «  pour  luy  dire  que  la  ville 
a  ad  vis  que  Mgr  le  duc  d'Espernon  a  voulonté  et  désire  pour- 
voir la  ville  d'un  prédicateur  pour  Tadvent  et  caresme 
prochain  ;  qu'il  désire  lui  plaire  en  cela,  et  prieront  M.  de 
Bayonnede  l'agréer  ainsi.  »  M.  de  Bayonney  consentit  sans 
peine,  mais  il  dut  payer  cependant  :  car,  dans  une  séance  du 
28  mars^  on  lui  réclama  «  les  cent  livres  qu'il  est  obligé  de 
bailler  de  sa  part  pour  le  père  prédicateur....  pour  avoir 
presché  en  la  chaire  de  cette  ville  le  caresme  dernier,  »  en 
môme  temps  qu'on  demande  «  à  MM.  du  chapitre  deux  cens 
livre.<^  qu'ils  doibvent  d'arresrages  pour  les  régens  du 
collège.  » 

Quelques  jours  après,  nouvelle  encontre.  La  ville  a  «  nom- 
mé et  choisy  le  P.  Segure,  de  Tordre  des  Augustins,  pour 
prêcher  les  octaves  du  sacre  prochain  et  donné  connaissance 
de  ladite  nomination  à  M.  le  vicaire  général  pour  l'absence  de 
M.  de  Bayonne,  qui  auroit  agréé  ladite  nomination.  »  Mais 
l'évoque  —  peut-être  ignorait-il  l'approbation  donnée  par  le 
vicaire  général,  peut-être  voulait-il  qu'elle  fût  donnée  par  lui- 
même  personnellement,  —  déclare  «  au  corps  qu'il  ne  pouvoit 
approuver  ladite  nomination  et  n'entendoit  que  le  dit  père 


38  nAYMPND    PB   MOr^Ti^^îONK 

prôçch.^t,  sy  preroièrprp^nt  on  n3  rerjdpit  audit  sieur  |SVPsqH^ 
ce  qpy  luy  0§t  dp»}},  p'est  à  s^ypir  flpe  la  pr^sentetipp  de  ]i^ 
nomination  dwdit  père  lui  spit  faicfe,  afin  da  r^pprouver,  sy 
bon  liiy  83mble.  9  h^  cprpç  répond  qu'jl  ^,  déjà  satisfait  à  son 
devoir  ;  r?éli.propiO$,  il  prie  l'évêqpe  d'agréer  la  npipination. 
Le  ipalentendn  f^t  probat^leipent  éclajrcj,  et  l'on  ep  resta  15. 

Qft  sont  dps  symptômes  ;  Ip  ipalaise  pxj^te  ;  i|  va  se  révéler 
de  teipp^  en  temps.  Gomme  poi^rtapt  la  lutte  n'est  pas  encore 
engagée  ouvertement,  on  se  fait  parfois  des  amitiés,  pn  pro- 
testa d'^ffpctions  réciproques  et  l'on  se  doppe  dps  témoi- 
gnage^  de  défj§rence  niutpelle.  Il  y  a  des  alternatives  de  beau 
teniîP^ptd'pfagp. 

Lp  iQ  janvier  1632,  sur  la  rpmontrance  du  sieur  lieutenant, 
on  epyoie  pp  dépptation  «  MM.  de  Luc  et  de  Harriet,  eschevjp 
et  jpr^t,  pour  prier  M.  Tévôque  et  MM.  du  chapitre  pour 
faire  qpelqpès  prpcpssjpns  et  prières,  h  ce  qu'il  plaise  à  Dieu 
de  conserver  le  roi  et  le  bien  servir  en  son  voyage  qu'il  a 
espript  faire  vers  Metz  ».  L'évêque  promet  d'ordonner  «  des 
prières  pbascun  dimanche  à  la  grand'messe.  »  Trois  mois 
après, Ip  conseil  apprend  avec  étonnement  que  M.  de  Bayonne 
^,  défpndu  «  auxdicts  sieprs  de  Fpssecave  et  de  Gayon  puisné, 
bpprgepis,  comys  par  lesdils  sieurs  du  corps,  de  quester 
pour  les  moypes  Carpoes.  »  Le  23  avril,  on  envoie  «  Duhalde  et 
Daccarret,écbevins,  pour  en  conférer  avec  lui.  »  On  prpflte 
de  Toccasion  pour  lui  réclamer  150  livres  que  la  ville  a  avan- 
cées pour  lui  «  pour  le  prédicateur  des  advent  et  caresme  de 
Tan  1629  et  30  ».  Grosse  question  qui  allait  susciter  de  longs 
dé^^ts.  En  1636.  un  pommé  Bedat  était  poursuivi  pour  ou- 
trage au  corps  de  ville  qui  le  tenait  en  prison.  M.  de  Mon- 
taigne intercède  pour  le  malheureux,  pe  7  mai,  il  revient  à  la 
charge  et  prie  «' lesdits  sieurs  du  corps  de  ville  de  vouloir 
avoir  esgard  aux  prières  qu'il  leur  avoit  ci-devant  faictes  pour 
B^dat,  et,  en  sa  considération  et  celle  du  nombre  des  enfants 
et  fpmme  dudit  Bedat,  qpy  meurent  de  faim,  se  contenter 
d'une  satisfaction  à  laquelle  il  obligera  ledit  Bedat  envers 


RAYMOND    DR    MONTAIGNE  39 

lesdits  sieurs  du  corps,  puisque  d'ailleurs  sa  longue  détemp- 
tion  a  deub  expier  en  quelque  fasson  son  offense.  »  L'échevi- 
nage  est  inflexible  :  «  l'excès  commis  par  ledit  Bedat  est  si 
grave  qu'ils  sont  obligés  de  continuer  les  poursuites  contre 
lui  intentées.  »  Et  l'on  ordonne  au  syndic  de  poursuivre 
l'accusé  «  jusqu'au  jugement  dudit  procès  ». 

Le  30,  c'est  le  tour  de  la  ville.  Elle  demande  à  l'évoque, 
d'arrester  que  ses  lacquais  et  domestiques  ne  le  suivent  à 
la  procession  du  Saint*Sacrement  avant  lesdits  sieurs  du 
corps  ».  Il  est  probable  que  l'évoque  s'y  prêta  de  bonne  grâce. 
Car  aussitôt^  comme  retour  et  en  échange  de  son  bon  procédé 
il  exprime  son  désir  d'«  ouvrir  une  porte  ou  la  muraille  an- 
tienne qui  ferme  la  terrasse  de  Tévesché,  afin  d'avoir  sortie 
sur  les  remparts  ou  aller  près  du  Châteaux-Vieux  pour  y  faire 
àa  promenade.  »  Le  conseil  ne  veut  rien  décider  et  renvoie 
TaffaireàM.  le  comte  de  Gràmont,  gouverneur  de  la  dite 
ville  pour  «  faictestre  résolu  à  ce  qu'il  appartiendra.  >> 

Dans  une  autre  circonstance  il  y  avait  eu  de  la  part  de  la 
jurade  plus  d'empressement  et  de  zèle.  M.  de  Montaigne  avait 
conçu  le  projet  de  reconstruire  son  évôché.  Le  pays  de  La- 
bourd  lui  promit  tout  le  bois  nécessaire  ;  il  désirait  que  la 
ville  contribuât  à  la  dépense  et  que  pour  sa  part  il  plût  «  aux 
dits  sieurs  luy  bailler  et  fournir  toute  la  pierre  de  taille  et 
massonnerie»  chaulx  et  sable  qu'il  aura  besoing».  Lui  ferait 
le  reste.  Par  une  délibération  du  30  janvier  1632,  il  fut  arresté 
que  lesdits  sieurs  bailleront  audit  sieur  évesque  toute  la  pierre 
de  taille,  chaux  et  sable  qu'il  aura  besoing  pour  ledit  basti- 
ment,  rendu  sur  les  lieux.  » 

Tout  était  pour  le  mieux  ;  on  était  d'accord  ;  le  palais  épis- 
copal  allait  commencer  ;  la  ville  désirait  être  agréable  à  son 
évoque,  et  l'évoque  se  montrait  heureux  des  bonnes  disposi- 
tion de  la  ville  ;  qui  pouvait  troubler  un  si  juste  concert  et  di- 
viser des  cœurs  si  bien  unis  ?  Toutefois,  c'est  par  là  que  la 
la  discorde  éclata,  vive,  ardente. 

{A  svivrp)  Louis  Audiat. 


PREUVES  DE  NOBLESSE 

DES 

DEMOISELLES  DU  POITOU 

Reçues  dans  la  Maison  Royale  de  Saint-Louis 

A    SAINT-CYR 

DE  1686  A  1793 

Exiràile»  de»  Manuscrits^  conservés   à    PariSy  à    U,   Bibliothèque 
Nationale,  et  publiées  avec  des  notes. 

Par  le  Vicomte  Paul  de  CHABOT 

(Suite)  ^ 


DE  BRUNET  DE  NEUILLY» 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Geneviève  de  Brun  et 

DE  Neuilly,   agréée  par  le  Roi^  pour  être  admise  au  nombre  des 

filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever,  dans  la  maison  royale 

de  Saint-Louis^  fondée  à  Saint-Cyr,  dans  le  parc  de  Versailles, 

(Janvier  1739). 

Armes  :  de  gueules^  à  deux  chevrons  d'or  alaises^  accompagnés 
de  trois  étoiles  d'argent^  posées  deux  en  chef  et  une  en  pointe. 

Premier  degré  :  produisante. 

Geneviève  de  Brunet  de  Neuilly,  1729. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Neuilly , 
dont  le  duplicata  est  déposé  au  Greffe  du  baillage  de  Pon- 

*  Voir  la  liyraison  de  novembre  1899. 

*BiàL  Nat.  Cab,  des  Titres.  Vol.  305,  p.  29.  F.  Français  :  32.130. 


PREUVES   DE   NOBLESSE  41 

toise,  diocèse  de  Rouen,  portant  que  Geneviève  de  Brunet, 
fille  de  m'*  Jean-Baptiste-Prançois  de  Brunet,  chev.,  sgr  de 
Neuilly,  capitaine  de  cavalerie,  et  de  dame  Euphémie -Angé- 
lique Hébert,  sa  femme,  ayant  été,ondoyée  à  la  maison,  reçut 
le  supplément  des  cérémonies  du  baptême,  le  21  de  novembre 
de  l'an  mil  sept  cent  vingt-neuf.  Cet  extrait,  délivré,  par  le  s' 
Brechot,  commis  greffier  dudit  baillage  et  légalisé. 

m 

Deuxième  degré  :   père  et  mère. 

Jean-François  de  Brunet,  sgr  de  Neuilly  ;  Angélique- 
Euphémie  Hébert,  sa  femme,  1721, 

Contrat  de  mariage  de  m'*  Jean -François  de  Brunet,  chev., 
sgr  de  Neuilly,  capitaine  de  cavalerie,  fils  de  m'*  Jean-Charles 
de  Brunet  (qualifié  chev.),  sgr  du  dit  lieu  de  Neuilly  et  de 
dame  Anne  de  la  Selle,  sa  veuve,  accordé,  le  vingt-sixième  de 
janvier  de  l'an  mil  sept  cent  vingt-et-un,  avec  demoiselle  An- 
gélique-Euphémie  Hébert,  fille  de  Guillaume-André-Hébert, 
chev.,  des  ordres  de  Notre-Dame  de  Montcarmel  et  de  Saint- 
Lazare  de  Jérusalem,  conseiller  secrétaire  du  roi,  maison  cou- 
ronne de  France  et  de  ses  finances,  ci -devant  général  de  la 
nation  française  aux  Indes-Orientales  et  envoyé  de  Sa  Majesté 
vers  les  princes  d'Orient,  et  de  dame  Marie-Gilette  Boileau. 
Ce  contrat,  passé,  devant  le  Court,  et  Sabreguette,  notaires 
au  Châtelet  de  Paris. 

Commission  de  lieutenant-colonel  du  régiment  de  Bourbon- 
Cavalerie,  donnée  par  le  roi  au  dit  de  Neuilly,  capitaine,  dans 
ledit  régiment,  le  dix-neuvième  de  septembre  de  Tan  mil  sept 
cent  trente-et-un.  Ces  lettres,  signées  :  Louis  ;  plus  bas,  pour 
le  Roi  :  Bauyn,  et  scellées. 

Transaction,  faite  le  3*  de  juillet  de  Tan  mil  sept  cent  dix- 
sept,  entre  dame  Anne  de  la  Selle,  veuve  de  Charles  de  Bru- 
net, éc'.,  sgr  de  Neuilly,  d'une  part,  et  m'c  Jean-François  de 
Brunet,  son  fils  aîné,  chev.,  sgr  dudit  lieu  de  Neuilly,  capi- 
taine, dans  le  régiment  de  Vaudrai-Cavalerie,   et  Jérémie- 


42  PRBUVUS    DE  NOBLESSB 

Joseph  de  Brunet,  éc,  lieutenant  au  même  régiment,  demoi- 
selles; Marie-FrQncQÎse-Cathprine-Cécile  ^t  Marie-Jeanne  de 
Brunet,  ses  t^utres  enfants,  par  laquelle,  ladite  Anne  de  la 
Se}le,  assure  au  dit  Jean-François  de  Brunet.  Ja  terre  et  sei- 
gneurie de  Neuilly ,  à  la  charge  de  payer  à  chacun  de  ses  dits 
frères  et  sœurs,  la  somme  de  30Q01.  etc.  Cet  acte  reçu  par 
Roffet,  notaire,  au  Heu  de  Saint-Cyr,  baillage  de  Chaumopt- 
en-Vexin. 

Troisième  degré  :  aïeul. 

Je^ll-p|iarl4^8  49  Brunet,  sgr  (}*Houdelaincourt,  Anne  de 
la  Selle,  sa  femme,  1676. 

Pour  ce  degré  voir  le  premier  degré  de  la  preuve  de  Char- 
lotte de  Brunet  de  Neuilly  en  y  ajoutant  : 

Prdpnnapce,  rendue,  le  sixième  d'avril  de  Tan  mil-six  cent 
quatre- vipgt -dix-neuf  par  M.  Phélypeaux,  conseiller  d'Etat 
et  copaniissaire  départi*  dans  la  Généralité  de  Paris,  par 
laquelle,  jl  ip^intipnt  dans  la  qualité  de  nobje  jet  d'écuyer, 
Jean-Charles  de  Brupi^t,  sgr  de  Neuilly,  en  conséquence  des 
titfes  qu'il  avait  représentés,  depuis  Tan  mil  cinq  cent  trente- 
sept.  Ce^te  ordonnance,  signée  :  Phélipeaux. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul. 

J<{r($f|iie  de  Brimât,  éc*^  ;  Simone  de  Galois,  sa  femme,  i636. 

Pour  ce  degré,  voir  le  second  degré  de  la  preuve  de  Char- 
lotte de  Brunet  de  Neuilly,  en  y  ajoutant  : 

Transaction,  faite,  le  dixième  d'octobre  de  Van  mil  six  cent 
yingt  huit  entre  demoiselle  Eléonore  des  Jobars,  veuve  de 
Je^Q  d.e  firunet,  éc^,  d*une  part  et  denioiselle  )^iesse  de  la 
Haie,  veuve  de  Jérémie  de  Brunet,  éc%  tant  en  sop  noni  que 
cpinrn^  futripe  ^^  Jérénije  et  d^  Jeapne  (}e  Brunet,  ses  enfants, 
sur  les  différends  qu'jls  avaient  avec  demoiselle  Anpe  de  Bar, 
fepime  de  Louis  de  la  Plapche,  éc^  par  rapporf:  à  un  échange 
d'héritages  qui  avait  été  fait  entre  Pierre  de  Marna,  la  dite 
Fléopore  des  Jobars  et  le  dit  feu  Jérémie  de  Brunet,  son  fils. 


DFft   DBMOlSHîLLKS  DU  POITOU  4^ 


Cinquième  et  sixième  degrés  :  troisième  aïeul 

ET    QUATRIÈME    AÏEUL. 

Jérémit  de  Brunat,  éc^  fils  de  Jean  de  Brunet,  éc%  s'  de 
Beauvais  ;  Liesse  de  la  Haie,  sa  femme  1604  et  1582. 

Pour  ce  degré  voir  le  troisième  degré  de  la  preuve  d^  Char- 
lotte de  Brunet  de  Neuilly,  en  y  ajoutant  : 

Obligation,  faite,  le  vingt-septième  d'août  de  Tan  mil  cinq 
cent  quatre-vingt-deux,  par  Charles  des  Jobars.  éc%  sgr  de 
Colombe,  par  laquelle,  il  promet  de  payer,  à  Jean  de  Brunet, 
éc,  et  à  demoiselle  Eléonore  des  Jobars,  sa  femme,  ce  qu'il 
leur  devait  du  restant  de  la  vente  qu'ils  lui  avaient  faite  de 
leur  part,  dans  la  succession  de  Pierre  de  Montigné,  éc%  sgr 
d'Aizauville.  Cet  acte  reçu  par  Berthaud,  notaire,  à  Chau- 
mont. 

Nous,Louis-Pierred'Hozier,  juge  général  d'armes  de  France, 
chevalier  de  l'ordre  du  Roi,  conseiller  en  ses  conseils,  maître 
ordinaire  en  sa  chambre  des  Comptes  de  Paris,  généalogiste 
de  la  maison,  de  la  chambre  et  des  écuries  de  Sa  Majesté  et 
de  celles  de  la  Reine, 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  Geneviève  de  Brunet  de 
Neuilly  a  lanoblesse  nécessaire  pour  être  admise  au  nombre 
des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever,  dans  la 
maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr,  dans  le 
parc  de  Versailles,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  les  actes  qui  sont 
énoncés,  dans  cette  preuve,  laquelle  nous  avons  vérifiée  et 
dressée,  à  Paris,  le  lundi  douzième  jour  du  mois  de  janvier  de 
l'an  mil  sept  cent  trente-neuf. 

Signé  :  d'Hozier. 


44  PHKUVES  DB   NOBLESSK 


DE  LA  BUSSIERE' 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselles  Suzanne  et  Marie  de  la 
BussiÈRE,  présentées  pour  être  reçues  dans  la  communauté  des 
demoiselles  de  Saint-Louis^  à  Saint-Cyr,  sous  le  gouvernement  de 
Madame  de  Maintenons  institutrice  et  supérieure  perpétuelle  de 
cette  Communauté,  —  Février  1686. 

Suzanne  de  la  Bussière,1672  ;  et  Marie  de  la  Bussière, 
1675. 

Armes  :  d'azur,  à  une  bande  d'argent  accompagnée  en  chef  de 
deux  vols  de  même,  et  en  pointe  de  deux  molettes  d'or*. 

Extraits  des  registres  des  baptêmes  des  paroisses  de  Saint- 
Rémy  et  de  Notre-Dame  de  Péroux,  au  diocèse  de  Poitiers 
signés  par  collation  du  30  novembre  et  24  décembre  1685,  de 
la  Porte,  prieur  de  Saint-Rémy  et  Faudineau,  curé  de  Péroux 
portant  que  Suzanne  fille  de  Jacques  de  la  Bussière,  éc,  s'  de 
la  Bauberderye,  et  de  demoiselle  Claude  Négrier  fut  baptisée 
le  13  juin  1672,  et  que  les  cérémonies  du  baptême  furent  sup- 
plées le  17  avril  1677,  à  Marie  de  la  Bussière,  sa  sœur,  née 
le  6  avril  1675. 

« 

Premier  degré  :  père  et  mère. 

Jacques  de  la  Bussière,  sgr  de. la  Bauberderye,  Claude 
Négrier,  sa  femme,  1670. 

Négrier  :  d'argent,  à  un  chevron  de  gueules  accompagné  de 
.'^  testes  de  Maure  de  sable  bandées  d'argent,  2  en  chef  et  une  en 
pointe. 

*  Bibl.  Nat.  Cab.  des  Titres,  293,  p.  \b. 

•  Âlias  :  éTasur^  à  la  bande  d^ or,  accompagnée  de  deux  molettes  de  même, 
Vune  en  chef,  Vautre  en  pointe  et  de  deux  demi  vols  d*argent  posés  en 
bande  aux  flânes  de  l'Ecu,  (B.-F.). 


DBS  DEMOISELLES  DU   POITOU  45 

Contrat  de  mariage  de  Jacques^  de  la  Bussière  éc,  s'  de  la 
Bauberderye,  fils  de  René  de  la  Bussière  éc^  et  de  demoiselle 
Léa  de  Montsorbier,  avec  demoiselle  Claude  Négrier,  fille  de 
Daniel  Négrier,  éc%  s»"  de  la  Paire,  et  de  demoiselle  Marie  Fri- 
con.  Ce  contrat  du  1*^  août  1670,  reçu  par  Jaquet,  notaire  à 
Montmorillon. 

Transaction  du  2*  septembre  1650,  signée  Trotin,  notaire  à 
la  Braillère,  faite  entre  M'»  Isaac  de  Montsorbier,  chev.  sgi»de 
la  Braillère,  et  M^"  Jacques  de  la  Bussière,  son  neveu,  chev. 
sgr  de  la  Bauberderye,  fils  de  M*"  René  de  la  Bussière  et  de 
dame  Léa  de  Montsorbier,  sur  les  différends  qu'ils  avaient 
pour  le  partage  de  la  succession  de  M'*'  Jean  de  Montsorbier 
et  de  dame  Jaqueline  de  TEspinay. 

Deuxième  degré  :  aïeul  et  aïeule. 

René  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Bauberderye,  Léa  de  Mont- 
sorbier, sa  femme  ^  1629. 

Montsorbier  :  paie  d'or  et  de  sable  de  6  pièces. 

Contrat  de  mariage  de  René  de  la  Bussière,  éc^  s""  de  la  Bau- 
berderye, fils  aîné  de  François  de  la  Bussière,  éc%  et  de  demoi- 
selle Suzanne  de  Vallée,  avec  demoiselle  Léa  de  Montsorbier, 
fille  de  Jeap  de  Montsorbier,  éc%  s'  de  la  Braillère  et  de  de- 
moiselle Jacqueline  de  TEspinay.  Ce  contrat  du  1'*'  août  1629, 
reçu  par  Pain,  notaire  à  la  Merlatière. 

Sentence  rendue  en  Télection  de  Châtelleraud  le  7  juin  1634, 
portant  confirmation  de  la  noblesse  de  dame  Léa  de  Montsor- 
bier, veuve  de  René  de  la  Bussière,  s'  de  la  Bauberderye. 

Troisième  degré  :   bisaïeul  et  bisaïeule. 

François  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Bauberderye,  Suzanne 
de  Vallée,  sa  femme,  1589. 

De  Vallée  :  d'azur^  à  trois  chevrons  dor. 

Contrat  de  mariage  de  François  de  la  Bussière,  éc^  s*  de  la 

«  U'avait  épousé  en  premières  noo68,  le  13   novembre  1648,   Marguerite  de 
Ferrières.  (B.-F.) 


_* ^. 


4B  i^^kuVES  DE  Nbi^LitâSR 

fiâUberdèfyë  àVec  deihoi^éilë  SUzâtinë  de  Vàiléë,  &llë  de  Jean 
de  Vallée,  et',  s'  de  la  ToUcbe,  et  de  dëîhôikelle  tl^etievièVe  de 
la  ËuSsiëré,  daknè  de  là  Jarlrjne.  Ce  contrat  Au  A  jàhViët- 158Ô 
reçu  jpai"  t^ôiriër,  notaire  à  Saiht-Sâviîl, 

Partage  du  29  juin  i59â,  signé  :  HERTAUt^  lieutenant  de  la 
chàtellenie  d'Angles,  fait  entre  François  et  ChHâtotihe  dé  la 
bussièi-e*,  éc^,  des  biehs  qui  leUt  ëtaieiit  échus  par  la  mbH  de 
Jac(|ùes  db  la  Bussière,  éc^  s'  de  la  Badbfei:tleryfe,et  de  détnoi- 
selle  Fràhçttisë  Gaultier,  leur  père  et  mèrte. 

Quêi'trième  degré  :  tRiSAÏEUL   ET   TkisÀïfeULfe. 

Jacques  de  la  Bussière^  sgr  de  la  Bauberderye,  Françoise 
Gaultier,  sa  femme,  1562. 

Donation  mutuelle  du  29  décembre  1562,  signée  :  Charles, 
notaire  de  la  chàtellenie  de  Pleumartin,  faite  entre  Jacques 
de  la  Bussière,  éc%  et  demoiselle  Françoise  Gaultier,  sa 
femme. 

Partage  du  30  août  1573,  reçu  par  Cateliii,  notait^e  à  Chîtré, 
fait  entre  Guidu,  Jacques  et  Antoine  de  la  Bussière  éc"  des 
biens  qui  leur  étaient  échus  par  la  mort  de  Jacques  de  la  Bus- 
sière, éc'  s"",  de  la  Guillôterye,  et  demoiselle  I^errette  Gaultier, 
leur  père  et  mère. 

ftetrait  d'héritages  fait  le  30  hovembre  1503  par  Jacques  de 
la  Bussière,  éc',  comme  Ris  de  Jacques  de  la  Bussière  éc,  s% 
delà  Guilloterye.  Cet  acte  signé  :  Tisain,  notaire  à  Senàn. 

Cinquième  degré  :  (QUATRIÈME  aïeul  et  aïeule. 

Jacques  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Guilloterye,  Perrette 
Gaultier,  sa  femme,  1540. 

OflFre  de  retrait  fait  en  la  justice  de  Chauvigny,  le  27  juin 
1559,  à  Guiou  de  la  Bussière  éc,  acceptant  pour  Jacques  delà 

«  Chriitophe  de  la  Buuière,  éc%  sgr  d«t  Effes,  servit  comme  gendarme  d*a- 
prèi  un  e«rtiftoat  du  m'*  de  uochefort  du  15  juiUei  1589,  et  épousa  le  22  aoûi 
XbUit  Suzanne  du  Jeu.  (li,'F,), 


DKS  blSMOlSKLLBS   DU   POltOU  47 

Bussiëre,  son  père,éc%  s^  de  là  Giiillôterye.Cet  acte  signé  :  de 

BOUER. 

Rétrocession  d'héritages  faite  le  28  itiai  1553  à  Jacques  delà 
Bussière,  éc',s'  de  la  Guilloterye,pâr  Pierre  et  François  Ferré, 
ses  neveux,  enfants  de  Bertrand  Ferré,  éc%  s'  de  la  Bauber- 
derye,  et  de  demoiselle  Jacquette  de  la  Bussière.  Cet  acte, 
signé  :  Charles,  notaire  à  Pleumàrtin. 

Sixième  degré  :  cinquième  aïeul. 

Jean  de  la  Bussière,  éc^  1490. 

Deux^  contrats  de  vente  et  d'échange  d'héritages,  faits  le 
18  avril  1503,  avec  Simon  de  Lucé  et  noble  Jean  de  là  Bus- 
sière*, éc 

Autre  vente  du  21  novembre  1499,  signée  :  Tisam,  notaire  à 
Chauvîgny,  faite  à  noble  homme  Jean  de  la  Bussière,  éc,  par 
noble  homme  Jean  de  Lucé,  sgr  de  la  Vachonnerie. 

Ordonnance  rendue  à  Poitiers  le  26  septembre  1667,  par 
M.  Barentin  commissaire  départi  pour  la  recherche  des  usur- 
pateurs du  titre  de  noblesse,  dans  cette  généralité,  portant 
confirmation  de  la  noblesse  de  Jacques  de  la  Bussière,  éc^  s' 
de  la  Bauberderye,  sur  la  production  qu'il  avait  faite  pour  la 
justifier  des  mêmes  titres  que  ceux,  qui  sont  énoncés  dans 
cette  preuve. 

Nous,  Charles  d'Hozier,  conseiller  du  Roi,  généalogiste  de 
sa  maison,  juge  général  des  armes  et  des  blasons  de  France, 
et  chevalier  des  ordres  militaires  de  Saint-Maurice  et  de 
Saint-Lazare  de  Savoie,  certifions  au  Roi  et  à  haute  et  puis- 
sante dame  Françoise  d' Aubigné,  dame  de  Maintenon,  dame 
d'atours  de  madame  la  Dauphine,  institutrice  et  supérieiure 
perpétuelle  de  la  Communauté  des  demoiselles  de  Saint-Louis, 
à  Saint-Cyr,  que  demoiselles  Suzanne  et  Marie  de  la  Bus- 
sière ont  la  noblesse  nécessaire  pour  être  reçues  au  nombre 

*  Jean  d«  la  Baatièr«,  éc%  igr  du  Chillou,  avait  époaaé  Simone  Deline  ou 
de  Lucé.  {L.-F). 


» 


48  PREUVISS  DE  NOBLESSE 

des  demoiselles  de  cette  communauté,  comme  il  est  justifié  par 
les  actes  énoncés  dans  cette  preuve  que  nous  avons  vérifiée  et 
dressée  à  Paris,  le  15  février  1686.  Signé  :  d'Hozier,  et  plus 
bas  ;  vu  bon.  Signé  :  d'Hozier, 


DE  LA  BUSSIÈRE  DE  GUÉDELON* 

Preuves  de  la  noblesse  de  cfcmowc//e  Anne-Camille-Gabrielle- 
Françoise  de  la  Bussière  dk  Guédelon,  agréée,  par  le  Roi, 
pour  être  admise,  au  nombre  des  filles  demoiselles,  que  Sa  Majesté 
fait  élever  dans  la  maison  royale  de  Saint^Louis,  fondée  à  Saint- 
Cyr,  dans  le  Parc  de  Versailles,  Juillet  1765. 

Armes  :  d'azur,  à  une  bande  d'or,  accompagnée  en  chef  d'un 
vol,  aussi  d'or,  et  d'une  étoile  d'argent  et  en  pointe,  d'une  étoile 
aussi  d'argent  et  d'un  bol  dor. 

Premier  degré  :  produisante. 

Anne-Camille-Françoise  de  la  Bussière  de  Guédelon, 
1765. 

Extrait  des  registres  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Symphorien  de  Treigny,  en  Puisaye,  diocèse  d'Auxerre,  gé- 
néralité d'Orléans,  élection  de  Gien,  portant  que  demoiselle 
Anne-Camille-Gabrielle-Françoise  de  la  Bussière  de  Guédelon, 
fille  de  m'*  Louis  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Bussière,  Guédelon, 
Guerchy,  etc.,  capitaine  de  cavalerie,  au  régiment  d'Orléans, 
gentilhomme  ordinaire  de  Mgr  le  duc  d'Orléans,  premier 
prince  du  sang,  chevalier  des  ordres  militaires  de  Saint-Louis, 
Saint-Lazare  et  Notre-Dame  du  Montcarmel,  et  de  dame 
Louise  de  Contaud  de  Coulange,  sa  femme,  naquit,  et  fut 
baptisée,  le  3  juillet  1755.  Cet  extrait,  signé  :  Rameau,  curé  de 
Treigny,  et  légalisé. 

'  Bibl.  Nat,  Cab.  des  Titres ,  311,  p.  77. 


DES   DEMOISELLES   DU   POITOU  49 


Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

Louis  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Bussière  ;  Marie-Louise 
de  Contaud  de  Coulange,  sa  femme,  1751. 

Contrat  de  mariage  de  m'^''  Louis  de  la  Bussière,  sgr  de  la 
Bussière,  Guerchy,  Guedelon,  etc.,  capitaine  de  cavalerie,  au 
régiment  d'Orléans,  chevalier  des  ordres  royaux  et  militaires 
de  Saint-Louis,  Saint-Lazare  et  Notre-Dame  de  Montcarmel, 
gentilhomme  ordinaire  de  Mgr  le  duc  d'Orléans,  fils  de  feu 
m"^*  Edme-Paul  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Bussière,  Guerchy, 
Guedelon,  etc.,  et  de  dame  Geneviève  du  Bois  des  Cours  de  la 
Maisonfort,  accordé,  le  30  janvier  1751,  avec  demoiselle 
Marie-Louise  Contaud  de  Coulange,  fille  de  feu  messire  Jean 
Contaud,  éc^  sgr  de  Coulange,  etc.,  et  de  dame  Marguerite 
de  Polastron.  Ce  contrat  passé  devant  Simon  et  Chardon 
notaires,  à  Auxerre. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Treigny, 
diocèse  d'Auxerre,  portant  que  Louis,  fils  de  m'«  Paul  de  la 
Bussière,  sgr  de  la  Bussière  et  de  Guedelon, et  de  dame  Gene- 
viève du  Bois  des  Cours,  naquit,  le  14  avril  17Q5,  et  fut  baptisé, 
le  lendemain.  Cet  extrait,  signé  :  Arnol,  curé,  et  légalisé. 

Troisième  degré  :  aïeul. 

Bdme-Pattl  de  la  Bussière,  sgr  de  la  Bussière  ;  Geneviève 
du  Bois  des  Cours  de  la  Maisonfort,  sa  femme,  1703. 

Da  Bois-des-Cours  de  la  Maisonfort  :  d'azur,  k  trois 
mouches  à  miel  d'or,  posées  deux  et  une. 

Contrat  de  mariage  de  m"  Edme-Paul  de  la  Bussière,  fils  de 
m""*  Louis  de  la  Bussière,  sgr  de  Guerchy,  Guedelon^  et  la  Fas, 
et  de  dame  Louise  de  Rolland,  accordé,  le  3  juillet  1703,  avec 
demoiselle  Geneviève  du  Bois-des-Cours,  fille  de  m^®  Gédéon 
du  Bois-des-Cours,  sgr  de  la  Maisonfort,  etc.,  et  de  dame 
Catherine  Gillot.  Ce  contrat  passé  au  lieu  de  la  Maisonfort, 

TOME   XVI.   —   NOTICES.  —   XVir   ANNÉE,    l'^''   LIV.  4 


50  prbUves  dk  noblêssb 

devant  Gaboré,  notaire  juré,  sous  le  scel  de  la  châtellenie  et 
de  la  baronnie  de  la  Maisonfort  et  dépendances. 

Extrait  des  registres  des  baptêmes  de  Téglise  paroissiale  de 
Treigny,  portant  que  Edme-Paulde  la  Bussière,  sgr  de  Guer- 
chy,  Guédelon,  etc.,  et  de  dame  Louise  de  Roland,  naquit,  le 
30  octobre  1678,  et  fut  baptisé  le  6  novembre  suivant.  Cet 
extrait,  signé:  Paillard, vicaire  de  Treigny,  et  légalisé. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul. 

Louis  de  la  Bussière,  sgr  de  Guerchy  ;  Louise-Marguerite 
de  Rolland,  sa  femme,  1678. 

Contrat  de  mariage  de  m"^*  Louis  de  la  Bussière,  sgr  de 
Guerchy,  en  partie,  le  Guédelon,  etc.,  fils  de  m""""  Edme  de  la 
Bussière,  sgr  du  dit  Guerchy  etc  ,  et  de  dame  Béguine  de 
Courvol,  accordé,  le  11  janvier  1678,  avec  demoiselle  Louise- 
Marguerite  de  Rolland,  fille  de  m*"»  Louis  de  Rolland,  sgr  de 
Tansaine  et  Arbource,  et  de  dame  Gabrielle  d'Assigny.  Ce 
contrat  passé  devant  Bouziat,  notaire  royal,  en  la  ville  de 
la  Charité-sur-Loire. 

Foi  et  hommage  du  fief  de  Guerchy,  fait,  le  31  mai  1677,  à 
S.  A.  R.  Mademoiselle,  à  cause  de  sa  baronnie  et  châtellenie 
de  Péreuze,  par  m"  Louis  de  la  Bussière,  sgr  de  Guerchy, 
Guesdelong,  fils  aîné  de  défunt  m'*  Edme  de  la  Bussière,  sgr 
desdits  lieux,  d'Angliers,  Charon,  etc.  Cet  acte  reçu  par  Edme 
Pic,  notaire  audit  Péreuze. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul. 

Edme  de  la  Bussière ,  s*"  de  la  Bussière  ;  Bénigne  de 
Courvol,  sa  femme,  1640. 

Articles  du  mariage  d'Edme  de  la  Bussière,  éc\  s'  dudit  lieu 
de  la  Bussière,  fils  de  Jacques  de  la  Bussière,  éc%  s'  de  Guer- 
chy et  de  Chamron,  arrestés,  le  20  avril  1640,  avec  demoiselle 
Bénigne  de  Courvol,  dame  d'Angliers,  fille  de  Jean  de  Cour- 


DES   DEMOISELUCS   DU    POITOU  oi 

vol,  éc'.  S'  de  Bazolle  et  de  la  Boissière.  Ces  actes,  que  les  par- 
ties promettent  rédiger,  en  contrat,  passés  devant  Racquet , 
notaire . 

Ordonnance  de  Monsieur  de  Macbault,  commissaire  départi 
par  Je  Roi,  pour  Texécution  de  ses  ordres,  en  la  généralité 
d'Orléans,  par  laquelle  il  donne  acte  à  Edme  de  la  Bussièrc, 
éc,  s'  de  Guerchy,fils  de  Jacques  de  la  Bussière  ;  écuyer, sieur 
de  Guerchy,  et  de  demoiselle  Edmée  de  Boisselet;  de  la 
représentation  des  titres  justificatifs  de  sa  noblesse,  pour 
jouir  par  luy  de  tous  les  privilèges  accordés  aux  nobles,  à 
l'effet  de  quoi  il  serait  compris  dans  le  catalogue  desdits 
nobles.  Cette  ordonnance  signée  :  de  Machault. 


Sixième  degré  :  quatrième  aïeul. 

Jacques  de  la  Bussière,  sgr  de  Guercby  ;  Edmée  Boisse- 
let,  sa  femme,  1602. 

Inventaire  fe^it  le  2  juillet  1626,  par  Etienne  Fabre,  notaire 
au  bourg  et  paroisse  de  Tregny,  à  la  requeste  de  Jacques  de 
la  Bussière,  éc%  sgr  de  Guerchy,  au  nom  de  père,  tuteur  et 
ayant  la  garde-noble  des  enfants  mineurs  de  lui  et  de  défunte 
noble  demoiselle  Edmée  Boysselet,  sa  femme,  savoir,  des  biens 
meubles  de  la  communauté  d'entre  ledit  sgr  de  Guerchy  et  la- 
dite demoiselle  Boysselet.  Cet  inventaire  duêment  signé. 

Partage  fait  le  mardi  12  avril  1602,  entre  nobles  personnes 
Jacques  delà  Bussière,  éc',  sgr  de  Guerchy  ;  Edme  de  la  Bus- 
sière, éc',  s"  de  la  Bussière, et  demoiselle  Marie  de  la  Bussière, 
leur  sœur,  des  biens,  à  eux  appartenants,  comme  héritiers  de 
défunts  noble  homme  Jean  de  la  Bussière,  éc^et  Edmée  d'Or- 
léans, leurs  père  et  mère.  Cet  acte  passé  à  Saint-Sauveur, 
devant  Griveau,  notaire. 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier  ,  chevalier,  conseiller  du  Roi 
en  ses  conseils,  juge  d'armes  de  la  noblesse  de  France  et  com- 
missaire de  Sa  Majesté,  pour  lui  certifier  la  noblesse  des  de- 


52         PREUVES   DB   NOBLESSE   DES   DEMOISELLES   DU    POITOU 

moiselles  élevées  dans  la  maison  Royale  de  Saint-Louis,  à 
Saint-Cyr, 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  Anne  Camille-Gabrielle- 
Françoise  de  la  Bussière  DE  GuÉDELON  a  la  noblesse  néces- 
saire pour  être  admise  au  nombre  des  filles  demoiselles  que 
Sa  Majesté  fait  élever  dans  la  maison  royale  de  Saint-l,ouis, 
fondée  à  Saint-Cyr,  dans  le  Parc  de  Versailles,  ainsi  qu'il  est 
justifié  par  les  actes  énoncés  dans  cette  preuve  que  nous 
avons  vérifiée  et  dressée,  à  Paris,  le  trente-un  juillet  mil  sept 
cent  soixante-cinq. 

Signé  :  d'Hozier. 


LES  ÉCHAUBROGNES 


TOUT-LE-MONDE 

POUR  cette  localité  qui  nous  est  devenue  totalement  étran- 
gère, je  me  contenterai  de  transcrire  Tarticle  que  lui 
consacre  Célestin  Port,  dans  son  Dictionnaire  historique, 
géographique  et  biographique  de  Maine-et-Loire,  en  y  ajou- 
tant quelques  mots. 

Tout-le-Monde,  canton  et  arrondissement  de  Cholet  (9 
kilora.  i/2,  età  60kiiom.  d'Angers). Tout-le-Monde  en  Poitou, 
1622  (Doué  et  C).  Par  le  centre,  du  nqrd-est  au  sud-ouest, 
circule  le  ruisseau  du  Trezon,  autrement  dit  de  Péronne,  dans 
une  vallée  sinueuse  et  profondément  encaissée  où  il  traverse 
les  étangs  de  la  Ghalouôre  (2  hect.  QO),  de  Fromenteau 
(1  hect.  12),  et  de  Montour  (1  hect.  76)  avec  moulin  à  eau, 
jusqu'au  confluent  du  ruisseau  de  la  Fardellerie,  qui  descend 
du  nord  en  formant  limite  avec  Mazières. 

Perdu,  à  distance  de  toutes  les  voies,  au  centre  des  forêts 
de  Breuil-Lambert,  de  Vezius  et  de  Chanteloup,  le  pays  for- 
mait^ jusqu'à  la  Révolution  et  depuis  une  date  inconnue,  tout 
au  moins  dès  le  XV*  siècle,  «  une  fillette  »  ou  succursale, 
avec  simple  chapelle,  desservie  par  un  vicaire,  dans  l'immense 
paroisse  de  Saint-Hilaire  des  Echaubrognes,  dont  le  sépa- 
raient la  paroisse  très  restreinte  et  la  ville  de  Maulévrier. 
La  loi  du  5  juillet  1791  annexa  la  succursale  à  cette  dernière, 
en  la  rattachant  au  département  de  Maine-et-Loire,  mais  ne 

^Voir  la  livraison  de  décembre  1899. 

TOMK  XVI.  —  NOTICES.  —  XVI*  ANNÉE,  l"-2'  LIV.  5 


54  LKd    ÉCHAUBtloaNKi^ 

l'ut  appliquée  qu'eu  vertu  d'un  arrôté  du  29  messidor,  an  V, 
qui  n'eut  môme  de  réalisation  qu'en  1807.  Une  ordonnance 
du  S  juillet  1843  a  érigé  son  ressort  particulier  en  paroisse 
distincte,  et  depuis  lors  une  rivalité  constamment  en  éveil, 
sollicitait  la  création  d'une  commune  que  la  loi  votée  le  2, 
promulguée  le  17  février  1864,  après  dix  ans  de  discussions 
et  d'enquêtes,  a  constituée  enfin.  L'ancienne  chapelle,  avec 
portail  ogival,  s'élève  encore,  sans  clocher,  au  centre  du 
bourg,  etc.  (Depuis  plusieurs  années  déjà,  cette  chapelle  a  été 
démolie,  et  elle  est  remplacée  par  une  charmante  église  en 
style  de  XlIP  siècle  avec  flèche  sur  la  façade).  En  dehors  du 
bourg,  sur  le  chemin  d'Yzernay  se  rencontre  une  petite 
chapelle,  dite  de  TArceau,  où  viennent  en  pèlerinage  le^s 
épouses  infécondes.  Sur  le  pignon,  une  croix  en  granit  porte 
un  christ  grossièrement  entaillé  :  au-dessous,  on  lit  sur  les 
montants  :  Jean  Lepage  ^650.  Nom  du  fondateur  et  date  de 
l'érection.  Tout-le-Monde  dépendait  en  1780,  comme  Saint- 
Hilaire  des  Echaubrognes,  du  doyenné  de  Vihiers,  de  l'évôché 
de  Poitiers  jusqu'en  1317,  de  Maillezais  jusqu'en  1648,  plus 
tard  de  la  Rochelle.  Au  civil,  du  comté  de  Maulévrier,  du 
présidial  et  de  là  sénéchaussée  d'Angers,  de  Télection  de 
Montreuil-Bellay,  du  grenier  à  sel  et  du  district  de  Cholet. 

La  seigneurie  de  la  Crilloire  formoit  autrefois  une  petite 
paroisse,  englobée  maintenant  dans  celle  de  Tout-le-Monde, 
et  comprenait  le  château  où  une  chapelle  dédiée  à  saint  Sé- 
bastien servait  d'église,  une  métairie  et  un  moulin,  quelques- 
unes  seulement  des  borderies,  et  non  pas  môme  toutes  celles 
qui  s'élevaient  à  Tentour  du  ch&teau  ("voir  plus  loin  la  notice 
sur  la  Faucherie).'  La  Crilloire  est  une  ancienne  seigneurie, 
avec  château-fort,  au  fond  d'une  vallée  coupée  par  de  nom- 
bi  eux  étangs,  jadis,  et  dont  deux  subsistent  encore.  L'édifice, 
entouré  de  vastes  douves  vives,  encore  existantes,  formait 
un  quadrilatère  irrégulier.  Il  s'ouvrait  vers  l'est  par  une  porte 
unique  à  pont-levis.  Du  château,  incendié  pendant  la  guerre 
de  la  Vendée,  et  depuis  démoli  à  peu  près  complètement,  il 


LkS  ÉCltAUBHOÔNBâ  ^5 

De  reste  que  la  base  des  tours,  aux  larges  brèches  à  demi, 
recouvertes  de  lierre.  A  cinquante  mètres,  un  puits  qui  a  pour 
margelle  une  dalle  de  tourbe  au  nom  de  Renée  Barbot,  morte 
en  février  179...  Une  autre  dalle,  celle  d'un  ancien  receveur, 
mort  en  174...  sert  de  seuil  à  une  ferme.  A  500  mètres  des 
raines  s*élève,  sur  une  éminence,  un  vaste  château  moderne 
appartenant  à  M.  de  Formon. 

La  terre  donnait  son  nom,  jusqu'au  XVI*  siècle  à  une 
famille  de  chevalier  de  qui  elle  passa  à  la  famille  Laurent  ou 
de  Laurens.  En  1588,  Pierre  Laurent  ou  de  Laurens,  sieur  de 
la  Cri lloire,  guerroyait  dans  l'armée  du  roi  de  Navarre;  en 
peine  d  argent  sans  doute,  comme  son  maître,  et  piqué  d'am* 
bition,  il  envahit  un  jour  le  château  de  Vezins,  et  avec  l'aide 
de  quelques  soudards,  enleva  la  jeune  baronne,  Louise  de 
Maillé  de  Lathan,  récemment  veuve,  qu'il  conduisit  à  la  Gril- 
loire.  Après  un  jour  de  réflexion,  pour  tout  répit,  il  la  tratna, 
le  pistolet  au  poing  dans  la  chapelle,  où  un  prêtre  consacra 
le  mariage.  Mais,  ni  prières,  ni  menaces,  n*ayant  pu  dompter 
la  belle,  il  espéra  mieux  en  lui  rendant  sa  liberté  après  une 
captivité  de  onze  jours.  La  baronne  porta  plainte  immédia- 
tement au  présidial  d'Angers,  et^  pendant  que  ses  parents  et 
tenanciers  venaient  assiéger  le  ravisseur^  celui-ci,  hors  d'état 
de  se  défendre^  regagna  Tarmée.  Couvert  un  instant  par 
l'amitié  du  roi,  il  se  laissa  prendre  dans  une  embuscade 
d*archers,  fut  conduit  à  Angers,  condamné  à  mort  et  décapité 
le  7  mai  1588.  G*esi  le  sujet  d'un  des  arrêts  célèbres  recueillis 
par  Pocquet  de  Livonnière,  qu'a  rajeunis  d'un  style  roman- 
tique M.  Charles  Tenaisie... 

Lors  des  guerres  de  la  Vendée,  le  commandant  Tillemet 
avait  été  envoyé  en  éclaireur  par  le  général  Ligonnire  dans 
la  direction  de  Maulévrier,  avec  dou?^  cavaliers.  Le  16  avril 
1793^  cet  ofAcier  pénétrait  avec  son  détachement  dans  le 
chftteau  de  la  Grilioire  près  Tout-ie-Monde,  où  il  se  trouva 
tout  à  coup  cerné  par  une  bande  d'une  centaine  de  Ven- 
déens,   Pour  en  sortir,   il    fut  obligé    de  s>o   faire  jour    le 


56  LB8  ÉGHAUBROGNBS 

sabre  à  la  main,  et  força  leurs  lignes  en  Jaissant  deux 
morts  et  neuf  blessés.  A  quelque  distance  du  château, 
honteux  de  sa  fuite,  il  rallie  subitement  sa  petite  troupe 
et  quoique  blessé  lui-même  d'un  coup  de  crosse  à  Tépaule  et 
d'un  coup  de  feu  à  la  cuisse,  il  revient  à  la  charge  pour  sur- 
prendre à  son  tour  les  paysans,  mais  la  plupart  s'étaient  déjà 
retirés.  Dès  lors,  n'ayant  plus  désormais  d'ennemis  en  face, 
il  continua  librement  son  excursion,  et  alla  rejoindre  à  la 
chute  du  jour  son  corps  d'armée  Un  décret  proclama  pom- 
peusement qu'il  avait,  pour  ce  fait,  bien  mérité  de  la  patrie. 
Certes,  du  côté  des  Vendéens,  bien  des  coups  de  main  sem- 
blables ont  eu  lieu  et  sont  restés  dans  l'oubli  ;  mais  sou- 
venons-nous qu'alors,  dans  cette  conspiration  générale  du 
mal  contre  le  bien,  les  républicains  seuls,  étaient  vertueux  ; 
tandis  que,  la  langue  française  subissant  elle  aussi  sa 
révolution,  les  Vendéens  n'étaient  que  des  brigands,  cou- 
pables au  premier  chef  d'avoir  agité  le  flambeau  de  la  guerre 
civile  au  milieu  de  leurs  concitoyens  ;  comment  de  pareils 
monstres;  auraient-ils  jamais  pu  bien  mériter  de  la  patrie^... 

«  Je  vis,  dit  quelque  part  en  ses  Mémoires  M"'de  laRoche- 
jaquelein,  arriver  un  jour  à  Cholet  une  jeune  fille,  grande 
et  fort  belle  qui  portait  deux  pistolets  et  un  sabre  à  sa  cein- 
ture. Elle  était  accompagnée  de  deux  autres  femmes  armées 
de  piques  :  elle  amenait  à  mon  père  un  espion.  On  l'interro- 
gea, elle  répondit  qu'elle  était  de  la  paroisse  de  Tout-le- Monde, 
et  que  les  femmes  y  faisaient  la  garde  quand  les  hommes  étaient 
à  l'armée.  Son  petit  air  martial  la  rendait  encore  plus  jolie.. .» 

(Voir,  outre  le  Dictionnaire  de  M.  Célestin  Port,  les  Archives 
de  Maine-et-Loire,  série  m.,  notice  manuscrite  de  M.  Spal. 
Notes  de  M.  de  Saint-André,  Répertoire  arch,  1868,  p.  98). 

LOGIS    SEIGNEURIAUX 

Vers  la  fin  du  IX*^  siècle,  les  seigneurs,  parvenus  par  la  fai- 
blesse des  princes  à  se  rendre  maîtres  du  territoire  qui  n'é- 
tait que  confié  à  leur  administration,  transmirent  leurs  titres 
et  leurs  nouveaux  «  droits  »  à  leurs  enfants,  laissant  à  l'atné 


LBS  ÉGHAUBROGNËS  57 

le  titre  et  le  domaine  principal,  et  aux  autres  quelques  sei- 
gneuries inférieures  qu'ils  en  détactiaient.  G^est  par  suite  de 
ces  démembrements  successifs  que  le  pays  se  trouva  bientôt 
partagé  en  plusieurs  baronnies  :  les  baronnies  poussèrent 
elles-mêmes  au-dessous  d'elles  des  châtellenies  qui  leur  ren- 
daient les  mômes  devoirs  de  dépendance.  C'est  la  féodalité. 

On  peut  aisément^  d'après  ces  données,  se  représenter  l'as- 
pect qu'offrait  au  moyen-âge  ce  réseau  étendu  sur  notre  con- 
trée. A  Thouars,  Beaupréau^  Mortagne,  Mauléon,  Maulévrier 
ou  Gholet  demeurait  le  véritable  seigneur,  celui  qui  régnait 
en  petit  souverain  sur  les  alentours  ;  mais  il  était  loin  de 
posséder  en  propre  tout  ce  territoire  sur  lequel  il  avait  seule- 
ment le  droit  de  suzeraineté.  Dans  les  petits  manoirs,  disper- 
sés çà  et  là  dans  la  vaste  étendue  de  nos  paroisses,  vivaient 
des  maîtres  de  moindre  importance  féodale,  il  est  vrai,  mais 
bien  mieux  que  leurs  suzerains,  inféodés  aux  mœurs  du  pays, 
aux  instincts  de  la  population.  Ils  ne  paraissaient  point  à  la 
cour,  ne  quittaient  presque  jamais  la  contrée,  sinon  pour 
aller  de  temps  à  autre  combattre  sous  la  bannière  de  quelque 
vaillant  capitaine  et  payer  ainsi  leur  dette  envers  la  patrie. 
C'était  là,  la  vraie  noblesse  du  pays,  les  seigneurs  préférés 
des  paysans.  Les  logis  ou  manoirs  que  s'étaient  bâtis  cette 
petite  noblesse  étaient  nombreux  dans  nos  paroisses,  nous 
en  comptons  une  quinzame  au  moins.  Leur  physionomie,  un 
peu  altérée  par  l'âge,  est  presque  toujours  la  môme.  En  étu- 
diant leur  forme  dans  ceux  d'entre  eux  que  le  temps  ou  les 
révolutions  ont  le  mieux  respectés,  on  arrive  sans  trop  de 
peine,  grâce  à  cette  architecture  des  temps  passés,  bien  plus 
caractéristique  que  la  nôtre,  à  déterminer  leur  âge,  et  à  les 
reconstituer  par  la  pensée.  Us  datent  presque  tous  du  temps 
des  guerres  de  religion  :  bien  qu'ils  soient  loin  d'ôtre  des  for- 
teresses, et  que  l'invention  de  la  poudre  leur  eût  fait  perdre 
beaucoup  de  valeur  dans  leurs  moyens  de  défense,  on  voit 
cependant  par  l'ensemble  des  précautions  prises  dans  leur 
construction,  qu'ils  étaient  parfaitement  disposés  pour  ôtre  à 


58  LirS  ÉCHAUBt^OGNES 

Tabri  d'un  coup  de  main  et  qu'ils  pouvaient  du  moins  se  dé- 
fendre contré  ces  bandes  de  pillards  si  nombreuses  alors: 
sorte  de  communistes  pratiques  dont  Tespèce,  déjà  bien 
ancienne,  menace  de  se  perpétuer  jusqu'à  la  fin  des  temps. 

Parmi  ces  manoirs,  les  uns,  b&tis  sur  un  tetiain  uni,  comme 
Livois,  l'Ëcurie,  Louisière,  Landebergëre,  n'ayant  par  le  fait 
de  cette  position,  aucune  défense  naturelle,  avaient  été  en- 
tourés de  douves,  ou  tout  au  moins  de  hautes  murailles  d'en- 
ceintes. D'autres  comme  Lhoumois,  la  Guichardière,  Touvois 
ou  la  Progerie,  perchés  sur  la  pointe  d'un  mam^^lon  ou  sur  le 
bord  escarpé  d'un  cours  d'eau,  étaient  comm^  des  sortes  de 
guérites  féodales  où  chaque  famille  seigneuriale  se  gardait  à 
l'approche  de  l'ennemi,  et  de  là  protégeait  ou  défendait  sa 
terre  et  ses  biens.  Dans  d'autres  de  nos  manoirs  enfln, 
comme  à  la  Coudraie,  Noyers,  à  Aubert,  àlaRenaudière,  b&tis 
tout  au  plus  tôt  à  la  fin  du  XVI«  siècle,  à  une  époque  où  les 
oirages,  enfantés  par  les  guerres  religieuses  avaient  pris  fln^ 
les  douves,  les  hautes  murailles  disparaissent,  et  on  ne  trouve 
plus  qu'un  castel  de  forme  plutôt  moderne  et  bourgeoise  que 
féodale,  et  où  déjàun  certain  amour  du  bien-être  s'est  intro- 
duit. Deux  de  ces  demeures  seigneuriales,  la  Foucherie  et  la 
Sicardière,  bien  que  anciennes^  n'ont  réellement  rien  dans 
leur  construction,qui  les  distingue  d'une  habitation  ordinaire. 
'Toutes  ces  gentilhommières  du  reste  ont  un  aspect  bien 
plutôt  champêtre  que  seigneurial^  mais  elles  suffisaient  aux 
goûts  simples  et  rustiques  de  la  noblesse  d'autrefois.  Là  s'é- 
coulait, heureuse  et  calme,  l'existence  de  ces  modestes  sei- 
gneurs peu  soucieux  du  luxe,  pourvu  qu'ils  eussei.t,  hors  le 
temps  de  guerre,  facilité  de  se  livrer  au  plaisir  de  la  chasse, 
délassement  favori  de  la  plupart  d'entre  eux.  La  proximité 
de  leurs  demeures  disséminées  dans  la  campagne,  leur  per- 
meltait  de  joijidre,  aux  charmes  de  la  vie  de  famille,  des  rela- 
tions fréquentes.  La  simplicité  de  leur  vie  et  une  communauté 
d'intérêt  les  taisaient  même  se  mêler  aux  paysans  dont  ils 
pâi*tageaieht  les  délassements,  les  mœurs,  et  souvent  aussi 


LB8   KCHAUBROONBS  59 

les  travaux  ;  mais  qui  les  payaient  en  retour  d^une  grande 
vénération,  jointe  à  une  sorte  de  familiarité  joviale  et  rus- 
tique. Mais  ici-bas  tout  prend  fln  :  à  celte  noblesse  qui,  ou 
s'éteignait,  ou  désertait  ses  anciens  manoirs,  se  substitua  peu. 
à  peu  dans  les  temps  qui  précédërentla  Révolution,  une  classe 
nouvelle,  celle  de  la  bourgeoisie^  non  pas,  dans  nos  pays  du 
oQoins,  cette  bourgeoisie  voltairienne,  impie  et  dissolue,  mais 
une  bourgeoisie  honorable,  à  mœurs  vraiment  patriarcales,  et 
qui,  après  ôtre  parvenue  à  la  fortune,  émigrait  parfois  hors  des 
villes  et  aimait  à  venir  habiter  une  terre  qu'elle  avait  acquise 
à  beaux  deniers  comptants  et  autour  de  laquelle  elle  jouissait 
d'une  considération,  dont  elle  était  légitimea\ent  flère.  Sou- 
vent aussi,  elleavaitcontracté  des  alliances  avec  cette  noblesse 
qu'elle  remplaçait  peu  à  peu  et  dont  elle  reprenait  d'ailleurs 
les  allures,  glissant  môme  furtivement  à  la  suite  de  son  nom 
roturier  un  nom  de  terre  quelconque.  Si  ces  qualifications  ne 
constituaient  pas  la  noblesse,  souvent  elles  la  faisaient  sup- 
poser. Elles  servaient  encore  à  désigner  plus  spécialement  les 
diverses  branches  des  familles  alors  encore  nombreuses 
dans  leurs  enfants,  et  devenaient  ainsi  comme  un  deuxième 
nom  greffé  sur  le  nom  patronymique.  Citons  dans  nos  parages 
les  Gyerault  de  la  Brosse,  les  du  Ghiron  de  la  Guérivière, 
Guinoyseau  de  la  Saunerie^  Tocqué  de  la  Saulaie  et  d'Aubert, 
Gillebert  des  Arsisetde  la  Louisière,  la  famille  Rocquet  dont 
les  nombreux  rameaux  portaient  les  dénominations  de 
Rocquet  des  Vannes,  de  la  Borde,  de  TEpinay,  de  la  Maison- 
Neuve  et  de  la  Brunière,  etc. 

Au  sein  de  cette  bourgeoisie  honorable  se  recruta  souvent 
ce  clergé  fortement  trempé  que  Dieu,  dans  sa  miséricorde, 
suscita  dans  nos  religieuses  contrées  pour  les  préparer  à 
traverser  les  jours  mauvais  et  à  l'aide  duquel  se  reformèrent 
ensuite  nos  cadres,  lors  du  rétablissement  du  culte.  On  n'a 
point  oublié  encore  les  noms  de  MM.  Cousseau  du  Vivier  et 
de  la  Richardière,  de  Châtillon,  de  M.  Vion  du  Bois,  de  la 
Chapelle-Largeau,  etc. 


N 


60  LES   ÉCiiÀUBROGNES 

Au  moment  de  la  Révolution,  trois  ou  quatre  de  ces  logis 
seulement  étaient  habités  dans  nos  deux  paroisses.  Aujour- 
d'hui, de  plusieurs  d'entre  eux  il  ne  reste  plus  guère  que  des 
ruines,  laRévolution  là  plus  qu'ailleurs,  a  promené  l'incendie. 
De  plus,  toutes  ces  gentilhommières  ont  perJu  leurs  pro- 
priétaires d'autrefois,  et  les  acquéreurs  nouveaux,  peu  sou- 
cieux de  conserver  ces  restes  parfois  accusateurs,  se  gardent 
bien  d'arrêter  les  ravages  du  temps.  Le  fermier  de  son  côté, 
car  tous  ces  vieux  logis  ne  sont  plus  maintenant  que  de 
simples  fermes,  voit  d'un  œil  indifférent  se  dégrader  pièce 
à  pièce  cette  demeure  où  il  a  remplacé  ses  anciens  maîtres 
dont  il  ne  sait  même  plus  le  nom.  Quelques  années  encore 
et  il  ne  restera  rien  de  ces  débris  intéressants  d*un  passé  à  la 
fois  si  rapproché  de  nous  et  si  éloigné  de  nos  mœurs. 

AUBERT 

Aubert,  communément  appelé  le  Bert,  est  situé  au  point  où 
le  ruisseau  de  la  Picoulée,  qui  a  pris  naissance  au  Bois- 
Boissière,  vient  se  jeter  dans  le  Louin  qui,  à  partir  de  là, 
forme  la  limite  de  la  paroisse  de  Loublande  d'avec  celles  de 
Moulins,  et  de  la  Ghapelle-Largeau.  Aubert  n'est  distant  de 
Moulins  que  d'un  kilomètre  environ.  Nous  avons  dit 
ailleurs  comment  il  se  fait  qu'on  Ta  adjoint  à  la  paroisse  de 
Loublande,  bien  qu'il  se  trouve  aussi  éloigné  de  son  nouveau 
chef-lieu  paroissial  qu'il  Test  du  bourg  des  Echaubrognes. 
La  Révolution  n'a  eu  garde  d'épargner  le  vieux  logis  d'Au- 
bert,et  on  ne  l'a  point  réparé  depuis  lors.  Au  milieu  des  ruines, 
quelques  pierres  portent  gravées  des  initiales  et  le  millésime 
de  1779,  date,  soit  d'une  réparation,  soit  même  d'une  recons- 
truction totale  du  manoir.  Un  portail  cintré^  accosté  d'une 
porte  plus  petite,  donne  entrée  dans  une  vaste  cour.  Le  logis 
en  occupait  la  partie  orientale.  Le  voisinage  de  l'eau  avait 
nécessité  l'exhaussement  du  terrain  et  le  corps  du  bâtiment 
reposait  sur  une  sorte  de  terrasse  ou   d'esplanade.  Je  n'ai 


LES  ÉGHAUBROGNBS  61 

nulle  part  trouvé  traces  d'armoiries.  Les  servitudes,  à  porte 
cintrée,  s'ouvraient  autour  de  la  cour^  faisant  face  à  une  cha- 
pelle sans  caractère  ni  style  et  qui  maintenant  sert  de  de- 
meure au  fermier.  M.  des  Ormeaux»  le  propriétaire  d'Aubert 
avait  essayé,  il  y  a  quelques  ^années,  l'élevage  en  grand  des  4^ 

sangsues,  il  a  renoncé  à  son  entreprise  et  les  bassins  môme 
ont  disparu. 

Voici  les  quelques  notes  que  j'ai  pu  recueillir  sur  le  passé 
d'Aubert  :  Frère  Jacques  Thieulin,  procureur  de  l'abbaye  de  la 
Trinité  deMauIéon,  en  1669,  dit  que  M.  d'Aubert^seigneur  de 
ce  lieu  et  de  Douxsanjue,  devait  sur  cette  dernière  propriété 
trois  septiers  de  blé  seigle  à  la  dite  abbaye.  On  pourrait  donc 
être  autorisé  à  croire  qu'à  cette  date  il  y  avait  encore  une 
famille  de  chevalerie  portant  le  nom  de  la  dite  terre  ;  mais  dix 
ans  plus  tard,  le  3  mai  1679,  une  transaction  a  lieu  entre  ce 
frère  Thieulin  et  Jean  Théronneau,  possesseur  du  domaine 
d'Aubert.  Et  Jeian  Théronneau  reconnaissait  déjà  cette  rente 
dans  l'aveu  qu'il  faisait  au  seigneur  de  Bois-Bodard,  pa- 
roisse de  Jaliais,  dès  le  mois  de  juillet  1675.  Cette  rente  est 
ensuite  servie  à  l'abbaye  par  François  Saplnaut  de  Bois. 
Huguet  jusqu'en  1716.  Quelques  années  avant  la  Révolution, 
Aubert  passa  à  la  famille  Tocqué,  de  Chfttillon-sur-Sèvro.  En 
l'année  1704,  Jacques  Tocqué,  receveur  des  tailles,  affermait 
de  J.  Gillebert  de  la  Louisière,  un  logis  proche  de  l'église  de 
Saint-Melaine  à  Mauléon,  pour  la  somme  de  soixante-dix 
livres.  Ce  même  noble  homme,Jacques  Tocqué  de  la  Saullais, 
conseiller  du  roy  et  receveur  des  tailles  en  l'élection  de  Mau- 
léon, décéda,  le  9  mars  1716,  à  l'âge  de  53  ans.  On  n'aurait  eu 
garde  d'oublier  sur  sa  tombe  le  nom  d'Aubert  s'il  en  eut  été 
le  propriétaire.  Mais,  le  4  août  1784,  M.  L.  Roy,  curé  de  Saint- 
Pierre  d'Echaubrognes,  procède  à  la  sépulture  de  damoiselle 
Prançoise-Perrine  Texier,  veuve  de  M.  César  Tocqué,  con- 
seiller du  roy,  receveur  des  tailles^  décédée  le  jour  précédant 
à  la  maison  noble  d'Aubert  de  la  dite  paroisse,  âgée  de  78  ans. 
Puis  l'an  1792,  le  2  août,  ce  môme  M.  Roy  qui  avait  alors  prêté 


Ô2  LES  ÉCHAUBROQNES 

le  serment*  inhume  le  corps  de  M.  César-Antoine  Tocqiié, 
ancien  receveur  des  impositions  royales,  décédé  le  31  juillet 
en  sa  maison  d'Aubert,  âgé  d'environ  66  ans.  C'est  ce  môme 
M.  Tocqué  que  nous  avons  vu  page  31,  le  3  mars  1791,  compa- 
•*  raître  en  sa  qualité  de  maire  des  Echaubrognes,  devant  les 

commissaires  de  la  République  et  se  démettre  de  sa  charge 
entre  leurs  mains.  L'auteur  de  l'excellent  ouvrage  fltfnnrfc 
la  Roche jaquelein  et  les  guerres  de  la  Vendée  donne  Un 
fac-similé  d*un  autographe  du  dit  M.  Henri,  signé  de  lui  et  de 
M.  deLescure  faisant  mention  de  notre  vieux  castel  d'Aubert  : 
«  Messieurs,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  faire  suspendre 
a  l'exécution  de  l'ordre  que  vous  avés  donné  de  faire  enlever 
«  les  bûches  qui  sont  à  Aubert,  chés  M.  Tocqué  et  de  donner 
«  des  ordres  promptement  pour  en  empocher  Texécution. 

«<  A  Châlillon,  ce  21  may  1793.  Signé  :  De  La  Rochejaque- 
«  lein,  Lescure  >». 

Ce  billet  a  été  fait  le  jour  même  où  l'armée  avait  été  convo- 
quée à  Châtillon,  afin  de  partir  de  là  sur  Fontenay,  pour  aller 
venger  Téchecqu'ony  avait  subi  cinq  jours  aupai'avant. 

Le  9  octobre  de  la  môme  année,  après  la  rentrée  de  Wes- 
termann  dans  la  ville  de  Châtillon,  les  débris  de  ses  soldats, 
des  étrangers  pour  la  plupart,  heureusement,  et  appartenant 
à  la  légion  germanique,  ivres  de  sang  encore  plus  que  de  vin, 
se  souillèrent  les  mains  dans  des  massacres  horribles  :  ils 
tuèrent  des  enfants, des  femmes  môme  patriotes,  qui,  n'ayant 
pas  peuriJ'eux,  étaient  restés  lors  de  la  prise  de  ChâUllon 
deux  jours  auparavant.  Je  citerai  M"«  Tocqué  (Marie-Rose 
Pasquier  de  Villegois.  mariée  en  1770  à  César-Auguste 
Tocqué,  sieur  d'Aubert,  paroisse  des  Echaubrognes,  receveur 
des  tailles  à  Chfttillon).  M.  Tocqué  avait  été  enrôlé  et  emmené 
de  force  par  les  Bleus  et  il  était  payeur  dans  l'armée  répu- 
blicaine. Pressentant  le  danger  que  courait  sa  famille,  il  re- 
venait pour  la  protéger.  Il  y  a  apparence  que  les  hussards 
républicains  qui  rentraient  dans  Châti lion  étaient  ivres.  Trois 
du  quatre  d'entre  eux  sur  les  11  heures  du  soirjentrèrentchez 


LES   I^CHAUBROONES  61^ 

M.  Tocqué  dont  la  maisoa  était  très  apparente  et  le  portail 
largement  ouvert  :  là,  descendant  de  cheval,  ils  pénétrèrent 
brusquement  dans  le  logis,  heurtant  vivement  le  prince  de 
Talmont  sur  un  escalier,  sans  le  reconnaître,  et  se  dirigeant 
du  côté  de  la  lumière  où  était  la  maîtresse  de  la  maison,  ils 
la  sabrèrent  sans  pitié  avec  l'une  de  ses  filles,  âgée  de  six 
ans.  Une  autre  de  ses  enfants,  ajoute  M.  Amaury-Gélusseau, 
plus  légèrement  blessée,  échappa  miraculeusement  à  la  mort 
et  devint  M*'  de  la  Roussardière,  une  des  femmes  qui,  au 
retour  de  la  paix,  ont  le  plus  contribué  par  l'aménité  de  leurs 
rapports  et  Tintelligente  gaieté  de  leur  esprit,  à  cicatriser  les 
plaies  de  la  guerre.  Les  deux  autres  enfants  de  M""*  Tocqué 
restèrent  attachés  sur  le  corps  inanimé  de  leur  mère  ; 
M**  Radigon,  Tune  ^de  ceux-là,  non  moins  bonne,  non  moins 
estimée  que  sa  sœur,  vécut  prèsd^elle  pour  consoler  ses  sou- 
venirs. Quand  M.  Tocqué  arriva  quelques  heures  après,  il 
trouva  les  pauvres  victimes  au  milieu  de  la  cour,  baiguant 
dans  leur  sang. 

Après  la  Révolution,  M.  Tocqué,  fils  du  précédent,  je  sup- 
pose, vint  se  fixer  dans  la  partie  du  vieux  manoir  qu'avaient 
quelque  peu  épargné  les  hordes  républicaines,  il  fut  maire 
de  la  commune  de  Saint^Pierre  des  Bchaubrognes,  après 
M.  Bouchère,  pendant  une  partie  de  la  Restauration.  Il  eut 
une  fille  unique,  Marie  Tocqué,  qui  épousa  depuis  M.  Bague- 
nier  des  Ormeaux,  médecin  à  Maulévrier.  Voici  l'inscription 
gravée  sur  la  tombe  de  M.  Tocqué  au  cimetière  des  Echau- 
brognes  :  Ici  reposent  les  restes  de  feu  César-Auguste  Tocqué, 
décédé  à  Aubert  le  26  février  1832,  à  l'âge  de  55  ans. 

LA  COUDRAYE-NOYERS. 

«  La  maison  noble  de  la  Goudraye-Noyers^  paroisse  de 
«c  Saint-Pierre  d'Eschaubrogne,  est  composée  d'une  maison 
«  belle  et  sollidement  bastie,  d'une  cour  d'entrée  entourée 
a  d'escuryes,  estables  et  aultres  bastiments,  un  parterre  der- 


64  LES  ÉGHAUBROQNES 

«  rièrela  maison,  en  lequel  est  une  chapelle,  terrasse,  jardin 
u  pottager  ;  à  la  suitte  un  estang  joignant  le  mur  de  la  cour; 
«  une  belle  prairie  plusieurs  allées  et  venues,  etc.  »  Cette 
description  mise  en  tdte  d*un  acte  de  partage  de  la  Goudraye- 
Noyers,  fait  en  1757,  lui  convient  de  tous  points  encore  au- 
jourd'hui. Bien  qu'elle  soit,  réduite  à  n*ôtre  plus  qu'une 
ferme,  tombée  depuis  bien  des  années  déjà,  entre  les  mains 
des  industriels  choletais,  qui  ont  remplacé  un  peu  partout  en 
nos  alentours  les  vieilles  familles  nobles  ou  bourgoises  d'au- 
trefois. Avec  son  bel  étang,  sa  noble  architecture,  ses  grosses 
tours,  la  Coudraye-Noyers  a  encore  grand  air,  et,  comme  au 
dernier  remaniement  de  la  paroisse  des  Echaubrognes,  les 
gens  de  Loubiande  tenaient  essentiellement  à  avoir  cette 
bague  au  doigt^  il  a  fallu  tailler  à  travers  champs  afin  de  la 
comprendre  dans  les  limites  de  la  paroisse  nouvelle. 

Le  portail  d'entrée  est  surmonté  d'un  écusson  que  l'on 
retrouve  sur  la  façade  du  logis;  il  porte  une  fasce  surmon- 
tée de  trois  têtes  cT oiseaux  arrachées.  Le  corps  de  bâtiment 
regarde  le  midi,  il  se  compose  de  deux  parties  accolées  en- 
semble :  celle  qui  est  sur  le  bord  de  l'étang,  au  levant  par 
conséquent,  parait  être  la  plus  ancienne,  et  elle  est  aussi  la 
plus  dépourvue  d'ornements.  Elle  est,  depuis  la  Révolution  du 
moins,  surmontée  d'une  charpente  plus  élevée  et  recouverte 
de  tuiles  ;  tandis  que  l'autre  partie  a  une  toiture  très  aiguô 
et  est  recouverte  d'ardoises.  Une  petite  échauyuette  domine 
l'angle  sud-est  du  côté  de  Tétang.  Deux  ou  trois  grandes 
fenêtres  garnies  de  meneaux  sont  maintenant  murées  et  on 
n'a  laissé  ouverte  que  celle  du  rez-de-chaussée  qui  est  proté- 
gée par  un  fort  grillage  en  fer  comme  les  fenêtres  de  l'autre 
corps  du  logis.  A  l'angle  nord-est  est  un  des  deux  escaliers 
en  pierre  conduisant  à  l'étage  supérieur.  La  partie  la  plus 
récente  du  logis,  à  l'ouest,  contient  une  vaste  pièce  d'habita- 
tion et  les  étages,  dont  l'un  s'est  effondré  il  y  a  quelques 
années  et  n'a  pas  été  rétabli,  sont  fort  élevés.  Cette  portion 
duch&teau  est  Qanquée,  aux  angles,  de  deux  grosses  tours 


LBS  ÉGHAUBROONRS  65 

munies  de  mâchicoulis  et  surmontées  d'une  toiture  très  aiguë. 
L'une  de  ces  tours  forme  Tangle  sud-ouest  et  une  autre,  qui 
contient  un  escalier,  donne  sur  la  terrasse  qui  précède  le 
jardin.  Le  tout  est  d'une  belle  architecture  et  le  trumeau  de 
maçonnerie  dans  lequel  s'ouvrent  les  trois  fenôtres  superpo- 
sées de  la  façade  est  tout  en  pierres  de  taille.  Ces  fenôtres 
avec  leurs  meneaux  sont  ornées  de  moulures  et  de  motifs  qui 
rappellent  les  meilleurs  temps  de  la  Renaissance.  Le  millé- 
sime, 1595,  qui  surmonte  la  poterne  s'ouvrant  sur  la  chaussée 
de  l'étang  ne  peut  rappeler  qu'une  réparation  faite  au  vieux 
logis  qui  accuse  une  date  plus  ancienne  dans  son  ensemble. 
La  chapelle  formait  une  construction  isolée  :  elle  était  située 
à  Tangle  nord-est  du  jardin  ;  il  n*en  reste  plus  traces.  Si 
notre  vieil  édifice  n'a  point  la  coquetterie  du  castel  de  Saint- 
Georges  que  M.  Brissonnière  a  fait  construire  il  y  a  quelques 
années,  près  de  là,  du  moins,  avec  ses  fortes  assises  et  ses 
puissantes  tours,  il  semble  aussi  bien,  sinon  mieux  que  ce 
dernier  être  construit  pour  braver  pendant  de  longues  années 
encore  Faction  destructive  du  temps,  lequel  ne  Ta  guère 
entamé,  bien  qu'il  soit  vieux  de  prè's  de  trois  siècles. 

En  1587,  noble  et  puissant  M"  René  de  Corneillaud,  cheva- 
lier de  l'ordre  du  roy,  lieutenant  de  cinquante  hommes 
d'armes,  sieur  de  la  Goudraye  et  du  Mazuresu,  faisait  sa  de- 
meure au  dit  lieu  et  maison  noble  de  la  Coudraye-Noyers, 
paroisse  de  Saint-Pierre  d'Echaubrogne.  Le  29  janvier  1627, 
(ou  1637),  Pierre  de  Corneillaud,  son  fils,  est  acquéreur  d'un 
pré  sur  le  Louin  appartenant  antérieurement  à  M'*  de  Meulles 
seigneur  du  Fresne-Chabot  et  de  la  Darbellière,  en  Saint- 
Aubin,  puis  à  Jacques  de  Hillerin,  seigneur  de  Bazoges.  Le 
seigneur  du  Puy-Herbert  lui  devait  la  journée  d'un  homme 
afin  de  faucher  le  dit  pré. 

En  août  1642,  damoiselle  Marguerite  de  Romagny,  épouse 
de  Simon  Cheminée,  écuyer,  sieur  de  la  Ménardière»  tant  en 
son  nom  que  comme  soi  faisant  forte  pour  René  Cheminée, 
écuyer,  sieur  des  Brosses,  et  damoiselle  Philippe  de  Gormeil-* 


66  Lfts  éghaubrogNils 

laud,  son  gendre  et  sa  fille,  et  de  datnoiselle  Anne,  sa  seconde 
fltie  encore  mineure^  et  de  présent  demeurante  à  Mortagne, 
vend  à  Pierre  de  Corneillaud,  écuyer  sire  de  la  Coudraye, 
y  demeurant,  le  droit  de  dîmes  sur  le  lieu  de  TAudeuinière- 
Pierre  de  Corneillaud  avait  épousé  damoiseile  Jeanne  Gyerault 
d*une  famille  d'ancienne  bourgeoisie  demeurant  à  Angers  ;  et 
par  contrat  gratieux  (sic)  passé  par  devant  M*  Rocquet,  no- 
taire à  Maulévrier,  le 22 septembre  1673»  il  lui  code  une  partie 
de  la  Coudraye»  et  lui  vend  le  surplus  d'icelie  pour  la  somme 
de  2078  1. 14  s.  4  d.  La  Coudraye  était  tenue  féodalement  du 
comté  de  Maulévrier.  Jeanne  Cyerault  était  veuve  en  1678» 
époque  où  elle  acquiert  le  tennement  de  la  Frérie  de  M*^  Ga- 
briel Garion,  seigneur  de  TEperonnière.  Ce  petit  domaine  est 
situé  à  la  sortie  du  bourg  d'Echaubrogne  entre  la  route  de 
Ch&tillon  et  un  champ  qui  longe  un  autre  chemin  allant  dudit 
bourg  à  la  Planche-aux-Moines. 

Daqs  Téglise  de  Saint-Pierre,  on  voyait  il  y  a  une  cinquan- 
taine d'annés,  à  l'entrée  du  chœur  du  côté  de  Tévangile,  une 
plaque  de  cuivre  fondu  portant  Tinscription  suivante  :  »  Puis- 
«  santé  dame  Gyerault,  épouse  de  M.  Pierre  de  Corneillaud, 
«  vivant  écuyer,  seigneur  de  la  Goudraye-Noyers,  décédé  le 
«  17  juillet  1696^  a  fondé  en  cette  église  à  perpétuité  deux 
«  messes  solennelles,  vigiles  et  office  des  morts,  à  même 
u  jour  de  son  décez,  par  acte  de  J.  Gh4iil}ou  et  L.  Ghastain, 
«  notaires  de.  Mauléon,  le  16  may  1596,  Requiescant  in  pace 
«  Amen.  »  La  dite  plaque  porte  en  chef  un  écasson  au  champ 
chargé  d'un  chevron  de  ,,..  accompagné  de  5  corneilles  de 
sable,  et  surmonté  d'un  timbre  ou  casque  d  écuyer.  Grâce  à 
répaisse  couche  de  badigeon  qui  la  recouvrait,  cette  inscrip- 
tion fut  respectée  parles  révolutionnaires.  Lors  de  la  réparer 
tion  faite  à  Téglise  en  1840,  M.  Hubert,  le  curé  d'alors,  se  re- 
fusa à  laisser  remettre  en  place  cette  plaque  ainsi  qu'une 
autre,  concernant  les  seigneurs  de  Touvois,  sous  prétexte 
que  les  fondations  qu'elles  relatent  ont  été  abolies  par  la 
Révolution.  Nt.  l'abbé  Rivière,  son  successeur,  raisonnant  de 


Lfes  éc(iAui3K0(^Nes  67 

même  façon  se  crut  Hnalement  autorisé  à  donner  au  pro- 
priétaire de  la  Goudraye  la  dite  plaque.  Celui-ci  la  flt  attacher 
sur  le  trumeau  d'une  des  cheminées  du  vieux  logis^  où  Ton 
ne  s'attendait  pas  à  la  voir  venir  échouer. 

De  Jeanne  Gyerault,  la  Goudraye  passa  à  ses  neveu  et  nièce, 
François  et  Lucrèce  Gyerault  :  elle  resta  indivise  entre  eux. 
En  1721,  ils  firent  acquisition  d'une  rente  sur  le  moulin  de  la 
.  Voie  dans  le  voisinage,  dont  le  tenancier  s'engage  à  leur 
payer  à  la  fête  des  Rois»  outre  le  prix  de  ferme  convenu  entre 
eux  «  un  gasteau  ou  fouace  de  fleur  de  froment  de  la  gran- 
deur d'un  boêsseau  et  bien  embeurré.  »  A  diverses  époques» 
Lucrèce  Gyerault  rend  hommage  de  la  terre  de  la  Plaine, 
autre  ferme  située  pareillement  non  loin  de  là,  à  M"*  René 
Barjot,  en  sa  qualité  de  baron  de  Cholet,  pour  la  moitié  de 
ladite  propriété  qui  est  de  l'Anjou  ;  et  pour  l'autre  qui  est  du 
Poitou,  elle  en  doit  hommage  au  sénéchal  de  Mauléon.  En 
vertu  de  quoi,  elle  est  tenue,  comme  une  vassale,  au  baiser  à 
son  dit  seigneur,  à  la  première  rencontre. 

Mais  nous  voyons,  le  29  novembre  1714,  François  Gyerault 
comparaissant  à  Mauléon,  au  nom  et  comme  fondé  de  procu- 
ration de  sa  sœur  pour  payer  ledit  tribut,  et  rendre  hommage 
au  sieur  de  la  Morinière  pour  lors  sénéchal  de  cette  dernière 
baronnie. 

Le  13  mars  1721,  le  jeune  seigneur  de  la  Sicardière,  Fran- 
çois Garnier,  venait  à  peine  de  contracter  alliance  avec 
dame  Elisabeth  Baudry  d'Asson,  quand^  pour  faire  face  à  ses 
prodigalités»  il  se  vit  contraint  d'aliéner  le  meilleur  de  ses 
revenus ,  en  vendant  à  ce  môme  seigneur  de  la  Goudraye- 
Noyers  ses  terrages  de  la  Marche,  qui  consistaient  principa- 
lement en  rentes  de  blé^  argent,  et  menus  suffrages  à  perce- 
voir sur  les  villages  de  l'Aussendière,  la  Petite-Goudraye,  la 
Grande-Goudraye,  la  Grande  et  la  Petite  Saunerie,  la  Touche- 
aux  Charries,  laGaudière,  le  Fontenil,  la  Maubretière,  le 
Bordage  de  Bossiron,  Alias  Aubert,  les  Bouschages,  etc.,  en- 
semble environ  69.  boisseaux  de  blé,  sans,  parler  des  m^nus 


68  LES  ÉGHAUBHOGNËÔ 

avec  le  droit  de  banc  dans  les  églises  d'Echaubrogne  et  de 
Moulins  ;  mais  avec  entre  autre  charges  depayer  29  boisseaux 
au  seigneur  de  la  Foucherie,  et  six  boisseaux  au  sieur  curé  de 
Saint-Pierre  d*Echaubrogne.  Le  jeune  dissipateur  les  vendit 
indemnes  de  cette  charge,  car  nous  voyons  que  dans  le  pro- 
cès qui  suivit  sa  mort^  c'est  aux  héritiers  de  la  succession  et 
non  au  seigneur  de  la  Goudraye-Noyers  que  le  possesseur  de 
la  rente  s'adresse  pour  rentrer  dans  ses  fonds.  François 
Gyerault  en  rendit  hommage  pour  la  première  fois,  le  4  août 
1722,  à  messire  Nicolas  de  Neupville,  duc  de  Villeroy  et  de 
Beaupréau,  son  suzerain. 

Pendant  que  le  sieur  Garnier  de  la  Sicardière  dissipait  les 
restes  de  sa  fortune,  nous  voyons  le  sieur  de  la  Goudraye, 
en  compagnie  de  sa  sœur^  vivant  paisiblement  de  leur  vie 
demi-champôtre ,  demi-bourgeoise ,  séjournant  tantôt  à  la 
Goudraye,  tantôt  à  Angers  où  il  était  paroissien  de  JSaint- 
Maurille,  s'occupant  à  diriger  Texploitation  de  sa  propriété 
dont  il  renouvelle  périodiquement  les  baux  de  ferme.  Â  cet 
éloge,  il  n'y  a  qu'une  petite  restriction  à  faire  ;  ils  n'auraient 
pas  été  de  leur  temps  si«  pour  occuper  leurs  loisirs,  ils  n'a- 
vaient pas  eu  au  moins  un  ou  deux  bons  procès  se  poursui- 
vant tranquillement  pendant  des  années  avec  quelques-uns 
de  leurs  voisins.  Ils  n'y  faillirent  pas,  et  c'est  môme  grâce  à 
cela  que  nous  connaissons  leur  existence  et  quelques-uns  de 
leurs  faits  et  gestes  recueillis  à  travers  une  vingtaine  de 
liasses  contenant  une  double  procédure.  La  bonne  demoiselle 
Lucrèce  ou  plutôt  Lucresse  Gyerault  ainsi  qu'elle  s*obstine 
toujours  à  signer  son  nom,  sans  se  soucier  de  son  ortho- 
graphe historique,  soutient  le  premier  de  ces  procès  contre 
demoiselle  Golbert  de  la  Frogerie,  au  sujet  de  redevances  sur 
la  Plaine.  De  son  côté  messire  François  Gyerault  de  concert 
avec  Pierre  Rochard,  écuyer,  sieur  de  Landebergère,  en  pour- 
suit un  autre  contre  les  propriétaires  de  TEmonière  et  de  la 
Gautrèche.  Nous  y  découvrons  entre  autres  choses  que  rien 
que  pour  ce  dernier»  le  fisc  n'oublie  pas  de  prélever  les  épices 


LES  iCHAUâROaNBd  (A 

de  100  1.,  plus  60 autres  livres  dues  au  greffier  pour  la  grosse» 
plus  12  I.  pour  prix  du  parchemin  (10  feuilles  de  vélin  in-4'* 
couverts  de  l'écriture  la  plus  fine  et  la  plus  serrée). 

P.  Gyerault  mourut  vers  1741,  et  sa  sœur  en  1755.  A  la  mort 
du  cette  dernière,  le  domaine  de  la  Goudraye,  vu  le  grand 
nombre  d'héritiers  ne  put  être  divisé.  Après  publications  faites 
au  prône  de  la  messe  dans  les  églises  d*Echaubrogne,  Boésse, 
la  Renaudière  etc,  la  Goudraye  fut  adjugée,  le  vendredi  19  août 
1757,  à  Tun  des  cohéritiers,  la  dame  Eveillon,  pour  la  somme 
de  35.200  livres.  Go  domaine  comprp.nait,  outre  le  logis,  le  bor- 
dage  de  la  Goudraye»  la  métairie  de  la  Petite-Goudraye,  la  mé- 
tairie du  Gast^  le  Pré  Maillard,  la  métairie  de  la  Plaine,  la 
rentefoncière  de  90  l.surles  moulins  de  la  Voie,  le  bordage  de 
la  Frérie,  le  bordage  Garnier,  quatre  maisons  ay  canton  des 
Monneries  et  le  flef  des  terrages  de  la  Marche. 

Puis,  le  20  août  1817,  une  autre  dame  Eveillon,  veuve  de 
messire  Gharies-Jean  Eveillon,  ancien  capitaine  au  régiment 
de  Lally,  demeurant  à  Angers,  en  qualité  de  donataire  de  son 
défunt  mari,  vend  ces  mômes  biens  à  M.  Henri  Le  Chat  de 
Tessecourt,  à  M.  Augustin  Le  Ghat,  chevalier  de  Saint-Louis 
et  à  M.  Arsène  Avril  de  Pignerolle  ;  et  dans  ce  partage  entre 
les  nouveaux  acquéreurs,  la  métairie  du  Gast  et  de  la  Frérie 
passèrent  à  M.  de  Tessecourt,  tandis  que  le  château,  la  mé- 
tairie de  la  Goudraye,  celle  de  la  Plaine,  le  bordage  Garnier 
et  la  rente  sur  les  moulins  de  la  Voie  échurent  à  M.  de  Pigne* 
rolle.  Ce  dernier  a  vendu  depuis  lors  la  Goudraye  à  M.  Bonnet» 
de  Gholet,  dont  les  héritiers  la  possèdent  encore. 

ESCOUBLEAU 

Que  peut-il  y  avoir  à  dire  sur  ce  pauvre  village,  enfoui  et 
comme  perdu  dans  un  bas-fond,  à  Textrémité  de  cette  immense 
paroisse  des  Echaubrognes,  du  chef-lieu  de  laquelle  il  est  dis- 
tant de  plus  de  deux  lieues?...  Rien  ne  le  distingue  aujourd'hui 
de  ses  pareils,  sinon  qu'il  est  encore  plus  petit,  plus  humble 

TOME  XVl.  —  NOTICES.  —    XVI*    ANNÂE,  l''*-2*    LIV.  6 


\ 


^0  LBS   ÉGHAUÉROONES 

que  la  plupart  d'entre  eux...  Il  n'en  a  pas  moins  été  le  berceau 
d'une  des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres  faniilles  de  la 
noblesse  française. 

Voici  ce  que  rapporte  delà  maison  d*E3coub1eau  le  Diction- 
naire des  Familles  de  Vancien  Poitou,  en  tête  de  l'article  qu'i 
consacre  aux  diverses  branches  de  la  famille  qui  a  porté  ce 
nom  :  «Escoubleau,  maison  connue  dès  le  XIII*  siècle  et  qui 
tire  son  nom^dit  LaChesnaye,  du  flef  d'Escoubleau»  paroisse 
delà  Chapelle-Lai*geau  près  Ch4tillon-sur-Sèvre.»II  faut  sûre- 
ment lire  ici  Saint-Pierre  des  Echaubrognes  en  lieu  et  place 
de  la  Chapelle  Largeau,  car  c'est  à  tort  que  la  Chesnaye  et  tous 
ceux  qui  Tout  copié  etisuite  ont  attribué  à  cette  dernière  pa- 
roisse ce  village  qui  n'ena  jamats  fait  parHe  :  sa  proximité  de 
ce  bourg  les  a  induits  en  erreur.  La  rive  droite  du  Lerin  sur 
laquelle  Escoubleau  est  située,  a  toujours  été  du  territoire  des 
Echaubrognes. 

Maintenant  encore, il  appartient,  sansconteste,  à  la  paroisse 
de  Loublande  taillée  dans  celle  des  Echaubrognes.  Ce  flef, 
continue  La  Chesnaye,  ne  consistait  déjà  plus  au  siècle  dernier 
que  dans  un  moulin  et  une  prairie.  La  famille  d'Escoubleau 
joignait  encore  à  son  nom  celui  de  Sourdis,  nom  d'un  ancien 
castel,  situé  paroisse  de  Saint-Jouin  sous  Châtillon,  dtqui,  de 
gentilhommière  ornée  de  tours,  fossés,  chapelle,  pont-levis 
etc,  était,  dès  1750,  devenue  simple  ferme.  «  Sourdis,  dit 
M'''  Cousseau,  cet  humble  manoir  d'où  est  sortie  cette  famille 
illustre  qui  a  donné  des  généraux  aux  armées,  des  ambas- 
sadeurs à  nos  rois,  des  présidents  aux  assemblées  du  clergé 
de  France,  des  cardinaux  à  l'Eglise  romaine  ;  cette  famille  à 
l'illustration  de  laquelle  suffirait  le  nom  dece  saint  archevêque 
de  Bordeaux,  justement  appelé  le  saint  Charles  de  l'Aqui- 
taine. » 

Je  ne  dirai  rien  de  plus  de  cette  famille  qui  ne  nous  appar- 
tient que  pour  le  lieu  oti  elle  a  pris  naissance.  On  peut  à  son 
sujetconsulter  tous  les  généalogistes.  Une  des  chapelles  de 
Téglise  Saint-Jouin  sous  Châtillon  garde  encore  le  nom  de 
Sourdis« 


i 


LES   ÉGHAUBROQNBS  71 

Les  d'Escoubleau  portaient  :  parti  d'azur  et  de  gueules^  à 
la  bande  d'or^  brochant  sur  le  tout. 

On  lit  dans  V Univers  du  7  mars  1849,  page  4  col.  3  :  a  L'ar- 
mée vient  de  perdre  l'un  de  ses  vétérans  les  plus  distin- 
gués :  M.  le  général  d'Escoubleau  de  Sourdis,  commandeur 
et  chevalier  de  plusieurs  ordres,  ancien  aide-de-camp  de 
M.  le  duc  de  Berry,  est  mort  le  23  février^  dernier  descendant 
d*une  famille  ancienne  et  illustre,  alliée  à  toutes  les  premières 
maisons  de  France.  » 

Au  moment  de  la  Révolution,  le  village  d'Escoubleau 
fut  le  théâtre  d'un  de  ces  drames  ténébreux,  trop  fréquents^ 
hélas  I  à  cette  malheureuse  époque.  Gomme  celui  de  la  Fou- 
cherie,  dont  nous  parlerons  bientôt,  il  paraît  avoir  eu  la  cupi- 
dité pour  cause. 

LA  GRANDE  ECURIE 

Vers  la  fin  du  siècle  dernier,  la  famille  Mercier,  branche  de 
Marigny,  originaire  du  Bas-Poitou  (Beauchet-Filleau,  Dic- 
tionnaire des  Familles  du  Poitou,  II,  p.  387),  était  propriétaire 
du  logis  de  la  Grande  Ecurie,  en  Basse-Marche,  paroisse  de 
Saint-Pierre  d'Echaubrognes.  Le  sieur  Rem i-Charies-Etienne- 
Denis  de  la  Guérivière*  conseiller  du  roy  et  receveur  des 
impositions  à  Châtillon,  acheta,  le  29  mars  1784,  de  dame 
Jeanne-Françoise-Marie-Madeleine  Mercier  de  Marigny, 
épouse  de  messire  Alexis-Hilaire  des  Nouhes',  et  de  Jeanne- 

«  Remi-Ghsrlet-Eiienne-Deni0,  seigneur  du  Chiron  et  de  la  Ouérivière 
dans  la  paroisse  du  Temple^  en  Poitou^  dit  Tannotateur  des  Mémoires  de 
M'^*  de  La  Rochejaquelein,  possédait  déjà  depuis  Tannée  1776  le  domaine  de 
laSicardiôre  en  notre  paroisse.  11  avait  eu  de  Angélique  Ayrault»son  épouse, 
Louis-Char les-Denis,  qui  fut  tué  le  23  octobre  1793  à  Laval.  Ils  furent  Tun 
et  l'autre,  fUsillés  eux-mômes  au  Mans,  le  23  frimaire,  an  II  (16  décembre 
1793).  Sa  sœur  Elizabeth-Gharlotte  porta  par  son  mariage,  en  1796,  le  nom 
de  la  Guérivière  à  Jean  Fidèle  de  Bersy  qui  avait  été  blessé,  et  son  père  tué, 
dans  la  Gar>ie  Suisse,  le  10  août  1792. 

* 'Alexis-Hilaire,  ftls  d^Alexis-Henri  des  Nouhes  et  de  Marie  d^Aulx  né  en 
1756  à  Pouzanges  en  Bas-Poitou,  s'enrôla  en  1777  au  régiment  de  Condé- 
Dragons  ;  congédié  Tannée  suivante  comme  gentilhomme,  il  entra  en  1779 


72  LS8  ÉGHAUBR00NB8 

Henrielte-Florence-Adélaïde  Mercier  de  Marigny^  épouse  du 
sieur  Baptiste-Michel  PasQuier,  bourgeois,  tous  demeurant 
paroisse  des  Aubiers,  la  terre  et  seigneurie  de  la  Grande 
Ecurie,  à  charge  de  payer  sept  charges  de  blé  à  la  seigneurie 
de  Landebergère,  quatre  boisseaux  à  Tabbaye  de  la  Trinité 
de  Chfttillon,  12  boisseaux  au  château  de  Ghâtillon,  huit  bois- 
seaux pour  gros  de  dîmes  à  la  cure  de  Saint-Pierre  d'Echau- 
brogne>  quatre  boisseaux  à  la  seigneurie  de  la  Durbeliëre, 
trois  boisseaux  à  la  seigneurie  de  Maulévrier.  A  la  charge  en 
outre  des  rentes  constituées  ci-après  :  trois  charges  de  blé» 
dues  au  nommé  Lapin,  de  Moulins,  au  principal  de  900  livres  ; 
84  livres  dues  au  sieur  de  la  Plainte-Mauvif,  d'Angers; 
76  livres  dues  à  la  Maison-Dieu  de  Poitiers  ;  17  livres  17  sols 
au  sieur  Pasquier  de  Laudinière  ;  12  sous  dûs  à  messire 
Raoul,  seigneur  du  Soulier  ;  110  livres  à  la  demoiselle  de  Bel- 
leau-Garville,  veuve  de  messire  André  Turpeau  ;  102  livres 
aux  héritiers  Desaivre,  prieur  de  Moulins.  Les  dames  vende- 
resses  devront  jouir  encore  quatre  années  de  tous  les  menus 
suffrages  dûs  par  le  fermier.  Le  tout  pour  la  somme  de 
15  600  livres.  Ladite  terre  appartenait  aux  dames  venderesses, 
de  la  succession  de  messire  Joseph-Louis-Madelaine-Florent 
Mercier,  chevalier,  seigneur  de  Marigny,  la  Galière  et  autres 
lieux,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis, 
leur  père,  époux  de  Marie-Madeleine-Thérèse  de  Fesque, 
fille  de  Jeau  Gharel,  seigneur  de  Marmande.  La  pièce  qui 
relate  cette  vente  est  sur  parchemin,  et  est  munie  d'un  sceau 
à  empreinte  effacée.  La  famille  de  Marigny,  éteinte  mainte- 
nant, portait  :  d'azur,  à  la  croix  entourée  de  quatre  coquilles 
de  même,  M.  de  la  Guérivière-Bersy  a  vendu  depuis  lors 
cette  terre  à  M.  Brissonnière,  de  Nantes.  Le  logis  de  la  Grande- 
Écurie  est  un  manoir  du  XVI»  siècle.  On  y  remarque  un  bel 


(Uns  lêf  VolonUires  da  chevalier  de  Larminat.  En  t78i,  il  épousa  Jeanne- 
Madeleine  Mercier  de  Marigny  et  quitta  le  service  en  1791.  Il  se  distingua 
dans  la  grande  armée  vendéenne  comme  major  de  la  division  4^9  Aubiers, 
e^  fut  sabré  daqs  les  ri^es  de  Savenaj  [xbid) . 


LS8  ÉGHAUBROGNBS  73 

escalier  en  spirale,  au  sommet  duquel  est  une  voûte  suppor- 
tée par  une  colonne  qui  n'est  autre  que  le  prolongement  du 
moyeu  de  Tescalier,  et  qui  s'épanouit  en  quatre  nervures 
prismatiques.  Dans  la  grande  salle  basse  est  une  vaste  che- 
minée^ et  les  poutres  à  leur  sortie  de  la  muraille,  sont  sup- 
portées par  des  consoles  ou.  corbelets  en  enroulement.  La 
façade  du  logis  est  très  simple  et  sans  écussons  ni  armoiries. 
Des  douves»  en  partie  comblées  lïiaintenant,  font  le  tour, 
non  seulement  du  logis,  mais  même  de  la  terrasse  qui  le 
précède.  En  avant  de  la  cour  est  une  chapelle  qui  sert  main- 
tenant d'étable  à  brebis.  Elle  est  de  même  &ge  que  le  logis. 
Sa  porte  d'entrée  est  cintrée  à  anse  de  panier,  et  ornée  de 
quelques  moulures,  alternativement  toriques  et  prismatiques. 
L'intérieur  de  l'oratoire  a  deux  travées .  Les  nervures  de  la 
voûte  partent  d'une  base  élevée  de  près  d'un  mètre  au-des- 
sus du  sol.  Cette  voûte  est  toute  bosselée  et  sillonnée  de 
nombreuses  lézardes.  Une  corniche  formant  une  moulure 
fait  le  tour  de  la  chapelle.  Il  n'y  a  plus  d'autel,  un  petit  bé- 
nitier, à  l'entrée,  est  à  moitié  engagé  dans  la  muraille.  Au 
chevet,  une  fenêtre  sans  meneau  est  ornée  de  deux  lobes 
formant  un  trèfle. 

D*où  vient  ce  nom  de  Grande  Ecurie?.  .*.  A  la  fin  du  XVP 
siècle,  vivait  à  la  cour  des  Valois,  François  d'Escoubleau, 
premier  écuyer  de  la  «  Grande  Ecurie  »  chevalier  de  l'ordre  : 
c'est  le  père  du  cardinal  de  Sourdis.  Est-il  invraisemblable  de 
supposer  qu*il  aurait  fait  construire,  à  quelques  pas  d'Escou- 
bleau, berceau  de  la  famille,  ce  petit  manoir,  auquel  il  aurait 
donné  ce  nom  de  Grande-Ecurie  en  souvenir  de  la  dignité 
dont  l'avait  revêtu  son  prince?  A  cette  époque,  ces  flatteries 
en  acte  n'étaient  pas  absolument  chose  rare  ;  qu'on  se  sou- 
vienne des  «  figures  retraictes  au  naturel  des  plus  renom- 
més chevaulx  du  roy  Henry  deuxiesme  qui  estaient  en  son 
écuryeàson  avènement  à  la  couronne  »  selon  que  le  rapporte 
une  inscription  qu'on  peut  lire  encore  sous  une  arcade  m 
çuperbe  château  d'Oyron,  da^s  notre  voisinage, 


74  r.BS  ÉCHAUBROGNBS 

La  chapelle  des  Rouchères  sur  les  terres  de  l'Ecurie,  mais 
située  près  de  rBmonière,  a  été  construite  par  un  sieur 
Ayrault,  fermier,  il  y  a  une  cinquantaine  d'années.  Elle  est 
dédiée  à  saint  Gloud.  Le  15  juillet  mil  huit  cent  trente  sept, 
Mi'  de  Bouille  a  accordé  l'autorisation  de  faire  célébrer  la 
sainte  messe  trois  fois  par  année  dans  l'humble  chapelle. 

LA  FOUCHERIE 

Dans  ces  notes,  la  première  place  semblerait  àe  droit  ap- 
partenir aux  sires  de  la  Foucherie.   C'étaient  en  effet,  dit  la 
tradition,  les  seigneurs  de   notre    paroisse  de  Saint-Pierre 
des  Echaubrognes.  Cet  ancien  fief  est  situé  par  delà  la  Moine, 
dans  la  partie  de  notre  paroisse  qui  entra,  lors  de  la  révision 
du  cadastre,  dans  la  circonscription  de  c.elle   de  Maulévrier. 
Les  souvenirs  qui  nous  sont  restés  de  la  famille  de  nos  an- 
ciens seigneurs  peuvent  se  résumer  à  deux  points  princi- 
paux :  le  rôle  important  que  la  tradition  leur  attribue  dans 
nos  démêlés  avec  les  Anglais,  pendant  la  guerre  de  Cent  ans  ; 
et  la  façon,  humble,  mais   flère  et  digne,  encore  dont  cette 
ancienne  maison  prit  fin  quelques  années  avant  la  Révolu- 
tion. M'appuyant  sur  les  récits  tant  de  fois  entendus  par  moi 
dans  mon  enfance,  et  qui,  comme  toutes  les  légendes  du 
foyer,  brillaient  plutôt  par  les  détails  d'imagination  que  par 
l'exactitude  historique,  je  m'étais  complu  à  attribuer  au  vain- 
queur des  Anglais  une  longue  suite  de  descendants,  riches 
des  dons  du  cœur,  sinon  de  ceux  de  la  fortune;  mais  le  dé- 
pouillement de  quelques  titres  de  date  relativement  récente, 
et  bien  incomplets,  qui  me  sont  tombés  entre  les  mains  me 
forcent  à  renoncer  à  cette  illusion.  Différents  noms  appa- 
raissent en  effet,  et  à  peu  d'intervalle,  dans  la  trop  courte 
liste  de  nos  anciens  seigneurs.  Etaient-ils  tous  les  descen- 
dants de  nos  preux  du  XV"  siècle,  de  môme,  qu'ils  avaient 
hérité  de  leur  vieille  seigneurie?  Je  ne  sais,  hélas! 
Au  dire  de  la  tradition,  les  Anglais  venaient  de  saccager 


LES  EGHAUfiHOONBS  75 

Maulévrier,  Eschaubrognes  et  tout  le  pays  d'aleatour,  brûler 
les  églises  et  prendre  de  force  le  château  de  Maulévrier,  dont 
le  seigneur  avait  même  succombé  dans  la  lutte.  Alors,  dit-on, 
Foucherie  le  Grand,  et  le  sire  de  la  Crilloire  unirent  leurs 
forces,  et  boutèrent  les  Anglais  hors  du  camp  des  Ouleries 
où  ils  étaient  fortement  retranchés,  et  auquel  ils  ont  légué 
leur  nom  à  travers  les  âges.  Foucherie  eut  la  plus  large  part 
de  gloire  dans  cette  chaude  journée;  s'il  n'était  déjà  seigneur 
de  la  paroisse  il   le  devint  sûrement  après   ce  brillant  fait 
d'arme.  Aussi,  rapporte  toujours  la  tradition,  à  partir  de  ce 
moment,  lui,  et  ceux  de  sa  lignée  furent  toujours  dans  les 
meilleurs  termes  avec  le  roi  qui  les  appelait  «  mon  cousin  », 
et  ils  lui  répondaient  familièrement  sur  ce  ton.  Outre  ce 
magnifique  privilège,  ils  obtinrent  une  autre  faveur  dont  le 
souvenir  s'est  transmis  fidèlement  jusqu'à  nous.  Ils  avaient, 
dit  Célestin  Port,  le  droit,  et  ils  l'exercèrent  jusqu'à  la  Révo- 
lution, d'entrer  un  dimanche  chaque  année  dans  l'église  de 
Maulévrier...  ("N'oublions  pas  qu'il  y  a  un  parti  pris  de  vou- 
loir toujours  tout  attribuer  à  Maulévrier.  C'est  là  que  les  ren- 
seignements ont  été  pris  et  donnés  par  un  Maulevrais.  Mais 
la  tradition,  elle,  hésite  entre  Maulévrier  et  les  Echaubrognes, 
et  comme  les  sires  de  la  Foucherie  étaient  seigneurs  de  cette 
dernière  paroisse^  il  paraîtrait  bien  plus  naturel  de  les  y  voir 
exercer  leur  privilège^...   Ils  entraient  donc  dana  l'église  à 
cheval,  armés  de  pied  en  cap,  lance  au  poing  et  casque  en 
tête,  et  ils  s'avançaient  ainsi  jusque  dans  le  sanctuaire,  et  y 
faisaient  leurs  dévotions  ;  puis  en  sortant  ils  avaient  droit 
de  couper  avec  leur  épée  les  cordes  des  cloches^  si  elle  gê- 
naient leur  passage.  Le  sire  de  la  Crilloire,  pendant  ce  temps, 
se  faisait  de  son  côté,  octroyer  des  faveurs,    sinon   plus 
honorifiques,    du    moins  beaucoup  plus  sérieuses  et  plus 
utiles,telles  que  l'érection  du  chef-lieu  de  sa  châtellenie  en 
commune  et  en  paroisse,  et  son  affranchissement  de  tout  ser- 
vice etredevances  féodales,  ainsi  que  de  la  gabelle,  des  tailles  et 
aides  quelconques^  Peut-être,  le  temps  a-t-il  embelli  et  grandi 


'^6  LES  ÉGHAUBROGNAS 

certaines  particularités  du  présent  récit,  mais  le  fond  doit  en 
être  vrai.  Peut-être,  à  en  juger  par  la  mince  fortune,  de  ses 
derniers  héritiers,  le  brave  sire  de  la  Foucherie,  eut-il  été  plus 
sage  en  s*attachant  davantage^  lui  aussi,  au  côté  pratique.  Si 
autrefois,  comme  on  l'affirme^  il  y  avait  à  la  Foucherie  un 
ancien  château-fort,  il  n'en  reste  plus  de  traces  qu'un  rez-de- 
chaussée,  de  construction  fort  ordinaire,  surmontant  une  cave 
voûtée  et  profonde.  Beauchet-Filleau  (Dictionnaire  des  Fa- 
milles du  Poitou,  p.  518),  d'après  la  généalogie  de  la  famille 
Cossin,  parle  d'une  famille  Buignon  ou  Beugnon  dont  un 
membre  Jean  Buignon,  sieur  de  la  Foucherie,  fut  présent  au 
contrat  de  mariage  de  Jacques  Cossin,  lieutenant  du  pays  de 
Gâtine  en  1482.  Mais  nous  sommes  déjà  bien  éloignés,  on  le 
voit,  du  temps  de  nos  luttes  avec  les  Anglais.  Le  8  janvier 
1500;  Etienne  Buignon^  écuyer,  sgr  des  Faubrognes  (il  faut 
lire  ici  évidemment  d'Eschaubrogne) ,  reçoit  de  la  part  de 
Jacques  Laurens,  seigneur  du  Buignon-Riche^  l'aveu  de  la 
terre  qu'il  tient  de  lui.  Mathurine  Buignon,  une  des  filles  de 
Claude  Buignon,  écuyer/ sgr  de  laRablais  en  Saint-Clémentin. 
épouse  Hector  Grimault,  sgr  de  la  Vallée.  Le  principal  domi- 
cile de  cette  famille  Buignon  paraît  avoir  été  le  château  de  la 
Girardière,  en  Combrand.  René  Buignon,  s' de  la  Girardière, 
et  Jacques  Beugnon,  s**  de  la  Roassiëre,  maintenus  nobles  par 
sentence  en  opposition,  du  30  décembre  1667,  portent,  dit  Du- 
gast  Matifeux,  d'or  au  chevron  d'azur ^  à  trois  molettes  déperon 

de  gueules. 

{A  suivre) 


LES  CELEBRITES  INCONNUES 


UN  PETIT-NEVEU  DE  MICHEL  DE  MONTAIGNE 


«*»^^^<«M»«M»iX»»<^««^»^l 


RAYMOND  DE  MONTAIGNE 

LIEUTENANT     GÉNÉRAL     À      SAINTES,      ÉYÉQUE     DE      BATON  NE ,     ETC. 

Suite  (1). 


IX 

En  1035 eurent  lieu  par  province  ecclésiastique  les  élections 
à  rassemblée  générale  du  clergé  qui  s'ouvrit  à  Paris,  le  25 
mai.  Raymond  de  Montaigne,  qui  avait  été  député  du  tiers 
aux  états  généraux  de  1614,  fut  député  du  clergé,  pour  la  pro- 
vince d'Auch,  en  même  temps  que  Jacques  Raoul,  évoque  de 
Saintes,  pour  celle  de  Bordeaux.  Il  y  avait  vingt  ans  de  cela, 
et  la  situation  était  autre.  Il  y  joua  un  rôle  effacé  :  d'abord, 
Richelieu  était  là^  quoiqu'il  ne  parût  pas  aux  séances  ;  puis 
M.  de  Montaigne  ne  put  qu'y  siéger  deux  mois  et  au  milieu 
de  graves  difficultés.  A  la  vérification  des  pouvoirs  du  30  mai, 
l'évéque  d'Aire, Gilles  Boutant, protesta  contre  son  admission, 
et  en  son  nom  Tévéque  d'Orléans,  Nicolas  de  Netz,  demanda 
des  commissaires  devant  lesquels  il  expliquerait  les  motifs  de 
son  opposition  ;  en  même  temps  il  remit  aux  agents  généraux 
du  clergé  la  requête  de  Tévêque  d'Aire  contre  lui,  et  aussi 
celle  de  Jacques  de  Bulu,  officiai  d'Auch^  contre  l'élection  de 
Charles  de  Poudeux,  sieur  de  Saint-Grie,  chanoine  en  l'église 
cathédrale  de  Lescar.  Le  4  juin,  au  moment  où  l'on  allait  juger 
le  différend,  l'évoque  de  Bayonne  «  requit  monseigneur  Tar- 
chevèquede  Bordeaux  de  s'abstenir  du  jugement  du  différend 
qu'ils  ont  ensemble  ;  à  quoi  monseigneur  de  Bordeaux  repli- 

(I)  Voir  la  liyraison  de  janvier- féTrier  1900. 
TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVI*  ANNÉE,  3«-4t  LIV.  7 


78  RAYMOND   DE  MONTAIGNE 

qua  qu'il  n'avait  aucun  procès  contre  le  seigneur  de  Bayonne, 
sinon  que,  pour  raison  des  réparations  des  bastiments  de 
Tabbaye  de  SaintrBlanxeau  (sic)  il  était  intervenu  avec  les 
religieux  de  la  dite  abbaye.  »  L*archevôqué  cependant,  c'était 
Henri  d*Ecoubleau  de  Sourdis,  son  successeur  au  siège  abba- 
tial de  Sablonceaux,  se  déclara  prêt  à  s'abstenir.  L'évoque 
d'Auxerre,  Dominique  Séguier,  fut  un  des  commissaires,  as- 
sisté de  révoque  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux,  Prançois- 
Adhômard  de  Monteilde  Grignan,  pour  rapporteur.  Le  12,  on 
lit  les  pièces  ;  on  entend  Gilles  Boutant,  Raymond  de  Mon- 
taigne et  Dominique  de  Vie.  Or,  si  Tévôque  d'Aire  s'oppose  à 
l'élection  de  l'évêque  de  Bayonne,  l'archevêque  d'Auch  a  ordre 
de  sa  province  de  s'opposer  à  celle  de  l'évêque  d'Aire  ;  on 
renvoie  donc  les  parties  devant  les  commissaires  pour  pro- 
duire tout  ce  que  bon  leur  semblerait,  dans  un  mois  pour  tout 
délai.  Par  provision  on  admet  «  le  seigneur  Raymond  de 
Montaigne,  évoque  de  Bayonne  »,  dans  l'assemblée  avec  voix 
délibérative,  ainsi  que  Dominique  de  Vie.  archevêque  d'Auch, 
et  autres  députés  du  second  ordre. 

Usant  de  la  permission  l'évêque  de  Bayonne  prit  part  aux 
travaux  de  l'assemblée.  On  trouve  sa  signature  au. bas  de  la 
déclaration  du  7  juillet  par  laquelle  rassemblée  déclarait 
«  illégitimes,  invalides  et  nuls  »  les  mariages  des  princes  de 
sang  qui  peuvent  prétendre  à  la  succession  de  la  couronne, 
contractés  contre  là  volonté  du  roi  et  sa  défense. 

C'est  M"  de  Bayonne  qui  fut  chargé,  le  15  juin,  avec  les 
évoques  d'Amiens  et  de  Mirepoix,  d'aller  saluer  le  garde  des 
sceaux,  Pierre  Séguier  :  et  le  lendemain,  avec  l'archevêque 
d'Aix  et  les  évoques  de  Nîmes  et  de  Viviers,  de  recevoir 
MM.  de  Léon  et  Aubry,  conseillers  d'état,  venant,  au  nom 
du  roi,  demander  l'avis  du  clergé  sur  le  mariage  des  princes. 
Le  môme  jour,  sur  la  proposition  de  l'archevêque  de  Bor- 
deaux, il  était  avec  les  archevêques  de  Tours,  les  évêques  de 
Chartres  et  d'Auxerre,  nommé  pour  dresser  un  projet  de 
règlement  général  «  sur  la  forme,  convocation  et  tenue  des 


«  «^ 


RAYMOND  DE  MONTAIGNE  79 

assemblées  diocézaines  et  provinciales,  afin  de  les  rendre 
uniforme  par  toutes  lesdites  provinces.  » 

Le  20  juin,  il  se  plaint  des  cours  souveraines  qui  déclarent 
nulles  les  provisions  d'évôques  où  ne  sont  point  indiqués  les 
bénéfices  possédés,  malgré  la  dispense  dont  jouissent  les 
évoques  de  France,  en  Italie^  en  Espagne  et  dans  toute  la 
chrétienté,  et  malgré  la  permission  du  pape,  «  en  quoy  Tau- 
thorité  de  sa  Sainteté  est  grandement  intéressée  et  la  dignité 
épiscopale  abbaissée,  estant  privée  en  France  d'un  privilège 
dont  tous  les  évesques  jouissent  ailleurs  par  la  gratification 
du  Saint-Père  qui  seul  aie  droictd'en  ordonner.»  L'assemblée 
déclara  que  cette  demande  serait  «  insérée  dans  le  cahier  des 
affaires  spirituelles.  » 

Le  25  juin,  Raymond  de  Montaigne  prit  de  nouveau  la  pa- 
role. Contre  tous  les  usages  on  avait  imposé  les  bénéficiers 
de  Béarn,  et  il  protestait  énergiquement.  Il  y  eut  de  longues 
discussions.  L'assemblée  le  pria  avec  les  évêques  de  Séez, 
d'Auxerre  et  de  Saintes,  c  de  s'assembler  et  rechercher  dans 
tous  les  édits,  déclarations  et  arrêts  que  le  clergé  a  pour  ses 
immunités  et  privilèges,  les  raisons  sur  lesquelles  on  peut 
establir  cette  exemption,  afin  d'appuyer  l'instance  qui  sera 
faicte  pour  Tobtenir.  »  Ses  anciennes  fonctions  de  président  au 
présidial  le  rendaient  fort  précieux  &  l'assemblée  pour  toutes 
ces  contestations  fiscales.  Aussi  le  voit-on  faire  plusieurs  rap- 
ports sur  ces  questions.  Le  3  juillet,  il  rend  compte  d'une 
mission  auprès  du  président  Amelot  et  du  procureur  général 
au  grand  conseil,  relative  à  un  règlement  «  des  frais  et  loyaux 
cousts.  »  Il  obtint  ce  qu'il  désirait  ;  et  «  M^  le  président  Ta  re- 
mercié de  la  peine  qu'il  a  prise  si  utilement.  »  Le  14  juillet,  il 
est  encore  chargé,  avec  l'évêque  de  Châlons,  de  voir  les  com- 
missaires du  roi  au  sujet  de  la  régale.  Le  21,  il  est  député  au- 
près du  roi  pour  le  supplier  de  maintenir  le  clergé  dans  lés 
exemptions  du  droit  de  régale  qu'on  voulait  imposer  aux  dio- 
cèses d'Auch,  de  Saint-Paul  et  de  Nîmes.  L'évêque  de  Ghftlons, 
Jacques  de  Neuchèze^  porte  la  parole  ;  et  en  rendant  compte 


M  RAYMOND   DB   MONTAIGNE 

de  leur  mission»  Raymond  de  Montaigne  se  plut  à  louer  «  la 
fermeté  et  Tintelligence  »  de  son  collègue. 

8a  mission^  bien  commencée,  allait  Anir.  Le  21  juillet,  ré- 
voque d'Aire  représenta  que  le  jour  était  venu  de  juger  son 
opposition.  Le  23,  môme  observation.  A  quoi  Tarchevêque 
d'Auch  répondit  «  que,  sans  entrer  au  faict  particulier  de  la 
contention  entre  M«f'"  d*Aire  et  de  Bayonne,  il  vouloit  seule- 
ment représenter  la  charge  qu'il  avoit  de  la  province  d*Auch 
d^assurer  l'assemblée  que  la  nomination  avoit  esté  faicte  dans 
l'assemblée  provinciale,  avec  toutes  les  formes  pratiquées 
d'ancienneté  dans  la  province,  que  toutes  les  procurations 
estoient  selon  l'usage  et  la  coustume  d'icelle  et  que  le  sei- 
gneur évesque  de  Bayonne  ne  pouvoit  consentir  à  aucune 
subrogation  au  préjudice  de  la  province  qui  Tavoit  nommé,  à 
laquelle  on  ne  pouvoit  donner  un  procureur  contre  son  gré.  » 
Rt  il  requit  l'assemblée  de  prononcer  sur  l'intérêt  de  sa  pro- 
vince. L'archevêque  de  Bordeaux  sortit  comme  il  était  conve- 
nu. On  obtint  aussi  que  l'archevêque  de  Toulouse,  récusé  par 
l'évoque  d'Aire,  s'éloignât  ;  et  l'assemblée  décida  que  les  pro- 
vinces d'Auch  et  de  Toulouse  ne  pourraient  prendre  part  au 
vote.  On  allait  juger  ;  Dominique  de  Vie  déclara  «  qu'il  avoit 
charge  expresse  de  la  province  de  s'opposer  à  la  réception  de 
M*'  révoque  d'Aire  dans  cette  assemblée,  et  qu'en  consé' 
quence  de  ce,  il  s'opposoit,  au  cas  que  la  compagnie  voulût  l'ad- 
mettre et  qu'il  endemandoitacte.  »  Le  président,  Jean  Joubert 
de  Barraud,  un  quasi  saintongeais,  archevêque  d'Arles, 
demanda  l'acte  ;  il  promit  de  l'apporter.  Mais  Raymond  de 
Montaigne  pria  M"  d'Auch  de  n'en  rien  faire,  ne  voulant  «  pas 
suivre  plus  avant  cette  opposition.  »  La  protestation  était 
signée  de  six  évoques  de  la  province.  Le  24  juillet,  les  quatre 
commissaires  qui  étaient  les  évêques  d'Auxerre  et  de  Saint- 
Paul,  puis  Ferdinand  de  Neuville,  abbé  de  Saint-Vandrille, 
député  de  Lyon,  et  Guillaume  Jocet,  archidiacre  de  Saint- 
Malo,  député  de  Tours,  conclurent  à  l'admission  de  l'évoque 
d'Aire.  L'assemblée  adopta.  Mais  elle   décida  d'abord  que 


RAYMOND   DE   MONTAIGNE  SI 

l'évoque  de  Bayonne  serait  payé  de  ses  taxes  jusqu'à  ce  jour, 
tant  pour  le  venir  que  pour  le  retour,  aux  termes  des  règle* 
ments.  Lui-môme  voulut  remercier  l'assemblée,  et  Tassem- 
•  blée  «  lui  a  témoigné,  dit  le  procès-verbal,  la  satisfaction 
qu'elle  avoit  de  sa  présence  et  de  ses  bons  avis  ».  M»*  d'Auch 
ajouta  qu'il  avait  renoncé  à  son  opposition  uniquement  à  la 
prière  de  Tévôque  de  Bayonne;  puis  il  prie  qu^on  délivre 
«  l'extrait  de  la  délibération  qui  lui  ordonne  de  se  retirer,  » 
et  en  outre,  «  la  proposition  qu'il  a  faite  en  faveur  des  ecclé- 
siastiques de  la  Basse-Navarre  contre  ceux  de  Béarn  pour  le 
payement  des  décimes,  afin  qu'il  fasse  apparoir  qu'il  s'est 
acquitté  delà  charge  qui  lui  a  été  donnée^  » 

Ainsi,  quelque  vice  de  forme  empêchait  Raymond  de  Mon- 
taigne de  prendre  plus  longtemps  part  aux  travaux  de  la 
compagnie.  Mais  il  se  retirait  après  les  protestations  en  sa 
faveur  de  six  évoques  de  sa  province,  après  avoir  rempli  une 
partie  de  son  mandat,  après  avoir  pendant  deux  mois  assisté 
aux  réunions  où  il  avait  souvent  pris  la  parole  et  donné 
d'utiles  avis.  Il  partait  avec  les  éloges  et  les  regrets  de  ses 
collègues  dans  l'épiscopat.  L'évéque  de  Bayonne .  avait  pro- 
fité de  son  séjour  à  Paris.  Il  avait  obtenu  du  conseil  du  roi 
un  arrêt  «  par  lequel  il  est  ordonné  qu'il  sera  imposé  et 
levé  la  somme  de  quinze  mille  livres  tournois  pour  le  basti- 
ment  de  l'évesché,  trois  mille  sur  la  ville,  et  les  douze  mille 
autres  livres  sur  le  pays  de  Labourd  ».  Cela  changeait  tout  à 
fait  les  conditions  premières  proposées  par  Tévêque,  accep- 
tées par  la  ville  :  le  pays  de  Labourd  fournissant  le  bois  ;  la 
ville^  la  pierre,  la  chaux  et  le  sable;  l'évèque  se  chargeant  du 
reste.  Aussi,  quand,  le  12  novembre  1635,  au  nom  du  prélat, 
Pierre  Duverger,  chanoine  de  Notre-Dame,  vint  au  conseil 
communiquer  cet  arrêt,  «  et  le  prier  de  se  disposer  à  y  satis- 
faire m,  il  y  eut  plus  que  de  la  surprise.  Quoi  !  On  avait 
accordé  ses  demandes  au  prélat,  et  il  faisait  intervenir  l'au- 

^  CoUection  des  procès- verbaux    des  assemblées  générales    du    clergé  de 
France,  t.  ii,  p.  658. 


82  RAYMOND   DB  MONTAIONB 

torité  royale  1  Quoil  l'on  voulait  imposer  la  ville  I  C'était 
contraire  à  ses  privilèges.  On  délibéra.  Cependant,  il  fallut  se 
soumettre.  Le  23  novembre,  on  vota  les  trois  mille  livres,  non 
sans  protestations  et  sans  quelque  mauvaise  humeur.  «  Ouy 
le  syndic  de  la  ville,  a  esté  ordonné  que,  sans  approuver  le 
terme  d'impôt  que  la  ville  n'a  jamais  souffert,  et  à  la  charge 
de  retirer  déclaration  dudit  sieur  de  Bayonne,  la  ville  lui 
baillera  3000  livres  pour  ledit  bastiment.  » 

On  paiera  donc,  c'est  entendu.  Mais  les  officiers  munici  - 
paux  ont  trouvé  un  biais  pour  débourser  le  moins  possible. 
Monseigneur  veut  avoir  de  nous  mille  écus.  iSh  bien!  ne  lui 
a-t-on  pas  déjà  fourni  des  matériaux?  Il  y  on  a  bien  pour  sept 
cents  livres.  De  plus^  ne  doit-il  pas  quelque  chose  pour  le 
salaire  des  prédicateurs  ?  Oui ,  trois  cents  livres.  On  lui 
retiendra  donc  trois  cents  livres,  plus  sept  cents  livres,  soit 
mille  livres. 

Donner  et  retenir  ne  vaut.  Sans  doute,  le  prélat  consentait 
à  cet  arrangement;  mais  je  soupçonne  qu'il  fut  au  fond  mé- 
content et  blessé.  La  lutte  ne  tarda  pas  à  devenir  directe  et 
publique. 

Quelle  en  fut,  dirais-je^  le  prétexte  ou  la  cause?  C'est  une 
simple  question  de  voirie  et  d'alignement.  Malheureusement, 
nous  n'avons  ici,  pour  nous  guider  et  nous  éclairer,  que  les 
registres  municipaux  ;  nous  n'entendons ,  par  conséquent , 
qu'une  voix.  Et  cette  voix  est-elle  juste?  L'animosité  paraît 
avoir  été  vive.  Il  se  peut  que  le  corps  de  ville  ait  fait  pencher 
la  balance  en  sa  faveur  et  donné  tous  les  torts  à  l'adversaire . 
L'impartialité,  qui  est  rare  chez  les  individus,  l'est  peut-être 
encore  plus  dans  les  corps  ;  et  l'échevinage  en  cette  circons- 
tance prit  des  résolutions,  céda  à  des  entraînements  dont  un 
individu  se  serait  certainement  gardé. 

Il  serait  bien  long  de  raconter  par  le  menu  les  détails  de 
la  querelle.  Nous  nous  bornerons  aux  principaux  incidents  ; 
c'est  un  chapitre  curieux  des  rapports  entre  deux  autorités 
jalouses.  Le  11  juillet  1636,  le  conseil  est  informé  que  Ray- 


RAYMOND    Dft   MONTAIGNIS  83 

■ 

moDd  de  Montaigne  désire,  pour  son  palais  épiscopal^  «  se 
servir  de  la  place  vide  qui  est  au-devant  dudit  évesché,  près 
la  porte  de  Larochepaillet.  »  Cette  place  est  à  lui  ;  il  n'a  donc 
aucune  autorisation  à  solliciter  de  personne.  Mais  il  a  voulu 
«  faire  part  aux  eschevins  de  son  desseing,  afin  qu'ils  soient 
tesriloias  qu'il  ne  veut  rien  entreprendre  sur  ce  qui  est  au 
publicq,  déférence  qu'il  ne  rendroit  pas  à  autre  personne, 
non  pas  môme  à  un  prince  du  sang,  quand  il  seroit  sur  les 
lieux,  contre  la  volonté  duquel  il  ne  lairroit  pas  de  continuer 
son  bastiment  s*il  Tavoit  entreprins,  quelque  instance  qu'il 
flst  au  contraire.  »  Ces  paroles,  toutes  pleines  de  courtoisie 
pour  les  échevins  montrent  en  môme  temps  un  caractère 
assez  énergique  et  une  fermeté  peut-ôtre  un  peu  voisine  de 
l'entêtement. 

On  en  réfère  au  comte  de  Gramont,  gouverneur  de  la  ville  ; 
le  gouverneur  envoie  des  canonniers  examiner  si  l'édifice 
projeté  ne  nuira  pas  au  service  des  fortifications  et  de  la 
défense  de  la  ville.  Non,  il  y  aura  «  place  suffisante  pour  le 
passage  du  canon.  •>  On  allait  donc  probablement  adopter  les 
conclusions  de  Gramont-  Tout  à  coup  se  présente  au  conseil 
Pierre  de  Hiriard,  chanoine  de  Notre-Dame,  tenant  à  la  main 
«un  titre  décent  trente  ans,  escript  sur  parchemin.»  lia 
droit  aussi  à  la  place,  et  si  l'on  permet  à  l'évoque  de  bâtir,  il 
bâtira  lui  aussi.  Or  si  le  chanoine  bâtit,  une  rue  se  trouve 
supprimée.  Il  faut  donc  réfléchir  mûrement  avant  de  répondre 
oui  à  révoque.  L'intervention  de  ce  chanoine  contre  le  pasteur 
du  diocèse  était  trop  singulière  pour  être  spontanée  ;  mais 
elle  venait  merveilleusement  à  propos.  L'argument  décisif 
était  trouvé.  Aussi  le  prélat  se  plaint-il  des  obstacles  qu'on 
lui  suscite  ;  il  croyait  rencontrer  «  plus  d'affection  et  d'amour 
4ans  Tesprit  desdits  sieurs  du  corps.  »  Evidemment  Hiriard 
a  été  poussé  ;  c'est  à  lui  qu'on  en  veut.  Eh  bien  l  qu'on  lui 
signifie  un  acte  en  bonne  forme  d'opposition  à  ses  projets  de 
construction.  Sinon»  dès  demain  matin,  à  cinq  heures,  les 
travaux  commenceront.   Les    propos  s'échangent  ;  on  est 


84  RAYMOND    DE   MONTAIONK 

blessé,  on  s'irrite.  Bayonne  ne  m'est  rien,  s'écrie  l'évoque. 
Si,  répondent  les  échevins,  si  le  roi  ne  nous  eût  pas  fait 
l'honneur  de  vous  nous  donner  pour  évoque,  il  nous  en  eût 
donné  un  autre.  —  Et  quel  autre?' J'ai  refusé  «  l'archevesché 
d'Aix  et  plusieurs  autres  bénéfices,  qui  estoient  de  bien 
plus  grande  considération  que  non  pas  l'évesché  de  Bayonne.  » 
La  discussion  continua  sur  ce  ton  très  peu  courtois  de  part 
et  d'autre.  Puis  le  prélat  offrit,  si  l'on  lui  voulait  permettre 
'  de  bâtir  selon  ses  plans,  d'empêcher  Hiriard  d'élever  sa 
maison,  de  lui  faire  déclarer  en  justice  qu'il  n'en  avait  pas  le 
droit,  et  qu'au  cas  oii  un  tribunal  donnerait  raison  au  cha- 
noine, il  ferait  démolir  à  ses  frais  le  palais  épiscopal  élevé 
sur  le  terrain  litigieux  ;  «  qu'il  avoit  assez  de  biens  pour  ré- 
pondre de  sa  promesse.  » 

C'était  une  ouverture,  et  la  proposition  pouvait  être  ac- 
ceptée. On  ne  se  pressa  pas  d'y  répondre,  et  Montaigne  se 
h&ta  trop  de  croire  qu'on  rejetait  sa  transaction. 

Le  lendemain  matin,  13  juillet,  les  échevins  voient  avec  stu- 
péfaction les  travaux  commencées.  Ils  se  plaignent  vivement 
de  ce  manque  d'égards  ;  l'évoque  répond  qu'il  a  attendu  en 
vain  leur  décision.  Mais  un  corps  ne  s'assemble  pas  facile- 
ment: plusieurs  membres  étaient  absents.  Bref,  on  se  sépare 
fort  mécontents  les  uns  des  autres.  Peu  après  le  syndic  fait 
sommation  de  cesser  les  travaux.  Le  prélat,  encore  plus  irrité 
de  cet  acte  juridique,  leur  jette  l'épithète  d'ingrats.  Ils  ri- 
postent qu'il  leur  était  difficile  d'être  ingrats,  n'ayant  encore 
reçu  ni  faveur  ni  bienfait.  —  Vous  n'êtes  pas  seulement  des 
ingrats,  mais  encore  des  tyrans.  Moi,  je  suis  aimé  du  peuple. 
Il  n'y  a  même  dans  le  conseil  que  trois  ou  quatre  qui  s'op- 
posent à  mes  desseins.  -»  La  discussion  s'échaufiTe  ;  les 
propos  désagréables  continuent. 

Enfin  on  se  sépare  et  le  conseil  ordonne  qu'il  sera  fait  du  tout 
un  procès-verbal  qui  sera  inséré  dans  le  livre  des  délibéra- 
tions. On  avait  oublié  d'inscrire  les  bulles  de  Montaigne;  on 
n'oublie  pas  de  copier  ce  long  factum. 


KAYMOND   Dt£    MONTAIGNE  85 

L'évèque  avait  des  partisans  dans  le  conseil  et  il  savait  tout 
ce  qui  s'y  passait.  Aussi  on  crut  frapper  un  grand  coup.  Le 
18  juillet,  le  premier  échevin  Dolives,  rappelant  les  injures 
«  proférez  par  ledit  sieur  évoque  »,  les  mots  ingrats  et 
tyrans,  demande,  «  sy,  attendu  les  contumélies  et  parolles 
outrageantes  proférées  par  ledit  sieur  évesque,  le  corps  en 
général  et  particulier  se  doibt  deppartir  de  le  visiter  ;  et  sy 
aucun  en  particulier  ne  se  veult  priver  de  le  visiter,  s'il  pourra 
assister  aux  délibérations.»  C'était  une  atteinte  flagrante  portée 
à  la  liberté  individuelle.  La  passion  ici  dépassait  les  bornes. 
Le  sieur  de  Lalande,  échevin,  fait  fort  sagement  observer  que 
cette  proposition  est  un  outrage  aux  membres  de  l'assemblée, 
que  c'est  accuser  de  peu  de  fidélité  les  échevins,  jurats  et 
autres  officiers  du  corps  de  ville,  «  la  charge  et  qualité  relevés 
dudit  seigneur  évesque  ne  pouvant  que  rendre  lesdites  visites 
justes  et  honorables,  »  N'était-il  pas  possible  de  rendre  de 
telles  visites  «  sans  desseing  d'y  offenser  l'intérest  public?  » 
Donc,  si  Ton  veut  passer  outre,  il  proteste  de  nullité,  et  se 
pourvoira  contre  la  décision. 

Malfirré  ces  réserves,  l'assemblée  irritée  déclare  que  qui- 
conque ira  chez  l'évoque  ne  pourra  plus  prendre  part  aux 
délibérations  qui  le  concernent.  C'était  mettre  Tévôché  en 
interdit  ;  l'évoque  eut  la  pensée  d'excommunier  l'hôtel-de- 
ville.  Il  se  retint;  même  un  peu  après,  il  chercha  à  atténuer 
ses  paroles  et  à  excuser  ce  qui  avait  pu  blesser  l'échevinage. 
Le  12  août,  le  grand  vicaire  va  au  conseil.  On  a  dit  que 
l'évêque  avait  traité  les  échevins  d'ingrats  et  de  tyrans  ;  il 
n'a  pas  dit  cela,  «  ains  seulement  avoit  dict  que  cet  empes- 
chement  estoit  une  tyrannique  violance  ;  en  quoy  il  n'a  creu 
rendre  aucune  offense  auxdits  sieurs  du  corps,  desquels  il 
est  serviteur.  »  Il  ajoute  que  le  chanoine  Hirriard  ayant  re- 
noncé à  son  opposition,  l'obstacle  à  la  construction  du  bâti- 
ment n'existait  plus;  c'est  pourquoi  il  priait  «  lesdits  sieurs 
de  trouver  bon  qu'il  continue  son  bastiment.  »  Le  conseil 
aurait  dû  être  touché  de  cet  acte>  où  le  prélat,  en  réalité, 


86  RAYMOND    DE  MONTAIGNE 

s'inclinait  et  reconnaissait  implicitement  ses  torts  ;  et  il  aurait 
pu,  oubliant  des  paroles  blessantes  ou  des  procédés  trop 
sommaires,  accepter  les  excuses  offertes  et  faire  la  paix.  Il 
n'en  fut  rien.  Le  conseil  persista  dans  son  opposition.  Alors 
révoque  jugea  à  propos  de  céder  pour  un  temps  à  Torage.  Il 
quitta  Bayonne  et  son  diocèse,  et  vint  se  réfugier  dans  sa 
paisible  maison  de  campagne  de  La  Vallée. 

La  Vallée,  paroisse  d'Archingeay,  canton  de  Saint-Savinien, 
arrondissement  de  Saint-Jean  d'Angély,  était  une  agréable 
résidence.  Acquise  par  Charles  Guitard,  peu  avant  1598, 
12,000  livres,  elle  avait  passé  à  son  fils  Jacques,  puis  à  Mon- 
taigne, au  moins  en  partie.  Raymond  s'y  plaisait.  Elle  lui 
avait  d'ailleurs  coûté  quelques  ennuis,  comme  toutes  ses 
acquisitions  et  ses  charges.  Le  16  juin  lôll^  Jacques  Guitard, 
son  oncle,  était  mort.  Par  son  testament  du  30  janvier,  il  insti- 
tuait son  héritier  en  tous  ses  meubles,  a  acquêts  et  tiers  de 
patrimoine  »,  Jacques  de  Lescure,  conseiller  au  parlement  de 
Bordeaux,  son  cousin.  Le  15  juin  1612,  Jeanne  Guitard,  veuve 
de  Pierre  Desbarre,  conseiller  an  parlement  de  Bordeaux,  y 
demeurant  ;  Marie  Guitard,  femme  de  Jean  Philippier,  prési- 
dent en  l'élection  de  Saintes,  faisant  pour  elle  et  pour  autre  Marie 
Guitard,  demoiselle,  dame  deLaToucherolle,  puis  pour  René 
de  Lescure,  écuyer,  sieur  du  Breuil-Bastard,  leurs  cohéritiers 
en  la  succession  de  Jacques  Guitard,  sieur  des  Brousses,  de 
La  Vallée  et  autres  lieux,  se  transportent  à  La  Vallée  pour  en 
prendre  possession.  Mais  la  place  était  prise.  Raymond  de 
Montaigne  s'y  était  installé,  et  n'entendait  pas  en  sortir.  En 
effet,  sa  tante  Jeanne  Guillet,  femme  de  Jacques  Guitard,  lui 
avait  légué  «  la  tiers  de  tous  biens  antiens  et  patrimoniaux  de 
la  communauté  desdits  Guitard  et  Guillet.  »  Il  avait  donc  sur 
cette  terre  des  prétentions  très  légitimes.  Aussi  les  pauvres 
dames  trouvèrent-elles  tout  hermétiquement  fermé.  En  vain 
elles  frappèrent  aux  portes,  appelèrent:  rien  ne  parut.  Pour- 
tant à  la  fin,  une  fenêtre  s'ouvrit.  Une  tête  s'y  montre.  C'est 
le  jardinier.  Mais  il  déclare  «  n'avoir  charge  de  faire  ou  ver- 


RAYMOND   DE   MONTAIGNE  87 

faire  d'icelle  ni  autre  dudit  logis,  ains  seulement  avoir  la 
garde  d'icelle,  qui  luy  avait  esté  donnée  par  M.  le  lieutenant 
général  de  Xaintes.  »  Impossible  d'entrer.  Les  voilà  bien 
loties.  Femmes  d'un  conseiller  en  la  cour  et  d'un  président  ,en 
l'élection,  on  refuse  de  les  recevoir;  elles  sont  forcées  de  se 
transporter  «  en  la  basse  court  ».  hSlles  détëlent,   mettent 
«  leurs  chevaux  en  la  grange  dudit   logis  noble  ».  billes  de- 
mandent pour  elles-mêmes  asile  au  bordier,  François  Gi- 
roisme,  en  sa  maison,  où,  dit  le  procès-verbal,  elles  ont  «  beu 
et  mangé^  et  en  icelle   faict  plusieurs   autres   exploits,   le 
tout  sans  contredit  aucun  et  en  présence  dudict  Giroisme, 
Suzanne  Roche,  sa  femme,  et  André  Giroisme,  leur  fils  ».  Le 
bon  tour  que  leur  avait  joué  Raymond  de  Montaigne!  Elles 
n'en  font  pas  moins  actes  de  propriétaires,  coupent  de  l'herbe 
en  un  pré,  ouvrent  et  ferment  les  portos,  font  du  feu  dans  la 
diambre  du  bordier  ne  le  pouvant  ailleurs,  se  promènent 
dans  les  vignes,  prés  et  garennes,  et  déclarent  aux  métayers 
«  qu'ils  heussent  à  recevoir  et  reconnaistre  désormais  autre 
sieur  quelesdittes  demoiselles  et  leurs  cohéritiers  ».  Etienne 
Dufaure,  praticien  à  Bordeaux,  Denis  Moufïlet,  sergent  royal 
à  Saintes,  signent  la  protestation.  Puis  en  même  forme  l'on 
prend  possession  de  La  Maisonneuve,  de  Goulon,  de  Grand- 
maison,  métairies  dépendant  de  La   Vallée:  le  19,  en  l'île 
d'Arvert,  paroisse  de  Saint-Etienne,  de  plusieurs  marais  situés 
dans  les  prises  de  Chateaupré,  Laguillac,  etc.  De  là  procès. 

En  outre,  Jacques  de  Lescure,  par  contrat  passé  le  24  dé- 
cembre 1613,  devant  Dussault,  notaire  royal,  avait  cédé  ses 
droits  sur  La  Vallée  à  Montaigne  pour  70,8!^  livres.  Mon- 
taigne avait  ainsi  cinq  parts  sur  neuf.  Mais  les  héritiers  lé- 
gitimaires  attaquaient  le  testament  contre  Lescure.  Arrêt  en 
la  chambre  de  l'édit  de  Paris,  (7  juin  1614)  qui  les  condamne 
aux  dépens.  Armand  Guitard,  frère  naturel  de  Jacques,  élève 
aussi  des  prétentions,  prétextant  des  lettres  de  légitimation  ; 
mais  il  est  débouté  le  9  juillet  1616  et  n'obtient  qu'une  pen- 
sion de  400  livres  jusqu'à  sa  mort(août  1633).  Autre  procès 


SS  a/lYMOND    DB    MONTAIGNE 

entre  les  héritiers  naturels  de  Jacques  et  l'évoque  de  Bayonne 
pour  le  partage  des  biens  patrimoniaux,  d'autres  encore  dont 
il  serait  trop  long  de  rapporter  tous  les  incidents'. 

L'évoque  de  Bayonne,  en  attendant  ce  règlement  définitif, 
jouissait  de  Ln  Vallée.  Hélas  î  en  jouissait-il  ?  Vieux  lutteur,  il 
sentait  le  besoin  du  repos  ;  avait-il  assez  de  forces  pour  en 
goûter  les  douceurs  ?  On  a  de  lui  (18  novembre  1636)  une 
lettre  trouvée  par  Tamizey  de  Larroque,  adressé  au  duc 
d'Epernon  :  «  Monseigneur,  disait-il,  vous  avez  agréé  ma  re- 
traite. Accusé  par  quelques  personnes  qui  faisaient  gloire  de 
mespriser  l'église,  et  ne  pouvant  demeurer  sans  préjudicier 
à  mon  caractère  et  à  mes  successeurs,  j'ai  jugé  plus  à  propos 
de  me  retirer  que  d'user  en  cette  saison  de  Textresme  remède 
convenable  au  mal.  Vous  m'avez'fait  l'honneur,  monseigneur, 
de  vouloir  prendre  cognoissance  de  ce  qui  ^est  passé  par 
delà  ;  sur  quoy  j'attendray  vos  commandements  pour  y  rendre 
entière  obéissance  sur  ce  subjectettous  autres,  comme  estant 
véritablement,  monseigneur,  votre  très  humble  et  très  obéis- 
sant serviteur. 

R....  ev.  de  Bayonne. 

«  A  La  Vallée,  ce  18  novembre  1636  ». 

Cette  lettre  faisait  prévoir  une  résolution  définitive.  Le 
3  février  suivant,  a  estant  de  présant  en  la  ville  de  Saintes  » 
il  se  démettait  de  son  évôché  entre  les  mains  du  roi  ;  toutefois 

1  Un  arrAt  du  7  septembre  1626  ordonne  le  partage  des  Brousses  et  de  La 
Vallée,  où  Montaigne  aurait  un  tiers,  plus  deux  sixièmes  sur  les  deux  autres 
tiers,  une  restitution  des  fruits  perçus  depuis  1611.  Nouvelle  source  de  con- 
testations, dont  le  pauvre  évéque  ne  vit  pas  la  fin.  C'est  son  fils  qui,  le  17 
juin  1638,  en  présence  de  François  Chapus,  ancien  procureur  au  présidial,et 
de  Jean  Oaboriau,  juge  d'office  de  la  ch&tellenie  de  Neuvio  et  des  Brousses^ 
demeurant  à  Beauvais-sur-Matha,  par  acte  de  Verjat,  notaire,  transigea  avec 
Jean  de  Li venue,  chevalier,  seigneur  de  Rivières,  demeurant  audit  lieu,  pa- 
roisse de  Saint-Thomas  de  SaintODge,  ayant  les  droits  de  Marie  Guitard  de 
La  ToucheroUe,  de  Raymond  Desmier,  écuyer,  seigneur  du  BreuiUBlanzac,  et 
des  enfants  de  feu  Christine  de  La  Faye,  femme  de  Daniel  Desmier  du  Breuil- 
Plessis,  reçoit  les  4  neuvièmes  du  patrimoine  de  Jacques  Qui  tard  et  la  resii- 
tation  des  fruits  perçus,  et  accorde  le  reste  aux  autres.  Le  procès  avait  duré 
Î9  ans.  Un  seul  de  ceux  qui  l'avait  vu  naître  était  survivant.  Le  combat  ne 
finissait  pas  faute  de  combattants  ;  mais  peu  s'en  fallait. 


RAYMOND    DB   MONTAIGNE  89 

en  renonçant  aux  dignités  épiscopales,  il  songeait  à  son  flls  ; 
c'est  en  faveur  de  Nicolas  de  Montaigne,  son  fils,  clerc  ton- 
suré du  diocèse  de  Saintes,  qu'il  les  résignait.  Mais  ce  fut 
François  Pouquet,le  frère  du  fameux  surintendant,  que  le  roi 
lui  donna  pour  successeur,  et  qui,  abbé  de  Saint-Sever,  puis 
en  1643  évêque  d'Agde,  archevêque  de  Narbonne  en  1659, 
mourut  en  1673  à  Alençon,  où  il  avait  été  relégué  par  suite 
de  la  disgrâce  de  son  frère. 

Raymond  de  Montaigne  avait  environ  50  ans.  Il   pouvait  • 
songer  que  sa  vie  avait  été  longue  et  bien  remplie,  et  que   la 
fin  devait  en  être  prochaine.  Neuf  ans  auparavant,  le  18  août 
16^,  il  avait  écrit  de  sa  main  et  signé  son  testament  décou- 
vert par  M.  Dangibeaud  (voir  page  43  de  sa  brochure)  : 

«  Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint  Esprit. 

Je  Raymond  de  Montaigne,  conseiller  du  rojr  en  ses  con- 
seils, et  président  de  Saintonge,  considérant  que  toutes  person- 
nes sont  subjectes  à  la  mort,  dont  Theure  est  incertaine,  et 
désirant,  avant  en  estre  prévenu,  disposer  de  mes  biens, 
après  avoir  recommandé  mon  âme  à  Dieu,  mon  créateur, 
à  son  cher  Fils  Jésus-Christ,  mon  rédempteur,  qui  a  souffert 
mort  sur  la  croix  pour  mon  salut,  après  avoir  prié  la  sainte 
vierge  Marie,  mère  de  mon  Sauveur,  et  tous  les  esprits  bien- 
heureux, d'intercéder  toujours  pour  moy  particulièrement  à 
l'heure  de  mon  trépas,  ay  fait  mon  testament  en  la  manière 
qui  s'ensuit  ». 

En  quelque  bien  qu'il  décède  il  veut  «  estre  porté  et  enterré 
en  l'église  des  révérends  pères  Récollets  de  Saintes,  de  la- 
quelle je  suis  fondateur  ».  Il  défend  expressément  toute  pompe 
funèbre  et  ne  veut  que  «  personne  soit  convié  ou  appelé 
à  ses  funérailles,  fors  lesdits  pères  Récollets.  »  Il  lègue  ensuite 
aux  pauvres  300  livres,  le  jour  de  son  enterrement,  300 
le  jour  de  la  huitaine  ;  aux  Jacobins  et  aux  Cordeliers  1000 
livres  chacun  à  la  charge  d'une  messe  quotidienne  pour  lui  et 
les  siens*;  à  l'hôpital  Saint-Pierre  de  Saintes  300  livres. 

«  Le  13  septembre  1638,  Jean  Gandillaud,  bachelier  en  théologie  de  la 
faculté  de  Paris,cu8tode  et  gardien  du  couyent  des  pères  cordeliers  de  Saintes, 


90  RAYMOND    DE  MONTAIGNB 

Quant  à  ses  biens^  et  ceux  de  Marie  de  Maulevaud,  son 
épouse,  il  institue  son  héritier  universel  son  fils  Nicolas  de 
Montaigne,  qui  devra  payer  à  Anne  de  Montaigne,  sa  sœur, 
15,000  livres  en  sus  des  10,000  écus  de  sa  dot  et  des  2,000  écus 
de  bagues  et  joyaux  ;  2,000  livres  à  Raymond  Gombaud,  filleul 
de  Raymond  de  Montaigne  et  fils  de  Marguerite  de  Navailles, 
et  30  livres  à  chacun  de  ses  valets.  Tout  était  donc  réglé. 
Dans  les  premiers  jours  de  mars  1637  il  expira  ;  «  Defunctus 
mensi  martis  anni  1637  »j  dit  le  Gallia. 

Le  20, le  chapitre  de  Rayonne,  «  adverti  que  le  sieur évesque 
est  déceddé  en  Xaintonge  »,  fit  célébrer  pour  lui  une  messe 
de  Requiem,  à  l'issue  de  laquelle  on  se  réunit  pour  nommer  les 
administrateurs  du  diocèse,  5«rf^  vacante.  L'acte  capitulaire, 
où  assistaient  douze  chanoines  :  Pierre  du  Vergier,  a  leur 
ancien,  »  Pierre  de  La  Clau,  Arnault  et  Rertrand  de  Haiet, 
Pierre  de  Hiriard,  Pierre  Goubert/Jean  de  Laborde,  Michel 
d'Oihérard,  Robert  de  Lane,  Jean  du  Vergier  de  Hauranne, 
Jean  de  Lissalde  et  Martin  de  Laségue,  non  compris  deux 
prébendiers  Jean  de  Lalande  et  Jean  de  Labourdette,  prêtres, 
n'exprimait  ni  un  regret^  ni  un  éloge  ;  c'est  sec  comme  un 
procès-verbal  ;  et  peut-être  les  chanoines  ne  tenaient-ils  pas  à 
dire  le  contraire  de  leurs  pensées^ 

D'après,  en  effet,  tout  ce  que  nous  venons  de  raconter,  il 
est  aisé  de  voir  que,  magistrat  ou  évoque,  Raymond  de  Mon- 
taigne fut  un  homme  peu  aimable.  On  disait  de  Gaton  qu'il 

reconnaît  avoir  reçu  de  Nicolas  de  Montaigu,  abbé  des  AUeaz,  50  boisseaux 
de  grain,  mesure  de  Saint-Savinien,  25  de  froment,  25  de  mesture,  à  valoir 
sur  la  somme  de  300  livres  dues  au  couvent  pour  quatre  années,  à  raison  de 
75  livres  par  an,  pour  une  messe  basse  célébrée  chaque  jour  au  couvent  sur 
la  recommandation  de  Raymond  et  de  Nicolas  de  Montaigne.  U  reconnaît  en 
outre  avoir  reçu  une  chasuble  noire  estimée  18  livres,  que  Nicolas  de  Mon- 
taigne doit  pour  une  vieille  chappe  de  velours  noir  qui  avait  été  prêtée  le 
jour  de  l'enterrement  de  Raymond  de  Montaigne  et  qui  fut  perdue. 

*  Tout  ce  (j^ui  est  dit  ici  de  Bayonne  me  vient  des  communications  que  m*a 
bien  voulu  faire  M.  Tarchiviste  Dulaurens.il  m*a  très  obligeamment  transcrit 
les  textes.  Je  lui  envoie  mes  plus  affectueux  remerelments. 


RAYMOND   DB  MONTAIONB  Dl 

avait  porté  à  la  noblesse  des  coups  qu'elle  lui  avait  rendus.  Si 
Montaigne  eut  à  souffrir  de  ses  ennemis^  il  sut  bien  leur  faire 
payer  les  tracasseries,  dent  pour  dent,  procès  pour  procès. 
Il  serait  difficile  de  juger  ici  Raymond  de  Montaigne,  magis- 
trat et  homme  d*Église.  Sans  doute  il  remplit  ses  fonctions  de 
judicature  avec  zèle,  avec  loyauté,  avec  justice;  le  mandat  de 
député  du  tiers  aux  états  généraux  est  une  preuve  qu'il  avait 
su  gagner  Testime,  la  considération  générale  à  Saintes  et  dans 
la  province  de  Saintonge.  On  a  vu  le  rôle  important  qu'il  joua 
à  ces  assemblées  en  1614,  saluées  de  tant  d'espérances,*  finale- 
ment si  stériles  au  moins  en  résultais  immédiats.  Saintes  lui 
doit  la  fondation  du  couvent  des  Récollets  ;  et  Tabbaye  de 
Sablonceaux,  des  réparations  trop  tôt  interrompues  par  son 
départ.  Gomme  évoque,  il  ne  paraît  pas  avoir  laissé,  sinon 
dans  son  diocèse^  au  moins  à  Rayonne,  un  souvenir  aussi 
universellement  respecté.  Son  administration,  d'ailleurs,  fut 
courte  et  presque  continuellement  entravée.  Au  point  de  vue 
où  les  choses  en  étaient  venues,  il  parait  difficile  qu'il  eût  pu 
désormais  faire  beaucoup  de  bien.  Qui  eut  tort  dans  cette 
petite  guerre  qu'on  pourrait»appeler  les  querelles  de  rue  mi- 
toyenne? Nous  n'avons  pas  toutes  les  pièces;  nous  n'avons 
môme  entendu  presque  qu'une  des  parties.  Gomment  notre 
jugement  pourrait-il  être  éclairé  ?  Mais  il  nous  paraît  qu'il  ne 
fut  pas  comme  chef  du  diocèse  ce  qu'il  avait  été  comme  pré- 
sident de  la  sénéchaussée.  Habitué  aux  formes  rigoureuses 
de  la  justice,  ne  regardant  que  le  droit  strict,  homme  de  loi, 
peut-être  ne  vit-il  pas  que  la  position  d'un  pasteur  d'âmes 
n*était  pas  celle  d'un  président  de  tribunal,  et  que  si  l'un  doit 
être  avant  tout  Tesclave  de  la  lettre,  l'autre  doit  être  surtout 
l'interprète  de  l'esprit.  «  Il  ne  faut  pas,  écrivait  l'auteur  des 
Essais,  il  ne  faut  pas  appeler  debvoir,  comme  nous  faisons 
tous  les  jours,  une  aigreur  et  une  intestine  aspreté.  »  Sa  mis- 
sion était  toute  de  douceur  et  de  conciliation.  Quand  même  il 
eut  ea  raison,  quand  même  la  jurisprudence  et  les  textes 
fussent-ils  poilr  lui,  il  eut  plus  gagné  à  ne  point  montrer  tant 


'j 


92  RAYMOND    DE  MONTAIGNE 

d*exigence.  Je  sais  bien  que  Michel  de  Montaigne  l'a  dit  : 
«  Et  est  opiniastreté  sœur  de  la  constance,  au  moins  en 
vigueur  et  fermeté  ».  Mais  la  fermeté  n'est  point  faiblesse  ; 
elle  n'est  pas  non  plus  entêtement.  Des  paroles  malsonnantes, 
des  expressions  peu  gracieuses,  des  procédés  un  peu  rudes 
ont  dû  blesser  des  esprits  déjà  peu  bienveillants.  Voilà  pour 
un  côté. 

Ce  qui  atténue  singulièrement  les  torts  du  prélat,  c'est  la 
conduite  du  corps  de  ville,  mettant  pour  ainsi  dire  son  évoque* 
en  quarantaine,  interdisant  la  porte  de  sa  maison  aux 
membres  du  conseil  ;  c'est  leur  refus  d'entrer  en  accommo- 
dement, quand  le  pontife  s'inclinant  relire,  en  les  expliquant, 
les  termes  qui  avaient  choqué  les  susceptibilités  des  échevins, 
et  leur  demande  de  cesser  une  opposition  dont  le  prétexte 
avait  disparu.  Cette  humilité, cet  aveu  répare  bien  des  paroles 
vives.  Il  faut  tenir  compte  aussi  de  l'esprit  de  corps.  Le  pou- 
voir municipal  se  dressait  encore  debout  devant  tout  autre 
pouvoir.  Il  n'y  avait  pas  longtemps  que  Richelieu  avait 
dompté  la  fière  cité  de  Guiton  ;  les  villes  étaient  encore  fort 
jalouses  de  leur  indépendance  ;  et,  n'ayant  plus  à  guerroyer 
contre  l'ennemi  extérieur,  elles  bataillaient  volontiers  contre 
quelque  rival  d'influence  ou  d'autorité  à  l'intérieur.  Le  pré- 
texte en  était  assez  mesquin  ;  évidemment  on  l'avait  cherché. 
Une  part,  et  assez  large,  de  responsabilité  dans  ces  dissen- 
sions fâcheuses  retombe  donc  sur  l'échevinage  de  Bayonne, 

Enfin,  ce  qui  prouve  encore  qu'il  y  avait  là,  avant  tout,  un 
froissement  d'amour-propre  local,  c'est  l'amitié  que  témoi- 
gnaient à  M«'  de  Bayonne  un  certain  nombre  môme  de  jurats 
et  d'échevins  ;  ce  sont  les  égards  qu'eut  pour  lui  le  comte  de 
Gramont,  maire  et  gouverneur  de  la  ville,  l'approbation  que 
semble  lui  avoir  donné  le  duc  d'Epernon,  et  enfin  l'aflFection 
qu'avait  pour  lui  le  peuple.  Toutefois,  j'aurais  voulu  que  Ray- 
mond de  Montaigne,  avant  ses  démêlés  avec  le  corps  de  ville, 
eut  relu  le  ch.  29,  liv.  I,  de  son  oncle  breton,  delà  modération  : 
«  On  peult  et  trop  aymer  la  vérité  et  se  porter  excessivement 


RAYMOND   DE   MONTAIGNE  93 

en  una  action  juste.  A  ce  biais  s'accommode  la  voix  divine  : 
«  Ne  soyez  pas  plus  sages  qu'il  ne  fault,  mais  soyez  sobrement 
«  sages...  »  J'ayme  des  natures  tempérées  et  moyennes  ; 
rimmodération  vers  le  bien  mesme,  si  elle  ne  m'offense,  elle 
m'estonne  et  me  met  en  [jeine  de  la  baptizer...  L'archer  qui 
ouUrepasse  le  blanc,  fauU  comme  celui  qui  n'y  arrive  pas   » 

A  ces  défauts  de  caractère,  Raymond  de  Montaigne  unissait 
d'excellentes  qualités.  Il  eut  des  amis  môme  dans  ce  présidial 
que  ses  façons  un  peu  autoritaires  indisposaient  ;  le  duc 
d'Epernon  le  patronnait,  le  cardinal  de  Richelieu  le  fît  évêque. 

Celui  avec  lequel  il  semble  avoir  eu  le  plus  de  relations  est 
Nicolas  Pasquier,  Pasquier,  lieutenant  général   à  Cognac, 
Pdsquier,  maître  des  requêtes,  Pasquier,  seigneur  de  Maixne 
et  de  Balanzac,  Pasquier,  l'auteur  du  Gentilhomme  et  des 
Remontrances,  Nicolas  Pasquier  enfîn,  le  fils  d'Estienne   Pas- 
quier ;  relations  de  voisinage,   relations   d*état,  relations  de 
lettres.  Estienne  Pasquier  écrivait  à  Pelgé  de  Michel  Eyquem 
de   Montaigne,  l'auteur  des  Essais,    (lettre  1",  livre  XVIII, 
t.  II  de  ses  OEuvreSy  p.  517)  :  «  Nous  estions,  luy  et  moy,  fa- 
miliers et  amis  par  une  mutuelle  rencontredes  lettres.  Fusmes 
ensembiement  en  la  ville  de  Blois,  lors  de  cette  fameuse  as- 
semblée de  trois  estats  de  l'an  1588.  »  Ce  que  le  père  disait  de 
Michel  de  Montaigne,  le  fils,  Nicolas  Pasquier,  le  pouvait  à 
peu  près  répéter  de  Raymond  de  Montaigne.  Je  ne   sais   si 
c'est  «  une  mutuelle  rencontre  de  lettres  »   qui  rendit  «  fami- 
liers et  amis  »  Nicolas  et  Raymond.  Je  ne  crois  pas  que   Ray- 
mond  de  Montaigne'  ait  jamais  rien   écrit,   pas  même  des 
Lettres  ou  des  Remojitrances.  Mais  le  voisinage  et  la  commu- 
nauté des  fonctions  devaient  réunir  le  lieutenant  général  de 
Cognac  et  le  lieutenant  général  de  Saintes. 

