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Full text of "Revue historique"

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REVUE 

HISTORIQUE 


Paraissant   tous   les    deux   mois 


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AlTred  liniirpunî.  \.r    I  , 


32'  ANNÉE.  —  TOME  XCIV. 


Mai-Juin  1907. 


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1  LomlM  »  U  tin  du 


Ch.    Pfl*:n  ;.,  goreellerie 

GmIod  Cat  .  ,,,„.  n  |ra  j.F„. 


£    Déprw.  1.4  n 


Comptes -rendus  critique».  (Pour  /*  itlait,  voir  a*  1 
Pnbllc*UoD«  périodique»  ot  Sociétés  uvuU*. 
s  et   Bibllo|rr*pliie. 


27 

1907 


FÉLIX  ALCAN ,  Éditeur 
108,    lIOULKYARb    SA1XT  -  0  EBM  A  1>       108 

PARIS,  6- 


-'-ViS    IMFGUTA,NT. 


Les  demander   de   tirage  à  part  d'articles  doivent  être  adressai 
an  bureau  de  1»  Revue  en  même  temps  que  les  épreuves. 


[lins  Damai  '>,.  Geacslebie  lier  Erlettkuttl  in    Ri an  dn 

<Ch.  LecrJvatn). 

.,     M.Mii..!  .!.■  t'blstoin  llei  rHi^iuns  {Alfred  Loisyl 
!..  DDCDXSVt.  Histoire  .inrienne  da  I  Ëftllif  (Id>. 

Broal  Lhi'=. HnftiigedMflaiHgaokBlli  la dur  eartitlictu»  Kirclie(K  -Ch.  Bahut) 

.    I,.  Si.eik!ti-KilliïBiiiiiii;  ri  0.  Mi.iii.n  ii.  l'lk<ii:i!i-<ili'lir«(LolllsHBlpben) 
L.-M.  Him  ■   i-     ii     Mitlrtalter  (René  Pnupardin). 

Fiani  \    But».  Iiii.l'i..ii  *oii  Linntia    10M-1133    ind  du  Urcblleba  strilenbesel 

.'  (Louis  Halphen). 
Rudoll  EolZSCHK*.  si.ii.lini  nir  Verwiiltungmiewliirljt.?  ■  i ■  ■  r   Broaagnindban 

dra  an  u«  lliihr  (Georges  Bloudel). 
î-:.  Ksl.-j  Bin  Battras;  mr  r,l>.  htebU  dm  Pru<ukiner  «n  d( 

Vende  dtt  13.  nnid  1 1.  lahrauaderla  (Charles  Mollnierf 
P.-J.  Bluk.  Oeschiedeni»  tau  hoi  \eii.-ii.ii.i--hi.  Solk  (H.  Plrenne). 

Ml'ri'i].,  I' i,,i.im.  Ainii.iral.iri  r  Riudici  >lc!h  Etivr>]uzii>ne  franeese  :  Ttiiers.  Michelel 

I1I.III,.  sjbel,  Imkw,  TocjobtIIIs,  Borel  (Ch.  Seitz). 

■■'■lin   HUI   II  ["'in.  h:  ::  i-,   fl   iralO 

ù h'  l.i  ilii'ii'iuc  rqiiiMleeJae  (Albert  Thomas), 

OUo  ton  Ha    m. il.   i     i  uirt   hii.'.iijili  Wiiiitim  IV.  —  II.  Preaasan  «"«wiErtis 

i'„liiik.  i;-;.mi-i.-;-,.^  (Paul  Matter) 
\  ,-i.m.  Ki-m-,1!,.  fht  |asi  sud  prtwnl  oTJimmm  eonmatea  (H.  H  au  se  r) 

Moriti  i.mm-.  Lêbenaeri nagea.  —  K.  Hicbt,  Ltitarui  der  Begrunder  der  Vas! 

karpajeb  ti  Uiam-  (Gabriel  Monod). 

■    i.-i  rll  H  l'i-'i'ii'  de  I  ""''|iii'  Mrns-ripMii'f  (Louis  Léger) , 

LES  PROCHAINS  NUMEROS  CONTIENDRONT  : 

Fr.  Barbey.  Lse  mé ire«  da  Plueba  Rural. 

Louis  Batîffol.  La  coup  tf&M  de     i  errU  1611 

Joseph  Bedier.  La  lep.iiilr  île  lt.ii.iul  n>  I 

G.  Bourgtn.  Caglloilro  ri  la  frane-mteoimerla,  d'apria  îles  documents  Italien*. 

L.  Bréhler.  t..i  cooceplioa  da  pouvoir  in.périal  en  Orient  pendant  le»  trois  prcinioi 

■  l.lr'li.'lilii-. 

Napoléon  l  '  H  l'abbé  Haoi 

,inl. Vincent  île  Pdtile. 

G.  Candrillier.  La  complu!  da  l'un  XII. 

R.  Dareste.  Holmao;  années  Il 

Guillaume  Depping.  Les  Allié*  a  Paris  en  ISIS. 

Eugène  Déprez    i  de  Bonaparli 

Id.   »ii>li'ft  cl  'ii avrils  sur  la 

Jaoques  Flacb.  Notée  «m   V  '■■■  la  Cbttdea  et  sur  le 

Jean  Gulraud.  T„,  |mlili<|iir  Italienne  da  pape  Martin  V. 
Ralmond  Guyot  cl  L.  Thénard.  Le  conveaiio I  ' (on. 

N.  Japikse.  Louli  K1V  al  la  guorre  utirIu  Ii.iII.hhI.m..,-. 

Ch,-V.  Lan  g  lois     l.i-s  ikilpan.-"  de»  n* nanti'",  du  Tonlmi-- 

Uliili  -\  llm.nl  il.'  i'.'. 

Ferdinand  Lot   La  ujuettiou  de 

Achille  Luchatre    i  ,    , 

Charles  Moliuler.  L'Agitas  cl  la  wcttU  i 

G.  Pages.  Elagnee  ta  Llonna  el  la  pdUUqi 

H.  Prentout.  Littni  BatoDieon   SaiOBW  B«Jt>oM»lnL  OtUags  Sjiunic». 

Jacques  Rambaitd  l  Naplea. 

François  Ricci.  Nota 

Alexandre  Schurr.  Va  tflolw    < 

Galltia  AinniMiiiis. 
H.  Sée.  Ir-  i  ]■-.■■,  |i"lili't»''-  '!■■   ■■  ■ 
G.-N.  Trleoo.be.  Wul  ort-Sa«aslt*. 

„  dr  La  il-:  ■:•<>  rttpomatiU  in  manui 


REVUE  HISTORIQUE 

PABUissi  !^*  A  16  reni 

ET  FORBiUNT  TROIS  VOLUMES  DE  500  PAGES  ES\1R0F1  PIS  AN. 


REVUE 


HISTORIQUE 


Paraissant  tons  les  deux  mois 

SOUS    LA   DIRECTION   DE 

Gabriel   MONOD   bt   Charlbs    BÉMONT. 

Ne  quid  falsi  amdemt,  ne  çuid  veri  non  audeat  kittoria. 

Qcfaoïi,  de  Orat.,  II,  15. 

TRENTE-DKUXJJÈME  ANNÉB. 


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TOME  QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME 
Mai-Août  1907. 


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PARIS 
FÉLIX  ALCAN,  Éditeur 

108,    BODLBVARD    8AINT-OBBMAIN 

1907 


101733 


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REVUE 


HISTORIQUE 


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DARAGON,  Éditeur,  30,  Rue  Duperré,   PARIS. 

BIBLIOTHÈQUE    DU    VIEUX    PARIS 

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Mai-Juin   1901     --   TUf. 


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.    iq-S.       10  h.    '. 


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LE  DUC   DE  CHOISEUL 


L'ALLIANCE   ESPAGNOLE 


APRÈS  LE   l'ACTt!   DE    l'AMIL.l.E. 


I. 


Le  pacte  de  famille  est  signé.  Après  les  effusious  et  la  joie,  il 
faulpasseraux  actes,  etChoiseul  s'empresse  de  se  mettre  a  l' œuvre. 
*  II  De  s'agit  plus  aujourd'hui,  écrit-il  le  15  septembre  1761 ,  que 
île  concerter  les  mesures  à  prendre  pour  leur  exécution  la  plus 
prompte  et  la  plus  entière.  »  Le  roi  d'Espagne,  de  son  côté,  n'en- 
lendait  pas  mater  inactif  et,  suivant  l'habitude  qu'il  avait  prise, 
il  discutait  eu  toute  franchise  avec  l'ambassadeur  de  Louis  XV 
a  Madrid  les  projets  auxquels  od  pourrait  s'arrêter'. 

Diverses  combinaisons  venaient  à  l'esprit  de  Charles  111  pour 
s'efforcer  d'abattre  la  puissance  britannique.  Il  songeait  à  une 
i  contre  Gibraltar,  ou  bien  à  une  invasion  que  les  troupes 
franco- espagnoles  tenteraient  en  Angleterre,  si  le  cabinet  de 
Londres  ne  prenait  pas  des  précautions  suffisantes  pour  la  rendre 
impossible.  Un  autre pland'altaque  visait  la  Jamaïque.  MM.  Wall 
et  d'Ariaga  semblaient  persuadés  qu'il  y  avait  là  des  chances 
de  succès,  et  d'Ossun  trouvait  lui  aussi  que  ce  serait  le 
OMp  le  plus  sensible  à  porter  au  commerce  des  Anglais  dans  les 
Inde*  occidentales.  Cette  dernière  entreprise  aurait  plus  d'effets 
Ion  engageait  le  Portugal  dans  l'alliance  franco-espa- 
1  iiarles  III  pensait  y  parvenir  à  l'amiable.  Eu  quoi,  d'ail- 
leurs, il  voyait  moins  juste  que  son  ministre  et  que  l'ambassadeur 
français.  Ceux-ci  déclaraient  en  effet  que  se  leurrer  de  pareilles 
espérances  était  vouloir  se  duper  soi-même.  11  est  vrai  que  d'Os- 

I.  Eipune  U3,  fol.  433  et  suit. 

Rbv.  Uamm.  XCIV.  1"  paw.  1 


2  ALFRED  BOURGUET. 

sun  disait  :  «  La  crainte  pourra  faire  ce  que  l'amitié  ne  produira 
pas.  » 

Entre  le  secrétaire  d'État  espagnol  et  le  représentant  de 
Louis  XV,  les  relations  les  meilleures  et  les  plus  cordiales  existaient 
enfin.  C'est  ainsi  que  M.  Wall  n'hésita  pas  à  confiera  d'Ossun  le 
précis  d'une  lettre  qu'il  avait  récemment  écrite  à  M.  de  Grimaldi 
«  pour  justifier  ses  principes  et  sa  conduite  passée  ».  Il  lui  témoigna 
d'ailleurs  les  sentiments  les  plus  conformes  aux  désirs  de  Choiseul 
de  voir  les  deux  ministères  s'accorder  «  une  confiance,  une  amitié, 
une  estime  réciproques  ».  Charles  III  ne  s'était  donc  pas  trompé 
jadis  en  affirmant  à  l'ambassadeur  que  «  la  barque  devait  mar- 
cher dans  le  sens  où  l'on  donnait  le  coup  de  gouvernail  ».  Sa  fer- 
meté et  sa  constance  n'avaient  pas  moins  fait  que  les  événements 
pour  convaincre  et  pour  convertir  notre  adversaire  d'autrefois. 

La  loyauté  constamment  témoignée  par  le  ministre  dirigeant 
de  Louis  XV  n'était  pas  non  plus  étrangère  à  ce  résultat.  Elle 
avait,  en  tout  cas,  mérité  la  franche  sympathie  et  l'estime  du  roi 
d'Espagne.  D'Ossun  trouva  dans  la  lettre  que  Choiseul  lui  écrivait 
pour  refuser  la  «  grandesse  »  une  exposition  si  noble  et  si  vive  de 
ses  sentiments  qu'il  crut  devoir  la  mettre  sous  les  yeux  de 
Charles  III.  Celui-ci,  loin  d'en  être  froissé,  n'y  vit  qu'une  preuve 
nouvelle  de  la  délicatesse  et  de  la  fierté  de  son  signataire.  Il  laissa 
donc  entendre  à  l'ambassadeur  qu'il  ne  différerait  l'admission  de 
Choiseul  dans  l'ordre  de  la  Toison  d'or  qu'  «  autant  qu'il  serait 
indispensablement  nécessaire  d'éviter  que  la  publicité  de  cette 
grâce  puisse  compromettre  le  secret  du  système  convenu  entre  les 
deux  couronnes1  ». 

L'intimité  entre  les  deux  cours  allait  sans  cesse  en  augmentant. 
Le  22  septembre  1761,  Louis  XV  écrivait  à  Charles  III  pour  lui 
demander  d'être  parrain  de  son  petit-fils  le  comte  d'Artois  (le  futur 
Charles  X),  et  le  roi  d'Espagne  lui  répondait  bien  vite  pour  lui 
témoigner  «  le  doux  empressement  avec  lequel  il  acceptait  cette 
proposition  ». 

Afin  de  ne  pas  différer  l'accomplissement  de  mes  vœux,  disait-il  à 
son  cousin,  j'envoie  aujourd'hui  même  ma  procuration  au  duc  de 
Berry,  le  priant  d'exécuter  à  ma  place  cette  cérémonie  et  de  donner 
à  mon  filleul  le  nom  de  Charles.  Mais  comme  je  souhaite  que  rien  ne 

1.  Espagne  533,  fol.  450. 


CHOISEUL    ET   L  ILLUUCE   ESPAGNOLE.  3 

■  ma  satisfaction  et  aux  marques  de  tendresse  que  je  dois  à 
mon  neveu  le  comte  d'Artois,  je  prie  aussi  V.  M.  de  vouloir  bien  lui 
mettre,  après  la  célébration  de  son  baptême,  la  Toison  d'or  que  mon 
ambassadeur  remettra  à  V.  M.,  et  cela  sans  aucune  cérémonie,  en 
attendant  qu'il  parvienne  à  l'âge  requis  pour  observer  les  solennités 
établies  par  l'ordre.  Qu'il  est  doux  pour  moi  de  pouvoir  donner  à  ce 
jeune  prince  ce  doux  gage  de  mon  atl'ection,  d'acquérir  un  tilleul  aussi 
limaille  par  ses  qualités  et  de  procurer  en  même  temps  â  mon  ordre 
un  aussi  illustre  membre  qui  en  augmentera  l'éclat  autant  par  ses 
vérins  que  par  son  auguste  rang'. 


II. 


$UM  jour  où  le  roi  de  France  avait  sollicité  de  son  cousin 
une  adhésion  si  prumptenient  et  si  affectueusement  donnée,  Choî- 
seul  informait  d'Ossun  que  la  négociation  pour  la  paix  avec  l'An- 
gleterre était  entièrement  rompue  et  qu'il  avait  fait  parvenir  ses 
passeportsàM-dcStanley,  l'agent  choisi  par  Pitt  pour  transmettre 
DtiODS  au  cabinet  de  Versailles.  M.  de  Bussy,  de  son  côté, 
se  préparait  à  quitter  Londres,  et  la  diplomatie  allait  de  nouveau 
céder  la  parole  au  canon. 

11  était  donc  temps  de  combiner  ses  mouvements  avec  l'Espagne 
et  de  mettre  en  jeu  l'alliance  pour  autre  chose  que  des  réjouis- 
sances de  famille.  Aussi  Choiseul  écrivait-il,  de  sa  main,  sur  la 
lettre  où  d'Ossun  lui  communiquait  les  idées  de  Charles  III  : 


Les  projets  qui  regardent  l'Amérique  méridionale,  tels  que  la 
reprise  de  la  Guadeloupe  et  la  conquête  de  la  Jamaïque,  sont  les  plus 
profitables.  Il  faut  y  joindre  celui  du  Portugal  avec  vigueur  et  la  plus 
grande  étendue,  de  sorte  que  je  penserais  qu'une  entreprise  sur  Rio- 
:  '  serait  aussi  bien  nécessaire  en  mémo  temps  que  celle 
qu'on  exécuterait  sur  le  continent  portugais.  Ces  objets  et  ceux  de 
miiaervalioii  et  d'approvisionnement  des  possessions  des  deux  cou- 
ronnes doivent  être  les  seuls  projets  en  cours  à  ce  qu'il  me  semble. 
On  verra  dans  la  suite  s'il  reste  assez  de  moyens  et  Tà-propos  pour 
donner  des  alarmes  â  la  cour  de  Londres  sur  l'Irlande1. 

Suffisait-il  même  de  faire  des  plans?  Ce  n'était  pas  l'avis  de 
Choiseul,  qui  aurait  voulu  brusquer  la  situation  maintenant  qu'il 


ie  5M,  fol.  14. 
3.  Kap*snr  S 


4  1LFRBD   BOURGUET. 

était  sûr  de  ne  plus  pouvoir  signer  la  paix  de  la  France  avec 
l'Angleterre.  Sans  doute,  le  roi  catholique  n'ayant  pris  que  pour 
le  1er  mai  1762  l'engagement  de  déclarer  la  guerre  à  l'Angle- 
terre, nous  ne  pouvions  pas  (en  vertu  de  la  convention  secrète 
du  15  août  1761)  exiger  qu'il  entrât  en  campagne  avant  le  terme 
stipulé.  Mais,  comme  la  flotte  espagnole  était  revenue  des  Indes 
en  parfait  état  et  chargée  de  galions,  il  y  avait,  suivant  le  mot 
du  ministre,  tant  de  raisons  de  convenance,  d'intérêt  et  de  pré- 
voyance à  alléguer  pour  avancer  le  temps  de  cette  déclaration 
qu'il  n'était  pas  déraisonnable  de  croire  qu'elle  aurait  lieu  avant 
la  date  axée  tout  d'abord. 

Une  chose  paraissait  d'ailleurs  étrange  à  Choiseul  (et  il  pen- 
sait que  l'Europe  serait  de  son  avis),  c'était  qu'après  l'incident 
du  mémoire  remis  par  M.  de  Bussy  à  la  cour  britannique  sur  la 
nécessité  de  la  jonction  des  intérêts  de  l'Espagne  à  ceux  de  la 
France,  on  vit  l'ambassadeur  espagnol  demeurer  à  Londres  et  le 
roi  Charles  ne  pas  témoigner,  par  son  rappel,  du  ressentiment 
qu'il  devait  éprouver.  «  Ne  pourra-t-on  pas,  disait-il,  nous 
soupçonner  d'avoir  pris  sur  nous  de  faire  penser  et  parler  selon 
nos  vues  particulières  la  cour  de  Madrid,  et  l'opinion  que  l'Es- 
pagne est  fort  éloignée  de  vouloir  rompre  avec  l'Angleterre  ne 
sera-t-elle  pas  un  moyen  efficace  pour  le  ministère  anglais  de 
s'assurer  d'avance  les  fonds  nécessaires  pour  la  campagne  de 
1762?  »  Pour  ces  diverses  raisons,  Choiseul  espérait  que  l'on 
arriverait  à  convaincre  Charles  III  et  son  secrétaire  d'Etat  de 
l'utilité  d'avancer  l'heure  de  la  déclaration  de  guerre.  Il  donna 
même  l'ordre  à  d'Ossun,  le  29  septembre  1761,  d'insister  sur 
l'importance  qu'il  y  aurait  à  commencer  les  hostilités  au  mois  de 
décembre  au  plus  tard. 

A  vrai  dire,  l'ambassadeur  trouva  auprès  de  la  cour  de  Madrid 
les  dispositions  les  plus  favorables.  Le  roi  d'Espagne  apprit  sans 
peine  et  sans  crainte  la  rupture  de  notre  négociation  avec 
l'Angleterre,  et  M.  Wall  dit  à  d'Ossun  de  son  propre  mouvement  : 
«  Vous  savez  que  je  n'aime  pas  la  guerre,  mais,  puisqu'elle  est 
devenue  inévitable,  je  n'omettrai  rien  pour  la  rendre  aussi  nui- 
sible aux  Anglais  qu'il  sera  possible  ».  Tous  les  autres  ministres 
espagnols  parurent  à  d'Ossun  «  remplis  de  confiance  et  de  fer- 
meté ».  Mais,  en  dépit  de  ces  bonnes  intentions,  le  souverain  lui 
exprima  la  crainte  de  ne  pas  pouvoir  entamer  les  hostilités  avant 
l'époque  prévue  par  le  traité. 


Chojseul  crut  donc  indispensable  de  revenir  à  la  charge  et  le 
13  octobre  176i  il  écrivit  à  d'Ossun  une  seconde  lettre  où  il 
ait  une  fois  encore  ses  vues  sur  l'entrée  eu  campagne  de 
la  monarchie  espagnole.  Plus  il  croyait  apercevoir  de  lenteur  à 
Madrid  et  plus  U  se  montrait  pressant  pour  que  cette  question  fût 
profnptement  réglée.  Aussi  disait-il  :  *  J'ai  longtemps  conféré 
avec  M.  l'ambassadeur  d'Espagfle  sur  la  déclaration  de  guerre 
[.  C  contre  l'Angleterre.  Je  crois  avoir  prouvé  a  cet 
ambassadeur  qu'elle  ne  peut  pas  être  trop  prompte  et  qu'il  était 
important  qu'elle  se  fît  vers  le  mois  de  novembre.  » 

Il  ne  fallait  pas  s'attendre,  d'après  Choiseul,  à  ce  que  le  minis- 
tère britannique  traitât  avec  hauteur  M.  de  Fuentès  à  Londres.  Il 
semblait  certain,  au  contraire,  «  que  la  cour  d'Angleterre  aurait 
pour  celle  d'Espagne  la  douceur  la  plus  marquée  »  et  que 
«  M.  Pitt  s'étudierait  à  endormir  S.  M.  C.  par  des  complaisances 
et  même  des  espérances  de  terminer  les  différends  à  la  satisfac- 
roi  d'Espagne  »,  afin  d'empêcher  ou  tout  au  moins  de 
retarder  le  plus  possible  l'union  des  armes  françaises  et  espa- 

Choiseul  redoutait  beaucoup,  si  Pitt  parvenait  à  ce  résultat. 
3t  lui  voir  acquérir  dans  les  cabinets  de  l'Europe  *  une  grande 
i  iur  bous  »  en  leur  inspirant  une  crainte  très  vive  par 
le  seul  fait  que  l'Espagne  paraîtrait  avoir  peur  de  se  déclarer 
Quatre  l'Angleterre.  Le  iniuistre  anglais  ne  pourrait-il  pas  non 
plus,  si  l'on  venait  à  apprendre  notre  alliance  avec  l'Espagne, 
nous  couvrir  de  confusion  en  la  traitant  d'inutile  et  même  de  chi- 
mérique puisqu'elle  ne  produisait  aucun  résultat? 

Ce  serait  là  pour  notre  adversaire  un  succès  moral  considé- 
rable devant  les  puissances  étrangères  et  devant  ses  concitoyens, 
toujours  prêts  à  l'admirer.  En  outre,  le  crédit  financier  se  sou- 
tiendrait à  Londres  *  en  proportion  de  l'opinion  qu'on  aurait  que 
l'Espagne  ne  *.■  déclarerait  pas  contre  l'Angleterre  ».  Si  le  minis- 
tère britannique,  disait  Choiseul,  flattait  et  entretenait  pendant 
mois  cette  croyance,  il  se  donnerait  le  temps  de  réunir 
des  fonds  pour  une  campagne  nouvelle  contre  la  France  et  il 
remporterait  ainsi  uu  grand  avantage  sur  nous.  L'un  des  objets 
intéressants  de  l'alliance  n'ètail-il  pas  d'empêcher  *  l'opération 
de  fonds  »  qui  serait  consommée  si  l'Espagne  ne  prenait  pas  un 
parti  dans  le  courant  de  novembre.  «  En  vérité,  concluait  le 
ministre,  yi  ne  conçois  pas  quel  avantage  le  retardement  de  la 


6  ALFRED   BOORGUBT. 

déclaration  de  S.  M.  C.  pourra  procurer  qui  puisse  compenser 
celui  de  l'embarras  de  la  cour  d'Angleterre  sur  ses  fonds1.  » 

Un  autre  «  objet  politique  et  essentiel  »  paraissait  de  nature 
à  activer  les  décisions  de  Charles  III.  Choiseul  avait  perdu  toute 
espérance  de  voir  la  cour  de  Vienne  triompher  dans  sa  lutte  contre 
le  roi  de  Prusse  et  il  écrivait  à  d'Ossun  :  «  Quoique  les  Autri- 
chiens aient  pris  Schweidnitz  par  une  espèce  de  miracle  et  que, 
dans  ce  moment,  leur  enivrement  doive  faire  place  à  l'abattement 
qu'ils  avaient  montré  précédemment,  il  faut  s'attendre  qu'il  arri- 
vera en  Silésie,  avant  les  quartiers  d'hiver,  des  événements  qui 
pourront  faire  renaître  cet  abattement.  Il  sera  autorisé  par  l'es- 
prit qui  règne  à  Pétersbourg  et  qui,  nécessairement,  influe  sur 
la  cour  de  Vienne.  » 

Choiseul  redoutait  que  les  deux  impératrices  ne  fissent  alors 
des  démarches  pour  la  réunion  du  congrès  projeté  à  Augsbourg. 
Il  estimait  que,  si  l'Angleterre  y  consentait,  nous  aurions  de  la 
peine  à  nous  y  opposer  et  que  «  les  négociations  pourraient  se 
trouver  en  pleine  activité  »  à  la  fin  de  cette  année  1761.  «  Si 
l'Espagne  ne  s'est  pas  déclarée,  disait-il  très  justement  à 
d'Ossun,  elle  ne  sera  point  admise  au  congrès.  Si  elle  n'y 
est  point  admise,  jugez  du  râle  que  jouera  la  France  seule, 
obligée  de  se  soumettre  aux  conditions  de  ses  ennemis  et 
de  ses  alliés...  Cette  situation  de  la  France  sera  aussi  humi- 
liante que  désavantageuse.  Au  lieu  que,  si  le  roi  d'Espagne  avait 
un  ambassadeur  à  Augsbourg,  unis  d'intérêts  avec  lui  nous  y 
jouerions  le  rôle,  pour  les  affaires  d'Espagne  et  de  France,  qui 
nous  conviendrait  en  nous  rendant  les  maîtres  absolus  de  notre 
négociation  avec  l'Angleterre2.  » 

ni. 

Il  faut  bien  convenir  que  les  raisons  exposées  par  Choiseul 
étaient  des  plus  sérieuses  et  méritaient  d'être  examinées  avec  soin 
par  Charles  III.  Le  ministre  français  venait  d'ailleurs  d'assumer 
une  tâche  nouvelle  qui  devait  l'encourager  plus  encore  à  sollici- 
ter le  concours  des  forces  maritimes  de  l'Espagne. 

Le  13  octobre  1761,  son  cousin,  le  comte  de  Choiseul-Praslin, 

1.  Espagne  535,  fol.  45. 

2.  Espagne  534,  fol.  47. 


et  l  ir.i.nncE  espagnols,  7 

avait  prêté  serment  pour  la  charge  de  secrétaire  d'Etat  aux  Rela- 
tions extérieures.  Par  une  mesure  que  justifiait  la  confiance  de 
Louis  XV  et  la  gratitude  du  roi  d'Espagne,  Choiseul  conservait 
la  correspondance  diplomatique  avec  l'Espagne,  le  Portugal  et 
les  cours  de  famille  (Naples  et  Parme).  Mais  il  prenait  possession 
du  ministère  de  la  Marine,  et  toute  son  activité  ne  serait  pas  de 
trop  pour  mener  de  front  les  occupations  si  lourdes  que  lui  impo- 
saient ses  multiples  fonctions.  Il  se  montrait  plein  d'ardeur  pour 
se  mettre  à  la  besogne  et  de  courage  pour  l'accomplir.  «  C'est 
une  machina  bien  en  désordre,  disait-il  en  parlant  de  son  nou- 
veau département.  Avec  de  la  patience,  de  la  suite,  du  tru- 
eail  et  plus  de  talents  que  je  n'en  ai,  on  vient  à  bout  de 
tout.  »  D  devait  justifier,  et  au  delà,  les  espérances  qu'il  conce- 
vait alors. 

Pour  la  réussite  de  cette  œuvre,  l'entente  avec  l'Espagne  était 
on  point  capital,  et  le  concours  empressé  du  marquis  d'Ossun  lui 
demeurait  des  plus  précieux.  Aussi  Choiseul  fut-il  heureux  d'ob- 
tenir d<-  Louis  XV  un  témoignage  matériel  de  satisfaction  pour 
•on  ambassadeur  à  Madrid.  Le  jour  même  où  il  faisait  part  à 
d'Ossun  de  son  entrée  en  fonctions  à  la  Marine,  il  lui  annonçait 
«  une  gratification  de  20,0<J0  livres  qui  serait  jointe  k  ses  appoin- 
tements du  premier  quartier  de  l'année  prochaine  ».  Récompense 
bien  méritée  des  efforts  accomplis  par  ce  fidèle  serviteur  et  stimu- 
lant de  zèle  pour  l'activité  qu'il  lui  faudrait  encore  témoigner 
dans  l'avenir. 

On  événement  sensationnel  venait  de  se  produire  à  Londres 
qui  pouvait  modifier  sensiblement  les  conditions  de  la  politique 
générale.  C'était  la  retraite  du  ministre  qui  possédait  à  un  si  haut 
degré  la  confiance  de  la  nation  britannique.  Pitt  avait  donné  sa 
démission,  et  Georges  III,  consentant  sans  peine  à  l'accepter, 
avait  aussitôt  confié  le  pouvoir  à  lord  Bute,  qui  lui  était  bien 
autrement  sympathique. 

Jfl  ni  doute  pas,  disait  Choiseul,  que  Irt  rupture  de  notre  négocia- 
tion avec  ta  cour  de  Londres  n'ait  été  un  dus  motifs  de  ce  change- 
ment dans  !>■  ministère  britannique  ou,  du  moins,  le  prétexte  plau- 
>'  qu'on I  salai  les  ennemis  de  M.  Pitt  pour  l'obliger  à  se  retirer, 
et,  cottéquenimcnl,  je  pense  que  Milord  Bute  va  s'attacher  par  toutes 
s  de  moyens  à  conjurer  l'orage  qui  était  prêt  à  fondre  sur  son 
l  par  l'union  de  la  France  el  de  l'Espagne;  mais  les  ministres 


8  ALFRED  B0U1GUET. 

anglais  peuvent  changer,  je  suis  bien  sûr  que  la  volonté  du  Roi  et 
celle  du  roi  d'Espagne  ne  changeront  pas4. 

On  sait  que  Choiseul  devinait  juste  en  bien  augurant  pour 
l'avenir  de  la  chute  de  l'homme  qui  avait  impitoyablement  poussé 
son  pays  à  la  lutte  contre  la  France.  Mais,  en  attendant  l'heure 
où  les  conséquences  de  son  départ  se  feraient  sentir,  il  ne  {allai  t 
rien  négliger  pour  se  mettre  en  état  d'en  profiter.  Nous  venions 
de  faire  à  la  cour  de  Londres  les  avances  les  plus  désavanta- 
geuses pour  obtenir  la  paix.  Elles  n'avaient  pas  réussi,  et  Choi- 
seul persistait  à  croire  que  l'état  de  guerre  pouvait  seul,  à  cette 
date,  nous  dédommager  de  l'humiliation  des  sacrifices  que  nous 
aurions  consentis. 

Voilà,  disait-il,  le  moment  d'arrêter  les  progrès  de  l'ennemi  com- 
mun. Le  trouble  de  son  intérieur,  les  embarras  qu'il  rencontre  dans 
ses  moyens  doivent  nous  faire  augurer  que  la  déclaration  de  l'Es- 
pagne réduira  l'Angleterre  à  un  système  pacifique  et  modéré  tel  qu'il 
convient  aux  intérêts  et  à  l'honneur  des  deux  couronnes...  La  rup- 
ture de  l'Espagne  avec  l'Angleterre  nous  parait  instante.  Nous  croyons 
être  dans  la  circonstance  où  cet  événement  fera  une  sensation  à 
Londres  très  avantageuse  pour  nous,  et  nous  sommes  impatients 
d'apprendre  si  la  cour  de  Madrid  pense  de  même  que  le  Roi  sur  ce 
point  important. 

La  cour  de  Madrid  était  moins  pressée  que  le  cabinet  de  Ver- 
sailles. Le  roi  d'Espagne  approuvait  sans  restriction  les  prépa- 
ratifs de  Choiseul,  et  il  avait  appris  avec  la  plus  vive  satisfaction 
le  nouvel  arrangement  qui  mettait  entre  les  mains  de  ce  ministre 
les  deux  départements  de  la  Marine  et  de  la  Guerre.  Il  augurait 
les  plus  heureux  résultats  de  cette  réunion  des  forces  maritimes 
et  militaires  sous  la  même  direction,  mais  il  hésitait  encore  à  se 
déclarer  contre  l'Angleterre.  En  dépit  des  instances  du  marquis 
de  Grimaldi,  qui  se  joignait  de  Versailles  à  Choiseul  pour  le 
pousser  aux  mesures  immédiates,  Charles  III  voulait  attendre  les 
informations  qu'il  avait  demandées  à  son  ambassadeur  à  Londres. 

Le  départ  de  Pitt  ne  l'avait  pourtant  pas  moins  réjoui  que 
Louis  XV.  C'était  d'ailleurs  (s'il  faut  en  croire  M.  de  Fuentès)  à 
«  une  circonstance  qui  regardait  l'Espagne  que  l'on  devait  le 

1.  Espagne  534,  fol.  87. 


cnolSEFL   KT    LULUHCI    FiSPICSOLB.  9 

i«rt  du  ministre  anglais'  ».  M.  Wall,  on  s'en  souvient,  avait 
adresse  à  l'ambassadeur  britannique  à  Madrid  un  mémoire  pour 
affirmer  que  la  remise  de  celui  de  Bussy  à  Londres  avait  été  faite 
d'accord  avec  l'Espagne,  M.  Pitt  aurait  minuté  une  réplique  qui 
contenait  en  substance  que  «  l'Angleterre  étant  informée  que  le 
roi  catholique  avait  fait  un  traité  avec  la  France,  ce  prince  eût 
a  remettre  au  ministère  britannique  une  copie  de  ce  traité  afin 
qu'il  pût  se  déterminer,  avec  connaissance  de  cause,  sur  le  parti 
à  prendre  ». 

(  in  serait  assez  disposé  à  croire,  en  voyant  le  ton  rogue  et  hau- 
tain de  ces  mots,  qu'ils  répondaient  bien  à  la  pensée  comme  a  la 
forme  ou  plutôt  à  l'absence  de  formes  de  l'homme  d'Etat  anglais. 
M.  de  Fuentes  prétend  que,  cette  réponse  ayant  été  entièrement 
désapprouvée  par  les  collègues  de  Pitt,  celui-ci,  piqué,  donna  sa 
démission.  L'explication  n'a  rien  d'impossible. 

En  tous  cas,  la  France  et  l'Espagne  se  trouvaient  débarrassées 
d'un  adversaire  implacable,  et  cet  événement  ne  pouvait  que  leur 
causer  une  véritable  satisfaction.  M.  Wall  s'était  même  Datte, 
dans  le  premier  moment,  que  cette  retraite  faciliterait  une  paci- 
fication générale.  Choiseul  avait  une  vue  plus  juste  de  la  situa- 
tion en  n'escomptant  que  pour  l'avenir  le  changement  survenu  à 
Londres.  Le  secrétaire  d'Etat  espagnol  dut  vite  reconnaître  que 
Charles  111  partageait  le  sentiment  du  ministre  français  et  qu'il 
fallait,  sans  se  laisser  arrêter  par  un  espoir  prématuré  de  conci- 
liation, continuer  les  préparatifs  militaires.  Ils  amèneraient  plus 
sûrement  la  paix  que  ne  le  feraient  des  négociations  nouvelles 
arec  la  cour  de  Londres. 

IV. 

Poursuivre  les  armements  paraissait  beaucoup  à  Madrid.  Il 
semblait  h  Versailles  que  c'était  encore  bien  peu.  Aussi,  en 
apprenant  que  Charles  III  ne  croyait  pas  pouvoir  déclarer  la 
guerre  à  l'Angleterre  avant  la  date  fixée  par  la  convention 
secrète,  Choiseul  ne  pouvaît-i!  pas  s'empêcher  d'écrire  à  d'Os- 
sun  :  «  Dieu  veuille  que  d'ici  au  1"  mai  il  ne  se  rencontre  pas  de 
nouveaux  obstacles  à  la  déclaration.  »  Puis  il  ajoutait  ce  trait, 
qui  ne  manque  pas  de  saveur  : 

M.  de  Grimaldi  que  ce  qui  arrive  arrive- 


'0 


ALFRED    BOI'RC.I'ET. 


rail,  et  ce  pari  a  été  fait  dans  le  lemps  que  cel  ambassadeur  me 
pressait  si  vivement  de  signer  la  convention  et  me  faisait  dea 
reproches  du  retardement  que  je  mettais  à  la  consommation  de  cet 
ouvrage.  Alors  il  aurait  voulu  que  j'eusse  mis  à  la  déclaration  de 
guerre  de  l'Espagne  un  terme  plus  rapproché.  Je  ne  voulus  pas,  en 
lui  disant  que  le  roi  d'Espagne  serait  toujours  le  maitre  d'entrer  en 
guerre,  que  je  pariais  qu'il  ne  se  déclarerait  pas  cette  année  et  que 
j'éloignais  te  moment  de  la  guerre  espagnole  afin  qu'elle  fût  sûre  et 
que  nous  n'eussions  pas,  au  premier  pas  de  l'alliance,  à  nous  plaindre 
de  notre  allié.  M.  de  Grimakti  s'échauffa  et  paria  que  son  maitre 
serait  en  guerre  celte  année.  Je  pariai;  croyez-vous  à  présent  que  j'ai 


La  satisfaction  d'avoir  prévu  ce  qui  allait  se  passer  n'était  pour 
Choiseul  qu'un  bien  faible  dédommagement  à  la  tristesse  de  voir 
l'Espagne  toujours  si  longue  à  se  décider.  Il  avait  bien  senti 
d'avance  toute  la  difficulté  qu'il  éprouverait  à  faire  entrer  en 
guerre  une  nouvelle  puissance.  Voilà  pourquoi,  tant  qu'il  avait 
pu,  il  s'était  borné  à  se  servir  d'elle  comme  d'un  sujet  de  crainte 
pour  l'Angleterre.  Maintenant  que  les  pourparlers  de  paix 
étaient  définitivement  rompus  avec  ce  pays,  il  tachait  de  stimu- 
ler le  zèle  du  roi  catholique,  mais  il  n'entendait  pas  se  rendre 
insupportable  à  l'allié  de  la  France  par  une  insistance  trop  vive. 
Les  premières  démarches  du  marquis d'Ossun  auprès  de  Charles  III 
ne  semblant  pas  avoir  donné  le  résultat  espéré,  Choiseul  lui  disait, 
à  la  date  du  27  octobre  1761  :  «  Quoi  qu'il  en  soit,  pressez  sans 
chaleur  le  ministère  de  S.  M.  C.  Il  doit  connaître  les  possibilités 
de  l'Espagne  mieux  que  moi,  et,  quelque  chose  qui  arrive,  notre 
premier  objet  est  d'être  bien  avec  l'Espagne  quand  même  elle 
nous  abandonnerait.  » 

Quelques  jours  seulement  se  passaient,  et  d'Ossun  lui  donnait 
au  contraire  des  nouvelles  qui  semblaient  faire  prévoir,  pour  une 
assez  brève  échéance,  la  rupture  entre  Londres  et  Madrid. 
Charles  III  avait,  en  effet,  déclaré  à  l'ambassadeur  qu'aussitôt 
informé  du  départ  des  renforts  qu'il  envoyait  en  Amérique,  il 
s'expliquerait  clairement  vis-à-vis  de  la  cour  britannique. 
D'autre  part,  son  ministre  de  la  Marine  travaillait  à  former  le 
plan  de  l'expédition  projetée  contre  la  Jamaïque.  C'étaient  là  des 
indices  de  dispositions  belliqueuses. 


d'Ossun,  27  octobre  1761,  de  s; 


i.  Espagne  514,  fui.  I  il. 


CHOTSECL   ET   l'iLMâNCE    f  9PAG  mit.k.  H 

l  conduite  de  M.  Wall  en  présentait  d'autres  non  moins  évi- 
dents. L'ambassadeur  anglais  lui  ayant  demandé,  par  ordre  de 
sa  cour,  s'il  était  vrai  que  l'Espagne  avait  fait  un  traité  avec  la 
France,  le  secrétaire  d'Etat  répondit  qu'il  n'avait  rien  à  ajouter 
à  ce  qu'avait  dit  à  Londres  M.  de  Fuentés.  Au  surplus,  continua 
M.  Wall,  le  refus  que  venait  de  faire  l'Angleterre  des  conditions 
avantageuses  de  paix  que  le  cabinet  de  Versailles  lui  avait 
offertes  montrait  assez  que  le  projet  du  ministère  britannique 
était  d'écraser  entièrement  la  France,  de  même  que  sa  conduite  à 
l'égard  de  l'Espagne  semblait  annoncer  l'intention  de  traiter 
ensuite  cette  puissance  comme  la  première.  Lord  Bristol  se 
récria  naturellement  très  fort  sur  un  pareil  soupçon  et  protesta 
(les  protestations  eu  ce  cas  sont  de  rigueur)  que  sa  cour  en  était 
bien  éloiguée.  Mais  M.  Wall  lui  répliqua  que,  la  chose  étant 
suffisamment  démontrée  par  les  faits,  il  avait  conseillé  et  il  con- 
seillerait constamment  au  roi,  son  maître,  <  de  périr  s'il  le  fal- 
lait, mais  de  périr  les  armes  à  la  main1  ». 


Si  l'Espagne  se  décidait  a  la  rupture,  un  point  qui  avait  bien 
son  importance  était  de  savoir  ce  que  ferait  le  Portugal. 
Charles  III  n'entendait  pas  permettre  à  ce  pays  de  conserver  sa 
neutralité,  et  il  déclara  à  d'Ossun  qu'il  obligerait  le  Roi  Très 
Fidèle  à  prendre  parti  pour  ou  contre  les  Anglais. 

Lr  souverain  espagnol  semblait  d'ailleurs  mépriser  un  peu 
trop  les  forces  du  Portugal.  Ne  dit-il  pas  à  l'ambassadeur  de 
Louis  XV  qu'il  n'aurait  qu'à  permettre  aux  habitants  de  la 
Galice  de  prendre  les  armes  et  qu'ils  auraient  bientôt  conquis  ce 
royaume?  A  quoi  son  interlocuteur  prit  la  liberté  de  répondre 
qn'il  faudrait  une  armée  de  30,000  hommes  au  moins  pour  assu- 
rer le  succès  d'une  pareille  expédition  et  qu'il  serait  surtout 
nécessaire  d'avoir  un  train  d'artillerie  considérable.  Or,  sur  ce 
-  5 ut,  d'Ossun  se  montrait  fort  alarmiste.  »  II  n'y  a  pas 
nt,  écrivait-il  à  Choiseul,  dix  affûts  en  état  de  servir.  » 
U  est  vrai  qu'il  ajoutait  :  «  S.  M.  C.  vient  de  nommer  le  comte 
de  Gazo,  qu'il  a  fait  venir  de  Naples,  inspecteur  d'artillerie  et  de 
lui  donner  les  pouvoirs  les  plus  amples  pour  la  mettre  incessam- 


iJl,  fol.  155. 


42  ALFRED   BOURGUET. 

ment  en  état.  L'on  peut  tout  espérer  de  l'intelligence  et  de  l'ac- 
tivité de  cet  officier1.  » 

Cette  question  du  Portugal  préoccupait  aussi  la  cour  de  Ver- 
sailles. Il  y  avait  plutôt  tension  dans  nos  rapports  avec  ce  pays, 
et  bien  des  froissements  d'amour-propre  s'étaient  produits  qui  ne 
paraissaient  pas  de  nature  à  les  améliorer.  Louis  XV,  afin  de 
savoir  à  quoi  s'en  tenir,  envoya,  le  15  novembre  1761, 
M.  O'Dunne  comme  ministre  plénipotentiaire  à  Lisbonne.  Il 
devait,  avant  de  rejoindre  son  poste,  passer  par  Madrid  et  se 
concerter  avec  M.  Wall  pour  prendre  ses  instructions  et  recevoir 
les  ordres  de  Charles  III.  «  Les  sentiments,  les  intérêts  et  les  vues 
étant  les  mêmes  entre  les  deux  souverains  que  nous  avons  l'hon- 
neur de  servir  (disait  Choiseul  à  M.  Wall),  il  est  naturel  et 
nécessaire  qu'il  y  ait  une  parfaite  et  constante  unanimité  de  pro- 
pos et  de  démarches  entre  leurs  ministres  respectifs,  et  le  roi  ne 
peut  donner  une  preuve  plus  sensible  de  ses  intentions  à  cet 
égard  que  de  subordonner  la  mission  de  M.  O'Dunne  aux  volon- 
tés de  S.  M.  C.2.  » 

Choiseul  complétait  sa  pensée  sur  ce  point  et  la  révélait  tout 
entière  à  d'Ossun  dans  sa  lettre  du  17  novembre  1761 3  : 

Vous  savez,  lui  écrivait-il,  que  les  démarches  à  Lisbonne  doivent 
être  entamées  par  le  roi  d'Espagne.  Le  ministre  du  Roi  ne  peut 
paraître  qu'à  l'appui  de  celui  de  S.  M.  C.  Aussi,  c'est  de  Madrid  que 
doivent  partir  les  règles  de  sa  conduite.  //  serait  fort  à  désirer  que 
le  parti  sur  le  Portugal  fût  brusque.  Je  crois  que  lMntérêt  des  deux 
couronnes  exige  qu'on  ne  se  laisse  pas  amuser  par  la  cour  du  Portu- 
gal qui,  d'après  sa  faiblesse,  pourra  nous  promettre  ce  qu'on  lui 
demandera,  mais  finira,  à  coup  sûr,  par  nous  tromper. 

L'avantage  des  deux  couronnes  est  que  le  Portugal  soit  contre 
elles.  Pourquoi,  pour  une  forme,  se  mettre  dans  le  cas  de  perdre  cet 
avantage?  En  vérité,  le  gouvernement  portugais  mérite-t-il  que  l'on 
cherche  des  prétextes  pour  l'écraser,  surtout  quand  de  son  anéantis- 
sement il  doit  résulter  un  grand  bien? 

Afin  de  mieux  convaincre  Charles  III  de  l'intérêt  qu'il  y  avait 
pour  lui  à  entreprendre  cette  campagne,  le  ministre  ajoutait  : 

Si  le  roi  d'Espagne  a  du  scrupule^  qu'il  songe  que,  s'il  ne  veut 

1.  D'Ossun  à  Choiseul,  9  novembre  1761. 

2.  Espagne  534,  fol.  169. 

3.  La  minute  de  celte  lettre,  au  quai  d'Orsay,  est  de  la  main  du  ministre. 


CBOISBCL   BT  L  ALLUME   ESPiOTOLK.  43 

pas  garder  le  Portugal  (que  je  lui  conseillerais  1res  fort  do  garder, 
car  il  lui  appartient),  il  le  restituera  pour  lu  Saxe  et  les  états  du  roi 
.  u  -fire. 

Ces  dispositions  belliqueuses  ne  pouvaient  pas  choquer  la  cour 
de  Madrid,  puisque  à  cette  même  date  d'Ossun  annonçait  à  Choi- 
seol  que  le  roi  et  son  ministère  s'occupaient  sérieusement  des  pré- 
paratifs exigés  par  une  expédition  éventuelle  contre  le  Portugal, 
it  rapprocher  de  la  frontière  les  troupes  nécessaires,  dis- 
poser l'artillerie  de  siège  et  de  campagne  et  former  des  magasins 
d'approvisionnements.  M.  Wall,  devenu  partisan  de  l'action, 
alors  que  l'on  devait  tout  faire  pour  priver  les  Anglais 
d'auxiliaires  aussi  précieux.  11  regardait  le  Portugal  et  la  Hol- 
lande comme  les  deux  bras  de  l'Angleterre,  et  il  pensait  qu'il  fal- 
lait •  ou  lea  couper  ou  les  armer  contre  leur  corps  ». 


VI. 

Choiseul,  que  les  informations  successives  et  bien  différentes 
du  marquis  d'Ossun  faisaient  passer  par  des  alternatives  d'espoir 
oa  de  découragement,  ne  pouvait  que  se  réjouir  des  tendances  à 
la  fermeté  manifestées  alors  par  la  cour  de  Madrid.  Il  commen- 
çait-À  croire  que  le  moment  de  la  rupture  entre  l'Espagne  et 
l'Angleterre  approchait  enfin,  et  cela  convenait  à  ses  plans,  car 
il  était  décidé  a  ne  pas  entamer  de  nouveaux  pourparlers  paci- 
fiques avec  Londres.  Le  roi  Louis  XV  ne  se  montrait  d'ailleurs 
paa  plus  disposé  que  lui  a  accepter  désormais  des  bases  de  paix 
aussi  désavantageuses  que  celles  présentées  par  l'.ussy. 

Il  faudrait  avoir  â  traiter  avec  un  second  Pitt  pour  oser  négocier 
sur  do  pareille*  propositions,  disait  Choiseul  à  d'Ossun.  Je  sais  l'ef- 
froi qu'elles  mont  coûte.  La  guerre  est  le  seul  bon  parti  à  prendre... 
De  la  fermeté  et  de  la  patience  ne  nous  construiront  pas  des  vaisseaux, 
nous  feront  triompher  de  nos  ennemis1. 

■  nouvelles  que  l'ambassadeur  d'Espagne  à  Londres  trans- 

lit  à  son  collègue  de  Versailles  ne  semblaient  pas  indiquer 

en  Angleterre  des  dispositions  aussi  belliqueuses  que  celles  mani- 
festée! par  Choiseul  et  par  M.  Wall.  D'après  le  comte  de  Fuen- 

I.  Ol'-K"'  ■'■■'■ 


44  ALFRBD  BOURGUBT. 

tes,  le  ministère  britannique  désirait  la  paix  ;  seulement  il  se 
rendait  bien  compte  que  la  France  ne  se  prêterait  plus,  à  l'heure 
actuelle,  aux  conditions  rejetées  par  Pitt.  Un  des  principaux 
hommes  d'État  anglais,  lord  Egremont,  lui  déclara  que,  dans  la 
Chambre  haute  comme  dans  la  Chambre  des  communes,  on  ne 
partageait  pas  les  vues  intransigeantes  exprimées  par  notre 
infatigable  adversaire.  IL  ajouta,  il  est  vrai,  que  «  les  entrepre- 
neurs qui  s'enrichissaient  par  les  marchés  qu'ils  faisaient  pour 
la  guerre  et  les  corsaires  qui  comptaient  aussi  s'enrichir  par  la 
prise  des  gabions  et  des  vaisseaux  espagnols  préféraient  leur 
intérêt  personnel  à  celui  de  la  patrie1  ». 

M.  de  Fuentès  ne  pensait  pas  que  Pitt  revînt  au  pouvoir  à 
cause  de  l'opposition  que  son  énergie,  parfois  brutale,  avait  sou- 
levée contre  lui  parmi  ses  collègues.  Ceux-ci  redoutaient  égale- 
ment l'empire  absolu  qu'il  exercerait  s'il  venait  à  rentrer  au 
ministère.  Mais  l'ambassadeur  écrivait  à  M.  de  Grimaldi  : 
«  Comme  le  motif  de  sa  retraite,  ainsi  qu'il  l'a  publié  lui-même, 
est  qu'il  voulait  nous  prévenir  à  cause  de  la  certitude  qu'il  avait 
de  notre  union  avec  la  France  pour  faire  la  guerre  à  l'Angle- 
terre, si  les  assurances  qu'il  a  données  à  ce  sujet  se  réalisent,  ses 
affaires  deviendront  meilleures.  » 

M.  Wall  partageait  cette  manière  de  voir.  C'est  pour  cela  que 
la  cour  d'Espagne  (à  en  croire  une  pièce  jointe  dans  les  archives 
du  quai  d'Orsay  à  la  lettre  de  M.  de  Fuentès)  répondit  à  lord  Bris- 
tol que  «  le  Roi  n'avait  conclu  aucun  traité  avec  la  France  au 
préjudice  et  au  détriment  de  l'Angleterre2  ».  Si  la  réponse  fut  faite 
en  ces  termes,  il  faut  bien  convenir  que,  dans  cette  occasion,  l'on 
usa  sans  réserve  à  Madrid  du  droit  de  mentir  attribué  parfois  aux 
hommes  d'Etat  dans  l'intérêt  de  leur  patrie.  L'ambassadeur  bri- 
tannique sentit  néanmoins  que  sa  situation  devenait  impossible 
en  Espagne  au  milieu  des  préparatifs  de  guerre  qui  ne  pouvaient 
lui  échapper.  Il  demanda  sa  retraite  sous  prétexte  que  le  climat 
et  l'air  du  pays  étaient  contraires  à  sa  santé. 

Le  ministère  anglais  ne  voulut  pas  lui  accorder  une  permis- 
sion qui,  dans  l'état  de  choses  actuel,  aurait  singulièrement  res- 
semblé à  une  rupture.  Ainsi  que  l'avait  prédit  Choiseul,  au  lieu 
de  montrer  trop  de  raideur  à  l'Espagne,  le  cabinet  de  Londres 


1.  Espagne  534,  fol.  185. 

2.  Espagne  534,  fol.  185. 


CnilISECL    ET   L1LLI4NCE   ESPAGNOLE.  t  3 

l-vis  d'elle  un  ton  beaucoup  moins  hautain  et  pressant; 
il  s'efforçait  encore  d'éviter  une  guerre  nouvelle.  C'est  que,  si  la 
France  était  épuisée  par  les  efforts  accomplis  dans  ces  dernières 
années,  l'Angleterre  ne  se  trouvait  pas  dans  une  situation  moins 
critique  et  moins  ruineuse.  Voilà  pourquoi  le  gouvernement, 
assagi  par  le  départ  de  Pitt,  ne  tenait  pas  à  se  créer  des  compli- 
cations nouvelles. 

Cela  ne  l'empêchait  pas,  d'ailleurs,  de  prendre  les  mesures  exi- 
las circonstances.  C'est  ainsi  qu'il  envoyait  au  général 
Amherst  l'ordre  d'ajouter  5.000  hommes  aux   bataillons  que 
L'Angleterre  destinait  à  une  expédition  contre  la  Martinique.  De 
plus,  l'amirauté  donnait  les  ordres  nécessaires  pour  la  levée  de 
8.000  marins  qui  devaient  compléter  l'armement  de  l'escadre 
chargée  d'une  croisière  sur  les  cotes  de  Biscaye.  Elle  en  prépa- 
rait une  seconde  pour  la  Méditerranée,  ou  pour  telle  autre  desti- 
nation qui  serait  indiquée,  en  cas  de  rupture  avec  l'Espagne. 
Cette  hypothèse  apparaissait  alors  comme  si  probable  que 
I  Bristol  commençait,  bien  que  son  ministre  n'eût  pas  accédé 
i  demande  de  retraite,  à  faire  emballer  ses  meubles  et  ses 
i.  11  n'ignorait  pas,  sans  doute,  que  l'on  travaillait  à  Madrid 
u  rassemblement  d'un  corps  de  30,000  hommes  à  la  portée  des 
frontières  du  Portugal,  et  cette  mesure,  projetée  contre  un  ami 
■û  fidèle  delà  puissance  britannique,  ne  pouvait  qu'être  un  son  de 
cloche  des  hostilités  prochaines  entre  l'Espagne  et  l'Angleterre. 


VII. 


Et,  m  effet,  si  Charles  III  taisait  ces  préparatifs,  c'est  qu'il 
était  bien  décidé,  du  jour  où  il  romprait  avec  le  cabinet  de 
Londres,  à  obliger  la  cour  de  Lisbonne  à  prendre  uu  parti.  Il  dit 
a  d'Oasun,  le  23  novembre  1761,  qu'il  donnerait  un  tenue  très 
court  au  roi  de  Portugal  pour  se  déterminer  en  lui  déclarant  que, 
faute  de  réponse  dans  le  délai  fixé,  il  le  traiterait  comme  un 
ennemi.  Il  aurait  désiré,  d'autre  part,  que  la  France  agit  avec  la 
Hollande  comme  il  se  proposait  de  le  faire  avec  le  Portugal.  A  ses 
yeux,  si  les  Anglais,  déjà  épuisés  par  la  guerre  d'Allemagne,  se 
trouvaient  obligés  de  venir  en  aide  à  ces  deux  pays  avec  des 
troupes,  de  l'argent  et  des  vaisseaux,  ils  ne  seraient  plus  en  état 
de  diriger  des  expéditions  contre  l'Amérique,  avantage  énorme 
pour  l'Espagne  comme  pour  nous. 


46  ALFRED  BOURGUET. 

Choiseul  partageait  bien  cette  manière  de  v  '"  puisqu'il  écri- 
vait à  cTOssun  :  «  Quant  à  l'article  de  votre  lettre  qui  regarde  la 
déclaration  à  la  Hollande  pour  l'obliger  à  prendre  parti,  j'avoue 
que  ce  projet  m'a  séduit  depuis  plusieurs  années.  Je  l'ai  proposé 
à  différentes  fois  à  S.  M.  sans  succès1.  »  Le  ministre  pensait  tou- 
tefois qu'à  l'heure  actuelle  pareille  combinaison  était  difficile, 
môme  impossible. 

Une  telle  entreprise  ne  pouvait  pas  être  improvisée,  et  les 
mesures  prises  à  Versailles  étaient  tellement  considérables  qu'il 
ne  fallait  pas  songer,  sans  une  vraie  imprudence,  à  modifier  nos 
plans  de  campagne.  C'est  l'ensemble  de  nos  préparatifs  que  con- 
tient une  lettre,  du  25  novembre  1761,  adressée  par  Choiseul  à 
d'Ossun.  Tout  entière  écrite  par  lui,  elle  mérite  d'être  connue,  car 
elle  montre  l'infatigable  activité  du  ministre  qui  concentrait 
alors  entre  ses  mains  les  triples  pouvoirs  de  la  Guerre,  de  la 
Marine  et,  partiellement,  des  Affaires  étrangères. 

Le  Roi  compte  avoir  435,000  hommes  en  Allemagne.  Ce  nombre 
y  est  nécessaire  pour  conserver  la  Hesse,  le  comté  de  Hanau,  la  par- 
tie conquise  de  l'électoral  de  Hanovre  et  les  pays  du  roi  de  Prusse 
sur  le  Bas-Rhin.  Avec  ce  nombre,  vu  la  nature  du  pays,  nous  ne 
parviendrons  peut-être  pas  à  faire  des  conquêtes,  mais  nous  conser- 
verons des  pays  dont  la  conservation  est  nécessaire,  comme  vous 
l'aurez  jugé  par  le  détail  de  notre  négociation a. 

Nous  avons  envoyé  ou  nous  enverrons  dix  bataillons  en  Amérique, 
dont  trois  sont  embarqués  sur  l'escadre  de  Brest,  deux  sont  partis  à 
présent  de  Bordeaux  pour  aller  directement  à  Saint-Domingue  sur 
des  bâtiments  marchands.  Il  y  a  apparence  qu'ils  arriveront  sans 
accident,  mais,  s'ils  étaient  pris,  nous  sommes  déterminés  à  en  ris- 
quer deux  autres,  et  ainsi  successivement  jusqu'à  ce  qu'il  en  arrive 
le  nombre  suffisant  dans  cette  colonie,  avec  l'artillerie  et  les  muni- 
tions nécessaires.  Nous  embarquerons  quatre  bataillons  sur  l'escadre 
de  Rochefort  pour  les  expéditions  que  les  deux  cours  jugeront  utiles. 
Enfin,  Ton  embarquera  encore  un  bataillon  à  Bordeaux  avec  des 
munitions  de  guerre  pour  la  Louisiane.  Voilà  les  dix  bataillons,  qui 
iront  peut-être  à  quatorze  si  ceux  de  Bordeaux  sont  dans  le  cas  d'être 
remplacés. 

Nous  aurons  deux  camps  en  Normandie  pour  la  sûreté  de  nos 


1.  Espagne  534,  fol.  213. 

2.  Colle  de  Bussy  à  Londres.  Cf.  Rev.  hist.,  t.  LXXI,  année  1899,  le  Duc  de 
Choiseul  et  V Angleterre. 


CHOISI  i  r    ii    i    il  i.i  .  ■■ 


eu 
me 


eûtes  el  la  prote-Von  du  cabotage;  Jeun  autres  camps  en  Bretagne, 
l'uo,  vis-à-vis  de  itclle-lsie,  qui  fora  les  simulacres  pour  l'attaque  de 
celle  lie,  qu'il  faut  bien  se  garder  de  lonler,  parce  que  son  occupa- 
lion  par  les  ennemis  uo  nous  nui!  en  rien  et  leur  conte  beaucoup, 
mais,  pour  produire  cet  effet,  il  esl  nécessaire  que  nous  avons  tou- 
jours l'air  offensif  contre  celte  ile.  Le  second  sera  à  Sainl-Malo  avec 
tout  ce  qui  sera  nécessaire  pour  une  entreprise  contre  Jersey  et 
Gucrnesey. 

Les  des  de  Hé  et  d'Olèron  seront  garnies  de  Iroupes,  de  manière  à 
ne  pas  nous  laisser  d'inquiétude.  11  y  aura  dix  bataillons  dans  l'une 
et  buil  bataillons  dans  l'autre.  A  Rochefort  et  dans  l'Aunis,  dix-huit 
bataillons,  des  dragons  el  de  la  cavalerie  qui  seront  dispersés 
depuis  la  Rochelle  jusqu'à  Rayonne.  Nous  armerons  onze  vaisseaux 
I  Toulon  qui  seront  destines  selon  les  vues  des  deux  couronnes.  La 
Provence  sera  garnie  des  bataillons  qui  reviendront  de  Minorque. 
En  Flandre,  il  y  aura  entre  Calais  et  Dunkeri/ue  un  ca'/ip  de 
30,00»  hommes  arec  tout  l'appareil  en  bateaux  plais,  chaloupes, 
canonnières,  etc.,  pour  un  débarquement  eu  Angleterre. 
Voilà,  M.,  en  détail  le  plan  du  [toi  pour  l'année  prochaine.  Il  esl 
■fensif  dans  do  certains  points  et  olténsifen  ce  qu'il  forcera  néce3- 
lîremenl  l'Angleterre  d'employer  une  partie  de  ses  forces  sur  nos 
eoies  el  de  diminuer  d'autant  celles  que  celle  puissance  pourrait 
employer  contre  l'Espagne'. 


Si  l'on  examine  le  détail  des  opérations  projetées,  ou  voit 
avec  quel  soin  Choiseul  réglait  la  conduite  de  nos  affaires.  L'en- 
semble en  apparaît  comme  un  courageux  effort  vraiment  digne 
de  notre  pays.  Le  ministre  savait  trop  bien,  par  l'expérience 
IVâit  faite;  ces  dernières  années,  que  nous  ne  pouvions 
compter  avec  certitude  que  sur  nous-mêmes.  Aussi,  pour  ne  pas 
éprouver  de  déceptions,  ne  formait-il  ses  plans  de  guerre  qu'avec 
les  ressources  de  la  France.  11  se  réservait  toutefois  la  possibilité 
(ai  la  conr  de  Madrid  se  décidait  enfin  a  entrer  en  lutte)  de  eom- 
faioer  avec  Charles  111  toute  une  série  de  mesures  qui  viendraient 
se  joindre  aux  nôtres  et  renforcer  nos  moyens  d'action.  N'est-il 

9  regrettable  de  penser  qu'à  cette  date  du  25  novembre  1761, 

plu»  de  trois  mois  pourtant  après  la   signature  du   pacte  de 

Lui  encore  la  conduite  la  plus  sage  et  la  seule  atti- 

...,  hl.  113  cl  »uir. 
iUv.  11»™*.  XCIV.  I»  mo.  2 


J8  ALFEED    B0CRGCET. 

VIII. 

Il  y  avait,  en  effet,  quelque  chose  d'étrange  dans  la  situation 
de  l'Espagne  à  cette  époque.  La  cour  de  Madrid  se  trouvait  liée 
à  notre  sort  en  vertu  du  pacte  de  famille  et  faisait  tous  les  prépa- 
ratifs que  comportait  le  traité  d'alliance.  Elle  conservait  cepen- 
dant ses  bons  rapports  officiels  avec  l'Angleterre,  puisque 
l'ambassadeur  espagnol  demeurait  à  Londres  et  ne  paraissait 
nullement  songer  à  en  partir. 

C'est  pour  cette  raison  que  Choiseul  ne  tablait  d'une  façon 
ferme  que  sur  nos  armements  particuliers.  En  ce  qui  concernait 
les  forces  militaires  de  notre  allié,  le  ministre  se  bornait  à 
émettre  des  vœux.  Il  les  faisait  connaître  à  d'Ossun  en  le  char* 
géant  de  les  communiquer  au  souverain  et  à  ses  secrétaires 
d'État  qui  pouvaient  seuls  les  réaliser.  Il  les  résumait  en  ces 
termes  : 

Pour  ce  qui  est  de  la  cour  de  Madrid,  je  croirais  qu'en  supposant 
que  ses  possessions  en  Amérique  soient  en  état,  elle  devrait  former 
un  plan  défensif  sur  ses  côtes,  et  je  ferais  entrer  dans  ce  plan  les 
projets  de  deux  camps,  l'un  ordinaire  devant  Gibraltar,  l'autre  sur 
les  cotes  de  Galice  en  menaçant  par  des  préparatifs  d'une  descente 
en  Irlande.  L'Espagne  aurait  aussi  deux  projets  offensifs  à  exécuter, 
l'un,  selon  nos  conventions,  contre  le  Portugal  (il  faudrait  y  employer 
au  moins  30,000  hommes  et  que  cette  attaque  vigoureuse  n'éprouvât 
aucun  ralentissement  qui  la  fit  échouer],  l'autre  sur  la  Jamaïque,  en 
se  concertant  avec  nous,  en  joignant  à  ses  forces  l'escadre  de  Roche- 
fort  et  en  venant  la  chercher  à  nie  d'Aix4. 

L'entreprise  contre  la  Hollande  serait  réservée  pour  plus  tard 
si  on  la  jugeait  nécessaire. 

Le  projet  relatif  à  la  Jamaïque  était  depuis  longtemps  à  l'étude 
en  Espagne,  mais  il  traînait  avec  une  lenteur  qui  désespérait  le 
marquis  d'Ossun.  Celui-ci  voyait  dans  le  succès  de  cette  expédi- 
tion un  coup  terrible  porté  à  la  puissance  anglaise  en  Amérique 
et  une  source  de  revenus  considérables  pour  les  alliés.  D'après 
l'ambassadeur,  en  dehors  des  richesses  de  produits  que  l'on  y 
trouverait,  Ton  pourrait  en  tirer  plus  de  60,000  nègres  qui, 

1.  Espagne  534,  fol.  215. 


CHOISEUL  et  l'alliance  espagnole.  49 

répartis  entre  les  possessions  françaises  et  espagnoles,  y  produi- 
raient des  avantages  considérables,  car,  disait-il,  «  les  nègres 
sont  les  bras  des  colonies,  et  peut-être  l'habileté  des  Anglais  et  le 
peu  d'entendement  des  Français  dans  la  traite  de  ces  esclaves 
ont-ils  été  en  partie  cause  de  la  supériorité  que  les  colonies 
anglaises  ont  prise  sur  les  nôtres.  En  effet,  tandis  qu'un  nègre  ne 
leur  revient  qu'à  800  francs,  nous  le  payons  1,500  et  jusqu'à 
2,000  livres,  et,  comme  ce  sont  les  Anglais  qui  nous  les  four- 
nissent, il  est  à  présumer  qu'ils  gardent  les  meilleurs  pour  leurs 
colonies1  ». 

Ces  considérations,  qui  n'entreraient  plus  en  ligne  de  compte 
de  nos  jours,  avaient  bien  leur  importance  à  l'époque  où  d'Ossun 
les  exposait.  Elles  ne  faisaient  néanmoins  pas  avancer  les  prépa- 
ratifs de  l'Espagne,  puisque  l'ambassadeur  en  était  réduit  à 
écrire,  le  7  décembre  1761  : 

Il  est  certain  que  S.  M.  catholique  désire  que  le  projet  contre  la 
Jamaïque  puisse  avoir  lieu.  Reste  à  savoir  si  MM.  Wall  et  d'Ariaga 
ne  le  regardent  pas  comme  trop  hasardeux  et  si  ce  n'est  pas  cette 
prévention  qui  les  rend  si  lents  dans  la  combinaison  des  mesures  et 
si  difficile  dans  le  choix  des  moyens.  On  peut,  au  moins  en  général, 
dire  qu'on  met  plus  d'activité  aux  choses  lorsqu'on  veut  qu'elles 
réussissent1. 

Il  y  avait,  en  effet,  près  de  trois  mois  que  d'Ossun  en  avait 
parlé  pour  la  première  fois  au  secrétaire  d'Etat,  et  aucune  déci- 
sion ferme  ne  semblait  encore  prise  par  les  ministres  espagnols. 

IX. 

On  en  était  là  quand  se  produisit  le  coup  de  théâtre  longtemps 
attendu  par  Choiseul  et  qu'il  finissait  par  ne  plus  espérer  :  je  veux 
dire  la  rupture  entre  l'Espagne  et  l'Angleterre. 

Le  8  décembre  1761,  l'ambassadeur  britannique  à  Madrid  se 
présenta  chez  M.  Wall,  obligé  de  garder  ses  appartements  par 
suite  d'une  légère  indisposition,  et  demanda  à  être  reçu  par  lui. 
Ce  qui  se  passa  dans  cette  entrevue,  nous  le  savons  par  une 

1.  D'OtsuD  à  Choiseul,  29  novembre  17G1. 

2.  Espagne  534,  fol.  259. 


20  ALFEED   BOC1GCET. 

lettre  au  comte  de  Fuentès,  que  le  secrétaire  d'État  espagnol  lui 
adressa  le  jour  même  à  Londres1  : 

Mylord  Bristol,  dit-il,  m'a  fait  ce  matin  la  déclaration  suivante  on 
l'équivalent  :  que  le  roi  son  maître  lui  ordonne  de  demander  une 
réponse  catégorique  au  Roi  pour  savoir  s'il  est  ou  non  dans  le  des- 
sein de  s'unir  à  la  France  contre  V Angleterre  et,  en  cas  qu'on  ne  lui 
donne  pas  une  réponse  bien  claire,  de  déclarer  que  cela  équivaut  à 
une  agression  de  notre  part  et  de  se  retirer  de  cette  cour.  Il  est 
presque  impossible  que  le  Roi  puisse  satisfaire  à  cette  demande,  s'il 
ne  veut  pas  manquer  à  sa  dignité,  autrement  que  par  la  négative. 
Cependant,  comme  je  suis  indisposé  et  que  je  ne  puis  aller  au  palais, 
il  n'a  pas  encore  pris  de  résolution.  J'expédierai  un  autre  courrier  à 
V.  E.  pour  lui  porter  ses  derniers  ordres. 

Que  V.  E.  commence  à  se  préparer  à  sortir  de  cette  cour,  qu'Elle 
avertisse  de  bonne  heure  le  sieur  del  Giro,  notre  trésorier,  pour  qu'il 
prenne  les  mesures  convenables  relativement  aux  finances  du  Roi  et 
qu'Elle  fasse  avertir  sous  main  les  vaisseaux  espagnols  qui  sont  sur 
la  Tamise  ou  dans  d'autres  ports  pour  quils  s'échappent,  s'il  est  pos- 
sible, de  peur  d'être  pris. 

Ce  dernier  trait  prouve  à  quel  point  M.  Wall  jugeait  grave  la 
situation,  surtout  étant  donné  le  caractère  anglais  et  la  manière 
plus  que  brusque  dont  le  gouvernement  de  ce  pays  aime  à  enta- 
mer les  hostilités.  Le  secrétaire  d'Etat  espagnol  faisait  preuve 
d'ailleurs,  en  cette  circonstance,  d'une  finesse  (pour  ne  pas 
employer  un  mot  plus  sévère)  bien  digne  de  l'adversaire  avec 
lequel  l'Espagne  allait  se  mesurer.  Ne  se  réjouissait-il  pas,  en 
effet,  d'avoir  pu  «  assurer  sans  risque  qu'il  n'existait  pas  d'autre 
traité  que  le  pacte  de  famille  signé  le  15  août  »,  parce  qu'on 
avait  convenu  avec  la  cour  de  Versailles  de  postdater  la  conven- 
tion secrète  de  façon  à  ce  qu'elle  parût  avoir  été  signée  seule- 
ment comme  riposte  à  la  rupture  des  négociations  entre  la  France 
et  l'Angleterre? 

M.  Wall  ne  se  contentait  pas  d'avertir  le  comte  de  Fuentès  à 
Londres  et  M.  de  Grimaldi  à  Versailles  des  événements  qui  se 
préparaient.  IL  prenait  les  mesures  nécessaires  pour  qu'aussitôt 
la  rupture  consommée  les  autorités  maritimes  s'assurassent  des 
bâtiments  anglais  qui  se  trouvaient  dans  les  ports  espagnols,  non 

1.  La  traduction  de  celte  lettre  est  au  quai  d'Orsay.  Espagne  534,  fol.  264. 


CHOISKI'I,    KT    I.  tl.!.It\( 


21 


pas  pour  les  déclarer  île  bonne  prise,  mais  afin  d'avoir  sous  la 
main  des  objets  d'échange  avec  l'Angleterre.  «  11  a  paru  à 

S.  M.,  disait-il,  que  c'était  une  précaution  juste,  cette  nation 
étant  accoutumée  a  n'observer  aucune  loi  quand  elle  veut  faire 
quelque  insulte1.  »  Le  gouvernement  de  Madrid  faisait  en  outre 
infermer  Cnoïseul  qu'afln  d'empêcher  que  la  nouvelle  de  la  rup- 
ture ne  se  répandit  en  mer  et  ne  parvint  aux  navires  anglais, 
l'embargo  serait  mis,  pour  quelques  jours  seulement,  sur  les  bâti- 
ments des  autres  nations. 

Le  secrétaire  d'Iitat  expédia  également  en  Amérique  des 
«  ordres  circulaires  ».  11  y  disait  aux  commandants  espagnols, 
non  seulement  de  se  défendre  contre  les  Anglais,  mais  encore  de 
les  attaquer  quand  l'occasion  s'en  présenterait.  Us  devaient,  en 
outre,  *  prêter  secours  aux  Français  sur  terre  et  sur  mer  toutes 
Ih  fois  qu'ils  en  auraient  besoin,  attendu  que  les  deux  nations 
•ont  unies  pour  la  guerre  comme  si  les  possessions  françaises  et 
espagnoles  appartenaient  au  même  maître'  >.  M.  Wall  espérait 
(M  !•■  cabinet  de  Versailles  donnerait  de  son  côlè  les  mêmes  ins- 
tructions à  nos  marins  et  à  nos  soldats. 

C'était  pour  se  ménager  le  temps  de  prendre  ces  diverses 
mesures  que  M.  Wall  avait  pris  prétexte  de  son  indisposition 
pour  ne  pas  répondre  le  jour  même  à  lord  Bristol.  Le  secrétaire 
d'Ktal  ne  souffrait,  paraît-il,  que  d'un  léger  mal  au  pied  causé 
par  un  ongle  coupé  trop  ras,  et  ce  n'est  pas  un  aussi  mince  bobo 
qui  l'aurail  empêché  de  recevoir  les  ordres  du  roi  Charles  III. 
Deux  jours  lui  suffirent  pour  tout  achever,  et,  le  10  décembre 
1761,  il  envoyait  du  Buen-Retiro  à  l'ambassadeur  anglais  la 
lettre  suivante  dont  le  ton  énergique  contrastait  singulièrement 
avec  la  patience  témoignée  jusque-là  par  l'Espagne  : 

V.  F.  me  déclara  avant-hier,  disait-il,  et  même  elle  voulut  bien 
me  mettre  par  écrit  qu'Elle  avait  ordre  de  me  demander  une  réponse 
positive  et  catégorique  par  laquelle  elle  pût  savoir  si  l'Espagne  son- 
geait a  s'unir  à  la  France  contre  l'Angleterre,  déclarant  en  même 
temps  qu'elle  prendrait  le  reTus  pour  une  agression  et  déclaration  de 
guerre  et  qu'en  conséquence  elle  serait  obligée  de  se  retirer.  C'est 
bien  plutôt  par  l'esprit  d'arrogance  et  de  discorde  qui  a  conseillé  une 


•  S34,  fol.  263. 
1  W»U  1  Cnm.IJi,  S  décembre  1761. 


22  ALFRED  BOURGUET. 

démarche  si  inconsidérée  et  qui,  par  malheur  pour  le  genre  humain, 
n'a  point  cessé  d'animer  le  gouvernement  britannique  que  s'est  faite 
dans  ce  moment-là  même  une  déclaration  de  guerre  et  une  insulte  à 
la  grandeur  du  Roi.  V.  E.  peut  songer  à  se  retirer  dans  le  temps  et 
de  la  manière  qui  lui  conviendra.  Cest  l'unique  réponse  que  V.  E. 
aura  de  moi  et  que  S.  M.  m'a  ordonné,  sans  hésiter,  de  lui  faire*. 

On  comprend  sans  peine  la  surprise  que  put  éprouver  lord  Bris- 
tol, peu  accoutumé  de  la  part  du  secrétaire  d'Etat  à  un  langage 
d'une  concision  aussi  forte  et  à  une  attitude  aussi  hautaine  vis- 
à-vis  du  représentant  de  la  nation  britannique.  Il  est  vrai  que 
M.  Wall  ajoutait  pour  l'homme  une  note  plus  courtoise  en 
disant  :  «  Que  V.  E.  emporte  avec  elle  tout  le  bonheur  que 
méritent  ses  qualités  personnelles.  »  Malgré  cela,  le  ton  général 
de  cette  lettre  de  rupture  effaroucha  véritablement  l'ambassadeur 
anglais.  Il  ne  pouvait  faire  autrement  que  de  demander  ses  pas- 
seports, et  il  les  demanda.  Mais  il  avait  été  tellement  ébranlé  de 
la  secousse  reçue  qu'il  fut  subitement  incommodé  et  obligé  de  res- 
ter quelques  jours  de  plus  à  Madrid.  C'est  ce  qui  faisait  dire  à 
d'Ossun  :  «  Mylord  Bristol  a  montré  en  cette  occasion  une  sen- 
sibilité qu'on  peut  qualifier  de  faiblesse.  J'avoue  qu'à  sa  place 
j'aurais  haussé  la  tête  d'un  pied  et  je  serais  parti  dans  les  vingt- 
quatre  heures2.  » 

Lord  Bristol  ne  fut  pas  le  seul  à  se  montrer  surpris  de  l'énergie 
soudaine  de  M.  Wall.  Plusieurs  membres  du  corps  diplomatique 
témoignèrent  un  étonnement  qui  ne  le  cédait  en  rien  à  celui  de 
l'agent  anglais.  Bon  nombre  d'Espagnols,  imbus  de  longue  main 
du  système  de  neutralité  et  d'indifférence,  n'imaginaient  pas  non 
plus  que  cet  événement  fût  possible.  «  C'est  un  amusement  pour 
moi,  écrivait  d'Ossun,  d'entendre  les  raisonnements  pour  et  contre 
et  de  voir  des  visages  gais  et  d'autres  mines  fort  allongées.  » 

Il  fallait  vraiment  bien  mal  connaître  le  roi  d'Espagne  pour  se 
ranger  parmi  les  «  mines  allongées  ».  Depuis  longtemps,  en 
effet,  l'on  sentait  combien  lui  pesaient  les  hauteurs  du  cabinet 
britannique.  Aussi  lui  avait-il  fallu  une  patience  extraordinaire, 
doublée  d'un  espoir  persévérant  d'entente  pour  les  supporter  jus- 
qu'alors. Voilà  pourquoi  d'Ossun  n'avait  jamais  vu  l'air  «  plus 
satisfait  et  plus  serein  »  à  Charles  III  que  depuis  sa  rupture  avec 

1.  Espagne  535,  fol.  275. 

2.  Espagne  534,  fol.  302. 


CUOISEt'L   kt   l'ii.lhnce   BSMaaOtt.  23 

l'Angleterre.  Ce  prince  n'hésita  pas  à  souligner  sa  joie  par  un 
acte  qui  «toit  un  soufflet  de  plus  au  gouvernement  britannique. 
Non  seulement  il  donna  l'ordre  au  comte  de  Fuentès  de  déclarer 
que  «  la  démarche  insultante  de  lord  Bristol  nécessitait  son 
départ  d'Espagne  ■  et  d'en  prévenir  lord  Egremoiit,  ainsi  que 
les  ministres  étrangers,  mais  encore  il  lui  envoya  la  Toison  d'or 
pour  lui  témoigner  toute  la  satisfaction  qu'il  éprouvait  de  ses 
services  et  de  sa  conduite.  C'était  une  revanche  complète  de  M 
que  le  souverain  espagnol  avait  enduré  de  la  part  des  Anglais. 


\. 


<  Enfin  la  rupture  de  l'Espagne  avec  l'Angleterre  est 
•lècidée.  »  C'est  en  ces  termes  que  Choiseul  résumait  ses  impres- 
sions après  avoir  été  mis  par  M.  de  Grimaldi  au  courant  de  tout 
ce  qui  s'était  passé  : 

Je  ne  m'attendais  pas  à  cette  démarche  maladroite  de  ia  cour  de 
Londres,  quoique  je  voje  depuis  plusieurs  années  que  les  systèmes 
,  fruits  de  la  prévention,  de  la  hauteur  et  de  la  déraison, 
ne  sont  point  aussi  heureui  que  les  expéditions  militaires  des 
Anglais.  La  cour  de  Londres  nous  ramène  au  vrai  système,  dont 
nous  ne  devons  jamais  nous  écarter;  elle  nous  fait  plus  de  bien 
qu'elle  ne  nous  a  jamais  fait  de  mal1. 

Le  grand  avantage  de  cette  rupture  était  de  mettre  un  terme  à 
la  situation  fausse  qui,  depuis  la  conclusion  du  pacte  de  famille, 
pesait  sur  la  politique  franco-espagnole  et  empêchait  l'alliance 
entre  les  deux  paya  de  produire  des  fruits.  Charles  III,  ue  crai- 
gnant plus  désormais  de  faire  connaître  à  l'Europe  son  union 
arec  Louis  XV,  se  hâta  d'en  profiter  pour  envoyer  a  Choiseul  la 
Toison  d'or,  qu'il  lui  réservait  à  l'occasion  du  traité  du  15  août. 
Les  remerciements  du  ministre  montrèrent  une  fuis  encore  ses 
sentiment;!  de  délicatesse  et  de  fierté  nationale.  Sa  conduite  allait 
désormais  se  ressentir  de  la  liberté  d'action  que  lui  créait  la  décla- 
ration de  guerre. 

Choiseul  fut  d'autant  plus  heureux  des  termes  dans  lesquels 
M.  Wall  avait  répondu  ii  lord  Bristol  qu'ils  constituaient  une 

I    Choiwul  à  >]  OMun,  ïi  décembre  1761. 


24  ALFRED   BOURGUET. 

nouvelle  justification  de  notre  attitude  à  Londres  au  moment  des 
pourparlers  de  paix.  Quant  au  roi  Louis  XV,  «  il  sentit  cette 
attention  de  Madrid  avec  reconnaissance  ».  Il  ne  s'agissait  donc 
plus  maintenant  que  d'établir  avec  l'Espagne  le  concert  de  nos 
mesures  défensives  ou  offensives.  A  ce  titre,  la  célérité  de  l'opé- 
ration contre  le  Portugal  paraissait  indispensable  au  ministre 
français.  Elle  donnerait,  d'après  lui,  «  une  secousse  à  toute 
l'Europe  qui  déconcerterait  les  plans  que  les  Anglais  pouvaient 
avoir  formés  pour  l'année  1762  ».  «  Je  crois,  écrivait-il  à  d'Os- 
sun,  que  l'avantage  augmenterait  en  proportion  de  la  prompti- 
tude. Quelque  faible  que  soit  un  ennemi,  il  ne  faut  pas  lui 
donner  le  temps  de  se  reconnaître.  » 

Par  le  nombre  des  troupes  que  le  roi  d'Espagne  parlait  de  lais- 
ser en  Catalogne,  Choiseul  présumait  que  ce  prince  avait 
quelque  appréhension  en  ce  qui  concernait  la  tranquillité  de 
l'Italie.  Le  ministre  s'efforça  de  dissiper  ses  craintes  en  lui  fai- 
sant démontrer  par  d'Ossun  que  le  roi  de  Sardaigne  n'avait  ni  la 
volonté  ni  le  pouvoir  d'entamer  des  hostilités  contre  le  royaume 
de  Naples  :  «  Je  crois  connaître  sans  prévention  la  cour  de 
Turin.  Le  roi  de  Sardaigne  ne  veut  point  la  guerre  parce  qu'il  ne 
peut  plus  y  aller  et  qu'il  serait  au  désespoir  que  son  fils  y  allât.  » 
A  cette  raison  bien  humaine,  Choiseul  en  ajoutait  une  autre 
toute  politique  et  des  plus  sérieuses  :  «  Il  ne  peut  pas  faire  la 
guerre  parce  qu'il  est  démontré  que,  sans  secours  étrangers,  il 
courrait  les  plus  grands  risques.  »  Or,  l'Angleterre,  qui,  seule, 
aurait  pu  lui  venir  en  aide,  avait  bien  assez  à  faire  à  secourir  le 
roi  de  Prusse,  ses  alliés  d'Allemagne  et  le  Portugal  si  l'on  entre- 
prenait contre  ce  dernier  l'expédition  projetée.  Malgré  le  désir 
constant  qu'avait  le  cabinet  de  Londres  de  pêcher  en  eaux  troubles, 
il  paraissait  peu  probable  qu'il  cherchât  à  provoquer  en  Italie 
une  guerre  dont  il  aurait  eu,  à  peu  près  seul,  à  supporter  le 
poids.  Il  y  avait  en  outre,  pour  le  roi  de  Sardaigne,  un  motif 
intéressé  de  ne  pas  casser  les  vitres.  C'eût  été,  de  sa  part,  une 
vraie  maladresse  que  de  perdre  sans  retour,  par  une  démarche 
imprudente,  le  profit  de  la  parole  donnée  par  Louis  XV  de  lui 
reconnaître  des  droits  sur  une  portion  du  Plaisantin. 

L'ensemble  de  ces  raisons  persuadait  Choiseul  (et  les  événe- 
ments prouvèrent  la  justesse  de  ses  vues)  qu'il  n'y  avait  rien  à 
craindre  pour  les  Bourbons  du  côté  de  Turin.  Au  surplus,  comme 
il  n'est  jamais  mauvais  de  prendre  des  précautions  et  qu'il  est 


CHOÏSECL   BT   L 

bon  d'être  fort  pour  être  respecté,  le  ministre  n'entendait  pas 
rester  désarmé.  Il  proposait  donc  à  Charles  III  d'envoyer  contre 
le  Portugal  les  troupes  que  ce  prince  pensait  laisser  en  Catalogne. 

Nous  mettrons  en  Provence,  lui  disait-il,  les  dii  bataillons  de 
Mitmrquc  qui,  joints  aux  troupes  qui  sont  dans  celte  province  et  en 
Itauphiné,  feront  un  corps  de  15,000  hommes,  qui  serait  à  portée 
d'être  rendu  à  Nice  ou  en  Savoie  et  qui  procurerait  une  diversion 
efficace  et  beaucoup  plus  prompte  que  ce  qui  arriverait  de  Catalogne. 

Mais,  suivant  la  forte  expression  du  ministre,  c'eût  été  servir 
nos  ennemis  que  d'immobiliser  en  trop  grand  nombre  des  forces 
que  l'on  pourrait  employer  utilement  ailleurs. 

Ainsi,  COMlWÙtrî]  dans  sa  lettre  à  d'Ossun,  efforcez-van*  de  faire 
oublier  à  Madrid  l'Italie  pour  opérer  vigoureusement  et  prompte- 
ment  en  Portugal  et  pour  former  au  printemps  un  camp  en  Galice 
qui  inquiète  sur  l'Irlande.  Le  camp  pour  cet  objet  ne  suffit  pas;  il 
faut  réunir  des  bâtiments  de  transport .  Ce  jeu  est  facile  au  ministre 
de  la  Marine'. 

On  voit  par  ces  derniers  mots  combien  Choiseul  mettait  à  profit, 
pour  le  bien  de  la  France,  l'unité  de  vues  que  lui  permettait 
l'union  entre  ses  mains  des  deux  sécréta ireries  d'État  militaires. 
Le  chef  du  département  de  la  Guerre  apparaissait  dans  l'offre 
faite  de  tenir  prêtes,  dans  le  Roussillon,  des  troupes  destinées  à 
remplacer  les  bataillons  espagnols  chargés  d'opérer  en  Portugal 
et  en  Galice.  Il  se  manifestait  surtout  dans  un  projet  contre 
Gibraltar  dont  il  parlait  à  l'ambassadeur. 

'iji  m'a  fait  la  proposition  d'envoyer  M.  de  Vallière,  lieutenant 
de  notre  artillerie,  examiner  Gibraltar.  Vous  connaissez  la 
Officier.  Il  n'est  question  que  d'un  voyage  et  d'un 
en  de  sa  part  pour  savoir  si  celte  place  est  décidément  impre- 
soil  de  vive  force,  soit  par  le  moyen  des  mines.  S'il  la  juge 
Imprenable,  il  ne  faudra  plus  y  songer.  Si  au  contraire,  après  l'avoir 
examinée,  M.  de  Vallière  estimait  qu'il  y  a  de  la  possibilité  dans  la 
réussite  de  l'entreprise,  nous  contribuerions  en  Lroupes  à  cet  arran- 
gement1. 

t.  bpagee  534,  fol.  S26. 

1.  tbtd.  Le  lui  d'£'.ji.i£i!<!  avait  eu  de  suri  u'4<  I  Idée  d'une  entreprise  contre 
(BfcnUar 


26  ALFRED   BOURGUET. 

C'est  surtout  du  côté  de  la  mer  que  Choiseul  jugeait  indispen- 
sable de  porter  nos  efforts  communs.  Il  était  à  craindre  que  les 
Anglais  ne  vinssent  insulter  et  peut-être  envahir  les  États  du  roi 
des  Deux-Siciles,  renouvelant  ainsi  contre  son  fils  les  mesures 
violentes  qui  avaient  semé  dans  l'âme  de  Charles  III  le  germe  de 
sa  haine  envers  eux.  Pour  parer  à  cet  inconvénient,  ce  n'étaient 
plus  des  troupes  qui  étaient  nécessaires.  Il  fallait,  suivant  le  mot 
du  ministre  français,  «  opposer  des  escadres  à  d'autres  escadres  ». 
Voilà  pourquoi  il  songeait  à  employer  les  vaisseaux  que  l'on 
armait  à  Toulon  et  qu'il  avait  primitivement  destinés  au  Canada 
avec  des  troupes  de  débarquement  contre  Halifax  et  l'Acadie.  Si 
le  roi  d'Espagne  estimait  utile  de  les  conserver  dans  la  Méditer- 
ranée, on  pourrait  les  tenir  prêts  à  partir  pour  Messine.  Il 
importait  seulement  d'être  fixé  le  plus  rapidement  possible  sur  ce 
point,  car  les  dispositions  à  prendre  étaient  différentes  suivant 
que  cette  flotte  aurait  à  opérer  en  Acadie  ou  devant  Messine. 

En  ce  qui  concernait  l'escadre  de  Rochefort,  Choiseul  comptait 
faire  l'impossible  pour  qu'elle  opérât  sa  sortie.  «  Rien  n'est  plus 
difficile,  écrivait-il  à  d'Ossun,  mais  fy  mettrai  tous  les  soins 
possibles,  tout  ce  que  foi  de  patience  et  même  des  risques.  » 
Puis,  après  avoir  parlé  de  l'emploi  qu'on  pourrait  en  faire  soit 
contre  la  Jamaïque,  soit  pour  secourir  la  Martinique  ou  pour 
défendre  Saint-Domingue,  le  ministre  ajoutait  : 

L'automne  prochain,  j'aurai  infiniment  plus  de  moyens  de  marine 
que  je  n'en  ai  et  je  vous  assure  que  je  suis  bien  déterminé  à  les 
employer. 

Il  terminait  enfin  par  ces  lignes  qui  peignent  tout  entière  la 
fière  énergie  inspiratrice  de  sa  conduite  : 

Je  tous  supplie  de  prévenir  en  Espagne  que  Ton  ne  s'épouvante 
pas  si  nous  avons  des  échecs;  premièrement,  j'y  suis  accoutumé,  ils 
ne  me  découragent  pas;  secondement,  à  force  d'en  avoir,  nous  en 
ferons  éprouver  à  nos  ennemis.  La  constance  et  le  courage  ont  un 
mérite  qui  leur  donnent  tôt  ou  tard  l'avantage*. 

Tant  de  fermeté  et  de  persévérance  méritaient  un  meilleur  sort. 
L'on  se  prend  à  plaindre  sincèrement  Choiseul  quand  on  pense  au 

t.  De  sa  main.  Choiseul  à  d'Ossun.  Espagne  534,  fol.  327. 


CHOISBUL  ET  L'iLLIANCE    ESPAGNOLE.  27 

peu  de  succès  d'une  campagne  préparée  avec  tant  de  peine  et  tant 
de  soins.  Mais  si  les  efforts  du  ministre  ne  devaient  pas  produire, 
dès  cette  époque,  les  résultats  sur  lesquels  il  comptait,  toute  sa  vail- 
lance ne  s'épuisa  pas  en  pure  perte.  Il  sut  imprimer  à  la  marine, 
trop  négligée  par  ses  prédécesseurs  immédiats,  un  mouvement  de 
vitalité  qui  alla  sans  cesse  en  progressant  et  qui  procura  plus  tard 
une  glorieuse  compensation  à  ces  jours  d'angoisse  et  de  tristesse. 
Cboiseul  avait  donc  raison  de  ne  pas  s'abandonner  au  désespoir  : 
c'est  un  de  ses  titres  les  plus  solides  à  l'estime  et  à  l'admiration  des 
Français. 

Alfred  Bourguet. 


NICOLAS  REMY 

ET  LA 

SORCELLERIE  EN  LORRAINE  A  LA  FIN  DU  XVIe  SIÈCLE 

(Suite  et  fin*.) 


II. 

Après  avoir  esquissé  l'histoire  de  la  vie  de  Nicolas  Remy, 
nous  devons  examiner  de  près  sa  Démonolatrie,  sur  laquelle  il 
comptait  pour  faire  passer  son  nom  à  la  postérité  et  pour  le 
rendre  célèbre  dans  les  temps  les  plus  reculés  ;  il  ne  se  trompait 
que  sur  la  nature  de  la  célébrité  que  lui  devait  valoir  son 
ouvrage. 

En  quoi  consistait,  d'après  Nicolas  Remy,  le  crime  de  sorcel- 
lerie? Nous  avons  déjà  dit  qu'au  cours  du  XVIe  siècle  la 
croyance  au  Diable  est  générale.  En  Lorraine,  le  Diable  porte 
les  noms  les  plus  divers.  On  l'appelle  maître  Persin,  parce  qu'il 
apparaît  sous  une  couleur  vert  foncé;  il  se  nomme  encore  maître 
Léonard,  Napnel,  Jolibois,  Sautebuisson,  etc.  Parfois  l'on  fait 
une  distinction  entre  ces  sortes  de  démons  :  ce  sont  des  person- 
nages différents  subordonnés  l'un  à  l'autre.  Le  Démon  apparaît 
sous  des  formes  diverses  aux  personnes  qu'il  veut  conquérir  ;  il 
pince  ses  victimes  au  front,  pour  enlever  le  baptême,  et  les  invite 
à  assister  au  sabbat,  qui  a  lieu  sur  une  lande  déserte,  en  un 
endroit  écarté  des  habitations.  Les  sorcières  se  frottent  d'un 
onguent  et  sont  transportées  à  ce  sabbat  en  général  sur  un  balai 
ou  bien  sur  un  bouc.  Ce  sabbat  a  lieu  en  Lorraine  le  samedi  et 
le  mercredi,  les  démons  étant  occupés  les  autres  nuits  ailleurs2. 

1.  Voir  Rev.  hist.,  t.  XCffl,  p.  225. 

2.  Nous  résumons  ici  ce  que  dit  Nicolas  Remy  dans  la  Dèmonolatrie,  p.  121 
et  suiv. 


1IC0HS   BEMI   ET   L»    SORCEUEHIB   Eil    LOBBA1SE.  29 

Lee  sorcières  s'y  donnent  au  Diable;  elles  dansent  une  ronde 
elée,  mais  masquées  et  retournées,  la  tète  en  dehors  de  la 
i.  Puis  elles  prennent  un  repas  en  commun  ;  mais  toute  nour- 
riture est  insipide;  car  le  sel  y  fait  défaut;  suivant  un  calem- 
bour souvent  répété,  les  plats  y  viennent  de  Salamanque.  Il  n'y 
a  pas  non  plus  Je  pain,  puisque  le  pain  rappelle  l'Eucharistie.  Pen- 
dant toutes  ces  orgies,  les  diablotins  font  une  musique  infernale, 
on  frappant  des  tibias  contre  des  crânes'.  Nicolas  Remy  et  les 
juges  croyaient  à  la  réalité  de  ces  descriptions.  Une  fois  pour- 
tant le  procureur  a  un  léger  doute.  Une  sorcière  a  affirmé  qu'à 
Utile  heure  de  la  nuit  elle  avait  été  au  sabbat;  et  pourtant  son 
mari  a  juré  qu'à  la  même  heure  elle  se  trouvait  tranquillement 
couchée  à  côté  de  lui.  Remy  ne  peut  pas  ne  pas  accorder  con- 
fiance à  ce  témoignage;  il  conclut  qu'un  sabbat  imaginaire  est 
aussi  pernicieux  qu'un  sabbat  réel;  ce  sabbat  donne  les  mêmes 
émotions,  provoque  les  mêmes  lassitudes;  une  telle  femme  est 
bien  la  proie  du  Diable.  A  mort  donc  la  malheureuse  ! 

Mais,  si  hommes  et  femmes  se  rendent  au  sabbat,  ce  n'est  pas 
seulement  pour  se  procurer  des  plaisirs  fatigants;  ils  veulent  sur- 
tout obtenir  du  Diable  le  pouvoir  de  nuire  à  ceux  qu'ils  détestent. 
'  rsin  leur  donne  un  onguent  mystérieux,  ou  bien  il  leur 
apprend  des  paroles  magiques;  à  l'aide  de  l'un  ou  des  autres,  ils 
mal  provoquer  le  malheur  de  leurs  ennemis.  Ceux-ci  languissent 
:  M'iit  peu  à  peu.  Ou  bien  U  leur  arrive  un  grave  acci- 
dent. Ils  tombent  et  se  cassent  une  jambe;  ils  n'entendent  plus; 
ils  voient  double;  des  boutons  leur  poussent  sur  la  figure;  les 
maris  deviennent  impuissants.  D'autres  fois,  les  sorciers  s'en 
prennent  nu  bétail.  Ils  fout  trébucher  la  vache  ou  la  chèvre 
de  leur  ennemi,  les  blessant  grièvement.  Ils  tarissent,  par 
leur  pouvoir  magique,  le  lait  de  ces  animaux.  Les  sorcières 
plantent  dans  le  mur  de  l'ètable,  au  dehors,  un  couteau;  et 
elle*  fout  sur  lui  le  signe  de  traire  la  vache;  elles  prononcent 
le  mot  sacramentel  :  «  Je  te  trais  au  nom  du  Diable  »,  et  le 
!ail  oonls  réellement  le  long  du  couteau.  Elles  enlèvent  la  force 
nutritive  qui  est  dans  l'herbe  broutée  par  les  bestiaux;  chevaux, 
taunaïux,  vaches  mangent  et  dépérissent.  Au  contraire,  cette 
nourriture  pronVa  leurs  propres  bêles  qui  restent  grasses  et  bien 
portantes. 

t.  DtmonolalrU!,  \>.  lit. 


30  CH.    PFISTBR. 

Ce  qui  frappe  surtout  dans  ces  stupides  accusations,  c'est  la 
relation  que  les  accusateurs  établissent  entre  une  rencontre  for- 
tuite avec  un  sorcier  et  un  malheur  arrivé  souvent  des  semaines, 
des  mois,  des  années  plus  tard.  Dans  un  procès  instruit  à  Amance, 
près  de  Nancy,  en  1591,  le  herdier  de  la  commune,  —  c'estr- 
à-dire  celui  qui  garde  la  fier  de,  le  troupeau,  —  est  accusé  de 
sorcellerie  et  les  bergers  qui  vivent  isolés  dans  les  champs  four- 
nissent un  nombreux  contingent  de  victimes.  Une  femme  dépose 
qu'elle  a  eu  un  jour  avec  l'accusé,  nommé  Bulme,  une  querelle 
à  cause  d'une  vache  qu'il  lui  avait  perdue,  et,  dit-elle,  environ 
un  mois  après,  son  mari  tomba  malade  et  mourut  en  cinq 
jours.  Une  autre  femme  certifie  que  son  mari  est  mort  six 
semaines  après  une  querelle  avec  le  sorcier.  D'autres  encore 
viennent  dire  qu'après  une  dispute  de  ce  genre  leur  cheval  ou  leur 
verrat  a  péri  au  bout  de  quinze  jours  ou  d'un  mois.  Et  c'est  sur 
des  accusations  de  ce  genre  que  Bulme  et  sa  femme  furent  exécu- 
tés à  Amance1! 

Les  sorcières  ne  s'attaquent  pas  seulement  aux  hommes  et 
aux  animaux;  dans  leurs  réunions  nocturnes,  elles  ras- 
semblent les  nuages,  qui  bientôt  se  condensent  en  grêle  et 
qui  détruisent  les  moissons.  Voilà  pourquoi,  dit  Nicolas  Remy, 
quand  le  tonnerre  gronde,  quand  menace  la  foudre,  il  faut  son- 
ner les  cloches  ;  car  ces  mêmes  cloches  qui  appellent  les  fidèles  à 
la  prière  chassent  le  Démon.  Les  sorcières  sont  encore  accusées 
d'avoir  suscité  d'autres  fléaux.  En  décembre  1586,  la  femme 
Odile  Boncourt  de  Haraucourt,  en  novembre  1586,  la  femme 
Rose  Gérardin  d'Étival,  en  février  1587,  la  femme  Housselot  de 
Saint-Èvre  ont  avoué  avoir  suscité  un  très  grand  nombre  de  sou- 
ris qui  ont  rongé  toutes  les  racines  et  causé  la  disette2. 

Voici,  avec  quelques  détails,  les  accusations  lancées  contre 
une  pauvre  femme  de  Nancy,  nommée  Lasnier  (Asinaria)  :  elle 
avait  l'habitude  de  mendier  de  porte  en  porte,  et  les  aumônes 
qu'elle  recevait  suffisaient  à  son  existence.  Un  jour  elle  frappa  à 
la  maison  du  bailli  de  Nancy3;  mais  le  fils  aîné  de  celui-ci 


1.  Amance,  qui  avait  reçu  la  coutume  de  Beaumonl,  avait  droit  de  haute 
justice.  Toutes  les  pièces  de  ce  procès  ont  été  publiées  par  Henri  Lepage  dans 
Y  Annuaire  de  la  Lorraine,  1854  ;  l'article  a  été  tiré  à  part  sous  le  litre  :  Une 
procédure  de  sorciers  au  XVI9  siècle,  Nancy,  Grimblot  et  veuve  Raybois. 

2.  Démonolatrie,  p.  146. 

3.  Le  bailli  de  Nancy  de  1577  à  1607  fut  Renault  de  Gournay,  seigneur  de 


\ÏCOL*s    KEHÏ    El    U    SOKCKLLF.1UK    K\    L0BB1INK.  31 

sortit  à  ('improviste  et  lui  ordonna  de  revenir  à  une  autre  heure, 
car  pour  le  moment  les  domestiques  étaient  occupés;  la  femme 

par  des  injures  et  aussitôt  noire  jeune  homme  tomba 
face  à  terre  comme  s'il  s'était  heurté  contre  un  caillou.  Et  il 
affirma  aux  domestiques  accourus  que  l'accident  n'était  pas 
arrivé  par  sa  faute,  qu'il  était  poussé  par  derrière  par  une  force 
supérieure  et  qu'il  se  serait  certainement  cassé  un  membre,  s'il 
n'avait  eu  la  précaution  en  tombant  de  faire  le  signe  de  la  croix. 
!,'•  DéfDOD  lit  alors,  dit  Remy,  de  vifs  reproches  à  la  femme  Las- 
IVOÏP  manqué  son  maléfice  et  lui  donna  l'ordre  de  sur- 
prendre le  jeune  homme  avant  qu'il  eût  fait  sa  prière  du  matin 
et  se  fût  garanti  par  le  signe  de  la  croix.  Or,  un  matin,  le  jeune 
homme  ouvrit  la  fenêtre  de  sa  chambre  au  premier  étage  et  vou- 
lut saisir  un  nid  qui  se  trouvait  sur  la  muraille;  il  tomba  la  tête 
la  première  et  on  le  rapporta  évanoui  à  la  maison.  Il  revint 
bientôt  à  lui  et  dit  à  son  père  :  ■  Père,  ne  me  faites  pas  de 
reproche;  j'ai  été  poussé  par  derrière  et  on  a  lancé  un  objet  contre 
moi .  >  Et  en  effet  un  gros  morceau  de  bois  fut  ramassé  a  l'endroit 
où  U  était  tombé.  L'enfant  mourut  quelque  temps  après  ;  la  femme 
Lasnier  fut  aussitôt  arrêtée.  Interrogée  par  Nicolas  Remy,  elle 
fait  des  aveux;  elle  est  condamnée  à  mort  et  exécutée  le  14  juil- 
let 1682-  Ilemy  nous  raconte  qu'aussitôt  après  la  chute  de  l'en- 
fant, la  Diable  était  venu  en  personne  féliciter  la  sorcière  et  il 
accumule,  pour  le  prouver,  une  série  de  citations  de  la  Bible1. 

étaient  les  accusations  portées  contre  les  sorcières  et  qui 
devaient  conduire  presque  toujours  ces  malheureuses  à  la  mort. 
Dans  l'ancienne  procédure,  U  fallait  qu'un  accusateur  se  présen- 
tât et  soutint  la  vérité  de  son  dire  par  serment,  témoignages  ou 
autrement.  Daus  les  procès  de  sorcellerie,  il  n'y  a  plus  d'accusa- 
teurs; U  n'y  a,  comme  pour  les  procès  de  l'Inquisition,  que  des 

li'urs.  lin  individu  a  à  se  plaindre  d'une  femme  qui  l'a 
injurié,  il  ne  veut  pas  payer  son  créancier;  il  dénonce  la  femme 
et  le  créancier  comme  soupçonnés  de  sorcellerie.  Le  dénonciateur 
oc  risque  jamais  rien.  Son  nom  n'est  pas  communiqué  à  l'inculpé. 
Même  dans  certains  pays,  —  ce  ne  fut  point  le  cas  en  Lorraine, 
—  l'on  plaçait  aux  églises  ou  aux  maisons  communes  des  troncs 
destinés  à  recevoir  les  dénonciations  anonymes  ;  les  dénonciations 

:    Henri  Lcpag»,  let  Offtcei  du  duché*  de  Lorrain*  et  de  Bar,  <Udb 
'i  de  ta  Société  d'archéologie  lorraine,  1869,  p.  103. 
1.  iMmoitolntrit,  p.  ÏTî. 


32  CH.    PFISTBR. 

lâches  et  méprisables  !  Sur  ces  dénonciations,  l'officier  public  se 
mettait  en  mouvement,  souvent  même  il  ne  les  attendait  pas.  Le 
procureur  général  faisait  des  tournées  en  Lorraine  et,  par  le 
procédé  de  l'enquête,  —  qu'il  est  devenu  odieux  le  mot  inqui- 
sitio!  —  il  recherchait  les  coupables. 

Sur  toute  dénonciation,  sur  tout  soupçon  du  ministère  public, 
une  information  est  ouverte1.  On  entend  toutes  les  personnes 
qui  peuvent  fournir  des  renseignements  sur  les  inculpés  et  on 
consigne  avec  soin  tous  leurs  dires.  Tous  les  actes  de  la  malheu- 
reuse femme  soupçonnée,  —  car  la  proportion  des  femmes  sor- 
cières par  rapport  aux  hommes  était  de  9/10,  —  sont  scrutés  avec 
soin  et  tout  va  devenir  indice  qu'elle  est  réellement  sorcière.  On 
l'a  appelée  dans  une  querelle  sorcière,  et  elle  n'a  rien  répliqué; 
elle  n'a  pas  traîné  son  calomniateur  devant  les  tribunaux;  indice 
sûr.  Au  contraire,  elle  s'est  hâtée  de  poursuivre  celui  qui  l'avait 
injuriée;  elle  a  voulu  détourner  les  soupçons;  indice  sûr.  On  ne 
voit  jamais  une  femme  à  l'église;  c'est,  dit  Nicolas  Remy,  qu'elle 
s'est  donnée  au  Diable.  Elle  court  sans  cesse  à  la  messe,  autre 
indice  ;  car  une  force  irrésistible  pousse  les  sorcières  vers  l'église  ; 
constatation  curieuse  qui  montre  chez  ces  femmes  une  sorte  de 
folie  religieuse.  L'information  est  ainsi  presque  toujours  défavo- 
rable. La  malheureuse  est  arrêtée  et  jetée  en  prison  ;  à  Nancy, 
on  la  mène  dans  les  tours  de  la  porte  de  la  Craffe. 

Nous  connaissons  déjà  les  tribunaux  qui  vont  la  juger.  Elle 
n'est  point  renvoyée  devant  des  inquisiteurs  ou  devant  le  tribu- 
nal ecclésiastique,  l'officialité.  Elle  comparaît,  comme  les  autres 
criminels,  devant  la  justice  ordinaire,  échevins,  prévôts,  justice 
municipale.  Les  juges  font  venir  l'inculpée  devant  eux  et  pro- 
cèdent à  son  interrogatoire  ;  c'est  Y  audition  de  bouche.  L'un  des 
échevins,  —  nous  supposons  que  le  procès  se  déroule  à  Nancy, 
—  lui  demande  son  nom,  son  âge,  si  elle  sait  de  quoi  elle  est 
accusée.  A  cette  dernière  question,  en  général,  l'inculpée  ne 

1.  Souvent  le  procureur  général  de  Lorraine  ou  le  procureur  des  Vosges  ou 
d'Allemagne  requièrent  les  officiers  judiciaires  inférieurs,  substituts  ou  prévôts 
d'informer  secrètement  des  cas  de  sortilège  et  vénéfice.  Une  réquisition  de  ce 
genre  a  été  publiée  par  L.  Quintard,  Procès  de  deux  sorciers  en  1605,  dans  les 
Bulletins  mensuels  de  la  Société  d'archéologie  lorraine,  1906,  p.  16.  Il  s'agit  de 
Catherine,  veuve  de  Claude  Bailliot,  et  de  Claude,  son  ûls,  demeurant  à  Mataio- 
court (Vosges).  On  reprochait  à  Catherine  de  tenir  et  nourrir  des  crapauds  dans 
sa  maison.  Les  deux  accusés,  qui  n'avouèrent  pas,  furent  condamnés  au  ban- 
nissement. 


Tir.^r. 


,   BOIGSLIEIIB   Et   LiHUi.UM 


répood  rien.  Finalement,  le  juge  lui  dit  i 


et  expose 


Us  charges  qui  ont  été  recueillies  dans  l'information  ;  il  lui 
demande  de  se  défendre.  D'ordinaire,  l'accusée  se  récrie;  elle  se 
déclare  innocente  {les  méfaits  qu'on  lui  impute.  Le  juge  essaie 
toujours  de  l'effrayer  par  la  violence  de  ses  gestes,  la  véhémence 
de  son  langage.  11  a  recours  à  toutes  sortes  de  ruses  pour 
obtenir  l'aveu  attendu,  l'aveu  qui  sera  considéré  par  lui  comme 

itable  victoire.  S'il  y   a   deux  inculpés,  il  ne  manque 
d'affirmer  au  second  que  le  premier  a  tout  avoué,  alors  qu'il 

;  rien;  il  se  complaît  dans  les  équivoques,  les  sous- 
'inliis.  Jamais,  dans  ces  interrogatoires,  l'accusée  n'est 
!  d'un  avocat;  l'avocat  est  même  toujours  absent  de 
ces  tristes  procès  :  une  sorcière  ne  doit  point  être  défendue. 
Du  reste,  l'avocat  ne  courrait-i!  pas  de  trop  grands  risques? 
La  sorcière  ne  pourrait-elle  pas  lui  jeter  un  sort?  Mais  qu'on 
la  logique  des  croyances  1  II  est  admis  que  ces 
méchantes  femmes  ne  peuvent  rien  ni  sur  les  juges  ni  sur  les 
bourreaux,  qui,  par  une  sorte  de  grâce  d'état,  sont  a  l'abri  de 
leurs  coups.  Nicolas  Kemy  nous  raconte  que  le  terrible  onguent 
que  maître  Persin  donnait  aux  sorcières  perdait  toute  vertu  dès 
qu'il  était  saisi  [iar  les  juges.  Lui-même,  qui  a  été  sans  cesse 
en  contact  avec  les  sorcières,  est  resté  toujours  sain  de  corps  et 
d'esprit,  chrétien  parfait.  La  femme  Lasnier,  de  Nancy,  inter- 
rogée par  lui,  lui  lança  cette  apostrophe  :  «  Comme  vous  avez  de 
la  chance  que  nous  ne  puissions  rien  sur  vous,  6  juges  1  II  n'y  a 
point  d'hommes  que  nous  désirerions  plus  tourmenter  que  vous, 
qui  jioursuivei!  toute  notre  race  par  de  tels  supplices1.  »  Nicolas 
i  i  vait  procéder  sans  risque  ni  péril. 
■^  ait  des  accusés,  surtout  parmi  les  femmes,  qui  avouaient 
dés  le  début.  11  se  présente  ici  un  cas  d'auto-suggestkm  fort 
curieux-  La  femme  croit  réellement  qu'elle  a  conclu  un  pacte 
avec  le  Diable;  elle  le  crie  a  son  juge;  et,  en  général,  avec  cet 
aveu,  elle  tieut  des  propos  incohérents  et  orduriers;  elle  se  com- 
plaît dans  la  crapule.  Ces  femmes  ont  été  désignées  comme  sor- 
i  parce  qu'elles  sont  des  hystériques;  elles  réalisent  en 
sorte  les  scènes  qu'elles  ont  entendu  raconter  autour 
d'elles;  oui,  elles  se  sont  données  au  Diable,  elles  ont  assisté 
■  u  sabbat  qu'elles  décrivent  avec  un  luxe  incroyable  de  détails. 


34  CO.    FFISTEH. 

L'hystérie  est  héréditaire;  et  voila  pourquoi  souvent  les  f 
ont  été  brûlées  après  les  mères,  parce  qu'elles  présentaient  les 
mêmes  symptômes  morbides.  La  maladie  chez  des  personnes 
faibles  d'esprit  est  contagieuse;  voilà  pourquoi  beaucoup  de  vil- 
lages sont  décimés  '.  Si  la  femme  ne  se  suggère  pas  à  elle-même 
toutes  ces  visions,  le  juge  qui  l'interroge  les  fait  naître  en  son 
esprit.  Ses  questions  sont  si  nettes,  si  précises  qu'elle  arrive  à 
douter  d'elle-même.  Elle  avoue.  L'aveu  est  une  condamnation  à 
mort;  le  procès  finit  après  l'information  et  l'interrogatoire. 

Mais,  après  tout,  ces  aveux,  étaient  rares;  le  plus  souvent,  l'ac- 
cusée nie.  Elle  déclare  qu'elle  n'a  point  eu  commerce  avec  Satan, 
qu'elle  n'est  point  sorcière.  Dès  lors,  on  procède  aux  recolemenls 
et  aux  confrontations.  Le  juge  convoque  à  jour  et  heure  déter- 
minés tous  les  témoins  entendus  dans  l'information;  il  les  inter- 
roge d'abord  en  l'absence  de  l'accusée;  il  leur  demande  s'ils 
persistent  en  leur  première  déposition  ;  il  les  invite  à  y  ajouter  ou 
à  en  retrancher  à  leur  gré;  c'est  le  recolement.  Puis,  pour  la 
première  fois,  l'accusée  est  mise  en  présence  de  ses  accusateurs; 
et  ici  la  Lorraine  était  eu  avance  sur  d'autres  pays,  où  jamais  la 
victime  ne  connaissait  les  témoins,  où  l'on  continuait  d'employer 
l'ancien  système  de  l'Inquisition.  Témoins  et  accusée  sont  inter- 
rogés contradictoirement  sur  les  faits  de  la  cause  :  c'est  la  con- 
frontation. Celle-ci  terminée,  le  procureur  ou  le  substitut  pré- 
sent prend  ses  conclusions.  Si  elles  tendent  à  l'absolution  de  l'in- 
culpée, elles  sont  définitives;  mais,  avec  des  procureurs  imbus  de 
l'esprit  de  Nicolas  Remy,  de  telles  conclusions  devaient  être 
rares,  —  l'on  en  trouve  pourtant  des  exemples.  —  Mais,  en  géné- 
ral, les  conclusions  sont  interlocutoires.  Le  procureur  peut 
requérir  que  l'accusée  nomme  des  témoins  à  décharge;  mais  la 
malheureuse  n'en  trouvait  presque  jamais.  II  peut  requérir  aussi 
que  l'accusée  soit  soumise  à  la  question  ;  c'était  le  cas  ordinaire. 
Quand  le  procès  avait  lieu  loin  de  Nancy,  l'on  demandait  sur  ces 
conclusions  l'avis  des  èchevins  de  Nancy  ;  mais  presque  toujours 
dans  les  procès  de  sorcellerie  les  èchevins  opinent  pour  la  tor- 
ture. A  Nancy  même,  point  n'était  besoin  de  consulter  personne, 


i.  Dans  le  petit  village  d'Àielol,  au  canton  de  Sainl-Nicolas-de-Forl,  qui 
comble  aujourd'hui  300  habitants,  et  qui  eu  complaît  à  peine  100  autrefois,  il 
y  eut  à  la  Tin  du  xv;'  et  an  début  du  xvu*  siècle  jusqu'à  trente  procès  de  sor- 
cellerie. Cf.  Lepage,  tes  Cammunet  de  la  ileurlhe,  art.  Azelol. 


SICOUS   HEHT    ET    l.\    ■ tl.lflMC    ES    LOMUMK.  35 

et  la  sentence  interlocutoire  ordonnant  la  question  était  immé- 
diatement rendue. 

Avant  de  procéder  à  la  question,  l'on  soumettait  l'inculpé  à  un 
chirurgien  ou  à  un  médecin.  L'inculpé,  homme  ou  femme,  était 
rasé  des  pieds  à  la  tête  ■  partout  où  poil  se  trouve  »,  disent  les 
procès -verbaux,  par  la  personne  vile,  c'est-à-dire  par 
l'homme  qui  tond  les  chiens  et  récure  les  égouts  ;  puis  le  chirur- 
i  i.hait  s'il  retrouvait  sur  son  corps  la  marque  du 
ItiatHe.  De  même  que  Dieu  mettait  sou  sceau  sur  certains  élus 
en  reproduisant  sur  leurs  mains,  sur  leur  flanc  et  leurs  pieds  les 
blessures  du  Christ,  de  même,  dans  les  croyances  de  l'époque,  le 
Diable  marquait  d'un  signe  ineffaçable  la  créature  qui  s'était 
donnée  à  lui.  Nicolas  Remy  consacre  tout  un  chapitre  de  sa 
Démonolatrie  à  cette  marque  diabolique.  C'était  au  médecin  a 
i'  signe,  qu'on  reconnaissait  de  la  façon  suivante  :  si  à 
l'endroit  du  corps  marqué  par  Satan  l'on  enfonce  une  longue 
épingle,  l'inculpé  ne  sentira  aucune  douleur  et  pas  une  goutte  de 
sang  ne  coulera  de  la  blessure.  Cette  partie  du  corps  est  deve- 
inii.'  tout  h  fait  insensible  : 

SanguU  hebel,  frigentque  effetae  in  corpore  vires 

(la  citation  est  de  Nicolas  Remy).  Ainsi,  en  octobre  1590,  on 
arrête  à  Rriey  la  femme  Claude  Liogart.  Après  lui  avoir  rasé  la 
découvre  au  sommet  une  cicatrice  que  les  cheveux 
cachaient;  Claude  affirme  que  cette  cicatrice  a  été  causée  par 
une  pierre  qui  lui  a  été  lancée.  Mais  le  chirurgien  enfonce  son 
épingle  et  déclare  qu'en  cet  endroit  le  Diable  a  mis  sa  griffe  sur 
sa  créature.  On  découvre  de  même  une  verrue  sur  la  jambe  droite 
de  la  femme  Muguet,  arrêtée  à  Essey-lès-Na ncy  en  juin  1591. 
Elle  ne  sent  aucune  douleur  lorsqu'on  y  enfonce  l'épingle;  mais, 
dès  qu'elle  est  piquée  à  coté,  elle  pousse  des  hurlements  effroyables. 
Signe  diabolique,  conclut  Nicolas  Remy,  et  il  écrit  :  «  Ceux-là 
errent  cent  et  cent  fois,  ceux-là  sont  des  fous  qui  prétendent 
expliquer  de  tels  phénomènes  par  des  causes  naturelles.  »  N'en 
déplaise  à  Nicolas  Remy,  n'en  déplaise  à  l'excellent  abbé  Lion- 
noîs,  qui  composait  au  xviir  siècle  une  histoire  de  Nancy  et  qui 
faisait  preuve  d'un  bien  grand  scepticisme  en  disant  :  «  Les 
épingles  de  ces  chirurgiens  n'étaient-elles  pas  semblables  à  celles 
de  nos  joueurs  de  gobelets  qui,  en  se  perçant  le  front,  ue  se  font 


36  CH.    PFISTER. 

de  mal  que  dans  l'esprit  des  sots?  »,  —  de  tels  phénomènes  existent 
et  la  médecine  actuelle  les  explique  par  des  causes  naturelles  ; 
cette  insensibilité  partielle  est  l'un  des  signes  de  l'hystérie  ;  elle 
peut  même  être  provoquée  par  simple  suggestion  du  médecin. 

Dans  tous  ces  procès  de  sorcellerie,  le  médecin  ou  le  chirurgien 
doit  partager  la  responsabilité  du  juge.  Il  procédait  à  l'examen 
du  corps,  trouvait  la  marque  et  donnait  son  certificat,  qui  était 
une  condamnation  à  mort.  Dans  ce  certificat,  il  ne  constatait  pas 
seulement,  il  interprétait.  Il  affirmait  que  cette  insensibilité  était 
causée  par  l'empreinte  du  Démon.  Dans  un  livre  de  chirurgie, 
paru  en  1585,  on  lit  :  «  Nul  ne  peut  nier,  il  n'en  faut  douter, 
qu'il  y  ait  des  sorciers;  car  cela  se  prouve  par  authoritè  de  plu- 
sieurs docteurs  et  expositeurs,  tant  vieux  que  modernes,  lesquels 
tiennent  pour  chose  résolue  qu'il  y  a  des  sorciers  et  enchanteurs 
qui,  par  moyens  subtils,  diaboliques  et  inconnus,  corrompent  le 
corps,  l'entendement,  la  vie  et  la  santé  des  hommes  et  autres 
créatures,  comme  animaux,  herbes,  l'air,  la  terre  et  les  eaux. 
D'avantage  l'expérience  et  la  raison  nous  contraignent  le  con- 
fesser, parce  que  les  lois  ont  établi  des  peines  contre  telles 
manières  de  gens1.  »  Singulier  raisonnement  :  il  y  a  des  sorciers, 
puisqu'il  y  a  des  lois  contre  les  sorciers.  L'auteur  de  ce  livre  est 
Ambroise  Paré,  et  peut-être  le  grand  chirurgien*  qui  passait  en 
son  temps  pour  un  novateur  hardi,  a-t-il  causé  sorcellerie  avec 
Nicolas  Remy,  lorsqu'en  1575  il  arriva  en  Lorraine  pour  guérir 
la  duchesse  Claude  de  France,  femme  de  Charles  III. 

Le  médecin  a  donné  son  certificat;  mais  il  faut  obtenir  de  l'in- 
culpé lui-même  l'aveu  qu'il  a  eu  commerce  avec  le  Diable;  et 
cet  aveu  lui  sera  arraché  par  la  torture.  Nous  connaissons  par 
un  livre  de  praticien  écrit  par  Claude  Bourgeois,  maître-échevin 
de  Nancy  après  Nicolas  Remy,  quels  modes  de  torture  étaient 
usités  en  Lorraine2.  Il  y  avait  quatre  épreuves  qui  étaient  gra- 
duées. 

C'étaient  d'abord  les  grésillons.  L'instrument  était  formé  de 
trois  lames  de  fer  qu'on  rapprochait  à  l'aide  d'une  vis.  On  met- 

1.  Ambroise  Paré,  Œuvres  complètes,  éd.  Malgaigne,  t.  III,  p.  53.  Ce  passage, 
tiré  du  Livre  sur  les  monstres  et  les  prodiges,  ne  se  trouve  que  dans  l'édition 
de  1585. 

2.  Pratique  civile  et  criminelle  pour  les  justices  inférieures  du  duché  de 
Lorraine,  conformément  à  celle  des  sièges  ordinaires  de  Nancy,  Nancy, 
J.  Garoich,  1614,  iv-53  feuillets  in-4*. 


BIOOUS    BKMÏ    tT    I 


:i7 


tait  entre  ces  lames  le  bout  des  doigts  de  la  main  ou  du  pied  jus- 
qu'il l'ongle  et  on  serrait.  La  souffrance  était  atroce;  la  victime 
sortait  de  l'épreuve  les  doigts  entièrement  écrasés.  Venait  ensuite 
Véekêlte.  C'était  nue  échelle  ordinaire  dont  une  extrémité  tou- 
chait terre,  tandis  que  l'autre  reposait  sur  un  tréteau  a  trois 
pîeâE  du  sol.  L'accusé,  était  étendu  nu  ou  en  chemise  sur 
l'échelle,  les  pieds  attachée  au  barreau  inférieur,  les  mains  liées, 
à  l'autre  extrémité,  à  une  corde  qui  s'enroulait  autour  d'un  tour- 
ob  mettait  en  mouvement  le  tourniquet,  et  les  bras,  le 
tier  s'allongeait.  «  L'accusé,  dit  Claude  Bourgeois,  souffre 
grandes  douleurs,  tant  à  cause  de  l'extension  violente  de 
tout  le  corps  qui  s'allonge  contre  nature  que  pour  les  diverses 
parties. 4  illigées  en  cette  extension,  comme  veines,  artères,  muscles, 
mais  principalement  les  nerfs  et  tendons,  qui  sont  toutes  parties 
douées  d'un  sentiment  fort  exquis  et  consèquemment  susceptibles 
de  grandes  douleurs.  »  Pour  augmenter  les  souffrances  de  l'ac- 
cusé, on  lui  faisait  passer  sous  le  dos  un  morceau  de  bois  pendant 
qu'un  retirait.  On  lui  jetait  aussi  souvent  de  l'eau  froide  à  la 
figure;  on  lui  introduisait  par  un  entonnoir  une  certaine  quantité 
tas  la  bouche,  ou  encore  l'ou  imprimait  à  cette  échelle. 
mobile  des  secousses  savamment  calculées. 

Tandis  que  la  victime  reste  couchée  sur  l'échelle,  on  lui  infli- 
gera la  troisième  épreuve,  les  tortfflons.  Les  bras  el  tes  jambes 
ous  sont  attachés  par  de  grosses  cordes  aux  montants,  et  la  corde 
est  serrée  autant  qu'il  est  possible.  Puis  entre  les  membres  et  la 
corde  on  passe  des  bâtons  ronds  qu'on  emploie  comme  un  tour- 
niquet. La  corde  est  serrée  davantage  encore;  elle  pénétre  dans 
les  chairs,  qui  sont  de  plus  en  plus  comprimées  en  certains 
endroits  et  ressortent  plus  loin  eu  bourrelets  meurtris. 

Knfln,  si  l'accusé  n'a  pas  avoué,  on  a  recours  à  l'estrapade. 
Au  plafond  de  la  chambre  de  torture  est  attachée  une  poulie, 
dans  laquelle  on  passe  une  corde,  semblable  aux  poulies  dont  se 
servent  les  maçons  pour  monter  leurs  pierres.  L'accusé,  en  che- 
mise, les  mains  liées  derrière  le  dos,  est  attaché  par  la  ceinture  à 
ce  crochet  et  tiré  violemment  eu  l'air.  On  lui  l'ait  exécuter  ainsi  un 
certain  nombre  de  tours;  parfois,  pour  augmenter  sa  souffrance, 
on  étire  le  corps  en  attachant  au  pied  de  grosses  pierres;  Claude 
Bourgeois  assure  que  quelques-unes  de  ces  pierres  pesaient  de 
soixante  à  quatre-vingts  livres. 

Celaient  là  les  seules  tortures  autorisées  eu  Lorraine  par  les 


CH.    PFI8TE8. 

échevins  de  Nancy.  Et  ils  se  croyaient  des  esprits  libéraux.  Ils 
prohibaient  les  modes  plus  atroces  encore.  Ils  défendaient  de 
faire  asseoir  l'inculpé  sur  une  selle  hérissée  de  pointes,  de  le 
pendre  dans  une  cheminée  pour  l'enfumer,  de  le  priver  de  som- 
meil pendant  une  longue  période,  en  le  tenant  éveillé  par  des 
moyens  artificiels.  Ceux  qui  ont  visité  certains  musées  de  torture 
d'Allemagne  seront  obligés  de  reconnaître  que  les  échevins  de 
Nancy  ontélè  moins  cruels  que  certaines  justices  d'outre-Rhin1. 
La  torture  est  toujours  administrée  en  présence  d'un  chirur- 
gien. Celui-ci  doit  arrêter  le  bourreau  quand  il  lui  semble  que  le 
patient  est  à  bout  de  forces;  on  ne  doit  pas  détacher  de  l'échelle 
un  cadavre;  le  fait  s'est  produit  parfois.  On  commence  en  géné- 
ral par  montrer  a  l'inculpé  les  instruments  de  torture;  on  lui 
explique  la  manière  dont  on  s'en  sert,  les  souffrances  qu'ils  pro- 
duisent, et,  devant  cette  menace,  on  l'interroge  de  nouveau;  on 
le  conjure  d'avouer  son  crime.  S'il  persiste  dans  ses  dénégations. 
le  bourreau  fait  son  office.  Rarement  une  femme  résiste  jusqu'au 
bout.  Tout  à  coup  elle  s'écrie  que  c'est  trop  souffrir  ;  elle  raconte 
tout  ce  qu'on  veut;  oui,  elle  a  été  au  sabbat;  elle  a  eu  accointance 
avec  le  Diable.  Le  juge  lui  demande  le  nom  de  ses  complices;  elle 
nomme  tous  les  noms  qui  lui  traversent  la  tête,  noms  illustres  ou 
noms  ignorés,  grands  personnages  de  l'état  ou  pauvres  mendiants. 
C'étaient  de  nouvelles  victimes  qu'elle  désignait,  et  chaque  pro- 
cès en  engendrait  une  série  d'autres.  Parfois  le  juge,  pour  obte- 
nir plus  vite  l'aveu,  usait  de  stratagème.  II  promettait  à  la  pauvre 
torturée  sa  grâce  et  une  chaumière;  mais  il  sous-en tendait  par 
restriction  mentale  la  grâce  d'être  étranglée  avant  d'être  brûlée, 
et  la  chaumière,  c'étaient  les  bottes  de  paille  du  bûcher.  Le  juge 
aussi,  dans  la  recherche  des  complices,  désignait  parfois  un 
homme  ou  une  femme  par  son  nom  :  «  N'étiez-vous  pas  au  sabbat 
avec  un  tel  ou  avec  une  telle?  »  Ces  pratiques,  il  est  juste  de  le 
reconnaître,  étaient  condamnées  par  les  échevins  de  Naucy. 
Claude  Bourgeois  écrit  :  «  II  n'est  loisible  d'user  d'artifices,  de 

1.  !>:■■>  procureurs  lorrains  demandaient  des  supplices  plus  terribles.  Un 
procureur,  Didier  Colin,  écrit  sur  un  eietnplaire  de  la  Pratique  civile  et  cri- 
minelle, de  Claude  Bourgeois  :  ■  Aucuns  ilisenl  qu'il  n'jr  a  douleur  si  grande 
que  celle  qui  rient  de  la  distillation  d'eau  froide  sur  le  nombril.  Aucuns  <\uc 
les  tnillepedes,  cloportes  ou  pourcelels  Saint- Antoine,  appliqués  et  retenus  sur 
le  nombril,  font  plus  grand  rage  et  tourment.  ■  Cité  par  R.  de  Soiihesmes,  la 
Torture  et  tes  anesthétiquts,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie 
lorraine,  1901,  y.  10. 


*t  colis  ntiui  st  li  snm:fit,i.KiiiK  ki  LiminnE.  3D 

paroles  mensongères  ou  captieuses  comme  de  faire  entendre  au 
criminel  qu'il  confesse  librement  ce  qu'on  luy  demande  soubs 
espérance  et  promesse  de  pardon  et  autres,  cela  étant  très  perni- 
cieux, et  dont  les  juges  pratiquant  tels  abus  et  injustices  en 
répondront  devant  Dieu,  et,  cela  estant  descouvert,  délivrent 
estre  châtiés  exemplairement  par  les  juges  supérieurs  qu'il  appar- 
tiendra»;—  et,  en  effet,  certains  juges  on  tété  destitués  pour  n'avoir 
pas  suivi  ces  préceptes.  —  Claude  bourgeois  écrit  encore  :  «  Il  ne 
fondra  particulariser  ou  nommer  personne,  suggérer,  —  le  mot 
■■si  dans  le  texte,  —  ou  désigner  par  habits  ou  autrement,  ains 
faudra  interroger  généralement  qui  sont  les  complices.  > 

Le  lendemain  des  aveux,  l'accusée  était  interrogée  à  nouveau 
Hors  du  lieu  de  torture.  Il  arrivait  souvent  qu'elle  rétractait  ses 
aveux  antérieurs,  qu'elle  déclarait  n'avoir  su  ce  qu'elle  disait, 
n'avoir  parlé  que  sous  l'empire  de  la  douleur.  Le  juge  aurait  dû 
n  fléchir  à  ses  rétractations;  il  aurait  dû  se  rappeler  le  proverbe 
latin  :  torquere  est  extorquere  ;  il  aurait  dû  se  dire,  comme 
plus  tard  l'auteur  tragique1  : 

La  torture  interroge  et  la  douleur  répond; 

mais,  dans  ces  rétractations,  il  voit  une  nouvelle  manœuvre  de 
Satan  ;  et  l'accusée  est  remise  aussitôt  à  la  question*.  Après  les 
grésillons,  l'échelle;  après  l'échelle,  les  tortillons  et  puis  l'estra- 
pade. Quelques-unes  résistent  jusqu'au  bout  et  sont  renvoyées 
des  ans  de  la  plainte1,  mais  le  cas  est  tout  à  fait  extraordinaire. 
L'aveu  une  fois  fait  est  aussitôt  consigné  par  écrit  :  c'est  la  sen- 
tence de  mort.  Les  juges  n'ont  qu'à  eu  prendre  acte  et  à  pronon- 
cer en  conséquence.  Dans  les  juridictions  inférieures,  la  sentence 

I.  Itaynouard,  tel  Templiers. 

t  Claude  Bourgeois  se  rend  bien  compte  des  objection!  qu'on  peut  faire  à  la 
torture  :  <  La  question  est  dangereuse,  écrit-il  ;  le  plus  souvent  l'innocent  v 
roafeste;  autrefois,  le  coupable  malfaicleur  l'endure  et  a  re  mojen  est  absous.  > 
M*lt  d>  «m  prémisse*  il  n'ose  pas  lirer  la  conclusion. 

3.  Quelques  accusées  très  dallée*  arrivaient  A  devenir  insensibles  1  li  dou- 
leur. Le  juge  le  ««ait  et  voyait  dan*  ce  fait  une  manœu  vre  do  Satan,  Le  Diable 
aidait  >ei  suppôts  :  il  se  logeait  Sous  les  ongles  et  dans  les  poils.  Celait  un 
mire  motif  pour  riwr  les  victimes.  I.e  diable  leur  ai.iil  appris  des  formule' 
rsiciijuri  ipji  supprimaient  la  douleur;  aussi  on  le»  exorcisait.  CL  II.  de  Sou- 
bMinea,  loe.  cit.,  p.  -S  et  suir.  Le»  accusées  qui  ne  manifestaient  pas  de  dou- 
laor  n>utent  pis  relâchées;  un  renvoyait  «eulemeut  celles  qui  n'avouaient 
pas,  malgré  leur*  évidentes  souffrances. 


40  CB.    PFI8TKR. 

« 

est  provisoire,  les  pièces  du  procès  sont  renvoyées  aux  échevins 
de  Nancy;  ceux-ci  déclarent  en  général  que  le  procès  a  été  bien 
jugé,  et,  aussitôt  leur  réponse  arrivée,  les  juges  rendent  la  sen- 
tence définitive.  A  Nancy,  il  n'y  a  qu'une  sentence  définitive. 

Nous  donnons  ici  la  formule  de  ces  sentences  de  mort,  pronon- 
cées par  les  tribunaux  locaux,  telle  que  nous  la  rapporte  Claude 
Bourgeois;  cette  formule  a  été  répétée  des  milliers  de  fois  en  Lor- 
raine : 

«  Veu  le  procès  extraordinairement  instruit  par  Nous  les  pré- 
vôt ou  Maire  et  gens  de  justice  de  N.  (ici  le  nom  de  la  localité), 
à  la  requeste  du  procureur  d'office,  contre  N.,  prévenu  et  accusé 
de  sortilège  et  vénéfice,  sçavoir  l'information,  l'audition  de 
bouche  dudit  accusé,  recolements  et  confrontations,  les  conclu- 
sions dudit  procureur  en  date  du  ...,  notre  sentence  du  ...,  par 
laquelle  aurions  condamné  ledit  accusé  à  la  question  ordinaire 
et  extraordinaire,  l'acte  et  procès-verbal  de  ladite  question,  les 
conclusions  définitives  dudit  sieur  procureur  et  l'avis  de  Mes- 
sieurs les  maître  eschevin  et  eschevins  de  Nancy  (c'est  Vénu- 
mération  exacte  de  tous  les  actes  de  la  procédure;  voici 
maintenant  la  sentence),  disons  que,  par  ladicte  procédure  et 
par  la  confession  dudict  accusé,  iceluy  est  suffisamment  atteint 
et  convaincu  dudict  crime  de  sortilège  et  vénéfice  ;  de  quoi  l'avons 
condamné  et  condamnons  à  estre  délivré  entre  les  mains  de  l'exécu- 
teur de  baulte  justice,  pour  par  luy  être  exposé  au  carcan  à  la 
vue  du  peuple  l'espace  d'un  demi-quart  d'heure  ou  environ,  puis 
mené  et  conduict  au  lieu  où  l'on  a  accoustumé  supplicier  les 
délinquants,  et  illec  attaché  à  un  poteau,  y  estre  estranglé  après 
qu'il  aura  aucunement  senty  l'ardeur  du  feu,  son  corps  ars, 
bruslé  et  réduit  en  cendres,  tous  et  chascuns  de  ses  biens  déclarez 
acquis  et  confisqués  à  qui  il  appartiendra,  les  frais  de  justice  pris 
sur  iceux  au  préalable.  » 

Beaucoup  d'accusés,  pour  ne  pas  affronter  cette  série  d'hor- 
reurs, se  donnaient  la  mort  en  prison.  Que  de  fois  ne  trouve-t-on 
pas  dans  les  archives  des  mentions  comme  la  suivante  :  «  1593. 
Marguerite,  veuve  de  Thiébaut  le  vigneron,  demeurant  à  Bel- 
leau1,  accusée  de  vénéfice  et  de  sortilège,  étant  détenue  en  pri- 
son de  ce  lieu,  se  serait  par  mains  violentes  précipitée  à  la 
mort.  »  Nicolas  Remy  reconnaît  que  les  suicides  en  prison  sont 

1.  Cant.  de  Pont-à- Mousson. 


1IC0I.AK    IH1    ET    I.»    S01GIUIUE    t*    LORRAINE.  41 

nombreux;  il  avoue  par  exemple  qu'en  juillet  1581  Didier 
Finance,  deMandray',  a  échappé  au  supplice  en  s'eufonçant  dans 
la  gorge  un  couteau  qu'on  avait  oublié  près  de  sa  main,  et  il 
Il  me  souvient  qu'en  cette  année  et  l'année  précédente 
il  s'est  trouvé  en  Lorraine  environ  quinze  personnages  qui  se 
sont  fait  justice  a  eux-mêmes,  pour  ne  pas  être  un  exemple  à 
loua*.  »  Remy  a  horreur  de  ces  morts  :  <  J'ai  hâte,  écrit-il,  d'en 
B  procès  qui  eurent  de  meilleures  issues,  —  ad  ea  quae 
exilas  im-Uores  ftutmerunt  »,  —  et  il  raconte  les  supplices  de 
Jeanne,  sorcière  à  Ban-sur-Meurthe,  d'Anne  Drigie,  de  Harau- 
oourt,  et  de  Didier  Gérard,  de  Vennezey1.  Le  bourreau  ne  per- 
dait pas  tout  droit  si  la  -victime  se  donnait  la  mort.  Le  cadavre 
était  exposé  aux  fourches  patibulaires  et  ensuite  brûlé. 

La  sentence  définitive,  une  fois  rendue,  était  aussitôt  mise  à 
exécution.  Un  confesseur  devait  préparer  la  sorcière  à  la  mort; 
et  nous  pourrions  répéter  des  confesseurs  ce  que  nous  avons  dit 
dea  médecins;  jamais  l'un  de  ceux  qui  avait  reçu  les  dernières 
confidences  des  victimes  n'a  protesté  de  leur  innocence;  si  l'ac- 
cuse niail  encore  au  tribunal  de  la  pénitence,  le  confesseur  attri- 
buait ces  dénégations  à  une  méchanceté  endurcie  et  aux  ruses  du 
Démon'.  La  condamnée,  avant  le  supplice,  était  exposée  quelques 
minutes  au  carcan.  A  Nancy,  cette  exposition  avait-lieu  sur  la 
place  Saint-Kvre,  tant  que  les  prisons  furent  à  la  porte  de  la 
Oa&V  Plus  tard,  elle  eut  lieu  dans  la  Ville-Neuve,  sur  la  place 
du  Marché,  devant  l'hôte!  de  ville.  Au-dessus  de  la  malheureuse, 
oo  plaçait  un  ècriteau  indiquant  son  crime  :  guenoche  et  sorcière. 
Un  ta  livrait  à  la  risée  dune  multitude  sans  pitié  et  qui  lan- 
çait d'ignobles  injures.  Après  l'exposition,  la  sorcière  était 
menée  au  supplice.  Au  début,  devant  le  portail  de  l'église  Sainl- 

I    il  irr.  de  S.ml-Dié,  Vosges. 
;     ttomaaalutrtt,  p.  347. 

3,  llarjucourl,  rint  Je  Salnl-Nlcula»;  Ban-iur-Mourlhc,  Veimezej',  ci  ni.  lin 
Gcrtevillcr. 

t.  Suoi  il  et  uns  puiiriuit  ciler  un  jémiile  allemand  <|ui  usa  proleMer.  Frtdi'*- 

rlc  8p«*  «t.iII  wroiu|>iRnê  dm»  les   en  liront  de  llamberg  et  de  Wurtbourx  de 

ii  bùvlier,  el,  comme  l'étCque  de  Wiirgbourg,  Jean  Phi- 

Mabora,  l'ttonnail  ijue  <e«  rneieui  Tuaient  blancs  atani  l'âne,  il 

•  C'*»l  *  e»li*e  de  In  douleur  è|irout>e  en  ciiriiluisanl  des  innocente! 

■•  supplice,  •  Sp«t  lit  paraître  en  1031  un  Dire  uû  II  n'élevait  contre  la  lorcrl- 

Ini*  :  Caulio  erimtnaSi*  *eu  de  proceuibui  contra  tagat  liber  wt  maijhtratus 

Crrmaniar  hoc  Irmpore  nectuariut.  Sur  te  litre,  cf.  SoIJjii,  Guehithle  der 

gtttnprocTMr,  l.  Il,  p,  187, 


n 


.   rnsiEB. 

honorable,   une  torche   noire  à   la 


Èvre,  elle  faisait  amendi 
main.  Le  cortège  sortait  par  la  porte  de  la  Crâne  et  se  rendait 
sur  les  bords  de  la  Meurthe,  à  quelque  distance  de  la  route  de 
Nancy  à  Champigneulles,  en  un  endroit  appelé  le  Paquis,  où 
aujourd'hui  se  dresse  l'usine  du  Pont-Fleuri1.  Là  le  bûcher  était 
dressé.  Il  se  composait  d'un  cent  de  fagots  et  d'une  corde  de  bois*. 
Au-dessus  se  dressait  un  poteau  où  la  victime  était  attachée.  La 
sorcière  n'était  pourtant  pas  brûlée,  à  proprement  parler.  A  peine 
avait-elle  senti  la  flamme  que  le  bourreau  l'étranglait.  Le  corps 
était  ensuite  brûlé  et  les  cendres  dispersées.  On  ne  jetait  vivantes 
dans  le  feu  que  les  sorcières  endurcies,  celles  qui  avaient  refusé 
de  faire  pénitence.  A  ces  exécutions  assistait  une  foule  gouail- 
leuse, —  la  même  foule  ignoble  qui  se  presse  aujourd'hui  autour 
des  échafauds. 

Suggérées  par  le  juge,  des  mères  avaient  avoué  qu'elles  avaient 
emmené  au  sabbat  leurs  enfants,  jeunes  garçons  et  jeunes  filles 
de  sept  à  dix  ans.  Ces  enfants  eux-mêmes  avaient  parfois  avoué 
leurs  forfaits;  Us  avaient  décrit  le  sabbat,  répété  les  chansons 
licencieuses  qu'on  y  chantait;  ils  soutenaient  avoir  tourné  la 
broche  de  Satan!  Lesèchevinsde  Nancy  n'osaient  condamner  ces 
malheureux  ;  on  se  bornait  à  leur  mettre  les  épaules  nues  et  à  les 
frapper  trois  fois  de  verges  devant  le  bûcher  où  brûlait  leur 
mère  ;  et  cette  condamnation  devint  en  Lorraine  d'un  usage  cou- 
rant. Mais  Nicolas  Remy  s'élève  contre  ce  qu'il  regarde  comme 
une  faiblesse  :  «  Je  n'ai  jamais  pensé  que  de  cette  manière  il  était 
satisfait  aux  lois3.  >  Avec  une  férocité  inouïe,  dans  un  passage  qui 
nous  paraît  le  plus  abominable  de  la  Dénonolotrie,  il  réclame 
contre  les  pauvres  êtres  la  peine  capitale.  Il  rappelle  l'histoire 
des  quaraDte-deuî  enfants  de  Béthel  qu'Elisée  avait  fait  manger 
par  les  ours,  uniquement  parce  qu'ils  l'avaient  nommé  vieux 
chauve.  Et  il  veut  que  toute  graine  de  sorciers  soit  anéantie. 

Les  enfants  des  sorciers  pâtissaient  encore  d'une  autre  façon, 
même  s'ils  n'étaient  pas  impliqués  dans  les  crimes  de  leurs 
parents.  Tous  les  biens  étaient  confisqués  au  profit  de  l'Etat,  et 
les  malheureux,  repoussés  partout,  restaient 


1.  Au  débul  du  xvn'  siècle,  il  t  eut  quelques  eiécutkms 
Marché. 

î.  Voir  les  comptes  des  receveurs. 

3.  <  Sed  ne  bue  i[uidem  rnlioae  numejuam  pulsvî  pletic  legil 
tum  o  {Démonolalrte,  p.  300-ÏOt). 


dirons  Reïi   et  r.t  *obi:kl;.eb[E  f.îi  uhuiaitc.  M 

■1  des  condamnés  étaient  pauvres,  sans  doute;  mais  il  y  en 
eut  aussi  de  riches.  On  put  soupçonner  que  le  duc  Charles  IV 
envoya  au  bûcher  Melchtor  de  La  Vallée,  chantre  de  la  collé- 
giale Saint- Georges,  non  seulement  pour  compromettre  sa 
femme  Nicole,  baptisée  par  le  prétendu  sorcier,  mais  encore 
pour  acquérir  son  grand  domaine  de  Sainte-Anne,  sur  la  route 
de  Laxou'.  On  a  pu  dire  que  les  procès  de  sorcellerie  étaient  si 
nombreux  en  Lorraine  uniquement  parce  que  les  biens  des  con- 
damnés étaient  acquis  aux  seigneurs*. 

Nous  avons  aiusi  suivi  la  sorcière  depuis  son  arrestation  jus- 
D  supplies.  Le  jour  où  arrivait  à  la  justice  la  dénon- 
ciation anonyme,  elle  était  presque  sûrement  perdue.  Comme 
ceux  qui  entrent  dans  les  enfers,  elle  devait  laisser  toute  espé- 
rance. Le  drame  que  nous  venons  de  raconter  eut,  au  temps  où 
iiemy  fut  échevin  de  Naucy,  puis  procureur  général, 
•le  1570  a  1806,  soixante  à  quatre-vingts  représentations  par 
an';  et,  après  sa  retraite  et  sa  mort,  l'impulsion  donnée  par  lui 
dura.  De  1606  à  1633,  les  bûchers  s'allumèrent  encore  à  mainte 
reprise;  pourtant,  peu  à  peu,  le  mouvement  se  ralentit  et  les  rôles 
des  échevins  de  Nancy  furent  moins  encombrés.  Le  total  des  sor- 
ciers et  sorcières  brûlés  ne  laisse  pas  que  d'être  considérable;  et 
cette  épidémie  de  sorcellerie  qui  sévit  sur  le  duché  a  fait  plus  de 
victimes  que  la  peste;  la  sottise  de  l'homme  est  plus  nuisible  que 
les  plus  terribles  fléaux  de  la  nature.  En  l'année  1633,  les  Fran- 
çais occupèrent  la  Lorraine;  le  tribunal  des  échevins  de  Nancy 
fut  supprimé;  les  magistrats  français  qui  remplacèrent  les  magis- 
trats lorrains  étaient  plus  éclairés;  puis,  au  milieu  des  guerres 
et  de  l'occupation  étrangère,  d'autres  préoccupations  absorbèrent 
les  esprits;  on  laissa  les  sorcières  en  repos.  Quand  le  duc 
Charles  IV  rentra  dans  ses  états,  en  1601,  il  y  eut  encore  de-ci 

1.  On  consultera,  sur  Uekliior  de  La  Val  lie,  Henri  Lcpage,  letChartreusetde 
Sainte-Anne  et  de  BcturvHU  (Nancy.  1851).  el  un  autre  article  du  même, 
Melchiorde  ta  Vallée  et  une  gravure-  de  Jacques  Brtlange,  dans  les  Htm otret 
d*  la  société  darchêologii,  1882.  p.  Î57.  Un  aulre  procès  célèbre  fut  celui 
d'André-  «le-*  BmdM,  malin  d'annei  du  dur  Henri  II.  Cf.  Henri  Lvpagc,  Andrt 
Jtt  Borde/,  r/ii«o<f*  de  l'hiitoire  <tei  torcieri  en  Lorraine,  (Uns  le*  Mémoire* 
d»  la  Société  d'arc  hrologlt,  1857,  p.  5-55.  Nous  comptons  raconter  prochaine- 
m»nl  riii.Nilr.'  .le  ie»  ili-m  pftKOC, 
i.  En  Alltrnaane,  la  ton Uses lion  n'élait  pas  de  règle.  Voir  Soldan,  I.  I,  p.  453. 
i  avoir  Condamné  a  rtiurl.de  1576  i  1592,  comme  écheiln,  -M)  He- 
MH  donna  une  moyenne  annuelle  de  toiiuntc,  et  Ici  exécu- 
ta s»m  Iprèl  m inatîon  Je  procureur. 


U     ai.  msrrn.  —  jrcnLas  &£xt  it  la  soicelleeti  bv  louime. 

te — La  <|ueiques  exécutions.  En  16til,  Jeannon  Maronde,  femme 
le  Jean  La  r:onze:  en  1670.  Jeannon,  femme  de  Georges  Gran- 
liiiier.  furent  brûlées  à  Saint— Eiiê^  en  terre  ecclésiastique,  où  les 
Toiles  superstitions  avaient  poussé  lies  racines  plus  profondes. 
Ma.4  en  1682  fut  rendu,  sous  l'inspiration  de  Colbert,  redit  qui 
refendait  aux  cours  et  aux  tribunaux  d'admettre  dorénavant  l'ac- 
cnsation  de  sorcellerie  sabbatique:  et  cet  edit  fut  appliqué  à  la 
Lorraine,  que  la  France  avait  occupée  une  seconde  fois  en  1670. 
Dans  *a  Dèmonolatrie.  Nicolas  Remy  écrit  ces  mots  : 
«  Malheur  à  ceux  qui  ont  conclu  un  pacte  avec  l'enfer...  Mais 
malheur  aussi  à  ceux  qui  cherchent  à  diminuer  l'odieux  d'un 
crime  aussi  horrible  et  exécrable,  qui  admettent  les  circonstances 
atténuantes  de  la  crainte,  de  l'âge,  du  sexe,  de  l'imprudence  ou 
d'autres  excuses  analogues.  »  En  conséquence,  dans  l'exercice 
de  son  ministère,  il  a  toujours  refusé  les  circonstances  atté- 
nuantes. Certes,  Nicolas  Remv  eût  été  bien  étonné  si  on  lui 
avait  dit  qu'un  jour  il  serait  l'accusé.  Soyons  plus  indulgent 
que  lui;  rappelons  tout  ce  qui  peut  être  dit  en  sa  faveur  :  ses 
opinions  étaient  celles  de  son  temps,  et  c'est  à  elles  plus  qu'à  sa 
personne  qu'il  faut  nous  en  prendre;  il  croyait  faire  œuvre 
agréable  à  Dieu,  sauver  la  religion  et  la  société;  il  pensait 
paraître  au  tribunal  suprême  la  conscience  pure  et  tranquille;  il 
s'y  serait  même  fait  un  argument  des  bûchers  qu'il  avait  allu- 
més. Mais  pourtant  il  nous  faut  le  condamner,  parce  qu'il  lui 
manquait  Tune  des  qualités  que  nous  croyons  indispensable  au 
magistrat,  la  bonté.  Peut-être  avec  plus  de  bonté  aurait-il  eu  par- 
fois des  doutes  et  aurait-il  été  moins  sûr  de  ses  raisonnements. 
Avec  plus  de  bonté,  il  eût  été  plus  intelligent.  Armé  par  la  loi 
d'un  pouvoir  terrible,  le  magistrat  doit  se  défier  de  lui-même  et 
de  sa  raison,  rechercher  toujours  les  circonstances  atténuantes  et 
ouvrir  son  cœur  à  la  pitié.  Nicolas  Remy  ne  fut  pas  un  bon  juge. 

Ch.  Pfister. 

1.  Gaston  Save,  la  Sorcellerie  à  Saint- Du,  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
phtiomathique  de  Saint- Dié,  1887-1888. 


LES  RELATIONS  DE  LA  RUSSIE 

AVEC   LA  CHINE  ET  LES   PEUPLADES   LIMITROPHES 

■1  FIJI  DO  IV] Ie  SIÈCLE  ET  DUS  LE  PREMIER  i.HT 1 111   [Il    IVIIl". 


L'histoire  des  relations  lie  la  Russie  avec  la  Chine  peut  être 
divisée  eu  plusieurs  périodes.  Celle  dont  le  traité  de  Nerklnnsk- 
{1689)  marquerait  le  début  se  distingue  de  l' époque  précédente 
par  son  caractère  nettement  pacifique,  par  la  fréquence  des  rap- 
ports diplomatiques  entre  les  deux  pays,  par  rétablissement 
d'échanges  commerciaux  réguliers.  Pour  des  motifs  différents,  la 
Russie  et  la  Chine,  vers  la  an  du  xvn"  siècle,  étaient  animées, 
l'une  et  l'autre,  d'un  réel  désir  d'entente  et  de  paix.  La  Russie 
s*  trouvait  fatiguée  par  un  siècle  d'expéditions  lointaines  et  aven- 
;-i  mssées  à  travers  la  Sibérie,  jusqu'en  Transbaïkalie  et 
à  l'Amour.  Elle  cherchait  avant  tout,  —  et  l'on  pourrait  dire 
que  c'était  presque  l'unique  but  de  ses  efforts  dans  la  Sibérie 
orientale,  —  elle  cherchait  à  étendre  son  commerce  jusqu'en 
Extrême-Orient.  Les  courses  des  Cosaquesen  Sibérie  au  xvn"  siècle 
voiesauxcaravanesetauxmarchands.  C'était 
[  diplomates  que  revenait  la  tâche  de  ménager  les  transitions 
l'élit  de  guerre  e!  la  paix  désirée,  de  chercher  les  moyens 
MJU&Uou  Bl  de  créer  une  ère  de  relations  pacifiques  et  com- 
ciales.  lie  son  côté,  la  Chine  aussi  voulait  la  paix.  Elle 
voyait  avec  inquiétude  s'accroître  la  puissance  des  Kalmouks  ou 
de  Dzoungarie,  Or,  près  d'eux,  sur  la  Basse-Volga, 
vivaient  d'autres  Kalmouks,  les  Tuurgoutes,  groupés  sous  l'au- 

I.  D'aprSt  lt>  archives  russes  du  ministère  des  Affaires  èlrannère* i  Moscou. 

7.  La  «interne  de  Iranseriplioii  d«»  noms  russes  adopie  dans  rel  article 
consiste  *  repnwloire  lettre  à  lettre  l'orthographe  russe,  sans  tenir  compte 
de  la  prononciation.  C'est  une  Iran  se  ri  pilon  visuelle  ei  non  pboaMtqne.  La 
tign*  dur  u'rM  pas  Indique,  nuis  le  signe  mou  est  représente  par  une  apos- 
t  ligure  par  ■  ou  ».  On  trouvera  doue  écrit  Aluaiin, 
Ctiliivin.   Logiiinv ,   etc.,   du   mots   ipii    se   prononcent   Albtxine,   Galavine, 


46  GASTON  CAHEX. 

torité  suprême  du  grand  khan,  Aïouk.  A  l'est  de  la  Dzoungarie, 
dans  les  bassins  de  la  Selenga,  de  l'Orkhon,  de  la  Tola,  du 
Kéroulen  s'étendaient  les  Mongols  du  Nord  ou  Khalkhas.  Qu'une 
alliance  réussît  à  se  conclure  entre  Tourgoutes  et  Dzoungares, 
aussitôt  un  immense  empire  se  constituait  qui  aurait  occupé 
toute  la  Sibérie  occidentale  et  l'Asie  centrale,  de  la  Volga  au 
Houang  Ho,  des  portes  de  Moscou  aux  portes  de  Pékin.  Si  les 
Eleuthes,  profitant  de  leur  supériorité  militaire,  réussissaient  à 
écraser  les  Mongols,  c'était  toute  la  frontière  septentrionale  de  la 
Chine  menacée  par  un  peuple  guerrier  et  redoutable.  Enfin,  le 
danger  ne  paraissait  pas  moindre  pour  la  Chine  si  l'un  ou  l'autre 
de  ces  trois  groupes  de  nomades,  les  Tourgoutes  de  la  Volga,  les 
Eleuthes  de  Dzoungarie,  les  Mongols  Khalkhas,  —  ou  tous  les 
trois,  —  se  plaçaient  sous  la  protection  de  la  Russie.  C'est  la 
peur  des  Kalmouks,  c'est  la  crainte  d'une  entente  entre  tous  les 
nomades  de  la  frontière  septentrionale  d'une  part,  et  la  Russie 
de  l'autre,  qui  expliquent  les  longues  et  pénibles  campagnes  de 
la  Chine  contre  les  Eleuthes  et  les  variations  de  sa  politique 
envers  la  Russie  au  xvme  siècle. 

A  la  fin  du  xvu*  siècle,  Chinois  et  Russes  étaient  aux  prises 
sur  l'Amour,  autour  de  la  petite  place  d'Albazin.  Les  Russes 
avaient  élevé  cette  forteresse  et  l'occupaient.  Les  Chinois  tenaient 
à  l'enlever.  Le  7  juillet  16841,  ceux-ci  emmenèrent  prisonniers 
à  Pékin  une  trentaine  des  défenseurs.  L'empereur  K'ang-hi 
envoya  à  Moscou  deux  de  ces  prisonniers  d'Albazin.  Ils  y  arri- 
vèrent en  novembre  1685.  Ils  apportaient  des  lettres  en  latin,  en 
russe  et  en  mongol  où  K'ang-hi  posait  l'évacuation  définitive 
d'Albazin  par  les  Russes  comme  condition  d'une  entente.  Dans  le 
même  temps,  le  siège  de  la  place  continuait.  Le  12  juin  1685, 
les  Chinois  offraient  au  gouverneur,  Tolbouzin,  de  capituler.  Sur 
son  refus,  la  ville  était  prise  le  1er  juillet  et  Tolbouzin  contraint 
de  se  réfugier  àNertchinsk  (10  juillet).  Mais,  dès  le  mois  d'août 
de  la  même  année  1685,  Tolbouzin  repartait  avec  Athanase  Beï- 
ton  et  quelques  renforts  pour  relever  Albazin.  Il  y  réussit,  et 
cette  opiniâtreté  exaspéra  les  Chinois.  Ils  revinrent  avec  de  l'ar- 
tillerie le  7  juillet  1686;  huit  jours  après,  Tolbouzin,  blessé,  suc- 
combait. Malgré  ces  combats  acharnés,  —  ou  plutôt  à  cause 

1.  Les  dates  sont  toutes  citées  dans  cet  article  suivant  le  calendrier  julien, 
employé  en  Russie.  Il  faut  ajouter  dix  au  quantième  du  mois  pour  avoir  la 
correspondance  avec  le  calendrier  grégorien. 


l£LiTIO*S    DE    M    ftCSSIB    IKf    M    CUITE.  47 

x,  —  la  Russie  et  la  Chine  souhaitaient  la  fin  des  hostilités. 
Las  propositions  de  K'aug-hi  indiquaient  des  dispositions  conci- 
liantes. La  Russie  accueillit  ces  ouvertures  avec  empressement. 
Elle  répondit  au  message  de  K'ang-hi  par  l'envoi  de  deux 
«  courriers  »  ',  N.  Vénioukov  et  J.  Favorov.  Ils  devaient  annon- 
cer que  la  Russie  faisait  partir  une  ambassade  solennelle  pour 
résoudre  a  l'amiable  les  différends,  en  conséquence,  prier  K'ang-hi 
de  suspendre  les  hostilités  à  Albazin.  Vénioukov,  Favorov  par- 
vinrent à  Pékin  le  31  octobre  1686  (ils  y  restèrent  jusqu'au 
14  novembre).  Leur  mission  eut  pour  effet  de  décider  K'ang-hi  à 
lever  le  siège  d'Alhazin,  en  partie  le  6  mai,  en  totalité  le  30  août 

Cependant,  le  chef  de  l'ambassade  russe.  Th.  Al.  Golovin, 
quittait  Moscou  le  26  janvier  1686.  Ses  instructions  lui  interdi- 
saient de  céder  Albazîn  et  de  livrer  le  prince  daour1  Gantimour, 
baptisé  et  devenu  sujet  russe.  Mais  de  nouvelles  instructions 
«  personnelles  et  secrètes  »  du  14  juin  1687,  qu'il  reçut  le 
3U  septembre,  lui  permettaient,  en  vue  d'établir  des  relations 
commerciales  régulières,  d'abandonner  Albazio.  Golovin  dut 
être  à  la  fois  général  et  diplomate.  Une  petite  armée,  forte  d'un 
millier  de  «  striéllsy  »3,  recrutés  à  Moscou  et  en  Sibérie,  accom- 
pagnait l'ambassade.  11  en  fut  le  chef  suprême,  et  elle  lui  rendit 
des  services  marquants.  Golovin  avait  adressé  à  Pékin,  le 
10  novembre  1687,  St.  Korovîn  pour  demander  à  la  Chine  de 
filer  l'endroit  où  se  tiendraient  les  conférences.  Korovin,  arrivé 
à  Pékin  le  14  mars  1688,  y  resta  jusqu'au  17  avril.  Le  21  juin 
1688,  Golovin  recevait  de  lui  avis  que  Selenginsk  était  la  place 

.  i>  ni  de  dislinnuer  a»ec  soin  les  litre*  des  envoyé»  russes  i  la  cour 
Ae  fhinr.  Le*  i  Courrier»  i,  «  Honlsy  t.  ne  sont  que  des  porteurs  Je  mea- 
Mge*.  Les  i  Envoyés  »,  i  Posbrmiki  »,  ne  doivent  pu  Aire  confondus  **ec 
le*  <  Ambassadeurs  »,  4  Poaly  ».  dont  te  ranjt  est  supérieur.  Ainsi,  Ilbnnt 
nVUtt  que  «  Potltnnlk  ».  Itnitlof  •  Knvové  Extraordinaire  »,  et  seuls,  le» 
ihili  des  ilcui  plus  importantes  ambassades  dans  la  période  ronsidiTi'c,  (':«!«• 
tia  et  8ava  Vladislavitcli,  eurent  le  lilre,  le  premier,  d'  «  AmbassnJeiir  l'I.-jii 
pulcniikire  i,  le  second,  d'  ■  Envoyé  Eilraordintlre  cl  Ministre  Plénipo- 
tentiaire ». 

"  est  le  nom  t|ue  porte  la  Tran s Laï Italie  dans  Ici  documents  nis.ea 
du  m*  siècle.  Il  est  à  noter  que  res  mêmes  instructions  invitaient  Golorin  a 
demander  n  BMlanhhloti  nmsfol  il'Onrga  (qualifié  de  »  kalmouk  ■  dans  le 
teite)  sa  médiation  entre  la  Russie  cl  1*  Chine. 

:  lue  les  ■  Btrlêtl»)  >,  mot  a  mol  <  tireurs  »,  étaient  les  soldais 
de  t'iiifanlerie  russe  uni  ivf  et  ïVII"  siècles.  Cet  mousquetaires  furent  abolis 
par  Pierre  le  Qnnd  en  1808, 


48  GASTON   CAHEff. 

désignée.  C'était  compter  sans  les  Kalmouks  et  sans  les  Mongols. 
Les  Kalmouks  avaient  à  leur  tête  un  chef  hardi  et  habile,  Gal- 
dan,  que  les  documents  russes  appellent  Bouchoukhtou  ouBochok- 
tou  Khan1.  Il  étudiait  au  Tibet  quand  le  meurtre  d'un  de  ses 
frères  le  rappela  en  Dzoungarie.  Bientôt  maître  de  toute  la 
Dzoungarie,  en  1688  il  envahit  la  Mongolie  septentrionale.  Une 
aile  de  son  armée  opérait  contre  le  riche  couvent  bouddhique 
d'Erdeni  tszou  (sur  la  Selenga)  ;  lui-même,  avec  le  gros  de  ses 
troupes,  continuait  sa  marche  vers  l'est,  s'avançait  vers  le 
Kéroulen,  barrant  ainsi  la  route  de  Chine  en  Sibérie.  C'est  à  ce 
moment  que  le  rencontra  l'ambassadeur  chinois,  parti  de  Pékin 
pour  rejoindre  Golovin  à  Selenginsk.  Les  Chinois,  sur  Tordre  de 
K'ang-hi,  abandonnèrent  la  partie,  revinrent  en  Chine  et  en 
informèrent  Golovin.  Celui-ci  était  aux  prises,  de  son  côté,  avec 
de  grosses  difficultés.  Il  semble  probable  que  c'est  la  diversion 
des  Kalmouks  sur  Erdeni  tszou  qui  provoqua  une  panique  chez 
les  Mongols  et  leur  fuite,  les  uns,  le  Houtouktou  en  tête,  vers 
le  sud,  les  autres  vers  le  nord,  en  Sibérie.  Mais  là  ils  se  heur- 
tèrent à  l'armée  de  Golovin.  Surpris  par  cette  invasion  inopinée, 
Golovin  se  laissa  d'abord  assiéger  et  enfermer  dans  Selenginsk. 
Il  réussit  à  se  dégager,  battit  les  Mongols  au  combat  du  Khilok2 
(28  août-16  septembre  1688),  leur  imposa  deux  traités  d'alliance 
défensive  et  offensive  (15  janvier  et  12  mars  1689).  Malgré  les 
obstacles,  la  situation  s'améliorait  pour  les  Russes.  Elle  ne  tarda 
pas  à  prendre  un  tour  favorable  aux  négociations.  Golovin  reçut 
le  7  juillet  1688  des  instructions  dernières,  datées  du  29  octobre 
1687.  Elles  lui  enjoignaient  d'envoyer  le  porteur,  Iv.  Loginov,  à 
Pékin  s'assurer  des  dispositions  de  la  cour;  s'il  le  fallait,  Logi- 
nov traiterait  à  Pékin  même  avec  les  pleins  pouvoirs  d'un 
ambassadeur.  Loginov  arriva  à  Pékin  le  13  mai  1689  et  recon- 
nut que  la  Chine  se  montrait  toute  disposée  à  une  entente.  Les 
ministres  chinois  se  préparaient  à  un  nouveau  départ  pour  la 

1.  Il  descendait  du  prince  Khotokhotszin',  surnommé  le  B  a  tour  Khoun-tailchji. 
Les  successeurs  de  ce  prince  continuèrent  à  porter  ce  titre,  dont  les  Russes, 
1rs  jésuites,  etc.,  firent  le  mot  «  Konlaicha  >.  Voy.  A.  Pozdniée?,  la  Chronique 
mongole,  c  Erdéniin  Erihhé  >,  Saint-Pétersbourg,  1883,  in-8*,  p.  175  et  suiv. 
(en  russe);  Contribution  à  C  histoire  des  Kalmouks  de  Dzoungarie  (en  russe), 
dans  :  Zapiski  de  la  Société  /.  russe  de  géographie,  section  d'ethnographie,  t.  X, 
li?r.  2.  Saint-Pétersbourg,  1887;  tirage  à  part  :  Saint-Pétersbourg,  1887,  in-8<>, 
p.  240,  n.  1. 

2.  Affluent  de  droite  de  la  Selenga. 


■  KLiTlftVS    DE  M   BDSSIE  AVEC   U    f.niVK.  40 

du  nord;  Nertchiosk,  plus  à  l'est,  plus  éloignée  que 
usk  du  théâtre  des  hostilités,  serait  le  lieu  de  la  rencontre. 

ces  conditions,  le  rôle  de  Logmov  était  terminé;  il  s'effaça 
devant  Golovin.  Les  conférences  commencèrent  à  Nertchinsk  à 
partir  du  12  août  1689.  Les  PP.  Gerbillon  et  Pereira,  qui 
accompagnaient  le  ministre  chinois  Songotou  et  ses  compa- 
gnons, jouèrent  un  rôle  actif  dans  les  négociations.  La  défection 
des  Braies  ou  Mongols  Boudâtes  et  des  unkotes,  qui  passèrent 
aux  Chinois  sous  Nertchinsk  même,  au  milieu  d'août,  la  faiblesse 
de  la  petite  armée  de  Golovin  et  des  garnisons  de  Sibérie  obli- 
gèrent l'ambassadeur  russe  à  des  concessions.  Par  le  traité  de 
Nertchinsk  (27  août-6  septembre  1689),  Albazin  dut  être  rasée, 
Argoun  déplacée  sur  la  rive  nord  de  la  rivière  du  même  nom;  la 
Gorbitsa,  petite  rivière  qui  se  jette  dans  la  Chilka,  formait  limite 
entre  la  Russie  et  la  Chine.  A  l'est  de  la  Gorbitsa,  la  frontière 
était  laissée  indécise  jusqu'à  une  nouvelle  ambassade.  On  déci- 
dait seulement  qu'elle  passerait  par  la  chaîne  de  montagnes  qui 
sépare  la  Gorbitsa  du  Toungir  (c  est-a-dire  le  bassin  de  l'Amour 
de  celui  de  la  Lena)  et  se  prolongerait  a  l'est  par  les  «  Monts  de 
pierre  »,  «  Kamennyia  gory  »,  et  la  rivière  Ouda,  qui  ne  repré- 
sentaieutà  cette  époque  que  de  vagues  indications  géographiques. 
Les  «  transfuges  »'  devaient  être  désormais  extradés,  les  rela- 
tions commerciales  développées. 

Ainsi,  la  Chine  avait  forcé  la  Russie  à  reculer.  Une  section  de 

la  frontière  se  trouvait  délimitée.  Mais  l'œuvre  de  partage  restait 

.  <<  lievée,  tant  a  l'ouest  de  Nertchinsk  qu'à  l'est.  Ce  fut 

■e  des  ambassades  suivantes  de  chercher,  du  côté  de  la 

dévelupper  les  rapports  commerciaux  ;  pour  la  Chine,  à 

la  démarcation  de  son  territoire. 

traité  de  Nertchinsk  était  à  peine  signé  que  les  Kalmouks 
offrirent  aux  Russes  une  occasion  de  preudre  leur  revanche.  A  la 
nouvelle  du  traité,  désavantageux  pour  les  Russes,  Galdan  leur 
adressa,  à  Nertchinsk  et  à  Irkoutsk,  ses  émissaires.  Le 22 février 
1690,  ils  rencontrèrent  à  Irkoutsk  Golovin,  qui  s'en  retournait  à 
Moscou.  Ils  lui  remirent  une  lettre  de  Galdan,  où  il  excitait  les 
Rosses  à  une  action,  de  concert  avec  lui,  contre  les  Mongols.  Golo- 


t.  Il  faut  entendre  par  ■  transfuges  i  les  gens  qui  pu 
Vin  ou  l'autre  empire  sans  joloriMlioo  spéciale.  fti|teei 
iUri!*nl  rainuift  rtr*  iltuerteuf». 

Rsv.  Hi.ro».  XGIV.  1"  fasc. 


50  GASTON  GAHEIf. 

yin,  dans  sa  réponse,  encouragea  le  Eontaicha1  à  la  guerre,  mais 
déclina  toute  alliance  offensive.  La  Chine  aurait  appris  la  réserve 
de  l'ambassadeur  russe  et  en  aurait  témoigné  sa  satisfaction  : 
cette  conduite  lui  permit  de  se  tourner  tout  entière  contre  Gal- 
dan,  de  le  vaincre  à  Oulanboutoun  (1690),  de  l'anéantir  en 
1696.  La  Russie  ménageait  la  Chine,  autant  à  cause  de  son 
propre  épuisement  que  dans  l'intérêt  de  la  paix  et  du  commerce. 
Elle  entendait  appliquer  désormais  tous  ses  efforts  au  développe- 
ment de  ses  relations  commerciales  avec  l'Empire  du  Milieu. 

Aussi  fit-elle  choix  d'un  agent  de  commerce,  trois  ans  après  le 
traité  de  Nertchinsk,  pour  la  représenter  à  Pékin.  L'  «  Envoyé  » 
Izbrant  se  qualifie  de  marchand  danois.  Il  faisait  du  trafic  par 
mer  à  Arkhangelsk.  La  cour  de  Russie  lui  confia  une  mission 
commerciale  en  Chine  :  il  devait  fournir  un  rapport  exact  sur  les 
produits  d'importation  et  d'exportation  entre  la  Russie  et  la 
Chine  et  essayer  d'attirer  les  marchands  chinois  à  Moscou  et 
dans  toute  la  Russie.  Il  devait  aussi  s'informer  secrètement 
des  intentions  du  Bogdy  Khan2  sur  la  partie  de  la  Daourie 
(ou  Transbaïkalie)  laissée  indivise.  Parti  de  Moscou  le  14  mars 
1692,  Izbrant  resta  à  Pékin  du  3  novembre  1693  au  19  février 

1694.  Admis  à  l'audience  impériale,  il  ne  put  faire  accepter  ni  la 
«  Gramota  »3  des  tsars  ni  les  présents  dont  il  était  chargé.  Les 
Chinois  alléguèrent  que,  dans  cette  pièce,  les  titres  de  leur 
maître  étaient  écrits  au-dessous  des  qualifications  des  tsars  et  y 
virent  un  manque  de  respect.  Izbrant  se  vit  obligé  de  revenir 
sans  avoir  pu  remplir  sa  mission.  Tout  au  plus  fut-il  en  état  de 
donner  quelques  indications,  d'après  le  dire  des  Jésuites,  sur  les 
dispositions  pacifiques  de  K'ang-hi  et  d'apporter  un  petit  nombre 
de  remarques  sur  le  commerce.  De  retour  à  Moscou,  le  1er février 

1695,  il  transmit  une  lettre  datée  du  cinquième  jour,  deuxième 
mois  de  la  trente-troisième  année  de  K'ang-hi.  Elle  lui  aurait 
été  donnée  par  les  ministres  de  l'empereur  en  réponse  aux  pré- 
tentions qu'il  leur  avait  exposées  point  par  point,  suivant  ses 
instructions.  La  lettre  est  écrite  en  très  mauvais  russe,  et,  avec 


1.  Sur  ce  mot,  voir  ci-dessus,  p.  48,  n.  1. 

2.  Nom  que  les  Russes  donnent  à  l'empereur  de  Chine.  Il  paraît  dérifé  du 
mot  mongol  «  bogdo  >,  «  saint  ». 

3.  «  Gramota  »,  c  lettre  »,  était  le  nom  réserfé  aux  communications  offi- 
cielles du  Collège  (Ministère)  des  Affaires  étrangères,  du  Saint-Synode,  etc. 


EELATI01S   DE    La    RUSSIE  AVEC   U    CnHE.  51 

les  difficultés  de  lecture,  il  est  à  peu  près  impossible  de  l'entendre 
pleinement1.  Elle  semble  indiquer  que  la  frontière  n'est  pas 
encore  établie  du  côté  de  la  Mongolie  et  que  les  Chinois  reçoivent 
le*  marchands  étrangers  en  Chine  mais  ne  sortent  pas  de  leur 
propre  pays. 

Cependant,  les  relations  de  la  Chine  et  de  la  Russie  avec  les 
Kalmouks  gardaient,  en  se  prolongeant,  un  caractère  différent 
pour  l'une  et  pour  l'autre  puissance.  Si  Galdan  se  vantait  à  tort 
de  secours  importants  que  lui  auraient  fournis  les  Russes,  du 
moins  est-il  sûr  que  les  rapports  de  la  Russie  avec  les  Kalmouks 
restèrent  amicaux  dans  les  vingt-cinq  années  qui  suivirent  le 
Iraité  de  Nertchinsk  (1689-1714).  Départ  et  d'autre,  on  échan- 
geait des  ambassades,  et  les  Boukhariotes,  agents  commerciaux 
dn  Kontaicha,  trouvaient  facilités  et  même  faveurs  pour  leur  tra- 
fic en  Sibérie.  La  Chine,  au  contraire,  continuait  ses  campagnes 
contre  les  Eleulhes.  A  Galdan  avait  succédé  son  neveu,  Tsevaug 
Raptan  (1697),  qui,  non  seulement  reprenait  la  politique  agres- 
sive de  Galdan,  mais  cherchait,  par  des  alliances  ou  par  la  force, 
a  m  constituer  un  vaste  empire  en  Asie  centrale,  au  détriment 
4e*  Mongols,  des  princes  du  Koukou  Nor,  du  Tibet. 

Kst-ce  au  désir  de  susciter  sur  tes  derrières  de  Tsevang  Rap- 
lan  un  adversaire  inopiné  qu'il  faut  attribuer  l'envoi  par  la 
Chine  d'une  ambassade  aux  Tourgoutes  de  la  Volga  en  1713? 

"i-h-tch'en  en  fut  le  chef.  Il  déclare  que  ses  instructions  loi 
interdisaient  de  conclure  avec  les  Tourgoutes  une  alliance  offeu- 
*ire  contre  les  Eleulhes.  S'agissait-il  alors  d'obtenir  d'eux  une 
neutralité  favorable?  Faut-il  croire  que  la  Chine  se  fût  exposée 
aux  difficultés  d'une  ambassade  à  travers  la  Sibérie  pour  avertir 
le  khan  des  Tourgoutes,  Aïouk,  que  son  neveu,  Arabtchour-, 
•-lait  retenu  et  bien  traité  à  Pékin?  Reste  une  hypothèse  :  elle  est 
exprimée  par  Glazounov,  secrétaire  du  Collège  (Ministère)  des 
Affaires  étrangères,  qui  avait  mission  officielle  d'accompagner 
les  ambassadeurs  chinois  en  Russie  h  leur  voyage  de  1731.  Fon- 


I.  An»),  «tir  la  demande  de  la  Russie,  le  Li-hn-yum,  sorte  de  Ministère 
éM—ts  de*  Affaire»  étrangères,  aji>ul<i-t-i1  désormais  m»'  traduction  en  lalin 
t  te*  ItUrm  en  mongol  et  en  russe. 

'  f  «Ull  parti,  plusieurs  années.  *upar*»anl,  en  pèlerinage  au  Tibet. 
A  tw  retour,  Il  avait  Ir.mié  la  route  coupée  par  les  armées  kalmouke*.  Il 
•  Hall  alors  dirigé  tv%  la  Sibérie  par  Pékin.  Mais  là.  H  semble  qu'on  l'ait 
fard*  eouune  ulâge,  dan*  une  sorte  de  demi-caplUile. 


52  GASTON  CAHEN. 

dant  son  opinion  sur  le  dire  des  personnages  mêmes  de  l'ambas- 
sade, il  prétend  que  l'ambassade  de  Toulitch'en,  en  1713,  aurait 
eu  pour  but  d'engager  les  Tourgoutes  à  revenir  dans  l'empire 
chinois1.  Si,  sur  la  foi  de  T'ou-li-tch'en,  on  écarte  l'idée  d'une 
proposition  d'alliance  offensive  entre  la  Chine  et  les  Tourgoutes 
contre  les  Éleuthes,  le  dessein  indiqué  par  Glazounov  parait  fort 
vraisemblable.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'est  que  la  Chine  se  montra 
satisfaite  de  l'accueil  fait  en  Sibérie  et  en  Russie  à  son  représen- 
tant et  le  témoigna  par  une  lettre  datée  du  27,  troisième  mois, 
cinquante-cinquième  année  de  K'ang-hi,  ou  18  avril  1716.  Elle 
alla  plus  loin  encore.  A  cette  époque  (1716),  le  gouverneur  de  la 
Sibérie,  le  prince  Mathieu  Pétrovitch  Gagarin,  envoyait  une  expé- 
dition militaire,  sous  la  conduite  du  lieutenant-colonel  Boukholts, 
à  la  recherche  du  sable  aurifère  d'Yarkand,  ville  qu'on  croyait 
toute  proche  de  Tobolsk.  Remontant  l'Irtych,  la  petite  colonne 
se  heurta,  vers  le  lac  Iamychev,  à  un  parti  de  Kalmouks  et  subit 
un  désastre;  elle  dut  rétrograder.  La  nouvelle  de  cette  tentative 
malheureuse  (qui  fut  une  des  causes  de  la  disgrâce  de  Gagarin) 
parvint  jusqu'à  Pékin.  La  Chine  y  saisit  aussitôt  un  prétexte  à 
intervention,  et,  par  lettre  du  13,  troisième  mois,  cinquante- 
sixième  année  de  K'ang-hi,  ou  23  avril  1717,  se  référant  à  une 
lettre  antérieure,  elle  proposait  à  la  Russie  une  alliance  offensive 
contre  le  Kontaicha.  Si  cet  accord  ne  réussit  point  à  se  nouer,  du 
moins  la  Chine  ménageait-elle  la  Russie. 

Celle-ci  vit  dans  des  dispositions  si  favorables  un  gage  de  suc- 
cès pour  une  ambassade.  La  Russie  avait  toujours  l'esprit  fixé 
sur  les  intérêts  de  son  commerce.  En  outre,  le  bruit  des  expédi- 
tions chinoises  en  Dzoungarie  l'inquiétait  :  il  lui  importait  d'être 
fixée  sur  les  forces  et  les  ressources  de  ses  adversaires.  Aussi 
l'envoi  d'une  ambassade  décidé,  un  officier  en  fut-il  le  chef  :  le 
capitaine  de  la  garde  du  corps  Léon  Izmaïlov.  Il  avait  à  recueil- 
lir toute  information  concernant  l'armée  et  la  guerre  des  Chinois; 
mais  c'est  sur  les  rapports  commerciaux  avant  tout  que  portent 
les  instructions  du  Collège  des  Affaires  étrangères  et  celles  du 
Collège  du  Commerce.  C'est  pour  le  commerce  que  lui  est  adjoint 
le  Suédois  Lorents  (Laurent)  Lang,  qui  avait  déjà  fait  le  voyage 
de  Chine  (avec  le  médecin  Harvin  en  1716-1717)8.  Chercher  à 

1 .  Les  Tourgoutes  avaient  passé  dans  les  bassins  du  Kouban,  du  Jaïk  (Oural) 
et  de  la  Volga  vers  le  milieu  du  xvn*  siècle. 

2.  Parmi  les  personnages  de  l'ambassade  d'Izmaïlo?  se  trouvaient   encore 


ULiTlORS    DE    U    RUSSIE   «TEC    LA    OOtt.  33 

ivelopper  les  rapports  commerciaux  entre  la  Russie  et  la  Chine, 
et,  a  cet  effet,  demander  l'admission  d'une  caravane  tous  les  ans, 
obtenir  la  liberté  du  commerce  avec  exemption  des  douanes  dans 
tout  l'empire  chinois,  la  création  d'un  tribunal  de  commerce, 
l'établissement  d'un  agent  consulaire  à  Pékin,  d'un  sous-agent 
en  province,  enfin,  négocier  pour  la  fondation  d'une  église  ortho- 
doxe à  Pékin,  tels  sont  les  principaux  points  de  ces  instructions. 
Izmaïlov  avait  ordre  d'employer  les  jésuites  à  ses  desseins;  pour 
prix  de  leurs  services,  leur  correspondance  serait  admise  à  pas- 
ser par  la  Sibérie.  Pour  éviter  tout  froissement,  dans  la  «  Gra- 
mota  >  impériale,  les  titres  de  l'empereur  de  Chine  étaient  énu- 
i  le  Isar  n'avait  mis  que  son  prénom.  Izmaïlov  quitta 
Saint-Pétersbourg  le  16  juillet  1719,  fut  à  Pékin  du  18  novembre 
1720  au  2  mars  1721  et  rentra  à  Moscou  le  13  jauvier  1722. 
Malgré  les  exigences  de  T'oii-li-tch'en  (après  son  ambassade  il 
paraît  chargé  des  affaires  avec  la  Russie),  Izmaïlov  trouva  des 
dispositions  conciliantes  et  jouît  du  meilleur  accueil.  Il  consentit 
à  écrire  directement  au  prince  Tcherkaskii,  gouverneur  général 
de  la  Sibérie,  au  sujet  de  sept  cents  transfuges  réclamés  par  la 
Chine.  Cette  satisfaction  et  surtout  les  heureuses  nouvelles  par- 
venues de  Dzoungarie  (succès  de  la  Chine  en  1719  et  1720) 
agirent  favorablement  sur  les  Chinois.  Si  l'Envoyé  extraordinaire 
ne  put  arriver  à  signer  un  traité  de  commerce,  il  réussit  du 
moins  à  obtenir  l'entrée  de  la  caravane  et  le  droit  de  séjour*  pour 
D  terrain  fut  cédé  pour  la  future  église,  qui  devait  être 
pourvue  d'un  archimandrite.  L'empereur  lui-même  donnait  des 
marques  de  bienveillance;  déjà  il  avait  soldé  sur  sa  cassette  per- 
les dettes  des  marchands  chinois  envers  les  Russes. 
K'ang-hi  eut  encore  avec  Izmaïlov  plusieurs  entretiens  amicaux. 
A  l'audience  du  28  novembre  1720,  il  indiquait  pour  les  mar- 
chands russes,  —  peut-être  avec  une  arriére- pensée  politique,  — 
l'Irtych  comme  la  voie  la  plus  courte  de  pénétration  en  Chine. 
A  ce  moment,  toutes  les  pensées  de  la  Chine  étaient  tournées  vers 
les  Kalmouks;  sur  eux  et  sur  les  forces  militaires  des  Chinois,  le 
capitaine  sut  rapporter  des  renseignements  précis.  Enfin,  à  la 
faveur  des  circonstances  et  sous  l'habile  direction  de  Lang,  il 

Gluaaoof  comme  secrétaire  (le  même  qui  accompagna  ensuite  Sava  Vladisla- 
«rlch  en  CUk  en  1727-1728  et  le*  ambassadeur»  chinois  a.  Moscou  en  1131),  le 
néiUcin  J.  Ilell,  qui  écrivit  une  relation  de  «on  «oyane,  [>arue  seulement  en 
1163,  et  i  archimandrite  dL-koulsk,  Antoine  Plalkovikii. 


54  GASTON  ClHEÎt. 

semblait  que  le  commerce  russe  en  Chine  fût  appelé  à  prospérer. 

Il  n'en  fut  rien,  et  ce  sont  encore  les  rapports  de  la  Russie 
avec  les  Kalmouks  qui  expliquent  le  revirement  de  la  Chine. 
Bien  loin  de  chercher  à  venger  l'échec  du  Iamychev,  la  Russie, 
dans  les  années  suivantes,  s'efforça  d'amener  le  Kontaicha  à  sa 
clientèle,  comme  elle  l'avait  fait  pour  le  khan  des  Tourgoutes, 
Aïouk.  Iv.  Dm.  Tchérédov,  dépêché  de  Tobolsk  à  Tsevang,  le 
28  juin  1719,  resta  auprès  de  lui  jusqu'au  9  janvier  1721 .  Il 
obtint  du  Kontaicha  une  vague  promesse  de  soumission,  à  la  con- 
dition que  les  Mongols  lui  fussent  livrés  comme  les  Mangoutes  à 
Aïouk.  L'envoyé  que  Tsevang  adressa  en  1721  à  Saint-Péters- 
bourg, Borokourgan,  repartit,  accompagné  du  capitaine  d'artil- 
lerie Ounkovskii,  chargé  de  conclure  avec  le  Kalmouk  un  traité 
ferme.  Malgré  une  année  d'efforts  (17  novembre  1722  au  18  sep- 
tembre 1723),  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  réussi,  et  un  nouvel 
agent  kalmouk,  Darja,  s'en  vint  en  Russie  continuer  les  négo- 
ciations. Mais  ces  relations  avaient  éveillé  la  défiance  de  la  Chine. 
Ses  dispositions  conciliantes  ne  tardèrent  pas  à  se  changer  en 
malveillance,  puis  en  animosité  contre  la  Russie.  Lang,  resté  à 
Pékin  après  le  départ  d'Izmaïlov,  fut  obligé  de  s'en  retourner 
avec  la  caravane  d'Istopnikov  (11  juillet  1722).  De  Selenginsk, 
il  ne  put,  durant  les  trois  années  suivantes,  que  relever  l'attitude 
des  Chinois,  chaque  jour  plus  hostile;  malgré  un  oukaze  du 
4  juillet  1722,  ordonnant  de  rechercher  et  de  rendre  à  la  Chine 
ses  transfuges,  dès  la  fin  de  1722,  les  Russes  sont  expulsés 
d'Ourga;  l'évêqueKoultchitskii,  nommé  à  Pékin  en  remplacement 
d'Ilarion  (mort  vers  1719),  ne  peut  franchir  la  frontière.  La  cara- 
vane de  Tret'iakov  n'est  pas  admise. 

Cependant,  la  Chine  désirait  tourner  toutes  ses  forces  contre 
les  Éleuthes.  Pour  ce  dessein,  la  paix  définitive  avec  la  Russie 
était  nécessaire.  La  Chine  laissait  paraître  ce  souci  par  l'envoi 
successif  à  la  frontière  russe  de  personnages  chargés  de  se  faire 
livrer  les  transfuges,  et,  au  besoin,  d'engager  des  négociations 
diplomatiques  générales.  Lang  relevait  cette  attitude,  en  signa- 
lait le  caractère  conciliant.  D'autre  part,  la  Russie  connaissait 
les  difficultés  de  la  Chine  dans  ses  campagnes  contre  les  Eleuthes  et 
la  misère  des  Mongols,  que  les  incursions  continues  des  Kalmouks 
avaient  ruinés.  L'occasion  lui  sembla  propice  pour  tenter  une 
action  diplomatique  importante  et  obtenir  des  avantages. 

Elle  disposait  alors  de  quelques  agents  remarquables  :  Lang, 


RËLiTfOIS    l>R    U    RUSSIE    tTBC    La   Cil  MIS.  55 

ir  île  plusieurs  années  en  Chine  et  à  la  frontière  ren- 
dait précieux  pour  les  intérêts  du  commerce;  le  comte  d'Illyrie 
Sava  Vladislavitch1,  jadis  marchand  de  fourrures,  que  son  âge 
:.!■  eu  1668),  son  expérience  des  affaires  et  sou  intelli- 
gence peu  commune  recommandaient  aux  faveurs  de  la  cour. 
L'ambassade  qu'il  eut  à  diriger  est  plus  considérable,  —  par  son 
ampleur  el  ses  résultats,  —  que  toutes  les  autres.  C'est  le  plus 
▼aate  effort  diplomatique,  dans  les  rapports  de  la  Russie  avec  la 
Chine,  depuis  les  origiues  jusqu'à  la  seconde  moitié  du  m*  siècle. 
Cette  ambassade  réunit  les  caractères  de  chacune  des  précé- 
dentes ;  mais  l'expérience  avait  appris  à  diviser  la  tâche.  A  Sava 
Vladislavitch  étaient  réservées  les  discussions  diplomatiques; 
Lan  g  devait  l'aider  dans  le  règlement  des  affaires  commerciales. 
Le  commissaire  Kolytchov,  précédemment  chargé  de  délimitation 
de  frontières  en  Turquie  et  en  Pologne,  avait  mission  de  lever  une 
carte  et  d'y  proposer  la  démarcation  des  territoires.  Les  forces 
Matent  placées  sous  la  direction  du  colonel  Boukholts; 
enfla,  deux  clercs  de  Moscou  accompagnaient  l'ambassadeur 
comme  élèves  de  chinois.  Ajoutez  que  Sava  Vladislavitch  dispo- 
sait encore  du  personnel  de  la  caravane,  administrée  par  Alex. 
Tret'iakov  puis  (2  mai  1726)  par  D.  Molokov,  et  des  géodésieus 
mis  au  service  des  commissaires.  Ses  instructions  répètent  celles 
d'izmaïlov  (importance  prépondérante  du  commerce,  —  admis- 
sion de  la  caravane,  —  liberté  des  transactions,  —  établissement 
d'un  agent  consulaire,  —  entremise  des  jésuites).  Elles  lui 
ordonnent,  en  outre,  de  trancher  les  différeuds  relatifs  aux  trans- 
fuges et  de  proposer  un  accord  pour  la  frontière,  —  de  chercher 
à  introduire  en  secret  l'èvêque  Koultchitskii,  —  de  s'informer  des 
forces  militaires  de  la  Chine  el  du  Kontaicha,  Une  aussi  grosse 
entreprise  ne  put  s'exécuter  d'un  coup.  Pendant  que  les  commis- 
Mires  Kolytchov,  pour  la  Russie,  et  Lougotou,  pour  la  Chine,  opé- 
raient à  la  frontière,  Sava  Vladislavitch,  parti  de  Saint-Péters- 
bourg le  12  octobre  1725,  arrivé  à  Pékin  le  21  octobre  1726, 
entrait  en  communication  directe  avec  les  ministres  de  Yong- 


I  D»m  juruii  dri  Ire*  nom  lire  lu  uVutnanls  Att  archives  nt«n-'s  r|iii  le  con- 
cernent il  nï'tl  deiignt?  autrement  qae  pir  CM  deui  nom»  Le  locnnil.  maigre  sa 
dédnenu  milea  pour  le*  aomi  patronymique*  rusws,  *»l  le  nom  Je  famille, 
Cf.,  f*r  ejetnple.  ki  OLcotioïilrh,  etc.  L  r|nthele  <le  ■  Raiçouainskli  >,  qu'on  lui 
iUiit.ii"  [.iifui-,  «îgnlliemil  ■  de  IUgu»e  >.  On  ne  la  IroiiTe  nulle  part  dune 
lw  artnireu  ruâtes  de  MOSCOU. 


56  GASTON  CAHBfl. 

tcheng.  Grâce  aux  dispositions  pacifiques  de  l'empereur,  grâce  h 
la  remarquable  intelligence  du  représentant  de  la  Russie,  après 
trente  conférences,  un  projet  de  traité,  présenté  par  Sa  va  Vladis- 
lavitch  le  19  janvier  1727,  était  adopté  dans  ses  grandes  lignes. 
C'est  sur  place,  à  la  frontière  même,  que  dut  se  conclure  l'accord 
définitif.  Longotou,  par  son  obstination  à  ne  céder  aucune  par- 
celle du  territoire  mongol,  faillit  compromettre  toute  l'œuvre. 
Rappelé  le  8  août  1727,  ses  pouvoirs  passèrent  à  ses  compagnons, 
Tsyren  Van,  chef  mongol,  gendre  de  l'empereur,  que  Sava  sut 
circonvenir,  et  T'ou-li-tch'en.  Un  traité  préliminaire  fut  signé  sur 
la  Bouria  le  20  août  1727;  le  27  octobre  de  la  même  année  et  le 

17  mai  1728,  les  commissaires  Glazounov,  pour  la  partie  à  Test  de 
Selenginsk,  et  Kolytchov,  pour  l'ouest,  échangeaient  avec  leurs 
collègues  chinois  les  instruments  fixant  la  frontière.  Enfin,  le 
14  juin  1728  intervenait  le  traité  définitif  ou  traité  de  Kiakhta. 
Il  établissait,  sur  une  longueur  de  près  de  4,000  verstes,  la 
frontière  russo-chinoise,  depuis  les  états  du  Kontaicha  kalmouk 
jusqu'aux  territoires  du  bassin  de  l'Amour  laissés  indivis.  Comme 
par  le  passé,  les  transfuges  devaient  être  rigoureusement  extra- 
dés. Suivant  les  vues  de  l'ambassadeur,  le  commerce  était  inter- 
dit en  Mongolie  et  reporté  dans  deux  places- frontière,  Kiakhta, 
sur  la  Selenga,  et  Tsouroukhaïtou,  près  de  Nertchinsk.  Une  seule 
caravane  était  admise  tous  les  trois  ans  à  Pékin.  La  mission 
orthodoxe  à  Pékin  avait  le  droit  de  s'adjoindre,  entre  autres,  six 
élèves  de  langues  mandchoue  et  chinoise.  Revenu  à  Moscou  le 

18  décembre  1728,  Sava  Vladislavitch  put  se  flatter  d'avoir  rem- 
porté un  véritable  succès  :  il  avait  mis  un  terme  à  ces  irritantes 
questions  de  déserteurs  et  de  frontières,  pendantes  depuis  le  traité 
de  Nertchinsk,  donné  au  commerce  un  appui  solide  par  la  créa- 
tion de  Kiakhta,  par  la  réorganisation  des  conditions  d'échange. 
Enfin  son  activité  s'était  étendue  sur  tous  les  domaines,  et  c'est 
presque  une  transformation  complète  de  la  Sibérie  que  produisent 
ses  conseils;  les  places  de  la  frontière  sont  restaurées  pour  pallier 
l'effet  déplorable  des  révélations  de  T'ou-li-tch'en  sur  la  faiblesse 
militaire  de  la  Sibérie 1  ;  les  gouverneurs  sont  rappelés  à  l'obser- 

J.  T'ou-li-tch'en  écrivit  une  relation  de  son  voyage  intitulée  :  Journal  d'une 
mission  à  l'étranger.  Voy.  Courant,  Cat.,  Bibl.  nat.,  fasc.  I,  n*  1889.  Le  livre 
parut  en  mandchou  et  en  chinois.  La  traduction  anglaise  de  Staunton  :  Narra- 
tive of  the  Chinese  Embassy  to  the  khan  of  the  Tourgoulh  Tartars  in  ihe 
years,  1712,  13,  i4...  London,  1821  (voy.  Cordier,  Bibl.  sin.,  I,  col.  263),  est 


BRLlTlOXS    l>E    Ll    IDmi   *VtC    Ll    CHMK.  57 

ration  stricte  de  leurs  devoirs;  les  fraudes  des  marchands,  les 
abus  de  tous  genres  sont  relevés  et  autant  que  possible  prévenus. 
Enfin  cette  ambassade  a  servi  l'histoire  et  la  géographie  par  les 
explorations  et  travaux  cartographiques  qu'elle  amena,  par  l'éta- 
blissement a  Pékin  de  ces  élèves  interprètes  dont  quelques-uns 
devinrent  des  traducteurs  et  des  savants. 

A  peme  dégagée  de  ses  négociations  avec  la  Russie,  la  Chine 
86  tournait  à  nouveau  Contre  les  Kleiilhes.  Dès  1729,  elle  repre- 
nait l'offensive  et  cherchait  à  appuyer  ses  opérations  militaires 
d'une  action  diplomatique.  Une  ambassade  spéciale,  ménagée  par 
une  ambassade  et  des  présents  à  la  cour  de  Russie,  partait  en 
1731  chez  les  Tourgoutes  de  la  Volga.  Elle  devait  exciter  contre 
le  nouveau  Kontaicba  kalmouk,  Galdan  Tcheren',  son  fils  Lo<iu- 
zang  Cbonon  et  son  beau-frère  Lozon  Tcheren,  tous  deux  réfugiés 
sur  la  liasse- Volga .  Peut-être  aussi  prolongeait-elle  l'ambas- 
sade de  T'ou-ii- tch'en  en  conseillant  la  transmigration  des  Tour- 
goutes  en  Chine.  En  tons  cas,  la  Russie  s'inquiéta  :  une  seconde 
ambassade  chinoise,  arrivée  à  la  frontière  russe  le  27  avril 
1732,  était  admise  à  porter  ses  présents*  à  la  cour;  mais  de  nou- 
veaux envoyés  aux  Tourgoutes  se  voyaient  refuser  le  passage 
par  la  Sibérie,  La  Chine,  battue  par  les  Kalmouks  en  1731  au 
lac  Kbotoun  Kourkha  près  de  Kobdo,  prenait  sur  eux  sa  revanche 
*n  1732,  grâce  à  l'appui  du  prince  mongol  Tseren.  A  l'avène- 
ment de  K'ien-Iong,  les  négociations  pour  la  paix  n'étaient  pas 
terminées.  Durant  la  plus  grande  partie  du  XYin"  siècle,  les  rela- 
tions respectives  de  la  Chine  et  de  la  Russie  avec  les  Kalmouks 
gardèrent  une  importance  primordiale  pour  les  rapports  diploma- 
tiques et  commerciaux  des  deux  puissances. 

Jusque-là,  les  intermédiaires  indispensables  entre  les  denx  pays 
:  les  jésuites.  C'est  eux  qui  parlaient  latin  aux  confé- 
rences de  Nertchinsk.  eux  qui  traduisaient  en  latin  les  lettresdu 
Li-hn-vuau  à  la  cour  de  Russie.  Aussi  leur  ride  est-il  intéressant 
à  considérer  au  milieu  des  exigences  et  des  persécutions  des  deux 
cours.  Du  temps  de  l'empereur  K'ang-hi,  ils  trouvaient  protec 


faite  uit  l«  l<->le  rninois.  Le  leit<*  mandchou  a  èlé  pour  la  première  foi»  Ira* 
dall  par  un  do  Élèves  île  la  mission  orlbodoie  de  Pékin,  qni  partit  en  Chine 
■HkBM  ■prit   le  Irait*   de  KiakbU.  Ronjokhin.  Sa  Iraduction  e*t   imprimée 

:i  HuUrt,  tjfntfuatchnot  SMc/dnenit,  1764. 

.  tl  «itt'da  1  IVring  ftauUn  en  1717. 

.  Il»  Maienl  cttlnic»  1  IU),000  i  lin*  >  (Icangs  ou  laïls)  u'jrgnil. 


58  GASTON   CAHBN. 

tioû  et  faveur  auprès  d'un  monarque  ami  des  lettres  et  des 
sciences  :  ils  servaient  alors  le  parti  de  la  Chine,  et  les  rapports 
de  Golovin  les  accusent  de  partialité  pour  leurs  maîtres.  Du  moins 
refusèrent-ils  la  proposition  des  Russes  d'ajouter  dans  l'exem- 
plaire latin  du  traité  de  Nertchinsk  une  clause  secrète,  relative  à 
Albazin,  qu'ils  eussent  été  seuls  à  connaître  et  à  comprendre.  A 
cette  époque,  en  Russie,  les  religieux  de  la  Compagnie  se  voyaient 
en  butte  aux  dénonciations  du  patriarche  de  Moscou,  Joachim, 
et  aux  poursuites  du  gouvernement.  Mais  la  situation  privilégiée 
des  jésuites  à  Pékin  ne  se  prolongea  point,  et,  à  mesure  que  s'ac- 
centuent contre  eux  les  dispositions  hostiles,  ils  se  rapprochent  de 
la  Russie.  Un  mémoire  en  chinois,  en  mandchou  et  en  latin, 
remis  le  31  octobre  1716  aux  Européens  en  Chine,  réclame  des 
nouvelles  sur  les  PP.  A.  Barroset  A.  Beauvolier,  partis  en  1706, 
sur  les  PP.  J.  Provana  et  R.  d'Arc,  disparus  depuis  1708,  et 
qu'une  lettre  antérieure  signalait  à  la  Russie.  Le  25  juin  1717, 
le  P.  Stumpf,  qualifié  de  supérieur  de  la  communauté,  s'adresse 
au  tsar  pour  donner  avis  à  l'empereur  Charles  VI  et  à  Rome  de 
la  situation  critique  où  les  jette  la  persécution.  Ces  requêtes 
furent  entendues  du  jour  où  Lang  informa  le  Collège  des  Affaires 
étrangères  d'un  service  notable  rendu  à  la  Russie  parles  jésuites. 
Dans  son  rapport  daté  de  Pékin,  le  21  octobre  1721,  reçu  à 
Moscou  le  11  juillet  1722,  Lang  raconte  qu'on  avait  exigé  de  lui 
des  passeports  pour  quatre  mandarins  chargés  d'aller  examiner 
une  idole  à  la  Saïssan  Kamen'  (non  loin  d'irkoutsk);  déjà  il  y 
avait  consenti  quand  un  jésuite  lui  révéla  le  but  réel  de  l'expé- 
dition :  il  s'agissait  d'aller  placer  des  bornes  qui  serviraient  de 
frontière  lors  du  futur  partage.  Averti,  le  Collège  des  Affaires 
étrangères  eut  soin  d'interdire  l'entrée  des  mandarins  suspects 
et  une  enquête  n'aboutit  qu'à  la  découverte  de  vagues  antiquités 
sur  le  Tchakoul.  Désormais  les  jésuites  trouvèrent  à  la  cour  de 
Russie  reconnaissance  et  dispositions  favorables.  Izmaïlov  eut 
ordre  de  recourir  à  leurs  bons  offices  en  leur  offrant,  en  retour, 
le  libre  passage  de  leur  correspondance  par  la  Sibérie.  Les  ins- 
tructions de  Sa  va  Vladislavitch  sont  identiques  sur  ce  point;  et 
celui-ci  sut  employer  les  PP.  portugais  et  surtout  le  P.  Parrenin. 
Dès  le  22  avril  1726,  il  lui  adressait  une  lettre  secrète  en  italien, 
et,  au  cours  des  négociations,  l'action  du  Père  fut  si  sensible  et 
si  heureuse  pour  la  Russie  que  Sava  rémunérait  l'émissaire  des 
jésuites,  un  personnage  de  la  cour  nommé  Masi.  Mais  l'impor- 


■cutious  nu  h  bfssie  avec  lj  chue.  59 

tan oo  des  jésuites  diminuait  avec  l'empereur  Yong-tcheng; 
d'autre  part,  la  Russie  sentait  la  nécessité  de  traducteurs  pour  le 
chinois,  le  mongol,  le  mandchou  :  une  lettre  en  chinois  du  Li-fan- 
vuao,  reçue  le  3  mars  1725,  avait  dû  être  renvoyée  à  Selenginsk 
fauto  d'interprètes  et  n'arriva  traduite  au  Collège  qu'un  an  après; 
Izmaïluv  avait  éprouvé  des  difficultés  à  recruter1  un  bon  inter- 
prète de  mongol.  Aussi  l'archimandrite  Ant.  Platkovskii  avait-il 
organisé  à  Irkoutsk  une  école  de  mongol  et  de  russe  qui  fonc- 
tionna une  dizaine  d'années  {jusqu'en  1731).  C'est  lui  qui,  à  la 
tète  de  l;i  mission  orthodoxe  de  Pékin,  était  chargé  de  surveiller 
un  des  élèves  île  langue,  établis  par  les  conventions  de 
Sava  Vladislavitcu.  L'ambition  de  la  Russie  était  d'arriver  à  se 
passer  d'intermédiaires. 

Les  rapports  se  multipliaient  en  effet  entre  la  Russie  et  la  Chine, 
et  les  relations  officielles  étaient  loin  de  former  la  plus  grosse  part 
de  ces  transactions.  Ce  sont  des  marchands  russes  qu'on  trouve 
continuellement  à  Pékin  et  en  Mongolie,  et  c'est  le  commerce  qui 
constitue  la  base  même  et  la  raison  d'être  des  relations  diploma- 
tiques. Source  de  profit  pour  le  fisc  russe  et,  en  fraude,  pour  les 
particuliers,  les  échanges  paraissent  n'avoir  eu  qu'une  médiocre 
importance  pour  les  trafiquants  chinois.  Du  moins  convient-il  de 
relever  les  conditions  de  ce  commerce,  ses  voies  à  travers  l'Asie, 
tes  objets. 

Le  commerce  avec  la  Chine  est  un  monopole  de  la  Couronne. 
Pour  se  joindre  à  la  caravane,  il  faut  oukaze  impérial  et  Gra- 
mota  du  Sibirskii  Prikaz1  (oukaze  du  16  mars  1693),  sous  peine 
de  mort  en  cas  de  contravention  (oukaze  du  28  janvier  1706). 
Certains  articles  sont  interdits  aux  particuliers  :  les  zibelines  et 
reliants  noirs,  —  le  tabac,  —  la  rhubarbe,  ■ —  les  armes  et  muni- 
tions; le  trafic  d'esclaves  est,  de  même,  réservé  au  fisc.  Presque 
toutes  les  infractions  sont  punies  de  mort  par  la  loi.  Le  8  avril 
IT^ij.  Tret'iakuv  est  le  premier  qui  reçut  autorisation  d'emporter, 
aTec  les  marchandises  de  l'Ktat,  des  marchandises  privées;  leur 
raleor  ne  devait  pas  s'élever  au  delà  de  6,000  roubles-,  et  Tret'ia- 
kov  mourut  avant  d'avoir  pu  jouir  de  son  privilège.  Maigre  ces 
défenses  rigoureuses,  le  commerce  clandestin  se  développait  <■!  les 
fraudes  étaient  aussi  nombreuses  que  variées.  D'une  part,  les 


I.  Sorte  Je  Iti 

î.  ïal«or  actuelle  du  

pour  avoir  U  valeur  ipprumuali  te  <le  l'argent 


Ministère  <le  la  BMrlS. 
■Me  :  1  Ir.  G5.  Il  faut  Multiplier  ce  aomb: 
luicncetuent  <lu  i 


60  GASTON   CAHEX. 

gouverneurs  de  Sibérie  ne  se  faisaient  nul  scrupule  d'adresser,  de 
leur  propre  autorité,  émissaires  et  marchands  en  Chine.  Les 
ministres  chinois  révélèrent  à  Sava  Vladislavitch  plus  de  cin- 
quante expéditions  de  ce  genre,  bien  que  la  cour  n'eut  officielle- 
ment envoyé  que  les  ambassades  indiquées  ci-dessus.  L'exemple 
le  plus  frappant  fut  donné  par  le  gouverneur  général  de  la  Sibérie, 
le  prince  Mathieu  Petrovitch  Gagarin,  qui  du  reste  paya  ses  exac- 
tions de  sa  tète.  De  leur  côté,  les  marchands,  attirés  par  l'appât 
du  gain,  trouvaient  mille  manières  de  frustrer  le  fisc.  Il  se  faisait 
un  actif  commerce  de  fourrures  à  Ourga,  souvent  en  cachette, 
malgré  la  présence  d'un  inspecteur  russe  dans  la  ville.  Dans  la 
Sibérie  occidentale,  à  Tobolsk,  à  la  foire  d'Irbit,  à  Tomsk,  même 
à  Irkoutsk  et  jusqu'en  Transbaïkalie,  le  commerce  était  presque 
tout  entier  aux  mains  des  Boukhariotes.  Agents  du  Kontaicha 
kalmouk,  ils  se  voyaient,  à  ce  titre,  ménagés  et  déchargés  d'une 
partie  des  douanes.  Avec  leurs  relations  en  Sibérie  et  en  Chine, 
leurs  associations  et  leurs  compagnies,  il  était  impossible,  —  de 
nombreux  documents  officiels  le  reconnaissent,  —  d'arrêter  leurs 
fraudes.  Cependant  le  gouvernement  multipliait  les  précautions. 
Des  douanes  étaient  installées  aux  portes  de  la  Sibérie,  l'une  à 
Verkhotour,  dans  la  Sibérie  occidentale,  l'autre  à  Nertchinsk, 
près  de  la  Chine.  Chacune  devait  fournir  le  relevé  des  marchan- 
dises et  la  quittance  d'acquittement  des  droits.  Copie  de  cette 
sorte  de  «  mémorandum  double  »  était  envoyée  à  l'autre  bureau. 
Elles  percevaient  la  dîme,  en  nature  sur  les  dizaines  complètes, 
en  argent  sur  les  autres.  Par  la  Sibérie,  par  le  couvent  de  l'Am- 
bassade sur  le  Baïkal,  les  caravanes  officielles  s'acheminaient 
vers  Pékin.  A  la  frontière,  plusieurs  passages  s'offraient  à  elle. 
Les  premières  suivirent  le  plus  long,  mais  le  plus  sûr,  la  route  de 
Nertchinsk  par  le  sud-est  vers  Naoun  (Tsitsikar)  et  Pékin.  Ce  fut 
celle  de  Sp.  Liangousov,  1696-1699,  de  G.  Bokov,  1699-1701, 
de  Iv.  Savatiéev,  1702-1704.  La  route  de  l'Orkhon  et  de  la  Tola, 
pour  dure  qu'elle  fût,  avait  l'avantage  d'être  parcourue  en 
soixante-dix  jours  au  lieu  des  cent  cinquante  de  la  voie  précé- 
dente. Aussi,  dès  le  début  du  xvme  siècle,  les  caravanes  la 
prennent-elles  presque  toutes  (G.  Oskolkov,  1704-1 706  et  1711- 
1715,  P.  Khoudiakov,  1706-1708  et  1711-1713,  M.  Gousiat- 
nikov,  1714-1718,  Th.  Istopnikov,  1718-1723).  La  route  du 
Kéroulen,  la  plus  directe,  était  fermée  par  la  Chine.  Par  excep- 
tion, Lang  la  suivit  avec  la  caravane  de  1731,  à  cause  des  inva- 


lEUTtOXS   DE   U    BOSSIE    »ÏEC    LÀ   CfltSE.  Ri 

stons  kalmoukes.  La  Russie  eut  aussi  l'idée  d'utiliser  un  chemin 
par  l'Irtych,  à  travers  les  états  du  Kontaicha ,  et  la  Chine 
aurait  favorisé  ce  dessein,  —  la  proposition  de  K'aug-hi  à  Izmaî- 
lov  semble  l'indiquer  —  :  c'eût  été  une  occasion  de  conflits  per- 
pétuels entre  ses  deux  voisins.  Parvenus  à  Pékin ,  les  deux 
cents  membres  de  la  caravane  officielle  (la  Chine  n'en  tolérait  pas 
davantage)  étaient  entretenus,  comme  le  personnel  de  la  mission 
orthodoxe,  aux  frais  du  Bogdy  Khan.  Ce  n'est  pas  la  crainte  de 
la  concurrence  qui  rendait  méfiants  les  Chinois  :  leurs  exporta- 
tions semblent  dépasser  de  beaucoup  leurs  achats.  La  Chine  rece- 
vait de  la  Russie  des  fourrures,  des  objets  manufacturés  en  étain 
ou  en  plomb,  des  montres;  ses  sujets  mongols  se  fournissaient  de 
draps  européens  à  Ourga.  La  Russie,  en  Chine,  recherchait  sur- 
lout  les  damas  et  soieries,  les  lingots  d'or  et  d'argent  nécessaires 
au  Trésor  ;  les  porcelaines  ne  venaient  qu'en  seconde  ligne.  Les 
plantes  formaient  un  objet  d'échange  important  :  le  thé,  à  cette 
époque,  apparaît  à  peine;  par  contre,  les  plantes  médicinales  sont 
prisées,  l'anis  et,  en  particulier,  la  rhubarbe.  Le  tabac  chi- 

boule  chinoise  »,  *  kîtaïskii  char  >,  fait  sur  les  marchés 
une  concurrence  acharnéeà  la  «  nicotiane  »,  introduite 
ident  par  les  Anglais.  Cependant  le  commerce  officiel  de 
Sibérie  est  peu  actif.  L'ambassadeur  français  Campredon,  généra- 
lement bien  informé,  l'évalue,  en  1721 ,  à  200,000  roubles.  Pour 
Faugineuter,  malgré  les  tendances  delà  cour,  vers  1726-1727.  à 

i  U;  monopole  d'un  certain  nombre  d'articles,  Sava  Vla- 
dislavîteh  fit  prévaloir  ses  idées  :  suppression  absolue  du  com- 

Mongolie,  privilège  exclusif  de  la  Couronne  à  Pékin  et 
marché  d'échanges  à  Kiakhta.  La  Chine,  bien  pourvue  de  four- 
rures par  la  contrebande  de  Mongolie,  et  qui  avait  toujours 
cherché  à  éloigner  les  Russes  de  Pékin,  vit  avec  plaisir  le  com- 
merça reportés  la  frontière.  Si  Tsoiiroukhaïlou,  prèsNertchinsk, 
mal  situé,  ne  larda  pas  à  disparaître,  Kiakhta  fut  solidement 
établi  et  prosjiéra.  Cependant,  jusqu'au  deuxième  quart  du 
xvili"  siècle,  monopoles,  privilèges  et  peines  les  plus  sévères 
n'avaient  pu  triompher  du  trafic  clandestin  :  Sibériens,  Boukha- 
rloles  et  Mongols,  à  défaut  du  fisc  impérial,  y  trouvaient  leur 
intérêt. 

Ainsi  les  rapports  de  la  Russie  avec  la  Chine  s'étaient  notable- 
ment modifiés  de  la  fin  du  xvii*  siècle  à  l'époque  où  nous  sommes 
parvenus.  Vers  1680-1689,  toute  la  région  de  l'Amour,  toute  la 


62  GASTON  CAHBlf.  —  RBLATIOXS  DE  LA  RUSSIE  AVBC  LA  CHIITE. 

Transbaïkalie  même  retentissait  du  bruit  des  armes  :  les  Chinois 
cherchaient  à  refouler  les  Russes  au  delà  du  bassin  de  l'Amour, 
les  Mongols  aidaient  les  Chinois,  les  Brates,  frères  des  Khalkhas 
de  Mongolie  propre,  restaient  menaçants  en  territoire  russe. 
Golovin,  l'ambassadeur  de  1689,  dut  à  la  fois  combattre  et  négo- 
cier. Alors  la  Chine  tenait  un  langage  hautain  ;  les  ministres  chi- 
nois à  Nertchinsk  se  déclaraient  prêts  à  la  guerre  :  la  Russie 
cédait  dans  l'intérêt  de  son  commerce.  En  1727-1728,  c'est  à 
l'ambassadeur  de  la  Russie,  Sava  Vladisla vitch ,  de  montrer 
une  assurance  fi  ère.  C'est  lui  qui  parle  de  guerre,  lui  qui 
obtient  des  concessions.  L'histoire  des  luttes  de  la  Chine  contre 
les  Kalmouks  explique,  semble-t-il,  ce  changement.  Obligée 
contre  eux  à  de  longues  campagnes,  très  pénibles,  très  coûteuses 
et  sans  cesse  renaissantes,  la  Chine  chercha  des  appuis  soit  auprès 
des  Tourgoutes,  qu'elle  eût  opposés  aux  Éleuthes,  soit  auprès  de  la 
Russie.  Celle-ci  sut,  une  fois  au  moins,  profiter  de  ces  conjonc- 
tures pour  fixer  la  frontière  au  mieux  de  ses  intérêts  et  surtout 
pour  développer  son  commerce.  Si,  malgré  privilèges  et  mono- 
poles, il  restait  peu  productif  pour  la  Couronne,  du  moins  faut-il 
reconnaître  l'importance  qu'y  attachait  la  Russie  et  la  continuelle 
activité  des  échanges  grâce  aux  fraudes  des  gouverneurs,  des 
marchands,  des  intermédiaires.  L'histoire  des  relations  de  la 
Russie  avec  la  Chine  au  xviii6  siècle  est  étroitement  liée  à  l'his- 
toire des  peuples  placés  entre  les  deux  empires,  les  Boukhariotes, 
pour  le  commerce;  pour  les  rapports  diplomatiques,  les  Tour- 
goutes, les  Kalmouks,  les  Mongols. 

Gaston  Cahen. 


ÉLANCES   ET  DOCUMENTS 


LA    MORT    DE    ROBERT    D'ARTOIS. 


Banni  de  France,  pour  avoir  fabriqué  de  fausses  lettres  afin  d'héri- 
ter du  comté  d'Artois,  Robert  d'Artois  s'était  réfugié  en  Angleterre, 
où  il  avait  offert  ses  services  à  Edouard  III,  qui  s'était  empressé  de  les 
accepter   L'ennemi  de  Philippe  VI  de  Valois,  le  roi  anglais  prélen- 

!  au  trône  de  France,  avait  comhlé  Roltert  de  faveurs  et  l'avait 

lotf  'li'  riches  pensions'.  Auasi  bien  savait-il  que  la  vengeance  de 

m  Implacable  et  que  son  concours  serait  inappréciable  le 

j<rur  ou  l'on  débarquerait  sur  le  continent.  Robert  prit  du  service 

s  l'armée  anglaise  et  suivit  le  roi  dans  toutes  ses  expéditions-,  il 
prit  part  aux  campagnes  de  Tliiérache  el  de  Tournaisisel,  lorsque  le 
ml  d'Angleterre  se  décida,  à  la  lin  de  1342,  à  envahir  la  Bretagne, 
Robert  recul  le  commandement  de  l'un  des  corps  d'occupation.  Dès 
le  moi»  de  décembre  fut,  on  h  désignait  comme  devant  être  le  corn- 
mandant  en  Chef  de  l'expédition*.  Pour  des  raisons  diverses,  son  départ 
fut  successivement  ajourné  a  mars3,  puis  a  juillet  ',  enfin  a  août  (342. 
Le  13  août  1342,  Robert  d'Artois  était  à  Soulhampton,  prêt  à  mettre 
à  la  voila.  Il  n'attendait  plus  que  lu  matériel  nécessaire  à  rembarque- 
ment des  chevaux,  les  derniers  vivres  et  les  dernières  munitions. 
Aussi  écrivait-il  à  son  ami  Raoul  de  Slrafford,  évèque  de  Londres  et 
chancelier  d'Angleterre,  afin  que  des  ordres  sévère*  fussent  donnés 
de  la  capitale  au  shèriff  du  comté  de  Soulbampton  : 

•  Très  cher  et  très  amé  aray.  Pur  ce  que  nous  sûmes  à  passer 
entre  autres  vers  les  partiez  de  Bretaigne  et  y  nous  faut  des  pouriLs, 


..  Oepret.  [et  Préliminaire*  de  ta  guerre  de  Cent  ani.  La  Papauté,  la 
frotte  et  l'Angleterre-,  p.  ZU. 