Tantôt  à  propos  de  ses  procès  il  lui  adresse  des  doléances 
un  peu  banales  sur  la  prospérité  et  l'adversité  (liv.  1*%  lettre 
X,  p.  1086.)  Tantôt  à  l'imitation  d'Estienne  qui  avait  jugé  les 
£ssâfîs  et  l'auteur  des  Es5ai5,  il  vante  en  bons  termes  la  richesse 
de  la  langue  française  fliv.  Vil,  lettre  1^%  p.  1283)  :  «  Laissons- 

TOM  XVI    —NOTICES    =  XVI*  ANNÉE,  3'-4«  LlV.  8 


94  RAYMOND   DE   MONTAIGNE 

là,  dit-il,  laissons-là  la  Grecque  et  la  Latine  ;  esludions  d*ac- 
croistre  et  abonir  la  nostre,  qui  court  aujourd'huy  par 
toute  l'Europe  ;  trouvons  mots  nouveaux,  courts,  doux 
charnus  et  nerveux,  bien  recherchez  et  eslabourez,  faisans 
renaistre  et  resusciter  ceux  qui  ont  esté  dès-pieça  délaissez; 
rappelons-les  ;  lesquels  remis  en  usage  auront  plus  de  grâce 
et  de  goust,  pour  estre  sortis  de  nostre  ancien  estât,  que  ceux 
que  nous  avons  empruntez  des  nations  estrangères.  Si  d'a- 
venture nous  n'en  avions  pour  exprimer  ce  que  nous  vou- 
lons traiter  ou  représenter,  lors  transplantons  chez  nous, 
adoptons  et  naturalisons  les  estrangers  les  plus  propres,  et 
mieux  sonnants  aux  oreilles.  »  Un  siècle  plus  tard,  Pénelon 
dira  exactement  la  môme  chose  dans  sa  Lettre  à  r Académie. 
Puis  il  célèbre  le  soin  qu'avait  son  père  de  polir  et  repolir  ses 
œuvres  (liv.  Vil,  lettre  IX,  p.  1309)  :  «  Vous  avez  raison  de 
dire  que  le  livre  des  Recherches  de  la  France  de  feu  mon  père 
est  un  ouvrage  plein,  solide,  bien  élabouré,  et  escrit  d*un 
haut  sens,  avec  un  beau  et  fluide  langage,  lequel  il  a  enrichy 
de  mots  propres  et  épithMes  non  oisifs. , ,  »  Voici  (livre  IX, 
lettre  P*,  p.  1361)  un  résumé  historique  des  guerres  de  Reli- 
gion :  «  Vous  désirez  que  je  vous  écrive  d'oti  dérivent  ces 
mouvemens  contre  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée.  » 
Voici  (liv.  IX,  lettre  II,  p.  1369).  à  la  suite  de  la  première  ses 
craintes  sur  «  les  malheurs  qui  peuvent  arriver  des  confisca- 
tions que  le  roy  donne  pendant  la  guerre.  «  Je  prévoy  qu'il 
naistra  de  grands  malheurs  des  confiscations  que  le  roy 
donne  tant  des  biens  des  bourgeois  de  La  Rochelle,  Saint- 
Jean  et  autres  places,  que  de  ceux  qui  s'y  sont  retirez,  et  de 
la  forme  du  serment  qu'on  tire  des  personnes  de  la  religion 

prétendue  réformée  qui  n'ont  bougé  de  leurs  foyers w 

Puis,  c'est  la  prise  de  Saint-Jean  d'Angély  en  1621  par  Louis 
XIII  (livre  IX,  lettre  3,  p.  1370)  ;  un  voyage  où  il  a  eu  beau- 
coup à  souffrir  de  la  neige,  présage  évident  et  certain  de 
quelque  événement  fâcheux  (livre  III,  lettre  XI,  p.  1179), 
c'est  la  disgrâce  du  maréchal  d'Ancre  qu'il  raconte  fort  au 


RAYMOND    DB   MONTAIGNE  95 

long,  non  sans  maltraiter  beaucoup  le  favori  tombé  (livre  VI, 
lettre  XVI,  p.  1273)  :  «  Oyez  comme  Dieu  se  joue  des  grands 
par  le  discours  de  la  naissance,  du  progrez  et  du  couronne- 
ment de  la  fortune  du  maréchal  d'Ancre  : 

Celsa  mentis  ab  arce 
Despicit  errantes,  humanaque  gaudia  ridet.  > 

Nicolas  Pasquier,  qu*ii  habitât  soit  Cognac,  son  poste  judi- 
ciaire, soit  Balanzac,  sa  seigneurie,  où  il  mourut,  n^était  guère 
qu'à  25  ou  12  kilomètres  de  Saintes,  et  il  y  venait  souvent,  bien 
que  les  maisons,  dit-il,  y  soient  «  recluses  et  pressées  »  et 
que  Tair  n'y  pénètre  que  «  puant  et  rance  ».  En  novembre 
1626,  il  y  signe  un  contrat  d'acquisition  avec  Jean  de  La* 
vergne,  chanoine  ;  en  mai  1628,  avec  Joseph  de  Navailles, 
écuyer,  seigneur  de  Roustan,  neveu  de  Raymond  de  Mon- 
taigne. En  1629,  on  trouve  une  déclaration  de  Laurens  Queu, 
écuyer,  sieur  de  Chatelars,  et  Nicolas  Pasquier,  écuyer,  sei- 
gneur de  Mainxe  et  de  Balanzac,  à  Jean  Aymar,  garde  des 
sceaux  au  présidial  de  Saintes.  Il  écrit  (lettre  I'*,  livre  I")  : 
«  Je  me  souviens  des  discours  qui  se  tindrent,  il  y  a  quelque 
temps,  chez  vous,  des  langues  française,  grecque  et  latine.  » 

Pasquier  ne  négligeait  aucune  occasion  d'envoyer  quelques 
feuilles  de  papier  à  son  collègue  ;  tantôt  il  disserte  pour  lui  sur 
la  paix  qui  doit  régner  entre  les  diverses  religions  (livre  X, 
lettre  X,  p.  1439);  sur  la  tolérance  qu'on  doit  employer  à 
l'égard  des  dissidents  (livre  IX,  lettre  XI,  p  1385),  sur  la  né- 
cessité de  faire  la  paix  (lettre  X,  liv.  IX,  p.  1383)  ;  tantôt  il  lui 
prouve  l'influence  de  la  lune  sur  les  animaux  et  les  hommes 
(liv.  IX,  lettre  XIV,  p.  1391)  :  «  Que  chacun  en  ce  monde  parti- 
cipe de  la  lune.  » 

Certainement  pour  avoir  un  tel  correspondant  Raymond  de 
Montaigne  n'était  ni  sans  valeur,  ni  sans  cœur. 


Il  fut  inhumé  à  Saintes,  chez  les  Hécollets,  comme  il  l'avait 
demanidé,  là  où  il  avait  été  sacré.  Eut-il  des  funérailles  digties 


9(i)  RAYMOND    DE   MONTAIGNE 

d'un  évêque,  lui  qui  avait  voulu  être  enterré  sans  pompe  ?  Je 
rignore,  mais  je  sais  qu'on  eut  besoin  de  chapes  ;  on  en  em- 

I 

prunta  une  aux  cordelîers  ;  même  elle  fut  perdue  et  son  fils 
dut  la  payer  30  livres,  encore  était-elle  vieille  et  usée. 

Raymond  de  Montaigne  repose  encore  dans  le  caveau  où  il 
fut  déposé  II  y  est  avec  trois  autres  tombeaux,  comme  l'a  ra- 
conté un  vieillard  qui  les  avait  vus  jadis. 

L'éçlise  à  la  Révolution  fut  confisquée  comme  bien  national. 
On  ne  songea  sans  doute  pas  à  en  fouiller  le  sol  ;  d'autant  que 
construite  depuis  un  siècle  et  demi  et  pour  des  religieux  elle 
n'avait  rien  qui  tentât  la  cupidité.  Elle  devint  le  club  des  amis 
de  la  Constitution  ;  Ton  y  installa  solennellement,  en  1791,  le 
buste  de  Mirabeau,  ancien  sous-lieutenant  en  garnison  à 
Saintes,  après  une  procession  triomphale  où  parada  l'évoque 
constitutionnel  Isaac-Etienne  Robinet  avec  tout  son  clergé. 
Pierre  Garesché  de  la  Parée  en  fut  propriétaire  ;  puis  elle 
fut  halle  aux  bouchers,  puis  salle  de  réunion,  gymnase  ;  elle 
est  aujourd'hui  une  imprimerie.  Des  presses  typographiques 
fonctionnent  sur  le  cadavre  de  ce  magistrat  batailleur  et  de 
ce  prélat  peu  endurant.  Il  dort  là  son  dernier  sommeil  au 
bruit  de  la  vapeur  qui  les  meut.  C'est  un  repos  agité  qui  con- 
vient bien  à  celui  qui  s'est  tant  remué  pendant  sa  vie.  Le 
papier,  qu'il  a  si  passionnément  aimé,  se  déroule  chaque  jour 
sur  sa  tête.  Les  fils  de  ceux  qu'il  a  tracassés  de  ses  procès 
incessants,  toujours  renouvelés,  «  immortale  jeciir  »,  l'un  re- 
naissant de  l'autre,  passent  près  de  son  tombeau  et  nul  ne 
sait  qu'il  est  là.  Il  manque  un  trait  au  tableau  ;  que  ces  pages 
écrites  pour  lui,  près  de  lui,  presque  sur  sa  sépulture  que 
j'ai  révélée,  n'aient  pas  été  imprimées  par  ces  machines  qui 
s'agitent  sur  lui. 

(Fin)  Louis  AuDiAT. 


LA  MÈRE  BERTHELOT 

ET    LB 

COUVENT  DES   LRSULINES  DE   NANTES 

(.9u((e'J. 


CHAPITRE 

;  VI 

icial 

ion  poi 

r[*8  coni 

Ire  dix  religiousea  ur 

lulinM  du  coi; 

ivent  de  Nantei.  — 

estatio 

n  et  leur  emprlsonnemeiit  >u 

Bon-Paateur. 

—  Leur  compiTu- 

idev 

anilo 

tribunal 

Leur  condamnation  i  garder  prl- 

ju«luà  1. 

pali. 

L'immolatioD  de  la  mère  Berthelot  n'avait  pas  épuisé  tous  les 
traiU  de  la  persécutioii  révolulionaaire  contre  les  Ursullnes  de 
Nantes.  Une  dizaine  d'enlre  elles,  dont  la  supérieure,  la  mère  Da- 
voynes,  vivaient  cachées  dans  différents  quartiers  de  la  ville.  Quoi- 
qu'elles ne  menassent  pas  de  bruit,  elles  ne  réussirent  pas  k  se  faire 
oublier.  Dénoncées  au  Comité  révolutionnaire,  comme  réfractaireA 
au  serment,  et,  partant,  comme  de  mauvaises  citoyennes  capables 
de  compromettre  la  paix  publique,  elles  furent  envoyées  au  Bon* 
Pasteur,  prison  spécialement  affectée  aux  femmes. 

Un  premier  ordre  d'écrou,  du  i"  floréal  an  11,  ao  avril  1794, 
•igoé Bachelier,  GraadmaiBoa.Gaullierpère,  et  Bollogniel,  membres 

■  Voirl»  H>rai«on  d« jaaTier'HTrierltDO. 


98  LA    MÈRE   BKRTHBLOT 

du  comité  révolu  tioDDaire  concerne  les  nommées  :  i*  Marie  Raymond, 
a""  Marie  Roberderie,  3**  Françoise  Ripnault,  4*  Anne  David,  5"*  Mar- 
guerite Bontan^  6^  Anne  Launay,  7*  Louise  Lasalle,  8*"  Perrine 
Perrochaud  domestique,  toutes  de  l/ai ,  ci-devant  communauté  des 
Ursulines  de  Nantes^  non  assermentées. 

Un  second  ordre,  portant  la  même  date,  ce  qui  semblerait  in- 
diquer que  celles-ci  ne  furent  pas  arrêtées  avec  les  autres,  signé 
également  de  plusieurs  membres  du  Comité  révolutionnaire  con- 
cerne :  1^  Anne  Davoynes,  ex-supérieure  de  la  ci-devant  commu- 
nauté des  Ursules  de  Nantes  ;  a*^  Louise  Bourdin,  3*  Angélique 
Marchand,  4«  Françoise  Judalet,  autres  ursulines  de  Nantes,  non 
assermentées  et  fanatiques'. 

A  ce  moment  diverses  causes  atténuaient  d*une  façon  très  sen- 
sible l'ardeur  des  terroristes.  Chaux  et  Goullin  é\aient  absents  de 
Nantes,  et  la  Société  populaire,  privée  de  ses  deux  meneurs,' était 
inquiète  et  émue  des  attaques  dirigées  contre  le  Comité  révolution- 
naire. Les  représentants  en  mission,  envoyés  pour  remplacer  Car- 
rier^ qui  avait  fatigué  par  ses  excès  les  sans-culottes  les  plus  exces- 
sifs, étaient  eux-mêmes  disposés  à  une  certaine  tolérance.  L^  a8  ger- 
minal, 17  avril  1794,  dix-huit  religieuses  de  Vannes,  de  Guérande, 
du  Croisic,  dont  plusieurs  ursulines  du  .couvent  de  Guérande, 
traduites  devant  le  tribunal  révolutionnaire,  comme  suspectes  et 
n'ayant  pas  prêté  le  serment,  avaient  été  simplement  condamnées 
à  rester  jusqu'à  la  paix  en  état  d'arrestation* . 

Les  onze  ursulines  de  Nantes  et  Perrine  Perrochaud,  tourière, 
qualifiée  domestique,  comparurent  le  a3  floréal  an  II,  la  mai  1794, 
devant  le  même  tribunal  et  ne  furent  pas  condamnées  plus  sévè- 
rement que  leurs  sœurs  de  Guérande. 

Au  nom  du  peuple  français. 

«  Le  q3  floréal  an  II  (la  mai  1794),  les  juges  formant  le  tribunal 
révolutionnaire  du  Département  de  la  Loire-Inférieure^    séant  à 

*  Regi8tr«  d^écrou  da  Boo-Pastear  (Archives  du  greffe),  bur  ce  registre  les 
noms  sont  mal  orthographiés  ;  ils  sont  écrits  ci-dessus  comme  ils  devaient 
rôlre. 


ET    LK    COUVENT    UKS    URSULINKS    DB    NANTES  Ô9 

Nantes,  après  avoir   entendu  Lecoq.  accusaleur  public  daaa  ses 
accusations  contre  : 

«  i^  Anne  Davoynes^  religieuse  et  supérieure  des  Ursulines  de 
Nantes,  native  de  la  commune  de  (illisible)  en  Anjou,  7a  ans  ; 
—  a'  Louise  Hourdin,  native  de  Palluau,  64  ans,  religieuse  ursu- 
line;  —3*  Françoise  Benoalt,  native  du  Gap,  71  ans,  id.  ;  — 
4*  Angélique  Marchand,  native  de  Nantes,  35  aus^  id.  ;  —  5*^  Ma*^ 
rie  Raymond,  native  de  Noirmouliers,  70  ans,  id.  ;  —  6^  Anne  Laa- 
nat/,  native  de  Fougeray,  (lUe-et-Vilaine).  53  ans  ;  —  7*  Marie  Bo- 
berderie,  native  deCasson,  district  de  Nantes,  57  ans  ;  —  8*"  Louise 
Lasalle,  native  de  Blain,  47  ans  ;  —  9^  Marguerite  Bonlan,  native 
de  Nantes,  58  ans  ;  —  10*  Anne  David,  33  ans,  native  de  Marsac, 
district  de  Biain  ;  —  11*  Françoise  Judalet,  de  Plessé,  district  de 
Blain,  63  ans. 

tt  Les  toutes  ci-devant  religieuses  de  la  communauté  des  Ursulines 
de  Nantes,  et  Perrine  Perrochaud,  âgée  de  4o  ans,  native  de  Legé^ 
doaiestique  des  ci-dessus  dénommées^  les  toutes  présentes;  ces 
dernières  dans  leurs  interrogatoires,  et  Lecoq  dans  ses  conclusions, 
chaque  juge  ayant  donné  son  avis  séparément  et  à  haute  voix,  le 
président  a  prononcé  le  jugement  qui  suit  : 

tt  Le  Tribunal,  considérant  qull  est  appris  par  les  aveux  des  onze 
accusées  qu'elles  ont  constamment  refusé  de  prêter  le  serment 
prescrit  par  la  loi  du  i4  août  179a  (style  esclave)  et  par  celle  du 
9  nivôse,  suivant  l'article  3  de  cette  dernière  loi,  les  déclare  sus- 
pectes, et  comme  telles  ordonne  qu'elles  demeureront  en  état  d'ar- 
restation jusqu'à  la  paix  ;  que  celles  qui  avaient  des  traitements  ou 
pensions,  en  demeurent  privées^  même  de  ce  qui  pourrait  leur  être 
dû  jusqu'à  ce  jour  ;  et  que  pour  valoir  et  servir  ce  que  de  raison, 
expédition  du  présent  sera  adressée  au  Département. 

tt  Et,  relativement  à  Perrine  Perrochaud  considérant  que  cette 
dernière  est  attachée  au  service  des  ci-dessus  dénommées  depuis 
huit  ans,  et  que,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  sujette  au  serment,  lors  de 
son  interrogatoire,  elle  a  approuvé  le  refus  de  serment  des  autres 
accusées,  en  disant  que,  si  elle  était  dans  le  même  cas,  elle   ne  le 

*  La  Justice  révolutionnaire  à  Nantes  et  dans  la  Loire- Inférieure,  p.  t3. 


100  LA   MÈRE  BBRTHBLOT 

prêterait  pas,  la  déclare  suspecte,  et,  comme  telle,  la  condamne  à 
rester  en  état  d'arrestation  jusqu'à  la  paix. 

«  Fait  en  l'audience  où  présidait  Lepeley  et  assistaient  Pellerin, 
Lenormand  et  Davert,  juges  dudit  tribunal. 

Ce  jugement  fut  le  dernier  rendu  par  le  tribunal  révolution- 
naire. 

Le  lendemain,  a4  floréal,  i3  mai  1794,  ie  tribunal  révolutionnaire 
de  Nantes  recevait  le  décret  de  la  Convention  du  19  du  même  mois 
portant  que  les  tribunaux  et  commissions  militaires  établis  dans 
quelques  départements,  par  les  arrêtés  des  représentants,  étaient  sup- 
priméS;  et  qu'il  ne  pourrait  en  être  établi  qu'en  vertu  d'un  décret 
delà  Convention.  En  conséquence,  et  après  avoir  consulté  le  rçpré- 
sentant  Prieur  de  la  Marne,  le  tribunal  révolutionnaire  déclara 
qu'il  cessait  ses  fonctions.  Tous  les  accusés  de  crimes  contre  révo- 
lutionnaires devaient  être  conduits  à  Paris. 

Quelques  semaines  encore  et  l'arrestation  des  membres  du  Comité 
révolutionnaire  délivrait  la  ville  de  Nantes  de  l'oppression  de  la 
terreur^  alors  qu'au  contraire,  à  Paris,  l'application  de  la  loi  du  2a 
prairial  la  porterait  à  son  apogée. 


ET    LK    COUVBNT    0K8    UHbUI.INES    UE   NANIES  101 


CHAPITRE  VII 


Envoi  de  dix  religieuses  au  SaniUt.  —  Mort  de  la  mère  Davoynes  durant  sa 
captivité.  —  Extrait  de  son  acte  de  décès.  —  Payements  partiels  de  leurs  pen- 
sions faits  aux  religieuses  en  présence  dé  leur  extrême  détresse  —  Conditions 
exigées  pour  obtenir  de  légers  à-comptes.  —  Quelques  souvenirs  sur  la  vie 
de  plusieurs  religieuses  durant  leur  dispersion.  —  Projet  de  reconstitution  du 
couvent  favorisé  par  Mi^*  Laetitia  Bonaparte  à  la  fin  du  Consulat.  —  Décret  du 
9  avril  1806,  autorisant  les  religieuses  survivantes  à  reprendre  la  vie  com- 
mune et  la  pratique  de  leur  règle.  —  Achat  de  Tancienne  maison  dite  le 
Séminaire  de  Saint-Clément.  —  Réunion  des  religieuses  dans  cette  maison.  — 
Reprise  de  la  vie  claustrale  et  de  la  pratique  de  renseignement  des  jeunes 
filles. 


En  marge  du  livre  d'écrou  du  Bon-Pasteur  on  lit  que  les  reli- 
gieuses et  la  sœur  tourière,  avaient  été  transférées  au  Sanitat  le 
la  floréal,  i'^  mai.  C'était  un  traitement  de  faveur.  Tandis  que  les 
autres  hôpitaux  et  prisons  de  Nantes,  étaient  tombés,  par  l'efiet  de 
l'incurie  et  de  la  trop  grande  agglomération,  dans  un  état  de  désor- 
ganisation et  de  malpropreté  lameti tables,  seul,  Thospice  du  Sanitat, 
dont  une  partie  avait  été  convertie  en  prison,  avait  continué  d'être 
tenu  avec  ordre  et  régularité.  Ce  résultat,  merveilleux  dans  un  temps 
où  l'anarchie  paralysait  tous  les  services  publics,  avait  été  l'œuvre 
très  méritoire  de  la  supérieure  et  d'un  administrateur  de  cet  hos- 
pice, madame  Anne- Victoire  Mazeau,  et  M.  Drouin.  M""  Mazeau, 
religieuse  ursuliue  de  la  Davrais,  près  d'Ancenis,  sortie  du  cloitre 
le  10  août  17921  après  vingt-deux  ans  de  profession,  avant  de  deve- 
nir supérieure  du  Sanitat,  avait  certainement  prêté  le  serment, 
puisqu'elle  favorisa  l'exercice  du  culte  constitutionnel  dans  la  cha- 
pelle de  rhospice,  transformée  en  la  paroisse  de  Notre-Dame  de 
Ghézine.  U.  Dfouin  était  un  propriétaire  patriote  d'opinions  mo- 
dérées. Tous  les  deux  déployèrent  dans  l'administration  du  Sanitat, 
durant  la  période  si  difficile  de  la  Terreur  à  Nantes,  un  dévouement 
et  une  énergie  vraiment  rares. 


102  LA    MÈKh.    BHKIUELOT 

La  disparition  des  registres  d'écrou  de  la  prison  établie  au  Saoi- 
tat  ne  permet  pas  de  déterminer  la  durée  de  la  détention  des  onze 
ursulines  condamnées  à  garder  prison  jusqu'à  la  paix.  La  mère 
Davoynes  y  mourut  le  ag  thermidor  an  II,  i6  août  1794.  A  cette 
date,  sur  le  registre  de  la  Section  Voltaire  et  Brutus,  v*  16,  précé- 
demment dite  Sanitat-Hermitage,  se  trouve  la  déclaration  par  le 
sieur  Brisart,  tenant  les  écritures  de  Thospice  de  la  Réunion  (nou- 
veau nom  donné  au  Sanitat),  du  décès  d'An  ne-Thérèse  Davenne^ 
âgée  de  7a  ans,  supérieure  des  Ursulines  de  Nantes,  morte  le  ma- 
tin ;  témoins  :  sœur  Hélène,  60  ans,  et  Marie  Légal  63  ans,  infir- 
mières audit  hospice. 

Pour  la  régularité  des  comptes^  car  à  ce  moment  il  ne  pouvait 
être  question  de  faire  restituer  la  moindre  obole  à  des  malheureuses 
qui  ne  possédaient  rien,  et  dont  les  pensions  avaient  été  supprimées, 
le  Département,  le  37  messidor  an  II,  i5  juillet  1794,  rappela  dans 
une  longue  délibération,  tous  les  arrêtés  qui  avaient  été  pri«,  les 
deux  années  précédentes,  relativement  aux  Ursulines,  et  conclut  en 
ordonnant  au  District  de  représenter  tous  les  titres,  actes,  papiers 
ayant  appartenu  à  la  ci-devant  communauté  des  Ursulines  «  pour, 
passé  de  ce,  être  statué  ce  qu'il  sera  vu  appartenir.  » 

L'état  d'extrême  pauvreté  auquel  étaient  réduites  la  plupart  des 
religieuses  en  décida  quelques-unes  à  adress  r  une  demande  de 
secours  à  ladministration.  Cette  requête  parvenue  aux  représentants 
alors  en  mission  à  Nantes  fut  exaucée,  et  un  arrêté  du  9  floréal  an 
III,  a8  avril  1796,  signé  de  Ruelle  et  de  Chaillon,  ordonna  de  re- 
mettre, à  titre  de  secours,  une  somme  de  trois  cents  livres,  une  fois 
donnée,  à  toutes  les  religieuses  insermentées  qui  se  trouvaient  dans 
le  besoin. 

La  loi  du  11  prairial  an  III,  3o  avril  1795,  abolit  l'obligation  du 
sermect,  et  la  remplaça  par  une  simple  déclaration  de  soumission 
aux  lois  de  la  république*. 

Puis  vint  la  loi  du  a4  messidor  an  III  —  i  a  juillet  1796,  qui  ren- 
dit aux  ((  personnes  du  sexe  attachées  aux  ci-devant  communautés 

ï  Art.  5.  Duvergier.  Coll.  des  lois,  !'•  édil.  t,  Vlif.  p.  !*»9. 


KT  LE  COUVKNT   UKS   UR8ULINBS   DE   NANTES  10^ 

cODgrégations  ou  hôpitaux,  leurs  pensions  ou  retraites  »  sous  la 
condition  de  faire  cette  simple  soumission' . 

Ce  décret  parait  élre  demeuré  sans  effet.  Les  Conseils  du  direc- 
toiie,  par  une  résolution  du  lo  messidor  an  IV,  a8  juin  1796*1  exi- 
gèrent, pour  le  payement  des  pensions  aux  ci-devant  religieuses,  la 
justification  du  serment  de  la  liberté  et  de  l'égalité  qui  avait  été 
imposé  à  tous  les  pensionnaires  de  l'état  par  décret  du  i4  août 
179a  {seulement  il  ne  serait  pas  exigé  qu'elles  l'eussent  prélé  en  179a- 

Enfin  la  loi  du  i4  fructidor  an  IV,  3i  août  1796,  assura,  pour 
lavenir  seulement,  le  payement  des  pensions  moyennant  la  simple 
soumission  aux  lois  de  la  république'.  Plus  tard  une  loi  du  5  prai- 
rial an  VI,  a4  mai  1798,  apporta  quelques  restrictions  au  payement, 
et  déclara  que  ces  pensions  seraient  réduites  en  proportion  des 
ressources  qui  étaient  échues  aux  religieuses,  ou  qui  leur  écher- 
raient à  Tavenir^. 

Les  pensions  payées  se  réduisaient  d'ailleurs  à  fort  peu  de  chose 
par  suite  de  la  prétention  des  receveurs  de  District  d'en  payer  la 
plus  grande  partie  en  assignats  ou  autres  valeurs  dépréciées,  et  une 
toute  petite  partie  de  numéraire. 

Quoique  dispersées,  les  Ursulines  s'étaient  donné  une  supérieure^ 
la  mère  Guerry  de  Lavergne.  Cette  religieuse,  autorisée  de  M''  Du- 
voisin,  se  décida,  au  mois  de  mars  1806,  à  entreprendre  le  voynge 
de  Paris,  avec  la  mère  Dupont,  pour  solliciter  de  l'Empereur  l'auto- 
risatlon  de  reconstituer  la  communauté.  Par  la  protection  du  car- 
dinal Caprara,  ces  dames  obtinrent  une  audience  de  M°^*  Mère 
Lœlitia,  qui  les  accueillit  avec  bienveillance. 

Le  décret  d'autorisation  fut  signé  le  9  avril  1806. 

Quelques  religieuses,  notamment  la  mère  O'Dlelte,  la  mère  Si- 
mon, et  la  mère  Luzeau  du  Ravenel,  avaient  ouvert  des  pensions, 

1  Mdme  Collection,  t.  VlU,  p.  12^. 

*  }lème  Collection,  t.  IX.  p.  13^.  L«  serment  de  la  liberté  et  de  légalité 
n^avait  pas  été  considéré  comme  an  «ermeni  schismatique.  Les  prôtres  l«s 
plus  orthodoxes  avaient  aussi  fait  ac(e  de  soumission  aux  lois  de  la  répo* 
b.iqae.  • 

•  Mente  Collection  IX.  U9. 
*T.  X,  p.  34?. 


104  LA   MÈRE   BERTHKLOT 

OÙ  les  familles  les  plus  respectables  de  la  ville  s'étaient  empressées 
d'envoyer  leurs  jeunes  filles. 

De  retour  à  Nantes,  mère  Guerry  de  Lavergne  acheta,  en  son 
propre  et  privé  nom,  l'ancienne  communauté  des  prêtres  de  Saint- 
Clément,  où  les  prêtres  refractaires  avaient  été  enfermés  du  7  juin 
au  16  août  1793^  et  qui  était  plus  tard  devenu  Fhôpital  de  la  Mon- 
tagne. Plusieurs  dames  et  demoiselles,  anciennes  élèves  de  la  com- 
munauté s'empressèrent  de  venir  en  aide  à  la  mère  Guerry  de 
Lavergne^  notamment  M""  Archer,  Leloup  de  la  Biliais,  de  Tre- 
velec,  de  Laloge  Latouche,  et  surtout  M°^*  de  Martel.  \ 

Le  a5  juin  1806,  les  membres  de  l'ancienne  communauté,  dont 
le  nombre  n'était  plus  que  de  vingt,  rentrèrent  dans  le  nouveau 
local,  que  la  communauté  n'a  pas  quitté  depuis  lors,  et  qui^  par 
suite  d'acquisitions,  a  été  beaucoup  augmenté.  Une  très  belle  cha- 
pelle  a  été  construite.  Le  pensionnat  tenu  par  ces  dames  est  nom> 
breux  et  prospère.  Les  familles  les  plus  respectables  de  la  ville  de 
Nantes  y  envoient  leurs  jeunes  filles. 

Alfred  Lallié^ 

Dictionnaire  des  ordres  religieux  d'Helyot,  collection  Migne, 
p.  8i4  :  % 

Décret  du  9  avril  1806. 

«  L'association  religieuse  des  dames  charitables  connues  sous 
le  nom  de  dames  de  Sainte-Ursule  dites  Ursulines,  et  qui  a  pour 
but  de  former  gratuitement  les  jeunes  filles  de  la  classe  indigente 
aux  vertus  chrétiennes  et  aux  devoirs  de  leur  état  est  provisoirement 
autorisée.  Elle  est  placée,  pour  sa  discipline  intérieure,  sous  la  sur- 
veillance des  évêques  diocésains.  Les  statuts  de  cette  association 
soumis  à  notre  approbation  impériale  seront  vus  et  vérifiés  en  con- 
seil d'Etat  sur  le  rapport  de  notre  ministre  des  cultes  ;  ils  y  seront 
portés  dans  les  six  mois  qui  suivront  le  présent  décret. 

L'association  des  dames  de  Sainte-Ursule  pourra  admettre  de 
nouvelles  associées,  en  se  conformant  aux  lois  de  l'Empire  qui 
proscrivent  les  vœux  perpétuels.  Quand  les  dames  de  Sainte-Ursule 


ET   LK    GOUVBNT    DKS    URSULINES    DE    NANTIES  105 

voudront  se  réunir  dans  une  commune,  elles  exposeront  au  préfet 
du  déparlement  qu^elles  désirent  profiter  du  bénéfice  de  notre  pré- 
sent décret,  et,  elles  lui  transmettront  copie  de  leurs  statuts  signée 
iDdividuellement  de  chacune  d'elles,  et  que  Févêque  du  diocèse 
c:ertifiera  être  conforme  aux  statuts  généraux  soumis  à  notre  ap- 
probation ;  le  préfet  du  Département  en  donnera  avis  à  notre 
ministre  des  cultes  ainsi  que  des  mesures  d'exécution  qu'il  aura 
jugé  devoir  prendre.  » 


PRRUVES  DE  NOBLESSE 


DEMOISELLES  DU  POITOU 

Reçues  dans  la  Maison  Royale  de  Saint-Louis 

A   SAINT-CYR 

DE  1686  A  1793 

Extraite*  de»  Manuteriti;  eonteruit  à   Paru,  à  la   Bibliolhèqae 
Nalionate  et  pabliéfi  avec  âei  nolet. 

Par  le  Vicomte  Paul  de  CHABOT 

(Suite'} 


DE  BUSSY' 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Marcuebite-LouiSB  de 
Bussy.  agréée  par  le  ftoi,  pour  être  admise  au  nombre  des  fiUes 
demoiselles  que  Su  Majeslé  fait  élever,  dans  la  maison  royale  de 
Saint-Louis,  fondée,  à  S»inl-Cyr,  dans  te  parc  de  Versailles  ;  mai 

/757. 
Armes  :  de  sable,  à  un  aigle  d'or,  êployé^. 

Premier  degré  :  produisante, 

Harguerite-Iiouise  de  Bussy,  1746. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre  du  Marché  de  Loudun.diocèsede  Poitiers,  portantque 
Marguerite-Louise,  fille  de  m"  François-Louis-Marc-Antoine 

>  Voir  U  faicicule  de  jan*i«r-râvrUr  1900. 

•  Bibl.  Nat.  Cati    des  niret,  vol.  J09.  p.  S3. 

■  Allas  :  de  sable,  à  l'aigle  à  deux  Utes  d'or.  (B.-F.) 


PREUVICS   DB   NOBLESSE   DES   OEMOISlfiLLBS    DU    POITOU  107 

de  Bussy,  chev.,  sgr  de  Bizay,  capitaine  au  régiment  de  Gu- 
yenne, et  de  dame  Louise-Antoinette  dé  Fargeon,  sa  femme, 
née  le 28  août  1746,  fut  baptisée  le  lendemain.  Cet  extrait 
signé  :  Gogué,  prêtre,  chapelain  de  ladite  paroisse,  et  légalisé. 

Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

François-Louis-Marc-Antoine  de  Bussy,  sgr  de  Bizay  ; 

Louise- Antoinette  Fargeon,  sa  femme,  1745. 

Contrat  de  mariage  de  m'*  François'-Louis-Marc- Antoine  de 
Bussjr,  chev.,  sgr  de  Bizay,  capitaine  au  régiment  de  Guyenne, 
fils  de  M'*  François-Marie-Antoine  de  Bussy,  chev.,  sgr  châ- 
telain de  Biza3^  etc,  et  dedame  Marguerite  Le  Doux, sa  femme, 
accordé,  le  21  avril  1745,  avec  demoiselle  Louise- Antoinette 
Fargeon',  fille  de  m"  Lambert  Fargeon,  éC  s^  de  Laloure  et 
de  feue  noble  dame  Marie-Louise  Valette  des  Plans.  Ce 
contrat  passé  devant  Vézian,  notaire,  à  Montpellier. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre  du  Marché  de  Loudun,  portant  que  François-Louis- 
Marc- Antoine ,  fils  de  François-Marc- Antoine  de  Bussy, 
éc^  s^  de  Bizay,  et  de  dame  Marguerite  Le  Doux,  sa  femme, 
fut  baptisé,  le  27  novembre  1712.  Cet  extrait  signé  :  Gogué, 
prêtre,  chapelain  de  ladite  paroisse,  et  légalisé. 

Troisième  degré  :  aïeul  bt   aïeule. 

François-Marc-Antoine  de  Bussy  ;  Marguerite  Le  Doux, 
sa  femme,  1711. 

Contrat  de  mariage  de  m''*  François-Marc-Antoine  de 
Bussy,  chev.,  sgr  de  Bizay,  fils  aîné  de  m"  Marc- Antoine  de 
Bussy,  chev.,  «sgr  de  Bizay  et  de  dame  Marie  Durson,  sa 
veuve,  accordé,  le  9  février  1711,  avec  demoiselle  Marguerite 

>  n  fut  fait  comt^,  par  le  Koi  pour  représenter  le  parrain  de  Tune  des  filles 
de  Louis  XV,  baptisée  à  Fontevrault  et  il  dat  cet  honneur  à  l'amitié  qu'a- 
▼ait  pour  lui  l'alibesie  de  ce  monastère   {B,-F.) 

•  Elle  fut  guillotinée,  à  Paris,  le  9  floréal  an  II.  (Î8  avril  1794).  (/>.-P.) 


108  PHEUVKS    DE   NOBLESSE 

Le  Dou3L,  fille  de  Richard  Le  Doux  sgr  de  Chasseigné,  et  de 
dame  Françoise  Gaultier.  Ce  contrat,  passé  devant  Cornay 
notaire  à  Loudun. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  deNantilIyde  Saumur.  portant  que  Marc-Antoine- 
François,  fils  de  Marc- Antoine-René  de  Bussy,  éc,  s'  de 
Bizay,  et  de  dame  Marie  Durson,  sa  femme,  naquit  et  fut  bap- 
tisé, le  11  avrill68i.  Cet  extrait  signé:  Guérin,  vicaire  de 
Nantilly,  et  légalisé. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul  kt  bisaïeule. 

Marc-Antoine-René  de  Bussy,  sgr  de  Bizay  ;  Marie 
Durson ,  sa  femme,  1679. 

Contrat  de  mariage  de  m*  Marc  Antoine- René  de  Bussy, 
chev.,  sgr  de  Bizay.  fils  de  feu  m^*  René  de  Bussy,  éc',  s'  de 
Bardonneau,  et  de  dame  Marie  de  Chaulme,  accordé»  le  13  mai 

1679,  avec  demoiselle  Marie  Durson,  fille  de  Balthasar 
Durson.  s*"  d'Aubigny,  et  de  demoiselle  Marie  de  Lhomeau. 
Ce  contrat  passé  devant  Amat  notaire  à  Saumur. 

Quittance  de  la  somme  de  4331  I.  donnée,  le  12  décembre 

1680,  par  m'«  Michel  des  Hays  chev.,  sgr  de  la  Maisonneuve, 
etc.  ;  et  à  m""*  Marc- Antoine-René  de  Bussy,  chev.,  sgr  de 
Bizay  qui  lui  avait  payé  ladite  somme,  pour  les  causes  des 
obligations  et  jugement  rendus  tant  contre  lui  que  contre  feu 
m'*  René  de  Bussy,  son  père,  chev. ,  sgr.  de  Bizay.  Cet  acte  reçu 
par  Amat  notaire  à  Saumur. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul  et  trisaïeule. 

René  de  Bussy,  s'  de  Bardonneau,  Marie  de  Chaulme,  sa 
femme,  1644. 

Contrat  de  mariage  de  René  de  Bussy,  éc%  s*  de  Bardonneau, 
fils  de  feu  m'*  René  de  Bussy,  chev.,  sgr  de  Bizay,  et  de  dame 
Claude  de  Bresne,  accordé,  le  29  juillet  1644,  avec  demoiselle 
Marie  de  Chaulme,  fille  de  Nicolas  de  Chaulme,  éc^  et  de  de- 


DBS   DBM0I8BLLB8  DU   POITOU  109 

moiselle  Judith  Hamelin.  Ce  contrat  passé  devant  Alexandre 
notaire  à  Loudun. 

Donation  mutuelle,  faite,  le  10  janvier  1645,  entre  René  de 
Bussy ,  éc',  s' de  Bardonneau,  et  demoiselle  Marie  de  Chaulme, 
sa  femme  ;  cet  acte  reçu  par  Thomas  Aubéry  notaire  royal  à 
Loudun. 

Ordonnance  rendue  à  Tours,  le  11  janvier  1669,  par  M.  Voi- 
sin de  la  Noiraye,  commissaire  départi  dans  les  provinces  de 
Touraine,  Anjou,  et  Maine,  par  laquelle  il  donne  acte  à  de- 
moiselles Geneviève  et  Renée  de  Bussy,  filles  de  feu  René  de 
Bussy  et  de  demoiselle  Claude  de  Bresne,  des  titres  qu'elles 
avaient  produits,  pour  justifier  qu'elles  étaient  sœurs  ger- 
maines  de  René  de  Bussy,  éC,  s*^  de  Bardonneau,  qui  avait 
obtenu  acte  dudit  s'  commissaire,  le  7  mai  précédent,  de  la 
représentation  qu'il  avait  faite  devant  lui  des  titres  justifica- 
tifs de  sa  noblesse.  Cette  ordonnance  signée  :  Voisin  de  la 
Noiraye. 

Sixième  degré  :  quatrième  aïeul  et  aïeule. 

René  de  Bussy,  sgr  de  Bizay,  Claude  de  Bresne,  sa  femme, 
1601. 

Bresne  :  d'argent^  à  un  lion  de  sable^  langue  et  ongle  de  gueules. 

Contrat  de  mariage  de  noble  René*  de  Bussy,  éc  gentil- 
homme ordinaire  du  Roi,  fils  aîné  de  noble  René  de  Bussy, 
éc',s'  de  Bardonneau,  et  de  feue  demoiselle  Geneviève  Lefèvre, 
sa  femme,  accordé,  le  11  juillet  1601,  avec  demoiselle  Clawde 
de  Bresne,  fille  de  m'"  Claude  de  Bresne,  chev  sgr  de  Bombon 
et  de  Graigy,  et  de  dame  Anne  de  Nicey.  Ce  contrat  passé 
devant  Herbin  et  Thibert,  notaires  au  Châtelet  de  Paris. 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  chev. 

1  II  était  fils  de  René  de  Bussy,  éc,  sgr  de  Bardonneau  et  de  Oeneviôve  Le- 
fè?re,  mariés  le  2  norembre  U72.  Petit  fils  de  René,  éc%  sgr  de  Bardonneau  et 
de  Gnjonne  de  Vaurimoire,  fille  de  Michel,  éc',  sgr  de  Larmenerie,  mariés  le 
iO  mai  1525  et  arrière-petit- fils  de  Martin  de  Bussy,  éc,  et  de  Mathurine 
Halloret.(B.-F.) 

TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVI*  ANNEE,  3*-4*  LIV.  9 


110  PKLUV69   OË  NOBLESSE 

doyen  de  TOrdre  du  Roy,  conseiller  en  se^  conseils,  maître 
ordinaire  en  sa  chambre  des  Comptes  de  Paris,  généalogiste 
de  la  Maison,  de  la  Chambre  et  des  Ecuries  de  Sa  Majesté,  de 
celles  de  la  Reine  et  de  Madame  la  Dauphine^ 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  MarguiiRite-Louise  de 
BussY  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être  admise  au  nombre 
des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans  la  mai- 
son Royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr  dans  le  parc 
de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes  énoncés  dans 
cette  preuve,  que  nous  avons  vérifiée  et  dressée  à  Paris,  le 
mercredi  quatriesme  jour  du  mois  de  mai  de  l'an  mil  sept  cent 
cinquante  sept.  Signé  :  d  Hozier. 

DE  BUZELEP. 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Marie-Suzanne-Char- 
lotte DE  BvzELET^  a (/réée  par  le  Roi,  pour  être  admise  au  nombre 
des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans  la  maison 
royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint- Cyr,  dans  le  parc  de  Ter- 
sailles,  août  1746. 

Armes  :  d^  azur  y  à  un  croissant  d'argent,  accompagné  de  trois 
roses  d'or  posées  deux  en  chef  et  Vautre  en  pointe. 

Premier  degré  :  propuisante.  • 

Marie-Suzanne  Charlotte  de  Buzelet%  1734. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Sainte- 
Croix  de  la  ville  de  Metz,  portant  que  Marie- Suzanne- Charlotte 
de  Buzelet,  fille  de  m"  Dominique-Jacques-Cézar  de  Buzelet, 
chev.,  capitaine  dans  le  régiment  dauphin  dragons  et  de  dame 
Catherine  La  Croix,  sa  femme,  naquit  et  fut  baptisée  le  5  oc- 
tobre 1734  ;  cet  extrait  signé  :  Maujean,  curé  de  ladite  église 
de  Sainte-Croix,  et  légalisé. 

*  Bib.  uat.  Cah.  des  Titres.  3ù7.  p.  2«. 

<  CaUe  famille  originaire  d'Anjou  a  eu    plusieurs   alliances  avec  des  fa- 
milles Pi^it^vines,  c*esi  ce  qui  nous  a  engagea  donner  ici  c«lt«  preu're. 


UKS    DbMOlSBLLILS    UU   POITOU  111 

Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

Dominique- Jacques-César  de  Buzelet,  sgr.  de  Bagneux  ; 
Catherine  La  Croix,  sa  femme,  1728. 

La  Croix  :  d'azur^  à  une  croix  d'or. 

Contrat  de  mariage  de  Dominique -Jacques-Cézar*  de  Buze- 
let,  éc%  capitaine  dans  le  régiment  dauphin  dragons,  fils  de 
m'*  Jacques  de  Buzelet,  éc',  sgr.  de  Bagneux,  chev.  de  l'ordre 
militaire  de  Saint  Louis,  lieutenant-colonel  commandant  ledit 
régiment,  et  de  dame  Barbe  d'Harquel,  sa  femme,  accordé,  le 
18  décembre  1728,  avec  demoiselle  Catherine  La  Croix,  fille  de 
Jacques  La  Croix,  ancien  conseiller  du  roi,  maire  de  la  ville  de 
Pont- à- Mousson,  et  de  dame  Marguerite  la  Lande.  Ce  contrat, 
passé  devant  Dancerville,  notaire  royal  à  Metz. 

Vente  faite  le  13  février  1737,  à  m*^*  Dominique- Jacques-Cé- 
sar de  Buzelet.  chev., capitaine  dans  le  régiment  dauphin,  et  à 
dame  Catherine  de  la  Croix  sa  femme,  par  dame  Barbe  d'Har- 
quel.  veuve  de  m"  Jacques  de  Buzelet,  chev.,  ancien  lieute- 
nant colonel  dudit  régiment  ;  par  m'*  Pierre-Nicolas  de  Bel- 
champs,  chev..  et  dame  Marie-Suzanne  de  Buzelet,  sa  femme, 
et  par  m^*  Charles- Adrien  de  Buzelet,chev.,!ieutenantaumême 
régiment  lesdits  Dominique-Jacques-César,  Charles-Adrien 
et  Marie  Suzanne  de  Buzelet,  enfants  dudit  feu  Jacques  de 
Buzelet  et  de  ladite  Barbe  d'Harquel  ;  savoir  :  des  cinq  si- 
xièmes de  la  terre  et  seigneurie  de  Bagneuf,  consistante  en 
haute,  moyenne  et  basse  justice,  et  dont  la  totalité  avait  été 
acquise,  par  ledit  feu  Jacques  de  Buzelet.  et  ladite  Barbe  d'Har- 
quel, par  sentence  de  décret  du  baillage  de  Metz,  sur  les  héri- 
tiers de  m'«  Jean-Jacques  de  la  Croix,  chev.  de  Tordre  mili- 
taire de  Saint-Louis,  brigadier  des  armées  du  roi, du  27  janvier 
1713  Cet  acte  reçu  par  Baltus,  notaire  royal  audit  baillage 
de  Metz. 

^  Il  obtint  vers  1780,  sur  Us  fouili  de  la  guerre  une  pension  de  'i4uO  livres, 
en  considération  d«s  ses  services  comme  lieutenant-colonel  attaché  au  régi- 
ment daupbin-dra^ous.  (B.-F.\. 


112  PREUVES   DB   NOBLESSE 


Troisième  degré  :  aïeul. 

Jacques  de  Buzelet,  sgr.  de  Bagneux;  Barbe  d'Harquel,  sa 
femme,  1699. 

d'Harquel  :  d'azur^  à  une  licorne  d'argent^  passante  sur  une 
terrasse  dor^  mouvante  delà  pointe  de  VEcu,  et  surmontée  d'une 
fasce^  en  devise^  de  même  ;  et  deux  massues^  aussi  d'or^  passées  en 
sautoir^  liées  de  gueules,  brochant  sur  la  fasce  et  renversées. 

Contrat  de  mariage  de  Jacques  Buzelet,  éc%  major  du  régi- 
ment de  dragons-dauphin,  fils  de  Jean  Buzelet,  éc%  s'  de  la 
Cormerie,  et  de  demoiselle  Perrine  Coulon,  sa  femme,  accordé, 
le  27  juin  1699,  avec  demoiselle  Barbe  Harquel,  fille  de  Domi- 
nique Harquel,  éc',  conseiller  secrétaire  duroi^gardedes  sceaux 
de  la  chancellerie  près  le  parlement  de  Metz,  et  de  demoiselle 
Marguerite  Simon.  Ce  contrat  passé  devant  Bony,  notaire 
royal  à  Metz. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Mon- 
treuil-le-Henry,  diocèse  du  Mans,  portant  que  Jacques  de  Bu- 
zelet, fils  de  Jean  de  Buzelet,  éc',  s*^  de  la  Cormerie  et  de  de- 
moiselle Perrine  Coulon,  sa  femme,fut  baptisé  le  4  février  1655. 
Cet  extrait,  signé  :  Dellessort,  curé  de  ladite  église  et  légalisé. 

Ordonnance  rendue  le  3  janvier  1699,  par  M.  Hue  de  Miro- 
mesnil,  maître  des  requêtes  et  commissaire  départi  dans  la 
généralité  de  Tours,  par  laquelle  Jean  de  Buzelet,  s'  de  la  Por- 
terie, fils  de  noble  Jean  de  Buzelet,  éc',  s'  de  la  Cormerie  et  de 
demoiselle  Marie  Vérité,  sa  femme,  est  maintenu  dans  sa  qua- 
lité de  noble  et  d*écuyer,  dont  il  avait  justifié  la  possession  par 
titres.  Cette  ordonnance,  signée  :  Huë  de  Miromesnil. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul. 

Jean  de  Buzelet,  s'  de  la  Cormerie;  Perrine  Coulon,  sa 
femme  1654. 

CouLON  :  d*azur,  à  un  chevron  d'argent,  chargé  de  trois  roses 
de  gueules. 


DES   DBMOISKLLES   DU   POITOU  113 

Extrait  du  registre  des  mariages  célébrés  dans  Téglise  pa- 
roissiale de  Montreuil-le-Henry,  diocèse  du  Mans,  portant 
que  Jean  de  Buzeiet,  éc,  s'  de  la  Cormerie,  et  demoiselle 
Perrine  Coulon,  y  reçurent  la  bénédiction  nuptiale  le  16  février 
1654.  Cet  extrait,  signé  :  Delessort,  prêtre,  prieur  curé  de  la 
dite  église  et  légalisé. 

Sentence,  rendue,  en  l'élection  du  Château-du-Loir,  le 
5  octobre  1633,  par  laquelle,  i)  est  ordonné,  que  Jean  de  Buzelet, 
éc',  9'  de  la  Cormerie,  fils  de  Pierre  de  Buzelet,  éc',  s*"  de  la 
Moussardière,  jouira  de  Texemption  des  tailles,  tant  qu*il  vivra 
noblement.  Cette  sentence  signée  :  Hubert,  Mellier,  etc. 

Partage  des  biens  de  Pierre  de  Buzelet,  éc%  s'  de  la  Mous- 
sardière et  de  la  Cormerie,  et  de  ceux  de  Jeanne,  dite  Rachel 
de  la  Haye,  sa  veuve,  fait  de  son  consentement,  le  12  mars 
1631,  entre  Henry  de  Buzelet,  leurs  fils  aîné,  éc%  et  Jean  de 
Buzelet,  éc';  demoiselles  Gatienne  et  Michelle  de  Buzelet, 
leurs  enfants  puînés;  par  lequel,  ledit  Henry  de  Buzelet, 
prend,  pour  son  droit  d'aînesse,  la  maison  et  seigneurie  de  la 
Moussardière  et  cède  à  ses  puînés,  la  maison  de  la  Cormerie. 
Cet  acte  reçu  par  Vérité,  notaire  royal  de  la  cour  du  Mans, 
demeurant  à  Châtillon-de-la-Châtre,  sur  le  Loir. 

Contrat  du  premier  mariage  de  Jean  de  Buzelet,  éc,  s'  de 
la  Cormerie,  fils  aîné  de  Pierre  de  Buzelet,  vivant,  éc',  s*^  de 
la  Moussardière  et  de  demoiselle  Jeanne  de  la  Haye,  sa  femme, 
assisté  de  Henry  de  Buzelet,  son  frère  aîné,  éc\  s' du  dit  lieu 
de  la  Moussardière,  accordé,  avec  Marie  Vérité,  le  15  février 
1628.  Ce  contrat  passé  devant  Tourtay,  notaire  à  Boulloire, 
ressort  de  la  cour  du  Mans. 

Cinquième  et  sixième  degrés  :  troisième  aïeul 

ET   QUATRIÈME   AÏEUL. 

Pierre  de  Buzelet,  s' de  la  Moussardière,  fils  d'autre  Pierre 
de  Buzelet,s'  du  dit  lieu  de  la  Moussardière  ;  Jeanne,  dite 
Rachel  de  la  Haye,  sa  femme  1585 

Contrat  de  mariage  de  Pierre  de  Buzelet,  éc%  fils  de  Pierre 


114  Pr.EUVES    DE   NOBLESSE 

deBazelet,  éc%  et  de  demoiselle  Gatienne  du  Noyer,  accordé 
avec  demoiselle  Jeanne,  dite  Rachel  de  la  Haye,  le  15  mars 
1585.  Ce  contrat  visé  dans  la  sentence  ci-devant  du  10  juin 
1634  et  dans  Tordonnance  ci -après,  du  26  novembre  1598 

Ordonnance  rendue  à  Vendôme  le  26  novembre  1598,  par 
Charles  Boucher  d'Orçay,  conseiller  d'Etat,  président  au 
Grand-Conseil,  Jacques  Blanchard,  trésorier  général  de  France 
à  Orléans,  et  Robert  Regnault,  conseiller  en  la  cour  des  aides, 
commissaires  députés,  pour  le  régalement  des  tailles,  en  la  gé- 
néralité d'Orléans,  par  laquelle  Pierre  de  Buzelet,  s'  de  la 
Moussardière ,  est  maintenu  dans  lexemption  des  tailles,  en 
conséquence  des  titres  qu'il  avait  produits,  pour  justifier  sa 
noblesse  depuis  l'an 4 426  Cette  ordonnance  signée: Le Moyne. 
greffier  commis. 

Hommage  de  la  troisième  partie  des  fiefs  et  métairie  de 
Danceys,  situés  dans  la  paroisse  de  Saint  Firmin-des-Prés,  et 
dans  la  mouvance  de  la  châtellenie  de  Vendôme,  fait  le  13  mai 
1578  à  Henry,  roi  de  Navarre,  duc  de  Vendômois,  par  Pierre 
Buzelet,  éc\  sgr  de  la  Moussardière,  fils  aîné  et  héritier  prin- 
cipal de  Pierre  Buzelet,  vivant,  éc*,  sgr  dudit  lieu  de  la  Mous- 
sardière, archer  de  la  Garde  du  corps  du  roi.  Cet  actç  reçu  par 
Péreu,  notaire  de  la  cour  de  Vendôme, 

Nous,  Louis  Pierre  d'Hozier,  juge  d'eu'mes  de  France,  che- 
valier sous-doyen  de  Tordre  du  roi,  conseiller  en  ses  conseils, 
maître  ordinaire  en  sa  chambre  des  Comptes  de  Paris,  généa- 
logiste  de  la  maison  de  la  chambre  et  des  Ecuries  de  Sa  Ma- 
jesté et  de  celles  de  la  Reine, 

Certifions  au  roi  que  demoiselle  Marie  Suzanne-Charlotte 

DE  Buzelet  a  la   noblesse  nécessaire  pour  être  admise    au 

nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans 

la  maison  royale  de  Saint  Louis,  fondée  à  Saint  Cyr  dans  le 

parc  de  Versailles,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  les  actes  qui  sont 

énoncés  dans  cette  preuve,  laquelle  nous  avons  vérifiée  etdres- 

sée  à  Paris  le  jeudi  quatriesme  jour  du  mois  d^aoust  de  Tan 

mil  sept  cent  quarante  six. 

Signé  :  d*Hozier. 


DES   DEMOISELLES    DU    POITOU  1 15 


DE  CAÎÎTINEAU^ 

Il  existe  dans  ce  dossier  une  preuve  pour  demoiselle  A^ne- 
Françoise-Rose  de  Cantineau,  fille  de  M'*  Jean-François  de 
Cnnlineau.  chev.  sgr  de  la  Benicherie  et  de  dame  Marie- Madeleine 
de  Lancreau,  née  le  24  oct,  1719,  Celte  preuve  remontant  k 
quatre  degrés  n  est  pas  signée.  Elle  ne  porte  pas  la  mention  indi- 
quant si  elle  a  été  dressée  pour  Saint  Cyr.  Nous  ne  croyons  donc 
pas  devoir  la  reproduire  ici. 

DE  LA  CASSAIGNE  DE  SAINT-LAURENT». 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Nicole  de  la  Cassaigxe 
DE  Saint-Laurent,  agréée  par  le  Roi^  pour  être  admise  au 
nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans  la 
maison  royale  de  Saint-Louis  fondée  à  Saint-Cyr,  dans  le  parc 
de  Versailles.  Mars  17US. 

Armes  :  d'azur,  à  un  dauphin  d'argent  pâmé  et  courbé,  écar- 
telé  :  d'or,  à  un  chêne  de  sinople,  les  glands   et  les  racines  de 


méme^. 


Premier  degré  :  produisante. 

Nicole  de  la  Cassaigne  de  Saint-Laurent,  1733. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Varennes, 
au  diocèse  de  Reims,  portant  que  Nicole  de  la  Cassaigne,  fille 
de  m'®  Chrétien  de  la  Cassaigne,  sgr  de  Saint-Laurent,  capi- 
taine de  cavalerie  dans  le  régiment  de  Bretagne,  et  chevalier 
de  l'Ordre  de  Saint-Lazare,  et  de  dame  Anne-Marguerite 
Godinet,  sa  femme,  naquit  et  fut  baptisée,  le  huit  mars  1733. 


i  Bibl  nat.  C ah.  des  Titres,  Nouv.  d'Hoz.  vol    80,  dos.  1328,  p.  P. 
«  Bibl,  nat.  Cab.  des  Titres  306,  p.  40. 

•  Alias     écartelé  aux  i  et  4,  d'or,  au  chêne  de  sinùple,  [ou  châtaignier)  ; 
aw6  2  ef  4  :  d'asur  au  dauphin  d'argent  couronné  de  même.  (B.-K.). 


116  PREUVES    DB   NOBLESSE 

Cet  extrait  signé  ;  Vaalet,  curé  de  la  dite  église  de  Varennes, 
et  légalisé. 

Deuxième  degré  :  père  sET  mère. 

Charles-Chrétien  de  la  Cassaigne,  sgr  de  Saint-Laurent, 
Anne-Marguerite  Godinet,  sa  femme,  1724. 

Contrat  de  mariage  de  m*^*  Charles-Chrétien  de  la  Cassaigne, 
chev.,  capitaine  de  cavalerie,  dans  le  régiment  royal  de  Bre- 
tagne, accordé,  le  17  mars  1724,  avec  demoiselle  Anne  Mar- 
guerite Godinet,fille  de  Richard  Godinet,procureur  au  bailliage 
de  Clermont  et  dans  la  maîtrise  particulière  des  Eaux  et  Forêts 
de  Varennes,  et  de  demoiselle  Anne  d'Heure  ;  ce  contrat  passé 
devant  Maupassant,  et  Vuarin  notaires  à  Varennes. 

Partage  des  biens  de  m'*  Charles  de  la  Cassaigne,  chev.,  sgr 
de  Saint-Laurent,  commandant  la  compagnie  des  gardes  de 
S.  A.  S.  Mgr  le  prince  de  Condé,  et  commandant  dans  le  Cler- 
montois,  et  de  dame  Anne  Héraud  de  Gour  ville,  sa  femme,  fait 
le  7  décembre  1724,  entre  m"  François  de  la  Cassaigne\  sgr  de 
Saint- Laurent,  baron  de  la  Borde,  chev.  de  TOrdre  militaire 
de  Saint-Louis,  messire  Charles-Chrétien  de  la  Cassaigne, 
chev.  sgr  de  Saint-Laurent,  capitaine  de  cavalerie,  dans  le 
régiment  de  Bretagne,  et  dame  Marie-Louise  de  la  Cassaigne, 
femme  de  m'*  Jean-François  des  Francs,  chev., sgr  de  la  Gord, 
tous  trois  enfants  desdits  Charles  de  la  Cassaigne  et  Anne 
Héraud  de  Gourville  ;  cet  acte  reçu  par  Guérineau  et  La 
Fiton,  notaires  royaux  en  la  ville  de  Niort. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Varennes, 
au  diocèse  de  Rheims,  portant  que  Charles-Chrétien  de  la 
Cassaigne,  fils  de  m'®  Charles  de  la  Cassaigne,  sgr  de  Saint- 
Laurent,  commandant  la  compagnie  des  gardes  de  S.  A.  S. 
Mgr  le  prince  de  Condé,  chev.  des  ordres  de  Notre-Dame  du 


^  Dit  le  marquis  da  Saint-Laurent,  baron  de  la  Borde,  capitaine  au  régi- 
ment de  Bretagne-cayalerie,  marié  vers  1720,  k  Marie-Louise  de  Bremond, 
flUe  de  Jeaa-Loui8,marquis  d*Ar8,et  de  Judith-Huberte  deSiinte-Maure  {B.^F.). 


DKS   DEMOISELLES    DU   POITOU  117 

Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare  de  Jérusalem,  et  gouverneur 
du  Clermontois,  et  de  dame  Anne  de  Gourville,  sa  femme, 
naquit,  et  fut  baptisé,  le  11  juillet  mil  six  cent  quatre-vingt- 
seize.  Cet  extrait  signé  :  Vaalet,  curé  de  la  dite  église. 

Troisième  degré  :  aïeul. 

Charles  de  la  Cassaigne,  sgr  de  Saint-Laurent,  Anne 
Héraud  de  Gourville,  sa  femme,  1681. 

Héraud  de  Gourville:  d'argent,  à  un  chevron  d'azur^ accom- 
pagné de  (rois  mouchetures  d'hermines  de  sable. 

Contrat  de  mariage  de  m*^'  Charles  de  la  Cassaigne,  chev., 
sgr  de  Saint-Laurent,  grand-maître  des  Eaux  et  Forêts  du 
Cleraiontois,  et  de  dame  Louise  de  Bremond,  sa  femme,  ac- 
cordé, le  3  mars  1681,  avec  demoiselle  Anne  Héraud  de  Gour" 
ville,  fille  d'Hélie  Héraud  de  Gourville,  éc,  conseiller,  secré- 
taire du  Roi,  maison  couronne  de  France  et  de  ses  finances 
et  de  dame  Anne  Préveraud.  Ce  contrat  passé  devant  Lange, 
notaire  au  Châtelet  de  Paris. 

Provisions  de  chevalier  de  justice  des  ordres  de  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare  de  Jérusalem  données, 
à  Paris,  le 29 janvier  1696,  par  Philippe  de  Courcillon,  marquis 
de  Dangeau,  grand-maître  des  dits  ordres,  à  Charles  de  la 
Cassaigne,  sgr  de  Saint-Laurent,  lieutenant  des  gardes  de 
M.  le  prince.  Ces  lettres  signées  :  Philippe  de  Courcillon,  de 
Danoeau  et  scellées. 

Transaction  faite,  le  22  avril  1695,  entre  m*"*  Charles  de  la 
Cassaigne,  chev.,  sgr  de  Saint-Laurent,  lieutenant  des  gardes 
de  S.  A.  Mgr  le  prince,  et  haut  et  puissant  sgr  m"  François 
de  Granges,  son  beau-frère,  chev.,  sgr  de  Puyguion,  mestre 
de  camp,  au  régiment  de  cavalerie  de  Mgr  le  duc  de  Bour- 
gogne, tant  en  son  nom.  que  comme  se  faisant  fort,  de  dame 
Françoise  de  la  Cassaigne*,  sa  femme,  sur  les  diiférepds  qu'ils 

'  Françoise,  mariée,  le  27  mai  1682,  à  François  de  Granges,  marqais  de 
PoygQÎon.  (fl.-F.). 


118  PKKUVK^    UK    ^()H^.RSSK 

avaient  pour  le  partage  des  biens  de  m'"  Jean  de  la  Cassaigne, 
chev.  sgr  de  Saint  Laurent  grand-maître  des  eaux  et  fo- 
rêts de  Clermontois,  et  de  dame  Louise  de  Bremond,  sa 
femme,  père  et  mère  desdits  Charles  et  Françoise  de  la  Casai- 
gne.  Cet  acte  reçu  par  Lange,  notaire  au  Châtelet  de  Paris 

Provisions  de  l'état  et  charge  de  gentilhomme  ordinaire  du 
prince  de  Condé,  données  par  ce  prince  à  Chantilly,  le  24  mars 
1684,  à  son  cher  et  bien  amé  Charles  de  la  Cassaigne,  s'  de 
Saint-Laurent,  sur  la  démission  de  Jean  de  la  Cassaigne.  son 
père,  s'  du  dit  lieu  de  Saint-Laurent.  Ces  lettres  signées  : 
Louis  DE  BouBBON,  et  scellées. 

Brevet  d'enseigne  des  gardes  de  Mgr  le  Prince,  donné  par 
lui  au  s'  de  Saint-Laurent,  le  1"  juillet  1683.  Ce  brevet  signé  : 
Louis  DE  Bourbon. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul. 

« 

Jean  de  la  Cassaigne,  sgr  de  Saint  Laurent  ;  Louise  de 
Bremond,  sa  femme,  1655. 

Bbemond  :  ctazur,  à  un  aigle  d'or,  a  deux  lestes. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  de  la  Cassaigne  éc^  s^  de  Saint- 
Laurent,  fils  d'Antoine  de  la  Cassaigne  éc',  sgr  dudit  lieu 
et  de  demoiselle  Jeanne  de  Saint-Pasteur,  sa  femme,  accordé, 
le  10  mars  1655,  avec  demoiselle  Louise  de  Bremond,  fille  de 
messire  Philippe  de  Bremond,  chev.,  sgr  de  Céré,  de  Ver- 
nou,  etc.,  et  de  dame  Françoise  Géraud.  Ce  contrat,  passé, 
devant  Vachier,  notaire  à  Angoulême. 

Extrait  de  l'Etat  des  Officiers  de  la  Maison  de  monsieur  le 
Prince  de  Condé,  arresté,  en  Tannée  1675,  dans  lequel,  au 
nombre  de  ses  gentilshommes  ordinaires,  est  employé  Jean 
de  la  Cassaigne,  s'  de  Saint-Laurent,  au  lieu  du  s^  de  Viala. 
Cet  extrait  signé  Pauvre. 

Commission  de  capitaine  d'une  compagnie  de  soixante 
hommes  à  pieds  françois,  pour  tenir  garnison,  dans  la  ville 
de  Verdun,  donnée,  par  le  Roi,  au  s'  de   Saint-Laurent,  le 


DKS    DEMOJSBLLKS    DU    POITOU  llO 

18  février  1674.  Ces  lettres,  signées  :  Louis,  et  plus  bas  :  par 
le  Roi,    Le   Tellier,    et  scellées. 

Commission  de  capitaine  d'une  compagnie  de  cinquante 
hommes,  dans  le  régiment  de  Champagne,  donnée,  par  le 
Roi,  au  capitaine  Saint-Laurent,  le  6  novembre  1673."  Ces 
lettres  signées  :  Louis,  et  plus  bas  :  Le  Tellier,  et  scellées. 

Commission  de  commandant,  dans  la  citadelle  de  Verdun, 
donnée,  par  le  Roi,  le  15  septembre  1670,  à  son  cher  et  bien 
amé,  le  s'  de  Saint-Laurent,  en  considération  des  services 
qu'il  avait  rendus,  dans  les  différents  emplois  qui  lui  avaient 
été  confiés  à  la  guerre  Ces  lettres  signées  Louis,  plus  bas  : 
DE  Lionne,  et  scellées. 

Ordonance,  rendue,  à  Poitiers,  le  30  décembre  1607,  par 
monsieur  Barentin,  commissaire  départi  dans  ladite  généralité, 
portant  que  Jean  de  la  Cassaîgne,  éc%  s^  de  Saint-Laurent, 
jouirait  de  tous  les  privilèges  dont  jouissent  les  autres  nobles 
du  royaume,  en  conséquence  des  titres  qu'il  avait  repré- 
sentés, depuis  l'an  1566  ;  cette  ordonnance,  signée  Barentin. 
*  Brevet  de  sergent  de  bataille  des  armées  du  Roi,  donné  par 
Sa  Majesté,  à  Poitiers,  au  s'  de  Saint-Laurent,  le  13  no- 
vembre 1651  ;  ce  brevet  signé  Louis,  et  plus  bas  :  de 
Loménib. 

Transaction,  faite,  le  31  décembre  1650,  par  laquelle  noble 
Jean  de  la  Cassaigne,  s'  de  Saint-Laurent,  abandonne, 
moyennant  la  somme  de  6000  livres,  à  noble  Bertrand  de  îa 
Cassaigne*,  son  frère  aîné,  s"*  de  Saint-Péau,  tous  les  droits 
qu'il  pouvait  prétendre,  dans  les  successions  de  noble  An- 
toine de  la  Cassaigne  et  de  demoiselle  Jeanne  de  Saint  Pas- 
tour  de  Bousas,  leurs  père  et  mère.  Cet  acte,  reçu  par  Mor- 
telli,  notaire  à  Bassoues,  diocèse  d'Auch. 


*  Bertrand  de  la  Cassaigne,  sgr  de  Saint-Péau.   major  du  château  de 
Saint-VIaixent.  (B.-F.). 


120  PREUVKS   DE   NOBLEbSB 


Cinquième   degré  :  trisaïeul. 

Antoine  de  la  Cassaigne,  s""  de  Saint-Laurent  ;  Jeanne  de 
Saint-Pastour,  sa  femme,  1598. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Antoine  de  la  Cassaigne,  fils 
de  noble  Bernard  de  la  Cassaigne,  et  de  noble  Marthe  d'Abé-^ 
raéra,  sa  femme,  accordé,  le  25  novembre  1598,  avec  demoi- 
selle Jeanne  de  Saint-Pastour  fille  de  noble  Jean  de  Saint- 
Pastour  et  de  demoiselle  Edmée  de  Coussol,  dame  deBoussas. 
Ce  contrat,  passé  devant  Castaède,  notaire  de  la  ville  de, 
Bassoues,  en  Armagnac. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jean-Louis  de  Pardaillan, 
sMu  Caumort,  accordé, le  26  juillet  1623,  avec  demoiselle  Mira- 
monde  de  la  Cassaigne,  fille  dl  noble  Antoine  de  la  Cassaigne 
et  de  demoiselle  Jeanne  de  Saint-Pastour  de  Boussas.  Ce 
contrat  passé  devant  Matairon  notaire,  à  Bassoues. 

Sixième  degré    :  quatrième    aïeul. 

Noble  Bernard  de  la  Cassaigne  ;  Marthe  d'Abéraéra, 

sa  femme,  1560. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Bernard  de  la  Cassaigne,  sgr. 
de  la  Cassaigne,  fils  de  nbble  Jean  de  la  Cassaigne,  dit  Four- 
quevielle,accordé,  le  29  juillet  1560,  avec  noble  Marthe  d'Abé- 
raéra,  du  consentement  de  noble  Pierre  d'Abéraéra,  sgr.  de 
la  Fitte  ;  ce  contrat  passé  devant  Betheille,  notaire  à  Saint- 
Sever  de  Rustan. 

Septième  el  huitième  degrés  :  cinquième  aïeul  et  sixième  aïeul. 

Jean  de  la  Cassaigne^  sgr  de  la  Cassaigne ,  fils  de  noble 
Peyret  de  la  Cassaigne    Isa  beau  d'Abéarède.  sa  femme,  1526. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Jean  de  la  Cassaigne,  sgr  de 
la  Cassaigne,  fils  de  noble  Peyret  la  Cassaigne  et  de  noble 
Antonie  de  Plessis,  sa  veuve,  accordé,  le  21  octobre  1526, 
avec  honorable  Isabeau  d*Abéraède^  fille  de  noble  Jean  d'Abé- 


DBS    DEMOISELLES   DU    POITOU  121 

raède  et  de  noble  Blanque  de  Laur.  Ce  contrat,  passé  devant 
Dabadie,  notaire,  au  lieu  de  Talasac,  en  Bigorre. 

Donation  de  la  somme  de  cent  cens  petits,  faite,  le 
1*'  d'août  1535,  par  noble  Blanque  de  Laur,  dame  de  Talasac, 
à  noble  Isabeau  d'Abéraède,  sa  fille,  en  augmentation  de  la 
dot  qu'elle  lui  avait  constituée,  en  la  mariant  avec  noble 
Jean  de  la  Cassaigne.  Cet  acte  reçu  par  de  Ruber,  notaire  à 
Saint-Sever. 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  chev. 
de  rOrdre  du  Roi,  son  conseiller  en  ses  conseils,  maître  ordi- 
naire en  sa  chambre  des  comptes,  à  Paris,  généalogiste  de  la 
Maison,  de  la  Chambre  et  des  Ecuries  de  Sa  Majesté  et  de 
celles  de  la  Reine, 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  Nicolle  de  la  Cassaigne 
DE  Saint-Laurent  a  la  noblesse  nécessaire,  pour  être  admise 
au  nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever, 
.dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée,  à  Saint-Cyr, 
dans  le  parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes 
qui  sont  énoncés  dans  cette  preuve,  laquelle  nous  avons 
vérifiée  et  dressée,  à  Paris,  le  samedi  trente  mars,  mil  sept 
cent  quarante- trois.  Signé  :  d'Hozier. 

DE  CHAMBORANT' 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Anne  de  Chamborant, 
présentée,  pour  être  reçue,  dans  la  communauté  des  filles  demoi- 
selles de  la  Maison  de  Saint- Louis,  fondée,  par  le  Roi,  à  Saint-Cyr, 
da  ns  le  pa  rc  de  Versa  il  les . 

Produisante  :  Anne  de  Chamborant,  1691. 

Armes  :  d'or,  à  un  lion  de  sable,  lampassé  et  armé  de  gueules. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  d'Aussac, 

au  diocèse  de  Poitiers,  portant  qu'Anne,  fille  de  Jacques  de 

«  Bibl  Nat.  CaJb.  des  Titres  :  287.  p.  04. 


122  PREUVES   UK   NOBLltSSE 

Chamborant,  éc',  s' du  Boucheron,  et  de  demoiselle  Anne  Guyot 
de  la  Mirande,  sa  femme,  naquit  et  fut  baptisée,  le  16«  de  juin 
de  l'an  1691.  Cet  extrait  délivré  le  7*  de  juin  de  l'an  1700, 
signé  :  Planteac,  prieur  curé  de  l'église  d'Aussac  et  légalisé. 

Premier  degré  :  père  ET  mère. 

Jacques  de  Chamborant.  sgr  du  Boucheron  ;  Anne  Guyot 
(Je  la  Mirande,  sa  femme,  1689. 

Guyot  :  d*or,  à  trois  perroquets  de  sinople,  becqués  et  membres 
de  gueules  et  posés  deux  et  un. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jacques  de  Chamborant, 
chev.,  sgr  du  Boucheron,  fils  de  messire  Jean  de  Chamborant, 
chev.,  sgr  de  Villevert  et  de  dame  Suzanne  Saulnier,  sa 
femme,  accordé,  le  10*  de  juillet  de  l'an  1689,  avec  demoiselle 
Anne  Guyot,  fille  de  messire  Jean  Guyot,  chev.,  sgr  de  la 
Mirande  et  de  dame  Anne  Gourdin,  sa  femme.  Ce  contrat, 
reçu,  par  Pougeard,  notaire  à  Confolens,  en  Angoumois. 

Partage  des  successions  de  messire  Jean  de  (^hamborant, 
chev.,  sgr  de  Villevert  et  de  dame  Suzanne  Saulnier,  sa 
femme,  fait,  le  28  de  juillet  de  Tan  1677,  entre  messire  Jean 
de  Chamborant,  ses  frères,  éc'%  s"  du  Boucheron  et  des 
Essars.  Cet  acte  reçu  par  Pougeard,  notaire  à  Confolens. 

Deuxième  degré  :  aïeul  et  aïeule. 

Jean  de  Chamborant,  sgr  de  Villevert  ;  Jeanne  Saulnier. 
sa  femme,  1655. 

Saulnier  :  d'azur^  à  une  plante  de  chardons  à  trois  tiges  d'or^ 
feu  niées  de  même,  ces  tiges  à  dextre  et  à  semestre^  chargées  cha- 
cune à  la  cîme  d'un  oiseau  d'or,  ces  oiseaux  affrontés. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jean  de  Chamborant,  chev., 
sgr  de  Villevert  et  de  Neuville,  fils  de  messire  Joachim  de 
Chamborant,  chev.,  sgr  de  Droux,  et  de  dame  Catherine  des 
Vaux,  sa  femme,  accordé,  le  'iU-^  d'avril  de  Tan  1655,  avec  de- 
moiselle Jeanne  Saulnier,  fille  d'Estienne  Saulnier,  éc',  sgr  de 


Di'S    UEMolbËLUUS    DU    POITOU  123 

Plessat,  et    de   demoiselle  Anne  d'OrfeuUle,  sa  femme.  Ce 
contrat  reçu  par  la  Cbaize,  notaire  à  Angouiême. 

Jugement,  rendu,  le  16*  de  mars  de  Tan  1667,  par  M.  d'A- 
guesseau.  intendant  à  Limoges,  par  lequel  il  donne  acte  à 
Jean  de  Chamborant,  s'  de  Villevert,  dans  la  paroisse  dEssé, 
élection  d' Angouiême,  de  la  représentation  qu'il  avait  faite  des 
titres  servant  à  la  preuve  de  sa  noblesse,  depuis  Jacques  de 
Chamborant,  fils  de  noble  et  puissant  messire  Foucault  de 
Chamborant»,  chev  ,  sgr  de  Chamborant  de  Droux  et  de  la 
Clavière,  vivant  l'an  1450.  Cet  acte  signé  :  d'Aglesseau. 

m 

Troisième  degré  :  bisaïbul  et  bisaïeule 

Joachim  de  Chamborant,  sgr  de  Droux  ;  Catherine  des 
Vaux,  sa  femme,  dame  de  Villevert,  1611. 

Des  Vaux  :  de  sinnple^  à  Iroi'S  rochers  d^argent  posés  2  et  /. 

Contrat  de  mariage  de  Joachim  de  Chamborant,  éc'.  sgr  de 
Droux,  dans  la  Basse-Marche,  premier  écuyer  de  Madame, 
accordé,  le  l6*  d*octobre  de  l'anlôll,  du  consentement  de  haut 
et  puissant  sgr  messire  Joachim  de  Château  vieux,  son  oncle 
maternel,  comte  de  Confolens  et  baron  de  Verjou  et  de  la  Vi- 
latte,  chevalier  des  ordres  du  roi,  chevalier  d'honneur  de  la 
Reine  Mère  et  gouverneur  de  la  Bastille,  avec  demoiselle  Ca- 
therine des  Vaux  fille  de  Jean  des  Vaux,  éc%  sgr  de  Villevert, 
au  ressort  de  Confolens,  enAngoumois.  Ce  contrat  reçu  par 
Babaud,  notaire  à  Confolens. 

Partage,  donné,  le  13*  d'octobre  de  l'an  1605,  par  noble 
Gaspard  de  Chamborant,  éc%  à.  Joachim  de  Chamborant, 
son  frère,  dans  la  succession  de  messire  Jean  de  Chamborant, 
leur  père,  sgr.  de  Droux,  chevalier  de  TOrdre  du  Roi  et  dans 

*  Foucault  de  Chamborant,  chev.,  sgr  de  Chamborant,  Droux,  la  Cla- 
vière, etc  ,  servit  sous  Charles  VI,  comme  chevalier  bachelier,  avec  16 
écuyers  de  sa  chambre  en  1418.  Il  épousa  Jeanne  de  Clujrs.  Il  était  fils 
de  Foucault,  chev  .  sgr  de  Chamborant,  Droux,  etc.,  et  de  N.  de  Mau- 
mont  et  petit  fils  de  Pierre,  chev.,  sgr..  de  Chamborant,  etc  ,  et  de  Mar- 
guerite de  Forges  et  arrière  petit-fils  de  Geoffrctj  et  de  Denise  Gazeau. 
[B  -F). 


124  PRKUVBS   DE   NOBLESSE 

celle  de  dame  Catherine  de  Chàteauvieux.  leur  mère  ;  cet  acte 
reçu  par  Bichon^  notaire  au  Dorât  dans  la  Marche. 

Quatrième  degré  :  trisaïeul  et  trisaïeule. 

Jean  de  Chamborant,  sgr.  de  Droux  ;  Catherine  de  Chà> 
teauvieux,  sa  femme,  1575. 

Chateauvieux  :  d'azur^  à  trois  fasces  ondées  dor. 

Contrat  de  mariage  de  haut  et  puissant  sgr.  messire  Jean 
de  Chamborant,  chev.,  sgr.  de  Droux,  accordé,  le  31  de  juil- 
let de  Tan  1575,  avec  demoiselle  Catherine  de  Chateauvieux, 
fille  de  haut  et  puissant  sgr.  messire  Claude  de  Chateauvieux, 
baron  de  Fromentes  et  de  Veijou,  maître  d'hôtel  ordinaire  du 
Roi  et  son  bailli  de  Bresse  et  de  dame  Marie  de  Montchenu, 
sa  veuve,  dame  de  la  Vilatte,  en  Angoumois.  Ce  contrat 
reçu  par  Pinard,  notaire  à  Confolens. 

Testament  commun  de  haut  et  puissant  sgr.  messire  Jean 
de  Chamborant,  chev.  de  l'Ordre  du  Roi  et  sgr.  de  Droux  et 
de  dame  Catherine  de  Chateauvieux,  sa  femme,  fait,  le  19* 
de  novembre  de  Tan  1596,  par  lequel  ils  ordonnent  que  Ton 
les  enterre,  avec  leurs  prédécesseurs  dans  Téglise  de  Droux, 
et  ils  instituent  leurs  héritiers  Gaspard*  et  Joachim  de  Cham- 
borant, leurs  enfans.  Cet  acte  reçu  par  Guiard,  notaire  au 
bourg  de  Rançon,  province  de  la  Basse-Marche. 

Cinquième    degré  :  quatrième  aïeul   et  aïeule. 

Pierre  de  Chamborant,  sgr.  de  Droux  ;  Philippes  Loubes, 
sa  femme,  1540. 
LouBES  :  Lozangé  d'or  et  d'azur. 
Transaction,  faite   le  25*  d'août  de  Tan  1574,  sur  les  diffé- 

'  Gaspard  de  Chamborant,  chev.,  sgr.  de  Droux,  s'était  acquis  l'estime 
du  roi  et  une  grande  influence  dans  son  pays.  Le  20  novembre  1615,  il 
avait  obtenu  de  Henri  de  Schomberg,  gouverneur  de  la  Marche,  une 
ordonnance  enjoignant  aux  habitants  de  la  paroisse  de  Droux  d'aller 
travailler  aux  réparations  de  son  château  de  Droux.  11  avait  épousé,  par 
contrat  du  28  février  1606,  Françoise  Couraud,  tille  de  Pierre,  chev.,  sgr 
de  la  Rochechevreux  et  de  Jeanne  de  Rechignevoisin.  [B.-F.)* 


DKS  DEM0I8iBLLI8   DU   POITOU  125 

rends  qu  avaient  entre  eux  Pierre  de  Chamborant,  éc%  sgr 
d*Ars,  et  Jean  de  Chamborant,  son  frère,  éc',  sgr  de  Droux,  à 
cause  du  partage  des  successions  de  Pierre  de  Chamborant, 
éc'  et  de  demoiselle  Philippe  Loubes,  sa  femme,  leur  père  et 
mère.  Cet  acte  reçu  par  Junien,  notaire  au  Dorât. 

Testament  de  Pierre  de  Chamborant  éc\  sgr  de  Droux,  fait 
le  3*  de  novembre  de  Tan  1545,  par  lequel  il  laisse  l'usufruit 
de  tous  ses  biens  à  demoiselle  Philippe  Loubes,  sa  femme, 
et  il  la  charge  du  gouvernement  et  de  l'administration  des 
personnes  de  Jean  et  de  Jean  de  Chamborant,  leurs  enfants. 
Cet  acte  reçu  par  Bersac,  notaire  au  lieu  de  Droux. 

Nous  Charles  d'Hozier,  conseiller  du  Roi,  généalogiste  de 
sa  maison,  juge  général  des  armes  et  des  blasons  et  garde  de 
TArmorial  général  de  France  et  chevalier  de  la  religion  et  des 
ordres  militaires  de  Saint-Maurice  et  de  Saint-Lazare  de 
Savoie,  certifions  au  Roi  que  demoiselle  Anne  db  Chambo- 
rant a  la  noblesse  nécessaire,  pour  être  reçue  dans  la  corn- 
mimauté  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans 
la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr  dans 
le  parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes  qui 
sont  énoncés  dans  cette  preuve,  laquelle  nous  avons  vérifiée 
et  dressée,  à  Paris,  le  29°  jour  du  mois  de  r^ovembre  de  Fan 
1702.  Signé  :  d*Hozi£r. 

DE  CHAMBORANT» 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Christine-Elisabeth  de 
Chamborant,  agréée  par  le  roi^pour  être  admise  au  nombre  des 
filles  demoiselles,  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans  la  maison  royale 
de  Saint^Louis^  fondée  à  Saint-Cyr,  daus  le  Parc  de  Versailles. 
Août  1753. 
.  Armes  :  d'or^  à  un  lion  de  sable,  langue  de  gueules^. 

«  Bibl.  Nat.  Cèb.  des  Titres,  308,  p.  80. 

*  D*or,  AU  lion  de  sttble  armi  et  Umpàssé  de  gueules*  Devise  :  «  Oneques 
ne  failli.  »  (B.-F.) 

TOME    XVI.    —   NOTICES   —  XVl*   ANNÉE,  3'-4*  LIV.  10 


126  PREUVieS   DE  NOBLBS^Sfi 


Premier  degré  :  Produisante. 

Christina-Blisabeth  de  Chamboranti,  1742. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  d'AttigDy,  diocèse  de  Rheims^  portant  que  Christine- 
Elisabeth,  fille  de  messire  Jean  de  Chamborant  de  Villevert, 
brigadier  des  gendarmes  de  la  reine  et  de  dame  Elisabeth-Ca- 
therine Le  Tanneur^  sa  femme^  naquit^  et  fut  baptisée,  le  29 
janvier  1742.  Cet  extrait  signé  Rauquil,  curé  de  la  dite  pa- 
roisse, et  légalisé. 

Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

Jean  de  Chamborant,  s'  de  Villevert  :  Elisabeth-Catherine 
1-e  Tanneur,  sa  femme,  1739. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jean  de  Chamborant,  éc, 
s'  de  Villevert,  fourrier  de  la  compagnie  des  gendarmes  de  la 
Reine,  fils  de  messire  Jean  de  Chamborant,  vivant,  éc%  s*^  de 
Villevert,  et  de  dame  Anne  de  la  Bioche,  accordé,  le  7  octobre 
1739,  avec  demoiselle  Elisabeth-Catherine  le  Tanneur,  veuve 
dus'  Aubert  de  Chauvallon  et  fille  de  Jean-François-Gabriel 
Le  Tanneur,  lieutenant,  en  la  Prévôté  d'Attigny,  et  de  demoi- 
selle Jeanne  Balardelle.  Ce  contrat  passé  devant  Plaisant 
et  de  Juilliet,  notaires,  à  Attigny. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  d'Essé, 
diocèse  de  Limoges,  portant  que  Jean  de  Chamborant,  fils  de 
messire  Jean  de  Chamborant  et  de  demoiselle  Anne  de  la 
Bioche,  naquit  le  12  et  fut  baptisé  le  13  du  mois  de  septembre 
1696.  Cet  extrait  signé  Mailhot,  curé  de  la  dite  paroisse,  et 
légalisé. 

■  Cette  famille  d'ancienne  chevalerie  tire  son  nom  du  bourg  et  paroisse 
de  Chamborant,  première  baronnie  de  la  vicomte  de  Bridiers,  sise  en 
Poitou, sur  les  confins  du  Limousin  et  de  la  Marche.  {B.-F.) 


DES   DEMOISELLES  OU  POITOU  127 


Troisième  degré  :  aïeul. 

Jean  de  Chamborant,  s'  de  la  Boissonnie  ;  Anne  de  la 
Bioche,  1695. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  de  Chamborant,  éc**,  s'  de  la 
Boissonnie,  fils  de  feu  Marin  de  Chamborant,  éc%  s'  du  Vi- 
gnaud,  et  de  demoiselle  Marie  Chevalier,  sa  femme,  accordé, 
le  8  avril  1695,  avec  demoiselle  Anne  de  la  Bioche,  fille  de 
Jean  de  la  Bioche,  vivant,  s'  de  Rivaleix,  et  de  demoiselle 
Anne  Dessec  ;  ce  contrat  passé  devant  Genty,  notaire  de 
la  Chàtellenie  de  Lesterpe. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  d'Essé, 
diocèse  de  Limoges,  portant  que  Jean  de  Chamborant,  fils 
de  Marin  de  Chamborant  et  de  demoiselle  Marie  Chevalier, 
fut  baptisé,  le  3  janvier  1662.  Cet  extrait  signé  Mailhot, 
curé  d'Essé,  et  légalisé. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul. 

Marin  de  Chamborant,  sgr  du  Vignaud  ;  Ktarie  Chevalier 
de  la  Frapinière,  sa  femme,  1649.  • 

Chevalier  :  de  gueules,  à  trois  clefs  d'or,  posées  deux  et  nne^ 
les  deux  du  chef  addossées* . 

Contrat  de  mariage  de  Marin  de  Chamborant,  éc',  ëgr  du 
Vignaud,  fils  de  messire  Joachim  de  Chamborant,  chev.,  Sgr 
de  Droux  et  de  Neuville  et  de  feue  dame  Catherine  de  Vàul, 
accordé  le  29  juillet  1649,  avec  demoiselle  Marie  Chevalier 
fille  de  feu  messire  Jacques  Chevalier,  chev.,  sgr  de  la  Fta- 
pinière  et  d'Availle  et  dame  Catherine  de  Linax.  Ce  contrat 
passé  devant  Faidy,  notaire  royal  de  la  baronnie  de  Saint- 
Maixent. 

Accord  fait,  le  17  décembre  1652,  entre  messire  Jean  de 
Chamborant,  chev.,  sgr  de   Villevert,  mestre  de  camp  d'un 

i  Alias  :  deguenles,  à  deux  clefs  d*orposé9iteii,  V»nn9AUênba$,  (3.-F.)> 


128  PREUVB8  DE  NOBLESSE 

régiment  de  cavalerie  et  Marin  de  Chamborant,  son  frère 
puisné,  éc,  s'  du  Vignaud,  sur  le  partage  des  biens  hérédi-> 
taires  de  feu  messire  Joachim  de  Chamborant,  leur  père,  chev., 
sgr.  de  Droux,  et  de  Neufville.  Cet  acte,  reçu  par  Maillard 
et  de  Coulombe,  notaires  au  comté  de  Confolens. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul. 

Joachim  de  Chamborant,  s'  de  Droux  ;  Catherine  des 
Vaux,  sa  femme,  1611-1605. 

Contrat  de  mariage  de  Joachim  de  Chamborant,  éC,  s'  de 
Droux,  premier  écuyer  de  Madame,  accordé,  le  16  octobre 
1611,  avec  demoiselle  Catherine  des  Vaux,  fille  de  Jean  des 
Vaux,  éc»,  s' de  Villevert,  et  de  demoiselle  Françoise  du  Pin, 
sa  femme.  Ce  contrat  passé  devant  Babaud,  notaire  à 
Confolens. 

Partage  donné,  le  13  octobre  1605,  par  noble  Gaspard  de 
Chamborant,  éc%  à  Joachim  de  Chamborant,  son  frère,  éc', 
dans  les  biens  de  feu  messire  Jean  de  Chamborant',  leur 
père,  s' de  Droux,  chevalier  de  TOrdre  du  Roi,  qui  de  son 
mariage,  avec  feue  dame  Catherine  de  Ch&teauvieux,  leur 
mère,  avait  encore  laissé  demoiselles  Marie,  Catherine  et 
Anne  de  Chamborant.  Cet  acte  reçu  par  Bichon,  notaire, 
en  la  ville  du  Dorât, 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  che- 
valier-doyen de  rOrdre  du  Roi,  conseiller  et  ses  conseils, 
maître  ordinaire,  en  sa  chambre  des  comptes  de  Paris^  gé- 
néalogiste de  la  maison,  de  la  chambre  et  des  écuries  de  Sa 
Majesté,  et  de  celles  de  la  Reine  et  de  Madame  la  Dauphine 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  Christine-Elisabeth  ds 

^  Il  ayait  épousé  en  premières  noces  Madeleine  de  la  Béraudière,  yeuTe 
de  Mathurin  de  Ripousson.  Il  était  fils  de  Pierre  de  Chamborant  et  de 
Philippe  Loubes;  petit-fils  de  Gujr  de  Chamborant,  chev.»  sgr.  de  Droux* 
lu  Clavière,  TAge-Meillot  et  de  Françoise  de  Salaignac  et  arriéré  petit- 
fils  de  Jacques  de  Chamborant,  chev..  sgr.  de  Droux,  la  Clavière^  etc.»  et 
de  Marguerite  Chauvet.  {B.-F.), 


DBS  DEMOISELLES   DU    POITOU  120 

CHA.MBORANT  a  ta  noblesse  nécessaire  pour  être  admise  au 
nombre  des  fiUes  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever, 
dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr, 
dans  le  Parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes, 
énoncés  dans  cette  preuve,  que  nous  avions  vérifiée  et  dres- 
sée, à  Paris,  le  samedi  onzième  jour  du  mois  d'août  de  l'an 
mil  sept  cent  cinquante-trois.  Signé  :  d'Hozier. 

{A  suivre). 


LES  ÉCHAUBROGNES 

(Siiile'j. 

EN  JO&d,  Jean  Rousseau,  écuyer,  seigneur  de  la  Foucherie 
et  mari  de  dame  Madeleine  de  Cumont,  possédait  une 
rente  de  quatre  charges  et  un  boisseau  de  blé  seigle  sur 
la  Sicardière,  pour  l'avoir  acquise  de  Rsné  Grimault,  écuyer, 
sgrdela  Rablais,pourla  sonimedeinilletivres.laquellerenteil 
vendit  ensuite  à  messire  Marin  de  Boyiëve,  chevalier,  sgr  do 
la  Maurousière.  Ce  René  Grimault  de  la  Rablals  avait  pour 
femme  RenéePicault  qui  mourut  en  1714,  figée  de  77  ans  et  fut 
enterrée  à  Tessonniére,  dans  la  chapelle  de  Saint-Mandé,  lieu 
de  sépulture  de  la  famille  Ouignard  delà  Satle-Guibert,  avec 
laquelle  les  Grimault  eurent  plusieurs  alliances.  C'est  en  com- 
pulsant les  registres  de  Tessonnière  que  j'ai  découvert  les 
liens  rattachant  les  anciens  seigneurs  de  ma  paroisse  natale 
avec  ceux  de  la  paroisse  où  j'habite  maintenant. 

La  Foucherie  ne  tarda  pas  à  changer  encore  de  maîtres, 
car,  en  1364,  Colbertde  Croissy  reconnaît  et  maintient  nobles, 
par  sentence  non  expédiée,  Henri  Grimault,  s'  de  la  Rablais, 
de  Saint-Clémentin,  et  Hector  Grimault,  sieur  de  la  Foucherie, 
de  la  paroisse  de  Saint-Pierre  d'Echaubrogne.  Ils  portaient  : 
de  gueules  â  5  besanls  tf  argent,  au  chef  de  même,  chargé  d'une 
hure  de  sanglier,  de  sable,  mirée  d'argent  et  languée  de  gueules. 
(Le  besant  était  une  ancienne  monnaie  de  Constantinople  ou 

'Voir  Ift  livraison  d«  janriar-fiTrier  I90O. 


LES  ÉCHAUBROGNBS  131 

BysMtnce.  L'asage  s'en  répandit  en  France  aux  XII*  et  XIII* 
siècles  au  moment  des  CSroisades,  et  les  paladins  français  le 
mirent  sur  leur  écu  pour  montrer  qu*ils  avaient  fait  le  voyage 
en  Terre-Sainte). 

Hector  Grimault  était  marié  à  Renée  de  Beauregard  :  ils 
eurent  pour  fils  Esprit  Grimault,  éouyer,  époux  de  Marthe  de 
Monbielle,  de  la  Goussaye,  près  Bressuire,  et  pour  fllle  Made- 
leine Grimault  dont  le  petit-fils  Pierre  Blouin,  sieur  du  Patis- 
seau,  se  portera  plus  tard  comme  héritier  (sous  bénéfice  d'in- 
ventaire) dans  la  succession  de  Marthe  Grimault,  sa  cousine, 
la  dernière  de  sa  race. 

En  1715,  Esprit  Grimault  n'était  plus,  et  ses  enfants,  Victor  et 
Marthe,  émancipés  en  la  jouissance  de  leurs  droits,  sous  l'au- 
torité de  messire  Charles  de  Touvois,  leur  curateur,  avouent 
une  rente  de  500'  à  Georges  Girard,  meunier  à  Giron,  paroisse 
de  Boôsse.  L'un  et  l'autre  ne  savent  signer.  Au  8  mai  1716, 
leur  mère,  Marthe  de  Montbielle,  est  encore  vivante,  mais  le 
9  mai  1789,  Marthe  de  la  Foucherie  n'avait  plus  ni  sa  mère  ni 
son  frère.  Majeure,  elle  arrente  Elle  Cossin,  sgr  de  Sainte 
Martin,  Mauricet,  etc.,  et  demeurant  en  la  maison  noble  de  la 
Braudière,  de  Terves,  la  borderie  de  la  Boulinière,  relevant 
noblement  de  la  terre-*fief  et  seigneurie  de  Puy-au -Maître, 
pour  26'  de  rente  et  300'  de  pots  de  vin.  Si  Marthe  de  la 
Foucherie  ne  savait  pas  signer  en  1714,  il  faut  reconnaître 
que  même  en  cette  année  1739,  sa  signature,  apposée  sur 
le  susdit  acte,  est  bien  informe;  ce  n'est  pas  moins  la 
seule  relique  qui  soit  restée  de  la  dernière  héritière  de  nos 
anciens  seigneurs  (papiers  communiqués  par  M.  Benjamin 
Desormeaux,  notaire  à  Maulévrier).  Un  procès,  qu'elle  perdit 
vers  cette  époque,  avait  enlevé  à  la  pauvre  demoiselle  les  der- 
niers restes  de  sa  fortune  et  peut  être  aussi  la  plus  saine 
partie  de  sa  raison.  Vivant  de  fruits  et  de  légumes,  seule,  à 
peine  vêtue,  ta  tête  couverte  de  sa  petite  cape  de  bure,  sans 
domestique  ni  fermier,  restant  presque  à  l'état  sauvage  dans 
son  manoir  délabré,  Marthe  de  la  Foucherie  refusait  néan- 


132  LCS   ÉCHAUUROaNKS 

moins  toute  assistance,  et  à  i'offre  que  lui  faisait  le  seigneur 
de  Maulévrier,  son  suzerain  pourtant,  de  lui  donner  l'hospi- 
talité, elle  ne  répondait  que  par  un  orgueilleux  refus^  parce 
que,  disait-elle,  le  sire  de  Golbert  n'était  pas  de  son  rang.  Ce 
n'était  pas  chose  rare  de  la  voir  par  roies  et  chemins,  escortée 
de  deux  énormes  dogues  ses  fidèles  compagnons,  aller  mar* 
mottant  entre  ses  dents.  «  Non,  non,  jamais  de  pardon  !  »  Gela 
sans  doute  à  l'adresse  de  ses  adversaires  pour  son  procès. 
Dans  la  saison  rigoureuse,  il  lui  arrivait  de  se  réfugier  pabrfois 
la  nuit  dans  un  four  pour  y  recueillir  les  restes  d'une  chalenr 
qu'elle  ne  se  donnait  même  plus  la  peine  d'entretenir  dans 
son  propre  foyer.  Elle  mourut  le  10  janvier  1766,  et  son  inven- 
taire, fait  le  11  mars  suivant,  estime  à  24^  son  mobilier  et  à 
148*  7"  le  cheptel  composé  de  quatre  pièces  de  bestiaux,  vivant 
à  l'aventure  dans  les  broussailles  qui  entouraient  le  logis,  et 
qui  rentraient  d'eux-mômes  le  soir  pour  occuper  deux  des 
trois  pièces  qui  composaient  la  demeure  de  leur  maltresse. 

Dans  le  détail  des  divers  ustensiles  de  cuisine  ou  de  ferme 
que  cite  l'inventaire,  nous  trouvons  mentionnés  :  c  Un  vieux 
morceau  de  bord  de  chapeau  d'argent  (Pj  et  une  mauvaise 
poignée  d*épée  estimés  ensemble  12".  A  l'égard  de  deux  mau- 
vaises armoires,  d'un  bois  de  lit  et  trois  mauvais  coffres,  les 
experts  ont  dit  «  qu'ils  ne  valaient  pas  la  peine  d'être  estimés, 
et  le  sieur  Brémault,  sergent  royal  et  présidant  l'estimation, 
ayant  voulu  les  faire  ôter  de  leur  place,  où  ils  étaient  en  la 
pourriture,  pour  les  faire  visiter  par  les  experts^  ils  se  sont 
trouvés  tellement  pourris  qu'ils  sont  tombés  en  morceaux  qui 
ne  peuvent  être  tout  au  plus  bons  qu'à  brûler  »,  etc.  Marthe  de 
la  Foucherie  fut  enterrée  sous  le  porche  de  l'église  de  Saint- 
Pierre  à  côté  de  la  mère  de  M.  Jean-Michel  Benestreau,  vicaire 
de  Saint-Hilaire.  Ses  restes,  que  probablement  n'a  point 
atteints  la  pioche  des  démolisseurs,  avaient  été  recouverts 
d'une  tombe  sans  aucune  inscription,  et  que  comme  toutes  les 
autres  on  «  utilisa  »  lors  de  la  reconstruction  de  l'égliscen  1840. 
Il  est  aujourd'hui,  sûrement,  bien  peu  de  personnes  parmi  les 


LES  ÉGHAUBHOONES  133 

habitants  d*Echaubrognes,  qui  sachent  que  dès  les  premiers 
pas  qu'ils  font  en  entrant  dans  la  nouvelle  église,  et  en  longeant 
les  fonts  baptismaux,  ils  foulent  aux  pieds  les  restes  de  la  der- 
nière descendante  des  anciens  seigneurs  de  leur  paroisse.  Le 
11  août  1788,  c'est  ce  même  sieur  Brémaud,  sergent  royal,  qui 
est  devenu  le  propriétaire  de  la  Foucherie.  A  cette  date,  est 
faite  une  saisie  féodale  par  les  agents  du  comte  de  Maulévrier, 
pour  faute  d'aveu  et  dénombrement,  et  faute  de  paiement  d'ar- 
rérages. 4c  Les  agents  connaissant  le  caractère  violent  du  sieur 
Brémault,  qui  s'emporte  en  propos  indécents  contre  le  séné- 
chal, font  dresser  procès-verbal  et  portent  plainte  devant  ce 
mdme  sénéchal  de  Maulévrier  qui  avait  nom  messire  Malarmé 
de  Gherville.  »  C'est  probablement  ce  susdit  sieur  Brémault 
qui  étant  venu,  lors  de  la  Révolution,  se  réfugier  à  la  Foucherie, 
et  étant  porteur  d'un  sac  qui  renfermait  des  valeurs,  éveilla 
pour  ce  motif  ta  cupidité  de  son  fermier,  qui,  aidé  des  gens  de 
celui-ci,  l'étrangla  pendant  la  nuit.  La  terre  fut  ensuite  vendue 
nationalement  i  M.  Quentin  Vivret,  depuis  juge  de  paix  à 
Gholet,  et  ses  héritiers  en  sont  encore  les  propriétaires. 

LA  PROGERIE 

La  Frogerie  est  un  manoir  du  XV«  siècle,  situé  à  droite  de 
la  route  et  de  la  voie  ferrée»  de  Maulévrier  à  Cholet^  sur  une 
petite  élévation  qui,  grâce  au  pays  plat  des  alentours,  permet 
de  laisser  apercevoir  de  très  loin  ses  quatre  tourelles  h  toiture 
aiguô,  et  recouvertes  d'ardoises.  Le  ch&teau  a  été  Tobjet,  il  y 
a  quelques  années,  d'une  réparation  plus  ou  moins  heureuse. 
Un  joli  portail  à  cintre  en  accolade  donne  entrée  dans  le  logis, 
à  un  des  angles  duquel  se  trouvait  une  chapelle.  Une  pièce 
extraite  des  archives  de  la  Rochelle  nous  donne  le  détail  des 
modestes  revenus  dont  jouissait  le  desservant  de  la  Chapelle-  ' 
nie  :  «  1728.  —  Déclaration  que  donne  à  Messieurs  de  i'assem. 
blée  générale  du  clergé  de  France,  qui  sera  tenue  en  l'année 
mil  sept  cent  trente,  et  à  Messieurs  du  bureau  du  diocèse  de 


134  LES  éCHA^UBROaNGS 

la  Rochelle,  Pierre  Brosseau^  prêtre  demeurant  à  Tout-le- 
Monde,  paroisse  de  Saint-Hilaire  d'Eschaubrognes,  son  an- 
nexe, de  la  Chapelle  de  Notre-Dame  de  Pitié  (Plusieurs  pouil- 
lés  disent  que  ladite  chapelle  était  dédiée  à  Saint  Nicolas)  de 
la  Frogerie^  laquelle  a  pour  patron  et  collateur  M.  de  Maulé- 
vrier,  des  biens  et  revenus  de  ladite  chapelle  pour  satisfaire  à 
la  déclaration  de  l'assemblée  générale  du  clergé  de  France  du 
2  décembre  1726,  des  biens  et  revenus  de  ladite  chapelle  qui 
consistent  en  une  petite  métairie,  située  en  la  paroisse  de 
Mazière,  appelée  la  Veaugarnie,  relevant  de  la  seigneurie  de 
Mazière  consistant  en  terre  labourable,  paty^  aire,  aireaux,  pré, 
maison  à  toits  couverts  à  tuiles,  plus  les  dixmes  vulgaire* 
ment  appelées  les  dixmes  de  la  Frogerie,  grosses,  menues  et 
vertes  dixmes,  le  tout  affermé  par  chaque  année,  savoir,  la 
métairie  de  Maugarnie,  en  la  paroisse  de  M azières,  soixante 
livres  par  ah,  plus  la  nourriture  d'un  cheval,  et  un  charroi  de 
vin  en  Anjou,  par  acte  du  T"  jour  d'Avril  1727,  à  Jean  Tricot  et 
Françoise  Charrié,  son  épouse,  rapportée  devant  Bernard 
et  Paillon  notaire  royal,  payable  à  la  Saint  George,  suivant  le 
bail  dont  j'en  rapporte  copie  ;  la  nourriture  d'un  cheval  et  le 
charroi  de  vin  en  Anjou  estimé  20  livres,  plus  les  dixmes  de 
ladite  Frogerie  ci-dessus  mentionnées,  desquelles  je  jouis  par 
moy-méme,  ont  été  affermés  à  la  somme  de  18  livres  par  an, 
comme  il  appert  par  acte  passé  le  29*  jour  de  décembre  1691, 
rapportée  parBouchet,  notaire  de  la  comté  de  Maulévrier,  cy- 
joint.  Je  n'ai  point  d'autres  titres  des  revenus  delà  chapelle 
de  la  Frogerie,  ce  qui  fait  que  j'ay  été  longtemps  à.  faire  ia 
présente  déclaration. 

Lé  total  du  revenu  de  la  chapelle  de  la  Frogerie  à  la  somme 
de  quatre  vingt  dix  huit  livres  par  an  cy .     .    98  h 

Sur  laquelle  somme  de  la  Frogerie  doit  être  déduit. 

1"  Au  prêtre  qui  sert  ladite  chapelle,  à  raison  de   deUx 
messes  par  chaque  semaine  quatre-vingt  livres  par  an. 

2*  Pour  les  décimes,   huit   livres  six  sols  trois   deniers 
cy8  1.6s.  3d. 


LES   éCHAUBROGNES  135 

3»  Il  est  deub  à  la  Seigneurie  de  M azière  douze  boisseaux 
de  blé  seigle,  mesure  de  Ghollet,  évalués  à  onze  livres  la 
charge  de,  gros  dixmes  à  raison  de  46  b^  par  charge,  fait 
7'  IV  8*.  Brosseau  P^»-«  » 

Cette  terre  avait  le  titre  de  baronnie  et  appartenait  dans 
Torigineà  une  famille  de  chevaliers  de  môme  nom^  comme  en 
témoignent  quelques  notes  détachées  recueillies  dans  THis- 
toire  manuscrite  que  Mgr  Gousseau  a  laissée  inachevée  sur  la 
ville  de  Châtillon.  Je  les  transcris  sans  pouvoir  les  faire  suivre 
d'aucune  note,  «  1716.  —  Aenordis  Foreta  datRainaldo,  priori 
s.  Salvatoris  de  Gordis^et  fratribus  suis,  terram  de  Frogeria 
fD.  Mazet).  —  1224,  Wilhemus.  fllius  Elfredi,  dat  otagium  in 
terra  Frogeria  de  Riallum.  —  1234,  Don  d'un  terrage  par 
Theobaldus  Arpini,  miles,  dominus  de  Progeriis  ». 

8  aoûtl648,  Pierre  de  Gorneillaud,  sgr  de  la  Coudraye-Noyers, 
avoue  être  redevable  au  seigneur  de  la  Frogerie  de  quatre  sei- 
zièmes de  grosse  avoine  rendable  à  la  Périnière,  paroisse  de 
Saint-Pierre  d'Echaubrognes,au  terme  de  Notre-Dame  Ange- 
vine, et  mesure  de  Maulévrier.  A  l'article  de  la  Goudraye- 
Noyers,  nous  avons  vu  une  damoiselle  Golbert  de  la  Frogerie 
poursuivant  longuement  un  procès  relatif  à  cette  môme  rente 
due  sur  le  village  de  la  Plaine.  —  Louis  Gabriel  de  Rorthays, 
branche  de  la  Popelinière,  épouse,  le  14  juillet  1688,  Marie 
Anna  Robert  de  la  Frogerie  (Bbauchet-Fillbau).  La  dite 
seigneurie  passa  aux  XVII  et  XVIII^  siècles  aux  seigneurs 
de  Maulévrier,  les  Gouffler  d'abord^  et  les  Golbert  ensuite,  aug- 
mentant d'un  titre  de  plus  la  nombreuse  liste  des  seigneuries 
dont  ces  hauts  et  puissants  seigneurs  étaient  les  titulaires. 

C'est  de  la  Frogerie  que  Tonnelet  était  garde-chasse  en  1793, 
etc*est  de  là  qu'il  partit,  lors  de  l'insurrection  vendéenne,  à  la 
tête  de  ses  150  hommes,  pour  aller  rejoindre  à  Villefort  son 
camarade  Stofflet. 

La  Frogerie,  comme  laGuictiardière,  Loumoiset  Touvois, 
faisait. autrefois  partie  de  la  paroisse  de  Saint-Hillaire  des 
Echaubrognes. 


136  LES  iCHAUBROONBS 


LA  GUIGHARDI&RE 

A  petite  distance  de  Loumois  et  de  Touvois^  mais  sur  la 
rive  opposée  de  la  Moine,  est  assise  la  vieille  maison  noble  de 
la  Guichardière  :  elle  occupe  Textrôme  pointe  d'un  coteau  au 
pied  duquel  coule  la  petite  rivière^  laquelle  en  cet  endroit  sert 
maintenant  de  limite  entre  Maulévrier  et  les  Echaubrognes . 
C'est  là  que  la  Moine  reçoit  le  ruisseau  de  Touvois  ou  de  la 
Planche -aux-Moines»  qui  un  peu  plus  haut  a  fait  tourner  le 
moulin  de  Moreau.  L'enceinte  du  logis  est  flanquée  de  quatre 
tourelles  ;  un  pont-levis  jeté  sur  un  fossé,  maintenant  com- 
blé, rejoignait  le  manoir  au  coteau,  à  son  seul  point  accessible, 
le  midi.  La  chapelle  et  les  servitudes,  ici  encore,  rayonnaient 
autour  de  la  cour  intérieure.  Une  grosse  tour  est  surmontée  de 
sa  toiture  aiguë  recouverte  d'ardoises^  tandis  que  le  double 
corps  de  logis  est  couvert  en  tuiles.  Tout  l'ensemble  paraît 
remonter  au  milieu  du  seizième  siècle.  Le  prieuré  de  la  Gui- 
chardière relevait  de  Bellefontaine.  En  167C^  en  était  seigneur 
François  de  Soussay.  Ses  descendants,  Louis  et  Alexandre  de 
Soussay,  l'habitaient  encore  en  1740.L'alné  faisait  valoir,  outre 
son  propre  domaine,  celui  de  la  Sicardière,  devenu  vacant 
par  le  supplice  de  François  Garnier.  Pour  obtenir  cette  exploi- 
tation il  s'était  porté  caution  pour  Jacques  Routier,  fermier  à 
la  Petite-Roche,  même  paroisse  de  Saint-Hilaire,  à  qui  elle 
avait  été  adjugée  pour  la  somme  de  380  livres  de  ferme. 

Malgré  leur  participation  à  ces  travaux  champêtres,  nos 
seigneurs  avaient,  paratt-il,  des  loisirs,  et^  entre  temps,  ils  se 
livraient  dit-on,  à  la  fructueuse  contrebande  sur  le  sel  dont 
nous  avons  déjà  dit  un  mot  ailleurs.  Les  greniers  i  sel  de 
Gholet,  Ch&tillon,  Saint-Laurent,  etc,  [n'approvisionnaient 
guère  que  ces  localités  même  ;  et  le  reste  du  pays  vivait  de 
contrebande.  Or,  le  Poitou  était  exempt  de  l'exercice  de  la  ga- 
belle^ tandis  que  dans  l'Anjou  on  était  assujetti  à  des  droits 
exorbitants.  Les  faux-sauniers,  et  notre  Louis  de  Soussay  de- 


LB8  ÉGHAUBR0GNE8  137 

vait  être  du  nombre,  armés  jusques  aux  dents,  circulaient 
librement,  bien  que  clandestinement,  dans  le  pays,  péné- 
traient même  quelquefois  jusqu'aux  salines^  malgré  le  carcan, 
la  marque  et  les  galères,  auxquels  ils  étaient  condamnés  en 
cas  d'arrêt.  Ils  vendaient  ensuite  à  prixréduitdans  les  châteaux 
et  les  villages  le  sel  qu'ils  colportaient  en  fraude.  Le  peuple 
détestait  les  «  Gabeloux  et  la  Justice  t^ottée  »  qui  les  pro- 
tégeait; et,  dans  les  rencontres  qu'ils  faisaient  entre  eux,  il  y 
avait  souvent  des  rixes,  des  blessures,  voire  même  quelque- 
fois des  morts.  Il  en  fut  ainsi  de  notre  Louis  de  Soussay 
qui  fut  assassiné,  vers  Pâques  de  l'année  1738,  par  les  em- 
ployés  de  la  gabelle  de  la  brigade  de  Saint-Laurent-sur-Sèvre. 
Nous  voyons,  par  une  des  pièces  du  procès  delaSicardière, 
que  Louis  de  Soussay  avait  eu  de  son  mariage  avec  Marie- 
Anne  de  RicheteaU;  un  fils  dont  son  frère  Alexandre  fut 
ensuite  nommé  le  tuteur.  La  veuve  eut  beau  déclareç  que 
n'ayant  point  été  en  communauté  de  biens  avec  son  mari,  elle 
ne  voulait  point  s'embarrasser  dans  le  bail  judiciaire  de  la 
Sicardière,  son  beau-frère  n*en  fut  pas  moins  obligé,  pour  gérer 
ses  intérêts  de  se  porter  comme  opposant  à  la  délivrance  des 
800  livres  que  réclamait  le  sieur  Golombat,  fermier  du  domaine 
et,  à  celle  de  900  livres  que  demandait,  de  son  côté,  le  sieur 
Jolly,  sous-fermier  des  francs-fiefs  ;  se  fondant,  dans  ce  ref us^ 
sur  ce  que  la  saisie  faite  parles  susdits  des  fruits  dudit  domaine 
avait  empêché  l'adjudicataire  de  pouvoir  en  jouir  tranquille- 
ment. A  ce  défaut  de  se  livrer  à  la  contrebande,  nos  bons 
gentilshommes  joignaient  encore  celui  d'un  amour  effréné  du 
jeu.  Je  ne  sais  lequel  d'entre  eux  sacrifia  sa  fortune  à  cette 
passion  funeste.  Un  montre  encore^  au  delà  du  village  des 
Vannes,  une  prairie  qu'il  perdit  par  suite  d'un  coup  malheur 
reux  du  sort.  Mais  en  dépit  de  tous  ces  défauts,  et  malgré  leur 
rudesse,  ils  n'en  avaient  pas  moins  l'amour  de  la  famille  et 
du  foyer,  ainsi  qu'on  va  pouvoir  en  juger  par  la  lettre  suivante 
du  chevalier  de  Soussay  à  sa  femme,  Renée  -  Marguerite 
Gauvain. 


1 
^ 


138  LES  ÉGHAUBROONES 

«  De  la  Fontaine,  ce  4  may  1740. 

Ma  très  chère  femme.  J'ai  l'honneur  de  vous  écrire  celle-ci 
pour  m'informer  de  Tétat  de  votre  santé  qui  m'est  aussy  chère 
que  la  mienne.  Je  vousdiray,  ma  très  chère  femme,  que  mes 
frères  sont  arrivés  le  4  du  mois,  dont  ils  me  disent  qu'il  me 
faut  votre  procuration  ;  c*est  pourquoy  je  vous  envoyé  Saint- 
Jouin.  Sitôt  qu'il  sera  arrivé,  je  vous  prie  d'envoyer  quérir  un 
notaire  à  Maulévrier  parce  qu'il  faut  qu'il  parte  dès  le  lende- 
main. Je  vous  prie  de  vous  conserver  et  de  vous  gouverner, 
de  ne  point  vous  impatienter  de  moy.  Je  me  porte  très  bien, 
Dieu  merci,  je  suis  et  je  seray  toute  ma  vie,  ma  très  chère 
femme,  votre  très  humble  et  tout  affectionné  serviteur.  Da 
SoussAY,  chevalier  de  la  Guichardière^ 

Tous  mes  frères  et  sœurs  vous  embrassent  et  vous  saluent. 
Je  vous  diray,  ma  chère  femme^  si  je  ne  suis  pas  pour  lafoire^ 
vous  amènerez  les  deux  veaux  pour  les  vendre.  Je  vous  diray 
que  mes  chers  frères,  ils  ont  été  très  mortifiés  de  votre  ma- 
ladie, et  très  fâchés  de  ne  point  vous  voir.  Je  vous  diray  que 
nous  voulons  faire  des  partages  définitifs,  tant  de  père  que  de 
mère,  par  le  môme  acte.  » 

A  cette  pièce  est  adjointe  la  procuration  démandée,  faite  le 
lendemain,  par  Pierre  Bodi,  notaire  royal  à  Maulévrier,  par 
laquelle  dame  Renée-Marguerite  Gauvain,  fille  de  défunt 
messire  François  Gauvain,  chevaHer,  et  épouse  de  M.  Alexandre 
de  Soussay ,  chevalier  de  la  Guichard  ière*,  y  demeurant,  paroisse 
Saint-Hilaire  d'Echaubrognes,  autorise  ce  dernier  à  renoncer 
à  la  succession  de  feu  sieur  François  Gauvain,père  de  ladite 
demoiselle.  Signé,  Renée  -  Marguerite  Gauvain,  p'  certifier 
véritable. 

La  Guichardière  est  ensuite  devenue  la  propriété  du  cheva- 
lier Hay  de  Slade  ;  puis,  au  moment  de  la  Révolution,  elle 
appartenait  à  M.  Pierre  Charrier  qui  y  fut  assassiné  par  les 
bleus,  le  23  janvier  1794.  Son  fils,  M.  Pierre  Charrier,  fut 
un  des  derniers  maires  de  la  commune  de  Saint-Hilaire  des 
Ëchaubrognes. 


LIS  ÉCHAUBROQNSS  139 


LANDEBEHOËRE 

Celui-là  ne  peut  se  faire  une  idée  du  cbarme  que  présente  le 
séjour  à  la  campagne,  dans  notre  Vendée,  qui  ne  Ta  pas  vue 
au  printemps,  alors  que  ses  champs  et  ses  prairies  sans 
nombre,  revôtus  d'une  verdure  naissante,  semblent  être  un 
immense  tapis  sur  lequel  les  haies  et  les  buissons  forment 
mille  dessins  capricieux.  C'est  dans  un  des  sites  qu'ils  font 
ainsi»  qu'apparaît  le  petit  castel  de  Landebergère  situé  à  une 
demi'lieue  environ  des  Echaubrognes,  entre  les  deux  chemins 
conduisant  Tun  à  Moulins  et  l'autre  à  notre  nouvelle  paroisse 
de  Loublande.  Vues  à  dislance,  du  sommet  du  coteau  qui  leur 
fait  face,  sur  la  route  de  Moulins,  ces  ruines  apparaissent 
comme  encadrées  dans  un  massif  de  verdure.  Des  arbres 
grands  et  vigoureux  ont  en  effet  surgi  au  milieu  desdécombres 
et  sur  le  bord  des  douves.  Des  buis  magnifiques,  plantés  là 
autrefois  comme  de  simples  bordures,  sont  devenus  arbres  à 
leur  tour  et  font  comme  une  ceinture  au  vieux  castel  ;  tandis 
que  sur  la  terrasse  et  dans  le  jardin,  de  grands  marronniers 
entremêlent  leur  feuillage  avec  celui  des  ifs  et  cachent  aux  re- 
gards des  passants  ces  pittoresques  ruines  encore  en  partie 
recouvertes  du  côté  de  TOuest  surtout,  par  des  lierres  dont 
les  milliers  de  griffes'  contribuent  du  moins  à  soutenir  leurs 
murailles  chancelantes.  Une  petite  avenue,  plantée  irréguliè- 
rement de  noyers  plus  que  séculaires,  bien  décrépits,  et  que 
Ton  ne  songera  point  à  renouveler,  longe  le  jardin  et  conduit 
à  une  cour  extérieure  qui  précède  le  logis.  Celui-ci  est  encore 
entouré  de  ses  fossés  ou  douves  qu'alimente  une  fontaine 
située  vis-à-vis  la  porte  d'entrée.  Dans  ces  douves  peu  pro- 
fondes^ croupit  au  milieu  de  grandes  herbes,  de  décombres  et 
de  broussailles,  une  eau  bourbeuse,  recouverte  d'un  épais 
limon.  Un  pont  étroit  donne  accès  dans  la  cour  intérieure.  On 
y  pénètre  par  une  porte  surmontée  d'armoiries  à  demi  effacées 
et  grossièrement  sculptées  sur  le  granit.  Deux  petits  pilastres 


140  LBS   ÉCHAUBR00NE8 

cannelés  servent  de  support  à  Técu  dont  le  champ  porte  un 
lion  accompagné  de  deux  croissants  montants.  Une  singularité 
de  cet  écusson  c'est  quMl  est  représenté  renversé,  pointe  en 
haut,  une  sorte  de  couronne  ou  peut-être  de  lambel,  y  sur- 
monte lesdites  pièces.  La  vieille  porte  en  chêne  est  d'une 
grande  épaisseur  et  garnie  de  gros  clous.  En  pénétrant  dans 
la  cour  on  voit;  à  main  gauche,  le  corps  du  logis  dont  la  face 
regarde  le  levant.  Une  portion  du  vieux  manoir,  quelque  peu 
séparée,  sert  de  demeure  au  tenancier,  Tautre  est  demeurée 
telle  que  l'a  laissée  l'incendie  révolutionnaire.  Le  temps  a 
donné  à  toutes  ces  ruines  un  cachet  de  poétique  mélancolie  ; 
rien  surtout  de  triste  et  désolée  comme  la  partie  des  b&timents 
qui  n'a  pas  été  réparée  depuis  la  Révolution.  Il  n'y  a  plus  là 
debout  que  les  murailles  ;  plqs  de  toiture,  plus  de  séparations 
intérieures,  encore  moins  de  planchers,  la  pierre  seule  a  sur- 
vécu, mais  le  vieux  squelette  résiste  et  semble  presqu'intact. 
Une  petite  porte,  envahie  par  les  décombres.,  donne  entrée  dans 
l'intérieur  des  ruines,  où  Pon  aperçoit  par  les  fenêtres  et  au- 
dessus  de  l'entablement  ces  grands  arbres  qui  ont  poussé  le 
long  des  salles  désertes.  Une  sorte  de  moucharaby,  percé  de 
plusieurs  archères,  et  perché  à  l'angle  oriental  de  la  façade, 
était  là  comme  pour  surveiller  l'entrée  et  au  besoin  pour  servir 
à  la  défendre.  Dans  cette  même  partie  des  ruines  se  trouvait  le 
petit  oratoire^  autrefois  pièce  obligée  de  chaque  logis  dont  les 
étroites  dimensions  ne  permettaient  pas  la  présence  d'une 
chapelle.  Les  salles  étaient  largement  éclairées  par  de  vastes 
fenêtres  encore  maintenant  garnies  de  leur  meneau  en  croix. 
On  peut  voir  aux  cheminées  superposées  des  divers  étages,  les 
jambages  ornés  de  belles  moulures,  et  leurs  larges  manteaux 
surplombant  maintenant  dans  le  vide.  La  porte  du  logis,  à 
deux  battants  et  en  chêne  massif,  ornée  de  gros  clous,  témoi- 
gne elle  aussi  de  l'intention  qu'on  a  eue  de  se  mettre  à  Tabrl 
d'une  surprise  :  précaution  du  reste  que  la  situation  isolée  du 
vieux  manoir  suffirait  à  elle  seule  à  justifier.  Cette  porte  est 
accolée  de  deux  pilastres  surmontés  ri'une  archivolte.   En 


L£S   ÉGHAUBROONES  141 

retour  d'éqoerre,  un  autre  corps  de  logis,  moins  élevé,  a  des 
fenêtres  géminées  et  cintrées  qui  rappellent  davantage  encore 
la  renaissance.  Là,  au  premier,  est  une  vaste  salle  servant 
maintenant  de  grenier  à  blé  ;  elle  se  termine  par  une  tourelle 
bâtie  en  encorbellement  sur  les  douves.  Une  chambre  de 
l'étage  supérieur  reînferme  un  cadre  dédoré  où  Ton  voit  im- 
.  primée  sur  une  soie,  jadis  blanche,  une  thèse  de  philosophie 
dontle  texte  imprimé  est  surmonté  d'une  gravure  représentant 
la  sainte  Vierge.  On  lit  au-dessous  :  «  Has  conclusiones,  Deo 
duce,  et  sub  auspiciis  B.  M.  V.  propugnabit  m  collegio  .. 
(effacé)  societatis  Jesu,  Joannes  Courtin,  fonteniacensis,  ma. 
gister  laureatus...  die  mensis  augusti  1674.  »  Et  plus  bas,  un 
écusson  fort  endommagé,  porte  :  d'argent  au  chevron  d'or, 
accompagné  de  trois  quinte  feuilles,  et  au  chef  chargé  de  trois 
étoiles  avec  un  casque  d^écuyer.  Ce  sont  les  armoiries  de  la 
famille  Courtin,  de  Pontenay.  Nous  devons  àTétat  d'abandon 
môme  dans  lequel  est  demeuré  Landebergère  depuis  la  Révo- 
lution, de  la  trouver  à  peu  près  telle  que  l'avaient  quittée  ses 
anciens  maîtres  :  seuls,  la  petite  futaie  qui  avoisinait  le  manoir 
et  plusieurs  magnifiques  arbres  qui  ornaient  le  jardin  et  les 
prieurés  voisins,  ont  disparu.  Dans  un  vieux  titre  de  la  Cou- 
draye-Noyers,  en  date  du  24  avril  1664,  il  est  dit  que  la 
Oaudière,  de  la  Petite-Ecurie,  était  tenue  par  les  seigneurs  de 
Landebergère.  Ils  percevaientégalementune  rente  deîcharges 
de  blé  sur  la  Grande-Ecurie.  En  1718,  M.  Pierre  Rochard, 
écuyer,  sieur  de  Landebergère,  conseiller  secrétaire,  du  roy, 
auditeur  à  la  Chambre  des  Comptes  de  Bretagne,  à  Nantes, 
intente,  de  concert  avec  P.  Gyerault,  sieur  de  la  Coudraye- 
Noyers,  un  long  procès  au  sujet  d'une  rente  sur  la  Gautresche, 
laquelle  consistait  en  sept  septiers  de  seigle,  le  charroi  d'une 
tonne  de  vin  pris  à  Pontenay,  de  Mauzé,  et  rendable  à^la 
Grande-Métairie  de  Boissière,  plus  deux  moutons  de  deux  ans, 
avec  leur  laine,  deux  oies  et  deux  chapons.  Messire  Alexandre 
Cousseau  de  la  Richardière,  sénéchal  de  Mauléon,  leur  donna 
gain  de  cause,  et  réclama  en  même  temps  aux  propriétaires 

TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVl*  ANNÉE,  3«-4«  LIV.  11 


142  L£8   ÉOUAUBROaNES 

de  la  Qautresche  deux  septiers  de  blé,  cinq  sols,  plus  une 
géline  et  une  trousse  de  paille  de  rente  féodale  qu'ils  devaient 
aux  sires  de  Mauléon . 

Le  11  décembre  1733,  ce  mâme  Pierre  Rochard  de  Lande- 
bergère  est  dit  avoir  hérité  du  fief  du  Pasty  situé  à  Fontenay  ; 
il  le  tenait  du  chef  de  sa  femme,  demoiselle  Marguerite  Courtin, 
fille  unique  de  Marguerite  Pichard  et  de  Jean  Courtin,  conseiller 
honoraire  au  siège  royal  et  sénéchaussée  de  Fontenay  :  (c'est 
le  môme  qui  a  soutenu  la  thèse  de  philosophie  mentionnée 
plus  haut).  Remarquons  en  passant  que  c'est  à  tort  que 
M.  Beauchet  Filleau  dans  son  Dictionnaire^  1. 1,  p.  528,  attribue 
N.  Pichard  comme  épouse  à  Pierre  Rochard,  car  Marguerite 
Pichard  était  sa  belle-tnère.  Demoiselle  Marie-Marguerite 
Rochard  de  Landebergère,  fille  de  Pierre  Rochard  et  de  Mar- 
guerite Courtin,  épousa»  par  contrat  du  7  janvier  1737,  Victor- 
Gabriel  Buor,  chevalier  sgr  de  la  Gobinière.  Nos  registres 
paroissiaux  mentionnent  ledit  Gabriel  comme  ayant  été  témoin, 
le  18  août  1750,  au  mariage  de  son  jardinier,  René  Périgeois, 
originaire  de  Précigné,  alors  du  diocèse  d* Angers.  L'année 
suivante,  cette  demoiselle  Marguerite  Rochard  de  Landeber- 
gère,  femme  de  Gabriel  Buor,  est  marraine,  et  Louis  Guinoy- 
seau  de  la  Saunerie  est  parrain  du  second  enfant. 

Victor-Gabriel  Buor  n'existait  plus  lors  du  mariage  de 
Marie-Marguerite,  sa  fille  unique,  qui  le  5  octobre  17Ô2, 
épousa  Louis  Buor  de  Boislambert,  son  cousin.  Les  Buor,  ai 
nombreux  au  Poitou  qu*un  proverbe  disait  :  «  Battez  les 
buissons,  il  en  sortira  des  Buor  »,  avaient  donc  étendu  un  de 
leurs  rameaux  jusque  dans  notre  paroisse.  Les  Buor,  dit 
M.  B.  Pillon,  membres  d'une  lignée,  pauvre  d'or,  mais  riche 
de  cœur,  et  comptant  parmi  leurs  ancêtres  le  bon  chevalier 
c(  aux  marches  du  Poitou  »  dont  parle  Froissard,  et  parmi  leurs 
alliances  les  du  Guesclin  et  les  Clisson.  La  famille  de  Buor 
porte  :  d'argent  d  3  coquilles  de  gueides,  au  franc-canton 
d*azur. 

Parmi  les  électeurs  de  la  noblesse  du  Poitou  en  1789,  figure 
Gabriel  Henri  Rochard,  écu  yer,  sgr  de  Landebergère,  lieutenant 


Lies  ÉGHAUBROQNKS  143 

r 

de  nos  seigneurs  les  maréchaux  de  France.  Il  se  fait  repré- 
senter par  un  fondé  de  pouvoir,  et  est  pour  la  paroisse  de 
Dissais,  en  Bas-Poitou  (Mém.  des  Antiquaires  de  V Ouest ^  XXX, 
p.  408J.  A  Tarmée  des  Princes,  troupes  de  ligne  infanterie, 
compagniede  Dauphiné,  se  trouvait  Jacques-Augustin  Rochard, 
chevalier  de  Landôbergère,  capitaine  dans  ce  régiment  et  chef 
d'escouade  dans  la  compagnie.  (Beauchet-PilleaUjfimtgfre^  du 
Poitou,  p.  80). 

Au  commencement  du  siècle,Landebergère  appartint  quelque 
temps  à  M.  Grellier  du  Fougeroux  ;  maintenant  c'est  M.  Esprit 
Baudry,  ancien  maire  de  Cholet,  qui  en  est  le  propriétaire. 


LIVOIS 

u  II  existe  aux  Echaubrognes,  dit  M.  Berthelé,  plusieurs 
vieux  logis  seigneuriaux  :  le  plus  délabré,  le  plus  incomplet, 
mais  non  le  moins  pittoresque  est  le  château  de  Livois,  dont  il 
reste  encore  les  servitudes  et  une  partie  des  douves,  le  tout 
encadrant  quelques  débris  de  murailles  curieuses  ».  Qu'au- 
rait dont  dit  de  ce  castel  l'ex-archiviste  des  Deux-Sèvres,  s'il 
eût  pu  voir  Livois,  il  y  a  cinquante  ans,  alors  que  le  vieil  édi- 
fice, (bien  que  ayant  été  brûlé  par  les  révolutionnaires,  natu- 
rellement) était  encore  debout  tout  entier,  et  privé  seulement 
de  sa  toiture.  Je  l'ai  vu  moi-môme  encore  en  cet  état.  Il  repré- 
sentait merveilleusement,  mais  comme  en  miniature,  ces  châ- 
telets  ou  fortins  du  moyen-âge  qui,  avant  l'invention  de  la 
poudré,  étaient  construits  de  façon  à  résister  à  une  attaque 
même  assez  sérieuse.  Entouré  de  douves  vives,  séparé  des 
servitudes  et  de  la  cour,  autrefois  par  un  pont-levis  que  le 
temps  avaient  transformé  en  une  passerelle  soutenue  à  son 
milieu  par  une  pile  de  maçonnerie,  il  pouvait  fort  bien  main- 
tenir les  assaillants  à  distance.  Si  l'entrée  n'y  était  pas  protégée 
par  une  herse,  une  solide  porte  en  gros  barreaux  de  fer,  fa- 
çonnée en  forme  de  damier,  et  solidement  cadenassée,  à  l'ai- 


144  LES  ECHAUBROGNES 

(Je  d*une  serrure  que  maintenait  en  même  temps  un  verrou, 
protégeait  ou  interdisait  le  passage.  Cette  porte,  du.  reste, 
existe  encore,  et  a  été  transportée  àTouvois  par  M.  Le  Roux, 
actuellement  propriétaire  de  l'un  et  l'autre  manoir.  Par  le 
pont-levis  on  avait  accès  dans  une  cour  étroite  dont  la  mu- 
raille, au  midi,  s'abaissait  quelque  peu  afîn  de  laisser  accès  au 
soleil  et  d'éclairer  la  façade  du  logis.  Au  dedans  un  spacieux 
corridor  éclairait  deux  sa41es  basses,  et  contenait  un  escalier 
pour  desservir  Tétage  supérieur  dont  la  distribution  était  la 
même.  Le  tout  était  éclairé  au  midi  .et  au  nord  par  de  hautes 
fenêtres.  Une  sorte  d'échauguette  portée  en  encorbellement  par 
de  grosses  pierres  de  taille,  dont  on  peut  voir  encore  la  base, 
à  l'angle  nord-ouest  dominait  de  ce  côté  la  toiture.  Les  moulures 
qui  décoraient  les  fenêtres  et  les  portes,  indiquent  bien  la  fin 
du  XV"  siècle.  Son  propriétaire  .a  laissé  tout  cela  se  détério- 
rer à  plaisir.  Depuis  bien  des  années  les  douves  ont  été  en 
grande  partie  comblées,  les  murs  écroulés  ont  fournis  des 
matériaux  pour  édifier  sur  place  des  toits  pour  les  animaux  ; 
et  au  milieu  de  ces  ruines  aété  élevée,  en  ces  derniers  temps, 
je  ne  sais  quelle  informe  tour  carrée  qui  achève  de  déparer 
les  restes  de  l'ancienne  demeure.  Nous  verrons,  à  l'article  de 
Touvois,  que  la  famille  Raou]  du  Soulier  était  devenue  proprié- 
taire de  ce  logis,  qui  était  encore  habité  par  deux  de  ses  mem- 
bres au  moment  de  la  Révolution.  C'est  à  Livois  que  demeu- 
rait, avec  sa  fille  Marie,  dame  Clotilde  Cantineau  de  la  Char- 
pentrie,  veuve  de  M'**  Henri  de  Touvois,  lorsque  le  sieur 
François  Garnier  de  la  Sicardière  s'unit  à  elle  en  troisième 
noces^  vers  1729. 

LOUISIÈRE 

Sur  la  route  des  Echaubrognes  à  Châtillon  et  au  sommet  du 
plateau  qui  s'étend  entre  le  ruisseau  de  la  Picoulée  et  celui  de 
la  Planche-aux-Moines,  s'élève  le  vieux  logis  de  Louisière. 
Il  est  formé  d'un  seul  corps  de  bâtiment,  et  accosté  au  rai- 


LB8  ÉGHAUBROGNBS  145 

di  d'une  tour  carrée,  trapue,  avec  toiture  en  ardoises.  Il  do- 
mine le  paysage  quelque  peu  dénudé  des  alenfours.  Cecastel, 
avec  la  teinte  grisâtre  que  lui  a  donné  le  temps,  et  entouré  de 
murailles  de  clôture,  trouées  en  plus  d'un  endroit,  ressemble 
plutôt^  vu  de  la  voie  ferrée  qui  le  longe,  à  une  ruine,  qu'à  une 
habitation  méritant  le  titre  trop  pompeux  de  château.  Con- 
trairement à  ses  pareils,  cependant^  il  ne  paraît  pas  avoir  trop 
souffert  pendant  la  période  révolutionnaire.  Nulle  part  je  n'ai 
trouvé  trace  d'armoiries.  Son  ensemble  accuse  une  construc- 
tion du  XV1«  siècle.  Le  portail  d'entrée  surmonté  de  son 
cintre  a  disparu.  La  pièce  principale  de  l'habitation  est  une 
vaste  salle  avec  cheminée  de  première  grandeur  et  dont  le 
manteau  repose  sur  deux  énormes  consoles.  Deux  poutres 
supportent  le  plancher.  On  arrive  à  Tétage  supérieur  par  un 
vaste  escalier  en  pierre  qui  occupe  tout  Tintérieur  de  la  grosse  , 
tour  dont  nous  avons  parlé.  Dans  une  des  pièces  du  logis  se 
voyait  encore,  il  y  a  une  soixantaine  d'années,  une  armure 
complète  de  chevalier  que  le  propriétaire  a  fait  disparaître 
depuis. 

Les  redevances  dont  cette  seigneurie  était  grevée  envers 
Tabbaye  de  la  Trinité  de  Châtillon  paraissent  avoir  donné  du 
souci  aux  religieux.  Ils  durent  avoir  à  soutenir,  vers  15Ô0,  un 
procès  considérable  à  cette  occasion,  comme  il  appert  par  leur 
pouillé  rédigé  en  1669  et  années  suivantes,  par  l'un  d'eux, 
frère  Jacques  Thieulin.  Voici  les  notes  que  j'y  ai  trouvées 
éparses,  et  qui  sont  presque  tout  ce  que  j'ai  pu  butiner  con- 
cernant Louisière. 

«  Sur  la  maison'de  Louisière  paroisse,  d'Echaubrognes,  il  est 
dû  au  3  -septembre,  30'  8»  8<*  comme  rente  provenant  du 
procès  de  Louisière^  pour  la  poursuite  duquel  on  a  amorti  cinq 
ou  six  anniversaires.  Cette  rente  doit  tenir  lieu  des  anniver- 
saires amortis.  —  Le  couvent  est  tenu  à  faire  un  anniversaire 
pour  frère  Pierre  Torode,  prieur  de  Saint-Pierre  (de  Mauléon) 
le  7.  février.  Il  a  donné  100'  qui  sont  employées  au  procès 
de  Louisière.  Plus  un  anniversaire  pour  Jean  de  Gaucourt, 


146  LBS   ÉCHAUBROONES 

abbé,  le  jeudi  d'après  les  cendres  ;  il  a  donné  100^  qui  sont 
employées  au  procès  de  Louisière.  Plus  un  anniversaire,  le 
16  mars,  pour  frère  Jean  de  Bons,  provost  ;  outre  l'anniver- 
saire, tous  les  prebstres  de  l'abbaye  sont  obligés  de  dire  une 
basse  messe,  il  a  donné  pour  cela  sept  livres  sur  Louisière, 
Plus  un  anniversaire  pour  frère  Laurent  Mail ineau,  prieur  de 
Tabbaye,  le  18  novembre,  lequel  a  donné  100^  qui  sont 
employées  au  procès  de  Louisière.  Sur  Louisière,  paroisse 
d'Echaubrognes,  appartenant  à  Jacques  Boisson^  écuyer,  sieur 
delà  Guierche,  en  Saint-Amand,  est  due  au  couvent  la  somme 
de  700*  de  rente  foncière  rendable,  terme  de  chacun  8*  jour  de 
septembre.  Sur  Louisière,  paroisse  de  Saint-Pierre  d'Echau- 
brognes,  appartenant  à  François  Sapinaut,  écuyer.  sieur  de 
Bois-Huguet,  est  dû  au  couvént30*8"8'  de  rente  hypothécaire, 
par  contrat  passé  par  Fuseau  notaire  à  Mauléon,  le  7  septem- 
bre 1686.  Cette  rente  est  remboursée  et  les  arrérages  entière- 
ment payés  par  le  bois  d*Aubert.  » 

La  famille  Sapinaut,  maintenue  noble  par  sentence  rendue 
par  M.  Rouillé  du  Coudray,  le  24  mars  1670,  porte  d'argent  à 
trois  mer leUes  de  sable.  «  Le  21  mars  1701,  Jacques  Gillebert 
de  la  (Petite)  Louisière,  procureur  fiscal  à  Mauléon,  offre  foy 
et  hommage,  et  présente  son  aveu  au  seigneur  de  Graude- 
Louisière,  pour  raison  de  la  Petite-Loqisière,  et  il  a  consigné 
50  livres  et  4  boisseaux  et  demi  de  bled  pour  le  rachapt  de  la 
moitié  dudit  lieu,  regardant  le  Poitou,  deub  par  le  décez  de  sa 
mère.  Laquelle  consignation  dame  Bonne  de  Laurens,  au  nom 
et  comme  tutrice  d'Urbain  Boisson  son  fils,  a  retirée  de  Challet, 
le  1**'  avril.  Te  tout  suivant  Tacte  d'offre  fait  par  Brosseau  et 
ledit  Chdllet  qui  en  a  la  minute,  quittance  estant  au  pied.  » 

Livre  de  Raison  de  J.  Gillbbkrt. 

(Voir  plus  loin) 


LBS   ÉGHAUBROGNBS  147 


L0UM018 

En  face  du  chAteau  de  Maulévrier,  vers  le  midi,  s'élevait 
encore  à  la  fin  du  dernier  siècle  le  manoir  de  Loumois.  La 
Moine,  née  à  quelques  kilomètres  de  là,  vient  en  serpentant 
jusqu'au  pied  du  tertre  sur  lequel  est  assis  le  premier  ;  elle 
baignait  pareillement  les  murailles  du  second,  situé  vers  le 
bas  du  coteau  qui  lui  fait  face.  Ce  n'est  que  depuis  peu,  que  le 
cours  de  la  petite  rivière  a  été  redressé.  Le  riant  vallon^  au 
milieu  duquel  ce  ruisseau  serpente  doucement,  était  prédestiné 
par  son  assiette  tranquille  a  être  choisi  de  bonne  heure  comme 
lieu  d*habitation.  Dès  le  milieu  du  XVI*  siècle,  le  chevalier  qui 
habitait  Thébergement  de  Loumois,  faisait  à  nouveau  la  pieuse 
fondation  que  nous  allons  rapporter,  et  il  ne  fait  que  rebâtir 
la  chapelle  qui  en  assurera  le  service.  Le  site  est  toujours 
demeuré  charmant  ;  mais  chapelle  et  manoir  ont  disparu 
depuis  longtemps.  Jadis  des  chênes  gigantesques  formaient 
comme  une  ceinture  au  manoir  ;  les  chênes  ont  disparu  à  leur 
tour,  ou  plutôt»  un  seul  est  demeuré,  mais  au  lieu  de  protéger 
les  tourelles  du  vieux  castel,  il  n'a  plus  pour  emploi  que  de 
garder  contre  les  rayons  du  soleil  les  instruments  aratoires 
du  fermier  qui  encore  ici,  a  remplacé  les  anciens  seigneurs. 
Mais,  si  le  castel  n'existe  plus,  du  moins  son  souvenir  n'est  pas 
entièrement  effacé,  et  grâce  à  une  précieuse  charte  du  Béné- 
dictin D.  Fonteneau,  nous  allons  pouvoir  faire  un  instant 
revivre  un  passé  vieux  déjà  de  cinq  ou  six  siècles. 

«  Année  1342,7  mai. —  Confirmation  faite  par  Jean,  évoque  de 
Maillezais,  d'une  chapelle  fondée  par  Rainaud  de  Trocha,  che- 
valier seigneur  de  Lomaye,  dans  son  hébergement  de  Lomaye 
situé  près  de  Maulévrier  et  dans  la  paroisse  Saint-Hilaire 
d'Echaubrognes.  » 

(Original.  Abbaye  de  la  Grènetière.  Dom  Fonteneau  IX, 
p.  270.) 

tt  Frère  Jean,  par  la  volonté  de  Dieu,  évoque  deMaillezais,  à 
tous  ceux  qui  les  présentes  verront  et  entendront,  salut  en 


148  LES  ÉGHAUB ROGNES 

celui  qui  est  appelé  le  vrai  salut.  Savoir  faisons  à  tous  que 
par  devant  nous,  noble  Rainaud  de  Trocha,  chevalier,  sei- 
gneur de  Lomaye  en  son  hébergement  situé  près  de  Maulé- 
vrier  et  dans  la  paroisse  de  Saint-Hilaire  d'Êchaubrognes  de 
notre  diocèse  de  Maillezais,  préoccupé  de  son  salut  par  un 
mouvement  de  pieuse  religion,  après  s'ôtreen  préalable  assuré 
de  notre  vouloir  et  consentement,  en  l'honneur  de  la  sainte  et 
indivisible  Trinité,  de  la  glorieuse  Vierge  Marie  et  de  tous  les 
saintS;  pour  le  salut  de  son  âme,  celui  de  ses  parepts  et  amis, 
a  de  nouveau  fondé  une  chapelle  dans  son  hébergement  de 
Lomaye.  Cette  chapelle  il  l'a  dotée  ainsi  que  son  chapelain, 
sur  ses  biens  et  revenus  propres.  Il  a  légué  à  perpétuité  pour 
son  entretien  et  celui  de  son  chapelain  une  terre  au  village 
appelé  communément  la  Roche-Vitet,  avec  tous  ses  droits  et 
appartenances,  dans  un  fief  du  susdit  seigneur,  situé  dans  la 
paroisse  de  Saint-Hilaire  d'Izernay.  En  outre,  cinq  septiersde 
seigle,  mesure  de  Maulévrier^que  Jehan  Audebaud,  seigneur 
de  laPéronère,  doit  comme  revenu  annuel  et  perpétuel  lai 
payer  sur  sa  dîme  du  Grore,  paroisse  des  Aubiers,  lesquels 
cinq  septiers  de  seigle,  mesure  susdite,  ledit  Audebaud  est 
tenu  de  livrer  audit  noble  homme  tous  les  ans,  soit  au  manoir 
de  Lomaye  soit  à  Maulévrier,  le  dimanche  qui  suit  l'Assomp- 
tion de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  donne  de  plus  ledit 
seigneur  deux  cantons  de  vigne  à  lui  appartenant  situés  près 
deMéhondu,  au  Champ  de  Bataille  (?)  en  la  châtellenie  qu'on 
nomme  communément...  quitte  et  nette  de  toute  redevance, 

sauf  la  dîme  que  le  chapelain  d'alors  sera  tenu (déchiré) 

. . .  d'Aubigné*....  En  outre  ledit  seigneur  a  jjonné  à  la  Châ- 
tellenie et  au  chapelain  cinquante  sols  en  monnaie  courante 
de  revenu  annuel  et  perpétuel.  A  savoir  vingt-cinq  sols  pris 
et  assignés  sur  sa  terre  de  la  Poiteguinière,  sise  en  la  paroisse- 
de  Saint-Pierre  d'Kchaubrognes,  payables  et  rendables  chaque 
année  en  la  fôte  de  l'Assomption  de  la  Bienheureuse  Vierge 

*■  Une  ferme  de  Nihondi  se  llrouve  dam  la  paroisse  d*Aabigné  canton    de 
Vihiers  (Maine-et-Loire). 


LBS  ÉGHAUBROONBS  149 

Marie,  et  dix  sols  de  la  susdite  monnaie,  prélevés  et  établis  sur 
la  Basse-Lande,  près  de  la  terre  et  pacage  aux  Maoasseaux 
en  la  paroisse  de  Saint-Hilaire  d'Bchaubrognes,  payables  et 
rendables  à  perpétuité  chacun  an  au  saint  jour  de  Pâques,  et 
quinze  sols  à  prendre  sur  les  cens  et  redevances  autres  que  le- 
dit seigneur  possède  et  a  coutume  de  percevoir  en  la  paroisse 
de  Maulévrier,  payables  à  perpétuité,  chacun  an  en  la  fête  de 
Saint  Aubin.  Ledit  seigneur  transfère  à  ladite  chapellenie  et 
au  chapelain  qui  y  sera  nommé  tous  les  titres  de  propriété  et 
de  possession  dont  lui-même  jouit  ou  peut  jouir  sur  les  choses 
susdites.  Mais  pour  lui,  et  pour  ses  héritiers  à  venir,seigneurs 
de  Lomaye,  selon  qu'ils  seront  au  moment,  ledit  seigneur 
se  réserve  douze  deniers  de  redevance  franche  sur  toutes  les 
choses  susdites,  etce,  à  perpétuité  et  payables  chacun  an,  par 
le  chapelain  qui  y  sera,  le  dimanche  d'après  la  Nativité  de  la 
Bienheureuse  Vierge  Marie,  pour  toute  redevance  féodale. 
En  fondant  la  dite  chapelle  le  seigneur  de  Lomaye  pour  lui, 
ses  héritiers,  ses  successeurs  ou.  ses  ayants-cause  a  retenu  le 
droit  de  patronage  ou.de  représentation,  droit  expressément 
exercé  cette  première  fois,  et  qui  le  sera  pareillement,  autant 
de  fois,  que  la  chapellenie  viendra  à  vaquer  de  quelque  façon 
que  ce  soit.  Ce  droit  de  patronage  ou  droit  de  présentation, 
nous  le  réservons  au  dit  seigneur  et  à  ses  héritiers,  et  ayants 
cause  appartenant  à  la  maison  de  Lomaye,  et  nous  avons 
gardé  et  gardons  collation  et  institution  du  chapelain  de  la- 
dite chapellenie,  toutes  les  fois  que  le  cas  se  présentera.  De 
plus  ledit  seigneur,  dans  la  fondation  de  cette  chapellenie  a 
ordonné  que  le  chapelain  serait  tenu  rigoureusement  à  célé- 
brer trois  messes  chaque  semaine  en  la  chapelle  dudit  héber- 
gement de  Lomaye  réédiflée  par  ledit  seigneur,  à  savoir,  la 
première  pour  les  défunts,  la  seconde  de  l'Esprit-Saint,  la  troi- 
sième de  la  Bienheureuse  Marie,  mère  de  Jésus  Christ.  Et 
pourra  ledit  seigneur  ou  tout  autre  qui  possédera  ledit  do- 
maine de  Lomaye,  faire  célébrer  l'office  divin  par  son  chape- 
lain ou  un  autre  prêtre  approuvé,  chaque  dimanche,  aux  fêtes 


150  LES  ÉCHAUBROGNES 

solennelles  de  NoôU  de  P&ques,  de  TAscension,  de  la  Pente- 
côte, deTAssomption  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie,  et  de 
Tous  les  Saints,  à  voix  basse,  secrètement,  à  huis  clos,  avant 
la  messe  paroissiale,  en  présence,  du  ch&telaîn  ou  de  la  châ- 
telaine, de  leurs  enfants  et  des  amis  qui  peuvent  leur  survenir, 
à  Texclusion,  toutefois,  des  excommuniés  et  des  interdits.  Mais 
la  messe  paroissiale  dite  aux  jours  sus-énoncés,  l'office  divin 
pourra  être  célèbre  solennellement.  Que  si  le  chapelain  célè- 
bre le  dimanche,  il  ne  sera  ensuite  tenu  qu'à  deux  autres  mes- 
ses dans  la  semaine.  Dans  la  susdite  chapelle  ne  pourront  être 
célébrées,  les  obsèques,  à  moins  qu'il  n'en  ait  été  autrement 
statué  par  Tautorité.  La  bénédiction  nuptiale  n'y  sera  donnée, 
et  les  relevailles  n'y  seront  faites  qu'autant  que  la  permission 
en  aura  été  obtenue  de  la  part  de  qui  de  droit.  A  tous  ces  ar- 
rangements, Guillaume  Tiffanelli,  prêtre,  curé  de  Saint-Hilaire 
d'Echaubrognes,  en  la  paroisse  de  qui  est  situé  ledit  héberge- 
ment a  été  présent,  et  a  souscrit  en  tout  ce  qui  pouvait  con- 
cerner son  église  ou  le  regarder  lui-mftme  ;  et  il  a  été  convenu 
entre  ledit  seigneur  et  le  curé  susnommé  que  le  chape- 
lain  institué  dans  ladite  chapelle  lèvera  et  gardera  toutes 
les  offrandes  qui  pourront  être  faites  dans  la  chapelle.  En 
retour  de  ces  concessions,  ledit  seigneur  s'engage  pour  lui  et 
ses  successeurs  dans  ledit  hébergement^  à  payer  à  perpétuité 
et  chacun  an,  comme  rente  à  ladite  église  paroissiale  de  Saint- 
Hilaire  d'Echaubrognes  et  à  son  curé,  et  cela  de  sa  propre 
main,  la  somme  de  dix  sols  en  monnaie  ayant  cour,  le  lende- 
main de  la  Saint  Aubin.  Cette  somme  est  assurée  sur  ledit 
hébergement,  engagé  à  cet  effet.  En  outre,  ledit  seigneur  a 
réglé  et  statué  que  le  chapelain,  pour  lors  nommé  à  ce  béné- 
fice aura  place  à  la  table  du  manoir  seigneurial  trois  fois  en 
chaque  semaine,  à  savoir  chacun  des  jours  où  il  célébrera  la 
messe  dans  ladite  chapelle.  Et  le  même  seigneur  s'est  engagé 
pour  lui  et  ses  successeurs  à  fournir  pour  la  chapelle  un  lumi- 
naire suffisant,  et  à  tenir  ladite  chapelle  dans  le  même  état  de 
décence  que  sa  propre  maison,  à  pourvoir  le  chapelain  de 


LKS  ÉCHAUBROQNBS  151 

touiea  les  choses  qui  lui' seront  nécessaires  dans  l'excercice 
de  ses  fonctions.  (Elle  reste  est  de  st>le.)  >» 

DoQné  &  MaQlévrier,le  jour  du  mardi  qui  a  précédé  l'Ascen- 
sion, Tan  du  Seigneur  1342  '. 

Plusieurs  passages  de  la  susdite  charte,  effacés  ou  lacérés, 
rendent  obscures  quelques-unes  des  clauses  [de  la  pieuse 
fondation.  D'ailleurs,  dit  D.  Fonteneau,  il  y  a  dans  l'original 
quantitéde  fautes  contre  la  grammaire  :  il  paraît  que  le  secré- 
taire ou  notaire  entendait  mal  le  latin. 

Jeanl^*^ succéda  sur  le  siège  épiscopal  de  Mailiezais.vers  1333, 
à  Geoffroi  II  de  Pons,  et  il  tint  le  siège  dix  ans.  On  ne  connaît 
de  lui  que  la  pièce  que  nous  venons  ds  citer,  ce  qui  la  rend 
doublement  précieuse.  Admirons  quel  soin  prend  le  pieux 
seigneur  afin  que  rien  ne  manque  à  son  œuvre  ;  car  Ton  sait 
combien  ce  mélange  de  dons^  restreints  par  des  redevances 
féodales  et  que  nous  retrouvons  ici  comme  dans  toutes  les 
fondations  et  donations  de  l'époque,  était  une  source  féconde 
de  procès  et  de  chicanes.  Un  chapelain  est  institué,  afin  de 
prier  pour  le  salut  du  chevalier  et  de  sa  famille  ;  on  règle  ses 
appointements,  il  est  en  outre  assuré  de  trouver  toujours  au 
manoir  le  repos  qui  doit  suivre  Texercice  de  ses  fonctions 
saintes  Les  pieuses  offrandes  des  fidèles  ne  pouvant  plus 
avoir  pour  but  l'entretien  de  la  chapelle,  puisque  ledit  seigneur 
se  charge  de  ce  soin,  viendront  grossir  la  provende  de  Tau- 
mÔDier.  Il  y  a  lieu  de  ne  point  froisser  le  curé  de  la  paroisse 
sur  laquelle  est  situé  le  manoir  ;  on  prend  son  avis,  et  l'on 
indique  minutieusement  les  moyens  pour  l'indemniser  de  la 
perte  des  offrandes,  otc.  Mais  on  se  réserve  biân  expressément 
le  droit  de  nomination  au  bénéfice,  et  nous  voyons  dans  une 
autre  charte  du  même  D.  Fonleneau,  que  plus  de  230  ans 
après,  lel'^  juin  1574.  Henri  d'Kscoubieau,  évêque  de  Mail- 
lezais,  charge  son  vicaire  général,  Anthoine  de  Beaumont, 

1  C«tte  charte  est  imprimée  parmi  les  pièces  justificatires  qui  se  trouvent 
k  la  suite  de  V Histoire  de  Maillezais  ^dx  M.  Lacurie,  lequel  Ta  extraite  de  D. 
Fontaneau. 


452  LES  ÉGHAUB ROGNES 

prieur  de  Notre-Dame  de  Coron,  de  conférer  la  chapellenie 
devenue  vacante,  par  le  mariage  de  Charles  de  Lomaye, 
écuyer.  Tout  se  passait  donc  encore  comme  il  est  prescrit 
dans  Tacte  de  fondation,  et  nous  voyons  en  outre  que  la  fa- 
mille du  donateur  n'était  pas  éteinte  à  la  fin  du  XVI*  siècle. 

«  AnthoinedeBeaumont,  prieur  commendataire  du  prieuré 
de  Notre-Dame  de  Coron,  chanoine  prébende  de  l'église  collé- 
giale, royale  et  séculière  de  Saint-Hilaire  le  Grand  de  Poitiers 
et  vicaire  général  du  révérend  Père  et  seigneur  en  J.  C. 
Henri  d'Escoubleau,  par  la  grâce  de  Dieu  et  la  volonté  du 
siège  apostolique,  évêque  et  seigneur  de  Maillezais,  confère 
la  chapellenie  de  Tous-les-Saints,  sise  au  manoir  dû  seigneur 
de  L'Homaye,  paroisse  de  Saint-Hilaire  de  Echaubrognes,  de 
ce  diocèse,  devenue  vacante  par  le  mariage  de  noble  homme 
Charles  de  L'Homaye,  écuyer...  dont  la  présentation  appar- 
tient au  prochain  héritier  de  la  maison  noble  et  de  la  famille 
noble  de  L'Homaye.  Le  dixième  jour  de  juin,  l'an  de  Tlncar- 
nalion  du  Seigneur  mil  cinq  cent  soixante  quatorze.  » 

L'original  de  cette  pièce  est,  dit  D.  Ponteneau,  dans  les 
archives  de  l'abbaye  de  la  Grenetière.  Il  est  scellé  d'un  grand 
sceau  de  l'évoque  de  Maillezais  qui  est  parti  d'azur  et  de 
gueules,  à  la  bande  dor,  brochant  sur  le  tout,  siinnorité 
d'une  crosse  et  d*tme  mitre  :  ce  sont  les  armes  de  Sourdis. 
Gomme  toute  chose  ici-bas,  notre  chapelle  eut  s*^s  vicissitudes, 
puisque,  dédiée  en  1342  à  la  Sainte  Trinité,  à  Notre-Dame  et  à 
Tous-les-Saints,  elle  se  trouve  dans  un  pouillé  du  diocèse  de 
la  Rochelle,  datant  du  XVIIP  siècle,  désignée  sous  un  nouveau 
vocable,  celui  de  Sainte-Emérence.  Le  secret  de  ce  change- 
ment pourrait  sans  doute  être  demandé  à  nos  terribles  guer- 
res de  Cent  Ans,  ou  à  celles  dites  de  Religion.  Détruite  à  Tune 
dfe  ces  époques,  elle  aura  été  reconstruite,  et  pour  une  cause 
restée  inconnue,  dédiée  à  la  jeune  compagne  de  la  gracieuse 
sainte  Agnès.  Mais  ce  n'était  pas  encore  la  dernière  de  ses 
transformations,  si  j'en  crois  le  dire  du  fermier  de  Loumois, 
car  au  moment  de  la  Révolution,  elle  aurait  été  dédiée  à  sainte 


LES  ÉGHAUBR0GNB3  153 

Néomaye,  qu'on  nommait  vulgairement  sainte  Rémoise,  et 
mdme  pour  le  cas  présent,  sainte  Loumoise,  et  qu'on  venait 
invoquer  là  contre  la  migraine  et  les  maux  de  tête.  La  chapelle 
d  aiors  n'avait  point  de  voûte,  mais  un  simple  plafond,  elle 
pouvait  contenir  une  soixantaine  de  fidèles.  Le  chapelain  avait 
des  revenus  sensiblement  diminués,  et  faisait  sa  résidence  à 
Maulévrier.  Le  vieux  logis  qu'on  n'a  achevé  de  démolir  que 
vers  le  commencement  de  ce  siècle  avait  dû  être  l'objet  d'une 
restauration,  vers  1738  ou  1740,  car  des  pierres,  utilisées  depuis 
dans  d'autres  constructions,  portent  ces  millésimes.  II  était 
situé  vers  le  milieu  du  pré  qui  est  au-dessous  du  jardin,  il 
avait  sept  tourelles,  dont  une,  celle  qui  était  à  gauche  du  por- 
tail, existe  encore.  Gélestin  Port;  saidant  des  notes  de 
M.  Boutillierde  Saint  André,  nous  fournit  la  continuation  de 
fhistoire  des  châtelains  de  Loumois;  et,  nous  Talions  voir,  la 
seconde  partie  est  un  peu  moins  édifiante  que  la  première. 

«  Loumois,  ancienne  seigneurie  détachée  par  Jacques  de 
Montbron,  de  sa  terre  de  Maulévrier,  au  profit  des  trois  enfants 
adultérins,  qu'il  avait  eus  d'Iolande  d'Ëscoubleau  de  Sourdis. 
Leurs  armes  rappelaient  poétiquement  celte  origine,  et  por- 
taieut  :  de  sable^  semé  de  larmes  d'argent,  sans  nombre^  et 
pour  timbre  une  tête  de  femme,  les  cheveux  retroussés  de 
devarit  en  arrière,  comme  sortant  du  bain.  Elles  s'y  voyaient 
encore  au  XVIP  siècle  gravées  sur  un  tuÊfeau,  au  haut  d'un 
ancien  pavillon  attenant  à  la  chapelle  ;  et  la  terre,  qui  à  défaut 
d'héritier  légitime  devait  faire  retour  au  comté,  appartenait 
encore,  vers  1620,  à  la  descendance  des  Montbron.  En  est  sieur 
Jean  de  Bailleul,  en  1688.  François  de  TEstoile,  en  1699,  qui  y 
résidait  avec  sa  femme  Thérèse  de  Bailleul.  Sa  famille  y  de- 
meura jusqu'à  la  Révolution.  Vendue  nationalement,  la  terre 
appartenait  en  ISIO  àM.RocquetdelaBrunière,  qui  l'a  léguée 
à  M"*  Gesbron  de  la  Roulière  ». 

La  voie  de  fer,  qui  se  trouve  près  de  là,  a  été  inaugurée  le 
23  décembre  1868*  Elle  franchit  la  Moine  sur  un  viaduc  en 
granit  du  pays,  comprenant  sept  arches  de  12  mètres  d'où-» 


154  LKS   âCHAUBROONICS 

verture,  ensembie  d'une  longueur  de  117  mëires  et  dont  le 
parapet,  en  pierre  de  tonnerre,  domine  d*une  hauteur  de  trente 
mètres  toute  la  riante  vallée.  Sur  le  coteau  qui  fait  face  à  l'an- 
cienne gentilhommière  et  au  ch&teaude  Manlévrier,  dans  son 
assiette  pittoresque,  une  croix,  elle  aussi  dégradée,  déjà  noir- 
cie par  le  temps,  marque  lelieu^  où,  le  1**^  septembre  1847,  à 
quelques  pas  de  son  orgueilleuse  demeure,  succombait,  vic- 
time d*un  accident  de  chasse,  à  Tâge  de  15  ans,  Paul  Edouard 
Vict'urnien  Colbert  de  Maulévrier.  le  dernier  rejeton  de  la 
branche  aînée  de  cette  famille. 

On  voyait  il  y  a  une  quarantaine  d'années,  près  de  là,  au 
Croisant  de  la  Touche, deux  gros  blocs  de  pierre  déterminant, 
de  chaque  côté  du  chemin  conduisant  à  Loumois,  le  point 
extrême  ou  pouvaient  s'avancer  jadis  les  limiers  du  puissant 
seigneur  de  la  Sévrie,  sur  les  confins  du  domaine  des  barons 
de  Maulévrier,  et  non  loin  de  là,  encore,  le  long  d'un  chemin 
faisant  maintenant  partie  du  parc,  s'élève,  isolé,  un  grand 
portai),  sui;monté  de  l'écusson  des  Gouffler  et  accosté  d*une 
porte  basse.  C'était  rentrée  pour  laisser  passer  le  môme 
seigneur  de  la  Sévrie  pour  exercer  ce  droit  de  chasse  jusque 
dans  les  avenues  du  château. 