ï.  Record  Ufllce,  lune  RolU,  Michaelman,  m.  17. 

3.  Ibtil.,  m.  17.  L»  ta  m«re,  Robert  lierait  partir  avec  Gautier  île  Masny. 

t.  Mimer,  II,  4,  p.  I»,  Le  3  Juillet,  Robert  se  tenait  prêt  1  parUr  avec 
IXO  boMniM  d'arme*,  dont  I  tumicrcU,  !'J  cbflTaliers,  SU  *CUJët»  cl  ISOarcben, 


64  MELANGES  BT  DOCUMENTS. 

claies,  bordz,  cavenas  el  autres  necessaris  pur  l'eskippeson  de  nos 
chivalx  et  autres  qi  sount  à  passer  en  nostre  compaignie  vers  les 
ditez  parties,  vous  pry  qe  vewes  cestes  voiliez  mander  a  viscounte 
de  Suthampton  bref  par  le  portour  de  ceste  de  faire  la  purveance  de 
tottes  choses  nécessaire  pur  le  dit  eskippeson.  Geste  chose  voiliez 
fere  pur  l'amour  de  nous.  Le  Seint  espirit  vous  ey t  en  sa  garde.  Bscrit 
à  Suthampton,  le  xine  iour  d'aust,  par  Robert  d'Artoys,  counte  de 
Beaumont4.  » 

SU  faut  en  croire  le  chroniqueur  anglais  Adam  de  Murimuth*, 
une  flotte  anglaise  de  260  vaisseaux,  qui  transportait  le  contingent 
commandé  par  Robert,  aborda  le  48  août  près  de  Brest.  Robert  che- 
vaucha dans  toute  la  Bretagne  et,  aidé  par  les  partisans  de  Jeanne  de 
Montfort,  il  vint  mettre  le  siège  devant  Vannes.  Blessé  dans  une 
attaque  assez  grièvement,  il  mourut  des  suites  de  ses  blessures  le 
20  novembre,  sous  les  yeux  d'Edouard  III,  qui  avait  quitté  l'Angle- 
terre le  23  octobre  pour  amener  en  Bretagne  les  derniers  renforts. 

Certains  chroniqueurs  affirment  que  Robert  d'Artois  est  mort  en 
Angleterre3.  Froissait  a  même,  à  cette  occasion,  conté  une  petite 
histoire.  Après  le  siège  de  Vannes,  dit-il,  a  si  demora  messires 
Robers  d'Artois  un  temps  bleciés  et  navrés,  si  corn  vous  avés  oy.  En 
le  fin  il  li  fu  consilliet  et  dit,  pour  le  mieulz  mediciner  et  garir, 
qu'il  s'en  repairast  en  Engleterre  :  car  la  trouveroit  il  surgiiens  et 
médecins  à  volenté.  Si  crut  ce  conseil,  dont  il  flst  folie,  car  au  retour- 
ner en  Engleterre  il  fut  durement  grevés  et  appressés  de  le  marée. 
Et  s'en  esmurent  telement  ses  plaies  que,  quant  il  fu  venus  et  apor- 
tés  à  Londres,  il  ne  vesqui  point  longtemps  depuis,  anzois  moru  de 
ceste  maladie,  dont  ce  fu  damage.  Si  fu  ensepelis  à  Saint  Pol  de 
Londres4.  »  L'exilé  aurait  ainsi  eu  une  fin  malheureuse,  digne  d'api- 
toyer les  cœurs  sensibles  :  grièvement  blessé  à  la  tèle,  dit-on,  il  ne 
put  supporter  le  mal  de  mer  et  revint  mourir  en  Angleterre,  sa 
seconde  patrie.  Et,  dans  une  seconde  rédaction  de  ses  chroniques, 
Froissart  ajoute  que  Robert  obtint  un  sauf-conduit  de  Charles  de 
Blois,  qu'il  fut  enterré  aux  Augustins  de  Londres  et  que  la  cour,  le 
roi,  le  prince  de  Galles  et  les  princes  du  sang  prirent  le  deuil5. 

Le  récit  de  Jean  Froissart  est  une  pure  invention.  Robert  est 
mort  en  Bretagne,  entre  Vannes  et  Grand-Champ6.  Le  25  novembre, 

1.  Record  Office,  Ancient  Correspondance,  vol.  XXXIX,  n*  71. 

2.  Rolls  Séries,  éd.  Thompson,  p.  125-126. 

3.  Chronique  normande,  p.  156. 

4.  Froissart  (éd.  Luce),  t.  III,  p.  19-20. 

5.  Ibid.  (éd.  Luce),  t.  III,  p.  223. 

6.  Grand-Champ  (Morbihan),  arr.  de  Vannes. 


U   MORT    DE    ROBERT   D  ARTOIS.  G5 

de  cette  dernière  localité,  où  il  avait  planté  ses  Lentes,  Edouard  III 
envoyait  à  la  reine  Philippa  ce  laconique  billet  : 

■  Très  douz  cuer,  comme  nous  eoms  escril  à  noz  chancelier  et  tre- 
■onrq'ilsordeinent  convenalilement  pur  renterement  du  corps  mon- 
seigneur  Robert  d'Artois,  nous  voloras,  douz  cuer,  qe  vous  les  char- 
gU  q'ils  le  facenl  solonc  nostro  volenté  susdit.  Douz  cuer,  Dieu  soit 
g&rdeili  de  vous.  Donné  souz  noslre  secré  seul,  à  la  ville  de  Granl 
Champ,  le  jour  do  Seinle  Kalerine'.  » 

La  lettre  a  laquelle  le  roi  d'Angleterre  Tait  allusion  avait  été  envoyée 
le  21  novembre  au  chancelier  Robert  ParvyDg  et  au  trésorier  Guil- 
laume de  (Aisance.  UoLiert  venait  d'expirer,  et  le  roi,  respectant  sans 
doute  ses  dernières  volontés*,  envoyait  le  cercueil  en  Angleterre  avec 
ordre  de  (aire  Les  obsèques  a  Londres  et  d'inhumer  le  corps  dans 
l'église  des  Frères  Prêcheurs  : 

■  Edward,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  d'Engleterre  et  de  France  et  sei- 
gneur d'Irlande,  a  noslre  cher  et  Ibial  monseigneur  Robert  Parvyng, 
noslre  chancelier,  cl  noslre  cher  clerc  William  de  Cusance,  noslre 
tresorer,  saluz  Por  ce  que  monseigneur  Robert  d'Artoys,  noslre  cou- 
sin, est  à  Dieu  commande/.,  et  pur  l'affection  qe  nous  avons  devers 
lui.  si  enveons  son  corps  as  parties  d'Engleterre,  si  vous  mandons 
et  chargeons  que  vous  le  facez  enterrer  à  les  Frères  Prescheurs  de 
noslre  cité  de  Londres,  selonc  qe  vous  verrez  qe  soit  affaire  pur 
DOSln  honur  en  celle  partie.  Donné  souz  noslre  privé  seal  à  Grant 
Champ,  le  «i  jour  de  novembre,  l'an  de  noslre  règne  d'Engleterre 

et  de  France  tien*.  » 


Contrairement  donc  à  ce  que  racontent  Jean  le  Bel  cl  Froissarl, 
Robert  d'Artois  mourut  en  France  pendant  l'expédition  de  Bretagne, 
a  la  suiU-  des  blessures  qu'il  avait  reçues,  sans  doute  au  siège  de 
10  novembre  1312).  Il  ne  revint  donc  pas  mourir  en  Angle- 
lerre. Les  musa  farenl  déposés  non  pas  à  Saint-Paul  de  Londres  ni 
■n  Augustius,  mais  dans  l'église  des  Frères  Prêcheurs.  L'enlerre- 
liea  dans  les  premiers  jours  de  février  1343.  Le  30  jan- 
vier 1343,  du  manoir  de  Kenington,  lu  prince  de  Galles,  duc  de  Cor- 

1.  Public  Itrcord  Oflfee,  Aaetrnt  Carreipondencr,  vol.  LVI,  n-  79, 
t.  Do  Mm   vivant,   Robert   «Mil  ilr*i|(nc  le  dote   utallrc  Jeu  de  ThorMbv 
comme  Kin  fitrati'ur  lr»Utueul«ire  (Record  Oltlct,  Paient  rotts,  17,  Édouuid  III, 
i   il.  p.  Mît.  WeiUnintter,  t"  mai  1313.  ■  De  conveniendo 
mm  «r*ditoribu«  lloherli  do  Arum  deniDcli,  • 

\  Record  Oflee,  Ifhy  Stolt.  file  Î87,  a-  15169.  Dm  extrait,  oui  éle  publie* 
par  A.  d*  lilhinViTllI.  Ilùtoin  de  Brtlagnt,  t.  Ut,  p.  173. 

Ii«.   Hphtor.   XCIV.    I»  raso.  ( 


66  KÏUSGES   KT   DOCGUEXTS. 

nouailles  et  comle  de  CbesLer,  gardien  d'Angleterre  on  l'absence  de 
-on  père,  avisait  le  chancelier  d'Angleterre  que  Thomas  Crosse, 
clerc  de  la  garde-robe  du  roi,  était  chargé  de  faire  i  les  pourveances 
nécessaires  pour  l'entêtement  do  messire  Robert  d'Artois 

■  Edward,  eisnez  filz  au  noble  roi  d'Englelerrc  et  de  France,  duc 
Cornewaille,  counle  de  CeaLre  et  gardein  Dengleterre,  a  noslre  ti 
cher  et  bien  amé  monseigneur  Robert  Parvjng,  channccller,  noslre 
très  cher  seignur  et  piere  le  Roi,  salulz.  Come  nous  eioms  mandé 
par  noz  autres  lelres  à  noslre  cher  et  bien  amé  sire  Thomas  Crosse, 
clerc  de  la  grant  garderobe  nostre  dit  seignur  el  piere  le  Roi,  qe  des 
choses  qe  appendent  à  son  oflice,  il  Tace  purveance  pur  les  enterre- 
raenlz  de  dame  Blaunche,  noslre  1res  amee  soer,  el  de  monseigneur 
Robert  d'Arlojs,  nostre  1res  chier  cousin,  el  en  manere  come  affiert  à 
leur  estai,  el  aussi  q'il  face  purvoier  el  trover  lotes  maneres  des  choses 
touchantes  son  oflice,  qi  busoignables  serronl  pur  les  relevai  Iles  noslre 
très  redoutée  dame  et  mère  la  Rovne,  vous  mandoms  qe  par  brief 
souz  le  grant  seal,  facez  mander  as  tresorer  el  chamherleius  de  l'Es- 
che<|ier  nostre  dit  seignur  et  piere  le  Roi  qe  de  son  Iresor  esteant  en 
lour  garde  ils  facent  livorer  au  dit  sire  Thomas  pur  la  dite  pur- 
veance faire  et  les  parcelles  qi  faillentachater  tanl  pur  les  dit/  enter- 
rementz  come  pur  les  relevailles  dessus  dites,  tanl  de  somme  qe  busoi- 
gnera  resonablemenl.  El  ce  ne  lessez.  Donné  souz  noslre  privé  seal, 
nostre  manoir  de  Kenjngton,  le  x\V  jour  de  jaoever,  l'an  du  règne 
nostre  très  cher  seignur  el  piere  le  Roi  Uenglelerre  dis  et  septisme 
el  de  France  quart.  » 

Des  obsèques  proprement  dites,  nous  savons  fort  peu  de  cb< 
sauf  que  3S  porteurs  de  lorchesaccompagnèreot  le  convoi1.  Êdouai 
en  souvenir  du  défunt,  avait  distribue  des  pensions  viagères  au*  per- 
sonnes de  son  entourage,  el  notamment  au  valet  Druel  Godin,  son 
fidèle  serviteur'.  Mais  tout  permet  d'inférer  que  les  funérailles  ne 
Tureolpas  somptueuses.  L'argent  faisait  défaut  et  la  royauté  anglaise, 
dans  la  détresse,  avait  alors  à  peine  de  quoi  paver  les  obsèques. 
E.  Dtfran. 


idt 
raa 

ilre 

Dde 


isoi- 
al,  à 
egne 
isme 

''.'ni. 


I.  Record  Office,  Régents  warrants  and  other  Prtvf  Seuls,  lile  1535. 
■2.  Ibitl.,  Issue  Halls,  t7.  Edouard  III,  Mlchaelmua,  ro.  23. 
3.  Ibid.,  Prtvy  Stats,  file  287,  n*  15I7Î. 


BULLETIN   HISTORIQUE 


MOV  EN     AOE. 


GIS    GÏIKBiUJ     RELATIFS    *     L'HISTOIRE     DES     PH0VIJICE9    ET     DE 

l  ti,Li3t.  —  L'impression  des  Râles  gascons,  décidée  il  y  a  plus  de 
vingt  ans,  vient  de  s'achever.  Ces  Rôles,  ou  du  moins  les  débris  qui 
restent,  conservés  jadis  a  la  Tour  de  Londres  et  actuellement 
■0  Public  Record  Office,  s'étendent  de  1242  a  1400.  Ils  se  composent 
de  l,8<7  peaux  de  parchemin,  cousues  bout  à  bout,  dont  certaines 
«ont  écrites  dus  deux  côtés  et  contiennent  les  actes  de  l'adminisl ra- 
tio» anglaise  en  Gascogne.  L'historique  de  cette  publication  mérite 
d'être  rappelé. 

878,  un  archiviste  anglais,  d'origine  Française,  ayant  fait 
ta  municipalité  de  Bordeaux  qu'il  existait  à  la  Tour  de 
Londres  plusieurs  documents  utiles  aux  intérêts  de  la  commune,  une 
délibération  de  la  jurade  chargea  Uurriban,  l'un  des  ses  membres,  de 
;  ii  copie  de  ces  pièces.  Il  s'agissait  sans  doute  d'extraits  des 
Râles  j/ascons.  ï,n  1741,  un  Anglais,  réfugié  en  France,  Th.  Carte, 
annonçait  le  projet  de  publier  ces  Rôles,  mais  il  n'en  donna  qu'un  cata- 
logue avec  table.  rJ[H7ti4,Rréquiguyserendità  Londres  et  en  rapporta 
les  Innombrables  copies  qui  sont  conservées  aujourd'hui,  comme  on 
«ail,  a  la  Bibliothèque  nationale.  A  sa  suite,  Delpit  partit  pour  Londres, 
afin  de  compléter  les  séries  de  documents  rapportés.  Les  projets  de 
publication  de  la  RtcoriCom  mixtion  et  de  Félix  Solar  n'aboutirent  pas. 
Enfin  le  ministère  de  l'Instruction  publique  en  décida  la  publication 
in  txtento  daus  la  Collection  des  Documents  inédits,  et  en  18«3, 
N.  Francisque  Michel  donna  le  tome  I,  comprenant  les  années  1212 
a  1254.  Mais  l'honneur  de  l'édition  de  la  majeure  partie  des  Rôles 
jraMoiu  et  de  sou  achèvement  revient  a  M.  Ch.  Bïmosî.  Dès  1806, 

:  Supplément  au  tome  I,  daus  lequel  il  relevait  les 
trop  nombreuses  erreurs  de  son  prédécesseur,  éditait  des  plane  île 
1251  a  1255.  avec  une  table  du  tome  I  et  une  introduction  sur  la 

valeur  historique  des  documents  relatifs  à  la  double 


68  BULLETIN    HISTOaiQOS. 

expédition  d'Henri  III  d'Angleterre  (1242-4243  et  (253-1254)  et  à 
l'administration  du  prince  Edouard.  Le  Lomé  II,  comprenant  une 
partie  des  actes  du  règne  d'Edouard  1",  embrasse  les  années  4273  à 
4290.  Ces  actes  fournissent  encore  beaucoup  plus  de  détails  sur  l'ad- 
ministration de  la  Guyenne  que  les  précédents.  Le  tome  III'  et  der- 
nier est  le  plus  considérable  de  tous.  Il  renferme  des  documents  des 
années  4290-1307  et  une  très  importante  Introduction. 

Cette  Introduction  comprend,  en  effet,  182  pages.  Dans  le  chapitre 
on  trouve  successivement  diverses  remarques  sur  les  registres  eux- 
mêmes,  leurs  caractères  extrinsèques,  leur  paléographie,  leur  chro- 
nologie, des  recherches  sur  l'itinéraire  d'Edouard  I",  la  diplomatique. 
La  chronologie  et  la  diplomaliqueauratent  peut-être  pu  être  réunies;  les 
deux  études  paraissant  pouvoir  se  compléter  sur  plus  d'un  point,  et 
l'itinéraire  d'Edouard  I"  aurait  été  un  excellent  appendice  à  l'en- 
semble. Des  raisons  d'ordre  pratique  ont  sans  doute  déterminé  l'au- 
teur à  adopler  le  plan  suivi,  qui  est  du  reste  excellent  et  très  clair. 
Dans  l'élude  paléographique,  les  restitutions  et  interprétations  de 
mots  douteux  ou  des  graphies  spéciales  et  défectueuses  sont  relevées 
et  groupées  avec  le  plus  grand  soin.  Il  est  seulement  dommage  qu'un 
fac-similé  de  l'écriture  des  Rôles  n'ait  pas  pu  être  donné.  Enfin  la 
diplomatique  des  actes  transcrits,  déjà  tracée  dans  le  Supplément  au 
tome  1,  est  complétée  par  une  analyse  très  détaillée  des  nombreuses 
lettres  de  protection,  d'attournemeut,  de  répit,  etc.,  qui  se  multi- 
plient à  l'occasion  de  la  guerre  anglo-française  (1293-1297].  Le  cha- 
pitre il,  relatif  a  l'administration,  ne  renferme  pas  un  tableau 
complet  des  institutions  de  la  Guyenne,  mais  une  liste  chronolo- 
gique avec  la  biographie  des  principaux  fonctionnaires,  représen 
tanls  du  pouvoir  royal,  sénéchaux  de  Guyenne  et  connétables 
Bordeaux,  et  une  autre  liste  des  bailie3  et  prévotés,  des  bastides, 
des  châteaux  et  chàtellenies  mentionnés  dans  les  Râles,  grouj 
administratifs  secondaires.  Les  notices  individuelles  relatives  au; 
fonctionnaires  apportent  une  nolable  contribution  à  l'histoire  de 
province.  Le  chapitre  ni  est  tout  entier  consacré  à  l'histoire  de 
guerre  anglo-française  de  4293-4297.  Bien  que  l'auteur  nous  annonce 
qu'il  ne  nous  donnera  qu'un  résumé  aussi  précis  que  possible,  les  détails 
les  plus  curieux  et  les  plus  intéressants  pour  l'organisation  militaire 
de  l'époque  abondent. 

On  aurait  pu  concevoir  celte  Introduction  sur  un  plan  différent  et 
y  donner  peut-être  une  plus  large  place  a  l'élude  des  institutions 

1.  R<ites  gascons  transcrits  et  publiés  par  Cl).  Béiuonl,  I,  III.  Paris,  Impr. 
nat.,  1906,  io-4",  cc-792  p.  (Coll.  des  Documents  inédits  sur  thist.  de  France.) 


r- 

; 

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olo- 
len- 
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les, 
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aux 

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nce 


PRINCE.  fil) 

i,  civiles  el  ecclésiastiques,  et  à  leur  fonctionnement,  mais  l'es- 
11  travail  de  celle  nature  est  de  préparer  des  matériaux,  non 
rer  l'édifice  historique. 
Un  ce  qui  concerne  l'édition  du  texte  même,  on  ne  saurait  trop 
looer  la  remarquable  exactitude  de  transcription  et  l'interpréla- 
tion,  juste  en  général,  d'un  manuscrit  hérissé  de  noms  de  personnes 
et  île  lieux.  Cette  multitude  de  noms  devait  nécessairement  amener 
quelques  erreurs  de  détail  :  ainsi,  dans  l'acte  n"  1932,  Clayrac  en 
Agenais,  non  identifié,  est  évidemment  Clairac,  en  Lot-el-Garonne, 
rii'iii  de  Tonneins,  dont  la  célèbre  abbaye  fut  plus  tard 
donnée  par  le  roi  de  France  Henri  IV  au  chapitre  de  Sainl-Jean  de 
Lalran,  à  Itome,  et  «  Honoz  j>  doit  être  corrigé  en  «  Monor  »,  c'est- 
à-dire  Monbenrl  [ibid.,  canton  de  Damazan).  De  même,  au  tome  11, 
uns  les  n"  1384  et  )3fï«,  il  s'agit  non  de  Prouille  [,\ude|,  mais  de 
Prouillan,  sis  «  prope  Condomium  o  (Gers), 

Os  légères  imperfections,  inhérentes  à  loute  publication  de  carac- 
tère local  qui  n'est  pas  faite  par  des  érudils  de  la  région,  nVitent 
rien  à  la  haute  valeur  de  ce  volumineux  ensemble  de  documents, 
mioB  infiniment  précieuse,  d'une  variélé  et  d'une  richesse  sans 
égales.  L'histoire  anglaise  et  française  de  la  fin  du  xm*  siècle  en  sera 
grandement  éclairée.  La  biographie  de  plus  d'un  illustre  personnage 
pourra  être  précisée  sur  bien  des  points,  grâce  aux  Pôles,  el  celle 
e  énorme  d'actes  (5,(08)  jette  une  réelle  lumière  sur  les  cou- 
tumes et  la  jurisprudence,  les  prérogatives  de  la  couronne,  la  puis- 
sance du  clergé  et  de  la  noblesse,  la  situation  du  peuple  au  point  de 
vue  moral  et  politique,  l'élat  de  la  propriété,  les  généalogies  des 
diverses  familles  el  leurs  alliances,  el  nous  ne  parlons  pas  de  la 
;il  iiice  diplomatique  ni  des  traités  entre  les  souverains  de 
France,  d'Angleterre  et  d'Allemagne.  On  ne  saurait  donc  trop  louer 
H.  Ch.  Bémonl  d'avoir  mené  à  bien  aussi  heureusement  la  tache 
difficile  de  cette  publication  longtemps  attendue  el  appelée  a  rendre, 
non  seulement  a  l'histoire  de  la  Guyenne,  mais  à  l'histoire  des  rap- 
porta anglo-français,  les  plus  grands  services. 

L'histoire  provinciale  sollicite  depuis  quelques  années  l'attention 

le*  érudils.  La  Lorraine,  la  Bretagne,  la  Bourgogne,  le  Poitou  ont 

i  eu  successivement  leurs  historiens,  qui  ont  traité,  avec  les 

de  it  science  moderne,  ces  questions  d'histoire  locale  pour 

lesquelles  nous  étions  encore  contraints  de  recourir  aux   travaux 

■   a  ou  des  historiens  du  xvnr"  siècle.  Depuis  plus 

i  siècle,  en  elTat,  les  études  sur  des  jwiuls  particuliers  et  les 

lUCCédé,  infiniment  nombreux,  mais  les  ouvrages 

c  tinu  défaut,  et  les  quelques  essais  que  nous  signalions  â 


n 


bulletin  nisTonrurE. 


l'instant  démontrent  surabondamment  l'utilité  de  travaux  i 
genre  pour  coordonner  les  résultats  acquis.  Ces  essais  ont  été  entre- 
pris avec  des  méthodes  diverses  et  sont  d'inégale  valeur.  Une  nou- 
velle tentative  a  été  faite  récemment  dans  le  même  sens;  elle  mérite 
une  mention  toute  spéciale.  C'est  celle  de  M.  Louis  H»lpue>,  poui 
retracer  l'histoire  du  comté  d'Anjou  au  n*  siècle1. 

Ce  ne  sont  pas  seulement,  comme  on  aurait  pu  le  craindre,  de? 
annales  ou  des  biographies  nécessairement  sèches,  encore  que  très  com 
plètes.  L'auteur  indique  lui-même  que  son  but  principal  a  été  cf 
montrer  comment  s'est  formé  le  comté  d'Anjou  au  n*  siècle,  au  point 
de  vue  territorial  et  au  point  de  vue  interne.  El  si  l'on  peut  relever 
dans  son  livre  quelques  erreurs  de  détail,  quelques  assertions  contes- 
tables,— par  exemple  que  l'ouvrage  de  M.  Richard  sur  le  Poitou  dis- 
pense de  recourir  à  Besly, — on  ne  peut  méconnaître  qu'il  ja  là  un  effort 
des  plus  louables  pour  donner  à  cette  histoire  parfois  terne  et  mono- 
tone un  peu  de  vie,  en  étudiant  l'organisation  administrative  du  pays, 
sa  situation  matérielle  et  morale  en  même  temps  que  politique,  auta 
du  moinB  qu'il  est  possible  de  le  faire  à  l'aide  des  trop  rares  docu< 
menls  dont  on  dispose.  Celte  tentative,  vraiment  originale,  devrai 
être  suivie  pour  d'autres  régions,  principalement  en  ce  qui  loue! 
l'époque  des  premiers  Capétiens,  et  l'histoire  de  France  s'en  lrouv< 
rait  comme  renouvelée. 

L'ouvrage  de  M.  Halphen  se  divise  en  deux  parties,  l'une 
sant  les  règnes  de  Foulque  Nerra  eL  de  Geoffroi  Martel  (987-1060)  e 
l'autre  ceux  de  Geoffroi  le  Barbu  et  de  Foulque  leRéchin  (1060-1 109). 
Au  début,  dans  l'Introduction,  il  a  cherché  à  fixer  ce  qui  peut  élr 
admis  dans  les  légendes  ayant  cours  sur  les  origines  de  la  maisc 
angevine.  Il  estime  qu'on  peut  s'en  tenir  à  la  version  de  la  rédaction 
la  plus  ancienne  des  Gesta  consulnm  Andegavorum  (ms.  lat.  6218 
de  la  Bibl.  nal.],  où  se  trouve  un  écho,  «  lointain  sans  doute  et 
déformé  »,  mais  enlin  un  éebo  de  la  réalité.  On  s'était,  en  effet,  trop 
complu  jusqu'à  présent  à  convaincre  d'erreur  l'auteur  de  la  chronique, 
au  lieu  de  mettre  en  relief  les  quelques  points  sur  lesquels  il  parait, 
au  contraire,  s'élre  rapproché  de  la  vérité.  A  l'aide  des  généalogies  et 
actes,  M.  Halphen  redresse  plus  d'une  erreur  de  l'Art  de  vérifiât  les 
dates  et  des  historiens  angevins.  Avec  la  Chronique  de  filantes,  si 
habilement  restituée  par  R.  Mcrlel,  et  de  Richer,  inconnu  aux  érudils 
antérieurs  à  Purlz,  il  trace  des  conquêtes  de  Foulque  Nerra  un  lablea 
absolument  renouvelé  et  des  plus  complets.  C'est  du  coté  de  la  lire 


I.  Louis  Halphen,  le  Comte  d'Anjou  ait  XI'  tiéete.  Paris,  a.  Picard,  i 
Iiiv-428  p.  (Ttiéac  de  doctorat  présentée  a  U  Faculté  des  lettres  de  Paris.) 


riHM:i:.  71 

ligne  et  surtout  de  la  Touraine  que  Foulque  N'orra  el  son  fils  onl 
frappé  leurs  coups  les  plus  décisifs;  mais  avec  leurs  BUtfM  fol* 
sins,  ils  onl  eu  une  politique  non  moins  arrêtée  :  l'histoire  de  leurs 
rapporls  avec  l'Aquitaine,  le  Vendômois  et  plus  encore  avec  le  Maine, 
où  ils  se  trouvèrent  aux  prises  avec  les  ducs  de  Normandie,  en  four- 
nil la  preuve.  C'est  par  la  que  se  continue  l'ouvrage. 

Après  avoir  ainsi  suivi  l'accroissement  territorial  du  comte  ange- 
vin, M.  Halphen  en  étudie  le  développement  interne.  Dans  un  cha- 
pitre sur  la  renaissance  intérieure  du  comté,  où  il  est  fait  un  très 
-!■  des  chartes,  il  trace  un  saisissant  tableau  de  la  prospé- 
rielle  de  l'Anjou  au  xi"  siècle,  de  la  construction  des  villes, 
châteaux  et  monastères.  Il  faul  placer  à  côte  immédiatement  le  cha- 
pitre sur  l'organisation  administrative  du  comté.  L'auteur  était  spé- 
cialement préparé  a  cette  élude  par  divcrB  articles  publiés  précé- 
demment. Il  nous  montre  les  restes  surannés  de  l'administration 
carolingienne  disparaissant  ou  s'adaplanl  aux  nouveaux  besoins 
iriisalion  administrative  nouvelle,  1res  rudimentaire,  mais 
plus  pratique,  se  développant  petit  a  petit,  pour  aboutir,  au  milieu 
du  h*  siècle,  à  la  constitution  des  grands  offices  féodaux,  pendant 
que  l'administration  locale,  qui  était,  au  début,  cuire  les  mains  des 
'tearil,  passe  peu  à  peu.  sous  Foulque  Nerra,  entre  celles  des  prévôts. 

Mais  l'analyse  la  plus  complète  devait  nécessairement  porter  sur  les 
fonctions  ou  attributions  du  comte,  et  c'est  ainsi  qu'il  nous  est  donné 
de  pénétrer,  à  l'aide  de  nombreux  exemples  heureusement  groupés, 
la  complexité  des  faits  historiques  :  toul  ce  qui  suit  n'en  est  que  le 
développement  en  quelque  sorte  logique.  L'autorité  absolue  d'un 
Foulque  Nerra,  —  dont  la  curieuse  figure  est  très  sobrement  esquissée 
a  grands  traits,  énergiques  et  expressifs,  —  déchoit  durant  la  lutte 
fratricide  entre  Geoffroi  le  Barbu  cl  Foulque  le  Rccbin,  et  en  face  du 
pouvoir  comtal  une  puissance  nouvelle  surgit,  celle  dus  barons. 
Celte  puissance  s'était  préparée  de  longue  date;  mais,  —  et  c'est  là 
un  (ail  qui  n'avait  pas  encore  été  signale,  —  c'est  au  cours  du  xi*  siècle 
qu'elle  avait  pu  se  constituer.  Oblige  d'élever  de  Lous  côtés  des  châ- 
teaux Torts  pour  appuyer  sa  politique  de  conquête,  le  comte  avait  diï 
lu  inféoder  à  des  vassaux,  qui,  encore  révocables  «d  nutum  au 
temps  de  Foulque  Nerra,  apparaissent,  dans  la  seconde  moitié  du 
II*  siècle,  comme  des  seigneurs  presque  indépendants,  ne  s'allianl 
qu'entre  eux  et  consli tuant  ainsi  une  haute  classe  de  barons  indociles 
et  dangereux,  contre  laquelle  Foulque  le  Recoin  et  ses  saoeasMora 
vont  avoir  à  soutenir  de  durs  combats.  La  politique  do  Foulque  le 
ttéchin  est  alors  présentée  avec  netteté  pour  la  première  fois  :  ce 
n'est  pas  un  soldat  sans  courage  et  sans  esprit  de  suite,  comme  le 


72 


BOLIETI*    HBTOmÇPE. 


vcul  encore  Miss  Kate  Norgale;  c'est  plutôt  un  prince,  parfois  apa- 
thique, qui  eut  à  lutter  sans  cesse  avec  de  sérieuses  difficultés  de 
gouvernement,  et  il  serait  injuste  de  le  juger  sur  les  données  frag- 
mentaires fournies  par  des  chroniqueurs  le  plus  souveul  malveil- 
lants. Enfin  l'ouvrage  s'achève  par  un  chapitre  relatif  au  nouveau 
caractère  que  revêt  l'autorité  comlale  sous  Foulque  le  Réchin;  la 
cour  du  comte  est  désormais  constituée  â  l'image  de  celle  du  roi,  et 
si  faible  que  le  comte  lui-même  puisse  paraître,  il  conserve  encore 
assez  d'éléments  de  force  et  de  puissance  pour  qu'on  puisse  prévoir 
la  défaite  des  barons  et  les  succès  que  l'avenir  réserve  à  la  maison 
angevine. 

Un  catalogue  d'actes,  qui  ne  comprend  pas  moins  de  323  numéros 
(sans  compter  les  actes  faux] ,  cinq  appendices,  dont  l'un,  considérable, 
sur  les  chartes  de  fondation  de  l'abbaye  de  Eleaulieu,  enfin  diverses 
pièces  justificatives  fort  bien  choisies,  dont  plusieurs  inédites,  ter- 
minent cet  excellent  livre. 

Une  minutieuse  critique  des  sources  angevines  a  précédé  ce 
travail,  qui  s'en  trouve  ainsi  plus  solidement  établi.  Dans  une 
Étude  sur  les  chroniques  des  comtes  d'Anjou  et  des  seigneurs  d'Am- 
boise\  M.  Halphen  a  recherché  à  l'aide  de  quels  éléments,  quand  et 
par  qui  ont  été  compilées  les  nombreuses  rédactions  des  Gesta  con- 
sulum  ainsi  que  des  Gesta  Ambaziensium  et  du  liber  de  composi- 
tions castri  Amb«ziae.  Ces  ouvrages  soûl  intimement  lies.  Les  Gmtit 
Ambaziensium  ont  été  composés  en  partie  à  l'aide  des  Gesta  c 
lum  Andeyavorum;  dans  le  Liber  de  compositione,  l'auteur  a  fait 
passer  toute  la  substance  de  la  préface  des  Gesta  consulum  Andega- 
vortan;  les  Gesta  Ambaziensium  et  le  Liber  enfin  ont,  à  leur  tour, 
été  exploités  par  les  redacLeurs  successifs  des  Gesta  consulum. 

L'ordre  de  composition  de  ces  diverses  chroniques  semble  élre  le 
suivant :  une  première  rédaction  des  Gesta  consulum  par  Thomas  de 
Loches,  puis  le  Liber  et  les  Gesta  Ambaziensium;  une  seconde 
rédaction  des  Gesta  par  Breton  d'Amboise;  enfin  une  troisième 
rédaction  par  Jean  de  Marraoutier.  Sans  doute  ces  résultais  ne  sont 
point  d'une  précision  absolument  rigoureuse.  Ce  ne  sont  pas  des 
certitudes,  mais  des  hypothèses  infiniment  plus  vraisemblables  que 
celles  jadis  émises  par  Manille. 

Mgr  Dodus,  évéque  de  Beauvais,  s'est  fait  depuis  une  vinglaim 
d'années  une  véritable  spécialité  des  questions  se  rattachant  li  l'his- 
toire de  l'Inquisition.  Dès  4886,  il  publiait  la  Practica  lnquisitio 
heretice  pravitatis  de  Bernard  Gui,  jusque-la  inédite.  Puis  ce  fui  une 

I.  Paria,  Champion,  in-S*,  64  p.  [Thesu  complémentaire  pour  le  doctorat.) 


rs*!*CE.  73 

Butte  d'arLicles  sur  les  hérétiques  dans  le  comté  de  Toulouse,  en 
ItmissillonetàNarhonne.  Enfin  il  a  donné,  en  dernier  lieu,  une  étude 
sur  la  procédure  inquisiloriale  au  iiv"  siècle,  et  surtout  un  recueil  en 
deux  volumes  de  documents  pour  servir  à  l'histoire  de  l'Inquisition 
dan*  le  Languedoc  au  un"  siècle,  publié  par  la  Société  de  l'Histoire 
de  France.  Le  nouvel  ouvrage  qu'il  vient  de  Taire  paraître  est  une 
"iule  d'ensemble  sur  l'Inquisition,  sur  ses  origines  et  sa  procé- 
dure'. 

La  première  partie  comprend  l'examen  des  diverses  opinions 
émises  pour  expliquer  l'inquisition,  c'est-à-dire  pour  expliquer  his- 
toriquement la  poursuite  des  héreLiques  non  par  deux  ou  trois  juges 
^gués,  comme  vers  1210  ou  12(5,  sur  un  point  isolé  du  territoire 
chrétien,  mais  par  celte  délégation  exceptionnelle  donnée  â  partir  de 
I23(  à  des  juges  en  nombre  et  bientôt  pour  la  plupart  des  contrées 
d'Europe,  terres  d'Empire,  royaumes  ou  grand  lief,  pour  Taire 
sïlio  kaeretiate pravitatis.  Ûu  est  la  raisoo  d'unecommission 
ique  qui,  sans  dénier  aux  évoques  la  qualité  de  juges  ordi- 
i,  s'exerçait  dans  les  diocèses,  conférait  à  l'inquisiteur  le  pou- 
e  plus  étendu  en  la  cause,  depuis  l'arrestation  jusqu'à  l'execu- 
Uon  de  la  sentence,  dans  un  ressort  do  plusieurs  diocèses,  sinon  de 
tout  un  pays,  et  avec  une  juridiction  universelle?  Pourquoi  celte 
délégation  d'exceptionnelle  qu'elle  était  jusque-là  devint-elle  perma- 
nente? La  première  explication  esL  que  !'InqiiisïlioD  aurait  été  établie 
pour  tirer  le  clergé  d'une  situation  désespérée.  C'est  la  théorie  de 
M.  Lea,  que  Mgr  Douais  repousse  avec  toute  apparence  de  raison. 
D'autres  explieaiions  procèdent  de  l'idée  du  «  péril  de  l'hérésie  »  au 
xm*  siècle  et  de  l'intérêt  religieux  qu'il  y  avait  à  l'exterminer.  Cu 
•  du  P.  Mortier  el  de  MM.  Zeller  cl  Tanon.  Une  troisième 
explication,  proposée  par  M.  Chénon,  consiste  à  représenter  l'In- 
Hiii-.niou  comme  le  terme  fatal  de  la  législation  ecclésiastique 
réglant  la  répression  de  l'hérésie.  Enfin  une  dernière  explication, 
•  la  situation  politique,  les  rapports  de  la  papauté  avec  Frédéric  11  », 
t-*t  celle  a  laquelle  s'arrête  Mgr  Douais.  Telle  est  la  première  partie 
du  volume.  L'exposé  manque  parfois  de  netteté;  mais  la  discus- 
sion est  habilement  menée  par  un  homme  qui  possède  admirable- 
ment bien  son  sujet,  et  si  la  conclusion  ne  nous  semble  pas 
(ait  aussi  certaine  que  souhaiterait  l'auteur,  néanmoins 
>us  contraints  de  louer  la  richesse  el  la  sûreté  de  son 


originet,  la  proeMun.  Piris,  Pion,   1306, 


74  BULLETIN    BfSTOHIyrE. 

information.  11  nous  semble  cependant  trop  sévère  pour  M.  Cli.-V. 
Langlois  et  pour  M.  l'abbé  Vacandard '. 

La  deuxième  partie  du  volume  est  tout  entière  occupée  par  un 
exposé  de  la  procédure  inquisiloriale  qui,  fait  par  un  spécialiste, 
offre  un  grand  intérêt  pour  l'élude  de  la  procédure  en  droit  cano- 
nique. Les  pièces  justificatives,  dont  le  «  Directoire  »  de  «  Raymond 
de  Penafort  »,  sont  en  général  empruntées  à  la  collection  Doat,  con- 
servée à  la  Bibliothèque  nationale.  Très  correctement  publiées,  elles 
complètent  utilement  celles  du  recueil  édité  pour  la  Société  de 
l'Histoire  de  France.  Ce  livre,  qui  a  les  allures  d'une  œuvre  de 
vulgarisation,  repose  donc  sur  un  fond  très  solide.  Nous  souhai- 
terions que  l'auteur  le  reprit  quelque  jour  avec  plus  de  développe- 
ment, pour  en  faire  un  livre  à  l'usage  exclusif  des  érudits,  en  se  ser- 
vant des  archives  dominicaines  qui  lui  seraient  certainement  ouvertes 
et  où,  nous  n'en  douions  point,  il  découvrirait  plus  d'un  document 
important. 

Encore  dans  le  domaine  de  l'histoire  de  l'Église  el  à  côté  du  volume 
précédent,  il  convient  de  placer  l'Histoire  de  la  Pragmatique  .Snric- 
tion  de  Bourges  sous  Chartes  Vil,  par  M.  Noël  Valois*.  C'est  la 
publication  de  102  pièces  relatives  à  la  Pragmatique,  tirées  en  général 
des  Archives  nationales  et  de  la  Bibliothèque  nationale,  mais  dont 
quelques-unes  aussi  sont  empruntées  aux  archives  du  Vatican,  aux 
bibliothèques  de  Bâle  el  de  Carpentras,  etc.  L'introduction,  fort 
développée,  a  une  très  grande  valeur.  Elle  est  divisée  en  quatre 
parties  :  le  régime  antérieur  à  \  438,  la  naissance  de  la  Pragmatique, 
son  application  et  enfin  les  nouveaux  projets  de  Concordat.  C'est  un 
aperçu  1res  vivant  et  fouille  des  relations  du  Saint-Siège  avec  les 
souverains  anglais  el  français  de  1418  à  (461.  On  y  voit  Charles  VII 
échouer,  malgré  les  meilleures  dispositions,  dans  ses  tentatives 
pour  fixer  les  rapports  de  la  France  avec  le  SainL-Siège.  Dès  1436,  le 
roi  prévoyait  que  l'Église  de  France  serait  amenée  à  régler  sa  situa- 
tion elle-même.  11  était  tellement  emporté  par  les  événements  qu'il 
ne  fit  rien  pour  empêcher  l'assemblée  de  Bourges  de  ratifier  la  plu- 
pari  des  mesures  prises  à  Bàle.  Son  action,  au  cours  de^  débats, 
s'était  même  fait  sentir,  autant  qu'on  peut  le  constater,  dans  un 

1.  M.  l'abbé  Vacandard  Tient  du  reste  de  publier  nri  pelil  litre  de  vulgarisa- 
lion  (l'inquisition,  élude  historique  el  critique  sur  le  pouvoir  cotreitif  de 
lÉgtUe.  Paris,  Bloud,  1907,  in-16,  xix-340  p.)  où  il  a  développé  ses  idées.  Ce 
volume  se  distingue  par  de  1res  grandes  qualités  de  clarté,  mais  il  est  loin, 
pour  le  fond,  de  valoir  celui  de  Mgr  Douais. 

2.  Paria,  Picard,  1906,  cxeii-ï88  p. 


FBAtlCR.  75 

&  défavorable  au  Saint-Siège.  II  déclara  que  les  décrets  de  réforme 
raient,  dès  ce  moment,  observés  dans  le  royaume  avec  les  modifi- 
ions volées  par  l'assemblée,  sans  que  cela  pût  être  considéré 
comme  une  atteinte  a  l'autorité  du  concile;  puis  comme  les  gens 
lui  avaient  aussi  rappelé  les  franchises  du  clergé,  il  ajouta 
que  son  intention  était  que  les  ecclésiastiques  pussent  jouir  en  Fronce 
■-  privilèges  qu'au  temps  de  saint  Louis  cl  de  Philippe  le 
ll'l    L'ordonnance  ou  plutôt  la  Pragmatique  Sanction   expédiée  à 
Bourges  le  7  juillet  1438  contenait  un  préambule,  dans  le  style 
familier  aux  orateurs  gallicans,  qui  accentuait  encore  le  caractère 
agressif  à  l'égard  du  Saint-Siège;  il  n'y  était  question  que  de  cupi- 
uainées,  depuis  qu'avait  été  mise  en  oubli  l'antique  disci- 
pline, de  bénéfices  tombés  aui  maius  d'étrangers  et  de  mercenaires, 
du  en lt.f   supprimé,  de  piété  attiédie,  d'édifices   ruinés,  d'écoles 
délaissées,  d'or  transporté  hors  du  royaume,  tous  abus  auxquels  les 
décrets  de  Bâle  semblaient  devoir  apporter  un  remède  nécessaire. 

L'expérience  de  l'application  amena  bien  des  déboires.  EUe  obligea 
notamment  a  constater  que  les  procès  entre  clercs  se  multipliaient  et 
que  l'ordonnance  de  1438,  de  la  manière  du  moins  dont  on  l'interpré- 
tait, ne  faisait  guère  qu'ajouter  une  complication  de  plus  aux 
relations,  déjà  si  embrouillées,  des  bénéficiera,  des  eollateurs,  du 
gouvernement  et  du  Saint-Siège.  Aussi  jusqu'à  la  fin  du  règne  de 
Charles  Vil,  bien  que  la  Pragmatique  fût  maintenue,  quoique  violée 
et  attaquée,  les  négociations,  si  patiemment  reprises  par  Eugène  IV 
V,  ne  cessèrent  presque  complètement  que  sous  Calixle  III 
et  Pie  II,  sans  que  les  papes  aient  renoncé  pour  cela  à  protester 
énerjiiqucmetit  contre  un  système  qu'ils  jugeaient  préjudiciable  a 
Leurs  intérêts  et  attentatoire  a  leur  a  magistrature  suprême  *. 

Si  toutes  les  négociations  échouèrent  du  vivant  de  Charles  VII,  ce 
nf  fut  pas  i|i.ti'  i'r  prince  fût  w  moins  du  monde  intransigeant, 
comme  on  l'a  dit,  mais  plutôt  parce  qu'habitué  à  en  prendre  à  son 
lise  avec  les  règles  de  la  Pragmatique,  il  n'éprouvait  pas  un  besoin 
urgeot  de  la  révoquer.  Il  y  voyait  un  moyen  commode  d'empècber 
'  de  la  cour  de  Rome,  quand  celle-ci  le  gênait,  et  une 
Maître  d'alléger  le*  Charges  d'un  royaume  appauvri.  Il  se  faisait 
une  large  part  dans  les  dépouilles  du  clergé  et  mettait  sa  conscience 
eu  paix  en  s'abrilant  derrière  l'autorité  du  concile  de  Baie. 

Cet  exposé,  présenté  de  la  f;«;on  la  plus  agréable  cl  la  plus  bril- 
lante par  l'historien  du  Grand  Schisme,  rend  celle  publication  de 
beaucoup  la  plus  intéressante  de  celles  qui  ont  paru  jusqu'ici  danB 
les  «  Archives  de  l'histoire  religieuse  de  la  France  ». 

Pli.  Lu: tu. 


tULLKTIN   HISTORIQUE. 


EPOQUE  MODERNE. 


{Suite  et  fin'.) 


II.  Histoire  religieuse.  —  L'Histoire  de  la  tolérance  religieuse  : 
évolution  d'un  principe  social,  par  M.  Amédée  Mitigkin1,  eut  rem- 
plie de  bonnes  inlenliotis.  Mais  les  meilleures  ne  sauraient  sup- 
pléer aux  lacunes  d'une  exégèse  qui  est  empruntée  presque  tout 
entière  à  Voltaire  et  à  Condorcet  et  d'une  sociologie  religieuse  qui 
dépasse  à  peine  le  niveau  de  la  philosophie  du  niii'  siècle.  Sur 
l'Islam,  l'auteur  parait  s'être  documenté  moins  encore  dans  l'Essai 
sur  les  mœurs  que  dans  Mahomet.  Ce  n'est  guère  que  pour  les  faits 
postérieurs  au  ivi'  siècle  que  son  érudition  devient  un  peu  plus 
solideJ.  Ce  livre  n'ajoute  donc  rien  d'essentiel  à  notre  connaissance 
historique  du  sujet.  Quanta  la  définition  de  l'intolérance,  où  M.  Mala- 
grin  voit  «  une  forme  de  l'individualisme  »,  elle  sera  difficilement 
acceplée  par  la  science  des  religions,  La  religion,  en  tant  que  fait 
social,  n'esl-elle  pas  au  coutraire,  suivant  la  formule  de  M.  Durkheim, 
une  contrainte  exercée  par  la  collectivité  sur  l'individu?  C'est  par  là 
même  qu'elle  est  intolérante;  et  contre  cette  contrainte  sociale  se 
dresse  la  protestation  de  l'individu,  d'abord  celle  de  l'hérétique,  de 
celui  qui  a  «  une  opinion  particulière  ■,  ensuite  celle  du  sceptique, 
de  celui  qui  proclame  la  nécessaire  relativité  de  toutes  les  opinions. 

Mettre  à  la  disposition  des  laïques  une  sorte  de  bref  manuel  do 
droit  canon,  les-  faire  pénétrer  dans  le  détail  de  l'organisation  de 
l'Église,  — et  des  Églises;  — leur  montrer  commenlcelte  organisation, 
rigide  en  apparence,  peut  s'adapter  aux  situations  les  plus  variées, 
tel  est  le  service  quo  rend  M.  André  Mater  par  son  livre  l'Église 
catholique,  sa  constitution,  son  administration*.  Droit  commun  et 
droit  coulumier  de  l'Église,  doctrine  de  la  societas  perfecta,  rôle  des 
laïques  dans  l'Église,  droit  d'association  dans  l'Église,  organisation 
paroissiale  :  toutes  ces  questions,  qui  présentent  actuellement  pour 

1.  Voir  lier,  km.,  1.  XCI1I,  p.  339. 

2.  Fischbacher,  1905,  in-8-,  447  p. 

3.  El  encore  !  p.  113,  les  placards  de  1534  attribués  à  Farel  ;  ils  sont  d'An- 
toine Marcourt.  P.  174  :  i  Henri  H,  ptui  cynique  que  son  pire,  ne  dédaignait 
pas  d'assister  lui-même  au*  suppliées...  >  François  1"  avait  fort  bien  assislé  i 
ceux  de  janvier  1535,  —  llien  sur  la  fameuse  consultation  des  évêques  en  1698. 
—  Pour  la  période  moderne.  c'esL  surtout  Jules  Simon  qui  partage  avec  les 
nWrjflflpMtlUl  le  rùle  d'apologiste  de  la  tolérance. 

1,  ,\.  Colin,  190G,  ïn-18,  iv-4fi1  p.  Index. 


France  un  intérêt  pratique,  sont  ici  étudiées,  sans  le  moindre 
parti  pris,  sur  le  terrain  de  l'histoire  el  de  la  géographie  politique. 
La  diversité  même  des  solutions  que  la  curie  a  trouvées  ou  acceptées 
pour  un  problème  identique  (depuis  le  <  parochialisme  =  quasi 
absolu  des  cantons  suisses  protestants  ou  de  ta  Prusse  jusqu'au 
«  cléricalisme  i  irlandais,  en  passant  par  les  diverses  formes  du 
trutteism  américain)  ne  permet  pas  de  douter  que  l'Église  de  Franco 
ne  réussisse  enfin  a  découvrir,  elle  aussi,  l'organisation  qui  lui 

ii  f-i  peu  d'institutions  de  l'ancien  régime  qui  soient  aussi  inté- 
ressantes que  les  assemblées  du  clergé  de  France,  seules  assemblées 
qui  survivent  au  triomphe  de  l'absolutisme  centralisateur,  à  la  dis- 

■ition  des  États  généraux.  Nées  de  la  nécessité  de  répartir  les 
■es,  elles  deviennent  permanentes  avec  les  décimes  elles-mêmes, 
contrat  de  Poissy  lie  étroitement  leur  existence  à  celle  des  rentes 
l'Hotel-de-Ville;  les  nouvelles  constitutions  de  rentes,  les  aliéna- 
tions leur  donnent  une  périodicité  qui  forme,  dans  le  désordre  admi- 
nistratif de  l'ancienne  France,  une  exception  éclatante.  Mais,  d'or- 
ganes financiers  qu'elles  sont  en  principe,  ces  assemblées  de  clercs 
deviennent,  par  la  force  des  choses,  des  assemblées  spirituelles  :  ce 
notera  se  marque  dés  Poissy.  Elles  sont  une  des  pièces 
essentielles  de  la  constitution  de  l'église  gallicane. 

M.  Louis  Si- mur1  ne  s'est  point  contenté  de  les  étudier  dans  le 
recueil  de  Duranthnn,  lequel  ne  reproduit  que  très  in  Fidèlement  la 
physionomie  des  assemblées;  il  a  dépouillé  les  procès- verbaux  eux- 
mêmes,  les  cartons  des  archives  du  clergé,  les  nombreux  traités 
composés  par  ordre  de  Ijolbert,  les  registres  de  la  nonciature.  11  a  pu 
ainsi  reconstituer,  pour  toute  la  durée  du  xti*  siècle,  le  mécanisme 
des  Uttfflblées.  le  rùle  des  «jndirs  ficiiiTaiix.  pui-  des  agents  (.'eue- 
raui,  des  bureaux  diocésains,  etc.  C'est  un  travail  complet,  que  l'on 
pourra  consulter  avec  confiance,  et  qu'enrichissent  de  nombreuses 
pièces  justificatives  (1573-lblo),  extraites  presque  loutes  (30  sur  82) 
des  archives  de  la  noneialure,  el  très  ïmporLanles  pour  l'histoire  de 
la  Ligue  et  de  la  conire-Kéformaliou*. 

Le  volume  IV  des  lettres  de  saint  François  de  Salea3  comprend 


t.  Ut  Auembtrci  du  clergé  île  France.  :  originel,  organisation,  <tée«topp»- 
.    t«t5.  »  Champion,  1906  (fait.  154  de  h  Btbt.de  VËc.itn  hauta 
•m),  ln-8%  110  p. 

1  Je    lignaient,  comme    pritMllDl    un    Intérêt    biographique,  lu   n"   XI 
«KiiMlinn»    contre   Uene   Benoit)   et   XXXI  (plainte*   mr  Pilma 

3.  Oujtm  dt  taini  Francoii  de  Saiti...  T.  XIV  :  LcUru,  tuI,  IV.  Ljon  el 


78  ICLLETIt    BISTOUQtn. 

208  lettres',  dont  plusieurs  inédiles,  qui  vont  d'avril  lf.08  à  la  fin 
de  1610.  Elles  sonL  donc  contemporaines  de  la  publication  de  17m- 
troduc/ton  â  la  vie  dérote1  et  de  la  fondation  de  la  Visitation;  elles 
montrent  le  saint  en  pleine  possession  de  ses  moyens,  a  l'heure 
où  il  savait  le  mieux,  comme  le  dit  H.  J.-J.  Nivitel  dans  sa  sobre 
préface,  «  montrer  agréahlementcommenlon  pouvait  allier  ensemble 
ces  deux  choses  tenues  jusqu'alors  comme  antipathiques  :  la  vie  de 
société  et  la  pratique  de  la  dévotion  >.  Il  y  est  question  des  tentatives 
faites  par  Henri  IV  pour  attirer  François  à  Paris,  du  rétablissement 
de  la  messe  dans  le  pays  de  Gex  et  de  son  audacieuse  traversée  de 
Genève.  Le  saint  y  donne  aux  conlroversistes,  sur  la  façon  dont  on 
doit  conférer  avec  les  Genevois,  des  conseils  où  la  prudente  suavité 
de  résèque  se  nuance  d'un  aristocratique  dédain  à  l'égard  de  ces  plé- 
béiens3. Félicitons  les  éditeurs  de  l'exacte  fidélité  avec  laquelle  ils 
s'acquittent  de  leur  lâche. 

Le  nouveau  volume  de  M.  I-'k'iet'  passe  eu  revue,  suivant  la 
méthode  chère  à  l'auteur,  les  docteurs  de  la  Faculté  de  théologie  de 
Paris  au  inf  siècle,  nicher,  le  grand  cardinal,  Retz,  de  Rancé,  sans 
parler  de  Jean  Boucher,  de  Cospéan,  de  Le  Camus,  de  Godefroi 
Hermanl,  d'Antoine  Arnauld,  de  Jacques  de  Sainte-Beuve,  d'isaac 
Habert,  c'en  est  assez  pour  que  l'on  entende  encore  l'écho  des  fureurs 
ligueuses  et  pour  que  crépite  le  feu  des  batailles  gallicanes,  jansé- 
nistes, quiélistes.  Inutile  de  dire  qu'il  ne  faut  pas  demander  à 
M.  F.  Fèret  de  garder  en  présence  des  hommes  et  des  choses  l'impas- 
sibilité de  l'historien  selon  la  formule  lucianesque*,  mais  il  faut  lui 

Pans,  Emmanuel  Ville,  1906,  in-8*,  viii-477  p.  Glossaire,  index,  labiés  de  con- 
cordance. Un  fac-similé. 

1.  Pin»,  en  appendice,  quelques  lettres  de  ses  correspondants. 

2.  Voy,  notamment,  p.  124,  la  lettre  a  Pierre  de  Villa». 

3.  Cnrieuse  minute  inédile  (p.  188)  du  17  août  1009  :  ne  pas  entrer  trop 
avant  dans  la  controverse  sur  les  versions,  car  le  peuple  pourrait  bien  demeu- 
rer i  plus  engagé  en  leur  parti  [des  ministres],  El  quand  je  dis  le  peuple,  je 
veux  dire  les  seigneurs  des  deux  Conseils,  qui  ne  sont  que  marchands  el  cer- 
tains gens  de  peu  ». 

4.  la  Faculté  de  théologie  de  Parti  et  ici  dacteurt  les  pliucélèbrei.  Époque 
moderne.  T.  IV  r  X  VIII- siècle.  Partie  littéraire.  Alphonse  Picard,  1906,  in-e>. 

5.  P.  1  :  i  Nous  avons  en  Edm.  Hrrber  une  célébrité  Je  roautais  aloi.  i  Les 
jansénistes  passent  aussi  quelques  mauvais  quarts  d'heure.  Quant  à  Ëlie 
Benoit  [p.  70).  n'a-l-il  pas  manifesté  c  une  certaine  humeur  de  sectaire  i  ?  En 
effet,  Il  se  plaignit  que  François  Véron,  curé  de  Cbarenlon.  fini  McitJ**  jui 
sermons  des  ministres,  «  cl  aussitôt  qu'il  les  a»oit  entendus,  il  roonloit  sur 
une  espèce  de  Ihéâlre,  élevé  snr  quelques  tréteaux  ft  la  porte  de  son  église,  où 
H  lachoil  de  les  réfuter  ■.  Il  était,  comme  chacun  sait,  loisible  aux  ministres 
d'en  Taire  autant, 


FJtlICK.  79 

oir  gré  de  l'étendue,  de  la  richesse  de  son  érudition,  de  l'astu- 
cieuse patience  avec  laquelle  il  a  pourchassé  les  moindres  lirochures 
et  découvert  chez,  les  bibliographes  au  moins  les  Litres  de  celles  qu'il 
n'a  pu  manier  lui-même.  Le  ivii*  siècle  exigera  encore  un  volume  : 
nous  avons  en  celui-ci  ubiquisLcs  et  sorbonnistes. 

Passons  à  l'une  des  victimes  de  M.  Fértt,  Godefroi  Hermant. 

H.  t'..wiMt  publie  les  t.  U (1653-1853]  et  111  (1656-1657)  des  Mémoires 
du  chanoine  de  Beauvais*.  Ce  serait  évidemment  dépasser  la  mesure 
que  de  prétendre  que  la  lecture  de  ces  deux  volumes  est  attrayante. 
Nous  n'avons  plus  la  patience  de  nous  intéresser  à  ces  arguties,  nous 
ne  nous  passionnons  plus  pour  les  véritables  *  potins  »  tbéologiques 
que  recueille  partout  l'écrivain  janséniste,  Son  indignation  con- 
tinue nous  fatigue.  Ce  qui  sort  des  mains  des  Jésuites  mérite  trop 
uniformément  chez  lui  les  épilhèles  d'  »  atroce  n  ou  d'  «  abomi- 
nable ».  VAtmanach  des  Pères  est  un  »  horrible  sacrilège  »,  tandis 
que  la  réponse  de  de  Sacj,  les  Enluminures,  est  «  une  ingénieuse  et 
innocente  raillerie  ».  Quant  à  la  riposte,  VEstritle  du  Pégase  jansé- 
niste, c'est  un  tissu  des  a  plus  infâmes  et  noires  calomnies  ».  Tou- 
jours est-il  qu'Hermant  nous  renseigne  sur  l'histoire  provinciale  du 
jansénisme,  et  en  particulier  sur  les  efforts  dirigés  par  les  Jésuites 
contre  l'indépendance  des  Universités".  Il  nous  montre,  —  et  cette 
révélation  ne  manque  point  de  piquant,  —  comment  des  évoques 
français,  et  qui  n'étaient  point  tout  à  fait  d'accord  avec  le  pape, 
finirent  par  être  obligés,  même  avant  l'établissement  de  l'infaillibi- 
hulilier  les  constitutions  romaines.  Il  nous  indique  aussi, 
bien  involontairement,  sur  quelle  pente  scabreuse  marchaient  les 
jansénistes,  —  la  pente  qui  mené  a  Charenton',  —  et  que  de  là  vint 
leur  faiblesse.  Il  nous  donne  quelques  détails  sur  la  publication  des 
PrwinciaUs*  et  sur  le  miracle,  ou  plutôt  les  miracles,  de  la  Sainte- 


1.  Mémoires  de  Godefroi  Hermant,  t.  11.  Pion,  1905,  in-8*,  7it  p.;  I.  III, 
iWe,  618  p.  An  début  du  I.  Il,  le»  coup,  i-xiv  (et  plue  loin  m)  du  livre  MM 
•ml  nu  (m  «.muni;  citations  leiluelle;  du  Journal  de  Saint-Amour. 

ï,  Particulièrement  Mlle  de  Caen. 

3.  P.  90,  entretien  de  Taignler  avec  Conrarl  et  déni  ministres.  —  Livre  XII, 
ebap.  v,  curieux  passage  »ur  l'altitude  de  Uaznrin  it  l'égard  des  huguenots.  — 
F.  tfl  do  t.  III,  proees-verbal  d'une  émeute  huguenote  4  lionlauban,  I65(j.  Si 
H  procès-verbal  est  Téridlque,  les  protestants  se  seraient  oopMéa  fU  la  >  io- 
Irntr  a  l'accomplissement  det  dernières  volontés  d'un  catholique. 

t.  I)  ail  étrange  et  rrgreltablc  qu'il  ne  soit  question  des  lettres  qu'A  partir 
d*  U  cinquième.  M.  Gatier  nous  apprend  qu'ensuite  tlrrmanl  a  pris  le  i>i ■■ . 
a  craignant  peut-être  une  destruction  totale  »,  de  les  reproduire  en  stjle  indi- 
rect dan* 


^^^m 


80  bcllktis  nisTomonit. 

Épine*.  L'éditeur  apporte  à  ces  deux  nouveaux  volumes  le  môme  soin 

qu'au  précédentî. 

Il  était  lemps  que  l'on  songeât  à  publier  les  nonciatures  de  France. 
C'est  ce  que  vient  d'entreprendre  lu  comité  des  Archives  rfr  l'hutoire 
religieuse.  11  a  confié  à  M.  Fbiiein  les  nonciatures  de  Clément  VII. 
Le  premier  volume  va  de  la  balai  lie  de  Pavie  au  lendemain  du  sac  de 
Borne1.  C'est  dire  que  l'intérêt  en  eat  surtout  diplomatique  et  poli- 
tique plus  que  proprement  religieux.  Il  y  est  question  de  l'état  du 
Saint-Siège  et  de  son  rôle  dans  la  péninsule  plutôt  que  des  pre- 
mières manifestations  de  la  Réforme  française',  qui  auront  leur  place 
dans  les  volumes  suivants.  M.  Fraikin  s'est  acquitté  de  sa  lâcbe 
d'éditeur  avec  un  zèle  des  plus  louables.  11  nous  donne  même  plus 
que  nous  n'étions  en  droit  d'attendre  de  lui.  Comme  Roberto 
Acciaiuoli  cumule  avec  ses  fonctions  de  nonce,  —  laïque  d'ailleurs,  — 
celles  de  représentant  de  Florence,  nous  avons  non  seulement  sa  cor- 
respondance avec  le  Saint-Siège,  mais  aussi  avec  les  Huit  de  Pratique 
et,  après  la  révolution  de  1527,  avec  les  Dix  de  Liberté.  De  même 


1.  H  fournil  même,  sans  s'en  douter,  de»  éléments  pour  la  critique  du  pre- 
mier de  ces  miracles  ([>.  75)  :  la  guérison  de  la  petite  Périer  est  visible  a  tous 
les  ynui,  et  cependant  certaines  religieuses  de  la  maison  l'ignoraient  encore 
quinze  jours  après, 

2.  Le  solécisme  de  la  p.  384,  l.  3  :  ■  Docteur  ea  droit  >  est-il  dans  le  ms.T 

3.  Archives  de  l'histoire  religieuse  de  la  France.  Nonciatures  de  France. 
ffinUfÉàm  de  Clément  Vil...  T.  I  :  Depuis  ta  bataille  de  l'avie  jh.v/uqu 
rappel  d  Acciaiuoli,  25  février  1525-juin  1527.  Alphonse  Picard,  1906,  ln-8*. 
uaxm-iSI  p.  L'éditeur  commence  a  Pavie,  parce  que  la  nonciature  d'Alèandre 
doit  être  publiée,  dans  la  même  collection,  par  J.  Paquier.  —  M.  Fraikin  donne 
ou  cite  (lorsqu'elles  ne  sont  pas  inédites)  225  pièces,  plus  14  en  appendice. 

4.  Dcui  documents  de  celle  nature  à  l'appendice  :  1'  un  bref  à  Louise  de 
Savoie,  du  SB  décembre  1525  (tic),  approuvant  l'arrestation  faite  à  Ljon  d'un  pré- 
dicateur luthérien.  Il  s'agit  sans  doute  (H.  Fraikin  aurait  dû  nous  en  avertir) 
de  Maigret  (vov.  Uerminjaril,  I,  309,  310,  316;  d'Argentré,  Collecilo,  II,  7M6; 
N.  Weiss,  Huit,  du  protestantisme  français,  année  1800,  |>.  245  et  suiv.J. 
Mais  alors  la  date  de  1525  doit  être  (quoi  qu'en  dise  Fraikin,  p.  398,  n.  3)  corri- 
gée en  1524  (il  ;  a  d'ailleurs  anno  secundo),  car  c'esl  le  17  décembre  1524 
que,  de  iiile.  de  Coci  annonce  &  Farel  l'arrestation  de  Maigret  à  Lyon,  el  c'est 
le  9  mars  1525  que  la  Sorbonne  le  condamne;  c'est  le  8  janvier  que  l'arche- 
vêque de  Lyon,  conformément  aui  dispositions  du  bref,  avait  commencé  les 
poursuites  contre  lui  et  nommé  pour  le  juger  deux,  docteurs  de  Paris  el  deux 
conseillers  au  Parlement.  Le  fait  que  le  bref  est  adressé  4  Louise  n'est  pas 
un  argument  contre  la  date  du  29  décembre  1524,  puisqu'elle  était  régente 
depuis  octobre.  Balan,  au  reste,  indique  la  date  exacte.  1'  Une  bulle  .un  évéques 
dp  Langres,  Mâcon  et  flayeui,  »  l'abbé  de  Saial-Médard  de  Soissou»  et  à  I  officiai 
de  Rouen,  25  janvier  I52T,  pour  conférer  4  eux-mêmes  el  *  trois  docteurs  do 
Sorbonne  le  pouvoir  de  juger  l'hérésie. 


S  avons  les  lettres  qu'il  écrit  à  Gambara,  envoyé  du  pape  auprès 
de  Henri  VIII. 

Evidemment,  ces  correspondances  ne  nous  révèlent,  sur  la  ligue  de 
Cognac  et  ses  diverses  métamorphoses,  rien  qui  ne  nous  fût  déjà 
connu.  Elles  mettent  en  lumière  cependant  la  faiblesse  hésitante  de 
Clément  VU  et  ;iussi  la  mollesse  de  François  1",  grand  parleur, 
grand  prometteur,  mais  plus  occupé  de  chasse  et  de  plaisirs  que  de 
politique  italienne  '.  Et  pourtant  une  idée  nouvelle,  èhauchee  contre 
nous  par  Jules  11,  revient  sans  eesse  dans  les  lettres  de  Rome  et  de 
France  :  l'idée  italienne,  le  salut  de  l'Italie,  la  liberté  de  l'Italie. 
H.  Kraikin  a  résumé  tout  cela  dans  une  solide  introduction1. 

A  coté  de  la  monumentale  encyclopédie  calvinienne  de  M.  Dnu- 
mergue,  il  y  avait  place  pour  un  petit  livre  sur  Calvin.  Celui  que 
M  ilossËBT  a  écrit  pour  la  collection  des  Grands  Écrivains  français 
est  une  monographie  exacte  et  suffisamment  complète'.  On  regrette 
de  n'y  pas  trouver  une  effigie  plus  vivante  du  réformateur,  ni  une 
détermination  plus  précise  de  ce  que  l'auteur  de  ['Institution  ippor- 
tait  de  nouveau  à  la  prose  française,  ni  on  exposé  assez  large  de  ce 
que  M.  Dossert  appelle  i  les  destinées  du  calvinisme  =',  â  savoir  le 
rule  du  calvinisme  dans  le  monde  et  son  évolution  ultérieure. 

III.  Bistoiu  i,irTB«iiHE.  —  La  thèse  de  M.  Pierre  Maimio,  l'Orient 
dans  la  littérature  française  au  XVII*  et  au  XVtlf'  siiete",  est  UD* 
cb&pilre  de  l'histoire  des  idées,  puisqu'elle  étudie  l'inlluence  exercée 

1.  Vojrz,  comme  document  capital,  la  lettre  d'Acciaiuali  a  Gambara.  de  Paris, 

I?  mai  lSÎ6(o'S13). 

7.  P.  txxiv,  I.  1  :  i  Robedanges  p,  lire  (comme  il  est  dit  ailleurs)  :  ■  Rabo- 
danges  ».  P.  38  :  t  La  reine-mère  »,  pour  :  •  Madame  >.  Le»  tuiles  sont  repro- 
duit* lire  une  «crapuleuse  fidélité.  Quelque»  heureuses  corrections  apportée»  i 
U  publlutitin  de  nesjardins. 

J  Cal-  in.  Hachette,  1906,  2î'i  p.,1  porlr.  — P.  Ï3  :  »  Mats  a  ta  tnéUe  époque 
Parti,  «1ère  d*  Le  Fètre,  disait  de  lui...  <•  Il  f.iul  lire  :  i  liais  Paret,  élérc  de 
L#  Fp  irr,  disait,  en  parlant  de  ce  que  Le  Fètre  faisait  A  la  même  époque...  s 
L'Importance  de  ratte  correction  n'échappera  à  personne;  car  il  s'agit  d'un  pas- 
sage où  hnl  tcui  prouter,  longtemps  après,  que  Le  Ferre  n'a  connu  que  Ire» 
incompl élément  la  traie  religion.  Je  comprends  d'autant  mains  le  lapsus  de 
H.  rJoaaert  que  la  phrase  de  Farel  est  au  plus-que-parfait.  P.  39  ;  i  Fran- 
çais 1"  [en  1533]  tiraillé  entre  deux  influences  contraires,  celle  de  sa  sœur  Mar- 
guerite qui  conseillait  la  clémence  et  celle  de  sa  mère  Louise  de  Saroie  qui  le 
peaimil  *  la  tyrannie.  ■  C'est  exagérer  l'apposition,  toute  politique,  que  Louise 
taisait  aux  idées  nouvelles,  p,  194  ,  l'Académie  caliinienne  ne  s'est  jamais 
appelée  t  Collège- Uniiertilé  >,  mais,  suivant  une  habitude  alors  très  répandue, 
1  Mie  et  Collège  ». 

ilnnj  trouva  ses  premiers  adhérents  dam  les  masses  populaires...  > 
C'est  trop  tsire  commencer  atec  Calrin  la  réforme  française. 

i.  Uaruetle.  1900,  lu-8",  37S  p.  [miei 

Hsv.  Huma.  XCIV.  1"  raja.  G 


83  BOLLBTm   HISTOBIQVE. 

par  la  découverte,  —  ou  plutôt  par  les  découvertes  successives,  — 
do  l'Orient  sur  la  pensée  Française.  Le  mot  Orient  est,  au  reste, 
entendu  ici  dans  son  sens  vaste  ;  Levant,  Inde,  Extrême-Orient;  nos 
aïeul  ne  faisaient  guère  de  ces  distinctions.  Écrit  avec  une  verve  juvé- 
nile, parlais  un  peu  fumeuse,  souvent  gâté  par  les  répétitious',  le 
livre  intéresse  et  passionne,  mais  il  manque  de  précision  et  ne  va 
pas  toujours  au  fond  des  choses,  ni  sur  les  origines  du  mouvement  qui 
poussa  les  Européens  vers  l'Orient",  ni  sur  le  rôle  de  I'  «  orienta- 
lisme *,  ni  sur  ce  que  les  philosophes  ont  pris  à  l'Orient. 

«  Comment  l'auteur  des  Pastorales  et  des  Lettres  galantes  a  pu 
être  aussi  celui  des  Entretient  sur  la  Pluralité  des  Mondes  et  de 
l'Histoire  îles  oracles  »,  tel  est  le  problème  que  pose  le  Fonlenetle  : 
l'humme,  l'œuvre,  l'influence3,  de  M.  Louis  M  u.,i«>\.  Je  crois  que 
l'auteur  de  ce  livre  fort  agréable  nous  aurait  rendu  plus  intelligible 
révolution  de  son  personnage  s'il  avait  apporté  à  l'étude  de  celte 
longue  vie  une  méthode  plus  chronologique.  Mais  séparer  les  unes 
des  autres  la  biographie  proprement  dite,  l'œuvre  littéraire,  l'œuvre 
philosophique,  l'œuvre  scientifique,  ce  n'était  pas  le  meilleur  moyen 
de  faire  voir  «  avec  netteté  comment  du  simple  bel  esprit  le  grand 
esprit  s'est  dégagé  par  une  ascension  lente,  mais  sûre  ».  Nous 
aurions  voulu  assister  à  celle  ascension.  Ce  spectacle  aurait  permis  à 
M.  Maigron  d'établir  plus  fortement,  après  d'autres,  que  l'auteur  in  l'or- 
luné  de  VAspar  est  devenu  «  l'introducteur  nalurel  du  xvin"  siècle  n 
et  que  «  Voltaire  et  Diderot  n'ont  pas  eu  de  précurseur  plus  authen- 
tique ». 

N'est-ce  pas,  en  vérité,  un  signe  des  temps  que  l'on  se  puisse  croire 
obligé  d'écrire  un  livre  pour  démontrer  celle  proposition,  que  nous 
avons  sucée  avec  le  lail  :  «  L'esprit  philosophique,  c'est  l'esprit  de  la 
Révolution  de  i'H'J  »?M.  Marius  Rodstin1  mené  cette  démonstration 
avec  aulanl  de  vigueur  que  d'esprit.  Il  concède  a  M.  Faguel  que  la 
Révolution  a  eu  lieu  parce  que  le  peuple  mourait  de  faim5;  mais  il 

1.  Le  plan  explique  ces  répétitions.  Dans  une  première  parti*  :  la  Connais- 
tiiitce  de  l'Orient  (voyagea,  commerce  et  colonies,  missions  religieuses,  orien- 
talisme, progrès  de  celle  connaissance;  c'est  surtout  ce  chapitre  qui  déflore  les 
suivants];  dans  une  seconde  :  l'Orient  dans  ta  littérature. 

2.  Le  sens  de  l'Orient  est  plus  développé  au  xvf  siècle  que  ne  le  dil  M.  Mar- 
lino.  Thevel,  Nicolas  de  KiooUf,  ilu  Fresoe-Canaye,  de  Beauteau,  etc.  témoignent 
d'une  réelle  et  souvent  intelligente  curiosité,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le 
Levant. 

3.  Pion,  1906,  in-8É,  iv-432  p. 

4.  La  Pkilasapkes  et  la  loçiéti  française  au  XVI II' siècle  {Annalei  de 
l'Université  de  Lyon,  l  11.  Fasc.  16).  Lyon,  A.  Rey,  et  Paris,  Picard,  1900. 
in-8",  455  p. 

5.  Il  tait  même  à  il.  Faguel  trop  de  concessions.  Les  cahiers  ont  souvent 


lai  objecte  aussitôt  que  n 


PBilTCE.  83 

r  de  faim  était,  pour  le  peuple  français, 
une  trié  vieille  habitude.  La  Révolution  a  eu  lieu  lorsque  le  peuple 
s'est  dit  que  sa  misère  avait  pour  origine,  non  pas  un  décret  immuable 
de  la  Providence,  mais  les  abus  du  régime,  et  que  ces  abus  pouvaient 
élre  corrigés.  Or,  ce  sont  les  philosophes  qui  ont  révèle  au  peuple  ces 
vérités  neuves  pour  lui.  M.  Roustan  montre  comment  leurs  idées  se 
sont  peu  à  peu  diffusées  à  travers  toutes  les  couches  sociales,  allant 
s'eiargissant,  —  et  «.'amincissant,  aussi,  —  à  mesure  qu'elles  descen- 
daient. Sujet  qui  n'est  pas  absolument  neuf,  puisque  Taine  avait 
dtfà  étudié  i  la  propagation  de  la  doctrine  »'.  Sujet  qui  réservait  à 
un  littérateur  comme  M.  Roustan  des  surprises,  —  el  des  décou- 
vertes, —  qu'une  éducation  historique  plus  complète  lui  eût  sans 
doute  épargnées9.  Somme  toute,  livre  intéressant,  qui  ne  fait  nulle 
part  a  l'idylle3,  qui  montre  très  bien  comment  se  posaient  dès  lors 
certaines  grandes  questions  sociales  *.  Kl  si  le  ton  en  est  quelque  peu 
polémique',  la  faute  n'en  est-elle  pas  à  ceux  qui,  les  premiers,  ont 
introduit  dans  l'histoire  du  iviii*  siècle  des  préoccupations  qui 
n'avaient  rien  de  scientifique .*  ? 


p  plus  de  porter  politique  «1  philosophique,  qu'un  ne  tout  noua  le  faire 
accroire.  Il  est  frai,  quanti  ou  rencontre  des  cahier*  ruraux  très  sérieux,  qu'on 
M  Mute  en  inventant  une  <  cabale  >  d'avocals  qui  aurait  envoyé  aux  nasem- 
.  lire»  îles  formulaires  tout  faits.  Dr  même,  on  nous  affirme,  de  cer- 
tain cité  que  l'instruction  primaire  était,  en  1789,  presque  aussi  répandue 
i)a'tujourd'liui,  el  en  même  temps  que  la  <  philosophie  i  ne  pouvait  exercer 
dVlkiu  sur  un  peuple  d'illettrés.  Il  faut  choisir. 

I.  Il  semble  qne  M.  Itniisi.ii),  Intimidé  par  les  foudres  d'excommunication 
majeure  qu'on  a  lancées  contre  Taine,  ail  eu  peur  de  s'en  sertir.  Il  le  nomme 
pour  ta  première  fols  en  noie,  p.  85.  Et  ensuite  H  prend  a  Taine  ce  que,  pré' 
oWaWSt,  Taine  •  de  plus  contestable,  a  savoir  ses  collections  de  petits  faiK 

.'  La  préparation  historique  est  éviilemint'ol  in  su  Misante.  Sagnac  (el  au  besoin 
Matai)  «UH  a  citer  sur  la  féodalité  en  1789.  —  Ecrire,  a  propos  de  l'importance 
des  cahiers  (p.  i\),  que  •  tout  le  monde  >  en  eunvienl,  c'est  ignorer  que  celte 
Importance  a  été  niée  vigoureusement.  —  On  doit  la  justice  a  tous,  même  A 
1.00 H  XV.  S'il  écrit  le  33  jsnvier  (p.  17)  ;  «  Il  y  a  des  nouvelles  de  Bavière  du 
1J  décembre,  et  je  ne  les  ai  pas  vues  >,  cela  ne  veut  pas  dire  que  le  souverain 
ett  •  resté  trois  semaines  sans  prendre  connaissance  des  nouvelles  de  la 
guerre  a.  Partit.'  de  Bavière  le  l'J  décembre,  ces  nouvelles  ne  faisaient  peut- 
être  que  d'arriver.  —  Est-il  utile  de  consacrer  un  chapitre  a  H-"  de  l'blteauroui 
pour  aboutir  (p.  BO)  à  cette  constatation  qu'on  ne  saurait  rien  dire  île  son  rôle 
J4111  le  mouvement  philosophique!  —  l.a  peinture  de  U  corruption  régnante 
est  banale. 

3,  Un  peu  d'exagération  en  sens  inverse.  Ici  l'influent*  de  Tnine  a  été 
f*ek*BM. 

t.  P.  337,  une  page  excellente  sur  la  situation  des  ouvriers. 

eut  la  conclusion. 

•  Uarmonlel,  ga»  de  Bart  »,  n'est-ce  pas  ■  Dort  »  qu'il  faut  lire* 
Il  j  *  quelque*  autres  faute*  d'Imprassiou.  —  P.  189,  je  crains  bien  que  1  au- 


84  BULLETIN  HISTORIQUE. 

Ce  que  H.  Edouard  Rod  appelle  V Affaire  J.-J.  Rousseau*,  C'est  la 
condamnation  par  le  petit  conseil  de  Genève  du  Contrat  social  et  de 
Y  Emile.  En  apparence,  ce  a  n'est  qu'un  épisode  dans  l'histoire  de  la 
vie  de  J.-J.  Rousseau  et  dans  celle  de  sa  ville  natale  •.  Hais  ce  qui 
donne  à  celte  anecdote  d'histoire  littéraire  une  valeur  et  une  portée 
générales,  c'est  qu'en  la  personne  de  Rousseau  étaient  violées  et  la 
liberté  d'écrire  et  la  légalité  genevoise;  que  l'intervention,  dans  le 
débat  entre  l'écrivain  et  la  cité  calviniste,  des  «  Représentants  », 
c'est-à-dire  du  parti  démocratique,  en  fit  une  «  affaire  •  politique, 
si  bien  «  qu'il  n'est  point  excessif  de  dire  que  la  condamnation 
à" Emile  et  du  Contrat  social  fut  l'incident  qui  provoqua  la  fin  du 
régime  oligarchique  dans  la  république  de  Genève,  peut-être  la  chute 
même  de  cette  république  »2.  On  peut  même  ajouter  que  ce  fut  une 
«  affaire  »  européenne,  l'une  des  plus  sérieuses  escarmouches,  avant 
la  grande  bataille  de  \  789,  où  se  soient  mesurés  l'esprit  conservateur 
et  l'esprit  révolutionnaire. 

C'est  de  ce  drame  que  H.  Rod  (en  s'appuyant  sur  les  manuscrits  de 
Neuchâtel,  de  Genève,  sur  les  archives  de  Coppet,  de  Bessinges,  etc.) 
a  résumé  les  péripéties  émouvantes.  Avec  ce  sens  psychologique 
affiné  qui  est  la  marque  de  son  talent,  il  nous  a  peint  les  hésitations, 
les  lassitudes  de  Rousseau  ;  le  grand  homme  est  entraîné  presque  de 
force  dans  la  mêlée  des  partis,  et  c'est  un  peu  malgré  lui  qu'il  devient 
leur  instrument  et  leur  symbole.  Les  Lettres  écrites  de  la  Montagne 
ne  sont  pas  exclusivement  son  œuvre  :  elles  résument  les  aspirations 
des  adversaires  de  l'oligarchie. 

M.  Rod,  par  un  scrupule  d'art  et  d'élégance,  semble  regretter  que 
Jean-Jacques  ait  joué  son  rôle  dans  cette  bataille.  Encore  qu'il  se 
défende  (p.  vin)  d'avoir  cherché  à  rapprocher  cet  épisode  de  certains 
a  événements  actuels  »,  ce  n'est  pas  exclusivement  à  l'adresse  des 
«  Représentants  »  que  furent  écrites  telles  pages  chagrines  contre  le 
pédantisrae  des  légalitaires3,  la  tendance  des  révolutionnaires  à  lou- 

teur  n'ait  brouillé  ses  fiches  :  M"*  du  Deffant  raille  le  nouveau  Parlement, 
c  Sur  ce  terrain,  Voltaire  était  un  allié...  »  Or,  Voltaire  est  pour  le  nouveau 
Parlement  11  aurait  fallu  écrire  :  c  Un  allié  pour  le  ministère.  » 

1.  Paris,  Perrin,  1906,  in-16,  xiv-359  p.,  2  portr. 

2.  P.  355  :  c  L'ancienne  république...,  dans  la  forme  mixte  et  théocratique 
qui  faisait  son  originalité,  était  morte  et  bien  morte.  L'affaire  Rousseau  l'avait 
tuée.  C'était  un  autre  État  qui  s'était  relevé  de  ses  ruines,  au  bord  du  même 
lac,  autour  du  même  clocher,  sous  la  garde  du  même  Salève...,  l'antique  répu- 
blique allait  devenir  un  canton.  »  —  Très  intéressante  reconstitution  du  milieu 
genevois  aui  ch.  i  et  m. 

3.  L'un  des  arguments  (et  il  est  plutôt  bizarre)  de  M.  Rod  contre  ceux  qui, 
en  ces  a  affaires  »,  se  préoccupent  de  la  question  de  légalité,  c'est  le  carac- 
tère exceptionnel  que  revêt  nécessairement  toute  •  affaire  ».  Il  y  avait,  assu- 


ruset. 

jours  tirer  la  couverture  a  soi,  l'imprudence  des  « 
rem  »,  des  passionnes  de  justice  qui  répètent  la  belle  et  décevante 
formule  :  Pereat  mondus!  —  M.  Kod  appartient  â  cette  phalange 
d'esprits  distingués  et  moroses  qui  voudraient  bien  le  triomphe  de 
la  vérité  et  de  la  justice,  mais  à  condition  qu'il  n'en  coulât  rien  à  la 
tranquillité  publique,  au  respect  des  traditions.  C'est  vouloir  que 
l'histoire  ne  soit  plus  l'histoire.  —  Il  est  1res  vrai  que  les  combattants 
De  «  se  réclament  dans  la  bataille  ...  de  ces  grandes  abstractions, 

il  lié,  justice  »,  que  ■  pour  les  mieux  fouler  auv  pieds  (Uoa 
la  victoire  ».  Mais,  s'il  était  étalement  vrai  que  ces  luttes,  *  engagées 
parfois,  à  l'origine,  pour  les  motifs  les  plus  honorables,  ...  n'abou- 
tissent qu'a  réduire  la  part,  déjà  si  modeste  dans  les  choses 
humaines  »,  de  ces  grandes  abstractions,  on  se  demande  ce  qu'il  en 
resterait  a  l'heure  présente.  Mn  dépit  des  apparences,  les  révolu- 
tionnaires genevois,  en  s'emparant  comme  d'un  drapeau  du  «  citoyen 

•  »,  travaillaient  au  progrès  de  l'humanité'. 

IV.  HrsiOlBB  DES  SCIENCES  ET  DE  L'jRT.  —   M.  Gabriel  MllESCUlL  DE 

Bit  vin  consacre  à  son  ancêtre,  Georges  .Mareschal,  premier  abfmrgJM 
du  grand  roi,  un  volume  ou  il  y  a  beaucoup  d'inutilités  et  de  choses 
mes,  soit  sur  l'histoire  même  de  la  communauté  de  Sainl- 
Gûme,  soit  sur  les  événements  poliliques  auxquels  la  chirurgie  (et 
particulièrement  la  phlébulomïe)  se  trouve  associée*.  Mars  le  rùle 
joué  par  Marescbal  dans  des  circonstances  décisives,  la  confiance 
qu'avait  en  lui  le  roi  font  de  sa  biographie  une  lecture  inléri,--.iii!r:i. 
D'un  intérêt  bien  plus  général  est  le  livre  de  M.  Paul  DsUBMl  sur 
U  Monde  médical ^  parisien  au  XVtfl*  nèc/fl\  Si  leplan  n'est  pas  ton- 

ri-mrnl.  i  peu  de  chances  qu'il  se  produisit  soûlent  des  livres  aussi  extraor- 
dinaire* i\a'Êatile  et  le  Contrat  »,  et  le  cas  Rousseau  i  ne  se  serait  pas  reproduit 
deui  foi*  en  un  siècle  ».  Mai*  c'e»l  en  luttant  contre  ces  illégalités  éclatante* 
qu'on  arme  a  réduire,  dans  la  vie  de  tous  les  jour»,  lu  part  de  l'illégalité.  Nous 
ne  umns  pas  tous  liclime*  d'une  monstrueuse  erreur  judiciaire:  mais  {sans 
parler  de  l'égoïsme  qu'il  y  aurait  4  ne  pat  se  préoccuper  d'un  mil  qui  ne  nous 
tnraair  pas  directement)  nous  avons  tous  intérêt  1  la  réforme  du  code  de  pro- 
cédure cl  d'instruction  criminelle.  L'agitation  i|ui  se  fait  nulour  d'une  victime 
illustre  usure  des  milliers  de  pauvres  diables. 

I.  P.  Î9*  :  *  La  légendaire,  retraite  des  patriciens  (lie .')...  i  —  Le»  (Mies 
cité*  |iar  M  Hod  sont  écrasants  pour  Voltaire,  qui  en  toute  celle  affaire-  ic 
montre  hainrui,  jaloux  el  perlide.  lias  et  hypocrite  (vojr.  nolamiuenl,  p.  13ti, 
lettre  i  François  Tronc  bin  du  H  janvier  1765). 

I.  Gtorytt  MarttcAat,  teiijneur  île  llierre.  cltirurglen  tt  con/idr*t  de 
U*tèXirti658-t735).  Pion,  1906,  io-B',  ui-eOOp.  Indei,  3  MHojT.it  15  gra». 

3.  Un  contusion  p.  8  le  tuteur  n'est  pas  nécessairement  ■  pris  parmi  les 
«nu  m*  i,  mail  choisi  par  les  éclievins. 

i.  Joies  Ronieet,  1906,  i  p.  Bibliographie,  indci,  gravure». 

La  Utrt  [«Mie  -.  <  Deuxième  édition,  revue  et  augmentée.  » 


SA  BCLLETI-i   tlISTORIQCE. 

jours  d'une  netteté  très  rigoureuse,  si  le  alyle  est  recherché  eL  inutile- 
ment  ■  littéraire  »,  si  la  succession  des  tableaux  vous  laisse  l'impres- 
sion fatigante  d'un  kaléidoscope,  l'érudition  très  riche,  très  informée  et 
très  sûre  de  M.  Delaunay  font  de  son  livre  un  recueil  inestimable.  L'en- 
seignement, les  habitudes  professionnelles,  les  théories  médicales, 
les  hommes,  —  médecins,  chirurgiens  et  charlatans,  sans  oublier 
clients  et  clientes,  —  la  presse  médicale,  toutes  les  faces  du  sujet 
sont  tourâ  tour  éclairées  d'une  vive  lumière.  Ce  qui  ressort  de  cette 
élude,  c'est  que  tous  les  progrès  scientifiques  se  sont  alors  produits 
en  dehors  de  la  «  très  salubre  »  Faculté  de  Paris.  Les  novateurs,  ce 
sont  des  docteurs  de  Montpellier  ou  quelquefois  d'une  minuscule 
université  provinciale  (Reims,  Ponl-à-Mousson  ou  Perpignan),  des 
professeurs  du  Jardin  du  Roi  ou  du  Collège  de  France,  de  simples 
chirurgiens,  des  étrangers.  Ce  n'est  pas  à  la  Faculté,  c'est  à  l'Aca- 
démie des  sciences,  à  la  Société  de  médecine,  à  l'Académie  de  chi- 
rurgie que  s'élaborent  les  idées  fécondes.  Aussi,  tout  en  partageant, 
à  l'égard  du  «  progrès  »  médical,  le  doux  scepticisme  de  l'auteur', 
faul-il  conclure  avec  lui  que,  sur  ce  terrain  comme  sur  les  autres, 
une  révolution  était  nécessaire'. 

Est-ce  dans  l'histoire  de  la  médecine  qu'il  faut  classer  le  livre  que 
M.  Henry  Tboiichi»  consacre  à  son  aïeul,  Tronehin-Esculapc3?  Évi- 
demment, puisque  l'élève  du  grand  Boerhaave  a  joui  d'une  réputa- 
tion européenne,  que  sur  l'hygiène  du  mouvement  et  de  l'alimenta- 
tion il  a  émis  des  vues  neuves  et  dont  plusieurs  ont  faîl  fortune', 
puisqu'il  a  soulevé  contre  lui  les  jalousies  et  les  colères  de  la  salu- 
berrime  Faculté.  Mais  Trouchin  n'a  rien  écrit;  du  moins  le  peu  qu'il 
a  écrit  n'a  pas,  il  s'en  faut,  contribué  à  sa  gloire.  Même  dans  la  pra- 
tique de  son  art,  il  n'est  pas  à  louer  de  tout  point,  et  il  y  avait  bien 


1.  Voy,  p.  233,  n.  I,  sur  la  saignée  :  «  Pour  paraître  très  moderne,  ou  par- 
lera d 'au lo-  intoxication  et  du  tissu  cellulaire  émonctoire,  tout  en  agissant 
comme  feu  le  docteur  Renard,  l'E»ciiUpe  du  Marais.  > 

2.  Voici  1»  principales  divisions  du  livre  :  études  et  profession  médicales, 
fo M lionii aires  et  médecins  de  cour,  médecins  et  chirurgiens,  eypridologistes, 
inoculation,  remèdes  secrpls,  médecins  bibliophiles  cl  naturalistes,  obstétrique, 
journalisme  médical. 

3.  fn  Médecin  du  XVill'  siècle  :  Théodore  Tronchin  (1703-17811,  d'après 
des  documents  inédits.  Paris,  Pion,  et  Génère,  Ktlndig,  1906,  in-8",  m-417  p. 
Un  portrait  en  héliogravure  et  de  nombreuses  pièces  justificatives. 

4.  Voy.  surlout  eh.  ri,  le  Médecin,  l'homme,  m,  l'Inoculation,  et  iv,  lu 
Maladresses  de  Tronchin.  Comme  tout  est  mode,  les  idées  de  Tronchin  sur 
l'hygiène  des  femmes  enceintes  (p.  1)3)  ne  sont  plus,  aux  dernières  nouvelles, 
la  vérité  thérapeutique,  tandis  que  sa  lellre  sur  le  régime  alimentaire  du  prince 
de  Prusse  (p.  57)  pourrait  èlro  signée  par  les  plus  célèbres  spécialistes  de  nos 
jours. 


fiuii;i.  S7 

une  pointe  de  vérité  dans  les  accusations  de  charlatanisme  dont  on 
l'accabla.  Mais  l'intérêt  du  livre  est  ailleurs.  Il  est  dans  ces  bizarres 
relations  de  Voltaire  avec  son  médecin,  dans  la  merveilleuse  agilité 
avec  laquelle  l'éternel  malade  exécute  les  plus  étonnantes  cabrioles 
d'esprit,  dans  le  mépris  tout  calviniste  que  le  médecin,  sou  devoir 
accompli,  témoigne  à  ce  vieui  comédien,  «  pour  qui  la  mort  est  le 
roi  des  èpouvantemenls  ».  Il  est  dans  ses  relations  orageuses  avec 
Jean-Jacques,  el  c'est  ainsi  que  M.  Henry  Tronchin  '  se  trouve  amené 
à  effleurer  le  sujet  dont  M.  Rod  a  tiré  son  livre.  C'est  surtout  avec  les 
archives  de  sa  famille  que  l'auteur  a  établi  un  volume,  dont  le  plan 
est  un  peu  llollanl,  mais  qui  est  riche  en  renseignements,  et  où  l'on 
i  le  plaisir  do  trouver  du  Voltaire  el  du  Diderot  inédit,  el  du  Rousseau 
tantôt  complètement  inédit,  tantôt  corrigé. 

Robert  de  Cotte,  élevé  de  .Iules- Ha  rdouin  Mansart,  puis  son  succes- 
seur comme  premier  architecte  du  roi,  n'a  pas  seulement  beaucoup 
construit.  Il  a  laissé  un  1res  grand  nombre  de  papiers,  plans,  des- 
sins, qui  ont  malheureuse  me  ni  été  disperses  entre  trois  départements 
de  la  Bibliothèque  nationale.  M.  Pierre  Marcel1  en  a  dressé  un 
Inventaire  complet,  —  de  886  numéros,  —  abondant  en  détails,  non 
seulement  sur  l'histoire  de  l'architecture,  mais  sur  bien  des  sujets 
d'bisloire  do  l'art  ou  d'histoire  économique3.  M.  Pierre  Marcel 
explique  dans  sa  préface  que  de  Colle  fut  un  des  apôtres  de  celle 
nouvelle  distribution  des  appartements,  plus  commode  et  plus  plai- 
sante, qui  caractérise  le  xvin"  siècle. 

V.  Histoire  Économe  de.  —  Nous  ne  signalons  sous  celte  rubrique 
que  deux  travaux  généraux,  carc'est  de  plus  en  plus  dans  les  œuvres 
d'histoire  locale  que  s'élabore  l'histoire  économique. 

Ecrire,  à  l'heure  actuelle,  une  Hixtoire  du  travail  et  des  travail- 
leur* paraîtrait  à  tous  les  spécialistes  une  entreprise  prématurée, 
-  même  en  restreignant  celle  entreprise  à  la  France  et  aux  temps 
postérieurs  au  mi*  siècle.  —  Il  est,  malgré  tout,  heureux  que  des 
non  spécialistes,  moins  timides,  fournissent  de  temps  en  temps  au 

•  "Irmu-tmi.  ,|||  l'auteur  (]>.  75),  n'avait  d  ailleurs  rien  de  sectaire.  ■  Celte 
h  patuite  où  ce  médecin  conseille  »  son  Dis  de  se  conduire  e 
i  de»  philtMophca  comme  on  se  «induit  a  l'égard  de  la  pesle  :  .  Argu- 
i   i  Mttn   II   |>e»t*T  Non,  buis  doute,  on  la  (tait,  o  Et  <]ue  failet-TOu* 
rtiierèï  —  p.  93  ;   <  De»  Lutèce*  •.  lisez  ;  •  De»  Lucrèce».  >  P.  324, 
turbire  emploi  .i'iiu  Infinitif  ;  <  On  courre  le  cerf.  . 

1.  Doramrnl,  rtlatl/t  à  l'histoire  dr  farchiieclurt  franfalir.  /nirn'rijrv  dej 
papirrt  ntanitKTtU  du  cabinet  <lr  Hnhrrt  dt  Coiir...  (1656-17351  e'  de  Julti- 
Hoberl  de  Oottu  i  Î6S3-  ITtil ',...  H.  Champion,  1906,  ln-8',  ixx-168  p.  Index. 

!.  BUMI  Sjinl-Maur.  du  Centre,  Trium  .In  toierie»,  egiiul».  Manufacture 
4rt  jUcm.  do»  Qobelu».  Mémoire  cous  la  la  ni  l'état  alarmant  du  commerce 
ISS»),  Incarnlles.  Eaui  minérale»,  etc. 


wm^km 


88  BULLETIN  HISTORIQUE. 

grand  public  un  résumé  rapide  et  facilement  lisible  des  travaux  de 
détail  accumulés  sur  ces  questions. 

On  n'étonnera  personne  en  disant  que  le  résumé  de  M.  Pierre 
Brisson1  est  très  éloigné  de  la  perfection.  Les  travailleurs  de  la  terre 
n'y  occupent  qu'une  place  restreinte.  Les  divisions  chronologiques  y 
sont  insuffisamment  précises2.  Et,  si  près  d'une  moitié  du  volume 
est  consacrée  au  xue  siècle,  l'analyse  des  nouveaux  phénomènes 
économiques  reste  très  vague.  Les  passages  relatifs  à  l'histoire  de  la 
technique  se  bornent  trop  souvent  à  une  simple  énumération  de 
machines  ou  de  procédés  d'inventions  dont  nous  n'apercevons  pas 
les  répercussions  sociales3.  H.  Brisson  s'est  imprudemment  aven- 
turé, à  la  suite  de  d'Avenel,  sur  le  terrain  monétaire,  et  ses  excursions 
n'y  ont  pas  toujours  été  heureuses4.  Malgré  tout,  son  petit  livre  peu! 
servir  à  attirer  l'attention  sur  ces  matières  trop  négligées5. 

Les  érudites  et  piquantes  notices  que  M.  Alfred  Frahklix  a  semeés 
dans  ses  volumes  sur  la  Vie  privée  d'autrefois  devaient  tout  naturelle- 
ment s'ordonner  un  jour  ou  l'autre  en  un  lexique.  Le  Dictionnaire* 

1.  Delagra?e,  [1906],  in-12,  538  p.,  fig. 

2.  P.  35  :  la  Misère  des  apprentis,  qui  est  du  xvni*  siècle,  et  la  Farce  du 
cousturier  ont  l'air  de  se  placer  sur  le  même  plan  chronologique.  Le  en.  v, 
sur  la  réYolution  économique  du  xvi*  siècle,  après  des  chapitres  où  il  a  été 
parlé  du  xviii*.  Même  imprécision  dans  le  choix  des  gravures.  Si  l'idée  d'éclai- 
rer par  des  documents  graphiques  l'histoire  du  travail,  si  le  choix  des  deux 
recueils  consultés  (Jost  Amman  et  Y  Encyclopédie)  est  très  louable,  il  est  beau- 
coup trop  restreint.  M.  Brisson,  qui  nous  parle  (p.  9)  des  vitraux  de  Chartres, 
aurait  pu  leur  faire  des  emprunts.  Des  planches  du  xvi*  siècle  ne  nous 
apprennent  rien  sur  les  corporations  du  xiu*.  Et  que  dire  de  ces  teinturiers 
de  l'Encyclopédie  (p.  16),  à  côté  d'un  texte  d'Estienne  Boileaul 

3.  Sur  la  géographie  industrielle  en  1789,  il  aurait  fallu  souligner  le  carac- 
tère de  dispersion  relative  de  l'industrie  et  les  faits  qui  amènent  un  commen- 
cement de  concentration  :  ports,  combustible  végétal,  mines,  routes  royales. 

4.  P.  233,  M.  Brisson  me  fait  dire  que  les  typographes  lyonnais  gagnaient 
c  cinq  francs  de  nos  jours,  sans  tenir  compte  du  pouvoir  d'achat  de  l'ar- 
gent »,  soit  c  vingt  francs  actuels  >.  Si  M.  Brisson  veut  bien  se  reporter  à  la 
p.  185  de  mes  Ouvriers,  il  verra  que  j'ai  tenu  compte  du  pouvoir  de  l'argent 
(il  s'agit  de  l'équivalent  en  blé  du  salaire  nominal).  Je  ne  plaide  pas  les  cir- 
constances atténuantes  pour  une  conjecture  aventureuse  (et  je  crois  d'ailleurs 
même  ce  chiffre  de  cinq  francs  exagéré),  mais  je  n'ai  jamais  parlé  de  vingt 
francs. 

5.  P.  30  :  c  Un  quatrième  degré  occupé  par  les  jurés.  >  Il  s'agit  d'un  échelon 
que  tous  les  maîtres  purent  gravir.  —  P.  49,  compagnonnage  :  insuffisant  sur  le 
rôle  économique  de  l'institution.  —  P.  208,  contre-sens  sur  le  mot  c  fief  ».  — 
P.  260,  les  Anglais  n'ont  pas  attendu  la  fin  du  xvm*  siècle  pour  apprécier  le 
claret.  —  P.  261,  à  signaler  l'invasion  des  emblavures  par  la  vigne  dès  le  début 
du  xvi"  siècle;  c'est  une  plainte  générale  alors. 

6.  Dictionnaire  historique  des  arts,  métiers  et  professions  exercés  dans 
Paris  depuis  le  XIW  siècle.  Paris  et  Leipzig,  Welter,  1906,  in-8*,  xxvi-856  p. 


rinMi:.  89 

rédigé  avec  amour  par  l'aimable  et  savant  conservateur  honoraire  de 
Il  Mazarine  nous  permet,  comme  le  dit  dans  la  préface  M.  Levasseur, 
de  faire  >  un  voyage  â  travers  les  âges  daus  la  vie  intime  du  peuple 
parisien  >■  ' .  Mais  il  faut  avoir  le  courage  d'ajouler  que  ce  n'est  pas 
encore  le  répertoire  alphabétique  (peul-étre,  au  reste,  impossible  à 
établir  h  l'beure  actuelle)  où  Tbislorien  économiste  pourra  se  docu- 
menter en  toute  sùrelé. 

La  première  observation  â  laquelle  m'obli«e  le  souci  de  la  vérité, 
e.Y.-i  que,  i\  l'érudilion  de  M.  Franklin  est  étendue,  elle  est  quelque 
pu  défraîchie1,  lin  second  lieu,  le  Dictionnaire  des  métiers  de 
Paru  n'est  pas  assez,  exclusivement  parisien,  et  plusieurs  articles  ne 
sont  pas  ici  à  leur  place3.  Sur  l'histoire  même  de  l'organisation  du 
travail,  M.  Kranklin  me  semble  dominé  par  un  préjugé  favorable  a 
l'institution  corporative'.  Il  ne  tient  pas  compte  des  métiers  libres, 

1.  Les  articles  extraits  intégralement  de  la  Vie  privée  sont  précédés  d'un 
Uteriique. 

2.  M.  Franklin  ne  connaît  d'autre  édition  du  Livre  des  mi-tiers  que  celle  de 
Depping,  d'antres  tramai  sur  les  monnaies  que  ceux  de  de  Wailly,  lie  loule  la 
lillerature  Uislorim-économique  de  ces  dit  dernières  années,  il  ignore  tout,  et, 
dût-on  me  reprocher  d'être  •  orfèvre  t,  je  ne  puis  l.iire  que  celle  omission 
est  regrettable. 

3.  Que  fait  ici  un  article,  nécessairement  incomplet,  sur  les  Mineurs?  De» 
détails  donne»  à  Animaux  ferocei  (où  voisinent,  en  un  désordre  étrange, 
Henri  III.  Henri  IV,  C  lia  rie  magne,  Louis  IX  et  Louis  Xlll]  quelq  lies-  uns  n'in- 
lemteut  que  Itieppe  (cf.   Bateinei).  A  Sabotiers,  une  anecdote   lyonnaise  de 

..iliiliimnalre,  donc  doublement  étrangères,  l'objet  du  dictionnaire. 
■■MtJMl  relatives  *  des  t  professions  •  ou  i  tondions  i,  non  a  des 
■  métier*  •  :  Àneyfuri  de  loillet,  Cliampart,  QuarUnters. 

1  CbomOretant  :  les  seuls  textes  cites  sanl  de  1583.  1073,  1743;  or.  l'on 
pouvait  trouver  do  deuils  1res  abondants  dès  le  iv'  siècle  Confréries  ;  deti- 
■iliun  beaucoup  trop  étroite.  On  postule  trop  aisément  l'identité  confrérie  = 
métier;  Il  aurait  fallu  remonter  jusqu'au  nv*  et  non  au  xvc  siècle.  Itien  de 
bien  net  sur  le  <  droit  de  boutique  >;  par  suite,  rien  sur  l'évolution  qui,  dans 
beaucoup  de  métiers  libres,  rapproche  de  plus  en  plus  la  confrérie  de  la 
jurande  Rien  non  plu»  sur  le  rôle  de  plus  en  plus  effacé  des  compagnons,  sur 
la  fondation  de  confréries  de  compagnon»,  leurs  luttes  avec  les  confréries  des 
maître*.  A  Ouvriers  :  ■  L'élection  [de»  jurés]  se  faisait  au  suffrage  universel. 
maître»  et  ouvrier*  réunis.  >  Cela  peut  avoir  été  vrai  a  une  certaine  date;  mais 
ennnrrr  crtt*  formule  sans  parler  de»  modlBcntioai  postérieure*  qui  ont  fait  de 
la  communauté  de  métier  une  oligarchie  patronale,  c'est  fausser  l'histoire. 
Créée*  ;  article  beaucoup  trop  court  et  qui  ne  remonte  pas  au  delà  du 
xvu*  siècle;  ce  qui  pourrait  laisser  croire  que  l'ancienne  organisation  corpora- 
tive ignorait  le»  conDiii.  Compagnonnage  :  11.  Franklin  y  toit  i  une  première 
•Itetile  portée  au  principe  île  confraternité  sur  lequel  reposaient  les  corpora- 
<> cap»  seulement  du  stage  Imposé  i  (ouvrier  entre  l'apprentissage 
«t  la  mallrlie.  Quant  t  l'institution  même  du  compagnonnage.,  il  ne  donne  sur 
«lie,  t  L'nfanli  de  maître  Jacques  et  m  Devoirs,  que  de»  détail»  sans  intérêt. 


apemAmmt  ai  nom,  atee  «Paris1.  A  prtjpea  «fa  fe 
■Kroeri'.  il  faudrait  parier  de  km  tau»  antre  le»  ■ 
qui  aat  Uni  de  Ui  «cape  les  Étals  H  la  PiriecDeoU'  C'est  llrâ- 
teire  de  cet  fnfamoot  qai  bit  le  mieux  eaetyrendre  csBaenl  ses 
t»Ma«M  lasaen  urginiiif  eaMomtaue.  U  eoid—l—  de  (ont  cela, 
«'«et  <fM  l'entreprise  tentée  par  M.  Franklin  nert  pas  de  celles  qa*nn 
borna»  seul  pause  mener  à  bien*.  Le Dietjommwérr  n'en  reste  pas 
SMtas  comme  le  snoomeol  d  un  patient  et  bborieu  «tort.  J'ai 
peoié  qne  le  critiooer  de  près  était  encore  U  neOloore  fan»  de  lai 


M.  Hmaau  r*on*a»i«.  —  M.  Pierre  Bot*  s'est  donné  pour  sujet 
d'étude  Ut  Abeitia.  la  cire  rt  U  miel  em  Lonme  jmeqt'à  lu  fm  dm 
XVI If  ritcU*.  Coauneat  les  diligentes  ouvrières  furent  — »— ï»*»f 
pur  le  droit  feodal  tantôt  aa  trésor  eaebé,  tantôt  à  repaie  sans 


■  ya,a*lsa 

H  UlUtt  «écrire  le  n 

Im  Asie»   tdlt  de  mon  1673  tt  de  mars  1691  :  pMrsjatd  pat  cm  de  1581  et 

ont 

2.  Rmt  des  mercier»,  très  insuffisant  sur  les  mesures  prises  par  Frasvçoi*  I~. 

3.  »(**  même  'Uwu«e  étoananle  son»  la  plane  de  l'aateor;  sur  u  lilterstore 
ipêciale  mi  mercier*,  tôt  l'organisation  sécrète  des  <  Caesmes  ». 

4.  Voici  maintenant  ose  «rie  de  menues  critiques,  destinées  à  Montrer  i 
H.  P.  avee  quel  soin  et  quel  intérêt  j'ai  dépouillé  son  livre.  Apothicaires  : 
citer  'lur  le  quiproquo)  le»  tiatlieui  d'ordures  de  1609  et  le  Cahier  des  car- 
font  apothicaires  de  ICI)  (pourtant  publié  par  H.  G.  Picot;,  si  important  pour 
l'bl'tolre  de  l'oligarchie  capitaliste.  Jeter  :  citer  M  on  Libres  tien  Affichage  : 
npfflH  I'*  placards  de  li3i.  Automates  :  au  lieu  de  ci/cmafci,  lire  aflontiitel 
rlioi  Puretière.  Banquier;  très  insuffisant.  CaAi«etf  !d  aoatomie]  :  i  propos  de 
celai  de  H"'  Hibcron.  rappeler  Diderot  qui  en  parle,  no  tara  oient  dans  se»  lettres 
1  Catherine  II.  Value  de  Foui  y  .*  Turgot  est  oublié.  Carrossiers  ;  parler  de  la 
concession  faite  par  Henri  IV  a.  H"  de  Bueil  et  procès  qui  s'entui firent.  Col- 
portaçe,  colporteurs  :  i  mu  (Usant.  Chaudronniers  ;  anachronisme  étrange, 
Cbarle*  Vil  i  plut  d'un  demi-siècle  aprèi  ■  le  Téméraire.  Commission  du 
commerce  :  citer  Champollion  et.  k  Conseil,  Boonas.»ieui.  A  coté  de  com- 
pagnei,  noter  la  forme  compagnonnei.  Drapeaux  :  manque  le  sens  primitif 
de  vieux  draps.  Drap*  d'or  et  de  aie  :  il  ne  fallait  pat  dire,  puisqu'on  sortait 
de  Pari»,  que  la  fabrique  de  Tours  disparaît  au  m"  siècle  (très  prospère  sous 
Richelieu),  ni  passer  «ont  silence  les  deui  créations  successive»  et  jusqu'à 
l'eiltleuce  de  celle  de  Lyon.  Draps  (noms  divers  donnés  au»)  :  il  manque  drap 
île  meunier  Enfant*  rouge*  :  pas  U  date  de  création.  Poseurs  :  une  histoire 
du  a  pavé  >  plutôt  que  des  ■  paveurs  i,  sur  lesquels  Delamarre  est  cependant 
riche.  Holeun  (de  tabac),  nuis  rien  sur  les  rôteuri  (compagnonnage),  servantes  : 
noter  le  «™»  a  ouvrières  n.  Soie*  :  saute  de  1470  à  1582.  Inspecteurs  :  il 
manque  :  •  Inspecteurs  de  la  librairie  t, 

B,  Ptrlt-Naucv,  Iterger-Levrault,  1906,  in-8-,  108  p. 


FR1XCE.  91 

maître;  comment  se  constitua,  au  profil  des  seigneurs,  le  droit 
faMihpi,  exercé  par  des  officiers  spéciaux,  maitret  des  movchettes 
ou  briseur»  juré*  ;  avec  quelle  lenteur  progressa  la  technique  apicole; 
ijut'lli.-  place  tenait  le  miel  aui  époques  où  le  sucre  était  une  denrée 
de  luxe,  la  cire  en  un  temps  où  le  luminaire  était  rare;  comment  le 
pitumt  de  redevances  en  cire  pour  franchises  et  sauvegardes  créa 
une  bourgeoisie  de  cire,  telles  sont  les  questions  variées,  d'économie 
rustique,  de  droit,  d'histoire  sociale  que  M-  Boyé  passe  en  revue, 
sans  parler  même  de  quelques  pages  consacrées  au  rôle  joué  par  les 
abeilles  dans  le  folk-lore  lorrain. 

La  ville  d'Épernay  était  au  m*  siècle  une  bien  petite  ville,  dont 
l'incendie  de  (544  réduisit  encore  l'importance.  Elle  ne  possédait  pas 
\fc.  incurie,  c'est-à-dire  que  la  compétence  de  l'assemblée  des  habi- 
tants était  peu  étendue.  Cependant,  les  registres  municipaux  ' ,  publiés 
avec  autant  de  soin  érudil a  que  de  somptuosité  par  MM.  II.  Ciumkiv 
nt:  Uhulms  et  H.  Bertil,  présentent  un  réel  intérêt  pour  l'histoire 
économique.  Les  deux  éditeurs  ont  accompagné  leur  publication  d'un 
exposé  de  l'évolution  d'Epernay,  la  lente  conquête  du  terroir  par  la 
vigne,  qui  lutte  d'abord  contre  la  forêt  vers  les  crêtes  et  contre  le 
marais  de  la  Marne,  puis  contre  le  blé;  d'un  résumé  démographique 
où  s'inscrivent  les  conséquences  des  événements  politiques  et  des 
changements  économiques;  d'une  élude  sur  les  historiens  d'Éper- 
nay, et,  en  particulier,  sur  Berlin  du  Rocherel,  type  assez  amusant 
de  robin  de  petite  ville,  parlementaire,  libertin  et  franc-maçon3. 
Cette  publication,  qui  sera  continuée,  peut  être  donnée  comme 
modèle  aux  érudits  locaux  ', 

Les  historiens  du  xvr  siècle  ont  consacré  quelques  pages  à  la 
révolte  de  la  gabelle  de  1548-1549.  Mais,  éblouis  par  les  scènes  tra- 

.  .Source*  de  l'hiitoire  d'Éptrnay.  t"  série,  t  t  :  Archiva  muntcipalt.\ 
dÊpernay  (XVt  ùècltj.  H.  Leclerc,  1906,  in-8',  xcvt-448  p.  Index,  12  pi.  et 
—  Les  registres  publiés  vont  de  1540  A  1570.  La  térie  prochaine  ne  com- 
mencera qu'en  1819,  el  une  nouvelle  lacune  la  coope  malheureusement  en 
1639,  Les  auteurs  donneront  ensuite  (non  plus  In  extenso,  mais  sous  forme  de 
raltndan,  aiec  reproduction  de  documents  type*)  les  archives  ecclésiastiques, 
pais  celle»  des  seigneurie  et  juridiction  (les  plus  riches  en  données  écono- 
mique*). 

!.  l.rs  manchette!  marginales  permettent  de  se  reconnaître  facilement  au 
milieu  de.  délibérations.  P.  xxxv  :  t  De  15S0  *  1554  i,  ne  faut-il  pas  lire  : 
•  De  IfiSO*  «654  .T 

3.  Aui  pièce*,  des  document*  sur  l'histoire  de  la  maçonnerie,  comme  sur 
l'histoire  des  luttes  parlementaires, 

4.  L'affaire  du  maître  d'école  Nieol  Calhier,  nommé  le  3  juillet  1553,  révo- 
qué le  19  novembre  1553,  et  contre  lequel  (avec  trois  préires)  les  religieux  et 
la  ville  Inlcutenl  un  procès  on  1554,  ne  sent-elle  point  le  fagot? 


92  BULLETIN  HISTOIIQUE. 

giques  dont  Bordeaux  fut  le  théâtre,  ils  ont  négligé  les  débuts  de  l'in- 
surrection, qui  commence  au  printemps  de  4548  dans  l'Angoumois 
et  la  Sainlonge,  c'est-à-dire  au  voisinage  des  marais  salants.  M.  S.-G. 
Gigo*  a  repris  le  sujet  dans  son  ensemble1.  Certes  M.  Gigon  n'est 
pas  absolument  rompu  aux  méthodes  historiques,  il  ne  cite  pas,  il 
ignore  peut-être  des  prédécesseurs  qui  auraient  pu  le  renseigner  sur 
des  points  spéciaux1;  il  indique  insuffisamment  même  les  sources 
originales3  sur  lesquelles  on  voit  qu'il  a  travaillé,  et  si  ses  recherches 
à  la  Bibliothèque  nationale  paraissent  avoir  été  complètes,  on  est  en 
droit  de  se  demander  s'il  a  épuisé  les  fonds  provinciaux,  en  particu- 
lier celui  du  parlement  de  Guyenne.  Ces  défauts  n'empêchent  pas  son 
travail   d'être  extrêmement  précieux  :  il  est  complètement  neuf, 
nous  le  disions  tout  à  l'heure,  en  ce  qui  concerne  les  débuts;  il 
montre  que  la  révolte  fut  géographiquemenl  très  étendue-,  politique- 
ment, ce  ne  fût  pas  un  simple  soulèvement  dirigé  contre  quelques 
gabelous  trop  exigeants,  mais  bien  une  insurrection  populaire,  une 
sorte  de  fédération  révolutionnaire  des  communes  rurales,  avec  des 
chefs  et  un  programme.  La  correspondance  du  «  colonel  de  Guyenne  »4, 
—  lettres  écrites  «  de  par  le  commung  populaire  »,  —  est  à  cet  égard 
des  plus  significatives,  et  les  réclamations  présentées  par  les  com- 
munes d'Angoumois  au  roi5  sont  un  véritable  cahier  de  doléances  où 
Ton  réclame  non  pas  seulement  la  réduction  de  la  gabelle,  «  taxe  en 
horreur  »  au  peuple,  mais  la  réforme  des  tailles,  la  suppression  de 
la  vénalité,  la  réforme  de  la  gendarmerie,  etc.  Dans  l'ensemble, 
l'insurrection  reste  loyaliste.  Cependant,  sur  les  relations  de  quelques 
chefs,  —  particulièrement  des  chefs  bordelais,  —  avec  l'Angleterre, 
il  y  a  dans  la  correspondance  de  de  Selves6  des  probabilités  un  peu 
plus  fortes  que  ne  semble  l'admettre  M.  Gigon.  11  émet  la  très  vrai- 
semblable hypothèse  que  la  révolte  d'abord,  la  répression  ensuite, 
ont  dû  favoriser  en  Guyenne  la  diffusion  du  calvinisme.  —  Nous  en 

1.  Contribution  à  l'histoire  de  l'impôt  sous  V ancien  régime.  La  révolte  de 
la  gabelle  en  Guyenne,  l548-i540.  H.  Champion,  1906,  in-8%  ix-298  p.  Appen- 
dice et  58  pièces  justificatives,  carte. 

2.  MM.  Dupont-Ferrier,  par  exemple,  et  Boissonnade. 

3.  La  liste  en  est  bien  donnée  au  début,  mais  sans  qu'on  nous  renseigne  sur 
leur  importance. 

4.  Voy.  aux  Pièces  justificatives,  nM  1 ,  4  :  ordre  d'insurrection  adressé  aux 
paroisses  par  le  «  coronel  de  la  commune  de  Guyenne  »  ;  n*  2  :  réponse  (obéis- 
sante) des  habitants  de  Guêtres;  n*  8  :  sommation  du  capitaine  Tallemagne  au 
capitaine  de  Blaye. 

5.  Pièce  6,  p.  230. 

6.  Voy.  p.  146  la  lettre  citée  par  M.  Gigon  lui-même  :  tout  ce  que  l'on  peut 
dire,  c'est  qu'il  n'y  eut  pas  proprement  un  complot. 


FIU1CB.  93 

avons  dit  assez  pour  qu'on  voie  l'intérêt  que  présente  ce  travail1. 
M.  RMUOtT  ub  Heauchoi  a  suivi  l'exemple  de  ces  batailleurs 

,-  qui,  la  vieillesse  venue,  l'arquebuse  pendue  au  croc,  con- 
taient n  leurs  entants  les  prouesses  de  leurs  aïeux.  S'il  y  a  dans  ses 
Souvenirs  luieedotiques  et  historiques  d'anciermes  familles  champe- 
noise* et  bourguignonnes  (il75-i'JOÔ)3  bien  de  l'inuUlc  et  du  déjà 
vu1,  on  n'y  lira  pas  sans  plaisir  des  notes  sur  la  Révolution  dans  le 
Chàtillonnais,  sur  l'Ile  de  Bourbon,  sur  l'influence  française  au 
Mexique  après  (830;  un  journal,  tenu  par  des  enfants,  de  l'occupa- 
tion prussienne  à  Blois,  document  d'une  simplicité  et  d'une  vivacité 

i    étude  sur  le  rôle  joué  par  le  père  de  l'auteur  comme 

intendant  militaire  île  la  garde  nationale  parisienne  pendant  le  siège, 

histoire  d'un  honnête-  homme  qui,  mal  soutenu  par  des  ministres 

faibles,  a  peine  a  défendre  les  biens  les  plus  sacrés  contre  l'âprelé 

Hissa  et  contre  le  gaspillage. 

Le  procès  de  Claude  de  La  Vallée,  prévôt  gruyer  de  C.lerinonl-en- 

.  poursuivi  en  1535  en  Lorraine,  appelant  eu  1537  au  Par- 
lement de  Paris,  posait  la  grave  question  des  frontières  entre  lu 
royaume  cl  l'Empire.  C'est  pourquoi  il  a  servi  à  MM.  Henri  9nn  Bt 
Léon  Le  Gu«'  de  prélexle  pour  étudier  ce  problème  depuis  ses 

jusqu'à  sa  solution,  depuis  le  traité  de  Verdun  jusqu'à  la 

ii  Clermontoiaà  ta  France.  En  fait,  le  conflit  do  juridiction 
né  de  l'affaire  La  Vallée  resta  lié  à  l'histoire  de  la  frontière  jusqu'eu 
1651.  On  verra,  en  parcourant  les  abondantes  pièces  réunies  par  les 
ilfiix  auteurs*,  combien  les  concepts  de  souveraineté  et  de  frontière 

gués  et  HoUants  avant  le  milieu  du  xvii"  siècle".  C'est  seu- 

.  politique  de  Louis  XIV  qui  leur  donnera  quelque  clarté. 

M.  Kieioekusz,  alors  qu'il  était  titulaire  de  1a  chaire  d'histoire  de 

Bourgogne  a  l'Université  de  Dijon,  avait  eu  l'excellente  idée  de  faire 


1.  P.  Î19,  »ur  feutrée  ilu  connétable  *  Bordeaux,  il  »ufllt,  pour  leter  toute 
dilheulté,  do  remplacer  dans  le  texte  de  de  Ttiou  .  îxbrei  t  par  <  vui™  t,  — 
Li  leiirr  de  George  Cobhau  [pleee  17,  p,  ItS]  a  été  copiée  par  quelqu'un  qui 
ae  uvail  pas  l'anglais.  —  Je  ne  vois  poiul  que  M.  t.'.iuun  ait  fait  usage  de» 
Çalendart. 
î.  Pion.  ISOS,  ln-8-,  013  p.  Indei. 

3.  NoUrnmcnl  un  rétamé  des  Mémoire*  du  baron  Hue. 
I.  la  Frontière  dArgunne  (Si316S9j.   Procès   de  Claude  de   lu    VaUée 
.  ftlpb.  Picard,  1905,  ia-8-,  VIU-6Î6  p.  Index,  mais  pas  de  lable  dei 
cJiaptlm. 

lairéle  I  li  p  B3.  i  et  pièce*  it3*S-l7ï8)  vont  de  95  à  309.  — 
F.  36,  n*  4,  intéressants  détails  sur  la  dtlluaton  de  l'iuilrurliuu  dans  les  c.un- 
p*4M*  au  xvi*  tiède. 

UtL,  t.  JtC,  p.  363  (ex 


i  traduire  de  M.  Orermannj. 


■'  ■■.  -  .!..'•  uiunographiet  ratatina  .1  la  Bétonne  Bl  m  la 
LigitB  «a  Boutttwne*.  Deux  seulement  de  ces  monographies  ont 
paru  :  celle  Jv  M.  Vihp  sur  le  présideDl  Bcgat,  l'auteur  des  célèbres 
Itnmmtrmmu  de  1503  contre  l'édit  d'Amboise  et  le  commentateur 
d«  la  Nilnr  <U  Bourgogne;  celle  de  M.  Galmicub  sur  Baillel  de 
Yau^reiiant.  lui  aussi  président  au  Parlement,  mais  d'une  espèce 
particulière  :  «  conseiller  gendarmé  »,  disait  Tavaues,  gouverneur 
J>  Sainl -Jwtn-de-Losne,  et  l'un  des  chefs  du  parti  catholique  roya- 
liste dans  la  province.  Ces  deux  travaux  sont  des  mémoires  de 
licence.  *  l'.'est  reconnaître  d'avance  que  des  reproches  pourront 
leur  être  adressés  «.comme  le  dit  M.  K  Ici  nclausz  dans  une  préface  qui 
n'a,  elle-même,  la  prétention  que  d'être  une  vue  très  générale*.  Le 
travail  de  M.  Viard  ne  manque  pas  de  solidité,  mais  il  est  plus  inté- 
ressant sur  Bégal  jurisconsulte  que  sur  Bégat  ligueur*.  Celui  de 
M.  Galmiche  est  plus  mince;  l'auteur  n'a  étudié  que  superficiellement 


1.  Eluda  iur  ta  Réforme  et  les  guerre»  de  religion  en  Bourgogne,  I™  série: 
te  Président  Bégal.  Le  président  B/iitlet  de  Vaugrenant,  par  MM.  Viard  et 
Ùalroiche,  arec  Que  préface  de  M.  Kleinclausz,  professeur  .1  l'Université  <le 
Lyon.  Dijon  et  Paria,  1905.  io-S*,  188  p.  {t.  XV,  n-  4.  de  la  Arrue  bourgui- 
gnonne). On  remarquera  que  le  tiire  [«rie  :  «  I"  série,  1  Mais  la  préface,  qui 
semble  promettre  d'autres  étndes,  eal  datée,  non  de  Dijon,  mais  de  Lyon.  Nous 
touchons  l,i  au  TÎce  congénital  des  chaires  créées  dans  les  Universités  par  lés 
corps  locaux  :  les  titulaires  ne  pouvant  recevoir  de  promotions  sur  les  fonds  de 
l'Étal,  le  souci  légitime  de  leurs  intérêts  leur  fait  considérer  comme  un  simple 
passage  ce  qui  devrait  être  un  établissement  durable.  Une  seule  dérogation,  à 
ma  connaissance,  est  apportée  *  ce  principe,  el  précisément  en  faveur  de  la 
aenle  Université  qui  n'en  avait  pas  besoin  :  sa  richesse  lui  permet  de  promou- 
voir sur  ses  ressources  propres  ses  titulaires  de  chaires  locales,  el  il  n'est 
pas  A  craindre  qu'ils  la  quittent.  Lu  pratique  suivie  partout  ailleurs  rend  très 
précaire  el  très  restreinte  l'ai  lion  sdcQtUqiifl  des  Universités. 

2.  Est-ce  par  ironie  que  M.  Kleiiiclausï  écrit  (p.  5)  que  le  <  souvenir...  du 
rflle  de  Clolilde  servit  A  les  préserver  [les  Bourguignons]  des  atteintes  de 
l'tiérfem  1?  D'ailleurs,  l'hislnire  des  débuts  de  la  Réforme  en  Bourgogne  est 
plus  importante  que  ne  semble  le  dira  ici  l'auteur.  Il  se  place  trop  au  point 
de  vue  de  15641  pour  juger  de  ce  qui  pricMo,  l'u  - !<•[  'il il f einenl .  même  rapide, 
de  l'Inventaire  des  archives  communales  de  Dijon  ne  permet  pas  de  considérer 
comme  une  quantité  négligeable  la  Réforme  bourguignonne,  et  M.  Viard  lui- 
même  montre  (p.  40)  que,  sans  l'effort  de  Bégat  et  de  quelques  autres,  la  pro- 
vince courait  grand  risque  d'être  infectée  pai  l'hnTnrin  —  P,  14  :  1  Dans  le 
Morvan,  la  place  de  Flavigny  ;  t  11  serait  plus  exact  de  dire  :  aux  portes  du 
Morvan,  car  Flavigny  est  nettement  en  Auiois. 

3.  Aux  Pièces  juslificalives,  nous  aurions  aimé  trouver  une  réimpression  an 
moins  partielle  desffentonifruncei.  M.  Viard  ne  s'est  pas  demandé  de  qui  pou- 
vait être  lApohijie  qui  répondit  a  Bégat.  Les  épreuves  ont  été  insuffisamment 
corrigées  :  dates  fantaisistes  d'une  édition  (1555,  p.  25,  n'  1)  el  de  l'ouvrage  de 
Saint-Julien  de  Balleurc  (p.  11,  n'  5). 


FRilCE.  95 

le  rôle  de  ce  capitaine,  qui  semble  bien  avoir  semé  la  discorde  dans 
son  propre  parti. 

Ce  n'est  jamais  sans  tristesse  qu'on  lit  un  livre  intéressant,  qui  a 
coûté  a  son  auteur  de  patient*  travaux,  où  l'on  trouve  de  forl  bonnes 
choses,  et  auquel  il  n'a  manqué,  pour  être  un  bon  livre,  qu'une 
méthode  plus  saine,  des  connaissances  bibliographiques  plus  éten- 
dues et  plus  précises,  plus  de  rigueur  scientifique.  H.  de  Bbjuomt, 
avant  d'écrire  ses  deui  volumes  sur  le  XVI*  tiède  et  les  guerres  de 
lu  Réforme  en  Berry',  s'est  installé  dans  les  archives  locales  et  à  la 
Bibliothèque  nationale,  il  a  dépouillé  un  très  grand  nombre  de  pla- 
quettes. Mais  son  ignorance  presque  totale  de  la  littérature  du  sujet 
l'amène  à  commettre  des  erreurs1,  à  réédiler  des  textes  déjà  con- 
nus1. Au  lieu  de  faire  la  critique  des  principales  sources  qu'il 
toiploie*,  il  a  préfère  les  fondre  en  un  récit  continu,  sans  tenir 
compte  de  leurs  discordances. 

^.n)  livre  contient  deux  parties  bien  distinctes  :  une  description  de 
ce  qu'était  le  Berry  à  l'époque  vers  laquelle  la  Réforme  s'y  pro- 
pagea; une  narration  des  guerres  religieuses.  On  trouvera  dans  la 
première  beaucoup  de  détails  précieux5,  mais  les  faits  essentiels  ne 
sont  pas  toujours  aperçus'';  les  détails  épars,  notamment  en  matière 
économique,  ne  sont  pas  réunis  en  une  synthèse1,  les  dates  ne  sont 
pas  suffisamment  distinguées8.  Sur  les  guerres  elles-mêmes,  c'est  un 

1  Alpb.  Pîurd,  1906,  ia-8'.  v-170  «l  *7-t  p.  tue  héliogravure  (le  -liège  de 
Bourges  en  [503,  sans  autre  indication  d'origine  que  le  nom  d'André  Tbevel). 

2.  Il  parait  Ignorer  jusqu'à  l'eilslenac  du  Bulletin  du  prolatantisme  fron- 
çait. J]ui  lui  aurait  cependant  fourni  Uni  de  détails,  Il  donne,  I.  Il,  p.  19,  celle 
référence  :  ArchtPalitchë  Btilrayrn  (sic), sans  nom  d'auteur;  il  s'agit  il  Ebeliog. 
Sur  la  riialilc  de  de  Beaune  et  d'Èpinic,  il  ignore  le  livre  de  11.  Richard. 

X,  p.  58  et  151,  sur  Colin,  le  prieur  de  Sainl-Ambroix,  il  ne  connaît  pas  le 
livre  et  le*  appendice*  de  H.  Bourrillj. 

4.  Pas  de  bibliographie  au  début.  A  peine,  de  lemps  en  temps,  queiquea 
noies  critiques  singulièrement  imprécise»,  au  bas  .les  pages.  Les  références 

-    il   noie  qu'en  Berry,  comme  ailleurs,  la  propagande   reformée  se 
fera,  surtout  au  début,  dans  les  métiers  de  la  laine. 

5.  C'cil  dans  Une  note  de  la  p.  M  que  se  dissimule,  comme  dénué  d 'impor- 
tance, le  fait  capital  de  la  diffusion  de  la  librairie  et  de  l'introduction  de 
i'unpnnierif.  Presque  rien  sur  Marguerite  (p.  40-17),  trop  peu  de  choses  sur 
Il  nivernil*. 

7.  Il  éaumère  atec  soin  les  ramilles  de  la  province,  mais  il  faut  glaner  de  ci 
■la  la  pour  >e  taire  d'après  lui  une  idée  de  la  situation  de  la  noblesse, 

8.  Par  exemple,  sur  les  métiers.  P.  t07,  un  texte  très  intéressant  sur  ta 
a  conduite  des  compagnons  >  est  inutilisable,  parce  qu'il  est  donné  sans  date 
ni  référence.  Si  c'est  nu  telle  déjà  donné  par  Mojer,  Compagnannag*  à 
Bourges,  p.  18.  il  est  de  1583.  et,  par  conséquent,  n'a  rien  a  Toir  dans  nn  élal 
do  Me»}  au  début  du  xvi'  siècle. 


aaaBaBal 


96  BULLETIN  HISTORIQUE. 

récit  assez  complet,  où  il  y  a  même  trop  de  choses  qui  ne  concernent 
pas  cette  province,  si  importante  pour  l'histoire  de  la  Réforme.  On  y 
trouve  de  nouveaux  éléments  pour  l'étude  de  cet  irritant  problème, 
dont  on  n'aperçoit  pas  la  solution  :  comment  se  fait-il  que  les  mêmes 
classes  où  la  Réforme  trouva  ses  premiers  et,  d'abord,  ses  plus 
nombreux  adhérents  soient  aussi  celles  où  se  recruta  la  Ligue?  On 
ne  peut  reprocher  à  H.  de  Brimont  d'avoir  laissé  cette  question  sans 
réponse,  mais  on  doit  regretter  qu'ayant  ouvert  son  livre  par  une 
étude  sur  le  Berry  avant  la  Réforme,  il  ait  passé  si  vite  sur  le  Berry 
après  les  guerres  de  religion,  et  plus  vite  encore  sur  l'application  de 
l'Édit  dans  cette  province  où  il  y  avait  encore  tant  de  réformés1. 

On  cherche  donc  vainement  une  conclusion  à  cet  estimable  livre 
qui,  entre  autres  mérites,  a  celui  d'une  suffisante  impartialité1. 

M.  F.  Belin  poursuit  sa  savante  Histoire  de  l'ancienne  Université 
de  Provence3.  Son  nouveau  volume,  appuyé  comme  le  précédent  sur 
une  documentation  de  premier  ordre4,  va  de  4679  à  4730,  c'est-à- 
dire  qu'il  expose  comment,  d'abord  dans  l'ordre  du  droit,  puis  dans 
celui  de  la  médecine,  le  pouvoir  royal  (en  l'espèce  le  chancelier) 
absorbe  complètement  l'ancienne  autonomie  universitaire  et  réduit 
l'Université  à  n'être  plus  qu'une  fabrique  de  praticiens.  Son  livre  est 
surtout  l'histoire  de  la  résistance  opposée  par  les  docteurs  à  la  cen- 
tralisation unitaire,  et  ces  luttes  y  tiennent  plus  de  place  que  l'en- 
seignement lui-même5. 

Depuis  que  s'est  arrêtée,  —  dès  son  début,  —  la  publication  offi- 
cielle des  mémoires  des  intendants  de  4698,  plusieurs  de  ces 
mémoires  ont  heureusement  été  édités  par  des  érudits  provinciaux. 
11  faut  avouer  que  celui  de  Le  Vayer  sur  la  généralité  de  Moulins 

1.  P.  46,  Michel  d'Arande,  expulsé  de  la  cathédrale  en  1523;  en  réalité, 
comme  il  est  dit  p.  132,  c'est  en  1524  ;  l'année  précédente,  il  avait  eu,  au  con- 
traire, un  grand  succès.  —  P.  134,  Marguerite  d'Angouléme,  la  pis  que  morte, 
est  ainsi  décrite  :  «  Débordante  de  vie,  correspondant  si  bien  par  ses  goûts  aux 
habitudes  sensuelles  de  son  siècle...  >  Qu'en  pense  M.  Abel  Lefranc?  et  M.  de 
Brimont  n'a-t-il  pas  confondu  la  Marguerite  des  princesses  et  la  grosse  Margot? 
—  P.  313,  je  ne  vois  pas  qu'on  puisse  raconter  bout  à  bout,  comme  du  même 
ordre,  les  gestes  de  «  Madame  la  cardinale  de  Ghâtillon  »  et  ceux  de  la  très 
catholique  Mac  de  Tavanes. —  T.  II,  p.  il,  pourquoi  la  mort  de  du  Jon  (entre 
1563  et  1565,  probablement  1564)  est-elle  racontée  arec  les  événements  de 
1570?  —  T.  II,  p.  18,  sur  quelles  preuves  s'appuie  l'auteur  pour  affirmer 
que,  dès  avant  les  noces  navarraises,  Catherine  avait  décidé  l'assassinat  de 
Coligny  ? 

2.  L'auteur  est  quelque  peu  crédule.  Il  raconte,  en  faisant  valoir  le  nombre 
des  témoins,  le  miracle  du  sang  de  Jeanne  de  France. 

3.  Alph.  Picard,  1905,  in-8%  xix-338  p.  Index. 

4.  Les  Pièces  justificatives,  à  elles  seules,  remplissent  les  p.  199-317. 

5.  P.  54,  n.  1,  c  l'air  de  Jean  Levert  »,  corriger  en  c  Jean  de  Vert  ». 


FBi<ICE.  97 

s  des  plus  Intéressants*.  Ni  sur  les  diversités  géographiques 
géofaltté  [qui  comprend,  outre  le  Bourbonnais,  le  Nivernais, 
'Lies de  Morvan,  d'Auvergne,  de  Marche),  ni  sur  les  religion- 
mires  (nombreux  a  Aubusson),  ni  sur  les  conditions  économiques1 
il  ne  nous  apprend  rien  d'essentiel.  M.  Pierre  Fuuknt  a  d'ailleurs 
accru,  grâce  à  des  notes  précises*,  la  valeur  de  ce  tenu:,  d'une  séche- 
resse tout  administrative. 

Deux  bons  travaux  sur  l'histoire  économique  provinciale  du 
ivin"  siècle  :  les  Subsistances  m  Bourgogne  et  particulièrement  â 
Dijon  a  la  fin  du  XVIII'  siècle  (4774-4789),  par  M.  P.-E.  Gibod», 
urne  de  la  corvée  en  Bretagne  au  XVIII'  siècle,  par 
M.  J.  [.ET*c(mocï\  travaux  éclos  dans  les  a  séminaires  »  de  deux 
Universités.  J'ai  quelque  scrupule  à  dire  du  premier  tout  le  bien  que 
Jb  pense;  je  crois  bien  pouvoir  cependant  rappeler  que,  s'il  existait 
des  travaux  généraux  sur  le  sujet,  jamais  encore"  on  n'avait  pré- 
<  a  posé  aussi  précis  de  la  question  des  subsistances  dans  un 
pays  grand  producteur  de  blé  et  des  tentatives  multiples  et  contra- 
dictoires du  pouvoir  central  pour  la  résoudre.  L'enquête  de  M.  Girod 
est  favorable,  en  somme,  à  Turgot,  dont  la  réforme  n'a  échoué  que 
parce  qu'elle  a  elé  appliquée  avec  maladresse  et  mauvaise  foi  et  pen- 
dant trop  peu  de  temps. 

M.  I.etaeoonoux  avait  des  précurseurs,  nolamment  M.  P.  Boyépour 
la  Lorraine.  Mais  l'administration  des  grands  chemins  présente,  dans 
ce  pays  d'Étals  très  autonome  qu'est  la  Bretagne,  un  caractère  origi- 
nal, —  originalité  qui  consiste  surtout  dans  la  résistance  opposée  par 
la  province  a  tous  les  projets  d'amélioration  et  de  centralisation. —  La 
corvée  proprement  dile  ne  fut  d'ailleurs  introduite  en  Bretagne  que 

s  i730.  Cet  établissement  y  est  rendu  difficile  par  la  grandeur  des 
paroisses  et  la  dispersion  des  lieux  habités,  par  la  mauvaise  volonté 


I.  Mémoire  Jur  la  généralité  de  Moulins  par  l'intendant  G.  Le  Vager, 
lim.  ktoaluu,  L  Oréfotra,  1906,  io-8«,  xvi-îU  |..  Mai. 

î.  Saut  peut-être  tur  le»  routes  [la  roule  de  Pari»  A  Lyon  passait  encore  j'.ir 
Moulin»)  et  sur  l'ciptoitalion  ilu  charbon  de  terre. 

;  UIm  |iuurr.iirut  être  encore  plus  abondante*.  J'admets  <|ur  do  lecteurs 
l»>urt.i>nn«U  n'ont  pa»  besoin  d'être  renseignés  sur  le  Mantcgna  d'Aigueperse ; 
malt   pou  nj  uni  (p.  57)   u  avoir   pas   penné  A  ceui   qui   ne  ron naissaient  pas 

kpajsï 

«•iXUi-Hi  p.,  graphiques  (t.  XVI,  d-  4  de  la 
Berne  bourgulgn'innt).  Préface  par  l'auteur  du  présent  Bulletin, 

S.  Banne»,  Pllhou  et  Hooimay,  IMS,  la-8',  ltfl  p.  [eilrait  des  Annaim  de 
Bretagne). 

H.  Uo  tratail  de  H  I,elaconnom  sur  tel  SuOiiitantri  en  llretagne  ne  nous 
M  cooau  que  par  un  résumé  d»  .innalei  de  Bretagne. 

Hit.  Hum».  XC1V.  I"  fabc.  7 


98  SliUETIIf  HISTORIQUE. 

des  ■  corvoyeurs  ».  La  corvée  y  est  plus  lourde  qu'ailleurs,  en  r; 
même  de  la  nature  du  sol.  El  si  d'Aiguillon,  contrairement  aux  accu- 
sations de  ses  Bnnemis,  a  ebercbé  à  l'alléger,  l'édil  de  suppression  de 
1  776  ne  Tut  ni  enregistré  ni  publié  en  Bretagne  :  «  Le  mauvais  étal  des 
chemins  ne  permit  pas  d'en  cesser  l'entretien  ■,  dit  l'intendant.  Hais 
l'écho  de  la  grande  mesure  libératrice  était  venu  jusqu'aux  cor- 
voyeurs  bretons  qu'il  fallut  contraindre  par  la  force  à  revenir  sur  les 
chantiers.  Les  États,  représentants  des  privilégiés,  défendaient  d'ail- 
leurs l'iustilution  de  la  corvée.  Et  pourtant  la  corvée  n'avait  même 
pas  le  mérite  de  donner  à  la  province  des  voies  bien  entretenues.  — 
Une  dizaine  de  monographies  comme  celles-ci  rendraient  a  l'histoire 
économique  un  sérieux  service. 

Vil.  Histoire  colomilk.  —  La  colonisation  de  la  flfouvelle- 
Frniicf',  quel  plus  beau  sujet  d'histoire  coloniale!  A  une  condition 
cependant  :  c'est  de  metlre  délibérément  au  second  plan  les  histoires 
de  «  sauvages  -1  et  loul  ce  qu'on  peut  appeler  l'anecdote  coloniale, 
d'analyser  surtout  les  causes  du  mouvement  colonisateur,  d'en 
mesurer  l'intensité  et  le  volume,  de  montrer  pourquoi  il  prit  en 
partie  la  direction  du  Canada,  de  déterminer  la  place  occupée  par  le 
Canada,  non  seulement  à  côté,  mais  pour  ainsi  dire  en  dehors  des 
colonies  de  l'ancien  régime;  bref,  de  considérer  l'histoire  coloniale 
comme  un  chapitre  de  l'hisloire  économique.  Pourquoi  el  comment 
les  Français  allèrent  chercher,  bien  au  nord  de  toutes  les  colonies 
européennes  du  Nouveau-Monde,  d'abord  un  passage  vers  «  les 
Indes  »3,  ensuite  un  Eldorado1,  plus  Lard  une  station  de  pèche5, 
plus  lard  encore  un  pays  a  fourrures,  et  avant  loul  le  pays  du  cas- 
tor; comment  ils  en  firent  une  terre  de  peuplement,  comment  s'en- 
racina dans  le  sol  une  population  de  race  française,  venue  surtout 

1.  Emile  Saloue,  la  Cotonuation  de  la  Nouvelle-France,  Étude  sur  les  ort~ 
t/inês  de  ta  nation  canadienne  française.  Guilniolo  (s.  d.),  in-8-,  iu-467  p. 
Carie. 

2.  La  <  hache  iroquoise  >  revient  intiment  trop  souvent,  —  P.  90  :  t  Ils  leur 
coupent  les  doigts,  ils  leur  arrachent  les  ongles  »;  ceri  n'est  pas  d'une  chrono- 
logie 1res  exacte.  —  Que  signifie  (p.  91)  i  épargner  certains  lableam  à  la  sen- 
sibilité du  lecteur  ■?  Cela  n'est  pas  d'un  historien.  Puisque  les  horreurs  de 
ces  guerres  ont  été  pour  quelque  chose  dani  le  ralentissement  de  l'immi- 
gration, il  f.mi  tout  dire.  -  P.  53  :  <  Gloire  a  Cbamplain,  père  de  la  Nouvelle- 

3.  Voy.  Abel  Lefranc,  les  Navigations  de  Pantagruel.  M.  Satané  ne  jette 
qu'un  mut  h  passant,  a  propos  du  rapide  de  <  la  Chine  a,  p.  !3. 

4.  Itien  sur  cette  recherche  de  l'or.  Le  lait  qu'on  n'eu  avait  pas  trouvé  est 
l'une  des  raisons  de  l'opposition  que  Sully  fil  au  Canada. 

!p.  Très  insuffisant  sur  ce  point,  ai  amplement  traité  par  Biggar,  The  early 
campantes  af  New-France. 


des  pays  de  l'ouest;  pourquoi  eclie  prise  de  possession  fut  si  lente, 
et  comment  réagirent  sur  la  Canada  l'économie,  la  politique,  les  idées 
de  la  métropole;  quelle  «si,  dans  ce  demi-succès,  la  part  et  la  respon- 
de  l'administration  locale  et  du  gouvernement  de  Versailles, 
celle  de  la  religion,  celle  des  circonstances  extérieures  (guerres  contre 
le»  sauvages  ou  contre  des  européens),  celle  de  la  race;  pourquoi  la 
conquête  anglaise  fut  si  facile  et,  malgré  les  efforts  tentes  depuis  pour 
ébranler  le  loyalisme  canadien,  si  durable;  et  comment,  cepeudanl, 
de  ces  colons  trop  peu  nombreux  abandonnés  par  Louis  XV  une 
:  née,  singulièrement  résistante  et  vivace,  et  qui  HMtt  É 
.■.iielle  une  action  prépondérante  sur  les  destiné**  de  l'une 
des  grandes  fédérations  de  l'Amérique  du  Nord;  en  quelle  mesure 
cette  nation  devait  rester  «  Française  *,  en  quelle  mesure  devenir 
•  canadienne  i;  quelles  qualités,  quels  défauts,  nés  de  ses  origines 
et  de  son  éducation,  elle  devait  apporter  à  l'œuvre  commune?  A  ces 
questions  essentielles,  l'on  ne  peut  dire  que  le  livre  de  M.  Emile 
SlUMI  donne  des  réponses  précises.  Il  se  lit  avec  intérêt,  M  le 
i'.t  Tait  l'auteur  aux  rives  du  Saint- Laurent  le  pare  d'un 
cliartne  de  plus.  Mais,  attiré  par  les  archives  canadiennes  et  par  celles 
du  ministère  des  colonies,  il  a  trop  peu  utilisé  celles  du  quai  d'Orsay, 
les  Archives  nationales  et  le  cabinet  des  manuscrits,  complètement 
négligé  les  archives  de  nos  villes  maritimes  et  les  dépôts  londo- 
niens'. H  a  mis  une  sorte  de  coquetterie  à  ignorer  ses  devanciers,  dont 
quelques-uns  l'auraient,  cependant,  renseigné  sur  plusieurs  des  pro- 
blèmes canadiens1.  Aussi  ne  nous  explique- l-il  point  le  pourquoi  du 
Canada.  Sur  le  comment  de  la  colonisation,  l'on  souhaiterait  des  vues 
plus  larges,  une  apereeption  plus  nette  des  difficultés  énormes,  et 
peut-être  Contradictoires,  de  l'ceuvre  imposée  aux  compagnies1  ;  avec 
moins  de  sévérité  pour  certains  pionniers  de  la  première  heure  , 


I,  Saint-Malo.  A  défaut  d'un  Toyagc  a  Londre*.  on  pouvait  dépouiller 
Wt  Calrnrtnri  .  Colonial  terus. 

:     il  titilt-  pour  Ion  ilebuli,  etl  totalement  ignoré,  l.urin,  Garnaull, 

Parkwau  tonl  rite*  4  peine,  Ire*  tardivement,  1res  iinulllnuiirirnt.  Deitcuainp», 

.m  un  Iluloirt  de  la  question  coloniale  el  pour  ton  llaUtlg,  èUlt 


:  raidir  et  faire  du  peuplement. 
Nil  pi*  que  de  mériter,  *  un  tu 


ï.  fournir  de»  peaui 
4  lm  liuipienola  ■  ni 
a  du  Canada.  Il* 

ronilipie,   »'il    l'était    Injuste.    De* 

•  parmi  laan  nambret,  ont 


ompagnlev  < 


.-■:!  ! "■   ii  Mn 

i    mit    mi-ii   t'ai!   ■. 

ul  rumplenl  de» 

I  canada  de  1603  1 
lin  en  un  trinpa  où  la  rcilonliallon  dierrball  Mil  eolei,  où  l'an 
l  IViitniuiiim  n  |i  pi-u|ili>!iii.-ni  ;  depui»  loti,  In  prolenUnl*  «ont 
MMniin  *  la  auririlUnc*  de»  Jeiuites:  depuit  I6Î5,  le  ï ire-roi  Interdit  a  deCaen 


4  00 


BULLETIN    BISTO1IQ0K. 


moins  de  complaisance  pour  ceui  à  qui  profila  surtout  la  domination 
française';  moins  de  crédulité  aussi,  Mit  qu'il  s'agisse  de  vanter  la 
pureté  des  mœurs  de  ce  Paraguay  hyperboréen,  la  chasteté  des  filles 
et  la  fidélité  des  épouses,  la  charité  envers  les  indigènes,  soit  qu'il 
s'agisse  do  recueillir  les  cris  de  misère d'une noblesse  quémandeuse*; 
une  vue  plus  Terme  de  ce  que  l'ancien  régime  a  fait  au  Canada  de 
mil  et  de  bien1;  enfin  une  conclusion  qui  manquât  moins  d'ampleur 
et  qui  ouvrit  sur  l'avenir  des  perspectives  plus  étendues4.  Ce  que  l'on 

de  laisser  chanter  les  psaumes  sur  le  Saint-Laurent;  ce  Tire-roi  est  le  duc  de 
Venladonr,  dont  on  connaît  le  mysticisme  eiallé,  et,  dans  ces  conditions,  l'on 
s'étonne  que  quelque*  marchanda  huguenots  n'aient  fis  lait  du  Canada  dm 
Nouvelle-France  protestante  !  Au  reste,  si  leur  œuvre  avait  été  nulle,  comment 
le  P.  Le  Clerq  aurait-il  pu  écrire  (et  je  veux  bien  qu'il  exagère)  en  1663  qne 
i  la  plus  grande  partie  des  habitants  >  descendait  des  Français  ■  qui  commen- 
cèrent à  peupler  eu  1625  tl  Quant  à  expliquer  l'interdiction  (arrachée  sani 
doute  a  Richelieu  par  Ventadour)  qui  leur  Tut  faite  d'aller  au  Canada  par  le 
rùle  criminel  do  quelques-uns  d'entre  eui  lors  de  l'invasion  des  Kirke  (pourquoi 
M,  Salone  les  affublc-t-il  du  nom  baroque  de  Kcrlk  ?),  je  crois  bien  que  les  date* 
s'y  opposent.  Le  projet  de  la  compagnie  des  Cent  associés,  qui  les  eirlul.  date 
de  1656,  les  articles  qui  la  créent  sont  du  29  avril  1627  (ledit  de  nul  I02E  ne 
(ail  que  les  reproduire)  et  l'a  lia  ire  Kirke  est  du  printemps  de  1638,  SI  cette 
affaire  <  vient  4  point  pour  justifier  les  inquiétudes  ■  de  Richelieu,  elle  les  jus- 
tifie :i[.l  i-  !■..■:;. 

I.  M,  Salone  accepte  sans  diseur  ion  le  tableau  idyllique  tracé  par  les  Jésuites. 
Cependant,  Talon  (p.  193]  esl  oblige  d'user  de  stratagèmes  pour  faire  savoir, 
malgré  eux,  la  vérité  au  roi  :  >  Les  véritables  seigneurs  du  Canada,  ce  sont  les 
Jésuites.  > 

î.  P.  310,  l'auteur  constate  que,  i  non  sans  surprise,  on  retrouve  i  la  lin  de 
la  crise  tous  ce»  besogneux  en  possession  de  leur  seigneurie  ».  Cette  surprise 
est  surprenante.  Il  s'agissait  d'apitoyer  le  roi  et  de  pourvoir  de  bons  emplois 
une  nombreuse  progéniture. 

3.  Après  avoir  si  durement  criliqué  l'œuvre  des  premières  compagoies,  y 
a-l'il  lieu  de  s'extasier  sur  les  résultats  oblcnus  plus  lard  ï  Si  [p.  III)  la  paroisse 
de  Québec  a  compté  674  baplèmes  de  1621  à  1681,  combien  de  1621  à  1627, 
de  1(127  a  1635?  M.  Salone  n'admet  pas  l'opposition  établie  par  Parkman  entre 
le  libéralisme  des  colonies  anglaises  et  le  despotisme  ministériel  du  Canada. 
Pourtant,  il  cite  la  lettre  où  Colberl  veut  éviter  jusqu'à  l'ombre  d'une  assem- 
blée d'Etals,  et  sa  p.  4ôtj  est  un  commentaire  involontaire  de  I  affirmation  de 
Parkman.  Quel  aveu  que  cette  phrase,  d'une  ironie  cruelle  dans  son  incons- 
cience (p.  458)  '■  «  Ce  que  vaut  le  colon  français,  toute  l'histoire  du  Canada  le 
proclame,  sur/nu/  l'hiitoire  du  Canada  livré  à  la  domination  anglaise!  t 

4,  Rien  de  décisif  sur  la  poussée  vers  l'ouest  et  le  Mississipi,  sur  la  tentative 
de  jonction  avec  la  Louisiane,  cause  du  conflit  avec  les  colonies  anglaises.  — 
Presque  rien  sur  la  vie  des  chrétientés  indigènes.  —  Il  n'est  question  ni  de  la 
fusion  entre  les  deux  compagnies,  dont  de  Caen  devint  le  chef,  ni  de  Raxilly. 
—  Citer  la  concession  de  la  maîtrise  (p.  43)  comme  un  avantage  qui  devait 
attirer  les  artisans,  c'est  oublier  que  le  Parlement  de  Paris  refusa  d'enregistrer 
cet  article.  —  Où  trouve-1-on  la  forme  Fathers  l'tlgrim*  T  —  Il  y  a  snr  le 


FUttce.  401 

trouve  dans  ce  livre,  —  une  élude  sur  l'administration  de  Talon  ;  des 
détails,  trop  chronologiquement  morcelés,  sur  le  développement  éco- 
nomique et  sur  l'histoire  financière,  —  rend  plus  regrettable  encore 
l'absence  de  tout  ce  que  l'on  n'y  trouve  point. 

L'Ile  de  Saint-Domingue,  —  «  la  plus  précieuse  des  provinces  du 
royaume  »,  —  devait-elle  être  représentée  aui  États  généraux  do 
1789?  La  royauté  disait  non  pour  le  présent  et  remettait  aux  États 
-    le  soin  de  trancher  souverainement  la  question  pour 
M. lis,  avec  une  ténacité  aussi  remarquable  que  leur  har- 
grandfl  planteurs,  profilant  île  l'indécision  du  pouvoir  et 
des  discordes  administratives,  résolurent  de  saisir  de  force  le  droit 
qu'on  hésitait  a  leur  donner.  Sans  convocation,  ils  tinrent  des  assem- 
blées primaire»,  nommèrent  des  députés,  tandis  qu'en  France  même 
un  Comité  colonial  faisait  campagne  en  leur  faveur.  Restait  pour  les 
députés  dominicains  à  se  faire  admettre  par  l'Assemblée.  Quelques- 
uns  d'entre  eux  eurent  la  géniale  inspiration  d'aller  se  joindre  au 
us  la  salle  du  Jeu  de  Paume.  Dès  lors,  leur  cause  était 
gagnée,  mais  leur  nombre,  primitivement  rie  31,  puis  de  42,  fut 
réduit  a  fi  :  chiffre  encore  énorme  quand  on  pense  que  ces  six  députés 
entaient  que  4,000  blancs  à  peine  sur  30  a  40,000,  sans 
parler  de  25,000  nègres  libres  et  de  plus  de  400,000  esclaves. 

Ce  mouvement  audacieux,  qui  plaça  le  gouvernement  en  présence 
du  fait  accompli,  est  donc  un  mouvement  de  privilégiés  pour  la 
défense  de  leurs  privilèges.  Les  «  grands  blancs  »  et  leurs  amis 
métropolitains  du  Comité  colonial  veulent  protester  contre  les  rigueurs 
du  pacte  colonial,  mais  ils  veulent  aussi  parer  l'attaque  dirigée  contre 
les  Ami*  de*  noirs.  C'est  ce  que  M.  P.  [foissovxtiiK'  a  lumi- 
neusement expliqué  dans  un  livre  nourri  de  détails  sur  la  prospérité 
Domingue,  sur  l'importance  du  commerce  colonial  dans  la 
nique  de  la  France  d'alors,  sur  In  traite.  Il  montre  que  l'ac- 
,  lanieurs  ne  posa  pas  seulement  la  question  de  la  représen- 
tation coloniale  dans  les  assemblées  métropolitaines;  elle  souleva, 
fort  imprudemment,  la  question  de  l'égalité  politique  entre  races  de 
couleur  différente  et  celle  de  l'esclavage,  lille  a  dune  sa  place  dans 
l'tiWloirc  générale  de  la  civilisation  française,  dans  l'histoire  du  monde. 

ntime  iptcini  du  Canada,  si  différent  de  celui  det  colonies  comme  les  Antilles 
ou  lei  Muesirriunev  dM  précUlou  ['lus  nette»  dans  la  préface  mise  par 
M.  Hchefer  *  «on  ouvrage  sur  la  question  coloniale  en  France  soin  la  RetUu- 
nllaa  qu4  iIaoi  tout  to  litre  de  M.  Siloae. 

1.  Saint- Il omlngue  A  la  veiltf.  de  la  Révolution  et  la  question  -le  la  rtprê- 
ttntutum  colonial*  nui  ttatt  qeueraur  {Janvier  17ns  1  juillet  17901,  Ptri*, 
.  ■  t   et   C,   1906,    ln-.H-,  199  p.  (t.  XXIX  des 
l.  de  ta  Soc.  du  Antlq.  de  t'Ouat). 


102 

Les  Rois  siint  couronne,  de  M.  Mme  db  Villiebh  nr  Teiibage1,  ce 
sont,  depuis  lîélboncourl  jusqu'à  Jacques  I"'  le  Saharien,  en  passant 
par  lady  Eslher  Slanhope,  Orllie  1",  le  marquis  de  Rays,  Marie  de 
Mayréna,  tous  les  aventuriers  que  l'espoir  d'une  couronne,  —  el  par- 
fois le  désir  de  distribuer  des  décorations,  —  ont  poussés  vers  les 
terres  vierges.  Il  y  avait  là  un  problème  de  psychologie  historique 
que  M,  de  Villiers  du  Terrage  n'a  pas  louché,  el  l'on  ne  voit  vrai- 
ment pas  pourquoi  il  a  Tait  voisiner  ses  «  rois  sans  couronne  »*,  non 
seulement  avec  de  simples  «  conquistadores  »,  mais  encore  avec  Owen, 
Gabel,  Considérant  el  Brigham  Young.  Il  a  mêlé  ainsi  des  phéno- 
mènes d'ordres  très  divers. 

A  l'un  de  ces  t  rois  sans  couronne  »,  M.  P.  Cultsc  a  consacré 
d'érudites  recherches  d'archives',  peine  peut-être  hors  de  proportion 
avec  l'intérêt  du  sujet,  11  s'agit  de  Benyowszky,  Hongrois  d'ori- 
gine polonaise,  et  qui  eut  mérité  d'élre  gascon.  Ses  aventures,  pour 
extraordinaires  qu'elles  soient,  le  sont  encore  moins  que  ses  men- 
songes. De  toutes  ses  inventions,  la  moins  prodigieuse  ne  parait  pas 
être  l'imaginaire  «  kabary  »,  où  30,000  Malgaches'  lui  auraient  con- 
féré le  litre  d'empereur  de  Madagascar.  M.  Cultru,  qui  n'esl  pas  tendre 
pour  les  aventuriers,  —  même  de  génie,  —  a  poursuivi  celui-ci  de  sa 
crilique  impitoyable  et  généralement  sûre*.  Il  a  monlré  que  les  allures 
conquérantes  de  Benyowszky  n'avaient  pas  facilité  l'œuvre  des  Fran- 
çais dans  la  grande  ile.  Tout  de  même,  je  ne  sais  si  lîetiyowazky  ne 
valait  pas  un  peu  mieux  que  son  portrait,  dont  la  jalousie  des  auto- 
rités de  l'Ile-de-France  a  sans  doute  noirci  les  couleurs. 

H.  HlCSEE. 


1.  Titre  complet  :  Conçu iitadorts  et  roitelets.  Bois  sans  couronnes.  Du  rot 
des  Canaries  à  l'empereur  du  Sahara.  Perrin  et  C,  1906,  in-16,  vi-474  p. 
Cartes  et  po ri  rails. 

2.  Parmi  lesquels  ligure  le  roi  d'Yvetot,  ■  Martin  du  Reliais  ». 

3.  Un  empereur  de  Madagascar  au  XVIII'  siècle  :  Benyoïotlu.  Cballamel, 
1906,  in-8',  216  p.  (eitrail  de  la  Bévue  coloniale).  Une  carie,  mais  de  Mada- 
gascar moderne,  où  figure  le  chemin  de  fer  d'Andévoranle  A  Tunanarlvel 

4.  H.  Cullru  lui  reproche  d'avoir  dit  tantôt  30,  tanlol  50,000,  mais  il  y  a  le» 
femmes  el  les  petits  entants. 

5.  P.  ICI,  il  nie  la  composition  du  roman  i  vers  1781  ou  1785  ».  Maïs  (p.  174) 
la  pièce  «raie  ou  Causse  signée  de  Joseph  11  el  la  lettre  de  Dumas  i  Vergenoes 
montrent  que  les  éléments  essentiels  en  étaient  déjà  formés  dès  l'automne  de 
1783.  —  Le  scepticisme  de  M.  Cultru  ne  s'étend  pas  jusqu'aux  rapports  des 
commissaires  enquêteurs  ;  ceui  qu'il  cile  en  appendice  montrent  bien  que  les 
délégués  des  autorités  de  l'Ile  voisine  étaient  disposés  à  tout  trouver  mal,  sans 
tenir  compte  des  difficulté*  inhérentes  é  lu  situation  et  au  climat.  Tout  inspec- 
teur des  lin  a  aces  chargé  de  lérilier  la  gestion  d'un  fonctionnaire  qui  dirige  un 
service  autonome   ne  manque  pas  de  le  trouver  coupable.  —  Des  Assises 


P.-S.  —  Nous  sommes  bien  en  relard  pour  rendre  compte  des 
études  de  M.  Louis  Uvrtmu  sur  Marie  de  Médias'.  Appuyées  sur 
des  documents  originaux  (procès  de  Léonora,  comptes,  correspon- 
dances), elles  ne  font  pas  seulement  revivre  la  psychologie  de  la 
reine,  dont  M.  BalilTol  a  essuyé  de  donner  un  portrait  qui  n'est  ni 
poussé  au  noir  ni  trop  flalteusemenl  embelli  ;  elles  ne  nous  font  pas 
seulement  penclrer  dans  l'intimité  dit  Henri  IV  ;  elles  nous  font  aussi 
mieui  connaître  ce  qu'était  la  cour  et  même  ce  qu'était  au  vrai  le 
pouvoir  royal,  quelles  en  étaient  les  bornes,  sinon  légales  du  moins 
traditionnelles,  dans  les  premières  années  du  xvn"  siècle. 


Pfhuchtiovs  diverses.  —  H.  Henri  H*  user  a  donné  une  seconde 
édition  de  son  livre  :  Ouvriers  du  temps  passe  (Alcan,  Bibliothèque 
des  Sciences  sociales),  paru  en  1898,  et  qui  marque  une  date  dans 
l'histoire  des  éludes  sur  l'ancienne  industrie  française.  M.  Hauser, 
itni  d'abord  à  Clermont,  puis  à  Dijon,  et  aussi  par  de  nombreuses 
conférences  laites  à  Paris,  a  l'École  des  hautes  éludes  sociales,  a 
mette  une  si  heureuse  ol  si  vigoureuse  influence  sur  les  recherches 
d'histoire  économique,  et  à  oui  nous  devons  un  excelleul  livre  sur 
l'enseignement  des  sciences  sociales,  a  été  le  premier  à  montrer  que 
ttioo  du  travail  antérieur*  au  im"  siècle  comportait  beau- 
coup plus  de  variété  et  de  liberté  qu'on  ne  le  croyait,  bien  que, 
depuis  Louis  XI,  la  royauté  ait  commence  à  intervenir  systémati- 
quement dans  la  réglementation  des  maîtrises,  intervention  qui 
aboutit  en  1581  a  l'ordonnance  par  laquelle  Henri  IN  teula  de  géné- 
raliser le  régime  corporatif.  Les  travaux  publies  depuis  1898  sur 
ItUfoOM  industrie,  en  particulier  lu  beau  livre  de  M.  Moisson nude 
sur  VOryanisatioa  du  travail  en  Poitou,  ont  confirmé  et  encore 
taldn  pour  les  temps  antérieurs  au  xv*  siècle  les  conclusions  de 
M.  Hauser.  ta  nouvelle  édition  des  Ouvriers  du  temps  passé  n'est 
pas  une  édition  refondue,  c'est  une  édition  corrigée.  D'ailleurs,  nous 
sortons  regrette  que  M.  Ilauser  n'eùl  pas  conservé  à  son  livre  la 
(orme  et  l'allure  qui  en  l'ont  une  lecture  si  attrayante.  Dana  UM 
conclusion  nouvelle,  if  a  rappelé  des  vues  qu'il  avait  exposées  dans 
de»  articles   très   remarquables   sur  les   Origine*  du  capitalisme 

molli  défavorable,  eoo»ienl  <|ue  (ont  uni  |>a*  n-iw.iiina.lff  dan»  le» 
Immi  du  t_"ulibourg,  et  lea  éienemenU  de  ITSIi  montrent   n1"    ! 
exerçait  un  certain  ««n'iuUnl  sur  le»  indigène»  (p.  181). 

1.  la   Vie  Inlii'ie  dune  reine  de  France  an   XVW  tttete.  C*liii»iiii-l>»j- 
ni-564  p.,  un  portrait,  Il  s  Agit  lei  de  Karle  ternit  1610  et  durant 
te*  Uni  premier»  tempe  de  le  régence. 


BL'r.LETII    niSTOHIQCE. 


iti 

moderne  publiés  par  la  Revue  d'Économie  politique.  Il  montre  qu'à 
partir  du  xn"  siècle  on  voit  déjà  nettement  la  séparation  se  faire 
entre  le  capital  et  le  travail,  le  machinisme  se  développer  et  changer 
la  condition  de  l'ouvrier,  et  le  mouvement  intellectuel  de  la  Renais- 
sance concourir  avec  la  formation  de  grandes  fortunes  mobilières 
el  l'action  du  capitalisme  à  rabaisser  la  situation  des  «  mécaniques  », 
des  ouvriers  manuels. 

Nous  attendrons,  pour  parler  en  détail  du  Manuel  des  sources  de 
l'histoire  de  France  au  XVI'  siècle  [Picardj  de  M.  Hacher,  que  le 
règne  de  François  I"  ait  été  publié.  Le  premier  fascicule,  qui  com- 
prend ceux  de  Charles  VIII  et  de  Louis  XII,  est  seul  paru  jusqu'ici.  II 
rendra  les  plus  grands  services  par  l'abondance  et  la  précision  des 
notices  recueillies  et  classées  par  l'auteur  et  permettra  aui  historiens 
de  s'orienter  au  milieu  de  la  mulliplicilé  déconcertante  des  écrits  sou- 
vent très  brefs  et  conservés  à  peu  d'exemplaires,  qui  constituent  les 
principales  sources  historiques  de  cette  époque.  On  se  rend  compte, 
en  lisant  ce  volume,  des  difficultés  énormes  que  va  offrir  l'exécution 
du  Manuel  si  heureusement  commencé  par  A.  Molinter  si  l'on  veut, 
comme  lui,  continuera  lenircomple  de  tous  les  documenls  narratifs 
imprimés. 

M.  Emmanuel  Rodocixâchi,  à  qui  nous  devons  déjà  un  si  grand 
nombre  de  travaux  importants  sur  l'Italie,  en  particulier  sur  l'his- 
toire de  Rome  [Cola  di  Rienzo,  le  Saint-Siège  et  les  Juifs,  les  Cor- 
porations ouvrières  à  Rome,  et  surtout  sa  monographie  sur  le  Capi- 
tole  romain),  vient  de  consacrer  à  la  Femme  italienne  à  l'époque  de 
la  Renaissance  |llachette)  un  ouvrage  considérable  qui  est  une  véri- 
table encyclopédie  sur  ce  sujet,  à  la  fois  très  spécial  et  d'une  portée 
générale  pour  l'histoire  morale  et  sociale.  M.  Rodocanacbi  a  enrichi 
son  œuvre  d'une  illustration  admirable  par  sa  richesse,  par  sa  judi- 
cieuse composition  et  par  la  perfection  de  l'exécution.  Il  a  cherché 
sans  doute  à  reproduire  des  œuvres  d'art  remarquables  par  leur 
beauté,  et  son  livre  révélera  aux  lecteurs  des  chefs-d'œuvre  peu  con- 
nus conservés  dans  des  collections  particulières;  mais  il  n'a  pris  que 
celles  qui  servaient  directement  à  faire  connaître  les  types  de  la 
beauté  féminine  des  diverses  époques,  les  scènes  de  la  vie  privée  ou 
publique  où  les  femmes  étaient  mêlées,  surtout  les  costumes,  les 
coiffures,  les  parures,  les  objets  de  toilette.  On  trouvera  a  profusion 
des  reproductions  excellentes  de  médailles  et  de  bijoux  tirées  des 
musées  et  des  collections  de  France,  d'Italie,  d'Angleterre  el  d'Alle- 
magne. La  eollection  G.  Dreyfus  a  été  en  particulier  pour  M.  Rodo- 
canachi  une  mine  précieuse  de  documents  iconographiques  de  toute 
beauté.  Un  ouvrage  de  celte  nature  est  naturellement  avant  tout 


niiyiE  \  05 

un  recueil  de  renseignement  inégaux  en  valeur  cl  parfois  contradic- 
toires où  l'on  pusse  successivement  en  revue  les  divers  moments  et 
les  divers  aspects  de  la  vie  féminine,  l'enfance  el  l'adolescence, 
l'éducation,  le  mariage,  la  parure  et  les  vêlements,  la  vie  privée,  la 
condition  et  l'inlluence  de  la  femme,  enfin  l'amour.  Un  appendice  de 
fournit  de  nombreuses  pièces  justificatives,  inédites  pour  la 
pluparl.  On  trouvera  que  certaines  parties  du  sujel  ont  été  traitées 
trop  sommairement,  par  exemple  la  condition  juridique  des  femmes. 
D'autres  parties  ont  une  abondance  qui  déborde  le  cadre  même  du 
livre.  Le  chapitre  sur  les  esclaves,  par  exemple,  nous  fait  remonter 
jusqu'aux  premiers  sioHiis  du  moyen  âge  et  forme  comme  un  petit 
traité  sur  la  matière'.  Il  était  difficile  dans  un  ouvrage  de  celle 
nalure,  essentiellement  ènumératif,  narratif  el  discursif,  de  présen- 
ter des  synthèses  et  des  conclusions.  M.  Rodocanachi  a  cependant 
ctuTclu-  a  en  indiquer  quelques- une  s,  bien  qu'avec  une  sage  réserve. 
Tout  en  faisaol  remarquer  combien  il  est  difficile  de  juger,  d'après 
les  livres,  du  degré  el  de  la  nature  exacte  de  la  moralité  féminine, 
poUque  l'on  décerne  souvent  toutes  les  vertus  à  des  femmes 
qui  ne  le  méritent  guère,  et  que,  d'autre  pari,  la  littérature  décrit 
plus  souvent  les  passions  ou  les  vices  que  les  vertus  domestiques, 
H.  Rodocanachi  juge,  avec  raison  selon  nous,  que  les  mœurs  ila- 
licnnes  avaient  plus  de  retenue  que  les  mœurs  françaises  au  iv°  et 
au  ivi'  siècle,  que  la  liberté  des  propos  s'alliait  souvent  avec  la 
sévérité  dans  la  conduite,  enfin  que  la  condition  comme  l'instruction 
des  femmes  ont  été  en  constant  progrès  du  xiv*  au  xvr  siècle  pour 
subir  une  profonde  déchéance  lorsque  l'Italie,  au  xvr  siècle,  tomba 
sous  le  joug  et  de  l'étranger  et  de  la  réaction  religieuse.  La  femme  a 
)0ltj  M  Italie,  au  moment  de  la  Renaissance,  une  influence  considé- 
rable, non  seulement  dans  la  vie  sociale,  mais  dans  la  vie  politique 
et  la  vie  intellectuelle;  on  peut  ajouter  aussi  dans  la  vie  religieuse, 
quand  on  songe  à  Renée  de  Ken-are,  à  qui  M.  Rodocanachi  a  consa- 
cré naguère  tout  un  volume.  Au  xvn*  el  au  xvm"  siècle,  la  femme 
italienne  ne  vivra  plus  guère  que  pour  le  plaisir,  la  famille  el  la 
dévotion,  jusqu'à  ce  que  le  réveil  national  enfante  des  générations 
d'héroïnes  qui  ont  élé  l'honneur  de  l'Italie  du  m*  siècle.  Si  abon- 
l'L'n.'ini/nLs  et  en  subtiles  analyses  que  soit  l'ouvrtgO  de. 
M.  Rodocanachi  sur  la  condition  ut  les  sentiments  des  femmes,  il 


1.  J'Ai   èlé   iiirprin  de   Tolr  M.  Hndocanachi  dire  que  l'ctclavage  dlsparall  4 
la  lin  du  xvi'  siècle.  On  Mil  pourtant  qu'il  dur»  dans  le*  ÊUlS  pontificaux  pon- 
11',  ri  M.  Hodufiuiciii  donne  lui-môme  en  appendice  deux  actes 
i-tiiiiemenl  romain  Je  la  lin  du  *v|i*. 


106 


BULLETIN   HISTORIQUE. 


laisse  en  grande  partie  au  lecteur  le  soin  de  se  faire  une  idée  person- 
nelle de  ce  que  fut  la  femme  italienne  de  la  Renaissance. 

M.  Edmond  Bkknus  a  Tait  paraître  dans  les  Cahier*  de  la  Quin- 
zaine  (cahiers  (0,  J2,  \A  de  la  8e  série)  un  livre  très  fortement  docu- 
menté et  qui  est  un  pclil  chef-d'œuvre  d'exposition  lucide  et  impar- 
tiale intitulé  :  Polonais  et  Prussiens.  Les  progrés  de  l'élément 
polonais  et  de  la  langue  polonaise  aux  dépens  de  l'élément  allemand 
et  de  la  tangue  allemande  en  Posnanie  et  dans  les  pays  limitrophes, 
les  efforts  jusqu'ici  impuissants  faits  par  le  gouvernement  prussien 
el  par  la  société  de  propagande  allemande  pour  lutter  contre  le  polo- 
Disme  sont  un  des  épisodes  les  plus  intéressants  de  la  lutte  des 
nationalités  au  m*  et  au  xi"  siècle,  un  des  plus  dignes  de  retenir 
l'attention  de  l'historien  cl  du  sociologue,  d'autant  plus  qu'une  lutte 
religieuse  vient  compliquer  la  lutte  de  nation  et  du  langue.  On  saisit 
là  sur  le  vif  el  ce  qu'il  y  a  d'indomplahle  et  de  passionné  dans  les 
populations  slaves  et  les  procédés  de  colonisation  des  Allemands  où 
le  formalisme  juridique  le  plus  stricl  se  trouve  uni  au  mépris  le  plus 
complet  des  droits  de  la  conscience.  Ou  a  vu  en  Posnanie  un  tribu- 
nal renouveler  juridiquement  à  l'égard  des  Polonais  les  procède*  de 
Louis  XIV  à  l'égard  des  protestants,  enlever  de  force  leurs  enfants 
a  des  parents  qui  leur  ordonnaient  de  ne  pas  réciter  le  catéchisme  en 
allemand.  M.  Bernus  a  commencé  par  retracer  avec  une  remarquable 
précision  la  répartition  des  groupements  polonais  en  Allemagne  et 
l'histoire  des  progrès  el  des  reculs  de  la  colonisation  allemande  dans 
les  pays  polonais,  de  la  colonisation  polonaise  dans  les  pays  alle- 
mands; puis  il  a  raconté  avec  un  grand  détail,  sans  aucune  dépense 
d'indignation  stérile,  les  persécutions  dont  les  Polonais  onl  élé  l'ob- 
jet depuis  une  vingtaine  d'années.  On  y  voit  le  polonisme,  après 
avoir  été  longtemps  un  allié  du  parti  du  centre,  devenir  peu  à  peu 
sur  certains  points  un  allié  du  parti  socialiste.  Bien  que  11.  Bernus 
se  soit  abstenu  de  donner  une  conclusion  à  son  travail,  il  laisse 
entrevoir  que  la  Prusse,  à  moins  d'arriver  à  des  mesures  de  persé- 
cution el  de  spoliation  contraires  à  loul  droit  el  à  toute  justice,  est 
fatalement  vaincue  dans  la  lutte  contre  le  polonisme,  et  que  déjà  la 
lutte  qu'elle  a  entreprise  n'a  eu  d'autre  résultat  que  de  transformer 
de  la  manière  la  plus  dangereuse  l'esprit  d'autonomie  linguistique  et 
religieuse  des  Polonais  en  un  esprit  d'indépendance  nationale.  La 
bibliographie  de  M.  Beruus  esl  aussi  élendue  que  précise,  el  rien 
qu'à  ce  point  de  vue  son  livre  sera  précieux  à  tous  les  historiens. 

M.  Frédéric  M*ssn\  vient  d'ajouLer  trois  nouveaux  volumes  à 
son  grand  ouvrage  sur  Napoléon  et  sa  famille  (Ollendorlf).  Ces 
volumes  VU,  VIII  et  IX  contiennent  le  récit  des  années  18)1  à  1814 


minci.  107 

el  nous  conduisenl  de  la  campagne  de  Russie  et  du  concile  de  1811 
MU  idteai  de  r'onlainebleau.  Ce  n'est  pas  l'histoire  de  l'Empire  que 
ni.'  M.  Masson.  et,  s'il  donne  une  assez  large  place,  au 
début  du  tome  VII,  au  concile  de  1811,  c'esl  non  lestement  parce 
qu'il  croyait  utile  de  recliflerce  qu'on  avait  dil  avant  lui  sur  cet  épisode 
de  la  lutte  de  Napoléon  contre  Pie  VII  et  de  nous  le  montrer  sur  le  point 
de  faire  céder  le  pape  a  une  partie  de  ses  exigences,  mais  surtout  parce 
que  le  cardinal  Pescli,  oncle  de  Napoléon,  y  a  joué  un  rôle  important  et 
y  a  trahi  les  intentions  et  les  intérêts  de  son  neveu.  Ce  que  M.  Masson 
a  eu  avant  tout  en  vue,  ce  qui  Tait  le  sujet  de  son  livre  et  ce  qui  lui 
donne  une  originalité  exceptionnelle  et  tragique,  c'esl  le  rôle  de  cha- 
cun des  membres  de  ta  famille  Bonaparte  dans  ces  années  de  crise 
décisive  et  de  catastrophe,  la  pari  énorme  que  le  caractère  et  la  con- 
duite de  chacun  d'eux  eut  dans  celte  catastrophe.  Les  historiens  ont 
jusqu'ici  été  disposés  à  irai  1er,  je  ne  dis  pas  seulement  avec  indui- 
sis avec  une  évidente  partialité,  les  frères  de  Napoléon,  à 
rendre  Napoléon  seul  responsable  de  leurs  faiblesses  et  du  leurs 
haies,  à  passer  avec  légèreté  sur  la  conduite  de  ses  sœurs,  où  l'on 
n'a  vu  que  les  inconséquences  de  femmes  frivoles,  a  trouver  des  jus- 
tiflca lions  aux  trahisons  de  Bernadotte  et  de  Mural,  à  transformer  le 
prince  Eugène  cri  un  Bavard  sans  peur  et  sans  reproche.  M.  Masson 
a  pour  la  famille  de  Napoléon  une  haine  et  un  mépris  qui  n'ont 
d'égale  que  son  admiration  pour  l'empereur,  et  il  la  considère  comme 
ayant  joué  dans  sa  chute  le  rôle  capital.  S'il  exagère  ce  rôle,  en  ce 
sens  qu'il  ne  voit  ou  ne  montre  pas  assez  la  responsabilité  colossale 
qui  retombe  sur  Napoléon  lui-même,  s'il  exagère  aussi,  croyons- 
■009,  l.i  culpabilité  des  frères  et  des  scaurs  de  Napoléon,  néanmoins 
on  ne  peut  méconnaître  qu'il  a  le  premier  mis  dans  tout  son  jour 
(T  que  h  rôle  de  la  famille  Hmiafiarlr  cul  de  bassement  c^n-tc  cl  <]>■ 
lÂche.  Madame  mère,  médiocre  et  fidèle,  reste  à  part,  digne  de  res- 
pect. Eugène,  médiocre  lui  aussi,  mais  honnête  et  dévoue  jusqu'à  la 
servilité  envers  celui  qui  a  abandonné  sa  mère,  ne  trahit  qu'au  der- 
nier moment,  sous  l'influence  de  sa  femme  cl  quand  il  croit  lout 
penlu.  Hais  celle  trahison  enlève  en  1 814  à  Napoléon  3".,000  hommes 
qui  pouvaient  être  d'un  grand  poids  dans  la  campagne  de  France, 
et  Eugène  espère  obtenir  de  l'Autriche  son  maintien  dans  le  .Mila- 
nais. Hortenee,  dans  sa  frivolité  amoureuse,  n'est  du  moins  pa>  cal- 
culatrice, et,  de  même  que  la  reine  Catherine,  conserve  un  nttaebe- 
menl  loyal  au  chef  de  la  famille.  Mais  que  dire  des  autres?  de 
Mural,  qui,  après  de  brillants  services  en  Russie,  déserte  son  poste 
el  notre  eu  Italie,  ne  songe  qu'à  négocier  avec  les  Anglais  et  les 
Autrichiens  pour  conserver  sa  couronne?  de  Jérôme,  que  son  inca- 


408  BDLLETIX    BrSTO&IQDK. 

pacilé,  son  amour  du  plaisir,  son  avidité  d'argent  rendenl  un  perr. 
tuel  embarras  pour  son  frère,  et  qui,  au  moment  de  la  convulsion 
suprême,  ne  songe  qu'à  Taire  main  basse  sur  de  l'argent?  des  sœurs, 
Pauline,  Ëlisa,  Caroline,  èlres  de  volupté  et  de  vanilé  qui  exercent 
une  néfaste  inlluence  sur  la  faiblesse  fraternelle  et,  la  trahissent  sans 
remords?  de  Joseph  surtout,  aussi  infatué  qu'incapable,  qui  jalouse 
Napoléon  et,  au  milieu  même  des  plus  critiques  conjonctures,  ne 
songe  qu'aux  avantages  que  sa  vanité  et  son  ambition  puérile 
peuvent  arracher  à  l'empereur,  qui  obtient  de  lui  dans  la  crise  der- 
nière une  situation  et  des  pouvoirs  dont  il  ne  se  sert  que  pour  tout 
abandonner  au  hasard,  et  qui  ne  sait  qu'entraver  l'action  des  géné- 
raux et  empêcher  Napoléon,  en  (813,  de  faire  les  concessions  oppor- 
tunes aux  Bourbons  d'Espagne?  Je  ne  parle  pas  de  BernadoLte,  qui  a 
trahi  dés  qu'il  a  été  prince  de  Suéde,  ni  da  Louis  et  de  Lucien,  ces 
beaux  esprits  qui  sont  toujours  en  coquetterie  et  en  intrigues  avec 
les  ennemis  de  la  France.  Les  morceaux  les  plus  remarquables,  les 
plus  neufs  de  ces  volumes  sont  ceux  qui  sont  relatifs  à  la  politique 
de  Joseph  en  Espagne,  puis  en  France  de  janvier  à  avril  -1814,  et  à 
la  politique  de  Murât  en  Italie.  Les  esprits  critiques  trouveront  à 
redire  sans  doute  aux  procédés  d'exposition  de  M.  Masson.  Ils  lui 
reprocheront  comme  toujours  de  n'apporter  aucune  preuve  de  tout 
ce  qu'il  avance  (mais  M.  Masson  nous  promet  un  volume  entier  con- 
sacré à  l'analyse  de  ses  sources);  ils  diront,  non  sans  raison,  que  la 
composition  même  du  livre,  où  l'auteur,  pour  chaque  période,  passe 
successivement  en  revue  la  conduite  de  chacun  des  membres  de  la 
famille  impériale,  et  où  les  détails  les  plus  minutieux  de  leur  vie 
privée  sont  mêlés  au  récit  des  négociations  diplomatiques  ou  des 
opérations  militaires,  en  rend  la  lecture  aussi  laborieuse  qu'elle  est 
attachante;  ils  trouveront  bien  peu  logique  de  voir  simultanément 
un  héros,  un  martyr  désintéressé  de  la  grandeur  de  la  France  daus 
Napoléon,  qui  a  gavé  tous  les  siens  d'argent,  d'honneurs  et  de  puis- 
sance, qui  a  cru  en  faire  les  colonnes  de  son  empire,  et  dans  tous  les 
napoléonides,  sortis  du  même  pays  et  du  même  sang,  des  monstres 
d'égolsme  et  de  corruption.  Mais  il  y  a  dans  le  livre  de  M.  Masson 
assez  de  textes,  assez  de  faits  connus,  constatés  et  constatâmes, 
pour  que  l'ensemble  de  son  exposé  de  la  conduiLe  de  la  famille  de 
Napoléon  se  présente  à  nous  avec  une  formidable  valeur  démonstra- 
tive. Et  Napoléon  reste  impardonnable  de  lui  avoir  livré  sou  empire 
et  sa  fortune.  —  A  la  fin  de  la  préface  du  tome  Vil,  M.  Mas- 
son, invoquant  le  souvenir  de  Napoléon,  espère  que  son  ouvrage 
inspirera  peut-être  a  quelque  àtne  prédestinée  la  vocation  d'être, 
comme  Napoléon,  un  libérateur,  pour  nous  délivrer  des  porcs  qui, 


FliNCB.  409 

;  la  baguette  de  Circé-Mariaone,  se  disputent  les  chairs  de  la 
patrie.  Comment  M.  Masson  n'a-t-il  pas  vu  que  les  porcelets  parle- 
mentaires d'aujourd'hui  sont  de  bien  innocentes  petites  bêtes  à  cùlé 
des  sangliers  impériaux,  conducteurs  d'armées  et  de  peuples,  a  qui 
Circé- Napoléon  a  livre  en  pâture,  non  la  France  seulement,  mais 
l'Europe  entière?  EL  n'y  a-t-il  pas  quelque  incohérence  dans  la  psy- 
chologie de  cet  homme  de  génie,  qui  aurait  été  une  sorte  de  Géronte 
capable  de  toutes  les  faiblesses  vis-à-vis  des  siens,  pendant  qu'il 
n'aurait  été  en  politique  que  le  héros  grandiose  de  la  lutte  lila- 
■  ui|ii,'  il''  1.1  France  contre  la  perfide  Albion?  Il  faut  lire  In  préface, 
curieuse  et  éloquente,  du  tome  VIII,  terminée  par  une  sorte  d'appel 
adressé  à  toutes  les  puissances  cunlinenlales,  pour  les  inviter  à 
s'unir  contre  l'île  orgueilleuse,  qui,  depuis  Guillaume  le  Conquérant, 
fait  sa  grandeur  de  l'abaissement  de  la  France.  Cette  préface  a 
réveillé  en  moi  mes  souvenirs  d'écolier  normand,  qui  ne  rêvait  pas 
e  plus  belle  destinée  que  celle  des  corsaires  faisant  la  chasse  à  l'An- 
s  sur  toutes  les  mers;  mais  elle  a  laissé  froid  l'homme  mûr  qui  a 
i  1870.  Une  philosophie  aussi  simpliste  de  l'histoire  de  France 
étirait  en  garde  contre  loutes  les  conclusions  de  M.  Masson  si  son 
aenrtfje  était  un  ouvrage  de  synthèse  a  la  Sorel;  mais  sou  ouvrage 
est  un  ouvrage  d'analyse,  d'analyse  très  informée,  très  perspicace,  et 
qui  demeurera  comme  le  plus  écrasant  réquisitoire  qui  ait  été  écrit 
contre  la  famille  Bonaparte,  y  compris  Napoléon. 

M.   Louis  MiDEus  a,  sous  le  titre  de  Croquis  lorrains  (Berger- 
bsmutt),  brossé,  dans  le  style  alerte  et  coloré  qui  rend  si  vivant  et 
tout  ce  qu'il  écrit,  une  série  de  tableaux  pittoresques  et 
.  i  ■-.  des  principaux  aspecls  de  la  Lorraine,  qui  fonl  de  son 
livre  le  plus  amusant  et  le  plus  instructif  des  guides,  C'est  tout  le 
■    le  présent  et  une  partie  de  l'avenir  qu'il  évoque  à  nos 
yeux.  Il  est  excellent  que  l'on  s'attache  à  recueillir  tous  les  souvenirs 
!i-ciler,  s'il  se  peut,  l'âme  de  nos  vieilles  provinces,  alors 
qae  tout  le  mouvement  de  la  civilisation  tend  à  délrulro  de  plus  en 
plus  leur  originalité;  il  serait  excellent  aussi,  si   c'était  possible, 
tie\eilkT  une  vie  locale  Individuelle  capable  de  réagir  contre  l'unifor- 
mité parisienne,  assez  puissante  et  attrayante  pour  faire  preTérer 
â  des  hommes  supérieurs  la  province  a  Paris.  Mais  nous  sommes 
loin  de  la  réalisation  de  ces  pia  vota.  H  faudrait  bouleverser  toute 
l'organisation  politique,  administrative  et  sociale  de  la  France  poury 
parvenir.  Il  n'y  a  rien  de  sérieux,  de  profond  dans  les  indignations 
de  M.   Itarrès,  auxquelles  nous  nous  sommes  tous  laissé  un  peu 
prendre  en  lisant  les  Déraciné*,  contre  les  Boulcillcrdc  l'Univcrsilé, 
apôtres  de  l'uniformité  nationale;  d^bord  parce  que  M.  Barres,  dout 


nu 


[M    HISTORIQUE. 


H  suffit  de  regarder  le  profil  de  tzigane  pour  voir  qu'il  n'esl  qu'i 
Lorrain  d'occasion  et  de  lire  les  premiers  livres  pour  voir  <jne  le  fond 
de  sa  nature  esl  un  dilettantisme  d'un  égolsme  nêronien,  n'est 
qu'un  exquis  littérateur  parisien,  ensuite  parce  que,  si  la  Lorraine 
est  considérée  avec  raisoD  comme  un  des  plus  nobles  foyers  de  l'esprit 
militaire  et  patriotique  français,  c'est  à  la  tradition  révolutionnaire 
et  unitaire  des  Bouteiller  qu'on  le  doit,  tradition  nouvelle  qui  a  fait 
taire  les  vieilles  traditions  d'autonomie  intransigeante.  J'éprouve  je 
ne  sais  quel  malaise  a  entendre  prêcher  cet  évangile  de  l'àme  provin- 
ciale par  des  littérateurs  parisiens  qui  seraient  désolés  de  quitter  la 
capitale,  seule  dispensatrice  de  la  gloire.  Si  l'on  reste  provincial, 
MonLalbauais  comme  Pouvilloo,  Rouerguais  comme  Pomairols,  ou 
Provençal  comme  Jean  Aicard,  l'Académie  française,  qui  nommera 
en  qualité  de  Lorrain  un  universitaire  purement  parisien  comme 
Mézieres,  se  gardera  bien  d'aller  vous  chercher  dans  votre  province. 
M.  Madelin  nous  raconte  d'une  manière  charmante  comment  sou  âme 
lorraine  a  été  réveillée  à  Naples  par  les  tableaux  d'une  lanterne 
magique,  et  il  ne  se  dissimule  pas  que  son  livre  est,  —  comme  ceux 
ou  M.  Barrés  a  parlé  de  la  Lorraine,  —  le  livre  d'un  touriste  en  Lor- 
raine plutùl  encore  que  d'un  Lorrain.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'en 
évoquant  les  représentante  contemporains  de  l'âme  lorraine,  il  par- 
lera bien  des  Barrés,  des  d'Haussonville,  des  Kr.ini/.  des  Mèline,  des 
Matthieu  et  des  Mézieres,  mais  il  oubliera  de  parler  du  plus  aulhen- 
tique  représentant  de  celle  âme  mal  définie,  de  M.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville,  le  seul  que  le  séjour  à  Paris  n'ait  pas  déraciné  el  dépaysé,  celui 
qui,  dans  la  préface  de  son  livre  si  curieux  :  Deux  manières  d'écrire 
l'histoire,  a  eiallé  les  sentiments  et  les  rancunes  d'un  vrai  Lorrain 
resté  fidèle  à  sa  province.  Qu'on  nous  Tasse  connaître,  admirer  et 
aimer  loutes  les  parties  de  noire  France  dans  leur  diversité  cliarmante, 
dans  leurs  traditions  vénérables,  dans  leur  vitalité  toujours  renouve- 
lée, nous  y  applaudissons;  qu'on  décentralise,  si  on  le  peut,  nous 
serons  prêts  à  y  aider;  mais  qu'on  nous  épargne  des  lamentations 
plus  littéraires  que  philosophiques  sur  le  mouvement  de  centralisa- 
tion unitaire,  qui  est  le  résultai  de  toute  notre  histoire,  et  qu'où  ne 
fasse  pas  un  crime  aux  éducateurs  de  la  jeunesse  d'enseigner  et  de 
croire  qu'il  y  a,  au  milieu  el au-dessus  de  loutes  les  diversités  provin- 
ciales, une  âme  française,  inspirée  d'idées  générales  héritées  de  la 
Renaissance,  de  noire  littérature  classique,  des  encyclopédistes  et  de 
la  Révolution,  et  que  c'est  celte  unité  intellectuelle  el  morale,  tradi- 
tionnelle elle  aussi,  qui  fait  en  grande  partie  l'originalité  de  noire 
pays  et  son  influence  dans  le  monde. 
Je  suis  un  peu  inquiet  de  voir  la  facilité  avec  laquelle  les  écri- 


mues,  m 

tins  d'aujourd'hui  se  laissent  entraîner  à  transformer  en  doctrines 
soi-disant  philosophiques,  politiques,  sociologiques,  auxquelles  ils 
prêtent  un  caractère  scientifique  et  positif,  des  fantaisies  de  l'es- 
prit et  du  sentiment,  des  intuitions,  des  généralisations  hâtives, 
même  des  caprices  de  dilettantes.  C'est  ainsi  qu'on  a  vu,  non 
aans  surprise,  présenter  a  la  Sorbonne,  comme  thèse  de  doctoral,  un 
■  Romantiime  [ranmh  [Société  du  Mercure  tt*  France),  par 
M.  Pierre  Lisseiine,  qui  est  écrit  avec  un  talent  littéraire  incontes- 
table, avec  une  verve  endiablée,  mais  qui  n'a  rien  d'un  Inwtl  réflé- 
chi, erîUqne  el  scientifique,  tel  qu'on  est  en  droit  de  l'attendre  d'une 
thèse  en  Sorbonne.  Au  lieu  d'analyser  sérieusement  les  éléments  très 
complexes  qui  ont  concouru  à  la  formation  du  mouvement  romau- 
H -lion  contre  les  conventions  et  les  règles  classiques,  retour 
à  la  nature,  recherche  du  réel  et  du  vrai,  passion  pour  l'histoire  et  les 
traditions  nationales,  subjectivisme  lyrique,  etc.,  M.  Lasserre  s'est 
livré  à  un  éreintemenl  très  amusant,  très  brillant,  plein  de  critiques 
piquantes  el  justes,  de  toutes  les  erreurs  et  de  toutes  les  exagérations 
du  romantisme;  ramenant  tout  le  romantisme  à  Rousseau  comme 
source  unique,  ne  voyant  dans  les  sentiments  romantiques  que  chi- 
mère et  corruption  des  passions,  dans  les  idées  romantiques  que 
folle  M  rhétorique,  et  enfin  faisant  surgir,  pour  achever  de  perverlir 
ce  romantisme,  issu  de  la  bassesse  el  de  l'extravagance  île  Rousseau, 
do  panthéisme  allemand  qui  engendre  en  politique  le 
-fanatisme,  en  esthétique  la  mort  du  goût,  dans  les  sentiments  le 
dilettantisme,  (le  livre  offre  tous  les  caractères  du  dérèglement  suhjec- 
mI\  Krique  et  fantaisiste  que  M.  Lasserre'  reproche  au  romantisme. 
Il  a  écrit  un  éreintemenl  romantique  du  romantisme. 

Rousseau  est  en  train  de  subir  des  assauts  qui  nous  paraissent  le 
grandirau  delà  de  toute  mesure.  Je  suis  peut-être  disposé  a  être  moi- 
mime  injuste  envers  lui  parce  que  je  n'ai  de  sympathie  ni  pour  son 
caractère,  ni  pour  ses  idées,  ni  pour  la  nature  même  de  son  génie;  mais 
je  suis  amuse  de  voir  que,  par  antipathie,  on  arrive  à  en  faire  un  monstre 
qui  domine  de  sa  stature  gigantesque  et  effroyable  l'âge  moderne  tout 
entier.  M.  Lasserre  fait  sortir  de  lui  tout  le  romantisme.  M,  Julea 
I.*»iii»t,  après  avoir  analysé  son  œuvre  avec  beaucoup  de  malice, 

I.  II.  Litaerre  i  consacré  m  petite  Ihèie  aui  théories  de  Nietzsche  sur  la 
M*aique  i-mii-ni!  •»  neriode  wagnerîcnne.  Il  lui  aurait  élé  facile,  s'il  avili 
voulu  traiter  ma  sujet  en  diatribe  colonie  il  a  fait  du  romantisme,  de  mon- 
trer i|ue  let  Rendrai l**liini»  ilr  Nleliscbe  sont  toute»  des  fantaisies  subjeclitei 
«I  arbitraire*.  Hait  11  le*  a  au  contraire  anilines  d'une  manière  tri»  serrée  et 
Ire*  sérieuse  et  a  apporte,  una  contribution  lr**  Intéressante  i  la  genèse  de» 
Mécs  de  Me.iiM-.iifl  et  à  leur  Évolution  ni  aatsl  I  Ij  pbUoMaiMi  de  U  musique. 


{(2 


It-LLETIS    BWWHBi 


de  malveillance,  de  finesse  et  d'esprit  dans  ses  conférences  sur/ 
Jacquet  Rousseau  (C.  Lévy),  (inîl  lui  aussi  par  déclarer,  ou  peu  s'en 
faut,  ijue  sans  Rousseau  il  n'y  aurait  eu  ni  romantisme,  ni  Répu- 
blique française,  ni  Terreur.  Mais,  vraiment,  est-ce  Rousseau  qui  a 
ik'rol,  dii  fois  plus  romantique  que  lui,  au  sens  même  de 
M.  Lasserre?  est-ce  Rousseau  qui  a  inspiré  les  rêveries  socialistes 
qui  ne  cessent  de  se  produire  en  France  au  cours  du  iviir*  siècle? 
est-ce  lui  qui  a  inspiré  les  théories  et  les  prophéties  du  marquis 
d'Argenson,  qui  prédisait  la  République  avant  même  quo  B 
eùl  rien  écrit?  Et  est-il  vraiment  d'une  critique  bien  judicieuse  de  la 
part  de  M.  Lemailre  de  prétendre  que  les  idées  de  Rou  - 
celles  d'un  étranger,  d'un  malade  et  d'un  fou,  quand  Housseau  n'a 
fait  que  revêtir  dune  rhétorique  merveilleuse  et  d'une  forme  clas- 
sique des  idées  dont  on  retrouve  les  éléments  chez  tous  les  philo- 
sophes du  siècle?  Rousseau  n'est  Genevois  que  par  le  hasard  de  sa 
il  est  Français  d'origine,  et  si  Genève  lui  a  fourni  des 
traits  pour  son  Contrat  social,  son  œuvre  dans  son  ensemble  ne  doit 
rien  a  la  Suisse.  El  vraimenl.  si  nous  répudions  Rousseau  comme 
Suisse,  devons-nous  aussi  répudier  Joseph  de  Maistre  comme 
Savoyard?  Il  me  semble  qu'après  un  siècle  et  demi  il  devrait  être 
possible  de  juger  les  hommes  et  les  idées  du  xtih*  siècle  avec  plus 
de  nuances  et  de  sérénité. 

On  éprouve  une  joie  pure,  au  sortir  de  la  lecture  de  livres  où  les 
agitations  du  temps  préseul  ont  trop  laissé  leur  empreinte,  à  relire 
les  essais  d'Emile  Roctxt,  qu'on  vient  de  réunir  sous  le  titre 
d'Études  politiques  (G.  Colin).  On  j  retrouvera  avec  plaisir  ses  deux 
belles  éludes  sur  Albert  Sore!  et  sur  Bardoux,  mais  surtout  on  pren- 
dra une  vraie  leçon  de  saine  critique  historique  et  d'impartialité  dans 
les  deux  essais  sur  la  Souveraineté  du  peuple  et  sur  la  Déclaration 
des  Droits  de  l'homme.  Non  que  je  souscrive  absolumenl  aux  idées 
qu'il  dévelop[>e  dam  le  second  de  ses  essais.  Je  crois  qu'il  y  a  plus  de 
vérité  qu'il  ne  le  pense  dans  la  thèse  de  M.  Jellinek,  qui  Irouve 
dans  la  Déclaration  des  Droits  de  l'homme  un  écho  direct  des  décla- 
rations des  droits  américaines;  mais  l'analyse  par  laquelle  M.  Boutmy 
indique  les  divergences  de  l'œuvre  des  constituants  français  cl  de 
celle  des  insurgenls  américains  esl  admirable  de  précision  el  de 
finesse,  et  il  a  également  pleinement  raison  quand  il  montre  l'action 
des  idées  des  philosophes  du  mil*  siècle  s'exerçant  en  même  temps 
des  deux  côtés  de  l' Atlantique.  L'essai  sur  la  souveraineté  populaire 
et  le  suffrage  universel  est  encore  plus  remarquable  par  le  sens  du 
réel  et  la  sérénité  qui  l'animent.  Aussi  éloigné  de  ceux  qui  voient 
dans  les  doctrines  démocratiques  la  révélation  d'un  idéal  sauveur 


IÏIAM.I-..  113 

des  sociétés  que  de  ceux  qui  y  voient  les  plus  darnnables  des 
erreurs  et  les  inventions  funestes  de  quelques  cerveaux  en  délire, 
il  t-ii  analyse  tous  les  avantages  et  les  inconvénients,  et  surtout  il  eu 
montre  la  naissance,  la  croissance  naturelle  et  l'inéluctable  dévelop- 
pement. Après  avoir  indique  tout  ce  qu'il  est  entré  de  paresse  intel- 
lectuelle el  d'amour  de  la  paix  dans  la  formation  des  principes  démo- 
cratiques, il  conclut  :  «  Celle  institution  du  suffrage  universel,  vers 
laquelle  tous  les  peuples  semblent  s'acheminer  a  mesure  qu'ils  se 
civilisent  davantage,  est  l'évidente  conclusion  d'un  syllogisme  dont 
les  prémisses  sont  fournies  par  l'histoire,  par  l'expérience  el  par  le 
progrès.  » 

Nous  avons  eu  récemment  un  exemple  curieux  de  la  passion  qui 
depuis  quelque  temps  s'introduit  dans  la  discussion  de  questions 
purement  scientifiques.  M.  Félix  Mathieu,  esprit  chercheur,  sub- 
til et  compliqué,  a  eu  l'idée  de  faire  des  recherches  sur  un  sujet 
1res  digne  en  effet  d'être  élucidé,  la  découverte  de  la  pesanteur 
fie  l'air,  à  laquelle  collaborèrent  quelques-uns  des  plus  grands 

lu  ito'  siècle,  Torricelli,  Uescartes,  le  P.  Mersenne, 
Auzout  et  Pascal.  C'est  à  ce  dernier  que  l'honneur  de  la  décou- 
verte est  surtout  revenu,  à  la  suile  de  l'expérience  du  Puy- 
de-Ili'ime  par  son  beau-frère  Périer.  M.  Mathieu  relève  des  par- 
ticularilés  singulières  :  l'expérience  du  Puy-de-Uome  eut  lieu 
le  19  septembre  1648 ;  Pascal  fit  imprimer  en  décembre  Xï48  un 
récil  de  l'expérience,  en  léte  duquel  il  plaça  une  lettre  adressée 
par  lui  a  Périer  le  15  novembre  1647  pour  l'inviter  à  faire  l'expé- 
rience, lettre  où  il  se  donne  comme  ayanl  eu  le  premier  l'idée  de 
celle  expérience  el  ou  il  fait  allusion  à  une  autre  expérience  faite 
devant  Périer  à  l'aide  de  deux  tubes,  et  qui  paraît  être  salle  du 
le  vide.  Or,  Descarles,  dans  une  lettre  a  Carcavi  du  1 1  juin 
4649,  affirme  avoir  donné  à  Pascal  l'idée  de  l'expérience  du  Puy- 
de-Dôme  dans  une  entrevue  qu'il  eut  avec  lui  en  septembre  1647, 
ri.  d'autre  part,  l'expérience  du  vide  dans  le  vide  fut  faite  pour  la 
première  fois  par  Auzout  en  juin  *i>48  [k  ce  qu'assure  M.  Mathieu). 
Il  y  a  donc  la  un  petit  problème  curieux  sur  la  priorité  d'une  décou- 

qu'en  offrent  presque  toutes  les  grandes  découvertes  scien- 

ear,  d'une  part,  les  grandes  découvertes  sont   rarement 

l'œuvre  d'un  seul  savant  et  mûrissent  d'ordinaire  eu  même  temps 

dans  plusieurs  cerveaux,  el,  d'autre  part,  chaque  savant  esl  assez 

revendiquer  pour  lui  seul  ce  qui  appartient  a  plusieurs. 

Mathieu,  qui  est  un  libre  penseur  ardent  fort  ennemi  du 
cisnie,  au  lieu  d'examiner  tranquillement  les  diverses  hypo- 
s  qui  pouvaient  expliquer  les  difficultés  signalées  plus  haut  et 
tUv.  ttwnw.  XCIV.  I"  rue.  8* 


m  «CLLBm    aiâTOHlQPR. 

de  chercher  à  démêler  la  part  de  chaque  inventeur,  a  lait  du  premier 
coup  la  j'Ius  invraisemblable  de  toutes  les  hypothèses,  celle  que  Pascal 
a  fabriqué  une  dusse  lettre  pour  en  imposer  a  la  posLérilé  et  pour 
enlever  à  Descarles  et  à  Auzout  le  mérite  de  la  priorité,  et  que  toute 
38  famille  a  été  complice  de  sa  supercherie.  Evidemment,  cette  idée 
est  venue  à  M.  Mathieu  à  la  suite  du  rôle  extraordinaire  que  les  faux 
ont  joué  dans  les  événements  de  ces  dernières  années;  mais,  sans  s'en 
douter,  M,  Mathieu,  éprouvant  une  joie  bizarre  à  trouver  un  faussaire 
dans  un  homme  que  nous  sommes  habitués  à  vénérer  comme  le  plus 
illustre  des  mystiques  et  des  apologistes  du  christianisme,  a,  dans 
une  série  d'articles  de  la  Bévue  de  Paris,  triomphalement  accablé  Pas- 
cal sous  les  accusations  de  faux  et  de  mensonge.  Étudiant  taule  l'his- 
toire de  la  découverte  à  la  lumière  de  cette  vérité  centrale  :  la  lettre 
du  (5  novembre  1647  est  un  faux,  il  a  cherché  à  accumuler  les 
preuves  de  la  culpabilité  de  Pascal.  MM.  Duhem  et  Brunschwicg  ont 
montré  l'invraisemblance  de  l'accusation  de  M.  Mathieu  au  point  de 
vue  de  l'histoire  même  de  la  découverte.  M.  Abel  Lefbikc,  dans  des 
articles  de  la  Revue  bleue,  réunis  eu  brochure  sous  le  litre  :  Défense 
de  Pascal.  Pascal  est-il  un  faussaire  ?  a  examiné  les  accusations  de 
M.  Mathieu  en  érudit  au  simple  point  de  vue  de  la  critique  des 
textes  et  montré  que  M.  Mathieu  a  été  victime  d'une  hallucination 
analogue  à  celle  des  accusateurs  de  Dreyfus  qui,  prenant  pour  point 
de  départ  la  certitude  qu'il  avait  écrit  le  bordereau,  ont  vu  tout  se 
transformer  à  leurs  yeux  en  preuves  de  la  justesse  de  celle  attribu- 
bulion.  Or,  M.  Lerranc  a  accumulé,  lui,  les  preuves  d'erreurs 
commises  par  M.  Mathieu.  M.  Mathieu  prétend  qu'il  est  impossible 
que  Pascal  ail  invilé  le  15  uovemhrc  1647  Périer  à  faire  une  expé- 
rience qui  n'eut  lieu  qu'en  septembre  16S8.  M.  Lefranc  montre  que 
les  déplacements  de  Périer  expliquent  1res  bien  ce  long  délai. 
M.  Mathieu  prétend  que  Pascal  lit  imprimer  sa  brochure  chez  un 
petit  relieur  qui  vendait  des  livres  de  piété  et  ne  la  fil  pas  mettre  en 
vente,  car  il  n'en  existe  que  trois  exemplaires.  M.  Lefranc  fait  remar- 
quer que  l'éditeur  Savreux  était  un  libraire  connu,  que  Sainte- 
Beuve  a  signalé  comme  l'éditeur  attitré  des  jansénistes,  mis  trois 
fois  à  la  Bastille  pour  la  bonne  cause,  qu'il  est  facile  d'expliquer  la 
rareté  de  la  plaquette  de  Pascal,  doul  il  existe  au  moins  un  exem- 
plaire, ignoré  de  M.  Mathieu,  a  l'Arsenal.  Mais,  ce  qui  est  plus 
grave,  M.  Mathieu  prétend  qu'une  fois  cette  brochure  parue  (celle 
brochure  restée  inconnue  de  tous),  lous  les  savants  qui  jusque-là 
admiraient  Pascal  ont  évité  de  prononcer  son  nom  elqu'ilaulo  l'objet 
d'une  réprobation  universelle.  El  M.  Malhieu  cite  les  DODU  île 
Huygeus,  Rohault,  Mariolle  parmi  les  savants  qui  ont  indiqué 


^^^^^^^H 


noms  de 
diqué  leur 


mscE.  415 

blâme  par  leur  silence.  Il  a  suffi  à  M.  Lefranc  d'ouvrir  la  correspou- 
danee  de  Huvgens,  les  œuvres  de  Fermai,  ttohaull,  Mariette  pour 
reconnaître  que  l'assertion  de  M.  Mathieu  était  le  contraire  de  la 
vérité.  Il  aurait  pu  ajouter  que  le  jeune  Auzout,  qui  aurait  pu  plus 
que  personne  se  plaindre  de  Pascal  si  la  théorie  de  M.  Mathieu  était 
vraie,  fui  toujours  avec  lui  en  rapports  d'amitié  et  de  bonne  confra- 
ternité scientifique'.  M.  Mathieu  a  entrepris  maintenant  de  répondre 
aux  réfutations  dont  ses  premiers  articles  ont  été  l'objet;  mais  la 
manière  même  dont  il  a  présenté  sa  réponse  affaiblit  sa  thèse.  Il 
prétend  n'être  en  désaccord  avec  MM.  Duhem  et  Brunschwieg  que 
sur  des  points  de  détail,  alors  qu'ils  sont  en  absolue  opposition 
avec  lui  ;  et  il  fait  porter  son  effort  sur  {'éloquence  de  M.  Lefranc, 
a  qui  il  reproche  d'avoir  fait  un  plaidoyer,  alors  que  c'est  lui 
qui  a  lait  un  réquisitoire,  et  que  M.  Lefranc  n'a  pas  même  traité 
la  question  de  fond  et  s'est  borné  à  relever,  en  bon  érudit  el 
critique  de  lestes,  les  erreurs  de  fait  de  M.  Mathieu.  Or,  sur  les 
erreurs  de  bit,  M.  Mathieu  «lisse  ou  ergote,  et  Huit  dans  son 
article  du  13  mars  par  transformer  le  faux  prétendu  de  Pascal 
eu  un  faux  platonique,  dont  il  ne  s'est  pas  servi.  Je  ne  veux  pas 
insister  davantage,  car  si  je  traitais  la  question  jo  soutiendrais  que 
la  date  seule  de  la  lettre  de  Périer  exclut  toute  idée  de  faux1.  Mais  je 
n'ai  voulu  ici,  en  parlant  de  MM.  Lasserre  et  Mathieu,  faire  qu'une 
Mule  chose  :  mettre  en  garde  les  jeunes  historiens  contre  l'inl réduc- 
tion de  passions  étrangères  à  la  science  dans  l'examen  de  questions 
scientifiques.  Opposons-nous  au  retour  offensif,  que  nous  constatons 
en  France,  comme  en  Allemagne  d'ailleurs,  de  l'imagination,  de  la 


t.  Auzout,  dont  un  ignore,  je  crois,  la  date  île  naissance,  riait  probablement 
un  tout  jeune  buinmr,  plut  jeuno  que  i'.isul  et  vivant  dans  son  intimité.  Qui 
nous  dit  que  ion  eipéricnre  <lu  ride  dans  le  vide  n'a  pas  été  faite  d'accord 
avec  Pascal  î 

; i r-ii  autant  d«  I j  manière  dont  Pascal  parle  de  leipcriencc  fuite  avec. 
drui  tubes.  S'il  avait  connu,  rn  écrivant  en  passage,  l'expérience  d'Auiout,  il  se 
serait  exprimé  d'une  manière  moins  incorrecte.  Il  dut  faire  avec  l'erier  nu  essai 
maladroit  et.  en  effet,  peu  probant.  Il  J  a  une  hypothèse  que  H.  Mathieu  attrait 
l*i  el  du  faire:  celle  <|iu>  Ptscal,  tout  es  tyanl  bien  réellement  écrit  a  Pèrier  une 
lettre  le  15  novembre  1617  pour  lui  demander  de  taire  l'expérience  du  Pnj-de- 
Koine,  aurait,  en  Imprimant  celle  lettre  en  décembre  1648,  modifié  «on  texte 
■ai  plus  ne!  et  plus  «Itirmalir.  Cela  n'aurai!  rien  d'incompatible  nu 
In  Idées  dater*  eu  utUere  de  publication  de  textes.  Que  Pascal  ait  «Me  *  la 
tentation  de  tirer  la  couverture  a  lui,  comme  l'a  dil  Sainle-lieuve,  c'est  vraisem- 
blable. Deacarlaa  cl  lui  aavaicnl  tous  deux  probablcioenl  que  Hcrsenne  avait, 
m(  leur  rencontre  de  1647,  suggéré  l'idée  d'une  ci  périmer  faite  à  des  altl- 
i.  Il»  te  vantaient  tous  les  deux  en  prétendant  avuir  4M  les 
1 1  avoir  cette  idée. 


<H6  BULLITIlf  HI8TOUQ0E. 

méthode  subjective  et  intuitive,  des  généralisations  hâtives  et  soi- 
disant  philosophiques  dans  l'histoire  et  la  critique. 

H.  Georges  Picot  a  réuni  en  deux  volumes  les  Notice*  historiques 
(Hachette)  qu'il  a  lues  aux  séances  solennelles  de  l'Académie  des 
sciences  morales  et  politiques  depuis  4896.  Elles  s'ouvrent  par  un 
portrait  fin  et  équitable  de  H.  J.  Simon,  le  prédécesseur  de  H.  Picot 
dans  les  fonctions  de  secrétaire  perpétuel.  Celles  de  ces  notices  qui 
sont  les  plus  précieuses  pour  l'historien  sont  celle  de  H.  de  Montali- 
vet,  beau-père  de  H.  Picot,  dont  il  a  pu  parler  d'après  des  documents 
personnels,  celles  du  duc  d'Aumale,  de  H.  Gladstone  et  d'Hippolyle 
Passy.  Hais  on  lira  aussi  avec  grand  profit  les  portraits  de  Barthé- 
lémy Saint-Hilaire,  de  Léon  Say,  de  Gh.  Renouard,  de  Paul  Janet, 
de  Th.  Roussel,  d'Aug.  Cochin.  Tout  en  restant  fidèle  au  parti  pris  de 
bienveillance  qui  est  la  loi  des  éloges  académiques  et  qui,  d'ailleurs, 
était  dicté  à  H.  Picot  par  ses  propres  inclinations,  il  n'en  a  pas  moins 
tracé  de  ces  hommes  politiques  et  de  ces  philosophes,  qui  étaient  en 
même  temps  des  hommes  de  bien,  des  portraits  vivants  et  vrais,  d'un 

noble  style. 

G.  Monod. 


tKfiUTlUE. 


ANGLETERRE. 


fSuiti*.} 

Si  l'on  veut  avoir  une  idée  juate  du  caractère  et  de  la  politique 
Cromwell,  il  faut  lire  sea  discoura  et  aea  lettres.  Tous  lea 
historiens  connaissent  le  recueil  qu'en  a  fait  Cuaux.  11  est  devenu 
classique.  Une  réédition  enaéle  donnée  par  la  librairie  Melhuen'.  Le 
travail  de  revision  a  été  confié  à  Miss  S.  C.  Louas,  qui  continue 
actuellement  au  P.  U.  0.  l'inventaire  des  Slate  panera  (série  Domentie). 
Elle  s'en  est  acquittée  avec  tout  le  soin  désirable.  On  a  finalement 
reproduit  la  3*  édition  donnée  par  Carlyle  (18*9),  avec  le  commen- 
taire qu'il  a  donné  du  texte  et  qui  est  d'une  saveur  si  originale. 
Même  les  pièceB  de  l'appendice,  qui  sont  des  additions  fournies  à 
Carlyle  après  la  T'clla  2°  édition  de  son  ouvrage,  ont  été  conservées 
place  au  lieu  d'être  distribuées  à  leur  place  chronologique. 
Seulement  M11*  Lomas  a  revu  les  teites  publiés  par  Carlyle  sur  les 
originaux  ou  sur  les  copies  qui  nous  en  sont  parvenus-,  elle  a 
corrigé  maint  passage,  ajouté  des  notes  qui  complètent  ou  rectifient 
celles  de  Carlyle,  enfin  apporté  a  son  tour  un  notable  supplément  du 
149  numéros.  Tout  cela  est  narrait.  Hais  on  regrettera  que  l'on  n'ait 
pas  fondu  ensemble  les  anciens  matériaux  el  les  nouveaux,  dans  une 
seule  suile  chronologique.  Objeclera-t-on  que  ce  classement  aurait 
altéré  le  caractère  du  commentaire  de  Carlyle?  M.  Pirlb,  dans  une 
Introduction,  a  donné  les  preuves  lea  plus  variées,  parfois  les  plus 
l,  de  l'inaptitude  de  Carlyle  aux  travaux  d'érudilion  :  Carlyle 
n'a  pas  cherché  à  donner  un  recueil  complet  des  écrits  de  Cromwell 
et  il  en  a  volontairement  omis  d'importants;  il  n'a  pas  su  discerner 
les  vrais  des  faux  et  s'est  laisse  duper  par  un  imposteur,  ignorant 
d'ailleurs  autant  qu'imprudent,  William  Squire*;  mal  renseigné  (il 
l'avouai)  lui-même)  sur  l'histoire  de  l'Angleterre  avant  el  après  Crom- 
well, domine  par  ses  passions  politiques,  au  point  de  ne  pouvoir 
apprécier  les  événements  el  les  hommes  du  xvn*  siècle  qu'à  la  mesure 

1    Voir  KM,  Aij(.,  t.  XOm,  p.  379. 

i,  TV  tettrrt  and  iperehe*  o{  Olierr  Cromwell,  irUh  tluridatiom  b,  Tho- 

mat  Carlyle.  Editai   with   noies,   luppttnttt  Htd  eiilurged  indel,  l>>   8.   C. 

u,  «illi  an  introduction  hy  C.  II.  Firlù.  Londres,  Helhuen,  1901,  3  vol., 

■  1 1 -557  «t  im-60*  p. 