LA  RENAUDIÈRE 

Les  ruines  de  la  Renaudière  comme  celles  de  Livois  étaient 
encore  tout  récemment  les  vieux  témoins  de  l'acharnement 
que  mirent  les  républicains  à  tout  détruire  dans  notre  bourg 
des  Echaubrognes.  L^importance  du  premier  de  ces  logis, 
importance  dont  on  peut  juger  par  sa  vaste  enceinte,  et,  au- 
trefois, par  ces  belles  ruines^  sa  proximité  du  bourg,  tout  le 
désignait  de  prime  abord  aux  incendiaires  que  dirigeait  le 
trop  fameux  général  Caffln.  Au  bout  d'une  petite  avenue  plantée 
d'ormeaux  s'ouvrait,  au  bas  du  bourg,  sur  le  chemin  de  Lou- 
blande,  un  grand  portail  dont  les  deux  massifs  de  maçonnerie 


LR&  ÉGHAUBROGNEB  155 

ornés  de  pilastres  d'ordre  toscan,  supportaient  un  entablement 
triangulaire  au  centre  duquel  était  un  6cusson>  portant  deux 
épées  en  sautoir,  armoiries  qu'on  retrouve  reproduites  sur  un 
autre  point  du  mur  d'enceinte.  Ce  portail,  qui  ne  manquait 
pas  d'élégance,  a  été  abattu  comme  gênant  le  passage  des 
charrettes  de  la  ferme.  Â  l'angle  sud-est,  sur  le  chemin,  une 
grosse  tour  était  demeurée  debout:  on  l'a  démplie  pour  élar- 
gir la  voie.  En  face  de  l'avenue  était  un  verger  dont  les  bons 
seigneurs  d'autrefois  ne  devaient  pas  être  seuls  à  recueillir  les 
fruits,  si  les  murailles  ne  lôs  protégeaient  pas  mieux  alors 
qu'elles  ne  le  font  maintenant.  Une  poterne  s'ouvrait  près  des 
servitudes,  habitation  actuelle  du  fermier,  et  donnait  sur  le 
chemin  desFbrts.  A  quelques  pas  de  là,  des  mâchicoulis  sur- 
montant le  mur  et  percés  de  meurtrières  permettaient  aux  châ- 
telains de  surveiller  la  circulation  dans  le  chemin.  On  a  abattu 
ce  travail  dernièrement,  en.  arasant  toute  l'enceinte.  Uu  logis 
il  ne  restait  plus  guère  que  l'étage  inférieur  d'une  grosse  tour 
du  XVP  siècle  renfermant  une  chambre  à  laquelle  on  accédait 
par  un  étroit  escalier  pratiqué  dans  l'épaisseur  de  la  muraille. 
Tout  cela  vient  d'être  pareilleqient  détruit  ainsi  qu'un  pan  de 
mur,  reste  la  façade,  donnant  au  midi,  et  où  s'ouvrait  une 
vaste  fenêtre  ornée  de  moulures.  Une  chambre  formant  jadis 
l'angle  sud-est  de  l'ancien  logis  demeure,  seul  reste,  et  est 
encore  habitée.  Une  pauvre  vieille  fille  aveugle,  que  j'ai  con- 
nue étant  jeune,  m'a  dit  que  le  propriétaire  de  la  Renaudière 
au  moment  de  la  Révolution  avait  nom  M.  de  Pierre.  Depuis 
lors,  elle  a  souvent  changé  de  maîtres,  M.  de  Bois-Jourdan  au 
commencement  du  siècle  l'a  vendue  à  Charles  Adélaïde  Roy 
de  Mayé,  époux  de  Julie,  Marie-Louise  Minot  d'Houdan  ;  leur 
fille,  Sophie  Roy  de  Mayé,  épousa,  en  Juillet  1837,  Joseph  Théo- 
dore de  Crozé  de  Clesme,  qui  à  son  tour  a  vendu  la  Renaudière 
à  M.  Jules  Escot,  de  Moft treuil  Bellay.  Le  propriétaire  actuel 
est  M.  Bergère-Pellaumaille,  le  môme  qui  s'est  fait  récemment 
l'acquéreur  du  château  de  Maulévrier  I... 

Que  de  réflexions  peuvent  faire  naître  toutes  ces  vicissitudes! 
Il  y  ajuste  un  siècle,  que  ce  qu'on  appelle  «  la  grande  Révo 


150  LES   ÉGHAUBROGNËS 

lution  »  chassa  brutalement  les  anciens  seigneurs  de  leurs 
demeures  antiques  :  ceux  qui  les  y  ont  remplacés  comme 
propriétaires,  jouissent-ils  beaucoup  plus  tranquillement  de 
leurs  biens  ?..  en  présence  des  convoitises  de  plus  en  plus 
menaçantes  des  socialistes  (qui  en  font  trembler  plus  d'un  à 
leur  tour),  ils  peuvent  se  convaincre  qu'une  seule  chose  ici-bas 
a  des  promesses  de  stabilité  :  l'Église  de  Jésus-Christ. 

{A  suivre.) 


J 


I 


MESSIRE   JEAN   LAINE 

DERNIER  RECTEUR  DE  SAIN1WUL1EN  DE  VOUVANTES 


AVANT    LK    CONCORDAT 


SON   JOURfML   ET  SES   NOTES 


On  historien  célèbre  des  temps  passas,  au  début  de  l'éloge 
pompeux  qu'il  consacre  a  l'un  de  ses  contemporains,  dit  que 
c'était  déjà  à  son  époque  un  vieil  usage  de  transmettre  à  la 
postérité  les  actions  d'éclat  et  les  vertus  morales  des  hommes 
illustres'. 

C'est  la  même  pensée  qui  nous  porte  aussi  nous  à  écrire  la 
vie  de  tous  ceux  qui  à  quelque  titre  peuvent  nous  intéresser, 
dans  les  diverses  positions  où  la  Providence  les  a  placés.  Et 
l'on  peut  bien  affirmer  sans  prétention  que,  retracer  d'après 
leurs  propres  écrits,  ou  les  souvenirs  de  ceux  qui  les  ont 
connus,  la  physionomie  de  ces  prêtres  dn  dernier  siècle  qui 
ont  si  généreusement  combattu  et  si  glorieusement  soufTert, 
dans  la  simplicité  de  leur  vie,  pour  une  cause  sacrée,  offre  un 
intérêt  de  premier  ordre.  Dans  les  temps  difficiles  et  particu. 
lièrement  obscurs  que  nous  traversons,  le  spectacle  du  grand 

'  Tkctie,  Vie  d'Agrieala  :  -  Claroram  riromni  f&fU  aior«*<)ae  poaten* 
trad«re  antiquitai  ntitatum.  > 

TOMS  XVI.  —  NOTICES.  —  XVi°  ANNÉE  5'^-6=  LiV.  1'^ 


158  M£SSIRE  JEAN   LAINE 

eourage  qu'ont  montré  ces  victimes  de  la  Révolution  est  une 
lumière  et  une  force.  Si  la  comparaison  de  l'énergique  netteté 
de  leur  altitude  avec  la  faiblesse  et  les  indécisions  de  la  nôtre 
n*e«t  pas  faite  tout  d'abord  pour  nous  plaire,  si  elle  cadre  mal 
avec  les  louches  et  douteuses  compromissions  qui  déshonorent 
aujourd'hui  tant  d*hommès,  et  si  elle  nous  fait  rougir,  il  peut 
arriver  toutefois  que  peu  à  peu  ces  sentiments  si  naturels,  ces 
premiers  mouvements  fassent  place  à  une  réaction  salutaire  ; 
et  q^e  nous  nous  disions  à  nous-mêmes  que  faire  comtne  ces 
âmes  héroïques  dans  des  conjonctures  assez  semblables,  dans 
tine  situation  qur  présente  plus  d'une  analogie,  et  en  somme 
demande  beaucoup  moins  d'efforts  et  de  courage  puisqu'il  n'y 
va  pas  de  la  vie  pour  nous  comme  pour  elles  trop  souvent, 
n'est  après  tout  qu'un  devoir. 

Le  dernier  recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes  avant  le 
Concordat,  le  prêtre  don  t  nous  recueillons  et  publions  le  journal 
et  les  notes,  les  souvenirs  et  les  actes,  à  uiie  époque  si  troublée, 
se  trouvait  un  jour  chez  un  menuisier  de  son  bourg*,  causant 
familièrement  avec  lui.  Il  était  alors  partout  question  du 
fameux  serment  civique  que  tout  ecclésiastique  devait  prêter 
sous  peine  d'exil  et  bientôt  de  mort  :  «  Eh  bien.  Monsieur  le 
recteur,  dit  brusquement  le  brave  ouvrier,  et  le  serment?  — 
Mon  ami,  repartit  aussitôt  le  recteur  apercevant  un  hachereau 
que  le  menuisier  tenait  en  mains,  entre  ma  tête  sous  ce  ha- 
chereau et  le  serment,  je  ne  balancerais  pas.  »  Un  mot  heu- 
reux a  suffi  bien  souvent  pour  illustrer  un  homme  et  faire 
passer  son  nom  à  la  postérité  ;  nous  estimons,  nous,  que  cette 
profession  de  foi  si  énergique  du  recteur  de  Saint-Julien  de 
Vouvantes,  justifiera  le  souci  que  nous  avons  de  consacrer 
quelques  lignes  à  sa  mémoire.  D'autant  que  M.  Laine  dans  la 
suite  de  sa  vie  n'a  fait  qu'affirmer  ce  premier  témoignage.  Ses 
épreuves,  ses  longues  souffrances,  sa  déportation  prouvent 
surabondamment  qu'il  sut  demeurer  toujours  dans  la  dispo- 

*  La  Bommé  F^rroche,  famille  éteinte  aujoard'htti. 


MESeiRJi   JEAN  LAINE       ^  IW 

sition  de  sacrifier  sa  vie  à  sa  foi  de  chrétien  et  de  prêtre  catho- 
lique romain. 

Un  autre  motif  nous  a  vivement  porté  à  publier  les  notes  et 
les  mémoires  de  M.  Laine.  Ilaété  un  de  ces  recteurs  laborieux 
et  intelligents f  qui  nous  ont  laissé  écrite  dans  leurs  registres 
l'histoire  de  leur  paroisse  et  de  leur  temps.  Rt  non  seulement 
M.  Laine  nous  a  donné  des  renseignements  curieux  et  ins- 
tructifs sur  ce  qu'il  a  vu  et  entendu,  mais  il  a  été  amené  par 
des  circonstances  particulières  à  reproduire  la  physionomie 
exacte  et  fidèle  de  sa  paroisse  sous  le  rectorat  de  ses  prédé- 
cesseurs. De  sorte  qu'il  nous  fait,  pour  ainsi  dire,  l'histoire  de 
ce  petit  pays  de  Vouvantes  pendant  tout  le  cours  du  XVI1I« 
siècle. 

Sans  crainte  de  paraître  exagéré,  nous  dirons  avec  un  docte 
et  pieux  bénédictin  qui  daigne  nous  encourager  que  «  ces  re- 
cherches locales  deviennent  autant  de  matériaux  précieux 
pour  l'histoire  générale.  »  C'est  qu'en  effet,  ces  notes  de 
M.  Laine  jettent  un  jour  pour  nous  inattendu  sur  l'état  moral 
et  les  dispositions  d'esprit  de  nos  paroisses  rurales  pendant 
le  XVIII®  siècle.  Elles  nous  prouvent  par  des  faits  que  l'esprit 
philosophique  qui  régnait  alors,  l'incrédulité  et  le  scepticisme 
qui  pervertissaient  les  classes  élevées  de  la  société,  se  répan- 
daient peu  à  peu  dans  les  masses,  envahissaient  les  campagnes 
les  plus  reculées,  y  jetant  le  trouble  et  l'inquiétude,  y  semant 
bientôt  la  division  et  la  haine.  L'antagonisme  entre  le  pouvoir 
religieux  et  le  pouvoir  civil  qui  devait  si  violemment  éclater 
plus  tard  se  révélait  déjà  jusque  chez  nous  ;  les  luttes  des  rec- 
teurs avec  le  général  de  la  paroisse,  les  tracasseries  mesquines 
et  parfois  graves  auxquelles  ils'  étaient  exposés  ne  faisaient 
que  trop  prévoir  des  conjonctures  plus  difficiles,  des  épreuves 
plus  cruelles.  En  un  mot,  pendant  au  moins  les  soixante 
aanéc^quiont  précédé  la' Révolution,  on  peut  voir  dans  tout 
ee»  que»  en  copiste  scrupuleux,  nous  allons  rapporter,  un 
germe  qui  grandit  et  se  développe,  en  attendant  qu'if  produise 
des  fruits  si  amers,  sur  cet  humble  théâtre  de  Saint-Julien;  et 


160  ME86IRB  JBAN    LAINE 

dans  cette  petite  société  troubiée  et  divisée  une  image  ea  rac- 
courci, mais  trop  fidèle  de  la  grande  société  française  allant  à 
la  dérive  et  se  précipitant  vers  june  catastrophe  inouïe  jusqu'ici 
dans  nos  annales. 


Mossire  Jean  Laine  naquit  le  17  août  1741  à  Azé,  petit  bourg 
près  de  Gh&teau-Gonthier,  alors  du  diocèse  d'Angers  : 

Le  dix-huitième  jour  du  mois  d^aoùty  mil  sept  cent  quarante 
et  un,  lisons-nous  dans  les  registres  paroissiaux,  a  été  baptisé 
par  nous  curé  d*'Azé,  Jean  né  hier^  fils  de  François  Laine  et  de 
Françoise  Bourjuge,  son  épouse  ;  a  été  parrain  Jean  Bourjuge  ; 
et  marraine  Cécile  Bourjuge,  tous  de  cette  paroisse. 

Suivent  les  signatures  :  D'Espinay  curé*,  François  Laine, 
Jean  Bourjuge,  Cécile  Bourjuge, 

Gomme  le  prètreéminent  qui  lui  avait  conféré  le  Baptême, 
et  dont  nous  reproduisons  ci-dessous  Tépitaphe  significative^ 
M.  Laine  rencontra  dans  sa  vie  agitée  plus  d'un  adversaire  et 
d'un  ennemi  ;  comme  lui  aussi  il  sut  s'en  faire  craindre^  et  si 
une  violence  et  une  persécution  inouïe  que  n'avait  point 
soupçonnées  le  recteur  d'Azé  eurent  raison  des  forces  phy- 
siques et  de  la  liberté  de  notre  recteur  de  Saint  Julien  de  Vou- 

*  Le  baptisear  de  M.  Jean  Laine,  messire  Charles  de  TEspinay  (ou  d'Eipinay) . 
eur6  d'Azé  de  t7*2S  k  1766,  fut  an  homme  de  talent  et  de  renom  qui  mourut 
dans  sa  cure  le  3  avril  1766.  Il  était  né  au  château  de  ViUatte,  paroisse  de 
Challains  (en  Anjou)  en  Tannée  1692.  Il  fut  inhumé  dans  l*église  d*Azé  qu*il 
avait  gouvernée  pendant  quarante-trois  ans  avec  le  zèle  et  la  charité  d*uD 
digne  pasteur,  en  présence  du  clergé  de  la  ville  de  Ghàteau-Gonthier  et  de 
tous  les  prêtres  de  la  conférence. 

Tandis  que  la  tombe  de  M.  Jean  Laine  a  disparu  par  suite  de  la  création 
d'un  nouveau  cimetière,  celle  de  M.  d^Sspinay  est  parfaitement  conservée  ; 
voici  l'épitaphe  de  ce  recteur  qui  sut  se  faire  craindre  des  méchants  et  d'in- 
justes adversaires,  telle  qu'on  la  voit  encore  sur  une  dalle  encastrée  dans  le 
carrelage  du  chœur  de  l'église  d'Azé  : 

Hicjacet  In  loco  que^jure  et  sporUe  elegit,  Carolus  de  rEfpinay,  Hujus 
ecelesix  rectar,  Vir  Non  tantum  nobilitaie  insignis  Sed  omni  virttUum 
génère.  Omnibus  ingenii  dotibus^  Scientia  prœsertim  et  eloquentia  Clarissi^ 
mus;  Primorum  amicitia  Atque  infirmorum  zeneratûme  CommendcUtiS  ; 
Malts  iantûmyEi  injuste  rebellantibi4S  Pertimescendus.  Obiit  30  non. 
aprilis,  an.  1766,  74  an.  natus.  Requiescat  in  paee. 


ME8S1RB  JEAN   LÀlNÉ  161 

vantes,  il  sut  du  moins  sous  leurs  coups  répétés,  pendant 
tout  le  cours  de  sa  vie  et  au  milieu  du  dénûment  le  plus 
complet,  de  l'adversité  la  plus  extrême,  garder  sa  dignité 
sauve  et  son  caractère  intact. 

Nous  n'avons  aucun  détail  sur  Tenfance  et  la  jeunesse  de 
M.  Laine. 

Quand  il  fut  nommé  à  la  cure  de  Saint  Julien  de  Vouvantes, 
il  était  vicaire  à  Saint-Macaire  en  Anjou,  depuis  Tannée  1T77. 
Le  curé  de  Saint  Macaire  s'appelait  Sébastien  Soyer  et  avait 
pour  premier  vicaire  son  frère  Augustin.  Ils  exerçaient  le 
ministère  dans  cette  paroisse,  le  premier  depuis  1749,  le 
second  depuis  1750.  Depuis  1751  jusqu'en  1772, cinq  épidémies 
vinrent  à  différentes  époques  (1751,  1765,  1766,  1767, 
1772)  exercer  les  plus  grands  ravages  dans  la  population^ 
puisqu'elles  firent  493  victimes.  Ce  fut  sans  doute  l'excès  de 
fatigue  occasionné  par  ces  épidémies  qui  nécessita  la  présence 
d'un  second  vicaire.  M.  Laine  succédait  à  un  M.  Leroyer  qui 
qui  ne  resta  qu'un  an  à  son  poste.  Les  années  1779, 1780  et 
1782  furent  encore  marquées  par  le  retour  du  fléau  qui  n'avait 
que  trop  décimé  précédemment  la  paroisse  et  qui,  cette  fois, 
vint  y  jeter  un  deuil  plus  profond.  Le  premier  vicaire  M.  Au- 
gustin Soyer  mourait  le  10  marsl782,  et  le  10  octobre  suivant 
le  curé  son  frère  le  suivait  dans  la  tombe.  Tous  deux  mouraient 
sur  le  champ  de  bataille,  victimes  de  leur  dévouement.  Mais 
quelles  fatigues  ne  dut  pas  endurer  M.  Laine  I  Depuis  le  mois 
de  mars  il  resta  seul  vicaire  et  porta  la  plus  lourde  charge 
qui  avait  toujours  été  celle  de  M.  Augustin  Soyer,  comme 
l'attestent  les  registres  de  Saint-Macaire  ;  et  ce  fardeau  ne  fît 
que  s'aggraver  par  la  mort  du  curé.  Le  6  novembre  François 
Maurre, sous-prieur  de  Saint-Florent-le-Vieil  vint  visiter  celte 
paroisse  si  désolée.  Ce  fut  M.  Laine  qui  le  reçut  ;  et  il  con- 
tinua ensuite  seul  ie  saint  ministère  au  milieu  du  fléau  jus- 
qu'au 14  décembre,  époque  où  M.  Pierre  Charles  Fleury  fut 
nommé  curé.  Le  2  octobre  1783.  M.  Monrobin  arrivait  à  Saint- 
Macaire  remplacer  M.  Laine. 


i02  MSStIRB  JEAN   LAINE 

ff  Le  vingt-quatre  septembre  mil  sept  cent  quatre-vingt» 
trois,  messire  Jean  Laine  prestre  et  vicaire  de  Saint-Macaire 
en  Anjou,  a  pris  possession  de  la  cure  de  Saint-Julien  de 
Vouvantes,  et  a  succédé  à  messire  Pierre  Jouneaulx...  » 

Telle  est  la  note  que  M.  Laine  lui-môme,  de  sa  belle  et 
large  écriture,  nous  laisse  à  la  fin  du  registre  paroissial  de 
Saint-Julien  de  Vouvantes  de  l'année  1783,  pour  y  notiRer  sa 
nomination.  La  cure  dont  il  venait  d'être  pourvu,  était  à  la 
présentation  de  M.  Tabbéde  Saint-Florent  de  Saumur. 

Le  preqiier  acte  qu'il  signe  au  registre  est  du  10  octobre. 
A  son  arrivée  à  Saint-Julien  de  Vouvantes,  M.  Laine  trouvait 
la  paroisse  encore  sous  le  coup  de  Témotion  causée  par  la 
mprt  foudroyante  de  M.  Jouneaulx  survenue  le  17  août  1783,  & 
la  suite  d*une  attaque  d'apoplexie. 

Il  succédait  à  un  recteur  dont  la  vie  avait  été  agitée  et  trou- 
blée par  une  série  de  procès  retentissants  et  dont  la  mémoire 
paraissait  fort  discutée.  Après  avoir  pris  possession  dans  des 
circonstances  si  délicates,  M.  Laine  se  mit  tout  d'abord  en 
demeure  d'étudier  la  situation  et  de  s'entourer  de  tous  les  ren- 
seignements que  le  plus  simple  bon  sens  lui  dictait.  Il  trouva 
précisément  en  son  presbytère,  comme  collaborateur  l'homme 
qui  convenait:  son  vicaire,  le  vénérable  M.  Joseph  Maillard. 
Cet  humble  prêtre  qui  devait  comme  son  recteur  confesser  sa 
foi,  et  la  confesser  plus  glorieusement  encore,  puisqu'il  eut 
l'honneur  d'ôtre  une  des  victimes  de  l'ignoble  Carrier,  était  né 
à  Saint-Julien  et  n'avait  jamais  quitté  son  pays.  Prêtre  À  la 
fln  de  1749,  il  fut  aussitôt  nommé  vicaire  de  sa  paroisse  natale 
et  exerça  le  saint  ministère  sous  les  deux  prédécesseurs  de 
M.  Laine  :  MM.  Hamel  et  Jouneaulx.  Nul  autre  mieux  que  lui 
ne  pouvait  renseigner  à  tous  égards  le  recteur  nouveau  venu. 
M.  Laine  ne  tarda  pas  à  connaître  les  épreuves  successives 
auxquelles  avaient  été  soumis  ses  prédécesseurs  et  les  calom- 
nies atroces  dont  ils  avaient  été  les  victimes.  Aussi,  une  fois 
renseigné,  prit-il  la  plume  et  cloua-t-il.  pour  ainsi  dire,  au 
pilori,  dans  ses  registres,  ceux  de  ses  paroissiens,  et  ils 


ME88IRE  JBAN  LAINi  168 

n'étaient  pas  les  moindres,  qui  s'étaient  faits  dans  cette  bour- 
gade de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  les  représentants,  les  fau- 
teurs de  l'irréligion  du  siècle,  et  s'étaient  rués  avec  une  sorte 
de  rage  contre  les  recteurs  qui  ne  leur  revenaient  pas.  Vif 
comme  il  paratt  l'avoir  été  par  caractère,  impressionné  d'ail- 
leurs par  la  révoltante  injustice  qu'il  saisissait  sur  le  fait, 
M.  Laine  ne  ménage  point  ses  expressions  ;  nous  ne  pourrons 
pas  toujours  les  reproduire;  il  poursuit  jusqu'au  tribunal  du 
Souverain  Juge  ceux  qui  pendant  leur  vie  se  sont  acharnés  à 
la  perte  de  leurs  recteurs,  en  crayonnant  vis-à-vis  de  leur  acte 
de  décès  quelques-unes  de  ces  notes  vengeresses:  «Voilà  l'hom- 
me qui  a  perdu  son  recteur  »  ;  «  Voilà  un  des  membres  qui 
fut  l'ennemi  juré  do  son  recteur  en  le  fameux  procès  de  la 
paroisse  de  i776  »  ;  «  Voilà  la  femme  qui  catéchisait  et  formait 
de  faux-témoins  en  le  procès  de  1776  »  ;  «  Voilà  l'homme  insti- 
gateur du  fameux  procès  injustement  intenté  au  recteur  »  ; 
«  Voilà  l'homme  qui  a  signé  tous  les  écrits  en  le  procès  contre 
le  sieur  recteur,  et  qui  en  son  vivant  a  fait  passer  à  la  Cour 
toutes  sortes  de  calomnies  contre  le  dit  recteur  et  plusieurs 
autres  habitants.  » 

Pour  avoir  une  idée  complète  de  l'extrême  agitation  dans  la- 
quelle il  trouvait  sa  paroisse,  agitation  qui  ne  devait  plus 
cesser,  mais  augmenter  et  éclater  en  une  persécution  bien 
autrement  grave  ;  pour  en  bien  saisir  ce  qui  n'en  fut  pas  la 
cause,  la  cause  étant  plus  profonde,  plus  générale,  mais  sim- 
plement l'occasion,  faisons  comme  notre  recteur,  et  avec  lui, 
avec  ses  notes,  ses  observations,  remontons  bien  plus  haut. 
Ce  sera  l'histoire  locale  sans  doute,  mais  histoire  particulière 
qui  apportera  ses  lumières,  son  concours  à  l'histoire  générale. 

w  Les  offrandes  apportées  anciennement  à  cette  église  (li- 
sons-nous dans  une  requête  adressée  par  le  recteur  de  Saint- 
Julien  de  Vouvantes  à  Mgr  l'évêque  de  Nantes  en  date  du 
13  septembre  1752)  étaient  très  considérables,  puisque,  en  1560, 
Mgr  Antoine  de  Créqui  étant  évêque  de  Nantes,  pour  faciliter 
rétablissement  d'un  collège  à  Nantes,  on  proposa  d'aliéner  le 


164  MES8IRB  JEiiN   LAINE 

patrimoine  de  cette  dite  cure,  tel  quMl  était,  au  profit  de  l'hô- 
tel de  Ville  du  dit  Nantes  ;  un  nommé  Chemin,  recteur  du  dit 
Saint-Julien  en  1561,  abandonna  et  céda  les  gros  fruits  de  sa 
cure  à  la  maison  de  ville  de  Nantes  pour  Tentretien  du  dit 
collège  suivant  Tacte  latin  qui  est  déposé  aux  archives  de 
cette  église  et  dont  il  sera  facile  de  représenter  une  copie  s'il 
est  nécessaire  de  la  produire ^  En  novembre  1639  un  nommé 
Blanchard  curé  du  dit  Saint-Julien  obtint  un  arrêt  de  la  cour 
qui  cassait  l'union  des  dixmes  de  cette  cure  faite  en  faveur  du 
dit  collège*.  En  juin  1690  une  déclaration  du  roi  qui  règle  la 
portion  congrue  des  curés  et  des  vicaires  survint.  En  1690, 
Ttiomas  Coursier  curé  de  cette  paroisse  se  trouvant  dans  ce 
temps-là  trop  resserré  dans  son  casuel  par  une  grande  dimi- 
nution des  offrandes,  somma  MM.  les  maire  et  échevins  de 
la  dite  ville  comme  gros  décimateurs  de  lui  payer  la  portion 
congrue  pour  lui  et  son  vicaire  à  raison  de  450  /f ,  suivant  la 
dite  déclaration  du  roi.  Ces  MM.  échevins  qui  jusqu'alors 
n'avaient  payé  aux  curés  que  de  très  légères  sommes,  cher- 
chèrent les  moyens  de  s'emparer  de  cette  demande,  et  plai- 
dèrent pendant  quelques  années,  prétendant  que,  n'étant  pas 
les  seuls  décimateurs  de  cette  paroisse,  ils  ne  devaient  con- 
tribuer que  pour  leur  part  au  payement  de  la  portion  congrue 
qu'on  leur  demandait.  Cependant  le  Parlement  sans  avoir 
égard  à  leurs  défenses  rendit  un  arrêt  en  1701  par  lequel  la 
communauté  de  Nantes  fut  condamnée  solidairement  à  payer 
aux  curés  de  Saint-Julien  de  Vouvantes  300  H-  par  chacun  an 
et  150  -H-  pour  le  vicaire, quitte  de  toutes  charges  et  rentes  fors 
de  50  #  pour  les  décimes  suivant  la  dite  déclaration  du  roi 
de  1690.  Cet  arrêt  de  1701  déposé  aux  archives  de  cette  église 
oblige  les  autres  décimateurs,  les  dtmes  ecclésiastiques 
épuisées,  de  contribuer  à  la  dite  portion  congrue  du  recteur 
et  du  vicaire.  Mais  comme  MM.  les  échevins  de  la  ville  de 

I  Cette  pièce  n 'existe  plus  aax  archives. 

•  Tout  les  documents  relatifs  à  cette  affaire  sont  encore  aux  archÎTet  de 
rhôtel  de  Ville  de  NanUs. 


•     MS6SIRE  JEAN   LAlNé  165 

Nantes  ne  crurent  pas  trouver  leur  compte  à  payer  outre  les 
charges  450  H-  par  an  sur  le  revenu  de  cette  cure, ils  délaissèrent 
au  dit  sieur  Thomas  Coursier,  contre  qui  ils  avaient  plaidé, 
les  dîmes  qu'ils  avaient  jusque-là  possédées  en  la  dite  paroisse, 
et  affermées  415  -H-  en  1636.  Gependant,comme  il  no  paraissait 
pas  que  ces  MM.  échevins  en  eussent  fait  un  abandon  en 
forme^  Alain  Desprez,  antéprédécesseur  du  dit  Hamel^pourvu 
de  ce  bénéfice  par  le  dit  abbé  de  Saint-Florent  qui  avait  été 
maintenu  en  son  droit  de  présentation  par  l'arrêt  cité  de  1634, 
et  trouvant  que  sa  cure  était  chargée  aux  décimes  d'une  somme 
extraordinaire,  somma  de  ce  chef,  le  20  avril  170Ô,  MM.  les 
maire  et  échevins  de  Nantes  comme  gros  décimateurs  étalant 
droit  de  percevoir  les  dîmes  autrefois  afTectées  à  cette  paroisse, 
de  lui  payer  la  portion  congrue  pour  lui  et  pour  son  vicaire  à 
raison  de  450  -H-  selon  la  déclaration  du  roi  de  1690,et  les  char- 
gres  au-dessus  de  la  somme  de  60  #  ;  leur  abandonnant  toutes 
les  dimes  et  autres  fonds  dont  ses  prédécesseurs  avaient  joui 
sur  ia  bonne  foi  depuis  environ  15  (?)  ans.  Sur  cette  demande 
faite  par  le  dit  Desprez  alors  recteur,  MM.  les  échevins  après 
avoir  examiné  les  baux  à  ferme  de  cette  cure  dont  ils  avaient 
joui  depuis  1560  jusqu'à  1693,  c'est-à-dire  133  ans,  ayant  trou- 
vé que  ces  baux  n'avaient  jamais  été  portés  qu'à  400  -H-  par  an 
environ,  comme  il  paraît  par  leur  délibération  du  27  juin  1709, 
après  avoir  demandé  l'avis  de  M.  l'intendant  consulté  sur 
cette  affaire,  ils  ont  mieux  aimé  faire  pour  toujours  au  curé  de 
Saint-Julien  de  Vouvantes  et  à  ses  successeurs,  un  abandon 
en  forme  de  tous  les  droits  qu'ils  pouvaient  prétendre  sur 
cette  cure.  Cet  abandon  est  du  10  juillet  1709.  Le  dit  sieur 
Desprez  recteur  se  voyant  encore  surchargé  d'une  somme 
considérable  aux  décimes,  et  se  trouvant  évidemment  dans 
le  cas  de  la  Déclaration  du  roi  qui  fixe  les  décimes  des  cures 
à  portion  congrue  ou  qui  l'ont  optée,  à  la  somme  de  50  #  pour 
tous  décimes  ordinaires,  et  extraordinaire,  et  à  la  somme 
de  18#  pour  la  subvention  pendant  qu'elle  se  lèvera,  présenta 
une  requête  à  MM.  les  juges  des  décimes  le  3  août  1709,  et  y 


100  MB88IRtt  JflAM   LAINA 

attacha  l'option  qu'il  avait  faite  à  M.  le  Receveur  de  payer  60# 
de  la  portion  congrue  le  20 avril  1709,  et  les  sommations  préa- 
lablement faites  à  M.  le  Receveur  de  payer  60  if-  pour  sa  part 
de  portion  de  toutes  décimes  et  charges  du  clergé;  et  cette 
affaire  mise  en  délibération  dans  une  assemblée  de  MM.  les 
députés  et  syndic  du  clergé  de  Nantes,  il  fut  enfin  arrêté  à  la 
vue  des  pièces  susdites,  que  la  cure  de  Saint-Julien  de  Vou- 
vantes  serait  regardée  à  l'avenir  comme  une  cure  à  portion 
congrue,  et  en  conséquence  que  les  termes  de  février  et  d'oc- 
tobre de  cette  année  et  les  autres  termes  à  l'avenir  ne  seraient 
payés  que  sur  le  pied  de  50  #  par  an  pour  toutes  décimes 
ordinaires  et  extraordinaires,  et  10  #  pour  la  subvention 
pendant  qu'elle  sera  levée  sur  le  clergé.  Cet  arrêté  parut  par 
la  première  quittance  du  4  octobre  1709  avec  cette  réduction  ; 
est  expressément  marqué  :  conformément  à  la  déclaration  du 
roi  de  1690  dont  voici  les  propres  termes  : 

«  Voulons  et  nous  plaît  que  suivant  notre  déclaration  du 
«  mois  de  janvier,  les  curés  et  vicaires  perpétuels  jouissent 
«  de  la  portion  congrue  de  300  #  par  [chacun  an,  qui  seront 
«  payées  par  les  gros  décimateurs,  si  mieux  ils  n'aiment  leur 
«  abandonner  toutes  les  dîmes  qu'ils  perçoivent  dans  les  dictes 
tt  paroisses,  auquel  cas  ils  seront  et  demeureront  déchargés 
«  des  dites  portions  congrues  ;  sur  laquelle  somme  de  300-H-  les 
«  dits  curés  et  vicaires  perpétuels  seront  tenus  de  payer,  par 
«  chacun  an,  leur  part  des  dîmes  qui  seront  imposées  sur  les 
«  bénéfices  de  notre  royaume  à  commencer  seulement  au 
«  premier  département  qui  en  sera  fait  par  les  députés  des 
«  chambres  ecclésiastiques,  laquelle  part  des  dîmes  sera 
«  imposée  modérément  sur  les  dits  curés  et  vicaires  per- 
«  pétuels,  dont  nous  chargeons  l'honneur  et  la  conscience  des 
«  dits  députés,  jusqu'à  ce  que  par  nous  il  en  ait  été  autrement 
«  ordonné,  sans  que  la  dite  part  et  portion  puisse  excéder  la 
«  somme  de  50#  pour  les  décimes  ordinaires  et  extraordinai- 
«  res,  dons  gratuits  et  pour  toutes  autres  sommes  qui  pour- 
«  raient  être  imposées  à  l'avenir  sur  le  clergé,  sous  quelque 


MBStlKV  JBAN  LAINi  167 

a  prétexte  que  se  puisse  être  ;  dont  nous  avons  dès  à  présent^ 
«  et  pour  lors,  déchargé  et  déchargeons  par  nos  présentes 
«  les  dits  curés  et  vicaires  perpétuels*  ». 

«  Des  termes  si  clairs  et  si  formels  de  la  dite  déclaration 
da  roi  ne  semblent  pas  avoir  besoin  d'explication,  et  autorisent 
suffisamment  le  sieur  Hamel  recteur  de  cette  paroisse  à 
supplier  Mgr  Tévêque,  MM.  les  syndic  et  députés,  d'expédier 
sa  requête  avant  qu'il  paye  ses  dîmes,  et  de  vouloir  bien 
arrêter  dans  la  première  délibération  de  la  chambre  ecclésias- 
tique que,  conformément  à  la  dite  déclaration  du  roi  de  1690 
touchant  les  cures  à  portions  congrues,  et  en  conséquence  du 
présent  arrêté  les  termes  d'octobre  1751  et  de  février  1752  dus 
par  le  sieur  Hamel,  ni  les  autres  termes  qui  pourraient  être 
dus  par  le  dit  successeur  Hamel  dans  la  suite,  et  par  ses  suc^ 
cesseurs,  ne  pourront  excéder  la  somme  de  50/^  par  an  pour 
toutes  décimes  ordinaires  et  extraordinaires,  et  celles  de  lOff 
seulement  pour  la  subvention...  Cette  modération  étant  faite, 
arrêtée  et  accordée  obligera  le  suppliant  qui  a  l'avantage  de 
vivre  en  partie,  comme  les  premiers  apôtres,  des  offrandes 
des  fidèles,  et  qui  est  tenu  d'avoir  chez  lui  un  vicaire  pour  lui 
aider  à  conduire  800  communiants  et  qui  a  une  belle  église  à 
décorer^  un  grand  presbytère  à  entretenir,  beaucoup  de 
pauvres  à  soulager,  cette  modération,  dis-je.  l'obligera  et  Ten- 
gag'era  à  offrir  ses  prières  au  Seigneur  pour  la  santé  et  la 
prospérité  de  MM.  les  Juges  des  décimes. 

A  Saint^Julien  de  Vouvantes,  le  13  septembre  1752. 

R.  Hamel,  recteur^  »    • 

1  Voir  les  Mémoires  de  Messire  Alain  Desprez,  recteur  de  Saint-JtUien  de 
Vouvani^,  dant  la  Revue  historique  de  VOuest,  livraisons  de  Juillet,  Sep-* 
teinter»  et  Novembre  1892. 

*  Bené^François  du  Hamel  (comme  porte  expressément  son  acte  de  décès), 
né  à  Chateaubriant  en  1705,  second  fils  de  René,  seigneur  da  Moulinroal, 
avocat  au  Parlement  de  Bretagne,  alloué  et  Maître  des  Eaux  et  Forêts  de  la 
Baronnie  de  Gh&teaubriant,  mort  en  t72S,  et  de  dame  Françoise  Oallaii, 
dame  de  Beaumanoir  et  du  Rancoôt  en  Conquereuil  ;  nommé  recteur  de  St- 
JaUan  de  Vouvantes,' il  prit  possession  de  cette  cure  le  1*^  mai  1735  et  il 
moarut  le  25  novembre  1769,  âgé  de  65  ans.  Il  eut  pour  héritier!  ses  nevetts: 


168  MES8IRB   JBAN    LAlNÉ 

Cette  requdte  signée  de  M.  Hamel  et  copiée  tout  entière  de 
la  main  de  M.  Laine  sur  les  feuilles  libres  du  registre  de  1774, 
nous  apprend  donc  quelle  était  la  situation  de  cette  cure  au 
temporel,  cure  à  portion  congrue  dont  le  revenu  «  tant  en 
pourpris  qu*en  dtmes  et  offrandes  de  toutes  espèces  produit^, 
années  communes,  12  à  13  cents  livres.  En  1742,  le  recteur 
n'en  fit  que  1082  -H-  2'  G**.  Les  dtmes  partagées  en  sept  ou  huit 
seigneurs,  et  le  pourpris  cçnsistanl  en  trois  ou  quatre  jour- 
neaux  de  terre,  ne  produisent  au  recteur  que  7  à  800#  ;  quant 
aux  offrandes  de  grains,  ou  orges,  et  autres  casuels,  tous  dé- 
pendant de  la  dévotion  des  fidèles  de  30  à  40  lieues  à  la  ronde, 
elles  ne  se  montent  qu'à  4  ou  500  -H-  par  an,  quoique  dans  le 
publie  ceite  cure  autrefois  très  considérable  par  les  offrandes, 
passe  encore  pour  valoir 3000  #  de  rentes.  Si  quelques  années 
elle  a  produit  14  à  15  cents  livres,  par  ailleurs  la  misère  a  été 
bien  plus  grande  dans  cette  paroisse  dont  le  plus  grand 
nombre  deë  paroissiens  sont  artisans  et  journaliers,  ou  petits 

Bertrand  B4^hu,  congeiUer  au  Parlement,  devenu  seigneur  du  Moulinronl  par 
son  mariage  avec  D^i*  Antoinette  Rouault  de  la  Valiais,  flUe  de  Joseph  sei- 
gneur de  la  Vallais.  et  de  Perrine  du  Hamel,  d*  du  Monlinroul  ;  et  Jacques 
Hochedô  de  la  Oaémerais  époux  de  Jeanne  du  Hamel,  d*  du  Raneoêt. 

Chargé  par  sa  sœur,  Madame  Kouauit  de  la  Vallais  de  surveiller  ses  inté- 
rêts an  Monlinroul,  le  recteur  de  St-Julien  géra  cette  propriété  de  1747  à 
17(7.  Il  existe  encore  aux  archives  du  Moulinronl,  plusieurs  cahiers  écrits 
de  la  main  de  M.  l'abbé  du  Hamel  et  contenant  ses  comptes  de  gestion.  Ce  fut 
lui  qui  planta  les  beaux  chênes  qui  existent  encore  sur  cette  terre,  dont  il 
s*occupa  avec  intérêt  et  intelligence,  tandis  que  sa  sœur  habitait  Rennes  où 
son  mari  était  procureur  au  Parlement.  Deux  des  autres  sœurs  de  Tabbé  du 
Hamel  Jeanne  et  Renée  étaient  religieuses  à  St-Sauveur  de  Béré  en  1746. 

La  seigneurie  du  MoulinrotU,  moyenne  justice  sous  Chàteaubriant  appar- 
tenait en  USOà  Pierre  Guischart,  en  1480  à  Jean  Costard,  en  1508  à  Guillaume 
RouauU,  époux  de  D"*  Gallinier  ;  ce  fut  leur  fils  Jean  Rouault  qui  fit  bâtir  en 
15761e  château  actuel  du  Monlinroul,  que  leur  fille  porta  par  alliance  en  1579 
aux  Hamel;  des  Hamel  il  vint  aux  Béchu  en  i7à6,  et  en  1875  èi  M  *  RegnauU 
de  Bouttemont,  née  Pauline  Varin  de  la  Brunelière  et  fiUe  de  D"*  Béchu  du 
Monlinroul. 

Les  Hamel  portent  pour  armes  :  d^azur  au  chevron  d'argent  accompagné 
de  trois  croizettes  fleuronnées  d*or, 

{Note  due  à  Vobligeance  dû  comte  Xavier  de  Beîîevue,  gendre  de  Madame 
de  Bmitemont,  propriétaire  du  Uoulinroul  en  1876^  par  héritage  de  son 
oncle  if.  Hippjlyte  Béchu  du  Monlinroul,  conseiller  général  et  maire  de 
C?idteaubriant.) 


M£S8IA£  JEAN   LAINE  160 

colons,  qui  ont  besoin  de  tout  lorsque  le  blé  renchérit,  ou 
lorsqu'ils  tombent  malades.  »  Ce  sont  les  expressions  mômes 
et  le  témoignage  du  recteur  dans  sa  requête. 

Ces  offrandes,  au  temps  de  M.  Laine  «  valaient  autant  que 
le  revenu  de  la  cure.  »  Elles  donnèrent  prétexte  à  la  lutte 
contre  les  recteurs. 

A  l'époque  du  rectorat  de  messire  Alain  Desprez  (1709-1728) 
dont  nous  avons  publié  les  Mémoires,  le  pèlerinage  de  Saint- 
Julien  paraît  avoir  été  dans  toute  sa  gloire.  La  translation 
solennelle  des  reliques  du  patron  que  le  courageux  et  zélé 
recteur  était  allé  chercher  à  Brioude,  avait  eu  un  grand  reten- 
tissement dans  toute  la  région,  et  les  années  qui  suivirent 
durent  amener  ici  un  grand  nombre  de  pèlerins  ;  ce  qui,  en 
augmentant  la  dévotion  populaire  au  patron,  accrut  aussi  con- 
sidérablement les  revenus  des  recteurs,  profitant,  comme 
d'un  casuel  reconnu  de  tous,  des  offrandes  en  nature  et  en 
argent  déposées  dans  Téglise.  Pendant  tout  le  rectorat  de 
M.  Alain  Desprez^  tout  futau  calme  et  à  la  tranquillité  la  plus 
complète,  et  cet  illustre  recteur  qui  paraît  avoir  joui  d'une 
g^rande autorité, ne  fait  allusion  dans  la  partie  de  ses  Mémoires 
qui  nous  a  été  conservée,  qu'au  bonheur  et  au  succès  de  ses 
diverses  entreprises.  Ce  fut  sous  son  successeur,  messire 
Jacques  Dezé,  que  la  guerre  éclata  pour  ne  plus  se  terminer 
qu'à  la  grande  catastrophe  de  la  fin  du  siècle  où  devait  s'en- 
gloutir tout  son  passé. 

Au  temps  de  ce  recteur,  vivait  dans  le  pays  de  Saint-JuHen 
de  Vouvantesun  homme  d'origine  humble  et  obscure,  lequel 
recueilli  charitablement  chez  les  moines  de  la  Primaudière' 
y  servit  d'abord  en  qualité  d'enfant  de  chœur  et  de  cbmmis- 
sionnaire  Les  religieux  ayant  remarqué  son  intelligence, 
«l'instruisirent  et  lui  donnèrent  une  éducatiomnajeure,  de 
façon  qu'il  fit  des  progrès  en  la  jurisprudence,  et  devint  un 


^  lioiustÀre  de  Tordre  de  Grammont  fondé  sur  les  confins  delà  Bretagne  et 
de  rAojou,  en  1207,  par  les  deax  seigneurs  de  Ch&teaubriant  et  de  Pouancé. 


170  ME8SIRK  JEAN   LAINE 

homme  célèbre  en  cette  paroisse  où  il  était  craint'.  »  Sénéchal 
delaChapelle-Glain,  avocat  en  parlement,  il  ne  tarda  pas  à 
jouir  d'une  influence  prépondérante  dans  toutes  les  affaires 
delà  paroisse.  On  le  voit  mêlé  à  toutes  les  délibérations  im- 
portantes du  Général.  Sa  fortune  devint  considérable.  «  Il 
amassa  en  peu  de  temps  au  moins  cent  mille  livres  de  biens.  » 
Dans  une  telle  situation  acquise  par  son  travail  et  son  intelli- 
gence^ avec  le  concours  des  moines  de  la  Primaudière,  il  était 
à  même  de  contribuer  dans  une  large  mesure  au  bien  public 
Une  malheureuse  imprudence  de  M.  Dezé  compromit  tout. 

En  jouant  un  jour  à  la  boule  aveo  le  Sénéchal^  circonstance 
qui  prouve  une  assez  grande  intimité,  ainsi  que  la  bonne 
simplicité  des  relations  de  l'époque,  le  recteur,  dans  un  mo- 
ment de  contrariété  et  d'impatience,  lui  reprocha  la  bassesse 
de  son  origine.  Ce  fut  sa  perte.  Le  compagnon  du  jeu  du  rec- 
teur n'écoutant  «  que  la  passion  de  se  venger  se  porta  à  ima- 
giner^ à  supposer  contre  ledit  Dezé,  les  faits  les  plus  horribles 
et  les  plus  punissables  par  les  lois  canoniques  et  civiles,  en 
le  noircissant  de  la  plus  honteuse  et  injurieuse  calomnie 
auprès  de  M.  le  procureur  général.  Il  en  arriva  à  ce  point  qu'il 
ne  resta  au  recteur  d'espérance  de  conserver  la  vie  qu'en 
résignant  à  M.  Hamel  son  bénéfice  cure,  et  d'errer  çà  et  là 
après  «  avoir  quitté  l'habit  sacerdotal.  >> 

Ce  procès  fut  «  d'abord  instruit  à  Nantes  et  ensuite  à 
Rennes.  L'accusation  fut  grave  sans  doute»  puisque  M.  Dezé 
fut  obligé  de  démissionner.  Dans  les  divers  documents  que 
nous  avons  pu  consulter^  nous  trouvons  trace  d'autres  procès 
antérieurs  intentés  au  môme  recteur.  Ck)mme  le  remarque 
justement  un  savant  archiviste,  dans  une  intéressante  étude 
publiée  dans  le  Correspondant  du  25  octobre  1888^  sous  ee 
titre  Un  curé  breton  sons  V ancien  régime  :  «  Autrefois,  tout 
était  matière  à  procès,  et  les  bénéfices  étaient  sujets  plus  que 
toute  autre  chose  à  une  foule  de  contestations...  »  Pour  ce  qui 

*  TiMift  lie  »•<■  •■tv«  g«ilUni«to  «onlr  «stfail»  testatItBiDMit  dte  WMIM  dft 
M.  JUiiié. 


liBSSlRE  JEAN   LAiNé  171 

est  de  la  cause  en  question,  nous  savons  notiamment  qu'une 
sentence  fut  rendue  contre  M.  Dezé  par  l'offtcialité  de  Nantes, 
le 3  décembre  1734,  mais  là  se  bornent  i^os  renseignements. 
C'est  Tannée  môme  de  la  démission  du  recteur.  M.  Laine  croit 
à  la  calomnie  et  les  termes  exprès  et  sévères  dont  il  se  sert 
pour  stigmatiser  les  accusateurs,  ne  laissent  pas  de  doute  sur 
sa  conviction  intime.  Il  était  sur  les  lieux,  avait  interrogé  des  ^ 
témoins  qui  avaient  connu  les  faits  et  les  personnes;  son  témoi- 
gnage des  plus  précieux  a  une  grande  valeur. 

A  la  suite  et  en  compagnie  du  sénéchal  de  la  Chapelle  Glain, 
nous  voyons  paraître  dans  cette  lutte  contre  les  recteurs  un 
grand  nombre  d'amis,  d'alliés,  de  parents  ;  et  s'établir  avec 
eux  et  par  eux,  tout  un  parti  puissant  qui  ne  sera  pas  plus 
tendre  aux  successeurs  de  M.  Dezé  qu'à  lui-môme.  L'impru- 
dence de  ce  dernier  fut  grave,  il  est  vrai  ;  elle  ne  fut  toutefois 
évidemment  qu'un  prétexte  au  déchaînement  de  la  haine  ;  et 
si  les  recteurs  successifs  n'eurent  pas  un  pareil  écart  de 
langage  à  leur  actif,  la  perception  qu'ils  faisaient  des  riches 
offrandes  en  nature  déposées  aux  pieds  delà  statue  /lu patron, 
fut  Toccasion  suffisante  pour  recommencer  l'attaque  et  les 
procès. 

Pendant  le  rectorat  de  M.  Hamel  successeur  de  M.  Dezé, 
des  tentatives  furent  faites  pour  arrêter  «  les  dites  offrandes, 
mais  elUs  n'eurent  pas  de  suite,  parce  que  M.  Hamel  les 
répandait  en  le  sein  des  pauvres...  »  M.  Hamel,  nous  l'avons 
Yu  par  une  note  reproduite  plus  haut^  appartenait  à  une  noble 
famille  et  jouissait  d'une  fortune  assez  considérable.  Par  ail- 
leurs il  était  fgrt  estimé  dans  la  paroisse  :  «  Quoiqu'il  y  ait 
déjà  bien  longtemps,  écrivait  en  1844  le  vicaire,  M.  Leroux, 
rédacteur  du  registre  paroissial,  que  M.  Hamel  est  mort,  sa 
mémoire  cependant  vit  encore  dans  cette  paroisse  qu'il  gou- 
verna pendant  plus  de  trente  cinq  ans.  Les  anciens  aimaient 
à  raconter  à  leurs  enfants  les  beaux  exemples  de  vertu  de  ce 
bon  prêtre...  Sa  charité  était  vraiment  extraordinaire  :  tous  les 
ans,  à  l'approche  de  l'hiver,  il  faisait  aux  pauvres  une  grande 


172  ME8SIRE   J£AN   LAINE 

distribution  d'habillements,  sans  compter  les  aumônes  consi- 
dérables qu'il  distribuait  chaque  semaine  et  les  secours  qu'il 
donnait  aux  pauvres  honteux...  »  Toutes  ces  qualités  du  véné- 
rable recteur,  l'estime  général  dont  il  jouissait  n'empêchèrent 
pas  le  Général^  en  maintes  occasions^  de  lui  susciter  de  mes- 
quines tracasseries  dont  les  traces  évidentes  sont  demeurées 
dans  les  procès-verbaux  qui  nous  ont  été  conservés  de  ses 
réunions. 

Mais  ce  fut  surtout  sous  le  gouvernement  de  M.' Jouneaulx 
que  la  lulte  se  raviva,  prit  des  proportions  énormes  et  reten- 
tissantes, et  fut  comme  le  prélude  des  scènes  tragiques  et 
sanglantes  de  la  Révolution. 

Monsieur  Jouneaulx  était  originaire  de  la  paroisse  de. Sain t- 
Julten  de  Vouvantes,  et  d'une  famille  riche  et  puissante.  Des 
familles  rivales  de  la  sienne,  influentes  également,  virent  son 
arrivée  ici  avec  peine.  Il  avait  été  successivement  prieur  de 
Ghanveaux  et  de  Juigné  les  Mous  tiers.  Prêtre  de  beaucoup 
d'esprit  et  de  talent,  il  s'entendait  à  merveille  à  faire  valoir  la 
bonté  de  sa  cause,  et  il  en  donna  de  bien  belles  preuves  dans 
le  fameux  procès  qui  lui  fut  intenté,  et  lorsqu'on' voulut  lui 
enlever  les  offrandes  de  l'église*. 

Un  prétexte  futile  donna  lieu  à  la  première  attaque  :  le  refus 
par  le  recteur  de  prêter  une  somme  de  trois  cents  livres  à 
un.  solliciteur  important  mais  peu  responsable.  Furieux  de 
s'être  vu  évincé,  le  triste  personnage  jura  de  s'en  venger. 
Pour  l'honneur  du  pays,  il  est  juste  de  constater  que  la  plu- 
part des  instigateurs,  accusateurs,  délateurs  de  M.  Jouneaulx 
étaient  des  étrangers,  c'étaient  presque  tous  des  fonctionnai- 
res de  l'époque  désignés  sous  le  nom  de  «  sénéchal,  procureur 
fiscal,  receveurs  des  devoirs,  maltôtiers,  apothicaire.  » 
M.  Laine  les  nomme  tous,  hommes  et  femmes,  car  les  femmes 
aussi  s'en  mêlaient;  il  nous  fait  assister  pour  ainsi  dire,  à  l'or- 
ganisation de  l'attaque,  à  l'instruction  de  l'affaire,  à  tous  les 

*  Registre  de  p&roisse. 


MBSSIRE  .JEAN   LAlNÉ  173 

conciliabules  de  la  cabale.  On  fait  d'abord  intervenir  le 
Général  «  afin  de  porter  ses  plaintes,  au  sujet  des  barriques 
remplies  de  blés  et  froments  bénits  chaque  année  par  le 
recteur,  et  exposées  dans^  le  sanctuaire  de  l'église,  pour  que 
chaque  voyageur  déposât  son  offrande  en  les  dites  barriques  et 
emportât  une  petite  quantité  de  grains  bénits.»  «  L'indécence, 
disait  le  Général,  qu'occasionnent  ces  barriques  ne  permet  pas 
qu'elles  soient  exposées  dans  le  sanctuaire  ».  Aussi  il  fut 
décidé  capitulairement  qu'elles  seraient  placées  au  bas  do 
l'église.  On  avait  fait  entendre  au  Général  que,  lorsque  ces  dis- 
positions seraient  prises,  la  fabrique  aurait  les  deux  tiers 
des  offrandes  et  les  recteurs  un  troisième  tiers  seulement. 

Cela  ne  suffisait  pas.  Il  fallait  d'autres  griefs  pour  perdre  le 
recteur,  on  s*attaqua  à  sa  moralité.  D'après  ses  ennemis 
M.  Jouneuulx  «  ne  trouvait  dans  la  crédule  dévotion  des  voya- 
geurs qu'une  seule  chose,  à  savoir  :  de  grandes  ressources 
pour  sa  cupidité.  Bien  exercé  par  la  ruine  totale  da  la  petite 
paroisse  de  Chanveaux  (en  Anjou'  dont  il  fut  quelques  années 
le  pasteur,  il  pilla  et  dévasta  la  paroisse  de  Juigné  les  Mous- 
tiers  qu'il  quitta  après  avoir  enlevé  à  cette  cure  deux  fermes 
de  400  H-  de  rente.  Depuis  son  arrivée  à  Saint-Julien,  tous  les 
tribunaux  d'alentour  n'ont  cessé  de  retentir  du  nom  de  cette 
paroisse  malheureuse,  et  le  mal  est  arrivé  à  un  tel  excès  qu'il 
est  resté  aux  habitants  de  cette  paroisse  le  surnom  de  faux 
témoins  de  Saint  Julien^  ». 

Les  faux  témoins,  suivant  l'affirmation  de  M.  Laine,  se 
trouvaient  au  rang  des  ennemis  du  recteur  :  «  Tous  les  soirs, 
le  catéchisme  se  fait  à  de  basses  et  viles  âmes  pour  les  faire 
déposer  choses  et  faits  inventés  par  deux  scélérats.  Deux 
femmes,  aussi  méchantes  que  peu  spirituelles,  sont  chargées 
des  leçons  qui  étaient  nocturnes  et  données  seulement  au 
milieu  des  ténèbres  ».  Plusieurs  paroissiens  sont  gagnés  à  la 
cause  «  toutes  âmes  viles»  basses  et  méprisables  qui  déposèrent 

1  Extrait  d'un  pamphlet  anonyme  publié  à  Saint-Julien,  à  100  exemplaires, 
en  1791. 

TOME  XVl*  —  NOTlGfiS.  —  XVl*  ANNÉB,  5*-6®  ANNÉE.  l3 


1*71  MlâSSIRE  JEAN    LAlNÊ 

tout  ce  qu'on  peut  inventer  de  plu^  horrible,  sans  craindre  de 
conduire  leur  recteur  aux  derniers  supplices;  choses  et  faits 
qui  nedoivent  être  marqués  ici  pour  nu  pas  choquer  les  oreilles 
chastes;  et  une  fille  bâtarde,  domestique  de  l'apothicaire, 
femme  aussi  difforme  et  laide  que  méchante,  eut  le  front  assez 
épais  pour  déposer  et  soutenir  faits  à  elle  personnels  en  face 
du  dit  recteur  qui  ne  la  connaissait  pas  et  ne  lavait  jamais 
confessée,  ce  qui,  pour  les  honnôles  gens,  était  une  preuve 
concluante  que  le  recteur  n'était  pas  coupable  du  crime  dont 
on  Taccusait  ». 

Les  cabaleurs  avaient  entraîné  «  en  leur  parti  le  procureur 
fiscal  delà  juridiction  de  la  Rivière  en  haut  bois,  aux  fins  de 
signer  tous  les  écrits  de  leur  détestable  projet;  homme  borné, 
ivrogne,  impie  et  sans  probité,  lequel  signait  sans  connais- 
sance de  cause  toutes  les  horreurs  delà  plus  noire  calomnie 
contre  M.  Jouneaulx  )>.  «  Un  avocat  au  Parlement,  subdéiégué 
de  rintendance  etchef  de  la  maison  de  force  à  Rennes,  homme 
spirituel  et  dangereux,  travaillait  de  son  côté  à  perdre  ledit 
Jouneaulx,  de  concert  avec  le  sieur  Brossays, substitut  du  pro- 
cureur général.  Sans  doute  que  ledit  Brossays  ne  prévoyait 
pas  alors  devenir,  par  alliance,  cousin  du  recteur  de  Saint- 
Julien  de  Vouvantes;  et  sans  examiner  la  vérité  en  cette 
affaire  mal  et  injustement  ourdie,  le  parlement  l'instruit  sans 
connaissance  de  cause,  sans  faire  la  moindre  réflexion,  sans 
s'apercevoir  de  la  grossière  calomnie  qu'il  a  devant  les  yeux, 
il  porte  toui  d'abord  un  arrêt,  et  pour  ainsi  dire  fait  défense  à 
saint  Julien  défaire  des  miracles,  et  aux  voyageurs  d'apporter 
des  offrandes  et  de  faire  toucher  leurs  chapeaux  au  dit  saint 

Julien  «. 

J.  Saint-Fort  Rondblou, 

(A  suivre),  prêtre. 


LES    CAPUCINS    DU    CROISIC 

PENDANT  LA  RÉVOLUTION 

(Suile)' 

SECONDE    PARTIE 

;    RELIGIEUX    APRÈS    1,'ÉVACL'ATION    DU    COl'VENT 


CHAPITRE  I" 


Arrivée  ues  capucins  a  Nantk».  —  Ltc  pkère  Martinibn  du 

LUDE    BN     l!:Sl'AGNB    KT     LE    PÈHK     FsHUlNANU     DE    RbNNES   A 

Jkrsuy.  —  Lk  pkre  Julien  uk  ïSaint-Bhamdan  est  désiqné 
pour  uesservir  la  paroisse  de  kl>uans. 

Le  27  décenibre  1791,  nous  l'avo;is  vu,  dix-neuf  religieux 
avaient  dû  quitter  leur  couvent  pour  venir  à  Nantes  confor- 
mément aux  ordres  de  l'administrai  ion  ;  cinq,  trop  malades  ou 
trop  vieux  pour  faire  le  voyage,  étaient  restés  au  Croisic. 

Avant  cette  date,  trois  capucins  avaient  déjà  abandonné  le 
couvent.  C'est  d'abord  le  frère  Marfinien  du  Lude  :  il  était 
parti  pour  l'Espagne  et  son  absence  est  constatée  tant  par  le 
district  de    Guérande   que   par  le   directoire    du  départe- 


176  LEfi    GAPUGIN8   DU   GR0I81G 

ment*. C'est  ea  second  lieu  le  père  Ferdinand  de  Rennes  :  d'après 
la  délibération  du  directoire  du  17  février  1792*,  il  n'est  pas  en 
effet  mentionné  parmi  les  religieux  et  aucun  traitement  ne  lui 
est  assigné.  Quand  partit-il?  Où  alla-l-il  d'abord?  Nous  l'i- 
gnorons; nous  savons  seulement  que  plus  tard  il  a  résidé  à 
Jersey*. 

Le  troisième  capucin  valide,  qui  ne  vint  pas  à  Nantes,  fut  le 
père  Julien  de  Saiut-Brandan.  Oubliant  les  vœux  qu'il  avait 
prononcés  et  la  déclaration  qu'il  avait  faite  de  «  vouloir 
continuer  la  vie  commune*  »,  ce  religieux  ne  craignit  pas 
d'accepter  un  poste  ne  Tévèque  constitutionnel  et  du  directoire 
du  département.  Au  lieu  de  se  rendre  à  Nantes  avec  ses  con- 
frères, il  alla  d  Rouans  célébrer  les  fôtes  de  Noël. 

La  paroisse  de  Rouans  était  restée  Adèle  à  ses  anciens 
prêtres  et  n'avait  aucune  confiance  pour  les  jureurs  et  leurs 
amis'.  Un  capucin, le  père  Paciflquede  Rennes,  ancien  gardien 
du  couvent  de  la  Fosse  à  Nantes,  y  avait  été  déjà  envoyé'  pour 
y  célébrer  le  culte,  mais  il  ne  fut  pas  bien  accueilli  par  la 
population,  ainsi  que  le  prouvent  de  nombreuses  pièces*. 

*  Le  directoire  da  département,  dana  la  délibération  précitée  du  t9  février  1792 
(Arch.  dép.  Q.  Administration  centrale,  Keg.  3.  lo36),  constate  qae,  «  le  frère 
nommé  da  Ludr  a'étant  absenté,  il  doit  être  distrait  da  tableau  n,  et  Tétat  da 
personnel  du  coavent,  arrêté  par  le  district,  porte,  après  son  nom,  cette  ob- 
servation :  <  En  Bspagne  ».  =^  Voir  aussi  l'Était  dressé  par  le  district  de 
Ouérande  le  10  juillet  1792,  Arch.  départ.  L.  238. 

'  Voir  supra  cette  délibération  reproduite  in  extenso. 

1  Derifistoarbeillon,{6:r  Familles  françaises  à  Jersey  pendant  la  Révolution, 
p.  437.  —  D'après  le  relevé  fait  sur  le  «  Tableau  des  ecclésiastiques  réfugiés 
à  Jersey  »,  p.  267  à  479,  quarante-sept  capucins,  tant  de  la  province  de  Bre- 
tagne que  de  celle  de  Normandie,  y  auraient   résidé  pendant   la  KéTolutioo. 

*  Arch.  dép.  Q.  Clergé  régulier.  Ordres  mendiants.  Inventaire  de  titres  et 
mobilier.  Etals  de  situation.  CapuHns  de  Machecoul.  —  D'après  le  procès- 
verbal  du  13  janvier  1791,  c  le  dit  père  Julien,  faisant  les  fonctions  de  gar- 
dien... m*a  déclaré  vouloir  continuer  la  vie  commune  d'après  la  demande  que 
je  lui  eu  ai  fait  ».  Même  déclaratioa  au  procè»-verbal  du  4  février:  «  Lesdits 
pères  gardiens  et  Allexis  et  frère  Laurent  nous  ont  déclaré  séparément  vouloir 
continuer  la  vie  commune,  ce  qu'ils  ont  signé  :  frère  Jul[bn,  capucin\gardieo. 
frère  Allkxis,  capucin  prêtre,  et  frère  Laurent,  capucin,  t 

•  LaHié.  Op.  cit.  l.  p.  241. 

•  Arch.  dép.  L.  144.  Rouatis.  Clergé  séculier.  Personnel. 


$ 


PBNDANT  LA    RÉVOLUTION  177 

Le  11  juinetl79i,  il  écrivait  de  Rouans  la  lettre  suivante 
«  è  messieurs  les  administrateurs  du  district  de  Paimbœuf  »  : 

«  Messieurs.  —  J*ai  oublié  de  vous  mander  que  hier  dimanche  10 
du  courant,  il  s'est  passé  une  petite  scène  fanatique  qui  aurait  pu 
avoir  des  suittes  sans  la  prudence  et  la  fermeté  de' messieurs  Desnos 
frères  qui  ont  mis  fin  à  l'orgie.  Je  crois  qu*en  cas  d'événement,  ce 
serait  prudent  d*intimer  vos  ordres  à  la  municipalité  de  Rouans  et  à 
Monsieur  Desnos,  commandant  de  la  garde  nationale,  afin  que,  en 
cas  de  récidive,  on  arrestà  les  progrès  du  mal  occasionné  par  Téga* 
rement  de  ces  pauvres  gens  qui  ne  pèchent  que  par  séduction. 

J'ay  rhonneur  d'estre  avec  le  plus  profond  respect^  messieurs, 
votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur.  —  Richard,  prôtre.  » 

Les  administrateurs  du  district  de  Paimbœuf  s'émurent  de 
cette  situation  et  prirent,  dans  la  séance  du  15  juillet  1701  la 
délibération  suivante: 

«  Vu  la  lettre  du  s^  Richard  desservant  la  cure  de  Rouans  et  après 
avoir  entendu  les  dénonciations  verbales  faites  au  directoire  par 
diflTérents  habitants  de  Rouans  que,  dimanche  dernier,  le  nommé 
Blanchard  fils,  accompagné  de  plusieurs  autres  particuliers  tant  de 
Rouans  que  des  paroisses  voisines,  au  moment  de  la  grande-messe  du 
8'  Richard,  entrèrent  dans  Téglise  le  chapeau  sur  la  tôte  et  avec  un 
chien  auquel  ils  disaient  :  Voilà  ta  grand'messe  à  toi,  et  faisant 
plusieurs  autres  farces  qui  tournaient  en  dérision  et  le  prêtre  et  les 
cérémonies  sacerdotales  qui  allaient  se  faire. 

Le  Directoire,  ouï  le  procureur  sindic,  a  arrêté  que  dimanche  pro- 
chain il  serait  descendu  par  M.  Le  Mercier  au  bourg  de  Rouans 
pour  y  prendre  tous  les  renseignements  nécessaires  au  sujet  du  délit 
causé  dans  Téglise  de  cette  paroisse  au  moment  de  la  grand'messe, 
faire  toutes  perquisitions  utiles  pour  en  connaître  les  auteurs,  se 
saisir  de  leurs  personnes  et  surtout  de  celle  du  nommé  Blanchard  fils 
et  les  faire  conduire  au  district  pour  y  être  entendus. . . 

Arrête  qu'il  sera  tenu  compte  audit  sieur  Richard,  la  somme  de 
soixante  livres  àvalloir  aux  appointements  qui  lui  seront  dûs  pour 
le  temps  de  sa  résidance  à  Rouans,  m 

Conformément  à  cet  arrêté,  le  commissaire  se  rendit  à 
Rouans  pour  faire  son  enquête.  En  voici  le  procès-verbal  : 

«  L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  onze,  le  dix  sept  juillet,  nous 
Noét  Mathurin  Lemercier,  nommé  commissaire  par  arrêté  du  jour 


178  LES   CAPUCINS   DU    CROISIC 

d'hier>,  savoir  faisons  que  nous  sommes  transportées  jusqu*à  Rouans 
accompagné  d*un  détachement  de  neuf  dragons  ;  y  étant  arrivé  sur 
les  huit  heures  du  matin,  nous  nous  sommes  transportés  chez  Josepii 
Blanchard  afin  de  vérifier  les  faits  contenus  dans  l'arrêté  du  jour 
d'hier  ;  nous  avans  trouvé  le  dit  Blanchard  au  lit  et  l'avons  inter- 
pellé de  nous  dire  si  son  iils  Pierre  Blanchard  était  à  la  maison.  Sur 
sa  réponse  négative,  nous  l'avons  requis  de  l'envoyer  chercher  ;  il 
nous  a  répondu  qu'il  ne  savait  ou  il  était  et  qu'étant  malade,  il 
n'avait  personne  pour  ènvoier  quérir  le  dit  Blanchard,  mais  qu'il  ne 
tarderait  pas  à  venir  et  qu'il  l'enverrait  nous  parler. 

Nous  sommes  ensuite  transporté  chez  le  nommé  Perrodeau  auber- 
giste pour  tâcher  de  trouver  des   renseignements   sur  les   faits 
dénonbés  à  l'administration  ;  là  ledit  Blanchard  âls  ayant  paru  dans 
ladite  maison  et  ayant  été  nommé,  nous  l'avons  obligé  de  nous  sui- 
vre. Interrogé  sur  les   faits  passés  à  Rouans  le  dimanche  dix,  il  a 
répondu  n'avoir  connaissance  qu'aucun  ayant  mené  un  chien  dfi(,ns 
l'église  à  la  messe,  mais  que  petidant  les  vêpres  il  a  vu  le  nommé 
Michel  Souard  sur  la  porte  de  l'église  qui  était  ouverte,  le  chapeau 
sur  la  tète,  et  qui  disait  en   allant:  Ils  ne  sont  que   quatorze.  Il  a 
ajouté  que  Noôl  Au  binais  et  Jacques  Bonteau  étaient  témoins  de  ce 
fait  :  iceux  appelés  ont  confirmé  la  déposition  de  Pierre  Blanchard 
et  ont  dits  avoir  bien  entendu  dire  qu'on  avait  mené  un  chien  dans 
l'église,  mais  qu'ils  ne  savaient  pas  quels  sont  les  auteurs  de  cette 
farce. 

Michel  Souard  arrivé  a  avoué  qu'il  s'était  approché  du  seuil  dé 
l'église  et  avait  compté  les  personnes  le  chapeau  sur  la  tête,  mais 
qu'il  n'avait  cru  faire  de  mal. 

Nous  avons  requis  M.  le  Commandant  du  détachement  de  garder 
^s  susnommés  et  les  avons  pour  cela  consigné  à  la  cure  de  Rouans. 
Après  plusieurs  perquisitions,  nous  n'avons  pu  nous  procurer 
aucuns  renseignements  sur  le  délit  dénoncé  à  l'administration... 

Notre  mission  remplie,  nous  nous  sommes  mis  en  marche  pour 
nous  en  retourner  ;  nous  avons  requis  M.  le  Commandant  du  déta* 
chement  de  s'arranger  pour  emmener  les  particuliers  quQ  nous 
avions  mis  en  état  d'arrestation.  Nous  avons  rencontré  sur  notre 
passage  le  sieur  Richard,  ce  digne  prêtre  âgé  de  soixante-trois  ans, 
qui,  malgré  ses  infirmités  et  son  grand  &ge,  n'a  pas  caisse  de  venir 
au  secours  d'une  paroisse  sans  pasteur  et  qui  en  remplit  les  fonctions 
avec  un  zèle  infatiguable,  et  était  accompagné  de  tous  les  membres 

'  C'ett  d* avant-hier  qu'il  faut  lir(». 


PBNDANT   LA   Rt^VOLUTION  170 

de  la  municipalité  qui  ont  joint  leurs  instances  aux  siennes  pour 
nous  prier  de  pardonner  aux  jeunes  gens  une  faute  qu'ils  avaien  t 
commis  plus  par  ignorance  que  par  malice  ;  MM.  Desnos,  comman- 
dant de  la  garde  nationale,  se  sont  joints  à  eux.  Nous,  commissaire, 
▼aincu  par  les  sollicitations  du  sieur  Richard  et  de  la  municipalité 
et  de  MM.  Desnos,  et  voulant,  autant  qu'il  est  en  nous,  répondre  à  la 
charité  et  au  zèle  qui  les  animent,  après  avoir  remontré  aux  jeunes 
gens  rinconséquence  de  leur  conduite  et  les  dangers  auquels  ils 
s'exposaient,  nous  les  avons  relâchés  sous  leur  causions  juratoires 
de  se  représenter  toute  et  quantes  fois  ils]  seront  requis  par  les 
administrateurs* 

Fait  et  arrêté  en  Rouans  les  jours  et  an  que  devant  sous  nos 
seings  et  ceux  du  S'  Richard  et  officiers  municipaux  sachant  signer. 

V.  Richard,  prêtre  desservant  de  la  paroisse  de  Rouans.  —  T.  Bris- 
soNNBAU,  —  .ÏEAN  JoussE,  maire,  — J.  Favion,  —  Guilbaud,  —  Julien 
Brunetbau. 

Tous  ces  incidents  prouvent  combien  Tex-père  Pacifique 
était  peu  populaire  à  Rouans,  malgré  les  grandes  qualités  que 
lui  trouvaient  le  commissaire-enquêteur.  Aussi  prétextant  son 
grand  âge  et  ses  infirmités,  donna-t-il  sa  démission.  Il  offrit 
sa  succession  à  son  ancien  confrère,  le  père  Julien  :  celui-ci 
accepta  la  proposition  et,  à  cet  effet,  écrivit  aux  autorités  la 
lette  suivante*  : 

«  Monsieur.  —  Il  parois  que  mon  confrère  qui  dessert  la  cure  de 
Rouans  désire  beaucoup  que  j^aille  le  remplacer  vu  son  grand  ftge  et 
ses  infirmités  qui  ne  lui  permettent  pas  de  faire  de  longues  courses 
dans  cette  paroisse  ;  il  me  prie  de  faire  quelques  avances  pour  m*y 
rendre  le  plus  tôt  possible,  mais  je  n'ose  le  faire  sans  une  nomination 
ad  hoc  pour  cet  endroit  ;  si  je  suis  nommé,  je  m'y  rendrois,  mais  il  ne 
convient  pas  que  je  demande,  cela  feroit  naître  uneembission  («toque 
je  n'ai  jamais  eu  pour  aucun  places  quoi  que  jan  ai  mt  plusieurs 
dans  mon  ordre  ;  il  faut  une  nomination  dç  la  part  des  électeurs  et 
alors  j'tturai  le  plc^isir  de  vous  vojr  et  de  vous  témoigner  mon  pa- 
triotisme, il  y  a  môme  un  de  rn^s  confrères  qui  désire  de  tout  cœur 
devenir  mon  vicaire,  si  je  suis  nommé  à  cette  cure  de  Rouan; je  laisse 
le  tout  à  votre  prudence  et  à  votre  sagesse  sur  cet  objet,  et  que  tout  ce 
que  vous  m'écriré  à  ce  sujet  me  parvienne  par  la  voye  de  la.  poste 
pour  raisons  connues. 

J'ai  rhonneur  d*ôtre  fraternellement. 

P.  Jui.TEN,  capucin. 

»  Arch.  dép.  L  22S. 


180  LES   CAPUCINS   DU    CROISTC 

Au  Croisic,  ce  23  août  1791 .  » 

De  son  côté,  le  conseil  de  la  commune  de  Rouans,  sans 
doule  sur  l'indication  du  père  Pacifique,  demanda  le  père 
Julienpourdesservir  la  paroisse  et  le  directoire  du  département 
le  désigna  à  Tévôque  constitutionnel,  comme  il  résulte  de  la 
délibération  suivante  du  27  août  1791»  : 

u  Vu  la  délibération  du  conseil  général  de  la  commune  de.  Rouans 
du  vingt-un  de  ce  mois,  par  laquelle  il  demande  qu'il  soit  envoyé  un 
prêtre  pour  desservir  ladite  paroisse  et  l'avis  du  district  de  Paimbœuf 
du  vingt-quatre. 

Le  directoire,  ouï  le  procureur  général  sindic,  arrête  que  Tavis  du 
directoire  de  Paimbœuf  sera  communiqué  à  M,  Minée,  évêque  du 
département,  qui  est  invité  à  pourvoir  le  plutôt  possible  la  paroisse 
de  Rouans  d'un  prêtre  desservant  et  de  donner  les  pouvoirs  au  sieur 
Julien,  ci-devant  capucin,  indiqué  par  le  district  de  Paimbœuf.  s'il 
le  juge  propre  à  cette  desserte,  en  attendant  la  nomination  dSin 
curé  constitutionnel.  » 

Les  offres  de  service  du  père  Julien  ne  furent  pas  immé- 
diatement accueillies  :  les  électeurs  nommèrent  môme  pour 
succéder  au  père  Pacifique  un  vicaire  de  Saint-Sauveur  de 
Brest,  nommé  Lamotte;  mais  celui-ci  i-efusa.  Les  anciens 
prêtres  étaient  en  effet  restés  dans  le  pays  :  la  population  les 
réclamait,  mais  ne  voulait  pas  avoir  un  curé  jureur*. 

Toutefois  quelques  bons  patriotes  firent  des  nouvelles 
pétitions  qui  furent  communiquées  au  conseil  épiscopal  et, 
celui-ci,  dans  sa  séance  du  16  décembre  1791,  désigna  enfin  le 
père  Julien». 

«  Séance  où  présidait  M.  Soulastre  et  assistaient  MM.  Chesneau» 
Darbefeuille,  Binot^  Laforcade,  Andrieux  et  Bessefon, 

Vu  la  requête  de  plusieurs  habitans  de  la  paroisse  de  Rouans,  l'avis 
du  district  de  Paimbœuf  du  dix  de  ce  mois,  sur  lequel  a  été  ordonné 
communication  dattée  du  quinze  du  courant, 

*  Areh.  dép.  L.  Directoire  du  département.  Délibérations.  Registre  5, 
f«  69  recto. 

•  Lallié.  Op.  cit,  I.  p.  242.  —  On  y  trouvera  tous  les  détails  relatifs  à  la 
situation  de  la  paroisse  de  Rouans. 

'  Arch.  dép.  L.  144. 


PBNDANT  LA    RÉVOLUTION  181 

Le  conseil  épiscopal,  qui  n'a  rien  négligé  jusqu'à  ce  jour  pour 
procurer  aux  habitans  de  Rouans  les  secours  spirituels,  observe 
qu'il  leur  a  d'abord  envoyé  pour  desservant  le  père  Pacifique  ci-de- 
vant capucin.  Au  retour  de  cet  honnête  ecclésiastique  qui,  pendant 
un  mois  de  séjour  à  Rouans,  eut  plus  d'une  mortification  à  essuyer, 
les  démarches  de  monsieur  l'évéque  et  de  son  conseil  ne  furent  point 
négligées,  pour  inviter  un  prêtre  indiqué  par  le  père  Pacifique,  sur 
lequel  on  devait  compter  d'après  ses  promesses  ;  mais  le  retour  des 
ecclésiastiques  non  assermentés  de  cette  paroisse  changèrent  telle- 
ment les  dispositions  des  habitans  que  ni  ce  premier  prêtre  ni  un 
second  envoyé  par  le  conseil  n'osèrent  courir  les  risques  et  s'exposer 
à  l'effet  des  menaces  dont  ce  dernier  déguisé  fût  témoin,  contre 
quiconque  viendrait  déplacer  leurs  prêtres  qui  pour  lors  étaient 
girovagues  dans  la  paroisse. 

Sur  ces  entrefaites,  un  des  membres  du  conseil  a  écrit  et  fait  des 
engagements  pressants  à  M.  La  Motte  qui  refuse  comme  il  apert  de 
la  lettre  ci-jointe. 

A  cet  instant  même,  le  conseil  se  joint  à  un  honnête  citoyen  de 
Rouans,  M.  Plissonneau  pour  décider  M .  Julien  à  accepter  les  offres 
qu'il  a  faites  ;  il  est  prévenu  qu'il  trouvera  à  Rouans  sa  mission  qu'il 
est  vivement  sollicité  de  remplir  aux  fêtes  de  Noôl.  Dans  la  vérité  du 
fait  cette  paroisse  n'a  pas  droit  de  se  plaindre  du  défaut  de  ministres 
puisqu'elle  a  dédaigné  de  les  accueillir,  et  le  conseil  épiscopal  pré- 
vient les  habitants  qu'il  est  de  leur  intérêt  d'avoir  des  égards  pour 
M.Julien,  demeurant  maintenant  au  Groisic,  parce  qu'il  n'a  pas 
d'autres  moyens  de  pourvoir  à  ses  besoins. . .  »» 

Le  lendemain,  Laforcaàe,  vicaire  épiscopal  et  «  faisant  les 
fonctions  de  secrétaire  de  la  maison  épiscopale  de  Nantes  », 
adressant  cette  délibération  au  président  du  Directoire*  : 

«<  Monsieur.  —  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  la  délibération  du 
conseil  épiscopal  de  Nantes,  sur  la  communication  qui  lui  a  été 
faite  de  la  requeste  des  habitants  de  la  paroisse  de  Rouans.  Je  prends 
en  même  temps  la  liberté  de  vous  assurer  du  respect  très  profond 
avec  lequel  je  suis,  monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéissant 
serviteur.  —  Nantes,  ce  17  décembre  1791.  —  Laforcadb,  vicaire 
épiscopal.  > 

Le  Directoire,  le  jour  mdme,  ratifla  la  décision  du  conseil 
épiscopal,  comme  l'atteste  la  délibération  suivante*  : 

4 

1  Arch.  dép.  L.  144. 

'  Arch.  dép.  Q.  Administration  centrale.  Ke^^istra  2  f»  177  acto  et  L.  144. 


182  LES   CAPUCINS   DU    CROÏSÏp 

—  «  0^1  17  déceoibre  1791.  — -  Vu  la  requôte  de  plusieurs  habitapts 
de  la  paroisse  4^  Houans  Inondante  à  obtenir  un  prêtre  pour  la  des- 
serte de  la  paroisse,  Tavis  du  district  de  Paimbœuf  au  pied  du  dix 
décembre  présent  mois,  le  soit  copimuniqué  au  pied  à  M.  révoque 
constitutionnel  dû  dépi^rtement  et  à  son  conseil  du  quinze  et  la  déli- 
bération du  conseil  épiscopal  du  seize. 

Le  directoire,  ouï  procureur  général  sindic,  arrête  que  copie  de  la 
résolution  du  conseil  épiscopal  en  datte  du  jour  d'hui  sera  envoyée 
au  district  de  Paimbœuf  qui  informera  la  municipalité  de  Rouans 
de  la  mission  donnée  au  sieur  Julien,  prêtre,  pour  desservir  la  parois- 
se et  chargera  cette  municipalité  de  veiller  spécialement  à  ce  que  le 
sieur  Julien  ne  soit  troublé  ni  inquiété  dans  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions à  peine  de  répondre  des  événements.  » 

Au  bas  d'une  copie  de  cette  délibération  se  trouve  la  note 
suivante  :  «  Pressé,  à  expédier  pour  mardi  au  plutard.  »  Les 
fêtes  de  Noftl  approchaient  eui  effet  et  le  capucin  devait  ôtre 
arrivé  à  flouans  pour  les  célébrer. 

Le  pore  Julien  gagna  immédiatement  son  poste  et  entra  en 
fonctions.  Rénssit-il  mieux  à  Rouans  que  son  prédécesseur? 
Nous  rignorons  :  nous  savons  seulement  qu'il  n'y  resta  pas 
longtemps;  car,  le  4  mars  1792,  un  récollet  Sauveur  Baudouin 
fut  nomn^é  à  la  cure*. 

Quel  fut  le  motif  de  son  départ  ?  Lui  fit-on  quelques  «  petites 
scènes  fanatiques  »  ?  Eut-îl  trop  de  u  mortifications  à  essuyer  » , 
de  la  part  de  la  population,  malgré  les  avertisseo^ents  réitérés 
du  conseil  épiscopal  et  du  directoire  du  département?  Nous 
n'avons  pu  trouver  de  renseignements  précis  sur  ce 
point. 

Nous  préférons  croire  qu'il  regretta  d'avoir  violé  ses  enga- 
gements religieux  et  qu'il  rejoignit  ses  confrères  à  Nantes.  S'il 
avait  prêté  le  serment  schismatique,  (ce  que  nous  ignorons), 
il  ne  tarda  pas  à  le  rétracter  ;  car  il  fut  soumis  à  l'appel  nomi- 
nal, comme  tous  les  ecclésiastiques  insermentés.  Il  est  égale- 
ment compris,  ainsi  du  reste  que  le  père  Pacifique,  dans  la 


Lallié.  op.  cit.  I.  p.  24S  et  procèt-verbal  d'élection.  Arrh.  dép.  L.  %. 


PRNDANT   LA   RÉVOLUTION  iSlS 

liste  des  prêtres  sujets  ;i  la  déportation*.  Il  est  donc  certain 
que  tous  les  deux  revinrent  sqr  leur  seriperit,  sj  toutefois  ils 
s'y  étaient  soumis*. 

CHAPITRE  II 

SÉJOUR   DBS  RELIGIEUX  A    NaNTBS.  —  DÉPART   DE  DEUX  FÏ^ÈRKS 
POUR  L*lTALie.  —  ArRIVÉK  DBS  RBUGIÉUX  MAT*ADES.  —  ApPEL 

NOMINAL.  —  Arrestations  kt  incarcérations. 

Seul,  à  notre  connaissance,  le  père  Julien  accepta  un  poste 
de  révèque  constitutionnel.  Tous  ses  autres  confrères  qui 
s  étaient  retirés  au  couvent  du  Croisic  persistèrent  jusqu'au 
bout  dans  leur  résolution  de  vivre  et  mourir  sous  la  robe  de 
capucin.  Leurs  déclarations  en  ce  sens  avaient  été  formelles  ! 
plusieurs  d'entre  eux  ne  s'en  étaient  pas  contentés  et  c'est  ains 
que  le  père  Anastasë  de  Landerneau  signa,  avec  d'autres  re- 
ligieux capucins  du  Finistère,  la  protestation  des  prêtres  de  ce 
déparlement  contre  la  constitution  civile  du  clergé*.  Ils  pré- 
fèrent tous  la  déportation  et  môme  la  mort  à  une  adhésion 
quelconque,  même  indirecte,  àcetteconstitution  schismatique. 

Le  père  Dosithée  fut  bien,  il  est  vrai,  nommé  le  15  mai  1791 
à  la  cure  de  Cheix  par  les  électeurs  réunis  à  Paimbœuf.  Voici, 
en  eCFet,  l'extrait  du  procès- verbal  de  son  élection*  : 

*  Arch.  (iAp.  L.  h.  —  Ltite  des  ecclésiastiques  du  département  de  Loire- 
Inférieure  sujets  à  la  déportation  ou  à  la  réclusion  en  vertu  de  la  loi  du 
26  août  {79:,  formée  d*après  l'arrêté  du  département  du  9  brumaire  an  iV 
pour  1  exécution  do  la  loi  du  3  dmlit  mois  de  brumaire.  . 

*  Pour  pouvoir  «zercer  le  culte  constitutionnel,  il  fallait  en  principe  prô- 
isrle  serment,  expressément  exifré  par  les  décrets  des  12  juillet  et  t7  novem- 
bre 1790  At  4  janvier  1791  ;  mais  les  pères  Pacifique  et  Julien  nVxercèrent 
jamais  officiellement  U»  fonctions  de  curés  :  tous  deux  turent  seulement 
envoyés  à  Rouans  temporairement  pour  y  exercer  le  culte  en  attendant  l'é- 
lection régulière  d'un  curé  constitutionnel.  M.  Lallié.  cependant,  pense 
€  qu'il  est  plus  que  vraisemblable  que  le  père  Pacifique  prêta  le  serment  ». 
Op.  cU.  11.  p.  936,  v»  Richard,  Vincent. 

s  Téphany,  Histoire  de  la  persécution  religieuse  dans  Us  diocèses  de 
Quimper  et  de  Léon,  p.  t>4  à  p.  73  et  p.  306. 

*  Arch.  dép.  L.  —  Un  atitre  procès-verbal  du  21  février  1791  après  midi 
mentionne  aussi  l'élection  à  cette  môme  cure  d'un  père  Marc;  mais  c'était  le 
père  Marc  de  Janzé  (Blandin)  f  des  Grands  Capucins  de  Nantes  »,  et  non  notre 
père  Marc  d'Auray  ou  de  Vannes  (Burguen)  qui  faisait  partie  du  couvent  de 
Machecoul. 


184  LES   CAPUCINS    DU    CROISIG 

"...  M.  le  Président  a  annonce  à  rassemblée  qu'il  ne  restoitplus 
à  pourvoir  que  la  cure  de  Cbeix  et  a  demandé  qu'on  s*on  occupât  de 
suite.  —  Chaque  électeur  ayant  mis  son  bulletin  dans  la  boite,  le 
scrutin  fermé,  les  billets  comptés  et  dépouillés,  le  père  Dosité,  oy- 
devant  religieux  des  Petits-Capucins,  a  réuni  tous  les  suffrages  et  a 
été  nommé  curé  de  Gbeix.  » 

Mais  en  marge  on  lit  la  mention  suivante  qui  prouve  que  le 
père  Dosithée  persista  dans  ses  engagements  :«  A  refusé  ». 

Le  père  Julien  parlé  bien  aussi,  dans  sa  lettre  du  23  août 
«  d'un  de  ses  confrères  qui  désire  de  tout  son  cœur  devenir 
son  vicaire  »  ;  maisrien  ne  prouve  que  le  confrère  en  question 
fût  un  des  capucins  retirés  au  Croisic.  Ce  devait  être  plutôt  un 
religieux  d'un  autre  couvent  qui,  dès  le  début,  avait  indiqué 
son  intention  de  sortir  du  clottre.  Les  capucins  qui  firent  cette 
déclaration,  furent  malheureusement  assez  nombreux,  surtout 
au  couvent  de  la  Fosse  de  Nantes  dont  le  père  Pacifique  avait 
été  jadis  le  gardien". 

Pendant  que  le  père  Julien  célébrait  à  Rouans  les  fêtes  de 
Toctave  deNoël,  les  dix-neuf  capucins  valjges  qui  avaient  quit- 
té le  Croisicle  28  décembre  à  midiS  étaient  arrivés  à  Nantes. 
C'étaient  les  pères  Joseph  de  Saint-Brieuc,  Ignace  de  Quim- 
perlé,  Alexis  de  Mamers,  Siméon  d'Auray,  Clément  de  Saint- 
Brieuc,  François  de  Bécherel,  Ambroise  du  Croisic,  Marc  de 
Vannes,  Jean  Chrysostome  de  Corlay,  Fortuné  d'Ancenis, 
Paterne  de  Pontivy,  Norbert  de  Saint-Méen,  Raphaël  de 
Plaintel,  et  les  frères  Didacede  Vannes,  Placide  de  Lesneven, 
Augustin  de  Quintin,  François  de  Nantes,  Gabriel-Ange  de 
Vannes  et  Séraphin  de  Brest.  Comment  firent-ils  le  trajet  qui 
séparait  le  Croisic  du  chef-lieu  du  département?  Nous  l'igno- 
rons :  il  est  toutefois  fort  probable  qu'ils  gagnèrent  Nantes  par 
bateau  en  remontant  la  Loire.  Huit  mois  et»demi  après,  plu- 


-  On  paat  consulter  sur  lee  déclarationi  des  r«ligidux  de  la  Fosse,  Areh- 
dép.  L.  223. 

^  Voir  supra  les  lettres  de  U  municipalité  du  Croisic  au  district  de  Quérande 
et  au  procureur  sjmJic  du  district  du  département  da  27  décembre  1791 . 


PENDANT   LA    RÉVOLUTION  185 

sieurs  d'entre  eux  devaient  redescendre  ce  même  fleuve  pour 
Stagner  la  terre  de  l'exil  î 

A  Nantes,  ils  retrouvèrent  deux  de  leurs  confrères  qui 
n'avaient  pas  encore  prêté  le  serment  :  les  Pères  Paul-Marie 
de  Rennes  etSéverin  de  Gorlay,  anciens  religieux  du  couvent 
de  la  Fosse.  Tous  deux  étaient  restés  à  Nantes  et  habitaient 
près  de  leur  ancien  couvent,  le  premier  «  Grande  rue  des 
Capucins,  maison  Valiot  »,  le  second  «  rue  des  Capucins,  chez 
M.  Boireau,  ^concierge  du  Ghib  *).  Le  Père  Paul-Marie  ne  tarda 
pas  u  prêter  le  serment  schismatique  à  la  constitution  civile 
du  clergé*.  Quant  au  père  Séverin,  à  partir  de  ce  moment,  il 
suivit  le  sort  des  religieux  qui  s'étaient  jretirés  au  Groisic; 
nous  en  parlerons  donc  dans  la  5uite'. 

A  Nantes,  les  Gapucins  logèrent  dans  diverses  maisons  par- 
ticulières. C'étaient  sans  doute  le  plus  souvent  des  amis  des 
religieux  qui  se  firent  un  honneur  de  leur  donner  un  asile  et 
de  les  recueillir  gratuitement  pendant  le  temps  de  la  persé- 
cution. Quelques-uns  durent. aussi  loger  chez  des  personnes 
d'humble  condition,  afin  de  ne  pas  payer  un  prix  de  pension 
trop  élevé.  Souvent  plusieurs  religieux  purent  demeurer  en- 
semble dans  la  même  maison  et  mener  ainsi  jusqu'à  un 
certain  point  la  vie  commune. 

Voici,  d'après  un  document  conservé  aux  archives  départe- 
mentales',  les  domiciles  de  la  plupart  de  nos  religieux  à  la 
date  du  26  mars  1792  :  v 


*  U  prêta  ce  serment  à  la  date  du  8  juin  1792.  H  avait,  au  reate,  demandé 
dès  le  début  «  k  mener  la  vie  cominnne  dans  le  couvent  de  Nantes...,  sinon  à 
quitter  la  vie  commune  et  à  se  réunir  au  clergé  séculier  de  Nantes  ».  —  Voir 
Areh.  départ.  L.  223. 

*  Si  ce  religieux  qui  persista  toujours  dans  ses  vœux  resta  à  Nantes  et  n*aUa 
pa«  avec  ses  confrères  au  Croisio,  ce  fut  très  probablement  à  cause  de  sa  mau- 
vaise santé.  «^...Si  le  couvent  de  Nantes  reste  on  un  qui  me  plaît,  c*est-à-dirs 
qui  convisnt  à  ma  santé,  qui  est  préférable  à  tout  autre  chose,  lisons- nous 
.dans  sa  déclaration,  je  le  veux...  »>  mais  il  ne  veut  pas  être  placé  «  dans  un 
endroit  tout  à  fait  contraire  à  son  tempérament  ».  —  Voir  Arch.  dép,  L,223. 

*  Atch.  dép.  L.  3.  —  C'est  la  liste  des  prêtres  présents  à  Tappel  nominal  du 
C6  mars  1792.  Nos  religieux  y  sont  portés  aux  n«*  10  à  22,  38«  39,  43.  &0et230. 


186  ^Ks  Capucins  Du  CROibic 

<«  Raphaël  et  Paterne  :  Pont  de  la  Magdeleine,  chez  V*  Boireau. 

François  :  Haute  grande  rue,  chez  M.  Thibaut,  au  Pilory. 

Jean  CfirUostome  :  Grande  rue.  chez  M™*  Oaudillon. 

Fortuné,  Ambroiseet  Norbert  :  rue  Baclerie,chez  M.  Queltier  cord*'. 

Siméon  :  Rue  S*«  Croix,  chez  M"*  Grégoire. 

Julien .'  Rue  S*  Clément,  chez  Cœur  de  Roi,  portefaix. 

Gabriel- Ange  :  Chez  Guillaume,  jardinier,  à  St  Similien. 

Joseph  :  Place  Saint  Pierre,  chez  M.  Douaux^  ex-chanoine. 

Clément  :  Grande  rue- 

Bèranger  :  Près  Téglise  S'»  Croix,  chez  M.  Gallon,  cordonnier. 

Alexis  :  Haute  grande  rue,  chez  Aubin,  boutiquier. 

Toussaint^GeorgeSj  Bichardy  capucin  dit  en  religion  Paul-Marie  : 
Grande  rue  des  Capucins,  maison  Vallot. 

Noël  Frat^ulet  :  Rue  des  Capucins,  chez  M.  Boireau,  concierge  de 
Club. 

Augustin,  capucin  :  Rue  de  la  Poissonnerie,  chez  M.  Viau. 

Didace  :  Haute  grande  rue,  chez  Aubin. 

Marc,  capucin  :  Rue  S^  Léonard  chez  Paillusseau»  boutiquier.  >' 

Sur  cette  liste^  ne  figurent  pas  plusieurs  de  nos  religieux, 
notamment  les  frères  Séraphin  de  Brest  (Boisnier)  et  Placide 
de  Lesneven  (Riou).  Tous  les  deux  avaient  en  effet  quitté 
Nantes  et  étaient  partis  pour  Tltalie.  C'est  ce  qu'il  résulte  de 
Tarrôté  du  directoire  du  département  du  17  février  1792*  dans 
lequel  est  mentionnée  une  «  requête  des  sieurs  Mathieu  Bois- 
nier et  Guillaume  Fliou,  tendante  à  recevoir  leur  traitement  à 
Nantes  attendu  leur  prochain  départ  pour  l'Italie,  suivant  la 
déclaration  par  eux  faite  au  secrétariat  du  département  ». 
Nous  savons  qu'ils  se  retirèrent,  le  premier  au  couvent  des 
capucins  d'Orvieto  et  le  second  à  celui  de  Riano». 

Le  père  Julien,  au  contraire,  se  rappelant  ses  anciennes 
déclarations,  était  venu  à  Nantes  rejoindre  ses  confrères  qu'il 
avait  eu  la  faiblesse  d'abandonner  un  moment.  Nous  avons 
déjà  dit  plus  haut  que,  le  4  mars,  un  ancien  récollet  avait  été 
régulièrement  élu  curé  constitutionnel  de  Rouans,  et  le  père 
Julien  est  porté  sur  la  liste  que  nous  venons  de  reproduire 

*  Arch.  dép.  Q.  Administration  centrale,  registre  3  f*  86.  Voir  supra,  cet 
arrêté  qui  a  été  publié  in  ejctenso. 
>  Laliié  x>p.  cit.  11.  p.  42,  t"  Boisnier,  et  p.  338,  \*  Riou. 


I 

I'ENUANT  la   RÊVOLUTiOX  187 

comme  domicilié  à  la  date  du  26  mars  «  rue  Saint-Clément, 
chez  Cœur  de  Roi,  portefaix  ». 

Les  religieux  contraints  de  revenir  à  Nanles,  par  ordre  de 
radminislration,purent-iIscélébrer  la  messe?  Nous  Tignorons; 
mais  nous  supposons  que  cette  consolation  ne  leur  fut  pas 
retirée  :  au  début  de  leur  détention  môme,  cette  permission 
leur  fut  accordée,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  bas. 

L'arrêté  du  conseil  général  du  département  du  9  décembre 
1701  obligeait  les  ecclésiastiques  amenés  ou  venus  au  chef-lieu 
à  faire  «  constater  chaque  jour,  à  midi,  leur  présence  au  direc- 
toire du  département,  en  s'inscrivant  sur  un  registre  qui  sera 
ouvert  à  cet  effet  dans  un  des  bureaux  du  secrétariat*  ».  Nos 
capucins  auraient  dû  se  soumettre  à  cette  prescription,  et 
l'arrêté  du  17  février  1792,  portant  règlement  de  leurs  trai- 
tements, décide  «  que  ceux  des  religieux  qui  se  sont  rendus  à 
Nantes  et  qui  sont  obligés  de  s'inscrire  chaque  jour  au  secré- 
tariat  du  département  ne  pourront  rien  recevoir  qu'en  repré- 
sentant au  receveur  du  .district  un  certificat  d'inscription  du 
secrétairegénéraldudépartement*)).  Mais  ladisposition  relative 
aux  appels  demeura  d'abord  inappliquée  et  ce  fut  seulement 
par  son  arrêté  du  8  février  que  le  département,  informé  du 
départ  d'un  certain  nombre  de  prêtres,  se  décida  à  la  mettre 
en  vigueur*.  «  Huit  jours  après  la  publication  du  présent  dans 
la  ville  de  Nantes,  porte  Tarticle  2  de  cet  arrêté,  il  sera  fait 
tous  les  jours  à  midi,  au  secrétariat,  l'appel  nominal  de  tous 
les  prêtres  qui  doivent  s'y  présenter,  et  les  absents  seront 
poursuivis  et  arrêtés  par  la  force  publique  pour  être  conduits 
à  l'administration,  qui  décidera  ce  qu'elle  croira  convenable 
dans  la  circonstance.  » 

Cet  appel  eut  Heu  exactement  chaque  jour,  mais,  un  mois 
après,  le  7  mars,  un  membre  du  département  fit  observer 
«  que  les  premiers  jours,  il  se  présentait  un  bien  plus  grand 

'    Lallié.  op.  cit.   I .  p.  ît!«) 
•  Voir  supra  cet  arrêté. 
'  Lallié,  op.  ci*.  1.  p.  240. 


18S  LES   CAPUCINS   DU   CKOISÎG 

nombre  de  prêtres.  De  jour  en  jour,  dit-il,  le  nombre  des 
présents  a  diminué  progressivement.  Enfin,  ce  jour,  sur  cent- 
trente  prêtres  qui  devaient  comparaître,  quatre-vingt-quatorze 
se  sont  trouvés  absents.  »  Le  département  nomma  en  consé- 
quence deux  commissaires  pour  «  choisir  une  maison  où 
seront  retenus  les  prêtres  qui  ne  seprésenteront  pas  à  l'appel 
nominal  ».  Le  12  mars,  le  séminaire  de  Saint-Clément  était 
indiqué  comme  «  pouvant  suffire  au  besoin  de  deux  cents 
prêtres  '  ».  Le  22  mars,  le  directoire  prenait  un  nouvel  arrêté, 
en  vertu  de  Tarlicle  2  duquel  «  huitaine  après  publication  du 
présent/  tout  ecclésiastique  non  assermenté  quel  qu'il  soit, 
qui  n'aura  pas  constaté  sa  présence  au  chef-lieu  de  département 
en  s*inscrivant  au  secrétariat  et  en  comparaissant  régulière- 
ment à  rappel  nominal  qui  s'y  fait  tous  les  jours  à  midi,  sera 
recherché  et  conduit  par  la  force  publique  dans  la  ville  de 
Nantes».  L'article  4  désignait  la  maison  de  Saint-Clément 
comme  lieu  de  détention*. 

Les  capucins  qui  étaient  à  Nantes,  obéirent  pour  la  plupart 
à  cet  ordre  :  Ton  peut  constater  en  efïet  dans  la  liste  publiée 
plus  haut  que  tous  ceux  qui  étaient  revenus  du  Croisic  étaient 
présents  à  Tappel  du  26  mars,  sauf  le  père  Ignace  de  Quim- 
perlé  '. 

Cependant,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  à  la  fin  de  la  première 
partie  de  cette  étude,  le  directoire  du  district  de  Guérande  avait 
enjoint  aux  cinq, capucins  malades  ou  infirmes  de  venir  au 
chef-lieu  du  département,  conformément  aux  dispositions  de 
l'arrêté  du  8  février.  Les  religieux  réclamèrent  et  présentèrent 
des  certificats  émanant  de  deux  chirurRiens.  Mais  les  admi* 
nistrateurs  guérandais  ne  voulurent  pas  faire  droit  à  leurs 
j ustes  requêtes  et,  le  12  avril,  leur  ordonnèrent  de  se  conformer 
à  l'arrêté  récent  du  22  mars. 

^  Lallié,  op,  cit.  I.  p.  15?. 

'  Ibidem,  p.  2M. 

>  Boisoicr  et  Kion  étaient  partis  pour  l'Italie,  ainsi  que  noas  TaToni  ▼& 
pi  as  haat.  Le  père  Ignace  était-il  parti  ?  Nous  l'ignorons. 


PENDANT   LA   RÉVOLUTION      '  180 

Le  25  avril,  au  matin,  ils  prenaient  le  chemin  de  Nantes  :  ce 
fut  le  30  seulement  qu'ils  se  présentèrent  au  secrétariat  du  dé- 
partement. C'est  à  cette  date,  en  effet  que  figurent  «  Charles 
de  Locronand^  Anastase  de  Landerneau,  Hyacinthe  de  Quim- 
per,  Dosithé  de  Guémenée,  et  Hyacinthe  Marie  de  Redon  »  sur 
une  û  liste  ;de  MM.  les  ecclésiastiques  non  assermentés  qui 
se  sont  présentés  pour  être  inscrits  au  syndicat  longtemps 
après  l'arrêté  du  22  mars  1792*  ».  Purent-ils  enfermés  à  ce 
moment  dans  la  maison  de  Saint-Clément  pour  retard  à  exé- 
cuter le  dit  arrêté  ?  Cela  parait  fort  probable  ;  car  à  la  suite  de 
leurs  noms  ajoutés  à  la  fin  de  la  liste  d'appel  du  26  mars*,  se 
trouve  cette  mention  :  <<  Renfermé  ».  Leur  détention  ne  fut 
pas  de  longue  durée  :  nous  verrons,  en  effet,  tout  à  l'heure 
qu'ils  étaient  en  liberté  lors  de  l'arrêté  du  5  juin.  A  la  suite 
du  nom  du  père  Hyacinthe  de  Quimper  dans  la  liste  d'appel, 
il  a  été  mentionné  du  reste  que  ce  religieux  habitait  «  chez 
M.  Thibault  ». 

Ce  fut  vers  cette  époque  qu'un  autre  capucin,  le  père  Marc 
de  Vannes  (Burguen)  fut  incarcéré  au  Bouffay,  à  la  requête 
de  Dorvo,  procureur  de  la  con^mune'.  Il  entra  dans  celte  pri- 
son le  24  avril  1792,  et  fut  «  mis  en  liberté  le  28  avril*  ». 

L'arrêté  du  22  mars  ne  fut  pas  obéi  longtemps,  et  le  nombre 
des  présents  dut  diminuer  chaque  jour.  Dans  une  liste  de 
«  MM.  les  ecclésiastiques  manquant  à  l'appel  du  19  may  1792  », 
figurent  quatre  de  nos  capucins  ;  les  pères  Raphaël,  Paterne^ 

*  Ârch,  dép.  L.  3. 

'  Voir  cette  liste  aux  no*  380  à  384. 

s  LaUié,  op.  cit.  IL  p.  64.  v»  Bnrgen  et  Registre  de  police,  f»  74. 

*  G*e8t-ce  que  constate  a  TÉiat  nominatif  des  prôtres  qui  ont  été  incarcérés 
dans  la  prison  du  Bouffay,  y  compris  ceux  de  passage  depuis  le  t*' jaiiiTier  1792 
V.  S.  jasqa*à  ce  jour  arec  les  mutations  qui  les  concernent  ».  (Ârch.  dép.  L.  4). 
Cet  état  a  été  dressé  par  Bizeau,  gardien  «  le  7  pluviôse  an  VllI  de  la  Répu- 
blique française  une  et  indiyisible  »,  diaprés  les  registres  de  la  prison.  L^ 
père  Marc  y  est  porté  sur  le  nom  de  «  Furette  Burgoin,  dit  Père  Marc,  cap.». 
N*ayant  pu  consulter  le  registre  de  police,  nous  ne  savons  quel  fut  le  motif 
de  son  arrestation  et  s*il  lut  condamné  en  «  en  police  correctionnelle  »  ; 
*'état  ci-dessus  le  laisse  supposer. 

'    To  Mt£  XVI.  —  Notices.  ~  xvi»  année,   b'-'-Ô^  nv.  14 


iW  LES  GAt^UqiNS   DU  GROlSlC 

Joseph  fAufTray;  et  Mmc^.  Les  ecclésiastiques  qui  purent  à 
ce  moment  quitter  Nantea,  firent  bien  :  car  avant  peu,  la 
Ut>erté  allait  leqr  être  retirée. 

Le  4  jqin,  en  effet,  à  la  suite  de  dénonciations  et  sous  le  Taux 
prétexte  d'une  éqpeule  de  prêtres  réfractaires  qui  auraient  eu 
lieu  i^Saint-Joachim,  le  Département,  après  délibérations  con- 
formes de  la  municipalité  et  du  district,  arrête  que  «  tous  les 
ecclésii^sMquea  qon  asserm'mtôs  seront,  sans  délai,  tenus  de  se 
retirer  dans  la  maison  de  Saint-Glément  ».  Gette  décision  devait 
être  tenue  secrète,  notifiée  seulement  aux  intéressés  le  len- 
demain lors  de  Tappel  nominal;  une  force  armée  suffisante 
aurait  été  réquisitionnée  pour  les  conduire  sans  bruit  dans  le 
lieu  de  détention  qui  leur  était  assigné'.  Mais  le  secret  ne  fut 
pas  gardé  ;  le  5  juin,  au  matin»  douze  cents  gardes  nationaux 
et  la  populace  vinrent  au  Département  réclamer  Tarrestation 
des  ecclésiastiques.  Ceux-ci,  avertis,  no  tombèrent  pas  dans 
le  piège  qui  leur  était  tendu  et  se  cachèrent.  Alors  les  gardes 
nationau2(  se  répandirent  dans  la  ville,  violant  ledomicile^des 
particuliers  soupçonnés  de  receler  des  prêtres^  pénétrant  dans 
les  couvents  de  femmes  dont  iU  brisèrent  les  portes. 

Cent  trois  ecclésiastiques,  Uint  du  clergé  séculier  que  du 
c'ergé  régulier  furent  ainsi  arrêtés  et  conduits,  malgré  les  pro- 
testations de  courageuses  femmes,  au  Séminaire,  en  attendant 
que  la  maison  de  Saint-Clément  fût  en  état  de  les  recevoir. 
Dans  le  nombre  se  trouvaient  buit  capucins  :  les  Pères  Charles 
de  Locronan  (Guéguen  de  Kermorvan),  Alexis  de  Mamers 
(Bèzard),  Siméon  d'Auray  (Tanguy),  Séverin  de  Corlay  (Pra- 
boulet),  et  les  frères  Didace  de  Vannes  (Skeven),  Augustin  de 
Quintin(Gaudin),  François  de  Nan tes  (Béranger),  Gabriel-Ange 
de  Vannes  (Labrely).  Dans  la  soirée  du  6  juin,  ces  huit  religieux 
étaient  transférés,  avec  qudtre-vingt-huit  autres  ecclésias* 
tiques,  au  Séminairede  Saint-Clément'.  Deux  autres  capucin Si 
les   pères  Joseph  de  Saint-Brieuc  (AuCfray)  et  Norbert  de 

1  Arch.  dép.  L  3. 

»  Lallié,  op.  cit.  1.  p.  268  el  s, 

»  Ibidem,  L  p.  273, 


PENDANT    LA    RÉVOLUTION  191 

Saini-Méen  (Richard)  y  rejoignirent  plus  tard  leurs  confrères  : 
ce  qui  porta  à  dix  les  capucins  détenus  à  Saint-Clément'. 

Inutile  de  parler  ici  de  leur  séjour  dans  cette  maiton  où  ils 
pouvaient  recevoir  des  visites,  se  promener  dans  le  jardin  et 
jouir  de  la  chapelle.  M.  Lallié  a  donné  sur  ce  point  les  rensei- 
gnements les  plus  détaillés  et  nous  n'avons  qu'à  y  renvoyer 
le  lecteur'. 

Les  'ecclésiastiques  ne  devaient  pas  au  reste  demeurer  long- 
temps à  Saint-Clément.  Les  gardes  nationaux  trouvèrent  en 
eiïet  que  le  service  de  garde  y  était  difficile  et  ne  tardèrent  pas 
à  réclamer.  Le  conseil  général  de  la  commune  demanda  donc 
dans  la  séance  du  13  apût  1792  leur  Iransférement  au  Château, 
parce  que  «  la  surveillance  de  Saint-Clément  exigeait  un 
service  très  dur  et  une  garde  très  nombreuse  ».  Le  môme 
jour,  le  Département  Ht  droit  à  cette  requête  «  tant  pour  la 
sûreté  des  ecclésiastiques  que  pour  prévenir  les  désordres  et 
les  troubles'.  »  Dès  le  lendemain,  on  commença  à  transporter 
les  lits,  et,  le  16  août,  les  ecclésiastiques  détenus  à  Saint-Clé- 
ment étaient  tous  logés  au  Château.  Toutefois  deux  capucins 
malades,  le  père  Charles  de  Locronan  et  le  frère  François  de 
Nantes,n'y  avaient  pas  suivi  leurs  confrères;  avec  deux  autres 
ecclésiastiques,  ils  allèrent  au  Séminaire:  mais  ils  n'y  restè- 
rent que  quelques  jours  ;  «  entrés  dans  la  ditte  maison  le  qua- 
torze août  matin  »  ils  furent  «^transférés  au  Château  le  vingt 
au  soir*  ». 

Ce  fut  certainement  à  regret  que  les  religieux  quittèrent 

*  Ces  danx  religieux  figarent  en  effet  sur  la  liste  des  ecclésiastiques  non 
sermentés  logés  au  Château  dressé  le  16  août  1792,  après  le  transfert  de  Saint- 
Glteieot  au  ChÀtean.  (Aroh.  dép.  L  4.)  H  est  dooc  certain  qu*ils  séjoarnèrent 
dans  cette  première  prison  ;  mais  nous  ignorons  à.  quelle  date  ils  y  furent 
conduits. 

*  Lallié.  Op.  dt,  I.  p.  279.  —  Voir  aussi  le  même,  les  Noyades  de  Nantes. 
p.  108. 

3  Lallié.  Op.  eit.  1,  p.  291,  et  Les  Noyades,  p.  114. 

^  Arch.  dép.  du  Durectoire  du  département.  Registre  4,  fo  134.  Arrêté  du 
1*'  septembre  179*2  relatif  au  «  paiement  dn  la  pension  des  prêtres  réfrac. 
taires  détenus  au  Séminaire  ».  —  Voir  aussi  Lallié,  op.  cit.  i. 


192  LES  CAPUCINS    DU   CROISIC 

leur  première  prison  :  ils  y  jouissaieut  en  effet  d'une  certaine 
liberté,  tandis  qu'au  Château  ils  furent  soumis  à  un  régime 
sévère,  ne  pouvant  recevoir  de  vibiles,  n'ayant  plus  que  la 
cour  de  cet  établissement  pour  se  promener  et  ne  possédaiit 
plus,  les  premiers  jours  tout  au  moins,  la  faculté  de  dire  la 
messe^ 

LfCs  huit  capucins  qui  furent  transférés  au  Ch&teau  le 
16  août,  eurent  la  consolation  d'être  logés  dans  la  même  salle 
Ils  figurent,  en  effet,  dans  la  liste  du  recensement  fait  après 
le  logement  des  ecclésiastiques  comme  occupant  la  chambre 
N^  1  située  au  troisième  étage  du  gouvernement  et  qui  com- 
prenait onze  lits,  du  numéro  103  au  numéro  113'.  Deux  sécu- 
liers seulement,  Courgeon,  ei-devant  vicaire  de  Paulx,  et 
Berthelemy  furent  logés  avec  eux.  Nos  religieux  purent  donc 
dans  leur  prison  mener  pour  ainsi  dire  la  vie  commune  dans 
un  dénûmentqui  rappelait  celui  de  leurs  anciennes  cellules  : 
chacun  en  effet  avait  pour  tout  mobilier  «  un  bois  de  lit,  une 
paillasse, une  couette  ou  matelas, un  traversin  ou  oreiller,deux 
draps  et  une  couverture  »,et  encore,  comme  pour  montrer  que 
ces  bons  religieux  n'avaient  pas,  malgré  la  loi,  renoncé  à  leu 
vœu  de  pauvreté,  il  est  bien  spécifié  que  tous  ces  objets  appar- 
tenaient «  à  la  Nation'  ». 

Cependant,  un  grand  nombre  d'ecclésiastiques  s'étaient 
cachés  et  avaient  échappés  à  l'emprisonnement.  Près  de  qua 
tre  cents  prêtres  auraient  dû  être  détenus  et  cent  et  quelques 
seulement  étaient  à  cette  époque  incarcérés.  Les  patriotes  s'en 
émurent  et  signalèrent  le  danger  au  conseil  du* Département. 
Celui-ci  s'empressa  de  prendre,  le  20  août,  un  arrêté  ordon- 
nant qu'  M  il  sera  fait  perquisition  et  saisie  de  la  personne  des 
prêtres  et  ecclésiastiques  qui  ne  se  sont  pas  rendus  à  la  maison 
de  sûreté^  ».  L'ordre  du  conseil  fut    immédiatement  mis  à 

<  Uilié,  op.  cii,  I.   p.  297. 

«  Ârch.  dép.  L  4.  —  Cetta  liste  fat  arrêtée  le   16  août  179t,  Tan  IV  de' la 
liberté  ! 

'  Arch.  dép.  ihidffm, 

*  Lallié.  op.  cit.  1.  p.  29j. 


PRNDANT   LA    RÉVOLUTION  193 

exécution  of,  les  jours  suivants,  plusieurs  ecclésiastiques  et 
religieux  furent  arrêtés  et  conduits  à  la  P^rman^/ic^  de  la  mu- 
nicipalité d'abord,  et  au  Château  ensuite.  C'est  ainsi  que  le 
père  Anastase  de  Landerneau  (TourmeO  et  le  père  Hyacinthe - 
Marie  de  Redon  (Legrand)  furent  arrêtés  le  22  et  allèrent  le 
23  rejoindre  leurs  confrères  au  Ghclteau.  Le  2i,  c'était  le  tour 
du  père  DosUhée  de  Guétn  îué  (Hjrpe)  arrêté  la  veille  chez 
M*'*'*  Desloges  sur  la  Fosae  *. 

Ces  arrestations  portaient  à  treize  le  nombre  des  capucins 
détenus  au  Château^:  leur  séjour  dans  le  vieil  arsenal  devait 
ô^re  de  courte  durée. 


1  Lailié,  op,  cit.  I.  p.  2)6  et  il.  p.  178,  22S  et  375,  V*  Herpe,  Legi^nd  et 
Toarme).  —  Nous  n*aTon8  pas  pu  malheareusement  retrouver  aux  archives 
communales *de  Nantes  les  procès-verbaux  de  leurs  arrestations  qui  existent 
cependant.pnîsqa'ils  sont  mention né.s  par  M.  Lallié. 

*  >f.  Lallié  mentionne  (Op.  cit.  I,  p.  296  et  33  i)  comme  détenu  le  père 
Rente ur  ca.p}xcin  de  Nantes  CVst  une  errduif  qu*il  rectifie  lui-môme  ailleurs 
(1.  p.  394  et  H.  p.  331,  Vo  Remeur).  Le  père  K^meur  était  cordelier  et  au- 
mônier des  dames  de  Sainte  Elisabeth  de  Nantes.  Voir  également  :  P.  Flavien 
de  Rlois,  .Statistique,  p.  tO  et  P.  Edouard  d'Alençon,  E.^sai  de  martyrologe 
de  Vordre  des  frères  mineurs  pendant  la  Rérolution  française^  p.  35. 


I 


I 


PREUVES  DE  NOBLESSE 

DES 

DEMOISELLES  DU  POITOU 

Reçues  dans  la  Maison  Royale  de  Saint-Louis 

A  SAINT-CYR 

DE  1686  A  1793 

Extraites  des  Manuscrits,  conservés  à   Paris^  à  la   Bibliothèque 

Nationale  et  publiées  avec  des  notes. 

Par  le  Vicomte  Paul  de  CHABOT 

(Suile)^ 


DE    CHAMPLAIS». 

Preuves  de  la,  noblesse  de  demoiselle  Françoise  dk  Cham- 
PLAis,  présentée  pour  être  reçue  dans  la  Communauté  des  demoi- 
selles de  Saint-Louis,  à  Saint-Cyr.  Août  1686. 

Produisante  :  Françoise  de  Champlais',  1673. 

Armes  :  d*argent,  à  trois  fasces  de  gueules^. 

Extrait  du  registre  baptistère  de  la  paroisse  Saint-Pierre 
du  Fay,  au  diocèse  du  Mans,  signé,  par  collation  du  6  no- 
vembre 1685  :  Ribaut,  curé  de  cette  église  et  légalisé,  portant 
que  Françoise,  fille  de  François  de  Champlais,  éc^  sgr.  de  la 
Masserie  et  de  demoiselle  Anne  Dieuxivois,  fut  baptisée, 
le  12janvierlb73. 

^Voir  la  livraison  de  mars-avril  1900. 

»  Bibl.  Nàl.  Çab.  des  Titres,  vol.  293,  p.  79. 

>  Cette  noble  et  ancienne  famille,  originaire  de  Bretagne,  habita  long> 
temps  le  Poitou. 

*  Alias  :  d'argent,  h  trois  fasces  de  gueules  surmontées  en  chef  de  trois 
aigles  éployés  de  sable.  ^B.-F.t.  - 


PRRUVRS    DE  NoBLftSS»    UK8    DKMOISRLLRS    DU    POITOU       l^.") 


Premier  degré  :  t^feufe  Et  itÈkIS. 

François  de  Champlals,  s^  de  la  Masserie  ;  Anne  Dieuxi- 
vois,  sa  femme,  1664. 

DiEUXivois  :  d'azur,  à  un  chandelier  triangulaire,  surmonté 
d'un  soleil  de  même. 

Contrat  de  mariage  de  François  de  Champlais,  éc%  s'  de  la 
Masserie,  fils  aîné  de  François  de  Champlais,  éC  et  de  de- 
moiselle Marie  de  Bâtard,  avec  demoiselle  Anne  Dieuxivois. 
Ce  contrat,  du  Id  mai  1664,  reçu  paf  Btuneau,  notaire,  au 
Mans. 

Deuxième  degré  ;  aïeul, 

François  de  Champlais,  sgr.  de  la  Masserie  ;  Marie  de 
Bâtard,  sa  femme,  1636. 

Bâtard  :  dazur^  à  la  fleur  de  lis  d'or,  partie  d'un  aigle  d'ar- 
gent au  lamhel  de  trois  pendants  d'or. 

Contrat  de  mariage  de  François  de  Champlais,  éc,  s'  de  la 
Masserie,  flls  de  Jean  de  Champlais,  éc%  et  de  demoiselle 
Marie  de  Longueuil,  avec  demoiselle  Marie  de  Bâtard,  fille 
de  Guillaume  de  Bâtard ,  éc*,  s'  de  la  Paragère  et  de 
demoiselle  Marie  de  Ségrais.  Ce  contrat,  du  il  juillet  1636, 
reçu  par  Robelot,  notaire,  au  Mans. 

Hommage  du  7  juillet  1637,  Signé  :  Dkvison,  notaire  au 
bourg  de  Milessere,  fait  à  François  de  Champlais,  éc',  sgr. 
des  terre,  fief  et  seigtieurie  de  la  Masserie,  du  t*ortail,  du 
Plessis-Fouquère  et  de  la  Goûte. 

Troisième  dégre  :  bisaïeul. 

Jean  de  Champlais,  sgr.  de  la  Masserie,  Marie  de  Lon- 
gueuil, sa  femme,  ,1611. 

Longueuil  :  d'azur,  à  trois  roses  d'âtgetil,  2  et  1  ,au  chef  d  or, 
chargé  dé  trois  roses  de  gueules. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  de  Champlais,  éc%  s^  de  la 
Masserie,  fils  de  François  de  Champlais,  éc\  et  de  demoi- 


100  PRKUVES    DE    NOBLRSSE 

selle  Marie  d'Andigné,  avec  demoiselle  Marguerite  de  Lon- 
gueuil,  fille  de  Nicolas  de  L'ongueuil,  sgr.  du  Raucher,  con- 
seiller au  grand  conseil,  et  de  demoiselle, Geneviève  Croquet  ; 
ce  contrat,  du  31  janvier  1611,  reçu  par  Guillard,  notaire,  au 
Châtelet  de  Paris. 

Hommage,  fait  à  Jean  de  Champlais,  éc,  sgr.  de  la  Masse- 
rie,  du  Portail,  du  Plessis-Fouques,  et  de  la  Goûte,  par  le 
prieur  de  Notre-Dame  de  Chaufour,  au  Maine,  le  12  juillet 
1612.  Signé  :  Rébillard,  notaire,  au  Mans. 

Quatrième  degré  :  trisaïeul. 

François  de  Champlais.  sgr.  de  la  Masserie;  Marie  d'An- 
digné.  sa  femme,  1579. 

D*Andtgné  :  d'argent,  à  trois  aigles  de  gueules,  9  et  1 . 

Partage  noble,  du  2()  septembre  1579,  signé  :  Boindreau, 
notaire  au  Mans,  donné  par  Louis  d'Andigné,  éc'  s""  de  l'Isle- 
Briant,  à  noble  homme  Franço^is  de  Champlais,  son  beau- 
frère,  s'  de  la  Masserie  et  à  demoiselle  Marie  d'Andigné,  sa 
femme,  aux  biens  de  feu  nobles  Louis  d'Andigné,  sgr  de  Tlsle- 
Briant  et  de  Marie  Pelle,  leurs  père  et  mère. 

Hommage,  fait  à  Mgr  François  de  Champlais,  éc%  sgr  de  la 
Masserie,  du  Portail,  du  Plessis-Fouques,  du  Fief-Assé  et  de 
la  Goûte,  le  16  novembre  1588,  signé  :  Bazoges,  notaire,  au 
bourg  de  Saint-Georges-du-Bois. 

Partage  noble,  du  12  février  1574,  signé  :  Guéhéri,  notaire, 
au  Mans,  fait,  entre  François  de  Champlais,  éc^  s"^  de  la  Mas- 
serie et  demoiselle  Urbaine  de  Champlais,  sa  sœur,  femme  de 
Jean  delà  Chevrière,  éc*",  s'  de  la  Roche-de-Vaux,  des  biens 
qui  leur  étaient  échus,  par  la  mort  de  feu  nobles  Pierre  de 
Champlais  et ,  demoiselle  Charlotte  de  la  Houdinière,  leurs 
père  et  mère. 

Cinquième  degré  :  quatrième  aïeul. 

Pierre  de  Champlais,  sgr  de  la  Masserie,  Charlotte  de  la 
Houdinière,  sa  femme,  1736. 
La  Houdinière  :  d'argent,  à  ta  croix  fleurdelisée  de  sable. 


DRS    DBMOISELLES  'dU   POITOU  197 

Contrat  de  mariage  de  Pierre  de  Champlais,  éc\  s' du  Ples- 
sis-Fouques,  fils  de  Guillaume  de  Champlais,  éc  s'  de  la  Mas- 
serie,  avec  demoiselle  Charlotte  de  Ja  Houdinière.  fille  de 
noble  Mathurin  de  la  Houdinière,  sgr  de  Chantilly.  Ce  con- 
trat, du  6  janvier  1536,   reçu  par  Honoré,  notaire,  au  Mans. 

Sentence,  du  28  mars  1640,  signée  :  Bellot,  élu  au  Mans, 
et  commissaire  député,  par  le  Roi,  pour  la  vérification  de  la 
noblesse  du  Maine,  par  laquelle,  Pierre  de  Champlais,  éc  s' 
de  la  Masserie,  est  confirmé,  dans  sa  noblesse,  après  avoir 
justifié,  par  titres,  que  Guillaume  de  Champlais,  son  père,  était 
fils  de  Foulques  de  Champlais,  petit  fils  de  Pierre  de  Cham- 
plais, et  arrière  petit-fils  de  James  de  Champlais,  éc. 

Sixième  degré  :  cinquième  aïeul. 

Oaillaume  de  Champlais,  sgr  de  la  Masserie  :  Françoise 
Briant.  sa  femme,  1506. 

B RIANT  :  d'argent^  à  la  fasce  de  sahie,  accompagnée  de  .six  ro- 
que/s de  même,  3  en  chef,  3  en  pointe. 

Contrat  de  mariage  de  Guillaume  de  Champlais,  éc%  fils 
aîné  de  Foulques  de  Champlais,  éc  sgr  de  la  Masserie  et  de 
demoiselle  Josseline  du  Hallai,  avec  demoiselle  Françoise 
Briant,  fille  de  Lancelot  Briant,  éc'.  Ce  contrat,  du  30  sep- 
tembre 1506,  reçu  par  Le  Clerc,  notaire,  à  Château  Gontier. 

Donation  entre-vifs  du  12  septembre  1504,signée  :  Garreau, 
notaire,  au  lieu  de  Bourgnouvel,  faite  par  noble  homme 
Foulques  de  Champlais,  éc,  s*"  de  la  Masserie,  à  Guillaume 
de  Champlais,  son  fils  aîné. 

Septième  et  huitième  degré,f  :  sixième  aïeul  et  septième  aïeul. 

Foulques  de  Champlais,  sgr  de  la  Masserie  ;  Josseline  du 
Hallai\  sa  femme,  1480. 
Du  Hallai  :  de  gueules,  fretté  d'argent. 
Partages  du  5  mars  1497,  fait  entre  Foulques  de  Champlais, 

*  Alias  :  Josceline  Drouet.  {H.-F:\ 


198  PHEUVES   DE   NOBLKSSE 

ê 

éc%sgrdela  Masserie,  et  Colas*  et  Etienne*  de  Champlais, 
ses  frères/^des  biens  qui  leur  étaient  échus»  par  la  mort  de 
feu  Pierre*  de  Champlais,  leur  père,  aussi,  éc  s""  delà  Màsserie. 
Nous  Charles  d'Hozier,  conseiller  du  Roi,  généalogiste  de 
sa  maison,  juge  général  des  armes  et  blasons  de  France,  et 
chevalier  des  ordres  militaires  de  Saint-Maurice  et  de  Saint- 
Lazare  de  Savoie  ;  certifions,  au  Roi,  que  demoiselle  Françoise 
DE  Champlais  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être  reçue  dans  la 
communauté  des  demoiselles  de  Saint-Louis,  comme  il  est 
justifié,  par  les  actes  énoncés  dans  cette  preuve,  que  nous 
avons  vérifiée  et  dressée,  à  Paris,  le  31  août  mil  six  cetit 
quatre-vingt-six.  Signé  :  d'Hozier. 

CHASTEIGNER  DE   ROUVRE*. 

Preuves  de  la  noblesse  de  demmselle  Françoise-Claude  Chas- 
TEiGNER  de  Rouvrk,  présentée^  pour  être  reçue  dans  (a  com- 
munauté des  filles  demoiselles  de  la  maison  de  Saint-Louis,  fondée 
par  le  Roi,  à  Saint-Cyr^  dans  le  parc  de  Versailles.  Février  i  708. 

tYançoise-Claude  Chastelgner  de  Rouvre,  1697. 

Armes  :  d'or,  k  un  lion  de  sinople,  passant^  langue  de  gueules. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  d'Auché, 
au  diocèse  de  Poitiers,  portant  que  Françoise-Claude,  fille  de 
Joseph  Chasteigner,  sgr,  du  Plessis  de  Rouvre,  et  de  dame 
Radégonde  Pélisson,  sa  femme,  naquit  le  28*^  d'avril,  et  fut 

^  CoUb,  sgr,  de  la  Boutdellère,  au  pays  d'Anjou,  dont  les  descendants 
s'établirent  plus  tard  en  Poitou.  {B»F.) 

*  Etienne,  éc,  sgr  des  Roches  de  Vendeiivre.  partageait  le  5  mars  1497. 
avec  ses  frères,  la  succession  de  leur  père.  Le  6  avril  1490,  il  avait  été 
nommé  prévôt  des  Maréchaux  en  Basse- Bretagne,  puis  gratifié  le  même 
jour  d'une  pension  de  390  livres,  comme  gentilhomme  ordinaire  de 
THôtel  du  Roi  et  en  novembre  1492,  reçut  les  provisions  de  conseiller  et 
maître  d'Hôtel  du  Roi.  11  épousa,  en  janvier  1480,  Jeanne  de  Foi  Hé.  fille 
de  Jean,  éc'  sgr  des  Petits-Monts  et  de  Marie  Foucher.  {li.-F.) 

'  Pierre  de  Champlais.  sgr  de  la  Ma s^erie  était  fils  de  Jametde  Cham- 
plais, éc'',  sgr  de  la  Màsserie  et  de  Jeanne  de  Rouillon  et  petit-fils  de 
Georges,  marié  vers  1378  à  Péronnelle  de  Montourtier,  dame  de  la  Ma-  - 
série.  (fl.-A'.) 

«  BihL  Xal.  Cab.  des  Titres,  298.  p.  87. 


DBS   D£ldOI$£LLRS  DU   POITOU  199 

baptisée  le  septiesroe  d'août  de  Tan  4687.  Cet  extrait  délivré 
le  26'  de  décembre  de  l'an  1707.  Signé  :  JouzEAL^  vicaire  de 
Tégiise  d'Auché,  et  légalisé. 

Premier  degré  :   père  kt  mère. 

Joseph  Chasteigner,  sgr.  de  Rouvre,  Radégonde  Péiis- 
sofî,  sa  femme,  1684. 

Contrat  de  mariage  de  Joseph  Chasteigner,  fils  de  Jean 
de  Chasteigner,  vivant,  chev.  sgr.  du  Plessis  du  Rouvre,  et 
de  dame  Madeleine  Pastureau.  sa  femme,  accordé  le  16*  de 
février  1684,  avec  demoiselle  Radégonde  Pélisson,  fille  de 
Pierre  Pélisson,  éc%  sgr.  de  Mari  et  de  demoiselle  Claude 
Faucan.  Ce  contrat  passé  devant  Gautier,  notaire  à  Poitiers, 
et  signé  :  Gautier. 

Inventaire  des  biens  laissés  par  la  mort  de  Jean  Chastei- 
gner, éc%  sgr  du  Plessis,  fait  le  8*  de  juin  1657,  à  la  requête 
de  demoiselle  Madeleine  Pastureau,  sa  veuve,  et  de  César 
Chasteigner»,  éc%  seigneur  de  Rouvre,  de  Joseph  Chasteigner 
éc'",  sgr.  de  Saint-Aubin  et  de  Jean  Chasteigner.  éc,  s'  de 
Malvaut,  leurs  enfants.  Cet  acte  reçu  par  de  Vizeau,  no- 
taire, au  bourg  d'Auché. 

Deuxième  degré  :  aïeul  et  aïeule. 

Jean  Chasteigner^  sgr,  de  Rouvre,  Madeleine  Pastureau, 
sa  femme,  1629. 

Contrat  de  mariage  de  Jean  Chasteigner*,  éc^  fils  de  César 
Chasteigner,  éc%  sgr.  de  Rouvre,  et  de  demoiselle  Renée  de  la 

*  Né  en  1631,  fit  partie  de  l'assemblée  des  nobles  du  Poitou,  tenue,  à 
Poitiers,  les  3  et  4  juillet  1651    (fl.-P.). 

«  Sgr  de  Rouvre,  de  Mallevault,  du  Claudis.  etc  ,  fut  confimé  dans 
sa  noblesse,  par  sentence  des  élus  de  Poitou,  le  28  juin  1634.  et  dispensé, 
le  26  juillet  1635.  à  cause  de  sa  santé,  de  se  trouver  au  ban  réuni  à  Saint- 
Maixent,  il  fournit  à  sa  place  Moïse  de  Loubeau,  éc,  sgr.  de  Chalusson. 
en  état  et  équipage  de  service.  Il  se  trouva  à  Poitiers,  en  1651.  à  l'assem- 
blée des  nobles  de  cette  province,  pour  nommer  des  députés  aux  Etats 
de  Blois.  11  était  décédé  en  1659  et  avait  épousé  en  premières  noces  N.. . 
de  Brilhac,  veuve  du  sçr.  de  Saint-Bazely.  (B.-F.). 


J 


200  PRKUVES  nrc  noblrsse 

Grèze,  sa  femme,accordé  le  21*  de  novembre  1629,  avec  de- 
moiselle Madeleine  Pastureau,  fille  de  Guillaume  Pastureau, 
éc',  s' de  Vaumoreau,et  de  demoiselle  Marie  Martin  de  Torigné. 
Ce  contrat  passé  devant  Tristant,  notaire,  au  lieu  de  Benest. 
Accord  sur  le  partage  des  biens  de  César  Chasteigner,  éc^ 
sgr.  de  Rouvre,  fait  le  dO"  de  novembre  1617.  antre  demoiselle 
Renée  de  la  Grèze,  sa  veuve,  Jean  Chasteigner,  son  fils 
aîné,  éc,  sgr.  du  Plessis  d'Auché  et  de  Bellancourt,  et  de 
René  Chasteigner*,  son  frère,  chev.  de  Malte,  etc.  Cet  acte, 
reçu,  par  Fouard,  notaire  au  Heu  de  Chatel-Acher. 

Troisième  degré  :  bisaïeul   et  bisaïeule. 

César  Chasteigner,  sgr.  de  Rouvre,  Renée  de  la  Grèze,  sa 
femme,  1581. 

Contrat  de  mariage  de  César  Chasteigner*,  éc%  sgr.  de 
Rouvre,  fils  de  Louis  Chasteigner  et  de  demoiselle  Marie 
Turpin,  sa  femme,  accordé  le  13«  de  septembre  1581,  avec  de* 
moiselle  Renée  de  la  Grèze.  fille  de  Gabriel  de  la  Grèze,  éC", 
sgr.  de  Traversay,  eit  de  demoiselle  Marie  d'Auché.  Ce  con- 
trat passé  devant  Fontenier,  notaire  à  Civray. 

Jugement  rendu  à  Poitiers,  le  16  de  décembre  1588,  par  les 
commissaires  ordonnés  par  le  Roi  pour  le  régalement  des 
tailles,  dans  cette  généralité,  par  lequel  Cézar  Chasteigner, 
éc^  sgr  de  Rouvre,  est  maintenu  dans  la  possession  de  la 
noblesse  qu'il  avait  prouvée  depuis  Tan  1476.  Cet  acte  signé  : 

DE  HkRE. 

Quatrième  degré  :  trisaïeul  et  trisaïeule. 

Louis  Chasteigner,  sgr  de  Rouvre,  Marie  Turpin  de  Joué, 
sa  femme,  1556. 

Turpin  de  Joué  :  d'azur,  à  (roi.s  bezanis  d'or^  posés  deux  et  un, 

I  Chevalier  de  Malte,  tué  par  les  Turcs,  dans  un  combat  sur  mer,  en 
1020.  {B.'F,),  \ 

<  U  reçut  quittance  pour  sa  contribution  aux  ban  et  arrière-ban,  le 
10  avril  16U1  et  ne  vivait  plus  le  :)0  novembre  1617.  (fi.-F.). 


DES    DEMOISËLLKS    UU    POITOU  201 

Contrat  de  mariage  de  Louis  Chasteigner^  éc*^  sgr,  de 
Rouvre,  fils  de  Geoffroy  Chasteigner*,  éc'  sgr  de  Malvaud, 
et  de  demoiselle  Jeanne  des  Francs,  sa  femme,  accordé  le  21 
de  novembre  1556,  avec  demoiselle  Marie  Turpin,  fille  de  Jean 
Turpin,  éc%  sgr  de  Jouhé,  en  Angoumois,  et  de  demoiselle 
Françoise  Turpin.  Ce  contrat  passé  devant  Apchalle,  notaire 
à  Ruffec. 

Procuration  donnée  le  13  de  novembre  1556,  à  Jacques 
Foucher,  éc^s"^  de  Taisson,  par  demoiselle  Marie  des  Francs, 
dame  de  la  Picaitière,  pour-  donner,  en  son  nom,  à  Louis 
Chasteigner,  son  neveu;  éc\  sgr  de  Rouvre,  la  maison  noble 
avec  les.  terre,  fief  et  seigneurie  de  la  Grange-des-Francs, 
appelée  la  Motte-Breuil-Bon,  qu*elle  avait  acquise  de  François 
de  l'Esperonnière  éc'  sgr  de  la  Roche-Bardoul,  et  de  demoi- 
selle Marguerite  de  Villeneuve,  sa  femme,  le  13  d'août  1554. 
Cet  acte  reçu  par  Guillemin,  notaire  de  la  cour  de  Cherveux. 

Nous,  Charles  d'Hozier,  conseiller  du  Roi,- généalogiste  de 
sa  maison,  juge  général  des  armes  et  des  blasons,  et  garde 
de  Tarmorial  général  de  France,  et  chevalier  de  la  Religion  et 
des  ordres  militaires  de  Saint-Maurice  et  de  Saint-Lazare  de 
Savoie,  certifions,  au  Roi,  que  demoiselle  Françoise-Claude 
Chasteigner  de  Rouvre  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être 
reçue  dans  la  communauté  des  filles  demoiselles,  que  Sa  Ma- 
jesté fait  élever,  dans  la  maison  royale  de  Saint- Louis,  fondée 
à  Saint-Cyr,  dans  le  parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié 
par  les  actes  qui  sont  énoncés  dans  cette  preuve,  laquelle, 
nous  avons  vérifiée  et  dressée  à  Paris,  le  mardi  quatorzième 
jour  du  mois  de  février  de  Tan  mil  sept  cent  huit. 

(A  suivre,)  Signé  :  d*Hozier. 

*  Louis,  éCsgrde  Rouvre,  xMallevault,  le  Bourgneuf.  Saint-Gelais.  etc. 
fut  blessé  d'un  coup  de  canon  en  défendant  courageusement  le  château 
et  la  ville  de  Poitiers,  qu'assiégeait  Tamiral  de  Colign^,  en  15(59  et  mou- 
rut le  15  août,  il  fut  inhumé  dans  l'église  Saint-Didier.  {B.-F.) 

»  Geoffroy,  éc  sgr  de  Mallevault,  etc.,  fils  d'Antoine,  Se»  sgr  de  Malle- 
vault  et  de  Louise  Thibault  de  la  Carte.  Petit-fils  de  Louis,  éc  sgr  de 
Mallevault.  etc..  et  de  Catherine  de  Saint-Aubin  et  arrière  petit-fils  de 
Jean,  sgr  de  Prinçav,  etc.,  et  do  Jeanne  de  Baussnv,  dame  de  Malle- 
vault. \^B.'F.). 


LES  ÊCHAUBROGNES 


(SuiW). 


LA  SICARDIÈRE 

Au  plus  haut  que  je  remonle,  en  compulsant  les  titres  que 
M.  Prissoimière  a  bien  voulu  me  communiquer  concernant  fa 
seigneurie  de  la  Sicardière. je  trouve,  à  fa  date  du  10  juin  1582, 
un  aveu  de  la  maison  noble  et  métairie  de  la  Sicardière  et  - 
terres  des  Châtaignernies,  rendu  par  Jean  Charrier,  écuyer, 
sieur  des  Granges  et  de  la  Sicardière,  au  seigneur  du  flef  des 
Granges  et  de  la  Sevrie.  Le  5  dc^cembre  i6&à,  une  grosse  en 
parchemin  contient  le  contrat  par  lequel  les  biens  de  Jean 
Charrier,  vivant,  écuyer,  sieur  des  Granges,  de  la  Sicardière 
et  de  la  Vairie  sont  partagés  entre  ses  enfanfs.  Une  de  ses 
filles,  damoiselle  Marie  Charrier,  était,  au  1*""  mai  1612,  veuve 
de  Roland  de  la  Longueraire,  sieur  du  Fougeray,  et  leur  fllîc, 
damoiselle  Jeanne  de  la  Longueraire,  avait  épousé  messire 
Jacques  Garnier,  sieur  du   Breuil,  demeurant  à  la  Rcche- 
Vineuse,  paroisse  de  N(îuvy.  Elle  était  veuve,  le  24  avriM6ô4, 
jour  où  elle  fit  aveu  du  flef  des  Terrages  de  la  Sicardière  entre 
les  mains  de  messire  Pierre  de  Gondi,  baron  de  Mortagne. 
C'est  en  effet  de  cette  puissante  baronnie  que  relevaient  les 
Terrages,  principal  fief,   croyons-nous,  du  domaine  de    la 
Sicardière,  et  nous  voyons  par  la  suite  les  Garnier  se  présenter 
périodiquement  à  Mortagne  pour  y  faire  hommage  dudit  fief, 
des  terrages,  aux  pieds  des  hauts  et  puissants  seigneurs  qui 
s'y  c5ont  succédé,  les  Gondi,  ducs  de  Retz  ;  les  Créqui,  ducs  de 
Lesdiguières,  les  Neuville,  ducs  de  Villeroy  et  de  Beaupréau, 


Voir  le  fascicule  de  mars-ayril  1900. 


LBS   KGHAUBKOdNKS  203 

Au  dire  de  Colbert  de  Croissy,  les  Garnier  de  la  Sicardiëre 
sont  sortis  d'Exoudun,  élection  de  Saint-Maixent.  Us  furent, 
ainsi  que  les  autres  branches  de  cette  famille,  nombreuse  alors, 
reconnus  et  maintenus  nobles  par  sentence  du  27  septem- 
bre 1667.  Us  portaient  :  gironné  d'or  et  de  gueules  de  douze 
pièces.  (Duqast^Matifeux). 

Autrefois,  quand  un  chevalieravait  forfait  à  Thonneur,  on  le 
dégradait  et  Técu,  blasonné  de  ses  armes,  était  brisé  ou  lacéré, 
puis  foulé  aux  pieds  de  toute  l'assistance.  Ici,  c'est  le  temps 
qui  s'est  chargé  de  ce  soin  :  quelques  recherches  que  j'aie 
faites,  jB  n'ai  pu  trouver  nulle  part  à  la  Sicardiëre,  la  moindre 
trace  de  Técusson  des  Garnier,  qui  étaient  donc,  et  j'en  ai  le 
cœur  soulagé,  des  étrangers  venus,  il  y  avait  même  assez 
peu  de  temps,  s'implanter  parmi  nos  tranquilles  populations. 
La  Sicardière,  leur  demeure,  est,  grâce  à  son  aspect  modeste, 
restée  è  peu  près  telle  que  l'avait  laissée  ses  anciens  maîtres. 
Malgré  son  titre  de  châtellenie  rien  ne  la  fait  distinguer  de  la 
plus  simple  de  nos  fermes  vendéennes. 

Suit,  en  novembre  1673,  un  partage  entre  les  trois  enfants 
de  mesisire  Jacques  Garnier  qui  étaient  Pierre  Garnier,  sieur 
du  Breuil,  demeurant  à  Roche-Vineuse,  près  Neuvy;  outre 
Pierre  Garnier  seigneur  de  la  Sicardière  et  y  demeurant,  et 
damoiselle  Madeleine  Garnier,  femme  de  Jean  Cantineau 
seigneur  de  la  Charpenterie  en  Lamairé,  et  pour  lors,  mineurs 
tous  les  trois.  La  Sicardière^  avec  ses  dépendances,  estimée  à 
la  somme  de  0572^  échoit  à  Pierre  Garnier  jeune^  qui  devra 
indemniser  les  cohéritiers.  Ce  même  Pierre  Garnier  se  maria 
plus  tard  i^  Marie  Lessard  dont  il  eut  trois  fils.  La  maison 
«  seigneuriale  »  alors,  comme  de  nos  jours,  consistait  en  un 
petit  corps  de  logis,  une  cour,  grange  et  écurie,  un  cofombier 
sur  la  porte,  le  tout  entouré  de  murailles,  deux  jardins  y 
attenant,  aussi  eu  partie  entourés  de  murailles,  d'une  conte- 
naace  de  deux  boisselées,  46  gaullées,  le  tout  estimé  800*  puis 
les  terres  de  la  métairie,  et  enfin  les  droits  de  terrages,  à 
charge  de  payer  29  boisseaux  de  seigle  aux  sires  de  la  Fou- 


204  LES   ÉCtiAUÔROGNUd 

chérie  et  six  boisseaux  au  curé  de  Saint-Pierre  d'Echau- 
brogne,  etc. 

En  1676,  messire  Grimaud  de  la  Rablais,  en  Sain t-Clémen tin, 
qui  était  héritier  de  Jean   Rousseau,  écuyer,  vivant  seigneur 
de  la  Foucherie,  vendit  celte  rente*  à  messire  Marin  de  Boy- 
lesve  de  la  Maurousière, seigneur  de  !aTessoualle,dePuyguyon 
de  Vaujoly  et  autres  lieux,  résidant  à  la  Maurousiàre  de  Saint- 
Hilaire  de  Mortagne^  Ce  dernier   charge  un  jour  messire 
Durand,  vicaire  de  la  Tessoualle,  d'aller  percevoir  ladite  rente 
et  plusieurs  autres  en  se  rendant  à  cet  efTet  sous  le  «  grand 
chesgne  »  de  la  Sicardière  ;  mais  le  pauvre  vicaire^en  est  pour 
ses  peines,  il  a  beau  attendre  depuis  onze  heures  du  matin, 
jusqu^à  cinq  heures  du  soir  «  ainsi  qu'il  apparaît  par  le  soleil  >» 
il  ne  voit  rien  venir  !..  Ce  n'est  pourtant  pas  que  le  sire  de  la 
Sicardière  eût  beaucoup  de  chemin  pour  s'y  rendre;  mais, 
comme  on  s'en  assurera  dans  la  suite,  le  noble  sire,  dès  lors^ 
devait  un  peu  partout  mais  par  contre  il  ne  payait  nulle  part. 
Sans  ce  défaut  invétéré  chez  lui,  du  reste,  nous  n'aurions  pas, 
nous,  en  mains,  les  titres  qui  le  concernent,car  messire  Marin 
de  Boyslesve  colligea  ces  14  ou  15  liasses  de  grosseur  raison- 
nable chacune,  pour  pouvoir  prouver  bien  et  dûment  ses  droits 
à  percevoir,  chacun  an^  cette  rente  de  29  boisseaux  de  seigle 
qu'on  lui  devait,  mais  qu'on  ne  lui  paie  point  régulièrement, 
hélas  !... 

En  février  1685,  Pierre  Garnier,  fils  et  principal  héritier  de 
Pierre  Garnier  et  de  Marie  Lessard,et  ses  deux  frèrés,Charles 
et  Mathurin  ont  perdu  leur  père  ;  ils  se  font  émanciper  et 
agissent  sous  l'autorité  de  Laurent  Déringère,  leur  curateur. 
En  juin  1698,  Pierre  Garnier  veut  partager  la  Sicardière  avec 
ses  deux  frères  susdits^unisàcausede  la  difficulté  de  «  partir 
la  mestagrie  »  :  Charles  et  Mathurin  consentent  à  abandonner 
leurs  droits,  moyennant  une  rente  de  104'  pour  chacun  d'eu^c. 
Pierre  Garnier  s'empresse, dès  le  20  janvier  1699...  non  pas  de 

'  De  29  boitieaux  envers  le  sire  de  la  Foucherie. 


LBS  égiuubho(;nes  205 

payer  ladite  rente,  mais  de  la  faire  réduire  à  90^  10*.  A  la  suite  * 
de  cette  transaction  les  deux  frères  cadets  allèrent  habiter 
chacun  leur  petit  bien  :  Charles,  dit  de  Saint-Mariin,  le  Cou- 
chapon  paroisse  de  Treize- Vents  ;  et  Mathurin  dit  du  Fief- 
Chollet,  le  Chiron,  paroisse  de  la  Chapelle- Largeau.  Le  ' 
!•'  février  1710,  Pierre  Garnier  qui  avait  épousé  Marie  Garnaud 
n'était  plus»  et  sa  veuve,  agissant  comme  tutrice  de  ses  deux 
enfants  François  et  Pierre,  est  dite  avoir  eu  à  cette  époque  un 
procès  à  soutenir  contre  Urbain  Boisson,  sieur  de  la  Guierche 
et  du  Plessis.  Nous  avons  déjà  vu  ailleurs  que  le  premier 
usage  que  fit  de  son  droite  à  sa  majorité,  le  sieur  Fra/i(:ot5 
Garnier,  ce  fut  de  vendre  son  fief  des  Terrages  de  la  Marche  à 
son  voisin  le  sire  de  la  Goudraye-Noyers. 

Le  moment  est  venu  d'aborder  l'histoire  de  ce  triste  person- 
nage, le  plus  célèbre  d'entre  les  Garnier  de  la  Sicardière.  Mais, 
pour  retrouver  sa  véritable  physionomie,  il  faut  avoir  recours 
non  aux  papiers  poudreux  des  procureurs  qui  plus  tard 
s'entredisputèrent  les  lambeaux  de  sa  maigre  succession, 
mais  à  la  tradition  qui  Ta  rendu  légendaire,  et  en  a  fait  c,omme 
un  autre  B9.rbe-Bleu,  bien  moins  puissant,  mais  non  moins 
extravagant,  non  moins  cruel,  que  le  terrible  seigneur  de 
Tiffauges.  François  Garnier  était,  avons-nous  dit,  le  fils  aîné 
de  ce  Pierre  Garnier  que  nous  avons  vu  hériter  de  la  Sicardière 
en  1698.  Il  avait  pour  frère  puîné  Pierre,  dit  le  chevalier  de  la 
Sicardière,  plus  tard  le  compagnon  de  ses  excès.  La  tradition 
est  muette  sur  le  caractère  et  la  conduite  de  leurs  deux 
oacles  du  Gouchapon  et  du  Chiron,  et  toute  Tattention  se 
concentre  sur  ces  deux  jeunes  héritiers  de  Pierre  Garnier. 
Marie  Garnaud  leur  mère,  mariée  le  10  mai  1692,  avait  perdu 
son  mari  avant  le  1*"  février  1710,  avant  par  conséquent  que 
ses  deux  fils  eussent  atteint  leur  majorité.  Ce  veuvage  préma- 
turé explique  déjà  la  jeunesse  orageuse  des  deux  jeunes  sei- 
gneurs qui  précisément,  parce  qu'ils  étaient  seigneurs  et 
nobles,  pensaient  être  en  dehors  de  la  loi  commune,  et,  en 
fait  de  déportements,  se  croyçiient  tout  permis.  Sans  éduca- 

TOMK  XVl.  —  NOTICKS.  —  XVl*  ANNÉE,  5«-6*  LIV-  15 


206  LB^S  teSAUBROONBS 

tion,  livrés  à  tous  leurs  instincts  et  n'ayant  pour  tout  passe- 
temps  que  l'exercice  violent  de  la  chasse,  ils  eurent  le  loisir 
de  s'adonner  à  un  libertinage  effréné  qui  faisait  dire  aux  gens 
des  alentours  qu'il  était  souverainement  imprudent  et  dange- 
reux, pour  une  honnête  fille  de  s'aventurer,  en  gardant  ses 
moutons,  trop  près  du  manoir  mal-famé  de  la  Sicardière.  Et 
des  faits,  hélas  1  trop  nombreux,  ne  prouvaient  que  trop  com- 
bien on  avait  raison.  Lors  de  Tinstruction  du  procès  des  deux 
frères,  le  jardinier  du  lieu  exhuma  par  ordre  de  la  justice  les 
cadavres  de  quatre  ou  cinq  enfants  nouveau-nés,  enfouis 
autour  de  la  demeure  maudite.  Mais  c'est  de  François,  Talné, 
que  la  tradition^a  surtout  gardé  un  effrayant  souvenir.  Selon 
le  dire  d'un  vieillard  qui  me  racontait  quelques  particularités 
de  son  histoire,  particularités  apprises  par  lui,  dans  son 
enfance,  de  la  bouche  de  gens  qui  avaient  pu  en  avoir  été 
les  témoins,  c'était  un  fort  mauvais  sujet,  menant  joyeuse  vie, 
etun  train  grandement  disproportionné  avec  sa  mince  fortune. 
Aussi,  plus  tard,  les  procureurs  signaient-ils  pour  toutes  les 
redevances  qu'il  avait  à  solder,  invariablement,  des  arrérages 
de  29  ans  ;  c'était  intégralement  le  temps  écoulé  depuis  sa 
majorité  jusqu'à  l'époque  de  sa  mort. 

Mais  surtout  ce  qui  a  frappé  l'imagination  de  nos  gens  et  est 
resté  profondément  gravé  dans  leur  mémoire,  c'est  la  rapidité 
de  course  de  ses  chevaux  à  caractère.  (Je  pense  que  mon  nar- 
rateur voulait  dire  par  là  des  animaux  possédés,  ensorcelés). 
Un  jour  «  Sicardière  »  était  en  régal  et  la  chose  arrivait 
fréquemment,  il  s'aperçoit  au  commencement  du  dîner  qu'une 
des  pièces  qui  devaient  figurer  sur  la  table  fait  défaut.  Sans 
délai,  il  enfourche  le  fameux  «  Bayard  »,  c'était  le  nom  de  son 
principal  (de  son  unique  coursier  peut-être),  part  comme  un 
trait  et  «  Sicardière  »  est  de  retour,  muni  de  ladite  pièce,  avant 
la  fin  du  repas.  Or,  dit  la  légende,  c'est  à  Angers,  ville  éloignée 
de  quelque  dix-huit  à  vingt  lieues  du  manoir,  qu'il  était  allé 
la  quérir...  Et  ces  courses  vertigineuses  fatiguaient  si  peu 
Bayard,  que  souvent  il  lui  arrivait,  à  son  retour,  lorsque  la 


LES  ÉCHAUBROGNfiS  207 

porte  du  logis  se  trouvait  fermée,  de  franchir  d'un  bond  la 
haute  muraille  de  la  cour.  Ajoutons  toutefois,  au  risque  de 
diminuer  un  peu  le  merveilleux  de  notre  récit  de  tout  à  Theure, 
que  ces  repas  tout  pantagruéliques  devaient  se  prolonger  bien 
au-delà  des  limites  d'un  festin,  ordinaire.  Enfin  à  tout  cela  il 
n'y  a  pas  encore  grand'chose  à  redire,  mais  il  n'en  était  pas 
malheureusement  toujours  ainsi  au  sujet  d'autres  proues- 
ses de  notre  triste  héros,  fort  capricieux  de  sa  nature,  et 
enclin,  paraît-il,  à  des  accès  d'une  colère  aussi  terrible  qu'elle 
était  souvent  peu  motivée.  On  a  pu  voir  pendant  longtemps, 
racontent  les  anciens,  sur  une  pierre  de  la  vieille  église  de 
Loublande^  les  traces  du  sang  d'un  malheureux  enfant,  vio- 
lemment arraché  des  bras  de  sa  mère  et  écrasé  par  lui,  dans 
un  de  ses  accès  de  fureur  insensée.  —  Un  autre  jour,  revenant 
à  cheval  de  la  ville  de  Cholet,  il  rencontra  un  pauvre  hère,  et 
fantaisie  lui  prit,  sans  la  moindre  provocation  de  la  part  du 
malheureux,  de  le  poursuivre  et  de  vouloir  le  forcer  comme 
une  bote  fauve,  puis  tenter  de  le  fouler  aux  pieds  de  son 
cheval.  Le  paysan  ne  dut,  après  maints  circuits,  son  salut 
qu'à  son  adresse  et  à  l'agilité  de  ses  jambes. 

Une  vie  aussi  désordonnée  et  aussi  criminelle,  ne  pouvait 
manquer,  môme  en  ce  temps-là,  de  lui  créer  plus  d'une  diffi- 
culté et  finalement  de  lui  faire  avoir  maille  à  partir  avec  dame 
Justice.  J'arrive  donc  à  la  tragique  conclusion  que  tant  de 
méfaits  n'avaient  que  trop  fait  pressentir.  Il  revenait  un  jour 
de  Mortagne,  quand,  à  la  suite  d'un  de  ses  derniers  attentats, 
les  gens  de  la  maréchaussée  se  présentèrent  à  la  porte  du 
manoir  pour  procéder  enfin  à  son  arrestation.  La  dame  du 
lieu,  avertie  de  la  présence  des  gendarmes,  à  Thuis  du  logis, 
prévint  son  mari  en  hâte,  mais  encore  assez  à  temps  pour 
qu'il  pût  s'évader.  L'état  d'ivresse  du  malheureux  l'empêcha 
de  pouvoir  profiter  de  l'avertissement  et  il  se  laissa  saisir  et 
garrotter  sans  opposer  la  moindre  résistance.  Le  coupable  fut 
de  là  transporté  à  Poitiers,  le  procès  s'instruisit;  une  multitude 
de  faits  monstrueux  allégués  à  sa  charge,  et  dont  il  fut  ai- 


208  LES   ÉCHAUBROONES 

sèment  reconnu  coupable,  furent  plus  que  suffisants  pour 

motiver  sacondamnation  à  la  peine  capitale.  C'était  Je  12  juillet 

del'année  1737... 

J'en  étais  là  de  ma  notice  sur  François  Garnier,  quand 
M.  Tabbé  Drochon,  à  l'époque  curé  de  TAbsie,  et  depuis  reli- 
gieux de  l'Assomption,  a  bien  voulu  me  communiquer  la 
pièce  suivante.  Elle  ne  fait  que  confirmer  et  préciser  ce  que 
nous  savons  déjà,  en  y  ajoutant,  hélas  !  dans  sa  concision^ 
plusieurs  particularités  qui  ne  concourent  pas  à  réhabiliter 
la  mémoire  du  triste  héros. 

«  Jugement  souverain  efe  en  dernier  ressort  rendu  par  mon- 
«  sieur  l'Intendant  de  Poitiers,  assisté  de  messieurs  les  Com- 
tt  missaires  du  Conseil  entre  le  Procureur  du    roy    de  la 
«  commission,demandeur,  en  crimes  d'incendies,  inceste,  voU 
(c  et  assassinats,  viols  et  viollances  publiques,  contre  François 
«  Garnier,  escuyer,  seigneur  de  la  Sicardiôre,  et  encore  d'in- 
«  cendie contre  Marie  David,  et  la  dame  de  la  Sicardière>  son 
«  épouse,  et  le  chevallier  de  la  Sicardière,  son  frère.  Veu  nous» 
«  par  jugement  souverain  et  en  dernier  resort,  avons  déclaré 
«  led.  sieur  François  Garnier  de  la  Sicardière  aîné  et  Marie 
a  David  attaints  et  convaincus  des  incendies  commisses  au 
«  château  de  la  Sauvagère.  Ledit  sieur  François  Garnier  de  la 
«  Sicardière  atné,  aussi  attaint  et  convaincu  des  crimes  d'in- 
«  ceste  et  viollances.  Pour  réparation  de  quoy,  et  les  autres 
«  cas  résultants  du   procès,   avons  condamné    le  dit  sieur 
a  Garnier  de  la  Sicardière  alné^  à  avoir  la  teste  tranchée  par 
i(  l'exécuteur  de  la  haute  justice  sur  un  cbafaut  qui  sera  à  cet 
«  effet  planté  à  la  place  de  Saint-Nicolas  de  cette  ville  ;  que  ses 
«  biens  situés  dans  le  pays  où  confiscation  a  lieu  appartiendront 
«  et  seront  confisqués  au  profit  du  roy^  et  condamné  ladite 
a  Marie  David  a  estre  pendiie  et  étranglée  jus<;^u'à  ce  que  mort 
«  s'ensuive  à  une  potence  qui  pour  cet  effet  sera  plantée  à 
«  ladite  place  de  Saint-Nicolas  de  cette  ville,  par  l'exécuteur  de 
tf  la  haute  justice. 

<c  Déclarons  la  contumace  bien  et  dûement  instruitte  contre 
«  le  sieur  Chevallier  de  la  Sicardière  et  adjugent  le  profit  pour 


LES   ÉCHAUBROQNks  209 

«  le  cas  résultant  du  procès.  Avons  banny  ledit  sieur  chevallier 
«  de  la  Sicardiëre  à  perpétuité  du  royaume,  enjoint  à  luy  de 
«  garder  son  ban  sous  les  peines  portées  par  Tordonnance 
M  Ce  qui  sera  exécuté  par  effigie,  dans  un  tableau  dans  lequel 
«  notre  présent  jugement  sera  inscrit  et  exposez  à  un  poteau 
«  qui  sera  élevé  à  la  dite  place  de  Saint-Nicolas  par  Texécuteur 
tt  de  la  haulte  justice.  Ordonnons  en  outre  que  ses  biens 
«  situés  où  confiscation  a  lieu,  demeureront  confisqués  au 
«  proQt  du  roy,  et  avons  mis  la  dame  de  TEtoille,  femme  du 
a  sieur  Sicardiëre  aîné,  hors  de  cause,  ordonné  qu'elle  aura 
V  provision  de  sa  personne.  Condamnons  en  outre  le  sieur 
«  Sicardière  aîné,  la  David  et  le  sieur  chevallier  de  la  Sicar- 
«  dière,  en  huit  cents  livres  d'amende  envers  le  roy,  le  tout 
u  sollidèrement.  Ce  qui  sera  exécuté  nonobstant  appel  et  sans 
«  y  différer.  Et  sera  notre  présent  jugement  lii,  publié  et  affiché 
a  partout  où  besoin  sera  donné.  Fait  en  la  chambre  criminelle 
«(  du  Pallais  royal  de'  Poitiers,  le  douze  du  mois  de  juillet 
«  mil  sept  cent  trante  sept.  Signé  :  Lenain,  Dutressé,  Vincent 
«  de  Villegay,  Rabrieul,  Millon,  Labrosse^  Gaborit,  Mallet, 
c  Dulcot,  Girault,  Constant  Filleau,  Le  Chénier  du  Charpreau, 
•  raporteur,  et  Marquet,  le  jeune,  procureur,  greffier  de  la 
u  commission.  Le  présent  jugement  en  ce  qu'y  concerne  le 
c<  sieur  Sicardière  aîné  et  Marie  David  a  esté  exécuté  led.  jour 
«  12  juillet;  en  ce  qu'y  regarde  le  sieur  Chevallier  delà  Sicar- 
«  dière,contumax,  le  lendemain  13  juillet  1737.  Signé  :  Marquet 
M  le  jeune,  procureur,  greffier  de  la  commission.  » 

A  ces  autres  méfaits  et  immoralités,  François  Garnier 
ajoutait  donc  encore  le  titre  d'incendiaire  et  de  voleur  et  il 
faisait  partager  sa  vie  criminelle  à  ceux  de  son  entourage.  La 
tradition  ne  m'avait  point  appris  l'existence  de  cette  Marie 
David,  sa  complice,  et  qui  partagea  sa  fin  ignominieuse  à 
Poitiers  sur  cette  place  Saint-Nicolas  qui  est,  je  présume,  la 
même  que  la  place  des  Halles  actuelle. 

Aux  quatre  femmes  que  nos  titres  attribuaient  à  François 
Garnier,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  il  faut  donc  en 


210  LES  ÉGHAUBR06NES 

ajouter  une  cinquième,  portant  ce  nom  de  l'Estoile  qui  nous 
fait  penser  qu^elle  devait  être  de  la  famille  des  seigneurs  de 
Loumois  ;  et  bien  qu'elle  eut  été  «  mise  hors  de  cause,  et 
qu'elle  eût  eu  provision  de  sa  personne  »  il  est  permis  de 
croire,  par  sa  qualité  môme  d'inculpée,  qu'elle  fut  quelque  peu 
de  connivence  avec  son  mari.  Il  reste  toujours  à  expliquer  et 
à  comprendre  comment  un  pareil  monstre  avait  pu  trouver 
moyen  de  contracter  toutes  ces  alliances,  dont  le  nombre  et 
la  courte  durée  ne  prouvaient  que  trop  la  fin  criminelle. 

Si  ces  scélérats  tout  couverts  de  crimes,  de  tyrannies  et  de 
violences  de  toute  sorte,  trop  souvent  échappaient,  en  vertu  de 
leur  noblesse,  à  la  loi  commune  et  à  des  châtiments  trop  bien 
mérités,  ils  n'y  échappaient  donc  pas  tous  comme  vient  de 
nous  le  prouver  l'arrêt  précédent. 

Nous  revenons  maintenant  à  nos  documents.  D.  Foyiteneati 
qui  prenait  ses  notes  en  1756,  une  vingtaine  d'années  par 
conséquent  après  l'exécution  de  François  Garnier,  consacre 
dans  son  83«  volume,  Notices  et  tableaux  généalogiques,  quel- 
ques lignes  à  la  famille  des  Q^Tni^r  {Bibliothèque  de  Poitier). 