3.  i.i-i  ■  Sijulri*  |hjjict»  ■  ont  ttc  binni»  do  la  présente  édition.  C'est  de  tnale 

jotUcr. 


m 


BULLKTIIf   IHSTOniQPK. 


d'un  tory-socialiste  de  1840,  il  était  incapable  de  donner  un 
raentaire  vraiment  complet  el  compréhensif  des  textes  publiés  par  lui. 
Il  reste  que  ce  commentaire  est  plein  de  vues  originales,  que  Cari  vie 
a,  le  premier,  lait  revivre  le  véritable  Cromwell,  dont  l'image  avait  été 
défigurée  par  les  préjuges  des  partis,  whigs  ou  tories.  Ces  mérites 
aussi  ont  été  mis  en  pleine  lumière  par  M.  fictif,  mais  ce  n'eût  pas 
éle  faire  offense  au  génie  littéraire  de  Carlyle  que  de  reprendre  son 
œuvre  dès  les  fondations,  d'en  éliminer  les  parties  caduques  et  de  le 
reconstruire  en  style  tout  moderne.  Il  faudra  bien  qu'on  en  vienne  là. 

On  sait  par  quoi  hardi  coup  de  main  le  cardinal-archiduc,  qui  gou- 
vernail les  Pays-Bas  au  nom  de  Philippe  II,  s'empara  de  Calais  le 
il  avril  1596.  L'émoi  fut  vif  en  Angleterre,  où  l'on  put  craindre  une 
invasion  espagnole;  la  milice  des  comtés  méridionaux  reçut  l'ordre 
de  se  tenir  prête  au  premier  appel.  Un  des  chefs  de  cette  milice, 
Sir  Henry  Knyvetl,  lieutenant  du  comté  de  Wilts,  eut  l'idée,  tout  en 
travaillant  activement  à  ces  préparatifs,  de  rédiger  un  traité  sur  la 
défense  du  royaume  qui  Tut  en  effet  présenté  a  la  reine  et  dont  l'ori- 
ginal est  actuellement  conservé  à  la  bibliothèque  Cbelham,  à  Man- 
chester. Ce  traité  vienl  d'être  publié  par  M.  Charles  Hogbes'.  Il  n'a 
plus  aujourd'hui  qu'un  intérêt  de  curiosité  :  Sir  Henry  proposait  l'or- 
ganisation d'une  milice  où  serait  enrôlée  toute  la  population  mâle  de 
dix-huit  à  cinquante  ans,  et  l'on  sait  qu'aujourd'hui  encore  l'Angle- 
terre répugne  à  introduire  chez  elle  la  lourde  et  dangereuse  obligation 
du  service  militaire.  Notons  cependant  que,  dans  la  milice  dont  il 
trace  le  plan,  Sir  Henry  fail  une  place  importante  aux  archers,  alors 
qu'en  fail  ces  combattants  d'un  autre  âge  venaient  de  disparaître  pour 
toujours  de  l'armée  anglaise.  On  voit  qu'ils  laissaient  des  regrets. 
Dans  l'introduction,  M.  Hughes  a  donné  une  bonne  biographie  de 
Knyvetl,  personnage  jusqu'alors  fort  ignoré,  el,  dans  une  des  notes 
de  l'appendice,  il  a  donné  la  bibliographie  des  ouvrages  sur  l'arl  de 
la  guerre  que  Sir  Henry  a  pu  consulter  avant  de  rédiger  son  traité. 

Signalons  encore,  dans  la  même  série,  les  Mémoires  sur  les  affaires 
maritimes  de  1679  à  1688  par  Pepys.  Pepys  est  l'auleur  du  célèbre 
»  Journal  »  où  il  peint  avec  (anl  de  complaisance  les  vices  de  la  cour 
de  Charles  II  pendant  les  dix  premières  années  de  la  Restauration  ; 
mais  cet  épicurien  Tut  aussi  un  administrateur  remarquable.  Son 
■  Journal  »  est  une  œuvre  de  jeunesse  (il  l'écrivit  de  vingt-sept  à 

1.  The  Dtifense  of  Ike  realm,  1597.  Oïfonl.  at  tbe  Clareadon  presi,  1906, 
mivi-75  p.  «  Tudor  and  Sluart  library.  •  Sous  ce  titre,  le  célèbre  institut 
typographique  d'Oxford  publie  des  éditions  ou  réimpressions  d'écrits  anrirns 
où  il  s'efforce,  arec  un  art  parfait,  de  faire  revivre  tes  caractères  d'imprimerie 
el  les  reliures  du  temps.  Celte  plaquette  .1  forl  bon  air. 


in 

trente-six  ans),  et  la  réorganisation  de  la  marine,  à  laquelle  il  consacra 
■on  âge  mûr,  lui  assure  un  renom  du  meilleur  atoi;  il  ;  lit  revivre 
I  ions  puritaines  d'ordre,  du  discipline  et  de  progrès  qui,  au 
Cromwell,  avaient  fait  de  la  marine  un  admirable  instru- 
ment de  guerre  et  de  gouvernement.  Enveloppé  dans  la  disgrâce  du 
duc  d'York  après  le  prêlendu  complot  papiste  do  (679,  Pepys  fut 
mis  à  la  Tour  de  Londres;  une  administration  nouvelle  fut  instituée 
résultai  fut  si  déaastreai  que  Pepys  fut  rappelé  au  bout  de 
cinq  armées.  C'est  pour  mettre  sous  les  jeux  du  roi  elles  Taules  com- 
mise.* et  la  nécessité  d'un  retour  aux  saines  méthodes  que   Papjl 
rédigea  les  mémoires  que  nous  annonçons;  ils  Turent  publiée  en 
i    I   B.  Tanieb,  qui  les  réédite,  en  a  retrouvé  les  sources  on- 
i  ma  le  Tonds  Pepjs,  conservé  aujourd'hui  au  collège  de  la 
ie  B  Oxford*;  ces  sources  garantissent  l'exactitude  des  Tails 
,'t  ta  cnill'ri's  il-;  uire*. 

Bttmu  c^saïuc.  —  Deux  grandes  entreprises  do  librairie  ont 
été  lancées  en  même  temps  et  presque  avec  le  même  caractère.  La 
première  est  une  Histoire  d'Angleterre  en  six  volumes,  qui  parait 
chez,  Methucn,  sous  la  direction  de  M.  CbarlM  Omm;  I;'  seconde, 
m  point  de  vue  plus  limité,  mais  dan*  JÎTpTus  vastes  pro- 
portions, est  une  Histoire  politique  de  f Angleterre,  en  douze  volumes, 
que  publie  la  maison  Longmans,  sous  la  direction  de  MU.  William 
Bon  et  H.  I,.  PofltB.  Dans  l'une  comme  dans  l'autre  de  ces  deux 

séries,  chaque  rolu a  èlé  attribué  l  un  auteur  différent,  et  il  Taut 

dire  que  le  choix  de  ces  collaborateurs  a  été  excHleni  BU  général.  M 
témoigne  en  tout  cas  de  ce  fait  que,  si  le  travail  scientifique  est 
encore  très  mal  organisé  en  Angleterre,  sauf  dans  quelques  centres 
ni  Vers)  tairas  relativement  récents  comme  à  .Manchester),  ce  ne 
sont  pas  les  hommes  de  valeur  qui  manqueraient  h  une  organisation 
plus  méthodique.  Parlons  d'abord  de  la  collection  Oman. 

La  période  qui  s'étend  de  la  conquête  normande  a  la  mort  île 
IL-iiri  III  |  été  traitée  par  M.  H.  W.  G.  Dira*,  dont  e'esl  le  premier 
ouvrage  notable,  et  qui  s'est  révélé  du  coup  comme  un  maître. 
H.  Davis  connaît  admirablement  les  sources  de  celte  histoire;  il  lésa 
examinées  de  près  et  il  les  interprète  dune  façon  qui  lui  est  person- 

l.  Pepy>'  Htmoira  of  Iht  royal  fllavy,  1679-1688-  Oxford,  il  (lie  ffla- 
rmdua  |>™i,  IBQC,  XTtu-131  p.  cl  un  indu  ■  Tudor  and  âluarl  libnrr.  • 
PrU  :  5  il.. 

ï.  M  Tinn-r  ■  déjà  publié  un  ÙttmtlpttM  Catalogue  of  tlu  naval  manui- 
tripinn  tht  Pepytian  library  il.  «VI  oi  XWII  ,k,  pabUcaUoai  du  I*  Xavy 
ncord*  Society). 

3.  A  khtory  ->f  tngtand.  Vol  It  ;  Englnnd  under  Ike  Mormon*  and  Ânje- 
Wfu,  tûM-an,  Londres.  M«lln>«n.  XIX-577  p.  Prix;  10  in.  fi  d. 


Kl  T.i.lTi  V    BlSTORtQOR. 

nelle.  Quand  il  diffère  d'opinion  avec  ses  devanciers,  fûl-ee  même 
M.  Round,  il  le  dit  nettement  et  donne  brièvement  ses  raisons.  Le 
plan  de  la  publication,  qui  s'adresse  plutôt  au  grand  public  qu'aux 
érudits  proprement  dits,  ne  comportait  pas  une  annotation  minu- 
tieuse, où  chaque  fait,  pour  ainsi  dire,  s'appuie  sur  des  preuves; 
mais,  au  point  important,  on  trouve  le  renvoi  aux  sources,  bref  et 
précis.  L'auteur  mentionne  aussi  quelquefois  des  ouvrages  modernes. 
mais  c'est  l'exception.  Le  plu3  souvent,  il  faut  se  contenter  de  la 
bibliographie,  placée  en  bloc  à  la  fin  du  volume1.  Si  discrète  qu'elle 
soit,  cette  érudition  a  son  prix  et  recommande  même  aux  spécia- 
listes la  lecture  de  l'ouvrage.  Un  excellent  index  permet  de  le  consul- 
ter rapidement.  L'exposition  est  claire  et  attachante.  M-  Davis  excelle 
à  mettre  en  lumière  les  faits  et  à  donner  de  la  vie  aux  personnages. 
Sur  des  prélats  aussi  connus  que  saint  Anselme  et  que  Thomas  Bec- 
kel,  sur  des  hommes  d'État  tels  que  Guillaume  le  Conquérant  ou 
Henri  II,  s'il  n'a  rien  de  neuf  à  nous  dire,  il  n'est  jamais  banal  ;  la 
comparaison  qu'il  institue  entre  Simon  de  Monlforl  et  Edouard  I", 
par  exemple  (p.  479),  est  d'un  homme  qui  pense  par  lui-même.  El 
il  lui  arrive  de  faire  passer  légitimement  au  premier  rang  des  ligures 
un  peu  effacées  d'ordinaire,  comme  celle  de  l'archevêque  de.  Canlor- 
hery,  Hubert  Gautier.  L'histoire  politique,  les  inslilulions  adminis- 
tratives sont  traitées  avec  le  même  souci  de  l'information  exacte  et 
le  même  scrupule  d'originalité.  H  montre  très  bien  la  réalité,  le  carac- 
tère, l'extension  de  l'anarchie  qui  désola  l'Angleterre  sous  le  règne 
d'Etienne,  et  il  consigne  sur  une  carte  les  résultats  auxquels  l'a  con- 
duit l'étude  attentive  des  faits.  Si  l'on  compare  celte  carte  (p.  160)  à 
celle  de  la  ■  renaissance  monastique  »  en  4124-1154  (p.  495),  on 
constate  que  les  établissements  monastiques  se  sont  fondés  de  préfé- 
rence dans  les  régions  dévastées  par  la  guerre,  soil  par  les  expédi- 
tions du  Conquérant,  soit  par  les  luttes  entre  Etienne  et  Mathilde. 
Les  indications  fournies  par  celle  carte  de  l'Angleterre  monastique 
viennent  aussi  confirmer  d'une  façon  inattendue  (et  seulement  en 
général!  ce  que  dit  l'auteur  sur  cette  anarchie.  Dans  un  tout  autre 
domaine,  on  tiendra  compte  des  réflexions  qu'il  présente  sur  la 
convocation  des  représentants  des  communes  au  Parlement  (p.  471). 
Sur  une  période  où,  depuis  une  génération,  sont  venus  s'accumuler 
tant  de  travaux  importants,  le  volume  de  M.  Davis  apporte  donc  son 
contingent  notable  d'impressions  el  d'idées;  il  doit  être  mis  hors 
de  pair*. 

1.  Corriger  Cuira  tut  (Guiraml),  Vahtet  (Vaisselc]. 

1    \  |.jih-  gulgm  remarques  Je  détail  :  Robert  Je  Mettent  (p.  3,  68,  etc.) 


ittGtETIME.  421 

e  des  Tiidors  a  été  traitée  par  M.  Arthur  D.  Ikkrs'.  Son 
volume  se  lit  avec  un  grand  intérêt.  Il  3'est  attaché  particulièrement 
a  Élire  comprendre  le  côté  politique  des  événements;  le  développe- 
ment des  formes  sociales,  la  transformation  économique,  l'organisa- 
lion  administrative  même  sont  simplement  esquissés.  L'œuvre  ano- 
nyme du  siècle,  l'histoire  propre  du  peupla  anglais  sout  reléguées  au 
second  plan.  C'est  aux  individus  que  M.  Innés  s'intéresse;  il  raconte 
leurs  actes,  il  en  scrute  les  intentions,  il  les  juge  avec  finesse,  avec 
équité.  Il  proteste  avec  toute  raison  contre  les  partis  pris  de  Froude  ; 
pODT  Henri  VIII,  par  exemple,  il  remet  en  plus  d'une  occasion  les  choses 
au  point.  En  ce  qui  concerne  Wolsey,  il  n'a  garde  de  tomber  dans 
!■■-  l'xageraliuns  >!'_•  Tau n ton.  S'il  accepte  en  somme  l'opinion  de 
Pollard  sur  le  Lord  protecteur  Somerset,  ou  de  miss  Slotie  sur  la  reiuu 
Marie  Tudur,  il  apporte  a  leurs  portraits  des  retouches  de  détail  qui 
mil  l-.iir  prix.  Sur  Marie  Stuarl,  il  ne  se  prononce  pas  nettement, 
parce  que  le  conflit  des  témoignages  et  surtout  la  forme  suspecte 
qu'ils  ont  revèlue  lui  interdisent  toute  certitude,  La  question  reste 
pour  lui,  comme  pour  M  Lang,  un  mystère.  En  pareil  cas,  pour  se 
décider,  on  n'a  que  des  impressions,  et  lus  impressions  personnelles 
de  M.  Innés  ne  l'inclinent  pas  à  un  jugement  favorable  envers  la 
reine  d'Ecosse.  Du  moins  monlre-til  honnêtement  les  différentes 
faces  des  problèmes  et  les  circonstances  extérieures  qui  commandent 
les  résolutions  humaines.  Parfois  il  pousse  jusqu'à  la  subtilité  le 
goûl  des  nuances,  par  exemple  quand  il  discute  jusqu'à  quel  point 
les  entreprises  de  Drake  contre  les  colonies  espagnoles  doivent  être 
considérées  comme  des  actes  de  piraterie.  Il  serait  injuste,  à  coup 
sir,  de  placer  Drake  au  rang  des  vulgaires  écumeurs  de  mer,  ou 
même,  si  l'on  veut,  des  pirates  barbaresques;  il  faut  avouer  néan- 
moins que  certaines  de  ses  entreprises  ont  èlé  préparées  avec  une 
dissimulation,  accomplies  avec  un  mépris  du  droit  des  gens  qui 
méritent  d'exciter  la  réprobation  et  qu'on  a  le  droit  de  les  juger 
sévèrement,  en  se  plaçant  même  au  niveau  moral  de  l'époque, 
fie  1res  intéressant  ouvrage  me  laisse  cependant  un  vif  regret  : 
la  bibliographie  est  tout  à  fait  insuffisante.  Non  pas  que  M.  Innés 
n'ait  Indiqué  les  ouvrages  vraiment  utiles  à  lire  sur  l'époque  qu'il 
mtia  la  partie  relative  aux  sources,  la  plus  importante 
cependant,  est  vraiment  trop  indigente.  Les  textes  essentiels  sur  le 
divorce  de  Henri  VIII,  sur  Marie  Stuarl,  sur  les  guerres  avec  l'Es- 


n«  demil-U  pa»  être  appelé  île  Mutai.'  — P.  170,  il  faut  Tpret  [non  Tprèt). 
—  P.  487,  H.  Davis  *  oublié  qiin  l«  Pbtlippe  de  Reims,  dont  il  cite  deux  xen. 
n'e»l  iiitrr  que  Philippe  de  Rtmi,  «Ira  de  Beauroanuir. 
1  Enjlaad  unrfer  iht  Tuiion.  Metbucn,  xvm-481  p. 


122 


BOLLETIS    HI!<TOIir<_U;E- 


pagne  ne  s'y  trouvent  pas.  En  particulier,  les  sources  étrangères 
■OBt  eoUènmtni  omises.  On  dirait  vraiment  que  la  lecture  des 
Ctxlendars  doit  dispenser  de  toute  autre  recherche.  Gel  appendice 
devrait  être  entièrement  remanié,  ce  qui  serait  facile  et  ce  qui  aug- 
menterait à  peu  de  frais  la  réelle  valeur  de  l'ouvrage. 

M.  Innés  s'applique  à  peindre  les  principaux  acteurs  qui  ont  figuré 
sur  la  scène  politique.  M.  Georges  Macaulay  Tieteltin,  à  qui  est 
incombée  la  Lâche  de  raconter  l'époque  des  Sluarts1,  aime  a  disserter 

sur  le-  ivtiisc?  u nies  t't  particulières  des  événements,  MK  la  000- 

dition  des  différentes  classes  de  la  socîélé.  L'auteur  de  l'Angleterre 
au  temps  de  Wycltjffe  est  à  l'aise  dans  le  domaine  des  idées  et  des 
faits  de  l'histoire  religieuse,  politique  et  sociale;  au  mu*  siècle,  ce, 
domaine  est  aussi  ample  que  varié.  M.  Trevelyan  nous  en  présente 
habilement  les  aspects  si  divers  et  le  développement  logique.  Il 
montre  a  merveille  les  origines  de  la  grande  révolution  puiiLaine  d'où 
est  sortie  l'Angleterre  moderne,  le  caractère  assez  particulier  de  la 
guerre  civile  qui  mit  en  conflit  des  principes  et  non  des  classes,  qui 
ébranla  le  pays  sans  compromettre  son  unité  politique,  qui  lit 
triompher  en  déllnilive  l'esprit  puritain  tout  en  épargnant  à  l'Angle- 
terre les  maux  effroyables  qui  accompagnent  d'ordinaire  les  gUfltna 
de  religion.  La  tolérance  religieuse  est  aux  yeux  de  M.  Trevelyan 
l'idée  fondamentale  du  monde  moderne;  il  la  montre  tout  d'abord 
combattue  par  le  fanatisme  des  partis  puritains,  revendiquée  avec 
violence  par  les  sectaires,  démocrates  et  ennemis  des  presbyte  riens. 
poussant  Cromwell  au  pouvoir,  puis  se  glissant  peu  à  peu  dans  la 
pratique  gouvernementale  à  la  faveur  du  scepticisme  immoral  et 
impudent  de  la  Restauration,  triomphant  enfin  après  la  crise  de 
(tî.SN-Hi.S'J.  Le  progrés  vers  la  liberté  nous  est  présenté  avec  beau- 
coup d'art  et  de  variété  surtout  dans  la  première  partie  du  livre, 
celle  où  l'auteur  est  constamment  soutenu  par  les  excellents  travaux 
de  S.  H.  Gardiner  et  de  C.  IL  Firlb  ;  il  parait  moins  sûr  de  lui  dans 
la  seconde  moitié,  mais  partout  c'est  le  même  style  brillant,  ingé- 
nieux, éloquent,  non  saus  quelque  soupçon  peut-être  d'enflure  ou  de 
préciosité,  toujours  vivant  et  captivant*. 

Les  collaborateurs  réunis  sous  la  direction  de  M.  Oman  ont  eu  le 
champ  moins  libre.  On  leur  a  évidemment  imposé  l'obligation  de  se 


l.  Ençtand  under  the  Stuarlt.  Mctbuen,  xvi-566  p. 

S.  Le  premier  Parlement  dp  Jacques  I"  a  pIp  .liions,  non  en  1610,  comme 
il  Ml  dit  i  U  p.  m.  mai'  ru  Ir.tl.  OoaHM  il  Ml  dil  à  U  p.  1M-  Il  n'est  p» 
exact  que  Jacques  VI,  roi  dKtosw,  ail  épouse  une  calluiii.inc  fj>  II .:  Anne 
de  Danemark  etail  luthérienne,  elle  se  conrerUI  an  cattiolieisme  peu  «tant 
!  avènement  de  ton  époux  au  trône  d'Angleterre, 


IfCLETEME.  i23 

renfermer  strictement  dans  le  cadre  d'une  histoire  politique,  et,  par 
là  même,  on  les  condamnait  d'avance  à  une  certaine  monotonie,  Le 
tome  1  est  peul-Olre  celui  qui  échappe  le  plus  à  cette  aéeessHa  N  1 
cet  ineonvémeni.  Il  a  pour  auteur  SI.  Thomas  Houckii ',  hien  connu 
par  scs  excellents  travaux  sur  les  invasions  germaniques  en  Italie. 
Il  commence  par  un  chapitre  liminaire  sur  l'homme  préhistorique  dans 
la  Bretagne  Insulaire  et  l'on  se  demande  ce  que  l'anthropologie  peut 

■■■-  sur  l'histoire  «  politique  «d'un  pays;  mais  il  n'importe  pas 
en  somme,  d'autant  que  ce  chapitre  est  1res,  court.  Ceui  qui  suivent 
ont  ce  mérite  d'être  le  très  fidèle  résumé  des  documents,  maltaeu- 

Dl  si  fragmentaires,  qui  nous  sont  parvenus.  Pour  l'histoire 
des  invasions  anglo-saxonnes,  l'auteur  suit  et  analyse,  chacun  à 
son  tour,  les  témoignages  de  source  gallo-romainefProsperTiro  et  la 
Vie  de  saint  Germain),  anglaise  (fiède  et  la  Chronique  anglo-saxonne) 
et  enfin  bretonne  (Gildaa  et  Nennius,  le  Nennius  vindicatus  de  Zim- 
mer*).  Cette  méthode  est  lente,  mais  conduit  a  des  résultats  pro- 
bables, en  réduisant  dans  la  plus  large  mesure  la  place  laisséeâ  l'hy- 
pothèse. On  constate  avec  plaisir  que  M.  Hodgkin  se  lient  sévèrement 
en  garde  contre  les  exagérations  et  les  partis  pris  de  r'reeman.  Il  ne 
croit  pas  que  la  race  bretonne  ail  disparu  devant  les  vainqueurs;  il 
rappelle  doucement  cette  concession  faite  par  Freeman  que  les 
femmes  des  vaincus  devinrent  la  proie  des  nouveaux  maîtres  ;  de 
leur  union  naquit  un  peuple,  que  caractériserai l  fort  justement  l'épi- 
Ihete  d'anglo-cclte.  Il  s'en  faut  donc  beaucoup  que  les  Anglais 
soient  de  pure  race  leutonique,  et  cette  observation  de  bon  sens  suf- 
firait à  elle  seule  pour  renverser  la  construction  élevée  par  l'imagi- 
nation téméraire  de  Precman.  Notons  d'autre  part  l'intéressant  rap- 
prochement que  fait  M.  Hodgkin  entre  les  Angli  et  les  Longobardi 
(p.  Si)  et  la  concomitance  vraiment  significative  qu'il  observe  entre 
les  invasions  des  Germains  en  Bretagne  et  celle  d'Attila  dans  le 
centre  de  l'ouest  de  l'Europe  (p.  iOU).  Il  esl  vraisemblable  en  effet 
que  les  peuples  saxons  qui   se  sont  jetés   sur  la   Bretagne  vers 

i  .lu  v*  siècle  fuyaient  devant  les  Huns.  Quant  à  la  condition 
de*  personnes  et  des  terres  après  l'occupation  anglo-saxonne, 
H.  Hodgkin  est  très  circonspect.  Ici  encore,  il  s'en  tient  étroitement 
aux  telles.  Comme  ceux-ci  soûl  muets  sur  l'occupation  du  sol,  sur 

I.  Ikt  liiitory  of  Engtand  frorn  Ihe  rarlirsl  timei  (a  Ihe  Norman  conqunt. 
Lonimam,  Qmm  «|  O,  1906,  xxi-5'J8  p, 

rail  |i«»  i|ue  al.  ft'Hlgkiu  ail  tonu  compta  de»  observation*  crtliqii"* 
im  Ir»  Ihtork*  iln  Zlinmrr  par  U,  James   Mac  Caffrey  don*  The  Inth   theoln 
il  Q-tartrrly,  Q-  I. 


!-'' 


M'I-lKTn    mSTOBIQOK. 


l'organisation  de  la  villa  par  les  Romains,  il  laisse  II  (fueatj 
ouverte  (p.  77);  pour  l'époque  aoglo-saioune,  il  traduit 
les  lois  rédigées  dans  les  différents  royaumes  de  l'heplareb'ie,  et,  s'il 
parait  adopter  en  général  les  opinions  de  Vinogradoff  el  Cnadwick, 
il  ne  les  présente  que  sous  toutes  réserves.  Cependant,  il  estime  que 
le  sol  a  dû  être  occupé  au  début  par  des  hommes  libres  [ccorts], 
astreints  à  la  milice  \fyrd)  et  à  quelques  redevance*  ecclésiastiques, 
mats,  d'ailleurs,  propriétaires  sans  restriction  du  sol  où  ils  habitaient. 
Puis  les  lots  se  morcelèrent  par  suite  même  de  l'agrandissement  des 
familles,  el  la  situation  du  ceorl  s'amoindrit  progressivement.  Entre 
l'époque  d'Ine  et  celle  d'Alfred  se  constitue  une  noblesse  de  service, 
qui  s'eorichit,  surtout  par  les  donalions  royales  constatées  el  confir- 
mées de  plus  en  plus  par  des  actes  écrits  {boo/ilanif\,  au  détriment  de 
la  terre  qui  appartenait  à  la  famille  ou  à  la  tribu  (olldimd  et  qui  était 
par  nature  inaliénable.  C'est  cette  noblesse  qui  constitua  I*  *  Assem- 
blée des  sages  «  {Witena-Oemât},  première  forme,  si  l'on  veut,  du 
Parlement  anglais,  mais  forme  singulièrement  éloignée  et  différente. 
Sur  tous  ces  points,  M.  Hodgkin  ne  s'aventure  a  exprimer  une  opi- 
nion que  s'il  peut  l'appuyer  Je  quelque  document.  De  même  encore 
quand  il  est  amené  à  parler  du  fameux  serment  prêté,  dit-on,  par 
Harold  au  duc  de  Normandie.  A  ses  yeux,  les  témoignages  que  nous 
en  avons  sont  tous  suspecls,  el  il  se  contente  d'exposer  (d'après  la 
tapisserie  de  Bayeux)  la  tradition  fixée  par  les  Normands  victorieux. 
Ce  n'est  pas  qu'il  n'ait  ses  idées  personnelles:  ses  noies  sur  la  mon- 
naie anglo-saxonne  (p.  232)  et  sur  l'étendue  du  »  Danelaw  »,  que 
l'élude  des  noms  de  lieux  permet  de  déterminer  avec  une  sûrelé 
approximative  (p.  315),  ses  dissertations  sur  la  nature  exacte  du 
vasselage  que  l'Angleterre  imposa  à  l'Ecosse  en  921  ip.  S23>837), 
sur  l'emplacement  probable  de  la  bataille  de  Brunanburg  [p.  332!, 
sur  le  prétendu  massacre  général  des  Danois  le  jour  de  la  Sainl- 
Brice  (p.  387),  etc.,  sont  d'un  homme  qui  a  vu  les  textes  avec 
des  yeux  pénétrants  el  non  prévenus.  Le  volume  se  termine  par  une 
rapide  revue  des  sources  et  des  principaux  ouvrages  sur  l'Angleterre 
avant  la  conquête  normande;  ou  souhaiterait  que  les  Indications 
bibliographiques  fussent  plus  précises.  Un  bon  index  termine  ce 
volume,  qui  n'est  peul-élre  pas  d'une  lecture  1res  plaisante  (par 
quel  artifice  il  est  vrai  pourrait-on  suppléer  à  l'absence  ou  à  la 
sécheresse  des  documents?),  mais  qui  est  à  un  degré  éminent 
consciencieux,  solide,  instructif. 

M.  George  Burton  Adahs,  professeur  à  l'Université  de  Yale,  conti- 
nue l'histoire  d'Angleterre  depuis  la  victoire  de  Guillaume  de  Nor- 


ANSLKTEKBE.  1  25 

mande  à  Hastings  jusqu'à  la  mort  de  Jean  sans  Terre1.  Les  limites 
qui  lui  ont  été  imposées  sont  donc  plus  étroites  que  celles  qui  ont  été 
HlJgaéea  a  M.  Itavis.  Il  est  d'ailleurs  inléressanl  de  comparer  les 
deui  ouvrages.  Disons-le  tout  de  suite  :  au  point  de  vue  littéraire,  lo 
livre  de  l'historien  anglais  est  supérieur  à  celui  de  son  collègue  amé- 
ricain. Chez  ce  dernier,  on  ne  retrouve  pas  la  vive  allure  du  récit,  les 
portraits  brillamment  enlevés,  les  scènes  pittoresques  qui  iboadent 
dans  l'ouvrage  de  M.  Davis.  I.â  ou  M.  Adam*  est  tout  à  son  avan- 
tage, c'est  quand  il  expose  les  origines,  le  caractère  et  le  développe- 
ment des  institutions.  Il  esL  familier  avec  les  sources,  il  commit 
a  fond  les  controverses  soulevées  aulour  des  documents,  et,  dans  le 
conflit  des  opinions,  son  jugement  ferme  et  sain  sait  prendre  parti. 
|ieut-être  il  disserte  un  peu  trop  longuement,  mais  il  y 
a  profll  à  lire  ce  qu'il  écrit  sur  la  nature  du  système  féodal  trans- 
|i"rl<-  M  Angleterre  ;i|>res  la  conquête  normande,  sur  la  politique 
d'union  nationale  poursuivie  par  Henri  I",  sur  l'organisation  judi- 
ciaire et  llnancière  des  rois  normands  el  angevins,  sur  le  sens  et  la 
portée  de  la  Grande  Charte.  Celle-ci  ne  se  comprend  bien  que  si  on 
la  considère  comme  un  manifeste  de  la  féodalité  anglaise  issue  de  la 
conquête;  elle  ne  contient  aucun  principe  nouveau,  ne  proclame 
(est-il  liesoin  de  le  dire?)  aucune  des  libertés  revendiquées  par 
le  monde  moderne.  Klle  n'impose  au  roi  qu'une  contrainte,  celle  du 
respecter  les  privilèges  acquis  el  de  ne  pas  violer  la  loi  ;  c'est  en  ceci 
seulement  qu'on  peut  y  voir  une  garantie  pour  l'avenir. 

Après  M.  Adams,  vient  M.  T.  F.  Tout,  professeur  à  l'Université 
de  Manchester1.  Si  l'un  excepte  quelques  pages  sur  l'étal  social  du 
pays  vers  le  milieu  du  un"  siècle,  sur  la  littérature,  l'art,  la  situa- 
tion de  l'Église  au  temps  de  Wycliire  et  la  tentative  de  réforme 
religieuse  qui  agita  le  royaume  à  partir  de  i3H,  M.  Tout  a  donné 
toute  son  attention  aux  rapports  des  souverains  avec  leurs  sujets, 
leurs  vassaux,  les  princesses  étrangères,  à  leurs  guerres  et  à  leurs 
traités,  Il  suppose  connue  de  ses  lecteurs  la  constitution  du  pays 
et  son  organisation  administrative;  il  ne  traite  des  institutions 
qu'autant  qu'il  est  nécessaire  pour  l'intelligence  des  événements 
potittqntt.  Dans  ces  limites  étroites,  l'auteur  a  exécuté  son  plan 
avec  une  érudition  remarquablement  sûre  et  bien  informée.  Qu'il 
s'agisse  des  troubles  civils  ou  des  guerres  extérieures,  de  la  conquête 


I    7ht  hutary  of  England  fmm  Iht  \orman  Conquest  ttithe  death  ofJokn, 

'■;.  Lmjfi.ain..  I90S,  »■*«  p. 
î.  7hr  hutory  o(  Eaglaiu!   from   llir  aeccsiùm  of  Henry  tll  (o  Ikt   dmlK 

ofBdward  tu,  126G-Î377  Loafnu*,  1905,  inv-196  |-. 


*2fi  BCLLKTI*    UISTOBI0.CE. 

de  la  principauté  de  Galles  par  Edouard  I",  des  luttes  contre  l< 
Écossais,  des  expéditions  en  Guyenne  ou  des  premières  cam- 
pagnes de  la  guerre  de  Cent  ans,  il  prouve  qu'il  connaît  admira- 
blement les  originaux,  les  livres  des  historiens  étrangers  aussi 
bien  qu'anglais,  les  pays  où  il  lui  faut  suivre  ses  personnages. 
Il  ne  disserte  pas,  il  indique  seulement  les  idées  directrices  de  son 
exposé  et  va  droit  au  fait,  fie  sont  les  deuils  qui  le  préoccupent;  il 
les  donne  avec  toute  la  précision  que  comporte  une  histoire  générale 
écrite  pour  le  grand  public,  mais  il  ne  se  laisse  pas  accabler  par  leur 
masse.  Il  les  distribue  avec  un  sens  exact  des  proportions ,  les 
enobàsn  dans  un  récit  rapide  et  limpide;  on  le  lit  d'ordinaire  avec 
intérêt,  toujours  avec  fruit.  Son  volume  est  de  ceux  que  les  gens  de 
métier  devront  consulter;  ils  regretteront  qu'il  lui  ait  été  interdit 
d'apporter  régulièrement  ses  références  et  de  faciliter  les  recherches 
de  ceux  qui,  après  lui,  auront  à  repasser  par  les  mêmes  chemins. 
Autant  qu'il  peut,  M.  Tout  échappe  a  cette  nécessité;  on  lui  saura 
gré  de  quelques  notes  qu'il  a  glissées  au  bas  des  pages  de  l'appendice, 
où  il  énumère  les  sources  et  les  principaux  ouvrages  a  consulter.  Ici 
encore,  il  n'y  a  guère  qu'à  louer». 

L'idée  n'a  pas  été  heureuse  d'arrêter  a  la  mort  d'Edouard  111  le 
volume  confié  a  M.  Tout  et  d'attribuer  le  règne  de  Richard  11  au 
volume  suivant.  Logiquement,  l'histoire  de  Richard  le  Mal-Avisé 
devrait  rester  soudée  à  celle  de  son  grand-pere.  Il  y  a  quelque  chose 
de  choquant,  en  particulier,  à  voir  couper  en  deux  la  vie  et  l'œuvre  de 
Wycliffe.  On  a  peut-être  voulu  répartir  les  matières  à  irai  1er  de  Taçon 
a  produire  des  volumes  de  dimensions  à  peu  près  égales  et  sans  doute 
aussi  réserver  a  M.  Otus,  auteur  d'une  étude  personnelle  et  originale 
sur  le  soulèvement  de  1381,  le  soin  de  retracer  cet  épisode,  si  impor- 
tant à  lant  d'égards,  avec  toute  la  compétence  désirable.  Prenons  donc 
le  volume  de  M.  Oman  dans  les  limites  qui  lui  ont  été  assignées3.  Il 
a  été  traité  par  un  homme  rompu  à  la  pratique  de  l'enseignement, 
érudit  même,  connaissant  les  documents  originaux  et  habile  à  en 
tirer  (il  vient  de  le  prouver  encore  tout  récemment)  des  faits  nou- 
veaux. Outre  son  récit  du  grand  soulèvement  de  (381,  où  M.  Oman 
n'avait  qu'à  se  copier  lui-même  en  se  résumant,  je  noterai,  en  par- 
ticulier, le  jugement  qu'il  porte  sur  Henri  V  et  sur  Richard  III.  Pour 

1.  P.  460,  il  fan!  corriger  le  nnm  d'uu  de»  idttenn  de  Froîssart  :  après  Lucc, 
c'eut  Raynaud  (d  non  Bayni'uard)  qui  fui  charge  du  travail.  —  P.  I9Î,  I.  7,  4 
partir  du  baa,  il  faut  lire  Hùms  au  lieu  de  IHoms.  —  P.  389,  lire  Chi»etl*rault 
an  lieu  de  Châitlherautt.  Ces  >  Ultpriali  i  sont  lout  à  fait  rare». 

ï.  The  bUtory  of  Bitgtand  from  (/te  aeceuioa  of  Richard  II  la  Ihr  dtath  of 
Richard  Ut,  t3T7-tiS5.  Longmana,  1906,  CTI-5iS  p,  Prii  r  7  a!i.  10  d. 


iicletehiii:.  127 

ifer,  il  montre  que,  malgré  l'incertitude  des  u'-un nouages  con- 
temporains, il  esl  difficile  de  ne  pas  voir  dons  et-  prince  un  ambi- 
tieux criminel  qui  eut  l'art  de  profiler  des  meurlres  les  plus  odieux 
sans  paraître  les  avoir  ordonnes.  J'aurai  l'occasion  de  revenir  sur  ce 
notai  en  parlant  de  l'ouvrage  plus  récent  de  Sir  Cléments  R.  Mark- 
hain  '.  Pour  Henri  V,  M.  Oman,  réagissant  avec  raison,  à  mon  sens, 

ImiratiOD,  on  pourrait  presque  dire  l'adoration  pfOl 
l'égard  de  ce  prince  par  MM.  Satbbs  Bl  Kingsford,  pur  exemple, 
refuse  de  voir  on  lui  le  Ijpe  du  héros  chrétien,  rigide  observateur  de 
la  bl  divin»',  maître  de  ses  passioos,  exalté  pour  la  gloire  du  Christ 
et  rêvant  de  soumettre  le  monde  à  son  Dieu  après  avoir  soumis  à  son 
pouvoir  la  France  rebelle.  Que  Henri  V  ait  eu  l'âme  d'un  croisé,  on 
ne  le  nie  pas;  mais  sa  Toi  s'accommodait  aussi  des  vices  qui  ont  terni 
les  vertus  d'autres  guerriers  fameux;  ses  calculs  d'ambition  compor- 
taient une  lionne  pari  d'egotsrni'  et,  dans  le  combat,  après  la  bataille, 
il  se  plut  à  verser  le  sang.  S'il  s'inspira  du  Christ,  ce  n'est  pas  dans 
un  esprit  de  charile. 
M.  H.  A.  U  Kisbbh  vient  à  la  suite  de  M.  Oman;  il  raconte  les 
de  Henri  Vil  et  de  Henri  VHP.  Dans  son  récit,  il  suit  autant 
ble  l'ordre  chronologique,  et,  par  là  même,  il  pro- 
à  la  longue  une  impression  de  monotonie.  Il  arrive,  par  contre, 
que  ce  procédé  donne  de  bons  résullals.  Considère/,  par 
t,  Henri  VIII;  H  est  peu  de  caractères  historiques  sur  looqgeia 
,u  pulesenl  différer  davantage,  M.  Ficher  noie  successive- 
Lralte  les  plus  variée  parfois  les  plus  opposés,  de  cette 
M  assez,  enigm;tlique,  et  il  réussit  à  lui  donner  une  [khjftlo 
nomie  vivante,  en  somme,  et  qui  dorme  presque  l'illusion  de  la  réalité. 
Jusqu'à  quel  point  Henri  VIII  a-t-il  été  l'ouvrier  conscient  ou  néces- 
saire de  l'œuvre  si  périlleuse  qui  avait  pour  objet  immédiat  de  briser 
le  lien  qui  rattachait  l'Angleterre  a  Rome  et  qui  fut  peut-être,  en 
effet,  une  des  causes  du  prodigieux  développement  de  la  protestante 
Angleterre?  La  question  n'a  pas  été  posée.  M.  Kisber,  nourri  dans 
l'abstraction  philosophique,  est  pénétre  de  l'idée  que  l'historien  doit 
être  avant  tout  un  observateur  exact  des  faits.  Ce  n'es)  pas  qu'il 
répugne  aux  Idée*  générales;  il  indique  loti  bien  les  causes  qui  (en 
dehors  des  latérite  particuliers  ao  wavanio)  poasaanal  l'Angle- 
terre, un  peu  maigre  elle,  dans  la  von-  de  la  Réforme,  de  même  qu'il 


1  Itichar-i  III:  hit  lift  and  tharacler  rtvitvvd  in  Ihe  li'jht  <•(  ri-ctnl 
ratan-h.  Loodrat,  fimitlt.  Klil-f  •■!  U",  1906,  Ï1X-ÎÎJ  y, 

%  The  iutory  o(  EajUiiU  frem  tké  acetutot.  of  Htnnj  Vil  to  Iht  death 
mfHttuy  VJJl  onau,  1908,  ix-518  p. 


dn  ekrn  «t  4e  I 


le 

exemptes  de  h  i 

II' un  Mt,  nota  pwaoïu  an  tome  X,  qui  couvre  h  période  de 
l'avènement  de  Georae*  Di  17**  âbdémissràn  de  P.U  IMI  .  Cette 
partie  *  été  traitée  par  l'on  des  efilews,  Je  Rév  Wiiiiim  tkn>.  Les 
•  à  ce  volume  ne  parâmtmt  pu  avoir  été  très  jodi- 
t  tel 
la  guerre  de  Sept  ans  et  rarréteot  avant  la  On  de  la  ? 
lion.  Ce  sont  donc  des  accidents  {car  on  ministère  qui  ternie  n'est 
qu'un  acodeirt)  et  non  des  bit»  >f  importante  générale  qui  ont  déter- 
miné Tétendne  de  la  période  étudiée.  Ce  eadre  un  peu  factice  a  été 
rempli  par  M.  Bunt  avec  une  conseienee  tout  à  fait  digne  d'éloge.  Il 
ne  s'est  pas  eonlenlé  de  résumer  les  ouvrages  on  les  *»«fae 
imprimés;  il  a  puisé  â  des  sources  manuscrites  :  papiers  du  duc  de 
Newetslle,  de  Pitt,  de  Lord  Greuville,  etc.,  et  qootqo'en  règle  géné- 
rale  les  auteurs  de  la  collection  soient  tenus  de  s'abstenir  de  notes  m 
bas  des  pages  M-  Hunt  a  indiqué  les  points  sur  lesquels  il  apporte 
des  faits  nouveaux.  Le  récit  est  peut-être  un  peu  trop  asservi  à 
l'ordre  chronologique,  un  peu  trop  dénué  de  chaleur  et  d~  édat;  mais 
Il  est  clair,  Intéressant,  intelligent.  Il  met  en  bonne  lumière  le  carac- 
tère île  Geori.;r.  111,  dont  l'influence  personnelle  a  été  si  grande  sur 
le  gouvernement  cl  sur  l'équilibre  des  partis  politiques;  quand  il  en 
arrive  â  montrer  les  causes  de  la  rupture  entre  l'Angleterre  et  ses 
UDérfqOB,  il  n'a  d'autre  souci  que  d'exposer  les  préten- 
Iroils,  les  torts  de  chacun.  Lorsque  la  France  révolution* 
naire  eut  déclare  la  guerre  à  la  coalition  européenne,  il  prend  réso- 
lument parti  pour  Pitt  contre  Foi,  mais  lis  passions  des  tories  ne 
vii'iiri'TiL  irouMi:r  ni  la  simple  ordonnance  de  son  récit  ni  la  séré- 
nité de  son  jugement.  Il  n'est  pas  impassible,  mais  il  sait  rester 
impartial. 

L'honorable  George  C.  Brouriciî  avait  été  chargé  du  volume  sui- 
vant ijiii  s'étend  de  l'administration  d'Addington  :lsoi;à  la  mort  de 
ijuillaume  IV  (1887);  mai:  il  mourut  en  1903  laissant  son  volume 
inachevé.  Son  collaborateur,  H.  J.  K.  Kothljuvckim,  a  complété  le 


1 .  The  bhtnnj  of  Engtand  from  the  accession  of  George  III  lo  tht  doit  of 
l'ili'i  fini  adminutralioa,  1769-1801.  Loiigroans,  1905,  ivin-495  p.  el  3  caries. 
Celle  cln  U  Un  mle-Brc  Ligne  montrant  ta  refiresenlaliori  parlementaire  iUli 


(29 

travail  et  l'a  mis  au  point'.  Travail  toujours  délicat;  aussi  ne  faut-il 
[AS  trop  s'étonner  si  le  présent  volume  manque  pour  ainsi  dire  de 
personnalité.  Lu  plan  est  assez  fortement  conçu,  l'ordre  chronolo- 
gique n'a  pas  été  suivi  de  trop  prés;  les  faits  sont  bien  groupés  en 
chapitres,  dont  chacun  a  sou  sens  et  son  unilè  propres.  On  ne  lira  pas 
sans  profit,  surtout  en  France,  ceux  qui  se  rapportent  à  la  Reforme 
électorale  de  (832,  a  la  loi  des  pauvres  de  (834,  à  la  littérature  et  au 
progrès  social  pendant  le  premier  tiers  du  xrx'  siècle.  C'est  un  résumé 
rapide,  clair,  substantiel,  mais  généralement  terne,  des  événements. 
L'homme  disparait  derrière  les  faits3,  comme  s'il  était  une  quantité 
négligeable  dans  l'histoire. 

Le  dernier  volume  paru  de  Y  Histoire  moderne  publiée  à  Cambridge 
est  le  tome  IV*.  Le  sous-litre  :  The  t/iirly  years  war,  n'indique  pas 
exactement  les  limites  dans  lesquelles  les  auteurs  étaient  tenus  de  se 
renfermer  ;  elles  dépassent  de  beaucoup  le  traité  de  Weslphalie,  puis- 

q i  DOUa  mène  jusqu'à  la  mort  de  Mazarin,  à  la  Restauration  des 

Sluarla,  au  rotai  disse  meut  de  la  paix  dans  les  pays  Scandinaves  (lilliO), 
a  la  mort  de  Philippe  IV  d'Espagne  (1665).  On  essaie  bien  de  mon- 
trer dans  la  préface  que  les  événements  qui  se  sont  accomplis  de 
(048  â  lOi'.O  sont  étroitement  liés  à  la  guerre  de  Trente  ans.  On  peut 
l'admettre  jusqu'à  un  certain  point.  (Jnmmenl,  cependant,  faire  ren- 
trer l'histoire  intérieure  de  l'Angleterre  sous  Charles  I"  et  Crorawell 
dans  le  cadre  de  la  guerre  continentale?  Celte  histoire  a  d'ailleurs  un 
caractère  si  nettement  insulaire,  la  révolution  puritaine  a  si  peu  de 
points  de  contact  avec  les  troubles  du  continent  qu'il  aurait  été  peut- 
être  avantageux,  au  point  de  vue  de  la  composition  littéraire,  de  réunir 

I i  Mil  bloc  tous  les  chapitres  concernant  l'Angleterre.  De  même, 

lue  volontiers  le  chapitre  sur  l'Église  rapproché  du  chapitre 
sur  le  Cartésianisme  et  l'ouvrage  se  terminant  par  l'abaissement  poli- 
tique de  la  papauté  el  le  triomphe  de  la  pensée  libre.  Mais  c'est  un 
exercice  un  peu  vain  de  refaire  par  la  pensée  le  plan  d'un  ouvrage 
dont  le»  différentes  parties  devaient  être  traitées  par  tant  de  colla- 

1.  ri»  hutary  o(  h.mXttni  from  Âddinglon's  admlniitralinn  la  Ike  close 
o{  William  IV's  reii)n,  t80t-1837.  Lo»«tnans,  t!»G,  xu-tSG  p.,  J  carte». 
A  nolrr  celle  de  l'Angleterre  parlementaire  âpre»  U  réforme  de  1331,  réédition 
ÛmpliBée  de  celle  <|ui  se  Irouic  dans  l'AlU»  de  M.  Poole. 

1.  Il  e.l  carieut  de  constater  que  U  mail  de  Napoléon  n'est  même  pu  men- 
tionnée. Elle  ri' rit  pni  indiquée  à  I*  table  el  je  ne  l'ai  pu»  trouvée  riant  le 
lofante,  —  Dan»  la  bibliographie,  on  reconnaîtra  ilillit'ileinrnl  lu  nom  de  l'his- 
torien français  Seigiiobo»  défigure  (|>.  1  i'Ji  en  Stknosos! 

t.  The  Cambridge  modem  hittory.  Vol.  IV  ;  The  (hirty  yean  war.  Cam- 
bridge, al  tbe  linlTemil.  preu,  t'JOO,  ixx-1003  p.  La  Revue  historique  a  déjà 
i    p.  213)  la  liste  de»  chapitres. 
Re».  Emoi.  XC1V.  i»rAsc.  fl 


430  iCLLrnj  histouqui. 

borateurs.  Il  vaul  mieux  reconnaître  la  conscience  avec  laquelle  a  été 
traité  chaque  chapitre  pris  séparément.  L'état  de  l'Allemagne  et  des 
pays  Scandinaves  a  été  exposé  avec  une  précision  et  parfois  une 
ampleur  tout  à  fait  dignes  d'éloges.  Les  chapitres  sur  la  France 
paraîtront  sans  doute  moins  nouveaux  à  des  Français;  certains  trou- 
veront qu'on  aurait  pu  analyser  plus  ûnemenl  les  éléments  divers  qui 
entrèrent  en  lutte  pendant  la  Fronde.  Mais  dans  son  ensemble  l'ou- 
vrage est  des  plus  satisfaisants.  On  a  raison,  dans  la  préface,  d'atti- 
rer l'attention  sur  la  bibliographie  de  la  guerre  de  Trente  ans  placée 
à  la  fin  du  volume.  Cette  bibliographie  est  comme  le  résumé  du  cata- 
logue, qu'on  nous  promet,  de  l'immense  collection  de  livres  et  de 
brochures  formée  par  feu  Lord  Àcton  et  conservée  aujourd'hui  à  la 
bibliothèque  de  l'Université  de  Cambridge.  Il  semble  que  l'esprit  du 
célèbre  professeur  continue  d'inspirer  une  entreprise  dont  il  a  été 
l'ardent  promoteur. 

c  Le  présent  travail  »,  nous  dit  le  Dr  Moritz  Julius  Bonn  dans  la 
préface  de  son  livre  sur  la  Colonisation  anglaise  en  Irlande4 ,  «  fruit  de 
longues  années  de  recherches,  a  pris  un  développement  plus  grand 
que  je  n'avais  imaginé  tout  d'abord.  J'avais  voulu  étudier  le  pro- 
blème irlandais  comme  étant  un  problème  de  colonisation,  afin  de 
savoir  jusqu'à  quel  point,  dans  un  pays  habité  par  une  population 
vigoureuse,  une  politique  de  peuplement  est  possible  ».  Deux  séjours 
prolongés  dans  le  pays,  des  recherches  approfondies  dans  les  biblio- 
thèques et  archives  de  Dublin,  de  précieux  concours  fournis  par  les 
directeurs  de  ces  établissements  et  par  les  érudits  locaux  les  plus 
compétents  lui  ont  permis  de  réunir  un  inestimable  trésor  de  faits 
et  d'observations.  11  ne  lui  a  pas  fallu  moins  de  deux  volumes  (plus 
de  700  pages)  pour  les  mettre  en  valeur.  L'Irlande  est  la  pre- 
mière colonie  que  l'Angleterre  se  soit  proposé  de  conquérir  et 
d'exploiter;  ce  sont  exclusivement  les  moyens  employés  pour  la  con- 
quête et  l'exploitation  de  Pile  que  l'auteur  étudie.  Il  ne  refait  pas 
l'histoire  de  la  conquête  du  xne  siècle,  ni  celle  des  guerres  entre- 
prises par  Henri  VIII  et  par  Elisabeth  pour  rétablir  l'autorité  royale 
dans  le  pays,  ni  celle  du  soulèvement  de  4640  et  des  terribles  repré- 
sailles exercées  par  les  républicains,  ni  celle  des  luttes  entre  les 
jacobites  et  orangîsles  à  la  fin  du  xvne  siècle.  Il  n'en  rappelle  que  les 
faits  nécessaires  à  l'intelligence  de  son  exposé.  Au  contraire,  il  attire 
toute  l'attention  du  lecteur  d'abord  sur  l'organisation  sociale  et  poli- 
tique du  pays  avant  la  conquête,  puis  sur  les  efforts  tentés  par  les  rois 


/     1.  Die  englitche  Kolonisation  in  Irland.  Stuttgard  et  Berlin,  Cotta,  1906, 
'    2  vol.,  vm-397  et  320  p. 


-\*^ 


(1CLLTETIBK.  131 

anglais  pour  ;  établir  le  régime  féodal,  pour  détruire  le  système  des 
dus,  |«jur  partager  le  sol  et  fonder  la  propriété  (surtout  la  grande 
propriété!  individuelle  de*  biens-fonds,  enfin  pour  éLablirdans  le  pays, 
rebelle  à  toutes  ces  i mporUlitins  étrangères,  descolonsderaceanglaise 
fia  écossaise)  et  des  proleslanfs.  IVabord  teulative  d'assimilation,  puis 
tentative  d'absorption  ou  d'écrasement.  Chacune  de  ces  tentatives  a 
laissé  des  traces  plus  ou  moins  profondes  dans  ce  malheureux  pays 
incapable  de  se.  gouverner  lui-même;  aucune  n'a  réussi.  Pourquoi, 
comment?  Voilà  l'objet  propre  de  ce  livre  très  bien  composé,  très 
clair,  très  érudil,  très  instructif.  Entre  tant  do  chapitres  intéressants, 
les  plus  apprécies  seront  peut-être  ceux  qui  se  rapporlent  aux 
•  plantations  »  ou  colonies  établies  à  main  armée,  en  particulier  à 
l'établissement  des  soldats  de  Gromwell  dans  les  terres  confis- 
quées sur  les  rebelles.  Les  divers  aspects  de  celle  «  colonisation 
républicaine  »  ont  été  étudiés  avec  une  abondance  de  documents  et  de 
chiffres  qu'on  ne  retrouve  dans  aucun  autre  ouvrage.  Ajoutons  que 
l'auteur  n'a  porté  aucun  parti  pris  dans  l'élude  de  ces  problèmes; 
sans  doute,  le  fait  qu'il  est  allemand  et  qu'il  n'est  imbu  d'aucun  des 
préjugés  nationaux  qui  divisent  les  Anglais  et  les  Irlandais  lui  ren- 
dait celte  tâche  relativement  facile;  mais  c'est  aussi  parce  qu'il  s'est 
imposé  de  ne  jamais  abandonner  le  terrain  striciemenl  scientifique. 
Il  montre  bien  ce  qu'il  y  a  de  violent  dans  les  ■  plantations  ■ 
anglaises;  d'autre  part,  il  prouve  qu'à  aucune  époque  et  sur  aucun 
point  la  population  irlandaise  n'a  été  violemment  transplantée  pour 
être  parquée,  pour  ainsi  dire,  dans  des  réserves,  comme  les  Peaux- 
:  uns  l'Amérique  du  Nord.  L'ouvrage  s'arrête  à  l'année  IMS, 
qui  vil  s'effondrer  le  régime  colonial  imposé  à  l'Irlande.  La  famine  ne 
•ufiH  pas  pour  expliquer  à  elle  seule  l'effroyable  misère,  la  mortalité, 
Pémlgration  qui  décimèrent  le  malheureux  pays.  C'est  le  régime  tout 
entier  qui  est  responsable,  et  que  nous  voyons  disparaître  peu  à  peu 
sous  les  coups  d'une  législation  nouvelle,  non  pas  toujours  1res  cohé- 
rente, mais  au  moins  plus  humaine.  Aujourd'hui,  c'est  l'élément 
Irlandais,  bien  que  réduit  dans  de  forles  proportions',  nui  travaille  à 
expulser  l'élément  étranger;  le  régime  de  la  colonisation  à  outrance 


I.  L*  rweowmtnl  de  1811  donnait*  l'Irlande  une  population  ilr  8,175,124  bkbU 
Unis;  «lui  de  1901  ne  lui  en  donne  plut  uue  4,158,775.  Elle  a  donc  en 
Mbanta  ant  perdu  plut  de  3,700,000  habitant*.  L'enugrMfon  lui  en  toléra «H- 
on  iO.Uft)  pjr  »n;  qu|ra-*laitl  I*"""  ceul  de*  é  migra  ait  sont  de*  jeutu-s  grm 
kquini'  *  Irenle-cln-t  ant  (voir  I.  Il,  ]>  300),  Bar  l'outrage  de  H.  Bonn,  voit 
■n  InUrtMcnl  comple-rendu  par  a,  Dunlop  dans  Engltth  hittur  Htview, 
1906,  p    . 


A  32  BILLETtN    BISTOMQtig. 

a  été  vaincu  et  il  est  abandonné.  L'avenir  dira  comment  il  sera  r 


De  l'Angleterre  à  l'Amérique  du  Nord,  la  transition  est  aisément 
fournie  (s'il  en  est  besoin)  par  les  Irlandais,  ces  pionniers  de  l'émi- 
gration. 

Après  un  long  intervalle,  M.  John  Andrew  Doue  a  repris  son  his- 
toire de  la  colonisation  anglaise  en  Amérique.  En  1882,  il  avait  traité 
des  colonies  du  sud  :  Virginia,  Maryland  and  tke  Caroline*  (I  vol.); 
en  (886,  des  colonies  du  nord  :  The purilnn  colonies  [2  vol.),  et  il  eu 
IVtit  suivi  l'histoire  jusqu'à  l'avènement  de  la  maison  de  Hanovre  au 
trône  d'Angleterre.  Aujourd'hui,  il  Iraite  des  colonies  intermédiaires  : 
The  middle  colonies,  dans  un  volume  qui  forme  le  tome  IV  de  la 
série'.  On  y  trouve  l'histoire  des  établissements  qui  formèrent  plus 
tard  les  états  de  New- York,  New-Jersey  et  Pensylvanie,  c'esl-a-dire 
d'uno  part  la  conquête  de  la  région  occupée  par  les  Hollandais  et 
exploitée  par  eux  jusqu'au  traité  de  Bréda1,  et,  d'autre  part,  la  diffu- 
sion du  quakerisme,  d'abord  en  New-Jersey,  puis  dans  l'arriere-pays 
colonisé  par  William  Penn.  Celle  histoire  est  puisée  directement  aux 
sources  les  plus  sûres,  qui  sont  énumerées  et  appréciées  en  tétc  de 
chaque  chapitre.  Elle  est  contée  avec  netteté,  abondance  et  précision. 
La  lecture  n'en  est  pas  divertissante,  non  par  la  faute  de  l'auteur, 

1.  The  Englisk  in  America.  Vol.  IV  :  Tke  miitdle  colonies.  Longmans, 
1907,  563  p.  Prii  :  14  sli. 

2.  Sur  la  conquête  des  nouveaux  Pays-Bas,  loir  un  article  de  M.  Percy  Lewis 
Haye  inséré  dans  les  Johns  Hopkim  Umvertity  Uudies  (Baltimore,  1905, 
série  XXIII,  n"  5-6)  sous  le  lilre  :  English  colonial  administration  amler  tord 
Clarendon,  1660-1667.  Dans  celte  monographie,  bien  documentée  et  bien  pré- 
sentée, l'auteur  montre  d'abord  l'accueil  que  reçut  la  restauration  des  Sluarts 
dans  les  diverses  colonies,  puis  l'organisation  donnée  par  Clarendon  i  l'admi- 
nistration coloniale,  enfin  la  politique  de  ce  ministre  è  l'égard  de  certaines  de* 
colonies  américaines  (chartes  1res  libérales  accorder*,  à  Connedicut  et  4  Rbode 
Island,  fondation  de  la  Caroline  au  profil  du  duc  d'Vark,  etc.)  et  â  l'égard  des 
colonies  hollandaises.  Il  apprécie  comme  elle  le  mérite  la  perfidie  de  ce  ministre 
qui,  en  Europe,  ne  cessait  de  déclarer  à  La  Haye  ses  inlenlions  pacifiques,  tan- 
dis qu'il  encourageait  les  entreprises  contre  la  Nouvelle- Amsterdam,  mail 
il  avoue  un  peu  plus  loin  {p.  73)  que  l'expulsion  des  Hollandais  était  une  néces- 
sité pour  les  colonies  anglaises,  qu'elle  était  une  conséquence  fatale  des  Actes 
de  navigation  promulgués  par  le  gouvernement  anglais.  11.  Doyle,  de  son  cdlé, 
constate  que  les  Hollandais  établis  en  Amérique  se  soumirent  proruplemcnt  aui 
conséquence*  de  la  conquête  et  que  ces  annexés  ne  furent  pas  une  cause  de 
trouble  et  d'affaiblissement  pour  les  vainqueurs.  A  un  autre  point  de  vue,  il  est 
intéressant  de  voir  (p.  147)  l'indifférence  des  colons  à  l'égard  de  la  u  Préroga- 
Hve  royale  >.  Leur  intérêt  personnel  était  leur  première  loi.  —  H.  Doyle  aurait 
pu  mentionner  l'article  de  M.  Kaye  s'il  ne  s'était  donné  pour  loi  de  renvoyer 
presque  uniquement  aux  sources. 


àHSLIItlM.  133 

par  l'indigence  du  sujet  lui-même;  ce  sont  de  menus  faits  d'his- 
toire locale  cl  si  lointaine!  Pas  de  grands  événements;  sauf  Penu, 
pas  on  personnage  notable.  Mais  ce  sont  les  très  humbles  commen- 
cements «le  ce  qui  est  devenu  une  des  grandes  puissances  mondiales, 
et,  a  ce  titre,  ils  importent  à  la  connaissance  de  l'histoire  universelle. 
Pour  beaucoup  de  Français,  les  faits  exposés  par  M.  Llovle  auront  au 
moins  Paîtrait  de  la  nouveauté,  tant  nous  sommes  mal  renseignés  sur 
ces  choses  d'Amérique;  même  certains  épisodes,  comme  les  luttes  des 
colons  américains  contre  Frontenac,  apparaîtront  plus  en  vérité,  si 
on  les  observe  sous  un  aspect  opposé.  A  un  autre  point  de  vue,  il  est 
intéressant  de  voir  comment  les  lois  anglaises  imposées  par  la  mère 
patrie,  comment  les  sectes  religieuses  persécutées  en  Angleterre  et 
transplantées  sur  l'autre  rive  de  l'Atlantique,  ont  pu  s'adapter  à  des 
milieu*  nouveaux.  On  notera,  en  particulier,  ce  que  dit  l'auteur  des 
puritains  et  des  quakers,  et  pourquoi  ces  derniers,  malgré  la  vertu 
de  certaines  de  leurs  croyances,  sont  devenus  cependanl, 
lu  nu  mu-  en  Pensyl  vanie,  un  fécond  élément  décolonisation.  —  Dans 
le  cinquième  volume1  est  exposée  l'histoire  des  colonies  en  général 
depuis  l'avènement  de  la  maison  de  Hanovre  jusqu'à  la  ruine  de  la 
domination  française  au  Canada.  On  y  appréciera  particulièrement  les 
chapitres  sur  la  condition  économique  et  sociale  de  ces  colonies,  sur 
leur  organisation  administrative,  sur  la  religion,  sur  le  mouvement 
littéraire  et  intellectuel,  sur  ics divers  éléments  dont  se  forma  la  popu- 
lation :  colons  venus  d'Europe   (quakers  irlandais,  presbytériens 

huguenots  de  France,  luthériens  d'Allemagne  et  de  Suisse), 
nègre»  exportés  d'Afrique,  indiens  aulochtones.  Le  dernier  chapitre 
du  volume,  consacré  a  la  conquête  du  Canada,  ne  sera,  pour  beaucoup 
de  lecteurs  français,  qu'un  résumé  de  choses  déjà  connues;  mais  on 
appréciera  l'impartialité  avec  laquelle  l'auteur  touche  certaines  ques- 
nl  d'autres  se  laisseraient  aveugler  par  leurs  préjugés.  Il 
■  assassinat  »  de  Jumon  ville  (t.  V,  p.  555-55fi)  avecautant 
de  calme  réfléchi  que  du  traité  d'Ulrechl  (t.  IV,  p.  355).  II  lient  de 
même  la  balance  égale  entre  les  colons  américains  et  le  gouverne* 

lus.  D'autre  part,  il  nous  fait  comprendre  la  nature  des 
dissentiments  qui  détachèrent  peu  à  peu  les  colonies  de  la  mère 
patrie';  pui=  vint  la  défaite  infligée  par  les  Français  ;iu  général  Brad- 

I.  The  Engtuh  In  America.  Vol.  V  ;  The  colonie!  under  thr  llouie  of  liant;- 

nt.  Loagmaas,  1907,  62»  p.,  avec  une  carte.  Prix  :  14  ah. 

i  M    Dojlf  énum*re  1rs  cause*  de  cou  11  il  qui  allèrent  s'ai|(ri»*anl  île 

XviN*  siècle  :  la  principale  esl  crllr  de*  traite- 

»U  alluuex  ut]  fmirtioriualrnt,  puis  vient  !.■  rlruil  réclamé  par  les  aetemblécs 

4  d'tni«tlrr  du  papier-monnaie,  colin,  cl  seulement  ta  dernier  lieu,  il 


434  BULLETIN  HISTOUQUE. 

dock  en  4755;  les  colons  américains  ressentirent  moins  d'amertume 
de  leur  échec  que  de  mépris  pour  les  généraux  anglais  inhabiles  à  la 
guerre  des  bois.  Au  moment  où  s'arrête  l'auteur,  on  prévoit  l'inévi- 
table séparation. 

Je  terminerai  cette  division  consacrée  à  l'histoire  générale  en  men- 
tionnant, brièvement,  car  elle  dépasse  le  cadre  du  présent  bulletin, 
l'intéressante  histoire  de  la  diplomatie  de  M.  David  Jayne  Hill'  .  L'au- 
teur, qui  s'adresse  au  grand  public,  non  aux  érudits  de  profession, 
s'est  proposé  de  montrer  le  développement  politique  de  l'Europe  au 
point  de  vue  international.  Le  tome  I  va  de  la  fin  de  l'empire  romain 
au  xiv6  siècle  ;  le  tome  II  traite  de  la  formation  des  états  modernes 
depuis  les  débuts  de  la  guerre  de  Cent  ans  jusqu'au  traité  de  West- 
phalie.  L'auteur,  qui  connaît  les  textes  originaux  et  les  ouvrages  de 
seconde  main,  expose  les  faits  avec  aisance  et  clarté.  Il  n'apporte  pas 
d'idées  nouvelles  et  il  donne  le  résumé  de  ses  vastes  lectures  sous  une 
forme  un  peu  trop  fluide,  mais  son  ouvrage  se  lit  avec  agrément  et 
non  sans  fruit.  Il  indique  les  principaux  recueils  de  documents  et  les 
ouvrages  les  plus  autorisés  qui  ont  été  publiés  en  Allemagne,  en 
France  et  en  Italie.  Cette  partie  bibliographique,  sans  prétendre 
épuiser  le  sujet,  pourra  rendre  des  services. 

Ch.  BéiioifT. 
(Sera  continué.) 

place  les  restrictions  imposées  par  le  gourernement  anglais  an  commerce  et  à 
la  production  industrielle  des  colonies. 

t.  A  hisiory  of  diplomacy  in  tke  international  devehpment  of  Europe. 
Vol.  II  :  The  establishment  of  territorial  sovereigrUy.  Longmans,  1906,  xxv- 
663  p.,  plus  4  cartes. 


GE9CHICHTE   DES    (MECSIC^ST. 


COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 


Hana  DelbbÙce.  Gescbichte  der  Kriegsknnst  Im  Rahinen  der 
politlscben  GeBchicnte.  2"  Theil,  V  liai  fie  :  Volkerwande- 
riing  Uebergang  1ns  Mittelalter  Herlii),  1902.  ln-8°,  257  pages. 

M.  Deibriick,  continuant  sa  remarquable  Histoire  de  l'art  mîtitairt 
dam  tel  rapports  avec  l'histoire  politique,  étudie  dans  ce  volume  les 
grandes  invasions  et  le  début  du  moyeu  âge.  Le  second  livre  com- 
prend les  chapitres  suivants  :  les  armées  germaniques  de  l'empire 
romain,  la  bataille  de  Strasbourg  (sous  Julien  en  357),  la  bataille  d'An- 
drinople,  les  effectifs,  tes  cbefs  de  l'armée  pendant  la  migration,  les 
établissements  des  Germains  dans  l'empire.  Après  avoir  démontré, 
après  beaucoup  d'autres  historiens,  que,  dès  le  ni*  siècle,  les  armées 
romaines  sont,  en  réalité,  des  armées  barbares,  essentiellement  germa- 
i  Delbriick  met  de  nouveau  en  relief  le  fait  capital  dont  la 
démon.- ira ti ou  est  l'idée  maiirexse  de  tout  son  livre,  à  savoir  la  faiblesse 
nsmerujuedeiuuLo?  h's  armées,  soit  romaines  soit  barbares.  A  notre  avis, 
M  Uelhrûck  a  définitivement  lue  la  légende  des  grosses  armées,  depuis 
les  guerres  médiquea  jusqu'au  moyen  âge.  C'est  la  un  résultat  dont  il 
faudra  dorénavant  tenir  compte.  Julien  n'avait  pas  plus  de  1 5,0011  liommes 
à  la  bataille  île  Strasbourg,  et  les  Golhs  n'étaient  pas  plus  nombreux  à 
la  bataille  d'Andrinople.  Marius  et  César  avaient  des  forces  supé- 
rieures a  celles  des  Germains  et  des  Gaulois.  Les  chiffres  que  donne  la 
Kotitia  ttignitatvni  pour  l'armée  romaine  du  iv"  siècle  ap.  J.-C. 
n'existent  que  sur  le  papier;  s'ils  avaient  été  réels,  les  grandes  inva- 
sions n'auraient  pas  eu  lieu.  Les  Vandales  ont  conquis  l'Afrique  avec 
8  à  10,000  soldats  au  pins. 

Le  troisième  livre  est  consacré  à  l'armée  de  Justinien  et  a  ses 
guerres  contre  les  Goths.  Ici,  la  thèse  de  M.  Delbrûck  est  surabondam- 
ment prouvée  par  les  textes  eux-mêmes.  Les  effectifs  des  armées  impé- 
rial™ et  barbares  ne  dépassaient  guère  lô  a  ?0,0U0  hommes.  M  [<■]- 
brùck  montre  parfaitement,  en  outre,  les  deux  principaux  caractères  des 
armées  de  Justinien  :  prédominance  de  In  cavalerie,  substitution  aux 
troupes  régulières  de  bandes  de  mercenaires,  de  buecellarii. 

L*  quatrième  livre  traite  des  débuts  du  moyen  Age  et  expose  succes- 
sivement :  la  constitution  militaire  dans  les  nouveaux  royaumes  bar- 
bares), le  changement  do  la  lactique,  la  décadence  de  l'organisation 
militaire  primitive  Kerni-im. -romaine,  la  naissance  du  système  dee 
fief»  Cette  partie  est  naturellement  moins  originale  que  les  précé- 
dantes, quoiqu'elle  ronferme  encore  beaucoup  d'idées  nouvelles  et 
ingénieuses,  par  exemple  le  rapport  qu'il  y  a  entre  les  BwdifiMtlorU 


isn 


COIII"rES-»F,*I>FS  camcns. 


potitii  met  .'[  sociale!  ''i  la  prédominant  île  plus  en  plue  marquée  de  li 
cavalerie,  entre  les  bucettlarii  de  la  lin  de  l'époque  romaine  e 
■aux  du  début  du  moyen  âge.  Sur  ce  dernier  point,  M.  Delbruck  est  en 
général  d'accord  avec  M.  Cuilhiermoi,  dont  il  analyse,  dan»  un  appen- 
dice, rt'siui  jur  t'oftgint  de  la  nublcne  en  France  au  moyen  4g*. 

Ch.  liunui. 


l'.-lf.  Catamil  i>k  uSaIssaïe.  Manuel  de  l'histoire  des  religions, 

traduit  do  l'allemand  sous  la  direction  de  H.  Hubebt  et  I.  Lêvi. 

Pari»,  Colin,  1U04.  Gr.  in-8°,  liii-744  pages. 

«  No»  étudiants  n'ont  pas  encore  un  manuel  de  l'histoire  des  religions. 

mi  de  co  livre  «e  sont  préoccupés  de  donner  en  français,  tant 

nu  autres,  l'instrument  de  travail  qui  leur  manquait. 

Noai  BïOtw  mioux  aimé  traduire  un  ouvrage  éprouvé  par  le  succès  que 

.1  i  ii    i un   nouveau  qui  pouvait  être  médiocre.  1  On  ne  saurait 

Dirai  dira  ni  nilmi  faire.  L'excellent  ouvrage,  publié  sous  la  direc- 

u Il  H    Chutante  de  la  Saussaye,  méritait  d'être  traduit;  il  l'est 

i |  '•'  fort  iniiM'ii.iblement. 

PlWUun  [nain»  mit  collaboré  à  la  traduction  comme  à  la  seconde 

''iiiu.ui  illMMndj  dn  lira  même.  Les  quatorze  chapitres  de  l'ouvrage 

■  i  lotrodnatioa  (très  sommaire  :  science  et  classification 

a.,  terminologie),  loi  peuples  dits  sauvages,  les  Chinois,  les 

Flj h  ,  h  ■  i     fpdena,  lot  Babyloniens  et  les  Assyriens,  les  Syriens 

ni  lui  PHtttlolMS,  lp«  laraélitos,  l'Islam,  les  Hindous,  les  Perses,  les 
OnOcH  ta*  f)  ■■■■.  lw  Ce-rmaius  et  les  Celtes. 

i  mbl Banque  pM  d\iait6,  Aucune  partie  n'a  sensiblement 

ii.  il ii  depuis  1807,  date  d«  l'édition  allemande.  On  ne  peut  d'ailleurs 
i|iin  louer  lui»  iradiii'ii'urs  d'avoir  suivi  leur  texte  et  de  s'être,  en  géné- 
i:i  Isa  additions,  si  co  n'est  pour  compléter  les  indications 
t  ■  ■  i  ■  i .  ■  ■ .  raphtqg**.  L'histoire  de  ta  religion  d'Israël  manquait  dans  la 
première  édition  ;  la  Ohlietlaolame  n'a  pas  encore  son  chapitre  dans  la 
ouhaiton*  qu'il  l'obtienne  dans  la  troisième.  Le  privilège 

i atif,  que  l'on  semble  vouloir  ainsi  octroyer  à  la  religion  cbié- 

i  loin  d'être  profitable  â  l'histoire  générale  des  religions,  et 
0*011  lniiv  preuve  aussi  envers  le  christianisme  d'un  singulier  respect 
que  de  lui  épargner  la  comparaison  avec  les  autres  cultes.  Tant  pour 
IVlpoad  que  pour  l'appréciation  philosophique  du  fait  religieux,  de  l'his- 
toire de  la  religion  dans  l'humanité,  il  est  évident  que  l'on  doit  tenir 
f;mnd  compte  du  christianisme  et  lui  faire  sa  place. 

Ou  le  rencontre  et  même  on  le  vise  dès  qu'on  soulève  une  question 
générale.  C'est  ce  qui  est  arrivé,  semble- 1- il,  à  M.  Hubert,  quand  il  a 
écril,  dans  son  introduction  |p.  xltJ  :  •  La  théologie  est  enfermée  sans 
l»*ua  possible  entre  la  liberté  théorique  de  ses  spéculations  et  l'immu- 
tabilité fondamentale  du  dogme.  •  Il  y  a  beaucoup  de  religions  à  l'égard 


t.   IirCBÏSlI   :    HISTOIRE   fïCIEINE   DE   l'k<;li9h.  (37 

nellM  c«  paroles  n'ont  guère  d'application,  et  l'auteur  a  dû  les 

■  de  la  crise  actuelle  dos  confessions  chrétiennes.  On  pourrait 

ou  ver  qu'elles  tranchent  bien  prompte  ment  en  théorie  an  problème 

Tant  dont  ta  solution  appartient  u  l'avenir. 

L  introduction  de  M.  Hubert  est  d'ailleurs  vraiment  magistrale,  et 
:s  considérations  sur  la  méthode  a  suivre  dans  l'étude  des  religions, 
ir  lu  définition  de  la  religion,  sur  l'objet  de  la  science  des  religions, 
ippléent  en  quelque  façon  au  défaut  d'introduction  générale  dans  le 
vre  allemand.  En  réaction  légitime  contre  les  théoriciens  individua- 
stes  de  la  religion,  l'auteur  insiste  sur  le  caractère  social  du  phéno- 
ÉH  religieux.  ■  Les  représentations  religieuses,  écrit-il,  sont  l'objet 
une  croyance  sans  réserve  et  d'une  croyance  utilitaire.  Derrière  le 
lytho  et  le  dieu,  on  aperçoit  le  groupe  social  qui,  non  seulement  rêve, 
ibis  désire  et  veut.  Ce  qu'il  rêve,  ce  n'est  pas  simplement  l'idée  d'une 
srsonne  ou  d'un  esprit,  mais  celle  d'un  pouvoir  ellicace,  conditionné 
ir  ta  volonté  de  ses  commettants  et  par  les  rites  qu'ils  exécutent.  »  Il 
a  la  comme  le  rudiment  d'une  théorie  générale  que  l'on  voudrait  voir 
us  amplement  développée  et  appliquée,  ne  serait-ce  qu'aûn  de  la  pou- 
nr  mieux  entendre  et  de  ta  discuter  plus  facilemeut. 

Alfred  Loisv. 


u  Ili'CUESXE.  Histoire  ancienne  de  l'Église.  T.  I.  Paris,  Fotlte- 
moing,  (908.  In-8°,  xn-577  pages. 

Il  n'y  a  pas  à  faire  l'éloge  de  ce  livre.  Le  lecteur  sait  d'avance  qu'il 
trouvera  érudition   abondante   et   sûre,  exposition  claire  et  bien 
nfenofo,  de  la  véritable  histoire,  écrite  dans  le  meilleur  style.  Et  tous 
■s  mérite»  se  rencontrent  en  effet,  à  un  degré  eminent,  dans  ce  volume, 
ul  décrit  les  origines  chrétiennes  depuis  ta  fondation  de  l'Eglise  jusqu'à 
s  fin  du  m*  siècle.  L'auteur  lui-même  nous  prévient  de  ce  qu'il  n'y 
,ut  pas  chercher  :  ■  Les  gens  experts  et  sensés,  écrit-il  dans  sa  pré- 
,  verront  bien...  pourquoi  je  ne  me  suis  pas  encombré  de  discus- 
i*  et  de  bibliographie,  pourquoi  je  ne  me  suis  pas  attarde  aux  toutes 
remtéres  origines,  pourquoi,  tans  négliger  les  théologiens  et  leur  acli- 
ii-    ma   suis    pas  absorbé   dans  la  contemplation  de  leurs 
relies,  s  II  est  donc  bien  entendu  que  le  livre  est  «  d'exposition  et 
'ulgarisation  •,  haute  et  savante  vulgarisation,  et  qu'il  n'y  faut  pas 
sercher  un  examen  trop  approfondi  et  détaillé  des  croyances  chré- 
.■tniert  et  de  leur  développement.  On  parle  de  ces  choses  dans  la 
•■Iles  appartiennent,  pour  ainsi  dire,  à  la  vie  commune  et 
lliliquc  da  l'Église. 

Mur   huchesne  nous  avertit  qu'il  ne  s'est  pas  «  attardé  aux  toutes 
originel  ».  En  effet,  il  ne  parle  pas  de  Jésus  ni  de  sa  prédi- 
ction. *  Le  mouvement  qui  devait  aboutir  a  la  fondation  de  l'Église  * 
noter  celte  façon  de  parler  vraiment  historique,  mais  peu  theologique, 


438  COMrTIS-ERXDOS  CUTIQUES. 

d'où  il  résulte  que  la  fondation  de  l'Église  est  postérieure  à  la  mort  dû 
Christ)  a  «  comme  point  de  départ  un  groupe  de  personnes  qui  vivaient 
à  Jérusalem  dans  les  dernières  années  de  l'empereur  Tibère  (30-37).  Ces 
premiers  fidèles  se  réclamaient  du  nom  et  de  la  doctrine  de  Jésus  de 
Nazareth,  récemment  supplicié  par  ordre  du  procurateur  Pilate,  à  l'ins- 
tigation des  autorités  juives.  Bon  nombre  d'entre  eux  lavaient  connu 
vivant;  tous  savaient  qu'il  était  mort  crucifié;  tous  aussi  croyaient  qu'il 
était  ressuscité...  Ils  le  considéraient  comme  le  Messie  promis  et 
attendu,...  présentement  assis  à  la  droite  de  Oieu  son  Père,  d'où  il 
allait  venir  manifester  sa  gloire  et  fonder  son  royaume.  »  Ce  qu'a  été 
l'Évangile  de  Jésus,  dans  quelle  mesure  son  activité  personnelle  a  con- 
tribué à  l'institution  religieuse  qu'a  créée  la  foi  de  ses  disciples,  on  ne 
nous  le  dit  pas.  «  Les  gens  experts  et  sensés  »  n'auront  peut-être 
pas  trop  de  peine  à  découvrir  les  motifs  d'une  si  grande  réserve. 
Mais  peut-être  jugeront-ils  aussi  qu'il  y  a  là  une  lacune  ;  que  certaines 
questions,  si  délicates  qu'elles  soient,  ne  sont  pas  à  traiter  par  préten- 
tion ;  que  les  c  gens  graves  et  sains  d'esprit  »  attribuent  à  Jésus  quelque 
part  dans  le  mouvement  chrétien,  et  que  l'historien  du  christianisme 
ne  peut  légitimement  se  dispenser  de  dire  en  quoi  son  rôle  a  consisté. 
On  pouvait  le  dire,  je  suppose,  sans  tomber  dans  le  travers  de  ceux  qui 
c  savent  prolonger,  par  des  hypothèses  séduisantes,  les  perspectives 
ouvertes  sur  témoignages  bien  vérifiés  ». 

Cette  abstention,  dont  l'extrême  sagesse  se  traduit  comme  ferait 
l'extrême  scepticisme,  parait  d'autant  moins  justifiée  que  le  docle  prélat 
ne  B'est  pas  interdit  d'exposer  l'origine  du  Nouveau  Testament  et  qu'il 
a  un  chapitre  sur  c  les  livres  chrétiens  ».  Il  est  vrai  que  ce  chapitre 
est  aussi  un  peu  maigre  et  sans  conclusions  précises.  La  discussion  des 
écrits  johanniques  est  absolument  déconcertante,  c  Quant  à  ce  qui  est 
possible  ou  impossible  en  fait  d'histoire  évangélique,  nous  dit-on 
(p.  141)  à  propos  du  quatrième  Évangile,  il  est  bon  de  se  rappeler  que 
les  Évangiles  synoptiques  ont  aussi  leurs  divergences,  qui  ne  sont  pas 
toujours  aisées  à  réduire...  Il  est  sur  que,  pour  le  public  de  ces  premiers 
temps,  la  concordance  des  récits  et  l'exactitude  du  détail  n'avaient  pas 
la  même  importance  que  pour  nous.  »  Sans  doute,  mais  cela  ne  sauve 
pas  l'authenticité  de  Jean  ;  cela  compromet  seulement  l'historicité  des 
Synoptiques  avec  celle  du  quatrième  Évangile.  Pour  finir,  il  semblerait 
qu'on  incline  à  faire  de  Jean  l'Ancien  l'auteur  de  ce  dernier  livre 
(p.  142)  ;  mais  plus  loin  (p.  264),  c'est  l'apôtre  Jean  qui  est  venu  en  Asie, 
et  l'Évangile  parait  sous  son  nom  après  sa  mort,  ainsi  que  la  première 
E pitre  johannique.  Pas  un  mot  sur  la  différence  de  caractère  qui  se 
remarque  entre  le  quatrième  Évangile  et  les  Synoptiques.  De  ces  der- 
niers on  dit  seulement  qu'ils  ont  été  c  écrits  avec  un  souci  très  relatif 
de  l'exactitude  dans  le  détail  et  de  la  précision  chronologique.  »  Aucune 
indication  nette  sur  leur  origine  et  leur  valeur  historique;  même  vague 
en  ce  qui  regarde  l'origine  des  Êpitres  pastorales  et  des  Épitres  dites 
catholiques.  C'est  peut-être  affirmer  beaucoup,  tout  en  restant  encore 


E.    LOUITS    :    ME    INFÂNfiE   I 


i:i 


dans  le  nuage,  que  d'interpréter  la  croyance  christologique  de  la 
première  génération  chrétienne  de  telle  sorte  que  ■  Jésus-Christ  et 
l 'l',-|int-Saint  «ont  Dieu,...  qu'ils  participent  à  l'essence  du  Dieu 
unique,  qu'ils  lui  sont  respective  ment  identiques,  sans  cependant  être 
île  certaines  spécialités  >  |p.  13).  Les  spécialités  sont  bien 
plu*  accentuées  que  l'identité.  Enfin,  il  y  &  équivoque  à.  présenter  la 
doctrine  de  saint  Paul  sur  la  valeur  expiatrice  de  la  mort  du  Christ 
Comme  équivalente  à  l'idée  générale  du  tulut  que  procure  la  Toi  à  Jésue 
Messie  lp.  44),  Les  bonnes  âmes  peuvent,  il  est  vrai,  se  persuader  que 
certaines  ■  erreurs  «  très  dangereuses  de  mes  petits  livres  «ont  ainsi 
BorrfgéM,  Je  doute  qu'elles  le  soient  ellicacement.  En  tout  cas,  il  me 
semble  que  Mgr  Duehesne  n'est  vraiment  lui-même  que  sur  le  terrain 
des  documents  et  de  l'histoire  ecclésiastiques,  non  sur  le  terrain  biblique. 
Bon  livre  a  reçu  ['imprimatur  à  Home. 

Alfred  Lois  y. 


r.rnsl  Leurs.  Die  An  fange  des  Helllgenkults  inder  chrîstlichen 
Kirche,  berausgg.  von  GuaLav  Auricli.  Tùbingen,  \90i.  In-8", 
111-520  pages. 

L'idée  que  le  culte  des  saints,  dans  la  l'orme  qu'il  prit  après  l'époque 
de  Constantin,  est  une  manière  de  pulylhéisme  et  comme  une  revanche 
et  une  survivance  déguisée  du  paganisme  abattu  a  été  plusieurs  ibis 
es  primée  au  iv'  siècle.  Les  Manichéens  s'indignaient  de  voir  l'Eglise 
*  tourner  le  culte  des  idoles  en  culte  des  martyrs  >  [vertiise  idola  in 
martyres);  Vigilance  traitait  d'idohUres  sinon  les  dévots  des  martyrs,  à 
coup  sur  les  adorateurs  des  reliques.  La  thèse  a  éle  souvent  reprise 
depuis  la  Réforme;  elle  n'avait  jamais  été  déduite  avec  autant  de  pré- 
cision et  fortifiée  par  une  aussi  grande  abondance  de  preuves  et 
d'exemples  que  dans  le  livre  de  M.  Lacius  :  la  Origines  du  culte  des 
sainte.  M.  Lucius,  professeur  à  l'Université  de  Strasbourg,  a  consacré 
à  cet  ouvrage  la  plus  grande  partie  de  sa  vie;  il  est  mort  en  1902 
sans  l'avoir  achevé.  M.  Anrich,  qui  s'est  chargé  de  la  publication,  nous 
apprend  qu'à  l'œuvre  déjà  longue  devaient  être  ajoutés  des  développe- 
menu  nouveau*,  et  notamment  nue  étude  sur  le  culte  des  saints  dans 
le  Brahmanisme,  le  Bouddhisme  et  l'Islam. 

Tel  qn  il  nom  est  donné,  ce  livre  est  un  monument  et  demeurera 
longtemps  le  principal  ouvrage  à  consulter  sur  la  grande  question  qui 
y  est  traitée.  M.  Lucius  a  dépouillé  avec  soin  une  masse  énorme  de 
laxtes  et  il  a  une  connaissance  très  étendue  de  la  vaste  littérature  de 
•on  sujet1.  Ceux  mômes  qui  répugneront  &  admettre  les  théories  de 

1.  Je  dois  dire  que,  d'après  SI.  DHchayc  [Analteta  Bollandiana,  t.  XXIV, 
1905,  p.  488-48B),  In  bibliographie  do  Lur.lus,  ■  pour  U  plupart  des  chapitres, 
parait  s'arrêter  soi  environs  de  1890  ».  Il  y  •  li  une  forte  eugéretlon.  Tout 


un 


comptes-r 


)   CRITIQUES. 


I'au(«ur,  ou  qui  ne  consentiront  à  en  retenir  qu'un  minimum,  devront, 
s'il*  tont  curieui  de  connaître  les  origines  du  christianisme  populaire 
du  moyen  âge.  recourir  à  ce  savant  et  probe  travail. 

L'auteur  traite  dans  son  livre  1  des  antécédents  du  culte  des  gaints. 
Il  montre  comment  la  conception  chrétienne  du  monde,  aui  trots  pre- 
miers siècles,  s'est  sans  cesse  rapprochée  à  la  conception  païenne.  Cher 
les  p.niTis,  partis  du  polythéisme,  s'est  répandue  la  croyance  en  une 
BUprômo  divinité,  être  inconnu  et  inabordable,  à  laquelle  fut  subor- 
douné  le  peuple  des  dieux  et  des  démons.  Inversement,  quand  le 
Dieu-Père  de  l'Évangile  eut  été  à  peu  près  assimilé  au  Dieu  abstrait 
des  philosophes,  les  chrétiens  admirent  qu'il  communiquait  avec  la 
nature  et  les  hommes  par  le  ministère  des  anges.  Les  anges,  qui  ont 
beaucoup  Fait  pour  dissoudre  te  strict  monothéisme  des  origines, 
tenaient  une  grande  place  dans  la  doctrine  chrétienne  au  n*  siècle.  Leur 
rôle  eût  grandi  encore  si  les  saints  ne  les  avaient  privés  de  tonte  une 
part  de  leurs  attributs,  le  gouvernement  des  hommes,  et  ne  les  avaient 
relégués  dans  le  service  de  la  nature  et  du  ciel. 

Ainsi  se  prépare  et  déjà  s'opère  une  transaction  aisée  de  la  philoso- 
phie religieuse  des  nations  à  la  théologie  chrétienne.  Christianisme  et 
paganisme  se  rapprochent  d'autre  part  par  une  de  leurs  formes  popu- 
laires, qui  est  le  culte  des  morts.  Comme  chez  les  païens,  on  ne  tarda 
pas  à  distinguer  dans  la  foule  des  morts  chrétiens  une  élite.  Ceux  qui 
avaient  déposé  ta  condition  humaine,  soit  par  le  martyre,  soit  par  l'ascé- 
tisme, furent  promus  à  un  degré  supérieur  de  vie  surnaturelle.  Véri- 
tables héros  chrétiens,  les  saints  sont  les  soldats  de  la  Milice  <lu  Christ 
et  ils  prennent  part  à  l'incessante  bataille  que  le  Christ  livre,  dans 
les  esprits  invisibles,  aux  légions  de  Satan. 

Toute  cette  première  partie  n'est  à  vrai  dire  qu'une  introduction.  Le 
livre  II,  In  Martyrs,  est  divisé  en  deux  sections  :  le  martyr  au  temps 
de  la  persécution,  le  martyr  au  temps  de  la  paix.  La  première  comprend, 
après  une  analyse  (où  les  distinctions  sont  un  peu  subtiles),  des  rai- 
sons qui  expliquent  la  vénération  et  la  gratitude  des  fidèles  envers  les 
martyrs,  un  historique  des  modifications  subies  par  le  culte  des  martyrs 
au  m1  siècle*.  Mais  la  partie  la  plus  importante  et  la  plus  achevée  est 
celle  qui  est  consacrée  au  martyr  au  temps  de  la  pai».  Au  temps  même 
des  persécutions,  la  légende  avait  commrncé  de  transfigurer  la  personne 
et  l'histoire  des  martyrs;  après  la  conversion  du  prince  et  de  l'État,  elle 
se  trouva  dégagée  des  entraves  que  lui  avait  longtemps  imposées  la 
mémoire  trop  récente  des  faits.  Ou  se  représenta  toute  l'histoire  anté- 
rieure à  Constantin  comme  une  persécution  continue  et  le  nombre  des 
martyrs  comme  immense  ;  quant  aux  souffrancesde  ces  vainqueurs,  étant 


ceux  qui  auront  In  le  livre  jugeront,  je  crois,  que  l'eipèdilif  compte-rendu  des 
Anal  te  ta  n'est  pas  équitable.  Ou  trouvera  dans  l'inleressanl  chapitre  vi  des 
Légendei  hagiographiques  de  M.  Deleliaye  lui-mcuie  de»  indications  qui  ter- 
tiraient  i  rajeunir  la  bibliographie  de  Lucius. 


E.    LDCIUS    :    DIE    INFAMli:    DES    IIEIl.ir.E1n:i.TS. 


144 


Je*  tentations  imaginées  par  le  démon,  elles  avaient  dû  être  atroces.  On 
orna  les  récils  de  passions  d'épisodes  empruntes  aux  apocryphes  juifs 
et  chrétiens,  parfois  à  des  contes  antiques,  on  les  releva  par  des  des- 
criptions de  supplices  compliqués  (le  supplice  de  saint  Georges  dure 
neuf  anal,  par  des  traits  d'héroïsme  théâtral,  par  un  merveilleux  outré. 
Ce  genre  de  compositions  répondait  si  bien  au  goût  public,  qu'elles 
firent  dédaigner  les  simples  actes  ou  passions  authentiques.  Les  mar- 
tyr* dont  il  n'était  resté  que  le  nom  eurent,  en  un  sens,  plus  de 
chances  de  parvenir  a  la  grande  popularité  qu'un  Polycarpe  ou  que  les 
martyrs  de  Lyuu. 


Le  second  quart  du  iv>  siècle,  q 
el  peut-être  quadrupler  en  quelq 
martyrs  une  période  de  progrès 
■  plus  souvent,  volontaii 


le  nombre  des  fidèles  doubler 
ions,  a  été  pour  le  culte  des 
n.  Les  conversions  furent  sans 
et  désintéressées  |ï);  elles  furent 


aussi  plus  superficielles,  car  elles  ne  comportaient  plus  de  sacrifice  ni 
de  véritable  révolution  intérieure.  Plus  qu'à  aucune  autre  époque,  la 
put.'  chrétienne  subit  l'inlluence  des  idées  et  dos  sentiments  dont  les 
raligiuns  anciennes  avaient  meublé  les  esprits.  Cette  piété,  lourde- 
e  réduit  à  peu  près  â  un  besoin  inquiet  d'assistance 
3  contre  ta  maladie,  la  mort  prématurée  ou  les  pertes  d'ar- 
gent, a  un  perpétuel  recours  ou  miracle  utile.  Le  secours  que  le  païen 
demande  a  une  infinité  de  dieu»  el  de  démons,  très  souvent  â  la  magie, 
les  martyrs,  esprits  familiers  et  accessibles,  sont  propres  à  le  lui  offrir. 
Sans  renoûcer  toujours  aux  enchantements,  aux  amulettes.'  ou  même 
au  culte  des  dieux,  il  va  prier  au  tombeau  du  martyr  et  loucher  des 
retiques.  Par  l'afflux  de  ces  demi -convertis  s'achève  l'assimilation 
commencée  entre  le  martyr  et  le  héros  antique. 

Chaque  églbe  particulière  vénère  avec  prédilection  ses  martyrs 
propres,  et  c'est  auprès  de  leur  tombeau  qu'elle  célèbre  leurs  anniver- 
saires. Or  le  nombre  des  tombeaux  ainsi  honorés  était,  à  la  fin  des 
persécutions,  fort  peu  élevé,  et  il  est  remarquable  que  les  églises  véné- 
raient presque  uniquement  des  victimes  des  persécutions  les  plus 
récentes  :  â  Rome,  le  calendrier  de  l'an  354  ne  mentionne  qu'une 
trentaine  de  martyrs  romains;  sauf  les  saints  Pierre  el  Paul,  aucun 
de  ces  martyrs  ne  remontait  au  premier  ni  au  second  siècle.  Commo 
presque  toutes  les  églises  se  savaient  beaucoup  plus  riches  que  n'eût 
I  leur  calendrier  et  que  l'action  bienfaisaule  d'un  martyr  ne 
Commençait  qu'à  la  découverte  de  sa  sépulture  et  a  l'institution  de  son 
mile,  on  se  mit  partout  à  la  recherche  des  trésors  enfouis  dans  le  sol 
île»  cimetière*  publics  on  privés.  Le  succès  répondit  pleinement  au  zèle 
leurs.  On  peut  se  faire  une  idée  du  nombre  des  découvertes 
mple  de  Rome  :  le  calendrier  romain,  aux  environs  de  420, 

l.  Chrjsoslome,  In  Colon,  lion.,  8,  i,  promet  jui  m^res  qui  refuseraient 

d'attacher  des  amolellci  au  corps  de  Irur  enfant  malade,  qu'en  cas  de  mort  de 

I,  leur  fidélité  leur  «rail  comptée  comme  l'équivalent  du  martyre. 


442  COMPTES-EEIfDUS  CRITIQUES. 

contenait  six  à  huit  fois  plus  de  martyrs  qu'en  354.  Aux  environs  de 
l'an  600  ou  peu  après,  le  compilateur  du  Martyrologe  hiéronymien, 
qui  avait  dressé  une  liste  imposante  de  martyrs  et  de  confesseurs, 
s'excusait  d'en  avoir  oublié  bien  davantage  et  estimait  que  le  total  des 
noms  à  inscrire  se  fût  monté  à  plus  de  huit  cents  par  jour,  en  moyenne. 

De  bonne  heure,  les  églises,  de  voisine  à  voisine,  surtout  dans  l'in- 
térieur des  grands  groupements  disciplinaires,  s'empruntèrent  des 
noms  de  martyrs.  Les  échanges  devinrent  fréquents  après  350,  lorsque 
se  fut  établi  l'usage  des  translations  de  reliques;  et  il  y  eut  des  martyrs 
vénérés  dans  de  vastes  régions.  L'établissement  du  culte  des  images, 
véritables  succédanés  des  reliques,  élargit  encore  le  cercle  d'action  des 
martyrs  les  plus  réputés. 

Il  y  a  en  effet  des  martyrs  qui  ont  réussi  et  conquis  par  leurs  miracles 
une  notoriété  étendue,  tandis  que  leurs  anciens  compagnons  de  vic- 
toire, qui  étaient  leurs  égaux  en  mérite,  traînaient  une  existence  ché- 
tive  et  locale,  bientôt  interrompue  par  l'oubli.  Les  choix  que  la  faveur 
des  fidèles  a  faits  entre  les  bienheureux  s'expliquent  parfois  par  l'im- 
portance ou  la  situation  géographique  des  églises  où  ils  avaient  souf- 
fert (parfois,  aurait  dû  dire  M.  Lucius,  par  une  réclame  bien  faite). 
Plusieurs  des  grands  martyrs  thaumaturges  ont  hérité  de  la  célébrité 
toute  faite  et  souvent  aussi  des  attributs  d'une  divinité  antique.  En 
deux  chapitres  :  les  Martyrs  guerriers;  les  Grands  Guérisseurs,  M.  Lucius 
donne  des  exemples  bien  choisis,  et  qui  lui  ont  fourni  les  pages  les 
plus  originales  de  son  livre,  de  ce  genre  de  substitutions.  Je  ne  crois 
pas  qu'il  y  ait  de  doutes  dans  le  cas  de  sainte  Thékla,  de  Séleucie  d'Isau- 
rie,  héritière  d'une  illustre  Athéna  locale  (certains  rapprochements 
sont  saisissants  :  le  char  de  feu,  les  grues  apportées  en  offrande  au 
sanctuaire,  surtout  les  épithètes  de  philologos  et  de  philomousos  données 
à  la  sainte),  ni  dans  le  cas  du  Démétrius  de  Thessalonique,  héritier  du 
Gabiros  propre  à  la  cité.  La  démonstration  s'achève  dans  un  chapitre 
sur  les  formes  du  culte  des  martyrs,  abondant  répertoire  de  faits. 

Le  livre  III  est  une  étude  sur  les  Saints  ascètes  et  les  saints  évêques; 
il  est  certain  que  l'intérêt  y  faiblit.  La  question  qui  a  surtout  pré- 
occupé l'auteur  est  celle-ci  :  comment  est-il  advenu  que  le  privilège 
de  la  semi-apothéose,  longtemps  réservé  au  martyr,  ait  été  étendu  à 
l'ascète  et  à  nombre  d'évéques?  Il  répond  que  les  ascètes,  dont  toute  la 
vie  n'était  qu'une  longue  victoire  sur  les  puissances  infernales,  ont  été 
pour  cette  raison  assimilés  aux  martyrs,  lesquels  apparaissaient  sur- 
tout comme  des  combattants  et  des  victorieux.  Quant  aux  évoques, 
avant  de  les  honorer  tous  ou  presque  tous,  on  a  distingué  parmi  eux 
ceux  qui,  de  leur  vivant,  s'étaient  sanctifiés  par  l'ascétisme.  M.  Lucius 
a  peut-être  ici  pris  le  prétexte  apologétique  pour  la  cause  véritable. 
Autre  chose  est  la  justification  rationnelle  donnée  par  les  théologiens 
des  honneurs  accordés  à  des  non-martyrs,  autre  chose  la  genèse  réelle 
de  la  nouvelle  variété  de  culte  des  saints  qu'on  voit  naître  au  rv*  siècle. 
Il  aurait  fallu  penser  à  une  croyance  très  primitive,  indépendante  du 


■MEX,  SCBMITZ-SALLESBEBr.,  RED1.ICI1  : 


;c(i»ENr.EBBiî. 


U3 


culte  des  morts,  qui  semble  avoir  été  surtout  répandue  dans  les  parités 
le*  moins  hellénisées  de  l'Empire,  et  qu'on  pourrait  formuler  :  il  y  a 
des  hommes  qui  sont  plus  qu'hommes.  Dans  la  Gaule  en  particulier, 
l'apparition  soudaine  du  culte  populaire  des  évéques  encore  en  vie, 
comme  de  saint  Martin,  de  saint  Viclrice  et  de  beaucoup  d'autres  que 
Grégoire  de  Tours  noua  Tait  connaître,  doit  avoir  ses  antécédents  dans 
une  sorte  de  culte,  ou  si  l'on  veut  de  vénération  superstitieuse,  di!  cer- 
taine vivants.  On  voit  dans  Grégoire  de  Tours  que  tous  les  evéquos, 
même  ies  plus  notoirement  indignes,  étaient  de  son  temps  regardés 
BMMM  im  espèces  de  marabouts. 

Le  livre  IV,  Marie,  d'ailleurs  fort  instructif,  n'entre  qu'imparfaile- 
meul  dans  le  plan  du  livre;  soit  parce  que  l'établissement  du  culte 
propre  de  la  Vierge  est  postérieur  au  iv»  siècle,  qui  est  le  centre  de 
toutes  les  recherches  de  l'auteur;  soit  parce  que,  pour  cette  raison  même, 
les  analogies  qu'on  a  voulu  retrouver  entre  divers  cultes  païens  et  le 
colle  de  Marie  sont  faibles;  soit  parce  que  l'auteur  s'attache  ici  plus 
encore  à  l'histoire  des  idées  théologir[ups  qu'à  l'histoire  du  culte. 

Une  analyse,  même  un  peu  longue,  ne  peut  guère  donner  l'idée  de  l'in- 
térêt de  ce  livre,  qui  vaut  surtout  par  l'abondance  et  l'heureux  classe- 
ment des  faits  et  des  textes.  J'ajoute  que  l'érudition  de  M.  Lucius,  qui  est 
tria  étendue,  m'a  paru,  quoi  qu'on  en  ait  voulu  dire,  d'excellente  qua. 
lit*.  Parmi  les  quelques  textes  qui  m'étaient  connus,  je  n'y  ai  relevé  que 
des  erreurs  vénielles  et  qui  n'inBrmnieni  aucune  thèse  de  l'auteur;  la 
plu*  grave,  qui  est  commise  encore  par  beaucoup  de  savants,  est  d'avoir 
■  "f  Otlasltn  comme  de  Gèlase.  11  aérait  beaucoup  plus  facile 
de  compléter,  ça  et  là,  les  exemples  de  M.  Lucius,  que  de  le  prendre  en 
faute  ou  de  le  réfuter. 

E.-Ch.  II. m  t. 


W.  Eltifcl.  L    S<;iitHT/-K*u.EMiERi,  eL  0.  Rkdlich.  Urkundenlehre 

ITeil.  Mùnclienei  Berlin,  R.  Oldenbourg,  1907.  ln-8°, x-369 pages. 

[Ilii/i'l/iuch  der  miltelalterliektn  u.  n*utren  Geschic/ite,  publ,  p, 

G.  v.  Below  et  F.  Meinecke,  Ableil.  IV. j 

1..'  prunier  volume  du  nouveau  manuel  de  diplomatique  de  M  M .  Brben , 
Scbitmï-Kallenhivg  et  liedlich  comprend,  outre  une  introduction  de 
M.  fadlich,  consacrée  à  une  brève  histoire  de  la  diplomatique,  à  quelques 
d.;liniiinns  et  à  l'exposé  de  quelques  principes  généraux,  une  étude,  due 
à  M.  Krbeu,  sur  les  diplômes  des  rois  et  des  empereurs  d'Allemagne, 
et  d'Italie  au  moyen  âge.  Cette  élude  est  elle-même  divisée 
en  cinq  parties  :  histoire  des  chancelleries  ;  caractères  externes  des 
dipk'impB  depuis  les  Mèruvingiens  jusqu'aux  derniers  empereurs  de  la 
maison  de  Franconie;  à  l'époque  des  Hobenstaufen;  après  le  grand 
interrègne',  enfin,  caractères  internes  des  diplômes.  Le  lout  est  exposa 
avec  simplicité  et  précision;  des  bibliographies  1res  soignées  ouvrent 


m 


CIMIPTKS-EKNDOS   CKITIQOBS. 


chaque  paragraphe.  C'est  une  excellente  mise  au  point  de  tous  I 
résultats  acquis  eu  ces  dernières  années. 

Eu  outre,  en  écartant  résolument  de  ce  manuel  tout  ce  qui  n'est  pas 
proprement  I  étude  des  chartes  en  elles-mêmes  et  notamment  la  chrono- 
logie technique,  M.  Erbeu  et  ses  collabora  leurs  se  trouvent  plus  à  l'aise 
pour  traiter  avec  toute  l'ampleur  désirable  les  questions  de  diplomatique 
pure  :  aussi,  même  pour  la  France,  leur  ouvrage  est-il  dès  maintenant 
plus  complet  sur  plusieurs  points  que  celui  d'Arthur  Giry.  Toutefois  on 
peut  regretter  que  M.  Erbeu  ait  cru  devoir  examiner  en  bloc  les  diplômes 
des  souverains  allemands,  français  et  italiens  :  sans  inconvénient  pour 
le  baul  moyen  âge,  cette  méthode  n'est  pas,  pour  les  temps  plus  rap- 
prochés, sans  amener  quelque  confusion.  Nous  regrettons  aussi  l'absence 
de  toute  illustration  :  ce  qui  a  trait  en  particulier  aux  monogrammes 
eût  été  plus  clair  et  plus  facile  à  suivre  si  l'auteur  avait  accompagné 
son  texte  de  quelques  dessins. 

Au  point  de  vue  français,  il  y  a  quelques  omissions  :  par  exemple, 
pour  les  fac-similés,  si  M.  Erben  avait  connu  la  Liste  des  recueils  de 
fac-similé  de  chartes  dressée  par  MM.  René  Poupardin  et  Maurice  Prou  *, 
il  aurait  pu  facilement,  allonger  la  bibliographie  qu'il  donne  des  diplômes 
des  souverains  français  dont  il  existe  des  reproductions.  Il  est  regret- 
table aussi  qu'il  ait  ignoré  les  mémoires  déjà  publies  par  M.  Maurice 
Prou  sur  les  diplômes  de  Philippe  I"3.  Peut-être  enfin  M.  Erlien.  qui, 
an>L'  MM.  Pirenne  et  Bresslau,  rejette  les  conclusions  de  Julien  ilavet 
sur  la  formule  vîr  inluster  ou  viris  intustribus  des  diplômes  mérovin- 
giens, eùl-il  pu  indiquer  que  ce  dernier  érudit  avait  répondu  aux  objec- 
tions qui  lui  étaient  faites  et  rappeler  les  arguments  qu'il  avait  fait 
valoir. 

Mais,  somme  toute,  ce  sont  là  de  très  légers  défauts.  Bien  conçu, 
clairement  ordonné  et  solidement  documenté,  ce  livre  s'annonce  comme 
un  des  meilleurs  manuels  de  diplomatique  que  nous  possédions  jusqu'ici. 
Louis  Halphen. 


1.  Rapport  présenté  au  Congrès  international  pour  In  reproduction  des  manus- 
crits, des  monnaies  et  des  sceaux  ;  tir.  A  part,  Bruselles,  190S,  in-8*.  41  p, 

2.  Surtout  sou  Examen  de  deux  diplômes  de  Philippe  I"  pour  l'abbaye  de 
Messines,  en  Flandre  {Bulletins  île  la  Commission  royale  d'histoire  de  Belgique, 
1.  LXU,  1902),  qui  contient,  outre  les  fac-similés  de  de»  diplômes  de  Phi- 
lippe 1",  d'importants  détails  sur  les  sceaux  de  ce  roi.  —  On  sait  que  le 
Keçuetl  des  actes  de  Philippe  I",  publié  par  M.  Prou,  avec  une  longue  introduc- 
tion diplomatique,  dans  le  recueil  des  Chartes  et  diplômes  de  l'Académie  des 
inscriptions,  doit  paraître  Ml  prochainement.  D'autres  volumes,  consacrés  aux 
derniers  Owotbgbu,  Mit  egaUnut  sous  presse  et  seront  précédés  d'introduc- 
tions étendues,  qui  viendront  préciser  ou  modifier  les  indications  données  par 
M.  Erben.  Le  Beeiteit  des  actes  de  Lolhuire  et  de  Louis  V  t9ôi-9S7l  paraîtra 
immédiatement  après  celui  des  actes  de  Philippe  I". 


M.    IlikTKlNV    :    GCSCBICHTE    ITALIENS    IH    «[TTri.*l.TEil. 


«3 


L.-M.    HiBTMixn.    Geschlchte    Italiens    tm    Mittelalter.   II  BiJ., 

■£•  Haifle  :  Die  Loslosung  Italiens  vom  Oriente.  Golba,  F.-A. 

Perlhiss,  1903.  in-4",  n-387  pages. 

Hu-Li  que  représentant  un  fascicule  seulement  de  son  histoire  de 
l'Iuhe  au  moyen  Age,  le  volume  de  M.  Hartmann  a  pur  lui-même  une 
unité.  C'en  en  effet  durant  la  période  qui  s'étend  de  l'établissement 
des  Lombards  dans  la  plaine  du  P6  jusqu'au  couronnement  de  Uharle- 
magne  que  la  péninsule  se  sépare  définitivement  de  l'Empire  byzantin, 
fonde  en  Italie  même  l'Empire  d'Occident.  La  Gtschichte  det 
italîtnïschen  Kimiyreiclu  (ait  partie  de  la  collection  Heeren  et  Uckerl. 
(Je»t  donc  un  ouvrage  de  vulgarisation  scientib'que  plutôt  qu'un  livre 
d'érudition.  Mais  les  travaux  antérieurs  de  M.  Hartmann  le  dési- 
gnaient tout  particulièrement  pour  donner  sur  cette  période  autre  gIkm 
qu'une  compilation  des  ouvrages  de  ses  devanciers  et  le  mettaient  à 
même  d'écrire  sou  livre  d'après  les  sources,  en  présentant  sur  les  évé- 
nements des  vues  personnelles. 

L'auteur  insiste  avec  raison  sur  le  caractère  particulier  de  l'établis- 
sement des  Lombards,  entrés  en  Italie  en  conquérants  et  non  en  alliés 
du  peuple  romain,  comme  les  liarbares  dans  d'autres  régions.  Mais  ce 
fait  même  suppose  un  excédent  de  population  masculine,  qui  a  de 
bonne  heure  eu  pour  conséquence  nécessaire  des  unions  avec  des  femmes 
romaines,  et  par  suite  contribué  à  la  fusion  des  deux  races.  M.  Hart- 
mann donne  de  cette  fusion  des  preuves  empruntées  aux  lois  des  Lom- 
bards et  au  peu  que  nous  pouvons  connaître  de  leurs  usages.  Néan- 
moins, H  semble  bien  que  les  Romains  du  duché  de  Home  aient 
conservé  longtemps,  jusqu'à  la  lin  du  vin*  siècle,  le  sentiment  très 
net  de  ta  différence  qui  existait  entre  eux  et  cette  race  étrangère,  que 
l'on  accusait  de  sentir  mauvais  et  d'avoir  la  lèpre. 

La  première  partie  du  volume  est  consacrée  à  un  exposé  très  net 
des  rapports  de  Home  avec  Byzance, —  marqués  surtout  par  les  luttes 
relatives  au  concile  in  Trutlo  et  au  culte  des  images,  —  et  des  progrès 
de  la  puissance  lombarde.  M.  Hartmann  a  avec  raison  glissé  rapide- 
ment sur  les  luttes,  assez  peu  intéressantes  au  point  de  vue  de  l'bistoire 
générale,  antre  les  ducs  de  Frioul,  de  Spolèle  et  de  Bénévent,  et  insisté 
au  contraire  sur  le  mouvement  de  conquêtes  et  les  progrès  du  pouvoir 
royal  qui  marquèrent  le  règne  du  roi   Liutprand.    Pour  la  seconde 
partie,  c'est-à-dire  pour  l'histoire  des  relations  de  la  papauté  avec  les 
premiers  Carolingiens,  M.  Hartmann  rencontrait  sur  son  chemin  des 
ii>ntroverscps  depuis  des  siècles  et  dont  la  «  littérature  >  est 
.me.  ,\  ce  point  ■!>.•  vue,  les  bibliographies  sommaires  qu'il 
travaux  les  plus  importants  et  les  plu?  n 
mm  de*  principales  opinions  eu  présence,  rendront  certainement  des 
lu  cadre  de  l'ouvrage  ne  permettait  pas  à  l'auteur  d'entrer  dans 
les  discussions.  Il  a  su  cependant  fournir  lea  raisons  en  faveur 
de  telle  ou  telle  opinion  adoptée  par  lui.  Je  citerai  comme  partlculiè- 
h«v.  limon,  XCIV.  Wfasc.  10 


m 


fiûMI'it.s-HENlilS    CBtTlQOES. 

■  genre   les    pages    consacrées   au    voyage 


renient  intéressantes  t 

d'Etienne  II  en   France  et  an  plaid  de  Quierzy,  que  M.  Hartmann 

me  paraît  avoir  avec  ruisou  distingué  do  l'entrevue  de  Brtnaeum, 

René  Pou  va  ru  m. 


Franz  X.  BàRTU    Hlldebert  von  Lavardin  (1056-1133)  nnd  das 

kirchliche  Stellenbesetzungsrecht.  Stuttgart,  F.  Enke,  1906. 
In-S°,  ix-490  pages  [Kirchenrechtliche  Abhandlungeii,  publ.  par 
U.  Slulz,  fasc.  34-36). 

Le  volumineux  ouvrage  que  M.  Barih  vient  de  consacrer  a  Hildebert 
de  Lavardin,  evèuue  du  Mans  (1096-1125],  puis  archevêque  de  Tours 
|H25-1!33|,  n'est  ni  une  biographie  ni  une  étude  littéraire  :  but  la  vie 
d' Hlldebert, tout  l'essentiel  a  déjà  été  dit1  ;  quanta  son  œuvre  littéraire, 
M.  Barth  compte  en  faire  plus  lard  l'objet  d'un  travail  spécial.  C'est  par 
une  élude  sur  Hildebert  caooniste  qu'il  a  cru  devoir  commenter.  Les 
belles  recherches  de  M.  Paul  Fourniersur  Ive  de  Chartres  ont  été  pour 
beaucoup  dans  cette  détermination  :  sans  avoir  été  on  canoniale  aussi 
illustre  qu'Ive,  Hildebert  a  joui  de  son  temps,  lui  aussi,  a  cet  égard  d'un 
certain  renom.  Par  malheur,  —  et  M.  Barth  l'établit  lui-même,  —  il  ne 
nous  reste  plus  de  lui  aucun  traité  où  l'on  puisse  trouver  l'exposé  de  sa 
doctrioc  :  on  en  est  réduit  à  sa  correspondance,  et  celle-ci  ne  contient, 
somme  toute,  sur  ces  matières,  que  quelques  rares  et  vagues  indications. 
Aussi  le  litre  qu'a  adopté  M.  Barlh  restreint-il  prudemment  les 
recherches  à  la  position  prise  par  Hildebert  dans  la  question  des  nomi- 
nations aux  bénéfices  ecclésiastiques. 

L'ouvrage  se  divise  en  trois  longs  chapitres  :  on  premier  chapitre 
iraile  des  empêchements  canoniques  entraînant  la  nullité  d'une  nomi- 
nation à  un  bénéfice  ecclésiastique;  un  deuxième,  des  nominations  aux 
bénéfices  d'urdre  inférieur  et  aux  charges  capitulaires;  un  troisième, 
des  nominations  épiscopales.  Chacune  de  ces  questions  est  examinée 
en  grand  délai!  :  lous  les  droits  en  jeu,  droits  des  laïcs,  droits  du  clergé, 
droits  des  é\èques,  droits  du  pape,  y  sont  passés  eu  rovuo.  Uoii,  comme 
il  fallait  s'y  attendre,  les  écrits  «'Hildebert  n'ont  pu  fournir  sur  Ions 
ces  points  un  corps  de  doctrine.  Pour  remplir,  même  très  incomplèle- 
meut,  ces  cadres,  qui  sont  ceux  d'une  élude  générale,  l'auteur  a  dû  non 
seulement  ramasser  tout  ce  qui  pouvait  toucher  de  près  ou  de  loin  à  la 
vie  d'Hildebert,  mais  puiser  duns  une  quantité  d'écrits  et  d'événements 
sans  rapport  aucun  avec  le  sujet.  C'est  ainsi  que,  dans  cet  ouvrage  con- 
sacré à  Hildebert,  il  est  presque  autant  question  du  diocèse  de  Chartres, 
pour  lequel  la  correspondance  d'Ive  fournit  un  précieux  appoint,  que 
des  diocèses  du  Mans  et  de  Tours. 

I.  A.  Dieu don né,  Hildebert  de  Lavardin,  évfqve  du  Haut,  archevêque  d» 
Tourt  11056-1133/;  sa  vie,  ta  lettres.  Pari  s-M  a  mers,  I89S,  iu-8*.  303  page». 


I-.    X.    BiBTH    : 


FltLDEBKItT    TOf    UVARDM. 


I4T 


Cette  méthode  a  conduit  l'auteur  à  juxtapose 
<!■■  détails  souvent  intéressants,  souvent  auss 
eux-mêmes,  à  les  répartir  tant  bien  que  mal  en 
souvent  même  alors,  dans  l'impossibilité  où  il  s 
geignements  aussi  fragmentaires,  de  se  former  u 


in  assez  grand  nombre 
lien  peu  probants  en 
;  diverses  rubriqueset 
trouvait,  avec  des  ron- 
3  idée  claire  de  la  legis- 


i  théories  générales  pour  tirer 


l.-uion  H  de*  usages,  à  se    référer  a 
quelque*  conclusions. 

El,  à  vrai  dire,  avec  le  sujet  qu'il  avait  choisi,  il  n'en  pouvait  guère 
être  autrement  :  Hildobert  n'a  joué  qu'un  rôle  assez  effacé;  il  n'a  été 
uiélé  activement  u  aucun  des  grands  do  bats  canoniques  qui  se  sont  pro- 
duits de  son  teinpa.  Rien  n'autorise  donc  à  en  faire  le  centre  d'une 
étude  sur  les  nominations  aux  bénéfices  ecclésiastiques  à  la  fin  du 
ii*  siècle  et  au  débat  du  xn". 

Lr.  livre  do  M.  Ltartli  conservera  néanmoins  un  certain  intérêt  comme 
rMtWll  de  matériaux.  En  dépit  d'une  regrettable  prolixité,  il  a  su  pré- 
tini  points  intéressants  et  rectifier,  chemin  faisant,  plusieurs 
erreurs  de  détail.  Il  faut  regretter  cependant,  puisqu'il  désirait  traiter 
d'événements  purement  français,  qu'il  ne  se  soit  pas  rois  plus  soigneu- 
sement en  quête  des  éditions  récentes  parues  dans  notre  pays  :  non  seu- 
lement il  déclare  n'avoir  pu  utiliser  l'édition  des  Actus  ponti/lcum  Cetw 
mannis  in  urbe  degenlium  de  MM.  Bus  son  et  Ledro,  mais  il  ignore 
presque  ton*  les  cartulaires  publiés  tant  dans  le  Maine  qu'en  Anjou  : 
c'est,  par  exemple,  uniquement  d'après  la  Galtia  chriittana  et  dom 
f'iolm  qu'il  cite  et  commente  des  actes  importants  publiés,  —  avec 
d'autres  qu'il  aurait  eu  intérêt  A  consulter,  —  daos  te  Cartuiaire  de  Saint- 
Aubin  ef Angers  de  M.  Bertrand  de  Broussillon  ou  dans  le  Cartuiaire 
du  Honceray  d'Angers  de  Marchegay'.  On  est  en  droit  d'exiger  qu'un 
auteur  commence,  avant  de  prendre  la  plume,  par  rechercher  les  docu- 
ments tant  publies  qu'ioedits  qui  touchent  à  son  sujet.  D'autant  plus 
qa'tw  ouvrant  les  dernières  éditions  des  textes  qu'il  utilise,  M.  Barth 
aurait  pu  facilement  éviter  de  citer  sous  leur  forme  latine,  comme  s'ils 
tbelUM  a  tante  identification,  des  noms  de  localités  aussi  faciles 
à  trouver  sur  une  carte  que  ceux  de  La  Flèche  (ft'uul,  Arlhozè  \Artc- 
uaoïi),  Malicorno  [Ma lieorna ni),  Preuilly  (PfuiifaMtf),  etc. 

Souhaitons  que,  pour  le  volume  qu'il  prépare  sur  Hiklebert  écrivain, 
U.  Barlli  se  décide  u  pousser  un  peu  plue  loin  ses  investigations. 
Louis  Halphen. 

|.  Voir  notamment  Barth.  p.  Iï9  (acte  publié  dans  le  Cariai,  de  Saint-Aubin 
SAigtn,  L  H,  p.  3ÎS,  i    i    »  puMJé  (M*.,  t,  I,  p.  369,  o*  JÎ5), 

p.  186-188  rat-té  publié  dans  le  Cartul.  du  Jtoneero-j  d'Angeri,  p.  Ï61,  n*  IS9U 
Il  fût  IM  utile  «uni,  pour  les  actes  tl'Hilileberl,  de  fttrojer  d'uno  manié™ 
rfciulltre  au  catalogue  dre»»*  par  M.  Dleudonne  co  l#t«  de  tan  litre,  r>ut»ur 
ayant  pria  soin  d'y  discuter  parfois  le»  date*  de  CM  «r.le»  et  d'indiquer  lu»  pris- 
cipaux   manuscrit*  et  les  principale*  édition*  dani  leaquelles  on  les  trouve. 


Rudolf  Kôtzscbke.  StudienzurVerwaltungsgeBChicbte  derGroas- 
grundherschart  Werden  an  der  Ruhr.  Leipzig,  Teilbner,  (90). 
ln-8°,  ïiii-IbO  pages. 

Ce  travail  est  une  aorte  de  monographie  assez  propre  à  Taire  com- 
prendre ce  qu'était,  dans  la  seconde  moitié  du  moyen  fige,  l'organisa- 
tion an  point  de  vue  administratif  et  économique  d'un  grand  couvent 
de  Bénédictins.  Le  couvent  de  Werden,  sur  la  Ruhr,  est  une  des  rare* 
fondations,  à  l'est  du  Rhin,  qui  remonte  jusqu'à  l'époque  de  Charle- 
magne.  Elle  est  due  à  un  Frison  de  naissance  noble,  Limlger,  qui,  après 
avoir  cherche  d'abord  à  convenir  son  pays,  porta  sim  effort,  à  la  fin  du 
vin*  siècle,  sans  doute  par  ordre  de  l'Empereur,  pur  la  partie  occiden- 
tale de  la  Saxe,  et  fut,  en  804,  le  premier  évéqne  de  Munster. 

C'est  au  ii»  siècle  que  le  couvent  de  Werden  devint  une  abbaye, 
c'est-à-dire  un  organisme  important  dans  le  mécanisme  gouvernemen- 
tal de  l'Empire.  Mais  l'ancieone  organisation  du  couvent  ne  fut  pas 
changée  pour  cela;  ses  domaines  continuèrent  à  former  deux  parts, 
l'une  réservée  à  l'abbé  pour  qu'il  pût  s'occuper  avec  la  liberté  dési- 
rable des  aU'aires  rie  l'Empire;  l'autre  exploitée  collectivement  pour 
les  besoins  généraux  de  la  communauté.  Cette  division  correspondît  à 
deux  modes  d'exploitation  différante;  les  terres  de  l'abbaye  furent 
administrées  par  le  couvent  loi-même;  celles  de  l'abbé,  qui  était  obligé 
de  s'absenter  fréquemment,  furent  confiées  a  des  tiers.  Le  régime  féo- 
dal ayant  envahi  toute  l'organisation  sociale,  les  administrateurs  se 
transformèrent  en  vassaux,  vis-à-vis  desquels  l'abbé  joua  le  râle  de 
seigneur.  Le  principe  d'hérédité  s'appliqua  également  à  eux  et  les 
quatre  charges  principales  passèrent  aux  mains  de  quatre  familles  nobles 
des  environs  de  Werden.  (juant  aux  moines,  ils  se  divisèrent  en  psrso- 
M6  onanripatac  (m^arsf)  et  personne  claustrales  {minores). 

La  plus  grande  partie  des  biens  dont  ils  conservèrent  la  jouissance 
ne  tarda  pas  à  être  exploitée  d'après  les  idées  féodales  et  constitua  un 
ensemble  de  prébendes  ;i  côté  desquelles  il  y  avait  aussi  des  carilatcs, 
c'est-à-dire  des  biens  réservés  provenant  de  fondations  pieuses,  •■!  îles 
servitia,  destinés  à  subvenir  à  l'entretien  des  frères.  M.  KoUschke  nous 
donne  sur  les  prébendes  quelques  renseignements  nouveaux,  d'où  i! 
résulte  que  les  prébendes  travaillaient  plutôt  dans  leur  intérêt  que  dans 
celui  de  la  communauté.  Cependant,  la  décadence  du  cou  vent  de  Werden, 
au  xtv*  siècle,  fut  hâtée  beaucoup  moins  par  les  vices  de  son  organisa- 
tion intérieure  que  par  la  transformation  constitutionnelle  do  l'Empire, 
qui  lit  perdre  à  l'abbaye  son  caractère  de  rouage  gouvernemental  et 
l'exposa  à  toute  une  série  d'envahissements.  Elle  fnt  aussi  la  consé- 
quence de  l'évolution  économique  de  celte  époque,  du  développement 
des  villes,  do  la  formation  du  capitalisme,  de  l'importance  croissante  (ta 
commerce;  l'organisation  archaïque  du  couvent  ne  tarda  pas  à  être 
insuffisante  ;  sa  décadence  s'accentua  jusqu'en  1474.  C'est  à  celte  date 


E.    IVOTEI    :    I-BKRTtlO   TON   ClSlU. 


14! 


quVnt  Heu  une  grande  réforme  des  couvents  de  l'ordre  de  Saint-Benoit 
qui  améliora  effectivement  la  situation;  elle  donna  au  couvent  une 
constitution  mieux  en  harmonie  avec  les  nécessités  nouvelles  et  avec 
un  régime  économique  ou  l'argent  jouait  déjà  un  grand  rôle.  Une  répar- 
tition uijiivetle  des  biens  en  Tut  la  conséquence;  on  organisa  une  caisse 
centrale  et  aux  prestations  en  nature  firent  place  de  simples  salaires. 
M.  KOtïschke  est  parvenu,  en  somme,  a  nous  donner,  sur  la  vie  inlé- 
rimradn  content  de  Werden,  bcaucoupdr  renseignement!!  précis.  Pour 
la  période  qui  se  rapproche  de  sa  fondation,  les  documents  lui  ont  fait 
souvent  défaut.  Mais  il  serait  peut-être  parvenu  à  dissiper  certaines 
obscurités  et  aurait  surtout  éclairé  davantage  son  sujet,  s'il  avait  niul. 
ttplié  les  rapprochements  et  présenté  un  tableau  plus  net  du  régime 
agricole  général  de  cette  époque.  Son  travail,  pour  être  lu  avec  profit, 
exige  une  connaissance  assez  complète  de  la  vie  économique  du  moyen 
âge.  La  géographie  n'y  tient  fias  non  plus  la  place  que  l'auteur  eût  dû 
lui  accorder;  on  souhaiterait  pur  exemple  d'être  mieux  renseigné  sur 
la  nature  du  sol,  sur  les  cultures  qui  y  étaient  possibles,  sur  le  climat, 
sur  les  conditions  matérielles  de  toutes  sortes  qui,  à  Werden  comme 
ailleurs,  ont  dû  forcément  réagir  sur  l'organisation  même  de  tous  les 
domaines  dont  il  nous  est  parlé. 

Georges  Blohuel. 


K.  KnoTn.  Ubertino  von  Casale.  Eln  Beltrag  sur  Geschlchte  der 
Franzlskaner  an  der  Weode  des  13.  und   14.  Jahrhunderta. 

Marbourg,  Klwert,  1903.  tn-8°,  rni-162  pages. 

L'excellente  élude  que  M.  Knoth  a  consacrée  à  Ubertino  de  Casale 
comprend,  outre  une  courte  esquisse  biographique,  deux  parties  essen- 
tielle». La  première,  la  plus  courte,  traite  des  écrits  d'Lbertino.  De 
ce*  écrits,  M.  Knoth  a  dégage  la  doctrine  du  moine  italien  sur  la  per- 
fection, ses  théories  sur  la  grâce  et  les  sacrements  coosidérés  comme 
moyens  d'édification  et  de  progrès  pour  l'aine  chrétienne  dans  son 
essor  vers  Dieu.  Il  a  cherché  enfin  à  faire  ressortir  ce  qu'il  y  avait 
d'original  dans  ces  théories,  et  il  a  démontré  qu'Ubertino  a  été  surtout 
un  disciple  répétant  comme  un  écho  les  enseignements  reçus  de  côtes 
divers,  et  riuu  pas  un  maître  qui  parle  en  son  nom  personnel  pour 
nous  livrer  des  aperçus  jusque-là  insoupçonnés,  i,e  t.iijnum  citas,  te 
itn  de  Douaveuture  ont  inspire  i'Arbor  vitae  crucifixae.  Le 
livre  lit  irpieni  tiatibui  Erelniae  est  en  rapport  étroit  avec  la  Postula  in 
Apocalipsim  de  Pierre  Olive.  Sur  ce  point,  les  rapprochements  opérés 
par  M.  Knoth  ne  sauraient  laisser  le  plus  faible  il  un  le. 

La  seconde  partie  du  travail  de  M.  Knoth,  la  plus  étendue  et  la  plus 
importante,  a  pour  objet  d'établir  le  rôle  d'Ubsrtiao  de  U.isale  comme 
polémiste  dans  le  grand  débat  qui  a  partagé  presque  des   l'origiue 


450  COMFTES-EBlfDUS  CEI  TIQUES. 

Tordre  des  Franciscains  en  deux  camps  irréconciliables,  celai  des  Spi- 
rituels et  celui  des  Conventuels. 

Le  débat  dont  il  s'agit,  c'est  la  fameuse  question  de  la  pauvreté,  de 
Vu  sus  pauper,  auquel  François  d'Assise  parait  bien  indubitablement 
avoir  voulu  astreindre  ses  religieux.  Cest  ici  qu'Ubertino  de  Gasale,  le 
contemplatif,  le  joachimite,  se  révèle  avec  un  caractère  nouveau,  celui 
d'un  polémiste  infatigable  et  toujours  prêt  à  la  réplique.  M.  Knoth  a 
étudié  avec  une  précision  pénétrante  son  rôle  au  temps  du  concile  de 
Vienne.  Il  a  fait  l'exposé  des  consultations  fournies  par  le  moine  ita- 
lien au  parti  dont  il  est  le  champion,  celui  des  Spirituels.  Il  y  a  joint 
l'exposé  de  ses  idées,  de  ses  jugements  sur  la  situation  que  se  sont 
faite  à  eux-mêmes  les  disciples  de  François  d'Assise  en  méconnaissant 
les  intentions  manifestement  énoncées  par  le  créateur  de  leur  ordre.  A 
l'analyse  des  constitutions  qu'édicté  de  son  temps  Clément  V  pour 
trancher  la  question,  il  a  ajouté  une  appréciation  des  plaintes  d'Uber- 
tino  et  de  la  place  qu'il  faut  lui  attribuer  parmi  ses  compagnons,  ainsi 
que  de  ses  rapports  avec  le  souverain  pontificat  au  cours  de  tant  de 
péripéties  diverses.  C'est  là  une  œuvre  de  critique  excellente. 

Le  rôle  d'Ubertino  au  temps  de  Jean  XXII  est  obscur  et  difficile  à 
comprendre.  M.  Knoth  a  réussi  cependant  à  expliquer  fort  bien  com- 
ment Ubertino  s'était  trouvé  amené  à  entrer  en  lutte  contre  l'ennemi 
nouveau  de  ses  convictions  mystiques,  contre  le  pape  en  personne.  Pour 
cela,  Ubertino  a  pardonné  à  son  contradicteur  acharné  du  concile  de 
Vienne,  Buonagrazia.  Il  s'est  uni  à  lui,  à  des  politiques  tels  qu'Occam 
et  Marsile  de  Padoue.  Avec  eux,  contre  Jean  XXII,  qui  l'a  proscrit 
d'ailleurs  ainsi  qu'il  les  a  proscrits  eux-mêmes,  il  rédige  l'appel  du 
22  mai  4324,  ainsi  que  les  deux  condamnations  du  48  avril  et  du  42  dé- 
cembre 4328.  A  ces  actes,  comme  à  un  autre  appel  que  lance  Michel 
de  Césène,  l'ancien  général  de  l'ordre  franciscain,  un  conventuel  lui 
encore  comme  Buonagrazia,  il  prête  ses  pensées  sous  la  forme  qu'elles 
ont  revêtue  dans  les  livres  où  autrefois  il  les  a  consignées.  Une  préoc- 
cupation supérieure,  celle  de  l'idéal  dont  il  poursuit  la  revendication 
incessante,  semble  avoir  dissipé  chez  lui  toutes  les  rancunes,  même 
les  plus  légitimes,  tous  les  dédains,  jusqu'à  ceux  qu'il  a  le  plus  haute- 
ment professés,  dont  il  a  fait  la  règle  inflexible  de  son  existence. 

A  quelle  date  disparait  ce  lutteur  sans  défaillances,  au  cœur  ardent, 
en  qui  la  vie  contemplative  n'a  fait  qu'exciter  l'énergie  au  lieu  de 
l'éteindre?  M.  Knoth  se  l'est  demandé  au  terme  de  son  travail,  sans 
arriver  d'ailleurs  à  l'établir,  faute  des  indications  nécessaires.  Sur  Uber- 
tino de  Casale,  on  n'a  plus  de  renseignements  à  partir  de  l'année  4328. 
Peut-être  meurt-il  environ  dix  ans  plus  tard.  Cette  conjecture  a  été 
exprimée,  mais  elle  demeure  jusqu'à  présent  une  simple  conjecture 
qu'aucun  document  n'est  venu  transformer  en  certitude. 

Charles  Molimieb. 


.  iV 


i  IIIIT  TiKDtBUSOSCHE  VOLS. 


t'.-J     Bloe.  Geaobledenia   van   het  Nederlandache  Volk    T.   VI. 

Groningue,  J.-B.  Wollers,  11104.  In-8",  593  pages  avec  2  caries. 

La  grande  histoire  du  peuple  néerlandais  de  M.  Bluk,  dont  j'ai  suo 
ceaalvemeul  signalé  les  cinq  premiers  volumes  dans  celle  Revue, 
approche  rapidement  de  sa  fin.  Il  est  inutile  d'en  faire  ressortir  les 
mérites  une  fois  de  plus.  Je  me  bornerai  il  dire  que  ce  tome  VI  est  égal 
en  valeurà  ceux  qui  l'ont  précédé.  Il  imposait  à  l'auteur  une  lâche  sin- 
gulièrement difficile,  car  ses  compatriotes  ne  se  sont  guère  occupés 
du  dernier  siècle  de  la  République,  et  l'on  De  comprend  que  trop  Lien 
qu'ils  aient  négligé  cette  époque  de  décadence  pour  se  porter  de  préfé- 
rence vers  les  luttes  héroïques  du  xvi"  siècle  ou  l'efflorescence  splen- 
dide  'lu  ivn*.  A  part  les  beaux  travaux  de  M.  Colenbrander  sur  le 
l'atriotltntijd,  on  ne  voit  guère  à  mentionner  en  Hollande,  dans  agi  der- 
niers temps,  d'ouvrages  de  quelque  importance  auxquels  M.  Iilok  ait 
pu  recourir.  Les  documents  imprimés  sont,  i!  est  vrai,  assez  nom- 
breux; ils  ne  le  sont  point  assez  cependant  pour  que  l'auteur  n'ait 
été  obligé  de  recourir  aux  sources  inédites*.  Les  archives  de  l'Étal 
i  La  Haye  et  surtout  les  archives  de  8.  M.  la  Reine  des  Pays-Bas 
lui  ont  fourni  une  quantité  de  renseignements.  Sans  doute  bien  des 
lacunes  subsistent  encore  dans  les  tableaux  qu'il  a  retracés,  et  il 
l'avoue  franchement,  dès  les  premières  lignes  de  sa  préface.  Mais  ce 
0>st  pas  un  mince  mérite  qne  d'avoir  su  raconter  clairement  la  partie 
la  plut  obscure  des  annales  de  la  République  des  Provinces-Unies  et  d'en 
avoir  explique  les  péripéties. 

L'ouvrage  se  divise  en  deux  parties.  La  première,  qui  commence  à  la 
mort  Je  Guillaume  111  |l"l)''|,  expose  l'histoire  de  la  République  sous 
,  c'est-à-dire  à  l'époque  où  l'oligarchie  patricienne  gouverne 
sans  <  stadhouden.  La  seconde  va  du  rétablissement  du  stadhoudc-rat, 
proclamé  héréditaire  en  1718,  à  l'invasion  française  de  1794.  Si,  au 
commencement  de  la  première  de  ces  deux  périodes,  le=  Provinces-Unies 
font  encore  illusion  et  continuent  à  jouer,  au  moins  en  apparence,  le 
rôle  de  grande  puissance,  elles  sont  pourtant  atteintes  aux  sources 
mêmes  de  leur  vitalité,  M.  Blok  décrit  leur  déclin  avec  la  même  impar- 
ui.'mp  il.'wchemenl  qu'il  avait  apporté»  précédemment  à  expo- 
ser leur  magnifique  essor  au  xvii*  siècle.  Lea  chapitres  qu'il  a  consa- 
crés à  la  situation  économique  et  au  mouvement  intellectuel  comptent 
parmi  les  plus  instructifs  de  l'ouvrage  et  laissent  une  impression  pro- 
fonde, car  ils  présentent,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  le  spectacle  d'une 
décadence  clapnu[Ui',  j'entends  d'un-1  ih-cadencp  qui  s'accomplit  à  la  fou 
cl  avec  une  égale  rapidité  dans  tous  le'  domaines.  En  même  temps, 

■■H  tflàl,  que  l'admiDiatrati lu  payi  tombe  aui  maJni  d'ntw  oUgar- 

chic  vanit<-u»e  et  égollte  de  régents  patriciens,  l'esprit  d'entreprise  a'en- 

1.  II.  Blok,  comme  dans  tri  précèdent»  volumes,  a  donné  m  ipprndke  un 
tr«a  utile  aperçu  .]«»  loarcat  tocamntatra  Imprimées  et  nuuuncrilM. 


452 


COMFTES-ILEIDCS   CMTKiUES. 


gourdit.  la  routine  se  substitue  à  U  brillante  initiative  de  jadis,  le  com- 
merce décline,  le  désordre  s'empare  de  la  flotte  et  de  l'administration 
des  colonies,  tandis  que  les  lettres,  Im  sciences  et  les  arts  paraissent 
frappes  de  stérilité.  Arrivée  trop  rapidement  an  comble  de  la  fortune,  la 
République  ne  parvient  pas  à  s'y  maintenir.  Gorgée  de  capitaux,  elle 
s'amollit  dans  son  abondance.  Incapable  de  résister  à  la  concurrence 
victorieuse  de  l'Angleterre,  elle  consacre  ce  qui  lui  reste  d'énergie  à 
empêcher  le  relèvement  d'Anvers  et  celui  de  la  Belgique.  Elle  s'associe 
à  l'Angleterre  et  à  la  France  pour  ruiner  la  compagnie  d'Ostendeet  elle 
s'oppose  obstinément,  sous  Josepb  II,  a  la  réouverture  de  l'Escaut.  Au 
principe  du  mare  iibtrum,  dont  elle  avait  été  l'ardent  protagoniste  pen- 
dant son  ■  âge  d'or  >,  elle  substitue  maintenant  celui  du  mare  clautum. 
Ainsi  se  ferme  le  cercle  de  sa  décadence;  elle  a  passé  par  toutes  les 
phases  qui  du  progrès  l'ont  amenée  enfin  i  la  réaction. 

Eiclue  du  pouvoir  par  l'oligarchie  des  régents  avec  lesquels  les 
pauvres  stadbondera  Guillaume  IV  et  Guillaume  V  furent  contrainte 
de  s'entendre,  la  bourgeoisie  était  cependant  en  proie  à  un  mécontente- 
ment très  vif.  Un  parti  de  •  patriotes  »  se  forma  dans  son  sein  et  lorsque 
d'Angleterre  et  surtout  de  France  de  nouvelles  tendances  politiques  com- 
mencèrent à  se  répandre  en  Europe,  elle  trouvèrent  aussitôt  des  adhé- 
rents enthousiastes  dans  les  provinces.  En  1787,  le  pays  est  à  la  veille 
d'une  Révolution  et  le  stadhouder,  expulsé  de  La  Baye,  songe  à  se  réfu- 
gier en  Allemagne.  Mais  les  patriotes  n'ont  point  d'armée;  le  peuple 
se  désintéresse  de  leur  cause  et,  en  quelques  semaines,  l'intervention  du 
roi  de  Prusse  les  fait  rentrer  dans  l'ordre.  Les  plus  compromis  d'entre 
eu*  se  réfugient  en  France  d'où  ils  reviennent  sept  ans  plus  tard  avec  les 
soldats  de  Pichegru1.  La  facile  conquête  de  la  Hollande  par  ce  dernier 
met  fin  à  l'histoire  des  Provinces-Unies.  ■  C'en  était  fait  de  la  Répu- 
blique, car,  après  les  événements  qui  venaient  de  se  passer,  il  était 
impossible  de  croire  qu'elle  pourrait  encore  subsister  dans  les  mêmes 
conditions  d'existence  ou  elle  se  traînait  depuis  longtemps.  Elle  avait 
prouvé  qu'elle  ne  po-sédait  plus  de  vitalité;  elle  n'avait  pas  su  se  défendre 
et  la  volonté  même  de  résister  manquait  à  sa  population.  Elle  s'était 
elTondrée,  vermoulue  et  desséchée,  incapable  de  se  maintenir  davan- 
tage. « 

C'est  par  ce  jugement  sévère  que  se  termine  le  volume  dont  la  lecture 
laisse  une  impression  de  tristesse,  mais  qui  est  pourtant  singulièrement 
instructif.  Car  l'histoire  d'une  décadence  n'est-elle  point  un  objet  d'étude 
aussi  important  que  celle  de  la  naissance  et  de  la  croissance  d'un 
Etat?  D'ailleurs,  c'est  l'État  néerlandais,  ce  n'est  point  le  peuple  néer- 
landais qui,  â  la  fin  du  ivui*  siècle,  était  condamné  à  disparaître.  La 
nation  demeurait  vigoureuse  et  saine  :  il  reste  â  son  historien  à  nous 


1.  Je  n'ai  point  tu  que  M.  Rlok  ait  utilisé,  pour  la  participation  des  Pro- 
vinces-Unies a  [a  guerre  de  la  coalition  contre  la  France,  le  Hondtchoote  de 
11.  Cbnquet,  où  il  eut  trouve  un  fort  intéressant  récit  de  la  bataille  de  Menin. 


rncciouii  :  AMMuuTORf  i  r.iiDic.i  df.li.i 


ffiiM.rsf.      153 


décrire  son  relèvement  durant  l'époque  contemporaine  et  il  faut  espé- 
rer que  nous  n'aurons  point  longtemps  a  attendre  cette  dernière  partie 

II .  PlBKKNE. 


de  mu  beau  travail. 


Alfredo   Potr.lOi.lSl.    Ammlratorl    e    gindlci    délia    Rivoluzione 
franceae  :  Thlers,   Michelet,   Blanc,   Sybel,   Taine,   Tocque- 
ville. Sorel.  Firenze,  Iteruardo  Seeher,  400!.  ln-S»,  215  pages. 
Après  avoir  dit  quelques  mots  de  l'ouvrage  de  Thiers,  ■  point  de 
départ  de  loua  les  travaux  subséquents  >,  M.  Poggiolini,  parmi  les 
nombreux  historien»  qui  se  sont  occupés  de  la  Révolution  française,  en 
choisit  six,  qu'il  divise  en  trois  groupes  :  Michelet  et  Louis  Blanc 
représentent   les  apologistes  de  la   Révolution;  Sybel  et  Taine  ses 
Adversaires;  Tocqueville  et  A.  Sorel  l'histoire  impartiale  et  sereine.  Il 
expose  successivement  les  vues  fondamentales  de  ces  six  historiens  sur 
le  grand  mouvement  qui  s'est  produit  eu  France  à  la  fin  du  xvni"  siècle, 
et,  dans  un  chapitre  iinai,  s'efforce  de  dégager  de  leurs  ouvrages  un 
certain  nombre  de  résultats  qu'il  considère  comme  acquis. 

Le  eboix  d'historiens  qu'il  a  fait  est  quelque  peu  arbitraire,  et  leur 
division  en  trois  groupes  trop  systématique.  Mignet  n'est  pas  même 
mentionné.  Sybel  n'est  pas  seulement  un  <  adversaire  ■  de  la  Révolu- 
tion [H.  Poggiolini  le  reconnaît  lui-même,  p.   '2011,  et  son  ouvrage 
est  bien  supérieur  à  tout  ce  qui  avait  paru  avant  lui.  M.  Aulard  est 
expédie  en  quelques  lignes  dans  la  conclusion  (p.  191  et  p.  100),  et 
c'est  cependant  avec  lui  que  l'histoire  politique  de  la  Révolution  est 
un  une  voie  vraiment  scientifique,  par  l'emploi  de  documents 
jusqu'alors  inutilist-s.  Qu'on  classe  M.  Aulard  parmi  les  ■  apologistes  l, 
je  !e  veux  bien;  mais  c'est  un  apologiste  dont  les  conclusions  méri- 
taient d'être  examinées  avec  autant  de  soin  qne  celles  de  Louis  Blanc. 
Pour  la  connaissance  de  la  Révolution  française,  le  travail  de  M.  Pog- 
pai  grande  utilité.  On  y  trouve  un  exposé  consciencieux 
«  exact  de»  idées  générales  d'bistorieus  célèbres,  mais  il  est  dange- 
reux d'étudier  ces  idées  en  elles-mêmes,  sans  examiner  sur  quoi  elles 
■DM  fondent.  Par  contre,  il  est  piquant  de  voir  rapproches  les  juge- 
i  si  divers  portés  sur  la  même  époque.  Chaque  résumé,  pris  iso- 
I,  est  fort  bien  fait;  ou  regrette  seulement  que  le  plan  adopté  par 
i m  péché  de  suivre  l'ordre  chronologique  dans  l'examen 
rages  qu'il  étudie,  ce  qui  aurait  donné  au  lecteur  une  idée  plus 
e  l'évolution  des  idées  et  des  progrés  de  la  science  historique. 
aque  ouvrage  est  considéré  en  lui-même,  sans  qu'il  soit  rien  dit  de 
a  auteur,  sans  que  l'on  trouve  même  l'indication  précise  de  la  date  i 
laquelle  il  a  paru.  De  la  sorte,  telle  affirmation  de  Tocqueville,  citée 
aprê*  un  jugement  de  Taine,  paraît  presque  un  lieu  commun,  tondis 
qui'lla  (il  l'effet  d'un  paradoxe  lorsqu'elle  fut  émise. 


\r,i 


COMPTES- RE *1>C S    CBITlrjl'ES. 


Après  avoir  exposé  d'une  façon  objective  les  idées  d'au  t  rut,  M.  Pog- 
giolini  laisse  voir  les  siennes  dans  son  dernier  chapitre.  Eapril  pon- 
déré, il  cherche  visiblement  à  être  équitable,  mais,  en  somme,  il 
incline  plutôt  à  la  sévérité.  Il  reconnaît  que  le  grand  mouvement  de  la 
fin  du  ivm*  siècle  a  eu,  pour  la  France  et  pour  l'Europe,  plusieurs 
conséquences  heureuses;  mais  il  insiste  sur  le  fait  qu'il  en  a  eu 
d'autres,  déplorables  :  il  a  encouragé  les  tendances  subversives,  anar- 
chiques,  et  il  a  laissé  l'Europe  plus  divisée  qu'elle  ne  l'était  auparavant, 
pliant  sous  le  poids  insupportable  des  armements  militaires.  M.  Pog- 
giolini  trouve  injuste  de  dire,  comme  Bonfudini,  que  la  Révolution  fran- 
çaise •  a  été  fatale  à  la  cause  de  la  liberté  t;  de  l'appeler,  comme  Cesare 
Lombroso,  «  un  grand  délit  politique  qui  permit  de  commettre  une  triste 
série  de  délits  communs  •;  mais  il  termine  son  travail  en  citant,  en 
guise  de  conclusion,  ces  lignes  de  Maziini  :  >  Le  progrés  consiste, 
pour  les  divers  peuples  de  l'Europe,  à  s'émanciper  de  la  France.  Le 
progrès,  en  France,  consiste  à  s'émanciper  du  xviii*  siècle  et  de  la  vieille 
Révolution.  >  Si  M.  Poggiolini  partage,  comme  il  semble,  cette  opinion, 
on  peut  lui  faire  observer  qu'aujourd'hui  la  France  ne  prétend  exercer  de 
tutelle  suraucun  peuple  de  l'Europe;  chacun  d'eux  est  libre  d'accepter 
ou  de  refuser  l'influence  de  ces  idées.  Il  est  vrai  que  la  France  n'a  pas 
toujours  été  si  sage;  la  politique  des  hommes  de  la  Révolution  a  fini 
par  être  conquérante  et  oppressive,  mais  cette  politiq  ne  n'était  pas  con- 
forme à  l'esprit  de  la  Révolution. 

Disons,  en  terminant,  que  le  livre  de  M.  Poggiolini  se  lit  avec  un 
vif  intérêt,  L'auteur  possède  un  réel  talent  d'exposition;  il  sait  faire 
suivre  six  fois  le  même  chemin  à  son  lecteur  sans  l'ennuyer  un  instant, 
et  il  a  raison  de  dire  que  si  ses  conclusions  peuvent  être  discutées, 
leur  sincérité  et  leur  franchise  ne  sauraient  être  mises  en  doute. 

Ch.  Sarre. 


L.  TentRNOFF.  Le  parti  républicain  sous  la  monarchie  de  Juil- 
let. Formation  et  évolution  de  la  doctrine  républicaine,  avec 
uue  préface  de  M.  Esjitti.  Parts,  Pedone,  1904.  In-s°,  iiii-t9S  pages. 
La  préface  de  M.  Esmein,  plus  nettement  peut-être  que  l'avant-pro- 
pos  de  M.  Tcherooff  lui-même,  indique  le  dessein  de  l'auteur.  M.  Tcher- 
noff,  en  traitant  de  la  doctrine  républicaine,  s'est  proposé  d'analyser 
non  les  systèmes  philosophiques  abstraits,  mais  les  idées  qui  vout  se 
traduire  immédiatement  en  motions  populaires  ou  en  lois.  L'histoire 
des  doctrines  politiques  est  pour  lui  une  introduction  à  l'histoire  du  droit 
constitutionnel. 

De  ce  point  de  vue,  M.  TcbernolT  a  très  bien  montré  le  caractère 
original  de  ta  doctrine  républicaine  sous  la  monarchie  de  Juillet.  Il  a 
montré  que  la  doctrine  républicaine  n'était  pas  une  vaine  répétition 
des  formules  révolutionnaires,  mais  qu'elle  était  une  doctrine  nouvelle, 


Tcraiorr  :  le  rira  urr/uieuv  socs  u  wkuiciie  ne  tnti.iT.    ISS 

lentement  élal-oree  par  le»  discussions  populaires  el  les  réflexions  de 
p«s«eurs,  —  sous  l'influence  de  certains  systèmes  philosophique»,  — 
pour  répondre  4  des  besoins  nouveaux  et  impérieux.  Il  a  nettement 
ma/que  te  rôle  de  la  société  des  Amis  du  Peuple  et  l'influence  du  saint- 
■imouisme.  —  le  caractère  social  de  la  doctrine  républicaine  use  la  tin 
de  1632,  —  et  il  a  bien  dégage  la  conception  du  suffrage  universel 
propre  aux  hummes  d'avril  ou  de  février  :  le  suffrage  universel  comme 
dm  représentation  de  tous  les  intérêts,  et  réalisant,  à  lui  seul,  une 
profonde  réforme  sociale.  —  Les  courts  portraits  intellectuels  que 
H.  Tehernoff  a  tracés  dans  une  manière  précise  et  sobre,  de  Trélat 
(p.  347),  de  Baapail  (p.  250),  de  Cabet  (p.  39D),  de  Hul.er  ip.  3MI  et  île 
Lamennais  ip.  407),  ne  seront  sans  doute  que  peu  modifies  par  des 
éludes  approfondies.  Les  indications  sur  Lamartine  (p.  191)  et  sur  Louis 
Blanc  ip.  321)  laissent  une  impression  moins  nette.  Dans  son  ensemble, 
le  livre  est  intelligent,  la  documentation  bien  choisie,  le- 
doctrines  le  plus  souvent  bien  menés,  le  style  agréable  el  précis. 

Mais,  dans  cette  tentative  nouvelle,  et,  somme  toute,  heureuse,  la 
méthode  de  M.  Tcheruotf  n'a  pas  été  et  ne  pouvait  pas  être  tout  4  fait 
sûre.  Laissons  quelques  erreurs  de  détail1;  une  bibliographie  h&tive, 
sans  méthode,  sans  précision,  où  l'on  trouve  «  Travail  ■  de  Zola  et 
dont  la  •  Revue  encvclopédique  •  est  absente...  Surtout,  M.  Tehernoff, 
juriste  plus  qu'historien,  essentiellement  préoccupé  de  l'analyse  des 
doctrines,  n'a  apporté  am  divers  moments  de  cette  histoire  qu'une 
attention  insuffisante.  Son  plan  est  mauvais;  sous  prétexte  de  mieux 
distinguer  les  expressions  diverses  des  doctrines,  il  ne  lient  plus 
compte  de  l'ordre  chronologique  pour  les  mieux  opposer,  il  rapproche 
en  un  même  chapitre  Garrel  el  Ledru-Rollin  |cbap.  ml  ;  il  étudie,  on  ne 
■ait  trop  pourquoi,  le  iJictionnaire  politique  de  Pagnerrfi  (18-1'?)  avant 
la  Revue  républicain*  de  Dupont  (1834).  Alors  qu'il  faudrait  suivre, 
presque  mois  par  mois,  les  transformations  des  doctrines,  on  ne  dis- 
oae  plus  ainsi  les  grandes  périodes  du  règne  de  Louis-Philippe - 
le  nationalisme  du  début  (1830-4838),  les  premières  préoccupations 
sociales  U 833-1 834),  l'action  communiste  des  sociétés  secrètes  (1831- 
1839),  l'organisation  du  travail,  etc..  On  ne  discerne  plus  les  moments 
mmencent  et  finissent  les  influences;  pour  rapprocher 
idbon  du  iiinl-rimrmiiTBB,  M,  Tcbemofl  l'etudie  avant  Pourier, 
I  1893,4  Paris  et  Lyon,  par  Jules  Lechevalieret  par  Berhrugget, 
n  ik-jii  I?  républicanisme  de  ses  idées. 

M  Tehuâoffa  bien  eomprie  l'importance  des  formule*  dans  un  tra- 
nll comme  lésion,  mais  il  semble  que  sa  méthode  do  critiqua  et d'iuter- 
preuiioti  souvent  encore  échoue.  Trop  souvent,  à  notre  avis,  le  désir 
(te  mieux  marquer  une  influence  l'induit  4  des  rapproche ments  exlé- 


I,  Je  nlgnalc  reproduit  1  dateur  que  k  terom  ilotisme  (p.   165)  n'est  jui 
1840  :  il  est  eoo  roui  ment  emploie  dans  les  brochures  de  1833-1834. 


p  souvent  aussi  il  ne  marque  pus 
tanûattoQ  et  de  diffusion  des  idées. 
...-  -  ;  récsi  du  l'jnKnenca  exercée  par  le  saint-simonisme  sur  le 
aWran  M  sur  Blaoqui  noue  révèle  ses  fautes  de  méthode. 
»  est  indéniable;  des  1833,  les  brochures  républicaines  sont 
■  >  funrtule*  saim-simoniennes.  Mais  les  rapprochements  que 
!  établit  entre  Blanqui  et  Saint-Simon  ne  me  paraissent 
H  rtn  :  je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  la  critique  du  constï- 
mImum  par  Blanqui  (p.  349)  procède  de  la  critique  de  Pierre 
t.et  non  de  la  revendication  populaire  contre  le  régime  censitaire, 
ition  spontanée  peut-être,  comme  en  1791,  en  1795,  et  géné- 
p  on  tous  cas  en  183?.  Je  ne  sais  pas  jusqu'à  quel  point  Blanqui  a 
snnté  ses  idées  sur  l'association  au  saint-simonisme  (p.  350) .  1rs 
s  par  lesquelles  débute  l'article  fameux  inti- 
•i  '  .  Qui  fait  la  soupe  doit  [a  manger  (cf.  Critique  sortait,  t.  II,  p.  IIS) 
mt  wmblent  bien  plutôt  se  rattacher  â  la  tradition  bubouviste*.  Je 
M  demande  jusqu'à  quel  point  encore  l'organisation  du  pouvoir  revu- 

R inaire  selon  Blanqui  (p.  358)  est  une  réminiscence  de  la  dictature 
-simonienne  des  savant-,  surtout  si  je  me  rappelle  quelques  pas- 
de  Buonarroti  sur  le  lendemain  de  l'insurrection1.  Et  l'exégèse 
ait  sortir  la  tactique  révolutionnaire  blauquiste  d'un  passage  du 
techisme  des  Industriels  •  ip.  93|  est  au  moins  assez  plaisante, 
Ka6n,  pour  terminer  sur  ce  chapitre,  que  M.  TchernofT  semble  consi- 
iftn-,  non  sana  raison,  comme  un  des  plus  importants  de  son  étude, 
xms  ferons  remarquer  que  la  courte  mention  de  Leroux  faite  par  Blati- 
a»  dans  sa  notice  auto- biographique  fp.  316)*,  et  la  présence  signalée 
ju  de  Gorcelle  de  quelques  satnl-simoniens  à  la  Société  des  Amis  du 
peuple  ne  suffisent  pas  à  marquer  chez  Blanqui  une  influence  prédomi- 
aaste du  saint-simonisme.  Nous  croyons  que  Blanqui  n'a  pas  été  pénétré 
ià  saint-simonisme  plus  que  les  autres  hommes  de  son  époque,  et  que  s'il 
a,  pour  l'action,  plus  particulièrement  étudié  les  théories  babouvistes,  il 
l'a  hit  en  1831  que  formuler  avec  plus  de  précision  que  personne 
utre  les  revendications  populaires  générales.  Les  formules  saiut- 
âDtmiennes  qu'il  emploie  sont  familières  à  toute  son  époque. 

En  résumé,  l'analyse  des  formules  exige  une  très  longue,  très  délicate 
titrés  prudente  élude  que,  dans  son  livre  un  peu  hâtif,  M.  Tchernoû* 
»»  pu  toujours  faire.  Son  travail  comme  celui  de  M.  G.  Weill 
éloignent  surtout  de  l'intérêt  actuel  de  l'histoire  des  partis  républicain 
«t  ncialiste  sous  Louis-Philippe.  Mais  ces  deux  ouvrages  ne  sont  encore 
^detdèpouillements  provisoires. Il  faut  qu'une  société  de  travailleurs 
reprenne  toute  cette  icuvre  par  le  détail  ;  il  nous  faut  des  monographies 


|.  Cf.  buonarroti,  Conspiration  de  Babœuf,  t.  Il,  p.  130  et  sniv.  ' 
«/Wfl*.,  t.  I,  p.  132  et  sul». 

J.  ll*n j  les  manuscrits  de  liliintfui,  je  n  ai  rien  trouvé  de  plus  significatif. 


utTEOrrEL  :   p.iieii  rBiEimir.H  wtlhelx  it. 


137 


individuelle»,  un  RaspaJI,  1111  Canet.  un  Buonarroti,  uu  Blauqui;  il 
nous  faut  de  précises  monographies  d'idées.  Dans  celle  collaboration 
féconde,  H.  TcbernofT  lie  sera  pas  seulement  un  ouvrier  de  la  première 
lirure,  mais  un  guide  sûr. 

Albert  Thomas. 


I.  Dnter  Friedrich  Wilhslm  IV.  Denkwiiniiiikeiten  des  Minialer- 
prasidenlen  Ollo  vot  HàifTtBTRL,  herausgegelien  von  (I.  v.  Pos- 
EnNU.  Berlin,  B.-S.  Millier,  l'.>01.  3  vol.  in-S». 

II.  Preussens  auswscrtige  Politik,  1850-1858.  UtlverÔlTeMlichle 
Ookumenle  ans  dem  Niefaiasse  (Isa  MiiiisU-rprâsidcnlen  Ollo  t. 
Mi\ti;i  rm,  bentugagebeii  von  II.  v.  PosctinoEs.  Berlin,  E.-S. 
Minier,  (902.  3  vol.  in-8°- 

Parmi  les  acteurs  du  graud  drame  historique  qui  s'est  déroulé  on 
Allemagne  de  1848  à  1871,  il  en  est  peu  qui  aient  joue  un  rôle  aussi 
Important  que  le  baron  Ollo  de  ManteulTel;  peudanl  dix  ans  il  a  tenu 
la  première  place  dans  les  conseils  de  la  Prusse,  et  si  ces  dix  années 
MU  eomaecoé  douloureusement  pour  son  pays,  elles  oui  été  ensuite 
une  époque  de  transition  et  de  préparation.  L'idée  était  donc  excel- 
lente de  réunir  en  uoe  seule  masse  loul  ce  qui  concerne  cet  homme 
il'Ktai  et  île  composer  de  «es  papiers  une  biographie  qu'on  peut  truiler 
de  *  Mémoires  >;  la  féconde  activité  de  M.  H.  de  Poschingor  nous 
donne  une  œuvre  désormais  iudispeusable  à  consulter  ;  l'émioent  his- 
torien a  eu  eu  mains,  outre  les  écrits  publiés  du  vivant  de  ManteulTel. 
1rs  papiers  conservés  par  sa  famille  et  il  a  compose  du  tout  trois 
volumes  très  nourris.  Puis,  dans  une  seconde  publication,  qui  com- 
Bmeuttroisvolumes.il  reprend  le*  ikimnii'ms  médus  lais- 
i  mteulTi'l,  relatifs  a  sou  ministère  des  affaires  étrangères,  et 
Litaent  une  vériiable  histoire  des  relations  extérieures  de  la 
Prusse  de  IBM  à  1858. 

Otto  de  ManteulTel  était  né  eo  1805  et  avait  poursuivi,  avant  d'entrer 
dam  la  politique,  une  carrière  administrative;  à  pou  près  tous  les  hommes 
leettBt  août  sortis  de  l'armée  ou  de  l'administration,  —  Bis- 
marck avait  débuté  comme  autcultator  avant  de  vivre  en  gentilhomme 
MOtpagMrd.  —  Conseiller  .le  gouvernement,  landrath  dans  différents 
postes,  Manleuffe!  iteil  directeur  au  ministère  de  l'Intérieur  lorsqu'éclate 
la  Révolution  ■    ."-  journée*  de  mars,  les  cabinets  se  suc- 

cèdent; ils  sont  loin  de  répondre  aux  idée»  politiques  du  directeur, 
mais  il  ooneette  néanmoins  sa  place,  «  ou  peut  petuer  nec  quelle  trie» 
il  a  itaicrt  i|ui;lli-B  treceaaeriee  personnelles,  malgré  quelles 
indicibles  diOealtée  >.  Cepeadeai  le*  eteèt  de  l'AnembUe  nationale 
de  Prusse  ta  conduisaient  à  «a  perte;  à  la  lin  de  l'été,  le  roi  Frédéric- 
[V,  après  mille  tergiversations,  se  décidait  à  agir;  il  con- 


458  COMPTES-RENDUS  CEITIQUBS. 

fiait  à  8011  oncle,  le  comte  de  Brandenburg,  le  soin  de  rétablir  l'ordre 
avec  quelque  vigueur  ;  mais  il  fallait  un  ministre  de  l'Intérieur  plutôt 
ferme.  Manteuffel  était  l'homme  de  la  situation  et  la  formule  lui  est 
justement  applicable  :  c  Une  main  de  fer  sous  un  gant  de  velours.    » 

Pendant  deux  mois,  la  lutte  est  entre  l'Assemblée  nationale  et  le 
gouvernement;  le  premier  ouvrage  de  M.  de  Poschinger  donne  d'inté- 
ressantes publications  sur  cette  époque  décisive;  la  chambre  est  pro- 
rogée, transférée  à  Brandebourg,  enfin  dissoute,  et  la  couronne  pro- 
mulgue une  constitution  assez  semblable  à  celle  proposée  par  le  comité 
de  l'Assemblée.  Les  élections  envoient  des  députés  plus  tranquilles. 
Le  gouvernement  a  gagné  la  bataille. 

Deux  années  se  traînent  sur  les  tentatives  de  Frédéric-Guillaume 
pour  réorganiser  l'Allemagne;  la  situation  de  Brandenburg  et  de  Man- 
teuffel était  difficile;  ils  ne  manquaient  pas  d'action,  mais  ils  étaient 
en  présence  d'un  prince  hésitant,  à  scrupules  et  retours  ondoyants  ; 
la  plus  grande  partie  du  tome  I  des  Denkwùrdigkeiten  est  consacrée  à 
cette  époque  de  projets  et  d'hésitations  ;  à  Vienne,  Schwarzenberg  réta- 
blissait, non  sans  brutalité,  les  destinées  de  l'Autriche  ;  le  monarque, 
par  jeunesse  et  par  caractère,  lui  laissait  les  mains  libres.  Le  conflit 
devait  éclater  entre  les  deux  grands  états  allemands;  la  différence  des 
gouvernements  devait  lui  donner  solution  en  faveur  de  l'Autriche;  à 
Berlin,  le  ministère  est  divisé;  Radowitz  veut  la  résistance,  il  est 
vaincu  par  le  parti  de  la  cour  ;  la  mort  subite  du  comte  de  Branden- 
burg jette  à  Manteuffel  toute  la  responsabilité  du  pouvoir  ;  une  guerre 
est  sur  le  point  d'éclater;  dans  la  situation  de  la  Prusse,  c'eût  été  un 
désastre.  Manteuffel  court  à  Olmutz,  —  comme  l'écrivait  Abeken,  ce 
fut  un  étrange  voyage,  —  et  il  obtient  les  «  concessions  de  l'Autriche  ». 
Elles  n'étaient  guère  étendues,  mais  les  apparences  étaient  sauvées,  ou 
à  peu  près;  le  ministre  à  main  de  fer  de  1848  n'en  avait  gardé  que  le 
gant  de  velours. 

Pendant  les  années  qui  suivent,  la  Prusse  joue  un  rôle  quelque  peu 
effacé;  la  Diète  de  Francfort  a  repris  son  existence  somnolente.  M.  de 
Poschinger  en  a  déjà  retracé  l'histoire  dans  ses  quatre  volumes  :  Preus- 
sen  im  Bundestage  ';  il  apporte,  sur  cette  époque  encore  mai  connue, 
beaucoup  de  renseignements  et  de  documents  nouveaux,  notamment 
sur  les  rapports  de  la  France  et  de  la  Prusse  au  moment  de  la  procla- 
mation du  second  Empire;  il  faut  lire  surtout  le  long  entretien  du 
Dr  Quelh  avec  M.  de  Persigny  (II,  p.  343),  les  rapports  du  conseiller 
de  légation  Kûpfer  sur  l'état  de  la  France  au  printemps  de  1853  (II, 
p.  352  et  suiv.),  et,  dans  le  second  ouvrage,  les  nombreux  rapports  de 
l'ambassadeur  à  Paris,  M.  de  Hatzfeld,  sur  la  politique  extérieure  et 


l.  Abrégé  et  traduit,  sous  la  direction  de  M.  Funck-Brentano,  sous  ce  titre  : 
Correspondance  diplomatique  de  M.  de  Bismarck,  1851-1859.  Paris,  1883, 
2  vol. 


KIH0S1TA    :    T8E   ai*1E«ï    COMXEHCE. 


459 


.  Son  frère  prend 
t  de  façon  heureuse 
g&lité  avec  les  autres 
nonde,  et,  par  tera- 
ne  situation  nouvelle 


Intérieure  de  la  Prime.    Ces  six  volumes  constituent  une  véritable 
mine  de  documents. 

Cependant,  l'esprit,  brillant  mais  troublé,  du  ni  Frédéric-Guillaume 
donne  de*  «ignés  toujours  plus  certains  de  decadei 
la  régence;  la  situation  d'ailleurs  s'est  modiSée  e 
pour  la  Crusse;  le  congrès  de  Paris  l'a  remise  ené 
puissances;  elle  va  reprendre  son  rang  dans  le  i 
pêl*ï  et  orages,  occuper  la  première  place.  Util  a  a 
il  faut  des  hommes  nouveaux  ;  après  dix  ans  de  gouvernement,  Man- 
teuffel  quitte  le  pouvoir,  comble  de  litres  el  de  décurations,  et  pouvant 
regarder  avec  quelque  satisfaction  le  résultat  de  ses  efforts. 

Il  vil  dès  lors,  suivant  l'expression  de  M.  de  Poscbinger,  ■  en  état 
de  repos  •  ;  relire  dans  ses  terres  de  Drahnsdorf  et  de  Crossen,  quelque 
temps  député,  puis  éloigne  de  tout  mandat  public,  il  se  consacre  en 
sage  à  la  lecture  des  classiques.  Il  meurt  à  Crossen  en  1882. 

A  côté  de  la  ligure  de  haut  relief  du  chancelier  Bismarck,  il  importe 
de  retracer  l'image  de  ceux  qui.  venus  avant  lui  ou  vivant  à  ses  cotes, 
ont  été  un  peu  effaces  par  son  existence  brillante.  Le  double  ouvrage 
de  M.  de  Poscbinger  vient  tout  ensemble  exhumer  le  souvenir  de 
Mauteuftel  el  par  des  documents  inédits  éclairer  bien  des  détails  restés 
obscurs. 

Paul  Mattbr. 


Yelaro  Kivosm.  The  past  and  présent  of  Japanese  commerce. 

New  York,   1W02.    In-ff,  IN    pageà.    t.Studics   in   htstory,...  of 

Cotvmbia  OtUvmitf,  XVI,  1.1 

Le  jour  est  arrivé  où  une  ttwtte  historique  ne  peut  plus  fermer  sa 
porte  à  des  études  sur  l'histoire  moderne  des  peuples  d'Extrême- 
Orient',  L'un  au  moins  de  ces  peuples,  le  Japon,  est  entré  si  complète- 
ment dans  ce  qu'on  appelle  encore,  par  habitude,  le  <  concert  euro- 
péen »,que  l'histoire  diie  universelle  doit  nécessaire  me  ut  lui  faire  une 
place.  Il  eu  reu  sèment  que  les  historiens  japonais  n'ont  pas  encore  pris 
l'habitude  d'écrire  en  japonais,  —  ou  même  en  espéranto. 

M.  Kinosita  a-l-il,  comme  je  le  crois,  écrit  le  Pané  el  le  préxtnt  du 
commerce  japonais  pour  les  lecteurs  *  occidentaux  *i  En  ce  cas,  il  était 
au  moins  inutile  d'ouvrir  le  livre  par  des  considérations  aussi  superfi- 
cielles que  générales  sur  l'histoire  du  commerce,  de  consacrer  lout  un 
dcmi-cliapiin*  iHI,  "1  à  la  situation  économique  dl  l'Europe  du  xvr" 
au  xvin*  siècle  et  d'y  exposer  la  théorie  du  mercantilisme.  S'adressail-il, 
au  contraire,  à  ses  compatriotes?  Il  rai  fallu  ejan  évitât  de  irai  Sott- 
ner  des  notions  comme  celles-ci  :  qu'il  y  avait,  en  1609,  un  <  roi  de 

I.  Nous  croyons  devoir  itertlr  le  licteur  que  ce  tomple-ruadu  ■  été  écrit  11 
y  a  quatre  ans. 


l'If) 


OOMms-lUMn  GimoBm 


Hollande  •  (p.  flfij,  ou  que  Rome  s'est  élevée  put  les  ruines  de 

et  de  •  Cartliage  •  (p.  loi  *.  Mais  ce  que  nous  cherchons  dans  le  livre 

de  M.  Kinosita,  c'est  ce  qu'il  contient  d'essentiel  le  meut  japonais. 

Il  commence  par  attirer  notre  attention  sur  la  position  exceptionnel- 
lement favorable  occupée  par  l'empire  du  Sole  il- Levant,  position  que 
le  percement  des  isthmes  rendra  plus  favorable  encore,  sur  ses  res- 
sources en  houille  (déjà  près  de  7,000.000  de  tonnes  par  an),  sur  la 
variété  de  ses  climats  (Î50  d'extension  en  latitude!,  sur  les  qualités  de 
son  peuple  :  ■  Pendant  des  siècles,  il  a  vécu  à  part.  Mais  son  exclusi- 
dnt  est  aujourd'hui  du  passé...  L'histoire  de  ce  qu'il  a  été,  de  ce  qu'il 
est,  de  ce  qu'il  veut  être  est  devenue  aujourd'hui  d'un  intérêt  général.  • 

Le  passé  japonais*  est  obscur.  Cependant,  dès  le  i*'  siècle  avant 
notre  ère,  apparaissent  les  premiers  rapports  avec  la  Corée.  L'influence 
coréenne  se  manifeste  surtout  au  vi*  siècle  par  l'introduction  du  boud- 
dhisme, doctrine  peu  Favorable  au  développement  économique.  En 
somme,  il  faut  attendre  la  fin  du  ivi«  siècle  et  l'arrivée  des  Européens 
pour  assister  à  l'éveil  du  commerce  japonais.  Ce  phénomène  se  produit 
surtout  sous  le  règne  centralisateur  de  lyeyasou,  qui  parait  avoir  com- 
pris l'avantage  qu'il  avait  â  ouvrir  ses  ports  aux  navires  hollandais  et 
anglais  et  qui  eut  l'intuition  (p.  72)  dn  rôle  futur  de  l'océan  Pacifique. 
A  cette  date  (vers  le  temps  où  mourait  Henri  IV),  les  vaisseaux  japo- 
nais allaient  au  Mexique,  fréquentaient  Java,  Manille,  l'Annam,  le 
Siam,  Malacca,  le  sud  de  la  Chine,  la  Corée,  même  l'Inde.  Le  Siam  a 
lui  tout  seul  contenait  des  colonies  japonaises  montant  à  8,000  âmes. 
Les  imprudences  religieuses  des  Portugais  et  des  Espagnols  eurent 
pour  résultat,  sous  le  successeur  d'Iyeyasou,  des  persécutions  et  une 
restriction  du  commerce  extérieur.  Seuls  les  Hollandais  conservèrent 
le  droit  de  débarquer  dans  une  lie  voisine  de  Nagasaki.  De  1641  à 
1864,  c'ait  par  leurs  mains  et  par  celles  des  Chinois  que  passe  tout  le 
trafic  de  l'Archipel. 

Avant  la  Restauration  de  1868  fut  de  nouveau  ouvert  au  monde 
l'empire  du  Mikado.  Le  traité  de  commerce  de  1853-54  avec  les  Etats- 
Unis  inaugure  cette  ère  nouvelle.  Il  est  suivi  d'un  traité  avec  l'Angle- 
terre, puis  avec  la  Russie,  la  Hollande,  la  France  (1858),  le  Portugal, 
le  Zollverein  et  toutes  les  autres  puissances  lie  dernier  avec  le  Mexique, 
1888*1.  La  Restauration,  contrairement  à  ce  que  l'on  pouvait  prévoir, 

I,  Même  page,  la  bataille  de  Plassey  est  orthographiée  Plessy.  Il  semble  qae 
la  Faculté  de  science  politique  île  Columbia,  éditrice  île  la  collection,  eût  pu 
taire  disparaître  ces  lacbei. 

î.  Est-il  même  probable  (p.  23)  que  i  la  civilisation  sémitique  de  l'an  2000 
av.  J.-C  ,  non  seulement  atteignit  l'Inde  pur  les  Phéniciens  i,  mais,  •  initia  IVM 
la  civilisation  aryenne  des  races  ii.uni tiques,  atteignit  les  Philippines  et  le 
Japon?  »  J'ai  peur  que  l;>  aussi  l'éluuYini  pponai*,  i'bloui  par  le  premier  contact 
avec  les  idées  occidentales,  n'ait  un  peu  brouillé  lei  choses. 

3.  I.  auteur  n'examine  pu  les  rëetottt  BOdiBcttlDni  Ip  partiel  à  ces  traités. 
Elles  sont  pourtant  d'une  importance  capitale. 


KI7I0S1T»    :    THE  JlPiXESE  COMMERCE,  ll'.l 

(aire  pénétrer  au  Japon  la  civilisation  occidentale.  L'amé- 
lioration des  voies  de  communication,  la  création  des  postM,  dd  télé- 
graphe;, des  chemin*  de  fer  (la  première  ligne  Tokio-Yokohania,  com- 
mencée en  1869,  achevée  en  1872;  aujourd'hui  plus  île  3,000  kilomètres) 
ont  donné  aux  relations  commerciales  intérieures  et  extérieures  uue 
activité  toute  nouvelle.  La  création  d'une  marine  marchande  de  modèle 
iiijiiiii'l  liai  près  de  300,000  tonnes  pour  la  Qulte  à  vapeur, 
plu*  de  l  ITjUilU  pour  la  flotte  à  voiles,  tonnage  net|  permet  au  pavillon 
japonais  de  venir  concurrencer  les  noires  en  Australie,  en  Inde,  en 
Californie,  en  Colombie  britannique,  voire  en  Europe. 

La  Japon  est  entré  en  même  temps  dans  l'ère  de  la  grande  produc- 
tion industrielle.  MaiB  la  révolution  industrielle  ne  s'y  est  pas  produite 
par  gradations  comme  en  Europe.  «  Ce  fut  une  transition  rapide,  sou- 
daine, impétueuse,  affectant  tout  l'ensemble  de  la  consommation,  i 

Les  relations  commerciales  du  Japon  ont  aussi  changé  de  caractère. 
Immédiatement  après  l'ouverture  de  l'Empire,  l'Angleterre  était  le 
principal  exportateur,  les  États-Unis  le  principal  acheteur.  Depuis  dis 
ans,  le  commerce  avec  les  Étals-Unis  reste  prospère,  lo  commerce  avec 
l'ensemble  de  l'Europe  croit  lentement,  le  commerce  avec  l'Asie  croit 
par  bonds  énormes  (en  dix  ans  passe  de  45  a  190  millions  de  yen).  C'est 
surtout  la  Chine,  l'Inde  anglaise,  la  Corée  qui  jouent  ce  rôle  de  mar- 
chés pour  les  produits  japonais  et  de  vendeurs  de  matières  premières 
ou  même  de  denrées  alimentaires  pour  l'industrie  et  la  population 
ouvrière  japonaises.  En  Chine,  tandis  que  la  pan  du  commerce  amé- 
ricain, entre  1985  et  1899,  montait  de  12  à  44  millions  de  «tels,  celle 
du  Japon  sautait  de  moins  de  1  à  plus  de  03,  dépassant  de  plus  de 
8  millions  le  total  du  commerce  avec  l'Europe  continentale,  balançant 
presque  le  cliiiïre  du  trafic  direct  avec  la  Grande-Bretagne.  M.  Kiuusita, 
comme  tous  ses  compatriotes,  estime  que  l'immense  empire  est  dans 
la  «me  d'influence  économique  de  son  pays;  que,  seul,  le  Japon  est 
en  eut  d'y  introduire  l'essentiel  de  la  civilisation  occidentale.  €  Une 
lUttBH  mdosiru'lle  et  commerciale  entre  Japon  et  Chine  (p.  158]  est  à 
peine  plus  avantageuse  pour  ces  nations  elles-mêmes  que  pruhiableau 
progrés  et  &  la  civilisation  du  monde  >.  Mais  la  Chine  ne  lui  sufut  pas. 
•  Sur  les  marchés  orientaux,  le  Japon  peut  soutenir  avec  lUMés  [«con- 
currence étrangère,  i  Car,  ajoute  l'auteur,  la  •  Coréfl,  le  8taa,  li>s 
Philippines  ont  des  relations  historiques  avec  le  Japon  et  qu'il  serait 
facile  de  développer  s. 

Avis  aux  nations  européennes  ou  américaines  domiciliées  en 
Eltréme- Orient.  A  coté  des  États-Unis,  le  Japon  est  candidat  a  la 
tlvttastocratk  du  Pwiflqoo1 

IL  Halsek. 


I.  P.  140  :  confusion  puérile  entre  le  •  droit  naturel  ■  >i«  stoïciens  lna(ura( 
(aï')  el  les  «  lui*  naturelle»  ■  de  l'économie  potUIqu.  L»  France  et  le»  \\*ji  de 
l'Uni™  lutine  rangés  a  tort  lj>.  1:13)  dans  les  pays  i  étalon  d'or;  an  moins  fal- 
lait-il distinguer  entre  le  ftfttl  itundard  el  le  liai  tlandard. 

Kiev.  Hunm.  XC1V.  1"  casc.  Il 


462  COMfTES-aESDUS  CIITIQUIS. 

Moritz  LaBarus'  Lebenserinnerangen ,   bearbeilet  von  Nahida 
Lazarus  u.  A.  Lbicbt.  Berlin,  6.  Reimer,  4906.  ln-8%  630  pages 

A.  Leicht.  Lasarus  der  Beffrûnder  der  Vœlkerpsychologie. 
Leipzig,  Diirr,  4904.  Pelil  in-8%  406  pages. 

J.  Woolgbmutb.  Morits  Lasarus,  eîo  Nachruf.  Berlin,  Jtzkowski, 
4903.  ln-8°,  22  pages  (aus  des  Jiidùchen  Presse). 

J'ai  eu  le  privilège,  lorsque  j'ai  séjourné  à  Berlin  et  à  Gœttingen  en 
4867-1868,  de  suivre  les  leçons  de  Steintbal  et  de  Lotze  et  d'être  reçu 
dans  leur  intimité  ainsi  que  dans  celle  de  Lazarus,  le  beau-frère  de 
8teinthal,  qui  fut  avec  lui  le  fondateur  et  le  principal  collaborateur  de 
la  Zeitschrifl  fur  Vôlkerpsychologie  und  Sprachwissenschaft.  Bien  que  le 
but  de  mon  séjour  en  Allemagne  fût  l'étude  de  l'histoire  et  des  méthodes 
historiques  et  que  j'aie  consacré  aux  leçons  de  Kœpke  et  de  Jafifé  à 
Berlin,  de  Waitz  à  Gœttingen  la  plus  grande  partie  de  mon  temps,  je 
jugeais  utile  de  me  rendre  compte  de  ce  qu'était  l'enseignement  de 
la  philosophie  dans  une  université  allemande,  ou  celui  de  la  linguistique 
envisagée  dans  ses  rapports  avec  la  psychologie  et  l'histoire.  L'au- 
teur du  Mikrokosmos,  de  même  que  Lazarus  et  Steinthal,  était  un  dis- 
ciple d'Herbart,  et  cherchait,  comme  son  maître,  dans  une  psychologie 
scientifique  les  fondements  d'une  conception  générale  de  l'univers  et 
du  développement  de  l'humanité.  Mais  comme  eux,  il  était  un  disciple 
très  libre  et  très  original.  Plus  encore  que  la  philosophie  de  Lotze,  dont 
j'admirais  les  détails  ingénieux  et  profonds,  mais  dont  je  n'arrivais  pas 
à  saisir  le  système,  m'intéressait  la  tentative  de  Lazarus  et  de  Steinthal 
pour  donner  à  la  psychologie  une  base  scientifique  en  l'étudiant,  non 
dans  l'âme  individuelle,  mais  dans  les  manifestations  de  l'esprit  collec- 
tif et  de  la  vie  collective  des  peuples  et  de  l'humanité.  Sans  tomber 
dans   les  exagérations  mystiques  d'Éd.  de  Hartmann,  qui  croit  ou 
semble  croire  à  l'existence  réelle  d'une  âme  collective  des  peuples, 
Lazarus  avait  remarqué  avec  justesse  et  fortement  établi  que  la  psy- 
chologie collective  des  peuples  et  des  hommes  est  autre  chose  encore 
que  la  psychologie  particulière  des  individus  qui  composent  les  nations 
et  l'humanité,  que  le  langage,  le  droit,  les  mœurs,  les  institutions  poli- 
tiques, la  religion,  l'art  sont  des  phénomènes  qui  ne  peuvent  se  conce- 
voir ni  s'étudier  si  Ton  ne  les  conçoit  comme  un  résultat  de  la  collec- 
tivité, comme  des  phénomènes  sociologiques,  comme  le  résultat  de 
l'action  de   l'individu  sur  l'ensemble  et  de  l'ensemble  sur  l'individu. 
—  Et  en  cherchant  ainsi  une  psychologie  nouvelle  dans  l'étude  du 
langage,  du  droit,  des  mœurs,  etc.,  en  un  mot  de  toutes  les  mani- 
festations de  l'activité  humaine,  Lazarus  et   Steinthal   posaient   les 
fondements  d'une  éthique  nouvelle.  C'est  Lazarus,  comme  l'a  montré 
M.  Leicht  dans  son  excellent   petit  livre   sur  la    Vôlkerpsychologie, 
qui  a  été  le  premier  fondateur  de  cette  science,  ou  plutôt  de  cette 


H.    LAZiBOS    ;    LEBF.SSKHmERrmit-.V.. 


*  63 


méthode,  dès  1851.  Huit  ans  pin  lard,  il  créait  avec  Steimhal  la 
i-.  publièrent  par  fragments  presque  tous  leurs  travaux,  où 
Lazarus  en  particulier  donna  quelques- unes  des  études  qui  formèrent 
•on  beau  livre  Dai  Ubrn  dtr  Serti,  une  des  œuvres  les  plus  remarquables 
de  la  philosophie  allemande  dans  la  seconde  moitié  du  xix*  siècle.  Laza- 
rus  était  un  esprit  eueyelupédique  :  il  avait  reçu  de  son  éducation  juive, 
sur  laquelle  M.  Wolgemulh  nous  donne  les  plus  intéressants  et  les  plus 
louchants  détails  dans  l'article  cité  ci-dessus,  uno  connaissance  appm- 
.  hébreu;  il  était  linguiste,  théologien,  philosophe,  histo- 
rien, juriste  et  versé  eu  même  temps  dans  les  sciences  naturelles,  en 
particulier  la  médecine.  I!  était  donc  admirable meut  préparé  à  tenter 
la  synthèse  hardie  de  sa  Vôtktrpstjchologic  qui  est,  à  vrai  dire,  à  la  fois 

le  sociologie  et  ud  essai  de  philosophie  de  l'histoire;  car  il 
W  propose  d'étudier  et  les  phénomènes  sociaux  qui  sont  communs  il 
l'humanité  en  général  et  l'évolution  des  phénomènes  psychologiques  et 
moraux  à  travers  les  Iges. 

Un  esprit  aussi  riche,  aussi  varia  que  celui  de  Lazarus,  uni  à  un 
caractère  du  plus  noble  idéalisme  et  de  la  grâce  la  plus  séduisante,  fit 
de  lui  non  un  savant  enfermé  dans  son  cabinet,  mais  un  homme  d'ac- 
tion et  un  humme  du  monde  au  meilleur  sens  du  mot;  son  influence  à 
ta  tète  du  parti  libéral  et  réformateur  dans  le  judaïsme  fui  considérable; 
il  oe  cessa  pas  de  se  mêler aui  affaires  politiques  de  l'Allemagne;  comme 
professeur  à  l'Université  de  Berue,  à  la  Kriegsakaderaie  et  à  l'Univer* 
site  de  Berlin,  comme  conférencier  écoulé  et  applaudi  dans  les  sociétés 
savantes  et  littéraires,  dans  les  congrès,  dans  les  salons  même,  il  exer- 
çait un  irrésistible  ascendant.  8a  maison  était  un  centre  littéraire  et 
artistique  dont  j'ai  pu  apprécier  le  charme  et  l'animation  en  !6fiï,  au 
tuunienloù  Lazarus  venait  de  rentrera  Berlin  après  ses  années  de  IJerne, 

iù  Lazarus  était  eu  séjour,  en  Suisse,  en  France,  en  Autriche, 
tl  était  un  hôte  recherché  et  aimé.  Il  était  aussi  goûté  des  artistes  que 
de»  savants,  et  il  inspirait  la  sympathie,  l'estime  et  l'admiration  aux 
hommes  de  Unis  les  partis  comme  de  toutes  les  religions. 

ira  se  faire  une  très'jusle  idée  de  ce  que  fut  Lazarus  comme 
hieinne,  de  l'élévation  île  sou  esprit  et  de  la  richesse  de  sa  nature,  dans 
les  souvenirs  autobiographiques  que  vient  de  publier  sa  seconde  femme 
avec  la  collaboration  du  1>  Leicht.  Lazarus,  plusieurs  années  après 

m  sa  première  femme,  qui  était  une  personne  d'une  intelli- 
gence supérieure,  eut  le  bonheur  de  trouver  en  Nahida  Ilemy,  femme 
de  lettres  d"  talent  et  d'un  grand  eamr,  une  compagne  qui  lui  Ht  une 

illuminée  de  poésie   et  de  tendresse,  et  à  laquelle  il  dut 
de  pouvoir,  sinon  achever,  du  moins  pousser  très  loin  MM 
M"  Lazarus  avait,  pendant  les  années  passées  auprès  du  maure  qui 

u  époux,  recueilli  pieusement  les  souvenirs  qui  jaillissaient 
avec  une  inépuisable  abondance  de  sa  conversation.  Elle 
aux  noua  autobiographiques,  aux   lettres  laissées  par  Lazarus  et  elle 
vu  a  formé  un  volume  de  soutenir*  qui  déconcerte  un  peu,  par  l'ab- 


\u 


COMPTES- EEXIH'S   CBITIQTES. 


sence  de  chronologie  précise,  le  lecteur  mal  familiarisé  avec  la 
biographie  du  philosophe,  mais  qui  abonde  en  documents  d'un  1res 
grand  prix  pour  l'histoire  littéraire  et  scientifique  du  six*  siècle.  Je 
signalerai  avant  tout  les  premiers  chapitres  sur  Ftûckert,  Gottfried 
Keller,  B.  Auerbach  et  Paul  Heyse,  le  chapitre  sur  Paris,  que  Lazarus 
visita  plusieurs  fois  et  où  il  connut  Taine,  Renan,  G.  Paris,  J.  Dar- 
mesleler,  Michel  Dri'al,  et  enfin  les  derniers  chapitres  qui,  avec  le  cha- 
pitre zii,  fournissent  sur  la  vie  littéraire,  universitaire,  politique  et 
sociale  de  Berlin  de  précieux  renseignements. 

Comme  le  dit  Auerbach  cité  par  M.  Leiclit,  •  le  souvenir  des  hommes 
qui  ont  manifesté  d'une  manière  vivante  ce  qu'il  y  a  de  plus  noble 
dans  l'humanité  est  le  meilleur  héritage  que  nous  transmettent  le  passé 
et  l'histoire.  ■ 

Gabriel  Monob. 


TadeSjnciKUS.  Nacrt  zivota  1  diela  Blskupa  J  -  J.  Strossmayera. 

[La  vie  et  l'œuvre  île  l'éveque  Stroasmayer]  \gram,  1906. 

4  vol.  ïn-8u,  450  payes  [publication  de  l'Académie  sud-slave). 

L'auteur  de  ce  livre,  M.  Sraiciklas,  professeur»  l'Université d'Agram 
et  membre  de  l'Académie  de  celte  ville,  est  un  butorim  distingué 
auquel  on  doit  notamment  une  bonne  histoire  de  la  Croatie  el  de  nom- 
breuses recherches  sur  les  annales  des  Slaves  méridionaux.  L'Acadé- 


mie, fondée  en  18G7  grài 
lui  payer  une  dette  de  . 
sa  biographie  est  racon 
unes  de  ses  œuvres.  L' 
fessionnel; 


:  libertés  i 


:  Mgr  Slrossmayer,  a  tenu  A 
i  un  ouvrage  ou 
■t  où  sont  reproduits  des  extraits  de  quelques- 
|ue  ne  se  piquait  pas  «l'être  un  écrivain  pro- 
e  des  plus  hautes  qualités  de  l'homme  d'ac- 
I  éloquence  ebaude  et  généreuse  qui,  soit  dans  sa  langue 
maternelle,  suit  dans  ta  langue  de  l'Eglise,  le  latin,  lui  assurait  la  maî- 
trise des  âmes.  Il  avait  le  don  d'exciter  et  d'éveiller  au  plus  haut  point 
la  sympathie;  des  écrivains  protestants  comme  M.  Georges  Perrot, 
comme  M.  de  Laveleye,  lui  ont  rendu  à  ce  sujet  de  précieux  témoi- 
gnages. Son  reuvre  fut  considérable  :  c 
maintenir  l'autonomie  du  peuple  croate 
Il  consacra  la  plus  grande  partie  de  sa  IV 
ii  |ties,  non  seulement  cher,   les  Croate: 

leurs  voisins  les  Slovènes,  les  Serbes,  les  Bulgares.  Sa  bienfaisance 
s'étendait  à  la  fois  sur  les  catholiques  et  sur  les  orthodoxes.  Il  rêvait 
d'une  église  universelle  où  toutes  les  confessions  se  rencontreraient.  Il 
aimait  passionnément  la  France  et,  en  1870,  il  iotervititen  notre  faveur 
auprès  de  l'empereur  de  Russie.  L'ouvrage  où  M.  Smiciklas  a  mis  en 
relief  celle  noble  figure  est  d'un  haut  intérêt. 

Louis  Leoeb. 


:  patriote,  il  s'efforça  de 
lie  contre  les  Magyars, 
i  des  fondations  scienti- 
mpatriotes,  mais  chez 


BBCDKIL9    PKHIOMQrES. 


RECUEILS  PÉRIODIQUES  ET  SOCIETES  SAVANTES. 


1.  —  Revue  des  Questions  historiques.  19117,  janvier.  — 
P.  Allard.  Une  grande  fortune  romaine  au  v*  siècle  |très  intéroeoaate 
analyse  des  renseignements  que  noua  fournissent  lesdocamonls  réunis 
par  le  cardinal  Rampolla  dans  un  livre  Santa  Mctania  junior* ,  et,  en 
Bartinolier,  la  Vie  de  sainte  Mélanie,  sur  l'immense  fortone  de  Melauie, 
qu'elle  liquida  pour  subvenir  à  des  œuvres  pies.  M.  Allard  évalue  ses 
revenus  à  116,640,000  tr.  (î),  et  elle  libéra  dei  milliers  d'esclaves  dont 
chacun  valait  environ  2,000  fr.  Ses  palais,  ses  mubiliers  représentaient 
des  sommes  immenses.  Cette  élude  a  un  intérêt  économique  considé- 
rable). —  Barante.  Le  siège  d'Orléans  et  Jeanne  d'Arc  (fin;  du  .'9  avril 
au  5  mai  liC9).  —  Ssiolka.  Iledwige  d'Anjou,  reine  de  Pologne  (1371- 
1399;  la  lille  de  Louis  I"  d'Anjou,  roi  de  Hongrie  et  de  Pologne,  êpOBH 
Jagellon,  grand-duc  de  Lithuanie,  qu'elle  convertit  avec  son  peuple. 
~    cil  romanesque  de  ses  fiançailles  avec  Guillaume  d'Autriche  qu'elle 

nfia  pour  épouser  et  convertir  Jagellon.  Elle  avait  quatorze  ans  et 
se  demande  ce  qu'il  y  a  d'historique  dans  ce  roman).  —  M.  Dudruel. 
:em  XI  et  l'extension  de  la  régale  (d'après  la  correspondance  con- 
fidentielle du  cardinal  Pio  avec  Léopold  I",  1673-1681.  C'est  le  cardinal 
Favori  ti  qui  décida  le  pape  à  résister  jusqu'au  bout).  —  M.  ok  FkÊ- 
viw.b.  Lally  et  Bussy  an»  Indes,  avril  UM-mars  1761  (d'après  de  nom- 
breux documents  inédits.  Récit  de  la  série  de  fautes  et  d'échecs  qui 
conduisirent  a  la  ruine  de  notre  empire  des  Indes  depuis  l'ivhee  i)ev,iiu 
Madras  jusqu'à  la  perte  de  Pundichery.  L'incapacité  et  la  présomption 
de  Lally,  qui  commença  par  rappeler  Bussy  du  Dcfckan  où  il  avait  for- 
tement établi  le  protectorat  français,  furent  cause  do  noa  désastres).  — 
J  Pnracs,  Un  prêtre  français  en  exil.  L'abbé  Uabriel  Auny,  cure 
d'Iéna  (1795-16151,  et  ses  relations  avec  Napoléim  1"  H'abbé  Aunv  ren- 
dit de  grands  services  a  ses  ouailles  après  la  bataille  d'iena.  Il  fut  dépos- 
sédé de  sa  cure  en  1S15  Comme  suspect  de  connivence  avec  les  Fran- 
çais). —  V.  Eauow  Les  commencements  du  culte  des  saints  dans 
i'Kgbse  chrétienne  (critique  dn  livre  si  remarquable  d'K.  Ludus,  ana- 
lysé ci-dessus,  p.  130).  —  Pixauao.  Dmiiri  dit  le  Pmai  (à  propos  du 
\  .lis/ewski,  If!  Originel  d»  ta  Russie  modem*.  Le  P.  Pier- 
ling  mainiu'iii  la  thèse  d'aprea  laquelle  la  Pam  Dènétriaa  leraii  bien 
Grlchka  Otreplevi).  —  Hravoix  de  Lanooslb.  Une  lettre  Inédite  de  aalni 
le  Paul  â  Maadeleioa  de  Lauioignon,  I55Î.  —  Pierre  EU».  La 
France  et  le*  armée»  d'occupation,  181  S- 181 8  [qnelqnea  raaaelgBamaau 
curieux  »ur  les  excès  cummia  par  le»  alliés). 

2.  —  Revne  de  Syntnèae  historique,  1906,  février.  —  XEnoi-ol. 


J66  EECUE1LS  PÉRIODIQUES. 

La  notion  de  •  valeur  •  en  histoire  (la  notion  de  la  valeur  est  étran- 
gère à  la  science  historique!.  —  H.  Berb.  Les  progrès  de  la  sociologie 
religieuse  (analyse  des  travaux  de  MM.  Durkheim,  Hubert  et  M  ans  s 
sur  la  magie,  le  sacrifice,  etc.  M.  Berr  craint  qu'on  réduise  trop  aux 
éléments  sociologiques  collectifs  ce  qui  ressort  aussi  de  la  psychologie 
individuelle).  —  L.  Gahex.  L'idée  de  lutte  des  classes  au  xvm*  siècle 
(on  la  trouve  chez  Bolingbroke,  d'Holbach,  Quesnay,  Turgot,  pour  être 
précisée  chez  A.  Smith.  L'idée  est  très  répandue  en  1789).  —  Jankélé- 
vrrcH.  Des  rapports  entre  le  droit  positif  et  la  philosophie  du  droit 
(d'après  Del  Vecchio,  /  présupposai  fllosofici  délie  nosione  del  diritto  ; 
A.  Levi,  Per  un  programma  di  fllosofla  del  diritto;  J.  Stern,  Rechts- 
wissenschaft  u.  Rechtsphilosophie).  —  Boissorhade.  M.  Guiraud  et  l'his- 
toire économique  de  l'antiquité.  —  L.  Febvre.  La  France  à  la  veille  de 
la  Réforme  d'après  M.  Imbart  de  la  Tour  (généralisations  trop  ambi- 
tieuses sur  une  documentation  trop  restreinte).  =:  Avril.  A.  Wibth.  De 
la  race  (article  très  confus  où  l'auteur  proteste  contre  l'abus  de  l'idée  de 
race  et  où  il  confond  la  race  et  la  nation).  —  Saqhac  L'agriculture  et 
les  classes  rurales  en  France  au  xviii*  siècle  (essai  de  synthèse  provi- 
soire. Le  premier  article  étudie  la  répartition  de  la  propriété  et  la  divi- 
sion progressive  du  sol).  —  P.  Hermaht.  Le  sentiment  amoureux  dans 
la  littérature  médiévale.  —  Xénopol.  Sociologie  et  histoire  (soutient 
contre  M.  Rivera,  et  son  Determinismo  sociologico,  qu'il  peut  y  avoir 
une  science  de  l'histoire).  —  H.  Berr.  Les  rapports  de  la  société  et  de 
l'individu  (à  propos  du  livre  de  M.  Draghicesco,  Du  rôle  de  l'individu 
dans  le  déterminisme  social,  où,  tout  en  cherchant  à  revendiquer  pour 
l'individu  sa  part,  il  la  subordonne  encore  trop  à  la  société  dont  il  sort). 
—  A.  Fortibr.  Les  planteurs  sucriers  de  l'ancien  régime  en  Louisiane 
(raconte  la  création  de  cette  culture  par  J.  Etienne  de  Bore  et  les  pro- 
grès dus  à  M.  Valcour  Aime).  =:  Juin.  L.  Febvre.  Histoire  et  dialecto- 
logie (s'appuie  sur  le  livre  de  M.  Jean  Passy,  VOrigine  des  Ossalois,  sur 
V Atlas  linguistique  de  M.  Gilliéron  et  sur  le  travail  de  MM.  Gilliéron  et 
Mongin  sur  le  mot  scier,  pour  montrer  l'action  des  faits  sociaux  sur  le 
langage.  La  Géographie  linguistique  sera  un  précieux  auxiliaire  de  l'his- 
toire). —  A.  Fribocrq.  La  psychologie  du  témoignage  en  histoire  (les 
recherches  des  juristes  sur  la  valeur  des  témoignages,  de  M.  Binet  sur 
la  suggestibilité,  de  M.  Stern  dans  les  Beitrsge  zur  Psychologie  der  Aus- 
sage  prouvent  la  part  énorme  d'erreur  qui  existe  dans  tout  témoignage. 
Toutefois,  l'erreur  même  est  un  témoignage  qui  a  son   intérêt).  — 
P.  Lacombe.  L'appropriation  privée  du  sol  dans  l'antiquité  (I.  Sparte  ; 
suite  en  août  :  Athènes.  Soutient  contre  Guiraud  et  Schœmann    que 
les  Ectemores,  paysans,  ne  versaient  qu'un  sixième  de  la  récolte  aux 
eupatrides).  —  Parisot.  Sieyès  et  Spinoza  (curieuse  démonstration  de 
l'influence  des  idées  de  Spinoza  sur  les  théories  constitutionnelles  de 
Sieyès).  —  A.  Levi.  La  légende  de  saint  François  d'Assise  (M.  Nino 
Tamassia,  dans  son  livre  sur  saint  François,  démontre  que  toute  la 
légende  remonte  à  Thomas  de  Gelano  et  que  Thomas  l'a  fabriquée  en 


88C0E1LS    PKliMMijl'F?. 


107 

int  aux  hagiogra  plies  antérieurs  pour  mettre  François  d'accord 
c  Home).  —  P.  HmuBT.  La  théorie  de  l'histoire  dans  les  Uoiver- 
m  hollandaises  |à  propos  de»  cours  de  MM.  Ilui/.inga  et  Bussemaker. 
Ni  l'un  m  l'autre  ne  croient  à  la  possibilité  d'établir  des  généralisations 
historiques  offrent  m:  caractère  de  certitude  scieiitiliqur'l.  —  H.  Bëbr. 
M.  Millard  et  sa  loi  historique  (pure  rêverie].  =  Compte-rendu  : 
//.  Hickert.  Geschichtsphilosopbie  «article  critique  important  de  M.  XEno- 
pot;  M.  Rickert  fait  tout  reposer  sur  la  notion  de  ■  valeur  »  que  M.  X. 
croit  inapplicable  en  histoire!.  =  Août.  G.  Richard.  Unité  de  l'histoire 
Uns  sciences  et  de  l'histoire  économique.  —  G.  Ascoli.  Les  idées  fémi- 
nistes on  France  du  ivi«  siècle  à  la  Révolution  (étude  très  intéressante 
où,  après  avoir  montré  les  progrès  accomplie  au  xvi*  siècle  dans  la  situa- 
tion des  femmes,  il  rapports  M  OWMUUtiMIU  la  naissance  du  féminisme 
rationnel.  Au  ivnr*  siècle,  Marivaui  est  un  féministe  convaincu  :  très 
précieuse  bibliographie  du  sujet),  —  Kobïul.  Le  bill  sur  l'éducation, 
VMM',.  K,i  place  dan*  l'histoire  religieuse  et  politique  du  peuple  ■ffj**r* 
—  JaNxéléVitch.  Lamarckismeet  Darwinisme  (â  pfOpMBe  I'hoyili^' de. 
A  Pauly,  qui  essuie  de  substituer  une  théorie  vitahsle  au  mécanisme 
darwinien].  —  Paiiès.  Pourquoi  l'on  enseigne  l'histoire  (pour  apprendre 
à  voir  et  juger  les  réalités  humnines|.  =  Compte-rendu  ;  E.  llatcvy.  Le 
radicalisme  philosophique  (art.  important  de  P.  Mantoux|.  =  Octobre. 
\.  Thierry  et  le  mouvement  historique  sous  la  Restauration 
(d'abord  historien  politique,  puis  historien  littérateur  et  narrateur, 
Thierry  a  fini  par  comprendre  les  vraies  conditions  do  l.i  recherche 
biitoriqnc.  M.  Jullian  a  tort  de  dire  que  les  excès  du  romantisme  his- 
Mriiiue  éclatent  au  t.  III  de  l'Histoire  de  France  de  Michelcl.  Ces  excès 
Dl  au  t.  II.  Michelet.au  t.  III,  s'est  assagit.  —  A.  liai.  Pascal 
nonce  du  Puy-de-Domo  (M.  Rcy  défend  les  conclusions  de 
M  Kithien  •'  pense  que  Pascal  a  cherché,  en  fabriquant  après  coup  sa 
lettre  a  Périor  du  là  novembre  lfilT,  à  s'attribuer  le  mérite  d'une  décou- 
vert* qui  appartient  à  Descartes,  à  Mersenne  et  à  Au/.uut.  l,o  génie 
e  de  Pascal  a  été  inventé  par  une  coterie  de  famille  et  de 
parti  et  l'orgueil  de  Pascal  s'est  prêté  a  cette  supercherie).  —  Pktit- 
Dt-r»iLi,i9,  L'histoire  politique  d'Angleterre  publiée  KHM  la  direction  de 
.MM.  W.  llriui  et  II.  Poule.  —  G.  liuiiiu».  U  philosophie  ancienne 
léraie  des  travaux  parus  de  1880  à  1904|.  —  P.  He*iia;it.  La 
.  histoire  en  Hollande.  M.  G,  Ueymans  (à  propos  doseatroî* 
ouvrages,  Esquisse  d'une  histoire  critique  de  principe  de  causalité;  le» 
Loi»  *t  les  Eléments  de  la  pensée  icienlifiiitit .  Intrwluctiûn  à  la  mèlaphy- 
tiqut  et  fondement  de  i  Ej  r  i  une.  M  SeyaUMM doute  il  l'Induire  |iourra 
synthétiser  en  lois  les  phénomènes  que  jusqu'ici  elle  se  contente  d'ex- 
pliquer es  Im  ramenant  à  due  eanett  pejehiqnet). 

3    —   Revue   de»   Études  ancienne»   T.  VIII.   1906,  OCt.-déc.  — 

..  d'interprétation  de  la  stèle  d'Ouchak.  —  Cohdo- 

Ltos.  inscription  de  Daulis.  —  Fostkieb.  Inscription  de  Cordèlio.  — 

G,  Block.  Observations  sur  le  procès  des  Scipions  (fin.  Les  décret»  tri- 


IfiS 


KrcPEiLS  pkhiomqpes. 


buniejens  :  lu  question  des  cognomina;  la  question  des  auspices  et  des 
tribuns,  la  question  du  butin;  ta  question  des  précédents).  —  C.  Jul- 
liak.  Notes  gallo-romaines.  Les  fleuves  de  la  Gaule  chez  Polybe 
{lltiberii  est  bien  le  nom  de  la  Tille  d'Elue,  et  non  du  fleuve  du 
Tech  sur  lequel  elle  est  située).  —  Lucien  Villam.  Quelques  observa- 
tions sur  les  chants  chrétiens  d'Ausone.  —  Chronique  gallo-romaine. 
=  T.  IX,  1907,  janv.-mars.  G.  G  loti.  Têtes  mises  à  prix  dans  les  cités 
grecques  |n'ont  jamais  été  que  celles  d'ennemis  publics).  —  G.  FUdet. 
L'histoire  des  Lagides  fd'après  le  livre  de  Bouché- Leclercq).  — 0.  Jdl- 
liak.  Notes  gallo-romaines.  Silius  et  la  route  d'Hannibal  (la  lecture  de 
Silius  Italiens  apporte  de  nouveaux  arguments  en  Faveur  de  Tarascon 
et  du  Cenisj.  —  Questions  hannibaliques.  1  :  J.  Frkixe.  Le»  bois  du 
Pertus.  2  :  Armand.  Le  Rh6ne  à  Tarascon.  3  :  J.  Fournis».  Le  passage 
du  Rhône  entre  Tarascon  et  Beaucaire  au  moyen  âge  el  jusqu'en  1760 
(s'effectuait  seulement  par  barques,  à  la  merci  du  courant).  4  :  S.  Cha- 
iiBBT.  La  vue  des  Alpes,  A  propos  de  Tite-Live,  XX  île  texte  est  inter- 
pok'l.  h  :  De  Ma.nteïer.  Le  nom  du  Drac.6  :  H.  Ferrand.  L'hypothèse 
du  Clapier.  7  :  G.  Fougères,  'fui  rif»  ûpaîm  (=  entre  avril  et  aoù(|.  — 
H.  ns  L*  Ville  »b  Mibmont.  L'astrologie  chez  les  Gallo-Bomains  (suite). 
=  Compte-rendu  :  E.  Slijper.  De  Formularum  Andecavensium  lalini- 
tate  disputatîo  (utile). 

4.  —  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes.  T.  LX  VU,  1906,  sepl.- 
déc.  —  L.  Delfble.  Mémoire  sur  la  chronologie  des  chartes  de  Henri  II. 
roi  d'Angleterre  el  duc  de  Normandie  (jusqu'en  1173,  le  roi  s'intitule 
ffenricus,  rex  Anglomm,  el,  depuis  lors,  ffenrieus,  Dti  gratta  rex  Ânglo- 
rum).  —  P.  Gdilhiebmoz.  Note  sur  les  poids  du  moyen  âge  (fin  de  cette 
longue  note  de  plus  de  120  pages).  —  A.  d'Hsbbomez.  A  propos  des 
baillis  d'Arras  sous  le  règne  de  sainl  Louis  (Tournai  était  de  leur  res- 
sorti. —  E.  Laurain.  Renaud  de  Béronne,  bailli  de  Senlis  (1223-1234; 
s'appelait  ainsi  et  non  Renaud  de  Baron  ou  de  Beron).  —  M.  Jcsseliïi. 
Lettres  de  Philippe  le  Bel  relatives  à  la  convocation  de  l'assemblée  de 
1302  |non  publiées  par  G.  Picot).  —  L.  Levillatn.  Le  baptême  de  Clo- 
vis  (a  eu  lieu  à  Reims  el  nou  à  Tours).  —  J.  Viakd.  Henri  Le  Moine 
de  Bâte  à  la  bataille  de  Crécy  (celui  que  Froissart  appelle  i  Le  Monne 
de  Basele  •  était  de  la  maison  des  Mûnch  de  Baie  et  non  de  Bazeilles). 
=  Comptes-rendus  :  E.  Guillemot.  Les  forêts  de  Sentis.  —  M.  Prévost. 
Élude  sur  la  forêt  de  Houmare.  —  P.  Vidal  et  J.  Calmette.  Bibliographie 
roussi  lion  nuise  (quelque  indécision  de  méthode).  —  J.  Cuvelier,  Cartu- 
taire  du  Val-Benoit  (négligé). 

5.  —  Revue  d'histoire  moderne  et  contemporaine.  T.  VUI. 

n°  4,  janvier  1907.  —  A.  Mathiez.  Taine  historien  («  malgré  ses  pré- 
tentions scientifiques,  Tain»?  n'est  pas  un  historien  digne  de  ce  nom, 
mais  seulement  un  littérateur  et  un  philosophe  égaré  dans  l'histoire  •). 
=  Comptes- rendus  :  Driault.  Napoléon  en  Italie  (quelque  incertitude  de 
plan  ;  la  thèse  principale  «  que  Napoléon  fut  un  empereur  romain,  •  est 


secpeils  pfaioDtores.  Jf.9 

insuffisamment  démontrée),  —  Madelin.  La  Rome  de  Napoléon  (docu- 
mentation insuffisante!.  —  Tehernoff.  I*  parti  républicain  au  coup 
d'Étai  el  sous  le  second  Empire  (t  superficiel,  terne  et  confus  *).  — 
Fr.  Maison.  Napoléon  el  su  famille;  t.  VII  (P.  Caron  proteste  contre  la 
r.  =  Février.  Ph.  Saonac.  Les  cahiers  do  1789  et 
bot  valeur  (les  cahiers  oui  été  écrit?  avec  sincérité  et  indépendance; 
régies  générale»  pour  la  publication  de  ces  textes! .  —  Ph.  GaamM.  Les 
impressions  du  comte  de  Las  Cases  sur  l'Empire  français  en  I81S 
|d'«prè8  des  notes  conservées  par  la  famille  et  prises  lors  d'une  tournée 
d'inspection) .  =  Comptes-rendus  :  H.  Sic.  Les  classes  rurales  en  Bre- 
tagne du  xvi«  siècle  à  la  Révolution  (excellent).  —  E.  b.  Adams.  The 
influence  of  Grenville  on  Pitl's  foreign  policy,  1787-1798  (rectifie  Sorel 
pouf  la  politique  anglaise}.  —  R.  Viviani.  La  Restauration  (sans  cri- 
n.|iio  et  plein  d'erreurs).  —  Vicomte  de  Reiset.  Mario-Caroline, duchesse 
df  H'ii;,  1«IG-I8:((I  (puéril).  —  Résumé  de  la  soutenance  de  lliéses  de 
Ph.  Guiinard  ((**  Origines  de  la  légende  napoléonienne;  Lettres  du  comte 
et  de  la  comtesse  de  Montholon).  —  Réponse  de  8.  Charléty  aui  cri- 
tiques adressées  à  son  recueil  de  boeuments  relatifs  à  la  vente  des  biens 
nationaux:  réplique  de  M.  Marion.  —  Réponse  de  C.  Maréchal  aux  cri- 
tiques adressées  a  son  Lamennais  el  V,  Hugo;  réplique  de  J,  Marsan. 

6.  —  La  Révolution  française.  19(17,  14  «Trier.  —  A.  Matoibz. 
La  France  et  Rome  sous  la  Constituante,  d'après  la  correspondance  du 
cardinal  Demis.  I.  L'alTaire  des  annates  (recherche  qui  fut  responsable 
de  la  rupture  entre  la  Constituante  el  la  Cour  de  Rome  en  grande  partie 
I  l 'nni..  de  document!  mal  examinés  par  M.  Fr,  Masson).  —  A.  Liébv. 
Là  date  de  la  composition  du  i  Chant  du  départ  >  (entre  le  début  de 

la  début  île  messidor).  —  H.  Poulbt.  L'administration  cen- 
trale du  département  de  la  Meurthe,  de  l'établissement  des  départe- 
ments à  la  création  des  préfectures  (tin  :  février  1798-mai  1800).  — 
E.  DoMar.  Les  laïques  dans  l'Église;  la  tradition  et  les  encycliques 
de  Pie  X.  —  H.  Prentout.  L'assistance  publique  dans  l'Orne, 
1789-1795.  —  Lettre  inédile  d'un  volontaire  de  l'armée  du  Rhin  et 
vignettes  militaires.  =  Il  mars.  A.  CbI:jiieiï.  Le  particularisme  muni- 
cipal a  Marseille  en  1789.  —  E.  Le  Gallo.  Saiut-Micbel-de-Maurîenne 
BU  [793  et  1794  d'après  le  registre  des  délibérations  delà  municipalité. 
—  J.  Gi.im.aume.  Un  dernier  mut  à  propos  du  ■  Chant  du  départ  > 
(maintient  qu'il  a  été  composé  uu  début  de  floréal(.  —  H.  Labboub.  Le 
droit  de  cuissngc  en  1714  (publie  un  texte  établissant  l'existence  de  ce 
droit  dans  la  généralité  d'Amiens).  —  R.  Bonnet.  Le  conventionnel 
J  -F.  Delacrotl  (texte  inédit).  —  Documents  inédits  :  Les  élections 
dans  l'Hérault  et  à  Montpellier  en  1852.  =  Compte-rendu  ;  Btiard.  Le 
conventionnel  Prieur  de  II  Marne  (L.  Levy. Schneider  proteste  contre 
ce  livre,  qu'il  juge  pleiu  d'erreurs,  de  parti  pris  et  mal  documenté). 

7.  —  Nouvelle  revue  historique  de  droit  français  et  étran- 
ger, 1907,  n«  1.  —  J.-B.  Mispoolbt.  L'inscription  d'Ain  el  Djemala 


470  1ICUBILS  PERIODIQUES. 

(commentaire  détaillé  de  l'inscription  publiée  par  J.  Carcopino  dans  les 
Mélanges  de  l'École  de  Rome,  1906).  —  F.  Thibault.  L'impôt  direct  et 
la  propriété  foncière  dans  les  royaumes  francs  (les  Francs  ne  forent 
pas  soumis  à  l'impôt  foncier;  parmi  les  Romains,  les  clarissimes  seuls 
continuèrent  à  en  être  exempts).  —  E.  Champeaux.  Le  cou tumier  bour- 
guignon de  Montpellier  (fin  du  texte  et  table).  —  Id.  Un  nouveau 
manuscrit  des  •  Coutumes  et  styles  du  duché  de  Bourgogne  ».  — 
Ch.  Appleton.  L'obligation  de  transférer  la  propriété  dans  la  vente 
romaine  (addition  à  l'article  du  précédent  Case.).  —  J.  Acheb.  Glanures 
(m 88.  juridiques).  =  Compte-rendu  :  W.  Otto.  Priester  u.  Tempel  im 
hellenistischen  ^Egypten  (important  article  critique  de  G.  Platon). 

8.  —  Le  Correspondant.  1906,  10  décembre.  —  Duc  d'Acdiffrbt- 
Pasqcibb.  Le  duc  de  Richelieu  (IL  Les  premières  armes.  En  1790,  le  duc 
de  Fronsac  prend  part  avec  le  prince  de  Ligne  et  le  comte  de  Lange ron, 
en  amateur,  à  la  campagne  de  Potemkin  contre  les  Turcs  et  à  la  prise 
d'Ismaïl.  Il  sort  de  France,  en  1791,  avec  un  passeport  régulier  de  l'As- 
semblée. Suite  et  fin  le  25  déc.  et  le  10  janv.  :  Richelieu  sert  dans 
Tannée  russe.  Il  fait  une  visite  à  Paris  en  janvier  1802  et  rentre  en  juin 
au  service  de  la  Russie).  —  H.  de  Lacombb.  Science  et  christianisme. 
—  E.  Rod.  Le  matérialisme  historique  et  M.  G.  Ferrera  (la  meilleure 
étude  parue  jusqu'ici  en  France  sur  le  matérialisme  historique  et  sur  ce 
qu'il  y  a  à  la  fois  de  solide  et  de  conjectural  dans  la  méthode  de  Fer- 
rera). =  25  déc.  Vicomte  de  Meaux.  L'Église  de  France  au  terme  du 
xix*  siècle  (à  propos  du  livre  de  l'abbé  Lecanuet  sur  l'Église  de  France 
sous  la  troisième  République).  —  Laazac  de  Laborie.  Lyon  en  1793  (à 
propos  du  livre  de  M.  Bittard  des  Portes  sur  l'insurrection  lyonnaise  de 
1793).  =  1907,  10  février.  J.  Oelafosse.  M.  Waldeck- Rousseau  et  son 
œuvre.  —  H.  Bordeaux.  La  comtesse  de  Boigne  (biographie  de  l'ai- 
mable femme  dont  les  spirituels  Mémoires  sont  en  cours  de  publica- 
tion). —  Lanzac  de  Laborie.  Épiscopat  constitutionnel,  1791-1802. 
Épiscopat  concordataire,  1802-1905  (étudie  la  transformation  de  l'épia- 
copat  d'après  les  deux  livres  de  l'abbé  Pisani,  Répertoire  biographique 
de  l'Épiscopat  constitutionnel  et  V Épiscopat  français  depuis  le  Concordat 
jusqu'à  la  Séparation).  —  Comtesse  de  Reinach-Foussemaqne.  Madame  de 
Polastron  (fin  le  25  févr.  Mm«  de  R.  a  retrouvé  dans  les  archives  de  sa 
famille  une  correspondance  de  la  femme  faible  et  charmante  qui,  mariée 
elle-même,  fit  oublier  au  comte  d'Artois,  non  seulement  ses  devoirs  con- 
jugaux, mais  aussi  ses  devoirs  de  prince,  et  qui,  mourante,  fit,  comme  il 
convient,  jurer  à  son  amant  de  se  consacrer  à  Dieu  seul).  —  E.  Lamy.  Le 
Journal  d'un  député  à  l'Assemblée  nationale  (tin  le  25  mars.  Analyse  des 
importants  Souvenirs  de  Ch.  de  Lacombe,  document  capital,  parce  qu'il 
émane  d'un  homme  honnête  et  intelligent,  sur  l'incapacité  politique  du 
parti  conservateur  et  catholique.  Rien  de  plus  curieux  que  les  conver- 
sations du  comte  de  Chambord.  Il  se  croyait  en  1815.  Ces  souve- 
nirs ne  grandissent  pas  Thiers;  ils  font  ressortir  le  caractère  mesquin  et 
personnel  de  sa  politique).  =  10  mars.  Les  élections  et  l'esprit  public 


RECUEIL»    et?  Il  10  MO  TE  S. 