«  Gentilshommes  du  nom  de  Garnier  en  Bas-Poitou.  » 

«  Garnier  eut  trois  fils  :  l'aîné  fut  un  de  la  Sicardière,  père 
«  de  celui  qui,  pour  des  faits  de  cruauté,  eut  la  tôte  tranchée 
«  à  Poitiers  en... 

«  Un  autre  fut  nommé  de  Saint  Martin  et  faisait  résidence 
«  au  Couchapon,  dans  la  paroisse  de  Treize- Vents.  C'est  une 
«  espèce  de  bordQrie.  Il  avait  deux  garçons  et  une  fille.  Un 
«  des  garçons  est  mort  vicaire  de  Saint-Jouin  de  Mauléon  au 
a  mois  de  juillet  1756.  L'autre  garçon  est  employé  dans  les 
«  aydes  ou  gabelles.  La  fille  veut  épouser  un  ancien  valet.  La 
tt  mère  vit  encore.  Le  père  de  M.  de  la  Sicardière  décollé  eut 
«  un  autre  fils  qui  vit  encore,  qu'on  appelle  le  chevalier  de  la 
«  Sicardière,  qui  demeure  paroisse  du  May,  en  Anjou,  à  deux 
«  petites  lieues  au-delà  Cholet.  Il  a  été  marié  deux  fois.  C'est 
«  un  homme  qui  n'est  point  aisé,  tête  dure.  La  Sicardière, 
«  après  la  mort  de  son  frère,  fut  mise  au  bail  et  y  est  encore. 


LES  ÂCHAUBROONBS  211 

«  MM.  Oautrouneau  et  Guineoyseau,  deux  notaires  de  Chatil- 
«  lon-sur-Sèvre,  voulurent  avoir  le  bail,  mais  ils  font  cédé  au 
*  chevalier  qui  en  jouit. 

tf  M.  de  la  Sicardière  décapité  n'a  point  en  d'enfants  légi- 
tt  limes,  mais  beaucoup  de  bâtards.  Il  a  été  marié  deux  ou 
«  trois  fois.  La  2'"«  femme  était  une  cuisinière  qui  restait  chez 
«  M.  de  la  Boullaye  d' Auzon  :  la3"'»  étoit  d'une  bonne  noblesse 
«  de  la  maison  de  Gazeau,  en  Anjou,  sœur  de  M.  du  Gazeau  et 
«  de  xM"^'  du  Picatdoré,  demeurante  actuellement  à  Angers. 
H  Ces  messieurs  du  Gazeau  et  de  Picatdoré  n'ont  point  eu 
a  d'enfant.  On  croit  que  M"»*  de  la  Sicardière  est  encore  à 
«  Thouars,  au  couvent. 

c<  La  Sicardière  est  une  petite  maison  noble  dans  la  paroisse 
u  de  Saint-Hiiaire  d'Ëchaubrognes.  Le  Fief-Gholet  petit  bien 
«  dans  la  paroisse  de  la  Ghapelle-Largeau.  Il  a  des  enfants,  il 
Il  a  été  marié  trois  fois.  La  dernière  est  une  servante  qu'il  a 
tt  prise  à  Gholet.  » 

La  succession  de  la  Sicardière  ne  fut  pas  plus  tôt  ouverte, 
que  les  agents  du  use  et  les  nombreux  créanciers  se  hâtèrent 
de  s'en  disputer  les  restes.  Dès  les  premiers  mois  qui  suivirent 
le  tragique  événementjles  procureurs  deGhatillon  dressèrent, 
pour  le  besoin  de  la  procédure,  les  pièces  suivantes  que  nous 
transcrivons  intégralement,  pour  les  comparer  ensuite  avec 
les  notes  de  D.  Ponteneau  (Papiers  de  M.  Boylesve,) 

17  janvier  1738.  —  «  Brief  examendes  procédures  faites  au 
«  siège  de  Ghâtillon-sur-Sèvre,  au  sujet  des  biens  saisis  des 
«  sieurs  Garnier  de  la  Sicardière,  en  la  paroisse  de  Saint- 
«  Pierre  d'Ëchaubrognes,  marches  communes  d'Anjou  et  de 
«  Poitou.  Les  sieurs  François  Garnier  et  Pierre  Garnier,  sieurs 
«  de  la  Sicardière,  ayant  été  condamnés  par  jugement  souve- 
«  rain  rendu  à  Poitiers  le  12  juillet  1737,  l'un  à  mort,  l'autre 
«  à  un  banissement  perpétuel  hors  du  royaume,  les  créanciers 
i*  ûrent  saisir  leurs  biens,  tant  pour  assurer  leurs  fonds  de 
a  rentes,  que  pour  les  arrérages  dus,  ou  pour  d'autres  dettes. 
«  Avant  de  faire  le  précis  de  la  procédure,  il  est  bon,  pour 
«  éclairer  les  faits,  de  faire  une  courte  généalogie  des  Gar- 


212  LRS   ÉCHAUBROONES 

o  meVf  et  une  liste  des  créanciers  et  de  leurs  demandes.  Peut 
«  être  sera-t-on  obligé  de  faire  quelques  observations  en 
((  certains  endroits  qui  paraîtront  Pexiger.  Les  notes  entre 
«  parenthèses  ne  se  trouve  pas  dans  le  tableau  dressé  par  les 
tt  agents  :  je  les  ai  puisées  dans  divers  titres  du  procès,  et 
«  mises  ici  parce  que  les  procureurs,  eux,  n'avaient  relaté 
u  dans  le  tableau  que  ce  qui  était  nécessaire  à  la  procédure.  » 

Pierre  Garnier  sieur  de   la  Sicardière  et  sa  femme  Renée 
Lessard,  d'où  sont  issus,  avant  1698. 

jo  Pierre  Garnier^  flls  aîné,  sieur  de  la  Sicardière  (y  demeu- 
rant.) 

Ih  Charles  Garnier,  sieur  de  Saint  Martin  (au  Gouchapon 
paroisse  de  Treize-Vents.) 

III*  Mathurin  Alias  Mathieu  Garnier,  sieur  du  Pief-Chollet, 
(au  Chiron-Bonnet  paroisse  de  la  Chapelle-Largeau.j 

Pierre  Garnier,  sieur  de  la  Sicardière,  marié  (le  10  mai  1092) 
à  Marie  Garnaud,  d'où  sont  issus  : 

1.  François' Garnier,  sieur  de  la  Sicardière, 

Condamnés    l 

2.  Pierre  Gartner,  cheva'ier   de  la  Sicar- 
dière, cadet.. 

François  Garnier,  sieur  de  la  Sicardière,  marié  : 

En  V*  noces  à  damoiselle  Elisabeth  Baudry  d'Asson 
(l'était  op  1722.) 
En  2*  noces  à  Marie  Gourdon,  dont  esl  issus  : 

François,  fils  aîné  (légitime.) 
En  3*^  noces  à  Clotilde  Cantineau  de  la  Ctiarpenterie 
(c'était  en  septembre  1729.) 

En  4*  noces  à  Marie  Marquet  (le  29  septembre  1730, 
dont  est  issu  : 

N.  Garnier  (2*  fils  léi^itime.) 
\       En  5*^  noces,  enfin,  à  N.  deTEstoile.) 


LES  ÉGHAUBROGNES  213 

Pierre    Garnier    Sicardière,   marié  à  dame  Ville- 
^   ,  neuve  du  Caseau,  dont  est  issue  N.  Garnier  (Geneviève 
Victoire,  mariée  plus  tarda  Jacques  François  BouUay- 
du-Martray.) 


Il* 


Charles  Garnier ,  sieur  de  Saint  Martin,  marié  en  1'*"  noces 
à  N.»  dont  est  issu  Charles  Garnier,  prestre  (vicaire  d*abord 
de  la  Romagne,  près  de  Saint-Jouin  de  Mauléon).  Marié  en 
2^  noces  avec  Gabrielle  Pellerin  dont  son  issus  Pierre  et  Jac- 
ques (alias  Jean)  Garnier,  et  quatre  filles,  Gabrielle,  Marie- 
Madeleine,  Marie-Charlotte,  Marie-Suzanne  et  Françoise- 
Angélique. 

Illo 

Mathurin  (Alias  Mathieu)  Garnier^  sieur  de  Fief-Chollet, 
inarië  à  N.  dont  est  issu  :  Jacques  Garnier- 

La  première  remarque  assurément,  c'est  Tétonnemgnt  de 
voir  un  prêtre  sortir  d'une  pareille  famille:  le  fils  aîné  du 
sieur  de  Saint-Martin,  nommé  comme  lui  Charles  Garnier,  fut 
successivement  vicaire  de  la  Romagne  et  de  Saint-Jouin  de 
Chfttillon  où  il  mourut  en  juillet  d656. 

A  la  distance  où  nous  sommes  des  événements  ci-dessus 
racontés^  je  n*ose  affirmer  que  D.  Fonteneau,  bien  que  prenant 
ses  notes  une  vingtaine  (Tannées  à  peine  après  la  mort  de 
F-  Garnier  se  soit  trompé;  mais  les  dites  notes  diffèrent  en  bien 
des  points  d'avec  la  généalogie  etles  autres  documents  libellés 
sur  place,  e/ 5ta:  mois  seulement  après  Iç  jugement,  par  les 
procureurs  de  Châtillon.  Ainsi  le  frère  cadet  de  François  Gar- 
nier est  dit  avoir  été  cesgionnaire  du  bail  de  la  Sicardière, 
selon  D.  Fonteneau,  tandis  que,  dans  l'autre  pièce,  on  affirme 
que  Pierre  Garnier  avait  été  banni  «  à  perpétuité  »  selon  que 
le  texte  du  jugement  en  fait  lui-môme  foi.  Cette  condamnation 
prononcée  contre  un  contumace,  n'avait-elle  pas  été  suivie 


214  LRS  ÉCIHAUBROONKS 

d'effet?.,  ou  bien  le  coupable,  en  considération  de  son  carac- 
tère «  peu  aisé  et  de  la  dureté  de  sa  tête  »  aurait-il  été  promp- 
tement  gracié  ?  Toujours  est-il  que  les  titres  que  j'ai  eus  entre 
les  mains  mentionnent  messire  Pierre  Garnier,  chevalier  de 
la  Sicardière,  comme  demeurant  en  Tannée  1767  en  sa  terre  de 
Mille,  près  du  May,  en  Anjou.  Toutefois,  remarquons  que  la 
2*  adjudication  du  bail  de  la  Sicardière  fut  faite  en  le  nom  de 
sa  femme,  et  non  à  lui-môme.  D.  Ponteneau,qui  ne  dit  mot  de 
cette  condamnation  au  bannissement,  affirme  en  outre  que 
ledit  chevalier  fut  marié  deux  fois,  l'autre  généalogie  lui  attri- 
bue, pour  femme  unique,  cette  dame  Villeneuve  du  Cazeau 
que  D.  Fonteneau  prétend  avoir  été  la  3""  femme  de  son  frère, 
le  «  décollé  ».  Si  comme  l'affirment  les  pièces  des  procureurs, 
François  Garnier  a  convolé  à  une  quatrième  alliance  avec 
Marie  Marquet,  et  même  à  une  cinquième  avec  la  dame  de 
l'Estoile,  comment  cette  dame  du  Cazeau  pouvait-elle  lui  sur- 
vivre encore,  renfermée  dans  son  couvent  de  Thouars?.. 
D.  Fonteneau  assure  que  François  Garnier  fut  marié  deux  ou 
trois  fois,  qu'il  n'eut  point  d'enfants  légitimes,  mais  seulement 
beaucoup  de  bâtards  :  (nous  ne  contestons  nullement  la  der- 
nière partie  de  cette  assertion),  mais  par  la  généalogie  fournie 
par  les  procureurs,  et  les  autres  pièces,  nous  voyons  qu'il  eut 
cinq  femmes  et  deux  fils  légitimes.  Ces  cinq  femmes  ont  dû 
mourir,  sauf  peut-être  la  dernière,  dans  l'espace  d'une  dizaine 
d'années.  Trois  d'entre  elles,  n'ayant  pas  eu  d'enfants  de  cette 
union,  ne  sont  pas  mentionnées  sur  l'arbre  généalogique  des 
procureurs,  mais  je  les  ai  vues  citées  sur  d'autres  pièces,  et 
on  spécifie  bien  que  c'est  de  la  2*"  et  de  la  4''  qu'il  y  a  eu  posté- 
rité. La  première  de  ces  infortunées  fut  damoiselle  Elisabeth 
Baudry  d'Asson,  qui,le  1*' avril  1722,ratifie  la  vente  et  délais- 
sement que  fait  son  mari  à  F.  Gyerault,  des  Terrages  de  la 
Sicardière.  La  seconde  fut  Marie  Gourdon,  sans  doute  cette 
cuisinière  prise  au  dire  de  D.  Fonteneau  chez  M.  de  la  Boullaye 
d'Auzon  :  il  en  eut  son  fils  aîné  portant  môme  prénom  que 
lui.  La  3*"  aurait  été,  non  damoiselle  du  Cazeau,  mais  une 


LES   ÉGFIAUBROGNES  215 

autre  pareillement  de  bonne  noblesse,  damoiseile  Glotilde 
Cantineau  de  la  Charpenterie,  veuve  en  !'*•  noces  de  Henri  de 
Touvois,  sieur  du  Pin,  duquel  elle  avait  eu  une  flUe,  Marie  de 
Touvois,  mais  qui  n'eût  pas  d'enfants  de  cette  2*  alliance.  Elle 
fit,  le 4  juin  1730,  son  testament  en  faveur  de  François  Gar- 
nier,  son  2«  mari.  Enfin,  le  29  novembre  de  cette  année,  était 
passé  le  contrat  de  mariage  du  même  avec  sa  4*"  femme^  Marie 
Marqueta  dont  il  eut  un  autre  fils.  Nous  avons  vu  que  le  texte 
de  la  sentence  de  sa  condamnation  lui  attribue  une  5*  femme, 
la  dame  de  TEstoile  que  je  n'ai  vue  nulle  part  figurer  ail- 
leurs. Voilà  donc,  sans  préjudice  de  toute  cette  autre  lignée 
dont  parle  D.  Fonteneau,  deux  enfants  légitimes  reconnus  à 
F.  Garnier,  et  il  faut  bien  reconnaître  qu'ils  étaint  tels,  puis- 
que, lors  de  l'ouverture  de  la  succession,  on  constitue,  comme 
curateur  du  premier,  François  Proust  aubergiste,  demeurant 
au  Temple,  et  comme  curateur  du  second  Jacques  Garnier, 
du  Pief-ChoUet,  son  cousin.  Il  est  vrai  qu'il  n'est  fait  nulle 
part  ailleurs  que  là,  et  dans  le  tableau  généalogique,  mention 
de  ces  deux  enfants,  et  que  même  un  peu  plus  tard  nous 
voyons  Geneviève-Victoire  Garnier,  la  fille  de  Pierre  «  le 
banni  »  devenue,  je  ne  sais  comment,  propriétaire  de  la  Si- 
cardière,  et  en  disposant  comme  il  sera  dit  plus  loin. 

Il  y  a  également  discordance  au  sujet  des  sieurs  de  Fief- 
Chollet  et  de  Saint-Martin,  relativement  au  nombre  de  leurs 
mariages  et  de  leurs  enfants.  D.  Fonteneau  ne  donne  même 
pas,  non  plus,  la  date  de  l'exécution,  laissant  en  blanc  le  quan- 
tième à  mettre.  Il  place  en  outre  la  Sicardière  dans  la  paroisse 
de  Saint-Hilaire  au  lieu  de  TattribueràSaint  Pierre  des  Echau. 
brogne?,  comme  de  droit. 

Suit  enfin  la  longue  liste  des  créanciers  et  des  opposants 
au  bail.  Nous  trouvons  en  tête,  évidemment,  le  nom  de 
M'"  Marin  de  Boylesve,  avec  ses  29  boisseaux  de  blé  sei- 
gle et  ses  29  années  d'arrérages,  le  tout  réduit  à  la  somme  de 
687*  17%  puis  damoiseile  Hardouine  des  Granges  de  Surgère, 
puis  les  enfants  de  Charles  de  Saint-Martin,  puis  les  notaires 


216  LES   ÉCHAUimOONER 

de  Châtillon,  puis  Jean  du  Breuil,  Marie  du  Breuil  veuve 
d'Alexis  Gobin,  dit  «  Fleur  d'ageon  »  etc,  etc  ;  sans  parler  de 
Jacques  Colojubat,  fermier  du  domaine,  à  Poitiers,  qui  récla- 
me pour  sa  part  800^  montant  de  l'amende  à  laquelle  ont  été 
condamnés  les  deux  frères  ;  puis  JoUy  sous-fermier  des 
Francs-Fiefs,  à  Tours,  demandant  la  somme  de  900'  et  2  sous 
par  livre  ;  puis  M.  de  la  Rochejaquelein,  puis  M.  le  Curé  de 
Saint-Pierre  d'Echaubrognes...  et  bien  d'autres. 

Le  7  janvier  1738,  on  procéda  à  un  inventaire  du  mobilier  : 
l'estimation  totale  des  biens  et  effets  mobiliers  de  la  Sicardière, 
faite  par  devant  André  François  Guinôyseau  et  Jacques 
Qiliebert  de  la  Louisière,  s'est  trouvé  monter  à  la  somme  de 
137*  16".  Le  prix  de  vente,  nous  le  verrons  ailleurs,  n'atteignit 
que  le  chiffre  de  208'  40'  dont  le  greffier  retint  pour  frais  133i 
3'  4<*,  ce  qui  fit  qu'il  ne  resta  que  75'  4'  S^  que  l'on  donna  par 
moitié  aux  curateurs  des  deux  mineurs.  On  avait  passé  cinq 
jours  pleins  seulement  à  inventorier  et  à  classer  les  vieux 
papiers  titrés*  I  La  succession  que  laissaient  les  Garnier  était 
donc  des  plus  embrouillées,  et  grevée  d'une  infinité  de  char- 
ges :  heureusement  que  Châtillon-Mauléon  possédait  à  l'épo- 
que une  nuée  de  procureurs,  notaires,  avocats,  etc.  Je  ne  parle 
que  pour  mémoire  des  greffiers,  sergents  etc,  à  qui  le  procès 
de  la  Sicardiëre  donna  pendant  quelque  temps  curée.  Je  ne 
sais  quelle  diligence  firent  les  autres  créanciers  pour  rentrer 
en  possession  de  leurs  droits  ;  je  n'ai  que  les  papiers  du  sieur 
Marin  de  Boylesvel  Pour  lui,  dès  le  7  janvier,  jour  où  l'on 
inventoriait  les  effets  mobiliers  de  la  Sicardière,  il  prenait  les 
devants  et  se  faisait  recommander  auprès  d'un  certain  maître 
«  Roulleau  »  (quel  nom  prédestiné  pour  un  gratte  papier!)  Il 
paraît  que  parmi  ces  procureurs,  celui-ci,  par  exception,  était 
consciencieux  y  c'est  le  sieur  Marin  de  Boylesve  qui  l'affirme  ; 
il  est  vrai  que  le  dit  Marin  avait  pour  lors  besoin  de  lui  ;  aussi 
le  flatte-t-il,  l'appelle-t-il  un  homme  «  écléré  »  plein  de  capa- 

^  C*e8t  daus  ces  titres  que  j*ai  trouvé  le»  noms  des  différentes  femmes  de 
François  Garnier,  le  décollé. 


LKS    ÉGIIAUHKOGNES  217 

cité  et  de  zèle  ;  il  joint  môme  un  écu  de  trois  livres  à  toutes  les 
louanges  qu'il  lui  prodigue  tout  en  lui  affirmant  qu'il  aura  un 
surcroît  d'obligation  s'il  s'oppose  à  la  mise  au  bail  de  la  Sicar- 
diëre.  Les  deux  notaires,  maîtres  Guynoiseau  et  Gautronneau, 
qualifiés  aussi  en  maint  endroit  du  titre  d'homme  habiles,  fins 
patriciens  etc.  couvrent  d'écriture  une  quantité  énorme  de 
papier,  Echaubrognes  même,  qui  le  croiraitaujourd'hui  ?  four- 
nit aussi  son  contingenta  cette  glorieuse  cohorte  ;  c'est  le  sieur 
Ponteny,  pour  lors  sergent  dû  comté  de  Maulévrier  ;  mais  un 
peu  plus  tard,  d'autres  membres  de  cette  famille  qui  n'a  dispa- 
rue de  chez  nous  que  depuis  peu  d  années,  montèrent  jusqu'à 
la  très  honorable  profession  de  notaire  !  Du  temps  que  les 
Echaubrognes  en  comptaient  jusqu'à  trois  ou  quatre  tant  sei- 
gneuriaux qu'apostoliques,  car  je  ne  sache  pas  qu'ils  soient 
arrivés  jusqu'à  en  avoir  jamais  de  royaux...  Mais  en  même 
temps  que  ces  hauts  employés  de  nos  seigneurs  voisins  s'oc- 
cupaient de  leur  étude,  ils  vaquaient  aussi  à  d'autres  profes- 
sions plus  humbles,  mais  qui  leur  procuraient  plus  sûrement 
le  pain  de  chaque  jour.  Les  nôtres  susdits  étaient  tisserands, 
et  selon  le  besoin,  imitant  en  cela  le  factotum  d'Karpagon,  ils 
savaient  passer  le  tablier  de  l'artisan  sur  la  simarre  du  tabeil- 
lion  seigneurial. 

Maigre  toutes  les  oppositions  qu'on  y  fit,  la  Sicardière  n'en 
fut  pas  moins  mise  au  bail  judiciaire.  Le  premier  adjudicataire 
fut  un  sieur  Jacques  Routier,  fermier  à  la  Petite  Roche, 
paroisse  de  Saint-Hilaire  d'Ëchaubrognes  ;  il  l'obtint  pour  la 
somme  de  380^  ;  mais  son  entrée  en  jouissance  ne  se  fit  point 
sans  traverses,  car  celui  dont  il  n'était  que  le  prête-nom, 
Louis  de  Soussay,  sgr  de  la  Guichardière,  fut  assassiné  cette 
même  année  1738,  par  les  employés  de  la  gabelle  de  Saint- 
Laurent,  nous  l'avons  vu  ;  et  d'autre  part  les  employés  du  fisc, 
le  sieur  Joly  traitant  des  Francs-Fiefs  de  Touraine  et  d'Anjou, 
et  le  sieur  Colombat,  sous-fermier  des  domaines,  voulurent 
faire  saisir  les  fruits  et  récoltes  ainsi  que  le  prix  du  bail,  et 
entravèrent  l'exploitation  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir. 


218  LBS    ÉOHAUBROONBS 

On  ne  dit  pas  dans  nos  papiers,  qui  eul  gain  de  cause  quand 
l'affaire  fut  portée  au  siège  ducal  de  Ghfttillon,  le  17  septem- 
bre 1740.  Le  second  bail  fut  adjugé  à  madame  de  laSicardière 
«  la  jeune  »  femme  de  Pierre,  chevalier  de  la  Sicariiière,  pour 
200*  pour  la  première  année  qu'elle  dut  payer  d'avance, 
et  à  300^  pour  les  suivantes.  Le  9  septembre  1776,  M.  Rémi 
Charles  Etienne  Denis  du  Chiron,  receveur  des  tailles  de 
l'élection  de  Châtillon,  acquiert  de  Geneviève  Victoire  Garnier, 
veuve  de  Jacques-François  Boullay  du  Martray,  ancien  con- 
seiller  à  l'élection  d'Angers,  la  terre  de  la  Sicardière  (voir  la 
notice  sur  la  Grande-Ecurie).  M.  du  Chiron  l'achète  pour  la 
somme  de  27,000  livres,  avec  entre  autres  charges  une  rente 
viagère  de  300*  au  principal  de  4,000  francs,  à  servir  à  mes- 
sire  Jean  Baptiste  Nicolas  Cesbron  d'Argonne,  officier  des 
grenadiers  royaux  et  demeurant  à  Luigné.  C'est  ce  môme 
Cesbron  d'Argonne  que  nous  retrouvons,  une  quinzaine 
d'années  après,  gouverneur  de  Cholet,  lors  du  passage  de  la 
Loire  par  les  Vendéens,  et  ne  voulant  faire  ni  grâce,  ni  quartier 
aux  prisonniers  faits  sur  les  républicains. 

En  1815,  la  rente  de  29  boisseaux  de  seigle  n'était  pas  encore 
éteinte,  puisque,  à  cette  date,  M.  Marin  de  Liyonnière,  un  des 
héritiers  de  messire  Boylesve  de  la  Maurousière,  réclame  à 
M.  Chiron  de  la  Guérivière  Bersy,  demeurant  à  Oiré,  commune 
du  Vaudelnay,  près  Doué  en  Anjou,  le  paiement  de  ladite  rente. 
Celui-ci  s'exécute  et  éteint  la  redevance. 

La  branche  des  Garnier  du  Fief-Chollet  a  fourni  un  soMat  à 
l'armée  vendéenne,  en  la  présence  de  Pierre-Jean  Garnier,  né 
au  Chiron-Bonnet  de  la  Chapelle-Largeau,le21  septembre  1776, 
et  qui  servit  la  bonne  cause,  de  1793  à  1795,  et  en  1799.  Elle 
n'est  pas  encore  éteinte,  car  en  parcourant  le  Dictionnaire  des 
Familles  de  f  ancien  Poitou,  j'ai  vu  que  Louis  Joseph  Charles, 
chevalier  de  la  Touche,  né  à  Bonneuil-Matours  a  épousé,  le 
13  avril  1807,  Marie-Jeanne  Garnier  du  Pief-Chollet  dont  il  a  eu 
postérité  encore  exista^ite.  Le  Chiron-Bonnet  est  habité, 
maintenant  «ncore,  par  une  famille  Laydet  qu'on  m*a  dit  des- 
cendre des  Garnier  par  les  femmes. 


LES   iCHAUBROGNES  219 

•  La  malédiction  de  Dieu  semble  peser  sur  cette  famille  infor- 
tunée depuis  les  méfaits  et  la  condamnation  des  deux  grands 
coupables  dont  nous  avons  raconté  Thistoire.  J*ai  connu  dans 
mon  enfance  un  des  derniers,  sinon  absolument  le  dernier 
héritier  de  ce  nom  déshonoré.  Pauvrement  recouvert  d'un 
vieil  habit,  formé  de  plus  de  pièces  que  n'en  comportait  jadis 
l'écusson  de  sa  famille,  il  promenait  çà  et  là  sa  vie  oisive  et 
inutile,  il  était  réduit  à  Tindigence  et  à  moitié  idiot.  Les  enfants 
s'en  amusaient,  l'appelant  par  dérision  Garnier  le  Noble.  Il 
demeurait  à  Saint-Jouin  sous  Ghâtillon,  où  il  est  mort  en  1840. 


TOUVOIS 


Touvois,  qu'on  écrivait  autrefois  Thouvaye,  est,  comme  la 
Guichardière  et  Loumois,  une  de  ces  petites  gentilhommières 
qui  avoisinent  Maulévrier,  tout  en  étant  jadis  de  la  paroisse 
de  Saint-Hilaire  des  Echaubrognes,  et  que  le  comte  de  Colbert 
n'a  pas  manqué  d'accaparer  lors  du  remaniement,  en  1810, 
pour  celle  de  Maulévrier,  afin  d'en  faire  comme  des  satellites 
àson  orgueilleux  château.  Nous  avons  déjà  parlé  ailleurs  du 
ruisseau  de  la  Planche-aux-Moines  que  d'autres  appellent  le 
ruisseau  de  Touvois,  un  de  ces  mille  petits  cours  d'eau  qui 
sillonnent  notre  Vendée,  et  lui  donnent  cet  aspect  à  la  fois  si 
frais  et  si  pittoresque.  Celui-ci  naît  vers  le  village  de  laTaillan- 
derie,  et  après  avoir  parcouru  de  vertes  prairies  ombragées 
par  de  grands  arbres  qui  y  entretiennent  la  fraîcheur  en  en 
dessinant  le  cours,  il  passe  tout  près  du  coteau  sur  lequel  est 
assis  notre  castel  :  et  à  quelques  pas  de  là  il  va  mêler  ses  eaux 
à  celles  de  la  Moine,  au  pied  du  manoir  de  la  Guichardière* 
L'entrée  du  Logis  de  Touvois  précède  une  assez  vaste  cour  et 
s'ouvre  au  levant.  Le  portail  était  surmonté,  il  y  a  peu  d'années 
encore,  du  blason  de  ses  anciens  seigneurs.  Lors  de  sa  démo- 
lition, la  pierre  qui  le  porte  fut  encastrée  dans  le  massif  de 


220  •    LES   ÉGHAUBROGNES 

maçonnerie  voisin.  Deux  animaux, qui  n*ontavec  le  lion  qu'un 
air  de  parenté  fort  éloignée^  y  sont  représentés  supportant 
Técu  qui  a  pour  pièce  unique  un  paon  rouant,  armoiries  plus 
parlantes  que  le  site  tranquille  que  s'étaient  choisi  les  anciens 
seigneurs  de  Touvois  pour  y  construire  leur  demeure- A  l'angle 
sud-est  de  la  cour  s'ouvre  une  petite  porte,  que  protège 
maintenant  la  grille  de  fer  enlevée  au  logis  de  Livois.  Cette 
porte  donne  accès  dans  un  corridor  étroit  et  quelque  peu 
sombre,  à  rentrée  duquel  commence  la  spirale  d'un  escalier, 
en  pierre  renfermé  dans  une  tourelle  à  laquelle  M.  Le  Roux, 
le  propriétaire,  a  restitué  sa  toiture  aiguë.  Au  bout  de  ce  corri- 
dor, une  porte  basse  donne  entrée  dans  une  vaste  salie,  la 
pièce  principale  du  logis.  Le  plancher  en  est  fort  élevé  et  garni 
de  deux  grosses  poutres  qui  supportent  une  triple  rangée  de 
chevrons  que  le  temps  a  noircis  mais  sans  pouvoir  les  atta- 
quer. Deux  vastes  fenêtres,  garni  es  à  l'intérieur  de  perrons,  et 
encore  munies  au  dehors  de  leurs  grilles  de  fer  aux  barreaux 
énormes,  éclairent  largement,  à  l'est  et  à  l'ouest^  ladite  salle 
dont  le  seul  ornement  est  une  vaste  cheminée  sous  le  manteaAi 
de  laquelle  on  peut  tout  à  Taise  se  tenir  debout.  Dans  Tâtre, 
une  plaque  de  fonte  porte  un  écusson  armorié,  mais  qui  n'est 
point  celui  des  Thouvaye.  Lq  logis  ne  paraît  point  avoir 
grandement  souffert  de  l'incendie  révolutionnaire,  mais  iln*a 
été  pendant  longtemps  qu'une  simple  ferme,  et  il  était  abso- 
lument dégarni  de  son  mobilier  ;  celui  qui  Tome  maintenant, 
dans  cette  pièce  et  dans  toutes  les  autres,  y  a  été  mis  par  les 
soins  de  M.  Le  Roux.  A  l'étage  supérieur  de  la  tour,  située,  au 
sud-est,  avait  été  construit  un  petit  oratoire.  Une  statue  repré- 
sentant la  sainte  Vierge  ou  peut-être  sainte  Anne  —  car  la 
sculpture  en  est  si  grosière  qu'il  est  permis  de  s'y  tromper  — 
parait  être  restée  dans  cette  chapelle  pendant  la  Révolution. 
Depuis  lors  elle  avait  été  apportée  à  l'oratoire  de  Bon-Secours 
près  des  ruines  de  Livois  ;  finaleoient  on  l'a  déposée  à  l'arceau 
de  Sainte-Anne,  situé  près  du  village  de  la  Grande-Métairie, 
sur  le  chemin  de  Maulévrier  à  Saint-Aubin.  Nous  avons  si 


LES    ÉCHAUBROQNKS  221 

peu  de  documents  sur  les  ancieris  châtelains  de  Touvois  que 
nous  ne  pouvons  tenter  d'en  idonnerune  histoire  suivie,  nous 
nous  contenterons  de  transcrire,  par  ordre  d'ancienneté,  les 
trois  chartes  précieuses  que  D.  Ponteneau  nous  a  conservées, 
et  d'y  ajouter  les  rares  documents  qu'il  nous  a  été  possible  de 
recueillir  nous-môme.  La  période  la  plus  brillante  pour  le 
castef  et  ses  propriétaires  paraît  bien  avoir  été  le  XVI»  siècle. 

I*  Extrait  du  contrat  de  mariage  de  Pierre  de  Thouvaye, 
écuyer,avec  damoiselle Jeanne  Eschallard  (an  1506, 7  janvier). 
Original  au  château  du  Soulier  (D.  Fontkneau,  XXV,  p.  781j. 

«  Sachant  tous  que,  en  la  prolocution...  du  mariage... 
«  pour  être  fait  en  face  de  la  sainte  Eglise,  d*entre  Pierre  de 
«  Thouvaye,  écuyer,  flls  aîné  de  Hardi  deThouvaye,  escuyer, 
'<  dudit  lieu  seigneur  et  de  Jeanne  de  Baumont,  damoiselle, 
(c  ses  père  et  mère  :  et  damoiselle  Jeanne  Eschallard,  fille  de 
«  feu  noble  homme  François  Eschallard,  en  son  vivant 
«(  escuyer,  seigneur  de  la  BouUaye,  et  de  damoiselle  Louise 
«  de  la  Haye,  ont  été  faites  les  convenances  qui  s'ensui- 
«  vent... 

. . .  Assavoir  est,  noble  et  puissant  Jehan  du  Bouschet,  sei- 
«  gneur  de  Puy  greffier,  en  nom  et  comme  soi-faisant  fort  pour 
«  ledit  Hardi  de  Thouvaye,  escuyer  susdit,  de  présent  ab- 
«•  sent...  et  ledit  Pierre  de  Thouvaye  escuyer  susdit,  d'une 
<  part.  Et  noble  homme  Anthoine  Eschallard,  sgr  dudit  lieu  de 
»  l;i  BouUaye,  frère  aîné  de  ladite  Jeanne,  et  ladite  Jeanne 
«  damoiselle  susdite,  d'autre  part.  Lesquelles  parties,  sçavoir 
«  ledit  Pierre  de  Thouvaye,  escuyer,  et  ladite  Jeanne  Eschal- 
w  lard  ô  l'autorité  de  ladite  Louise  de  la  Haye,  sa  mère, 
«  et  dudit  Anthoine,  son  frère  aîné,  ont  promis...  à  prendre 
«  pour  femme  ladite  Jeanne;  et  icelle  Jeanne  ledit  de  Thou- 
«  vaye...  et  en  faveur  dudit  mariage,  ledit  seigneur  du  Puy- 
••  greffier,  audit  nom,  a  marié  ledit  Pierre  de  Thouvaye, 
«  comme  fils  aîné  et  principal  héritier  dudit  Hardi...  Ledit 
«   Eschallard  promet  de  donner  aux  dits  futurs  conjoints  la 

TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVP  ANNÉE,  5®-6*»  UV.  16 


V 


222  LES  ÉCHAUBROGNES 

<*  somine  de  milles  livres  tournois  (environ  8000  fr.  de  notre 
«  monnaie.) 
«  Le  8  janvier  mil  cinq  cent  six  (suivent  les  signatures.)  » 
Plus  tard,  Golbert  de  Groissy  nous  affirmera  que  la  famille 
Eschallard  de  la  Boullaye  est  une  des  plus  ancienneset  des  plus 
nobles  du  Poitou.  Un  de  ses  membres,  Maximilien  Eschal- 
lard,  marquis  de  la  Boullaye,  conseiller  d'état  et  gouverneur 
de  Fontenay»  devint  auXVIP  siècle  un  des  chefs  les  plus  tur- 
bulents de  la  Fronde. 

Il  fallait  que  les  occupations  qui  retenaient  Hardi  de  Thou- 
vaye  loin  de  chez  lui,  fussent  d'une  nature  bien  grave,  pour 
Tempècher  ainsi  d'assister  aux  fiançailles  de  son  fils  atné  et 
principal  héritier.  Peut-être  le  noble  sire  était-il  du  nombre  de 
ces  chevaliers  qui  après  avoir  fait  en  Italie  ample  et  facile 
moisson  de  lauriers,  y  éprouvaient  en  ce  moment  des  revers 
qui  les  contraignirent  bientôt  à  abandonner  le  royaume  de 
Naples,  leur  récente  conquête.  Jehan  du  Bouschét  a  soi-faisant 
fort  »  pour  le  remplacer  en  cette  affaire  était  son  compagnon 
d'arme,  il  avait  accompagné  Louis  XII  en  Italie,  et  était  revenu 
dans  ses  terres  avec  un  poignet  de  moins  —  Quant  aux  mères 
des  deux  futurs  conjoints,  elles  appartenaient  sans  contre- 
dit à  deux  des  plus  anciennes  familles  de  notre  pays,  les  la 
Haye  et  les  Beaumont. 

ir  Commission  de  l'office  de  capitaine  du  château  d*Ar- 
genton.  donnée  à  Pierre  de  Thouvaye  écuyer,  et  à  Charles  de 
Thouvaye,  son  fils,  par  Tristan  de  Châtillon,  seigneur  d'Ar- 
genton,  de  la  Grève,  de  Moncontour,  et  de  Ghantemerle. 

(An  1521,  29  octobre.  Original,  château  du  Soulier,  D.  Fon- 
teneau  XXV  p.  785).  a  Tristan  de  Chastillon,  seigneur  d'Ar- 
«  genton,  de  la  Grève,  de  Moncontour  et  de  Ghantemerle,  à 
a  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront,  salut.  Sçavoir  fai- 
«  sons  que  nous  à  plain  confians  des  bons  sens»  prudence  et 
«  bon  gouvernement  de  Pierre  de  Thouvaye  escuyer,  seigneur 
«  dudit  lieu  de  Thouvaye,  et  de  Charles  de  Thouvaye  son  fils. 


LES  ÉCHAUBROGNRS  223 

((  pour  rémunération  des  bons  et  agréables  services  qu'ils 
u  nous  ont  faits,  dont  nous  nous  tenons  content,  et  espérons 
«  qu'ils  nous  facent,  avons  donné  et  octroyé,  donnons  et  octro- 
M  yons,  par  ces  présentes  es  dits  de  Thouvaye  Toffice  et  estât 
"  de  capitaine  de  notre  château  dudit  Argenton  Ô  les  fruits, 
«  proufits,  gages,  revenus  émoluments  d'icelloi  office  deus  et 
«  accoustumés  pour  icelui  exercer  et  joyrpar  eux  etchascun 
«  d'eux,  en  leur  vie  seulement,  et  au  survivant  d'eux  ;  et  les- 
«  quels  avons  mis  et  mettons  en  possession  d'icelui  recte  et 
«  actuelle,  parla  tradition  et  octroi  de  ces  présentes.  Donné 
«  en  notre  dit  château  d' Argenton,  sous  le  scel  de  nos  armes, 
«  le  vingneufîème  jour  d'octobre,  mil  cinq  cent  vingt-un. 
«  Signé  r  Tristan  de  Châtillon,  de  main  original.  » 

Note  (de  D.  Fonteneau).  L'original  entier  de  la  pièce 
est  dans  les  archives  du  château  du  Soulier,  en  Bas-Poitou. 
Au  bas  du  titre  pend  à  une  bande  de  parchemin  un  reste  de 
sceau  rouge. 

m.  —  Extrait  d'un  don  pour  agréables  services  rendus,  fait  * 
par  noble  homme  Pierre  de  Thouvaye,  écuyer,  à  Charles  de 
Touvaye,  écuyer,  son  fils  puisné,  de  l'office  de  capitaine  du 
château  d' Argenton. 

tt  Sachent  tous,  que  personnellement  établi  noble  homme 
«  Pierre  de  Touvaye  écuyer,  seigneur  dudit  lieu...  adonné, 
«  cédé,  délaissé  et  transporté  à  Charles  de  Thouvaye,  écuyer, 
'^  son  fils  puisné,  tous  et  chacun,  les  fruits,  proufits,  revenus, 
«  esmoluments  audit  establi  appartenant  en  et  de  l'office  de 
«  capitaine  du  château  d'Argenton,  audit  establi,  et  à  son  fils 
«  donné,  et  au  survivant  d'eux,  par  feu  noble  et  puissant 
«  Tristan  de  Châtillon,  en  son  vivant,  seigneur  dudit  lieu 
«  d'Argenton  comme  appert  par  les  lettres  dudit  don  datées 
«  du  vingt-neuf  octobre  mil  cinq  cent  vingt-un.  Signées  de  sa 
tt  main,  et  scellées  du  scel  de  ses  armes...  Ledit  don  fait  audit 
«  Gharlos  par  son  père  pour  les  bons  et  agréables  services 


224  LUS    ÉCHAUBROGNES 

*  que  ledit  Charles  de  Touvaye  a  cy-devant  fait  audit  Pierre 
«  de  Thouvaye  establi,  son  père  etc.  Le  neufième  février  mil 
«  cinq  cent  trente-deux  ».  (L'original,  au  château  du  Soulier). 
La  charge  dont  Pierre  de  Thouvaye  est  investi  consistait  à 
commander  au  château  d*Ârgenton,  et  à  veiller  à  ce  que  chacun 
s'acquittât  du  service  militaire,  et  notamment  du  «  guet  et 
garde  »  auxquels  étaient  tenus  tous  les  habitants  de  la  sei- 
gneurie. Son  fils^  bien  jeune  encore,  lui  est  adjoint  néanmoins 
dans  cetofilce.  Dix  années  plus  tard,  alors  qu'il  n'avait  encore 
qu'une  vingtaine  d'années,  nous  voyons  Charles  de. Thouvaye, 
succéder  à  son  père  ;  et  Tristan  de  Châtillon  étant  mort  dans 
cet  intervalle, comme  la  charge  était  héréditaire  dans  l^  famille 
des  Thouvaye,  pendant  trois  générations,  ainsi  qu'il  est  stipulé 
dans  les,  deux  chartes,  Pierre  de  Touvaye,  sans  en  demander 
à  nouveau  l'autorisation  au  successeur  de  Tristan  de  Châtillon, 
investit  son  frère  cadet  de  cette  même  charge  :  d'autres  devoirs, 
M  est  à  croire,  réclamaient  par  ailleurs  la  présence  de  son  aîné. 
Le  scel  qui  pendait  à  la  bande  de  parchemin  de  la  première 
des  deux  chartes  devait  porter:  de  geules  à  trois  pals  de vair 
au  chef  d'or^  qui  est  de  la  maison  de  Châtillon-sur-Marne, 
armoiries,  que  nous  trouvons  dans  nos  alentours,  à  l'église 
de  Loublande,  et  qu*on  peut  voir  aussi  sur  la  porte  de  l'hôpital 
de  Châtillon. 

Célestin  Port  indique  François  de  Thouvaye  comme  étant 
en  1539,  sept  années  après  l'investitude  sus-dite,  propriétaire 
de  la  maison  et  cour  seigneuriale  de  Touvaye,  il  nous  apprend 
que  ce  fief  relevait  de  Maulévrier.  Ce  François  de  Touvaye 
était,  il  est  à  croire,  le  fils  aîné  de  Pierre  de  Touvaye,  men- 
tionné dans  les  deux  titres  ci-dessus.  En  1654,  était  seigneur 
de  Touvois,René  Serplllon*  puis  vient  ensuite  René  deTouvois 
touchant  lequel  nous  avons  un  document  déposé  maintenant 
aux  archives  de  la  fabrique  des  Echaubrognes:  c'est  une  plaque 

■  René  SerpiUon,  sieur  de  la  Boissatte,  en  Bouillé-Lorets,  maintenu  noble 
par  M.  Voisin,  intendant  de  Touraine  (Duoast-Matifkuz,  p.  474^ 


LES   ÉGHAUBROONES  225 

de  cuivre  d'environ  15*  sur  20.  Elle  était  placée  autrefois, 
comme  l'inscription  de  la  Goudraye-Noyers,  sous  Farcade  du 
sanctuaire  de  Téglise  de  Saint-Pierro  des  Echaubrognes,  du 
côté  de  l'évangile.  Elle  porte  l'inscription  suivante  :  «  Cy  gist 
«  messire  René  de  Tovvois,  écuier  seigneur  dudit  liev  et  de 
«  Livois,  qui  décéda  le  13  septembre  1676,  et  qui  en  movrant 
«  a  fondé  en  cette  église  vne  grande  messe  à  perpétuité 
u  chacvun  iour  de  tovtes  festes  de  Notre-Dame  chovsmées  et 
«  non  chovsmées  et  à  l'issue  d'icelles  qu'il  sera  dit  un  libéra 
u  sur  sa  fosse,  et  pour  cet  effet  a  legvée^  la  cvre  de  cette 
«  église  le  nombre  de  devx  charges  de  bled  seigle  payable 
«  sur  tovs  ses  biens,  à  la  feste  de  Notre-Dame  d'Aovst,  par 
«  testament  du  1*'  septembre  1676,  recev  par  messire  Lovis 
«  Cavtineâv,  cvré  de  cette  paroisse  et  par  Ivi  accepté,  par 
«  acte  du  15  ivin  1677.  Passé  par  Grosleav  notaire  du  comté 
«  de  Maulévrier.  »  «  Priez  Dieu  povr  son  âme,  et  le  prestre 
«  advertira  les  assistants  qv'il  dit  la  messe  povr  le  repos  de 
«  l'âme  de  fev  messire  de  Tovvoi.»- .  » 

Le  prix  moyen  de  la  charge  de  blé  pouvant  être  à  cette 
époque  de  20  à  25^  et  les  fêtes  de  la  sainte  Vierge  «  choumées 
et  non  choumées  »  n'étant  dans  le  diocèse  de  la  Rochelle  qu'au 
nombre  de  huit,  sauf  erreur  de  ma  part,  l'honoraire  se  trou- 
vait être  d'environ  4*  et  la  pieuse  fondation  du  châtelain  don- 
nait en  outre  l'avantage  d'avoir  deux  messes  chantées  ce» 
jours-là,  car  ladite  fondation  ne  pouvait  empêcher  le  chant  de 
la  messe  principale  ni  son  intention  appliquée  aux  paroissiens 
en  ces  jours. 

Cette  fondation  et  ce  choix  que  fait  René  de  Touvois,  de 
réglise  de  Saint-Pierre  pour  y  avoir  sa  sépulture  sont  une 
preuve  de  la  préférence  que  nos  seigneurs  donnaient  à  la 
résidence  de  Livois  qui  leur  appartenait  aussi,  sur  celle  de 
Touvois  qui  était  de  la  paroisse  de  Saint-Hilaire. 

En  1683,  un  René  Théronneau,  sgr  de  la  Pépinière,  épouse 


220  LES    feCHAUBROGNFS 

Marie  de  Touvois.  —  En  1715,  M.  Henri  de  Touvois,  écuyer. 
sgr  diflPin,  se  marie  avec  dame  Clotilde  Cantineaa  de  laChar- 
penterie,  et  a  pour  fille  Marie  de  Touvois  qu*on  dit  être  pro- 
priétaire de  la  maison  de  Beauchène,  paroisse  de  Moutiers, 
sur  le  Layon.  Devenue  veuve,  Clotilde  Cantineau  se  femaria 
avec  François  Garnier,  le  trop  célèbre  sire  de  la  Sicardière, 
dont  elle  fut  la  S"'  femme.  Au  moment  de  son  mariage,  elle 
aussi  habitait  à  Livois.  Cette  même  annéetl715,  le  21  juin, 
Charles  de  Touvois,  le  dernier  du  nom.  est  tuteur  de  M.  Victor 
Grimaud,  et  de  damoiselle  Marthe  Grimaud  de  la  Poucherie 
Marié  à  Marie  Françoise  Guerri,  il  avait  eu  d'elle  deux  filles, 
Marie  Charlotte  et  Renée  Françoise.  Il  était  mort  en  1730, 
époque  où  Marie-Françoise  Guerri  marie  sa  fille  aînée  à 
Philippe  Gilbert  Raoul,  chevalier  sgr  du  Soulier,  la  Roche, 
Maurepas,  la  Brosse  Guignard,  la  Prée,  etc.  De  ce  mariage 
naquirent  Philippe  Charles  Raoul  qui  fut  père  de  Joseph 
Henri,  mort  à  Quiberon,  le  dernier  de  sa  race,  et  de  sept  autres 
enfants  tous  morts  sans  alliance.  Parmi  ceux-là  étaient  deux 
filles  qui  habitèrent  longtemps  le  château  de  Livois:  elles  y 
étaient  encore  au  moment  de  la  Révolution.  L'une  d'elles  suivît 
l'armée  vendéenne  et  en  partagea  les  souffrances  au  delà  de  la 
Loire.  A  son  retour,  elle  vendit  tous  ses  biens  à  M.  Le  Roux 
dont  un  des  fils  habite  maintenant  le  logis  de  Touvois  auquel 
il  a  fait  faire  d'importantes  réparations  en  ces  derniers  temps. 
Les  Raoul  portaient  :  de  à  gueules  quatre  fasces  (alias  fusées) 
d'argent  (Bbaughet-Filleau). 


VILLENEUVE 


Voilà  un  nom  inconnu  à  la  plupart  des  habitants  des  Echau- 
brognes,  et  pourtant  une  petite  gentilhommière  portant  ce 
nom  se  trouvait  autrefois  au  milieu  même  de  notre  bourgade. 
Il  est  vrai  qu'il  n'en  reste  bientôt  plus  guère  de  traces.  Le 


LI£S  ÉGHAUBKUGNËS  '  227 

double  portail,  donnant  sur  la  cour  qui  la  précédait,  et  la  gen- 
tilhommière elle-même  ont  été  vendus  et  démolis  en  partie, 
vers  1840,  pour  faire  place  à  des  constructions  nouvelles. 

C'était  au  bas  du  bourg,  et  devant  la  façade  de  Téglise  Saint- 
Pierre  qu'elle  était  située.  Au  dire  des  bonnes  vieilles  de  la 
localité,  c'était  une  maison  où  «  il  revenait  1  »  Que  de  fois, 
pendant  la  nuit,  n'avait-on  pas  cru  entendre  les  esprits  remuant 
commeà  pleines  pelles,  dans  l'épaisseur  des  grosses  murailles, 
des  sommes  fabuleuses  qui  avaient  disparu  malheureusement 
jusqu'au  dernier  sou^  lorsque  le  logis  fut  démoli.  Dans  les  pre- 
miers temps  qui  suivirent  la  Révolution,  on  entendit  également 
pendant  un  certain  temps  sur  la  toiture,  môme  en  plein  jour, 
.cette  fois,  un  certain  bruit  sec,  comme  celui  que  produirait 
une  petite  pierre  y  tombant  d'une  certaine  hauteur,  et  cepen- 
dant, jamais  la  moindre  trace  de  pierre  jetée,  non  plus  que  du 
bras  qui  l'aurait  eu  lancée.  On  fit  à  plusieurs  reprises  des  per- 
quisitions qui  toutes  demeurèrent  infructueuses.  Toutefois,  à 
la  fin,  après  menaces  faites  de  faire  descendre  sur  les  lieux 
dame  Justice,  l'esprit  frappeur  finit  par  cesser  de  se  faire 
entendre.  La  famille  de  Villeneuve,  dont  une  branche  habita 
ce  logis,  était  originaire  du  May,  en  Anjou,  un  de  ces  seigneurs 
avait  doté  de  80^  de  rente  la  fondation  qu'il  avait  faite  de  la 
chapelle  de  Saint-Eutrope  dans  l'église  de  Saint-Pierre  d'K- 
chaubrognes.  Lors  de  la  visite  de  Mgr  de  Menou, évoque  de  la 
Rochelle,  vers  1740,  ce  môme  bénéfice  rapportai t,ditBeauchet« 
Filleau,  la  somme  de  100*  et  il  était  passé  à  la  nomination  de  la 
famille  de  la  Fenôstre  de  Ghanteloup,  du  chef  de  Jacques  Léonor 
de  la  Fenôstre  qui  avait  épousé,  par  contrat  du  14  août  1661,  da- 
moiselle  Marie  Villeneuve,  fille  de  feu  René,  chevalier,  seigneur 
du  Gazeau  etduBois-Grosleau. 

Nous  avons  vu,à  l'article  de  LaSicardière,que  Pierre  Garnier, 
chevalier,  avait  épousé  jane  Villeneuve  du  Gazeau,  dont  il  eût 
une  fille.  Dans  nos  registres  paroissiaux,  je  trouve  qu'en  1789, 
«  Vincent  Louis  Frouin,  fils  du  fermier  de  TAudouinière,  de 


« 


228  LES    KGHAUBROGNBâ 

Saint-Pierre  des  Echaubrognes,  a  pour  parrain  M.  Charles 
Anne  de  Villeneuve  de  Goué,  chevalier,  sieur  des  Basses- 
Marches,  la  Gaudrie  et  autres  lieux,  ancien  lieutenant  de 
vaisseau  de  Sa  Majesté.»  Ge  vieux  marin  habitait  son  manoir 
de  Villeneuve'  peu  avant  la  Révolution.  Je  n'ai  aucun  autre 
renseignement  sur  son  compte,  sinon  que  la  goutte  le  retenait 
perclus  sur  un  vieux  fauteuil  dont  on  m'a  montré  les  restes 
vermoulus^  relégués  dans  le  grenier  de  son  ancienne  habitation. 
Lors  de  nos  guerres  vendéennes,  un  autre  Villeneuve  du  Ga- 
zeau  fut  un  des  officiers  les  plus  distingués  de  la  grande 
armée.  En  dernier  lieu,  le  vieux  logis  appartenait  à  là  famille 
de  Riche teau. 

'A  suivre). 


MESSIRE   JEAN    LAINE 

DERNIER  RECTEUR  DE  SAINT-JULIEN  DE  VOUVANTES 


AVANT    LE    CONCORDAT 


SON  JOURNAL   ET  SES  NOTES 

(Suite'). 


Un  extrait  des  registres  du  Parlement  de  Rennes,  publié  par 
la  veuve  François  Vatar,  imprimeur  du  Roi  et  du  Parlement, 
nous  apprend  par  le  fait  que  le  procureur  du  Roi  «  entré  à  la 
cour  le  3  août  1775,  a  remontré  que,  par  arrêt  du  19  août  1771, 
elle  avait  proscrit  une  superstition  qui  s'était  accréditée  dans 
l'église  paroissiale  de  Saint-JuUende  Vouvantes,  prùsChâteau- 
briant,  évôché  de  Nantes.  Le  recteur  de  cette  paroisse  entrete- 
nait toute  l'année,  dans  le  sanctuaire  de  cette  église,  devant 
la  statue  de  saint  Julien,  des  barriques  ou  tonneaux  ouverts. 
Une  multitude  de  pèlerins  des  paroisses  voisines,  et  même 
des  diocèses  les  plus  éloignés  de  la  province,  allait  y  verser 
des  offrandes  considérables  en  grains,  dont  le  recteur  seul 
profitait.  Il  avait  soin  de  Taire  e.^poser  au  même  lieu,  dans  un 
tonneau  séparé,  quelques  mesures  de  son  propre  grain  qu'il 
bénissait  publiquementen  grande  cérémonie.  lien  faisaitdis- 
Iribuer  aux  pèlerins,  une  poignée  à  chacun,  qu'ils  serraient 

<  Voir  I*  foackalit  mBi-jain  1900. 

TOMB  XVI.  —  NOTJCRS.  —  XVI'  ANNÈB,  7*-8'  UV.  17 


230  *  MESSIR£  JEAN    LAlNÉ 

avec  soin  dans  leurs  sacs  ;  et  les  faisait  loucher  ainsi  que 
leurs  chapeaux,  à  différentes  reprises,  à  la  statue  du  saint  qui 
est  au  maître-autel,  prétendant  par  là  faire  fructifier  leurs 
semences  et  les  préserver  d'accidents.  Depuis  le  28  août,  jour 
de  la  fête  de  saint  Julien,  tous  les  dimanches,  jusqu'à  la  fin 
de  l'automne,  raftluence  des  pèlerins  était  prodigieuse.  Les 
tonneaux  placés  dans  Ip  sanctuaire  étaient  remplis  et  Vidés 
dix  fois  dans  le  jour  ;  et,  au  temps  môme  de  l'office  divin, 
une  file  de  pèlerins  apportant  du  blé  aux  tonneaux  durecteur, 
ou  les  valets  de  celui-ci.  enlevant  ces  grains,  occupaient  l'église; 
ce  mouvement  continuel,  qui  troublait  le  service  divin,  a  quel- 
quefois occasionné  des  querelles  qui  ont  eu  des  suites 
fâcheuses.  » 

«  L'arrôt  de  la  Cour  avail  fait  disparaître  ces  abus,  en  défen- 
dant aux  recteur  et  prêtres  de  Saint-Julien,  d'exposer  des 
tonneaux  dans  l'église  sous  peine  de  300  #  et  à  toutes  per- 
sonnes de  placer  aucune  offrande  en  .srrains  dans  le  sanctuaire, 
et  de  faire  toucher  leurs  chapeaux  et  sacs  à  la  statue  de  saint 
Julien.  » 

«  Immédiatement  après  la  dispersion  du  Parlement,  on 
fît  des  tentatives  au  conseil  pour  détruire  les  dispositions  de 
l'arrêt  de  1771  ;  n'ayant  pu  y  réussir,  un  particulier  qui  possé- 
dait des  fiefs  dans  cette  paroisse,  (le  sieur  Simon  de  Vouvan- 
tes,  Henri  François,  ami  particulier  du  recteur  Jouneaulx), 
excité  et  vraisemblablement  soudoyé,  se  pourvut,  en  1772, 
devant  les  juges  du  tribunal  qui  avait  élé  substitué  au  Parle- 
ment, et  demanda  le  rapport  de  l'arrêt  de  la  Cour.  Après 
une  discussion  contradictoire,  ce  particulier  fut  débouté  par 
un  jugement  de  1772;  mais  il  eut  recours  à  de  nouvelles  res- 
sources. Le  sieur  Jouneaulx  de  la  Baudussais,  recteur  de  cette 
paroisse,  mit  sa  requête  le  21  août.  Le  22,  sur  les  conclusions 
du  sieur  Ménardeau,  intervint  un  jugement  qui  rapporta  l'ar- 
rêt du  19 août  1771,  et  sans  faire  aucune  mention  du  jugement 
rendu  quelques  mois  auparavant,ordonna  qiCil  en  serait  usé  à 
l'avenir  comme  au  passé,  ce  sont  les  termes  de  cet  acte.  Le 


SON   JOUHNÂL   BT   SES   NOTES  231 

sieur  Jouneaulxle  fit  afficher  et  publier,  rétablit  les  tonneaux 
dans  le  sanctuaire  de  Téglise  ;  la  recette  des  offrandes  devint 
plus  abondante  que  jamais  et  Tabus  se  trouva  autorisé.  » 

«  Les  offrandes  en  grains  ne  sont  pas  le  seul  objet  de  dépen- 
ses  des  pèlerins  ;  outre  l'argent  qu'ils  donnent  pour  dire  des 
messes  devant  la  statue  de  saint  Julien,  ils  paient  pour  faire 
faire  des  processions  en  leur  présence,  pour  faire  sonner  les 
cloches.  Le  tarif  pour  les  ornements  augmente  en  proportion 
de  leur  richesse.  » 

«  Une  chaîne  avec  un  carcan  ou  collier  de  fer  est  scellée  à 
un  des  piliers  de  cette  église.  L'ignorance  et  la  superstition 
l'ont  consacrée,  elle  est  devenue  l'objet  de  la  vénération  des 
pèlerins.  La  tradition  répandue  parmi  eux  est  que  ce  collier 
de  fer-^yient  d'un  galérien  qui,  ayant  fait  son  vœu  à  saint 
Julien,  fut  dégagé  par  miracle.  Tous  les  pèlerins  se  passent 
cette  chaîne  au  col,  donnent  quelque  monnaie  pour  offrande, 
et  se  croient  préservés  de  la  fièvre  pour  le  reste  de  leur  vie. 
Les  fontaines  publiques  du  bourg  de  Saint-Julien  ont,  dans 
l'opinion  populaire^  des  vertus  extraordinaires.  Il  suffit  de 
s'y  être  plongé  une  fois,  pour  être  préservé  de  certaines  ma- 
ladies. La  plupart  des  pèlerins  ne  s'en  retournent  qu'après 
s'être  baignés  dans  ces  fontaines  dans  lesquelles  on  puise 
journellement  de  l'eau  pour  boire.  » 

<(  La  Cour  voit  les  inconvénients  qui  résultent  de  ces  pra- 
tiques superstitieuses  et  la  nécessité  d'y  porter  un  remède 
nécessaire.  » 

«  A  ces  causes,  le  dit  procureur  général  du  Roi  a  requis 
qu'il  y  fût  pourvu  sur  ces  conclusions  qu'il  a  laissées  par  écrit. 
Lui  retiré,  ses  conclusions  vues,  ouï  le  rapport  de  M'  Huart 
de  la  Bourbansaye,  conseiller,  et  tout  considéré  : 

«  La  Cour  faisant  droit  sur  les  remontrances  et  conclu- 
sions du  procureur  général  du  Roi,  sans  avoir  égard  au 
jugement  du  22  août  1772  ordonne  que  l'arrêt  du  19  août  1771 
sera  bien  et  dûment  exécuté  en  tout  son  contenu  ;  en  con- 
séquence,  fait  défenses  au  dit  Pierre  Jouneaulx,  et  à  tous 


232  MESSIRB  JEAN   tiAlNé 

autres  prêtres  ou  laïques,  d'exposer  ou  faire  exposer,  le  28 
août  de  chaque  année,  ni  aucuns  autres  jours  que  ce  soit,  des 
tonneaux  ou  autres  vases  vides,  ou  remplis  de  grains  dans 
le  sanctuaire,  ni  en  aucun  autre  endroit  de  l'église  de  la  dite 
paroisse,  à  peine  de  300  -H-  d'amende,  applicable  aux  pauvres 
de  la  dite  paroisse,  et  dont  la  distribution  sera  faite  par  les 
juges  du  lieu,  et  d'être  procédé  extraordinairement  contre  les 
contrevenants  ;  fait  pareillement  défenses,  sous  les  mômes 
peines,  aux  habitants  de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  à  ceux 
des  paroisses  voisines,  et  à  tous  autres,  de  faire  toucher  leurs 
chapeaux  et  sacs  de  grain  à   la  statue  de  Saint-Julien  étant 

au  mattre  autel,  de  mettre  aucune  offrande  en  grains  dans 
le  sanctuaire  de  la  dite  église  ;  ordonne  que  les  arrêts  et  rè- 
glements de  la  Cour,  concernant  le  respect  dû  aux  églises, 

seront  exécutés  selon  leur  forme  et  teneur;  enjoint  "et  fait 
commandement  aux  juges  du  clocher  de  saint-Julien  de  Vou- 
vantes, de  tenir  la  main  à  Texécution  du  présent,  et  de  se 
faire  prêter  main  forte  par  tel  nombre  de  cavaliers  de  ma- 
réchaussée qu'ils  jugeront  convenable  ;  ordonne  pareille- 
ment que  le  présent  arrêt  sera  imprimé,  lu,  publié  et  affiché 
aux  portes  principales  de  l'église  paroissiale  de  Saint-Julien 
de  Vouvantes,  et  à  celles  de  toutes,  les  autres  paroisses  du 
diocèse  de  Nantes,  à  l'issue  des  messes  dominicales  ;  que 
les  dites  affiches  et  publications  seront  réitérées,  le  28  du 
présent  mois,  aux  portes  de  l'église  de  Saint-Julien,  et  par- 
tout où  besoin  sera  ;  ordonne  au  surplus  quie  le  dit  Pierre 
Jouneaulx  sera  assigné  pour  être  ouï,  interrogé,  répondre 
aux  conclusions  du  dit  procureur  général  du  Roi,  et  être  vers 
lui  autrement  procédé,  ainsi  qu^il  sera  vu  appartenir.  Fait  au 
Parlement,  à  Rennes,  le  trois  août  mil  sept  cent  soixante 
quinze  :  Signé  :  L.  C.  Picquet^  » 

M.  Laine  dans  ses  notes  nous  affirme  que  cet  arrêt  ne  parut 
pas,  que  même  on  en  ignor^a  alors  la  teneur.  Toutefois,  fort  de 

*  In-6«  de  4  pages,  chez  la  veave  François   Vatar,  imprimeur  du  Roi  et 
du  parlement,  Rennes. 


SON   JOURNAL   KT  SES   NOTES  23i^ 

cet  arrêt  qu'il  connaissait  sans  (Joute,  le  procureur  fiscal  de 
la  Rivière  en  haut  bois,  Jean-René-Marie  Montigné,  lorsque 
«  les  Bas-Bretons  vinrent  en  voyage  en  cette  église  le  25 
août  1775  avait  enlevé  les  chaînes  attachées  au  pilier  du  bas 
de  l'église.  »  (1  y  eut  grand  tumulte  à  la  nouvelle  de  celte 
vexation  odieuse,  les  pèlerins  exaspérés  se  précipitèrent  dès 
le  matin  au  devant  de  la  maison  où  le  procureur  était  couché, 
et  le  malheureux  réveillé  si  malencontreusement  «  fut  obligé 
de  se  sauver^  la  culotte  en  mains,  jusqu'au  village  de  Duron 
(situé  à  1500  mètres  du  bourg),  aux  fins  de  se  conserver 
la  vie  que  les  voyageurs  voulaient  lui  ôter,  s'il  ne  leur  rendait 
les  chaînes.  Un  serrurier  qui  les  avait  ôtées  de  Téglise,  fut 
obligé  de  les  y  replacer  en  présence  de  tous  les  étrangers*.  » 
L'agitation,commeon  le  voit,était  à  son  comble  dans  le  bourg 
de  Saint-Julien.  Mais  les  ennemis  du  recteur  ne  désarmaient 
pas^  et  taquinés  par  des  scènes  qui  les  irritaient  ils  pressaient 

I  Parmi  les  nombreux  pèlerins  qui^  chaque  année,  venaient  à  Saint-Julien 
honorer  le  glorieux  martyr  de  Brioude,  se  distinguaient  entre  tous  les 
autres  les  Bas-Bretons. 

Le  registre  de  paroisse,  rédigé  en  1S45,  nous  donne  au  sujet  de  ce  pèleri- 
nage les  renseignements  suivants  que  nous  complétons  : 

Les  Bas-Bretons  arrivaient  toujours  le  25  août,  jour  de  la  fête  de  Saint 
Louis,  dont  la  statue  se  trouvait  dans  l'ancienne  église,  du  côté  de  Tépltre, 
au  maître  autel,  tandis  que  celle  de  Saint-Julien  occupait  le  côté  de  l'Evan- 
gile. Saint  Louis  était,  peut-être  à  cause  de  cette  arrivée  et  des  honneurs 
qui  lui  étaient  rendus,  regardé  comme  le  patron  secondaire  du  lieu.  Les 
pèlerins  bretons  n'étaient  pas  moins  de  douze  à  quinze  cents.  Le  clergé  de 
cette  église  allsit  les  recevoir  solennellement,  avec  croix  et  bannières,  au 
bas  du  bourg,  près  d'une  croix  de  pierre  élevée  sur  la  place  principale,  et 
qu'une  nouvelle  route  a  forcé  de  démolir.  On  n'eut  pas  le  souci,  ^Ans  le 
temps,  de  replacer  ailleurs  cette  croix  qui  demeurait  pour  nous  l'un  des 
souvenirs  d'une  aupsi  remarquable  manifestation.  Les  cloches  faisaient 
entendre  leur  joyeuse  sonnerie  ;  tous  étaient  sur  pied,  tout  était  en  joie,  k 
^'arrivée  de  ces  hommes  d'une  foi  si  vive,  et  qui  venaient  de  si  loin.  Après 
avoir  fait  tous  ensemble  leur  station  dans  l'église  et  avoir  visité  les  fon- 
taines dont  l'une  guérissait,  par  l'intercession  de  saint  Julien,  de  la  ftèvre  ; 
la  seconde,  des  maladies  des  ydux  ;  la  troisième,  de  la  gale  ;  les  Bas-Bretons 
se  faisaient  un  bonheur  de  sonner  les  cloches  jusqu'à  une  heure  avancée  de 
la  nuit.  Le  lendemain,  ils  se  livraient  à  un  de  leurs  divertissements  favoris, 
à  la  Intte,  cette  fameuse  lutte  dont  il  est  encore  tant  parlé.  IfiUe  avait  lieu 
près  des  fontaines,  dans  un  pré  qui  a  conservé  le  nom  de  pré  de  la  lutte^ 
situé  entre  le  ruisseau  du  moulin  de  Vouvantes  et  le  lavoir  de  ce  bonrg.  Ce 


234  MKbSIRK    JICAN    LAINI^. 

iaCour  d'en  finir.  Celle-ci  continuait  d'instruire  la  cause  : 
«  Déjà  elle  avait  décrété  M.  Jouneaulx  le  recteur,  le  sieur 
Maillard  son  vicaire,»  et  un  grand  nombre  de  paroissiens 
dont  M.  Laine  donne  les  noms,  parmi  lesquels  on  peut  signaler 
le  seigneur  de  Vouvantes  «  demeurant  en  son  château  de  la 
Meilleraie,  et  M.  Lejeune,  sieur  du  Chalonge,  avocat  au  Par- 

pré,  actuellement  traTené  par  la  grande  route,  appartenait  au  seigneur  de 
Vouvantes,  mais  c*4tait  le  seigneur  de  la  Motte-Glain  qui  avait  le  droit  de 
présider  la  lutte  et  de  décerner  le  prix.  11  donnait  au  vainqueur  une  paire 
de  gants  blancs  et  un  louis  de  vingl-quatre  francs.  De  plu8,  comme  il 
existait  une  entente  très  cordiale  entre  le  seigneur  de  la  Motte-Olain  et  le 
seigneur  du  vainqueur,  il  était  convenu  que  celui-ci,  en  considération  de 
sa  glorieuse  victoire,  serait  exempt  pendant  une  année  de  toutes  les  redevan- 
ces dues  en  sa  qualité  de  vassal.  Pour  gagner  le  prix,  il  fallait  avoir  terrassé 
de  suite  trois  combattants,  et  les  avoir  fait  tomber  sur  le  dos  et  non  de  côté. 
Le  vainqueur  était  proclamé  roi  de  la  troupe.  C*était  lui  qui  la  présidait  au 
retour,  et  ce  retour  était  un  triomphe.  Le  capitaine  de  la  lutte  était  désii^né 
avant  le  combat  ;  c^était  lui  qui  en  donnait  le  signal.  Ce  titre  fut  toujours 
très  estimé  ;  il  ne  s^obtenait  pas  au  prix  de  la  bravoure  mais  au  prix  de  la 
générosité  ;  ainsi,  c^était  le  plus  offrant  pour  cette  église  qui  était  déclaré 
capitaine,  pourvu  toutefois  qu'il  fût  bien  prouvé  qu'il  était  laboureur,  parce 
que  les  hommes  des  autres  professions  ne  pouvaient  prétendre  à  ce  titre  de 
capitaine. 

En  1803.  M.  Jouneaulx.  maire  de  cette  commune,  eut  l'heureuse  idée  de 
faire  revivre  cet  ancien  usage.  Il  fit  donc  lutter  les  Bas-Bretons  qui  vinrent 
ici,  cette  année-là,  au  nombre  de  deux  cent  cinquante.  Il  donna  au  vain- 
queur douze  francs  et  une  paire  de  gants  blancs. 

Quelques  années  après,  M.  le  marquis  de  Rochequairie,  sachant  combien 
il  serait  agréable  au  peuple  de  tout  le  canton  de  voir  cette  lutte  bretonne 
régulièrement  rétablie,  se  fit  un  plaisir  de  la  présider  et  de  donner  un  prix 
au  vainqueur.  Les  choses  auraient  continué  sur  ce  pied,   sans  le   moindre 
inconvénient;  par  malheur,  le  préfet  qui -administrait  alors  le  département 
crut  voir  dans  ce  fait  quelque  réminiscence  des   anciens  droits  féodaux,  et 
il  s*empres8a  de  défendre  à  M.  de  Rochequairie  de  présider  cette  lutte  qu'on 
dut  dès  lors  regarder  comme    entièrement  abolie.  On  fit  cependant  encore 
quelques  efforts  sous  la   Restauration,  pour  la   laire  revivre,  mais  les  Bas- 
Bretons  ne  venant  plus  en   aussi  grand  nombre  qu'autrefois,  la  lutte  n*avait 
plus  la  solennité  de  l'ancien   temps,  et  cet  usage  finit  par  disparaître.  Les 
Bas-Bretons  n'ont  pas  cessé  pour  cela    de  venir  en  pèlerinage  à  Saint-Julien 
de  Vouvantes,  mais  ils  y  sont  venus  en  bien  moins  grand   nombre.  Depuis 
quelques  années  surtout,  nous  n'en  voyons,  chaque  année,  qu'une  quinzaine. 

Nous  nous  souvenons  nous-méme,  avoir  vu  encore  quelques-uns  de  ces 
pieux  pèlerins  jusque  vers  Tannée  1865.  Fidèle  aux  anciennes  traditions,  le 
vénérable  M.  Brossaud,  curé  de  Saint-Julien  de  Vouvantes.  les  recevait  avec 
joie,  leur  faisait  sonner  les  cloches  et  porter  les  bannières  à  la  procession 
solennelle  des  reliques,  le  28  août. 


SON  JOURNAL  KT  SKS  NOTBS  235 

leiueifi. '>  tt  Toutes  ces  victimes  innocentes  étaient  inquiétées  ; 
là  majeure  partie  des  habitants  de  ce  bourg  abandonnaient 
leur  ouvrage,  et  fuyaient  avec  leurs  femmes  dans  les  villes 
voisines  ;  quoiqu'innocents,  ils  craignaient  d^ôtre  compromis 
en  cette  affaire,  et  de  devenir  la  victime  des  monstres  acharnés 
à  la  perte  de  leur  recteur.  Deux  des  habitants  de  ce  bour^^ 
étaient  déjà  môme  emprisonnés  à  Rennes  ;  Victor  Besnard 
chirurgien  décrété  de  prise  de  corps  ne  paraissait  ni  le  jour 
ni  la  nuit:  le  recteur  se  cachait  et  n'osait  célébrer  la  messe. 
On  le  vit  soudain  tout  quitter  et  fuir  en  Anjou  pour  éviter  les 
supplices  qui  le  menaçaient  ;  mais  revenu  à  lui,  il  se  propose 
de  lout  souffrir  s'il  le  faut.  Reutré  en  son  presbytère  il  se 
rend  à  Rennes  secrètement,  ne  se  fait  voir  à  personne  qu'à 
ceux  qui  lui  étaient  dévoués.  Averti  qu'on  va  le  saisir,  il  s'é- 
chappe de  la  ville  et  finalement  y  rentre  aux  fins  de  se  justi- 
fier,  lui  et  ceux  qui  étaient  détenus  en  la  prison.  » 

Cependant  M*  du  Guiny,  conseiller  au  Parlement,  et  le  sieur 
Brossays,  substitut  «  entendaient  ici  les  faux  témoins.  Ce  fut 
alors,  sur  les  lieux,  qu'ils  ouvrirent  les  yeux  et  découvrirent 
la  cabale,  l'injustice  et  le  mauvais  caractère  de  tous  les  dé- 
nonciateurs, et  l'affaire  ne  parut  pas  aussi  criminelle.  Le  dit 
Brossays,  devenu  précédemment  parent  du  recteun  par  son 
mariage  avec  une  nommée  Martineau,  de  la  ville  de  Candé, 
descendue  des  Jouneaulx,  se  montre  le  patron  et  le  défenseur 
du  recteur  ;  M*  du  Guiny  apaise  les  esprits  par  la  douceur  de 
son  caractère.et  ce  procès  qui  devait  conduire  au  supplice  le  pré- 
tendu coupableest  en  quelqucfaçon  apaisé  par  le  dit  du  Guiny.» 

La  Cour  dans  son  arrêt  du  l'^'  avril  1776  condamne  à  des 
amendes,  à  des  admonestations  un  certain  nombre  d'accu- 
sés; «renvoie  hors  d'accusation,  néanmoins  sans  dommages 
et  intérêts,  Joseph  Maillard,  prêtre  vicaire,  et  hors  procès 

Pierre  Jouneaulx  de  la  Baudussais,  prêtre  recteur  ; 

défend  ladite  Cour,  sous  peine  de 300  #  d'amende,  conformé- 
ment à  l'arrêt  du  3  août  dernier,  qu'elle  répète,  en  tant  que 
besoin,  au  dit  Jouneaulx  recteur  et  à  tous  autres,  de  faire 


236  MESSIRB  JEAN   LÀINÉ 

exposer  des  tonneaux  ou  autres  vases  vides  ou  remphs  de 
grains,  dans  le  sanctuaire  et  dans  aucun  autre  endroit  de 
Téglise,  et  aux  pèlerins  de  faire  toucher  leurs  chapeaux  et 
autres  choses  à  la  statue  de  saint  Julien;  ....  ordonne  aux 
juge  et  procureur  fiscal  de  Haut-bois,  de  veiller  à  ce  que,  lors 
des  processions  et  autres  cérémonies  publiques,  le  bon  ordre 
soit  tenu^  et  qu*il  ne  soit  fait  aucun  tumulte,  soit  par  les  gens 
du  pays,  soit  par  les  pèlerins  ;  Ordonne  finalement  que  les 
chaînes  et  le  collier  de  fer  attachés  à  un  des  piliers  do  Téglise 
seront  apportés  au  greffe  de  la  Cour,  et  que  le  présent  arrêt 
sera  affiché  aux  portos  de  la  dite  église,  depuis  le  1®'  août 
prochain  jusqu'à  la  fin  de  septembre,  et  publié  tant  au  bourg 
de  Saint-Julien,  après  la  messe  dominicale,  qu'aux  paroisses 
voisines  et  dans  celles  de  Questembert,  Carnac.  Theix.Gorve- 
lot,  Sulniac,  Elven,  Larré,  Rochefort  et  Labry'  ; 

«  Fait  au  Parlement,  à  Rennes,  le  premîier  avril  mil  sept 
cent  soixante  seize.  Signé  ;  L.  C.  Picquet.*  » 

«  Ce  dernier  arrêt,  témoigne  M.  Laine,  fut  en  eflet  affiché 
à  la  porte  de  l'église  de  cette  paroisse,  et  publié  presque  en 
toutes  les  églises  de  cette  province.  Le  28aoûti776,  lorsqu'il 
était  "attaché  à  la  porte  de  la  dite  église,  les  cavaliers  de  maré- 
chaussée, armés  de  leurs  fusils,  pistolets  et  sabres,  se  pla- 
cèrent en  le  sanctuaire  pour  empocher  les  pèlerins  d'appro- 
cher de  la  statue  de  saint  Julien  ;  mais  les  pèlerins  furent 
les  plus  forts  et  contraignirent  les  cavaliers  çle  quitter  leur 
poste.  Bien  plus  les  voyageurs  approchent  de  la  statue  et  font 
reposer  au  bas  du  pilier  de  l'église  les  chaînes  que  le  sieur 
Montigné  avait  enlevées  et  dont  il  s'était  emparé  Le  serrurier 
décrété  pour  avoir  replacé  ces  chaînes  ne  fut  pas  blâmé  par 
la  Cour,  parce  que  s'il  eût  refusé  de  les  placier,  les  voyageurs 
l'auraient  tué.  Ces  chaînes  avaient  été  laissées  en  l'église  par 


«  Ce  sont  les  noms  des  paroisses  du  Morbihan  qui  envoyaient  le  plus  grand 
nombre  de  pèlerins  Bas- Bretons  à  Saint-Julien. 

■  In-4  de  4  pages,  chez  la  veuve  François  Vatar,  imprimeur  du  Uoi  et  do 
Parlement,  Rennes. 


SON  JOURNAL  ST   SES   NOTBâ  237 

un  homme  qui  était  conduit  aux  galères,  et  qui  se  recomman- 
dait au  dit  saint  Julien.  Sa  prière  fut  écoutée  et  il  fut  déchaî- 
né. Le  procès-verbal  de  ce  miracle  est  à  l'hôtel  de  ville  de 
Nantes,  mais  les  dites  chaînes  ont  été  portées  h  Rennes.  Il 
existe  encore  au  côté  gauche  de  la  statue  de  saint  Julien  des 
menottes  de  ce  dit  homme.  Le  crime  capital  qu'on  trouvait  à 
raison  de  ces  chaînes,  est  que  ceux  qui  venaient  en  voyage 
se  les  passaient  sur  les  membres  dont  ils  étaient  affligés. 
Selon  ces  insignes  calomniateurs,  c'était  une  indécence,  ainsi 
que  les  barriques  exposées  en  le  sanctuaire  remplies  de  blés 
bénits  que  chacun  emportait  et  mêlait  avec  les  autres  grains 
qu'il  devait  semer.  Si  le  profit  eût  été  pour  ces  dits  accusa- 
teurs, ils  n'auraient  jamais  inventé  ce  mystère  d'iniquité, 
mais  ils  ne  pouvaient  voir  avec  des  yeux  compatissants  que 
les  recteurs  s'emparassent  des  dits  blés  apportés  en  offrande 
au  dit  baint,  pour  les  répandre  ensuite  en  le  sein  des  pauvres.  » 

Le  total  des  dépenses  et  frais  de  ce  procès  fut  considérable  ; 
il  en  coûta  en  particulier  «  à  M.  Lejeune,  sieur  du  Ghalonge, 

sept    cents  livres,  à  M,  de  Vouvantes  cent  pistoles, à 

M.  Jouneaulx  recteur,  au  moins  dix  mille  livres,  pour  rache- 
ter bien  de  ses  paroissiens  qui  n'avaient  pas  le  moyen  de 
payer.  Malgré  cela,  un  bon  nombre  d'habitants  prirent  le 
parti  de  quitter  le  bourg  et  la  paroisse,  par  crainte  de  subir 
le  sort  de  ceux  qui  ont  été  condamnés  par  l'arrêt  à  payer 
mjustement  tous  les  frais  de  la  procédure  qui  auraient  dû  in- 
comber, ajuste  titre,  aux  délateurs  et  calomniateurs  susdits.  » 

(c  II  ne  reste  actuellement  aux  recteurs  de  cette  paroisse  qu'à 
bénir  des  blés  et  froments  au  presbytère,  pour  les  distribuer 
aux  voyageurs  étrangers  et  aux  paroissiens  lorsqu'ils  apporte- 
ront quelques  offrandes  ;  en  exposant  ces  grains  bénits  en  le 
dit  presbytère,  les  recteurs  ne  vont  pas  contre  l'arrêt,  et  les 
paroissiaux,  quelque  mauvais  qu'ils  soient,  ne  peuvent  in- 
quiéter leurs  recteurs.  » 

Malgré  l'arrêt  et  la  défense  du  Parlement,  la  coutume  im- 
mémoriale de  faire  bénir  les  grains  aux  pieds  de  la  statue  de 


238  MESSIRK    JEAN    LAÏNÉ 

Saint-Julien,  ne  tarda  pas  à  être  remise  en  rigueur,  proba- 
blement môme  du  vivant  de  M.  Laine  ;  et,  après  les  mauvais 
temps  de  la  Révolution,  les  pèlerins  de  la  paroisse  et  les 
voyageurs  étrangers  ont  repris  jusqu'à  nos  jours  les  pieux 
usages  de  leurs  ancêtres.  Si  les  membres  du  Parlement  de 
Rennes  pouvaient  revivre,  ils  reverraient  «  en  le  sanctuaire, 
près  de  la  statue  de  saint  Julien,  les  barriques  remplies  de 
grains  bénits  »  qui  avaient  si  fort  effarouché  leur  religion. 

Ce  procès  ne  fut  pas  le  seul  qu'eut  à  soutenir  M.  Jou- 
neaulx  ;  il  en  perdit  un  autre  contre  ses  paroissiens  «  au 
sujet  de  la  graine  de  lin  :  ....  avant  que  Tarrôt  fût  rendu  M. 
Jouneaulx  perçut  pendant  deux  années  la  dite  dîme.  Le  suc- 
cesseur ne  peut  marquer  la  teneur  de  ce  procès,  parce  qu'il 
n'en  a  trouvé  de  copie.  » 

«  Dans  ces  procès,  fait  remarquer  judicieusement  le  rédac- 
teur du  registre  de  paroisse,  M.  Jouneaulx  n'était  pas  seul 
en  cause ,  ses  successeurs  y  étaient  aussi  ;  c'était  pour  lui 
un  devoir  bien  rigoureux  de  ne  pas  faire  de  concessions,  il 
n'était  pas  libre  d'en  faire  ;  sa  résistance  ne  mérite  donc  que 
des  éloges,  d'autant  plus  que  la  perte  de  tels  droits  aurait 
tourné  en  définitif  à  la  perte  des  pauvres  de  cette  paroisse, 
les  recteurs  n'ayant  plus  été  si  bien  à  môme  de  les  soulager.» 

D'autres  tracasseries  mesquines  vinrent  s'abattre  sur  le 
recteur  Jouneaulx,  au  sujet  des  réparations  à  faire  au  pres- 
bytère et  à  l'église.  D'après  le  dossier  assez  endommagé  qui 
existe  aux  archives  municipales,  ces  tracasseries  se  renou- 
velaient au  décès  de  chaque  recteur.  Les  pièces  que  nous 
avons  sous  les  yeux  et  dont  les  premières  remontent  à  1672, 
font  allusion  déjà  à  des  faits  bien  antérieurs  à  cette 
date  ;  et  Ton  ne  peut  s'empôcher,  à  ce  sujet,  de  re- 
marquer encore  une  fois  avec  le  docte  archiviste  cité  plus 
haut,  que  sous  l'ancien  régime,  tout  était  matière  à  procès, 
la  situation  des  recteurs  obligés  de  compter  avec  je  ne  sais 
combien  d'autorités  rivales  et  jalouses  était  des  plus  délicates 
et  des  plus  compliquées. 


SON   JOURNAL   KT   SES   NOTES  I^.'^O 

Les  choses  s'aggravèrent  tellement  pour  le  malheureux 
recteur  de  Saint-Julien  qu'on  le  menaça  de  saisir  tout  son 
mobilier  et  cette  saisie  fut  exécutée.  Il  avait  perdu  «  un  procès 
considérable  au  Parlement  de  Paris  avec  les  paroissiens  de 
Chanveaux  en  Anjou  ;  ces  derniers  sont  sur  le  point  de  faire 

exécuter  l'arrêt On  est  en  peine,  disent  le  sénéchal  et  le 

procureur  fiscal  de  Vouvantes,  si  on  peut  s'opposer  à  l'exé- 
cution de  l'arrêt, et  quel  parti  prendre  à  ce  sujet  pour 

la  sûreté  des  hypothèques  de  notre  cure.  Notre  recteur 
cherche  à  nous  compliquer  avec  les  habitants  de  Chanveaux  ; 
nous  ne  le  voulons  point,  nous  ne  voulons  point  plaider  au 
Parlement  de  Paris  ;  nous  pensons  bien  que  notre  recteur 
voudrait  que  nous  ferions  les  réparations  de  sa  cure  après  sa 
mort,  la  preuve  est  sensible  :  il  y  a  fort  longtemps  qu'il  a 
licite  ses  biens  à  un  de  ses  frères,  cela  en  vue  de  nous  frus- 
trer... »  On  demande  en  définitive  à  Rennes  de  donner  avis  à 
ce  sujet,  et  la  marche  à  tenir.  Dans  une  délibération  tenue 
à  Rennes  le  11  avril  1781,  on  est  d'avis.:  «  de 'saisir  les 
meubles  et  effets  mobiliers  de  M.  le  recteur,  pour  éviter  la 
saisie  que  ne  manquerait  pas  de  faire  le  Général  de  Chan- 
veaux; au  lieu  que  si  le  Général  de  Saint-Julien  fait  faire  la 
première  saisie  mobilière  il  ne  sera  plus  forcé  de  plaider  au 
Parlement  de  Paris,  mais  il  saisira  un  tribunal  de  Bretagne 
dans  lequel  le  Général  de  Chanveaux  sera  forcé  de  former  son 
opposition,  sans  pouvoir  faire  saisir,  parce  que  saisie  sur 
saisie  ne  vaut.  »  L'intérêt  du  Général  de  Saint-Julien  en  cette 
conjoncture  est  d'autant  plus  pressant,  «  qu'on  n'aperçoit  dans 
le  presbytère  que  des  meubles  et  des  effets  de  peu  de  valeur, 
que  cette  circonstance  nécessite  une  saisie  provisoire  de  ce 
qui  peut  y  exister,  pour  prévenir  les  enlèvements  qui  pour- 
raient être  faits,  »  D'après  cet  avis  le  Général  de  la  paroisse 
demande  donc  que  «  le  dit  sieur  recteur  soit  condamné  de  faire 
fairg  les  réparations  du  presbytère  et  de  l'église  dans  le  délai  de 
trois  mois,  faute  de  quoi,  et  passé  ce  délai  le  dit  Général  en 
fera  l'adjudication  au  rabais  aux  frais  du  recteur  ;  et  attendu 


240  MRSSIHE   JBAN   LAINE 

le  péril  dans  le  retardement  il  sera  permis  au  dit  Général  de 
faire  saisir  et  séquestrer  conservatoirement  les  meubles  et 
effets  mobiliers  du  recteur,  tant  dans  le  presbytère  que  dans 
quelque  lieu  où  l'on  en  découvrira.  » 

Ce  fut  le  10*  jour  de  mai  1781,  après  midi  et  le  jour  suivant 
que  saisie  fut  faite  du  mobilier  Jouneaulx  à  la  requête  du  Géné- 
ral de  la  paroisse.  Cette  saisie  va  nous  permettre  de  pénétrer 
à  l'intérieur  d'un  presbytère  de  campagne  au  XVIII*  siècle, 
et  de  voir  combien  était  modeste  assurément  ce  mobilier  si 
minutieusement  décrit^  dont' s'accommoderaient  fort  mal 
notre  luxe  et  notre  confortable  modernes,  combien  simple  et 
humble  le  train  de  vie  de  nos  recteurs  d'autrefois.  C'est  à  ce 
titre  que  nous  donnons  sommairement  les  principaux  détails  : 

Les  premiers  témoins  requis  «  proches  voisins  du  dit  sieur 
reèteur,  pour  être  présents  à  la  saisie,  refusèrent  de  le 
faire.  »  On  se  contenta  de  la  présence  du  sergent  de  la  juri- 
diction et  d'un  «  journalier  » «  A  l'endroit,  le  dit  sieur 

recteur  nous  a  fait  voir  dans  la  cuisine  les  meubles  qui 
suivent  :  une  crémaillère,  deux  chenets,  une  pelle,  une  pince 
à  feu,  deux  grilles,  un  triangle,  le  tout  de  fer,  une  marmitte 
de  fonte,  une  cuillère  de  fer,  un  tournebroche  avec  une 
broche  aussi  de  fer,  deux  casseroles,  une  de  cuivre  et  une  de 
tôle,  deux  chaudrons  de  cuivre,  une  mauvaise  poêle  à  lessive, 
une  tourtière  avec  son  couvercle  de  cuivre,  deux  friquets, 
une  casse  de  cuivre,  une  de  fer  blanc,  une  de  terre,  une 
poêle  à  frire,  quatre  plats  et  sept  assiettes  d'étain  et  une 
douzaine  de  cuillères  d'étain,  une  armoire  de  différents  bois 
fermant  à  clef,  laquelle  sert  de  buffet,  qui  a  été  ouverte  par 
le  dit  recteur,  il  s'y  est  trouvé  une  douzaine  de  plats  et  deux 
douzaines  d'assiettes  de  faïence,  une  table  de  bois  de  cerisier 
avec  un  tiroir,  une  mauvaise  armoire  avec  une  vieille  table 
de  cuisine  appartenant  au  Général  de  la  paroisse,  quatre 
chaises,  deux  bancs.  No  trouvant  plus  d'autres  objets  que 
ceux  ci-dessus  dans  la  dite  cuisine,  le  dit  sieur  recteur  nous  a 
conduits  dans  le  salon,  où  il  s'est  trouvé  :  un  cadre  doré,  en- 


SON  JOURNAL  ET  SES  NOTBS  24l 

viron  dix  huit  pouces  de  long  sur  quatorze  de  large,  deux 
petites  tables  et  une  autre  en  forme  de  bureau,  une  douzaine 
de  chaises  tournées,  tant  bonnes  que  mauvaises,  deux 
chenets,  un  trépied  et  une  galettoire  en  fonte,  tous  les  effets 

qui  se  sont  trouvés  dans  ledit  salon De  là  le  dit  recteur 

nous  a  conduits  dans  sa  chambre  où  nous  avons  trouvé  :  un 
lit  garni  lui  servant,  une  armoire  fermant  à  clef  qu'il  nous  a 
ouverte,  où  il  s'est  trouvé  les  hardes  à  son  usage,  une  autre 
demi-armoire  qui  sert  à  ramasser  les  registres  de  la  paroisse, 
.  un  bureau  à  plusieurs  fermetures  pour  ses  papiers  et  livres  ; 
ce   sont  tous  les  effets  qui    se  sont  trouvés  dans  la  dite 

chambre »   Suit    la  description    de  plusieurs   autres 

chambres  dont  Tameublement  est  à  l'avenant,  notamment 
celle  d'une  parente  du  recteur,  où,  pour  tout  objet  de  luxe,  on 
remarque  :  c  une  vieille  glace,  deux  chandeliers  argentés 
achetés  des  deniers  de  celle-ci  à  une  vente  ......  «  De  là, 

le  dit  sieur  recteur  nous  a  conduits  dans  une  autre  chambre 
destinée  au  vicaire,  il  s'y  est  trouvé  :  un  lit  à  l'ange  garni 
d'une  couette,  oreiller  et  traversin  remplis   de  plume,  un 
matelas,  deux  draps  y  servant  de  toile  de  brin,  une  couver- 
ture de  laine  blanche  et  rideaux  de  ras  jaune  garnis  en  in- 
dienne, une  mauvaise  table,  deux  chaises. . ...  Montés  dans 

le  grenier  nous   n'y  avons  trouvé  aucuns  grains....  De  là, 

des  dits  greniers  descendus  dans  la  cave  avec  le  dit  sieur  rec- 
teur, lequel  nous  a  présenté  :  un  fut  de  barrique  pleine  de 
vin  blanc,  et  une  en  coulage  à  demi-pleine,  une  autre  barrique 
en  coulage  de  cidre,  deux  charniers  l'un  avec  du  bœuf,  (autre 
avec  du  lard,  chacun  presque  vide,  cinquante  bouteilles  de 

verre  noir De  là  conduits  dans    l'écurie  nous  avons 

trouvé  :  deux  cavales,  l'une  sous  poil  gris,  l'autre  jaune,  trois 

vaches  laitières  et  deux  petits  cochons En  outre  le  dit 

sieur  recteur  nous  a  fait  l'ouverture  d'une  armoire  dans  la 

sacristie et  dans  la  dite  armoire,  celle  d'un   tiroir,  où  il 

s'est  trouvé  une  petite  botte  dans  laquelle  il  y  a  quelques 
pièces  d'argent  qui  m'ont  paru  tout  au  plus  faire  la  somme 


/• 


242  MK^mC  JBAN    LAlNÊ 

de  36  #  qu'il  nous  a  déclaré  être  des  messes  à  dire Au 

regard  de  l'argenterie  demandée,  le  dit  sieur  recteur  nous  a 
présenté  une  cuillère  potagère  avec  six  cuillères  et  four- 
chettes d'argent. .   .  n 

Dans  sa  défense  du  9  juillet  1781,  le  recteur  remercie 
tant  soit  peu  malignement  le  Général  de  sa  sollicitude  au 

sujet  des  réparations^  exigées.  Le  dimanche  16  septembre 
suivant,  il  parait  devant  l'assemblée  du  Général  et  repré- 
sente «  qu'il  était  supris  que  Ton  le  poursuivait  aussi  voî- 
iemment  pour  les  réparations  de  sa  cure  et  chanceau  de 
cette  église,  dont  il  a  reçu  le  tenable  il  n'y  a  que  neuf  ans. 
et  qu'il  est  à  la  connaissance  de  tous  que  le  dit  recteur  les  a 
entretenus  soigneusement,  que  si  le  Général  a  quelque  soup- 
çon quUlse  trouve  quelques  défectuosités,  il  peut  nommer  tel 
expert  qu'il  lui  plaira  avec  deux  membres  du  Général  pour 
examiner  le  tout^offrant  sur  le  champ  d'y  faire  travailler  et 
de  mettre  le  tout  en  bon  ordre,  pour  en  rendre  compte  au 
Général  lors  do  sa  première  assemblée,  mais  que  le  tout 
se  fera  sans  frais  ot  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  se  pour- 
voir dans  aucune  juridiction...  » 

Ces  propositions  étaient  trop  simples  et  trop  sages 
pour  être  acceptées»  Le  Général  «  cédant  sans  doute  à  l'im- 
pulsion d'une  cabale  ennemie  du  sieur  recteur,  nous  dit 
le  greffier  lui-mômc  dans  son  rapport  du  16  septembre 
1781,  veut  à  grands  frais  procéder  à  la  visite  des  répara- 
tions, et  nommer  un  expert  éloigné  de  quinze  lieues, 
expert  qui  no  peut  môme  être  présumé  avoir  la  moindre 
connaissance  relative  à  l'architecture,  et  qui  n'a  été  choisi 
que  pour  constituer  le  recteur  dans  une  plus  grande 
dépense...  >»  Aussi  le  recteur,  par  son  procureur,  entend-il 
faire  évoquer  la  cause  à' la  première  audience  de  la  juri- 
diction   de  la  Rivière  en  haut  bois. 

Que  se  passa-t-il  finalement?  Les  pièces  nous  font 
défaut.  Tout  porte  à  présumer  que  la  mort  de  M.  Jouneaulx 
survenue  inopinément  empêcha  cette  misérable  chicane 
d'aboutir. 


SON   JOURNAL   KT   SES   NOTJfiS  243 

Sur  tous  les  points  Ton  s'attaquait  au  recteur.  Le  re- 
gistre de  paroisse  nous  apprend  encore  que  «  d'une 
promptitude  extraordinaire  à  célébrer  les  saints  offices, 
cela  fut  cause  que  des  paroissiens  prévenus  le  dénoncèrent 
à  M"^  Frétât  de  Sarra  lorsque  cet  évêque  vint  donner  la 
confirmation  dans  la  paroisae,  prétendant  môme  qu'il 
omettait  de  réciter  des  parties  considérables  de  la  messe. 
Mf  l'évêque  le  fit  célébrer  devant  lui.  M.  Jouneaulx  fut  de 
Taveu  de  tous  moins  de  temps,  ce  jour-là,  que  de  coutume 
à  dire  la  messe.  On  s'attendait  à  des  reproches  sévères 
et  le  désappointement  fut  complet,  lorqu'on  entendit 
révoque  donner  publiquement  bon  témoignage  à  M.  le 
recteur -lui  disant  qu'il  pouvait  très  bien  continuer  de  la 
sorte,  et  que  non  seulement  il  ne  faisait  aucune  omission, 
mais  que  de  plus  toutes  les  cérémonies  étaient  parfaite- 
ment faites.  » 

Ce  fut  le  17  août  1783  que  M.  Jouneaulx  décéda.  Sa 
mort  fut  subite;  les  agitations  de  sa  vie  en  hâtèrent  sans 
doute  le  terme. 

Ses  ennemis  et  ceux  de  ses  prédécesseurs,  de  M.  Dezé 
surtout,  qui  avaient  poursuivi  leurs  recteurs  avec  tant 
d'acharnement  haineux  eurent,  pour  la  plupart,  une  fin 
des  plus  tristes  que  M.  Laine  ne  manque  pas  de -faire 
remarquer  comme  une  punition  justement  méritée  :  «  Le 
principal  instigateur  mourut  comme  il  avait  vécu.  Sans 
appeler  aucun  prêtre  pour  lui  donner  les  soins  nécessaires 
et  les  grâces  qui  lui  auraient  été  d'un  si  grand  secours,  ses 
enfants  s'y  opposèrent  môme,  et  ne  voulurent  permettre  qu'il 
parlât  au  recteur  Hamel  ni  à  son  vicaire,  dans  la  crainte  qu'ils 
ne  Tobligeassent  à  reconnaître  et  à  avouer  la  calomnie  dont 
avait  été  victime  M.  Dezé  son  ancien  recteur.  »  Impiété  exé- 
crable dont  on  devait  déjà,  à  cette  époque,  trouver  un  aussi 
triste  exemple  !  «  Après  la  mort  de  son  père,  l'un  de  ses 
malheureux  enfants  se  mita  courir  dans  le  bourg,  en  criant 
comme  un  insensé  ou  un  impie,  à  haute  et  injelligible  voix  : 


244  MESSIRE  JBAN    LAINÊ 

è 

Mon  père  est  damné!  Mon  père  est  damné  I  »  Malgré  une  mort 

entourée  de  circonstances  si  scandaleuses,  le  Général  «  accor- 

■ 

da  au  défunt  et  à  sa  famille  un  enfeu  dans  le  grand  cimetière, 
preuvede  l'imbécillité  de  ces  Généra uxqui,detoustemps,n'ont 
agi  en  toutes  affaires  qu'en  cabalant,  en  commettant  mille 
injustices,  et  Honorant  ceu]^  qui  le  méritaient  le  moins  en 
cette  paroisse.  » 

Pour  les  autres  «  confrères  d'iniquité  »  hommes  et  femmes, 
trois  meurent   misérablement   sous  le  rectorat  même    de 
M.  Joùneaulx.    Le  procureur  fiscal  décéda  «  avec  la  plus 
grande  tranquillité  d'âme  sans  réparer  la  moindre  injustice.  » 
L'apothicaire  «  homme  étranger  et  inconnu,  et  qui  était  ap- 
pelé auprès  des  malades,  en  cette  paroisse,  parce  qu'il  n'y 
avait  ici  de  chirurgien  établi,  glouton  aimant  la  bonne  chère 
et  surtout  le  vin,  vit  encore  comme  un  impie,  sans  faire  de 
Pâques^  allant  néanmoins  à  l'église,  le  lendemain  de  ses 
ivresses,  pour  demander  en  hypocrite  un  pardon  qu'il  sollicite 
vainement.  »  L  avocat  au  Parlement  de  Rennes  qui  avait  été 
si  funeste  à  son  recteur,  «  ennemi  de  la  paix,  n'ayant  du 
plaisir  qu'à  semer  la  discorde  dans  les  familles,  conseillant 
le  pour  et  le  contre  dans  les  procès  ;  d'ailleurs  pusillanime» 
toujours  armé  de  pistolets  et  d'une  grande  pique,  fut  obligé 
de  vendre  son  bien  à  un  neveu  par  alliance  de  M.  Joùneaulx, 
et  réduira  de  son  vivant  ses  quatre  enfants  à  la  mendicité  : 
Malè  parta  maté  diladunturK  Le  subdélégué  de  l'intendance 
à  Rennes,  homme  aussi  intrigant  que  politique  et  méchant, 
qui  travaillait  de  son  côté  et  sur  place  à  perdre  le  recteur, 
a  été  honteusement  chassé  de  sa  place  et  privé  de  ses  reve- 
nus. Tous  ceux  qui  ont  eu  part  au  mystère  dUniquité  finiront, 
en  mourant,  comme  les  dénommés  ci-dessus.  Dieu  leur  donne 
cependant  tout  le  temps  de  réparer  leurs  torts  en  leur  en- 
voyant des  maladies  longues  et  douloureuses,  ils  dépérissent 
à  vue  d'œil,  mais  ils  ne  se  convertissent.  » 

*  En  français  :  Bien  mal  acquis  ne  profite  p(U. 


\ 


SON  JOURNAL  ET  SBS  NOTES  345 

M.  Laine,  après  avoir  été  historien  Adèle,  (levait  être  un 
prophète  clairvoyant. 

C'est  dans  une  paroisse  aussi  profondément  troublée  qu'il 
arrivait  comme  recteur,  successeur  de  M.  Jouneaulx.  Il  se 
rendit  promptement  compte  dala  situation,«raconta  l'histoire 
du  passé  que  nous  venons  de  faire  avec  lui,  et  tâcha  d'en  faire 
son  profit  pour  les  jours  qui  s'annonçaient  plus  mauvais 
encore  pour  lui  que  pour  ses  prédécesseurs.  Nous  trouvons 
en  effet  dans  divers  endroits  de  ses  cahiers,  des  notes  du 
genre  de  celles  que  nous  reproduisons  et  qui  indiquent  assez 
qu'il  ne  se  fit  pas  longtemps  illusion  sur  ce  qui  l'attendait 
lui-môme  :  «  Si  MM.  les  recteurs  de  cette  paroisse,  écrit-il, 
veulent  vivre  en  paix  avec  les  habitants  de  cette  ville,  dont)e 
caractère  est  double,  faux  et  traître,  il  faut  qu'ils  les  régalent 
souvent,  qu'ils  applaudissent  à  leur  irréligion  et  à  leur  liber- 
tinage, qu'ils  soient  rampants  devant  eux,  et  favorisent  leurs 
injustices  et  leurs  trahisons  ;  autrement  ils  seront  traités 
comme  leurs  prédécesseurs  qu'ils  ont  poursuivis  à  outrance 
en  les  exposant  aux  derniers  supplices.  Le  recteur  actuel  est 
chéri,  aimé  et  considéré,  mais  qu'il  attende,  il  ne  tardera  pas 
à  devenir  la  victime  de  ses  paroissiens.  »  Cette  note  conçue 
en  des  termes  si  acerbes,  si  peu  flatteurs  pour  les  habitants 
de  Saint-Julien,  empreinte  en  môme  temps  de  si  triste  mé- 
lancolie, ne  peut  guère  étonner  le  lecteur  instruit  déj&de  ce 
qui  s'est  passé,  et  sur  le  point  de  juger  mieux  encore  de  tout 
par  ce  qui  suivra. 

«  MM.  les  recteurs,  vicaires  et  autres  prôtres  habitués  de 
cette  paroisse,  écrit  encore  M.  Laine  dès  les  premières  années 
de  son  séjour  à  Saint-Julien,  ne  doivent  faire  société  avec 
aucun  de  leurs  paroissiens  ni  les  fréquenter,  parce  que  leur 
caractère  est  double  et  faux  ;  au  moment  qu'ils  croiront  trou- 
ver des  amis  parmi  eux,  ils  seront  trahis  à  la  première  occa- 
sion. Ce  défaut  qui  est  habituel  et  héréditaire  existe  ici  au 
moins  depuis  près  décent  ans.  Il  ne  s'agit  que  de  se  rappeler 
tout  ce  que  les  dits  paroissiens  ont  eu  la  bassesse  et  Tinhu- 

TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVI*  ANNÉE,  78*-8*  UV.  18  v 


246  MESSIRK   JEAN   LAIMÉ 

manité  de  faire  souffrir  à  MM.  Dezé  et  Jouneaulx  leurs  rec- 
teurs. Les  procès  pendants  à  la  Cour  en  sont  les  plus  grandes 
preuves.  • 

Nous  n'avons  guère  de  détails  sur  les  procès  auxquels 
fait  ici  allusion  M.  Laine.  Il  nous  dit  seulement  :«...!!  paraît 
que  le  procès  criminel  intenté  à  Nantes  (1785-1786)  par  le  pro- 
cureur du'Roi  sera  de  la  dernière  conséquence  pour  plusieurs 

habitantsde  ce  bourg Jamais  le  procès  de  M.  Dezé  intenté 

à  Nantes  en  1733,  ni  celui  du  recleur  Jouneaulx  en  1776  ne 
sont  comparables  à  celui  dont  il  est  ici  question.  L'instigateur 
est  le  môme  que  celui  du  procès  Jouneaulx.  >»  En  marge  du 
registre  :  «  Ce  procès  a  été  jugé  à  Nantes  et  les  accusés  ont 
été  innocentés,  mais  il  leur  reste  un  vernis  qui  demeurera 
ineffaçable.  » 

Un  autre  procès  où  M.  Laine  fut  mis  directen^ent  en  cause 
lui  fut  intenté  le  14  août  1785.  Le  recteur  fut  condamné  à  en 
payer  les  frais.  Il  s'agissait  de  dîmes  que  le  fermier  du  tem- 
porel de  la  Primaudière  voulait  percevoir  seul  à  l'exclusion 
du  recteur.  Le  dit  fermier  dut  laisser  un  tiers  des  dîmes  aux 
recteurs  de  Saint-Julien.  M.  Laine  eut  soin  d'attacher  au 
registre  la  sentence  rendue.  Elle  a  disparu.  Il  donne  ensuite 
exactement  le  nom  «  des  champs  et  pièces  défrichées  avant 
iV68,  sur  lesquels  et  en  lesquels  le  recteur  de  Saint-Julien  se 
réserve  la  dîme,  quoique  les  moines  de  la  Primaudière  aient, 
en  up  canton  déterminé,  droit  de  dîmage  sur  les  autres 
terres.  » 

A  l'exemple  de  ses  prédécesseurs  et  des  recteurs  de  son 
temps,  M.  Laine  note  dans  ses  registres,  les  diverses  cala- 
mités qui  venaient  si  souvent  affliger  leurs  populations,  mon- 
trant par  là  qu'il  s'intéressait  à  tout  ce  qui  touchait  à  la 
famille  dont  il  était  le  père. 

«  La  sécheresse,  à  commencer  de  la  Toussaint  dernière 
1784,  a  été  des  plus  grandes  en  cette  province  et  autres  du 
royaume;  vers  le  commencement  du  mois  de  juin»  il  tomba 
un  peu  deau,  mais  elle  fut  bientôt  desséchée  par  les  vents 


SON  JOURNAL  ET   SES   NÔTB8  247 

du  Nord  qui  ont  constamment  soufflé  de  ce  côté  pendant  au 
moins  huit  mois  ;  ils  étaient  des  plus  froids.  La  neige  a  été 
sur  la  terre  très  abondante,  elle  y  a  duré  près  de  deux  mois. 
On  a  fait  partout  des  prières  publiques  par  ordre  du  seigneur 
évoque,  qui  donna  les  Quarante  Heures  le  jour  de  la  Trinité  ; 
le  mardi  suivant,  fête  des  saints  Donatien  et  Rogatien,  avec  le 
jour  du  Sacre.  Le  peuple  a  demandé  plusieurs  processions 
qu'on  a  faites.  Il  n'y  a  eu  ni  foin,  ni  lin  en  celte  paroisse,  si  on 
en  excepte  les  prés  de  la  seigneuiie  de  Vouvantes  appelés  les 
Garennes.  En  chaque  métairie,  il  n'y  a  pas  eu  un  quart  de 
grains  de  l'année  précédente  qui  n'était  ni  bonne  ni  mauvaise. 
En  certains  champs,  on  n'y  a  pas  cueilli  la  semence.  Les  blés 
noirs  ont  complètement  manqué.  En  les  pays  vignobles,  il  y 
a  eu  abondance  de  vin  ;  plusieurs  habitants  ont  acheté  la 
barrique  douze  livres,  prise  à  Tanche  en  la  paroisse  de  Sainte 
Herblon.  Les  cidres  ontabsolumént  manqué  non  seulement  en 
ce  canton  mais  en  le  Rennais.  Le  froment,  boisseau  de  ChSt- 
leaubriant,  se  vend  actuellement  11  #  10,  le  blé  seigle  10  -H- 
l'avoine  8  yf  et  le  blé  noir  7  #  5.  La  moitié  des  besliaux,  soit 
bœufs,  soit  vaches,  chevaux  et  moutons  ont  péri  par  faute  de 
fourrages,  chaque  particulier  aimant  mieux  les  tuer  que  de 
les  voir  perdre  sans  le  moindre  profit.  Les  seigneurs  abandon- 
naient leurs  chevaux  et  les  envoyaient  ça  et  là  faute  de  pen- 
sion.  Le  millier  de  foin  a  été  vendu  par  le  fermier  de  Vou- 
vantes quarante  écus.  La  charretée  de  paille  a  valu  jusqu'à 
quarante  livres.  Le  peu  de  bestiaux  qui  reste  va  périr  cet 
hiver,  ou  du  moins  la  majeure  partie.  L'étang  de  Vouvantes 
dès  le  commencement  de  juin  a  été  à  sec;  on  y  marchait 
comme  sur  la  prée  de  la  Garenne,  et  il  n'a  été  rempli  que  vers 
la  Toussaint  dernière  où  il  a  tombé  un  peu  d'eau.  Tous  les 
puits,  môme  celui  de  la  cure  ont  tari  en  ce  bourg.  Les  fon- 
taines de  Girouix  ont  fourni  à  tous  les  habitants  de  cette 
bourgade  et  aux  bestiaux.  La  sécheresse  dont  il  est  mention 
au  registre  de  1722  n'est  rien  en  comparaison  de  celle-ci. 
L'Intendance,  par  la  voix  du  ministère,  a  fait  distribuer  par 


248  MBS8IRË  JEAN   LAINE 

paroisse,  une  certaine  quantité  de  graines,  et  a  fait  proposer 
pour  procurer  de  l'ouvrage  aux  pauvres,  des  chanvres  et  lins 
et  le  Général  Ta  remerciée.  » 

Au  mois  de  janvier  1789,  M.  Laine  fait  mention  du  ter- 
rible hiver  qui  dévasta  nos  campagnes  et  occasionna  tant  de 
misères  ;  épreuve  qui,  coïncidant  avec  toutes  les  autres  per- 
turbations physiques  et  morales  de^  Tépoque,  devait  si  puis- 
samment influer  sur  les  esprits  des  populations,  les  aigrir  et 
les  pousser  à  tous  les  excès  de  la  Révolution  : 

«  Le  13  et  14  novembre  dernier  (1788),  le  froid  a  été  des  plus 
sensibles,  au  point  que  les  vieillards  ne  se  rappellent  point 
qu'il  ait  été  plus  grand  ;  il  a  été  constant  pendant  deux  mois 
sans  interruption  jusqu'à  ce  jour  13  janvier  (1789)  ;  il  n'a  point 
tombé  d*eau  depuis  le  mois  de  septembre  dernier.  La  majeure 
partie  des  grains  semés  en  la  poussière,  n'est  point  encore 
levée,  à 'raison  de  la  sécheresse  qui  a  été  des  plus  grandes. 
Les  puits  de  cette  ville  ont  tari  dès  la  Toussaint.  Les  fon- 
taines de  Girouix  ont  satisfait  à  tous  qui  y  allaient,  tant  pour 
eux  que  pour  leurs  bestiaux.  Les  bestiaux  ont  été  abreuvés 
à  la  crèche,  à  raison  de  la  grande  quantité  des  neiges  et 
glaces  qui  ne  permettaient  de  les  conduire  à  l'étang  de  Vou- 
vantes,  dont  les  glaces  étaient  épaisses  de  plus  de  dix-huit 
pouces.  Tous  les  légumes,  les  genôts  et  autres  choses  sont 
gelés.  On  ne  peut  décider  s'il  y  aura  abondance  de  grains, 
puisqu'ils  sont  encore  en  terre.  La  neige  a  couvert  la  terre 
pendant  huit  semaines,  elle  a  tombé  en  grande  quantité  à 
différentes  fois.  Le  grand  hiver  de  1709  n'a  pas  été  si  rude  et 
si  violent  au  rapport  des  vieillards  qui  en  ont  connaissance.  » 

«  Année  1789,  année  des  révolutions  de  la  France.  Le  Tiers- 
Etat,  sous  prétexte  de  procurer  aux  recteurs  un  sort  heureux, 
leur  promet  tout,  s'ils  se  rangent  de  son  côté;  mais  :  In  caudd 
venenumf  » 

Par  ce  proverbe  latin,  M.  Laine  faisait  entendre  suffisam- 
ment que  le  clergé  devait  se  défier  de  ces  promesses  comme 
d'un  poison. 


SON   JOURNAL   BT   SES    NOTES  249 

«  Le  trente  et  unième  jour  de  mars,  par  publication  faite 
dimanche  dernier,  en  vertu  d'une  lettre  du  Roy  pour  la  con- 
vocation des  Etats  Généraux  à  Versailles,  le  25  avril  1789,... 
les  paroissiens  habitants^  biens  tenant^  se  sont  assemblés 
pour  faire  leur  cahier  de  condoléance,  qui  devra  être  présenté 
aux  dits  Etats.  Deux  députés  savoir  :  MM.  Lejeune  de  la  Mar- 
tinais  et  Cordeau,  tanneur,  ont  été  nommés  pour  présenter 
à  Thôtel  de  ville,  le  7  avril,  le  dit  cahier,  et  se  réunir  avec 
le  tiers-état  du  diocèse  de  Nantes,  lequel  députera  et  choisira 
un  nombre  de  personnages  dignes^  ainsi  que  dans  les  autres 
diocèses  de  cette  province  pour  se  rendre  le  16  avril  à  Saint- 
Brieux,  où  les  trois  ordres  doivent  se  trouver  pour  y  tenir 
une  espèce  d'Etats  généraux  de  cette  province,  parce  que  les 
ordinaires  ont  été  interrompus  (à  Rennes)  par  les  journées 
des  26  et  27  janvier  dernier » 

Ici,  M.  Laine  raconte  sommairement  ces  incidents  si 
graves  qui  furent  le  début  des  scènes  violentes  de  la  Révolu- 
tion en  France.'  Les  responsabilités  de  ces  journées  san- 
glantes sont  assez  difficiles  à  préciser.  On  peut  dire  que, 
comme  dans  tout  conflit,  trop  souvent,  et  particulièrement 
à  cette  malheureuse  époque,  chacun  y  eut  largement  sa  part. 
Les  susceptibilités  exigeantes  de  la  noblesse  et  du  haut 
clergé,  l'entêtement  inexplicable  du  tiers  contribuèrent  à 
faire  couler  en  Bretagne  «  les  premières  gouttes  de  sang 
que  la  Révolution  devait  répandre,  et  qui  furent  la  source 
de  ce  fleuve  de  sang  qui  sépare  le  vieux  monde  du  monde 
nouveau^.  »  Nous  laissons  à  M.  Laine  la  responsabilité  de 
ses  appréciations.  Renseigné  sur  les  événements,  il  l'était 
peut-être  un  peu  moins  sur  leurs  causes  très  diverses  ;  c'est 
à  l'histoire  qu'il  appartient  maintenant  de  porter  un  juge- 
ment plus  sûr  et  pius  équitable  : 

«  ....  La  noblesse  de  cette  province  se  déshonora  pour  ja- 
mais dans  ces  journées,  en   faisant  armer  les  laquais    et 

1  Chateaubriand  :  Mémoires  cTautre-'tombe. 


250  MeSSIRE  JEAN  LAINE 

gens  sans  aveu,  dans  le  champ  Montmorin  (champ  de 
Mars)  près  de  Rennes.  Après  une  exhortation  pathétique 
et  insidieuse  prononcée  par  un  noble  qui  s'était  mis  l&chement 
à  leur  tête,  tous  ces  gens  armés  se  rendirent  au  Parlement 

où  la  Cour  les  attendait; ils  demandaient  que  le   pain 

fût  diminué  et  que  la  Constitution  bretonne  fût  changée.  Au 
sortir  du  Parlement,  ces  monstres  frappent,  tuent  et  mas- 
sacrent indistinctement  tous  ceux  qu'ils  rencontrent,  à  l'ex- 
ception des  nobles.  Les  jeunes  gens  du  tiers  s'arment  et  se 
mettent  en  état  de  défense.  Tous  les  habitants  de  Reones 
imitent  la  jeunesse  ;  à  tous  les  pas  on  rencontrait  des  com- 
bats. La  noblesse  qui  avait  autorisé  ces  excès  ne  brillait  pas 
en  sa  défense.  Un  jeune  homme  employé  aux  devoirs  dé- 
sarma un  noble  avec  qui  il  se  battait  ;  ce  noble  désarmé 
demande  par  faiblesse  à  son  vainqueur  de  lui  permettre 
de  Tembrasser^  le  dit  jeune  homme  consulte  la  foule  qui  les 
entoure  pour  savoir  s*il  lui  accordera  cette  grâce  ;  tous  una- 
niment  s'écrièrent  que  oui  ;  on  rendit  son  arme  au  gentil- 
homme désarmé  et  on  le  reconduisit  à  son  hôtel.  Un  nommé 
OmneS'Omnibus,  Rennais,  vole  à  Nantes  pour  y  demander 
des  secours.  Les  jeunes  gens  de  Nantes  au  nombre  de  cinq 
cents  se  rendirent  à  Rennes  avec  armes  et  bagages.  Les  Ma- 
loîiins  qui  y  étaient  déjà,  arrivés  avaient  conduit  avec  eux 

trois  pièces  de  canon La  noblesse  renfermée  aux  Corde- 

liers  avait  formé  un  arsenal  de  la  salle  des  délibérations  et 
elle  tirait  delà  des  coups  de  fusil  et  de  pistolet  sur  le  Tiers- 
Etat.  Enfin  la  vigilance  de  M.  le  comte  de  Thiard  (gouverneur 
de  la  province)  qui  s'exposait  avec  une  faible  garde  à  tous  les 
dangers,  volant  en  tous  les  coins  de  Rennes,  pour  ramener  la 
paix  et  la  tranquillité,  y  réussit  parce  que  le  Tiers-Etat  ne  vou- 
lait pas  répandre  le  sang.  La  noblesse  exigeait  que  le  tiers 
désarmât,  ce  qui  lui  fut  refusé.  Cependant  il  fut  arrêté  que 
la  noblesse  ne  ferait  aucun  usage  de  ses  armes,  à  moins 
d'être  attaquée,  et  cette  promesse  fut  jurée  par  les  nobles  sur 
leur  parole  de  gentilshommes.  Les  habitants  de  Rennes  ga- 


SON   JOURNAL   BT   SES    NOTES  251 

rantirent  par  leurs  paroles  ou  leurs  écrits  que  la  jeunesse 
également  n'attaquerait  pas  les  nobles  ;  et  alors  on  vit  tous 
les  gentilshommes  quitter  Rennes  et  se  rendre  en  leurs  cam- 
pagnes, pour  y  jouir  des  douceurs  de  la  vie  et  y  pleurer  leurs 
cruautés  inutiles....  Ehi  ces  journées,  cinq  nobles  ont  été 
tués  par  le  Tiers-Etat^  et  plusieurs  autres  ont  été  dangei'euse- 
ment  blessés.  Parmi  le  tiers,  on  a  compté  deux  tués  et  plu- 
sieurs blessés,  entr'autres  un  chapelier  blessé  par  les  laquais 
de  deux  coups  de  couteau  au  bras^  et  un  nommé  Vignon  con- 
fiseur, fournisseur  de  la  noblesse  qui,  pris  pour  un  person- 
nage du  tiers,  reçut  comme  tel  de  la  dite  noblesse  un  coup  de 
fusil.  » 

Les  Etats  généraux  venaient  de  s'ouvrir,  et,  le  18  juin, 
M.  Laine  écrit  : 

tt  Les  Etats  généraux  veulent  dépouiller  TEglise  de  ses 
biens  et  en  donner  l'administration  à  la  nation  ;  afin  qu'il  y 
ait  moins  de  prôtres,  que  la  religion  catholique  ait  moins 
d*éclat,  et  que  les  protestants  qui  inspirent  et  commandent 
tout  propagent  plus  facilement  leurs  erreurs.  » 

Le  12  juillet  : 

«  . . . .  Ces  Etats  prennent  aujourd'hui  la  qualité  d'Assem- 
blée nationale.  MM.  le  comte  d'Artois,  frère  du  roi,  le  prince 
de  Condé,  le  marquis  d'Autichamp  etc.,  se  sont  sauvés  en  Sar- 
daigne  et  ailleurs,  leurs  tôtes  ont  été  mises  à  prix,  ainsi  que 
celles  de  beaucoup  d'autres  personnages.  Le  prince  de  Lam- 
bech,  cousin  de  la  reine,  a  été  bienheureux  de  s'échapper.  » 

A  l'occasion  de  la  prise  de  la  Bastille  ; 

«  Cette  forteresse  que  Louis  XIV  et  Turenne  jugèrent 
imprenable  a  été  prise  d'assaut  en  quatre  heures^  et  elle  est 
aujourd'hui  rasée  et  démolie.  MM.  de  Launay,  gouverneur  de 
la  forteresse,  de  Foulon,  qui  avait  un  superbe  château  à  Doué 
près  Saumur,  intendant  des  vivres  pour  Paris,  ont  été  déca- 
pités par  la  milice  nationale  parisienne  sur  la  place  de  Grèves  ; 
M.  Berthier,  gendre  du  dernier  intendant,  a  été  aussi  déca- 
pité, parce  que  la  corde  qui  devait  le  suspendre  au  funeste  et 


252  ME8S1RB  JSAN    LAlNÉ 

lerrible  réverbère  cassa  trois  fois  ;  auparavant  il  a  été  obligé 
d'embrasser  la  tête  de  son  beau-père.  » 

L'effroyable  panique  du  jeudi  fou  (telle  qu'on  la  dénomma 
dans  le  Maine  en  particulier,  à  cause  du  jour  où  elle  se  pro- 
duisit*) qui  bouleversa  les  campagnes  où  des  nouvelles  alar- 
mantes  circulaient  de  toutes  parts  ^  menaçantes  pour  les 
personnes  et  les  propriétés,  se  fit  sentir  à  Saint-Julien  de 
Vouvantesl  le  21  juillet.  M.  Laine  ne  manque  pas  de  la  consi- 
gner dans  ses  notes*  : 

«  Le  vingt  et  un  juillet,  vers  les  six  heures  et  demie  du 
soir,  je  faisais  un  acte  de  baptême,  quand  on  vint  m'annoncer 
que  dix  mille  hommes  arrivaient  en  cette  ville  pour  y  mettre 
tout  à  feu  et  à  sang  ;  je  quitte  tout  et  sors  pour  prendre  des 
informations.  Je  rencontre  entr'autres  le  syndic  qui  déjà 


i  Dom  Heuriebize  et  Triger  :  Sainte  Scoltistiqtie  patronne  du  Mans  ; 
étude  hagiographique  des  plus  remarquables  publiée  en  1897. 

*  M.  de  la  Sicotière  dans  son  ouvrage  si  admirablement  documenté  :  Louis 
de  Frotté  et  les  Insurrections  normandes,  écrit  à  ce  sujet  ces  réflexions  si 
justes  :  ;  • 

«  Dès  le  commencement  de  la  Révolution,  on  est  effrayé  de  la  voir  détour- 
née de  la  voie  qu'elle  aurait  dû  suivre,  par  la  substitution  de  Tinitiative 
fougueuse  des  passions  populaires  au  fonctionnement  régulier  des  corps  lé- 
galement constitués,  par  Tingérence  spontanée  ou  forcée  de  ces  corps  eux- 
mêmes  dans  des  attributions  qui  ne  leur  appartiennent  pas  ;  confusion  de 
tout  les  pouvoirs,  mépris  de  toute  autorité,  dédain  de  toute  légalité,  la 
nouvelle  aussi  bien  que  Tancienne.  L'incroyable  licence  de  lapresse,  pendant 
les  dernières  années,  avait  échauffé  les  esprits  dans  les  régions  les  plus  éle- 
Tées  t  la  misère,  la  disette,  la  cherté  excessive  des  subsistances  les  exaspéraient 
au-dessous.  La  prise  de  la  BastiUe  fut  un  excitant  trop  puissant,  et  la  pa- 
nique universelle  causée  par  Tannonce  de  rapproche  de  ces  brigands  ima- 
ginaires, dont  la  légende  reste  encore  inexpliquée  après  un  siècle  de  re- 
cherches, avait  fini  d'affoler  toutes  les  têtes.  Pour  en  donner  une  idée,  il  suf- 
fira de  dire  qu'à  Domfront,  des  gens  habituellement  sensés  étaient  sincère- 
ment convaincus  que  Mayenne,  à  quelques  lieues  de  distance,  venait  d'être 
occupée  par  trente  mille  Espagnols.  » 

Nous  avons  tenu  à  reproduire  ces  lignes  d'un  grave  historien  pour  répri- 
mer d'avance  les  sourires  que,  après  plus  d'un  siècle,  pourrait  faire  naître  le 
récit  de  M.  JLainé. 

Tous  se  souviennent  que  nos  désastres  et  nos  douleurs  des  années  1870  et 
1871  furent  précédés  et  comme  annoncés  dans  les  bourgs  et  les  campagnes  de 
nos  régions  par  de  nombreux  et  d'effrayants  incendies  dont  la  cause  n'a  ja- 
mnis  été  connue* 


SON  JOURNAL  BT   SES  NOTES 


253 


faisait  sonner  le  tocsin,  je  lui  demande  ce  que  signifie  ce  bruit 
et  quelle  est  cette  nouvelle  ?  Qui  l'a  apportée?  Est-elle  écrite? 
Communiquez-la  moi.  —  Ce  sont,  répond  le  syndic,  des  per- 
sonnes du  village  de  la  Champellière  qui  ont  apporté  cette 
triste  nouvelle,  —  J'interroge  à  mon  tour  ces  dits  paroissiens, 
t  ils  ajoutent  que  les  dix-mille  hommes  sont  déjà  à  la  Caran- 
tage  (village  du  Petit  Auverné),  qu'ils  y  ont  tué  un  jeune 
homme  malade  :  Déjà-,  continuent-ils,ils  sont  en  notre  village. 
—  On  veut  envoyer  un  exprès  qui  refuse  ;  on  dépêche  un 
jeune  étourdi  au  château  de  la  Motte-Glain,  il  n'ose  passer 
le  bourg  de  la  Chapelle  abandonné  de  tous  ses  hommes 
qui  s'étaient  réfugiés  dans  la  forôt  de  Ghanveaux.  La  panique 
augmentait  dans  les  esprits  de  cette  ville.  Nos  gens  se  sau- 
vaient dans  la  forÔt  de  Juigné,  ou  se  cachaient  dans  les  blés 
et  les  barges'  de  foin  où  ils  passèrent  la  nuit;  plus  le  tocsin 
sonnait,  plus  les  hommes  tant  du  bourg  que  de  la  campagne 
fuyaient. .Le  sieur  Presnais  de  la  Briais  avec  sa  dame  et  ses 
deux  enfants,  malgré  les  assurances  que  je  pus  donner  à  son 
domestique,et  mon  invitation  de  se  rendre  ici  avec  ses  armes* 
traversa  la  forôt  de  Juigné,  et  se  rendit  au  prieuré  où  il 
coucha,  sans  vouloir  accepter  le  souper  quoique  servi  en  gras, 
puisque  c'était  le  mardi.  Cependant  six  à  sept  hommes  pas- 
sèrent la  nuit  à  garder  cette  ville,  ils  ne  virent  personne  que 
des  gens  des  autres  paroisses  qui  se  sauvaient  dans  la  forôt. 
Cette  alarme  fut  donnée  au  même  jour  en  plus  de  quarante 
paroisses  à  la  ronde.  Les  villes  de  Rennes,  Nantes  et  Angers 
l'eurent  la  veille.  » 

Depuis  cette  panique  il  y  eut,  toutes  les  nuits,  «  dans  .cette 
ville  »,  une  garde  dont  M.  Laine  donne  la  composition  ;  on  y 
remarque  les  hommes  les  plus  notables  de  la  paroisse,  en- 
tre autres  «  les  deux  députés  pour  Nantes,  MM.  Lejeune  de 
la  Martinais  et  Cordeau,  tous  officiers  de  la  milice  b(»urgeoise  ; 
leurs  soldats,  des  sacs  à  vin,  ne  se  rendent  à  la  garde  qu'a- 

i  Mot  populaire  pour  désigner  les  meules  de  paille  et  de  foin. 


254  MBSSIRE  JBAN    LAINE 

vec  l'espérance  d'y  boire  egregié,  et  font  plus  de  trouble  qu'ils 
ne  servent  au  public  ;  arrêtent  indistinctement  tous  les  voya- 
geurs, ecclésiastiques  et  nobles.  L'homme  qui,  sans  être  offi- 
cier, est  à  la  tôte  de  cette  soldatesque  mériterait  avec  toute 
raison  d'être  arrêté.  Le  chevalier  Gibot,  officier  au  régiment 
de  Penlhiôvre,  en  garnison  àDinan,  passant  par  cette  ville,  le 
28  juillet,  avec  son  domestique  et  un  recru*  fut  gravement 
menacé  d'un  coup  d'épée  à  la  poitrine  ;  je  le  délivrai  des 
mains  du  chef  et  de  ses  satellites.  Je  fis  de  même  pour  un  se* 
minariste  sorti  de  Paris,  et  qui  se  rendait  à  Saint-Malo.  Le 
16  août,  un  maçon  de  garde  (M.  Laine  donne  tous  les  noms) 
se  permit  quelques  insolences  graves  à  l'endroit  d'une  femme 
qui  se  rendait  à  Téglise  pour  y  entendre  la  sainte  messe,  il 
reçut  un  souffiet,  quoiqu'il  fût  en  fonction,  et  ce  brutal  plein 
de  vin  la  jeta  parterre  d'un  coup  de  son  fusil.  Le  30,  un 
jeune  Carme  sorti  de  Challains  (Anjou),  se  rendant  à  Rennes, 
fut  inquiété,  je  le  délivrai  encore  des  mains  du  dit  chef  et  de 
ses  satellites.  Cette  garde  bourgeoise  a  voulu  aller  de  pair 
avec  les  villes  voisines  et  a  commencé  à  fonctionner  à  cause 
des  journées  de  Paris  du  13,  14,  15, 16,  et  17  juillet  dernier.  » 

«  Le  trentième  jour  d'août  mil  sept  cent  quatre  vingt  neuf, 
nous,  recteur  soussigné,  à  la  réquisition  de  MM.  les  soussi- 
gnés, et  en  vertu  de  la  permission  par  eux  obtenue  à  notre 
insu,  de  M.  l'abbé  de  laTullaye,  vicaire  général  de  M«M'éves- 
quede  Nantes,  endatedu21  du  présent,  signée  :  delaTuLLAYs 
vie.  gén.  et  attachée  au  registre,  avons  béni  le  drapeau  de 
la  commune  de  cette  ville  et  paroisse^  » 

Suivent  les  signatures  d'un  grand  nombre  d'habitants  de 
Sciint-Julien  de  Vouvantes,  et  de  plusieurs  des  paroisses  voi- 
sines d'Erbray,  de  la  Chapelle-Glain,  d'Auverné  et  de  Juigné. 

>  Vif  uz  mot  qui  signifie  excédé  de  fatigue:  soldaisreerus  et  harassée  (Ltttré). 

'  Nous,  vicaire  général  de  Algr  TEvecque  de  Nantes,  permettons  à  M.  le 
recteur  de  la  paroisse  de  Saint-Julien  de  Vouvantes  de  bénir  les  drapeaux 
de  la  commune  de  la  paroisse. 

  Nantes,  ce  SI  août  1789. 

Db  La.  TuiXATK^  vie.  ^ea. 


SON   JOURNAL  KT   SKS  NOTES  255 

Où  y  remarque  la  signature  du  vicaire.  Joseph  Maillard.  Le 
recteur  fait  précéder  la  sienne  de  ces  lignes.  «  Cette  céré- 
monie, en  quelque  façon  forcée,  sera  pour  la  suite  un  sujet  de 
beaucoup  de  peines  pour  le  soussigné,  qui  aura  à  lutter 
contre  les  officiers  de  Id  milice.  » 

Il  ne  se  trompait  pas.  Le  6  septembre,  annonce  fut  faite  aux 
habitants  de  Saint-Julien  de  Voulantes  de  s'as&eml5ler  à 
réglise,  à  rissue  des  vôpres  du  8,  pour  former  un  corps  de 
milice  bourgeoise.  De  son  côté,  le  recteur  défend  «  de  s'as- 
sembler le  dit  jour  en  son  église,  pour  cette  fln^  puisque  le 
corps  existe  déjà.  Le  30  août,  il  avait  fait  bénir  son  drapeau  et 
jurer  l'obéissance  à  son  commandant.  »  «  Le  S  septembre, 
seconde  annonce  de  s'assembler  à  l'issue  de  la  grand'messe, 
cette  annonce  signée  ainsi  que  la  première  par  les  mar- 
fTuilliers.  L'assemblée  a  eu  lieu  à  l'église  par  ordre  du  sieur 
Lejeune,  sénéchal  de  la  Rivière  en  haut  bois,  qui  y  présidait. 
Le  recteur,  dangereusement  malade,  n'a  pu  s'opposer  à  la 
réunion  de  cette  assemblée  scandaleuse^  véritable  foire  où 
éclatèrentdes  débats  malhonnêtes^  où  tous  s*accablerent  de 
reproches  honteux,  et  où  Ton  finit  par  vouloir  se  battre  à 
armes  blanches  ou  à  feu.  Ce  cartel  fut  pour  la  dernière  fois 
proposé  sous  le  clocher,  toutefois  personne  n'accepta.  Le  29 
septembre,  le  prétendu  comité  qui  parait  avoir  son  origine 
de  cette  assemblée  du  8,  et  qui  est  tout  h  fait  illégal,  a  fait  un 
arrêté  contre  son  recteur,  au  sujet  d'une  explication  par  lui 
faite  au  prône  de  grand'messe  du  27,  sur  les  abus,  troubles 
nocturnes  et  autres  désordres  commis  par  la  garde  et  officiers 
de  la  commune  et  paroissiens  de  la  campagne,  ayant  la  pré- 
tention de  former  une  milice  bourgeoise.  Cet  arrêté  a  dissous 
la  milice  et  lui  a  fait  défense  de  monter  la  garde  et  de  faire 
des  patrouilles.  » 

Le  deux  octobre  un  procès-verbal  d'accusation  signé  de 
«  quatre  membres  du  comité  de  cette  ville  et  des  officiers  de 
la  milice,  fut  déposé  par  le  député  Cordeau  au  comité  de 
Nantes  qui  ne  fit  de  réponse,  et  n*y  fit  droit  que  le  24,  lorsque 


256  MBSSIAB   JEAN    LAINE 

trois  des  principaux  membres  du  comité  de  cette  ville  men- 
dièrent à  Nantes  la  réponse  dont  ils  se  chargèrent,  et  qu'ils 
ne  présentèrent  à  leur  recteur  que  le  29,  après  l'avoir  lue  le 
27  au  comité  et  en  avoir  instruit  le  bourg  de  la  Chapelle  le 
28,  jour  où  il  y  avait  foire.  » 

Voici  la  réponse  du  comité  de  Nantes  : 

«   MONSIBUR, 

«  Nous  voyons  avec  douleur,  dans  un  procès-verbal  qui 
«  nous  a  été  remis  au  nom  du  comité  et  de  la  milice  nationale 
w  de  votre  paroisse,  que,  ministre  d'un  Dieu  de  paix  et  d'une 
«  religion  divine,  dont  la  charité  fait  la  base,  vous  avez  pu 
«  vous  oublier  jusqu'au  point  de  professer,  dans  la  chaire  de 
«  vérité,  des  propositions  qui  inculpent  un  corps  respectable, 
«  dont  le  zèle  et  les  services  ne  méritent  que  des  éloges  et 
u  des  encouragements.  Vous  n'avez  pas  prévu  sans  doute, 
«  Monsieur,  les  suites  d'un  pareil  scandale,  elles  vous  eussent 
«.fait  frémir,  et  vous  vous  fussiez  arrêté  ;  mais  enfin,  vous 
«  "les  ivez  prononcées  ces  paroles  faites  pour  inspirer  de  la 
«  déHance  et  de  la  haine,  pour  semer  le  trouble  et  la  discorde, 
«  pour  armer  vos  paroissiens  les  uns  contnî  les  autres,  vous 
((  leur  guide  et  leur  pasteur.  Le  mal  est  fait  ;  il  ne  vous 
«  reste,  Monsieur,  pour  en  arrêter  les  suiteg,  d'autres 
«  moyens  que  de  faire  une  réparation  aussi  authentique  que 
tt  l'injure;  nous  Texigeonsde  vous,  en  vous  annonçant  que,  si 
«  vous  nous  refusez,  nous  saurons  vous  y  contraindre  ;  mal- 
«  heur  à  vous  si,  retenu  par  une  mauvaise  honte,  vous 
«  craignez  de  désavouer  un  emportement  aussi  criminel  que 
«  celui  auquel  vous  vous  être  livré.  Un  prêtre  qui  a  pu  s'en 
«  rendre  coupable  doit  tout  sacrifier  à  son  repentir.  Vous 
«  avez  dit,  Monsieur,  et  c'est  au  milieu  d'un  temple  consacré 
«  par  la  présence  de  l'Etre  suprême,  que,  (vous  avez  osé  le 
«  dire)  vous  refuseriez  les  sacrements,  la  nuit,  sil'ofïlcier  ne 
«  répondait  pas  de  votre  vie.  Si  réellement  vous  avez  craint 
«  pour  vos  jours,  lorsque  vous  n'aviez  à  vous  occuper  que  du 


SON  JOURNAL  ET  SES  NOTKS  25? 

<c  salut  des  &mes,  et  à  remplir  les  fonctions  les  plus  augustes, 
a  les  plus  saintes,  les  plus  utiles  de  votre  ministère,  vous 
«  n'êtes  pas  digne  d*en  être  chargé  Si  vous  avez  feint  de 
«  craindre,  c'était  pour  vouer  vos  braves  militaires  à  la  haine 
«  publique  ;  quel  démon  a  pu  vous  inspirer  une  intention 
«  aussi  perfide  ? 

«  Nous  avons  Thonneur  d*ôtre,  Monsieur,  vos  très  humbles 
c<  et  très  obéissants  serviteurs,  les  officiers  municipaux  et 

«  membres  du  comité.  Signé  :   De  Kervéûan,  Gallon 

a  etc..  » 

A  la  récepMon  de  cette  lettre  menaçante,  M.  Laine  ne  se 
tint  pas  pour  battu.  En  réponse,  il  rédigea  deux  rapports 
extrêmement  longs  et  détaillés  pour  se  justifier,  et  surtout 
pour  attaquer  à  son  tour  les  abus  et  les  désordres  publics 
qu'il  avait,  une  première  fois,  dénoncés  courageusement  en 
\  chaire. 

«  A  Monsieur  le  Maire  de  ville,  et,  en  cas  d*absence,  à 
Messieurs  du  comité  de  Nantes, 

«  Messieurs,  le  choix  que  mes  accusateurs  ont  fait  de  vous 
pour  statuer  sur  ma  conduite  dans  le  gouvernement  de  ma 
paroisse^  et  notamment  depuis  l'établissement  de  la  milice 
nationale  formée  en  Saint-Julien,  me  fait  croire  qu'ils  me 
sont  encore  dévoués,  quoique  leurs  démarches  disent  le 
contraire.  Vous  êtes  des  juges  de  paix,  cette  paix  ils  la 
cherchent  puisqu'ils  vous  ont  consultés  et  me  citent  à  votre 
tribunal  ;  je  Tai  toujours  désirée,  je  n'ai  cessé  de  la  prêcher, 
je  l*achèterai  au  prix  du  plus  grand  sacrifice,  mon  ministère 

mêla  commande,  je  n'ambitionne  rien  davantage Vous 

avez  vu  avec  douleur,  dites-vous,  que  je  me  suis  oublié 
jusqu'au  point  de  proférer  des  propos  atroces  qui  inculpent 
un  corps  respectable...  et  moi,  je  vois  avec  une  plus  grande 
douleur  et  surprise,  que  vous  m'écriviez  de  la  sorte,  sans 
autre  instruction  que  celle  qui  provient  d'une  délation  calom- 
nieuse... Il  est  beau  de  vous  voir  condamner  un  accusé  sans 
lui  donner  le  temps  ni  la  facilité  de  se  disculper!...  Aucun 


/ 


258  MBSStRB  JEAN   LAINE 

tribunal  n'agit  de  la  sorte...  Quoi  qu'il  en  soit,  je  vous  prie  de 
lire  les  présentes,  elles  vous  instruiront  parfaitement  de  tout. 
M.  Heulin  de  la  Martinaye,  ancien  membre  de  votre  comité, 
que  je  viens  de  consulter  à  ce  sujet,  vous  fera,  lors  de  son 
retour  à  Nantes,  le  portrait  de  ceux  qui  m'ont  noirci  à  vos 
yeux.  Il  vous  dira  que  je  suis  le  quatrième  recteur  poursuivi 
par  ses  paroissiens,il  vous  fera  Tanalyse  de  l'afifaire  présente  ; 
il  en  est  si  instruit,  qu*il  m*a  assuré  qu*il  ne  pourrait  rien 
m'en  arriver  de  fâcheux,  qu'il  la  prenait  pour  son  compte,  en 
ajoutant  qu'il  serait  à  souhaiter  que  tous  les  recteurs  eussent 
agi  et  parlé  de  la  sorte...  La  faute  que  vous  me  reprochez  par 
votre  lettre  du  25,  décachetée  au  comité  de  Saint-Julien  le  27, 
lue  à  la  foire  et  dans  les  auberges  de  La  Chapelle  le  28,  c'est 
d'avoir  dit  en  chaire,  que  je  refuserais  les  sacrements,  la  nuit, 
aux  malades,  si  l'officier  de  paix  ne  répondait  de  ma  vie. 
Exactement  voici  ce  j'ai  dit  :  Je  ne  sortirai  de  chez  moi  pour 
aller  aux  malades,  que.  quand  l'officier  de  garde  répondra  de 
ma  vie.  Ai-je  euraison  de  m'exprimer  delà  sorte  et  sans 
emportement  ?  Il  suffit  pour  cela  de  connaître  toutes  tes  scènes 
que  je  vous  rapporte  avec  vérité,  et  autres  que  je  supprime, 
et  que  je  rapporterai,  s'il  est  nécessaire...  » 

Et  ici  le  recteur  accusé  dévoile  un  grand  nombre  d'actes 
de  violence  faits  aux  personnes  par  la  prétendue  milice,  et 
particulièrement  par  les  gardes  de  nuit,  tous  faits  causés  par 
l'inconduite  et  l'ivrognerie.  Le  comique  se  môle  au  tragique  : 

«  Un  journalier  parait  au  corps  de  garde  sans  cocarde  et 
en  sabots.  De  ce  chef  il  est  insulté  par  son  lieutenant  qui  l'ac- 
cable de  propos  malhonnêtes,  et  lui  donne  un  soufflet.  Le 
malheureux  garde  court  chez  lui  chercher  sa  cocarde  et  ses 
souliers,  et  ainsi  accoutré  revient  à  son  poste  et  rend  à  son 
lieutenant  ce  qu'il  en  avait  reçu,  ses  injures  et  son  soufflet. 
Une  rixe  très  vive  s'élève  entre  les  deux  champions.  La 
femme  du  journalier  accourt  au  secours  de  son  mari  qu'ua 
autre  soldat  allait  percer  de  sa  pique.  Son  état  do  grossesse 
n'est  p^s  respecté  ;  le  lieutenant  lui  décharge  des  coups  de 


SON  JOURNAL  ET  8BS  NOTBS  259 

poing  dans  la  poitrine  et  un  autre  fusillier  l'entraîne  cou- 
verte de  sang.  L*enfant  qu'elle  mit  au  monde  mourut  au 
bout  de  treize  jours....  Tous  ces  faits  sont  attestés  par  des 
témoins  nombreux  et  irréprochables.  On  fait  violence  aux 
pauvres  gens  en  les  arrachant  à  leurs  travaux,  on  les  force 
d'abandonner  leurs  maisons  et  leurs  moissons,  leurs  femmes 
et  leurs  enfants,  pour  aller  monter  la  garde  ;  ou  bien  il  faut 
qu'ils  se  fassent  remplacer  à  prix  d'argent.  On  arrête  et  traite 
indignement  les  honnêtes  gens,  eussent-ils  leurs  papiers 
les  plus  en  règle.  On  achète  des  grains  qu'on  revend  plus 
cher.  Le  corps  de  garde  regorge  de  boissons  que  les  sen- 
tinelles absorbent  à  qui  mieux  mieux,  etc.  etc....  Il  est  dans 
cette  milice  des  gens  capables  de  tremper  leurs  mains  dans 
le  sang  de  leurs  frères  d. 

Ces  actes  et  tous  ceux  que  nous  passons  sous  silence 
étaient  bien  de  nature  à  justifier  de  la  part  du  recteur  une 
intervention  et  une  sévère  admonestation.  Et  comme  on  lui 
reproqhait  «  ces  sorties  faites  du  haut  de  la  chaire,  lors  de 
la  lecture  de  la  lettre  du  Roi  et  mandement  de  Monseigneur 
révêque,  »  il  répète  à  ses  juges,  en  douze  paragraphes,  les 
plaintes  et  les  recommandations  qu'il  a  adressées  à  ses  pa- 
roissiens, particulièrement  :  «  que  je  voyais  des  coupables  et 
que  ces  coupables  me  voyaient  ;  que  celui  qui  a  des  oreilles, 
qu'il  écoute  ;  que  plusieurs  officiers,  chargés  de  famille,  dé- 
pensaient, à  leur  garde  nocturne,  jusqu'à  six  livres  d'argent 
dont  leurs  enfants  auraient  grand  besoin  ;  que  des  domes- 
tiques, la  garde  montée,  au  lieu  d'aller  au  travail,  restaient  à 
boire  avec  leurs  officiers,  s'enivraient  et  ne  reparaissaient 
chez  leurs  maîtres  qu'à  10  ou  il  heures,  qu'ils  volaient  ainsi 

leurs  maîtres ;  que  personne  n'était  exempt,  cette  année, 

de  payer  les  redevances  aux  seigneurs,  que  les  aubergistes  et 
les  cabare tiers  étaient  tenus  de  régler  leurs  comptes  avec  les 
employés  des  devoirs  à  raison  de  leurs  débits. ...  ;  enfin,  je 
recommandai,  en  finissant,  aux  officiers,  de  parler  et  d'agir 
avec  douceur,  bonté  et  humanité  envers  leurs  soldats  :  et  en 


i 


* 


260  MKSIRIC  JBAN   LAlNÉ 

particulier  aux  soldats  d'obéir  à  leurs  offlciers  avec  la  plus 
grande  soumission,  afln  que  l'union,  paix,  concorde  et  intel- 
ligence régnent  en  le  dit  corps  de  milice.  Telles  sont,  Mes- 
sieurs, mes  sorties.  Plusieurs  membres  présents  ne  pouvaient 
s'empêcher  de  les  approuver  d'un  signe  de  tète  ;  et,  à  l'issue 
de  la  grand'messeetdans  la  soirée^  déclaraient  que  j'avais  eu 
raison  de  les  faire*  •  • .  Le  30  septembre,  le  major  et  le  capi- 
taine de  la  milice  vinrent  ici  me  sommer  de  leur  nommer  les 
coupables  que  j'avais  eus  en  vue,  pour  qu'ils  fussent  punis. 
Je  leur  répondis  que  je  n'étais  comptable  de  ma  conduite 
qu'à  Dieuet  àmon  évéque,  et  que  je  n'avais  jamais  joué  le 

rôle  de  délateur  contre  mes  paroissiens Si  vous  aviez 

veillé  sur  votre  troupe,  Messieurs,  vous  ne  me  feriez  pas  une 
telle  demande,  à  moi  qui, depuis  plus  d'un  mois,  n*aipu  sortir. 
—  Vous  avez  attaqué  tout  le  corps,  me  dirent-ils  f  —  Je  re- 
partis :  Si  vous  eussiez  assisté  à  notre  messe  dominicale,  vous 
n'ignoreriez  pas  ce  que  j'ai  dit  ;  mais  vous  vous  en  rapportez 
à  des  gens  ignorants  et  calomniateurs  qui,  pour  vous  faire  la 
cour,  vous  ont  fait  des  narrations  bien  contraires  à  la  vérité. 
Pour  vous  prouver  que  je  n'ai  point  attaqué  tout  le  corps^ 
j'ai  recommandé  qu'au  cas  où  des  vagabonds  ou  autres  gens 
suspects  paraîtraient,  il  fallait  venir  au  bourg  chercher  des 
secours,  et  que  si  MM.  les  officiers  étaient  absents,  j'irais 
moi-même  conduire  les  soldats  au  lieu  où  il  serait  besoin. 
Concluez,  Messieurs^  si  j'avais  attaqué  tout  le  corps  de  la 
milice,  me  garderai-je  bien  de  paraître  à  sa  tête Main- 
tenant, Messieurs  ;  je  me  soumets  à  vos  décisions^  seulement 
vous  saurez  qu'un  certain  nombre  d'officiers  de  la  dite  milice 
ont  refusé  de  signer  contre  leur  recteur,  et  que  depuis  lors, 
ils  ne  sont  plus  appelés  aux  assemblées,  et  qu'ils  sont  sans 
doute  rayés  de  leur  grade.  Fasse  le  ciel  que  mes  paroissiens 
(je  les  estime  tels,  quoi  qu'ils  fassent  pour  me  molester) 
lèvent  le  bandeau  qui  leur  cache  les  vues  de  leur  pasteur, 
vues  de  concorde  et  d'union,  qu'ils  méditent  la  lettre  du  Roi 
et  le  mandement  de  leur  premier  pasteur,  qu'ils  écoutent  la 


SON    JOURNAL  ET   SBS  NOTES  261 

voix  de  leur  conscience,  ils  me  rendront  justice  et  m'aide- 
ront à  mettre  enfin  le  bon  ordre  dans  ma  paroisse.  » 

Cette  défense  énergique  fut  portée  à  Nantes  par  le  domes- 
tique du  recteur  :  et,  le  3  novembre,  après  le  retour  de  son 
fidèle  commissionnaire^  M.  Laine  adressa  au  comité  une 
nouvelle  lettre   dont  nous   publions  les  extraits  suivants: 

«  Messieurs,  samedi  soir,  lors  de  l'arrivée  de  mon  domes- 
tique, qui  a  été  heureux  de  vous  présenter,  la  veille,  deux 
lettres  pour  me  disculper  de  l'accusation  portée  contre  moi, 
je  formai  le  projet  de  paraître  hier  devant  vous,  pour  vous 
prouver  mon  innocence  et  confondre  mes  calomniateurs; 
mais  une  nouvelle  loi  fut  promulguée  ici  par  un  officier, 
vers  les  quatre  heures  et  demie  du  soir,  qui  défendait,  au 
nom  du  comité,  à  toute  personne  de  sortir  du  bourg,  et  de 
louer  des  chevaux,  pendant  vingt-quatre  heures,  sans  la  per- 
mission du  major,lequel  sans  doute  voulait  dépêcher  vers  vous 
avant  que  ma  présente  vous  parvînt.  Si  vous  jugez  à  propos 
que  je  fasse  le  voyage  de  Nantes,  vous  me  le  ferez  savoir. 
Je  ne  craindrai  pas,  Messieurs,  de  vous  assurer  en  plein 
comité  que,  le  27  septembre,  j'ai  fait  mon  devoir  et  rempli 
les  fonctions  de  mon  ministère —  Mes  paroissiens,  à  la 
majorité,  sont  témoins  des  sorties  que  j'ai  faites,  ils  s'en 
souviennent  bien,  et  assurent  que  je  n'ai  blessé  que  ceux 
qui  étaient  coupables  ;  d'ailleurs, mes  paroissiens  sont  actuel- 
lement tous  soldats,  en  qualité  de  recteur  et  d'aumônier,  j'ai 
droit  de  les  reprendre  et  de  les  corriger  de  leurs  fautes,  de 
la  manière  dont  se  sert  un  aumônier  de  régiment  de  troupes 
réglées:  j'ai  le  même  droit  que  lui  sans  craindre  vos  pour- 
suites. Les  trois  membres  du  comité  de  ce  bourg,  lors  de 
leur  conférence  avec  vous,  ont  surpris  et  trompé  votre  reli- 
gion, et  vous  ont  fait  un  rapport  infidèle  des  faits  qui  se  sont 
passés  depuis  l'origine  de  la  garde.  Non,  je  ne  me  suis  em- 
porté le  27  septembre,  mais  je  ne  nierai  avoir  élevé  la  voix 
et  avoir  parlé  avec  véhémence  et  zèle.  Les  abus,  les  indécen- 
ces, les  injustices  les  cruautés  commises  m'y  forçaient....  Le 

TOME    XVI  —    NOTICES  XVl*  ANNÉE,  7«-8*'  UV.  19 


262  MBSSIRE  JBAN    LAINE 

bruit  se  répand  ici  que  voua  devez  envoyer  des  fusiliers 
pour  me  conduira  devant  vous;  si  vous  voulez  leur  exempter 
cette  course, vous  pourrez  me  marquer  de  me  rendre,  et  aussi- 
tôt j*Qbéicai  le  jour  désigné  :  J'ai  l*honneur...  etc..  » 

J.  Saint-Fort  Rondklou, 
(A  suivre),  prêtre. 


LES   CAPUCINS    DU    CROISIC 

PENDANT  LA  RÉVOLUTION 

(Smle)' 

SECONDE    PARTIE 

Sort  des  Religieux    après  l'évacuation  du  couvent. 


CHAPITRE  III.  - 

Déportation  des  rkligikux  en  Portugal.  —  Les  noyades  de 
Carrier.  —  Sort  des  survivants  lors  du  rétablisbeuent 

DU  CULTK. 

Une  loi  du  26  août  1792  édicta  dans  son  article  7  que 
«  chaque  prêtre  ou  religieux  devait  demander  un  passe-port 
pour  le  pays  éieftngc.r  choisi  par  lui,  et  si,  dans  un  délai 
de  quinzaine  à  partir  de  la  promulgation  dans  son  dé- 
partement, il  n'avait  pas  franchi  la  frontière,  il  serait  appré- 
hendé, emprisonné  et  plus  tard  dirigé  sur  la  Guyane  *.  Seuls, 
les  sexagénaires  el  les  inllrmes  pouvaient  rester  en  France 
où  ils  seraient  entermés  dans  des  prisons  désignées  à  ce 
efTelV 

'Voir  ta  lUrkiion  da  mai-join  ISOO. 
*  Lallié.  op.  cit..  1.  p.  119. 


2d4  LES   CAPUCINS  DU   GROISIG 

Le  6  septembre,  la  municipalité,  le  district  et  le  départe- 
ment, réunis  en  une  assemblée  pléniëre,  décidèrent  de  faire 
notifler  cette  loi  aux  intéressés  qui  auraient  un  délai  de  vingt- 
quatre  heures  pour  prendre  parti.  I/a  no tiflcaiion  eut  lieu  le  7, 
et,  le  8,  les  prêtres  et  religieux  passèrent  les  déclarations 
exigées  par  la  loi.  Quatre-vingt-dix-sept  demandèrent  à  être 
déportés  en  Espagne  ou  en  Portugal,  et  soixante-six  sexagé- 
naires ou  infirmes  demandèrent  à  rester  en  France. 

On  trouve  aux  archives  départementales*  trois  procès- 
verbaux  des  déclarations  faites  par  les  prêtres  et  religieux 
enfermés  dans  les  prisons.  Les  voici  dans  leurs  parties  qui 
concernent  les  religieux  capucins  du  Croisic  :  ' 

a  Déclaration  des  prêtres,  cy-devant  reliKieux  et  autres  ecclésias- 
tiques non  assermentés  détenus  au  Château  de  Nantes,  reçue  par 
nous  Jullien  Gaudin  et  Godebert,  officiers  municipaux  de  la  com- 
/inune  de  Nantes,  commissaires  nommés  &  cet  effet  par  le  conseil  gé- 
néral. 

L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  douze,  le  IV«  de  la  liberté  et  le 
I**"  de  régalité,  le  huit  septembre,  sont  comparus  : 

I 

11.  —  GuâaiN,  René,  âgé  de  80  ans,  né ^  cy-dev^  Basse  Bre- 
tagne, capucin,  désire  rester.  —  René  Ouégin  Kbrmorvan. 

31.  —  AuFFRAY,  Jean,  &gé  de  39  ans,  né  à  Plaintel,  district  de  S*- 
Brieux,  cy-devV  capucin  du  Croisic,  désire  aller  en  Portugal.  — 
Jean  Auffray. 

41.  _  Gaudin,  Pierre,  âgé  de  56  ans,  né  à  S^-Brandan»  district  de 
S*  Brleux,  cy-dev«  capucin  du  Croisit,  désire  aller  en  Portugal.  — 
P«  Gaudin. 

43.  —  PiCH\RD,  François,  âgé  de  24  ans,  né  à  S^-Min  district  de 
Montfort,  cy-dev*  capucin  du  Croisit,  désire  aller  en  Espagne.  --  F. 

PiCHARD. 

44.  _  Stevin,  Pierre,  âgé  de  67  ans,  né  à  Darsa  (Arzal),  district 
de  Vanne,  cy-dev*  capucin  du  Croisit,  désire  rester  suiv'  la  loy.  — 
Pierre  Stb\ten. 

*  Arch.  dép.  L.  4. 

*  Nom  indiqnoni  les  numéros  d*ordre  des  déclarations  comme  aux  procèt- 
verbaux . 

3  Le  nom  du  lieu  de  naissance  est  illisible. 


PENDANT  LA   Wlf^VOLUTlON  265 

47.  —  Labrbny,  François  Antoine,  âgé  de  bi  ans,  né  à  Vannes, 
cy-dev'  capucin  du  Croisit  (frère)  désire  aller  en  Portugal.  —  La- 

BRBLY^ 

58.  —  Hbrtpb,  Michel-François,  &gé  de  60  ans  du  E4  aoust  d**"  né  à 
Guémené^  district  de  Vannes,  cy^ev^  capucin  du  Croisit,  désire 
rester  suiv'  la  loy.  —  Michel  François  Hbrpb. 


Il 


11.^  Bbrranger,  Cl^irleS}  âgé  de56ans»néàS^  Donatien,  ci-devant 
religieux  capucin,  déclare  vouloir  aller  en  Portugal  et  n'a  signé  dé- 
clarant ne  le  sçavoir. 

24.—  Fraboulâ,  Noôl-Yves,  âgé  de  41  ans,  né  à  Merléac,  district  de 
Quimper,  ci  devant  religieux  capucin,  déclare  vouloir  aller  en  Portu- 
gal et  signe.  —  Fraboulet. 

36.—  Taïiguy.  Vincent  ftgé  de  44 ans,  né  à  Garnac,  district  d'Âuray, 
ci-devant  religieux  capucin  du  Groisic,  déclare  vouloir  aller  en  Por- 
tugal et  signe.  —  Vincent  Tanguy. 

46.  —  Lbgrand  René,  Jpi^,  kgé  de  67  ans,  né  à  Rhedon,  çi-devant 
religicyuix  capucin,  déclare  vouloir  rester  à  Nantes  et  signe. —  René- 
Joseph  Lbgrand. 

48.  —  Tourbcbl  Charles,  âgé  de  56  ans,  ci-devant  religieux  capucin 
du  Groisic,  déclare  vouloir  se  rendre  en  Portugal  et  signe.  —  F. 
Tourmbl,  cap. 

m 

3.—  Bêzard,  Jacques,  Louis^&gé  de  51  ans,  natif  de  Mamers  ci-dev^, 
capucin  prôtre  de  la  communauté  du  Croisic.  déclare  qu'il  veut  aller 
en  Portugal.  —  Bézard.  » 

Gomme  on  peut  le  voir  par  les  déclarations  ci-dessus,  sur 
les  treize  capucins  renfermés  dans  les  prisons  de  Nantes, 
quatre  demandèrent^  à  cause  de  leur  âge,  à  rester  en  France 
conformément  aux  dispositions  de  la  loi;  les  autres,  sauj 

^  Ce  religieux  avait  d*abord  signé  de  feon  nom  de  religion  :  «  Frère  Gabriel- 
Ange  cap.  »  ;  mais  cette  signature  est  raturée  :  elle  était  sans  doute  illégale 
aux  jeux    des  commissaires. 


266  LBS   CAPUCINS    DU    CROISIC 

Richard,  qui  désigna  l'Espagne,  déclarèrent  vouloir  se 
rendre  en  Portugal, 

,  Il  peut  sembler  étrange  qu'alors  que  tous  les  autres  ecclé- 
siastiques ou  religieux  choisirent  l'Espagne  comme  lieu  de 
déportation,  les  capucins  seuls  demandèrent  à  être  exilés  en 
Portugal.  Nous  croyons  en  avoir  trouvé  le  motif. 

Les  capucins  de  la  province  de  Bretagne  possédaient  jadis 
un  couvent  à  Lisbonne  à  cause  des  missions  qu'ils  desser- 
vaient au  Brésil  :  c'était  de  ce  couvent  que  s'embarquaient 
leurs  missionnaires. 

Le  père  Balthasar  de  Bellesme,  dans  le  curieux  manuscrit 
dont  nous  avons  déjà  parlé,*  classe  le  couvent  de  Lisbonne 
parmi  ceux  de  la  province  de  Bretagne': 

«  Noms  des  missions  estrangères  et  à  quelles  provinces 
elles  sont  assignées 

....  A  la  province  de  Bretagne. 

....  Pernambourg  au  Brésil. 

Ly abonne  en  Portugal  pour  le  passage  au  Brésil.  » 

Il  est  fort  probable  qu'au  moment  de  la  Révolution,  ce 
couvent  devait  encore  exister  et,  s'il  ne  dépendait  plus  de  la 
province  de  Bretagne  (ce  que  nous  ignorons),  il  est  certain 
que  les  capucins  bretons  avaient  conservé  avec  ceux  de 
Lisbonne  de  nombreuses  relations.  Aussi,  en  demandant  à 
se  retirer  en  Portugal,  les  religieux  nantais  espéraient 
pouvoir  dans  le  couvent  de  Lisbonne  continuer  à  vivre  selon 
les  règles  de  leur  ordre. 

Un  document  postérieur  à  la  Révolution  vient  confirmer 
cette  hypothèse  :  c'est  la  déclaration  faite  en  1825  par  un 
capucin  au  commissaire  de  police  de  Nantes  que  «  pendant 
la  Révolution,  il  était  réfugié  à  Lisbonne...  et  qu'il  était 
venu  à  Nantes  dans  l'espoir  d'y  trouver  un  navire  où  il  eût 
pu  s'embarquer  pour  retourner  à  Lisbonne  où  son  intention 


'  Bibliothèque  publique  de  Rennes,  mes.  n*  27b. 

*  W*  121  recto.  —  Voir  aussi  iichimatismus,  1893,  p.  39. 


PJCNDANT  LA    KÉVOLUTION  267 

est»  a-t-i!  dit^  de  terminer  sa  carrière  tfan^  une  communauté 
de  son  ordre,  qui  a  toujours  été  un  azile  pour  les  religieux 
capucins  de  Vancienne  province  de  Bretagne,  »* 

*  Arch.  dèp.  V.  Cultes.  Persotifael,  Suipècu.  —  L«  oipQcin  en  <|ae8tion 
ét»it  l«  P.  Jean-Baptiftte  qui  appartenait  au  contitit  de  Saint-Serran  au 
moment  de  la  Révolution.  Voici  dans  quelles  cireonstancés  il  fut  amené  à 
faire  la  déclaration  dont  nous  parlons.  Cet  épisode  est  asSe2  curieux  pour 
ttoover  sa  place  dans  ce  trA^àil,  bien  qu'en  dehors  de  notre  sujet. 

Ce  digne  religieux  avait  profité  dé  la  protection  que  TBtat  accordait  \  la 
religion  catholique  pour  revenir  en  France  et  revoir  son  pays  et  sa  famille 
avant  de  mourir.  Après  avoir  eu  cette  satisfaction,  il  s'apprêtait  à  retourner 
en  Portugal  et  était  venu  à  Nantes  pour  y  trouver  un  navire  en  partance 
pour  ce  pays  ;  mais  il  avait  fait  vosu  de  vivre  et  mourir  sous  la  robe  de 
bure  de  saint  François  et  la  vue  d*nn  capucin  dans  lés  rues  de  Nant^f  émut 
le  journal  libéral  de  la  ville,  VAmi  de  la  Charte.  Dans  son  numéro  du 
vendredi  17  juin  1825,  M.  Victor  Mangin  fils  y  écrivait: 

c  Nous  avons  vu,  il  y  a  environ  quinze  jours,  un  moine  de  Tespèce.dite 
eapucins  :  cet  individu  »e  promenait  dsns  noé  rues  et  sur  nos  quais  dans 
son  grand  costume,  c'est-k-dire  avec  ses  sandales,  sa  robe  et  son  capuchon  ; 
il  avait  de  plus  les  pieds  nus  et  fort  sales.  Plusieurs  personnes  le  regardaient 
avec  curiosité,  d'autres  avec  inquiétude,  et  le  plus  grand  nombre  n'y  faisaient 
aucune  attention.  La  curiosité  était  bien  natuielle  chez  ceux  qui  jeunes 
encore  n'avaient  comme  moi  jamais  vu  de  capucins  qu'en  peinture,  à  moins 
que  cela  ne  soit  des  capucins  de  cartes;  l'inquiétude  était  tout  a  fait  dans 
l'ordre,  ceux  qui  ont  assez  vécu  pour  avoir  vu  les  divers  ordres  religieux  qui 
pullulaient  jadis  en  France  et  que  Ton  rétablit  aujourd'hcii  peu  à  peu  malgré 
les  lois  qui  les  proscrivent,  ces  derniers  savent  parfaitement  que  Vamour 
du  bien  public  est  ce  qui  dirige  ces  hommes  retirés  de  la  société  et  dont  le 
royaume  n'est  pas  de  ce  monde » 

Profitant  de  cette  occasion,  le  journaliste  continuait  en  parlant  de  «  la 
fortune  colossale  que  possèdent  déjà  les  Trappistes  de  la  Meilleraye,  dont  le 
pays  se  passerait  volontiers  »  ;  des  frères  de  SainWean  de  Dieu  •  qui  ont 
acquis  tout  ce  qui  constituait  autrefois  le  dépôt  de  mendicité  a  Saint- 
Jacques  »,  etc..  etc.*  et  il  concluait  : 

«  Tournons  un  instant  nos  regards  sur  la  malheureuse  Espagne  :  le  roi  ne 
peut  avec  les  revenus  de  l'Btat  faire  face  à  aucune  dépense  ;  et  lit  pénurie 
où  se  trouvent  ses  finances  a  empêché  même  ce  monarque  de  monter  et 
compléter  son  armée.  Eh  bien  I  au  milieu  de  la  misère  publique,  l^s  moines 
jouissent  d'une  fortune  incommensurable  et  offrent  à  leur  souverain  d'ai*mer, 
d'équiper,  d'entretenir  et  de  solder  une  armée  de;  quatre  mille  hoinmes  I...I... 
Ce  fait,  mis  en  perspective  dans  le  tableau  de  ia  France  actuelle,  n'est  pàé 
d'une  maigre  importance,  c'est  un  trait  qui  devrait  éclairer  nos  hommes 
d'Etat  si  la  lumière  pouvait  pénétrer  les  épaisses  ténèbres  dont  le  plébicide  et 
régicide  jésuitisme  a  soin  de  les  entourer.  Fiat  lux  1  » 

Cet  accès  de  rage  anticléricale,  occasionné  par  la  vue  d'un  pstuvre  càpuciii, 
ne  fit  qu'augmenter  à  l'occasion  d'une  exposition  despiroduitsde  l'industrie, et 
des  arts  du  département  de  la  Loire-Inférieure  organisée  par  les  membres  les 
plus  influents  de  la  Société  académique.  Les  trappistes  y  prirent  part  :  <  Leè 


268  LES    CAPUCINS    DU    GR0I8IC 

Tous  les  religieux  capucins  de  la  province  de  Bretagne,  qui 
émigrèrent  en  Espagne  et  en  Portugal^  n^allèrent  pas  cepen- 
dant au  couvent  de  Lisbonne.  Ce  couvent  aurait  été  du  reste 

aoacUorètes  de  l'abbaye  de  la  Meilleraye  oot  fait  déposer  à  la  Halle  divers 
articles  et  notamment  du  cuir  tanné....  >  Aussi  fAmi  de  la  Charte  demande- 
t-il  de  plus  en  plus  au  gouvernement  de  faire  la  lumière  (Voir  n^*  des  19, 
S3  juin,  H  et  13  juillet  1826).  Fiat  lux  : 

lé9  Journal  de  Nantes  et  di  Ijl  Loire^ Inférieure  s'efforça  de  calmer  son 
confcèce  et  dans  son  numéro  du  mercredi  22  juin  1825  il  s'exprime  ainsi  à. 
propos  de  notre  capucin  : 

«  No'is  allons  t&cher  de  le  tranquilliser,  et  si  nous  ne  parvenons  pas  à  oal- 
mt^r  les  inquiétudes  de  son  es;)rit  fantastique,  nous  tâcherons  du  moins,  en 
substituant  Triistorique  au  romantique,  d'empêcher  que  sa  peur  ne  devienne 
contagieuse,  et  ne  trouble  aussi  Timagination  et  les  yeux  de  ceux  qui  ponr^ 
raient  regarder  son  portrait,  sans  songer  aux  capucins  de  cartes,  dont  il 
nous  a  entretenus  l'autre  jour. 

»  Mais  que  parlons-nous  de  capucins  de  cartes  ?...  Il  s'agit  d'un  vrai  capucin 
qui  a  parcouru  les  rues  de  Nantes  :  il  avait  une  longue  barbe,  une  robe  à 
capachon,  des  sandales  et  les  pie.ls  fort  sales  ! 

B  Sans  doute,  en  voilà  bien  assez  pour  effrayer  les  petits  enfants  qui.  comme 
M.  V.  M.,  n'ont  vu  jusqu'ici  que  des  capucins  de  cartes. 

»  Mais  que  notre  ami  se  rassure  ;  j'ai  pris  dès  informations  :  ce  vilain 
capucin  appartient  à  un  couvent  de  Lisbonne:  il  n'a  fait  que  passer  dans 
cette  cité,  et  nous  ferons  smlement  à  nos  magistrats  le  reproche  d'avoir 
étendu  les  lois  de  l'hospitalité. au  point  de  perm<^ttre  qu'il  se  présent&ti  Nantes, 
sans  couper  sa  barbe,  sans  prendre  dss  souliers  et  sans  jeter  son  froc  aux 
orties.  » 

Cet  article  ne  contenta  pas  VAmi  de  la  Cfiarte  qui  continua  sa  campa^rne. 
On  finit  pars'émouvoir  en  haut  lieu  et^  par  lettre  confidentielle  du  3  novembre, 
le  ministre  de  l'intérieur  demandait  au  préfet  c  des  renseignements  au  sujet 
des  assertions  contenues  dans  le  journal  libéral  de  Nantes,  intitulé  VAmi  de 
la  Charte  .  I^sur  l'apparition  k  Nantes  d'un  capucin  ;2*  sur  la  reconstruction 
de  nombreux  monastères  dans  le  département  de  la  Loire-Inférieure  ».  Le 
préfet  fit  faire  une  enquête  et  voici  la  lettre  que  lui  écrivit  le  commissaire 
de  police  èi  propos  de  notre  capucin  : 

c  Nantes  le  ^  novembre  182&.  —  M.  le  préfet,  —  J'ai  l'honneur  de  vous 
informer  que  le  capucin  signalé  dans  le  journal  dit  L'Arnt  de  laCharte  le  17 
juin  dernier  était  arrivé  à  Nantes  dans  les  premiers  jours  de  ce  dit  mois,  il 
y  est  resté  dix  jours  et  logeait  à  l'Hôtel-Oieu  chez  M.  Dagorne,  aumônier 
honorpire  de  cet  hôtel,  son  ami,  et  avec  lequel  il  a  fait  ses  études  à  Dinan, 
département  des  Côtes-du-Nord  ;  ce  religieux  est  français  ;  il  se  nomme  Hervé 
&gé  de  72  ans,  natif  de  Dinan  ;  il  résidait  avant  la  Révolution  à  Saint-Servan, 
(lile-et-Vilaine)  dans  le  couvent  de  l'ordre  des  capucins  sous  le  nom  de  R.  P. 
Jean-Baptiste  ;  penr'ant  la  Révolution,  il  était  réfugié  à  Lisbonne  et  n'est 
rentré  en  France  que  après  quelques  années  ;  il  demeure  chez  M^^*  Hervé,  sa 
sœur,  propriétaire  à  Languenan  (Côtes-du-Nord)  ;  il  était  venu  à  Nantes  dans 
l'espoir  d'y  trouver  un  navire  où  il  eût  pu  s'embarquer  pour  retourner  à 
Lisbonne  où   son  intention  est,  a-t-il   dit,  de  terminer  sa  carrière  dans  une 


PRNDANT  LA    RÉVOLUTION  269 

trop  petit  pour  les  contenir  tous.  Nous  savons  en  effet  que 
beaucoup  se  réfugièrent  soit  chez  des  particuliers,  soit  dans 
des  couvents  d'hommes  appartenant  à  d'autres  ordres*.  Mais 
nous  pouvons  bien  supposer  que  le  couvent  de  Lisbonne  en 
reçut  un  grand  nombre. 

Le  10  septembre,  à  5  heures  du  matin,  il  fut  procédé  à  l'ap- 
pel des  prisonniers  qui  devaient  être  déportés  et  à  la  distribu- 
tion de  leurs  passe-ports.  Le  soir  a  au  soleil  couchant  '>,  deux 
bateaux  les  emmenèrent  vers  PaimbœuP.  Par  ordre  de  l'ad- 
ministration les  capucins  avaient  dû  quitter  leur  costume  et 
couper  leur  barbe.  La  descente  de  la  Loire  fut  longue  et  pé- 
nible' et  ce  fut  le  13  au  soir  seulement  que  les  malheureux 
prêtres  et  religieux  arrivèrent  à  Paimbœuf,  où  ils  furent 
embarqués  sur  les  navires  qui  devaient  les  conduire  «n  exil. 
Le  lendemain,  le  chasse-msirée  Le  Télé maque  qmlisLii  le  port, 
emportant  vers  l'Espagne  trent-huit  prêtres  ou  religieux 
dont  les  neuf  capucins  qui  avaient  déclaré  vouloir  être  dé- 
portés en  Portugal*.  En  passant,  ils  purent  sans  doute  aper- 
cevoir au  loin  dans  la  brume  les  clochers  de  Balzet  du  Croi- 
sic  qui  leur  rappelaient  le  dernier  couvent  oii  ils  avaient 
mené  la  vie  religieuse  ! 

cominanauté  de  son  ordre,  qui  a  toujours  été  ua  azile  pour  les  religieux 
capucins  de  Tancienne  province  de  Bretagne. 

«On  m'aaussi  assuré, Monsieur  le  préfet, que,  pendant  son  séjour  h.  Nantes, 
on  lui  a  offert  la  place  d'aumônier  du  Sanitat  qu'il  a  refusé,  en  donnant  pour 
excase  qu'il  ne  renoncerait  jamais  k  quitter  ses  habits  religieux, 

«  Je  suis,  avec  profond  respect,  monsieur  le  préfet,  votre  très  humble  et  très 
obéissant  serviteur.' — Bouybr,   comi"'  de   police   » 

Le  méine  jour,  (T  novembrd,  le  préfet,  dans  une  lettre  confidentielle  : 
envoyait  ces  renseignements  au  ministère  de  l'intérieur,  division  de  la  police. 
En  ce  qui  concerne  les  congrégations,  il  traitait  les  articles  de  VAmi  de  la 
Charte  de  racontars  fantaisistes  et  donnait  ces  renseignements  précis  sur  les 
eervices  que  rendaient  les  congrégations  établies  à  Nantes.  (Voir  ces  pièces  : 
Arch.  dép.   V.  Cultes.  Personnel,  Suspects). 

*  Voir  notamment  pour  les  capucins  du  Finistère  :abbé  Pevron,  Dtj^ments 
pour  servir  à  l'histoire  du  clergé  et  des  communautés  religieuses  dans  le 
Finistère  pendant  la  Révolution^  II,   pp.  247,  2&0  et  2!)i. 

'  I^Uié.  Les  Neyades  de  Nantet,  p.  ïl\ , 

*  Voix  dans  Lallié,  op.  cit.^  I,  p.  302,  le  rapport  de  cette  expédition. 

*  C'étaient  Aufiray,Béranger,Bézard,  Pi aboulet,  Gaudin,  Labrely.  Pichard, 
Tanguy  et  Tourmel.  Voir  Arch.  dép.  L.,  i. 


270  LES   CAPUCINS   DU    CROISIC 

Le  20,  ils  débarquèrent  à  Bilbao. 

Deux  autres  capucins,  qui  ne  figurent  pas  sur  la  liste  des 
ecclésiastiques  détenus,  les  pères  Ambroise  du  Croisic(MarotJ 
et  Fortuné  d'Ancenis  f Vénard),  se  firent  délivrer  le  14  sep- 
tembre 1792  des  passe-  ports  pour  Saint- Sébastien  par  le 
navire  La  Ville  rff  Nantes  qui  partit  le  lendemain*. 

Nous  n'avons  pu  jusqu'à  présent  recueillir  aucun  rensei- 
gnement particulier  sur  le  séjour  de  nos  religieux  en  Portu- 
gal ou  en  Espagne.  Qu'ils  furent  accueillis  par  des  religieux 
de  leur  ordre  ou  d'un  ordre  différent  ou  môme  par  des  laïcs, 
ils  n'est  pas  douteux  que  partout  ils  rencontrèrent  la  même 
bienveillance  et  le  même  dévoûment.  Beaucoup  d'auteurs 
ont  rapporté  les  touchants  témoignages  d'estime  que  reçurent 
àTétranger  les  prêtres  français  que  la  Révolution  chassait  en 
foule  de  leur  malheureuse  patrie:  il  nous  est  donc  inutile 
d'insister  sur  des  généralités  qui  sont  connues  du  lecteur. 

Pendant  que  leurs  confrères  plus  jeunes  prenaient  le 
chemin  de  l'exil,  les  quatre  capucins  sexagénaires*  étaient, 

*  LaUié,  op.  cil. y  II,  V^*  Marot  ei  Vénard.  Voir  aussi  la  c  liste  des  prêtres 
insermentés  qui  ont  obtenu  des  passeports  »  dressée  le  8  Prairial  an  iU 
d'après  les  pièces  déposées  au  secrétariat  du  greûe  de  la  municipalité  de  Nantes. 
Arch.   dép.  L.   3. 

>  C'étaient  Guéguen  de  Kermorvan,  Herpe,  Legrand  et  Steven.  Nous  n'avons 
aucun  renseignement  sur  un  certain  père  Jerosme^  capucin,  qui  y  fut  en- 
fermé le  10  décembre  (LaUié.  op.  cit..  I,  p.  339)  :  ce  doit  être  U  môme  que 
«  Jean  Pelé  capucin  arpenteur  embarqué  le  7  janvier  !793  »  (Arch.  dép. 
L  4)  et  qui  avait  obtenu  un  passe-port  pour  Lisbonne  le  6  décembre  1792 
(Lallié,  op.  cit.,  II,  p  301.  Voir  aussi  :  P.  Flavien  Statistique,  p.  îl).  Jérôme 
devait  être  son  nom  de  religion,  Jean-Baptiste  son  prénom  et  Pelé  son  nom 
de  famille.  En  1785,  il  y  avait  au  couvent  de  la  Fosse  un  père  Jérôme  de 
Mayenne  fort  mêlé  aux  difÛcuhés  qu'il  y  eut  à  cette  époque  entre  ce  couvent 
et  Graslin.  Voici  dans  quels  teimes  celui-ci  sVxprime  sut*  le  compte  de  ce 
capucin  dans  une  lettre  à  rinlendaht  endatedu  'i7  novembre  1785  (Arch,  dép. 
C.  336)  :  «  Ce  grand  moine  si  parleur,  si  grossier  et  si  content  de  sa  capacité 
qu'on  appelle  le  père  Gérômey  est  un  véritable  énergumène....  Ne  pourriez, 
vous  pas,  Monsieur,  demander  au  ministre  un  ordre  pour  que  ce  père  Gérâme^ 
prédicateur  à  la  cathédraie  de  liantes, aoii  envoyé  dans  une  antre  province?..* 
L'éloignement  de  ce  prédicateur,  qui  est  atrabilaire  Jusqu'au  délire,  disposera 
peut-être  les  autres  et  le  père  gardien  lui-même,  qui  n'est  pas  un  méchaat 

homme»  à  entendre  raison »  D'autre  part,  dans  une  lettre  à  l'intendant 

en  date  du  18  décembre  1785  (Arch.  dép.  ibidem),  les  capucins  s'expriment 


PfSNDANT   LA   HÉVOLUTION  271 

dès  le  10  septembre,  transférés  avec  soixante-deux  autres 
ecclésiastiques,  du  Château  aux  Carmélites'.  Leur  détention 
dans  ce  couvent  fut  encore  plus  pénible  qu'au  Château  :  il 
n'y  avait  aucune  infirmerie,  bien  que  tous  fussent  vieux  et 
infirmes  ;  tous  les  objets  du  culte  leur  furentrelirés  et  ils  ne 
purent  malgré  leurs  réclamations  célébrer  la  messe,  si  ce 
n'est  en  cachette  avec  des  calices  délain  :  toute  communica- 
tion avec  le  dehors  leur  était  interdile  et  c'était  à  granti' 
peine  qu'ils  parvenaient  à  se  faire  payer  les  vingt-cinq  sous 
que  chacun  devait  toucher  chaque  jour  pour  sa  nourriture. 
Nous  renvoyons  à  l'ouvrage  si  complet  de  M.  Lallié  le  lec- 
teur qui  voudrait  avoir  des  détails  sur  ce  point*. 

Ce  fut  aux  Carmélites  que  la  mort  vint  délivrer  de  ses  souf- 
frances le  père  Dosithée  de  Guémené  (Herpe).  Le  vénérable 
religieux  mourut  le  5  mai  1793.  Voici  son  acte  de  décès,  tel 
qu'il  est  inscrit  sur  les  registres  de  l'état-civil  de  Nantes'  :    . 

«  Michel  François  Herpe,  ex-religieux,  cy-devant  capucin,  trouvé 
noyé  dans  le  puit  des  cy-devant  carmélites  de  Nantes. 

«  Le  cinq  mai  mil  sept  cent»  quatre-vingt-treize.  Tan  second  de 
la  république  française,  à  midy,  moi  Henry  Soulastre,  membre  du 
conseil  général  de  la  commune  de  Nantes,  département  de  la  Loire- 
Inffrieure,  élu  pour  constater  l'état  civil  des  citoyens,  j'ai  transcrit 
litéralement  le  procès-verbal  dont  la  teneur  suit  : 

«  L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  treize.  Tan  second  de  la  répu- 
blique française,  ce  jour  cinq  mai  huit  heures  du  matin . 

€  Devant  nous,  Joseph  Aimé  Debourgues,  juge  de  paix,  du  troisième 

ainsi:  ...  «  Il  ne  nous  restait  qu'une  seule  voie,  celle  de  trouver  parmi  nous 
un  religieux  en  état  de  retrouver  les  délornemens  et  les  justes  mesures  du 
terrain  de  notre  clôture  cédé  pour  la  confection  de  la  ri'ie  et  des  autres  objets 
inhérans.  Ce  même  religieux  a  levé  les  plans  actuels  de  M.  Qraslin  dans 
toutes  leurs  dimensions  et  les  a  rapprochés  le  plus  qu'il  lui  a  été  possible 
delà  vérité...  ».  Ce  religieux  ne  serait-il  pas  le  capucin  auquel  la  municipa- 
lité donnait  encore  en  1792  la  qualité  d'arpenteur  qui  étonne  au  premier 
moment  ? 

«  Lallié,  op.  cit.,  I.  p.  331 

>  Voir  Lallié,  op.  cit.  I.  p.   340  et  suivantes. 

»  Arch.  comm.  de  Nantes.  Etat  civil.  Actes  de  décès.  Registre  de  la  section 
de  Saint-Pierre  et  do  Saint-André,  plus  tard  de  Marat  et  des  Sans-culottts 
f*  \\>  verso. 


272  T.RS   CAPUCINS   DU   CROISIC 

canton  de  la  ville  de  Nantes,  en  cette  qualité  officier  de  police  de 
sûreté,  ayant  avec  nous  a  déffaut  de  greffier  de  cette  police  le  citoien 
Jean  Baptiste  Auguste  Herbert,  greffier  de  notre  justice  de  paix. 

Bst  comparu  le  citoien  André  Fresneau  dit  Dufresne,  concierge  de 
la  maison  des  cy-devant  carmélites  de  cette  ville,  lequel  a  dit:  Il  a 
apprid  ce  matin,  que  dans  la  nuit  dernière,  le  nommé  Michel  Fran- 
çois Herpe,  ex-religieux  capucin^  l'un  des  ecclésiastiques  détenus 
en  cette  maison  comme  non  assermentés  s'étoit  précipité  dans  le  puit 
de  ladite  maison,  où  il  s  étoit  noie,  qu'il  a  aussitôt  vérifié  le  fait, 
et  a  fait  retirer  de  ce  puit  le  cadavre  dudit  Herpe  et  qu'il  requiert 
notre  transport  en  ladite  maison,  pour  y  faire  le  lief  de  ce  cadavre 
et  a  signé.  —  A.  Fresneau  Dufrbsnis. 

Duquel  réquisitoire,  nous,  juge  de  paix  susdit,  avons  décerné 
acte;  en  conséquence,  de  compagnie  du  requérant  et  de  notre 
greffier,  nous  nous  sommés  transportés  à  ladite  maison  oii  étant 
rendu  au  bord  du  puit  d^icelle,  nous  y  avons  apperçu  un  cadavre, 
vôtu  dans  les  habits  de  capucin,  que  ledit  Dufï*esne  nous  a  déclaré 
être  celui  dont  il  s^agit  et  pour  en  faire  la  visite,  nous  avons  mandé 
le  citoyen  Allain  Bisson,  chirurgien  en  cette  ville,  y  demeurant 
Basse  rue  du  ch&teau,  paroisse  de  Saint  Pierre,  lequel  étant  venu, 
nous  lui  avons  annoncé  le  sujet  de  sa  commission  et  avons  pris  son 
serment  de  s*y  bien  et  fidèlement  comporter,  ce  qu*il  a  promis  et 
juré  la  main  droite  levée  Ledit  Bisson  ayant  ensuite  procédé  à  la 
visite  dudit  cadavre,  nous  a  rapporté  qu'il  n'y  voioit  d  autre  cause  de 
mort  que  l'immersion.  C'est  son  rapport  qu'il  a  affirmé  véritable  et 
a  signé  :  Bisson. 

De  tout  quoi  nous  avons  rapporté  le  présent  procès-ver\)al  pour 
valoir  et  servir  ce  que  de  raison.  Arrêté  sous  seing  dudit  Fresneau, 
celui  dudit  greffier  et  le  nôtre.  Ainsi  signé  :  A.  Fresneau  Dufrbsnb, 
Herbert  et  Debourgue.  —  Soulaste.  » 

Delà  lecture  de  ce  procès-verbal,  il  semblerait  résulter 
qu'Herpe  se  noya  volontairement  en  se  précipitant  dans  le 
puits  Nous  ne  pouvons  cependant  l'admettre  :  car  il  n'est  pas 
vraisemblable  qu'un  religieux  qui  supportait  avec  tant  de 
patience  et  de  résignation  toute  sorte  de  souffrances,  ait 
voulu,  à  moins  de  folie,  y  mettre  fin  par  un  suicide.  Il  vaut 
mieux  supposer  qu'il  y  tomba  par  accident  :  peut-être  aussi 
quelque  bon  patriote,  précurseur  de  Carrier,    Taida-t-il  à  s'y 


PENDANT   LA   RÉVOLUTION  273 

précipiter*.  Cette  mort  «  par  immersion  »  devait  être  un  triste 
présage  pour  ses  codétenus  ? 

Cependant,  Tadministration  eut  besoin  de  Tancien  couvent 
de  Carmélites  pour  y  loger  des  soldats  que  les  événements 
de  la  Vendée  amenaient  à  Nantes.  Aussi,  dans  la  nuit  du  5 
au  6  juillet,  les  prêtres  et  religieux  furent-ils  conduits  sur  la 
Thérèse,  navire  qui  était  en  rade,  au  devant  de  la  Sécherie  : 
On  ne  leur  laissa  pas  môme  le  temps  d'emporter  leurs  eiïets 
privatifs  et  ceux  que  plusieurs  habitants  de  la  ville  leur 
avaient  prêtés.  Quand  ils  les  réclamèrent,  ils  apprirent  que 
les  canonniers  logés  aux  Carmélites  les  avaient  volés  et  mis 
en  pièces  1  Le  7  juillet,  des  commissaires  vinrent  à  leur  tour 
les  dépouiller  de  quelques  vases  sacrés  en  étain  et  de 
quelques  vieux  ornements  qu'ils  avaient  cachés  pour  pouvoir 
célébrer  la  messes  Les  malheureux  étaient  i^W^meni  entassés 
dans  ce  navire  que,  par  la  grande  chaleur,  il  s'en  exhalait  des 
a  miasmes  putrides  et  pestilentielles  ».  Aussi,  dans  un  inté- 
rêt d'hygiène  publique,  leur  transfert  à  Tancien  couvent  des 
Capucins  de  TErmitage,  fut-il  décidé  :  le  19  juillet,  quinze  des 
plus  vieux  et  des  plus  malades  y  furent  conduits  :  les  autres 
allèrent  les  y  rejoindre  le 7  août. 

Seul  des  trois  capucins  qui  étaient  encore  détenus, Guéguen 
de  Kermorvan  alla  sur  la  Thérèse^  et  nous  supposons  qu'il 
fut,  à  cause  de  son  grand  âge  (il  avait  plus  de  quatre-vingts 
ans),  transféré  aux  Petits-Capucins,  dès  le  19  juillet.  Quant 
à  Legrand  et  Steven.  ils  restèrent  aux  Carmélites  sans  doute 
pour  cause  de  maladie.  Leur  présence  au  milieu  des  soldats 
épouvanta  un  membre  de  la  municipalité.  «  Il  y  a,  aux  Car- 
mélites, dit^il  à  la  séance  du 26  juillet,  un  prêtre  etdeux  capu- 
cins qui  tiennent  les  propos  les  plus  inciviques  aux  soldats 

1  Cest  donc  à  tort  que  Cahour  (Essai  de  statistique  du  clergé  nantais 
tant  séculier  que  régulier  à  Vépoque  de  la  Révolution  française^  p.  49)  et 
Tresvaax  (Histoire  de  la  persécution  révolutionnaire  en  Bretagne,  nouvelle 
édition,  U,  p.  &28)  porte  Herpe  sur  la  liste  des  prêtres  noyés  dans  la  Loire 
par  ordre  de  Carrier.  11  mourut  bien  noyé,  mais  dans  le  puits  des  Carmélites. 

>  Lallié,  op.  cit..  1.  p    319  et  s. 


274  LB8   CAPUCINS   DU    CROISIC 

casernes  dans  cette  maison^  »  N*étaieni-ce  pas  plutôt  les 
oreilles  des  pauvres  religieux  qui  étaient  scandalisées  par  les 
propos  blasphématoires  des  soldats  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  dès 
le  lendemain,  le  commissaire  de  police  se  présenta  aux  Car- 
mélites pour  en  faire  sortir  le  prêtre  et  les  deux  capucins.  Il 
arriva  trop  tard  pour  le  prêtre  qui  venait  de  s'évader  :  il  dut 
se  contenter  des  deux  religieux  quMl  conduisit  aux  Petits 
Capucins. 

Ce  dut  être  pour  nos  trois  capucins,  au  milieu  de  leurs 
soulTrances,  une  grande  consolation  de  se  trouver  dans  un 
ancien  couvent  de  leur  ordre.  Peut-être  même  purent-ils  jouir 
de  l'ancienne  chapelle  pour  y  dire  la  messe  ou  y  prier:  d'après 
un  procès-verbal  du  18  pluviôse  an  II  (ô  février  1794),  en 
elTel,  les  ornements, vases  sacrés  et  différents,  objets  du  culte 
n'en  furent  enlevés  qu'à  cette  dernière  date*.  La  situation  des 
détenus  était  cependant  des  plus  tristes.  Entassés  au  nombre 
de  plus  de  quatre-vingt-dix  dans  cette  maison  pouvant  conte- 
nir dix  religieux',  ils  occupaient  les  greniers  et  les  corridors, 
mal  vêtus,  mourant  presque  de  faim  avec  les^ingt-cinq  sous 
qui  leur  étaient  alloués  chaque  jour  et  ne  pouvaient  suffire  à 
leur  entretien*.  Malgré  «  l'air  chargé  de  vapeurs  gazeuses  et 
méphitiques  >»  ils  préféraient  encore  le  séjour  dans  cette 
«  maison  angustiée  »,  dans  ces  a  cellules  étroites  et  basses 
d'étage  »  à  celui  des  navires  sur  la  Loire.  Mais  le  comité  révo- 
lutionnaire ne  faisait  aucun  cas  de  leurs  préférences  et,  par 
son  ordre,  le  7  brumaire  an  II  (28  octobre  1793J,  ils  étaient 
transférés  à  bord  de  la  Gloire^.  C'était  la  dernière  étape  de  leur 
long  et  douloureux  martyre.  Vingt  jours  après,  daus  la  nuit 

'  Lallié,  op.  cit.,  I.  p.  SG6.  Voir  aassi  le  même.  Les  noyades  de  Nantes 
p.  143.  C'est  à  tort  que  M.  Lallié  les  appelle  «  les  jieres  Stevea  et  Legrand  »  ; 
car  c'étaient  deux  frères  lais. 

>  P.  Flavien  de  Blois.  Les  cavucins  de  VErmitage  de  Nantes.^  p  103  et  «. 

*  P.  Flarîen  eod,  op.  p.  94  et  Procès-verbal  de  la  municipiilité  de  Nantes 
Hn  4  mai  1790.  ibidem. 

♦  Lallié,  op.  cit..  i.  p.  3^7  et  s. 
»  I^Uié,  op.  cit..   1.   p.  372. 


PBNDANT    LA    BéVOLUTION  275 

du  26  au  27  Brumaire  fl617  novembre),  nuit  qui  suivit  la  fêle 
de  la  déesse  Raison  présidée  par  Minée  lui-môme,  ils  étaient 
transférés  sur  une  sapine  qui  était  coulée  bas  dans  la  Loire, 
conformément  aux  instructions  de  Carrier*. 

Nos  trois  capucins  étaient  parmi  les  victimes  du  farouche 
représentant*.  Leurs  corps  furent  emportés  par  le  courant  du 
fleuve  ;  trois  jours  après,  un  lieutenant  des  douanes  trouva 
surle  rivage  trois  cadavres,  dont  celui  d*un  capucin.  Voici  en 
efret,  le  procès-verbal  qui  se  trouve  dans  les  registres  de 
l'état  civil  de  la  commune  de  ChantenayV 

«  Trois  prostré  noyé. 

«  Aiyourd'huy  19"'  novembre  1793,  la  i^""  de  la  République  Fran- 
çoise, a  été  inhumé  les  corps  des  trois  hommes  mencionné  dans  le 
procès  verbal  cy-après  : 

««  Le  29  primaire  (xic)  de  Tan  deux  •■"•  de  la  République  Françoise, 
devant  nous,Josepb  Mocquard  Juge  de  paix  du  canton  de  Chantenay, 
S*  Herblain  et  Indre,  district  de  Nantes,  sur  la  réquisition  qui 
m'a  été  faite  par  le  citoyen  Favrot,  lieutenant  des  douanne  de  la 
République  établie  à  Rochemorice,  paroisse  de  Chantenay,  le- 
quel nous  a  dit  qu'étant  à  faire  ses  observations  ordinaire  sur  les 
bord  du  rivage,  il  auroit  apperssu  trois  cadavres  flotant  sur  leaux 
scavoir  deux  sur  le  pré  la  Maronnière,  paroisse  de  S^  Herblain  et 
l'autre  et  la  queue  de  Tisle  Pabise  dudit  Chantenay  et  a  consseillé 
de  venir  nous  en  donner  le  présant  avis  et  a  signé  sa  présante  dé- 
claration. —  Favrot. 

Sur  quoi,  nous  juge  de  paix  sus  dit,  accompagné  de  Jean  Gouy 
assesseur  ayant  fait  appeler  Julien  Jeannay,  oS***  municipal  de  la 
paroisse  de  Chantenay  et  André  Garaux  notable,  nous  nous  serions 
transporté  tous  de  compaignie  sur  les  lieux  où  nous  avons  trouvé 
les  cadavres  en  question  et  après  les  avoir  examiné,  nous  avons  re- 
marqué qu'il  y  en  a  un  costumé  de  capucin  ayant  la  robe  et  cordon, 
âgé  d'environ  soixante  et  quinze  ans  et  autre  à  son  costé  ayant  aussy 

'  Lallié,   op.  cit.,  1.   p.  383  et  8.  et  Les  Noyades  de  Nantes,  p.  145  et  s. 

*  Ce  ne  furent  pas  les  seuls  martyrs  franciscains  de  la  période  révolation- 
naire.  La  liste  en  e^t  longue  et  Ton  peut  consulter  sur  ce  point  :  P.  Edouard 
d'Alençon,  Esshi  de  Martyrologe  de  Vordre  des  Frères  Mineurs  pendant  la 
Récolution  française. 

*  Archives  communales  de  Chantenay-sur-Loire.  Registre  des  décès,  aqnée 
1713,  {•  7  verso,  n*.  5«.  —  Noua  conservons  Torthographe. 


276  LES   CAPUCINS   DU   GROISIC 

costnmé  de  prostré  &gé  d'environ  cinquante  ans  et  l'autre  costumé 
aussy  de  prestre  qui  nous  a  paru  avoir  le  poignet  croche  de  la  main 
droite,  et  dont  ladite  main  nous  a  paru  périe,  les  deux  derniers  à 
chacun  d'eux  une  mauvaise  veste  culotte  et  bas  noirs.  Après  les 
avoir  examinés  entre  nous,  n'ayant  point  de  chirurgien,  n'avons  con- 
nu aucun  coup  ny  blessure  qui  peut  leur  avoir  occasionné  la  mort  ; 
n^étant  vei^u  personne  réclamer  les  dits  cadavres,  nous  les  avons 
délaissé  à  Claude  Alain  qui  est  nomé  pour  ramassé  les  cadavres 
noyés  qui  son  est  chargés  pour  les  faire  transporter  aux  lieux  où 
on  dépose  ordinairement  les  cadavre  noyés  pour  y  rester  jusqu'à  ce 
qu'il  en  soit  autremant  ordonez,et  le  dit  Garaux  a  déclaré  ne  scavoir 
signer.  De  tous  quoi  nous  ayons  fait  et  dressé  le  présent  procès 
verbal  que  nous  avons  signé. 

Mocquard,  juge  de  paix,  Jeaunay  oIT*'  municipal,  Jean  Gouy  asse- 
seur,  Jean  Bretonnière.  assesseur. 

Vérification  faite  sur  les  lieux  de  tout  quoi  nous  avons  dressé  le 
présant  acte  de  décès  sur  les  registres  à  ce  destinés  sous  notre  seing. 

Louis  ViAUD,  oft*'  public.  >» 

Le  môme  jour,  Piton,  curé  constitutionnel  de  Chantenay, 
leur  donna  la  sépulture.  «  Ont  été  inhumés,  lisons-nous  sur 
le  registre  paroissial  à  ia  date  du  i9  novembre*,  les  cadavres 
d'un  noyé,  vôtu  en  capucin,  qui  a  paru  âgé  de  75  ans,  et  de 
deux  autres  noyés  qui  ont  paru  être  deux  prêtres,  vêtus  de 
vestes,  culottes  et  bas  noirs,  Tun  âgé  à  peu  près  de  50  ans, 
Tautre  ayant  le  poignet  de  la  main  droite  croche  ;  ladite  main 
semblait  périe.  » 

Ce  noyé,  vêtu  en  capucin,  devait  être  très  probablement 
le  père  Charles  de  Locronan  (Guéguen  de  Kermovan),  âgé 
de  quatre  vingts-ans*.  Les  corps  de  ses  deux  confrères  ne 
furent  pas  retrouvés*.  Gomme  on  le  voit  dans  Pacte  de  décès 
de  Guéguen  de  Kermorvan  et  dans  celui  de  Herpe,  les  capucins 

^  D*aprè8  M.  Lallié,  op.  cil,,  l.  p.  39b, 

*  C'est  Topioion  de  M.  Lailié,  1.  p.  395  et  11.  p.  160.  Voir  Guéguen  de  Kermor- 
Tan.  Legrand  et  Steven  n'avaient  en  effet  que  soixante-huit  ans,  étant  nés. 
le  premier  le   26  août  172&  et  le  second  le  18  septembre  1725. 

*  Du  moins  nous  n'aTons  trouvé  aucun  acte  constatant  leur  décès  aux 
archives  des  communes  df  Chantenay.  Indre,  Rexé  et  Bougiienaiii. 


PttNDANT    LA    HÉVOLUTION  211 

qui  ne  furent  pas  déportés  purent  conserver  jusqu'à  leur 
mort  leur  costume  religieux. 

Que  devinrent  les  pères  Hyacinthe  de  Quimper  (Salon), 
Ignace  de  Quimperlé,  Julien  de  Quintin  (Provost),  Clément 
de  Saint-Brieuc  (Le  Prévost),  Marc  d'Auray  (Burguen),  Jean- 
Chrysostome  de  Corlay  fGuyomartj,  Paterne  de  Pontivy 
(Le  Lagadec)  et  Raphaël  de  Plaintel  (Lebreton)  qui  ne  sont 
pas  mentionnés  dans  les  listes  des  ecclésiastiques  déportés 
ou  emprisonnés  ?  Nous  l'ignorons,  et  jusqu'à  ce  moment 
nous  n'avons  pu  trouver  aucun  document  les  concernant. 
D'après  M.  Lallié*,  ^^  un  registre  spécial  delà  municipalité  de 
Nantes  mentionne  la  délivrance,  à  des  prêtres,  de  deux-cent- 
quatre-vingt-quinze  passeports,  du  26  avril  au  26  décembre 
1792  ».  li  est  fort  problable  que  nous  eussions  trouvé  dans  ce 
registre  des  détails  intéressants  sur  le  sort  des  religieux  que 
nous  venons  de  citer  ;  malheureusement,  malgré  toutes  nos 
recherches  aux  archives  communales,  nous  n'avons  pu  mettre 
la  main  sur  cette  pièce  importante. 

M.  l'abbé  Cahour*  indique  les  Pères  Clément  et  Jean-Chry- 
sostome ,  comme  ayant  été  emprisonnés  et  déportés  en 
Espagne  ;  mais  aucune  pièce  ne  nous  a  jusqu'à  présent  con** 
Armé  cette  affirmation.  Dans  tous  les  cas,  les  capucins  men- 
tionnés ci-dessus  figurent  touS;  sauf  le  père  Ignace,  dans  une 
liste  non  datée  «  des  prêtres  non  sermentés  qui  se  sont  enfuis 
du  chef-lieu  du  département^  ».  Il  est  donc  probable  qu'ils 
purent  ainsi  éviter  les  recherches  de  la  police  et  échapper  à 
la  prison,  à  la  déportation  ou  à  la  mort. 

Quand  le  Directoire  du  département  fit  dresser  la  liste  des 
ecclésiastiques  sujets  à  la  déportation,  tous  y  furent  égale- 
ment compris,  sauf  les  père  Ignace  de  Quimperlé  et  Hyacinthe 
de  Quimper. 

*  Op.  cii.,  1.  p.  m 

*  Essai  de  statutique  du  clergé  nantais  pendant  la  Révolution  françaiset 

p.  9& 

*  Arcb.  dép.  L  4. 

TOME  XVl.  —  NOTICES.  XVI*  ANNÉK,  7»-8«  LIV.  20. 


278  LES   CAPUCINS   DU    GR0181C 

Voici  au  reste  cette  liste  en  ce  qui  concerne  nos  capucins*  : 

«  Liste  des  ecclésiastiques  du  département  de  Loire- Inférieure 
sujets  à  la  déportation  ou  à  la  réclusion  en  vertu  de  la  loi  du 

:iGaoût  1792. 

Formée  daprès  l'article  2  de  l'arrêté  du   département  du  9  bru- 
ihaire  an  IV  pour  l'exécution  de  la  loi  du  3  dudit  mois  de  brumaire. 

Auffray  (Jean),  dit  Joseph  de  Saint  Brieucy  ex-ch^uc\n. 

Bèzard,  dit  Alexis  de  Alamers^  ci-devant  capucin 

Boiseriez^  (Matthieu),  dit  Séraphin  de  Brest,  ci-devant  capucin. 

Burguin  (Fidèle),  dit  frère  Marc,  ci-devant  capucin. 

Bèranger  (Charles-François),  frère  lai,  dit  frère  François^  ci-devant 
capucin. 

Fraùoulel. 

6raw^ m' (Pierre;,  dit  frère  Augustin,  capucin. 

Guyomart^  dit  J^an  Chrysostome,  ci-devant  capucin. 

Leprévôt  (Maurille),  dit  Clément  de  Saint- Brieiic,  ci-devant  capucin. 

Labrely  (François-Antoine),  dit  Gabriel" Ange,  ex-capucin. 

Leseven^  ci-devant  capucin. 

Lelagadec  (Yves-Joseph-Marie),  ci-devant  capucin. 

Lebreton  (Brieuc-Yves),  dit  Raphaël,  ex-capucin. 

Marai  (Pierre),  dit  Ambroise,  ci-devant  capucin. 

Richard  (François;,  dit  Norbi^rt,  ci-devant  capucin. 

Provôt  (Pierre)  dit  père  Julien,  ci-devant  capucin. 

Renard^  (Grégoire),  dit  Fortuné  d*Ancenis. 

Richard^,  ci-devant  capucin  , 

i2eau7.( Guillaume),  ci-devant  capucin. 

*  Arch.  dép.  L.  3  et  5.   11  existe  plusieurs  exemplaires  imprimés  de  cetta 
liste  dans  ces  deux  liasses. 

»  C'est  Boisnter  qu'il  faut  lire. 

*  C'est  Gaudia  qu'il  faut  lire. 

*  Ce  doit  être  Ster^/i.  i 

*  C'est    Vénard  qu*il  faut  lire. 

*  C'est  sans  doute  le  pèce  Pacifique,  celui  qui  avait  précédé  le  père  .Julien 
à  Rouans. 

'  C'est  Hiou  qu'il  faut  lire. 


l^ifiNDANT    LA    HÉVOLUTIUN  279 

Hiucke,  dit  frère  François,  ci-Jevant  capucin. 
Steven^  (Pierre),  ci-devant  capucin,  dit  frère  Didace. 
Tan^/uy  (Vincent ,  dit  Simèon,  ci-devant  capucin  ". 

Que  devinrent  nos  religieux  après  la  Révolution  lors  du  réta- 
blissement du  culte  eu  France?  Nous  l'ignorons.  Certains 
durent  rester  en  Portugal  comme  ce  père  Jean-Baptiste  dont 
nous  avons  déjà  raconlé  les  aventures*  :  d'autres  durent 
rentrer  en  France  et  devenir  membres  du  clergé  concorda- 
taires, suivant  en  cela  l'exemple  de  leur  ancien  provincial, 
le  père  Victorin  de  Rennes,  dans  le  monde  Pierre  Jean 
Quéré,  qui,  revenu  de  Texil,  devint  vicaire  à  Sainte-Croix  de 
Nantes  et  mourut  le  18  mars  1820  à  Tàge  de  72  ans  curé  de 
Sainte-Marie  de  la  Chézine  (^aujourd'hui  Notre-dame-de-Bon- 
Port)."*  Mais  aucun  d'eux  ne  figure  sur  la  liste  dos  prêtres  con- 
cordataires du  diocèse  de  Nantes*.  Les  seuls  anciens  capucins 
que  nous  y  trouvons  en  outre  du  père  Victorin,  sont  deux  re- 
ligieux du  couvent  de  la  Fosse  qui  avaient  adhéré  à  la  consti- 
tution civile  et  occupé  des  postes  dans  le  clergé  constitutionnel''. 

^  Le  rddactaur  de  cetie  liste  a  oublié  que  depuis  longtemps  ce  religieux 
était  mort  noyé. 

2  Voir,  supra,  ea  note,  vers  le  commencement  du  chapitre. 

>  Lallié.  op  cit.,  11.  p.  324,  V*  Quéré.  Ce  fut  en  1817  qu'il  fut  nommé  curé 
de  Notre-Dame  (Dd  Kersauson,  Etat  séculaire  du  clergé  dans  le  diocèêe  de 
Ayantes,  p.  223  et  Abd).  Cet  auteur  ne  le  mentionne  pas  parmi  les  vicaires  de 
Sainte-Croix  {Eod.  op.  p.  430)  :  M.  Tabbé  Grégoire  {Le  rétablissement  du  culte 
darii  le  diocèse  de  Nantes  après  la  Révolution,  p.  97.)  l'omet  également  sur 
la  liste  du  c'ergé  lors  de  la  réorganisation  de  18U3). 

^  Abbé   Grégoire,  op.  cit.,  p.  95  et  suivantes. 

*  Le  premier  estle  père  Marc  de  Janzé.  dans  le  monde  Blandin,  Jean-Fierre: 
Après  sa  sortie  du  cloître,  il  devint  vicaire  à  Vertou,  fut  élu.  le  il  février  1791  » 
curé  de  Gbeix  (Arcli.  dép.  L  3):  eu  17'.)3,  il  se  rét'ugia  à.  Nantes  où  il  obtint 
un  certificat  de  ciTisme,  prêta  tous  les  serments  ei  vécut  à  Saini-Jean-de-Boi- 
seau  (Arcb.  dép.  L  246).  Au  Concordat,  il  fut  nommé  curé  de  Sdiint-Brevin 
(Grégoire,  op.  cit.,  p.  lii)^);  il  n'exerça  pas  biea  longtemps  cette  fonction, 
puisqu'il  mourut  le  t*'' vendémiaire  an  Xlll,23  septembre  1804  (Lallié,  op.  cit., 
h.  p.  38,  V«  Blandin,  et  de  Kersauson,  op.  cit.,  p.  28.) 

Le  second  est  le  père  Cypri.^n  de  Vannes,  dans  le  monde  Quennec,  Jean- 
Marie.  E^bvoyé  dès  le  début  de  1701  avec  le  père  Aimé  de  Saint- Malo  pour 
desservir  la  paroisse  de  Sautron,   il  en  devint  curé  à  la  mort  de  celui-ci  le 


280       LKS  CAPUCINS   OU   GK0181G  PENDANT   LA^RBVOLUTION 

Nous  ignorons  également  s'ils  exercèrent  des  fonctions  dans 
leurs  diocèses  d'origine. 

29  novembre  179:;.  Les  réiruci^ires  lui  firent  une  forte  opposition  ;  et  l«s  11 
mars  1703  et  jouira  suivants,  lei  brigands  piWèr en i  son  presbytère.  Dans  la 
liote  des  objets  lui  appartenant  qui  furent  Tolés  ou  détruits  il  ne  manque  pas 
de  mentionner  «  une  grande  et  petite  avouiliette.  y  joint  un  slambique,  le 
tout  en  fer  blanc,  différents  ingi'édients  propres  à  faire  de  la  liqueur,  de 
rélixirde  vie  et  une  fiole  d'odeur,  deux  prises  de  poudre  d*iroe  »  (Arch.  d^p. 
L  192).  Pour  augmenter  son  casuel,  ce  capucin  défroqué  devint'il  à  ses 
moments  perdus  fabricant  de  liqueurs  et  de  parfums?  11  prêta  tous  les 
serments  et  se  retira  à  (Jhantenay  où  il  exerça  les  fonctions  de  commissaire 
du  directoire  exécutif  près  l'administration  municipale  (Arch.  dép.  L  V46 
et  Lallié,  op.  cit.  11  p.  324,  Y»  Quennec)  Bien  qu'il  eut  accepté  une  mission  de 
Carrier,  il  devint  vicaire  à  Saiot-Brevin  (Grégoire,  op.  cit.,  p  1  5),  puis  curé 
en  1804  ('Kersau son  op.  cit./ p.  223  et  388)  ou  1806  (Lallié, /oc.  ctf;.  11  se 
retira  du   ministère  en  1823  et  mourut  le    15  décembre  1825. 

(A  suivre)  H.  Glotin. 


PRRUVES  DE  NOBLESSE 


DEMOISELLES  DU  POITOU 

Reçues  dans  la  MaisoQ  Royale  de  Saint-Lonis 
A   SAINT-CYR 

DE  1G86  A  1793 

Extraites  des  Manuscrits,   eomereés  à  Paris,   à    ta  liiltththfqae 

Sationale  el  publiées  avec  dta  notes. 

Par    i.e    Vicomte    Pai  l    m:    CHABOT 

{.S,r //?'). 


CHASTEIGNER'. 

Preuves  delà  iiohlesse  Je  liemni-ielle  Mahiv>Cha»[.otte  Ciias- 
TEir.NËR,  agréée  par  le  lioi,  pour  élre  ailniiie  au  numbre  des  fillet 
demoiselles  que  Sa  Majesté  fa'tl  élerer  dans  h  mnhoit  royale  de 
Saint-Louis,  fondée.  A  Sainf-Ct/r,  dart-i  li-  pan-  de  Versnillen; 
J,,i„    (73«. 

Armes  :  '/'"/■,  à  an  lion  pn'manl  de  ainnple,  langue  de  gueules*. 

Premier  degré  :  l'RonirsANTK 

Anne-Marte-Charlotte C ^asteigner.  i 74l>. 
Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Cybard  de  la   ville  de  Poitiers,  portant  qu' Anne-Mari e-Char- 

>  Voir  la  fucicalc  <!•  mai-iuln  1300. 

'  Hihi.  .V.i(.  Oab.  dts  Titres,   vol.  309,  p,  76. 

'  DÔr.  &  an  lion  painnl  de  sinopte.  armé  ri  l»i»p»*ié  de  gnenlt».  ifi  -P.) 


2S*J  PRKi:VKS    DK    NOIU.KSSI", 

lotte,  fille  de  messire  Bonaventure-René  Chasteigner,  éc', 
sgr.  de  Tennessue  et  de  dame  Anne-Marie  Chambellain,  sa 

■ 

femme,  ondoyée  le  17  août  1746,  reçut  le  supplément  des  cé- 
rémonies du  baptême  le  18  avril  1747.  Cet  extrait  signé  : 
Hei.layer    curé  de  ladite  paroisse  et  légalisé. 

Deuxième   (ler/ré    :   pkre   et  mèrk. 

Bonaventure-René  Chasteigner^  sgr.  de  Tennessue,  Ma- 
rie-Anne Chambellain*,  sa  femme,    1745. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Bonaventure-René  Chas- 
teigner, chevau-léger  de  la  garde  ordinaire  du  Roi,  fils  de 
messire  Jean  Chasteigner,  chev.,  sgr.  de  Tennessue.  et  de 
dame  Catherine  Charrault  sa  veuve,  accordé,  le  26  janvier 
1745,  avec  demoiselle  Marie-Anne  Chambellain,  fille  de 
messire  François  Chambellain,  éc%  sgr.  du  Lizon,  chevalier 
de  l'Ordre  militaire  de  Saint-Louis,  capitaine  de  cavalerie,  au 
régiment  de  Beuvron,  et  de  dame  Louise  Brun.  Ce  contrat, 
passé  par  devantMoreau  et  du  Chastenier.  notaires  à  Poitiers. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  d'Amail- 
lou,  au  Bas-Poitou,  portant  que  Bonaventure-René,  fils  de 
messire  Jean  Chasteigner,  sgr  de  Tennessue,  et  de  dame  Ca- 
therine Charrault  sa  femme,  fut  baptisé  le  8  mai  1712.  Cet  ex- 
trait signé  :  Le  Borgne,  prieur  curé  d'Amaillou,   et  légalisé. 

Troisième  decfré  :   aïeul  et  aïeule. 

Jean  Chasteigner,  sgr  de  Tennessue  ;  Catherine  Charrault, 
sa  femme,  1710. 
Contrat  de  mariage  de  messire  Jean  Chasteigner',  chev., 

*  Chambellain  :  d'azur,  à  une  branche  de  trois  lis  d'argent  naissante  de 
la  pointe  de  Vécu,  un  soleil  d*or  en  chef.  (B.-F.) 

'  Jean  Chasteigner,  sgr,  de  Tennessue,  la  Blouère,  Saint-Juire,  etc., 
commanda  un  escadron  des  gentilshommes  de  la  province  du  Poitou, 
en  1702,  suivant  un  certificat  du  marquis  de  Vérac,  lieutenant-général, 
pour  le  Roi,  en  cette  province.  Il  épousa  :  1°  Louise-Françoise  Regnault: 
2"  ie  23  avril  688,  Gabrrelle  Guischard,  fille  de  Jacob,  chev.,  sgr  d'Or- 
feuille  et  de  feue  Gabrielle  Chasteigner  ;  3°  par  contrat  du  21  février  J710, 
Cathorino  Charrault.  (B.-/^ 


DRK'nRMOlSETJ.KS   DU. POITOU  ^^'^» 

9 

sgr  de  Tennessue,  veuf  en  dernières  noces  de  dame  Gabrielle 
Guischard,  accordé  le  21  février  1710,  avec  demoiselle  Catherine 
Charrault.  Ce  contrat,  passé  devant  Coyreau,  notaire,  à  Par- 
thenav. 

Contrat  de  mariage  de  haut  et  puissant  messire  Jean  Chas- 
teigner,  chev.,  sgr  de  Tennessue,  la  Blouère,  etc.,  fils  aîné 
de  haut  et  puissant  messire  Nicolas  Chasteigner  chev.,  sgr. 
de  Tennessue  et  de  dame  Marie  Jaillard,  accordé,  le  15  mai 
1688,  avec  demoiselle  Gabrielle  Guischard,  fille  de  haut  et 
puissant  messire  Jacob  Guischard,  chev.,  sgr  d'Orfeuille  et 
de  dame  Gabrielle  Chasteigner.  Ce  contrat,  passé  devant  Poi- 
rault,  notaire  de  la  Châtellenie  de  la  Ronde. 

Partage  des  biens  de  haut  et  puissant  messire  Nicolas 
Chasteigner,  chev.,  sgr  de  Tennessue  et  de  dame  Marie  Jail- 
lard, sa  femme,  fait  le  27  octobre  1687,  entre  haut  et  puissant 
messire  Jean  Chasteigner,  chev.,  sgr  de  Tennessue,  leur  fils 
aîné,  et  ses  frères  et  sœurs  puînés.  Cet  acte  reçu  par  Pinault, 
notaire,  à  Airvault. 

Quatrième  def/ré  :   bisaïeul  et  bisaïeule. 

Nicolas  Chasteigner,  sgr  de  la  Blouère,  Marie  Jaillard,  sa 
femme,  1654. 

Jaillard:  d'azur,  à  trois  tours  d'or. 

Contrat  de  Mariage  de  messire  Nicolas  Chasteigner*,  chev. 
sgr.  de  la  Blouère,  fils  dé  haut  et  puissant  messire  Antoine 
Chasteigner,  chev.  et  de  dame  Jeanne  Le  Tourneur,  sa  femme 
sgr.  et  dame,  de  Tennessue,  accordé  le  28  juillet  1654,  avec 
demoiselle  Marie  Jaillard,  fille  de  haut  et  puissant  messire 
Louis  Jaillard,  chev.  etdedame  Louise  Jousseaume,  sa  femme, 
sgr  et  damede  Saint- Juire.  Ce  contrat,  passé  devant  Grignon, 
notaire,  à  Fontenay-le-Comte. 

Hommage  du  lieu  et  maison  noble  du  Bas-Mazière,  mou- 
vant de  la  baronnie  de  Parthenay,  fait  le  22  mai  1656,   par 

«  Il  fut  maintenu  dans  sa  noblesse,  ainsi  que  son  père,  par  sentence  de 
M.  Barentin,  le  9  août  1667.  rR.-F. 


284  PRBUVSS   DK    N0BLB88R  f 

Nicolas  Chasteigner,  chev.,  sgr  de  Tennessue,  auquel  lesdits 
lieux  et  maison  noble  avaient  été  donnés  en  faveur  de  son 
mariage,  par  Antoine  Chasteigner,  son  père  chev.  sgr  de  la 
Blouère.  Cet  acte  signé  :  Olivier. 

Cinquième  et  sixième  degrés  :  troisième  et  quatrième  aïeux 

ET  AÏEULES. 

Antoine  Chasteigner,  sgr  de  la  Blouère,  fils  de  Nicolas 
Chasteigner,  sgr  de  la  Blouère  ;  Jeanne  le  Tourneur,  sa  femme. 
1619-1614. 

Le  Tourneur  :  cf'azur,  a  (rois  tours  d argent  maçonnées  de 
sable^  posées  2vt  i . 

Contrat  de  mariage  d'Antoine  Chasteigner*,  éc',  fils  aîné 
de  haut  et  puissant  Nicolas  Chasteigner,  sgr  de  la  Blouère 
et  du  Chastel  de  Tennessue,  et  de  demoiselle  Françoise  des 
Francs  accordé,  le  22  juillet  d6i9,  avec  demoiselle  Jeanne  Le 
Tourneur,  fille  de  Pierre  Le  Tourneur,  éc'  sgr  de  Burbure,  et  de 
'  demoiselle  Jeanne  Gobin.  Ce  contrat,  passé  devant  Souchard 
et  Chaigneau,  notsures  à  Thouars. 

Procès-verbal  des  preuves  de  la  noblesse  paternelle  et 
maternelle  de  Charles  Chasteigner,  éc%  fils  de  Nicolas  Chas- 
teigner, éc',sgr  de  la  Blouère  et  de  Tennessue,et  de  demoiselle 
Françoise  des  Francs  fait  le  40  mars  1614  pour  sa  réception  au 
rang  de  chevalier  de  l'Ordre  de  Sàint-Jean  de  Jérusalem,  au 
grand  prieuré  d'Aquitaine,  par  frères  Claude  de  Linières  et 
Simon  Le  Cornu,  chevaliers  du  même  ordre,  commissaires,  à 
ce  députés.  Ce  procès-verbal  signé  :  F.  Claude  de  Linières,  et 
F.  Simon  Le  Cornu,  fut  rapporté  le  5  mai  suivant,  au  chapitre- 
provincial  du  dit  prieuré  et  les  preuves  y  contenues  trouvées 
bonnes  et  valables,  par  acte  signé  :  Le  Sueur,  chancelier  du- 
dit  chapitre . 

*  II  fut  maintenu  noble  par  sentence  de  Télection  du  30  juin  1634  et 
mourut  avant  le  9  août  1667.  Fils  de  Nicolas,  éc**,  sgr  de  la  Blouère. 
Tennessue,  etc.  et  de  Françoise  des  Francs.  Petit-fils  de  Bonaventure, 
éc  sgr  de  la  Blouère.  etc.  et  de  Louise  de  la  Forest  et  arrière  petit-fils 
de  Thomas,  éC,  sgr  de  la  Blouère  et  de  Catherine  Guischard.  (B.-F.) 


DES   DKMOTftEU.KS    DU   POITOU  285 

Nous,  LouisPierred'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  chev., 
doyen  de  l'ordre  du  Roi,  conseiller  en  ses  conseils,  maître  or- 
dinaire, en  sa  chambre  des  comptes  de  Paris,  généalogiste  de 
la  maison,  de  la  chambre  et  des  écuries  de  Sa  Majesté,  et  de 
celles  de  la  Reine  et  de  madame  la  Dauphine. 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  Anne-Marie-Charlotte 
Chastetgner  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être  admise  au 
nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever, 
dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée,  à  Saint-Cyr, 
dans  le  Parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes 
énoncés  dans  cette  preuve,  que  nous  avons  vérifiée  et  dressée, 
à  Paris,  le  samedi  dixième  jour  du  mois  de  juin,  de  Tan  mil- 
sept-cent-cinquante-huit.  Signé  :  d'Hozier. 

DE  LA  CHAUSSÉE 

Preuves  de  la,  noblesse  de  demoiselle  Angélique-Anne  de  la 
Chaussée^  agréée  par  le  rbi,  pour  être  admise  au  nombre  des 
filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fail  élever^  dans  la  maison  de 
Saint-Louis^  fondée,  à  Saint-Cyr^  dans  le  Parc  de  Versailles, 
50 juin  i7ô3.* 
Armes  :  écartelé  de  sable  et  d'argent^. 

Premier  degré  :  produisante. 

Angélique-Anne  de  la  Chaussée,  i74x. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  de  Souvigné,  portant  qu'Angélique- Anne,  fille  de  mes- 
sire  Jacques-Gabriel  de  la  Chaussée,  éc%  et  de  dame  Anne- 
Bénigne  Isambert,  sa  femme,  naquit  le  46  juillet  ilii,  et  fut 
baptisée  le  12  des  dits  mois  et  an.  Cet  extrait  signé  :  Thinon, 
curé  de  Souvigné,  et  légalisé. 

'  BibL  Nat,  C^b.  des  Titres,  vol.  308.  p.  7'». 

'  Elle  mourut  à  Saint-Oyr,  le  2  octobre  de  la  même  année.  (Laine, 
t.  IV,  p.  9.) 

*  Alias  :  ée&rtelé  d'argent  et  de  sable.  (B.-F.) 


o 


'i<Sr,  IMIKL'VES    DE    NOBLESSE  * 

Deuxième  drgré  :  père  i-rr  mère. 

Jacques-Gabriel  de  la  Chaassée\  sgr.  du  Pin  de  Rouvre  : 
Anne  Isambard,  sa  femme,  4732. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jacques-Gabriel*  de  la 
Chaussée,  éc",  sgr  du  Pin  de  Rouvre,  veuf  de  dame  Margue- 
rite Vasselot,et  fils  de  feu  messire  François  de  la  Chaussée  éc', 
et  de  dame  Marie  Faydit,  accordé  le  5  juin  1732,  avec  demoi- 
selle Anne  Isambard,  fille  de  François  Isambard,  receveur  du 
bureau  des  traites  de  Surgères,  et  defeue  dame  Anne  Arsault. 
Ce  contrat  passé  devant  Jacques  de  la  Borde,  notaire  royal,  à 
Surgères . 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Romans, 
élection  de  Saint-Maixent,  portant  que  Jacques-Gabriel,  fils 
messire  François  de  la  Chaussée,  sgr  du  Pin  de  Rouvre,  et  de 
dame  Marie  Faydit,  naquit  et  fut  baptisé  le  16  septembre 
1697.  Cet  extrait  délivré  par  le  s'  Métayer,  greffier  de  la  sé- 
néchaussée et  siège  royal  de  Saint-Maixent.  et  légalisé. 

Troisième  de(jrv  :  AÏEur.  kt  aïeule 

François  de  la  Chaussée,  sgr  du  Pin  de  Rouvre:  Marie 
Faydit  sa  femme,  1693. 

Extrait  du  registre  des  mariages  de  la  paroisse  d'Augé, 
portant  que  François*  delà  Chaussée^éc^  sgr  en  partie  du  Pin 
de  Rouvre  d'unepart,  etMarie  Faydit,  âgée  de26  ans,  reçurent 
la  bénédiction  nuptiale  le  26  juillet  1693.  Cet  extrait  signé 
Richeteau,  curé  d*Augé,  et  légalisé. 

Contrat  post-nuptial  du  mariage  de  messire  François  de  ia 

*  Isambard  :  de  «abie,  au  loup  d*argent.  (Laink.  id.) 

'  Lieutenant  au  régiment  d'Orléans,  il  prit  part  à  la  guerre  de  la 
succession  d'Espagne.  11  avait  épousé  en  premières  noces,  à  SouvigniT». 
le  19  janvier  1722,  Marguerite  Vasselot,  fille  de  feu  Gabriel  et  de  Marie- 
Jeanne  de  Cumont.  11  mourut,  à  Souvigné,  âgé  de  57  ans.  le  8  avril  1754, 
(/y. -F.) 

*  Capitaine  au  régiment  de  Mornac-lnfanterie,  fut  maintenue  noble, 
par  M.  Quentin  de  Richebourg,  le 20  février  1715.  (R.^F.). 


r>KS    DKMOISKLLES    DV    l'OlToU    ^  *iî<7 

Chaussée,  éc%  fils  de  feu  messire  Hilaire  de  la  Chaussée^  éc^ 
sgr  de  Champmargou,  et  demoisselle  Marguerite  de  Mayré,  sa 
femme,  accordé,  le  13  juillet  1697,  avec  demoiselle  Marie  Fa}^- 
dit,  fille  de  feu  messire  JeanFaydit  et  de  dame  Gabrielle  Ri- 
deau. Ce  contrat  passé  devant  Hubert  et  Texier,  notaires  des 
baronnies  d'Aubigny  et  de  Faye. 

Partage  fait  le  10  septembre  1691,  entre  haut  et  puissant 
messire  René  de  la  Chaussée*,  chev.,  sgr  de  Champmargou, 
stipulant,  tant  pour  lui  que  pour  messire  PYançois  et  de- 
moiselle  Marie-Bénigne' et  Charlotte-Marguerite  de  la  Chaus- 
sée, ses  frère  et  sœurs,  d'une  part,  et  dame  Hilaire-Louise  de 
la  Chaussée,  femme  d'Alexis  Le  Gascoing,éc',  sgr.  duChesnay, 
savoir,  des  biens  qui  leur  étaient  échus,  par  le  décès  de  dame 
Marie  de  Mayré,  leur  mère,  veuve  de  haut  et  puissant  messire 
Hilaire  de  la  Chaussée,  sgr  de  Champmargou.  Cet  acte  reçu 
par  Coutanseau  et  Métairion,  notaires  du  marquisat  de  la 
Garnache. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul  et  bisaïeulk. 

Hilaire  de  la  Chaussée,  sgr  de  la  Chaussée,  Marguerite 
de  Mayré*  sa  femme,  1646. 

Contrat  de  mariage  d'Hilaire^  de  la  Chaussée,  éc,  s*"  de  la 
Chaussée, fils  de  Jacob  de  la  Chaussée,éc',et  de  demoiselle  Ca- 
therine deLisle,  sgr  et  dame  de  Champmargou  et  de  Chazay, 

accordé,  le  18  avril  1646,  avec  demoiselle  Marguerite  de  May- 
ré, fille  de  feu  Claude  de  Mayré,  éc',  sgrdu  fief  de  la  Babinière, 

et  de  demoiselle  Marie  Le  Texier,  sa  veuve  :  ce  contrat,  passé 

*  Ec,  sgr  de  Champmargou,  il  épousa,  avant  le  24  février  1679,  Jeanne 
Didier-Aymon  et  était  mort  avant  le  18  octobre  1732.  (B.-F.) 

*  Marie-Bénigne,  mariée  vers  1690  à  René  de  Laurière,  éc"".  sgr  des 
Bourdiniëres  et  de  la  Touche.  (B.-f.) 

'  Mayré  :  d'or,  à  8  annelets  de  gueules  en  orle^  au  franc  canton  du  méme^ 
chargé  d*un  lion  d'argent ,  armé  de  sable.  (Laine.) 

*  Il  fut  nommé,  le  20  août  1650,  commissaire  provincial  d'artillerie  et 
confirmé,  dans  sa  noblesse,  le  22  août  1667.  Il  avait  assisté  en  1651,  à 
l'assemblée  de  la  noblesse  poitevine,  réunie,  à  Poitiers  pour  nommer  des 
députés,  aux  Etats  de  Tours.  (R-F.^ 


288  PRRIJVRS    DR   VOBLRPSR 

devant  André  Redoys  et  Mathurin  du  Gué,  notaires  de  la 
baronnie  de  la  Garnache. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Grégoire  d'Augé,  diocèse  de  Poitiers,  portant  qu'Hilaire,  fils 
de  Jacob  de  la  Chaussée,  éc%  sgr  de  Baincy,  et  de  demoiselle 
Catherine  de  Lisle,  s^  et  dame  de  Champmargou.  naquit 
le  10  novembre  1621,  et  fut  baptisé  le  19  du  même  mois.  Cet 
extrait  signé  :  Richeteau,  curé  d'Augé,  et  légalisé. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul  et  trisaïeule. 

Jacob  de  la  Chaussée,  sgr  de  Baincy,  Catherine  de  Lisle, 
sa  femme,  1621. 

Contrat  de  mariage  de  Jacob*  de  la  Chaussée,  éc ,  sgr  de 
Baincy,  fils  de  Daniel  de  la  Chaussée,  éc%sgrdu  Lacet  de 
Baincy,  et  de  demoiselle  Jacquette  du  Chilleau,  accordé  le 
13  janvier  1621  avec  demoiselle  Catherine  de  Lisle,  fille  de  feu 
Antoine  de  Lisle,  éc',  s'  de  Lisle  et  de  demoiselle  Jacquette  de 
Vattelier,  sa  veuve,  dame  de  Champmargou.  Ce  contrat  passé* 
devant  Duryvault  et  Sanxon,  notaires  de  la  cour  d'Aubigné 
et  Faye. 

Ordonnance,  rendu  le  5  novembre  1624,  par  M.  Amelot,  inten- 
dant en  Poitou,  par  laquelle  Jacob  de  la  Chaussée  éc',  sgr  de 
Baincy  est  renvoyé  comme  noble  et  issu  de  noble  lignée  de 
l'assignation,  à  lui  donnée  pour  la  représentation  des  titres 
justificatifs  de  sa  noblesse.  Cette  ordonnance,  signée  :  Amelot. 

Partage  fait  le  6  septembre  1622,  entre  demoiselles  Claude-, 
Marie^  et  Antoinette  de  la  Chaussée,  filles  et  héritières  d'E- 
léazar  de  la  Chaussée,  vivant,  éc%  sgr  de  Bournezeau,  d'une 
part,  et  Jacob  de  la  Chaussée,  éc%  fils  et  héritier  de  feu  Daniel 

'  A3'ant  été  convoqué  par  M.  de  Parabère,  en  1625,  pour  rejoindre  le 
corps  de  la  noblesse,  à  ('hàlons,  et  se  réunir  à  l'armée  que  Louis  XII l 
voulait  commander  en  personne,  il  produisit  deux  certificats  des 
I"  septembre»  et 23  novembre  1025  de  M.  de  Beauvau,  attestant  qu'il  avait 
déjà  servi  le  roi  en  bon  équipage.  {B.-F.) 

'  Claude  delà  Chaussée,  mariée,  à  Jean  Vergnault,  éc,  sgr  de  la  Girau- 
dière.  (fî.-F.) 

»  Marie,  mariée,  à  Charles  T.aurand,  éc  sgr  du  Ronday.  (B.-/' ) 


UlfiS   DBM0LSI£LL1&S    DU   POITOU  289 

de  la  Chaussée,  éc'  ;  savoir,  des  successions  de  feu  Jean  de  la 
Chaussée,  éc^  sgr  de  Bournezeau,  père  des  dits  Eléazar  et 
Daniel  de  la  Chaussée.  Cet  acte  reçu  par  Ragonneau,  notaire 
royal,  en  la  cour  de  Mirebeau. 

Sixième  degré  :  QuATRiÈMii  aïeul  et  aïeule. 

Daniel  de  la  Chaussée,  sgr  du  Lac  ;  Jacquette  du  Chilleau 
sa  femme,  1592*. 

Contrat  de  mariage  de  noble  Daniel'  de  la  Chaussée,éc',sgr 
du  Lac,  fils  puîné  de  feu  noble  Jean  de  la  Chaussée,  éc',  sgr  de 
Bournezeau.  et  de  demoiselle  Marie  de  Marcirion,  sa  veuve, 
accordé,  le  3  février  1592,  avec  demoiselle  Jacquette  du  Chil- 
leau, fille  de  noble  René  du  Chilleau,  éc,  sgr  du  Chilleau,  et 
de  demoiselle  Hélène  de  Mathefelon,  sa  veuve  ;  ce  contrat, 
passé  devant  Chenier,  notaire  de  lacour  de  Montreuil-Bonnin. 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  che- 
valier doyen  de  l'ordre  du  Roi,  conseiller  en  ses  conseils, 
maître  ordinaire  en  sa  Chambre  des  comptes  de  Paris,  généa- 
logiste de  la  maison,  de  la  chambre  et  des  écuries  de  Sa  Ma- 
jesté et  de  celles  de  la  Reine  et  de  madame  la  Dauphine, 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle'  Angéliqijk-Anne  de  la 
Chaussée  a  la  nçblesse  nécessaire  pour  être  admise  au 
nombre  des  filles  demoiselles,  que  Sa  Majesté  fait  élever, 
dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr, 
dans  le  parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes 
qui  sont  énoncés  dans  cette  preuve,  que  nous  avons  vérifiée 
et  dressée,  à  Paris,  le  samedi  trentième  jour  du  mois  de  juin, 
de  l'an  mil-sept-cent-cinquante-trois. 

Signé  :  d'Ho/ieh. 

^  Du  Chilleau  :  d'aiur,  à  trois  numiotis  passant  d'argent,  (Lainé^ 
^  Fils  du  Jean,  sgr  de  Bournezeau,  marié  le  12  septembre  1564,  à  Marie 
de  Marcirion.    Petit-fils  de   Pierre,    sgr    de  Bournezeau,  et    de    Nicole 
Jainineauet  arrière  petit-fils  de  Laucelot  et  de  Marguerite  Niel   ou  de 
Nueil.  (B^'F.)    • 


:^Hf*  PHKUVKS    DE   NOBLBSSK 


DE    LA   CHAUSSEE 

Preuves-  Je  la  noblesse  de  demoiselle  MaRie-Josèphe  de  la 
Chaussée*,  agréée  par  le  Roi^  pour  être  admise  au  nombre  des 
filles  demoiselles  que  Sa  Maje$ié  fait  élever^  dans  la  maison 
Royale  de  Saint-Louis^  fondée,  à  Sainl-Ci/r,  dans  le  parc  de 
l^ersailles^.  !iO  avril  1766. 

Premier  degré  :  produisante. 

Marie-Josèphe  de  la  Chaussée,  1755. 

Armes  :  écartelé  de  saple  et  d argent. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  de  Montreuil-sur-Mer,  portant  que  Marie-Josèphe, 
fille  de  messire  Charles  de  la  Chaussée,  éc%  sgr.  de  Saint- 
Aubin,  chev.  de  l'prdre  Royal  et  militaire  de  Saint-Louis, 
major  des  ville  et  citadelle  de  Montreuil,  et  de  dame  Marie- 
Béatrix  Moullart,  sa  femme,  naquit  le  5  janvier  1755,  et  fut 
baptisée  le  lendemain.  Cet  extrait,  délivré  par  le  s'  Durand, 
curé  de  la  dite  paroisse,  et  légalisé. 

Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

Charles  de  la  Chaussée,  sgr  de  Saint-Aubin  ;  Marie-Béa- 
trix  Moullart,  sa  femme,  1750. 

Moullart  :  d'or,  à  un  lion  de  vair,  langue  et  ongle  de  gueules. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Charles  de  la  Chaussée,  éc% 
sgr  de  Saint- Aubin,  major  des  ville  et  citadelle  de  Montreuil, 
chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint-Louis'^  fils  de  messire 


«  DiOL  Nal.  Cab.  des  Titres,  vol.  311,  p.  91. 

*  Elle  épousa  M'*  Félix-Louis-Joseph  "Warnier  de  Wailly,  chev.  sgr  de 
Lignon,  de  Verdure,  etc.  (Laine.) 

3  Etait  capitaine  d'infanterie  lors  des  sièges  de  Tournay,  d'Ath,  de 
Malines,  d'Anvers,  de  Berg-op-Zoom.  de  Maëstricht  et  de  plusieurs 
autres  places,  nommé  major  de  Malines,  par  le  maréchal  de  Saxe,  le 
14  juin  174G,  et  commandant  du  fort  Markaut,  près  deHulst,dans  la  Flan> 
dro  hollandaise,  par  le  même  maréchal,  le  7  décembre  1747.  (L.\inkj 


François  de  la  Chaussée,  éc,  et  de  dame  Marie  Faydit,  sa 
femme,  accordé,  le  3  juillet  1750,  avec  demoiselle  Marie-Béa- 
trix  MouUart,  fille  de  messire  Charles- Joseph-Bartbélemy 
Moullart,  sgr  de  Villemarest,  et  de  dame  Jeanne-Françoise 
Mathon,  sa  veuve.  Ce  contrat,  passé,  devant  Poultier  Taîné, 
et  Hacot,  notaires,  à  Montreuil-sur-Mer. 

Extrait  des  registres  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Ro- 
mans, ressort  de  Saint-Maixent  en  Poitou,  portant  que 
Charles,  fils  de  messire  François  de  la  Chaussée,éc',et  de  dame 
Marie  î'aydit,  fut  baptisé,  le  1''  janvier  1705.  Cet  extrait,  déli- 
vré par  le  s*"  Métayer,  greffier  de  la  sénéchaussée  du  siège 
ro3'al  de  Saint-Maixent,  et  légalisé. 

Troisième  degré  :  aïeul. 

François  de  la  Chaussée,  sgr  du  Pin  de  Rouvre  ;  Marie 
Faydit,  sa  femme,  1693. 

Pour  ce  degré,  voir  le  troisième  degré  des  preuves  de  no- 
blesse d'Angélique- Anne  de  la  Chaussée, rapportées  ci-dessus. 

Quatrième  degré  :   iusaïeul. 

Hilaire  do  la  Chaussée,  sgr  de  la  Chaussée  ;  Marguerite 
de  Mayré,  sa  femme.  1646. 

Pour  ce  degré,  voir  le  quatrième  degré  des  preuves  de  no- 
blesse d'Angélique-Anne  de  la  Chaussée,  rapportées  ci  dessus. 

Cim/uième  degré  :    trisaïeul. 

Jacob  de  la  Chaussée,  sgr  de  Bainsy  ;  Catherine  de  Lisle, 
sa  femme,  1621. 

Pour  ce  degré,  voir  le  cinquième  degré  des  preuves  de 
noblesse  d'Angélique- Anne  de  la  Chaussée,  rapportées  ci- 
dessus. 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,  chevalier,  conseiller  du  Roi  en 
ses  conseils,  juge  d'armes  de  la  noblesse  de  France  et  commis- 
saire de  Sa  Majesté  pour  lui  certifier  la  noblesse  des  demoi- 


29:^     PRB u vas  dk  noblb6sb  dus  uëmoiskllbs  du  poitou 

t 

selles  élevées  dans  la  maison  royale  de  Saint- Loi|is,  à  Saint- 

Cyr, 

Certifions  au    Roi  que   demoiselle  Marie-Josèphe  de  la 

Chaussée  a  la  noblesse  nécessaire   pour  être    admise    au 

nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans 

la  maison  royale  de  Saint- Louis,  fondée  à  Saint-Cyr  dans  le 

parc  de  Versailles,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  les  actes  énoncés 

dans  cette  preuve,  que  nous  avons  dressée  et  vérifiée  à  Paris, 

le  trentième  jour  du  mois  d'avril  de  Tan  mil-sept-cent  soixante 

six. 

Signé  :  d'Hozier. 
(A  suivre.) 


>s 


MESSIRE  JEAN  LAINE 

DERNIER  RECTEUR  DE  SAINT-JULIEN  DE  VOUVANTES 

AVANT    LE  CONCORDAT 


SON  JOURNAL  ET  SES  NOTES 

(Suite.) 


Le  recteur  reçut-il  Tordre  de  se  rendre  à  Nantes,  ou  se  dé- 
cida-t-il  spontanément  à  parUr«nous  ne  le  savons;  toujours  est- 
il  que  la  lettre  suivante  qui  mit  fin  aux  débats  o  fut  lue  à  haute 
et  intelligible  voix,  en  plein  comité  de  Nantes,  par  le  dit 
mdire,  qui  la  présenta  aussitôt  au  recteur  y  rendu  pour  se 
disculper  et  confondre  la  calomnie  de  Messieurs  du  comité  de 

son  bourg.  « 

«  Nantes,  le  10  novembre  1789. 

«  Monsieur, 

H  Nous  avons  recules  lettres  que  vous  nous  avez  fait  Thon- 
u  neur  de  nous  adresser  le  29  octobre  et  le  3  de  ce  mois.  Nous 
«  y  reconnaissons  que  votre  intention  n  a  pas  été  d'offenser  la 
«  garde  nationale  de  votre  paroisse,  dans  le  prône  qui  a  donné 
«  lieu  aux  plaintes  que  le  comité  nous  avait  portées  contre 
«  vous, et  auxquelles  nous  avons  cru  devoir  la  première  lettre 
«  que  nous  vous  avons  écrite.  Vous  avouez  que  vous  avez  prêché 
«  avec  véhémence,  nous  vous  invitons  à  préférer  l'onction  de 
«  la  douceur  dans  tous  les  temps,  et  surtout  dans  les  circons- 
«  tances  où  elle  est  si  nécessaire, sans  néanmoins^vous  relâcher 
«  sur  les  abus  qu'il  est  de  votre  devoir  de  contenir,  par  la 
«  distribution  de  la  parole  de   Dieu  aux  paroissiens.    Nous 

«  VàiT  WMfvnuoik  de  juiliet-Aoât  f{)W. 

TOMIE  XVI. —  N0TIGE8.—  XVI*  ANNÉE,  9M0*  LIV.  21 


294  MBSSIRB   JBAN   LAlNÉ 

«  écrivons  aujourd'hui  au  comité  pour  l'engager  à  vivre  ea 
«  bonne  union  avec  vous»  et  à  considérer  comme  un  effet  de 
«  votre  zèle  les  avertissements  que  vous  avez  cru  devoir 
«  donner  à  ceux  qui  en  avaient  besoin,  et  nous  espérons  que 
«  cette  affaire  n'aura  pas  d'autres  suites.  Il  est  de  Tintérôt  de 
«  tous,  d*étouffer  le  premier  germe  de  division,  et  de  con- 
«  courir  ensemble  au  bien  public  comme  de  bons  patriotes. 
«  Nous  avons  l'honneur  d'être... 

«  Db  Kbhvégan^  maire,  etc.. 

On  peut  dire  que  si  ces  conseils  si  sages  avaient  été  écoutés 
et  suivis,  à  Saint-Julien  comme  ailleurs,  les  excès  de  la  Ré- 
volution nous  auraient  été  épargnés.  En  terminant  le  récit  de 
cette  lutte,  le  recteur  ne  peut  s'empêcher  de  faire  une  dernière 
réflexion  bien  judicieuse. 

«  Les  soldats  de  la  milice  de  cette  paroisse  sont  de  pauvres 
métayers,  closiers,  ouvriers,  journaliers  et  domestiques  avec 
quelques  compagnons.  On  ne  doit  être  surpris  qu'ils  se  soient 
livrés  avec  leurs  chefs,  les  uns  et  les  autres  indisciplinés, 
aux  susdits  abus,  et  qu'ils  aient  eu  le  front  assez  épais  pour 
oser  traduire  leur  recteur  devant  MM.  du  comité  de  Nantes, 
nouveau  tribunal  érigé  par  la  révolution  présente  des  Etats 
généraux  ;  lequel  tribunal  veut  connaître  de  tout  et  s'arroger 
tous  les  droits,  même  sur  le  recteur,  qui  s'est  acquitté  de  ses 
devoirs  avec  la  plus  grande  régularité.  Déjà  ses  paroissiens, 
aussitôt  la  dénonciation  connue,  se  partageaient  d'avance  ses 
meubles,  ses  effets  et  sa  récolte,  et  jouaient  la  fable  du  Re- 
nard... > 

Il  remarque  aussi  que  les  principaux  chefs  qu'il  ne  ménage 
point  sont  les  nis  et  descendants  de  ceux  qui  avaient  précé- 
demment dénoncé  et  poursuivi  MM.  Dezé  et  Jouneaulx.  Enfln 
il  ajoute  : 

«  On  ne  doit  pas  blâmer  la  conduite  du  recteur  qui  ne 
cherche  à  faire  punir  ces  instigateurs.  Il  est  bon  de  dire  du 
reste  que  les  lois  ne  s'observent  plus  en  ce  moment.  Le  Par- 
lement de  Rennes  est  en  vacance  et  peut-être  sera  aboli.  Les 


SON  JOURNAL   ET  SES  NOTES  295 

Présidiaux  croient  gagner  beaucoup  en  ce  bouleverscmrnt,  ot 
moi  je  crois  qu*i!8  se  trompent  avec  bien  d'autres.  » 

La  Révolution,  en  effet,  précipitait  sa  marche, et  ces  journées 
sanglantes  queiM.  Laine  appelle  «  Seconde  conspiration  du 
5  et  6  octobre  »,  il  les  raconte  ainsi  dans  son  journal  : 

«  Quatre  à  cinq  mille  femmes,  ou  hommes  déguisés,  sont 
partis  pour  Versailles,  en  arrêtant  tous  les  personnages  qu'ils 
rencontraient  en  leur  chemin,  et  se  sont  présentés  à  l'Assem- 
blée nationale  pour  qu'elle  leur  procure  du  pain  ;  ensuite, 
elles  sont  allées  jusqu'à  pénétrer,  malgré  les  troupes,  en  les 
appartements  de  la  Reine  qui  se  sauva  en  chemise  dans  Tap- 
partement  du  Roi.  Plus  de  trente  à  quarante  mille  hommes 
parisiens^  tous  armés, s'étaient  réunis  à  elles.  M.  de  la  Fayette 
commandant  la  milice  avait  beaucoup  de  peine  à  contenir 
les  soldats  qui,  à  grands  cris,  demandaient  que  le  Roi  se  ren- 
dît à  Paris  pour  y  résider.  Le  Roi  avec  la  Reine  et  leurs  en- 
fants s'y  rendent  et  y  sont  encore.  11  y  eut  à  Versailles  beau- 
coup de  soldats  tués,  surtout  des  gardes  du  corps,  dont  deux 
têtes  entr'autres  étaient  portées  aux  côtés  du  carrosse  du  Roi 
par  des  soldats  de  la  milice,  qui  répétaient  sans  cesse* 
chemin  faisant  :  Voici  le  meunier^  la  meunière^  voici  leur  petit 
mitron.  —  Le  duc  d'Orléans  a  passé  en  Angleterre.  » 

Cette  année  de  1789  si  pleine  d'agitations  et  de  trouble  pour 
sa  paroisse  comme  pour  le  reste  de  la  France,  M.  Laine  nous 
apprend  qu'elle  fut  aussi  malheureuse  sous  d'autres  rapports. 
Tout  contribuait  à  aggraver  la  situation  de  notre  infortunépays: 

(c  La  récolte  de  la  présente  année  n'a  pas  été  plus  abon- 
dante que  celle  de  1785.  Le  boisseau  de  froment,  avant  la 
récolle,  a  valu  15  y/-,  et  celui  de  blé  12  -H-  ;  on  n'en  trouvait  pas 
pour  son  argent,  quoiqu'il  y  eût  une.  grande  abondance  de 
tous  grains  en  1788.  La  milice  nationale  a  été  obligée  de 
visiter  les  greniers  des  particuliers,  aux  fins  de  les  forcer  à 
vendre  l'excédant  des  grains  qui  leur  étaient  inutiles  jusqu'à 
la  récolte  ;  cette  milice  a  fait  la  visite  chez  tous  les  nobles  et 
s'est  emparée  de  leurs  armes  pour  la  plupart. . .  Le  clergé 


296  MBSSIKIS  JBAN   LAINE 

s'est  jeté  tôle  baissée  du  côté  du  Tiers<Etat,en  lui  abandonnant 
t^r'- î»;  .vili'^.'S,  en  faisant,  le  4  août  dernier,  le  sacrifice  des 
dîmes  au  profit  de  la  nation,  laquelle  fournira  à  l'entretien  et 
à  la  dotation  honnête  des  ministres  de  la  religion.  La  noblesse 
a  consenti,  à  l'Assemblée,  à  l'écrasement  du  clergé,  ainsi 
qu'il  est  facile  de  le  voir  par  le  décret  du  2  novembre  qui 

supprime  toutes  communautés  d'hommes  et  de  flUes 

...  Les  pluies  ont  été  abondantes  depuis  le  13  janvier,  on  a 
eu  bien  de  la  peine  à  ramasser  le  peu  de  grains  qu'il  y  a  eu. 
Les  cidres  et  les  blés  noirs  ont  été  en  assez  grande  quantité, 
ainsi  que  les  lins.*  On  a  eu  bien  du  mal  à  ensemencer,  cette 
année,  à  raison  des  eaux  continuelles.  Le  froid  ne  s'est  point 
encore  fait  sentir.  Le  boisseau  de  froment  vaut  actuellement 
14  #,  et  celui  de  seigle  11  a-  ;  on  ne  sait  ce  qu'il  vaudra  après 
Pâques  de  l'année  prochaine.  Il  est  à  souhaiter  qu'il  vienne 
en  France  des  blés  étrangers,  ou  bien  l'on  sera  dans  le  cas 
de  mourir  de  faim.  L'Assemblée  nationale  a  rendu  un  décret 
qu'elle  a  renouvelé  plusieurs  fois,  afin  que  la  circulation  des 
grains  eût  lieu  par  tout  le  royaume  ;  ce  décret  ne  rend  point  les 
grains  communs  et  ne  fait  point  manger  le  pain  à  bon  marché.» 

L'année  1790  ne  devait  pas  être  plus  calme  que  la  précé- 
dente; et  si,  personnellement,  M.  Laine  ne  fut  pas  inquiété, 
sa  paroisse,  par  suite  des  événements  qu'il  note  dans  ses 
registres,  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  se  produisent,  eut  sa  part 
des  troubles  qui  désorganisaient  peu  à  peu  toutes  les  insti- 
tutions du  pays.  Des  élections  multipliées,  en  particulier, 
vinrent,  comme  elles  le  font  encore  aujourd'hui,  mettre  en 
ébullition  toutes  les  têtes  et  fomenter  toutes  les  haines. 

«  Cejour,  21«  de  janvier  1790,  on  a  fait  la  description  de 
toutes  les  âmes  qui  existent  en  cette  paroisse  pour  la  faire 
passer  à  l'Assemblée  nationale  qui  l'avait  ordonné.  Elle  se 
monte,  y  compris  les  enfants,  à  quatorze  cent  deux  âmes.  » 

«  Le  1*'  février,  création  de  notre  municipalité.  M.  Pottin 
de  Villeneuve  a  été  nommé  maire.  .  »  Parmi  les  notables,  on 
remarque  en  premier  lieu  le  nom  de  «  M.  Maillard,  prêtre  et 


SON   JOURNAL   BT    SES   NOTBS  297 

vicaire,  »  Deux  listes  étaient  en  présence,  mais  «  une  cabale 
forte  et  nombreuse  fit  toutes  ces  nominations.  » 

«  Le  2  février,  les  officiers  municipaux  et  le  corps  de  la 
milice  nationale  se  sont  rendus  processionneilement  au 
Champ-de-Mars.  Les  premiers  ont  allumé  le  feu  de  joie,  et 
les  membres  de  la  milice  ont  fait  aux  officiers  municipaux  le 
serment  d'être  fidèles  à  la  Loi,  à  la  Nation  et  au  Roi,  ainsi 
qu'il  est  ordonné  par  un  décret  de  l'Assenablée  nationale.  Mais 
Messieurs  les  officiers  municipaux  n'on  point  fait  leur  serment 
à  la  commune^  ainsi  ils  n'y  sont  pas  encore  reconnus.  » 

«  L'assemblée  du  canton  composée  des  paroisses  de  Saint- 
Julien,  dTJrbray,  du  Petit  Bourg  d'Auverné,  deJuignéetde 
la  Chapelle-Glain  a  commencé  le  28  mars  à  nommer  des  élec- 
teurs, aux  fins  de  se  rendre  à  Nantes  le  7  avril  et  d*y  former 
le  département  ;  et  ensuite  aller  à  Chftteaubriant  y  nommer 
cinq  juges  qui  formeront  la  barre  royale.  La  dite  assemblée  a 
fini  le  31  mars  à  4  heures  du  matin.  » 

«  Le  5  avril,  Messieurs  de  la  municipalité  entendirent  en 
témoignage  ,  d'après  le  réquisitoire  du  procureur  syndic  et 
les  assignations  notifiées,  les  dépositions  de  plusieurs  per- 
sonnes, afin  de  connaître  ceux  qui  enlevèrent,  le  25  mars,  les 
différentes  lettres  patentes  du  Roi,  affichées  à  la  porte  prin- 
cipale de  l'église.  Les  dits  Messieurs  de  la  municipalité  vont 
obtenir  un  monitoire  parce  que  les  témoins  ne  s'entendent 
'  pas  suffisamment  pour  que  les  coupables  soient  poursuivis. 
L'un  de  ces  témoins,  qui  est  cause  du  réquisitoire,  a  déclaré 
au  maire  qu'il  avait  reconnu  à  9  heures  du  soir  la  soutane  de 
son  recteur,  toutefois  il  n'a  pas  vu  le  recteur  enlever  les  af- 
fiches, cependant  ce  témoin  l'avait  raconté  partout.  » 

Au  14  mai  nous  lisons  ces  lignes  et  ces  réflexions  inspirées 
par  les  tristes  événements  qui  se  succédaient  :  «  Le  royaume 
de  France  est  bien  troublé  ;  il  est  menacé  de  voir  la  religion 
bannie  de  son  sein.  Les  philosophes  l'attaquaient  sourde- 
ment depuis  longtemps,  les  législateurs  aujourd'hui  ne  rou- 
gissent pas  de  tenter  tous  les  moyens  de  l'anéantir,  avec  cçlçi 


298  MBSSIKK    JKAN    LAlNÉ 

ils  nous  promettent  le  bonheur  et  l'on  a  la  simplicité  de  Tes-/ 
pérer.  Quel  aveuglement!  A  mon  jugement,  cet  aveuglement 
est  quelque  chose  de  plus  étonnant  que  tout  le  reste.  » 

«  Le  30  mai  1790,  M.  Pottin,  maire,  s'est  saisi  des  clefs  des 
archives  dont  étaient  chargés  les  recteurs.  » 

«  Le  3  de  ce  mois  de  juin,  jour  du  Sacre,  la  milice  nationale 
co'nmandée  par  M.  Chassaing,  receveur  des  devoirs,  assista 
avec  la  municipalité  à  la  procession  du  Très-Saint-Sacrement. 
Quelques  soldats  ivres  cassèrent,  sur  le  soir,  sept  fusils  en 
se  battant.  Le  commandant  et  le  maire  se  présentèrent  pour 
mettre  la  paix,  mais  ils  furent  obligés  de  se  retirer  et  de  se 
sauver  promptement,  ainsi  que  le  procureur  de  la  commune. 
Ce  dernier  présenta  une  requête  à  la  municipalité  pour  pour- 
suivre le  soldat  qui  avait  voulu  le  frapper  et  Tassommer. Mais  le 
coupable,  qui  se  sent  soutenu,  semble  se  flatter  de  l'impunité.  )> 

«  Le  14*  jour  de  juillet,  par  un  décret  de  l'Assemblée  na- 
tionale, les  habitants  de  cette  paroisse  ont  juré  à  midi  et  fait 
le  serment  civique  d'être  fidèles  à  la  Nation,  à  la  Loi  et  au 
Roi,  et  de  soutenir  de  tout  leur  pouvoir  la  Constitution.  Le 
tout  en  mémoire  de  la  prise  de  la  Bastille.  Cette  fête  qui 
a  du  être  célébrée  avec  éclat  à  Paris,  où  chaque  municipalité 
a  député  un  sujet  pour  faire  le  serment  ci-dessus  aiji  nom  de 
leurs  commettants,  a  été  des  plus  mouillées  ;  tout  le  jour 
il  a  plu  ici,  ainsi  qu'en  toute  la  France  ;  elle  n'a  pu  avoir 
toute  la  splendeur  qu'on  s'était  proposé  d'y  mettre.  Le  dé* 
puté  de  cette  paroisse  est  un  nommé  René  Poulain,  meunier 
de  Vouvantes  ;  il  a  apporté  ainsi  que  ses  confrères  une  mé- 
daille  blanche  qu'il  a  fait  dorer.  » 

M.  Laine,  originaire  d'Anjou,  ne  pouvait  se  désintéresser 
des  nouvelles  qui  lui  venaient  d'Angers,  où  là,  comme  partout, 
la  Révolution  faisait  de  plus  en  plus  l'application  de  ses 
principes  par  le  trouble  et  l'émeute.  Il  raconte  ainsi  qu'il 
suit  les  événements  du  4  septembre  et  jours  suivants  : 

«  Le  4  septembre  les  carrailleurs  (sic,  ouvriers  carriers) 
près  la  ville  d'Angers,  s'assemblèrent  sur  la  place  d'armes, 


SON  JOURNAL  BT  SES  NOTRS  2d9 

pour  faire  diminuer  le  prix  des  grains  et  faire  mettre  la  po- 
lice sur  le  pain  ;  les  officiers  municipaux  les  satisfirent  ;  mais 
le  6,  ils  revinrent  sur  la  dite  place,armés  de  toutes  pièces,  afin 
d'empêcher  le  transport  des  grains  ;  leur  projet  était  d'incen- 
dier la  ville,  de  la  piller  et  de  saccager  tout.  Déjà  les  maisons 
étaient  marquées  et  désignées  ;  mais  la  garde  nationale  s'op- 
posa courageusement  à  leurs  pei*vers  desseins,  les  repoussa 
avec  courage  et  fermeté.  Parmi  ces  malheureux  se  trouvait 
une  nommée  Catherine  Gaultier,  mère  nourrice  de  l'exécuteur 
de  haute  justice,  qui  fut  pendue  par  lui,  pour  avoir,  à  la  tète 
de  quatre  cents  femmes^  le  sabre  à  la  main,  fomenté  la  sé- 
dition. Il  y  eut  aussi  quelques  hommes  et  autres  femmes  pen- 
dus. Beaucoup  de  prisonniers  sont  encore  retenus  au  château 
d'Angers,  pour  avoir  participé  à  l'insurrection.  Le  tambour 
major  de  la  milice  nationale  qu'on  dit  avoir  distribué  des  car- 
touches aux  perreyeurs,  et  avoir  fait  battre  la  générale,  s'est 
noyé  avec  sa  femme  à  trois  lieues  d'Angers,  pour  éviter  la 
potence.  Beaucoup  de  coupables  sont  en  fuite.  Le  départe- 
ment d'Angers  a  fait  désarmer  toutes  ]les  paroisses  voisines. 
Plusieurs  de  ces  perreyeurs  se  jettent  chez  les  fermiers  riches 
et  aisés  pour  les  voler  et  les  massacrer.  » 

Trompépar  des  bruits  calomnieux,  M.  Laine  <5rut  que  Të- 
vêque  d'Angers,  M.  Couët  du  Vivier  de  Lorry,  à  la  suite  de 
quelques  prélats  prévaricateurs,  avait  failli  à  tousses  devoirs, 
et,  dans  son  journal,  il  ne  rappelle  plus  que  le  «  ci-devant 
évoque  d'Angers.  »  Il  est  avéré  que  M.  de  Lorry  se  pré 
facilement  à  certaines  modifications  de  réglementation  ecclé- 
siastique approuvées  par  le  Roi,  dans  les  premiers  moments 
de  la  Révolution  ;  il  publia  un  mandement  dont  l'Assemblée 
Constituante  admira  les  termes  et  vota  l'impression,  mais  de- 
vant la  constitution  civile  et  le  serment  il  recula  et-demeura 
fidèle  à  l'Eglise  catholique.  A  la  fin  de  1791,  il  quitta  la  ville 
épiscopale  qu'il  aimait  et  où  il  était  aimé*.  Invité  d'une  ma- 
nière pressante  par  Le  Goz,  métropolitain  intrus  de  Rennes,  à 

1  Note  communiquée  d'Angeri. 


300  MfeSSIHB    JEAN    i.AlNÉ 

entrer  dans  le  schisme,  il  lui  répondit  :  »  Il  y  a  plus  de 
quaraaie  ans  que  l'Eglise  de  Jésus^Christ  dfin^  laquelle  j*ai 
eu  le  bonheur  de  nat*jpe,  m'a  imposé  de  grands  devoirs,  j'es- 
père avec  le  secours  de  sa  grâce  y  être  Adèle.  »*  Comme 
nous  le  verrons  /plus  bas,  M.  Laine  reviendra  sur  ces  pre- 
mières impressions  si  défavorables.  Cependant,  il  y  eut,  à 
Angers  môme,  certaine  défiance  puisque  M.  Laine  écrit  :  «  Le 
ci-devant  évêque  n'a  plus  pour  vicaire  général  que  M.  Follen- 
fant  ancien  curé  de  la  paroisse  Saint-Maurice;  les  autres 
curés  de  la  ville  font  encore  leur  o^Tice  à  la  manière  accou- 
tumée ;  aucun  des  chanoines  de  sa  cathédrale  n'a  voulu  être 
son  vicaire,  et  tous  se  sont  récusés.  »  11  ne  fait  pas  le  même 
éloge  des  moines  ^  quisout  sortis  de  leurs  couvents,  et  ha- 
billés en  séculiers  font  un  grand  scandale  dans  la  ville.  Les 
chapitres  deSaint-Laud,  de  Saint-Martin,  de  Saint-Pierre,  de 
Saint-Maurille,  de  Saint-Julien  et  de  Saint-Mainbœuf^  les 
deux  premiers  chapitres  royaux  ont  eu  le  môme  sort  que 
celui  de  Saint-Maurice  qui  est  la  cathédrale.  Tous  les  cha- 
noines deces  chapitres  ajctuellement  ne  peuvent  plus  assister 
à  roiilce.  L'église  Saint-Aubin  sert  de  lieu  de  réunion  pour 
les  assemblées  du  département.  Les  religieux  ont  été  obligés 
de  tout  quitter  sans  avoir  permission  d'emporter  seulement 
les  effets  qu'ils  avaient  en  leurs  chambres.  L'abbaye  royale  et 
la  communauté  de  Saint-Aubin  sert  de  logement  aux  admi- 
nistrateurs du  (jépartement,  qui  ont  jouissance  de  tout  le 
bien  de  cette  abbaye,  comme  des  auti*es  abbayes,  commu- 
nautés, chapitres  et  bénéfices  quelconques  de  l'Anjou.  » 

Après  celte  petite  digression  faite  dans  son  pays  natal, 
M.  Laine  revient  à  sa  paroisse  de  plus  en  plus  agitée  : 

«  Le  23  et  le  25  juin,  les  témoins  entendus  précédemment 
parla  municipalité  de  celte  paroisse  ont  été  assignés  pour 
déposer  à  Nantes  contre  les  auteurs  de  la  prétendue  révolte 
du  11  mai  dernier,  jour  où  quelques   pauvres  malheureux 

>  TresTaax    du    Fraval,  Histoire  de   la   persécution  révolutionnaire  en 
Bretagne,  tome  U. 


BON    JOURNAL   KT   SES    NOTBS  301 

étaient  allés  en  différents  villages  solliciter  les  habitants  à  se 
révolter,  en  raison  qu'un  marchand  de  grains  vendait  son 
blé  plus  cher  qu'il  n'avait  promis  de  le  faire.  Plusieurs  per- 
sonnes ont  été  décrétées  de  soit  ouy,  et  ont  paru  devant  le 
juge  le  25  septembre  dernier.  »  On  ignore  la  suite  de  ce  petit 
incident  qui  montre  à  quel  point  de  surrexcitation  l'on  était 
parvenu  dans  nos  campagnes,  incident  qui  disparaît  du  reste 
au  milieu  des  événements  plus  graves  et  plus  inquiétants.Tout 
contribuait  d'ailleurs  à  aggraver  la  situation  dans  la  province: 

«  La  récolte  en  Bretagne,  écrit  M.  Laine  à  la  fin  de  sep- 
tembre, est  absolument  manquée,  il  n'y  a  pas  de  grain  pour 
nourrir  les  habitants  jusqu'à  Pâques  prochain.  Malgré  les 
décrets  de  l'Assemblée  nationale  qui  permettent  le  transport 
des  grains  en  l'intérieur  du  royaume,  ils  sont  arrêtés  par  la 
populace  de  chaque  paroisse.  Le  boisseau  de  froment,  me- 
sure de  Château briant,  vaut  30  #  10  sols  et  celui  de  blé  10  -H- 
Les  blés  noirs  ont  aussi  manqué  à  cause  de  la  grande  séche- 
resse. Il  n'y  a  ni  pommes,  ni  châtaignes,  ni  vins  en  Bretagne. 
L'Anjou  espère  un  peu  de  vin,  mais  il  sera  bien  cher.  La 
livre  de  bœuf  vaut  9  s.  ;  point  de  commerce,  les  bestiaux  de 
toute  espèce  ne  valent  sol,  les  assignats  monnaie  détruisent 
tout  ;  à  cause  de  ces  assignats,  personne  ne  veut  acheter, 
personne  ne  veut  vendre.  » 

Le  8  octobre,  on  nomma  des  juges  pour  composer  le  tri- 
bunal de  district  de  Châteaubriant,  d'après  la  loi  de  l'organi- 
sation nouvelle  de  la  magistrature.  Parmi  les  élus  de  Saint- 
Julien,  M.  Laine  cite  :  «  MM.  Fresnais  de  la  Briais  et  Lejeune 
du  Chalonge  ;  et  le  10,  la  garde  nationale  de  cette  paroisse 
alla  avec  pompe,  drapeau  déployé,  conjointement  avec  celle 
de  la  Chapelle-Glain,  chercher  le  dit  Fresnais  et  le  dit  Lejeune, 
pour  allumer  un  feu  de  joie  préparé  en  cette  ville.  La  céré- 
monie finie,  il  y  eut  danse  qui  dura  le  reste  de  la  journée.  11 
y  avait  exposée  devant  l'église  une  barrique  de  cidre  d'où 
chacun  tirait  à  volonté.  » 

Le  26  novembre  eut  lieu  l'élection  du  juge  de  paix. 


%2  MKSSIRR    JBAN    LAINÉ^ 

tt  M.  Fresnais  de  Beaumont  (frère  de  M.  Fresnais  de  la 
Briais)  fut  nommé  par  les  citoyens  actifs  de  cette  paroisse,  de 
Juigné,  du  petit  bourg  d'Auverné  et  d'Erbray  ;  quoique  ceux- 
ci  ne  soient  plus  du  canton,  mais  désirent  d'en  faire  partie 
comme  auparavant,  n*ayant  point  demandé  au  district  à  en 
être  distraits  et  séparés.  En  conséquence,  après  avoir  pré- 
senté une  requête,  ils  ont  cru,  le  département  n*y  ayant  fait 
droit,  qu'ils  pouvaient  voter  avec  leurs  frères  qui  les  ont 
reçus  d'une  voix  unanime.  »  Cette  irrégularité  fut  cause  que 
des  réclamations  s'élevèrent,  comme  nous  le  verrons  plus 
loin^  que  l'élection  du  26  novembre  fut  cassée,  et  qu'une  agi- 
tation plus  violente  vint  troubler  la  paroisse  et  accentuer  la 
division. 

«  M<^  Tévdque  de  Nantes,  lisons-nous  à  la  date  du  29  no- 
vembre, ayant  fait  ses  efforts  pour  rétablir  son  chapitre  ca- 
thédral,  et  ayant  protesté  contre  les  décrets  de  l'Assemblée 
nationale,  a  été  obligé  de  se  sauver,  à  10  heures  du  soir,  et 
de  quitter  son  palais,  dans  la  crainte  de  perdre  la  vie.  »  Et  un 
peu  plus  loin  :  «  Il  n*y  aura  point  d'ordination  à  Noël,  M.  de 
la  Laurencie,  évêque  de  Nantes,  ayant  été  obligé  pour  la  se* 
conde  fois  de  se  sauver  au  milieu  de  la  nuit,  pour  éviter  la 
mort  que  la  canaille  lui  préparait  pour  le  lendemain.  Cette 
canaille  stipendiée  avait  entouré  l'hôtel  épiscopal  pour  arrêter 
le  dit  seigneur  évoque.  M»"^  TÉvôque  du  Mans  a  été  obligé  de 
fuir  comme  celui  de  Nantes.  M»'  l'Évoque  d'Angers,  pour  la 
première  fois,  s'est  montré  dernièrement  avec  énergie  devant 
MM.  du  département;  et  leur  a  dit  que,  tant  qu'il  n'avait  pas 
été  question  de  la  religion,  il  s'était  prêté  à  tout,  mais  que, 
actuellement,  il  était  prêt  à  présenter  sa  tête  plutôt  que  de 
consentir  à  faire  le  serment  civique.  Il  y  aura  beaucoup  de 
curés  qui  l'imiteront,  ainsi  que  des  religieuses,  surtout  les 
dames  du  Roncerai  qui  sont  prêtes  à  tout  souffrir  et  refusent 
absolument  le  serment.  Les  curés  qui  ne  voudront  pas  se 
soumettre,  seront  remplacés  par  des  moines  désœuvrés,  sans 
avoir  la  permission  du  seigneur  évêque,  ils  se  contenteront 


SON  JOURNAL  KT  SBS  NOTES  303 

de  celle  du  département,  comme  si  ce  dernier  avait  reçu  de 
Jésus-Christ  la  puissance  qu'il  donna  à  ses  apôtres.  0  Dieu! 
que  l'Assemblée  fait  de  mal  &  TEglise  et  à  ses  ministres  qui 
la  défendent  aux  dépens  de  leur  vie  I  Courage  !  martyrs  de 
notre  religion  I  Une  couronne  vous  est  présentée  ;  elle  est 
déjà  suspendue  sur  vos  tdtesl  »  Cette  couronne,nous  le  savons, 
M.  Laine  était  tout  prêt  à  la  mériter.  «  Un  décret,  continue  no- 
tre courageux  recteur,  porte  que  les  curés  qui  ne  voudront  pas 
faire  le  serment,  seront  privés  de  leur  bénéflce,  M.  de  Mirabeau 
en  est  Fauteur.  Il  prétend  que  la  constitution  n'avance  pas  par 
la  faute  du  clergé  qui  s'y  oppose.  Ce  Mirabeau  qui  a  tant  de 
fois  échappé  à  la  potence,  sera  l'exécration  du  genre  humain 
avec  ses  complices,  les  deux  Lameth  et  autres,  comme  le  duc 
d^rléans  ;  ils  veulent  détruire  la  religion  de  ce  royaume, 
nous  séparer  de  Rome,  et  introduire  chez  nous  le  schisme  et 
le  presbytérianisme.  » 

Dans  cette  année  1790,  les  élections  succédaient  aux  élec- 
tions ;  c'était  le  renouvellement  perpétuel  de  l'agitation.  Nous 
avons  déjà  vu  l'élection  de  la  première  municipalité,  celle 
des  juges  du  tribunal,  celle  du  juge  de  paix.  Le  30  novembre 
«  la  commune  s'assembla  pour  nommer  trois  échevins  et  six 
notables.  »  Le  sort  désigna  ceux  dont  le  mandat  devait  être 
renouvelé.  «  Lorsqu'on  faisait  les  billets  pour  la  nomination 
de  six  notables,  M.  Pottin  maire  se  désista  de  sa  charge  de. 
maire,  M.  Chassaing  de  celle  de  commandant,  M.  Jouneauix 

de  celle  de  capitaine  de  la  milice  nationale M.  Fresnais 

de  Beaumont,  en  sa  qualitéde  juge  de  paix,  prête,  aujourd'hui 
le  2  décembre,  serment  devant  la  municipalité  assemblée  à 
cet  effet...  ;  les  juges  du  district  de  Châteaubriant  installés  le 
30  novembre,  siégèrent  le !«'  décembre...  Le3  décembre,  la 
commune  de  cette  paroisse  a  nommé  par  scrutin  M.  Nicolas 
Gobert  maire cette  assemblée  fut  très  tranquille,  les  op- 
posants et  leurs  agents  n'étant  pas  présents Le  5,  la  garde 

nationale  alla,  drapeau  déployé,  tambour  battant,  à  la  Fres- 
nais, chercher  M.  de  Beaumont,  juge  de  paix  du  canton  de 


304  MICSSIHB  JKAN    LAINE 

Saint-Julien  de  Vouvantes,  pour  ramener  à  la  grand'messe. 
A^près  les  vêpres,  on  le  conduisit  processionnellement  sur  la 
place  de  la  Halle  où  était  préparé  un  feu  de  joie  qu'il  alluma. 
Il  y  eut  danse  le  reste  du  jour  et  une  partie  dje  la  nuit,  parce 
qu'il  Y  avait  encore  une  barrique  de  cidre  exposée,  de  la- 
quelle chacqn  tirait  à  volonté.  » 

JL'allégresse  publique  comme  la  joie  particulière  de  M.  de 
Beaumont  futde  courte  durée,  comme  nous  le  prouvent  la 
requête  suivante  et  les  suites  qu'elle  eut  pour  les  électeurs 
et  leur  élu. 

«  A  MM.  les  administrateurs  du  département  de  la  Loire- 
Inférieure. 

«  Reuiofitrent  les  citoyens  actifs  soussignés  des  paroisses 
de  Saint-Julien,  la  Chapelle-Glain,  Juigné  des  Moustiers,  le 
petit  bourg  d*Auverné,  formant  actuellement  le  huitième  can- 
ton du  district  de  Ctiâteaubriant,  que  Télection  du  juge  de  paix 
faiteàSdint-JuIien  doit  être  regardéecomme  nulle.  Les  détails 
suivants  vous  convaincront  facilement  qu'il  y  aurait  la  plus 
grande  injustice  de  laisser  subsisterune  pareille  élection  :  les 
quatre  paroisses  ci-dessus  dénommées  ont  été  convoquées  par 
ordre  de  M.  le  procureur  syndic  de  s'assembler  à  Saint- Julien, 
la  paroisse  d'Erbray  le  fut  aussi  dans  le  même  tem  ps,  pour  s'as- 
sembler à  Béré,  canton  dont  elle  fait  partie. Cette  dernière,  au 
lieu  de  se  rendre  à  sa  destination, est  venue  à  Saint-Julien  et  a 
demandé  à  être  admise  à  y  voter.  Le  sieur  Laine  pèreS  se  disant 
président  de  droit  par  son  ancienneté  d'âge,  tint  une  conduite 
répréhensible.  11  proposa  à  l'assemblée  de  voter  avec Erbray. 
Cette  motion  fut  admise  par  les  réclamations  de  20  ou  30  per- 
sonnes seulement  du  parti  du  sieur  Laine.  Le  sieur  Pottin, 
maire  de  Saint-Julien.porteur  de  l'arrêté  de  notre  département 
qui  ôtait  la  paroisse  d'Erbray  du  canton  de  Saint-Julien,  se 
présenta  pour  lire  à  haute  et  intelligible  voix,  votre  arrêté 
du  mois  d'octobre  dernier,  et  représenter  à  l'assemblée  que, 

^  C*e$t  la  première  fois  qu*il  est  question   du  père    du  recteur,   Frtmçois 
Laine  qui,  il  faut  le  croire  d'après  cette  indication,  habitait  avec  son  ftle. 


SON   JOUKNAL   KT  SK8   NOTKS  305 

si  l'on  admettait  Erbray  à  voter,  Téleclion  serait  illégale.  Le 
sieur  Laine  voyant  Tempressement  du  dit  Pottin  à  vouloir 
parler,  eut  la  témérité  de  lever  la  main  pour  le  frapper  et 
lui  dire  en  le  menaçant  :  Retirez- vous,  vous  n'ôtes  pas  digne 
d'occuper  la  place  que  vous  avez.  —  Un  officier  municipal, 
croyant  mieux  réussir  que  le  maire  voulut  prendre  la  parole, 
mais  il  fut  encore  plus  mal  reçu.  Le  sieur  Laine,  f)ls.  recteur 
de  Saint-Julien,  s'étant  écrié  qu'il  fallait  le  mettre  à  la  porte, 
on  prenait  déjà  le  dit  officier  par  le  collet  de  son  habit  et  on 
le  traînait  de  force  dehors,  quand  d'honnôtes  citoyen»  s'y  oppo- 
sèrent. On  vit  bien  dès  l'instant  qu'il  y  avait  un  parti  violent 
dans  rassemblée,  et  qu'il  paraissait  impossible  queTélection 
qu'on  allait  faire  fût  légale,  les  chefs  de  ce  parti  étant  connus 
pour  tout  oser  entreprendre,  pour  réussir  à  faire  nommer 
la  personne  qu'ils  avaient  en  vue.  Le  maire  et  Tofficier 
municipal  se  retirèrent,  ainsi  qu'une  grande  partie  de  Tas- 
sem  blée,  tous  indignés  de  cette  trame  odieuse  et  du  mépris  que 
l'on  faisait  de  votre  arrêté,  et  du  peu  de  respect  témoigné  au 
maire  et  à  Tofficier  municipal.  Cette  seule  narration  suffirait 
sans  doute  pour  annuler  le  procès-verbal  de  l'élection  du  2Ô 
novembre,  mais  pour  le  détruire  entièrement,  les  soussignés 
disent,  soutiennent  et  offrent  de  prouver  que  le  parti  violent 
quia  toujours  dominé  en  cette  assemblée, admit  pour  voter  des 
gens  qui  n'en  avaient  pas  le  droit...  ;  que  le  même  parti  chassa 
de  la  dite  assemblée,  les  fils  de  métayers  majeurs,  citoyens 
actifs  ;  et  de  plus,  que  les  votants,  en  grande  partie,  sortaient 
de  leurs  poches  leur  scrutin  tout  fait,  quoique  ne  sachant 
écrire,  au  mépris  de  la  loi  qui  ordonne  qu'ils  seront  écrits 
par  les  scrutateurs,  ou  par  ceux  qui  savent  écrire,  sur  le  bu- 
reau et  en  leur  présence.  Par  tous  les  faits  ci-dessus,  vous 
sentez,  Messieurs,  qu'une  pareille  élection  ne  peut  subsister; 
et,  de  l'humeur  dont  nous  connaissons  ceux  qui  ont  causé 
toutes  ces  injustices,  il  est  facile  de  voir  qu'on  ne  pourra 
jamais  procéder  à  aucune  élection  légale,  tant  qu'ils  y  prési- 
deront, et  même  tant  qu'ils  seront  admis  comme  citoyens 


306  MfSSSIEB    «tRAN    LAINE 

actifs.  C'est  pourquoi,  Messieurs,  qu*il  vous  plaise  prendre 
en  considération  ce  que  dessus,  en  permettre  la  preuve,  et 
en  conséquence  annulej:  le  procès-verbal  de  l'élection  du  juge 
de  paix  du  26  novembre  dernier,  ordonner  que  les  .sieurs 
Laine,  përeetflls...  seront  déchus  du  droit  de  citoyens  ac- 
tifs à  la  prochaine  élection,  avec  à  eux  défense  de  récidiver  à 
l'avenir  ;  et  surtout,  principalement  nommer  un  commissaire 
pris  dans  le  sein  de  votre  administration  pour  convoquer  une 
autre  assemblée,  la  présider  et  procéder  à  une  nouvelle 
élection...  »  Suivent  les  signatures. 

M.  Laine  qui  nous  transmet  la  copie  de  cette  requête  ne 
fait  aucune  réflexion  au  sujet  de  Tattitude  et  des  paroles  qui 
lui  sont  prêtées  dans  cette  affaire.  L'élection  fut  annulée 
comme  nous  l'apprendrons  plus  loin. 

«  Le  26  décembre,  MM.  Gobert  maire,  Bangérard  procu- 
reur de  la  commune  ont  été  fêtés.  A  Tissue  des  vêpres,  il  y  a 
eu  procession  et  charivari  à  cette  occasion.  L*ancien  maire 
qui  donna  sa  démission  le  30  novembre,  ainsi  que  les  sieurs 
Ghassaing  et  Jouneaulx  n*a  point  paru  en  public  depuis  ce 
jour.  La  garde  nationale  était  sous  les  armes,  M.  Meslier 
tenait  la  place  de  commandant.  » 

A  la  fin  de  son  registre  de  1790,  M.  Laine  écrit  ces  notes  : 

«  Léopold,  empereur,  frère  de  la  reine  de  France,  la  rede- 
mande, parce  qu'elle  est  exposée  aux  plus  cruelles  mortifica- 
tions. On  s'est  opposé  à  sa  demande.  Quelques  jours  après, 
la  Reine  a  trouvé  sous  son  couvert  un  écrit  en  gros  carac- 
tères où  Ton  lisait  ces  mots  :  Au  premier  coup  de  canon  que 
votre  frère  tirera  en  France,  on  lui  enverra  votre  tête  en 
réponse. 

«  L'Assemblée  nationale  a  accordé  à  la  veuve  de  Jean 
Jacques  Rousseau  une  pension  de 2000  #,  en  récompense  des 
services  (!)  que  feu  son  mari  a  rendus  à  la  France;  et,  pour 
consacrer  sa  mémoire,  il  lui  sera  érigé  une  statue. 

«  Le  duc  d'Orléans  étant  bien  au-dessous  de  ses  affaires^  et 
ayant  déclaré  son  bilan,  a  obtenu,   par  décret  de  la  dite 


SON  JOURNAL  Kf  SBS  NOtBS  307 

assemblée,  un  million  de  revenus  par  an,  en  faveur  de  son 
patriotisme.  » 

Ce  fut  en  cette  année  1700,  le  26  février,  que  M.  Laine  f)t 
«i  la  déclaration  de  son  bénéflce  cure,  pour  être  inscrite  sur 
le  livre  de  la  municipalité  de  Saint- Julien,  et  ôtre envoyée  à 
celle  de  Nantes,  après  avoir  été  affichée  à  la  porte  principale 
de  Téglise,  suivant  le  décret  de  l'Assemblée  nationale.  » 

M.  Laine  déclare  donc  que  son  bénéfice  consiste: 

<c  l""  En  sa  maison  presbytérale  et  en  ses  dépendances....  » 
Le  recteur  en  fait  l'énumération  et  la  description'. 

«  2"  En  trois  champs  appelés  les  Rochettes^  sujets  à  rachat 
à  chaque  mutation  de  recteur...  ;  3**  en  environ  une  boisselée 
de  pré,  appelée  le  pré  du  chêne,  et  deux  cordes  de  terre  en 
un  pré  dépendant  de  la  chapelle  Sainte-Catherine...;  4""  en 
les  dtmes  produites  par  les  terres  des  fiefs  d*Herbetière,  de 
fk  grande  et  de  la  petite  Selle,  de  la  Rivière  en  haut  Bois,  les- 
quelles dtmes,  en  tous  grains  moulans,  se  perçoivent  à  la 
treizième  gerbe,  à  l'exception  de  celles  produites  en  des 
terres  proche  les  Aulnais  qui  ne  se  perçoivent  qu'à  la  trente- 
troisième...  ;  5*  en  un  tiers  des  dtmes  de  tous  grains  moulans, 
produites  par  les  terres  dépendant  des  fiefs  de  Vouvantes, 
d'Ardenne,  de  la  Boissière,  de  Vioreau  ou  de  Châteaubriant  ; 
les  deux  autres  tiers  sont  perçus  par  les  seigneurs  des  fiefs 
respectifs;  à  l'exception  des  dîmes  produites  en  les  anciennes 
novales,  portées  au  registre  de  1754,  qui,  avec  les  menues  et 
vertes  dîmes  et  la  dlme  des  agneaux,  à  la  treizième  gerbe  et 
au  treizième  agneau,  sont  perçues  en  toute  l'étendue  de  la 
paroisse  par  les  recteurs,  à  l'exception  de  tous  décimateurs 
quelconques.  Lesquels  revenus  produisent^  chaque  année,  au 
soussigné  la  somme  de  quatorze  cents  livres:  1400  #. 

«  Quant  aux  charges  :  sont  dûs,  dimanches  et  fêtes,  deux 


1  Ce  presbytère  plus  que  modeste  êenrit  aux  succeMeara  de  M.  Lain4, 
après  le  Clonoordat,  jusqa*ea  Tannée  1891,  époque  à  laquelle  la  municipalité 
sa  décidaenftn  à  bâtir  po'ir  les  carés  de  Saint-Julien  de  Vouran tes  une 
tiabitation  des  plus  convenables. 


308  MBSÔIRB  JBAN    LAlN^ 

messes,  Tune  grande  et  l'autre  basse  :  108  a-  16  s.  ;  pour  dé- 
cimes, chaque  année  :  90  #  12;  pour  M.  le  vicaire  :  350  -H-  ; 
pour  pains  des  fidèles  et  ceux  des  messes  avec  le  vin  :  15  /^  ; 
pour  réparations  annuelles  au  chœur  et  chanceau  de  l'église, 
du  presbytère  et  dépendances  :  165  -H-  ;  pour  rente  aux  seigneurs: 
1  #  11  s.  ;  pour  tous  domestiques  avec  leur  nourriture  chaque 
année  :  430  #.  Partant  les  revenus  de  la  cure  se  montant  à 
1400#  ,  et  les  charges  à  1160  //•  19  s.,  il  ne  reste  au  soussigné 
pour  frais  de  ménage  et  pour  son  entretien  que  la  somme  de 
238  #  1  s.  Laquelle  déclaration  est  véritable...  LAiNÉ,recteur.  » 

«  M.  Laine  fut  exact  dans  sa  réponse,  nous  dit  le  registre 
de  paroisse,  en  ne  déclarant  toutefois  que  le  minimum  des 
revenus  ordinaires  de  ses  terres  et  dîmes  ;  il  ne  dut  pas  faire 
mention  de  ses  honoraires  de  messes,  de  son  casuel  et  des 
offrandes  faites  dans  le  chœur  de  l'église,  offrandes  qui  va- 
laient autant  que  le  revenu  de  la  cure.  Et  il  faut  bien  que  les 
choses  fussent  ainsi,  parce  que  si  le  bon  recteur  n'avait  eu 
absolument  rien  autre  chose  que  238  a-  au-dessus  de  ses  re- 
venus pour  ses  frais  de  ménage  et  d'entretien,  il  n'eût  pas  été 
dans  une  position  tenable,  et  surtout  il  n'eût  pu  distribuer  si 
souvent, comme  il  le  faisait,  des  aumônes  très  considérables*.» 

Cette  année  de  1790  fut  l'année  du  serment  constitutionnel 
imposé  au  clergé.  Dans  nos  contrées  les  prêtres  prévarica- 
teurs et  ambitieux  furent  relativement  rares,    et    plus  que 

^  La  cure  de  cette  paroisse  et  les  terres  en  dépendant  furent  vendues 
pendant  la  Révolution.  La  même  chose  eut  lieu  dans  presque  toute 
la  France.  Depuis  longtemps,  1»  cupidité  convoitait  cette  riche  mois- 
son. Le  mauvais  usage  que  plusieurs  ecclésiastiques  faisaient  de  leurs 
revenus  servait  de  prétexte  à  des  plaintes  dans  lesquelles,  comme  il  ar- 
rive souvent,  on  en  voulait  moins  à  Tabus  qu'&  la  cnose  môme.  On  insul- 
tait à  la  piété  des  anciens  bienfaiteurs  de  l'Eglise,  on  se  moquait  de  leur 
religieuse  prodigalité.  On  refusait  de  croire  que  c'était  le  clergé  lui-même 
qui.  le  plus  souvent,  avait  donné  à  des  possessions  auparavant  arides  et  inha- 
bitées, rimportance  et  la  culture  qu'elles  avaient  acquises.  On  se  dissimu- 
lait que  ces  biens  étaient  fondés  sur  des  titres  que  leur  antiquité  seule  eût 
dû  rendre  sacrés.  Mirabeau  et  Talleyrand  furent  les  provocateurs  d'un  décret 
qui  devait  mettre  aux  mains  de  l'Assemblée  nationale  les  biens  du  clergé, 
cette  masse  de  richesses  évaluée  au  quart  du  sol  de  la  France.  (Registre  de 
pacoisse.) 


SON   JOURNAL  ET  SES   NOTBS  309 

partout  pBut-ôtre  signalés  et  tournés  en  ridicule.  Aussi  trou- 

vons-QOus  parmi  les  écrits  de  M.  Laine  certaines  notes  où  ils 
ne  sont  pas  ménagés^  témoin  la  suivante  :  «  La  ville  de  Gaen 
on  Normandie  a  treize  curés  ;  l'un  d'eux  aspire  à  Tépiscopat  ; 
les  vers  suivants  lui  ont  été  adressés  : 

Traître  à  la  Foi,  traître  à  l'Etat.  ! 
Traître  à  son  Roi,  traître  à  l'Eglise  ! 
X.*  veut  devenir  prélat. 
Pourquoi  marquer  de  la  surprise  ? 
Sur  treize  ne  fallait-il  pas 
Que  Ton  reconnût  un  Judas  ?  » 

Dans  un  grand  nombre  d'acles  de  baptême  de  cette  môme 
année  1790,  ie  père  de  Tenfant  est  signalé  comme  absent*. 

L'année  1791  s'ouvrait,  elle  est  la  dernière  que  M.  Laine 
devait  passer  dans  sa  paroisse.  L'épreuve  allait  devenir  plus 
rude  pour  lui,  mais  point  supérieure  à  son  courage. 

Au  commencement  de  cette  année,  nous  trouvons  copie 
d'une  séance  du  district  de  Châteaubriant,  datée  du  9  février. 
Dans  cette  séance  où  est  présent  M.  Lejeune,  procureur  syn- 
die,  on  examine  avec  soin  dans  tous  les  détails  le  compte- 
rendu  .du  recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes  concernant 

'  Si  noui  ne  reproduisons  pas  le  nom,  c*est  qu*il  nous  a  été  impossible 
de  le  Ure. 

L'Assemblée  nationale  avait  dans  ees  représentants  une  collection  de  noms 
des  plus  pittoresques  :  Bouche,  Trou,  Lanusse,  Cochon,  Chou,  M^on,  Las- 
non,  La  Beste,  La  Poule,  etc.  Les  plaisanteries  et  les  rimes  ne  leur  étaient 
pas  épargnées.  Lanusse,  curé  de  Saint-Etienne,  près  Bayonne,  député  du 
clergé  de  Tartas  vint  à  mourir.  On  lui  fit  cette  épitaphe  de  saveur  un  peu... 
gauloise,  que  nous  trouvons  encore  parmi  les  notes  de  M.  Laine  : 

Le  grand  Lanusse  est  mort  en  rendant  un  lavement 
Bouche  et  Trou  sont  en  pleura  d*avoir  perdu  leur  frère  ; 
Et  sur  un  tel  malheur  gémit  la  France  entière 
Qui  voit  que  ses  décrets  n*ont  plus  de  fondement? 

*  Note  du  greffier  du  tribunal  de  Châteaubriant,  Af.  Gustave  Leray^  qui  a 
contribué  pour  sa  bonne  part  à  sauver  de  l'oubli  une  grande  partie  des  notes 
de  M.  Laine  écrites  dans  les  registres  dé  1790  et  1791  déposés  au  greffe.  Nous 
sommes  heureux  de  témoigner  ici  à  cet  honorable  fonctionnair  toute  notre 
gratitude  pour  sa  bienveillance  parlaite. 

TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVl"  ANNÉE,  9M0'  LIV.  22 


310  MKSSIRE  JEAN  LAINE 

«  la  régie  etTadministration  qu'il  a  eue  pendant  1790  du  béné- 
fice curial  de  sa  dite  paroisse  ».  Sur  le  chapitre  de  la  charge, 
ft  le  Directoire  délibérant  »  se  contente  d'observer  au  sujet 
des  grains  de  dtmes,  «  que  ces  grains  ont  été  mesurés  à  Taire 
dans  un  temps  qu'ils  n'étaient  pas  parfaitement  secs,  et  qu'ils 
n'ont  point  été  grôlés,  »  et  il  est  par  conséquent  d'avis  «  qu'il 
soit  déduit  un  huitième  au  lieu  du  tiers  demandé  pour  le 
déchet  ».  Passant  au  chapitre  de  la  décharge  «  le  Directoire 
pense  que  la  réctamation  d'une  somme  de  18  #  pour  trois 
journées  de  M.  le  recteur  à  marquer  les  agneaux  ne  peut 
être  allouée;  il  a  en  effet  demandé  une  somme  de  S  -H-  payée 
pour  môme  cause,  cette  dernière  somme  suffisante  pour  cet 
objet  paraît  devoir  être  allouée,  mais  il  ne  serait  pas  raison- 
nable d'allouer  le  paiement  à  deux  hommes  tandis  qu'il  n'en 
fallait  qu'un  pour  compter  les  agneaux  ;  il  ne  serait  pas  juste 
surtout  d'allouer  6  -ff  par  jour  à  un  recteur  dont  le  traitement 
se  trouve  payé  par  la  nation  ;  en  fait,  il  est  le  seul  à  réclamer 
un  pareil  paiement.  .L'article  pour  paiement  de  Thonoraire 
d'une  messe  doit  aussi  être  rejeté  comme  étrangère  la  régie 
du  comptable...  Quant  aux  sommes  employées  pour  le  temps 
passé  par  M.  le  recteur  à  sa  mesurée  des  grains  de  dîmes, 
elles  ne  paraissent  pas  devoir  être  allouées.  M.  le  recteur 
recevant  un  traitement  honnête  de  la  nation,  il  est  singulier 
qu'il  vienne  demander  un  second  traitement  pour  quelques 
moments  qu'il  a  été  occupé  à  la  mesurée  des  grains  de  sa 
régie,  il  est  peu  de  citoyens  qui  n'ait  donné  plus  de  temps 
pour  les  affaires  de  la  nation...  M.  le  recteur  demande  une 
somme  de6  ^^  pour  avoir  fourni  des  poches  aux  mesurées  des 
grains,  cette  somme  ne  paraît  pas  non  plus  devoir  être  allouée, 
parce  que  le  prêt  que  M.  le  recteur  a  fait  de  ses  sacs  ne  paraît 

pas  lui  avoir  été  préjudiciable Il  demande  350  #  qu'il 

dit  avoir  payées  à  M.  Maillard,  son  vicaire.  Le  directoire  ob- 
serve que  M.  le  recteur  ne  justifie  point  ce  paiement,  et  que 
M.  Maillard,  son  vicaire,  a  déclaré  au  Directoire,  le  3  janvier 
dernier,  lorsqu'il  reçut  un  à  valoir  de  son  traitement,  n'avoir 


SON  JOURNAL   KT  SES   NOTES  311 

touché  de  son  recteur  qu'une  sommejde  150  #  ;  ce  qui  est  jus- 
tifié par  délibération  du  dit  jour;  en  conséquence,  le  Direc- 
toire est  d'avis  de  n'allouer  que  cette  somme  de  150  a-  15  s. 
M.  le  recteur  demande  paiement  de  14  #  15  s.  pour  le  vin 
consommé  aux  messes  paroissiales  les  dimanches  et  fêtes,14s. 
pour  le  pain  d'autel,  et  3  #  pour  les  hosties  distribuées  au 
peuple  pendant  1790.  Ces  diflérentes  sommes  ne  paraissent  pas 
non  plus  devoir  être  allouées,  c'a  été  pour  la  fabrique  que 
M.  le  recteur  en  a  fait  l'avance,  c'est  à  elle  qu'il  doit  s'adresser 
pour  en  avoir  remboursement.Quant  aux  articles  de  la  décharge 
pour  honoraires  de  messes,de  bénéfices  simples^  ils  sont  étran- 
gers à  la  régi§  de  M.  le  recteur;  le  Directoire  pense  qu'ils 
doivent  être  distraits  du  compte,  sauf  au  comptable  à  venir  par 
requête  réclamer  ses  dus....  Total  de  la  décharge  :  299#  ;  total 
de  la  charge  :  1468  #  9  s.  ;  partant  la  charge  excède  la  décharge 
de  1169  #  5  s.  Arrête  qu'expédition  du  présent  soit  envoyée  au 
département  avec  le  dit  compte  pour  l'arrêté  final  d'iceiui.  Fait 
à  Châteaubriant,  le  9  février  1791  »  Suivent  les  signatures. 

Nous  ne  voyons  point  de  réponse  immédiate  faite  par 
M.  Laine  à  cet  arrêté,  mais  à  la  date  du  10  mai  suivant  nous 
lisons  la  réclamation  suivante  adressée  à  MM  :  les  adminis- 
trateurs du  département  de  la  Loire-Inférieure  : 

«  Le  sieur  Jean  Laine,  recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes 
au  district  de  Gh&teaubriant,  s'étant  présenté  à  l'adminis- 
tration, aux  fins  de  percevoir  son  traitement  porté  par  votre 
arrêté  du  22  février,  et  en  vertu  des  requêtes  subséquentes 
tendantes  à  recevoir  les  honoraires  des  messes  fixées  aux  cha- 
pelles ou  bénéfices  fondés  en  son  église,  par  lui  acquittés  au 
défaut  des  titulaires  qui  ne  sont  prêtres,  et  enfin  à  recevoir  la 
ferme  de  son  bénéfice  de  Chesneloup,  fondé  en  l'église  parois- 
siale de  Saint-Clément  de  Graon  ;  le  dit  Laine  se  rendit  le  6  du 
présent  à  l'administration,  pour  obtenir  les  sommes  men- 
tionnées par  le  dit  arrêté  et  les  requêtes,  toutefois  en  pro- 
duisant les  quittances  de  ses  vingtièmes,  fouages  et  capita- 
tions  pour  l'année  1790  et  l'aperçu  du  revenu  de  sa  cure  depuis 


312  <  MESSIHE  JEAN   LAINE 

huit  ans  quMl  en  est  titulaire,  qui  doit  vous  avoir  été  présenté. 
Les  vingtièmes,  les  fouages  et  capitations  du*  sieur  Laine 
n'ayant  point  été  traités  par  erreur,  ou  oubliés  en  ses  re- 
quêtes, vous  êtes  suppliés.  Messieurs,  d*y  faire  droit  et  d'ar- 
rêter la  compensation  que  vous  jugerez  bonne  être,  et  d'au- 
toriser MM.  du  district  de  Châteaubriant  de  compter  au 
soussigné  les  sommes  qui  lui  sotlt  légitimement  dues  et  qui 
lui  sont  très  nécessaires,  et  vous  ferez  justice.  A  Saint-Julien 
de  Vouvantes,  le  10  mai  1791.  Laine  recteur.  » 

Il  ajoute  :  tt  Vous  verrez,  Messieurs,  par  l'aperçu  que  j'ai 
fourni  à  Messieurs  les  administrateurs  du  district  de  Château- 
briant, à  raison  des  revenus  de  ma  cure,  qu'elle  ne  me  pro- 
duisait, les  années  précédentes,  tout  au  plus  1200  H- ,  sur  les- 
quelles je  payais  à  Monsieur  le  vicaire  350  -H-,  et  au  bureau  des 
décimes  91  /^  8  s.  En  conséquence,  il  ne  me  restait  que  739  H- 
sans  y  comprendre  les  droits  seigneuriaux.  D'après  ces  vé- 
rités, on  m'a  taxé  depuis  peu  à  300  #  de  don  patriotique,  et  le 
décret  rendu  par  l'Assemblée  nationale  en  1789.  n'exigeait 
des  particuliers,  en  la  susdite  année,  que  le  quart  des  re- 
venus. Je  vous  prie  de  prendre  en  considération  cette  obser- 
vation qui  est  de  toute  justice,  et  de  me  faire  compter  ce 
qu'on  m'a  retenu  au  dessus  de  ce  qui  est  porté  par  la  loi. 
Le  dit  jour  et  an  que  dessus  :  Laine,  recteur  de  Saint-Julien 
de  Vouvantes.  » 

C'était  la  loi  du  plus  fort  qui  allait  prévaloir.  M.  Laine  n'ob- 
Imt  pas  de  satisfaction.  Nous  le  verrons,  l'année  suivante, 
après  son  départ  précipité,  revenir  sans  se  décourager  à  la 
charge,  et  par  des  lettres  datées  d'Angers,  protester  vaillam- 
mentcontre  l'injustice, et  s'autoriser  dans  sesréclamations,de 
son  titre  de  recteur  légitime  de  Saint-Julien  de  Vouvantes. 

Nous  avons  su  précédemment  par  la  requête  présentée  à 
Messieurs  les  administrateurs  du  département  de  la  Loire- 
Inférieure,  que  l'élection  de  M.  de  Beaumont  comme  juge 
de  paix  du  canton  de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  faite  le 
26  novembre  1790,  était  contestée.  L'assemblée  dite  primaire 


SON  J019RNAL  ET  SBS   NOTES  313 

qui  Tavait  élu,  avait  été  marquée  par  des  scènes  violentes  et 
scandaleuses  d'où  était  môme  résulté  un  procès  en  instance 
au  tribunal. M.  de  Beaumont^  très  mortifié  de  ces  agissements, 
prévoyant  d'ailleurs  Tannulation  de  son  élection,  et  voulant 
préparer  sa  revanche  et  son  succès,  publia  au  commencement 
de  janvier  1791,  un  Mémoire  pour  le  canton  de  Saint-Julien  de 
Vouvantes,  Ce  Mémoire  de  18  pages,  sans  noms  d'auteur  ni 
d'imprimeur,  sur  papier  de  luxe,  orné  en  titre  d'une  superbe 
vignette,  nous  donne  une  très  curieuse  physionomie  des  per- 
sonnes et  des  choses  à  l'époque.  C'est  l'histoire  complète 

k 

d'une  opération  électorale  en  1791.  L'on  y  reconnaîtra,  en 
lisant  les  principaux  détails  que,  maintenant  comme  alors, 
les  choses  se  passent  absolument  de  la  môme  façon.  On  dirait 
un  modèle  qu'on  se  plaît  à  reproduire  :  appel  retentissant, 
invitation  pressante  aux  chers  concitoyens  ;  éreintement 
mutuel  des  divers  candidats  par  brochures  ou  affiches  impri- 
mées et  manuscrites  ;  médisances  et  calomnies  qui  fouillent 
et  dénoncent  la  vie  publique  et  privée;  corruption  des  élec- 
teurs par  rintimidation  ou  l'ivresse  ;  falsification  des  bulletins 
et  introduction  frauduleuse  de  billets  dans  le  chapeau  servant 
d'urne,  ce  qui  ne  devait  pas  être  difficile  ;  bagarres,  Insultes, 
coups  de  bâton,  coups  de  poing,  procès,  etc;  puis,  après  la 
victoire,  chants  patriotiques,  festins,  danses  et  feux  de  joie, 
tambour  et  musique,  discours  vibrants  de  patriotisme,  rien 
n'y  manque;  en  un  mot:  tout  i&cérémonial  usité  et  fidèlement 
reproduitde  nos  jours, dans  un  trop  grand  nombre  d'élections. 
a  La  paroisse  de  Saint-Julien^  dit  au   début  l'auteur  du 

Mémoire,  est  agitée  par  des  procès  scandaleux Le  recteur 

de  Saint-Julien  est  décrété  ;  le  président  de  l'assemblée  pri- 
maire, âgé  de  80  ans,  (M.  Laine  père)  insulté,  frappé  dans 
cette  assemblée,  est  cependant  décrété  ainsi  qu'un  des  mar- 
guilliers...  Ces  trois  décrétés  sont  d'honnôles  patriotes, 
accusés  par  cinq  ou  six  petits  intrigants  qui  veulent  tout 
dominer,  de  leur  avoir  manqué  de  respect  dans  rassemblée 
primaire  du  26  novembre  dernier.  Qui  pourra  croire  que  dans 


314  MESSIRB   JBAM   LAINE 

ces  heureux  moments  de  la  restauration  de  la  liberté,  cette 
extravagante  platitude  soit  la  seule  matière  de  deux  grands 
procès  au  Département  et  au  Tribunal  ?...  Sublime  Uécla- 

ration  des  Droits  de  Thomme,  sont-ce  là  tes  effets  ? Les 

décisions  des  tribunaux  ne  serviront  qu'à  propager  la  discorde 
dans  tout  le  canton. . . .  et.il  en  peut  résulter,  dans  un  avenir 
très  prochain,  des  événements  malheureux  que  tout  bon 
citoyen  doit  s'efforcer  de  prévenir. . .  S'il  est  impossible  de 
contenir  les  méchants  par  la  persuasion,  il  est  un  moyen 
infaillible  de  les  abattre  :  il  faut  les  démasquer;  bien  connus, 
bien  ridicules,  ils  ne  sont  plus  dangereux;  Tiniquité  ne  sup- 
porte pas  la  lumière,  elle  est  anéantie  dès  qu'on  éclaire  ses 
démarches...  Osons  donc,  puisque  le  bien  publient  la  tran- 
quillité d'un  grand  canton  l'exigent,  osons  dénoncer  cinq  ou 
six  petits  orgueilleux  qui  méconnaissent  les  droits  du  peuple, 
publier  leurs  noms  et  dévoiler  leurs  manœuvres  intéressées. . . 
livrons-les  une  seule  fois  au  tribunal  infaillible  d'un  peuple 
calme  et  attentif.  Bientôt  couverts  par  les  arrêts  suprêmes 
d'un  ridicule  ineffaçable,  leurs  nouvelles  élections  seront 
reçues  partout  avec  le  mépris  dû  à  leurs  auteurs;  réduits  à 
leurs  moyens  personnels^  ils  seront  forcés  de  laisser  en  paix 
leur  pays  natal  qu'ils  désolent  depuis  très  longtemps.  » 

Et  ici,  M.  de  Beaumont  se  charge  de  la  besogne.  Gomme 
il  avait  affaire  dans  son  élection  à  M.  Jouneaulx,  neveu  de 
l'ancien  recteur,  Tun  de  ses  plus  sérieux  rivaux,  il  saisit  cette 
occasion  pour  attaquer  la  mémoire  du  recteur^  et  même  celle 
de  l'un  de  ses  prédécesseurs  M.  Dezé  que  nos  lecteurs  con- 
naissent tous  les  deux.  Pour  l'auteur  du  Mémoire^  M.  Dezé 
n*est  qu'un  infâme  curé  qui  avait  répandu  dans  la  paroisse 
l'esprit  de  chicane  et  de  discorde  ;  M.  Jouneaulx  purement  et 
simplement  un  voleur,  dont  il  rappelle  la  condamnation  «  par 
le  Parlement  qui  n'avait  su  le  contenir,  »  et  les  procès  «  dix, 
vingt  en  même  temps  (!)  contre  ses  propres  frères,  contre 
tous  ses  voisins  et  ses  paroissiens,  et  encore  en  ourdissait-il 
entre  eux  et  les  dirigeait-il  avec  fureur.  Hélas  1  »  soupire  ici 


SON  JOURNAL  ET  SBS  NOTES  315 

le  Mémoire^  «  son  esprit  vit  encore  ;  on  croirait  qu'il  dirige 
du  haut  des  Cieux,  »  on  voit  que  l'auteur  ignorait  absolument 
ce  qui  se  passe  là-haut,  «  où  il  repose  depuis  huit  ans  », 
point  en  paix,  paraît-il,  «  toutes  les  menées  et  les  cabales 
qui  nous  tourmentent.  C'est  ce  qui  nous  a  forcé  d'en  remon- 
ter l'histoire  jusqu'à  lui  t.  Et  aussi  peut-être,  sinon  tout 
d*abord,  quelques  vieilles  rancunes  héréditaires  qui  remon- 
taient précisément  jusqu'à  M.  Dézé.  \ 
Après  cet  exorde  vengeur  où  Ton  remarquera  qu'il  laisse 
de  côté  le  nom  du  recteur  M.  Laine,  qui  avait  faute  de  mieux 
sans  doute  voté  pour  lui,  l'auteur  du  Mémoire  en  arrive  à  la 
personne  de  ses  ennemis  qu'il  éreinto  de  son  mieux  en  les 
faisant  simplement  connaître  :  «  Citoyens,  vous  ne  pouvez 
attribuer  à  une  vaine  méchanceté  »  oh!  non,  évidemment: 
tt  les  portraits  qup  Ton  est  forcé  de  faire  de  tous  ces  person- 
nages, quand  vous  vous  rappellerez  qu'ils  sont  toujours  dé- 
nonciateurs ou  témoins,  et  souvent  Tun  et  l'autre,  dans  les 
affaires  qui  troublent  ce  canton  ;  que  les  lois  règlent  le  degré 
de  confiance  dû  aux  témoins  suivant  leur  qualité,  leur  carac- 
tère et  leurs  mœurs;  le  portrait  le  plus  détaillé  de  nos  éter- 
nels dénonciateurs  est  donc  de  l'essence  môme  de  ce  Mémoire 
et  commandé  par  la  loi  même.  Commençons  par  le  chef, 
sans  ménagement  comme  sans  humeur.  » 

J.  Saint-Fort  Rondelou, 

Prêtre. 

{A  suwre.) 


LES  ÉCHAUBROGNES 

(Suilt)'. 

J.  GILLEBERT 

Notre  Poitou  est  vraiment  riche  en  documents  sur  l'histoire 
locale.  Parmi  les  sources  intéressantes,  à  divers  titres,  oit 
celle-ci  puise  ses  renseignements,  les  Registres-Journaux 
appelés  encore  Livres  de  Raison  occupent  une  place  impor- 
tante par  les  détails  infimes  qu'ils  conliennent,  les  secrets  de 
la  vie  privée!  qu'ils  révèlent.  M  M,  de  La  Fontenelle,  deVaudoré, 
Beauchet-Filleau.  et  Bélisaire-Ledain  ont  eu,  dans  ces  derniers 
temps  la  bonne  fortune  de  découvrir  des  trésors  en  ce  genre, 
et  ils  ont  considérablement  augmenté  les  richesses  de  nos 
annales  poitevines.  Humble  glaneur  è  leur  suite,  j'ai  eu  entre 
les  mains  le  Livre-Journal  d'un  bourgeois  de  Chàtillon- 
Mauléon,  au  dernier  siècle.  Ce  journal  est  d'un  ialérét  limité 
sans  doute,  car  il  ne  relate  aucun  fait  politique,  mais  sim- 
plement les  faits  survenus  dans  la  famille  de  son  auteur,  et 
les  diverses  transactions  que  nécessitait  la  gestion  d'une 
fortune  assez  considérable  pour  l'époque  où  vivait  son  auteur. 
Telles  qu'elles  sont  cependant,  ces  humbles  pages  ne  m*ont 
pas  paru  sans  valeur.  On  y  trouve  parsemés  ces  mille  petits 
renseignements,  toujours  curieux,  sur  les  mœurs  et  les  habi- 
tudes de  la  vie  privée  d'autrefois,  qu'un  contemporain  rapporte, 

'  Voir  le  fuscicnle  de  mai-JDÏn  1900, 


LES  ÉGHAUBR06NES  317 

sans  se  douter  qu*un  jour  viendra  où  ils  pourront  avoir  pour 
d'autres  que  pour  lui  quelque  intérêt.  Ce  vieux,  registre 
exhale  un  parfum  de  religion  et  d'honnôteté  qui  aide  à  nous 
apprendre  ce  qu'était  la  classe  bourgeoise,  il  y  a  deux  cents 
ans,  alors  que  rincrédulitéetTimmoralilédu  dernier  siècle  ne 
lui  avaient  pas  encore  innoculé  leur  v^nin.  On  y  voit  des 
habitudes  toutes  patriarcales  et  des  relations  d'amitié,  entre 
le  propriétaire  et  le  tenancier,  infiniment  moins  pressuré,  et 
partout,  bien  plus  heureux  alors  qu'aujourd'hui.  Dès  la  pre- 
mière page,  Tauteur  avertit  qu'il  veut  a  que  foy  soit  adjoustée 
«  à  iceluy  registre  par  ses  hérittiers  pour  tous  les  articles  qui 
«  y  sont  insérés  de  sa  main,  comme  conformes  à  la  vérité  : 
«  quand  mesme  les  quittances  de  paiements  qu'il  y  articulera 
M  seront  perdiies  et  adhirées.  »  Jacques  Gillebert,  sieur  de  la 
Louisière,  avocat  en  parlement,  procureur  ducal  et  fiscal  du 
duché-pairie  de  Châtillon-sur-Sèvre,  ci-devant  Mauléon,  fau- 
teur de  ce  journal,  tient  aux  Echaubrognes  par  son  titre  de 
sieur  de  la  Louisière,  petit  bien  situé  à  3  kilomètres  environ 
de  noire  bourg,  au  village  de  la  Taillanderie.  Il  était  le  fils 
puîné  de  Pierre  Gillebert,  notaire  à  Mauléon., Son  frère  aîné» 
Pierre  GilleberU  conseiller  du  roy,  élu  en  l'élection  de  Mauléon, 
avait  également  pris  son  titre  de  sire  des  Arsis,  d'un  autre 
village  de  notre  paroisse  :  mais  ni  l'un  ni  l'autre  n'habita  les 
Echaubrognes.  Cette  famille  était  originaire,  ou  de  Mortagne, 
ou  de  Pontenay-le-Comte,  villes  dans  lesquelles  elle  possédait 
un  logis  de  môme  qu'à  Mauléon.  Nous  ne  connaissons  de  la 
biographie  de  notre  procureur  que  ce  qu'il  nous  raconte  lui- 
môme,  dans  les  trois  pages  qui  précèdent  le  long  exposé  de 
ses  recettes  et  de  ses  dépenses.  Je  vais  tout  d'abord  trans- 
crire ces  humbles  annales  de  famille,  entremôlées  comme 
toutes  choses  ici-bas  d'événements  joyeux  et  de  jours  de 
tristesse.  Malgré  leur  concision,  elles  laissent  percer,  en  plus 
d'un  endroit,  le  cœur  et  la  foi  du  chrétien  qui  les  a  rédigées. 

«  Le  septième  jour  de  juillet  mil  six  cent  quatre-vingt-treize, 
«  j'ai  contracté  mariage  avec  demoiselle  Françoise  Pichard, 


'6i^  LKS    KCHAUBROGNeS 

«  fille  de  defTunt  messire  Nicolas  Pichard,  sieur  des  Bourra- 
«  chéries^  lieutenant  criminel  de  Fontenay-le-Comte  et  de 
«  damoiselle  Renée  Moreau,  lequel  mariage  a  esté  célébré  en 
«  Téglise  de  l'Arbsie,  par  le  sieur  curé  dudit  lieu  ledit  jour  et 
«  le  contrat  passé  par  Loyauté,  notaire  royal  à  Fontenay,  le 
«  même  jour.  Dieu  veuille  y  donner  sa  sainte  bénédiction  ». 

«  Le  9*  jour  de  may  1694,  Françoise  Richard  machère  femme 
«  est  accouchée  sur  les  cinq  heures  et  demie  du  soir,  d'un 
«  garçon,  après  avoir  esté  dans  les  douleurs  depuis  deux  heu> 
«  res  du  matin  ;  et  sur  les  9  heures  du  soir  du  mesme  jour, 
«  est  décédée  malheureusement  dans  les  douleurs.  Dieu  veuille 
«  avoir  pitié  de  sa  pauvre  âme,  et  est  enterrée  dans  l'église  de 
«  la  Trinité. 

a  Le  lundy  dix-septiesme  du  mesme  mois,  ledit  garçon,  mon 
«  fils,  a  esté  tenu  sur  les  fonds  du  batesmc  en  l'église  de  la 
«  Sainte  Trinité,  par  M.  Nicolas  Pichard,  sieur  du  Pasty;  son 
«  parrain,  et  Marie  Pommeraye,  ma  mère,  qui  lui  ont  donné 
u  les  noms  de  Nicolas  Jacques  Marie  (Il  est  conseiller  à 
«  Fontenay). 

u  Le  lundy  dix-huictième  jour  de  novembre,  mil  six  cent 
«  quatre-vingt-dix-sept,  j'ay  épousé  en  Téglise  de  Noire-Dâme 
«  de  Fontenay,  damoiselle  Gabrielle  Marguerite  Gollin,  fille  di* 
«  defTunt  M.  François  Gollin,  sieur  de  la  Martinière,  ad**  et 
«  receveur  des  décimes  de  Fontenay,  et  de  damoiselle  Fran- 
M  çoise  Marie  Draud.  Après  que  le  con  tract  en  a  esté  passé  ledit 
«  jour  par  Frin  notaire  royal  audit  Fontenay.  » 

«  Le  lundy  vingt-cinquième  jour  dudit  mois  de  novembre, 
«  mil  six  cent  quatre-vingt-dix-sept,  sur  les  cinq  heures  du 
«  matin,  est  décédée  Françoise  Pommerais  ma  tante,  veuve 
«  de  deffunct  M.  Pierre  de  Fontaine,  et  a  esté  enterrée  le  len- 
te demain  en  l'église  de  la  Trinité  de  Mauléon.  » 

«  Le  samedy,  sixiesme  jour  de  septembre  mil  six  cent 
«  quatre-vingt-dix  huict,  environ  demi  heure  après  minuict, 
«  Gabrielle  Marguerite  Gollin  ma  femme  est  accouchée  d'un 
«  fils,  lequel  a  esté  baptisé  en  l'église  de  la  Trinité  de  Mau- 


LES   ÊGHAUBROGNKS  319 

r 

«  léon  par  le  R.  P.  Barbereau,  prieur  de  l'abbaye  et  curé  de  la 
<*  dite  paroisse  le  lundi  ensuivant,  huiclième  du  mesnte  mois, 
«  et  nommé  Pierre  François  par  M*  Pierre  Gillebert,  sieur 
«  des  Arsis,  conseiller  du  roy,  et  esleu  en  l'éleclion  dudit 
«  Mauléon,  mqn  père,  son  parrara,  et  damoiselle  Françoise 
«  Marie' Draud,  mère  de  ma  femme,  sa  marraine.  (Il  est 
«  prieur  de  la  Tessoualle.)  Le  26*'  jour  de  novembre  1698 
«  damoiselle  Françoise  Marie  Draud,  veuve  de  M*  François 
«  Collin  sieur  de  la  Martinière,  ma  belle-mère,  est  décédée 
«  et  a  esté  enterrée  en  l'église  Nostre-Dame  de  Fontenay.  » 
«  Lel9  juin  1700,  environ,  trois  heures  après  midy,  est  dé- 
«  cédée  Marie  Pommerais,  veuve  en  premières  noces  de 
«  M**  Lepielvre  et  en  deuxièmes  noces  de  M*  Pierre  Gillebert, 
«  ma  mère,  âgée  de  75  ans,  et  a  esté  inhumée  en  l'église  de 
«  la  Trinité,  près  l'autel  de  la  paroisse  .. 

«  Le  24  novembre  1700,  Marguerite  Gabrielle  Gollin,  ma 
u  femme,  est  accouchée  d'un  garçon  qui  est  né  environ  sur 
«  sept  heures  du  soir,  et  a  esté  baptizé  le .  lendemain  en 
«  l'église  de  la  Trinité  et  nommé  Charles-Marie ,  par 
«  M«  Charles  Aumond,  sieur  des  Essars,  sénéchal  de  Ghâteau- 
<  mur,  mon  cousin  germain,  son  parrain  et  damoiselle  Marie 
«  Agnès  Collin,  ma  belle-sœur,  sa  marraine.  »  (Il  est  curé  de 
i<  Saint-Mâlo-des-Bois.) 

«  Le  vingt-deuxième  jour  de  mars  mil  sept  cent  quatre, 
«  jour  de  samedy  saint,  environ  une  heure  et  demie  du  maiin^ 
«'ma  femme  est  accouchée  d'une  fille  qui  a  estée  baptisée 
«  le  môme  jour,  en  l'église  de  Nostre-Dame  de  Fontenay, 
«  laquelle  a  esté  tenue  sur  les  fonds  de  batesme  par 
«  M*  Jacques  François  Collin  prieur  de  Saint-Pompain  et  da- 
«  moiselle  Charlotte  Rose  Collin,  mes  beau-frère  et  belle-sœur, 
«  qui  luy  ayant  donné  le  nom  de  Marie-Rose;  et  le  jeudy 
«  dixième  d'avril  ensuivant,  elle  est  décédée,  environ  sur  le 
«  midy  et  enterrée  le  lendemain  dans  le  cimetière  de  Lou- 
«  gesve.  » 

«  Le  dix  huict  septembre  1704,  damoiselle  Renée  Moreau, 


320  LES   ÉCHAUBROGNBS 

«  veuve  de  M*  Nicolas  Pichard,  sieur  des  Bourracheries, 
«  mère  de  deffuncte  Françoise  Richard  ma  première  feiiime, 
a  est  décédée  dans  le  bourg  de  TOrbrie,  âgée  d'environ  72iins, 
«  et  a  esté  enterrée  le  mesme  jour  dans  le  cimetière  du  dit 
«  lieu,  proche  la  cmix.  » 

«  Le  septiesme  jour  de  mars  1705,  environ  une  heure 
c  après  minuict  qui  estait  un  jour  de  samedy  matin,  Gabri- 
a  elle  Margueritte  Gol)in,  ma  femme  est  accouchée  d'une 
«  fille  qui  a  esté  baptizée  le  mesme  jour  en  TégUse  de  la 
«  Trinité,  et  nommée  Marie-Rose,  du  nom  de  ma  deffuncte 
tt  fille.  Le  parrain  est  M""  René  Denys,  sieur  du  Chiron,  rece- 
u  veur  des  tailles  de  celte  élection  et  la  marraine  damoiselle 
«  Françoise  Collin,  veuve  de  M.  Pierre  Garbier,  médecin  de 
«  feu  Monsieur  frère  unique  du  roy,  ma  belle-sœur.  » 

(C'est  une  dévote). 

«  Le  vingt  deuxiesme  jour  de  juillet  1707,  Marguerite 
«  Gabrielle  Gollin  ma  femme  est  accouchée  d'une  fille  née 
«  environ  demi-heure  après  midy.  Laquelle  a  esté  baptizée  le 
«  23  du  mesme  mois  dans  l'église  de  parroisse  de  la  Trinité,  et 
«  nommée  Eléonor  Madelaine.  Le  parrain  a  esté  Nicolas 
«  Jacques  Marie  Gillebert,  mon  fils  atné,  et  la  marraine  Eléo- 
«  nor  Rougeuu,  ma  nièce,  n  (Elle  a  épousé  M*"  Jacques  de 
Hillcrin,  avocat  en  la  cour,  président  du  dépost  de  Ghâtillon. 
procureur  du  roy,  des  trailes  du  mesme  lieu,  procureur  fiscal 
du  duché  et  sénéchal  de  Morlagne). 

«  Le  qualriesme  jour  de  mars  1709,  environ  une  heure 
«  après  minuicl  est  décédé  M.  Pierre  Gilleberl,  sieur  des 
«  Arsis,  conseiller  du  roy,  éleu  en  élection  de  Mauleon.  mon 
w  frùre,  âgé  d'environ  boi.xante  ans.  Il  a  esté  enterré  le 
«  mesme  jour  en  l'église  de  Saint-Pierre,  proche  la  balus- 
«  l.-aile  de  l'autnl,  à  main  droite,  et  le  sixiesnie  du  môme 
«  mois  et  an,  environ  sur  les  dix  heures  du  malin,  est  décédée 
«  damoiselle  Angélique  Rougeon,  sa  veuve,  âgée  aussy 
a  d'environ  soixante  ans  et  a  esté  enterrée  le  lendemain  en 
«  la  dite  église, au-dessous  de  son  mary.  »  —  u  Le  treiziesme 


LES    ÉCHAUBROQNES  321 

((  jour  de  novembre  1709,  environ  sur  les  11  heures  du  soir, 
«  Marguerite  Gabrielle  Collin,  ma  femme,  est  accouchée  d'un 
«  garçon  qui  a  esté  baptizé  le  quinze  du  mesiïie  mois,  en 
«  l'église  de  la  Trinité,  et  tenu  sur  les  fonds  du  batesme  par" 
tt  M.  Gabriel  François  Gollin,  prestre  prieur  de  Soullans,  et 
«  damoisclle  Charlotte  Roze  Gollin,  frère  et  sœur  de  ma 
«  femme,  qui  Tont  nommé  Gabriel  Charles.  » 

'<  Le  vingt-septiesme  août  mil  sept  cent  onze,  environ 
«  demi-heure  avant  midy,  Marguerite  GabrieHe  Collin,  ma 
«  femme,  est  accouchée  d'un  garçon  qui  a  esté  baptisé  le 
tt  lendemain  en  l'église  de  la  Trinité  fet  nommé  Jacques 
«  Augustin,  par  M.  Pierre  de  Fontaine  sieur  de  la  Marau- 
('  dière  et  damoiselle  Jeanne  Durand,  veuve  de  M.  Charles 
û  Aumond,  sieur  des  Essars,  vivant  séneschal  de  la  baronnie 
«  de  Châteaumur,  ses  parrain  et  marraine.  » 

«  Le  seiziesme  jour  de  décembre  1723,  Gabriel  Charles 
«  Gillebert  mon  fils,  né  le  13  novembre  1709,  est  décédé  sur  les 
«  trois  heures  du  matin,  et  inhumé  en  l'église  de  la  Trinité  de 
«  celte  ville,  au-dessous  de  mon  banc,  vis-à-vis  le  second 
«  pillier  à  gauche  en  entrant.  » 

«  Le  premier  jour  de  juillet  1726,  Nicolas  Jacques  Marie 
«  Gillebert,  mon  fils  aîné  et  de  deffunte  damoiselle  Françoise 
«  Pichard,  ma  première  femme,  a  épouzé  en  l'église  de 
«  Saint-Savin  de  Poictiers,  damoiselle  Marie  Jacquette  Mac- 
«  quin,fîlle  dedeffunt  M.  René  Macquin,  eschevin  et  major 
0  de  la  ville  dudit  Poictiers  et  de  dame  Marie  Angélique 
«  Diné.  Le  contrat  a  esté  passé  le  mesme  jour  par  Bourdon 
a  notaire  royal  audit  Poictiers.  Le  dix  sept  apvril  1727, 
«  Marie  Jacquette  Macquin  ma  bru,  est  accouchée  d'une  fille, 
«  environ  sur  les  onze  heures  du  soir,  laquelle  a  esté  bap- 
«  tizée  le  lendemain  dix  huict  en  Téglize  de  Notre-Dame  de 
«  Fontenay,  de  laquelle  j'ay  esté  parrain,  et  dame  Marie 
«  Margueritte  de  Mouillebert,  épouse  de  M.  Charles  de  Vil- 
«  ledon,  chevalier,  sgr  de  Gournay,  la  marraine,  elle  a  esté 
«  nommé  Marie  Jacquette.  » 


322  LES    ÉCHAUBROGNES 

a  Le  seize  octobre  1729,  Jacques  Augustin  mon  fils,  âgé  de 
«  dix-huict  ans,  un  mois,  dix-neuf  jours,  est  mort  à  la  Tes- 
«  soualle,  chez  son  frère  le  prieur,  sur  les  trois  heures  après 
a  midy,  après  onze  jours  de  létargie,  et  a  esté  enterré  dans 
«  Téglise  dudit  lieu.  » 

Ici  s'arrêtent  les  notes  de  J.  (jillebert  sur  sa  famille  :  ce  que 
je  vais  ajouter  je  Tai  trouvé  épars,  de  côté  et  d'autre  dans  le 
livre  écrit  en  entier  de  sa  main,  jusque  vers  Tannée  1740, 
époque  probable  de  sa  mort.  A  partir  de  cette  date,  c'est  sa 
fille,  Marie-Rose,  qui  continue,  avec  plus  de  ponctualité  que 
de  science  de  la  grammaire,  à  inscrire  les  recettes  et  dépenses. 
Dans  ce  labyrinthe,  le  mieux  à  faire  c'est  de  noter  au  fur  et  à 
mesure  qu'ils  se  présenteront  les  faits  quelque  peu  dignes  de 
remarque.  Nous  allons  commencer  par  donner  quelques 
explications  sur  Tautobiographie  de  J.  Gillebert. 