171 


en  Allemagne   —  Marquis  de  U  Toi»  ne  Pin.  Au  temps  de  la  Révolu- 
■  d«  famille  fn  récit,  émanant  du  mar- 
quis de  ta  Tout  ilu   l'iu-Muntaunan,  coibihi'iicb  à    l'Assemblée   des 
notables  et  s'étend  jusqu'à  1799  {curieux  par  quelques  détails  sur  les 

du  duc  d'Orléans,  sur  les  complota  royalistes  dans  le  Midi  n 
I T '. + 1  H  1793  et  sur  la  frivolité"  des  émigrés.  D'ailleurs,  l'ami 
Mémoire*  présente  lui-même  un  esprit  pou  équilibré).  —  Marius-Ary 
].rnLOM>.  Les  Berbères.  =  25  mars.  Comte  lit.":  unes.  Souvenirs  du  siège 
de  Paris  (très  curieux |.  —  0.  Havaiio.  Les  premiers  troubles  de  la 

si  dans  nos  ports  de  mer  (I.  Roclicfurl.  Curieux  documents 
irn'dii?!.  —  H.  Joly.  Fénelon  et  M»*  Uuyun.  Saint  François  de  Sales 
et  saint  Chantai  (d'après  les  livres  de  M.  Masson  et  la  correspondance 
de  saint  François  de  Baies,  publ.  p.  les  PP.  Macltey  et  Navatel). 

9.  —  Revue  des  De  a  x -M  ondes.  1900,  I"  nov.  —  Cb.  Benoist. 
César  Borgia  |I.  La  préparation  du  cbef-d 'œuvre.  Suite  le  15  déc.  : 
II.  L'original  du  Prince;  le  15  février  :  les  risques  du  métier  de  prince. 
Les  conjurations,  l'humanisme  et  l'imitation  de  l'antiquité.  Ces  éludes 
mr  la  renaissance  italienne,  inspirées  de  Burckhardt,  sont  vivantes  et 
solides].  —  R.  Picno».  Le  monde  des  racoles  dans  la  Gaule  romaine 
(indique  très  finement  comment  les  hommes  les  plus  cultivés,  païens  et 
chrétiens,  se  trouvèrent  unis  dans  les  écoles  sur  le  terrain  d'une  philo- 
sophie spiritualité).  =  15  aov.  Burd-d'Aunst.  La  constitution  austra- 
lienne et  son  fonctionnement.  —  E.  Seilljêhe.  L'impérialisme  germa- 
niste dans  l'œuvre  de  Renan.  II.  Après  la  guerre  franco-allemande  (si 
l'aristocraiisme  des   Dialogues  philosophiques  se   ressent  encore  des 

germanique*,  lout  le  mouvement  de  la  pensée  de  Renan, 
après  1375,  a  été  une  réaction  contre  ses  idées  antérieures.  Il  a  en  par- 
ticulier abandonné  la  théorie  de  la  race).  —  P.  de  Sèqur.  M™*  du  Def- 
fand  et  sa  famille  (d'après  des  lettres  inédites  du  plus  vif  intérêt  tirées 
de»  archives  de  la  Drôme  et  de  Roanne  et  des  Archives  nationa!es|.  — 
Domuc.  Un  nouvel  historien  de  Home  iForrero).  —  Wyzbwa.  Le  prince 

iliihenluue-Svhillingsfurst  (d'après  ses  Mémoires).  =  1"  dec. 
Lapehbstbe.  La  crise  de  la  beauté  à  Florence  au  xv*  siècle  (note  les 
rapport*  étroits  des  œuvres  d'art  avec  les  idées  des  lettrés  sur  la  bramé. 
A  la  conception  toute  païenne  du  début  du  xv  itècll  lUOcède  unei'nu- 
CepUon  beaucoup  plus  spiritualisto  à  partir  du  mouvement  de  Savona- 
rnle|,  —  D  Mélnieb.  La  comtesse  de  Mirabeau  (mit!  et  lin  le  15  dec. 
et  le  15  févr.  Tableau  piquant  de  la  vie  de  province  a  la  Qn  du 
uni*  tiède  d'après  des  documents  inédit*].  —  BaualTllH.  lM  pluln- 
■opbes  el  la  société  française  (vigoureuse  étude  où  M.  B.  attribue  aux 
philosophe*  la  portée  universelle  da  la  It évolution  et  la  valeur  durable 
Ipes  de  M'.'),  —  A.  BEaTTur».  Michi'l  L<'  Tellier  et  son  admi- 
niilralion  militaire  (d'après  le  livre  de  M.  André).  —  15  He,  •'•  Bon- 
su*.  Comment  les  Romains  ont  connu  l'Humanité  (lin  le  1"  jauv.  Étude 

■ir  U  p'irtda  du  mot  hutnanitas  et  ce  que  son  histoire  révèle 
sur  in  progn'  ■  des  idées  dans  lu  monde  romain),  —  J.  Smoum  L'ai- 


(72 


RECUEILS   PÉBIODIQCES. 

s  crises  commerciales  et  des  périodes  de  prospérité.  =  1907, 
!»•  janvier.  Le  cahier  rouge  de  Benjamin  Constant,  1781-1787  (amu- 
santes notes  autobiographiques),  —  Vicomte  d'Ayuol.  Les  riches  depuis 
700  ans.  Médecins  et  chirurgiens.  —  Marlus-Ary  Leblond,  Madagascar 
(suite  le  1S  mars  et  le  1"  avrilj.  =  15  janvier.  Lettres  écrites  pendant 
la  guerre  d'Italie  et  la  campagne  de  Cocbinchine  (suite  le  I"  mars  :  la 
guerre  de  France  de  1870,  documents  psychologiques  d'un  haut  intérêt). 

—  G.  Govau.  M.  Godefroid  Kurth  (analyse  très  sympathique  de  la  vie 
et  de  l'œuvre  de  l'éminent  professeur  de  Liège).  :=  1"  février.  A.  Van- 
oal.  Les  raisons  du  Concordat.  Le  régime  de  la  séparation  sous  le  Con- 
sulat et  l'anarchie  religieuse  (Napoléon  craignait  dans  le  clergé  libre 
une  force  d'opposition  politique  entre  les  mains  du  pape|.  —  A.  Mé- 
zibres.  Un  coin  de  la  société  parisienne  sous  le  second  Empire  (les 
salons  et  la  presse  de  l'opposition).  —  "Vicomte  u'Avenel.  Les  riches 
depuis  700  ans.  Honoraires  des  artistes  peintres  et  sculpteurs.  — 
E.  Daudet.  Lettres  inédites  de  Joseph  de  Maistre  (I.  Joseph  do  M.iisire 
et  Louis  XVTII.  Suiia  le  1"  mars.  Autour  de  la  campagne  de  1812.  Fin 
le  I"  avril.  Les  dernières  années.  Ces  admirables  lettres  nous  montrent 
en  J.  de  Maistre  un  politique  aui  vues  d'une  merveilleuse  lucidité). 

—  R.  Pikon.  Le  conflit  austro-serbe.  =  1"  mars.  F.  BacNETiÈKE.  Trois 
artisans  de  l'idéal  classique  au  xvr»  siècle,  Henri  Estieune,  Jacques 
Amyot,  Jean  Bodin  (jamais  l'esprit  du  grand  critique  n'a  eu  autant  de 
force  et  de  sérènïte  que  dans  ces  dernières  pages].  —  A.  Taboieu.  A 
Algésiras.  La  crise  décisive  (récit  minutieui,  fait  d'après  les  documents 
diplomatiques  origmaui|.  =r  15  mars.  L.  Maoeun.  Un  essai  d'église 
séparée  en  France  au  iv1  siècle.  La  Pragmatique  Sanction  (cet  inté- 
ressant article,  qui  analyse  très  bien  le  caractère  de  la  Pragmatique  et 
les  difficultés  qu'elle  rencontra  dans  son  application,  comment  elle 
rendit  nécessaire  le  Concordat  de  1515,  a  un  titre  inexact.  La  Pragma- 
tique créait  une  église  séparée  en  partie  de  Home,  mais  toujours  unie 
à  l'Étal  en  partie).  —  J.  Bkdieh.  La  légende  de  Girard  de  Roussillon 
(I.  Girard  de  Roussillon  dans  la  poésie-,  dans  l'histoire  et  l'hagiogra- 
phie; suite  le  1"  avril  :  Girard  de  Roussillon  et  les  abbayes  de  Pothiere 
et  de  Vézelai.  M.  B.  prouve,  avec  un  ensemble  de  preuves  précises,  que 
le  poème  de  Girard  de  Roussillon  n'est  pas  sorti  de  sources  populaires, 
mais  du  travail  qui  se  fit  à  t'abbaye  de  Vézelai,  fondée  par  Girard  et 
Berthe,  pour  expliquer  ta  provenance  des  reliques  de  sainte  Marie-Made- 
leine acquises  en  10*0  par  l'abbé  Geoflroi,  et  à  Poihière,  fondée  aussi 
par  Girard  et  Berthe,  et  qui  avait  leurs  tombeaux,  pour  attirer  et  char- 
mer les  pèlerins  par  des  chansons  épiques  dont  Girard  fut  le  héros). 

10.  —  La  Revue  de  Paria.  1906,  I"  octobre.  —  Art  Rqe.  L'armée 
sous  le  Directoire  (de  l'esprit  qui  a  présidé  à  l'organisation  de  plus  en 
plus  despotique  et  révolutionnaire  de  l'armée).  zz  15  octobre.  Charles 
Vbllaï.  Saint-Just.  Premières  luttes  politiques,  1760-179!  («s  loties 
n'ont  encore  d'autre  théâtre  que  le  petit  village  de  Blérancourt,  patrie 
de  Saint-Jost),  =  1«  novembre.  Philippe  Gonnadd.  Trois  diplomates  à 


«KCCSIIS   PKHlonlQGES.  478 

inte-Helè.ne  (le  baron  île  Stùrmer,  commissaire  d'Autriche,  le  mar- 
quis :)•■  Hootchenu,  commissaire  de  France,  le  comte  de  llalmain,  com- 
missaire russe,  qui  arrivèrent  à  Jameslown  le  17  juin  181(1,  avec  mis- 
sion de  renseigner  leurs  gouvernements  sur  les  faits,  gestes  et  paroles 
bob,  el  qui  ne  surent  ou  ne  purent  recueillir  que  des  récits 
indirects  el  mesquins).  =  15  nov.  Abbé  Baron.  A  la  cour  de  Bruos- 
'-1790  (notes  manuscrites  d'un  voyage  que  l'abbé  fiiavecson 
^■[ietdeCuûteaugiroi],demai  1780  à  mars  I79;î.  Amusant).  — 
Gustave  Simon.  Victor  Hugo,  le  duc  et  la  duebesse  d'Orléans,  I8$4- 
MS3,  =  lô  décembre.  Léon  Oumu,  Lettres,  IB73-18S2  (un  le 
I"  janvier).  —  Frédéric  Masson.  L'affaire  Maubreuil.  I.  Les  vivres- 
viande  (de  l'action  exercée  dans  les  derniers  jours  de  l'Empire,  en  1814, 
par  les  fermiers  chargés  de  l'administration  des  vivres  de  l'armée,  Van- 
teaux,  Geslin  et  consorts)-  suite  le  1er  janvier  1907  :  A  Maire  des  dia- 
mants de  la  couronne  (Maubreuil  n'y  joua  qu'un  rôle  de  comparse 
avide  et  cynique).  =  lô  janvier.  Commandant  Ernest  Picard.  De  Cha- 
înas vers  Sedan  (expose  les  raisons  pour  lesquelles,  au  lieu  de  ramener 
Mac-Mahon  vers  Paris,  comme  il  avait  été  décide  le  17  août,  on  l'en- 
voya au  contraire,  après  des  tergiversations  sans  fin,  vers  Sedan,  le 
32  août.  •  Il  semble  acquis  que  des  influences  se  sont  exercées  au  quar- 
tier impérial  pour  dissimuler  à  Mac-Mabon  les  nouvelles  de  Baïame 
qui  auraient  pu  le  décider  à  rétrograder  sur  Paris  a). 

11.  —  Journal  des  Savants.  1907,  février.  —  G,  Buge.  L'Aveu- 
Un  dans  l'antiquité  id'aprés  A.  Merlin).  —  J.  Guiffbkv.  Acte*  Mttrièi 
parisiens  du  in"  s.  (d'après  les  publications  d'E.  Coyecque,  E.  Campar- 
don  et  A.  Tuetey  dans  ta  coll.  de  l'JJtfJ.  générale  île  Parit).  —  Ch.  ue 
La  Ronciers.  Les  premières  explorations  françaises  aux  pôles  n\r-  s  ), 
=  Mars.  G.  Julliam.  U  bataille  d'Ali  (d'après  M.  Clercl.  —  H.  DehiS- 
■adi.  Épi  graphie  hollandaise  du  \vic  s.  à  Malacca  (d'après  Bland.  Bit- 
torital  tamàitones  of  Malacca;  inscriptions  funéraires  des  Hollandais 
inurt*  à  Malacca,  1641-1796;  précieux  pour  l'histoire  de  la  colonisation). 

12.  —  Revue  critique  d'histoire  et  de  littérature.  1907.  28  jan- 
vier. —  Krantr  et  Hoffmann.  G.  Julii  Caesaris  Cotnmenturii  de  balla 
civili.  111  edit.  revue  par  //.  Metuel  (excellent).  —  H.  PtUr.  EBetoriaD- 

rura  romanorum  reliquine;  vol.  II  fienvre  très  méritoire,  mais  mal 
écrite  et  privée  d'indexl  —  Uctlefitn.  Ursprung,  Einrichlung  und 
Bedeutung  der  Erdkarte  Agippas  (clair,  précis  et  neuf).  —  Alf.  A'tofi. 
Quaesiiunes  Pliniauae  gi-ograpbicae  (beaucoup  de  textes,  d'observations 
latin  détestable).  =  1  lévrier.  IL  Cagnat.  Les  biblio- 
thèques municipale!  dans  l'empire  romain  (bon).  —  P.  lloyi.  Los 
abeilles,  la  cire  et  le  miel  en  Lorraine  jusqu'à  la  lin  du  iviii*  niècle 
iboni.  —  Paul  béroulèdt.  IH70.  Feuilles  de  roule.  Dos  bois  de  Verrières 
à  la  forteresse  de  Brealau  i  intéressants  souvenirs).  =  1 1  février  G.  liour- 
gin.  Les  archives  pontificales  et  l'histoire  moderne  de  la  France  [travail 
très  mémoire  et  des  plus  utiles).  —  fd.  Inventaire  analytique  et  extraits 


474  1ECUEILS  rélIODIQUES. 

des  manuscrits  da  Fonda  Gesuitico  de  la  Bibl.  nationale  Vittorio  Emma- 
nuel* de  Rome,  concernant  l'histoire  de  France,  xvr»-xrx*  siècles.  = 
18  février.  P.  Gornelii  Taciti  opéra  quae  sapersnnt  ;  rec.  Joh.  M ù lier. 
Vol.  II  :  Historias  et  opéra  minora  continens  (bon  ;  c'est  1  édition  clas- 
sique en  Allemagne).  —  H.  Rudor/f.  Zur  Erklaerung  des  Wormser  Kon- 
kordats  (consciencieux  et  bien  déduit).  —  E.  Bernheim.  Lebrbuch  der 
historischen  Méthode  nnd  der  Geschichtsphilosophie  (bon;  Seignobos 
explique  qu'entre  Bernheim  et  lui  le  désaccord  ne  porte  guère  que  sur 
des  malentendus;  ils  sont  an  fond  de  même  avis).  —  Agnes  Hunt.  The 
provincial  committees  of  safety  of  the  american  révolution  (bon).  — 
R.  Bittard  des  Portes.  Contre  la  Terreur.  L'insurrection  de  Lyon  en  1793, 
le  siège,  l'expédition  du  Forez  (remarquable  ;  documentation  très  abon- 
dante, mais  non  tout  à  fait  complète).  —  A.  Biovès.  Un  grand  aventu- 
rier du  xix*  siècle  :  Gordon  Pacha  (c'est  la  meilleure  biographie  qu'il 
y  ait  de  Gordon).  —  G.  P.  Gooch.  Annals  of  politics  and  culture, 
1492-1899  (bon).  =  25  février.  A.  Michaelis.  Die  archaeologischen  Ent- 
deckungen  des  xix**"  Jahrh.  (excellent).  =  4  mars.  Jean  Guiraud. 
Les  registres  d'Urbain  IV,  1261-1264.  Les  registres  de  Grégoire  X, 
1272-1276  (à  noter  en  particulier  les  appendices  où  sont  publiées  beau- 
coup de  bulles  inédites  qui  n'ont  pas  été  transcrites  sur  les  registres 
du  Vatican).  —  H.  de  Tourville.  Histoire  de  la  formation  particulariste. 
L'origine  des  grands  peuples  actuels  (ouvrage  d'une  candide  ignorance). 
=  11  mars.  0.  Nachod.  Geschicbte  von  Japan,  I,  1  :  die  Urzeit  (bon). 
—  B.  d'Arbois  de  Jubainville.  Les  Druides  et  les  dieux  celtiques  à  forme 
d'animaux  (intéressant;  les  textes  les  plus  instructifs  sont  cités  en 
note;  mais  pas  d'index).  —  V.  Tourneur.  Esquisse  d'une  histoire  des 
études  celtiques  (ouvrage  incomplet,  mais  tout  de  même  très  utile).  — 
Louis  Jacob.  Le  royaume  de  Bourgogne  sous  les  empereurs  franconiens, 
1038-1125  (beaucoup  de  négligences  de  détail,  mais  bon  travail  de 
déblaiement).   —  A.   Coulon.    Lettres    secrètes  et   curiales  du   pape 
Jean  XXII;  4e  fasc.  —  G.  Mollat.  Jean  XXII.  Lettres  communes;  6* 
et  !•  fasc.  —  Cl.  Diehl.  Figures  byzantines  (agréable  et  instructif).  — 
Ch.  II.  Lincoln.  The  revolutionary  movement  in  Pennsylvania,  1760- 
1776  (bon).  —  Ed.  Mackinley.  The  suffrage  franchise  in  the  13  english 
colonies  in  America  (excellent).  =  18  mars.  H.  Hirt.  Die  Indogerma- 
nen;  ihre  Verbreitung,  ihre  Urheimat  und  ihre  Kultur;  t.  II  (remar- 
quable). —  R.  Poupardin.  Monuments  de  l'histoire  des  abbayes  de 
Saint-Philibert  (excellent).  —  Lecacheux.  Lettres  secrètes  et  curiales  du 
pape  Urbain  V,  1362-1370;  fasc.  1  et  2.  —  Mgr  Douais.  L'inquisition, 
ses  origines,  sa  procédure  (exposé  consciencieux  des  faits,  mais  que  de 
sophismes  dans  les  arguments!).  —  A.  Ch.  Lea.  A  history  of  the  Inqui- 
sition of  Spain;  t.  II  (très  remarquable).  —  L.  Stouff.  Le  lieutenant 
général  Delort,  d'après  ses  archives  et  les  archives  du  ministère  de  la 
Guerre,  1792-1815  (intéressant;  fait  à  l'aide  de  nombreux  documents 
inédits).  =25  mars.  Ch.  Dejob.  La  foi  religieuse  en  Italie  au  xiv*  siècle 
(beaucoup  de  faits  bien  mis  en  lumière;  il  est  vrai  que  la  foi  religieuse 


•i 


KECUKILS    PKWOlUOtES. 


m 


ii  oocore  «va  en  Italie  au  nv*  siècle,  mais  il  est  certain  aussi  qu'il 
y  a  de  notable»  exceptions.  Le  scepticisme,  le  paganisme  du  *.»•  siècle 
ont  déjà  leurs  racines  an  siècle  précédent).  —  lardé.  La  capitallc-O 
dan*  les  pays  de  taille  personnelle  (bon|.  —  A.  Wahl.  Vorgeschichle 
der  fratufisisclieu  Révolution;  I  (remarquable).  —  Tbe  Cambridge 
modem  hittory;  vol.  I\  :  Napoléon.  —  E.  Waver.  Entstehung  und 
Amonhune.  des  Klarlsaenordea*,  beaondera  In  den  deuUcben  Mînori- 
teuproviruseti  (bon).=  1"  avril.  L  Mardin.  Jacquet;  Foi  Met,  imprimeur, 
libraire  et  papetier,  1554-1619  (intèrenant).  —  Sir  Frederick  Maurice. 
Die  war  in  South  Africa,  1899-1902  (récit  ofliciel,  qui  suit 
■railleurs  servilement  le  récit  publié  par  le  Tinta,  sans  y  ajouter  beau- 
coup). 

13.  —  Bulletin  critique.  1906,  5  nov.  —  H.  Helehaye.  Versions 
grecques  des  actes  des  martyrs  persans  aous  Sapor  II.  —  F.  Ifau,  His- 
toire* d'Ahoudemmeh  et  de  Maruula.  —  L.  Detiite.  Notice  sur  les 
manuscrits  du  ■  Liber  Horiilus  «  de  Lambert,  chanoine  de  Saiui-dmer. 
=  15  nov. -5  déc.  Brochet.  Saint  Jérôme  et  ses  ennemis.  zz  1007, 
IT.  if,  Thibault.  La  jeunesse  de  Louis  XL  —  E.  Rakosi.  Le 
compromis  entre  la  Hongrie  et  l'Autriche.  —  A.  Lafontaine.  Jehan 
Gerson  (bonne  vulgarisation),  ss  10  ftWr.  Turmel.  Histoire  de  la  théo- 
logie positive  du  concile  de  Trente  au  concile  du  Vatican.  —  P.  Ùtla- 
rv*.  Le  clergé  et  le  culte  catholique  eu  Bretagne  pendant  la  Revolu- 
Iriel  de  Ool.  —  B.  Lasierrc.  Les  Cent  Jours  en  Vendée.  Le 
gênerai  Lamarque  et  l'insurrection  royaliste. 

14  —  Polybihllon  1900,  décembre.  —  Çhamlon  de  BriaiUcs  et 
S.  Btrtal.  Sources  de  l'histoire  d'tëpeniay;  1  :  Archives  municipales, 
jm*s.  —  Correspondance  entre  M"*  de  Lespinasse  ci  le  comte  de  Guibert, 
piilil,  p,  VilUn,i,v,--G\ubcrt.  =  19(17,  janvier.  Hwand-Auiias.  L'époque 
■  ur  à  Roquemaure  (Gard».  —  Hrrje.r.  Ktude»  sur  l'histoire  du 
cloitre  de  Vadstcua  et  de  l'ordre  des  brigittines  jusqu'au  milieu  du 
xv*  s.  =  Kévr.  Livres  relatifs  à  l'histoire  coloniale;  à  l'histoire  mili- 
taire. =  Mars.  Publication!  récente*,  «or  l'Écriture  «aune  et  la  littera- 
,ule.  —  A.  Brou.  Les  Jésuites  de  la  légende;  I  lea  origines 
jusqu'à  Pascal.  —  .V.  Rioufltl.  La  révolution  de  l'&J  dans  le  Velay.  — 
A.  d»  Boytton.  Le  clergé  périgourdin  pendant  la  persécution  révolu  tion- 
oaire.  —  Bunj/ilay,  Hapaict  et  KarAcsonui.  Souvenirs  de  l'histoire  de 
l'Eglise  à  l'époque  de  la  Reforme  eu  Hongrie;  t.  U  et  III  (en  tchèque; 
nombreux  documents  en  latin).  —  A.  Ciubcrka.  Armes  de  l'époque  des 
Kourouez  |en  tchèque).  —  Lettrée  de  Turquie  de  G.  Mikes,  de  Zagon 
(en  magyar:  excellente  éditionl. 

16. —  Annales  du  Midi.  T.   XIX,   1907,  janvier.  —  J.   BJMK. 
lu  cycle  de  Guillaume  d'Oran^ 
1 
accueillies  par  les  moines  de  Gellone  parée  que  c'était  un  moyen  d'at- 
tirer chez  eux  les  pèlerins  qui  se  rendaient  a  CotnpMMUtJ.  —  S,  Stionbij, 


m 

Recherches  liis  toriques  mr  qaetqoes  protecteur*  des  troubadours  : 
dôme  preui  nomme*  dan*  le  «  Cavalier  Soi— enbnt  i  d'Elia*  de  Banobt 
Huile).  —  S.  Ciuam  Les  lettres  d«  Charles  VII  «t  de  Louis  XI  iui 
areb.  mun.  de  Barcelone.  —  G.  Mjlusdet.  L'a  contrat  de  mariage 
gascon  do  n»  siècle. 

18  —  Annale»  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 
G&ttnads  T.  XXIV,  19%.  —  E.  Richemosd.  L"b  diplôme  inédit  de 
Philippe  Auguste;  acte  de  partage  des  biens  do  chambellan  Gantier, 
fondateur  de  Nemours  (avec  fac-aimïle  et  long  commentaire).  — 
M.  Lecoxtc.  Note  far  l'imprimerie  et  le  colportage  à  Étampee  an 
XTtn*  t  —  E.  Thoisos.  Documente  inéditi  pour  servir  à  l'histoire  des 
paraisses  du  Giiioai-  (suite  ;  1590-1785). —  A.  de  Mamcoutt.  Essai  sur 
l'histoire  du  duché  de  Nemours  de  140*  à  1660  (lin  :  pièces  juslif.j.  — 
P.  "r  !■!■»  Une  enquête  fur  la  léproserie  Saint-Lazare  d'Étampes 
(1617).  —  A.  Dupoitt.  Note  sur  Louis- lien  ri  de  Lumèuie,  comle  de 
Brienne  |i630-1698i;  sa  mort  &  l'abbaye  de  Sain t-Sé vérin  de  Cbateau- 
Landoa.  —  E.  Thoisob.  La  recette  des  tailles  dans  l'élection  de  Nemours 
en  1631  (fragmenta  provenant  de  reliures).  —  H.  Steih.  Olivier  le  Dain 
était- il  marié?  | publie  ion  contrat  de  mariage  t.  —  A.  Caisson.  Essai 
historique  sur  Treilles  (Loiret;  depuis  le  un'  siéclei. 

17.  —  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile- 
de-France.  T.  XXXIH,  1906.  2-  livr.  —  L.  Lazard.  Inveut,  alphah. 
des  documents  relatifs  aux  artistes  parisiens  conservés  aux  Archives  de 
tt  Heine.  =  3"  livr.  H.  OaosT.  Une  relation  nouvelle  des  obsèques  de 
François  I"  a  Paris  et  à  Saint-Deuys  en  1547  (relation  très  circonstan- 
ciée qui  diffère  en  plusieurs  points  de  ta  relation  officielle  publiée,  au 
lendemain  des  funérailles,  par  Robert  Estienne).  —  Visites  princiêres 
à  la  manufacture  des  Gobnlins  en  1773  et  en  1790  (par  la  Dauphine, 
38  sept.  1773,  par  le  roi  et  la  reine,  21  avril  1790,  par  le  pape,  H  nivôse 
an  XIII  ou  12  janvier  I805|.=:5*ei  6»  livr.  P.-L.  Bruel.  La  conversion 
l'André  l'izon  de  Betoulal,  sieur  de  La  Petitière;  contribution  à  l'his- 
toire de  l'abbaye  de  Port-Royal-des-Gbamps.  —  H.  Stein.  Deux  épaves 
de»  archives  de  Sainte- Opportune  islgnale  un  inventaire  des  titres  du 
chapitre  de  »  Madame  Sainte-Opportune  à  Paris  o,  1538,  conservé  à  la 
bibliothèque  municipale  d'Ajaccio,  et  un  Cartalaire  du  xiv  s.,  actuel- 
lement au  Collège  des  PP.  Jésuites  à  Vienne).  —  B.  de  Mandhot.  L'ne 
affaire  de  «liasse  sous  Louis  XI  (en  1477,  on  y  voit  figurer  Olivier  te 
Dain  et  ses  genB).  —  H.  Stem.  Le  collège  de'  Tonnerre  à  Paris  (fonde 
le  17  juin  1107  par  Richard  Poupin,  abbé  de  Saint-Jean).  — L.  Lazahd. 
Les  affiches  dw  jurés-crieurs  de  Paris.  —  H.  Omost.  Liste  des  suppôt? 
de  l'Université  de  Paris  à  la  fin  du  xvr  siècle. 

18.  —  Revue  de  l'Anjou.  T.  LIV,  1907,  janv.-févr.  —  Ch.  Umuud. 
La  chapelle  du  chAleau  de  la  Suriniè-re  (peintures  du  xvt'  s.  de  l'école 
flamande).  —  X.  oe  Pétiony,  Un  bataillon  de  volontaires;  3*  bataillon 
d|    lUioë-dt-Loire,    1792-1796  (1™  partie    en  déc.  1906;  d'après  les 


B1LS    PRBtODIQtTBS. 


177 


archives  départementales  et  îles  archive*  privées],  —  P.  Cousu.  Jeu 
Bodin  de  Montguichct  (distinct  de  Jean  Boilin,  !e  publiciste], 

i9.  —  Revue  bourguignonne.  T.  XVI,  1906,  u"  3.  —  J.  Caluette. 
Les  cléments  communs  et  les  éléments  spéciaux  dans  l'architecture 
romane  de  Bourgogne.  —  P.  Pakisot.  Liste  alphabétique  des  procu- 
reurs au  Parlement  de  Bourgogne.  =  Comptes-rendus  :  llugwney.  Les 
clubs  dijonnais  pendant  la  Révolution.  —  S.  Colette.  Les  foires  et  mar- 
ches |à  Dijon).  —  Marlio.  Le  commerce  du  bois  de  Bourgogne  (d'une 
généralisation  un  peu  bilnve|.  —  Guiijon.  La  succession  des  bâtards 
dans  l'ancienne  Bourgogne.  —  Gatly.  Essai  sur  le  bail  à  cens  en  Bour- 
gogne (utile).  —  P.  Parisol.  Essai  sur  les  procureurs  au  Parlement  de 
Bourgogne  (très  vivant  et  très  documenté). 

20  —  Revue  de  Gascogne.  1906,  septembre- octobre.  —  A.  Lau- 
BB-is.  Coutumes  d'Artiguo  (en  Comminges;  texte  en  février  1907).  — 
C.  Cêxérac.  Lettre*  de  Daignan  (suiie  :  avril-mai  1664).  —  A.  Drokht. 
L'ancien  diocèse  d'Aire  (suite  dans  ce  fasc.  et  dans  les  suivants  :  xvi'- 
ïtin*  s.).  =  Novembre.  E.  Lauamb.  Les  débuts  d'un  imprimeur  en 
Béant;  Abraham  Rouyer,  libraire  bordelais,  imprimeur  a  Orthez  en 
ICIO  (Go).  —  S.  lUunt.  Deux  nouvelles  •  proclamations  ■  de  Welling- 
ton (mars-avril  1614).  —  J.  Annat.  Les  «  visa  i  d'Esprit  Dumarché 
(visa  nécessaire  à  la  prise  de  possession  d'un  bénéfice,  ecclésiastique, 
xvi*  s,|.  =  Décembre.  A.  Clbbgeac.  Les  abbayes  de  Gascogne  du 
xn*  siècle  au  Grand  Schisme  d'Occident  (lin  au  Fasc.  suivant).  — 
J.  BAtafl-  Le  séminaire  d'Auch  {fondé  au  début  du  xvir  s.;  suite  dans 
tous  les  fasc.  suiv.j.  =  1907 ,  février.  C.  Touanier.  L'élargissement  des 
neurs  de  Ctiariié  d'Auch  après  la  Terreur.  =  Mars.  L.  Ricaud.  Le  cierge 
de*  Hautes- Pyrénées  de  1789  à  1906,  cinq  régimes  6nanciers  (suite  en 
avril).  —  Gababra.  La  première  proclamation  de  Wellington. 

81.  —  Revue  a* voi sienne.  1906,  cD  1.  —  M.  Bruchet.  Notes  sur 
l'emploi  du  français  dans  les  actes  publics  en  Savoie.  —  EUm**.  tëpi- 
•odet  de  la  Révolution  à  Alhy  (1792-9:0.  =  N-  t.  Ch.  Martial*.  Noie 
sur  la  vie  du  prieur  Enguizu,  1130-1160;  un  cas  de  télépathie  au  moyen 
âge.  =  N»  3.  D.  Mubatohe.  Aimon  III,  comte  de  Genevois:  sa  partici- 
pation à  l'expédition  du  Comte  Vert  en  Orient-  son  testament,  sa  mort 
(On  au  n°  4).  —  Gostbier,  Un  procès  pour  dîme  en  1543.  =  N°  4. 
Ch.  Bonne,  Les  flèches  d'éprouvé  et  les  armures  de  hotte  cassée  (sur 
la  fabrication  des  armes  au  moyen  agel.  —  F.  Miqust.  Mouct  et  De 
Monet  (l'un  diplomate,  l'autre  général  au  xvui*  s.;  actes  im-ditsi.  — 
M.  Bhdcuet.  Le  contrat  d'albergement  (d'après  F.  Richard,  Essai  sur 
le  rouirai  d'aLbtr<jevient,  particvtiàremtnl  dam  ta  provint*  du  Oauphiné). 

22    —  Historlaches  Jahrbuch    T.   XXVIII,  IJ07,  fasc.  1.  — 
S     Paou».    Les    indulgences    accordées    aux    visiteurs    Au    ■ 
romaines  avant  Innocent  III  (U  plupart  sont  fausses!,  —  G.  tfcmrfJaisa. 
étude*  sur  le*  sources  de  l'histoire  de  saint  François  d'As- 
lUv.  Himm.  XC1V.   |«*  fa*c.  fj 


J78  1ECUEILS  PERIODIQUES- 

sise.  —  A.  Nàolb.  L'empereur  Maximilien  Ier  a-t-il,  en  1507,  voalu 
devenir  pape?  (oui;  a  retrouvé  et  publie  l'original  des  instructions  du 
10  juin  1507).  —  B.  Ddhb.  Contribution  à  l'histoire  de  l'ordre  des 
Jésuites;  documents  des  archives  de  Munich  et  Dresde  (suite;  xvir*- 
xvm#  s.).  —  J.  v.  Ppluok-Hartdno.  Napoléon  pendant  la  bataille  de 
Belle-Alliance  (d'après  les  relations  connues  et  une  autre,  inédite,  retrou- 
vée par  l'auteur  à  Berlin).  —  H.  Koch.  Tertullien  était-il  prêtre?  (non). 
—  F.  Laucheht.  Qui  était  le  •  Gremonese  »,  auteur  de  la  <  Revocatio 
Martini  Lutheri  ad  sanctam  sedem  •  (1519)?  (le  dominicain  Isodoro 
Isolani).  —  K.  LUbeck.  L'introduction  de  la  fête  de  Noël  à  Constanti- 
nople.  =  Compte-rendu  :  Wallmenich.  Der  Oberlànder-Aufstand  1705 
u.  die  Sendlinger  Schlacht. 

23.  —  Historische  Vierteljabrschrift.  T.  IX,  1906,  fasc.  4.  — 
K.  Krbtschmer.  Observations  sur  la  nature  et  l'objet  de  la  géographie 
historique  (réponse  à  l'article  publié  par  Beschorner  au  fasc.  1).  — 
R.  Scholz.  Boniface  VIII  :  sa  moralité  et  sa  religion  (à  propos  du  livre 
de  Finke  et  des  articles  de  Wenck;  on  juge  trop  Boniface  VIII  d'après 
les  dires  de  ses  accusateurs;  n'ayant  su  se  faire  aucun  ami,  Boniface 
n'eut  pas  de  défenseurs.  En  appendice,  indication  des  documents  des 
archives  du  Vatican  relatifs  au  procès  de  Boniface  VIII).  — H.  Kbabbo. 
La  province  ecclésiastique  de  Brème  d'après  les  listes  d'évêchés  dres- 
sées à  Rome  au  xna  et  au  xm*  s.  (Albinus,  Cencius,  etc.).  =  Comptes- 
rendus  :  R.  Knopf.  Das  nachapostolische  Zeitalter  (de  70  à  140).  — 
F.  Boden.  Die  islàndische  Regierungsgewalt  in  der  freistaatlichen  Zeit 
(superficiel;  critiques  nombreuses  par  K.  v.  A  mira).  —  K.  Hcldmann. 
Rolandsspielfiguren,  Richterbilder  oder  Kônigsbilder  (important  article 
de  Rietschel).  —  H.  Wopfner.  Das  Almendregal  des  Tiroler  Landes- 
fûrsten.  —  J.  Reu.  Quellen  z.  Geschichte  des  kircblichen  Un  terrien  ts 
in  der  evangelischen  Kirche  Deutschlands  zwischen  1530  u.  1600 
(important).  =  G.  Seeliqer.  Bénéfice,  seigneurie  et  immunité  (réponse 
à  l'article  publié  par  S.  Rietschel  dans  les  Mitteil.  des  lnst.  f.  cesterr. 
Geschichtsforschung,  XXVII,  3).  =  A.  Feyler.  Die  Beziehungen  des 
Hauses  Wûrttemberg  zur  schweizerischen  Eidgenossenschaft  in  der  ers- 
ten  Hàlfte  des  xvi  Jahrh.zzT.  X,  1907,  fasc.  1.  B.  Hilligbr.  Le  denier 
de  la  loi  salique  (de  considérations  très  minutieuses  tirées  de  la  numis- 
matique, l'auteur  conclut  que  ni  le  système  monétaire  ni  le  système 
d'amendes  de  la  loi  salique  n'appartiennent  à  l'époque  de  Clovis).  — 
F.  Meusel.  Les  rapports  des  trois  rédactions  de  1'  «  Histoire  de  mon 
temps  »  de  Frédéric  le  Grand  (repousse  les  conclusions  de  l'article 
publié  par  Dove  dans  VHist.  Zeitschr.).  =  Comptes-rendus  :  Helssig. 
Katalog  der  Handschriften  der  Universitàtsbibliothek  zu  Leipzig;  VI, 
3  :  Die  juristischen  Hss.  (nombreuses  corrections).  —  S.  Waszyhski. 
Die  Bodenpacht.  Agrargeschichtliche  Papyrusstudien  ;  I  :  Die  Privat- 
pacht  (excellent).  —  E.  Schwalbe.  Vorlesungen  ûber  Gesch.  der  Medi- 
zin.  —  Th.  Sommer  lad.  Die  wirtschaftliche  Tàtigkeit  der  Kirche  in 
Deutschland;  II  (W.  Ohr  critique  très  vivement  cet  ouvrage,  «  manqué 


&KCOKILS   rfUOBIQDH. 


f7!> 


comme  synthèse  el  plein  d'erreurs  de  deuil  i).  —  &rtltsehmar.  Die 
Knutehung  toq  Sud  t.  u.  Stadlreclit  in  den  Gebieten  zwischen  der  rnitt- 
lereu  Saale  u,  der  Laueilzer  Neisse  ieicellent|.  —  W.  Gotts.  Die  Quel- 
le!] z.  Geschichte  des  b.  Franz  v.  Assisi.  —  //.  Ptidtr.  Gesch.  der  wis- 
wiuchaftlicben  Studion  ïm  Franzîskanerorden  bis  L  Mitte  dea  13  Jahrh. 
|la  I"  partie  eet  manqueel.  —  G.  i>.  Schuiltust-RtchbtTg.  Ho  in  ne  h  Bul- 
I loger,  der  Nachlblger  Zwinglis,  —  F  Wtntttrlin,  Gesch  der  BebOr- 
denorgaaitaUon  in  Wurttomberg.  —  Réponse  de  8.  Rigtsgubi.  à  l'article 
de  G.  Beeliger  paru  au  fasc.  précédent  el  réplique  de  Skkmobk. 

84  —  Hiatoriache  Zeitschrift.  T.  XCVII1,  fasc.  S,  —  L.  Eamam. 
Les  débats  el  les  conditions  essentielle!  de  l'histoire  (limites  de  l'his- 
toire et  de  la  préhistoire).  —  II.  Niese.  L'organisation  dei  armées  et  le 
•etrvioe  militaire  en  Grèce  (à  l'origine,  très  peu  de  citoyens  prenaient  les 
armes;  dans  les  cas  graves,  on  avait  recours  à  des  mercenaires;  pais, 
peu  à  peu,  a  Sparte,  à  Athènes  et  ailleurs,  le  service  militaire  s'établit 
à  l'intérieur  de  lu  cité),  — l  Mu  lies.  Ambassade  envoyée  par  Nùra- 
herg  en  Espagne  à  l'empereur  Charles-Quint,  en  1519;  épisode  de  la 
lutte  de  Nurnberg  avec  les  margraves  de  Brandebourg  pour  le  main- 
tins des  franchises  des  villes  impériales.  —  Fr.-C.  WirrroKm.  Trois 
lettres  de  Gentï  à  Ranke  (1953-30).  =  Comptes-rendus  ;  limnncr, 
Frtudtnlhal,  etc.  Zum  altesten  Slrafrecht  der  KnltUi-fotker,  —  I.  Luotl. 
Koistehutig  a  Itlùte  der  onentaliscben  Kulturwelt;  Gyrus  (excellent 
«Ha  daus  ! 'ancienne  histoire  d'Orient]  —  H.  Boom.  Die  Schlaehl  but 
Salamis;  Wright.  The  campaign  of  Plttlaea  (important  art.  de  Kro- 
mayer).  —  F.  Schaub.  Der  Kampf  gegen  deti  Ziuswucher,  ungerechlen 
Preis  u,  unlaulern  Handel  im  Mittelaller  von  Karl  dem  Groesen  bis 
Paptt  Ali-xander  111.  —  Kônigtr.  Burchard  I  voa  Worms  u.  die 
dsMtaone  Kirclie  Miner  Zeii,  1000-1085  Id'après  te  Décrell.  —  E.  Hôhne. 
Kaiser  Heinrich  IV,  —  Akten  u.  Briefe  zur  Kircheupolitik  Her/.og 
Georga  von  Sacbseo,  puhl.  p.  F,  Gut.  —  A.  G3tie.  Die  bochdeulschen 
Drucher  der  RefcrmitioiiiEeiL  —  W.  van  Gutik.  Jobannes  Gropper, 

(critique*  de  détail  par  Hasencleverj.  —  Trait tat  ûber  dem 

Reichslag  im  1G  Jahrb,  publ,  p.  K.  Hauch.  —  Roth.  Rerormationsgesch. 

von  Angàbarg.  —  Deutsche  Hofordnungen  des  16  o.  17  Jahrh.,  publ. 

P-  A.  Rtrn  (édition  incorrecte  et  insufusante|.  —  Kortuchpeiich.  Der 

uberelsassische  Winterfeldiug,   IS7I-75.  —  A.  RostnUhncr.   Kurfurst 

PbtlJpp  von  der  Pfali  u.  die  jûliscne  Frage,  1725-1729  (mile).  —  Aus 

Theodor  v.  flernuardis;IX  :  le  Spauieo  u.  Portugal,  1668- 

1871.  —  IV.  Gundlarh.  Gesch.  der  Stadt  Gharlottenburg.  —  0.  MchUr. 

les  Jahren  1811-190!.  —  M.  Wetirmann. 

m  Pomtnarn;  t.  11   —  Repensa  de  II.  Km ssl.au  am  mmiurs 

lier  au  >uj-'i  da  la  bataille  de  Lechfeld. 

85  -  Byrantlnlache  ZelUchrift  T.  X  V,  IBM,  htO-  1-2  —  P.MaâR. 
La  chronologie  des  hymnes  de  Itomano*  (coi  hymnes  sont  d'un  con- 
Irinporaiu  de  Juttinicn,  de  caistance  juive,  qui  dut  occuper  on  poste 


480  KBCOEILS   FflIODIQUfS. 

important  à  la  cour  impériale).  —  Vàbi.  Le  texte  des  traités  de  tactique 
du  moyeu  âge  hellénique.  —  Bûttser-Wobst.  La  disposition  de  l'en- 
cyclopédie historique  de  Constantin  Porphyrogénèle.  —  Papadopoulos- 
Kebaheds.  A  propos  de  Constantin  Psellos  (poésie,  iambique  inédite 
sur  la  mort  de  Scléréne).  —  Askus.  L'i  élhopée  »  de  Nicéphore  Chry- 
gobergés  sur  l'édit  de  Julien  contre  les  études  classiques.  —  Djuseke. 
Les  éléments  néoplatoniciens  dans  la  doctrine  de  Grégoire  de  Nazianie 
sur  la  Trinité.  —  BkéBieb.  L'origine  des  titres  impériaux  à  Byzance. 
BaoïUix  et  iwnitijî.  —  Jobga.  Latins  et  Grecs  d'Orient  et  rétablissement 
de  ■  Tares  en  Europe,  1342-136!  (insiste  sur  la  responsabilité  de  Canta- 
cu/.êne  dont  la  politique  favorisa  les  progrès  des  Turcs).  —  Gabdtbad- 
sen.  Ecritures  nationales  et  provinciales  (il  n'existe  pas  d'écoles  pro- 
vinciales d'écriture  grecque  qui  correspondent  à  celles  de  l'Occident, 
mais  il  s'est  formé  dans  les  provinces  orientales  de  l'empire  des  écritures 
nationale,  copte,  arménienne,  etc.,  entièrement  différentes  de  l'écri- 
ture hellénique).  —  DobsgbCtz.  Une  compilation  manuscrite  du  ivc  s. 
(Dresde,  A  187.  Textes  theologiques  et  hagiographiques,  extraits  bis- 
toriques,  etc.],  —  Clbbuokt-Ganneal".  Observations  sur  les  inscrip- 
tions de  Syrie  (cf.  Bys.  Zcit.,  XIV,  18-68).  =  Comptes-rendu b  :  l'on 
Scaia.  L'hellénisme  depuis  Alexandre  (tableau  succinct,  mais  très  bien 
étudié  de  la  civilisation  byzantine).  —  Sauerbrei.  Le  roi  Jazdegerd, 
tuteur  de  Théodose  II.  —  Ginetti.  L'Italie  gothique  d'après  Procope.  — 
Gerland.  Les  archives  du  duché  vénitien  de  Candie.  —  Bobriuskjj.  La 
Cliersonèse  taurique.  —  Sckwartz.  Contribution  à  l'histoire  de  saint 
Atbanaee.  —  Papadopoulos-Kerameus.  L'époque  de  la  maturité  de  Roma- 
nes {donne  de  nouveaux  arguments  pour  le  vi*  siècle).  =  Fasc.  3-4. 
Bubï.  Le  traité  •  de  Administrando  lmperio  »  (les  titres  actuels  des 
chapitres  ne  sont  que  des  notes  marginales  mises  au  hasard;  l'ouvrage 
a  été  composé  en  plusieurs  fois  entre  948  et  952;  le  caractère  un  peu 
flottant  du  plan  et  des  omissions  importantes  semblent  montrer  que  ce 
traité  n'est  qu'une  esquisse  dont  la  rédaction  définitive  n'a  jamais  été 
composée;  les  passages  qui  ont  le  plus  île  valeur,  consacrés  aux  Russes, 
aux  Hongrois,  aux  Poichénègues,  aux  Dalm.ites,  dérivent  presque  entiè- 
rement des  sources  orales).  —  Brooks.  Les  sources  de  Tbéopbanes  et 
les  chroniqueurs  syriens  (Théopbanes  et  Miche!  le  Syrien  se  sont  ins- 
pirés à  l'aide  d'intermédiaires  différents  d'une  chronique  syriaque  écrite 
vers  146).  —  Kubtz.  Michel  Psellos  (étude  de  texte).  —  In.  Le  synode 
tenu  en  1 1 57  à  Gonslanlinople  contre  Sotericbos.  —  In.  Georges  Bar- 
danes,  métropolite  de  Corcyre  (les  onze  lettres  de  ce  personnage  datent 
du  xiuc  et  non  du  xn°  siècle;  il  ne  s'agit  pas  de  Frédéric  Barberousse 
ou  de  Manuel  Comnène,  mais  de  Frédéric  II  et  de  Manuel,  despote 
d'Ëpire),  —  Schuidt.  La  question  du  nombre  des  Vandales  (voy.  Ilaury, 
%:.  Zr.it.,  XIV,  527).  =  Comptes- rend  us  :  Giduljanov.  Les  métropo- 
lites dans  les  trois  premiers  siècles  du  christianisme.  —  Lie.tsmann. 
Apollinaire  de  Laodicée  et  de  son  école.  —  Kugener.  Vie  de  Bévfira,  — 
KurU.  Poésies  de  Christophoros  de  Mytîlèue  (a  renouvelé  le  texte).  ■ 


recueils  priaioniQCES.  I  s  i 

-  H-  !-■  ij i-i.u  1 1  f-  lll'Oi  IMIP-Iï  eu  droit  byiantin 
(droit  iic  préemption  de  certains  fonds  de  terre  établi  en  922). 

86.  —  Noues  Arcbiv  der  GeselUchaft  fUr  altère  deuteche 
Geachictnakunde.  T.  XXXII,  1907,  fasc.  2.  —  H.  Jaeksl.  Sur  le 
texte  de  la  «  Lex  Frisionum  ■  dans  l'édition  Herold  (à  défaut  de  manus- 
crit, cette  édition  de  1557  sert  de  base  à  la  critique  de  la  loi).  —  A.  Hes- 
Btt  et  fl,  Wibel.  Un  falsificateur  de  chartes  a  Turia  au  xi'  siècle 
(étude  critique  de  quatre  diplùmes  faux  des  empereurs  Conrad  11  et 
Henri  III,  1038,  1041,  1011;  ces  actes,  dont  un  seul  intéresse  l'église  de 
Turin,  ont  cependant  tous  été  fabriqués  dans  celle  ville  par  un  même 
fauwairel.  —  W,  Levison.  Munuscrits  de  bibliothèques  d'Angleterre 
(lettres  de  saint  Boniface;  chronique  de  Levold  de  Norihof;  formulaire 
de  Nurnberg,  ïiv*  siècle].  —  R.-G.  Salomoh.  Une  publication  russe  sur 
la  diplomatique  pontificale  (nv'-xvi»  siècles,  par  N.  Licliatscbev;  fac- 
similés).  —  Fedor  Schneider.  Une  lettre  interpolée  du  pape  Nicolas  I" 
et  le  primat  de  Bourges  |le  leile  de  804  qu'on  invoque  d'ordinaire 

premier  témoignage  de  ta  primatie  de  Bourges  est  un  texte 
interpolé  sans  doute  à  la  fin  du  xf  siècle).  —  G.  Beckmann.  L'avène- 
ment du  pape  Boniface  VIII  et  le  roi  Adolphe  de  Nassau  (le  pape, 
quoi  qu'on  eu  ail  dit,  a  annoncé  au  roi  son  avènementl.  —  G.  Kentk- 
wch.  Les  o  camerani  >  de  Trêves.  —  W.  Kisky.  Additions  à  ta  liste  des 
chanoines  de  Cologne. 

87.  —  PrenssUche  Jahrbucher-  T.  CXXIV,  1906,  fasc.  t.  — 
H  »,  S.HintnT.  Hypalia  d'Alexandrie  dans  l'histoire  et  la  légende  (son 
««usinât  par  la  populace  chrétienne  et  le  roman  de  Kingsley).  — 
M.  GbL'Nbauh.  Trois  testaments  d'Hubenzollern  (I'  *  exhortation  pater- 
nelle *  du  grand  électeur,  1667;  1'  «  instruction  de  Frédéric-Guil- 
laume I"  à  ses  successeurs  »,  1172;  te  «  testament  politique  de  Fré- 
déric le  Grand  >,  1758).—  E.  Daniels.  Porfirio  Diaz,  président  du 
Mexique, el  son  rouvre  (d'après  A.  Tweedie^or^rio  Diai,  London,  1906). 
=  Fasc,  2.  P.  Goldschbidt.  La  constitution  prussienne  |du  5  déc  1818, 
d'après  les  derniers  mémoires  parusl.  —  P.-G.  Hoffmann.  Le  dévelop- 
pement agricole  et  les  droit!  gur  les  céréales  en  France  lia  France  est 
devenue  au  xn»  siècle  un  état  avant  tout  agricole).  -  E.  Simons.  Les 
communautés  sous  ta  croix  (rivalité  entre  les  communautés  calvinistes 
et  le  catholicisme  dans  l'ancien  duché  de  Juliers-Clèves-Berg  et  l 'élec- 
toral de  Cologne  jusqu'à  aujourd'hui).  =  T.  CXXV,  1906,  fasc.  1.  — 
F.  FuessnoN-F.  Un  écrit  de  Frédéric  le  Grand  sur  la  littérature  alle- 
mande el  sur  l'histoire  et  le  droit  allemands.  —  E.  Daniels.  Souvenirs 

■■■  l'un  Hongrois-Allemand  (les  mémoires  de  Mollmary). 

88.  —  Zeitachrlft  fur  katholiache  Théologie.  T.  \X\,  1906, 
fa*c.  4. — Jus.  Kern,  Sur  ti  controverse  îles  théologiens  outu 
gti-cs-orthudoiea  au  sujet  de  la  sainte  onction.  —  Joli.  En*  st.    La 

igmatiqne  des  décisions  du  deuxième  concile  d'Orange  1529). 
:     ii.  La  vérité  de  l'histoire  biblique  dans  les  idées  de  l'an- 


492  IECUEILS  rflIODIQUES. 

tienne  Église  chrétienne  (suite  dans  ce  fasc.  et  au  suivant).  —  F.  Maiei. 
L'authenticité  de  le  pitre  de  saint  Jude  et  de  la  seconde  épitre  de  saint 
Pierre  i  réfute  les  théories  en  coure  et  spécialement  celle  de  Holtzmann). 
=  T.  XXXI,  1907,  fasc  1.  H.  Grisai.  Denis  I'Aréopagite  dans  l'an- 
cienne chapelle  du  palais  pontifical  et  les  falsifications  de  Regensbnrg 
au  xi*  siècle  (il  s'agit  des  falsifications  relatives  aux  reliques  de  saint 
Denis  I'Aréopagite  et  d'une  authentique  de  reliques  de  ce  saint  retrou- 
vée dans  le  trésor  du  Sancta  Sanctorum  du  Latran.  Le  P.  Grisar  ignore 
ou  feint  d'ignorer  les  articles  publiés  par  M.  Lauer  sur  ce  trésor  et 
notamment  celui  du  Moyen  âge  de  juillet  1906).  —  F.  Lauchert.  La 
polémique  d'Ambrosius  Catharinus  contre  Bernardino  Ochino  (rectifie 
et  complète  les  indications  très  inexactes  données  jusqu'à  présent  sur 
cette  matière,  notamment  celles  de  Quétif  et  Ëchard).  —  G.-U.  K.hel- 
lba.  La  convocation  des  conciles  (fin;  le  droit  de  convocation  appar- 
tint au  pape  seul,  du  iv«  siècle  à  la  fin  du  vm«,  et  non  à  l'empereur). 
—  E.  Michael.  Éclaircissement  au  sujet  de  mon  Histoire  du  peuple 
allemand  (répond  aux  critiques  qui  ont  été  adressées  aux  L  III  et  IV 
de  son  ouvrage  par  M.  Schônbach).  =  Comptes-rendus  :  Kassowitz.  Die 
Reformvorschlàge  Kaiser  Ferdinand  I  auf  dem  Konzil  von  Trient  (a 
trop  exclusivement  suivi  les  documents  impérialistes).  —  Ph.  Hergen- 
rOi/urr.  Lehrbuch  des  katholischen  Kirchenrechts;  2"  éd.,  par/.  Holl- 
wtck  (édition  complètement  refondue).  —  Schuster  et  Holzammer. 
tUudbuch  zur  Biblischen  Geschichte;  6e  éd.,  par  Selbst  et  Schàfer 
(excellent).  =  Analectes  :  Baier.  Trois  lettres  d'indulgences  du  cou- 
vent de  Dominicains  de  Wûrzburg  aux  premiers  temps  de  la 
Heforme  (1502-1518;  fin  au  fasc.  2). 

89.  —  Zeitschrift  fur  Kirchengeschichte.  T.  XXVII,  1906, 
fasc.  3.  —  Schlussmann.  Tertullien  à  la  lumière  de  la  jurisprudence 
i  tertullien  le  théologien  est  différent  de  Tertullien  le  juriste  cité  par 
Justinien;  il  n'était  pas  juriste  lui-même;  fin  au  fasc.  4).  —  J.  v. 
IVu'gk-Harttunq.  Les  élections  pontificales  et  l'Empire  de  1046  à  1328 
\\™  partie  :  jusqu'à  Léon  IX  inclusivement).  —  J.  Dietterle.  Les 
Summae  confessorum  depuis  leurs  débuts  jusqu'à  Silvester  Prierias; 
Ul  :  les  Summae  confessorum  de  la  seconde  moitié  du  xva  s.  et  du  xvr»  s. 
jusqu'à  Sylvestrina  (suite  au  fasc.  4).  —  P.  Kalkoff.  Luther  devant  le 
chapitre  général  d'Heidelberg.  —  Id.  La  correspondance  échangée 
entre  le  prince  électeur  Frédéric  et  Gaétan.  —  Th.  Brieoer.  Les  nou- 
velles études  sur  la  confession  d'Âugsbourg  (à  propos  de  la  publication 
de  Kolde,  Die  atteste  Redaktion  des  Augsbufger  Konfession).  —  P.  Leh- 
mann.  Deux  lettres  inédites  adressées  à  Melanchton  (par  Joachimus 
Gamerarius  en  1522;  en  grec).  —  Th.  Brieoer.  Observations  sur  la  con- 
férence de  Troeltsch  :  •  Le  rôle  du  protestantisme  dans  la  formation 
du  monde  moderne.  »  =  Comptes-rendus  :  Stosch.  Der  innere  Gang  der 
Misiionsgeschichte.  —  Barge.  Andréas  Bodenstein  v.  Karlstadt;  2  Teil 
(important).  —  llunzingcr.  Lutherstudien;  Ueft  1.  —  /.  Friedrich.  Die 
KnUtehung  der  Reformatio  ecclcsiarum  Hassiae  von  1526.  —  H.  Nebel- 


BECIJBILS   l-ERHWIQCKS. 


18 


: TjnalionsReschicbte  der  Sudl  Mùhlhausen  in  Thûringen 
(importante  contribution  à  l'histoire  de  la  Réforme  en  Allemagne!-  — 
ktnn.  Geschichte  der  Katbuhkeoverfolgung  in  iùigland,  1535- 
1681;  3  u.  *  Teile.  —  Lang.  John  Knox  and  the  Reformation.  — 
J.  BlOtser.  Die  Kalholikeneroanzipaiion  in  Grossbrilaumen  u.  lrlanii 
(de  1788  à  1829}.—  Sorti.  Kirchenrechlliche  u.  kulturgeschichtlicbe 
Denkmâler  Altrusslands  nebst  Gesch.  des  russichen  Kirchen reclus.  — 
Rekhtt.  AuguBt  Gottlieb  Spangenberg,  Bischof  der  Brùderkirche  (inté- 
ressant). —  Kotde.  Die  Anfànge  der  katholischen  Gemeinde  in  Erlan- 
gen.  —  R.  Brandi:  t.  Die  Vorfaswing  der  Konfôderation  reformierter 
Kirchen  in  Niedersachsen.  =  Fasc.  4.  G.  Fickeb.  Une  collection  de  for- 
mules d'abjuration  (dans  un  ms.  grec  de  rEscurial).  —  Fiwk.  Un  cata- 
logue de  reliques  de  la  eathédrtk  d'Usnabrûek  en  l'an  1343.  — 
R.  Doebueb.  Deux  chartes  concernant  le  rétablissement  de  la  discipline 
dans  le  cloître  de  Uuxtehude  (1475-76).  —  P.  Weunle.  Pour  la  corres- 
pondance de  Calvin  (liste  de  lettres  qui  se  doublent). 

30.  —  Zeitscbrirt  des  Vereins  fur  tnuringlsche  Gescbichte 
und  AJtertamakunde.  T.  XVI,  fasc.  2,  1900.  —  C.  Elle.  L'an- 
cienne seigneurie,  plus  lard  comté  de  Berka  sur  l'Uni  (suite  dans  ce 
fasc.  et  au  suivant;  1272-1608).  —  P.  Homosasm.  Les  .  limes  Sora- 
blcus  >  (n'est  pas,  comme  In  croit  Meitzen,  une  ligne  de  for  titi  cation  s 
dans  le  genre  du  ■  limes  Itomanus  i,  établie  fous  les  Carolingiens 
BOntn  If-  Slaves;  après  avoir  vaincu  les  Slaves  et  les  Avares,  Charle- 
magne  t'est  contenté  de  confier  à  quelque  chefs  éprouves  la  surveil- 
lance de  certains  points  de  la  frontière).  —  R.  Jordan.  Pappenbeim  à 
Mûlhausen,  en  Thuringe,  10-19  oct.  1032  (d'après  les  archives  de 
Mûlhausen)  =  T.  XVII,  fasc.  1,  191)0.  P.  Uofeb.  Lo  légende 
saxonne  sur  la  guerre  entre  Francs  et  Thuringîens  en  531  ap.  J.-C.  (les 
détails  donnés  par  Rudolf  de  Fulda,  Widukind  et  les  autres  textes 
■axons  au  sujet  de  la  part  prise  par  les  Saxons  a  la  victoire  remportée 
sur  les  Thuringîens  sont  légendaires).  —  Bebsio.  Vingt-neuf  lettres  de 
l'Electeur  Jean-Frédéric  le  Généreux  (futur  Electeur  de  Saxe)  écrite* 
de  aa  prison,  1517-1552  (presque  toutes  datées  de  Bruxelles  et  adrei- 
•éoi  a  son  61a  aine,  Jean- Frédéric;  plus  huit  lettres  de  son  secrétaire, 
lliin»  Rudolf).  —  E.  Devbient.  Les  contributions  militaires  de  la  ville 
d'Iéna  en  1M06  et  1807.  —  Juiwan.  L'envoi  du  président  de  Chambre 
ri  d  l>  -ii m  et  d'uni1  députât  ion  des  États  au  quartier  général  de  l'empe- 
reur à  Wanobia  en  janvier-février  18(17  (pour  demander  une  dimi- 
nution de  la  contribution  de  guerre  exigée  par  Napoléon). 


31.  —  Revue  d'Alsace-  1906,  juillet-août.  —  Mgr  Chêvbe.  Les 
mfTnmnntii  de  Bftla  au  x vin-  siècle  (fin;  Gobel.  évoque  de  Lfddk,  IÎ7J> 
Ch.  Bomum.  Lu  Hectiona  aux  Buts  généraux.  Colmar- 
Belfort  (lin).  —  J.  Sciiwabtz,  Correspondance  de  Nalouet  Imite;  fin  au 
fa*c.  suivant).  —  Dom  de  Dmbtbin.  L'évangeliairo  d'Erkanbold  (suite; 
lin  an  fasc.  suivant).  —  A.  ii'Ochuesi'blu.  L'Alsace  au  xvm*  tiède  (à 


ISJ 


BECCEII.S   PÉRIODIQUES. 


propos  de  Hoffmann,  l'Alsace  au  XVHf  siècle}.  =  SppL.-nct.  Henri 
Babdv.  Marc-Antoine  Lavie,  député  de  Delforl-Huningue  aux  États 
généraux,  1737-1793.  :=  Novembre-décembre.  A.  IIanauer.  Les  faïen- 
ciers de  Hagueuau  (depuis  1695,  d'après  les  archives  locales;  Un  en 
janvier  et  mars).  —  Rbd.  Reuss.  Uu  voyage  d'affaires  en  Espagne  en 
17)8.  Extrait  des  mémoires  inédits  du  S  iras  bourgeois  Jean-Everard 
Zelzner  (commis- négociant  de  Strasbourg).  —  H.  Leur.  Soldats  alsa- 
ciens (extrait  d'un  volume  sous  presse  sur  les  Protestants  d'autrefois).  — 
A.  Gaseer.  Les  maisons  religieuses  de  Soûl  La  :  la  chapelle  du  Lieu- 
Croissant  et  des  Trois-Rois.  —  R.  Gutot.  Les  cahiers  du  Tiers-Étal  de 
la  Haute-Alsace  en  1789  (on  ne  sait  ce  qu'ils  sont  devenus  pour  la  plu- 
pari].  =:  1907,  janv.-févr.  Ch.  HomUHM.  Les  troubles  de  1789  dans  la 
Haute-Alsace  [suite  en  mars).  —  E.  W.  Souvenirs  d'un  médecin  stras- 
bourgeois  du  xviii-  siècle  (1717-1789).  —  Ingold.  A  propos  defl  lettres 
de  Schœpllin  (quelques  lettres  non  comprises  dans  te  recueil  de  Festerl. 
=  Mars-avril.  G.  Oberreiner.  Les  combats  de  Cernay  pendant  la 
guerre  de  Trente  ans.  —  Correspondance  entre  le  duc  d'Aiguillon  et  le 
prince-coadjuleur  Louis  de  Rohan,  analysée  par  L.  Ebrhard. 


32.  —  Jahreshefte  des  est  erre  ichischen  archœologiscben 
Institutes  in  Wlen.  T.  IX,  1906,  faBc.  1.  —  H.  Sckenkel.  Pour 
1'  «  edictum  Diocletiani  >  (fragment  de  Messénie).  —  0.  Cpwtz.  Le 
*  collegium  fabrum  »  à  Aquilée  (nouvelle  lecture  de  Pais,  Corp.  inscr. 
lai.,  Suppl.  ital.,  181).  —  Edgàb..  Ptolémée  Pbilopator  ou  Hermès? 
(sur  un  moule  conservé  au  Caire  :  représente  Hermès).  —  A.  Sghulten. 
Deux  décrets  de  l'empereur  Valens  sur  la  province  d'Asie  (1°  de  370 
ou  371,  adressé  à  Eutrope,  intéressant  pour  l'état  des  îles  Ioniennes; 
2a  de  372,  sur  les  jeux  provinciaux;  éclaircit  le  rôle  de  r'Amipxin).  — 
W.  Kobitbchek.  Le  roi  Eritusirus  (sur une  monnaie  celtique;  peut-4tn 
identique  au  roi  celte  Kpndsipo;  de  Strabon).  —  Fr.  IIauser.  Tettiï  |sur 
une  ancienne  manière  de  se  coiffer).  —  E.  Maass.  Les  Grecs  dans  la 
Gaule  méridionale  (les  Cretois  y  ont  précédé  les  Phocéens;  les  Doriens 
semblent  y  être  venusl.  =  Supplément  :  A.  BbOcknbr.  Sur  l'Athenaios 
d'un  Psephisma  de  Nation  (en  Ionie;  il  s'agit  du  frère  d'Eumènès  II 
de  Pergame).  =  Fasc.  2.  R.  Heberdeg.  Sur  le  décret  de  l'empereur 
Valens  adressé  â  Eutrope  (complément  à  l'article  de  Schulten  au 
fasc.  1).  —  P.  Wolters.  'Apx«»Tpoi  (dans  les  inscriptions  médicales 
d'Éphèse  publiées  au  t.  VIIIl.  —  E.  Rormanns.  Inscriptions  sur  bronze 
de  Lauriacum  (droit  municipal  sous  Caracalla).  =  Supplément  : 
R,  Eooeb.  La  carrière  publique  de  M.  Nonius  Macrinus  Iproconsul 
d'Asie  en  170-171].—  Petebsen.  L'ancienne  coiffure  attique  «  Tettiï  a. 

33.  —  Mitteihmgen  des  Instituts  fur  usterreicliische  Ge- 
schlchtsrorschung.  T.  XXVII.  1900,  fasc.  4.  —  Oswald  Redljcb. 
Problèmes  liistorjco-géographiques.  —  V.  Samanek.  La  situation  cons- 
tiiuin.rirn.-lle  à  Gènes  de  1311  à  1313  (tin).  —  A, -H.  Loebl.  Contribu- 
tion à  l'histoire  de  l'administration  centrale  de  l'Empire  au  déclin  du 


RECUEILS   f  KItMMQHES. 


1N.1 


•i.  (le  conseil  aulique,  le  conseil  prive,  la  chancellerie,  les  chambres 
des  finances,  le  personnel  administratif).  —  W.  Ebstbui.  La  dernière 
maladie  de  l'empereur  Sigismond  (Sigismond  mourut  d'une  gangrène 
sénile,  conséquence  d'une  artériosclérose).  —  F. -G.  Wittichen.  Addi- 
tions à  la  bibliographie  de  Oenu  (donnée  par  Kircbeiscn  au  fasc.  1  du 
même  vol.).  =  Comptes- rend  as  :  Scholt.  Die  Publiiisiik  zur  Zeit  Phi- 
lipps  des  Schonen  u.  Buiiifaz'  VIII.  —  ■  Programmes  »  des  écoles 
moyennes  autrichiennes  pour  1905.  —  Publications  failes  en  Hante  et 
Basse- Au  triche  de  1902  ft  1904.  —  Lettre  de  M.  Leni  en  réponse  aux 
BttiqnM  laites  à  son  •  Napoléon  i  par  M.  Sehlitier,  qui  réplique.  = 
T.  XXVIII,  1907,  fasc.  1.  Ph.  Heck.  U  «  Hantgemal  .  d'après  le 
manuscrit  de  Falkenslein  et  d'autres  documents  d'interprétation  de 
Homeyer  repose  sur  une  faute  de  lecture;  le  mol  i  Hantgemal  ■  cor- 
rr-pinul  au  mot  allemand  moderne  €  Ileimat  »)•  —  R.  Eiblir.  La 
légende  de  saint  Domitien,  duc  de  Carintliie  (d'après  un  ms.  du  x«'«.; 
étude  critique  de  U  légende  qui  a  commence  à  prendre  corps  à  la  fin 
do  mi*  s.).  —  A.  Schulte  el  L.  Wbngkh.  Une  donation  de  l'empereur 
Frédéric  I"  a  l'hospice  de  Septîmerpass  (1186;  étude  juridique).  — 
V.  S*manbk.  Les  fragments  d'actes  génois  de  la  collection  de  Bernard 
de  Morcato,  notaire  caméral  de  l'empereur  Henri  VII.  —  G.  Sovuer- 
rELD-r.  Sur  l'écrit  du  roi  Frédéric  II  relatif  à  l'organisation  militaire  en 
Prusse.  =  Comptes- rendu  s  :  C.  Georg.  Heitrage  sur  àlteren  deutschen 
Wirtschafts-  u.  Veriassungsgeschichto  (important).  —  J.  Schali.  Die 
Gedichle  Oswalds  v.  Wolkenstein.  —  Starser.  Die  Konslituirung  der 
Ortsgeraeinden  Nietlerôstcrreichs.  —  Analyse  des  périodiques  de 
l!nh.'-me,  Moravie  et  Austro-Silésie,  1902-1904.  =  E.  Maybb.  Les 
charte^  Dragonî  (réponse  à  L.-M.  Hartmann  :  voir  t.  XXVII,  fasc.  2; 
maintient  l'authenticité  de  ces  documents). 

34.  —  Sz&zadok  ttti  Siècle).  190G,  juin.  —  A.  Ebdblyi.  Le  prince 
Akos  Barcsay  (prince  de  Transylvanie,  1657-1661  ;  retrace,  d'après  les 
•  Monumentacomitialia  rogniTransylvaniae  ■,  la  lutte  de  Ilarcsay  contre 
Georges  II  Hàkoczy,  son  arrivée  au  trône  avec  l'appui  des  Turcs,  la 
•édition  de  Kemeny  et  le  meurtre  de  Barcsay.  C'était  un  prince  patriote 
qui  combattit  plutôt  avec  les  armes  de  l'esprit  qu'avec  l'epée.  Protec- 
teur des  lettres  et  des  arts,  il  tomba  victime  d'une  publique  qui  vou- 
lait sauver  l'indépendance  de  la  Transylvanie  contre  la  Turquie  et 
contre  l'Autriche.  On  pourrait  le  comparer  à  Martin  uni).  —  L.  Kbopf. 
Contributions  a  l'histoire  de  l'ancienne  musique  hongroise  (roelitie  sur 
plusieurs  points  une  étude  de  Jean  Gsiky  sur  le  même  sujet),  sa 
Comptes -rend  us  :  J.  Kfnyôkt.  Les  châteaux  forts  du  moyen  âge.  — 
.1,  Eitrmiinn.  Laxaius  von  Schwendi  (a  guerroyé  en  Hongrie  de  1504  à 
15'j7;  l'auteur  ne  connaît  pas  bien  ces  campagnes).  —  Nécrologie  : 
Joseph  Thury,  1801-1906  <a  étudié  surtout  les  relations  entre  les  Turcs 
et  les  Hongrois;  philologue  et  historien  distingue,  il  venait  d'être 
désigné  comme  successeur  de  M.  Vàmbéry  a  l'Université  de  Budapest, 
lorsque  la  mort  est  venue  le  frapper).  —  Répertoire  historique  slave.  = 


la 


IMOIU  rôniomotiBS. 


Septembre.  I.  Bsm»énaY.  Critique  île  l'objectivité  dans  les  sciences 
historiques.  —  D.  Si*b6.  Deux  chartes  de  l'époque  arpadienne  (texte 
et  commentaire  de  ces  deux  chartes  qui  contiennent  de»  donations.  La 
première,  datée  de  1232.  a  été  tuai  éditée  par  Pejér,  Codex  diplomaticus, 
III,  2,  402;  la  seconde,  de  l'année  1269,  était  inédite).  =  Comptes- 
rendus  ;  //.  Slarciali.  Enchiridion  fontium  historiae  Hungarorum 
(nombreuses  critiques  de  détail].  S  Octobre.  D.  Cbânki.  La  ferme 
du  juge  Kii su;/,  à  Bude  (étude  topographique  des  environs  de  Bude 
d'après  des  documents  inédits.  Kuncz  est  le  premier  juge  de  Bude 
que  l'histoire  mentionne  en  1 300) .  —  L.  Thallôczy  et  T.  Gyôhy.  La 
maladie  d'Eméric  Thôkbly  {le  chef  des  Mécontents  a  souffert  de  la 
goutte:  les  différentes  phases  de  la  maladie  d'après  ses  journaux. 
L'étude  est  due  a  la  collaboration  d'un  historien  et  d'un  médecin).  = 
Comptes-rendus  ;  S.  Beissel.  Die  Aacbenfahrl  (important  pour 
l'histoire  des  pèlerinages  hongrois;  critiques  de  détail).  —  M.  Lendvai. 
Les  familles  nobles  du  comîtat  de  Ternes;  t.  III  (travail  aerieuxl. 
—  A.  Çmberka.  Les  armes  à  i'époque  des  Kouroucz  |rien  de  nou- 
veau). —  D.  Scarpetto.  Giovanna  I  di  Napoli  (faible;  pas  au  cou- 
rant). —  Varia.  T.  Gvo'av.  L'origine  d'Ignace  Semmelweis,  1818-1865 
(donne  l'arbre  généalogique  du  célèbre  médecin  hungrois  qui  a  été  le 
précurseur  de  la  méthode  antiseptique.  On  vient  de  lui  élever  un  monu- 
ment à  Budapest).  =  Novembre.  M.  Siffla  y.  Le  statut  de  Baguse 
(d'après  la  publication  de  Bogisié  et  Jirecek,  Liber  statularum  cnilatu 
Ragusii  composilui  anno  1272;  édition  princeps  et  excellente  sous 
tous  rapports].  =  Comptes-rendus  :  Morawski-Rongier.  Histoire  de 
l'Université  de  Cracovie.  Moyen  âge  et  renaissance  ;  t.  I-II1  (bon  ;  relève 
les  passages  concernant  les  étudiants  hongrois  fort  nombreux  au 
xv'  siècle  à  l'Université  polonaise).  —  Monographie  du  comital  Alsô- 
iehér  |ce  grand  ouvrage,  dû  à  la  collaboration  de  plusieurs  savants,  fera 
bien  connaître  l'histoire  et  l'ethnographie  de  ce  coraitat  habité  par  des 
Hongrois,  des  Saxons  et  des  Boumaius  ;  il  faudra  consulter  surtout  la 
partie  qui  traite  de  la  Bévolution  de  1848-1849).  —  £.  Jurkovich.  Le 
passé  de  Beraerczebinya  |intéressaul).  —  1.  Itallô.  La  catastrophe  de 
Madefalu  (7  janvier  1764;  rien  de  nouveau).  — Varia.  B,  Babanyai. 
L'ouvrage  de  Mathias  Bel,  »  De  re  rpslica  Bungariae  »  (deux  manus- 
crits de  cet  ouvrage  que  l'on  croyait  perdu  se  trouvent  à  la  bibliothèque 
du  Musée  national  de  Budapest).  zz  Décembre.  M.  Bkthei-I'bikkkl.  Le 
Dieu  des  Hongrois;  la  foudre  de  Dieu  (ces deux  locutions,  qu'on  faisait 
remonter  à  la  plus  ancienne  époque  païenne  des  Magyars,  sont  de  date 
plus  récente.  Elles  doivent  leur  origine  aux  chroniqueurs  qui,  en  qua- 
lité de  prêtres,  les  ont  forgées  d'après  la  Bible.  Elles  n'ont  rien  a  voir 
avec  la  mythologie  magyare).  —  A.  (j*rdonïi.  Paul  Gyulay  de  Abafâja 
(trois  nouveaux  documents  sur  le  conseiller  de  Sigismond  Balhory. 
prince  de  Transylvanie,  datant  de  1590  et  de  1592).  —  B.  Kuo-BEXtr. 
Contribution  a  l'histoire  des  colonies  allemandes  dans  le  sud  de  la 
Hongrie  (publie  quelques  documents  inédits  sur  le  rôle  j<M 


BïCtEtLs  r-éftiniuoiiP". 


187 


i  Kempelen,  1734-180-1,  dans  cette  colon  Union).  —  A,  Pô»,  Contri- 
bution à  la  vie  Je  Paul  JcgerndorC  (supplénent  i\  l'article  du  même 
auteur,  publié  en  191)5,  d'après  les  Monutnenti  Valicana  édité»  en  Hon- 
grie et  en  fiohème).  =  Comptes-rendus  i  Appunyï  et  Kammertr.  Chartes 
do  la  Famille  des  comtes  Apponyi  ;  t.  I  :  IUMS86  (important;  surtout 
pour  l'ancienne  topographie  magyare).  —  A-  Jorga.  Geschichte  des 
runiiinischen  Volkrs  [n'est  pas  digne  de  la  collection  de  ÏAtlgtmeitu 
Staattngtschichtt ,  c'est  la  haine  et  la  suilisanca  qui  ont  guidé  l'auteur|. 

—  .S'.  Wtber.  Nou\elles  contributions  à  l'histuire  du  comilat  de  Siopes 
(études  intéressantes  sur  l'art  et  la  civilisation!.  —  J.  Betsktl.  Les  che- 
vaux des  ancien?  Magyars  (étude  intéressante  de  craniomélrie). 

35.  —  Budapestl  Szemle    1906,  juiu.  —  P.  Vav.  Mauila (fragment 
d'un  Journal  do  voyage  qui  vient  de  paraître  en  allemand  et  en  hon- 
grois!.   =    Corn  ptru- rend  us    :    S.   (icrgr.li/.   Correspondance   de    Michel 
nportkDt).  —  PauUen.ZurElbilt  und  Politik  (analyse  détaillèel. 

—  Comte  lie  lllibner.  Neuf  ans  de  souvenirs  d'un  ambassadeur  d'Au- 
triche à  Paris  sous  le  second  Empire,  1851-1859;  t.  II  (aualyse|.  = 
Juillet.  H.  Marc/au.  La  première  œuvre  de  Sîêchenyi  (c'est  un  sup- 
plément inédit  à  son  Journal,  datant  de  1H19  ;  il  est  ici  traduit  en  hon- 
grois. Contient  des  renseignements  précieux  sur  l'éducation  du  grand 
homme  d'État;  ses  rapports  avec  ses  parents;  sa  carrière  militaire  et 
ses  idées  touchant  l'amouri.  —  J.  Vaczv.  Les  lettres  de  Transylvanie 
de  Kazinczy  (ces  lettres  datent  de  1817,  mais  elles  n'ont  paru  qu'après 
la  mort  de  Kazinczy  ;  histoire  de  la  composition  et  valeur  de  l'œuvre), 
=:  Compte-rendu  :  E.  Horn.  François  RtkMEj  II,  prince  de  Transyl- 
vanie {pour  le  grand  public).  =  Septembre.  M.  Kamiàn.  L'organisation 
de  l'enseignement  primaire  en  Hongrie  et  les  lois  récentes  (suite  en  ocl., 
□ov.  et  déc.  Étude  de  toutes  les  questions  se  rattachant  à  l'enseignement 
primaire  depuis  la  première  loi  organique  de  1868  jusqu'au  projet  pré- 
senté en  lfrO-i  par  Rerieviczy).  —  Comptes-rendus  :  L.  Siâdeciky.  Le 
Journal  et  les  œuvres  d'Etienne  Halmàgyi  [intéressant  pour  l'histoire  de 
la  Transylvanie  sous  le  règne  de  Marie-Thérèse  et  de  Joseph  II).  — 
J.  Ssekfù.  Contributions  à  la  critique  dus  ouvrages  de  l'historien 
É.  Szamoskoxy  (utile).  =  Novembre.  J.  Kautz.  Nouveaux  courants 
dans  le  droit  constitutionnel  de  l'Europe  (analyse  et  critique  des  tra- 
vaux de  Seignohos,  Jellioek,  Feeman,  Dicey  et  du  savant  hongrois 
Conchai.  —  J.  Fekete.  La  dépopulation  (suite  en  décembre.  D'après  les 
statistiques  hongroises  des  dix  dernières  années  ;  détails  intéressants  sur 
l'émigration  ea  Amérique!.  =  Compte-rendu  :  H.  Bràiik.  Grand  atlas 

na  répond  pas  à  toutes  les  exigences).  =:  Décembre.  P.  G  vu  lai. 
do  baron  Slgistnond  Kerneny  Ipréfaced'unenoiivellr  rdiiion 
augmentée  de  ces  éludes  parues  en  1870).  —  H.  Huauri.  Comment 
on  lal-ihi'  l'histoire  (contre  l'assertion  saugrenue  du  bourgm.^ire  de 
Vlenue  <jui,  au  congrès  des  historiens,  a  prétendu  que  la  Hongrie  n'a 
Jamais  servi  de  n-mpart  à  l'Occident  contre  l'invasion  des  Turcs.  Touto 
l'histoire  de  la  Hongrie  doc  xv»,  xvr»  et  xvn*  siècles,  les  témoignage» 


BICtTHILS   rÉKIODIQOKS. 

i  de  l'Europt  sont  là  pour  prouver  que  le  fameux  bourg- 
■Mtn  n'est  qu'un  calomiiateur). 

3«  —  The  Atheonnm.  1906,  20  oc  t.  —  Sir  G.  S.  King.  Tbe  auto- 
biofjraphv  and  corresponience  of  William  King,  archbishop  or  Dublin 
(inUroininl  pour  l'histoire  île  l'Eglise  anglicane  en  Irlande,  de  Jacques  II 
à  Georges  II).  —  flerber.  M.  Vaughan.  The  last  of  tbe  BtaarU  (biogra- 
phie superficie  Ho  du  cardinal  duc  d'York,  Henry  IX).  —  Âbbi  Gasquet. 
Lord  Aeton  and  bis  circle  (intéressant  recueil  de  lettres).  ==  il  oct. 
Tnnt+ridgt.  Court  beau  lies  of  Old  Whiiehall  (intéressant).  =  3  nov. 
St**rl  J.  Heitt.  Life  and  le  tiers  of  the  firsl  earl  of  Durham  (l'éditeur  a 
hit  bon  usage  de  précieux  documents;  mais  il  est  singulièrement  pro- 
lixel.  =  10  nov.  Fitson  ïoung.  Christopber  Columbus,  and  ihe  New 
World  of  his  discoveries  (bon  récit,  qui  s'adresse  non  aux  érudîts,  mais 
au  grand  public).  =  17  nov.  Fr.  Paulstn.  The  germao  universités  and 
univeraiiy  study,  irad.  p.  F.  Thitly  et  W.  Etwang  (très  instructif)-  — 
Cunttance,  eountess  De  La  Warr.  A  iwice  crowned  queen  :  Aune  of 
Brittany  (consciencieux).  —  W.  M.  Hamsay.  Studies  in  the  history  and 
■ri  of  the  easlern  provinces  of  the  roman  empire  (excellent;  beaucoup 
il»  faits  nouveaux  ei  d'idées).  =  24  nov.  Le  quatrième  centenaire  de 
Bmp  lluchanan  à  Glasgow  (nov.  1906).  =  8  déc.  The  Cambridge 
hiitory.  Vol.  IV  :  the  Thirty  yoars  war  (fort  intéressant;  il  y 
a  d'assw  grandes  disproportions  entre  les  différentes  parties  de  celte 
a-livre  collective).  —  A  queen  of  indiscrétions  :  the  tragedy  of  Caro- 
■  mswick,  Iranslaled  by  Frédéric  Çhapman  from  the  italian  of 
Oratiano  Paolo  Clenci  (ouvrage  intéressant,  neuf  pour  certaines  par- 
lies,  contestable  sur  beaucoup  de  points  qui  méritent  d'ailleurs  une 
tdtfqu  approfondie;  le  traducteur  ajoute  une  introduction  où  il  refait 
la  vie  excentrique  et  encore  assez  mystérieuse  de  la  reine  Caroline).  SE 
15  déc.  W.  Page.  Victoria  county  historiés  :  Somerset,  Dovon,  Cora- 
wall  (beaux  et  bons  volumes).  —  22  déc.  Ch.  G-  Harper.  The  old  inus 
of  Old  Eugland  (intéressant).  —  F.  G.  Burkitt.  The  Gospel  history  and 
ils  transmission  (étude  critique,  ferme,  compétente  et  respectueuse).  = 
•„".i  déc.  Oliver  Etton.  Frederick  York  Powell;  a  life  and  a  sélection 
from  bis  letters  and  occasional  wrilings  (1res  intéressant).  —  Robert  P. 
Skinner.  Abyssinia  of  to  day;  an  acconnt  of  the  firsl  mission  sent  by 
ihe  american  Government  to  tbe  court  of  the  Kingof  Kings,  1903-1904 
(en  somme,  peu  de  nouveau).  —  /.  H.  Jeayts.  Descriptive  catalogue  of 
Derbyshire  charters  (utile,  mais  incomplet).  =  1907,  5  janv.  Corolla 
numismatica;  oumismatic  essaya  in  honour  of  Barclay  V.  Head  (très 
intéressant  volume  de  Mélanges  composé  en  l'honneur  de  B.  V.  Head, 
au  moment  où  il  prit  sa  retraite  du  département  des  médailles  au  Urit. 
Mus,).  =  12  janv.  Herbert  Paul.  Queen  Anne  (bonne  biographie  pour 
U  grande  collection  Goupil).  —  A.  Long.  Homer  and  bit  âge  (fort  inté- 
ressant). =  19  janv.  Ch.  Oman.  The  hislory  of  England,  1377-1185 
(récit  très  attachant;  mais  l'auteur  B'est  renlermé  trop  étroitement  dans 


HECTBILS    miH.ii.in-. 


48! 


le  cadre  d'une  histoire  o  politique  »;  betucoup  d'erreurs  de  détail),  — 
J  S-  C.  de  Montmorency.  Thomas  à  Kenpis;  bis  âge  and  book  (excel- 
lent). —  //.  N.  Williams.  Queen  Marpn,  wife  of  Henry  of  Navarre 
(intéressant;  suit  de  trop  prés  Merki  trop  d'erreurs  de  détail).  = 
26  janv.  I.  H.  Ittrens.  Tbe  Digger  moviment  io  tbe  days  of  the  Com- 
mouweallh  (étude  très  intéressante  wr  le  mouvement  communiste 
inaugure,  au  printemps  de  11149,  par  ierrard  Winstanley  et  ses  par- 
tisans. Réprimé  par  les  soldats  de  Faifiax,  le  mouvement  avorta;  mais 
il  est  fort  curieux  à  étudier).  —  S.  etfl.  Webb.  Euglish  local  govern- 
ment  frum  the  Révolution  tu  tbe  municipal  corporations  act  :  the 
puitll  ftod  the  county  (remarquable.  —  Sdw.  Ilutton.  Sigismondo 
l'anoullu  Mulatesta,  Lord  of  Rimini  roman  historique,  ingénieux  et 
■avant,  mais  d'uo  caractère  incertab  et  plutôt  fàcheuxj.  =  9  févr. 
Sir  Waltcr  Besant.  IfodJnnl  Londft.  Vol.  IL  Ecclesiastical  Ic'est 
l'œuvre  d'un  amateur  intelligent  et  tabile,  mais  qui  ne  connaissait  pas 
les  sources).  —  //.  Butler  Ctarke.  Nodern  Spain,  1815-1898  (bon).  = 
16  févr.  Letlers  and  journal  s  of  &muel  Gridlcy  Howe  during  the 
greck  Révolution.  Edited  by  bis  daighter,  Laura  E.  Richards  (intéres- 
sant). —  J.  Mac  Crabe.  Talleyrand  (açréable  à  lire,  mais  superficiel).  — 
23  févr.  E.  II.  Moorhouse.  iNelson's  jidy  Hamilton  (très  bonne  élude, 
qui  diminue  avec  raison  l'influenc;  exercée,  selon  la  légende,  par  la 
belle  Emma  sur  l'amiral).  —  F.  A.  Gasquet.  Parisb  life  m  media?val 
England  (intéressant  et  fait  direcement  sur  les  sources  originales; 
c'est  d'ailleurs  surtout  la  vie  religieuse  qu'on  nous  décrit).  —  Sir  Clé- 
ments H.  Markkam.  Richard  IU  (pkidoyer  ingénieux,  inléressanl,  mais 
inconsistant,  eu  faveur  de  ce  roi.  =  3  mars.  Sir  (hem  T.  Burne. 
Memories  (l'auteur  a  été  pendant de  longues  années  le  véritable  chef 
du  ministère  de  l'Inde;  ses  ménoires,  bien  que  fort  discrets,  nous 
apprennent  beaucoup  sur  l'Inde  d'  1857  à  1880  environ).  —  J.  Donald- 
son.  Womao  ;  ber  position  and  infuence  in  Ancient  Greece  and  Rome, 
and  among  the  early  ebristians  bon).  —  Victoria  county  historiés  ; 
Lincoln,  t.  II;  Norfolk,  t.  II;  torthampton,  t.  II.  —  N.  W.  Thomas. 
Kinsbip  organisations  and  group  marriage  in  Australia  (excellent),  as 
16  mars.  Sir  Th.  Smith.  De  Etipuhlica  Anglorum,  éd.  AUton  (très 
bonne  édition).  —  H.  G.  D.  Liveng.  Records  of  Romsey  abbey  (très 
bonne  histoire  d'une  abbaye  bênéiictine  de  femmes  qui  fut  fondée  en 
907  et  sécularisée  en  1539).  =  33  nars,  llanotaux.  Histoire  de  la  France 
contemporaine;  vol.  III  (la  présiienc  du  maréchal  de  MacMahon  aat 
racontée  d'une  manière  imèressajte,  à  l'aide  de  documents  parfois  nou- 
veaux; la  partie  la  plus  faible  es  celle  qui  concerne  les  affair..-  .-it.'- 
tfamw.  Lie  nombreuses  négligmces  qui  sentent  par  trop  le  journa- 
lisme!. 

37.   —   The   euglish    hUto-teal    Revlew.    1906,   OCt.   —   F.    M. 

!, 'itdiniuixiraLiou  de  !»  Nurm:indiu  pnr  les  prince  angevins; 

I"  art.  —  Maurice  WiLkiseiw.  Les  guerres  de  religion  dans  le  Péri 

gord  lulilise  des  pièces  tirées  «es  archives  municipales  de  Bergerac,  la 


490  EECUULS  PÉRIODIQUES. 

correspondance  de  la  famille  Vivans,  de  Gageac,  qui  va  de  1578  à 
1592,  date  de  la  mort  de  Gecffroi  de  Vivans,  tué  devant  Villandraut. 
Les  Vivans  étaient  protestants.  —  E.  J.  Carlylr.  Comités  du  Conseil 
privé  sous  les  premiers  StuarU  (tandis  que,  sous  Elisabeth,  l'adminis- 
tration générale  était  concentrée  entre  les  mains  du  Conseil  privé  com- 
posé de  douze  membres  au  plis,  il  fallut,  sous  les  premiers  Stuarts, 
établir  des  sections  ou  comités  Ceux-ci  cessèrent  d'exister  en  1640). 
—  C.  Bbinkmann.  Charles  II  e  l'évéque  de  Munster  dans  la  guerre 
anglo-hollandaise  de  1665-1664.  —  A.  Ballabd.  Les  bourgeois  du 
Domesday.  —  Mary  Bateson.  Las  bourgeois  du  Domesday  et  les  rem- 
parts de  Malmesbury.  —  J.  H.  Vylib.  La  ville  d'Orwell  (il  s'agit  d'une 
ville  disparue  dans  le  comté  de  taffblk).  —  À.  M.  Allen.  La  date  dea 
statuts  donnés  à  Vérone  par  Abertino  (maintient  que  ces  statuts  ont 
été  promulgués  de  1260  à  1270; le  ms.  qui  nous  les  a  conservés  a  été 
copié  en  1276  ou  1277;  plus  tard, on  remplaça  certains  feuillets  brûlés 
par  d'autres,  où  se  glissèrent  des  nterpolations).  —  James  F.  Villard. 
Négociations  d'Edouard  Ier  pour  ibtenir  de  l'argent  en  1337  (publie  un 
texte  où  sont  énumérées  les  taxis  consenties  par  certaines  villes  du 
comté  de  Stafford).  —  Cora  L.  Scjfibld.  Les  mouvements  du  comte  de 
Warwick  dans  Tété  de  1464  (d'après  un  compte  de  l'Échiquier  publié 
à  la  suite).  —  William  Miller.  Le  duc  fou  de  Naxos  (Francesco  III 
Crispo  n'a  pas,  comme  le  dit  Hopf  gouverné  paisiblement  son  île  jus- 
qu'en 1518;  les  Diarii  de  Sanuto  prouvent  qu'il  fut  un  fou  homicide, 
qu'il  tua  sa  femme  en  1510  et  mm  rut  l'année  suivante).  —  J.  A.  J. 
Housden.  La  poste  des  marchands  itrangers  au  xvie  6iècle  (il  y  eut  dis- 
pute en  1568  pour  la  nomination  le  maître  général  des  postes  entre 
Van  den  Putte,  Belge  protestant,  e  Godfrey  Marshall,  Anglais  catho- 
lique; le  protestant  finit  par  l'emp«rter,  après  une  active  intervention 
de  la  part  de  Thomas  Handoiph,  naître  des  postes  de  la  reine).  — 
C.  H.  Firth.  Les  instructions  de  Cnmwell  au  colonel  Lockart  en  1656 
(lorsque  le  colonel  fut  envoyé  en  Irance  pour  négocier  une  alliance. 
Ces  instructions,  inédites  et  sans  cite,  doivent  être  du  mois  d'avril). 
=  Comptes-rendus  :  G.  Salvioli.  Le  capitalisme  dans  le  monde 
antique;  étude  sur  l'économie  romane,  trad.  p.  A.  Bonnet  (trois  cha- 
pitres fort  intéressants  sur  la  produftion  des  biens,  la  production  agri- 
cole et  le  capitalisme;  mais  l'auteir  ne  connaît  pas  toujours  exacte- 
ment ses  sources).  —  Hodgkin.  The  hstory  of  England  from  the  earliest 
times  to  the  Norman  Conquest  (boi).  -—  F.  Haverfield.  The  romanisa- 
tion  of  roman  Britain  (excellent).  —  W.  Stubbs.  Lectures  on  early 
english  history  (recueil  intéressant,  mais  mal  publié  par  M.  Hassall, 
qui  n'a  pas  toujours  bien  lu  les  maïuscrits  et  qui  ne  donne  aucune 
indication  sur  l'époque  où  chacune  deces  leçons  a  été  faite).  —  Yino- 
gradoff.  The  growth  of  the  manor  (Ivre  admirable  de  science  et  de 
pénétration).  —  M.  J.  Bonn.  Die  ençlische  Kolonisation  in  Ireland 
(intéressant  et  important;  mais  l'idè  de  colonisation,  prise  surtout 
dans  le  sens  moderne,  prédomine  tropdans  ce  livre.  Notables  observa- 


•c  .■ 


beccrils  PÉaioDiems. 


l'.H 


i  de  détail  par  R.  Duulop).  —  Parow.  OompotUl  vicecoraitie  (excel- 
lente dissertation  l.  —  Gatqwl.  Henry  III  aud  Oie  clturch  louvrage 
consciencieux,  trop  terre  à  terre,  et  où  les  menues  erreurs  de  fait  sont 
nombreuses).  —  T.  &.  Tout  et  tlilda  Johnitone.  State  trials  of  the  reign 
of  Edward  I,  1369-1393  |P.  W.  Maitland  suggère  plusieurs  corrections 
4  ce  texte  difficile  et  par  ailleurs  bien  publie).  —  C.  Pijnacker  Hordijk. 
VVlllelmi,  capellani  m  tirederode,  postca  monachi  et  procuratohs 
K^mondeimis.  ehronieon  [bonne  édition;  la  chronique  de  Guillaume 
d'Egmont  comprend  deux  parties  :  la  première,  de  1206  û  1321,  a  été 
composée  en  1322;  elle  est  Tuile  en  partie  de  seconde  main,  surtout  à 
l'aide  de  Martin  de  Troppau;  la  seconde  partie,  1333-1S33,  est  une 
source  capitale  pour  l'histoire  de  la  Flnndrel.  —  Edward,  stcond  duke 
o(  York.  The  master  of  game,  publ.  p.  F.  Ilaiilie-Grohman  (livre  sur  la 
chasse  par  le  second  duc  d'York,  qui  fut  maître  des  chasses  royales 
soua  Henri  IV,  111)6;  il  a  été  compilé  entre  1406  et  1413,  mais  n'est 
guère  en  somme  qu'une  traduction  du  Livre  dt  citasse  de  liastou  Plia— 
loi-.  L'éditeur  a  fait  de  ce  texte  le  centre  d'une  histoire  complète  de  la 

.  Angleterre  au  moyen  âge).  —  G.  Unwin.  Industriel  organi- 
sation in  the  xvi  u.  xvn  centuries  (fort  intéressant).  —  Martin  À.  S- 
Hume.  Calendar  of  letters,  despatches  and  slate  papers  relating  to  the 

on!  between  England  and  Spain.Vol.  VIII,  1545-1546  (il  faut 
se  délier  de  l'annotation,  souvent  défectueuse!.  —  William  Fotter.  The 

il  John  Jourdain,  1608-1617,  describing  bis  expériences  in 
Arabia,  Imita,  and  the  Malay  arcbipelago.  —  W.  I.  JfotÛatM  BfiDt- 
l»ud  and  the  Union,  16tf.i-l"47  (intéressant).  —  Calendar  of  patent 
rollt  of  Edward  IH,  1348-1350.  —  Ualendar  ol  close  rollsol' Edward  111, 

■      -  Calendar  of  p;ttenl  rolls  or  Richard  II,  I3>JI-I396.  = 

V.    J    Wehb.  Lit  prétendue  circuninuvigatiou  de  l'Afrique 

par  les  Phéniciens,  considérée  par  rapport  à  la  théorie  de  l'Ophir  sud- 

aJncai»  (le  récit  d'Hérodote,  IV,  i2,  est  inadmissible;  si  on  le  tenait 

,  ce  serait  un  argument  contre  l'hypothèse  d'après  laquelle 

ït  les  anciens  princes  sémites  liraient  l'or  de  l'Afrique  méri- 
le|.  —  F.  M.  Powicke.  La  Normandie  gouvernée  par  les  princes 
■vins  (suite  et  fin;  important).  —  W.  Moir  Dnvca.  Le  voyage  de 
Marie  Sluarl  en  France  en  I54N  (fait  pour  lu  première  fois  le  récit  exact 
et  circonstancié  de  ce  voyage  à  l'aide  des  lettres  adressées  à  la  reine, 

Marie  Smart,  pnr  M,  de  Breié,  que  Heuri  II  avait  chargé 
d'accompagner  lu  jeune  reine.  Ces  lettres  étaient  inédites;  elles  sont  à 
in  binllotbtqng  dis  avocats  à  Édimbourgl.  —  Miss  Louise  P.  BaQWX. 
Le»  facteurs  religieux  dans  le  Parlement  qui  rappela  Charles  II  (prouve 

■  -Intérims  n'eurent  jamais  une  majorité  bien  évidente  dans 
ce  ■  Parlement-Conveatioo  ■).  —  H.  L.  l'ootE.  Mary  Uateson  (article 
nécrologique].  —  P.  H.  Oabino.  La  i  Maltosse  ■  a  la  bataille  de  Has- 
tlnga.  —  W.  H,  BtwntBOM.  Description  du  ■  Uomesday  Look  >  par  un 
contemporain  (elle  se  trouve  dans  une  dissertation  sur  la  théorie  chro- 
nologique de  Marianus  Scotus  par  Robert  Losinga,  évoque  de  Uere- 


192 


rÉRIOMQUES. 


ford.  L'auteur  atteste  que  le  D.  B.  a  Lien  élé  composé  en  1086.  Ce 
[«lit  traita  de  Robert  a  élé  connu  de  Guillaume  de  Malmesbury,  qui, 
pftl  CM  Intermédiaire,  apprit  à  connaître  In  chronique  de  Marianus 
Hcolus.  Publie  des  notes  annatisliques  tirées  de  l'un  îles  deux  manuscrits 
do  Hobert  de  Losinga).  —  H.  \\".  G.  Davis.  Une  vie  inédite  d'Edmond 
rtfol]  [eolUlïOBxte  la  vie  il'E.  Rich  par  le  moine  de  Pontigny  avec  une 
.i'ii:v  !  ilai'tion  que  contient  un  ms.  de  Balliol  Collège,  à  Oxford; 
publie  les  passages  qui  se  trouvent  seulement  dans  celle-ci.  Du  rapport 
des  deux  rédactions  entre  elles).  —  E.  C.  Louqe.  La  baronnie  de  Cas- 
tolntii  en  Médoc  pendant  le  moyen  âge  (d'après  deux  anciens  inven- 
taire» des  litres  de  celte  baronnie;  élude  sur  la  condition  des  terres  et 
de»  personnes  dans  cette  baronnie,  surtout  au  xv'  el  au  xvr  siècle).  — 
[1.  C.  Fowlbb.  De  la  valeur  des  déclarations  faites  en  justice  sur  l'âge 
d'un  plaideur  (ce»  déclarations  ne  peuvent  pas  être  considérées  comme 
vi  nilii|ues;  on  voit  dans  des  enquêtes  relatives  à  des  personnes  très 
différentes  des  témoins  rappelant  des  faits  identiques  pour  attester  la 
sincérité  de  leur  témoignage  ;  il  y  avait  des  formules  courantes  que  l'on 
utilisait  pour  ce  genre  de  déclarations).  —  C.  L.  Falkiner.  William 
iïanier  et  ses  Cbroniqucs  d'Irlande  de  1594  à  1613  (de  ces  chroniques, 
ou  ue  connaissait  encore  que  des  fragments  pour  tes  années  1612-16(5. 
L'auteur  était  un  ami,  un  confident  de  Sir  Arthur  Chichesier,  •  Im-d 
député  »  d'Irlande  en  1613-16141.  —  G.  F.  Wàbnbr.  Une  brochure 
politique  inédite  de  Daniel  De  Foe  (d'après  un  manuscrit  non  signé, 
mais  qui  est  de  la  propre  main  de  De  Foe;  il  est  adressé  à  Robert 
Harley  peu  après  que  celui-ci  eut  été  nommé  secrétaire  d'État,  18  mai 
1704;  De  Foe  y  expose  les  maximes  de  gouvernement  qui  devaient  ser- 
vir à  guider  le  nouveau  ministre).  =  Comptes-rendus  :  M.  Croitet. 
Aristophane  et  les  partis  à  Athènes  (1res  intéressant).  —  fr.  Smith. 
Die  rOmische  Tiraokralie  (peu  convaincant).  —  J.  Brocha.  Eteint 
Jérôme  et  ses  ennemis  (important;  l'auteur  prend  généralement  avec 
conviction  le  parti  de  saint  Jérôme).  —  F.  G.  Davenpurt.  The  économie 
development  of  aNorfolk  manor,  1086-1565  lires  bonne  inouographiel. 
—  J.  Mills.  Calendar  of  the  justiciary  rolls  of  proceedings  in  Ihe  Court  of 
ihe  Jusiiciar  of  Ireland,  23-31  years  of  Edward  L  —  Ch.  Oman.  The 
great  revolt  of  1381  (les  chiffres  sur  lesquels  l'auteur  raisonne  ne  sont 
pas  sûrs  et  laissent  douter  de  l'exactitude  de  sa  méthode.  Article 
important  de  J.  Tail).  —  Briefe  an  Desiderius  Erasmus  von  Rotter- 
dam, herausgegeben  von  L  S.  En.ttiove.ri  (publie  une  centaine  de  lettres 
retrouvées  à  la  bibliothèque  municipale  de  Breslau).  —  H.  K.  Giay.  A 
history  of  english  philantbropy  (boni.  —  Ch,  S.  Terry.  The  scottish 
parliaraent;  ils  constitution  and  procédure,  1603-1707  (clair  et  intéres- 
sant résumé).  —  J.  H.  ûverton  et  Fred.  Relton.  The  english  ■  ■nnnU 
from  the  accession  of  George  I  to  ihe  end  of  the  xviuth  ceotury  (excel- 
lent). —  E.  Schaumkcti.  Geschichle  derdeutschea  Geschiehtschreibung 
von  der  Mille  des  irai  Jahrn.  bis  zur  Romanlik.  (bon  chapitre  de 
l'histoire  de  1*  «  Aufkuerung  »). 


UODOU  rÉHioniQCES. 
38.  —  The  Nineteeoth  century    1906,  sept. 


Yves  Gci 


.  Le 


pangermanisme.  La  Hollande  et  la  Belgique.  —  RéT,  C.  V.  Dubell. 
Ijq  renouveau  religieux  au  tempe  de  la  Renaissance  {quelques  pages 
sur  Savonarole).  =  Octobre.  A.  Vambbbï.  Le  panislamisme.  — 
Mrs.  Charles  Roundell.  Extraits  d'un  journal  tenu  au  château  de 
Dublin  pendant  le  procès  de  Phœtin  Park  (notes  prises  par  Mrs.  Houti- 
ded  et  par  son  mari  qui,  eo  janvier  et  en  février  1883,  furent  les  hùles 
de  M.  et  M""  Trevelyaa  au  château  de  Dublin.  Récit  très  minutieux 
do  ! 'assassinat  de  M.  Th.  Burke  et  de  Lord  Frederick  Cavendish  par 
un  groupe  de  conjurés  affiliés  à  la  société  secrète  dite  les  Invincibles,  le 
G  mai  1882).  —  L.  A.  Atbehley  Jombs.  L'histoire  du  •  Parti  du  tra- 
vail t.  =  Novembre.  W.  Frewen  Lohd.  Des  institutions  qui,  au  Canada, 
confèrent  des  grades  universitaires.  I,  les  provinces  maritimes.  —  Slade 
HuïLEii.  Les  mystères  grecs  et  les  évangiles  (l'influence,  de  ces  mys- 
tères sur  les  écrits  les  plus  anciens  du  christianisme  a  été  plus  grande 
et  plus  profonde  qu'on  ne  l'admet  d'ordinaire.  =  Dec.  Mn.  Tbjbe. 
\,n  faîte  de  la  duchesse  d'Angouiéme  pendant  les  Cent  jours  (extraits 
d'un  journal  tenu  par  le  père  de  Mrs.  Tribo,  pendant  un  séjour  qu'il 
fit  a  Bordeaux  en  avril  4615;  l'auteur  raconte  comment  il  s'y  prit  pour 
que  la  princesse  pût  quitter  Bordeaux  et  s'embarquer  à  Pauillac  sur  un 
bateau  anglais  et  comment  il  l'accompagna  ensuite  jusqu'en  Espagne). 
—  Ethelred  Tacnton.  Henri  VIII  et  le  procès  intenté  à  la  mémoire  de 
Thomas  Becket  (ce  procès  n'a  jamais  eu  lieu.  Une  proclamation  déclara 
Itecket  traître,  plusieurs  de  ses  reliques  furent  brûlées,  mais  il  n'y  eut 
pas  d'instance  judiciaire  ouverte,  comme  Lingard  et  Lord  Campbell 
l'ont  cru).  =  1907,  janv.  George  Mac  Cbae.  L'évolution  de  l'Income-tax. 
=  J-'cvr.  M.  MultïïUff  Barbie.  La  Chambre  des  lords  défendue  par  un 
démocrate.  =  Mars.  Marcelle  Azra  Hihckë.  La  dame  et  les  arts  plas- 
tiques en  Grèce  dans  l'antiquité. 

39.  —  The  Scottlsh  historlcal  Rerlew.  1906.  octobre.  —  His- 
toire du  roi  d'Irlande  et  de  ses  deui  fil*  (légende  populaire,  en  langue 
gaélique,  recueillie,  puis  traduite  en  anglais  par  feu  le  Rév.  J.  Gregorsou 
OtlBpbâtl,  de  Tirée).  —  E.  Maxtone  Gbaiiam.  Margaret  Nairne;  un 
paquet  de  lettres  jacobile»  (publie  quelques  lettres  allant  de  1710  à 
1740t.  —  Sir  Herbert  Maxwell.  La  Scalacronica  de  Sir  Thomas  Grsy  ; 
mite  de  cette  traduction.  —  R.  Menxîes  Feuccssos.  Les  sorcières  d'Aï- 
loa  (résume  le  procès  qui  leur  fut  intenté  en  mai  I6Ô8.  à  la  requéie  du 
Rév.  Maihias  Symson,  ardent  dénicheur  de  sorcières).  —  Win  Im 
Matbiesom.  Le  Parlement  d'Ecosse,  1560-1707  imonire  les  bn 
tiques  et  ecclésiastiques  qui  ont  contribué  à  modeler  ce  Parlement,  de 
la  Reforme  à  l'Union).  —  Edward  Pwmngi-ox.  Coups  d'œil  sur  l'an- 
.  île  paroisse  en  Ecosse.  —  A.  II.  Millau.  Le  registre  des 
baptêmes  de  l'èvèque  Norie  à  Dundee,  1722-1726.  =  Comptes-rendus  : 
Sir  James  Batfour  Paul.  Account*  of  the  Lord  Higli  Treasurer  of  Scot- 
lind;  vol.  VI,  15:il-ir..lH.  —  P.  ffunu  llrown.  The  regisier  of  tbe  l'rivy 
Council  of  Hcotliiml  ;  vol.  VI,  1035-1637.  —  llluitratod  Catalogue  of  a 
Rbv.  Uistob.  XCIV.  1»  rue.  13 


494  RECUEILS   PERIODIQUES. 

loan  collection  of  portraits  of  english  historical  personnages  who  died 
between  1714  and  1837,  exhibited  at  the  Exami nation  schools,  Oxford, 
april-may  1906.  —  James  Mackinnon.  A  history  of  modem  liberty; 
vol.  II  (excellent).  —  Sir  Robert  Anderson.  Sidelights  on  the  Home-rule 
movement  (intéressant).  =  Vol.  IV,  n°  14,  janvier  1907.  Hume  Baoww. 
L'union  des  parlements  d'Angleterre  et  d'Ecosse  en  1707  (des  conditions 
inéluctables  qui  poussèrent  à  l'union;  des  bienfaits  de  cette  union,  sur- 
tout pour  l'Ecosse).  —  L.  Dimier.  Les  portraits  de  la  reine  Marie  Stuart 
(article  auquel  A.  Lang  a  mis  quelques  notes.  La  question  de  l'authen- 
ticité et  de  l'âge  véritable  des  portraits  de  cette  reine  a  peut-être  fait 
des  progrès;  mais  que  peut-on  en  conclure  de  certain  sur  sa  ressem- 
blance? Il  importerait  aussi  de  savoir  quelle  était  la  physionomie  de  la 
reine  et  si  on  y  pourrait  trouver  des  indications  sur  son  caractère).  — 
A.  Francis  Stuart.  L'Ecosse  et  la  Papauté  durant  le  grand  schisme. 
—  J.  H.  Stevenson.  Un  contrat  de  mutuelle  amitié  en  1745  (lettre  de 
réconciliation  entre  deux  seigneurs  loyalistes,  le  comte  de  Sutherland 
et  lord  Reay).  —  Sir  Herbert  Maxwell.  Le  règne  d'Edouard  III  raconté 
dans  la  Scalacronica  de  sir  Thomas  Gray.  =  Comptes-rendus  :  AL  Bugge. 
Vikingerne.  Billeder  fra  vore  forfaedres  liv;  vol.  I-II  (important  recueil 
de  faits  et  de  documents).  —  Herbert  M.  Vaughan.  The  last  of  the  royal 
Stuarts  :  Henry  Stuart,  cardinal  duke  of  York  (consciencieux,  mais 
peu  intéressant;  c'est  d'ailleurs  plus  la  faute  du  cardinal  que  du  bio- 
graphe).—  Ch.  S.  King.  A  great  archbishop  of  Dublin,  William  King, 
1650-1729  (bon). 

40.  —  Transactions  of  the  royal  historical  Society:  Vol.  XX, 
1906.  —  H.  F.  Pelham.  Un  chapitre  de  l'histoire  des  frontières  de  l'em- 
pire romain  (de  l'occupation  militaire  de  la  rive  gauche  du  Rhin  par 
les  Romains  pendant  les  trois  premiers  siècles  de  notre  ère.  Avec  une 
carte  montrant  le  <  Limes  romanus  »  dans  ses  divers  déplacements  et 
les  voies  romaines).  —  Sir  Harry  Poland.  La  «  dépêche  rimée  »  de 
Ganning  à  Sir  Charles  Bagot  (donne  le  texte  authentique  de  la  dépèche 
que  Ganning,  pour  intriguer  son  ami  Sir  Charles,  alors  ambassadeur  à 
La  Haye,  rédigea  en  vers  et  expédia  sous  un  chiffre  dont  Bagot  n'avait 
pas  la  clé.  Canning  y  annonçait  que  le  gouvernement  anglais,  après 
avoir  essayé  vainement  de  conclure  avec  les  Pays-Bas  un  traité  de 
commerce  aux  mêmes  conditions  qu'avec  la  France,  augmentait  de 
20  pour  100  les  droits  sur  les  marchandises  et  les  navires  hollandais, 
31  janvier  1826).  —  J.  Holland  Rose.  Canning  et  l'avis  secret  du  traité 
de  Tilsitt  (en  somme,  on  ignore  toujours  par  quelle  voie  les  Anglais 
apprirent  si  vite  les  conditions  secrètes  du  traité  de  Tilsitt.  Canning 
en  était  arrivé  à  croire  que  les  Français  voulaient  mettre  la  main  sur 
la  flotte  danoise  pour  renforcer  le  blocus  continental  et,  à  la  première 
nouvelle  d'une  entente  entre  les  deux  empereurs,  il  voulut  prévenir  un 
coup  de  main  peut-être  imaginaire,  mais  possible,  par  un  coup  de  main 
certain.  Point  n'est  besoin,  pour  expliquer  sa  résolution,  de  supposer 
qu'il  eut  des  informations  mystérieuses).  —  J.  F.  Chance.  La  politique 


MtcDEïL*  rutavwBB. 


tu 


Scandinave  de  George  I"  jusqu'en  1718.  —  Miss  Violet  BauuwfOH. 

Le»  origines  de  l'alliance  anglo-portugaise  (du  tuf  siècle  â  la  lin  du  xv*|. 

—  Percy  Athley.  L'étude  t!e  l'histoire  do  xix»  attela  (regretti-  l'indif- 
férence du  public  anglais  à  L'égard  de  cette  histoire,  indique  les  sources 
auxquelles  il  faut  puiser  H  les  piAcutiOBi  afK  lesquelles  il  convient 
de  les  aborder |.  —  John  Willcock.  Sharp  et  la  politique  de  la  Res- 
tauration en  L'eusse;  étude  sur  les  rapports  de  l'Église  et  de  l'Étal 
(expose  les  influences  qui  amenèrent  Charles  II  à  décréter  le  rétablis- 

début  même  de  la  Restaura- 
tfiH  R.  n    Eta».  La  révolta  du  eomlês  en  1$69  (étudie  d'après 
les  documents  du  P.  Record  OlUce  ce  soulèvement,  au  point  de  vue  de 
l'histoire  locale). 

41 .  —  Review  of  hlstorical  publications  relatlng  to  Canada. 
1905.—  I.  Histoire  générale  :  Biggar.'Tbt  voyages  oftbe  Cabots  (accorde 
aux  documents  plus  d'autorité  qu'ils  n'en  méritent).  —  Bourne.  Spaîn 
iu  America.  —  Utnnelt  Mutin.  Canada  and  Rritish  North  America 
i  ii  le  régime  seigneurial  au  Canada,  d'après  les  sources).  — 
Htuberi  ThwaiUs.  France  in  America  (insu [lisant,  étant  données  la  répu- 
tation et  la  valeur  de  l'auteur;  néglige  trop  les  questions  d'administra- 
tion coloniale  pour  s'attacher  aux  aventures  des  coureurs  des  bob; 
ern-urs  nombreuses),  —  Uuwson.  The  Saint- Lawrence  Basin  (inégal, 
mais  a  fait  justice  de  nombreuses  erreurs).  —  Itrou-nt.  The  Baint- 
Lawrence  River  (vulgarisation).  —  Dion  ne.  Charaplaiti  {mal  composé). 

—  Abbt  Boudin.  Jean  Nicole»  et  le  Canada  de  son  temps,  1618*1642. 

—  Thwaitts.  New  voyagea  to  North  America,  by  La  Hoatau  (excellente 

-In  texte  anglais,  préférable  dans  une  certaine  mesure  au 
texte  français).  —  Société  historique  de  Montréal.  Campagne  de  1755 
(papiers  et  correspondance  de  Diaékan;  utiles,  mais  publies  saus  notes 
ai  introduction).  —  Caigratn.  Woll'e  et  Montcalm  (ouvrage  posthume, 
très  arriéré,  do  l'aveu  mâme  dos  éditeurs).  —  humne.  Les  ecclésiastiques 
et  les  royalistes  français  réfugiés  au  Canada,  1791-1802;  Mm  Texlor. 
A  Colony  of  émigrés  iu  Canada,  1798-1816  (ces  deui  ouvrages  qui  ao 

!  donnent  l'histoire  détaillée  de  l'émigration  française  au 
Canada i.  —  Nina  et  Francù  Ti/fany.  Ilarm  Jan  Iluidekoper  Ipapiera  et 
correspondance  don  Hollandais,  émigré  aux  États-Unis  en  1790,  mort 
en  1854.  Curieux  pour  les  mœurs  el  la  politique  du  temps).  —  Çapt. 
Mahnn.  Sea  Power  In  ils  Relation  to  [lie  warof  1812  (excellent;  appuyé 
sur  lea  documenta  inédits;  remarquablement  Impartial).  —  Hunnay. 
■  Lhe  warof  18IÎ  (réédition  Beaucoup  de  ptaaionM  d'ioeiae- 
rai  iirock  (  relatif  à  la  guerre  du  1812).  — 
lAinlop.  Reçu llect ions  of  lhe  American  War,  1312-IKU  inurapresaion 
i  devenus  très  rares,  presque  Inconnus;  détail*  mr  les 
milices  franco-canadiennes).  —  lyman. Commodore  Pnrrj  (très  insuffi- 
sant). —  Col.  ïoung.  The  Bat  lie  of  lhe  [a  rAlo  des 
Kentuckien*  dans  la  guerre  de  IMS).  —  Orrin  Tiffany.  The  i 
of  tue  United  Suies  to  lhe  Cauadiau  Rébellion.  —  Lyalt.  I  '. 


J96  ftBCUEILS  PËBI0D1Q0BS. 

the  marquis  of  Dufferîn  (attache  trop  d'importance  au  râle  du  gouver- 
nement anglais  dans  les  affaires  canadiennes).  —  David.  Laurier  et  son 
temps  (systématiquement  élogieus).  —  Bulletin  des  recherches  histo- 
riques. =  II.  Histoire  locale  et  provinciale  :  GrenftU.  The  Deep-Sea 
FLsliermea;  The  Harvest  of  the  Sea.  —  McGreath,  Lumtitn,  Prvwsc.Tra- 
vaui  divers  (sur  Terre-Neuve  et  le  Labrador.  Terre-Neuve  a  été  visitée 
et  occupée  par  les  Anglais  beaucoup  plus  tôt  qu'on  ne  croit  générale- 
ment, mais  ils  cachaient  leurs  entreprises  pour  esquiver  les  impots 
dont  on  les  eût  accablés  dans  la  métropole| ,  —  Dagnaud.  Le  P.  Sigogne. 

—  Raymond.  Hisiory  of  the  River  Saim- John  (bon).  —  Douglas.  Québec 
in  the  Seventeenlh  Century  (vulgarisation).  —  Cmgrain.  La  maison  de 
Borgia,  le  monument  de  Wolfe,  le  moulin  de  Dumont,  la  maison  du 
chien  d'or.  —  Wurlele.  Blockade  of  Québec  in  1775-1776  (documents). 

—  Boy.  Histoire  de  la  seigneurie  de  Lauzon  (t.  IV  et  V;  utile,  mais 
trop  volumineux).  —  Suit:.  Le  haut  Canada  avant  (015.  —  tiiggar.  Sir 
Oliver  Mowat  (biographie  d'un  premier  ministre  de  l'Ontario,  écrite 
par  son  gendre).  —  liryce.  Mackenzie,  Selkirk,  Simpson  (terne).  — 
Dugai.  Histoire  véridique  des  faits  qui  ont  préparé  le  mouvement  dea 
Métis  à  la  Riviére-Rouge  en  1869  (très  utile;  d'un  témoin  oculaire),  — 
Dum  Benoit.  Vie  de  Mgr  Taché.  =  Rapport  sur  les  archives  du  Canada, 
!90i.  —  Dionnt.  Inventaire  chronologique  des  livres,  brochures,  jour- 
naux publiés  depuis  l'établissement  de  l'imprimerie  au  Canada. 


42.  —  The  american  historical  Review.  1906,  ociobre.  —James 
P.  Baldwin.  Le  Conseil  privé  au  temps  de  Richard  II  (article  bien 
informé).  —  W.  B.  Mosao.  Les  pouvoirs  de  l'intendant  dans  la  Nou- 
velle-France :  étude  sur  la  politique  coloniale  des  Français  (intéressant, 
précis,  bien  informé).  —  J.  Holland  Rose.  Canning  et  les  patriotes 
espagnols  en  I a 08  (les  desseins  de  Canning  ne  furent  pas  inspirés  par 
des  sentiments  égoïstes;  il  favorisa  les  juntes  provinciales  parce  qu'en 
elles  se  concentra  d'abord  la  résistance  contre  l'envahisseur,  mais  il 
s'efforça  d'en  former  une  assemblée  nationale}.  — Frédéric  L.  Paxoh. 
Le  territoire  de  Colorado  (constitué  le  28  février  1861).  —  Wafter 
F.  Maccaleb.  L'organisation  du  service  postal  dans  les  États  confédérés. 
:=  Documents  :  Lettres  de  Jellerson  à  Marbois,  1781,  1783.  —  Journal 
de  John  Mair,  1791.  —  Un  projet  de  confédération  latino-américaine  en 
1856  (documents  provenant  des  Archives  nationales  de  Cuba,  où  ils  ont 
été  découverts  par  M.  Luis  M.  Perez).  —  Lettre  du  général  tirant  à  son 
père,  sur  la  prise  de  Vicksburg  (6  juillet  1863).  =  Comptes -rend  us  : 
Fr.A.  Woodt.  Mental  and  moral  heredity  in  royalty;  a  statisiical  study 
in  hisiory  and  paychology  (intéressant).  —  Jean  Guiraud.  Questions 
d'histoire  et  d'archéologie  chrétienne  (titre  trompeur  :  il  est  peu  ques- 
tion d'archéologie;  quant  à  l'histoire,  i'auteur  parait  s'être  proposé  un 
but  d'édification  plutôt  que  de  critique).  —  (iotdtvin  Smith.  Irish  hisiory 
and  the  irish  question  (brillant  résumé).  —  Hudson  et  Tingey.  The 
records  of  the  cily  of  Norwich;  vol.  I  (remarquable).  —  Magellan's 


l'ÉBIOIltQOES. 


m 


tnd  the  world,  by  Antonio  Pigufttta;  original  lext  witb 
translation,  uotos  and  liiblio^rapby,  by  J.  A.  Robr.rUon  (le  texte  repro- 
duit pour  la  première  foi*  le  ms.  original  conservé  a  Milan,  avec  toutes 
ses  particularités  de  graphie,  d'abréviations,  île  ponctuations,  etc.  Les 
notes  sont  utiles  et  pleines  d'intérêt],  —  L.  T.  HobhouuelJ,  L  Hammnnd. 
Lord  ilobliouse  (bonne  étude  sur  un  libéral  de  la  vieille  école).  —  Km  tua 
H.  Hlair  et  J.  A.  Robertson.  The  Philippine  Islands;  vol.  XXVIII- 
WWIll  (très  importante  compilation!.  —  Clydr.  A.  Dtmiway.  Tlie 
devclopment  of  l'reedom  of  the  Press  in  Massachusetts  (excellent!.  — 
Tbe  présent  state  of  the  european  seulement*  on  the  Mltftlmlfrf,  by 
Captain  Philip  Pittman.  wich  introduction,  notes  and  index  by  Fr.  H. 
Iloddcr  (otile  description  de  ces  postes  par  un  ingénieur  qui  tes  visita 
entre  1763  et  1770).  —  Eliot  Pym  Fordham.  Personal  narrative  of  tra- 
vels  in  Virginia,  Marylaud,  Pennsylvania,  Ohio,  Iodiana,  Keniurky, 
and  of  a  résidence  in  the  Illinois  terrilory,  1817-1818  ;  edlted  hy  Fr.  A . 
Ogg.  —  Audubon's  Western  Journal,  18VJ-1850;  with  biographical 
memoir  hy  his  daughler  Maria  A.  Audubon,  introduction,  notes  and 
index  by  Fr.  //.  Hodder.  —  De  Al  vu  Stanianod  Alexander.  A  political 
history  of  the  Btale  of  New  York  (ouvrage  pour  le  grand  public,  d'ail- 
leurs intéressant  et  instructif).  —  J.  II.  Dou'jtterUj.  Tbe  électoral  Sys- 
tem of  the  United  States  (l'auteur  se  propose  de  montrer  les  imperfec- 
tions de  ce  système,  surtout  en  ce  qui  concerne  l'élection  du  président 
et  du  vice- président.  Remarquable!.  —  A.  B.  Hart,  The  american 
cation;  a  hislory;  vol.  II  :  The  federalist  System,  1789-1801,  byJ.  Spen- 
cer Bastttt  (bon;  rien  de  bien  nouveau |.  —  td.  Vol.  XII  :  Tbe  JcITer- 
tonian  System,  1801-1811,  bv  Edward  Ghannifj  (excellent).  —  Id. 
Vol.  XIII  :  The  rise  of  american  nationality,  1811-1819,  hy  K.  Ch. 
Babcock  (remarquable).  —  Id.  Vol.  XIV  :  Rise'of  tbe  New  West,  1819- 
Prti.  J.  Turntr  (bon).  —  Id.  Jacksooian  democracy,  1829- 
1837,  by  William  Mae  Donald  (c'est  le  meilleur  résumé  que  l'on  ait  de 
l'administration  de  Jackson).  —  Atonso  Rothschild.  Lincoln,  master  of 
men  (intéressant).  —  Colecciôn  de  libros  y  documentus  referenteB  a  la 
histiiria  de  America;  vol.  V-VI  :  ftelaciôn  de  los  naofragios  ycomen- 
tarins  de  Alvar  Nufiez  Cabeza  de  Vaca,  editeil  by  M.  Strrano  y  Sam 
(textes  intéressants,  avec  un  certain  nombre  de  documents  nouveaux). 
—  Suian  M.  Kingsbury.  An  introduction  to  the  records  of  the  Virginia 
Company  of  Ixindon,  1619-1621  (fait  avec  beaucoup  de  soin).  —  Eccle- 
siastical  records  if  the  State  of  New- York;  vol.  V-VI  |se  rapportent 
aux  années  1701-1810).  —  Archives  of  the  State  of  New  Jersey; 
vol.  XXV.  —  W.  Ch.  Pari,  Journals  of  the  Continental  Congress,  !774- 
•  B.  BowtBnA.  Tbt  Hinîwipi  territorial  archives,  vol.  1,  1898- 
tS03.  =  Vol.  XII,  n»  2,  janvier  1907.  —  8.  E.  Baldwih.  La  religion 
I  même  la  clé  do  l'histoire  (conférence).  —  P.  Mantoux.  Las 
débat*  du  Parlement  britannique  résumés  par  des  Français  au  ma* a, 
(cet  article  est  un  remaniement,  par  l'auteur,  de  M  .Volts  sur  les 
Comptes-rendus  des  séances  du  Parltment  anglais  au  JVlll*  tiéele],  — 


498  EBCUBILS   PfalODIQUBS. 

Henry  Vionaud.  Preuve  que  Colomb  naquit  en  1451  ;  un  document 
nouveau  (découvert  dans  les  archives  notariales  de  Gênes  et  publié 
par  M.  Assereto  en  1904;  il  est  du  25  août  1479  et  atteste  qu'à 
cette  date  Colomb  «  est  aetatis  an  nom  m  viginti  septem  vel  circa  •. 
Rapproché  d'un  autre  acte  du  31  oct.  1470  où  il  est  dit  c  major  annis 
decem  novem  »,  cet  acte  prouve  que  Colomb  naquit  en  septembre  ou 
en  octobre  1451.  Du  premier  de  ces  actes  enfin,  il  ressort  manifeste- 
ment que  Colomb  était  à  Lisbonne  en  juillet  1478).  —  Henry  L.  Jaabs. 
L'affaire  du  Black  Warrior  (histoire  d'un  incident  diplomatique  qui  se 
produisit  à  la  Havane  en  1854).  —  De  quelques  ouvrages  relatifs  à  la 
guerre  du  Sud- Afrique,  1899-1902  (essai  de  bibliographie  critique).  = 
Documents  :  1°  Lettres  de  Thomas  Newe,  de  la  Caroline  du  Sud, 
1682;  2°  Récit  d'un  voyage  en  Maryland,  1705-1706  (anonyme); 
3°  Lettres  interceptées  de  Tories  virginiens,  1775;  4°  Lettre  de  John 
Marshall  à  James  Wilkinson,  1787  ;  5°  Un  procès  en  New  Hampshire, 
1791  (où  l'on  voit  l'ingérence  du  pouvoir  législatif  de  l'État  dans  une 
affaire  judiciaire).  =  Comptes-rendus  :  W.  T.  Arnold.  Studies  of  roman 
imperialism  (intéressant).  — J.  Fr.  Bahmer.  Urkundenbuch  der  Reichs- 
stadt  Frankfurt.  Nouv.  édit.  par  Fried.  Lau;  tomes  I-II,  794-1340.  — 
Colonel  G.  J.  Hay.  An  epitomized  history  of  the  Militia  (utile  analyse 
des  statuts  promulgués  en  Angleterre  pour  lever  et  organiser  la  <  Force 
constitutionnelle  »,  de  1122  à  1902).  — Al.  Cartellieri.  Philip  II  August, 
Kônig  von  Frankreich;  II,  1187-1191  (excellent).  —  H.  Ch.  Lea.  A  his- 
tory of  the  Inquisition  of  Spain  ;  vol.  II.  —  F.  Pijper.  Primitiae  ponti- 
ficiae.  Theologorum  Neerlandicorum  disputationes  contra  Lutherum 
inde  ab  anno  1519  usque  ad  a.  1526  promulgatae.  —  H.  C.  Wedder. 
Balthazar  Hûbmaier,  the  leader  of  the  Anabaptists  (très  consciencieuse 
étude).  —  W,  Walker.  John  Calvin,  the  organiser  of  Reformed  protes- 
tantism,  1509-1564  (bonne  compilation).  —  W.  Jreland.  The  life  of  Sir 
Henry  Vane  the  Younger  (insuffisant;  l'auteur  a  négligé  de  trop  nom- 
breuses sources  d'information).  —  A.  von  Ruville.  William  Pitt,  Graf 
von  Chatham  ;  3  vol.  (excellent).  —  Fred.  NieUen.  The  history  of  papacy 
in  the  xixth  Century,  trad.  p.  A.  J.  Mason  (exposé  judicieux,  mais 
borné).  — J.  Foreman.  The  Philippine  Islands  (écrit  par  un  homme  qui 
connaît  fort  bien  le  pays,  mais  qui  en  connaît  mal  l'histoire).  — 
G.  Friederici.  Skalpieren  und  œhnliche  Kriegsgebneuche  in  Araerika 
(excellent,  avec  une  très  bonne  bibliographie).  —  Ch.  Z.  Lincoln.  The 
constitutional  history  of  New  York  to  the  year  1905  (bon).  —  Fred. 
S.  Oliver.  Alexander  Hamilton;  an  essay  on  american  Union  (insuf- 
fisant; l'auteur  n'a  su  ni  écrire  une  biographie  ni  approfondir  un 
moment  de  l'histoire  constitutionnelle).  —  G.  H.  Hay  nés.  The  élection 
of  senators  (excellent).  —  Fr.  G.  Franklin.  The  législative  history  of 
naturalization  in  the  United  States  from  the  revolutionary  warto  1861 
(utile,  mais  incomplet).  —  H.  Br.  Fuller.  The  purchase  of  Florida;  its 
history  and  diplomacy  (insuffisant).  — -  P.  L.  lîaworth.  The  Hayes- 
Tilden  disputed  presidential  élection  of  1876  (l'auteur  a  puisé  à  toutes 


riKiXEii.s  rfoioDioncs. 


f.v.< 


i  sources  d'information  possibles;  il  suit  résumer  les  documenté  avec 
clarté;  mais  il  est  trop  homme  de  parti  :  pour  lui  tu  réj.uLilicaius  ont 
toujours  raison  ei  les  démocrates  toujours  tort|.  — The  vi'v; 
BtphrnttiftW  of  Samuel  de  Champlain,  1604-1616,  narraied  bj  blmaBlf, 
trad.  eu  anglais  p&rAnnUX.  Ilaurnc—  Tlie  records  of  the  Virginia  Com- 
pany of  London.  The  court  book,  publ.  p.  S.  llijra  Kingfbury.  —  Jour- 
nal* or  tlie  Bouse  or  Burgesses  uf  Virginia,  1770-1772,  publ.  p.  J.  P. 
Kennedy, 

43.  —  The  Nation.  1906.  30  sept.  —  Coulton.  From  Saint  Francis 
lo  Dante  [excellent;  l'auteur  a  traduit  en  anglais  les  passages^dc  la  Chro- 
uinui-  d''  Siilimbenc  relatifs  a  saint  François  et.  en  général,  à  la  vie 
■  i  monle  de  -mi  lomps;  il  a  illustré  ces  extraits  en  les  rap- 
prochant d'antres  documents  contemporains).  =  57  sept.  Daventiort. 
The  économie  development  of  a  Norfolk  manor,  1086-156'»  lires  bonne 
monographie).  —  The  Wilderness  eampaign,  may-june  1864,  Papors 
of  tlie  military  historien!  Society  of  Massachusetts;  vol.  IX.  =  1  oci. 
i!  recollections  ofGeorge  Washington ,  heing  letters  loTobias 
Lear  and  others,  between  1790 and  17'J9|Leur  fut  pendant  seize  ans  secré- 
taire de  Washington.  Avec  ses  lettres  est  publié  aussi  son  Journal  sur 
les  dernières  années  de  Washington!.  —  Letters  of  George  Washington 
lo  George  and  James  Clinton  {intéressant,  en  particulier  pour  la  cam- 
pagne de  1770).  =  15  oct.  Lucas.  The  Canadien  war  of  IMS  (remar- 
quable). =25  oc  t.  Th.  M.  Lindsatj.  A  hislory  of  the  Reformation:  vol.  I: 
The  Reformation  in  Gennany  lexcellcnt),  —  Dt  Aira  Slanmuod  AUxan- 
itr.  A  political  hisiory  of  the  Slate  of  New-York  (récit  intéressant, 
pu  toujours  assez  critique).  =  l'i  nov.  Ch.  E.  Thuring.  A  hislory  of 
nicher  éducation  in  America  (plein  de  faits  intéressants  i.  =z  .'i  pot. 
Le  105"  anniversaire  de  la  Société  d'histoire  de  New- York.  —  Les 
archivée  de  l'histoire  du  Canada  (analyse  le  rapport  sur  le*  archives 
canadiennes  pour  l'année  1905  i|ue  vient  de  publie!  !•  nuuvel  .irclii- 
Donghty;  ce  rapport  ne  comprend  pas  moins  de  3  volumes 
a»ec  des  fac-similês|.  —  W.  II.  Scha/leld.  Kngiish   lilerature  from   the 

1  ioturneet  to  Chaucer  (excellent).  ^  il  dec.  Mae  Mcuttr.  A  his- 
tory of  ihe  peopleoflhe  United  Statex;  vol.  VI,  I«:)0-t815  ides  défauts, 
mail  on  n'a  encore  rien  écrit  de  mieux  sur  l'histoire  de  B 
années}.  =  ÎU  déc.  II.  Bruce  Fulier.  The  purchase  of  Florida,  iu  hislory 
and  diplomacy.  1776-1619  [Qicellent,  bien  écrit  et  impartial;  la  base 
d'informations  est  trop  étroite  et  l'auteur  ne  se  meut  pas  loujonn  avec 
s  dans  les  fils  embrouillas  de  ta  diplomatie  européenne).  —  £.  Sta- 
1  '.(.I-  ot  Florence  iidein  d'erreurs  et  d'omi»sUms).  =  57  dec. 

■    iv  uf  Egypl  fr.im  the  'Mrliesl  tim-«  tOtbl  IVr-iaii 

.  Aui:i'iii  records  of  E^ypt  (travail  etiiiiidt-r.ïbli'  ;  . 

toir*  de  l'ancienne  Egypte  qai  ait  et*,  écrite  en  aagltk).  —  Eriw. 

HtUton.  Bigiimondo  PandoUb  Maiateua,  lord  ol  Unniiii  U'xcelleQt).  — 

If.  F.  Jolituan.  Four  centuries  of  the  Panama  canal  (Irèa  intéressant). 

janv.  F.   W.  MaiHanJ.  The  lila  aud  taten  of  Lotte  SU- 


200 


BECtlBILS   PEMODIQtiKS. 


pben.  —  J.  f.  Rhodes.  History  of  the  United  States;  vol.  VI- VIT  (fin 
rie  cette  histoire  des  Étals- Unis  pendant  le  quart  de  siècle  où  elle  fui 
dominée  par  la  question  de  l'esclavage  et  de  sa  suppression,  1850-1877). 

—  II.  Th.  Peck.  Twenty  years  of  the  Republic,  1885-1905  (intéressant). 

—  W.  Walker.  John  Calvin,  the  organiser  of  reformed  proteslantism 
(bonne  compilation!.  =  24  janv.  G.  P.  Garriion.  Westward  exten- 
sion, 1841-1850  (bon;  l'auteur  montre  qu'il  y  a  d'autres  questions  inté- 
ressantes que  celle  de  l'esclavage).  —  S.  M.  Kingsbury.  The  Records  of 
the  Virginia  Company  of  London;  vol.  I.  1619-1622  idocument  véné- 
rable, intéressant,  bien  publié,  avec  une  fort  utile  bibliographie).  =: 
14  fèvr.  Th.  C.  Smith.  Parties  and  slavery,  1850-1859  (bon).  =21  févr. 
E.  Samlersan.  Great  Brilain  in  Modem  Africa  (bon).  —  W.  J.  Ltyds. 
The  first  annexation  of  the  Transvaal  (intéressant,  mais  l'auteur  voit 
trop  en  noir  la  politique  anglaise  à  l'égard  des  Bocrs).  =  7  mari- 
M.  Noffat.  Queen  Louisa  of  l'russia  (bon).  =  14  mars.  G.  S.  Kimbalt. 
Correspondes  ce  of  William  Pitt,  wbeu  secrelary  of  state,  with  colo- 
nial governors  in  America  (correspondance  très  intéressante;  la  pré- 
face est  maigre  et  les  notes  trop  souvent  insignifiantes).  —  Original 
narratives  o!'  early  american  history  (début  d'un  recueil  qui  compren- 
dra 20  volumes;  excellent). 


44.  —  Nésç  TÂ).ï)vc[Avr([j.ti)V  (publié  par  Spyr.  P.  Lambros).  T.  Il,  1905, 
nM  1-2.  —  Extraits  d'Hérodote  daus  un  manuscrit  du  monastère  de 
Saint-Denis  du  mont  Alhos  (ms.  du  un"  siècle  qui  parait  être  la  repro- 
duction d'une  collection  d'extraits  composée  par  ordre  de  Constantin 
Porphyrogénètc).  —  Notes  sur  les  inscriptions  grecques  antiques  dans 
les  manuscrits  du  moyen  ftgÊ  et  les  collections  manuscrites  des  savants 
occidentaux  (cf.  t.  I,  n«  3-4).  —  Contributions  à  l'histoire  du  monas- 
tère des  Météores  en  Thessalie  (publie  la  paraphrase  en  grec  moderne, 
composée  en  1700,  de  la  Vie,  aujourd'hui  perdue,  de  saint  Alhanase, 
fondateur  de  ce  monastère  au  xiv»  siècle;  on  y  trouve  des  extraits  du 
Typicon  des  Météores  écrit  par  saint  Alhanase,  voy.  p.  77;  documents 
divers  du  xvi"  siècle  sur  le  monastère).  —  Description  byzantine  de  sta- 
tues (Vatic,  Reg.  Suec.  184,  xvt*  siècle.  Neuf  descriptions  de  statues 
antiques).  —  Les  poèmes  de  Christophoros  de  Mytilène  et  l'édition 
d'Ed.  Kurtz  (extraits  du  cod.  PMI.  Gr.  216  de  Vienne,  volontairement 
négligé  par  Kurtz  ;  défend  l'attribution  à  Christophoros  de  la  pièce  sur 
Georges  Maniakès).  —  La  coutume  du  machialisme  chez  les  JIaiuoi.es 
du  moyen  âge  (barbarie  dans  laquelle  étaient  tombés  les  Maïnotes  au 
début  du  xva  siècle;  on  voit  reparaître  chez  eux  les  usages  anciens  de 
la  vendetta  et  du  machialisme  qui  consiste  à  boire  une  coupe  de  vin 
dans  laquelle  on  a  plongé  les  doigts  d'un  ennemi  tué  récemment),  — 
Chrysobulle  inédit  d'Alexis  III  Comnène,  empereur  de  Trébtzonde 
(1371;  détails  intéressants  sur  l'histoire  de  Trébizonde  et  de  son  aris- 
tocratie très  remuante).  —  Contrat  de  fondation  d'une  imprimerie 
grecque  à  Florence  en  1551.  —  Additions  à  la  bibliographie  néo-bellé- 


■  ECfEILS   PtiKIOMQCES. 


201 


ique.  —  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  do  la  Chambre 
à  Athènes  (suite  dans  tous  les  fosc.  suivants!.  =  N°  3.  Los  fouilles  au 
Stade  Panathénaîque  et  la  stèle  d'un  orthographe  (représente  le  scribe 
Timocrate  tenant  à  la  main  un  codex  de  parchemin  analogue  à  nos 
livres  actuels).  —  Deux  inscriptions  latines  de  la  vallée  de  Tempe  (l'un? 
en  l'honneur  d'un  empereur  Jubianus  =  Jovien}.  —  Les  noms  de 
Famille  d'après  la  mère.  —  La  Panagia  de  Vella  près  Voulgareli  (église 
d'Ëpin-,  fondée,  en  IÏ81).  —  La  prise  de  Tréhùomie  et  Venise  (lettre 
d'oc  t.  1  161  au  secrétaire  vénitien  de  Hongrie.  Le  sénat  y  annonce  que 
des  démarches  sont  tentées  par  lui  auprès  dti  pape  et  du  roi  de  France 
pour  l'organisation  d'une  croisade  contre  les  Turcs).  —  Lee  tachy- 
graphes de  Bessarion  (d'après  deui  de  ses  lettres  inédiles).  —  Les 
accusations  de  Césarios  Dapontes  et  de  Pachome  Rhoussanos  contre 
le?  imprimeurs  de  Venise  (dans  les  vers  de  Dapontes  se  trouve  un 
récit  curieux  où  sont  rassemblées  Ips  traditions  populaires  relatives  a 
Rneandifl  do  la  bibliothèque  de  Constantinople  par  ordre  de  Léon  l'Isau- 
riea  en  786).  —  Un  codex  purpureus  de  liturgies  du  monastère  des 
Taxiarques  près  d\l£gion  (Arcadie,  écrit  en  1635;  seul  manuscrit  connu 
de  papier  teint  en  pourpre).  =  N»  4.  Hymnes  des  dèmes  en  ftonnmi 
de  l'empereur  Jean  Conmèoc  (témoignage  précieux  sur  les  idées  poli- 
tiques des  Byzantins  du  xn*  siècle).  —  L'émigration  des  Mainotes  eu 
Toscane  au  xvti*  siècle  (d'après  les  archives  de  Florence  et  de  Venise). 
—  Les  foriifications  de  l'isthme  de  Corinthe  au  moyen  âge  (élude  inté- 
ressante sur  l'histoire  de  l'Hexamilion  des  Paléolognes  d'après  des 
sources  inédites  et  notamment  la  correspondance  de  Manuel  avec 
Venise).  —  Mélanges  :  Le  chrysobulle  d'Isaac  Coiunèue  au  sujet  des 
élections  ecclésiastiques.  =  T.  III,  1906,  n>  I.  Mémoire  du  cardinal 
Bessarion  adressé  à  Constantin  Paleologue  (écrit  vers  1411),  s'est  ins- 
piré de  mémoires  de  Gémisle  Plèthon  adressés  au  despote  Théodore  et 
a  l'empereur  Manuel,  13S8-I407,  et  qui  renferment  le  même  programme 
politique  et  économique).  —  Prière  à  Dieu  de  Georges  Amiroulm  de 
Trchizimde.  —  Acte  d'excommunication  du  patriarche  Pachome  II 
notre  Arsène.  Apostulis  (créé  evèque  de  Monembasia  par  Léon  X).  — 
Meletios,  archevêque  d'Athènes,  archéologue  et  épi  graphiste.  —  Tradi- 
tions populaires  de  Djouraerca.  =i  N*  i.  La  Vie  de  saint  Nicon  le 
Nnlanoile  (intéressante  pour  l'histoire  du  Péloponéie  au  xa  siècle  ;  connue 
seulement  jusqu'ici  par  une  traduction  latine  publiée  dans  Martène  et 
Durand,  AmpKit.  Coll.,  VIj.  —  Les  images  de  Constantin  (XI1|  Paleo- 
logue  (aux  bulles  d'or  déjà  connues,  Larabro»  ajoute  une  miniature 
d'un  manuscrit  de  Modène  qui  parait  être  uu  portrait  et  deux  dessins 
curieux,  de  la  fin  du  xvi*  siècle,  dus  au  Cretois  Klonlzas).  =  Mélanges  : 
Description  inedile  de  Constantinople  (écrite  peu  avant  1453). 


45    —  VlB&utlJald  Vremennik   iByiantln»  Chronicm    T.  XI, 
1964,  u"*  1-8,  —   M.  fûuBgciKiKOF.  Sur  les  manuscrits  des  «  Extraits 


202  RECUEILS   PERIODIQUES. 

des  Ambassades  •  de  Constantin  Porphyrogénète.  —  G.  Ilihski.  A  pro- 
pos de  l'histoire  de  l'alphabet  slave.  —  Koulakowski.  Recherches  sur 
le  nom  et  l'histoire  du  thème  d'Opsikion  (doit  son  origine  au  cantonne* 
ment  en  Asie  Mineure  d'une  partie  des  troupes  de  la  garde,  domestid 
et  protectores  qui  formaient  la  suite  impériale,  obsequium.  Cette  affecta- 
tion  d'une  partie  de  l'Asie  Mineure  aux  gardes  du  corps  est  probable 
dès  la  fin  du  ive  siècle,  certaine  depuis  Justin  ien.  L'origine  du  thème 
explique  aussi  le  titre  spécial  de  comte  que  porte  son  chef).  —  Véis. 
Inscriptions  byzantines  de  Gortyne.  —  Papadembtriou.  Le  mariage  de 
la  princesse  russe  Dovrodea,  fille  de  Mathislav,  avec  le  prince  impérial 
Alexis  Comnène  (fils  de  Jean  Comnène).  —  Sacharov.  Recherches  sur 
le  texte  de  Spanéas.  =  Comptes-rendus  :  Heisenberg.  Analecta  (manus- 
crits italiens  de  chronographes  byzantins).  —  Jireéek.  Les  Romains 
dans  les  villes  de  Dalmatie  au  moyen  âge.  —  Kaluzniacki.  Œuvres  du 
patriarche  bulgare  Euthymius  (1375-1393).  —  Cluguet.  Bibliothèque 
hagiographique  orientale.  —  Staerck.  Le  rite  baptismal  dans  l'église 
gréco-russe.  =  Mélanges  :  Palmieri.  L'abbaye  de  Grottaferrata  et  son 
neuvième  centenaire.  ■=  Supplément  :  Louis  Petit.  Typicon  de  Gré- 
goire Pacourianos  pour  le  monastère  de  Pétritzos  (Backovo)  en  Bulga- 
rie (publication  d'une  copie  du  texte  original  d  après  un  manuscrit  du 
séminaire  de  l'État  roumain  à  Bucarest.  Introduction  historique  sur 
Grégoire  Pacourianos,  prince  géorgien  devenu  domestique  des  scholes 
d'Occident  sous  Alexis  Comnène).  =  N"  3  et  4.  L.  Petit.  Documents 
inédits  sur  le  concile  de  1166  et  ses  derniers  adversaires  (épisode 
curieux  des  luttes  théologiques  en  Orient  au  xn*  siècle).  —  M.  Kras- 
8ENNIKOP.  Sur  les  manuscrits  des  c  Extraits  des  ambassades  •  de  Cons- 
tantin Porphyrogénète  (suite).  —  Redin.  La  croix  du  Golgotha  dans  les 
manuscrits  illustrés  de  Cosmas  Indicopleustes.  —  Vasileiev.  Agapios, 
historien  arabe  du  x*  siècle.  =  Comptes-rendus  :  Pantchenko.  La  pro- 
priété foncière  dans  l'empire  byzantin  (enlève  le  v6jio;  yiwpyixk:  aux 
empereurs  iconoclastes  pour  le  faire  remonter  au  vne  siècle).  —  Krum- 
bâcher.  Romanos  et  Kyriakos.  —  Kurtz.  Les  poésies  de  Christophores  de 
Mitylène.  —  Heisenberg.  Études  sur  Georges  Akropolités.  =  Mélanges  : 
Staerk.  La  xeipofeffitt  comme  matière  de  l'onction  dans  l'ancienne  église 
orientale.  =  Supplément  :  Benesevitz.  Notices  sur  les  manuscrits 
canoniques  trouvés  à  Vatopédi  dans  la  laure  de  saint  Athanase  l'Atho- 
nite.  =  T.  XII,  1905,  n°*  1-4.  Marr.  Arkaoun,  nom  mongol  des  chré- 
tiens, contribution  à  l'histoire  des  Arméniens  chai cédoni tes.  —  Kurtz. 
Deux  œuvres  inédites  de  Constantin  Mariasses  (un  morceau  sur  la 
chasse  et  un  discours  à  Manuel  Comnène).  —  Io.  Trois  écrits  synodaux 
de  Nicolas  Mesaritis,  métropolitain  d'Éphèse.  —  Redin.  Le  portrait  de 
Cosmas  Indicopleustes  dans  les  manuscrits  russes.  —  Papadopoulos- 
Kerameus.  Contribution  à  l'histoire  de  Trébizonde  (Théodore  Gabras, 
duc  de  Trébizonde,  à  la  fin  du  xie  siècle,  et  martyre  ;  synaxaire  d' Atha- 
nase, archevêque  de  Trébizonde  au  xir9  siècle;  Basile,  métropolite  de 
Trébizonde  sous  Constantin  VII;  catalogue  des  métropolites  de  Trébi- 


.$, 


becceils  rs'nioniQCES.  203 

tonde).  —  V*sileiev.  L'origine  de  l'empereur  Basile  la  Macédonien 
(descendait  d'une  famille  arménienne  établie  en  Macedoiuo).  —  Loim- 
»bv.  Discours  de  Dorothée,  métropolite  de  Mitvlène  |sur  l'attaque  <li-s 
Turcs  contre  Constantinoi'le  en  juin  1-151).  —  Ciiavaiiu.  H&Ungee  ni 
l'ile  dp  avilie  (forteresse  des  chevaliers  de  Rhodes).  =  Corn  pies-rendus  : 
laoïtrski  el  Chaehanov.  Nomocunon  de  Jean  le  Jeûueur.  —  Gerland. 
Nouvelles  sources  pour  l'histoire  de  l'archevêché  latin  de  Palras.  — 
Sokotov.  h  'église  de  Constantinople  au  m'  siècle.  —  Butter  et  Strsy 
gouitki.  Une  chronique  universelle  d'Alexandrin  avec  miniatures  sur 
papyrus.  =  Mélanges  :  Chabiaras.  La  mort  de  Oignis  (chant  popu- 
laire de  Syme).  —  Pauidmi,  La  Société  archéologique  d'Athènes.  — 
BmBTSEViTcn.  Décrets  du  patriarche  Alexis,  1027,  et  du  patriarche 
Michel  Cérulaire.  —  Vailhï.  Chronique  byzantine  de  Palestine.  —  P**- 
WRU.  Le  centenaire  et  l'exposition  de  G  rot  ta  (errata.  ss  Supplément  : 
Prit  el  Reosl    Actes  de  l'Albos.  III.  Actes  d'Ësphigménou. 


46.  —  Riviata  storlca  italiana  >  série,  t.  V,  fasc.  3, 1906,  juill.- 
sept.  —  A.  D'Ancona.  La  poc-sia  popolare  italiana;  studi  ;  2*  éd.  — 
L.  Capelelti.  Principcsse  c  grandi  dame  (brillants  «  essais  ■).  —  B.  Catvi. 
BQtilogfafia  générale  di  Roma;  I  :  Bibliografia  di  Roma  medietaje 
(déiestablei.  —  t.  Fischctti.  Pompei  prima  dell'  eruzione  e  dopo  gli 
eenvi  (guide|.  —  Fr.  Schaub.  Der  Kampf  gegen  den  Zinswucher,  unge- 
rechtfn  Preis  u.  unlautern  Handel  im  Mittelalter  von  Karl  den  t'.rou- 
sen  bis  Papst  Alexander  III  (exposé  très  clair).  —  B.  Gutschow. 
lnnucenz  und  England  (consciencieux,  mais  on  peu  monotone).  — 
G.  Fornartie.  Staluta  vêlera  civitatis  Aquis  ;  ediz.  critica  (excellent!.  — 
■ni.  I  Carainosi  e  la  loro  signoria  in  Trevîso  dal  1283  al  1312 
[tOMMlleat).  —  fi.  Piranesi,  Le  case  degli  Alighieri  (la  maison  où 
naquit  Dante  n'est  pas  celle  sur  laquelle  lord  Vernou  fit  apposer  une 
plaque),  —  y.-A.  Hilio.  Francesco  Petrarca  alla  corle  angioina  (rien  de 
-  même  au  courant!.  —  G.  Degli  A:si.  Il  lumulto  del  1488  in 
Perugia  e  la  politica  di  Lorenzo  il  Magnilico  (explique  les  causes  du 
tumulte).  —  //.  Vignaud.  Élude  critique  sur  la  vie  de  Colomb  avant  ses 
découvertes  (très  approfondi,  mais  plein  de  parti  pris  contre  Chris lo plie 
Colomb  et  d'idées  préconçues).  —  A.  Stgre.  La  qtteslioue  Sabauda  e 
gli  awenimeiiii  politlci  e  militari  cbe  prepararono  la  Lregua  di  Vau- 
celles.  —  S.  Hrambitla.  Ludovico  Conzaga  di  Nevers  (d'après  les 
le  Man(oufl).  —  A.  Ûiatnnt.  Il  forte  di  Poèmes  [important 
pour  l'hisluire  de  In  Valteline  aux  xm'-ivii*  t.).  —  fi.  Imberl.  I.a  vlia 
florentins  nel  eeiceuto  seconde  memurie  sincrone,  1644-1 670.  —  G.  Sal- 
rtmim.  La  rivoluïWtM  francese,  lïHtf-PI'J:!  (discutable,  mais  fortement 
pensé).  —  V.  Uaii  Nell'  Ottoceoio.  Edee  e  figure  del  secolo  m  [si-ne 
d'essais  à  propos  d'ouvrages  récents).  —  N.  TrwaneUi.  Ia  battaglia  del 
Monte,  30  gcniiaio  183Ï.  —  C.  Pariêtt.  L'entrata  dell'  esorcito  pieniou- 
prêt  l"s  mémuires  inédits  de  Fabio). 


r.[||[iiMi.;l  I-.    ET    RI 


CHRONIQUE  ET  BIBLIOGRAPHIE. 


France.  —  Paul  Gviiaud4  est  mort  à  Paris  le  25  février  dernier. 
De  tous  les  élèves  de  Fusiel  de  Coulanges,  aucun  ne  s'est  plus  que  lut 
rapproché  du  inaitre*.  Dans  le  choix  des  sujets  d'étude,  dans  la  manière 
» I ■  ■  les  traiter,  jusque  dans  le  style,  tout  rappelait  chez  Guiraud  les 
leçons  et  l'ciemple  deFustel.  — C'est  à  des  travau*  d'histoire  ancienne 
qu'il  a  surtout  consacré  sa  vie,  et,  comme  l'auteur  de  ta  CM  antique, 
il  n'a  point  voulu  séparer  la  connaissance  de  Rome  de  celle  de  la  Grèce; 
et,  comme  lui,  ce  qu'il  préférait  du  passé,  c'étaient  les  recherches  sur 
les  institutions,  sur  le  droit,  la  religion,  la  propriété  et  le  gouverne- 
ment. —  Deux  pensées  surtout  le  préoccupaient,  et  ce  furent,  il  y  a 
trente  ans,  les  pensées  souveraines  des  œuvres  de  Fusiel  de  Coulanges  : 
l'une,  que  les  lois  ou  les  usages  politiques  sont  intimement  mêlés  &  la 
vie  religieuse  des  peuples  anciens,  qu'elle  les  détermine  ou  les  encadre  : 
et  cela  n'est  nulle  part  plus  visible,  chez  Guiraud,  que  dans  son 
livre  sur  les  assemblées  provinciales  de  l'empire  romain3;  l'autre,  que 
l'organisation  sociale  des  nations  dépend  du  régime  delà  propriété  :  et 
cela  apparaît  surtout  dans  son  histoire  de  la  propriété  en  Grèce',  le 
plus  gros  de  ses  ouvrages  et,  à  tout  prendre,  son  chef-d'œuvre *.  —  8a 
manière  de  travailler  était  très  simple  et  très  droite  :  il  lisait  les  textes, 
les  classait,  cherchait  à  les  comprendre,  les  rapprochait  et  écrivait 
là-dessus.  Il  concluait  clairement  et  fermement,  n'ajoutait  rien  aux 
prémisses  que  lui  fournissaient  les  auteurs.  Avant  tout,  il  fut  un  phi- 
lologue, d'esprit  critique,  d'humeur  patiente  et  sage,  —  Le  style  rap- 
pelle sa  façon  de  chercher  :  un  grand  souci  de  la  composition,  point 
d'èpilhètes  inutiles,  nulle  redondance,  jamais  d'intervention  person- 
nelle, des  phrases  courtes,  des  tours  très  simples,  une  netteté  surpre- 
nante, mais  aucune  monotonie.  Et,  dès  sa  thèse  de  doctorat»,  il  avait 


I.  Il  était  oé  le  15  janvier  1850. 

1.  Il  a  écrit  sur  Fusiel  de  Coulanges  un  beiiQ  livre,  simple,  complet  et  ému, 
Paris,  in-12,  1897;  sa  dernière  ooottnoM  publique  (a  l'École  des  Hautes- 
Études  sociales,  en  décembre  1906)  a  été  sur  Fusiel. 

3.  Les  AssemMvex  prneinritilif*  ilnns  l'empire  romain.  Paris,  1887,  in-8". 

4.  La  Propriété  foncière  en  Grèce  jusqu'à  la  conquête  romain»,  Paris,  1900, 
in-v;  .i  i-(im|>l'''ti'r  |mr  lu  ilinu-il'n-nrii-  itnhislrn-lli    ■■■ 

Paris,  1900,  in-8'. 

5,  On  revoit  cette  préoccupation  dans  le  dernier  volume  qui  nil  paru  de  son 
vivant,  Ltudes  économiques  sur  ïiiatii/uité.  Paris,  1905,  in- 13;  cf.  Ilev.  kist., 
mars  1907,  p.  325. 

6,  te  Différend  entre  César  et  le  Sénat.  Paris,  1379,  in-8-. 


CBBOlîQflB    ET    Hl 


205 


déjà  acquis  celle  maîtrise  d'esprit  et  de  langue  qui  se  rattachait  à  un 
tempérament  de  volonté  ferme  et  d'équilibre  réfléchi.  Tool  cela  El  de 
tous  ses  volumes  des  modèles  d'exposition  objective,  calme,  mesurée, 
limpide  et  sagace.  Et  je  ne  croîs  pas  que,  depuis  la  Cité  antique  et  la 
Gaule  romaine,  nul  ne  suit  allé  plus  loin  que  Guiraud  dans  l'intelli- 
gence du  monde  classique. 

Dans  les  dernières  années  de  sa  trop  courte  vie,  une  évolution  se 
marquait  en  lui,  où  se  complétait  sa  noble  intelligence.  Les  découvertes 
et  les  collections  archéologiques  l'intéressaient  chaque  jour  davantage, 
et  il  se  rendait  compte  qu'un  bas-relief,  par  exemple,  peut  valoir  autant 
qu'un  texte.  Il  s'occupait  de  plus  en  plus  des  faits  eux-mêmes,  guerres 
inuB,  et  on  en  verra  la  preuve  dans  la  dernière  édilion  de  son 
excellent  manuel  d'Histoire  romaine'.  Entin,  il  suivait  avec  passion 
(et  ses  conversations  de  chaque  jour  le  montraient  à  ses  amis)  les 
études  de  sociologie  comparée,  il  rendait  hommage  aux  résultais  nou- 
veaux qu'elles  apportent,  et  quelques-uns  des  derniers  comptes-rendus 
qu'il  donna  à  la  Revue  critique  attestent  l'éveil  continu  de  sa  curiosité 
vers  tes  questions  de  race,  de  toi,  de  milieu,  d'organisme  social,  de 
tempérament  natiunal.  El  l'on  eût  retrouvé  l'indice  de  ses  mille 
recherches  dans  le  livre  qu'il  préparait  sur  l'histoire  de  la  propriété 
romaine1.  —  Il  est  mort  bien  avant  d'avoir  achevé  ce  livre.  Cette  mort 
a  été  pour  la  science  une  perte  infiniment  plus  grande  que  la  presse 
ordinaire  ne  l'a  senti,  Guiraud  disparu,  c'est  une  glorieuse  page  de  l'éru- 
dition française  qui  se  ferme,  et  c'est  une  force  de  notre  Université  qui 
t'en  va.  Car  il  était  bien  une  force  pour  le  haut  enseignement  du  pays, 
non  pas  seulement  par  les  leçons  que  recevaient  ses  élèves  et  l'exemple 
qu'jl  leur  donnait,  mais  encore  par  la  probité  de  son  travail,  la  fran- 
chise de  sa  pensée  et  de  sa  parole,  ses  colères  contre  tout  ce  qui  était 
flatterie,  réclame,  bassesse  et  complaisance.  Camille  Jullum. 

—  M™*  la  marquise  Abconati  Visconti  a  donné  à  l'Université  de 
Paris,  en  mémoire  de  son  père,  Alphonse  Peyrat,  uoe  rente  annuelle 
de  1 ,000  francs  pour  la  fondation  d'un  prix  triennal  en  faveur  du  meil- 
leur ouvrage  en  français  qui  aura  été  publié  dans  les  trois  dernières 
années  sur  l'histoire  de  la  France  moderne  et  contemporaine.  Ce  prix 
sera  décerné  par  un  jury  composé  de  quatre  professeurs  de  l'Univer- 
*([>•  de  l'arts,  d'un  délégué  de  l'École  des  hautes  études  et  de  délé- 
gués des  Sociétés  d'histoire  moderne,  de  l'Histoire  de  la  Révolution  et 
ri.-  l'Histoire  de  la  Révolution  de  iri.  Il  sera  décerné  pour  la  première 
fois  eu  janvier  1908. 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  liell es-lettre»  a  attribué  la  plus 
grosse  part  du  prix  bordin  (études  grecques  et  latines)  a  M.  Paul  Mon- 

t.  Pari»,  Alcan,  1903,  in-13  (édition  coi»  pi  M*  me  ut  remaniée), 
3.  Un  très  court  chapitre  en  «  paru  dans  1s  Revue  îles  Études  I 
1904,  p.  131  et  ni*,  [ta  Propriété  , 


206  CHRONIQUE  ET   BIBLIOGRAPHIE. 

ceaui  pour  son  ouvrage  V Afrique  romaine.  Elle  a  partagé  lé  prix  Sain- 
tour  entre  MM.  Homo,  Bssai  sur  le  règne  de  l'empereur  Aurélien;  Mer- 
lin, VAventin  dans  V antiquité;  Audollbnt,  De/lxionum  tabellae,  et 
Bourguet,  l'Administration  financière  du  sanctuaire  pythique  au  IV9  s. 
av.  J.-C.  —  Elle  a  attribué  le  prix  Estrade-Delcros  à  M.  Joseph  Halbvy 
pour  l'ensemble  de  ses  travaux. 

—  Le  45e  Congrès  des  Sociétés  savantes  de  Paris  et  des  départements 
s'est  tenu  à  Montpellier  du  mardi  2  au  vendredi  5  avril.  On  trouvera 
dans  le  Journal  officiel  des  5,  6  et  7  avril  un  résumé  des  communica- 
tions qui  y  ont  été  présentées.  Les  plus  importantes,  parmi  celles  qui 
intéressent  les  études  historiques,  sont  les  suivantes  :  Section  d'histoire  : 
Morbl.  Les  calendriers  perpétuels  en  usage  dans  les  diocèses  de  Beau- 
vais,  Noyon,  Senlis  aux  xuie-xvie  s.  —  Requin.  L'emprisonnement  de 
Laugier-Sapor,  évéque  de  Gap,  d'après  des  pièces  de  procédure  iné- 
dites (1426).  —  H.  Hauser.  La  Cronique  du  roy  François  /«*,  1515-1542 
(œuvre  d'un  habitant  de  Sens,  qui  écrivait  après  1535;  sans  intérêt 
pour  l'histoire  générale).  —  Sabarthès.  Les  origines  de  l'abbaye  de 
Saint-Chinian  (Hérault).  —  Arnaud  d'àonel.  Étude  sur  les  possessions  de 
l'abbaye  de  Saint- Victor  de  Marseille  dans  le  bas  Languedoc.  —  Labande. 
Chartes  de  fondation  du  prieuré  de  l'abbaye  de  Montmajour  à  Estou- 
blon  (utiles  pour  l'histoire  de  Montmajour).  —  L.  André.  Les  mss.  de 
la  reine  Christine  à  la  bibliothèque  de  la  Faculté  de  médecine  de  Mont- 
pellier (papiers  et  lettres  de  Christine).  —  Chaillan.  Le  commerce  des 
draps  en  Languedoc.  —  R.  Faoe.  H.  de  La  Tour  d'Auvergne,  vicomte 
de  Turenne  (bibliophile,  père  de  Turenne).  —  Ph.  Queyron.  La  gava- 
cherie  de  Monségur.  —  E.  Clouzot.  Utilité  des  recherches  de  mété- 
réologie  rétrospective;  méthode  à  suivre.  —  L.  Guiraud.  Le  procès  de 
Guillaume  Pellicier,  évéque  de  Montpellier.  —  Goquelle.  Relation 
inédite  de  la  sédition  de  Montpellier  (29  juin-3  juillet  1645)  par  l'inten- 
dant de  Languedoc.  —  P.  Gachon.  Note  sur  les  modes  de  représenta- 
tion et  de  députation  aux  États  de  Languedoc  du  xvie  s.  à  la  fin  du 
xviie  s.  (origine  féodale  et  coutumière  du  droit  de  représentation).  — 
P.  Coquellb.  La  mission  d'Alquier  en  Suède  (1810-1811;  rupture  de 
Napoléon  avec  la  Suède).  —  J.-B.  Lavialle.  L'épuration  de  l'armée 
sous  la  Restauration,  d'après  une  correspondance  inédite.  —  L.  Tho- 
mas. Note  sur  la  population  du  bas  Languedoc  à  la  fin  du  xme  s.  et  au 
commencement  du  xiv«  (d'après  les  enquêtes  et  estimations  faites  en 
vue  d'  «  asseoir  »  sur  les  terres  du  domaine  roval  les  rentes  concédées 
par  le  roi).  —  Bazeille.  Les  billets  de  confiance  dans  le  département 
de  l'Orne  (1791-93).  —  J.  Béranqer.  La  société  patriotique  de  Rouen 
(1791-93)  et  les  billets  de  confiance.  —  Granier.  La  société  populaire 
de  Marsiilargues.  —  G.  Fleury.  Les  administrations  municipales  de 
canton  dans  l'ancien  district  de  Mamers  (jusqu'au  18  brumaire).  — 
Vialles.  Cambacérès  (biographie  complète).  —  P.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville.  Les  registres  des  bureaux  de  contrôle  de  l'ancien  régime,  aux 
Archives  de  la  Meuse.  —  A.  Vast.  Le  voyage  de  Louis  XVI  à 


CBHOIflQCE    BT    MltLIilf.ll.tr  II1K. 


207 


Varennos  (dépenses  occasionnées  par  ce  voyage).  —  De  l'Bbtoilb  et 
E.  Dsssat.  Les  origines  des  armées  révoluiiuiuiaires  et  impériales  dans 

-  Section  de  gfograyhit  historique  et  descriptive  :  A.  l'iw- 
uiwski.  Lee  transformation»  du  littoral  français  :  le  XUuotKttîi  WH- 

rnncbe  iai  Beilee-d'Otoom».  —  J.  Fouamen.  Les  dlSAnndi 
entre  le  Languedoc  ei  la  Provence  au  sujet  île  la  propriété  du  cours  du 
Itlioue  (ducuuieuis  des  xic-xvur  a.  importants  pour  la  géographie  his- 
tonqop}.  —  II.  UonuiKii,  Le  consulat  de  France  à  Canton  au  xviii»  s. 

—  Mu.ni'.i.i  i  .  L'Ile  Oùnchia  de  la  carte  d'Andréa  Bianco  et  la  pré- 

riqiM  par  les  Portugais  avant  Christophe 
Oolonlfa  [l'Ile  Ulincliiii  est  une  lie  fanl.iijtiqne).  —  Milavuli.i  8  iurr.es 
de  la  mappemonde  hydrographique  de  Wahlsecmûllcr  |I5I6)  eu  ce  qui 
1  \.rn|iii:.  —  A,  Cutmoni.  Géographie  hietorique  et  des- 
criptive tle  la  Sologne.  —  Stction  des  sciences  économique!  et  tuciales  ; 
Bueer-Bosw »  a  il  Lee  cahJara  do  la  sénéchaussée  de  Nimes  en  1789. 

—  P.  MuuM!t.  La  vente  des  biens  nationaux  à  Aubagne  |Bouehes-du- 

«I  Luens  n'unt  guère  été  moreeiés|.  —  J.  Bmuflak.  BoquMa 
sur  la  Banque  royale  de  Law  dans  l'élection  de  Bordeanx.  —  P.  Boyb. 
Les  eaui  et  forêts  en  Lorraine  un  ivin'  siècle.  —  Ë.  Dt  ville.  La  crise 
iiiouéuire  au  xvin*  s.  (projets  soumis  à  l'Assemblée  nationale  en  1 78e.*- 
!7ir2pour  remédier  à  l'insuilisauce  de  la  monnaie  de  bîllou).  — -  J,  Cua- 
vtsON.  Une  grève  d'avocats  sous  Henri  IV  |1602).  —  J.  Adheh.  His- 
é>  "Ih  centrale  de  TouloUM  de  1796  ■  l'an  XII.  —  F.  Fbandou. 
l5W-iW3(.  —  !..  Blaiï.  Notes  sur  les  collège?  de 
a  archidiocéso  d'Arles  il  la  veille  de  la  dévolution. 

—  Par  kfrflti  en  date  du  H  février,  M.  A.  Arum  a  clé  nommé 
président  de  la  Commission  supérieure  des  Archives  nationales,  commu- 
nales et  hospitalière*,  en  remplacement  de  M.  Albert  SorH,  décède. 

—  :Sur  l'initiative  'le  M.  Piéton,  mmisire  des  Affain-s  étrangères, 
une  commission  vient  d'Ûlre  institué*  pour  préparer  Ih  publication  d'un 
recueil  de  documents  dfnioffiitiqiiM  relatifs  à  ht  guerre  de  1870.  Celle 
commission,  présidé'1  par  M.  Deluaa-Moaiftud,  chef  île  la  division 
des  archives  du  ministère  des  Affaires  étrangères,  est  composée  de 
MM.  Joseph  Retnaeb,  A.  Aulnrd,  Emile  Bourgeois,  L.  Farges  et 
G.  Mande! 

—  Au  cours  de  l'année  dernière,  il  a  été  institué  au  ministère  de  U 

'  Comité  technique  des  archives,  présidé  par  M,  le  général 
Zinimer,  sous-chef  de  l'Etat- major  général  de  l'armée,  qui  comprend, 
outre  les  représentants  des  Ml  la  chef  de  la  section 

'  ,  M.  lu  commandant  L)e*briêre,  et  un  délégué  du  ministre 
"jition   publique,  M.  Camille   Ifloch,  inspecteur  généra!  des 
archives.  Ce  comité  vient  de  proposer  au  ministre  de  la  Guerre,  qui 
les  a  approuvées,  d'excellentes  mesures  qui  favoriseront  le  travail  des 
historien-   '  d'après  la  France  militaire  du 

1907  :  •  Beiei  des  desiderata  de  la  Commission  exirapa  rie  me  maire  det 


208  CMMOUQCl   ET  lIlUOClAPni. 

archives  instituée  au  ministère  de  l'Instruction  pubbque,  le  ministre 
de  la  Guerre  Tient  de  compléter  par  de  nouvelle*  disposiboas  tes  règles 
concernant  la  commonication  aux  chercheurs  et  aux  historiens  des 
documents  antérieurs  à  1848  intéressant  l'histoire  et  déposés  dans  les 
diverses  archiTes  militaires,  soit  à  Paris,  soit  en  proTince.  A  l'admi- 
nistration centrale,  un  grand  nombre  de  documents  du  plus  haut  inté- 
rêt, qui  étaient  jusqu'alors  dispersés  dans  les  diTers  services,  Tont  être 
versés  à  la  section  historique  de  l'ÉUt-major  de  l'année,  où  ils  pour- 
ront être  consultés  dans  les  formes  ordinaires.  De  plus,  il  a  été  établi 
un  inventaire  des  archiTes  des  sections  techniques  de  l'artillerie  et 
du  génie;  les  personnes  désireuses  d'en  prendre  connaissance  et  de 
consulter  les  archiTes  dont  il  s'agit  y  seront  admises  en  faisant  passer 
leur  demande  d'autorisation  par  l'intermédiaire  du  général  sous-chef 
d'État-major  de  l'armée.  La  section  historique  de  l'ÉUt-major  de  l'ar- 
mée mettra  également  à  la  disposition  des  mêmes  personnes  les  inven- 
taires des  archiTes  des  corps  d'armée  et  gouvernements  militaires  qui 
contiennent  de  nombreux  documents  de  la  plus  haute  valeur.  Copie 
de  ces  inventaires  sera  d'ailleurs  déposée  aux  archives  départemen- 
tales, et  la  communication  des  pièces  sera  autorisée  par  les  généraux 
commandant  les  corps  d'armée.  On  pourra  enfin  consulter  à  la  sec- 
tion historique  de  l'ÉUt-major  de  l'armée  les  catalogues  des  affaires 
de  la  justice  militaire  terminées,  antérieures  à  1814.  Certaines  de  ces 
affaires  présentent  un  réel  intérêt  historique,  et  les  généraux  comman- 
dant les  corps  d'armée  pourront  en  autoriser  la  communication,  sous 
réserve  des  précautions  nécessaires  pour  sauvegarder  les  intérêts  des 
familles.  » 

—  La  Direction  des  Archives  a  entrepris  un  État  sommaire  des  papiers 
de  la  période  révolutionnaire  conservés  dans  les  archives  départementales. 
D'après  le  cadre  de  classement  de  1874,  ces  papiers  sont  distribués 
dans  la  série  L  (administrations  du  département,  des  districts  et  des 
cantons)  et  dans  la  série  Q  (domaines  nationaux).  C'est  de  la  série  L 
seulement  que  s'occupe  le  présent  État.  On  y  trouvera  deux  choses  : 
d'abord  les  registres  dans  lesquels  ont  été  consignés  les  procès-ver- 
baux des  diverses  assemblées  administratives  qui  se  succédèrent  à  la 
tête  des  départements,  des  districts  et  des  cantons  de  la  France;  ensuite, 
une  masse  plus  ou  moins  considérable  de  dossiers  contenant,  par 
exemple,  les  arrêtés  des  représentants  du  peuple  en  mission,  les  papiers 
relatifs  aux  élections,  aux  émigrés,  aux  subsistances,  aux  levées  de 
troupes,  à  l'exercice  du  culte,  etc.;  d'un  côté  ce  qu'on  a  dit,  de  l'autre 
ce  qu'on  a  fait.  Ce  ne  fut  pas  un  mince  travail  que  de  coordonner  les 
informations  fournies  par  l'archiviste  de  chacun  de  nos  quatre-vingt- 
six  départements;  si  résumé  qu'il  soit,  cet  État  sera  un  précieux  guide 
pour  les  historiens  de  la  Révolution  en  province.  Il  sera  complet  en 
deux  volumes.  Le  tome  I  contient  l'état  des  départements  de  Ain  à 
Loire-Inférieure  ;  une  table  générale  se  trouvera  à  la  fin  du  tome  II. 


<-ilr,n\li.il  i:    ET 

—  M.  fleuri  Ohont  a  fait  tirer  à  part  son  article  sur  les  flbwwtlN 

UfHMHotU  du  rfr:fNtf(p>nrn(  <fc*  ittanuicrilt  [à  la  Bibliothèque  nationale], 
pendant  Us  années  19Ô5-1906  (I^ruui,  1907,  80  pages),  cet  inventaire 
sommaire  est  élirait  de  la  Bibliothèque  tic  l'École  des  chartes,  année  1907, 
p.  3-71;  mail  l'auteur  y  a  joint  une  liste  des  catalogues  du  département 
des  manuscrits  a  la  Bibliothèque  nationale. 

—  M.  Charles  Skiûnobos.  qui  a  pris  une  part  des  plus  actives  à  la 
réforme  récente  des  programmes  historiques  de  notre  enseignement 
secondaire,  expose  m>  idées  à  cet  égard  dans  une  très  intéressante 
brochure  intitulée  :  l'Histoire  dans  l'enseignent  ni  secondaire,  qui  sert 
d'introductioo  à  son  Cours  d'histoire  [Paris,  A.  Colin,  l!)t)fl,  in-16,  55  p., 
non  mis  dans  le  cummerce>.  Il  insiste  avec  raison  sur  l'utilité  de  l'his- 
toire pour  la  formation  intellectuelle  de  l'enfant  :  l'histoire  peut  et  doit 
devenir  un  des  meilleurs  moyens  de  développer  chez,  l'eu  Tant  les  facul- 
tés d'analyse  et  de  comparaison,  en  même  temps  qu'elle  éveillera  en 
lui  les  idées  d'enchaînement  et  d'êvulution.  M.  8.  donne  d'excellentes 
indications  sur  le  choix  des  devoirs  d'histoire.  I,   II. 

—  L'edilmn  que  M.  Ph.  Lauer  a  donnée  des  Annales  de  Ftodoard  dans 
la  Collection  de  testes  pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement  de  l'histoire 
|fasc.  30.  Paris,  A.  Picard  et  Sis,  1906,  in-8°,  T.rvin-307  p.|  mérite 
mieux  que  la  simple  mention  qui  en  a  été  faite  dans  le  dernier  bulletin 
des  publications  relatives  au  moyen  âge  français  (l.  XC1I1.  p.  94).  Un 
ce  possédait  jusqu'ici  de  ce  texte  essentiel  que  des  éditions  vieillies  et 
pour  lesquelles  une  partie  seulement  des  manuscrits  avait  été  utilisée  : 
la  dernière  en  date,  celle  de  Pertz,  était  depuis  longtemps  reconnue 
insuffisante.  Celle  de  M.  Lauer,  qui  repose  sur  un  classement  judicieux 
de*  sept  manuscrits  connus,  accompagnée  de  notes  historiques  abon- 
dantes el  d'un  index  tris  développe,  comble  donc  une  lacune  impor- 
tante. Elle  est  précédée  d'une  introduction  où  la  biographie  de  Flo- 
doard  est  retracée  avec  précision.  On  y  trouvera,  en  outre,  d'intéressantes 
considérations  sur  les  manuscrits  des  Annales,  transportés  successive- 
ment de  Reims  a  Dijon,  puis  en  Normandie.  M.  Lauer,  qui  a  repris,  il 
;  a  quelques  années,  à  son  compte  l'hypothèse  suivant  laquelle  les 
Annula  u.ius  seraient  parvenues  incomplètes  du  début  et  auraient  pri- 
niliwxtent  débuté  en  893,  maintient  ici  sa  théorie,  tout  on  reconnais- 
sant par  ailleurs,  non  sans  se  contredire  quelque  peu,  que  la  numéro- 
tation grecque,  qui  était  le  seul  argument  nouveau  qu'il  eût  versé  au 
débat,  ne  pouvait  rien  prouver.  Nous  craignons  aussi  qu'il  n'ait  mal 
saisi  |p.  lu)  la  portée  d'une  note  de  notre  Recueil  d'annales  angevines 
et  xend>'>moit«t  où  nous  disions  que  les  Annales  dites  dt  Renaxul  et  les 
Annales  de  VendAme,  qui  indiquent  NUI  l'année  917,  d'après  une  source 
commune  perdue,  le  début  de  l'œuvre  de  Flodoard,  ne  pouv 
invoquées  a  l'appui  d'une  théorie  qui  suppose  des  Annules  débutant  en 
893.  Les  courtes  annales  rédigées  dans  les  églises  et  les  monastères  de 
l'Anjou  et  du  Yeodijmois  étant  d'ordinaire  datées  seulement  au  moyen 

Rbv.  Histos.  XCIV.  1"  r*sc.  H 


210 


CHKO.IIQDE   ET    BIBLIOGKIPHII. 


de.  signes  de  renvoi  qui  les  rattachent  à  dé*  années  cotées  d'avance  sur 
les  calendriers  en  marge  desquels  elle*  août  écrites,  une  erreur  de  deux 
ans  n'a  rien  de  surprenant;  une  erreur  de  vingt-six  ans  est  inexpli- 
cable. L'archidiacre  Renaud,  auteur  présume  des  annales  perdues  de 
Saint- Maurice  d'Angers,  avait  donc,  croyons-nous,  sous  les  yeux 
un  manuscrit  [mutilé  ou  non)  de  Plodoard  débutant,  comme  les  manus- 
crits actuels,  à  l'an  919.  Mais  ce  sont  là  des  points  secondaires  qui 
monlreul  seulement  combien  sont  délicates  et  complexes  toutes  lei 
questions  qui  se  rattachent  à  la  critique  des  sources.  L.  H. 

—  Vous  ne  saviez  sans  doute  pas,  même  après  les  études  de 
H.  Lefranc,  pourquoi  Rabelais,  moine  défroqué,  avait  ■  goûté  à  l'Évan- 
gile *  et  s'était  ensuite  dégoûté  du  calvinisme?  M.  le  D'  Biset- Sa mo lé, 
qui  ne  lit  point  la  /férue  des  Études  rabelaisiennes,  mais  qui  a  t  établi 
l'observation  p  h  y  s  io-  psychologique  »  de  maître  Alcofriba».  vous  l'ap- 
prendra doctorale  m  eut,  et  vous  révélera  les  horrifiques  mystères  de  la 
suggestion  religieuse  [Us  Lois  psychophysiologiques  du  développement  des 
religions.  L'évolution  religieuse  chei  Rabelais,  Pascal  et  Racine.  I  vol.  de 
la  Bibliothèque  de  l'École  de  psychologie.  Maioine,  1907,  in-18,  400  p.). 
Vous  verrez  chez  lui  (et  c'est  un  plaisir  que  je  craindrais  de  déflorer 
en  l'analysant)  ce  que  sont  les  triangles,  doubles  triangles,  trapèzes  et 
rectangles  de  suggestion  religieuse  {il  y  a  des  figures),  sans  parler  des 
<  hiéropyncrotèmes  ».  Il  ne  vous  laissera  pas  ignorer  qu'en  1620 
■  l'Église  catholique  était...  beaucoup  plus  puissante  qu'elle  ne  l'est 
aujourd'hui  »,  que  Pascal  était  lié  avec  «  un  nommé  Auzoult  »,  — 
dont  il  me  semble  qu'il  est  assez  question  dans  les  articles  de 
M.  Mathieu,  —  ni  que  Pascal  eut  des  hallucinations.  Vous  regretterez 
que  t  les  idées  religieuses,  semées  »  chez  Pascal,  »  véritables  agents 
morbides  >,  l'aient  empêché  de  «  déployer  l'incomparable  talent  d'écri- 
vain que  révèlent...  leB  Provinciales  »,  Et,  si  d'aventure  vous  avez  la 
faiblesse  de  croire  que  les  =  néfastes  »  idées  religieuses  ne  furent  pas 
étrangères  à  la  composition  des  Provinciales,  c'est  que  vous  n'entendez 
rien  à  la  psycho- physiologie.  Si  l'ancien  élève  de  Port-Royal  est,  après 
Phèdre,  devenu  dévot,  sachez  que  c'est  là  t  un  bel  exemple  de  l'action 
à  longue  échéance  des  suggestions  religieuses  ».  Apitoyez-vons  avec 
M.  Binet  sur  le  sort  infortuné  de  M»"  Racine  :  ■  Gomme  beaucoup  de 
dégénérés,  elle  mourut  subitement,  le  15  novembre  1732  •  ...,  à  quatre- 
vingts  ans!  Me  direz-vous  que  vous  accepteriez,  à  ce  prix,  la  dégéné- 
rescence? C'est  que  vous  ne  savez  pas,  comme  M.  Binet-Sanglé, 
parler  savamment  de  Christoforo  Colombo,  de  Plinius,  de  Gatenus,  de 
lienedîctus  de  Nursia,  de  Gérard  Praet  fils,  que  les  Barbares  nomment 
Érasme,  et  de  Ieschou  bèn-Iossef,  que  les  bonnes  femmes  appellent 
Jésus.  Car,  apprenez-le,  hommes  de  peu  de  foi,  t  la  traduction  des 
noms  propres  est  irrationnelle.  Elle  a  l'inconvénient  de  jeter  le  doute 
sur  la  nationalité  des  hommes  et  la  situation  des  lieux  >.  Et  voilà 
pourquoi  M.  Binet-Sanglé,  dans  l'espoir  que  •  son  exemple  sera  suivi  », 
nous    emmène   à    «    Venezia    ■   et   même ,    ce   qui   est   original ,   à 


CHIOVIQLTE    !.T    UIBI.IOlilUPf 


211 


■  Tttrloo  ».  Irei-vou»  encore,  après  avoir  appris  que  la  suggestion 
religieuse  a  pour  causes  la  surémotivite,  la  suramativite,  la  surcraiti- 
tivilé  et  autreB  surperlicoquentieuses  fariboles,  irez-vous  indiscrèle- 
meiit  demander  pourquoi  ces  dégénérés  Curent  parfois  de  grands 
hommes?  Voici  comme  l'on  vous  répondra  :  «  Si  Biaise  Pascal,  mathé- 
maticien et  physicien  de  premier  ordre,  si  Arnauld  l'avocat  et  Jean 
Domat,  juristes  avertis,  si  Pierre  Nicole,  érudit  émisent,  si  Etienne 
Pascal ,  administrateur  habile ,  si  Jean  Racine  et  Louis  Racine, 
poètes  de  valeur  (.tic  pour  Jean  Racine!),  purent  être  des  dévots,  c'est 
qu'Us  demeurèrent  fermas  aux  phénomènes  psychologiques  et  sociolo- 
giques qui  fournissent  l'eiplication  rationnelle  de  la  genèse  et  du 
développement  des  religions.  ■  Les  pauvres!  ils  n'ont  pas  connu  les 
trapèzes  et  les  doubles  triangles  ! 

—  M.  FnriuiKit  Srnowsti  ne  les  connaît  pas  davantage.  Il  se  con- 

lofil  du  sentiment  religieux  en  France  au  XVII*  siècle.  Pascal  ri 
txm  temps.  I»  partie  :  De  Montaigne  à  Pascal.  Pion,  1907,  iu-18,  S8G  p.) 
d'analyser  avec  finesse  le  réveil  du  stoïcisme  chez  Montaigne  et  les 
pmnian  traducteurs  d'ftpictète,  chez  du  Vair  et  Juste  I.ipse.  En  face 
du  courant  stoïcien,  il  voit  couler  le  courant  libertin,  si  véhémente- 
ment dénonce  par  le  P.  Garasse,  et  il  nous  conte  les  aventures  peu 
ralliantes  de  ce  pauvre  diable,  —  mauvais  diable,  —  de  Vanini.  Il 
montre  comment  du  libertinage  de  mœurs  sort  le  libertinage  d'esprit, 
c'est-à-dire  ces  idées  hardies,  laïques  et  libératrices,  qui  trouveront 
dans  la  Sagesse  de  Charron  quelques-unes  de  leurs  plus  parfaites 
expressions.  Contre  ces  ■  débordements  >  philosophiques  en  dessinent 
le»  multiples  réactions  religieuses,  celle  de  Vincent  de  Paul,  celle  des 
Jésuites,  celle  de  Port-Royal.  De  cette  crise  capitale  dans  l'histoire  de 
la  conscleuce  française,  le  témoin  essentiel  sera  Pascal,  en  qui  nous 
retrouverons  du  Oeacartes  (M.  Mathieu  dirait  :  trop  de  Descartes)  et 
du  Gassendi,  de  l'Èpictète  et  du  Montaigne  II.  I1R. 

—  Avec  la  meilleure  volonté  du  monde,  il  est  impossible  de  prendre 
pour  un  livre  d'histoire  un  ouvrage  revêtu  du  iVihil  obstat,  de  1'  •  impri- 
matur >  et  d'une  4  protestation  ■  dans  laquelle  l'auteur  accepte 
d'avance  >  le  jugement  de  l'Église  a  l'autorité  de  laquelle  il  est  pleine- 
ment soumis  ».  Le  Vtnêrable  Père  Eudes  \i601-iG8O),  de  M.  Henri  Joli 
(coll.  tes  Saints.  V.  Lecoffre,  1907,  in-206  p.l.est  une  hagiographie  qui 
échappe  à  la  critique.  Contentons-nous  de  dire  que  »  les  spoliations  et 
l'exil  des  prolestants  >  y  sont  considères  comme  une  conséquence  do 
•  la  dissolution  de  la  Compagnie  du  Saint-Sacrement  »;  sans  doute 
qne  les  [deux  conTrères  se  seraient  opposés  a  la  révocation.  —  M.  Joly 
dit  que,  parmi  les  <euvree  de  la  Compagnie,  M.  Allier  aurait  dû  eiWr 
i  1m  nyudicala  jaunes  »  ;  mais  c'est  ce  que  M.  Allier  n'a  pas  manqué 
de  faire.  H.  Illt 

Et.  Jlïtîss  a  publié  de  nouveaux  extraits  des  Ménmn 
du  Strasbourg' 'oîk  Jean  Éverard  Zetaner.  I^ec  deux  précédentes  bro- 


înnOSIQCE  ET  BIBLIOGRAPDIE. 
chures  extraites  du  même  manuscrit  èlaienl  intitulées  :  Idylle  norvé- 
gienne d'un  jeune  négociant  ttrasbourgeois  et  Londres  el  V Angleterre  en 
1700.  Celle-ci  noue  conduit  à  Lyon  et  en  Espagne  et  est  intitulée  :  Un 
voyage  d'affaires  en  Espagne  en  17Î8  (Strasbourg,  Noiriel,  67  p.|.  Elle 
offre  un  intérêt  pittoresque,  peut-être  supérieur  aux  précédentes,  tant 
par  les  renseignements  fournis  par  Zetzner  sur  la  vie  privée,  les  mœurs 
et  l'Inquisition  espagnoles  que  par  le  très  curieux  récit  des  difficul- 
tés et  des  périls  avec  lesquels  il  fut  aux  prises  sur  la  Méditerranée, 
infestée  par  les  pirates  barbaresques.  Mais,  ce  qui  est  peut-être  plus 
intéressant  encore,  c'est  le  détail  de?  affaires  commerciales  qui  ame- 
nèrent Zetzner  à  Lyon  et  en  Espagne  pour  tacher  de  rentrer  dans  une 
partie  des  créances  qu'il  avait  sur  un  banquier  h.inquerouiier  :  le  Lyon- 
nais Rotmund,  Un  économiste  qui  dépuuillerait  complètement  les 
Mémoires  de  Zetzner  y  trouverait  certainement  de  précieux  renseigne- 
ments sur  la  banque,  les  affaires  de  change  et  en  général  sur  le  com- 
merce. Il  y  constaterait  qu'au  xviii"  siècle  la  contrebande  n'avait  aux 
yeux  des  hommes  les  plus  scrupuleux  que  le  caractère  d'une  opération 
commerciale  comportant  de  plus  grands  risques  que  les  autres.  Ces 
Mémoires  montrent  au  vif  l'état  d'effroyable  insécurité  du  commerce 
et  des  routes  de  terre  et  de  mer.  En  France  môme,  on  ne  voyageait  pas 
sans  la  quasi -certitude  d'attaques  de  brigands.  G.  M. 

—  M.  Amédée  de  Caix  db  Saint-Atmoub  vient  de  publier  sur  Julien 
Girard  de  ftialU  |1906,  in-81*,  non  mis  dans  le  commerce)  une  notice 
qui  est  un  modèle  de  simplicité  élégante  et  de  précision  émue.  On  sait 
tous  les  services  que  Girard  de  Rialle  a  rendus  à  l'histoire  et  aux  histo- 
riens comme  chef  de  la  division  de»  archives  du  ministère  des  Affaires 
étrangères;  ce  qu'on  savait  moins  bien,  et  ce  que  M.  de  Caix  nous  rap- 
pelle, c'est  la  part  très  importante  prise  par  Girard  de  Rialle  aux 
études  d'histoire  religieuse,  de  linguistique  et  de  littérature  populaire. 
Si  l'administration  ne  l'avait  enlevé  trop  lot  à  la  science,  —  à  laquelle, 
du  reste,  elle  l'a  ramené  ensuite,  —  Girard  de  Rialle  aurait  marqué  sa 
place  au  tout  premier  rang  dans  ce  genre  de  travaux.  Cela  valait  les 
pages  charmantes  et  bien  informées  que  lui  a  consacrées  M.  de  Caix. 
Ceux  qui  ont  connu,  —  c'est-à-dire  apprécie  el  aime  Girard  de  Rialle, 
—  ne  seront  pas  moins  heureux  d'y  retrouver  l'homme  à  côté  du 
savant,  car  chez  lui  la  bienveillance  et  la  délicatesse  égalaient  l'intelli- 
gence et  le  savoir.  L.  Fasses. 

Publications  nohvbi.lbs.  —  Inventaires.  —  belunsnes  el  Final.  Inventaire 
sommaire  des  iiri'Ji.  dip.  du  .Nord;  ivrit  II  :  Cliambrr  tirs  comptes  de  Lille, 
t.  1,  ï'  partie.  Lille,  impr.  Danel,  in-4\  v-561  p.  —  Guigne,  lnveot.  soiuin. 
des  arch.  départ.  Rfaiinr:  série  K,  su|iplriuml,  t.  II.  Lyon,  Georg,  in-i",  Wl  p. 

Documents.  —  Archives  historiques  do  départ,  de  la  r.îrondi-.  1.  XLI.  Pub, 
Picard,  in-V,  xixi-409  p.  —  S.  de  Boislislr.  Mémoriaux  du  Conseil  de  1661, 
t.  IL  Paris,  Laurens,  in-8*,  401  p.  (Soc.  hist.  de  France).  —  S.  Casaku. 
Mémoires  du  général  Bennigaen  (1806-1807).  Paris,  Laviuietle,  ï  vol.  in-8-, 
i/xxxvu-333  ol  x-368p.  —  P.  Champion.  Cronique  Marliniane. édition  rrili.rue 


i:iihomoi:e  kt  Kttiï.ioc.K.PiiiE. 


2)3 


iTooe  Interpolation  originale  pour  le  règne  du  Charles  VII  restituée  i  Jean  Le 
Clerc.  Paris,  Champion,  in-8",  i.xm-133  p.  —  L.  de  Contrition.  Mémoire*  'tu 
cnmle  de  Souvignj,  I.  I  (1G13-1G3S).  Paris,  Henouard,  in -S-,  37,1  p.  (Soc.  Liai. 
-  II.  C'nn-lfiiult.  Le  Litre  des  syndics  dea  États  de  Itéarn  ;  2'  |iar- 
i  Lampion.  in-8",  vm-234  p.  (Arcb.  hi»t.  île  la  Gascogne).  —  F.  et 
J  Halp!ii-n.  Journal  Inédil  il'AmsuM  il  Audilly  (1627).  Pari»,  Champion,  in-8', 
88  p.  —  G.  Luvrrnt.  Cihieri  il'-  ètAtMOM  |»>iir   Im   Etals  généraux  de  ITS'.'t; 

t.  i     bailliage  de  ChtiooMnr-lIuM.  ftpemaj,  Impr.   VUlan,  in-8-,  ixxu- 
Doe.  sur  l'hltt,  éron.  de  la  Uévol.).  —  !..  l'in>/nud.  Correspondance  M 
Leeoi  et  de  Grégoire  (1801-181"!).  Besançon,  impr.  Doditers,  in-8",  125  p. 

Bmortl   i.knkiuli;.  —  J.    Boulrriifrr.   Sous   Loti  is-Plii  lippe  ;   le*   Dam  [y». 

Paris,  Ollendorf,  in-8*.  ii-43f>p.  —  A.  Bourgvcl.  Études  sur  la  politique  éiran- 

',;■■;■■   <ln    ilt:      île   i.'lioiscul.  Pari*,  PloB,  in-8'.    iV-242  p.  —  E.  Daudet.  Histoire 

lu  l'i'mi.iiit  l.i  Révolution  française,  L  III.  l'iris,  Poussielgue,  in-8", 

SU  p.  —  /'A.  Gannnrd.  Le*  origines  de  In  légende  napoléonienne.  Paria,  Cal- 

mann-Léty,  in-8*.  —  0.  Wnnofnu-r.  Histoire  de  la  France  contemporaine  (187!- 

lenee  de  Mac-Mahon  ;  la  constitution  de  1875.  Paris,  Soc. 

i  U    Goalemp.,  in-8*,  737  p.  —  /.  Ilanscn.  Aïolussadc  a  Paria  du  baron  de 

■foli-mlirim  (1884-1898).  Pari»,  Flammarion,  in-16,  xn-203  p.  —  M.  tlrrbetU. 

l'or  ambassade  |>ersane  sous  Louis  XIV.  Paris,  Perrin,  in-8',  401  p.  —  0.  Mur- 

■•■■  ■|ire  extérieure  et  coloniale  de  la  France  de  Loiii*  XIV  A  Napoléon 

■  .piences  jusqu'à  nos  juurs.  Levai  lois-Perret,  l'auteur,  in-lo.   tXBr 
i     ttrijnitutt.   La  F  ruine  mua  ie  second  Empire.  Paris,  Messein,  în-18, 

Ï18  p.  —  J.  d  ih sri.  Éludes  sur  l'année  1813;  la  défection  de  la  Prusse.  Paris. 
Pion,  in-S*,  x-444  p.  —  HiSTOina  égosobjucb.  //,  Folk.  LM  privili hgt 
rie  aous  l'ancien  régime.  Paris,  rtousse.au,  in-8".  ui-191  |i.  —  A.  Picnrd.  Le 
bilan  d'an  siècle  (180I-I90OJ,  t.  V.  Paris,  Le  Soudier.  in-8-,  474  p.  —  Hhtoirie 
■iLlQlEimx.  Du  Bourg.  Monseigneur  Du  bourg,  évéque  de  Limoges  (1751-1822). 
Paris,  Prrrin,  in-8'.  475  p.  —  L'Eglise  de  France  prnitunt  ht  IL-mliitinti  ifr 
1793.  Limoges,  impr.  Rippe,  in-8".  2%  p.  —  l.'Fpiscopat  françui»  Mf*dl  h 
Concordat  Jttiqn'i  la  Séparation  (1802-1905).  Paria,  libr.  des  Saint-  i' 
xii-720  p.   —  E.  Mrtwjenoî.  Dictionnaire  de   théologie   catholique,  fase.  21. 

Paria,  Lelouzej.  in-H-,  col.  -JG1  a  1280.  —  Histcuhe  hil.i  k\m-..  I     r. il.  Le» 

nnraJjites  contre  l'armée  (1815-182(1).  Paris,  Chapelol,  2  toI.  in-8*,  x-406  et 
«--397  p.  —  U.  Coutonreau  et  c.  dr  tji  Jonquiére.  La  campagne  de  1794  a 
l'armée  du  nord;  2-  partie  :  opérations,  t.  I.  Paris,  Cbapelot.  in-8",  xttt-819  p. 
—  routiot,  Mario*  et  MarUtr.  Souvenirs  de  la  campagne  de  1870-1871.  DU- 
Ions-sur- Marne,  impr.  de  1'  ■  l'nion  républicaine  ■>,  in-8",  117  p.  —  La  guerre 

i  umé«  de  Cbilons,  11  :  Nouart-tteaumont.  Paris,  Chapelet, 'J  vol. 

In-8*,  253  et  349  p.  —  A.  Mony.  Nolea  d'ambulance  (aoùl  ISTO-février  1871). 

Pari».  Pion,  in-ir,,  n-496  p.  -  ï.   lUcard.   1870;  la  parte  de  l'Alsace.  Pari», 

.    ■.-380  p.  —  Id.  La  campagne  de  1800  en  Allemagne,  t.  I.  Paria, 

Chaiieiul,    in-8%   xv-513    p.   —   Id.    et    t.   Jouait.   L  artillerie    française  au 

Paria,  Bsrger-Lcnuilt,  in-8",  ISS  p.  —  BtoounaM.  H.  Bntsv 

Le  duc  dr  Nriimurs,  Paris,  Émile-Paul,  ln-8".  —  (7.  LenMrt.  Les  (ils  de  Pbi- 
lipl-e-Egalité  pendant  la  Terreur,  l'aris,  l'errin,  in-lt;,  Jim  p, 

I                  paOVINOULI  «T  LOUI.I.  —  P.  B'irr    LM   initilutiou»   municipal'» 
de  Moulin-  sous  l'ancien  régime.  Paris,  Larose,  in-H",  51 1  p.  —  /'  A 
La*  origines  de  lAuim [éwÉnili  Ai  t.\on  ,  l'Aumonc  la-aponlH  île  |fi)l  ci 

■  .le  l' Aumône   permanente,  'i'rcioui,  impr    Jeiiinin,  in-8%  40  p.  — 
Denmu.    Uialoire   de    la    guerre   de    Vendée,   t.   11.   Angers,    Sirandcau,    in-8'. 


2U 


CBIOSK-CÎ    ET   (flLlOClifBII. 


-  C-  lntt>lantlty.  UoBOgrapriie  luttoriqw  do  rillage  de  Génirouri-Mir- 
Hr-nr  Bar-le-Doc,  rapr.  Co-at-u-t-Lagorrrr,  in-8-,  178  p.  —  J.  Palk.  >oles 
cfanerioa-kpj-at  m  les  délibérai  ion»  ranmeipale*  (1739-1906)  de  la  ville  de 
Vienne  fUérrj  VltWM,  Ogerrl.  in-*",  T7  p.  —  P.  «V  Ftmtoinr  de  Htsbtcq. 
Ciuase.  (H*«Ic-Vmmm^  t'ne  («âge  d  biiloirr.  Roch«houajl,  impr,  Dta-iantcT, 
in-M\  103  p.  —  O.  François.  Elude  bUloriiror  et  •rcbroloeiquf'  sur  le  Mont- 
Aiiné.  CUIons-Mr- Marne,  impr.  de  1*  •  Union  républicaine  »,  in-8-,  rv-!!9  p. 
—  H.  Ceorçe.  H'utoire  dn  village  de  Linijr  en  MVocmais.  Paris,  Dumoulin, 
In-8-,  vt-W5  p.  —  C.  Hoffmann  L'Alsace  «a  mn-  siècle,  t.  1U.  In-8-,  544  p. 
i  HiW  de  U  Renie  de  l'Ai**»,  XI.)  —  S.  Ïïurault.  La  cathédrale  de  Chalons 
el  ion  clergé  à  la  fin  do  nu*  aiècle.  ChAlons-tur-Marne,  impr.  Martin,  in-S-. 
Tui-IOG  p.  —  E.  Lmarrhanil.  Le  château  royal  de  Viocenoes  de  son  origine  à 
noa  jour*.  Pari»,  Daragon,  in-S*.  350  p.  —  À.  Leroux.  Le  aac  de  la  cilé  de 
Limoges  et  ton  relèvement  (1370-1164).  Limoges,  Docourtieui,  in-8*,  B3  p.  — 
F .  IH'ivgu.  Essai  sur  le  recrutement  et  les  attributions  des  principaux  oftices  du 
aiege du  bailliage  d'Amien*  dé  1300a  1600.Parii,Picard,  in-8*.  m-90  p.  —  Méreste. 
Histoire  du  Cateau.  Cambrai,  Deligne,  in-8",  xvi-î69  p.  —  /.  Muret,  Histoire 
de  Saint-  afenoui.  Moulins,  Crépi o-Leblond,  in-S*.  x-534  p.  —  Chr.  P/Uler. 
Tableau  de  Nancy  et  de  la  Lorraine  pendant  le  règne  de  Léopold  (1 097-1729). 
Sa  ml- Dit,  impr.  Cunj.  in-8'.  110  p.  ~  A.  de  Trurhù  de  Tarennei,  Généalo- 
gie de  la  maison  de  Tnidiis.  Dijon,  impr.  Jobard,  in-4",  xiv-536  p. 

Allemagne.  —  M.  Franz-Xaver  vom  Fumk,  professeur  d'histoire 
ecclésiastique  il  la  Faculté  catholique  de  Tùbingen,  en  mort  en  cette 
ville,  le  U  février  dernier,  à  l'âge  de  soixante-sept  ans.  Ses  travaux 
sur  l'histoire  ancienne  du  christianisme  et  uotam ment  sur  les  premières 
collections  canoniques  en  langue  grecque,  son  Lebrbuch  der  Kirehen- 
geschictile,  dont  la  4*  édition  parut  en  1901,  ses  Kircliengttctiiclitltchen 
Abhandlungen  urut  Cntertvchungen  (3  vol.,  1897-1899),  ses  articles  du 
Tlieologisehe  Quartattchrifî  dénotent  une  science  et  une  indépendance 
d'esprit  que  l'école  protestante  elle-même  se  plaisait  à  reconnaître. 

—  Jusqu'à  présent,  les  catholiques  allemands  n'ont  guère  paru  que 
dans  l'opposition  au  mouvement  d'études  et  d'idées  qui  se  rattache  en 
France  à  la  question  biblique.  M.  T.  Enqbbt,  dans  sa  dernière  publica- 
tion, sur  les  temps  primitifs  d'après  la  Bible  (Die  Drseit  der  llibel; 
I.  Die  WeltscMpfung.  Munchen,  I.entner,  1907,  gr.  in-8",  53  p.),  prend 
une  attitude  résolument  scientifique.  On  ne  peut  que  louer  ses  consi- 
dérations générales  sur  le  caractère  de  l'ancienne  littérature  biblique, 
et  l'impossibilité  de  constituer  une  exégèse  sérieuse  en  partant  du  con- 
cept traditionnel  de  l'inspiration  scripturaire.  Son  commentaire  du 
premier  chapitre  de  la  Genèse,  avec  comparaison  des  mythes  babylo- 
niens, est  très  érudit  et  judicieux.  Alfred  Loisv. 

—  Les  publications  du  Séminaire  d'histoire  ecclésiastique  dirigé  par 
le  professeur  KnOpfler,  à  l'Université  de  Munich,  méritent  aussi  d'at- 
tirer l'attention.  Nous  en  avons  reçu  trois  fascicules  :  Die  Dauer  der 
OfftntUehm  Wirksamkeit  Jesu,  par  M.  L.  Fënut;  Vie  Beichl  nach  Casa- 
riuj  von  llcisterbach,  par  M.  A. -M.  Kcekiobb;  Ncnia  und  Confessai, 
I.  Der  Attar  der  vorkonstanlinischcn  E<rche,  par  M.  F.  Wielahd  (Mûn- 


cnanvion:  fr  ntBi.inr.Bir-niE. 


213 


vm,  Lentner,  1906,  in-8",  vnt-148,  x-107,  iyi-167  p.).  Bien  qu'il  main- 
tienne  l'historicité  du  quatrième  Évangile,  M.  Fendt  eu  écarte  le 
témoignage  en  supposant,  fort  gratuitement,  que  l'ordre  des  récit» 
n'est  point  chronologique;  et.  comme  il  a  commencé  par  montrer  com- 
bien les  données  des  Synoptiques  et  celles  de  lu  tradition  «uni  incer- 
taines, on  ne  voit  pas  trop  pourquoi  il  affirme,  pour  conclure,  que  le 
ministère  de  Jésus  a  duré  un  peu  plus  d'un  an.  Sn  dissertation  est 
tri*  érudite,  mais  elle  manque  de  pénétration  et  de  clarté.  Celle  de 
.M.  Kiciiiger  est  beaucoup  mieux  conduite  :  importante  contribution  à 
l'j  sacrement  ecclésiastique  de  la  pénitence,  par  l'analyse  des 
("■crus  d'un  moine  cistercien  qui  a  vécu  dans  la  première  moitii'  du 
un'  siècle.  Le  travail  de  M.  Wieland  présente  aussi  un  véritable  inté- 
rêt pour  l'histoire  de  l'ancienne  liturgie  chrétienne  et  fait  désirer  la 
continuation  annoncée.  La  conclusion  de  cette  première  partie  est 
négative  :  pas  d'autel  dans  les  basiliques  chrétiennes  avant  la  paix  de 
l'Église;  mais  l'auteur  montre  fort  bien  comment,  par  l'évolution  de  la 
croyance  et  du  rite,  la  table  qui  servait  à  la  cène  eucharistique  tendait 
a  devenir  l'autel  qu'elle  fut  bientôt.  A.  L. 

—  M.  A,  Dor.vbb,  professeur  à  l'Université  de  Kônigsberg,  a  voulu 
représenter  en  une  puissanlo  synthèse  l'évolution  des  croyances  chré- 
tiennes depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours  (Die  EntiUhung  der  christ- 
lichen  Olattbtntlehrtn.  Munchen,  Lehmann,  1906,  gr.  in-8»,  vi-315  p.(. 
Il  s'agit  moins  de  l'histoire  des  croyances  que  de  la  philosophie  géné- 
rale de  cette  histoire.  Partant  de  son  idée  générale  de  la  religion,  la 
vie  de  Dieu  dans  l'humanité,  l'auteur  montre  comment  le  christia- 
nisme, sous  ses  diverses  transformations,  a  été  la  réalisation,  de  plus  en 
plus  parfaite  et  consciente,  de  ce  principe,  que  le  dogme  grec  de  la 
Chrbtologie  a  essayé  de  définir  par  rapport  à  l'intelligence  croyante; 
que  le  dogme  occidental  de  la  grâce  a  voulu  préciser  à  l'égard  de  la 
volonté;  que  la  réforme  protestante  a  mis  en  sa  vraie  place  dans  la 
conscience  individuelle.  Les  recherches  actuelles  sur  l'essence  du  chris- 
tianisme marquent  le  dernier  point  de  l'évolution,  et  l'on  ne  noue  dit 
pas  qu'il  y  ait  rien  à  prévoir  au  dell.  Système  trop  absolu  peut-être 
pour  encadrer  naturellement  toute  l'histoire  du  christianisme  et  en 
même  temps  trop  étroit  dans  son  application.  L'Évangile  de  Jésus  ne 
proclame  pas  l'incarnation  de  Dieu  dans  l'humanité;  et,  d'autre  part, 
l'on  pourrait  entrevoir  comme  dernière  conséquence  logique  de  l'idée 
fondamentale  reconnue  par  M.  Dorner  une  conception  religieuse  que 
[r  christianisme  aura  contribué  à  produire,  mais  qui  n'aura  plus  rien 

l'.i.'ineni  chrétien,  A.  L. 

—  I,a  septième  édition  de  D*HLW4NK-\V.im,  Quttienkundt  der  devt- 

ehiehU,  publiée  il  y  a  quelques  mois  par  M.  Erich  Iïhamden- 
m»o,  avec  la  collaboration  de  MM.  lierre.  Hilliger,  Meyer  et  ricuolï 

l  iieterich'sche  Verlagsbuchhaudlung,  191X1,  in-8",  m-1020  p.), 
marque  un  progris  considérable  sur  les  éditions  antérieures.  La  hitdio- 


21 B 


CltOSlQTjl    ET    lIlLlOCKirfltR. 


graphie  a  été  soigneusement  revue  et  complétée  et  quelques  améliora- 
tions de  détail  ont  été  apportées  dans  la  division  de  l'ouvrage.  Le 
regret  qu'on  serait  tenté  d'exprimer,  c'est  que,  par  suite  des  longs 
délais  qu'a  exigé  l'impression,  la  bibliographie  s'arrête,  pour  une 
grande  partie  du  volume,  au  début  de  l'année  1901.  Mais  ce  regret 
même  serait  vain,  les  auteurs  promettant  dans  leur  préface  un  supplé- 
ment qui  doit  paraître  incessamment.  Si  consciencieux  cependant  qu'ils 
aient  été,  ils  ont  laissé  échapper  un  certain  nombre  de  publications 
qu'on  s'attendrait  à  voir  citées  dans  l'ouvrage  :  parmi  les  omissions  les 
plus  regrettables,  en  ce  qui  touche  le  moyen  âge,  nous  relèverons 
(livre  II,  chap.  1*1  celle  de  l'Euai'  sur  l'origine  de  la  noble ttt  en  France 
de  M,  Guilhiermoi  (1900),  qui  ne  semble  pas  suffisamment  connu  de 
la  plupart  des  érudits  allemands,  celle  du  volume  consacré  a  la  corres- 
pondance de  Gerbert  (n°  3511]  par  M.  Jules  Lair,  dans  ses  Éludes  cri' 
tique  s  mr  divers  textes  des  X*  et  XI*  siècles  (1899),  celle  enfin  des  Études  sur 
le  règne  de  Hugues  Capet  et  la  /In  du  X' siècle  de  M.  Ferdinand  Lot  1 1903), 
qu'il  eût  fallu  rapprocher  de  ses  Derniers  Carolingiens  (n°  3551 1  et  <]u'i! 
eût  fallu  également  indiquer  leo  raison  de  l'Appendice  IX),  ainsi  que 
plusieurs  travaux  sur  les  Fausses  Décrétâtes,  —  notamment  ceux 
d'Hinschîus  et  de  M.  Simson,  —  à  propos  des  Capitulaires  de  Benoit 
le  Lévite  ln°  3219).  Un  s'étonne  aussi,  dans  le  chapitre  consacré  aux 
instruments  bibliographiques,  de  ne  pas  trouver  mention  pour  la 
France,  à  coté  de  la  bibliographie  de  l'histoire  de  France  de  M.  Monod 
In"  941),  du  Ripertoire  méthodique  de  l'histoire  moderne  et  contemporaine 
publié  annuellement  par  MM.  Brière  et  Caron  depuis  1898.  Enfin,  dans 
l'énumération  des  revues  d'bistoire  générale  (n°*  1019-1046),  il  nous 
paraît  étrange  de  ne  faire  figurer  que  des  revues  allemandes,  puisque, 
dans  les  autres  subdivisions  de  l'ouvrage,  on  indique  les  principaux 
livres  ou  recueils  étrangers,  intéressant  même  indirectement  l'histoire 
de  l'Allemagne.  h.  H. 

—  Dans  une  brochure  intitulée  lier  frànkische  Vicecomitat  (s.  1., 
1907,  in-4°,  87  p.,  hors  commerce),  M.  W.  Bickel,  professeur  à  la 
Faculté  de  droit  de  Strasbourg,  a  tenlé  de  dégager  les  caractères  géné- 
raux de  l'institution  des  vicomtes  a  l'époque  franque.  Son  travail,  qui 
repose  sur  des  dépouillements  considérables,  pour  lesquels  un  grand 
nombre  de  publications,  même  locales,  ont  été  mises  à  profil,  consti- 
tue une  importante  contribution  à  l'histoire  de  l'administration  caro- 
lingienne. Dans  une  première  partie,  l'auteur  cherche  à  déterminer 
l'époque  et  les  régions  où  l'on  rencontre  des  vicomtes  en  France  et 
donne  la  liste  des  noms  qu'il  a  relevés.  11  étudie  ensuite  le  mode  de 
nomination  de  ces  fonctionnaires,  qui  sont,  en  principe,  choisis  uni- 
quement par  les  comtes,  dont  ils  sont  les  substituts.  Dans  une  troi- 
sième partie,  il  étudie  leur  compétence,  fort  variable,  suivant  que  le 
vicomte  se  borne  à  assister  le  comte  ou  à  le  représenter  dans  un  dis- 
trict déterminé  ou  encore  à  le  remplacer  en  permanence  dans  un 
comté,  si  le  comte  réside  ailleurs.  Dan;--  une  quatrième  partie,  M.  Bickel 


>liora- 
e  seul 


CBBOYIQUE   ET    BIBUOCRIPIHK. 

étudie  plu»  spécialement  le  ressort  du  vicomte.  Enfir. 

travail  par  un  chapitre  sur  les  vicumtes  d'Italie.  L.  H. 

—  La  seconde  partie  du  t.  H  des  Inventare  des  Grnsshcriogtich  Badi- 
schtn  General- Landcsarchivs  |Karlsruhe,  Mùller'scuen  llofbuchhondlung, 
1907,  in-8»,  p.  i-vm  et  195-394)  vient  de  paraître.  Elle  est  consacrée 
aux  Baden-Durlach  et  se  termine  par  un  index  général. 

—  Le  t.  XV  du  Ittyers  grosses  K'onrtrsatians-Lexikon  vient  de 
paraître  |Leipziç-\Vîon.  Bibliograiihisches  Institut.  1006).  Il  va  de 
Ôhmichen  à  Ptakatschrifltn.  Signalons-y  l'article  Osicrreich.  qui  est 
accompagné  de  cartes  liisioriijues,  les  articles  Patîistma,  Persim,  etc. 

Autriche- Hongrie.  —  Le  premier  fascicule  des  Studicn  zum  àttt- 
rtn  ùsterreichischen  Vrkundenwestn,  que  publie  M.  Oskar  v.  Mrns 
(Wien,  Verlag  des  Vereioes  fur  Landeskunde.  von  Niederosterreicb, 
in-8»,  77  p.|,  contient  un  résumé  très  clair  de  l'histoire  de  l'acte  priva 
et  plus  spécialement  de  la  charte- notice  en  Basse- Au  triche  dans  les 
premiers  temps  du  moyen  âge.  Pour  l'analyse  des  caractères  intrin- 
sèques de  ces  actes,  l'auteur  s'inspire  beaucoup  des  travaux  de 
M.  Oswald  Redlich;  mais  il  y  ajoute  des  considérations  intéressantes 
sur  l'abandon  progressif  de  la  cbarie-notice,  que  tendent  de  plus  en 
plus  à  remplacer,  à  partir  du  xu*  siècle,  des  actes  en  forme,  authenti- 
qués par  des  sceaux.  Ce  n'est  là  toutefois,  semble-t-il,  qu'une  intro- 
duction à  un  travail  plus  étendu  que  M.  O.  von  Mitis  ne  saurait  larder 
à  nous  donner.  Nous  nous  réservons  d'y  revenir  avec  plus  de  détails 
quand  l'ouvrage  sera  complet.  L.  il. 

Belgique.  —  Les  Archives  générales  du  royaume  ont  acquis  récem- 
ment à  Rome  des  correspondances  très  intéressantes  pour  l'histoire  du 
ivui"  -.L.'clf  belge;  nom  citerons  comme  particulièrement  importantes 
les  lettres  du  prince  de  Méan,  évéqne  de  Liège,  et  du  cardinal  de  Fran- 
keuberg  au  nonce  Brancadoro. 

—  L'administration  des  Archives  générales  du  royaume  de  Belgique, 
à  Bruxelles,  vient  de  faire  paraître  le  1. 1  de  ses  Inventaires  sommaires. 
Il  est  consacre  aux  Inventaires  sommairts  de  archiva  des  anciens  gou- 
vernements des  Pays-Bas  (Bruxelles,  impr.  E.  Guyot,  1996,  in-8*).  Il  se 
compose  de  ta  réunion  de  H  fascicules  pagines  à  part  et  d'étendue 
fort  inégale.  Et»  télé  de  chacun  d'eux,  une  introduction,  courte  d'ordi- 
naire, mais  substantielle,  donne  quelques  renseignements  sur  l'origine 
at  la  constitution  du  fonds  inventorié.  Ou  remarquera  sped aliment 
celle  que  M.  A.  Gaiu-ami  a  mise  eu  tfite  de  l'inventaire  des  archives  d« 
la  lecréiairerie  d'État  et  de  la  Guerre  :  c'est,  en  35  pages,  un  excellent 
historique  do  cette  institution.  L.  11. 

—  Le  t.  VI  du  Vntatngue  des  manuscrits  de  ta  Bibliothèque  royale  de  Bel- 
gique, par  le  1*.  van  des  Gheyn,  se  rapparie  4  l'histoire  des  ordres  reli- 
gieux et  des  églises  particulières  (Bruxelles,  Lamertin,  1906.  xi-778  p.). 


2*8  CHIOUIQUE  ET  BI1LIOG1APHIE. 

—  Le  volume  contenant  les  Actes  du  Congrès  international  pour  la 
reproduction  des  manuscrits,  des  monnaies  et  des  sceau*;,  tenu  à  Liège  en 
août  4905,  a  paru  à  Bruxelles  (Misch  et  Thron,  1906,  in-8°,  xxvm- 
338  p.).  Voici  la  liste  des  rapports  qui  y  ont  été  insérés  :  X.  Da  Cdnha. 
La  législation  portugaise  sur  la  reproduction  des  manuscrits.  — 
A.  Gaillard.  Les  procédés  de  reproduction  des  sceaux.  —  G.  Sury. 
Organisation  d'un  bureau  international  d'échange  des  reproductions.  — 
M.  Lhobst.  Étude  des  différents  papiers  à  employer  comme  support  des 
photocollographies,  photogravures  et  phototypogravures.  —  P.  Bbrg- 
m ans.  Les  tentatives  antérieures  d'entente  internationale  pour  la  repro- 
duction des  manuscrits.  —  M.  Prou.  L'état  actuel  des  publications  de 
fac-similé  de  chartes  et  autres  documents  d'archives.  —  L.  Stainibr. 
Étude  sur  les  procédés  techniques  les  meilleurs  et  les  plus  économiques 
à  recommander  pour  la  reproduction  des  manuscrits,  des  monnaies  et 
des  sceaux.  —  D.  van  de  Gasteblb.  L'utilité  des  reproductions  photo- 
graphiques au  point  de  vue  des  expéditions  officielles  de  documents 
d'archives.  —  F.  Al  vin.  Les  procédés  de  reproduction  des  médailles  et 
des  monnaies.  —  P.  Francotte.  Description  d'une  méthode  photogra- 
phique permettant  de  reproduire  des  manuscrits  et  autres  documents 
dans  le  but  d'obtenir  des  positifs  par  projections  lumineuses  et  des 
agrandissements  destinés  à  l'enseignement.  —  P.  van  den  Vbh.  L'orga- 
nisation de  systèmes  pratiques  de  reproduction  des  manuscrits  dans  les 
grandes  bibliothèques  publiques.  —  A.  Bavot.  L'état  actuel  des  publi- 
cations de  fac-similé  de  manuscrits. 

—  M.  D.-D.  Brouwbrs  a  publié  le  t.  II  des  Mémoires  de  Jean,  sire 
de  Haynin  et  de  Louvignies,  1465-1477  (Liège,  Cormaux,  1907,  267  p.). 

—  MM.  Gh.  De  Lannoy  et  H.  Van  dbr  Lindbn  ont  fait  paraître  le  1. 1 
de  leur  Histoire  de  V expansion  coloniale  des  peuples  européens  (Bruxelles, 
Lamertin,  454  p.),  qui  a  obtenu  le  prix  de  25,000  francs  fondé  par  le 
roi  des  Belges.  Le  premier  volume  est  consacré  au  Portugal  (Gh.  De 
Lannoy)  et  à  l'Espagne  (H.  Van  der  Linden)  ;  on  y  étudie  les  grandes 
phases  de  l'expansion,  l'administration  des  colonies,  le  régime  écono- 
mique, la  civilisation  portugaise  et  espagnole  dans  les  colonies,  les 
résultats  de  la  colonisation  pour  la  mère  patrie. 

—  Les  amis  et  les  admirateurs  de  Léon  Van  der  Kindere  ont  entre- 
pris de  réunir  en  volumes  les  petits  travaux  du  maître  dispersés  dans 
les  revues  et  les  recueils  académiques. 

—  Les  collègues  et  amis  de  M.  G.  Kurth,  professeur  émérite  à  l'Uni- 
versité de  Liège  et  directeur  de  l'Institut  historique  belge  à  Rome,  ont 
décidé  de  lui  offrir  un  volume  de  Mélanges, 

Grande-Bretagne.  —  Feu  le  prof.  F.  Y.  Powell,  mort  le  8  mai  1904 
à  l'âge  de  cinquante-quatre  ans,  a  laissé  de  fidèles  amis.  L'un  d'eux,  Oli- 
vier ëlton,  s'est  proposé  d'en  raconter  la  vie  à  l'aide  de  ses  souvenirs 
personnels  et  surtout  de  nombreuses  lettres  écrites  par  Powell  ou  le  con- 


Gnomon  bt  niRLiOGRirniB. 


2)9 


cernant  La  Via  et  la  Correspond  .in  ce  mm  plissent  tout  un  volume;  un 
second  est  formé  d'articles  historiques  et  d'ieuvres  littéraires  que  Powell 
avait  semés  un  peu  partout  {Frederick  York  Powell.  A  tif»  and  a  «fer- 
Won  from  hit  lettm  and  occasional  writingi.  Oxford,  al  the  Clarendon 
Press,  2  vol.,  xvi-KVÏ  et  xvi-164  p.,  1906).  La  partie  biographique,  trai- 
tée avec  beaucoup  de  tact,  est  d'un  grand  charme;  elle  nous  fait  con- 
naître et  aimer  l'homme  lui-même,  avec  son  intelligence  si  souple,  sa 
culture  si  étendue,  son  cœur  ai  chaud  et  toujours  resté  fi  jeune.  Che- 
min faisant,  on  y  rencontre  des  noms  connus,  dont  plusieurs  illustres  : 
Freeman,  Grées,  Creighton,  pour  ne  parler  que  des  morts;  mais 
aucune  de  ces  figures  disparues  n'apparaît  dans  ce  livre  avec  un  relief 
aussi  vivant  et  une  grâce  aussi  touchante  que  l'ami  le  plus  intime,  le 
principal  inspirateur  de  Powell  :  Gudbrand  Vigfusson,  l'auteur  célèbre 
des  Origines  iilandicae.  Curieuse  collaboration  que  celle  de  ces  deux 
hommes  si  différents  :  le  Scandinave  un  peu  fruste,  comme  si  sou  com- 
merce littéraire  avec  les  plus  anciennes  sagas  islandaises  avait  fait 
revivre  en  lui  l'Ami?  de  ses  plus  lointains  ancêtres,  l'Anglais  si  raffiné, 
d'une  culture  littéraire  si  moderne,  séduit  par  tout  ce  qui  était  vie, 
mouvement,  lumière.  Powell  a  consacré  te  meilleur  temps  de  sa  vie  à 
induire  l'œuvre  de  son  ami,  mais  de  si  originale  façon  que  les  deux  noms 
ne  sauraient  plus  être  séparés.  Traducteur,  Powell  l'était  d'ailleurs  avec 
délices  :  il  s'est  diverti  plus  d'une  fois  à  Taire  passer  dans  sa  langue  les 
œuvres  de  poètes  français  tels  que  Verlaine,  Mallarmé,  auxquels  il  avait 
voué  une  admiration  enthousiaste.  Le  tome  II  présente  un  moindre  inté- 
rêt; il  se  compose  surtout  d'écrits  de  circonstance  qui  perdent  une  part 
nottble  de  leur  valeur  quand  on  les  relit  après  un  long  intervalle;  peut- 
être  cependant  ceux  qui  se  rapportent  aux  légendes  de  la  Germanie 
païenne  garderont-ils  plus  longtemps  leur  fraicheur  et  comme  leur 
nouveauté.  Cb.  B. 

—  La  librairie  Giard  et  Brière  a  mil  eu  vente  le  tome  I  de  {'Histoire 
constitutionnelle  de  l'Angleterre  par  William  Stubiis,  traduite  par 
M.  G.  Lefebvde.  avec  une  introduction  et  des  notes  par  M.  Cli.  Petit- 
UiTAiLLih  (Bibliothèque  internationale  de  droit  public,  1907,  xii-9Ï0  p. 
Prix  :  lfi  !>.(.  Cette  traduction  met  un  livre  encore  excellent,  bien  qu'il 
commence  a  vieillir,  a  la  portée  de  nos  étudiants  d'histoire,  trop  sou- 
vvnt  ignorants  de  la  laugue  anglaise.  M.  Petil-Ou taillis  a  d'ailleurs  mis 
l'ouvrage  au  courant  de  la  science,  soit  en  renvoyant,  dans  les  noies 
mises  au  bas  des  pages,  aux  éditions  plus  récentes  ou  plus  autorisées 
des  documents  allégués  par  Btubbs,  soit  en  traitant  Im-méme  de  cer- 
taines questions  qui,  dans  ces  dernières  années,  ont  été  l'objet  de  vives 
controverses.  Les  notes  additionnelle»,  qui  remplissent  les  130  dernières 
pages  du  volume,  sont  consacrées  aux  sujets  suivants  :  I*  l'évolution 
des  classes  rurales  en  Angleterre  et  les  origines  du  ■  manuir  ■  ;  '2?  le 
Folkland.  Existait-il  une  •  terre  publique  ■  chei  les  Anglo -Saxons  î 
3»  •  T»elfb)'nilm:in  i  et  i  Twyhynd-niau  ■  ;  une  théorie  nouvelle  (celle 
do  P.  Beeiiolim)  lur  la  solidarité  familiale  chez  les  Anglo-8axous; 


220 


CHBOTIQHÏ    ET    niBLIOCSlPHIE. 


le  i  burb-gcat  seil  *;  5e  l'adoubement  do  chevalier;  les  influences  réci- 
proques de  la  civilisation  anglo-saxonne  et  de  la  civilisation  franque 
(d'après  l'hypothèse  de  Guilhiermox};  6*  les  origines  de  l'Échiquier; 
7"  la  société  anglaise  à  l'époque  féodale.  Le  système  îles  tenures  et 
les  origines  de  fa  lenure  en  service  militaire;  S'  l'origine  des  villes 
en  Angleterre;  9°  Londres  xii»  siècle  ;  10°  les  deux  procès  de  Jean  sans 
Terre  <fragilité  des  conclusions  présentée*  par  M.  Guilhiermoz  et 
M11"  Norgale|;  il*  une  •  charte  inconnue  des  libertés  •;  12°  la  Grande 
charte.  —  Les  gens  de  métier  auront  profit  à  lire  ces  notes  qui  témoignent 
d'un  sens  aiguisé  des  institutions  anglaisée.  Ch.  B. 

—  Le  Gaspard  deColigny,  Admirai  of  France,  de  M.  A.  W.  Whjtbhead 
(Londres,  Metbuen,  1904,  in-8\  387  p.,  Ï7  fig.  lodei)  est  remarquable 
à  plus  d'un  titre.  D'abord,  à  la  différence  des  érudits  français,  l'auteur 
□e  s'est  pas  contente  d'utiliser  les  analyses  incomplètes  et  souvent  fau- 
tives et  les  traductions  parfois  erronées  des  Gale ndars  ;  il  s'est  reporté 
aux  originaux.  Cela  lui  a  permis  de  jeter  quelque  lumière  sur  l'histoire 
si  controversée  du  traité  de  Hampioncourl.  De  la  discussion  très  serrée 
et,  en  partie  au  moins,  convaincante  a  laquelle  il  se  livre,  il  ressort 
bien  que  Coudé  et  Coligny  avaient  donné  au  vidante  de  Chartres  un 
blanc-seing  :  ils  étaient  donc  fondés  à  dire  que  celui-ci  avait  dépassé 
leurs  instructions,  ce  qui  semble  d'ailleurs  conforme  à  la  vérité,  et 
même  à  prétendre  qu'ils  avaient  ratifié  le  traité  sans  en  connaître  exac- 
tement le  contenu.  Ils  seraient  surtout  coupables  d'imprudence.  — 
D'autre  part,  M.  Whitehead  a  étendu  ses  recherches  d'archivé»  non 
seulement  à  la  France,  mais  à  l'Italie  :  il  nous  présente  un  Coligny 
inconnu,  le  Coligny  des  jeunes  années,  à  propos  de  son  voyage  en  Italie 
|1546-47)  et  de  son  amitié  avec  Strozzi.  On  peut  dire  de  toute  la  pre- 
mière partie  (avant  1559|  qu'elle  est  très  neuve.  —  M.  Whitehead 
expose  des  vnes  intéressantes  sur  l'histoire  de  la  réforme  française.  — 
Au  sujet  des  entrevues  des  premiers  jours  d'août  1472,  il  aurait  dû  uti- 
liser les  textes  du  fonds  Simancas  que  j'ai  signalés  dans  mon  François 
de  ta  Noue.  —  Puisqu'il  nous  donnait  une  agréable  élude  sur  le  château 
de  Chàtillon-sur-Loiug,  je  regrette  qu'il  n'ait  pas  touché  à  la  question  du 
château  de  Tanlay,  lequel  passe  pour  avoir  appartenu  a  Coligny  :  il  y  a 
là,  notamment,  une  fresque  italienne  représentant  des  personnages  de  la 
cour  en  divinités  de  l'Olympe,  peinture  dont  la  liberté  et  la  crudité 
toutes  païennes  trancheraient  vivement  sur  l'austérité  huguenote.  Mais 
est-elle  antérieure  à  1572,  et  Coligny  a-l-il  quelque  chose  â  y  voirf  — 
M.  Whitehead  fait  état,  avec  raison.du  Voyage  de  l'Admirai  dtvtrt  l'Em- 
pereur, fragment  des  souvenirs  sur  la  cour  de  Henri  II  publiés  en  1831 
dans  la  Revue  rétrospective  et  ensuite  dans  les  Archives  curieuses,  1™  par- 
tie, t,  III,  celte  fois  sous  le  nom  de  Claude  de  l'Aubnspine.  M.  Whi- 
tehead dit  simplement  :  i  wrilten  by  de  l'Aubesptne.  ■  Il  aurait  du 
ajouter  que  l'attribution  â  Claude  est  radicalement  impossible.  J'avais 
songé  d'abord  à  Sébastien  de  l'Aubespine,  quoique  celui-ci  se  soit  trouvé 
en  1554  non  pas,  comme  l'auteur  de  la  relation,  l  Cotre,  mais  4  Solenre  ; 


IIIIKI.Morr    ET    llieLIOGHAl'HIf.. 


221 


déplus,  l'auteur  esl  favorable  à  Coligny,  ce  qui  semble  exclure  tous 
les  l'Aubespine.  Après  avoir  consulte  M.  Rott,  si  au  courant  des  moindres 
déplacements  de  nos  agents  auprès  des  ligues,  je  crois  pouvoir  aflirmcr 
qu'il  s'agit  de  Jean  des  Monsliers,  sieur  du  Fraisse.  .l'ajoute  que  ces 
souvenirs  eont  en  réalite  des  uotes  écrites  par  du  Fraisse  pour  rectifier 
et  compléter  une  histoire  imprimée  de  Henri  IL  H.  I1R. 

—  Le  Michel  de  l'Hospitai  and  his  policy  de  M.  A.  E.  Shaw  (Londres, 
H.  Frowde,  1905,  in-8°,  154  p.),  est  un  bon  travail  d'étudiant,  où  sont 
utilisées  les  recherches  de  M.  Dupré-Lasalle. 

—  Pour  faire  suite  à  l'inventaire  des  Reports  de  la  Royal  Commission 
on  historicat  manuscripts  donne  dans  la  Revue  historique,  t.  LX.XV, 
p.  KH  et  suiv.  —  Repart  on  «M»,  in  the  u?elsh  tanguage,  t.  II,  1™  partie 
[1908].  —  Calcndar  of  Ihe  mit,  oflhe  most  han.  the  marquis  of  Salisbury. 
prtstrved  al  Hatfield  Houtt,  t.  IX,  X  et  XI  (1902,  1904,  1906).  Ces 
volumes  se  rapportent  aux  années  1509,  1600  et  1601;  ils  intéressant 
au  pins  haut  point  l'histoire  des  relations  extérieures  de  l'Angleterre; 
les  affaires  du  comte  d'Essex  y  occupent  aussi  une  grande  place.  — 
Report  on  the  mis.  a[  Mrs,  Franktand-Russel-Astley,  of  Çhequers  Court, 
Rucks  (1900);  ces  papiers  forment  trois  groupes  :  I»  correspondance  des 
familles  Dusse!!  et  Franklaud.  la  première  étroitement  apparentée  à 
celle  des  Cromwell  (1667-1697};  2°  papiers  des  familles  Cuits  et  Revoit 
[1687-1706),  la  plupart  relatives  aux  opérations  militaires  dans  les 
Pays-Bas;  3*  lettres  du  colonel  Charles  Russe!)  (1712-1754);  plusieurs 

rient  à  la  guerre  de  la  succession  d'Autriche.  Noter,  en  outre,  le 
L  »  de  Sir  John  Croke,  «  speaker  >  de  la  Chambre  des  com- 
munes; on  y  trouvera  la  substance  de  plusieurs  discours  que  ses  fonc- 
tions l'uppellèreut  à  prononcer  devant  la  reine  Elisabeth  et  devant 
Jacques  I",  1^95-1007.  —  Report  on  mis.  in  varions  collections,  t.  I 
(1901)  :  mas.  de  la  Corporation  de  Bcrwick-upon-Tweed  (depuis  le 
xvi*  siècle)  :  mss.  de  la  ci-devant  Corporation  de  Barford,  au  comté 
iJ'Oif.ml  (cette  corporation  a  été  dissoute  en  1861 J  les  archives  sont 
devenues  la  propriété  d'un  M.  Cheatle,  fila  du  dernier  alderman); 
archives  judiciaires  du  comté  de  Wilts  {qtiutor  sessions,  1577-1665); 
archives  épiseopales  et  capitulaires  de  Cliichester.  archives  capitulaires 
de  Cantorbèry  (suite  aux  rapports  V,  VUI  et  IX  de  la  R.  Commission!  ; 

du  comte"  de  Worcester  (mt*  siècle)  ;  archives  de  la  Corpora- 
tion municipale  de  Lostwithiel  (presque  toutes  modernes);  archives 
capitulaires  de  Baliabury,  t.  II  (190;i)  :  mss.  de  Sir  George  Wombwell 
«papiers  de  la  famille  Belasyse,  vicomtes  Fauconberg,  alliée  uux  Fuir- 
fax;  quelques  ebartes  provenant  des  abbayes  île  Byland  et  de  Rievauix. 
Lettres  des  vicomtes  et  comtes  Fauconberg,  ïvu'-iviii*  siècles,  parmi 
lesquelles  plusieurs  de  Laurence  Sterne;  description  de  l'Angleterre  en 
10L7);  mss.  de  Mis»  Iliixloti,  à  Slvadwell  Court,  Norfolk  tintèressani 
pour  l'histoire  des  Anindrl-Norfolk  au  xvi*  et  au  xvu*  siècle);  mss.  de 
Lord  Edmond  Talbot  (outre  plusieurs  chartes  anciennes,  on  y  trouve 


222  cHBoiiors  st  bibliogbipuie. 

les  papiers  personnels  et  officiels  de  Sir  Gilbert  Talbot,  qui  fut  gouver- 
neur de  Calais  sous  Henri  VII  et  Henri  VIlll  ;  mss.  du  duc  de  Norfolk 
(iii«-ïyh«  siècles»;  mss.  de  Mrs.  Harford,  de  Holme  Hall,  au  comté 
d'York  (ïtii"  siècle);  mss.  de  Mrs.  Wenlworlh,  de  Woolley  Park,  au 
comté'  d'York  (xvu'-xvnr>  siècles!.  T.  III  (1904)  :  mss.  de  T.  B.  Clarke- 
Tbornhill  (intèressanU  pour  l'histoire  de  Sir  Thomas  Tresham  et  du 
parti  catholique  sous  Éhsabethl;  mss.  additionnels  de  Bir  Thomas  Dar- 
relt-Lennard  (suite  au  Rapport  XI,  app.  4.;  documents  relatifs  au  pro- 
cès de  Loftus  en  Irlande);  mss.  de  Pelbaui  R.  Papillon  (lettres  de 
Chartes  I«,  de  Crorawell,  du  prince  d'Orange;  M.  Papillon  compte 
parmi  ses  ancêtres  8ir  Henry  el  Sir  Walter  Vane);  mss.  de  W.  Cle- 
verly  Alexander  (lettre  de  John  Noies  à,  sa  femme,  pour  lui  raconter 
les  cérémonies  et  rejouissances  qui  eurent  lieu  iors  de  la  création  du 
prince  Henri  comme  prince  de  Galles,  juin  1010).  —  Report  on  tli*  mss. 
of  Colonel  David  Milnt  Rome  ofWedderburn  Castte  |1902)  (concerne  sur- 
tout l'histoire  de  la  famille  écossaise  des  Home  de  Wedderburn,  qui 
remonte  au  temps  des  rois  Guillaume  de  Lion;  quelques  documents 
concernent  le  prieuré  de  Coldingham).  —  Calendar  of  the  mss.  of  Ihe 
marquess  of  Ormonde,  preserved  al  Eilkenmj  Caille.  Nouvelle  série, 
t.  MI  (1903-1306).  Collection  fort  importante  pour  l'histoire  de  l'Irlande 
sous  les  Sluarts  au  xvn*  siècle.  —  Calendar  oflhe  Sluart  papers  belon- 
ging  to  His  Uajesty  the  king,  preserved  at  Win'hor  Castle,  t.  I  et  II 
11902-1901).  Ces  papiers,  provenant  du  roi  Jacques  III,  dit  le  Vieux- 
Prétendant,  de  son  hls  Charles- Edouard  el  de  Henri,  cardinal  d'York, 
ont  été  achetés  par  le  prince  Régent  en  1801  el  en  1819.  —  Calendar 
of  the  mu,  of  Ihe  marquis  of  Bath,  preserved  at  Langteat,  Wiltshire, 
l.  I  (1904).  Collection  d'un  intérêt  très  varié  pour  l'histoire  intérieure 
de  l'Angleterre  au  xvti*  el  au  xviii"  siècle.  —  Report  on  the  mu.  of 
Mrs.  Stopford-Sackvilte  a/  Draylon  House,  Norlhamptonshire,  l.  I  (1904). 
Ce  sont  des  lettres,  rapports  et  autres  documents  ofGciels  proveuaot 
de  Lord  George  Sackville,  1755-1784.  —  Report  on  the  mss.  oflhe  cari  o/ 
Mar  and  Heltie,  preserved  at  Alloa  House  (1904).  Les  archives  de  celte 
puissante  famille  écossaise  commencent  vers  le  milieu  du  xiv"  siècle; 
mais  elles  ne  prennent  une  importance  générale  qu'à  partir  de  John, 
cinquième  lord  Erskine,  premier  comte  de  Mar,  qui  fui  régent 
d'Ecosse.  Les  documents  analysés  ou  publiés  forment  trois  groupes 
principaux  relatifs,  l'un  à  Jacques  VI  (I"  d'Angleterre)  et  à  Charles  I", 
l'autre  à  Jacques  II,  le  dernier  à  La  reine  Anne  et  à  l'Union  des 
deux  royaumes  d'Ecosse  et  d'Angleterre.  —  Report  on  american  mss. 
in  the  Royal  Institution  of  Great  Britain,  l.  I  et  II  (1904-1906).  Ces 
papiers  proviennent  du  quartier  général  des  généraux  anglais  qui  ont 
commandé  en  chef  pendant  la  guerre  de  l'Indépendance;  ils  forment 
actuellement  une  collection  de  62  volumes.  —  Report  on  the  mss.  of 
J.  B.  Fortescue,  preserved  ai  Dropmore,  t.  IV  (1905)  et  V  11906).  Très 
Important  recueil  de  pièces  relatives  aux  négociations  secrètes  qui  abou- 
tiront à  la  formation  de  la  3e  coalition,  à  la  campagne  de  1799  el  aussi 


DSftOnOQI    ET   nlBUOGHAPIHK. 


22.1 


à  la  guerre  civile  en  Irlande  do  1798.  —  Thimu.o/ thniuktofRuttand, 
pruervtit  at  Bttvoir  Castle,  t.  IV  (1905).  Ce  volume  comprend  trois  «eu- 
lions  :  I"  Charles  anciennes  et  cartulaîres,  avec  des  noies,  par 
J.  H.  Round  (celles  du  un*  siècle  publiées  à  peu  près  in-exlenso); 
2*  correspondance  relative  a  l'expédition  des  Anglais  contre  l'Ecosse  en 
1519;  11°  livre»  de  comptes  de  la  ami  son  de*  comtes  de  Hutlaud;  ces 
derniers  appartiennent  au  xvi"  et  au  xvn*  siècle.  —  The  mtt.  of  the 
Houu  of  Lords,  t.  UI  (1905),  relatif  aux  années  1697-1(19'.).  —  Report  on 
m»,  in  the  wtiih  Utnguaçe,  t.  I,  3"  partie  (1905),  Peniarlh;  t.  II, 
:)•  partie  (l'J0.r.),  l'antuu,  Cwrunawr.  —  Report  on  the  mst.  oflhetarlof 
Vtrvtam,  présenta  at  Gorhambury  (190(1).  Il  n'y  a  presque  rien  dans 
ces  archives  qui  se  rapporte  à  la  famille  du  fameux  chancelier  de 
J.ici[iips  I";  ce  sont  surtout  des  papiers  de  la  famille  ilnm.-ton.  dont 
un,  Sir  Edward,  était,  au  moment  de  la  prise  de  Calais  par  les  Fran- 
çais contrôleur  de  la  ville  et  de  ses  dépendances.  La  plupart  se  rap- 
portent aux  affaires  intérieures  du  xvn*  et  du  iviil*  siècle.  —  Report 
un  the  mis.  of  the  marques»  of  Lothian.  preserved  at  Hliekting  liait,  /for- 
folk  (19(15).  Outre  quelques  documents  anciens  des  xu'-xv*  siècles 
(entre  autres  le  rôle  de  l'aide  levée  dans  le  comité  de  Norfulk  pour  la 
chevalerie  du  Prince  Noir),  ou  trouve  dans  cette  collection  les  papier» 
de  la  famille  Hobart,  en  particulier  ceux  de  John  Hobarl,  second  comte 
de  Bucltarghamshire,  Ces  derniers,  qui  présentent  un  intérêt  gantai, 
M  1 1]  ;  iti'iil  i  l'ambassade  du  comte  à  Saint- Pélershourg,  1762-1765 
q-ulil.  M)  ptrtta  déjà  pour  la  Camden  Soc.,  1900,  190*2),  aux  colonies 
M  et  aux  affaires  d'Irlande,  177!  ITflg.  —  Report  on  the  nus. 
of  Lady  Du  Cane  (cf.  litv.  hut.,  LXXXVUI,  4M),  —  Rrport  on  the 
mss.  of  the  tari  of  Egmont.  vol.  I,  1"  et  2*  parties  (19051  Corres- 
pondance de  la  famille  Perce  val  sous  les  deux  premiers  Stuurts  et  jus- 
rjU'l  l;i  lies  tau  ration.  —  Report  ait  franehean  nus.  prestrved  at  theCon- 
tont,  Uerehant'i  Quay,  Dublin  (190(1).  Documenta  appartenant  au  collège 
Irludail  de  Saint- UdftN,  fonde  à  Rume  en  1625  et  transféré  à  Dublin 
en  1872.  Le  premier  gardien  du  collège  fut  Luc  Wudding,  le  célèbre 
historien  des  Frères  Mineurs.  On  trouvera  ici  une  bonne  partie  de  sa 
correspondance,  fort  intéressante  pour  l'histoire  n-lun'ii-r  |,eu,!:iii*  |.< 
second  quart  du  xvn*  siècle.  —  Galendar  of  the  mss.  of  the  dean  and 
Cftai'ttr  of  Wells,  -foL  I  (1907).  Cet  inventaire,  uû  a  été  en  partie  refondu 
celui  le  J.  à.  Beunelt  (11485),  porte  seulement  sur  trois  Pflgl 
sont  transcrits  des  documents  du  juit»  et  du  xrv*  siècle.  —  Le  i(>  rap- 
port de  la  Commission  (1904)  donne  une  sorte  de  résumé  de  toute  la 
aoUeetioB  up  toaatt. 

Russie  —  La  science  russe  a  Tait  une 
sonne  de  M.  Vasili  Ivanovitch  Mooestiiv.  Il  était  né  en  1839  dans  le 
jDBTOrBMMOI  At  Novgorod.  Il  est  mort  a  Rome  dans  le  courant  du 
moia  de  février.  Il  acheva  ses  études  <i  l'Uni  verni  tè  de  Saint-Péters- 
bourg et  se  consacra  surtout  à  la  littérature  latine  et  a  l'histoire 
romaine.  En  Hr',1,  il  présenta  pour  le  grade  de  magùter  (licencié)  une 


224  CHRONIQUE  ET  bibliographie. 

dissertation  sur  la  Vie  et  l'enivre  de  Tacite,  et,  en  1869,  il  obtint  le  titre 
de  docteur  avec  un  travail  sur  l'Écriture  à  Rome  à  V époque  des  rois, 
travail  qui  a  été  traduit  en  allemand.  Il  enseigna  tour  à  tour  la  littéra- 
ture romaine  aux  Universités  de  Kazan,  Kiev,  Odessa,  Saint-Péters- 
bourg. Tout  ensemble  philologue  érudit  et  publiciste  ingénieux,  il  col- 
labora à  un  certain  nombre  de  journaux,  notamment  au  Golos  (la  Voix) 
et  à  la  Gazette  russe  de  Saint-Pétersbourg  et  publia  un  grand  nombre 
d'articles  dans  la  Revue  de  l'Instruction  publique  de  Saint-Pétersbourg. 
Plusieurs  séries  d'essais  ont  été  réunis  en  volumes  :  V Allemagne 
(1888),  la  France  (1889),  l'Italie  contemporaine  (1893).  Depuis  une 
dizaine  d'années,  il  avait  pris  sa  retraite,  il  s'était  établi  à  Rome.  Il 
étudiait  particulièrement  la  question  des  origines  italiotes.  Il  a  résumé 
ses  recherches  dans  un  grand  ouvrage  qui  a  été  traduit  en  français  : 
Introduction  à  l'Histoire  romaine  (traduction  Michel  Delines,  in-4°,  libr. 
Alcan)  et  qui  est  précédé  d'une  préface  de  M.  Salomon  Reinach.Tout  en 
faisant  quelques  réserves  sur  les  idées  de  l'auteur,  notre  savant  confrère 
se  plaît  à  louer  c  l'immense  utilité  du  travail  de  M.  Modestov  dont  la 
place  est,  dit-il,  marquée  désormais  et  pour  longtemps  dans  toutes  les 
bibliothèques  historiques  et  ethnographiques.  La  science  sans  épithète 
et  la  science  italienne  en  particulier  lui  doivent  une  vive  reconnais- 
sance, l'une  pour  l'avoir  enfin  dotée  d'un  instrument  de  travail  com- 
mode et  digne  de  confiance,  l'autre  pour  avoir  mis  en  œuvre  et  en 
pleine  lumière  ses  belles  découvertes,  pour  l'avoir  tirée  de  la  demi-obs- 
curité où  elle  semblait  condamnée  à  se  mouvoir  ».  Au  moment  même 
où  M.  Modestov  était  subitement  frappé,  M.  Gagnât  lui  donnait  dans  le 
Journal  des  Savants  (cahier  de  février  1907)  un  témoignage  de  sympathie 
auquel  il  eût  certainement  été  très  sensible.  Il  avait  toujours  rêvé  d'en- 
trer en  rapport  avec  les  savants  français  et  de  s'imposer  à  leur  estime. 
Il  meurt  en  vue  de  la  terre  promise.  L.  Léger. 


Erratum. 
P.  80,  n.  4,  supprimer  les  mots  :  c  Balan,  au  reste,  indique  la  date  exacte,  t 


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celui  de  M.  Yiiiiuiin,  secrétaire  peipétuel,  et 
augmentée  de  Xuitrelles  Etudes  sur  Auguste 
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tion et  d'un  piécis  hi>to!ique  de  l'idée  de  la 
paix  perpétuelle,  suivie*  du  jugement  de 
J.-j.  Rot>M\i,  sur  le  projet  de  paix  perpé- 
tuelle ei  la  Pulvsvnodic.  ainsi  que  du  piojet 
attubué  à  Mi.sHilV'et  du  plan  d'F.MMWi  m  K\m* 
poui  teiidie  la  paix  universelle,  eU  .  auw  des 
notes  et  de*  éJaiuixSement»»,  p.u    M    «îi"*i\\F 


lu.  M<iiin\ki.1  f-»rl  v-d.  m  ls,  1KT>, 


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Lo  ccill  M  la  via  a  Pin 

2    lliochuic   sr. 


I«l    ObjQIB    a 

■I  I 

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lion  i  Pam 

I 
1  —  Prli  de»  princlpau»  oBjeta  de  consnmma- 
lion  à  Paria.  île    Iv.n;    i    1-tixl  ti  plui    ■■■  ■ 


a  Pari» 

■ 
blet»  dr    consomma- 


RsMourcea  de  l'Autriche:  e 
t!«  documents  officiels     1    ... 

■ 

LE  M  '. 
L'Ami   des   hommes  OU  Traite  de  u  population. 

.    ■ 
HUHËAI     DK  iOSSÈS,  membre    I 
Stattslique  de  l'Industrie  de  la  Frjm 

■ 

■ 

■ 

—  La  France  avant  ses  premiers    habitants   .■( 

■ 


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Histoire  diplomatique  de  la  Troisième  République  (IS70-I889) 


Edmond  HIPPEAU  -  An 


BOUKON       À 


GUERRE     AU     CREDIT 
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Librairie  des  'Publications  officielles  et  du  Bulletin  des  Lois 


OUVRAGES     DIVERS 


HOISSONNADK  «P.) 

Essai  sur  l'organisation  du  travail  en  Poitou 
depuis  le  xi"  siècle  jusqu'à  la  Révolution,  ltuni. 
2  vol.  in-8.  3>  fr. 


DKL1SLK  (Léopold) 

Etudes  sur  la  condition  de  la  classe  agricole  et 
l'état  de  l'agriculture  en  Normandie  au  Moyen- 
Age.  HOU,  in-S.  2<»  fr. 

Réimpression  textuelle  du  très  rare  et  savant 
ouvrage  de  M.  Léopold  Dclisle.  Les  biblio- 
thèques et  les  erndits  pourront  maintenant  se 
procurer  ce  travail  incomparable  qu'il  convient 
de  mettre  aujourd'hui  parmi  les  usuels,  à  côté 
de  Ducangc,  pour  tous  les  renseignements  sur 
les  mesures  agraires,  le  prix  des  choses,  les  pro- 
cédés de  culture  au  Moyen-âge.  Ajoutons  que 
cette  réimpiession  a  été  laite  elle-même  a  petit 
nombre. 


LHTONT-KKKMEIl  (G.; 

Les  officiers  royaux  des  bailliages  et  séné- 
chaussées et  les  institutions  monarchiques  locales 
en  France  à  la  fin  du  Moyen-Age.  Ouvrage  cou- 
ronné par  le  grand  Prix  Cohert.  VK>2,  1  fort  vol. 
in-8,  >  cartes.  M»  f i . 

Les  cadres  géographiques  des  institutions 
bailliagères.  —  La  division  de  la  France  en 
bailliages  et  sénéchaussées.  —  Le  groupement 
et  les  subdivisons  des  bailliages  et  sénéchaussées. 

Le  personnel  des  bailliages  et  sénéchaussées 
du  roi.  —  Les  gouverneuis;  le  personnel  des 
baillis  et  des  sénéchaux  du  roi:  autour  des 
baillis  et  sénéchaux;  au-dessous  des  baillis  et 
sénéchaux. 

Les  institutions  monarchiques  dans  les  bail' 
liages  et  sénéchaussées  du  roi.  sauf  en  Pro- 
vence et  en  Dauphiné.  —  La  Piovcnce  et  le 
Dauphiué  et  le  progrès  vers  l'unité  des  institu- 
tions. —  Esprit  général  et  poitee  politique  des 
institutions  monarchiques  dans  les  bailliages  et 
sénécluus>ees  du  i«»i.  —  Aires  géographiques. 


(iILLIKKOX  et  MO.MilX   J.) 

Etudes  de  Géographie  Linguistique  «Scier  »,  dans 
la  Gaule  Romane  du  Sud  et  de  l'Est.  HH)ô,  gr. 
in-S  et  ."»  c:iiles  en  couleurs.  5  l"r. 

Sciei  iLm>  le  Midi.  Ce  qu'a  diï  être  l'ancienne 
aire  Set  rare.  —  Serare  et  Serrare.  —  Sectare 
dans  le  sens  de  faucher  et  beier.  —  Sector,  Sec- 
tnrem. 

L.\|v»é  entièrement  nouveau  d'une  distribu- 
tion géographique  des  mots  :  Les  auteurs  ont 
pris  pour  base  de  leurs  recherches  les  cartes  de 


VA t las  Linguistique.  On  pourra  se  rendre 
compte  par  l'étude  du  mot  Scier  combien  de 
travaux  similaires  originaux  et  neufs  peuvent 
être  tirés  des  planches  de  V Atlas  de  Gilliéron 
et  Edmont. 


HKHiriAITLT  (Ch.  d\>  et  IJORD  (Gustave) 

Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  la  Révo- 
lution française.  Publiés  avec  de  nombreuses 
planches.  1"  et  2'  séries.  1S*4-1*£,  '2  vol.  in-8. 

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Origine  de  l'institution  des  Intendants  des  pro- 
vinces, d'après  les  documents  inédits.  In-8. 

Prix.    7  fr.  50 

Ce  travail  a  pour  objet  d'éclairer  les  ori- 
gines d'une  institution  qui  a  joué  un  rôle  si 
important  dans  l'histoire  de  l'ancien  régime.  Les 
limites  extrêmes  de  cette  étude  sont  les  dates 
de  l.~>50  à  l(St),  M.  Hanotaux  prouve  donc  qu'il 
existait  des  intendants  avant  la  fameuse  date 
de  liïi"».  11  voit  leur  origine  dans  les  commis- 
saires royaux,  les  intendants  d'armée  et  de  jus- 
tice, police  et  finances,  étudie  leurs  fonctions 
pendant  la  seconde  moitié  du  xvr  siècle.  Liste 
des  intendants  et  des  commissaires  envoyés 
dans  les  provinces  jusqu'à  l'année  HïJTî. 

Nombreuses  pièces  justificatives. 


LEIIŒI'K    L'abbé) 

Histoire  de  la  ville  et  du  diocèse  de  Paris.  — 

Nouvelle  édition,  publiée   par  Algier.   5   vol. 
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—  Rectifications  et  additions,  par  Boirnon.  In-8. 

Prix.     25  fr. 


LKSOHT  'A."\  archiviste 

Les    Chartes    du    Clermontois    conservées    au 
musée  Condé,  à  Chantilly    10» .9- !:£>•>),  publiées 


et  annotées.  ln-î>. 


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Ces  chartes,  qui  forment  l'ensemble  des  sour- 
ces diplomatiques  et  administratives  du  Cler- 
montois, sont  au  nombre  de  lin,  la  plupart 
inédites.  Elles  vont  de  1(mki  à  ]:&•>,  et  nombre 
d'entre  elles,  écrites  en  langue  vulgaire, •pré- 
sentent au  point  de  vue  philologique  un  intérêt 
tout  particulier.  L'ouvrage  est  accompagné  d'une 
table. 


—  10  — 


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LA    LIBERTE    D'ASSOCIATION 

Au  point  iic  vît*  du  df.it  public  à 
Par  Emile  WORMS 


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rS  RELATIFS  A  L'HISTOIRE  DE  l'A 

Pendant  /j  Rémtuttùft  françaïtt 

Assemblée  électorale   de    Paris 

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Ufwti  tt  tintai 


Charavty 


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7i»>  piect  tlvuun,  i'\  ■ 
mcJtl  l.i  dcuxiimt  ?<'<:;  -<  Joàt  1793). 


Les    Élections   et    les    Cahiers  de    Paris    en     1789 

Par  Ch.-L.  CHASSIN 

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LE    MOUVEMENT    RELIGIEUX    A    PARIS 

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Par  le  Docteur  ROBINET 

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Pendant  l.i   Révolution 

PÉRIODE    CONSTITUTIONS! 

Par  Paul  BOBIQUET 


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LÉGLISE    DE    LA    SAINTE-TRINITI 
De   Beaumont-le-Roger 

Publié  d'après  te  manuscrit  3417  de  la  Bibliothiqut    W  . 
Par  Etienne  DEVILLE 

iMr-Ai    historique  des  documenta 


«■riljit  donc  drlrc  public,  Il 
1  Oei  personnages  qui  y  soi 


tvani  ouvrage-»»  ...  . 

t   historique   de    t'ICure 
devanciers.  La    CârUlIliri 
:  par  M.  l.bude, 


v  lii  autlqu» 

entrer  ii 


1   emprunts 


. ..    compila  lion   1  -    . 

demeure   pu   pour   ïcIj   inii-in   1 -,111111,  bloil 

1874,  p'.Hu  n  WMiottaèqoi  nattante,  ou  elle  ligure  tous 


et  Un  index  de*  noms  di 
x  amileun  normands;  i 
int  pour  leurs  éludes  des 


personnes  termineront  |(  votuma  >]i|i  s'adresse 
historiens  du  Moyen-Age,  économistes, 
■  -'  Tintimsanls  sujets  de 


n«e   former!    un   l>e:iu 

les  souserl pleurs,  do> 

■  ouarlilon. 


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MANUEL    PRATIQUE 

et  la  CRISE  RURALE 

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ET   HJRMULAIRES 

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iai  IJ  d'Etat.        Il    '.  J  r  ft-r/al. 

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administratif,  furidlctiou  udminulraltw**. 

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s;iire.  -  Quels  impôt*  sont   i  remplacer  de 
.  :  .lu  if,iv.ii(.  —  kven 

,it-   1 1   trop  gnade 

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1.1    limitation    des   heurts   de    travail.  —    I    Trayait  Jet   en/anli.  —  Il     i 
femmei.  —  III   Travail  rfe'j  Aonimei  aduheâ.  —  IV  .Vour-emi  ni 

heures  de  travail  tnvàagèc  dans  tes  c<  nse'auences  économiques  et  iuci.i/r>.  —  £■..:■ 
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et  Chambres  de  Compensations 

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Moyen  âge.  —  Rèlc  des  virements  dans  la  circulation  1  parti 
du  virement  dan»  les  banque*  contemporaines.  —  Les  OpcM 
Lesjnslitutions  .le  virement  et  leurs  opérations  en  Autriche-Hongrie.—  Les 
-  Les  opérations  Je  virement  dans  d'autres  pays  '.Belgique,  Sul . 

t  CowMNstiioK.  —  Théorie  de  la  Chambre  Je  compensation.  —  Les  oi 

de  compensation.    —   Les  Clearing-House   dans   !..    Graïule-Brt 

Ij  Chambre  de  CLPmpeiisJliun  .les  Baii.iuiejs  de  Paris.  —  Les  Abiec.  ■■ 
d'Autriche- Hongrie.  —  Les  Abrechriungestcllen  d'Allemagne.  --    Les  Chain! 
Russie,  eu   Scandinavie,  au  Japon.  —  Le  Clearing  '  1  ■ 

ision   du   système   de   compensation     —    -. 
inconvénients.  —  La  ijuestion  .le  son  développement  en  Franc: 
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de  lu  »iIUS|  i.  :'  ■  outre  lo  poinl  du  dt'-parl 

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CHEMINS  DE  FER  DE  LEST 

La  Compagnie  lies  Chemins  ■;  ■  tel  di    '  Esl  ;i  '  honneur  d'informer  les 

pi  i  iode  du    l"  Avril  an  i," 
-.i(ii   dèa  ■'   pré  Ben  I  délivrai   ;■■  ndanl    Inute 

■ 

Inl./i-laLcn.     H  1 1 .  ■  f  ri  |.  ■  I  -  !.  ■  n  ,     SeblnWWl 

■ 

;i     i      CclerÛH    S'     Horitz,    Badeii-Haden,    et 

■ 

1  !:■ "lit.  but  li-  réseau  de  l'Est  pour  Baie,  Lucarne, 

nsiedeln,  Gerni   el  Inleriakon,  si  de  Dunkerque,  Calais,  Doolo- 
.m',  m.,-  ■  ....  Douai,  Uunbri 

■■  ual  Quentin  cl  Tergnîor  -m  le  réseau  'lu  Nordj  poui  '■ 
poîûti  'l-  In  Suisse  ■ 
:i"  de  Lunéville  à  Baie,  Lncerne,  Zurich,  Ben 

Voyages  en   Italie 

La  Compagnie  des  Chemins  de  fer  de  l'Est  a   l'honneur  d'informea 
JM,  les  v"oyi  i  :  in  diffi  rentes  cora 

■le  hillel-;  pcnurîiai  lions  1res  économiques,  des 

eu  Italie, 
Elle  délivre  notamment  : 

l"  Mail-.  Lotîtes  les  gares  de  son  réseau  des  billets  ■  !  aller  el  rel ■  ou 

.  valables  15  jours  au  minimum  e|  90  jours  i 
itinéraire  irai1.'  au  gré  <1«-^  voyage  ■ 

li  us     li'S    -nn>*    r.ntn|irtsi*s    sur     le     |>ar COUTS,     dB8     t»Ui  I- 

circulaires  a  itinéraire  fixe    valables  60  jours,  permettant  il1, 

■  iiaril  el  d'en  revenir  par  lu 
Mont-Ccnis  un  par  Vinlimille nversemanl, 

■ir..  ,!i.|ii'an,l.--.  a    I'.hmii    ,•;    |,  m  I  .■lui-,  la   gare  de  Paris 
«livre  a  prwnii'ïi'  ilfriianilc  li>-  Inlk'ls  cii'nilnin'S   a    itinéraire   Hxe, 

■     ■ 

i.. -ni    les  continu  nîcationa  entre   Paris  el    Baie   avec 

■■■  ivr--- 1 lances  immédiates  -u\  l'Italie  par  Lu  esque  route 

'uCothard    Pm  le  rapide  qui  quitte  Paris  a  10  b.  !0  du  soir   la  durée  du 

bHs  li  Milan  n'est  que  de  16  heures;  i ■  les  voyageurs  de 

39  qui  le  -ni t.  '-Il-'  n'esl  que  de  20 heures;  pai 
■  ■  traversée  'lu  Gotherd  ('effectue  de  |our. 

■  r'  ni  ,[n  i.-.'i.-nniii  entre  Paris 

■t  Milan  dans  les  trains  rapides  de  nuit,  (aupplé nt  rai  pli le  

n  Paria  el  Baie,  T  ir.    Entre  Paris  et  Baie  1rs  trains  de  j m 

Îiortent  nu  wagon-reslauranl  el  les  trains  de  nuîl  des  voitures  a  compar- 
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HISTOIRE  DE  FRANCE 


LA    HEVOl 


Slatotr*  de  Franc 

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I     Tal>li-au   tir    la   géographie 


la  France,  pu  > 


rLea  Origines,  In    Gnule    Inde 
pendante   et   lu  Gaule  rotnuine. 

■        ■ 

1  L«  Christianisme,  les  Barbares, 
—     Mfrovinalen*     et     Carollu- 


II    Les  premier»  Capétiens  (987- 
1137i, 

„  Louis  VII.  Philippe- Auguste  et 
Louis    VIII    (1137*1836),    pur 

.    I  rai. 

Salut  Louis,  Philippe  le  Bel, 
les  derniers  Capétiens  directs 
(1SM-1338), 


de   Cent  ans  (1328-1422),    par 

Il  Charles  VII,  Louis  XI  et  les 
première*»  années  de  Char- 
les VIII  (1422-1493),  pu  M.  Cil. 

t  vol. 

I,  Les  guerres  d'Italie.  —  La 
France  sous  Charles  VIII, 
Louis  XII  et  François  I"  (1492- 
15471,  :■ 

II,  La  lutte  contre  la  maison 
d'Autriche    —  La  France  sous 

D  11547-165»),  pu  M    11, 


•  premiers  Valois  et  la  guerre 


I  La    Heforme    et    la   Ligue.    — 
L'Êriu  de  Nantes  (15G9-169B), 

■ 

II  Henri  IV  rt  Louis  XIII  (15B8- 
1643),  , 

.     \  Il 
1    Louis  XIV.  La  Fronde.  Le  Roi. 
Colbert  (1843-1685)  |1" 


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une  auiQoiograpnie,  .,.,,. ,,.       u 

Psychologie  du  socialisme, 
philosophie  de  M.  Sully  Prudhomme, 

L'évolution  créatrice, 
Qu'est-ce  que  la  sociologie?     ' 


Caroline    MILHAUD 


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L'ÉCLISE  ET  LA  SOCIÉTÉ  CATHARES 


Si  l'on  met  de  côté  les  dogmes  qui  lui  sont  propres  et  qui,  par 
leur  complexité  en  même  temps  que  leur  nature  étrange,  offrent 
la  matière  d'un  examen  du  plus  haut  intérêt,  le  catharisine.  peut 
être  étudié  avant  tout,  il  semble,  à  deux  points  de  vue  spéciaux. 
("est  comme  association  religieuse  et  aussi  comme  église.  Son 
aspect,  au  premier  de  ces  points  de  vue,  est  celui  d'un  ensemble 
de  caractère  multiple  et  varié.  Il  présente,  au  second,  l'image  de 
l'unité  la  plus  absolue;  on  pourrait  dire  la  plus  rigide  et  la  plus 
•'■truite. 

Comme  société  religieuse,  en  effet,  le  catbarisme  comprend  la 
totalité  des  individus  ayant  adhéré  a  ses  principes  et  à  son  culte. 
Mais  il  y  a  là,  de  toute  évidence,  un  groupement  plein  de  diversité. 
L'adhésion  dont  U  s'agit  peut  avoir  été  plus  ou  moins  profonde, 
et  cela  non  seulement  en  raison  de  la  ferveur  inégale  qu'y  ont 
apportée  ceux  qui  s'y  sont  résolus,  mais  encore  par  suite  des  obli- 
gations et  des  sacrifices  d'étendue  différente  qu'elle  entraîne  pour 
ceux  qui  l'ont  donnée.  En  fait,  ou  le  sait,  parmi  les  sectateurs 
des  doctrines  cathares,  deux  catégories  au  moins  doivent  être  dis- 
tinguées. Il  y  a  tout  d'abord  ceux  de  ces  sectateurs  qui,  tout  en 
admettant  les  croyances  du  dualisme  et  ses  pratiques  particu- 
lières, H&l  demeurés  dans  le  monde  et  y  continuent  une  vie  assez 
éloignée  de  l'idéal  de  pureté,  de  renoncement  aux  biens  terrestres 
qu'il  prescrit  comme  la  condition  obligatoire  du  salut.  Viennent 
ensuite  ceux  qui,  pour  atteindre  à  cette  fin  suprême,  ont  accepté 
«ans  réserves  le  même  idéal,  ont  modelé  leur  existence  sur 
les  règles  qu'il  comporte  et  par  là  se  sont  assuré  la  béatitude 
Itarotlls, 

Un  nom  est  attribué,  daus  tous  les  documenta  du  xu  et  du 

Xltl"  siècle,  à  la  première  de  ces  deux  sorte*  d'adhérents  aux 

enseignements  dualiste*.  C'est  celui  de  '-royiinis.  .[.■  oredenttt. 

ie.  Pour  ces  représentants  spéciaux 

i"  distinct  et  essen- 

Rsv.  Hwos.  XCIV.   »■  paH.  15 


226  CHARLES  M0L1XIBR. 

tiel,  unique  en  même  temps  par  rapport  au  catharisme,  ce  qui  les 
y  rattache,  ce  qui  les  en  fait  membres  certains,  quoique  à  un 
degré  inférieur,  c'est  la  foi,  sans  les  œuvres  il  est  vrai,  ou  du 
moins  toutes  les  œuvres  qu'il  commande  pour  parvenir  au  salut 
définitif.  Liés  ainsi  au  monde  religieux  où  ils  sont  décidés  à 
entrer,  ils  le  sont  du  reste  encore  généralement  d'une  autre  façon, 
par  un  engagement  particulier  et  péremptoire.  Il  s'agit  delà  pro- 
messe d'embrasser,  ne  fût-ce  que  pour  un  instant,  fût-ce  seule- 
ment à  l'heure  de  la  mort,  la  vie  religieuse  et  morale  supérieure, 
dont  les  ont  écartés  les  nécessités  de  la  vie  de  chaque  jour  et  la 
dissipation  qu'elle  entraîne.  Un  terme  à  part  désigne  ce  pacte, 
cette  convention.  C'est  le  terme  provençal  de  convenenza*. 

Mais,  au-dessus  de  ces  croyants,  la  communauté  cathare  ren- 
ferme une  autre  classe  de  fidèles.  Ce  sont  ceux  qui  ne  se  sont  pas 
arrêtés  à  mi-chemin,  en  quelque  sorte,  comme  les  premiers.  Ce 
sont  ceux  qui,  avec  la  foi,  dont  se  sont  contentées,  en  y  joignant 
quelques-unes  des  œuvres  les  moins  gênantes  que  prescrit  le 
catharisme,  les  âmes  tièdes  des  croyants,  sont  allés  jusqu'au  bout 
de  ses  enseignements  ascétiques.  Ce  sont  ceux  enfin  qui  ont  fait 
l'immolation  de  leurs  appétits  terrestres  au  renoncement  radical 
qu'il  enseigne,  qui  n'ont  pas  cru,  dans  leur  désir  d'arriver  plus 
sûrement  au  bonheur  éternel,  devoir  différer  l'acceptation  de 
l'existence  qui  leur  était  proposée  comme  le  seul  moyen  d'y 
atteindre.  Ceux-là,  à  causé  de  l'idéal  de  perfection  qu'ils  ont 
adopté  et  qu'ils  s'efforcent  de  réaliser  dans  la  pratique  quotidienne, 
ont  reçu  le  nom  significatif  de  parfaits. 

Ainsi  donc,  au  sein  du  catharisme,  si  on  le  considère  dans  le 
sens  le  plus  large,  en  tant  qu'association  religieuse  opposée  à 
l'association  de  même  nature  que  forme  le  catholicisme,  nous 
devons  reconnaître  deux  catégories  distinctes  d'adhérents  :  les 
croyants,  qu'on  a  essayé  de  définir  d'abord,  les  parfaits,  dont 
il  vient  d'être  question.  Mais  si,  après  cela,  on  envisage  ce  même 
catharisme  comme  une  église  proprement  dite,  en  entendant  au 
moins  cette  appellation  comme  il  l'entend  lui-même,  il  n'y  a 
qu'une  espèce  d'individus  qui  paraisse  réellement  apte  à  la  cons- 
tituer. Ce  sont  les  parfaits.  Seule,  en  effet,  leur  réunion  offre 

1.  c  Item  fccit  eis  pactum  quod  vocant  la  convenensa  quod  reciperetur  ab 
eis  in  fine,  secunduin  pessimam  consuetudinem  eorumdem.  »  Limborch, 
Liber  sententiarum  Inquisitionis  tholosanae,  fol.  10  b. 


l'it.Lisf.  et  u  société  cithares.  227 

les  caractères  essentiels  et  nécessaires  auxquels  se  reconnaît  la 
société  éJue  de  Dieu,  c'est-à-dire  l'absence  de  tout  membre 
impur  ou  à  demi  puriâé,  la  réalisation  d'un  idéal  de  détachement 
sans  réservas.  Qu'au  surplus  cette  église  demeure  aussi  large- 
ment ouverte  qu'on  peut  l'imaginer,  qu'elle  ne  demande  pas  mieux 
r  !<-  plus  grand  nombre  possible  d'adhérents 
futurs  ou  immédiats,  à  peine  est-il  besoin  d'en  faire  la  remarque. 
Mais  elle  s'est  délimitée  spontanément  avec  uue  précision  et  une 
rigueur  telles  qu'eu  vain  chercherait-on  rien  de  sembla li h'  i/luv. 
toute  autre  société  religieuse.  Qu 'est-elle  d'ailleurs  au  juste, 
d'après  les  dualistes  eux-mêmes?  Sur  quels  principes  a-t-elle  été 
fondée?  Quelle  idée  faut-il  avoir  d'elle,  par  rapport  aux  autres 
communautés  qui  l'entourent,  et  spécialement  par  rapport  a  sa 
rivale,  à  sa  persécutrice,  l'église  catholique?  Quels  sont  eun'n  sa 
raison  d'être,  son  rôle  dans  le  monde  chrétien?  Après  les  indica- 
tions préliminaires  qui  viennent  d'être  présentées,  c'est  ce  que 
nous  allons  essayer  d'exposer  maintenant,  et  ce  sera  le  prenkr 
point  de  cette  étude, 


I/ÉOLISE   CATHARE. 

Pas  plus  qu'à  l'église  romaine,  qui  se  dit  universelle,  qui  se 
proclame  la  seule  traditionnelle  et  la  seule  véritable,  la  seule  qui 
ouvre  aux  hommes  la  voie  du  salut,  on  ne  peut  reprocher  à 
l'église  cathare  de  ne  pas  avoir  eu  d'elle-même  la  plus  haute  idée 
el  d'avoir  péché  par  excès  de  investie.  Aux  prétentions  de  l'église 
officielle,  qui  lui  semble  abominable,  elle  oppose  des  prétentions 
toutes  pareilles,  à  ses  a  Da  thème-,  d«s  anaMiemes  non  moins  expli- 
cites. C'est  elle,  et  non  l'église  de  Rome,  qui  est  la  seule  authen- 
tique, la  seule  en  qui  se  soit  perpétuée  la  tradition  du  Christ  et 
de  «es  apôtres,  la  seule  qui  soit  en  possession  de  la  vérité  et  con- 
duise infailliblement  au  salut. 

Aussi,  dans  leur  conviction  de  la  légitimité  exclusive  de  leur 
église,  est-ce  avec  une  véhémeuce extraordinaire  que  les  Cathares 
repoussent  l'accusation  d'hérésie  qu'on  lauce  contre  eux.  Los 
hérétiques,  ce  sont  leurs  accusateurs  et  non  eux-mêmes.  En  tout 
cas,  une  imputation  de  ce  genre  no  peut  venir  que  des  méchants, 
résolus  a  méconnaître  leur  1  .ni' :       1 u    i 


228  CHARLES  MOLIIfIBR. 

de  vrais  fils  du  Sauveur,  d'héritiers  incontestables  et  directs  de 
sa  parole  et  de  ses  exemples.  «  Ce  qu'ils  disent  avant  tout  et 
couramment  d'eux-mêmes,  rapporte  Bernard  Gui,  c'est  qu'ils  sont 
de  bons  chrétiens,  qui  ne  jurent,  ni  ne  mentent,  ni  ne  médisent 
de  personne,  qui  ne  tuent  ni  homme  ni  bête  ni  aucun  être  vivant. 
Ce  qu'ils  disent  encore,  c'est  qu'ils  observent  la  foi  de  Jésus-Christ 
et  son  Évangile,  tels  qu'ils  les  a  enseignés  lui-même  et  les  ont 
enseignés  ses  apôtres,  dont  ils  tiennent  la  place.  Voilà  pourquoi 
les  membres  de  l'église  romaine,  c'est-à-dire  les  prélats,  les 
clercs,  les  religieux  et  surtout  les  inquisiteurs,  de  même  que  les 
Pharisiens  persécutaient  le  Christ  et  ses  apôtres,  leur  infligent 
des  persécutions  et  les  qualifient  d'hérétiques,  bien  qu'ils  soient 
d'honnêtes  gens  et  de  bons  chrétiens1.  » 

Plus  important  peut-être  que  la  revendication  par  les  héré- 
tiques de  leur  honnêteté  ou  de  leur  caractère  de  vrais  représen- 
tants du  christianisme,  il  y  a  dans  le  texte  qui  vient  d'être  cité  un 
point  qu'il  faut  retenir  comme  essentiel.  C'est  l'affirmation  par 
eux  du  lien  intime  qui  les  rattache  au  Christ  et  à  ses  disciples 
immédiats,  de  l'apostolicité  de  leur  église.  Et  cette  apostolicité,  à 
leur  avis,  on  doit  l'entendre  dans  le  sens  le  plus  étendu,  avec 
toutes  les  conséquences,  tous  les  privilèges  qu'elle  comporte. 
Parmi  ces  privilèges,  quelques-uns  d'entre  eux  sont  allés  même 
jusqu'à  compter  le  don  des  miracles,  suivant  la  promesse  faite 
par  le  Rédempteur  à  ceux  qui  croiraient  en  lui  et  qu'il  ne  pouvait 
manquer  de  tenir.  Toutefois,  fidèles  à  leur  dédain  fondamental  de 
la  matière,  c'est  dans  un  sens  purement  spirituel  et  allégorique 
que  la  plupart  ont  interprété  les  paroles  du  Christ.  Celui-ci 
même,  pensent-ils,  n'a  pas  accompli  réellement  sur  terre  ces  pro- 
diges matériels  où  l'on  a  prétendu  voir  les  signes  les  plus  déci- 
sifs de  sa  mission.  C'est  au  point  de  vue  spirituel  qu'il  faut  les 

1.  «  In  primis  communiter  dicunt  de  se  ipsis  quod  ipsi  surit  boni  christiani 
qui  non  jurant,  nec  menciuntur,  nec  maledicunt  alicui;  nec  occidont  nec 
hominem  nec  animal,  nec  aliquid  quod  habeat  vitam  respirantem,  et  quod 
ipsi  tenent  fidem  Domini  Jhesu  Christi  et  Evangelium  ejus,  sicut  docuit  Chris- 
tus  et  apostoli  ejus;  et  quod  ipsi  tenent  locum  apostolorum,  et  qnod  propter 
predicta  illi  de  Ecclesia  Romana,  videlicet  prelati,  clerici  et  religiosi,  persecun- 
tur  eos,  et  precipue  inquisitores  hereticorum,  et  vocant  eos  hereticos,  cum 
tamen  ipsi  sint  boni  bomines  et  boni  christiani,  sicut  pharisei  persequebantur 
Chrislum  et  apostolos  ejus.  i  Practica  inquisitionis  heretice  pravitalis, 
Va  pars,  éd.  Douais,  p.  241.  Voy.  également  une  protestation  du  même  genre 
reproduite  par  Schraidt,  Histoire  et  doctrine  de  la  secte  des  Cathares  ou  Albi- 
geois, t.  II,  p.  104,  n.  2. 


■tarai  i 


l    SOCIIÎTÉ   ClTHlMS. 


m 


BBTÎngBr  et  les  comprendre'.  Comment,  après  cela,  les  Cathares, 
vrais  chrétiens,  oseraient-ils  briguer  l'honneur  il 'accomplir  des 
actes  auxquels  s'est  refuse  Jésus  lui-même?  Leurs  miracles  à  eux, 
Se  h  midi  l'a  dit  avec  raison,  «  étaient  la  flOOTCntOD  fa  km  i 
Hitti.  leur  délivrance  de  la  servitude  du  démon,  leur  union  nou- 
velle avec  le  Saint-Esprit  »'. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cet  aperçu  particulier,  ce  sont  donc,  ainsi 
qu'ils  le  proclament  hautement  eux-mêmes,  les  Cathares  seuls 
qui  représentent  la  vraie  église,  avec  tous  les  caractères  d'au- 
lea  traditions,  les  maximes  qui  doivent  la  faire  recon- 
naître. Mais  cette  église,  auprès  de  laquelle  toutes  les  autres  ne 
nit  qu'imposture,  comment  la  définir  à  leur  gré?  «  Suivant  leur 
trine,  dit  encore  Schmidt,  l'Eglise  consiste  dans  la  réunion  de 
îux  qui,  eu  croyant  a  la  révélation  du  Dieu  bon  par  Jésus-Christ 
(t  en  accomplissant  parfaitement  ses  préceptes,  se  sont  affranchis 
des  liens  de  la  matière  et  de  la  puissance  du  démon  ;  en  un  mot, 
•i  la  réunion  des  parfaits  de  la  secte;  ceux-ci  sont  seuls 
les  bons  chrétiens,  les  brebis  du  Seigneur,  les  successeurs  des 
apôtres,  le  peuple  de  Dieu  sur  la  terre1.  *  Une  telle  définition 
était  à  prévoir.  Les  dualistes  n'en  pouvaient  donner  d'autre.  Elle 
concorde  absolument  avec  tous  leurs  principes  dogmatiques  et 
inoraux.  Tout  aussi  naturelles  sont  les  conséquences  qu'ils  eu 
I   ntir-le-chaïup,  et  qui  se  résument  dans  une   double 
nécessité  pour  l'Église  ainsi  entendue  :  nécessité  d'être  pure  et 
sainte  dans  ses  mœurs,  nécessité  d'avoir  l'intelligence  exacte  du 
christianisme,  de  sa  vraie  nature  et  de  son  but. 

L'Église,  affirment  les  sectateurs  du  catharisme,  doit  être  pure 
et  sainte.  C'est  là,  dans  leur  bouche,  une  parole  qu'il  faut  prendre 
à  la  lettre,  et  l'exagération,  qui  leur  est  familière,  s'y  montre 


t.  A  tel  égard,  an  a  le  ti-mnignage  de  Mimela,  qui  wul  prouver  MMtN  le 
dire  du  ler.latre*  U  réalité  de*  mirarles  du  fhrîit,  de  rem  de  ses  apùlrei  ei 
det  Minn  de  D|Um  pttboUqn*.  •  ...  Dir.unl,  ,|UIH|  OtrMu  et  .-,  -. 
nuii<|i).tm  fer  il  Wllllhlll  |pi,H  Splrllunliler  erRi).  dleunl  ipsl,  debemu»  Intel- 
llgere  tin»"  ObHlU.  •  Mandat  aâneriut  l'a  f  Aurai  tt  Vafduntri  librt  qmnq-ur, 
tib.  il,  «p.  ».  éd.  RlaÛal,  i>   tu 

'.'.  Op.  Cil.,  t.  II.  |r.  105.  Voj.  tbttt-,  même  i>a(!e,  n   (,  un 
rile  par  l'auteur,  et  qui  ennQrme  t«  parolei  a  lui-même.  Ce  telle,  etl  emprunle. 
a    U  Uupuliitlo    inler  Catholtewn  tl   Pattrintm   heretteum   du    I 
tirégoire  de  Florence,  eieijiie    de  Kann.  Vcrj,  77ie»nuruj  an'cdotorum  kqvMI, 

S,  Op  al.,  I.  II.  p.  104. 


230  CB1BLES   MOLIKIER. 

une  fois  de  plus.  Non  seulement  les  membres  de  l'église  cathare, 
qui  est  la  seule  véritable,  sont  tenus  de  tendre  à  la  pureté,  mais 
il  faut  qu'ils  y  aient  atteint.  Non  seulement  les  impies,  les  incré- 
dules, les  pervers  de  toute  sorte  en  sont  exclus,  mais  cette  église 
exemplaire  et  immaculée  ne  peut  se  composer  que  d'adhérents 
arrivés  à  la  perfection.  Là-dessus,  la  pensée  des  hérétiques  n'ad- 
met pas  de  moyen  terme.  «  Dans  l'Eglise  de  Dieu,  dit  un  texte 
du  xme  siècle,  il  n'y  a  pas  tout  ensemble  des  bons  et  des 
méchants1.  »  Et  ce  jugement  est  celui  de  toutes  les  sectes  dua- 
listes sans  distinction. 

Ainsi  qu'on  doit  s'y  attendre,  ce  principe  de  la  perfection 
nécessaire  de  la  véritable  église,  les  Cathares  en  font  l'application 
rigoureuse  à  cette  ennemie  qu'ils  ne  perdent  pas  un  instant  de 
vue,  l'église  romaine.  Comment,  s'écrient-ils,  cette  église  pour- 
rait-elle soutenir  qu'elle  est  l'héritière  authentique  du  Christ  et  de 
ses  apôtres?  Comment  lui  serait-il  seulement  permis  de  prétendre 
à  la  pureté  et  à  la  sainteté?  En  vertu  de  l'inamissibilitédu  carac- 
tère sacerdotal,  elle  garde  dans  son  sein,  malgré  tous  leurs 
crimes,  des  représentants  imparfaits.  Elle  a  chez  elle  des  hommes 
adonnés  à  tous  les  vices,  des  hommes  contre  lesquels  elle-même 
est  obligée  parfois  de  sévir.  Surtout,  elle  méconnaît  les  saints,  les 
fils  légitimes  de  Dieu;  elle  ne  craint  pas  de  les  persécuter*. 

Mais  ce  ne  sont  pas  là  les  seuls  reproches  que  les  sectaires  se 
jugent  en  droit  d'adresser  à  cette  église  de  Rome,  selon  eux  si 
condamnable.  «  Dans  l'église  romaine,  disent-ils,  il  y  a  nombre 
de  misérables  qui  meurent  presque  de  faim,  de  soif  et  de  froid. 
Et  les  riches  de  cette  église  demeurent  sans  pitié  pour  eux  ;  ils  les 
laissent  se  lamenter  en  vain  et  succomber  sous  le  poids  de  leurs 
souffrances.  Comment  pourrait-on  soutenir  qu'en  eux  réside  la 
charité  divine3?  »  Ce  n'est  pas  tout  encore.  «  On  ne  voit  point, 

1.  c  In  Ecclesia  Dei  non  sunt  boni  et  mali.  »  Bibl.  nat.,  ms.  lat.  13151, 
fol.  348  D,  et  Muratori,  Antiquitates  italicae  medii  aevi,  t.  V,  c.  95,  sous  le 
nom  de  l'écrivain  ferrarais  du  xv*  siècle,  Pellegrino  Prisciani.  Ce  texte  a  été 
allégué  également  par  Schmidt,  op.  cit.,  t.  II,  p.  105,  n.  3. 

2.  c  Item,  ut  plurimura  locuntur  laycis  de  mala  vita  clericorum  et  prelato- 
rum  Ecclesie  Romane,  et  specificant,  et  exponunt  de  soperbia,  de  cupiditate, 
de  avaritia  et  de  immundicia  vite  et  quecumque  mala  alia  sciunl;  et  ad  hoc 
adducunt  auctoritates,  secundum  suam  expositionera  et  suum  intellectum, 
Ëvangelii  et  Epistolarum  contra  statum  prelatorum  et  clericorum  et  religioso- 
rum,  quos  vocant  phariseos  et  falsos  propbetas  qui  dicunt  et  non  faciunt.  » 
Practica,  V»  pars,  p.  241. 

3.  «  ...  In  Ecclesia  Romana  multi  sunt  egenles,  qui  famé,  siti  et   frigore 


l'kclisi  rr  1.1  société  ctrninEs.  231 

pou  nui  vent-Us,  que  ni  le  Christ  ni  ses  disciples  aient  jamais 
I  >r*rsecatioris  à  qui  que  ce  soit,  mais  plutôt  qu'ils  on  ont 
enduré.  On  It- s  chassait,  ils  ur  chassaient  personne;  on  les  flagel- 
lait, ils  ne  flagellaient  qui  que  ce  fût.  On  \m  incarcérait,  ils  M 
mettaient  personne  en  prison.  C'est  île  façon  toute  opposée  que  se 
OOndoil  l'église  de  Home  :  elle  expulse  les  malheureux;  ce  n'est 
pas  elle  qui  subît  l'expulsion  ',  •  Celte  église  coupable  ne  montre 
donc,  en  fin  de  compte,  que  dureté  et  insensibilité.  Elle  a  fait 
l'abandon  absolu  de  la  mansuétude  qu'avait  prèchée  le  Christ. 

Ainsi  voilà  les  chefs  de  la  société  catholique  accusés,  convain- 
cus auprès  du  peuple  chrétien  des  pires  défauts,  l'avarice,  la 
dureté,  l'oppression  sanguinaire.  C'est  aux  fruits,  concluent  tes 
auteurs  de  ce  réquisitoire,  qu'il  faut  juger  l'arbre.  L'arbre  est 
donc  mauvais.  Avec  ses  vices,  avec  ses  tares,  l'église  romaiue  ue 
saurait  prétendre  à  être  cette  association  irrépréhensible  que  tout 
fidèle  peut  légitimement  concevoir.  On  se  tromperait,  du  reste, 
si  l'on  supposait  qu'à  ces  seules  indications  s'arrête  réellement 
la  pensée  des  sectaires  sur  un  point  qui  paraît  leur  tenir  si  fort 
au  cœur.  Suivant  eux,  deux  églises,  eu  réalité,  se  partagent  ou 
plutôt  se  disputent  le  monde  :  l'une,  bonne,  vraie,  sainte,  c'est  la 
leur,  l'église  légitime,  authentique  du  Christ;  l'autre,  mauvaise, 
et  c'est  l'église  romaine  elle-même.  Cette  église  funeste  et  exé- 
crable, c'est,  dans  leur  croyance,  «  la  mère  de  fornication,  la 
grande  liabylone,  la  courtisane,  la  basilique  du  diable  et  la  syna- 
SfttU  ».  Sm  partisans  M  BODt  que  6a  hérétiques.  Le 
salut  est  impossible  dans  son  sein'.  On  ne  saurait  trop  prendre 
en  considération  l'importance  qu'offre  pour  les  Cathares  la  dua- 
â  qui  vient  d'être  établie.  Cette  dualité,  comme  un  lieu  cora- 


quiai  mo  ri  u  ni  tir,  qulbui  dltltfl*  F.r.ilpsljc  Roman  je  non  r.oio|>aliunlor,  *nt 
■Alnre,  ici)  »m'w  uricdlrti»  [Misionibin  Minuit:  quomodo  rrgo  i:biriU»  Lin 
manet  la  cl»/  >  MonrU.  lib.  V,  rap.  i,  p.  394. 

1.  i  ...  Nm  Cnrltlils  iii-r  rjin  disr.ijiuli  iiircniunlur  MlH  |>rr»«iitioiiem, 
«il  polim  IMtlMlm;  fugabanlur,  non  fiiaabanl .  flauellabantur,  non  lUgelta- 
bant:  lnr.»r<-.iiran«nlnr,  non  tpirilUlml.  I  mnlrario  siulem  Krrlcitia  Itomatu... 
M  ii«b«L,  qni»  rifWltiL,  cl  non  «pellilur...  ■  lM..  iU  supra,  lib.  V,  cap.  US, 
. 

!.  i  llfrti,  il  1141  runlinctinl  ette  errlesias,  unam   bnnlKnatn  quun  ilicunl  un* 

letlam  -11,110,  (Minqur  r-v  nvirrunl  ecrlciïom  Jlinu  lliri-li  :  iltum  *#ru  eccle- 

.'   iunlijjium,  qtum  iliriml  MM  Rumsnain  Y," -le»!»»!,  Mm'|iO'  mn>"- 

cltnUv   ippvllanl    iiiitmn    furnicaliunii.    Ilabilotiem   inatiitm,   tneroIrU'rm   M 

■  '  y[ue  «railut  ri  ocilini>l  ac  «ntlila- 

<  1  italuU  deiplcinnl  t\  llafflll.  ri  uiiinct  qui  lidïl»  rju&  Irtient 


232  CHARLES  M0LI1UER. 

mun  cher  à  la  secte,  apparaît  dans  tous  les  documents  du  xm6 
et  du  xiv*  siècle.  A  peine  est-il  besoin  de  remarquer  d'ailleurs 
qu'elle  cadre  absolument  avec  les  conceptions  ditbéistes,  faites  de 
l'opposition  perpétuelle  du  bien  et  du  mal,  dans  la  divinité,  dans 
la  création,  dans  la  nature  humaine  et  jusque  dans  l'Ecriture 
sainte. 

Cependant,  non  moins  importante  et,  sans  aucun  doute,  de 
conséquence  supérieure  est  la  réprobation  définitive  de  l'église 
romaine,  dont  les  dualistes  appuient  l'exposé  de  théories  particu- 
lières. L'écho  doit  en  retentir  à  travers  tout  le  moyen  âge  chez 
toutes  les  sectes  insurgées  contre  l'unité  catholique.  Dans  les  mêmes 
termes,  elle  se  répétera  du  catharisme  à  la  Réforme,  depuis  le 
xif  siècle  jusqu'au  xvi6,  proclamée  successivement  par  les  Vau- 
dois,  par  les  disciples  fanatiques  de  Gérard  Segarelli  et  de  Dol- 
cino,  par  leurs  contemporains,  les  dissidents  de  l'ordre  de  saint 
François  d'Assise. 

«  Le  pape,  diront  les  premiers,  et,  avec  le  pape,  les  évêques, 
les  prélats,  les  clercs,  parce  qu'ils  détiennent  les  richesses  de  ce 
monde  et  se  refusent  à  imiter  la  sainteté  des  apôtres,  ne  sont  pas  les 
pasteurs  et  les  chefs  véritables  de  l'Église  de  Dieu.  Ce  sont  des  loups 
rapaces  et  dévorants.  Le  Christ  ne  peut  vouloir  confier  à  de  tels 
hommes  l'Église,  son  épouse.  Il  ne  faut  pas  leur  obéir1.  »  Vien- 
dront ensuite  les  hérétiques,  que  les  inquisiteurs  ont  qualifiés  de 
Faux- Apôtres.  «  Toute  l'autorité,  diront-ils  à  leur  tour,  que  Jésus- 
Christ  avait  conférée  jadis  à  l'église  romaine  s'est  trouvée  anni- 
hilée et  a  pris  fin  par  suite  de  la  méchanceté  de  ses  chefs.  Cette 
église,  qu'ont  entre  leurs  mains  le  pape,  les  cardinaux,  les  pré- 
lats, les  clercs,  les  religieux,  n'est  pas  l'Église  de  Dieu.  C'est  une 
église  condamnée  et  stérile1.  »  Enfin,  parleront  les  mystiques, 
Spirituels  et  Béguins,  nourris  des  rêves  apocalyptiques  de  Joa- 

appellant  hereticos  et  errantes;  nec  aliquem  posse  saWari  in  fide  Romane 
Ecclesie  dogmatizant.  »  Practica,  V*  pars,  p.  237-238.  Voy.  également  Lib. 
sentent.  Inquis.  tholos.,  fol.  40a  (sentence  de  Pierre  Autier,  d'Aï,  condamné 
au  bûcher,  à  Toulouse,  le  jeudi  9  avril  1311). 

1.  c  ...  Papa  et  episcopi,  et  prelati,  et  clerici,  qui  habent  divitias  hujus 
raundi  et  sanctitatem  apostolorum  non  imitantur,  non  sunt  Ecclesie  Dei  reri 
pastores  et  gubernatores,  set  lupi  rapaces  et  devoratores,  nec  talibus  Chris  tu  s 
dignatur  committere  Ecclesiam  sponsara  suam,  et  ideo  eis  non  est  obedien- 
dum.  i  Practica,  V«  pars,  p.  251. 

2.  «...  Tola  auctoritas  a  Domino  Jhesu  Christo  col  la  ta  dudum  Ecclesie 
Romane  est  omnino  evacuata  et  jam  cessa  vit  propter  maliciam  prelatorum... 
Ecclesia  Rom  an  a,  quam  tenent  papa  et  cardinales  et  prelati  et  clerici  et  reli- 


l/feLIBI   CI   U   SOCIÉTÉ  CATHARES.  233 

diim  da  Flora,  de  taa  de  Panne  et  <le  Pierre  Olive.  «  L'Eglise, 
dèolinront  ces  derniers,  a  soûle  du  vin  de  sa  fornication  tous  les 
souverains  de  la  terre,  c'esL-à-dire  les  rois  et  les  j.rinces  de  la 
chrétienté,  et  avec  eux  les  hauts  prélats  qui  se  sont  attachés  aux 
pompes  de  ce  monde.  1^  pape  n'est  que  le  sanglier  de  la  forêt,  le 
sanglier  sauvage  qui  renverse  et  détruit  les  murs  de  l'Église  de 
Dieu,  l'enceinte  qui  la  protège,  afin  que  puissent  y  pénétrer  les 
chiens  et  les  pores,  c' est-a-dire  les  hommes  qui  blasphémant  ci 
foulent  aux  pieds  la  perfection  évangélique1.  »  Ainsi,  d'un  siècle 
à  L'aQtn  se  propagera  cette  malédiction  effrayanle.  Elle  s'im- 
plantera dans  l'oreille  et  dans  le  cœur  des  peuples.  Justifiée  par 
l'entêtement  des  pontifes  à  ne  pas  s'amender,  à  ne  rien  sacrifier 
do  leurs  visées  et  de  leurs  ambitions  mondaines,  elle  préparera  le 
déchirement  final,  dont  Luther,  ZwiDgle  et  Calvin  seront  les  pro- 
moteurs triomphants. 

Cette  déchéance  de  l'église  officielle,  à  cause  de  ses  vices  et  de 
ceux  de  ses  ministres,  à  cause  de  son  infidélité  au  mandat  dont 
elle  avait  été  investie  primitivement,  elle  ne  date  pas  d'ailleurs 
d'hier.  Les  débuts  en  remontent  jusqu'aux  jours  lointains  où  cette 
église,  contrairement  à  la  loi  du  Christ,  à  ses  exemples  ainsi  qu'a 
ceux  de  ses  apôtres,  a  voulu  entrer  en  partage  avec  les  puissances 
d'ici-bas  de  tout  ce  que  le  monde  renferme  de  richesses,  de  jouis- 
sances matérielles.  11  y  a  plus  :  selon  lis  Cathares,  un  moment 
précis  peut  être  assigné,  dans  l'histoire  du  christianisme,  à  cette 
chute  honteuse.  C'est  celui  où  le  pape  Sylvestre  reçut  des  mains 
de  Constantin  la  donation  de  biens  et  de  territoires  considérables. 
De  ce  fait  est  sortie  la  perversion  morale  de  la  papauté  et  de 
l'Eglise  représentée  par- elle.  Le  Saint-Siège,  prétendent  les  sec- 
taires, s'est  souillé  par  l'acceptation  d'un  pouvoir  essentiel  h' meut 
temporel  et  terrestre.  Le  pontife  qui  n'eut  pas  le  courage  de 
repousser  ce  pouvoir  n'est  que  l'Antéchrist. 

Et  cette  explication  donnée  par  les  dualistes  de  la  décadence, 


(foil,   nmi   rut   Kcdtrti   DH,  tri   rpprobatii  ecctesla  tln«  fructii     i  Ibid,,   ut 
rupra,  p.  ÏW. 

1.  t  ...  I|i«4  Erclesla  dr  tIoo  fornication! t  MM  poUiil  «m  ne*  reges  lerre,  il) 
Ml  ri-ni-»  •'(  |irind|>«*  elirlilianilatia  «I  i nanti"*  |>relalo«  qui  l'Uinpam  muodi 
Mcontur...  Item  lp»om  [papan>|  dicunl  ciw  apruru  de  ailva  el  tuiKularem 
lutnanUim  «I  dMlrnenlem  maceriam  teu  clauauraiu  EcrlMie  Dei, 
lu  nt  Mm  |Hiktint  lng>«dt  cane»  «l  porei,  id  «at  homlnet  qui  ptr- 
ferllnnnm  t(I«  o  tapUw  dlUreranl  et  conculcant,  •  l'racttea,  V  pan, 
p.  274,  276. 


234  CHARLES  MOLINIKR. 

évidente  suivant  eux,  de  l'église  romaine  obtient,  auprès  des 
autres  hétérodoxes,  leurs  contemporains  ou  leurs  successeurs,  la 
même  faveur  qu'a  trouvée  la  réprobation  sortie  de  leur  bouche 
sous  une  forme  si  terrible.  Ici  encore,  il  faut  voir  en  eux  les  pré- 
curseurs d'une  opposition  irréconciliable,  dont  ils  ne  se  contentent 
pas  de  donner  le  signal,  mais  à  laquelle  ils  fournissent  aussi  des 
arguments  qui  seront  reproduits  à  satiété.  L'empereur  Constan- 
tin, racontent  en  effet  les  Vaudois,  a  été  atteint  de  la  lèpre.  Sur 
la  foi  d'un  songe,  il  appelle  Sylvestre,  se  fait  baptiser  par  lui 
et  guérit  du  mal  qui  le  tourmente.  Dans  sa  reconnaissance,  il 
confère  au  pape  la  dignité  et  la  couronne  impériales  et  lui  aban- 
donne la  ville  de  Rome,  tandis  que  lui-même  se  retire  à  Byzance. 
Mais,  à  partir  de  ce  jour  où  un  pontife  hérétique  s'est  élevé  aux 
honneurs  de  ce  monde,  les  maux  se  multiplient  sur  la  surface 
de  la  terre1.  C'est  à  cette  pensée  que  se  sont  arrêtés  également 
les  sectateurs  de  Segarelli  et  de  Dolcino.  «  Tous  les  prélats  de 
l'église  romaine,  affirment-ils,  les  plus  grands  comme  les  moindres, 
depuis  les  temps  du  pape  Sylvestre  et  depuis  qu'ils  eurent  renoncé 
à  l'existence  qu'avaient  menée  les  saints  des  premiers  jours,  sont 
des  prévaricateurs  et  des  ministres  de  séduction.  Un  seul  doit  être 
excepté  :  c'est  frère  Pierre  de  Morrone,  qui  occupa  le  Saint-Siège 
sous  le  nom  de  Célestin2.  » 

Comme  cela  devait  être,  la  décadence,  la  corruption,  dénon- 
cées par  les  sectaires,  sont  allées  augmentant  sans  cesse  à  partir 
du  jour  où  elles  ont  commencé.  L'Eglise,  de  déformations  en 
déformations,  a  fini  par  devenir  exactement  l'opposé  de  ce  qu'elle 
fut  d'abord,  de  ce  que  l'avait  faite  son  fondateur.  Ce  n'est  plus 
qu'une  maison  où  se  débitent  des  mensonges  et  des  impostures. 
Tout  en  elle  est  trompeur,  les  miracles  dont  elle  se  vante  comme 
les  ministres  qui  prétendent  les  accomplir.  Ces  derniers  ne  sont 
que  les  faux  prophètes  prédits  par  le  Christ  et  par  ses  apôtres. 
Ses  sacrements  n'ont  été  institués  que  pour  jeter  les  hommes  dans 
l'erreur  et  les  livrer  à  la  domination  de  Satan.  Ses  coutumes  sont 
mauvaises  et  aussi  étrangères  aux  préceptes  de  l'Evangile  qu'aux 

1.  Voy.  Ign.  von  Dollinger,  Beitrûge  zur  Seklengeschichte  des  Mittelalters, 
zweiter  Theil  :  Dokumenie  vornehmlich  zur  Geschichte  der  Valdesier  und 
Katharer,  p.  352.  Voy.  également  p.  356. 

2.  «  ...  Omnes  prelaii  Romane  Ecrlesie,  tam  majores  quam  minores,  a  tem- 
pore  sancti  Silvestri,  postquam  declinavernni  a  modo  vivendi  priorum  sancto- 
rum,  sunt  prevaricatores  et  sedactores,  excepto  fratre  Petro  de  Morrone,  qui 
fuit  papa  Celestinus  appellatus.  >  Practica,  V*  pars,  p.  259. 


I.'bY.LISI1    El    Li   SOCI 

■  i.1  h  première  sodéte*  ohréti«me.  De  cmuiivenceavec 

l'esprit  du  mal.  elle  travaille  à  égarer  les  âmes,  à  rainer  l'œuvre 
que  Dwu  avait  voulue  et  dont  il  avait  décidé  l'exécution  par  l'in- 
termédiaire du  Rédempteur. 

C'est  la-dessus  que  concluent  les  Cathares,  DU  pbltM  çn'ttl 
reviennent  aux  nn'iiiiiww  posées  tout  d'abord  par  eux.  Que  l'on 
compare  leurs  principes,  leur  vie,  leurs  actes,  à  ceux  de  cette 
igtlM  qu'ils  répudient.  La  qualification  d'hérétiques  qu'on  leur 
i  qui  s'applique-t-elle  légitimement?  N'est-ce  pas  a 
ceux-là  mêmes  qui  tentent  de  les  en  flétrir?  Les  hérétiques,  ce  ne 
sont  pas  eux,  fidèles  aux  enseignements  du  Christ  et  surtout  à  son 
nn'pri-  du  monde  Bl  ÔM  joies  de  ce  monde.  Ce  SODl  les  Cl  I 
membre*  il 'une  tMOOiatîot)  raligfeUM  qui  a  rompu  avec  ses  tradi- 
tions originelles  comm  «W  les  lois  de  la  charité  et  de  la  justice. 
Ce  sont  ses  adhérents  obstinés,  ceux  qui  s'attachent  opiniàtré- 
ment  ;i  elle  quand  tout  se  réunit  pour  leur  ouvrir  les  yeux,  pour 
leOT  fiure  reconnaître  dans  celle  société  'letestalile  I  église,  du  dieu 
mauvais,  la  synagogue  du  démon,  celle  que  l'apôtre  a  désignée 
et  maudite  dans  son  Apocalypse. 

,  après  cela,  un  ehretiefl  BwotN  dûîl  dé-i>-pé['er  de  trou- 
ver le  salut  dans  cette  égliv  rimas  de  son  man- 
dat primitif,  où  pourra-t-U  le  chercher  et  le  découvrir?  Ici  -se 
place  pour  !e  catharisine  un  nouveau  triomphe.  Ses  fidèles,  l'église 
qu'ils  conslituenl  ropiVJanntiMll  seuls  la  véritable  église.  Seule, 
celte  église  particulière  possède  le  secret  du  bonheur  éternel.  Pour 
l'obtenir  ce  bien  suprême,  objet  -les  aspirations  de  I  i 
Broyante,  le  moyen  est  bien  simple.  11  suffit  de  sortir  de  l'église 
catholique  et  d'entrer  dans  l'église  cathare.  Que  l'homme  adopte 
la  secte.  Qu'A  u  régénère  par  la  baptême  de  rEepril  al  renonce  fa 
la  terre  pour  mener  l'existence  de» parfaits.  Devenu  BHObra  de 
l'Agita  qui  ait  la  seule  autiieiiiique,  il  obtiendra  le  pardon  de  Mo 

fautes.  Il  aura  rempli  toutes  les  conditions  nécessaires  pour  sau- 
ver son  âme.  11  aura  reçu  le  dieu  consolateur  et,  avec  la  pléni- 
tude de  ses  dons,  l'assurance  de  la  \  i< 


LA   SOCiAtÉ  CATHAEB. 


Nous  :l  i.  finir  l'église  cathare,  d'en  marquer 

Lee  caractères  essentiels.  11  nous  faut  passer  maintenant  à  l'étude 


236  CHARLES   SfOLINIKR. 

de  la  société  qui  se  groupe  autour  d'elle  et  dont  elle  incarne  l'idéal 
religieux.  Cette  société,  comme  il  a  été  dit,  comprend  deux  espèces 
distinctes  et  bien  différentes  d'individus,  les  parfaits,  seuls 
membres  en  réalité  d'une  église  étonnamment  fermée  et  exclusive, 
les  croyants*  gens  du  siècle,  Cathares  de  cœur  et  par  la  foi, 
mais  forcément  éloignés,  par  suite  de  leurs  occupations  quoti- 
diennes, d'un  ascétisme  dont  la  secte  fait  à  ses  élus  une  obliga- 
tion péremptoire.  De  ces  deux  catégories  d'adhérents,  c'est  la 
première  dont  nous  nous  occuperons  tout  d'abord. 

1.  Les  parfaits.  —  A  propos  des  parfaits,  une  question  doit 
être  examinée  avant  toute  autre.  C'est  celle  que  soulève  la  diver- 
sité des  appellations  dont  usent  pour  les  désigner  les  écrivains 
catholiques  du  xne  et  du  xiu*  siècle.  De  toutes  ces  appellations, 
la  plus  ordinairement  employée  sans  doute,  en  même  temps  que 
la  plus  exacte,  est  celle  dont  nous  nous  sommes  servi  nous-même 
jusqu'ici.  Mais  il  en  est  un  certain  nombre  d'autres  au  sujet  des- 
quelles il  est  indispensable  de  présenter  quelques  observations. 

Le  nom  de  parfaits  mis  à  part,  l'un  des  plus  anciennement 
usités  pour  désigner  les  sectaires  dualistes  c'est  celui  de  Katha- 
ristae.  On  le  rencontre,  au  XIIe  siècle,  chez  le  bénédictin  alle- 
mand Eckbert1,  au  xin°,  chez  le  dominicain  et  inquisiteur  fran- 
çais Etienne  de  Bourbon2.  Mais  l'emploi  du  terme  indiqué  par 
ces  deux  écrivains  constitue  en  réalité  un  abus  inacceptable. 
C'est  une  des  conséquences  de  la  confusion  commune,  surtout 
au  xn6  siècle,  à  nombre  de  controversistes  orthodoxes,  et  en  vertu 
de  laquelle  les  Cathares  ont  été  absolument  identifiés  aux  Mani- 
chéens antiques  décrits  par  leur  adversaire  saint  Augustin,  en 
même  temps  que  tout  ce  qu'avait  dit  ce  dernier  des  dualistes  de 
son  époque  était  appliqué  sans  réserves  à  ceux  du  moyen  âge.  Si 
la  dénomination  de  Katharistae  a  pu  convenir  à  des  hérétiques 
du  rve  siècle,  la  seule  forme  de  cette  dénomination  spéciale  dont 
on  doive  légitimement  se  servir,  quand  il  s'agit,  sept  ou  huit  cents 
ans  plus  tard,  des  parfaits,  c'est  celle  de  Cathari.  Suivant 
Etienne  de  Bourbon,  elle  aurait  été  usitée  en  particulier  par  les 

1.  Le  traité  d  Eckbert  figure  dans  la  Bibliotheca  maxima  Patrum,  t.  XXXIII, 
p.  600-631. 

2.  c  Item  electi  eorum  Kathariste  dicuntur,  id  est  purgatores,  quia  dum 
comedunt  aut  bibunt,  bonam  illara  naturam  Dei  admixtam  cibo  se  purgare 
dicunt,  ut  sursum  redeat,  et  roala  natura  per  secessum  emittatur.  »  A.  Lecoy 
de  la  Marche,  Anecdotes  historiques }  légendes  et  apologues  tirés  du  recueil 
inédit  d'Etienne  de  Bourbon  (Soc.  de  l'Hist.  de  France),  p.  301. 


t'ÉSUM    ET    Li    siHJKTlt   CATHlBi;) 


237 


Allemands1,  Mais  elle  figure  Bnsei  dâiu  Aa  textei  ûYortgiM  ita- 
lienne et  contemporains  du  son  ouvrage  à  lui-même,  dans  les 
traité*  de  Mouèta,  de  Raînier  Sacchonî,  et,  à  uue  date  proba- 
blement antérieure,  dans  l'œuvre  il  peu  près  inédite  d'un  auteur 
quelque  peu  émgmatique,  G.  de  Bei-game*.  On  peut  ajouter 
quelle  a  donné  naissance  a  la  forme  de  Gazari*.  d'où  est  venu 
le  mot  allemand  kelzer  (hérétique). 

Pour  indiquer  les  dualistes  modernes,  d'autres  appellations 
sont  d'ailleurs  aussi  courantes  et  aussi  authentiques,  plus 
-  même,  il  semble,  que  celle  de  Cathares.  Ce  sont  les 
limn  de  boni  hommes*,  de  boni  Christian**.  Pour  ceux-ci, 
la  raison  s'en  découvre  sans  difficulté  dans  tout  ce  qui  a  été  dit 
de  la  conception  qu'ont  les  sectaires  d'eux-mêmes  et  de  l'église 
iJuvlM'iiui'  et  dans  la  pensée  qu'ils  sont  seuls  à  représenter  légi- 
timement cette  dernière.  D'autres  dénoinitutliiios  paraissent  moins 
ordinaires,  celles,  par  exemple,  de  consolés  et,  s'il  faut  en  croire 
quelques  historiens,  de  consolateurs.  Ce  n'est  pas  qu'elles  ne 
s'expliquent  assez  aisément  comme  les  précédentes.  La  première 
viendrait  de  ce  que  la  grâce  qui  tire  les  hérétiques  de  la  foule 
font»,  qui  les  élève  au  rang  des  parfaits,  leur  est  trans- 
mise par  le  plus  considérable  de  tous  les  sacrements  que  possède 
le  catharisme,  c'est-à-dire  le  consolatnentum.  La  seconde  déri- 
verait de  ce  fait,  qu'investis  d'un  véritable  caractère  sacerdotal, 
Us  ont  effectivement  le  pouvoir  de  communiquer  la  grâce  qu'ils 
ont  reÇM,  en  accomplissant  le  même  rite  qui  la  leur  a  donnée1. 


1,  Voy.  Lecoy  de  la  Manne,  op.  cil.,  p.  BOOU 

2.  Celle  fltUTre  ligure  â  I*  lttblintiiè<|ue  Ambrosiennc,  dans  un  recueil  factice, 
marqué  Je  la  cote  Q  3:',  *up.  Elle  a  Clé  signalée  a  deui  reprises  différente*  par 
Muriltiri,  uni*  fuis  dans  mi  Hrrum  italtcarum  icriptorti,  t.  XI,  p.  4(5,  une 
autre  foi»  dans  ses  Antù/utialti  ttaUcat  inerfil  aevi.  L'érudlt  italien  au  a 
même  donné,  dam  re  dernier  ouvrage,  le  début  el  <iuel<|uc)  courts  extraits. 
Vtf.  t.  V,  c.  IV.I-Ij.1. 

1.  Au  dit*  d'filirnne  de  Hourlwin.  r.a-art  ht* il  une  appellation  italienne, 
ou.  ptua  etKtemenl,  lombarde.  ■  Dicunlur  eliam  a  Lumbardii  tïaxarl  Tel 
l'ilban.  t  l.eco)  de  l.i  «ari-bf,  of>,  ci/,,  p.  300. 

4.  (iinrile  de  Lombrri  de  1165;  Pierre  de  Vaux-de-Tcrnay,  lititorta  Alhtgtn- 
jiutn,  nb.  u  ;  t.tb.  tmtmL  Inçiii  Iholoi.,  fol.  10b  et  pautm. 
■ 

li.  Alain.  <|ui  eut  peut-élre  le  même  qu'Alain  de  Lille.  ■  prétendu  distinguer 
lr>  tonioic  ÉH  /icir/inh  S'Iiiniill  \/ÊQl  Mtl  UëUmBOm  mal  fondée  (»ny.  op. 
cit  ,  l.  II.  p.  K,  n.  4).  A  noire  ni»,  11  ■  raison.  NI  l'esprit  dui  croyance* 
Cathare»,  auiqucllet  il  te  réfère,  ni  Itl  IflTsfl  n>  BHÉfMOl  l.i  pennée  eijiri- 
mee  j-ar  l'anleur  du  *u"  siècle. 


238  CHARLES  MOLINIKR. 

Enfin,  comme,  pour  l'église  orthodoxe,  le  catharisme  représente 
à  un  certain  moment  l'hérésie  suprême,  en  tout  cas  celle  qu'elle 
juge  la  plus  redoutable,  non  seulement  les  simples  fidèles,  mais 
les  controversistes  catholiques  et  avec  eux  les  inquisiteurs,  tous 
donnent  aux  sectaires  le  nom  général  d'hérétiques*  et  à  leurs 
croyances  celui  d'hérésie.  C'est  sous  cette  appellation  que,  dès 
la  fin  du  xiie  siècle  et  surtout  au  xiu6,  les  doctrines  dualistes  se 
trouvent  perpétuellement  accouplées  à  d  autres  que  les  souve- 
rains pontifes  poursuivent  avec  un  égal  acharnement,  sinon  avec 
un  même  succès,  celles  qu'a  prêchées  Pierre  Valdez.  Alain  écrit 
son  traité  «  contre  les  hérétiques  et  les  Vaudois  ».  Guillem  de 
Tudèle,  l'auteur  de  la  première  partie  de  la  Chanson  de  la  croi- 
sade contre  les  Albigeois,  parle  des  eretges  e  sabatatz.  Les 
interrogatoires  d'Inquisition  relatent  les  réponses  des  prévenus 
super  crimine  ou  super  facto  heresis  et  valdesie,  «  sur  l'ac- 
cusation »  ou  «  sur  le  fait  d'hérésie  et  de  vaudoisie1  ». 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  noms  divers  donnés  aux  représentants 
en  titre  de  l'église  cathare,  aux  parfaits,  c'est  par  l'imposition 
des  mains,  par  le  consolamentum ,  sacrement  principal  de  la 
secte,  le  baptême  spirituel  qu'elle  oppose  au  baptême  matériel  de 
l'eau,  qu'ils  atteignent  à  cette  condition  souveraine.  Ils  font  par- 
tie dès  lors  d'une  classe  d'élus,  en  qui  se  retrouvent  tous  les 
caractères  supérieurs,  tous  les  privilèges,  qu'attribuent  aux 
croyants  d'une  telle  catégorie  les  textes  du  Nouveau  Testament. 
Ils  deviennent  les  fils  légitimes  du  Christ,  les  successeurs  authen- 
tiques de  ses  apôtres. 

C'est  tout  autre  chose,  du  reste,  qu'un  vain  orgueil  qu'il  faut 
voir  dans  cette  prétention  des  parfaits  de  se  réclamer  du  Sau- 
veur et  de  ses  disciples  immédiats,  de  se  donner  comme  leurs  con- 
tinuateurs. Dans  leur  pensée,  la  sainteté,  dont  ils  croient  avoir 
repris  possession  par  le  retour  en  eux  de  l'Esprit-Saint,  ne  les 
autorise  pas  au  repos.  Elle  leur  impose  au  contraire  une  vie  de 
labeurs  pareille  à  celle  des  premières  générations  qui  fondèrent  la 
foi  chrétienne2.  Le  monde,  en  réalité,  n'existe  plus  pour  eux.  Ils 

1.  Voy.,  pour  ces  dernières  indications,  Schmidt,  op.  cit.,  t.  H,  p.  92,  n.  7. 
En  ce  qui  a  trait  à  certaines  appellations  propres  aux  fractions  orientales  de  la 
secte  cathare,  celle,  par  exemple,  de  ôtotoxoi,  pères  de  Dieu,  dont  les  Bogo- 
miles,  suivant  l'historien  grec  Euthyme  Zigabène,  auraient  désigné  ceux  de 
leurs  coreligionnaires  comparables  aux  parfaits,  voy.  également  le  même 
auteur,  op.  cit.,  t.  II,  p.  92  et  n.  5  de  la  même  page. 

2.  Voy.  chez  Schmidt,  op.  cit.,  t.  II,  p.  94,  le  témoignage  curieux  de  ce 


CUtm  kt  1.*  eeciM  c.ta.bk''.  239 

cassent  d'y  appartenir,  au  moins  dans  le  sens  spirituel  donné  pu 
l'Kvangile  a  ce  renoncement  suprême.  Du  monde,  ils  abdiquent 
les  passions  LaB  ilisii's.  Da  ne  s'appartiennent  même  plus  à  eux- 
mêmes.  Ils  font  à  l'église  qui  les  a  accueillis,  à  la  propagation  de 
<;<!.■:. -r.  m  m  seulement  le  sacrifiai  de  leur  vie 
ei  de  leur  sang,  —  cela  va  si  bien  de  soi,  que  d'un  sacrifice  de  ce 
genre  on  ne  parle  même  point,  —  mais  ils  lui  immolent  encore 
MDi  délai  lout  ce  qui  fait  te  charme  de  l'existence  humaine,  ce 
qui  la  constitue  réellement,  les  affections,  les  richesses,  jusqu'à 
la  satisfaction  des  besoins  les  mieux  justifies. 

Pour  le  cathare,  en  effet,  du  jour  où  le  consolante ntum  lui  a 
été  accordé,  il  n'y  a  plus  ni  liens  ni  joios  de  famille.  S'il  est 
DUtt,  il  n  sépare  de  M  G  BUH  <'t  'li1  ses  enfants;  il  se  condamne 
i  bm  rie  rigoureusement  solitaire  et  chaste.  11  fait  an  B)Sdh 
temps  vœu  de  pauvreté  absolue.  Ses  biens,  s'il  en  a,  il  lej  akm- 
donne  a  l'église  où  il  est  entré.  Il  les  verse  au  trésor  commun, 
qui,  formé  d'apports  de  toutes  sortes,  donations  ou  legs,  sert  à 
défrayer  les  besoins  de  l'association  et  de  ses  ministres.  Sa  vie 
quotidienne  prend  le  caractère  le  plus  humble,  pour  ne  pas  dire 
le  plus  grossier.  Les  privations  de  tout  genre  eu  deviennent  la 
règle.  Il  se  contente  pour  ses  vêtements  d'étoffes  aussi  simples 
que  possible,  de  couleur  sombre,  ordinairement  noire.  Kn  fait  de 
nourriture,  il  se  restreint  au  strict  nécessaire,  à  ce  qu'il  lui  faui 
exactement  pour  soutenir  son  corps  qu'il  méprise.  Conformé- 
ment aux  croyances  de  la  secte,  il  répudie  tout  aliment  charnel. 
[fit  aliments  auxquels  il  se  réduit  en  est-il  redevable  le 
plus  souvent  a  la  charité  de  ses  coreligionnaires.  «  Les  hérétiques, 
dit  un  texte  des  débuts  du  xiv"  siècle,  quand  ils  ne  se  livrent  qu'a 
un  travail  modéré,  doivent  observer  le  jaune,  Bt  en  particulier 

ji'iiiH ■[■  anrant  tans  carenue,  le  premier  de  la  fête  de  saint  Mar- 

(c>li>  Nu,'],  |i  M'rund  a  l'époque  qui  est  celle  du  carême 

'.  ùeme  de  la  PentecMe  environ  à  la  CStfl  de  sainl 

Jean.  Durant  ces  carêmes  et  à  d'autres  moments  aussi,  ils  doivent 
■il-.  peBTenl   le  supporter,  n'absorber  pendant  (rois 


nenl  k  la  'juiélmle  rt  a  toai  1»  bien*  île  ce  inomlr  qur  se  rendent  à 
eut-memn  let  parfutlt,  et  que  nnui  ■  Iraiiiriii*  un  ri'riiain  callioliqun  du 
Xll*  nierle.  In  (irétnuritre.  nSi-rwin,  |ir**iVt  île  Slein'clil.  Datit  le«  pMdla  '■■]>■ 
(Hirlén  |>ar  lui,  il  j  a  ct>inm«  W  |>r>gr*innie  <l*  l.i  vie  *  laquelle  as  ••tnl 
réwiluii  ta  Cathare*  elitir*  A  une  ÛplU   MpMtan  par  le  plut  pulMtnt  lies 

rlie«  la  Ion 


240  CHARLES   MOL! If I EH. 

jours  que  du  pain  et  de  l'eau,  en  y  ajoutant  une  noix  au  plus.  Les 
autres  jours,  il  leur  est  permis  de  se  nourrir  de  pain,  de  mets 
cuits,  de  vin  et  de  poisson;  mais  il  faut  que  le  vin  soit  si  forte- 
ment mélangé  d'eau  qu'à  peine  il  en  reste  quelque  peu  dans  la 
boisson  ainsi  préparée.  Cette  prescription  a  pour  but  de  les  aider 
à  dompter  leur  chair1.  » 

A  côté  des  parfaits  existe  tout  un  groupe  de  femmes,  désignées 
du  même  nom  qu'eux.  Comme  les  hommes,  ces  femmes  se  dis- 
tinguent par  un  vêtement  spécial,  également  de  teinte  sombre. 
Au  reste,  leur  vie  de  chaque  jour  n'offre  aucune  différence  avec 
celle  dont  les  parfaits  eux-mêmes  ont  accepté  les  lois  rigou- 
reuses. C'est  une  existence  toute  semblable  à  celle  de  ces  derniers, 
de  renoncement  et  de  privations.  Ainsi  qu'eux,  les  parfaites 
ont  quitté  leur  maison,  abandonné  le  foyer  conjugal,  délaissé 
leurs  enfants,  renoncé  à  leurs  biens  pour  se  soumettre  au  régime 
le  plus  austère  et  le  plus  frugal.  La  seule  concession  qui  leur  soit 
faite,  c'est  de  ne  pas  voyager  sans  cesse,  alors  que  les  hommes 
y  sont  obligés.  C'est  aux  hommes,  en  effet,  et  non  à  elles  qu'a 
été  dévolu  essentiellement  le  rôle  particulier  d'apôtres  de  la 
bonne  nouvelle,  de  propagateurs  des  doctrines  du  salut.  Elles 
habitent  seules,  dans  des  cabanes  isolées  au  fond  des  bois,  dans 
des  lieux  retirés.  Parfois  encore,  réunies  dans  des  maisons  com- 
munes, elles  s'occupent  ensemble  de  travaux  manuels,  de  tissage, 
de  couture,  ou  bien  font  l'éducation  de  jeunes  filles  qu'elles  ins- 
truisent dans  la  foi  qui  leur  a  imposé  tous  ces  sacrifices.  Elles 
ne  sortent  de  ces  asiles  que  pour  soigner  les  indigents  et  les 
malades.  Leur  vie,  sous  cette  dernière  forme,  fait  songer  à  celle 
que  mènent  comme  elles  d'autres  femmes  dans  les  béguinages  fla- 
mands du  xiii6  et  du  xive  siècle,  toujours  si  suspects  à  l'église 
officielle8. 


t.  Dtillinger,  Dokumente,  p.  246.  Voy.  également  Ibid.,  p.  19,  22.  Voy.  encore, 
Archives  des  Missions  scientifiques  et  littéraires,  t.  XIII,  p.  288,  289,  un  texte 
publié  par  nous  et  emprunté  à  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  Vatican, 
fonds  du  Vatican,  n*  4030,  fol.  59  C.  Le  texte  en  question  dépeint  la  vie  de 
l'hérétique  Guillem  Autieret  la  présente  comme  le  type  de  l'existence  des  par- 
faits cathares. 

2.  Voy.  sur  ces  points  Schmidt,  op.  cit.,  t.  I,  p.  200  et  289,  et  t.  II,  p.  95.  — 
A  travers  l'obscurité  et  la  malveillance  intentionnelles  des  termes,  peut-être 
faut-il  voir  l'indication  d'un  de  ces  refuges  de  femmes  parfaites  dans  le  Débat 
d'Izarn  et  de  Sicart  de  Figueiras,  publié  par  M.  Paul  Meyer.  Voy.  vers  57-64. 
Voici,  en  tout  cas,  un  texte  qui  confirme  de  la  façon  la  plus  explicite  une  par- 


l.'lXMSE   ET   U    SOCÏRTÉ   CalHanES.  241 

Mais  ce  u'est  pas  toujours  dans  des  limites  aussi  étroites  que 
s'enferme  le  rôle  de  ces  adhérentes  du  catharisme.  Il  s'agraadit, 
eu  certaines  circonstances,  et  s'élève  a  la  hauteur  de  celui  qui 
revient  forcément  aux  hommes,  leurs  corelig ion na ires.  Afin  de 
maintenir  entre  les  membres  de  la  secte  les  rapports  qui  doivent 
assurer  la  ferveur  de  leur  foi,  elles  aussi  entreprennent  ces 
courses,  où,  comme  les  parfaits,  elles  doivent  s'attendre  à  toutes 
les  fatigues  et  a  tous  les  péril».  Les  croyants  ne  mettent  pas 
d'ailleurs  un  moindre  empressement  a  soulager  leurs  peines,  ni 
ne  montrent  moins  de  sollicitude  pour  garantir  leur  sécurité 
qu'ils  le  font  plus  couramment  pour  les  parfaits  eux-mêmes  en 
pareilles  conjonctures1.  Ce  n'est  pas  tout  encore.  Les  fooctions 
sacerdotales,  qu'on  pourrait  croire  réservées  uniquement  à 
ceux-ci,  ces  femmes  arrivent  à  les  exercer  également,  au  moins 
daus  une  certaine  mesure.  Schmidt  voudrait  qu'on  leur  eût 
accordé  jusqu'au  pouvoir  d'administrer  le  consolamentum  en 
des  cas  extrêmes'.  Nous  ne  le  pensons  pas;  même  pour  les  cas 
dont  il  s'agit,  nous  n'en  avons  pas,  quant  à  nous,  rencontré  l'in- 
dication. Mais,  là  où  le  même  écrivain  se  trouve  certainement 
dans  l'erreur,  c'est  lorsqu'il  ajoute  :  *  Il  n'y  a  pas  un  seul 
exemple  qu'elles  aient  aussi  eu  le  droit  de  prêcher  au  peuple;  les 

lie  des  renseignement!  donnas,  par  Schmidl  el  que  nous-méroc  a»on»  rejiro- 
Mk  II  esl  emprunt*  i  on  manuscrit  des  Archites  de  la  Uaule-Garonnu 
(fonds  des  Dominicain») ,  ■  Ilem  Uixit  se  tidi&se  Isibardam  el  sociam  ejus 
herelicatn  in  quadatn  cabana  in  memore  de  Treboncio.  i  Interrogatoire  de 
Guillfin  Carrère,  S  juin  ïlbi.  —  t  Post  hoc  venerunl  ibi  dicli  Raimundua 
de  Ccriiano  et  Rainiundus  Ulehael  boretici  et  eduierunt  inde  Ipsam  testent  el 
Arsendim  et  Guilletmam  Record&m,  social  tpsius  lestis  beretkas,  et  duie- 
runl  eas  in  nemora  de  Alione  prope  Pradas.  El  fuerunt  ibi  in  quadam  cabana 
per  quatuor  menie».  •  M£me  manuscrit,  fragment  do  l'interrogatoire  d'une 
femme  iloot  le  nom  n'est  pas  indiqué. 

1.  •  Dliit  etiain  quud  cum  ijisa  leatîs  el  socie  ejus  heretice  stelissenl  ibi, 
ilcut  dictum  «l  superius,  Raimundus  Bernardi  et  Galharda,  uiorejus,  eduie- 
runt Ipsam  lettem  et  soclas  ejua  herelicas  inde,  el  duxerunt  eas  ettra  lillani 
de  Hrom.  »  Manuscrit  des  Archives  de  la  Haute-Garonne  cite  plus  baut,  frag- 
ment de  l'interrogatoire  d'une  certaine  lligau.de  Saurine.  —  «  Item  diiit  quod 
quindo  ipaa  le»  lis  et  «oela  eju»  hereliea  riiterunl  a  domo  Riiimundi  Rernanli, 
aieut  dklum  est  auperius,  Ilernirdus  Kossi  de  Hrom  cum  ait  il.  duobus  aune- 
riut  nouiiiiatîl  aasociaverunl  ipsam  leatrni  et  social  ejus  tierelkas.  >  Même 
manuscrit,  mPme  déposition,  —  i  El  cum  stetlssenl  Ibi  per  dictum  lempus, 
Ralmundui  Gullaberli  hcrelkus  et  Bernardus  Garlni  macellariu»  «du  «root 
ipsam  testera  et  sociam  ejus  hr  relient  inde,  et  intfuiniserunl  eu  In  do  m  uni 
Quillclmi  de  Valle.  ■  lliiil.,  u(  tupra. 

î.  Voj.  op.  eU-,  t.  Il,  p.  95. 

:v.  Hiaro».  XOIV.  2'  rue.  16 


242  CHARLES  MOLIUIBR. 

Cathares,  différents  sous  ce  rapport  des  anciens  Vaudois,  lais- 
saient bien  plus  les  femmes  dans  leur  sphère  naturelle1.  »  Des 
textes,  en  assez  grand  nombre,  nous  représentent  des  parfaites 
se  livrant  à  la  prédication,  c'est-à-dire  exhortant  les  fidèles  de 
la  secte  et  exerçant  auprès  d'eux  le  ministère  de  la  parole,  en 
même  temps  qu'elles  accomplissent,  il  semble,  certains  rites  du 
culte  cathare,  les  moins  solennels,  ceux  qui  reviennent  le  plus 
fréquemment,  au  moins  la  bénédiction  du  pain  et  des  mets  qui 
figurent  aux  repas  dont  elles  prennent  leur  part.  Elles  reçoivent 
aussi  des  croyants,  dans  les  mêmes  circonstances  où  cela  s'exécute 
pour  les  parfaits  et  avec  la  même  régularité,  le  témoignage  obli- 
gatoire de  respect,  que  les  inquisiteurs  désignent  dans  leurs 
registres  par  le  terme  abusif  $  adoration2 . 

Des  rapports  d'affection  profonde  rattachent  les  parfaits  aux 
parfaites.  D'après  un  renseignement  qui  nous  vient  de  la  jus- 
tice inquisitoriale,  ils  se  donnent  entre  eux  les  noms  de  frères  et 
de  sœurs3.  Toutefois,  quelle  valeur  faut-il  attribuer  à  l'assertion 
d'un  écrivain  catholique  du  milieu  du  xii*  siècle,  le  moine  de 
l'ordre  des  Prémontrés,  Everwin  d'Helfenstein,  prévôt  de  Stein- 

1.  Voy.  op.  cit.,  t.  II,  Ibid.f  ut  supra. 

2.  Nous  citerons  quelques-uns  de  ces  textes  décisifs.  Nous  les  empruntons  à 
ce  même  manuscrit  des  Archives  de  la  Haute-Garonne  dont  nous  nous  sommes 
déjà  servi  à  plusieurs  reprises.  «  Adjecit  etiam  ipsa  testis  quod  vénérant  Arsen- 
dis  Borella  et  Fabressa  et  Ermengarda  de  Vestiaco  heretice  que  stabant  ibi. 
Et  ibi  ipsa  testis  et  predicta  Maencia  steterunt  continue  cum  predictis  hereti- 
cabus, comedentes  ibi  cum  predictis  hereticabus  continue  ad  eamdem  mensam 
et  de  comestionibus  earum  ;  et  in  quolibet  génère  cibi  et  potus  noviter  sumpto 
dicebant  ipsa  testis  et  predicta  Maencia  :  Benedicite,  et  ipse  heretice  responde- 
bant  :  Deus  vos  benedicat.  Et  vidit  ibi  ipsa  testis  pluries  cum  predictis  here- 
ticis  et  hereticabus  predictos  Petruro  de  la  Cauna,  dominum  domus,  et  Guil- 
lelmum  et  Brunam,  uiorem  predicti  Pétri  de  la  Cauna;  qui  omnes,  ipsa  teste 
vidente,  et  ipsa  testis  et  predicta  Maencia,  adoraverunt  pluries  predictas  here- 
ticas,  et  pluries  audierunt  predicationera  et  monitiones  dictorum  hereticorom 
et  hereticarum.  »  —  «  Qui  omnes  adoraverunt  pluries  ipsam  testem  et  sociam 
ejus  hereticas...  et  pluries  audierunt  verba  et  monitiones  earum.  Dixit  etiam 
quod  venerunt  ibi  semel  ad  audiendum  ipsam  testera  et  sociam  ejus  hereticas 
non  simul...  Petrus  Rairaundus  de  Ravato,  filius  predicte  Ave  major,  et  Rai- 
mundus  de  Lordenaco;  qui  ambo  sicut  venerunt  adoraverunt  ipsam  testem  et 
sociam  ejus  hereticas,  et  audierunt  verba  et  monitiones  earum.  »  —  c  Item 
dixit  quod  venit  ibi  semel  ad  videndum  ipsam  testem  et  sociam  ejus  hereticas 
quedam  fi  lia  conjugata  predicte...  cujus  nomen  ipsa  testis  ignorât;  que  adoravit 
ibi  ipsam  testem  et  sociam  ejus  hereticas,  et  audivit  verba  et  monitiones 
earum.  »  Fragment  de  l'interrogatoire  d'une  femme  dont  le  nom  n'est  pas  men- 
tionné. 

3.  Voy.  Schmidt,  op.  cit.,  t.  II,  p.  96,  et  n.  2  de  la  même  page. 


l'iîclisk  i.t  l»  aoc.iéti  unum  243 

feid,  en  vertu  de  laquelle  Imparfaits  auraient  eu  l'habitude  de 
se  faire  accompagner  dans  leurs  courses  par  des  parfaites,  et 
cela  a  l'imitation  des  apôtres,  qui  parfois  emmenaient  avec  eux  des 
femmes  dans  leurs  voyages?  Schmidt  a  cité  ce  document  curieux, 
mais  n'a  pas  cru  devoir  considérer  comme  exacte  l'indication 
qui  y  est  contenue.  «  Nous  n'avons  pas  trouvé  un  seul  fait,  dît-il, 
qui  couflrmàt  l'assertion  d'un  auteur,  que  les  parfaits  avaient  ia 
coutume  de  voyager  avec  des  parfaites;  celles-ci  n'avaient 
même  pas  le  droit  de  manger  a.  une  même  table  avec  les  hommes, 
et  les  parfaits  évitaient,  suivant  le  témoignage  même  des  adver- 
saires, comme  un  des  péchés  les  plus  graves,  de  toucher  à  une 
femme1.  » 

L'historien  a  raison  en  principe,  et  nous  sommes  de  son  avis. 
Les  faits  allégués  par  lui  sont  hors  de  doute.  En  ce  qui  concerne 
surtout  l'éloignement  des  Cathares  pour  la  société  des  femmes, 
par  crainte  d'une  chute  qui  aurait  été  pour  eux  la  plus  funeste, 
les  renseignements  sont  multipliés  et  formels.  Guillem  Autier  ne 
touche  jamais  une  femme,  et,  avec  d'autres  prohibitions  auxquelles 
il  s'est  astreint,  c'est  une  des  raisons  de  la  sainteté  de  sa  vie*.  Il 
y  a  là  un  sentiment  de  réserve  et  de  pudeur  extrêmes,  que  les 
croyants  connaissent  de  reste,  et  auquel  ils  conforment  soigneu- 
sement leur  conduite,  par  peur  d'y  porter  atteinte.  Dans  les  sen- 
tences publiées  par  Lîmborcb,  une  condamnée  a  évité  de  toucher 
un  disciple  de  Pierre  Autier.  un  certain  Pierre  Sa  ns,  parce  qu'elle 
avait  découvert  en  lui  un  de  ces  hérétiques  qui  font  profession 
de  ne  pas  toucher  les  femmes  et  ne  se  laissent  pas  toucher  par 
-II,.-,  . 


1.  Vojr.  Snhmi.lt,  op.  cit.,  I.  Il,  p.  96,  «I  n.  3,  4,  S  de  U  même  page. 

2.  i  ...  IpM  non  comcdil  urnes,  sagimen,  ora,  caseum.  1m,  cl  in  anno  facit 
Un  quadrigtiimas,  ■!  qiialibcl  septiinana  jejunit  tribus  diebus  lit  pane  cl 
•qui,  et  ni  non  est*  «Ile  quia  non  langit  mu  lièrent,  nec  mcniilur,  nec  aliquid 
llftH  inlerûdl...  •  Bibl.  du  Vatican,  fonds  du  Vatican,  m».  4M0,  fol.  HO. 
Le  t*ilc  d'où  tt*  [jgn»  «ml  extraites  a  été  déjà  indiqué  plut  baul, 

3.  •  InterrogaU,  ii  lune  sciebat  dietuin  Petrum  Sancii  eue  brrelicom,  rei- 
pondlt  et  in  judirlo  confeaaa  fuit  quod  et  prcrjicls  Guillclma  dillt  slbi  illa  tice 
qua  tidit  Petrum  Sancil  quod  non  tangerel  Ipsum,  tt  dedil  siui  inlelligere,  et 
Ipsa  que  loqullur  iuleileiil  quod  «rat  de  secla  Pétri  Autcrii  el  aliorum  bereli- 
roruiii,  de  quibna  ipsa  allai  aclrerat  et  audierat  quando  Tenietiant  ad  domum 
suant  tt  tifi  au),  quod  dlcunl  quod  non  langunl  mulierem  nec  permillunt  se 
langt  a  muliere,  el  ideo  ipsa  non  leliglt  lune  diclum  Pelrum  Sancli  quia  repu- 
Ubat  ipioni  esae  berelicum  et  de  itcU  berelicoruiu.  i  llli.  ttntenl.  taqvit. 

».,  fol.  68b,  63». 


244  OUELES  HOUim. 

II  De  faut  rien  exagérer  cependant,  ni  voir  en  tout  cela  ue 
pratique  qui  ne  souffrit  pas  d'exception.  Sans  doute,  on  ne  sau- 
rait (aire  de  cette  réunion  d'un  parfait  et  d'une  parfaite  vqjra- 
géant  ensemble  une  habitude  en  quelque  sorte  constante,  comme 
le  voudrait  Éverwin,  et  le  résultat  d'une  règle  presque  obliga- 
toire. C'est  plutôt  séparément  que,  dans  leur  existence  quoti- 
dienne, vivent  les  hérétiques  des  deux  sexes.  Nous  le  savons  fort 
bien,  ils  ont  leurs  demeures  à  part.  Lorsque,  pour  se  mettre  en 
sûreté,  ils  jugeaient  devoir  se  retirer  dans  quelque  solitude,  les 
hommes  élevaient  une  cabane  pour  eux  et  les  femmes  s  établis- 
saient à  l'écart  dans  une  autre1.  Parfaits  et  parfaites  ne  s'en 
réunissaient  pas  moins  dans  certaines  circonstances.  C'était  quand 
il  s'agissait  de  déjouer  à  tout  prix  les  soupçons  d'ennemis  achar- 
nés à  leur  perte.  Rien  ne  pouvait  mieux  les  servir  en  pareil  cas 
que  l'association  de  leur  existence,  puisque  leur  aversion  bien 
connue  pour  un  rapprochement  de  ce  genre  était,  ainsi  qu'on 
vient  de  le  voir,  dans  la  pensée  de  leurs  contemporains  un  des 
signes  auxquels  on  les  reconnaissait  le  plus  sûrement.  Des  textes 
d'Inquisition  nous  ont  transmis  le  témoignage  de  semblables 
expédients  imposés  k  ces  proscrits  par  la  nécessité.  Ils  nous 
donnent  également  le  détail  des  précautions  pleines  d'ingéniosité 
et  de  délicatesse,  par  lesquelles  Us  essayaient  d'en  établir  la 
vraisemblance,  ou  d'y  atténuer  tout  ce  qu'ils  pouvaient  y  redouter 
de  péril  pour  l'observation  de  leurs  engagements  les  plus  chers*. 

1.  c  Et  vénérant  {tic)  ibi  qoadara  die  Bernard  us  Bossel  de  Pradis  ;  non  tamen 
adoravil  eas,  sed  crédit  quod  adoraverat  hereticos,  scilicet  Ademariuro  de  Bes- 
aaco  et  qaosdam  alios  socios  ejus  hereticos,  qui  morabantur  ibidem  in  alia 
cabana  prope  cabanam  ipsius  testis  et  sociaruro  ipsius  testis  predictaram.  » 
Manuscrit  des  Archives  de  la  Haute-Garonne,  fragment  de  l'interrogatoire  d'une 
femme  dont  le  nom  est  inconnu. 

2.  Voy.  Dôllinger,  Dohumente,  p.  148,  149.  —  Le  passage,  très  curieux,  est 
emprunté  à  ce  manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  Vatican,  d'où  nous  avons  déjà 
tiré  plusieurs  indications,  et  à  la  déposition  d'un  certain  Arnaud  Cicre,  d'Ax 
(fol.  119C-133A).  Nous  en  transcrivons  ici  les  dernières  lignes,  comme  plus 
particulièrement  intéressantes  :  c  Dixit  etiam  ei,  quod,  quando  in  aliquo  loco 
dictus  haereticus  trahit  moram,  in  duobus  lectis  jacent  et  separatim  multum 
dictus  haereticus  et  dicta  mulier;  sed  quando  erant  in  itinere,  dicebant  de  se 
invicem  quod  erant  con juges,  et  ponebant  se  in  uno  lecto,  tamen  induti,  ita 
quod  unus  alium  in  nuda  carne  non  tangebat.  »  Quelle  sincérité  y  avait-il  au 
fond  de  ces  expédients,  et  quelles  suites  pouvaient-ils  entraîner  pour  la  conti- 
nence des  parfaits  cathares  qui  s'y  décidaient  en  vue  de  garantir  leur  sécurité? 
Voy.  à  ce  propos  un  article  de  M.  J.-M.  Vidal,  Revue  des  Quettions  huto- 
rtyues,  1ivr.  du  1"  janv.  1906,  p.  95.  A  vrai  dire,  l'auteur  se  montre  plus  que 


I.'ÉGI.ISE   ET    U    SOCIÉTÉ   CATHaRES.  ÎM5 

Voilà  donc,  avec  ses  traits  généraux,  et,  pensons-nous  aussi, 
les  plus  significatifs,  cette  vie  des  parfaits  cathares,  vie  pure, 
toute  de  renoncement  au  monde  et  à  ses  joies,  conforme  à  un 
ascétisme  qui  dépasse  dans  son  âpreté  les  préceptes  les  plus 
rigoureux  du  Christ-  et  qui  rappelle  celui  des  solitaires  de  la  pre- 
mière époque  chrétienne.  Et  cependant,  aux  sectaires  qui  mènent 
une  pareille  existence,  les  accusations  infamantes  n'ont  pas  man- 
qué :  accusation  surtout  d'avarice,  malgré  leur  pauvreté  et  leur 
frugalité  certaines,  accusation  aussi  d'impureté,  en  dépit  de  leur 
continence,  sur  laquelle  personne  n'éleva  jamais  de  doutes 
sérieux.  Ce  n'est  pas,  du  reste,  que,  sur  ces  points  divers,  leurs 
ennemis  se  soient  souciés  de  se  mettre  d'accord  et  de  DOM  livrer 
autre  chose  que  des  indications  contradictoires.  Réfuter  les  impu- 
tations dont  il  s'agit,  ce  n'est  donc  pas  une  œuvre  irréalisable  ni 
■fllM  peut-être  bien  difficile.  11  n'en  faut  pas  moins  l'essayer, 
avant  de  passer  à  l'élude  des  rapports  qu'entretiennent  les  héré- 
tiques avec  les  croyants  de  la  secte,  soit  pour  les  instruire  dans 
leurs  doctrines,  soit  pour  leur  distribuer  les  sacrements  particu- 
liers du  catharisme.  Au  surplus,  ces  imputations,  qu'a  values 
par-dessus  tout  aux  sectaires  leur  existence  nécessairement  mys- 
térieuse et  cachée,  si  problématique  qu'en  soit  ta  solidité,  ne 
sauraient  demeurer  sans  réponse.  La  gravité  en  est  assez  consi- 
dérable pour  que,  même  a  l'état  de  simple  soupçon,  elles  altèrent 
notablement  les  caractères  que  nous  avons  pris  la  peine  d'établir 
a  propos  des  parfaits,  et  ne  donnent  à  voir  que  vanterie  et 
imposture  dans  cette  prétention  à  la  sainteté  qu'on  a  pu  croire 
légitime  sur  les  raisons  qui  en  étaient  fournies.  Ce  n'est  pas  tout 
encore.  Reprises  de  nos  jours  et  soutenues  de  nouveau  par  des 
historiens  d'une  certaine  école,  il  semble  qu'on  ait  voulu  les  faire 


sceptique,  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  cas  du  parfait,  un  crrUin  Caillera 
Helibasta,  au  sujet  duquel  sont  rappariées  justement  les  indicaliona  qui 
Tiennent  d'élre  reproduite».  Selon  lui.  les  précautions  prises  publiquement  par 
et  personnage  n'auraient  été  qu'un  déguisement  grossier  de  sait  libertinage  et 
de  «on  luconduile.  Mais  peut-être  est-ce  prétendre  \  beaucoup  de  perspicacité 
qut  de  toulnir  décider  a  pareille  distance  d'un  cas  d'ordre  aussi  intime.  Ce 
qu'il  j  a  de  sur,  c'e>l  que  l'cuil  talion  eitraordinaire  de  la  foi  rbei  les  héré- 
tiques détail  en  général  le*  présérter  des  chutes  ou  même  des  tentations  que 
comportait  le  rapprochement  auquel  le*  forçait  r acharnement  de  leur*  persécu- 
teurs. Au  reste,  que  dirait  I*  même  auteur  si,  appliquant  ton  scepticisme  aui 
inlolitres  du  culte  romain,  Iles,  eui  aussi,  par  le  tant  de  chasteté,  on  ne 
voyait,  dan»  la  présence  auprès  d'rui  de  femme»  rbargèn*  du  »oln  matériel  de 
tour  «ii»Unce,  qu'un  concubinage,  dans  tout  les  cas,  stère  cl  Indubitable  ' 


246  CH AILES  MOLIKIEE. 

figurer  au  nombre  des  arguments  destinés  à  entraîner  la  condam- 
nation du  catharisme  et  de  ses  dogmes1. 

En  ce  qui  concerne  la  première  des  deux  accusations  lancées 
contre  les  sectaires  dualistes,  celle  de  l'amour  des  richesses  et  de 
l'avarice,  deux  défauts  qui  s'accorderaient  mal  avec  leur  mépris 
hautement  affiché  pour  les  biens  de  ce  monde  comme  avec  les 
reproches  qu'ils  adressent  à  cet  égard  aux  membres  de  l'église 
romaine,  le  fondement  en  est  aisé  à  découvrir.  U  se  trouve  dans 
ce  fait  indéniable  que  les  hérétiques  reçoivent  des  donations  de 
toutes  sortes,  tant  en  nature  qu'en  argent,  qu'on  les  voit  porter 
avec  eux  dans  leurs  courses  des  sommes  assez  grosses,  qu'ils 
s'occupent  enfin  à  l'occasion  de  faire  rentrer  dans  le  trésor  com- 
mun de  la  secte  des  legs  non  acquittés  encore  ou  des  prêts  faits  à 
des  croyants  sur  ce  trésor.  Ils  ont  même  des  livres  de  compte 
(memoralia)y  où  se  trouvent  inscrits  tous  les  renseignements  qui 
peuvent  intéresser  leur  association  à  ce  point  de  vue  spécial. 

«  Ledit  Baimond,  lisons-nous  dans  un  document  d'Inquisition 
de  la  fin  du  xiii*  siècle,  tira  de  sa  bourse  une  certaine  somme 
d'argent,  —  le  prévenu  ne  sait  pas  laquelle,  —  et  la  donna  de  sa 
main  à  l'hérétique  Raimond  Didier.  Le  prévenu  apprit  plus  tard 
de  ce  dernier  que  l'argent  reçu  par  lui  avait  été  remis  jadis  en 
dépôt  au  père  dudit  Raimond  Duval3.  »  —  €  Alors  ledit  héré- 
tique, rapporte  encore  le  même  texte,  ajouta  que  la  mère  dudit 
Arnaud  et  sa  sœur,  mère  de  maître  Garnier  de  Talapio,  avaient 
reçu  d'eux  en  dépôt  une  certaine  somme  d'argent,  quinze  livres, 
comme  cela  se  trouvait  marqué  sur  son  livre  de  comptes.  Et 
ledit  hérétique  pria  un  jeune  palefrenier  qui  était  là  d'aller  trou- 
ver Arnaud  et  de  lui  demander  de  restituer  l'argent  que  sa  mère 
avait  reçu  autrefois  en  dépôt  des  mains  de  certaines  personnes 
qu'il  connaissait  bien3.  »  Le  même  document  aussi  nous  fait  con- 


1.  Voy.,  par  exemple,  à  ce  propos  le  livre  du  Dr  Balthasar  Kaltner,  Konrad 
von  Marburg  und  die  Inquisition  in  Deutschland  (1882),  et,  dans  ce  livre, 
en  particulier  les  chapitres  u,  g  3,  et  m,  g  12. 

2.  c  Dictas  Raymundus  abstraxit  de  bursa  soa  aliquam  summara  pecunie, 
nescit  tamen  quantam,  et  ministrarit  eam  et  tradidit  de  manu  sua  R.  Deside- 
rii  heretlco  predicto.  A  quo  Rayraundo  Desiderii  heretico  audi?it  postea  îpse 
testis  quod  illa  pecunia  fuerat  in  commenda  Iradita  patri  dicti  R.  de  la  Val.  > 
Bibl.  nat.,  ras.  lat.  11847,  fol.  2  B,  interrogatoire  de  Goillem  de  Mauriano, 
de  Réalmont,  décembre  1299. 

3.  c  Tnnc  dictas  hereticus  subjunxit  quod  mater  dicti  Arnaudi  et  soror  ejus, 
mater  magistri  Garnerii  de  Talapio,  habaerant  pecuniam  in  commenda  ab  eis, 


I.'(îi;i,i$i;    KT    l.i    SOGIKTll   CAT111KE*. 


ai 


naître  le»  regrets  exprimés  par  un  hérétique  au  sujet  d'une  somme 
qui  c'est  pas  revenue  a  la  secte  par  suite  de  la  mort  inopinée  d'un 
■  Le  prévenu  ayant  répoudu  que  ledit  B.  de  Gaillac 
était  mort,  l'un  desdits  hérétiques  observa  que,  par  suite  de  ce 
décès,  ils  avaient  perdu  une  bonne  somme  d'argent.  Mais  l'autre 
hérétique  répondit  qu'il  n'y  avait  pas  à  craindre  que  la  somme 
an  question  fût  définitivement  perdue,  parce  qu'elle  était  passée 
ontre  les  mains  de  Durand  de  Gaillac,  frère  du  défunt,  et  de  Sicard 
Viguier,  son  beau-frère1.  » 

C'est  sur  des  indications  du  genre  de  celles  qui  viennent  d'être 
reproduites  qu'a  été  fondée,  il  semble,  l'accusation  d'avarice  et 
d'amour  du  gain  mise  en  avant  contre  les  parfaits.  Ils  ont  fait 
abnégation  des  biens  de  ce  monde,  disent  leurs  ennemis.  Véri- 
tables communistes  comme  les  apôtres,  sur  la  conduite  desquels 
se  règle  leur  conduite  à  eux-mêmes,  ils  prétendent  ne  rien  possé- 
der en  propre.  Et  cependant  ils  portent  de  l'argent  avec  eux. 
Bien  plus  :  ils  en  prêtent,  en  mettent  en  dépôt,  reçoivent  des  legs, 
font  rentrer  des  sommes  engagées,  s'inquiètent  d'un  testament 
plus  ou  moins  profitable  à  eux  ou  à  leur  secte.  Mais  au  fond 
toutes  ces  remarques  n'ont  pas  grande  portée.  Rien  n'indique 
d'abord  que  les  ressources,  dont  les  parfaits  apparaissent  munis 
dans  leurs  voyages,  ne  soient  pas  tirées  du  trésor  commun  de 
l'association  et  leur. appartiennent  réellement.  Leur  situation, 
dans  ces  circonstances,  est  identique  sans  doute  à  celle  des  reli- 
gieux des  ordres  mendiants,  quand  ils  sortent  de  leurs  maisons 
conventuelles.  Puis,  comme  l'observation  en  a  été  faite,  au  cours 
des  déplacements  dont  il  s'agit,  il  faut  en  nombre  de  cas  qu'ils 
pourvoient  eux-mêmes  à  leurs  besoins.  Ils  ne  rencontrent  paB 
toujours  des  croyants  qui  leur  offrent  une  hospitalité  gratuite. 

En  somme,  l'imputation  d'avarice  et  de  cupidité  adressée  à 


Tldeliut  iv  librai,  ilcut  InfCntebatur  in  llbrit  «eu  mémorial! but  luit,  cl  diiîl 
Ipw  brreliciu  ipii  )u»enl  juinenlario  qu«d  irel  ad  eum  et  dleeret  «I  iiuod  red- 
ilrrrt  ri»  [.rriiniim  qujm  babueral  malrr  gub  in  commenda  *  quiuutdam  per- 
ioiiU  quu  ipae  iriebat.  «  Ibid.  ut  lu/iru.  Toi.  3  B,  *  A,  même  inteiro* 
ptoirt 

I.  (  El   ilum  ipae   leilii  reipoucli&ael  r|nod  diclui  II.   erat  Inorluul,   adjecit 
il  ii  liiriiiii  uerelieorutn  i|uur!  bon  a  m  pecuniam  arnivnnl  in  murla  dicli  B. 
Tune  aller  herelieut  respondit  quod  nun   «npurlrbal  tinicre  quod  ««Ml  amiiaa 
ditlt  peeunl»,  qui*  tiuranliii  de  Gtlliico,  fralcr  dlrll  B..  et  Slwdu*  Viguerii, 
dicli   B.,  lubuerant   dictam   pecuntam.    >   Ibid.,  ul  tvpra,  fol.   5  A, 
fine  tolcrrog*lolr«. 


248         CHABLB8  MOLINIEE.  —  L^GLISE  ET  LA  SOClfaf  CATHABE8. 

leurs  ennemis  par  les  catholiques  demeure  assez  vaine,  pour  ne 
pas  dire  presque  puérile.  Ce  n'est  pas  là  d'ailleurs  le  seul  défaut 
qu'on  doive  vraisemblablement  y  trouver.  La  bonne  foi  pourrait 
bien  aussi  n'en  être  pas  entière.  On  accuse  les  hérétiques  de  pos- 
séder malgré  tout  des  ressources  personnelles,  quand  ils  se 
vantent  d'avoir  renoncé  à  toute  propriété  et  de  ne  vivre  que  sur 
le  fonds  commun  de  la  secte,  dans  lequel  ils  ont  versé  tous  leurs 
biens,  le  jour  où  ils  ont  abandonné  le  monde.  Après  cela,  prenant 
prétexte  de  ce  trésor,  qui  n'appartient  à  aucun  des  sectaires  en 
particulier,  et  sur  lequel  tous  ont  pourtant  des  droits,  on  les 
accuse  de  fouler  aux  pieds  le  principe  de  la  propriété,  d'être  dans 
ces  temps  lointains  des  socialistes,  des  communistes  anticipés1. 
Il  faudrait  bien  pourtant  choisir  à  la  fin  entre  des  imputations 
quelque  peu  contradictoires.  On  ne  saurait  guère  douter  d'ailleurs 
de  l'inanité  absolue  que  présente  la  seconde,  celle  qui  tendrait  à 
faire  des  Cathares  des  adversaires  de  la  propriété.  Aucun  texte 
n'existe  qui  indique  qu'ils  l'aient  jamais  attaquée  ni  interdite  à 
leurs  croyants.  A  ce  point  de  vue,  il  y  aurait  erreur  à  croire 
qu'ils  eussent  rompu,  si  peu  que  ce  soit,  avec  les  conceptions 
générales  de  leur  temps.  Leurs  idées,  sur  ce  sujet  délicat,  se 
réduisaient  à  celles  qu'ils  pouvaient  tirer  de  l'Évangile.  Elles 
n'étaient  pas  plus  antisociales  que  toutes  les  données  que  fourni- 
rait ce  livre  pour  régler  une  pareille  question.  Elles  pouvaient 
légitimement  s'autoriser  de  la  parole  du  Christ  comme  de  l'exemple 
et  de  la  pratique  de  ses  disciples  immédiats. 

Charles  Molinier. 
(Sera  continué.  ) 

1.  Voy.  a  ce  propos,  dans  le  livre  de  Kaltner,  p.  13,  les  paroles  de  Dtflliager 
extraites  de  son  Une  Kirche  uni  Kirchen. 


LE  CONVENTIONNEL  GOUJON 


CHAPITRE  XIII. 


Formation  de  la  Commission  militaire.  Ses  premiers  actes. 
Procédure  expéditive.  La  Commission  et  les  Comités.  — 
Le  procès  des  représentants .  Les  juges.  Capitain.  L'ac- 
cusation. —  Interrogatoires.  Les  réponses  de  Goujon, 
Soubrany  et  Vernier.  —  Les  témoins  à  charge  :  Martain- 
ril/e,Jourdan,  Eck.  Fitte,  Lecourt  -  Villierre.  —  Témoins 
à  décharge.  La  citation  et  les  défaillants.  —  Dernière 
rutrevue  de  Goujon  et  des  siens.  «  L'arme  libératrice  ». 
Les  adieux.  —  Nicole  Goujon  et  Lanjuinais.  —  Les 
confrontations.  Goujon,  Duquesnoy  et  les  mensonges  du 
«  Moniteur  ».  —  La  délibération.  Les  dossiers  de 
Rouhière.  —  Dernier  effort  de  Sophie  et  de  Lise.  —  Le 
jugement.  —  Mort  des  six.  La  fin  de  Bourbotte. 

Les  trois  comités  chargés  par  le  décret  du  4  prairial  d'organi- 
ser la  Commission  militaire  se  réunirent,  sous  la  présidence  de 
Cambacérès,  aussitôt  après  le  vote,  pendant  la  séance  même  de  la 
Convention.  Douze  membres  étaient  présents  :  Fréron,  Guyomar, 
Merlin  (de  Douai),  Rovère,  Doulcet,  Monmayou,  Pémartin, 
Treilhard,  Aubry,  Gillet,  Calés  et  Perrin  (des  Vosges).  II  leur 
parut  que  les  Conseils  de  guerre  ne  pouvaient  pas  servir  de 
modèle  pour  le  nouveau  tribunal  à  créer.  On  venait  en  effet  de 
les  réorganiser  et  d'en  faire  des  tribunaux  criminels  ordinaires, 


I.  Voir  Rtvue  htooriqn,  t.  LXXXVI1I,  p.  1  ; 
p.  41,  2M;  t.  XCIlt,  p.  340. 


t.  XCI,  p.  11.  «3;   L   XCI1. 


250  R.   GUTOT  ET   F.    TH&CARD. 

dirigés  par  des  magistrats  civils,  les  jurés  devant  seuls  appartenir 
à  l'armée1.  Une  juridiction  de  cette  espèce  n'assurerait  pas  à  la 
répression  le  caractère  expéditif  et  redoutable  qu'on  voulait  lui 
donner.  On  décida  de  prendre  exemple  sur  les  commissions 
militaires  qui  fonctionnaient  près  des  armées  pour  le  jugement  des 
espions  et  des  émigrés  pris  les  armes  à  la  main'.  Elles  étaient 
composées  de  cinq  officiers,  qui  jugeaient  seuls  et  n'entendaient 
ni  plaidoiries,  ni  rapport,  ni  réquisitoire.  La  Commission  du 
4  prairial  fut  constituée  de  même3  ;  toutefois,  par  un  souvenir  de 
l'ancienne  législation  sur  les  cours  martiales4,  on  y  fit  entrer  un 
homme  de  troupe,  à  côté  de  quatre  officiers.  C'est  Rovère  qui 
dressa  la  liste  :  un  général  de  brigade,  ud  adjudant  général  chef 
de  brigade,  un  chef  d'escadrons,  un  capitaine  et  un  soldat5.  Les 
cinq  juges  reçurent  l'ordre  de  se  réunir  et  de  commencer  leurs 
fonctions  le  soir  même.  On  les  installa  tout  de  suite,  sous  la 
main  du  gouvernement,  dans  les  bureaux  mêmes  du  Comité  de 
Salut  Public6.  Après  quelques  jours,  les  audiences  se  tinrent  au 
Comité  militaire,  hôtel  de  Noailles,  rue  Saint-Honoré.  Plus  tard 
seulement,  on  s'aperçut  de  l'inconvenance  de  ce  rapprochement  et 
des  soupçons  qu'il  pouvait  faire  naître  ;  le  siège  du  tribunal  fut 
alors  transféré  rue  des  Capucines,  à  l'ancienne  mairie  qui  était, 
avant  1790,  le  petit  hôtel  du  lieutenant  de  police7.  Aux  cinq  juges 

1.  Loi  du  1S  pluviôse  an  II,  titre  VII,  art  4. 

2.  Lois  du  9  oct.  1792  (art.  1  et  4)  et  du  25  brumaire  an  III,  titre  V,  sec- 
tion i,  art.  7. 

3.  Non  sans  hésitation.  La  première  liste  établie  comprenait  huit  noms  de 
juges;  trois  furent  rayés  ensuite  (Arch.  nat.,  W  548). 

4.  Loi  du  22  septembre  1790,  art.  13  et  suiv. 

5.  Romanet,  général  de  brigade  ;  Capitain  (Rovère  a  écrit  Capiton),  chef  de 
brigade  de  dragons;  Talmet,  chef  d'escadrons  de  hussards;  Gaudest  (Rovère 
écrit  Gandet),  capitaine  d'artillerie;  Leclercq,  volontaire  de  la  garde  nationale 
de  Paris  (arrêté  des  trois  Comités  de  Salut  Public,  de  Sûreté  générale  et  mili- 
taire, 4  prairial.  Arch.  nat.,  W  548,  de  la  main  de  Rovère).  M.  Claretie  (les 
Derniers  Montagnards,  p.  213  et  suiv.)  a  mal  lu  cet  arrêté.  Il  fait  de  Roma- 
net un  volontaire,  donne  à  Capitain  le  grade,  alors  supprimé,  de  colonel,  et  il 
appelle  Gauder  le  capitaine  Gaudest.  Plusieurs  arrêtés  successifs  modifièrent 
la  composition  primitive  de  la  Commission  :  le  général  de  brigade  Chaumont, 
qui  ne  siégea  pas,  l'adjudant  général  Verger  et  le  chasseur  Canivet,  qui  négli- 
gea de  venir.  Le  9  prairial,  on  nomma  encore  le  chef  de  bataillon  Roques  et, 
le  13,  le  capitaine  Beaugrand  (arrêtés  des  trois  Comités,  aux  dates.  Arch.  nat., 
W548). 

6.  Arch.  nat.,  F7  4411b.  Lettre  du  4  prairial  à  la  Commission  militaire, 
c  séante  à  l'une  des  salles  du  Comité  de  Salut  Public,  pavillon  de  Flore  t. 

7.  Arrêté  du  Comité  de  Salut  Public,  11  prairial  (Arch.  nat.,  AF11  50,  pla- 


Lï   COSTETTIONSKl   UWUH.  2">l 

«ignés,  on  adjoignit  un  secrétaire  général,  le  commissaire 
ordonnateur  Rouhière,  qui  ne  fut  nommé  régulièrement  que  six 
jours  plus  lard1.  Romanet,  Capitain,  Talmet.  Gaudest,  Leclercq. 
membresde  la  Commission,  et  Rouhière,  secrétaire,  s'assemblèrent 
donc  au  pavillon  de  FJore  le  4  prairial  au  soir.  Tout  de  suite,  ils 
donnèrent  la  mesure  de  leurs  scrupules.  Avant  d'avoir  jugé  per- 
sonne, ni  même  commencé  d'examiner  aucune  affaire,  ils  fixèrent 
le  lieu  d'exécution  de  leur  jugement  à  venir  place  de  la  Révolu- 
tion et  firent  avertir  Sanson  de  se  tenir  prêt*.  A  une  heure  du 
matin,  le  5,  ils  prononçaient  la  peine  de  mort  contre  Guillaume 
Delorme,  capitaine  des  canonuiers  de  la  section  Popincourt,  qui 
fut  guillotiné  à  huit  heures3.  En  peu  de  temps,  la  Commission 
fournit  des  marques  incontestables  de  ce  zèle  empressé  dont  elle 
avait  promis  de  faire  preuve'.  Elle  siégeait  quinze  heures  par 
jour  et  l'échafaud  ne  chômait  pas.  Dans  la  seule  journée  du 
6  prairial,  il  y  eut  dix-neuf  exécutions.  On  voulait  aller  vite  en 
besogne  et,  pour  simplifier  les  formalités,  le  Comité  de  Sûreté 
générale  ne  prit  même  pas  d'arrêtés  de  renvoi  individuels  pour 
les  accusés.  «  Cela  exigerait,  disait-il,  une  instruction  prélimi- 
naire qui,  nécessairement  répétée,  formerait  des  délais  incompa- 
tibles avec  le  caractère  redoutable  et  juste  que  doit  présenter  une 
Commission  militaire  en  temps  de  révolte'.  »  Si  l'on  manquait 
de  preuves  contre  certains  prévenus,  la  Commission  devait  sur- 
seoir et  les  renvoyer  en  prison,  à  la  Conciergerie.  •  Le  choix 
de  cette  maison,  ajoutait  la  lettre  du  Comité,  n'est  déterminé  que 
parce  que  les  autres  sont  remplies.  >  Aucune  règle  de  procédure 
n'avait  été  prescrite  pour  les  jugements  de  la  Commission.  Il  ne 
fut  pas  un  moment  question  de  donner  des  défenseurs  aux  accuses, 
ni  même  de  leur  communiquer  avant  les  débats  les  pièces  produites 
k  leur  charge.  On  les  amenait  dans  l'ordre  où  ils  avaient  été 


cjucli*  384).  if  11  ilirrmldor,  I»  CuminiMioo  deeail  encore  elrc  déplacée  et 
trinifèrée  *  U  maison  de  Moat.lrii.on,  rue  J'Aniin  (Arch.  nal  ,  W  548). 

I.  Arrête  du  Comité  de  Salut  Public  il»  in  prairial  (AP"  67,  plaquette  416). 
Voj.  roi  eppenillcei  le»  eut*  de  tertice  de  Rouhière.  H.  CUretle  (op.  cit., 
p.  213)  le  qualité  de  *  commi»aire  onlonatteur  dei  guerre-»  >. 

?.  Arch.  nal.,  W  MA,  Regitlre  de*  srrélét  de  la  Commliaion  militaire, 
4  prairial. 

3.  IbtH..  re.(t»lr*  de>  jugements  S  prairial. 

4.  Lettre  de  U  CommiMlon  militaire  i  la  Comenllou  nationale,  5  prairial 
[Moniteur,  reiropf.,  t.  XXIII,  p.  MO). 

5.  Le  Comité  de  Sûreté  générale  a  11  Commis»™  militaire.  4  prairial.  Arch. 
Mt.,  W548  (original  de  II  main  de  Mathieu). 


252  B.    GUYOT  ET  F.   THÉURD. 

arrêtés,  et  le  Comité  de  Sûreté  générale  transmettait  en  même 
temps  le  dossier  et  la  liste  des  témoignages.  L'instruction  se  con- 
fondait avec  le  débat  public,  et  le  jugement  suivait  sans  transi- 
tion. Quelquefois,  on  amenait  à  la  Commission  des  accusés  contre 
lesquels  aucun  grief  n'était  formulé,  et  il  fallait  attendre  que  le 
Comité  de  Sûreté  générale  envoyât  le  dossier,  quand  il  y  en  avait 
un1.  Le  16  messidor,  un  mois  et  demi  après  leur  installation, 
les  juges  ignoraient  encore  le  texte  même  des  décrets  qui  avaient 
fixé  leur  compétence,  et  ils  durent  en  réclamer  communication2. 
Au  début,  ils  croyaient  aussi  ne  pouvoir  prononcer  que  l'acquit- 
tement ou  la  peine  de  mort,  et  la  Convention  dut  rendre-un  décret 
spécial  pour  les  autoriser  à  condamner  à  la  déportation,  aux  fers 
«  et  même  à  l'emprisonnement  »3. 

Chaque  jour,  les  membres  de  la  Commission  venaient  prendre 
les  instructions  des  Comités.  Quand  le  siège  du  tribunal  fut  trans- 
féré rue  des  Capucines,  hors  des  bâtiments  de  la  Convention,  ils 
se  firent  délivrer  des  cartes  spéciales,  car  les  sentinelles  les  empê- 
chaient de  passer,  «  entravant  ainsi  les  opérations  et  communica- 
tions continuelles  de  la  Commission  avec  les  Comités  »4.  Le 
21  prairial,  ils  furent  avisés  que  les  députés  incarcérés  au  château 
du  Taureau  venaient  d'arriver  à  Paris  et  que  les  Comités  dési- 
raient voir  commencer  leur  procès  le  plus  tôt  possible.  Ils  répon- 
dirent en  demandant  communication  immédiate  des  pièces  à  con- 
viction et  en  priant  le  Comité  de  Sûreté  générale  d'y  joindre 

1.  Le  12  prairial,  la  Commission  écrit  au  Comité  de  Sûreté  générale  qu'elle 
n'a  en  sa  possession  contre  le  nommé  Font  en  y,  tablettier,  c  que  son  portefeuille, 
contenant  61  liv.  11  sols,  sa  carte  de  sûreté,  un  couteau  et  trois  clefs,  dont 
une  cassée  •.  Elle  demande  les  pièces  à  charge.  Le  Comité  ne  répondant  pas, 
nouvelle  lettre  le  16  prairial,  c  La  Commission,  sur  le  point  d'instruire  l'affaire 
du  nommé  Fonteny,  n'a  aucune  pièce  qui  puisse  donner  lieu  à  accusation  contre 
lui.  t  Pas  de  réponse  encore.  Après  une  troisième  demande,  restée  sans  effet, 
Fonteny  est  relaxé  le  19  prairial.  Il  en  sera  de  même  pour  l'adjudant  Girault, 
de  la  31*  division  de  gendarmerie,  et  pour  un  charretier  nommé  Lécutte,  accusé 
d'avoir  voulu  tuer  Boissy,  et  qu'aucun  témoin  ne  reconnaissait  (Arch.  nat., 
W  548,  reg.  de  correspondance). 

2.  Le  16  messidor,  la  Commission  arrête  que  c  le  citoyen  Talmet,  l'un  de  ses 
membres,  se  retirera  près  le  Comité  de  Salut  Public  pour  lui  demander  des 
renseignements  sur  la  loi  qui  a  été  rendue  contre  ceux  qui  provoqueraient  à 
l'anéantissement  du  gouvernement  actuel  et  à  l'établissement  de  la  royauté,  et 
le  prier  de  vouloir  bien  faire  remettre  an  citoyen  Talmet  la  loi  rendue  à  cet 
effet  si  elle  existe  t  (Arch.  nat.,  F7  4429,  de  la  main  de  Talmet). 

3.  Loi  du  6  prairial  an  III. 

4.  La  Commission  au  Comité  des  inspecteurs,  16  prairial  (Arch.  nat.,  W  548, 
reg.  de  correspondance). 


LB   COJTEÏFIOSÎtBI.   CODJ05. 


253 


■  ses  instructions  particulières  »'.  On  leur  transmit  pour  tout 
dossier  la  copie  du  décret  d'accusation,  une  liste  de  témoins  à 
charge  et  les  numéros  du  Moniteur  qui  rendaient  compte  de  la 
séance  du  1"'  prairial.  Le  23  au  soir,  ils  ordonnèrent  pour  le  len- 
demain, a  trois  heures  du  matin,  le  transfert  des  députés  prison- 
niers de  la  maison  d'arrêt  au  local  de  la  Commission.  Des  pré- 
cautions militaires  spéciales  avaient  été  prises.  Cent  hommes  de 
cavalerie  formaient  l'escorte.  Le  poste  de  la  Commission,  qui 
était  de  dix-huit  gendarmes,  fut  augmenté  d'une  demi-compa- 
gnie de  grenadiers  :  quinze  pour  la  garde  des  députés  et  cinquante 
pour  le  service  extérieur'.  Tous  les  accès  furent  barrés,  et  des 
patrouilles  de  garde  nationale  durent  circuler  jour  et  nuit  dans 
les  rues  voisines  pendant  toute  la  durée  du  procès'. 

Dès  le  matin,  une  foule  1res  nombreuse  s'était  portée  rue  des 
Capucines'.  Malgré  les  bruits  d'insurrection  qui  avaient  couru 
depuis  quelques  jours,  et  que  la  police  exagérait  volontiers,  il  n'y 
eut  de  cris  ni  d'incidents  d'aucune  sorte.  Le  peuple  était  silencieux 
et  morne.  On  s'entretenait  seulement  de  la  mort  du  «  petit  Ca  pet», 
qui  devait  être  enterré  le  même  soir,  et  de  la  disette  toujours  crois- 
sante qui  *  forçait  l'indigent  à  chercher  sa  nourrituredansles  tas 
d'ordures,  au  coin  des  bornes*  ». 

A  neuf  heures,  on  ouvrit  la  séance  et,  après  une  première 
affaire,  expédiée  en  quelques  minutes,  les  députés  furent  intro- 
duits. La  Commission  était  présidée  par  le  chef  de  brigade  Capital  n, 
vice-président.  11  avait  les  cheveux  tout  blancs,  quoique  n'attei- 
gnant pas  encore  la  cinquantaine,  une  voix  douce  et  ferme  à  la 
fois,  un  certain  air  de  patience  et  de  bonté  qui  prévenait  en  sa 
faveur*.  S'il  était  républicain,  c'était  de  fraîche  date,  et  à  la  sur- 
face. Fils  d'un  fonctionnaire  de  l'ancien  régime,  il  avait  été  pen- 
dant six  ans  gendarme  de  la  garde  de  Louis  XVI,  et  sa  fille 

1.  l.i  CnramliMon  *<■  Comité  de  Sûreté  générale,  îî  prairial  (Arch.  nit., 
W  548,  reg.  de  correspondance). 

t,  l'i-urèvri-rbal  de*  séances  de  la  Commission  militaire.  Ordre*  de  réquisi- 
tion au  commandant  ea  chef  de  li  forte  armée,  ï.l  prairial  (Areh.  nal. ,  W  518). 

3.  Le  commandant  temporaire  de  la  Seine,  ItaQél,  au  président  de  la  Com- 
mission. 24  prairial  (Areh.  nal  ,  (Mal), 

4.  le  fjimHI  de  .Sûreté  générale  au  Comité  militaire,  14  prairial  [Arch. 
nat.,  F'4411-; 

">.  Rapport)  de  pulice,  Il  et  75  prairial  (Autan),  l'arlt  tout  ta  réaction,  ele,, 
L  11,  p.  7  et  B> 

6.  I.etlre  du  eilujen  Gilbert  au  président  de  la  Commission  militaire, 
lï  prairial  [Arch.  nal ,  W  547.  n*  66.  Voy.  celte  lettre  eut  appendice;. 


254  fi.   GDTOT  ET  F.   THfaiRD. 

cadette  avait  pour  parrain  et  marraine  le  comte  de  Provence  et 
M"*  Adélaïde.  Il  commandait  le  3e  régiment  de  dragons  et  en 
portait  l'uniforme,  habit  vert  et  culotte  de  peau  jaune.  Autour  de 
lui  siégeait  les  quatre  autres  juges  :  l'adjudant  général  Verger, 
chef  de  bataillon  de  grenadiers,  vêtu  de  l'habit  bleu  à  parements 
écarlate,  le  chef  d'escadrons  Talmet  et  le  capitaine  Fabré,  des 
chasseurs  à  cheval,  en  dolman  vert  à  tresses  blanches,  enfin  le 
soldat  De  ville  *,  portant  l'habit  et  le  pantalon  bleu  foncé  des 
gardes  nationales.  A  la  table  du  greffier  trônait  le  secrétaire 
général  Bouhière,  dans  son  costume  éclatant  de  commissaire 
ordonnateur,  habit  rouge  à  brandebourgs  d'or,  veste  et  culotte 
blanches,  bottes  à  l'écuyère,  chapeau  à  panache  blanc.  Un  garde 
national  de  Paris,  Follebarbe,  lui  servait  d'adjoint2. 

L'attitude  des  membres  de  la  Commission  était  parfaitement 
correcte.  Dans  les  premiers  jours,  un  des  juges  suppléants,  le  chef 
de  bataillon  Roques,  arrivait  aux  séances  complètement  ivre  et 
ne  cessait  d'injurier  les  accusés.  Ses  collègues  l'avaient  obligé  à 
donner  sa  démission3.  Par  contre,  le  public  n'observait  pas  tou- 
jours la  même  réserve.  Des  murmures  violents  et  des  cris  de 
mort  saluèrent  l'entrée  des  députés  dans  la  salle  d'audience,  et 
des  scènes  de  ce  genre  se  reproduisirent  plusieurs  fois  dans  le 
cours  des  débats,  sans  que  les  juges  aient,  semble- t-il,  rien  tenté 
pour  y  mettre  obstacle4. 

Le  président  fit  lecture  aux  députés  de  leur  acte  d'accusation, 
rédigé  par  le  Comité  de  Sûreté  générale  et  présenté  en  son  nom 
à  la  Convention,  dans  la  séance  de  la  veille,  par  le  représentant 
Sevestre.  Cet  acte  d'accusation  reproduisait  le  rapport  de  Clauzel, 
qui  avait  motivé  le  décret  d'accusation  du  8  prairial  contre  les 
députés  déjà  prisonniers.  Ce  rapport,  Clauzel  l'avait  composé 
d'après  le  récit  du  Moniteur.  Et  c'est  le  texte  donné  du  même 
rapport  par  le  même  Moniteur,  dans  son  numéro  du  12  prairial, 
que  Sevestre  avait  repris,  amplifié  et  présenté  à  l'Assemblée 
comme  «  un  extrait  du  procès-verbal  de  la  Convention  nationale, 

t.  Il  avait  remplacé  Leclercq  à  une  date  que  nous  n'avons  pu  préciser. 

2.  Ordonnance  du  31  mai  1776.  Lois  des  20  et  29  septembre  1791,  8  mai 
1792.  Procès-verbal  de  la  Commission,  24  prairial  (Arch.  nat.,  W548).  Voy. 
aux  appendices  les  états  de  service  des  juges  et  du  secrétaire  général. 

3.  La  Commission  militaire  au  citoyen  Roques,  20  prairial  (Arch.  nat.,  W548, 
reg.  de  correspondance). 

4.  Lettre  citée  du  citoyen  Gilbert  au  président  de  la  Commission  (Arch.  nat., 
W  647,  n»  66). 


l.E   GOXVEJTinXXM.   ' 


233 


du  Séjour  de  prairial  »'.  Toutes  les  imputations  inexactes  ou  non 
de  Jourdan  et  de  Martainvtlle  k  la  charge  des  Montagnards  y 
étaient  intégralement  reproduites.  Romme  «tait  accusé  d'avoir 
réclame  le  silence,  demandé  la  parole  comme  représentant, 
réclamé  la  liberté  des  patriotes,  une  seule  espèce  de  pain  pour  tous 
et  la  permanence  des  sections.  Duquesuoy  se  voyait  attribuer, 
comme  dans  le  Moniteur,  la  proposition  qu'il  n'avait  pas  laite*, 
de  renouveler  le  Comité  de  Sûreté  générale  et  d'arrêter  ses 
membres  en  cas  de  résistance.  On  lui  reprochait  en  outre  d'avoir 
accepté  sa  nomination  à  la  Commission  des  quatre  et  d'avoir 
exhorté  ses  trois  collègues  à  sortir  avec  lui  pour  s'emparer  aussitôt 
du  gouvernement.  Du  Roy,  selon  Clauzel,  avait  rédigé  les  propo- 
sitions de  Romme,  puis  réclamé  l'appel  nominal  pour  l'élection 
de  la  Commission  extraordinaire,  avait  accepté  d'en  faire  partie, 
et  s'était  enfin,  à  minuit,  mis  en  marche  avec  les  trois  autres  au 
devant  de  la  colonne  conduite  par  Legendre.  Le  même  chef  d'accu- 
sation était  relevé  contre  Uourbotte,  inculpé  en  outre,  ainsi  que 
Peyssard,  d'avoir  crié  victoire!  au  moment  où  les  troupes  du 
gouvernement  cédaient  devant  le  retour  offensif  des  insurgés.  Le 
fait  était  relevé  aussi  contre  Prieur  (de  la  Marne),  à  qui  Clauzel, 
sur  la  foi  du  Moniteur,  attribuait  l'appel  :  <  A  moi,  sans- 
culoites!  »  A  Forestier,  on  n'avait  pu  reprocher  qu'une  phrase  : 
il  avait  demandé  le  maintien  des  comités  de  gouvernement,  en 
ajoutant  «  qu'ils  ne  pouvaient  être  contraires  aux  décrets  qu'on 
venait  de  rendre  >.  Goujon,  enfin,  était  accusé  d'avoir  dit  «  qu'il 
ne  fallait  pas  que  le  réveil  du  peuple  fût  inutile  »,  et  après  les 
|ir-.jnii-Ts décrets  rendus  en  présence  du  peuple,  «  que  c'étaient  là 
de  bonnes  mesures*.  Il  avait  ensuite  réclamé  le  rappel  des  repré- 
sentants en  mission  dans  l'intérieur,  une  proclamation  aux 
patriotes,  la  suspension  des  Comités  et,  en  dernier  lieu,  la  forma- 
lion  d'une  commission  executive  extraordinaire.  Pour  tous  ces 
motifs,  le  décret  concluait  que  les  huit  accusés  étaient  «  les 
auteurs,  fauteurs  et  complices  de  l'insurrection  du  i"  prairial  et 

I.  Comparer  le  toile  du  Moniteur  (ftimpr.,  I.  XXIV,  p.  Ml)  a»ec  If  fexlr 
manuacrll  ilo  I "acte  il  V.cutallon  (Arch.  rut.,  W  547,  u-  2).  C'eil  de  ce  sui-diwnl 
pTocev» fini,  M.ibli  anrc»  coup  d'apre»  les  Journaui,  que  le  secrétaire  Saint- 
Martin  »e  «erilra  encore  pour  établir  In  procea-Tcrbal  du  t"  prairial,  redlgri 
en  iljle  de  painplilil,  ci  que  la  CunTeolton  adoptera  aculemrnl  le  li  ntMtMor 
(Projet  imprime,  annule  ri  contresigne  par  Stint-IUrtin,  atec  la  date  du 
Groeuldor.  Arcb.  »*(.,  WM8). 

S.  Voj.  cl-deitus,  ih-  fii 


256  a.   GCTOT  ET  F.   THtflfllD. 

des  jours  suivants  ».  Des  relations  qu'ils  auraient  eues  précédem- 
ment avec  les  chefs  des  insurgés,  du  rôle  qu'ils  auraient  joué  dans 
la  préparation  et  la  conduite  de  l'émeute,  des  raisons  pour 
lesquelles  les  révoltés  du  faubourg  Saint-Antoine,  un  moment  en 
posture  de  faire  leurs  conditions,  n'avaient  pas  réclamé  ceux  que 
Ton  disait  ètreJeurs  chefs,  —  de  tout  cela,  qui  était  l'essentiel, 
pas  un  mot  n'était  prononcé. 

Les  députés  écoutèrent  cette  lecture  en  silence.  Il  leur  parut 
qu'on  mettait  dans  leur  jugement  un  peu  plus  de  formes  qu'ils  ne 
l'avaient  cru;  quelques-uns  se  reprirent  peut-être  à  espérer. 
D'autres  ne  virent  là  qu'une  hypocrisie.  Duquesnoy  semblait 
assuré  du  résultat  et  pressé  d'en  finir.  Quand  le  président  en  vint 
au  passage  de  l'acte  d'accusation  qui  le  concernait,  il  l'arrêta  du 
geste  :  €  Je  vous  épargne  cette  peine  »,  dit-il.  Capitain  répondit 
avec  calme  et  acheva  sa  lecture1.  Les  interrogatoires  commen- 
cèrent ensuite.  Le  président  fit  retirer  tous  les  accusés,  excepté 
Romme,  qui  fut  interrogé  le  premier.  Du  Roy,  Duquesnoy,  puis 
Bourbotte  lui  succédèrent.  On  les  faisait  asseoir,  à  tour  de  rôle, 
sur  une  chaise  en  face  du  tribunal,  entre  deux  grenadiers  le 
sabre  au  clair1.  L'interrogatoire  dura  très  longtemps.  La  Com- 
mission, qui  pourtant  jusque-là  n'avait  pas  raffiné  sur  les  formes, 
tenait  à  suivre  la  procédure  ordinaire  d'instruction.  Le  greffier 
écrivait  les  demandes  et  les  réponses,  il  fallait  ensuite  relire,  cor- 
riger, parapher  à  chaque  page.  Cela  ne  pouvait  aller  vite.  En 
outre,  les  accusés,  sachant  qu'on  ne  leur  donnerait  pas  d'avocats, 
craignant  même  de  ne  pouvoir,  après  l'audition  des  témoins,  pré- 
senter eux-mêmes  leur  défense,  profitèrent  tous  de  l'interroga- 
toire pour  parler  longuement  et  dire  tout  ce  qu'ils  croyaient  utile 
à  leur  cause.  A  dix  heures  et  demie  du  soir,  Goujon,  Soubrany, 
Forestier  et  Peyssard  n'avaient  pas  encore  été  interrogés.  On 
renvoya  l'audience  au  lendemain  quintidi,  à  huit  heures.  Il  était 
tard,  la  foule  restait  nombreuse  dans  les  rues  mal  éclairées;  la 
Commission  décida  de  ne  pas  faire  reconduire  les  accusés  aux 
Quatre-Nations  et  de  les  garder  dans  le  bâtiment  même,  au  rez- 
de-chaussée,  sous  la  salle  d'audience.  On  fit  venir  du  garde- 
meuble  huit  lits  de  sangle,  avec  fourniture  complète,  et  les  pri- 

1.  Sa  réponse  fut  c  noble  et  touchante  »  an  témoignage  d'an  assistant  très 
favorable  aux  accusés  (lettre  citée  du  citoyen  Gilbert  au  président  de  la  Com- 
mission. Cf.  aux  appendices). 

2.  Récit  de  Joardan,  Moniteur  du  4  messidor  (réimpr.,  t.  XXV,  p.  26). 


tK   COÎITENTIOKNEL   GOtJON.  257 

sonuiers  durent  s'installer  ainsi,  tant  bien  que  mal,  dans  de 
grandes  pièces  vides1.  Par  crainte  du  poison  qu'on  pourrait  jeter 
dans  leurs  aliments,  les  repas  furent  apportés  de  chez  un  traiteur 
du  Palais  Royal,  Mèot,  qui  était  connu  de  la  police'. 

La  séance  permanente  reprit  le  25  prairial  à  neuf  heures,  après 
quelques  affaires  de  moindre  importance,  rapidement  expédiées 
dans  la  première  heure.  Goujon  fut  interrogé  tout  d'abord.  Comme 
aux  autres,  on  lui  demanda  son  nom,  son  âge  et  son  lieu  de  nais- 
sance, puis  s'il  était  venu  à  la  Convention  le  1"  prairial,  et,  suc- 
cessivement, à  chaque  chef  d'accusation,  s'il  le  reconnaissait  pour 
être  exact.  Il  répondit  en  faisant  le  récit  complet  de  la  séance, 
depuis  le  moment  où  Vernier  avait  pris  le  fauteuil,  jusqu'à  l'ins- 
tant de  l'entrée  des  troupes.  Il  rappela  que  tous  ses  collègues,  en 
prenant  la  parole  eu  présence  du  peuple,  le  président  en  recueil- 
lant les  voix,  et  lui-même  en  faisant  les  motions  qu'on  lui  repro- 
chait comme  <  incendiaires  »,  n'avaient  songé  qu'à  gagner  du 
temps,  qu'à  obtenir  la  retraite  des  insurgés,  quitte  à  rapporter 
un  moment  plus  tard  les  mesures  qu'on  aurait  prises  pour  les 
calmer.  Il  en  donna  pour  preuve  les  propos  échangés  par  lui  avec 
Lanjutnais,  puis  avec  Sallengros,  son  silence  même  à  la  fin  de  la 
séance.  Quant  aux  motions  qu'il  avait  faites,  il  en  indiqua  le 
sens,  sans  vouloir  garantir  le  texte  même  qu'il  en  donnait,  puis- 
qu'il n'avait  pas  pris  le  temps  de  les  écrire.  «  Je  défie  à  qui  que 
ce  soit  qui  ait  une  àme,  s'écria-t-il,  d'avoir  un  souvenir  aussi 
exact  au  milieu  d'une  pareille  scène.  Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain, 
c'est  que  les  récits  donnés  par  les  journaux  sont  infidèles,  c'est 
que  le  procès-verbal  même  de  la  Convention  contient  un  faux 
certain,  car  il  imputa  à  Duquesuoy  une  proposition  que  tout  le 
monde  sait  avoir  été  faite  par  Soubrany,  celle  de  nommer  une 
commission  de  quatre  membres1...  >  Enfin,  il  rappela  que  les  opi- 
nions étaient  libres  dans  rassemblée  et  qu'il  n'était  pas  interdit 
de  parler  en  présence  de  l'insurrection  au  moment  où  il  l'avait 

1.  Deui  lettre*  de  la  Commission  militaire  et  du  Comité  Ji'  Sûreté  générale 
a  la  Commiasion  dei  retenti»  nationaux  (elle  liégeait  dan*  Id  radrae  bôlel  qu* 
le  IriliuDjI,.  Il  prairial  {Atcli.  nal,.  W  548  et  F' 4*11'}. 

1.  La  Corn  million  militaire  *  la  Commiiiion  de  police,  3  meaiidor  (Arcb. 
nat.,  W  MS,  reg.  de  euf  répondante). 

3  Interrogatoire  de  Goujon  (Arcb.  nal,,  V  547,  o*  53).  Nom  muni  cru,  >u 
le  caractère  d'uiactitudc  naturel  a  et*  procéa-rerbaui,  re*u<  et  paraphé!  par 
l'accusé,  poutolr  rétablir  la  première  personne  el  le  il) lu  direct,  <|ui  du  reste 
m  truure  par  endroit»  du*  ta  document  lui-même. 

Rjtv.  HiiTOB.  XCIV.  2*f*M,  17 


258  B.    fiBTOT  KT   F.    THÉSARD. 

fait,  puisque  la  Convention  avait  cru  devoir,  depuis  lors,  vote 
une  loi  pour  le  défendre.  <  Au  reste,  ajoutait-il,  bien  d'autres  ont 
parlé,  ont  pris  part  à  la  délibération,  ont  fait  les  fonctions  de 
secrétaires.  Le  président  ordinaire  a  présidé,  a  mis  aux  voix,  a 
prononcé  des  décrets,  et  ils  sont  libres,  et  ils  m'accusent!  Si 
j'eusse  été  faux,  adroit,  dissimulé,  je  me  serais  tu  aussi  et  j'accu- 
serais les  autres  aujourd'hui!  Au  surplus,  ces  observations  sont 
pour  mes  juges  :  je  suis  dans  une  position  où  l'on  ne  m'a  pas 
même  laissé  la  loi  a  réclamer;  j'aime  mieux  être  la  victime  d'un 
pareil  excès  que  d'en  avoir  été  l'auteur.  » 

Du  Roy,  Romme,  Duquesnoy,  Bourbotte  avaient  à  peu  près 
parlé  de  même,  en  relevant  tous  les  propos  imaginaires,  toutes 
les  propositions  inexactes  que  leur  prêtait  l'acte  d'accusation. 
Duquesnoy,  sans  dénoncer  personne,  se  défendit  énergiquenient 
d'avoir  parlé  le  premier  de  nommer  une  commission  executive. 
Soubrany  déclara  tout  de  suite  que  c'était  lui  qui  l'avait  pro- 
posé. Il  en  avait  le  droit  comme  tout  autre,  ajouta-t-il,  même  en 
présence  des  insurgés,  puisqu'une  délibération  régulière  avait 
lieu  et  qu'aucune  loi  ne  l'interdisait.  El  pour  achever  sa  réponse, 
il  retrouva  toute  son  ironie  hautaine  de  ci-devant  :  «  Je  dois 
observer  aussi,  conclut-il,  sans  prétendre  inculper  en  rieu  mon 
collègue  Vernier,  aux  intentions  duquel  je  me  plais  à  rendre  jus- 
tice, que  si,  dés  la  première  motion  qui  fut  faite,  il  eût  refusé  de 
la  mettre  aux  voix,  s'il  eût  averti  quelques-uns  de  ses  collègues 
qu'il  ne  pouvait  laisser  délibérer  l'assemblée,  j'aurais  attendu 
dans  le  silence  l'issue  d'une  journée  dont  je  n'ai  jamais  redouté 
les  suites  que  pour  la  République1.  » 

Peyssard  et  Forestier  furent  interrogés  les  derniers.  L'un  et 
l'autre  nièrent  énergiquement  avoir  poussé  le  cri  de  victoire2.' 
Peyssard,  non  sans  surprise,  s'entendit  lire  un  nouveau  chef 
d'accusation  qui  venait  d'être  établi  contre  lui  par  la  Conven- 
tion, sur  la  motion  d'un  député  obscur,  Desvars,  et  cela  le  matin 
même,  alors  que  le  procès  était  déjà  commencé.  On  l'accusait, 
maintenant,  d'avoir  proposé  le  renouvellement  des  autorités  cons- 
tituées réorganisées  depuis  le  9  thermidor.  11  nia  le  fait,  mais  ne 
protesta  pas  contre  cette  nouvelle  violation  des  formes  légales. 
On  n'en  était  plus  à  compter  les  irrégularités  de  procédure3. 


1.  Interrogatoire  de  Soutirait}  (Àrcti.  nal.,  W  517,  n 

î.  Arcli.  Ut,  W  517,  n"  113  el  1!3. 

3.  Ibfd.,  n*  IIS  (interrogatoire  de  Peyssard). 


105). 


u  coimitTumi 


259 


L'après-midi  fut  employée  à  l'audition  des  premiers  témoins  à 
charge.  Ils  avaient  été  cités  d'après  la  liste  du  Comité  de  Sûreté 
générale  et  comparurent  isolément  devant  la  Commission  mili- 
taire, hors  de  la  présence  des  accusés.  Aucune  question  ne 
leur  fut  posée.  On  se  contenta  de  leur  lire  l'acte  d'accusation  et 
de  leur  demander  ce  qu'ils  savaient.  L'un  d'eux  n'avait  même 
pas  paru  à  la  Convention  le  1"  prairial1.  Un  autre  n'était  pas 
entré  daus  la  salle,  mais  il  avait  entendu  les  motions  du  salon  de 
la  Liberté  où  il  se  trouvait  et  prétendait  avoir  reconnu  les  ora- 
teurs au  son  de  leur  voix*.  Le  chef  de  brigade  Thùring,  le  géné- 
ral Doraizon,  le  représentant  Perrin  (des  Vosges),  cités  également, 
n'avaient  rieu  vu  ni  rien  entendu*.  Un  spectateur  des  tribunes, 
Barthélémy  Gallois,  trente-six  ans  et  demi,  liquidateur  de  rentes, 
rue  Chabanais,  u°  6,  avait  assisté  à  toute  la  séance.  Il  ne  con- 
naissait aucun  député.  Parmi  ceux  qui  parlaient,  il  en  remarqua 
deux  comme  *  plus  animés  que  les  autres*  :  l'un  qui  était  chauve 
et  gros,  l'autre,  d'une  taille  assez  grande  et  mince,  les  cheveux 
plats  et  assez  longs,  et  qui  avait  l'air  jeune.  C'étaient  Roanne  et 
Goujon'. 

Les  deux  meilleurs  soutiens  de  l'accusation  étaient  les  deux 
rédacteurs  du  Moniteur,  Mariai  n  ville  et  Jourdan.  Martainville 
(journaliste,  âgé  de  dix-neuf  ans,  demeurant  à  Paris,  Galerie 
neuve  du  théâtre  de  la  République,  u"  36)  lit  une  déposition 
très  étendue*.  Il  raconta  minutieusement  tous  les  détails  de  la 
séance,  tels  qu'ils  étaient  rapportés  dans  son  journal,  et  déclara 
<  qu'il  certifiait  tous  les  faits  mentionnés  au  procès-verbal  du 
8  prairial  »*.  Jourdan  (Airaé-Joseph-Gabriel,  vingt-quatre  ans, 
Î6,  avenue  de  Neuilly,  section  des  Champs-Elysées)  se  contenta 
de  remettre  sur  le  bureau  les  exemplaires  du  Moniteur  et 
déclara  a  qu'ils  faisaient  partie  de  sa  déposition  et  qu'il  en 


t.  Dtpotllion  de  Pierre  Salnl-Jullen,  Tingl-ncuf  u\i,  employé,  ÎO,  rue  Siint- 

ML,  WS«,  n-  II). 
I.  Dépoiition  de  Xatier  Fil!»,  «inxt-ileu»  ana,  huilier  de  la  iccUuq  Lepel- 
lelier,  bouittanl  de*  Italien*.  tT3  (Ibhi.,  u-  3). 

3.  Ib«t.,  a-  18,  Il  M  10, 

4.  tbtd.,  u-  7. 

5.  Areb.  ML,  W  547,  n-  10. 

&  M.  CUr.ll*  rappelle,  laM  ralwin,  que  l'ail  le  même  Marliinïille  qui,  an 
1820,  lors  de  l'euautiul  du  duc  de  Berry  par  Lourd,  délignera  le  duc 
Dccaxei  connue  ton  plu  r.  du  inrurliler  H  prelendra  les  aroir  oui  causer 
aotcmblc  [lu  Otrmtrt  Montagnard;  p.  31»). 


260  R.    GUTOT  ET  F.   THAfARD. 

garantissait  l'exactitude  »f.  Puis  vinrent  les  témoins  maladroits 
et  sincères,  qui  dirent  ce  qu'on  ne  leur  demandait  pas  :  Ignace 
Eck,  le  messager  d'Auguis  et  de  Legendre,  qui  raconta  la  mis- 
sion d'espionnage  dont  il  avait  été  chargé  dans  la  Convention  '  ; 
Lecourt-V illierre,  le  commandant  du  bataillon  Lepelletier,  qui 
s'étonnait  naïvement  qu'on  ne  l'eût  pas  fait  intervenir  plus  tôt, 
et  dépeignit  la  colère  de  ses  grenadiers  devant  la  consigne  d'inac- 
tion qu'ils  avaient  reçue8;  Baffet,  enfin,  ignorant  et  borné,  mais 
honnête,  qui  déclara  ne  rien  savoir  des  faits  énoncés  dans  l'acte 
d'accusation,  sauf  en  ce  qui  concernait  Prieur  (de  la  Marne), 
inculpé  d'avoir  crié  :  A  moi,  sans-culottes!  «  disant  que  le 
propos  qu'on  lui  impute  avoir  tenu,  à  lui  déposant,  est  faux  »4. 
Ces  dépositions  se  prolongèrent  pendant  toute  l'après-midi  du 
25  et  la  matinée  du  26.  Restaient  les  témoins  à  décharge.  Dès  le 
second  jour  du  procès,  les  accusés  furent  invités  à  donner  la  liste 
de  ceux  qu'ils  désiraient  faire  entendre.  Romme  en  nomma  trois, 
Duquesnoy  neuf,  Bourbotte  trois,  Soubrany  et  Forestier  deux, 
Du  Roy  huit,  Goujon,  enfin,  deux  seulement  :  Sallengros  et  Lan- 
juinais.  La  liste  ne  comprenait  que  des  noms  de  représentants  du 
peuple.  Le  chef  de  brigade  Capitain  la  fit  passer  à  la  Convention 
pour  être  notifiée  aux  intéressés5,  et  le  président  en  donna  lec- 
ture à  la  tribune.  Génissieux  proposa  alors  et  fit  voter  que  la 
Commission  serait  autorisée  à  convoquer  personnellement  chacun 
des  députés  dont  le  témoignage  était  requis.  Cela  parut  inquiéter 
quelques  membres  de  l'assemblée.  Vernier,  Charles  Delacroix, 
Florent  Guiot  étaient  cités  et  comptaient  bien  ne  pas  comparaître 
pour  éviter  des  confrontations  embarrassantes.  Le  vote  qu'on 
venait  de  rendre  semblait  donner  aux  citations  force  de  loi.  Des- 
vars,  l'accusateur  tardif  de  Peyssard,  obtint  le  rapport  du  décret, 
motivé  sur  ce  que  la  Commission  militaire  avait  le  droit  de  citer 
directement,  sans  autorisation  spéciale.  Chacun  demeurait  dès  lors 
libre  de  ne  pas  répondre  à  l'appel  du  tribunal,  et  les  thermidoriens 
usèrent  largement  de  cette  faculté.  Ni  Vernier,  ni  Delacroix,  ni 


1.  Arch.  nat.,  W547,  n*  15. 

2.  Ibid.,  n-  6. 

3.  Ibid.,  n*  17.  C'est  sans  doute  ce  Lecoort-Villierre  qui  avait  été  secrétaire 
de  Grimm  et  devint,  sons  l'Empire,  colonel  et  aide  de  camp  do  maréchal  Kel- 
lermann. 

4.  Arch.  nat.,  W  547,  n#  16. 

5.  Moniteur,  réimpr.,  t.  XXIV,  p.  692  et  704. 


LE   COJTBTr'OffKEL   GOEJOX.  261 

Florent  Guiot  ne  se  présentèrent.  Rovère,  Bourdon  {de  l'Oise), 
Merlin  (de  Douai),  Garran  Coulon,  Dubreuil,  Enlard,  Charpentier, 
Bonguyot,  Monnet,  Bellegarde  firent  de  même1.  Beaucoup  vinrent 
a  la  Commission  pour  déclarer  qu'ils  n'avaient  rien  à  dire.  On  avait 
cependant  tout  fait  pour  les  rassurer.  La  Commission  lesautorisa 
à  envoyer  leurs  dépositions  par  écrit'.  Ceux  qui  se  présentèrent 
en  personne  furent  entendus  en  l'absence  des  accusés  et  décla- 
rèrent ce  qui  leur  convenait  sans  qu'une  seule  question  leur  fût 
posée.  Sallengros  seul,  sur  sa  demande,  fut  confronté  avec  Gou- 
jon, qui  avait  réclamé  son  témoignage,  et  tous  deux  tombèrent 
d'accord  sur  le  sens  des  paroles  qu'ils  avaient  échangées  dans  la 
séance  du  1er  prairial  *.  Ces  dépositions  occupèrent  la  journée  du 
26,  et,  pendant  tout  le  temps  que  dura  l'audience,  les  députés 
demeurèrent  en  prison.  Le  matin,  de  bonne  heure,  ils  avaient  été 
avertis  qu'ils  pourraient  recevoir  une  dernière  fois  leurs  parents 
jusqu'à  midi.  Goujon  transmit  en  hâte  cet  avis  à  sa  mère.  Elle 
vint  au  siège  de  la  Commission,  accompagnée  de  ses  deux  plus 
jeunes  enfants,  Alexandre  et  Antoine.  Ce  furent  les  adieux 
suprêmes.  Tissot,  n'espérant  plus,  avait  pris  soin  de  s'acquitter 
des  dernières  recommandations  de  son  ami  et  de  tenir  la  pro- 
messe que  dès  longtemps  ils  s'étaient  faite  :  le  petit  Antoine,  qui 
s'avait  pas  onze  ans,  et  que  les  gendarmes  ne  pensèrent  pas  â 
fouiller,  portait  sur  lui  «  l'arme  libératrice  »,  un  long  couteau  à 
manche  noir,  à  lame  aiguë  et  soigneusement  affilée.  Lui-même 
le  remit  à  Goujon,  qui  le  cacha  sous  ses  vêtements'.  Les  deux 
enfants  ne  pleuraient  pas.  Alexandre,  l'aîné,  dit  même  qu'il  espé- 
rait avoir  bientôt  la  force  de  venger  son  frère  s'il  devait  mourir. 
«  Non,  enfant,  répondit  Goujon  ;  je  ne  veux  point  de  votre  ven- 
geance. Demeure  innocent,  bon  et  juste;  plus  tard,  ta  vertu  fera 
ma  gloire  et  tu  défendras  mon  souvenir*.  >  11  avait  passé  la  nuit 
précédente  à  écrire  une  lettre  d'adieux  adressée  a  sa  mère.  En  la 


1.  Bordereau  de»  depoiitioni  (Arch.  mt  ,  W547). 

2.  Lettre  su  président  de  la  Convention  nationale,  V  prairial  (Moniteur, 
réimpr.,  t.  XXIV.  p.  70*). 

3.  Arth.  ML,  WS47,  n-  13  et  56. 

t.  Ce*  detalli  noua  ont  été  Iranamii  par  la  tille  d'Antoine  Goujon,  qui  lei 
tenait  de  ton  père. 

5.  Tbaol,  Souvenir!  de  prairial,  p.  161,  note.  Le  leite  de  rei  parole*  cet 
approiiimljf:  Tiitot  en  donne  nnr  version  rimer  qu'il  avait  inaérée  dam  1c 
rhant  funèbre  eompoaé  plu»  tard  par  lot  en  mémoire  de  Goujon. 


262  B.    GCTOT   ET   F.    THEIABD. 

quittant,  il  déposa  entre  ses  mains  ces  quelques  pages,  suprême 
protestation  d'innocence  et  dernier  témoignage  de  tendresse1  : 

J'ai  vécu  pour  la  liberté.  J'ai  toujours  lait  ce  que  j'ai  cru  bon, 
juste  et  utile  à  ma  patrie.  Ce  que  j'ai  fait  et  dit  a  toujours  été  dicté 
par  l'élan  de  la  probité.  Je  ne  m'en  repens  donc  point.  Je  ne  m'en 
repentirai  point,  dùl  la  mort  être  le  prix  de  mon  intégrité.  Si  je  me 
trouvais  encore  dans  les  mêmes  circonstances,  je  ferais  et  dirais 
encore  les  mêmes  choses,  car  j'ai  toujours  pensé  que  pour  agir  il  ne 
faut  pas  consulter  ce  qui  peut  nous  être  avantageux,  mais  seulement 
ce  que  le  devoir  nous  commande.  Ma  vie  est  entre  les  mains  des 
hommes,  elle  est  le  jouet  de  leurs  passions.  Ma  mémoire  ue  leur 
appartient  pas,  elle  est  à  la  postérité.  Elle  est  le  patrimoine  des 
hommes  justes  de  tous  les  temps,  des  cœurs  sensibles  et  généreux, 
des  amis  ardents  et  vrais  de  la  patrie,  de  la  liberté  et  do  l'égalité. 

Ma  mémoire  demeure  environnée  de  mes  mœurs  pures  et  sans 
tache,  de  ma  pauvreté  toujours  la  même,  après  tant  et  de  si  impor- 
tantes fonctions  que  j'ai  remplies,  sans  qu'il  soit  survenu  contre  mot 
une  seule  dénonciation.  L'amitié  à  laquelle  je  fus  toujours  fidèle,  et 
dont  je  ne  fus  jamais  indigne,  une  famille  à  laquelle  je  donnais 
l'exemple  constant  du  bien,  tant  de  malheureux  que  j'ai  secourus, 
soutenus,  défendus,  aidés  veillent  autour  de  moi;  ils  ne  déserteront 
point  ma  cause  et  transmettront  mon  souvenir  à  la  postérité,  envi- 
ronné de  l'estime  et  de  la  gloire  dont  je  ne  fus  jamais  indigne,  et 
surtout  ils  tixeronl  sur  moi  les  regards  du  malheureux,  de  l'opprimé, 
des  hommes  sensibles,  justes,  amis  de  l'égalité.  J'aurai  leurs  larmes, 
c'est  la  seule  ambition  qui  ait  jamais  fait  palpiter  mon  cœur. 

Je  ne  porte  dans  mon  âme,  approchant  du  terme,  aucun  des  sen- 
timents haineux  qui  appartiennent  a  la  violence  des  passions,  et  si  je 
fais  un  vœu  ardent  et  sincère,  c'est  que  ceux  qui  brûlent  de  ra'as- 
sassiner  ne  justifient  pas  devant  la  postérité,  par  une  longue  suite  de 
crimes,  qu'ils  ne  furent  si  ardents  à  me  frapper  que  parce  qu'ils 
m'avaient  reconnu  que  pour  un  homme  de  bien,  ami  du  peuple,  et 
qu'il  ne  dépendait  pas  d'eux  de  corrompre.  Puisse  la  pairie  être  heu- 
reuse après  moi  et  ne  pas  demeurer  affaissée  sous  la  tyrannie  dont 
j'aurai  été  l'innocente  victime  !  Mais  je  crains  que  ce  jour  d'injustice 
ne  soit  suivi  de  beaucoup  d'autres  qui  lui  ressemblent!  Que  je  crains 
que  le  sang  innocent  n'obtienne  une  trop  longue  vengeance!  0 
Patrie,  seras-tu  donc  baignée  dans  le  sang  et  dans  les  larmes?  Cette 
pensée  compose  ma  plus  grande  peine.  Fasse  le  ciel  qu'elle  soit 


1.  TiMol,  i 


.,  p.  149. 


le  «mBSTioimi  godjos.  263 

dénuée  de  rondement!  Que  le  peuple  français  conserve  la  constitu- 
tion de  l'égalité  qu'il  a  acceptée  dans  ses  assemblées  primaires. 
J'avais  juré  de  la  défendre  elde  périr  pour  elle.  Je  meurs  content  de 
n'avoir  point  Irai»  mon  serment.  Je  mourrais  plus  content  si  j'étais 
certain  qu'après  moi  elle  ne  sera  pas  détruite  et  remplacée  par  une 
autre  constitution  où  l'égalité  sera  méconnue,  les  droits  de  l'homme 
violés  et  par  laquelle  la  masse  du  peuple  se  verra  totalement 
asservie  à  une  caste  plus  riche,  seule  maîtresse  du  gouvernement  et 
de  l'Eut.  Je  suis  plus  heureux  que  ceux  qui  baisseront  sous  ce  joug 
infâme  leur  front  humilié.  Je  mourrai  sans  avoir  manqué  à  mon 
devoir,  assassine  illégalement,  arrêté,  accusé  et  presque  condamné 
sans  avoir  été  aucunement  entendu,  jugé  sans  jurés,  sans  formes, 
sans  lois.  C'est  à  mes  juges  de  gémir,  non  pas  à  moi,  a  moi  fidèle 
ami  de  la  liberté,  qui  ne  fis  aucun  acte  contraire  à  la  justice.  Les 
hommes  m'ont  instruit  par  leurs  actes  à  ne  point  regretter  la  vie.  Les 
gens  puissants  sont  trop  injustes,  trop  cruellement  méchants.  Pour 
aimer  la  vie,  il  faudrait  pouvoir  la  passer  loin  d'eux,  au  milieu  des 
forêts  et  dans  l'asile  inconnu  de  la  médiocrité. 

Ce  que  je  laisse  de  cher  à  mou  cœur,  c'est  toute  une  famille  de 
gens  de  bien  :  ma  mère,  et  quelle  mère!  une  femme,  un  enfant,  tous 
deux  hien  ehers,  une  sœur,  un  frère,  un  ami,  et  ces  deux  jeunes 
frères,  et  ces  bonnes,  au  milieu  desquels  je  vivais  dans  la  simplicité 
de  la  justice.  Mère,  veille  sur  tous!  Femme,  ne  m'oublie  pas  cl 
ramène  mou  souvenir  dans  la  mémoire  de  notre  enfant!  Enfants, 
soyez  bons  et  compatissants!  Ami,  je  n'ai  rien  à  te  dire.  Tu  me 
remplaces  :  Adieu.  Nous  nous  retrouverons;  nous  nous  reverrons 
toujours;  la  vie  ne  peut  finir  ainsi,  et  la  justice  éternelle  a  encore 
quelque  chose  à  accomplir  alors  qu'elle  me  laisse  sous  le  coup  de 
l'ignominie.  Le  triomphe  insolent  des  méchants  ne  peut  être  la  fin 
d'un  si  bel  ouvrage.  La  nature,  si  belle,  si  bien  ordonnée,  ne  peut 
manquer  en  ce  seul  point.  Le  bonheur  n'est  point  la  vile  proie  du 
méchant,  du  traître  et  de  l'imposteur,  de  l'assassin.  Non,  non,  mes 
amis,  nous  nous  reverrons  heureux  et  satisfaits  comme  nous  méritons 
d'être. 

Je  serai  bien  aise  que  vous  ne  vous  quittiez  point.  Vivez  en  paix 
dans  l'obscurité,  ne  gémisse;,  point  sur  moi;  il  vaul  mieux  que  je 
meure  que  d'avoir  trahi  la  patrie.  Tant  d'hommes  justes  sont  dans 
les  larmes!  Ne  vous  plaignez  point  si  j'ai  partage  leur  sort.  Pour 
l'éviter,  il  aurait  fallu  que  je  ne  leur  eusse  pas  ressemblé ,  il  aurait 
fallu  que  j'eusse  été  injuste.  Il  vaut  mieux  mourir.  Adieu. 

Femme,  j'ai  écrit  à  ton  père. 


264  R.  6UT0T  ET  F.  THJN1ED. 

En  quittant  la  prison,  Nicole  Goujon  voulait  espérer  encore. 
Tous  les  témoins  n'avaient  pas  été  entendus.  Lanjuinais  n'avait 
pas  répondu  à  la  lettre  touchante  que  Tissot  lui  avait  fait 
remettre  de  la  part  du  prisonnier,  il  n'avait  pas  encore  déposé 
devant  le  tribunal.  Elle  courut  chez  lui,  lui  rappela  les  propos 
que  Goujon  lui  avait  tenus  pendant  l'insurrection  avant  de  monter 
à  la  tribune  et  qui  prouvaient  clairement  son  innocence.  «  Oui, 
répondit  Lanjuinais,  ce  sont  bien  là  les  paroles  qui  m'ont  été 
dites;  j'ignorais  quel  était  celui  qui  les  avait  proférées,  mais  je 
n'ai  communiqué  cette  circonstance  à  personne  :  vous  le  savez;  il 
est  donc  certain  que  c'est  votre  fils  qui  m'a  parlé  et  qui  m'a 
engagé  à  user  de  sagesse  et  de  modération 1 .  » 

Lanjuinais  jouissait  alors  de  la  plus  grande  autorité  dans  l'opi- 
nion publique.  Il  était  président  de  la  Convention.  S'il  était  venu 
répéter  à  la  Commission  militaire  les  paroles  que  Goujon  lui  avait 
dites  le  lw  prairial,  il  pouvait  ébranler  l'esprit  des  juges,  y  jeter 
tout  au  moins  le  doute  et  sauver  la  tête  de  son  collègue,  à  défaut 
de  sa  liberté.  Il  promit  à  Nicole  Goujon  d'aller  à  l'audience.  Le 
lendemain  27,  il  s'y  rendit.  Mais  il  ne  demanda  pas  à  être  mis  en 
présence  des  accusés,  et  craignant  sans  doute,  s'il  déposait  ver- 
balement, de  se  laisser  entraîner  peut-être  à  des  paroles  déci- 
sives, il  rédigea  lui-même  sa  déposition.  Elle  vaut  d'être  repro- 
duite en  ses  termes  exacts  qui  peignent  l'homme*  : 

Paris,  27  prairial  an  III. 

Est  comparu  Jean-Denys  Lanjuinais,  représentant  du  peuple,  pré- 
sident de  la  Convention  nationale,  lequel  a  déclaré  qu'il  ne  se  rappelle 
aucun  fait  à  la  décharge  de  Du  Roy  accusé,  si  ce  n'est  que  cet 
accusé  pourrait  être  un  des  représentants  qui,  le  4"  prairial,  pen- 
dant la  scène  scandaleuse  qui  se  passait  dans  la  Convention,  lui 
parurent  par  diverses  paroles  déplorer  les  malheureux  événements 
du  jour.  Le  déposant  affirme  ni  ne  conteste  que  ce  soit  Du  Roy  qui 
ait  proféré  ces  paroles;  il  ne  s'en  ressouvient  pas  suffisamment  pour 
désigner  par  leur  nom  ceux  qui  les  ont  prononcées. 

2°  Qu'il  n'a  connu  l'accusé  Goujon  qu'au  moment  où  celui-ci  a  pris 
la  parole  à  la  tribune  de  la  Convention  assez  avant  dans  la  nuit; 

1.  Tissot,  Réponse  à  Lanjuinais,  dans  le  Journal  des  hommes  libres  du 
22  nivôse  an  IV. 

2.  Àrcn.  nat.,  W  547,  n#  22. 


LE  r.o-vTE>Tm\m  fiorniT.  265 

qu'il  se  pourrait  que  Goujon  fût  le  collègue  par  lequel  lui,  déposant, 
fui  invité  à  ne  pas  exprimer  tout  haut  les  sentiments  d'horreur  qu'il 
éprouvait,  de  peur  de  s'attirer  quelque  violence  personnelle;  qu'il 
est  d'autant  plus  porté  à  le  croire  ainsi,  que  Goujon  a  cité  cet 
avis,  dont  l'auteur  est  probablement  le  seul  qui  ait  eu  connaissance. 
C'est  tout  ce  qu'il  a  dit  savoir,  n'y  vouloir  rien  ajouter  ni  diminuer. 

LllJUIKlIS. 

La  Commission  n'avait  pas  tenu  a  confronter  les  témoins  à 
décharge  avec  les  accusés.  Mais  elle  eut  soin,  après  avoir 
entendu  leurs  dépositions,  de  faire  revenir  les  principaux  accu- 
sateurs. Xavier  Fitte,  Ignace  Eck,  Gallois,  Jourdan  et  Maria  in- 
ville  furent  rappelés  et  mis  cette  fois  en  présence  des  accusés,  à 
qui  l'on  donna  lecture  de  leurs  déclarations  antérieures.  Cefutle 
seul  moment  où  il  y  eut  quelque  apparence  de  justice  dans  les 
débats.  Goujon  écarta  d'un  mot  les  dires  des  témoins  apostés 
d'avance  par  le  Comité  de  Sûreté  générale.  «  Je  laisse  aux  juges, 
dit-U,  le  soin  d'apprécier  ce  que  valent  des  dépositions  de  ce 
genre.  Il  est  si  fort  contraire  à  mes  idées  qu'elles  puissent  motiver 
une  accusation  contre  un  représentant  du  peuple  que  je  ne  crois 
pas  nécessaire  d'y  répondre.  Elles  formeront  aux  yeux  de  la  pos- 
térité la  preuve  complète  de  mon  innocence  et  de  la  pénurie  où 
l'on  se  trouve  pour  établir  l'accusation.  Il  s'élève  d'autres  preuves 
contre  un  conspirateur!  Puisse  la  patrie  n'avoir  pas  de  plus 
grauds  crimes  à  punir1  !  » 

Jourdan  et  Martain ville  parurent  ensuite.  Du  Roy,  puis  Gou- 
jon prirent  très  vivement  à  partie  les  deux  journalistes,  qu'ih 
savaient  acharnés  à  les  perdre  et  a  réclamer  leur  supplice  comme 
une  réparation  que  l'on  devait  à  la  presse  outragée*.  Ils  n'eurent 
pas  de  peine  à  montrer  les  inexactitudes  et  les  fausses  attributions 
dont  fourmillait  le  compte-rendu  du  Moniteur,  alors  que  Jour- 

1    Arcb    rut..  V.  f>47,  n"  H,  Confrontation  de  l.loujo»  avec  E-'itte. 

S.  Trou  té,  dans  un  article  du  Moniteur  le  <i  prairial,  regrettait  qu'on  n'eût 
|»i  CI  terminé  le  noir  même  de  l'insurrection  i  les  traîtres  pria  en  révolte 
ouverte  ».  Il  ajoutait  :  •  La  mort  aui  rebellent  Donnez  nu  habitants  de  cette 
cité  qui  voua  ont  fait  un  rempart  de  leur  corps  et  aui  aoldats  qui  «ont  accou- 
ru* 4  votre  défense  relie  preuve  d'énergie...  Elle  sera  la  récompense  de  leur 
courage  et  de  leur  fidélité...  Vous  serez  justes  uni  doute  en  accordant  aui 
écrirai»*  qui  >e  détonent  à  la  Têrilé.  aux  principea  de  l'humanité,  de  I»  Jus- 
tice, d«  la  liberté,  let  égards  que  mérile  la  magistrature  utile  et  honorable  qu'il» 
exercent  sur  l'opinion  publique.  Plu»  de  ménagements  arec  le  crime  1 1  (réimpr., 
I  XXIV,  p.  1Ï0). 


266 


H.    CCTOT   ET    F.    TBÉ1A8D. 


dan  n'hésitait  pas  a  en  affirmer  de  nouveau,  sur  son  honneur, 
l'exactitude  littérale.  Duquesnoy,  a  qui  le  journal  avait  attribué 
les  propositions  de  Soubrany,  somma  les  rédacteurs  de  s'expliquer 
sur  cette  méprise  :  «  Je  n'étais  pas  dans  ma  loge  à  ce  moment, 
répondit  Jourdan,  j'étais  à  la  porte  d'entrée  de  la  salle  de  la  Con- 
vention, à  droite  du  président.  J'ai  vu  un  député,  placé  vers  la 
troisième  banquette  inférieure,  à  gauche,  faire  la  motion  qui  est 
rapportée  dans  le  journal.  La  faiblesse  de  ma  vue  ne  m'a  pas  per- 
mis de  reconnaître  les  traits  de  Duquesnoy,  mais  j'avais  cru 
reconnaître  sa  voix,  et  aussi  sa  personne,  à  la  taille  et  à  la  gros- 
seur de  l'homme  que  je  voyais1.  »  Jourdan  dut  reconnaître  aussi 
qu'il  n'avait  pas  vu  DuquesDoy  sortir  de  la  salle  avec  la  Com- 
mission des  Quatre,  comme  il  l'avait  écrit  dans  le  Moniteur  : 
€  Je  n'ai  pas  vu,  dit-il,  sortir  le  citoyen  Duquesnoy,  mais  foi 
entendu  dire  dans  le  vestibule  que  la  tète  delà  colonne  dans 
laquelle  j'étais  mêlé  venait  de  rencontrer  à  la  porte  de  la  salle  et 
d'y  faire  reDtrer  les  quatre  membres  de  la  Commission.  »  Duques- 
noy n'insista  pas,  mais  Goujon  releva  ces  erreurs  singulières  : 
*  C'est  une  chose  constamment  reconnue,  s'écria-t-il,  que  les 
journalistes  sont  dans  l'usage  de  faire  des  extraits  abrégés  de  ce 
qu'ils  entendent.  Personne  n'ignore  que  ces  extraits  se  res- 
sentent toujours  de  l'opinion  de  celui  qui  les  rédige.  Il  est  impos- 
sible à  qui  que  ce  soit  d'avoir  retenu  précisément,  au  milieu  du 
tumulte  de  la  séance,  ce  qui  s'y  est  fait,  ce  qui  s'y  est  dit.  Le 
Moniteur  de  ce  jour-là,  d'après  lequel  paraît  avoir  été  rédigé,  à 
peu  près  mot  pour  mot,  le  procès-verbal  de  la  Convention,  con- 
tient un  faux  matériel,  reconnu.,.  Le  récit  de  mes  opinions,  à 
moi,  même,  n'est  pas  plus  exact  que  le  reste,  et  par  la  similitude 
qui  se  rencontre  entre  le  procès-verbal  et  le  Moniteur,  j'ai  main- 
tenant ce  journal  pour  accusateur  et  pour  témoin  !  J'en  fais  l'ob- 
servation à  mes  juges*.  » 

Le  28  prairial,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  les  confronta- 
tions étaient  terminées.  On  suspendit  l'audience  jusqu'au  lende- 
main'. Les  juges  se  retirèrent  en  chambre  du  Conseil  et  la 
délibération  commença.  Elle  dura  jusqu'au  milieu  de  la  nuit. 
L'ordonnateur  Rouhière  y  assistait  et  l'influença  de  son  mieux. 

1.  Confrontation  de  Jourdan  avec  Duijueanoy  (Arch.  njt.,  W  517,  d*  73J. 

2.  Confronta  lion  de  Jourdan  avec  Goujon  (Arcb.  nal.,  W  547.  n*  59}. 

3.  Procès-verbal  de  la  Commission  militaire  (Arch.  nat.,  W548).  Récit  de 
Jourdnn.  dans  le  Moniteur  du  1  messidor  (rèïmpr.,  t.  XXV,  p.  S6). 


le  coimnTiovm  goojok.  267 

C'était  un  protégé  des  Girondins,  créature  de  Dumouriez,  qui 
l'avait  connu  garde-magasin  à  Cherbourg  et  en  fit  son  secrétaire 
général  au  ministère  des  Affaires  étrangères.  Une  fois  là,  il  était 
devenu,  en  trois  mois,  commissaire  des  guerres,  puis  commis- 
saire ordonnateur.  Le  thermidorien  Blad  l'avait  emmené  ensuite 
comme  secrétaire  k  l'armée  de  l'ouest  :  c'est  lui  qui  le  fit  mettre 
en  activité  comme  ordonnateur  et  nommer  secrétaire  général  de 
la  Commission  militaire.  Le  général  Pille,  commissaire  au  mou- 
vement et  à  l'organisation  de  l'armée,  s'y  était  d'abord  refusé.  11 
trouvait  l'avancement  de  Rouhïère  scandaleux  et  voulait  l'en- 
voyer à  l'armée  d'Italie  comme  simple  commissaire  des  guerres'. 
Mais  sa  présence  rendait  trop  de  services  au  Comité  de  Sûreté 
générale.  Par  deux  an-étés  successifs,  Hlad  le  fit  maintenir  dans 
son  grade  et  dans  ses  fonctions3.  En  qualité  de  secrétaire, 
Roubîère  fut  chargé  de  classer  les  pièces  pour  la  délibération3. 
Il  mit  à  part  les  «  dépositions  générales  »  et  fit  pour  chaque 
accusé  un  dossier  spécial  contenant  quelques  témoignages  et  le 
procès-verbal  des  confrontations.  Parmi  les  dépositions  générales, 
qui  devaient  être  évidemment  consultées  de  moins  près  par  les 
juges,  il  classa  tous  les  témoignages  favorables  aux  accusés,  ceux 
par  exemple  de  Kaflet.  de  Sallengros,  même  de  tanjuinais.  Il  fit 
mieux  :  sur  les  marges  ou  en  tête  des  procès-verbaux,  il  inscrivit.  ii« 
sa  propre  main,  ou  fit  inscrire  par  le  soldat  qui  lui  servait  d'adjoint, 
des  résumés  la  plupart  du  temps  mensongers.  Ainsi,  sur  la 
déposition  de  Raffet  qui,  en  un  point  très  important,  contredisait 
formellement  l'accusation  :  «  Déposition  qui  ne  dît  rien,  ni  pour 
ni  contre.  >  Sur  celle  du  représentant  Massîeu,  complètement  en 
faveur  de  Romme  :  •  Ne  contient  aucun  fait.  •  Sur  celle  enfin  de 
Lanjuinais  :  «  N'est  point  à  la  décharge  de  Du  Roy  et  encore 
moins  de  Goujon,  qu'elle  tendrait  à  inculper  d'une  manière  très 
directe.  »  C'est  d'après  ces  commentaires  singuliers  que  les  con- 
victions s'établirent  et  que  le  vote  eut  lieu.  A  deux  heures  du 
matin,  le  29  prairial,  la  Commission  envoyait  l'ordre  à  l'exécu- 
teur de  monter  la  guillotine  et  de  se  tenir  prêt  pour  onze  heures 
et  demie,  avec  une  charrette  pouvant  contenir  six  personnes.  Le 
jagMMDl  'lovait  être  prononcé  à  midi*. 

t.  Arrh.  admlnUiraiire»  de  la  Guerre.  Voj,  Jet  HUU  de  service  de  Rouhltre 
i  l'eppendicc. 
î.  Arcb.  ut.,  AF"  57,  plaquette  116,  10  prairial:  P'  tii'j.  2  meeildor. 
3.  Vu»,  le  bordereau  placé  en  lele  du  douter  du  procès  (Arcb.  net.,  W  5*7). 
■I.  Arcb.  liai.,  W  518,  29  prairial  (r*|.  de  corre»|Kiod»uce). 


268  R.   GOTOT  BT  F.    THÉSARD. 

Le  bruit  se  répandit  en  un  moment  que  six  accusés  allaient 
être  condamnés  à  mort.  Les  parents  de  Goujon  l'apprirent  très 
vite.  Sa  mère  courut  aussitôt  à  la  Commission,  voulant  essayer 
d'embrasser  son  fils  une  fois  encore.  Elle  fit  passer  au  président 
ce  court  billet,  d'une  écriture  toute  tremblée1  : 

Citoyens  juges, 

Pleine  de  confiance  dans  votre  justice  et  convaincue  comme  je  le 
suis  de  l'innocence  de  mon  fils,  j'ose  cependant  vous  supplier  de 
m'accorder  la  permission  de  le  voir  ce  matin  un  instant  avant  l'au- 
dience, voulant  éviter  la  foule  qui  se  trouve  à  ces  heures-là  et  aussi 
la  trop  vive  émotion  que  pourrait  me  causer  votre  prononcé,  quel  qu'il 
soit,  ainsi  que  toute  mon  espérance  dans  votre  justice. 

Salut  et  fraternité. 

Ricard,  veuve  Goujon. 
J'attends  votre  réponse. 

Le  capitaine  de  service  rapporta  le  billet  quelques  moments 
plus  tard  avec  cette  note  :  Vous  ne  pouvez  entrer  dans 
ce  moment-cy. 

Pendant  ce  temps,  Lise  et  Sophie  s'étaient  rendues  à  la  Con- 
vention. Elles  voulaient  se  présenter  à  la  barre  et  réclamer  justice. 
Elles  pensaient  émouvoir  la  majorité,  obtenir  un  décret  de  sur- 
sis à  l'exécution  ;  elles  étaient  dans  cet  état  d'émotion  suprême  où 
l'on  est  près  d'attendre  et  de  réclamer  un  miracle.  Les  sentinelles 
leur  refusèrent  l'entrée  de  la  salle.  Elles  allèrent  au  Comité  des 
Onze  et  demandèrent  à  voir  Lanjuinais.  Il  sortit  de  son  bureau 
et  les  conduisit  à  la  salle  des  pétitionnaires.  En  chemin,  Sophie 
parla  de  l'innocence  de  son  frère,  supplia  Lanjuinais  de  faire 
effort  pour  le  sauver,  de  prendre  un  moment  la  présidence  pour 
que  du  moins  elles  pussent  être  introduites  et  faire  entendre  leur 
prière.  Lanjuinais  refusa  :  «  Je  n'ai  pas  présidé  une  fois  pendant 
cette  quinzaine,  dit-il;  je  ne  veux  pas  avoir  l'air  de  présider 
exprès  pour  cette  affaire...  Je  veux  bien  croire  que  votre  frère  est 
innocent,  je  ne  dis  pas  qu'il  ne  le  soit  pas,  mais  en  le  sauvant  il 
faudrait  sauver  les  autres,  et  que  diraient  de  nous  les  puissances 
étrangères!  »  Et  sur  ces  mots  il  s'éloigna2.  En  vain  Sophie  et 
Lise  firent  demander  par  l'huissier  la  permission  de  paraître  à  la 


1.  Arch.  nat,  W547,  n#  72. 

2.  Tissot,  Réponte  à  Lanjuinais,  dans  le  Journal  des  hommes  libres  du 
19  niTÔM  an  IV. 


LE   COltTETTHmEL  CODJOT.  269 

barre.  Au  seul  nom  de  Goujon,  la  Convention  leur  refusa  l'entrée, 
et  les  renvoya,  pour  la  forme,  au  Comité  de  Sûreté  générale1. 
Elles  s'en  furent  à  la  maison,  désespérées. 

Les  huit  accusés  passèrent  la  matinée  à  écrire.  Goujon  acheva 
de  rédiger  sa  défense,  dont  il  avait  fait  remettre  un  abrégé  au  tri- 
bunal, et  qu'il  voulait  laisser  complète  après  lui*.  Duquesnoy 
rédigea  la  sienne,  en  y  joignant  une  lettre  pour  sa  femme'.  A 
midi,  la  garde  vint  les  prendre,  et  ils  parurent  pour  la  dernière 
fois  devant  leurs  juges.  Ils  se  tenaient  debout  en  face  du  tribunal, 
entourés  par  douze  grenadiers*.  Goujon  les  dépassait  tous  de  la 
tête5;  ses  cheveux  blonds  flottaient  sur  ses  épaules,  et  il  avait 
soigné  sa  toilette  pour  aller  a  la  mort.  Sous  son  habit  de  repré- 
sentant du  peuple,  en  drap  bleu  à  boutons  jaunes  d'uniforme,  il 
portait  un  gilet  de  basin  blanc  moucheté,  et,  sur  la  tète,  un  cha- 
peau à  trois  cornes,  à  la  mode  de  l'ancien  régime*. 

Rouhière,  imposant  dans  son  habit  rouge,  se  leva  et  donna 
lecture,  au  milieu  d'un  profond  silence,  du  jugement  de  la  Com- 
mission'. Romme,  Duquesnoy,  Du  Roy,  Bourbotte,  Soubrany  et 
Goujon,  ■  attendu  qu'ils  se  sont  montrés  les  auteurs,  fauteurs  et 
complices  des  désastreux  événements  qui  ont  eu  lieu  dans  la  jour- 
née du  1"  prairial,  qu'ils  ont  conspiré  contre  la  République,  pro- 
voqué la  dissolution  de  la  Convention  nationale  et  l'assassinat  de 
ses  membres,  entrepris,  par  tous  les  moyens,  d'organiser  la 
révolte  et  la  guerre  civile  et  ressusciter  tous  les  excès,  toutes  les 
horreurs  de  la  tyrannie  qui  ont  (sic1)  précédé  le  9  thermidor  », 
étaient  condamnés  à  la  peine  de  mort;  Peyssard  a  la  déportation, 
«  attendu  qu'il  n'a  pas  déployé  le  même  caractère  de  rébellion  ». 
Forestier,  faute  de  preuves  positives  «  qu'il  eut  pris  une  part 
active  aux  événements  du  1"  prairial  »,  n'était  pas  condamné, 
mais  resterait  néanmoins  eu  prison,  il  la  disposition  du  Comité  de 
Sûreté  générale,  «  comme  prévenu  de  faits  antérieurs  au  12  ger- 
minal et  au  1"'  prairial  » .  11  n'y  eut  ni  applaudissements  ni  mur- 
mures. Goujon  s'approcha  du  bureau,  y  déposa  son  portefeuille, 

t.  Moniteur,  rtlrapr.,  I.  XXV,  p.  II. 

2.  Voj.  tui  appendice»  la  Un  de  celle  Utftnu, 

3.  Voj.  celle  lettre  tm  appendice*. 

*.  Jonrdao,  relation  Inaerèe  au  Moniteur,  relmpr,,  I.  XXV,  p.  26. 

5.  Il  «lait  de  Ire»  haute  taille,  ait  pied*  un  pouce  fTlamt,  But.  de  la  Révo- 
lution, t.  V,  p.  507). 

6.  Procea-verbal  du  cotntnlsaalre  de  police  de  la  leelioo  de  la  place  Vendôme, 
29  prairial  {Attù.  nal.,  W  5*7,  n-  133]. 

7.  Voj.  le  Iule  dan*  la  rtlmpr.  du  Moniteur,  I.  XXV,  p.  27. 


270  B.    GCIOT   ET   F.    TaÉJWlD. 

le  portrait  de  Lise  et  le  manuscrit  de  sa  Défense.  *  Pour  ma 
femme  >,  dit-il  simplement.  Il  déposa  encore  une  petite  montre 
en  argent  que  Bourbotte  venait  de  lui  faire  passer.  Puis  il  rega- 
gna sa  place  au  milieu  des  soldats.  Soubrany  déposa  sou  porte- 
feuille et  1,013  livres  en  assignats  pour  son  domestique1. 
Duquesnoy  remit  une  enveloppe  au  président  et  dit  :  «  Je  vous 
charge  de  cette  lettre.  Elle  contient  mes  adieux  à  ma  femme  et  à 
mes  amis.  Je  désire  que  mon  sang  soit  le  dernier  sang  innocent 
qui  coule.  Puisse-t-il  consolider  la  République!  Vive  la  Répu- 
blique'! »  Sur  un  ordre  du  tribunal,  les  condamnés  sortirent  de 
la  salle.  Ils  descendaient  l'escalier  qui  conduit  au  rez-de-chaus- 
sée, lorsqu'on  entendit  la  voix  de  Bourbotte  :  «  Vous  allez  voir 
comme  un  homme  de  cœur  sait  mourir  !  »  A  l'instant  même,  Gou- 
jon, sortant  le  couteau  qu'il  tenait  caché,  s'en  frappait  au  cœur 
et  tombait,  la  bouche  crispée,  sans  une  plainte.  Romme,  arrachant 
l'arme  de  la  plaie,  s'en  frappait  à  son  tour  de  plusieurs  coups  à 
la  poitrine,  s'en  labourait  le  cou  et  le  visage;  il  tombait  aussi, 
couvert  de  sang,  méconnaissable.  Duquesnoy  n'avait  qu'une  lame 
de  ciseaux-1;  il  se  l'enfonça  tout  entière  dans  le  cœur.  Bourbotte 
cachait  un  autre  couteau;  il  s'en  porta  un  coup,  puis  le  tendit  à 
Soubrany,  qui  fit  de  même.  Du  Roy  n'eut  pas  le  temps  de  se  frap- 
per à  mort;  il  n'était  que  blessé  quand  on  lui  arracha  l'arme, 
qu'il  avait  prise  des  mains  de  Soubrany.  On  les  emporta  dans  la 
salle  basse.  Un  officier  de  gendarmerie,  affolé,  courut  avertir  le 
président  :  il  tenait  à  la  main  le  couteau  de  Bourbotte.  Uu  autre 
entra  l'instant  d'après,  portant  le  second  couteau,  celui  de  Gou- 
jon, et  les  ciseaux  dont  s'était  frappé  Duquesnoy'.  Capitaîn 
donna  sur-le-champ  l'ordre  d'arrêter  le  commandant  du  corps  de 
garde,  qui  avait  négligé  de  fouiller  les  condamnés;  ensuite,  il  fit 
chercher  uu  officier  de  santé.  On  n'en  découvrit  un  qu'à  grand' - 
peine.  Il  s'appelait  Marmouget  et  demeurait  rue  neuve  du  Luxem- 
bourg. En  arrivant,  il  trouva  Romme,  Goujon  et  Duquesnoy  déjà 

1.  La  Commission  militaire  au  Comité  de  Sûreté  générale,  1"  messidor  (Arcli. 
liai,  WS4S,  reg.  de  correspondance).  Les  détails  ilonnés  sur  cette  scène  par  les 
journaux  ne  paraissent  pas  tous  oxacls.  Mous  ne  donnons  que  ceux  sur  lesquels 
les  journaux  «'accordent  entre  eux  et  atec  les  pièces  originales. 