Il  avait  perdu  son  frère  avant  Tannée  1682,  et  il  étaitmojeur 
en  1689,  époque  où  nous  le  voyons  se  mettre  à  administrer 
sa  fortune  par  lui-môme.  Le  premier  événement  qu'il  rap- 
porte en  son  livre,  c'est  son  mariage  avec  damoiselle  Fran- 
çoise Richard,  en  1693.  Moins  d'une  année  après,  à  la  joie 
qu'il  éprouve  de  voir  son  union  bénie,  succèoe,  hélas î  bien 
rapidement,  Timmense  douleur  qu'il  éprouve  par  la  perte  de 
«  sa  chère  femme  ».  La  phrase  saccadée  et  incorrecte  qui 
annonce  le  malheur  semble  être  comme  un  reflet  des  an- 
goisser (lu'il  éprouve.  Huit  jours  s*écoulent  jusqu'au  baplftme 
de  l'enfant  dont  la  naissance  a  coûté  la  vie  à  sa  mère.  Puis 
avec  son  esprit  d'ordre,  il  n'oublie  pas  de  noter  que  pour 
l'enterrement,  le  service  de  huitaine,  celui  du  bout  de  Tan 
avec  les  droits  curiaux,  le  luminaire  et  un  annuaire  de 
messes  pour  la  défunte,  il  donne  aux  R.  R.  P.  P.  de  la  Trinité 
la  somme  d(î  200#.  Puis  nous  le  voyons  plus  loin  régler 
pareillement  le  prix  des  mois  de  nourrices  de  son  «  petit  Jac- 
quet ».  Il  donne  à  cette  effet  pour  chacun  an  36#.  et  une  aune 
et  demie  de  serge.  Il  doit  en  outre  fournir  la  chandelle,*  la  fa- 
rine et  le   pain  pour  l'enfant.  Plus  lard,  il  entrera   dans  les 


LES   ÉGHAUBROONICS  .S23 

mêmes  détails  au  sujet  de  son  n  pelit  Chariot  »  piâ/s  de  la 
«  petite  Rosette  ».  Quatre  années  après  son  union  si  inopi- 
nément brisée,  Jacques  Gillebert  contracte  une  deuxième 
alliance  Hvec  damoiselle  Marguerite  GabrielleCoUin.  Le  rang 
qu'occupaient  à  Fonteuay  les  deux  familles  auxquelles  il  s'allia 
donne  la  mesure  de  la  considération  dont  il  jouissait  lui- 
môme.  Par  son  premier  mariage  il  était  devenu  le  beau-frère 
de  Nicolas  Pichard  du  Pasty  qui  eut  dix  enfants  dont  quatre 
furent  prêtres  et  deux  religieuses  ;  puis  de  Jean  Courtin,  ron- 
seiller  du  roy  à  Pontenay  et  qui  avait  épousé  Marguerite 
Pichard.  La  fille  unique  de  ces  derniers  nommée  Marguerite 
comme  sa  mère,  se  maria  plus  tard  avec  Pierre  Rochard,  de 
Landebergère.  Nous  en  avons  parlé  ailleurs,  page  215.  (Voir 
également  les  archives  de  la  préfecture  de  Poitiers  et  le  Dic- 
tionnaire de  Beauchet-Filleau.) 

La  deuxième  femme,  Marguerite  GoUin,  descendait  du  cé- 
lèbre médecin  calviniste  Sébastien  Gollin.  Le  P.  Mulot, 
successeur  du  bienheureux  Montfort  dans  la  charge  de 
supérieur  des  Pilles  de  la  Sagesse  de  Saint-Laurent-sur- 
Sèvre,  appartenait  également  à  cette  famille  par  sa  mère. 
Marguerite  Gollin  survécut  à  son  mari  dont  elle  avait  eu 
sept  enfants.  Outre  la  fille  qu'ils  perdirent  en  bas  âge,  ils 
eurentladouleur  de  voir  mourir  un  de  leurs  garçons  à  Tâge  de 
14  ans,  et  un  autre  à  l'âge  de  18  ans,  un  mois,  19  jours,  selon 
que  le  pauvre  père  le  remémore  douloureusement  en  parlant 
de  la  cruelle  maladie  qui  emporta  le  jeune  homme.  Avec 
quelle  sensibilité  et  quel  sens  profondément  chrétien,  il  an- 
nonce en  quelques  mots  résignés  toutes  ses  angoisses  pater- 
nelles :  il  eut  la  consolation  de  consacrer  h  Dieu  les  deux 
enfants  aînés  de  cette  deuxième  union:  l'un  fut  curé  de 
Saint-André-sur-Sèvre  puis  prieur  de  la  Tessoualle  ;  et 
l'autre  curé  de  Saint-Malo-du-Bois  près  de  Saint-Laurent- 
sur-Sèvre  Marguerite  Gollin  avait,  elle  aussi,  de  nombreux 
frères  et  sœurs.  Notrn  livre-journal  en  fait  connaître  cinq, 
dont  deux   prêtres,  le  prieur  de  Saint-Pompain  et  celui  dr. 


324  LES   ÉCHAUBROGNES 

Soullans  au  canton  de  Saint-Jean-de-Mont.  Ce  dernier  dans 
une  lettre  qu'il  adressft  à  un  avocat  de  Poitiers,  en  1713, 
nous  laisse  deviner  qu'il  n'avait  point  fait  de  Tarchéologie 
une  étude  spéciale. 

«  M.  Hugueteau  de  la  Repoussonnière,  avocat  à  Pontenay, 
«  m'a  montré,  dit-il  ces  gros  coings  de  pierre  de  meulle,  et 
«  ces  deux  sabres  de  cuivre  que  les  massons  de  M.  de  Bouille 
«  ont  tirés  des  fondements  de  son  chasteau  :  on  ne  sçait  à 
«  quoy  ils  pouvaient  servir.  » 

Les  notes  que  nous  trouvons  mises  en  marge  sur  le  registre, 
après  la  naissance  de  plusieurs  des  enfants  sont  d'une  autre 
main  que  de  celle  du  père.  L'une  de  ces  notes  qualifiant  de 
«  dévote  »  sa  fille  Marie-Rose,  tendrait  à  faire  croire  que  les 
sentiments  religieux  deJ.  Gillebert  ne  se  serait  pas  perpé- 
tués également  che»  tous  les  membres  de  sa  famille.  La  dite 
Marie-Rose  resta  fille,  et  mourut  dans  un  âge  avancé,  le  9  no- 
vembre  1791.  Elle  avait  eu  pour  parrain  ce  Denis  du  Chiron 
de  la  Guérivière  que  nous  avons  vu  ailleurs  devenir  proprié- 
taire de  la  Sicardière,  et  de  la  Grande-Ecurie.  (Voir  plus  haut) 
Eléonor-Madeleine ,  l'autre  fille  de  J.  Gillebert,  épousa 
M"  Jacques  de  Hillerin,  d'une  ancienne  noblesse.  Elle  en 
eut  Gharlotte-Eléonore-Aimée,  Sophie-Anna-Bénigne  qui  se 
fixèrent  à  Mortagne,  et  Charles  de  Hillerin  dont  la  fîlle  Clé- 
mentine habita  à  Châtillon  le  logis  de  Bourneau  ,  où  elle 
mourut  vers  1840.  A  la  tête  de  toutes  les  bonnes  œuvres,  ells 
fit  don,  en  mourant,  de  sa  maison  pour  y  établir  une  école 
chrétienne  tenue  par  les  frères  du  bienheureux  de  la  Salle. 
C'est  elle  qui  a  fait  déposer  au  presbytère  de  Châtillon  le 
Livre-de-Raison  qui  nous  occupe  en  ce  moment.  On  sait  que 
c'était  autrefois  l'usage  parmi  les  familles  notables  de  choisir 
le  lieu  saint  comme  lieu  de  sépulture.  Combien  devaient 
s'élever  ferventes,  vers  Dieu,  les  prières  de  notre  J.  Gillebert 
dans  cette  église  de  la  Trinité  où  à  chaque  pas  il  foulait  les 
tombes  qui  recouvraient  les  restes  de  tant  d'ôtres  chéris  et 
regrettés.  L'église  de  paroisse  précédait  la  collégiale,  et  elle 


LRS   ÉGHAUBROGNES  325 

était  d'une  construction  bien  plus  ancienne  qu'elle,  puis- 
qu'elle appartenait  à  la  période  romane.  G*est  pour  conserver 
ce  souvenir  que  M^"  Gousseau  a  conseillé  d'édifier  en  style 
roman  la  façade  de  Téglise  actuelle. 

La  vie  de  notre  procureur,  partagée  entre  les  devoirs  de 
sa  charge,  les  soins  donnés  à  sa  famille  et  Tadministralion 
de  ses  biens,  ne  parait  pas  avoir  été  grandement  mouve- 
mentée. Il  entreprend  peu  de  voyages,  et  ceux  seulement 
que  nécessitent  son  emploi  ou  le  besoin  des  siens.  Il  se 
rend  une  ou  deux  fois  à  Paris  où  il  avait  envoyé  son  fils 
aîné  achever  ses  études.  Pour  lui,  son  centre  d'affaires, 
c'est  Châtillon;  et  de  là  il  rayonne  aux  alentours  pour 
présider  aux  ventes,  dresser  des  inventaires,  etc.  C'est  ainsi 
que  nous  l'avons  vu  faire  celui  de  la  Sicardière,  après  le 
supplice  infligé  au  châtelain.  De  son  vivant,  François 
Garnier  était  son  débiteur,  car  J.  Gillebert  accepte,  à  valoir 
sur  la  dite  dette,  quatre  charges  de  blé  qu'il  prend  sur  le 
village  de  la  Boulaie,  paroisse  de  Rorthais.  Après  l'incendie 
de  la  Sauvagère,  J.  Gillebert  va  diriger  la  vente  de  ce  qui 
restait  et  il  achète  plusieurs  pièces  du  mobilier  et  il  en  tient 
compte  sur  le  prix  de  ses  vacations.  A  son  fils  aîné  à  qui  il 
avait  donné  le  nom  de  Turaillé,  comme  lui-môme  il  avait 
pris  celui  de  la  Louisière,  il  achète  la  charge  de  procureur 
du  roy  en  la  maréchaussée  de  Fontenay  :  et  pour  l'expédition 
de  la  commission  et  enregistrement  d'icelle,  il  paie  h  la 
connestablie,  81  /^  2  s.  Il  fait  passer  à  sa  nièce  du  Pasty, 
248  #  12  s.  pour  une  rente  qu'il  avait  perçue  pour  elle  sur 
la  Ribaillerie,  en  notre  paroisse.  Il  partage  avec  son  frère 
des  Arsis  une  somme  de  45  #  que  feu  le  sieur  des  Buardières 
devait  à  leur  père.  Il  paie  à  M.  Tocqué,  49  /^  10  s.  pour  sa 
capitation.  Pour  le  compte  de  la  baronnie  de  Mauléon,  il 
perçoit  3  septiers  de  blé  dûs  sur  la  Grande  Saunerie,  deux 
sur  lajQrandeCoudraie^  8  boisseaux  sur  la  petite  Ghaillouère, 
4  boiseaux  sur  la  Béchusière  ;  et  par  suite  du  procès  que 
celte  perception  avait  occasionné,  il  touche  un  mandement 

TOMIB  XVI.  —  NOTICES.  —  XVl^  ANNÉE,  ©«-lO*  LIV.  23 


326  LB8   iCHAUBROGNBS 

de  200  #  sur  René  Arnauit^  métayer  à  la  Grande  Goudraye  et 
un  de  12#  sur  la  veuve  Ghaillou  et  son  fils  meslayer  à  la 
Grande  Saunerie. 

Outre  sa  charge  de  président  du  dépost  qui  était  héré- 
ditaire, et  lui  valait  29d#  6  s.  8  d.  de  gages,  avec  200#  de 
gratification  et  6  boisseaux  de  sel  pjur  sa  provision,  il 
perçoit  encore  100#  de  rente  que  lui  verse  le  lieutenant 
criminel  de  Pontenay,  sur  sa  charge,  et  il  a  le  quart  du 
greffe  de  la  baronnie  de  Châtillon,  qu'il  afferme  pour  25# 
par  an. 

Quant  à  ses  revenus  patrimoniaux,  s'ils  étaient  assez  con- 
sidérables, ils  étaient  aussi  singulièrement  embrouillés. 
Ce  qui  ne  contribuait  pas  peu  à  cet  inconvénient  c'est 
que  la  plupart  des  biens  de  famille  étaient  restés  indivis 
entre  lui,  son  frère  et  leur  deux  sœurs,  mariées,  l'une  à  M.  de 
TEmauferuère,  et  l'autre  à  M.  de  la  Jarrie.  J.  Gillebert  avait 
à  Fontenay  une  maison  dite  des  Loges,  à  Mortagne  un 
logis  affermé  à  M.  de  Gennes,  procureur  du  roy  à  Poitiers  ; 
à  Mauléon  un  logis  près  de  Saint-Melaine  qu'il  afferme  à 
M.  Tocqué  d'abord,  puis  à  M.  du  Bosc,  beau-frère  de  son 
neveu,  M.  Cousseau  de  la  Richardière  avec  qui  il  l'échangea 
plus  tard.  Pour  le  logis  de  Bourneau,  il  l'avait  acheté  en 
partie  de  M.  de  la  Brunière.  Si  J.  Gillebert  poussait  souvent 
jusqu'à  la  minutie  son  amour  de  l'ordre,  il  était  néanmoins 
charitable.  C'est  ainsi  que  sur  la  ferme  de  la  Grassière,  en 
Nueil.  dont  il  avait  un  sixième,  il  avait  stipulé  que  le  tenan- 
cier réserverait  la  moitié  du  prix  de  la  ferme  pour  le 
donner  aux  pauvres.  Je  n'entends  point,  dit-il  ailleurs,  tirer 
à  conséquence  avec  mon  fermier  de  la  Gaillardière,  pour  des 
raisons  qui  me  sont  connues,  j'ay  obmis  décrire  plusieurs 
choses,  voulant  qu'au  cas  où  nous  viendrions  à  mourir,  l'on 
se  contente  de  prendre  ce  qui  se  trouvera  pour  lors  de  bes- 
tiaux ainsi  que  le  grain  et  l'année  qui  sera  en  terre,  mais 
qu'on  laisse  le  dedans  de  la  maison  aux  enfants.  »  Il  abaisse 
les  prix  de  ferme  à  plusieurs  de  ses  tenanciers  après  la 
disette  de  1709.  etc. 


Î.ES   éCHAUBROGNES  32 

Il  a  le  quart  d'une  petite  borderie  au  hameau  de  Bouroche 
et  une  charge  de  blé  de  rente  foncière  que  lui  paie  le  prieur 
de  Saint-Gemme  sur  le  village  de  la  Vitre,  il  fait  grâce  d'une 
année  (le  fermier  n'ayant  pas  récolté  de  blé).  «  J'ay,  dit-il  au 
village  de    la   Louisière  paroisse  de  Saint-Pierre  d'Echau- 
brognes,  une  mestayrie  appelée  la  Petite-Louisière,  affermée 
en  1689  pour  50/f   six  charges  de  blé  seigle,  mesure   de 
Mauléon  et  une  charge  et  demie,  mesure  de  Maulévrier, 
4  poulets  à  la  Pentecôte,  2  chapons  à  Noël  et  un  agneau  à 
Pâques.  Le  onze  janvier  1696,  j'ay  aCfermé  pour  cinq  ans  à 
commencer  de  la  Sainte-Georges  prochaine  à  Jacques  Bernier 
et  Vincente  Berthelot  demeurant  à  la  Béchusière  la  mestay- 
rie delà  Petite-Louisière  pour  m'en  payer  par  an  la  somme 
de  iOQ-ff-  demi  charge  de  blé  seigle,  4  poulets,  deux  chapons 
et  la  fllerie  de  deux  livres  de  lin  à  Noël.  Le  5  février,  payé  h 
Thomas  Tournerie, collecteur  de  Saint-Pierre  d'Echaubrognea, 
pour  l'année  1695,  10.  -H-  à  valoir  sur  la  taille  et  crue  de  la 
Petite-Louisière.  »  En  17l0  il  n'en  perçoit  plus  que  85y^ .  En  1753» 
Mathurin  Gouin  prend  à  ferme  la  Petite-Louisière  pour  il 
pistoles.  Bn  1760  il  prolonge  sa  ferme  de  concert  avec  son 
gendre  Jean  Baron.  Les  descendants  de  ce  dernier  sont  encore 
à  la  Petite-IiOuisière  comme  fermiers,  et  nous  avons  dit  que 
dans  les  guerres  de  la   Vendée  les  Baron  ont  servi    avec 
distinction. 

Avec  la  dépréciation  qu'ont  subie  les  valeurs  monétaires, 
ces  prix  de  ferme  nous  semblent  maintenant  bien  peu  élevés 
mais,  souvenons-nous,  par  contre,  que  la  main  d'oeuvre,  le 
taux  de  vente  du  blé,  des  bestiaux  et  des  denrées  était  loin 
d'atteindre  les  prix  d'aujourd'hui,  c'est  ainsi  que  se  faisait 
la  compensation.  Il  reste  à  savoir  si  notre  état  de  choses 
actuel,  sous  ce  rapport,  est  un  progrès.  Donnons  un  aperçu 
de  ces  diCférences  de  prix  d'après  notre  Livre  de  Raison: 
ainsi  les  journées  de  travailleurs  se  payaient  alors  5  sols  ; 

les  fagots  de  bois,  un  escu  le  cent  ;  une  brebis  de  2  à  4#;  une 

baude3  #  8  s.;  une  taure  d'un  an  11  #;une  vache,  24  /f;  une 


328  LBS  ÉCHAUBROGNES 

moitié  de  cochon  9  #;  le  miel  5.  s.  la  livre  ;^le  beurre,  6  sols;  la 
carpe  5  sols  ;  le  boisseau  de  marrons,  12  sols  ;  les  œufs,  2  sols 
la  douzaine.  Quant  au  blé  seigle,  le  seul  qui  fut  cultivé  alors 
dans  nos  contrées,  car  la  culture  du  froment  n'y  était  point 
connue  avant  1830  ou  environ,  la  charge  de  18  boisseaux, 
dans  l'intervalle  de  1698  à  1725,  n'a  atteint  qu'.une  seule  fois, 
en  1723,  le  prix  de  31  fr.  18  sous.  Son  prix  moyen  variait  de 
12  à  18  livres  la  charge.  Môme  remarque  à  faire  pour  le  prix 
des  diverses  marchandises.  Ainsi  J.  Gillebert  paie  à  Oger  son 
cordonnier,  1?  -H-  pour  quatre  paires  de  souliers,  il  se  récrie 
sur  le  prix  de  24  -H-  que  lui  réclame  un  autre  cordonnier  pour 
six  paires  de  souliers  et  il  en  fait  «  modérer  »  le  prix  à  22  #  ; 
mais,   par  contre^  il  paie  un   quarteron  de  thé  50  sols  ;  et 
M.  Aumaud  des  Marchais  achète  à  Paris  un   bonnet  pour 
M.  Tocqué  et  il  le  paie  neuf  livres.  J.  Gillebertet,  sur  ses  vieux 
jours,  donne  chaque  année,  à  Garnier,  perruquier,  8  -H-  pour 
lui  faire  le  «  poil  »  une  fois  la  semaine.  Voyons  maintenant 
ce  que  lui  coûta  la  mise  en  ménage  d'un  de  ses  enfants,  le 
prieur  de  la  Tessoualle.  Sa  mère  lui  achète  pour  53  it  de  serge 
verte  pour  garnir  un  lit  ;  elle  lui  donne  trois  douzaines  de 
serviettes,  une  fine,  une  de  brin  et  une  grosse  ;  trois  nappes 
idem,  six  draps,  une  poêle  à  frire, une  paire  de  landiers  de  fer, 
une  douzaine  et  demie  d'assiettes  neuves,  en  étain,  je  pense, 
puisqu'on  en  indique  le  poids  qui  était  de  31  livres  en  y  com- 
prenant quatre  mazarines  moyennes  et  deux  grands  plats.  Un 
chandelier,  six  cuillers  et  six  fourchettes  «  en  métail  ».  plus 
un  demy  cabinet,  pour  loger  le  tout.  On  lui  a  fourni  par  ail- 
leurs, en  autres  meubles  acheptés  ou  estimés.,  fournitures, 
façon  et  argent  de  preât,  la  somme  de  435  it.  Sous  ce  rapport 
encore,  on  le  voit,  la  différence  entre  nos  temps  actuels  et  ce 
temps-là  est  grande  1 

Le  6  août  1721.  il  paie  à  M.  Janneau,  régent,  22  -H- 10  s.  pour 
15  mois  d'écolage  de  son  fils  Gabriel  à  raison  de  30  sous  par 
mois;  et  le  mesme  jour  Jacquet,  son  autre  fils,  commence  le 
latin.  Dans  ces  temps  d'ignorance  prétendue,  du  reste,  les 


LES  ÉGHAUBROGNRS  329 

parents,  quoique  bienpiuschargés  de  famille  qu'aujourd'hui, 
ne  reculaient  devant  aucun  sacrifice  quand  il  s'agissait  de 
réducation  de  leurs  enfants. 

«  Au  mois  de  may  1719,  Jacques  Blanchard,  dit  La  Fleur, 
soldat  de  milice»  dans  la  campagnie  deM.  le  chevalier  Saint- 
Séverin  pour  la  paroisse  dé  Sant-Philbert-de-Bouin,  natif  de 
Plémin ,  proche  de  Moncoutour ,  en  Bretagne ,  m'a  déposé 
entre  les  mains  deux  louis  d'or  de  nouvelle  fabrique,  valant 
présentement  36  -H-  chascun   pour  luy  garder  jusqu'à  son 
retour,  ou  pour  luy  envoyer  au  quartier  où  il  sera  en  me 
renvoyant  copie  du  présent  extrait  que  je  lui  ay  mis  entre  les 
mains;  ou,  en  cas  de  mort,  employer  le  dit  argent  pour  faire 
prier  Dieu  pour  luy  et  pour  ses  parents,  sans  que  je  sois  tenu 
de  la  diminution  des  espèces.  »  Le  30  août  1720,  il  rend  la  dite 
somme,  etc,  etc.. 

En  quittant  à  regret   les  pages  de  ce  vieux  Livre  de 

Raison  de  J.   Gillebert,  j'éprouve  le  besoin  d'exprimer  le 
sentiment  d'estime,  je  dirais  de  vénération,  que  je  ressens 
pour  leur  auteur...  Qu'il  y  a  loin  de  cette  existence  calme  et 
sereine    s'éteignant  paisiblement    dans    la  satisfaction   du 
devoir  accompli,  à  celle  des  «  employés  »  de  nos  jours,  ter- 
minant prématurément  dans  le  remords,  quand  ce  n'est  pas 
dans  le  crime,  une  existence  enfiévrée  durant  laquelle  chaque 
jour  ils  ont  été  exposés  à  sacrifier  leur  conscience  à  leurs  inté- 
rêts matériels  !  Nul  doute  que  chacun  des  enfants  de  J.  Gille- 
bert aurait  pu  ajouter  à  la  fin  dudit  Livre   de  Raison  les 
quelques  ligne  que  j'ai  trouvées  dans  un   autre  ouvragé  de 
même  nature  :  «  Mon  père  ne  m'a  jamais  donné  que  de  bons 
exemples,  et  je  serais  le  plus  indigne  des  homme  si  j'étais 
capable  de  déshonorer  sa  mémoire.  Je  prie  Dieu  de  me  donner 
les  secours  nécessaires  pour  Timiter  en  sa  vie  et  en  sa  mort.  » 
Ici  finit  la  tâche  que  je  m'étais  imposée;  des  souvenirs,  inté- 
ressants pour  notre  localité,  flottaient  épars  :  j'en  ai  recueilli 
le  plus  grand  nombre  possible^:  puisse  maintenant  quelqu'un 
plus  habile  que  moi,  savoir  les  utiliser  ?  Je  lui  souhaite  autant 
de  plaisir  à  en  tirer  parti  que  j'en  ai  éprouvé  à  les  r^ssçmbler . 


330  LKS  KCUAUBaOQNBS 


NOTES  DÉTACHÉES 

Dans  ce  travail,  il  est  souvent  question  de  redevances  en 
blé  à  payer  ou  à  percevoir.  Voici  d'après  F.  J.  Thieulin,  pro- 
cureur de  Tabbaye  de  la  Trinité  de  Mauléon-Châtillon,  les 
principales  mesures  en  usage  vers  1712,  dans  nos  contrées, 
et  comparées  à  celles  de  Mauléon. 

<c  Mauléon.  La  charge  de  Mauléon  est  de  dix-huit  boisseaux 
et  le  septier  de  seize  qui  en  1712  a  été  réformé  par  justice  à 
Tancien  type  du  boisseaux  de  MauJéon,  comme  il  paroist  par 
les  procédures  qui  en  ont  esté  faites  icy  et  à  Poictiers,  du 
consentement  de  M»""  de  La  Tréraouilie. 

MoRTAGNB.  La  charge  de  Mortagne  est  de  seize  boisseaux  et 
est  plus  grande  d'un  boisseau  etdemy  que  celle  de  Mauléon, 
mesuré  à  la  réforme  du  boisseau  de  Mauléon  en  1712. 

Maulévhiee.  La  mesure  deMaulévrier  est  de  16  boisseaux 
pour  la  charge.  Elle  n'est  guère  plus  grande  que  le  septier  de 
Mauléon,  selon  la  nouvelle  mesure. 

Ghabtkaumur.  La  charge  de  Ghasteaumur  de  la  Flocellière. 
de  MontournaiSf  des  Herbiers  et  des  Epesses  est  de  12  bois- 
seaux et  est  plus  grande  d'un  boisseau  que  celle  de  Mauléon. 

Malièvrb.  La  charge  de  Malièvre  est  de  14  boisseaux  et 
est  un  peu  plus  grande  que  celle  de  Mauléon  et  le  septier  est 
de  16  boisseaux,  et  partant  plus  grand  de  deux  boisseaux  et  un 
tiers  que  la  charge  de  Mauléon.  Les  14  boisseaux  font  à  la 
mesure  de  Mauléon  vingt  boisseaux  et  demy.  Le  septier  fait 
23  boisseaux  et  demy,  mesure  de  Mauléon  1713. 

La  Chasséb.  La  charge  de  la  Chassée  et  Pief-rETÔque  est 
de  16  boisseaux  et  est  un  peu  plus  grande  que  celle  de 
Mauléon. 

BaBssmaE.  La  charge  de  Bressuire  est  de  16  boisseaux  qui 
en  valent  17  boisseaux  à  la  mesure  de  Mauléon. 

Arosnton.  La  charge  d'Argenton  consiste  en  20  boisseaux 
qui  ne  valent  que  la  charge  de  Mauléon,  » 


LbiS   ÉGHAUBROONKS  881 

Lala.  Village,  maintenant  commune  de  Maulévrier.  Le 
flef  et  seigneurie,  tant  domaine  que  censif  appelé  Lala  et  la 
Richardière  en  la  paroisse  de  Chaubroigne.  1540  (c  105  f.  189^. 
A  côté,  Cassini  indique  Lala-Renault,  Lala-Tisseau,  Lala- 
Mauléon,  Lala-Férolieau,  Lala  est  le  nom  ancien  de  la  pre- 
mière ferme  autour  de  laquelle  se  sont  élevées  d'immenses 
terrures  qui  ont  pris  leur  surnom  particulier,  aujourd'hui 
tombé,  du  nom  de  leur  premier  maître. 

La  Pigouléb.  28  juillet  1246.  Don  fait  à  la  léproserie  de 
Mauléon  de  trois  sous  d'or  de  revenu  annuel,  rendabie  la 
veille  de  la  Nativité  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie  sur 
la  terre  de  la  Pécolée,  que  Marie  de  Marenil  et  Aimery  de 
Mareuil  son  premier  mary  avaient  acquise  (Ghâtillon,  Histoire 
manuscrite,  M«'  CousseauJ. 

1090.  Mention  faite  des  Fontenelles  (castellum  Fontanellium) 
{Cartulaire  de  la  Trinité  de  Mauléon), 

1120.  Dîme  due  à  Tabbaye  de  Mauléon  sur  le  Vivier,  Gi- 
rard du  Bois  est  témoin  d'une  donation  faite  par  R.  Qabard 
partant  pour  Jérusalem  (Présumé  le  village  du  Bois  des 
Echaubrognes).  {Cartulaire  de  la  Trinité  de  Mauléoji.) 

1212.  Messire  Etienne  Perereia  (de  la  Perrinière  ?...)  avait 
été  jadis  abbé  de  la  susdite  abbaye  de  Mauléon  [Car- 
tulaire de  la  Trinité  de  Mauléon). 

2  novembre  1406.  Thibault  Caste,  recteur  de  l'église  de 
Saint-Pierre  de  Cholet  lègue  pour  Thôpital  de  la  dite  ville 
quarante  sols  de  rente  qu'il  a  sur  la  terre  de  la  Goquebelau- 
dière  que  tient  le  métayer  de  la  Bretonnière,  en  la  pa- 
roisse de  Saint-Hilaire-d'Eschaubrognes.  (Histoire  de  Cholet, 
Amaury-Gellusseau). 

NiLLiÈRK  (la  Grande),  ferme,  commune  de  Maulévrier,  avec 
fief  et  seigneurie  appartenant  au  seigneur  de  Maulévrier  qui 
y  réunit,  en  1613,  les  fiefs  duRochay,  de  Jousmier  et  du  Petit- 
Pont.  Le  tout  acquis,  dès  1653,  par  Pierre  de  Carion.  En  est 
sieur  Marie-François  de  Carion,  chevalier  capitaine  d'infanter* 


332  LBS  ÉGHAUBROaNËS 

rie,  1689-1696.  Non  loin,  sur  le  chemin,  s'élève  la  petite  cha- 
pelle de  Recouvrance. 

NiLLiÈaE(La  Petite)  hameau,  commune  de  Maulévrier,  dite 
dans  les  titres  au  XVIP  siècle  la  Nellière-Fontevraud  et  par 
corruption  laNillière-Pronteau.  C'était  un  domaine  du  prieuré 
fontevriste  de  la  Rimonière. 


FIN. 


PRRUVES  DE  NOBLESSE 

DES 

DEMOISELLES  DU  POITOU 

Reçues  dans  la  Maison  Royale  de  Saint-Louis 

A   SAINT-CYR 

DE  1686  A  1793 

Extraites  des  Manuscrits,  conservés  à  Paris,  à   la  Bibliothèque 

Nationale  et  publiées  avec  des  notes. 

Par    le    Vicomte    Paul    de    CHABOT 

[Suile'). 


CHAUVELIN    DE  BEAUREGARD*. 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  M  a  rie- Jeanne  Chauvelin 
DE  Beauregard,  agréée  par  le  Roi  pour  être  admise  au  nombre 
des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans  la  maison 
royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr,  dans  le  Parc  de  Ver- 
sailles. Décembre  1733.  ^ 

Armes:  d'argent^,  à  un  chou  cabu  de  sinople  et  un  serpent 
d'or  tortillé  autour  de  la  tige. 

Premier  degré  :  produisante. 

Marie- Jeanne  Chauvelin  de  Beauregard\  1723. 
Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Martin  du  lieu  de  Queaux,  au  diocèse  de  Poitiers,  portant 

1  Voir  le  fascicule  de  juillet-août  1900. 

*  BihL  Nat.  C&b.  des  Titres,  vol.  304.  p.  22. 

'  Alias  :  d'irgent,  au  chou  arraché  de  sinople,  la  tige  entourée  d'un  ser- 
pent d'or,  la  tête  en  haut.  {B.-F.) 

♦  Elle  mourut  célibataire.  (B.~F,) 


334  PRBUVES   D^   NÛBI.ES8E 

que  Marie-Jeanne  Chauvelin,  fille  de  François-Sjlvain  Chau- 
velin,  éc',  sgr  de  Beauregard,  et  de  demoiselle  Marie-Cathe- 
rine de  Nuchèze,  sa  femme,  naquit  le  28*''®  d'octobre  de  Tan 
1723,  et  fut  baptisée  le  30™''  desdits  mois  et  an.  Cet  extrait  si- 
gné :  FRADET,  curé  de  ladite  église,  et  légalisé  : 

Deuxième    detfré  :   père  et  mère. 

François-Sylvain  Chauvelin,  sgr  de  Beauregard,  Marie- 
Catherine  de  Nuchèze.  sa  femme,  1718. 

Nuchèze:  de  gueules,  à  neuf  molettes  d'éperon  d'or  posées  3, 
3,  et  3. 

Contrat  de  mariage  de  François-Sylvain*  Chauvelin,  éc\ 
sgr  de  Beauregard.  fils  de  Jacques  Chauvelin,  vivant,  éc',  sgr 
dudit  lieu  de  Beauregard,  et  de  demoiselle  Anne  Augron,  sa 
veuve,  accordé  le  4""'  de  septembre  de  Tan  1718,  avec  demoi- 
selle Marie-Catherine  de  Nuchèze,  fille  de  Pierre  de  Nuchèze, 
éc%  sgr  de  Badevillain,  et  de  demoiselle  Catherine  Cacault.  Ce 
contrat  passé  devant  Cuirblanc,  notaire  au  lieu  d'Usson, 
sénéchaussée  de  Civray. 

Ordonnance,  rendue  à  Poitiers,  le  troisième  de  mars,  de 
ranl715,  par  M.  Quentin  de  Richebourg,  maître  des  requêtes, 
et  commissaire  départi  dans  ladite  généralité,  par  laquelle 
Jacques  Chauvelin,  sgr  de  Beauregard,  et  François  Chauvelin, 
son  fils, sont  maintenus  dans  la  qualité  de  nobles  et  décuyers, 
dont  ils  avaient] ustifié  la  possession.  Cette  ordonnance  signée  : 

de  RiCHEBOURG. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Nicolas  de  Beauvoir,  portant  que  François  Chauvelin,  fils  de 
Jacques  Chauvelin,  s'  de  la  Sigogne,  et  de  demoiselle  Anne 
Augron,  sa  femme,  naquit  et  fut  ondoyé  le  30"'  du  mois  d'août 

*  François-Sylvain,  chev,  sgr.  de  Beauregard,  Mortesgne,  le  Verger, 
les  Aguestons.  la  Mothe-Pommeraye,  Availles,  la  Sigogne.  etc.,  capitaine 
au  régiment  de  Picardie,  puis  inspecteur  des  haras  du  Poitou,  servit 
au  ban  de  1758  dans  la  4""  brigade  de  Tescadron  de  Boisragon,  et  mourut 
en  août  1767.  (B.-F.) 


OBQ   DBMOISJCLLQS  DU   POITOU  330 

de  l'an  1694,  et  qu'il  reçut  le  supplément  des  cérémonies  du 
baptême,  le  23  novembre  de  Tan  1695.  Cet  extrait  signé  : 
TouzAO-LiN,  curé  de  ladite  église. 

Troisième  degré  :  aïeul  et  aïeule. 

Jacques  Chauvelin,  sgr  de  Beauregard,  Anne  Augron, 
sa  femme,  1688. 

Augron:  d'argent,  à  nn  chevron  d'azur. 

Contrat  de  mariage  de  Jacques  Chauvelin,  éc',  sgr  de 
Crespy,  fils  de  Jacques  Chauvelin,  éc  sgr  de  Beauregard,  lieu- 
tenant général  pour  le  roi,  au  gouvernement  de  Péronne  et 
de  demoiselle  Marie- Anne  de  Bridiers,  sa  femme,  accordé  le 
21"'  de  juin  de  l'an  1688,  avec  demoiselle  Anne  Augron,  fille 
d'Adrien  Augron,  s*  de  la  Barre,  et  de  demoiselle  Marie  de 
Montenay.  Ce  contrat  passé  devant  RuUier,  notaire  à  Poitiers. 

Commission  de  lieutenant-colonel  du  régiment  de  Beaujo- 
lais-Infanterie, donnée  à  Versailles,  par  le  roi,  Tan  1706.  au 
capitaine  Chauvelin  de  Beauregard,  sergent-major  dudit  ré- 
giment. Ces  lettres  signées  :  Louis,  contresignées  :  Chamil- 
LART,  et  scellées. 

Provisions  de  chevalier  de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis 
données  par  le  Roi,  à  Versailles,  le  second  jour  de  février  de 
l'an  1705  au  s""  Chauvelin  de  Beauregard,  major  du  régiment 
dlnfanterie  de  Beaujolais.  Ces  lettres  signées  :  Louis,  contre 
signées  :  Chamillart,  et  scellées. 

Transaction  faite  le  8"'  de  mai  de  Tan  1686,  entre  François- 
Sylvain  Chauvelin*,  éc%  sgr  de  Beauregard,  capitaine  dans  le 
régiment  de  Beaujolais,  et  Jacques  Chauvelin,  son  frère,  éc' 
sgr  de  Crespy,  sur  les  différends  qu'ilsavaient  pour  l'exécu- 
tion du  partage  qui  avait  été  fait  le  onzième  de  février  de  l'an- 
née précédente  des  biens  de  Jacques  Chauvelin.  vivant,  éc% 

ï  François-Sylvain, chev.,  sgr.de  Beauregard  et  de  la  Sigogne,  chev.  de 
Saint-Louis,  en  1705,  lieutenant-colonel  au  régiment  de  Beaujolais-ln- 
tanterje  en  1706, mort  sans  enfants  de  Marie-Anne  de  Brilhac,  fille  de  Louis, 
éc*.  et  de  Marie-Anne  de  Gennes^  (^•-^)» 


336  PREUVES   DE   NOBLESSE 

sgr  de  Beauregard,  lieutenant  de  Roi,  à  Péronne,  et  de  demoi- 
selle Marie- Anne  de  Bridiers,  sa  femme,  leurs  père  et  mère.  Cet 
acte  reçu  par  Limousin,  notaire,  de  la  baronnie  de  Chauvigy. 
Extrait  du  registre  des   baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Nicolas-du-Chardonnet,  à  Paris,  portant  que  Jacques  Chau- 
velin,  fils  de  Jacques  Chauvelin,  s»*  de  TEpine  et  de  Beaure . 
gard,  lieutenant  pour  le   Roi,  à  Péronne,   et  de  demoiselle 
Marie  de  Bridiers  sa  femme,  naquit  le  7"*  de  janvier  de  Tan 
1665,  fut  ondoyé  le  18"*  des  dits  mois  et  an,  et  reçut  le  supplé- 
ment des  cérémonies  du  baptême  le  8""  de  février  de  l'an  1674 
Cet  extrait  signé  :  Pellet,  vicaire  de  ladite  église. 

Quatrième  degré  :  bisaïeul  et  bisaïeule 

Jacques  Chauvelin,  sgr  de  Beauregard,  Anne  de  Bridiers 
sa  femme,  1654.  ^ 

Bridiers  :  d^or,  à  une  bande  de  gueules. 

Contrat  de  Mariage  de  messire  Jacques*  Chauvelin,  chev., 
sgr  de  Beauregard  et  de  l'Epine,  capitaine  d'une  compagnie 
de  cavalerie  dans  le  régiment  Mestre  de  Camp  de  France,  et 
fils  de  Vincent  Chauvelin,  vivant  éc,  sgr  desdits  lieux,  et  de 
demoiselle  Louise-Honorée  Courault,  sa  femme,  accordé  le 
28"*  d'octobre  de  l'an  1654  avec  demoiselle  Anne  de  Bridiers, 
fille  de  messire  Louis  de  Bridiers,  chev,  sgr  du  Solier,  capitaine 
de  cavalerie  dans  le  Régiment  Royal,  et  de  dame  Madeleine 
de  Pestivien.  Ce  contrat  passé  devant  Mauduit,  notaire  à 
Saint- Gautier,  ressort  dlssoudun. 

Ordonnance  rendue  à  Soissons,  le  4"  jour  d'avril  de  Tan 
1670  par  M.  de  Machault  maître  des  requêtes  et  commissaire 
départi  dans  ladite  généralité,  par  laquelle,  il  donne  acte  à 
Jacques  Chauvelin,  éc^  sgr  de  l'Epine  et  de  Beauregard,  lieu- 
tenant pour  le  Roi  au  gouvernement  de  Péronne,  de  la  repré- 
sentation qu'il  avait  faite  devant  lui,  des  titres  justificatifs  de 

«  Il  fut  écuyer  de  la  Grande-Ecurie  et  Chevalier  de  l'Ordre  du  Roi,  fit 
partie  du  1*'  escadruii  des  nobles  du  Poitou  commandé  par  M.  de 
Moussy- la-Contour,  convoqué  à  Melle,  le  5  juin  1693.  (B.-F.). 


DES   OBMOISBLLISS   DU    POITOU  337 

sa  noblesse,  depuis  l'an  1538.  Cette  ordonnance  signée  :  de 
Machault. 

Commission  de  capitaine  dans  le  régiment  de  Picardie, 
donnée  par  le  Roi,  à  Versailles,  au  capitaine  Beauregard,  le 
24"*' d'octobre  de  Tan  1683.  Ces  lettres  signées  Louis,  contresi- 
gnées :  Le  Tellier,  et  scellées. 

Ratification  faite  le  12'"'  de  mars  de  l'an  1655  par  dame 
Louise- Honorée  Couraud,  veuve  de  Vincent  Chauvelin,  chev., 
sgr  de  Beauregard  et  de  l'Epine,  du  contrat  de  mariage  de  mes- 
sire  Jacques  Chauvelin,  son  fils,  avec  demoiselle  Anne  de  Bri- 
diers,  et  de  la  donation  qu'elle  lui  avait  faite  de  tous  ses  biens 
par  ce  contrat.  Cet  acte  reçu  par  Cirot  notaire  de  la  Châtel- 
lenie  de  la  Messelière. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul  kt  trisaïeule. 

Vincent  Chauvelin,  sgr  de  Beauséjour,  Louise-Honorée 
Courault,  sa  femme,  1617. 

Courault  :  de  sable,  à  une  croix  d'argent  et  une  bordure  de 
gueules. 

Contrat  de  mariage  de  Vincent*  Chauvelin,  éc',sgr  de  Beau- 
séjour,  fils  de  Jacques  Chauvelin,  conseiller  du  Roi,  trésorier 
général  de  ses  écuries,  et  de  demoiselle  Cécile  Boyer,  sa 
femme,  et  assisté  de  Jacques  Chauvelin,  son  frère,  conseiller 
au  parlement  de  Paris,  accordé  le  23™*  de  janvier  de  l'an  1617, 
avec  demoiselle  Louise-Honorée  Courault,  fille  de  haut  et 
puissant  sgr  messire  Pierre  Courault,  sgr  de  la  Roche- 
chevreux,  chevalier  de  l'Ordre  du  Roi,  et  dç  dame  Jeanne 
de  Rechigne  voisin.  Ce  contrat  passé  devant  Richer,  notaire  de 
la  Châtellenie  deBazois,  sénéchaussée   de  Montmorillon. 

Hommage  de  la  maison  noble  de  Beauregard,  mouvant  de 
rhôtel  de  Ressoneau,  fait  le  dixième  d'avril  de  l'an  1642,  par 
Vincent  Chauvelin,  éC,  sgr  de  Beauséjour  à  Gaspard  de  Té- 

'  Vincent  Chauvelin  fit  partie  du  ban  des  nobles  de  la  Basse*Marche, 
convoqué  en  1G35.  11  mourut  en  1650.  (B.-F.) 


338  PRBUVBS  ne  noblesse 

deau,  éc',  sgr  de  Ressoneau  et  de  Pingermier.  Cet  hommage 
signé  :  V.  Chauvelin,  Gaspard  de  Tédeau  et  Courbivaud, 
greffier. 

Lettre  du  Roi,  écrite  à  Paris,  à  M.  de  Beauséjour,  le  31"'' 
de  mai  de  Tan  1626,  par  laquelle  Sa  Majesté  lui  mande 
que  pour  ses  vertus  et  mérites,  il  avait  été  choisi  pour  l'as- 
semblée des  chevaliers  frères  et  compagnons  de  l'ordre  de 
Monsieur  Saint-Michel  pour  y  estre  associé,  et  qu'elle  avait 
nommé  le  Vicomte  de  Brigueuil,  pour  lui  en  donner  le  collier, 
de  la  part  de  Sa  Majesté.  Cette  lettre,  signée  :  Louis,  et  con- 
tresignée :  Beauclère. 

Lettres  de  retenue  dans  l'état  de  charge  d'écuyer  de 
récurie  du  Roi,  données  à  Paris,  par  Sa  Majesté,  à  Vincent 
Chauvelin,  sgr  de  Beauséjour,  le  26"®  de  février  de  1623.  Ces 
lettres  signées  :  Louis,  contresignées  de  Loménie,  et  scellées. 

Sixième  et  septième  degrés  :  quatrièmes  et  cinquièmes 

aïeux  et  aïeules. 

Jacques  Chauvelin,  éc%  fUs  de  Toussaint  Chauvelin,  éc', 
Cécile  Boyer,  sa  femme,  1584. 

Boyi':r  :  d'argent^  à  un  lion  de  gueules,  et  un  chef  d'azur,  chargé 
de  trois  étoiles  d'or. 

Contrat  de  mariage  de  noble  personne  Jacques  Chauvelin* 
fils  de  Toussaint*  Chauvelin,  vivant  conseiller,  procureur- 
général  de  la  reine-mère  du  Roi,  et  de  noble  femme  Marie 
Malingre,  sa  veuve,  accordé  le  8"**  de  mai  de  Tan  1584,  avec 
demoiselle, Cécile  Boyer,  fille  de  noble  homme  Jacques  Boyer, 
éc%  et  de  demoiselle  Marie  Valin.  Ce  contrat  passé  devant  de 
la  Fond,  notaire,  au  Chàtelet  de  Paris. 


1  Jacques  Chauvelin^  trésorier  général  des  écuries  du  Roi,  mourut  en 
1C09  {B.-F.) 

•  Toussaint  Chauvelin,  éc,  sgr  de  Fromentel  et  de  Mitry,  procureur- 
général  de  Catherine  de  Médicis,  épousa  :  1"  le  11  février  1538,  Geneviève 
de  Brce,  puis  le  20  juin  lô55,  Marié  Malingre.  {B.~F.) 


DBS  DEMOISBLLfeS    DU   POITOU  .^39 

Emploi  de  l'ordonnance  ci-devant  rapportée  et  datée  du 
1**'  avril  1670,  dans  laquelle  sont  énoncés  : 

Une  sentence  des  requestes  du  Palais,  rendue  le  l?"*  de 
mars  de  l'an  1568,  entre  demoiselle  Marie  Malingre,  veuve 
de  Toussaint  Chauvelin,  éc%  conseiller,  procureur-général  de 
la  reine,  comme  tutrice  de  Claude»  Toussaint.  Catherine, 
Madeleine,  Jacques,  et  Jean  Chauvelin,  ses  enfants,  et  Chris- 
tophe Chauvelin,  éc',  comme  tuteur  d'Alexandre  Chauvelin, 
fils  dudit  feu  Toussaint  Chauvelin,  et  de  feue  dame  Geneviève 
de  Brée,  sa  première  femme.  Cette  sentence  signée  :  Formaget. 

Et  le  contrat  de  mariage  de  noble  homme  Toussaint 
Chauvelin,  éc%  s'  de  Fromentêl,  accordé  avec  demoiselle  Ge- 
neviève  de  Brée,  Tonzième  de  février  de  Tan  1538  (vC  contrat 
signé  :  Pkrrier. 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,juge  général  d'armes  de  France, 
chevalier  de  l'Ordre  du  Roi,  son  conseiller,  maître  ordinaire  en 
sa  chambre  des  comptes  de  Paris,  généalogiste  de  la  maison 
et  des  écuries  de  Sa  Majesté  et  de  celles  de  la  Reine, 

Certifions  au  Roi  que  demoiselle  Marie  Jeanne  Chauvelin 
DE  Beauregard  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être  admise  au 
nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever 
dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr, 
dans  le  Parc  de  Versailles,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  les 
actes  qui  sont  énoncées  dans  cette  preuve  ,  laquelle  nous 
avons  vérifiée  et  dressée  à  Paris,  le  lundi  28"®  jour  du  mois 
de  décembre  de   Tan  mil  sept  cent  trente-trois. 

Signé  :  d'HozieA 

CHAUVELIN» 

m 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Marie  Julie  Chauvelin, 
agréée  par  le  Roi  pour  être  admise  au  nombre  des  demoiselles 
que  Sa  Majesté  fait  élever^  dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis, 
fondée  à  Saint-Cyr,  dans  le  Parc  de  Versailles,  6  avril  1769, 

1  Bibl.  Nat.  Cah.  dis  Titres.  Nouv.  d*Hoz.  voî#  95,  dos  1853,  p.  36. 


340  PREUVEBS   DE   NOBLESSE 

Premier  degré  :   produisante. 

Marie- Julie   Chauvelin  1759^ 

Armes  :  d'argent^  à  un  chou  cabu  de  sinople  et  un  serpent  dor^ 
tortillé  autour  de  la  tige. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Notre- 
Dame  de  Niort,  diocèse  de  Poitiers,  portant  que  Marie-Julie, 
fille  légitime  de  feu  messire  François-Marie  de  Chauvelin,  éc^ 
capitaine  au  régiment  de  Bourgogne,  et  de  dame  Josèphe 
Chassin  de  Thierry,  naquit,  le  10  janvier  1759,  fut  ondoyée 
le  lendemain,  reçut  le  supplément  des  cérémonies  du  baptême^ 
le  8  mai  1760,  et  eut  pour  parrain,  messire  François-Silvain 
de  Chauvelin,  son  aïeul,  sgr  de  Beauregard  et  de  Cigogne. 
Cet  extrait  délivré  le  11  juin  1766,  par  le  s"^  Bouhier,  vicaire 
de  la  dite  église  et  légalisé. 

Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

François-Marie  Chauvelin,  éc*^  ;  Josèphe  Chassin  de 
Thierry,  sa  femme,  1759. 

Extrait  des  registres  des  mariages  de  la  paroisse  de  Louis- 
bourg,  Isle-Royale,  évéché  de  Québec,  portant  que  le  s'  Fran- 
çois-Marie Chauvelin,  capitaine  au  régiment  de  Bourgogne, 
fils  de  François-Marie*  Chauvelin  de  Beauregard,  éc'',  et  de 

dame Neuchaise^  natif  delà  paroisse  de  Queaux,  évêchéde 

Poitiers,  d'une  part  ;  et  demoiselle  Josèphe  Chassin  de  Thierry, 
fille  de  feu  François-Nicolas  Chassin  de  Thierry,  éc%  capitaine 
de  la  colonne,  chev.  de  Saint-Louis  et  de  dame  Marie-Josèphe 
Rousseau,  native  de  Louisbourg,  d'autre  part,  reçurent  la 
bénédiction  nuptiale,  le  5  février  1758.  Cet  extrait  délivré,  le 
15  février  1769,  par  le  s"^  Haran,  garde  dépositaire  général 
des  archives  et  registres  provenant  des  colonies  méridionales 
et   septentrionales  et  légalisé. 

'  Née  posthume,  mariée  à  François  Scourions  de  Boismorand.  (B.-F.) 
*  François-Sylvain  Chauvelin.  (/?.-F.) 
»  Catherine  de  Nuchèze.  (6.-F  ) 


DBS   DBM0I3BLLES   DU   POITOU  341 

Contrat  de  mariage  de  s'  François-Marie  de  Chauvelin, 
capitaine  au  second  bataillon  du  régiment  de  Bourgogne, 
en  garnison  à  Louisbourg,  Isle-Royale,  natif  de  la  paroisse 
de  Tios,  en  Poitou,  fils  de  messire  François-Sylvain  Chauve- 
lin  de  Beauregard,  éc^  sgr  de  Beauregard,  etc.,  et  de  feu 
dame  Catherine  de  Nuchaize,  accordé,  le  5  février  1758,  avec 
demoiselle  Marie  Josèphe  Chassin  de  Thierry,  fille  de  feu 
M.  de  Thierry,  capitaine  des  troupes  détachées  de  la  Marine, 
à  Louisbourg  et  chevalier  de  l'Ordre  royal  et  militaire  de 
Saint  Louis,  et  de  dame  Marie-Josèphe  Rousseau,  sa  veuve. 
Ce  contrat,  passé  à  Louisbourg,  Isle-Royale,  devant  Bac- 
querille  et  Morin,  notaires  royaux,  en  la  même  isle,  est 
produit  par  expédition  délivrée,  le  15  février  1769,  par  le 
s*^  Haran, garde  et  dépositaire  général  des  archives  et  registres 
provenant  des  colonies  méridionales  et  septentrionales  et 
légalisée. 

Et  pour  le  surplus  des  preuves  de  la  dite  demoiselle  Marie- 
Julie  Chauvelin,  elle  produit  les  preuves  de  la  noblesse  de 
demoiselle  Marie- Jeanne  Chauvelin  de  Beauregard,  sa  tante, 
reçue  à  Saint-Cyr,  en  1733  et  ainsy  conçues  : 

Preuves  de  la  noblease  de  demoiselle  Marie- Jeanne  Chauvelin 
DE  Beauregahd  iujrééc  par  le  roi  pour  être  admise  au  nombre 
des  demoiselles  t/ue  Sa  Majesté  fait  élever,  dans  la  maison  royale 
de  Saint-Louis,  fondée  fi  Saini-Cyr,  dans  le  Parc  de  Versailles. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Martin  du  lieu  de  Queaux,  au  diocèse  de  Poitiers,  portant 
que  Marie-Jeanne  Chauvelin,  fille  de  François-Sylvain 
Chauvelin,  éc',  sgr  de  Beauregard,  et  de  demoiselle  Marie- 
Catheriaie  de  Neufchèze,  sa  femme,  naquit,  le  28  octobre  1723 
et  fut  baptisée,  le  30  des  dits  mois  et  an.  Cet  extrait  signé  : 
Fradet,  curé  de  la  dite  église,  et  légalisé. 


TOMK  XVI.  —    NOTlCut.  —   XVI'   A^^ÉE,   U*-lO'  uv.  24 


342  PREUVES   DIS   NOBLESSE 


Troisième    degré  :    aïeul. 

François-Silvain  Chauvelin,  sgr  de  Beauregard  ;  Marie- 
Catherine  de  Nuchèze,  sa  femme,  17i8. 

DE  NucHÈZE  :  de  gueules,  à  neuf  mofettes  d'éperon  d'or^  posées 
5,  3  et  3 

Pour  ce  degré,  voir  le  second  degré  des  preuves  de  Marie- 
Jeanne  Chauvelin  de  Beauregard. 

Quatrième    degré  :   bisaïeul. 

Jacques  Chauvelin,  sgr  de  Beauregard  ;  Anne  Augron,  sa 
femme,  1688. 

Pour  ce  degré,  voir  le  troisième  degré  des  preuves  de  Marie- 
Jeanne  Chauvelin  de  Beauregard. 

Cinquième   degré:   trisaïeul. 

Jacques  Chauvelin,  sgr.  de  Beauregard  ;  Anne  de  Bridiers, 
sa  femme,  1654. 

Pour  ce  degré  voir  lequatrième  degré  des  preuves  deMarie- 
Jeanne  Chauvelin  âe  Beauregard. 

Sixième    degré  :    quatrième    aïeul. 

Vincent  Chauvelin,  s'^  de  Beauséjour  ;  Louise-Honorée 
Courault,  sa  femme,  J617. 

Pour  ce  degré  voir  le  cinquième  degré  des  preuvesde  Marie- 
Jeanne  Chauvelin  de  Beauregard. 

Septième  degré  :  cinquième  aïeul 

Noble  Jacques  Chauvelin  ;  Cécile  Boyer,  sa  femme,  1584. 
Pour  ce  degré,  voir  le  sixième  degré  des  preuves  de  Marie- 
Jeanne  Chauvelin  de  Beauregard  ; 

Nous,    Denis-Louis  d'Hozier,     conseiller    du   Roi  en    ses 


DES   DEMOISELLES   DU  POITOU  343 

conseils,  président  en  sa  cour  des  comptes,  aydes  et  finances 
de  Normandie  et  commissaire  de  Sa  Majesté,  pour  lui  cer- 
tifier la  noblesse  des  demoiselles  élevées  dans  la  maison  royale 
de  Saint-Louis  à  Saint-Cyr, 

Certifions  au  roi  que  demoiselle  Marie-Julie  Chauvelin 
est  nièce  de  demoiselle  Marie-Jeanne  Chauvelin  de  Beaure- 
gard,  reçue  dans  la  maison  royale  de  Saint-Louis,  à  Saint- 
Cyr,  sur  les  preuves  de  sa  noblesse,  certifiées  à  Sa  Majesté, 
le  28  décembre  1733.    Fait  à  Paris,   le  6  avril  mil  sept  cent 

soixante-neuf. 

Signé  :  d'Hozier. 

CHEVALEAU  DE  BOISRAGON*. 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Marie-Elisabeth  Cheva- 
LEAU  DE  BoiSRAGON,  agréée,  1786.  (sic). 

Premier  degré  :  produisante. 

Marie-Elisabeth  Chevaleau  de  Boisragon,  1776-'. 

Armes  ;  dazur,  à  trois  roses  d^ argent,  posées  2  et  i . 

Extrait  des  registres  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre  ès-Liens  de  la  Chapelle-Bâton,  diocèse  de  Poitiers, 
portant  que  Marie-Elisabeth,  fille  légitime  de  Jean-Baptiste 
Chevaleau  de  Boisragon,  major  d'infanterie  et  chevalier  de 
Tordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  et  de  dame  Marie  de 
Magne,  fut  baptisée,  le  22  novembre  1776,  étant  née,  le  5  oc- 
tobre précédent.  Cet  extrait  délivré,  le  20  février  1783,  par 
le  s**  Bezeaud,  curé  de  la  dite  paroisse. 

Deuxième  degré  :  pkrk  et  mère. 

Jean-Baptiste  Chevalier  de  Boisragon  ;  Marie  de  Magne 
sa  femme,  1775. 

'  Bibi.  Sut.  Cab.  de.s  Titres.  Nouv.  d'Hoz.  vol.  9G  dos.  1890  p.  17. 

'  Elle  mourut  célibataire,  au  château  de  la  Chesnave,  versl80o.  [B.-F.) 


1 


344  PKBUVKS    DK    NOBLESSE 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jean-Baptiste  Chevaleau* 
de  Boisragon,  major  d'infanterie  et  chevalier  de  l'ordre  ro}''al 
et  militaire  de  Saint-Louis,  fils  majeur  de  feu  messire  Armand 
Chevaleau  de  Boisragon,  sgr  de  la  Chesnaye,  la  Vienne,  Cha- 
meslay,  etc.,  ancien  lieutenant-colonel  du  régiment  d'Orléans- 
Infanterie,  et  de  dame  Marguerite  Gondin  de  Boisseron,  sa 
veuve,  accordé,  le  11  septembre  1775,  avec  demoisselle  Marie 
de  Magne,  fille  mineure  de  feu  messire  Pierre  de  Magne,  sgr 
de  la  Grange,  et  dame  Françoise  des  Maisons.  Ce  Contrat 
passé  devant  Ribault  et  Bourbeau"  notaires  royaux. 

Extrait  des  registes  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Sainte- 
Néomaye,  portant  que  Jean-Baptiste  Chevaleau  de  Boisra- 
gon fils  de  messire  Armand  Chevaleau  de  Boisragon,  sgr  de  la 
Chesnaye,  et  de  dame  Marguerite  de  Gondin  de  Carsan.  con- 
joints, fut  baptisé,  le  27  novembre  1737,  étant  né  la  veille.  Cet 
extrait  délivré,  le  12  septembre  1775  par  le  s»^  Messay.  curé 
de  Sainte-Néomaye,  et  légalisé. 

Troisième   degré  :    aïeul. 

Armand  Chevaleau,  sgr  de  la  Chesnaye  ;  Marguerite  de 
Gondin  de  Carsan,  sa  femme,  1734. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Armand»  Chevaleau,  sgr 
de  la  Chesnaye  capitaine  au  régiment  d'Infanterie  d'Orléans, 
fils  légitime  et  naturel  de  feu  messire  Jean  Chevaleau  de 
Boisragon  et  dame  Louise-Perside  de  Laste,  accordé  le  22 
mars  1734  avec  noble  dame  Marguerite  de  Gondin  de  Carsan, 
fille  légitime  et  naturelle  de  feu  messire  Louis-Henry  de  Gon- 
din, sgr  de  Carsan,  et  de  dame  Louise  de  Cornettes  ;  ce  con- 
trat passé  devant  François  Puech,  notaire  royal. 

Extrait  des  registres  de  la  paroisse  de  Saint -Martin-du- 

*  Dit  le  chevalier  de  Boisragon. ancien  officier  au  régiment  de  Chartres- 
Infanterie,  major  du  régiment  provincial  au  bataillon  de  Saint-Maixent . 
{H. -F.) 

•  Il  fat  lieutenant-colonel  du  régiment  d'Orléans-Infanterie,  chev.  de 
Saint-Louis,  commandant  d'un  des  escadrons  de  la  noblesse  du  Poitou 
au  ban  de  1758.  [li,-F.) 


DBS   DKMOISKLLES    DU    POITO  U  3i5 

Fouilloux,  en  Poitou,  portant  qu'Armand  fils  légitime  de  mes- 
sire  Jean  Chevaleau,  sgr  de  Boisragon  et  dame  Louise  Perside 
de  Laste.  fut  baptisé,  le  t>  janvier  1702.  Cet  extrait  délivré,  le 
28  janvier  1734,  par  le  s'  Panay,  curé  de  la  dite  paroisse,  et 
légalisé. 

Qutitrième  (legré  :    bisaïeul. 

Jean  Chevaleaii,  sgr  de  Boisragon  ;  Louise- Perside  cle  Las- 
te, sa  femme.  1688. 

DE  Laste  :  d'azur^  k  un  chevron  (l'or,  ,sur monté  d'un  soleil  de  , 
même,  et  accompagné^  en  chef  de  deux  étoiles  d'argent,  et  en  pointe 
d'un  croissant  de  même. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jean  Chevaleau\  sgr  de  Bois- 
ragon, fils  de  défunt  messire  Jean  Chevaieau,  sgr  dudit  lieu  de 
Boisragon  et  de  dame  Catherine  deJViarconnay,  sa  veuve,  ac- 
cordé, le  6  mars  1688  avec  demoiselle  Louise-Perside  de  Laste, 
fille  de  messire  Pierre  de  Laste,  sgr  de  laMothe-Jarrière,  et  de 
dame  Marie  du  Verger.  Ce  contrat  passé  devant  Bon  et 
Dourceau,  notaires. 

Transaction,  faite  le  9  mai  1684,  entre  François  Richard, 
s'  de  Lestang,  et  messire  Jean  Chevaieau.  sgi-  de  Boisragon, 
fils  de  feu  messire  Jean  Chevaieau,  sgr  de  Boisragon,  et  de 
dame  Catherine  de  Marconnay,  sa  veuve,  au  sujet  de  quelques 
sommes  dues,  au  dit  feu  sgr  de  Boisragon.  Cet  acte  reçu  par 
Thibault,  notaire  royal. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul 

Jean  Chevaieau,  sgr  de  Bosragon,  Catherine  de  Marconnay, 
sa  femme.  1652.  1634 

DE  Marconay  :  de  gueules,  à  trois  pals  de  x^air  et  un  chef  d'or. 
Contrat  de  mariage  de  messire  Jean-  Chevaieau  sgr  de  Bois- 

*  Jean,  sgr  de  Boisragon,  né  le  30  janvier  165G.  baptisé  au  temple  de 
Saint-Maixent.  Il  servit  au  ban  des  nobles  du  Poitou  de  1689.  {tt.-F.) 

*  Jean,  chev.  sgr.  de  Boisragon,  né  le  31  déc.  1615.  baptisé  au  temple  de 
Saint-Maixent,  marié  en  U^  noces,  vers  l'an  1640,  à  Louise  Chevaieau,  sa 
cousine.  Il  fut  confirmé,  dans  sa  noblesse,  en  1667,  par  Barentin.  {B.-J*. 


346  PREUVES  DE   NOBLESSE 

ragon,  fils  légitime  de  défunts  messire  Pierre  Chevaleau, 
sgr  dit  lieu,  et  dame  Marthe  Régnon,  conjoints,  accordé  le 
25  novembre  1652,  avec  demoiselle  Catherine  de  Marconnay , 
fille  de  messire  Philémon  de  Marconnay,  sgr  de  Monde  vis, 
et  de  dame  Françoise  de  Vasselot,  son  épouse.  Ce  contrat 
passé  devant  Baudin  et  Texier,  notaires  royaux. 

Jugement  rendu,  le  22  août  1667,  par  monsieur  Barentin, 
intendant  de  Poitiers,  par  lequel  vu  les  titres  représentés  par 
Jean  Chevaleau,  éc',  s^  de  Boisragon,  le  dit  sgr  intendant  or- 
donne qu'il  jouirait,  en  qualité  de  noble  et  d'écuyer,  de 
tous  les  privilèges  accordés  par  le  roi  aux  nobles  de  son 
royaume.  Ce  jugement  signé  :  Barentin,  et  expédié,  en  1678, 
par  le  s'  Aubouin,  secrétaire  de  monsieur  l'intendant  de 
Poitiers. 

Sentence,  rendue  en  l'élection  de  Saint-Maixent  le  9  no- 
vembre 1634,  par  laquelle,  vu  les  titres  représentés  par  Pierre 
Chevaleau, éC",  s'  du  Boisragon  et  delà Tiffardière,fils  aîné  de 
défunts  Jean*  Chevaleau  et  demoiselle  Renée  de  la  Bérau- 
dière,  et  notamment,  son  contrat  de  mariage  avec  demoiselle 
Marthe  Régnon  du  16  juin  1614,  il  est  ordonné,  que  comme 
^  issu  de  noble  lignée,  il  serait  employé  au  rcMe  de  la  taille,  au 
rang  des  nobles  et  exempts.  Cette  sentence  signée  :  Houdry 
commis  greffier. 


*  Jean»  éc',  sgr,  delà  Tiffardière,  Boisragon»  etc.  capitaine  huguenot, 
se  distingua  par  sa  bravoure.  En  157ï,  il  se  signala  au  siège  de  Luâi- 
gnan  ;  en  1585,  il  accompagna  Condé  dans  l'expédition  d'Angers  et  ne  diit 
la  vie  qu'àla  générosité  d'un  catholique.  En  1587,  il  défendit  Saint-Mai- 
xent, dont  il  était  gouverneur,  contre  le  duc  de  Joyeuse  ;  les  habitants, 
voyant  leurs  murailles  détruites  le  forcèrent  de  capituler  ;  mais,  la  ville 
une  fois  rendue,  le  duc  viola  la  capitulation  et  laissa  faire  le  pillage 
malgré  les  sollicitations  pressantes  des  seigneurs  de  sa  suite  et  surtout  de 
Louis  de  Chasteigner  d'Abain.  11  épousa,  le  17  déc.  1572  Louise  de  la 
Béraudière,  fille  de  René,  éC,  sgr  de  Vieiilechèze  et  de  Jeanne  Singarreau. 
11  était  fils  de  Claude  Chevaleau,  éc^,  sgr.  de  la  Tiffardière,  Boisragon. 
etc.  et  de  Marie  Jay.  Petit-fils  de  Claude,  sgr  de  la  Tiffardière  et  de  Marie 
Grignon  et  arrière  petit-fils  de  Jean,  éc'.  sgr  de  la  Tiffardière  et  de  Louise 
de  Saint-Gelais,(B.-^.) 


DKS  DEMOISELLES   DU    POITOU  347 

Nous  Denis-Louis  d'Hozier... 


\ 


\ 


Certifions  au  Roy  que  demoiselle  Mabie-Elisabetii  Cheva- 

LEAU  DE   BOISRAGON 


à  Paris,  le  deux  may  mil  sept  cent  quatre-vingt-six.  (Sic) 

Signé  :  d'Hozier. 
(A  suivre.) 


MESSIRE  JEAN  LAINE 

DEBiNJER  RECTEUR  DE  SAINT-JULIEN    DE  VOUVANTES 


AVANT    LE  CONC<lBDAT 


SON  JOURNAL   ET  SES  NOTES 

{Suiley 


Le  chef,  c'était  M.  Jouneaulx,  le  neveu  du  reoleur;  «  pos- 
sesseur de  plus  de  cent  mille  francs  et  qui  ne  paie  aucun 
impôt...  dont  tout  le  bonheur  réside  dans  le  vil  agiotage  de 
son  argent,  dans  les  odieux  profits  de  l'usure,  et  qui  afTame 
tous  les  pauvres  de  ce  canton  par  le  plus  dur  accaparement  de 
tous  les  grains.  Célibataire,  sa  société  est  formée  de  quelques 
plats  libertins  et  de  quelques  filles  perdues....  Il  tient  à  ses 
ordres,  par  les  secours  pécuniaires  qu'il  dispense,  surtout 
trois  à  quatre  confidents  intimes  dont  est  Tormé  son  comité 
secret-  Il  est  le  directeur  de  la  troupe  et  le  caissier,  un  autre  le 
compositeur  et  le  solliciteur,  un  troisième  le  courrier  et  l'es- 
pion,et  les  autres  sont  les  machines  qui  criai  lient,  frappent  au 
besoin  suivant  les  ordres.  Voyons  comment  ils  remplissent 
leur  rôle  ;  l'un,  maltôtîer'  est  un  Auvergnat  tombé  de  ses 
montagnes  à  Saint-Julien....  L'histoire  de  sa  première  jeu- 

'  Voir  la  faacicule  de  seplembrc-octobre  1900. 
Eipreiiian    de    dénigrement    pour  déiîgner    toat    percepteur    d'iinp6U_ 

TOMB  XVI.  — NOTICES.  —  XVi*  ANNÉE,11'-12' UV.  fô 


[P'î!»'!'.  ^^J  ,'■■"■»  _ 


il 


350  ^  MRSSIRE  JBAN  LAINE 

tiesse  n'est  guère  connue  que  par  des  lambeaux  détachés  de 
éon  propre  bavardage  ;  c'est  par  lui,  par  des  indiscrétioiis 
baûhiitties  qu'on  sait  8onexpul4ion>  pour  rapines,  de  la  tâaisoti 

paternelle,  la  dureté  du  procureur  qui  le  roua  en  le  chassant, 
ses  indécences  sous  l'habit  de  bénédictin  et  son  service  de 
dix-huit  mois  sous  l'habit  de  soldat....  Par  toutes  ses  basses 
métamorphoses,  il  se  préparait  à  l'état  de  maltôtier  que  lui 
procura  un  riche  financier  chez  leque  l  il  faisait,  dit-oû,  ÙA 
autre  genre  de  service.  Mais  cette  seconde  époque  de  sa  vie, 
^  sa  co^uite  maltôtière,  est  parfaitement  connue  dans  tout 
ce  canton.  Sa  dureté,  sa  rapacité,  ses  fréquentes  infidélités 
sont  constatées  surtout  par  les  fréquentes  corrections  ))écu- 
niares  qu'il  a  reçues  au  Présidial  de  Nantes....  Et  c'est  lui 
qu'on  ueut  nomper  dans  ce  moment  juge  de  paix  !  Maltôtier 
ignorant  et  imbécille,  et  juge  de  paix  !  Juge  de  sa  propre 
régie  !  Sa  main  droite  prêtera  serment  à  sa  main  gauche  I  Que 
je  vous  plains,  pauvres  habitants  du  canton  !   Mais  rien 

ni 

n'étonne  de  ces  Messieurs  ;  ils  sont  peu  nombreux,  il  fau  t 
bien  que  chacun  fasse  plusieurs  personnages  1 

«  Le  sièur  L.  remplit  encore  plus  de  rôles.  Il  ti*était  point 
citoyen  actif  ducanton  de  Saint-Julien, ayant  depuis  sept  ou 
huit  ans  son  domicile  de  droit  et  de  fait  dans  le  château  de 
GhâteaubrianU  comme  ofBcier  des  chasses  duci-dôvanb  prince 
de  Gondé,  et  où  il  demeure  gratis  encore  à  présent.  Mais 
trop  connu  dans  la  ville  pour  y  rien  espérer,  il  court  à  Saint- 
Julien  et  se  range  parmi  les  votants,  malgré  l'opposition  de 
l'assemblée  que  la  cabale  de  sa  famille  subjugua.  Il  lui  fut 
facile  ensuite  ♦  de  se  faire  nommer  électeur  du  canton  qu'il 
n'habitait  point.. <..  C'est  lui,  assure-t-on,  qui  a  rédigé  la 
requête  au  Département,  qui  a  porté  les  pièces  à  Nantes,  les 
a  appuyées^  et  est  retourné  à  son  tribunal  où  il  a  été  nommé  ; 
élection  qui,  dérivant  de  la  première,  est^  comme  elle,  frappée 
de  nullité,  et  les  nullités  d'élections  ne  se  couvrent  jamais. 
Arlequi-n  charretier,  charrette  et  bagage,  ne  fit  jamais  tant  de 
rôles  dans  une  môme  comédie  ;  encore  est-il  expert  dans  plus 


■IH 


SON  JOUHNAL  ST  8B8  NOTES  351 

d'un  genre,  car  c'est  à.  ses  poignées  de  billets  que  son  ami 
Potin  doit  son  élévation  à  la  mairie  qu'il  viedt  d'abdiquer. 

«  Ce  Villeneuve-Potin;  fermier  des  moulins  de  la  ci-devant 
seigneurie  de  Vouvantes,  n'a  été  connu  que  par  sa  simplicité 
et  ses  ribottes  II  doit  sa  grandeur  à  ses  dettes.  Ne  pouvant 
payer  un  trop  gros  article  aux  Jouneaulx,  il  a  engagé  sa 
personne,  il  s*est  fait  leur  esclave  ;  mais  ils  Tont  affranchi 
pour  rélever  à  la  place  de  maire.  C'est  à  cette  occasion  que 
L.  jeta  au  chapeau  du  scrutin  une  poignée  de  billets,  pour 
Potin...  Potin,  maire,  voulut,  le  36 novembre  dernier,  renou- 
veler cette  heureuse  forme  d'élection  pour  notre  juge  de  paix, 
mais  l'Assemblée  était  tenue  régulièrement;...  il  ne  resta 
de  ressources  aux  factieux  que  de  la  troubler.  Potin  s'agite 
comme  un  furieux...  insulte^  et,  quand  le  vieux  président 
s'approche  pour  le  calmer,  il  prétend  qu'on  lui  manque  de 
respect  et  qu'il  va  verMliser...  Le  président  de  80  ans  qui 
manque  de  respect  à  Potin  I  Au  moulin,  mon  ami,  au  mou- 
lin I  Potin  se  retira  en  effet. 

«  Mais  l'apothicaire  n'est  pas  si  facile  à  congédier  ;  il  a 
résisté  dans  plus  d'une  assemblée  ;  c'est  le  plu%  impudent 
de  toute  la  troupe Il  fut  longtemps  l'ennemi  des  Jou- 
neaulx ;  mais  quand  l,a  fuite  de  l'aristocrate  Rochequâdrie, 
dpnt  il  était  le  bouffon,  I.e  médecin  et  l'espion,  laissa  cet  em- 
pirique sans  emploi  ;'  quand  ce  ci-devant  marquis  cessa  de 
lui  payer,  tantôt  à  coups  de  vin,  tantôt  à  coups  de  bâton,  les  re- 
mèdes et  les  clystères  qu'il  le  forçait  de  donner  à  ses  chiens, 
la  cabale  Jouneaulx  s'en  empara  à  bon  marché  ;  elle  fit  un 
grand  coup  en  l'élevant  à  réchevinage  ;  dès^  ce  moment,  il 
devint  son  plus  fougueux  champion.  C'est  lui  qui  a  bouleversé 
depuis  un  an,  dix  fois,  toute  notre  municipalité.  .  »  Suit  une 
longue  énumération  des  faits  imputés  à  cet  homme  que  M.  Lai- 
né  nous  donne  précédemment  comme  étranger  et  inconnu 
dans  la  paroisse,  mais  qui  y  avait  Qxé  son  domicile  et  acquis 
quelques  biens.  «  C'est  ce  misérable  qui  donnaitdes  coups  de 
pied  et  des  coups  de  poing  au  président  âgé  de  80  ans,  dans 


352  MBSSIKB   JEAN    L^lNé 

rassemblée  primaire  du  26  novembre...  c'est  ;lui  qui,  quatre 
jours  après,  à  l'assemblée  du  30,  fut  convaincu,  pris  sur  le 
fait,  de  fabriquer  comme  scrutateur,'  de  faux  billets  pour  les 
paysans;  il  mettait  les  noms  de  sa  cabale  à  la  place  de  ceux 
qu'on  lui  indiquait... 

«  Ce  fameux  comité,  quand  il  quitte  les  cabarets  du  bourg, 
va  tenir  ses  séances  chez  la  Rousseau,  vieille  et  antique  vierge 
qui  se  distrait  avec  ces  Messieurs  de  la  perte  du  curé  Jou- 
neaulx  dont  elle  a  dirigé  la  maison  pendant  vingt  ans...  C'est 
là  qu'elle  et  les  acteurs  qu'on  vient  de  dépeindre  vont  régler 
les  archives  et  le  coffre-fort  de  la  paroisse  dont  elle  a  souvent 
la  clef;   c'est  là  qu'on  concerte  les  plans  de  la  cabale  et  les 
moyens  d'exciter  de  nouveaux  troubles,ou  d'accréditer  de  nou- 
velles calomnies.., là  surtout  qu'on  s'arrange  pour  dispenser  la 
clique  de  toute  espèce  de  contributions  publiques,  en  les  reje- 
tant sur  le  pauvre  peuple...  Ils  se  disent  pourtant  amis  de  la 
Révolution  ;  oui,  dans  le  sens  des  places  qu'ils  se  sont  fait 
donner,  mais  point  dans  le  sens  de  l'égalité  qu'ils  ne  peuvent 
souffrir. . .  Dans  la  contribution  patriotique  aucun  d'eux  n'adér 
claré  le  qiifirt  de  ce  qu'il  aurait  dû  payer  pour  le  vrai  quart  de 
son  revenu:  de  fait, l'un  (l'auteur  du  Mémoire  donne  les  noms), 
qui  a  plus  deTOOO/A  de  rente,  n'en  a  déclaré  que  150  ;  l'autre, 
qui  a  un  patrimoine  de  2000yf  ,un  emploi  de  200,  des  acquêts,  fait 
un  commerce  odieux  mais  immense, a  déclaré  50^  ;ce  n'est  pas 
le soixantièmeau  lieu  du  quart.  Celui-ci  a  plusde4000^  de  rente 
il  déclare  150,environ  le  vingt-cinquième  au  lieu  du  quart,  Ce- 
lui-là, avec2400#  et  sa  place,  déclare  300...  Les  autres,  rien, 
rien  !...  Et  ces  braves  municipaux  n'ont  pas  rougi,  de  taxer 
d'office  à  110#,  120yf   de  pauvres  veuves,   (dont  les  noms 
suivent)  qui  ont  à  peine  3  ou  400  francs,  et  sept  ou  huit  enfants. 
C'est  ainsi,  sages  électeurs  de  ce  district,  que   l'on  vous  dé- 
daigne,que  l'on  persécute  vos  parents  et  qu'on  rejette  sur  vous 
et  vos  familles  tout  le  poids  des  impositions,  digne  recon- 
naissance des  places  dont  vous  avez  honoré  ces  orgueilleux! 
Que  nu  sentent-ils  donc,  ces  ingrats,  comme  nous,  les  plaisirs 


SON   JOURNAL  ET   SES   NOTES  353 

de  cette  fraternelle  égalité  que  vous  chérissez  et  qu'ils  re- 
jettent si  insolemment  ;  elle  ferait  pourtant  le  bonheur  de  tout 
le  canton  !..•  Sans  leurs  perfides  intrigues,  le  canton  de  Saint- 
Julien  serait  en  effet  un  des  plus  heureux,  comme  il  est  un 
des  mieux  dessinés  du  royaume  ;  nulle  querelle,  nulle  riva- 
lité entre  les  cinq  paroisses  ;  empressement  réciproque  à  con- 
server leurs  biens  mutuels  ;  fôles,  feux  de  joie,  visites,  fes- 
tins,serments,  tout  s'est  fait  avec  la  plus  admirable  fraternité  ! 
Braves  paroisses  !  Saint-Julien,  Erbray,  Juigné,  la  Chapelle, 
Auverné,  vous  seriez  le  modèle  des  autres  cantons,  vous  se- 
riez un  spectacle  ravissant  pour  les  plus  sublimes  inventeurs 
de  ces  réunions  patriotiques,  si  Ton  pouvait  extirper  de  voire 
sein  cette  peTtite  tache  gangrenée  qui  vous  afflige,...  et  chasser 
du  pays  ces. faiseurs  de  procès. ...  »> 

Après  cette  adj.uration  délirante,  l'auteur  du  Mémoire 
éprouve  le  besoin  de  retomber  encore  une  fois  sur  le  curé 
Jouneaulx,  auteur  de  tout  le  mal,  qu'il  accuse  «  d'avoir  dé- 
vasté ses  bénéfices  en  Saint-Julien  dont  il  a  vendu  pour  plus 
de  10000  francs  de  beaux  bois,  et  d'avoir  ruiné  son  bourg  en 
déshonorant  jusqu'à  son  saint  ».  Il  invite  «  la  Nation  à  pré- 
sent propriétaire  de  tous  les  objets  envahis  par  ce  curé  et  les 
siens  »,  à  surveiller  attentivement  ces  biens,  et  à  redemander 
aux  héritiers  les  sommes  injustement  perçues  sur  ces  béné- 
fices, avec  leurs  intérêts.  Il  en  arrive  ensuite  au  procès  in- 
tenté au  recteur  Laine  et  à  son  père,  à  la  requête  présentée 
contre  Télection  du  26  novembre,  tendante  à  l'annulation  de 
cette  élection  «  de  ce  juge  de  paix  librement  choisi,  et  à  qui 
le  canton  témoigne  la  plus  grande  satisfaction  depuis  un  mois 
qu'il  est  en  exercice.  »  Mais  le  dénonciateur  Jouneaulx  a 
traîné  de  porte  ep  porte,  «  chez  tous  les  procureurs  de  Châ- 
teaubriant,  son  valet,  l'a  enfin  conduit  au  greffe,  et  lui  a  dicté 
une  dénonciation  contre  le  juge  de  paix,  coupable  d'avoir  fait 
des  menaces  à  ce  journalier...  Quoi  !  de  vieilles  menaces 
faîtes,  il  y  a  trois  mois,  à  ce  valet  font  la  matière  d'un  procès 
criminel  I  0  ciel  !  il  n'y  a  pas  un  homme  de  ce  bourg  qui    ne 


354  MESSIRB  JBAN   LAINE 

lui  ait  dit  ou  fait  cent  fois  pis.  Cent  coups  de  bâton  sur  ce 
coquin-là  ne  feraient  pas  un  léger  délit  ;  ilf<6s  a  cent  fois  mé- 
rités et  reçus  en  détail...  Mais  cette  dénonciation  n'a  eu 
d'autre  but  que  de  détourner  Tatlention  d'une  émission  de 
pièces  de  fausse  monnaie  dans  notre  bourg,  ce  qui  a  forcé  le 
juge  de  paix  d'en  instruire  le  tribunal,  où  le  crime  se  poursuit 
contre  ce  valet  de  Jouneaulx  et  d'autres...  » 

Après  avoir  ainsi  déversé  sa  bile  avec  tant  de  profusion  sur 
ses  ennemis,  Tauteur  du  Mémoire,  en  terminant,  adjure  «  ses 
braves  concitoyens,  tous  les  zélés  patriotes  de  ôe  canton^  de 
reconnaître  pour  ce  qu'elle  est,  cette  clique  dévorante  de 
Saint-Julien^de  ne  pas  souffrir  qu'une  douzaine  de  méprisables 
signature  sou  dépositions  mendiées  puissent  l'emporter  sur  la 
réclamation  de  trois  cents  citoyens  actifset  des  cinq  municipa* 
lités  du  canton.  »  Il  parle  «  d'une  Providence  inconcevable 
qui  supporte  cette  clique  assez  puissante  pour  dicter  ses  lois 
aux  tribunaux  »  ;  il  invoque  «  l'esprit  sublimede  la  Révolution, 
la  Divine  Constitution  »,  et  il  espère  fermement  que  «  de  nou- 
velles assemblées  amèneront  l'expulsion  certaine  de  ces  ca-  . 
lomniateursde  toutes  fonctions  publiques,  laquelle  expulsion* 
vengera  le  canton  de  Saint-Julien  d'un  odieux  despotisme,  i» 

L'élection  ainèi  préparée  eut  lieu  le  3  ^  le  4février.Le  procès- 
verbal  en  onze  pages,  imprimé  à  Angers,  chez  Mame  impri- 
meur du  département  de  Maine-et-Loire,  aux  frais  de  «  gé- 
néreux patriotes  »,  rend  un  compte  détaillé  des  opérations  de 
ces  deux  jours.  Il  nous  donne  d'abord  la  «  Lettre  écrite  par 
M.L.  J.  T.  Presnais,  ci-devant  de  Beaumont  aux  cinq  muni- 
cipalités du  canton  de  Saint- Julien  de  Vouvantes,  le  15  janvier 
1791.  »  Le  département  ayant  ordonné  une  nouvelle  élection  de 
juge  de  paix,  la  première  «  ayant  été  annulée  pour  trois  nul- 
lités.... j'ai  l'honneur.  Messieurs,  écrit  le  candidat,  devons 
inviter  à  vous  trouver  à  l'assemblée  du  3  février,  afin  que 
nous  prouvions  àtoutle  pays  que  nous  sommes  aussi  soumis 
aux  lois  que  tendrement  unis  entre  nous.  Oublions  toutes  les 
intrigues  de  nos  ennemis,  et  ne  nous  occupons  que  des  moyens 


SON  JOURNAL  BT  SBft  NOTES  31b 

V 

d'assurer  la  paU  et  le.  bonheur  de  ootre  eanton...  Quoiqu-ii 
arrive,  vous  Irouvejez  toujours  en  mdi  le  serviteur,  le  Mr^, 
l'ami  le  plus  zélé  et  le  plus  pénétré  de  vos  bontés.  »  h» 
3  février,  à  Touverture  de  l'assemblée  primaire^  M.  Fresn^is 
prononça  un  discours  :  «  Vous  m'aviez  tj^it,  Messieiurs,  Vhon- 
neur  <)e  me  nommer  votre  juge.«.  Tout  à  coup,  une  décision 
appuyée  sur  la  nécessité  d'observer  les  formes  prescrites^  a 
airaulé  mon  élection  et  rendu  vaine  toute  votre  bonne  volon- 
té pour  moi...  J'ai  la  satisfaction  de  vous  voir  réqnis  avec  l'in- 
tention de  travailler  au  bien  de  tous  nos  concitoyens...  (libres 
dans  votre  choix,  ne  vous  occupe^ que  de  votre  bonheur... 
Quel  que  soitle  nouveau  que  vous  allez  faire/ je  vous  proteste 
que  j'en  serai  satisfait.  Si  vous  fixez  vos  vœux  sur  un  citoyen 
plus  actif  et  plus  éclairé  que  moi,  je  vous  applaudirai  de  bon 
cœur,  et  je  lui  rendrai  mon  hommage  particulier  avec  le  plus 
sincère  empressement.  »  Lettre  et  discours  sont  d'une  cçr- 
rection  irréprochable  et  d'un  désintéressement  rare, 

lie  3  février  donc,  à  10  heures  du  matin^  les  citoyens  actifs 
et  éligibles  du  cantoi)  de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  se  réur 
nirent  dans  l'église  paroissiale.  L'assemblée  était  présidée 
provisoirement  par  M.  Laine  père,  doyen  d'âge.  Puis,  aucunes 
difficultés  ne  s'étant  élevées  sur  la  qualité  et  les  droits  des 
citoyens  présents,  on  procéda  d'abord  à  la  nomination  d'un 
président.  «  A  cet  effets  chaque  citoyen  présent  a  écrit  ou  fait 
écrire  son  bulletin  sur  le  bureau  par  l'un  des  trois  scrutateurs 
provisoires,  et  l'a  déposé  dans  le  chapeau  destiné  à  cet  effet  ; 
et,  à  l'instant  où  il  a  été  appelé,  le  nom  de  chaque  citoyen  qui 
a  donné  son  bulletin  a  été  en  môme  temps  inscrit  sur  une 
liste  particulière,  pour  constater  invariablement  le  nombre 
des  votants.  »  La  pluralité  absolue  ne  s'étant  trouvée,  au  pre- 
mier tour  de  scrutin,  en  faveur  de  personne,  on  procéda  à  un 
second, et  M.Louis  Joachim  Toussaint  Fresnais  obtint  la  ma- 
jorité absolue  des  suffrages  :  104  voix  sur  133  votants.  Dans 
les  mêmes  formes,  on  nomma  un  secrétaire.  Puis  le  prési- 
dent et  le  secrétaire  définitifs  prêtèrent  serment  »  de  main- 


356  MESSIRE  JEAN   LAINE 

tenir  de  tout  leur  pouvoir,  la  Constitution  du  royaume,  d'être 
fidèles  à  la  Nation,  à  la  Loi  et  au  Roi,  et  de  choisir  en  leur 
âme  et  conscience  les  plus  dignes  de  la  confiance  publique, 
de  remplir  avec  zèle  et  courage  les  fonctions  civiles  et  poli- 
tiques qui  leur  seront  confiées,  et  de  n'en  avoir  point  été  sol- 
licités, ni  sollicité  eux-mêmes,  ni  reçu  de  présents.  »>  Le  pré- 
sident fit  afficher  «  au  chapeau  servant  de  boôte  fsicj  la  for- 
mule dudit  serment,  et,  à  l'instant  où  chaque  citoyen  a  déposé 
son  billet  dans  le  vase,  il  a  répété  ce  serment  par  ces  mots  : 
Je  le  jure.  »  Ace  moment  un  certain  nombre  d'électeurs  dé- 
clarèrent avoir  été  sollicités  de  donner  leurs  voix  en  faveur 
de  M^  Lejeune  de  la  Martinais  ;  le  procès-verbçil  fait  connaître 
ici  leurs  noms  et  ceux  de  leurs  solliciteurs  ;  un  membre  «<  a 
été  renvoyé  par  l'assemblée,  sur  sa  propre  déclaration  d'avoir 
sollicité  plus  de  trente  personnes;  un  autre  déclare  avoir 
reçu  3^  et  son  fils  20  s.  pour  solliciter  en  faveur  de  M.  Le- 
jeune ;  les  sollicités  ayant  déclaré  qu'ils  ne  tenaient  point  à 
ces  sollicitations,  et  vouloir  au  surplus  nommer  en  leur  âme 
et  conscience,  l'assemblée  les  a  admis  à  voter,  »  On  procéda 
ensuite  à  un  scrutin  de  liste  simple  pour  nommer  trois  scru- 
tateurs. Elus,  ils  firent  serment...  «  de  garder  le  secrei  sur  les 
bulletins  qu'ils  vont  faire  pour  ceux  qui  ne  savent  pas 
écrire  ;  »  et,  à  10  heures  du  soir,  le  président  leva  la  séance 
et  remit  la  continuation  de   l'assemblée  au    lendemain    u 

■ 

8  heures,  pour  la  nomination  du  juge  de  paix  et  de  ses 
assesseurs. 

Le  lendemain,  vendredi  4  février,  à  9  heures  du  matin,  au 
son  delà  cloche,  l'assemblée  se  trouva  réunie  et  le  scrutin 
fut  ouvert  dans  les  mêmes  formes  que  la  veille,  cette  fois 
pour  l'élection  du  juge  de  paix.  De  nouvelles  déclarations  de 
sollicitations  furent  faites.  A  Erbray  elles  étaient  en  faveur 
de  M.  de  la  Rigaudière  ;  dans  les  autres  paroisses,  en  faveur 
de  M.  Lejeune  et  en  grand  nombre  par  le  solliciteur  Jou- 
neaulx.  A  l'un  on  proposait  «  une  bouteille  de  vin,  à  l'autre 
un  dîner  chez.  M.  Jouneaulx  ;  tous  lesquels  ont  déclaré  ne 


SON   JOURNAL  fT   SBS    NOTES  357 

point  tenir  à  ces  sollicitations  ».  On  avait  dit  que  «  M.  Beau- 
mont,  président,  était  allé  chez  M.  Maillard  vicaire^  pour 
solliciter  son  suffrage.  Celui-ci  ayant  été  piandé  h'  la  prière 
du  président  qui  a  foroiellement  contesté  le  fait,  a  donné  un 
démenti,  disant  que  le  sieur  Beaumont  ne  lui  avait  jamais  de- 
mandé sa  voix  ».  Finalement,  M.  Fresnais  réunit  la  pluralité 
absolu  de  232  voix  sur  305  votants,  et  fut  proclamé  juge  de 
paix  du  canton.  Parmi  les  quatre  assesseurs  pour  chacune 
des  cinq  paroisses,  M.  Laine  père  fut  élu  à  Saint-Julien  ;  et 
à  6  heures  du  soir  la  minute  du  procès-verbal  fut  signée.  Le 
Nota  d^ne  suivant  y  fut  ajouté  :<  »  Aussitôt  que  la-commission 
eût  proclamé  pour  juge  de  paix  M.  L.  J.  T.  Fresnais  ci-de- 
vant de  Beaumont,  celui-ci  remercie  ses  concitoyens  de  la 
manière  la  plus  affectueuse  en  disant  :  Messieurs,  ma  recon- 
naissance est  à  son  comble,  la  confiance  que  vous  me  témoi- 
gnez m'a  pénétré  jusqu'aux  larmes.  Je  vous  consacre  tous 
les  moments  de  ma  vie,  disposez-en  sans  réserve.  —  Ce  court 
remerciement  fut  accueilli  par  les  plus  vifs  applaudissements, 
ainsi  que  l'avait  été  son  premier  discours.  Au  même  instant, 
des  citoyens  apportèrent  au  milieu  de  Téglise  des  faisceaux 
de  lauriers  dont  chaque  électeur  orna  son  chapeau  ;  pendant 
ces  élans  de  joie  et  les  accolades  qu'on  prodiguait  au  juge, 
on  dressait  un  bûcher  sur  ta  place,  au  bas  de  la  ville,  où  les 
mêmes  citoyens  armés,  drapeau  déployé,  tambour  battant, 
conduisirent  M.  Fresnais  mettre  le  feu,  chantant  des  chan- 
sons patriotiques  dont  une  était  en  son  honneur,  et  au  son 
des  cloches.  Tel  a  été  le  témoignage  flatteur  que  ces  braves  et 
respectables  citoyens  ont  bien  voulu  rendre  à  l'un  des  leurs, 
qui  leur  a  exprimé  sa  reconnaissance  par  ces  quatre  vers  : 

Les  liens  enchanteurs  de  la  reconnaissance 
M'attachent  pour  toujours  au  sein  de  mon  pays. 
A  mes  concitoyens,  pour  tant  de  confiance. 
Mon  entier  dévouement  n'est  qu'un  trop  faible  prix .  » 

M.  Laine  rend  sommairement  compte  de  cette  élection   si 
mouvementée;  il  dit  simplement  :....«  Quelques  individus 


'■»JL  .1. 


358  MttSâlRK  JBAN   LAINE 

peu  satisfaits  de  n'avoir  pas  été  oommés,  eurent  ataezde 
crédit  par  leurs  calomnies  pour  séduire  Messieurs  du  district 
et  du  département  et  faire  annuler  la  première  élection.  Leurs 
1  efforts  ont  été  inutiles...  Une  infinité  de  malheureux  séduits 

par  de  fausses  espérances^  ont  eu  Tâme  assez,  basse  pour  aller 
en  les  différents  villages  du  canton  débiter  des  horreurs  aux 
citoyens  actifs,  pour  qu'ils  donnassent  leurs  voix  à  M.  Le- 
jeune  de  la  Martinaiset  npn  à  M.  Fresnais  de  Beaumontqui 
cependant  a  été  nommé,  malgré  de  hbnteuses  cabales^ 
comme  on  peut  le  voir  par  le  procès-verbal  imprimé  par  les 
ordres  de  l'assemblée  primaire...*  Le  20  février  la  milice 
.  nationale  des  cinq  paroisses  s'est  rendue  ici  pour  fôter  le  dit 
Fresnais  de  Beaumont,  et  assiter  à  un  dîner  prépar^^pour 
elle.  Après  les  vêpres,  elle  a  assisté  au  feu  de  joie  qui  a  été 
suivi  de  divertissements.  »  Gomme  le  lecteujr  a  pu  en  juger 
jf  lui-même,  les  cabales,  les  calomnies,  les  horreurs  pe  furent 

pas  des  moyens  exclusivement  réservés  à  l'un  des  partis. 
Chacun  à  son  actif  en  eut  sa  bonne  part.  Si  l'un  attaqua^ 
l'autre  sut  se  défendre  naturellement  en  prenant  les  mêmes 
armes*. 


1  M*  Louis  Joachim  Touuaiat  Freaaaia  de  Beanmoat,  né  à  LéTin  en  Saint- 
Julien  de  Vouvantes,  le  23  juin  1736,  aprte  avoir  donné  son  approbation  et 
•on  appui  aux  idées  nouvelles,  et  avoir  ekercé  les  fonctions  de  jnge  4^  paix 
du  canton  de  Saint-Julien,  auxquelles  il  avait  été  élu  dans  les  circoniitances 
ci-dessus  rapportées,  fut  entraîné  par  un  de  ses  parents  dans  le  parti  des 
chouans.  Un  mandat  d'amener  fut  lancé  contre  lui  le  29  juillet  1793.  H  était 
prévenu,  lui  et  quelques  autres  inculpés  d*étrec  les  chefs  d*une  bande  de 
brigands  armés  qui  fondirent  sur  le  bourg  de  la  GhapeUe^Olain,  se  portèrent 
chez  le  maire  Joseph  Frotté,  et  demandèrent  une  hache  pour  abattre  Tarbre 
de  la  liberté,  menaçant,  à  défaut  de  mettre  le  feu  à  la  maison.  *  (M.  Alfubd 
LiALUé  :  La  Justice  révolutionnaire  à  Nantes.)  Dans  la  séance  tenue  le 
21  pluvîAse  an  JI(tl  fév.  1794),  par  la  Société  poptUaire  républicaine  de  Châ- 
teanbriant,  «  sur  la  motion  du  citojen  Delourmel,  la  société  arrête  qu'il  ser^ 
fait  une  adreete  au  Comité  du  Salut  public  et  au  tribunal  révolutionnaire  de 
Rennes,  pour  dentander  le  jugement  d'un  grand  coupable,  Fresnais-Beau- 
mont.  »  Arrêté  vers  la  fin  de  l'année  1793,  dans  les  environs  de  StaUntJulien, 
pense- t-on,  et  remis  au  ooocieige  de  la  maison  d'anrêt  le  l**  janvier  1794, 
M.  Fresnais  de  Beaumont  fut  condamné  à  mort  par  le  dit  tribunal  dans  sa 
séance  publique  du  27  pluviôse  (15  février)  au  matin.  Le  jug^emeiit  porto  que 
«  le   dit  Beaumont  est  un  de  ces  scélérats  peiftdet  qui,  abuasat  de  la  oo»» 


SON  JOURNAL  ET  SES  NOTES  359 

Le  14  mars  encore  des  élections,  cette  fois  pour  nommer 
un  évéque  à  Nantes.  L'élu  fut  «  Julien  Minée,  curé  des  Trois- 
Patrons  a  Saint-Denis,  originaire  de  Nantes,  fils  d'un  ancien 
chirurgien  riche  de  la  même  ville.  Ainsi,  suivant  le  décret 

sur  Korganisation  du  clergé.  ^M.  de  la  Làurencie  n'est  plus 

ê 

fiaDce  que  lai  afaiept  marqu^éd  ses  Goncitojens^  et  dont  il  n'a  usé  que  pour 
les  perdre,  en  se  rendant  leur  chef  dans  les  réToltes  qui  ont  eu  lieu  dans  son 
eanton  et  dont  il  a  été  finstigateur,  révoltes  dans  lesquelles  Tétendard  de  la 
royauté  a  été  levé  et  la  cocarde  nationale  fpulée  aux  pieds,  Tarbre  de  la 
liberté  abattu,  et  les  documents  de  la  municipalité  de  Glain  (ne)  brûlés 
devant  la  porte  du  maire,  à  qui  il  en  serait  arrivé  i^utant,  s'il  ne  se  fAt 
soustrait  aux  fureurs  de  Beaumont  et  de  s^  horde  scélérate .  est^il  aàssi 
coupable  d'avoir  occupé  un  grade  d'officier  dans  l'arçiée  des  brigands  de  la 
Vendée,  et  d'avoir  présenté,  divers  plans  cte  eampa^e  pour  cette  armée  où  il 
a.vé«»  eomme  les  autres  de  brigandage?...  En  conséquence  la  Commission 
militaire  révolutionnaire^,  ouï  de  Piennes,  ..  condamne  le  dit  Fresnais-Beau- 
montàla  peine  de  mort,  et  ordonne  qu'il  sera  livré  au  vengeur  du  peuple, 
aveo  confiscation  de  ses  biens  au  profit  de  la  République.  »  Il  fui  exécuté  le 
•  lendemain  16  février,  à  Rennes,  et  non  à  Châteaubriant,  comme  Va  admis  la 
croyance  populaire,  et  où  d'ailleurs  la  guillotine  n'a  pas  fonctianné  pendant 
la  Révolution .  Dans  sa  séance  du  t9  février  suivant,  la  Société  rép%tblieaine 
de  GhAteaubriant  s'entretint  de  cette  exécution  qu'elle  avait  sollicitée,  et  l'un 
de  ses  membres  qui  n'était  autre,  hélas  !  que  le  propre  frère  de  M.  de  Beau- 
mont,  fait  monstrueux  qui  n'est  pas  isolé  dans  les  sanglantes  annales  de  la 
Terreur,  eut  le  triste  courage  de  s'écrier  :  <  Toujours  attaché  au  grand  corps 
de  la  grande  famille  républicaine,  j'en  chérirai  toujours  les  sages  lois.  Qu'elle 
tombe  la  tête  des  monstres  qui  ont  déchiré  son  fein,  rien  de  plus  juste! 
Vive'  la  République  !  Vive  la  Montagne  I  »  La  société,  vivement  afEsctée  et 
singulièrement  satisfaite  des  expressions  énergiques  et  républicaines  du 
citoyen  Fresnais\  lui  répond  par  son  président  qu'elle  applaudissait  à  son 
civisme  et  qu'elle  le  verrait  avec  plaisir  à  ses  séances.  {Extrait  du  registre 
4es  délibérations  de  la  municipalité  de  Châteauhriant,)  Les  biens  de  M.  de 
Beaumont  lurent  vendus.  Ce  fut  un  autre  de  ses  frères  qui  les  acheta.  La 
métairie  de  la  Motais  fut  acquise  pour  17000  livres,  celle  de  la  Frasnais  pour 
18000.  Cette  vente  eut  lien  le  23  octobre  1794.  Les  bestiaux  furent  vendus 
également  et  Ta  moitié  du  prix  revint  au  gouvernement,  les  métairies  étant  à 
moitié.  (Extrait  des  registres  du  bureau  d'enregistrement.) 

Nous  écrivons  ces  ligne^  dans  la  maison,  dans  les  apparteipents  mêmes  qui 
furent  assez  longtemps  la  propriété  de  M.  Fresnais  de  Beaumont.  Cette 
maison  aveo  toutes  ses  dépendances  bien  confortables  s'appelait  la  Patichau- 
derie.  Il  la  vendit,  nous  apprend  M.  l^ainé  dans  ses  ^sèmoireSy  «  au  com- 
mencement du  mois  de  janvier  1786  au  sieur  Ghassaing.receveur  des  devoirs». 
La  famille  Gh^ssaing  la  revendit  en  1848  au  propriétaire  actuel. 

M.  Fresnais.de  Beaumont  était  âgé  de  58  ans  quand  il  fut  exécuté.  De  son 
mariage  avec  Marie-Anne  Gault  de  Pduancé  il  eut  quatre  enfants,  deux 
garçons  et  deux  filles,  qui  durent  mourir  jeunes,  car  après  la  Révolution,  on 
ne  retrouve  plus  leurs  traces. 


360  MBSSIRC  JBAN  LAINE 

évèque,  prétendent  les  dits  électeurs  ;  mais  on  peut  dire 
aussi  que  M.  Minée  est  révoque  de  MM.  les  électeurs,  et  non 
révoque  du  diocèse  de  Nantes.  » 

Au  mois  d'avril,  toujours  des  élections:  <c  Noms  des  curés 
que  MM.  les  électeurs  nommèrent  à  Châteaubriant  les  3  et  4 
du  présent  mois  d'avril,  au  lieu  et  place  des  recteurs  qui  ont 
refusé  le  serment  ordonné  par  TAssemblée  Nationale  par  son 
décret  du  mois  de  novembre  dernier:  A  Béré,  Turoche  ;  à  la 
Chapelle  Gi^m^Salmon  ;  à  Saint- Vincent,  Beauregard  ;  à  Saint- 
Julien  de  Vouvantes^ Pmat/6?;  à  Rougé,CA^e^  ;  à  Saint-Aubin, 
Richard',  à  Auverné,  Rebion;  à  Moisdon,  Rodrigues;  à Erbray, 
Maillard;  h  Soudan, Bau</oum;  à  Sion^Lucas;  à  Fercé,Gtrar(/ ; 
à  Noyai,  Bebuffet  ;  à  Villepot,  Bougouin  ;  à  Juigné,  Taupin  ;  à 
Issé.Chapelain;  à  Tretlieuc ^Lebeau  ;  à  Ja,ns^ Lemoine  ;à  Abba- 
retz,  Denis.  Il  y  a  en  ce  district  huit  recteurs  sermentaires 
sur  tes  vingt-sept  dont  il  est  composé...  A  mon  avis,  MM.  les 
curés  sus-dénommés  sont  pour  MM.  les  électeurs  et  non  pour 
les  paroisses.  » 

Le  1*'  mai,  intronisation  solennelle  de  Julien  Minée 
évèque  constitutionnel  de  Nantes.  «  Aucun  prêtre  ou  peu 
raccompagnèrent  ;  des  religieux  en  petit  nombre  composaient 
son  cortège,  encore  y  furent-ils  forcés  par  la  garde  nationale. 
La  fête  était  belle  à>aison  des  repas  qu'on  avait  préparés 
à  cet  effet.  » 

Le  13  juin  nouvelle  élection  de  curés  :  «  C'est  la  troisième 
qu'ils  font  ;  à  la  dernière,  il  y  a  seize  jours,  ils  nommèrent 
sept  curés,  il  n'y  en  eut  qu'un  appelé  Perderiau,  moine  récollet 
de  Nantes,  faisant  depuis  six  semaines  les  fonctions  de  vicaire 
k  la  Chapelle  Glain,  sans  doute  après  avoir  reçu  l'approba- 
tion de  Julien  Minée,  évoque  constitutionnel  de  Nantes,  il  n'y 
eut,  dis-je,  que  ce  moine  qui  ait  accepté  la  cure  de  Moisdon 
et  a  osé  déplacer  M.  Landeau,  recteur  de  Moisdon  depuis 
32  ans  et  âgé  de  63  ans.  »  Cette  troisième  élection  qui  se  fit 
«  en  la  seconde  fôte  de  la  Pentecôte  »>  compléta  et  modifia  la 
première.  Ainsi  furent  nommés  :  «  à  Meilleray,  Denw;  à  Saint- 


SON  JOURNAL   BT  SKS   NOTBS  361 

I 

Julien  de  Vouvantes,  Paves  ;  h  Fercé,  Guingtiené  \k  ]\iigné^ 
Coqtielin  ;  à  Jans,  PetUeati  ;  à  Villepot,  Taupin  ;  à  Erbray, 
Marteau  ;  à  Soudan,  Reign^  ;  à  Treffieuc,  Grosbois  ;  à  Rougé» 
Gilbert^;  à  Abbaretz,  Graverçati.  » 

«  Le  dix  neuf  juin,  l'Assemblée  primaire  a  nommé  élec- 
teurs MM  : Louis  Fremais  de  Beaumont  et  Gilles  Cordeau 

de  Iaparois5iedeSdint-Julien...  pour  se  rendre  incessamment 
à  Nantes  afin  d'y  nommer  MM.  t  les  députés  à  la  seconde  légis- 
lation à  Paris»  et  renouveler  moitié  de  MM.  les  administra- 
teurs du  département  et  du  district.  » 

La  situation  des  prêtres  insermentés  devenait  chaque  jour  ' 
de  plus  en  plus  intenable  ;  aussi  trouvons-nous  sans  surprise 
mais  avec  un  douloureux  intérêt  la  note  suivante  de  M.  Laine, 
la  dernière  qu'il  ait  écrite  à  Saint-Julien,  dans  ses  registres  : 
«  Le  23  juin  i791,  le  recteur  et  son  vicaire  prirent  la  fuite  à 
10  heures  du  soir,  en  la  forêt  dé  Juigné,  parce  que  le  district 
ayant  appris  que  Louis  XVI,  roi  de  France,  s'était  sauvé  avec 
1a  Reine^  le  Dauphin  et  Madame  ses  deux  uniques  enfants, 
ordonna  à  toutes  les  municipalités  de  son  ressort  d'arrêter  en 
la  nuit  du  23  au  24  juin  tous  les  prêtres  et  les  nobles,  d  Cette 
note  ne  fut  pas  rédigée  ce  jour-là  même,  le  recteur  rt'en  eut 
pas  le  temps,  mais  plus  tard  dans  une  circonstance  impor- 
tante que  nous  signalerons.  «  Ce  2â  juin,  nous  marque  le 
registre  de  paroisse,  était,  cette  année,  le  jour  de  la  fête 
solennelle  du  T.  S.  Sacrement.  Le  matin,  le  recteur  et  le 
vicaire  eurent  la  consolation  d'admettre  à  la  première  com- 
munion les  jeunes  enfants  de  la  paroisse  ;  et  le  soir,  sur  les 
10  heures,  il  partirent  incognito,  ne  se  trouvant  plus  en 
sûreté  dans  le  presbytère.  M.  Laine  trouva  moyen  de  se 
cacher  pendant  quelque  temps  dans  la  paroisse  de  Juigné, 
de  Carbay  et  de  Soudan  ;  puis  il  revint  dans  quelques  villages 
et  même  dans  ce  bourg  ;  mais,  comme  il  était  l'objet  de  beau- 
coup de  recherches,  il  ne  put  y  rester  bien  longtemps.  Il  se 
retira  définitivement  dans  la  ville  d'Angers,  et  il  y  demeura 
jusqu*à  la  lin  de  la  Terreur.  » 


362  MBSSIRU'JBAN   LAlNÉ 

I 

Après  le  départ  précipité  de  M.  Laine,  le  sieur  .Salmon,  curé 
intrus  de  la  Chapelle  Glain,  vint  ici  faire  une  sépulture  et  un 
baptême.  Le  curé  intrus  de  Saint-Julien,  Paves,  autrefois  cha- 
pelain à  Marcillé-Robert,  diocèse  de  Rennes,  où  deux  notables 
de  la  municipalité  allèrent  le  chercher,  arriva  ici  au  comment 
cément'  de  juillet  1791.  Sa  première  signature  est  du  29. 
Quelques  documents  trouvés  à  son  compte^  aux  archives 
départementales,  feront  suffisamment  connaître  ce  malheu- 
reux prêtre. 

c  Du  Directoire  de  Ghâteaubriant,  le  il  janvier  1792...  Le 
sieur  Paves  adcuse  plusieurs  de  ses  paroissiens  de  propos  in- 
jurieux etscandaleux,  lorsqu'il  passe  pour  aller  administrer 
les  sacrements  aux  malades....  Le  Directoire,  voyant  par  les 
réponses  des  prévenus  qu'ils  ne  sont  nuUement  coupables- des 
faits  qu'on  leur  impute,  est  d*avis...  qu  il  n*y  a  lieu  de  déli- 
bérer, mais  que  le  sieur  Paves  soit  invité  à  tenir  dorénavant 
une  conduite  plus  exemplaire,  et  capable  de  lui  concilier  la 
confiance  de  ses  paroissiens,  et  à  se  bien  pénétrer  que  ce  * 
n*est  que  par  «le  chemin  de  la  vertu,  de  la  piété  et  de  la  tolé- 
rance qu*il  pourra  y  parvenir.  )>  Cet  intrus  demande,  le  18  dé- 
cembre 1792,  à  être  payé  de  ses  trimestres  depuis  le  26  mai 
1791  ;  il  était  alors  titulaire  de  la  chapellenie  de  Bonne  Mort, 
en  Marcillé-Robert,  ot  son  traitement  était  fixé  à  260#  10  s. 
Le  Directoire,  après  divers  considérants,  est  d'afvis  «  qae  le 
traitement  ne  peut  être  dû  au  citoyen  Paves  que  depuis  le 
1*' juillet  1791,  car  d'après  le  oertificatdu  district  de  laûuercfae 
du  10  nov^Bbre  1792  il  a  été  payé  du  second  trimestre  de  Tan- 
née 91  c'est-à-dire,  à  la  fin  de  juin,  et  non  pas,  comme  il  le  pré- 
*  tend,  à  l'époque  du  26  mai...  »  C'est  dans  cette  pièœ  que  la 
date  précise  de  son  arrivée  ici,  le  2  juillet  1791 ,  est  marquée. 
Enfin  un  extrait  d'un  «  procès-verbal  de  la  municipalité  de  la 
ville  de  Saint-Julien  de  Vouvantes  »  achèvera  tout  à  fait  d'é- 
difier Ic'iecteursur  les  sentiments  et  la  conduite  de  ce  mal- 
heureux dévoyé.  Le  29  juin  1792,  il  refuse  deTecevoir  le  corps 
d'un  défunt  (le  procès- verbal  donne  tous  les  noms  desportevrs^ 


^  SON  JOIiaNA.L  ET  6B8   NOTBS  363 

> 

des  témoins  et  des  parents)  déposé  «  sous  le  chapitreau  »  ; 
de  nntroduire,  suivant  l'usage  au  miUeu  de  Téglise  ;  de  le 
conduire  au  cimetière.  Le  maire  et  un  officier  municipal  se 
transportèrent  dans  le  cimetière  pour  y  acoompagner  lé  mort 
sur  le  refus  formel  du  sieur  Paves.  «  La  municipalité  observe 
de  quel  droit  le  dieur  Paves  s'ingère  de  n'entrer  au  sanc- 
tuaire que  ceux  qu'il  lui  platt,  tous  les  habitants  de  cette 
paroisse  n'ont-ils  pas  ie  n^ôme  droit?  Lui  qui  est  l'homme 
de  paix  ou  qui  doit  l'être,  peut-il  avoir  des  préférences  qui 
deviennent  scandaleusM^  et  ne  servent  qu'à  semer  la  discorde 
entare  les  citoyens,  et  ce  pour  la  troisième  fois  que  le  même 
cas  arrive  I  La  municipalité  ne  peut  s'empêcher  d'en  porter 
ses  plaintes  à  MM.  du  Directoire,  pour  qu'il  lui  soit  ordonné, 
de  ne  mettre  à  l'avenir  aucunes  diiSérences  dan^  le  culte 
entre  les  citoyens  puisqu'ils  contribuent  tous  à  son  traitement 
et  qu'il  soit  aussi  plus  honnête  dmns  ses  propos...*  car  lors- 
qu'il fût  averti  du  décès  susdit,  il  aurait  répondu  qu'on  pour- 
rait enterrer  te  défunt  dans  shmi  jardin,  t>ubiea  môme  le  saler 
pour  le  conserver.,  le  sel  n'étant  ^as  cher.  »...  Suit  la  signa- 
ture du  maire  et  de  tous  les  témoins.  Le  Directoire,  dans   sa 

« 

séance  du  3  août,  vu  le  procès-verbal  précédent,  «  considé- 
rant que  Tégaltté  qui  existe  entre  tous  les  citoyens  ne  per- 
ih^t  pas  de  faire  des  distinctions  entré  euximêm^  dans  la  sé- 
pulture... est  d'avis  qu^il  soit  fait  défense  au  sieur  Paves  de 
faire  à  l'avenir  pareille  distinction...  pour  quelque  raison 
que'cesoit.  »  Dans  une  autre  circonstance,  cet.  intrus  scan- 
daleux  présente  une  requête  «  tendante  à  faire  ordonner  à 
deux  époux  de  se  rendre  devant  leur  curé  pour  recevoir  la 
bénédiction  nuptiale,  et  légitimer  leur  mariage  fait  sans  qua- 
Itté  par  le  sieur  Bédard,  vicaire  non  conformiste  du  Petit-Au- 
vêrrré...  »  Le  Directoire^ considérant  que  l'état  des  personnes 
^ïertt  m'ariage  sont  étrang-ers  à  Tadministration,  et  que  d'ail- 
leurs le  sieur  Bédard  qui  a  dû  être  arrêté  aux  fins  de  l'ordon- 
nance déoe  Direètoire^en  date  du  21  février,  pour  être  conduit 
au  chef-lieu,  se  trouve  actuellement  hors  d'état  de  faire  aucuh 


364  MRSSIRa  JBAN   LAINE 

mariage,  est  d'avis  qu'il  n'y  a  lieu  de  délibérer.  »  Cela  suffit 
sur  ce  triste  personnage,  et  l'auleur  du  registre  de  paroisse 
est  bien  venu  à  dire  de  lui  :  «  Il  n'avait  que  deux  bonnes  qua- 
lités: celle  de  bien  chanter  et  celle  de  bien  écrire,  mais  du  reste, 
il  était  ivrogne  et  impie  bien  notoire.  Sa  mauvaise  conduite 
le  fit  mépriser  de  tous,  même  de  ceux  qui  l'avaient  fait  venir. 
Les  choses  en  furent  portées  à  ce  point  d'exaspération  qu'on 
attenta  plusieurs  fois  à  sa  vie,  il  fut  obligé  de  s  enfuir  pour 
se  soustraire  à  l'indignation  générale.  Il  rentra  ainsi  dans 
l'obscurité  d'où  il  n'aurait  jamais  dû  sortir.  »  Sa  dernière  si- 
gnature dans  les  registres  paroissiaux  est  du  14  octobre  1792, 
«  l'an  l"de  la  République  française  »,  suivant  ses  expressions. 
Le  registre  de  paroisse  le  fait  demeurer  ici  jusque  vers  le 
milieu  de  Tannée  1793.  Si  nous  en  croyons  des  renseignements 
qui  toutefois  manquent  de  précision,  le  sieur  Paves,  recteur 
intrus  de  Saint-Jiilien,  aurait  été  tué,  à  cette  malheureuse 
époque,  dans  les  environs  d'Erbray'.  Ce  fut  un  nommé 
Maïence,  «  officier  municipal  public,  préposé  pour  l'exécution 
de  la  loi  du  20  septembre  1792,  dans  l'étendue  de  la  commune 
delSaint-Julien  de  Vouvantes.>,qui  rédigea  désormais  tous  les 
actes  de  naissance,  de  mariage  et  de  décès. 

C'était  donc  sous  une  houlette  bien  peu  sûre  qu'était  conduit 
le  troupeau  de  M.  Laine,  en  de  bien  tristes  mains  qu'était 
passé  son  héritage.  Le  légitime  recteur  de  Saint-Julien, 
retiré  forcément  à  Angers,  devait  suivre  avec  une  doulou- 
reuse curiosité  les  événements  malheureux  qui  se  succédaient 
dans  sa  paroisse,  comme  dans  le  reste  de  la  France.  Il  pou- 
vait  être  suffisamment  renseigné  par  son  vieux  père,  demeure 
à  Saint-Julien  cortme  l'indique  assez  clairement  la  lettre  sui- 
vante trouvée  aux  archives  départementales.  Elle  fut  adressée 
aux  administrateurs  du  district  de  Châteaubriant  le  30  mars 
1792.  C'est  Ifr  seul  signe  de  vie  que  nous  avons  de  M.  Lainé 

.  Son   ancien   litre  de  chapelain  de  Bonne  Mort,  n'aurait  été  pour   loi 
qu'une  amère  ironicé 


I 

'  SON  JOURNAL  ET  SES  NOTES  365 

pendant  cette  année  et  les  deux  autres  93  'et  94.  Les  premières 
lignes  de  la  lettre  sont  fortement  endommagées,  mais  il  n'est 
,  pas  diBicile  d'en  établir  le  sens  : 

«  J'ai  riîonneur,  Messieurs,  de  vous  présenter  mon  certi- 
ficat d'existence....  aux  fins  de  compter  à  François  Laine  (son 
père)....  muni  de  ma  procuration...  la  somme  de  250#  échue 
au  mois  de  janvier  dernier,  et  celle  de  125/^  qui  échoit  le 
1^'  avril,  en  vertu  des  décrets  de  TAssemblée  nationale  qui 
accorde  un  faible  traitement  aux  recteurs  qui  ont  refusé  le  ser- 
ment.... Vous  observerez  que  je  ne  dois  payer  d'imposition 
foncière  ni  mobilière,  ni  autres  quelconques,  puisque  je  ne 
possède  aucun  fonds  en  votre  département,  ni  que  je  ne  l'ha- 
bite depuis  le  23  juin  dernier....  Je  ne  cesserai  de  réclamer 
les  honoraires  des  messes  que  j'ai  dites  depuis...  1789  jus- 
qu'à 1700  pour  MM.  (es  chapelains  de  la  Goussauderie,  de 
Sainte-Catherine,  de  la  Garenne  qui  ne  sont  prêtres J'es- 
père que  vous  me  ferez  la  justice  que  je  dois  attendre  de 
vous,  et  que  ma  demande  cinq  fois  réitérée  ne  fera  la  moindre 
difficulté  ;  ou  bien  vous  agiriez  différemment  des  corps  ad- 
minitratifs  de  cette  ville  fAngers)  qui  ont  les  mômes  lois  à 
suivre  que  vous.....  Laine,  prêtre,  Angers,  le  30  mars  1792.  » 
A  la  suite  de  cette  lettre  on  lit,  ce  qui  fut  probablement  toute 
la  réponse  qu'obtint  M.  Laine  :  «  Soit  communiqué  à  la  muni- 
cipalité de  Saint-Julien  pour  avoir  ses  observations  sur  le 
fait  de  savoir  :  !•  s'il  n'y  a  pas  dans  la  sacristie  de  l'église  de 
cette  paroisse  un  tableau  portant  de  quel  nombre  étaient 
chargés  annuellement  les  bénéfices  en  question  ;  2»  dans  le 
cas  qu'il  n'y  eût  point  de  tableau,  ou  qu'il  fût  insuffisant,  si 
les  dits  bénéfices  étaient  chargés  de  quelques  messes,  et  de 
quel  nombre  chacun  d'eux  l'était  annuellement.  Au  Directoire 
de  Ghâteaubriant,  le  12  juin  de  l'année  1792....  » 

Comment  se  passèrent  pourM.  Laine  ces  années  effroyables 
de  1792,  93  et  94?  Nous  l'ignorons  absolument.  Aucune  de  ses 
notei^)  si  tant  est  qu'il  en  ait  laissé,  ne  nous  est  parvenue. 
C'est  le  silence  de  la  terreur.  Il  dut  faire  comme  tant  d'autres 

TOME  XVI.  —  NOTICES.   —    XVl*  ANNÉE,  11*-12*  LIV.  26 


/ 
366  MESSIRB  JBAN  LMNÉ 

qui  étaient  restés  en  France,  vivre  dans  un  incognito  absolu, 
dans  la  crainte  continuelle,  de  jour  et  de  nuit,  d'être  découvert 
et  traduit  devant  le  tribunal  révolutionnaire.  Son  vieux  père 
qui  était  demeuré  à  Saint-Julien,  y  mourut  sans  pouvoir  re- 
cevoir la  dernière  bénédiction  et  les  suprêmes  embrasse- 
ments  de  son  fils.  Gomment  Tintrus  que  nous  connaissons 
put-il  alors  remplacer  le  recteur  légitime  ?  Torture  particu- 
lièrement pénible  infligée  entre  tant  d'autres  au  cœur  de 
M.  Lainé^  !  Pendant  tout  ce  temps,  aucun  culte  n'étaijt  rendu 
dans  les  temples  catholiques.  Il  avait  entièrement  cessé  dans 
toute  la  Bretagne  vers  la  fin  de  1793,  même  dans  les  édifices 
sacrés  occupés  par  les  intrus,  sauf  peut-être  de  très  rares  ex- 
ceptions au  fond  des  campagnes.  Les  églises  étaient  fe>mées 
ou  èiliployées  à  des  usages  profanes,  les  cloches  ne  se  fai- 
saient plus  entendre,  et  tout  à  l'extérieur  annonçait  un  peuple 
qui  avait  renoncé  à  son  Dieu'.  Des  édifices  sacrés  furent 
même  dévastés^  et  tous  les  objets  de  piété  qui  s'y  trouvaient, 
brisés  et  brûlés.  Il  ne  paratt  pas  que  Téglise  paroissiale  de 
Saint-Julien  ait  eu  à  subir  une  pareille  impiété.  M.  Laine 
nous  en  fournira  ci-dessous  la  preuve.  Les  croix  plantées  sur 
les  bords  dé  nos  chemins,  quelques-unes  de  très  vieille  date, 
furent  respectées  et  conservées. 

Comme  un  pasteur  fidèle  qui  n*abandonne  son  troupeau 
qu'à  la  dernière  heure  et  à  toute  extrémité,  qui  veillé  dans 
le  voisinage  du  bercail,  épiant  le  moment  propice  pour  y 
rentrer,  et,  dès  la  première^éclaircie  après  la*  tempête,  accourt 
pour  porter  secours  à  ses  ouailles  fidèles,  M.  Laine  rentra  à 
Saint-Julien  pendant  Tannée  1795.  Le  traité  de  la  Jaunais 
signé  lé  27  février  1795,  ratifié  peu  de  t^mps  après  par  la  Con- 
vention, les  quatre  arrêtés  rendus    à  la  Mabilais  près  de 

» 

4  Voici  Tacte  de  décèi  :  François  Laine,  âgé  de  79  ans,  originaire  de  la 
paroisse  d*Azé,  près  Châteaugontier^  veuf  de  Françoise  Bourjuge,  décédé 
d'hier  en  ce  bourg,  a  été  inhumé  le  lendemain  au  cimetière  par  le  ettré 
soussigné,  6  septembre  1792,  l'an  4  de  la  liberté....  Paves,  curé. 

<  Àbbé  TresVaux  du  Frava],  Histoire  de  la  persécution  révolutionnaire 
en  Bretagne* 


SON   JOURNAL  *T    SfeS   I^OTK^  367 

t 

Rennes,  le  21  avril  suivant,  eurent  une  grande  influence  sûr 
la  position  des  prêtres  catholiques  en  bretagne.  La  persé- 
cution cessa  alors  ;  les  prêtres  qui  étaient  cachés  n'atteh- 
dirent  pas  la  conclusion  des  conférences  de  la  Mabilais  pour 
de  montrer  et  célébrer  publiquement  la  messe'.  Lé  culte  pii- 
blic  était  même  inauguré  à  Nantes,  dans  l'église  Sainte-Croix 
par  M.  de  Boischollet,  vicaire  général*.  Le  11  juillet,  une  ins- 
truction pastorale  du  môme  vicaire  général  circulait  Secrè- 
tement ordonnant  «  à  tous  les  recteurs,  vicaires,  prêtres 
catholiques  de  rentrer  de  suite  dans  leurs  paroisses  respec- 
tives.., »  Bien  avant  cette  date,  le  9  mai  1795,  M.  Laine  reve- 
nait à  Saint-Julien.  C'est  lui-même  qui  nous  l'affirme  dans 
une  note  échappée  aux  investigations  de  M.  Leroux,  Tauteur 
de  notre  registre  de  paroisse,  mais  absolument  authentique 
et  parfaitement  lisible.  Retrouvant  encore  les  registres  dès 
actes  dé  baptêmes,  de  mariages  et  de  sépultures,  il  écrivit 
&  la  date  du  23  juin  1791  les  quelques  lignes  relatives  au 
départ  précipité  du  recteur  et  de  son  vicaire,  que  nous 
avons  données  plus  haut,  et  qu'il  n'avait  pas  eu  aIoi*s  le 
temps  d'insérer  au  registre,  et  il  les  fit  suivre  de  cette  men- 
tion très  expreàse  ;  «  A  Saint-Julien  de  Vouvantes,  le  d  mai 
1795,  jour  du  retour  du  soussigné  au  milieu  de  son  trou- 
peau: Laine,  recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes.  x»  Puis  en 
marge»  vis-à-vis  des  premiers  actes  signés  des  intrus  Salmon 
et  Paves  il  note  courageusement  :  «  Ce  dit  Salmon  était  intrus 
de  la  Chapello-Glain.  Le  souligné  Paves  est  intrus  de  cette 
paroisse.  Messieurs  Pierre  Jounaulx  et  Gilbert  Chassaing 
allèrent  le  chercher  en  le  diocèse  de  Rennes.  »  Nous  n'avons 
pas  trouvé  d'autre  trace  d'un  séjour  qui,  malgré  les  espé- 
rances générales,  ne  fut  sans  doute  qu'un  rapide  passage. 
La  persécution  ne  tarda  pas  à  se  raviver,  et  dès  le  29  sep- 
tembre, un  nouveau  décret  obligea  les  prêtres  catholiques 


«  Abbé  Tr«»svaux  du  Fraval,  op-  di. 

»  Alfred  Lallié,  Le  IHocese  de  Nantes  pendant  la  Révùluiion. . 


• 


■i 


I 


368  MKSSIRK  .fBAN   LAINÈ 

à  pourvQir  à  leur  sûreté  et  à  abandonner  de  nouveau  leurs 
égflises  à  la  dévastation,  et  leurs  fidèles  à  une  seconde  ter- 
reur. L'administration  départementale  de  la  Loire-Inférieure 
.se  distingua  même  entre  toutes  par  l'arrêté  des  plus  rifçou- 
reux  qu'elle  prit  contre  les  prêtres  le  31  octobre.*  Mais,  pour 
Thonneur  de  M.  Laine,  nous  avons  été  heureux  de  décou- 
vrir la  trace  incontestable  de  sa  réapparition  dans  sa  pa- 
poi.sse.à  cette  heure  favorable  mais  trop  fugitive,  et  la  preuve 
nouvelle  de  son  ferme  courage  et  de  son  indomptable  éner- 
gie. La  paroisse  de  Saint-Julien  demeura  une  seconde  fois 
.  veuve  de  son  légitime  pasteur,  et  même  privée  de  la  pré- 
sence de  tout  autre  prêtre  pendant  le  reste  de  l'année  1795, 
toute  Tannée  suivante  et  la  première  partie  de  1797. 

D^s  le  commencement  de  cette  année  une  accalmie  nou- 

velle>  malheureusement  encore  une  fois  momentanée,  s^étant 

produite,  M.  Laine  se  hâte  d'en*  profiter  :  <«  Ce  fut  le  9  mai 

1797,  nous  marque  le  registre  paroissial,  que  notre  recteur 

eut  le  bonheur  de  revoir  sa  chère  paroisse  et  d'y  reprendre 

Texfercice  public  de  ses  fonctions  pastorales.  »  Il  s*agit  d'un 

second  retour,  comme  nous  venons  de  le  prouver.  Au  mois 

de  juillet  suivant,  le  fameux  intrus  de  Saint- Vincent  des 

Landes,  Phelippe  de  Beauregard,  dénonciateur  de  ses  frères 

dans  le  pays   de  Châteaubriant,  écrivait  à  l'administration 

centrale  dont  il  était  Tagent:  «  Dimanche  dernier,  22  juillet, 

M.  Laine   a    fait    une  entrée   solennelle    dans  sa  paroisse 

de  Saint-Julien  de  Vouvantes, .. '».  Enfin,  la  loi  du  24  août, 

abrogeant  celle  qui  prononçait  la  peine  de  déportation  ou  de 

-  rédusiou  contre  les  prêtres  insermentés,   semblait  devoir 

inaugurer   véritablement  pour  Tavenir  une   ère    nouvelle. 

C'était  le  calme  après  une  effroyable  tempête.  M.  Laine  put 

certainement  en  jouir  ici  et  en  profiter,  quoiqu'il  ne  nous  ait 

laissé  aucune  note  relative  à  son  second  retour  parmi  nous. 


*  M.  Alfred  Lallié.  Op,  cit. 


i 


SON  JOURNAL   ET   SES  NOTES  Îi69 

Mais  ce  calme  fut  bien  éphémère.  Le  coup  d'Ëtat  du  18  fruc- 
tidor an  V,  4  septembre  1797,  vint  rendre  le  sort  des  prôtreâ 
fidèles  aussi  diflicile  et  aussi  douloureux  que  dans  les  temps 
les  plus  mauvais*.  Cette  fois,  M.  Laine  ne  put  échapper 
au  nouveau  danger  suspendu  sur  sa-  tète.  Toutes  les  muni- 
cipalités  ayant  reçu  Tordre  d'exiger  le  serment  de  fructidor, 
x\m  comprenait  celui  de  haine  à  la  royauté,  et  de  faire  saisir 
pour  être  déportés  ceux  qui  refuseraient  de  le  porter,  le  rec- 
teur de  Saint-Julien  fut  surpris  et  arrêté  dans  son  presbytère, 
nous  dit  expressément  le  registre  de  paroisse:  a  Déjà  tant 
épuisé  dans  le  creuset  des  tHbulations,  il  fut  encore  jugé 
digne  de  souffrir  de  nouvelles  épreuves.  Dès  le  14  septembre, 
c'est  à-dire,  quatre  mois  et  cinq  jours  après  son  retour  dans 
la  paroisse,  il  fut  arrêté  dans  sa  propre  maison  et  cpnduit 
à  Ghâleaubriant.  »  Le  30,  il  fut  amené  à  Nantes.  La  veille,  il 
écrivit  à  la  maison  d'arrêt  une  pièce  importante,  en  forme 
de  testament,  qui  se  trouve  actuellement  aux  archives  dépar- 
tementales. Cette  pièce  fut  saisie  parmi  les  papiers  d'un 
brigand  célèbre,  dit  le  Grand  Louis,  personnage  énigmatique, 
assure  M.  Lallié,  qu'on  a  dit  être  un  comte  de  Savary,  com- 
mandant d'une  troupe  de  chouans  dans  les  environs  de 
Nantes,  et  qui  fut  trouvé  assassiné*. 

Dans  ce  document  M.  Laine  fait  connaître  d'abord  ses  di- 
vers débiteurs  ainsi  que  les  sommes  qui  lui  sont  dues.  L'unede 
ces  sommes  qui  s'élève  à  1200  y/^  avait  été  prêtée  par  lerecteur 
«  pendant  le  carême  de  1797,  au  citoyen  Vigneron  fermier  au 
château  de  Ghallains  en  Anjou....  laquelle  somme  doit  être 
payée  en  argent  monnayé,  ou  en  nature  de  froment  ou  de 

}  M.  Alfred  Lallié,  op.  cit. 

'M.  Alfred  Lallié,  op.  cit.  La  présencu  de  ce  chef  de  bandes  k  Saint- 
Julien  et  dans  les  environs,  en  179V,  est  constatée  par  cette  note  prise  dans 
le  registre  des  dépôts  faits  au  grefte  de  la  police  correctionnelle  de  Tarron- 
dissementde  Châteaubriant  :  «  Le  16  brumaire  an  VU,  le  juge  de  paixof&cier 
de  police  judiciaire  du  canton  de  Saint  Julien  de  Vouvantes,  a  déposé  diffé- 
rentes auditions  de  témoins  sur  les  désarmements  faits,  et  les  actes  de 
violence  exercés  chez  et  sur  divers  particuliers  par  le  nommé  Grand  Loviis 
émigré  et  ses  coadjoints.  » 


370  MBSSIKK   JKAN  LAINE 

seigleà  raison  delà  valeur  de  la  dite  somme.  »0d  peut  induire 
de  là  que  le  recteur  de  Saint-Julien  se  trouvait,  au  moment 
marqué  par  ce  prêt,  caché  dans  les  environs  de  Challains.  Il 
parle  ensuite  ()*une  certaine  quantité  «  de  grains  vendus  ou 
prêtés  à  divers  individus  de  Saint-Julien  pendant  Tannée 
I7d5  ».  Cette  date  indiquerait  donc  bien  un  séjour  de  M.  Laine 
dans  sa  paroisse  à  cette  époque.  Il  spécifie  que,  au  moment 
oti  il  rédigeait  son  testament^  il  avait  «  quarante  aulnes- de 
toile  en  train  de  se  faire,  à  raison  de  15  sous  Taulne,  chez  le  ci- 
toyen Lemesle  »  ;  qu*un  autre  tisserand  avait  «  sept  livres  de 
fil  gros  pour  faire  de  la  toile,  et  que  le  citoyen  Michel  Gasnier 
serger  avait  cinq  livres  et  demie  de  laine  pour  faire  de  Té- 
toffe.  »  Le  recteiir  jouissait-il  donc  encore,  pendant  ces  années 
si  bouleversées,  des  offrandes  en  blé,  seigle,  froment  et  lin 
quç  les  paroissiens  et  les  étrangers  venaient  offrir  à  l'église» 
ou  qui  étaient  dues  à  titre  de  dîmes  ?  C'est  une  question  assez 
curieuse  qui  peut  être  inspirée  par  la  lecture  de  ces  détails. 

Après  avoir  consigné  ce  qui  lui  était  dû,  le  recteur  procédant 
par  l^'et  2*  signale  tous  les  objets  du  culte,  ainsi  que  tous  les 
effets  lui  appartenant  qu'il  avait  avec  un  grand  soin,  ici  et  là, 
ui^  peu  dans  Routes  les  directions,  dans  le  bourg,  dans  les 
villages,  jusque  dans  la  ville  d* Angers,  cachés  et  confiés  à 
des  personnes  sûres,  avant  son  arrestation  en  1797  et  sa  fuite 
en  1791.  C'est  un  véritable  inventaire  de  ce  que  la  fabrique 
avait  pu  ainsi  sauver  à  Tépoque  révolutionnaire,  et  à  ce  titré 
nous  le  reproduisons  aussi  complètement  que  possible  :  «  Il 
y  a,  écritle  diligent  recteur^  chezlaFlond,  au  village  de  Duron, 
12  couverts  d'argent  et  un  calice  d'argent,.,  au  bourg,  chez  le 
citoyen  Duvacher  beaucoup  d^effets,  comme  livres,  etc...  chez 
le  citoyen  Berthelemi,  à  la  Guertais,  beaucoup  de  livres, 
assiettes^  bouteilles  déposés  chez  lui  par  ma  cuisinière  ou  par 
moi  en  1791...  chez  le  citoyen  Rouger,  cordonnier  au  bourg  : 
un  encensoir,  une  navette,  un  bénitier,  le  tout  argenté,  deux 
chandeliers  de  bois  doré  ;  chez  le  citoyen  Jahanne,  tailleur  au 
dit  bourg  :  deux  chapes,  une  chasuble  avec  son  étole,  son  ma- 


SON  jbuRNAL  KT  SES  NOTES  371 

nipule,  son  voile,  une  étole  pastorale  blanche  relevée  an 
.bosses  d'or;  également  chez  le  citoyen  Oustin,  journalier  au 
village  d'au-delà  l'eau  :  des  couettes,  traversins,  oreillers, 
draps,  couvertures...  avec  deux  matelas,  mes  habits  d'été  et 
d'hiver  de  différentes  couleurs,  avec  mes  soutanes,  rochets  et 
beaux  ornements  à  fairè^  y  compris  une  chasuble  d'un  tissu 
d'or  avec  des  fleurs,  ainsi  que  le  manipule,  Tétole,  le  voile  et 
la  bourse  ;  Jeanne  Tur pin,  ma  domestique,  donnera  connais- 
sance où  sont  tous  mes  effets....  i>  Ici  sont  énumérés  tous  les 
ustensiles  de  cuisine,  tous  les  meubles  et  vôtetnents  de  Tin- 
fortuné  recteur,  dispersés  de  côté  et  d'autre.  Sa  pendule  est 
«  au  village  delaChampellière,  chez  le  citoyen  Valin....chez 
le  citoyen  Pelletier,  voiturier  à  Ghallain,  il  y  a  un  paquet 
à  mon  adresse....  Chez  le  citoyen  Bain,  relieur  à  Angers, 
rue  des  Deux-Hayes,  14  :  un  soleil  d'argent  en  sa  botte,  six 
grands  chandeliers  argentés,  un  crucifix  de  même  gran- 
deur argenté.  Deux  custodes  en  argent  sont  chez  le  dit 
Gustin.  Chez  Jahanne  une  boîte  avec  un  soleil  doré  avec 
ses  anges  dorés  ;  un  autre  petit  soleil  est  en  la  chambre  qu'oc- 
cupe à  Saint-Julien  le  citoyen  Cordeau.  Chez  la  mère  de  ce 
dernier  une  aube  blanche  non  dressée,  ainsi  qu'une  autre 
chez  la  veuve  Pinon  avec  un  rochet  et  l'ornement  commun 
dont  je  me  servais  ordinairement  avec  l'étole,  le  manipule, 
le  voile  avec  l'aube  et  le  cordon  ;  et  trois  autres  étoles  pas- 
torales blanche,  rouge,  noire  déposées,  je  crois,  chez  le  ci- 
toyen Perroche  menuisier  audit  bourg.  Chez  la  citoyenne 
Sauvager,  femme  du  notaire  public^  mes  quatre  reliquaire^ 
dont  les  baguettes  sont  dorées,  une  des  glaces  est  cassée;  ces 
reliquaires  n'appartiennent  point  à  l'église.  Chez  le  dit  Bain  : 
une  croix  de  procession  dorée,  une  navette  argentée  et  plu- 
sieurs autres  objets  qu'il  ne  refusera  pas.  »  Serait-ce  là  la 
superbe  croix  processionnelle,  chef-d'œuvre  d'orfèvrerie  du 
mqyenflge,  que  possédait  la  fabrique,  par  nous  décriLe  dans 
Le  Général  de  la  paroisse  de  Saint-Julien  de  Vouvantes\  et 

<  Rexme  Historique  de  VOuest  ;  7«  livmson,  juUlet  iS9S. 


372  MEftSIRE  JEAN    LAINE 

signalée  minutieusement  par  tous  les  comptes  rendus  des 
marguilliers  depuis  au  moins  1562?  Nous  sommes  portés  à  le. 
croire*  Parmi  tant  d'objets  du  culte  qu'il  réussit  à  sauver,  le 
recteur  de  Saint-Julien  n'aura  eu  garde  d'oublier  le  plus  pré- 
cieux. Ce  qui,  malgré  tout,  ne  nous  a  pas  empêchés  de  perdre 
définitivement  cette  précieuse  relique  du  passé,saisie,  on  peut 
le  croire,  dans  les  perquisitions  qu'amena,  on  va  le  voir,  la 
découverte  de  ce  testament.  M.  Laine  ajoute  :  «  J'ai  donné 
permission  à  ma  domestique  de  filer  les  livres  de  poupées  de 
brin,  de  vendre  la  toile  que  me  fait  Lemesle,  pour  se  payer  de 
ses. gages,  et  des  frais  et  peines  que  mon  arrestation  lui  occa- 
sionne. Je  lui  donne  l'étoffe  que  le  dit  Gasnier  me  fait,  en  re- 
connaissance de  ses  bons  services.  Je  lui  permets  de  recevoir 
de  madame  Lejeune  de  la  Martinais  124  y/-  qu'elle  me  doit, 
sans  y  comprendre  le  prix  du  cheval  que  son  mari  m'enleva 
en  les  fêtes  de  Noël  1793...  lequel  cheval  m'avait  couteau 
Mans,  au  mois  de  décembre  1793,  300  #,  et  que  le  dit  Marti- 
nais vendit  l'année  d'après  à  Borbeau,  métayer  à  laChapelle- 
Glain  750  y/-  ;  je  ne  lui  demande  pas  d'intérêts,  je  réclame 
seulement  le  prix  que  j'ai  payé  pour  l'avoir.  Fait  à  la  maison 
d'arrêt,  le  29  septembre  1797...  Laine,  recteur  de  Saint-Julien 
de  Vouvantes.  «Au-dessous  de  cette  signature.  M.  Laine  écrit 
ces  lignes  si  touchantes,  qui  montrent  bien  que  le  malheureux 
prêtre  ne  se  faisait  aucune  illusion' sur  l'extrême  gravité  de  sa 
situation  :  «  Je  me  recommande  à  Dieu,  aux  prières  des  catho- 
liques et  je  prie  qu'on  fasse  dire  des  messes  pour  moi.  Laine.  » 
Cette  recommandation  suprême  est  le  dernier  écrit  qui  nous 
ait  été  conservé  du  vénérable  confesseur  de  la  foi.  Il  croyaitaller 
à  la  mort  évidemment  ;  il  devait,  après  de  cruelles  épreuves  et 
de  terribles  souffrances,  vivre  encore  un  certain  nombre 
d'années. 

A  la  suite  delà  saisie  de  ce  testament  on  fît  naturellement 
les  diligences  nécessaires  contre  les  individus  dénommés, 
comme  dépositaires  d'effets  appartenant  à  M.  Laine,  et  Pelle- 
tier voiturier  fut  dénoncé  au  jury  d'accusation  près  le  tribunal 


SON   JOURNAL   ET   SES   NOTES  378 

de  Segré  et  condamné.  C'est  ce  que  montre  la  pièce  sui- 
vante* : 

«  Angers,  le  5  ventôse  an  VII  de  la  république  une  et  indi- 
visible. (23  février  1799).Le  commissaire  du  directoire  exécutif 
près  l'administration  centrale  du  département  de  Maine-et- 
Loire  à  son  collègue  de  la  Loire  Inférieure/à  Nantes  :  Citoyen 
collègue,  d'après  la  communication  que  vous  m'avez  faite  de 
récrit  relatif  au  nommé  Laine,  prêtre  réfractaire,  ex-curé  de 
Saint-Julien  deVouvantes,lequelaététrouvé  parmi  les  papiers 
de  feu  Grand  Louis^  j*ai  fait  les  diligences  nécessaires  contre 
les  individus  dénommés  comme  dépositaires  d'effets  appar- 
tenant au  dit  Laine,  et  le  citoyen  Pelletier,  voiturier  à  Challains 
canton  de  Candé,  ayant  reçu  un  dépôt  dont  il  n*a  fait  aucune 
déclaration,  va  être  dénoncé  au  jury  d'accusation  près  le  tri- 
bunal correctionnel  de  Segré,  et  poursuivi  conformément  à  la 
loi...  » 

Nous  trouvons  de  plus,  relativement  à  cette  affaire,  dans  le 
registre  des  dépôts  faits  au  greffe  de  la  police  correctionnelle 
de  r arrondissement  de  Chàteaiibriant,  les  trois  pièces  sui- 
vantes : 

«  Du  17  ventôse  an  VII  (7  mars  1799J.  Le  citoyen  Richard, 
juge  de  paix  de  Châteaubriant,  a  déposé  un  cahier  contenant 
le  résultat  des  visites  domiciliaires  et  perquisitions  qu'il  a 
faites  en  la  commune  de  Saint-Julien  même,  pour  découvrir 
les  meubles  et  effets  appartenant  à  Laine,  prêtre  réfractaire, 
sujet  à  la  déportation,  ainsi  que  les  pièces  qui  ont  motivé  les 
recherches  et  visites  du  dit  juge  de  paix.  » 

«  Du  24  ventôse  an  VII  (14  mars  1799).  Le  citoyen  Delys,  huis- 
sier a  déposé  les  meubles  et  effets  appartenant  au  nommé 
Laine,  ex-curé  réfractaire  et  déporté,  de  laco.mmune  de  Saint- 
Julien  de  Vouvantes,  comme  suit  :...  »  Dans  rénumération  y 
faite  on  ne  remarque  en  fait  d'objets  de  culte  que  les  a  quatre 
reliquaires  dont  les  baguettes  sont  dorées  ». 

*  Archives  départ,  de  la  Loire^nférieure, 


374  MESSIKE  JEAN  LAINE 

«  Le  29  brumaire  an  IX  (20  novembre  1800),  Nous,  Pierre  De- 
lafosse,  trésorier  de  l'hospice  civil  de  Châteaubriant,  déclarons 
et  reconnaissons  avoir,  ce  jour,  reçu  du  groffler  du  tribunal 
civil  de  Gh&teaubriant,  tous  meubles  et  effets  saisis  et  con- 
fisqués au  profit  de  la  République  par  jugeme.nt  du  7  prairial 
an  VII  (26  mai  17Ô9),  sur  la  personne  de  Tex-quré  de  Saint- 
Julien  de  Vouvantes.  Les  dits  meubles  et  effçts  à  nous  remis 
en  vertu  de  l'arrêté  du  sous-pré^et  de  cet  arrondissement,  en 
date  du  25  du  présent  mois  ;  desquels  nous  déclsurons  donner 
pleine  et  entière  décharge  au  dit  greffier.  » 

D'après  ces  notes,  les  seules  qu'il  nous  ait  été  donné  de 
trouver,  nous  ne  pouvons  savoir  ce  qu'il  advint  des  nombreux 
objetsdu  culte  si  minutieusement  désignés  par  M.  Laine  dans 
son  testament. 

Pendant  son  court  séjour  dans  sa  paroisse  le  fidèle  recteur 
avait  repris  la  rédaction  régulière  de  tous  les  actes  de  bap- 
têmes, mariages  et  sépultures.  Le  registre  original,  la  minute 
de  ces  actes  est  perdue,  mais  une  copie  nous  en  reste  et  elle 
est  authentique,  faite  par  les  soins  de  M.  Condomine,  premier 
curé  concordataire  de  Saint-Julien  de  Vouvantes.  Depuis  le 
14  juillet  1797,  la  signature  (la  copie)  de  M.  Laine  reparaît 
jusqu'au  10  septembre  suivant.  Il  était  arrêté  le  14  du  môme 
mois.  Après  cette  date  du  10  septembre  ^797  jusqu'au  20  avril 
1800,  on  ne  retrouve  plus  rien  aux  archives  paroissiales. 

Avant  de  quitter  son  pays  qu'il  n'espérait  plus  revoir, 
M.  Laine  pouvait  se  rendre  le  témoignage  d'avoir  résisté  jus- 
qu'au bout  et  de  ne  céder  qu'à  la  violence.  Loin  d'abandonner 
son  troupeau  pendant  l'orage,  il  Tavàit  surveillé  de  très  près. 
Il  s'était,  avons-nous  dit  plus  haut,  en  nous  appuyant  sur  l'af- 
firmation de  l'auteur  du  registre  de  paroisse,  retiré  en  Anjou 
en  1791,  et  y  était  demeuré  jusqu'à  la  fin  de  la  Terreur. 
M.  Lallié  dans  son  sérieux  ouvrage,  Le  Diocèse  de  Nantes 
pendant  la  Révolution,  affirme  qu'il  resta  cdjché  dans  notre 
diocèse.  Cette  dernière  assertion  est  beaucoup  plus  fondée, 
M.  Laine  s'était  sans  aucun  doute  retiré  en  Anjou,  nous  en 


SON  jpURNÀL    ET   8K8  NOTES  375 

avons  donné  des  preuves,  mais  il  n'y  avait  pas  toujours  sé- 
journé; car  sans  parler  de  son  premier  retour  en  1795  dans 
sa  paroisse,  retour  que  nous  avons  suffisamment  établi  par 
une  de  ses  notes,  dans  plusieurs  autres  circonstances,  il 
s'était  rapproché  de  Saint-Julien  le  plus  qu'ilavait  pu.  C'est 
une  indication  fournie  par  un  curieqx  registre  conservé  aux 
archives  paroissiales  de  la  Chapélle-Glain.  Ce  registre  rédigé 
par  M.  Cordeau*,  premier  desservant  de  la  dite  paroisse  après 
le  Concordat,  porte  dès  sa  première  feuille  cette  mention  : 
a  Ici  commencent  les  extraits  recueillis  par  le  maire  Hé  cette 
.  paroisse  et  le  desservant,  et  concernant  les  actes  de  baptême, 
de  bénédictions  nuptiales  et  de  sépultures^  autant  que  faire  se 
pourra^  qui  ont  été,  reçus  et  enregistrés  de  i79i  à  4SQi, 
d'après  les  déclarations  des  personnes  intéressées,  >>  Dans  ce 
recueil  si  précieux  pour  la  région  nous  voyons  que  M.  Laine 
recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  a  fait  à  la  Chapelle- 
Glain  un  baptôme  en  septembre  1791  ;  également  un  baptême 
à  Beauchône,  paroisse  d'Erbray,  en  1792,  on  ne  précise  pas 
le  jour;  le  l*""  mai  1793,  un  baptôme  au  village  d'Osiller,  pa- 
roisse delà  Chapelle-Glain;  le  4  juplet  delà  môme  année,  un 
baptôme  à  Qaint-Julien  môme;  en  janvier  1794,  il  bénit  un 
mariage  à  la  Chapelle-Glain,  «  Salmori  (l'intrus)  résidant  en 
cette  paroisse  sans  mission  légitime  »  ;  le  6  juillet  1795,  il  bap- 
tise «  en  son  tteu  natal  »  un  enfant  dont  le  père  est  de  Soudan 
et  Id  mère  de  Saint-Sulpice  des  Landes  ;  le  14  août  suivant,  il 
fait  un  nouveau  baptôme  à  Saint-Julien  ;  et  le  14  septembre 
un  second  à  Beauchône  en  Erbray  ;  le  4  février  1796,  on  le  re- 
trouve baptisant  à  Saint-Julien,  et  le  24,  à  Erbray.  Constata- 
tions authentiques  tout  à  l'honneur  du  courage  et  de  la  fidélité 
du  légitime  pasteur  l  Et  combien  d'autres  actes,  sans  doute, 
qui  n'ont  été  ni  déclarés  ni  consignés  ? 

M.  Laine  fut  envoyé  de  Nantes  à  Rochefort  pour  être  déporté 
en  vertu  des  lois  de  fructidor  an  V,  par  arrêté  du  1*"  brumaire 

1  Notre  gr^ad  oncle  maternel,  originaire  de  Saint-Julien  ae  Vouvantea. 


376  MESSIRE  JEAN   LAINI^: 

an  VI  (22  octobre  1797).  D'après  M.  Tabbé  Tresvaux  du  FravalS 
il  fut  embarqué  sur  la  frégate  la  Décade  aveci  une  trentaine 
de  prêtres  des  divers  diocèses  de  Bretagne. 

Ce  que  furent  les  souffrances,  les  tortures  physiques  et  mo- 
rales de  M.  Laine  et  de  ses  compagnons  de  captivité,  pen- 
dant leur  déportation  à  la  Guyane,  nous  a  été  transmis  dans 
les  nombreux  récits  publiés  par  les  victimes  survivantes,  ou 
par  des  narrateurs  fidèles  ;  récits  lamentables,  remplis  de  dé- 
tails navrants  que  la  France  religieuse  n'a  pas  dû  lire  dans  Ig 
temps  sans  éprouver  la  plus  profonde  émotion,  mais  que,  il  le 
semble  du  moins,  elle  a  trop  vite  et  trop  longtemps  oubliés. 
Le  registre  de  paroisse  de  Saint-Julien  de  Vouvantes,  à  l'oc- 
casion de  la  déportation  de  M.  Laine,  reproduit  l'un  de  ces 
récits,  mais  sans  en  indiquer  Tauteur,  en  le  qualifiant  de  très 
fidède.  On  y  donne  le  texte  môme  de  la  première  lettre  que 
Tun  de  ces  malheureux  prêtres  adressa  à  son  père.  C'est  un 
admirable  iionument  de  résignation  chrétienne,  de  pardon  et 
d'oubli  des  plus  cruels  traitements,  de  foi  héroïque  et  digne 
des  plus  beaux  siècles  de  TKglise.  Les  déportés  couchèrent  à 
Rochefort  sur  un  peu  de  paille.  Traîqés  sur  le  bâtiment  qui 
devait  les  transportera  la  Guyane,  pour  la  plupart  âgés  et 
infirmes,  ils  étaient  «  serrés  les  uns  contre  les  autres,  étendus 
sur  des  planches,  tourmentés  de  vermine,  sans  linge,  sans  vê- 
tements, plus  mal  nourris  que  les  plus  vils  criminels...  Ils  ne 
respirent  que  par  une  soupape,  la  contagion  se  propage,  une 
odeur  de  mort  se  répand  dans  cette  fournaise  ardente,  et 
cependantle  plus  léger  murmure  ne  se  fait  point  entendre.... 
Nous  débarquâmes  à  Cayenne,  continue  la  lettre  ;  les  habi- 
tants de  cette  colonie  veulent  nous  secourir,  mais  le  commis- 
saire du  gouvernement  exécute  aussitôt  les  ordres  reçus 

les  déportés  sont  divisés  en  plusieurs  classes,  les  uns  partent 
pour  Sinnamari  et  ses  environs,  les  autres  sont  jetés  dans 
les  affreux  déserts  de  Konanoma...  Ce   pays  situé  na  mi- 

•  Histoire  de  la  persf^cution  révoliitwnnaire  en  Bretagne^  tome  II. 


SON   JOURNAL  ET   SES  NOTES  377 

lieu  des  bois  est  couvert  de  marais  fangeux  qui  corrompent 
1  air  par  des  exhalaisons  fétides,  et  les  habitations  se  bornent 
à  quelques  cabanes,  asile  de  douleur  et  de  mort. . . .  Chaque 
jour  ce  sont  de  nouvelles  pertes,  une  victime  est  suivie 
d'une  autre. -.i.  Nous  savons  que  dans  tous  les  cantons  où 
se  trouvent  des  déportés,  leur  sort  n'est  pas  moins  affreux 
que  le  nôtre...  Ceux  que  la  mort  n'a  pas  atteints  jusqu'à  ce 
jour,  languissent  dans  l'état  le  plus  misérable...»  Dans  une 
autre  partie  du  récit  donné  par  le  môma  registre,  nous  lisons 
que  les  confesseurs  de  la  foi...  «  étaient  exposés  tout  le  jour 
aux  feux  du  soleil  qui  tombaient  perpendiculairçment  sur  eux  ; 
lesoir,  des  insectes  venimeux,  des  moustiques  venaient  les 
assaillir  de  leurs  piqûres  et  les  couvraient  d'ampoules  puru- 
lentes... Les  cabanes  et  l'hôpital  sont  pleins  de  malades.  Les 
qnglesdes  pauvres  prêtres  se  détachent  de  leurs  doigts,  leurs 
jambes  sont  enflées  et  couvertes  de  pustules...  La  dyssenterie 
a  tellement  épuisé  ces  infortunés,  qu'ils 'n'ont  pas  môme  la 
force  de  changer  de  place,  et  il  n'y  a  que  leurs  confrères  ani- 
més de  la  plus  héroïque  charité  qui  aient  le  courage  d'appro- 
cherd'eux  pour  les  servir,...  ils  ne  cessent  de  vivre  qu'après 
la  plus  cruelle  agonie...  Ils  aimaient  mieux  expirer  dans  leurs 
cabanes  qu'à  Thôpital,  parce  que  les  infirmiers  barbares  qui 
le  desservaient,  les  accablaient  d'outrages  au  lieu  de  leur 
donner  des  soins.  Quand  un  prêtre  ne  laissait  rien  en  mourant, 
les  nègres  chargés  de  faire  la  fosse  se  refusaient  à  cette  fati- 
gue, qui  incombait  alors  aux  confrères  du  défunt...  »  Le 
nombre  de  ceux  qui  moururent  durant  cette  déportation,  af- 
firme le  registre  de  paroisse  s'appuyant  sur  des  documents 
officiels,  y  compris  huit  prêtres  qui  avaient  péri  pendant  la 
traversée,  ne  fut  pas  moins  de  cent  soixante-neuf. 

(A  suivre).  Saint-Fort  Rondelou,  prêtre. 


PRF.UVES  DE  NOBLESSE 

DES 

DEMOISELLES  DU  POITOU 

Seçnes  dans  la  Maison  Royale  de  Saint-Louis 

A  SAINT-CYR 

DE  1686  A  1793 

Extrailet  det  MtaiiucrUt,  eonurvi*  à  ParU,  à  la  BibUolhèqae 

Sationait  et  pabliéet  avec  <ki  noUt, 

Par    le    Vicomte    Paul    de    CHABOT 


DE  CHIEVRES  DE  SALIGNAC 

Preuce.1  de  U  noblesse  de  demoiselle  Jeanne  de  ChiÈvbes 
DE  Saugsac,  prêsenlée poar  être  reçae  dans  la  communauté 
des  demoiselles  de  Saint-Louîs,  à  Saïnt-Cyr.  Novembre    1686. 


Jeanne  de  Chlèvres  de  Saligoac,  1676.  ' 

AuMEs  :  d'argent,  à  l'aigle  éployée  de  sable. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  du  consistoire  de  la  R.  P- 
R.,  établi,  à  Rarbezieux,  au  diocèse  de  Saintes,  signé  par  col- 
lation du  26  septembre  1686,  Boumier,  greffier  au  présidial  de 
cetteville,  etJégalisé, portant  que  Jeanne,  née  le  1"  mars  1676, 
dutnariage  de  Jacob  de  Chièvres,  sgr  de  Salignac,  et  de  dame 
Marie  Le  Maréchal,  fut  baptisée  le  23  avril  de  la  même  année, 

'  Voir  le  fascicule  de  septembre- octobre  IS'JO. 
3  Bibl.  .Va(.  CMb.  det  Titret.  2M.  p.  10. 


PREUVES    DB   N0BLES8B   DES   DEMOISBLLKS   DU   POITOU  '     379 

Premier  degré  :  père  et  mère. 

Jacob  de  Chiëvreâ,  sgr  de  Salignac  ;  Marie  Lé  Maréchal, 
sa  femme,  1664. 

Le  MarécJial  :  d*Azur^  d  un  chet'7*on  d'argent,  nccompagné  de 
trois  étoiles  de  même,  2  et  4 . 

Contrat  de  mariage  de  messire  Jacob  de  Chièvres,  cher., 
sgr  de  Salignac,  fils  de  messire  Pierre  de  Chièvres,  chev.,  sgr 
de  Rouillac,  de  Curton  et  de  la  Montagne,et  de  dameEléonore 
de  Montalémbert.  avec  demoiselle  Marie  Le  Maréchal,  fille 
de  messire  Charles  Le  Maréchal,  chev., sgr  de  Bourneuf  et  de 
la  Fère,  et  de  dame  Madeleine  d'Angliers.  Ce  contrat,  du  30 
juin  1664,  reçu  par  Arnauldeau,  notaire,  à  Niort. 

Partage,  du  17  juin  1667  donné  par  Pierre  de  Chièvreé, 
éc,  s'  de  Rouillac,  à  Pierre*  de  Chièvres,  s'  de  Curton, 
et  à  Jacob  de  Chièvres,  s'  de  Salignac  ses  enfants.  Cet  acte, 
reçu  par  Durand,  notaire,  à  Barbeiieux. 

Deuxième  degré  :  aïeul  et  aïeule. 

* 

Pierre  de  Chièvreâ,  sgr  dé  Rouillac;  Eléonore  de  Monta- 
lembert,  sa  îFemme  A 627. 

MoNTALEMBERT .'  d*argent,  à  la  croix  ancrée  de  sable. 

Contrat  de  mariage  de  Pierre*  de  Chièvres,  éc\  s""  de  Rouil- 
lac, fils  de  Pierre  de  Chièvres,  éc%  s'  de  la  Valade  et  de  Fran- 
çoise Brivet  avec  demoiselle  Eléonore  de  Montalembert,  fille 
de  Robert  de  Montalembert,  éc%  s' de  Vaux,  de  Chantemerle, 
de  Saint-Simon,  et  de,  la  Grange-Barabin,  et  de  demoiselle 
Jeanne  de  Livenne.  Ce  contrat,  du  23  décembre  1627,  reçupdr 
Talion,  notaire,  à  la  Valade,  en  Angoumois. 

Transaction  du  12  janvier  1651,  signée  :  Beinàud,  notaire, 
à  Angoulôme»  faite,   sur  les  différends    qu'avait   Jacob  de 

^  Pierre,  éc,  sgr  de  Rouillac,  marié  le  18  février  1655,  à  Jeanne  Han- 
son.  {B.-F.) 

»  Pierre,  éc'  sgr  de  Rouillac,  est  compris  dans  les  registres  des  ban  et 
arrière-ban  de  la  sénéchaussée  d'Angoumois  des  13  et  15  novembre  1615. 

17  rbai  et  17  juin  1613,  et  au  chapitre  des  exempts  des  rôles  des  tailles  de 

1"  > 

euts  paroisses.  {B,-F.) 


380  preuves.de  noblbssb 

Chièvres,  éc' ,  s'  de  Guitres ,  avec  Pierre  de  Chièvres,  éc*^,  s*" 
de  Roixillac  et  avec  Marc  de  Chièvres,  éc%  s'  d'Aubanie,  en 
Périgord ,  ses  frères,  pour  la  succession  de  demoiselle  Eléonore 
de  Montalembert,  leur  mère  et  de  Catherine  Laîné,  leur  aïeule 
maternelle. 

Arrêt  du  Conseil  privé  du  Roi,  rendu  le  16  juin  1643  eX  signé  : 
PoTEL,  portant  confirmatioh  de  la  noblesse  de  Pierre  de 
Chièvres,  éc'",  s'  de  la  Valade,  dans  la  paroisse  de  BasseroUes, 
en  Périgord. 

Troisième  degré  :  bisaïeul  et  bisaïeule. 

.  Pierre  de  Chièvçes,  sgr  de  la  Valade  ;  Françoise  Brivet,  sa 
femme,  1687. 

Brivet  :  d'azur,  à  une  fasce  d'argent,  accompagnée  de  trois 
étoiles  de  même\  'posées  2  et  i , 

Contrat  de  mariage  de  noble  Pierre*  de  Chièvres,  éc^  fils  de 
Pierre  de  Chièvres,  s^  de  la  Valade,  et  de  demoiselle  Jeaime 
Audebert,  avec  Françoise  Brivet,  fille  de  M*  Barthomé  Brivet, 
procureur  pour  le  Roi  à  Tonnay-Chàrente,  et  de  Catherine 
Laîné.  Ce  contrat,  du  2 janvier  1587,  reçu  par  La  Font,  notaire 
àAngoulém'e. 