2.  Moniteur,  récit  de  Jourdan,  déjà  cité.  Journal  lie  Paris,  n-  379  du 
30  prairial. 

3.  Les  fossoyeurs  retrouvèrent  l'autre  cachée  dans  la  semelle  de  son  soulier. 
Procès-verbal  du  commissaire  de  police  do  la  section  de  la  place  Vendôme, 
30  prairial  (Areh.  nat.,  W517,  a*  140). 

i-  Journal  de  Paru  cl  Moniteur,  toc.  cit. 


LE  COOTEftTIOlfNBL  GOUJON.  274 

morts,  étendus  sur  le  carreau  et  baignant  dans  leur  sang.  Du  Roy 
était  très  vivant.  Bourbotte  respirait  encore.  Soubrany  agonisait 
presque,  en  disant  :  «  Laissez-moi  mourir.  »  Comme  leurs  bles- 
sures ne  saignaient  plus,  on  ne  prit  pas  la  peine  de  les  panser1,  et 
l'aide  de  l'exécuteur  leur  fit  la  dernière  toilette.  Pendant  qu'on 
lui  liait  les  mains,  Du  Roy  s'emporta  violemment,  injuriant  les 
curieux  et  les  journalistes  qui  l'entouraient  :  «  Les  assassins  con- 
templent leur  ouvrage!  criait-il.  Ab!  pourquoi  me  suis-je  man- 
qué? Ces  mains-là  étaient-elles  donc  faites  pour  être  liées  par  le 
bourreau?  Jouissez,  messieurs  les  aristocrates1!  »  On  les  chargea 
tous  trois  sur  la  charrette.  Du  Roy  faisait  bonne  contenance,  Sou- 
brany ne  bougeait  plus,  Bourbotte  parut  revenir  à  la  vie.  Il  s'as- 
sit au  fond  de  la  voiture  et  regarda  tranquillement  autour  de  lui. 
A  trois  heures,  escortés  par  un  escadron  de  cavalerie,  ils  arri- 
vèrent sur  le  lieu  du  supplice.  La  place  de  la  Révolution  était 
presque  vide.  On  porta  Soubrany  sur  l'échafaud;  il  était  mort 
déjà,  et  Sanson  n'exécuta  qu'un  cadavre.  Du  Roy  mourut  ensuite 
avec  fermeté  et  sans  rien  dire.  Bourbotte  cependant  parlait  au 
peuple  et  aux  soldats  :  «  Je  meurs  innocent,  criait-il,  vive  à 
jamais  la  République1!  »  On  emporta  les  cadavres  au  cimetière 
de  Monceaux.  Les  trois  autres  corps  y  furent  aussi  portés  le  soir. 
Les  valets  du  bourreau  les  dépouillèrent,  suivant  l'usage,  et 
vendirent  au  fripier  leurs  pauvres  hardes. 

R.  Guyot  et  F.  Thknard. 


1.  Procès- verbal  de  l'officier  de  santé  (Arch.  nat.,  W  547,  n*  138). 

2.  Moniteur  el  Journal  de  Paris,  loe.  cit. 

3.  Jourdan,  qui  voulut  assister  au  supplice,  ajoute  un  détail  atroce  :  c  A 
l'instant  où  Bourbotte  était  baissé  pour  recevoir  le  coup  fatal,  on  s'aperçut  que 
le  couteau  n'avait  pas  été  remonté.  On  le  redressa  pour  relever  l'instrument. 
Il  employa  ce  temps  à  parler  encore  à  ceux  qui  l'entouraient  »  (Moniteur, 
1**  messidor,  réimpr.,  t.  XXV,  p.  28). 


MÉLANGES  ET  DOCUMENTS 


LE    CODE    DE    HAMMOURABI 


r        r 


ET  LA   CONSTITUTION   ORIGINAIRE   DE   LA   PROPRIETE 

DANS  L'ANCIENNE  GHALDEE. 


Fustel  de  Coulanges  s'est  voué  à  l'histoire  des  institutions  avec 
une  connaissance  très  imparfaite  du  droit  :  la  critique  lui  en  a  fait 
grief  et  elle  a  pu  le  faire  sans  trop  d'injustice.  Jules  Oppert  regret- 
tait une  lacune  analogue  cbez  les  assyriologues,  ses  confrères  : 
«  Pour  l'intelligence  des  textes  juridiques,  disait-il,  des  études  de 
droit  sont  d'une  nécessité  inéluctable;  sans  elles,  toutes  les  interpré- 
tations sont  boiteuses.  Ces  études  ne  permettent  pas  seulement  de 
reconnaître  les  particularités  de  certaines  lois,  elles  façonnent  l'es- 
prit à  discerner  ce  qui  est  possible  et  ce  qui  ne  l'est  pas,  ce  qui  est 
adéquat  et  ce  qui  est  un  non-sens1.  » 

La  découverte  du  Gode  de  Hammourabi  a  mis  en  claire  évidence  la 
justesse  de  ces  paroles.  Malgré  la  science  linguistique  des  interprètes, 
ni  la  traduction  princeps  de  Scheil  ni  les  traductions  nombreuses,  en 
toutes  langues,  qui  l'ont  suivie  n'ont  échappé  au  double  écueil  qu'Op- 
pert  signalait.  La  collaboration  même  d'un  jurisconsulte  et  d'un 
assyriologue  de  profession  n'a  pas  suffi  pour  en  préserver.  Voyez  le 
résultat  de  l'association  de  MM.  Peiser  et  Kohler',  voyez  le  biais 
auquel  ils  ont  dû  se  résigner  :  une  traduction  mot  à  mot,  —  souvent 
inintelligible,  impossible,  aurait  dit  Oppert,  —  et  en  regard  une  para- 
phrase où  le  sens  devient  plausible,  mais  où  la  version  littérale  est 
sacrifiée  sans  merci. 

C'est  que  toute  traduction  d'un  document  de  cette  nature  exige  un 
corps  à  corps,  un  contact  intime  avec  le  texte.  Faute  de  quoi,  on 
pourra  bien  s'en  approcher,  le  contourner,  on  ne  l'enlacera  pas. 


1.  ZeUschrifl  fQr  Assyriologie,  t.  XIII,  p.  248. 

2.  Hammurabi's  Gesett.  Leipzig,  1904. 


LE  CODIC    HE    mUNOUlUM.  273 

L'historien  du  droit,  s'il  ne  veut  pas  bâtir  sur  une  base  fragile  et 
chancelante,  n'a  donc  d'autre  ressource  que  de  maitriser  lui-même 
la  langue  des  documents.  Kl  comment  hésiterait-il  devant  des  décou- 
vertes qui  reculent  de  milliers  d'annéeB  les  bornes  de  l'histoire  juri- 
dique de  l'humanité?  Pour  ma  put,  je  n'ai  pas  craint  de  tenter  raifort, 
>'t  la  traduction  de  Hammourahi,  que  je  publierai  très  prochainement, 
permettra  déjuger  de  son  fruit. 

Mais  le  Code  de  llammourabî  n'est  pas  un  monument  qui  puisse  se 
suffire  à  lui-même.  Il  veut  être  étudié  dans  ses  sources,  son  milieu 
et  ses  prolongements.  Il  a  derrière  lui  toute  une  antiquité  juridique 
dont  il  est  l'aboutissant.  Nous  en  avons  la  preuve  directe  dans  l'exïs- 
lenœ  de  fragments  de  lois  beaucoup  plus  anciennes  et  qui  paraissent 
même  visées  par  ce  Code,  les  fameuses  lois  dites  sumériennes,  dont 
sept  articles  nous  ont  été  conservés  dans  des  exercices  de  grammaire. 
Nous  en  avons  d'autres  preuves  dans  les  contrats  antérieurs  à  Ham- 
im.nir.-iln,  qui  se  réfèrent  1res  visiblement  à  des  lois  écrites  et,  sans 
doute,  à  une  sorte  de  code  ou  de  compilation  dont  ils  reproduisent 
des  formules,  puis  dans  la  circonstance  que  Hammourabi  lui-même  se 
sert  de  formules  identiques,  identiques  donc  non  seulement  à  d'an- 
cien-, contrats,  mais  à  des  lois  plus  anciennes  encore. 

Qu'était  cette  législation  antécédente?  A  quelle  date  pouvait-elle 
remonter?  Gomment  était-elle  née?  Si  a  toutes  ces  questions  nous 
n'avons  pas  encore  de  réponse  satisfaisante,  nous  pouvons  du  moins 
entrevoir  des  lignes  directrices  et  tenter  des  travaux  d'approche. 

Tout  d'abord,  la  religion  et  la  magie  chaldéennes  ne  laissent 
aucun  doute  sur  la  grande  part  qui  revient  dans  la  formation  des 
coutumes  ou  des  lois,  d'une  part  aux  rituels,  d'autre  part  aux 
oracles-,  les  premiers  donnant  naissance  â  des  prescriptions  à  la  fois 
religieuses  et  civiles,  les  seconds  constituant  des  jugements  qui 
avaient  force  de  loi  pour  l'avenir.  Mais  nous  voudrions  davantage, 
nous  voudrions  savoir  pour  muta  DOBOIH,  dtns  quelles  cités  ces  lois 
embryonnaires  virent  le  jour.  Est-ce  au  nord,  au  centre  ou  au  sud 
de  la  Chaldée  que  se  place  leur  lieu  d'origine? 

1. 

Jusqu'il  y  a  trente  ans,  tous  les  regards  se  dirigeaient  m 
Babjlone  ou  vers  Ninive.  On  espérait  trouver  autour  de  ces  deux 
grandes  métropoles,  autour  de  la  première  surtout,  la  clef  de  l'anti- 
quité clialdéenne.  On  se  trompait.  On  se  trompait  en  principe  en 
cherchant  dan»  le  nord  et  dans  l'intérieur  des  terres  les  débuta 
d'une  civilisation  qui  devait  être  née  beaucoup  plus  au  midi  et 
fUv.  Hiroi.  XCIV.  t*  fasc  13 


274  irfLANGBS  BT  DOCUMENTS. 

à  proximité  de  la  mer,  de  la  mer  qui,  indépendamment  du  trafic 
qu'elle  sollicite,  fournit  un  aliment  indispensable  à  l'homme,  le  sel. 
On  se  trompait  encore,  parce  que  les  terribles  dévastations  dont  les 
capitales  chaldéennes  avaient  été  la  proie  et  la  durée  relativement 
récente  de  leur  existence  étaient  autant  de  causes  d'échec,  autant  de 
sources  de  déception.  Ce  qu'il  fallait  trouver,  c'était  une  cité  importante 
remontant  à  la  plus  haute  antiquité  et  enfouie,  disparue  depuis  une 
époque  extrêmement  reculée,  quelque  chose  comme  une  Pompéi  chal- 
déenne.  Et  c'est  là  ce  que  trouva  notre  admirable  explorateur,  mort  à 
la  peine  après  onze  campagnes  de  magnifiques  fouilles  (4877  à  4900), 
H.  de  Sarzec. 

La  cité  de  Lagaâ,  dont  M.  de  Sarzec  a  exploré  les  ruines  à  Tello, 
a  été,  avant  l'époque  où  le  nom  de  Babylone  apparaît  pour  la  pre- 
mière fois  dans  l'histoire,  dès  le  Ve  millénaire  avant  J.-C,  tantôt 
dominatrice,  tantôt  dominée  par  les  rois  d'autres  cités  chaldéennes, 
si  bien  que  temples,  inscriptions,  monuments  de  toute  nature  dus  à 
des  conquérants  étrangers  nous  renseignent  sur  eux,  leurs  villes, 
leurs  mœurs  ou  leurs  lois,  et,  par  une  réciprocité  heureuse,  les  monu- 
ments des  rois  indigènes  de  Lagaâ  ne  concernent  pas  seulement  la  cité 
elle-même,  mais  les  autres  cités  qu'ils  dominèrent.  De  plus,  par  une 
rare  fortune,  les  dévastations  ont  été  ici  moins  profondes  :  dès  le 
temps  de  Hammourabi,  par  son  avènement  même,  l'hégémonie  passa 
définitivement  au  nord  de  la  Ghaldée,  Lagaâ  rentra  dans  l'ombre,  des 
alluvions,  en  guise  de  lave,  recouvrirent  ses  ruines. 

Après  Lagaâ,  Suse  a  livré  ses  trésors  aux  pionniers  de  la  science 
française.  Capitale  de  l'Élam  qui,  par  la  civilisation  et  les  armes, 
rivalisa  avec  la  Ghaldée,  ses  alternatives  incessantes  de  victoire  et  de 
défaite  l'ont  transformée  en  musée  triomphal  de  la  Ghaldée  vaincue 
et  ont  amoncelé  en  couches  profondes  sur  son  sol  les  témoins  de  son 
propre  passé. 

Il  est  aisé  de  voir  comment  les  origines  du  Gode  de  Hammourabi 
s'éclairent  par  les  découvertes  de  Lagaâ  et  de  Suse,  pour  ne  parler 
que  de  celles-là.  Grâce  aux  premières,  nous  pouvons  étudier  les  élé- 
ments nombreux  et  divers  qui  sont  entrés  dans  la  composition  des 
coutumes  antécédentes  :  mœurs,  actes  royaux,  rites  magiques,  etc. 
Nous  pouvons  nous  représenter  leur  naissance,  comme  celle  des 
nôtres,  en  des  lieux  distants,  leur  contingence,  le  droit  commun  qui 
s'élabora  en  elles  par  le  passage  de  l'hégémonie  d'une  cité  à  une  autre. 
C'est  ce  fonds  commun,  tout  ensemble  local  et  généralisé,  tradition- 
nel et  pratique,  qui  a  été  compilé,  coordonné,  codifié,  placé  sous  la 
protection  des  dieux,  comme  de  ses  inspirateurs,  par  le  puissant 
conquérant,  le  Napoléon  chaldéen  qui  porte  nom  Hammourabi.  Et 


LE   C0DB  DE    IHMXfil  flilil.  275 

c'est  à  Suse  que  fut  découverte  sou  œuvre,  comme  si  un  exemplaire 
officiel  de  noire  Code  civil,  perdu  pour  la  postérité,  devait  être 
exhumé  après  quatre  mille  ans  à  Berlin  ou  a  Saint-Pétersbourg,  oii 
les  envahisseurs  de  tS\i  l'eussent  emporté. 

La  période  coutumière,  dont  je  viens  de  parler,  s'éclaire  par  les 
contrats,  mais  elle  s'éclaire  surtout  aussi  par  les  inscriptions 
antiques,  dont  les  plus  précieuses  ont  été  publiées  ou  interprétées 
par  deux  assyriologues  de  premier  ordre,  MM.  Scbeil  el  Thureau- 
Dangin'.  C'est  de  ces  inscriptions  que  je  veux  m'occuper  d'abord, 
en  tenant  compte  de  l'aspect  extérieur  des  monuments  qui  les  portent 
el  en  leur  demandant  plus  spécialement  ce  qu'elles  peuvent  nous 
apprendre  sur  la  constitution  originaire  de  la  propriété  eu  Chatdée. 


II. 


L'étude  approfondie  el  prolongée  a  laquelle  je  me  suis  livré  au  Col- 
lège de  France  sur  les  institutions  primitives  m'a  convaincu  que,  chez 
tous  les  peuples,  la  naissance  de  la  propriété  est  en  étroite  connexilé 
avec  les  croyances  animistes,  avec  le  tabou  qui  en  est  une  mani- 
festation essentielle.  L'objet  taboue  devient  intangible,  et  il  est 
taboue  parce  qu'il  est  le  siège  d'un  esprit,  bon  ou  mauvais,  le  bon 
devenant  mauvais  si  ou  le  mécontente,  le  dérange  ou  le  trouble;  le 
mauvais  défendant  plus  énergiquemenl  encore  que  le  bon  l'objet 
qu'il  occupe  ou  qu'il  garde.  Qu'un  arbre  soit  taboue,  il  n'est  plus 
permis,  sans  s'exposer  aux  pires  conséquences,  d'en  cueillir  les  fruits. 
Une  bulle  ou  une  récolte  sera  proLégéc  contre  toute  atteinte  si,  pour 
j  pénétrer,  il  faut  rompre  un  fil  dans  lequel  un  esprit  réside. 

L'action  de  l'esprit  invisible  ne  se  limile  pas  plus  à  l'objet  dont  il 
a  lait  son  siège  que  l'action  de  l'homme  ne  se  réduit  a  ce  qui  touche 
directement  son  corps.  Il  y  a  pour  l'un  el  pour  l'autre  une  sphère 
d'énergie  ou  d'influence  qui  s'étend  aux  enlours.  Être  sous  le 
regard  d'un  homme,  à  portée  de  sa  main  ou  de  son  arme  peut  être 
aussi  dangereux  que  d'entrer  en  contact  matériel  avec  lui.  De  même 
des  esprits-  Ils  rayonnent  autour  du  siège  qu'ils  occupent.  Quand  ils 
sont  placés  a  l'entrée  d'une  demeure,  ils  la  dérendent  mieux  qu'une 
sentinelle  ou  une  garde;  quand  ils  sont  placés  à  l'entrée  d'un  champ, 
ils  eu  interdisent  l'accès  à  l'intrus  ou  à  l'envahisseur.  C'est  touto 
une  fonction  qu'ils  exercent,  c'esl  un  office  dont  ils  sont  investis. 

Cet  office,  chez  les  anciens  Chaldéens,  est  dévolu  a  deux  grandes 


1.  M.  Sdiell.  a»n»  les  Mfmotrti  de  In  DMgntto*  de  Ptrte ;  M.  THurMu- 
D-ip-in,  JJ»>  ton  Ijmu  livre  :  irt  lucripltont  dr  Sumtr  et  Atkad  (H-rl»,  1905). 


276  MELANGES  ET  DOCUMENTS. 

catégories  d'êtres  surnaturels  :  les  esprits  prolecteurs,  anges  gardiens 
individuels  ou  familiaux,  et  les  grands  dieux,  dont  la  présence 
réelle  profite  au  grand  nombre. 

L'homme,  dès  les  premiers  âges,  éprouvait  le  besoin  de  s'assurer 
un  protecteur  spécial,  personnel.  Si  le  protecteur  était  le  même  pour 
tous,  quelle  sécurité  suffisante  pouvait-il  offrir  à  chacun  dans  ses 
rapports  avec  ses  semblables?  Et,  en  effet,  dans  l'ancienne  Chaldéc, 
nous  voyons  que  chaque  individu  a  sa  déesse  ou  son  dieu  particulier, 
son  bon  démon,  son  démon  familier,  sédu  ou  lamassu,  comme  on 
voit  l'Indien  ou  l'Océanien  avoir  son  totem. 

L'esprit  protecteur,  pour  veiller  sur  la  personne,  veille  sur  la 
maison.  Les  rituels  magiques  l'appellent,  l'invoquent  dans  ce  but. 
11  menace  de  sa  colère  tous  ceux  qui  franchiront  ou  violeront, 
démons  ou  hommes,  la  borne,  la  barrière  qu'il  défend,  l'enceinte 
que  sa  présence  rend  sacrée  et  inviolable.  Cette  présence  est  mani- 
festée par  les  statues  de  taureaux  ailés  qui  se  dressent  à  la  porte  des 
palais,  et,  dans  les  demeures  plus  humbles,  par  les  statuettes  qu'on 
suspend  aux  linteaux.  Elle  est  assurée  d'une  façon  mystérieuse  et 
durable  par  les  figurines  enfouies  dans  les  fondements  des  maisons 
et  des  temples  et  par  les  rites  magiques  et  religieux  dont  la  fondation 
était  entourée. 

Nous  ne  savons  pas,  il  est  vrai,  si  les  Chaldéens  ont  jamais  eu  la 
coutume,  observée  chez  maints  peuples  primitifs,  d'enterrer  sous  la 
demeure  une  victime  humaine,  pour  la  tabouer,  pour  satisfaire  et 
retenir  la  divinité  protectrice,  mais  deux  dispositions  du  Gode  de  Ham- 
roourabi  pourraient  bien  être  la  survivance  d'une  telle  coutume. 
L'homme  qui  a  perforé  le  mur  d'une  maison  est  mis  à  mort  et  enterré 
à  l'endroit  même  où  il  a  pratiqué  la  brèche  (§  24)  et  une  peine  ana- 
logue frappe  celui  qui  a  fait  imprimer  une  fausse  marque4  à  l'es- 
clave d'autrui  :  il  est  enterré,  semble-t-il,  près  de  la  porte  de  la  mai- 
son3 au  maître  de  laquelle  il  a  voulu  nuire  (§  227).  Ne  serait-ce  pas 
pour  livrer  le  coupable  en  proie  aux  démons  familiers  et  peut-être 
même  pour  augmenter  la  sécurité  de  la  demeure? 

Les  latnassu  peuvent  du  reste  être  multiples,  comme  le  furent  les 

1.  Non  pat  d'esclave  inaliénable,  comme  tout  le  monde  a  traduit,  mais  d'es- 
clave marron,  comme  je  le  prouverai. 

2.  M.  Scheil  a  traduit  :  c  On  l'enterrera  dan»  sa  maison  •,  ce  qui  ne  me 
paraît  pas  rigoureusement  exact.  Il  y  a  dans  le  texte  :  ina  bdbi,  près  de  la  porte 
(baba)  et  non  pas  :  ina  btti,  et  le  pronom  suffixe  su  a  ici  un  sens  très  indé- 
terminé, puisqu'il  est  question  dans  l'article  de  trois  personnes  :  l'instigateur, 
le  marqueur,  l'esclave  marqué.  L'analogie  du  §  21  rend  donc  vraisemblable 
qu'il  s'agit  de  la  maison  de  l'esclave  marqué. 


le  code  be  ntaunniudi. 


277 


dieux  Lires  des  Romains  {comme  lu  sont  ceux  des  Japonais),  et  de 
grands  dieux  leur  sont  souvent  adjoints.  La  variété  même  des  objets 
retrouvés  dans  les  fondations  l'atteste.  Ils  vont  depuis  le  clou 
magique  destiné  â  éloigner  les  mauvais  esprits  jusqu'à  la  statuette 
du  dieu  ou  de  la  déesse,  dont  la  tiare  ou  les  cornes  prouvent  la  divi- 
nité. El,  à  mesure  que  l'art  se  perfectionne,  la  signification  juridique 
se  précise.  Comme  l'a  remarqué  M.  Heuney,  une  Ngurïnc  de  fondation 
du  temps  d'Ur-Bau,  représentant  un  dieu  agenouillé  qui  enfonce 
dans  le  sol  un  gros  pieu  taillé  en  pointe',  a  toutes  las  apparences 
d'un  dieu-terme. 

Il  est  vrai  que  les  figurines  les  plus  nombreuses  se  sont  rencon- 
trées dans  les  subslruclions  des  temples,  et  l'on  peut  se  demander  si 
leur  office  n'y  perdait  point  toute  raison  d'être  puisque  la  divinité 
puissante  â  qui  le  temple  était  voué  _v  résidait  en  personne.  En  réa- 
lité, les  abondantes  trouvailles  faites  dans  les  temples  sont  des  mani- 
festations 1res  distinctes  de  la  foi  ou  de  la  superstition  cbaldéenne. 
L'objet  des  unes  était  de  témoigner  au  dieu  d'une  dévotion,  dune 
soumission  absolue,  afin  de  se  concilier  sa  bienveillance  et  s'assurer 
sa  présence.  L'objet  des  autres  était  d'offrir  au  dieu  des  serviteurs, 
des  auxiliaires  dont,  si  grand  qu'il  fût,  il  pouvait  avoir  besoin  contre 
les  rivaux,  les  démons,  les  hommes  eux-mêmes. 

C'est  dans  la  première  catégorie  que  rentrent  les  images  du  roi, 
de  ses  fils,  de  sa  famille,  de  ses  serviteurs  ou  sujets  portant  sur  la 
lèle  le  dupxikku,  la  couffe,  la  corheille  de  travail,  pour  témoigner  au 
dieu  un  dévouement  de  corvéable  el  d'esclave1.  Ce  rite,  qui  s'est 
conservé  jusqu'à  l'époque  ninivite,  a,  de  même  que  les  autres  rites 
de  fondation  (libations  d'huile,  d'aromates,  de  lait  ou  de  miel  sur  les 
premières  briques,  etc.),  un  grand  intérêt  pour  l'historien  des  institu- 
tions, car  la  présence  du  dieu  qu'ils  visent  à  réaliser  devient  pour  le 
peuple  tout  entier  une  protection  de  sa  personne  et  de  son  bien,  une 
sauvegarde  des  faibles  contre  les  usurpations  el  les  abus  de  pouvoir 
des  forts,  d'un  mot,  la  source  même,  du  droit3. 


|.  ptawla  m  (Yrl-ffr,  pi.  vuiMa,  flg.  t. 

2.  Le  terme  dupilkk*  a  pria  le  sens  de  cor*™. 

3.  Lea  grandes  inscriptions  îles  rais  de  Lagai,  Urukagiua  et  (iudra,  mérite- 
raient, il  ce  i'(,inl  de  tue,  une  élude  spéciale.  Je'  m  ru  tiendrai  ici  a  quelque» 
traita.  —  Crukagina  doit  mn  pouvoir  au  itieu  RhgllWj  il  est  le  restaurateur 
de  la  llhrrlé  et  de  l'ordre  (Thureau-DariRln,  Inter.,  p.  77.  B7).  le  de«lrucleur 
île  la  iervilvda  [p.  81}.  parce  qu'il  «  a  rétabli  le*  décret»  et  hit  demeurer  dans 
le  pava  la  parolt  que  ion  roi,  Kingirsu,  aval!  prononcée  •  (p.  81],  r'rtl-a-dtre 
la  parole  da  JwUm  Bu  tuntequence,  1rs  abus  cessent  :  «torsions  dea  fonc- 
tionnaire* el  de»  prêtre»  (p.  85,  89),  parmi  lesquelles  je  relé»e  lea  droits  qu  il» 
prélevaient  en  caa  de  répudiation  (p.  83)  et  no  droit  de  prù»  sur  lea  animaux 


278  lrfLANGBS  ET  DOCUMNTS. 


ni. 


Ce  qui  se  pratiquait  pour  les  maisons  pouvait,  à  certains  égards 
au  moins,  se  pratiquer  pour  les  champs.  On  y  pouvait  enterrer  en 
certains  points  choisis  des  amulettes,  des  fétiches  protecteurs,  usage 
antique  qui  nous  est  attesté  ailleurs,  par  exemple  dans  l'Inde,  où  de 
tels  objets  servirent  plus  tard  de  témoins,  comme  nos  pierres-bornes. 
On  les  pouvait  suspendre  aussi  à  un  arbre,  à  un  rocher,  à  une  clôture. 
Mais  rien  ne  valait,  comme  efficacité  durable,  la  pierre,  la  pierre  qui, 
à  régal  de  l'arbre,  était  animée,  habitée  par  un  démon  ou  un  dieu, 
protégée  par  lui1  et  qu'on  pouvait  instituer  à  demeure  en  tout  lieu 
choisi. 

C'est  dans  le  culte  des  pierres  que  je  vois  l'origine  première  des 
kudurru,  des  stèles-limites,  dont  je  parlerai  plus  loin.  Aussi  peu 
que  l'universalité  de  ce  culte  est  douteuse9,  aussi  certain  est-il 
qu'une  de  ses  manifestations  principales  était  la  pierre  levée,  repré- 
sentant un  phallus3.  Cette  forme  parait  se  survivre  jusque  dans  les 
koudourrous  de  l'époque  kassite  et  elle  se  décèle,  quoique  tronquée, 
dans  l'ancêtre  lointain  de  ces  monuments,  l'obélisque  de  Manislu-su, 
roi  de  Kiâ,  aux  environs  de  Tan  4000  av.  J.-G. 

La  filiation  remonte  certainement  bien  plus  haut,  et  nous  avons  la 
possibilité,  je  crois,  d'entrevoir  les  rites  primitifs  qui  accompagnaient 

(p.  85)  ;  coutumes  vicieuses,  telles  que  la  polyandrie,  puisqu'il  est  dit  :  t  Les 
femmes  d'auparavant  par  deux  hommes  étaient  possédées,  les  femmes  d'à  pré- 
sent (dans  ce  cas)  au  {lacune)  sont  jetées  »  (p.  89).  —  Pour  décider  le  dieu 
Ningirsu  à  venir  habiter  le  superbe  temple  qu'il  lui  a  construit,  Gudéa  procède 
a  une  double  purification  :  il  purifie  la  ville  de  ses  souillures,  il  purifie  le 
peuple  des  injustices  (p.  151-153.  Cf.  p.  107).  11  réalise,  en  d'autres  termes, 
un  tabou  à  la  fois  matériel  et  social  ou  juridique.  Après  quoi,  et  une  fois  que 
le  dieu  aura  ûiè  son  siège  dans  le  temple,  y  sera  présent  en  personne,  ce  sera 
a  lui-même  et  à  ses  serviteurs  fidèles  a  veiller  au  maintien  de  l'ordre  public 
et  au  règne  du  droit.  Lui  et  son  épouse,  Bau,  fixent  les  sorts,  jugent  la  ville, 
leur  temple  est  le  lieu  des  jugements,  leur  sceptre  le  sceptre  d'équité,  leur 
parole  la  parole  d'équité  (p.  121  et  suiv.). 

1.  Cf.  Maspero,  Histoire  ancienne  de  l Orient,  t.  I,  p.  642,  et  Sayce,  The 
Religion  of  the  andent  Babylonians,  cité  par  lui. 

2.  Le  culte  est  bien  connu  chez  les  Phéniciens  et  les  Israélites;  chez  les 
Arabes,  il  a  été  récemment  signalé  à  nouveau  par  Curtiss,  Vrsemitische  Reli- 
gion (Leipzig,  1903),  p.  92  et  suiv. 

3.  Belser  admet  que  l'idéogramme  de  kudurru  correspond  à  aufgeslelltes 
[Babylon.  Kudurru  Inschriften,  Beitrage  far  Assyriologie,  t.  II,  p.  111)  et 
Jeremias  croit  que  la  forme  typique  était  le  phallus,  forme  qu'il  retrouve 
dans  le  bloc  de  diorite  de  Hammourabi  (Dos  aile  Testament  im  Lichte  des 
Orients,  Leipzig,  1904,  p.  262). 


LE   CODÏ    DR    EUMIIOFIItRI.  279 

ta  pose  de  la  pierre  sacrée  et  la  protection  magique  dont  elle  était  le 
siège. 

Nous  le  pouvons  grâce  au  vieux  roi  de  Lagas.  Eannalum,  à  qui 
nous  devons  la  célèbre  slele  des  vautours,  un  des  joyaux  de  noire 
musée  chaldéen  du  Louvre. 

Eannalum  nous  apprend  '  que  le  roi  de  Kis,  Mesilim  (un  des  plus 
anciens  prédécesseurs  de  Maniâlu-su),  avait,  comme  souverain  de 
Laças,  fait  une  délimitation1,  érigé  une  stèle-limite.  Cellestèle,  les  voi- 
sins de  Lagaà,  les  hommes  de  Già-hti  la  renversèrent  pour  s'emparer 
deschamps  qu'ellcahornait.  Eannalum  la  rétablit' après  une  éclatante 
victoire  sur  les  usurpateurs.  Une  des  faces  de  la  slele  des  vautours 
Bgure  le  combat  et  l'ci  termina  lion  des  vaincus,  l'autre  représente 
l'intervention  magique  de  la  divinité.  Nous  y  voyons  apparaître  un 
personnage  mythique,  un  dieu  qui  Trappe  de  sa  masse  d'armes  des 
hommes  enlacés  dans  un  vasle  filet.  Kl  qu'est  cela?  L'inscription  nous 
le  prouve,  la  mise  en  action  des  forces  vengeresses  que  recelait  en 
elle  la  stèle  renversée,  el  qui,  par  de  nouveaux  rites,  sonl  incorpo- 
rées à  la  stèle  rétablie.  Ces  rites,  le  texte  les  décrit  en  un  langage 
hiératique  plein  d'une  sauvage  énergie'. 

Le  roi  de  Lagas  commence  par  prêter  un  serment,  plus  exacte- 
ment par  faire  une  conjuration.  Il  appelle  son  dieu,  il  le  nomme.  Le 
dieu  se  présente,  et  à  ce  moment  les  hommes  de  Giiï-hu  le  nomment 
à  leur  tour.  Ils  l'invoquent,  ils  se  lient  à  lui  par  un  serment.  Uu 
fossé  est  creusé,  qui  a  peut-être  une  signification  rituelle3,  en  même 
temps  qu'il  sert  de  limite,  une  slele  est  dressée.  El  c'est  alors  qu'une 
deuxième  invocation  est  adressée  au  dieu.  Des  paroles  sacramen- 
telles, magiques,  sonl  prononcées,  des  victimes  sont  sacrifiées,  des 

t.  Ualet  E,  roi.  I  (Thureau-Dangin,  Inicriptions  de  Su  mer  el  d'ikkod. 
p.  M-45). 

5.  Sur  un  enne  d'Kntemena.  il  cit  dit  expressément  que  relie  délimitation  ■ 
Mé  faite  par  la  parole  d'Enlil,  de  Ningirtu  ni  duo  autre  dieu  (Tbnreau-Dangin, 
/nirrj/idoni  dt  sumer  et  d'Akkad,  p.  OMS),  l.'inurriplion  dllatinatum  parlait 
atuai  d'un  orar.lo,  Mil  «llr  ett  interrompue  par  une  lacune. 

3,  Noua  pouvons  mppleer  sur  ce  point  le*  tacunei  (p.  78-10)  de  la  alèle  de* 
•autour*  (srice  à  l'inscription  d'Entemena,  qui  porte  :  t  Kannalum...  remil  en 
plai-r  la  alMe  df  M  ri  III. n  »  (p.  GS). 

4.  Tliureau-Dangin,  toc.  ni.,  p.  29  et  auiv. 

6.  Dans  te*  usage*  primitif*  de  beaucoup  de  peuple*,  la  terre  eit  ouverte 
pour  boire  le  aanx  de*  «ictiinei  ou  celui  même  de*  cojureur*.  Votet,  par 
«temple,  ta  .tojjo  irandluate  que  j'ai  cilér  dan»  met  Origine*  de  l'ancienne 
France,  l.  Il,  p.  139.  el  lea  vieux  rites  dei  Romain*  pour  l'aboroament  de» 
champ*  :  i  Cum  enim  terminoa  di*ponerenI  Ipso*  quldem  lapide*  in  lolldam 
terrain  tullocabint,  prutlme  h  loca  qulliu*  losil*  tactil  drluurl  nu,  erant, 
unguento  Telaniiaibutq.ua  et  coronl*  eos  cnronabanl  :  In  foui*  aulem... 
taenficto  facto,  etc.  >  fSJcalm  rïactu»,  lit  tondit,  aoror.). 


280  MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

imprécations  sont  lancées,  dont  l'effet  sera  fatal,  inéluctable,  par 
lesquelles  le  dieu  lui-même  sera  lié.  Son  grand  fllet,  son  arme  de  jet 
s'abattra  magiquement  sur  les  violateurs  ou  les  parjures,  comme 
répervier  sur  le  poisson4. 

Ces  rites  sont  renouvelés  à  plusieurs  reprises  à  l'adresse  de  toute 
une  série  de  dieux,  groupés,  associés  pour  la  protection  des  limites, 
comme  on  les  figurera  plus  tard  sur  les  koudourrous,  mais,  au  lieu 
d'armes  très  diverses,  nous  n'en  trouvons  ici  qu'une  seule  :  c'est 
toujours  le  grand  filet  vengeur s. 

Dans  une  inscription  un  peu  postérieure,  celle  du  cône  d'Entemena, 
l'effet  suit  la  menace.  Les  gens  de  Giâ-hu  ont  violé  la  parole,  encouru 
Tanathème,  ils  ont  renversé  la  stèle  consacrée,  franchi  la  limite  des 
champs,  et  aussitôt  s'abat  sur  eux  le  grand  filet  et  les  anéantit3, 
puis  les  rites  sont  accomplis  à  nouveau  et  de  nouvelles  malédictions 
proférées4. 

Ainsi  s'est  associée  étroitement  dans  l'imagination  chaldéenne  la 
vertu  magique  de  la  parole  avec  l'idée  d'un  filet  que  manie  celui  qui 
la  prononce  et  où  se  prend  celui  qui  la  viole5.  L'image  frappa  les 
esprits  et,  par  une  terreur  salutaire,  inculqua  le  respect  du  serment, 
protecteur  de  la  borne6,  protecteur  des  champs.  Elle  s'implanta  tant 


1.  c  Sor  les  hommes  de  Giâ-hu,  moi  Eannatum,  le  grand  filet  d'Enlil,  j'ai 
jeté;  j'ai  prononcé  nn  serment;  les  hommes  de  Giâ-hu  à  Eannatum  ont  pro- 
noncé on  serment;  an  nom  d'Enlil,  du  roi  du  ciel  et  de  la  terre,  dans  le  champ 
de  Ningirsu...  et  un  fossé  jusqu'aux  eaux  souterraines  fut  creusé  (lacune).  Qui 
parmi  les  hommes  de  Giâ-hu  reviendra  sur  cette  parole  et  dans  un  jour  à 
venir  contestera,  si  un  jour  cette  parole  ils  altèrent,  que  le  grand  filet  d'Enlil 
par  qui  ils  ont  prononcé  un  serment  Giâ-hu  abatte!  »  (Thureau-Dangin,  Inscr., 
p.  29-31). 

2.  Thureau-Dangin,  Inscr.,  p.  35  et  suiv. 

3.  «  A  la  parole  droite  de  Ningirsu,  guerrier  d'Enlil,  le  grand  filet  (divin) 
abattit  ;  des  tells  (funéraires)  dans  la  plaine  furent  établis  »  (p.  65). 

4.  «  Qo'Enlil  les  anéantisse,  que  de  Ningirsu  le  grand  filet  les  abatte  » 
(p.  69). 

5.  L'image  est  extrêmement  fréquente.  On  en  trouvera  un  exemple  dans  un 
fragment  d'hymne  à  Marduk,  cité  par  Maspero  au  t.  I  de  sa  belle  Histoire 
ancienne  de  VOrient  (p.  644)  :  c  Quand  ta  puissance  se  manifeste  qui  s'y  sous- 
trait. —  Ta  parole  est  un  filet  souverain  que  tu  déploies  au  ciel  et  sur  la  terre  ; 
—  il  s'abat  sur  la  mer  et  la  mer  se  retire;  —  il  s'abat  sur  la  plaine  et  les 
champs  mènent  grand  deuil.  »  —  Ce  qui  me  frappe  le  plus,  c'est  que,  dans  les 
plus  antiques  mythes  de  Babylone,  dont  les  fameuses  tablettes  de  la  création 
nous  ont  conservé  une  rédaction  qui  paratt  contemporaine  de  Hammourabi, 
l'arme  principale  avec  laquelle  Marduk  triomphe  de  Tiamat  n'est  autre  que  le 
filet  (sapant  =  êétu).  (Voyez  Tabl.  IV,  41,  95,  î  12,  etc.;  Winckler,  Keilin- 
schriflt.  Textuch,  Leipzig,  1903,  p.  119-120.) 

6.  La  borne  même  est  appelée  c  filet  »  [sa paru),  «  filet  dont  on  ne  sort  pas, 


M   CODK    DE    B1MHOC1AB1. 


2S) 


el  si  bien  que  nous  la  retrouvons  chez  les  Juifs1  et  peut-être  mémo 
chez  les  Grecs. 

Chacun  sait  que  le  dieu  qui,  chez,  eux,  présidait  au  serment  était 
Horcos,  lils  d'Ëris,  fils  de  h  discorde,  qui,  à  certains  jours, 
niellait  It-s  furies  en  mouvement  contre  les  parjures.  Sou  nom  a 
servi,  dès  lors,  à  désigner  le  serment.  Mais  s'est-on  enquis  suffisam- 
ment de  sa  vérilablc  origine?  Les  Grecs  la  rapportaient  à  la  racine 
Ep/.,  enfermer,  d'où  lp«î,  barrière,  clôture,  enceinte,  el  l'épithèlc 
d'Jpwto;.  donnée  à  Zeus,  prolecteur  de  l'enclos  domestique.  Et 
récemment  M.  Glotz  en  concluait  que  le  serment  (ïpxo;)  était,  dans 
son  sens  originaire,  une  «  barrière  >  morale  opposée  à  la  liberté  des 
paroles  el  des  actions  humaines1.  Cslce  bien  sur?  "Rpx  a  dû  signi- 
fier enfermer,  envelopper  avant  de  signilier  enclore*,  et  ëpw;  veul 
précisément  dire  filet,  filet  pour  prendre  les  bêles  fauves  ou  les 
oiseaux,  filet  pour  prendre  les  poissons.  *Opxs,-  ne  serait-il  donc  pas 
i  i  origine  \v  filet  magique  ou  le  dieu  enlaçait  le  parjure;  arme  de  jet 
primitive,  propre  a  saisir  simultanément  lous  ceux  qui  étaient  liés 
par  la  serment  collectif  ou  la  solidarité  familiale.  M.  Glolz  lui-même 
a  parfaitement  montré  dans  sa  remarquable  étude  que  le  serment 
constituait  une  opération  magique  accomplie  sur  des  pierres  sacrées', 
et  il  n'est  pas  douteux  que  le  filet  lient  une  place  extrêmement 
importante  dans  ta  mythologie  grecque.  Comme  chez  les  Chaldéens, 
il  est  en  connexité  avec  la  protection  religieuse  de  la  propriété,  avec 
le  caractère  sacré,  des  pierres,  avec  la  religion  du  serment*. 

Les  Chaldéens  quand  la  terreur  religieuse  du  serment  et  la  véné- 
ration de  la  pierre  et  de  l'écriture  sacrées  se  furent  affaiblies,  y  sup- 
pléèrent par  des  représentations  figurées  et  des  imprécations  magiques 
propres  à  animer  ces  figures  et  à  mettre  en  branle  les  armes  dont 


ilre»»*  rouir?  le  mal  I,  dan»  le»  Telles  magique*  (telle  dan*  Foasey,  la  Magi* 
aiMfrirnat,  p.  Ï78-379). 

I.  lUhirur,  ch«i>,  i,  rer*.  13-17. 

1,  Êttuttt  totiatet  el  juridiq un  tur  t'antiquttf  grtcyue,  Pari»,  1006,  p.  100. 

3.  Nou»  Iroiiiona  de  même  en  a-nyrirn  tv/iùru.  enceinte  île  tille,  i  côté  de 
tapant  (ou  tap/tm),  lllel. 

t.  (itudtt  citée»,  |>,  103  et  mit, 

■.  N>*t-c-e  pat  un  lait  ainRuliérement  frappent  que  l'objet  xaero-iaint  de 
Deljiliet.  le  alêne  même  de  l'oncle  était  une  pierre  truite  de  Tonne  ovoïde, 
rerouverte  d'un  fiUt  ?  (ri.  Dict.  de$  flnliouUei,  ■»  Omphatoi.  p.  198).  — 
•  i  l<nur  le»  pierre*  >ur  le*quelle«  le  prononçaient  le»  aennentt  le* 
plu*  redoutable»,  IVtlrle  de  Fr.  LenornaDl  (r*  Battflla),  el,  pour  ta  vertu 
magique  du  rili-t  dam  la  m tl h.. lotie  grecque,  la  belle  monojfrapble  de  M,  tilolx 
Wl  \Urdatl«  {Paria,  1304),  p.  il  et  aulr.  i  Par  aoa  emploi  juridique,  dit-il,  le 
filet  a  été  iacr*  inMrumenl  de  miracle.  • 


282  MÉLAJGB8  ET  DOCUVXJTS. 

elles  étaient  munies4.  Mais  l'époque  de  Maniâtu-su  n'en  était  pas 
encore  là,  et  l'on  peut  logiquement  admettre  que  son  obélisque  fut 
dressé  et  consacré  par  des  rites  analogues  à  ceux  de  la  stèle  des 
vautours. 

A  quel  moment  les  imprécations  ont-elles  été  inscrites  et  la  pré- 
sence des  dieux  manifestée  sur  la  pierre  même?  Nous  l'ignorons. 
En  tout  cas,  de  ce  que  nous  n'avons  pas  de  kudurru  contem- 
porain de  Hammourabi,  ni  placé  entre  lui  et  les  inscriptions  de 
Lagaâ,  il  est  clair  qu'on  ne  saurait  conclure  à  une  solution  de  conti- 
nuité. Le  développement  naturel  devait  conduire,  au  contraire,  de 
la  stèle  de  Mesilim,  attestant  la  délimitation  faite  par  les  dieux  en 
personne,  aux  kudurru  kassites,  de  même  que  ceux-ci,  à  leur 
tour,  donnèrent  naissance  au  simple  duppu  (contrat)  et  à  la  pierre- 
borne  ordinaire.  La  protection  divine  ou  magique  n'est-elle  pas  par- 
tout visible  ou  sous-entendue?  Pas  plus  que  ses  prédécesseurs,  l'État 
du  temps  de  Hammourabi  n'a  songé  à  s'en  passer,  et  du  prologue  à 
l'épilogue,  à  travers  le  Gode  entier,  elle  se  laisse  suivre  à  la  trace.  La 
conception  du  droit  est  restée  toute  religieuse.  C'est  du  dieu  que 
toute  justice  émane,  c'est  devant  le  dieu,  tnahar  t/tm,  que  toute  action 
judiciaire  doit  être  portée. 

IV. 

Les  kudurru,  dont  je  voudrais  maintenant  mettre  en  relief  le 
caractère  sacré,  apparaissent  donc  comme  le  point  d'arrivée  d'une 
longue  évolution  où  la  protection  religieuse  de  la  propriété  domine, 
en  même  temps  que  cette  propriété,  —  ce  sera  un  second  point  à 
étudier,  —  est  familiale  ou  tribale. 

Dans  aucun  de  ces  monuments,  le  rôle  protecteur  des  bornes  sacrées 
n'est,  à  mon  sens,  mis  avec  plus  de  force  et  de  précision  en  lumière 
que  dans  le  koudourrou  du  roi  Melisihu  (4  \ 44-4  \  29) a;  nulle  part 
non  plus  ne  se  fait  jour  plus  clairement  l'analogie  singulière  entre 
la  propriété  ainsi  protégée  et  sauvegardée  et  la  sauveté  de  notre 
moyen  âge3. 

1.  Voyez  sur  ces  figures  les  deux  études  de  M.  de  Morgan  dans  Mémoires  de 
la  Délégation  en  Perse,  1. 1  (1900),  p.  165  et  suiv.;  t.  VII  (1905),  p.  137  et  suiv. 
—  Je  parlerai,  dans  une  seconde  étude,  des  réserves  que  j'ai  à  faire  sur  l'article 
qu'a  publié  récemment  M.  Cuq,  sous  le  titre  :  la  Propriété  foncière  en  Chai- 
dée  d'après  les  koudourrous  du  musée  du  Louvre  (Nouv.  rev.  hist.  de  droit, 
nov.-déc.  1906). 

2.  Publié  par  M.  Scheil,  Mémoires  de  la  Délégation  en  Perse,  t.  II,  p.  99  et  suiv. 

3.  Voyez,  sur  la  sauveté,  mes  Origines  de  l'ancienne  France,  t.  Il,  p.  171 
et  suiv. 


LE  CODE   DE    HlHÏOClUei.  283 

La  sauvclé  chez  nous  emportait  immunité;  do  même  emporte 
immunité,  chez  les  Chaldéens,  la  propriété  garantie  par  leurs  dieux. 
La  concordance  des  termes  mêmes  est  frappante.  L'expression 
znkùtv,  zuH  correspond  exactement  à  la  libtrtas  de  nos  chartes 
de  franchise  et  d'immunile. 

L'usurpation'  contre  laquelle  le  dieu  doit  protéger  n'est  pas  seule- 
ment la  prise  de  possession  totale  ou  partielle  du  sol  par  déplacement 
de  bornes  [i*n,  fossés,  miira,  limites,  kudurra,  bornes).  On  prévoit 
surtout  aussi  l'intrusion  soit  des  officiers  royaux,  soit  des  fonction- 
naires du  clan  ou  de  la  tribu,  dont  le  domaine  jusque-là  dépen- 
dait. Contre  les  uns  et  les  autres,  le  territoire  doit  être  immutie. 
Il  leur  est  interdit  d'y  pénétrer  [erebu]  pour  y  exercer  leur  autorité 
iptAittv*),  d*y  prélever  des  redevances  ou  lever  des  contributions 
im.siW«,  kistata*),  d'exiger  des  hommes  qui  l'habitent  presta- 
tions, corvées,  services  d'aucune  sorte'. 

Nos  sauvetés  du  moyen  âge  devaient  défendre  la  liberté  des  terres 
contre  rétablissement  de  coutumes  injustes,  de  malat  conaveludines,. 
Les  koudourrous  défendent  de  même  de  convertir  les  terres  franches 
en  terres  Lributiiras*,  d'établir  des  services  coutumiers  nouveaux  ou 
d'en  faire  revivre  qui  fussent  tombés  en  désuétude6. 

Les  hommes  du  domaine  ne  peuvent  être  contraints  de  sortir  du 
territoire  ni  en  vertu  d'un  ordre  royal,  ni  par  ordre  du  clan  ou  de  la 


t.  Elle  est  désignée  pnr  le  verbe  topélu,  tab'ilu,  qui  veut  dire  saisir.  enlever. 

t  Vojei  I  'l(ipnâilnfl  III  H.  ih.  n*  2)  au  kudurra  de  Marduk-nidin-ahé,  publie 
par  Belsef  (Beifrfloe,  I.  Il,  p.  135). 

3.  La  formule  habiluellc  est  nixtrta,  k  usa  la  ina  eklt  k/lnu.  Belser  l'a  tra- 
duite, avec  l'a ppro ballon  d»  Orlitiseh,  <  faire  des  amoindrissements  ou  des  mot- 
rellemcnli  dans  le  champ  i>,  re  qui  ne  «eut  pas  dire  grand 'chose,  M.  Scheil 
me  parait  bien  plus  près  de  ta  vérilé  en  traduisant  :  ■  Imposer  une  dlme,  un 
prélèvement  sur  le  ebamp  >  (Kudurru  de  Piaiimarultaâ,  Mémoire*  t.  il 
p.  «S;  de  MellMlhu,  Ibtd.,  p.  IUI|.  rVli'ofu  venant  de  çasOiu,  couper,  .'t  nUlKU 
de  naidru,  qui  h  un  sens  analogue,  noua  avons  presque  l'équivalent  de  noire 
mol  Inillr  du  moyen  âge. 

t.  Les  «pressions  générales  sont  ilullu  el  dupilkhu.  dont  la  première  me 
parait  désigner  surtout  le  service  des  hommes  libres  ou  semi-libres,  et  l'sulre, 
précédé*  d'ordinaire  it'ultu  (r  haine?,  corbeille  T),  la  travail  des  esclave*.  Dana 
le  détail,  nous  trouvons  :  la  sarde  {inûkku),  —  probablement  la  défense  des 
ville»  fortifiée*,  en  vur  dr  Uipn-lle  dri  contingenta  (Jitaifii.i  étaient  levés,  — 
le  charroi,  la  construction  ou  réfection  des  ponla  et  des  r.betniu*,  les  travaux 
d'irrigation  et  d'end ipiemrnt,  rlr. 

5.  La  formule  est  :  Zak.itm  tfteu  ans  ilki  tribu  (Kad.  de  Uelliihu* 
p.  1W-105) ,  liltéralement  ■  faire  rentrer  dana  le*  tribots  les  franchise* 
octroyée*  i  (U*u), 

li.  Kud.  du  Meliiihu,  p.  103. 


284  MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

Iribu1,  et  cela  quelle  que  soit  leur  qualité,  simple  cultivateur  ou 
ouvrier  (kâttinu),  ancien  (asib)  ou  conseiller  du  village3. 

L'immunité  englobait  donc  la  juridiction,  donnait  naissance  à  une 
justice  privée,  puisque  les  fonctionnaires  étrangers  ne  pouvaient 
pénétrer  sur  le  domaine,  et  qu'en  fiait,  comme  je  le  prouverai  ailleurs, 
c'était  dans  les  temples,  par  les  prêtres  du  dieu  local  et  avec  le 
concours  des  anciens  de  la  localité,  que  la  justice  était  rendue. 

Gomme  dans  nos  chartes  d'immunité,  le  souverain  qui  établit  la 
franchise  la  garantit  contre  lui-même  et  contre  ses  successeurs, 
contre  ses  propres  agents  ou  officiers  aussi  bien  que  contre  les  fonc- 
tionnaires seigneuriaux,  la  seigneurie  ici  étant  représentée  par  le 
clan  ou  la  tribu. 

Nos  sauvetés  du  moyen  âge  étaient  gardées  par  des  croix  ou  par 
des  bornes  qui  portaient  le  nom  du  saint  ou  son  image,  son  mono- 
gramme ou  son  emblème  (crosse,  etc.).  Les  sauvetés  chaldéennes  le 
sont  par  les  koudourrous,  où  sont  inscrits  les  noms,  sculptés  les 
emblèmes  et  les  armes  des  dieux  protecteurs,  parfois  aussi  la  figure 
sous  laquelle  on  se  représentait  la  divinité  elle-même.  Et  dans  les 
croyances  populaires  il  n'est  pas  douteux  que  la  similitude  allât  plus 
loin.  Chez  nous,  c'est  la  statue  du  saint  qui  opère  directement  des 
miracles,  c'est  elle  que  le  solliciteur  prend  à  partie,  jusqu'à  l'acca- 
bler d'injures  et  la  rouer  de  coups  quand  son  vœu  n'est  pas  exaucé1. 
Chez  les  Ghaldéens,  où  la  magie  et  la  religion  sont  inséparables,  il 
en  est  ainsi  à  plus  forte  raison4. 

La  présence  de  toutes  les  divinités  qu'on  redoute  le  plus  est 
attestée,  réalisée  par  leurs  images  sculptées.  Il  suffira  alors  de  les 
conjurer  une  fois  pour  toutes  parles  formules  imprécatoires  inscrites 
sur  la  pierre  même,  —  faisant  corps  avec  elle,  bien  plus,  faisant  corps 

1.  Kod.  de  Meliâihu,  p.  102. 

2.  M.  Scheil  traduit  kâttinu  par  hôte,  hotpes,  par  contraste  avec  asib,  où 
il  voit  l'habitant  fixé  à  demeure.  Mais  asib  peut  très  bien  être  une  forme  de 
sitm  (voyei  Delitzsch,  H.  W.,  p.  652)  et  désigner  l'ancien  du  village,  que  nous 
trouvons  mentionné  fréquemment  dans  les  textes,  et  déjà  dans  l'obélisque  de 
Maniâtu-su.  Pour  le  kâttinu,  on  songe  tout  naturellement  à  kâtu  (main).  — 
Les  conseillers  [ameluii  sa  terni  su)  paraissent  une  espèce  de  judiees  privati, 
car  la  même  qualification  sert  à  désigner  ailleurs  les  fonctionnaires  du  clan  ou 
ceux  du  roi. 

3.  Voyex  l'exemple  que  j'ai  cité  dans  les  Origines  de  C  ancienne  France, 
t.  I,  p.  442. 

4.  Imprécations  terribles  et  répétées  contre  celui  qui  fait  c  enlever  la  pierre,  la 
fait  jeter  à  l'eau  ou  au  feu,  cacher  en  terre,  maçonner  dans  les  briques,  empri- 
sonner dans  un  mur,  mutiler,  endommager,  ruiner,  anéantir  »,  et  emploie  à 
cette  besogne,  pour  se  soustraire  à  la  vindicte  divine,  un  inconscient  ou  un  fou. 


LE   CODE   DE   fllVXOCKlRI.  285 

:  l'image  des  dieux,  —  pour  que  tout  violateur  de  la  propriété,  con- 
sacrée par  cette  présence,  porte  la  peine  instantanée  de  son  forfait, 
pour  que  toutes  les  calamités  s'abattent  fatalement  sur  lui,  en  vertu 
de  la  conjuration  magique  qui  les  énumère  et  qui  lie  les  dieux.  De  II 
ces  expressions  si  énergiques,  si  réalittet  par  lesquelles  les  kou- 
tlourrous  menacent  des  regards  irrités  des  dieux*,  de  l'emploi  des 
armes  dont  la  pierre  porte  la  ligure1,  des  malédictions  irrémissibles3 
qu'elle  émmèn  M  qui  ne  manquent  jamais  le  coupable'. 

La  présence  réelle  des  dieux  est  aussi  évidente  dans  les  kou- 
dourrous  que  dans  leurs  temples  ou  dans  les  statues  animées  de 
l'Egypte.  C'est  en  présence  de  isamas,  de  Marduk,  d'Anunit  que 
Miilisilni  écrit  ses  volontés  sur  la  stèle  et  la  dresse  sur  le  champ 
qu'elles  concernent1.  C'est  dans  des  termes  dontleseus  littéral,  trop 
■flUbll  par  les  traducteurs,  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  réalisme 
que  les  dieux  sont  conjurés  :  *  Que  tous  les  grands  dieux  qui  existent 
dans  celte  pierre*,  dont  les  armes  s'y  révèlent7,  dont  la  demeure  y 
est  visible  ou  fixée*,  dont  les  figures  j  sont  incrustées',  frappent  de 
calamités  inéluctables,  etc.  ■ 


1.  Littéralement  :  i  leurs  races  irritées  s,  Mil  iitvti. 

î.  Elle*  figurent  parfois  dans  tes  imprécations  en  même  temps  que  la  sculpture 
Im  représente.  Cf.  Kul   île  Naiiinar..  Mémoire*,  t.  Il,  p.  90-01. 

3.  Arrat  la  napititi  l'Knd-,  publie  par  Relser,  Beilragt,  1.  11.  p.  126;  Kud. 
d«  Uetisihu,  p.  lui),  etc.). 

I.  Mémoires  de  la  Délégation  en  Perte,  t.  II,  p.  110-tll. 

5.  fbid.,  p.  104.  106.  107. 

6,  La  formule  eut  :  •  Dont  Iw  nom*  sont  nommé»  (jium-sunti  tflkru)  lian» 
celle  pierre  (tM  eli  narie  annt)  »  (Mémoires,  L  II,  p.  89,  110;  Beiirflge,  I.  Il, 

Or,  le  mus  rigoureux  de  Mina  sakdru  e*l  cziitcr  (DellUscb,  11.  W  , 
1  i  u>te  quand  un  est  nommé.  La  formule  relient  donc  i  dire  que 
lei  dieui  sont  présent  s  dans  la  pierre  parre  qu'ils  simt  nommés.  Le  mltne 
phénomène  se  produit  par  l'invocation  ou  la  conjuration,  car  Huma  navii 
(appeler  le  nom)  =  éditer  (DelilMrb,  11.  W.,  p.  141}.  ,Vani  est  la  stèle  de 
pierre,  par  opposition  à  tt  m-' m. tn[n\u,  la  brique.  J«  noie  comme  voisins  Ifs 
termes  ntrrdru,  protéger,  nararu,  protecteur. 

T.  nu/iumu  ligniiie  •  faire  voir,  et Liber,  faire  montre  de,  faire  apparaître  >. 

S.  11.  Scbeil  a  traduit  i  dont  les  siégea  sont  représentés  s.  En  réalité,  ivblu 
veut  dire  t  demeure,  domicile  •  (par  exemple  dans  le  Code  de  llammourahi, 
demeura,  domicile  du  mari,  I  171) |  d'aulre  part,  ai  ndd-i  est,  comme  l'a  admis 
très  Justement  M.  Scbeil,  une  forme  courante  du  verbe  ittii,  voir,  faire  voir, 
nous  avons  une  expression  parfaitement  synonyme  de  celle  qui  est  employer, 
pour  le*  arme*.  Je  me  demanda  seulement  si  l'on  ne  pourrait  pas  donner  kl 
la  préférence  au  verbe  aitù.  qui  signifie  <  nier,  établir  légalement  »  (DellLuch, 
II.  W.,  p,  33Î), 

9.  Littérale  ment  :  ■  formées  ■  {lafuru).  —  Est-ce  par  rencontre  forluile  que 
t'borooavma  Auixrtu,  image  (Delituch,  II.  W.. p.  309), signiûe  ban,  tien  fatal, 
et  soit  désigné  par  le  mémo  idéogramme?  [DeliUatb,  II.  W.,  p.  ni) 


286  WÉLASGIS  ET  DOCUMIHK. 

Et  la  pierre  elle-même  est  appelée  à  l'existence,  devient  une  per- 
sonne animée,  puisqu'elle  reçoit  un  nomy  signe  de  vie  que  ni  les 
constructeurs  de  temple,  ni  les  consécrateurs  de  statues  ne  manquent 
jamais  d'imprimer  à  leur  œuvre. 

Un  de  ces  noms  surtout  est  remarquable,  c'est  celui  du  koudour- 
rou  de  Nazimaruttaà  :  «  Cette  pierre  est  nommée  :  Nabû,  garde 
(nasir),  la  borne  (kudurru)  des  champs4.  » 

Nabû  est,  en  effet,  soit  sous  son  nom  ordinaire,  soit  sous  celui  de 
Ninib,  le  protecteur  par  excellence  des  koudourrous,  le  seigneur  des 
limites  et  des  bornes,  bel  tnisri  u  kudurri,  titre  que  les  rois  de  Baby- 
lone  lui  ont  emprunté  en  s'appelant  Nebukadnezar  (Nabuchodono- 
sor*).  El  pourquoi  l'est-il?  Parce  qu'il  est  à  la  fois  le  messager  des 
dieux  et  le  dieu  des  scribes,  le  dieu  de  l'écriture,  celui  qu'Assurbani- 
pal  regardera  comme  l'auteur  de  toute  la  production  livresque  qu'il 
fera  recopier  (Sagesse  de  Nebo),  parce  qu'il  est  aussi  l'auteur  de  tout 
lien  rikis  kalama1,  ce  qui  peut  se  rapporter  à  la  fois  au  lien  magique, 
base  du  contrat,  et  au  lien  familial  (kimu),  base  de  la  propriété  col- 
lective. Sa  vindicte,  dès  lors,  pour  protéger  les  koudourrous,  dont  la 
garde  lui  est  confiée,  s'attaque  aux  bornes  et  aux  limites  personnelles 
de  l'usurpateur  :  «  Qu'il  les  renverse,  qu'il  les  détruise,  qu'il  les 
foule  aux  pieds4.  » 

V. 

Le  rapprochement  avec  les  institutions  du  moyen  âge  n'est  pas  le 
seul  qu'éveillent  dans  l'esprit  les  koudourrous  chaldéens  II  en  est 
un  autre  qui,  à  la  différence  du  précédent,  pourrait  impliquer  même 
une  certaine  filiation,  je  veux  dire  le  rôle  juridique  des  pierres  sacrées, 
leur  emploi  comme  bornes  chez  les  Grecs. 

L'animisme  appliqué  aux  pierres  apparaît  partout  dans  la  Grèce 
primitive.  Ici  c'est  Zeus,  là  Apollon,  ici  Eros,  là  Artherais,  fréquem- 
ment Hermès,  qui  sont  non  seulement  représentés  par  la  pierre, 
mais  identifiés  avec  elle.  La  pierre  fruste  est  ointe  d'huile,  envelop- 
pée de  bandelettes,  ceinte  de  couronnes  ou  de  guirlandes,  adorée 
comme  si  elle  était  le  corps  de  la  divinité  elle-même.  Les  Grecs  ont 
conservé  dans  leur  langue  un  mot  dont  ils  avaient  oublié  l'origine  et 
qui  exprime  l'idée  chaldéenne  du  koudourrou,  siège  de  la  divinité. 

1.  Mémoires  de  la  Délégation  en  Perte,  t.  II,  p.  91. 

2.  Nebukadnezar  =  Nabu  kudurru  ti$tir  {nature  Nabu  qui  maintient  ou 
protège  les  kudurru,  dès  lors  les  frontières  et  les  pays. 

3.  Delitzscb,  H.  W.,  v  riksu,  621. 

4.  Kud.,  publié  par  Belser,  p.  126  et  note,  142. 


LE   COIII    lit   H.tMHOCËAII. 


287 


C'est  le  mol  [JairA;;,  simple  transcription  du  mot  sémitique  Beith-El 
iBIt-i/i,  demeure  de  Dieu,  nom  habituel  du  leraple  chaldéen),  qu'il- 
lustre si  narrai temeut  l'histoire  du  songe  de  Jacob'. 

Voici  maintenant  Hermès.  Les  interprétations  les  plus  contradic- 
toires sont  nées  à  son  sujet.  Pour  les  uns,  il  est  la  personnification 
des  révolutions  du  ciel,  pour  d'autres,  le  dieu  de  la  génération,  pour 
une  école  plus  récente,  le  dieu  du  vent,  etc.  La  clef  de  son  origine  ne 
se  trouverait-elle  pas  tout  simplement  dans  sa  ressemblance  avec 
Nabù?  f.elui-ci  est  le  (Ils  de  Uel-Marduk,  du  grand  dieu  du  ciel, 
comme  Hermès  le  fils  de  Zeus.  H  est  personnifie  par  la  pianote  la 
plus  rapprochée  du  soleil,  précisément  Hermès-Mercure,  celle  dont  la 
révolution  est  la  plus  rapide.  Nabù  est  le  dieu  qui  appelle,  qui 
nomme  (mM),  le  maître  de  la  parole;  Hermès  lest  aussi,  c'est  lui 
qui  donne  à  la  première  femme  Pandore  et  son  nom  et  sa  voix*. 
Nabû  est  le  messager  des  dieux,  porteur  do  leurs  ordres,  des  tablettes 
t  sont  inscrits  les  destins  et  ou  il  les  inscrit  lui-même.  Il  est  des 

i  le  maître  de  l'écriture,  le  patron  des  scribes.  Hermès  est  le 

raut,  le  porte-parole  *r,p;  des  dieux1,  il  est  le  Aé^ioî,  il  incarne  la 
parole  magique  a  laquelle  nul  n'échappe. 

Nabù  est  le  dieu  de  la  germination,  de  la  végétation.  Hermès  a  eu 
pour  emblème  le  phallus  et  la  gerbe  d'epis.  Nabù  rend  des  oracles, 
comme  porteur  de  la  parole  divine.  Hermès  préside  à  la  divination 
bjifq  par  les  emlOnix  (Optai),  parce  qu'Apollon  lui  a  soumis  les  trois 
vierges,  maîtresses  des  sorts  rustiques  (Msïpat1).  Et  le  ravisseur  des 
troupeaux  eu  devient  ainsi  le  protecteur.  Il  est  le  gardien  nocturne', 
Il  veille  aux  portes*.  Comme  Nabù  est  le  seigneur  des  koudourrous, 
Hermès  est  le  seigneur  des  àp-fc  aîOoi  et  des  fcf  juu.  Il  est  le  dieu  des 
champs,  STyps-rrip7,  le  dieu  des  termes,  fannputtc*.  Il  est  par  excel- 
lence l'apfii'favTr,;,  le  dieu  qui  se  manifeste  par  Vargoi*.  N'est-ce  pas 

t.  >  Kl,  lorsque  Jacob  m-  réveilla  tic  son  sommeil,  il  dit  ;  Certes,  l'ËIrrnel 
est  ea  c*  lieu-ci,  Mn»  que  Je  l'aie  su!  ...  Il  prit  la  pierre  dont  il  s'était  sent 
coronio  de  cheirl,  et  l'érigé*  en  un  uniment ,  et  rersa  de  l'huile  dessus,  ri 
appela  ce  lieu  HClli-KI  ..  Et  celte  pierre  que  )'*i  érigée  en  mou  uni  eut  sera  une 
demeure  de  Dieu  *  (6ml»*  l    XXVlll,  p    11-18;  trad.  Items,  t.  I,  p.  389}. 

■>,  Hésiode,  tl.ucret  et  jourt,  i   IMDi 

3.  Hésiode,  Ibtd. 

4.  Hymne  bnmrriqu*  1  Hernie»,  V.  il'J  et  tul». 

b.  Njiii;  inwinvtripa  (drapai,  une  de*  tonnes  d'ipé»)  (/Met.,  t.  15). 

5.  LMisWmi  iit-<i(wi,  m  charger  Uej  \l'nd.). 

7.  Euripide  Kleclre,  »,  4M. 

■■■■  leiM*  cités,  Dictionnaire  de»  «ntifuMi,  t"  /fermai,  p.  131. 
II.  L'cpllbils  apru'favrr,,-,  fréquente  dans  Homère,  a  eir  traduite  4  tort  par 
■   r.ifurlri.  r  .l'Arniiî  >.  Elle  me  parait,  de  mémo  que  le   mjlbe   d'Ardus,  en 
il  ITM  Vtiryot  lilhai.  Ujq»  le  principe,  Argus  n'a  pai  mille  jeux, 


288  M^LAÎfCRS  BT  DOCUMENTS. 

lui  que  personnifie  Yargos  lilhos  quand  il  affecte  la  forme  conique 
ou  ovoïde  du  phallus?  De  nombreux  témoignages  nous  le  montrent 
sous  cette  forme 4 .  Pausanias  Ta  vu  de  son  temps  encore  adoré  ainsi  à 
Cyllène  en  Elide*  et  représenté  par  une  pierre  grossière  dans  son 
propre  temple  d'Hyette  en  Béolie3. 

A  leur  forme,  leur  couleur  (d'ordinaire  noire),  leur  provenance 
(souvent  des  aérolithes),  ces  argoi  empruntaient  leur  caractère  sacré. 
Ils  étaient  des  demeures  du  dieu,  des  béthyles.  Et  j'estime  que 
l'opoç  primitif  ne  fût  pas  autre  chose.  C'est  à  peine  s'il  diffère  par  le 
nom  d'un  argos  panoptès* . 

Dans  le  combat  des  dieux  que  décrit  Homère  au  XXIe  chant  de 
Y  Iliade,  Minerve  lance  à  la  tète  de  Mars  un  5poç  (oupoç)  qui  le  ren- 
verse tout  du  long  sur  le  sol.  Et  voici  ce  qu'est  cette  arme  de  jet 
improvisée  :  «  Une  pierre  noire,  fruste,  énorme,  que  les  premiers 
hommes  avaient  placée  pour  borne  (oopoç)  d'un  champ5.  » 

Au  chant  XXII,  le  mot  oupoç  reparaît  dans  le  verbe  dhcoupiu,  et, 
fait  notable,  non  pas  seulement  avec  l'acception  d'aborner,  mais  au 
sens  même  d'acquérir  la  propriété6. 

Exactement  comme  les  koudourrous,  pierres  sculptées  et  ornemen- 
tées {asûmêtu),  avaient  succédé  chez  les  Ghaldéens  aux  simples  obé- 
lisques ou  aux  pierres  phalliques,  de  même  chez  les  Grecs  les  Hermai 
succédèrent  aux  argoi  et  aux  oroi  primitifs.  C'est  certainement  à  cette 
substitution  que  fait  allusion  Pausanias  quand  il  remarque  que  les 
argoi  lithoi  étaient  pour  les  Grecs  des  premiers  temps  l'objet  de  la 
même  vénération  dont  jouirent  plus  tard  les  monuments  figurés 
(àxaXjjuzTa7).  Et  rien  prouve-t-il  mieux  que  la  multiplication  infinie,  la 

mais  trois  ou  quatre,  et,  s'il  a  été  tué  par  Hermès  ao  moyen  d'une  pierre, 
c'est  que  V kermès  s'est  substitué  à  Yargos. 

1.  Cf.  Dictionnaire  des  antiquités,  r  Mercurius,  p.  1803,  note  21. 

2.  Pausanias,  VI,  26,5. 

3.  Pausanias,  IX,  24,3. 

4.  "Opoç  dérive,  selon  moi,  d'6paa>,  d'où  opopuxi,  veiller,  et  sous  la  forme 
ionienne  o&poç,  qui,  dans  Homère,  est  employé  tour  à  tour  au  sens  de  pierre- 
borne  et  de  gardien  ou  protecteur. 

5.  Iliade,  XXI,  v.  403  et  suiv.  —  On  serait  même  tenté  de  croire  que,  si  le 
formidable  Mars  (son  corps  recouvrait  sept  arpents)  fut  jeté  à  bas  si  preste- 
ment par  la  main  d'une  déesse,  c'est  que  la  pierre  elle-même  était  douée 
d'une  vertu  vengeresse.  Pallas  ne  triomphe-t-elle  pas  en  s 'exclamant  :  c  Insensé, 
les  Erinnies  ont  réalisé  contre  toi  les  imprécations  que  ta  mère  a  proférées 
quand  tu  as  trahi  ta  foi.  » 

6.  Iliade,  XXII,  v.  489. 

7.  Pausanias,  VII,  22,4  :  c  Ta  Si  ht  naXatorcpa  xal  toÎç  naaiv  "EXXrjai  Tijjiaç 
Ô£û>v  àvr\  àyaXjxdcTa>v  elxov  àpyol  Xfôoi  »  (Dictionnaire  des  antiquités,  v*  Argoi 
lithoi,  p.  413,  note  4}. 


LB  CODE  DE  BAMM0URAII.  289 

vogue  immense  des  Hermai,  la  profondeur  et  retendue  des  racines 
qu'avait  poussées  dans  l'antique  Hellade  le  culte  du  dieu  protecteur 
des  bornes,  dont  j'ai  cru  entrevoir  le  prototype  dans  le  Nabû  chal- 
déen? 

Les  développements  qui  précèdent  et  les  conclusions  qu'on  en 
peut  tirer  ne  sauraient  infirmer  en  rien,  tout  au  contraire,  la  thèse 
exposée  avec  tant  d'éclat  par  Fuslel  de  Coulanges,  que  c  trois  choses 
ont  eu  entre  elles,  à  l'origine,  un  rapport  manifeste  et  paraissent 
avoir  été  inséparables  :  la  religion  domestique,  la  famille,  le  droit  de 
propriété  »4.  Cette  proposition,  sauf  la  réserve  que  je  vais  foire,  je 
la  crois  la  vérité  même.  Elle  se  vérifie  et  pour  la  protection  de 
la  demeure  par  des  divinités  domestiques,  et  pour  les  champs  eux- 
mêmes  où  certains  koudourrous  conjurent,  à  côté  des  grands  dieux, 
le  lamassu  du  propriétaire.  Seulement,  le  caractère  sacré  de  la  pro- 
priété familiale  n'est  qu'une  manifestation  du  culte  plus  général  de 
l'animisme  magique.  Ce  culte  a  pu  servir  aussi  bien,  et  il  a  servi,  en 
réalité,  à  constituer  la  propriété  individuelle  aux  dépens  de  la  pro- 
priété familiale.  C'est  la  fin  principale  qu'ont  en  vue  les  kudurru 
kassites  et  que  devait  viser  déjà  l'érection  rituelle  de  l'obélisque 
de  Manistu-su.  Elle  fut  longue  à  atteindre,  car  il  ressort  de  ces  monu- 
ments, séparés  par  un  si  long  intervalle,  qu'au  v*  millénaire 
av.  J.-C.  la  propriété  du  sol  était,  avant  tout,  familiale  et  tribale 
en  Chaldée  et  qu'elle  l'était  encore  deux  à  trois  mille  ans  plus  tard. 
Tel  est  le  point  d'histoire  que  je  voudrais  considérer  de  plus  près 
dans  l'étude  qui  fera  suite  à  celle-ci. 

Jacques  Flach. 

1.  La  Cité  antique,  Imre  H,  ehap.  vi,  p.  69  (éd.  1866). 


Hsv.  Hiitob.  XCIV.  2<  fasc.  19 


290  WÉLAUGIS  IT  DOCUMENTS. 


LA  QUESTION  DES  FAUSSES  DÉCRÉTALES, 


A  vingt  ans  de  dislance,  H.  Paul  Fourrier  <  a  éprouvé  le  besoin  de 
mettre  au  point  le  mémoire  sur  les  Fausses  Décrétâtes  qu'il  avait 
publié  dans  la  Nouvelle  Revue  historique  de  droit.  Aussi  bien  la  polé- 
mique au  sujet  de  la  provenance  et  de  la  date  de  composition  n'avait 
point  cessé  d'être  active  depuis  4  887,  et  il  était  bon  qu'un  travail  d'en- 
semble épargnât  au  public  la  lecture  de  trop  nombreux  articles  en 
lui  exposant  clairement  les  arguments  en  présence.  Il  est  superflu 
d'ajouter  que  Fauteur  s'est  on  ne  peut  mieux  acquitté  de  celte  tâche. 

En  ce  qui  concerne  la  patrie  des  Fausses  Décrétâtes,  voici  quelles 
sont  ses  conclusions  (p.  83)  :  «  4°  Les  Fausses  Décrétâtes  conviennent 
à  la  situation  de  la  province  de  Tours,  entre  846  et  852,  mieux 
qu'à  la  situation  d'aucune  autre  province;  2°  à  l'époque  de  la  rédac- 
tion des  Fausses  Décrétâtes,  Isidore  ou  un  de  ses  associés  rédige 
dans  la  région  mancelle  des  apocryphes  destinés  à  servir  les  inté- 
rêts de  l'église  du  Mans  ;  ces  apocryphes  portent  la  marque  de  l'ate- 
lier isidorien.  —  Donc,  c'est  dans  la  province  de  Tours,  au  Mans 
ou  aux  environs  du  Mans,  qu'il  faut  placer  l'auteur  ou  les  auteurs 
des  Fausses  Décrétâtes,  puisque  c'est  là  seulement  qu'à  la  même 
époque  nous  retrouvons  des  traces  de  leur  activité.  » 

Je  persiste  à  croire  que  la  thèse  mancelle  est  erronée.  Je  consi- 
dère comme  particulièrement  insoutenable  l'opinion  d'après  laquelle 
l'auteur  des  Fausses  Décrétâtes  aurait  entrepris  son  œuvre  pour 
remédier  aux  maux  que  le  schisme  de  Nominoé  causait  à  l'église 
franque  en  général  et  spécialement  à  la  province  de  Tours  (p.  72). 
Un  faux,  surtout  un  ensemble  de  faux  comme  le  recueil  du  pseudo- 
Isidore, ne  se  fabrique  pas  sans  but.  Il  y  a  quelqu'un  qu'on  veut 
convaincre.  En  l'espèce,  qui  visait-on?  Nominoé  avait  brutalement 
dépossédé  en  848-849  les  évêques  de  Dol,  Vannes,  Quimper,  Léon, 
après  un  simulacre  de  jugement.  Il  prétextait  qu'ils  étaient  coupables 
de  simonie,  mais  le  prétexte  ne  trompa  personne  :  les  prélats  con- 
damnés, puis  expulsés,  n'étaient  pas,  en  réalité,  assez  dociles  et  ne 
se  prêtaient  pas  aux  visées  du  duc  des  Bretons  qui  voulait  se  séparer 
de  la  Gaule  aussi  bien  religieusement  que  politiquement,  briser  les 

1.  Paul  Fou  mie r,  Étude  sur  les  Fausses  Décrétâtes.  Louvain,  1907,  in- 8% 
121  p.  (Extrait  de  la  Revue  d'histoire  ecclésiastique,  t.  VII  et  VIII.) 


U    BnmM    l>IS   riCSSIS   DMiaXTUES.  291 

liens  qui  Attachaient  à  Tours  les  diocèses  armoricains  el  foire  de  Dol 
la  métropole  de  son  État.  Blait-il  besoin  de  fabriquer  une  masse  de 
Cuisses  décrelale*  pour  démontrer  ijue  les  procèdes  de  Nominoé  étaient 
intolérables?  Persuaderqui?  Le  roi  des  Francs? Son  clergé  ?  La  papauté? 
Mais  tous  étaient  profondément  indignés  de  l'audace  du  breton.  Tous 
la  condamnèrent  solennellement,  et,  pour  ce  faire,  nul  besoin  d'avoir 
recoursa  des  textes  apocryphes.  Reste  l'usurpateur  lui-même.  C'est 
vraiment  a  lui  seul  qu'il  fallait  s'adresser  si  l'on  voulait  réussir. 
Hais  croit-on  que  le  recueil  du  pseudo-Isidore,  fût-il  dix  fois  plus 
gros  encore,  eût  pu  toucher  l'homme  intraitable  qu'était  Nominoé? 
Il  agissait  illégalement,  et  il  le  savait,  ou  plutôt  il  créait  le  droit  par 
la  force,  ce  qui  faillit  réussir,  puisque  Tours  n'eut  gain  de  cause  que 
trois  siècles  et  demi  plus  lard,  eu  Ht*.  I^n  vérité,  parmi  les  hypo- 
thèses que  l'imagination  des  érudils  peut  enfanter,  celle-ci  est  des 
plus  invraisemblables'. 

Très  supérieure  est  l'aLLique  dirigée  [p.  42-58)  contre  l'hypothèse 
rémoise,  dont  je  suis  partisan.  M  Fournier  s'efforce  de  démontrer  que 
les  Fausses  Décrétâtes  ont  été  utilisées  à  une  époque  d'accalmie,  pen- 
dant laquelle  Hincmar  tolérait  de  fait  les  clercs  urJonrics  par  lîbbon. 
Ceux-ci  n'auraient  eu  intérêt  à  les  composer  qu'après  853;  or,  les 
Fausses  Uécrélalcs  sont  connues  dés  852,  Ilîncmar  les  cite  en  effet  ou 
le»  invoque:  4°  dans  les  statuts  donnes  au  clergé  de  Heims  le  I"  no- 
vembre 852;  2°  dans  des  capitula  adresses  aux  doyens  chargés  de 
l'observation  de  ces  mêmes  statuts.  M.  Fournier  montre  très  bien 
(p.  34-35),  ainsi  ÇjM  M.  l'ablie  Li-snr',  que  ce  dernier  texte  suppose 
le  recours  constant  a  la  seconde  décretale  du  pseudo-Calixle.  Il  recon- 
naît d'ailleurs  (p.  30)  «  qu'il  n'est  pas  péremptoirement  prouvé  que 
le-  instructions  données  aux  doyens  dalenl  de.  x.,j.  l-:i|.-s  semblent  le 
complément  des  statuts  diocésain»  promulgués  à  la  date  du  ("  no- 
vembre 852;  mais  elles  ne  portent  pas  explicitement  celte  date,  à 
laquelle  ou  ne  les  rattache  que  par  une  hypothèse;  je  dots  direque 
celle  hypothèse  est,  à  mon  avis,  extrêmement  vraisemblable.  • 
M.  l'abbé  Lesne  (p.  300-:tol)  donne  un  argument  intéressant,  à  l'ap- 
pui :  il  fait  remarquer  que  tous  les  ca/nlula  d'Ilincmar  adresses 
aux  archidiacres,  doyens,  prêtres  soûl  datés.  Seules  les  instructions 
aux  doyens  ne  le  seraient  pas,  sans  qu'on  voie  la  raison  de  cette 
anomalie.  Elle  cesse  d'exister  si  ces  instructions  ne  sont  qu'un  eora- 

t,  Rlln  l  «l*  tmli*  en  premier  Uni  par  UnK'n,  ilani  Itulûriiche  ZrtUchrlft, 

i  \u,  ian,  p.  \r.i-vn,  rf.  drj»  iiinu-iuii',  oétnt,  p.  cas,  oan.  "  «i  » 

niurqnr  qun  ce»  »*»»riU  hoI  taJarlstM  fit  nnn  ,1c*  liklorlcn». 

mnhu  tpiicopnln  en  <!a»U  «t  Crrnwmic  i7«-8«J.  r»m-Li!lr, 
1905,  p.  300. 


292  rfLANGIS  ET  DOCUMBTTS. 

plément  des  statuts  diocésains  du  \  "  novembre  852.  Or,  dans  ceux-ci, 
on  trouve,  au  §  xi,  un  renvoi  au  pseudo-Etienne  :  c  Idem  Stephanus 
sanctus  papa  et  martyr  ad  sanctum  Hilarium  in  suis  decretalibus 
docuit.  »  J'ai  supposé1  que  cette  phrase  pouvait  être  une  addition; 
M.  l'abbé  Lesne  objecte  justement  (p.  303-304)  que  c'est  l'ensemble 
du  §  xi  qui  sent  le  pseudo-Isidore3.  Resterait  à  savoir  si  la  date  du 
4"  novembre  852,  qui  ne  nous  est  connue  que  par  l'édition  de  Sir- 
mond3,  est  exacte.  Peut-être  les  deux  derniers  jambages  de  la  date 
étaient-ils  formés  par  un  V  oncial  (écrit  U)  et  ont-ils  été  lus  0  GCG  LU, 
au  lieu  de  D  GCG  LV,  comme  il  arrive  fréquemment.  En  tous  cas,  le 
texte  est  antérieur  au  10  juin  856 4,  puisque,  à  cette  date,  Hincmar 
complète  ses  capitula  par  de  nouvelles  instructions. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  apparaît  que  ma  tentative  d'abaisser,  — je  ne 
veux  pas  dire  la  composition 5,  mais  la  mise  en  circulation  des  Fausses 
Décrétales,  —  jusque  vers  858 •  et  même  859  était  hasardeuse.  Pos- 
térieure à  847  (tout  le  monde  est,  je  crois,  d'accord  sur  ce  point),  sa 
publication  peut  se  placer  vers  854-855,  si  ma  correction  hypothétique 
proposée  plus  haut  se  justifiait,  ou  encore  vers  852,  selon  l'opinion 
reçue  aujourd'hui. 

Laissons  de  côté,  du  moins  provisoirement,  la  province  de  Reims. 
—  M.  Fournier  revient  (p.  24-33)  sur  les  coïncidences  de  vocabulaire, 
signalées  en  premier  lieu  par  Weiszâcker  et  Simson,  entre  pseudo- 
Isidore et  un  certain  nombre  de  textes  manceaux.  U  est  certain  que 
l'auteur  des  Actus  pontificum  Cenomannis  in  urbe  degentium,  lequel 
a  écrit  entre  850  et  mars  857 7,  a  connu  pseudo-Isidore.  Les  critiques 
adressées  par  celui-ci  à  l'institution  des  chorévêques  l'ont  touché  au  vif, 

1.  Éludes  sur  le  règne  de  Hugues  Capet  (Paris,  1903,  in-8*),  p.  373. 

2.  L'objection  de  M.  Fournier  (p.  36)  est  moins  forte  :  vers  900,  Réginon 
connaît  ce  chapitre  avec  son  renvoi  à  pseudo-Etienne;  donc,  c  jusqu'à  preuve 
du  contraire,  le  texte  tel  qu'il  se  présente  à  nous  jouit  de  la  possession  ». 
C'est  l'argument  juridique  dans  toute  son  horreur. 

3.  Appendice  au  tome  III  de  ses  Concilia  Galliae,  Dans  son  édition  des 
Opéra  Hincmari,  il  se  borne  à  reproduire  l'édition  précédente. 

4.  Et  non  857,  comme  le  dit  M.  Lesne  (p.  301)  ;  la  douzième  année  de  l'épis- 
copat  d'Hincmar,  sacré  le  3  mai  845,  commence  en  effet  ie  3  mai  856  pour  se 
terminer  le  2  mai  857.  Ces  Capitula  étant  du  10  juin  sont  de  856. 

5.  P.  373, 1.  22  des  Études  sur  le  règne  de  Hugues  Capet,  remplacer  rédaction 
par  publication,  comme  l'exige  la  phrase  qui  suit. 

6.  La  lettre  130  de  Loup  de  Ferrières  adressée  au  pape  contient  un  renvoi 
à  pseudo-Melchiade.  Sa  date  se  place  en  858,  entre  le  24  avril  et  le  mois  de 
juillet.  Elle  est  rédigée  au  conventus  apud  Baiernam.  Voy.  Levillain,  Loup  de 
Ferrières,  p.  176-177. 

7.  Avant  la  mort  d'AIdric,  laquelle  doit  se  placer  non  le  7  janvier,  mais  le 
24  mars  857.  Voy.  Duchesne,  Fastes  épiscopaux,  t.  II,  p.  339. 


i  odsstiox  ves  ratissa  ncuTii 


293 


et  lui,  qui  ailleurs  suhil  docilement  l'influence  des  Fausses  Uécrétales, 
plaide  ici  les  circonstances  atténuantes.  Il  s'efforce  de  montrer  que, 
du  moins  dans  lo  diocèse  du  Mans,  les  chorévèques  oui  toujours 
répondu  a  une  nécessité  réelle.  Il  est  visible  que  l'auleur  plaide  pro 
domo,  et  l'attribution  des  Actmau  dernier  chorévéque  du  Mans  David, 
proposée  par  Julien  Havet1,  me  semble  toujours  séduisante.  Même  si 
ron  rejetie  celle  attribution,  il  est  clair  que  l'auteur  des  Arlut,  quel 
qu'ait  été  son  nom,  croil  à  l'authenticité  des  Fausses  Decrétales.  Il 
n'est  doue  pas  pseu do- Isidore'. 

Non  BMfU  intéressants  sonl  la  fausse  bulle  de  Grégoire  IV,  datée 
du  8  janvier  833,  et  le  Mtmoriate  inséré  dans  la  seconde  partie  des 
G&tê  Atdrtci.  Dans  le  premier  de  ces  textes,  «  le  pape  est  censé 
déclarer  que  si  un  adversaire  d'AIdric,  évèque  du  Mans,  s'avise  de 
former  une  accusation  contre  ce  prélat,  Aldric  aura  toujours  le  droit 
de  porter  sa  cause  dcvanl  le  Saint-Siège,  par  voie  d'appel  ou  directe- 
ment, ■.  Le  second  est  le  récit  du  procès  à  la  suite  duquel  Aldric 
aurait  soi-disant  obtenu  en  N3N  la  restitution  de  l'abbaye  de  Sainl- 
Calais.  Postérieurs  à  la  morl  de  Louis  le  Pieux  (*t0),  ces  deux  textes 
sonL  certainement  antérieurs,!  la  morl  d'AIdric  [8H)fl.  IJcqui  fait  leur 
grand  intérêt,  c'est  qu'ils  sonl  rails  d'une  •  mosaïque  de  Fragments 
lires  des  decrétales  el  des  canons  authentiqvrs  qui  ont  précisément 
fourni  des  matériaux  au  faux  Isidore.  Il  y  a  plus  :  on  a  pu  constater 
que  bon  nombre  des  fragments  employés  par  l'auteur  de  la  bulle  ont 
été  insérés  dans  le  tissu  des  apocryphes  pseudo-isidoriens;  les  tableaux 
dressés  par  MM.  Hinschius  cl  Simson  en  fournissent  la  démonstration 


1.  Bibt.  de  l'École  dei  chartes,  t.  LIT,  p.  66S. 

î.  On  ne  comprend  vraiment  pas  que  D.  Simson  ail  pu  mil  l'idée  de  lldea- 
tiier  aiec  loi. 

3.  H  Fnornirr  T«ut  préciser  et  propose  [f,  80-81)  de  placer  la  fabrication 
de  la  fouste  bulle,  eu  850,  *iH«|ue  •  laquelle  Nomloué  occupa  le  Mon*  «  On 
comprend  l'angoisait  où  se  trouva  l'évéque,  parlison  dévoué  lu  roi  franc, 
membre,  considérable  dr  l'église  franque  et  snffrag.inl  imporlaiil  du  mélropo- 
liiain  de  Tour*.  Il  dut  l'imaginer  que  le  conquérant  se  proposait  de  le  traiter 
comme  le*  évéques  de  Bretagne  qui  lui  avaient  déplu,  c'est-à-dire  de  l'accuser 
et  de  le  déposer.  Or,  on  savail  alors  au  liant,  par  liruvrc  ronuur  sous  le  non) 
de  Ceita  Aldrki,  qo'Aldrie  avait  clé  lu  ri  apprécie  du  pape  Grégoire  IV.  L'Idée 
M  présenta  uns  doute  iialuretlciui'nl  a  un  pwltlia  fAldrfC  lfh*H|lllt  la  fausse 
bulle  el  de  ta  placer  mus  le  nom  de  Grégoire  IV.  i  Ici  encore.  J'ai  le  regret 
dr  conitjler  que  l'auteur  se  montre  plus  juriste  qu'historien.  Rien  de  plus 
invraisemblable  que  de  supposer  qM  tfoaUoè,  '(ni  litùUit  sans  pitié  enlises  et 
monastères,  se  serait  laissé  arrêter  par  un  morceau  de  parchemin.  Les  préoccu- 
pations prêtées  a  Aldric  n'ont,  d'ailleurs,  aucune  probabilité.  Nominoé  ni  une 
nxtia  dans  le  Haine,  rien  de  pins.  Lui-même  savait  Tort  bien  qu'il  ne  pourrait 
tlendrc  si  loin  ses  conquêtes  et  garder  le  Mans. 


294  irfUJGES  ET   DOCUMENTS. 

péremptoire  »  (p.  72).  M.  Foumier  conclut  judicieusement  (p.  74-75 
et  p.  77)  que  l'auteur  de  la  fausse  bulle  (et  aussi  celui  du  Memoriale) 
«  travaillait  dans  l'atelier  où  se  préparait  la  grande  falsification  d'Isi- 
dore; il  s'est  servi  pour  sa  construction  des  pierres  qu'on  y  taillait 
aussi  bien  que  des  procédés  qui  y  étaient  usités  ».  Je  serai  même 
plus  catégorique  et  je  dirai  sans  hésitation  que  la  busse  bulle  et  le 
MemoriaU  sont  à  coup  sûr  de  pseudo-Isidore.  Us  révèlent  un  pre- 
mier stade  de  son  entreprise  :  il  ne  fabrique  pas  encore  de  Fausses 
Décrétâtes  ' ,  mais  il  se  fait  la  main.  C'est  peut-être  même  le  succès  de 
ces  textes  qui  lui  a  donné  l'audace  de  forger  de  toutes  pièces  des 
décrétales  au  lieu  de  se  borner  à  composer  des  centons. 

Ces  faux  n'émanent  pas  d'Aldric  lui-même.  Son  style,  que  nous 
connaissons  par  son  autobiographie,  Gesta  Aldrici*,  diffère  profon- 
dément de  celui  de  pseudo-Isidore.  Ils  n'émanent  pas  davantage  de 
son  entourage.  Gomment  admettre  qu'un  clerc  maoceau,  écrivant  du 
vivant  de  l'évêque,  puisse  composer  une  bulle  où  l'on  reconnaît  que 
tous  les  torts  n'étaient  pas  du  côté  des  adversaires  d'Aldric3.  Gom- 
ment l'auteur  des  Actus,  partisan  du  prélat  et  son  contemporain, 
pourrait-il  insérer  cet  acte  dans  son  œuvre  si  elle  avait  été  composée 
au  Mans?  Gomment  pourrait-il  surtout  utiliser  le  pseudo- Isidore  en 
croyant  à  son  authenticité  s'il  s'agit  d'une  composition  forgée  au 
Mans?  Impossible  qu'il  ne  fût  pas  au  courant  s'il  y  avait  eu  dans  la 
ville  ou  près  de  la  ville  un  atelier  de  faux  de  cette  importance.  Gela 
est  d'autant  moins  admissible  que  l'auteur  des  Actus  a  utilisé,  et 
sans  doute  composé  lui-même,  quantité  de  diplômes  faux  des  rois 
francs  en  faveur  de  l'église  du  Mans.  Il  y  aurait  eu  nécessairement 
deux  ateliers  de  faussaires  au  Mans,  et  l'un  d'eux,  celui  des  faux 
diplômes,  aurait  ignoré  l'autre,  celui  des  Fausses  Décrétales.  Se  peut-il 
rien  concevoir  de  plus  invraisemblable! 

Ce  n'est  pas  tout.  Le  but  principal  de  pseudo-Isidore  c'est  d'établir 
ou  de  restaurer  l'autorité  de  l'évêque.  Au  milieu  du  ixe  siècle,  l'évêque 
a  deux  ennemis  :  le  laïque,  roi  ou  comte,  qui  s'ingère  dans  les  élec- 
tions, s'empare  des  biens  de  l'Église  et  prétend  déposer  le  prélat  à 
tort  et  à  travers;  le  métropolitain  qui,  depuis  les  réformes  de  Cbarle- 
magne,  a  pris  une  importance  considérable  et  veut  faire  de  ses  suf- 
fragants  de  simples  subordonnés.  M.  Foumier  passe  rapidement 
(p.  48)  sur  ce  dernier  adversaire.  Tout  le  monde  a  été  frappé  cepen- 

1.  On  en  trouve  une  cependant  dans  le  Memoriale. 

2.  J'étends  une  remarque  que  Waitz  {Mon.  Germ.  Script.,  t.  XV,  p.  304)  et 
Julien  Haret  (BibL  de  C  École  des  chartes,  t.  LIV,  p.  603)  ont  faite  au  sujet 
des  rapports  des  Actus  et  des  Gesta  Aldrici. 

3.  Cf.  P.  Foumier,  /oc.  cit.,  p.  81. 


U    UDUIHM   M.S    F4CS3E5   DBCBJTll.es.  293 

d.int,  en  dernier  lieu  M.  l'abbé  Le  s  ne,  du  fait  que  la  pointe  de  l'arme 
forgée  par  pseudo-Isidore  est  dirigée  contre  lus  métropolitains.  Pseudo- 
Isidore n'exalte  la  suprématie  de  Rome  que  parce  que  la  papauté  est 
le  seul  pouvoir  capable  de  mettre  fin  à  la  tyrannie  de  cet  ennemi 
détesté,  l'archevêque'. 

Le  malheur  de  l'hypothèse  mancelle,  c'est  que  rien  absolument  ne 
dénote  la  moindre  hostilité  au  tx*  siècle  entre  le  Mans  et  la  métropole 
de  Tours.  Les  rapports  des  deui  églises  sont  excellents.  Le  but  de 
pseudo-Isidore,  s'il  est  manceau,  échappe  totalement. 

Mais  est-il  manceau?  Cette  conséquence  n'est  nullement  nécessaire, 
l'seudo- Isidore  a  fourni  des  pièces  à  Aldrie,  évoque  du  Mans3.  Il  s'est 
arrangé  pour  que  sa  collection  fût  connue  de  bonne  heure  par  le 
clergé  de  celte  ville,  mais  rien  ne  force  a  admettre  qu'il  habitât  ce 
diocèse.  On  vient  même  de  montrer  a  quelle  invraisemblance  se  heur- 
terait l'existence  d'un  atelier  pseudo-isidorien.  En  réalité,  pseudo- 
Isidore  est  un  ami  d'AIdric,  mais  il  ne  demeure  pas  près  de  lui  et  il 
n'agit  pas  que  pour  lui1.  Son  dessein  dépasse  les  étroites  limites 
d'un  diocèse.  Son  œuvre  a  une  portée  bien  plus  étendue.  Elle  ne  vise 

I.  Pteudo- Isidore  *  pensé,  «ai  si  que  ta  reilau  ration  de  l'autorité  des  antique* 
primait  pourrai!  être  utile  4  «m  deteein.  liait  il  n'avait  i  leur  tojet,  rumine 
l'a  établi,  entre  autrea,  tort,  {Vrhrr  dit  Iteirnol  Pteudo- ht/Ion,  Miinchen, 
1898.  p.  M-17),  que  de»  idée»  vague». 

.'  Aldrie  écrivait  trop  mal  (rf,  plus  baut)  pour  oser  forger  lui-même  des 
pitre*  donl  l'incorrection  l'eût  trahi.  Quant  4  dire  avec  1  Ravel  (p.  857)  qu'il 
était  trop  honnête  homme  pour  Mre  de»  faux  ou  permettre  même  qu'où  en  fil 
autour  de  lui,  r'e»t  l'i  I  lotion  ne  r  complètement.  La  défense  entreprise  par  llavel 
du  Jugement  du  7  septembre  SUR  donnant  Saint-Calaii  »  Aldrie.  Jugement  qui 
est  dan»  le»  Gftia  Aldrirt,  «  été  Jugée  vaine  par  Muhlberher  (Bôhmer-Mohl- 
btrher,  Die  Hegattn  dut  Kaiitrrticki  unlrr  den  Karolingcrn,  2'  M.,  n*  D8?) 
et  aire  raison.  Aldrie  était  un  faussaire.  Havet  a  magistralement  démontre  que 
la  nui  ter  t  ion  do  fouine*  légende*  sur  le*  premier*  évéque*  du  Mans,  de  chartes 
apocryphes,  d'un  catalogue  episcnpal  fantaisiste,  remontaient,  au  muins  en  parlie, 
Jusqu'à  836.  ersl-à  dire  jusqu'au  début  dr  l'épinropat  d'AIdric  (nommé  en  832). 
Comme  ta  maladie  ne  commença  qu'en  S.'tf.  imposable  d'admettre  qu'il  n'ait 
pas  connu  ce  long  travail  de  falsiûration.  La  vérité,  c'ett  qu'il  l'enrouragea,  le 
provoqua  et  demanda  au  besoin  l'aide  de  set  ami*. 

3,  L'auteur  des  Actut,  en  Insérant  la  fausse  bulle  de  Grégoire  IV,  fait  obser- 
ver lui-même  que  cette  pièce  pourra  servir  également  à  proléger  d'autre* 
évéqaci  :  •  Qua*  elism  In  eiemplum  aliis  eplscopis  prodette  poterit.  s 
H.  Fooreier,  tous  preleile  que  le  bal  principal  que  se  proposait  l'auteur  était 
de  défendre  Aldrie,  se  refuse  (p,  77)  4  admettre  qu'on  puisse  lui  attribuer  une 
autre  patrie  que  le  Mans.  Je  ne  «attrait  accepter  nette  opinion.  I,  Ilavet  (/«. 
rii..  p,  tUH  a  remarqué  que  le  tlvle  de  cette  bulle  e*l  bien  éloigné  de  «loi 
de*  Aclut  et  de»  pitres  fausses  fabriqué**  par  leur  auteur  iir,  celui -n,  U 
«  est  sûre,  était  manceau,  L'auteur  de  la  bulle  ne  l'était  pas,  toujours  pour 
»  raison  Indiquée  plu»  haut. 


296  irfLAKGBS  ET  DOCUMENTS. 

à  rien  moins  que  la  réforme  totale  de  l'Église  de  son  temps.  Tout  ce 
qui  peut  affaiblir  la  dignité,  disons  mieux,  l'omnipotence  de  l'évoque, 
—  le  laïque,  le  chorévêque  \  —  il  le  condamne.  Pseudo-Isidore  est 
peu  préoccupé  de  théologie  ;  c'est  un  réformateur  de  la  discipline  ecclé- 
siastique et  de  la  société  laïque  de  son  temps3.  Il  n'est  point  indispen- 
sable a  priori  qu'il  soit  de  tel  diocèse  plutôt  que  de  tel  autre.  Néan- 
moins, il  est  reconnu  par  tout  le  monde  qu'il  a  vécu  en  Gaule,  dans 
la  région  comprise  entre  la  Loire,  le  Rhin  et  le  Rhône.  Dans  cette 
région,  une  province  avait  été  profondément  troublée,  celle  de  Reims. 
La  déposition  de  l'archevêque  Ebbon  avait  semblé  à  beaucoup  illé- 
gale :  les  biens  de  l'Église  avaient  été  mis  au  pillage,  enOn  et  surtout 
c'était,  de  toutes,  celle  où  le  métropolitain,  Hincmar,  faisait  sentir  le 
plus  durement  le  poids  de  son  autorité  sur  les  simples  évêquescbers 
à  pseudo-Isidore.  Ne  doit-on  pas  en  conclure  que  celui-ci,  s'il  n'ap- 
partient pas  de  toute  nécessité  à  cette  province,  a  été  du  moins  atteint 
dans  ses  convictions,  ses  rêves,  peut-être  aussi  ses  intérêts,  par  le 
spectacle  de  ce  qui  s'y  était  passé,  de  ce  qui  s'y  passait  encore?  Le 
violent  amour  qu'il  porte  aux  évêques  donnerait  tout  lieu  de  croire 
qu'il  était  lui-même  un  évêque3.  Pseudo-Isidore  n'est  pas  nécessaire- 
ment de  Reims  même  ou  de  la  province.  Soit,  mais  il  ne  doit  pas  en 
être  fort  éloigné.  S'il  n'est  pas  évêque,  au  moins  a-t-il  des  raisons 

1.  M.  Foornier  (p.  69  et  soi?.)  remarque  à  ce  propos  que  la  Bretagne  est 
peut-être  à  celte  époque  la  région  de  la  Gaule  où  il  était  le  plus  utile  de  rap- 
peler le  principe  que,  pour  la  consécration  épiscopale,  il  faut  trois  évêques,  ce 
qui  entraînait  la  condamnation  des  cborévéques  et  des  évêque»  celtes.  Mais  en 
Bretagne  justement,  il  n'y  a  pas  de  ces  chorévêques  exécrés  de  pseudo- Isidore. 
Les  abbés-évéques  sont  tout  différents  et  ne  sont  nullement  condamnés  en 
termes  exprès  par  celui-ci.  Ils  diffèrent  également  des  évêques  de  vici.  Enfin 
les  évêques  errants  qui  inquiètent  le  clergé  franc  sous  Charlemagne  sont  des 
Scotti;  ils  n'ont  aucun  rapport  avec  les  prélats  armoricains. 

2.  M.  Foornier  a  bien  saisi,  il  me  semble  (p.  5-21),  le  but  de  l'auteur,  et  il 
a  raison  (p.  59)  de  dire  qu'entre  l'affaire  des  clercs  ordonnés  par  Ebbon,  con- 
damnés par  Hincmar,  et  les  grands  desseins  des  Fausses  Décrétâtes  il  y  a  dis- 
proportion. 

3.  Le  nom  de  Rothadus  de  Soissons,  mal  vu  d'Hincmar,  puis  persécuté  par 
lui,  se  présente  aussitôt  à  l'esprit,  d'autant  que  l'évêque  de  Soissons  est  le  pre- 
mier de  la  province  après  l'archevêque,  d'autant  que  c'est  par  lui  que  Nico- 
las I"  (lequel  fait  le  plus  grand  éloge  du  personnage)  a  appris  l'existence  des 
Fausses  Décrétai  es.  Biais  la  négligence  de  l'administration  de  Rothadus  qui 
engageait  des  objets  du  trésor  de  son  église  à  des  aubergistes  et  des  juifs  (il 
est  vrai  que  l'accusateur  est  Hincmar)  va  directement  à  rencontre  des  préceptes 
cbers  à  pseudo-Isidore.  En  outre,  persécuté  par  Hincmar,  eùt-il  attendu  jusqu'en 
864  pour  présenter  au  pape  les  décrétâtes  apocryphes  qui  lui  furent  si  utiles? 
Enfin,  Rothadus,  qui  a  pris  part  à  la  déposition  d'Ebbon  en  835,  à  l'installation 
d'Hincmar  en  845,  n'est  pas  un  chaud  partisan  du  premier,  à  coup  sûr.  Or, 


La    QliCTTIOI    D!S    nrSSRS    fitCltTal.KS. 


237 


d'espérer  le  devenir  un  jour.  Un  clerc  instruit  Je  la  cour  de  Charles 
le  Chauve,  qui  séjournait  habituellement  dans  la  province  de  Ueims, 
où  étaient  presque  tous  ses  palatin,  pourrait  être  par  (ai  te  ment  l'au- 
teur des  Fausses  Décrétales. 

Sans  attacher  à  une  simple  hypothèse  plus  d'importance  qu'elle  ne 
raut.  Je  persiste  à  croire  que  Vulfadus,  le  plus  éminent  des  clercs 
déposés  par  Hincmar,  chanoine  de  l'église  de  Iteinis,  minùteriali»  du 
roi,  qui  l'apprécie  extrêmement,  précepteur  de  ses  enfants,  clerc  très 
savant  et  très  habile,  fort  redouté  d'ilincmar',  mérite  mieux  que 
tout  autre  V  honneur  d'être  désigné  comme  auteur  des  Fausses 
Décrétâtes.  M.  Fournier  (p.  59)  reconnaît  que  ■  l'opinion  qui  fait  de 
Vuiftdas  et  de  ses  partisans  les  uuleurs  dtt  Fausses  Décrétâtes  est 
la  seule  opinion  compatible  avec  l'hypothèse  qui  place  à  Reims  le 
berceau  de  celle  compilation  ».  Elle  est  compatible  également  avec 
l'hypothèse  que  pseudo-Isidore  était  un  clerc  du  palais.  En  tout  cas, 
je  crois  plus  fermement  que  jamais  qu'il  n'a  jamais  vécu  dans  le 
diocèse  du  Mans.  Je  dirai  mieux  :  la  seule  chose  sûre,  c'est  qu'il 
n'éuiil  pas  du  Mans.  Je  persiste  également  a  trouver  intéressant  que 
l'archevêque  de  Reims  ail  eu  des  premiers  ou  le  premier  connais- 
sance des  Fausses  Uécrétales.  M.  Fournier  (p.  SU,  n.  1)  objecte  que 
Hincmar  éprouve  des  doutes  sur  l'authenticité  de  certains  textes 
pseudo-Uidoriens  :  «  Si  le  faux  Isidore  lui  avail  été  présenté  par  ses 
adversaires',  de  tels  doutes  seraient  de  venus  une  certitude;  il  se  serait 
insurgé  contre  toute  la  collection.  Il  demeura  sur  la  réserve  parce 
qu'il  ne  se  sentait  point  visé,  et  si  parfois  il  combattit  les  doctrines 
pmiJo  MttorianBM,  parfois  aussi  il  essaya  d'en  tirer  parti.  »  Gtttt 
objection  perd  de  sa  force  précisément  parce  que  les  Fausses  Décré- 
laies  ont  une  portée  géfléfltt.  lit  comme  sur  certains  points,  telle  la 
condamnation  des  usurpations  laïques3,  elles  se  rencontrent  avec  les 
Im  intérêts  d'Hincmar,  celui-ci  no  peut  les  condamner  en 
bloc  et  cherche  même  à  les  utiliser.  Il  ne  peut  non  plus,  pour  celle 


piFudo-UMora,  en  admettant  même  qu'il  ne  dit  pas  foncièrement  un  partisan 

il'Ktibnn,  n'  | •  jiI  ||   i|h>iiriiil.T  iju'il  fixirnirtail  des  innn  aux  amis  de  ce 

dentier.  Kolhsdua  me  garait  donc  a  écarter,  quoique  Seurôra  HUnkinar, 
p.  236)  penche  an  ai  raseur,  al  l'on  put  «'exprimer  ainal,  En  dehur»  de  Rnllia- 
ilu>  rt  <|  Hinrmar  de  l.aon,  qui  est  hnra  de  eeuw],  aucun  MIT!  *véque  de  la 
province  de  Hein»  n'a  oie  tenir  lAle  à  lllnr.inar. 

1.  Sur  Vulfadnt,  cf.  Étudia  >ur  U  ripai  de  H'igva  Çapri,  p.  .166-36?,   et 
m. .i  Schrura,   lltnimar.  Enbixkof  non  Htimt,  p.  Ï73-275. 

2.  De»   ailreruim  bien   iniladrulU.   Vulfadna  riait  Inul    If  contraire  d'un 
in  a  I  ail  roi  L 

3.  Le»  prescription*  dlaciplinalre*  de  paeudo-taidora  inamereea  par  II.  Four- 
nier (p.  il,  o.  î)  tout  conformes  «gaiement  aux  précepte»  d'ilincmar. 


298  MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

même  raison,  se  sentir  uniquement  visé.  Néanmoins,  il  est  bien  cer- 
tain qu'il  l'était  implicitement  comme  métropolitain.  Aussi  le  voyons- 
nous  se  débattre  contre  le  filet  tressé  par  plus  habile  que  lui.  On  peut 
même  se  demander  s'il  n'a  pas  soupçonné  d'où  venait  le  coup.  Le 
procès  inopiné  intenté  par  lui  en  853  après  des  années  d'accalmie  à 
Vulfadus  et  aux  clercs  ordonnés  par  Ebbon,  leur  condamnation,  l'ani- 
mosilé  si  peu  explicable  de  l'archevêque  à  regard  de  Rothadus  suivent 
de  bien  près  la  mise  en  circulation  des  Fausses  Dec  relaies,  si  l'on 
accepte  la  date  de  852  proposée  pour  les  Capitula  presbyteris  data, 
où  des  textes  pseudo-feidoriens  sont  signalés  pour  la  première  fois. 
Je  crois  que  sa  haine  contre  Vulfadus  et  Rothadus  ne  Ta  point  égaré. 
N'est-il  pas  curieux  aussi  que  la  période  de  réconciliation  d'Hincraar 
avec  Vulfadus  et  sa  bande1,  période  que  H.  Fournier  (p.  47-50)  a 
montré  s'étendre  de  847  à  852,  corresponde  exactement  à  l'intervalle 
de  temps  qu'on  assigne  à  la  confection  des  Fausses  Décrétâtes?  On 
sait  en  effet  que,  antérieures  à  858,  et  même  (selon  M.  Fournier  et 
l'ensemble  des  érudits  qui  se  sont  occupés  de  la  question)  à  852,  les 
décrétâtes  apocryphes  ont  été  écrites  après  les  Faux  Capitulaires 
du  soi-disant  Benoit  le  Lévite.  Or,  ceux-ci  n'ont  pas  été  publiés 
avant  847. 

A  ce  propos,  je  veux  encore  rompre  une  lance  en  faveur  de  l'ori- 
gine mayençaise  de  ce  dernier  texte.  La  provenance  mayençaise  du 
pseudo-Benoit  «  ne  saurait  être  admise  »,  dit  M.  Fournier  (p.  40). 
C'est  possible,  mais  il  faudrait,  pour  démolir  cette  thèse,  d'autres 
objections  que  les  siennes.  J'avais  invoqué3  plusieurs  arguments  : 
4°  le  faussaire  attribue  l'idée  première  de  son  recueil  à  Autcarius  II, 
archevêque  de  Mayence  (mort  en  847),  et  prétend  en  avoir  puisé  les 
éléments  dans  les  archives  mayençaises  constituées  par  les  arche- 
vêques Riculf  et  Autcarius  Ier.  M.  Fournier  objecte  que  les  titres  et 
les  préfaces  des  faussaires  méritent  peu  de  créance.  Cela  va  de  soi, 
mais  là  n'est  pas  la  question.  Un  faussaire  qui  essaye  de  mettre  son 
recueil  en  quelque  sorte  sous  le  patronage  des  archevêques  de 
Mayence  veut  influencer  un  public  pour  qui  ces  prélats  sont  en  véné- 
ration. J'ai  dit1  et  je  maintiens  que  cette  tactique  du  pseudo-Benoit 
montre  qu'il  n'écrivait  pas  entre  la  Meuse  et  la  Seine,  à  plus  forte 
raison  en  Neustrie,  où  l'on  se  souciait  fort  peu  des  métropolitains  de 
Germanie.  2°  Dans  sa  préface  en  vers,  pseudo-Benoît,  rappelant  les 
partages  qui  ont  fait  suite  au  traité  de  Verdun,  nomme  en  premier 


1.  Hincmar  appelle  les  clercs  consacrés  par  Ebbon  collegium  Vulfadi. 

2.  Études  sur  le  règne  de  Hugues  Capet,  p.  367-370. 

3.  Ibid.,  p.  368. 


Lk    QOKSTtOI    f>ES    HIIU   OK-IKKTILES. 


290 


lieu  Louis  le  Germaniqu".  Or,  on  «lit  que  Mnyence  fut  détachée  de 
la  portion  réservée  a  Lotliaire  et  attribuée  «  Louis  le  Germanique. 
N'cst-il  pas  évident  que  Louis  est  le  souverain  du  pseudo- Benoit? 
M  Rmrâfsr  ne  voit  là  qu'un  accident  :  Louis  est  nommé  en  tète 
«  parce  que  'cela  a  frappé  l'*ltt«ir]  il  portail  le  même  nom  que  son 
père  ».  L'explication  me  parait  tant  soit  peu  insu'Ûsante'.  3"  Entre 
autres  sources,  pseudo- lien  oit  utilise  des  lettres  de  saint  lion  i  face, 
Mcfaflfêqiie  lie  Mijnnon.  cl  ta  loi  des  Bavarois,  deux  textes  peu  inté- 
ressants pour  les  gens  de  la  France  occidentale.  —  Mais  la  plupart 
des  textes  attribués  à  saint  Boni  face  par  pseudo-Benoit  ne  sont  pas 
de  lui*  ;  en  outre,  celui-ci  utilise  non  seulement  des  lois  germaniques, 
mais  aussi  des  textes  du  royaume  occidental,  tels  la  lex  roma/ia 
W'HiijoUtorum,  la  Capitula  de  Teodulf  d'Orléans.  Cette  dernière 
obscrvalion  est  juste;  mais  il  n'importe  à  l'affaire  que  les  (exLesallri- 
hués  à  saint  Uoniface  soient  ou  ne  soient  pas  à  lui.  Il  suffît  que 
pseudo-Benoit  ait  cru  ou  feint  de  croire  que  ces  textes  étaient  d'un 
saint  dont  la  mémoire  était  en  vénération  à  Mayence.  Croit-on  que, 
au  Mans,  a  Tours,  à  Reims  même,  Bonifacc  lut  une  si  grande  auto- 
rité morale? 

Le  dernier  chapitre,  le  plus  neuf  et  te  plus  étendu  de  l'ouvrage, 
est  consacré  (p.  84-421  )  a  déterminer  la  place  qu'ont  tenue  les  Fausses 
Décrctales  dans  les  préoccupations  des  papes  depuis  l'année  864,  qui 
vil  Bothadus  apporter  à  Nicolas  1"  soit  le  recueil,  soit  des  extraits 
de  ces  textes  (M.  Fournier  penche  pour  cette  dernière  alternative, 
p.  I H  i,  jusqu'à  la  tin  du  x*  siècle.  Le  parli  auquel  se  range  M.  Four- 
nier est  intermédiaire  entre  la  Ihèsed'A.-V.  Millier  et  celle  de  Schrîîrs, 
un  peu  plus  proche  de  cetle  dernière.  Tandis  que  le  premier  soutient 
que  la  connaissance  de  l'œuvre  du  pseudo- Isidore  a  modifié  les  con- 
ceptions canoniques  de  Nicolas  1",  Schrors  pense  que  le  pape  n'a  guère 
connu  des  Fausses  Décrctales  que  leur  existence  et  qu'elles  n'ont 
exercé  aucune  influence  sérieuse  sur  lui.  Enlln,  les  dernières  pages 
établissent  que  la  diffusion  des  FinWM  Dec  relaies,  si  rapide  en  France, 
fut  lenle  en  Julie.  Les  successeurs  de  Nicolas  1"  se  tinrent  sur  la 
réserve  et  ce  ne  fut  que  sous  Grégoire  Vil  que  l'œuvre  du  pseudo- 
Isidore rencontrai  Borne  un  plein  succès. 

Ferdinand  Lot. 

1,  Il  eut  miiHii  valu  remarquer  que  dam  la  manuirrit  dr  Itmiira»,  c'est 
I.otlulre  qui  a»t  nommé  en  télé.  Mai*  Ici  «nore  Charte»  ne  itenl  qu'en  (roi- 
*itu>e  lieu. 

2.  Voj.  Stthel,  Sludirn  :v  Bnediklui  Irrita,  <Uni  ,V«n«  Archtt,  t.  XXIX, 
liftl,  p.  IMtt 


300  MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 


DOCUMENTS  ITALIENS 
SUR  CAGLIOSTRO  ET  LA  FRANC-MAÇONNERIE. 


Toute  une  école  historique  attribue  aux  sociétés  secrètes  du 
xvme  siècle  et  en  particulier  à  la  maçonnerie  un  rôle  éminent  de  pré- 
paration et  d'action  à  propos  de  la  période  révolutionnaire.  Depuis 
le  célèbre  abbé  Barruel4  jusqu'au  chanoine  Touzery',  beaucoup  de 
prêtres  ont  étudié  cette  période  avec  l'idée  préconçue  qu'il  y  a  un 
lien  direct  entre  ces  sociétés  et  les  principaux  événements  révolution- 
naires et,  condamnant  ces  sociétés  que  réprouvait  la  papauté,  ils  con- 
damnent par  là  même  la  Révolution.  L'histoire  objective  ne  se  sou- 
cie que  médiocrement  de  verdicts  de  cette  espèce  et  doit  rechercher 
dans  quelle  mesure  est  vraie  l'affirmation  d'un  rapport  quelconque 
entre  les  sociétés  du  xyiii«  siècle  et  la  Révolution3.  Or,  non  seule- 

1.  Voir  plus  bas,  n.  2.  —  La  thèse  en  question  est  soutenue  dans  ses 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  du  jacobinisme,  Hambourg,  1798;  Lyon, 
1803,  5  vol.  in-8\  Ayant  Barruel,  l'abbé  F.  Lefranc  avait,  en  1791  et  1792, 
exprimé  une  opinion  semblable. 

2.  Dans  ce  sens,  cf.  le  P.  I.  Rinieri,  Délia  rovina  d'una  monarchia  (Turin, 
1902,  in-8°),  qui  voit  dans  le  développement  de  la  maçonnerie  dans  le  royaume 
de  Naples  la  cause  principale  de  la  décadence.  De  même,  entre  autres,  abbé 
F.  Page,  Meximieux.  Une  commune  pendant  la  Révolution,  Belley,  1903, 
in-8°  (voir  le  compte-rendu  d'A.  Mathiez,  dans  la  Revue  d'histoire  moderne 
et  contemporaine,  1904,  t.  V,  p.  278);  abbé  Th.  Latil,  Hist.  civile  et  religieuse 
de  Grasse,  Grasse,  1905,  in-8%  et  Mgr  A.  Giobbio  (professeur  à  l'Académie  des 
nobles  ecclésiastiques),  La  Chiesa  e  lo  stato  in  Francia  durante  la  Rivoluzione 
1789-1799,  Rome,  1905,  in-8°;  parmi  les  laïques  qui  ont  récemment  écrit 
sur  la  question  :  M.  Talmeyr,  la  Franc-maçonnerie  et  la  Révolution  fran- 
çaise, Paris,  1904,  in-18;  A.  Cochin  et  Ch.  Charpentier,  la  Campagne  électo- 
rale de  1789  en  Bourgogne,  Paris,  1905,  in-18;  G.  Bord,  la  Conspiration 
maçonnique  de  1789,  dans  le  Correspondant,  10  et  25  mai  1906;  un  article 
anonyme  enfin  de  YEdinburg  Review,  janv. -avril  1906,  p.  203. 

3.  Mounier  (l'Influence  attribuée  aux  philosophes,  francs-maçons  et  illu- 
minés, Paris,  1801,  in -8*)  la  nie  absolument.  H.  d' Aimeras  {Cagliostro, 
Paris,  1904,  in-18)  pense  que  la  maçonnerie  catholique  et  royaliste  ne  pré- 
para pas,  mais  bien  au  contraire  subit  la  Révolution.  Les  sociétés  secrètes  du 
xviii*  siècle  sortent  en  partie  du  snobisme  et  de  l'ennui  profond  qui  sont  deux 
des  caractères  du  c  monde  »  à  cette  époque,  où  trop  de  nouveautés  attendues 
et  inattendues  amènent  un  bouleversement  général  de  la  mentalité  (cf.  dans  ce 
sens  M.  de  Vogué,  l'Histoire  à  Versailles,  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes, 
1901,  t.  VI,  p.  673;  Pontet,  dans  Y  Acacia,  janv.  1905,  p.  26). 


UGLfOST&O   ET    La    flUNt-VH.ONBKRlK.  30* 

L  celte  besogne  n'est  pas  faite1,  mais  avant  de  pouvoir  enregis- 
trer un  certain  nombre  de  faits  établis,  l'historien  a  â  rejeter  toute 
une  masse  d'on  dit,  du  documents  apocryphes  qui,  provenant  d'ini- 
tiés rebutés  ou  chassés  ou  de  profanes  imaginalifs,  mit  créé  autour 
des  sociétés  secrètes  un  voile  épais  et  imposant  de  fausses  légendes. 
A  mesure  que  les  sociétés  secrètes,  que  la  maçonnerie  s'éloignaient 
de  leur  lieu  d'origine,  l'Angleterre1,  que,  dans  leurs  réunions,  les 
initiés  s'entouraient  d'un  certain  nombre  de  précautions,  inventaient 
une  certaine  quantité  de  rites  qui  leur  donnaient  une  auréole  de 
mystère  ei  d'élrançeté,  a  mesure  enfin  qu'elles  pénétraient  dans  des 
pays  comme  l'Espagne,  ou  l'Italie3,  davantage  hosLiles  ou  moins  pré- 
parés aux  idées,  en  bloc  égitlilaircs  et  laïques,  qu'elles  professaient, 
les  légendes  se  tirent  plus  multiples,  plus  énormes,  cl  ceux-là  mêmes 
qui  les  créaient,  dans  l'inconscience  du  la  peur  ou  dans  les  nécessités 
de  la  lutte,  y  trouvèrent  autant  d'armes  souples  et  meurtrières.  Dans 
l'entourage  mal  Informé  des  papes  du  tvtn*  siècle,  on  crut  plus  ou 
M  légeodea,  et  c'est  d'elles  que  sortirent  finalement  ces 
excommunications  qui,  sur  la  base  fragile  d'accusations  souvent  ima- 
ginaires, allaient  atteindre,  à  partir  de  1738,  les  sociétés  secrètes  et 
la  maçonnerie'  :  la  papauté  y  crut  voir,  en  effet,  non  seulement  des 
foyers  d'incrédulité  ou  les  tenants  du  diaholbme*  pouvaient  jeter  de 
nouveaux  aliments,  mais  encore  des  groupements  contraires  aux 
pri&dpu  InéocraUco-mooarchiques  de  l'ancien  régime.  La  politique 
de  la  papauté  à  l'égard  du  royaume  de  Naplcs  au  xïiii*  siècle  peut 

1.  A  la  «crile-,  il  n'j  ■  pa»  Je  livre  scicnliliqur  à  citer.  Voir  le  rudiment  de 
bibliographie  *ukli  V*f  "■  d'Atmern»,  on.  M  .  [>•  18.  Cf.  également  la  Btbtio- 
rjraplitr  ilr  la  frane-maçonnrric  ri  ilei  IHfMMl  ireriirs,  de  I'.  r'escti  ri 
H.  Lit,  Paria,  1906,  in-S-.  L'Entai  tur  Ici  illuminé*,  du  uinrquis  de  Lurhel. 
<|ui  clôt   le   Iviii'  siècle.  (PulS,   1749.  in  S"),  rit  plein    d'erreurs.  On    ICMttH 

dan»fat"  I     vvn.  |.   i iso  et  tu)*,,  une  revue,  m  partie 

critique,  de*  ouvrage»  <  historiques  »  consacrés  t  la  question. 

2.  C'est  a  U  fondation  de  la  t'-randc  l'***  de  Londres,  le  'H  juin  1717,  qu'on 
doit  rattacher  le»  débuts  il.»  la  maçonnerie  moderne, 

S,  En  I7I.1,  le  dur  de  Miildtewi  fonde  la  loge  de  Florence.  C'est  ta  tÀVM  fc 

la  in.n.nm.-ne  rn  Italie.  KM.-  *■  .l^r-!,,,,,.,!.,  -ll( i  ,1,,,,,  |,..  V.l.,1,  fj  l-i. -, 

de  Lorraine  el  dans  le  royaume  île  Pi'aples.  Dans  les  KUta  du  Salnt-Siéfie, 
Il  Su  ni -Milice  ùt  une  enquête  qui  aboutit  i  la  bulle  de  Clément  XII  de  1738. 

4.  On  Mm  uni-  ! rmi, i,i i,<  I,  i.i.ll,.  de  Clément  XII  qui  condamnait  la 

maronnrrie  a  l'Apj.rndice  I]l  du  Cagtunlri,  d'il,  d' Aimerai,  p.  .101-308. 

5.  Les  questions  de  diibnlisme  inlTcui-nt  toute  une  partie  du  ninude  Intel - 
lettuel    Italien   m    ivin-  laldt    CI    DIm   l'invenaal,  t'titi  polrnni  : 

firt  trcolo  XI  III,  llocca  San  Casrlano,  1901,  io-IC.  Comme  mani feula tion  de 
la  persistance  de»  théories  diahnlistr*  au  xu*  siècle,  cf.  la  brochure  de  Les, 
Uo  ïanl  ef  lttn*a   Vaughon,  l'arit,  IU01,  In-JS". 


302  MELANGES  ET  DOCUMBHTS. 

se  résumer  en  un  long  effort  pour  le  prévenir  contre  le  danger  insoup- 
çonné de  la  maçonnerie  ténébreuse4. 

Je  voudrais,  en  publiant  quelques  textes,  montrer  par  l'exemple  de 
quelle  façon,  en  partant  de  documents  apocryphes,  ont  pu  se  cons- 
tituer ces  légendes  dont  les  effets  pratiques  ne  peuvent  être  niés2. 
Ces  textes  sont  tirés  du  Fondo  Gesuitico  de  la  Biblioteca  nationale 
Vittorio-Rmanuele  de  Rome.  Qu'ils  soient  apocryphes,  cela  ne  fait 
aucun  doute3.  La  terminologie  même  des  sociétés  secrètes,  constituée 
dès  le  xvme  siècle  et  connue  aujourd'hui  même  parles  profanes4, 
n'y  est  point  employée,  sauf  pour  deux,  et  cette  absence  ne  souligne- 
t-elle  pas  la  grossièreté  du  faux,  qui  aurait  pu  recevoir  de  son  emploi 
une  couleur  de  vraisemblance,  un  air  d'authenticité  ?  Quant  au 

1.  Voir  le  livre  déjà  cité  du  P.  I.  Rinieri  et  la  monographie  sur  l'abbé  A.-J. 
de  Pargalia,  par  G.  Capasso,  dans  ses  Ricerche  biografiche,  Parma,  1887,  in-8°. 

2.  Le  P.  Rinieri,  op.  cit.,  a  publié  quelques-uns  de  ces  textes.  En  voici  un 
autre,  publié  dans  la  Gazetta  ecclesiastica  de  Florence,  n°  16,  du  8  avril  1776  v 
p.  114;  c'est  la  traduction  italienne  d'une  lettre  trouvée  dans  les  papiers  d'un 
certain  M.  de  la  Floride,  mort  inopinément  à  Genève  en  1774  : 

c  Carissimo  amico.  Il  nostro  piano  si  avanza  ogni  di  più.  Già  ci  è  riuscito  di 
mettere  in  conUnui  contrasti  le  due  podesta  delT  impero  e  del  sacerdozio.  É 
stato  per  noi  un  colpo  maestro  la  rovina  de'  Gesuiti  sempre  troppo  attaccati 
per  loro  consuetudine  a  sostenere  i  diritti  de  l'una,  e  dell'  altra  podesta,  e  pre- 
murosi  perciô  di  contenerle  ne'  propri  limiti,  e  sempre  troppo  contrarj  aile 
nostre  idée.  Non  abbiamo  più  di  che  temere,  anzi  pensiamo  tirar  vantaggi  per 
il  nostro  sistema  dalla  stessa  loro  rovina;  perché  essendo  eglino  per  una  parte 
stati  tanto  mal  trattati  da  queste  due  podesta,  non  avranno  certamente  per 
l'awenire  impegno  alcuno  per  difenderle,  ed  essendo  tuttavia  per  l'altra  parte 
tanto  compatiti  del  popolo  per  le  sofferte  disgrazie,  non  potrà  il  popolo  fare  a 
meno  di  non  approvare  il  nostro  sistema,  di  remettere  ognuno  nello  stato  d'una 
perf cita  .Libéria  *  indipejtdenza.  Proseguiamo  pure  a  fare  che  sieno  sempre 
più  perseguitati  gli  altri  religioni  e  i  preti  ancora.  In  questo  modo  si  empira 
sempre  più  il  mondo  di  malcontenti,  e  noi  saremo  in  maggiore  speranza  di 
stabilire  il  nostro  sistema.  Con  questa  occasione  vi  fo  sapere,  che  presto  si 
cambieranno  alcuni  segni  per  quelli  délia  nostra  classe,  perche  siamo  in  péri- 
colo  di  restar  scoperti  ai  segni  antichi.  Voi  fra  tanto  travagliate  ad  accrcscere 
il  numéro  di  quelle  persone,  che  a  suo  tempo  ci  potranno  giovare.  E  sono  di 
cuore  vostro  amico. 
c  3  Febbr.  1774.  M.  G.  » 

La  copie  de  ce  document  se  trouve  dans  la  Rivoluzione  religionaria  e  civile 
de*  Francesi  incominciata  l'anno  1789,  opéra  del  sig.  Vaudero  Pahour..., 
ouvrage  imprimé  à  Foligno  en  1795,  et  dont  j'ai  trouvé  un  exemplaire  manus- 
crit à  la  bibliothèque  Victor-Emmanuel  de  Rome  {Fondo  Gesuitico,  n*  381) 
pour  le  tome  II,  qui  contient  les  pièces  justificatives  du  tome  I. 

3.  Je  n'ai  eu  affaire  qu'à  des  copies,  qui  n'ont  aucune  prétention  à  simuler 
les  extérieurs  de  l'authenticité. 

4.  Goyau,  la  Franc-maçonnerie  en  France,  Paris,  1899,  in-18;  Prache,  la 
Pétition  contre  la  franc-maçonnerie,  Paris,  1902,  in-18. 


CiULIOSTIIO   ET   U    nUJIC-lliÇOS *ERÎE. 


303 


fond  lui-même,  on  peut  dire  qu'il  suc  le  mensonge,  car,  parmi  les 
membres  de  ces  soeiélés  secrélea  où,  à  première  vue,  le  premier  et 
peut-être  le  seul  défaut  qui  saute  aux  jeux,  c'est  comme  une  sorte 
de  «  cabotinage  de  la  sensibilité  ■  ',  doit-on  croire  qu'il  ait  pu  y  en 
avoir  de  si  audacieusement  cynique  pour  oser  parler  de  soi-même 
comme  ils  le  font,  pour  se  dire,  même  entre  soi,  capables  de  toutes 
les  bassesses  et  de  tous  les  crimes?  C'est  si  peu  présumable  qu'on  a 
de  la  peine,  par  ailleurs,  â  admettre  que  des  faussaires  aient  été  ou 
assez  sols  ou  assez,  criminels  pour  fabriquer  des  monuments  de  cette 
taille,  cl  qu'on  ne  le  pourrait  certainemenl  pas,  si  l'on  ignorait  le 
caractère  du  clergé  italien  au  iviii'  siècle,  sa  bassesse  cl  son  igno- 
rance, et  si  l'on  oubliait  que  c'est  de  ces  accusations  forgées  que  Boni 
sorties  les  condamnations  officielles.  Ouanl  a  dire  quels  sont  les 
auteurs  du  faux,  c'esl  iirqiossihle.  Le  fait  même  que  les  copies 
d'après  lesquelles  je  publie  ces  documents  ont  fait  parlie  de  la  biblio- 
thèque des  Jésuites'  ne  permet  pas,  absolument  parlant,  de  croire 
que  c'est  de  leur  compagnie  que  sonl  sortis  ces  faux,  où  leurs  enne- 
mis, considérés  comme  naturels  par  le  populaire,  étaient  confondus, 
et  l'on  ne  peut  même  bien  discerner  si  nous  avons  affaire  â  des  faux 
conscients  ou  à  l'enregistrement  presque  involontaire  d'une  simple 
tradition  courante. 

Les  deux  premiers  documents,  un  serment  de  la  «  secle  »  cl  son 
commentaire  par  un  adversaire,  sonl  de  la  même  inspiration  :  c'est 
la  philosophie  de  la  régénération  humaine  qui  sert  de  couvert  â  la 
société  pour  la  réalisation  de  ses  desseins  égoïstes;  le  moyen  de 
réaliser  ces  desseins,  c'est  l'obéissance  absolue  aux  supérieurs,  seuls 
capables  de  voir  clairement  le  bul;  •—  ironie  de  ces  faussaires  qui 
montraient  la  vilenie  d'une  systématisation  imaginaire  de  la  passi- 
vité cl  pouvaient  considérer  autour  d'eux  les  effets  certains  d'une 
passivité  réelle  ! 


(ÏILHAMI.NTO    DE'    Lliltmi    MURATUAI. 

lo.  N.  N.  cunfesM»  qui  présente  a  Voî  tlognissiino  Plenipoteniiirio 
del  Chiamsimo  ordÎM,  nel  quuln  Jt-suiero  ili  ener  ricevuto,  cbe  woo 
conte  ici  a  me  steiao  délia  uni  murale  débutez»  et  imporunza  (il,  cbe 


l.  H   I  v '■--.  If   tU    I   w, 

■-    ■(■     Il     li.l.lml.i.i    Villurio-Ktiuiiiitlr    ilp 
Rouir,  dont  j'ai  rximlnr  un  «un  Ir*  UMOUtcrlU  Cûnc*Hi»ii1  I  biiloire  de  Fntica 

(JtoMH  du  MMlaCMgwn,  Jjin.-f.'»r.  I9QC). 
3.  Fonte  0*w4fao,  m.,  llw.    U1..,i,  n-  il,  i  ftullki. 


304  MéLAÎfGES  BT  DOCUMBNTS. 

per  quanti  titoli,  onori  e  dignità  che  io  possa  pretendere  nella  société 
civile,  nel  fondo  altro  non  sono  che  uomo  (n)  ;  che  tutto  il  rimanente, 
siccome  io  l'hô  acquistato  per  mezzo  di  altri  uomini,  cosi  mi  possa  simil- 
mente  esser  ritolto  da  essi  (m)  ;  che  conoscendo  qnivi  che  le  approva- 
zioni  e  la  stima  degli  altri  uomini  mi  sia  assolutamente  necessaria, 
procurerô  in  ogni  maniera,  perquanto  mi  sarà  mai  possibile,  diconser- 
varla  (iv).  Non  farô  servir  giammai  il  mio  potere,  la  mia  autorité  pré- 
sente ne  futura  in  pregiudizio  del  comun  vantaggio,  e  che  air  incon- 
tro  mi  opporrô  con  tutlo  il  mio  potere  a'  nemici  del  génère  umano 
e  délia  società  civile  (v). 

(vi.)  Confesso,  e  prometto  inoltre  di  voler  profittare  di  tutte  le  occa- 
sioni  ove  potrô  servire  ail'  umana  società,  e  migliorare  la  mia  volonté 
e  le  mie  cognizioni,  e  cornu nicare  le  mie  utili  scoperte  per  il  comun 
vantaggio,  per  quanto  lo  richiederà  da  mè  il  buon  essere,  ed  i  statuti 
délia  società  présente. 

(vu.)  Mi  obbligo  ad  osservare  un  silenzio  perpetuo,  ed  a  prestare  una 
fedeltàed  ubbidienza  inalterabile  a  tutti  i  superiori,  ed  agli  statuti  dell' 
ordine.  Rinunzio  ancora  fedelmente  ad  ogni  mia  opinione  o  parère  par- 
ticolare,  alla  mia  copartia,  ail'  uso  limitato  délie  mie  forze  e  capacité. 

(vin.)  Mi  obbligo  di  riguardare  il  benessere  dell'  ordine,  corne  il  mio 
proprio,  essendo  pronto  di  servirlo  in  tutto  il  tempo,  che  io  sarô  mem- 
bre di  esso,  co'  miei  béni,  col  mio  onore,  e  col  mio  sangue. 

(ix.)  8e  accadesse  mai,  che  io  per  inconsiderazione,  per  passione,  o 
per  malizia  ancora  attentassi  qualche  cosa  contro  i  statuti,  o  il  ben- 
essere delP  illustre  Società,  mi  sottometto  a  tutte  le  riprensioni,  e  a 
tutte  le  pêne,  che  mi  saranno  aggiudicate  da*  superiori. 

Prometto  inoltre  di  assistere  ail'  ordine,  e  co'  miei  consigli,  e  co' 
fatti  in  tutte  le  sue  emergenze,  corne  meglio  saprô,  e  secondo  la  mia 
coscienza,  sagrificando  perciù  i  miei  pregiudizi  privati,  e  che  riguar- 
derô  per  amici  o  per  nemici  tutti  quelli  che  io  sono  délia  società,  ne 
mi  posterô  verso  di  questi  in  altra  maniera,  che  a  norma  délie  istru- 
zioni,  che  riceverô  délia  medesima  società. 

Nella  medesima  maniera  sono  disposto  e  pronto  di  attendere  con 
tutti  i  mezzi  leciti  ail*  ingrandimento  e  dilatazione  délia  società,  e  di 
adoperare  a  questo  fine  tutte  le  mie  forze  per  quanto  mi  sarà  possibile. 
E  tutto  ciô  io  lo  prometto,  e  mi  obbligo,  senz'  alcuna  restrizione  men- 
tale, intieramente  secondo  l'intenzione  délia  società,  la  quale  esige  da 
me  questa  promessa  da  uomo  onesto,  quai  mi  protesto  di  essere  ora 
e  di  voler  esser  per  sempre. 

b. 

V. 

Ha  fatto  un  gran  passo  per  perfezionare  se  stesso  chiunque  ha  acquistato 
la  cognizione  délia  sua  naturale  debolezza...  Machi  è  che  non  la  conosca, 

1.  Fondo  Gesuitico,  ma.  1354,  4  feuillets. 


cigliostio  et  t.i  rmic-irti;.i)MK«rf.  305 

o  che  non  debba  conoscrrln,..  Quesia  cognixione  è  mai  un  dovere  parti- 
colare  dell'  ordine,  o  noa  à  clla  piullosto  un  dovere  di  tulta  l'umauita? 
Ma  notata  bene,  cbe  quivi  non  si  esige  già  quesia  cognizione,  perché 
ognuau  dalla  propria  debolezza  ed  impotenxa  impari  a  compatire  quelle 
■Ici  suo  prussiuio,  e  jierchè  stia  sempre  in  guardia  di  se  stesso  per  non 
cadere.  ma  unicamente  perché  l'iuiziato  fratello  dalla  cognizione  délia 
propria  debo lez z a  ed  impoleaza  prendaargomentode  ubbidireallacieca 
ad  ogni  volt) n là  ai  superiori  dell'  online,  ed  acconsenlire  eenz'  altro 
esame  a  lutte  le  interpreiazîooi  faite,  e  ila  farsi,  ed  aftiuchè  si  sotio- 
punga  coq  nna  pazienza  da  bue  ad  giogo  di  tutto  il  sistema  dell' 
urdiiic 


ii-ni- 


Si  potrà  dunque  acquislare  e  perdere  ogni  cosa  per  mezzo  degh 
uumini...  ancora  la  virtù...  ancora  l'essere...  cousciu  a  se  steuo  di 
aver  operaio  liane. ..  ' 

Un  uomo  il  quale  sosiiene,  che  possa  otteoere  e  perdere  tutto  per 
mezzo  degli  uomioi,  certo  è,  che  cornu nemenie  non  conâda  nelle  pro- 
prie forze,  ma  si  fonda  unicameate  sopra  le  aitiaenze,  che  ha  sopra 
l'impegoo,  che  ha  cootrattatu,  e  sopra  la  speranza,  che  i  suoi  fratelli 
lo  pobblicaranno  da  per  lutto,  e  basta  che  soppia  l'arte  di  accomodaraîa 
tutti,  di  dar  gusto  a  molli,  e  rendersegli  obbligati,  evoebe  (?)  la  sua  for- 
tuna  è  fatla...  E  quanto  è  facile  questo  a'  tempi  noslri,  ne'  quali  tutti  si 
pascoDO  di  chimère,  e  dove  per  aver  informazione  di  qualche  soggetto 
non  si  chiede  mai  :  Hu  egU  la  capacilà  necessaria  per  questo  impiego? 
8a  egli  cio,  che  deve  saperer"  E'  egli  galootuomo,  uom  proho,  fedele, 
uomo  di  paroi*?...  Ma  sollanto  :  E'  egli  uomo  ben  fatto?...  Corne  va 
vesiiio?,..  Sa  bnllare,  cavallare?  Sa  di  scherma,  corne  suona  il  cem- 
balo?  S'inlende  egli  del  disegno? Corne  si  diletta  egli  di  far  ail'  amure, 
quante  femme?  lia  avulo  mal  niun'  malo  di  galanterie?  Coq  cbi  traita, 
e  dove  va  alla  conversazione? 

Ma  cosa  potrà  aspeltarsi  da  un  uomo,  dirô  meglio,  da  una  iutera 
societa  di  uomioi,  ira  quali  non  v'  è  alcuno,  chi  cnnsulli  la  ragione  e 
<  dalla  virtù,  ma  tutti  si  appoggiuo  unicamente  sopra  gli 
uomiui,»  sopra  le  rclazioni,  cbe  banoo  con  quesii?...  Chi  s'  incoglierà 
dell'  aoquislo  délia  scienza?  Chi  si  curera  di  acquivlarsi  de'  meriii 
perenoi  a  foru  di  sadori,  e  di  «tenti,  napeudo  che  potrà  ottenere  lutto 
per  mezzo  degli  uomtni  a  molto  miglior  prezzo?...  E  che  consolazione 
potrà  avère  un  dl  costoro.che  puôeasera  spoglialodl  luttoda^ll  uomini, 
«H or che  gli  succéda  io  falti  di  trovarsi  spoglialo  da  lutto  cîô,  che  uella 
sua  opinion»»  lo  polrebbe  render'  felice?  Hisognerebbe  cbe  coslui  rinvc* 
nisso  m  te  su-sso  dl  cbe  contolarti  ;  ma,  avendo  egli  traseurato  l'ac- 
quiatu  dalle  virtii.  non  ha  tara  proprie,  e  ciù  per  la  sua  supposia  debo- 
loiza  ed  impoirnzB  ;  ecco  di'  rgli  rimant!  nudo,  e  spogliato  di  inienio 
non  aapeudo  ove  voilant,  s'  appiglia  Baalmente  a  quel!' 


FUv.  Uistoa.  XCIV.  2*  r**C. 


!0 


306  MBLAIfGRS  ET  DOCUMENTS. 

unico  remedio  tanto  decantato  da'  suoi  fratelli,  il  soicidio  per  liberarsi 
una  volta  per  sempre  da  tutti  i  suoi  malori. 

La  conseguenze  per  tanto  di  questo  principio,  cioè  che  si  possa 
acquis  tare,  e  perd  ère  tutto  per  mezzo  degli  uomini  sono.  1.  che  i  fratelli 
nulla  si  curano  di  acquis tarsi  de'  meriti  reali,  e  proprî,  e  che  s' indus- 
triano  di  avanzarsi  unicamente  col  deprimere  i  meriti  altrui  a  forza  di 
calunnie,  di  detrazioni,  e  di  maldicenze.  2.  il  soicidio  sera  prêché  non 
veggono  altra  via  da  scappare. 

IV. 

Ogni  uom  da  bene  desidera  di  acquitarsi  la  stima  e  l'approvazione 
degli  uomini,  ma  questa  non  gli  è  necessaria,  di  modo  che  non  possa 
passarsela  senza  di  lei  assolutamente.  Egli  ritrova  in  se  stesso  una 
certa  dignité,  una  certa  convinzione  délia  rettitudine  délie  sue  azioni, 
la  fede  dell'  immortalité,  e  la  speranza  di  una  vita  felice,  che  tocca  ai 
virtuoso  dopo  la  morte...  Vedendosi  adunque  abbandonato,  sconosciuto, 
e  negletto  da  tutti,  egli  si  rintana  nella  sua  virtù,  la  quale  résiste  invul- 
nerabilmente  a  tutti  i  dardi  délia  malizia  e  dell'  invidia.  Egli  adunque 
fà  di  meno  délia  stima,  e  dell'  approvazione  degli  uomini,  e  non  gli  è 
necessaria  assolutamente  benchè  gli  sarebbe  stata  vantaggiosa  as  gai,  e 
perô  anche  desiderabile...  Maqualora  questa  sia  assolutamente  necessa- 
ria, corne  accade  agli  fratelli  dell*  ordine,  quali  sono  i  mezzi  che  hanno 
da  servire  per  conservarsela  :  quante  vol  te  non  saranno  essi  costretti 
di  dover  annegare  se  stessi  :  quante  voite  non  dovranno  dare  la  loro 
approvazione  aile  cose  ingiuste  :  e  per  quante  altre  vie  non  avranno  da 
passare,  e  tutte  sono  ignote  ad  un  uomo  da  bene. 

Aggiungasi,  che  corne  si  disse  poc'  anzi,  ottenendo  e  perdendo  i  fra- 
telli tutte  le  cose  per  mezzo  degli  uomini,  sarà  dunque  a  loro  precisa- 
mente  necessario  la  stima  e  l'approvazione  di  quelli,  dai  quali  o  spe- 
rano  di  ottenere,  o  temono  di  perdere,  non  curandosi  degli  altri, 
da'  quali  non  hanno  nulla  da  te  m  ère  o  da  sperare;  non  avranno  nep- 
pur  motivo  di  rendersegli  grati  con*...  Il  risultato  di  questo  principio 
si  è  primo  Ipocrisia  e  simulazione  as  tu  ta  con  tutti  quelli  da'  quali 
hanno  da  temere  e  da  sperare,  secondo  arroganza  e  dispregio  con  tutti 
quelli  che  loro  sono  indifferenti,  3°  calunniare  quelli,  che  attraversano 
la  strada. 

V. 

Chi  siano  questi  nemici  lo  hanno  da  desidare  solo  i  superiori  miste- 
riosi  dell'  ordine  per  chè  tanto  il  sistema  dell'  ordine,  quanto  l'obbliga- 
zione  formale  e  contratta  richiedono  che  tutto  si  abbia  da  fare,  e  da 
intendere  secondo  l'intenzione  dell'  ordine,  rinunziando  ad  ogni  senti- 
mento  privato. 

1.  Changement  de  main.  Lacune.  —  Tous  les  points  (...)  précédents  ou  sui- 
vants se  trouvent  dans  le  manuscrit. 


cir.uosTBn  et  1.1  ■UBOHUÇtttïElIE. 


sot 


Ha  ae  veniase  in  capo  a'  superiori  di  dicbiarare  i  paJri  délia  Patria, 
ovvero  altri  uomini  prohi.  bisugnarebbe  dunque  resistere  aucbe  a 
qmsti...  E  clii  sarchbe  salvu  da  questo  nostroserpeggianie?  Cûsi  è;  sue- 
eederebbe  ne  piii  né  mena  quello  cbe  di  fatli  succède. 


VI. 

Il  buon  essere  délia  società  viens  dunque  preferito  al  buon  eaaere 
dell'  omanità,  ed  alla  propria  perfealone,  e  ae  m  prêché  non  placera  agli 
■uperiori  non  sarà  lecilo  ad  un  fraiellu  di  servire  l'ujnaniu't,  di  MBM> 
nic&re  le  sue  scoperle  vamaggiose,  ne  di  proaeguirc  Topera  di  sua  per- 
fciione...  E  puslo  il  caso,  clin  il  buon  essere.  ed  i  statut)  dell'  ordine 
richiedanu  l'opposto,  il  fralello  dell'  ordine  sarà  adunque  obbligalo 
ancora  df  servire  contro  l'umauilà.  di  «opprimera  le  sue  scoperle  van- 
laggiote,  e  di  tagrificaro  la  sua  propria  perfezione,  e  di  starsi  a  guiaa 
di  un  corpo  mort»  in  una  HUule  inaziune;  in  somma  pcr  esser  sog- 
gciio  utile  per  il  Bue  délia  società,  conviene  cbe  si  faccia  guidare  ad 
occhi  ctaiusi  corne  una  beslia  irragiunevole  da  suoi  condottieri. 

Un'  aperta  sollevazione  sarehbe  assai  meno  permciosa  quanto  lo  è 
questo  staio  nello  stalo,  e  questo  veleno  iuvisihile.  Quella  si  puô  paci- 
ficare  con  dei  canoni,  e  con  alcuni  reggimenti  di  milizia,  questo  veleno 
invisible  è  Bglia  délia  peste,  e  se  voî  voles  te  circondar  la  cilla  col 
fuoco,  cume  si  fa  in  tempo  di  peste,  neppur  ri  riuscirebbe  di  consu- 
marlo. 

8e  voi,  qualunquc  siate,  a vendu  avutu  l'infelice  sorte  di  conirariare 
il  buon  essere,  ovvero  î  statuti  dell'  ordine,  rilrovaw  inviluppato  in 
qualche  litn,  vi  toccberà  di  aver  per  giudici  de'  fralelli  dell'  ordine  :  cos' 
altra  avete  da  sperare,  se  non  cbe  vi  si  avventeranno  contro,  corne 
tante  vipère  istigate,  e  cbe  non  ne  poirebbe  sort  ire  con  la  pelle  saoa...? 
Per  tanto  laie  co«i  prima  di  uscir'  di  casa,  date  uno  sguardo  aile 
vestre  case,  e  giardini,  abbracciaie  i  vostri  figli,  e  date  loro  l'ul- 
timu  addio. 

VII. 

Cosa  orrendal  quai  al  sovrauo,  quai  alla  patria!  Per  voi  non  ri  m  a  ne 
altro,  L'ordine  poaaiede  ed  h.'i  al  ma  servizio  tutto  i'uomo. 

Per  che  mai  ai  obbligano  i  frntclli  ad  un  perpetuo  silenaio?  S'a 
bnona  l'intenzione,  se  il  Qne  è  convenevolo  e  per  la  sua  perfexione 
propria,  e  per  quella  an  cor  dello  Stalo,...  percha  un  perpetuo  silenzio? 
Quanti  Istiluti  non  vi  sono,  i  quali  hanno  pretiati  alla  patria  più  »ar- 
viii  cbe  non  potrebbero  renderlo  luggie  di  Framassoni  :  nppure.  non 
vi  si  tralto  mai  di  silenzio  perpsluo  :  essi  palesavano  francameute  e 
(lacerameote  a  lut»  lo  scopo  e  le  régule  dell'  Intitula,  us  mai  s'intese 
lagnanza  alcuna,  Percbè  duaque  parpeluo  silenzio?  Cbiunque  opéra 
con  burjua  finie  avanli  a  Oio,  sd  agi'  uomini,  non  terne  la  lue*;  e  clii 
st  oaaconde,  non  puo  avère  a  maie,  »e  II  pubblico  demanda  :  perche  vi 


308  MJLAlfGKS  ET  DOCUMENTS. 

Il  far  voto  a'  suoi  superiori  di  ubbidienza  cieca,  di  rinuncia  a  tutte  le 
sue  cognizioni  particolari,  ed  a  tutti  i  suoi  talenti,  questo  supera  di 
gran  lunga  l'obbligo  annesso  al  voto,  che  fanno  i  monaci  nelle  mani 
de'  loro  superiori.  Eppure  questi  signori  non  cessan  mai  di  gridare 
contro  il  mooachismo,  e  pare,  che  essi  non  capiscano,  che  si  potrebbe 
ritorcer  contro  di  loro  con  miglior  equità  il  medesimo  argomento, 
col  quale  essi  combattono  i  monaci,  e  che  essi  per  noter  fare  ogni  maie 
si  abusono  di  que'  stessi  mezzi,  di  cui  si  servono  i  monaci. 


vm. 

Lo  stato,  o  qualsivoglia  senato,  che  si  occupa  nel  bene  délia  patria  non 
potrebbe  pretendere  da'  suoi  candidati  una  obbligazione  più  stretta 
e  maggiore  di  questa,  quando  dà  l'incolato  ad  un  nuoval  cittadino...,  a 
chi  offerisce  i  suoi  béni,  e  il  suo  sangue,  non  resta  altro  da  dare  : 
non  mi  posso  perô  far  espace  corne  uno  possa  impegnare  ancora  il  suo 
onore,  la  cosa  più  sagrosanta  che  l'uomo  possieda,  e  da  prezzare  assai 
più  che  i  tesori  di  Salomone*. 

10  servo  col  mio  onore  vuol  dire  :  io  sacrificherô  il  mio  onore  ogni 
qualvolta  lo  richiederà  il  bene  délia  società. 

11  framassone,  volendosi  diffare  di  qualche  persona,  adoperà  il  veleno, 
ed  ha  il  segreto,  questa  società  abbia  il  segreto  di  fare  che  uno  si  dia 
la  morte  da  se  medesimo. 

Les  deux  documents  suivants  ont  une  certaine  prétention  à  l'authen- 
ticité. Ce  sont  des  pastiches  de  lettres  d'Illuminés.  Les  auteurs  supposés 
de  ces  lettres  connaissent  le  tablier,  l'étoile,  ils  emploient  la  clé  topo- 
nymique  des  initiés  de  Weishaupt*,  ils  rattachent  la  composition  de 
leurs  écrits  à  une  occasion  réelle,  l'expulsion  de  Bavière  de  YVeis- 
haupt  et  de  ses  disciples  en  J7843;  enfin  la  pensée  est  plus  sérieuse, 
les  moyens  proposés  pour  réaliser  les  intentions  de  la  secte  plus  ingé- 
nieux et  moins  bas,  puisqu'ils  semblent  se  réduire  à  l'entrée  en  masse 
des  Illuminés  dans  les  universités.  Néanmoins,  le  faux  est  certain  : 


1.  A  la  suite,  au  recto  du  dernier  feuillet. 

2.  Weishaupt,  professeur  de  droit  canonique  à  l'Université  d'Ingolstadt,  orga- 
nisa, avec  ses  élèves,  en  1776,  la  secte  des  Illuminés.  Pour  correspondre  entre 
eux,  les  Illuminés  avaient  organisé  tout  un  vocabulaire  de  noms  propres 
anciens,  dont  ils  désignaient  les  mois,  les  villes  d'Europe,  et  qu'ils  employaient 
même  pour  se  désigner  individuellement.  Cf.  L.  Engel,  Gesch.  des  Illumina- 
ten-Ordens...  nach  auihent  Dokum.,  Berlin,  1906,  in-8\ 

3.  A  la  suite  de  son  bannissement  de  Bavière  en  1784,  dont  il  a  raconté 
l'histoire,  Weishaupt  se  réfugia  auprès  du  duc  de  Gotha,  qui  avait  adopté  ses 
idées.  Sur  la  politique  religieuse  de  l'électeur  de  Bavière,  voy.  Scheglmann, 
Gesch.  der  SakularisoMon  im  rechtsrhein-Bayern,  t.  I,  Ratisbonne,  1903, 
in-8% 


C4GU0STBO   CT   1.1    FfUSC-lUÇOVSERIi:.  309 

l'abus  des  éloges  le  souligne  assez,  et,  daos  la  seconde  lettre,  les 
menaces  trop  crues  de  vengeances  trop  dures.  Voici  ces  lettres  : 


'MUA    Dt   C3   LIBERO  KCBATOIS. 


•  Ûbstupui,  steleruntqtie  comç.,  et  voi  faucibus  hçeît.  * 
Non  potrei  esprimervi  meglio,  che  con  questo  verso  il  siti^o,  che  ha 
destato  in  me  Jawenimenio  del  22  giugno  il  quale  quanto  innsp^twio 
altreltanio  lerribîle  per  il  Saoto  ed  innocente  orrlint  de'  Ltbtri  Muratori. 
Corne  mai  lia  potulo  nuire  in  un  punio  di  tutti  i  nostrl  fratelli  il 
ttmggfO  lulto,  e  tulle  le  subliini  idpe  a  segno  taie,  che  in  una  Loggia 
co»i  numérota  ed  illustre  non  abbiasi  potulo  rinvenire.  ItDtodJ  rirtfl 
per  declinare  questo  colpo  fatale?  Corne  manderemo  noi  a  elTello  i  nos- 
trl bellmimi  progetti  per  feliciiare  luito  l'umao  génère,  se  non  d  but! 
l'animo  di  conservare  noi  stessi.'  Amico!  i  colpi  del  fanatisino  lino  a 
tauto  cbe  è  sono  siati  lirati  palesamente.  ed  alla  balorda  hanno  fatto 
pocu  danno  al  nusiro  online,  ma  orchè  la  persecuzione  ni  MMOUla,  ■ 
si  ricuopre  col  manlo  iti  una  lina  pulilica,  ci  sar.'i  diltkile  a  ripararci. 
Non  posso  capire,  corne  mai  iConfratelli  primari  délia  nostra  Loggia 
con  la  loro  assidua  vigilanza  per  tuito  ciii  cbe  spetta  a  noi,  ovvero  allô 
stato,  non  abbiano  potuto  preveoire  questo  Editto.  Forse  non  dp  avratino 
penelrato  cos'  alcuna?  ab  che  non  é  poxsibile  '  Noi  abbiamo  de'  Fratolti 
in  lutte  le  aduoanze  ancora  le  più  segrele,  i  qualt  finora  hanno  iidem- 
pito  fedelmeote  i  luro  doveri,  tomminîstraadoci  tulle  le  noiizie,  cbe 
potevano  eatere  di  quaiebe  vanlaggio  alla  nostra  Loggia.  Tulle  le  *ale 
de'  con»iK.li  non  suno  furse  pieno  di  soggelli  del  nostro  online?  Non  era 
quindi  la  nostra  Loggia  per  cotai  mémo  il  più  alto  o  il  più  attivo  gabi- 
nrllo  dello  stator  Non  lia  rlia  Torse  per  la  fedele  uuanimitâ  de'  suoi 
membri,  anîmati  tutti  da  un  mednsirm)  tpfrttt  •■  da  un  medesimo  prin- 
cipe, occupato  le  cariche  le  più  riguardwvoli,  terminali  i  procesBÎ  i  più 
important:,  e  provveduto  a  lotio  ancor  che  potesae  aweniref  Onde 
mai  potp  derlvare  tutto  insieme,  una  sincope  di  qucsla  sorte  in  tempo 
ch'  cravanio  ormai  guiuli  a  poier  mareggiare,  e  go  ver  n  are  a  nostra  pos- 
miui,  e  facilmente  ogni  cosa,  e  che  la  non  ira  autorité  era  soMenuta 
dagli  amici  i  ptà  podATHll  Ab  '  Hrtumatt,  qualclie  maligno  spiriiu 
*'h  qui  agguatalo;  e  Dio  aa  fin  da  quando  ad  ordire  e  bramur  la  nosira 
nia  cabala  ai  e  tiaia  que* ta  la  più  t'ma  del  mondo,  che  ha 
indovinaia  la  via  di  diffare  i  fatti  nuatri;  uoa  cabala  as*ai  più  eegreta, 
n  diriita,  cbe  noQ  abbiamo  avuto  uoi.  Came  mal  e  stato  potsibile  che 
ira  tanti  e  lanto  tint  poliùei  n  slatisti  non  se  d4  aia  rilrnv;i! 
uno  cbe  avc*se  Unto  di  naso  da  »uh™forar  que*ta  l'rode!  Ma  se  badate 

1.  Fond»  GtKlitieo,  nu.  IlS'i,  !  feuilleta.  Moine  main  que  le  premier  trUe. 


340  M&LA.fGBS  ET  DOCUMENTS. 

bene,  alla  fine  si  scuoprirà,  che  noi  stessi  avremo  aperto  la  sorgente 
délia  nostra  rovina,  o  almeno  troppo  incautamente.  L'avremo  dispre- 
giata  tenendola  per  cosa  di  poco  momento.  Ghiunque  vuol  riuscire  in 
affari  di  gran  conseguenza  bisogna  che  adoperi  nascoste,  ed  a  quel,  che 
Don  puô  occnltare,  dia  un  colore  di  poca,  o  niuna  importanza,  e  cosi 
procéda  corne  acqua  cheta,  che  sia  profondissima,  e  non  lo  mostri.  Or 
appunto  contro  questa  massima  fondamentale  nella  politica  noi  abbiamo 
sconciamente  operato. 

Si  sono  ritrovati  tra  noi  de'  fratelli,  i  qnali  quando  avevano  trangu- 
giate  tre  o  quattro  bottiglie  giuravano  morte  e  rovina  ad  ogoi  profano, 
che  loro  era  sospetto.  Vol  sapete  che  io  da  gran  tempo  ho  profetizato 
délie  conseguenze  funeste  per  queste  minaccie  indiscrète,  e  per  l'ariosa 
baldanza  d'alcune  nostre  teste  bizzarre,  e  non  m'è  riuscito  mai  di 
potermi  quietare  con  la  sicurezza,  che  voi  mi  davate,  cioè,  che  in  tutta 
la  Baviera  non  v'  era  mai  più  uno,  che  fosse  riputato  buon  pensatore, 
e  non  fosse  in  tutto  nostro,  e  da  potersene  perô  fidare,  e  corne  suol 
dirsi,  dormire  tanto  noi  con  gli  occhj  suoi,  quanto  egli  co'  nostri.  Ho 
osservato  di  più,  che  molti  de'  nostri  allievi  non  avevano  ancora  pêne- 
trato  bene,  e  quanto  bastava,  lo  spirito  délia  nostra  Loggia,  al  cingersi 
il  grembiale,  al  ricevere  la  Stella,  al  vedersi  ascrivere  fra  gli  altri,  e  al 
sentirsi  dare  il  titolo  di  fratello,  ne  mostravano  particolar  piacere  e 
diletto;  ma  quando  si  trattava  di  rivelare  in  servizio  délia  Loggia 
alcnna  notizia  intéressante,  venivan  assaliti,  e  combattuti  da  loro  pre- 
giudizi  anlichi,  tremavano  essi  di  dover  destramente  cavar  di  bocca  al 
Padre  un  segreto,  o  di  far  copia  di  qualche  scrittura  gelosa,  per  darla 
alla  Loggia;  e  chi  lo  avea  fatto,  poco  dopo  se  ne  pentiva,  e  si  palesava 
da  se  con  timor  fanciullesco.  Il  zelo,  che  costoro  ci  mostrano,  spesso  ci 
ha  recato  più  danno,  che  utile. 

Io  sono  stato  sempre  contrario  ad  arruolare  quei  giovani,  che  cres- 
cono  più  nel  corpo,  che  nel  senno  e  nel  giudizio,  onde  non  possono 
avère  ancora  il  discorso  saldo.  L'ammettere  costoro  è  un  passo  molto 
inconsiderato,  essendo  essi  troppo  manchevoli  di  quella  riûessione,  che 
séria  e  lunga  vuol  essere  per  bene  iniziarsi  a  nostri  misterj.  Prima  di 
giungere  a  potere  e  spiccare  il  volo  d'uno  spirito  forte,  e  prima  di  aver 
l'aie  bene  impennate  con  le  massime  ben  possedute  délia  vera  sapienza, 
fuor  délia  quale  non  vi  è  salute,  bisogna  pure  estirpare  que1  tenacissimi, 
per  cosi  dirgli  originali  peccati  del  patriottissimo,  delP  ossequio,  e 
amore  al  Sovrano,  ed  altri  sifatti  pregiudizi,  che  fermamente  la  buo- 
na  gente  tiene  per  dovere;  e  per  far  ciô,  quanto  mai  s'  ha  da  stentare? 
Quanto  tempo,  e  quanta  riflessione  vi  vuole  !  Un  giovine  che  si  senta 
proporre  le  massime  di  un  Cireneo,  o  di  un  Teodoro  non  inorridira?  e 
non  darà  subito  indietro?  e  voi  crederete  di  faglierle  in  brevo  tempo 
apprend  ère,  e  con  entusiasmo  abbracciare? 

A  me  è  piacuto  sempre,  e  lo  preferirei  ancora  ad  ogn'  altro,  il  mio 
progetto  antico,  d'istituire  una  classe  preparatoria,  nella  quale  i  gio- 
vani s'instruissero  bene  di  un  presto  pirronismo  per  rendergli  per  cosi 
dire  atti  e  disposti  a'  nostri  disegni.  Questa  dottrina  in  quanto  non  eccede 


CiCLlOSTBO    LT    LA    MASC-HiÇOSÏEIltl-;, 


311 


la  capaci  ta  di  an  giovine  ci  avrebbe  somminisirati  di  sopgel lî  lUU  par 
quaiiivoglia  forma.  Mi  opponevate  voi  allora,  che  ta  fîlnooKa  che  s'in- 
segna  nelle  woole  è  as»ai  più  giovevole  per  questo  intente,  poichè  non 
fa  aie  une  impression!  nella  monte,  e  rieropie  la  lesta  di  niori  lerminl,  a 
quali  nel  pas-ar  -Ul  gênerais  al  particolare,  e  dalla  «peculazione  alla 
pratica  si  potra  poi  dar»  quel  atgnilicaio,  clip  più  piaco*se.  Mi  dicevaie 
ancora,  che  vhi  govtrna  io  tlalo.  il  era  prtia  la  rura  d'i'tituirr  queita 
elatit  prtparaloria  col  mttiodtUe  univtriità  «  tUtdi  gtnerali  di  ciascuna 
scienza,  i  quali  per  divenire  allaitante  cUvsi  preparatorie  in  confor- 
<  die  io  progetlavo,  bas  la  va  elle  per  noi  si  procurasse  di  famé 
conferir*  le  catiedre  a  que'  doiluri,  che  sono  del  110*1™  online.  Ma  la 
pin  forte  opposiiione  fù  sempre  quello  del  deuaro  a  ciù  rechiesto,  e 
voi  avevaie  buon  fonda  menu»  di  credere  che  da  governi  non  v'  era  da 
■pnrar  allro  che  la  paga  eemplico  delto  stallo.  alla  quale  obitsloDj  "on 
avendu  che  replie*!*,  mt  eouvenne  ammutire;  ttttiHlo  pur  trnppo 
vr-rn,  rhr  non  caminanu  !.•  rooie,  non  girancrlecarrtie-oU',  uon  pougunsi 
la  tnani  ail'  opéra,  né  ve  la  durau  gran  fallo,  ne  a  voila  a  voila  non  si 
ungono,  ed  ail*  inconlru  a  forxa  di  danaro  ogni  forsa  si  vince,  e  lutin 
*i  DUtfOlL  Metiosi  «duui[ue  d*  banda  il  mio  progatto  corne  impossilnle 
a  praiicar>i,  non  pitre  n  voi,  clie  si  nnrebbe  dovuto  avère  almeno  quesu 
iTMrtMUa  di  non  dare  a  queati  aignorini,  loato  che  erano  ammessi, 
l'accesso  a'  noctri  mister),  ma  appoco  nppoco,  e  a'  più  capaci,  dando 
frallanlo  ad  essi  da  traslullarei  con  le  fancie  dell'  online,  cioe  nus  tri  8im- 
bc-lt  «d  altre  simili  coserelle- 

9o  liene  esaer»!  cio  praticato  serapre  in  riguardo  al  nosiro  regola- 
meotu  [Kiliticu  non  pariecipandulo,  salvo  che  con  gran  riserva  a  un 
imm  MiaJ  rl*lretto  di  giovani  «celit,  servandosi  intanlo  degli  allri 
corne  di  rneri  istrumeoti,  che  sen/.a  napenieil  perché  operaaMro.  Ma  io 
dico  anche  in  qml,  00*  -1  tftptrdsHM  a'  nnsln  principi  acieiitilichi  s'avea 
■l'a  ver  la  medesimaeautela.  Si  riducuno  «enipre  ad  udo  scarto  numéro 
quelle  teste,  che  sono  capaci  di  penetrare  la  nostra  doitrina.  Questa 
esîge  una  luughissinia  preparaziooe,  e  che  uno  aappia  penaare  da  *e, 
per  rendersi  agevole  neile  lunnnime,  che  a  prima  f ruine  ci  nescono  aeaal 
ilifficili,  per  tant  troffM  al  di  lungi  dello  comtuuni  benchè  lafattl 
poi  sieno  qualcb»  civuglia  évidente  veriià  rimotivslme  dall'  orrore. 

Talutii  de'  nostri  signorotti  s'accigliavanu  10  «en lirai  dire  délie  propo- 
siaioni  che  il  luro  iniellellu  aolinuico  ed  omhrom  non  ai  sarebbe  arris- 
chiato  neppurr  ul  imm*gi*iar*cle  :  altri  aU'inconiro  non  poievano  nia- 

( ItftJ  il  loti)  itobUo,  trovamlo,  du-  il  luro  modo  di  vivere  già  da  gran 

tempo  da  Mt*  iiruuto,  lacciandusi  portare  dalla  mclma/.iono  nalurale.  e 
secondando  il  lor  paniculam  leiiipi-raiiiento,  veuiva  sfl  approvato  da 
1 1  «utematica.  Or  vedeie,  chu  Lai  lervuio  né  nlihiam  litratlo 
da  oiïloro  :  quelli  MMfl  |ien»iprosi,  e  inalmcoiiici .  il  padre  oi-er\audo 
la  muUïiono  del  liglto,  la  moglie  tiol  auo  nianio,  e  vedemlo,  che  l'epoca 
di  Ul  caugiamento  eri  »un>  l'eanervi  aggregali  a  nui,  ci  maledlrano. 
OU  altri  liil  "i  che  mai,  non  conlenti  di  pralicare  le 

itnMrc  mannime,   le  predicavano  exiandio  aile   lor  fatui  in  cuciaa;  e 


342  MELANGES  ET  D0CUMEHT8. 

Tolendo  pur  fare  i  misteriosi,  tradivan  i  nostri  misteri,  scoprendoli  bas- 
tevolmente;  e  con  questi  lor  modi  venivano  essi  pare  a  tirare  sopra  di 
noi  le  maledizioni  délie  loro  famiglie. 

V  erano  ancora  degli  altri  i  quaji  dovunque  si  ritrovassero,  con  entu- 
siasmo  aguzzavano  le  loro  orecchie  per  ca(r)pire  ogni  parolina,  e  senza 
nessan  garto,  ne  gragra  (sic),  nô  disinvoltura,  ma  con  si  impronta  insis- 
tenza,  e  con  maniera  ai  aperta  investigavano  i  segrati  altrui,  e  con  tal 
cera,  che  tosto  ognun  si  accorgeva  ch'  erano  spie.  Frà  questi  puo  darsi  il 
vanto  d'essero  il  primo  quel  tal  signore,  il  quale  non  sô  a  chi  fore  ci 
sia  venuto,  da  Alagonza  o  da  Ratisbona  :  ed  ha  un  muso  appunto  di 
bracco,  da  farsi  il  segno  di  croce  chi  se  lo  vedesse  comparir  avanti  di 
notte,  credendolo  an  fantasma,  se  mai  per  qualche  servizio  di  nostra 
Loggia  potesse  credere  di  aver  bisogno  di  lui  ;  vi  consiglierei  a  tenervelo 
sempre  appresso  con  un  buon  goinzaglio,  altrimenti  io  vi  prometto, 
che  (corne  per  lo  più  bà  fatto  finora  col  suo  bel  modo  di  fare)  anzichè 
scuoprirvi,  e  fermarsi  le  starne,  ve  le  farà  fuggire. 

Ma  quo  diversus  obis?  parmi  che  mi  ripigliate,  ed  avete  ragione  : 
scasatemi  perô,  perché  con  questo  ordine  sovrano  sotto  degli  occhi  non 
finirai  mai  di  scrivere. 

Io  ci  penso,  e  ripenso,  e  ritrovo,  che  veramente  questo  editto  non  ci 
darebbe  gran  pena,  se  non  fosse  per  rispetto  délia  sua  causa,  ed  aile 
sue  conseguenze.  I  timidi  i  quali  per  la  sola  speranza  di  essere  pro- 
mossi,  erano  attaccati  a  noi,  retrocederanno  ;  l'entusiasmo  degli  altri  si 
smorserà  per  mancanza  di  nutriraento;  i  legarai  sono  disciolti,  le  risse, 
le  contenzioni  interne  ci  debiliteranno,  e  cosi  disuniti  soccomberemo  al 
primo  assalto  dô  nostri  persecutori.  Oh  se  ci  fosse  lecito  il  predicare,  e 
sentira  le  confessioni,  allora  si  che  si  potrebbe  avanzare  con  sicurezza. 
Portç  inferni  non  prevalebunt;  ma  non  abbiamo  moglie,  e  figli,  e  faccende, 
e  speranze,  e  contratti,  ed  altri  doveri,  che  ci  costringono  di  fare  le 
parti  di  marito,  di  padre,  di  cittadino,  di  ministro,  e  di  altri  uffici  ? 

Ladduvè  si  ha  ordinato  questo  disturbo  délia  nostra  Loggia,  ivi  si  ter- 
ranno  gli  occhj  aperti  per  ispiare  la  nostra  condotta,  e  per  osnervare  il 
tempo  da  avventarci  il  colpo  fatale.  «  8e  è  vero  che  alcuni  de*  nostri 
disegni  e  progetti  sieno  caduti  in  mano  de'  profani,  e  se  questo  fù 
Toccasione  dell9  editto,  io  vi  trovo  troppa  moderazione  per  poter- 
cene  fidare,  e  per  assicurarci  che  non  sia  per  avvenirci  di  peggîo.  » 
Finora  non  si  è  fatto  altro,  che  alzara  sopra  di  noi  il  braccio  ;  ci  vuole 
dell'  accortezza  per  iscansare  il  colpo,  che  è  per  colare  a  ferirci.  Il  mio 
consiglio  sarebbe  d'interdire  preventivamente  tutte  le  adunanze,  e  che 
si  pensasse  ad  un  altro  mezzo  per  conservare  i  vincoli  dell'  unione  trai 
fratelli  fino  a  tempo  più  felice.  Bramerai  ancora,  che  ci  disfacessimo 
con  buona  maniera  délia  nostra  cosa  in  Alêne*;  questa  dà  troppo  sull' 
occhio,  e  il  denaro  ci  gioverebbe  più. 

Procurate  d'impedire  per  quanto  potete  l'incaate  contriccole,  e  il  par- 
lar  si  ail'  orecchio  de'  fratelli  ne'  luoghi  pubblici,  con  le  (?)  quali  cose 

1.  c  Monaco  i  (note  da  manascrit),  c'est-à-dire  Munich. 


r.lGLIOSTHO   ET   1.1    nu^OHJÇOXlfBaiE.  .113 

troppo  si  danno  a  conoscere  a'  profani,  e  desianu  l'attenzione  dcl  pub' 
blico.  V  erano  laluai,  i  qnali  sapevano  indicare  il  giorno  preciao,  nel 
quale  queeii  o  quegli  ebbe  l'ingresso  nel  noslro  ordine,  perché  avevano 
osservato,  che  quel  taie  lutio  iosieme  aveva  ricevulo  quanlità  di  baci 
di  fratcllanza  da  quoi  stessi,  che  il  giorno  innanzi  non  s'  eran  degnati 
neppur  mirarlo  in  faccîu. 

Il  par  lare  ardimentoso,  e  tumiilluantc  coniro  il  Decreto  poco  potrà 
giovare  alla  uosira  causa.  Mala  euncta  ministrat  impttui  :  sarobbe  ataio 
meglio  assai,  che  i  nosui  giovani  eoiusiasti  avessero  laciuto.  Mi  si 
dice  che  le  loro  déclamait  oui  sono  xtato  rïferite  ad  verbum  al  eovrano. 
l)eh!  perché  non  darsi  anzi  un  aria  d'indifl'eren/a  quasi  che  quesU 
proibizione  non  appaneuesse  a  noi  per  niun  verso  ' 

loconûdotulto  nella  voslra  perspicacia  :  le  vestreconfederaiionieslese 
coi  liberi  Huralori  dello  stalo  vi  Romminislreranno  mille  manière  per 
riordinare  la  nos  ira  macebina,  aconcertata  dal  sofferto  scuotimeoto. 

[q  atteniione  di  una  ris  posta  che  mi  contoli,  sono,  ecc. 

Kfcso*,  il  i*  Chirmecb*. 


I,KTTEB.*    II, 

Rtt  ut,  qui  mchil  meluit.  Mi  sono  strappaio  a  for/.a  dalle  mie  faccende 
per  dirvi  due  parole  da  liberarvi  dal  voslra  affanno.  Quando  non  è  per- 
duto  il  luti.i,  non  è  perduto  nulla.  Saressimo  privi  di  molle  uiili  s.  o- 
perie,  se  non  fosse  succesao  quel  chè  sa  pelé.  Ora  conosco  i  nostri  nemici. 
fîuai  a  chi  bà  fatlo  fesla  in  quesia  occasiono;  egli  si  hà  trailo  col  riso 
la  sua  ravina  sul  capo. 

lo  ho  fait»  buon  uso  de'  giorni  délia  noslra  desolazione,  facendo  un 
gïoroale  aile  nostre  vendetle.  Più  di  5o.  oomi  ai  sono  registrali  a  loro 
esterminio  :  t  u  ri  aventa  una  mina,  daro  fuoeo  ad  un  altra.  Noi  abbiamo 
degli  amici  grandi,  chi  per  inciinaxione,  chi  per  timoré,  perché  lengo 
chiusa  la  loro  infamia  net  min  acritlojo.  Quelle  slimolo  ha  più  forza 
usai  di  quelle  ilell*  amure.  Do  vr  an  no  essi  combattere  cou  noi  e  per 
nui,  conculcare  i  nostri  avveraarj,  e  dar  la  morte  ancora  quando  io 
voglia.  Sara  conculcato  ed  oppresso  chiunque  s'  oppone  a  nostri  avan- 
MiBiptf,  e  se  dovessero  ancora  cadive  mille  vîttime  délia  buona  causa, 
ne  rcsLeranno  più  migliaja  e  millioni  a  goderne  di  poi  il  frullo.  to  vn 
I»  giuro,  non  tara  mai,  che  il  mîo  proprîo  interesse  giunga  a  premerml 
tanto,  quanto  la  ravina  de'  nostri  nemici  :  amen  cosi  ha  da  easere; 
nihil  inttrut  quo  modo.  Il  vinculo  non  è  ancora  disfatlo  quanlo  vol  v"  ima- 
ginât*, noi  godiamo  ancora  délia  società  caniatevole  chi  ardirà  aasalirci 
dietro  a  questo  santo  aeudo?  Ciô  che  è  seguito  nou  hà  fallu  allro  che 
pargard  dal  gioglio;  il  noatro  «interna  non  hà  sofferto  il  minime  danno. 

Cio  che  in  qualchè  maniera  mt  potrebbe  daredel  fastidio,  ti  è  il  timoré. 


■  Ingolttarit  «  (note  ilu  manuscrit), 

■  Luglio  t  (noie  du  manuscrit). 


au 


MELilGES   KT   DOCUMENTS. 


che  ahbiano  a  mnncare  le  collette.  Si  va  couru  m  an  do  la  noslra  provi- 
sion del  denaro;  e  con  chè  daremo  lu  stipendio  al  noatro  Diomede.' 
Voi  sapete  già  quanto  egli  ci  sia  stato  utile,  e  lo  Bia  aucora.  Ecco  a  cbe 
cosa  dobbiamo  ora  pensare  mollo  di  proposito. 

Se  voi  inianto  aveste  scoperto  un  qualche  profano  sospetio,  arricchite 
pure  il  min  registre  nero  cul  buo  Qome.  Del  resto  seguilate  ad  ope  rare 
francaroenle,  concordia  rcs  part*  erweunt;  conservais  la  concordia 
de'  Fratelli  di  Efeso,  ed  arruolate  pure  cbiunque  troverete  alto  ad  etser 
ricevulo.  Sopratutlo  non  vi  diœeaticate  mai  quod  Rts  est  qui  nMI 
metuit. 

Mené,  agli  8  Chirmech. 

Le  troisième  groupe  de  textes  provient1  de  l'abbé  Barruel  '.  Ce  der- 
nier prétend  nous  renseigner  sur  les  conditions  exactes  où  îl  lui  fut 
donné  de  prendre  connaissance  de  la  profession  de  foi  des  francs- 
maçons  vénitiens  du  ivm'  siècle.  Nais,  quoiqu'il  soit  possible  d'uti- 
liser, en  généra],  les  publications  de  Barruel,  il  ne  faut  pas,  je  crois, 
sur  ce  point  particulier,  se  faire  illusion  sur  des  précisions  externes 
qui  peuvent  être  tout  à  fait  indépendantes  de  la  réalité  foncière  de  la 
profession  de  foi.  Le  nombre  des  inlermèdiaires  par  lesquels  est 
passée  cette  profession  de  foi  permettrait  d'élever  â  son  sujet  des 
doutes  que  l'examen  interne  du  fonds  ne  fera  qu'augmenter  ;  car,  en 
somme,  il  n'y  a  rien  de  proprement  maçonnique  dans  ses  douze 
articles,  et  on  n'y  trouve  que  ce  que  la  croyance  populaire  attribuait 
comme  doctrine  aui  maçons  :  nécessité  de  la  régénération  humaine, 
vices  du  régime  absolutiste  et  Ihèocralique,  athéisme  et  indifférence 
religieuse,  mystère  el  silence. 


•  Note  son  c 


DES    FKANCS-ÏIAÇONB3. 


Yen  l'année  1781 ,  le  feu  ayant  pris  à  l'arsenal  de  Venise,  le  Sénat 
ordonna  des  recherches  pour  découvrir,  s'il  éioit  possible,  les  auteurs 
de  cet  incendie.  Les  hommes  occupés  de  cet  objet  ayant  apperçu,  au 
milieu  de  la  nuit,  un  grand  nombre  de  gondoles  réunies  auprès  d'une 
maison  que  l'on  ne  savoit  pas  consacrée  aux  travaux  maçonniques,  mi 
firent  leur  rapport.  Sur  Tordra  du  Conseil.  la  maison  fui  investie.  Tout 
ce  qui  se  trouva  dans  les  Loges  des  diffèrens  grades,  tout  absolument 
fol  saisi.  Peu  de  tems  après,  par  l'ordre  du  Sénat,  tout  fut  exposé  pen- 

t,  Noos  n'avons  toujours  affaire  qn'a  une  copie. 

3.  L'abbé  Barruel.  ne  le  1  octobre  114 1,  mort  le  5  octobre  1SÎ0.  a  laissé  de 
nombreuws  ceuirrs  qui  intéressent  l'histoire  religieuse  de  la  Révolution,  où  il 
a  joué  un  rôle  obscur,  mais  certain.  Ces  autres  el  ce  rôle  meri  tendent  d'être 
étudiés  d'une  façon  critique. 

3.  Fonda  Gtsuitira,  ms.  1356,  évita  6,  n'  18. 2  feuillets.  J'ai  renversé  l'ordre 
de  la  copie  pour  mieux  faire  comprendre  1rs  deui  textes. 


UCLIOSTKO   ET    M    FUXOXlÇQinEHIE.  313 

daut  six  heures  sur  la  place  Saint-Marc,  à  l'cxcepLiuii  îles  papiers  les 
m*.  ta  liste  même  îles  frères  maçons  fui  comprise  dans  celte 
nporfUon  publique;  au  bout  de  six  heures,  et  après  la  lecture  d'un 
décret  du  Sénat  prescrivant  les  Sociétés  secrètes,  tout  l'ut  livre  aux 
flammes  par  la  main  du  buurreau.  Le  teais  des  élections  arrivé,  ou 
observa  ijuc  ceux  dont  les  noms  s'etoieut  trouvés  sur  la  liste,  ou 
n'etoient  plus  nommés  aux  charges  de  la  République,  ou  n'étoient  plus 
continués  dans  celles  qu'ils  avoient  auparavant.  On  observa  aussi  Isa 
murmures  de  bien  des  frères  qui  laissoient  échapper  ces  paroles  :  Verra 
il  giorno  délia  vtndttta.  Voilà  ce  que  le  public  put  savoir  de  cet  atto  da 
ff  Mai»  ce  qu'il  ignora,  et  ce  que  je  n'ai  pu  savoir  que  lors  de  la  Révo- 
lution française,  c'est  que  le  Sénat,  concevant  toute  l'importance  des 
papiers  qu'il  avoil  découverts,  envoya  aux  ambassadeurs  de  diverses 
puissances  une  copie  du  Symbole  maçonnique  trouvé  dans  les  Loges. 
H.  I-'emand  Nonnes,  ambassadeur  d*B*ptgoa  à  Paris  au  commencement 
■'l'itii.ii,  en  comparant  1*  doctrine  A*  M  Symbole  avec  ce  qui 
se  pusse  il,  ouvrît  son  porte-feuille  el,  devant  plusieurs  personnes  qui  se 
trouvnirni  alors  chez  lui,  il  se  mit  i  faire  le  rapprochement  des  opinions 
6t  des  événemens  du  jour  avec  ce  Symbole.  Il  permit  même  à  plusieurs 
personnes  d'en  tirer  des  copies.  Celle  qu'on  vient  de  lire  est  une  d'après 
celle- même  qui  avoit  été  envoyée  à  Son  Excellence  et  que  je  suis  venu 
à  bout  de  me  procurer. 

L'abbé  Burbum.. 
Paris,  «30  juillet  1811. 

2°    AsTtCOLI   PROFESSAT!   DM   FR»!sr,lll    B 

I.  Dio  avendo  creato  gli  uomini  in  una  piemssima  naturat  tiberlu, 
comune  ed  egusle  a  tutti,  qui  ml  i  non  potersî  rfa  alcuno  coartare  questa 
libcrià,  0  limilare,  o  nstringere  sema  una  summa  inlollerabile  iogiuria 
di  Dîo  non  mono,  che  di  nui  stessi,  cui  per  grau  privilegio  fit  data. 

î.  Per  u/ieala  pienissima  libr-rta  s  uoi  couipanita,  il  signor  Iddio  in 
oroinagio  a  se  doviuo,  essere  contenu  dsi  soli  atti  interni  dell'  uomo, 
ed  essere  percln  indifférente,  «  quasi  non  curante  di  iiualuuquo  atto 
esterno,  in  cui  possa  esirinseearti  mai  l'uomo,  per  rendnru  il  tuo 
omuiagio  a  Dio  m  lutto  il  tempo  délia  sua  viu. 

8.  Geloiissitno  pero  essere  lo  stesso  Dio  oel  tempo  medesimo  del  suo 
assoluto  Dnminio  su  quesu  terni,  in  cui  ha  collocato  l'uomo  con  una 
ereaxiono  taulo  privilégiai»,  e  riconoscera  per  cio  corne  euoi  emoli  e 
contrari  a  se  tutti  coloro,  i  nunli  a  parte  di  un  lai  Dominio  con  esio 
enirar  presumitio,  e  in  onia  di  enso  suo  Dominio  volessero  eserciUra 
qualuuqua  particolar  giurisdinkine,  sopra  degli  altri  con  gravissima 
aSntu  e  delta  sua  murera»  maeslà  corne  Creawre.  e  délia  naiural  bl.ertà 
délia  Creutura. 

4.  Coll'  andar  degli  anui  non  pertanto,  queila  suprema  potest»  del 
Creatore,  e  quesu  aai u rai  liberlu  délia  Créature  essore  rimaste  pergran 


346  MÉLANGES   KT  DOCUMENTS. 

maniera  lèse  e  quasi  distrutte,  dalla  malvagità  specialmente  di  certi 
ambiziosi  assiri,  che  furono  i  primi  ad  inventare  li  belli  nomi  di  princi- 
paio^sacaidûziû^. 

5.  E  non  solo  detti  ambiziosi  assiri  devono  riconoscersi  corne  fonte  ed 
origine  delT  ingiusta  violenza  di  pochi  nsurpatori,  ma  anche  la  vitupe- 
reyole  ignoranza  délia  maggior  parte  degli  uomini,  che  hanno  permesso 
simili  usurpazioni  a  tanto  loro  danno,  e  ad  ingiuria  e  disprezzo  di  quel 
Dio,  a  cui  tanto  devono. 

6.  Ecco  dunque  la  grande  impresa  grataaDio  e  degna  degli  uomini, 
che  hanno  cuore  in  petto  e  onore  in  fronte,  a  rifabricare,  cioè,  questo 
tempio  da  tanto  distrutto,  intieramente  abbattuto,  e  quasi  sepolto,  con 
uscire  finalmente  dalle  dense  ténèbre  d'ignoranza,  in  cui  i  nostri  mag- 
giori  sono  vissuti  per  tanti  secoli,  ad  armarsi  ed  insorgere  contra  gli 
indegni  usurpatori,  sino  a  doverli  accidere,  se  sia  d'uopo,  corne  veri 
Tiranni  in  terra  per  l'uso  di  una  potestà,  che  tutta  è  dovuta  a  Dio  sola- 
mente,  e  per  l'abuso  délia  potestà,  che  è  eguale  e  comune  a  ciaschedun 
uomo. 

7.  Ad  impresa  si  nobile  si  fa  a  tutti  l'invito,  corne  per  tutti  corre  l'in- 
téresse, e  a  cui  puô  benissime  aver  luogo  il  Pagano,  l'Ebreo,  il  Turco, 
il  Protestante  ed  il  Gattolico,  ed  anche  il  Deista  e  l'Ateista,  mentre 
altro  non  sono  le  tante  e  diverse  religioni  introduite  nel  mondo,  che 
invenzioni  superstisioze  di  coloro,  che  hanno  voluto  toglier  la  liberté 
ail'  uomo,  e  a  Dio  il  Dominio.  E  quindi  a  verra,  che  se  negli  andati 
tempi  la  diversité  délie  religioni  ha  partoriti  tanti  disturbi  per  noi 
Liberi  muratori  stringerà  nodo,  e  farà  pace  e  lega  perfetta. 


8.  Anzi  l'esperienza  ha  dimostrato,  che  chi  si  aggrega  a  questa  Società 
tanto  è  lungi  dal  recare  o  ricevere  disturbo  alcuno,  per  ragione  délia 
sua  fede  e  credenza  diversa,  che  anzi  alla  nostra  di  Liberi  Muratori 
insensibilmente  si  affeziona  e  si  attacca  di  tal  maniera,  che  dell'  antica 
sua  naturale  a  poco  a  poco  non  cura,  e  in  poco  tempo  affatto  se  ne 
dimentica  e  l'abbandona.  Per  mera  sciochezza  adunque  è  avvenuto, 
che  questa  nuova  società  venga  chiamata  una  magia  del  Demonio, 
mentre  non  è  che  un  effetto  naturale,  ossia  il  peso  del  retto  corso  délie 
cose,  le  quali  si  fermano  e  riposano  quiète  nelio  stato  loro  naturale, 
quando  escono  délia  violenza. 

9.  L'impresa  più  difficile,  che  mai  vi  sia  stata,  o  possa  esservi,  è 
questa  :  si  tratta  di  nu  lia  meno,  che  di  dover  contrastare  coi  Princi- 
pato  e  Sacerdozio,  che  sono  ora  in  pieno  pacifico  possesso  con  aperta 
tirannia  sopra  la  liberté  dell'  uomo,  e  con  prescritta  usurpazione  sopra 
il  Dominio  di  Dio  in  terra.  Quindi  esiggersi  nella  Società  la  scelta  di 
genti  non  communali,  lo  spirito  bensi  degli  uomini  il  più  forte  ed  eru- 
dito,  e  sopra  tutto  la  protezione  di  personaggi  in  tutti  gli  stati  più  res- 
pettabili  e  poderosi. 

10.  Ma  sopra  tutto  un  grande,  sacro  e  inviolabile  segreto  deve  essere  il 
fondamento  di  questa  difficile  impresa.  Le  altre  stesse  si  sono  fondate 


CICLIOSTBO   ET   U   Fl-lXC-MiÇOHIIBIK.  317 

con  «cioglier  dotlamente  la  lingua;  quitta  de'  franchi  muratori  deve 
foodarsi,  crescere  e  propagarsi  coq  ri  go  rose  mente  frenarla.  Quindi  per 
OtUoan  i|uesto,  aino  dal  primo  iogresso  fi  propone  la  rinnovazione  di 
piii  giurameuti,  la  mînaccia  di  più  castighi,  la  facolta  ad  ognuno  di 
prendere  vendetta,  auclie  del  ferro,  dei  mancalori. 

H.  Segrelo  si  inviolabile,  che  noppure  possa  avervi  dirltto  su  di  etso 
i|u.!liMir;n<.'  intorili  Hia  di  principatoo  di  sacerdozio,  quali  avemlo  tulto 
it  m  en  lu  di  eisere  distrutli  od  annichilati,  in  conseguenza  uuu  poEtoao 
avère  alcuna  ragiune,  cm*  li  suffraghi  li  difeada.  A  miglior  cautela 
pero  di  si  aodo  e  sano  consigtio  sari  bena  il  inarciar  sempre  col  nihil 
contra  Ugem.  nihil  contra  Rttigiontm,  nihil  contra  bonoi  morti. 

It,  E  perché  questo  gran  segrelo  è  di  summa  rilevanza,  risieda  per- 
cirt  nella  quiuta  Loggia,  che  è  de'  soli  arctiiletti  destinai!  a  dirigere  la 
fabrica,  osiia  il  diroccato  tempio  di  Salomone,  a  tutti  gli  allri  ai  faccia 
sapere  suluiiio,  mie  in  (*1  questa  Cuinpagnia  or  é  Bcamhievole  partico- 
lore  cariià,  ed  eoti  viceadevole  noccorso  per  qualunque  bisogno  posas, 
«vvcfiirr  in  rjualuaiiue  ceio.  E  quealo  Rare  da  principioîl  ïolo  unici)  fine 
di  chiunque  volesse  aggregarsi  a  questa  nuova,  insigne,  e  non  mai 
abbaslanza  ammirabile  e  comme  mlalii  la  Società. 

Les  allégations  contenues  dans  les  textes  précédents,  el  dont,  vrai- 
inmhllWtimilH,  il  serait  possible  de  multiplier  les  spécimens,  ser- 
virent à  former  le  jugemenL  d'adversaires  dont  l'hostilité  préconçue  se 
contentait  de  semblants  de  preuves.  Cette  incapacité  critique  des 
membres  du  clergé  apparaît  éclatante  à  propos  d'un  homme  qui 
pénétra  dans  les  société:  secrètes  du  xvur*  siècle,  en  fonda  d'autres, 
Introduisant  dans  toutes  les  inventions  hétéroclites  d'un  esprit  ingé- 
nieux elindelical,  j'ai  nommé  Joseph  Balsamo,  comte  de  Cagliostro, 
sur  qui  les  livres  récents  de  MM.  P.  Fuiick-ltrenlano'  cl  11.  d' Aimeras* 
ont  rappelé  l'attention.  Si  la  vie  même  de  tîaglioslro  offre  encore  beau- 
coup d'obscurité,  qu'on  ne  parviendra  jamais,  sans  doute,  à  dissiper, 
les  dernière*  années  sont  encore  plus  mal  connues,  en  particulier  a 
procès  que  lui  intenta  l'Inquisition  romaine  pendant  son 
dernier  séjour  dans  la  Ville  éternelle. 

U.iiià  la  loge  du  rile  égvplieii1  que  Cagliostro  fonda  dans  la  Villa 
Malla,  a  la  l'orla  l'iueiana,  il  su  livrait,  devant  un  public  choisi  où 
l'on  voyait  le  cardinal  de  (ternis,  les  princesses  rle/Aonico  et  SanlA- 
croce,  la  eomU-SM'  Soilerini,  à  des  prestidigitations  dans  lesquelles  il 

t.  I.  Affaire  du  Collier,  Parii,  1901,  in-lS. 

t  CagtUalro,  Pari*.  I90t,  in-18  Joindre  A.  CbrUlian,  Début*  ttt  limpn- 
mmr  ttt  France,  i Imprimerie  nttUunale,  Purii,  IU05,  gr.  in-(i-,  ji.  W5  ft  tuW. 
H  A].;..     [Ttt T. 

3.  un  trouver»  dan*  d'Almrru,  op.  cil.,  jurlkulirirmi'nt  f.  IM  ri  suit., 
lin  retueignemenU  aiiffluuiln  >ur  ci-  rite  •  nurf.nni.nii-  >,  dont  1a  faolatmago- 
ri«  ai*  pDutall  guirt  attirrr  ijuc  do  uiaii. 


348  IfrfLAJGES  ET   DOCUMENTS. 

est difQcile  devoir  des  pratiques  sataniques  ou  révolutionnaires1. 
Néanmoins,  oe  fut  assez  aux  yeux  prévenus  de  la  papauté  pour  lui 
intenter  un  procès,  d'où,  une  nouvelle  fois,  sortirait  la  condamnation 
de  la  maçonnerie.  C'est  si  vrai  que,  postérieurement  à  l'arrestation 
de  Cagliostro  (27  décembre  4  789)  ',  la  Chambre  apostolique  fit  paraître 
une  Vie  de  Joseph  Balsamo  (4794)3,  qui  était  surtout,  grâce  à  une 
interprétation  forcée  de  la  vie  de  l'intrigant,  l'acte  d'accusation  des 
Illuminés.  L'affaire  prit  si  bien  l'allure  d'un  duel  entre  la  maçonnerie 
et  la  papauté  que  les  loges  lombardes  se  sentirent  visées  par  la  publi- 
cation pontificale  et  publièrent,  le  47  août  4794,  une  réponse  qui  eut 
quatre  éditions  et  se  répandit,  malgré  les  efforts  du  gouvernement 
romain,  dans  toute  l'Italie4.  Le  procès  de  Cagliostro  commença  le 
42  avril  4790  et  dura  jusqu'au  24  mars  4794  ;  les  lettres  de  Lorenzo 
Prospero  Boltini,  chargé  d'affaires  de  Lucques  auprès  du  pape,  nous 
renseignent  sur  les  phases  d'un  procès  qui  intéressait  de  très  près 
Pie  VI5.  Le  7  avril,  la  condamnation  fut  prononcée  :  Cagliostro  devait 
être  conduit  : 

c  AU'  ultimo  supplizio  corne  reo  di  più  gravi  delitti  e  in  specie 
dicapo  settariQ  dei  Liberi  Muratori  e  degli  Illuminati,  con  aver  fatto 
uso  di  superstizione  e  sortilegi,  non  solo  a  disprezzo  délia  sa  nia 
Religione,  ma  a  danno  ancora  délia  società6.  » 

Est-ce  par  crainte  de  représailles  possibles  ou  par  conscience  de 
l'inanité  des  preuves  admises,  que  Pie  VI  commua  la  peine  de  mort 
prononcée  contre  Cagliostro  en  prison  perpétuelle?  Il  est  difficile  de 
le  dire7.  Cagliostro  fut  emprisonné  dans  la  forteresse  de  San  Léo, 
où,  d'après  la  correspondance  du  gouverneur  Semproni  et  de  son 
lieutenant  Gandini,  conservée  aux  archives  de  Pesaro,  il  fut  traité 
avec  beaucoup  d'humanité8. 

1.  Cf.  la  description  d'une  séance  par  l'abbé  Benedetti,  dans  une  lettre  du 
15  septembre  1789,  publiée  par  Silvagni,  La  Corle  e  la  Società  romana  nei 
secoli  XVI11  e  XIX,  Firenze,  1881,  in-16,  t.  I,  p.  311-315. 

2.  D' Aimeras,  op.  cit.,  p.  325. 

3.  Compendio  delta  vita  e  délie  gesti  di  Giuseppe  Balsamo  che  si  è  eslratto 
dal  processo  conlro  di  lui  formato  in  Borna  l'anno  1790  e  che  si  puà  servir e 
di  scortaper  conoscere  l'indole  délia  sella  dei  liberi  muratori,  Roma,  1791, 
in-8».  —  Traduction  française  :  Vie  de  Joseph  Balsamo...,  enrichie  de  notes 
curieuses,  Paris-Strasbourg,  1791,  in-8\ 

4.  D' Aimeras,  op.  cit.,  p.  332,  n.  1. 

5.  Le  carteggio  de  ce  personnage  a  été  utilisé  par  G.  Sforza,  la  Fine  di 
Cagliostro  studiata  nei  documenti  lucchesi,  dans  ÏArchivio  storico  italiano, 
série  V,  1891,  t.  VII,  p.  144-151. 

6.  G.  Sforza,  loc.  cit.,  p.  148. 

7.  D'Ahnéras,  op.  cit.,  p.  343-344. 

8.  G.  Sommi,  Ricordi  di  Cagliostro  a  San  Léo,  dans  Rivista  di  Scienze 
storiche,  juin  1905. 


acuosrao  et  l*  rixu-HiçoxNKiiiE.  349 

En  tout  cas,  l'.'ifïiiire  Cagliostro  no  cessa  pas  de  préoccuper  le  gou- 
WMBMOt  pontifical,  qui  avait  prévu  dans  l'acte  de  jugement  la 
publication  d'un  décret  contre  les  partisans  du  rite  égyptien  et  contre 
les  Illuminés*;  le  secrétaire  d'tfLat  eut  l'œil  ouvert  ^ur  la)  agisse- 
ments de  Joseph  Balsamo  :  les  treize  lettres'  que  je  publie,  d'après 
les  registres  de  la  correspondance  du  secrétaire  d'Étal  aux  èvéquesel 
prélats  (série  Vêtent),  conservés  aux  archives  du  Vatican,  et  que 
j'ai  dépouilles  pour  les  années  1787-179'.»,  montrent  dans  quelle 
masure  on  s'intéressait  encore,  dans  l'entourage  de  Pie  VI,  aux 
faits  et  gestes  de  Joseph  Balsamo.  Elles  complètent  les  documents 
publiés  par  G.  Somml  sur  ce  personnage  pendant  les  années  17'JI- 
1793. 


I.  0.  Snmmi,  Mr.orrli  dl  Cagliostro 

ifonrkc,  juin  1905,  p.  345. 

L  J'y  joins  1rs  deui  suivantes,  dr  lu  n 
au  procéi  même  de  ftigliO*lrO  : 


fin   Léo,  dan»  Hiriila   di   Seienze 
*  provenance,  eA  qui  ae  rapportent 


1    A    Mull    VRMIOVO    Dl    VtLBN/.A, 

.  ÎO  Febro  1790. 
•  Fr»  le  c*rt«  rlnvenul)1  pnm  MlHppt  BalMino  denuminato  Coml' 
CagllMlro  ritlrello  In  <]ue»l*  Forlezia  *i  €.  8.  A.  si  i>  trovato  il  bigliello  del 
■  Ki"j«  fallo  in  cod'  monte  di  Vitenza  ili  ijunldie  "alofe.  La  tii»u- 
r«iiM  délia  per»oiia.  cbe  *bbi*  UilantM  «11*  riMMBI  del  iiiedîûo,  |iolr-bn- 
jl>utu  produrre,  ibe  «wr*o  un  dato  tempo  iriiUw  «  de*olier»i  «I  Munir 
I*  e  ftnw  in  connegutnza  dlslMtto  non  senz*  pmhdtlta  M  li'Rittuiin 
■.  l'er  lil  motlvo  dunqun  d'ordine  rflnu  di  Noalro  SIr"  mi  rivolgn  * 
'.  8.  illiîi*,  iflacM  ni  dM  ta  I  nturie,  -  eoaptaoi  !■ 

dl  prrndrr  le  coiivrnii'nli  ml. un',  oudr  rc-iti  IMBUa  i|ualuni|ui'  iunotaiionr  »!•- 1 
dl*iaaU>  |wriio.  del  dl  eui  biglirUo  Ir  actluiki  *  ta!  rfirtlu  un*  copia.  Se  pM 
aiunlur*  dnreitr  su  di  cio  uurii  un*  ipulilic  diligeni»,  ail*  iiiiale  EU*  non 
polcitr  m  r  ri  (pondère,  '■  pregu  ■  fomirmene  li  lirai  necessnri...  »  [Veieovi, 
1.  HB,  fol.  BB-99.) 


>  8  ruait*  1790. 

>  Ringrailar  drldw  paitic.ilam"  V    S.  Illiiï*  amie  f«guf»co  con  r|ue»lo  fi>«lio 

lUIla  pronlrtia  ooll*  '|ii*le  »l  *  nnnpiartul*  di  lit  riwimlrr*  d*  roi"  monte  di 

MaMMrtA  glocllo,  lirll*   rlcu|ier*  drl  ijuilr  fteno  sUli'    iMptêfti*.    llM 

7Î13.I7,  corne  -ede*l  nrll*  m>U.  rh   KIU  h*  coin  pi  ruai*  alla  tu*  g-ntlli*.'"  trl- 

It.i  de   '."J  Mta  lonrin  Ifrita.  Non  aoddi-falla  «bbaïUnl*  la  au*  airlrsl».  lia 

\     V  III m .i  inliilu  ri-inl.  i   Kiini'ilii  il    favori-,    |«>rlaudoii  Kll.i  medûï»  *  l'idnv* 

pw  conatgnar  pcrtonalcm*'  *l  P.  ab"  Mirrlli  la  gioj*.  *  Ir  rrxiduali   Un  •-'•-■• 

.m.,  r  drllo  altro.  Lincotuodo,  ch« 

"1  Ella   h*  «vulo  obbliRi  >  mai^ior   ricuaut* fini  ;  *d  ullerior  molivo  di 

le  Kralo,  v  antbe  il  riavontro,  eb>  V.  S.  Illina  ml  \«'rw  drl  pr-Rio,  in  tui 

B  -isrr-  limita  la  gloja  tlnw,  t  p*r  le   piètre  elle  ne  [brinano  I  insinue,  e 

per  I  elrmii/a  délia  l-g-tara.  Al  riceitr  la  rlpetula  aioj*  dal  P.  ab"  Hirelli,  ne 

recuero  a  V.  S    lllîTia  laf-iw...  .  (re»eOT(,  l.  368,  fol.  tï9  <--130,j 


A  Moa  Vnooro  01  Mown  Pano. 

20  aprile  1791. 

Deve  essere  a  que*?  ora  gionto  nella  fortezza  di  8.  Léo  Giuseppe 
Balsamo  denominato  il  Conta  Cagtioatro  per  esserri  riteaato  sua  Tiu 
natorale  durante  sotto  stretta  custodia,  e  senza  tperanxa  di  grazia. 
Baaendo  già  ttati  ayanzati  gli  ordini  opportoni  a  qnel  Castellano,  per- 
ché in  tali  termini  abbia  effetto  la  ritenxione  di  questo  rilegato,  ragion 
▼noie,  che  non  si  ommetta  di  apprestargli  tutti  gli  ajuti  spirituali  in 
benefieio  delT  anima  sua,  specialmente  nella  eombinazione,  che  avendo 
richiesta  qui  la  sagramentale  confessione  non  Phi  potuta  terminare 
prima  del  suo  trasporto  alla  fortezza  suddetta.  Mi  ha  comandato  pertanto 
la  Santita  sua  di  commettere  alla  di  Lei  Tigilanza  la  scella  di  on  probo 
e  prudente  Ecclesiastico,  il  quale  adempia  collo  stesso  rilegato  a  qnesta 
parte  spirituaJe,  autorizzandola  per  tal  effetto  a  communicargli  tutte  le 
facollà  necessarie  ed  opportune  délia  sagra  Penitenzieria  per  l'assolu- 
zione  dei  casi  risenrati  colF  intelligenza,  che  ne'  casi  più  speciali 
gl'  ingiunga  l'obbligo  di  ricorrere  nel  termine  di  tre  mesi  alla  stessa 
8.  Penitenzieria,  e  di  obbedire  a  ciô  che  gli  verra  dalla  med«  ingiunto. 
Il  Castellano  délia  delta  Fortezza  ne  resta  prevenuto,  affinchè  permetta 
raccesso  délia  persona  ecclesiastica,  che  da  Lei  sarà  destinata... 

H*. 

Au  MÊME. 

il  gug<»  1791. 

Di  somma  consolazione  mi  è  stata  la  pregiatissima  sua  di  28  dello 
spirato  per  il  ragguaglio,  che  mi  hà  recato  de'  segni  di  ravvedimento,  e 
di  compunzione  dati  da  Giuseppe  Balsamo,  détenu to  nella  Fortezza  di 
S.  Léo.  8e,  corn*  Ella  mi  signifies,  appariscono  questi  sinceri  per  quanto 
puô  air  esterno  conoscersi,  è  anche  sperabile  nella  misericordia  di  Dio, 
che  vogliano  esser  persévérante,  a  questo  effetto  è  necessario  di  prose- 
guire  ad  apprestar  gli  con  assiduité  tutti  li  possibili  ajuti  spirituali.  Su 
di  ciô  interamente  mi  afûdo  alla  vigilanza,  alla  pietâ,  ed  allô  zelo 
di  V.  8... 

m». 

AU  MBMB. 

20  lug<>  1791. 
Essendo  stato  interpellato  il  Castellano  délia  Fortezza  di  S.  Léo  a 

1.  Vescovi,  t.  369,  fol.  91  V-92. 

2.  Vescovi,  t.  369,  fol.  312  et  y*. 

3.  Vescovi,  t.  369,  fol.  120  yM21. 


,  -M',     fl.      >  _ 


CAGLIOSTRO   ET  LA  FlAÎIC-MÀÇOJJERfE.  321 

giustificarsi  nella  libertà  data  ad  alcune  persone  di  avère  accesso,  e  con- 
fabulare  coi  détenu to  Giuseppe  Balsamo,  ha  egli  risposto  che  ciô  è 
accaduto  relativemente  soltanto  a  V.  S.  ed  a  mons1*  arcivv0  d'Urbino, 
per  cui  Ella  stessa  lo  assicurô,  che  la  persona  di  questi  gli  era  oppor- 
tuna  per  discorrere  col  Balsamo  di  affari  di  coscienza.  Potendosi  opi- 
nare,  che  questo  sia  un  ritrovato  di  detto  Gastellano  per  ricuoprire  la 
propria  raancanza,  desidero,  en'  Ella  colla  conosciuta  sua  ingenuità  me 
ne  dia  gli  opportuni  schia  ri  menti... 

IV. 

AU  MÊME. 

19  ott"  1791. 
Approvo  ciô,  che  da  V.  S.  si  è  operato  per  rimuovere  il  Rilegato 
Balsamo  dall'  ostinazione  di  quel  digiuno  che  sembra  sià  da  Lui  diretto 
al  pravo  fine  o  di  una  simulazione,  o  di  un  suicidio.  Riposo  nella  di  Lei 
vigilanza  e  saviezza,  che  non  lascerà  intentato  ogni  altro  mezzo  a  taie 
oggetto,  corne  pur  feci  già  sentire  al  Gastellano  di  S.  Léo  per  organo 
del  sig"  Gard*  Legato  d'Urbino,  che  mi  ragguagliô  restando  sempre  le 
cautele  necessarie  per  l'esatta  e  rigorosa  custodia  del  Detenuto.  Atten- 
derô  dalla  bontà  di  V.  3.  ulteriori  riscontri  su  questo  proposito... 

V*. 

Au  MÊME. 

9  nov"  1791. 

È  veramente  deplorabile  la  protervia  del  Rilegato  Balsamo,  e  quanto 
Ella  mi  ha  pariecipato  colla  sua  di  31  dello  scorso  ottobre  inviandomi 
unitamen**  la  Lettera  del  P.  Lettor  Bussi  dimostrô  a  fondo  la  depra- 
vazione  del  suo  cuore.  Per  la  nostra  parte  non  si  deve  cessare  dall* 
apprestargli  tutti  quegli  ajuti  spirituali  per  ottenerne  se  sia  possibile 
un  sincero  ravvodimto.  A  V.  S.  pertanto  è  riserbata  questa  cura  nella 
maniera,  che  il  suo  zeio,  e  la  sua  prudenza  c rodera  più  conveniente. 
Nulla  perô  dovrà  alterarsi  di  quanto  si  è  disposto  per  la  di  Lui  esatta, 
e  rigorosa  custodia;  anzi  non  sarà  inopportuno,  en'  Ella  gli  faccia  inten- 
de re,  che  continuando  ne'  suoi  abominevoli  trasporti  o  di  parole,  o  di 
fatti,  anderà  incontro  alli  più  se  ri  corporali  gastighi  e  passo... 

VI». 

A  Mors™  Vescovo  di  Mostefbltro. 

Acqualagna,  per  Garpegna,  22  feb°  1792. 
Ho  veduto  la  lettera  deir  Arciprete  di  S.  Léo,  che  V.  S.  si  è  compia- 

1.  Vescovi,  t.  369,  fol.  162  ▼•. 

2.  Vescovi,  t.  369,  fol.  335  V-33G. 

3.  Vescovi,  t.  370,  foL  52  r-53. 

Rev.  HisToa.  XGIV.  2*  pasc.  21 


322  WÉLAMGES  R  MC0MI9IS. 

ciuta  dlnTimimi  compiegata  nella  tua  del  9  deHo  seaduto.  Voglio 
rare,  che  la  diûna  graaia  toechi  il  cuore  del  Rilegato  Balsamo,  e  cbe 
gli  faccia  provare  an  îero  pentimeoto  délia  nta  paaaala;  ma  per  otte- 
ner  qnesto,  altro  Egii  non  dee  fare,  che  raccomaiidara  a  Dio,  ed  impto- 
rare  eollv  oraxione  il  tao  ajuto,  e  depooga  aflatto  il  pensiere  di  tcriTere 
opère  moralL,  e  di  fare  ritrattasioai,  giacchè  il  più  aicoro  saggio,  ch'egli 
poirà  dare  délia  sua  conversione,  sari  quello  di  tenere  on  contegno 
docile,  e  sommesso,  e  di  vivere  rassegnato  alla  pena  che  soffre.  8ieno 
daoque  quali  si  voghano  le  di  Lui  proteste,  io  non  intendo,  che  gli  si 
diaoo  né  Iibri,  né  comodo  da  scrhrere;  oode  si  compiacerà  Ella  di 
significare  qaesto  istesso  al  mentovato  arciprete,  affînchè  si  asteoga 
dal  secondare  in  ciù  le  richieste  del  Rilegato.  Gradirô  di  sentire  quai 
eiletto  abbia  prodotto  la  gita  del  suo  caoonico  penitenaiere  in  8.  Léo, 
quantevolte  la  stagione  gli  abbia  permesso  di  postarsi  cola... 


vn«. 

Au 


21  mz«  1792. 

Ricevo  colla  sua  del  22  dello  spîrato  il  riscontro  dell'  esito,  che  ha 
avuto  l'accesso  di  cod°  Penitenziere  alla  Fortezza  di  S.  Léo  per 
conferire  col  Rilegato  Balsamo.  Non  posso  che  lodare  in  questa 
parte  le  di  Lei  paterne  cure,  quali  son  sicuro,  che  proseguirà  colla 
stessa  efficacia.  Faccia  Iddio,  che  abbiano  il  bramato  effétto  del  sincero 
ravvedimento  di  costui. 

Scrivo  contemporaneamente  air  Emo  Legato  di  Urbino,  che  la  faccia 
rimborsare  di  scudi  due  e  ss.  14,  per  le  spese  occorse  ail'  occasione 
dell'  indicato  accès so.  Se  altre  ve  ne  sono  state,  o  ve  ne  saranno,  me 
ne  dia  un  cenno  per  farne  seguire  prontamente  il  rimborso. 

Neppure  io  trovo  per  ora  necessario  di  moltiplicare  persone  per  avère 
altri  spirituali  abboccamenti  col  detto  Rilegato,  ed  in  caeo  che  l'arci- 
prete  di  S.  Léo  non  possa  supplire  al  bisogno,  potrà  Ella  deiegare  chi 
colla  sua  prudenza  riputerà  idoneo  a  tal'  uopo... 

VHP. 

Au  MÊME. 

12  mag<>  1792. 

Non  posso  darle  una  congrua  risposta  sulla  interpellazione  che  mi  fà 
del  nuovo  accesso,  quai  Ella  crederebbe  opportuno  di  cod°  Ganco  Peni- 
tenziere alla  Fortezza  di  S.  Léo  per  abboccarsi  col  Rilegato  Balsamo. 


1.  Vescovi,  t.  370,  foL  89  r-90. 

2.  Vescovi,  t.  370,  foi.  135. 


CAGLIOSTHO  ET  Li   PIAKOMAÇOHJERIE.  323 

Ella  su  tal  oggetto  si  riferisce  ad  una  Lettera,  che  mi  acclude  scrïtta 
allô  stesso  Penitenziere  dal  Teoente  Gandini,  ma  questa,  corne  vedra 
col  ritorno,  che  Le  ne  faccio,  traita  di  altra  matiera.  Attendent  dunque 
li  correlaiivi  schiarimenti  per  poterie  comunicare  le  convenienti  deter- 
minazioni... 

IX*. 

Au  MÊME. 

30  mag*  1792. 

Dalla  lettera  da  V.  S.  inviatami  del  Tenente  Gandini  di  S.  Léo 
scritta  a  cod°  Ganco  Penitenziere,  due  cose  rilevo.  La  prima  ch'  il 
Rilegato  Balsamo  sia  rimasto  privo  da  qualche  tempo  di  ajuti  spirituali, 
giacchè  quel!'  Arciprete  non  l'aveva  più  risultato  sin  da  primi  giorni 
délia  settimana  santa.  La  seconda,  che  esso  Tenente  troverebbe  oppor- 
tuna  qualche  ulteriore  conferenza  dello  stesso  canco  Penitenziere  col 
detto  Balsamo.  Credo  dunque  necessario  primieramente,  che  V.  S.  si 
compiaccia  di  far  sentire  ail'  Arciprete  di  S.  Léo  di  esser  in  avvenire  più 
assidu  o,  per  quanto  le  sue  cure  pastorali  lo  permetteranno,  nel  vi  si  tare 
ed  abboccarsi  col  Rilegato  per  ii  di  Lui  spirituali  vantaggj.  Nel  rimanente 
lascio  al  di  Lei  pieno  arbitrio  di  disporre  circa  li  nuovi  accessi  cola  del 
canco  Penitenziere,  corne  megiio  stimerà,  mentre  per  la  spesa  a  tel 
effetto  occorrente  basterà  un  di  Lei  accenno  per  farla  immediatamen1* 
rimborsare... 

X*. 

Au  MÊME. 

23  giugno  1792. 

Sono  consolanti  le  notizie  da  V.  S.  datemi  degli  attuali  sentimenii 
del  Rilegato  Balsamo.  Faccia  Iddio,  che  li  segni,  quaii  ha  dimostrati  di 
ravvedimento,  sieno  veraci  e  permancnti.  Coq  questo  modmo  corso  di 
posta  commetto  al  sig"  Gard*  Leg10  di  Urbino  di  reintegrarla  délia 
spesa  occorsa  per  il  nuovo  accesso  di  cod°  Ganco  Penitenziere  a  S.  Léo, 
ed  in  altre  consimili  occasioni  di  rimborso  potrà  V.  8.  dirigerai  imme- 
diatamta  a  Lai,  corne  contemporaneamente  lo  prevengo. 

XP. 

AU  MEME. 

15  agosto  1792. 
Consolanti  sono  le  notizie,  che  mi  reca  l'ultima  sua  del  6  del  corrente 

1.  Vescovi,  1.  370,  fol.  167  et  ▼•. 

2.  Vescovi,  t.  370,  fol.  205  ▼•. 

3.  Vescovi,  t.  370,  fol.  275  t^ô. 


324  MBXAÏfGBS  ET  DOCUMKffTS. 

sullo  stato  attaale  del  Rilegato  Balsamo.  Conviens  pregare  e  sperare 
nella  Divina  Misericordia,  che  sia  sincero  e  stabile  il  rawedimento,  che 
dimostra.  Riposo  nella  di  Lei  vigilanza  nella  continuazione  di  quelli 
ajuti  8pirituali  che  gli  possono  essere  necessarj.  Per  l'erogazione  del 
denaro,  che  sopravanza  al  di  Lui  mantenimento,  lascio  al  prudente 
arbitrio  di  Y.  S.  il  dUporne  corne  meglio  crederà... 


xh«. 

Au  MÊME. 

1  sett"  1792. 

Ricevo  riscontro  da  S.  Léo,  che  il  detenuto  Balsamo  è  nelle  smanie, 
perché  gli  si  assegni  un  Padre  spirituale,  che  assidu  am**  abbia  cura  délia 
di  Lui  anima,  spécial  mente  perché  il  Caneo  Penitenziere  délia  Penna  da 
Lei  già  destinatogli  per  tal  effetto  trovasi  ora  cagionevole  di  salute. 
Non  dubito  che  la  vigilanza,  e  lo  zelo  di  V.  8.  abbia  già  dato  su  di  ciô 
l'opportuno  prowedim*.  Tutta  volta  a  scanzo  di  ogni  equivoco  ho  cre- 
duto  conveniente  di  farlene  questo  accenno,  affinchè  per  la  nostra  parte 
nulla  manchi  di  ciô,  che  possa  contribuire  alla  salute  spirituale  di 
quello  sciaurato... 

xm». 

Au  MBMB. 

15  sett"  1792. 

La  cura  délia  salute  spirituale  del  Rilegato  Balsamo  resta  a  V.  3. 
interamente  affidata,  onde  al  suo  zelo,  ed  alla  sua  vigilanza  rimane  di 
prendere  su  di  ciô  tutte  quelle  provvidenze,  che  crederà  oppor- 
tune su  taie  oggetto.  Va  benissimo,  quanto  Ella  dispose  sull'  ero- 
gazione  del  di  Lui  danaro  nel  solennizare  la  Festività  di  Maria  Yer- 
gine,e  nella  distribuzione  di  elemosiue,  anzi  espressamente  Le  inculco 
di  far  in  guisa,  che  anche  per  l'avvenire  resti  nella  prima  parte  esclusa 
qualunque  pubblicità,  ed  ostentazione,  e  che  quanto  alla  seconda  il 
danaro  si  distribuisca  interamente  ad  arbitrio  di  V.  S.,  la  quale  ben 
comprenderà  quanto  poco  convenga,  che  si  eroghi  a  benefizio  di 
quelli,  che  sono  addetti  al  servizio  délia  Fortezza  ed  alla  Gustodia  del 
Rilegato... 

Ces  dépêches  s'arrêtent  malheureusement  trop  tôt,  car  la  On  même 
de  Caglioslro  est  obscurcie  de  traditions  d'allure  un  peu  étrange  où  il 
est  assez  difficile  de  démêler  la  vérité.  11  mourut  le  23,  le  26  ou  le 


1.  Vescovi,  t.  370,  fol.  293  v\ 

2.  Vescovi,  t.  370,  fol.  307. 


OUUORM   B1    I.»    F»1^0-a»ÇOJUS*IB. 


BU 


,,  malgré  les  lionnes  dispositions  demi  il  semble  avoir 
s  les  précédentes  lettres,  il  finit  dans  l' impénitente 
iule  fou1,  et  fui  inhumé  hors  de  la  lerre  chrétienne. 
s  même  ne  jouirent  |ias  du  la  paix  définitive  du  tombeau 
et  participèrent,  on  peut  le  dire,  à  l'ètrangeté  romanesque  de  la  vie 
entière  de  l'audacieux  inlriganl.  Si  l'on  en  croit  les  souvenirs  de 
Gandini,  Gis  du  châtelain  du  château  de  Saint-Léon,  dont  il  esl  plus 
haut  question  *  : 

■  Quando  lu  Iruppe  del  Primo  Console  presero  per  lame  il  caslello 
di  San  Léo,  dopo  duo  anni  di  assedio,  non  privo  di  gloria  per  le  armi 
i Liliane,  molli  offlciali  francesi,  affigliali  alla  Massoneria,  disscpelle- 
ririn  gl]  avanzi  del  conte  Cagliostro  e  li  onorarono  cou  riti  masaonici. 
Un  vecchio  di  novanl'anni  si  ricordava,  dieci  anni  or  sono.di  quei 
tempi  e  di  quegli  avvenimenti,  e  fra  l'altro,  d'un'  agape  fraterna, 
durante  laquale  gli  uflieiali  massoni  hevvero,  dopo  varie  cerimouie, 
uno  dopo  l'allro,  uel  teschio  del  famoso  maestro*.  » 

Dans  Rome  même,  quinze  ans  plus  lard,  la  maçonnerie  installée, 
reniant  en    partie   les   idées  égal  i  lai  ma  dea  sociales  secrètes 
iviii' siècle,  allail servir  d'auxiliaire  au  gouvernement  napoléonien  et 

dooMT  h  MOthlul  de  nlmui  prirBnlIflni  ■tnlurni' fin  nronm 

municatious  pontificales*.  L'apothéose  maçonnique  de  Cagliostro 
était  le  signe  frappant  de  l'inutilité  des  faux  imaginés;  a  la  légende 
des  sociétés  secrètes  s'opposait  la  légende  de  Cagliostro  :  la  maçon- 
nerie subversive  devenait  uu  procède  d'autorité. 

Georges  liomtcm. 


I,  Sur  l*  pttnkM  d»te,  voir  G.  Sonimi,  (or.  cit..  Ht  I»  «100110,  une  lettre 
de  l.uigi  AnRlollnl,  mlnlilre  de  Tosfjinf  ■  Ronir,  du  t  «rplctulire  1 7'.J5  (publ. 
par  C.  Mon»,  la  fine...,  p.  149);  sur  I»  seconde,  (HlUpl.  *>  nif ,  I.  I,  p.  319, 
(|ui  utilise  le  litiro  parroehutie  dr%  morti  iltlln  rtln  di  S.  Léo. 

3.  G.  Sorami,  lac,  cil. 

3.  Silugni,  foc   cit.,  t.  I,)i.  320. 

«.  V  IX. 

5.  G.  SforM,  la  fine  di  Caglioiîro,  2-  article,  Arch,  tint,  ital ,  série  V, 
1891,  I.  VII,  p  151  (publie  une  latin  M  K.  G.  de  Lue»,  du  10  «vril  1883,  OÙ 
les  touventn  du  flli  de  Gsodiui  uni  en  renia  1res). 

6.  Je  me  |*rmeli  du  renvoyer  ici  a  I  article  i|ue  jai  publié  dsWI  U  R/pn/u- 
/»»  françaùt  sur  l'action  de  U  maçonnerie  a  Home  en  1810.  Cf.  P.  I.  Rinieri. 
fat)  tenula  di  ttauonwi,  Rome,  1901. 


BULLETIN  HISTORIQUE 


FRANCE. 

Les  Comte  iiSTOWQCis.  —  Le  premier  Congrès  international  d'his- 
loire  a  été  tenu  à  Paris  en  4900.  Tenu  au  milieu  du  brouhaha  de 
l'Exposition  universelle,  ee  Congrès  n'avait  pas  répondu  aux  espé- 
rances de  ses  promoteurs,  bien  que  des  communications  et  des  dis- 
eussions très  intéressantes  eussent  eu  lieu  dans  les  sections  d'histoire 
diplomatique,  d'histoire  des  lettres  et  des  sciences  et  surtout  dans 
celle  d'histoire  des  arts  et  de  la  musique.  Le  Congrès  de  Rome 
d'avril  4903  fût  admirablement  organisé  par  un  comité  que  présidait 
l'illustre  et  vénérable  historien  P.  Villari,  qui  avait  pour  secrétaire 
général  M.  Gorrioi  et  pour  membres  MM.  Ascoli,  Comparettî,  D'An- 
cona,  Balzani,  Bercbel,  Boselli,  Cocchia,  Mazzoni,  Novati,  Salvioli  et 
Tommasini,  dont  les  trois  premiers  étaient  les  délégués  du  ministre 
de  F  Instruction  publique  et  les  autres  ceux  des  Académies  des  Lincei,  de 
Venise,  de  Turin,  de  Naples,  de  Florence,  de  Milan,  de  Païenne  et 
de  l'Institut  historique  de  Rome.  Nous  avons  rendu  compte  dans  la 
Renne  (t.  LXXX1I,  p.  357  et  suiv.)  de  ce  Congrès  où  tout  ce  que  l'Ita- 
lie compte  d'historiens  et  de  philologues  était  présent  et  où  toutes 
les  nations  étaient  représentées  avec  éclat,  où  la  France  en  particulier 
avait  quarante-quatre  délégués.  Chose  extraordinaire,  les  vœux  for- 
mulés par  le  Congrès  n'ont  pas  été  purement  platoniques.  Us  ont 
même  eu  une  telle  efficacité  qu'on  peut  se  demander  si,  au  lieu  de 
se  livrer  à  la  lecture  d'une  foule  de  dissertations  savantes  sans 
aucun  lien  organique  entre  elles,  les  futurs  congrès  historiques  ne 
devraient  pas  se  borner,  d'une  part  à  centraliser  des  renseignements 
sur  le  développement  des  éludes  et  de  renseignement  historiques 
dans  les  divers  pays,  d'autre  part  à  discuter  les  vœux  qui  leur 
seraient  envoyés  par  les  comités  nationaux  ou  les  savants  isolés,  en 
y  ajoutant  peut-être  la  discussion  de  quelques  questions  particuliè- 
rement intéressantes  et  controversables  qui  auraient  été  mises  à 
Tordre  du  jour  du  congrès  par  le  congrès  précédent.  Le  vœu  de  la 
section  d'histoire  ancienne  pour  la  création  dans  les  Universités  de 
cours  d'épigraphie  a  été  spontanément  réalisé  par  plusieurs  profes- 


rttttr..  SST 

Mur»  italiens.  Le»  vœux  de  la  section  de  philologie  classique  ont 
déjà  provoqué  diverses  publications  importantes.  L'Institut  supérieur 
do  Florcnco  a  commencé  pour  la  Toscane  le  Curpus  imtriptionum 
latiaarum  mrdii  wvi  demande  par  un  vœu  du  professeur  Novati. 
Le  Corpus  cfinrtarum  tlatint,  demandé  par  la  section  d'histoire  médié- 
vale et  moderne,  est  déjà  en  voie  d'exécution  par  suite  d'un  accord 
entre  l'Inslilut  historique  italien  cl  l'Institut  historique  prussien. 
La  France  devrait  s'associer  à  cette  entreprise  pour  la  Savoie,  le  Pié- 
mont, et  la  Ligurie.  Le  vœu  relatif  à  la  communication  aux  travail- 
leurs des  documents  diplomatiques  jusqu'à  I H47  a  été  réalisé  à 
\  ii'iim'  M  a  liudapest.  En  Italie,  on  a  maintenu  la  limite  de  <8<3, 
mais  en  admettant  des  exceptions  toutes  les  Cois  qu'elles  seraient 
justifiées  par  la  qualité  des  travailleurs  ;  en  France,  malgré  nos  efforts, 
on  a  jusqu'ici  décidé  de  s'en  tenir  a  (830.  La  Ravière  a  étendu  les 
i-mmiiiuiicalions  jusqu'à  1825.  Le  Musée  archéologique  de  Reggio 
Calabria,  reclamé  par  le  Congres,  a  été  inauguré  le  t5  août  1906,  et 
les  fonds  pour  les  fouilles  ont  été  accrus  de  6,000  francs.  Sur  la 
demande  de  la  section  de  numismatique,  la  Société  numismatique 
italienne  a  élu  une  commission  pour  le  classement  des  collections 
numismaliques  médiévales  et  modernes.  Iles  cours  nombreux  d'his- 
toire de  l'art  onl  été  créés  en  Italie  à  la  suite  des  vœux  exprimés 
par  le  Congrès.  Le  gouvernement  a  également  déréré  au  vœu  du  Con- 
gres en  créant  une  commission  pour  la  publication  des  manuscrits 
de  Vinci.  Les  vœux  relatifs  à  l'histoire  du  droit  ont  aussi  M  iMMlél 
par  le  gouvernement  italien.  La  Société  géographique  italienne  a 
commencé  le  Gtossario  rfï  nomi  territorial!  itatiani  demandé  par  le 
Congrès.  C'est  également  a  la  suite  des  vœux  du  Congrès  que  le  pro- 
fesseur Vailali  a  été  chargé  par  l'Académie  des  Lincci  d'examiner  en 
vue  d'une  édition  les  papiers  de  Torrieelli,  que  le  ministère  de  l'ins- 
trueiiini  publique  a  décidé  de  publier  des  index  et  catalogues  des 
manuscrits  scientifiques,  que  l'Istituto  dei  Lincei  et  l'istiluto  Lom- 
hardo  ont  entrepris  la  publication  des  œuvres  de  Voila  et  mi'mfin 
six  chaires  d'histoire  des  sciences  ont  été  créées  à  Rome  >  I] ,  Maplcs  1 21, 
Padoue  et  Turin.  Comme  on  le  voit,  il  n'est  plus  permis  de  dire  que 
les  Congres  ne  servent  qu'a  fournir  des  billets  de  chemin  de  fer  à 
prix  réduits  et  .i  permettre  aux  savants  de  divers  pays  de  faire  con- 
naissance intrr  poculn.  A  ces  avantages,  qui  d'ailleurs  ne  sont  pas 
négligeables,  le  Congrès  de  Rome  a  prouve,  grâce  à  la  manière  vrai- 
ment remarquable  dont  il  a  été  conduit,  qu'on  pouvait  joindre  des 
résultats  scientifiques  appréciables.  La  publication  des  Attidel  Con- 
artuointernasionale  di  iciense  ttoriche,  qui  est  aujourd'hui  complète 
<>lumes  etquiest  en  vente  à  la  librairie  Loescber,  a  Rome,  au 


m  frunu 

pria  vraiment  minime  de  1 23  fr.  bit  le  pins  grasd  bomiearâM.Gorrini, 
qui  l 'a  dirigée  avec  oo  aie  et  m  toin  vraiment  admirables.  Celle  for- 
midable eoHeetioo  de  travaux  sor  ktsojels  kt  plus  variés  mérile  par 
la  faleor  de  ces  tnifanx  de  figver  dams  traies  ks  bibliothèques  et 
donne  l'idée  la  plus  intéressante  de  l'activité  qui  est  déployée  aujour- 
d'hui par  le  monde  civilisé  dams  tontes  les  branches  de  la  sàeoœ  his- 
torique. Le  compte-rendu  financier  des  trésoriers  du  Congrès  n'est 
pas  la  partie  la  moins  remarquable  des  AttL  Après  une  réunion 
qui  a  duré  neuf  jours  et  où  ks  hôtes  de  Rome  ont  reçu  une  hospita- 
lité magnifique,  après  la  publication  de  ces  douze  beaux  volumes,  la 
Commission  a  un  excédent  de  3,221  fr.  qui  doivent  être  employés  à 
des  entreprises  scientifiques  internationales.  Les  Italiens  ont  donné 
là  un  modèle  (Tordre,  d'économie  et  de  savoir-faire  qui  mérile  (Tètre 
loué  et  imité. 

Le  Congrès  de  Rome  avait  fixé  au  mois  de  septembre  4906  à  Ber- 
lin la  réunion  du  prochain  Congrès,  bien  que  divers  membres  pen- 
sassent, peut-être  avec  raison,  qull  vaudrait  mieux  choisir  pour  lieu 
de  réunion  de  petits  pays  de  situation  plus  centrale  et  d'un  caractère 
quasi  international,  comme  la  Suisse  ou  la  Belgique.  La  date  de  4906 
s'est  trouvée  trop  rapprochée.  Le  Comité  d'organisation  allemand  vient 
de  lancer  les  invitations  pour  le  mois  d'août  4908,  du  6  au  42.  On 
peut  dès  aujourd'hui  envoyer  son  adhésion  à  un  des  membres  du 
bureau  du  Comité  :  MM.  IL  Koser,  directeur  des  Archives  de  Prusse, 
Edouard  Meyer  et  Ulrich  von  Wilamowilz-Mœllendorff,  professeurs  à 
l'Université  de  Berlin,  César  Caspar,  privat-docent  à  Berlin,  et 
L.  Koppel,  Geheimer  Kommerzienratb.  Les  huit  sections  sont  distri- 
buées un  peu  différemment  de  celles  de  Rome  :  4 .  Histoire  de  l'Orient. 
—  2.  Histoire  de  la  Grèce  et  de  Rome.  —  3.  Histoire  politique, 
médiévale  et  moderne.  —  4.  Histoire  de  la  civilisation  médiévale 
et  moderne  —  5.  Histoire  du  droit  et  Histoire  économique.  — 
6.  Histoire  religieuse.  —  7.  Histoire  de  l'art.  —  8.  Sciences  auxi- 
liaires de  l'Histoire.  —  Les  communications  pourront  être  faites  en 
allemand,  anglais,  français,  italien  ou  latin.  Chaque  membre  du 
Congrès  doit  verser  un  droit  d'inscription  de  20  francs.  Un  pro- 
gramme détaillé  sera  distribué  en  janvier  4908.  Nous  espérons  que 
la  France  prendra  au  Congrès  de  Berlin  une  part  aussi  active  qu'au 
Congrès  de  Rome. 

Prix  Alphonse  Pbyrat.  —  Nous  avons  annoncé  la  généreuse  dona- 
tion par  laquelle  M""  la  marquise  Arconati  Yisconti,  née  Alphonse 
Peyral,  a  fondé  en  mémoire  de  son  père  un  prix  triennal  de  3,000  fr. 
qui  devra  être  décerné  au  meilleur  ouvrage  en  français  publié  sur 
l'histoire  de  France  de  4774  à  nos  jours.  Ce  prix  devra  être  décerné 


rUR.  329 

far  le  conseil  de  l'Université  de  Caris,  sur  le  jugement  d'un  jury 
composé  du  quatre  professeurs  d'histoire  de  l'Université  de  Paris  el  de 
quatre  délègues  désignés  par  l'École  des  Hautes- Eludes,  la  Société 
d'histoire  moderne,  la  Société  d'histoire  de  la  Révolution  el  la  Société 
il'ln-i'Kie  de  la  Révolution  de  (8.  Bien  qu'un  avis  publié  dans  les 
journaux  ait  invité  les  concurrents  à  déposer  huit  exemplaires  des 
■  ju'ils  voudraient  présenter  au  jugement  du  jury,  cet  impôt 
vraiment  excessif  n'est  nullement  obligatoire,  car  le  jury  choisira 
l'ouvrage  qu'il  considérera  comme  le  meilleur,  sans  se  préoccuper  si 
Min  auteur  l'a  présenté  ou  non  pour  ce  concours.  Le  prix  sera  décerné 
pour  la  première  fois  en  janvier  l!>08.  Naturellement,  les  ouvrages 
déjà  récompenses  dans  des  concours  similaires  ne  pourront  être 
admis  a  concourir. 

Gabriel  Mgxod. 


BPOQCB  CONTEMPORAIN!- 

Ainsi  que  les  Américains,  1rs  socialistes  se  sentent  le  besoin  d'an- 
si  1res  légitimement  que,  remontant  bien  au  delà  de  Marx 
el  du  collectivisme  allemand,  ils  rattachent  au  ivin*  siècle  nombre 
des  doctrines  qui  constituent  leur  programme.  Babeuf  leur  parait 
avec  raiwn  un  des  leurs  :  t  C'est ,  déclare  M.  Albert  Thomas', 
par  la  tentative  babouvisle  que  le  socialisme  est  entré  dans  notre 
histoire;  c'est  aux  Égaux  que,  par  Buonarrotli  el  lllanqui,  les  socia- 
listes d'aujourd'hui  peuvent  faire  remonter  leurs  origines.  »  Les 
ouvrages  relatifs  a  Babeuf  sonl  difficiles  à  trouver  et  les  biographies 
dont  11  3  élé  l'objet  sonl  volumineuses.  Ou  comprend  donc  que  les 
directeurs  de  h  •  Bibliothèque  socialiste  *  aient  jugé  utile  de  réunir 
en  un  pelil  volume  la  somme  do  sa  doctrine.  Les  lecteurs  pourront 
désormais  en  prendre  facilement  une  connaissance  tré3  suffisante. 

Les  éludes  d'histoire  économique  sur  la  Révolution  se  multiplient 
grâce  aux  comités  d'histoire  économique  de  la  Révolution  créés  depuis 
(903  dans  chaque  département.  Le  volume  consacré  par  M.  V«- 
HiLK1  à  la  répartition  des  biens  ecclésiastiques  nationalises  dans  le 
département  du  Rhône  tiendra  dans  cet  ordre  de  travaux  une  place 
honorable.  M.  LoulchiUky,  ayant  entrepris  d'explorer  les  archives 
départementale*  pour  y  étudier  les  documents  relatifs  à  la  venus  des 


t.  Babeuf,  la  Ilottrtnt  ittt  Égaux  [ttlnUl  <le>  Œuvres  complètes  publiera 
pu  Albert  Th.iinni;    Parti,  Corotlj,  1008,  1  vol.  In-te,  ■  |> 

î.  FrançoU  Vitroalt,  F.'iai  tur  ta  rtpartttion  toctale  de$  bien*  ecctàUu- 
twjua  national  tift  ■  ^parlement  du  Rhône,.  P»riv  Alun,  1900,  |  toi.  bj-a\ 

m  p. 


330  BOLLBTIJ  HISTORIQUE. 

biens  nationaux,  exprimait  en  4895,  dans  cette  revue  même1,  son 
regret  de  n'avoir  pu  consulter  utilement  les  actes  de  vente  du 
département  du  Rhône  parce  qu'ils  n'avaient  pas  encore  été  classés. 
Depuis,  cette  besogne  a  été  accomplie  par  H.  Guigue,  archiviste 
départemental,  de  la  manière  la  plus  satisfaisante.  Elle  a  permis  à 
M.  Yermale  de  nous  donner  une  enquête  documentaire  complète  et 
intéressante.  Ses  conclusions  sont  des  plus  nettes.  Les  biens  ecclé- 
siastiques' nationalisés  furent  vendus  rapidement  à  un  prix  élevé  et 
ce  furent  les  gens  du  pays  qui  les  acquirent.  A  Lyon  et  dans  le 
Lyonnais,  les  acquéreurs  furent  surtout  des  gens  de  classe  moyenne; 
dans  le  Beaujolais,  ce  furent  surtout  les  paysans,  et  la  classe  des 
petits  propriétaires  ruraux  vivant  indépendants  sur  leur  terre  parait 
dans  cette  région  dater  exclusivement  de  la  Révolution. 

La  collection  des  Annales  des  Facultés  de  droit  et  des  lettres 
d'Aix  a  été  agréablement  inaugurée  par  une  élude  de  M.  Paul  Gaf- 
faeel  *  sur  la  Première  Restauration  à  Marseille.  Rédigée  en  grande 
partie  d'après  les  journaux,  rapports  officiels,  collections  d'affiches 
et  autres  documents  conservés  aux  archives  de  Marseille,  elle  donne 
un  tableau  pittoresque  de  l'enthousiasme  avec  lequel  la  ville  se  tourna 
du  côté  des  Bourbons  avant  qu'elle  s'en  dégoûtât  avec  une  rapidité 
presque  égale.  Un  grand  nombre  d'anecdotes  ne  manquent  pas  de 
saveur.  Le  zèle  des  francs-maçons  portant  en  triomphe  le  buste  de 
Louis  XVIII  pour  l'inaugurer  dans  leur  loge  n'eut  d'égal  que  celui 
du  grand  rabbin  Mardochée  Roquemartine  offrant  de  décrocher  «  le 
grand  lustre  du  temple  »  pour  les  illuminations  préparées  en  l'hon- 
neur du  comte  d'Artois.  Un  buste  de  Louis  XVIII  en  savon  fui  érigé 
par  un  négociant  d'esprit  ingénieux  avec  cette  inscription  :  //  efface 
les  taches.  Et  le  maire  de  Saint-Rémy  donnait  à  ses  administrés  ces 
instructions  admirables  :  «  Parlez  peu  et  ne  discutez  jamais  sur  les 
actes  du  gouvernement.  Si  vous  en  parlez,  que  ce  soit  pour  y  applau- 
dir, pour  en  assurer  l'exécution,  et  jamais  dans  un  esprit  de  critique 
et  moins  encore  de  contradiction.  »  Comment  Monseigneur  le  comte 
d'Artois,  devant  qui  la  cuisine  à  l'huile  même  abdiquait  ses  droits  de 
crainte  de  contrister  son  estomac,  eût-il  pu  résister  à  promettre  à  une 
telle  cité  la  «  franchise  »  de  port  qu'elle  réclamait  et  qu'il  distinguait 
insuffisamment  de  la  vertu  morale  désignée  par  le  même  substantif  ? 
La  déception  fut  grande  quand  on  vit  les  droits  maintenus.  La  façon 
draconienne  dont  fut  appliquée  la  loi  sur  le  repos  hebdomadaire  ou 

1.  Revue  historique,  t.  LIX,  p.  80,  note  1. 

2.  Paul  Gaffarel,  la  Première  Restauration  à  Marseille  (1"  fascicule  des 
Annalei  des  Facultés  de  droit  et  des  lettres  d'Aix).  Paris,  Fontemoing;  Mar- 
seille, Barlatier,  1905,  1  vol.  in-8%  81  p. 


ruîici.  &3i 

plutôt  dominical  du  comte  Ueugnol  accrut  le  mècoiitcn lement,  Il 
était  général  quand  .Napoléon  débarqua  de  l'Ile  d'Elbe, 

On  doil  déjà  à  M.  le  vicomte  de  Reiset',  outre  les  agréables  sou- 
venirs du  lieutenant  général  de  Reiset,  son  aïeul,  une  étude  recueillie 
et  érudite  sur  les  enfants  naturels  du  duc  de  Berry.  C'est  aujour- 
d'hui de  la  duchesse  légitime  qu'il  entreprend  de  nous  tracer  l'his- 
toire ou  plus  exactement  une  sorte  do  portrait  historique  attendri  cl 
pleut,  minutieux  quelquefois  jusqu'à  la  puérilité,  mais  d'une  docu- 
mentation si  complète,  si  sincère  et  si  intime,  qu'il  s'en  dégage  une 
impression  intense  de  vie  et  de  vérité.  M.  de  Reiset  a  eu  communi- 
cation d'une  foule  de  papiers  de  famille,  entre  autres  du  journal  iné- 
dit où  tous  les  jours  la  jeune  Marie-Caroline  traçait  quelque-  UgMÊ, 
Il  a  consulté  les  rares  survivant  qui  l'ont  approché,  vécu  dans  les 
lieux  où  s'écoula  sa  vie,  manie  les  objets  qui  lui  appartinrent  ou  qui 
se  rattachent  a  son  souvenir.  Il  s'est  fait  l'âme  dévote  et  déférente 
d'un  de  ces  vieux  serviteurs  de  la  monarchie  d'autrefois,  desquels  la 
sincérité  du  sentiment  et  de  la  foi  traditionnelle  écarte  tout  soupçon 
de  courlisanehe  ou  de  ridicule.  Et  nous  lui  devons  lu  plus  joli  récit, 
le  plus  complet  et  le  plus  attachant  qui  ail  été  écrit  sur  la  jeune 
duchesse  de  Berry  depuis  ses  fiançailles  jusqu'à  la  chule  de  la  Res- 
tauration. Mais  ce  récit  constitue  d'ailleurs  plus  qu'une  biographie 
princière.  Sur  l'existence  intime  et  familiale  des  Bourbons,  sur  la  vie 
de  cour,  sur  Louis  A  VIII  et  Charles  X  eux-mêmes,  il  fourmille  en 
détails  inédits  et  typique*.  Ces!  a  Isall  l'histoire  du  la  Restauration 
que  M.  de  Reiset  apporte  une  contribution  précieuse  qui  lui  vaudra 
la  reconnaissance  et  le  respect  des  historiens. 

Avec  les  volumes  consacrés  par  M.  Vltun1  â  la  Restauration  et 
par  M.  FooRfliÈte3  au  Règne  tU  Louis- Philippe,  VUittoirti  socialiste, 
dirigée  par  M.  Jean  Jaurès,  entame  la  période  contemporaine. 

On  8  déjà  signalé  la  valeur  réelle  de  cette  entreprise.  Les  noms 
seuls  de  ses  collaborateurs  attiraient  d'avance  l'attention  sur  elle- 
l.i--  Mbunes  déjà  parus  sont  du-  ;'i  MM.  Jaurès.  Hcville,  Ur.m.-.si!  et 
Turot;  ceux  a  paraître  auront  pour  auteurs  MM.  Millerand,  Georges 
Renard,  Andler,  llerr,  Jaurès,  Oubreuilb,  Lahusquicre,  Géraull- 
Richard.  On  peut  dire,  au  point  ou  en  est  celte  publication,  qu'elle 
repond  en  somme  au  bul  poursuivi  par  ses  promoteurs  tout  en 
encourant  un  certain  nombre  de  critiques,  auxquelles  d'avance  il  lui 
était  difficile  d'échapper. 

:i  Je  Rtitel,  Marte-Caroline,  dutheut  de  Btrry,  1816-1830.  Paris, 
OttMM-LéfJj  1  vol.  Iii-B-,  |35  p. 

I.  Vliliol,  la  Rttlauralt.m  Il8ti-1830>.  Part*,  Rouff,  1  vol.  lo-f,  268  p. 

3.  r'otnuttt*,  le  Hègnê  de  Loaif  Philippe.  ISSO-tHiH.  Pirl»,  Rouff,  1  vol. 
b-t\  183  p. 


332  BULLETIN  HISTOIIQUE. 

L'Histoire  socialiste,  —  et  en  écrivant  ceci  c'est  surtout  aux  deux 
derniers  volumes,  les  seuls  qui  relèvent  ici  de  notre  critique,  que 
nous  songeons,  —  Y  Histoire  socialiste  répond  bien  en  somme  à  ce 
qu'elle  veut  être  tout  d'abord  :  une  histoire  de  France  populaire, 
mais  en  même  temps  rédigée  avec  un  sérieux  souci  scientifique; 
d'autre  part,  une  histoire  qui  envisage  d'une  manière  particulière- 
ment détaillée  le  développement  des  questions  ouvrières,  sociales  et 
démocratiques  et  les  envisage  dans  le  sens  socialiste. 

Elle  n'échappe  pas  par  ailleurs  à  certains  inconvénients.  La  diver- 
sité des  auteurs  est  cause  que  de  volume  à  volume  on  relève  de 
grandes  différences  de  plan,  voire  de  conception,  et  qu'il  y  a  dans 
le  récit  des  disproportions  qui  sont  choquantes  :  le  travail  de 
H.  Viviani,  par  exemple,  eût  dû  être  considérablement  développé 
pour  se  présenter  sur  le  même  pied  que  la  plupart  des  autres. 
D'autre  part,  l'absence  totale  de  références  n'est  pas  sans  contrarier 
le  lecteur,  d'autant  plus  vivement  que,  dans  une  série  de  volumes 
où  souvent  la  discussion  et  la  critique  tiennent  autant  de  place  que 
le  récit  des  faits,  il  éprouve  le  besoin  d'avoir  sous  les  yeux  les  pièces 
du  procès.  D'autre  part,  par  définition  même,  l'histoire  socialiste  est 
tendancieuse;  elle  prétend  non  seulement  raconter,  mais  édiûer  et 
tirer  une  certaine  morale  des  faits.  Sans  doute  a-t-elle  sur  beaucoup 
d'oeuvres  pseudo- historiques  la  franchise  de  ne  pas  dissimuler  cette 
volonté,  et  il  n'est  que  juste  de  rendre  hommage  à  cette  loyauté. 
Encore  est-il  nécessaire  pour  le  lecteur  de  ne  pas  perdre  de  vue  celte 
situation  et  d'apporter  souvent  certaines  restrictions  ou  certains 
tempéraments  à  maints  jugements.  Enfin,  pour  terminer  le  chapitre 
des  critiques  générales,  s'il  convient  de  féliciter  vivement  les  éditeurs 
sur  le  choix  tout  à  fait  intéressant  des  gravures  qu'ils  ont  annexées 
à  leur  récit,  il  faut  regretter  que,  souvent,  ils  ne  les  aient  pas 
accompagnées  de  notices  explicatives;  les  légendes  qui  aident  à  com- 
prendre les  originaux  sont  en  général  illisibles  dans  les  reproduc- 
tions (nous  ne  pouvons  en  faire  un  grave  reproche  dans  une  édition 
qui  veut  être  à  bon  marché),  et  ainsi  le  dessin  devient  malaisément 
intelligible,  ce  qui  est  regrettable,  surtout  pour  un  ouvrage  d'instruc- 
tion populaire. 

Ces  réserves  générales  faites,  il  convient  de  rendre  encore  une  fois 
hommage  à  la  valeur  générale  de  la  collection  et  à  celle  que  pré- 
sentent en  particulier  les  deux  volumes  que  nous  signalons  aujour- 
d'hui. 

Celui  de  M.  Viviani  se  présente  sous  l'aspect  d'une  histoire  poli- 
tique, beaucoup  plus  que  sociale  et  économique,  de  la  Restauration. 
Le  lecteur  serait  même  tenté  d'être  surpris  dans  une  histoire  «  socia- 
liste »  et  dans  une  période  qui  offre  un  caractère  si  particulier  et  si 


mm.  333 

da  ne  trouver  aucune  tentative  pour  préciser  quelle  était 
la  condition  matérielle  et  morale  des  populations  laborieuses  du 
royaume.  M.  Vivian i  s'est  comporté  à  son  égard  avec  autant  d'incu- 
riosité qu'eût  pu  Taire  M.  Tliiers  ou  lui  autre  historien  le  plus  bour- 
geois :  il  j  a  exactement  douze  pages  lies  douze  dernières  du 
rolumc'i  pour  tout  ce  qui  concerne  (je  reproduis  le  sommaire)  : 
■  Saint-Simon  et  ses  disciples.  L'enseignement  de  la  Révolution. 
L'état  de  l'industrie.  La  classe  ouvrière.  Saint-Simon.  Ses  œuvres. 
Ses  disciples.  ■  A  vrai  dire,  le  travail  de  M.  Vivian],  rapide,  bril- 
lant, rédigé  dans  une  forme  volontiers  recherchée,  constitue  un  récit 
popoWn  fort  distingué,  d'allure  tantôt  critique,  tantôt  oratoire, 
animé,  agréable  et  parfois  dramatique,  plutôt  qu'une  œuvre  qui 
ajoute  quelque  chose  à  la  connaissance  que  nous  avions  de  la  Res- 
tauration. 

Plus  copieux,  celui  du  M.  Kournierc  formera  une  excellente  contre- 
partie el  un  contrepoids  précieux  à  Vllùtoire  de  la  monarchie  de 
Juillet  de  M.  Ttiuruau-lhngin.  Dans  ses  critiques  sévères  sur  l'im- 
moralité et  l'égoisme  des  procèdes  du  gouvernement  de  Louis-Phi- 
lippe, l'historien  reconnaîtra  souvent  l'expression  de  la  vérité.  S'il 
ne  souscrira  pas  a  tous  ses  jugements,  sur  Guizot  et  Thiers  notam- 
ment, il  doit  rendre  hommage  à  un  très  louable  el  1res  haut  elTorl 
d'impartialité  chez  l'écrivain.  Les  parties  les  plus  intéressantes  de 
l'ouvrage  sont  celles  qui  su  rapportent  à  l'histoire  des  classes  popu- 
laires et  à  celles  des  doctrines  socialistes  de  1830  à  tsss.  M.  Four- 
mère  a  tiré  un  excellent  parti  des  documents  qu'il  pouvait  rassem- 
bler, cl  sou  livre  contient  une  masse  énorme  de  renseignements 
précis  el  qui,  auparavant,  étaient  dispersés.  Quel  dommage  que  l'in- 
suffisance des  références  en  rende  difllcile  l'utilisation  I 

Bu  1915,  adn  de  donner  a  l'armée  d'Afrique,  aux  colons  el  aux 
indigènes  un  témoignage  notable  de  la  sollicitude  du  gouvernement, 
il  fut  décidé  que  le  duc  d'Orléans  se  joindrait  aux  troupes  «TOjéM 
au  H*1  Citait]  pour  venger  l'échec  de  la  Macta.  Il  s'embarqua 
à  Toulon  le  31  octobre  avec  un  nombreux  étal-major  et  débarqua  à 
Alger  le  10  novembre.  M.  Paul  A»!4,  déjà  connu  par  ses  travaux 
antérieurs  d'histoire  militaire  africaine,  a  publié  dans  le  Bulletin  de 
t.-r  SOQtéU  de.  ijfitiijrtipliir  d'Alger  et  de  l'Afrique  du  Xord  une  inté- 
ressante élude  documentaire,  ensuite  tirée  a  part.  Les  pièces  inédites 
qu'il  donne  se  repartissent  en  deux  calégories.  Il  y  a  d'abord  les 
pièces  officielles  assez  ternes  consistant  principalement  dans  les  rap- 
ports envoyés  quotidien nemetil  par  le  maréchal  Clause!  au  minisire 

1.  Paul  Amu,  te  Due  d'Orttani  à  Algrr  tt  à  Oran  en  f.-i.î.v  Impreuioni  du 
il  H  illtrtunçe*.  Aigu,  iai|ir.  Ijpo-lllliognpliiqae  ».  Léoa,  IKOC,  l  vol.  in-8',  GO  p. 


384  boixitoi  nsTotiQin. 

de  la  Guerre.  Il  j  a  ensuite  les  lettres  du  due  d'Elcbingen  à  sa 
femme.  Le  due  d'BIdtfngen  était  le  deuxième  fils  du  maréchal  Ney. 
Officier  d'ordonnance  do  due  d'Orléans,  il  apportait  en  Afrique  une 
curiosité  ardente  et  une  nature  passionnée  et  enthousiaste  d'artiste 
autant  que  de  militaire.  Sa  correspondance,  parfois  un  peu  chaotique, 
est  aussi  vibrante  et  colorée  que  sont  froides  et  compassées  les 
missives  officielles.  Elles  constituent  une  documentation  toujours 
amusante  et  parfois  instructive. 

Les  monographies  de  Militaires,  fils  d'acteurs,  qu'à  groupées  M.  le 
baron  de  Comiisoif9  intéresseront  les  curieux  plus  encore  que 
les  historiens  proprement  dits  :  le  colonel  de  Brancas,  fils  de  Sophie 
Arnould;  le  général  Dumouriez,  petit-fils  du  laquais  de  Molière, 
acteur  dans  sa  troupe,  le  capitaine  de  vaisseau  et  le  commandant 
Talma,  le  capitaine  Pigaull-Lebrun,  l'amiral  Fleury,  le  comman- 
dant Gardel,  le  colonel  et  le  général  Anselme,  plusieurs  autres  font 
l'objet  de  notices  étudiées  où  sont  mises  au  jour  pour  la  première 
fois  bon  nombre  de  pièces  inédites.  H.  le  baron  de  Conlenson  y  a 
inséré  d'assez  nombreux  aperçus  politiques,  philosophiques  et 
sociaux  que  plus  d'un  lecteur  sera  surpris  de  rencontrer  là  et 
n'accueillera  pas  sans  réserves. 

Né  en  4834,  M.  Gh.  Coati*'  fut  nommé  colonel  en  4878,  après 
une  brillante  carrière  militaire.  Des  infirmités  prématurées  l'obli- 
gèrent à  prendre  sa  retraite.  Pendant  vingt-six  ans,  jusqu'en  4904, 
année  de  sa  mort,  il  suppléa  par  une  grande  activité  intellectuelle  à 
l'inaction  où  il  se  trouvait  réduit.  Ses  amis,  sous  le  titre  de  Notes  et 
souvenirs,  ont  réuni  quelques  morceaux  sortis  de  sa  plume  à  diffé- 
rentes époques  :  des  impressions  de  jeunesse  et  d'études,  des  souve- 
nirs de  la  guerre  de  Grimée,  une  curieuse  dissertation  relative  à 
Sedan.  Si  ces  pièces  n'apportent  pas  grand'chose  de  nouveau  à  notre 
connaissance  historique  (l'érudit  n'y  relèvera  qu'un  petit  nombre 
d'anecdotes  et  d'impressions  personnelles),  leur  recueil  sera  parcouru 
avec  plaisir.  Le  colonel  Corbin,  qui  dessinait  fort  joliment  (quelques 
reproductions  dont  le  volume  est  illustré  en  font  foi),  maniait  la 
plume  avec  autant  d'aisance  que  le  crayon.  Ses  récits,  vifs,  colorés,  où 
se  marient  l'enthousiasme,  l'humour  et  l'observation  impartiale, 
témoignent  largement  de  cette  ardeur  à  l'action,  de  cet  entrain  à 
vivre  qui  constituèrent  incontestablement  une  des  caractéristiques  de 
la  génération  militaire  qui  s'épanouit  dans  la  belle  période  du  second 
Empire. 

1.  Baron  de  Contenson,  Militaires  /Us  d'acteurs.  Paris,  Pion,  1903,  1  vol. 
in-8%  xi-122  p. 

2.  Colonel  Ch.  Corbin,  Notes  et  souvenirs  d'un  officier  d'état-major,  1831' 
190b.  Paris,  Hachette,  1906,  1  roi.  ln-16,  xi-301  p. 


:*. 


ï  nombre  de  savants  russes  qu'attire  l'étude  du  noire  histoire 
sociale  cl  politique  depuis  h  lin  du  mu1  siècle  va  croissant.  Sans 
doute  des  préoccupations  d'ordre  pratique  s'ajoutent  chez  eux  à  la 
curiosité  scient rtique  pour  li\er  ainsi  leur  attention  sur  une  certaine 
catégorie  de  questions.  Le  souci  de  la  poUtfqiMl  nlerieure.de  la  reforme 
nécessaire  et  laborieuse,  hante  tous  les  cerveaux  russes;  d'où  chez  les 
meilleurs  le  souci  passionné  de  trouver  dans  l'histoire  des  autres 
pays  des  enseignements  el  des  sujets  de  féconde  méditation.  C'est  ainsi 
que  se  sont  multipliés  les  Iravaux  auxquels  je  faisais  allusion.  Nous 
ne  saurions  nous  en  plaindre,  tout  au  contraire.  Quelques-uns  d'enlrc 
eux,  à  commencer  par  ceux  de  M.  tvareiev,  sont  parmi  les  plus  sug- 
gestifs ou  les  meilleurs  qui  aient  élé  publiés  sur  les  sujets  envisagés. 
Celui  que  nous  devons  a  M.  TcHEniof-F1  mérite  d'occuper  dans  cette 
littérature  une  place  distinguée.  M.  TVhernoff,  qui  a  déjà  publié  des 
éludes  sur  le  Parti  républicain  sous  la  monarchie  de  Juillet  et  sur 
Ut  Associations  et  les  sociétés  secrètes  sous  la  deuxième  République, 
a  essayé  d'écrire  l'histoire  du  parti  républicain  sous  le  second 
Empire.  L'entreprise  était  considérable.  H  faut  savoir  gré  à  M.  Tcher- 
noIT  de  n'avoir  pas  reculé  devant  elle  el  d'avoir  donné  sur  ce  sujet 
non  pas  un  livre  définitif,  encore  impossible  a  faire,  mais  un  travail 
méthodique  el  documenté,  beaucoup  plus  riche  en  renseignements 
exacls  que  ceux  qui  l'ont  précède  el  qui  tnarquu  une  étape  appré- 
ciable dans  le  progrés  de  nos  connaissances  sur  l'histoire  politique 
du  tix*  siècle.  M.  TchernofTa  consulté  de  nombreux  documents  aux 
Archives  nationales  el  au  ministère  de  la  Justice,  des  correspon- 
dances el  des  mémoires  inédits,  cl  a  interrogé  assidûment  et  avec 
fruit  un  grand  nombre  de  survivants  du  régime  impérial.  C'est  géné- 
ral, ïiimt  avec  critique  el  précision  qu'il  a  opéré  le  classement  el 
l'enchainemenl  de  ces  matériaux.  Sou  livre  est  1res  intéressant  et 
agréable  a  lire.  lisl-il  toujours  parfaitement  objectif?  Quand  l'histoire 
touche  de  si  près  à  la  politique  la  plus  brûlante,  il  est  délicat  de  m 
prononcer  d'une  manière  absolue.  Constatons  que,  très  sympathique 
au  parti  républicain,  M.  Tchcmoiï  s'abstient  de  toute  violence  do 
langage  à  l'égard  du  régime  impérial,  tout  en  le  rendant  responsable 
d'un  grand  nombre  de  pratiques  politiques  blAmables  dont  d'autres 
régimes  se  sont  également  servis.  11  met  en  lumière  que  le  coup  d'État 
fut  loin  d'être  accueilli  dans  tous  les  milieux  ouvriers  avec  une  btdlH 
rence  bienveillante,  comme  nombre  de  publiantes  l'ont  soutenu,  mais 
qu'au  contraire  ils  restèrent  eu  grande  partie  sincèrement  républicains. 

1.  I.  Jtixeroatf,  It  l'artt  républicain  au  coup  d'Étal  el  sous  U  second 
Rmplrr,  d'i|im  <k«  ilor.umenU  el  Jcs  souienirs  iatdili.  l'jrli,  Pedoo*,  1906, 
l  Ml.  I»*,  X-ff76  p- 


33*  truxm  amoutn. 

U  pe&  Irzrûl  (ai  H.lkroTi*  *  éla&éU  Pmri  des 
les  frais  dm  cuite  paroissial  pendant  ^application  dm  Concordai  est 
une  contribution  appréciable  à  rhistoirt  de  notre  droit  municipal  et 
à  celle  des  rapports  de  rÉgf  îsc  et  de  TÉlat  en  France  an  a*  siècle. 
Une  première  partie  étudie  le  système  des  articles  organiques;  la 
deosième  est  consacrée  an  décret  de  1839;  la  dernière  à  la  loi  de 
1334  et  à  celle  do  3  décembre  193$.  L'auteur,  envisageant  dans  sa 
condosioo  la  vivacité  des  discussions  et  des  qoerdles  locales  nées  de 
la  participation  des  communes  aux  lirais  du  culte,  se  demande  «  si 
toutes  les  faveurs  budgétaires  obtenues  par  le  clergé,  soit  dans  le 
Concordat,  soit  à  la  suite  du  Concordat,  n'ont  pas  plutôt  nui  aux 
véritables  intérêts  de  l'Église  qu'elles  ne  les  ont  servis.  »  Quelques 
dépouillements  d'archives  lui  ont  permis  de  joindre  un  petit  nombre 
de  documents  inédits  à  la  bibliographie  consciencieuse  qui  figure  en 
tète  de  l'ouvrage. 

L'ouvrage  où  M.  A.  Dnipoca'  entreprend  de  raconter  l'histoire  de 
V Église  catholique  et  FÊtat  sous  la  troisième  République  est  la 
continuation  naturelle  de  celui  qu'il  a  publié  en  1898  sous  le  titre 
d'Histoire  des  rapports  de  V Église  et  de  (État  en  France  de  4789 
à  4870.  L'auteur  Ta  conçu  comme  une  œuvre  d'intérêt  à  la  fois  his- 
torique et  politique.  Considérant  que  €  la  séparation  s'imposait  tout 
d'abord  comme  une  conséquence  de  l'ancien  régime,  qui,  incons- 
ciemment, l'avait  préparée  pendant  plusieurs  siècles  par  ses  efforts 
persistants  et  partiellement  heureux  pour  s'affranchir  de  la  théocra- 
tie romaine  »,  et  qu'elle  s'imposait  «  bien  plus  encore  comme  une 
conséquence  de  la  Révolution  qui  a  proclamé  les  principes  de  la 
liberté  des  cultes,  de  la  laïcité  de  l'État  el  de  la  souveraineté  natio- 
nale »,  il  s'est  attaché  à  démontrer  que  c'est  avant  tout  la  mécon- 
naissance par  le  parti  catholique  de  toutes  les  tendances  et  de  toutes 
les  revendications  de  la  démocratie  qui  a  contribué  à  préparer  la 
dénonciation  du  Concordat  que  la  France  avait  eu  le  tort  d'accepter 
pendant  un  siècle  et  dont,  malgré  la  logique  des  faits  el  des  idées, 
elle  aurait  peut-être  continué  à  s'accommoder  sans  les  fautes  de  la 
papauté  et  du  clergé  français.  Le  premier  volume  de  l'ouvrage,  qui 
en  comprendra  deux,  se  divise  en  deux  livres  :  VOrdre  moral  (4870- 
4879)  et  les  Lois  scélérates  (4879-4887);  le  dernier  chapitre  de 
celui-ci  est  consacré  au  rôle  de  l'Église  catholique  dans  le  boulan- 
gisme  et  comprend  l'année  4889.  Des  bibliographies  utiles,  quoique 

1.  E.  Dupont,  la  Part  des  communes  dans  les  frais  du  culte  paroissial  pen- 
dant l'application  du  Concordat.  Paris,  Rousseau,  1906, 1  vol.  in-8%  viii-183  p. 

2.  A.  Debidour,  l'Église  catholique  et  l'État  sous  la  troisième  République 
(1870-1906).  T.  I  :  1870-1889.  Paris,  Alcan,  1906,  1  vol.  in-8%  xi-468  p. 


rUHCS.  337 

forcément  elles  comportai!  quelque  chose  d'arbitraire  et  d'incom- 
plet. BOVt  placées  en  tête  de  chaque  chapitre.  L'ouvrage  de  M.  Debi- 
dour  constitue  l'exposé  documenté,  précis  et  systématique  de  la 
urique  soutenue  par  la  majorité  parlementaire  qui  I  M>U  la 
séparation  de  l'Église  el  de  l'Etal. 

La  légitime  autorité  qui  s'attache  au  nom  de  M.  Eiotnoir-lAHw' 
confère  une  valeur  documentaire  qui  n'est  pas  négligeable  au  petit 
volume  où  il  a  examiné  Ce  </ue  l' Ëtai  ilott  à  PÊgtbê,  Selon  la  Ihese 
qui  ]  ni  développé*  et  qui  s'appuie  sur  un  enrUm  DOmbfB  d*  con- 

i  [arkfiqiies,  bJstoriqtiM  et  politiques,  l'Eltt,  es 
rtnt  de  l'Agitas,  use  d'an  droit  incontestable,  mais  il  faut  qu'il 
assure  au  culte  des  moyens  d'uxistence  suffisants  pour  son  entretien. 
lïien  qu'actuellement  les  faits  aient  tranche  la  question  et  aient 
enlevé  au  travail  de  M.  Léouzon- Leduc,  si  récent  soil-il,  sou  lltéfét 
pratique,  il  ilcmeuri-  une  pièce  a  consulter  dans  l'immense  dossier  de 
la  séparation  des  Églises  et  de  l'Eut. 

M.  de  G6HTiOT-BlUM,l  sollicité  par  M.  Thiers,  accepU  la  doulou- 
reuse mission  d'être  i  Berlin  noire  premier  ambassadeur  après  le 
rétablissement  des  relations  diplomatiques  entre  la  France  et  l'Alle- 
magne. Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  H  entreprit  d'écrire  ses 
mémoires  «  d'après  les  documents  de  toute  nature,  noi< 

kJJsb,  lettrée  ptrttealiono,  dépêsbea  ofBeieUes,  qu'il  avait  conservés 

de  sou  ambassade  à  Berlin  ».  Son  intention  était  de  donner  k  réetl 
des  événements  accomplis  durant  toute  sa  mission,  c'est-à-dire-  du 
mois  de  janvier  iMl  au  mois  de  décembre  IS77.  La  mort  l'inter- 
rompit. Le  seul  volume  qu'il  ail  rédigé  cl  que  ses  éditeurs  ont  dû 
BOttplétW  pu  quelque-  retouches  s'arrête  I  la  lin  de  1X73.  Il  va 
sans  dire  qu'il  ne  peut  ajouter  beaucoup  de  délai!-  atoll  et  loédlte  É 
ce  qui  a  déjà  été  publié  sur  nos  relations  avec  rAllemague.  Encore 
contribuera- 1.- il  sm  quelques  points  a  fixer  les  exactes  responsabi- 
lités de  M.  Thiers  et  de  ptnsJeara  de  MB  collaborateurs.  La  question 

si  délicate  de  frvwoeinsal  de  la  date  iférurnitlfHi  du  torrHolm  natio- 
nal en  raison  de  l'avancement  de  la  date  des  pSiemsnta  de  lindrni- 
nité  de  guerre  à  l'Allemagne  fut  une  de  celles  qui  retinrent  toute 
l'activité  de  M.  de  (JonUuI-Uiron.  Le  lestent  rendra  justice  sur  ce 
point  au  dévouement  dont  il  fit  preuve  et  a  sa  grande  modestie.  11 
constatera  par  ailleurs  avec  intérêt  les  répercussions  de  notre  poli- 
tique  intérieure   sur  notre   situation    vis-.j-vis   de   l'Europe.    Si    la 

,L«.n-l.ntur,  Ct  que  tÈtal  doit  à  itgtiit,  pari»,  Pion  et  Nourrit, 

i .«.).-,,  i  ni  ms',  m r- 

.    Vil si  liiinlaiit-Ulron,  Mon  ambaitadr  rit  Allfmaçnt  llS7i-lB73l. 

l'aris,  Hun  M   N.mrrll,   I   n.l.  in  S",  ii-VU  p. 

Rit.  Histob.  XCIV.  >  r»sc.  ES 


898  BULLETIN  HISTORIQUE. 

manière  dont  les  puissances  européennes  témoignaient  à  nos  ambas- 
sadeurs les  sentiments  avec  lesquels  elles  suivaient  les  étapes  de  notre 
évolution  ne  lui  sera  pas  une  révélation,  il  notera  néanmoins  avec 
un  soin  particulier  la  déposition  de  notre  ambassadeur  sur  ce  point. 
En  entreprenant  d'étudier  la  France  moderne  et  le  problème  colo- 
nial, ce  n'est  pas  une  nouvelle  histoire  plus  complète  et  plus  métho- 
dique de  nos  colonies  que  H.  Christian  Schefer4  se  propose  d'ajou- 
ter à  toutes  celles  qui  existent  déjà.  Son  plan  est  plus  original. 
C'est,  à  vrai  dire,  l'histoire  de  notre  esprit  colonial  qu'il  veut  nous 
raconter,  montrant  les  transformations  successives  que  le  dévelop- 
pement de  notre  empire  colonial  d'une  part  et,  d'autre  pari,  notre 
évolution  politique  intérieure  amenèrent  dans  les  vieilles  théories  qui 
avaient  été  le  programme  initial  de  la  monarchie  française  au 
moment  où  tout  le  summum  de  Fart  colonial  lui  apparaissait  être  la 
meilleure  exploitation  des  Iles  à  épices  et  à  sucre.  «  Fréquemment 
incitée  à  développer  ses  domaines  lointains,  obligée  en  outre,  pour 
des  causes  très  diverses,  à  discuter  les  conditions  de  leur  vie,  la 
France  dut,  tout  au  long  du  xix*  siècle,  étudier  presque  sans  relâche 
le  problème  colonial.  Ce  problème  a  des  aspects  multiples  et  pose 
une  série  de  questions  successives.  Après  s'être  demandé  s'il  con- 
vient d'acquérir  des  établissements  lointains,  il  faut,  l'affirmative  à 
peine  adoptée,  déterminer  les  conditions  de  la  mise  en  valeur,  régler 
les  rapports  économiques  avec  la  métropole,  trouver  la  formule  du 
gouvernement.  Depuis  cent  ans,  chacun  de  ces  points  fut  périodique- 
ment examiné  chez  nous.  Dans  quelles  circonstances  et  dans  quel 
esprit?  Quelles  solutions,  d'autre  part,  prévalurent  et  pour  quelles 
causes?  C'est  ce  que  je  voudrais  essayer  de  montrer...  »  Au  sens  le 
plus  large  du  mot,  c'est  l'histoire  de  notre  politique  coloniale  qu'en- 
treprend de  faire  M.  Christian  Schefer.  Le  premier  volume  de  son 
travail  fait  excellemment  augurer  de  l'ensemble.  Une  information 
étendue  et  sûre,  une  méthode  de  références  précise  et  complète,  une 
facilité  élégante  à  s'élever  quand  il  le  faut  au-dessus  des  documents 
et  à  en  extraire  la  substance  donnent  au  récit  de  M.  Christian  Schefer 
des  qualités  de  premier  ordre.  Le  premier  volume,  seul  paru, 
embrasse  la  période  qui  va  de  4845  à  4830.  Après  un  retour  néces- 
saire sur  les  théories  coloniales  de  l'ancien  régime  et  de  la  Révolu- 
tion, il  nous  décrit  avec  agrément  les  diverses  politiques  qui  se  suc- 
cédèrent sous  la  Restauration  et  le  point  exact  où  la  révolution  de 
Juillet  trouva  les  choses. 


1.  Christian  Schefer,  la  France  moderne  et  le  problème  colonial)  1815-1830. 
Paris,  Alcan,  1907,  l  vol.  in-8%  vm-460  p. 


Le  volume  que  M.  Gusam  '  l  MOawé  l  ÎŒavr*  dé  la  France  nu 
Tonkin,  cl  que  présente  une  pféAMB  ifc  H<  Ût  [iMMHMHMl,  NN  lu  M*€ 
profit  par  ceux  qu'intéressent  les  études  historiques  et  avec  plus 
■mon  pu  ceux  que  préoccupent  les  questions  coloniales  et  en  par- 
ticulier l'avenir  île  nos  possessions  d' Indo-Chine.  *  Mêlé  à  l'une  des 
plus  grosses  affaires  inilustrielles  el  commerciales  du  Tonkin  », 
M.  Gaisinan  a  vu  de  près  les  choses  dont  il  parle  et  il  a  pri-  le  lofa  ir 
ensuite  d'y  réfléchit  H  dé  DOW  donner  le  résultat  de  ses  relierions. 
On  trouvera  dans  son  livre  un  clair  résumé  de  la  conquête  du  Ton- 
kin.  On  y  trouvera  surtout  de  bonnes  indications  sur  noire  colonisa- 
lion,  et  il  fout  le  recommander  a  l'attention  de  nos  dirigeants.  Sur  le 
raracteru  de  l'Annamite,  le  développement  nécessaire  de  renseigne- 
ment pmCessiounel  en  Annam,  les  diflicultés  que  renconlre  l'oxploi- 
;  Lille,  il  j  a  des  pages  excellentes  qui  doivent  être  méditées. 
M.  Gaisman  ne  fait  preuve  ni  d'un  optimisme  liêat,  —  assez  rare 
chez  ceux  qui  ont  Tait  de  la  colonisation  lUlittfl  av'flD  BUatm,  — 
ni  du  pessimisme  auxquels  s'abandonnent  trop  volontiers  ceux  qui 
H  sont  lancés  à  la  légère  dans  des  entreprises  de  cel  ordre.  Son  livre, 
sagement  pensé  et  méthodiquement  écrit,  est  de  ceux  qui  donnent  à 
espérer  que  notre  avenir  colonial  n'est  pas  négligeable  et  qu'en 
Indo-Chine,  en  particulier,  il  y  a  encore  une  tâche  Mie  et  profitable 
1  remplir  pour  la  France. 

Le  Iroisicnn'  uilnine  Al  L'jtUtél  du  0MMM1  du  monde  de 
M.  Octave  Noix3  est  consacré  à  la  période  qui  s'étend  depuis  la 
Itévolution  française  jusqu'à  la  guerre  franco-allemande  de  )S"o  à 
187..  On  connaît  le  caractère  de  crlti-  publication  considérable,  pré- 
sentée avec  un  certain  luxe  de  librairie  ri  met  d>  g?&WM.  l.'au- 
i .iir  i  >ise  moins  à  donner  une  histoire  critique  ou  chronologique 
des  transformations  des  relations  commerciales  des  peuples  qu'une 
>éhe  de  tableaux  largement  tracés  des  conditions  dans  lesquelles 
elles  se  sont  présentées  successivement,  dea  phêi 
eanetérWH  et  de  la  manière  dool  plies  ont  évolue,  Ce  n'esl  pas  a 
un  ouvrayi'  d'énidiiiim  propcWHBt  dit  que  nous  IfODI  iflUn  RHBl 
■    I     UbllOgnpbkJM    qu'il    i.Mitipfirli',    i:V'sl    ;i    uni'    n'inre 

de  large  viiIlmm-.iI -l'ienlilique  dans  le  sens  le  plus  eleve  du  mol. 

I.e  travail  de  M.  Noël,  ainsi  défini,  répond  bien  à  son  but.  Il  se 
divise  en  quatre  livres,  qui  s'inlilulent  :  I' .  Ère  des  restrictions  éco- 
i pwa  •  ,  I'  *  Ère  des  dégrèvements  de  tarifs  el  des  conventions 

1.  Alhert  Gïiimiw,   FtEuvrt  ite  la  Prôner  au   T-nkm.   Paris,  Aleu,   L'JOfj, 
WttO  p. 

'.'.  Urlite  |M|,  lllsloirt  du  Cnnnurrc*  4n  moiuff  dtputi  In  ttmpi    (m  plut 
rtculrt.  Parit,  l'Ion  «l  .Nourrit,  1900,  I  "il    éd-V,  084  p. 


340  BULLETIN  HISTORIQUE. 

internationales  »,  le  c  Continent  américain  »,  a  Institutions  écono- 
miques, maritimes  et  commerciales  ».  Partisan  déterminé  des  idées 
d'Adam  Smith  et  de  Gobden,  M.  Octave  Noël  ne  dissimule  pas  son 
admiration  pour  le  formidable  accroissement  de  richesses  dont  le 
monde  fut  le  théâtre  pendant  la  période  qu'il  a  envisagée  et  dont 
l'avènement  d'un  esprit  plus  conciliant  dans  les  relations  interna- 
tionales politiques  et  commerciales  a  été  la  condition  nécessaire.  La 
guerre  franco-germanique  lui  parait  avoir  marqué  la  reprise  d'un 
esprit  international  différent  dont  naturellement  les  conditions  com- 
merciales ont  subi  le  contre-coup. 

La  tâche  que  s'est  proposée  M.  Charles  Benoist1  en  entreprenant 
d'étudier  V  Organisation  du  travail  dans  l'État  moderne  est  consi- 
dérable. L'État  moderne,  selon  lui,  est  issu  d'une  double  révolution  : 
une  révolution  politique  d'une  part,  une  révolution  économique  et 
sociale  de  l'autre.  Toutes  deux  ont  eu  des  points  de  contact  et  des 
phases  bruyantes.  Elles  se  poursuivent  depuis  plus  de  cent  ans  à  la 
fois  distinctes  et  simultanées.  Nous  sommes  les  (Ils  de  cette  double 
révolution.  La  révolution  économique  a  transformé  psychologique- 
ment l'ouvrier;  la  révolution  politique  a  transformé  juridiquement 
l'État  et  l'a  mis  dans  les  mains  du  suffrage  universel.  Dans  une 
introduction  générale  intitulée  :  le  Travail,  le  nombre  et  l'État, 
M.  Charles  Benoist  s'efforce  d'esquisser  les  caractéristiques  des 
étapes  de  ces  grands  phénomènes.  Elle  constitue  la  préface  de 
l'enquête  énorme  entreprise  par  lui.  Ayant  tenté  de  marquer  c  la 
position  nouvelle  de  la  question  sociale,  question  politique,  et  des 
problèmes  du  travail  dans  l'État  construit  ou  à  construire  sur  le 
nombre  »,  il  se  propose  d'examiner  ce  qu'il  est  possible  de  faire  pour 
donner  satisfaction  aux  desiderata  et  aux  besoins  divers  de  la  démo- 
cratie. C'est  a  dans  le  dessein  de  tirer  des  réalités  positives  les  prin- 
cipes et  les  formules  de  la  politique  sociale  nécessaire  »  qu'il  entre- 
prend son  enquête,  a  la  plus  large,  la  plus  directe  et  la  plus 
impartiale  qui  soit  permise  à  notre  bonne  volonté  sur  le  travail  con- 
sidéré simultanément  ou  successivement  dans  les  quatre  domaines, 
Travail  en  soi.  Circonstances  du  travail.  Maladies  du  travail,  Thé- 
rapeutique du  travail,  qu'il  embrasse  et  qu'il  unit  en  une  sorte  de 
règne  à  la  fois  naturel  et  social  ».  Sans  doute  y  aurait-il  matière  à  dis- 
cussion et  sur  les  conceptions  de  M.  Charles  Benoist  et  sur  cette  der- 
nière division.  Mais,  quel  que  soit  l'avis  personnel  du  lecteur,  il 
n'enlève  rien  à  l'intérêt  qui  s'attache  à  cette  œuvre.  Le  premier 

1.  Charles  Benoist,  la  Crise  de  VÉiat  moderne.  L'organisation  du  travail. 
T.  I  :  te  Travail,  le  nombre  et  VÉtat.  Enquête  sur  le  travail  dans  la  grande 
industrie.  Paris,  1905,  1  vol.  in-8%  496  p. 


inivci:  Wl 

volume  est  consacre  a  l'élude  du  travail  dans  la  grande  Industrie. 
L'auteur  y  traite  successivement  des  mines  dl  lnnirll<\  M  la  inélal- 
■  la  construction  mécanique.  Je  la  verrerie  cl  de  l'industrie 
0  UmtM  ces  matières,  M.  Charles  Benoisl  ne  s'est  pas  con- 
tmU  di:  recourir  aux  statistiques  et  aui  documents  divers  qui 
auraient  pu  le  rtnaaigaar.  Il  a  paitMt  tenu  a  faire  bénéficier  son 
étade  de  l'autorité  particulière  et  du  sentiment  de  la  réalité  qui  sert 
le  propre  de  l'observation  personnelle. 

Nous  ne  pouvons  ici  que  signaler  sans  nous  y  arrêter  comme  il  le 
mériterait  à  Unit  d'e^ards  l'important  travail  de  M.  E.  n'Eu  m  nu.  sur 
ta  Formation  des  richesses' .  Cl  n'est  pas  en  effet  la  science  historique, 
mais  bien  plutôt  les  sciences  économiques  et  QOfitllOT  qtu  MOMll 
revendiquer  comme  leur  celle  analyse  IttMUn,  exempte  de  parti 
ptfa  ''i  aoinal  profonde,  dea  ooadiUoaa  dans  lesquelles  se  forme  et 
se  distribue  la  richesse.  Elle  constitue  un  effort  intéressant  puur  ten- 
ter de  concilier  une  partie  des  prinei|ies  fournis  par  l'ancienne  éco- 
nomie politique  orthodoxe  avec  les  données  que  fournil  l'observation 
et  l'expérience  contemporaine. 

L'histoire  de  l'Internationale  esl  encore  à  écrire.  L'ouvrage  dont 
M.  James  QuàUPatl*  a  entrepris  la  publication  sera  une  contribution 
précieuse  pour  celui  qui  abordera  cette  tache.  M.  James  Guillaume, 
jeune  professeur  ;t  l'école  industrielle  du  Lucie,  puis  imprimeur,  fut 
un  des  initiateurs  du  mouvement  socialiste  dans  la  Suisse  romande 
et  publia  de  nombreux  arlicles  dans  le  Progrès  du  Locle,  V Égalité 
■  hSotidmtté  dl  Hmfcbàtalfll  h  Uull'Un  de.  la  Fédération 
juraitique.  liakouiiine,  malgré  la  différence  des  âges,  lui  écrivait, 
des  les  premiers  temps  de  leurs  relations,  vouloir  »  devenir  son 
intime  lant  par  la  pensée  que  par  l'action  -.  Leurs  relations  devinrent 
effectivement  de  la  plus  grande  intimité.  M.  James  Guillaume,  dans 
le  bul  de  faire  connaître  à  la  jeune  génération  socialiste  l'œuvre 
exacte  accomplie  par  ses  prédécesseurs  dans  la  Suisse  romande,  ne 
s'était  propose  primitivement  qua  de  rétmprilBM  DM  partie  dM 
articles  publiés  dans  les  journaux  auxquels  il  collnbora.  Sur  le  con- 
seil de  ses  amis,  il  a  élargi  son  plan  et  entrepris  -  d'écrire  une  nar- 
ration suivie,  déposition  d'un  témoin  sur  les  hommes  et  I 

poqw  ■■  Aux  articles  de  journaux,  H  a  ajouté  aoa  RmIi  -le 
pièces  de  diverse  nature  :  lettres  inédites  pu  plus  intéressantes  sont 


;:  kl,  la  Formation  des  Hcliesies  et  vs  conditions  loeùittt 
mjhattm  Parts,  akn  n  Grafljjooda,  IMS,  i  roi  in-s*.  xivm-4M  p. 

2,  lime*  Guillaume,  l'Internationale.   Iincumeals  et  toisventn  iI864-l$~8!- 
T.   I.   Par»,    Soriete   nouvelle   de   librairie   H   d'édition,    l!»5,    I    rat,   in -S-, 

n-SH  p. 


942  BULLETIN  HISTORIQUE. 

de  Bakounine),  statuts,  résolutions  des  congrès,  circulaires,  etc.  Il 
a  offert  ainsi  au  public  à  la  fois  un  recueil  de  documents  et  une  col- 
lection de  souvenirs  qui  constituent  une  contribution  tout  à  fait 
importante  à  l'histoire  de  l'Internationale.  L'ouvrage  comprendra 
trois  volumes.  Le  premier  va  de  4864  à  mars  4870. 

Les  livres  sur  le  socialisme  ne  manquent  pas.  Celui  que  M.  Mbb- 
mbix  lui  a  consacré  a  une  physionomie  particulière4.  Journaliste  et 
homme  politique  plutôt  que  sociologue  ou  historien  de  profession,  il 
a  voulu  offrir  au  public  qui  ne  s'est  pas  spécialisé  dans  l'étude  des 
questions  sociales  un  bilan  exact,  complet  et  animé  du  mouvement 
socialiste.  Son  livre,  écrit  avec  agrément  et  vivacité,  présente  avec 
netteté  et  impartialité,  sinon  toujours  sans  malice,  les  questions  et 
les  individus  et  joint  à  ses  qualités  d'expression  des  qualités  sérieuses 
de  documentation.  La  première  partie  est  consacrée  à  l'exposé  objec- 
tif de  la  doctrine  socialiste.  La  deuxième  en  décrit  historiquement 
le  développement  en  France.  La  troisième  indique  les  objections  que 
les  économistes  et  les  publicistes  conservateurs  opposent  aux  cri- 
tiques du  socialisme  et  formule  quelques  conjectures  sur  l'organisa- 
tion du  futur  régime  socialiste. 

Le  petit  travail  où  M.  Jules  Tbssibb*  raconte  l'Élection  du  roi  des 
Belges  en  4834  est  inspiré  par  le  désir  de  mettre  en  lumière  les  effets 
bienfaisants  de  l'entente  franco-anglaise  sous  Louis-Philippe.  Tandis 
que  le  duc  de  Broglie  avait  semblé  reporter  à  la  monarchie  de  Juil- 
let et  à  ses  agents  tout  l'honneur  de  l'ensemble  de  négociations  qui 
aboutirent  à  la  reconnaissance  de  l'indépendance  et  de  la  neutralité 
de  la  Belgique,  M.  Tessier  s'est  appliqué  à  souligner  le  concours  pré- 
cieux et,  avoué  par  Talleyrand  lui-même  que  les  vues  françaises  ren- 
contrèrent de  la  part  de  lord  Palmerston,  qui  au  moins  en  cette  occa- 
sion ne  mérita  pas  sa  renommée  d'incurable  gallophobie. 

Entre  les  partis  conservateurs  ou  réactionnaires  d'une  part,  les  par- 
tis démocratiques  à  tendances  plus  ou  moins  socialistes  de  l'autre, 
les  libéraux  ou  modérés,  de  quelque  nom  qu'on  les  appelle,  ont  une 
situation  de  plus  en  plus  difficile  et  subissent  à  l'heure  actuelle  une 
crise  un  peu  partout.  Elle  donne  à  leurs  hommes  politiques  le  goût 
et  le  loisir  d'étudier  l'histoire,  particulièrement  celle  de  la  période 
récente  qui  vit  l'épanouissement  plus  ou  moins  complet  de  leur  pro- 
gramme. Ces  études  sont  sans  doute  capables  de  leur  procurer  un 

1.  Mermeix,  le  Socialisme,  Dé/initions.  Explications.  Objections.  Exposé  du 
pour  et  du  contre.  Paris,  Société  d'éditions  littéraires  et  artistiques,  1906, 
1  Toi.  in-12,  vn-363  p. 

2.  Jules  Tessier,  l'Élection  du  roi  des  Belges  (novembre  1830-juiUct  1831). 
Caen,  Delesques,  1905,  1  vol.  in-8%  77  p. 


nutca.  343 

réconfort,  mile  pourtant  de  quelque  amertume,  Elles  Intéressent  dans 

tous  les  cas  la  teitotu  bîstoriqiM  El  la  nombre  de  tntua  tatiaoalflaa 

;  cible  que  l'on  doit  a  ces  retraite-,  iiioipn'iiliines  00  définitifs 
de  l^nUon,  "it  lia  retracèrent  avec  plus  de  sens  de  la  réalité  ut  quelque- 
fui-  plus  de  pution  que  lepurerudiL  les  carrières  de  leurs  prédéces- 
seurs. La  Belgique  a  une  histoire  politique  courte.  Elle  a  déjà  de 
nombreux  historiens.  La  parti  liln-ml,  pour  no  nous  en  leuir  Qja'a 
lui,  voit  successivement  tOOMOtt  des  monographies  à  ses  princi- 
paux représentants.  Kogier  a  été  l'objet  Baguera  de  Ptttatl  la  plus 
mineuse.  C'est  aujourd'hui  au  tour  de  Krère-Orban,  son  cadet, 
s  son  ami  politique,  l'un  de  ses  collabora  leurs  au  pouvoir,  tempo- 
icril  plus  comballif  et  parfois  plus  imprudent,  assurément  l'un 
i  grands  orateurs  et  des  maBtcan  cerveaux  de  son  parti,  qui 
trouve  son  biographe  distingué  en  la  personne  de  M.  Knum*.  Haï 
des  caLholiqui's  ri  BQq  goAté  k  gaocba  (ne  BétrlsaalWI  pat  m  ISM 
«  les  doctrines  immondes  du  socialisme  moderne  *Tj,  il  participa 
énergiquemenl  à  l'action  des  gouvernements  modérés  au  milieu  du 
siècle  dernier.  Parfaitement  au  courant  de  tout  ce  qui  concerne  son 
héros,  partageant  ses  idées,  pourvu  d'une  connaissance  étendue  des 
questions  auxquelles  il  Tut  mêlé,  M.  Hymans  a  aooOQpH  ' 
considêrahlc  dont  seul  le  premier  volume  est  paru  et  qui,  RBpCftarX 
pour  l'histoire  de  la  Mexique,  est  également  une  contribution  appré- 
ciable a  l'iii-toire  îles  partis  libéraux  eu  Europe. 

Les  Pamphlet»  du  dernier  jour,  de  OiILTU*,  dont  M.  B,  Uiitiir- 
lkvt  donne  une  lionne  traduction,  ne  sonl  pas  une  nouveauté.  C'est 
o'prmi  lui  un  sentiment  d'actualité  qui  en  a  dicté  la  publication.  Les 
rlill'iTcnU  BWraaun  qui  eonatitoeal  H  recueil  (le  Temps  présent.  — 
Prisons  modèles.  —  Le  gouvernement  moderne.  —  D'un  gouverne- 
ment uouveau.  —  Éloquence  politicienne.  —  Parlement.  —  S  ta  lu  0- 

■  r ■■ -  —  ItedUl luttât  publiés  par  i'.arljle  de  février  à  août 

1830.  Ils  furent  Inspirés  par  la  vue  du  mouvement  démocratique 
dont  l'Angleterre  était  alors  le  théâtre  et  en  constituent  une  criliquo 
wnl.'nir  .'t  passionnée.  Ceux  BêON  Ojd  pTOftaMM  dans  l'avenir  de 
notre  dtawflratij  dm  oonflaM*  plus  optimiste  que  Carlyle  ne  pour- 
ront manquer  de  rendre  parfois  hommage  à  la  vigueur  de  pensée  de 
l'écrivain,  lJ',iulr>-  r.lnmvi .n.nl  chez  lui  avec  satisfaction  un  grand 
KM  eritiques  qu'elle  cuniinne  de  soulever.  Les  Pamphlet* 

I.  Ptol  Hjmani,  Frère- Or  dan,  T.  I  :  ttt2-td&.  Bru  telle»,  Lrbègur,  t  »ol. 

-  .70  p. 
H   Carljle,  PamphieU  du  drrmrr  jour.  Tfadait  de  J'angUi»,  avec 
ue  Inlroduell.io  cl  d«i  doM,  ptr  Edmond  lUrthrlrmj.  Parti,  Sodete  du  Uor 
eure  d«  l-Yum,  1006,  1  vol.  ta-lï.  111  p. 


344  BULLETIN  HISTORIQUE. 

du  dernier  jour  constituent  de  toute  manière  un  document  d'his- 
toire politique  important  qu'il  faut  remercier  M.  Barthélémy  de  nous 
avoir  rendu  aisément  accessible. 

Le  troisième  volume  de  l'histoire  de  la  Renaissance  catholique  en 
Angleterre  de  M.  Thureau-Dangin1  se  compose  de  deux  parties  si  dis- 
tinctes qu'elles  pourraient  sans  inconvénient  être  séparées.  En  effet, 
les  deux  courants  issus  du  «  mouvement  d'Oxford  »,  d'une  part  le 
courant  proprement  catholique,  de  l'autre  le  courant  anglo-catho- 
lique, tendant  à  catholiciser  plus  ou  moins  l'anglicanisme,  ont 
divorcé  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'ils  se  sont  éloignés  de  leur  com- 
mune origine.  Il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à  ce  que  les  cinq  cha- 
pitres qui  sont  consacrés  à  l'histoire  du  catholicisme  en  Angleterre 
depuis  4  865  forment  un  tout  qui  n'est  relié  que  d'une  manière  indi- 
recte aux  quatre  derniers  consacrés  avant  tout  à  la  querelle  du  ri  tua- 
lisme.  L'intérêt  de  ces  deux  parties  est  fort  inégal.  La  deuxième  ne 
comporte  guère  que  le  récit  des  interminables  disputes  dont  fut  l'ori- 
gine l'introduction  dans  l'église  anglicane  d'un  certain  nombre  de 
pratiques  empruntées  à  l'église  romaine.  A  vrai  dire,  la  querelle  avait 
au  fond  beaucoup  plus  d'importance  qu'il  ne  semble  à  parcourir  ces 
ennuyeux  débats  sur  le  port  de  la  chasuble  ou  la  position  du  prêtre 
à  l'autel.  Il  s'agissait  de  savoir  si  oui  ou  non  l'anglicanisme  évolue- 
rait vers  le  catholicisme.  Le  récit  de  M.  Thureau-Dangin  permet  de 
suivre  facilement  les  péripéties  de  la  lutte.  Mais  les  lecteurs  s'atta- 
cheront de  préférence  à  la  première  partie  de  son  travail,  où  il  a  mis 
en  relief,  avec  beaucoup  de  soin  et  un  grand  nombre  de  citations  bien 
choisies,  les  deux  physionomies  si  intéressantes  et  si  attractives  à 
des  titres  divers  de  Newman  et  de  Manning.  Bien  que  son  livre  ne 
contienne  comme  sources  que  des  documents  connus  et  des  ouvrages 
de  seconde  main,  il  sera  à  ce  titre  consulté  avec  profit,  non  sans  que, 
bien  entendu,  le  lecteur,  dont  les  convictions  diffèrent  de  celles  de 
M.  Thureau-Dangin,  ait  souvent  à  y  apporter  quelques  retouches 
d'appréciation. 

La  question  agraire  en  Irlande  a  fait  l'objet  de  nombreuses  publi- 
cations. Les  maux  nés  des  abus  de  la  grande  propriété  en  Ecosse 
sont  beaucoup  moins  connus.  D'une  part,  la  question  ne  se  double 
pas  d'un  conflit  politique  comme  dans  l'île  voisine;  d'autre  part,  elle 
n'intéresse  guère  qu'une  population  d'environ  350,000  habitants, 
treize  fois  inférieure  à  celle  de  l'Irlande.  La  situation  des  «  croflers  » 
d'Ecosse  n'en  est  pas  moins  très  digne  d'examen  au  point  de  vue 

1.  Paul  Thureau-Dangin,  la  Renaissance  catholique  en  Angleterre  au 
XIX9  siècle.  3*  partie  :  De  la  mort  de  Wiseman  à  la  mort  de  Manning, 
1865-1892.  Paris,  Pion  et  Nourrit,  1906,  1  vol.  in-8',  m-543  p. 


humanitaire,  et  on  saura  gre  à  M.  UicxapRNTiEn '  de  l'avoir  exposée 
avec  clarté  et  précision.  L'introduction  de  la  paix  anglaise  dans  les 
llighlanrfs  et  dans  les  Iles  après  la  défaite  de  la  révolte  jacobile  de 
474.*v  amena  la  substitution  du  système,  féodal  de  la  propriété  RwelSfl 
(suivant  le  droit  anglu-norm.ii  ||  [ in ipriétij  commu- 

nautaire des  Celtes,  métamorphosa  les  belliqueux  hommes  de  dans 
en  misérables  tenanciers  («  crolïcrs  >■)  dont  le  développement  du 

budlordlunemidil  bieotol  la  ttimikn  trèi  difficile.  Tout  le  m' siècle 

tes  vil  en  proiu  à  une  misère  I  IttjttBfl  les  grtnda  propriétaires  et  le 
gouvernement  anglais  nu  conçurent  longtemps  qu'un  remède  :  l'émi- 
gration. Ce  n'est  que  depuis  l'année  I8«0  qu'une  série  de  mesures 

,  ilmit  |i'  point  de  départ  fut  l'enquête  de  la  Croftrrs  com- 
mission de  1*83,  Rappliqueront  a  porter  une  amélioration  a  leur 
condition.  LUles  paraissent  devoir  aboutira  créer  une  classe  de  petits 
propriétaires  exploitant  leurs  terres  dans  des  conditions  de  vie  lolé- 
raliles.  Mais  la  quantité  de  lerre  distribuais  étant  beaucoup  trop 
faible  pour  subvenir  aux  besoins  de  la  population,  il  ne  parait  pas 
qu'en  l'absence  d'une  émigration  considérable  ou  d'un  changement 
de  mœurs  difficile  â  prévenir  une  améliora! ion  sérieuse  et  solide 
puisse  élre  réalisée. 

Hieu  que  le  (ait  qu'il  ait  paru  antérieurement  a  la  reunion  de  la 
première  douma  ail  enlevé  au  volume  on  M.  Kovilewsii  a  étudié  la 
CntM  nueH  l'attrait  de  l'actualité,  il  nVn  mérite  pu  matas  fettes- 
tion  de  ceux  qui  suivint  ta  agitations  multiples  et  incohérentes  dont 
b  Russie  est  le  théâtre  et  cbcrchenl  à  entrevoir  le  terme  où  elles 
aboutiront.  Le  livre  de  M.  Kovalewsky,  professeur  d'économie  poli- 
u|iir  si  acteur  politique  du  drame,  est  à  la  fols  une  étude  historique 
et  la  déposition  d'un  témoin.  Il  éclaircira  pour  le  lecteur  occidental 
un  grand  nombre  oVobseoritée  qui  environnent  certains  phénomènes, 

I  ri'inirv  eofflpte  de  EellI  Qjal  paraissent  difficiles  l  eoo- 
prcmlre  a  qui  est  mal  instruit  de  l'étal  des  mœurs  ou  des  onmais- 
tueee  do  peuple  russe.  Rien  de  plus  curieux  et  qui  jette  un  jour 
pilla  toStmeUf  ttir  In  di  Incultes  ou  se  débat  la  Russie  que  le  passage 
ou  H.  Kovalewsky  explique  la  manière  dont,  dans  les  milieux  bien 
pensants,  on  expliquait  le  mot  «  liberté  île  conscience  »  qui  figurait 
dans  Ions  les  pTOgrui  il-un,   i   la  faculté 

i    PB  préPCOMpef  .■luinvneut  dea  devoirsque  nous  dicte  notre 
.  SloeefeOMlt  démocrate  et  Miterai,  M.  Kovalewsky  ne 

].  <ir»rgt>  IfMVfWlIw,  la  QutMion  ii'jrolre  tt'Ècottr  el  lu  ceo/ieri.  Part), 

:,  1900,  I  vol.  ln-8-,  84  p. 
I    Marint  Kot«ltwiky,  la  Crite  nuit,  .lot**  tt  fmprMfioiu  d'vn  UBMÉS. 
P*rii,  Olin)  et  firkr»,  IllOB,  t  vol.  te-U,  304  p. 


346 


BCLLETI1    HiiTOBtOCB. 


méconnaît  pas  d'autre  part  les  difficultés  qu'il  y  a  a  investir  du  droit 
de  suffrage  une  foule  d'illettrés  d'une  ignorance  aussi  totale  et  à 
précipiter  trop  vite  le  mouvement  réformateur.  Si  peut-être  les  résul- 
tats de  la  première  douma  n'ont  pas  justifie  les  espérances  assez 
optimistes  qu'il  énonce  dans  les  dernières  pages  de  son  livre,  nul 
ne  saura  lui  en  faire  grief,  et  bien  (les  lecteurs  souhaiteront  le  voir 
poursuivre  pour  notre  instruction  ce  commentaire  des  premiers  pas 
et  des  premiers  balbutiements  de  la  Russie  dans  la  voie  parlemen- 
taire et  démocratique.  Il  faut  le  souhaiter  historien  de  la  deuxième 
douma,  qui  sans  doute  sera  assez  différente  de  la  première. 

Le  matl  de  Goamio  continue  d'être  a  la  mode  et  devient  de  plus 
en  plus  une  autorité.  En  matière  philosophique,  la  légitimité  de  celle 
autorité  est  discutable.  En  matière  historique,  elle  ne  l'est  pas  :  elle 
est  nulle,  sauf  sur  l'histoire  moderne  de  la  Perse.  Le  comte  de  Gobi- 
neau a  eu  sur  une  foule  de  sujets  des  vues  très  intéressantes.  Il  a 
été  dépourvu  des  connaissances  précises  et  des  habitudes  de  méthode 
qui  constituent  le  fond  indispensable  de  tout  historien.  Ses  livres  ne 
pourront  donc  être  utilisés  qu'à  titre  d'essais  curieux,  souvent  sug- 
gestifs, non  autrement.  C'est  dans  ses  limites  seulement  que  devront 
être  consultés  les  deux  opuscules  datant  l'un  du  début,  l'autre  de  la 
(in  de  sa  carrière,  consacrés  tous  deux  à  la  question  hellénique,  dont 
une  nouvelle  édilion  vient  d'être  puliliée1.  Jusqu'à  quel  point  les  Grecs 
ont  le  droit  de  tirer  orgueil  des  doctrines  du  prophète  de  l'arvanisme 
pourrait  être  discuté.  Laissant  de  coté  les  questions  ethniques,  recon- 
naissons que  les  ph  il  hellènes  sont  fondés  à  revendiquer  le  comte  de 
Gobineau  pour  un  des  leurs  eta  mettre  à  même  le  public  de  lire  faci- 
lement ses  œuvres,  qui  méritent  d'être  lues. 

Dans  un  volume  dédié  à  M.  Vallé,  ancien  ministre  de  la  Justice, 
MM.  César  Be**tt*b,  El  Midi  SediI,  Abdkliziz  Ettéalbi  se  sont  effor- 
cés de  démonlrer  V Esprit  libéral  du  Coran7.  Du  texte  même  du  livre 
sacré  et  des  Hadiths  (commentaires  du  Coran  faits  par  Mahomet  et 
propos  tenus  par  lui  pendant  son  existencel,  seules  sources  de  la 
religion  musulmane,  ils  se  sont  appliqués  à  extraire  un  certain 
nombre  de  propositions  identiques  à  celles  qui  inspirent  la  civilisa- 
lion  française  démocratique  moderne  ou  conciliâmes  avec  elle.  Leur 
buta  été  de  faciliter  ainsi  pour  te  plus  grand  bien  de  leurs  conci- 
toyens le  rapprochement  entre  les  Français  et  les  Musulmans  sou- 
mis à  leur  empire.  Leur  interprétation  est-elle  toujours  rigoureuse- 

1,  Comte  ilr  Gobineau,  Deux  études  sur  la  Grèce  moderne  :  Çapodistrias. 
Le  royaume  des  Hellènes.  Paris,  Pion  et  Nourrit,  1905,  1  vol.  io-12,  iv-3'25  p. 

2.  Céur  Benailar,  El  H.irti  Sehaï,  Abdelaiii  Ettëalbi,  l'Esprit  libéral  Au 
Coran.  Paris,  Leroux,  1905,  t  vol.  in-S-,  100  p. 


Fa*ncE.  347 

ment  conforme  a  l'esprit  du  Coran?  L'intention  conciliatrice  qui  Isa 
a  Inspirés  trouveral-elle  des  échos  el  dus  concours  dans  le  monde 
musulman?  Il  ne  convient  pas  de  répondre  à  ces  deux  question*  avec 

i pttariaOH  irnp  inwrt    Dans  tous  les  cas,  le  pelil  triai |IM 

nous  signalons  mérite  d'élre  rwQOUDBlldé  .1  l'attention  particulière 
de  MU  qui  ont  à  veiller  dans  nos  colonies  aux  rapports  des  colons 
et  des  indigènes.  Ils  y  trouveront  des  indications  dont  a  l'occasion  ils 
leur  sera  peut-être  possible  de  tirer  parti. 

Il  y  1  longtemps  que  la  Chine  est  vulgairement  catalogué*  comme 
la  nation  la  plus  routinière  Si  la  plus,  aveulie  de  l'univers.  C'est  donc 
Matiws  hatlus  que  de  Doua  v  rftrtlW  DM  race  1  novatrice 
et  guerrière  •'.  M.  le  capitaine  s'Ouan,  récemment  envojè  en 
Orient  par  le  ministère  de  l'Instruction  publique,  s'y  est  appliqué 
Puisant  dans  les  volumineuses  Annales  où  est  racontée  l'histoire  de 
la  Chine,  il  a  pu  sans  peine  montrer  combien  de  révolutions  poli- 
tiques, sociales  el  religieuses  ont  bouleversé  ce  pays  que  l'on  repré- 
sente trop  souvent  comme  llgé  dans  une  immobilité  séculaire,  com- 
bien de  guerres  atroces  ont  ravagé  ces  territoires  réputés  ceux  d'une 
nation  formaliste  el  pacifique.  Commentant  ensuite  les  événement- 
récents  dont  la  Chine  a  été  le  théâtre  ou  qui  y  ont  eu  leur  répercus- 
sion, il  entreprend  de  imus  comiMn  OW  les  Chinois  n'ont  rien 

perdu  de  la  valeur  guerrière  et  de  la  capacité  de  renouvela DJ  ajlH 

leur  histoire,  envisagée  sans  idée  préconçue,  nous  impose  le  devoir 
de  leur  reconnaître.  Le  livre  de  M.  d'Ollone  sera  lu  par  le  public 
cultivé  avec  profit.  Si  peut-être,  prise  à  la  lettre,  la  thèse  de  l'écri- 
vain ne  lui  paraîtra  pas  exempte  de  quelque  exagération,  il  en  recon- 
naîtra néanmoins  pour  une  large  part  le  bien  fondé.  La  manie  de 
1  du  lllHMM  nlhliw  de  détail  a  accrédite  en  autre  matière 
que  sur  l'histoire  de  Chine  bien  des  idées  fausses.  Comme  le 
remarque  justement  M.  d'Ollone,  la  China  ne  représente  pas  un  pays 

■  inniie  el  habite  par  une  nai au  Niupérament  déterminé 

comme  l'Italie  ou  la  Grande- Bretagne.  1  La  Chine  »  esl  une  expres- 
sion analogue  à  ■  l'Europe  ».  Clle  comprend  une  foule  de  nationali- 
tés à  des  stades  de  développement  différent  cl  qui  se  sont  amalgamés 
et  séparés  de  manières  très  diverses.  Kilo  peut  nous  reserver  bien 
des  surprises,  lit  les  buropéeus  agirenl  conformément  a  la  prudence 
aussi  bien  que  conformément  a  une  NOM  BètbMk  adaoUAnUfl  en 
l'étudiant  d'une  manière  précise  cl  objective.  Il  esl  a  remarquer 
qu'un  grand  nombre  des  hommes  les  plus  clairvoyants  qui  ont  vécu 


1.  CipiUdnp  iTOUone,  la  Ckine  novatrice  t 
In-lS,  vi-31P  f. 


guerrière.  Pari»,  Colin,  I  rai. 


348  BULLETIN  HISTORIQUE. 

en  Extrême-Orient  et  ont  pu  puiser  dans  leur  expérience  personnelle 
une  connaissance  autre  que  livresque  du  caractère  chinois  se  ren- 
contrent assez  exactement  dans  leurs  appréciations  avec  celles  que 
M.  le  capitaine  d'Ollone  formule  en  s' appuyant  principalement  sur 
l'histoire. 

Sur  le  Siam  et  les  Siamois,  M.  le  commandant  E.  Lunet  de  Lajon  • 
quiIbe4  a  donné  un  volume  qui  est  plus  qu'un  simple  récit  de  voyage. 
Auteur  de  Y  Inventaire  descriptif  des  monuments  du  Cambodge  et 
parfaitement  instruit  des  langues,  des  mœurs  et  de  l'histoire  des 
régions  indo-chinoises,  il  Ût,  depuis  Bangkok,  dans  l'intérieur  du 
royaume  de  Siam,  vers  la  fin  de  4904,  une  excursion  d'environ 
4,800  kilomètres.  La  relation  qu'il  a  rédigée  de  cette  randonnée  a  été 
pour  lui  l'occasion  d'intercaler  dans  son  récit  souvent  pittoresque 
une  série  d'aperçus  intéressants  sur  les  mœurs  et  l'histoire  du 
royaume  de  Siam.  Ceux  qui,  dans  son  volume,  chercheront  plus  que 
du  divertissement  regretteront  peut-être  qu'il  n'ait  pas  donné  à  ce 
genre  de  considérations  une  forme  plus  systématique  et  n'ait  pas 
élagué  de  son  travail,  comme  il  eût  été  aisé  de  le  faire,  quelques 
répétitions  ou  négligences.  Mais  ils  le  suivront  avec  grand  profit  et 
confiance  dans  sa  narration  pleine  de  vie  qui  donne  toujours  le  sen- 
timent de  l'exactitude  et  de  la  réalité. 

M.  le  Dr  Bœck'  a  fait  dans  l'Inde  quatre  voyages  :  en  4890,  4893, 
4895  et  4898.  Dans  son  dernier  séjour,  il  eut  la  bonne  fortune  de 
pouvoir  visiter,  pendant  quatre  semaines,  une  région  que  la  nature 
et  ses  mœurs  rendent  assez  difficilement  accessible  à  l'étranger  :  à 
savoir  le  Népal,  situé  au  pied  de  l'Himalaya.  M.  le  Dr  Bœck,  au  cours 
de  ces  voyages,  a  pris  de  nombreuses  notes  et  de  nombreuses  photo- 
graphies. Le  volume  que  publie  la  maison  Hachelte  en  reproduit  une 
grande  partie  et  sans  doute  la  meilleure.  M.  le  Dr  Bœck  ne  s'est  pro- 
posé ni  de  donner  une  étude  d'ensemble  sur  l'Inde  ni,  à  proprement 
parler,  le  récit  de  ces  quatre  voyages.  Il  s'est  borné,  nous  disent  ses 
éditeurs,  à  conduire  le  lecteur  à  travers  l'Inde,  de  Ceylan  au  Népal, 
en  «  lui  présentant,  au  cours  d'une  route  habilement  tracée,  le 
spectacle  des  merveilles  choisies,  la  synthèse  des  mœurs  et  des  curio- 
sités ».  Le  lecteur  suivra  avec  plaisir  le  voyageur  dans  son  exposé 
qui,  s'il  manque  assez  sensiblement  de  plan  et  de  méthode  et  laisse 
entrevoir  des  lacunes,  des  suppressions  et  des  raccords  qui  ne  sont 

1.  Lunet  de  Lajonquière,  le  Siam  et  les  Siamois.  Paris,  Colin,  1  toI.  in-18, 
358  p. 

2.  Dr  K.  Bœck,  Aux  Indes  et  au  Népal.  Paris,  Hachette,  1  vol.  in-8*, 
vn-252  p. 


nuice.  349 

pas  toujours  des  plus  burent,  contient  niumoiiu  un  arma  grand 

I Un'   d'anecdotes  amusantes  et  quelques  notations  qui  valent 

née&  T.'i.'si  naturellement,  la  partie  qui  concerne  le  Népal 
qui  nous  apporte  le  plus  de  faits  et  de  documents  relativement  nou- 
veaux. 

Signalons,  en  terminant,  le  volume  que  M.  André  ÏAUtBfl  vient 
dj  publier  sur  la  Conférence  d'A/i/tsiras1.  Rédacteur  au  FotBf, 
M  ï.i.'iiini  i  durant  le  oonfllt  marocain,  défendu  dans  ses  bulletins 
â  peu  près  quotidiens  dm  Urau  <\w  beaucoup  d'hommes,  n  Frmaa 
et  ailleurs,  —  parmi  eux  le  signataire  de  ce  bulletin,  —  uni  estimé 
être  â  la  fois  la  thèse  française,  celle  du  droit  et  celle  de  la  bonne  foi. 
Oux  même  dont  le  point  de  vue  a  dilferé  du  sien  ont  constaté  la 
documentation,  la  force  d'argumentation,  le  talent  et  le  retentisse- 
ment européen  de  l'elte  campagne  de  presse.  Ayant  été  polémiste, 
M.  Tardieu  veul  être  aujourd'hui  historien  :  dans  MB  nouveau 
volume,  d'un  caractère  purement  documentaire,  il  a  entendu  mettre 
à  même  le  public  de  juger  lui-même  les  frits,  en  réduisant  au  mini- 
mum les  appréciations  personnelles.  Trois  séries  île  renseignements 
parallèles,  souvent  inédits  :  discussions  publiques  à  la  conférence, 
pourparlers  eonSdeolMa  enire  plénipotentiaires,  négociations  entre 

rfM,  ont  constitue  ses  sources  essentielles.  Dans  une  pre- 
mière partie,  il  ■  montre  ■  In  iMMS,  les  droits  cl  les  intérêts  en  pré- 
sence; le  milieu  politique  et  local;  la  rencontre  des  délègues;  leurs 
travaux  économiques  >.  I>a  deuxième  anaijse  *  les  tractations 
i  des  plénipotentiaires  français  et  allemands  eu  vue  d'un 
rd  direct;  l'intervention  des  puissances  dans  ces  tractations  inu- 
.  b  faillite  de  ces  entretiens  a  huis  clos  ».  La  troisième  partie 

a  crise  de  la  conférence,  les  débats  publics  sur  les  questions 
Otpitalea  (fe  U  banque  et  de  la  police,  le  premier  vote,  ses  effets  heu- 

:    le  recul  provoqué  par  la  chute  du  ministère  Rmivier.  La 

Pttnot  «  les  efTurls  de  M.  Léon  bourgeois  pouf  rétabli*  la 

situation  européenne;  l'acheminement  laborieux  van  l'afflMltS;   les 

dernières  discussions  sur  l'inspection  et  la  répartition  des  ports  ».  Il 

faut  souhaiter  des  lecteurs  nombreux  et  attentifs  au  volume  de 

i    Pi  méditeront  utilement  la  crise  peut-être  la  plus  grave 

et  la  plus  suggestive  que  la  France  ait  traversée  depuis  1875. 

André  Liciitihibeigek. 


1.  la  Confrrmee  d'Algéiimi.  Ihtfoirr  diplomaliqut  lie  ta  critt  marocains. 
P»rl»,  V.  Alun,  IS07,  in-B-,  m- 


350  BULLETIN  HISTORIQUE. 

Publications  diverses.  —  M.  Ph.  Laubi  a  publié  dans  le  premier 
et  le  deuxième  fascicule  du  t.  XV  des  Monuments  et  Mémoires  de  la 
Fondation  Eugène  Piol  un  mémoire  du  plus  haut  intérêt  sur  le  Tré- 
sor du  Saneta  Sanetorum  du  palais  de  Latran,  accompagné  de  dix- 
huit  planches  d'une  exécution  excellente  qui  reproduisent  les  pièces 
les  plus  importantes  conservées  dans  l'Arche  de  cyprès  du  pape 
Léon  III  (795-846)  encastrée  dans  l'autel  de  la  chapelle  du  Saneta 
Sanetorum.  Cette  chapelle  du  xiii*  siècle,  qui  a  subi  malheureuse- 
ment de  nombreuses  restaurations,  est  la  seule  partie  subsistante  de 
rancien  palais  du  Latran.  Les  peintures  dont  M.  Lauer  nous  donne 
une  description  détaillée  et  une  reproduction  complète  en  héliogra- 
vure remontent  vraisemblablement  à  la  fin  du  xiue  siècle  et,  malgré 
les  retouches,  sont  des  documents  précieux  pour  la  peinture  de  l'école 
de  Gavallini.  La  chapelle  contient  aussi  une  admirable  icône  byzan- 
tine antérieure  au  xiii*  siècle  dite  Image  achiropoète  du  Christ. 
M.  Lauer,  qui  avait  réussi,  pendant  son  séjour  à  Rome,  à  force  de 
patience  et  de  diplomatie,  à  compléter  par  des  fouilles  pratiquées  sous 
la  Scala  Santa  les  études  historiques  et  archéologiques  qu'il  avait 
entreprises  sur  le  palais  du  Latran  (cf.  Mélanges  d'archéologie  et 
d? histoire,  t.  XX),  avait  en  vain  essayé  d'obtenir  la  permission 
de  voir  et  d'examiner  les  reliquaires  contenus  dans  l'Arche  de  cyprès, 
reliquaires  dont  on  savait  l'importance  et  la  haute  antiquité,  qui 
avaient  été  constamment  exposés  aux  fidèles  au  moyen  âge,  mais 
qui,  depuis  le  pontificat  de  Léon  X,  restaient  invisibles  derrière  les 
portes  de  bronze  et  la  grille  de  l'autel.  Par  bonheur,  le  Père  jésuite 
Florian  Jubaru  obtint  en  4903  d'examiner,  dans  une  intention  pure- 
ment religieuse,  le  chef  de  sainte  Agnès  contenu  dans  l'Arche,  et 
M.  Lauer  fut  admis,  après  le  P.  Grisar,  S.  J.,  à  voir  et  à  étudier  cette 
précieuse  collection  de  reliquaires.  11  nous  en  donne  aujourd'hui  une 
description  complète4.  Les  inventaires  anciens  des  objets  contenus 
dans  l'Arche,  que  M.  Lauer  a  tous  reproduits,  nous  assurent  que 
cet  incomparable  trésor  nous  a  été  conservé  tout  entier.  Les  plus 
récents  parmi  ces  objets  sont  du  xue  ou  du  xiii6  siècle;  les  plus 
anciens  remontent  au  ive  ou  au  ve.  Indépendamment  d'une  série 
d'authentiques  du  vie  au  xiii0  siècle,  d'un  feuillet  de  Tite-Live  en 
onciales  du  v*-vie  siècle,  de  fragments  manuscrits,  de  monnaies, 
sceaux,  croix,  plaques,  tissus  orientaux  et  menus  objets,  parmi  les- 

1.  Le  P.  Grisar  a,  de  son  côté,  consacré  une  étude  à  cette  même  collection 
dans  les  t.  II,  III  et  IV  de  la  CiviUà  cattolica  de  1906.  M.  Lauer  a  aussi,  en 
1906,  donné  un  aperçu  de  ses  recherches  dans  le  t.  XX  de  la  Bévue  d'art 
ancien  et  moderne  et  dans  le  t.  X  du  Moyen  âge. 


--  *i 


les  sandales  du  CbrisI,  le  cilice  de  Jean-Baptiste  cl  un  bout 
I  ojpl  aal  évidemment  un  morceau  des  roseaux  dout  ou  a 
t.iirisl,  l«-  trésor  se  compose  de  deux  croix  d'or,  douze  cof- 
frais île  mêlai,  dont  sept  eu  argent,  huit  objets  d'ivoire,  douze  boites 
en  bois  et  un  llacon  du  cristal  de  roebe.  Tous  ces  objets  oui  un  inté- 
rêt archéologique  de  premier  ordre.  Les  plus  précieux  sont  :  \"  une 
croix  d'or  ornée  d'émaux  cloisonnes  représentant  des  scènes  du  la 
vie  du  Christ  en  partit  losplféta  dea  apocryphes,  croix  qui  parait 
Un  Mlfa  du  pape  Syuimaque  (4tt*-M4)  retrouvée  au  Vatican  par 
Serge  1"  (087-701).  T  Une  croix  d'or  gemmée  contenant  un  des  pré- 
'  ombilic  du  Christ,  très  probablement  celle  qui  fut  donnée 
B  Hadrien  1"  par  Charlemagne.  Bien  que  sainta  Brigitte  ait  fpnaA 
l'authenticité  de  ce  prépuce,  nous  préférons  nous  en  lenir  I  la  saga 
déclaration  d'Innocent  NI  :  <  Mclius  est  Deo  lotum  cominittere quam 
aiiud  leinere  dellnire.  »  3°  Le  coffret  cruciforme  d'argent  dore  con- 
(enaut  la  susdite  croix,  dont  le  couvercle  et  les  faces  latérales  -ont. 
tném  de  scènes  de  la  vie  du  Christ  eu  repoussé  et  ciselées  d'une 
BséouUOB  remarquable,  lluu  inscription  nous  apprend  que  ce  colTret 
■  h.'  uéwU  par  l'ordre  du  pape  Pascal,  Pascal  I"  (N47-824)  d'après 
M.  Lauer.  4°  Un  colTret  d'argent  byzantin  à  deux  couvercles,  dont 
l'un  était  orné  d'un  grand  émail  reclangulaire  et  do  douze  médaillons 
d'émail  il  n'en  subsiste  que  trois)  et  avec  quatre  saints  en  repoussé 
et  ciselés.  L'anneau  du  pécheur  de  Nicolas  III  ((277-1280),  le  plus 
ancien  connu,  est  attaché  a  ce  colTret,  qui  est  d'une  date  postérieure 
MU  éSSQX,  ceux-ci  étant  peut-être  du  »*  siècle,  le  coffret  du  xi*. 
5*  Une  pjxide  d'ivoire  chrétienne,  mais  à  sujets  païen*  du  if  ou 
v*  siècle.  6*  Un  beau  bas-relief  d'ivoire  du  v*-vi*  siècle  représentant 
la  guerison  do  l'aveugle  de  Jéricho.  Mais  tous  les  objets  décrits  par 
M.  Lauer  uni  leur  intérêt;  les  historiens  et  les  archéologues  lui  seront 
reconnaissants  d'avoir  ramené  à  la  lumière  ce  précieux  trésor  archéo- 
le  l'avoir  si  bien  fait  connaître.  Espérons  que  son  travail 
M  salai  dfl  P.  BfiMr  (ttoMemil  k  Sajnt-Sie;re  a  transporter  ces  objets 
dans  un  lieu  où  le  public  pourra  les  admirer,  les  étudier  et  les 

Sous  ne  pouvons  qu'annoncer  aujourd'hui  la  belle  publication  die 
M.  Jean  (tau»,  les  deux  premiers  volumes  du  Cariutairr  dr  Notre- 
Dame  de  ProuitW  ;i'icard  et  BU),  .Nous  laissons  à  notre-  collabora- 


1.  Hob  lect«orf  n'ont  pu  oubli*  IVirellwl  ■fflctl  publie  tn  18'J7  pir  II.  Gui* 
(M  Iiominiçu*  et  ta  fondation  du  monatlèrt  d»  ProvMe,  où  il  ■ 
munir»  lïin|«iiUfn-i>  de  Mil*  fnailtlloii  pour  ««lui  Dominique,  tpii  y  rtilila  ciiiii- 
Uinuivnl,  et  |Hfiir  U  Julie  contre  llii-ioic. 


352  BULLETIN  HISTORIQUE. 

leur  M.  Ch.  Molinier  le  soin  d'analyser  et  de  juger  cet  ouvrage  qui  a 
coûté  à  son  auteur  douze  années  de  labeur  et  qui  nous  parait  un  tra- 
vail d'érudition  de  tout  premier  ordre.  Un  troisième  volume  qui 
paraîtra  prochainement  contiendra  le  texte  de  la  visite  canonique 
(Visitatio  Pruliani)  faite  en  4340  par  Pierre  Guy,  prieur  provincial 
de  Toulouse,  à  Prouille  et  dans  les  dépendances,  avec  une  préface  sur 
l'administration  des  domaines  ecclésiastiques,  les  index  généraux  et 
la  bibliographie.  Les  deux  volumes  que  nous  recevons  aujourd'hui, 
pourvus  aussi  de  tables  et  index  du  cartulaire,  se  composent  d'une 
introduction  de  354  pages  sur  VAlbigèisme  en  Languedoc  aux  XII* 
et  XIIIe  siècles  et  du  cartulaire  de  Prouille  ou  plutôt  du  recueil  de  tous 
les  actes  que  M.  Guiraud  a  pu  recueillir  sur  Prouille  et  ses  dépen- 
dances :  actes  de  fondation  (4206);  bulles  pontificales  (4245-4323); 
privilèges  seigneuriaux  et  royaux  (4244-4342);  actes  dominicains 
(4258-4344);  actes  de  profession  et  donation  (4207-4334)  et  actes 
divers  (4244-4427).  Ces  534  pièces  sont  loin  de  représenter  l'en- 
semble des  documents  que  nous  devrions  posséder  sur  le  monastère 
de  Prouille.  On  trouvera  dans  l'avant-propos  de  M.  Guiraud  le  récit 
lamentable  des  déprédations  et  des  dispersions  dont  les  archives  de 
Prouille  ont  été  victimes  depuis  la  destruction  du  couvent  à  l'époque 
révolutionnaire.  Recueillis  ou  égarés  chez  des  particuliers,  puis  redis- 
persés par  des  ventes,  une  grande  partie  de  ces  documents  ont  fini 
par  arriver  dans  les  archives  départementales  de  l'Aude  ou  les 
archives  communales  de  Limoux,  mais  pour  y  être,  dans  ce  pays 
béni  de  la  fraude  et  des  fraudeurs,  soumis  à  de  nouvelles  dilapida- 
tions. Le  P.  Combe  fort  en  4659  avait  écrit,  d'après  les  archives  du 
couvent,  une  Histoire  de  Prouille  que  les  religieuses  possèdent,  mais 
dont  elles  refusent  la  communication.  Un  travail  analogue  fait  en  4  726 
par  le  P.  Labadie  est  aussi  sous  clef;  mais  M.  Guiraud  a  pu  heureu- 
sement le  connaître  par  une  copie  fort  incorrecte  de  4  780  qui  est  à 
la  Bibliothèque  nationale.  L'Histoire  du  monastère  de  Prouille  publiée 
en  4898  par  une  religieuse  ne  pouvait  être  d'aucun  secours  à 
M.  Guiraud,  et  les  Annales  du  prieuré  de  Noire-Dame  de  Prouille 
par  M.  de  Taule  sont  trop  dépourvues  de  tout  appareil  critique  pour 
être  vraiment  utiles.  Il  n'en  est  pas  de  même  du  Cartulaire  ou  His- 
toire diplomatique  de  saint  Dominique  des  PP.  Balme  et  Lelaidier 
qui  éclairent  vivement  les  origines  du  monastère.  C'est  le  P.  Balme 
qui,  mis  en  rapport  avec  M.  Guiraud  quand  celui-ci  était  à  l'École  de 
Rome,  lui  communiqua  le  texte  de  la  Visitatio  Pruliani  et  lui  inspira 
l'idée  de  publier  un  recueil  des  documents  relatifs  au  monastère,  pour 
lequel  il  lui  fournit  toutes  les  notes  qu'il  avait  recueillies.  Bien  que 
puissamment  aidé  par  ce  travail  préparatoire,  le  travail  de  recherches 


FSiSCB,  333 

tique  qui  nelail  1  hireél  Jl  immense  et  le  temps  qu\  s «008* 
crê  M.  Guiraud  j>cul  paraîtra  court  si  l'on  songe  qu'il  Hait  pfofas* 
seur  d'histoire  I  l'Université  do  Beeuçoa  M  publiait,  en  ai 
U  IUm  'ie  doctorat  et  les  Irois  volumes  du  Registre  d'Urbain  IV.  L'in- 
troduction sur  falbigélm si  i  elle  Mule  un  ouvrage  ooasidérable 

ijiii.  .i  dem  points  de  vue,  mérita  l'attention  PMOÛUiBeairll 
(orient.  Le  Chapitre  ndo  livre  I  sur  les  églises  cathares,  l'episcopatel 
le  diaconat  cathares  cl  tout  le  livre  II  sur  la  diffusion  du  catharisme, 
sur  la  part  qu'y  prenait  la  noblesse  langoedofllwoe  ri  le  peuple,  sur 
catholique  fn  Laiii:ue.il(>r.  et  sur  la  maniera  donl 
s'organisa,  d'alwrd  avec  les  Cisterciens,  puis  avec  saint  llominiquc,  la 
lutte  contre  l'hérésie,  sont  presque  mUènoMOri  nouveaux  et  traités 
MM  BM  précision  remarquable.  M.  Guiraud  a  roussi  a  faire  une 
SOrie  île  tableau  géographique  de  la  diffusion  du  catharisme.  A  un 
autre  point  de  vue,  lu  travail  de  M.  Guiraud  est  vraiment  neuf, 
mais  il  rencontrera  peut-être  plus  de  contradicteurs  que  sur  les  points 
que  je  viens  d'indiquer.  Il  a  poussé  l'élude  des  doctrines  theologiqurs, 
métaphysiques,  morales  et  sociales  et  des  rites  cathares  beaucoup 
[i|c.  loin  i|u  un  n'avait  Tait  avant  lui,  ainsi  que  ta  comparaison  pré- 
cise du  catharisme  avec  le  catholicisme.  Celte  étude  esl  faite,  autant 
que  je  puis  en  juger,  avec  une  très  grande  objectivité,  et  l'auteur  n'a 
pas  dissimulé  ce  qu'il  y  aura  toujours  de  hasardeux  à  juger  des 
hommes  et  une  doctrine  uniquement  d'après  les  témoignages  de 
leurs  adversaires.de  leurs  persécuteurs  et  de  leurs  juges.  Néanmoins, 
il  croit  et  nous  croyons  avec  lui  que  les  nombreux  interrogatoires 
que  nous  possédons  permettent  d'arriver  sur  le  catharisme  a  des 
idées  a  peu  prés  exactes.  On  lira  avec  un  très  grand  intérêt  les  cha- 
pitres tu  et  un  du  livre  I  sur  le  Corno/amenf  uni ,  le  IHelioritmenlum, 
la  confession,  les  pénitences  cathares  et  les  formes  rituelles,  rt.in-  les- 
quelles le  catharisme  a  non  seulement  contrefait,  comme  ledit  M.  Gui- 
raud par  une  expression  un  peu  inexacte,  les  rites  catholiques,  mais 
retenu  sur  quelques  points  certains  vestiges  du  christianisme,  primi- 
tif. M.  Guiraud  I  Tait  un  examen  1res  approfondi  des  rapports  du 
manichéisme  cathare  avec  les  doctrines  orienlales,  mazdéennes  et 
bouddhiques,  égyptiennes  et  alexandrines  qui  se  retrouvent  dans  le 
gnosticisme  et  II  reconnaît  dans  le  catharisme  beaucoup  du  sjnerî- 
lique.  Je  n'ai  pas  en  ces  matières  uue  compétence  per- 
sonnelle qui  me  permette  d'exprimer  un  avis  sans  beaucoup  de 
Mltftxtft,  tout  eu  admettant  la  filiation  que  nous  démontre 
M.  Guiraud,  je  H  saurais  admettre  sa  conclusion  où  il  met  en  oppo- 
sition le  christianisme  el  le  catharisme,  prétendant  que  lee  points 
de  ressemblance  avec  le  christianisme  ne  sont  que  des  accidents  et 
R«v.  Hino».  XCIV.  •.!■  tue.  '.'3 


354  BULLtTIlf  HÎ8T0IIQUE. 

que  le  fond  du  catharisme  est  païen.  H.  Guiraud  nous  parait  oublier 
que  le  christianisme  comme  le  catharisme  est  un  mélange  du  judaïsme 
avec  des  éléments  orientaux  et  grecs,  que  la  gnose  elle-même  n'a  pas 
été  sans  influence  sur  la  théologie  chrétienne,  que  la  Trinité,  l'In- 
carnation, la  doctrine  du  Verbe,  le  millénium  sont  des  conceptions 
toutes  pénétrées  d'idées  orientales  et  alexandrines,  d'idées  païennes, 
puisque  H.  Guiraud  emploie  ce  mot  d'une  manière  qui  nous  semble 
abusive.  Le  christianisme  aussi  bien  que  le  catharisme  considère  le 
monde  comme  le  théâtre  d'une  lutte  entre  le  Diable  et  Dieu;  il  est 
lui  aussi  dualiste.  Seulement  la  lucidité  de  Pesprit  grec  et  la  sagesse 
juridique  et  pratique  de  Rome  ont  préservé  le  christianisme  des  excès 
où  est  tombé  le  catharisme.  Le  catharisme  n'a  eu  ni  docteurs,  ni 
théologiens,  ni  écoles  savantes,  ni  gouvernement;  il  est  tombé  dans 
toutes  les  extravagances  des  hérésies  et  des  superstitions  populaires, 
et  dans  sa  lutte  contre  le  catholicisme  il  a  été  poussé  tantôt  à  le  con- 
tredire, tantôt  à  l'exagérer. 

Plus  je  le  considère,  plus  il  me  semble  proche  du  catholicisme. 
Ses  doctrines  d'ascétisme  fou  allant  jusqu'à  la  condamnation  du 
mariage  et  au  suicide  ne  sont  que  l'exagération  de  l'ascétisme  chré- 
tien. Les  4,000  parfaits  qui  vivent  dans  la  continence  absolue, 
qu'est-ce?  sinon  un  clergé  de  prêtres  et  de  moines,  à  côté  desquels 
les  croyants  comme  les  laïques  catholiques  se  permettent  toutes  les 
licences,  pourvu  qu'ils  se  soumettent  à  la  confession  et  à  la  pénitence 
et  reçoivent  in  extremis  le  consolamentum  comme  les  catholiques 
reçoivent  Pextréme-onction  ou  même  souvent  renoncent  à  la  vie  du 
siècle  pour  entrer  dans  les  ordres.  Les  diacres  cathares  ressemblent 
aux  archidiacres  et  aux  archiprêtres  catholiques.  Enfin  les  cathares 
rejettent  une  partie  des  sacrements  et  des  rites  comme  ont  fait  tous 
les  hérétiques  qui  ont  rejeté  la  hiérarchie  romaine,  comme  les  Vaudois 
en tr  autres.  Je  n'emploierai  pas  le  mot  contrefaçon,  parce  que  ce  mot 
implique  une  imitation  volontaire  a  posteriori  et  une  disparité  d'esprit. 
Le  catharisme  me  parait  une  secte  chrétienne  pénétrée,  comme  le  pense 
H.  Guiraud,  de  manichéisme  oriental  et  de  gnosticisme  alexandrin, 
mais  pénétrée  aussi  de  traditions  chrétiennes  primitives  et  qui  s'est 
maintenue  et  développée  en  opposition  avec  l'organisation  ecclésias- 
tique romaine.  On  a  tort  de  prendre  texte  de  certains  excès  des 
cathares  pour  représenter  leur  doctrine  comme  antisociale.  Les 
fakirs  ne  sont  pas  l'expression  de  toute  la  religion  de  l'Inde,  et  les 
excès  de  jeûne  et  de  macération  des  Carmélites  sont  une  forme  de 
suicide  analogue  à  V Endura  cathare. 

M.  Rodolphe  Reuss  a  entrepris  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans  l'étude 
approfondie  de  la  période  révolutionnaire  en  Alsace.  En  attendant 
qu'il  puisse  réunir  les  résultats  de  cette  étude  dans  un  travail  d'en- 


-\i 


ranci! .  355 

semble  qui  prendra  place  a  côté  dt  son  admirable  ouvrage  en  deux 
volumes  sur  l'Alsace  au  xru"  siècle,  il  n'a  pas  cesse  ik  publier  thfl 
documents  el  des  essais  ijui  sont  les  pierres  d'allenle  de  son  œuvre 
définitive.  Parmi  ces  essais,  un  des  plus  importants  est  ci'Iji  null  i 
DU  Eglise*  protestantes  d'Alsace  pendant  la  Iterottttit.ii, 
IT8t-JMl  'Fisclibacber,  <!Mm|,  qui  doit  prendre  place  a  e6lt  A) 
volume  sur  la  V.allivdrirfr  <lr  Strasbourg  pendant  la  Révolution, 
pUO  en  I.N8U,  îles  Soie»  pour  HTW  a  FkMottft  (fa  l' Eglise  fmnrahe 
'le  Strasbourg,  du  livre  Uf  Co»Û  XtV  ft  FÉçlUê  protr.sttmte  de 
Strasbourg  cl  des  recueils  du  documents  sur  la  Situation  /■■ 
protestant*  d'Alsace  au  If  Ht*  siècle  el  sur  VÈgltœ  tttMrUuu  </•' 
Strasbourg  au  XVIII"  siècle.  Ou  lira  avec  intérêt  le  récit  détaille, 
impartial  cl  anime  dtt  vtchsItwlM  t'*r  lesquelles  passèrent  leségUsea 
protestantes  d'Alsace  avanl  d'arriver  a  l'organisation  qui  leur  fut 
Imposée  par  le  gouvernement  consulaire  le  «avril  1693  et  qui  devait, 

avec  quelques  modillcations,  les  régir  ju-qu'; 1  jours.  Louis  XIV 

et  Louis  XV  avaient  théoriquement  respecté  les  clauses  du  traite  de 
Westphalie  qui  assuraient  aui  enlises  protestantes  d'Alsace  leurs 
bieOË  ci  la  liberté  du  culte;  mais  les  protestants  avaient  été  soumis 
a  un  régime  de  compression  el  de  vexations  continuelles  qui  .naît 
considérablement  reduil  leur  nombre,  leur  influence  el  leurs  moyens 
•  l'action.  Le  clergé  catholique  n'avait  pas  cesse  de  provoquer  cuntra 
eu*  les  rigueurs  de  l'adminislralion  royale  et  des  cours  de  justice, 
en  particulier  du  Conseil  souverain,  el  il  poussa  l'aberration  jusqu'à 
demander  dans  ses  cahiers  de  M  des  restrictions  a  la  liberté  rWi- 
I  essayer  de  prendre  texte  de  la  déclaration  des  droits  de 
l'homme  et  des  décrets  du  4  aoûl  pour  attaquer  In  pfiTllègei  riM 
églises  protestantes,  monlrant  ainsi  le  fond  Incorrigible  d'inlmerance 

\at  i j m- j i li-  tin  catbotiriaaw,  bu  protestante  d'Aînée  idbé- 
rerenl  H  muet  au  mouTemetil  refolntionntlra,  et  ils  obtinrent  le 

17  août  17'JO  un  décret  de  l'Assemblée  constituante,  décret  qui  no 
fut  jamais  abrogé  même  par  la  Convention  et  qui  laissait  i  letUI 
églises  le  possession  de  leurs  biens.  TtWlebfl  les  église*  n'arrivèrent 
ni  a  i*li!i-n:  ■  ii  |   établir  elles-mêmes  nue  Ofgaatsa- 

It fflll limtrtt  leur  RMuUOfUMMQl   el,  rumine  les  protestants 

restèrent  Sdèlee  aux  idées  de  la  Constituante  et  (ttreol 
majorité  hostiles  au  terrorisme  jacobin,  ils  subirent  autant  que  les 
catholiques  les  effets  de  la  fureur  de  déchristianisation  qui  sévit  en 
r'rance  dan-,  lei  premiers  mail  de  )79X.  On  vit  des  pasteurs  comme 
Oberlln  obligés  de  Iransrormer  leur  église  en  club  pour  continuer 
a  y  célébrer  une  aorte  de  culle.  U'ailleu:  doill  pCfBé- 

cotes  M  emprisonnés  comme  lOB  pfétP  le  2i  juillet 

^  794,  les  conventionnels  en  mission  llcmlz  el  Goujon  ordonnaient  leur 


356  tuLLim  HiSToiiQtri. 

arrestation  en  masse  et  leur  emprisonnement  comme  suspects.  Quand 
la  Terreur  eut  pris  fin,  le  culte  public  protestant  fut  rétabli  en  Alsace 
dans  des  églises  libres  par  les  efforts  surtout  de  Jean-Laurent  Bles- 
sîg  et  d'isaac  Haffner.  Jusqu'en  4799,  les  églises  protestantes  se 
virent  en  butte  à  des  tentatives  pour  leur  enlever  leurs  biens.  Enfin 
la  loi  du  8  avril  4802  les  leur  garantit  définitivement,  mais  en  même 
temps  elle  enleva  tout  caractère  légal  aux  paroisses  réelles  pour  ne 
laisser  subsister  au  regard  de  l'État  que  des  paroisses  consistoriales 
de  6,000  âmes,  qui  dépendaient  d'un  consistoire  supérieur  dont  le 
Directoire,  seul  pouvoir  vraiment  actif,  servait  d'intermédiaire  entre 
les  Églises  et  le  gouvernement.  En  lait,  les  paroisses  continuèrent  à 
être  le  noyau  solide  de  l'organisation  ecclésiastique,  et  ce  n'est  qu'à 
la  longue  que  le  président  du  Directoire  finit  par  prendre  l'autorité 
réelle  et  parfois  excessive  que  le  gouvernement  consulaire  avait  voulu 
lui  donner. 

La  librairie  Firmin-Didot  vient  de  faire  paraître  la  dernière  œuvre 
d'un  ecclésiastique  sociologue  de  l'école  de  Le  Play,  l'abbé  Henri  de 
Tourville,  qui  a  excité  dans  ces  derniers  temps,  dans  certains  milieux 
catholiques  libéraux,  une  admiration  que  nous  avons  quelque  peine  à 
comprendre.  Le  gros  volume  intitulé  :  Histoire  de  la  formation  parti- 
eulariste.  L'origine  des  grands  peuples  actuels,  témoigne  assurément 
d'un  grand  effort  de  travail  et  de  pensée,  car  assurément  ce  n'est  pas 
une  tâche  médiocre  que  d'étudier  simultanément  le  développement 
politique  et  social  de  toutes  les  nations  européennes  et  des  États-Unis 
depuis  les  plus  lointaines  origines  Scandinaves  jusqu'à  nos  jours  et 
de  discerner  le  principe  unique  de  leur  grandeur  ou  de  leur  décadence. 
Nous  pouvons  presque  dire  que  c'est  une  tâche  au-dessus  des  forces 
humaines  et  qu'en  tous  cas  les  connaissances  historiques  de  M.  de 
Tourville  étaient  trop  superficielles,  trop  dépourvues  de  critique  pré-, 
cise  pour  qu'il  pût  édifier  des  théories  d'une  réelle  valeur.  Il  est 
même  très  difficile  de  suivre  sa  pensée  dans  cette  course  à  travers  les 
peuples  et  les  siècles,  et  il  serait  très  facile  d'y  relever  de  nombreuses 
erreurs  de  fait.  Autant  que  nous  avons  pu  en  juger,  M.  de  Tourville 
considère  que  le  progrès  de  la  civilisation  consiste  à  faire  sortir  les 
hommes  de  l'état  communautaire  et  patriarcal  pour  les  organiser  en 
un  régime  particulariste  où  leur  activité  a  pour  base  de  petits  et  sur- 
tout de  moyens  domaines,  l'industrie  venant  se  superposer  à  un 
régime  agraire  qui  sert  d'assise  à  la  société.  L'Angleterre  et  les  États- 
Unis  sont  les  peuples  les  plus  puissants  et  les  plus  heureux  parce 
qu'ils  ont  conservé  le  plus  parfaitement  cet  état  social.  La  France  y 
tendait  à  l'époque  franque,  mais,  pendant  le  cours  de  notre  histoire, 
les  éléments  communautaires  ont  pris  un  empire  qui  a  entravé  cons- 
tamment notre  développement  normal  ;  et  ils  continuent  à  nous  nuire, 


mincit.  337 

s  nuisent  aussi  à  l'Allemagne,  où  l'administra!  ion,  l'armée, 
la  fiscalité  el  la  grande  propriété  tiennent  une  plan  beaucoup  trop 
grande.  Celle  conception  {si  toutefois  j'ai  bien  compris  M.  de  Tour- 
viile)  est-elle  très  juste  et  jetle-l-elle  une  grande  lumière  sur  l'his- 
toire des  peuples  civilisés?  J'hésite  a  l'affirmer. 

Si  la  France  est  malade  [d  il  est  difficile  de  la  Irouver  en  bonne 
santé),  ce  ne  sont  pas  les  médecins  qui  lui  font  défaut.  Les  médecins 
sociaux  ne  prêtent  pas  moins  ;i  rire  que  les  médecins  do  Molière.  Les 
moins  plaisants  ne  sont  pas  les  tradition nahsles,  qui  ont  pour  Fort 
Chabrol  intellectuel  la  Revue  el  l'Institut  de  l'Action  française  el  la 
nouvelle  librairie  nationale,  el  dont  le  tradition nalisrnc  consiste  à 
exhorter  la  France  a  renier  toutes  ses  traditions  rationalistes  et 
démocratiques  pour  créer,  à  la  suite  de  Ronald  et  de  .1.  de  Maislre, 
une  monarchie  théocralique  qui  serait  la  négation  de  l'histoire  de 
France  tout  entière.  Car  enfin,  avant  d'être  révulnlionnaire,  la  France 
était  mie  monarchie  parlementaire,  bourgeoise  el  anliultramon- 
taine,  et  de  tout  temps  la  France  a  été  un  pays  de  raison  et  de  libre 
discussion.  Quand  M.  Dîmes  écrit  dans  son  livre  BUT  les  Maîtres  de 
ta  contre- Révolution,  où  l'on  trouve  dans  un  ffMffifilHHiMgf  hété- 
roclite Maislre,  Ronald,  Rivarol,  Ralzac,  Courier,  Sainte- lleuve.Taine, 
Renan,  Fustel,  l,c  Play,  l'roudhon,  les  Goncourl  el  Veuillol,  el  où 
manque  encore,  hela-  !  Vu.'iiste  Comle,  cher  aux  jésuites  el  à  M.  Rru- 
ncliere  :  ■  hv.SyUabus,  monument  admirable  d'une  sagesse  qui  domine 
les  siècles,  monument  de  bon  sens,  charte  des  sociétés  raisonnables  », 
on  peut  mesurer  loul  ce  qu'il  j  a  d'anli  français  dans  la  croisade  entre- 

;  {rtitm  française.  L'ouvrage  de  M.  Minier  qui.  après  les 
beaux  travaux  de  M.  Faguet,  nu  peut  guère  nous  apprendre  rien  de 
Douveau,  mérite  d'être  signale  comme  symbole  de  tendances  qui, 
dit-on,  rencontrent  quelques  adeptes,  moins  dans  les  milieux  calho- 
'  liqaet,  aujourd'hui  mieux  orientes,  que  dans  les  milieux  paradoxaux 
qui  se  vantent  d'être  formés  d'athées  cléricaux.  On  verra  aussi  dans 
ta  France  et  la  Prusse  avant  ta  guerre  de  M.  Richard  Cosse,  dans 
fiismarck  et  la  France  de  M.  Jacques  ftiMTIUi  que  ce  soûl  les  prin- 
i-i[H'.  île  m:i,  m  fuitesle-  pnrieipe>  qui  MO!  pourtant  en  train  do 

i  i  du  monde,  qui  Boni  la  cause  de  tous  nos  malheurs.  Tous 
ces  jeunes  apûlres  soiil  aussi  violemment  aulibonaparlistes  qu'anli- 

[:|ui|. Iie.iin-,  et  les  llouaparle,  ces  meleques,  BOQt  rendue  rH| ■ 

sables  delà  ruine  de  la  F ranee  autant  que  la  ItevoluLinn.  —  M.  Augu*- 

i  m,  daoa  Sa  France  suas  te  second  Empire (Messein|,  dresse 
avec  une  non  moindre  sévérité  le  bilan  des  fautes  du  second  Empira, 
mais  au  point  tfa  raa  répabUeain.  Au  point  de  vue  slricfemenl  hislo- 
rique,  je  crains  que  ces  partis  pris  publiques  n'enlèvent  beaucoup  de 
leur  valeur  a  ces  essais  nu  l'on  trouve  cependant  à  glaner  quelques 


358  BULLETIN   HISTORIQUE. 

observations  intéressantes.  On  en  trouvera  aussi  dans  le  livre  d'un 
pessimisme  féroce  de  H.  André  Barre  sur  la  Menace  allemande,  où 
il  fait  un  tableau  effrayant  du  pangermanisme  fondé  sur  le  servage 
foncier,  économique,  moral  et  politique  de  l'Allemagne,  et  où  il  nous 
invite,  en  guise  de  conclusion,  à  planter  le  drapeau  républicain  sur 
le  palais  de  Berlin  et  à  mourir  en  Français  ! 

Qu'aurait  dit  Taine,  ce  philosophe  logicien  qui  croyait  être  le  docile 
serviteur  des  textes  et  des  faits,  même  lorsqu'il  obéissait  le  plus  aux 
déductions  de  son  esprit  systématique,  s'il  avait  vu  Pusage  que  font 
de  ses  écrits  les  partisans  d'idées  plus  chimériques  encore  que  rétro- 
grades? Heureusement  pour  lui  qu'il  n'a  pas  assisté  à  l'anarchie 
intellectuelle,  politique  et  sociale  où  nous  nous  débattons  aujourd'hui, 
bien  qu'il  l'ait  prévue  et  prédite.  On  lira  avec  un  intérêt  passionné 
le  quatrième  volume  de  sa  Correspondance  (Hachette),  qui  roule 
presque  en  entier  sur  la  préparation  et  la  composition  de  ses  Ori- 
gines de  la  France  contemporaine.  Quelques  réserves  et  quelques 
critiques  qu'on  doive  faire  sur  cette  œuvre,  qui  a  certainement  été 
conçue  et  composée  pour  démontrer  une  idée  formée  à  priori  par  la 
comparaison  de  la  France  avec  l'Angleterre,  on  ne  peut  pas  ne  pas 
être  pénétré  d'admiration  pour  tout  ce  qu'il  y  avait  de  sincérité,  de 
candeur  même  dans  ce  grand  esprit  et  du  puissant  effort  intellectuel 
dont  témoigne  cette  grande  construction  historique,  hâtive,  systéma- 
tique, partiale,  mais  qui  a  néanmoins  mis  en  lumière  des  côtés  très 
importants  de  notre  Révolution  et  de  toute  révolution  politique  dont 
elle  a  été  le  centre1. 

Annonçons  en  terminant  le  huitième  volume  des  Études  critiques 
sur  V histoire  de  la  littérature  française  de  F.  Brunetière  (Hachette), 
où  Ton  trouvera  deux  belles  études,  importantes  pour  l'histoire,  sur 
Y  Orient  dans  la  littérature  française  et  sur  Joseph  de  Maistre  et  son 
livre  du  Pape,  et  la  précieuse  petite  notice  sur  F.  Brunetière  (Bloud 
et  Barrai)  de  M.  V.  Giraud,  suivie  d'un  fragment  inédit  sur  «  les  Diffi- 
cultés de  croire  »,  où  cet  impitoyable  logicien  se  montre  ce  qu'il  était 
souvent,  un  brise-raison  d'une  fantaisie  extraordinaire. 

Annonçons  enfin  qu'une  main  pieuse  nous  a  donné  une  édition 
française  de  l'admirable  Esquisse  historique  de  la  littérature  fran- 
çaise au  moyen  âge  (Colin),  par  Gaston  Paris,  où  l'on  trouve  l'érudi- 
tion la  plus  précise  associée  à  une  intelligence  profonde  des  relations 
de  notre  littérature  avec  notre  histoire  nationale. 

Gabriel  Monod. 

1.  M.  Mathiez  a  publié  dans  la  Revue  d'histoire  moderne  un  très  remarquable 
article  sur  la  méthode  historique  de  Taine.  Voir  aussi  les  importants  articles  de 
M.  Au  lard  dans  la  Révolution  française. 


ANGLETERRE. 


(Suitt*.) 

Histoire  pie  KPOQUts.  —  Oucls  sont  les  éléments  ethniques  dont 
s'est  formé  le  peuple  anglais  ?  OuliIIu  influence  durable  charnu  d'eu» 
a-t-il  exercée?  Jusqu'à  quel  point  les  Kretons  ont-ils  été  romani  se»? 
Quand  la  conquête  anglo-saxonne  eut  été  achevée,  quels  appointa  nou- 
veau» apportèrent  le-,  Scandinaves,  puis  les  Francs?  M.  OltO  JssrEB- 
soi,  professeur  a  l'Université  de  Copenhague,  s'est  posé  ces  ques- 
tions et  d'autres  encore";  une  élude  approfondie  de  In  formation  de  la 
langue  anglaise  lui  a  permis  d'apporter  des  réponses,  peu  certaines, 
parce  que  la  base  de  ses  recherches  est  étroite  cl  fragile,  mais  sédui- 
santes et  instructives.  L'auteur  est  avant  tout  un  linguiste,  et  son 
ouvrage  ne  peut  «Ire  apprécié  justement  que  par  des  linguistes  de 
profession  ;  mais  l'historien  devra  se  garder  de  l'ignorer.  Il  néglige- 
rait une  source  d'information  précieuse,  unique  même  pour  certaines 
périodes  reculées,  qui  n'ont  laissé  de  traces  visibles  que  dans  le 
taiiitauc. 

C'est  un  sujet  de  même  nature,  mais  beaucoup  moins  étendu, 
qu'aliorde  M.  II.  Munro  Cuidwilh  dans  Bon  ouvrage  sur  les  Origines 
de  la  nation  anglaise 3.  La  plan  ni  ttt  étrange  eL  ne  saurait  se  justi- 
fier. 11  étudie  d'abord  l'Angleterre  au  vi*  siècle, c'est-a-dire  vers  l'an 
597,  où  la  conversion  du  pays  au  christianisme,  en  le  faisant  entrer 
dans  la  communauté  européenne,  va  dissiper  les  incertitudes  qui  jus- 
qu'à ce  moment  enveloppent  l'histoire  des  invasions  anglo-saxonnes. 
11  s'efforce  de  marquer  les  traits  essentiels  des  institutions  poli- 
tiques et  sociales  communes  aux  envahisseurs  à  ce  moment  priais 
de  leur  développement.  Puis,  remontant  dans  le  passé,  il  étudie  les 
Angles,  les  Saxons  et  les  Jules  sur  le  continent,  d'abord  à  l'époque 
des  grande»  invasions,  puis  enfin  ù  l'époque  romaine.  M.  Chadwick 
a  pris  justement  le  contraire  du  chemin  qu'il  fallait  suivre.  Il  ne 
saurait  prétendre,  comme  l'ont  fait  Secbobm,  Haîlland,  VinogradolT, 
que  cette  méthode  a  l'avantage  de  faire  passer  et  conclure  du  connu 
a  l'inconnu  :  M.  Chadwick  sait  a  merveille  combien  faibles  sont  les 


I.  voir  ««.  hut,  t.  xxtii,  p.  .17a;  i.  xciv.p.  m. 

/'.'.  Vrovth  and  itructvrt  «f  tkt  tngliih  Itinguagr.  Lei|>ii«,  Tiuboer,  19(15, 
ÎCOp. 

X  The  anym  of  Ihe  rnytuh  nation   DunfcrUp,  «1 1ht  l'niïrnilj  praw,  1907, 
«1-351  p. 


360  BULLETIN  HI8T0IIQUE. 

données  fournies  soit  par  les  anciens  chroniqueurs,  soit  par  les  lin- 
guistes et  les  archéologues  modernes,  qu'il  s'agisse  du  yi*  siècle,  ou 
du  iv*,  ou  de  l'époque  de  la  Germanie  décrite  par  Tacite.  Cette  erreur 
a  produit  un  livre  sans  unité,  qu'on  parcourt  avec  un  intérêt 
décroissant  et  qu'on  ferme  avec  un  sentiment  de  déception.  Une 
idée  générale  s'en  dégage  cependant  :  c'est  que  chez  ces  peuples  ger- 
maniques, auxquels  l'ancienne  école  attribuait  l'honneur  d'avoir 
préparé  la  liberté  politique  par  le  régime  parlementaire,  il  n'y  a,  dès 
le  début  et  pendant  de  longs  siècles,  aucune  trace  d'assemblée  natio- 
nale; le  roi  gouverne  avec  sa  cour,  que  composent  les  grands  chargés 
par  lui  des  services  publics  et  le  petit  groupe  de  guerriers  attachés 
à  sa  personne.  Dans  la  société,  il  n'y  a  qu'une  force  agissante,  la 
relation  d'homme  à  homme.  Le  problème  est  intéressant,  discuté 
avec  science  et  pénétration.  On  remarquera  encore  l'heureux  parti 
que  M.  Ghadwick  tire  de  la  littérature  anglo-saxonne  antérieure 
aux  lois  et  aux  chroniques,  les  utiles  rapprochements  qu'il  fait  avec 
les  institutions  Scandinaves,  l'importance  qu'il  attribue  à  l'élément 
celtique  et  les  points  de  ressemblance,  plus  nombreux  qu'on  ne 
l'admet  d'ordinaire,  entre  la  situation  des  communautés  gauloises 
décrites  par  César  et  celle  des  tribus  germaniques  telles  que  nous 
pouvons  les  connaître  au  temps  des  grandes  invasions. 

L'histoire  légendaire  de  l'introduction  du  christianisme  en  Angle- 
terre commence  par  la  conversion  de  Lucius,  roi  des  Bretons,  sous 
Harc-Àurèle,  et  par  le  martyre  d'Àlbanus  sous  Dioctétien.  Une  Passio 
5.  Albani  a  été  insérée  par  Bède  au  début  de  son  Historia  eccles. 
gentis  Anglorum  (livre  I,  c.  7)  ;  le  dernier  éditeur  de  cette  chronique, 
Charles  Plummer,  avoue  ne  pas  connaître  la  source  à  laquelle  Bède  a 
puisé.  Cette  source,  M.  Wilhelm  Meter,  de  Spire,  l'a  retrouvée, 
d'abord  dans  deux  manuscrits,  l'un  de  Paris,  l'autre  de  Turin,  et 
qui  ont  entre  eux  d'étroits  rapports,  puis  dans  une  rédaction  abrégée 
qui  est  représentée  par  quatre  mss.,  dont  le  meilleur  est  à  Autun*. 
H.  Heyer  a  établi  que  le  ms.  de  Turin  représente,  sous  une  forme 
souvent  fautive,  la  rédaction  primitive;  cette  rédaction  anonyme 
a  été  exécutée  en  Gaule  dans  la  première  moitié  du  v6  siècle,  sans 
doute  après  le  retour  de  l'évêque  Germanus,  qui  avait  été  prier  sur 
la  tombe  du  «  protomartyr  »  et  en  avait  rapporté  des  reliques. 
La  substance  historique  qu'elle  contient  est  mince  et  banale;  elle 
appartient  à  ce  genre  de  littérature  édiûante  dont  l'origine  et  le 

1.  Die  Légende  des  h.  Albanus,  des  Protomartyr  Angliœ,  in  Texten  vor 
Beda.  Berlin,  Weidmann,  1904.  Prix  :  5  m.  50.  (Extrait  des  Âbhandlungen 
der  k.  Gesellsehaft  d.  Wiuenschaften  zu  Gœttingen,  t.  VIII.) 


iiGLEiEnrtr.  361 

développement  son!  heureusement  caractérisés  par  M.  Meyer  dans  sa 
préface.  L'auteur  publie  le  texte  parallèle  des  trois  rédactions;  il 
montre  en  outre  i|uc  le  récit  du  martyre  de  saint  Alban  a  beaucoup 
de  traita  communs  avec  ceux  du  martyre  des  disciples  de  l'olycarpe  : 
Bénigne  d'un  côté,  Andoche  et  ses  compagnons,  Thyrse  et  t'elix, 
d'autre  part-,  eiillu,  il  reproduit  les  passages  semblables.  Il  donne 
ainsi  un  bon  exemple  du  procédé  employé  par  les  hagiographes,  dont 
le  moindre  souci,  évidemment,  était  de  fournir  des  renseignements 
véridiques  aux  historiens  do  l'avenir. 

De  saint  Alban,  nous  ne  savons  rien  en  fn.il,  sinon  qu'a  un  certain 
1  subit  le  martyre.  f.'esl  un  nom,  à  peine  un  persoonage 
.  II  en  va  tout  Autrement  pour  ranôlre  de  l'Irlande,  pour  saint 
Patrice.  C'est  une  bonne  fortune  pour  la  science  que  l'élude  des  élé- 
ments certains  concernant  sa  biographie  ait  été  entreprise  par  un 
érudit  aussi  avisé  que  M.  J.  B.  ISrar'.  Sur  l'existence  même  du  saint, 
M.  Bury  ne  pense  pas  qu'on  puisse  émellre  aucun  doute  sérieux.  Reste 
à  déterminer,  dans  les  documents  originaux,  la  part  des  faits  qu'on 
[«ut  retenir  et  de  ceux  qu'il  faut  rejeter  ;  dans  quelles  parties  de  l'Ir- 
lande son  activité  s'est  employée;  si  elle  a  été  restreinte  a  un  district 
très  limité  du  Leinster;  si  elle  s'est  étendue,  sinon  à  toute  l'Irlande, 
c^  qu'aucun  érudit  bien  informé  ne  saurait  plus  soutenir  main- 
tenant, du  moins  à  de  notables  portions  de  celle  Ile,  comme  M.  Bury 
s'efforce  de  l'établir;  eiuln,  quel  rôle  l'on  peut  ou  l'on  doit  lui  laaigner 
due  J'iiL-toire  de  l'Europe  occidentale.  Pour  justifier  les  solutions 
qu'il  propose,  M.  Bat]  ■  Momie  Im  sources  à  une  critique  attentive 
M  juin  milite,  qui  remplil  dans  son  livre  plus  de  soixante  pages 
ip.  225-287},  et  qui,  au  lieu  d'ôlre  comme  reléguée  en  appendice, 
aurait  dû  prendre  place  en  tête  du  volume1.  Il  lient  pour  authen- 
tiques la  confession  de  saint  Patrice,  sa  lettre  contre  Corolicus,  roi 
de  la  Bretagne  septentrionale  ;  deux  sur  trois  de  ses  -  Dicta  »,  la  plu- 
pari  de  ses  «  Acla  «,  ou  règles  canoniques  qu'il  a  données  I  L'ttgUea 
il'lrlrLii.l.',  un  h*mMM  irlandais  intitule  Loriea  OU  Faeth 
Fiiuia.  Il  HtfaM  qu'un  paol  utiliser,  niais  en  usant  d'une  circons- 
peetioo  de  plu*  en  plus  grande  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  v*  siècle, 
les  documents  suivants  :  la  Vie  de  saint  Germain  par  lîunstantius,  les 

I  ireehàn  et  de  Muirchu  (vu*  s.},  qui,  a  côté  du  ra 
menU  oraux  déjà  sans  doute  déformés  pur  la  légende,  ont  pu  con- 


I.  Thtlifrof  SI.  Patrick 

Ma  ■-  Il  .ti. 

:    M.   Ilury    *   p'i    tnrllro  *   profit    leitlllnn,   i 
Armachtmui,  par  la  jiiof    r.winn,  dont  II   [>art< 

ternir*  le*  pli»  f»Tor«blc  ». 


hù  place  in  hulory.  MicmilliD,  1905,  xv-MH  p. 


D   .-n.  ni.    publiée,  du  Ctxitl 
I   pluiiriirit  rpprUPi  iUiis  les 


362  BULLETIN  HISTORIQUE. 

sulter  des  documents  écrits  très  anciens  et  dignes  de  foi  ;  un  hymne 
en  irlandais  (l'hymne  de  Fiacc  ou  Gênait  Patraicc),  dont  on  nous 
donne  une  traduction  nouvelle,  purgée  des  interpolations  posté- 
rieures (p.  264-265)  ;  la  Vita  (ripariita  et  les  Annates  irlandaises,  mal- 
gré leur  rédaction  relativement  récente;  même  YHistoria  Britonum 
de  Nennius,  au  sujet  de  laquelle  H.  Bury  écarte  résolument  plusieurs 
des  hypothèses  élaborées  par  Zimmer1.  Sa  critique,  pénétrante  et 
fortement  documentée,  est  aussi  très  conservatrice  ;  elle  ne  rejette 
pas  un  document  tout  entier,  parce  que  certaines  parties  contiennent 
des  allégations  légendaires  ou  fausses;  elle  est  nuancée  sans  cesser 
d'être  précise,  dégagée,  à  ce  qu'il  semble,  de  tout  préjugé  de  race  et 
de  religion  et  manifestement  impartiale.  Il  constate  lui-même, 
comme  s'il  en  éprouvait  quelque  surprise,  que  ses  conclusions 
«  tendent  à  montrer  que  la  conception  catholique  romaine  de  l'œuvre 
accomplie  par  saint  Patrice  est  en  général  plus  voisine  des  faits  cons- 
tatés historiquement  que  des  opinions  présentées  par  certains  théo- 
logiens hostiles  à  la  papauté  »  (p.  vii-viii).  C'est  qu'il  se  place  au 
point  de  vue  de  l'histoire  générale.  La  vie  de  saint  Patrice  est  pour 
lui  comme  un  chapitre  du  Décline  and  Fall  de  Gibbon,  dont  il 
a  donné  une  édition  revue  et  annotée.  Ce  n'est  pas  que  la  personne 
même  du  saint  soit  sacrifiée  et  se  perde  dans  la  grandeur  du  tableau. 
Elle  apparaît  au  contraire  au  premier  plan  avec  autant  de  netteté  que 
le  permettent  les  documents,  si  incomplets,  si  souvent  imprécis  et 
peu  sûrs.  C'est  même  avec  une  certaine  coquetterie  que  M.  Bury 
a  traité  la  partie  narrative  de  son  sujet;  piqué  au  vif  par  les 
reproches  faits  aux  érudits  de  n'écrire  que  pour  les  gens  du  métier, 
il  a  voulu  prouver  que  l'histoire  peut  être  à  la  fois  une  science  et  un 
art;  sa  biographie  de  saint  Patrice  est  en  effet  d'une  lecture  aisée  et 
attrayante.  11  a  même  poussé  le  souci  de  plaire  au  point  de  renvoyer 
à  l'appendice  les  notes  qui  auraient  dû  prendre  place  au  bas  des 
pages.  Certaines  de  ces  notes  sont  d'ailleurs  de  véritables  disserta- 
tions :  sur  le  lieu  et  la  date  de  la  naissance  de  saint  Patrice  (né 
vers  389  à  «  Bonnaventa  »,  qu'il  faut  chercher  quelque  part  dans 
la  région  de  la  Basse-Severn)  ;  sur  le  pays  où  il  fut  esclave  ;  sur 
la  date  de  son  séjour  en  Gaule  (409-446)  ;  sur  ses  rapports  avec  le  roi 
Loigaire,  qu'il  convertit  au  christianisme  et  qui  fit  rédiger  le  Sen- 

1.  Dans  YHistoria  Britonum,  M.  Bury  distingue  trois  éléments  essentiels  : 
1*  une  vie  de  saint  Germain  d'Auxerre,  composée  vers  679,  où  figurent  Vorti- 
gera  et  Arthur;  2*  une  recension  du  vm*  s.,  représentée  par  le  ms.  de  Chartres, 
dont  Mommsen  et  Mgr  Duchesne  ont  tiré  un  si  bon  parti;  3'  le  remanie- 
ment que  Nennius  composa  vers  800  et  auquel  il  ajoute  une  Vie  de  saint 
Patrice. 


ununut  363 

>Aw  Mer,  sans  doute  a  l'imitation  du  code  théodosien*  ;  sur  l'orga- 
nisation épîscopale  dont  il  dola  l'Irlande,  sa  pairie  adoplive  ;  sur  la 
date  et  les  cicconstaitces  de  sa  mort  {461  et  non  459),  etc.  L'érudi- 
tion reprend  ici  tous  ses  droits;  elle  a  son  charme  aussi  dans  la 
main  d'un  tel  ouvrier 

L'élude  que  M.  t',.  J.  B.  Gisiois  a  consacrée  a  Alcuin1,  et  qui  a  été 
couronnée  par  l'Université  de  Cambridge  [Uuiiean  prise  for  1899), 
est  un  travail  soigné;  l'auteur  a  étudie  de  près  la  correspondance 
d'Akolfl  M  •>■.•»  («(ivres;  il  connaît  les  travaux  d'érudition  publiés  en 
Angleterre,  en  Allemagne'  et  en  France  L'expression  est  claire  # 
intéressante.  La  nature  même  du  travail  ne  comportait  pas  une  cri- 
ligue  minutieuse  des  points  obscurs  et  controversés  qui  abondent 
dans  un  tel  sujet;  on  n'y  trouvera  donc  en  somme  rien  de  bien 
nouveau. 

M.  Friedrich  (ImpeiiE*  a  cru  trouver  te  secret  de  la  politique  de 
Henri  II  a  l'égard  de  l'empire  d'Allemagne  dans  la  bftint  qM  ''' 
Anglais  oui  souvent  professée  el  professent  encore  aujourd'hui,  nous 
assure-l-ou,  contre  les  Allemands'.  Il  s'est  laisse  aveugler  par  des 
préoccupations  qui  n'out  rien  de  scientifique  ;  il  a  Tait  de  la  politique 
rwpoetife,  mai  pas  de  l'histoire.  Même  s'il  était  prouvé  que  H  m  ri  le 
Lion,  en  trahissant  l'empereur  avant  ta  bataille  de  Legnann,  n'a  Tait 
qu'exécuter  un  dessein  concerté  avec  le  roi  d'Angleterre,  on  ne  serait 
point  fonde  a  conclure  que  ce.  dessein  n'avait  d'autre  mobile  qtu  ta 
haine.  Heureusement,  ce  paradoxe  ne  dure  pas  même  pendant  cin- 
quante pages.  Suif  une  dissertation  sur  l'importance  du  titre  impérial 
au  moyen  âge.  qui  ne  rentre  guère  dans  le  sujet  annonce  sur  la  cou- 
verture. L'auteur  connaît  d'ailleurs  UM  bien  les  sources  el  cite 
ses  textes,  ce  qui  a  Tait  que  son  travail  ne  sera  pas  tout  à  fait 
inutile. 

J'apporterai  moins  de  réserve  a  louer  la  biographie  du  lits  aîné  de 
fleuri  II,  le  "  jeune  roi  anglais  ».  par  M.  G.  B.  Hodcsoh*.  Les 
sources  sont  indiquées  avec  tout  le  soin  désirable.  On  pourra  joindre 

1.  Saint  Patrice  e»HI  allé  a  Rom*?  U.  Ourjr  le  croit.  Voir  eu  wm  contraire 
le*  argument*   [nrvnle   pur  1t.  f.   E.  Warren  dam  EngUik  huior.  fld'lnr, 
■tffl  IU06,  p.  3LS  ri  mli, 
î.  Meuin,   fih  lift  iityl  AU   trori.    Londre»,    Cambridge   t'nitirnilj    pw»s 
y'WM*hou«',  IMW,  In-iï,  xm-ï75p. 

3.  U .  Gaaknln  ne  p»r«H  paa  avoir  connu  Im  calcul!  de  Mommaen  pour  déter- 
iner  U  dalr  rfe  I*  mort  de  Bede  le  Vrnérable. 
-    4.  ImprrtalpoUtik  K<>n«j  Mwfcfcl  II  von  Kigland  illeidel  bercer  Abband- 
'   lungrii  lur  niiulrrni  nni)  MMfH  ttUChltUs).  Ileldclberjt.  Wîslaf,  1905,  Tt  p. 
5.  Jn»y    tfainrtch,    hOnig   l'on    K^tnnd,  Sonn   KOntg  llitnriclli  II,    1155- 

1183.  léa*,  Krompfe,  1906,  U  p. 


/ 


364  BULLETIN  HIST011QU1. 

de  nouveaux  faits  à  ceux  que  l'auteur  a  réunis1,  mais  le  recueil  qu'il 
a  constitué  est  déjà  digne  d'estime. 

Je  doute  qu'il  fût  très  utile  d'écrire  tout  un  livre  pour  établir  des 
faits  aussi  généralement  admis  que  ceux-ci  :  l'acte  par  lequel  Jean  sans 
Terre  se  reconnut  le  vassal  du  Saint-Siège  donna  au  pape  une  situa- 
tion éminente  en  Angleterre  ;  que  le  pape  exerça  d'une  manière  effec- 
tive ses  droits  de  suzeraineté,  en  dépit  de  l'opposition  que  sa  constante 
intervention  rencontra,  non  seulement  de  la  part  des  laïques,  mais 
encore  et  surtout  de  la  part  du  clergé  anglais  ;  que  les  adversaires  de 
fc  papauté  n'attaquèrent  jamais  sa  suprématie  spirituelle,  qu'ils  la 
reconnurent  formellement,  au  contraire,  comme  ayant  été  établie  par 
le  Christ  lui-même.  Telle  est  cependant  la  thèse  que  l'abbé  Gasquet 
nous  présente,  comme  si  elle  avait  vraiment  besoin  d'être  démontrée3. 
Il  n'y  a  point  trace  de  schisme  ni  d'hérésie  dans  l'Angleterre  au 
xiii*  siècle  ;  les  doléances  que  le  clergé  et  la  noblesse  d'Angleterre 
portèrent  contre  les  abus  de  la  cour  de  Rome  devant  le  concile 
de  Lyon  en  4245  sont  de  même  nature  que  les  doléances  présentées 
au  pape  deux  ans  plus  tard  par  le  très  pieux  roi  de  France,  et  il  y  a 
longtemps  qu'on  a  renoncé  à  voir  dans  l'évêque  de  Lincoln,  Robert 
Grossetète,  un  précurseur  du  protestantisme.  Que,  d'autre  part,  la 
protection  du  Saint-Siège  ait  été  bienfaisante  pour  Henri  III,  surtout 
pendant  sa  minorité,  qui  en  doute?  Hais  accordera-t-on  aussi  aisé- 
ment à  l'abbé  Gasquet  que  la  suzeraineté  pontificale  ait  toujours  été 
un  bienfait  pour  l'Angleterre,  comme  pour  les  autres  royaumes  qui 
subirent  le  même  vasselage?  Est-il  vrai  que  l'indépendance  des  états 
vassaux  dans  ce  «  système  papal  »  ait  toujours  été  respectée? 
L'exemple  du  royaume  de  Sicile  au  temps  de  Henri  III,  précisément, 
ne  parle-t-il  pas  très  haut,  et  ne  serait-il  pas  possible  de  montrer  que 
la  soumission  de  la  couronne  d'Angleterre  au  Saint-Siège  a,  dès  le 
xiii* siècle  même,  produit  des  mécontentements  et  des  protestations? 


1.  Sur  la  Tolonté  du  jeune  roi  d'être  enseveli  dans  la  cathédrale  de  Rouen, 
M.  Hodgson  aurait  dû  mentionner  les  chartes  analysées  par  J .  II.  Round  dans 
son  Calend.  of  documents  in  France,  p.  9  et  10.  —  11  ne  parait  pas  avoir 
connu  le  curieux  passage  du  commentaire  sur  la  Divine  Comédie  par  Benvenuti 
de  Rambaldis,  d'Imola,  signalé  par  M.  Whitwell  dans  son  étude  sur  les  Ban- 
quiers italiens  (Transactions  R.  histor.  Soc.,  1903,  p.  187);  il  y  est  parlé  de 
sommes  considérables  empruntées  par  le  jeune  roi  à  des  marchands  florentins, 
de  l'amour  que  Bertrand  de  Born  conçut  pour  lui,  etc.  Les  faits  recueillis  par 
le  commentateur  sont  sans  doute  en  grande  partie  légendaires  ;  ils  ne  devaient 
pas  être  omis  dans  une  biographie  de  ce  genre,  dont  le  premier  mérite  serait 
d'être  tout  à  fait  complète. 

2.  Henry  the  third,  a  study  of  his  ecclesiastical  policy  and  of  ihe  relations 
beiween  England  and  Rome.  Londres,  George  Bell  et  fils,  1905,  xvi-446  p. 


11U.ETKRRK.  365 

Ces  rues  générales,  l'abbê  Gasquel  ta  expose  «W  'piel-pie.  emphase 
dans  sa  préface.  La  livre  lui-même  est  d'allure  plus  modeste;  c'est 
un  exposé  des  rapporta  entre  l'Ëidise  M  l'Étal  pendant  un  dent- 
sm'li',  mi  rien  n'est  liien  nouveau,  ni  les  documents',  ni  les  idées, 
mai-  on  lis  tcvlrs  -..jui  /iti.-ilysôâ  avec  soin  et  les  faits  exposés  d'une 
lojioiriv  iBlénsnatft.  On  n'avait  pu  encore  mis  en  aussi  nonne 
lumière  le  rôle  des  levais  et  des  nonces  poulilleaux  pendant  une 
aussi  longue  suite  d'années.  D'autre  part,  on  regrette  que  l'abbé 
Gasquct  n'ait  pas  serré  certaines  questions  d'assez  près,  que,  par 
exemple,  celle  des  élections  ecclésiastiques  n'ait  jias  été  l'objet  d'une 
dbaÛsftM  approfondie.  Hii'ii  n'i^l  plu  instructif,  I  l'ordinaire, 
qu'un  bon  ouvrier  parlant  du  métier  qu'il  connaît  bien.  L'abbé  Gas- 
quet  est  théologien  et  cmunisle  ;  l'ouvrage  qu'il  a  compose  pourrait 
être  signé  par  le  moins  canoniale  des  historiens. 

On  n'avait  pas  encore  jusqu'ici  tenté  d'écrire  une  biographie  détail- 
lée de  Jmd  m  Gand,  duc  d'Aquitaine,  et  de  Lancastru,  roi  de  Outilla 
ei  dr  [,con.  Sus  doute  la  gloire  militaire  de  son  frère  aîné,  le  Prince 
Noir,  et  l'éclat  du  règne  de  BOO  père  Edouard  111  lui  ont  nui.  Il  était 
d'ailleurs  homme  de  second  rang,  et  l'attention  des  historiens  s'est 
iKilurelleitieiit  porlee  H  préférence  vers  les  héroïques  figures  du  pre- 
mier. Il  faut  remercier  M.  Sydney  Aiimitage  Smith  d'avoir  entrepris 
de  combler  celle  lacune  M  II  iVlinier  d'avoir  exécuté  son  travail  avec 
autant  de  distinction1.  Son  information  est  très  étendue  :  outre  les 
textes  imprimés,  il  a  consulté  les  archives  du  duché  de  Lancaslre 
et  il  y  a  puisé  des  renseignements  nouveaux.  Des  recherches  pous- 
sées plus  loin  au  I'.  Record  Ofllcc  lui  auraient  sans  doute  permis 
de  pâlir  utilement  le  chapitre  consacré  h  Jean  de  Gand  comme  duc 
d'Aquitaine;  sur  re  point,  il  se  contente  des  doetunenls  publiés 
iRymer,  les  Archive.-*  de  la  ville  de  BordtUU,  le  recueil  de  llelpit  . 
comme  aussi  pour  ce  ipii  concerne  l'expédition  de  Jean  de  Gand  en 
Otattua  et,  en  général,  ses  rapports  avec  les  souverains  espagnols  et 
portugais,  La  partit  vraiment  neuve  de  son  livre  esl  celle  où  il  expose 
la  situation  de  Jean  de  liand  comme  grand  seigneur  foncier.  Il 
explique  fort  bien  la  différence  qui  existait  entre  le  duché  de  Lan- 
caslre et  le  comté,  puis  le  palatinat  de  Lancaslre.  ce  qu'il  faut  entendre 
par  le*  •  franchises  »  jiossédees  par  le  duc,  l'organisation  adminis- 


tplaripoa  à  «on  Une  te  van  bien  connu  de 
boette*.  :  •  fkmloju  talegro*  «Me.ler*  fontes  >  ;  li  clUllon.  qui  u'eil  pu  laul 
1  ttil  eticle,  n'esl-elle  (us  jpuhqurr  i  eoelmewt 
/■  1.  John  of  Coin/,  itng  of  CaUtllt  and  l.ton,  dukr  of  Aquitaine  and  Lan- 
çait», tari  of  Dtrby,  Lincoln  oui  LtUnler,  «tnacAal  of  England.  We*l- 
inhiiler,  Archlbelil  Con*Ublu,  1904,  xiïn-480  p. 


366  BULLETIN  HISTORIQUE. 

trative  du  palatinat,  le  mode  d'exploitation  des  manoirs,  si  nombreux 
dans  l'intérieur  du  comté  et  au  dehors1  et  dont  le  corps  principal 
formait  véritablement  un  état  dans  l'état,  la  constitution  de  la  «  mai- 
son ducale  »  (household),  etc.  Jean  de  Gand  possédait  en  outre 
en  France  d'importantes  seigneuries,  qu'il  perdit  d'ailleurs  après 
la  reprise  des  hostilités  en  4369  :  Beaufort*  et  Nogent-PArtaud  en 
Champagne,  Bergerac  en  Guyenne  et  La  Roche-sur- Yon*  en  Poitou. 
Une  fortune  territoriale  aussi  considérable  pouvait  éveiller  les  plus 
pernicieuses  ambitions;  elle  rendit  facile  l'usurpation  de  Henri  IV. 
Jean  de  Gand  n'eut  pas  de  si  hautes  visées,  peut-être  parce  que  les 
circonstances  le  favorisèrent  moins  que  son  flls,  peut-être  aussi 
parce  que  la  poursuite  de  la  couronne  de  Castille  détourna  vers  un 
tout  autre  but  son  activité  et  ses  ressources.  Ce  n'est  pas  que  son 
rôle  politique  en  Angleterre  ait  été  insignifiant;  on  sait  l'attitude 
qu'il  prit  en  face  du  «  Bon  Parlement  »  de  4376,  la  réaction  qu'il 
dirigea  l'année  suivante,  la  protection  dont  il  couvrit  Wycliffe,  la 
haine  du  peuple  amassée  contre  lui,  la  destruction  de  son  palais  par 
la  populace  de  Londres  lors  de  l'insurrection  dite  des  Travailleurs.  Les 
dix  années  qui  s'étendent  depuis  la  réunion  du  a  Bon  Parlement  » 
jusqu'au  départ  de  Jean  de  Gand  pour  son  expédition  en  Castille 
(4376-4385)  sont  les  mieux  connues  de  sa  vie  parce  qu'elles  touchent 
le  plus  directement  à  l'histoire  générale  de  l'Angleterre.  Le  livre  de 
M.  Armilage  Smith  a  rajeuni  cet  épisode  par  une  étude  minutieuse 
des  sources.  Il  faudra,  par  exemple,  tenir  grand  compte  du  jugement 
qu'il  porte  sur  le  Chronieon  Anglie,  cette  chronique  anonyme  rédi- 
gée à  Saint-Alban  par  un  adversaire  fougueux  du  duc  de  Lancastre, 
dont  le  témoignage  parait  avoir  été  faussé  par  un  parti  pris  constant 
de  dénigrement  ou  de  calomnie4.  A  noter  aussi  la  manière  dont  il 
raconte  et  apprécie  les  rapports  du  duc  avec  Wycliffe,  pourquoi  et 
comment  il  défendit  l'hérésiarque,  sans  partager  ses  principes,  et 
tout  en  favorisant  les  ordres  mendiants  (au  moins  les  Carmes)  que 
Wycliffe  vilipendait5.  Ajoutons  que  le  livre  se  lit  avec  agrément, 

1.  Voir  l'excellente  carte  des  terres  possédées  par  la  maison  de  Lancastre 
face  à  la  p.  218,  et,  à  l'appendice  IV,  le  résumé  des  comptes  dresses  par  le  rece- 
veur général  du  duc  pour  l'exercice  1394-1395. 

2.  Beaufort,  aujourd'hui  Montmorency,  canton  de  Chavanges  (Aube).  Jean  de 
Gand  donna  ce  nom  aux  enfants  qu'il  eut  de  sa  maîtresse,  Catherine  de 
Swinford. 

3.  L'auteur  appelle  quelquefois  à  tort  cette  localité  Roche-sur- Yon,  ou  Roche 
tout  court.  Le  vicomte  de  Dort,  mentionné  à  la  page  313,  ne  serait-il  pas  le 
vicomte  d'Orte? 

4.  Voir  en  particulier  les  pages  135-143. 

5.  On  sait  que  Jean  de  Gand  était  sénéchal  d'Angleterre;  à  ce  titre,  il  figura 


367 

qu'il  esl  orné  de  bonnes  photographies  reproduisant  des  scènes  bien 
ii'  la  vie  de  Jean  de  Gand,  muni  de  caries  dressées  avec 
soin  el  d'utiles  appendices'    ffttt  une  bonne  contribution  l  l'histoire 
du  ht*  siècle. 

Les  conflits  actuels  entre  le  capital  et  le  travail  ne  sont  sans  doute 
DgMl  à  l'empressement  avec  lequel  les  érudils  ont,  dans  ces 
dernières  années,  étudié  le  soulèvement  des  Travailleurs  en  Angle- 
terre en  1381  ',  André  Iteville,  M.  M.  Powell  et  (leorgi*  Trevelyan  ont 
apporte  sur  le  sujet  une  masse  de  précieux  documents.  Une  des  causes 
du  conllil  a  été,  comme  on  le  sail,  l'établissement  d'un  impôt  de 
capitalion  volé  par  le  Parlement  et  destiné!  frapper  toutes  les  classes 
de  la  nation,  le  l'ail  tax.  En  étudiant  au  I*.  Hccord  Office  les  docu- 
ments relatifs  â  cet  impôt,  M.  Charles  Oha.i  a  conslalé  combien  il 
était  inique  :  il  eiaii  de  trois  *  gros  *  (1  shellingj  par  tète  el  devait 
être  acquitté  par  tout  laïque  d'au  moins  quinze  ans:  les  mendiants 
seuls  étaient  exceptes.  L'impôt  était  réparti  de  telle  façon  que,  dans 
ebaqac  fflbga  IffM&hlffj,  lM  riches  prendraient  à  leur  charge  une 
partie  de  la  contribution  des  pauvres,  d'après  une  échelle  déterminée. 
Dans,  les  villages  où  il  n'y  avait  ni  propriH.tire  de  haut  rang  ni 
riche  fermier,  chacun  devait  payer  la  taxe  pleine,  si  bien  que  le  far- 
deau de  celle-ci  pesait  le  plus  lourdement  sur  les  plus  pauvres. 
Aussi  vit-on  les  paysans,  sans  doute  avec  la  connivence  dus  collec- 
teurs eux-mêmes3,  dissimuler  autant  que  possible  le  nombre  de 
UCm  "iiinises  I  i'inipût.  S'il  fallait  en  croire  les  déclarations  de  1381, 
comparées  à  celles  de  1377  et  de  4379,  qui  avaient  servi  de  base  â 
une  taxe  semblable,  mais  beaucoup  moins  ouéruuse,  beaucoup  de  vil- 


en  lele  de»  «Igneur*  laTqoe*  lors  du  ronronnement  Je  niellant  II.  Ai-je  mil 
chercher  Je  n'ai  pa»  rencontre  la  moindre  alluiion  nu  fament  ■  Mnda*  tcnenti 
parllamontoDi  la  An*!!»  >.  qui  *  èle  écrit  en  initie  pour  défendre  le»  droit*  .lu 
■  !  ilu  maréchal  d'Angleterre,  et  mi  l'on  retrouve  il  fortement  U  trace 
de*  pa*alnn»  dé  m  or  ri  tique*  el  rènilulioniialres  du  tempi  de  Wjïliffe  et  du 
wolet en ent  de»  travailleur*. 

I  A|i|>rni|ir*  I,  le*tamenl  de  Je*n  de  Oand  avec  »ou  codicille:  fff  fftl  II. 
Itnln  de»  homme*  d'arme*  qui  lervirenl  wn  »c*  ordre*  dan»  la  campagne 
d'Eco»*  en  1385;  appendice  III,  Wt.tr.  de*  chevalier*  el  éruver»  qui  c.nn- 
pouieiil  u  miiwn  de  I37Î  à  1382;  appendice  VI,  monnaie*  du  duc.  de  Lan- 
eattre  ;  appendice  VII,  *e*  arme*  el  *ei  iccaui ,  appendice  VIII,  note*  tur  m» 
bAtardu  et  aur  Catherine  Sttinfurd. 

1.  Tht  gttat  Rtvolt  of  I.1SI.  Oaford,  al  lue  Clarendon  pre*»,  lïiOfi,  vm-ÏIB  p. 
■  et  1  carte». 

3.  C'ett  ce  que  dit  H.  Oman,  L'auleur  du  compte- rend  a  sur  >on  livre,  qui  a 
|.,rii  .Un-  ^MeiM-NM,  t  aont  1906.  p.  lïi,  montre  que  le  blâme  de*  butte» 
ilolt  retomber  >ur  le*  •  latatorei  »  el  i  eolleclnrea  •  eui-ro*met. 
Ce  n'etl  pat  d'ailleur»  la  »eule  remarque  ulili'  qu  on  doil  i  rel  auteur. 


368  BULLETIN   HISTOBIQUB. 

lages  auraient,  après  cinq  ans  de  tranquillité,  sans  guerre,  ni  peste, 
ni  disette,  perdu  le  tiers  ou  la  moitié  de  leurs  habitants.  Aussi  la  pre- 
mière levée  de  l'impôt  ne  produisit-elle  presque  rien.  Le  gouverne- 
ment crut  devoir  prendre  des  mesures  rigoureuses  pour  empêcher  et 
punir  les  fausses  déclarations.  Un  bref  (writ)  qui  menaçait  les  contri- 
buables à  la  fois  dans  leur  liberté  et  dans  leurs  biens  (46  mars  4384) 
a  été  retrouvé  et  publié  par  H.  Oman,  qui  le  considère,  non  sans 
raison,  comme  ayant  déterminé  le  mouvement.  Depuis  au  moins  un 
demi-siècle  grandissaient  peu  à  peu  des  causes  multiples  de  conflit 
soit  entre  les  paysans,  fermiers  ou  travailleurs  libres  et  les  proprié- 
taires fonciers,  laïques  ou  ecclésiastiques,  soit  entre  les  ouvriers  et 
patrons  de  certains  métiers,  soit  entre  les  riches  bourgeois,  maîtres 
des  administrations  municipales,  et  la  plèbe  déshéritée.  Ces  méconten- 
tements n'attendaient  qu'une  occasion  pour  éclater  ;  quelques  semaines 
en  effet  après  le  bref  du  46  mars,  ils  firent  explosion.  Le  soulèvement 
se  produisit  presque  en  même  temps  sur  des  points  très  éloignés  les 
uns  des  autres4.  M.  Oman  a  peut-être  ici  fait  preuve  d'un  scepticisme 
excessif  en  niant  que  cette  action  simultanée  ait  aussi  été  concertée. 
Il  a  sans  doute  raison  de  dire  que  les  disciples  de  Wycliffe  y  sont 
demeurés  étrangers;  mais  ces  «  pauvres  prêcheurs  »  dont  nous 
parlent  plusieurs  textes  pouvaient  avoir  puisé  la  matière  de  leurs  ser- 
mons ailleurs  que  dans  les  traités  ou  les  conférences  de  l'hérésiarque. 
La  partie  consacrée  à  l'étude  des  causes  du  soulèvement  est  la  plus 
originale  du  livre  de  H.  Oman.  Le  récit  du  soulèvement  lui-même  a  été 
retracé  à  l'aide  des  documents  déjà  publiés,  en  particulier  de  la  chro- 
nique anonyme  mentionnée  plus  haut,  et  dont  une  traduction  anglaise 
est  donnée  en  appendice.  Il  est  très  précis,  assez  coloré,  attachant.  En 
ce  qui  concerne  Wat  Tyler,  M.  Oman  refuse  d'admettre  avec  M.  Brie2 
que  ce  personnage,  un  peu  énigmatique,  doive  être  identifié  avec 
Jacques  Straw;  les  rôles  de  Parlement  distinguent  nettement  ces 
deux  personnes,  et  leur  témoignage  doit  l'emporter  sur  ceux  des  chro- 
niqueurs, qui  d'ailleurs  ont  écrit  assez  longtemps  après  l'événement. 
Quant  aux  conséquences  du  soulèvement,  M.  Oman  montre,  con- 
trairement à  Roger  et  à  ses  disciples,  qu'il  n'a  pas  mis  fin  au  servage, 
car  les  difficultés  qu'avait  soulevées  le  statut  sur  les  travailleurs  de 
4354  furent  à  peu  près  aussi  nombreuses  après  qu'avant.  Peut-être 
certains  propriétaires  eurent-ils  la  sagesse  de  tempérer  l'action  de  la  loi, 
mais  cette  loi  elle-même  ne  céda  que  peu  à  peu  dans  le  cours  du 
xve  siècle  et  sous  l'influence  de  causes  économiques  plus  profondes. 


1.  Voir  l'a  ne  des  deux  cartes  placées  à  la  fin  du  Yolume. 

2.  Dans  English  historical  Review,  janvier  1906. 


<  i  i  IUI.  360 

ie  de  la  guerre  des  lieux  RoSH  M  rtppoftttt  dttll  ouvrages 
ireMtaBSttdifl&reat  : 

M.  Karl  Scamin  s'est  efforcé  de  reconstituer  la  figure  véritable  d'un 
personnage  de  Shakespeare,  Marguerite  d'Anjou,  épouse  infortunée 
du  tri&lc  roi  Henri  VI'.  Suivant  la  méthode  employée  par  d'autres 
auteurs  qui  ont  travaillé  pour  la  même  collection  (Patxttra*),  il  ana- 
lyse, reproduit  et  commente  les  passages  des  chroniqueurs  qui  ont 
parié  de  celte  reine  M  raconte  les  trafique?  péripéties  de  sa  vie  :  chro- 
DiqtUUD  du  parti  lancaslrien,  chroniqueurs  jorkistes,  chroniqueurs 
français,  chroniqueurs  du  temps  des  Tudors  et  d'Elisabeth.  Un  der- 
nier chapitre  est  consacré  a  l'étude  critique  du  personnage  tel  qu'il 
a  été  imaginé  par  Shakespeare;  il  intéressera  ceux  qui  s'occupent 
d'histoire  littéraire.  Dans  les  autres,  on  trouvera  d'utiles  remarques, 
bien  que  souvent  peu  neuves,  sur  les  sources  historiques  concernant 
les  triomphes  cl  la  ruine  du  parti  lancaslrien.  On  pourra  reprocher  à 


I.  Marjareta  ron  Anjou,  ton  unrf  bet  Shakttpeare.  Berlin,  Majrr  ri  Hui- 
ler, UÔI  {t'aUttra,  a-  51).  xi-28G  p.  l'rii  :  8  m. 

I  BU  Kiciurd  111.  ii*  III  (et  In.  hlit.,  1.  LXXX1II,  p.  :MWj;  sut  le  roi  Lear, 
n-  35:  iui  klacbetb.  n'  M;  >ur  FalatalT,  a-  50.  Nima  n'avons  pas  reçu  le  livre 
il'Krnml  Wtuf,rr  (Die  sage  ro»  Macbeth  bts  h  StaaVffWr*);  natal  J'ai  eu 
entre  le»  mains  celui  de  Wiifrid  l'errelt  [TAe  ttory  o{  Aing  Lr.ar,  (mm  Gtaffrey 
af  MnnmautU  la  Shaknprare),  Celle  légende,  rninlnc  mi  ml,  %*  Imute  pour 
li  première  (ois  dan»  Vlltitarta  llnlnnum  dr  QwChq  il  BlWWrWlfc  Ou 
Geoffroy  l'sfiit-il  l'uisée.  Qu'eil-re  que  le  <  liber  ntlMUni  •  écrit  eu 
■  lingue  bretonne  >  <|ue  lui  communiqua  Gautier,  trcbidiar.re  d'Oll 
Uni  d'autres  érudita.  H.  Pcrrcll  diarutc  Ml  pointi  Mm  lei  résoudre  ;  il  M 
seulement  remiirrjudr  que  lu  légende  éUil  inconnue  dana  le»  paya  gallois  et 
qu'un  De  mu  rail  lui  assigner  une  origine  indienne.  Il  est  probable  que  Ueoflroj 
de  Uunmoulh  en  a  été  l'inventeur.  Ileureuae  invention  d'ailleurs,  ai  l'on  en 
DMlMèH  le  «utr*»  prodigieus.  L'un  des  intérêts  du  travail  de  M.  Perrell 
consiste  a  suivre  le  développement  de  la  légende  dana  la  littérature  du  moyeu 
âge  lu*qu'a  Shakespeare  «1  t  montrer  la  Dlialion  de*  trei  nombreui  récita  qui 
non»  uni  parvenu*.  Cette  partie  du  livre  do  H.  Perrell  contient  beaucoup 
d'observation  a  ulllrs  ftta  l.i  HttfMl  MJ  MtMtl  liisluriqucs.  Quant  4  Sha- 
kespeare lui-même,  H.  Permit  estime  (p.  ÎT'.')  quv,  »i  la  climuiqu-  il.-  Hnlin» 
hnad  a  ele.  ici  rwnroe  pnur  loua  |fj  autre*  draine*  bi.loriques,  M  princi- 
pale source,  il  a  emprunta  en  ouïr*  de*  détail*  è  dm  martm  poétique* 
nu  j  de*  essais  dramatique*  de  ion  letnpi.  Se.  rapproi  ihtBWll  iii^rmeui  ne 
■■ont  pw>  toujnura  (llliulllllll  mai»  il  f nuira  en  tenir  compte.  Le  rliapiUe  sur 

MlH  du  roi  /.ear  Inléresxer..  |MH  |M  t reniai*»»  de  Shakespeare, 

mai*  n»   peut  in. m  arrêter.  La   li<  '  ;  k«M  |H  ■  n  l .  >  I .  I  '  ■ .  in-iii 

cil»  n'aat   pa»  plaisante..  On  y  trouve  trop  souvent  de   Ut   abm  .  ■ 
surchargent  certain»  lu;  M>4t  «t   qui,  son»  pr<  :■ 

.  Mal  éâ  |'l"  >•    iMf  donnent  l'aspect  d'une  collr-ftiori  MaSpÊÈÊ  un 
llH  un    litre  écrit  eu 


H«v,   tliaTO».   XCIV.   ï'raao. 


M 


370  BULLETIN  HISTORIQUE. 

l'auteur  de  n'avoir  pas  toujours  utilisé  les  meilleures  éditions1,  mais 
on  lui  tiendra  compte  de  ee  qu'il  dit  par  exemple  sur  la  manière 
d'écrire  l'histoire  pratiquée  par  l'abbé  de  Saint-Alban  Whelhamstede, 
qui,  pour  raconter  la  mort  du  duc  d'York  à  la  bataille  de  Wakefield, 
n'a  trouvé  rien  de  mieux  que  de  pasticher  le  récit  de  la  Passion  selon 
saint  Mathieu,  ou  bien  encore  sur  les  rapports  des  Cronicles  of 
England  de  Gaxton  avec  le  Polyehronicon  de  Ranulf  de  Higden. 

Le  second  ouvrage  se  rapporte  à  Richard  III;  Sir  Cléments  R. 
Mariham  y  expose,  dans  une  première  partie,  la  vie  de  Richard  III,  et, 
dans  une  seconde  partie,  il  discute,  après  tant  d'autres,  les  points 
restés  obscurs  de  cette  vie9.  Ce  livre,  d'ailleurs  intéressant  et  qui 
mérite  d'être  lu,  n'ajoute  cependant  aucun  bit  notable  à  ceux  qu'avait 
mis  en  œuvre  le  plus  récent  et  le  mieux  informé  des  biographes  de 
ce  prince,  H.  James  Gairdner;  d'autre  part,  il  propose  une  solution 
inattendue  à  une  des  nombreuses  énigmes  devant  lesquelles  l'histo- 
rien demeure  perplexe  :  ce  n'est  pas  Richard  III  qui  a  fait  disparaître 
ses  neveux  ;  les  «  enfants  d'Edouard  •  ont  été  les  déplorables  victimes 
de  la  raison  d'état  bien  plus  tard,  sous  le  sec  et  cruel  Henri  Vil.  Cette 
hypothèse,  présentée  sous  une  première  forme  aux  lecteurs  de  la 
English  historical  Review  (4894),  avait  rencontré  des  incrédules3; 
reproduite  dans  un  chapitre  du  livre  (ch.  v  :  «  Henri  VII  au  banc  des 
prévenus  »),  elle  ne  convaincra  personne.  Le  réquisitoire  de  Sir  Clé- 
ments se  compose  d'un  échafaudage  de  raisonnements  ou  d'appa- 
rences qui  ne  repose  sur  aucun  texte.  L'inconsistance  de  cette  opinion 
met  le  lecteur  en  déûance  pour  tout  le  reste;  mais,  au  moins,  dans 
tout  ce  reste,  l'auteur  se  tient-il  sur  un  terrain  plus  sûr;  il  connaît 
bien  les  textes  et  les  discute  avec  habileté.  La  critique  à  laquelle  il 
soumet  l'ouvrage  de  M.  Gairdner  contient  d'utiles  remarques.  Mais  il 
est  un  peu  inquiétant  de  voir  avec  quelle  facilité  on  se  laisse,  quand 
il  semble  qu'il  serait  si  facile  d'être  désintéressé,  entraîner  à  dis- 
qualifier les  témoins  gênants  :  la  plupart  des  chroniqueurs  contem- 
porains sont,  aux  yeux  de  Sir  Cléments,  peu  dignes  de  foi  parce  que, 
écrivant  sous  Henri  VII,  ils  n'ont  pu  échapper  aux  préjugés  haineux 
des  Tudors  contre  la  maison  d'York;  Morton,  l'homme  le  mieux  en 

1.  M.  Schmidt  ne  parait  pas  connaître  l'édition  de  Commynes  donnée  par 
M.  de  Mandrot.  Il  ignore  de  même  l'édition  des  ChroiUques  de  Londres  par 
Kingsford  ;  il  y  aurait  retrouvé  sous  une  forme  plus  complète  et  plus  conforme 
aux  manuscrits  (p.  133-147)  le  texte  sur  lequel  il  disserte  p.  71. 

2.  Richard  III;  his  lift  and  char ac  ter  y  reviewed  in  the  light  of  récent 
/research.  Londres,  Smith,  Elder  et  C",  1906,  xix-327  p.,  avec  un  plan  de  la 

bataille  de  Bosworth. 
*   3.  J.  Gairdner,  Richard  111,  édit.  de  1898. 


imUMMB.  371 

étal  d'être  bien  renseigné,  est  le  plus  misérable  de  tous,  parce  qu'il 
a  été  ministre  du  vainqueur  de  Bosworlh;  les  continuateurs  de  la 
chronique  de  Crowland,  au  contraire,  qui  sont  anonymes  et  qui 
H  pas  vouloir  prendre  parti  entre  les  factions  rSnltt, 
méritent  la  plus  grande  confiance;  leur  silence  même  fournil  à 
Sir  Clément*  des  arguments  positifs.  Je  ne  dirai  pas  qu'il  voit  mal 
ni  qu'il  raisonne  à  faux;  mais  je  constate  que  sou  critérium  est  tout 
subjectif,  et  il  ne  serait  peut-être  pas  très  difficile  de  retourner  ses 
arguments  contre  lui,  sans  d'ailleurs  en  présenter  peut-être  aucun 
qui  soit  vraiment  persuasif.  Son  livre  est  encore  moins  une  étude 
critique  qu'un  plaidoyer  d'avocat  en  cour  d'assise'. 

Au  seuil  de  la  période  moderne,  signalons  la  réimpression  des  bro- 
titan»  M  pamphlets  du  xvi'et  du  iïii*  siècle  que  le  prof.  Arbcr  avait 
autrefois  publiés,  au  hasard  de  ses  découvertes,  dans  son  «  Grenier 
anglais  »;  ils  viennont  d'être  réédités,  suivant  l'ordre  chronologique, 
par  des  érudits  autorisés  :  les  Tudor  tracts,  tiiSi-ISSS,  par  M.  A.  F. 
PoLuan»;  les  Stuarf  Tractt,  M03-i$9S,  par  M.  C.  H.  fou1; 
les  LntfT  Stunrt  Tracte,  par  M.  George  A.  AuxEit*.  La  simple  indi- 
cation des  principaux  articles  contenus  dans  chacun  de  ces  volumes 
suffit  à  en  indiquer  i'inlérél. 

En  1874,  le  cardinal  Mnnninp  introduisit  en  cour  de  Home  une 
Instance  pour  obtenir  la  canonisation  des  catholiques  anglais  qui 
avaient  péri,  martyrs  de  leur  Toi,  sous  les  règnes  do  Henri  VIII  et 
d'Elisabeth.  Le  nombre  de  ces  martyrs,  fixé  alors  â  333,  fut  réduit 
plus  tard,  après  un  long  examen  des  litres,  et  finalement  2tH  furent 
déclare-*  venérahles  par  Léon  XIII;  on  commenta  aussitôt  la  longue 
série  d'enquêtes  qui  doit  préparer  leur  canonisation.  Un  autre  groupe 

I.  Sir  Clrmrnl»  ■  prit  >i  résolument  |i.irli  pour  un  client  qu'il  trouve  toute 
simple  la  manière  dont  HiclurJ  III  sut  parvenu  in  trflne  et  qu'il  trajlo 
mm  adveriairn  de  «  rebelle*  i,  tout  comme  aurait  dit  un  chroniqueur  <)u 
parU  uTork. 

1  Redt  de  l'etpedition  en  Éraur,  1517,  pur  Pallen;  histoire  du  soulè- 
vement de  Wyall,  15S4  :  conquête  île  Calai»  par  le*  Français,  155M  ;  mort  de  U 
reine  Hurle,  UMj  cérémonie»  du  couronnement  d'RlUabelh,  |Q0;  le  uc  d'Au- 
ven,  IS76;  lei  funérailles  de  Marie  Sluart,  IÏ87,  Blc. 

3.  Hi'rt  de  la  relu*  Elisabeth,  récit  dr  Sir  Robert  Carey,  observation»  de  Sir 
Tbomu  Overtiury  sur  le»  l'ays-Ra*,  IG'.'G;  niinl.it  tu.  t. il  entre  Espagnol»  et 
Anglais,  lliîî;  déposition  du  l'archevêque  de  OnkrMtT,  I6Ï7;  MlÉamlrMlll 
Lord  ralrfai  lur  «■-•  opérations  militaire»;  eipadlllnn  d«  0,000  Antiliia  en 
France  el  ta  Flandre  uns  le  commandement  de  hir  Thomas  Mur; 
!■;:>«;  le  retour  de  Charle»  Il  en  KM,  lie, 

*  L'arithmétique  politique  de  Sir  William  Pelty,  IflB;  dire»  pamphlet»  de 
Daniel  liefoe  et  de  John  Artiulhaot.—  Te»  trois  volume»  ont  été  publies  rhe» 
Archibald  Constat)  le,  1J0Ï  et  1903.  Pru  :   I  sb.  chacun. 


372  BULHTIH  HI8T0IIQUB. 

de  martyrs  fut  plus  heureux  :  soixante-trois  d'entre  eux  avaient  été 
peints,  vers  la  fin  du  xvi*  siècle,  dans  une  série  de  fresques  dues  au 
pinceau  de  Girciniani  ;  ces  fresques,  qui  ornaient  l'église  du  Collège 
anglais  à  Rome,  furent  détruites  au  temps  de  la  Révolution  fran- 
çaise; mais  elles  avaient  été  gravées  dans  un  ouvrage  publié  «  avec 
le  privilège  du  pape  Grégoire  XIII  ».  Bénéficiant  d'une  exception  au 
décret  qui  règle  la  procédure  en  matière  de  canonisation,  ces 
soixante-trois  martyrs,  qui  avaient  été  mis  à  mort  entre  4  535  et  \  583, 
furent  canonisés  (4  décembre  4886  et  43  mai  4895).  La  vie  de 
ces  bienheureux  a  été  racontée  dans  un  intéressant  ouvrage  com- 
posé par  des  Pères  de  l'Oratoire,  des  membres  du  clergé  séculier  et 
de  la  Société  de  Jésus,  sous  la  direction  de  dom  Bede  Camm,  religieux 
bénédictin  de  l'abbaye  d'Erdington1.  Le  tome  I  se  rapporte  aux 
martyrs  de  Henri  VIII  et  le  tome  II  à  ceux  d'Elisabeth.  Le  travail  a 
été  exécuté  avec  soin*,  parmi  les  principaux  collaborateurs,  nous 
retrouvons  deux  jésuites  bien  connus  par  d'importantes  publications 
sur  l'histoire  du  catholicisme  en  Angleterre  au  xvi'  et  au  xvii*  siècle  : 
le  P.  Hormis  et  le  P.  Pollen.  Ces  érudits  ont  utilisé  toutes  les  sources 
imprimées,  recherché  et  en  partie  publié  les  récits  les  plus  autorisés 
des  contemporains;  quelques  notes  au  bas  des  pages,  un  appendice 
sur  les  sources  et  sur  la  bibliographie  à  la  suite  de  chaque  biographie 
attestent  l'étendue  de  leurs  informations.  Dans  les  récits,  pas  ou  fort 
peu  de  déclamation;  le  miracle  y  parait  à  peine,  tandis  que  l'indica- 
tion des  reliques  est  donnée  avec  précision.  Ce  sont  les  faits  qui 
parlent  avant  tout.  Sans  doute  ces  faits  sont  choisis  ou  présentés  de 
manière  à  faire  le  mieux  ressortir  les  vertus,  les  souffrances,  le  cou- 
rage héroïque  des  martyrs,  mais  l'intention  des  auteurs  n'a  pas  été 
seulement  d'édifier  le  lecteur,  ils  ont  voulu  écrire  un  livre  d'histoire, 
et  il  est  certain  que  l'ouvrage  qui  parait  sous  le  nom  de  dom  Gamm 
prendra  une  place  très  honorable  à  côté  de  ceux  du  P.  Morris  et  du 
P.  Foley.  L'histoire  de  la  Réforme  en  Angleterre  a  été  le  plus  sou- 
vent racontée  par  des  écrivains  protestants;  il  est  utile  qu'on  entende 
aussi  la  voix  des  catholiques.  Les  Lives  of  the  enylish  martyrs  de 
dom  Gamm  sont  la  contre-partie  nécessaire  des  Aets  and  monuments 
de  Foxe.  En  tête  de  chacun  des  deux  volumes  est  une  assez  longue 
introduction  où  sont  résumées  les  causes  des  persécutions  dirigées 
contre  les  catholiques  :  le  divorce  de  Henri  VIII  et  l'excommunica- 
tion d'Elisabeth  sont  les  deux  principales.  Dom  Gamm  n'hésite  pas  à 


1.  Lives  ofthe  english  martyrs  declared  blessed  by  pope  Léo  XIII  in  1886 
and  1895,  2  vol.  Londres,  Bonis  et  Oates,  1904  et  1905,  livi-547  et  xlii-691  p. 
Prix  de  chaque  vol.  :  7  sh.  6  d. 


UUutUU.  373 

reconnaître  que  la  décision  pri*-  pat  l'aul  V  l  été  précipitée  el  nui- 
sible, tout  en  déclarant  que,  efl  soi,  l'excommunication  ■  n'a  pas  fait 
pan  If  Util  I  IT.drsc  rn  général  M  aux  catholiques  de  ce  pays  en 
partkouar  •  (i.  H,  p.  xri .  D'aotra  part,  il  ■'•Ane  d'établir  (pu  tea 
catholiques  mis  a  mort  sous  lu  règne  de  la  fille  d'Anne  Itolevn  l'ont 
été  à  cause  do  leur  religion;  mais  il  faut  dire  aussi  qu'Elisabeth  cl 
ses  ministres  h  wol  toujours  défendus  d'avoir  faitjuyi-r  et  condam- 
ner personne  pour  des  motifs  de  croyance;  ils  ont  toujours  prétendu 
qu'ils  n'avaimi  voulu  ton  naître,  el  poursuivre  que  des  sujels  cou- 
pables du  crime  do  trahison;  ces  déclarations  ne  sont-elles  qu'hypo- 
crisie pure?  Oui,  piut-éire,  a  nos  yeux,  mais  de  graves  raisons  jus- 
tifiâtes) Mttfl  polilique  aux  ycuv  '!'■-  pn  ;  ^igosdans 
DM  Iffrfbtt  partie  eontn  les  puissance-  catholique-  On  oc  s'éton- 
nera pas  si  elles  lowbeal  pM  du  lia  biographes  modernes,  même  les 
plus  érudits  et  les  plus  eoimtaaeieax, 

Le  correctif  a  d'inévitables  préjugés  pourra  être  rhercln-  dans  II 
biographie  de  Cranmer  par  H.  Alherl  iVrederiek  Poixtin'.  M.  Pol- 
l.'ir.l,  ît  .joi  ilmii  Quub  mentionne,  avec  une  froideur  voisine  de 
l'hostilité,  l'intéressante  histoire  de  Henri  VIII,  et  qu'il  fallait  en  tout 
cas  placer  tout  prtl  dl  lume  QtfodMr  parmi  ecux  qui  connaissent 
le  mieux  l'hi-Loire  île  l'Angleterre  au  iti*  siècle,  n'a  pas  chere.be  I 

iil.iui  liir  u  son  personnage,  comme  on  lui  reproche  d'avoir  i  blan- 
chi >  Henri  VIII.  Il  a  voulu  replacer  Cranmer  dans  son  milieu,  mon- 
trer comment  les  événements  ont  entraîne  l'homme  savant  cl  honnête, 
mais  faible,  à  faire  prononcer  la  nullité  du  mariage  du  roi  avec 
Catherine  d'Aragon,  à  s'associer  aux  mesures  de  plus  en  plus  rigrui- 
rcuses  et  violentes  prises  contre  le  clergé  resté  fidèle  au  pipa,  a 
pousser  ensuite  et  par  degrés  successifs  le  cierge  ntfaaiJ  dus  la 

voie  de  Vbd  r  son  ojuvre  quand  la  reine  Marie  eut 

restauré  le  catholicisme,  â  signer  toutes  les  palinodies  qu'on  lui 
imposa.  Il  se  ressaisit  quelques  linires  seulement  avant  son  sup- 
plice. Sa  vie  n'avait  été  QJBtafil  mita  de  DjtMaaaat;  sa  morl  permet 
enfin  de  lui  faire  une  place  parmi  les  <■  héros  «  de  la  Réforme.  »  Ne 
rien  atténuer  -,  dit  M.  Pollard,  i  est  une  règle  sacrée,  mais  c'est 
commettre  une  flagrante  injustice  que  de  négliger  lu  ei  i  constances 
'■.  Il  s'est  appliqué  a  cette  lâche,  ici  ptrlteriUèniMtJ 
Ingrate,  avec  un  sens  historique  très  avisé,  et,  comme  il  connaît 

1,  Thnmai   Cranmrr  and  ihr   enfluh   refornialion,    H8M6M.    Putnftm'i 

'ï-JM   |.     l'ru   ;  <i*b.     -  FUI   [larlic  Je    la   lérie  (Iw  .  llcroe»  al 

Ltir    Heriiniiitiun    i.    |ui    rompis    dfjt  1«»    bhiuripliliM   Ur   l.tillirr   (par   tl,    K. 

Jacob»),  île  MtlanxhlboD  (p«  l    '■'■  I  M  'par  E.  Ëmerlon),  âe 

H    IUir J,  El  de  Zwintli  <pu  8.  M.  Jacktoo). 


374  BULLETIN  HISTORIQUE. 

admirablement  les  sources  et  la  bibliographie  du  sujet,  il  a  écrit  un 
livre  qui  est  à  la  fois  une  biographie  très  soignée  '  et  un  excellent 
chapitre  de  l'histoire  des  origines  de  l'église  anglicane9. 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  signaler  au  moins  les  principaux  parmi 
les  ouvrages  qu'a  suscités  la  célébration  du  quatrième  centenaire  de 
George  Buchanan3.  Je  parlerai  seulement  de  ceux  que  j'ai  vus.  C'est, 
en  premier  lieu,  un  volume  de  mélanges  divisé  en  deux  parties  :  la 
première  contient  divers  mémoires  sur  certains  points  de  la  vie  du 
célèbre  humaniste  écossais,  sur  ses  ancêtres,  le  milieu  où  il  est  né, 
ses  années  d'études,  son  séjour  à  Bordeaux  et  au  Portugal,  ses  rap- 
ports avec  les  Franciscaines,  Marie  Stuart,  John  Knox,  ses  œuvres 
littéraires  et  historiques.  Dans  la  seconde  ont  été  rééditées  les  plus 
remarquables  de  ses  poésies  latines,  avec  des  traductions  en  anglais 
et  en  français.  L'appendice,  fort  intéressant,  contient  le  texte,  encore 
inédit,  de  l'Apologie  de  Buchanan,  prisonnier  de  l'Inquisition  à  Lis- 
bonne. C'est  là  que  l'on  trouvera  exposées  pour  la  première  fois, 
d'après  les  pièces  mêmes  du  procès,  les  tribulations  du  malheureux 
professeur  poursuivi  pour  crime  d'hérésie.  Le  volume,  abondam- 
ment et  joliment  illustré,  est  un  digne  monument  élevé  par  l'Uni- 
versité de  Saint- Andrews  au  {dus  illustre  de  ses  «  alumni  ». 

Ici,  nous  n'avons  que  des  morceaux  détachés-,  H.  D.  Macmillan 
bous  présente  une  biographie  complète,  d'ailleurs  sans  aucune 
prétention  à  l'originalité4.  Une  courte  préface  nous  apprend  que  l'au- 
teur a  suivi  les  ouvrages  de  MM.  David  Irving  et  Hume  Brown 
pour  les  faits,  de  M.  Robert  Wallace  pour  les  idées.  Hais  il  a 
lu  les  œuvres  de  Buchanan,  il  en  donne  de  fidèles  analyses;  en  les 
replaçant  dans  le  temps  et  dans  le  milieu  où  elles  ont  été  écrites,  il 
en  fait  bien  comprendre  le  sens  et  la  portée.  Son  travail  est  donc 

1.  Avec  des  renseignements  à  peine  connus  jusqu'ici  sur  les  ancêtres  de  Cran- 
mer.  A  noter  le  chap.  xi  :  Cranmer,  son  caractère  et  sa  vie  privée,  et  le  tableau 
généalogique  placé  à  la  fin  du  volume. 

2.  A  noter  en  particulier  le  chap.  m  :  Cranmer  et  la  suprématie  royale,  où 
le  sens  véritable  et  la  portée  du  titre  pris  par  Henri  VIII  sont  très  bien  mis 
en  lumière;  les  chap.  vu  et  ix  sur  le  premier  et  le  second  «  Prayer  book  ».  — 
Les  illustrations  sont  nombreuses  et  bien  choisies. 

3.  George  Buchanan;  a  mémorial,  1506-1906;  contribution  by  varions 
writers,  compiled  and  edited  by  D.  A.  Millard.  Saint-Andrew,  Henderson; 
Londres,  Nutt,  xix-490  p.  —  Parmi  les  nombreux  érudils  qui  ont  collaboré  à 
ce  volume,  il  nous  sera  pardonné  de  mentionner  seulement  M.  de  La  Ville  de 
Mirmont,  qui  a  parlé  sur  Buchanan  à  Bordeaux  et  sur  ses  tragédies  reli- 
gieuses, et  M.  G.  J.  C.  Henriques,  auteur  d'un  mémoire  très  neuf  sur  Bucha- 
nan en  Portugal. 

4.  George  Buchanan,  a  biographp.  Edimbourg,  George  A.  Horton  ;  Londres, 
Simpkin,  Marshall  et  0%  1906,  ix-292  p. 


<  ans  mérite;  mais  il  est  écrit  sur  un  ton  un  peu  trop  uni- 
fnrirte  il  apologie.  M.  Macmillan  indique  Tort  justement  que,  par  ses 
liens  de  famille,  Ruchanan  etaii  inJtodé  I  la  maison  de  Lennox,  mais 
il  ne  consent  pas  à  admettre  mie  Ruchanan  ait  jamais  pu  céder  aux 
passions  qui  animèrent  le»  Lennox  et  leurs  allies  contre  Marie  Sluarl, 
considérée  comme  complice  du  meurtre  de  llarnley.  Le  rôle  de 
Ruchanan  dans  l'enquête  où  furent  produites  les  lettres  de  la  Cas- 
sette a-t-il  été  aussi  désintéressé  qu'il  l'affirme?  Son  réquisitoire 
contre  la  reino  (sa  DMmMB  n'esi-tl  pu  moins  une  œuvre  d'hisinire 
qu'un  pamphlet  7  C'est  avec  ces  réserves  nécessaires  qu'on  peut  louer 
celle  étude,  attachante  en  somme  et  sincère. 

11  faut  mentionner,  avec  une  particulière  marque  d'estime,  le 
recueil  des  portraits  et  joyaux  de  Marie  Stuart  dont  M.  Andrew  LUN 
a  dressé  le  catalogue  critique'.  D'abord  parce  que  l'historien  peut 
y  glaner  ça  et  la  d'utiles  indications,  ensuite  parc*  que  tout  ce  qui 
touche  la  reine  d'Ecosse  mérite  de  retenir  l'attention.  La  ipmntifln, 
toujours  si  àBttÊ)ât  d'authenticité  des  peintures  et  autres  ftffiltfr 
talions  figurées,  a  son  prix;  j'avoue  que  j'aimerais  mieux  savoir  quels 
sont  ceux  qui  reproduisent  l'image  vraie  de  la  reine  d'Kcosse,  on 

■    n-ius  est  possible  d'avoir  d'elle  une  image  authentique  aux 
époques  de  sa  vie.  Ceci  est  une  autre  étude  don!  on  a  seu- 
lonol  jiiMjii'iii  préparé  les  matériaux. 

Le  remarquable  volume  consacré  au  roi  Jacques  l"  dans  la  collec- 
tion Goupil1  mérite  d'attirer  l'attention  des  historiens  par  d'autres 
qualités  que  sa  belle  illustration.  M.  T.  f,  IIkhiumsi)*,  qui  a  été 
chargé  d'écrire  la  biographie  de  ce  prince,  s'est  acquitté  de  la  tAche 
en  érudit  qui  connaît  bien  les  sources  et  la  bibliographie  du  sujet,  en 
écrivain  perspicace  et,  à  ce  qu'il  semble,  exempt  de  préjugés.  Il  ne 
dissimule  pas  les  défauts  du  souverain,  son  pédantismr. 
ses  ridicules;  mais  il  passe  vile  sur  les  traits  d'un  caractère  qu'il  est 
facile  de  tourner  à  la  satire;  il  préfère  insister  par  exemple  sur  les 
services  que  sa  lutte  contre  le  parti  puritain  a  rendus  indirectement 
à  la  cause  de  la  tolérance  religieuse,  tout  comme  il  montre  les  molifo 
honnêtes  et  vraiment  humains  qui  oui  en  partie  guidé  sa  politique 
d'équilibre  entre  les  princes  protestants  de  l'Allemagne  et  l'Espagne 
catholique.  Il  entre  volontiers  en  controverse  avec  de»  historiens  très 

I.  Portrait*  ami  JtwtU  of  Mary  Stuart.  Glaigow,  J»mes  Mm-kbonc  M  lit», 

nos,  lavug  p.,  mm  tttfi, 

?   Jamti  1  and   VI.   P*rlt.  M.tniî,  Joi«nl  el  C'\   1901,   gt.   ln-4',  301   p., 

kllutt  ration*    |"-ii    »miibmt*«>.    inaii    bien  thoitÎM    ri   rcproriullm  un  «M. 

Il     ili<ndrrv>n  «Ml  r*ulrut    d'imr  Jet  plu»  utile»  pu  Mi  cal  tan  •   i|uc  tiiiu»  ayant 

*ui  In  Lettre*  a>  I*  OittelU-  {fitr.  Aiif.,  t.  LX.WIV.  r_  ||0.) 


376  BULLBTIIf   HISTORIQUE. 

autorisés,  mais  animés  d'opinions  qu'il  considère  comme  excessives, 
tels  que  M.  Andrew  Lang  pour  les  affaires  d'Ecosse  ou  que  M.  Gar- 
diner  pour  celles  d'Angleterre;  peut-être  même  donne-t-il  trop  de 
place  à  ces  discussions  dans  un  ouvrage  auquel  il  s'efforce  par  ailleurs 
d'enlever  tout  caractère  d'érudition.  Ces  discussions  sont  intéres- 
santes et  le  résultat  doit  en  être  soigneusement  noté;  on  peut  imagi- 
ner cependant  une  autre  manière  de  présenter  les  faits  qui  eût 
imprimé  au  travail  une  plus  haute  valeur  littéraire.  Par  exemple  une 
étude  plus  fouillée  des  œuvres  du  roi  Jacques  et  de  ses  discours  eût 
mieux  bit  connaître  l'homme  et  le  souverain.  11  n'en  reste  pas  moins 
que  H.  Handerson  nous  a  donné  pour  la  première  fois  une  bonne 
biographie  du  chef  de  la  maison  des  Stuarts  en  Angleterre. 

Une  brochure  de  quarante  pages  sur  les  rapports  de  ce  roi  avec  le 
pape  Clément  VIII  *  nous  apporte  d'intéressants  documents  inédits 
sur  sa  politique  à  l'égard  du  parti  catholique.  On  sait  que  le  roi 
d'Ecosse  convoitait  ardemment  la  succession  d'Angleterre.  Dans  le 
Basilieon  Baron  qu'il  écrivit  pour  l'instruction  de  son  fils  aine,  le 
prince  Henri  (celui  qui  mourut  en  J6J2),  il  le  voit  déjà  en  pensée  roi 
de  la  Grande-Bretagne  et  il  lui  donne  des  conseils  sur  la  conduite  à 
tenir  à  l'égard  des  grands  et  du  peuple  d'Angleterre.  Elisabeth  n'igno- 
rait pas  ces  désirs,  et  ses  espions  la  tenaient  au  courant  des  intrigues 
nouées  par  le  roi  Jacques  avec  les  puissances  catholiques.  On  con- 
naît la  mission  secrète  confiée  à  John  Ogilvy  auprès  du  pape  en  4595- 
4596,  l'histoire  de  la  lettre  recommandant  pour  le  chapeau  de  car- 
dinal (4599)  l'évêque  de  Vaison,  William  Ghisholm,  Écossais 
apparenté  à  la  famille  des  Stuarts.  M.  A.  0.  Meybr  a  trouvé  aux 
archives  du  Vatican  et  publié  les  instructions  en  latin  données  à 
Sir  Edward  Drummond  par  la  femme  de  Jacques  VI,  Anne  de  Dane- 
mark '.  Cette  princesse,  qui  avait  été  élevée  dans  la  foi  luthérienne,  s'y 
déclare  bonne  catholique,  «  selon  les  décrets  du  concile  de  Trente  »  ; 
elle  affirme  que  le  roi  est  animé  des  meilleures  intentions  envers 
les  catholiques,  que  les  difficultés  de  sa  situation  l'empêchent  seules 
de  prouver  ces  bonnes  intentions  par  des  actes;  elle  laisse  entendre 
que,  si  le  pape  favorisait  les  espérances  de  Jacques  VI,  il  n'obligerait 
pas  un  fils  ingrat.  Ces  avances  furent  accueillies  à  Rome  avec  une  joie 
circonspecte.  La  réponse  du  pape  (trois  brefs  des  J6  juillet  et  9  août 

^  1.  Clemens  VIII  und  Jakob  von  England,  par  Arnold  Oskar  Meyer.  Rome, 
Loescher,  40  p.,  1904.  (Extrait  des  Qudlen  und  Forschungen  aus  italienischen 
Archiven  und  Bibliotheken,  t.  VIII.) 

2.  Ces  instructions,  signées  de  la  reine  Anne  (la  signature  paraît  bien  être 
authentique),  ne  sont  pas  datées;  d'après  le  contexte,  elles  ont  été  rédigées 
entre  le  mois  de  mai  1601  et  le  mois  de  juin  1602. 


577 
1602)  est  chaleureuse,  mais  vague.  Puis  l'affaire  (raina  eu  longueur. 

■  i-i'in-  I*o i f i r r n ■  dont  le  p(t{W  répugnait  même  à  écrire  le  nom 
abhorré,  mourut  colin.  Jacqin:-  IdJ  bOMMb  tBOi  opposition.  Il  inaiii- 
imi.eu  les  appliquani  KTM  douceur,  les  lois  qui  frappaient  tel  GaUto 
liqups.  Il  «lisait  oej  lai. -.sait  dire  en  son  nom  qu'il  était  disposé  a  leur 
concéder  la  tolérance  religieuse,  à  condition  qu'ils  reflti 
loy.iux  sujets,  l'I  il  comptait  que  le  pape  donnerait  les  ordres  néces- 
saires pour  le  maintien  de  la  paix  intérieure.  A  la  (in  de  l'année  1604, 
Sir  James  l.indsay  reparLail  pour  Rome  avec  une  seconde  leltre  de 
la  reine,  non  moins  secrète  que  la  première,  et  sans  doute  plus  ex  pli- 
elk  "h  H  l'a  pas  retrouvée;.  Celle  fois  le  |>ape  oui  que  h  eMVM 
iku  du  roi  allait  suivre  celle  de  la  reine1;  une  commission  de  cardi- 
naux Cul  nommée  pour  aviser  sur  le  retour  prochain  de  PAnglettrn 
au  sein  du  catholicisme  romain.  Mais,  avant  même  que  la  réponse  du 

ii  mission  de  Sir  James  pût  lire  parvenue  à  Londres, 
Jacques  I",  qui  avait  déjà  frappé  les  prêtres  el  les  jésuiir 
des  mesures  rtgMIVJMl  murs  le*  laïques,  de  plus  en  plus  nom- 
breux, qui  professaient  la  foi  catholique.  Ce  minutent,  M.  Nej/W  M 
l'expBque  DM.  Il  H  rolt  qu'une  chose,  la  duplicité  du  roi.  A  ses 
yeux,  les  avance»  (ailes  par  Jacques  1"  à  la  papauté  ont  été  une 
longue  suite  de  fourberies  dont  il  s'est  dégagé  par  le  mensonge. 
Ce  Jugement  ne  manque- L-il  pas  un  peu  de  nuance?  Jacques  n'a-l-il 
pas  été  la  dupe  de  ses  illusions?  A  la  fois  fat  et  naïf,  il  put  croire 
qu'il  convaincrait  le  pape  de  la  nécessité  d'appuyer  sa  politique  de 
tolérance.  Placé  entre  une  double  intransigeance,  romaine  et  puri- 
laine,  il  Tut  amené  à  jouer  double  jeu.  Son  honneur  pawoaael  y 
i  M  atteintes,  mais  en  somme  a-t-il  si 
mal  réussi?  N'a-l-il  pas  amené  Clément  VIII  ;i  conserver  i 
tude  expeclante  qui  a  singulièrement  favorisé  sou  avènement  au  tronc 

m  et  sa  paisible  installation  dans  sou  nouveau  royaume? 
Il  a  certainement  connu  la  correspondance  secrète  de  la  reine  avec  le 
pape;  s'il  n'en  a  pas  eu  l'idée  lui-même  (et  je  m'étonne  que  le  soup- 
çon de  cette  nouvelle  fourberie1  ne  se  soit  pas  présente  ici  à  l'esprit 

1.  l,«  contention  de  U  retne  rat  un  fait  ;  mil»  a-t-elle  cl*  «intèra  et  durable  ï 
C'eal  un  antre  point  qui  demanderait  à  'Ire  rliutlé  de  pré*. 

1  l'ouï  prouver  U  du  pli  d  lé  du  Jacques  I",  M.  Meier  lire  argument  de* 
thangrmenli  apporte*  au  Irile  du  BaiVlCon  liôran  d»«i  la  traduit  n  ■■ 
de  1603.  Il  note  nue  le*  palaagtts  où  le  ml  d'rtcoaM  parle  tVH  délateur 
de»  papiaiea  uni  él*  »ytlém,tliquciiirni  ninln,  el  il  ru  rum-.lul  que  CM  "U|)pre(- 
«ion»  avaient  pour  but  de  tromper  le  pape  lur  Ira  térilablei  trii  liment*  du  ml. 
Mêla  M.  Meier  n'a  \>»s  relevé,  une  autre  uuiinaion  :  umlii  que.  dan»  lat  illlUMIl 
*0||UIm*  el  In  trniiiicli.,1!.  !tUo«  !■■  MOI  le  l'auteur  eut  accompagna  de  loua 
ici  litrn  (roi  d'Angleterre,  d'Kcuttc,  d'Irlande  el  de  francei.  le  litre-  de  rot  de 


378  BULLETIN  HISTORIQUE. 

de  M.  Meyer),  il  ne  l'a  pas  désavouée;  il  comptait  sans  doute  en  reti- 
rer des  bénéfices  quand  il  abandonna  subitement  la  partie.  D'ailleurs, 
Clément  VIII  mourut  à  son  tour  (5  mars  4505),  puis  la  conspiration 
des  Poudres  éclata  et  la  rupture  avec  Rome  devint  définitive. 

Les  «  Pèlerins  •  du  May  Flower  appartiennent  à  l'histoire  uni- 
verselle; l'origine  de  cette  émigration,  qui  devait  jeter  sur  le  conti- 
nent américain  le  premier  fondement  des  États-Unis,  est  peu  con- 
nue. Feu  H.  Henry  Martyn  Dbiter,  qui  descendait  d'une  famille 
émigrée  en  4620  et  qui  était  né  à  Boston,  presque  au  pied  du  «  Ply- 
mouth  rock  »,  avait  consacré  à  ce  sujet  de  longues  et  fructueuses 
recherches  dans  les  bibliothèques  et  archives  de  l'Angleterre  et  des 
Pays-Bas.  Complétées  par  son  fils,  M.  Morton  Dbxter,  le  résultat  en 
a  été  présenté  dans  un  volume  d'une  lecture  parfois  aride,  parce  que 
les  controverses  religieuses  en  occupent  nécessairement  la  plus  grande 
partie,  mais  intéressant  et  même  vivant,  grâce  à  l'extrême  minutie 
du  détail  vrai  • .  Le  plan  en  est  un  peu  lâche.  Les  «  Pèlerins  »  de  4  620 
sont  des  puritains  séparatistes  qui  se  réfugièrent  d'abord  en  Hol- 
lande pour  échapper  aux  persécutions  du  gouvernement  anglais,  puis 
en  Amérique  pour  se  mettre  à  l'abri  des  querelles  qui  déchiraient 
leurs  coreligionnaires  hollandais.  Les  auteurs  nous  parlent  donc 
(après  avoir  exposé  les  origines  de  la  Réforme  en  Angleterre  de 
Henri  VIII  à  Elisabeth)  des  attaques  dirigées  contre  l'Église  établie 
(controverses  dite  de  Marprelate)  ;  puis  des  efforts  tentés  pour  cons- 
tituer des  églises  séparées  (Browne  et  la  première  émigration  à  Mîd- 
delbourg,  qui  échoua,  4584  ;  Barrow  et  Greenwood,  qui  furent  pen- 
dus en  avril  4593  et  dont  les  disciples  allèrent  fonder  une  église  à 
Amsterdam)  avant  d'arriver  aux  futurs  pèlerins  eux-mêmes.  La  pre- 
mière partie  du  volume  est  occupée  par  ces  préliminaires,  où  Ton 
trouve  en  somme  un  tableau  de  l'Angleterre  en  4604,  une  histoire 
de  la  réforme  en  ce  pays  au  xyi*  siècle,  une  histoire  des  puritains 
ou  mieux  de  certaines  sectes  puritaines  en  particulier.  C'est  à  la 
page  253  qu'on  arrive  à  ce  qui  devrait  être  le  vrai  sujet  du  livre,  à 
l'histoire  de  la  communauté  religieuse  dirigée  à  Scrooby  (comté  de 
Nottingham)  par  les  deux  Brewster,  père  et  fils.  William  Brewster, 
qui  fut  élève  à  Cambridge  (tableau  de  l'Université  et  de  son  enseigne- 
ment), qui  entra  ensuite  au  service  de  Davison,  secrétaire  d'État 
d'Elisabeth,  et  qui  devint  vicaire  de  Scrooby  seulement  en  4598, 

France  a  disparu  de  la  traduction  française;  était-ce  aussi  pour  plaire  an  pape? 
D'ailleurs,  l'ouvrage  a  été  rois  à  l'index  le  1er  juillet  1604,  longtemps  avant  la 
rupture  des  pourparlers.  L'argument  ne  porte  donc  pas. 

1.  The  England  and  Holland  of  ihe  PUgrims.  Londres,  A.  Constable  ;  Bos- 
ton et  New- York,  Houghton  et  Mifflin,  1906,  xii-673  p.  Prix  :  15  sh. 


m 

attire  à  plusieurs  reprises  noire  attention,  distraite  par  le  résume  des 
controverses  religieuses  au  début  du  régne  de  Jacques  1".  Enfin,  en 
Ittufl,  plusieurs  familles  de  Scruoby,  redoutant  des  persécutions  déjà 
commencée*  contre  les  dissidents,  vont  rejoindre  la  congrégation 
fondée  treize  ans  plus  lût  à  Amsterdam  (histoire  d'Amsterdam; 
tableau  d'Amsterdam  au  début  du  ivu'  siècle!.  Ces  émigrés  de  pro- 
venance diverse  ne  tardent  pas  à  se  séparer  d  les  ■  Pèlerins  »  se 
retirent  à  Leyde  (histoire  de  Leyde,  tableau  de  la  ville  et  de  son  Uni- 
versité au  ivi*  siècle),  d'oii  bientôt  les  chassent  les  querelles  entre 
«  Remontrants  »  et  «  Contre-Remonlrants  »,  non  moins  que  les 
craintes  venues  de  l'Allemagne,  déjà  en  proie  aux  premières  agiotions 
de  la  guerre  de  Trente  ans.  Des  -Itil  7T  l'idée  de  partir  pour  l'Amérique 
a  pris  corps;  mais  elle  ne  Tut  réalisée  qu'en  462U.  Ainsi,  à  tout 
moment,  ce  volume  sur  «  l'Angleterre  et  la  Hollande  des  Pèlerins  » 
confine  à  l'histoire  générale;  cependant,  même  s'ils  dépassent  le 
sujet,  ces  tableaux  conlribue.nl  à  l'eclaircir,  parce  qu'ils  se  com- 
posent de  Tails  précis,  bien  choisis  el  bien  vus.  Quanl  aux  «  Pèle- 
rins »  eux-mêmes,  des  recherches  approfondies  ont  permis  d'en 
retracer  l'histoire,  sous  forme  d'annales,  de  (  flotf  a  1 620.  La  liste  com- 
plète en  a  été  en  outre  dounée  en  appendice  avec  un  grand  luxe  d'in- 
dications biographiques.  11  est  probable  que,  sur  les  points  essen- 
tiels, ce  livre  épuise  le  sujet. 

La  biographie  de  l'archevêque  Laudpar  M.  Henry  Bell*  ne  contient 
pour  ainsi  dire  pas  de  faits  nouveaux,  ni,  probablement,  pas  une  idée 
nouvelle;  sa  bibliographie,  plus  qu'indigente,  suffit  à  montrer  qu'il 
n'a  pas  voulu  foire  œuvre  d'érudii.  Il  s'en  faut  de  beaucoup,  cepen- 
dant, que  sou  livre  suil  indifférent.  Pour  bien  connaître  l'homme,  son 
caractère,  ses  opinions,  il  a  lu  avec  attention  les  ouvrages,  les  lettres, 
le  Journal  du  prélat,  cl  si,  parmi  les  témoignages  contemporains,  il 
cite  de  préférence  celui  d'un  disciple  comme  P.  Ileylinou  d'un  admi- 
rateur comme  le  comte  de  filarendon,  c'est  pour  lutter  contre  ses 
propres  préventions,  car  M.  Bell  estime  que  le  «  gouvernement  des 
prêtres  ■,  la  politique  du  «jusqu'au  bout  >oul  été  funestes  a  l'Angle- 
terre. Il  a  peu  d'estime  pour  l'homme,  qu'il  montre  aussi  dénué  de 
scrupules,  tant  qu'il  a  sa  fortune  a  faire,  qu'absolu  dans  ses  doctrines 
el  dans  sa  conduite,  quand  la  faveur  royale  eut  fait  de  lui  le  chef  de 
l'Église  anglicane  et  presque  un  premier  ministre.  D'autre  part,  il 
l'isole  un  peu  trop  de  son  milieu  et  il  exagère  la  responsabilité,  déjà 
si  lourde,  qui  lui  incombe  dans  les  troubles  religieux  du  xvn*  siècle. 