Partage,  du  25  mars  1594,  signé  :  Rousseau,  notaire  à  la 
Valade,  donné  par  Pierre  de  Chièvres,  éC,  s'  du  Breuil,  à 
Jean  de  Chièvres,  éc%  s^  de  Vilars,  et  à  Jacob^  de  Chièvres, 
éc%  s'  de  Mazolières,  ses  frères,  aux  biens  qui  leur  étaient 
échus,  par  la  mort  de  Pierre  de  Chièvres,  éc%  s^  de  la  Valade, 
et  de  demoiselle  Jeanne  Audebert,  leurs  père  et  mère. 

Quatrième  degré  :  trisaïeul  et  trisaïeule. 

Pierre  de  Chièvres,  sgr  du  Breuil,  Jeanne  Audebert,  sa 

•  » 

femme,  1550. 

<  Pierre,  éc  sgr  de  la  Valade  et  du  Breuil-Salignac,  avocat  au  prési- 
dial  d'Angoulême.  Il  testa,  le  14  février  1617.  (B.-F.) 

•  Jacob,  éc,  sgr  du  Petit-Moulin,  marié  le  19  août  1601,  è  Marie  Gou- 
din  fille  de  René,  éc,  sgr  de  Puj-Gibault  et  de  Françoise  de  la  Romagne. 


DfkS   OBM0I8ELLBS    DU   POITOU  SSl 

AuDEBERT  :  d'argent,  à  un  lion  d'azur,  accompagné  de  cinq 
fleurs  de  lis  de  même,  2,  2  et  i . 

Vente  d'héritages,  du  20  mars  1571,  signée  :  Le  Prat,  no- 
taire à  la  Valade,  faite,  à  demoiselle  Jeanne  Audebert,  femme 
de  Pierre  de  Chièvres',  éc\  s' du  Breuil. 

Partage  du  17  juillet  1547,  signé  ;  Le  Prat,  notaire,  à  la 
Valade,  fait  entre  Jean  et  Pierre  de  Chièvres,  éc",  des  biens 

qui  leur  étaient  échus,  par  la  mort  de  Pierre  de  Chièvres,  leur 
père,  éc'. 

Vente  d'héritages,  faite,  le  20  avril  1542,  à  Pierre  de  Chièvres, 
éc',  s'  du  Breuil. 

Ordonnance,  rendue  à  Limoges,  le  16  mai  1668,  par  laquelle 
M.  d'Aguesseau,  intendant  dans  cette  générahté,  donne  acte 
à  Jacques  de  Chièvres,  sgrde  Salignac,  de  la  production  qu'il 
avait  faite  devant  lui,  pour  la  justification  de  sa  noblesse,  des 
mêmes  titres  que  ceux  qui  sont  énoncés,  dans  cette  preuve. 

Nous.  Charles  d'Hozier,  conseiller  du  Roi,  généalogiste  de 
sa  maison.juge  général  des  armes  et  blasons  de  France  et  che- 
valier des  ordres  militaires  de  Saint -Maurice  et  de  Saint- 
Lazare  de  Savoie,  certifions  au  roi  que  demoiselle  Jeanne  de 
Chièvres  de  Salignac  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être 
reçue  dans  la  communauté  des  demoiselles  de  Saint-Louis,  à 
Saint-Cjr,  comme  il  est  justifié  par  les  actes  énoncés  dans 
cette  preuve,  que  nous  avons  vérifiée  et  dressée,  à  Paris,  le 
29  novembre  mil-six-cent-quatre-vingt-six. 

Signé  :  d'Hozier. 


*  Pierre,  éc',  sgr  de  Valade  et  du  Gazon,  épousa  en  1541  Jeanne  Aude- 
bert, il  testa  le  il  novembre  1588.  Il  était  fils  de  Pierre,  éc%  sgr  de  la 
Valade  et  du  Gazon,  marié  le  24  avril  1509.  à  Marie  d?  la  Fontaine,  fille 
d*Antoine  et  de  Jeanne  de  Chambalus.  (B,'F.) 

ToMB  XVI.  —  Notices.  —  xyi*  ANNÉE,il*-12*  liv.  27 


i 


362  PREUVES   DB  NOBLESSE 


DU  CHILLEAU^ 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Catherine  du  Chilleau, 
présentée  pour  être  reçue  dans  la.  communauté  des  filles  demoi- 
selles  de  la  maison  royale  de  Saint  Louis ^  fondée  par  le  /?oï\  â 
Saint'Cyr^  dans  le  Parc  de    Versailles.  Décembre  1706, 

Catherine  du  Chilleaa,   1697*.        | 

Armes  :  de  sable ^  à  trois  moutons  passants  d'argent  et  posés 
S  et  i. 

Extrait  du  registre  de  la  paroisse  de  Monterre-Silly,  au 
diocèse  de  Poitiers,  portant  que  Catherine,  fille  de  Pierre 
du  Chilleaû,  sgr  du  Retail,  et  de  dame  Catherine-Thérèse 
Mesmin  de  Silly,  sa  femme,  naquit  le  21  et  fut  baptisée,  le 
26°*  de  mars  de  Tan  4697.  Cet  extrait  délivré  le  5**  d'octobre, 
de  la  présente  année  1706,  signé:  Hexri,  curé  de  l'église  de 
Monterre-SïUy,  et  légalisé. 

Premier  degré  :   père  et   mère 

Pierre  du  Chilleaû,  s'  du  Retail,  Catherine-Thérèse  Mes- 
min de  Silly,  sa  femme,  1693. 

Mesmin  de  Silly:  d'azur,  à  une  foi  d'argent,  accompagnée 
en  chef  de  trois  étoiles  d'or,  et  en  pointe  dun  sautoir  de  même. 

Contrat  de  mariage  de  Pierre  dû  Chilleaû,  chev.,  fils  de 
messire  François  du  Chilleaû,  chev.,  sgr  du  Grand-VeIours,et 
de  dame  Catherine-Renée  des  Francs,  sa  femme,  accordé  le 
31"*  de  mars  1693,  avec  demoiselle  Catherine-Thérèse  Mesmin, 
fille  de  messire  Claude  Mesmin,  chev.,  sgr  de  Silly,  et  de  dame 
Thérèse  Couprie.  Ce  contrat  passé  devant  Bouteau,  notaire 
à   Loudun. 

■ 

•  Bibl.  Nat.  Cab  des  Titres,  298,  p.  54. 

*  Elle  décéda  au  Calvaire  de  Loudun,  le  31  janvier  1751, et  sa  succession 
fut  partagée  entre  divers  héritiers,  ses  cousins.  (/^.-F.) 


DBS    DEMOISELLES   DU    POITOU    .  383 

Acte  de  la  prise  de  possession  d'une  maison  acquise  à 
Loudun,  (^  Charles  de  la  Haie,  éc",  s'  de  Sozeau,  faite  le  11  de 
mai  1699,  par  messire  Pierre  du  Chilleau,  chev.,  s^duRetail, 
dans  la  paroisse  dô  Notre-Dame  d'.Ort,  et  par  dame  Cathe- 
rine-Thérèse Mesmin,  sa  femme.  Cet  acte  reçu  par  Coufex, 
notaire  à  Loudun,  en  présence  de  Louis  Thibaud,  éc^  s"^  de 
Chassaigne,  secrétaire  du  roi. 

Deuxième  llegré  :  aïeul  et   aïeule. 

François  du  Chilleau.  sgr  du  Grand- Velours  ;  Catherine 
des  Francs,  sa  femme,  1686. 

Des  Francs  :  d'or,  à  deux  fasces  d'azur. 

Contrat  de  mariage  de  messire  François  du  Chilleau,  chev., 
sgr  du  Grand-Velours,  fils  de  messire  Jacques^  du  Chilleau, 
chev.,  sgr  du  Retail,  en  Mirebalais^  et  de  dame  Catherine 
Aymar,  sa  femtne,  accordé  le  16™*  de  février  1666,  avec 
demoiselle  Catherine  des  Francs,  fille  de  messire  Pierre  des 
Francs  sgr  du  Pas.  en  Loudunois,  et  de  dame  Marguerite  Ay- 
mar.   Ce  contrat  passé  devant  Godart,  notaire  à    Loudun. 

Jugement,  rendu  à  Poitiers,  le  10"»*  de  décembre  1667,  par 
M.  Barentin.  maître  des  requêtes  et  intendant  dans  cette 
généralité,  par  lequel  il  maintient  François  du  Chilleau, 
^  s'  du  Grand- Velours,  dans  la  possession  de  sa  noblesse, 
qu'il  avait  justifiée  par  titres  depuis  Tan  1446.  Cet  acte 
signé  :  Barentin. 

Partage  de  la  succession  de  messire  Jacques  du  Chilleau, 
vivant,  chev  ,  sgr  de  la  maison  noble  du  Chilleau,  dans  la 
paroisse  de  Vasles.et  de  dame  Catherine  Aymar,  sa  femme, 
fait  noblement,  le  2"*'  de  novembre  1662,  entre  messire  Fran- 
çois du  Chilleau',  leur  fils  aîné  et  principal  héritier,  et  Charles* 

'•  François,  chev.  sgr  du  Chilleau,  la  Charrière.  Orfeuille,  la.  Grange 
etc.  assista  à  rassemblée  de  la  noblesse  réunie  à  Poitiers,  pour  nommer 
des  députésauz  Etats-Généraux  de  1651.  Il  mourut  avant  le  4novembre1G80. 
Il  avait  épousé,  le  14  septembre  1G65,  Marie-Bénigne  Thibault  de  la  Carte, 
fille  de  Jacques,  chev.,  sgr  de  Veuzé.  et  de  Françoise  Chauvinière,  {B.-F.) 
.  »  Charles,  éc'  sgr  du  Retail.  la  Bastonnière.  lesFaugèreset  de  Loulière, 
fut  maintenu  noble,  par  Bareutiu,  le  iO  décembre  1667  et  mourut  avant  le 
4  novembre  1680.(8.-^r) 


384  PREUVES  DK   NOBLESSE 

du  Chilleau,  éc,  sgr  du  Retail,  François'  du  Chilleau,  éc',  sgr 
du  Vignaut,  et  François  du  Chilleau,  éc%  sgr  du  Grand-Ve- 
lours, ses  frères.  Cet  acte  reçu  par  le  Boiteux,  notaire,  au 
lieu  de  Montreuil-Boniri. 

Troisième  degré  :  bisaïeul  et  bisaïeule. 

Jacques  du  Chilleau,  sgr  du  Chilleau,  Catherine  Aymar,  sa 
femme,  1626. 

Aymar  :  de  gueules^  à  trois  croiselles  d'argent^  posées  2  et  i . 

Contrat  de  mariage  de  Jacques  du  Chilleau^,  éc^  sgr 
du  Chilleau,  du  Rétail  et  de  la  Charrière,  fils  aîné  et  princi- 
pal héritier  de  Charles  du  Chilleau,  éc%  et  de  demoiselle 
Anne  de  Chérité,  sa  veuve,  accordé  le  26"*  de  juillet  1626, 
avec  demoiselle  Catherine  Aymar,  fille  de  Geoffroy  Aymar, 
éc%  sgr  du  Grand- Velours,  et  de  demoiselle  Françoise  Gen- 
drot.  Ce  contrat  passé  devant  Fromentin,  notaire  à  Mirebeau. 

Partage  réglé  le  13  septembre  1649,  par  Pierre  Pithon, 
conseiller  au  parlement,  entre  Jacques  du  ChilleaU;,  éc',  sgr  du 
Chilleau,  Jacques  du  Chilleau,  le  jeune ,  éc,  s"*  de  Beaure- 
gard,  René'  du  Chilleau,  éc',  sgr  duRivau,  et  Jean-Baptiste- 
du  Chilleau,  éc%  sgr  du  Bois-Coutant,  tous  enfants  et  héri- 
tiers de  Charles  du  Chilleau  et  de  demoiselle  Anne  de  Ché- 
rité, leurs  père  et  mère,  cet  acte  signé  :  Pithon. 

Aveu  de  la  maison  noble  du  Rétail  assise  dans  la  paroisse 
du  Bourg  de  Notre-Dame  d'Aust,  et  mouvante  de  la  Baronnie 
de  Moncontour,  donné  le  8°*  de  juillet  1636,  à  messire  Louis 

'  François,  chev,  sgrdeSaleine,  la  Tour-Savary,le  Vignault,les  Grands- 
Ormeaux,  etc.  marié  le  l»*"  février  1683  à  Marie  de  Tusseau,  fille  de  Louis, 
Baron  de  Maisontiers,  sgr  de  laTour-Savaryet  de  Marguerite  du  Rajrnier. 
(B.-F.) 

*  Jacques,  chev.  sgr  du  Chilleau,  du  Retail,  etc,  fut  reconnu  par  les 
élus  de  Poitiers,  comme  noble  et  issu  de  noble  lignée  et  extraction,  le 
1*'  juillet  1634.  Il  avait  servi  à  l'armée  de  Lorraine,  d'après  un  certificat  du 
Comte  de  Parabère,  commandant  le  ban  du  Poitou.  Il  était  décédé  avant 
le  10  décembre  1653.  Sa  femme  Catherine  Aymar,  était  veuve  de  Jacques 
de  Fleury  quand  il  l'épousa  le  26  juillet  1626. 

»fleoé,  éc,  sçr  du  Rivau,  chai^oine  de  Méniçoute,  iJ^rF,) 


DES   DEMOISELLES  DU'  POITOU  385 

Gouffier,  duc  de  Roûannois  et  Moncontour,  etc,  par  Jacques 
du  Chilleau,  chevalier,  sgr  du  Chilleau  et  de  la  Charrière.  Cet 
acte  reçu  par  Fromentin,  notaire,  à  Mi'rebeau. 

,   Quatrième  degré  :   trisaïeul   et  trisaïeule. 

Charles  du  Chilleau,  sgr  du  ChilleauS  Anne  de  Chérité,  sa 
femme,  1596. 

Chérité  :  d'azur^  à  une  croix  engrélée  d*argent  cantonnée  de 
quatre  croix  pattées  d'or. 

Contrat  de  mariage  de  Charles*  du  Chilleau,  éc',  sgr  du 
Chilleau,  fils  aîné  et  principal  héritier  de  René,  sgr  du  Chil- 
leau, et  de  demoiselle  Hélène  de  Mathefelon,  sa  femme, 
accordé  le  3«*  de  septembre  1596,  avec  demoiselle  Anne  de  Ché- 
rité, fille  de  Jean  de  Chérité,  vivant  éc',  sgr  de  la  Verderie 
et  de  la  Bellinière,  Tun  des  cent  gentilshommes  ordinaires 
de  la  maison  de  Roi,  et  de  demoiselle  Aliénor  le  Gai  de  la 
Borderie.  Ce  contrat  passé  devant  la  Rue  notaire,  à  Beaufort, 
en  Anjou. 

Aveu  de  la  maison  noble  du  Rétail,  donné  le  29"'  de 
juillet  1600,  à  dame  Jeanne  de  Cossé,  duchesse  de  Roûannois, 
et  baronne  de  Moncontour,  etc.  par  Charles  du  Chilleau, 
éc*",  sgr.  du  Chilleau.  Cet  acte  reçu  par  Gouaut,  notaire  à 
Mirebeau. 

Cinquième  degré:  quatrième  aïeul  et  aïeule, 

René  du  Chilleau,  sgr  du  Chilleau,  Hélène  de  Mathefelon, 
sa  femme,  1552. 

Mathefelon  :  de  gueules,  à  six  écussons  d^or,  posés  trois,  deux 
et   un. 

Contrat  de  mariage  de  René*  du  Chilleau  éc,  sgr  du  Chil- 

Jeanne  (B^-F.) 

Charles,  éc,  sgr  du  Chilleau,  du  Retaii,  d'Orfeuille,  de  la  Grange,  du 
Kivau.  delà  Charrière,  etc.  Il  mourut  le  6  mars  1625.  {B.-F».) 

*  René,  éc^  sgr.  du  Chilleau  etduRetaiU  décédé  avant  le  16  mars  1584, 
fils  de  Louis,  éc  sgr.  du  Retail  et  de  Guyonne  de  Chan^pelais  ;  petit-fils 
deGauvain.  éc'  sgr  du  Chilleau,  et  de  Jeanne  Hélje  de  la  Roche-Esnard, 
et  arrière  petit-fils  4e  Pierre,  écr,  sgr  di^  Chilleau  et  de  Jeai^ne  ^ellivier. 


386  PRSUVEâ   DE    NOBLKSSIfi 

*  • 

leau»  accordé  le  15"''  d'août  1552,  avec   demoiselle  HéJène 
de  Mathefelon,  fille  de  Jacques  de  Mathefelon,  éc',  sgr  de  la 
Charrière,  et  de  demoiselle  Luce  du  Courret   Cet  acte  passé 
devant  Mornet,  notaire  de  la  Cour  de  Chizé,  ressort  de  Poî-  ' 
tiers. 

Accord  fait  le  17"»  d'octobre  1552,  entre  René  du  Chilleau, 
éc*^,  sgr  du-Chilleau,  et  demoiselle  Jeanne  du  Chilleau,  sa 
sœur,  sur  la  part  qui  leur  revenait  avec  Louis  Rousseau,  leur 
frère  utérin,  éc,  sgr  de  la  Boissière,  dans  les  biens  de  demoi- 
selle Guyonne  de  Champelais,  leur  mère,  vivante,  femme  de 
Louis  dujChilieau,  leur  père,  éc'  sgr  du  Chilleau.  Cet  acte  reçu 
par  Pinaut,  notaire  au  bourg  de  Sanxai,  pour  la  Cour  du 
Bois-Pouvreau. 

■ 

Enquête  faite  le  14"*  de  septembre  1547  par  les  comman- 
deurs de  Roche  et  de  Frétai,  par  laquelle,  les  témoins  nobles 
ouïs,  pour  déposer  de  la  noblesse  paternelle  et  maternelle  de 
François  du  Chilleau,  de  la  paroisse  de  Vasles,  au  diocèse 
de  Poitiers,  présenté,  pour  être  reçu  chevalier  de  Tordre  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem,  au  grand  prieuré  d'Aquitaine,  dé- 
clarent qu'il  était  fils  de  Louis  du  Chilleau  et  (Je  demoiselle 
Guyonne  de  Champelais,  et  petit-fils  de  Gauvain  du  Chil- 
leau, aussi  éc',  sgr  du  Chilleau,  et  de  demoiselle  Jeanne  Hélye 
de  la  Roche-Esnard  :  que  Guyonne  de  Champelais,  était 
fille  d'Etienne  de  Champelais,  éc\  sgr  de  Vaudonois  et  de  de- 
moiselle Jeanne  de  Poinches,  et  qu'ils  les  avoient  tous  vus, 
et  connus,  vivant  noblement,  suivant  les  arrière-^ans,  et  fai- 
sant tous  autres  actes  de  noblesse,  comme  gentilshommes. 
Cet  acte  signé  :  Frères  François  Pelloquin  et  Louis  de 
Granges,  commandeurs. 

Nous,  Charles  d  Hozier,  conseiller  du  Roi.  généalogiste  de 
sa  maison,  juge  général  des  armes  et  des  blasons  et  garde 
de  l'Armoriai  général  de  France  et  chevalier  de  la  Religion  et 
des  ordres-  militaires  de  Saint-Maurice  et  de  Saint-Lazare  de 
Savoie,  certifions  au  Roi  que  demoiselle  Catherine  du  Chil- 
leau a  la  noblesse  nécessaire  pour  être  reçue  dans  la  commu- 


DBS  DEMOISELLES   DU    î>OITOU  38*7 

lïautë  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans 
la  maison  royale  de  Saint-Louis,  fondée  à  Saint-Cyr,  dans 
le  Parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié  par  les  actes  qui 
sont  énoncés  dans  cette  preuve,  laquelle  nous  avons  vérifiée 
et  dressée  à  Paris  le  vingt-unième  de  décembre  de  Tan  mii- 
sept-cent-six.  Signé  :   d'Hozier. 

DE  CHOURSES^ 

Preuves  de  la  noblesse  de  demoiselle  Louise  Cha.rlotte- Made- 
leine DE  Chourses,  agréée  par  le  Hoi,  pour  être  admise  au 
nombre  des  filles  demoiselles  que  Sa  Majesté  fait  élever  dans 
la  maison  royale  de  Saint- Louis,  fondée  à  Saint-Gyr,  dans  le 
Parc  de  Versailles.  Mai  1746.  » 

Armes  :  d'argent,  à  cinq  fasces  de  gueules. 

m 

Premier  degré:  produisante. 

Louise-Charlotte-Madeleinc;  de  Chourses*.  1736. 
Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Piacé, 
diocèse  du  Mans,  portant  que  Louise-Charlotte-Madeleine 

m 

de  Chourses,  fille  de  messire  Louis  de  Chourses,  sgr  de  Piacé, 
et  de  dame  Louise  d'Escorches,  sa  femme,  naquit,  le  5  dé- 
cembre 1736,  et  fut  baptisée  le  11  du  même  mois.  Cet  extrait, 
signé  :  Testier,  curé  de  la  dite  église,  et  légalisé. 

Deuxième  degré  :  père  et  mère. 

Louis  de  Chourses,  sgr  de  Piacés  Louise  d'Escorches,  sa 
femme»  1736. 

D'Escorches  :  dargent,  a  une  bande  d'azur^  chargée  de  trois 
bezants  d'or. 

Contrat  de  mariage  de  messire  Louis  de  Chourses  de  Beau- 
regard,  chevalier  sgr  de  Piacé,  de  Chaigne  et  de  Beichg^reau, 
fils  de  messire  Godefroi  de  Chourses  de  Beauregard,  chevalier 

»  Bibl.  N&t.  CAb  des  Titres,  307,  p.  22. 

•Cette  famiilè  illustre,  origiaaire  du  Maiae,  a  possédé  de  nombreux 
fiefs  en  Poitou  au  XV»  siècle.  Nous  donnons  pour  cela,  ici,  celte  preuve. 


388  PREUVES   DR  NOBLESSE 

sgr  desdits  lieux  et  de  Boisfrelon  et  de  dame  Madeleine-Rose 
Pasquinot,  sa  femme,  accordé,  le  10  octobre  1731 ,  avec  de- 
moiselle Louise  d'Escorches  de  Sainte -Croix,  fille  de  messire 
Pierre  d'Escorches  de  Sainte-Croix,  chevalier,  et  de  dame 
Anne  de  Samay.  Ce  contrat,  passé  devant  Fontaine,  notaire 
à  Beaumont-le-Vicomte. 

.Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Bonné- 
table,  diocèse  du  Mans,  portant  que  Louis  de  Chourses,  fils 
de  Godefroi  de  Chourses,  éc%  s*"  de  Beauregard,  et  de  dame 
Madeleine-Rose  Pasquinot,  sa  femme,  naquit  et  fut  baptisé 
le  8  novembre  1699  ;  cet  extrait  signé:  de  Fonchères,  prêtre, 
curé  de  Bonnétable  et  légalisé. 

Troisième  degré  :  aïeul. 

Godefroi  de  Chourses,  sgr  de  Beauregard  ;  Madeleiile-Rose 
Pasquinot,  sa  femme.  1698. 

Pasquinot  :  (Targent^  à  une  fasce  de  gueules,  chargée  d'une 
coquille  d'argent,  accostée  de  deux  couronnes  d'or  k  Cantique  et 
accompagnée  de  six  m^rlettes  de  sable,  posées  3  en  chef,  ?  et  /, 
et  3  à  la  pointe  de  reçu,  aussi  2  et  i . 

Articles  du  mariage  de  Godefroi  de  Chourses,  éc",  s'  de 
Beauregard,  fils  de  Jean-Baptiste  de  Chourses,  éC  s^  du  dit 
lieu  de  Beauregard,  et  de  dame  Marie-Thérèse  Vandermeer, 
accordés,  sous-seings  privés,  le  6  octobre  1698,  avec  demoi- 
selle Madeleine- Rose  Pasquinot,  fille  de  Jacques  Pasquinot, 
conseiller  du  Roi,  Maître  perpétuel  et  ancien  bailli  de  Bon- 
nétable et  de  demoiselle  Madeleine  Poullard.  Ces  articles, 
reconnus  devant  Esnault  le  jeune,  notaire  royal  au  bourg 
de  Prévelles  dans  le  Maine. 

*  Renonciation  à  la  succession  de  feue  demoiselle  Marie- 
Thérèse  de  Chourses,  faite  le  7  juillet  1699,  par  messire  Jean- 
Baptiste  de  Chourses,  son  père,  chev.,  sgr  de  Beauregard,  au 
profil  de  Godefroi  de  Chourses  éc*^^  son  fils,  né  de  son  mariage 
avec  feue  dame  Marie-Thérèse-Vandermeer.  Cet  acte,  reçu  par 
Daspres,  notaire,  à  Bonnétable. 


ÛKS   DKM.OISBLLKS   DU   POITOU  389 

Ordonnance  de  monsieur  Chauvelîn,  intendant  de  la  Géné- 
ralité de  Tours,  rendue  le  26  février  1697,  par  laquelle  il 
maintient  dans  la  qualité  d'écuyer,  Godefroi  de  Chourses, 
s*^  de  Beauregard.  Cette  ordonnance,  signée  :  Chauvelîn. 

Quatrième  degré  :    bisaïeul. 

Jean-Baptiste  de  Choursfes,  sgr  de  Beauregard,  Marie- 
Thérèse  Vandermeer,  sa  ifemme,  1667. 

Extrait  du  registre  des  mariages  célébrés  à  la  Haye, 
-  portant  que  frère  Bernard  de  Saint-Joseph,  missionnaire, 
administra  le  saint  sacrement  de  Mariage,  le  31  juillet  1667, 
selon  les  décrets  du  concile  de  Trente,  à  Jean  de  Chourses, 
chev.,  sgr  de  Beauregard,  et  à  mademoiselle  Marie-Thérèse 
Vandermeer.  Cet  acte,  signé.:  Frère  Bernard  de  Saint-Joseph, 
missionnaire,  Beauregard  et  Maria-Théresia  Vandermeer,  etc. 

Ordonnance,  rendue,  à  Tours,  le  13  février  1668,  par 
monsieur  Voisin  de  la  Noiraye,  maître  des  requêtes  et  com- 
missaire départi  dans  la  dite  généralité  ,  par  laquelle  il 
donne  acte  à  Gabriel  de  Chourses,  éc',  sgr,  de  Beauregard, 
gouverneur  des  Ville  et  Château  de  Bonnétable,  de  la  repré- 
sentation qu'il  avait  faite,  devant  ledit  commissaire,  des 
titres  justificatifs  de  sa  noblesse,  depuis  Tan  1477,  tant  pour 
lui,  que  pour  Gabriel  de  Chourses,  éc^  prieur  de  Soulesme  ; 
Louis  de  Chourses,  éc',  sgr  de  Cheigné  ;  Jean-Paul  François 
de  Chourses,  éc'  s' 'de  Beauregard,  et  Jean-Baptiste  de 
Chourses,  éc',  ses  frères,  demeurant  au  dit  lieu  de  Bonné- 
table, élection  du  Mans,  enfants  de  Gabriel  de  Chourses,  éc' 
S'  de  Beauregard  et  de  demoiselle  Jeanne  Pasquinot,  sa 
femme.  Cette  ordonnance  signée  :  Voisin  de  la  Noiraye. 

Accord,  fait,  le  20  janvier  1653,  entre  Gabriel  de  Chourses, 
éc%  s[de  Beauregard,  gouverneur  du  château  de  Bonnétable  ; 
Louis-François  et  Jean  de  Chourses  ;  demoiselle  Anne  de 
Chourses,  et  messire  Gabriel  de  Chourses,  leur  frère  aîné, 
prêtre,  prieur  de  Soulesme,  sur  le  partage  noble  qu'ils  avaient 
à  faire,  des  biens  de  messire  Gabriel  de  Chourses,  vivant, 

TOME  XVI.  —  NOTICES.  —  XVl®  ANNÉE,  il«-l2*LIV.  28 


300  PREUVES  DK  ND9LB88B 

chev.^  sgr.  de  Beauregard,  et  de  dame  Jeanne  Pasquinot, 
sa  femme,  leurs  père  et  mère.  Cet  acte  reçu  par  Aubineao, 
notaire  à  Bonnétable. 

Extrait  du  registre  des  baptêmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Sulpice,  à  Bonnétable,  au  diocèse  du  Mans,  portant  que  Jean- 
Baptiste  de  Chourses,  fils  de  Gabriel  de  Chourses,  éc**,  s*"  de 
Beauregard,  capitaine  des  gardes  de  Monseigneur  le  comte  de 
Soissons  et  de  demoiselle  Jeanne  Pasquinot»  sa  femme»  fut 
baptisé  le  26  mars  1634.  Cet  extrait  signé  :  de  Jonchères^ 
prêtre,  curé  de  la  dite  église  de  Bonnétable,  et  légalisé. 

Cinquième  degré  :  trisaïeul.  ** 

Gabriel  de  Chourses,  sgr  de  Beauregard  ;  Jeanne  Pas- 
quinot,  sa  femme,  1621. 

Pasquinot  :  rf'arycni,  à  une  fsLSce  de^gueules,  chargée  d'une  co^ 
quille  d argent^  accostée  de  deux  couronnes  d'or^  à  Fanlique,  el 
.  accompagnée  de  six  merleiies  de  sable^  posées  trois  en  chef^  deux^ 
et  une^  et  trois  à  la  pointe  de  Vécu^  aussi  deux  et  une. 

Articles  du  mariage  de  Gabriel  de  Chourses,  éc,  sgr  de 
Beauregard,  cornette  des  gardes  de  M:  le  comte  de  Soissons, 
et  fils  de  Guillaume .  de  Chourses,  éc',  capitaine  des  dits 
gardes,  et  de  demoiselle  Françoise  de  Commines,  arrêtés  sous- 
seings  privés,  le  11**  de  janvier  1621,  avec  demoiselle  Jeanne 
Pasquinot,  fille  de  noble  Jean  Pasquinot,  contrôleur  de  la 
maison  dudit  sgr,  comte  de  Soissons  et  de  Renée  Reverdy. 
Ces  articles,  déposés  dans  les  minutes  de  Jean  Moreau» 
notaire  au  Mans. 

Autres  articles  du  même  mariage  de  Gabriel  de  Chourses, 
éc%  sgrde  Beauregard,  cornette  des  gardes  de  Mgr  le  comte 
de  Soissons,  accordés  le  17  janvier  1620,  du  consentement 
de  Guillaume  de  Chourses,  son  père,  éc'  capitaine  desdits 
gardes,  avec  demoiselle  Anne  Pasquinot,  fiUè  de  noble  homme 
Jean  Pasquinot.  Ces  articles,  signés  :  Môreau. 

Commission  de  capitaine  d'une  compagnie  de  cinquante 
arquebusiers  à  cheval,  destinés  pour  la  garde  du  comte  de 


f 


DBS  DBMOtSBlX^BÔ  DU  POITOU  3^^ 

)  SoissODfi,  donnée  par  le  Roi^  au  Camp  devant  Royan,  à  son 

;  cher  et  bien  aimé,  les'  de  Beauregard  de  Chourses,  le  14  mai 

j  1622.  Cette  commission,  signée  :  Lonis,  et  plus  bas: par  le  Roi. 

I  Brulart  et  Scellée.  , 

Sixième  et  septième  degré:  quatrième  aïeul  et  cinquième  aïeul. 

OniUattme  de  Chourses,  sgr.  de  Beauregard^  fils  de  Jean 
de  Chourses,  sgr  de  Brémien  ;  Françoise  de*Commines,  sa 
femme. 

CoMMiNES  :  de  gueules f  à  une  croix  de  vàir,  reçu  bordé  d'or. 

Emploi  des  articles  ci-dessus  rapportés  du  mariage  de  Ga- 
briel de  Chourses  avec  demoiselle  Jeanne  Pasquinot,  dans 
lesquels  sont  nommés  Guillaume  de  Chourses;  éC  et  demoi- 
selle Françoise  de  Commines. 

Commission  de  capitaine  de  cent  arquebusiers  à  cheval, 
pour  la  garde  du  comte  de  Soissons,  donnée  à  Angers,  par 
la  Reine,  mère  du  roi,  au  s' de  Beauregard,. le  24  juillet  1620. 
Cette  commission,  signée  :  Marie  ;  et  plus  bas,  par  la  Reine, 
mère  du  Roi  :  Bouthillier,  et  scellée. 

Procuration  donnée,  le  3  juillet  1618,  à  Guillaume  de 
Chourses,  éc'  s%  de  Beauregard,  capitaine  des  gardes  de  Mgr 
le  comte  de  Soissons»  par  haute  et  puissante  dame  dame 
Madeleine  de  Chourses,.  sa  sœur,  femme  de  haut  et  puissant 
sgr,  messire  Gédéon  de  Thianges,  chevalier,.  sgrdéMoulinière, 
pour  retirer  tous  les  meubles  qui  se  trouveraient  appartenir 
à  la  dite  dame,  tant  au  château  de  Loms,  que  dans  la  maison 
de  Brémien  et  ailleurs  ;  cet  acte  reçu  par  Morel  et  Briquet^ 
notaires  au  Ch&telet  de  Paris. 

Donation  de  la  somme  de  24.000  livres,  faite  le  19  octobre  1580, 
par  messire  Jean  de  Chourses,  chevalier,  sgr  de  Brémien,  de 
Boisfrelon  et  de  Nocufle,  tant  en  son   nom^  que    comme 

R 

fondé  de  la  procuration  de  dame  Antoinette  de  Castelnau 
^  de  Clermont.  sa  femme,  à  Guillaume  de  Chourses,  leur  fils, 
capitaine  des  gardes  de  Monseigneur  le  comte  de  Soissons. 
Cet  acte,  reçu  par  A  la  mange,  notaire  à  Lyon. 


d92        PREUVES  DE  NOBLESSE  DBS  DBMOISBLLKS  OU  POITOU 

Nous,  Louis-Pierre  d'Hozier,  juge  d'armes  de  ^France, 
chevalier,  sous-doyen  de  Tordre  du  Roi,  conseiller  en  ses 
conseils,  maître  ordinaire  en  sa  chambre  des  comptes  de 
Paris,  généalogiste  de  la  Maison,  de  la  Chambre  et  des  Ecuries 
de  Sa  Majesté  et  de  celles  de  la  Reine  et  de  Madame  la 
Dauphine^ 

Certifions  au  Roi,  que  demois.elle  Louise-Charlotte-Made- 
LEiNE  DE  Chourses  a  la  noblesse  nécessaire  pour  être  admise 
au  nombre  des  filles  demoiselles,  que  Sa  Majesté  fait  élever, 
dans  la  maison  roj^ale  de  Saint-Louis^  fondée  à  Saint-Cyr, 
dans  le  parc  de  Versailles,  comme  il  est  justifié,  par  les 
actes  qui  sont  énoncés  dans  cette  preuve,  laquelle,  nous 
avons  vérifiée-  et  dressée  à  Paris,  le  jeudi  vingt-sixième  jour 
du  mois  de  mai  de  Tan  mil-sept-cent-quaranle-six. 

Signé;  d'Hozier. 


RRVUE  HISTORIQUE  DE  L'OUEST 


XVI*   ANNÉE.   —  1900 


TABLE   DES   MATIERES 


NOTICES  ET  MÉMOIRES 


La  Mère  Berthelot  et  lé  Couvent  des  Ursulines  de  Nantes  (suile)^ 
par  Alfred  Lallié • 5  97 

Les  célébrités  inconnues  :  un  petit  neveu  de  Michel  de  Montaigne, 
Raymond  de  Montaigne,  lieutenant-général  à  Saintes,  évèque  de 
Bayonne,  etc.  (suite),  par  Louis  Audiat 25,  77 

Preuves  de  Noblesse  des  demoiselles  du  Poitou  reçues  dans  la 
Maison  royale  de  Saint- Louis  k  Saint-Gyr  de  1686  à  1793  (suite)  y  par 
vicomte  PB  Chabot 40,106,194,281,333,360,378 

Les  Echaubrognes,  par  l'abbé  Victor  Grégoire  (suite).    53,  130. 

202,  316 

Messire  Jean  Laine,  dernier  recteur  de  Saint-Julien  de  Vouvantes 
avant  le  Concordat,  son  Journal  et  ses  Notes,  par  Fabbé  J.  Saint. 
FortRondblou 157,229,293,349 

Les  Capucins  du  Croisic  pendant  la  Révolution  (suite),  par 
H.   Glotin 175,  263 


REVUE  HISTORIQUE  DE  LOUEST 


XVI»    ANNÉE.    —    1900 


TABLE    DES    MATIERES 

PAR  NOMS  D'AUTEURS 


NOTICES  ET  MEMOIRES 


Anonyme.  —  Les  Echaubro^nes ,  par  l'abbé  Victor  Grégoire 
(suite).     .    ' 53,    130.    202,  3ir» 

AuDiAT  (Louis).  —  Les  célébrités  In'^onnues  :  un  petit-neveu  de 
Michel  de  Montaigne,  Raymond  de  Montaigne,  lieutenant-général  à 
Saintes,   évoque  de'Bayonne,  etc.  (suite) 25,  77 

Chabot  (V^'«  de).  —  Preuves  de  Noblesse  des  demoiselles  du  Poitou 
reçues  dans  la  Maison  royale  de  Saint-Louis  à  Saint-Cyr  de  1680  à 
M'as  (suile)..     . 40,100,194,281.333,360,378 

Glotin  (H.)-  —  Les  Capucins  du  Groisic  pendant  la  Révolution 
{suite).       ' , .     .     175,  263 

hMAAt  (Alfred).  -—  La  Mère  Berthelot  et  le  Couvent  des  UrsuUnes 
de  Nantes   [suite) 5,  1>7 

Saut- Fort  lioxDBLou  (Abbé  .T.).  — '  Me^sire  Jean  Laine,  dernier 
recteur  de  Siint-Julien  de   Vouvantes,   avant   le  Concordat,  son 

Journal  et  ses  Notes 157,  229,  293,  S49 


REVUE 


HISTORIQUE 


DE    L'OUEST 


REVUE 


HISTORIQUE 


DE    L'OUEST 


REVUE 

HISTORIQUE 


DE  L'OUEST 


fAHAISSANT    TOUS    LRS    MOIS 


DIRBCTBUR  : 

M*   DB    L'Ei:STOURBE;iLLON 

«DuiNuiaATBua-niftsoiuRK  : 
J.  DE  KERSAUSON 

ARCHtVISTB 

CLAUDE  DE  MONTl  DE  REZK 
16"*  Année.  —  i"  Livraison. 

DOCUMENTS 


BUREAUX    DE    LA    REVUE 

1.  Eta*  d'A.rC«iitra,  NANTBS 

VANNES 


V"  LAFOLYE  &   FILS 


PARIS 

VICTOR  RETAOX  A,  FILS 

V>,  na  BDnapiru 


VANNES.    —    IMP.    LAFOLYE,    2,    PLACE   DES   LICES. 


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I 

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I 


NÉCROLOGIE 


GASTON  DE  CARNË 

La  Bretagne  toute  entière  et  en  parti  eu  lier,  la 
Revue  Historique  de  V Ouest  ont  éprouvé,  au  début 
de  cette  année,  une  perte  aussi  cruelle  qu'irré- 
parable en  la  personne  de  M.  le  Comte  Gaston 
DE  Carné  de  Carnavalet,  décédé  subitement  le 
24  janvier  au  château  du  Kermat  en  Inzinzac 
(Morbihan),  à  Tâge  de  44  ans.  Marié  à  Made- 
moiselle de  Kerouartz  il  y  a  quelques  années, 
il  laisse  plusieurs  jeunes  enfants. 

Passionné  pour  l'histoire  de  la  Bretagne , Gaston 
de  Carné  honora  grandement,  dans  sa  trop  courte 
carrière,  les  Etudes  historiques  bretonnes.  Eru- 
dit  de  premier  ordre,  écrivain  consciencieux  et 
méthodique,  on  lui  doit  de  remarquables  études 
et  d'importants  travaux.  Il  fut,  en  1884,  l'un  des 
premiers  fondateurs  et  le  premier  Directeur  de 
cette  Revue  qui  ne  saurait  oublier  ses  éminents 
services  et  l'affectueux  intérêt  qu'il  ne  cessa  de 
lui  témoigner.  Aussi,  en  attendant  qu'il  lui  soit 
donné  d'insérer  dans  ses  colonnes  la  Biof/raphie 
à  laquelle  il  a  droit,  se  fait-elle  aujourd'hui  un 
devoir  de  publier  en  tête  de  son  premier  numéro 
de  Tannée,  comme  un  dernier  et  trop  juste  hom- 
mage, l'intéressant  compte-rendu  ci-dessous  de 
son  dernier  ouvrage^  dont  l'auteur,  notre  excel- 
lent ami  M.  Frkdkric  Saulnier,  conseiller  à  la 
Cour  d'Appel  de  Rennes,  ignorait  encore  sa* 
mort,  lorsqu'il  le  composa  pour  la  Revue. 

LA  RÉDACTION. 


M"""  LA  M'^'  DE  L'ESTOURBEILLON 


Un  autre  deuil  non  moins  cruel  est  venu 
frapper  la  Revue  Historique  de  l'Ouest  en  la  per- 
sonne de  son  Directeur,  M.  le  M'*  de  j/Estour- 
BEiLLON  DE  LA  Garnache,  député  du  Morbihan, 
qui  vient  de  perdre  sa  mère,  décédée  à  Nantes 
le  12  février,  à  Tâge  de  67  ans. 

,Née  à  Nantes  le  15  août  1833,  Anne-Marie- 
Caroline  Pépin  de  Bellisle  ava  it  épousé  dans 
cette  ville  M.  Amand-Marie-Gabriel,  Marquis 
DE  l'Estourbeillon  DE  LA  Garnache,  père*  du 
1"  député  actuel  du  ^Morbihan. 

Elle  était  fille  de  Monsieur  Julien  Pépin  de 
Belllsle,  ancien  préfet,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur , et  d'EMiLiE  de  la  Roche-Saint- André. 


CHRONIQUE 


BIBLIOGRAPHIE 

DOCUMBNTS  SLR  L*.  LlGUF.    EN  BRKTAGNB  r    CORRESPOND  AN  CB  DU 
DUC  DE  MbRCOGURBT  DES  LiOUEURS  BRETONS  AVEC  l'ËSPAONE... 

publiée  avec  une  préface  historique  et  des  Notes  par  Gaston 
DE  Carné.  —  Rennes,  PMhon  et  Hervé,  1899,  2  voi.  in-4'. 
'  On  a  beaucoup  écrit  depuii!  trois  cents  ans  sur  les  troubles  de  la 
Ligue  en  Bretagne.  Des  mémoires  fort  curieux,  des  documents  de 
toute  sorte,  militaires,  politiques,  diplomatiques,  judiciaires  ou  d'or- 
dre privé  ont  été  publiés,  L'hist,oire  de  notre  province  it  cejte  épo- 
que a  été  souvent  narrée,  et,  dans  ce  siècle,  elle  a  même  /ait  l'objet 
d'une  thèse  de  doctorat  es  lettres,  travail  sérieux  justement  estimé. 
Et  cependant  tout  un  côté  de  cette  histoire,  et  non  le  moins  impor- 
tant —  les  relations  des  ligueurs  avec  l'Espagne  -  était  resté  obscur, 
mal  connu. 

Les  deux  beaux  volumes  que  notre  érudit  et  consciencieux  ami, 
M.  de  Cai'né,  vient  de  donner  &  la  Société  des  Ribliophiles  Bretons  et 
au  public  sont  destinés  à  combler  cette  lacune.  Ce  qu'on  ignorait  ou 
ce  qu'on  savait  mal  est  auiourd'hui  en  pleine  lumière,  grftce  aux 
documents  inédits  que  le  savant  éditeur  ne  s'eut  pas  contenté  de 
reproduire  ou  de  traduire,  mais  qu'il  a  en  outre  mis  en  valeur  dans 
une  introduction  historique  d'un  haut  intérêt'. 


<lé 


Cei  piices  «ont  au  nombre 
intégralement  tranacriteH. 


ieWet  qui  I 


Bdel' 


n  françaÎB  i 
ipagnol 
suffit  pi 


phiqae  fort  utile  :  chacun  d*s  perionnsgM  qui  ont  joua  un  rôle  dans  l'affaire 
de  Brïlapne  a  sa  nolice,  dans  laquella  sont  résumé»  les  principaux  traiti  de 
aa  lie  :  c'est  an  complément  intéressant  du  iraTail  de  M.  de  Carné.  Noaa 
aTon*  particulièrement  remarqué  les  pogea  pleines  de  détails  typiques  qui 
t  Ytea  aonrmil,  aventorier  hardi  et  <•  p^clieuren  eau  trouble  n  dont 


.n(p.  170  e( 


'■) 


6  CHRONIQUE 

Pour  juger  définitivement  le  duc  de  Mercœur  et  ses  actes,  pour  se 
rendre  compte  de  la  marche  des  événements,  il  faut  être  fixé  sur  le 
caractère  et  les  phases  diverses  de  l'intrigue  que  le  chef  de  TUnion 
en  Bretagne  a  nouée  avec  Philippe  II  et  qu'il  a  entretenue  pendant 
près  de  neuf  ans.  De  quelle  façon  chercha-t-il  à  s'appuyer  à  la  fois 
sur  le  roi  d'Espagne  et  sur  le  pape  ?  Que  voulait-il  en  réalité  et  à 
quoi  tendait-il  f  Quels  furent  les  rapports  des  principaux  ligueurs 
avec  le  prince  étranger  ?  Comment  furent  conduites  la  politique  et 
l'expédition  espagnoles  et  quels  résultats  donnèrent-elles  ?  Autant 
de  questions,  et  d'autres  encore,  à  la  plupart  desquelles  on  ne  pou- 
vait faire  une  réponse  précise,  faute  d'avoir  consulté  des  archives 
qui  n'ont  que  récemment  livré  leurs  secrets. 

En  1808,  à  la  suite  de  l'invasion  de  la  Péninsule,  le  magnifique 
dépôt  de  Simancas,  dans  lequel  se  conservaient  les  sources  officielles 
et  authentiques  de  l'histoire  de  ce  pays,  fut  transporté  à  Paris.  En 
1815,  le  roi  Ferdinand  VII  en  obtint  la  restitution  ;  mais  par  une 
heureuse  fortune  dont  les  travailleurs  bretons  se  féliciteront,  une 
partie  de  ce  fonds  fut  laissé  en  France,  aux  Archives  Nationales  -  en 
particulier  tout  ce  qui  concerne  les  relations  de  Philippe  H  avec  la 
Ligue  et' sa  correspondance  tant  avec  «les  partisans  de  celle-ci  qu'a- 
vec ses  propres  agents. 

M.  de  Carné  na  pas  hésité  à  se  plonger  dans  l'examen  d'une  masse 
décourageante  de  lettres,  de  dépêches,  d'instructions,  de  rapports, 
d'états  de  troupes  et  de  dépenses,  etc.  Il  a  été  récompensé  de  ce  pé- 
nible labeur  par  la  satisfaction  d'avoir  réuni  un  véritable  trésor  de 
documents^  presque  tous  inconnus  qui  jettent  un  jour  nouveau  sur 
l'histoire  de  notre  province,  à  l'une  de  ses  époques  les  plus  troublées. 

Cette  mine  n'était  pas  restée  inexploitée.  MM.  Capefigue  et  Forneron 
y  avaient  eu  recours,  en  se  plaçant  seulement  à  un  point  de  vue 
général.  Ce  dernier,  dans  son  Philippe  II,  n'a  consacré  aux  relations 
de  ce  roi  avec  la  Bretagne  qu'une  dizaine  de  pages  où  apparaissent 
—  M.  de  Carné  a  dû  les  relever  (p.  III  de  l'avertissement)  —  à  côté  de 
grosses  erreurs,  des  jugements  d'une  sévérité  outrée,  fondés  sur  des 
documents  mal  lus  et  mal  compris. 

On  peut  donc  dire  que  le  public  breton  a,  pour  la  première  fois, 
sous  les  yeux  les  éléments  d'une  étude  largement  documentée  sur 
l'occupation  espagnole,  ses  préliminaires  et  ses  péripéties  de  1589  à 
1598.  D'ailleurs,  pour  apprécier  tout  le  parti  qu'un  historien  sagace 
peut  tirer  de  ces  preuves,  il  suffit  de  lire  l'excellent  morceau  d'his- 
toire que  M.  de  Carné  a  appelé  trop  modestement  un  «  essai  ».  Rien 
n'est  plus  attachant,  plus  instructif  que  cette  préface  de  cinquante- 


CHKONIQUE  7 

neuf  pages  dans  laquelle  la  politique  du  roi  d^fispagne,  ses  tergi- 
versations et  ses  maladresses,  Tintrigue  du  d\A  de  Mercœur  avec  lui 
et  avec  le  pape,  ses  tortueuses  et  compliquées  négociations  et  l'occu- 
pation militaire  sont  clairement  et  magistralement  exposées.  Résu- 
mons-les succinctement. 

Philippe  II  rêvait  d'asseoir  sa  fille  aînée.  Isabelle-Glaire-Eugénie, 
malgré  la  loi  salique,  sur  le  trône  de  France,  et,  sans  négliger  cette 
perspective,  il  travaillait  à  faire  d*elle  une  duchesse  de  Bretagne^ 

C'était  en  apparence  plus  facile,  puisque  l'autorité  d'Henri. IV  était 
méconnue  dans  une  partie  de  la  province,  que  le  gouverneur  avait 
levé  rétendard  de  la  rébellion  contre  le  prince  hérétique  et  qu'il 
semblait  disposé,  d'accord  avec  ses  adhérents,  à  soutenir  Iqs  droits 
de  l'Infante.  Quoique  Mercœur  n'eût  fait  dans  le  sens  aucune  décla- 
ration formelle,  il  lui  prêta  un  concours  effectif  en  soldats  et  en 
subsides  :  dès  le  12  octobre  1590,  3000  Espagnols  débarquaient  à 
Saint-Nazaire.  Les  principaux  ligueurs  entraient  dans  ses  vues  : 
l'un  des  plus  respectés,  Qeorges  d'Aradon,  conseiller  au  Parlement 
et  plus  tard  évéque  de  Vannes,  désintéressé  et  considérant  seule- 
ment le  bien  de  la  religion,  fût  le  premier  à  prendre  en  main  la 
cause  de  la  princesse  étrangère  (pièces  39  et  42>. 

Celle-ci  aurait  peut-être  triomphé,  si  le  roi  d*Espagne  avait  envoyé 
en  Bretagne  des  forces  suffisantes  —  il  lui  aurait  fallu  huit  ou  dix 
mille  hon^mes  —  et  s*il  avait  eu  l'appui  loyal  et  résolu  du  duc  de 
Mercœur.  L'attitude  et  les  actes  de  ce  dernier,  désormais  bien 
connus,  ont  contribué  pour  une  part  à  un  échec  qui  a  consolidé 
Tunité  française.  Les  documents  publiés  par  M.  de  Carné,  complé- 

•  Par  sa  mère,  Elisabeth  de  France,  fille  d'Henri  II,  elle  était  arriére-petite- 
fille  d'Anne  de  Bretagne  dont  son  père  revendiquait  pour  elle  Théritage.  Elle 
est  morte  sans  enfants,  longtemps  après  l'échec  de  cette  tentative,  mais  les 
prétentions  affirmées  en  son  nom  ont  survécu  aux  circonstances  qui  leur 
avaient  permis  de  se  manifester.  Les  descendants  de  sa  sœur  et  héritière, 
Catherine,  duchesse  de  Savoie,  ont  eu  la  velléité  de  les  faire  revivre.  Les 
archives  royales  du  Piémont  contiennent  plusieurs  mémoires  qui  y  sont  rela- 
tifs :  un  des  derniers  en  date  qui  parait  avoir  été  écrit  en  juillet  1727, 
est  intitulé  :  Rifflessioni  sincère...  {Réflexions  sincères  sur  les  droits 
appartenant  à  la  maison  royale  de  Savoie  sur  U  duehé  de  Bretagne). 
L'inventaire  imprimé  (1876,  in-8,  p.  664)  énumère  divers  documents  réunis  k 
l'appui  de  cette  thèse,  des  généalogies  démontrant  que  Victor-Âmédée  II, 
duc  de  Savoie,  et  plus  tard  roi  de  Sardaigne,  descendait  directement  d'Anne 
de  Bretagne,  les  deux  contrats  de  mariage  de  cette  princesse  et  l'acte  d'union 
de  1532.  La  politique  Sarde,  en  cas  de  démeofibrement  de  la  France,  ne  vou- 
lait pas  être  prise  au  dépourvu  :  la  cour  de  Turin  se  préparait  à  réclamer 
sa  part,  en  vertu  des  droits  que  le  roi  tenait  de  son  arrière-grand'tante.  Ces 
pièces  n'ont  plus  qu'un  intérêt  de  curiosité. 


8  GHRONIQUR 

tant  ce  qu'on  savait  déjà,  prouvent  avec  certitude  que,  sous  ombre  de 
servir  le  grand  intérêt  de  la  Foi,  il  ne  pensait  qu'à  poser  les  jalons 
de  sa  propre  élévation  (pièces  49,  68,  150,  175,  241,  269).  Depuis  la 
mort  du  malheureux  Henri  III,  il  tranchait  du  souverain  —  en 
attendant  un  roi  catholique  —  et  ne  désespérait  pas  de  devenir  duc 
de  Bretagne. 

On  a  cru  que  la  duchesse  de  Mercœur  qui  descendait  directement 
des  ducs  par  Charles  de  Blois  et  Jean  de  Brosse  de  qui  elle  tenait  le 
comté  de  Penthièvre,  avait  un  violent  désir  de  relever  le  trône 
ducal,  malgré  les  renonciations  formelles  et  géminées  de  ses  ancê- 
tres. Cette  hypothèse  doit  être  écartée  :  telle  qu'on  la  connaît  et  que 
la  révèlent  les  documents  les  plus  sûrs,  femme  de  résolution 
prompte  et  hardie»  Marie  de  LuxemJbourg  n'aurait  pas  souscrit  à  la 
politique  sournoise,  menteuse  et  temporisatrice  de  son  mari.  Dès  le 
début,  bien  avant  que  celui-ci  se  soit  décidé  à  prendre  parti,  dès  le 
10  janvier  1591  (pièce  38),  elle  a  écrit  à  Tlnfante  en  des  termes  sou- 
mis et  déférents  qui  excluent  toute  rivalité  personnelle.  Elle  est 
donc  hors  de  cause. 

Le  duc  de  Mercœur  était  trop  bien  informé  pou^ne  pas  juger  que, 
.  dans  la  Province,  parmi  les  partisans  de  l'Union^  il  n'y  avait  en  sa 
faveur  aucun  mouvement  marqué  d'opinion:  il  essaya  de  le  provo- 
quer, sans  rien  brusquer.  C'est  ce  qui  explique  que  sa  diplomatie 
s'attacha  à  traîner  les  choses  en  longueur,  à  amuser  le  roi  d'Espa- 
gne, tout  en  se  ménageant  les  moyens  d'atteindre  son  but.  Il  espérait 
que  Rome  lui  en  fournirait  d'efficaces  et  qu'à  la  fin,  elle  lui  donnerait 
la  préférence. 

Les  jdspions  espagnols  qui  l'entouraient  et  dont  quelques-uns  qui 
l'approchaient  de  très  près  jouissaient  de  sa  confiance,  ont  fourni 
à  leur  maître  des  informations  très  précises  sur  les  projets  de  son 
allié.  L'un  d'eux,  Martin  de  Çamudio.  dans  un  rapport  du  6  octobre 
1591  lui  apprit  que  le  duc  se  proposait  d'écrire  à  Rome  pour  obtenir 
de  nommer  en  Bretagne,  pendant  la  vacance  du  trône,  à  tous  les 
postes  ecclésiastiques,  évéchés,  abbayes,  etc,  pour  «  s'emparer  peu  à 

<  peu  de  la  souveraineté  à  l'aide  de  ces  gratifications  et. . .  attirer 
«  les  gens  à  lui  prêter  serment  comme  duc  de  Bretagne,  ce  à  quoi  il 

<  aspire^  >»  Un  autre  agent,  Diego  Maldonado  fit  savoir  que  le  duc 

i  Préface  historique,  p.  XVIII.  Dans  ce  chapitre  III  de  son  trarai], 
M.  de  Carné  a  fait  preuve  d*ane  remarquable  lagacité.  Le  dépouillement  des 
innombrables  pièces  rédigées  en  espagnol  lui  a  permis  de  donner  un  aperçu 
sommaire  des  intrigues  du  duc  de  Mercœur  à  Rome.  Il  déclare  d^ailleurs 
loyalement  que,  dans  le  nombre,  bien  des  documents  ont  pu  lui  échapper  et 
qu'une  recherche  minutieuse,  qui  prendrait  beaucoup  de  temps,  amènerait 
la  découverte  de  renseignements  nouveau;^  sur  ces  intrigues. 


CHRONIQUK  9 

allait  envoyer  à  Rome  un  émissaire  pour  solliciter  du  pape  le  droit 
de  nomination  aux  bénéfices  vacants  et  lui  soumettre  la  question  du 
duchéi.  Prévenu  à  temps,  Philippe  It  se  mit  en  mesure  de  déjouer 
cette  intrigue.  Du  reste,  l'envoyé  breton  tomba  malade  et  ne  put 
remplir  sa  mission  :  Innocent  IX  mourut  sur  les  entrefaites  et  le  duc 
ne  reprit  que  plus  tard  les  négociations  avec  Clément  VUl.  L'accueil 
de  ce  dernier  fut  assez  encourageant  pour  lui  faire  croire  que  le 
terrain  était  bien  préparé  :  il  se  voyait  près  de  toucher  au  port 
lorsque  le  Souverain  Pontife  se  décida  à  absoudre  Henri  IV. 

Entre  temps,  le  roi  d'Bspagne  avait  subi  un  cruel  échec  :  les  Etats 
Généraux  s'étaient  prononcés  contre  la  candidature  de  T Infante.  Il 
est  à  supposer  que  le  duc  de  Mercœur,  malgré  ses  promesses,  ma- 
nœuvra secrètement  pour  la  faire  échouer.  Philippe  ne  renonça 
pas  à  ses  visées  :  il  en  appela  au  sort  des  armes.  Quoique  son  allié 
lui  insinuât  depuis  quelque  temps  que  les  forces  réunies  en  Bretagne 
étaient  plus  que  suffisantes  et  que  c'était  au  cœur  de  la  France  qu'il 
devait  jeter  ses  troupes,  il  envoya  un  renfort  de  2000  hommes,  sous 
le  commandement  de  Jean  de  Luna,  qui  débarquèrent  à  Blavet. 

Le  duc  de  M eroœur  ne  fit  rien  paraître  de  son  mécontentement 
et  quoique  très  instamment  pressé  de  reconnaître  publiquement  les 
droits  de  l'Infante,  il  eut  l'art  de  mener  de  front  ses  relations  avec 
le  roi  d'Espagne,  ses  intrigues  à  Rome  et  des  conférences  avec  les 
royalistes.  Enfin  acculé  dans  ses  derniers  retranchements^  il  con- 
clut, avec  serment,  un  premier  traité  (20  novembre  1594)  dans  lequel 
il  se  réserva  plus  d'un  échappatoire.  Dans  un  second  traité  du 
30  juin  suivant,  accompagné  d'un  nouveau  serment,  il  donna  toute 
satisfaction  à  son  allié,  fit  toutes  les  promessQ3  désirables,  mais  il  en 
subordonna  la  réalisation  à  des  conditions  qu'il  avait  imposées  au 
roi,  conditions  dont  il  savait  la  réalisation  impossible  dans  l'état 
actuel  des  finances  espagnoles.  D'ailleurs  la  partie,  à  ce  moment, 
était  perdue  pour  l'un  et  pour  l'autre 

A  cette  heure  du  règne  de  Henri  IV,  la  Ligue  avait  obtenu  la  seule 
victoire  qu'elle  pût  honorablement  désirer  pour  la  pacification  du 
pays:  le  roi  huguenot  était  entré  dans  le  giron  de  l'Église  catholique. 
Gomme  le  dit  justement  M.  de  Carné  (p.  XXXV),  la  résolution  de 
Clément  VI II  de  donner  à  cette  abjuration  la  sanction  d'une  absolution 
solennelle  ne  fait  plus  de  doute  pour  personne  :  trois  mois  après 
(17  septembre  1595),  elle  sera  un  tait  accompli  et  les  ligueurs  n'au- 
ront plus  de  prétexte  avouable  pour  continuer  la  lutte  :  ils  ne  résis- 

'  Id.  p.  XIV. 


10  ,  CHRONIQUE 

teront  plus,  ils  ne  négocieront  plus  que  pour  se  vendre  le  plus  cher 
possible. 

Dans  son  chapitre  VI  «  La  fin  du  rêve,  »  Fauteur  montre,  pièces  en 
main,  combien  à  été  tortueuse,  misérable,  honteuse,  dans  cette  der- 
nière période,  la  conduite  du  duc  de  Mercosur.  Quelle  illusion  peut-il 
se  faire  ?  Il  semble  qu'il  n'aie  plus  qu'à  sa  soumettre  et  à  se  confier  à  la 
générosité  du  roi  légitime,  puisqu'aussi  bien*  il  unira  par  là.  Il  ne 
s*y  résoudra  que  trois  ans  plus  tard,  sans  pitié  pour  la  Bretagne 
mise  à  feu  et  à  sang. 

Tout  en  négociant  avec  le  roi  de  France,  les  documents  espagnols 
en  font  foi,  il  persistera  à  maintenir  des  agents  à  Rome  et  à  rester 
abouché  avec  le  roi  d^Espagne  à  qui  il  demandera  de  nouveaux 
envois  de  troupes  et  fera  de  nouvelles  promesses,  espérant  ainsi 
créer  à  son  souverain  des  embarras  sérieux  dont  il  tirera  proût.  Il 
voudra  paraître  redoutable  et  faire  la  loi  pour  sa  soumission,  au  lieu 
de  la  recevoir.  Et  il  la  recevra  piteusement  le  13  mars  1598,  sous 
rimpression  d*un  profond  découragement,  après  la  découverte  du 
complot  tramé  contre  sa  personne  par  les  royalistes  (pièce  349). 

Des  documents  forts  intéressants  empruntés  à  d'autres  sources 
avaient  permis  à  M.  Joiion  des  Longrais  de  porter  les  jugements  les 
plus  durs  sur  la  politique  férocement  égoïste  du  duc  de  Mercœur 
uniquement  préoccupé  de  «  la  manutention  de  sa  grandeur  particu*^ 
Hère  »  ainsi  qu'il  en  a  fait  Taveu^  La  publication  de  M.  de  Carné 
complète  la  démonstration  :  désormais  on  n'y  ajoutera  rien.  Le  chef 
de  la  Ligue  en  Bretagne  ne  s'op  relèverait  pas  si  sa  mort  glorieuse  en 
Hongrie  n'avait  en  partie  racheté  ses  fautes. 

Comme  nous  l'avons  dit.  les  plus  autorisés  parmi  les  ligueurs  bre- 
tons soutenaient  la  candidature  de  Tlnfante,  et  à  Georges  d'Âradon 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  nous  ajouterons  Jacquelot  de  la  Motte, 
conseiller  au  Parlement  de  Nantes,  et  Louis  Dodieu  de  Vély,  premier 
président  de  U  môme  compagnie  qui  entretinrent  des  relations  per- 
sonnelles avec  le  roi  d'Espagne  (pièces  66,  67,  68, 74,  75).  Le  duc  de 


1  Le  duc  de  Mercœur,  d'après  des  documents  inédits,  Saint-Brieuc,  1895, 
in-8<*,  p.  *9.  On  savait  en  Bretagne  que  lui  seul  retardait  la  conclusion  de  la 
paix  :  f  Eq  Tannée  1597,  au  commencement  d*icelle  les  députés  du  roi  et  de 
M.  le  duc  de  Mercœur  furent  fort  longtemps  pour  penser  traicter  de  la  paix 
qui  ne  peult  estre  faicte  parles  élonguements  de  M.  de  Mercœur.  »  (Journal 
de  François  Grignart,  écuyer,  .«'  de  Champsavay  publié  par  M.  Raison  du 
Cleusiou.  —  Saint-Brieuc,  1899,  in-8o,  p.  52.) 


GHBONIQUiB  il 

Mercœur,  dont  ils  contrecarraient  les  desseins  secrets,  les  chassa  en 
1593  delà  ville,  siège  de  leurs  fonctions'. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  l'histoire  do  Toccupation  mili- 
taire: On  sait  que  le  contingent  espagnol,  bien  quMl  ait  contribué 
au  gain  de  la  bataille  de  Craon,  a  rendu  peu  de  services.  Trop  peu 
nombreux,  mal  payé,  souvent  indiscipliné,  il  n'a  eu  d*autre  utilité 
que  de  conserver  à  Philippe  II  une  place  sur  le  littoral  breton.  Une 
tentative  sur  Brest  n*a  donné  aucun  résultat.  M.  de  Carné  (chap.  IV, 
VII  et  VIII)  a  emprunté  aux  pièces  inédites  qu'il  publie  les  éléments 
d'un  récit  fort  instructif  qui  résument  toutes  lés  phases  de  Toccupa- 
tion  :  on  y  voit  que  le  roi  d'Espagne  en  ne  plaçant  pas  expressément 
Juan  de  TAguila,  commandant  de  ses  troupes  sous  les  ordres  du  duc 
de  Mercœur,  n'a  pas  peu  contribué  à  Téchec  de  Texpédition.  Le  chef 
espagnol,  par  son  attitude  hautaine,  par  son  caractère  hargneux  et 
difficile  et  sa  prétention  de  traiter  d'égal  à  égal  avec  l'allié  de  son 
maître,  a  entravé  les  mouvements  de  celui-ci  et  lui  a  créé  d'inces- 
sants ennuis.  II  a  fini  par  s'aliéner  ses  propres  soldats  qui.  en  1597, 
l'ont  arrêté  et  emprisonné.  Lorsque  les  troupes  espagnoles,  dans  les 
derniers  mois  de  1598  furent  rapatriées  en  exécution  des  traités,  la 
Bretagne  eut  un  long  soupir  de  soulagement. 

Nous  aurions  beaucoup  à  prendre  encore  dans  la  publication  de 
M .  de  Carné  :  il  vaut  mieux  que  nos  lecteurs  s'y  reportent  et  qu'ils 
apprécient  eux-mêmes  l'importance  capitale  des  documents  qu'elle 
contient.  Sans  demander  s'il  reste  quelque  chose  à  glaner  après  lui 
dans  le  fonds  espagnol  des  Archives  Nationales,  ils  le  remercieront, 
comme  nous  le  remercions,  d'avoir  mis  à  la  disposition  des  travail- 
leurs bretons  cette  mine  précieuse  d'informations  nouvelles.  Ces 
bonnes  aubaines  deviennent  rares. 

F.    SA.ULNIIR. 

*  M.  de  Carné  fait  observer  que  la  femme  du  président  Dodiea,  à  Tinsu  de 
son  mari,  espionnait  la  duchesse  de  Mercœur  et  sa  mère  pour  le  compte  de 
TEspagne.  Un  document  curieux  (pièce  173)  apprend  qu'elle  a  reçu  pour 
prix  de  ses  services  une  chaîne  d'or  de  cent  écus. 


Le  Gérant  :  J.-A.  Blino. 


•*^ 


Vannes.  —  Imprimerie  LAFOLYE. 


CHRONIQUE 


BIBLIOGRAPHIE. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  qui,  depuis  notre  dernibre 
Ghroniqub,  oui  vu  le  jour  dans  nos  provinces  de  l'Ouest, 
nous  appellerons  spécialement  sur  les  suivants  l'attention  de 

nos  lecteurs. 

BRETAGNE 

En  BRETAGNE,  nous  devons  tout  particulièrement  signaler  :  Let 
Confesieart  de  la  Foi  pendant  la  grande  Révolution  sur  le  territoire  de  for- 
ehidiocète  de  Rennes,  par  notre  infatigable  et  distingué  confrère 
M.  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  Rennes,  imp.   Plihon  et  Hervé. 

—  Sainl-Gildat  de  Rkays.  Aperças  d'histoire  monastiqœ,  par  M.  Marius 
Sepet.  Très  intéressant  volume  in-12  de  416  p.  que  nous  ne  saurions 
trop  recommander  à  nos  lecteurs  et  qui  constitue  un  tableau  très 
vivant  du  passé  de  l'un  de  nos  plus  anciens  monastères  bretons.  — 
Charles-Amand  Ta/fin,  marquis  de  ta  Rouerie.  Généalogie,  Note»,  doea- 
menls  et  papiers  inédits.  1  vol.  in-S",  223  pages,  publié  il  Rennes,  par 
M.  Delarue.  —  Ckoaans  et  Réfractairet  en  Bretagne  et  aa  Bat-Maine, 
par  le  vicomte  Aurélien  de  Courson.  ln-8",  Nantes,  lib.  Cier.  —  /^ 
lot  ifei  5uapecfs,  pnr  la  comte  Albert  de  Mun,  député  du  Finistère. 
Ouvrage  aussi  curieux  que  plein  d'actualité.  In-16,  Paris,  lib.  Pion, 

—  Le  Principe  proportionnel  dans  les  élections  municipates  françaises,  par 
Sevérin  de  la  Cbapelle.  In-iV,  40  p.  Guingamp,  imp.  veuve  Eveillard 
et  F.  Breban.  —  SeaUtte,  par  Pierre  Mael.  In-8*,  313  p.  et   58  gra- 

TOME  XVI.    ^   DOCUMENTS.    —   XVI*  JUntiK,   5*-4°  LIV.  3 


14  CHRONIQUE 

vures.  Paris,  lib.  Hachette.  —  Au  pays  d'Aleih.  Etude  sur  Aleth  et  la 
Ronce  et  Histoire  de  Saint-Servan^  par  J.  Haize.  Saint-Seryan,  imp.  J. 
Halze.  —  Le  Gardien  du  Peu,  par  Anatole  Le  Braz.  lp-8%  322  p. 
Paris,  Caïman  Levy,  éditeur.  —  Le  Chercheur  des  Provinces  de  VOuest, 
Intéressante  Revue,  dont  nous  avons  déjà  reçu  les  cinq  premières 
livraisons,  fondée  et  rédigée  par  notre  collaborateur  et  ami  Gaëtam 
DE  WiSMBS.  Paraissant  par  livraisons  mensuelles,  grand  in-8%  cette 
Revue  illustrée  comprend  dans  sa  \^^  partie,  une  Chronique,  des 
'  Variétés  et  des  Documents  ;  dans  sa  2*  partie  des  Questions  et  Réponses 
sur  desjaiis  historiques  ou  littéraires.  Elle  se  publie  à  Nantes  à  l'impri- 
merie Bourgeois,  (5fr.  par  an).  —  Dans  la  U*  livraison  du  tomeLXi 
de  la  Bibliothèque  de  V Ecole  des  Chartes  :  Mandements  épiscopaux  impri-^ 
mes  à  Tréguier  au  XV*  siècle^  par  Léopold  Delisle,  directeur  de  la 
Bibliothèque  Nationale  et  Le  Bréviaire  des  Bretons  de  P,  Le  Baud, 
Jaussement  attribué  au  copiste  Manhugeon,  pdi,r  G.  Gouderc. 

Dans  le  N*  4  du  tome  XV  de  la  Revue  des  Traditions  populaires  : 
Usages  et  coutumes  du  pays  Nantais,  par  M"^*  Vaugeois  ;  Contes  du  Mor^ 
bihan,  par  François  Marquer.  —  Dans  les  2*  et  3*  livraisons  du 
tome  XV  des  Annales  de  Bretagne  :  L'origine  sarrazine  de  Duguesctin, 
"  par  F.  Lot  et  Stades  sur  Merlin,  par  le  même.  —  Notes  détymologie  bre- 
tonne, par  ÇmileEsnault;  Le  culte  de  Saint-Médard  dans  ie  diocèse  de 
Nantes  et  dans  VOuest,  par  Léon  Maître.  —  Les  traditions  populaires  du 
pays  de  Z>oi,  par  D.  Duine;  Recherches  dialectales  bretonnes,  par  J. 
Loth  ;  Le  patois  de  Saint'Pern,  Landajan  et  Monterfit,  par  E.  Ficbot  ; 
Le  Breton  de  Plogoff,  par  J.  Loth  ;  La  population  de  Guémené''Sur^ScorJf 
et  des  environs  de  1790  à  1896,  par  P.  Le  Nestour  ;  L'administration  da 
duché  de  Bretagne  sous  le  règne  de  Jean  V,  par  Gh.  Bellier  Dumaine.  — 
Dans  la  2*  livraison  du  tome  XXIII  de  la  Revue  de  Bretagne  et  de  V«n-> 
dée  (février  1900).  Les  dernières  bénédictions  de  Vabbaye  de  Saint^Georges 
de  Rennes  et  la  Révolution,  par  Tabbé  Charles  Robert  ;  Dans  la  mer 
dislande,  par  P.  Giquello:  Voyage  à  Paris  en  1782,  Journal  d'an  gentU- 
homme  breton,  par  le  C^*  L-  Remacle;  Mémoire  généalogique  sur  la  maison 
de  Plœuc.  Archives  de  la  Mairie  de  Poullaouen,"p9Lr  la  G^**  du  Laz  ;  Le 
château  de  la  CourbeJoUière,  Poésie,  par  Charles  Le  Bourg.  -*  Dans 
le  XXXll*  fascicule  du  livre  premier  du  Répertoire  général  de  Bio- 
Bibliographie  bretonne,  publié  à  Rennes  chez  Plihon  et  Hervé,  par 
notre  excellent  contrère  M.  René  Kerviler,  les  très  intéressantes 
notices  concernant  les  familles  :  Denais,  Deniau,  Denis,  Denis  de  Kere- 
dern,  Denis  de  Trobriant,  Denis  de  Lagarde,  Dénouai,  Dépasse,  Derennes^ 
Deric,  Derrien,  de  Derval,  Deschamps,  Desgrées  da  Lou  Deshayes,  Desiles, 
Deslandes,  Desnos,    Desportes,    Després,    Desiouches,   Desvaux ,    DetaiUe, 


CHRONIQUE  15 

Dearbroucq,  Deverre^  Dévier,  etc.,  etc.  —  Dans  le  tome  XXJCVII  du 
Balletin  de  la  Société  (VEmalation  des  Côteg'du-Nord  :  Exploration  du  tu- 
muloâ  de  Toisen-Maharit,  commune  de  Tréverec  (Côtes-du-Nord),  par 
MM.  Martin  et  Berthelot  du  Ghesnay  ;  Moncontonr  de  Bretagne  et  set 
environs.  Notice  géographique,  par  A.  Houssaye  ;  La  Télégraphie  sans 
fil.  Conférence  par  L.  Détaille;  Proverbes  bretons,  par  L.  Vallée; 
L' Emprunt  Jorcé  de  1558  (Lettres  patentes  du  roi  Henri  II  et  vente  de 
partie  du  domaine  royal  de  Ch&teaulin  en  Gornouailie),  par  B. 
Tempier. 

NORMANDIE 

La  NORMANDIE  a  vu  paraître  :  Histoire  générale  ecclésiastique  et 
eivUe  du  diocèse  de  Séez,  ancien  et  nouveau^  et  du  territoire  qui  Jorme  aa* 
jourd^hai  le  département  de  VOrne.  Tome  IIL  par  Tabbé  L.  Hommey. 
In-S"»,  482  p.  Alençon.  Imp.  Renaut  Debroise.  —  Vieilles  rues  et  vieilles 
maisons  de  Ronfleur,  du  XV*  siècle  à  nos  jours,  par  Charles  Bréard. 
In-i6,  354  p.  Màcon,  imp.  Sesaw.  —  Inventaire  sommaire  des  Archives 
départementales  du  département  de  l'Orne  :  Archives  ecclésiastiques.  Série 
H.  N»»  3352  à  4738.  Tome  IIL  Abbayes  de  Jemmes,  par  L.  Du  val,  ar- 
chiviste du  département.  In-4»  de  IV-LXVlII-332  p.  Alençon,  imp. 
Renant  Debroise.  —  Inventaire  sommaire  des  Archives  départementales  du 
département  de  TBure.  Archives  civiles,  Série  £,  n<>  1  à  1837,  par  MM.fabbé 
Lebeurîer,  Dolbert  et  Gr.  Bourbon.  In-4*(le  lI-ÏV-472  pages.  Evreux, 
imp.  Herissey.  —  Notes  extraites  de  trois  Livres  de  Raison  de  H73  à  1550. 
Comptes  dune  famille  de  gentilshommes  campagnards  normands,  publiés 
par  l'abbé  Aubert.  In-8*,  56  p.  Paris,  imp.  Nationale.  —  Urbain  de 
Hercé,  dernier  évêque  et  comte  de  Dol,  grand  aumônier  de  V armée  catholique 
et  royale,  par  Tabbé  Charles  Robert  de  l'Oratoire  de  Rennes.  In-8'*avec 
deux  portraits  et  une  carte.  Paris,  lib.  Victor  Retoux.  —  La  chapelle 
deGaillon  et  les  fresques  d Andréa  Solario,  par  l'abbé  F.-M.  Blanquart. 
In-8**,  29  p.  Evreux,  imp.  Herissay.  —  Pont-Audemer  et  Quillebceuf,  par 
par  Louis  Régnier.  In-8*  65  p.  Caen,  imp.  Delesques.  —  La  Chapelle 
de  laCommanderie  deChanuau  diocèse  d  Evreux,  par  le  môme.  In-8^,10  p. 
Evreux.  imp.  de  TEure.  —  Brionne  Le  Donjon.  Les  Eglises  et  le  Musée, 
par  Louis  Régnier.  In-8S  58  p  Caen,  imp.  Delesques.  —  Dans  la  6" 
livraison  de  la  IX*  année  de  la  Revue  catholique  de  Normandie»  Notes 
historiques  sur  le  Prieuré  conventuel  dHéauville  à  la  Bague  par  L.  Cou- 
pey  ;  Essai  historique  et  archéologique  sur  Angerville  Larcher,  par  G.  Co- 
mont  ;  Les  Normands  au  Canada.  Journal  dune  expédition  de  dlberville^ 
par  l'abbé  Baudouin  (1696-1697).  Lettres  de  dHerville.  —  Odon  de  Con- 
teviUe,  évêque  de  Ôayeux,  Son    rôle  au  début  de  la  première  Croisade, 


16  OHRONIQUK 


MAINE  ET  ANJOU 

Au  MAINE,  nous  signalerons  :  La  Tapisserie  des  saints  Gervais  et  Pro' 
tais  à  la  cathédrale  du  Mans,  par  W  Barbier  de  Montault.  In-8*,  38  p. 
Laval,  imp.  Goupil.  —  Vocabulaire  du  Haut-Maine^'pubiié  par  M.  Charles 
Raoul,  comte  de  Montesson,  3*  édition.  In-S*".  Le  Mans,  imp.  Mon-^ 
noyer.  —  Dans  le  n**  44  du  tome  XV  du  Bulletin  historique  et  archéolo^ 
gique  de  la  Mayenne  :  Excursion  historique  et  archéologique  à  Laval  et  Châ- 
teau Gontier  (21  juin  1892),  par  Paul  Brindeau  ;  La  maison  de  Laval,  par 
le  C^*  Bertrand  de  Broussillon  ;  Les  torches  des  communautés  lavaloises 
aux  processions  de  la  Fête-Dieu  au  XVII*  5i«cZe,par  J .  -M.  Richard  ;  Lettres- 
ordonnances  du  dac  de  Mazarûif  par  A.  d*Hauterive. 

En  ANJOU  :  Souvenirs  dan  volontaire  de  Cathelineau  (Campagne  et 
Captivité)  1870-1871, complétées  après  un  quart  de  siècle  parle  baron 
de  Fontenay.  ln-16,  198  p.  Belléme,imp.  Levayer.  -—  Du  bail  à  complant 
dans  Maine-et-Loire^  par  René  Beucher,avocat  à  la  Cour  d'Angers. 
Paris,  lib.  Jouve  et  Boyer.  —  Le  Livre  dor  du  monument  de  Montreuil'^ 
Bellay,  destiné  à  perpétuer  le  souvenir  des  fêtes  du  iU  août  1892  en  V  honneur 
de  Toussenelf  Donalle,  Duret  et  Moreau,  Gr.  in  -8**  120  p.  Saumur,  imp.  L. 
Picard.  —  Dans  les  3«  et  4*  livraisons  du  tome  XL  de  la  Revue  d'Anjou  : 
Etat  da  département  de  Maine-et-Loire  en  t  année!  800  y^dkV  Tabbé  Uzureau  ; 
Le  colonel  de  Villebois-Mareuil,  par  leC^^de  Blois. — Les  mémoires  de  Vabbé 
Gra^ct,  par  E.-L. — Les  Filles  de  la  Charité  aux  Hospices  d Angers,  par 
Dom  Ambroise  Guichard.  —  La  famille  Boy  lesvejj>B.v  P.de  Farcy.— Sawi 
Florent,  Sa  vie,  ses  miracles,  ses  reliques,  par  le  V^«»*«  de  la  Fregeolière, 
née  de  Beauregard.  Angers,  librairie  Gastineau.  —  Cartulairede  tab- 
baye  da  Ronceray  d Angers .  Table  alphabétique  des  noms,  dressée  par  E . 
Vallée  et  imprimée  sous  les  auspices  et  aux  frais  du  C^^^  Bertrand  de 
Broussillon.  In-8*,  Paris.  —  Mémoires  du  général  dAndigné,  publiées 
avec  Introduction  et  Notes,  par  M.  Ed.  Biré.  In-8°,avec  portrait.  Tomei, 
1765-1800,  Paris,  lib-  Pion.  —  Histoire  de  t Eglise  et  de  V Académie  pro- 
testante Sammuroise,  publiée  par  M.  Desmé  de  Chauvigny  dans  la 
Revue  Poitevine  et  Sammuroise.  —  Inventaire  sommaire  des  Archives  dé- 
partementales de  Maine-et-Loire,  Archives  civiles.  Série  B.  Supplément 
(suite).  Arrondissement  de  Bougé  et  de  Cholet,  par  CSélestin  Port.  Angers, 
Lachèze  et  Delbeau .  In-8®  IV  472  p.  —  Monographie  de  la  cathédrale 
d  Angers.  Monument.  Trésor,  Tapisseries,  Vitraux,  par  J.  Denais.  In-8*, 
XXlV-499  p.  et  7  planches.  Paris,  Laurens,  éditeur.  —  Chalonnes  sur 
Loir,  Un  mariage  de  grands  seigneurs  en  4à22,  par  L.-F.  La  Bessiôre. 


CHRONIQUE  17 

In-8*,  19  p.  Angers,  lib.  German  et  Grassin.  —  Deux  victimes  ven- 
déennes ;  Marie  et  Renée  Grillard,  de  Cholet,  fusillées  au  Champ  des  Martyrs 
près  Angers  le  i»»*  février  t79U,  par  l'abbé  Uzureau.  In-8%  11  p.  Vannes, 
imp.  Lafolye.  — Anciennes  Académies  d'Angers  ;  Les  dernières  rentrées 
publiques  avant  la  Révolution,  par  l'abbé  Uzureau.  In-^^  27  p.  Angers, 
imp.  Lachèse.  —  Maître  Lardent^  notaire,  par  Lerox-Cesbron .  In- 18*, 
lib   Pion. 

POITOU 

En  POITOU,  nous  avons  à  signaler  :  Le  canton  de  Chantonnay  à  travers 
V Histoire,  par  M.  Louis  Broohet.  In-8%  170  p.  Fontenay-le  Comte, 
imp.  Claireaux.  --  A  travers  la  Vendée;  Sainte- Hermine  et  son  canton, 
par  René  Vallette.  In-8*,  80  p.  Fontenay-le-Comte.  Imp.  CormeaU; 
-  Alexandre  Bonnin  de  Fraysseix.  Notice  bibliographique,  par  le  même. 
Gr.  in-8°  de  10  p.  avec  portrait,  Vannes,  imp.  Lafolye.  — Etudes  sur 
les  Chartes  Mérovingiennes  de  Vabbaye  de  Noirmoutier,  suivie  de  la 
Chronologie  du  règne  de  Dagobert  II,  par  M.  Tardif.  —  Histoire  de 
l'abbaye  de  la  Sainte^Trinité  de  Mauléon  (aujourd'hui  Châtillon-sur- 
Sevré),  par  Dom  Fourier  Bonnard.  chanoine  régulier  de  l'abbaye  de 
Notre-Dame  de  beauchène  près  Cerizay.  —  Biographie  delà  Yendée 
militaire,  André  Ripoche,  par  Henri  Bourgeois,  In-8*,  36  p.  Luçon, 
imp.  Bideaux.  —  Histoire  de  Vabbaye  de  Fontgombault,  par  Tabbé  Bel- 
loire,  curé  d'Angles  sur  TAiglin.  Poitiers,  lib.  Oudin.  —  Dans  la 
1'»  livraison  de  la  XIII'  année  de  la  Revue  du  Bas-Poitou  :  La  Vendée 
qui  s'en  va.  Notre-Dame  de  Coussaye,  par  L.  Brochet;  Le  clergé  de  la 
Vendée  pendant  la  Révolution,  par  Edgard  Bourloton  ;  Découverte  d'une 
inscription  gallo-romaine  à  Civray  près  Maillezais  (Vendée)  par  M.  E. 
Espérandieu  ;  Les  Ursalines  cloitrées  de  Luçon  au  XVIIP  siècle  d'après 
leur  correspondance,  par  Tabbé  H.  Boutin  ;  Les  représentations  drama- 
tiques dans  les  Collèges  poitevins,  par  Henri  Clouzot;  La  Révolution  à  Vile 
d*Yeu,  par  Tabbé  E.  Bossard  ;  Biographies  inédites  des  Chejs  Vendéens  et 
Chouans  par  M.  Tabbé  de  la  Fontenelle  de  Vaudoré.  —  Chronique  par 
René  de  Thiverçay. 


18  CHRONIQUS 


NECROLOGIE 

Les  pertes  les  plus  cruelles  sont  venues  depuis  trois  mois 
frapper  nos  provinces  de  TOuest  et  nombreuses  sont  les 
familles  que  ce  rude  hiver  est  venu  atteindre  dans  leur 
plus  chères  affections. 

BRETAGNE 

•  En  BRETAGNE,  nous  avons  à  enregistrer  les  pertes  de  :  M.  Guy- 
Marie-Casimir  DB  LA  Fruglate,  décédé  au  ch&teau  des  Tourelles, 
prèsMontfort-sur-Meu,  le  8  janvier  dans  sa  11*  année.  —  M.  Ro« 
ger-Augustin-Marie  Le  Vatbr  deîla  Morandate.  mort  à  Rennes  le 
11  janvier  dans  sa  47«  année.  —  M»**  veuve  Pître  de  la  Porterie,  née 
Emma  de  la  Tribouille,  morte  à  Nantes  le  12  janvier.  —  M*«  veuve 
Le  Cour-Grandmaison,  née  .Tosépbine-Marie  Qicquel,  décédée  à 
Nantes,  le  12  janvier  à  T&ge  de  76  ans.  —  M.  de  Raismes,  ancien 
sénateur  du  Finistère,  more  à  Bourges,  chez  son  gendre  M.  Gom- 
paing  de  la  Tour-Oirard,  capitaine  d*artillerie,  le  12  janvier  à  Tftge 
de  71  ans.  —  M»*  Hbmery  de  la  Vuxeauroy,  née  Le  Lart  de  Sawt- 
ECrmont,  décédée  le  14  janvier  à  Sainf-Brieuc.  —  M.  le  chanoine 
Julien  Le  Fort,  ancien  curé  d*Elven,  né  à  Mauron,  le  4  juin  1825, 
ordonné  prêtre,  le  24  septembre  1849,  d'abord  vicaire  à  Noyal- 
Muzillac.  puis  à  Auray  en  1860,  aumônier  des  Eleligieuses  de  la 
Retraite  de  Vannes,  puis  recteur  de  Caro,  de  Nivillac  et  curé-doyen 
d'Eiven,  le  22  janvier  1873,  chanoine  honoraire  de  la  cathédrale  de 
Vannes,  le  10  avril  1880,  décédé  le  15  janvier.  —  M"*  Louise  Gui- 
GNARD  DE  Saint-Ours,  décédée  à  Nantes  le  16  janvier.  —  M""  Urvoy 
DE  Portzamparc,  née  Caroline-Marie  de  L6cluse  de  Longratb,  dé- 
cédée à  Quimper.  le  17  janvier  dans  sa  67"  année.  —  M.  l'abbé 
Decorsb,  né  à  Sainte-Marie  de  Gannedel  ([Ile-et-Vilaine),  décédé  à 
Saille  (Loire-Inf.),  le  17  janvier.  —  M«»»  Suzanne-Marie  de  LAcuybr 
DE  LA  Papotibre,  veuve  de  M.  Gondalibr  de  Tugny,  décédée  à  Nantes 
le  18  janvier  à  T&ge  de  64  ans.  —  M.  Louis  Vichot,  ancien  conseiller 
municipal  de  Morlaix,  ancien  député  du  Finistère,  décédé  à  Morlaij, 
le  18  janvier.  —  Le  R.  P.  Cartier,  supérieur  des  Missionnaires  de 
r Immaculée-Conception  de  Rennes,  décédé  dans  les  derniers  jour«  de 
janviei*  à  r&ge  de  68  ans.  —  M.  Tabbé  Rosec,  chanoine  honoraire, 
curé-doyen  de  Pleyben,  né  à  Sibiril.  d'abord  vicaire  à  Bsquibien,  puis 


GHRONIQUB  t9 

recteur  de  PouUan  jusqu'en  1877,  époque  où  il  fut  nommé  curé  de 
Pleyben,  décédé  vers  la  mi-janvier.  —  M.  le  C^*  Léon  de  Garné-Trs- 
ciEssoN  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  inspecteur  des  Postes 
et  télégraphes,  maire  de  Quitté,  mort  au  ch&teau  de  Beaumont, 
près  Caulnes  (Gôtes-du-Nord),  le  19  janvier  dans  sa  65«  année.  — 
M.  PouTRiN,  proviseur  au  Lycée  de  Rennes,  mort  dans  cette  ville  le 
21  janvier.  ->  M.  le  commandant  Libault  dk  la  Ghevasnbrie,  ins- 
tructeur en  chef  à  l'Bcole  de  cavalerie  de  Saumur,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  mort  le  21  janvier,  à  Tàge  de  43  ans.  —  M™«  Au- 
guste nu  PoNCBAU,  née  db  la  VonciB,  morte  à  Nantes  le  21  janvier. 
—  M  le  V*«  Frédéric  de  Janzé,  décédé  le  23  janvier  à  Paris  dans  sa 
84*  année.  ^  Notre  dévoué  collaborateur  et  ancien  directeur  Gaston- 
Louis-Michel-Marie  DB  Carmè  db  Carnavalbt,  dont  nous  avons  déjà 
signalé  la  perte  dans  notre  dernière  livraison,  décédée  au  ch&teau 
du  Kermat  près  Hennebont  dans  sa  44«  année.  ~  M.  Guichbtbau, 
ancien  maire  de  Montfort-sur-Meu,  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, mort  à  Rennes  le  25  janvier  à  Tàge  de  77  ans.  —  M.  l'abbé 
François  Hod&b,  chanoine  titulaire  de  Rennes,  mort  le  28  janvier 
dans  cette  ville  à  Tàge  de  72  ans  —  M.  le  général  de  division  en  re- 
traite DE  Hay-Durand,  grana  oâlcier  de  la  Légion  d'honneur,  né  à 
Vannes  en  1830,  décédé  le  28  janvier.  Promu  divisionnaire  en  1887, 
il  avait  commandé  la  30*  division  à  Avignon  et  la  15"  à  Dijon.  — 
M.  Louis-Honoré  dbla  Touchb,  colonel  d'infanterie  de  marine  en 
retraite,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  décédé  à  Rennes  le  29 
janvier  à  l'&ge  de  80  ans  —  M«»  veuve  Danays,  née  Louise-Aimée 
Estourneau  de  Tersannes,  morte  à  Rennes,  le  29  janvier  à  Tàgede 
85  ans.  ~  M.  le  G^*  Le  Mintibr  de  la  Motte-Bassb,  décédé  à  Dinan 
dans  les  derniers  jours  de  janvier. 

M.  Tabbé  Jean-Mathurin  Le  Pen,  né  à  Bubry,  le  7  mars  1857,  vi- 
caire à  Sainte-Hélène  (Morbihan),  mort  le  2  lévrier.  —  M""  Marie 
Rouault  de  Livoudray,  morte  à  Rennes  le  3  février  à  l'âge  de  87 
ans.  —M™*  DU  Bouaysdb  la  Bégassièrb,  née  Quimper  de  Lanascol. 
morte  à  Guingamp  le  5  février  à  T&ge  de  63  ans.  —  M.  Henri  Naas, 
chef  de  bataillon  au  70*  régiment  de  ligne,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  mort  à  Vitré  le  5  février  à  Tàge  de  51  ans.  —  M.  l'abbé 
Gazillb,  curé  de  Saint-Mars  de  Goûtais  (Loire-Inférieure),  mort  le 
5  février  à  l'âge  de  66  ans.  —  M.  Hippolyte-Pierre  Roger,  capitaine 
d'infanterie  en  retraite,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à 
Rennes  le  5  février  t  l'âge  de  69  ans.  —  M«*  la  C**"«  de  la  Choub  de 
LA  Mettrie,  décédée  au  château  de  Langevii\iere  (Ille-et-Vilaine),  le 
8  février.  —  M.   Guy- Alexandre  Huchet,  comte  de  Qubnétaiw,  mort 


20  GHRONIQUB 

au  château  de  la  Mollière  en  Saint-Senoux  (Ille-et-Viiaine),  le  8  fé- 
vrier à  rà-ge  de  55  ans.  —  M«*  veuve  Reine-Aimée  Boutillbr  du 
Rbtail.  née  de  Gha&seloup  de  Chastillon,  morte  à  Vannes  le  9  février 
dans  sa  78*  année.  —  Le  R.  P.  Christophe  Mazbry,  né  à  Nantes,  pa- 
roisse Saint-Similien,  en  1840,  vicaire  général  de  Malacca,  mort 
vers  le  10  février.  —  M.  Philippe- Auguste  de  Lambilly,  mort  à  Vannes 
le  10  février  dans  sa  75*  année.  —  M.  du  Bois  de  la  Pastbllièbe,  dé- 
cédé à  Nantes  le  10  février  à  Tâge  de  61  ans.  —  M.  Jules  Glaizot,  in- 
génieur des  Arts  et  Manufactures,  vice-président  de  la  Chambre  de 
Commerce  de  Brest,  chevalier  de  la  Légion  d^honneur^  mort  à  Brest 
le  10  février  et  inhumé  le  12  à  Landéda.  —  Le  R.P.  Brichet,  de  Tordre 
du  Saint-Esprit,  procureur  du  Séminaire  français  à  Rome,  chanoine 
d'honneur  de  la  cathédrale  de  Vannes,  mort  le  10  février  à  l'âge  de 
73  ans.  —  M"'  Anne-Marie  Caroline  Pépin  de  Bbllisle,  M*'*  de  l'Es- 
TouRBEiLLON  de  la  Garnache,  décédée  à  Nantes,  le  12  février  à  Tâ^e 
de  67  ans.  ~  M.  Ladislas  Rsgnouf  de  Vains,  décédé  le  13  février  dans 
sa  58*  année.  —  M.  Frédéric  Rado  de  Saint-Gu^das,  mort  à  Saint- 
Etienne-de-Montluc,  le  11  février  dans  sa  83«  année.  —  M™*  Victor- 
Claude  Clemansin  du  Maine,  née  Eugénie  Coinquet,  décédée  à  Nantes 
le  16  février  à  l'âge  de  73  ans.  —  M.  l'abbé  Dodillard^  décédé  à  Nantes 
le  16  février.  —  M.  Olivier  de  Fargy,  ancien  officier  d'artillerie,  dé- 
cédé le  i7  février.  —  M"*  Lucie-Henriette  Roumain  de  la  Touche,  re- 
ligieuse Augustine  à  Nantes,  décédée  le  24  février  dans  sa  23^  année. 

—  Le  Révérend  et  illustre  P.  Dorgère,  curé  de  Sainte-Anne  d'Evenos 
près  Toulon,  chevalier  de  la  Légion  d*honneur  depuis  la  campagne 
du  Dahomey  à  laquelle  il  prit  une  part  active,  décédé  le  25  février. 

—  M.  Tabbé  Rogel,  chanoine  honoraire  de  Tinos,  curé-doyen  du  Faou 
(Finistère),  depuis  1885,  décédé  le  M' mars  à  Tâgede  66  ans.  —  M.  Le 
Roux,  directeur  de  la  C**  des  vapeurs  bretons  et  Président  du  Con- 
seil des  Prudhommes  de  cette  ville,  décédé  le  8  mars.  —  M.  Tabbé 
MuRAiL,  né  à  la  Marne,  vicaire  à  Abbaretz  depuis  1892,  décédé  le 
19  mars  à  Tâge  de  42 ans.  ->  M.  Tabbé  Vincent  Sorin,  prêtre  de  Saint- 
Sulpice,  né  au  Blgnon  (Loire-Inférieure),  ordonné  en  1858,  décédé  à 
Montréal  (Canada),  le  1*'  mars.  —  Le  commandant  La  Guerre,  chef 
d'Etat-MaJor  du  S*"  arrondissement  maritime  à  Lorient,  officier  de  la 
Légion  d'honneur,  capitaine  de  vaisseau  depuis  1885,  décédé  à  Lo- 
rient le  18  mars  à  Tâge  de  60  ans.  —  M^*  de  La venay,  née  Gaillard  de 
KsRBERTiN,  mère  de  M.  de  Lavenay,  secrétaire  général  de  la  Préfec- 
ture du  Morbihan,  et  de  la  C*'**'  de  la  Goublaye  de  Nantois.  décédée  à 
Rennes  le  26  mars.  ^  M™*  Hymène  de  Fontbvaux,  décédée  à  la  Benâte 
(Loire-Infcrieure),  le  30  mars  à  l'âge  de  72  ans. 


CHRONIQUE  21 


MAINE  ET  NORMANDIE 

Dans  ces  deux  provinces,  nous  avons  à  enregistrer  les  deuils  de  : 
M»«  la  V"»«  Joseph  d'Hbluno,  décédée  à  Laval,  le  29  janvier.  — 
M.  Jean-Marie  Ruault,  chef  de  bataillon  d'infanterie  en  retraite, 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  né  à,  Goron  (Mayenne)  en  18^,  mort 
le  31  janvier.  ~  M.  Souchu-Sbrvihièrb,  ancien  député  de  la  Mayenne, 
de  1836  à  1885,  mort  à,  Laval,  le  18  février.  —  M»«  db  Goussema&br^ 
religieuse  de  la  Providence,  directrice  eu  pensionnat  de  Garentau 
(Orne),  décédéé  dans  les  derniers  jours  de  janvier  à  llige  de  53  ans. 

—  M.  Louis-Isaïe  Letondot,  chef  de  bataillon  en  retraite,  officier  de 
la  Légion  d'honneur,  mortàCaen  le  février.  —  La  Révérende  Mère 
SÀiNT-SiMton,  Supérieur  des  Religieuses  de  l'Hôtel-Dieu  de  Saint- 
Hilaire  du  Harcouôt,  depuis  près  de  50  ans,  décédé  le  20  février.  — 
M.  Henri-Auguste  Pognon,  colonel  du  génie  en  retraite,  comman- 
mandeur  de  la  Légion  d'honneur,  mort  à  Rouen  le  30  janvier  à  TÀge 
de 66  ans.  —  M.  Georges- Victor-Thomas  Froidbau,  lieutenant*colo- 
nel  d'artillerie  de  marine  en  rétraite,  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, décédé  à  Cherbourg  le  5  mars.  —  M»«  Anne-Victurnienne- 
Julienne  des  Balbbs  Berton  de  Grillon,  comtesse  de  Levis-Mirbpoix, 
mère  du  député  de  TOrne,  décédée  le  24  mars  à  Paris,  à  T&ge  de 
77  ans.  —  M"«  Gustave  Bouvattibr,  femme  de  l'ancien  président 
du  Tribunal  civil  de  Goutances,  décédée  à  Avranches  le  7  mars. — 
M.  Louis  EsNAULT,  auteur  de  nombreuses  et  importantes  publica- 
tions né  à  Isigny  (Calvados)  en  182*3,  décédé  le  27  mars.  —  M.  le 
V^*  d'Amphbrne,  décédé  en  mars,  à  Versailles,  à  T&ge  de  82  ans . 

ANJOU  ET  POITOU 

L*ANJOU  et  le  POITOU  ont  vu  s'éteindre  :  Mm*  Hardy  des  Ajllburs  née 
DE  Dloys,  déoédée à  Ghemillé-Changé  (M.-et-Loire),  le  18  janvier  à 
ïkge  de  53  ans.  —  M**  Coindrbau,  belle-mère  du  contre-amiral  Bou- 
tet,  décédée  à  Saintes^  le  2  février  à  T&ge  de  77  ans. —  M.  Louis- 
Alfï*ed  DE  MiBuifLEs,  ancien  receveur  générai  des  Finances,  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  décédé  le  8  février  dans  sa  86*  année. 

—  M™*  MoREAu  DBS  Briottières,  décédéo  à  Augcrs  le  18  février.  — 
M.  Jean  Godet  de  la  Ribouillbrie,  ancien  o^cier  d'infanterie,  décédé 
dans  les  premiers  jours  de  janvier,  au  château  delà  Barre  (Vienne) 
à  l'âge  de  36  ans.  ^  M.  l'abbé  de  Saint-Aubert,  chanoine  de  la  cathé- 
drale de  LuQon,  décédé  le  6  janvier  à  l'âge  de  74  ans.  —  M"**  veuve 


22  CHRONIQUE 

Fleubt  de  la  Gaillèrbs,  née  Marie-Charlotte* Hélène  Tdbpdi  db  Jouhk, 
décédée  aox  Sables-d'Olonne,  le  11  janvier  à  Tàge  de  73  ans.  —  M** 
Virginie  Frbncb,  comtesse  db  Suzashbt,  décédée  à  Paris  le  13  janvier. 
—M.  l'abbé  Emile  PauDHOififB.  né  à  Saint-Gervais  (Vendée)  le  19  jan- 
vier 1834.  prêtre  habitué  à  Saint-Laurent-sur-Sèvre,  décédé  le  19 
janvier  à  l'âge  de  66  ans  —  M.  db  Ouusdin,  ancien  préfet  de  la 
Vendée,  conseiller-maitre  à  la  Cour  des  comptes,  décédé  à  Paris  le 
19  janvier  à  l'âge  de  60  ans.  -  M.  Emile  me  Gooè,  mort  &  Saini-Snl- 
pice  le  Ver4on  (Vendée),  le  20  janvier.  —  M.  le  €*«  Alexis  de  Chas- 
TEiGNER,  vice-président  de  V Académie  des  Seienees^  LeUret  et  ArUde 
Bordeaaxy  décédé  le  21  janvier  à  l'âge  de  79  ans.  ^  M.  Lonis-Victor 
GHAMurr.  chef  du  bataillon  du  génie  en  retraite,  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  né  en  1834,  décédé  à  la  Roche-sur- Yon  le  28  janvier. 
—  M.  Louis-Jean-Baptiste  Pibiigt,  chet  de  bataillon  au  48*  régiment 
de  ligne,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  décédé  &  Guingamp  le 
31  janvier  à  Tâge  de  54  ans.  —  M.  François-Btienne  Adam,  ancien 
professeur  du  Lycée  de  la  Roche-sur- Yon,  de  1860  à  1864,  poète  dé- 
licat, l'un  des  fondateurs  de  la  Société  artUiiqae  et  liUéraire  de  fOoesl , 
décédé  à  Paris  le  12  février  à  l'âge  de  66  ans  —  M  l'abbé  Alphonse 
Gkonmii,  décédé  &  Challans  (Vendée),  le  26  février  à  l'âge  de  30  ans. 
^  M  Urbain  Dblago«ik,  homme  de  bien  et  bibliophile  des  plus  éru- 
dits,  décédé  à  Fontenay-le-Comte  le  21  février  dans  sa  74*  année.  — 
M**  la  M***  DE  Radts  db  Lugnac,  née  des  Collards  des  Hômbs,  décédée 
à  Niort  le  I*'  mars.  —  M.  Henri  Seevantead  de  la  Brunibbe  décédé 
le  19  mars,  à  l'âge  de  55  ans.  —  M™*  de  Boisinard.  née  Boscals  de 
RfcALs  DE  MoRHAc,  décédée  à  Saintes  le  26  mars  à  l'âge  de  81  ans- 

Jehan  de  la  Savuiatb. 


Le  Génnl  :  J.-A.  Blino. 


Vannes.  —  Imprimerie  LAKOLYK.  2,  place  des  Lices. 


BIBLIOGRAPHIE 


■  «UM»  ■ 


"^OniaiNB  KT  GÉNÉALOQiEDB  LA  MAISON  DB  Trogoff,  par  M.  le 
V*®  Louis  Urvoy  de  Portzamparc.  — '  Vannes  Lafolye,  édi- 
teur 19Q0,  in-8'. 

Nos  lecteurs  ont  eu  sous  les  yeux  le  travail  de  notre  érudit  ami, 
M.  de  Portzamparc,  au  fur  et  à  mesure  de  la  publication  qui  en  a 
été  faite  dans  cette  revue  :  néanmoins  nous  leur  demandons  la  per- 
mission de  leur  parler  de  cette  œuvre  considérable,  maintenant 
qu'elle  est  terminée  et  qu'on  peut  Tem brasser  dans  son  ensemble  et 
dans  ses  détails.  A  vrai  dire,  il  était  difâcile  de  la  bien  juger  avant 
que  ses  parties  fussent  réunies  en  un  beau  volume  de  quatre  cent 
cinquante  pages;  il  faut  la  reprendre  aujourd'hui  pour  se  .rendre 
compte  de  sa  valeur  incontestable  et  de  la  somme  de  labeur  qu'elle 
représente. 

Si  la  science  généalogique  n'avait  pour  but  et  pour  résultat  que  de 
fixor  les  degrés  de  filiation  et  de  distinguer  les  diverses  branches 
(l'uae  maison  noble,  de  noter  avec  soin  les  alliances  et  de  les  blason- 
ner,  elle  serait  loin  d'être  inutile.  Il  est  intéresant  pour  Tbistoire 
générale,  et  plus  souvent  pour  l'histoire  provinciale  ou  locale, 
d'avoir  ce  fil  conducteur  qui  la  sauve  de  doubles  emplois,  de  confu- 
sions et  de  lacunes  regrettables. Mais  en  outre,  la  généalogie  dévelop- 
pée et  docuruontôe,  telle  que  nous  l'aimons,  est  une  des  voies  les 
plus  directes  puar  atteindre  à  la  connaissance  exacte  du  passé  C'est 
avec  elle  qu'on  suit  le  mieux  la  marche  du  mouvement  social  depuis 
plusieurs  siè 'ks,  en  l'observant  dans  les  phases  diverses  qu'ont 
traversé,  soit  ics  familles  dont  la  haute  origine  se  perd  dans  la  nuit 
des  temps,  soit  celles  qui  sorties  des  rangs  inférieurs  sont  venues 
tôt  ou  tard  se  placer  dans  la  classe  des  privilégiés. 

Quoi  de  plus  instructif  à  d'autres  points  de  vue  qu'un  travail  de 
ce  genre  bien  composé  et  appuyé  do  preuves  !  Droit  féodal,  coutumes 
anciennes,  mœurs  d'autrefois,  rivalités  politiques  ou  familiales, 
drames  oubliés,  caractères  des  vieux  âges,  tout  cela  ressuscite  et 
revit  dans  .^on  cadre  naturel. 

Aussi  aurons- nous  toujours  de  sympathiques  encouragements  pour 
les  laborieuses  recherches  des  généalogistes  :  nous  voudrions  que 
ceux-ci  fussont  plus  nombreux  et  que  chacune  de  nos  grandes  fa- 
milles bretonnes  eût  son  histoire  faite  sur  pièces.  En  abordant 
celle  de  la  maison  de  Trogoff  à  laquelle  il  tient  par  les  liens  du  sang, 
M.  de  Portzamparc  a  rempli  un  pieux  devoir  et  donné  un  excellent 

TOMK  XVI.  —  DOCJMENTS.  —  XVl"  ANNE,  5»-6'  LIV.  3 


24  BIBUOGRAPHIB 

exemple'.  Nous  l*cn  félicitons  et  nous  soœmes  heureux  qu'il  n'ait 
pas  été  arrêté  par  les  difficultés  de  sa  tàcbe  :  grâce  à  sa  persévérance 
que  rien  n*a  lassée,  il  a  parcouru  totite  la  carrière  si  étendue  qu'il 
s'était  tracée  et  mené  à  bien  une  entreprise  pleine  de  périls. 

La  maison  de  TrogoIT  continue  sa  tradition  d'iionneur  et  de  patrio- 
tisme ;  par  Tancieuneté  de  son  nom,  par  les  actes  de  son  passé  par 
la  situation  élevée  qu'elle  a  su  maintenir  en  Bretagne,  par  l'impor- 
tance des  familles  auxquelles  elle  s'est  alliée,  elle  méritait  de  trouver 
un  historien  :  pouvait-elle  en  souhaiter  un  plus  zélé  pour  sa  renom- 
mée et  plus  soucieux  de  la  vérité  que  M.  de  Portzamparc  ? 

Le  plan  que  Tauteur  a  adopté  lui  était  imposé  par  son  sujet.  li 
devait  d'abord  porter  la  lumière  sur  les  origines  primitives  des  Trogofl, 
puis  conduire  chaque  branche  jusqu'à  son  extinction  ou  jusqu'à 
l'époque  contemporaire.  Il  a  voulu  compléter  son  travail  par  des 
notices  héraldiques  et  généalogiques  sur  les  familles  alliées  et  faire 
ainsi  de  son  livre  un  trésor  de  précieuses  informations.  Nous  lai  on 
savons  un  gré  infini  :  peut-être  —  ceci  est  une  affaire  de  goût  per- 
sonnel —  aurions-nous  préféré,  pour  plus  de  clarté,  les  trouver  en 
Appendice  à  la  suitç  de  la  généalogie,  plutôt  que  dans  le  texte.  L'es- 
sentiel est  qu'elles  soient  dans  l'ouvrage,  et  comme  une  Tabledes 
nomt  précédée  d'un  ArmortaZ,permet  de  se  reporter  très  facilement 
aux  alliances  que  l'on  cherche  et  que  celles-ci  sont  distinguées 
par  la  différence  des  caractères  typographiques,  nous  nous  garderons 
d'élever  une  critique  sur  ce  point*. 

La  question  des  origines  de  la  maison  de  TrogofiT  n^était  pas  facile 
à  résoudre.  L'auteur  l'a  abordée  de  front  et  nous  croyons  avec  lui< 
que  la  tradition  immémoriale  qui  fait  sortir  cette  famille  des  barons 
de  Lan  vaux  est  dans  le  vrai.  On  doit  au  moins  considérer  qu'il  y  a  à 
l'appui  de  cette  opinion  les  présomptions  les  plus  graves,  telles  que 
l'identité  des  armoiries  et  la  possession  de  la  terre  du  nom.  C'est 
entre  les  mains  d'Alain  de  Lan  vaux  qu'on  trouve  dans  la  seconde 
moitié  du  Xlll^^  siècle  la  seigneurie  de  TrogoIT  apportée  en  mariages 
suppose-t-on,  par  sa  femme  sur  laquelle  d'ailleurs  on  n'a  aucun  ren- 
seignement. Alain  avait  un  frère  aine,  Geoffroy,  héritier  de  la  maison 
d'Hennebont,  chef  de  la  branche  principale  de  Lanvaux  presque 
aussitôt  fondue  dans  les  Picaud  :  il  serait,  lui,  l'auteur  de  la  branche- 
cadette  qui  aurait,  au  XIY*  siècle,  substitué  à  son  nom,  patrony- 

^  M.  de  Portzamparc  a  pour  aïeule  maternelle.  M™*  de  Lécluse  de  Longraye,. 
néd  deTrogofT  de  Goatalio,  d'une  branche  encore  existante.  (Généalogie,]».  149). 

*  L^Appendice  (pp.  303-400)  est  consacré  aux  pièces  officielles  généalogiques 
(actes  de  partage,  arrêts  de  maintenue,   Dreuves  devant  Chéi-in,  états  de< 
services,  etc.)  et  h  quelques  rectiflcatioas. 


BIBLIOGRAPHIE  25 

miqae  celui  de  Trogoff  sous  lequel  sa  descendance  s^est  perpétuée. 
Celle-ci  a  toujours  eu  les  mêmes  armes  que  les  Lanvauz,  d'argent  à 
trois  foscds  de  gueules^  sauf  qu'elle  les  a  longtemps  brisées  d'un 
lambel  d'azur:  sa  devise  a  d'abord  été  la  leur:  Tout  franco 

Sur  ce  même  terrain,  nous  rencontrons  une  autre  difliculté.  11  }*  a 
eu  deux  seigneuries  de  TrogofF  possédées  d'ancienneté  par  la  famille 
de  ce  nom  :  elles  étaient  sises  Tune  dans  la  paroisse  de  Plumergat, 
Tautreen  Plouégat-Mouôzan .  On  n*a  aucune  raison  précise  qui  per- 
mette de  dire  quelle  est  celle  qui  a  été  le  berceau  des  Trogoff.  M.  de 
Portzamparc  penchait  pour  la  seconde  :  il  a  plus  tard  très  loyale- 
ment reconnu  que  des  raisons  sérieuses  militaient  en  faveur  de  la 
première  qui  est  voisine  de  Lanvaux.  Ce  voisinage  est  toute  une 
révélation  et  semble  coufirmer  les  origines  que  Ton  sait  (p.  3D7)>.   ' 

Ces  problèmes  discutés,  la  Généalogie  peut  marcher  avec  plus  d'as- 
surance :  néanmoins  dès  le  premier  pas  elle  rencontre  une  question 
embarrassante.  A  côté  d'Y  von  de  TrogoiT,  auteur  commun  incontes- 
table de  toutes  les  branches,  apparaît  Marguerite  de  Léon  sa  femme 
Un  acte  authentique  du  XV«  siècle  (menu  du  15  décembre  1403>, 
émanant  de  leur  ô)s  aîné,  la  nomme  en  toutes  lettres;  mais  d'elle  on 
ne  sait  que  son  nom  :  aucune  pièce  ne  fournit  le  moindre  indice  snr 
sa  famille  :  on  est  réduit  aux  hypothèses.  La  tradition  veut  qu'elle 
appartienne  à  l'illustre  maison  des  comtes  souverains  de  Léon, et  M. 
de  Portzamparc,  se  guidant  d'après  le  synchronisme  des  dates,  sup- 
pose qu'elle  pourrait  être  fille  d'Henri  7''  du  nom,  seigneur  de  Moyon- 
sui'-Andelle  et  de  Marguerite  d'Avaugour,  sa^seconde  femme.  Nous 
ne  regrettons  pas  que  notre  savant  ami  soutienne  cette  thèse,  puis- 
qu'elle nous  a  valu  (pp.  ::^6-d8)  une  très  instructive  généalogie  des 
comtes  de  Léon.  Seulement  comment  se  fait-il  que  Marguerite,  dame 
de  Trogoff,  n'y  figure  que  par  conjecture  et  qu'on  ne  trouve  nulle 
part  aucune  trace  des  relations  de  parenté  qu'Yvon  de  Trogoff  et  ses 
enfants  ont  dû  entretenir  avec  son  père,  sa  mère>  son  frère  ou  ses 
8œurs,de  celles  qu'ils  n*ontpu  manquer  d'avoir  avec  les  Rohan  en  qui 

*  Un  autre  frère  cadet  de  Geffroy  a  dû  être  le  chef  d*uae  troisième  branche 
de  LanTaux  qui  n'est  pas  sortie  de  la  médiocrité  et  ne  s'est  éteinte  qu'au 
bout  de  plusieurs  siècles.  M.  de  Portzamparc  8*e8t  conienté  de  la  signaler 
îp.  396  ; 

•  Le  nom  de  Trogoff  vient  certainement  des  mots  bretons  traou  ou  tron 
(valiée)  et  goff  (forgeron),  rappelant  à  la  fois  une  situation  topographi(^ue 
et  une  ancienne  industrie.  Avant  d*ôtre  arrêté  à  sa  forme  actuelle,  il  a  été 
écrit  de  bien  des  manières,  tel  sans  doute  qu*on  Ta  successivement  prononcé  : 
Tuongo,  Tuongofty  Tuogouff,  Tuogoff,  Trongoff,  Tuogo,  Trongo,  Trogo, 
(  V.sur  Ttitymologie  de  ce  nom  les  savantes  remarques  de  M.  de  Berthou.  (Revue 
de  Bretagne,  de  Vetidée  et  d'Anfou^  janvier  1900,  p.  68.) 


26  BIBLIOGRAPHIB 

s'est  fondu  cette  branche  ?  Pas  Une  pièce  n'y  fait  la  moindre  allusion. 
A  cette  objection  on  répond  --  ce  qui  est  exact—  qu'aucun  acte  non 
plus  ne  dément  cette  flatteuse  alliance.  Admettons-la...  jusqu'à 
preuve  contraire. 

Après  le  fils  aîné  d'Y  von  de  Trogoff  qui  n'a  laissé  que  des  filles, 
se  déroulent  les  deux  branches  ctidettes,  celle  de  Rocumelen  aujour- 
d'hui encore  représentée  par  les  rameaux  de  CocUalio  et  du  Boisgue 
zennec,  et  celle  deKerlessy  qui  s*est  éteinte  au  XIX*  siècle.  Des  ta- 
bleaux très  bien  conçus  résument  cette  longue  histoire  avec  une 
clarté  saisissante. 

Redisons  ici  que  M.  Portzamparc  a  mené  à  bien  une  entreprise 
ardue.  Tous  ceux  qui  se  sont  essayé  &  ce  genre  d'études  apprécieront 
comme  nous  ce  que  nos  lecteurs  doivent  à  la  sagacité,  aux  recherches 
persévérantes,  à  la  patience  laborieuse  deTérudit  auteur.  Quand  une 
^^énéaloprie  est  dressée  et  qu'elle  se  présente,  accompagnée  de  preuves, 
avec  toutes  ses  branches  degré  par  degré,  beaucoup  de  ceux  qui  la 
lisent  ou  la  consultent  n'aperçoivent  pas  toujours  le  nombre  et  la 
complication  des  problèmes  qu'il  a  fallu  résoudre,  les  dates,  les  indi- 
cations de  lieux  et  de  faits  qui  n'ont  été  fixées  qu'après  de  fastidieux 
et  interminables  dépouillement  d'archives,  souvent  par  le  concours 
de  dévoués  correspondants 

A  combien  de  portes  n'est-ôn  pas  obligé  de  frapper  avant  d'obtenir 
un  simple  renseignement  d'état-civil.  Nous  nous  souvenons  que  M. 
de  Cou rcy  a  écrit  vingt-huit  lettres  avant  d'arriver  à  savoir  qui 
était  M.  de  Caud,  mari  de  Lucile  de  Chateaubriand  et  il  n'en  fût  pas 
resté  là  si  un  pur  hazard  n'avait  mis  le  destinataire  de  la  vingt-hui- 
tième lettre  sur  la  trace  qu'il  ne  cherchait  môme  pas  lorsqu'il  l'a 
découverte.  M.  de  Portzamparc  a  imité  l'éminent  continuateur  du 
père  Anselme  :  il  ne  s'est  pas  découragé,  et  nous,  ses  lecteurs,  pour 
qui  il  a  travaillé,  nous  l'en  remercions. 

Il  y  a  aujourd'hui  une  émulation  qui  soutient  les  courages:  elle 
n'existait  pas  il  y  a  cinquante  ans.  Peu  à  peu  les  études  généalogi- 
ques ont  pris  une  faveur  marquée.  La  liste  commence  a  être  longue 
des  familles  bretonnes  dont  l'histoire  a  fait  l'objet  de  monographies 
justement  estimées  :  citons  entre  autres  les  maisons  de  Talhouet,  de 
Cjrnulier,  de  Courson,de  Kersauzon,  de  Farcy,  du  Breil,  de  Lambert, 
de  Saizy,  du  Liz,  de  Lantivy.  Celle  de  Trogoff  n'a  plus  rien  désor- 
mais à  leur  envier.  F.  Saulnier. 


Le  Gérant  :  J.-A.  Blino- 


Vunnes.  —  Imprimerie  L.\FOLYfi^  2,  place  des  Lices. 


NOTES  D'ALLIANCES 


F&IIILLES-  ROUX   DE  LAUBINAIS,  GRÊLIER  DE  U  BARBOTIÈHE 
&  MASSICOT  DE  LA  VERDRIE 


IU)IX  DE  LAirtl.VVIS 

Au  début  du  XVI!'  siècle,  vivaient  Hon.  pers.  Sébastien 
Billy.  s'  de  la  Michaudrie  et  Françoise  Glotin,  sa  femme. 
Ils  eurent  deux  filles:  Jeanne  et  Martinne. 

Jeanne,  l'aînée,  épousa  M'  Jacques  Le  Barbier,  sieur  du 
Verger,  dont  le  curateur  ëtiiil  encore  en  1670,  M"  Pierre  Le 
Barbier,  sieur  du  Vieilpont.  son  oncle.  Us  habitaient  en- 
semble leur  maison  de  la  (juitordais  en  la  paroisse  de 
Donges.  et  eurent  un  fils,  Pierre  Le  Barbier  du  Verger. 
Damoiselle  Jeanne  Billy  de  la  Michaudrie  mourut  le. 83  avril 
1682. 

Martinne  Billy,  sa  sœur  cadette,  épousa  N.  H.  Pierre  Roux, 
sieur  de  Laubinais,  avocat  en  la  cour  et  grelFier  en  chef  de 
la  juridiction  du  duché-pairie  de  Cnisliii  au  siège  do  Pont- 
château. 

TOME  XVI,  —  DOCUMENTS.   —  XVl^  ANNÉK,  7"-8^  LIV.  4 


28         ,  NOTES  d'alliances 

Avec  sa  sœur,  Madame  Le  Barbier  du  Verger,  elle 
partagea,  en  1670^  les  successions  de  leur  père  et  mère  qui 
comprenaient  principalement  les  métairies  de  la  Michaudrie, 
de  la  Glémensaye,  de  la  Girardaye  et  de  la  Bérie,  dans  les 
paroisses  de  Pontchâtean  et  de  Prinquiau,  avec  les  bois- 
taillis  de  la  Planche  prisés,  en  livres  du  temps,  à  plus  de 
18.000  livres. 

Elle  eut  trois  enfants  :  Joachim,  Claude  et  Thérèse  qui 
partagèrent,  à  leur  majorité,  la  succession  de  Damoiselle 
Thérèse  Roux  de  la  Marlinais,  leur  tante. 

Damoiselle  Thérèse  Roux  de  Laubinais,  dame  de  la  Bérie, 
mourut  fille. 

Noble  et  discret  Messire  Claude  Roux  de  Laubinais  fui 
prêtre  et  recteur  de  la  paroisse  disse,  évôché  de  Nantes. 

Et  N.  H.  Joachim  Roux,  sieur  de  Laubinais^  qui  continua 
la  descendance  épousa  damoiselle  Marguerite  Mareschal. 

Celle-ci,  fîlle  d'un  célèbre  imprimeur  du  roi  à  Nantes, 
avait  une  sœur,  Damoiselle  Charlotte  Mareschal  mariée  à 
Messire  Jean-Baptiste  Reyne,  écuyer,  substitut  de  MM.  les 
procureurs-généraux  de  la  Cour  des  Comptes  de  Bretagne, 
fils  d'Ecuyer  Claude  Reyne,  directeur  des  fermes  du  Roi  à 
Paris.  Damoiselle  Charlotte  Mareschal,  habitait  alternative- 
ment sa  maison  du  Pavillon,  en  la  paroisse  de  Mauves  et 
son  appartement  de  la  rue  Richebourg  à  Nantes.  Elle  eut  un 
fils,  Ecuyer  Salomon  Reyne,  mineur  en  1767,  et  décédé  sans 

postérité. 

Son  frère,  N .  M*  Pierre  Mareschal,  licencié-ès-lois  et  im- 
primeur du  Roi  à  Nantes,  avait  épousé  damoiselle  Renée 
Baissin . 

M.  et  Madame  Roux  de  Laubinais  eurent  deux  filles, 
Thérèse  et  Marguerite. 

Thérèse,  mariée  à  écuyer  Jean-Baptiste  Bazille»,  conseiller 

1  Damoiselle  Marguerite  Qeneviève  Bazille,  sœur  d'écuyer  Jean-Baptiste 
Bazille,  avait  épousé  N.  H.  Jacques  Jean-Baptiste  d'Ezpilly,  libraire  à  Paris. 
Elle  eut  un  fils  N.  H.  Robert  Jean-Baptiste  d^Ëxpilly,  qui  épousa  le  17  mai  1774, 


NOTBS  O  ALLIANCES  2S 

du  Roi  et  notaire  apostolique  du  comté  de  Nantes,  eut  quatre 
enfants. 

Ecuyer  Jean-Alexandre  Bazille,  clerc  tonsuré. 

Marie  Thérèze  Bazilie»  épouse  de  N.  H.  Pierre  Segondy  : 

Suzanne  Bazille,  mariée  à  N.  H.  François  Sallentin,  d'où 
naquit  un  fils  François  Guillaume  Salleniin,  baptisé  à  Sainte- 
Croix  de  Nantes  le  21  juin  1785. 

Et  Rose  Bazille. 

Marguerite  épousa  à  Nantes  M.  Maître  René  Massicot, sieur 
de  la  Verdrie,  conseiller  du  Roi  et  son  procureur  au  siège 
royal  de  la  police  de  Nantes. 

Une  seule  fllte,  Charlotte  Massicot  de  la  Verdrie,  naquit  de 
cette  union.  Elle  épousa  Nubie  Maître  Olivier  Dlnot,  s' de  la 
Dabinière,  sénéchal  et  seul  juge  du  marquisat  de  Fromenteau 
et  procureur  fiscal  du  marquisat  de  Goulaine. 

PREUVES  : 

12  février  i670.  —  Partage  des  successions  d'H.  P.  Sébastien  Billy, 
s'  de  la  Michaudrie  et  Françoise  Glotin,sa  femme, entre  leurs  enfants 
demoiselle  Jeanne  Billy,  épouse  de  M«  Jacques  Le  Barbier,  s'  du 
Verger  et  demoiselle  Martinne  Billy,  femme  de  N.  H  Pierre  Roux  s*" 
de  Laubinais.  Led.  sieur  du  Verger  sous  l'autorité  du  sieur  de 
Lanouelle-Biliy  son  curateur. 

22  avril  1675.  —  Contrat  sur  velin,  portant  vente  par  N.  H.  René 
Moysen,  s'  de  Gordrosit,  avocat  en  la  cour,  dem^  à  sa  maison  noble 
du  Cordrosit  en  Pontch&teau,  à  M*  Jacques  Le  Barbier,  s'  du  Verger, 
dem^  à  sa  maison  de  la  Guitordais,  en  la  paroisse  de  Donges,  de 
divers  biens  acquis  judiciairement  par  le  sieur  de  Cordrosit  sur 
M.  de  Saint-Aubin  et  dame  Julienne  de  l'Ëstourbeillon  son  épouse, 
tenus  prochement  à  devoir  et  rachat  de  la  vicomte  de  Donges  pour 
380  livres.  (Julien  Nicolas,  not.  rég.) 

19  mars  1679  et  24  janvier  1680  «  Débats  que  fournissent 
M^"  Jacques  Le  Barbier,  s'  du  Verger,  père  et  garde  naturel  de  Pierre 
Le  Barbier  son  fils,  de  son  mariage  avec  feue  H.  F.  Jeanne  Billy,  et 

k  NantM,  demoiselle  Marie  Anne  VaUr,  flUe  de  N.  H.  Joeeph   Mathurin 
Vatar,  libraire  imprimeur,  et  de  demoiselle  Anne  Verger. 


30  NOTES    D'aLLJANCKS 


/ 


M' Pierre  Roux,  s'  de  Laubinais,  avocat  en  la  Cîour,  mari  d'H,  F.  Mar- 
tinne  Billy,  à  ['encontre  de  prétendus  mémoires  fournis  par  H.  H. 
Jean  Glotin,  ci-devant  tuteur  desd.  Billy. 

i4juin  1686.  —  22  février  i699,  —  5  avril  1697,  —  3  mai  1710. 
—  Fermes  sur  velin  des  métairies  de  la  Michaudrie,  de  la  Garlaye 
et  de  la;  Bérie. 

15  novembre  1719,  —  Accord  de  partage  entre  Noble  et  discret 
Messire  Claude  Roux,  recteur  d'Issé,  N.  M«  Joachim  Roux,  s' de  Lau- 
binais, et  damoiselle  Thérèse  Roux,  dame  de  la  Bérie,  pour  leurs  héri- 
tages situés  dans  les  paroisses  de  Pontcbâbteau  et  de  Prinquiau. 

S  m>ai  1750.  —  Extrait  des  rég.  du  Présidial  de  Nantes.  Jugement 
rendu  entre  demoiselle  Louise  Guérineau,  veuve  du  S'  Couturier  et 
Dame  Marguerite  Roux  de  Laubinais,  veuve  de  M.  .Maître  René 
Massicot,  s»"  de  la  Verdrie,  conseiller  du  roi  et  procureur  du  siège 
royal  de  la  police  de  Nantes. 

19  mars  1751.  —  Décharge  sur  papier  de  la  somme  delO.OOO  livres, 
prix  de  Tofflce  de  procureur  du  roi  de  la  police,  par  demoiselle 
Marguerite  Mareschal, veuve  de  N.  H.  Joachim  Roux,  s' de  Laubinais, 
à  damoiselle  Marguerite  Roux  de  Laubinais  veuve  de  M.  M*»"»  René 
Massicot  de  la  Verdrie. 

17  juillet  1156.  —  Contrat  de  constitution  au  principal  de  2000  liv. 
souscrit  par  Dame  Charlotte  Mareschal,  veuve  d'écuyer  Jean  Reyne, 
substitut  de  MM.  les  procureurs  et  avocats  généraux  de  la  C.  des  C. 
de  Bretagne,au  profit  de  demoiselle  René  Baissin,  veuve  de  M.  Pierre 
Mareschal,  licenciées  lois  et  imprimeur  du  roi  à  Nantes.  (Moricet  le 
jeune  not.  et  Le  Goiiais  not.  rég.) 

11  août  i767.  —  Quittance  sur  velin  par  les  héritiers  de  feu 
Ecuyer  Claude  Reyne,  directeur  des  fermes  du  roi  à  Paris,  à  made- 
moiselle Marguerite  Roux  de  Laubinais,  veuve  de  M.  M^'*  René 
Massicot  de  la  Verdrie.  héritière  pour  moitié  de  dame  Marguerite 
Mareschal,  veuve  de  N.  H.  Joachim  Roux,  s^^  de  Laubinais,  héritière 
elle-même  pour  moitié  de  dame  Charlotte  Mareschal, veuve  d'écuyer 
Claude  Reyne,  substitut  de  MM.  les  procureurs  et  avocats  généraux 
de  la  C.  des  G.  de  Bretagne  ;  lesd.  héritiers  étant  :  demoiselle  Anne 
Catherine  Reyne  d'.  à  Paris  et  autre  Jean  Bap^«.  Reyne  écuyer,  son 
frère,  absent  depuis  27  ans. 

48  m^rs  1772.  —  Contrat  sur  velin  portant  vente  du  clos  des  Mo- 
rinières  à  dame  Marguerite  Roux  de  Laubinais,  veuve  de  M.  M«  René 
Massicot  de  la  Verdrie.  (Savariau  not.  et  Marie  not.  rég.) 


NOTfis  d'alliances  31 

i2  Juin  1777,  —  Accord  fait  entre  demoiselle  Marguerite  Roux  de 
Laubinais  veuve  de  M. M*'".  René  Massicot  de  la  Verdrie,  Conseiller 
du  Roi  et  procureur  de  la  police,  d'une  part  :  et  Jean  Alexandre  Ba- 
zille,  clerc  tonsuré,  N.  H.  Pierre  Segondy  et  Marie  Thérèse  Bazille 
son  épouse,  Rose  et  Suzanne  Bazille  émancipées  de  justice  sous 
l'autorité  de  N.  M«  Joseph  Bourdier,  avocat,  enfants  et  héritiers  d'É- 
cuyer  Jean-Baptise  Bazille  et  de  dame  Thérèse  Roux  de  Laubinais 
pour  le  règlement  des  successions  do  dame  Marguerite  Mareschal 
veuve  de  N.  H.  Joachim  Roux  de  Laubinais,  et  de  damoiselle  Roux 
de  1^  Bérie,  leurs  tantes. 


11 


(JRÈLIER  DE  LA  RARBOTTIERE. 

H.  H.  Anselme  Grôlier,  sieur  de  la  Noo,  épousa,  vers  1630, 
Demoiselle  Perrine  Le  Tourneux  dont  il  eut  trois  enfants; 
Gilles,  André  et  Pierre. 

N.  H.  Gilles  Grôlier,  s''  de  la  Noë,  eut  une  fille,  Demoiselle 
Perrine  Grôlier  qui  épousa  N.  H.  Julien  Perron,  s""  de  la  Noô  ; 
et  celle-ci  eut  à  son  tour  deux  enfants.  Noble  et  discret 
messire  Yves  Perron,  docteur  de  hi  faculté  de  Paris,  recteur 
de  Chateau-Thébaud  ;  et  N.  II.  André  Perron,  s^  delaCham- 
pinière. 

M*'  André  Grôlier,  notaire  et  procureur,  se  maria  avec 
Demoiselle  Catherine  Goguet,  fille  d'H.  P.  Louis  Go^uët, 
notaire  royal,  etdeGuiliemine  de  la  Grullye.  Il  eut  une  fille, 
Mathurine  Grôlier,  mariée  le  12  Décembre  1650  à  M°  René 
Massicot,  sieur  de  la  Verdrie,  notaire  et  procureur  de  la 
châtellenie  de  Geste. 

M*  Pierre  Grôlier,  frère  d^André,  épousa  demoiselle 
Sébastienne  Goguët,  sœur  de  Catherine  Goguôt  et  do  Perrine 
Goguët,  épouse  de  N.  H.  Jean  Chesneau,  s'  de  la  Chartye. 

Ils  eurent  entre  autres  enfants,  N.  H.  Grégoire  Grôlier, 
s'  de  la  BarbottitTe. 

Demoiselle  Sébastienne  Goguôt,  veuve  de  M*  Pierre  Grôlier, 
s'unit  en  second  mariage  à  N.  H.  Julien  Macé.  s'  de  la  Fosse. 


32  NOTES  D*ALL1ANGKS 

Vers  1699,  M.  Grêlierde  la  Barbottiere  épousa  damotâelle 
Marie  Brisson,  veuve  de  M""  Michel  Godin, s'  de  la  Besneraye. 
Celle-ci  avait  eu  de  soa  premier  mariage  une  fille,  Marie 
Godin  de  la  Besneraye,  qui  épousa  N.  H.  René  Massicot  de  la 
Verdrie,  fils  d'autre  N.  H.  René  Massicot,  s'  delà  Verdrie  et 
de  demoiselle  Mathurine  Grêlier. 

N.  H.  Grégoire  Grôlier,  s'  de  la  Barbottiere,  procureur-fiscal 
de  la  juridiction  de  la Régrippière  eut  deux  enfants,  Louis  et 
Jeanne.  • 

N.  H.  Louis  Grêlier,  s'  de  la  Barbottiere,  son  fils,  épousa 
demoiselle  Julienne  Bureau  de  Clisson,  sœur  du  chanoine  de 
Téglise  Notre-Dame,  vénérable  et  discret  messire  Jacques 
Bureau.  Il  habita  successivement,  en  la  paroisse  du  Loroux- 
Boltereau,  ses  maisons  de  la  Faveltière  et  de  la  Chardonnière 
et  mourut  sans  postérité. 

Damoiselle  Jeanne  Marie  Grêlier  de  la  Barbottiere  épousa 
N.  H.  François  Pftqueraye.  Elle  mourut  à  Geste,  le  18  mars 
1762,  sans  laisser  d'enfants. 

La  terre  noble  de  la  Barbottiere,  en  la  Boixiëre  du  Doré, 
comprenait  deux  métairies  relevant  «  à  foy,  hommage  et  ra- 
chapt  quand  le  cas  y  échiet  »,  de  la  seigneurie  de  la  Boixière. 

Acquise  pour  partie,  dès  1748,  par  N.  M*"  Olivier  Dinot,  s' de 
la  Dabiniëre,  sénéchal  du  marquisat  de  Fromenteau  ;  elle  est 
demeurée  depuis  en  totalité  dans  sa  famille.  Au  décès,  (sur- 
venu à  Nantes  le  7  décembre  1858,)  de  mademoiselle  Charlotte 
Marie-AIexandrine  Dinot  de  la  Dabinière,  dernière  représen- 
tante du  nom,  cette  propriété  a  été  acquise  par  M.  Le  Bar- 
bier du  Doré. 

PREUVES. 

3  avril  et  4  mai  i652.  —  Partage  des  successions  d'H.  P.  Anselmd 
Grêlier  et  Perrine  Le  Tournenx,  signé  Goguôt.  not. 

i2  décembre' i650.  —  Contrat  de  mariage  de  demoiselle  Mathurine 
Grêlier,  fille  d'H.  P.  Anselme  Grêlier,  et  Perrine  LeTonrneux,  avec 
M*  Henô  Massicot,  s*"  de  la  Verdrie. 


NOTES  d'allianobs      \  33 

i3.  14.  15.  16  et  17  juillet  16S8.  —  Arpentage  des  biens  dépen- 
dant de  leurs  successions,  signé  Nouêt,  arpenteur  royal. 

2  juin  1708,  —  (Contrat  de  mariage  de  M*  René  Massicot,  s'  de  lia 
Verdrie,  procureur  fiscal  de  la  châtellenie  de  Geste,  fils  de  M«  René 
Massicot,  85  de  la  Verdrie,  et  de  demoiselle  Mathurine  Grôlier,  avec 
demoiselle  Marie  Godin,  fille  de  M»  Michel  Godin,  s*"  de  la  Besneraye, 
et  de  demoiselle  Marie  Brisson  -,  signé  Grélier  not. 

10,  12, 13.  44.  15.  16  et  18  juin  1646.  —  Arpentage  des  biens 
dépendant  des  successions  d'H.  P.  Louis  Goguôt,  et  Guillemine  de  la 
Orullye;  signé  Goguôt,  not 

6  juillet  1658,  —  Aveu  rendu  au  seigneur  marquis  de  Goulaîne 
par  M""  Pierre  Grôlier^  comme  mari  de  demoiselle  Sébastienne 
Goguôt. 

5  février  1659.  —  Aveu  rendu  par  demoiselle  Sébastienne  Goguôt 
veuve  de  M*  Pierre  Grôlier,  à  la  seigneurie  deBeKHchène— {28  mars 
4699).   —  Autre  aveu   rendu  au  marquis  de  Goulaine,  par  NT.  H. 
Grégoire  Grôlier,  s''  de  la  Barbottière . 

27  novembre  1698.  —  Transaction  passée  entre  N.  H.  Grégoire 
Grôlier,  s'  de  la  Barbottière,  et  N.  H.  Julien  Macé,  s' de  la  Fosse,  époux 
de  dame  Sébastienne  Goguôt. 

17  juin  1748.  —  Contrat  sur  velin  portant  vente  de  la  métairie 
noble  de  la  Barbottière  par  N.  H.  Louis  Grôlier.  s'dud.  lieu  et  demoi- 
selle Julienne  Bureau  son  épouse,  à  M*  Olivier  Dinot,  s**  de  la  Dabi- 
nière>  procureur-fiscal  du  marquisat  de  Goulaine,  et  demoiselle  Marie 
Anne  Massicot,  son  épouse  (Calvez  not.  et  Ghau vigne,  not.  rég). 

2  août  1760.  —  Quittance  définitive  donnée  par  M.  et  M"»*  Joseph 
Coquain  de  la  Robinière,  héritiers  de  demoiselle  Julienne  Bureau, 
veuve  de  N.  H.  Louis  Grôlier  de  la  Barbottière  à  N.  M*  Olivier  Gré- 
goire Dinot  de  la  Dabinière. 

1777.  —  Rôle,  des  20°»"  de  la  Boixière  montant  à  635  livres  : 
M»«  de  Chambellé  39^7»,  —  le  sieur  Bureau  de  Laubretière  43M%  — 
le  s*"  Bureau  de  la  Gaudinière  3^  —  les  héritiers  Bureau  du  Fief- 
Hullin  2545",  —  la  dame  veuve  Michelin  2949*,  —  M.  Brelet,  recteur 
de  Saint-Nicolas  37^  —  les  héritiers  Godin  3345%  —  la  demoiselle  des 
Mesliers  2644».  —  la  dame  Chevaye  1246%  —  le  s'  Pichelin  du  Gléray 
22*,  —  le  S'  de  Gadoret  17^  —  les  héritiers  du  s'  Massicot  de  la  Bre- 
tellière  1442»,  le  s""  Dinot  de  la  Dabinière  2644*,  —  le  s'  Biguier 
d*Orange  3145V  —  le  s'  Bureau  de  la  Bossardière  1M3*,  —  M.  le 
recteur  de  la  Roussière  et  son  frère  54^2%  —  M.  de  la  Bazinière, 
1943».  — 


34  NOTfES  d'alliances 

i5  janvier  1727.  —  Constitut  au  capital  de  1200*  au  profit  de 
dame  Jeanne  Luzeau,  veuve  de  M.  M*  Mathurin  Danguy,  sur  N.  H. 
Louis  Grôlier,  s'  de  la  Barbottière,  et  son  épouse  (Jouan  et  de 
Bourgues,  not). 

4  mai  1726,  —  Constitut  de  100'  de  rente  au  profit  de  N.  H. 
Mathurin  Terrien,  s'  de  la  Chauvinière,  dem'.  à  la  Fosse  de  Nantes, 
sur  Louis  Grôlier  de  la  Barbottière  (Villayne  et  Boufflet  notaires). 

13  avril  1711,  —  Subrogation  par  N.  H.  Louis  Grèlier,s''  de  la  Bar- 
bottière, en  faveur  d'Ecuyer  Nicolas  Polly,  cons,  du  Roi,  secrétaire 
auditeur  en  la  G.  des  C,  dem^  à  Nantes,  place  des  Jacobins  (Desbois 
not.  roy.  et  Le  Lou  not.  rég). 

18  décembre  1700.  — r  Contrat  sur  velin  portant  vente  parN.  et  D. 
messire  Yves  Perron,  docteur  de  la  faculté  de  Paris,  recteur  de 
Château -Thébaud  et  N.  H.  André  Perron,  s*"  de  la  Ghampinière,  héri- 
tiers et  fils  de  N.  H.  Julien  Perron,  s'  de  la  Noô  et  de  demoiselle 
Perrine  Grêlier,  à  M«  Grégoire  Grôlier,  s*"  de  la  Barbottière,  notaire 
et  procureur  de  la  juridiction  de  la  Régrippière,  de  la  maison  terre 
et  manoir  noble  de  la  Verrie,  en  Vallet.  (Delalande  not.  rég.). 


III 


MASSICOT  DE    LA     VERDRIE 

M*  René  Massicot,  sieur  de  la  Verdrie,  notaire  et  procureur 
de  la  châtellenie  de  Geste,  épousa  le  12  décembre  1650  demoi- 
selle Mathurine  Grôlier,  fillo  d'H.  P.  Anselme  Grêlier,  sieur  de 
la  Noo,  et  Perrine  Le  Tourneux. 

Ils  eurent  un  fils,  N.  H.  René  Massicot,  sieur  de  la  Verdrie, 
procureur  fiscal  de  la  châtellenie  de  Geste,  marié  à  demoiselle 
Marie  Godin,  fille  de  M*  Michel  Godin,  s'  de  la  Besneraye,  et 
de  demoiselle  Marie  Brisson. 

De  ce  dernier  mariage  issurent  six  enfants  :  René,  —  Fran- 
çois —  Grégoire,  —  Mathurin  —  Jeanne  et  Marie-Anne. 

I*  M.  M*  René  Massicot  s' de  la  Verdrie,  conseiller  du  Roi  et 
son  procureur  au  siège  royal  de  la  police  de  Nantes,  épousa 
demoiselle  Marguerite  Roux  de  Laubinais,  fille  de  N.  H.  Joa- 
chim  Roux  s' de  Laubinais,  avocat  en  la  cour,  et  dedamoiselle 
Marcuerito  Mareschal. 


NOTES  d'alliances  35 

Il  eut  une  fllle  Charlotte,  mariée,  comme  il  sera  dit  plus  tard. 
à  son  cousin  N.  M"  Olivier  Grégoire  Dinot,  s'  de  la  Daoinière, 
avocat  en  parlement  militant. 

IP  M*  Jacques  François  Massicot,  s'  des  Ardennes, fut  notaire 
royal  et  procureur  fiscal  de  la  châtellenie  de  Geste.  Il  eut  trois 
enfants  dont  deux  garçons  et  une  fille.  L'aîné  fut  prêtre,  et  le 
cadet,  M.  Massicot  des  Ardennes,  comme  chirurgien  du  Roy, 
fit  à  bord  des  escadres  françaises  toutes  les  campagnes  delà 

j 

guerre  de  l'Indépendance. 

III.  N.  H.  Grégoire  Massicot,  s'  de  la  Bretellière, procureur- 
fiscal  de  la  juridiction  de  Lyvernière,  à  Clisson,  eut  aussi  plu- 
sieurs enfants.  Mesdemoiselles  Marie-Perrine  et  Françoise 
Massicot  moururent  à  Geste,  la  première  en  1835  et  la  se- 
conde en  1836.  Par  testament,  elles  léguèrent  deux  maisons 
à  la  commune  de  Geste  pour  y  loger  un  instituteur  et  une 
institutrice. 

A  la  même  époque  existaient  encore  M.  Grégoire-René- 
Charles  Massicot  de  la  Bérangerie,  fils  ou  petit-fils  de  M.  de  la 
Bretellière,  demeurante  sa  propriété  delà  Grenotière  en  Gu- 
gand  ;  M.  Pierre-Jules-Siméon  Massicot  et  mademoiselle 
Léocadie  Massicot,  ces  deux  derniers  domiciliés  à  Paris,  et 
issus  de  M.  Maximin  Massicot,  originaire  de  Cuba. 

Une  lettre  de  M.  Valentia  Massicot,  en  date  à  Nantes  du  28 
février  1836,  établit  que  trois  messieurs  Massicot  moururent 
à  Cuba  et  qu'ils  possédaient  au  Gap  des  maisons  et  des  pro- 
priétés. Mesdemoiselles  Massicot  et  leurs  petits-neveux  Pierre 
et  Léocadie,  après  un  procès  soutenu  au  tribunal  de  la  Seine, 
touchèrent  d'ailleurs  leur  part  dans  l'indemnité  accordée  aux 
colons  de  Saint-Domingue. 

IV.  Noble  et  discret  messire  Mathurin  Massicot,  s"*  delà 
Potardière.fut  prêtre  et  vicaire  au  Loroux-Bottereau. 

V.  Demoiselle  Jeanne  Marie  Massicot  épousa  N.  H.  Mathu- 
rin Brégeon,  s""  de  laBouchefoire.  Ils  eurent,  entre  autres  en- 
fants, M.  Gabriel  Brégeon,  propriétaire  à  Nantes  et  mademoi- 


36  NOTES  d'alliances 

selle  Marie  Françoise  Brégeon,  épouse  de  M.  Mathias  Benoist, 
chevalier  de  la  Légion  d*honneur  et  percepteur  des  contribu- 
tions directes  à  Geste. 

VI.  Enfin,  le  25  septembre  1736,  demoiselle  Marie-Anne 

Massicot  épousa  à  Geste  N.  H.  Olivier  Dinot,  s'  de  la  Dabi- 
nière,    sénéchal  et  seul  juge  du  marquisat  de  Fromenteau 

et  procureur  fiscal  du  marquisat  de  Goulaine. 

Deux  enfants  naquirent  de  cette  union  :  Olivier  et  Marie- 
Anne. 

N.  M«  Olivier  Grégoire  Dinot  de  la  Dabinière,  avocat  en 
parlement  militant,  président  du  district  de  Glisson,  puis  juge 
au  tribunal  civil  de  première  instance  de  Nantes^  épousa  sa 
cousine  germaine  Charlotte  Massicot  de  la  Verdrie. 

Et  Damoiselle  Marie-Anne-Elisabeth  Dinot  de  la  Dabinière 
épousa,  le  19  novembre  1765,  en  Téglise  paroissiale  de  la 
Chapelle Heulin,  au  diocèse  de  Nantes,  Noble  Homme. René 
Henry  Taliendeau,  s'  du  Montrut,  flls  majeur  de  feu  N.  H. 
Pierre  Tallendeau,  s'  du  Montrut,  et  de  dame  Marguerite  de 
Navière. 

Originaire  de  la  paroisse  de  Geste,  sur  les  confins  du  Poi- 
tou et  de  la  Bretagne,  la  famille  Massicot  de  la  Verdrie 
possédait,  dans  chacune  de  ces  provinces,  des  biens  consi- 
dérables. Au  partage  de  la  succession  de  M^  René  Massicot 
de  la  Verdrie,  procureur  fiscal  de  Geste,  figurent,  pour  une 
évaluation  dépassant  60.000  livres  tournois,  la  maison  fami- 
liale de  Geste ,  la  terre  et  seigneurie  de  la  Verrie  en 
Vallet  ;  les  trois  moulins  à  vent  et  à  eau  de^  Ardennes,  en 
Geste  ;  la  métairie  de  la  Gaudinerie,  en  la  paroisse  de  la 
Chaussaire  ;  celles  de  la  Blouèreetdu  Giron  en  Saint-André  de 
laMarche;  de  la  Paragère  dans  laparoissed'Andrezé;du  Chiron 
en  la  Poitevinière  ;  des  Haute  et  Basse-Bretellière  en  la  Boi- 
xière  ;  de  la  Potardière  et  de  la  Ménandière  en  la  Ré- 
maudière;  plusieurs  maisons  aux  bourgade  Geste,  la  Chaus- 
saire, la  Remaudière  et  la  Regrippière:  les  fiefs,  dîmes,  et  rôles 
rentiers  de  la  Verrie  et  des  autres  terres  nobles  etc.,  etc.. 


NOTfiS   DALLIANGBS  Oi 

La  maison  principale  de  Geste  et  le  manoir  noble  de  la  Ver- 
rie  sont  très  amplement  décrits  au  partage. 

«  Au  bourg  de  Geste,  province  d'Anjou,  la  principale 
maison  consistant  dans  une  grande  salle  basse,  sa  cheminée 
de  pierre  de  grison  ;  un  salon  à  côté,  sa  cheminée  aussi  de 
pierre  de  grison^  le  tout  carrelé  donnant  sur  la  rue  ;  une  cui- 
sine à  coté  donnant  sur  la  cour  avec  sa  cheminée  de  bois  ; 
une  petite  chambre  à  côté  de  la  cuisine  donnant  sur  la  cour  ; 
leurs  chambres  au-dessus  et  une  allée  qui  conduit  au  degré 
pour  monter  aux  chambres  hautes  ;  au  derrière  de  la  salle  cy- 
devant  une  grande  allée  pour  sortir  dans  la  cour  ;  et  au-dessus 
des  salles  et  salon  deux  chambres  carrelées  avec  leurs  che- 
minées de  pierre  de  grison  et  un  grand  grenier  régnant  sur 
le  tout  avec  le  degré  à  noyau;  pour  y  monter  ;  sur  lequel  degré 
est  un  pavillon  carré,  couvert  d'ardoises,  servant  de  pigeon- 
nier :  et  au  derrière  de  la  dite  salle  basse  une  grande  chambre 
basse  avec  sa  cheminée  de  bois  ;  au-dessus  une  chambre 
aux  lattes  avec  sa  cheminée  ;  cave  voûtée  au  bout  de  la  dite 
chambre  basse  ;  une  boulangerie  au-dessus  et  un  vieux  four 
ruiné  ;  chambre  au-dessus  avec  une  cheminée  ;  cour  au-der- 
rière  desdits  logements  ;  une  grande  écurie  pavée,  la  fanerie 
au-dessus  ;  un  grand  portail  à  deux  battants  avec  son  pa- 
iastre  pour  entrer  et  sortir  de  ladite  cour  ;  jardins  et  cour 
derrière,  avec  le  droit  privatif  de  prendre  les  eaux  qui  des- 
cendent depuis  la  grande  porte  de  l'Eglise,  du  four  à  ban  et 
des  autres  endroits  etc.  etc. 

«  ....  Au  lieu  noble  de  la  Verrie,  en  la  paroisse  de  Vallet,  la- 
dite maison  noble  de  la  Verrie,  composée  de  deux  chambres 
basseg  et  une  haute  au-dessus,  avec  escalier  de  pierres  en 
dehors,  vers  la  cour,  où  il  y  a  un  grand  portail  ;  une  tour  en 
laquelle  il  y  a  un  plancher  ;  grange  avec  cour  et  plus  loin  un 
logement  séparé,  appelé  le  logement  du  métayer  avec  four  et 
dépendances,  jardins  derrière  et  vivier  dans  la  cour  etc.. 

«  ...  Les  terres,  vignes,  jardins,  p&tures,  prés  et  autres 
héritages  da  ladite  maison  de  la  Verrie,  etc.  • . , 


•^         -  NOTES    u'aLLTANGRS 

«  . . .  •  Le  moulin  à  vent  de  la  Verrie,  avec  ses  terroirs  et 
tour,  situé  proche  ledit  lieu,  avec  logement  de  métayer,  grange^ 

four  et  dépendances les  rentes  foncières  et  féodales  y 

attachées  et  encore  les  droits  et  prééminences  seigneuriales  ; 
droit  de  patronage  et  présentation  qui  appartient  à  la  maison 
de  la  Verrie,  dans  la  châpellenie  de  Saint-Yves,  desservie  en 
l'église  collégiale  de  Glisson.  etc. . .    etc. . .  » 

Noble  Maître  René  Massicot,  s' de  la  Verdrie»  conseiller  du 
Roi,  fut  solennellement  installé,  «  commeprocureur  au  siège 
royal  de  la  police  de  Nantes  »,  le?  janvier  1740.  Pendant  les 
onze  années  qu'il  passa  dans  ces  hautes  fonctions,  il  prit 
d'importants  arrêtés  parmi  lesquels  M.  de  laNicollière-Tei- 
jeiro,  dans  son  «  Inventaire  Sommaire  des  archives  munici- 
pales de  Nantes  »  a  signalé  les  suivants  : 

Rapports....  du  21  juillet  1740,  «  sur  le  balayage  et  l'entre- 
tien de  propreté  des  rues;  »  —  du  18  juin  1744,  «  sur  l'enva- 
hissement par  les  marchands  étalagistes  des  rues  et  des 
places  et  principalement  la  place  du  Bouffay;  »  —  du  13 
août  1744,  V  sur  le  libertinage  et  la  débauche  qui^  malgré  la 
vigilance  apportée  par  la  police,  fait  tous  les  jours  de 
nouveaux  progrès,  quelque  soin  qu'on  prenne  de  s'informer 
et  de  chasser  ces  infâmes  prostituées  qui  empoisonnent  le 
citoyen  ;  »  —  du  28  novembre  1744,  «  sur  la  vérification  des 
aunes;  »  —  du  24  juillet  1749,  «  pour  la  prohibition  chez  les 
libraires  et  imprimeurs,  des  libelles,  gazettes  ou  nouvelles 
à  la  main,  contraires  à  l'exacte  police  ou  à  l'ordre  public  et  le 
plus  souvent  remplis  de  fausses  nouvelles,  de  médisances  et 
de  calomnies  qui  passent  dans  les  provinces  et  môme  à 
l'étranger;  »  —  du  16  octobre  1745,  «  sur  les  comédiens  qui, 
donnant  du  feu  au  parterre,  ne  cessent  de  troubler  les  re- 
présentations à  spectacle  par  l'éclat  de  petits  pétards  que 
les  jeunes  gens,  sans  éducation  et  sans  goût,  jettent  conti- 
nuellement dans  le  feu,  »  —  du  17  mars  1751,  «  sur  los 
marchands  et  fournisseurs  qui,  abusant  des  dégâts  extra- 
ordinairement  causés  aux  maisons  par  la  tempête  du  14  au 


NOTKS  d'alliancks  '  39 

15  mars,  voudraient  vendre  les  matériaux  plus  chers  que  le 
prix  fixé  par  la*  police  royale  etc..  etc.  » 

M.  de  la  Verdrie  mourut  à  Nantes  au  mois  d'avril  1751. 
Par  ordonnance  royale  du  13  mai  de  la  même  année,  il  fut 
remplacé  dans  sa  charge  par  M.  Gabriel  Le  Roux,  avocat  au 
Parlement.  Et  le  nouveai^i  procureur  du  roi  paya  à  Madame 
de  la  Verdrie,  pour  prix  de  l'office  de  son  feu  mari  la 
somme  de  10.000  livres  tournois. 

PREUVES 

26  février  1716  —  Extrait  de  baptême  de  Marie  Anne  Massicot  de 
la  Verdrie,  et  25  septembre  1736  extrait  de  mariage  entre  lad.  de- 
moiselle de  la  Verdrie  et  N.  H.  Olivier  Dinot,  s'  de  la  Dabinière,  pro- 
cureur fiscal  du  marq'  de  Fromenteau,  tous  deux  signés  Jacques 
Courtin,  vie.  de  Geste. 

b  janvier  1139  —  Partage  fait  entre  N.  H.  René  Massicot,  s'  de  la 
Verdrie,  avocat  à  la  Cour,  François  Massicot,  s""  des  Ardennes,  notaire 
et  procureur  delà  châtellenie  de  Geste;  Grégoire  Massicot  de  la  Bre- 
tellière;  Mathurin  Massicot,  s*"  de  la  Potardière»  tous  deux  émancipés 
de  justice  sous  l'autorité  de  M*  Louis  François  Lofficial.leur  curateur: 
Mathurin  BrégeonjS»"  de  la  Bouchefoire,et  Jeanne  Marie  Massicot,  son 
épouse;  Olivier  Dinot,  s^  de  la  Dabinière,  procureur  fiscal  du  mar- 
quisat de  Goulaine  et  Marie-Anne  Massicot  son  épouse  ;  tous  enfants 
et  héritiers  de  feu  M«  René  Massicot,  s''  de  la'  Verdrie,  procureur 
fisca^  de  Geste  et  de  à}^^  Marie  Godin. 

16  juin  1739  —  Contrat  portant  vente  par  d"»  Jeanne  Grélier,  veuve 
de  N.  H.  François  Pâqueraye  à  M.  Jacques  François  Massicot,  s'  des 
Ardennes,  not.  et  proc.  de  la  chat**  de  Geste.  21  décembre  1738  et 
2  janvier  1739  —  Parta^^e  de  la  succession  de  feu  d'^*  Marie  Brisson, 
V  en  premières  noces  de  M"  Michel  Godin  et  en  2"*"  noces  de  M* 
Grégoire  Grélier,  s""  de  la  Barbottière,  fait  entre  N.  H.  Louis  Grélier 
v«  de  N.  H.  François  Pâqueraye  et  les  héritiers  Massicot  de  la  Ver- 
drie représentant  leur  mère,  d*^' Marie  Godin,  fille  de  lad.  d*^*  Drisson. 

10  février  1751  —  Contrat  portant  vente  par  M«  Olivier  Dinot, 
S' de  la  Dabinière,  procureur  fiscal  du  marquis  de  Goulaine,  sa 
femme  et  tous  les  cohéritiers  de  N.  H.  Louis  Grélier,  s*"  de  la  Bar- 
bottière, de  partie  des  domaines  de  la  métairie  de  la  Blouère 
en  S*-André  de  la  Marche  à  H.  et  P.  M"**  Louis  de  Beauveau,  chevalier 


40  NOTES  d'alliangbs 

seigneur  marquis  dudit  lieu^  la  Treille,  la  Séguinière,  en  S^- 
André  de  la  Marche  et  autres  lieux  demeurant  en  son  château  de  la 
Treille  en  S'-Melaine  près  Chollet.  (Louis  Hazard  net.  et  Lofficial 
ndt.  rég.) 

(5  oc(oôrei75/.  —  Lettre  missive  écrite  par  M*  Louis  François 
LofQcialS  notaire  de  la  baronnie  de  Monfkucon,  à  son  cousin  M.  Dinot 
de  la  Dabinière,  procureur-flscal  du  marquis*  de  Promenteau. 

20  février  i783  âipassim,  —  Lettres  missives  de  11.  Massicot  des 
Ardennes,  chirurgien  du  Roi.      ' 

Vicomte  Ooon  du  Hautais. 


I  N.  M«  Loais  François  LoffioiaU  notai r«  de  la  baronnie  de  Monifaucon  et 
sénéchal  des  cbàtelleniee  de  la  Kégrippière  et  autre»  j«ridietiona  en  Bretagne. 
Marié  à  demoiselle  Thérèse  Sourice,  il  ent  un  Als  M*  Louis  Pro8;er  Lofficial, 
atoeat  au  Parlement  et  député  des  Deux-Sèvres  à  la  Convention  qai  fut  le 
principal  négociateur  du  traité  dé  la  Jaunaye  et  moarat,  sous  la  Restauration, 
conseiller  k  la  Cour  d* Angers. 


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demande  faite  à  la  gare  de  départ,  4  jours  au  moins  à  l'avance,  en 
môme  temps  que  son  billet  d'excursion,  un  billet  de  parcours 
complémentaire  une  réduction  de  40  "/„,  sous  condition  d'un  par- 
cours minimum  de  150  Kilomètres  ou  payant  comme  pour  150  Kilo- 
mètres. 

La  même  réduction  lui  est  accordée  après  l'accomplissement  du 
voyage  circulaire,  soit  pour  revenir  à  son  point  de  départ  initial 
soitpour  se  rendre  sur  tel  autre  point  des  deux  réseaux  qu'il  a  choisi. 


Vannes.  —  Imprimerie  LAFOLYhj,  2,  place  des  Lices. 


COMPTE  DE  GESTION 

POUR  LES  ANNEES  1697-1701 


RENDU  PAR 


ll(issire  Pierre -Christophe  JOUACEILE 

Chanoine  de  Xanies 
A  Messieurs  le<%  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre^ 

DE  l'Kglisk  de  Nantes 


AVANT-PROPOS 


Ce  compte  que  rend  noble  et  discret  missire  Pierre  Chris- 
tophe Jouacelle,  chanoine  de  réglise  cathédrale  do  Nanfes, 
pour  les  quatre  années  de  recettes(l697-1701)  et  que  nous  pré- 
sentons aujourd'hui  aux  lecteurs  de  la  Revue  flisioriqice  de 
rOuest,  avec  Tespoir  qu'il  les  intéresseni,  a  été  reproduit  par 
nous  d'après  le  manuscrit  original,  intégralement  et  môme  si 
Ton  peut  dire  servilement,  avec  l'orthographe  du  temps  (ou 
celle  du  rendant  compte).  Nous  n'y  avons  ajouté  que  les  noies 
de  bas  de  page,  et  les  parenthèses  afin  d'éclairer,  autant  qu'il 
était  en  notre  pouvoir,  bien  des  points  qui,  sans  elles^  reste- 
raient, croyons-nous,  au  moins  obscurs  et  môme,  pour  cer- 
tains, inintelligibles. 

J.  DB  Kersauson. 


TOMB  XVI.   —  DOCUMENTS.   —  XVI*  ANNÉE,  9«-10*  LIV. 


COMPTE  DE  GESTION 


Compte  que  rend  à  Messieurs  les  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre 
de  l'église  de  Nantes,  noble  et  discret  Pierre-Christophe  Jouacelle. 
chanoine  de  la  dite  église,  de  la  récepte  ordinaire  de  la  bourse  des 
distributions  dudit  chapitre,  qu'il  a  fait  pendant  quatre  annéez 
commencez  à  feste  de  Toussaint  mil  six  cent  quatre-vingt-dix-sept, 
et  finie  à  pareille  leste  de  Toussaint  mil  sept  cent  un,  suivant  la 
ferme  qui  lui  a  été  faitte. 

Roole  des  cures  qui  doivent  le  denier  de  saint  Pierre,  payable 
chaqu'un  an,  à  la  feste  de  Pentecoste,  diviséez  en  Climats,  comme  il 
s'en  suit^. 

Climat  de  Nantes. 


Saint-Donatien 

Sainte-Luce 

Thouaré 

Saint-Mars-du-Désert 

Mouzeil.    .     .   / 

Ligné 

Les  Touches 

Joué 


18» 

3 

2 
iO 

8 
12 
11 
18 


monnaie. 
6^      — 


^  Ce  manuscrit,  émanant  des  archives  du  Chapitre  Cathédral  de 
Nantes,  est  reproduit  ici  in  extenso,,  avec  son  orthographe.  Les  notes  de 
bas  de  pages  seules  sont  le  fait  du  copiste  signataire,  ainsi,  toutefois,  que 
les  rectifications  modernes  des  noms  des  paroisses,  dans  le  texte  et  mises 
entre  parenthèses. 


COMPTE   DE   GESTION  43 


Montrelaix  (Montrelais) 

Trans .     . 

Teille 

Mésange  (Mésanger) 

St-Herblon  de  la  Roussière(6rande  Roussiëre). 

Fouillé. •     •     • 

Pannecé 

Béligné 

La  Gornuaille  (nunc  d'Angers) 

Couffay  (Gouffé) 

Varade  (Varades) .     .     . 

Encenis  (Âncenis) 

Frigné  (Freigné  nunc  d'Angers)    .     .     .     . 
La  Feillée  (Le  Fuillet,  nunc  d* Angers).     .     . 

Oudon 

Carquefou 

Maulve  (Mauves). 

Anest  (Anetz) 

Doulon 

Maumusson 

Saint-Pierre  de  la  Roussière  (Petite  Rouxière). 
30  Petit  Mars 


\'J 

6^ 

monnaie. 

s 

7 

S^ 

— 

15 

» 

— 

16 

— 

4 

H^ 

— 

9» 

4^ 

7 

— 

10 

3'» 

— 

9 

4 

— 

10 

6 

12 

8 

— 

12 

— 

12 

9 

— 

5 

— 

fi 

8'» 

— 

4 

4 

— 

3 

6 

— 

5 

7 

-^ 

7 

6 

7 

— 

13/^,  17«,    ty\   monnaie^. 


Climat  de  Chateaubriand 


Grand-Ghamp.    .     .     .     • 9#  monnaie. 

Berray  (Saint-Jean  de  Béré) 20  — 

Meydon  (Moisdon) 20  — 

SalBfré 12  — 

Goncreuil  (Gonquereuil) 6      6'*      — 

Pierric 12  — 

Ruffigné 8  — 

Saint-Aubin  des  Gh&teaux 12  -^ 

Nozay 12  — 

Auvernay  (Grand  et  Petit  Au verné)      ...  20  — 


6#,    II",    0'\   monnaie. 


44 


COMPTB   DB  GBSTIOM 


Riaillé       

Dervul 

Saint-Julien  dé  Voulante ....... 

Casson       .     .     .     .     , 

Fougerré  (Fougeray.  nunc  de  Rei^nes).   • .     . 

Guemnay  (Guémené-Penfao) 

Paseuil  (Puceul), 

Abaret  (Abbaretz) 

Saint-Vincent-des-Landes 

Vav 

Jans 

Avesac  (Avessac) 

Soudan.     . ^ 

Rougé.      .     

Sucé 

Sion 

Iscé(issé) 

Héric.      .      * 

Herbignac. 

Vrix(Vritz) 

!.a  Chapelle-sur-Erdre 

La  Chapelle    Glain. 

Le  Pain  (Le  Pin) 

Bonneuvre .     . 

Le  Prieur  de  Coutreux?.    .  .     .     .     . 

Louisfer  (Louisfert). 

Marsac 

Massérac 

Mouays 

Nort 

Saint-Mars  la  Jaille t     - 

42  Tréffteux* 


9- 

monnaie. 

17 

e*» 

— 

8 

— 

3 

6 

— 

40 

— 

19 

— 

8 

— 

15 

— 

9 

8<» 

17 

6 

— 

9 

— 

15 

— 

12 

— 

18 

— 

20 

— 

14 

— 

8 

— 

8 

— 

14 

20 

— 

6 

7 

a»» 

7 

t 

3 

6 

— 

6 

8^ 

— 

9- 

3 

8^ 

— 

2 

6 

— 

16 

— 

4 

— 

10* 

— 

18^,  8% 

10*, 

monnaie. 

^  £n  outre  des  deux  paroisses  (Erbray  et  la  Meilleraye)  omises  au  climat 
de  Cbâteaubriant,  nous  nous  étonnons  d'y  voir  figurer  Herbignac  qui 
n'en  a  joinais  fait  partie  et  qui  est  portée  —  à  raison  cette  fois  —  au 
climat  de  La  Roche-Bernard,  auquel  elle  a  toujours  appartenu.  Pourquoi 
aussi  est-elle  marquée  i4'  au  climat  de  Chàteaubriant  et  à  a.^"  dans  celui 
de  la  Roche-Bernard  ? 


COMPTE    UG    QR8T10N 


45 


Climat  de  la  Roche-Bernard. 


Saint-Herblain 

Couôron 

Saint-Etienne  de  Montluc 

Cordemais. 

Malville 

Savenay 

Prinquiau 

Donge  (bonges) 

Montoire  (Montoir) 

Assérac 

Gamouiel  (Gamoôl,   nunc  de  Vannes).     .     . 

Herbignac 

Saint-Gildas 

Saint-Liphard 

Pontchâteau 

Missiliac 

Saint-Dolay  (nunc  de  Vannes) 

Sévérac 

Guenret  (Guenrouet) 

Plessô 

Fégréac 

Blain 

Quily 

Couéron 

Vigneu  (Vigneux) 

Orvaux  (Orvault) 

Ghantenay 

Saint-Nazaire 

Kscoublac ; 

St-André  près  Guérande  (St- André  des-Eaux) 

Fay 

Crossac 

Besné 

Cambon  (Gampbon) 

Dréféac 

La  Chapelie-Launay 


20- 
26 
20 
20 

8 
16 

6 
15 
15 
16 

4 
25 
12 

8« 
20 
13 
12 

7 
13 
14 
12 
20 

3 

14 

7 

8 

3 
25 

14 
8 

15 
8 
3 

14 
1 
5 


monnaie. 


4«»       — 


2^       - 


9<i  — 


4d 


COMPTK   DE    GESTION 


Trelière  (Tretlières) 
La  vaut*.     .     .     . 


5 


9 


Climat  de  CUsson. 


monnaie. 


n#,    19%  6^,    monnaie. 


Vertou,     ...     * 

Saint-Sébastien  d'Aignes-lez-Nantes.  .  .  . 
Saint-Bris  (Brice)  de  Basse-Qoulaine  (du  nom 

du  Patron) 

Sainte-Radegondede  Haute-Goulaine  (du  nom 

du  Patron) 

Saint-Julien  de  Concellé 

LaChapelIe-Hulin(Heulin) 

Le  Lorouz-Bottereau 

La  Chapelle-Basse-Mer 

Cngand  (nunc  de  Luçon) 

Gétigné 

Mouziilon. 

Qorges 

Monière  (Monnière). 

Maydon  (Maisdon) 

Cb&teau-Thébault.  . 

Le  Bignon. 

Le  Pont  Saint-Martin. 

Saint-Aignan. 

Saint-Ijéger . 

Saint-Jean  de  Bouguenais^ 

Le  Pellerin 


Il* 

7 


monnaie. 


3*      — 


o 

•— 

8 

— 

9 

4 

4'» 

■ 

2.-S 

— 

20 

— 

6'' 

— 

5 

3 

— 

4 

7 

8 

3 

— 

fl 

— 

7 

3 

— 

/ 

3 

— 

4 

— 

6 

3*^ 

— 

3 

8 

— 

•> 

•^ 

— 

i\ 

r,'' 

5 

m.  15% 

7^ 

monnaie. 

*  G*est  dans  ce  ciimat  que  nous  constatons  le  plus  d'onii.Hsions  :  ces 
omissions  sont  à  notre  avis,  les  suivantes  :  i°  Ni  vil  lac.  (nunc  de 
Vannes)  autrefois  siège  du  doyenné  et  dont  la  Roche-Bernard  qui  lui  a 
pourtant  donné  son  nom,  n*était  que  succursale,  appelée  alors  Jeuilletie  ; 
a°  presque  tout  le  sous  climat  de  Guérande.  comprenant  :  Guérande, 
Batz,  Mesquer,  Piriac  et  Saint-Molff.  3^  Le  Temple,  Sautron,  Le  Gàvre 
et  Saint-Miolarde- Redon.  Gouëron  figure  aussi  a  fois  pour  aô"  V'et  pour  i4' 

'  La  paroisse  de  Bouguenais  est  pourtant  sous  le  vocable  de  saint 
Pierre. 


COMPTU    DE    GtCSTION 


47 


Vallet 

Saint-Lnmine  de  Ciisson ....... 

Aigrefeuille 

Remouillé 

Montebert^ . 

Saint-Hilaire   du   Bois 

VieiJlevigne 

Brains 

Veûe  (Vue) .     .     . 

Saint-Pierre  de  Bouguenais* 

Rezay,  (Rezé) 

La  Trinité  de  Ciisson /.     . 

Notre-Dame  de  Ciisson 

Saint-Gilles  de  Ciisson 

Saint-Jacques  de  Ciisson 

Saint-Bris  (Brice)  de  Ciisson 

Boys (Bouaye) 

La  Bernardière  (mine  de  Luçon).    .     . 

Saint-Fiacre 

Le  Pallet 

Labaye  (Fouassière). 

La  Chevrollière 

Saint-André  de  Treize  Voye  (mine  d'Angers). 
.Chix  (Choix) 


15 

monnaie 

2 

7d 

— 

2 

6 

— 

2 

6 

— 

6 

— 

2 

4*» 

— 

17 

4 

3 

8 

— 

13 

4 

— 

20 

— 

12 

— 

8 

— 

1 

2'« 

2 

^f) 

— 

6 

— 

2 

6" 

— 

5 

1 

&' 

— 

1 

6 

— 

4 

8 

— 

2 

6 

— 

7 

8 

— 

2 

4 

1 

15#.    2\ 

monnaie. 

Climat  de  Rays 


Saint- Léobin  (Lumine)  de  Coutays. 

La  Limousiniôre 

Saint-Colombin 

Touvoye  (Touvois) 

Saint- Etienne  de  Mer-Morte.  .  . 
Sainte-Croix  de  Machecoul.  .  .  . 
La  Trinité  de  Machecoul.     .     .     . 

Saint-Mesme 

Fresnay • 

Saint-Cir  (Cyr)  en   Rays.     .     .     . 


20» 

6'» 

monnaie. 

7 

6 

— 

7 

6 

9 

6 

— 

7 

2 

— 

12 

6 

— 

12 

6 

— 

4 

4 

— 

6 

— 

13 

— 

»  Dan»  ce  climat  il  n'y  a  d'omis  que  Géneston,  mai»  Bouguenais  est 
marqué  deux  fois  (Saint-Jean)  6*.  G'*  et  Saint-Pierre  (ao"). 


48 


COMPTE    DE   GESTION 


Sainte-Pazanne 

Saint- Hilaire  de  Chalégns.     .     .     . 

Rouans 

Arthon. .     .     . 

Le  Bourg  des   Moustiers.     .     .     . 
Saint-Michel  Chef  Gert  (Chef).     .     . 

Saint-Brevin 

Saint-Viau 

Frossay.    . \ 

«aint-Père  en  Rays 

Sainte-Opportune 

Saint-Philbert.     . 

Saint- Jean  de  Carcouet   (Gorcoué). 

Le    Clion 

La  Plaine 

Chauvay  (Chauve) 

Chemeray    (Chéméré) 

Gorsept 

La  Bénate 

Le  Port   Saint- Père 

Prigné. 

Saint-Gilles  de    Pornic.     .     .     .     . 
Saint-Mars  de  Coutay* 


20 

monnaie. 

8 

6^ 

— 

20 

6 

— 

13 

— 

18 

— 

9 

9 

3^ 

— 

12 

6. 

— 

15 

— 

11 

— 

20 

— 

-     20 

8 

— 

26 

— 

11 

— 

8 

8^ 

— 

3» 

3^ 

— 

8 

8 

— 

8 

6 

— 

11 

— 

5 

3<» 

— 

6 

6 

— 

8 

4 

— 

19y^,     2% 

8^ 

monnaie. 

*  La  seule  omission  à  signaler  dans  ce  climat  est  Paimbœuf,  qui  n'y 
figure  pas,  puisque  Prigné  y  remplace  le  Bourgneuf  actuel . 

En  outre  des  9  paroisses  que  nous  avons  signalées  comme  ayant  été 
distraites  du  diocèse  de  Nantes,  à  la  Révolution,  nous  remarquons  encore 
dans  une  des  la  autres,  toutes  , situées  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire 
et  faisant  alors  partie  du  sous  climat  d'Ancenis  et  qui  sont  :  Boin,  La 
DrufTière,  Ghamptoceaux,  Drain,  Landemont,  Lire,  Montfaucon, 
(Saint-Georges  et  Saint-Germain)  Rochementru,  Saint- Grépin,  Saint- 
Laurent,  des  Autels, Tillier  et  La  Varenne,  toutes  ayant  été  attribuées  au 
diocèse  d'Angers.  ' 

En  somme  le  nombre  des  paroisses  mentionnées  au  rôle  forment 
un  total  de  i88  ainsi  détaillées  :  Glîmat  de  Nantes  3o  —  de  Ghâteau- 
briant,  ^2  —  de  la  Roche-Bernard,  38  —  de  Clisson,  ^5  —  et  de  Rays, 
33.  Sur  ce  nombre  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des  paroisses  distraites  et 
des  omissions  ;  on  voit  quUl  y  a  loin  cependant  de  là  aux  a6i  paroisses 
actuelles. 

En  additionnant  les  totaux  des  cinq  climats  émargés  on  trouve  :  pour 
le  climat  de  Nantes,  i3^  l'j:  6<*  —  pour  Châteaubriant,  i8^  8',  lo^  —  pour 


COMPTE  DK    GESTION  49 

Somme  totalle  du  contenu  aud.  rolle  fait  par  an  :  quatre  vingt- 
huit  livres  quinze  sols  monnaye,  revenant  en  tournois,  à  la  somme 
de  cent  six  livres  dix  sols  tournois,  ce  qui  fait  pour  les  quatre 
années  du  présent  compte,  la  somme  de  quatre  cent  vingt-six  livres 
tournois 4267/-,  monnaie. 

Autres  deniers  receus  pour  le  droit  d'Âna- 
te*  ou  de  port  pour  la  vacance  des  prébandes 
de  TEglise» cathédrale  et  des  cures  sujettes 
audit  devoir,  soit  par  mort,  résignation,  per- 
mutation,  ou  autrement  par  quelque  vacance 
que  ce  soit,  pendant  les  dittes  quatre  années, 
au  désir  des  Extraits  du  Secrétariat  cy  repré- 
senté. 

Pour  la  vacance  de  la  Prébande  de  noble  et 
discret  Charles-Louis  Robert,  prestre,  cha- 
noine de  TEglise  de  Nantes,  pourveu  en  Cour 
de  Rome,  par  résignation  à  cause  de  permu- 
tation, avec  m'*^  Charles-Joseph  Guyho,  pour 
certaines  chapelles  obtint  visa  de  la  signature 
le  14  décembre  1697  et  receu  au  chapitre 
vingt-cinq  livres  monnaye.  Cy 25#.  — 

Pour    la   vacance    du    doyenné,    de    m" 
Pierre-Guillaume  de  la    Vieu ville',   prestre 
pourveu  en  Cour  de  Rome  du  doyenné   de 

la  Roche-Bernard  :  17^,  19",  6'^  —  pour  Clisson  :  i5*,  a»,  et  pour  le  pays  de 

Rays:  19',  aSS**.  —  Soit  au  total 84^lo^0'* 

or  d'après  Missire  Jouacelle,  le  total  devrait  donner  .  .  .  88^  i5%  »> 
ce  qui  constitue  une  différence  de  .4',  4*  6'^  différence  qui  ne  peut 
provenir  que  des  chiffres  mal  faits  ou  d'erreurs  de  calcul,  de  la  part  du 
chanoine,  ou  peut-être  de  la  nôtre 

*  Annale,  taxe  que  payaient  à  la  cour  de  Rome  ceux  qui  étaient  pourvus 
d'un  bénéfice. 

*  Guillaume  de  la  Vienville  Pourpris  (Pierre)  appartenant  à  une  noble 
famille  bretonne,  originaire  du  diocèse  de  Saint-Malo  et  qui  portait  : 
de  gueules  au  lion  grimpant  d'argent,  couronné  d'or,  étolt  doyen  du  Cha- 
pitre de  Nantes  depuis  1G99  et  i**""  abbé  commendataire  de  Saint- Maurice 
de  Garno^H,  au  diocèse  de  Quimper,  lorsqu'il  fut  appelé,  le  8  janvier 
1721,  à  remplacer,  sur  le  siège  de  Saint-Brieuc,  M.  Louis  Frétât  de 
Hoissieux,  décédé  le  3o  octobre  précédent.  Sacré  le  6  juillet  (1721)  Guil- 
laume de  la  Vieuville  (Guillaume  était  son  nom  patronymique  et  non 
son  prénom)  mourut  d'apoplexie  le  i3  septembre  1727. 


50  COMPTK    DK    GKSTION 

Nantes,  vacant  par  te  décès  de  M^  Claude 
Avril.  Obtint  le  visa  de  sa  bulle  le  23*  d'août 
1698  et  vue  au  chapitre  le  ...  Cinquante 
livres  monnaye.  Cy 50#,  moDQaie. 

Pour  la  vacance  de  la  prébande  de  noble  et 
discret  Anthoine  Maillard,  prestre,  chanoine 
de  l'église  de  Nantes,  pourveu  en  Cour  de 
Rome  à  la  mort  de  missire  Claude  Gorge, 
obtint  visa  de  signature  le  3  décembre  1698 
et  receu  au  chapitre  le  . .  vingt-cinq  livres 
monnaye.  Cy 257/,  — 

Pour  la  prébande  de  missire  Joachim  de  Mo- 
zoyer,  prestre,  pourveu  par  Tordinairevacante 
par  le  décès  de  missire  René  Laugoumard  ■ 
Obtint  son  visa  le  14  novembre  1809  et  receu  au 
chapitre  le...  vingt-cinq  livres  monnoye.  Cy.        'S^, 

Pour  la  vacance  de  la  Prébande  de  M"^* 
Pierrrede  Vertamond  pourveu  par  l'ordinaire 
de  la  prébande  vacante  par  le  décès  de  mis- 
sire Anthoine  Maillard.  Obtint  son  visa  le  13 
décembre  1699.  Veu  au  chapitre  le.,  vingt- 
cinq  livres  monnaye.  Cy.     ......:        25#,  — 

Pour  la  vacance  de  la  Prébande  de  missire 
François  Robard,  preste,  chanoine  de  Téglise 
de  Nantes,  pourveu  par  l'ordinaire  vacante 
par  la  démission  de  Robert  Bécigneui.  Obtint 
visa  le  15  mars  1701 .  Receu  au   chapitre.     .        25/if, 

Pour  la  vacance  de  la  Prébande  de  missire 
Louis  Robert,  prestre,  chanoine  de  Téglise  de 
Nantes,  vacante  par  le  décès  de  missire 
Joachim  de  Mazoyer.  Obtint  visa  pour  l'ordi- 
naire le  15  avril  1702.  Receu  au  chapitre... 
vingt-cinq  livres  monnaye.  Gy 25y/-,  — 

Pour  la  vacance  de  la  Prébande  de  missire 
Mathieu  Oaultron, prestre,  chanoine  de  l'église 
de  Nantes,  pourveu  par  l'ordinaire  vacante 
par  la  dén^ission  de  missire  Charles  Robeit, 
chanoine.  Obtint  visa  le  28  avril  1701.  Receu 
au  chapitre. . .  Vingt-cinq  livres  monnaye.  Cy .        25#,  — 


COMPTE    DE    GK8T10N  51 


Cures. 

Pour  là  cure  de  Qeneton,  dont  a  été  pour- 
veu  par  l'ordinaire  François  Gaspard  Roux 
vacant  par  la  démission  de  F.  Charles  Correur 
sur  la  présentation  de  Fabbé  de  Sainte-Gene- 
viefve,comme général  de  TOrdre  des  chanoines 
réguliers  de  Saint-Augustin.  Obtint  visa  le  H 
décembre  1097 /.....        ? 

Pour  la  cure  des  Touches,  dont  a  été  pou r- 
veu  par  l'ordinaire,  missire  Oilles  de  Ruays', 
vacante  par  la  démission  de  missire  Claude 
Gaubert  prestre  et  visa  du  9  janvier  1698. 
Dix  livres  monnaye.  Cy l^#,  mon.aie. 

Pour  la  cure  de  Vrix  (Vritz)  dont  a  été 
pourveu  eu  cour  de  Rome,  Louis  Rousseau, 
prestre,  vacante  par  la  cession  de  commendede 
missire  Henry  Le  Boursier,  prestre,  à  cause 
de  permutation  delà  chapelle  de  Saint-André, 
Et  visa  du  42  Janvier  1698  soixante  sols  mon- 
noyés  Gy 3#,  — 

Pour  la  cure  de  Saint-Laurans,  dont  a  été 
pourveue  en  cour  de  Rome,  missire  Nicolas 
Cassard,  vacante  par  la  démission  de  missire 
Charles-Louis,  Robert,  à  cause  de  permu- 
tation pour  la  chapelle  Saint-Sauveur  de  la 
Rigaudière.    Et  visa  du   18  février   1698    -  ? 

Pour  la  cure  de  Saint- Père  en  Retz,  dont  a 
été  pourveu  eh  cour  de  Rome  missiro  Yves 
Le  Berrcî,  prestre,  vacante  par  le  décès  de 
missire  Urbain  Barbant,  prestre.  Gt  visa  du 
19  mars   1698.    Treize    livres  monnaye.    Cy.        \'Mf,  — 

Pour  la  cure  de  Kougeray  Oui  ne  de  Rennes), 
dont  a  été  pourveu  en  cour  de  Rome.  Mis- 
sire Joseuph(sic),  Le  Ponrii,  prestre,  vacante 
par  le  décès  de  missire  Louis  du  Breil.  Et  visa 
du  8  avril  1698.  Cinquante  livres  monnoye.  Cy.        50#,  — 

*  Missire  Gilles  du  Ruays  mourut  en  17 17. 

•  Missire  Yves  Le  Berre  était  encore  curé  de  Saint -Père  en  Retz  en  171  a. 


52  COMPTI£    DK    GESTION 

Pour  la  cure  de  Mouzel,  (Mouzeil).  dont  a  été 
pourveu  missire  Charles  Berthau*,  pourveu 
en  cour  de  Rome,  vacante  par  le  décès  de 
missire  Joseph  Le  Penru*,  prestre.  Et  visa  le 
7  juin    1698 3#,  monnaie- 

Pour  la  cure  de  Fougeray  vacante  par  le 
'décès  de  missire  Joseph  Le  Penru,  prestre, 
dont  a  été  pourveu   par  l'ordinaire  messire 
Guy  Larcher.  Et  visa  le  18  juin  1698.     .     .     .        40yf.  — 

Pour  le  prieuré  cure  de  Montbert,  vacante 
par  la  démission  de  frère  Bertrand  du  Gues- 
clin,  dont  aété  pourveu  frère  Pierre  Le  Franc, 
prestre,  sur  la  présentation  de  Tabbé  de 
Sainte-Geneviève,  de  Paris.  Et  visa  le  21  juin 
1698 2#,  — 

Pour  la  cure  de  la  Brufflère,  (nunc  de 
Luçon).  vacante  par  la  démission  do  missire 
Estienne  Lair,  dont  a  été  pourveu  par  l'ordi- 
naire, missire  Guillaume  Beaufran,  prestre. 
Et  visa  le   19  juillet  1668 6#,  — 

Pour  la  curede  Gorges,  vacante  par  le  décès 
de  missire  François  Bage',  prestre,  dont  a  été 
pourveu  par  l'^^^rdinaire,  missire  Alexis  Bage, 
(probablement  son  neveu),  prestre,  sur  la 
présentation  deTabbé  de  Saintr.Ioing-de-Marne. 
Et  visa  le  1«'  août  1698 ICff ,  — 

Pour  la  cure  de  Prinquiau,  vacante  par  le 
décès  de  missire  François  Mérot,  prestre, 
dont  a  été  pourveu  en  cour  de  Rome,  de 
l'administration  ad  quinquinium ,  missire 
Louis  JuUiot^,  prestre  de  TOrdre  de  Tancienne 
observance  de  Saint-Benoit.  Et  visa  le  6  août 
1696 2#,  - 

'  Missire  Charles  Berthau  élait  encore  ciiic  de  Mouzeil  en  171 1. 

^  Nous  croyons  que  Missire  Jo nacelle  a  fait  ici  confusion  de  nom  pour 
Missire  Penru.  En  effet,  nous  voyons  celui-ci  pourvu  de  la  cure  de  Fou- 
geray le  8  avril  cGqS  et  décédé  en  celle  paroisse  2  mois  plus  tard. 
Comment  admettre  qu'il  ait  pu  être  cucé  de  Mouzeil  dans  l'intervalle.  ? 

3  Missire  François  Bage,  recteur  de  Gorges,  depuis  1678  eut  en  effet 
pour  successeur  M*"**  Alexis  Bage.  qui  vivait  encore  en  1702. 

*  Missire  Louis  Juliiot,  vivant  encore  en  1715,  remplaça  M***  F.  Mérot, 
qui  était  recteur  de  Prinquiau  depuis  1680. 


COMPTE    OK    GESTION  53 

Pour  la  cure  de  la  Ghapelle-Hulin,  vacante 
par  la  démission  de  missire  Alexis  Bage^ 
dont  a  été  pourveu  par  TOrdinaire  de  missire 
Louis  Blandin,  prestre,  sur  la  présentât  on  de 
Tabbé  de  Saint-Join g- de-Marne.  Et  visa  le 
13   septembre   16»8 3#,  mcnnaie. 

Pour  la  cure  de  Rougé,  vacante  par  le  dé- 
cès de *.  dont  a  été  pourveu  en  cour  de 

Rome,  missire  Guillaume  Donval.  Et  visa  de 

la  signature,  le  4    nov.  1698 14#,  — 

Le  premier  décembre  1698,  missire  îean 
Lorideau.  a  refus  de  la  provision  de  la  cure  de 
Mauve,  vacante  par  le  décès  de  missire  Jean 
Lorideau,  sur  la  présentation  de  missire  Le 
Prince *.......         57/^,  — 

Pour  la  cure  de  Derval,  vacante  par  la  dé- 
mission de  missire  Jacques  Fos^é.  prestre, 
dont  a  été  pourveu  par  l'Ordinaire  missire 
Pierre  Le  Grand  de  Terenau,  prestre.  Et  visa 
le  16  décembre  1698 6#,  — 

Le  17  décembre  1698  refusa  missire  René  Gé- 
rard;  prestre  du  visa  de  signature  on  Gourde 
Rome  de  la  cure  de  Pau  Ix,  vacante  par  la  rési- 
gnation de  missire  Matburin  Fraval,  pour 
cause  de  permutation  avec  la  cure  de  Guer, 
diocèse  de  Saint-Malo  (nunc  de  Vannes.     .     . 

Pour  la  cure  de  Sion,  vacante  par  la  démis- 
mission  de  missire  François  Le  Corres.  dont  a 
été  pourveu  par  l'ordinaire  missire  Jean 
.  Chaillou  prestre.  Et  visa  le  20  février  1699.     .         4 y/,  — 

Pour  la  cure  de  Fegréac,  vacante  par  le  dé- 
cès de  missire  Leroux,  dont  a  été  pourveu  par 


^  Missire  Alexis  Bage  démissionnaire  de  la  Chapelle  Heulin  pour 
devenir  recteur  de  Gorges  en  1698  comme  on  vient  de  le  voir. 

'  Nous  pouvons  ici  combler  la  lacune  du  rapport  et  compte-rendu  de 
M"^  Jouacelle,  en  indiquant  que  le  prédécesseur  de  M'"  Dom  Val  Guil- 
laume, curé  de  Rougé  et  mort  en  1698,  fut  M'"  Pierre  Hirel,  titulaire  de 
ce  poste  depuis  au  moins  1679.  Nous  ignorons  Vannée  du  décès  de  Dom 
Val,  mais  ce  que  nous  savons,  c'est  que  son  successeur,  M***  Massart  de  la 
Cour,  mourut  en  173 1. 


54  COMt>TE    DR    GKSTÎON 

l'ordinaire,  missire  Jacques  Fossé^  prestre. 

Et  visa  le  10  avril  1699 10#.  monnaie 

Pour  la  cure  de  Saint-Estienne  de  Montluc,. 
vacante  par  le  décès  de  missire  Michel  Le 
Liepvre,  prestre,  dont  a  été  pourveu  par  Tor- 
dinaire  missire  Joseph  Goôn^  sur  la  nomina-  "^ 

tion  de  noble  et  vénérable  missire  Guillaume 
de  la  Vieuville  doïen  de  TEglise  de  Nantes 
et  présentation  du  chapitre.  Et  visa  le  2  may 

1699 «/A,  - 

Pour  la  cure  de  Paulx,  missire  René  Girard, 
qui  avait  été  refusé  le  17  décembre  1698,  obtint 
le  visa  de  la  signature  de  Rome,  le  8  juillet 

1699 3yA.  — 

« 

Pour  la  cure  de  Mauve,  vacante  par  le  dé* 
ces  de  missire  Jean  Lorideau  (2«  de  nom  et 
prénom)  dont  a  été  pourveu  missire  Jean  Lo- 
rier*,  prestre,  par  l'ordinaire,  sur  la  présen- 
tation de  Monsieur  le  Prince.  Et  visa  le  1*' 
août  1699 M^,  — 

Pour  la  cure  de  Vieillevigne,  vacante  par 
le  décès  de  missire  Limousin,  dont  a  été 
pourveu  missire  Jacques  Rousseau^,  prestre 
par  Tordinaire,  sur  la  présentation  de  M'»  le 
Prince.  Et  visa  le  4  septembre  1699.     .     .     .       I6#.  — 

Pour  la  cure  de  Bouin  (nunc  de  Luçon), 
vacante  par  la  démission  de  missire  François 
Henry,  dont  a  été  pourveu  par  l'ordinaire 
missire  Jean-Baptiste  Franage.  Et  visa  le 
24  novembre  1699. 24#,  - 

Pour  la  cure  d'Orvaux  TOrvault).  vacante 
par  le  décès  de  missire  Pierre   Le  Mercier,     , 
prestre,  dont  a  été  pourveu  par  TOrdinaire 


1  Nous  avons  vu  tout  à  T heure  que  missire  Fossé  était  démissionnaire 
de  DervaL 

2  Monsieur  du  Bois  de  la  Pateliôre  (Registres  de  Saint-Elienne  de  Mont- 
iuc)  le  nomme  Gouin  de  Beaucbesne. 

3  Missire  Jan  ouJean-Bapliste  Lorier,  successeur,  à  Mauves,  de  a*  Jean 
Lorideau,  vivait  encore  en  173a. 

*  Missire  Jacques  Rousseau  était  encore  curé  de  Vieillevigne  en  1737. 


COMPTE   DE    GBSTION  55 

missire  Louis  Lair*,  prestre,  sur  la  présenta- 
tion du  Chapitre  et  la  présentation  de  messire 
Charles  Caiot,  chanoine.  Et  visa  le  16  dé- 
cembre 1699 :j#,  monnaie. 

Pour  la  cure  de  Lavau,  vacante  par  la  dé- 
mission de  missire  Nicolas  Juel,  prestre,  dont 
a  été  pourveu  par  l'Ordinaire  missire  Nicolas 
de  la  Fosse',  prestre.  Et  visa  le  18  décembre 
1699.     .     .      ■ 14^,  - 

Pour  la  cure  de  Touvoye  (Touvois),  vacante 
par  le  décès  de  missire  Le  Prestre,  prestre, 
dont  a  été  pourveu  par  TOrdinaire  missire 
Claude  Brevet.  Et  visa  le  27  avril  1700.     .     .        10#, 

Pour  la  cure  de  Saint- Vincent  des  Landes, 
vacante  par  le  décès  de  messire  Pierre  Picaud, 
dont  a  été  pourveu  par  l'Ordinaire  missire 
Nicolas  Boyleau.  Et  visa  le  4  may  1700.     .     .  ayf ,  — 

Pour  la  cure  de  Héric,  vacante  par  le  dé- 
cès de  missire  René  Bouffart,  prestre,  dont  a 
été  pourveu  par  l'Ordinaire  missire  René 
Guitton\  prestre,  sur  la  présentation  du  Cha- 
pitre et  nomination  de  M*^»  Robert,  reli- 
gieux, chanoine 3#,  — 

Pour  la  cure  de  Rouance  (Rouans),  vacante 
par  le  décès  de  missire  Joseph  Burbar,  dont  a 
été  pourveu  en  Cour  de  Rome,  missire  Julien 
Brenugat,  prestre.  Et  visa  de  la  signature  le 
13  août  1700. 4#,  — 

Pour  la  cure  de  Vallet,  vacante  par  le  dé- 
cès de  missire  Hyacinthe  Monnier^  dont  a  été 
pourveu  par  TOrdinafre  missire  Jacque  Le  ^ 


*  Missire  Louis  Lair,  seigneur  de  Lessongère,  ne  dut  pas  être  long- 
temps curé  d*Orvault,  car  on  trouve  son  successeur.  M'*  François  Guilon, 
déjà  en  possession  de  ce  titre  dès  1712. 

*  Missire  Nicolas  Juel,  mort  en  lôgg,  était  curé  de  Lavau  depuis  1687. 
Nous  trouvons  encore  son  successeur,  messire  Nicolas  de  la  Fosse,  à  ce 
titre,  en  1734. 

'  Missire  René  BouiTart  était  curé  de  Hèric  depuis  au  moins  i683.  Son 
successeur  missire  René  Guitton  ne  dut  faire  que  passer  à  Hèric,  car  M*** 
Daniel  Gholet,  qui  vint  après  celui-ci,  mourut  en  1708. 


56  COMPTE   DB    GESTION 

Loup^  sur  la  démission  de  droit  de  misslre 
.îean  de  Besit  et  nomination  de  missire  Charles 
Gherouvrier,  chanoine.  Et  visa  le  22  sep- 
tembre 1700 4y/-,  monnaie. 

Pour  la  cure  de  Saint-Ck)lombain(Colombin). 
vacante  par  le  décès  de  missire  Hyacinthe 
Cherreau,  prêtre,  dont  a  été  pourveu  par  l'or- 
dinaire missire  Nicolas  Gendron'.  Et  visa  le 
8  janvier  1701 8#,  — 

Pour  la  cure  de  Sainte-Lumine  (Saint-Lu- 
mine)  près  Clisson.  vacante  par  le  décès  de 
missire  David,  prêtre,  dont  a  été  pourveu  par 
Tordinaire,  missire  Guillaume  Rafin .  Et  visa 
le    11  janvier   1701 4#,  — 

Pour  la  cure  de  Blin  (Blain)  vacante  par  le 
décès  de  missire  Louis  Guiard,  prêtre,  dont  a 
été  pourveu  missire  François  Plau',  prêtre, 
par  Tordinaire,  sur  la  présentation  du  cha- 
pitre et  nomination  de  missire  Charles  de 
Sesmaisons,  chanoine.  Et  visa  le  Uavril  1701 .        lO/f ,  — 

Pour  la  cure  de  Saint- Vincent  des  Landes, 
vacante  par  la  démi^ion  de  missire  Nicolas 
Boyleau.  prêtre,  dont  a  été  pourveu  par  l'or- 
dinaire missire  Chaînes  Thillier  prêtre.  Et  visa 
le  !!•  may    1701.    , 6y^,  — 

Pour  la  cxxre  de  Chauve,  vacante  par  le 
décès  de  missire  Honoré  Rome,  dont  a  été 
pourveu  par  l'ordinaire,  missire  Philippe  Mé- 
nager, prêtre.  Et  visa  le   17  may  1701.     .     .  3#,  — 

Pour  la  cure  de  Donges,  vacante  par  le  décès 
de  missire  Riboust,  prêtre,  dont  a  été  pourveu 


*  Missire  Hyacinthe  Monnier,  mort  en  1700,  avait  succédé,  vers  i658  ou 
1660,  à  missire  Cl.  de  Compludo.  Il  fût  remplacé  à  sa  mort  par  missire 
.lacques  Le  Loup  de  la  Régna udière,  (^ui  vivait  encore  en  17 15  et  même 
plus  tard,  très  probablement. 

*  Missire  H.  Cherreau  occupait  la  cure  de  Saint-Colombin  depuis 
1680. 

^  Missire  Guillard  des  Jaulnais  était  curé  de  Blain  depuis  1687  et  fut 
remplacée  sa  mort,  en  1701,  par  missire  F.  Pelaud  de  la  Ville>Aubin« 
qui  mourut  en  1710. 


COMPTE   DE    GESTION  5"? 

par  l'ordinaire  missire    Pierre   Blanchard  S 

Et  visa  le  12  juin   1701 10#,  monnaie. 

Pour  la  cure  de  Saint-Philbert,  vacante  par 
la  démission  de  missire  Ambroise  Duclos, 
prêtre,  dont  a  été  pourveu  en  cour  de  Rome 
missire  Jan  Philippe  Le  Ray*  prêtre.  Et  visa 
le  14  juin    1701 2/A,  — 

Pour  la  cure  du  Pèlerin,  vacant  par  rési- 
grnation,  à  cause  de  permutation  avec  Missire 
Robert  Rouaud,  dont  a  été  pourveue  en  cour 
de  Rome  missire  Alexandre  Rogon,  prestre. 
Et  visa  de  la  signature  le  21  juillet   1701.     .         ZH-,  — 

Pour  la  cure  de  Saint-Mars  du  Désert,  va- 
cante par  la  résignation  de  missire  René- 
Denis  Bruneau,  pour  cause  de  permutation, 
dont  a  été  pourvue  en  Cour  de  Rome,  missire 
Thomas  Pinson,  prestre.  Et  visa  de  la  signa- 
ture le  29  juillet  1 701. I2y^,  — 

Le  23  août  1701,  refusa  missire  Christoflê 
(sic)  Simon,  de  la  provision  du  Prieuré  Cure 
de  Chauve,  sur  la  présentation  de  R.  Joseph- 
Baptiste  Monnier,  abbé  de  Pornic.  Et  visa  de 
la  signature  de  Rome 

Pour  la  cure  de  Sain t-Herb lai n,  vacante 
Dar  le  décès  de  missire  Denis  de  la  Vallée, 
prestre,  dont  a  été  pourveu  par  l'ordi- 
naire missire  Sébastien  de  Pontual^  prestre, 
sur  la  présentation  du  chapitre  et  nomination 
de  noble  et  discret  Jean-Gabriel  de  Pontual, 
chanoine.  Et  visa  le  3  septembre  1701.     .     .        10/f ,  — 

Pour  la  cure  de  Saint*Etienne  de  Montlue, 
vacante  par  la  résignation  de  missire  Gouin, 

^  Missire  Riboux  fut  curé  de  Donges  de  1697  à  1701  et  missire  Blanchard 
de  1701  à  1704. 

^  Missire  Ambroise  Duclos  fut  curé  de  Saint-Philbert  de  1689  à  1701 
et  fut  remplacé,  à  cette  date,  par  missire  Jean  Philippe  Le  Ray,  dont 
nous  ne  connaissons  pas  la  date  de  départ  ou  de  mort,  mais  qui  ne  dé- 
passe pas.  dans  tous  les  cas  1706,  ou  Ton  trouve  son  successeur  missire 
Honoré  Nepvouet. 

^  Missire  Dondel  de  la  Vallée,  curé  de  Saint-Uerblain  en  1698  -|-  1701. 
Sébastien  J.  P.  de  Pontual,  son  successeur,  en  1701  -|-  1749- 

TOME  XVI.  —  DOCUMENTS.  —  XVI^  ANNÉE,   9*-10*  LIV.  6 


58  COMPTB   DE  GESTION 

prestre  dont  a  été  pourvue  mîssire  Ange  Ar- 
chilligrrave'  en  cour  de  Rome.  Et  visa  de  la  si- 
gnature 23   septembre  1701 8#,  monnaie. 

Four  la  cure  de  la  Chapelle  Launay  vacante 
par  la  résignation  de  missire  Guy  de  Gham- 
peau,  prestre,  dont  a  été  pourveu  en  cour  de         / 
Rome  missire  Charles  D'Antres^.  Et  visa  de  la 
signature  le  3  octobre  1701 2#,  — 

Somme  totalle  des  Annates  &  monnoye  six 
cents  livres'  qui  reviennent  à  tournois  :  sept 
cent  vingt  livres 720^,  — 

Autres  deniers  reçus,  tq.nt  des  fermiers  du 
greffe  de  la  juridiction  du  Chapitre  et  du 
Moulin,  que  des  rentes  pour  le  louage  des  dis- 
tributions .  Pour  les  fermes  du  greffe  de  la  ju- 
ridiction du  Chapitre,  le  Comptable  a  reçu  de 
M.  Gendron,  greffier,  quatre  cent  quarante- 
quatre  livres  pour  les  deux  premières  années 
de  son  compte,  à  raison  de  deux  cent  vingt- 
deux  livres  par  an .  Plus  le  dit  Comptable  a  reçu 
pour  les  deux  dernières  années  trois  cent 
soixante  livres,  à  raison  de  cent  quatre-vingt 
livres  par  an,  le  Chapitre  aîant  fait  un  nouveau 
bail  à  M.  Oendron,  pour  trois  ans,  qui  ont 
commencéà  la  fôte  de  Toussaint  de  Tannée..., 
à  cent  quatre-vingts  livres  par  an.  Les  quatre 
années  ensemble  font  pour  le  présent  compte, 
la  somme  de  huit  cent  livres 800 #,  — 

Pour  la  ferme  du  moulin  à  vent  du  Cha- 
pitre, tenue  par  Jean  Thibaudeau,  meunier,  à 
raison  de  quatre-vingt-dix  livres  par  an,  qui 
est,  pour  les  quatre  années  échues  &  la  feste 

I  Missire  Ange,  Achille  de  Grave,  et  non  Arcbilli  Grave,  curé  de  Saint- 
Etienne  de  Montluc  en  1701,  Tétait  encore  en  1738. 

^  Missire  Guy  de  Ghampeaux,  curé  de  la  Chapelle-Launay  de  1668  à 
1701  —  missire  Charles  d*Hantrays  curé  en  170 1  f  1706. 

3  Le  compte  d* Annates,  pour  les  prébendes  et  pour  les  cures  diffère 
un  peu,  selon  nous,  de  celui-ci,  puisqu'on  ajoutant  les  aa5#  des  pré- 
bendes, aux  355//-  des  cures,  on  n'arrive  qu'au  chiffre  de  58o#,  soit  une 
différence  de  30 /A ,  qui  provient  évidemment  des  chiffres  omis  par  l'auteur 
pour  les  deux  cures  de  Géneston  et  de  Saint-Laurent  des  Autels. 


COMPTE  DE   GESTION 


59 


20oy^. 


de  la  saint  Jean-Baptiste  mii  sept  cent  un,  la 
9omme  de  trois  cent  soixante  livres.  Cy  pour 
quatre  années 360  #, 

Pour  la  rente  due  par  les  RR.  PP.  de  TOra- 
toire,  tant  pour  l'ancien  arentement  que  pour 
rindemuité  du  fief  des  maisons  et  jardins  où 
est  basti  leur  Eglise  et  Couvent,  revenant  & 
cinquante  livres  tournois  de  rente,  en  juridic- 
tion par  an,  suivant  les  actes  passés  avec  eux 
et  les  aveux  par  eux  rendus  au  Chapitre,  qui 
est,  pour  les  quatre  annéesdu  présent  compte 
échus  &  la  feste  de  la  saint  Jean-Baptiste  1701, 
la  somme  de  deux  cents  livres,  dont  le  Comp- 
table prend  charge 

Pour  la  rente  due  par  les  Dames  religieuses 
de  la  Visitation,  tant  pour  Tancien  arente- 
ment de  la  maison  de  la  Mironnerie,  où  sont 
basti  leurs  Eglise  et  Couvent,  que  pour  l'in- 
demnité du  fief  pour  pouvoir  tenir  en  main- 
morte ladite  maison  et  autres  acquêts  par 
elles  faits  sous  le  fief  du  Chapitre  enclos  et  de 
Couvent,  suivant  et  à  leurs  désirs,  des  actes 
passés  avec  les  dites  religieuses  et  notamment 
de  l'accord  et  traité  du  9  juillet  1644,  au  rap- 
port de  Petit,  notaire  royal,  la  somme  de  deux 
cent  seize  livres  quatorze  sols  tournois  de 
rente  féodale  et  en  juridiction  parchaclhi  an, 
payable  par  les  demies  années  par  moitié,  au 
terme  de  Saint-Jean  et  de  Nodl,  qui  est,  pour 
les  quatre  années  du  présent  compte  écheus 
à  la  Saint-Jean  1701,  la  somme  de  huit  cent 
soixante  six  livres,  seize  sols 

Plus  pour  une  autre  parcelle  de  rente,  due 
par  les  dites  religieuses  de  la  Visitation  pour 
l'indemnité  dn  logis  par  elle  acquis  du  sieur 
Gardoin,  le  6  décembre  1666,  suivant  letraitté 
pasé  avec  les  dites  religieuses,  le  29  may 
1669,  raporté  par  Le  Breton,  notaire  royal,  la 
somme  de  dix  livres  tournois  de  rente  féodale, 
et  en  juridiction  par  chacun  an  payable  par 
les  demies  années,  ce  qui  fait,  pour  les  quatre 


monnaie. 


866#.16«. 


60  COMPTE   DE   GESTION 

année  du  présent  compte,  échue  de   la  feste 
de  Saint-Jean  Baptiste  1701,  la    somme    de 

quarante  livres 407/^,  monnaie. 

Plus  pour  une  autre  parcelle  de  rente  de 
vingt  livres  tournois,  due  par  les  religieuses 
de  la  Visitation  pour  Tafféagement  d'un  jardin 
et  appenti  et  d'une  partie  de  celuy  que  pos- 
sédait cy-devant  missire  du  Breil,  chanoine, 
suivant  l'acte  du  1*' juillet  1681,  rapporté  par 
Blon,  notaire  royal.  Ce  qui  fait  pour  les  quatre 
années  du  présent  compte,  finie  à  la  fête  de 
Toussaint  170  Ma  somme  de  quatre-vingt  1.        SO-H-,  — 

Plus  pour  la  recette  due  par  les  religieuses 
Ursulines  pour  l'indemnité  du  fief  et  pouvoir 
tenir  en  main  morte  de  la  maison  de  la  Gole- 
trie,  de  Belle  veiie  et  autres  héritages  par  elle 
acquis  sous  le  fief  du  chapitre,  où  est  à  pré- 
sent bastie  leur  maison  et  couvent,  six  vingt 
livres  tournois  de  rente  féodale  et  en  juric- 
diction,  payable  par  les  demies  années,  Saint- 
Jean  et  Noél  par  moitié,  au  désir  des  actes 
passés  avec  les  dites  religieuses  et  notamment 
de  celui  du  22  mars  1642  raporté  par  Quenil, 
notaire  royal,  ce  qui  fait  pour  les  quatre 
années  du  présent  compte  échue  à  la  Saint- 
Jean  1701.  la  somme  de  qmitre  cent  quatre- 
vingt  livres 4S0-H-,  — 

Plus  pour  une  autre  rente  de  cinq  sols 
monnoye,  aussi  en  juridition,  diie  par  les 
dites  religieuses  Ursulines  pour  la  terre  leur 
délaissée  par  le  chapitre  pour  l'accroissement 
du  chemin  au  devant  de  rentrée  de  leur  mai- 
son au  désir  de  Tacte  passé  avec  elles  le  21  juil- 
let 1632,  rapporté  par  Hardy,  notaire  royal, 
ce  qui  fait,  pour  les  quatre  années  du  présent 
compte  fini  à  la  saint  Jean,  la  somme  de  une 
livre  quatre  sols l/f,  4%  — 

Le  dit  comptable  se  charge  de  dix-huit 
livres  d'une  part  pour  une  année  de  dédomma- 
gement du  moulin  du  Chapitre,  k  cause  du 
bastiment  neuf  de  la  communauté  ecclésias- 


COMPTE    DE   GESTION  61 

tique  de  Saint-Clément,  suivant  acte  rapporté 
par  Le  Merle^  notaire  royal,  le  23  janvier 
1686 monnaie. 

Le  comptable  &e  charge  de  la  somme  de 
soixante-douze  livres  pour  quatre  années  du 
présent  compte,  de  la  somme  de  dix -huit 
livres  d'un  part  de  dédommagent  (sic)  du  mou- 
lin du  chapitre,  à  cause  du  bastiment  neuf  de 
la  communauté  ecclésiastique  de  Saint-Clé- 
ment, suivant  l'acte  raporté  par  Le  Merle, 
notaire  royal,  le  23  janvier  1686 

Plus  la  somme  de  cent  huit  livres  treize  sols, 
quatre  deniers  sur  la  dite  communauté  au 
désir  du  mesme  acte,  suivant  la  conclusion 
du  ES**  janvier  1686  et,  en  outre,  de  la  somme 
quarante-cinq  livres  dix-huit  sols  pour  trois 
annez  de  Tindamnité  du  dernier  acquest 
d'avril,  acte  passé  le  7  août  1697.  Le  tout 
échue  à  la  feste  de  Noôl  1700.  Lesquelles 
trois  parcelles  de  rente  font  ensemble  la 
somme  dedeux  cent  soixante-deux  livres,  treize 
sols  quatre   deniers.    Cy 262/A,13",    4*     — 

Autres  deniers  receues  pendant  quatre  annez 
du  présent  compte  pour  les  lods  et  ventes  de 
contrats  d'acquêts  sur  tous  les  fiefs  du  cha- 
pitre  

De  noble  et  discret  missire  Pierre  Bérard, 
chanoine  de  l'Eglise  de  Notre-Dame,  acqué- 
reur d'avec  Marie  Peloteau  de  missire  Pierre 
Rousseau,  sieur  de  la  Gravaudière  et  de  mes- 
sire  Martial  Gaillard,  M"  Âpoticaire  et  Elisa- 
beth Niotel  son  épouse,  se  faisant  tant  pour 
eux  que  pour  Jacques  Niotel,  sieur  de  la 
Chaussée  et  W  Michel  Pintel  et  Marie-Thérèse 
Niotel,  son  épouse,  d'une  maison  appelée  le 
Chapeau  Rouge,  près  la  carrière  de  Saint- 
Clément,  par  contrat  raporté  le  18  décembre 
1697,  par  Gendron,  notaire  royal  pour  la 
somme  de  deux  mille  livres  neuf  sols,  suivant 
conclusion  du  trentième  décembre  de  la  môme 
année,  y  compris  trente  sols  tournois  aussi 


62  COMPTiC   DB  GESTION 

pour  les  lots  et  rentes  pour  un  petit  canton 
de  pré  contenant  environ  treize  cordes  en  la 
prée  de  Sainte-Luce,  acquis  par  honnête  fille 
Dionne  Jorget,  de  Mathurin  Millet  et  Anne 
Gouinet,  sa  femme,  pour  la  somme  de  vingt 
et  une  livre,  par  contrat  en  datte  du  14  dé- 
cembre 1697,  au  rapport  de  Picot,  notaire  de 
la  juridiction  du  Chapitre.  Le  tout  suivant 
autre  conclusion  du  30  décembre   1607.  Cy.      167#,  10».      monnaie. 

De  honorable  homme  Claude  Gennevois, 
marchand,  acquéreur  d'avec  François  Du- 
breil,  sieur  de  la  Pinelais,  de  deux  maisons 
et  jardains,  Tun  situé  au  faubourg  de  Saint- 
Clément,  avec  un  petit  jardin  au  derrière 
joignant,  d'un  côté  et  d'un  bout,  la  tenue  de 
Saint-Michel,  Tautre  maison  avec  un  iardin 
au  derrière,  citué  faubourg  S*  André,  joignant 
d'un  côté  les  héritiers  du  nommé  Gourin, 
d'autre  côté  le  sièur  Gouin  et  d'un  bout  le 
marais  d'Erdre,  par  contract  volontaire  du 
24*^  mars  1698,  raporté  par  Le  Courbe,  no- 
taire royal,  pour  lasomme  de  douze  cent  livres 
en  principal  et  cinquante  livres  de  denier 
à  Dieu,  et  les  dites  maisons  et  jardins  par 
écuyer  Guillaume  Le  Pannetier,  sieur  de 
la  Rouaudière  pour  la  même  somme  par 
sentence  rendue  par  la  juridiction  du  Cha- 
pitre le  10  avril  1698.  Reçu  suivant  la  con- 
clusion du  8  avril  1698,  cent-vingt  livres.  Cy.       120/^,  — 

De  noble  et  discret  missire  René  Thibout\ 
prestre,  acquéreur  judiciairement  d*un  logis 
citùé  au  haut  de  la  grand'rue,  en  paroisse  de 
Saint-Lorent,  iognant  d'un  côté  au  sieur  de 
la  Rivière  Bouchaud,d'un  côté  de  Guesoelin  et 
consors  ;  par  le  devant  de  la  rue  qui 
conduit  à  la  place  Saint-Pierre,  par  derrière, 

*  Missire  René  Thibout  ou  Thiboult,  originaire  de  Nantes,  était  recteur 
d^  Missiilac  depuis  1694.  Avant  d'entrer  dans  les  Ordres,  il  avait  été  marié 
et  avait  eu,  de  son  union  avec  Renée  Eveillard,  deux  filles.  Renée  et 
Marie,  dont  l'une  se  maria  à  Missiilac.  Missire  Thiboult  résigna  sa  cure 
en  1718. 


COMPTE   DE   GESTION  63 

le  logis  prébandai  de  missire  de  Paye,  cha- 
noine, le  10»  d*avril  1698  par  la  Juridiction  du 
chapitre  pour  la  somme  de  quinze  cent  livres, 
suivant  la  conclusion  du  12"  jour  de  may  1698. 
Reçu  cent  quatre-vingt-sept  livres  dixsols.     .       187//-,  10%      monnaie. 

Autre  part,  d'honorable  personne  Perrine 
Le  Gras,  veuve  de  feu  sieur  Gilles  de  Becq,  mar- 
chand et  par  Pierre  de  Becq,  son  fils,  acqué- 
reur d'avec  ecuier  Jean-Baptiste  du  Breil,sieur 
de  Ghancartier,  d'une  maison  et  autres  loge- 
ments cour  et  d*un  iardin  au  derrière  avec 
ses  apartenances  et  dépendances,  cituée  au 
delà  de  la  barrière  de  Richebourg,  le  tout 
joignant  d'un  côté,  vers  Grient  et  bout  vers 
septemtrion  Tenclos  des  dames  religieuses 
Ursulines  ;  d'autre  bout,  vers  midy  la  rue  du 
dit  Richebourg  et  d*autrecôté,  vers  Occident, 
en  partie  maisons  et  jardins  de  Tacquéreuse 
et,  en  autre  partie,  iardin  de  la  dame  veuve 
de  Montaudoin,  pour  la  somme  de  trois  mille 
deux  cent  liyres,  par  contract  du  ll«  d'avril 
1698^  raporté  par  Alexandre,  notaire  royal. 
Reçu  suivant  la  conclusion  du  12*  may  1698, 
la  somme  de  deux  cent  vingt  cinq  livres.    .      225 /f,  — 

D'Elisabeth  Ghomme,  veuve  de  feu  Jan 
François,  acquéreuse  de  deux  corps  de  logis, 
citués  au  faubourg  de  Richebourg.  borné  par 
le  devant,  de  la  rue  de  Richebourg.  par  le 
derrière,  de  la  rivière  de  Loire«  d'un  côté  le 
logis  apartenant  au  sieur  Le  Breton,  d'autre 
côté  une  ruelle,  d'avec  Guillaume  Guôt,  pour 
la  somme  de  neuf  cent  cinquante  livres,  en 
principal,  par  contract  en  date  du  10»  janvier 
1698,  au  rapport  de  Coussi,  notaire  royal. 
Reçu  suivant  la  conclusion  du  ?•  janvier  1699, 
la  somme  de  deux  cent  vingt  cinq  livres, 
attendu  que  la  maison  n'a  été  vendue  que 
cette  valeur.  Cy 225#,  — 

D'honorable  homme  François  Tivier  et 
Catherine  Ménagé,  sa  femme,  acquéreur  de 
la  moitié  d'une  maison  et  jardin,  cituée  sur 


64  COMPTE   DK   GESTION 

la  Motte  Saint-André,  joignant  d'un  côté, 
vers  Orient,  le  iardin  de  la  trésorerie,  vers 
rOccident,  le  jardin  des  héritiers  du  sieur 
Garnier,  architecte,  d*un  bout,  vers  le  midy, 
tes  ieux  de  boule,  appartenant  à  la  veuve 
Maisonneuve,  d*autre  bout,  la  Motte  de  Saint- 
André.  d*avec  M*  Jean  Benoist,  choriste 
de  l'Eglise  de  Notre-Dame  de  Nantes,  pour  la 
somme  de  quatre  cent  cinquante  livres,  en 
principal,  par  contract  du  12"  décembre  1698, 
au  rapport  de....,  notaire  Royal.  Reçu  suivant 
la  conclusion  du  9*  janvier  1699,  la  somme 
de  trente  sept  livres,  10  sols.  Cy 37/^,10»,       monnaie 

Pour  copie   conforme  J.  DE  KbrSaUSON. 

{A  suivre). 


Le  Gérant  :  J.-A.  Blino. 


Vannes.  —  Imprimerie  Lafolye,  2,  place  des  Lices. 


COMPTE  DE  GESTION 

POUR  LES  ANNEES  1697-1701 

RENDU  PAR 

'    Missire  Pierre-Christophe  JODACELLE 

Chanoine  de  Nantes 
A  Messieurs  les  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre 

DE  l'Eglise  de  Nantes 

(Suiley 


D^honnôte  fille  Jeanne  Déserts,  acquéreuse 
d'avec  dame  Jeanne  Proust,  veuve  de  défunt 
messire  Jean  Sorin.  sieur  de  la  Perrière,  mes- 
sire  François-Joseph  Sorin,  seigneur  de  la  Gi- 
iiaire,   conseiller  du  Roy  et   maître  de  ses 
comptes  en  Bretagne  et  de  noble  et  discret 
Jacques  Sorin,  d'un  petit  logis  situé  au  fau- 
bourg de  Saint-^ndré,  joignant  d'un  côté,  vers 
le  septentrion,  une  maison  apartenant  aux 
vendeurs,  d'autre  côté  un  logis  d'une  chape- 
lenie,  par  le  devant  la  rue  de  Saint-André,  à 
Barbin,  par  derrière  la  tenue  cy  après  :  d'un 
autre  petit  logis,  borné  des  deux  côtés  aux 
vendeurs  et  d'un  apentif,  au  delà  d'une  cour 
commune,  joignant  la  dite  tenue  d'un  autre 
petit  logis  ioighant^  vers   l'orientel  l'occident 
aux  vendeurs  ;  vers  midi  et  occident,  lesdits 
apentifs    tenue  et    d'une   tenue   et  jardin 
derrière  des  dits  logements  et  cour  indépen- 
dante, aux  vendeurs  ;  d'autre  côté,  la  tenue 
et  grange  du  sieur  Rodrigue,tanneur,d'un  bout 
vers  occident,  les  marais  des  Pères  Chartreux 
d'autre  bout,  les  dites  cour  etappentifs,  cy  de- 
vant les  dites  maison  et  tenue,pour  la  somme 
de  trois  mille  trois  cent  livres,   par  contrac- 
tion datte  du  22  janvier  1699,  au   raport  de 
Lalande,  notaire  royal.  Reçu  suivant  la  con- 
clusion du  30  janvier  1699,  la  somme  de  deux 
cent  cinquante  livres.  Gy 250//-,  monnaie. 

'  Voir  la  livraison  de  ieptembre-octobre  1900. 
TOME  XVI.  —  DOCUMENTS.  —  XVl"  ANNÉK,    11M2^  LIV.        7 


66  COMPTE  DE   GESTION 

De  Janne  Marcé,  acquéreuse  d*avec  Elie  Le 
Duc.  maître  boulanger  et  Anne  Vilaine,  sa 
femme,  d'une  maison  et  jardin  citué  au  bourg 
de  Saint  de  Saint-Donatiens,ioignant,d'un  côté, 
Mathurin  Gra veuille,  d'autre  côté,  Nicolas 
Gassard  et,  par  le  devant,  la  rue  conduisant 
de  Nantes  au  d.  bourg,  pour  la  somme  de 
huit  cent  livres,  par  contrat  du  14«  mars  1699 
au  raport  de  Le  Breton  et  Alexandre  notaires 
royaux  et,  par  autre  part,  de  Marguerite 
fhomas,  veuve  de  Michel  Charpentier,  acqué- 
reuse d'avec  missire  Jan  Baudoin,  prestre,  d'un 
jardin,  pour  la  somme  de  cent  six  livres,  par 
contract  du  8«  avril  1699,  au  raport  de  Pinot, 
notaire  de  la  juridiction  du  Chapitre.  Regu, 
suivant  la  conclusion  du  30**  mars  1699, 
soixante  livres  d'une  part  et  treize  livres  de 
Tautre,  faisant  deux  susd.  acquêts,  la  somme 
de  soixante-treize  livres.   Cy.     ...  .        73/^,  monnaie. 

Des  Révérends  Pères  Chartreux  de  Nantes, 
acquéreurs  d*avec    dame  Proust  veuve  de 
messire  Jean  Sorin,  vivant   sieur  de  la   Per- 
rière, conseiller  au  Présidial  de  Nantes,  tant 
en  son  nom  que  comme  procuratrice  de  mes- 
sire Claude  Louis  Querry,  seigneur  de  Bois- 
hamon,  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne 
de  dame  Marie  Sorin,  son  épouse,  Messire 
François  Sorin,  seigneur  de  la  Giliaire,  con- 
seiller du  Roy.  M*  de  ses  comptes  en  Bretagne 
et  noble  et  discret  messire  Jacques  Sorin, 
sieur  de  la  Périère,  de  trois  teniie  se  ioignant 
cituées  au  lieu  de  la  Godival,  en   la  paroisse 
de  Saint-Donatien,  bornée  par  la  rue  condui- 
sant de  la  Barrière  de  Saint-André,au  fonteny 
de  la  barrière,  à  Barbin,  par  les  acquéreurs  et 
par  la  tenue  de  la  Mulonnière,  de  la  tenue  de 
la  Férière  en  la  paroisse  Saint-Clément,  d'une 
maison  au  faubourg  de   Saint- André,  d'une 
autre  maison  joignant  la  précédente,  le  tout 
borné  par  la  rue  conduisant  de   la  barrière 
Saint-André,  à  Barbin,  par  les  marets  de  TEr- 


COMPTE   OB   GESTION  67 

dre  et  d*une  autre  rente  foncière  de  douze 
livres  par  an,  sur  sa  maison  du  sieur  Perault 
et  Perine  6arlain,sa  (emme,  les  dites  choses  ac- 
quises pour  la  somme  de  deux  mil  cent  qua- 
rante livres,  par  contractdu  30  mars  1699;  au 
raport  de  Le  Breton,  notaire  royal.  Reçu, 
suivant  la  conclusion  du  6*  avril  1699',  quinze 
cent- dix-sept  livres  dix  sols.  Oy 15l7/f,l9%     monnaie. 

D*honorable  femme  Louise  Joubert,  veuve 
de  Lurent  à* Argent,  acquéreuse  d*avec  Bar- 
ihèhny^  Cornât,  sieur  de  Villers  et  »fanne  Furet, 
sa  femme,  d'un  corps  de  logis  et  cellier,  en  la 
rue  conduisant  de  Saint-Similien  au  Bour- 
gneuf^,  joignant  par  le  derrière,  les  héritiers 
du  sieur  Borré  et  d'un  moulin  à  tan  au  de- 
vant de  la  dite  maison,  rue  entre  deux,  joi* 
gnant,  par  le  derrière,  les  héritiers  du  sieur 
Bureau,  pour  la  somme  de  douze  cent  livres, 
par  contrat  du  4«juin  1699,  au  raport  de  Le 
Fay,  notaire  royal.  Reçu,  suivant  la  conclu- 
sion du  12<'  juin  1699,  la  somme  de  cent  livres. 
Cy 100#,  - 

Plus,  par  honorable  LouisGorset,  cbapellier 
et  Françoise  Pelletier^  sa  femme,  acquéreur 
d*avec  dame  Marguerite  Frémon,  épouse  et 
non  commune  en  biens  de  messire  Charles 
Fouré,  conseiller  du  Roy  et  son  premier  ad- 
vocat  au  Présidial  de  Nantes,  d*une  maison 
et  tenue  de  Mircon  en  Saint-Similien,  joignant 
d'un  bout  et  d'un  côté,  messire  Nicolas  Gui- 

^  Le  manuscrit  porte,  par  erreur,  en  marge,  i4i7',  io%  au  lieu  des 
i5i7^  lo",  inscrites. 

'  Le  nom  d'Argent  était  répandu  en  la  paroisse  de  Saint-Similien  à  la 
fin  du  'xvni<>  siècle,  cette  famille  appartenant  à  la  corporation  des  Tan- 
neuses.  Lorent  à' Argent  devait  être  maître  tanneur  (Note  de  M.  Glermont). 

'  Barthémy  est  ici  évidemment  pour  Barthélémy,  soit  «que  récrivain 
ne  se  soit  pas  aperçu  de  son  abréviation,  soit  que  Barthémy  fût  alors  en 
usage  pour  ce  nom  de  baptême. 

^  La  rue  conduisant  de  Saint-Similien  (ou  Saint-Sembin  au  Bourg- 
neuf  était  alors  la  rue  du  Tertre  (aujourd'hui  Le  nôtre)  et  aboutissant  au 
quai  des  Tanneurs  près  la  rivière  d*Erdre  (Note  communiquée  par 
M.  Glermont). 


68  COMPTE   DE  GESTION 

cheau,  procureur  au  Présidial,  d'autre  côté 
le  chemin  conduisant  au  TarensaT\  d'autre 
bout,  les  acquéreurs,  pour  la  somme  de 
deux  mille  livres,  par  contract  du  12»  juin 
1690.  Reçu,  suivant  la  conclusion  du  22**  du 
même  mois  et  an,  la  somme  de  cent  soixante 
et  six  livres. 16G/f,  monnaie. 

De  Joseph  Hacquenille,  marchand  libraire 
par  adjudication  judiciaire  en  la  juridiction 
du  Chapitre,  le  16  de  juillet  1699,  d*une 
maison  de  la  fontaine,  située  à  Richebour^, 
entre  une  ruelle  qui  conduit  à  la  rivière  de 
Loire,  du  côté,  vers  Orient,  vers  Occident, 
la  maison  du  Chapeau  Rouget  appartenant  à 
la  dame  de  Villeneuve  de  Santo  dominique\ 
d'un  bout,  vers  midy,  le  logis  appartenant  à 
la  veuve  Beliard  et  au  sieur  Le  Breton, 
d'autre  bout,  la  rue  et  pavé  de  Richebourpr» 
par  luy  acquis,  pour  la  somme  de  huit  cent 
livres,  en  conséquence  de  la  saisie  des  biens 
de  la  succession  de  défunct  Joseph  Bahuaut. 
Reçu  suivant  la  conclusion  du  8°  août  1609. 
la  somme  de  cent  livres.  Gy 100/f,  .    — 

De  Mathurin  Libeau,  laboureur,  acquéreur 
d'avec  Clément  Jouneau.  laboureur,  et  Louise 
Fouquet,  sa  femme,  de  sept  boisselées*  de 
vigne,  dans  le  clos  de  la  Chapelière,  trois 
sellions*  de  terres  en  lagaignerie  des  Landes, 

*  Le  nom  de  Tarensar  était  usité  à  cette  époque  pour  désigner  la  rue 
Talensac  :  les  deux  noms  se  rencontrent  très  souvent  et  indifféremment 
pour  désigner  cet  accès,  au  XVI®  siècle  (Note  de  M.  Glcrmont). 

-  Autre  Chapeau  Rouge,  distinct  de  la  maison  du  même  nom,  près 
Saint-Clément . 

'  L'orthographe,  mi-partie  Espagnole  et  Française,  aurait  demandé 
ou  Sanlo  Domingo,  ou  Saint  Dominique,  tout  l'un  ou  tout  l'autre. 

^  En  langage  viticole,  la  boisselée  qui  varie  beaucoup  de  superficie 
suivant  les  pays,  représente,  dans  celui  de  Nantes,  12  ares,  i5  centiares. 
Les  7  boisselées  représentent  donc  85  ares,  o3  centiares. 

^  Le  seillon  ou  scillon  est  également  une  mesure  agraire  particulière  à 
la  Haute- Bretagne,  et  encore  actuellement  usitée  :  elle  représente  o  ares. 
81  centiares.  Les  trois  sellions'  donnent  donc  une  superficie  de  a  ares, 

centiares. 


COMPTE   DE   GESTION  69 

deux  planches  de  vigne  dans  la  vigne  du 
Moulin,  le  tout  en  la  paroisse  de  Sainte- Luce 
pour  la  somme  de  quatre  vingt  dix  livres, 
par  contract  du  9«  may  1699,  au  raport  de 
Hardy,  notaire  Royal.  Reçu  suivant  la 
conclusion  du  8»  août  1699,  la  somme  de  sept 
livres.  Gy 7//-,  monnaie. 

De  M.  Louis  Ghesneau»  sieur  de  la  Guit- 
tonais,  acquéreur  judiciaire  par  la  juri- 
diction du  chapitre,  de  deux  logis  situés  à  Ri- 
chebourg.  ioignant,  d*un  côté,  vers  la  Barière 
de  Richebourg.  une  ruelle  descendante  de 
TËglise  des  Minimes,  dans  la  grande  rue  de 
Rîchebourg^  d'autre  côté,  maison  apartenant 
au  sieur  du  Parc  Piquau.  d'un  bout,  par  le 
derrière,  à....,  d'autre  bout,  maison  apar- 
tenant au  nommé  Le  Roy,  à  luy  assignée  le 
30c  de  juillet  1699,  pour  la  somme  de  quatorze 
cent  dix  livres,  sur  l'exposition  d'honorable 
femme  Anne  Péan,  veuve  de  Jean  Molle.  Reçu 
suivant  la  conclusion  du  28«  septembre  1699, 
la  somme  de  cent  soixante-seize  livre.  Gy.     .      1767/^,  — 

De  François  Benoîst,  jardinier  et  Françoise 
Talvard.  sa  femme,  acquéreurs  d'avec  écuier 
René  Brézier,  sieur  de  la  Servaude,  de  deux 
petits  logis  et  jardin.  iQignant,  d'un  bout  la 
rue  qui  conduit  de  Nantes  aux  Ghartreux, 
d'autre  bout,  la  rue  qui  conduit  du  faubourg 
Saint-André  à  la  croix  des  Chartreux,  d'un 
côté,  vers  l'occident,  La  maison  des  héritiers 
du  sieur  Landrieux,  d'autre  côté  le  jardin  de 
demoiselle...,  pour  la  somme  de  neuf  cent 
livres  en  principal  et  de  cent  livres  en  denier 
à  Dieu,  par  contrat  du  22*  octobre,  au  raport 
deGravoille,  notaire  de  la  juridiction  des 
regaires  et  de  celle  du  chapitre.  Reçu  suivant 
la  conclusion  du  28»  octobre  1699,  la  somme 
de  soixante-quinze  livres.  Cy 75//-,  -^ 

^  Cette  ruelle  désigne  probablement  la  vieille  ruelle,  Goustou,  {autre- 
jois  Saint- François),  encore  existante,  aboutissant  en  effet  de  la  Chapelle  des 
Minimes,(aujourd'hui  de  Tlmmaculce  Conception)  à  la  rue  de  Richebourg. 


70  COMPTE   DE   GESTION 

De  damoiselle  Vibonne  de  la  Haye,  veuve  de 
la  Haye,  veuve  de  mess  ire  Jacques  Mahot,  ac- 
quéreuse  d'avec  honorable  homme  Julien 
Geard  (ne  serait  pas  Gérard?)  procureur  spé- 
cial d'honorable  femme  Mathurine  Dubois, 
veuve  de  Louis  Branger  et  avec  honorable 
fille  Françoise  Tripon.d'un  iardin  situé  au  fau- 
bourg Saint-Simiiien,  ioignant,  d*un  côté  et 
d'un  bout,  ladite  acquéreuse,  d'autre  côté,  de 
la  chapelle  possédée  par  le  sieur  Bureau^, 
d'autre  bout  le  iardin  de  la  veuve  Gigonneau, 
pour  la  somme  de  quatre  cent  livres,  par  con- 
tractdu  22«  décembre  1699,  au  raport  d'Allou, 
notaire  royal.  Reçu,  la  conclusion  capitulaire 
du  4*  janvier  1700  la  somme  de  cinq  livres.  Cy.        35//^.  monnaie. 

De  M.  René  d'Achon.  procureur  syndic  de 
la  Communauté  de  Ville,  acquéreur  d'avec 
damoiselle  Marianne  Biton,  d'une  maison  et 
jardin  citué  au  faubourg  Saint-Clément,  ap- 
pelé l'Hermitage,  ioignant  d'un  cr>té,  le  logis 
du  sieur  de  la  Ville  aux  blancs  Coucaud, 
d'autre  côté,  le  logis  de  la  Chapelle  des  Macé, 
d'un  bout,  par  derrière,  plusieurs  jardins, 
appartenant  au  sieur  Minier,  Gervant  et  autres 
et.  d'autre  bout,  par  le  devant,  la  rue  qui  con- 
duit de  Saint-Glément  à  Saint-André,  pour  la 
somme  de  dix  neuf  cent  quatre  vingt  dix  huit 
livres,  par  contrat  du  sixième  de  mars  1700. 
au  raport  de  Petit,  notaire  royal.  Reçu,  sui- 
vant la  conclusion  capitulaire  du  10«  de  mars 
1700,  cent  vingt  cinq  livres.  Gy 125yf ,  — 

De  noble  homme  Jean  Pavagot  (Pavageau) 
et  femme  acquéreur  d'avec  Pierre  Lorideau, 
Ecuier,  sieur  de  la  Poissonnière,  de  la  maison 


'  On  voit  figurer  en  1708  sur  les  registres  paroissiaux  de  Saint-Similien, 
l'acte  de  décès  de  Jean  Bureau,  prêtre  et,en  1705  celui  de  Julien  Bureau^ 
également  prêtre.  Il  est  donc  permis  d'induire  que  ces  deux  frères, 
prêtres  de  chœur  tous  deux,  à  Saint-Similien,  vivaient  ensemble,  non  loin 
de  cette  église  et  avaient,  en  leur  logis  commun,  la  chapelle  privative 
dont  il  est  question.  (Note  de  M.  Clermont). 


COMPTE  DB    GESTION  71 

et  dépendance  de  la  Nobiiière^  située  en  la  pa- 
roisse de  Sainte-Luce,  consistant  en  maison 
principale,  logements,  jardins,  prés,  vignes, 
bois  de  haute  futaye,  cernoyée  de  murailles, 
une  bouderie  (probablement  buanderie)  et 
iéterie  (sic),  joignant  l'entrée  de  ladite  mai- 
son, un  pré  appelé  la  Cotinellerie,  la  pièce  de 
terre  de  la  Gotinellerie,  la  vigne  de  la  Gotinel- 
lerie,  la  gaignerie  de  la  Nobilière.  autre  pièce 
de  terre>  partie  labourable,  partie  en  vigne, 
avec  deux  journaux  de  terre  en  la  gaignerie 
de  Landes,  le  tout  entre  terres  appartenantes 
cy-devant  au  feu  sieur  de  la  Fresnaye  Savari, 
la  tenue  des  Masures,  les  Landreaux,  le  che- 
min de  la  Chobeletière.  conduisant  à  la  gai- 
gnerie des  Landes  et  terres  de  la  Bruinière, 
pour  la  somme  principale  de  six  mil  deux 
cent  livres  et  pour  trois  cent  livres  de  pot  de 
vin,  par  contrat  du  18  mars  1700,  au  raport 
de  Lalande,  notaire  royal.  Reçu^  suivant  la 
conclusion  capitulaire  du  22  mars  1700,  la 
somme  de  cinq  cent  quarante  et  une  livres, 
treize  sols,  quatre  deniers.   Gy.     .     .     .     .     5417/^,13",  4**    monnaie. 

De  Mou'  Saint-Pierre  Boulonnais,  procu- 
reur au  Présidial  de  Nantes,  acquéreur  d'avec 
dame  Marie- Anne  Le  Loup,  veuve  de  Messire 
François  Descartes,  d'une  maison  située  en  la 
haute  rue  du  Château  de  Nantes,  entre  la 
maison  de  messire  de  Lorières  Gornulier  et 
celle  du  sieur  Paulo.  d*un  côté  la  maison  des 
héritiers  du  feu  sieur  Touronne,  d'autre  côté, 
Tenclos  des  Carmélites,  par  derrière,  pour  la 
somme  de  sept  mil  livres,  par  un  billet  seig 
(seing)  privé,  fait  entre  M*  Pierre  Favreau, 
notaire  royal  de  Clisson,  comme  procureur 
spécial  du  dit  Boulonnais  et  la  dite  dame 
Marie-Anne  Le  Loup.  Reçu  suivant  la  conclu- 
sion capitulaire  du  2  décembre  1699,  la  somme 
de  cinq  cent  quatre-vingt-trois  livres  par 
commandement  sur  le  receveur  de  la  (irande 
bourse^  en  date  du  2*  juin  1700,  ordonné  par 


72  COMPTE   DE   GESTION 

le  chapitre,  pour  faire  la  distribution,  attendu 
que  pareille  somme  de  cinq  cent  quatre-vingt- 
trois  livres  estentrée  par  compensation  dans 
le  payement  du  mémoire  des  frais  du  dit  Bou- 
lonnais présenté  au  chapitre,  Cy 583 /f,  moniiPi. 

De  misslre  François  Papion,  recteur  de 
Sainte-Luce,  acquéreur  de  deux  contrats,  Tun 
d*avec  Pierre  Nau  et  Julienne  Rétière,  sa 
femme,  d'un  logis  et  jardin  situé  au  village  de 
L*angle  en  Sainte-Luce,  avec  plusieurs  can- 
tons de  prés  et  de  terres  labourables  en  la^ 
dite  paroisse,  pour  la  somme  de  deux  cent 
dix  livres,  par  le  contrat  du  4«  may  1699,  au 
rapport  de  messire  Grégoire,  notaire  royal. 
L'autre  acquêts  fait  par  le  recteur,  d'avec  Ju- 
lien Vilette  et  Mathurine  Meni,  sa  femme, 
d'une  maison  et  jardin  situé  au  village  de 
Maltierre,  en  la  dite  paroisse,  de  deux  cent 
livres  par  contract  du  9»  août  1699,  raporté 
par  le  dit  Grégoire.  Reçu  suivant  la  conclu- 
sion capitulaire  du  3®  septembre  1700,  la 
somme  de  trente-neuf  livres,  trois  sols,  quatre 
deniers  tournois,  Cy 39^,  3%    4*    — 

De  noble  et  discret  missire  Pierre  Bérard, 
chanoine  de  TEglise  Collégiale  de  Notre-Dame 
de  Nantes,  acquéreur  d'avec  honorable  per- 
sonne Jean  Bouré  et  Jeanne  Dubreil  sa  femme, 
d'une  maison  et  cour  au  derrière,  située 
proche  et  au  delà  de  la  barrière  de  Saint*  Clé- 
ment, entre  le  logis  du  Chapeau  Rouge  et  la 
maison  d'honorable  homme  Jean  Philibert, 
pour  la  somme  de  mil  livres,  par  contract  du 
18*  de  septembre  1700,  au  rapport  de  Gendron, 
notaire  royal.  Reçu  suivant  la  conclusion  ca- 
pitulaire du  6"  octobre  1700,  la  somme  de 
quatre-vingt-deux  livres.  Cy 82#,  — 

D'honorable  femme  Marie  Perottin,  veuve 
d*Henry  Fumet,  acquéreuse  d'avec  M« 
Jacques  Barieu,  et  dame  Marie  Grau  tel,  son 
épouse,  d'une  maison  faisant  le  coin  de  la 
grande  rue  et  de  celle  de  Saint-Gildas,  située 


COMPTE   DE   GESTION  73 

en  la  paroiste  de  Saint-Lorent,  entre  la 
maison  du  sieur  Formon  et  celle  des  Serpen- 
tines, pour  la  somme  de  cinq  mil  livres,  par 
contract  du  2*  octobre  1700,  au  raport  du  Gen- 
dron,  notaire  royal,  R^çu,  suivant  la  conclu- 
sion capitulaireduS*  octobre  1700,  la  somme 
de  trois  cent  trente  livres  tournois.  Gy.     .     .      330/^,  monnaie 

Distributions  de  la  somme  de  cent  trente 
livres  tournois,  receu  pour  le  pot  de  vin  de  la 
ferme  des  dixmes  du  chapitre,  en  Assérac, 
raportéepar  Gendron.  notaire  royal,  le  13®  dé- 
cembre 1703^  conformément  la  conclusion  de 
ce  jour.  Gy 130 /f,  — 

Distribution  faitte  à  Messieurs  du  Ghapitre, 
de  la  somme  de  vingt-cinq  livres  dix  sols,  pro- 
venant du  denier  adieu  de  la  ferme  de  Sautron, 
aia^gée  à  M .  le  recteur  de  Sautron^  pour  la 
somme  de  deux  cent  livres.  Gy 257/^,  10«,  — 

De  M*  Aubin  Gendron,  procureur  Prési- 
dial  de  Nantes,  adjudicataire  d'une  maison, 
magasin  et  jardin  le  ioignant,  cituée  à  Ri- 
chebourg,  entre  maison  et  jardin  appartenants 
au  sieur  Gharon,  d'un  côté,  et,  d*un  autre 
côté,  autre  maison  et  iardin  appartenant  aux 
héritiers  de  feu  messire  de  Ghamcartier,  les- 
quels héritages  lui  auraient  été  aiagés  à  la 
juridiction  du  chapitre,  le  21  janvier  1701, 
pour  la  somme  de  quatre  mil  cinq  cent  dix 
livres,  ayant  été  exposée  en  vente  par  M'* 
Pierre  Bouchaud,  procureur  fiscal,  comme 
dépendant  de  la  succession  de  feu  sieur 
Gauvre  la  Merse 

Et  par  autre  part,  de  la  somme  de  trois  cent 
soixante-quinze  livres,  aiagée  au  Ghapitre,  le 
10  de  février  par  sentence  de  la  même  juridic- 
tion pour  lots  et  ventes  de  Tacquets  des  héri- 
tages, faite  par  le  dit  sieur  Gauvre  la  Merse, 
d'avec  le  sieur  Goignaud.  Reçu  le  tout,  con- 
formément delà  conclusion  du  14  février  1701, 

^  Missire  André  Hubert  le,  recteur  de  Sautron  de  i68S  |  1713. 


74  COMPTE  DE   GRSTION 

en  deux  parcelles,   ià  somme  de  neuf  cent 

trente-huit  livres,  3  sols,  un  denier.   Gy.     .    938#,  3%    !•*  monnaie. 

De  noble  et  discret  missire  Pierre  Bérard, 
chanoine  (^o  l'Ëglise  Collégiale  de  Notre-Dame 
de  Nantes,  acquéreur  d'avec  honorable  homme 
Nicolas  Macé.  tanneur  et  Anne  Mériais,  sa 
femme,  do  co  qui  leur  appartient  d'une  mai- 
son cituéc  au  faubourg  de  Saint-Glément, 
près  la  bariëre,  ioignant,  d*un  côté,  la  maison 
du  Chapeau  Rouge,  d'autre  côté  les  héritiers 
de  Claude  Auvry  et,  par  derrière,  les  reli- 
gieuses de  la  Visitation',  pour  la  somme  de 
cinq  cent  livres,  par  le  coi^trat  du  2*  mars 
1701.  ReQU>  suivant  la  conclusion  du  9  mars 
1701,  la  somme  de  quarante  livres  tournois. 
Cy 40#,  — 

De  Pierre  Racineux  et  Julienne  Gaillard,  sa 
femme,  acquéreurs  d'avec  noble  homme  Fran- 
çois Le  Breton  et  Marie  Michet  du  mesme 
(c'est-à-dire  Le  Breton),  sa  femme,  de  trois 
apartements  de  maison,  cituée  en  la  ruelle 
conduisant  de  l'Eglise  de  Minisme,  à  Riche- 
bour-.  entre  le  sieur  de  la  Rigolerie  Forêt  et 
le  jardin  de  l'H  couronné,  pour  la  somme  de 
quatorze  cent  livres  en  principal  et  de  vingt 
cinq  livres  dix  sols  de  denier  è  Dieu,  par  con- 
tract  du  26*'  f ouvrier  1701,  au  raport  de  Bi- 
geau,  notaire  royal.  Reçu,  suivant  la  conclu- 
sion du  9'^  mars,   la  somme  de  cent  soixante 

dix  huit  livres  tournois.  Cy 178^,  — 

Distribution  de  la  somme  de  quatre  cent 
livres  tournois,  pro venue  de  la  succession 
d*fiustache  Le  Prince,  décédé  sans  héritiers 
au  faubourg  de  Richebourg  sous  le  fief  du 
Chapitre,  laquelle  leur  est  échue  par  droit  de 
désérance,  par    composition  faitte    avec   la 

1  Le  Chapeau  Rouge,  en  Saint-Clément,  existe  encore  de  nom  au  n*  45 
de  cette  rue  et  confinait  autrefois  avec  Tenclos  de  la  Visitation  (at^ur- 
d'hui  caserne)  4ûnt  la  façade  donne  et  longe  la  rue  neuve  Gambetta. 

-  Il  s'agit  encore  ici  de  la  rue  Coustou,  actuelle,  déjà  mentionnée. 


COMPTE   DE   GESTION  (O 

veuve,  suivant  l'acte  raporté  le ,  par  Gen- 

dron,  notaire  royal,  pour  ce  qui  en  seroit  dû, 
après  le  décès  de  la  veuve,  sur  une  maison 
par  eux  acquise  pendant  leur  communauté, 
dont  ils  ont  payé  le  principal  et  sur  deux 
cents  livres^  qu'ils  auroient  encore  payé  à 
valoir,  sur  une  autre  maison  par  eux  acquise, 
les  dites  deux  maisons  cituées  au  faubourg  de 
Richebourg,  le  tout  pour  ce  qui  regarde  la 
succession  abandonnée  et  sans  préjudice 
d'autres  droits  seigneuriaux,  suivant  la  con* 
clusion  capitulaire  du  !•' jour  d'avril  1701.  Cy.      400#,  monnaie. 

Distribution  de  la  somme  de  deux  cent 
trente  et  deux  livres,  quatre  sols,  un  denier, 
restés  entre  mes  mains  comme  chanoine 
syndic,  tant  pour  Taresté  de  compte  rendu 
par  les  tiers  tiers  de  missire  Haugoumard, 
chanoine»  pour  quatre  années  finies  à  la  fête 
de  Toussaint  1684,  que  de  payement  fait  par 
le  sieur  Libeau,  pour  la  moitié  de  l'exécution 
obtenu  contre  luy  et  les  consorts  héritiers  de 
feu  M*  Granget,  le  tout  suivant  la  con- 
clusion du  îi2«  avril  1701,  la  somme  de.     .     .      232 /A,  4»,    1**    — 

Des  dames  religieuses  Carmélites  de 
Nantes»  acquéreuses  d'avec  noble  gens  Henry 
Gouin  et  Etienne  Gouin,  passant  tant  pour 
eux  que  pour  Anne  Gouin,  veuve  de  Jacques 
Gouin^  d'une  maison  cituée  dans  la  rue  du 
Château,  entre  la  maison  des  deux  derniers 
maires  chapelains  et  celle  de  M*  Pierre  Bou- 
lonnais, pour  la  somme  de  cinq  mil  cent 
livres,  par  contract  du.  Cy 425 #,  — 

Distribution  de  la  somme  de  quatre  livres, 
provenue  de  l'absence  de  M*-  l.e  Bigot,  en 
déports  des  lots  et  ventes  de  deux  petits 
logis  acquis  par  François  Benoist,  jardinier 
et  Françoise  Talvard,  sa  femme.  -  Plus  la 
somme  de  neuf  livres  provenant  de  lots  et 
vente  d'un  logis  citué  à  Richebourg  aiagé  à 
messire  Louis  Chesmau  sieur  de  la  Guit- 
tonnais.  Plus  la  somme  de  trente  cinq  livres 


76  COMPTE  DE   GESTION 

sept  sols,  pour  ce  qui  revient  au  dit  sieur 
Le  Bigot,  de  ses  distributions,  depuis  le  1" 
jour  de  novembre  1699,  jusqu'au  26  de 
décembre,  suivant  lesquelles  les  trois  par- 
celles font  la  somme  de  quar^tute  huit  livres 
sept  sols.  Cy 48#,  7%      monnaie. 

De  messire  Jean  Tousé,  Ecuier,  sieur  de 
Boloré,  conseillier  du  Roj',  auditeur  de  sa 
chambre  des  comptes  de  Nantes,  acquéreur 
d*avec  les  dames  religieuses  Carmélites,  de 
Nantes  d'une  maison  cituée  en  la  Haute  rue 
du  Château,  entre  les  maisons  des  deux 
nouvelles  Maires  Chapelles  et  celles  de 
M«  -Pierre  Boulonnais,  procureur,  pour  la 
somme  de  cinq  mil  livres,  par  contract  du 
9«  jour  de  juillet  1701,  au  raport  Le  Pelletier, 
notaire  Royal  et  Le  Breton,  régistrateur. 
Reçu,  suivant  la  conclusion  du  13®  juillet, 
1701,  la  somme  de  trois  cent  cinquante  livres 
tournées.   Gy.     . 350#,  — 

De  Jean  Pineau^  boulanger  et  Dienne 
Faucilion,  sa  femme,  acquéreurs  d'avec 
Perrine  Richard,  veuve  de  François  Poinçar. 
d'une  maison  et  jardin  et  autre  dépendance, 
cituées  au  faubourg  de  Saint-Clément, 
ioignant,  d'un  côté  la  maison  de  Michel 
Dubreil,  veuve  Minier,  et  d'autre  côté,  la 
maison  de  la  veuve  Ecoté,  d'un  bout,  le 
jardin  du  sieur  d'Achon,  pour  la  somme  de 
deux  mil  cinq  cent  livres  par  contract  du 
!•'  août  1701.  au  raport  de  Le  Pelletier  ieuno 
notaire  royal  et  Petit,  notaire  royal,  régis- 
trateur. Reçu,  suivant  la  conclusion  capitu- 
laire  du  10»  août  1701,  la  somme  de  deux  cent 
huit  livres,  six  sols.  Cy 208 /A,  6",  — 

Nota,  —  D'honorable  homme,  Jean  Rotu- 
reau,  M^  Boulanger  et  Jeanne  Allaire,  sa 
femme,  acquéreur  d'avec  noble  et  discret, 
Jean  Landeau,  chanoine  de  Téglise  Notre- 
Dame,  d'une  maison,  jardin  et  dépendance, 
citué  près  le  barrau  de  Saint-Clément,   entre 


COMPTE  DE   QBSTION 


n 


110#, 


7912#,  5»     ^ 


la  maison  de  W  Jean  Perrault  et  celle  de 
la  veuve  Minier,  pour  la  somme  de  douze ^ 
cent  livres,  en  principal,  par  contrat  du  13« 
septembre  1701,  au  raport  de  Gendron,  notaire 
royal.  Reçue  pour  Lods  et  Ventes  dudit  ac- 
quest,  (voir  le  contract  d'acquest)  ;  suivant  la 
conclusion  du  30«  octobre  1701,'  la  somme 
de  cent  dix   livres 

Mises  et  dépances  faites  par  le  comptable 
pendant  les  quatre  années  du  présent  compte, 
dont  il  demande  allocation  à  Messieurs  du 
chapitre  qui  ont  gagnés  leurs  distributions 
pendant  les  quatre  années  du  présent  compte 
le  comptable  leur  a  payé  la  somme  de  huit 
mil  trois  cent  trente-huit  livres^  {nota).     . 

A  quoy  restent  le  total  de  la  recette  dudit 
temps,  des  droits  de  lots  et  ventes  des  con- 
tracts  d*8tcquets  faits  sur  le  fief  du  chapitre, 
suivant  les  déportements  et  des  distributions 
de  deniers  qu'il  représente,  au  nombre  de 
vingt-six,  tous  signés  et  garantis  de  Mes- 
sieurs les  chanoines  qni  les  ont  touchées  et 
receu  par  tous  acquêts  et  décharge  de  ladite 
somme  de  huit  mil  trois  cent  trente-huit 
livres.  Cy 8338 #, 

Pour  le  gain  du  chapitre,  pro  cessions,  saluts, 
ordinaire  des  dimanches  et  samedi,  le  dit 
comptable  a  payé  à  M^""  Les  chanoines,  la 
somme  de  deux  mille  cent  cinquante  livres, 
huit  sols,  neuf  deniers,  suivant  les  gains  et 
déportements  qu'il  représente,  au  nombre  de 
huit;  pour  les  quatre  années  du  présent 
compte,  tous  garantis  de  W*  qui  ont 
reçu.  Cy 2150#,  8« 

Pour  les  processions  qui  se  font  chacun  an 


monnaie. 


9*»    — 


'  Il  y  a  ici  erreur  manifeste  du  comptable  qui  a  inscrit  fautivement  et 
pardéfaut  d'attention,  à  ce  premier  article.  8338  y/-  au  lieu  des  7912^  5%  g*^, 
inscrits  en  marge  la  somme  qu'il  allait  inscrire  pour  le  second.  Telle  est 
la  seule  explication  possible. 


78  COMPTE    DE   GESTION 

aux  Eglises  de  Saint-Sébastien  et  Doulon*,  le 
comptable  a  payé  la  somme  de  quatorze 
livres,  pour  chacun  an  d'icelle  à  M* 
François  Baudoin,  scribe  du  chapitre  pour 
distribuer  aux  assistants  qui  viennent 
suivant  les  quittances,  qui  représente  à  la 
somme  de  cinquante  six  livres.  Cy,  pour  les 
quatre  années  du  présent  compte.     .     .     .        oOyf ,  monnaie. 

A  Messieurs  les  chanoines  qui  ont  été 
assignés  sur  cette  bourse  par  les  déporte- 
ments des  gros  fruits  du  chapitre,  faits, 
chacun  an,  la  fête  de  Toussaint,  pendant  les 
quatre  années  du  présent  compte,  le  dit 
comptable  a  payé  la  somme  de  cinquante 
deux    livres    quinze  sols 52//^,  15%         — 

Pour  certains  menus  frais  ordinaires, 
acquittés  par  chaque  année  par  le  dit 
comptable,  soit  pour  musiciens,  passajit  ou 
autres,  le  dit  comptable  a  payé  par  ordre  du 

chapitre  la  somme  de (Nota,  il  manque  un 

extrait)  pendant  les  quatre  années  du  présent 
compte,  suivant....  extraits,  de  conclusion 
capitulaire,  signée  par  ordonnance  du  cha* 
pitra,  François  Baudoin*. 

Pour  la  distribution  de  messes  de  Requiem 
à  Note  (chantées)  ou  autre  fériés  non  fondées, 
suivant  Taresté  du  chapitre,  le  comptable  a 
payé  au  scribe  pour  distribuer  aux  choristes 
qui  ont  assisté,  la  somme  de  267  livres  d*outil 
présente   acquit 267yf,  — 

Le  comptable  a  payéfi  Bournigal,  serrurier, 
la  somme  de  deux  cent  vingt  deux  livres 
contenue  on  ses  deux  mémoires  arrestés  par 
ordre  du  Chapitre  dont  il  demande  allocation.      322#,  — 

*  Les  deux  pèlerinages  de  Saint-Sébastien,  d'Aigne-lez,  Nantes  et  de 
Doubon,  surtout  le  premier,  étaient  très  populaires  dans  tout  le  diocèse. 
On  venait  à  Saint-Sébastien  jusque  de  la  Roche- Bernard,  alors  de 
Nantes.  Celui  de  Saint-Médard  de  Doubon,  se  bornait  à  la  ville  de 
Nantes  et  en  particulier  au  Chapitre.  A  Taller  et  au  retour,  on  faisait 
station  à  la  Chapelle  de  Notre-Dame  de  Toutes-Aydes  aujourd*hai 
paroisse. 

*  Cette  omission  n*est  pas  imputable  au  comptable. 


COMPTE   DE   GESTION  79 

Le  Comptable  a  payé  à  Douiliard.  maître 
charpentier»  la  somme  de  cent  vingt  neut 
livres,  dix  sols,  suivant  son  mémoire,  prix 
fait  et  arresté  par  les  Commissaires  du  Cha- 
pitre, y  dénommés  pour  les  réparations  du 
moulin,  dont  il  demanda  allocation.     .     .     .       129//-,  10*,       monnaie. 

Le  Comptable  a  payé  à  missire  Tabbé  Barri  n, 
chantre  (il  s'agit  ici  de  la  dignité  de  Grand- 
Chantre)  et  chanoine,  la  somme  d*onze  livres, 
cinq  sols,  pour  les  causes  mentionnées  au 
mandement  du  7  mars  1701,  dont  il  demanda 
allocation.    Cy liy/^,  .V.  — 

Le  Comptable  a  payé  aux  Collecteurs  de  la 
paroisse  de  Saint-Clément,  quatorze  livres  à 
quoy  le  Chapitre  s'est  taxé  volontairement, 
pour  les  causes  y  mentionnées  dans  la  quit-        j 
tance,  dont  il  demande  allocation.  Cy.     .     .        uy/,  — 

Le  Comptable  a  payé  à  Nicolas  Bouteille, 
massoii,  la  somme  de  soixante  et  une  livres, 
cinq  sols,  contenue  dans  deux  mémoires. 
Quittances  pour  les  réparations  de  Beaulieu 
et  de  Carquefou,  dont  il  demande  allocation.        61 /A,  5*,  — 

Plus  a  payé  à  Landeau.  charpeatier,  la 
somme  de  soixante  neuf  livres,  1 3  sols  pour  sept 
cent  dix  huit  pièces  de  tins\  dans  le  celier  et 
grange  de  Saint-Sembin  (Saint<Similien),  sui- 
vant la  quittance  et  reconnaissance  des  fer- 
miers, qui  s'en  sont  chargés,  dont  il  demande 
allocation,  plus  huit  livre  pour  refoncer  et 
relier  les  cuves  tout  à  neuf,  de  bon  cercle.  Les 
deux  sommes  ensembles,  revenant  à  celle 
de  soixante  dix  sept  livres  treize  sols^.  Cy.     .        77  #,  13%  — 

Le  Comptable  a  payé  à  M'  de  la  Haut3- 
Forest  Mouillard,  la  somme  de  cinquante 
livres,  que  Messieurs  du  Chapitre  ayant  accor- 
dez suivant  laquittance  de  24  mars  1701,  dont 
dont  il  demande  allocation.   Cy 50  yf,  — 

1  Tins,  bois  que  l'on  place  dans  les  caves  aux  celliers  pour  étayer  et 
soutenir  les  tonnes  et  barriques. 

-  Les  77'  1 3*  d*abord  inscrits,  régulièrement,  en  marge,  sur  le  manus- 
crit, ont  été  grattées  ensuite  par  lauteur  et  remplacées  fautivement  par 

781,  ^3^ 


80  COMPTE  DE   GESTION 

Le  comptable  a  payé  à  Landeau,  charpan- 
tier,  la  somme  de  soixante  et  huit  livres,  con- 
tenue dans  son  mémoire  et  quittance,  de  la 
besonne  (besogne)  qu*il  a  fait  à  la  Demerye 
et  pressoir  de  Carquefou  par  ordre  de  Mes- 
sieurs du  chapitre;  marché  fait  avec  luy,  dont 
le  comptable  demande  allocation.  Gy.     .     .        68 #,  monnaie. 

Le  comi^table  a  payé  à  M.  Verrier,  M"" 
charpantier,  un  mémoire  arrestépar  missire  t 
du  Verger  Bigot,  chanoine,  la  somme  de  dix- 
huit  livres,  neuf  sols,  six  deniers,  pour  les 
ouvrages  y  contenus,  dont  il  demande  allo- 
cation. Cy 18#,  9s   6-*    — 

Le  comptable  a  payé  à  Pierre  Chesneau, 
maçon,  la  somme  de  quatorze  livres,  pour 
avoir  démoly  dan|i  la  cuve  des  lieux  communs 
de  la  maison  de  Tancienne  Psalette,  es  remas- 
sonné  à  chaux  et  simens  la  boite  qui  estoit 
creusé  et  dont  la  matière  sortait  dans  les 
caves,  suivant  sa  quittance  du  19*>  octobre 
1699,  dont  il  demande  allocation 14/^,  — 

Le  comptable  a  payé  à  Julien  Greté,  la 
somme  de  cinquante  deux  livres,  seize  sols 
pour  avoir  nettoyé  les  lieux  commune  du  Lo- 
gis neuf  de  l'ancienne  Psalette,  selon  sa  quit- 
tance du  10«  octobre  1699,  plus  trente  sols  à 
Groilard,  sonneur,  pour  y  avoir  descendu  et 
voir  le  toisage.  Fait  la  somme  de  cinquante- 
quatre  livres  six  sols,  dont  il  demande  allo- 
cation. Cy 54#,  6%  — 

Le  comptable  a  payé  aux  Chesneau,  maçons, 
la  somme  de  quinze  livres,  pour  avoir  fait  des 
amortissements  aux  cheminéez  du  logis  de 
l'ancienne  Psalette,  pour  empescher  la  fuinée 
suivant  la  quittance  du  23  mars  1701,  'dont 
il  demande  allocation.  Cy 15#,  — 

Le  comptable  a  payé  la  somme  de  cinquante 
livres  pour  la  couverture  des  logemens  de 
Beaulieu  et  du  pressoir  de  Saint-Sembin,  sui- 
vant là  quittance  du  10«  octobre  1700,  dont 
il  demande  allocation    Cy 59#,  — 


COMPTE   OB  OSmON  ,  Bl 

Le  comptable  a  payé  à  Verrier,  charpantier 
la  somme  de  sept  livres,  neufs  sols,  six  deniers^ 
pour  le  mémoire  arresté  de  missire  Le  Bigot 
et  pour  Tancienne  Psallette,  dont  il  demande 
allocation,  Cy .        7y/,  9%  ô'"  monnaie. 

Le  comptable  a  payé  à  M^  Louis  Hugues 
Le  Provcnça.1,  menuisier,  la  somme  de  deux 
cent  vingt  livre  pour  les  armoires  qu'il  a  fait 
dans  les  archives  suivant  son  marché  arresté 
au  chapitre,  le  9  mars  1700,  de  laquelle 
somme  il  demande  allocation.  Cy.     .        .     .    220^,  mm 

Le  comptable  a  payé  au  sieur  Gendron  et  Le 
Courbe  notitires  royaux,  la  somme  de  dix  sept 
livres  dix  sols,  pour  les  vaccations  de  Tactc 
fait  au  Sanitat,  fait  entre  M'»  du  Chapitre 
et  le  lieutenant  général  de  police,  au  sujet 
de  la  préséance  au  sujet  de  la  loterye  des 
pauvres,  comme  il  est  convenu,  dont  il  de- 
mande allocation. 17y/-,10"  — 

Le  comptable  a  payé  à  M»  Verrier, 
charpentier,  la  somme  de  vingt  six  livres 
deux  sols  pour  le  pilier  qui  est  dans  le  cha- 
pitre et  autres  articles  contenus  dans  son 
mémoire,  dont  il  demande  allocation.  Cy.     .      2GH',  Z\  — 

Le  comptable  a  payé  une  somme  de  trois 
livres  15  sols  à  Landeau,  pour  le  pavé  et 
ferrure  de  la  barrière  de  la  desnerye  de  Saint- 
Sembin  dont  il  doma'^de  allocation.  Cy.     .     .        dH-,  15",  — 

Le  comptable  a  payé  cinq  livres  à  Nicolas 
Bouteille,  maçon,  pour  avoir  reparé  la  tuil- 
leryc  de  couverture  sur  le  cellier  de  Saint- 
Sembin,  dont  il  demande  allocation.   Cy.     .         o/^,  *— 

Le  comptable  a  payé  à  Hugue  Le  Provançal, 
menuisier,  la  somme  de  cinquante  sept  livres 
cinq  sols  pour  les  abats  vent  et  croisée  du 
chapitre  plus  neuf  cent  dix  neuf  livres,  dix 
sols  à  un  peintre  pour  les  peindre  de  deux 
couches  en  huille,  lesquelles  sommes  font 
soixante  six  livres,  quinze  sols,  dont  il  de-  . 
mande  allocation.    Cy.     .*..•...        6eiy/,15»,  — 

Le  comptable  a  payé  à  M"  Cerbon,  pro- 

TOMKXVI.  —  DOCUMENTS.  —  XVI*  ANNÉE,   ll^-l^^  LIV 


êZ  GOMPTR   Dis   Gh:8TI0N 

cureur,  la  somme  de  huit  livres,  pour  les 
frais  et  vacation  de  son  mémoire,  dont  il  de- 
mande allocation.    Cy.     ......     .  Sff,  moanaie 

Le  comptable  a  remboursé  à  missire  Le. 
Bigot»  chanoine,  huit  livres  pour  le  pputeau 
du  pressoir  qu*il  a  fait  mettre  à  Saint  Sambin, 
suivant  la  quittance  dont  il  demande  alloca- 
tion. Cy:   huit  livres. 8^.  — 

Le  comptable  a  payé  la  somme  de  six  livres 
.  pour  avoir  fait  faire  le  pavé  qui  est  entre  le 
pressoir  et  TE^lise  de  Saint-Sambin,  pour 
empêcher  les  eaux  qui  perse  la  muraille  du 
pressoir  et  pour  pouvoir  entrer  et  sortir  le 
yin  du  pressoir,  dont  il  demande  allocation, 
suivant  la  quittance  de  Louis  Duvaud.   Cy.         Oy^,  — 

Le  ^comptable  a  payé  à  Mathurin  Marion 
maître  menuisier,  par  ordre  du  chapitre,  sui- 
vant la  quittance  du  9«  juin,  1700  signé  Bau- 
doin,la  somme  de  sept  livres,dont  Û  demande 
allocation.  Cy 7y^,  — 

Le  comptable  a  payé  à  la  veufve  3ertin  la 
somme  de  soixante-cinq  livres,  huit  sols,  six 
denierSjpour  les  fournitures  qu'elle  a  fournye  ' 
au  fermier  de  Carquefou,  pour  Tordre  du 
chapitre,  au  désir  de  la  quittance  du  23^  fé- 
vrier 1701,  dont  il  demande  allocation.  Cy.     .        ^>-'^y/,  8",    6<*    — 

Plus  lé  comptable  a  envoyé,  par  l'ordre  du 
chapitre,  à  M.  Bridou,  haute  contre^,  demeu- 
rant à  Saint-Malo,  vin^t-et-une  livres,  trois 
sols  pour  son  voyage  à  venir  à  Nantes,  pour 

rentrer  à  Saint-Pierre,  suivant  son  receu  du 

5-  oiîtoÉre  1701.1  Cy 21/^.   3«, 

-Le  comptable  a  payé,  en  deux  mémoires  de 
M.  Le  Bigot,  chanoine,  qui  a  arresté  les  dits 
mémoires,  tant  pour  Beaulieu  que  ports  de- 
lettres,  qu'il  a  payés,  la  somme  de  quinze 
livres,  dix  sols, dont  il  demande  allocation.  Cy.        l?^yf .  10%  ^ 

Le  comptable  a  payé;  en  deux  mémoires 


^  11  s'agit  ici  évidemment  d'un  Chantre,  qu'on  avait  fait  venir  à  l'essai 
de  Saint-Malo  pour  la  cathédrale. 


COMPTE  OB   GESTION  '     $3 

quittancez  à  Imber  Ralncé,  couvreur,  la 
somme  de  vingt  livres,  treize  sols^  pour  les 
ré|»arations  de  la  couverture  de  Garquefou  et 
de  la  maison  du  chapitre,  devant  le  séminaire 
dont  il  demande  allocation.  Cy 20//^,  13%       nTnnaic. 

Le  comptable  a  payé  à  M.  Gendron»  notaire 
la  somme  d*onze  livres  trois  sols  pour  Tact^ 
d*accord  d'avec  le  sieur  Guerineau,  pour  les 
dixmes  de  Saint-Donatien  et  pour  les  extraits 
des  livres  de  visitte  de  missire  des  Jonchères' 
pour  une  procure  pour  la  charge  des  déci« 
mes  à  M*  Le  Doyen  et  un  autre  à  M« 
Fourré,  dont  il  demande  allocation.  Gy.     l       II  y/,  3%  ^    • 

Le  comptable  a  payé  à  Landeau,  charpen- 
trer>  la  somme  de  cinquante-cinq  livres,  qua* 
torze  solSf  pour  la  réparation  de  la  tenue  de 
Beaulieu,  au  désir  de  son  mémoire  quittance 
dont  il  demande  allocation.  Cy..    .     .     .     .       55//,)i\  - 

Le  comptable  a  payé  trois  livres  pour  deux 
mémoires  quittances  de  réparations  de  vitres 
et  Mes  planches  aux  lieux  communs  de 
M"»  d'Elva,  dont  et  demande  allocation.  Cy.         3y^.  — 

Plus  le  comptable  a  payé  vingt  cinq  livres 
pour  avoir  fait  netoyér  les  lieux  communs  de 
la  mesme  maison,  à  vis  le  Séminaire,  apparte- 
nant «u  chapitre  dont  il  demande  allocation. 
Cy 25/f,  - 

Le  comptable  a  payé  &  Duchesne  pour  ne- 
toyér la  cuve  des  Lieux  Communs  des  logis 
proche  la  Nouvelle  Psalette,  où  demeure  M. 
Tabbé  Barin,  cent  vingt  six  livres,  huit  sols, 
suivant  le  marché  et  la  quittance  dont  il  de- 
mande allocation.    ...••.....      126yf,  "-»,  — 

>  Missire  Couppet'ie  des  Jonchères  fut  archi-dîacre  de  la  Mée,  de  i663 
à  1702. 11  devait  être  neveu  d^autre  Coupperie.  (Pierre)  qui  Tavait  précédé 
'dan$-la  même  charge,  de  i63a  à  i663,  date  de  sa  mort  et  arrière  grand 
oncle  de  missire  Henri,  Jean-François  Coupperie  du  Portereau.né  à  Vertou 
en  1781 ,  prêtre  vers  1756  (docteur  en  théologie).  Emigré  en  Angleterre, 
puis  en  Allemagne,  après  avoir  été  curé  de  Vallet  de  1758  à  1791  clian. 
hon.  en  i8o3 1  18x6.  ' 


84  ,  GC'MPTB   OR    ObSTION 

Plus  pour  la  mesme  maison,  près  la  nou- 
velle Psalette,  le  comptable  a  payé,  pour  les 
trois  mémoires  de  réparations,  la  somme  de 
neuf  livres»  onze  sols,  dont  se  demande  allo- 
cation. Cy ',    ■•^^*     •     •  9/f,  11»,      monnaie. 

Le  comptable  a  payé  la  somme  de  sep  lirres 
dix  sols,  pour  le  ballet  que  M.  du  Verger  Bi- 
got fit  faire  dans  la  cour  de  derrière  du  petit 
logis  de  Sala  un,  pour  détourner  les  eaux  qui 
perçaient  la  muraille  de  sa  cuisine  de  M"*  de 
la  Beirye.  au  logis  deTancien  Psalette,  dont  il 
demande  allocation.  Cy. 7/;^,  10%  — 

Le  comptable  a  payé  la  somme  de  six  livres 
dix  sols  à  Couturier,  vitrier,  pour  réparation 
de  vitre  à  la  maison  de  Carquefou,  suivant 
son  mémoire  quittance,  dont  il  demande  allo- 
cation. Cy Ç.it  10',  — 

Le  comptable  a  pay^  six  livre  pour  avoir 
fait  faire  une  porte  neufve  à  son  jardin,  qu'il 
vient  de  fermer  et  par  permission  du  Chapitre, 
dont  il  demande  allocation.  Cy e#,  — 

Le  comptable  a  payé  à  M,  Boulon naye,  pro- 
cureur, la  somme  de  douze  livres  pour  frais 
de  Taffaire  des  héritiers  de  M.  Granges,  sui- 
vant la  quittance  dont  il  demande  allocation. 
Cy 12#,  — 

Le  comptable  a  payé  à  Angers,  à  M.  Rouillé, 
cinq  livres  huit  sols,  pour  la  copie  de  la  sen- 
tance  arbitrable  rendue  entre  les  dignitez 
de  Nantes  et  le  chapitre,  le  17  juillet  165U 
dont  on  avait  besoin,  selon  sa  lettre  missive... 
et  forme  de  quittance,  dont  il  demande'allo- 
cation.  Cy .,   ..   .,         5#,8S  — 

Plus  le  comptable  a  payé  à  M"«  de  la  Roche- 
Saint-André,  deux  livres,  pour  rembourse- 
ment  de  réparation  qu'elle  a  fait  faire  où  elle 
demeure,  dans  le  grand  logis,  d'une  marche 
suivant  sa  quittance  dont  il  demande  alloca- 
tion. Cy. 2#,  ^ 

Le  comptable  a  payé  à  M»  Gendron,  no- 
taire^ la  somme  de  vingt  et  une  livres,  douze 


COMPTE  DS   GESTION  85 

âols  pour  la  vacation  et  controlles  de  fran- 
chises, faits  par  Messieurs  du  Chapitre,  Tun  à 
M"»«  de  la  Roche  Avril,  un  autre  à  M»**  de 
Courseille,  un  autre  à  messire  d'£spinoze, 
suivant  sa  quittance  du  13*  septembre  1608, 
dont  il  demande  allocation .    Cy 51^,12»,       monnaie. 

Le  comptable,  a  payé  à  Julien  Crété,  la 
somme  de  trente  six  livres,  pour  avoir  netoyé 
les  lieux  communs  de  la  maison  de  SalaUn, 
rue  des  Carmélites,  suivant  la  quittance  du 
16*  juin  1701,  dont  il  demande  allocation.     .        30 /f. 

Le  comptable  a  payé  la  somme  de  cinq  livres 
pour  un  mémoire  de  couverture  d'un  débris 
de  cheminée,  sur  le  grand  logis  de  Tancienne 
Psalette, dont  il  demande  allocation.     ...         5//,  — 

Plus  le  comptable  a  payé  pour  les  saoqs  de 
toille,  qu'il  a  fait  faire  par  ordre  du  Cha- 
pitre pour  mettre  plus  commodément  les 
archives,  lorsqu'on  travaille  a  les  mettre  en 
ordre,  la  somme  de  vingt-deux  livres,dix  sols, 
tant  pour  la  toille  façon  et  corde  de  foint  et 
autre,  fournye  aux  archives  pour  la  néces- 
sité des  autres  dont  il  demande  allocation.  Cy.        22  y/   10",  — 

Le  comptable  a  payé  la  somme  de  treize 
livrés  pour  les  frais  de  la  requeste  pour  l'ob- 
tention des  derniers  octroys,  laquelle  M*" 
le  Doyen*  (a)  pris  pour  partir  à  Paris  dont  il 
demande  allocation.  Cy 13//-,  — 

Plus  le  comptable  a  payé  a  M'  Doubau 
avocat,  trois  livres  douze  sols,  pour  deux  au- 
diances  contre  le  curé   de  Saint-Luc^.     .     .         3//,  12»  — 

Pour  le  droit  de  recepte  du  devoir  du  de- 
nier de  saint  Pierre  demande  le  comptable  luy 
estre  alloué  la  somme  de  deux  cent  treize 
livres,  dix  sols  six  deniers  faisant  motyé.  de 
telle  de  quatre  cent  vingt  livres  un  sol  tour- 
nois à  laquelle  revientla  cliarge  du  dit  devoir.      213/f ,  10»,    6*'     — 

Pour  le  droit  de  recepte  des  Annates  et  va- 

*  Le  Doyen  était,  à  ce  moment  et  depuis  169g,  —  Pierre- Guillaume  de 
la  Vieuville-Pourpris,  qui,  en  1721  fut  appelé  au  siège  épiscopal  de 
Saint-Brîeuc  et  mourut  en  1727. 

*  Le  recteur  de  Sainle-Luce  était  alors  Missire  François  Papion. 


rMWl  ^t.-^-r---m-^ -^^^——-    r^-^  -    m^^-t^a,:^.n,,^n:^^-.^^.zP^wt^~T-r--i^-r^ir-T--<-^,        -~  -r-r^- —r-.^         —    . t^--^ -:r---T-    j.-g  _ -■■-  t»  -  =■      -^^    — 


M  ÛOMPTB  DR  088TI0N 

cance  de  Prébandes  et  Gui^e  la  somme  de  deux 

cent  qus^rante  livres,  ftiisant  la  trêve  (troi- 
sième) partye  de  celle   de  sept  cent  vingt 

livres  à  laquelle  revient  la  reeepte  des  dites 

Annates •    «     .      24i)-H-,  wmmIi. 

Pour  le  droit  de  reeepte  des  fermes  du 

et  du  moulin  (à  Barbin)  du  Chapitre,  ansemble 

les  rentes  due  par  les  Pères  de  TOratoire, 

Ursulines  et  Dame  de  la  Visitation  et  la  com- 
munauté ecclésiastique  de  Saint*Clément,  mon- 
tant ensemble  à  la  somme  de  trois  mille  quatre 

vingt  dix  livres^  treize  sols  quatre  deniers,  à 

raison  de  six  deniers  pour  livre,  demande 

allocation  de  la  somme  de  soixante  dix  sept* 

livres,  cinq  sols,  quatre  deniers.  -  .    .     .    .       77#,  5%   4*    — 
Pour  le  droit  de  reeepte  des  Lods  et  ventes 

et  désérance,  cy-devant  revenant  ensemble 

à  la  somme  de  sept  mil  neuf  cent  douze  livres 

cinq  sols,  neuf  deniers,  que  le  Comptable  a 

distribué  sans  avoir  retenu  son  droit  de  re- 

cepte,  qui,  à  raison  de  six  denier  par  livre, 

revient  à  la  somme  de  cent  quatre  vingt  dix 

sept' livres,  seize  sols,  un  denier,  dont  il  de-^ 

mande  allocation.  Cy..V •      197/^,16»,    1*    — 

A  Messieurs  les  Examinateurs  du  .présent 

compte,  la  somme  de pour  radresse  du 

présent  compte,  supplye  lai  estre  alloué  la 

somme  de  douze  livres,  à  raison  de  soixante 

sols  par  an,  suivants  les  précédents  comptes.' 

Cy .    .    ,       12#,  — 

RÉCAPITULATION 
1"*  Sommes  dues  pour  le  denier  de  Saint' 

Pierre  par  les  200  paroisses  du  diocèse  1701,      4Î6#,  — 

2°  Pour  les  vacances  des  Prébendes,     .     .      225y^,  — - 

30  Pour  pourvoyancesfkux  cures.     ...      357//-,  — 

4°  Pour  les  fermes  du  Chapitre.     .     .     .     .    3089#,17%   4*    — 
5' Pour  les  Lods  et  ventes.    '."  .     .     .     .    8147#,W,  10*    — 

6°  Pour  les  mises  ordinaires 18776//-,'  9«,   8*    — 

70  Pour  les  mises  extraordinaires.     .     .     .      2405#,4%   5*    — 

En  tout.     .     .     .    33427 y^,  7»,   9*    — 
Pour  copie  conforme  J.  PB  KiHSA.us0Xf 


NOTES  DlTAT.CIVIL  &  HISTORIQUES 


EXTRAITES   DRS 


HEGISTKES  m  PAI(OISSES  DE  L'AHROnDISSElfENT  DE  NANTES 

Dont  ies  archives  ont  été  détruites 

r 

(Suite'). 


VI(.  —    CANTON  DE.  SAINT-PHILBERT  DE  GRANDLIEII 

A.  —  LA  CHEVROLIÈRE.  (Paroisse  de) 

La  série  des  anciens  registres  de  cette  paroisse  ta  de  1668  à  1789^ 
chaque  année  formant  un  cahier^  sauf  1679 ^qui  en  comprend  trx>is. 
Dix-huit  années  font  malheureusement  défaut,  savoir  :  1677,  1682- 
1687,1692-16%,  1710,  1712-1716,  1  732  et  1733.  L'année  169Î 
est  assez  fortement  mouillée ,  ce  qui  rend  la  lecture  du  texte  impos- 
sible souvent.       ^ 

815.  — 1668,  3  mai.  —  Baptême  de  Suzanne,  fille  de  messire 
Jean  YoisinySieur  de  la  Tullière,  et  de  damoiselle  Janne  Mélient,  née 
la  veille  ;  nommée  par  noble  et  discret  missire  Pierre  Charette» 
sgrde  Trejet  et  recteur  de  Gouëron,  et  damoiselle  Suzanne  Bureau, 
fille  de  noble  homme  Estienne  Bureau  et  de  damoiselle  Hathurine 
Gîqueau,  demeurant  à  la  Fosse  de  Nantes.  Signé  :  Pierre  Gbarette  ; 
Suzanne  Bureau  ;  Chapelain  ;  Forteneau  ;  Bureau  ;  Voysin  ;  Voy- 
sin  ;  E.  Esveillard;  Guichet,  prêtre.  (M.) 

816.  —  1668,  18  novembre.  —  Baptême  de  Jean,  fils  des  mêmes; 
nommé  par  escuier  Jan- Baptiste.  Charette,  sgr  de  Larsangle  et  da^ 

i  Voir  la  livraison  de  novercbre  1899. 


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88 


NOTES   d'État   civil   et   HrSTORIQUES 


molselle  Françoise  Mélîent.  Signé  :  Françoise  Mélient;  Jah  Baptiste 
Charele  ;  Marie  Bourget  ;  Guichet,  prêtre  ;  J.  Pitau  :  Esveillard  ; 
Voysin  ;  Louerat,  prêtre,  vie.  (M.) 

817.  —  1670^2/4  novembre.  —  Baptêniede  Jacques,  fils  de  messire 
Pierre  Voysin,  sieur  du  Mortier  et  de  damoiselle  Marie  Biton  ; 
nommé  par  Jacques  Laurent,  sieur  delà  Rouselière,  non  marié,  de- 
meurant au  bourg  de  Legé  et  damoiselle  Catherine  Pantin,  non 
mariée,  demeurant  à  Nantes.  Signé  :  Laurans  ;  Catherine  Pantin 
de  la  Guère  ;  Janne  Mélient  ;  Bourget  ;  Marie  Louerat  ;  Esveillard^ 
Voysin  ;  Voysin  :  Louerat,  prêtre  ;  Guichet,  vicaire.  (M.) 

848.  — 1673^  i  6  février.  —  Sépulture  de  escuier  Michel  Pan- 
tiu;  sieur  du  Verger,  en  présence  de  noble  et  discret  Claude  Pantin, 
abbé  de  la  Guère,  f>rieur  de  la  Lande  de  S.  Amand  et  recteur  de  la 
paroisse  de  la  Chevrolière.  Signé  :  Claude  Pantin,  recteur  susdit  ; 
Louerat,  prêtre  ;  Guichet,  vicaire,  f M.) 

819.  —  4673,  4f  septembre,  —  Baptême  de  Françoise,  fille  do 
noble  homme  Guillaume  Richard,  sieur  de  la  Musse,  et  de  damoi- 
selle Marie  Bourget,  née  la  veille;  nommée'par  noble  homme  Allain 
Chauvin,  sieur  des  Courtis,  advocat  en  la  cour  et  parlement  de 
Bretagne^  et  damoiselle  Françoise  Adam,  dame  de  la  Brandaizière. 
Signé:  Françoise  Adam  ;  Janne  Gazet  ;  Alain  Chativin  ;  Marguerite 
Bourget  ;  J.  Mesnier;  Guillaume  Richard;  Pierre  Richard  ;  Voysin  ; 
Guichet,  prêtre.  (M  ) 

820.  —  i67U,  iO  novembre.  —  Baptême  de  Françoise^  fille  de 
maistre  Jean  Voisin,  notaire  royal,  et  de  damoiselle  Janne  Mélient, 
sa  femme,  née  la  veille  ;  nommée  par  Claude  Amiaud  et  damoi- 
selle Françoise  Mélient,  aagée  d'environ  les  i4  ans.  Signe:  Fran- 
çoise Mélient  ;  Marie  Louerat  ;  C.  L.  Amyaud  ;  Marie  Voysin  ;  Voy- 
sin; Louerat,  prêtre  ;  Voysin;   Guichet,   prêtre.  (M.) 

821.  —  1678^  2  février.  —  Baptême  de  Janne,  née  le  3o  dé- 
cembre 1677,  fille  d'escuier  Juliien  de  Brasdanne  de  Bugnons  et  de 
damoiselle  Françoise  des  Vaux,  dame  du  Molay,  demeurant  en  la 
maison  noble  de  Treget;  nommée  par   escuier  Jan  CJharetle,  sgr 


NOTES  d'État  civil  et  eistoriquks  89 

de  Larsangle,  non  marié,  et  damoiselle  Janne  Charette,  non  mariée 
demeurant  en  la  maison  noble  de  Larsangle,  paroisse  de  Ckïrdemais. 
Signé  :  Jan  (Jharete  ;  Janne  Gherete  ;  Jan  Baptiste  Gharete  ; 
Glere  Gharete  ;  J.  de  Bradane  du  Bugnons  ;  E.  Esveillard  ;  Yoysin  ; 
Dupas,  recleur  delà  GhevroUère.  (VI.) 

822.  —  i679,  17  janvier.  —  Sépulture,  en  Téglise,  de  noble 
homme  Jan-Bapliste  Charette;  escuier  sgr  de  Larsangle,  décédé 
le  r5,  aagé  de  6o  ans  ou  environ.  Signé:  Dupas,  recteur  de  la 
Ghevrôlière. 

823.  —  1679,  20  mai,  —  Baptême  de  Julien,  fils  de  Julien  de 
Bradane  de  Bugnons,  escuier  sgr  de  Treget,  et  de  Françoise  des 
Vaux;  nommée  par  escuier  René  de  Bradane  de  Bugnons,  son 
oncle,  demeurant  en  la  paroisse»de  Montrelais,  maison  noble  de 
Molay,  non  marié,  et  demoiselle  Thérèse  de  la  Grue,  fille  d'escuier 
François  de  la  Grue  et  de  dame  Catherine  de  la  Gastinaire,  sgr  et 
dame  de  la  Freudière.  Signé  à  la  minute  :  Thérèse  de  la  Grue; 
R.  de  Bradane  de  Bugnons  ;  Damien  de  la  Grue  ;  Louis  de  la  Grue  ; 
Louis.Gharette;  Dame  Françoise  Angélique  Ilay  ;  Thérèse  Boin  ; 
Janne  Charette  ;  Claire  Charette;  Prudent  de  la  Grue  ;  Angélique 
de  Coedîc  ;  Voisin  ;  Bahier,  prêtre  ;  de  Bradane  de  Bugnons  ; 
Dupas,  recteur  de  la  Ghevrôlière. 

82^.— 1679,17  juillet. — Baptême  de  François- Alexis,  né  le  i3  du 
dit  mois,  fils  de  Louis  de  la  Grue,  chevalier  sgr  de  la  Guercheet  de 
la  Noë  de  Passay  et  de  Janne-Françoise  Hay  ;  nommé  par  escuier 
Prudent  de  la  Grue,  son  oncle  paternel,  demeurant  au  chasteau  de 
la  Freudière,  et    Françoise  du   Bois,  veuve  de  messire  François  ^ 

Garion,  chevalier  sgr  du  Petitpont,  demeurante  à  Nantes,  paroisse 
S.-Laurent.  Signé  :  Françoise  du  Bois,  douairière  de  Petitpont  ; 
Prudent  de  la  Grue  ;  Gatherine  de  Gastinaira  ;  Louise  de  la  Grue  ; 
Thérèse  de  la  Grue  ;  Dupas,  recteur  de  la  Ghevrôlière. 

825.  —  1680,  12  mai.  —  Mariage  de  noble  homme  Charles  Nep- 
vouet,  sieur  de  la  Grue,  veuf  de  damoiselle  Charlotte  Savin,  demeu- 
rant en  la  maison  noble  de  la  Grue,  paroisse  de  Saiiit-Philbert 
de   Graud-Ueu,  et  damoiselle  Bourget,  veuve  de  noble  homme 


i 


90  NOTKS  D*6tAT   civil    KT   HISTOaiQUKS 

Guillaume  Richard»  dieur  de  la  Musse.  Signé  à  la  minute  :  Charles 
Nepvouet;  Marie  Bourget  ;  Dypas  ;  Jullien  Gourmil  ;*J.  Morice, 
prêtre  ;  Dupas,  recteur  de  la  GhevroUière. 

826.  —  i680,  13  juin.  —  Baptême  de  Françoise,  née  le  ii;  fille 
d'escuier  Jullien  de  Bradane  de  Bignon,  sieur  du  Molay,  et  de  da- 
moiselle  Françoise  des  Vaux,  demeurant  en  la  maison  noble  de 
Treget;  ûoùimée  par  escuier  Jean- Baptiste  des  Vaux^  non  marié, 
son  oncle^  et  damoisclie  Françoise  de  la  Grue,  non  mariée,  fille  de 
feu  escuier  Claude  de  la  Grue>  seigneur  des  Huquettières.  et  de  feu 
damoiselle  Françoise  Hubert.  Signé  en  la  minute  :  Françoise  de  la 
Grue  ;  Jean-Bapltse  des  Vaux  ;  Prudent  de  la  Grue  ;  Thérèse  de  la 
Grue  ;  J.  de  Bradane  de  Bugnon  ;  Dupas,  recteur  de  la  Chévro- 
Hère.  :    • 

827.  —  i683.y  i^""  juin.  —  Mariage,  en  la  chapelle  de  S  Jan  de 
Laubmière,  paroisse  de  la  Chevrolière,  de  messire  Prudent  de  la 
Grue,  cheuallier  seigneur  de  la  Granduille,  fils  de  messire  François 
de  la  Grue,  cheuallier  seigneur  de  la  Freudière,  et  de  feue  daine 
Catherine  de  la  Gaslinatre,  demeurant  au  lieu  noble  de  la  Freudière 
et  demoiselle  Marie  Loirat^  fille  de  deffuncts  nobles  personnes  Honoré 
Loirat  et  de  damoiselle  Marie  Voisin,  demeurant  en  la  maison  noble 
de.Langle,  tous  de  la  paroisse  de  la  Chevrolière  ;  en  présence  de 
messires  René  de  St-Gilles,  cheuallier,  seigneur  du  Gage  et  de 
Jullien- Prudent  de  Bruc,  cheuallier  demeurant  en  l'abbaye  de 
Geneston,  et  de  messire  Bonnaventure  de  Ribe,  cheuallier  seigneur 
de  la  Villemoré,  demeurant  à  la  maison  noble  de  la  Brossegapail, 
paroisse  de  S.-Golombin.  Signé:  Prudent  de  la  Grue  ;  Marie  Louerai  ; 
René  de  S.-Gilles  ;  Jullien  Prudent  de  Bruc  ;  de  Ribe  de  la  Ville- 
moré  :  JuUienne  Minguet;  Marie  de  Théron  ;  J.  de  Sihy,  {y  prêtre, 
vicaire  de  Montbert. 

828  —  i683,  Ï7  mai  —  Baptême  de  François,  fils  des  précé- 
dents ;  nommé  par  Jacques  Voisin,  non  marié,  et  damoiselle  Jeanne 
Amiau,  femme  de  noble  homme  Mathurin  Haubert.  Signé  :  Pru- 
dent de  la  Grue  :  Jacques  Voisin  ;  Jeanne  Amiau  ;  Florat  ;  J.  Voisin  ; 
0.  Charruau  ;  Françoise  Lesné  ;  Dupas,  recteur. 


NOTK9  d'État  civil  et  historiquks  91 

829.  —  1683,  12  septembre,  —  Sépulture,  dans  le  chœur  de 
régHse  paroissiale,  par  le  Révérend  Père  supérieur  de  l'Oratoire  de 
Nantes,  de  noble  homme  messire  François  de  la  Grue,  sieur  de  la 
Freudîëre.  Signé  :  Pierre  Lecoq,  vicaire. 

830.  -**  i68U^  24  mai.  —  Mariage  de  noble  homme  Charles 
Nepvouet;  sieur  de  la  Grue,  de  la  paroisse  de  S«-Philbert,  et  veuf  de 
damoiselle  Marie  Bourget,  avec  Marie  Bitton,veuve  de  Pierre  Voisin* 
sieur  du  Mortier.  Signé:  Charles  Nepvouet;  Pierre  Le  Coq  ;  M. 
Ouairy  :  F.  Dupas  ;  Dupas,  recteur  de  la  GhevroUière. 

831.  —  1685,  m  mai.  —  Mariage  de  escuyer  Sébastien  de 
Roques,  fils  mineur  de  feu  cscùîer  Claude  de  Roques,  sieur  de  la 
Poëze  et  du  Josnay,  et  de  dame  Janne  Arnaud,  de  la  paroisse  du 
Loroux,  avec  dame  Françoise  des  Vaux,  veuve  de  escuyer  Julien  de 
Brasdane,  sieur  du  Molay  et  de  Tregel.  Signé  :  Françoise  Desvaux  ; 
Sébastien  de  Roque  ;  Guy  Le  Texier  ;  Lucas  ;  Fortîneau  ;  Dupas, 
recteur. 

832.  —  1685,  24  septembre.  —  Baptême  de  Anne,  née  la  nuicl 
précédente^  fille  des  mêmes  ;  nommée  par  escuyer  François  de 
Bradasne,  sgr  du  Treget  et  Jacquette  Laurens.  Signé:  Dupas, 
recteur. 

833.  —  1685^  2U  septembre.  —  Baptême  de  Sébastien,  fils  des 
mêmes,  né  ledit  jour  ;  nommé  par  escuyer  Prudent  de  la  Grue, 
sgr  de  la  Grandville  et  Jeanne- Françoise-Angélique  Hay,  compagne 
d'escuyer  Louis  de  la  Grue,  sgr  de  la  Freudière.  Signé  :  Prudent  de 
la  Grue  ;  Françoise  Hay  ;  Sébastien  de  Roques  ;  Dupas,  recteur. 

834.  —  1685^  15  octobre.  —  Baptême  de  Marie,  fille  de  messire 
Prudent  de  la  Grue,*  chevallier  sgr  de  la  Grandville,  et  de  dame 
Marie  Louerat,  née  le  1 1  du  dit  mois  ;  nommée  par  messire  Loui 
de  la  Grue,  chevallier  sgr  de  la  Guerche  et  de  la  Praudière,et  Marie 
de  la  Grue,  sa  cousine.  Signé  :  Louis  de  la  Grue  :  Prudent  de  la 
Grue  ;  Jan  BouUard  ;  Dupas,  recteur. 

835.  -  1688,10  février.  —  Baptôme  de  Louis,  fils  d'escuier  1^- . 
bastien  de  Roque  et  de  Françoise  des  Vaux,  né  la  nuict  précédente^ 


92  NOTES    D'ÉTAtf  CïVIL  KT   HISTORIQUES 

nommé  par  escuier  Louis  Charette  sgr  de  Larsangle  et  Prudence 
de  la  Ghastelannaye,  sa  cousine  germaiiie.  Signé  :  Louis  Charelte  ; 
Prudence  de  la  Chastellanaie  :  Sébastien  de  Roques  :  Jan  Bugnet  ; 
Dupas,  recteur  de  la  Chevrolière. 

836.  —  i688,  3  juillet.  —  Baptême  de  Alexis,  fils  de  messire 
Prudent  de  la  Grue,  sieur  de  la  Grand  ville  et  de  Marie  Louerat  ; 
nommé  par  Joseph  Mélient^sieur  de  Laugerive  et  Fidèle  de  la  Grue, 
âgné  :  Joseph  Mélient  ;  Thérèse  de  la  Grue  ;  Prudent  de  la  Grue  ; 
Rouill'ard,  prêtre  vicaire. 

837.  —  i689^  25  janvier,  —  Baptême  de  Marguerite»  née  le  dit 
jour^  fille  d'escuier  Sébastien  de  Roque,  sgr  de  la  Poëze,  et  de 
Françoise  des  Vaux  ;  nommée  par  vénérable  et  discret  missire 
François  Dupas,  prêtre  recteur  de  la  paroisse,  et  damoiselle  Fran- 
çoise de  Brada  ne  de  Bugnon.  Signé  :  Dupas^  recteur  de  la  Chevro- 
lièie;  Rouillard  prêtre  vicaire  ;  Prudances  de  la  Chatelanaye. 

838.  —  1689,  13  septembre.  —  Mariage  de  missire  Jan  Savary, 
chevalier  sgr  de  la  Bedoutièrè,  de  la  paroisse  de  Mormaison,  évé- 
ché  de  Luçon,  et  damoiselle  Janne  Charette.  Signé  :  Jan  Savary  ; 
Janne  Charette  ;  Téresse  Bogu  ;  Robert  Gareau  ;  Jaque  Begaud  ; 
Louis  Charette;  Jan  de  la  Roche  de  S.  -  André  ;  Jaque  Savari  ; 
Louis  de  la  Roche  ;  Louis  Jonas  de  S. -André;  B.  Girard,  prêtre. 

839.  — 1689,  2  novembre,  —  Sépulture,  sous  la  grande  tombe 
de  réglise  paroissiale,  de  Marie  Louerat,  épouse  d*escuier  messire 
Prudent  de  la  Grue,  sgr  de  la  Grandville,  décédée  la  veille,  aagée 
de  35  à  36  ans.  Signé  :  Dupas,  recteur  de  la  Chevrolière. 

840.  —    1690,  U  mars.  —  Sépulture  de  deux  enfants  jumeaux 
baptisés  et  décédés  la  veille,  enfants  de  n.  h.  Sébastien  Roque 
sieur  de  la  Poëze  et  de  n.  f.   François  des  Vaux.  Signé  :  Le  Cerf, 
prêtre  vicaire. 

841.  —  1690,  12  mars.  —  Sépulture  de  Françoise  des  Vaux, 
décédée  la  veille,  aagée  de  quarante  ans  environ,  épouse  de  escuier 
Séllllstien  de  Roques,  sgr  de  la  Poëze.  Signé  :  Dupas,  recteur  de  la 
ChevFOiière. 


NOTES  d'État  civil  et  historiqubs  93 

842.  —  /69f ,  23  mai  —  Sépulture,  dans  l'église,  du  flls  de  mes- 
sire  de  la  Guierche^  chevalier  sgr  de  la  Freudière  et  de  Françoise 
Hay,  aagé  de  3  mois  environ,  ayant  été  baptisé  dans  1  église  Saint- 
Clément  de  Nantes.  Signé  :  Defaix,  prêtre  vie. 

843.  —  i697, 5  mars.  —  Baptême  de  Jeanne,  fille  d*escuier  Jean 
Savary,  sgr  de  la  Bedoutière,  et  de  Janne  Gharette^  demeurant 
à  la  maison  noble  de  Larsangle  ;  nommée  par  escuier  Louys 
Ciiarette,  son  oncle,  et  Thérèse  Savary,  sa  sœur,  laquelle  a  dé< 
claré  ne  savoir  signer  Signé  :  Thérèse  Boin  ;  Jan  Savary  ;  Louys 
Gharette  ;  G.  Bedouet,  prêtre  recteur. 

844.  —  i697^  iOjaiUet.  —  Sépulture,  dans  l'église,  de  escuyer 
Prudent  de  la  Grue,  sgr  de  là  GrandviUe,  décédé  la  veille,  âgé  de  44 
ans  ou  environ.  Signé  :  L.  Maillard  ;  G.  Bedouet,  prêtre  recteur. 

845.  —  1698, 26  avril.  —  Sépulture,  en  l'église,. de  dame  Thérèse 
Boin,  veuve  de  escuier  Jan-Baptiste  Gharette,  décédée  la  veille^  âgée 
de 78  ans  à  la  maison  noblede  Larsangle.  Signé  :G.  Bedouet,  recteur. 

846.  —  1718,  2  juillet,  —  Sépulture^  au  pied  de  la  croix  dans  le 
cimetière,  de  escuier  François  de  Brasdasne,  seigneur  de  9rejet, 
âgé  de  4a  ans.  décédé  ledit  jour.  Signé  G.  Bedouet,  prêtre  recteur. 

847.  —  1719,  25  septembre.-  —  Sépulture  de  vénérable  et  discret 
George  Bedouet,  prêtre  recteur  de  la  paroisse,  âgé  d'environ  67  ans. 
Signé  :  A.  Biron,  prêtre  vicaire. 

848.  —1720, 1 1  avril,  —Sépulture,  dans  l'église,  d'esicuyer  Louis 
Gharette,  sgr  de  Larsangle,  décédé  la  veille,  âgé  d'environ  60 
ans  ;  en  présence  de  écuier  Jan  Savary  et  M.  Viau  prêtre,  signé  . 
Jan  Savary  ;  François  de  la  Grue  de  Passay  ;  Passier,  prêtre  ;  Le  Sé- 
néchal, prêtre,  vicaire. 

849.  —  1721^  22  février.  —  Mariage  de  missire  Charles-Isaac  de 
Montsorbier,  chevalier  sgr  de  la  Braillière,  de  Repulet  et  de  la  Con- 
Urdière,  flls  de  feu  messire  Charles-Daniel  de  Montsorbier,  sgr 
de  la  Braillière  et  de  dame  Anne  de  là  barre,  de  la  parusse  de 
Goloigne,  diocèse  de  Luçon,  et  damoiselle  Thérèse  Savary,  fiHe  de 


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N0TB8   D*ÉTAT  CIVIL   KT  HISTOBIQUES 


juessire  Jan  Savary,  sgr  de  la  Bedoutière  et  de  feu  dame  Janne 
Charette  ;  en  préseuce  de  François  Savary,  équier  sgr  de  la 
Sablère,  Jan  Savary  éqoier  sgr  de  la  Bedouiière,  de  Joseph- 
Daniel  de  Montsoii>ier,  équier  sgr  de  la  Rabatelière,  de  Mathurin 
Raimbaud,  comme  aussi  du  consentement  de  missire  Adrien-Jan 
Brethé,  chevalier  seigneur  de  la  Guibertière^  fondé  delà  procuration 
de  laditte  Anne  de  la  Barre,  pour  consentir  audit  mariage.  Signé  : 
Charles  Isaac  de  Montsorbier  ;  Thérèse  Savary  ;  Jan  Savary  ;  Fran- 
çois Savary  ;  Joseph  Daniel  de  Montsorbier  ;  Marie  de  la  Joue  : 
Charrette  ;  Janne  Savary  ;  Adrien  Jos  ;  Marie  Guibertière  ;  Adrien 
Jan  Brethé  de  la  Guibertière  ;  Mathurin  Raimbaud  ;  Y.  Le  Senes 
chai,  prêtre  vicaire. 

850.  —  n2i,  27  octobre.  —  Sépulture,  dans  l'église  paroissiale, 
de  dame  Marie  Richard,  épouse  d^escuier  Yves  Guillon,  sgr  de 
Teille  et  du  Planty,  conseiller  du  Roy,  secrétaire  auditeur  en  la 
Chambre  des  comptes  en  Bretagne,  décédé  la  veille.  Signé  :  Y.  Le 
Seneschal,  prêtre  vicaire. 

• 

y  851.  — '  i722,  26  septembre.  —  Baptême  de  Anne-Thérèse^  née 
la  veille,  fille  d'écuier  Charles-lsaac  de  Montsorbier  et  de  dame 
Thérèse  Sdvary  ;  nommée  par  é$:uier  Jean  Savary  et  dame  Anne  de 
la  Barre^  Signé  :  Tailfert,  recteur  de  Ja  Chevrolière. 

852.  —  /  722,  7  octobre.  —  Sépulture  de  la  précédente. 

853:  —  1723,  17  septembre.  —  Baptême  de  Jeanne  Thérèse,  fille 
des  mêmes;  nommée  par  Jean  Boutin  et  Jeanne  Daniel,  sa  femme. 
Signé  :  Charles  Isaac  de  Montsorbier;  J.  B.  Tailfert,  ancien  grand 
chantre,  chanoine  de  Notre-Dame  de  Nantes  et  recteur  de  la  Che- 
vrolière. 

854.  —  i731,  9  avril.  —  Baptême  de  Bonne-Elisabeth  fille,  d*68- 
cuyer  Jacques  Guillon^  sieur  de  Beauregard»  et  de  damd  Anne  Lucas, 
née  la  veille;  nommée  par  n.  h.  Jacques .  Lucas,  sieur  de  la 
Ghampionnière  et  damoiselle  Bonne  Lucas.  Signé  à  la  minute  : 
Bonne  Lucas  ;  Jacques  Lucas  Ghampionnière  ;  François  Freneau  ; 
Magdelaine  Freneau  ;   Pierre  François  Galbaud  du  Fort,  prêtre  ; 


NOTES  d'État  ctviL  bt  historiques  95 

Gabrielle  Landais;  Jacques   Guillon  de  Boauregard  ;   J.  Freneau, 
rectear  de  la  ChevroLière. 

855.  —  /7^0j  1""'  mars.  —  Sépulture,  dans  le  chœur  de  ré;glise, 
de  écuyer  Louis  delà  Grue,  chevalier sgr de  laGuerche.du  château 
de  la  Frudière,  de  la .  maison  noble  de  la  Noë  et  de  Passay,  sgr 
fondateur  de  Téglise  paroissiale  de  la  Chevroliere,  mort  au  châ- 
teau de  la  Frudière»  âgé  de  89  ans.  Signé:  J.  Bureau  *prâtre, 
recteur. 

856.  —  y7//i,  21  avril.  —  Sépulture  de  écuyer  René  de  Ker- 
moisan,  chevalier  baron  de  Tresiguidy,  sgr  de  la  Freudière,  de  la 
Noë  et  de  Passay,  sgr  fondateur  de  Téglise  de  la  Ghevroliére,  époux 
de  dame  Marie-Renée  de  la  Grue,  dame  fondatrice  de  la  dite  église,  . 
décédé  la  veille,  âgé  de  7a  ans.  Signé  :  J.  Bureau,  prêtre,  recteur. 

857.  —  /  7^i3,  3  1  janvier.  —  «  Le  dernier  jour  de  janvier  mil 
sept  cent  quarante  trois,  nous  Claude  Barbier,  recteur  de  S.-Phil- 
bert  de  Grandlieu  ;  en  conséquence  de  la  commission  à  moy 
adressée  par 'Mgr  évêque  de  Nantes^  le  a8  janvier  présent  mois, 
Signé:  Beaupoil,  vicaire  général,  Nous  avons,  en  présence  et  du 
consentement  du  vénérable  et  discret  messire  Jaque  Bureau, 
recteur  de  cette  paroisse,  bénit  la  salle  du  presbytère  dudit  lieu, 
pour  y  être  à  la  venir  fait  et  célébré  les  offices  de  la  paroisse,  attendu 
que  réglise  de  céans  est  censé  interdite  étant  dénué  en  grande 
partie  des  murs  et  couverture,  ainsy  conformément  au  pouvoir  à 
nous  accordé,  nous  avons  en  présence  des  soussignés,  transporté 
le  S.  Sacrement  de  1  église  paroissiale  de  la  Chevrolière  dans  la 
nouvelle  chapelle  bénite  en  l'enclos  du  presbytère,  adjacent  au 
cimetière  du  dit  lieu.  En  suite  de  quoy,  nous  avons  célébré  la 
S*®  Messe.  Pour  la  décence,  nous  avons  fait  transporter  le  taber- 
nacle de  réglise  ancienne  dans  la  nouvelle  avec  la  lampe  et  un 
gradin  et  un  marche-pied  servant  à  Tautel  de  la  S*'  Vierge,  la 
fontaine  des  fonts  avec  les  saintes  huiles,  un  devant  d'autel  de 
damas  blanc  à  fleurs  de  différentes  couleurs^  les  quatre  chandeliers 
et  les  quatre  vases  servant  au  grand  autel,  le  pupitre  et  les  livres, 
une  chasuble  noire  complète,  une  blanche  de  satin  avec  un  gallon 


98  NOTES  d'état  civil  et  historiques 

de  soye,  une  autre  aussi  complète  de  salia  violet  avec  un  gaUo^ 
de  soye,  une  nappe  de  cotton  et  une  autre  mauvaise,  le  bénitier  de 
cuivre^  un  petit  crucifix  servant  au  grand  autel;  comme  on  nous 
a  représenté  que  quoique  les  marguilliers  en  charge  eussent 
convoqué  le  général'  de  cette  paroisse  de  l'assembler  dimanche 
dernier  pour  nommer  des  notables  qui  prissent  le  soin  des  orna- 
ments  -et  meubles  qui  resteroient  dans  Téglise,  le  dit  général  a 
refusé  de  s'assembler  et  nommer  des  commissaires  à  ce  sujet  et 
que,  même  les  marguilliers  quoique  avertis,  n'ont  point  voulu  ce 
jour  comparoilre  à  l'église^  nous  en  avons  laissé  les  clefs  entre  les 
mains  de  Pierre  Jouin,  sacristain,  qui  a  bien  voulu  de  se  charger. 
De  plus,  dans  la  nouvelle  église  avons  transporté  deux  calices  et 
deux  custodes.  Fait  le  même  jour  et  an  que  dessus,  quant  audit 
sacristain  cy-dessus  a  déclaré  ne  savoir  signer.  (Signé)  P.  Cherpen- 
lier,  prêtre  vicaire  de  S.-Philbert  de  Grandlieu  ;  F.  Bruslé,  prêtre  : 
P.  Kenney,  prêtre  vicaire  :  G.  Chabin,  prêtre  vicaire,  signant  pour 
M.  le  Recteur  ;  Soret,  vicaire  du  Pont  S. -Martin  ;  B.  Barré  ;  Pierre 
Coquin  ;  Louise  Bureau  ;  G.  Barbier,  R.  de  S.-Philbert.  •>  (M). 

A  suivre.  Le  M'"  de  Gbanges  de  SunGïiRES. 


CHRONIQUE 


BIBLIOGRAPHIE 


Nous  sommes   heureux  d'annoncer  .u    nv    .,.     .  ,      

nouvelle  Revue,  intitulée  :  L  Anjou  Historique,  Comme  son  no  m 
rindique,  elle  a  pour  but  de  faire  connaître  Thistoire  de  l'ancienne 
province  d'Anjou  et  du  département  de  Maine-et-Loire.  Elle  ne  sor- 
tira point  de  ce  cadre,  en  publiant  des  articles  étrangers  aux  Annales 
angevines. 

L'Anjou  Historique  donne  des  articles  de  fond,  dus  à  la  plume  de 
savants  et  d'érudits  familiarisés  avec  l'histoire  locale.  Il  se  propose 
aussi  de  publier  des  documents  originaux  de  toutes  sortes  (Mémoires, 
Correspondances,  pièces  d'archives),  en  ne  donnant  que  deis  textes 
so'igneusement  établis  et  en  les  accompagnant  de  notes  et  d'éclair- 
cissements ;  le  nouveau  périodique  fait  une  large  part  à  Tinédit, 
puisant  d'une  main  dans  les  immenses  collections  des  dépôts  publics, 
et  de  l'autre  s'efforçant  de  faire  sortir  des  archives  privées  les  ri- 
chesses qui  y  sont  parfois  trop  jalousement  gardées.  En  même  temps, 
V Anjou  Historique  donne  une  place  importante  à  la  réimpression  des 
documents  devenus  rares,  ainsi  que  de  ceux  qui,  publiés  Isolément 
ou  dispersés  dans  de  vastes  recueils,  ont  besoin  d'être  réunis  pour 
trouver  toute  leur  valeur. 

Il  commencera  ces  réimpressions  intéressantes  par  le  Fouillé  du 
diocèse  d^Angers^  imprimé  par  ordre  de  Monseigneur  VlllusOrissime 
et  Révérendissime  Michel- François  Gouet  du  Vivier  db  Lorry,  évéque 
if  Angers.  Cet  ouvrage,  devenu  fort  rare,  est  plein  de  renseignements 
sur  l'organisation  ecclésiastique  du  diocèse  d'Angers  à  la  un  de  Tan- 
cien  régime,  et  on  demandait  depuis  longtemps  une  nouvelle  édition. 

V Anjou  Historique  parait  les  1*^  j^nyier,  mars,  niai,juiUet,  septembre  et 
novembre,  par  fascicules  de  112  pages  environ,  et  forme  chaque  année  un 
fort  Yolume  de  près  de  700  pages. 

Le  prix  de  TAbonnement  est  de  6  francs  par  an.  Les  Abonnements  partent 
du  l"'  janvier  ou  du  i«'  juillet. 

Prix  du  numéro  :  i  fr.  25. 

S'adresser  à  MM.  Schmitet  Siraudeau,  4,  Chaussée  Saint-Pierre  —  à  An- 
gers fMaine-et-Loire). 

TOMJC  XVI.  —  DOCUMENTS.  —  XVI*  ANNÉE.  —  11*-12*  LIV,         9 


98  CHRONIQUE 

Barthélémy  Pogquet.  —  Le  Pouvoir  Absolu  et  VEsprit  Pro- 
vinciaL  Le  Duc  d'Aiguillon  et  La  Chdlotais.  -^  Paris,  Perrin, 
1900,  2  vol.  in-18. 

En  lisant  la  remarquable  étude  que  vient  de  publier  l'auteur  des 
Origines  de  la  Révolution  en  Brétij^gnSy  je  me  suis  plusieurs  fois 
posé  une  question  d'ordre  général  qui  demanderait  une  discussion 
approfondie,  à  savoir  si,  lorsqu'on  doit  traiter  un  point  délicat  d'his- 
toire locale,  il  vaut  mieux  appartenir  à  la  province  dont  il  est  cas, 
ou  lui  être  étranger.  Certains  critiques  craindraient  probable- 
ment une  partialité  instinctive  de  la  part  de  Tautochtone  :  mais 
d'autre  part,  il  faut  bien  convenir  que  plus  d'une  circonstance  im- 
portante ne  peut  être  appréciée  à  sa  juste  valeur  par  des  esprits 
trop  enclins  à  la  généralisation  et  qui  font  tout  ployer  sous  leur 
joug  impitoyable.  Ce  qui  est  sûr,  c'est  que  M.  Pocquet  vient  de  nous 
démontrer  que  l'histoire  de  la  Bretagne,  pendant  ses  luttes  contre 
le  pouvoir  royal,  ne  peut  être  écrite  que  par  un  breton,  surtout  de- 
puis que,  par  le  fait  de  l'invasion  des  idées  socialistes,  la  glorifica- 
tion de  la  centralisation  à  outrance,  au  proût  de  l'unité  nationale, 
est  devenue  un  thème  adopté  par  ces  mêmes  universitaires  qui  por- 
taient jadis  aux  nues  les  résistances  au  despotisme  royal.  La  Cha- 
lotaisfut  autrefois  leur' héros  de  prédilection  :  aujourd'hui  d'Ai- 
guillon est  leur  dieu  :  ils  sont  devenus  plus  royalistes  que  le  roi. 
C'est  qu'ils  n'ont  pas  compris  ou  n'ont  pas  voulu  comprendre  que 
la  Bretagne  n*était  pas,  sous  l'ancien  régime,  dans  une  situation 
comparable  à  celle  des  autres  provinces  de  France  réunies  au  do- 
maine de  la  couronne,  soit  par  voie  d'héritage,  soit  par  vole  de  con- 
quête^ Ici  la  réunion  n'avait  eu  lieu  qu'à  la  suite  d'un  traité,  d'un 
contrat  bilatéral,  librement  accepté  de  part  et  d'autre  à  des  condi- 
tions déterminées.  Ces  conditions  qui  constituaient  ce  qu'on  appelle 
des  privilèges,  parce  qu'elles  mettaient  la  Bretagne  en  meilleure 
posture  vis-à-vis  du  pouvoir  royal  que  les  autres  provinces,  pou- 
vaient.ne  plus  se  trouver  du  goût  des  ministres  de  Louis  XIV  et  de 
Louis  XV  dont  elles  gênaient  la  voracité  ûnancière,  mais  il  ne  leur 
appartenait  pas  de  les  supprimer  :  elles  étaient  la  loi  des  parties  ; 
elles  devaient  être  conservées  jusqu'à  leur  destruction  par  consente- 
ment mutuel  ;  auparavant  toute  résistance  à  leur  infraction  était 
un  droit  absolument  légitime.  Voilà  ce  que  n'ont  pas  admis 
MM.  Marion  et  Carré,  les  dernier^  historiens  des  événements  qui  se 
passèrent  en  Bretagne  de  1760  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV;  et 
M .  Pocquet  a  eu  grand  raison,  en  écrivant  son  nouveau  livre  en 
opposition  directe  avec  les  leurs,  d'insister  en  de  nombreux  passages 
sur  eu  traité  d'union  de  1532,  trop  souvent  méconnu  ou  oublié. 

L'ouvrage  de  M.  Barthélémy  Pocquet  se  composera  de  trois  vo- 
lumes :  il  nous  en  donne  deux  aujourd'hui,  le  premier  intitulé  :  La 
Démission  du  Parlement  \  le  second.  Le  Procès  ;  le  troisième  sera  La 


CHRONIQUE  99 

RéhabilUation.  Avec  ces  deux  volumes  nous  sommes  donc  en  pleine 
bataille,  et  c'est  plaisir  de  voir  avec  quelle  dextérité  M.  Pocquet  sait 
se  mouvoir  au  milieu  d'une  foule  de  documents  souvent  obscurs  ou 
contradictoires,  démêler  les  âls  embrouillés  des  intrigues,  faire  sail< 
lir  les  points  lumineux,  et  mettre  de  Tordre  et  de  la  clarté  dans  un 
véritable  chaos  de  procédures,  de  correspondances  et  de  pamphlets. 
Il  ne  peut  entrer  dans  notre  cadre  de  résumer  ici  les  phases  princi* 
pales  de  ce  drame  :  il  y  faudrait  un  article  complet  de  la  Revue.  Ces 
phases,  du  reste^  sont  bien  connues  :  mais  ce  qui  Test  moins,  c*est  le 
manège  latéral,  ce  sont  les  coulisses  et  les  dessous:  et  là,  M.  Pocquet 
est  passé  maître  en  explorateur  ;  lettres,  dépêches,  chansons,  chro« 
niques,  tout  est  dépouillé,  analysé,  commenté,  et  nous  donne  une  ' 
série  de  tableaux  d'une  vie  intense  de  la  société  de  ces  temps  trou* 
blés.  Il  en  résulte  qu'il  n'y  eut  pas  seulement  un  simple  différend 
entre  deux  hommes  qui  se  détestaient,  mais  une  résistance  irrécon- 
ciliable de  la  province  à  des  exigences  regardées  comme  abusives  ; 
et  le  procureur  général  fut  considéré  comme  l'inspirateur,  le  chef 
occulte  mais  réel  de  l'opposition  :  dès  lors,  ce  fut  un  ennemi  qu'il 
fallait  abattre,  et  tous  les  moyens  furent  bons,  poursuites  arbitraires, 
rigueurs  injustifiables  et  cruelles,  pour  consommer  ce  qui  n'était  en 
somme  qu'une  monstrueuse  iniquité.  Il  en  résulte  aussi  que  la 
loyauté,  l'énergie,  la  fermeté  et  le  désintéressement  furent  les  traits 
distinctifs  de  la  vie  de  La  Ghalotais.  à  qui  on  ne  peut  reprocher  pen- 
dant ces  luttes,  ni  une  action  basse,  ni  un  acte  de  faiblesse,  et  qui 
ne  sacriûa  sauf  peut-être  en  une  fâcheuse  circonstance  que  nous  al^ 
Ions  dire,  aucune  de  ses  convictions  à  ses  intérêts  personnels  :  c'est 
bien  le  martyr  des  libertés  bretonnes. 

Il  y  a  en  effet  une  ombre  au  tableau  .^Pour  le  public  qui  connaît 
peu  les  droits  réciproques  que  pouvaient  avoir,  Tune  en  face  de 
l'autre,  la  Bretagne  et  la  royauté,  le  nom  du  procureur  général  de 
La  Ghalotais,  évoque  surtout  le  souvenir  du  proscripteur  des  jésuites, 
et  la  foule  ne  voit  guère  en  lui  que  l'auteur  des  fameux  Comptes- 
rendus  et  du  plan  d*Educatioii  nationale.  Les  passions  politiques  se 
sont  emparées  de  cet  ouvrage,  et  toutes  les  fois  qu'il  est  question 
de  nouvelles  mesures  contre  les  ordres  religieux,  on  réimprime  les 
réquisitoires  du  procureur  général  devant  le  Parlement  de  Rennes, 
M.  Pocquet  a  consacré  un  chapitre  particulier  à  l'étude  de  cet  inci- 
dent d'ordre  plus  général,  parce  qu'il  peut  être  considéré  comme  se 
rattachant  à  la  bataille,  le  duc' d'Aiguillon  s'étant  montré  person- 
nellement favorable  aux  Jésuites.  Il  prouve  que  le  compte-rendu 
des  constitutions  qui  fut  officiellement  demandé,  au  mois  d'août  1761, 
à  La  Ghalotais,  par  le  Parlement,  est  bien  son  œuvre  propre,  et  non 
celle  de  d'Alembert,  comme  on  Ta  quelquefois  prétendu.  Mais  ici  je 
l'arrête.  LaGhalotais,  nous  dit  ailleurs  M.  Pocquet,  n'était  ni  janséniste 
nimoliniste  et  semble  même  avoir  professé  un  certain  dédain  pour  les 
disputes  des  théologiens.  11  pratiqua  toujours  la  religion  catholique 


100  CHRONIQUE 

dans  ses  plus  rigoureux  devoirs,  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie':  il  faisait  ses 
P&ques  et  observait  le  carôme,etpar  une  contradiction  singulière  entre 
ses  écrits  et  sa  conduite,  ses  filles  et  ses  petites-filles  étaient  élevées  au 
couvent. . .  S'il  en  est  ainsi,  peut-on  qualifier  assez  sévèrement  un 
réquisitoire  dans  lequel  les  altérations  de  textes  sont  nombreux  et 
palpables,  et  qui  applique  à  la  société  en  général  les  ouvrages  de 
quelques  particuliers  absolument  désavoués  et  condamnés  par 
leurs  supérieurs?  Il  ne  suffit  pas  de  dire  :  «  Nous  préférerions  beau- 
coup, pour  notre  compte,  que  La  Ghaiotais  n'ait  pas  écritles  Comptes 
rendus  »,  il  fallait  appeler  tout  crûment  cet  ouvrage  une  mauvaise 
action  :  car  un  procureur  général  n*a  pas  le  droit  de  laisser  passer 
dans  une  œuvre  de  cette  importance  et  qui  conclut  à  la  destruction 
de  toute  une  compagnie,  des  erreurs,  des  contradictions,  des  cita- 
tions inexactes,  mal  comprises  ou  tronquées.  La  vérité,  triste  à 
dire^  ne  serait-elle  pas  que,  sachant  le  premier  ministre  Ghoiseul 
favorable  à  la  destruction  de  Tordre,  il  voulut  lui  faire  sa  cour  pour 
obtenir  la  survivance  de  sa  charge  sur  la  tète  de  de  son  fils,  faveur 
qu'il  obtint  en  effet,  un  peu  plus  tard,  au  détriment  de  son  avocat 
général  Le  Prestre  de  Chateaugiron  dont  il  se  fit  un  ennemi  impla- 
cable?... Ilfut  récompensé  par  les  applaudissements  enthousiastes  de 
Voltaire  ;  mais  bientôt  lui-même  eut  à  subir  des  peines  analogues  à 
celles  qu'il  avait  fait  infliger  aux  Jésuites.  Ce  rapprochement  n'a  pas 
échappé  à  sa  petite-fille  M™«  de  la  Fruglaye  :  «  La  justice  de  Dieu,  dit- 
elle,  semble  poursuivre  d'une  manière  évidefote  les  fautes  duprocureur 
général  dans  les  souffrances  de  l'homme  privé.  Il  avait  représenté 
les  Jésuites  comme  perturbateurs  du  repos  public,  promouvant  l'in- 
trigue, fauteurs  de  troubles.  La  réfutation  de  ces  injustes  accusa- 
tions se  trouverait  au  besoin  dans  les  mémoires  publiés  pour  sa 
propre  défense  par  M.  de  la  Chalotais  pendant  son  procès.  Il  y  re- 
pousse de  toute  la  force  de  sa  conscience  d'honnête  homme  les  ac- 
cusations mômes  dont  il  avait  chargé  les  Jésuites  avec  aussi  peu  de 
fondement  qu'il  y  en  avait  à  les  lui  imputer.  Il  serait  facile  de  rap- 
procher les  divers  chefs  d'accusation  ;  la  similitude  de  la  conclusion 
des  deux  causes  n'est  pas  moins  frappante. . .  »  M.  Pocquet  cite  ce 
paspairc  dod  mémoires  de  M"»  de  la  Fruglaye  :  j'eusse  préféré  qu'il 
l'eu'u  écrit  lui-môme. 

*  En  résumé,  les  deux  volumes  que  nous  présentons  aujourd'hui 
aux  lecteurs  de  la  Revue  Historique  de  V Ouest  constituent  la  plus 
importante  contribution  à  l'histoire  de  la  Bretagne  pendant  Le 
XVIII*'  siècle  qu'il  nous  ait  été  donné  de  constater  depuis  longtemps. 
C'est  en  môme  temps  une  œuvre  de  bonne  foi,  de  justice  impartiale 
et  d'ardent  patriotisme.  Je  ne  lui  reprocherai  que  quelques  incor- 
rections de  noms,  comme  pour  le  Père  Le  Pape  de  Kerniny,  d'Hélian, 
près  Quimper  ;  je  pense  qu'il  faut  lire  Elliant.  Ce  ne  sont  là  que 
vétilles.  Les  deux  volumes  de  M.  Pocquet  réclament  leur  place  dans 
toute  bibliothèque  bretonne.  R.  K. 


REVUE  HISTORIQUE  DE  LOUEST 


XVI»  ANNÉE.    —   1900 


TABLE  DES    MATIÈRES 


DOCUMENTS 


Chronique,  Nécrologie,  Bibliographie,  par  F.  Saulnikr.     .     .    5 
Chronique,  par  Jehan  de  la  Sayinate.     .     .     .     .     .     .     .     13 

Bibliographie  :  Origine  et  Généalogie  de  la  Maison  de  Trogoff,  par 
M.  le  V*«  Louis  Urvoy  de  PortzamparCt  de  F.  Saulkier.    ....    23 

Notes  d'alliances  sur  les  familles  Roux  de  Laubinais,  Grélier  de  la 
Barbotièreet  Massicot  de  la  Verdrie,  par  le  V*«  Odon  du  Hautais.    27 

Compte  de  gestion  pour  les  années  1697-1707  rendu  par  missire 
Pierre^Ghristophe  Jouacelle,  chanoine  de  Nantes,  à  Messieurs  les 
Doyen^  Chanoines  et  Chapitre  de  TÉglise  de  Nantes  par  J.  de 
Kersauson 41,  65 

Notes  d'état-civil  et  historiques  extraites  des  registres  des  pa- 
roisses de  l'arrondissement  de  Nantes,  dont  les  archives  ont  été 
détruites  pendant  la  Révolution  (suUe\  ipa.r  le  M**  de  Granges  de 
SURGÈRBS 87 

Chronique,  Bibliographie,  par  R.   K 97 


REVUE  HISTORIQUE  DE  L'OUEST 


XVI'   ANNÉE.    —    1900 


TABLE   DES    MATIERES 

PAR  NOMS  D'AUTEURS 


DOCUMENTS 


GRANGiBDBSuRaÂRB8(M'*  de).  —  Notes  d'état-civil  et  historiques 
extraites  des  registres  des  paroisses  de  l'arrondissement  de  Nantes, 
dont'  les  archives  ont  été  détruites  pendant  la  Révolution  (mité).    87 

Kersauson  (J  .  de).  — -  Comptes  de  gestion  pour  les  années  1697- 
1701,  rendu  par  missire  Pierre-Ghistophe  Jouacelle,  chanoine  de 
Kantes.  à  Messieurs  les  Doyen,  Chanoines  et  Chapitre  de  TÉglise 
de  Nantes 41,65 

OnoN  DU  Hautais  (V**).  —  Notes  d'alliance  sur  les  familles  Roux 
de  Lauhinais,  Grélier.  de  la  Barhotière  et  Massicot  de  la  Yerdrie.    Z! 

m 

R.  K.  -    Chronique,  Bibliographie 97 

Saulnibr  (F.)-  —Chronique,  Nécrologie,  Bibliographie.      .     .     5 

—  Bibliographie  :  Origine  et  Généalogie  de  la  Mai- 

son deTrogoff,  par  le  V*«  Louis  Urvoy  de  Portzamparc.     .     .    23 

Savinatb  (Jehan  de  la).—  Chroniques.    .     .  ■ 13 


Le  Gérant  :  J.A.  BLINO. 


Vannes.  •—  Imprimerie  Lafolyb,