LU  lnkil.l  OtMllfeti 


380  BULLETIN  HISTORIQUE. 

C'est  ainsi  qu'il  parait  attribuer  à  Laud  cette  doctrine  que  «  le  roi  ne 
doit  compte  de  ses  actions  qu'à  Dieu  seul  ».  Laud  ici  ne  bit  que  pla- 
gier Jacques  Ier,  dont  c'était  une  des  maximes  favorites.  D'ordinaire 
cependant,  Faction  personnelle  du  prélat  est  présentée  avec  justesse, 
au  moyen  de  faits  heureusement  choisis  et  groupés.  On  s'attendait  à 
trouver  dans  le  dernier  chapitre  un  jugement  d'ensemble  sur  l'homme 
et  sur  son  œuvre.  H.  Bell  a  préféré  nous  entretenir  des  rapports  qui 
devraient  exister  entre  les  laïques  et  l'Église  et  souhaite  de  voir 
combler  le  «  fossé  intellectuel  »  qui  sépare  chaque  jour  davantage 
les  deux  sociétés. 

Les  travaux  de  feu  Gardiner  et  de  M.  Firth  ont  mis  à  la  disposition 
des  historiens  des  matériaux  de  choix,  aussi  variés  qu'abondants, 
pour  écrire  la  biographie  de  Gromwell.  Celle  de  M.  John  Morlet  est 
un  exposé  remarquable  des  idées  et  des  sentiments  au  milieu  des- 
quels s'est  formé  le  génie  politique  et  militaire  de  celui  qui  fût  un 
des  plus  grands  hommes  d'état  de  l'Angleterre1.  C'est  l'œuvre  d'un 
historien  bien  informé  et  d'un  homme  d'état  pénétrant;  elle  n'a  pas 
les  allures  d'une  œuvre  d'érudition,  mais  le  fond  en  est  très  solide  et 
surtout  elle  fait  penser.  L'étude  de  H.  N.  Michael'  s'adresse  égale- 
ment au  grand  public;  les  notes  bibliographiques  sont  reléguées  à  la 
fin  de  chaque  volume;  l'auteur  expose  et  ne  discute  pas.  Il  a  cepen- 
dant ajouté  à  ses  devanciers  quelques  détails  inédits  tirés  des  dépêches 
expédiées  d'Angleterre  par  l'envoyé  de  Brandebourg,  Jean  Frédéric 
Schlezer,  et,  à  l'aide  de  ces  documents,  il  a  retracé  les  rapports  de 
Cromwell  avec  les  puissances  du  Nord,  et  en  particulier  avec  l'Élec- 
teur de  Brandebourg,  avec  plus  de  précision  que  personne  avant  lui. 
Le  récit  est  clair,  précis,  compréhensif.  Les  deux  auteurs,  l'Anglais 
et  l'Allemand,  insistent  à  juste  litre  sur  la  puissance  du  sentiment 
religieux  chez  Gromwell.  Ce  puritain  fut  un  mystique  et  parfois  un 
illuminé.  «  Hypocrite  raffiné?  »  Il  put  paraître  tel  aux  yeux  des 
catholiques  du  dehors;  mais  les  contemporains  ne  connaissent  par- 
fois des  grands  hommes  que  le  masque  ;  l'âme  intérieure  se  révèle 
plus  tard,  quand  on  connaît  et  qu'on  a  compris  le  milieu  où  ils  ont 
vécu. 

Si  la  biographie  d'un  personnage  historique  ne  peut  s'écrire  sans 
qu'on  y  mêle  l'histoire  de  son  temps,  il  y  faut  cependant  mettre  de 
la  discrétion.  M.  William  W.  Ireland  a  eu  le  tort  de  manquer  de 
mesure  à  cet  égard  en  racontant  la  vie  de  Sir  Henry  Vane  le  Jeune3. 

~  1.  Oliver  Cromwell,  Macmillan,  1904,  vm-533  p. 
/y  2.  Cromwell,  2  vol.  (série  des  c  Geisteshelden  »,  t.  L  et  LI),  xi-28l  et  vu- 
244  p.  Prix  :  2  m.  40  chacun. 
3.  The  life  of  Sir  Henry  Vane  the  Younger,  tvith  a  history  of  the  events 


!*■      .  »  .     !.. 


i  VALETS  «Il  K.  fttl 

si  bien  confondue  avec  les  événement*  de  l'époque  qu'à 
chaque  instant  ou  en  perd  le  fil,  du  sorte  qu'en  réalile  nous  ihiwnis 
dans  ce  livre  ni  une  biographie  ni  une  hisloire.  L'auteur  déclare  qu'il 
'«g|  ml  d'abord  en  race  des  textes,  qu'ensuite  il  a  lu  les  ouvrages 
dM  btatOriMM  modernes  uniquement  pour  a'assurur  de  n'avoir  omis 
aucune  source  de  renseignements.  L'intention  nt  InuaUe,  ci  l'un 
saura  gré  a  H.  Ireland  d'avoir  tait  connaître  quelques  faits  nouveaux 
sur  la  vie  du  ministre  d'Olivier  Criuiuvell;  mais  il  [Millt  Irm  l1in(H»WII 
de  se  lancer  dans  des  Hteorics  géfléflfai  sur  les  institutions  d'un 
nO)r  lu  de  près  ses  historiens.  Les  considérations  par 
I— IHIIlItlH  débute  le  livre  de  M.  Ireland  sur  l'origine  des  libertés  poli- 
tiques de  PAngtotorrc  qu'il  voit  dans  les  libertés  municipales),  sur 
laof  dfi-liu  u  EU1  siècle,  sur  la  furmalioti  du  pouvoir  despotique  des 
Tudors,  etc..  sont  vagues  et  contestables.  Resserrée  dans  de  justes 
limites,  91  biographie  eût  fait  un  bon  article  de  revue;  les  cinq  cents 
pages  qu'il  lui  a  consacrées  ne  forment  pas  un  livre  remarquable.  11  ne 
se  lit  pas  sans  agrément,  mais  que  nous  apprend-il  au  vrai? 

Nous  apprenons  beaucoup,  au  eonlraire,  en  lisant  le  nouvel  ouvrage 
de  M**  Kvn  Scott.  Uans  un  premier  volume,  qui  ne  nous  est  point  par- 
venu', elle  avait  raconte  les  aventura  de  Charles  11  cri  exil  jusqu'au 
moment  où  l'accord  entre  Mazariu  et  Cromwell  lui  rendit  un  plus 
long  séjour  en  France  impossible  il64f>-l«5-tj;  un  second  volume' 
nous  um'ih'  jusqu'au  retour  du  roi  en  Angleterre.  On  ne  peut  que 
louer  le  soin  avec  lequel  l'auteur  s'est  acquitté  de  sa  lâche.  On  ne 
iîl  gobn  la  triste  vie  des  émigrés  royalistes  pendant  ces 
années  do  détresse  que  par  des  mémoires,  par  exemple  ceux  de 
Clarondon-,  c v-i  uniquement  a  l'aide  de  pièces  d'archives  cl  do  cor- 
respondances privées  que  M""  Scott  nous  en  raconte  le  détail,  année 
par  année,  presque  jour  par  jour.  H  n'y  a  pour  .nu  -i  rlir  ■  |u  mn' 
page  qui  ne  soil  fondée  sur  de»  documents  inédits.  Aucun  <'véne- 

ftUJ  m  I '  lrapp#  l'irii  r.'in.-ili<ni.  car  tous  les  complots 

lotîtes  les  tentatives  de  restauration  a  main  armée,  d'alliance 
avec  l'Espaguu,  échouèrent  misérablement  et,  d'année  M  UnAt,  la 
gène,  la  misère  vinrent  accroître  le  découragement  du  roi  et  de  sa 
cour.  Ajoutai  les  querd les  de  famille  entre  le  roi  el  sa  mère,  dM- 
reuse  de  (aire  élever  son  Dis  Henri,  le  duc  de  Ulocesler,  par  les  Jésuites, 

o(  Kit  Hmt.  Loadrn,    Eiclrlgb   N«b;   Edimbourg,  Ollfer   el    Rojd,  1W5. 
x.V-513  p. 

t.  ne  ktng  in  title.  U"  Mail  r*l  «u«>  l'iul«ur  il'unr  biographie  de  Huptrt, 
frime  palatine 

traeA  ef  tht  *Ms  Châtia  II  m  Ocrntany  and  fUndert,  J(iS4- 
tf,m.  Undret,  A.  ConiUhlc  1*17.  xruJOl  p.  Prii  :  IS  «b. 


883  BULLETIN  HISTOEIQUE. 

avec  Charles  II  et  son  tare  Jacques,  qui  ne  songeait  qu'à  se  battre 
sous  les  ordres  de  Turenne.  La  restauration  s'accomplit  au  moment 
où  le  roi  venait  de  perdre  ses  dernières  espérances  après  la  signa- 
ture du  traité  des  Pyrénées.  De  ce  récit  minutieux,  uniforme,  volon- 
tairement impersonnel,  se  dégage  cependant  un  intérêt  puissant, 
comme  d'un  roman  infiniment  triste  qui,  tout  à  coup,  finit  bien. 

Je  terminerai  cette  partie  de  mon  Bulletin  en  mentionnant  deux 
volumes  de  l'histoire  contemporaine  de  l'Angleterre  par  M.  Her- 
bert Paul1.  Ils  embrassent  la  fin  du  règne  de  Victoria  (4  875-4  89e). 
Ce  n'est  pas  une  œuvre  d'érudition,  bien  que  l'auteur  ait,  en  réalité, 
beaucoup  lu,  plus  que  de  rares  notes  ne  permettent  de  le  dire; 
ce  n'est  pas  une  étude  approfondie  des  changements  qui  se  sont 
accomplis  dans  l'empire  britannique  :  c'est  un  tableau  des  grands 
hits  de  la  politique  intérieure  et  étrangère,  largement  traité  par  un 
libéral  à  l'intelligence  claire,  à  l'esprit  généreux,  à  l'optimisme  robuste 
et  satisfait.  Ses  dernières  lignes  sont  un  hommage  expressif  rendu 
au  caractère,  au  «  patriotisme  tempéré  par  la  raison  »  du  peuple 
anglais.  «  Aucune  construction  politique  connue  dans  l'histoire  n'a 
surpassé  ni  même  égalé  l'empire  britannique  dans  l'œuvre  de  la 
paix,  du  bonheur  et  du  progrès  de  l'humanité.  • 

Gh.  BfaoïfT. 
(Sera  continué. J 

1.  A  history  of  modem  England,  t.  IV  et  V.  Macmillan,  1905,  1906,  vi-411 
et  vi-408  p.  Prix  :  8  sh.  6  d.  chacun. 


1.   KAK18T  :    GBSCHICHTB   DBS   HELLEVJSTICBBV.   ZBITALTEES.        383 


COMPTES-RENDUS  CRITIQUES. 


Julius  Raerst.  Geschlchte  des  hellenittichen  Zeltaltara.  I  :  Die 
Grandlegung  des  Héllénismes.  Leipzig,  Teubner,  4904.  In-8°, 
x-433  pages. 

Cet  ouvrage,  —  l'auteur  prend  soin  de  nous  en  avertir,  —  n'est  pas 
un  exposé  chronologique  de  faits  et  d'événements.  C'est  une  étude  sur 
l'évolution  des  idées  et  des  conceptions  politiques  au  iv°  siècle  avant 
notre  ère.  Le  premier  volume  comprend  trois  parties  :  la  cité  grecque,  la 
royauté  macédonienne,  le  règne  d'Alexandre.  Ces  trois  modalités  sociales 
se  relient  et  se  font  suite.  Ce  qui  caractérise  la  première,  c'est  la  IloXrofa, 
l'État-municipe,  strictement  limité  à  l'étroite  communauté  d'hommes 
régis  par  la  même  constitution  locale.  Ce  qui  caractérise  la  seconde,  c'est 
la  monarchie,  le  loyalisme  dynastique  d'un  ensemble  de  chefs  ou  de  popu- 
lations envers  la  personne  d'un  même  souverain  :  M.  Kaerst  appelle  très 
justement  les  Macédoniens  le  peuple  le  plus  monarchique  de  l'Anti- 
quité (p.  122).  Avec  Alexandre,  il  n'est  plus  seulement  question  d'unîté 
monarchique,  mais  d'empire  mondial.  Le  passage  du  concept  de  l'État- 
cité  au  rêve  de  domination  universelle  par  l'intermédiaire  du  principe 
de  la  cohésion  monarchique,  voilà  ce  que  l'auteur  s'est  etTorcé  de  mettre 
en  lumière.  Il  l'a  fait  avec  une  vigueur  d'autant  plus  remarquable  qu'elle 
se  concilie  partout  avec  le  souci  scrupuleux  des  nuances. 

Dans  cette  série  de  transformations  qui  mènent  l'Orient  grec  de  l'iso- 
lement anarchique  de  la  •  Polis  •  à  un  essai  grandiose  d'organisation  de 
1'  «  Oikouméué  •,  quelle  part  réciproque  revient  à  chacun  des  agents 
de  IV\olution  :  l'hellénisme,  la  Macédoine,  Alexandre?  M.  Kaerst  a 
magistralement  dressé  ce  bilan.  Il  a  montré  que  l'apport  de  la  pensée 
grecque,  même  avec  Platon  et  Aristote,  a  été  mince,  que  le  rùled'Isocrate, 
notamment,  a  été  bien  exagère  :  cet  éloquent  avocat  de  la  guerre  contre 
les  Harhares  a  toujours  parlé  en  rhéteur  pi  us  qu'en  politique.  Son  pan- 
hellénisme  sentimental  n'a  jamais  abouti  a  l'expression  concrète  d'une 
constitution  commune  qui  eût  fondu  tous  les  États  grecs  en  un  seul 
corps  de  nation. 

Le  chapitre  sur  l'idée  nationale  hellénique  au  iv*  siècle  est  un  des 
mieux  venus  du  livre.  Je  ne  goûte  pas  moins  le  tableau,  si  large  et  si 
riche,  de  la  monarchie  macédonienne  avant  Philippe  et  sous  Philippe. 
Mais  c'est  encore  dans  les  quarante  dernières  pages  que  se  déploie  Tarn* 
pleur  d'un  robuste  effort  de  psychologie  historique.  J'en  approuve  d'au- 
tant plus  les  conclusions  qu'elles  sont  identiques  a  celles  que  j'avais 


384  COMPTBS-RRXDCS  CRITIQUES. 

soutenues  moi-même1,  avec  la  différence  de  proportions  et  les  nécessités 
de  raccourci  qui  s'imposent  à  un  simple  article.  M.  Kaerst  a  vraiment 
compris  la  personne  et  l'œuvre  d'Alexandre.  Il  a  distingué  avec  péné- 
tration et  finesse,  parfois  môme  avec  subtilité,  ce  qui,  dans  le  conqué- 
rant, restait  un  legs  de  son  éducation  grecque  et  ce  qui  était  un  emprunt 
aux  vieilles  civilisations  orientales. 

Il  a  enfin  admirablement  montré  comment  Alexandre  avait  voulu  réa- 
liser la  fusion  de  ces  deux  éléments,  de  l'Occident  et  de  l'Orient. 

Sans  doute,  la  réunion  des  peuples  en  un  seul  empire,  tentée  en  un 
laps  d'années  très  court,  ne  s'est  effectuée  qu'imparfaitement  et  par  le  lent 
travail  des  siècles.  Mais  si  les  Romains  l'ont  partiellement  réalisée,  c'est 
parce  qu'Alexandre  leur  en  avait  tracé  le  programme. 

Georges  Radet. 


René  Poupardix.  Le  Royaume  de  Bourgogne  (888-1038).  Étude 
sur  les  origines  dn  royaume  d'Arles.  Paris,  H.  Champion, 
4907.  ln-8°,  IL-5JJ  pages  [Bibl.  de  V École  des  hautes  études; 
sciences  historiques  et  philologiques }  fasc.  463). 

Le  nouveau  livre  de  M.  Poupardin  est  un  pendant  à  celui  qu'il  avait 
publié,  en  1901,  sur  le  Royaume  de  Provence  sous  les  Carolingiens  (855- 
933).  Il  fait  partie  des  études  sur  les  Carolingiens  français,  entreprises 
naguère  sous  la  direction  de  M.  Arthur  Giry  et  qui  comprennent  V Eudes 
d'Edouard  Favre,  le  Charles  le  Simple  d'fickel,  le  Louis  d'Outre-Mer  de 
Lauer,  les  Derniers  Carolingiens  et  le  Hugues  Capet  de  Ferd.  Lot,  le 
Royaume  de  Provence,  que  nous  venons  de  citer,  et  il  est  en  tous  points 
digne  de  cette  excellente  collection2.  Les  textes  sont  tous  connus  et 
interprétés  avec  sagacité;  la  bibliographie  des  ouvrages  de  seconde 
main  est  complète,  l'exposition  claire  et  méthodique. 

Les  documents  sur  le  sujet  sont  si  peu  abondants  qu'il  ne  pouvait 
être  question  de  reconstituer  des  annales  de  ce  royaume;  souvent  sur 
une  série  d'années  nous  n'avons  aucun  renseignement.  Aussi  fallait-il 
suivre  un  autre  plan.  M.  Poupardin  a  partagé  son  sujet  en  deux  parties  ; 
dans  la  première  il  expose  ce  qu'il  est  possible  de  savoir  sur  chacun 
des  princes  qui  se  sont  succédé  au  royaume,  Rodolfe  Ier  (888-912), 
Rodolfe  II  (912-937),  sous  qui  se  forma  véritablement  le  royaume  de 
Bourgogne  par  la  réunion,  vers  933,  du  royaume  de  Provence  à  celui 
de  Transjurane,  Conrad  le  Pacifique  (937-993),  qui  vécut  dans  une  dépen- 
dance étroite  de  l'Allemagne,  enfin  Rodolfe  II  (993-1032),  qui  livra  son 

1.  La  déification  d'Alexandre,  dans  la  Revue  des  Universités  du  Midi,  t.  I, 
1895,  p.  129-169. 

2.  L'ouvrage,  présenté  en  Sorbonne  comme  thèse  principale  de  doctorat,  a 
valu  à  l'auteur  le  titre  de  docteur  es  lettres  avec  la  mention  très  honorable. 


a.  rocpisotv  :  ls  ioiuchk  m  noniconix.  3M5 

royaume  aux  Germain*;  il  raconte  aus»i  comment.  Il  10 
la  royaume  (ut  disputé  par  divers  prétendants,  jusqu'à  co  qu'enfin 
la  su  te  raine  té  d«  l'empereur  Conrad  II  y  fut  ;'t  peu  ftt 
reconnue.  Unis  la  secundo  partie.  Il  étudie  le»  Institutions  de  II  Bour- 
gogne; il  «numéro  les  dynasties  féodale*  qui,  en  réalité,  y  exerçaient 
la  véritable  autorité  [  Il  cherche  à  déterminer  tara  territoires  et  leur 
généalogie,  et,  sur  bien  des  pointu,  en  OHU  était  de  giojf») 
tique.  Il  arrive  à  des  résultats  ■wifiil  Apre»  la  HodaUti  l.nqu",  I 
passe  en  revue  la  féodalité  ecclésiastique;  il  nous  dit  le  ride  ta  (MjON 
et  des  abbés,  et  expose  l'agitation  en  faveur  de  lu  paix  et  do  la  trêve 
de  Dieu.  A  ces  deux  parties  sont  joiute*  une  série  de  disserta- 
tion* données  en  appendice  sur  des  questions  de  chronologie  ou  de 
diplomatique.  Nous  signalons  celle  sur  IVpiiropalui  et  le  eomitatu* 
qui  a  une  portée  plus  générale  et  s'applique  a  la  France  et  à  l'Alle- 
magne aussi  tneu  qu'à  la  Bourgogne.  M.  Poupardin  y  démontre  que, 
par  c«>  deux  mots,  H  faut  entendre  un  ensemble  de  biens  et  de  droit* 
qui  sont  placés  dans  uue  situation  juridique  Identique  et  que,  par 
suite,  il  eat  aisé  de  l'expliquer  que  des  comtés  aient  été  donnes  à  don 
évoquée,  comme  ausu  que  de*  évéchés  aient  parfois  passé  entre  les 
mains  de  seigneurs  laïque*.  La  dissertation  nst  intéressante  ;  elle  ne 
uuut  a  pas  convaincu.  Nom  continuons  à  penser  que,  lorsqu'un  pdmlé 
est  donne  k  un  évoque,  ce  sont  bien  des  droits  de  nature  spéciale  qui 

lui  -.,iii  tttrflnrt>*j  ii'.  laïquii  i|ui  BbdMMBl  tatvêeMi  rtçùvasl  le 
droit  de  confirmer  l'évéque  et  celui  de  régale;  mais,  en  général,  les 
droit*  temporels  épiscopaux,  l'epuropaJuj,  demeurent  é  IVv>>qu>\ 

Apre»  cette  analyse,  il  non*  sera  permis  de  faire  à  ce  travail  un  cer- 
tain nombre  de  critiques.  Nous  devons  regretter  que  l'Identification 
de*  noms  de  lieux  allemands  n'ait  pas  été  faite  toujours  avec  exacti- 
tude1, que  quelques-uns  des  textes  cités  aient  été  estropiés',  que  des 

t.  Contrairement  t  m  que  dit  M.  Poupardln,  la  ilniullen  du  comtlalu*  a  un 
évêque  ne  suppose  pas  qu'il  n't  lit  plui  de  cumin  ;  1  Toul,  des  comtes  tub*is- 
Urenl  mène  aprèa  que  l'éteque  eut  obtenu  le  comté. 

1.  P.  IS,  n.  S,  11  faut  lire  Gtrntheim  «u  lieu  de  r.onshrlm  cl  cette  localité 
se  trouve  su  nord  de  Wurnio.  Don  |*>lnt  su  auil.  I'  T7,  a.  3,  et  331,  u  t.  Il 
nu  Matait  s'agir  d'Ëltenbelm,  Il  n'y  a  aucune  localité  de  ce  nom  en  Alsace; 
Kltrnhriiu  actuellement  dan*  le  grand-duchr  de  Bade)  oii  le  due  d'Kujtllltn  fut 
arrfU,  appartenait  bien  avant  la  Ft*  ml  ut  Ion  •  féiéuM  de  Streabuuru,  malt  n'a 
jimai»  M  considéré  roiinor  (aluni  partie  de  IMaate.  Il  faut,  m  r failli,  lire 
nultrnhnm,  as  canlon  de  ucufrltl.  P.  ISS,  n  1,  Il  faut  lire  ilun/httm,  au  can- 
ton «VObernal.  P.  776,  écrire  Ccundion 

liant  la  longue  el  Intéressante  citation  du  Lifurinui,  le  ter*  S  est 
(•us  et  lnc.ompreli*n>lble  ;  Il  faut  rétablir  i 

.Mira  cura 
ttordel,  al  binr   riptîdl.  arnpnloue  ruplbut  Alpin 


P.  119,  dan*  la  citation  du  diplôme  pour  Saint-t'haflre,  Il  faul  rétablir  ; 
tUv.  Union.   XCIV    f  rase. 


8M 


COMPTES-  KKWS   CBITIQCES. 


élourderies  aient  rendu  deux  ou  trois  passages  incompréhensibles', 
faut  aussi  signaler  de  véritables  erreurs  d'histoire  qu'il  est  d'ailleurs 
aisé  de  corriger1.  Nous  ne  sommes  pas  'l'accord  avec  H.  Poupardin 
sur  l' interprétation  de  deux  ou  trois  textes3;  mais  c'est  là  matière  à 
discussion.  Nous  aurions  voulu  aussi  que  l'histoire  du  royaume*  de 
Provence  fût,  par  endroits,  rattachée  davantage  à  l'hit  toi  re  générale. 
Ainsi,  nous  avons  été  étonné  de  ne  trouver  dans  le  livre  aucune  men- 
tion de  la  restauration  de  l'empire  romain  le  il  Février  96Î;  évidem- 
ment, le  roi  de  Germanie  Otton,  devenu  empereur,  émit  sur  In  Bour- 
gogne de  nouvelles  prétentions.  Il  aurait  aussi  fallu  tenir  compte  davan- 
tage de  la  géographie  proprement  dite  de  la  région;  la  géographie  his- 
torique ne  doit  pas  se  borner  à  ideutitier  les  noms  de  lieux;  elle  doit 
tenir  compte  des  accidents  du  terrain;  les  seigneuries  qui  se  forment 
dans  des  plaines,  ou  au  fond  des  vallées,  ou  sur  les  plateaux,  ou  sur 
les  hautes  montagnes,  ne  présentent  pas  la  même  physionomie;  elles 


tint  de  fiseo  regali  sut  de  polestate  episcopali  vtl  de  pointait  comitali  sire 
de  franchis!  t.  i  Les  mois  soulignes  et  sur  lesquels  porte  tout  le  raisonne- 
ment sont  tombés.  P.  452,  n.  3,  diplôme  pour  Strasbourg,  il  faut  lire  :  <  Nisi 
quem  ipse  ejusdem  civitatis  episcopus  sibi  adrocalum  elegeril.  » 

1.  P.  73,  n.  t,  lire  :  «  Conrad  suivit  Otton  dans  relie  campagne,  parce  que 
Louis  d"  Outrr-Jtfer  paraissait  élever  des  prétentions  sur  la  ville  de  Vienne.  ■ 
P.  151,  ligne  6,  au  lieu  de  leur  demi-frère  Conrad,  il  faut  lire  leur  battu- 
père  Conrad.  Plus  loin,  les  noms  propres  onl  élé  intervertis.  Il  faut  rétablir  : 
•  Conrad  le  Jeune,  donl  la  mère  G er berge  était  petite-fille  de  Conrad,  roi  de 
Bourgogne,  el  de  Halhilde.  ■ 

3.  P.  i,  le  traité  de  Meerssen  esl  de  870,  non  da  869.  Ce  traité  fui  ronfla 
entre  Chartes  le  Chauve  el  Louis  le  Germanique  fil  faul  effacer  Louis  II). 
P.  357,  tout  le  haut  de  la  page  doit  être  modifié,  lire  :  ■  Conrad,  sou»  la  mino- 
rité de  Louis  III  el  Carloman,  appela  en  France,  en  879,  le  jeune  Louis,  l'un 
des  (ils  de  Louis  le  Germanique.  î  P.  100  et  123,  il  est  question  d'un  Henri, 
frère  du  roi  Robert..  Ce  personnage  n'a  jamais  eiislé,  dans  le  premier  cas,  il 
s'agit  de  l'oncle  du  roi  Robert,  lequel  oncle,  mort  en  10112.  Mail  doc  de  Bour- 
gogne ;  dans  le  second,  de  Henri,  lits  de  Robert,  le  futur  roi  Henri  I". 

3.  Dana  le  teste  de  Thietmsr  de  Mersebourg,  VII,  20  :  Omnem  namt/ve  llur- 
çundiac  regtotilt  primat u m  pet  manui  ab  avunculo  miiitet  accepll  (il  s'agit 
de  l'empereur  Henri  II),  M  Poupsrrlin  ne  veut  pas  voir  une  cérémonie  d'hom- 
mage, s  Rodolfe,  écril-il  p.  128,  aurait  pris,  au  nom  de  ses  grand*  (prlmaliu),  et 
peul-élre  avec  le  concours  de  quelques-uns  d'entre  eus,  l'engagement  qu'ils  prê- 
teraient serment  il  Henri  el  le  reconnaîtraient  comme  le  successeur  désigné 
de  leur  souverain  actuel,  >  Cela  nous  semble  bien  compliqué.  M.  Poupardin 
n'eiplique  pas  les  moli  per  manui  qui  me  semblent  s'appliquer  toujours  a  un 
hommage,  el  vraiment  je  ne  vois  aucune  raison  de  ne  pas  traduire  prtmatum 
par  prlmalie,  suzeraineté.  Mot»  avons  li  une  des  formes  ordinaires  du  benc- 
/icium,  celle  que  les  juristes  appellent  beneficium  otilatum  :  le  vassal  oui»  son 
bien,  en  garde  la  jouissance  viagère  et  le  bien  revient,  à  sa  mort,  au  suzerain 
qu'il  a  reconnu.  Ou  reste.  M,  Poupardin,  en  démoulranl  l'authenticité  de  la 
charte  d'Olte-GuilInume  pour  Frultuaria,  a  prouvé  qu'au  moins*  Porl-sur- Saône, 
dans  le  comté  de  Bourgogne,  Henri  II  a  fait  acle  de  suier.tin  en  1019, 


<;.-].    mtKB    :    l>i»    OKTOLimoiaXKCIIT.  387 

ravent  par  le  cul  même.  Il  sérail  à  hum  liai  ter  que  ta  géc- 
suivit  les  progrès  ai  réel*  accomplis  eu  France  par 
p  physique  Kufin,  ri  excellente,  que  «oit  la  GOI 
nom  aurions  souhaité  des  considération»  plat»  nombreuses  sur  los  alu- 
nites cotre  la  France  et  le  royaume  de  Ilourgogue  qui  pourtant  passait, 
en  1038,  son*  !a  suzeraineté  allemande;  par  exemple,  nous  aurions 
aimé  y  trouver  un  développement  sur  la  langue  qui,  précisément,  se 
conitituait  aux  i*  et  u*  siècles.  Toutes  ces  critiques  de  deuil  N  tuus 
le*  tfefMrrata  que  nous  exprimons  n'empêchent  point  que  l'ouvrage  de 
M.  l'oupardiu  ne  soit  l'un  des  meilleurs  qui  aient  paru  en  ces  derniers 
temps  en  France  sur  l'histoire  du  moyen  âge. 

Cb.  Pnstxk. 


(iodehard-JoS.  KiUX.  Du  Devolutionarecht,  vornehmlich  nach 
kathollacbem  Klrcbenrecbt  StttUgHrt,  Knkc,  IflUtl.  In-S",  xnv- 
ttH  page*,  i  Kirchenrtchtliihe  Abhandlungen,  pulil.  par  11.  SluU, 
fa*c.  37-38.) 

L'ouvrage  de  M.  Ebera  est  en  grande  partie  consacré  à  des  questions 
de  droit  canonique.  Nous  n'aurions  donc  point  à  nous  eu  occuper  ici 
s'il  ne  contenait  une  histoire  assex  détaillée  du  droit  de  dévolution,  en 
matière  de  nomination  ecclésiastique,  depuis  les  origines  de  l'Église 
jusqu'à  l'époque  Ml  triplai  OetU  histoire,  qui  remplit  a  attt 
de  '250  page»,  s»  divise  en  trois  chapitres  :  formation  du  droit  de  dévo- 
lution; son  épanouissement  (1170-1312),  ses  transformations  et  sa  déca- 
dence a  partir  du  xiv*  siècle. 

L'élude  de  la  formation  du  droit  de  dévolution  eat  tout  pu  : 
ment  intéressant*.  M.  Kbert  montre  fort  bien  comment  dés  l'époque 
romaine,  surtout  en  Orient,  quelques  symptôme*  favorables  à  ce  droit 
commencent  à  se  faire  jour.  A  l'époque  mérovingienne,  l'idée  ne  pro- 
gresse pas  ;  mais  l'usage  s'introduit,  dans  les  élections  épiscopales,  quand 
le*  voix  de*  électeurs  se  sont,  sans  résultat  décisif,  partagées  entre  deux 
candidats,  de  laisser  le  roi  eu  choisir  un  trottera 
royale  prend  une  extension  considérable  à  l'époque  carolingienne  : 
quand  le  souverain  juge  l'élu  «  indigne  a,  il  casse  purement  et  simple- 
ment l'élection  et  nomme  directement  le  candidat  de  sou  eftoix. 

C'est  par  cette  brèche  que  le  droit  canonique  de  dévolution  va  «'in- 
troduire. Les  pape*  réformateurs,  depui-  Grégoire  VU,  M  substituant 
4 tu  rm.,  prétendent  trancher  le*  cas  d'élection*  contestées,  qu'il  s'agisse 
îles  évoques  on  du  cierge  inférieur.  Il  ne  restait  plu.  qu'a  reporter  ce 
droit  du  pape  aux  métropolitains,  aux  chapitres,  etc.;  ce  Tut  l'œuvre 
d'Alexandre  III.  Le  concile  réuni  au  Latrnn  en  1171  pnarolgM  mut 
série  de  canon*  qui,  en  reconnaissant  le  dn>ii  dr  MvotaUc 
mentent  avec  précision.  Inuuceut  III  conlirme  le»  dispositions  du  con- 
cile et  les  éiend  encore,  DésormsU,  le  droit  de  dévolution  M 


388  COBPTES-HE^DCS  CHIT1QCKS. 

ment  installé  dans  l'Église  et,  jusqu'à  Boni  race  VIII,  va  sans  cetae  se 
développant. 

Dans  la  suite,  ce  droit  trouva  un  adversaire  résolu  dans  la  personne 
même  du  souverain  pontife.  Par  le  système  des  réserves,  des  grâces 
expectatives,  la  papauté  réussit  peu  a  peu  à  ménager  son  droit  d'inter- 
vention directe  dans  lu  plupart  des  nominations  aux  bénéfices  ecclé- 
siastiques; les  concordats  portèrent  au  droit  de  dévolution  des  coups 
plus  funestes  encore.  Lu  décadence  s'accentue  au  cours  du  in*  siècle, 
et  le  droit  de  dévolution,  chaque  jour  plus  étroitement  limité,  ne  sub- 
siste bientôt  plus  que  sur  des  points  tout  a  fait  secondaires. 

L'exposé  de  M.  Ebers  est  clair,  soigneusement  documenté.  C'est  u 
très  utile  contribution  à  l'histoire  des  nominations  ecclésiastiques. 
Louis  II.ii.ruEs. 


Karl  We*CK.  Phlllpp  der  Schdne  von  Frankreich,  sein*  Person- 

lichkelt  und  das  Urteil  der  Zeitgenossen.  Marburg,  impr.  de 

l'Université,  1905.  In-4°,  7i  pages. 

L'étude  de  M.  Karl  Wenck  sur  la  personnalité  de  Philippe  le  Bel 
présente  on  vif  intérêt.  Elle  est  caractérisée,  comme  tout  ce  que 
M.  Wenuk  a  écrit  sur  la  tin  du  un1  et  le  commencement  du  xrv*  siècle, 
par  une  connaissance  approfondie  des  textes  imprimés  et  des  travaux 
antérieurs,  par  un  sentiment  très  juste  des  idées  et  des  mmurs  du  temps, 
enfin  par  beaucoup  de  bon  sens. 

A  son  tour,  M.  Wenck  se  pose  cette  qoestion  :  «  Philippe  le  Bel 
a-t-il  gouverné  par  loi-mémo,  ou  bien  n'a-l-il  été  qu'on  docile  instru- 
ment entre  les  mains  de  ses  ministres?  •  Récemment,,  M.  Ch.-V.  Lan- 
glois  s'est  prononcé  pour  la  seconde  hypothèse;  M.  Wenck,  ao  contraire, 
conclut  au  gouvernement  personnel  du  roi. 

Il  seruit  trop  long  d'analyser  ici  l'argomeotation  très  abondante  et 
très  précise  de  l'historien  allemand.  Oo  trouve  dans  ce  travail  des  pages 
vraiment  curieuses,  celles,  par  exemple,  où  l'auteur  montre  l'influence 
exercée  sur  l'esprit  du  jeune  rui  par  les  maîtres  qui  l'ont  élevé  et  par 
ceux  qui  out  écrit,  à  sa  demande,  des  traités  sur  le  gouvernement, 
notamment  par  Egidio  Golonna,  auteur  du  De  regimine  principum. 
M.  Wenck  souligne  avec  raison  l'importunce  de  la  lettre  écrite  sur 
la  mort  de  Philippe  le  Bel  par  Guillaume  Haldrich,  correspondant  de 
la  cour  de  Majorque,  texte  précieux  publié  en  IK'17  par  M.  Baudon  de 
Mouy.  Avant  de  mourir,  Philippe  le  Bel  reconnut  expressément  l'ac- 
tion qu'il  avait  eue  comme  roi  de  France  sur  son  gouvernement  et  qui 
r  responsable  de  sa  politique 


taisait  de  h 


Le  seul  argument  que  M.  Langli 
de  voir  est  que  les  contemporain 
comme  un  homme  faible  et  qui  si 
Quels  contemporains?  Des  éi 


produit  en  faveur  de  sa  manière 
iraient  considéré  Philippe  le  Bel 
ait  laissé  mener  par  ses  ministres . 
qui,  comme  l'auteur  de  la  chro- 


ia  euro- 


«,  wEt«  :  punire  iiek  scbôie  vo*  nuisiiiicn- 


389 


nique  attribuée  à  GeorTroi  de  l'an»,  vivaient  loin  de  la  cour  et  ne 
savaient  Hni  iê  M  qui  s'y  paie  lis,  fin  cuunallra  la  valeur  qu'il  convient 
d'attribuer  sur  ce  puinl  à  Pofh  I  'I'.'  Paris  ea  étudiant 

lu  sentiment  inonarrhiqu-  ni  France.  Le*  Français  avaient 
un  véritable  culte  pour  leurs  souverain».  Du  moment  où  ils  estimaient 
qui!  les  affaires  allaient  mal,  il  était  à  leur»  veux  impossible  que  le  roi 
eût  en  mains  la  direction  de  l'F.tat.  •  81  le  roi  In  gavait  I  »  incessant 

écho  qui  nttud  nVun  boni  .i  l'utra  fa  lltietoin  4e  Phbm 

Il  serait  Gacile  d'augmenter  le  nombre  des  argumenta  donnes  par 
M.  Wenck.  Lm  irai»  grands  ministre»  qui  se  sont  succédé  dans  la  con- 
fiance de  Philippe  le  Bel,  A  savoir  Ploie,  Nogaret  et  Marigui,  sont  «ans 
eeaw  en  "Ojags.  Eb  pwMQl  pOOl  dM  missions  dont  le  roi  les  charge  en 
Flandre,  dan*  le  midi  <\«  l.i  France,  en  Italie.  Durant  ces  longue* 
absence»,  qui  gouvernait?  8e  représente- l-on  Richelieu  ou  Mazarin 
partent  pour  l'expédition  d'Anagni?  Quand  Maxarin  s'en  alla  négocier 
sur  la  frontière  espagnole  le  traité  des  Pyrénées,  il  emmena  le  roi  et  la 
cour.  En  Ifioil,  le  gouvernement  de  la  France  est  à  Sainl-Jean-tle-Liu.  En 
IMS,  le  gouvernement  de  la  France  étitit-il  à  Anagnif 

M.  Wenck  va  nit'-me  beaucoup  plus  loin  que  nous  n'avons  jamais 
été,  bien  que  nous  nous  soyons  toujours  montré  partisan  de  l'opinion 
qui  attribue  a  Philippe  le  Del  le  gouvernement  de  son  royaume.  Pour 
M,  Wenck,  lors  de  la  fameuse  expédition  en  Italie,  qui  aboutit  le 
T  septembre  1303, a  l'attentat  d'Anagni,  Nogaret  n'aurait  été  qu'un  m- 
cuteur  scrupuleux  des  ordres  que  Philippe  le  Del  lui  aurait  donnée  lors 
de  «on  départ.  Nous  summes  convaincu  que  l'arrestation  du  ;. 
pas  dans  la  pensée  du  roi  quand  ton  ministre  prit  couge.  de  lui.  Nogaret 
y  Tut  amené  par  les  circonstances. 

N<iu»  croyons  d'ailirurs  qu'il  faut  se  garder  d'émettre  des  jugement» 

trop  absolus  sur  1rs  .rviTn-Tiu'iiii  di  wueépoqn*.  \ 

manière  modeste  H  réMTfée  ai  M  WtfKfcj  |p|!  frltH  iê  [m-ndre  un 
Un  iranr.li.iiit  et  de  railler  le»  idées  de  ses  confrères,  ne  saurait  être 
trop  louée.  Savons-nous  les  raisons  de  ces  faits  éloignai  de  nous  et  qui 
nous  surprennent*  Quoi  qu'on  en  ait  dit,  l'affaire  des  Templiers  con- 
tinue d'être  entourée  d'un  profond  mystère  Le  jour  tiendra  sans  doute 
où  la  conduite  de  Philippe  lu  Del  sera,  sur  ce  point  encore,  comprise  et 

1-r.lllU     FuNCK-DsENTtHO 


1.  (tn  rôle  erninrir  su  HtnrA  nfflee  d*  Londres  (rhaee,  mite,  mils  t*  ïl) 
rcnffnn*  «juslqun  ont*»  cuiicuiet  rrdlgtes  psr  las  roossillsrt  il'ÉcImuril  III, 
•■  1331  sans  doute,  d'après  certain»  document*  du  an-bit  «a  d*  la  rourentir 
anglais',  lui  la  loueur  lullr  rntfr  WUpaaj  lr  H.  I  rt  K.l, , u .i r •  1  I"  On  •  suit  que 
l«  archives  de  la  couronne  anglaise  putaedalenl  *  celle  rpoque  de*  rt-rili  «ma- 
nant i)n  [«["  Dunilste  VIII.  nu  trlui-d  riritail  le  roi  d'Angleterre  ronlre  11 
Crante  :  s  Item,  sar  la  c«rlificacioun  le  papa  Honllare  dr  la  conrclllie  «I  eau- 
UHea  des  Fnaeeys  et  de  lOor  autres  cuundicJouns  el  cualumes  perillousa».  de» 
qaete*  les  |*tne*  m  ta  smt  d'Knalalerre  et  es  islet  eslauni  m  vraies,  suloianl 


CMRM-1HB1 


Joseph  Schiitzkh.  Quellen  und  ForscbunKen  zur  Geschicbte  Savo- 
ntu-olas.  I  '  Bartolomeo  Reddltl  und  Tommaso  Ginori.  Munich, 
Lenlner,  (968.  In-8°,   )QS  pages.  —Il  :  Savonarol*  nnd   die 
Feuerprobe    Itiid.,  i904.  lu- s".  Till-f 70  pages.  —  III  :  Barto- 
lomeo Ceiretani.  Ibid..  1904.  ln-8°.  h  -  M  0  pages. 
Rempli  d'admiration  pour  la  grande  figure  de  Savonarole,  M.SchniUer 
réunit  les  élément!  d'une  histoire  du  réformateur  florentin;  et  il  en  a 
déjà  donné  trois  fascicules  dans  les  publications  du  séminaire  d'histoire 
ecclêeias  tique  de  l'Université  de  Munich.  Dans  le  second  il  étudie  l'un 

toi  le»  plus  émouvants  de  l'histoire  de  8avonarol>\ 
du  feu  à  laquelle  proposa  de  se  soumettre  l'un  de  ses  confrères  du  cou- 
vent de  Saint-Marc  pour  prouver  l'injustice  de  la  sentence  d'excommu~ 
nication  qu'Alexandre  VI  venait  de  porter  contre  lui.  Dans  une  étude 
préliminaire  il  étudie  l'histoire  intérieure  de  Florence  depuis  l'entrée  des 
troupes  frauçaises  de  Charles  VIII,  l'exil  de  Pierre  de  MédicU  et  le  réta- 
blissement du  régime  républicain,  et  le  jour  où  celte  épreuve  manquée 
aurait  dû  avoir  lieu.  Il  nous  montre  les  luttes  et  les  intrigues  auxquelles 
se  livraient  à  l'intérieur  de  la  ville  les  amis  et  les  adversaires  de  Savo- 
narole,  les  fraUschi  et  les  arrabiati.  Il  nous  décrit,  avec  beaucoup  de  pré- 
cision, les  négociations  diplomatiques  qui  se  poursuivaient  dans  la  pénin- 
sule, avec  la  connivence  des  arrabiati,  entre  le  pape,  Ludovic  le  More, 
la  maison  d'Aragon  et  la  république  de  Venise,  pour  enlever  Florence 
à  l'influence  française  et  la  faire  passer  à  la  fois  sous  la  domination 
des  Médicis  et  dans  la  Sainte-Ligue.  Alexandre  VI  travailla  surtout  à 

avoir  matière  et  source,  de«qneles  mencioun  est  faite  en  an  roui  endors*  :  lit 
coniuelxiline...  >  L'on  peut  déjà  constater  que  Boniface  VIII  se  mêlait  de  ce 
qui  ne  le  regardait  pas.  Une  seconde  noie  indique  que  Bonifiée  VIII,  instruit 
ji.ir  nés  agents,  dénonçait  à  Edouard  I"  ceux  qui,  parmi  ses  sujets,  vassaux 
on  alliés,  inclinaient  ver»  la  France  et  en  favorisaient  les  intérêts.  Emin,  du 
plus  vif  intérêt  est  le  passage  du  râle  où  il  est  question  des  procédure*  d'ex- 
communication et  d 'interdit  contre  le  roi  de  France  et  son  royaume,  commen- 
cées par  le  pape  en  décembre  1302,  et  qui  menacèrent  d'éclater  en  avril  et  mai 
1303  :  «  ...  dount  le  roi  de  France  fuit  mys  en  nécessité  de  accorder  audit  roi 
d'Angleterre  et  lui  faire  resliluciouu  des  chaslel  et  des  villes,  par  peur  desdile* 
sentences  d'escominge  et  d'entredil  et  del  excenciouns  d'icellea  par  creyrerie 
(croisade)  et  aide  seculer,  etc.,  desqueux  mencioun  est  faite  en  pinaonn  rouis 
endorséa  :  De  yiierrarum  moteria  et  passagii  trammarini  itnp/ ■■'. 
popuii  rliimore.  ■  Roua  apprenons  ainsi,  de  la  manière  la  plus  autorisée  et  la 
plus  précise,  que  l'excommunication,  que  le  pape  s'apprêtait  à  lancer  Ml  !•■ 
royaume  de  France,  contraignit  Philippe  le  Bel  au  traité  de  Paris  (13113,  20  mai] 
à  restituer  l'Aquitaine.  —  Comprend-on  à  présent,  et  justine-t-on,  la  colère  qui 
secoua  la  France  d'une  extrémité  4  l'antre  contre  le  ponlife  romain,  la  réunion 
des  seigneurs  an  Louvre  le  13  juin  1330,  l'assemblée  populaire  dans  le  jardin 
du  roi  le  24  juin,  et  Anagni  :  Nogarel  arrêtant,  te  7  septembre  1303,  la  mata  du 
pape,  li- jour  même  où  il  l'apprêtait*  lancer  les  sentences  d'interdit? 


acaimri  :  roiftunffu™  rua  atacnicaTe.  atTOimoua.      391 

enlever  à  I»  république  Bonaltu  eelol  tjn  8  iWMroto. 

Il  l'.ippela  îi  Hume.  Un  Interdites:  ronimuerle*  sermon*  de  Saint-Marc 
qui  avalent  transporté  d'enthousiasme  *<-■  rutiejUtyou»,  et  I  i 
communia.  Dans  *s  lulie  contre  M  religieux  austère  qui  était  ta  i:un- 
damoalioa  vivante  des  désordres  de  la  curie.  Alexandre  VI  trouva  de» 
auxiliaire*  lont  riévoui'f  dans  le*  franciscain»  de  Sauite-llroii.  juloux 
de  l'influence  qu'avaient  prise  sur  la  ville  |i>>  dominicain*  de  Saint- Marc. 
Et  c'en  ainsi  qu'un  jour,  à  la  lin  de  mars  U'JK,  un  francucain,  In 
P.  François  de  Sainte-Croix,  et  m  dominicain,  la  P.  Doi 
Saint- Marc  » 'offrirent  à  paaser  indemnes  i  Iruver»  le  feu,  pour  proonT 
le  premier  que  Savonarole  était  un  suppôt  du  démon,  le  second  que  la 
pape  l'avait  injustement  condamne.  Un  «ait  qu'au  dernier  moment  le» 
cbainpiona  se  dérobèrent.  A  rrabiati  et  fratetehi  se  reprochèrent  mutuel- 

M.  Schuiliera  cherché  à  déterminer  sur  ce  point  los  responsabilitéa. 
Il  a  recueilli  le*  témoignages  des  fratêiehi  et  de  leur»  adversaires  et  il  lea 
cita  tout  au  long  eu  faisant  précéder  chacun  d'eux  d'une  étude  som- 
maire snr  celui  qui  l'a  porté,  Puis,  il  critique  te»  déposition»,  relevant 
d'abord  le*  fait*  sur  lesquels  il!  liteatutt  les  poinlsoû 

elle»  se  contredisent,  et  ainsi  il  arrive  à  cuite  conclusion  que  le  jugement 
i»  Ugn  n'eut  pas  lieu  parce  que  les  franciscain*  n'osèrent  pas  l'affron- 
ter et  que,  multipliant  les  incidents  préliminaires,  ils  traînèrent  les  prépa- 
ratifs en  longueur  jusqu'à  ce  que  la  seigneurie,  qui  était  au  fond  d'accord 
ttp>:  eux,  renvoyai  Mineur»  et  Prêcheurs  dan»  leur»  couvents  tttfMUt 
On  ne  saurait  trop  feliciUT  l'auteur  de  la  manière  dont  il  a  conduit  son 
enquête  et  organisé  sa  jHenilrim  QtnHil  qui-  soient  ses  sympathies 
pour  Savonarole,  il  l'a  fait  avec  une  impartialité  et  une  rigueur  vrai- 
ment scienitliques. 

Dans  son  troisième  fascicule,  M.  Hchniuerélndied'nne  manière  par- 
ticulière un  chroniqueur  florentin,  du  parti  hostile  a  Savonarule,  Bar- 
lolomeo  Cerretsni.  Dans  une  intrnilu.titin  de  tjl>  pages,  bits 
de  faits  et  de  références,  il  commence  par  nous  présenter  Bartolomeo et 
ta  famille:  puis  il  étudie  les  deui  histoires  deson  temps  qu'il  nous  a  lais- 
sée», la  Sloria  fitrrtntina  et  la  Storia  ïn  dialogo  tUlla  "tulaiiuiu  di  ^trente. 
Il  eu  Eait  la  critique  pour  montrer  dan»  quelle  mesure  on  doit  t'y  fier; 
il  indique  les  sources  qu'elles  nui  utilisées  et  le  parti  qu'en 
écrivains  de»  siècle*  suivants;  enfin,  pour  l'une  et  pour  l'autre,  il  indique 
les  manuscrit*  qui  nous  les  uni  conservées.  Après  cette  étude.  Il  donne 
d'important»  extraits  de  l'un*  et  de  l'autre  histoire  et  on  |«rticulier  ce 
qui  MUMJM  ïMwuiaroIe  et  la  réforme  de  l'Église  que  souhaitaient 
marna  e.eui  que  n'avait  pas  gagnés  à  sa  personne  l'ardent  prédicateur 
i  ci  somme,  celte  édition  fait  honneur  à  M.  Schnitzer  et  nous 
fait  souhaiter  de  voir  un  jour  cette  histoire  de  Savouarole  que  prépa- 
rent ce»  élude?  particulières. 

Jean  Ct'uuue. 


H.  NàGjtoE*.  Histoire  des  relations  du  Japon  avec  l'Europe  aux 
XVI-  et  XVII«  siècle».  l'aris,  H.  Jouve,  1905.  In-8%  826  pages. 

En  voyant  que  ce  livre  porte  la  signature  d'un  attaché  à  la  légation 
Ju  Japon  à  Paris,  l'on  l'attend  à  y  trouver  nue  critique,  fait*  au 
moyen  de  documents  japonais,  des  récits  des  Pères  jésuites.  Cette 
attente  est  à  peu  près  complètement  déçue.  M.  Nagaoka  s'est  borné  à 
reproduire,  parfois  textuellement,  des  pages  entières  de  ['Annaliste  de 
liacao,  du  P.  Charlevoix,  du  P.  Bouhours,  de  Pages,  et  même  du 
Serai  François  Xavier  de  J.-M.  Cross,  paru  en  lilOO  II  s'est  contenté 
d'intercaler  du  milieu  de  ces  témoignages  occidentaux  quelques  textes 
japonais  sur  la  date,  l'origine,  la  nature  et  la  valeur  desquels  il  ne  noua 
donne  aucun  renseignement.  •  Nous  ne  pouvons  pas  certifier,  écrit-il 
à  plusieurs  reprises,  si  le  document  qui  renferme  ces  délai  l 
authentique,  mais  en  tous  cas  ces  détails  étaient  exagérés*  ■.  Sa  cri- 
tique se  borne  en  général  à  dire  que  les  textes  ■  exagèrent  ». 

Celle  insuffisance  critique  met  M.  Nagaoka  hors  d'état  de  repondre 
a  quelques  questions  intéressantes  :  le  christianisme  a-t-il  eu  réelle- 
ment, dans  l'empire  du  Soleil- Levant,  la  prodigieuse  diffusion  que  lui 
prêtent  les  Pères?  Si  oui,  comment  s'explique  cette  diffusion?  De  quel 
genre  de  christianisme  s 'agissait- il'  Comment  se  fait-il  que  les  ordon- 
nances shogounales  contre  les  chrétiens,  si  impéralives  et  si  claires, 
aient  été  si  mal  obéies  qu'il  a  fallu,  de  1587  à  1633,  les  renouveler 
sans  cesse?  Comment  se  fait-il  que  Hidéyoshi,  proscripteur  des  chré- 
tiens en  1 587,  ne  donne  «  aucune  suite  à  son  ordre  de  proscription  ■? 
Pourquoi  léyasou,  après  avoir  lui  aussi  interdit  en  1606  •  la  doctrine 
de  Yasso  ■,  manifeste- t-il  bientôt  l'intention  «  de  ne  pas  ( 
strictement  cette  ordonnance  >?  Quel  fut  au  vrai  le  rôle  des  r 
naires  dans  les  révoltes  féodales  des  daïmios?  Autant  de  questions  au 
sujet  desquelles  nous  confessons  notre  incompétence  radicale,  mais 
auxquelles  nous  avions  le  droit  d'exiger  d'un  écrivain  japonais  un  essai 
de  réponse. 

Après  avoir  étudié  dans  une  première  partie  la  grandeur  »t  la  déca- 
dence du  christianisme  japonais,  M.  Nagaoka  consacre  sa  seconde 
partie  aux  i  rapports  commerciaux  du  Japon  avec  l'Europe  t.  Malheu- 
reusement, comme  rapports  commerciaux  et  rapports  religieux  sont 
assez  étroitement  liés,  le  début  de  cette  seconde  partie  revient  fâcheu- 
sement sur  des  faits  examinés  dans  la  première.  L'histoire  du  com- 
merce hollandais  est  faite  presque  exclusivement  avec  Montauus  et 
Kœmpfer*. 

1.  Il  s'agit  (p.  136)  du  procèi- verbal  d'une  confession  des  chrétiens  d'Oshiroo 
en  1631,  d'après  laquelle  le  pape  un  mil  médité  la  conquête  du  Japon. 

2.  a  Quoi  qu'il  en  suit,  le  guiivernemeul  shogounal  tli-  celle  époque  comprit  le 
christianisme  cl  ses  ministres  de  cette  ftooo,  o  Qu'eu  lail-oa,  si  le  document 
est  d'une  autheulîcilë  douteuse? 

3.  On  invoque  bien  (p,  187)  ud  Projet  d'kutoire  diplomatique   publié  par 


JOfl.-jnnir  kHt.vi.tai-Lu.il  imci  :  TimiDcn. 


39.1 


[ '[■  tj t -.- ir-~  «tait-il  bSpMtfbb  de  faire  mieux,  l'eut-èire  les  source* 
japonaise»  sont-olles  insuffisantes  et  non  susceptible*  d'une  critique 
sérieuse.  Toujours  est-il  (ayons  lu  courage  de  In  déclarer)  que  si  un 
•  japonisant  ■  de  Fnincr.  ifflllgltHlH.  d'Allemagne  ou  d'ailleurs  nmi 
avait  rapporté  cette  étude,  nous  dirions  qu'elle  n'ajoute  à  peu  pris  rien 
4  notre  connaissance  du  vieux  Japon  el  de  «es  rapports  avec  l'Europe*, 
li.'im  Sam*. 


Ans  der  Zeit  Maria.  Therenian.  Tagebnoh  des  Furaten  Johann 

Joeef  Bbevenhûllor  Hetscb,  Oberatbo  fin  datera  der  Kaise- 

rln  (17481776),  lierausyegeben    im  A  lift  rage  der  UescllsehaJT. 

fur  neuere  Ge*chirhU;  liaterreiclis  von  Ikimi.r  G**  fui  K i; 

«a.  Mi-reçu  uml  II'  Hshi*.  ScnLirrtit.  YVlen,  Adolf  HolKhausen, 

«907.  1)1-8%  310  pages. 

La  famille  |ii iiiiiiniil  de  EfamnUtlH  compte  parmi  les  plu» 
anciennes  et  les  plus  considérables  de  l'armoriai  autrichien*.  Depuis  le 
xvi*  siècle,  ses  membres  sont  meléa  4  tous  les  grandi  événements  qui 
marquent  dan»  les  annales  des  Habsbourg*. 

Outre  une  foule  de  vaillants  hommes  de  guerre  el  d'habiles  diplo- 
mates', cette  race  illustre  a  produit  le  célèbre  historien  Fraiicoia-Chria- 
topbe,  ambassadeur  4  Madrid',  et  auteur  des  Annale*  Ftrdinamtei. 

le  ministère  ils*  Mlalret  étrangère!  de  Toaio,  main  on  ajout*  :  ■  Ce  (ail  cepen- 
ilanl  ne  •'•|i|HiTtnt  *ur  aucun  document,  nou*  ne  pouvon*  en  garantir  l'aulben- 
lirilr.  >  Se  rail -ce  l'habitude  dea  publication*  historique*  Japonaises  de  ne  p» 
prouter  ce  qu'elle*  avaaeanU 

1.  Mené  les  api-endiiri  l'p,  'lï'J  et  Miiv.j  sont  emprunte*  *  des  •narres  ebrè- 
llenw.  —  Il  aurait  fallu  dire  que  le*  iinbaaudei  de  Juin  Gonea  l'eres  de  la* 
Marins*  «ot  ete  psbllrr*  en  soflai*  dan*  The  rhtiippinê  Itland*  de  Hlalr  el 
HoberUon.  Il  aurait  fallu  dire  aussi  que  le  gouvtraeur  de*  Philippine*  en  sier- 
dee  in  I  :.M  p.  lïT)  n'était  plus  don  Gomea,  mort  4  cette  date,  mai»  son  II  H 
el  turteueur  Lui*  Coton.  —  Le*  Ultra  dit*  p«r  Blalr  ne  donnent  paa,  il* 
la  solU  de*  événement*  de  I&93,  ta  même  Ida*  que  M.  Najiaobi. 

î.  Une  traillUoa  en  miaule  purle  que  relie  famille  d'ancienne  nnhlease  (rodais 
aérait  venue  d*  FranconW  au  il*  aieele  pour  n'établir  en  i  aritilhle.  Son  chef 
MMri  le  MM  île  prmre  du  Saint -Km  pire  en  I76II.  Voir  l  Atmtnach  de  Gaiha, 
1836,  p.  138,  el  IMS    i 

3.  An  xvt*  siècle,  la  famille  Khctcnhuiler  se  ill>la*  en  deux  braache*  :  Fren- 
kaabufi  et  Ostarwilt. 

t.  Noeji  tilerwii,  rnlre  sotrra,  Jean  de  Khetenhitller.  ambassadeur  de  l'cm- 


i-ereur  Hodolpbe  II  *  Madrid, 


"ICMI"  I*  re.nUnce  lafaqur  Marie-ThérèM  fit 


:    I  nul.  »n.lf>'     le    (rlt-bra    frM-lturrriinl    '(ni 


1  drolta 


rnniir  m  1 7 10.  I*  branche  aine*  a  éteignit  avec  lui.  l'lutieara  membre*  de  la 
brandie  radellr  jouèrent  un  roi*  eu  tu*  d*n*  l'opposition  polluqu*  el  religieuse 
an  rW  É 
!..  Vienne  et  HaUtboanc,  1M0-IOG,  9  vol.  la-fol. 


394  coums-RB^Dirs  cimouis. 

ouvrage  capital  pour  l'histoire  de  l'Allemagne  pendant  les  années  1578 
à  1623.  Un  descendant  de  cet  écrivain  remarquable,  Jean-Joseph,  prince 
de  Khevenhûller  Metsch,  a  fait  également  œuvre  d'historien  en  notant 
soigneusement,  jour  par  jour,  les  événements  dont  il  fat  le  témoin. 

On  connaissait  une  partie  de  ce  journal  intime,  donnant  nn  avant- 
goût  de  l'intérêt  considérable  qu'il  présente  pour  la  connaissance  du 
zviii*  siècle  autrichien1.  Nous  voyons  aujourd'hui  le  premier  volume 
d'une  édition  complète9  de  ces  mémoires,  publiée  par  les  soins  du 
comte  Rodolphe  de  Khevenhûller  Metsch,  ambassadeur  d'Autriche  à 
Paris,  et  de  M.  H.  Schlitter,  l'historien  viennois  bien  connu. 

Le  prince  Jean-Joseph  de  Khevenhûller  Metsch,  né  à  Klagenfurt  en 
1706,  étudia  le  droit  à  Vienne,  à  Leyde  et  à  Strasbourg,  et  débuta 
ensuite  dans  les  fonctions  publiques  en  qualité  de  conseiller  de  régence 
dans  la  Basse-Autriche.  Appelé  peu  après  dans  la  diplomatie  par  l'em- 
pereur Charles  VI,  au  moment  des  complications  polonaises  qui  sur- 
girent après  la  mort  d'Auguste  II,  il  fut  successivement  accrédité  auprès 
de  plusieurs  petites  cours  allemandes  et  auprès  du  roi  de  Danemark, 
avec  mission  de  combattre  l'influence  française  au  profit  de  la  maison 
d'Autriche.  Il  s'acquitta  de  ces  devoirs  avec  une  distinction  telle  que 
son  souverain  le  fit,  coup  sur  coup,  ministre  de  Bohême  au  Reichstag 
de  Regensburg,  conseiller  intime,  et  il  était  sur  le  point  de  l'envoyer 
comme  ambassadeur  à  Paris  lorqu'il  mourut. 

Après  un  passage  de  brève  durée  à  la  cour  de  Dresde,  pour  obtenir 
de  l'Électeur  la  reconnaissance  des  droits  de  Marie-Thérèse  et  son  con- 
cours contre  la  Prusse,  ce  qui  ne  réussit  pas,  la  Saxe  mettant  son  adhé- 
sion à  un  prix  excessif,  Khevenhûller  quitta  la  diplomatie  pour  occuper 
les  charges  de  grand  maréchal,  de  grand  maître  de  la  Chambre,  et  enfin 
de  grand  maître  de  la  Cour,  qu'il  devait  garder  jusqu'à  sa  mort  (1776). 
Confident  de  l'impératrice,  chargé  par  elle  des  affaires  les  plus  déli- 
cates3, il  n'hésitait  pas  à  présenter  à  l'illustre  princesse  les  objections 
que  lui  suggéraient  sou  expérience,  son  patriotisme  et  son  dévouement 
à  la  dynastie.  S'il  était  partisan  déterminé  de  la  politique  extérieure 
de  sa  souveraine,  et  notamment  de  l'alliance  française,  il  redoutait  le 
système  de  réformes  inauguré  dans  l'administration  intérieure.  Les 
mesures,  si  prudentes,  si  modérées,  prescrites  par  Marie-Thérèse, 
notamment  en  matière  de  justice  et  de  finances,  paraissaient  au  prince 
pleines  de  périls.  Quitta  non  tnovere,  telle  est  la  devise  qui  revient 
constamment  dans  ses  avis;  son  esprit,  conservateur  jusqu'à  la  timidité, 


1.  A.  Wolf,  Aut  dem  Hofleben  Maria  Theresias.  Nach  den  Memoiren  des 
FUrsten  José f  Khevenhûller.  Vienne,  1859,  in-8\ 

2.  Le  manuscrit  présente  quelques  lacunes,  mais  on  ne  désespère  pas  de 
retrouver  ce  qui  manque. 

3.  Il  fut  notamment  chargé  de  faire  une  enquête  secrète  sur  les  causes  du 
désastre  militaire  de  Hohenfriedberg  et  adressa  à  Marie-Thérèse  un  rapport 
aussi  sincère  que  complet. 


IOB.-10SKF   HEVOiatiUEl    KLTÇCa    :    TlCEirCfl.  895 

t'effraye  de  tout  changement,  et  l'on  peut  se  figurer  les  crainte»  qne  lui 
inspirent  le»  projet*,  autrement  radicaux,  île  l'archiduc  héritier. 

s'il  réprouve  li"*  priBCtpW  de  Joseph  II,  il  admire  le  tem- 
pérament laborieux  du  jeune  prince,  MO  désir  de  a'inslruiro ,  son 
amour  de  la  vérité,  et,  lorsque  des  différend*  surgissant  entre  Joseph, 
et  sa  mère,  Kbeveohtiller  intervient  avec  beaucoup  de  Ui'i  ;  il  parvient 
plus  d'une  fois  a  les  réconcilier  et  réussit  a  Taire  abandonner  par 
l'impératrice  les  projets  de  retraite  qu'elle  manifeste  p.irfiin. 

Durant  in-nu-d-a*  années,  ce  grand  seigneur,  doublé  d'un  observa- 
teur mûri  par  la  polilit|ue,  a  vu  an  dérouler  sou*  ses  yeux  la  vie  de  la 
cour  et  de  l'fttat;  il  a  noté  chaque  jour  les  faits  doul  il  est  le  témoin 
•t  les  réflexion*  qu'ils  lui  inspirent.  Tout  l'intéresse  :  il  nous  décrira 
les  fêtes  du  palais,  avec  en  m  pi  m  son  ce,  dans  un  style  ugreable,  et  de  la 
manière  la  plus  attachante-  |p,  111-118).  L'ancien  diplomate  ne 
manquera  pas  île  nous  tenir  jii  courant  dos  négociations  pendiiutei,  et 
l'arrivée  de  l'un  ou  l'autre  ambassadeur  ou  la  remise  de  la  barrette 
cardinalice  au  nonce  apostolique  nous  vaudront  de  curieux  détail* 
d'étiquette  auxquels  le  grand  maître  attache  naturellement  une  impor- 
tance considérable  (p.  153,  Irïn,  Itf-HrS]  L'histoire  militaire  et  sea 
péripétie*  diverses  ne  sont  pas  perdues  de  vue;  il  o'est  pas  un  épisode 
marquant  des  opérations  de  17-43-17 14  qui  ne  soit  retracé  avec  quelques 
indications  précises  et  des  considérations  souvent  très  juste»  (voir  par 
exemple  ce  qu'il  dit  des  marches  sur  le  Rhin,  p.  440-141 .  171,  «ur  le 
Danube  et  l'Uar,  p.  1C:t.  les  campagne*  de  i; 
Iluhéme,  p.  176,  de  Piémont,  p.  18',!,  de  l'expédition  dirigée  eu  1744 
par  lioui*  XV  en  personne,  p.  -4J  et  suiv.l.  Ce  n'est  pas  un  homme 
de  guerre  qui  parla,  mai»  c'est  mi  ItOMto  Uh  place  DH1 
t,  at  d'ailleurs  supérieurement  informé. 

ra  sur  l'biatoire  religieuse  de  l'époque  et  spécialement  sur 
"l  la  famille  impériale  une  infinité  de  petit»  fait*  qui 
i  aa  rendra  compte  de  la  place  importante  tenue  par  le* 
questions  de  l'espèce  dans  la  vie  des  Habsbourg. 

Incidemment ,  la  narrateur  mentionne  la  mort  de  personnages  en 
vue,  et,  à  cette  occasion,  il  rappelle  le  rôle  qu'il*  ont  joué  dam  la  poli- 
tique; *e*  notices  concernant  la  reine  mère  de  DRMtMtfc  (j>  1191,  ht 
cardinaux*  de  Flrury  et  Nicolas  Guidice  (p.  134),  le  prim. 
de  Htarliemberg  (p.  Mil  nou»  fournissent  quantité,  de  détails  inédit», 
souvent  précieux  et  toujours  pittoresque». 

Rien  n'échappe  à  l'attention  du  grand  maître  :  il  relate  avec  soin  l'ap- 
parition d'une  comète  ou  1743,  ainsi  que  les  constatation»  faites  à  l'obser- 
vatoire dea  Jeanlte*.  et  nou*  raconte,  presque  à  la  môme  page,  la  dea- 
i-uce  opérée  dan*  une  log«  maçonnique  clandestine,  où  l'on 
surprend  de*  diplomate»,  de*  chambellan*  et  de*  ecclésiastique*  do 
marque.  H  fulmine  contre  le*  manceuvre*  criminelle*  de*  société* 
i  les  H-ntiment*  de  charité  chrétienne  dont  il  e*t  anime. 
l'empêchent  Je  citer  un  seul  nom.  Ce  sevèra  cunservaleur  est  en  même 
a  on  discret  et  nn  délicat. 


3îH!  cohites-revucs  csrriouss. 

Toute*  ses  notes  sont  rédigées  sans  apprêt,  avec  Due  grande 
cité;  ou  ne  trouve  dans  son  récit  rien  de  prétentieux  ui  d'affecté'.  L'in- 
térêt que  présente  ce  volume  cous  fait  désirer  que  l'œuvre  entreprise 
se  poursuive  rapidement.  Nous  n'avons  encore  que  la  partie  du  journal 
relative  aux  années  1743-1744.  La  fin  de  la  guerre  de  la  i 
d'Autriche  et  la  guerre  de  Sept  ans,  pour  ne  parler  que  de  la  politique 
extérieure,  nous  réservent  sans  doute  plue  d'un  chapitre  suggestif. 

Les  éditeurs  méritent  des  éloges  pour  le  soin  avec  lequel  ils  ont 
établi  leur  texte.  Une  introduction  substantielle  ainsi  que  d'excellentes 
notes  rehaussent  la  valeur  de  la  publication,  et  l 'avant-propos  développe 
des  considérations  très  élevées  sur  l'histoire  comparée  de  S'Autrictie- 
Hongrie  au  ivm"  siècle  et  aujourd'hui. 

Eugène  Hubb»t. 


René  Dollot.  Les  origines  de  la  neutralité  de  la  Belgique  et  le 
système  de  la  Barrière  (1609-1830),  avec  une  préface  de 
M.  Emile  Bourgeois.  Paris,  F.  Alcan,  1902.  In-8°,  nv-570  pages. 
La  neutralité  de  la  Belgique  est-elle  une  institution  essentiellement 
juridique,  inventée  tout  d'un  coup  par  un  homme  d'État  génial,  on 
bien  est-elle  le  produit  normal  de  certaines  conditions  géographiques  et 
historiques?  M.  Dollol  s'est  prononce  pour  la  seconde  alternative,  et  il 
en  a,  à  mon  avis,  démontré  le  bien  fondé  de  la  façon  la  plus  piTcmptoire. 
Je  ferai  toutefois  une  réserve:  c'est  que  la  neutralité,  pour  être  un  effet, 
n'est  pas  un  effet  nécessaire;  les  partages  de  la  Pologne  et  le  démembre- 
ment de  la  Turquie  seraient  là  puur  attester  le  contraire.  J'ajouterai 
encore  que,  personnellement,  je  ne  vois  pas  pourquoi  le  fait  d'avoir  une 
frontière  appuyée  sur  des  limites  naturelles  serait  une  des  raisons  suf- 
fisantes de  l'apparition  d'un  état  neutre,  comme  le  dit  M.  Dollot,  p.  xh. 
Cela  posé,  je  suis  d'accord,  avec  les  auteurs  du  livre  et  de  la  préface, 
pour  attribuer  la  fondation  de  la  neutralité  belge  au  nx"  siècle,  moins 
à  l'imitation  de  ce  qui  existait  en  Suisse  qu'au  développement  logique 
des  conditions  d'existence  faites  par  la  géographie  et  l'histoire  aux 
Pays-Bas  du  Sud. 

Un  autre  point  que  M.  Dollot  a  également  élucidé  et  qui  méritait  de 
l'être,  c'est  que  la  France  a  eu  l'honneur  de  proposer  la  première  cet 
arrangement,  et  que  le  cardinal  de  Bichelicu  en  1634-1635,  puis  li 
conseil  des  Affaires  étrangères  du  Bégent  en  1715  ont  été,  par  d< 
projets  très  nets,  les  précurseurs  de  Louis-Philippe  et  de  Talleyrand. 
Est-ce  à  dire  qu'il  y  ait  là  une  •  tradition  »  de  la  politique  Ira  in 

I.  A  remarquer  I  invasion  <les  eipressious  françaises.  On  en  trouve  presque 
A  chaque  ligne  :  i  Die  Prise  von  Ypres.  »  —  i  S.icli  der  Haut)  tlecouvrtrte 
fr  sic  h  selb.  u  —  *  Ein  Coup  de  Soleil,  i  —  Die  Duchexit  de  Chaisuuroui , 
seine  mittgenommenc  maltresse,  i  —  ■  Uns  Appartement  itl  contremandtrt.  » 
—  «  Klcine  i'j-cuMir/n  mit  l'arlie  de  ckaue.  »  —  i  Eine  l'arUe  de  l'ttimr  »,  etc. 


DOU.OT    :    OBUttES    l»E    Li    imUUH    IIK   1-4    HRLIilQUK.  t"Ji 

(comme  B«t  18),  el  doil-on  consul 

comme  la  résultante  dû»  efforts  persévérants  de  notre  diplomnliu  depuis 
RMlUtilHI*  J'uïirai'  qui'  ]••  ni  Bjurau  BBTinga  ainsi  les  choses, 
quelque  tentante  que  soit  la  théorie.  Sl  un  gnnd  bomme  d'Étal  a  pu 
Jsiin  la  pmnitw  moitié  du  \\w  attelé  peser  équitablemeiil  les  incon- 
i  lia  avantages  des  diverses  «ululions  de  la  question  lielge. 
et  s'il  a  entrevu  à  un  moment  donné  la  plus  satisfaisante  ;  si,  d'autre 
pari,  après  les  trislcasea  de  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV,  quelques 
ministres  expérimentés,  comme  le  maréchal  d'iluirll.-s,  uni  cru  qu'il 
était  de  I  intérêt  bien  entendu  de  la  Franco  de  renoncer  u  jamais  k 
posséder  les  Pays-Bas,  ce  ne  furent  là  que  des  idées  fugitives,  perdues 
pour  la  majorité  des  contemporains  au  milieu  d'une  foule  de  projets, 
de  résolutions  et  d'actes  par  lesquels  n'affirmait  la  tendance  permanente, 
secrète  ou  avouée  du  gouvernement  français  a  conquérir  et  à  annexer 

L'ouvrage  de  M.  Dollot  permet  de  suivre  celte  évolution  depuis  les 
origines  |atau*M  1k:m.  utc  100*  les  détails  désirable*  et  suivant  un 
plat)  qui  se  recommande  par  sa  belle  ordonnance  ri  par  la  clarté  de 
*es  divisions.  M.  IJolloi  a  tieaucoup  lu,  s'est  assimile  avec  intelligence 
les  travaux  de  ses  devanciers  el  les  a  heureusement  complétés  par 
d'utiles  recherches  dans  plusieurs  dépota  d'archives.  La  connaissance 
du  hollandais  lui  a  sans  doute  terriblement  manqué,  mais  il  s'est  fait 
traduire  les  ouvrages  et  les  documents  indispensables  el  s'est  tiré  eu 
somme  à  «on  honneur  de  dilucullé*  qui  auraient  arrêté  beaucoup 
d'autres.  Il  a  lait  un  emploi  jh.j  <i<>ns  d'acte*  relatifs  a 

Son  sujet  el  a  trouvé  nui  archives  des  Affaires  étrangère*  une  source 
inédile  précieuse;  toui  au  plus  me  permettrai -je,  en  louant  son  infor- 
mation, de  le  mettra  en  garde  contre  les  inexactitudes  que  doit  forcé- 
r  mer  le  mémoire  manuscrit  en  quatre  volumes  sur  l'Iûsloire 
d"  la  Barrière,  dont  kl  s'est  peut-être  irop  servi  et  dont  les  pièces,  qui 
sont  des  copies,  ont  besoin,  soll  pour  les  dates,  soit  pour  le  texte  mémo, 
-neusement  collalionnées  avec  les  originaux. 

La  première  partie,  après  une  introduction  bien  conduite,  qui  va  du 
traité  de  Verdun  do  843  à  la  trêve  de  douxe  ans  de  (till'J,  traite  la 
période  de  1609  à  1C7'.i  où  apparaît  pour  la  première  fois  Italie,  te  BM> 
irali-er  le  pays  beige  et  où  s'élabore  un  système,  issu  du  rnu>  nl.v 
mais  plein  de  défauts,  le  système  de  la  Barrière.  Les  Hollandais,  vain- 
queur* de  leurs  anciens  souverains  dans  une  lutte  de  quatre-vingts  ans, 
cessent  de  songer  an  partage  des  Pays-Bas  espagnols  avec  la  France; 
l'Fjpagne  épuisée  ne  les  Inquiète  plus;  la  France  de  ataWlfl  H  de 
Louis  XIV  leur  semble  plus  redoutable,  ot  ils  ehaVttsUl  I  HmipinhaT 
de  devenir  leur  voitiue,  en  gardant  la  Flandre  comme  i  un»  mursillr 
entre  deux  t.  C'est  déjà  la  préoccupation  de*  Eiat»  généraux  en  avril 
1547;  c'est  ensuite  ni  Win   pattdm  pMQll  toute  son 

administration.  M.  Dolkit  a  eu  le  mérite  dj  jeter  une  lumière  nouvelle 
sur  les  longues  négociation  du  grand  pensionnaire  avec  d'Estrades  et 


398  COMPTBS-IBNDUS  CHTIQUES. 

•or  ce  qu'on  appelait  alors  le  projet  de  c  cantonnement  i  des  Pays-Bas. 
Il  a  aussi  expliqué  comment  la  paix  de  Nimègoe  accorda  déjà  aux  Pro- 
vinces-Unies une  sorte  de  «  barrière  »,  en  faisant  restituer  à  l'Espagne 
plusieurs  des  places  fortes  enlevées  par  Louis  XTV. 

La  deuxième  partie  (1679-1748)  voit  se  préciser  et  se  transformer  le 
système  de  la  Barrière,  qni  s'organise  enfin  sous  la  protection  des  gar- 
nisons hollandaises,  dans  les  traités  de  4709  et  4745  et  la  convention 
de  4748.  Ce  système,  sans  cesse  modifié  par  de  nouvelles  négociations, 
finit,  après  la  guerre  de  la  ligue  d'Augsbourg  et  la  paix  de  Ryswick, 
par  devenir  le  pivot  de  la  politique  anglo-hollandaise  dirigée  contre  la 
France.  Le  chapitre  vin,  qui  traite  de  rétablissement  du  système  depuis 
4697,  et  le  chapitre  x,  qui  raconte  les  transactions  définitives  de  1745  et 
4748,  comptent  parmi  les  plus  intéressants  et  les  mieux  composés.  A 
remarquer  surtout  la  critique  du  système  et  la  démonstration  de  son 
inefficacité  (p.  407  et  suiv.). 

La  troisième  partie  (4748-4797)  montre  la  décadence  de  la  Barrière  et 
ses  inconvénients  multiples,  tant  pour  les  Hollandais,  qu'elle  ruine,  que 
pour  les  Belges  et  les  Autrichiens,  qu'elle  gène  et  exaspère.  Ici,  par 
malheur,  la  composition  et  le  style  se  relâchent  et  mille  indices 
trahissent  la  fatigue  de  l'auteur  :  les  derniers  chapitres  sont  lourds  et 
parfois  confus,  le  récit  se  traîne  au  milieu  de  détails  inutiles  et  l'inco- 
hérence des  développements  déroute  l'attention  du  lecteur. 

Il  en  est  de  même  d'une  partie  de  la  trop  courte  conclusion,  et  c'est 
seulement  pour  la  période  de  4814  et  1830,  où  le  système  de  la  Barrière 
fait  définitivement  faillite,  que  M.  Dollot  retrouve  les  qualités  d'expo- 
sition claire  et  de  jugement  droit  qui  assurent  à  l'ensemble  de  son 
ouvrage  le  suffrage  favorable  de  tous  les  historiens1. 

Albert  Wàddinotoii. 

1.  Qu'il  me  soit  permis  cependant  de  signaler  certaines  assertions  fâcheuses 
et  certaines  inexactitudes  qui  tiennent,  j'en  suis  persuadé,  à  l'inexpérience  de 
l'auteur.  P.  26,  en  parlant  des  pays  hollandais  de  la  généralité,  c'est-à-dire  qui 
appartenaient  à  toutes  les  Provinces-Unies,  il  est  dit  en  note  que  a  la  généra- 
lité est  un  terme  générique  (?)  qui  s'applique  à  toutes  les  conquêtes  des  Hol- 
landais >.  P.  281,  la  révocation  de  l'Édit  de  Nantes  est  présentée  comme  un 
acte  d'intolérance,  c  moins  injustifié  qu'on  ne  l'écrit  communément  >.  P.  337, 
les  coalitions  formées  par  Guillaume  III  c  n'ont  été  utiles  ni  à  l'Angleterre  ni 
à  la  Hollande  >.  P.  389,  M.  Dollot  écrit  que  les  Hollandais  voulaient  en 
général  écraser  leurs  adversaires  sous  le  nombre  de  leurs  plénipotentiaires, 
alors  que  la  forme  du  gouvernement  des  Provinces-Unies  était  la  seule  cause 
de  ce  nombre.  P.  397,  la  carte  des  places  de  la  Barrière  porte  plus  de  noms 
que  n'en  contient  l'article  IV  du  traité  de  novembre  1715.  Mais  j'aurais  mau- 
vaise grâce  à  insister  sur  ces  petites  imperfections,  comme  aussi  sur  quelques 
taches  de  style  et  sur  les  innombrables  fautes  d'impression  qui  trop  souvent 
défigurent  les  noms  propres  ou  faussent  les  dates. 


UCOIIls  nfjLiminjrt.;.. 


RECUEILS  PERIODIQUES  ET  SOCIETES  SAVANTES. 


Revu*  archéologique  4*  série,  l.  Vlll,  1M6,  lepL-oct.  — 
inseriplloiti  patstyiénlMUM.  — V.  Mon- 
cherches  nlllquM  sur  Vttmt  ot  son  uiuvrn  nuite  en  janvier! . 
P.  UoNca*Li.  BoqoMt  «iir  t'tpiapiphia  chrétienne  d'Afrique;  ins- 
crij.tiont  métrique*  (mi in*).  =  T.  IX,  1907,  janv.-Cévr.  Vcacoinas.  Le* 
bas-relief*  de  l'autel  do*  Nantir  Parisiaci  (•  les  mariniers  parisien!, 
consacrant  un  autel  n  Jupiter,  ont  associé  à  cette  rouvre,  d'une  part,  un 
élément  militaire,  compose  de  mariniers  et  de  charpentiers  de  bateaux 
groupé*  pour  constituer  des  cohortes  de  nauU.  et.  d'autre  part,  un  élé- 
ment ■  civil  >,  les  déchargeurs  de  bateaux  •).  —  L.  Juin. m.  Les  établis- 
seiiH-ut»  antique»  du  bassin  supérieur  de  la  Garonne  |  relevé  des  vestiges 
romains  et  jircroniain»).  —  M.  BrbtaDH.  l,e*  Manu  ion,  peintres  amié- 
noi»  du  xv*  ».  —  V.  Macuiiiuho.  Le  svnchrûtisme  religieux  et  l'épi  gra- 
ndi* (on  a  on  tort  de  *e  Bar  jusqu'ici  presque  exclumviHtit>nt  aux  textes  lit- 
téraire* au  sujet  de  l'amimilatiuu  qui  aurait  été  faite  s.  Hume  de*  culte* 
étranger*).  ^Compte-rendu  :Cirrc.  LabaïuilN-  l'Ail  ui'!U>|in-k  dodéuil). 
S.  —  Bulletin  de  correapondance  hellénique.  T.  XXX,  1906. 
-  KouilliM  dr  Déb)*,  190*  :  J.  Chawiiuh.  Fouille*  dan*  le 
quartier  du  théâtre  In  dans  le  quartier  marchand. 

—  L,  BiE»»n.  Inscription*  découverte*  à  Oélos  en  1904.  =  T.  XXXI, 
190",  janv.-mar*.  Salomon  Reinach.  La  mort  du  grand  fan  (explique 
la  légende  célèbre  rapportée  par  Plutarque  en  supposant  que  les  pas- 
asgera  crurent  entendre  que  le  grand  Pan  était  mort,  alor*  que  le* 
gens  de  Paxoa  pleuraient  le  dieu  Thamoux  ou  Adouis,  navt4va<).  — 
n  Bfdta  \CtL.  III,  l!29fi).  — 
ta  t.harhon 
a  Deliiiimutrijjuoii  trouvée*  lli'-lo»,  publiénavoc  un  |bh|  mmuii'iiuiri'. 
«  c'est  le  premier  document  qui  fasse  cunnaitre  un»  réglementation 
commerciale  complète  •  dan*  une  cité,  de  la  GrAce  antique.  —  M  Bol 
tUtn.  Psaticaca  d'un  monument  cimimémoratif  de  la  batitilli'  H  Bal" 
la*ia.  —  w.  Veuastar.  faxtlua 

3.  —  Bibliothèque  de  l'fieule  de*  charte»     I     l.XVlll,  v.#n, 
n«  H.  —  H    Osf*Xfr    rtwvaUai    »'qtir«ition*  du  département  de» 
manuscrit*  de  U   tlibl.  nationale,   1995-1906.  —  P.   Mnra.   Lettre  du 
ii  ijnattoi  nt  aonaail  !  javac  Cac-*imlléde 

l'ung  |.  —  tih.  l'oaàa.  Le*  stalol*  de  la  communauté  de*  wijrnpnr» 
parier*  de  la  GaruV-Ou.rin  en  Gémudati,  1î:iK-i:t(;t  (urganlution  ilr 
la  parérie  au  nti*  *.;  réforme*  introduites  par  l'évéqu*  Guillaume 
Durand;  texte*).  —  M.  Jcwiu*.  Documents  financier*  concernant  les 


I1BUBU    l'NMOIHOCÏS. 

i  prise»  par  Alphonse  de  Poitiers  contre  les  Juifs,  126M269.  = 
Comptes-rendus  :  A.  Hoitsmann,  lier  Procès»  gegen  Johann  ohne  Laad 
u.  die  An  fange  des  frauiùsiscbeii  Pairshofes  |H.  Guilhermoz  montre 
que  le  seul  texte  nouveau  produit  par  M.  H.  est  interprété  à  contresens). 
—  S.  Francise!  AsîisiensisVitaet  Miracula,  publ.  p.  le  P.  Edouard d' A ttn- 
çon.  —  E.  Maugh.  Essai  sur  le  recrutement  et  les  attributions  des  prin- 
cipaux ollices  du  siège  du  bailliage  d'Amiens,  1300-1600  {critique  détail- 
lée par  G.  Dupont-Ferrier).  —  A.  Philippe.  La  baroonie  du  Tourne!  et 
ses  seigneurs  (les  pièces  justificatives  mal  publiées). 

4.  —  Le  Moyen  âge.  2'  série,  t.  X,  1906,  nov.-déc.  —  G.  Mol- 
ut.  Une  lettre  close  inédite  de  Charles  VI  (1392).  —  G.  Espisas. 
Une  bibliographie  de  l'histoire  économique  de  la  Franco  au  moyen 
âge  (celle  de  M.  Boisson nade,  dans  la  Hevue  de  synthèse  historique. 
nombreuses  corrodions  de  détail).  —  Compte-rendu  :  M.  Buion. 
Recherches  sur  les  origines  des  évechéi  de  Genève,  Lausanne,  àion. 
=  T.  XI,  1907.  jauv.-Hw.  R.  Pocpardin.  Études  sur  l'histoire  des 
principautés  lombardes  de  l'Italie  méridionale  et  de  leurs  rapports  avec 
l'Empire  franc;  III  :  Louis  le  Pieux  et  Lothaire.  =  Compte 
G.  Jcanton.  Le  servage  en  Bourgogne  (solide).  —  H.  Leclrrcq.  L'Es- 
pagne chrétienne  (bou  résumé,  mai»  fait  trop  bàtivemeutl.  =  Mars- 
avril.  A.  d'Ukrboiiez.  Philippe  de  Valois  et  la  maletote  à  Tournai. 
J.  Depoin.  La  mort  du  duc  Gisleberl  de  Lorraine  [t  octobre  939,  d'après 
un  nécrologe).  —  Comptes-rendus  :  E.  Deville.  Notice  sur  quelques 
manuscrits  normands  de  la  Bibliothèque  Sain  te- Geneviève.  —  fi.  de 
Hinojosa.  El  regimen  senorial  y  la  Question  agraria  eu  Cataluha  durante 
la  eilud  média  (très  important  et  plein  de  rapprochements  suggestifs 
avec  les  usages  français).  —  Thitlier  et  Jarry.  Cartulaire  de  Sainte- 
Croix  d'Orléans  (nombreuses  additions  et  corrections  par  L.  Auvrayi. 

5.  —  Bévue  d'histoire  diplomatique.  T.  XIX,  1905,  n»  I.  — 

E.  Daudet.  La  disgrâce  du  duc  de  La  Vauguyon  (1797).  Noie:- 
ments.  —  L.  Mirot.  Isabelle  de  France,  reine  d'Angleterre  (lin  dans  ce 
n°  et  aux  n«  2  et  4).  —  R.  L'expédition  de  Chine  en  1857-58  (d'après 
U.  Cordier).  —  P.  Durand- Lapie.  Dom  Antoine  I«  de  Portugal,  1 580-95 
(suite;  lin  au  n°  2).  —  L.  Auvraï.  Inventaire  d'une  collection  3e 
lettres  de  cardinaux  des  xvi'-xvir*  siècles  (à  la  Bibl.  nat.i.  =  N*  1. 
P.  Rain.  Le  duc  de  Richelieu,  d'après  sa  correspondance  publiée  par 
la  Société  impériale  de  Russie.  —  C.-B.  Favbe.  La  diplomatie  de 
Leibniz  (d'après  les  textes  publiés  par  Foucher  de  Careii  ;  suite  au  nD  4, 
et  1906,  n»  2:  fin  en  1907,  n»  2).  —  Comte  n'Aimoctie.  La  présidence 
du  maréchal  de  Mac-Manon  (d'après  G.  Ilauotaui).  —  M.  Bouthï.  L'al- 
liance autrichienne  et  la  diplomatie  secrète,  1766-1771  (d'après  les  arch. 
du  ministère  des  Affaires  étrangères).  =N° 3.  L.  Emstbn.  Napoléon  III  et 
les  préliminaires  diplomatiques  de  la  guerre  civile  aux  États-Unis.  — 

F.  Masson.  Un  explorateur  d'archives  dans  la  seconde  moitié  du  xix*  s. 
(le  comte  de  Martel).  —  Vicomte  d'Harcourt.  Souvenirs  du  comte  do 


: 

i. 
» 


1ECUB1LS   pimODIQDES.  404 

Sainte-Aulaire  (extrait).  —  L.  Pingaud.  Le  corn te  Fédor  Golovkine, 
d'après  ses  écrits  publiés  et  inédits  (envoyé  par  Catherine  II  comme 
ministre  près  de  sa  cour  des  Deux-Siciles,  puis  rappelé  et  arrête;  relâ- 
ché sous  Paul  I",  Golovkine  vit  en  Allemagne,  on  Suisse  et  surtout 
en  France  et  meurt  en  1823).  —  A.  Bourguet.  Les  bracelets  de  la  reine 
(bracelets  offerts  à  la  reine  d'Espagne  par  Louis  XV  pour  faciliter  la 
conclusion  du  Pacte  de  famille).  —  II.  Doniol.  Historiens  et  enseigne* 
inen/s  de  la  Révolution  française.  =  N°  4.  G.  Gallavrksi.  Un  ambas- 
sadeur italien  sous  l'ancien  régime.  Le  comte  Joseph-Constantin 
Ludolf  <  1787-1875;  chargé  de  missions  diplomatiques  à  Constantinople, 
Vienne,  Pétersbourg;  ministre  do  François  Ier  de  Naples  à  Home.  Fin 
au  nu  suiv.).  —  P.  Couuellb.  Latour-Maubourg,  charge  d'affaires  à 
Constantinople,  18U1M81:?  (d'après  les  archives  du  ministère  des  Affaires 
étrangères;  suite  des  études  déjà  parues  sur  Sébastian i).  —  Un  festin 
de  moines  à  Jérusalem  eu  1611  (extrait  du  Journal  de  •!.  Bordier).  = 
T.  XX,  i'JOt),  n°  1.  Lettres  inédites  du  comte  Ch.  de  Montalemberl  au 
baron  Anckarsvard  (18^11-1857).  —  Un  publiciste  étranger  au  service  de 
la  Pologne;  Piattoli  (1 788-1 7112).  =:  N°  ;!.  Bahhal-Montfkrbat.  L'inci- 
dent diplomatique  d'Alger,  en  178  i  (d'après  les  archives  du  ministère 
des  Affaires  étrangères).  —  P.  Couublle.  Andréossy,  ambassadeur  à 
Constantinople,  181*2-181  A  (fait  suite  à  l'article  sur  Latour-Maubourg). 
—  J.  Kniqiit.  Lamartine,  ministre  des  Affaires  étrangères  (a  rendu  ser- 
vice par  son  esprit  même  d'opposition).  —  L.  dk  La  m  le.  Les  doges 
Sébastien  et  Pierre  Ziani  (1172-1178  et  1?05-i2?<J;  d'après  une  chro- 
nique anonyme  du  xv«  s.;  Bn  au  n°  3).=:N°:L  W.-L.  Gqant.  La  mis- 
sion de  M.  de  Bussy  à  Londres  en  1701  (négociations  préparant  le 
traité  de  Paris,  d'après  les  archives  anglaises).  —  11a ussos ville.  Le  duc 
de  Bourgogne  et  les  pacifistes  en  17(10  et  1710.  —  L.  Pinuaud.  Un  his- 
torien de  la  Russie  d'il  y  a  cent  ans;  le  grand-duc  Nicolas  Mikhaîlo- 
vitch.  —  H.  Dollot.  Une  chouannerie  flamande;  chute  de  la  domina- 
tion française  eu  Belgique  (181  H- 18 14».  =  N°  4.  B.  de  Lacosjiie.  Les 
papiers  de  Nesselrode.  —  E.  Thuhebt.  Politique  du  nord  de  l'Europe 
au  moyen  âge;  les  Northmen  en  France.  —  A.  Uiffalovicii.  I*a  seconde 
occupation  de  Francfort  en  17%  et  la  convention  secrète  de  brumaire 
au  V.  —  Fr.-Ch.  Houx.  Les  échelles  de  Svrie  etd*1  Palestine  au  xvuia*. 
idepuis  1715;  suite  aux  deux  nM  suiv.  [{apports  des  Français  entre  eux 
et  avec  les  protégés;  avec  les  indigènes  et  les  étrangers;  période  d'agi- 
tation et  de  décadence,  1708-ÎW).  —  M.  Boum  y.  Documents  relatifs  au 
mariage  de  Marie- A  moi  nette.  =:  T.  XXI,  PJ07,  n°  I.  Ci.kvknt-Sivun. 
Un  ambassadeur  extraordinaire  russe  à  Constantinople  à  l'époque  «le 
Catherin**  II  et  de  S«>lim  II L  —  M.  Escomnn.  La  I testai] ration,  l'An- 
gleterre et  les  colonies  (signale  l'opposition  fie  l'Angleterre  à  notre 
politique  coloniale  sous  la  Hestau ration).  —  L.  de  Yuinuvich.  Louis  XIV 
et  Haguse,  1007-80  iex trait  d'un  livre  sous  presse  sur  la  France  et  la 
n publique  de  Hayusc).  —  P.  Hain.  L'Europe  et  la  Chambre  Introuvable, 
'jo  iiov.  181~i-5  sept.  1810  (expose  la  politique  du  duc  de  Richelieu).  = 

littv.  UisToa.  XC1V.  2*  pasc.  ;»6 


402  recueils  fbuodiqubs. 

N*?.  G.  Troubetzkoï.  La  politique  russe  en  Orieat;  le  schisme  bulgare 
(tentatives  d'une  solution  canonique,  1867-70).  —  P.  Dudon.  La  réponse 
de  Portalis  à  la  note  du  cardinal  Gaprara  sur  les  articles  organiques 
(texte  tiré  des  arch.  du  Vatican). 

6.  —  Revue  d'histoire  moderne  et  contemporaine.  T.  VIII, 

n°  6,  mars  4907.  — J.  Letaconnoux.  La  question  des  subsistances  et  du 
commerce  des  grains  en  France  au  xvm*  s.;  travaux,  sources  et  ques- 
tions à  traiter.  =  Compte-rendu  :  A.  Dry.  Soldats  ambassadeurs  sous 
le  Directoire  (des  erreurs,  mais  du  nouveau).  =z  N°  7,  avril.  E.  Déprez. 
Les  opérations  de  la  vente  des  biens  nationaux  ;  organisation  générale 
et  direction  centrale  ;  I.  Les  biens  ecclésiastiques  (le  Comité  d'aliéna- 
tion, 1790-1791,  le  commissaire  du  roi,  administrateur  de  la  caisse  de 
l'extraordinaire,  1791-1793).  =  Comptes-rendus  :  G.  Daupeley.  Som- 
maire des  délibérations  de  la  commune  de  Nogent-le-Rotrou  pendant 
la  Révolution  (utile,  mais  peu  méthodique).  —  P.  Bliard.  Le  conven- 
tionnel Prieur  de  la  Marne  en  mission  dans  l'ouest  (L.  Lévy-Schnei- 
der  dénonce  la  partialité  et  l'insuffisance  de  ce  livre).  —  E.  Joachim. 
Napoléon  in  Finckenstein.  —  P.  Simon.  L'élaboration  de  la  Charte 
constitutionnelle  de  1814  (pas  définitif). 

7.  —  La  Révolution  française.  1907,  avril.  —  A.  Aulard.  Taine, 
historien  de  la  Révolution  française  (suite  :  l'établissement  du  gouver- 
nement révolutionnaire).  —  J.  Guillaume.  La  destruction  des  tombeaux 
des  rois  (rectifie  une  erreur  de  G.  Cain).  =  Mai.  J.  Glaretie.  La 
«  Liberté  reconquise  »  à  la  Comédie-Française,  en  1791  (pièce  d'un  cer- 
tain Harny,  qui  eut  un  grand  succès).  —  J.  Guillaume.  Lavoisier  anti- 
clérical et  révolutionnaire  (publie  des  Réflexions  inédites  de  Lavoisier 
sur  l'instruction  publique).  —  H.  Girard.  Carnot  et  l'éducation  popu- 
laire pendant  les  Gent-Juurs  (d'après  des  documents  conservés  par  la 
famille  Carnot).  —  A  propos  de  Prieur  (de  la  Marne)  ;  lettre  de  P.  Bliard 
et  réponse  de  Lûv y-Schneider. 

8.  —  Revue  de  l'histoire  des  religions.  T.  LIV,  1906,  n»  3.  — 
M.  Rkvon.  Le  shinntoïsme  (suite).  —  A.  Cauaton.  Raden  Paku,sunan 
de  Giri;  légende  musulmane  javanaise;  texte  et  traduction  (curieux 
pour  l'histoire  de  Java  au  xv°  siècle).  —  P.  Alphandérv.  Albert  Réville. 
=  Comptes-rendus  :  A.  Lods.  La  croyance  à  la  vie  future  et  le  culte 
des  morts  dans  l'antiquité  israélite  (important).  —  Frazer.  Adonis, 
Attis,  Osiris.  =  T.  LV,  1907,  n°  1.  Revon.  Le  shinntoïsme  (fin).  = 
Comptes-rendus  :  M.  Dibelius.  Die  Lade  Jahves  (croit  l'arche  sainte 
d'origine  babylonienne).  —  A.  van  Gennep.  Tabou  et  totémisme  à  Mada- 
gascar. =  N°  2.  «T.  Réville.  Leçon  d'ouverture  du  cours  d'histoire  des 
religions  au  Collège  de  France.  =  Comptes -rendus  :  W,  Ramsay. 
Studies  in  the  history  and  art  of  the  eastern  provinces  of  the  Roman 
Empire  (mémoires  relatifs  à  l'Asie  Mineure,  par  M.  R.  et  ses  élèves; 
conjectures  souvent  fragiles).  —  Harnack.  Lukas,  der  Arzt,  der  Ver- 


BKrxilt.*  rÉiiODigCïs.  103 

fasser  des  dritlen  Evongeliums  u.  der  Apostelgoschichle  {discussion 
par  J    Hévillo]. 

0-  —  Études  Revu*  fonder  par  dm  Père»  de  la  Compagnie 
de  Jeans.  1307.  20  fovr.  —  M.  Oman.  Gilbert  de  Choiseul  à  Tour- 
nai |d'apre«  DeamoD*.  Gitbtrt  de  Ghoùtut,  h'ùjutde.  Tournai,  ttill*lW\. 

—  P.  ut  Vftamu.  lîalilén  et  les  Jésuites  (lin  le  l>  marsi.  — J.  Hsuckks. 
Bulletin  d' Ecriture  sainte.  =  5  mare.  A    i ■'An      ! 

daUirr  id'ajirè*  I»  volume  sur  Vlipiteapal  français  de  180!  I  IH  i  p  iblié 
par  la  Soc.  bibliographique.  =  \>  avril.  1''.  Laaaivaa.  L'abandon  de 
l'Egypte  par  la  Franco  (d'après  les  doroior*  livres  anglais  et  françai*|. 

—  P.  Iii.unn,  Une  condamnation  à  mort  en  1791  (un  exemple  d'une 
de*  *  injustes  persécution*  que  le  peuple,  dans  sa  partie  la  plus  saine, 
eut  i  subir  en  ces  jours  effroyables  >  de  lu  Révolution  :  la  famille 
Crauillière  de  Bées,  eu  !"'J'MM|.  =  20  avril.  La  Baciwlet.  Bellarmin 
a  l'index;  document*  nouveaux  (la  correspondance  du  légal  dt  Franc a 
Uenri  Uantani  al  du  cardinal  Aquaviva,  1590).  —  I'.  DOBOK.  BaUuln 
dlilstolro  moderne.  =  20  mai.  J.  tkmr..  Le*  finance*  du  Bail 

au  temps  d'Avignon  (d'après  le  livre  de  Samarnn  et  Mollati.  —  K.  Go 
mut.  Les  lacunes  du  •  Port-Royal  >  de  Sainte-Beuve  (Sainte-Beuve 
a  et*  d'une  négligence  surprenante  dans  la  préparation  de  sou  ouvrage). 
10  —  Revue  critique  d'histoire  et  de  littérature.  190 

-  Airs.  Fmnt:  Ma  Krp[iini««ii"ii  des  Mississipitliales  bu  m  in  Ausgang 
der  fransfisisclien  Herrscbaft  (bon  résumé  de  l'Iiintoire  do  la  colonisa- 
tion franeaiao  dans  la  vallée  du  Misaissipi).  —  £  Ueanuet.  L'Eglise  de 
France  sous  ls  troisième  République.  IH70-1S7H  (repreud,  au  poiut  de 
vue  catholique  Jibtrral,  lu  sujet  trait*  récemment  par  A.  DtUdOVI  IH 
(Hiinldo  Vti>'  laïque  a|  pépabUoaill  ;  Confirma,  M  remmê,  les  conclusions 
auxquelles  celui-ci  était  arrivai.  =  '.'9  avril.  RmU*  Honnit     | 

et  monument*  do  l'Hérault  ibon  tableau  do*  civilisations  anciennes  et 
moderne»  qui  se  «ont  succède  dans  l'Hérault  jusqu'à  la  Ile  naissance). 

-  0.  Aulaçnt.  Un  siècle  de  vie  ecclésiastique  en  province.  La  reforme 
BatbaQqita  du  ivn*  siècle  dans  le  diocèse  de  Limogo*  (bon),  —  f,  Battu. 
lli«toir«  de  l'ancienne  Université  de  Provence,  2*  période,   Il 

|bon).  =  (1  mai.  J.  Hatschek    Eogliscbes  Huaureclu .  Bd.  Il  :  dit  ffs» 
waltung  | remarquable  exposé  des  Institutions  administrative*  de  l'An- 
gleterre couieuiporaine).  —  K    Smpkln.   Qnnhlflhf    WD    I 
Bd.  I  lestlmable  :  mais  l'ouvrage  est  écrit  a  un  point  de  vue  trop  tien* 

illemand).  —  Joli.  Dieraurr.  SwohlcbU  der  Srhv.,-, 
Bidgeno t se n*c liait:  IM.  H!  {BOOM  Ui-unni  do  la  Confédération  lielvé- 
pute  lu  iteliut*  de  U  Réforme  jusqu'en  16-18).  —  Mémoires 
pubL  p.  ho  Houton  (niimprw- 
rTtgl  paru   pour   la   i  ,7    «  C'est 

0  dont  il  ne  faut  pas  éditer  un  texte  ■).  =  20  mat. 
II.  Hante    Zabyloaiau  légal  and  business  documn  > 
funn   teits,  VI,   1  ipubli»  11»  tablette»  provenant  «ans  d*UU 


404  IICUIILS  PÏEIODIQUW. 

para).  —  G.  Dottin.  Manuel  pour  servir  à  l'étude  de  l'antiquité  celtique 
(excellent).  =  27  mai.  Mahaffy.  The  silver  âge  of  the  greek  world  (bon 
tableau  de  l'hellénisme  après  la  réduction  de  la  Grèce  en  province 
romaine  et  jusqu'à  la  fin  du  iw  siècle  après  J.-C.).  —  À.  Merlin. 
L'Aventin  dans  l'Antiquité  (excellent). 

11.  —  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Comptes- 
rendus.  1906,  octobre.  —  Marquis  db  Vogué.  Papyrus  araméens 
d'Egypte  (à  propos  des  Aramaic  Papyri  publ.  par  MM.  Sayce  et  Gowley). 
—  G.  Glots.  Une  inscription  de  Milet  (fait  connaître  c  le  bannisse- 
ment par  inscription  sur  la  stèle  »  et  jette  un  jour  nouveau  sur  l'histoire 
de  Milet  après  les  guerres  médiques).  =  Nov.  B.  Haussoulue*.  Notice 
sur  la  vie  et  les  œuvres  de  M.  Jules  OpperL  —  G.  Pbrbot.  Notice  sur 
la  vie  et  les  travaux  de  D.-R.  Rochette.  —  E.  Bbbobr.  Les  aventures 
de  la  reine  Aliénor;  histoire  et  légende.  =  1907,  janv.  H.  d' Assois  db 
Jubaihvillb.  Une  colonie  gauloise  en  Irlande  au  in*  siècle  avant  notre 
ère.  —  E.  Sbhabt.  Une  nouvelle  inscription  d'Aéoka  (utile  pour  la  con- 
naissance du  bouddhisme).  =  Février.  H.  d'Arbois  db  Jubaihvillb. 
Un  cyclope  en  Irlande  (Cûchulainn,  fils  du  dieu  Lug). 

12.  —  Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  Séances 
et  travaux.  Compte-rendu,  1907,  février.  —  Combes  db  Lbstbadb.  Le 
cardinal  Arezzo  et  sa  fuite  en  Corse  (1812;  d'après  un  récit  écrit  par 
le  cardinal).  =  Mars.  Esmeix.  Napoléon  prédit  et  jugé  par  Gouverneur 
Morris.  —  G.  Monod.  Une  élection  au  Collège  de  France  en  1830 
(raconte  les  intrigues  politiques  à  la  suite  desquelles  Saint-Martin, 
désigné  à  la  fois  par  le  Collège  de  France  et  par  l'Institut,  fut  évincé 
et  Letronne  nommé).  —  A.  Laib.  Le  prix  triennal  d'après  des  docu- 
ments inédits  (dès  son  institution,  en  1855,  ce  prix,  qui  devait  être 
décerné  par  l'Institut,  donna  lieu  à  de  graves  conflits).  —  E.  de  Bude. 
Voyages  de  J.-A.  Turrettini  (1691-1693),  d'après  une  correspondance 
inédite  (voyages  en  France,  Hollande,  Angleterre).  =:  Avril.  J.  Darcy. 
L'affaire  de  Madagascar;  I  :  1814-1881.  =  Mai.  Chuquet.  Souvenirs  du 
baron  de  Frénilly  (fragment,  1768-1780).  —  H.  Carbé.  Des  parlements 
et  de  la  convocation  des  États-Généraux,  25  sept. -5  mai  1789  (étudie  le 
conflit  d'idées  entre  les  parlements  et  les  États  provenant  de  la  concep- 
tion conservatrice  que  les  magistrats  voulaient  imposer). 

13.  —  Bulletin  historique  et  scientifique  de  l'Auvergne.  1906, 
mai-juin.  —  E.  Jaloustre.  Un  neveu  de  Pascal  :  Louis  Périer.  Le  cas 
de  conscience  (Louis  Périer,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Clermont,  sa 
vie  et  son  rôle  dans  l'affaire  du  c  Cas  de  conscience  »  de  1702,  qui 
amena  la  chute  de  Port-Royal).  =  Juillet-août.  De  Champflour.  Jour- 
nal du  chanoine  [de  Clermont]  Vidilhe  (4600-4634).  =  Nov.  Mioche. 
Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  Chapdes-Beaufort  (suite  en  4907, 
mars).  —  M.  Boudbt.  Note  sur  la  fabrication  du  feu  grégeois  en  Auvergne 
au  xiy  siècle.  =:  4907,  janv.-févr.  M.  Boudbt.  Martial  d'Auvergne 
était-il  d'Auvergne?  (non).  — A.  Ojaroias.  Un  diplomate  riomois  au 


tECUBILS  PERIODIQUES.  405 

xvir»  s.;  Pierre  Chanut  (suite).  =:  Mars.  GnAMKLorR.  lettre  d'un  jeune 
Clermontois  à  son  père  au  début  des  troubles  do  la  Fronde. 

14.  —  Revue  de  l'Agenals.  1900,  n°  4.  —  Couyha.  Journal  d'un  pré- 
bendier  de  la  cathédrale  Saint-Ktienne  d'Agen  sous  Louis  XIII,  liî21- 
163?  (suite  aux  fasc.  suiv.).  —  Pli.  Lauziin.  Florian  et  ses  bandes  de  parti- 
sans en  1814  et  1*15  (suite  dans  ce  fasc.  et  au  suiv.).  =  N°  5.  H.  Donnât. 
Mémoires  de  P.  Verdolin,  d'Aiguillon,  procureur  syndic  du  district 
de  Tonneins  (ces  mémoires  sont  à  peu  près  les  seuls  qu'on  ait  pour  la 
période  révolutionnaire  en  Agcnais  ;  M.  D.  en  commence  la  publication  ; 
suite  aux  n°»  suivants).  —  Lettres  de  Itory  de  Saint-Vincent  (suite  ici  et 
au  n°  suivant  :  1824-1828).  =  1907,  n°  1.  J.  Mahboutin.  lia  commis- 
sion diocésaine  des  monuments  religieux  (origines  :  1841-18 M).  — 
DunouRO.  Origine  du  fief  et  du  péage  de  Lécussan  (1040-1330).  =  »?. 
C.  Chaux.  Anciens  billets  de  banques  et  loteries  (du  xvin*  s.).  —  O.  Gra- 
nat.  La  politique  économique  des  iutendants  de  Guyenne  au  xvin*  s. 
(les  pépinières  royales). 

15.  —  Revue  de  Saintonge  et  d'Annls.  T.  XXVI,  1906,  5*  livr. 

—  J.  Pellisson.  Passage  de  la  duchesse  d'Augoulème  dans  la  Charente 
en  1815.  —  In.  La  misère  à  Touzac  en  1700.  —  La  municipalité  de 
Saiut-Saturnin  de  Séchaud  pendant  la  période  révolutionnaire  (suite 
aux  fasc.  suivants).  =:  6e  livr.  P.  Fleiry.  Passage  à  Marans  de  L.  A.  H. 
le  duc  et  la  duchesse  d'AngouIéme  en  1814  et  1823  (documents).  — 
J.  Pellisson.  Le  mobilier  d'un  mendiant  saintongeais  (en  1721).  = 

9 

T.  XX VII,  1007,  1"  livr.  E.  Lahadik.  Ktude  bibliographique  sur  les 
éditions  de  «  l'Antiquité  de  Bourdeaus  »  d'Klic  Viuet,  Saintongeais 
(tin  aux  nM  suiv.).  —  P.  Lemonnier.  Le  clergé  de  la  Charente- Infé- 
rieure pendant  la  Révolution  (listes  de  dignitaires;  suite  ici  et  au  n*3). 
=  fc2«  livr.  Dkrlklle.  I>a  révolte  de  la  Gabelle  en  Angoumois  et  Sain- 
tonge,  1548-1549  (d'après  Gigon,  la  Révolte  de  la  Gabelle  en  Guyenne;  fin 
au  n*  3).  —  La  population  du  département  de  la  Charente-Inférieure 
depuis  un  siècle).  =  3*  livr.  Ch.  Danoiueaid.  Gardes  d'honneur,  gardes 
nationales  et  volontaires  royaux  en  1808  et  1815  à  Saintes. 

16.  —  Revue  des  Pyrénées.  1906.  i«  trimestre.  —  J.  Lestrade. 
Le  séminaire  du  cardinal  François  de  Joyeuse  à  Toulouse  en  1500  (le 
premier  séminaire  signalé  jusqu'ici  à  Toulouse  datait  de  la  seconde 
moitié  du  xvn*  s.).  —  M.  Ciievalieh.  La  transhumance  et  la  vie  pas- 
torale dans  les  vallées  d'Andorre.  =  1007,  1er  trimestre.  J.  Aihier. 
Le  petit  Saint-Cyr;  histoire  de  la  maison  d'éducation  de  [jêvignac, 
1770-1793.  --  F.  ht/vus.  Une  émeute  d'étudiants  à  Toulouse  en  1740. 

—  J.  Gros.  Les  conventionnels  régicides  de  l'Ariegn  eu  1810  (t»xil  do 
Vadier  et  de  Lakanal).  =  "2*  trim.  Desazahs.  I«a  ramillo  Crozal  (dut 
son  élévation  à  Antoine  Crozat,  gérant  de  la  fortune  du  duc  de  Ven- 
dôme .ï  la  Gn  du  régne  de  Louis  XIVj.  —  P.  Hi-kkailt.  La  ville 
d'Olunn  et  ha  forêt  du  Dager  depuis  le  xi9  s.  jusqu'à  nos  jours. — 
K.  Lamolzelb.  Le  parlement  Maupeuu  à  Toulouse  et  l'exil  de  l'anciou 


406  RECUEILS   PERIODIQUES. 

parlement  en  1771  (d'après  des  lettres  inédites  de  D'Aguin,  frère  d'un 
membre  du  parlement  de  Toulouse). 


17.  —  Bayerische  Akademle  der  Wlssenschaften.  Abhand- 
lungen  der  hlstor.  Klasse.  T.  XXIII,  4906,  fa  se.  3.  —  L.  v.  Rockin- 
oer.  Le  Miroir  allemand,  le  Miroir  dit  de  Souabe  et  les  sermons  de 
Berthold  de  Regensburg  (suite  :  le  Miroir  de  Souabe,  ayant  été  utilisé 
par  Berthold,  est  antérieur  à  décembre  1272  et  même  à  1268,  parce 
qu'il  suppose  l'existence  du  duché  do  Souabe;  il  est  postérieur  à  4258; 
le  Miroir  allemand  a  dû  être  terminé  en  4253).  —  S.  Riezlbr.  Le 
droit  de  logement  et  l'impôt  de  chasse  en  Bavière  (l'un  est  l'obligation 
pour  le  paysan  de  donner  l'hospitalité  au  chasseur;  l'impôt  de  chasse 
en  est  le  rachat;  il  se  maintint  jusqu'en  1808).  =:  T.  XXIV,  1907, 
fasc.  1.  L.  Traubb.  Fragments  de  la  quatrième  décade  de  Tite-Live 
dans  un  manuscrit  de  Bamberg  (en  onciale,  antérieur  peut-être  au 
vfl  siècle;  fragments  des  livres  33,  35,  39).  —  L.  v.  Rockinoer.  Époque  de 
la  rédaction  du  code  féodal  impérial  (1259).  —  Id.  Manuscrits  concer- 
nant l'histoire  de  la  Bavière,  du  Palatinat  et  de  l'Allemagne  dans  la 
bibliothèque  de  l'Académie  de  Bavière  (presque  tous  modernes). 

18.  —  Preussische  Akademle  der  Wlssenschaften.  Sltsangs- 
berlchte.  1906,  fasc.  15.  —  K.  Sethe.  Une  expédition  égyptienne  au 
Liban  au  xve  siècle  av.  J.-G.  (d'après  une  inscription  trouvée  à 
Thèbes).  =  Fasc.  43.  H.  Schâfer  et  K.  Schmidt.  Les  premiers  frag- 
ments de  littérature  chrétienne  en  ancienne  langue  nubienne  (fragments 
d'un  recueil  de  péricopes  et  d'un  poème  sur  la  croix  du  vin*  siècle 
environ;  écrits  en  caractères  grecs).  =  Fasc.  49.  Fr.  Gràber.  Rapport 
provisoire  sur  la  distribution  des  eaux  à  Pergame.  =  1907,  fasc.  5. 
M.  Perlbach  et  J.  Luther.  Un  nouveau  récit  sur  Luther  jetant  au  feu 
la  bulle  d'excommunication  (par  Agricola,  1520).  =  Fasc.  9.  O.  Hirsch- 
feld.  Les  militaires  romains  (le  plus  ancien  date  du  début  de  la  pre- 
mière guerre  punique;  leur  expansion  progressive  sous  les  empereurs, 
notamment  en  Gaule).  =  Fasc.  21.  A.  Harnack.  Les  données  chrono- 
logiques dans  l'histoire  des  Apôtres  de  Luc. 

19  —  Beitrage  zur  alten  Geschlchte.  (Klio.)  T.  VI,  1900,  fasc.  3. 
—  G.  Sigwart.  Fastes  romains  et  annales  chez  Diodore;  II  :  Les 
annales  transcrites  par  Diodore  (pour  la  période  ancienne,  spécialement 
celle  "des  décemvirs  et  d'Appius  Glaudius,  Diodore  a  dû  transcrire  un 
annaliste  qui  écrivait  en  langue  grecque  vers  130-150  et  qui  avait  uti- 
lisé lui-mùme  des  annales  grecques  et  latines  assez  tardives  et  sans 
grande  autorité).  —  H.  Pomtow.  Nouvelles  remarques  sur  la  <rcà<ri;  del- 
phiquo  de  Tan  363  av.  J.-C.  (addition  à  l'article  du  fasc.  1  d'après  les 
inscriptions).  —  P. -M.  Meyer.  Étude  juridique  dos  actes  de  l'Egypte 
ptolémoo-romaine;  I  :  Svyyp«?*i;  II  :  Le  contrat  à  l'époque  néo-ptolé- 
maïque,  le  <rjyYa?o?u>oÇ  et  le  procès  au  me  siècle  av.  J.-G.  —  O.  Cuntz. 
Contribution  à  l'histoire  de  la  Sicile  à  l'époque  de  César  et  d'Auguste 


KECPEII.S    [■LMOMOCIB. 


407 


(Auguste,  en  assimilant  la  plupart  des  ville*  siciliennes  aux  ptrtgrtni, 
retarda  d'abord  la  latinisation  de»  lia*;  il  y  remedi.»  dam  la  tuile  par 
retablUaemeul  do  colonies  et  l'octroi  de  quelque»  nouvelles  constitu- 
ions municipales  j  —  Iv  Asssmkm.  Moneta  (l'origine  de  ce  mut  doit 
ttn  ebercbéa  buu  nmcrfpttoo  •  Macbuath  ».  pUoéo  j»r  u?»  Cartha- 
ginois sur  los  monnaie*  d'argent  frtppén  en  410  pour  leur  armée  en 
Sicile). —  h  Rhum  Bni  In  anciennes  monnaies  romaine*  et  ita- 
lique* (d'après  les  travaux  d'Hàberlins).  —  LsHMont-ILu'iT,  L'once 
Oéo-romaine  de  27  gr.  =  T.  VII,  MOI,  bue,  I.  H.  v.  hm,  Le  •  Cor- 
pus uumiiiorum  »;  sa  composition,  son  but.  —  J.  Bkloch.  Les  rois  de 
Garthaga  (listes  jusqu'à  ta  tin  du  iv*  siècle  et  généalogie  des  deux  mai- 
son* royale»  de  M*g<m  M  d'Anmm  I*'  Grandi.  —  I).  Mtli.nm. 
de  Saison,  source  poétique  il  Hérodote  (contra  Natif  et  BtU 
la  priorité  des  Persîques  de  Cboirilos;  Hérodote  mirait  utilisé  aussi  les 
Samiaque*  du  mèiue|.  —  B,  Kaiauow.  Pour  l'histoire  de  la  révolution 
sociale  à  Sparte  (la  révolution  n'aurait  pas  eu  pour  origine  un  conflit 
entre  grands  propriétaires  et  prolétuires;  gagné  aux  idées  jibiloao- 
phigntt.  Il  {MM  mi  Agi»  aa  aérait  mis  a  la  téie  des  classes  uppri- 
;  iirr.  L'amphiclicmie  delpbiqun;  I  :  Lm  rap|»orta  de 
lamphictiomn  avec  la  ville  de  Dtjpbsa  (le»  DriphJajW  avaient  nu  doute 
leur»  deux  voix  araphictiouiqnes  dfea  le  n>  siècle]  ;  II  :  I."  partage  d«a 
voix  arnphictionique»  à  l'époque  ètûHqtM  (SMMW-  Prépondérant  du 
Ëloliens   qui   se   *oat   approprié    LM   \<»\    île    Imn   oonfédtiél).   — 

un.  Les  nouvelles  recliercbea  sur  le  (MM  (1H0  I 
lumière  de  la  politique  de  frontière  des  empereur*  romains.  —  P. -M. 
Meybb.  Papyrus  relatif*  &  l'histoire  de  l'Empire  romain  ;  I  :  «  Vice  prae- 

rptl  ■  ilniiL-ii.itiiiLiire  faisant  l'intérim);  Il  :  Deux  suppliques 
adressée»  directement  a  l'empereur  eu  l'an  203. 

80.  —  Forachnnajen  ssnr  bra.ndenbnrglac.hcn  □  prraaslacben 
Geacnichte  T.  XIX,  IMO,  (a**,  l  -  P  ffmww.  U.ntribution  à 
l'histoire  intérieure  de  la  Prune  pendant  la  Révolution  française; 
tîeotx  et  Unmboldt  (extrait  d'une  biographie  inachevée  de  Gcntx).  — 
G.  ItojurHAK.  La  médiatisation  des  comtés  de  Stolberg-Slolberg  et  Stol- 
berg-RoMla  (par  l'électeur  de  Kaxe  en  I7ÏO-38;  en  I8lu.au  congre*  do 
Vienne,  >l>  furent  cédés  par  lu  (Saxe  à  la  Prusse |.  —  II.  Kbahbo.  Albert 
l'Our»  (iuargra\e  de  Brandebourg.  II8BH1T0).  —  B 

Il  et  le  miracle  de  Wilsnack  (Ii47l.  —  (1.  Vota,  U  ■  Via 

I  !  nticieuii"  littérature  relative  au  priur.e  H.  un  de  Prusae 

Hrùtr  da  Prederic  le  liraud  ;  recherche  les  source»  de  l'ouvrage  du  msr- 

quia  ilouillé  sur  la  i   VfeptMa,      U  BriOM  BuMfi  de  Prusse  •,1809). 

BjaMR,  t,e«   terrier»  de  Hilésie   sou*   le   règne  dl    ! 
liuillaume  II  (M  ordonnant  une  révision  de*  terrier»,  ce  dernier  a  vi»0, 
commo  Frédéric  lo  Grand,  a  alléger  le*  charge*  des  paysans).  —  Cash- 
1800  'le*  uBM  ■  i.iaut  1a  campagne).  —  J.  v. 

i-H*«rruw..  !>•  ts  juin  1815  (l'iucrodie  n  Wavre.  I*i  première! 


408  IECUIIL8  PtftIODIQUIS. 

mesures  prises  par  Napoléon  contre  Bûlow  à  la  Belle-Alliance.  Il  ne 
remarqua  les  Prussiens  que  vers  deux  heures  un  quart). 

21.  —  Forschungen  sur  Geschichte  Bayeras.  T.  XIII,  1905, 

fasc.  1-2.  —  H.  Simonfbld.  Aventin  et  le  t  privilegium  minus  ■  (pour 
le  duché  d'Autriche,  1156.  Il  n'a  vraisemblablement  pas  existé  d'expé- 
dition bavaroise  spéciale  de  ce  privilège,  comme  le  pense  M.  Erben; 
en  tout  cas,  on  ne  peut  conclure  des  divergences  de  texte  dans  Aventin 
que  le  privilège  ait  été  falsifié).  —  J.  Wiobmann.  Le  roi  Otton  de  Hon- 
grie de  la  maison  de  Wittelsbach  (4305-1307;  adversaire  de  Charles 
d'Anjou  en  Hongrie).  —  P.  Darmstâdtbr.  Études  sur  la  politique  éco- 
nomique de  la  Bavière  à  l'époque  de  la  Confédération  du  Rhin:  le 
traité  de  commerce  bavaro-italien  du  2  janvier  1808.  —  J.  Hbldwbdc. 
Le  culte  des  reliques  dans  les  monastères  bavarois  à  la  fin  du  moyen 
âge.  —  J.  Wbiss.  Le  projet  de  mariage  entre  l'électeur  palatin  Charles 
et  Benoîte,  fille  de  la  princesse  palatine,  1667  (le  projet  dut  échouer 
faute  de  pouvoir  obtenir  la  dispense  du  pape). = Fasc.  3.  Jean-Guillaume, 
prince-électeur  du  Palatinat,  de  la  paix  de  Ryswick  jusqu'à  la  guerre 
de  Succession  d'Espagne  (d'après  les  archives  d'État  de  Munich;  fin 
au  fasc.  4).  —  A.  Mittbrwbisbr.  Les  fondations  religieuses  et  le  droit  de 
fondation  en  Bavière  (750-xix*  s.;  fin  aux  2  fasc.  suiv.).  —  W.  Gobtz.  La 
prétendue  conjuration  de  la  noblesse  contre  le  duc  Albert  V  de  Bavière, 
1563-64  (tout  démontre,  contre  K.  Hartmann,  que  cette  conjuration  est 
imaginaire).  =  Fasc.  4.  G.  Bbckmann.  Projet  de  mariage  entre 
Albert  III  de  Bavière  et  Jacobée  de  Hollande  (1432).  —  F.  Bastian. 
Valeur  des  tarifs  douaniers  du  moyen  âge  comme  sources  historiques. 
=  T.  XIV,  1906,  fasc.  1-2.  E.  Reicke.  Le  chanoine  de  Bamberg 
Lorenz  Beheim,  ami  de  Pirckheimer  (d'après  sa  correspondance).  — 
A.  Rosenlehner.  Munich  et  Vienne  en  1725-26  (d'après  les  rapports  de 
l'envoyé  bavarois  F.  v.  Môrmann).  —  F.  Bastian.  Tarif  douanier  de 
Regensburg  au  xrve  siècle.  =  Fasc.  3.  M.  Fastlinger.  Pour  l'histoire 
du  soulèvement  des  paysans  de  la  Haute- Bavière,  1705-1706  (au  fasc.  4, 
réponse  de  K.  v.  Wallmenigh  et  réplique  de  M.  Fastlinger).  — 
Th.  Weiss.  Pour  la  biographie  de  J.-Ph.  Fallmerayer  (député  au  Par- 
lement de  Francfort  en  1848).  =  Fasc.  4.  A.  Bachmann.  Encore  la 
bataille  de  Mùhldorf,  1322  (examine  les  dernières  opinions  émises). 

22.  —  Hansische  Geschichtsblatter.  1904-1905.  —  G.  Redter. 
Lùbeck  et  Stralsund  jusqu'à  la  paix  de  Rostock,  1283.  —  P.  Zimmer- 
mann.  Le  duc  Jules  de  Brunswick  et  Lûneburg  dans  leurs  rapports 
économiques  (depuis  1568).  —  W.  Stein.  Pour  l'histoire  des  Allemands 
à  Stockholm  au  moyen  âge  (les  Allemands  y  jouent  un  rôle  politique 
dès  le  xrve  siècle).  —  F.  Bruns.  Les  registres  du  péage  de  Lûbeck, 
1492-96  (ce  qu'on  en  peut  tirer  pour  l'histoire  de  la  navigation  et  du 
commerce).  =  1906,  fasc.  1.  Th.  Kiesselbach.  L'origine  des  Rôles 
d'Oléron  et  du  code  maritime  de  Dam  me  (les  Rôles  d'Oléron  sont  sur- 
tout une  codification  d'usages  adoptés  par  les  sociétés  commerciales  de 


*.:#,fcii 


sacrmi-s  i-saïut'ion*.* 


IH 


Ga-coRDi'  et  de  Poitou  par  suite  de  leur*  rapports  avec  lu  ' 

surtout  avec  Bruges,  où  elle»  limitai  o¥durgt*  Imirs  vins;  le  code  de 

Datume  en  représente  une  rédaction  mtxttWd»  Ttxtt  des  fou  MdM). 

—  K.  Fi  «  s  -i  h  Pour  l'histoire  du  commerce  du  hareng  ù  Hambourg.  — 
O  Meltïwu.  Tumnwio  Portinart  et  son  conflit  nvec  l«  Hanse  (1473- 
1513  ;  au  sujet  d'un  bateau  capturé).  —  G.  Arndt.  Rapport.-.  d'IUllwr- 
«Uill  avec  la  Hanse.  —  W.  Briui.  La  chronique  de  Hréiue  de  liynes- 
iMnb  et  rtcheiw  (lotie  tendancieux,  terminé  seulement  eu  li'n.  poil 
continua  jusqu'en  14:10).  —  Vue.  i.  A.  Woulwih..  Pow  l'histoire  des 
villes  hanséaiiqucs  au  temps  de  la  Bstaotation  française  et  de  Napo- 
léon I"  (rectiâo  et  complète  le  ttTffj  dt  Q.  BenriAm,  rjtinMfM  fran- 
çaitt  tout  Napoléon  1"\.  —  F.  Tbchsn.  I*  droit  dépave»  sur  la  cote  de 
MecUembourg  (ifi^ltOr*  siècles).  —  It.  IUpkf.  L'origine  des  tissus 
friMiDs  (l'industrie  du  drap  en  Flandre  a  l'époque  carolingienne). 

23.  —  Rhelnlscfae»  Hneenm  for  Philologie.  T.  LXI,  1906, 
fasc.  2.  —  Hanhikk.  Lee  comptes  publics  altlqaes  du  \*  siècle  {origi- 
nairement, les  compte*  étaient  réglés  pour  l'année  entière  ;  mais  entre 
les  Ot.  89 u  et  Mm,  l'usage  s'introduisit  de  les  régler  par  prytanîes). 

—  A.  v.  Mass.  Recherches  sur  la  méthode  de  travail  de  Diodore 
(plein  d'erreurs,  de  négligences,  de  légèretés  dans  l'utilisation  de  nés 
source*).  =  Pa*c.  3.  J.-E.  Kiautsm,  Coulriliumm  I  lY-p^raphie  attique 
(/suer,  grec..  Il,  835,  contient  uue  liste  des  prêtres  d 'Esc  u  lape,  335- 

L  ▼.  Mass.  Recherche»  sur  Ephore  (dans  non  reçu  ■'■ 
dilioa  de  Cynis  In  Jr-une,  a  utilisé  tÉPOphoo  tt  Ctésias,  pour  l'expé- 
dition de  Xerxès,  C.lèsia»  ei  Hérodote!.  —  F.  Rbukk.  Le  char  funèbre 
d'Alexandre  le  Grand  (Diodore,  XVIII,  Ï6-38).  —  A.  Kobtb.  Anaxi- 
m*no  de  Lampsaqae,  historien  d'Alexandre.  =r  Fasc.  I  H.  Rabds*. 
L'authenticité  des  lettres  de  Platon  (détails  sur  les  rapports  de  Platon 
avec  Denis  II  et  Dion  de  Syracuse).  —  W.  Pilk*.  Sur  Anlidius  DalsWi 
(sou  histoire  n'arrêtait  a  31  ap,  J.-C.i.  —  ï,  Ki.ul  La  datation  d'après 
le*  année*  a».  J.-C.  (adoptée  d'abord  par  l'etaviu»).=  T.  I.X1I,  1907, 
fa-c.  1,  F.  Rtim.  Corrections  au  texte  de  l'IIist.  Auguste.  —  II.  Wil- 
Laa*.  L'industrie  romaine  du  cuivre  en  basse  Germanie  (avait  sans 
doute  son  centre  à  Gresaenich,  prés  Ait.la>Qia|M*llM j  supplanta  au 
milieu  du  n*  siècle  ta  fabrique  d'uiteusile*  de  brunxe  de  Gapoue). 

M.  —  Zel  tsehrirt  des  Asvchener  Ge.cbichLvereln»  T  XXVIII. 
1905.  _  a  Faire.  Histoire  du  •  Kaiser- Knrls-Gymnasi  uni  •  a  Alx-la- 
Ouatlla  ;  1  :  Le  collège  de*  Jéiuitr*  (long  mémoire  de  285  page*  qui 
suit  l'histoire  du  collège  et  son  organisation  depuis  sa  fondation,  U 
1601,  jusqu'à  U  fin  du  iviu"  siècle  ;  a  la  suite,  liste*  et  documi<nU|.  — 
M.  Clambr.  L'agitation  confessionnelle  et  politique  dans  la  ville  impë- 
U -Chapelle  au  début  du  xvn*  siècle  (important  mémoire 
de  plu»  de  160  pages).  —  E.  Pain.*.  Le*  monopole*  de*  moulin*  et  des 
brasseries  dan*  lest  environs  d'Aix-la-Chapelle  (an  *iv*  *.).  —  Piltxkk. 
Un  privilège  commercial  du  roi  Louis  I*  de  Hongrie  pour  Aix-la-Gba- 


440  RECUEILS  PERIODIQUES. 

pelle,  1369.  —  E.  Pauls,   ta  droit  de  flottage  sur  la  Roer  des  fron- 
tières du  duché  de  Ju liera  à  Dùren  (xvi#  siècle). 

25.  —  Mitteilangen  des  k.  deatschen  archaeologischen  Insti- 
tuts. Athenische  Abteilung.  T.  XXIX,  1904,  fasc.  3-4.  —  J.  Kirch- 
nbb.  Liste  attique  de  bouleutes  de  l'année  335-334.  —  W.  Kolbe.  Les 
limites  de  la  Messénie  au  début  de  l'Empire  (d'après  une  inscription  de 
l'an  78  ap.  J.-C.).  =  T.  XXX,  1905,  fasc.  I.  W.  Kolbe.  Les  archontes 
attiques  de  293-92  à  271-70  (liste;  esquisse  l'histoire  d'Athènes  à  cette 
époque,  en  s'écartant  fréquemment  de  l'exposé  de  Beloch).  =  Fasc.  2. 
R.  IIebzog.  Lettre  du  roi  de  Bithynie  Ziaêlas  aux  habitants  de  Gos 
(200-250  av.  J.-C;  concession  du  droit  d  asile  à  l'Asdepeion  de  Gos). 
—  G.  Fredrich.  Démétrias  (en  Thessalie,  fondée  après  293  par  Démé- 
trius  Poliorcète  ;  ses  restes  ;  son  histoire).  —  W.  Dôrpfeld.  Les  palais 
crétois,  mycéniens  et  homériques.  =  Fasc.  3-4.  Th.  Wieoand.  Ins- 
criptions d'Asie  Mineure  (époque  romaine).  —  E.  Nachmanson.  Snr  la 
construction  des  murs  de  Gonon  (inscription).  =  T.  XXXI,  1906, 
fas.  3.  G.  Fredrich.  Lemnos;  Skyros  (avec  un  aperçu  historique). 


26.  —  The  Athenœnm.  1907,  3  mars.  —  Sir  Rennel  Rudd.  The 
princes  of  Achaia  and  the  chronicle  of  Morea  (bon).  —  Duckworth. 
Some  pages  of  Levantine  history  (intéressant).  —  F.  E,  Bail.  A  his- 
tory  of  the  county  Dublin  ;  4e  partie  (ce  n'est  qu'une  esquisse,  par  un 
homme  qui  d'ailleurs  connaît  admirablement  les  sources  du  sujet  et 
qui  aurait  pu  écrire  un  excellent  ouvrage  d'érudition).  —  A.  Earle. 
History  of  M  eaux  abbey  and  some  principles  of  médiéval  land  tenure 
(très  médiocre).  =:  6  avril.  The  Victoria  history  of  the  county  of  Essex  ; 
vol.  II.  —  G.  //.  Putnam.  The  censorship  of  the  church  of  Rome,  and 
its  influence  upun  the  production  and  distribution  of  literature  (insuffi- 
sant; des  lacunes  et  de  nombreuses  erreurs).  —  Le  mystère  de  Cumnor 
Place  (on  n'a  pu  retrouver  dans  les  archives  l'enquête  originale  du 
coroner  sur  la  mort  d'Amy  Robsart;  ne  serait-ce  pas  parce  qu'il  y  a 
eu  accident  en  effet  et  non  crime?).  =z  20  avril,  J.  W.  Fortescue.  A  his- 
tory of  the  British  army;  2e  partie,  t.  IV,  1789-1801  (remarquable). 
—  Chadwick.  The  origin  of  the  english  nation  (série  d'études  critiques 
à  base  surtout  linguistique.  La  principale  conclusion  qui  s'en  dégage 
est  qu'avant  l'an  600  l'histoire  d'Angleterre  ne  peut  être  fondée  sur 
aucune  base  solide).  =:  27  avril.  Francis  M.  Cornford.  Thucydides 
mythistoricus  (très  remarquable).  —  W.  //.  Graig.  Life  of  Lord  Ches- 
terfield  (agréable  biographie  du  quatrième  comte  de  Ghesterûeld,  1694- 
1773,  l'auteur  des  fameuses  «  lettres  »).  —  Arnold,  Roman  provincial 
administration  (estimable  résumé).  —  C.  I).  Fisher.  Taciti  Annalium 
libri  (édition  soignée).  =  4  mai.  A  Lang.  A  history  of  Scotland  from 
ihe  roman  occupation;  vol.  IV  (très  intéressant).  =  11  mai.  Dale.  His- 
tory of  english  congregationalism  (bonne  histoire  du  clergé  non  con- 
formiste sous  Charles  II).  —  W.  Page.  The  history  of  Yorkshire;  vol.  I. 


■ecouls  rfoiainaDES. 


ni 


S  25  mal.  £.  A,  Wallis  Buthjt.  Tbl  égyptien  Sûdan;  itn  history  and 
monument*  (compilation  mal  ordonnée,  mail  où  il  y  adMOoMrnUoai 
personnelle*  et  des  remarque*  [udicl*IWt(.  —  t".  -I-  d'-IIJon.  A  history 
of  Ireland;  t.  H,  U57-1782  (intéressant,  beaucoup  de  faits;  mai»  In 
P.  d'Alton,  tout  en  protestant  do  «on  impartialité,  N  plut  toujours  au 

point  do  vue  catholique  romain).  =  U.  Manicchi.  The  r 

and  the  Palatine,  according  to  the  latest  discoveries  (médiocre  traduc- 
tion d'un  bon  livra).  =r1"  juin  H  A  i  ftitm  Tbahhttoryof  England, 
bMttOMp  dWuditiuu,  d'art  et  de  finesse;  l'auteur  se  laisse 
parfois  dominer,  quoiqu'il  s'en  défende,  par  ses  convictions  proleslanlesl. 
—  0.  Browning.  The  fall  of  Napoléon  {important).  —  ftaçg.  Dante  and 
bis  Italy  (très  intéressant).  —  Hartt»  llumi.  Queens  of  Old  Spain 
(recueil  de  huit  biographies  d'inégalo  valeur,  parmi  lesquelles  on  trou- 
vera la  vie  de  Marie  Tudor,  femme  de  Philippe  II  d'Espagne). 

»7.  —  Edlnburgh  Review  T.  CC1V,  juill.-oct.  1906.—  Lord 
H.uiiintjiii  Qburehill  [M  HognfUi  pi»  ton  Ut,  H.  Wiottoo  Obnr* 

rhill|.  —  L'HIiiminisint.'  et  la  l'iévolutkm  française  (insiste  sur  le  rôle 
important  des  sociétés  secrètes  dans  la  préparation  de  la  Révolution. 
Ijes  premières  loges  de  maçons  se  répandirent  en  France  sons  le  patro- 
nage légitimiste  des  émigrés  jacobitea.  LlnOnUM  dû  WeisUaupt  créa 
de  ces  logos  diverses  une  organisation  puissante,  imitée  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  et  dont  certains  membres,  comme  Balm  ' 
semblent  avoir  joué  un  rôle  important  dans  ta  diplomatie  contempo- 
raine). —  Uu  illustre  cavalier  lia  duc  d'Ormoud,  d'après  loi  riche* 
archiva  de  la  famillr,  BoaUrsitl  à  Kilkenny,  a  la  Hod leio nue,  oc 
■  poursuit  activement  ;  précieur  pour  l'histoire  du 
mot  titillai*  en  Irlande  au  ivii*  s.).  —  Mémoires  du  parti  «liig 
lut  correspondance  de  Lord  Dudley  avec  Mrs  Dugald  Steward,  la  femme 
,ii!i.'i'i  li'-,  >  !  Il  DolinQl  série  dos  Mémoires  de  Lord  liai  - 
(and,  1807-1821,  dont  on  fait  ressortir  la  partialité).  —  Viterbe  (d'après 
les  travail  i  li  Q  Piui]  -  Hutao  Fulier  (les  pièces  de  «ou  procès 
Turent  reunies  en  un  volume  à  part  qui  a  malheureusement  disparu. 
Kieu  ne  permet  de  dire  que  le  nom  de  la  dogaresse  fût  mêlé  a  l'affaire, 
ni  même  qu'elle  fol  l'objet  de  l'insulte  qui  aurait  été  l'origine  du  DMD- 
»- 1 ' ■  a .  M,  Vili'iruj  I.i/iaruii  a  réuni,  critiqué,  pablUtOU  bM  document* 
que  l'on  possède  encore  sur  cettn  conjuration,  dont  il  «omble  bien  dire 
-uiitl.  —  La  situation  politique  en  Asie.  —  Los  ballades  des 
rrontièrea  (du  borderland  d'Angleterre  et  iTTlCOm  l.i'ur  vili 
rique.  San*  la  cullectinn  qu'en  a  faite  Waller  Scott,  on  on  eût  perdu 
beaucoup;  mais  son  recueil  est  sujet  à  caution,  car  il  ne  se  gênait  pas 
pour  les  refondre  M  les  amplifier  à  sa  guise).  —  Christine,  reine  de 
Suéde  (la  biographie,  surtout  d'après  les  ouvrages  ih  M,  di-  BQdt). 

2fl.  —  Qnaj-terljr  Review.  T  OCV,  juill .-<i.-.t.  l'JOfi.  —  L'Angle- 
terre dani  la  Méditerranée  (c'est  au  ivii*  s.,  et  non  pas  au  ivm*,  ainsi 
qu'un  te  criitt  ordinairement,  que  l'Angleterre  h  commencu  d'établir 


442  1ICUHL8  PtflIODIQTO. 

sa  puissance  maritime  dans  la  Méditerranée,  sous  la  direction  de 
Cromwell  et  de  Guillaume  III,  puis  sous  l'influence  de  Marlborough. 
Bn  1715,  date  où  s'arrête  cette  étude,  elle  est  installée  définitivement  i 
Gibraltar,  dont  la  possession  compense  pour  elle  l'abandon  de  Tanger 
qu'elle  a  dû  faire  sous  Charles  II).  —  Lewis  Jones.  Geoffroy  de  Mon- 
mouth  et  la  Légende  d'Arthur  (Geoffroy  aura  été  le  premier  écrivain  i 
saisir  l'importance  romantique  des  légendes  arthuriennes  ;  il  s'en  est 
emparé  comme  d'une  trouvaille  et  les  a  fondues  en  un  récit  travaillé 
comme  un  roman,  malgré  ses  apparentes  prétentions  historiques.  Il  espé- 
rait attirer  l'attention  du  roi  et  mériter  par  sa  littérature  patriotique  un 
évôché  qu'il  finit,  en  effet,  par  obtenir).  —  Robert  Duhlop.  Les  origines 
de  la  race  irlandaise  (conteste  les  conclusions  du  Dp  Joyce,  dans  sa 
Social  History  ofÂncient  Ireland.  Les  premiers  habitants  de  l'Irlande 
ont  dû  être  des  Ibères;  la  civilisation  leur  est  ensuite  venue  par  une 
légère  invasion  de  Celtes  ou  de  Celtibères,  et  la  religion  leur  est  arrivée 
surtout  de  l'Orient,  sans  passer  par  Rome  ou  Constantinople.  Cette 
civilisation,  d'ailleurs  très  brillante  pour  l'époque,  s'est  effondrée,  non 
par  suite  d'autres  invasions,  mais  à  raison  de  l'instabilité  politique  et 
des  troubles  perpétuels  du  pays).  —  Le  Northumberland  (analyse  des 
sept  premiers  volumes  de  l'histoire  publiée  par  le  Comité  historique  du 
comté).  —  La  première  année  de  la  guerre  des  Boôrs  {Y Histoire  de  la 
Guerre  du  Sud-Afrique,  rédigée  sous  les  auspices  du  Times,  est  une 
œuvre  de  journalistes  qui  abusent  de  la  littérature  et  sont  trop  incom- 
pétents dans  les  choses  militaires).  —  John  Knox  et  la  Réforme  en 
Ecosse.  —  Les  origines  et  les  causes  historiques  du  mouvement  d'Ox- 
ford. —  Les  familles  de  comté  (caractère  de  l'aristocratie  territoriale  et 
de  la  gentry  anglaises  ;  histoire  politique  de  plusieurs  familles,  les  Spen- 
cer, les  Cecil,  les  Knightley,  les  Isham,  etc.). 

29.  —  The  Scottish  historical  Review.  1907,  avril.  —  Le  R.  P. 
John  H.  Pollen.  La  dispense  pour  le  mariage  de  Marie  Stuart  avec 
Henry  Darnley  et  sa  date  (Marie  se  décida,  vers  le  15  mai  1565,  à 
épouser  son  cousin  germain;  elle  annonça  cette  nouvelle  à  Elisabeth 
le  21,  ajoutant  qu'elle  ne  se  marierait  pas  avant  trois  mois;  en  môme 
temps,  elle  envoyait  demander  au  pape  la  dispense  nécessaire  pour  son 
mariage;  mais  elle  épousa  Darnley  le  29  juillet  et  la  dispense  ne  fut 
accordée  que  vers  la  mi-septembre.  Cependant  elle  porte  la  date  du 
25  mai.  La  date  aurait-elle  donc  été  falsifiée?  Non,  il  est  plus  raisonnable 
de  penser  que  l'acte,  pour  des  raisons  politiques  faciles  à  deviner,  fut 
antidaté  de  trois  mois.  Il  y  a  quelques  exemples  de  cette  incorrection. 
Quant  au  coup  de  tête  de  Marie,  il  est  malaisé  d'en  donner  une  expli- 
cation favorable  pour  sa  mémoire).  —  N.  L.  Mathieson.  L'Union  de 
1707  (simple  esquisse).  —  Sir  Herbert  Maxwell.  La  Scalacronica  de 
Sir  Thomas  Gray  (suiie  de  la  traduction  de  cette  chronique  ;  le  morceau 
présent  se  rapporte  à  la  capture  de  Charles  le  Mauvais  par  Jean  le 
Bon).  —  W.  S.  Mackechnie.  Thomas  Maitland  (biographie  assez  fouil- 
lée; Thomas  Maitland  était  le  frère  du  célèbre  secrétaire  de  Marie 


aicoms  tiuoutqets.  413 

Stuarl,  William  Maillaud  de  LethLngton;  il  mourut  de  maladie  M 
Illlit,  i-n  I3TÏ,  sur  le  chemin  de  Gènes  »  llotnei.  —  J.  K.  PaW»  I-cs 
BtlftMf  de  Pflrig.  —  Bopttk  U.  Mac  Uhosb.  La  séparation  dé  rftgttM 

M  iIp  l'Kut  en  France  en  1795.  =  Comple-rendu  ;  A  II.  Stirlimj. 
A  sketch  of  acottith  induilrial  and  social  history  in  ihu  18th  and  I9tli 
centuries  (bon). 

30    —  Accadomia  dei  Llncei    Classe  dl  sciense  mora.ll,  ato  ri- 
che et  Blotogtcbe.   Rendlcontl    :••  s ■•  r i .:- ,  t.    XV,  ['lit,.   **■ 

Bar  l'extension  du  nom  de»  Auaonc»  et  de  l'Anémie  [Ml 
A ii«ones  occupèrent  dans  une  haute  antiquité  non  seulement  tout  le 
Ijiiiim,  mai*  toute  l'Italie  méridionale^.  -  -  G. -11.  Suuihtsa.  Une  minia- 
ture du  m*  siècle  représentant  probtbtomaiH  1'  «  aula  régi»  •  du  palais 
royal  de  Païenne.  —  Giov,  Niccoliki.  L»  première  bataille  de  Bedriaco 
et  l'embouchure  de  l'Adrta  (liie  remplacement  do  la  bataille  livrée 
en  l'an  69  après  Jésus- Christ).  =  Pasc.  7-10.  C.  Pascal,  Deux  epi- 
g  ranime*  sur  la  Rome  antique  (dans  les  Mirabilia  Romat  :  l'une  d'elles 
avait  été  jusqu'ici  rejetée  comme  une  invention  de  la  Renaissance  !j.  — 
A.  Colombo.  A  propos  des  relations  entre  Fr&ncesco  I  Bforza  et  Flo- 
rence, Juillet  MM  (texte  d'un  traite  conclu  entre  Milan  et  Florence}. 
=  Fasc.  H-12.  E.  Pu».  •  Amuuclao  a  serpentibus  Je  le  lue  »  (les  ■  ser- 
pent** ■  auxquels  une  légende  attribuait  la  destruction  de  la  cité 
il'  i  Amuuclae  ■  ne  seraient  autres  que  les  Osques  ou  "Ofi.sf,  appelés 
ainsi,  disait-on,  â*4  •■»•.  â^im-,  s  le  peuple  des  serpents). 

81.  —  Arehlvio  atorlco  Itallano  T  \\  W[||,  1906,  fasc.  3.  — 
N.  Itooouco.  Extradition  et  politique  commerciale.  Note»  d'histoire 
■  ulu  vm«  au  début  du  xiv*  siéclel.  —  R.  KâHtOOa  Sur  Fort- 
H  i.i  foire  de  Seuigalha  (cette  foire  remonta  .lu  n* attela  "t  «m  I 
iïOO).  —  G.  Cbcchini.  Lettre*  inédites  de  Gluseppe  M  .■//mi  iJellre» 
léccmhre  IHIiïl  invitant  les  Toscan»  I  fMfêfK  le  intimement 
révolutionnaire).  —  U.-A.  Amumu,  Plâtra  QJWBQM  H  PknUcUrltav- 
liama  napolitain  au  début  du  xvui*  siècle  {VIttoria  eivilt  del  rrçno  di 
ftipoli  de  P    S  :■■  te  d'un  courtisan  dont  l'anticléricalisme 

te  boroo  k  combattre  la  papauté  dans  la  mesura  ou  son  pouvoir  fait 
obstacle  a  celui  du  roi  de  Naplrs).  —  A,  Sayblli.  Sur  l'interprétât  iun 
d'un  passage  de  I'  •  llistoria  Langobardorum  ■  de  l'aul  Dirai 
—  F.  BiLDASSuoai  et  G.  Deoi.i-Axzt.  Conseil  médical  de  maître  Ligo- 
lino  de  Monlecatini  à  Averardo  de'  Media  (publient  une  ordonnance 
du  début  du  iv*  siècle  donnée  à  un  malade  «Ueinl  de  bfM< 
H.  llrascu.  Publications  parues  en  àUtoi  IW4  *ur  le 

moyen  agn  italien-  =  Comptes,  rendus  :  C.  Puçiani.  Btortt  di  I. 
raie  dtll'  lu.  |UQ  et  da 

forme  un  peu  négligée).  —  G.  l'olpe.  Uxnhardi  e  Romani  nolto  cam- 
pagne e  nelle  cilla  (peu  précis).  —  Lupo  Gmdlt,  Sindi  nulla  storiognfîa 
borvolina  alla  corte  di  Coiimo  I  de'  Medid.  —  G.  CoçgioU.  I  Parneei 
o  il  ducato  dl  l'arma  e  Ptaceuxa  durante  il  pontilicalo  di  Paolo  IV; 


414  1EC0EUL8  rflIODIQUES. 

vol.  I  (excellent).  —  P.  MorstUino.  La  geneti  délia  rivoluxione  del 
1647  in  Sicilia  (renferme  des  détails  très  neufs  dont  l'auteur  eût  pu 
tirer  meilleur  parti).  —  B.  Masi.  NelP  ottocento;  idée  e  figure  del 
secolo  xix.  —  Id.  8aggi  di  storia  e  di  critica  (ces  deux  volumes,  d'une 
lecture  agréable,  sont  remplis  d'observations  neuves  et  suggestives).—» 
Osilia.  La  campagna  toscanadel  1848  in  Lombardia  (ouvrage  mal  com- 
posé, plein  d'erreurs  et  de  négligences,  mais  qui  éclaire  d'un  jour  nou- 
veau certains  côtés  du  sujet).  —  Q.  Zaccagnini  et  0.  Lagomaggiore. 
Scritti  ineditî  di  Franceseo  Puccinotti  con  notixia  biografica  e  critica 
(important).  =  Fasc.  4.  A.  Gaudekzi.  Une  biographie  romanesque  de 
Hugue,  marquis  de  Toscane  (publie  la  biographie  écrite  en  1345  par  le 
notaire  André,  que  Davidsohn  signalait  en  1896).  —  P.  Mouron. 
Quelques  documents  sur  Fauteur  de  1'  c  Hypnerotomachia  Poliphili  » 
(Fr.  Colonna).  —  F.  Tocco.  Les  plus  anciennes  sources  de  la  légende 
franciscaine  (discussion  des  théories  de  W.  Goets  et  de  Tamassia).  — 
G.  Ballabdimi.  Sur  la  c  convention  de  Faenza  •  de  1598;  nouveaux 
documents  inédits  de  Faenza  (convention  qui  attribua  le  duché  de  Fer- 
rare  au  Saint-Siège,  à  la  mort  d'Alfonse  II  d'Esté;  nouveau  texte  de 
cette  convention,  conservé  à  Faenza,  et  nombreux  documenta).  — 
A.  Sborb.  Notes  sur  Bérenger  I"  et  Bérenger  II  (c'est  dans  la  nuit  du 
l"-2  août  905  que  Bérenger  I"  surprit  Vérone;  la  rupture  survenue 
en  950  entre  Liutprand  et  Bérenger  II  vint  peut-être  de  ce  que  ce 
dernier  refusa  de  dédommager  Liutprand  des  dépenses  faites  par  lui  à 
Byxance).  =  Comptes-rendus  :  A.  Pernice.  L'imperatore  Eraclio  (dis- 
cussion de  plusieurs  détails  par  N.  Festa).  —  Bernardy.  Gesare  Borgia 
e  la  repubblica  di  S.  Marino.  =  T.  XXXIX,  1907,  fasc.  1.  G.  Mak- 
cmi.  Linari,  château  du  Val  d'Eisa  (xi°-xvr*  siècles).  —  F.  Rizzelli.  Les 
Anciens  et  le  gouvernement  de  la  commune  de  Pise  (au  xiv*  siècle).  — 
G.  Pascal.  Sur  le  c  De  terminatione  provinciarum  Italiae  »  (maintient 
contre  Crivelluci  que  ce  traité  est  original  et  a  servi  de  source  à  Paul 
Diacre).  —  A.  Fayaro.  Galileo  Galilei  et  Don  Giovanni  de'  Medici 
(les  récits  de  Viviani  et  de  Gherardini  sont  fantaisistes).  =  Comptes- 
rendus   :   P.  Sanlini.  Quesiti   e  ricerche  di    storiografia   fiorentina 
(important).  —  E.  Sieveking.  Studio  sulle  finanze  Genovesi  del  medio 
evo  (long  article  de  A.  Lattes).  —  G.  Arias.  Il  sistema  délia  costituzione 
econoraica  e  sociale  italiana  nella  età  dei  comuni  (un  peu  trop  dogma- 
tique). —  P.  Molmenli.  La  storia  di  Venezia  nella  vita  privata;  t.  II.  — 
V.  Maffei.  Dal  titolo  di  duca  di  Firenze  e  di  Siena  a  granduca  di  Tos- 
cana  ;  contributo  alla  storia  délia  politica  di  Cosimo  I  de*  Medici. 

32.  —  Archivio  storico  lombardo.  1906,  sept.  —  G.  Gallavbbsi. 
La  renaissance  du  parti  guelfe  en  Lombardie  après  1260  et  la  politique 
de  Filippo  Délia  Torre  (fin  en  déc.  :  la  rupture  entre  Délia  Torre  et  le 
marquis  Uberto  Pelavicino;  origine  et  développement  de  la  domination 
de  Charles  d'Anjou  à  Milan;  l'ambassade  d'Accursio  Gutica;  renou- 
vellement de  la  ligue  guelfe).  —  Aless.  Luzio.  Isabelle  d'Esté  aux  débuts 
du  pontificat  de  Léon  X  et  son  voyage  à  Rome  en  1544-1545  (fin  en 


*  ::, 


KKGOMLS    rit»Miril<RK8. 


415 


décembre,   étude   dr  B     Hiv.i.    DlDI 

document*  U  saint  Gérard  tir*-»  dm  arclme*  de  la  ■  Gimgregaxloue  dl 
Carita  t  de  Monza,  1 17-4  et  H98  (annonce  la  publication  prochaine  il 'un 
inventaire  complet  de  ces  Archives).  —  G.  Bomul  lianVIe  Foguani 
et  se*  ■  Commentaires  ■  sur  le*  familles  milanaise*  <en  dOOM  DM 
lalile  sommaire).  —  L.  Fs»a*»i.    Le  recueil  de  lettres  manuscrit  du 

BhukU  {iBMlbénutldea  de  Crémone,  ne  en  1071  et  mort  on 
174!;  Inventaire  sommaire).  —  Notices  et  documents  (arbitrage  du 
Comte  Vert,  KlGti;  le  rirtlljaf  Cavaiolo;  lettres  inédites  sur  la  surprise 
de  Crémone  en  1703).  =  Me.  0.  QàftUW.  l.<>  «  Pergamiuu»  ■  et  les 
débuts  d»  la  commune  de  Bergame  (estime  que  ce  poème  en  tTtOCBWU* 
de  Bergame  a  été  écrit  peu  après  1120  par  M  osé  del  llml  61 
ce  propos  les  origines  de  la  commune  de  Dergamo).  —G.  Uisciso.  l-rs 
comtes  de  Lomello  (corrige,  pour  la  période.  iMÛHn  au  milieu  du 
xni*  siècle,  le  mémoire  publié"  par  M.  Zucchi  dans  les  MitctU.  di  /for. 
iluliana,  ISM|<  —  L  Simkom,  Deux  documents  sur  le  sac  dé  VéMM M 
13iH>.  m  Comptes-rendus  :  À.  Darewski.  Iluna  Hforza  (en  polonais).  — 
lluralori.  BpEalolarlo  (longue  analyse  par  C.  Gipollal.  —  6.  Qallavresi. 
Il  iliriiin  rlleltorule  politico  secoudo  la  Costiluzione  delta  RepahBea 
cisalpin*.  —  /'.  Manfredi.  Cesarc  Canin.  —  Bibliographie  de»  publica- 
lions  relatives  &  l'histoire  lombarde,  jiiin-iléc.  VJOfi.  =  l'.Ml*,  mer*. 
I).  HoUfQHt,  Blanche  de  Savoie  et  son  mariage  avec  (i  aléas  II  VU- 
MtntJ  d'après  le*  archive*  de  Turin  :  la  jeunesse  de  Blanche;  «ou 
mariage;  naissance  de  Jean-Galéas  ViKond:  ta  dot  de  Blanche  i.  — 
G.  Cou.mo.  La  guerre  de*  Viwcouli  contre  les  Hcaligeri  et  les  nUÂOU 
diplomate;  .  BotagB*.  avec  I"  rooilc  de  \  irs 

—  A.  M»ki  Les  •  ambrostnl  ■  gros  d'argent  de  la  première  république 
i  '  ,o-i::  10  —  p.  N'ovâTi.  Un  ms.  original  du  •  Lilier  rerum 
mediolaneosium  *  de  frère  A.  Billia  à  la  Nationale  de  Madrid.  =s 
Coin  pies -rend  us  :  E  Pamtiani,  Un  anno  di  storia  genuvese,  IH6-1501 
(art.  a  lire  de  G.  Calligaris).  —  5.  Fellini.  Il  générale  Pino  e  la  morte 
del  ministre  Prina. 

33.  —  ArchWlo  atorloo  per  le  provlncle  napoletane  T.  XXXI, 
1906,  Easc.  ï.  —  F.  Nicouai.  lettres  inédites  An  Bernard"  Tanuccl  a 
r-Wiliuaodn  6aUnl  (nila  dam  M  fam:.  il  aux  trois  suivants  :  17ti7-  * 
1768).  —    Y  -  histuriquea  on  annale*  napolitaines 

I 

lille  naturelle  dl  Frédéric  II,  amiU'iic  il'Arcrra  (un  savait  seulement 

jnx|uVi  (jo  une  STla  nui  u  ml  le  da  Pfédérfe  II  avait  épousu  Thomas  H, 

romte  d'Acerra;  M.  S.  en  a  retrouvé  le  nom  et  donne,  d'après  dea 

inédit»,  de*  détail*  sur  la  vie  de  la  princesse,  morte  eu  lî'JT- 

M    Scnu>*.  Une  nouvelle  édition  de  GollelU  (Slor.  dtl  rtam* 
di  Ifapoli.  H34>iBtt;  quelques  critiques)   —  P.  FaiiKLK.  Un  diplomate 
du  temps  de  Frédéric  11  |  Thomas  de  Gaéle  (d'après  son  Ri 
lettre*  public  pur  P,  Kehr).  —  P.  BafDL  LVcrUure  secrète  de  Jeaune  1" 
de  Naplea  dan*  une  de  te*  latin  tW  fac-similé).  =  A 


ÂIG  ËECDSILS    PKHtODIQCES. 

part  (dans  les  fasc.  2-3)  :  Diaire  de  1798-1825;  index.  =  Fasc.  3. 
M.  Schipa.  Les  luttes  sociales  à  Naples  au  moyen  âge  (suite  au  fasc.  4 
pi  1907,  fasc.  1;  les  classes  sociales  à  Naples  du  m' au  xjvs.;  progrès 
de  la  commune  après  1 1 81)  ;  mouvement  anti-angevin  ;  divisions  admi- 
nistratives a  la  lin  du  sut"  s.;  l'Université  à  l'époque  angevine).  —  Récit 
(anonyme)  de  ce  qui  arriva  à  Naples  de  1701)  à  1732  (suite  aux  deux  fasc- 
suiv.J.  =  Fasc.  4.  G.  Gentils.  Le  premier  procès  d'hérésie  de  Tommaso 
Campanetla  (en  1591,  après  la  publication  de  sa  Philosophia  sensibus 
demonslrata).  —  N.  Fehorelli.  Abraham  de  Balmes,  juif  de  Lecce,  et 
ses  parents  (célèbre  philosophe  et  médecin,  professeur  à  Padoue  au 
xvr  siècle;  extrait  d'un  travail  général  sur  les  juifs  de  l'Italie  méridio- 
nale). =  A  part  :  Manuscrits  et  livres  concernant  l'histoire  du  Risorgi- 
mento  (1794-1815),  conservés  dans  la  bibliothèque  de  la  •  Socîetà  napo- 
letana  di  storia  patria  ».  =  T.  XXXII,  4907,  fasc.  1.  F.  Savini.  Les 
relations  de  Giosia  d'Acquaviva  avec  les  Visconti  et  les  Sforza  et  deux 
lettres  inédites  du  même  (1442,  1445).  —  D.  Maresca.  La  mission  du 
comm.  Alvaro  Ruffo  à  Paris  en  1797-98;  documents  tirés  des  archives 
de  Naples.  —  P.  Fedble.  Pour  l'édition  critique  du  catalogue  des  ducs 
de  Naples  (description  d'un  ms.  de  ce  texte,  à  Florence)-  =  Comptes- 
rendus  :  E.  Rogadeo.  La  une  délia  contea  Normauna  di  Uravina  (bon, 
mais  théories  aventureuses).  —  E.  Caspar.  Die  Chronik  von  Très  Taber- 
nac  in  Calabrîen  (excellente  réhabilitation  de  ce  texte  et  utile  édition). 
34.  —  Archlvio  storlco  siciliaoo.  Nouv,  série,  t.  XXX,  fasc.  4. 

—  G.  Gapabso.  Le  gouvernement  de  don  Ferrante  Gonzaga  en  Sicile  de 
1535  à  1543  (fin  aux  fasc.  suivants.  I.  La  situation  à  l'entrée  en  charge  du 
nouveau  vice-roi.  IL  Débuts  de  son  gouvernement.  III.  Expéditions  en 
Afrique;  départ  de  l'expédition  contre  les  Turcs.  IV.  Conquête  et  perte  de 
Castelnuovo,  1538-4539.  V.  Expédition  sur  Alger.  VI.  Fin  du  gouver- 
nement de  Gonzaga.  Pièces  juslif.).  —  V.  Epifanio.  Roger  II  et  Philippe 
d'Al  Mahdiah  (i  la  volonté  et  la  conscience  de  Roger  n'eurent  aucune 
part  dans  la  mort  de  l'amiral  >).  —  G.  La  Mantia.  Sur  les  fragments 
de  deux  registres  originaux  des  années  1353-1355  de  Louis  d'Aragon, 
roi  de  Sicile  (élude  préparatoire  à  un  recueil  des  acte*  des  rois  aragonais 
de  Sicile,  1282-1355).  —  I.  Di  Matteo.  Comptes  inédits  concernant  la 
frappe  des  a  piccoli  »  de  la  Monnaie  royale  de  Messine  en  1461.  — 
G.  Tbavali.  Une  lettre  de  Joachim  Murât  au  commandant  Micheroux 
(reproduit  quelques  autres  lettres  du  même).  =  Comptes-rendu»  : 
'!.  Itianco.  La  Rivoluzione  siciliana  del  1820  (excellent).  —  G.  Pîpitone- 
l'cderico.  Regesto  dei  diplomi  dell'  Archivio  Pignatelli  in  Palermo 
(archives  privées  do  la  plus  haute  importance).  —  V.  De  Cristo.  La 
raduta  di  G.  Murat  e  l'insurrezioue  délia  Calabria  uitoriore  nel  1845.  SS 
T.  XXXI,  fasc.  1-2.  B.  Radiée.  Bronle  pendant  la  révolution  de  182Ï 
(d'après  des  documents  inédits  de  l'Archivio  di  Stalo  de  Païenne).  ■ 
G.  La  Mantia.  L'usage  de  l'enregistrement  dans  la  chancellerie  du 
royaume  de  Sicile,  des  Normands  à  Frédéric  III  d'Aragon,  1130-1377. 

—  G.  PitbI.  Pasquinades,  cartels,  satires  et  ebansous  en  Sicile  (satire 


rfUOMQIM. 


4)7 


politique*  de*  xvn'-ivm*  siècles).  —  M.  Natalh.  Descripiion  Inédite 
•te  la  Sicile  par  Fra  (tUcumO  di-  CalUnissolla  (un  du  xvii*  siècle).  = 
I''wc.  3-4.  L.  QnUAlSt-  I-i  furuiatiun  de*  coutume*  de  Païenne  (leur* 
ottsMBlt*).  —  fVllnpm  Hl)4lll  :  4.  tlarbone.  Aunali  «iculi  delta,  compa- 
gnia  di  QfWÛ;  toI.  I,  1805-1814.  —  F.  Tripodo.  L'eupulsioue  dell»  coin- 
pagnia  dt  Gosù  dalla  Sicilia  (de  l'inexpérience), 

35.  —  Nuotd  «rchUio  veneto.  T.  XII,  1906.  fasc.  I.  —  I'.  Fossati. 
Quelque»  doute*  «ur  l'attitude  de  Venise  durant  la  reprise  d'Otrante, 
1 10M4W  (montre,  «l 'après  des  documents  Ultil  de*  archives  de  Milan, 
que  la  correction  de  l'attitude  pi  |  et  moment  est  loin 

il'*irfj  aussi  certaine  que  l'affirme  Pivâ),  — 0,  Anuai.  I*  «M 
ditparu  suivant  le»  statuts  et  la  indidoa  popobifl  dt  Viote;  contri- 
bution à  l'histoire  de  l'abaence.  —  T.  Coi-blu.  Scipione  Malîcl,  le  duo 
Franceccu  Farnese  et  l'ordre  cou*l&ntiaieu  (raconte  comment  le  duc 
Franceaoo,  après  s'être  fait  céder  la  grande  maîtrise  de  l'ordre  Constan- 
tin ien  en  1097,  réussit  à  empêcher  la  proclamation  pnr  Mattei  de  la 
fausseté  des  titres  relatifs  aux  origine»  de  cet  ordre).  —  G.  Il 
château  de  8.  Andréa  du  Lido  |«a  construction  en  1543-1571).  —V.  L»i- 
£*hihi.  Nouveaux  document»  sur  Dnnatello  et  l'œuvre  du  Santo,  — 
A.  Battistbu.».  La  servitude  de  la  glèbe  dans  le  Friuul  (suite  dans  ce 
fasc.  et  aux  suiv.;  regeate»,  777-1317).  —  C.  Folio  no.  Manuscrits  concer- 
uaul  Venise  conservés  en  Angleterre  (suite  dans  ce  fasc.  et  aux  sulv.|.  = 
Fasc.  !.  0.  Fr.r.*Aai-li*AYO  et  A.  KaBOOB.  Une  défense  inédit.-  A 
Maiiin  par  lui- m.1  me  (il  n'agit  d'un  volume  de  Vittono  Rovani  attaquant 
Matiin  et  annulé  Je  la  main  rnéuie  de  ce  dernier).  —  II.  lltuFumo 
Nhuk.  A  propos  des  lettre*  historiques  de  l.uigi  <ta  l'ort»  (manaseriu 
et  édition»;  observation*  »ur  In*  M  PttmiajfM  lettres,  relative»  aux  évé- 
nement» de  1309  on  Uimbanlie,  VVmetie  H  Humagne).  —  À.  Snnaiiii, 
Francesoo  Cuntarini,  politiqrM  i  :   du  xv  siècla  (note 

liUigraphujue,  suivie  d'un  Dialogue  Inédit),  —  C.  Cii'nt.!.*.  NotM  d'hi»- 
toire  v  i- rimai  se ,  encore  à  prupo*  iteï\idd>>u  didl.i  llranca  (humaniste  de 
Vérone}.  ~  Compte*- rend  us  :  M  von  Wutff.  Untersuchungen  xur  Veue- 
lianer  l'olilik  Kaiser  Maximilian  I  wahrend  der  Llga  von  Cainbray 
(  quelques  réserve»  «or  le  rôle  de  Vérone).  —  G.  Lu,tunj  et  f.  RintiUn. 
VcnetianiKhe  H*u«r»th  ht  Ut  der  l tenais*» ne.-.  =  T.  XIII,  1907, 
fasc.  1.  E.  Solmi.  Gasparo  Contarini  A  la  diète  de  Hat  h  bu  une,  d'après 
■lea  document»  inédit»  dea  archives  de  Gunsague,  i  Mautoue.  — 
A.  F**/*jm>.  Pulgenxio  Micanzio  ei  ilelik-o  Gaiilei.  -  li.  BoUfSe.  Lue 
chronique  inconnue  du  xv*  s.  et  son  auteur  anonyme  (chronique  en  ita- 
lien dan»  un  m»,  mutilé  conservé  i  Vlcence  et  dont  M  aile  i  a  connu 
une  copie  plus  complète,  C'est  l'œuvre  d'un  VélMiaJl  ■  jin  fut  en  rap- 
ports avec  le»  persouuagea  le»  plu»  en  vue  de  sou  temps).  —  8.  Suivi 
l'icsaiaoï.  Don  Giovanni  de'  MedJci,  gouverneur  de  l'armi-e  . 
dans  le  Friuul,  IMMMt.—  A.  Colombo.  Le  proj 
H(,ir/a  et  Gmuague  eu  prévision  d'une  guerre  contre  Venise,  oct.-aVc. 
innui  rwfiTi  •  t  ffiymn  Tm  RmitftHjrtj 
Kav.   Himia.  XC1V.  ?•  rate  21 


4(8  UCCIIL3  rÙMOPIQUIS. 

de*  Kapitalismu*  in  Venedig  (important).  =  A  part  1a  U  suit*  des 
Eue.  1  et  9  du  L  XII  et  XIII,  Il  :  C.  Cwomu  Publications  sur  I  hia- 
loire  du  moyen  âge  italien,  1903.  —  A.  Seouuzi.  Bulletin  bibliogra- 
phique pour  la  Vënêtie,  1904. 

36.  —  Bulletino  dell'  Istltnto  storlco  ltalla.no.  M»  27,  1908.  — 
P.  Eoioi.  Les  archives  de  la  cathédrale  de  Vilerbe  1440  pièces,  de  599  à 
1300).  =  N*98, 1906.  P.Kûini.  Un  martyrologe  de  Monte  AmUta,  écrit  i 
Citeaux  (xxr*-xiir*  siècles).  —  G  -  Mosttcolo.  Pour  l'édition  dea  deux  pre- 
miers groupe*  des  *  Capilolari  délie  Arti  venesiane  ■  (publiés  par  l'an- 
teu  r  ;  réponse  aux  critiques  de  M.  Siraguea).  —  V.  Fedbsici.  Actes  de  la 
commune  de  Tivoli  de  l'an  1389  ! procès- verbaux  de  séances,  compte», 
eic.i.  —  G.-B.  Sisascsa.  Les  annotations  de  Werner  Bnberan  •  Liber 
ad  honorem  Aogusti  •  de  l'ietro  da  Eboli,  dans  lems.  B-  59 de  la  Bibl. 
de  Berne  |les  publie).  —  C.-A.  Gabcft.  L'obiluaire  de  l'église  de 
S.  Spirito  conservé  dans  la  Bibl.  de  Bénèveot  (notice). 

37  —  Mlscellane*  di  storia.  Itallana  3'  série,  t.  X.  —  G.  Ronum. 
Benedetto  Patono  de  Meirano  (1763-1830)  et  aes  •  Mémoires  pour  ser- 
vir 4  l'histoire  de  la  dernière  guerre  des  Alpes  •  (fait  connaître  la  vie  et 
le*  écrits  de  cet  auteur  dont  les  «  Mémoires  >  sont  essentiels  pour 
l'histoire  des  guerres  soutenues  par  Victor-Amédèe  lit  contre  les 
armées  de  la  France  révolutionnaire).  —  B.  Fdlcbefu.  Les  monta  fru- 
mentaires  de  Sardaigne  (depuis  leur  création,  i  la  Gu  du  xvu*  siècle  et 
au  iiiii",  jusqu'à  nos  jours).  —  A.  Ditto.  Les  récits  du  siège  de  Cuneo 
en  1557  iclasseme.nl  de  ces  récits  et  publication  d'un  récit  inédit).  — 
L.  Ut  Rocca.  La  cession  du  royaume  de  Sardaigne  à  la  maison  de 
Savoie  (d'après  des  documents  inédits  des  archives  de  Turin  et  de 
Cagliari).  —  V.  Pooci.  Liste  chronologique  des  principaux  magistrats 
qui  gouvernèrent  et  administrèrent  la  commune  de  Savon  >'- 
origines  jusqu'à  la  perte  de  son  autonomie,  1134-1528  (avec  quelques 
détails  sur  l'histoire  même  de  la  ville).  =  T.  XI.  M.  Zuccui.  Les  ori- 
gines du  nom  de  Sannazaro  de'  Burgondi  en  Lc.mellina  et  la  famille  de 
Jacopo  Sannaxaro  (ce  n'est  qu'à  ta  fin  du  moyen  âge  que  Sannaxaro  a 
pris  ce  nom,  à  la  suite  des  alliances  entre  les  familles  des  Sanuaxaro  et 
celle  des  Burgondi  de  Pavie).  —  J.  Camds.  Les  premiers  autographes 
de  la  maison  de  Savoie  i  publie,  avec  fac-similés,  des  rnamlenienls  iné- 
dits d'Aniédée  VII  et  de  Bonne  de  Bourbon,  des  a;: 
C.  Gontïssa.  Pour  l'histoire  de  la  décadence  de  la  diplomatie  italienne 
au  xvn*  siècle  (d'après  des  documents  des  archives  de  Turin 
Venise  surtout  postérieurs  à  1675).  —  F.  Savio.  Les  diptyques  du 
ambrosien  et  du  canon  romain.  —  P.  Giacosa.  Inventaire  dea  Mens 
meubles  de  Blanche  de  Monlferrat  (inventaire  inédit  de  l'an  (519  tire 
d'archives  privées).  —  P.  Reois.  Piverone,  bourg  franc,  1?02-1379 
(d'après  des  documents  des  archives  de  Turin  et  de  Vercellii.  —  G.  Roasi. 
Un  petit  poème  sur  le  prétendu  droit  de  cuis  sage  (poème  composé  par 
A.  Paniïïi  en  1713).  —  E.  MilaSQ.  La  légende  et  J'histoire  du  Heu 


1IGD1ILR   rKRIOlHQOIS.  449 

u'Ançabech  (entre  Alba  et  Turin).  —  C  BfMU.  Un  missionnaire  et 
sinologue  pièmontais  en  Chine  an  xvh-  siècle  (public  une  biographie 
inédite  conservée  dans  les  archive*  dn  collège  des  Jésuites  de  Shang- 
Haij.  —  G  Rouai.  Documenta  inédits  concernant  IVglise  de  Vintimille 
ill 'i'.i- 11*7;  donne  en  appendice  une  liste  des  évoques  de  Vintimîlle), 

38.  —  Rlviata.  atorlc*  iUUUn»  3*  mirio,  t.  V,  1900,  fasc.  4,  uci.- 
déc.  —  A.  Meitttr,  Die  Gemeiiiscurift  im  Diensia  der  papstlichen 
Kurie  von  ihrem  Anfangen  bis  xuin  Knde  des  ivi  Jahrh.  jrtnde  sur  U 
cryptographie  pontiûcale).  —  Lrto  Altisandrt.  Invenlario  itell'  antica 
biblioleca  del  B.  Contente  di  S.  Francisco  in  Assisi  compilato  hJ  I38L 

—  A.  Pelteçrini.  Gubbin  sollo  i  conlt  ■  duchi  di  Urbino,  ISSMflH  (a'» 
pu  étudié  l'histoire  interne  de  la  cité;  des  erreurs).  —  F.  Peltati. 
Tra  i  meandri  del  patsalo  :  l'Alto  Monlerrato  délie  été  preistorfcbe.  — 
F.  Bucalo.  La  rifurma  murale  délia  Ctûeaa  del  tnedio  evo  u  la  litlcra- 
tura  antiecclesiaslica  italiana  dalle  originl  alla  fine  del  tecolu  xiv.  — 
0.  Ztnatti.  11  poemetlo  dl  l'ielro  De'  Naiali  aulla  pace  tli  Vonexia  tra 
Aleasandm  i ;  MJVsm  —  Siciliana  VUtanwta.  I^egRi  e 
canonî  m  malcna  di  diritto  privai»  second  o  i  pri  tic  i  pâli  canonisti  e 
IcRisti  ilnl  MOOtQ  sur.  —  ,1.  Fnlt.  Kmier  Friedrich  11  u.  Popst  Inno- 
OttM  IV;  thr  Karopf  la  deu  Jahren  1Î44-45.  —  WinUr.  DU  PoUttt 
PiW  wahreml  du  -i  I  . i r t_  -  (.'.  SMtur.  La  fcdo  ne»- 
imparo  e  il  ooncello  délia  patria  italiana  tu-l  l'etrarca.  —  l  Sighinol/l. 
la  »ignoria  di  Ginvantu  da  Olcggiu  ft  BologM,  Al  IBM  »  1360).  — 
Q,  Coagula.  I  Karne»)  e  H  ducatu  di  l'arma  e  Piacctixa  durante  il  pon- 
liflcato  di  Paolo  IV  (trop  touffu l.  —  G  Mondatni.  La  storla  del  suoi 
tempi  di  G. -II.  Adriani  ineuT)  —Û.  Futai.  Delisario  Vinu,  minislro 
e  coniigliere  di  Suto  del  granducbl  Ferdinando  I  e  Comme  II  de' 
Medicl,  I14S-I6I3  (bon).  —  V.  Sanii,  La  storia  uella  •  Seccbia  rapiU  > 
nie  Tassoni;  curieux  pour  U  connaissance  des  mœurs  du  xvu*  a.).  — 
Ouvrages  relatif»  au  siège  de  Turin  en  I70ti.  —  A.  PtUtgrim.  l'er  la 
guerra  dei  Sette  Anni.  leUft  dal  Carapo.  I756-1T6*.  —  P  ColUUa. 
Btorla  del  reame  tli  Napoll  dal  17 J;  .,  Manfroni 
limporianii.  —  P.  Apoilali,  Le  leitere  sinnicmi,  pnbt.  p.  Â,  U'Ancona. 

—  A.  ttixta.  PmflO  biugraiici  e  bMMtM  HotM-  —  K.  Pra<ca  l/amini 
raglio  Saint- Bon.  =  T.  VI,  1907,  fasc.  L  V  Valant,.  Initia  patntm 
aliorumijue  scriptorum  eedeaiaslicorum  laLiuorutn.  —  (*'.  Fanctlli.  Le 
imprime  militari  di  Marco  Tultiu  Cicérone  durante  il  auo  procontolalo 
in  Cilicia.  —  P.  Minvtitli.  L'Anonimo  Ilavonnale  e  la  sua  Cosmogre- 
(ia  (ne  démontre  pal  *a  thèse  :  que  la  Cosmographie  serait  d'un  étran- 
ger du  ta  siècle).  —  C.  Hinauj.  Ilumbert  I»M  le  royaume  de  Bourgogne 
(solide  M  clain  —  0.  H'ita.  Ubertino  da  Carrera,  aignore  di  Padova. — 
C.  Cantna.  Pet  la  storia  délia  decadenia  délia  dlplomaxia  italiana  nei 
secolo  ivit:  anedotti  di  relaiioni  veneto-sabaude.   —  Battra.  Va  auuo 

carteggîo  epistolire  fra  Carlo  Emanuele  I  di  Savoia  t  l'infante  Ci  Urina 
d'Auslria,  sua  moglie  —  Id.  La  rivoluitone  in  una  terra  dal  l'imiwute, 
17*J7'W.  —  G.  Oarai  i  i  rriturio  ntl  periedo  francese, 


420  1ECCEILS  rflIODIQUES. 

1797-1814;  t.  I.  —  U.  Pesci.  I  Bolognesi  nelle  guerre  nazionali  (appro- 
fondi). —  Jf.  Masziotti.  La  rivolta  del  Cilento  sul  1828  narrata  su  docu- 
menti  inediti  (beaucoup  de  nouveau). 

39.  —  Stodl  storlci.  T.  XV,  190G,  fasc.  1.  —  Gius.  Pardi.  Borso 
d'Esté,  duc  de  Ferrare,  Modène  et  Reggio,  1450-1471  (Borso  n'est  pas 
le  prince  sans  reproches,  généreux,  pacifique  et  ami  de  la  justice  qu'on 
a  voulu  nous  représenter  ;  il  a  eu  toutes  les  faiblesses  et  les  défauts  des 
hommes  de  son  temps;  suite  au  fasc.  2).  —  A.  Cbrluii.  Une  sorcière 
de  Reggio  et  son  procès  (enquête  criminelle  de  1375).  —  E.  Pecchiaj. 
Une  famille  de  marchands  pisans  au  xiv«  siècle  (les  Délie  Brache; 
inventaire  de  leurs  archives,  1307-1447,  suivi  de  quelques  documents; 
suite  au  fasc.  2).  —  A.  Grivbllucci.  Un  traité  c  De  terminatione  pro- 
vinciarum  Iialiae  •  du  vu*  siècle?  (le  traité  publié  par  G.  Pascal  dans 
YArchivio  storieo  ilaliano,  t.  XXXVII,  fasc.  2,  n'est  qu'un  extrait  de 
Paul  Diacre,  presque  identique  à  un  autre  extrait  publié  par  P.  Fabre). 
=  Fasc.  2.  A.  Chivellccci.  Pour  la  loyauté  dans  la  discussion  scienti- 
fique (à  propos  des  invasions  lombardes  et  des  évéchés  italiens  ;  reproche, 
en  termes  d'une  vivacité  regrettable,  à  Mgr  Duchesne  d'avoir  manqué 
de  loyauté  dans  la  discussion;  Mgr  Duchesne  a  répondu  à  ce  reproche 
dans  les  Mélanges  de  l'École  de  Rome,  1906,  fasc.  5). 


40.  —  Basler  Zeitschrift  fur  Geschichte  und  Altertumskunde. 

T.  V,  1905-1906.  —  F.  Holzach.  Les  relations  politiques  de  la  Suisse 
avec  Olivier  Gromwell  (intervention  de  Cromwell  en  faveur  des  Vau- 
dois  du  Piémont;  attitude  de  l'Angleterre  pendant  la  première  guerre 
civile  de  Villmergen).  —  R.  Luginbuhl.  La  •  guerre  du  gibet  »  en  1531 
(conflit  entre  B&le  et  Soleure  à  propos  de  leurs  droits  de  souveraineté 
sur  une  localité  frontière).  —  Th.  von  Liebenau.  Document  de  1471 
relatif  à  la  route  du  Hauenstein.  —  K.  G  a  us  s.  Le  pasteur  bàlois  Jérémie 
Braun  (appelé  à  exercer  le  ministère  pastoral  dans  le  Toggenbourg,  il  se 
vit  intenter  un  procès  par  le  prince-abbé  de  Saint- Gai  1,  en  1663  ;  curieux 
incident  des  luttes  confessionnelles  de  l'époque).  —  H.  Dubi.  Les  «  tra- 
ditions nationales  »  à  la  lumière  d'un  écrit  théologique  de  l'époque  de  la 
Réforme  (aucun  fait  nouveau  dans  cet  écrit,  dû  à  Rod.  Walther,  c  autis- 
tes >  de  l'église  de  Zurich  et  gendre  de  Zwingli).  —  F.  Fleiner.  Corres- 
pondance politique  de  J.-C.  Bluntschli  avec  W.  Wackernagel  (1833- 
1862).  —  H.  Joneli.  Pourquoi  les  chefs  de  la  révolution  bàloise  de  1798 
ont-ils  employé  la  violence?  —  F.  Vischer.  Rapport  du  général 
II.  Sébastiani  sur  la  situation  politique  de  la  Suisse  en  1804  (adressé  à 
Napoléon).  —  F.  Burckhardt.  Plans  et  cartes  du  territoire  bàlois,  levés 
au  xvii«  siècle.  —  W.  Merz.  Terriers  et  censiers  argoviens  (relatifs  à 
l'abbaye  de  Mûri;  en  publie  cinq,  dont  un  de  1295  et  trois  du  début  du 
xiv0  siècle).  —  Aug.  Burckhardt.  Elisabeth,  femme  de  Uans  Holbein; 
son  premier  mari  Ulric  Schmid.  —  R.  Wackernagel.  Trois  chartes 
bâloises  gravées  sur  pierre  (1264,  1307  et  1437;  la  dernière  seule  con- 
servée en  original). 


«CI  fil  S    i'lÎRIlMi]Ul!f.S. 


m 


41.  —  BolleUlno  elorloo  dell»  Svluera.  tta.Ua.na..  T.  VWII, 
1905,  octobre-décembre.  —  Lettre  de.  panOMMl  notable»  iln  Terni  n  4 
l>««rf  Cantù(suiie|.—  T.  ne  lamu  Lt  tttttU  (iahricl  de  Diesabach 
dans  la  Vallomaggia  II  .  I  .  Ld)  Veau,  La  patrie  d'origllia  d'Ur- 
bain VU  G  io  va  uni  Battista  Castagntt,  plu*  tard  archevêque  de  Ros- 
sano,  cardinal  on  1583  cl  pape  en  1590,  naquit,  non  pas  h  Lugauo,  mais 
à  Rome,  d'un  père  génois).  —  La  sorcellerie  dans  la  région  de  Meeo- 
leina  (ivu*  siècle).  —  Ed,  Tokmsni.  Catalogne  do»  documente  relatifs  k 
l'biatofre  de  la  préfecture  de  Mendrisio,  iûOO-1800  (suite  dans  ce  fasc.  et 
aux  sul  vanta).  =  t90fi, janvier-mai,  Lee  honpic.es  de  Camperio  et  de  Caaac* 
cia  sur  le  Lucotnagno,  du  xif  au  xv*  aiéclo  (suite  en  juin  M  net  L 
—  Un  évoque  do  Come  et  un   are  h i  urètre  de  llellinxona  à  Mesulcina, 

[419.—  1-e»  «Utul*  90  OfdOtmDM  rural"  .le   M wA ■-: 
==  Juin -sept.  G.  m*x«r,A.  Une  chronique  inédite.  d.>  l'Hospice  fa  Btlat- 
Gothard  (suite  en  oct.;  1liOM756|,  -  Habitant,  dn  Tétais,  ci  de  la  Suisse 
bienfaiteur»  de  I'  °  Ospedale  Haggiore  •  de  Milan  (depuis  le  xv  siècle). 

42.  —  HUtortchor  Verein  der  V  Orto  Luiern.  Uri,  Schwyi. 
Onterwalden  und  Zu«.  lier  Gtichiehtifreund.  T.  LIX.  190*.  —  Tb.  lai 
Libbbuu.  Hntaln  da  la  riOa  de  Willisau;  '.'•  partie.  -  EU,  Wtaun, 

Consultation»    sur   deux    pointu    de   droit   canonique   |xvi*    siérlr).    — 
J.-L.  UaaNDSTnTER .  Contribution»  à  l'fBfflMtMyH  de  la  - 
Th.  von  Liebsbiu  Recueil  de»  charte*  dn  lu  BOlaaglaJl  de  Item- Munster 
(salle  ici  et  au  vol.  suiv.i  1255-t.t(;tJ.  =  T.  I,\,  IMS.  E.  I.utou.  Les 
egliaea  de  la  Suiise  imite  ;  docanal  de  Sursee). 

43.  —  JaJnrboca  for  •ctownlaeriecho  GeeoUchte.  T.    \  X  X 1 , 

Laa  BfliMM  et  leurs  allié»,  à  la  bataille  dn  Moral, 
tjlirmairiit.il.  a  un  coin  m*  n  liant  en  citer?  liuiii;  c'est  à  tort  i 
k  souvent  été  attribué  au  chevalier  souaho  li.  lier  1er  de  Herteneek  . 
l'histoire,  militaire  de»  Htiiase».  aux  m*  et  xv*  «iérles,  ne  connail  pas  le 
commandement  suprême  personnel,  chaque  contingent  collaborait  au 
plan  commun)  —  Tr.  Sniim.  1j  correspondance  de  Hulliugcr  avec 
Vadian  (source  précieuse  pour  l'histoire  des  egliw»  reformée»  de  la 
Bllua  allemande,  de  1532  à  1551).  —  11.  H  m  son.  I.»  critique  des  Atta 
Murtnna  et  de  la  charte  de  fondation  du  couvent  de  Mûri  (réponse 
aui  objection*  qu'a  IQJcltaaa  un  précèdent  article;  cf.  Dm  Uft, 
-  I-  Varna.  Conrad  Jusiinger,  élève  et  conti- 
nuateur du  chroniqueur  konic^tmlrn,  lu  plus  anciens  bistono graphei 
do  Berne  et  de  la  guerre  dr  Luupen  (la  •  Chronique  anonyme  t  de  la 
mi  peut  seule  être  utlribuén  au  secrétaire  d'Etat  Juaiinger; 
la  rédaction  dite  ollicielle,  plu*  développée  et  postérieure,  n'eal  pu  da 
luii.  —  Lsl  i'  0,  inUL  Le  couvent  il»  Munster  (QftonaL,  fondation 
de  l'époque  carolingienne  l  importante  étude  sur  les  début»  de  ce  munit- 
lin,  fanM  |auhalllailW  lll  par  Clierlemagn»  ver*  780-7S6,  au  pied  sep- 
tentrional du  paaaagn  alors  tréa  fréquent.-  de  l'Umbrail,  qui  condui- 
sait du  llormio  dan*  la  vallnr  inférieure  de  l"lnn). 


CUQOMQCE   ET    BIBLIOGBAPHIE. 


CHRONIQUE  ET  BIBLIOGRAPHIE. 


France.  —  La  mort  de  M.  Jules  Laih,  membre  libre  de  l'Acadèm 
des  inscriptions  et  bel  les- lettres,  décédé  à  Paris  le  ifi  mai  dernier, 
l'âge  de  soixante-dix  ans,  prive  l'érudition  française  d'un  de  ses.  repré- 
sentants les  plus  distingués.  Esprit  à  la  fois  subtil  et  ouverL,  passant 
avec  une  aisance  ot  une  rapidité  presque  déconcertantes  d'un  sujet  à  un 
autre,  sans  qu'on  put  jamais  cependant  l'accuser  de  rester  superficiel, 
réussissant  en  même  temps  à  porter  allègrement  le  fardeau  d'une 
besogne  commerciale  qui  eût  suQi  à  absorber  l'activité  de  beaucoup 
d'autres,  M.  Jules  Lair  laisse  une  œuvre  qui  étonne  par  sa  richesse,  si 
l'on  songe  qu'elle  est  presque  uniquement  le  fruit  de  ses  veilles.  —  La 
plupart  de  ses  travaux  bb  rattachent  à  l'histoire  du  moyen  âge  et  plus 
spécialement  à  la  critique  des  lestes  :  c'est  sur  ce  domaine,  semble-l-il, 
qu'il  se  sentait  le  plus  à  l'aise.  Son  premier  ouvrage  fut  une  édition 
de  Dadon  de  Saint-Quentin  (1665),  qu'il  avait  présentée  dès  1858 
comme  thèse  de  sortie  à  l'École  des  chartes,  et  il  ne  cessa,  pendant 
toute  sa  vie,  de  publier,  sous  forme  de  courts  articles  ou  de  gros 
volumes,  des  mémoires  originaux  où  il  se  proposait  de  résoudre 
quelque  point  embarrassant  de  l'historiographie  du  moyeu  âge.  Son 
Étude  sur  la  vie  et  la  mort  de  Guillaume  Longue-Épée,  due  de  Normandie 
(1893),  et  surtout  ses  deux  volumes  à' Études  critiques  sur  divers  testes 
des  X'  et  XI'  siècles  |1899)  en  sont  les  pièces  les  plus  importantes  ;  il  pré- 
parait enfin,  depuis  plus  de  trente  ans,  une  édition  de  Guillaume  de 
Jumièges  dont,  malheureusement,  sa  curiosité  toujours  changeante  ne 
cessa  de  retarder  l'achèvement.  —  Ces  mémoires  de  pure  critique  ne 
sont  peut-être  pas,  malgré  tout,  ce  que  M.  Lair  a  produit  de  plus  remar- 
quable ;  la  composition  n'en  est  pas  toujours  assez  serrée;  en  outre, 
quoique  pénétrant,  il  semble  que  son  esprit  eût  une  tendance  à  s'arrê- 
ter avec  trop  de  promptitude  à  une  opinion  qui,  lui  apparaissant  comme 
vraisemblable  de  prime  abord,  prenait  presque  aussitôt  pour  lui  la 
force  d'une  certitude  et  se  transformait  en  parti  pris.  Normand  de  tonte 
son  âme  (il  était  né  à  Caen),  M.  Lair  devenait  presque  instantanément 
un  avocat  dont  les  yeux  se  fermaient  aux  évidences  qui  contrariaient 
ses  thèses.  Volontiers,  d'ailleurs,  ses  livres  prenaient  la  forme  d'un 
plaidoyer  ou  d'une  apologie  :  dans  son  Dudon  de  Saint-Quentin,  il  veut 
faire  œuvre  de  réhabilitation;  dans  son  Essai  historique  et  topogra- 
pltique  sur  ta  bataille  de  Formigny  (1903),  il  déclare  hautement  qu'il 
veut  élever  un  monument  a  la  gloire  des  héros  morts  sur  le  champ 
de  bataille;  enfin,  dans  ses  deux  livres  d'histoire  moderne,  dans 
Nicolas  Foucguet  (1890,  2  vol.)  et  dans  sa  Louise  de  la  Vatlière 


champ 

n*  son 


<  IHiHIel  >:    H    RI 


12.3 


dont  une  quatrième  édition  parais»*]!  au  moment  même  de  sa  mort, 
Il  semble  que  (on  seul  but  soit  do  laver  la  incnrnlrc  de  I 
de  taire  l'apothéose  de  la  maîtresse  de  Loui*  XIV.  Mai-, 
temps,  dans  ce*  deux  ouvrages,  il  montrait  ce  que  pouvaient,  pour 
élucider  les  problèmes  d'histoire  moderne,  les  méthodes  de  l'érudition 
la  plus  minutieuse  et  s'imposait  ainsi  au  choix  iln  l'Institut  comme 
directeur  di>  cette  monumentale  édition  de*  Mémoires  de  Richelieu, 
duut  sa  mort  vient  cruellement  ralentir  la  préparation. 

Louis  Ualphbn. 

—  H.  Léonard-Léon  B*rdinit,  ancien  professeur  de  Faculté,  auteur 
de  l'histoire  dea  Juif*  d'Avignon,  est  décédé  à  Limoge*,  le  S  mai  1907, 
dam  *a  i|u»ire-vlugt-troi*iéme  année. 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  Ih-IIps- lettres  a  décerne  In  I"  prix 
Gobert  à  M.  Charles  Bkkoht,  pour  son  édition  de*  RAt»  gascon*,  et  le 
2*  prix  à  M.  Louis  IUlpkkk,  pour  son  ouvrage  sur  le  Comté  d'Anjou  au 
II*  siècle.  La  plus  grosse  part  du  prix  Loubat  (géographie,  archéolo- 
gie. M  linguistique  du  Nouveau-Monde)  a  été  attribuée  a  M.  llnnri 
Viuhado,  pour  ses  travaux  sur  Vhrtitoplie  Colomb:  une  mention  a  éie 
accordée  &  M.  Jules  lh  wmi.bt,  pour  >un  élude  sur  les  Origine*  vint 
tutliennts.  Le  prit  du  budget  (chronologie  d'une  ou  plusieurs  séries  de 
grand*  feudalaire»  français)  a  et.-,  ptl  HOtpttOO,  aitrihué  A  un  ouvrage 
itnpriiHF-,  celui  île  M.  Iti'iir1  PMVMm,  sur  le  Rmjaume  de  Bourgogne 
(888-10381.  Le  phi  Pro»t  *  été  partage  entre  M.  Albert  liuiiut  [Habi- 
tation* gauloite*  et  ulta*  latimu  dan*  U  yoys  du  Mfdiomatriai)  et  la 
revue  VAu*tra*i», 

—  Nous  avons  reçu  le  premier  fascicule  du  Bulletin  d»  la  bibliothèque, 
tt  dtt  trtiwvx  hiitoriquti  de  la  ville  de  Paris  |Paris,  Impr.  nationale, 
1M6,  iu-8»,  xtviu-178  p.|.  Celle  nouvelle  publication  semble  surtout 
destinée  i  donner  périodiquement  le  catalogue  de»  nouvelles  acquisi- 
tions de  la  bibliothèque.  KHe  M  diriger  par  le  conservateur,  M.  Mar- 
cel Puera.  Le  premier  fascicule  •-uumère  les  nouvel  le*  ■ffpilsj'lhnil  île 
l'année  1905;  il  contient,  eu  outre,  la  réimpression  du  rapport  présenté 
par  M.  Poêle  on  vue  de  la  reorg*ui»aliou  du  «orvice.  de  la  bibliothèque 
et  de*  travaux  historique».  Nous  nu  avons  déjà  in  mémo  (Arc  hul  , 
t.  XCIII,  p.  10?)  Indiqué  les  conclusions.  L   il 

—  M.  Imuast  ni  l*  Tims  a  réuni  en  volume  le*  principaux  article* 

ii-  une  quinzaine  d'année*  «tir  diverse*  Qvtitionê 
4'hitUnre  loeiale  et  raligitVM  h  VÊpoqv*  fiattatt  et  à  l'époque  carolin- 
nrfat,  BMfaetat,  |Qmt  m- H',,  im-V'i:,  p.\.  U»  article*  traitent 
de*  immunité*  commerciale*  accordée*  aux  église*  par  le*  Carolingien*; 
de*  colonie*  agricole*  établies  *or  les  terre*  déserte*  de  la  Marche 
d'Espagne  a  la  même  e;mque;  de  la  fabrication  de*  fau*ae*  ■  cou- 
tumes *  do  La  tteole;  de  l'évolution  de»  idée*  sociales  du  xi*  au 
m'amena  la  substitution  ilu  régime  contractuel  au  régime 
du  patronage;  de  l'origine  et  de*  progrès  de  ta  liberté  commerciale  en 


CHBOYIIJCE    IT    IlilhKtif  MIB. 

fl  aux  ui*«l  un' siècles;  de  la  polémique  religieuse  et  des  |>ubii- 
ciste»  4  l'époque  de  Grégoire  VU,  d'après  leurs  écrits  et  l'ouvrage  de 
M.  Mirlii;  eniin.  du  caractère  général  de  l'organisation  ecclésiastique 
en  France  au  moyeu  âge.  On  aura  plaisir  et  profit  à  relire  tous  cr-e 
articles.  Peut-étn*  cependant  regrettera -t-on  que  l'auteur  ne  les  ait  pu 
revus  et  retouchés  davantage  :  on  peut  •'étonner  surtout  qu'il  .lit  réim- 
primé sans  changement  l'étude,  si  pénétrante  d'ailleurs  et  si  ingénieuse, 
qu'il  avait  publiée  en  1893  sur  les  coutumes  de  La  Roule,  alors  que, 
depuis  cette  date,  plusieurs  êrudits,  et  en  particulier  MM,  Prou  et 
Vidier,  dans  leur  Heeueit  des  chartes  iU  l'abbaye  de  Saint-Benoit-Sur- 
Loire,  ont  repris  l'examen  de  quelques-unes  des  queftfo&l  qn  : 
lève  et  sont  arrivas  sur  certains  points  à  des  conclusions  nouvelles 
IKins  celle  meute  étude  sur  les  coutumes  de  La  Iléole,  M.  Itnti.irl  de 
Lu  Tour  disserte  sur  le  sens  du  mol  tare  (p.  96)  comme  s'il  ignorait 
que,  depuis  1893,  il  a  paru  un  livre  essentiel  sur  la  matière,  l'Sstai 
mr  t'nrujine  de  la  noblesse  de  M.  Guilhiermo*.  On  eùl  préféré,  puisque 
l'auteur  s'abstenait  de  mettre  ses  articles  au  courant,  qu'il  les  don- 
nât avec  leurs  dates  et  l'indication  du  recueil  où  ils  ont  été  d'abord 
insérés  {Annales  de  la  Faculté  des  lettres  de  Bordeaux.  Études  d'histoire 
du  moyen  dgt  didica  à  M.  Gabriel  JVonod;  Mélanges  Paul  Fabre,  etc.)  :  la 
loche  des  bibliographes  en  eût  été  simplifiée,  et  le  lecteur  aurait  su  à 
quoi  s'en  tenir.  L.  H. 

—  La  librairie  religieuse  H.  Oudin  |l*ari s- Poitiers)  nous  a  envoyé 
une  nouvelle  édition,  en  français,  des  Htvilations  de  sainte  Gertruik, 
du  monastère  d'Helfla  (Saxe),  traduite?  sur  la  dernière  édition  latine 
(2  vol.  in-h'-i.  11  est  inutile  d'avertir  que  cette  publication  ne  s'adresse 
pas  aux  historiens. 

—  La  maison  qu'habita  à  Sainl-Cloud  l'électeur  de  Bavière  Maxi- 
milien-Emmanuel  en  1713-1714  et  qui  dnt  a  cette  circonstance  sa  qua- 
lification de  «  Maison  de  l'Électeur  »,  remplacée  en  1840  par  celle 
•  Château  de  Béarn  »,  du  nom  de  son  nouveau  propriétaire,  après 
avoir  subi  bien  des  transformations,  s'est  partiellement  conservée  Ji 
qu'a  nos  jours.  C'est  au  récit  de  ces  transformations  qu'est  consacrée 
notice  que  M.  Paul  Connu  a  publiée  sous  le  titre  :  Je  Château  de  Béarn 
(ancienne  Maison  de  t  Électeur)  à  Saint-Gtoud  (Versailles,  impr.  Aubert, 
1907,  51  p.  in-8»  et  5  pi.;  extrait  de  la  Revu*  de  Ikistoire  de  Versantes). 
On  y  trouvera  plus  d'un  détail  curieux  sur  les  propriétaires  successifs 
de  cette  maison  historique,  parmi  lesquels  on  compte,  mitre  l'Électeur, 
un  prince  de  la  maison  de  Savoie,  la  comtesse  d'Artois,  lielte-sœur  de 
Louis  XVI,  et  Bourrienoe.  L.  H. 

—  M.  L.-J.  Gbab  esquisse  la  courbe  des  Prix  du  bU  ù  Saint-Êlienne 
pendant  trais  siècles  (de  1640  à  nos  jours),  d'après  les  mercuriales. 
1, 'extrême  amplitude  des  variations  d'une  année   à  l'autre   est,    ici 
comme  dans  d'autres  villes,  le  phénomène  le  plus  aaisissui" 
la  Soc.  daanculture...  de  ta  Loire,  1906,  20  p.). 


ida 

tféj 

us- 
ela 
ara 


__ 


r.itKoiiot  e  et  nnii.iiH.nJrini:. 


«20 


—  Lm  petites  brochures  de  la  collection  Science  et  rcliywn  (Blond  et 
(?•)  uni  beau  être  marquées  du  sceau  confewionnel,  elles  n'en  feront 
pu  moins  pénétrer  dan»  certains  milieux  bj  Ruât  de  la  ontique  et  de  la 
libre  recherche.  M.  SbuUB)  étudie  H  historien  exact,  sinon  Itnpar- 

'./uint  it  la  rtorganitatton  moderne  du  Saint-Siège.  A  cette 
même  période  de  la  contre- réformai! on  *e  rattucbt  l'opuscule  de 
M,  Paul  Dbrlanures  :  te  Concile  de  Trentt  et  ta  réforme  du  elrrgS  MtAfr 
tique  an  IVI'  litctf.  A  la  peinture  un  peu  embellie  iraj  M  I. 
nous  trace  du  CUrai  rural  tout  l'Ancien  régime,  M.  George*  QOTM  I 
joint  un  ■  épilogue  •  oit  il  an  donne  le  malin  jduisir  dit  meure  l'éloge 
du  curé  de  campagne  dans  la  bouche  de  Voltaire  et  ...  do  ttesiif  de  la 
Bretonne.  La  Astembttej  du  cltnji  de  M.  Doublon  souffrent  d'avoir  été 
écrite*  par  quelqu'un  qui  n'avait  pan  lu  le  livre  de  M.  Serbat;  c'est 
cependant,  pour  le  ivu*  siècle  du  moins,  un  précis  catDDodt  Htb 
M  BoorioB  lient  trop  à  laver  ces  assemblée»  du  reproche  d'avoir  prè- 
M  >li*  pas  demandé)  la  Révocation  :  c'est  Taire  Imjii  marche  de 
la  i  (iraii de  remontrance  •  de  1874,  M  ÏWI  H  U  Hmfcas  est  plus 
juste  dans  un  exposé,  bourré  de  laits,  de  0*  que  fut  ta  t  cabale  det  dévoti  s 
(p.  51),  et  quoiqu'il  cberchoà  défendre  la  «  (kimpagnie  »  non  seulement 
contre  M.  Allier,  mais  contre  M    EMfaBfm  H-  1111. 

—  L'Ancien  titrât  dt  Paru  do  M.  C.  Dbmodist  |Iïcole  professionnelle 
d'imprimerie,  \Wi>,  in-87  p.  in-8')  porte  ce  sous-titre  :  V  Laugier  de 
Beaurecueil,  1112-119',  En  réalite,  c'est  la  biographie  d'un  curé  de 
Mai ii te- Marguerite,  qui  ne  fut  point  janséniste  et  qui  refusa  te  surinent 
à  la  Constitution  civile.  A  i«  même  époque  se  rapportait  la  brochure 
nu  M.  I.oun  EtttUEt  il"  'in  du  vieux  Garaùon,  Auch.  impr.  centrale, 
1903)  retraçait  la  vente  de*  hiens  d'une  chapelle  de*  Haute*- Pyrénées. 

—  M.  Gutnti  Ml lieH II  vient  de  faire  paraître  une  troisième  édition 
de  aon  livre,  la  tiarauue  de  Bauflltrt  et  ion  ftlt  I*  chevalier  de  Kau/JUri 

:  m  (>.  WW,  vi-.'rfid  p  in-8*.  portr.i,  qui  Fait  suite 
à  ses  deux  récent»  et  arou  sauts  volâmes  sur  la  cour  du  roi  HUnisUs  à 
l.uneville.  Oi  dernier  u>me,  tout  en  renfermant,  lui  aussi,  ttno  série 
de  lettre*  intéressante»  tirées  do  différentes  archives  de  famille,  ne  pré- 
tente  plne  le  marne  charme  piquant  que  ses  prédécesseur*.  Le  roi  Sta- 
nislas, l'ex-ainant  de  M*'  de  Iloufllers,  est  mort,  su  cour  n'est  disper- 
sée, la  belle  marquise  vieillit,  tee  correspondant*  et  te*  correspondante* 
«util  ;  la  vie  leur  parait  plut  décolorée  et  tout  autour  d'eux  m  del  km 
terriblement  sérieux,  de  torte  que  la  verve  frivole  de  tes  rimeur*  favo- 
M   on  peu  dans  l'agitation  pbil  M«  l'agila- 

iion  révolu  il'  uiuaire   M-"de  Itou  iilers  elle-ménie  meurt  encore  a  tempe 
'juillet  I78fij  pour  ne  p.is  KmCri  M  de  l'orage  prêt  à  te 

di'i'Iuiri'T,  rnaiv  la  MCJéU   de  ■  '«  délicieuse  marquise  •  va  se  disper- 
ser an  loin,  et  M.  Mnugra»,  dan*  son  Kpiluguo,  le*  accompagne  tucces- 
'     mon*  aussi  que,  répondant  1 
certaine*  réclamation*,  il  enumére  nominativement  dont  une  nouvelle 


OMOIIQrf.   ET    KIRLIOCLirm. 


iwr,  ans 


pré&M  le?  savants  lorrain»,  MM.  Heaume,  Boyé,  Druon,  Pfisutr, 
travaux  desquels  il  a  fait  dw  emprunt*  pour  les  siens  propres.  —  R. 

—  N'ayant  guère  la  ressource  de  pouvoir  (aire  canoniser  jamais 
aacun  roi  de  France  depuis  saici  Louis,  le»  admirateurs  de  notre  passr 
nonarcltiqiM  se  sont  applique*  à  ta  tâche  plus  facile  de  conquérir  ta 
couronne  de  sainteté,  —  sans  martyre  trop  dur,  —  à  certaines  prin- 
cesses de  la  famille  royale.  C'est  le  but  que  poursuit  aussi  M.  Geoffroy 
na  GaANDMAisuR  dans  sa  biographie  de  Madame  Louise  dt  France,  la 
vénérable  Thérèse  de  Saint-Augustin  (Pari»,  LeeolTre,  1907,  v-206  p. 
in-181.  On  y  trouvera  d'abord  le  panégyrique  de  cette  insignifiante  Bile 
de  Louis  XV  qui  vécut  douze  années  à  Fonte  vrautt,  vingt  années  à  la 
cour  et  dix-sept  années  enfin  comme  carmélite  à  Saint-Denis  et  dont 
les  funérailles,  en  décembre  1787,  coïncident  presque  avec  celles  de  la 
vieille  monarchie,  réfractai re  au  souffle  de  l'esprit  nouveau,  On  y  trou- 
vera ensuite  des  affirmations  aussi  tranchées  que  contraires  ans  faits, 
quand  l'auteur  déclare  par  exemple  que  c'est  •  la  singulière  ingrati- 
tude des  protestants  qui  a  fait  monter  à  t'échafaud  le  malheureux 
Louis  XVI  ».  Nous  voyons  bien  qu'il  récuse  le  jugement  de  ceux  t] 
nom  *  incapables  de  comprendre  le  mystère  du  rachat  d'une  race  par 
l'immolation  volontaire  »;  mais  il  ne  noua  empêchera  pas  de  penser 
qu'un  Joseph  II,  dont  il  flétrit  le  cœur  sec  et  impie,  a  plus  fait  pour 
l'humanité  que  sœur  Thérèse  de  Saint-Augustin,  qui  n'a  guère  i  s 
actif  que  la  béatification  de  saint  Labre  et  qui  prenait  <  de  grands 
maui  d'estomac  »  à  l'idée  qu'on  allait  permettre  aui  dissidente  de  prier 
Dieu  à  leur  guise.  En  tout  cas,  quoi  qu'en  puisse  dir«  M.  de  Graodmaj- 
son,  notre  •  honneur  national  »  n'est  point  intéressé  a  ce  qu'on  fasse 
d'elle  ■  une  sainte  d'expiation  et  d'espérance  »,  et  s'il  fallait  de  nou- 
vel les  patronnes  à  la  France,  ce  ne  serait  pas  dans  le  palais  de  I 

qu'elle  irait  chercher  celle  qui,  sur  son  lit  de  mort,  en  vraie  princesse, 
demandait  à  aller  «  au  galop  en  paradis  I  ■  R. 

—  L'idée  de  H.  Armand  Gbanel  de  dresser  un  catalogue  métho- 
dique de  tous  les  écrits  relatifs  à  touia  XVI  et  la  famille  royale  (Tou- 
louse, Privât;  Paris,  A.  Picard,  1905,  irv-348  p.  in-IB)  mérite  assuré- 
ment d'être  approuvée  et  l'on  ne  peut  que  louer  son  lèle,  puisqu'il  a  réuni 
plus  de  trois  mille  litres  dans  sa  bibliographie  chronologique,  qui 
s'étend  de  1746  à  1905.  Elle  est  loin  d'être  encore  complète  pourtant, 
—  et  nous  ne  lui  en  faisons  aucun  reproche,  —  vu  la  masse  de  feuilles 
volantes  locales  contemporaines  lancées  alors  tant  en  France  qu'à 
l'étranger.  Mais  ce  qui  est  regrettable,  c'est  que  les  titres  des  ouvragée 
anglais  et  allemands  soient  horriblement  maltraités;  ce  qu'on  ne  com- 
prend pas  du  tout,  c'est  qu'à  la  première  page  du  Catalogue  se  trouva 
l'Oraison  funèbre  de  la  première  Dauphino,  Marie- Thérèse  d  E 

morte  en  1746,  alors  que  Louis  XVI,  fils  de  la  seconde  Dauphin?, 

Marie-Josèphe  de  Saie,  n'a  absolument  rien  à  faire  avec  CCI 

cesse,  enterrée  depuis  sept  ans  quand  il  vînt  au  monde,  en  1754.  —  R. 


CStOIrgO*.   *T   IIBLIOCIIPOII.  427 

—  Fleur  de  lut  de  M.  Obhond  [nouvelle  édition,  Bordeaux,  burnut 
de  la  Légitimât.  190&,  ilvi-202  p.  in-N«,  (il.)  est  une  nouvelle  compila* 
lion  de  ion»  le»  témoignage*,  de  toute*  le*  tradition*  et  légendes  rela- 
tive» à  l'évasion  du  Dauphin  hors  ilu  Temple  et  4  MB  WliTnfr)  ni>>- 
te  rieuse  dans  les  année»  qui  suivirent.  L'autour  conclut  par  ce*  mots  : 
■  Donc  Naundorft*  eil  bien  In  Dauphin,  l'infortuné  Ixmi*  XV11.  C'en 
d'une  évidence  aveuglante.  •  Si  la  chote  est  au»!  évidente  que  cela, 
nous  somme*  bien  i  plaindre,  car  M,  Osmond  ne  nous  a  nullement 
convaincu.  H, 

—  M.  PU.  L*UXUM,  président  de  la  Société,  are  Inki  logique  du  G-er»  et 
secrétaire  perpétuel  do  la  Société  de*  sciences,  laltre*  et  art*  d'Ages, 
nous  envoie  la  deuxième  édition  d'uni?  éUfOt&U  plÉmurH  :  km  Portrait 
d*  M—  d*  Pottulron  (Auch,  impr.  Cucharaux,  tW)tt,  70  p.  in-i°,  porlr.}. 
tl  nous  y  retrace,  a  l'occasion  d'un  portrait  do  la  comte**-,  la  biogra- 
phie de  celle  maîtresse  bien  connue  du  comte  d'Artoi*.  '7e*t  presque 
une  oraison  funèbre  de  cet  •  ange  charmant  uni  d/ttOI  nain  invisible, 
mais  toujours  bienfaisante  >,  protégeait  le  hien-eime  qu'elle  ramena  à 
la  foi  catholique.  •  Ce  dernier  geste  absout  sa  faute;  il  apaisa  peul-éire 
en  même  tempe  le*  colère*  du  ciel  sur  les  prince*  de  lu  maison  de 
France.  •  Supposition  peu  vraisemblable  puisque  la  Providence  fit 
reprendre  1  Charles  X  le  chemin  de  l'eiil  et  que  c'est  en  exil  aussi  que 
le  comte  de  Cbambord  devait  mourir.  I. 'auteur,  en  veine  de  mansué- 
tude pour  tout  ce  qui  ne  touche  ]>**  a  la  ftévulutiun,  nuus  apprend 
•u*»l  quo  M""  de  Polignac,  ■  jusqu'ici  mécounue  »,  méhln  •  l'estime 
et  le  respect  de  tous  >.  H. 

—  Le  volume  du  docteur  Max  Billash,  lu  Tombeaux  des  roii  tout  ta 
Terreur  (Paria,  Iv rrui  el  OH,  1007,  192  p.  In- 18,  pi.),  *e  présente  i 
nou*  comme  l'ouvrage  d'un  ■  modeste  anecdotier  •  qui  a  réiume 
d'âpres  lee  récit*  M  proeè»- verbaux  du  L-mps  la  violation  de*  sépulture* 
royales  i  Bai ot- Denis,  en  août  et  en  oMbft  ITQ8,  il  DM!  raconte 
ensuite  leur  reconstitution  plus  ou  moins  artificielle  après  la  Ileitau- 
ration  de  ISI.'i  Tont  le  monde  approuvera  sans  doute  l'auteur  de  ce 
travail  sans  prétentions  érudlles  quand  il  dit  que  le  vandalisme  ne  sera 
jamais  utile  à  la  caute  de  la  liberté  et  que  les  paisiun*  humaine* 
devraient  «arrêter  devant  la  mort  et  respecter,  même  pour  le*  roi*, 
l'asile  sujirétne  de*  tombeaux.  H. 

—  M.  Henri  Libiouk,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Toulon,  a 
réuni  en  brochure  une  série  d'articles  consacres  dan*  la  Révolution  fran- 
f*ji*r  i  Jap/w-  Mut*,  députe  de  la  Uurdngnr  ii  l'Assemblée  légitlalivn 
et  i  la  Convention;  il  y  étudie  le*  différent*  mémoires  rédigés  par 
Piaet  pour  défendre  ta  conduite  politique,  pendant  quo  le  vieux  •  regi- 
adn  s  vivait  en  eut  .i  lions  un  ce  puis  il  Nyon,  Kcril»  à  l'étranger  bien 
des  année*  apree  Im  èvénexnonu,  son*  que  le  rédacteur  put  avoir 
recours  aux  documents  contemporains,  cet  souvenir*  tout  naturelle- 
ment lujet*  k  caution  noir  par  exemple  ce  qu'il  dit  sur  lee  mutum 


42» 


CHBOIT'jCK.    ET    BHILIO.ÎR1PHIE. 


de  septembre  ou  sur  les  Girondins  •  qui  vexaient  les  patriotes  lopins 
prononcés  et  répandaient  la  terreur  parmi  les  républicains  les  plu» 
purs  ■),  et  le  fait  que  le  Comité  de  Salut  public  a  toujours  approuvé  les 
actes  de  Pinet,  alors  qu'il  était  en  mission  à  l'armée  des  Pyrénées  occi- 
dentales, n'est  pas,  à  lui  seul,  une  garantie  catégorique  de  la  légalité  de 
ses  actes;  il  approuvait  bien  aussi  Carrier.  Exclu  de  la  Convention  à  la 
suite  de  la  journée  de  prairial  an  III,  bien  qu'il  y  Toi  resté,  dit-il,  tout 
à  fait  étranger,  Pinet  se  cacha  en  Alsace  jusqu'à  l'amnistie  de  vendé- 
miaire, mais  son  rôle  politique  était  fini.  Exilé  en  1815,  il  rentra  en 
France  en  1830  et  vécut  jusqu'à  l'âge  de  quatre-vingt-dix  ans  à  Ber- 
gerac, où  le  pauvre  vieux  était  montré  du  doigt  comme  une  espèce  de 
monstre  par  la  population  réactionnaire  de  sa  cité  natale.  A  en  juger 
par  ces  apologies,  qu'on  a  bien  fait  de  mettre  au  jour,  Pinet  fut  une 
individualité  de  capacités  assez  moyennes,  et  si  l'on  peut  croire  â  sa 
sincérité  subjective,  si  l'on  doit  le  plaindre  de  son  long  exil,  on  s'étonne 
un  peu  que  l'auteur  traite  d'illustre  (p.  ti)  ce  membre  très  obscur  de  la 
Convention,  qui  en  comptait  tant  d'autres  aussi  insignifiants.  —  R. 

—  Pendant  ses  missions  dans  le  midi,  le  conventionnel  Philippe- 
Aimé  Goupilleau  (de  Montaigu),  —  qu'il  ne  faut  point  confondre  avec 
suu  cousin  moins  connu,  J.-F.  Goupilleau  Ida  Fontenayl,  —  rédigea, 
comme  la  plupart  sans  doute  de  ses  collègues,  des  notes  journalières, 
plus  ou  moins  copieuses,  sur  ses  impressions  de  voyage  et  ses  actes 
officiels.  C'est  ce  Carnet  de  route  de  Goupilleau  que  MM.  Michel  Jocve 
et  Marcel  GiBAiirj-MAMGis  viennent  de  mettre  au  jour  avec  des  notes 
(Nîmes,  Debroas,  1905,  io-8°).  Envoyé  eu  Provence  vers  la  fin  de  1793 
comme  pacificateur,  notre  député  voyage  plutôt  en  bon  bourgeois 
préoccupé  de  ses  aises,  faisant  sa  petite  provision  d'huile  d'olives  et 
d'anchois,  s'abritant  la  nuit  contre  les  moustiques  •  dans  une  bonne 
cousinière  »,  se  querellant  avec  les  aubergistes  qui  Pécorchent  et  pro- 
nonçant force  discours  dans  les  clubs  ou  dans  les  banquets  offerts  par 
les  frères  et  amis.  Le  ■  proconsul  i  ne  se  montre  qu'en  de  rares  occa- 
sions, comme  lorsqu'il  assiste  en  octobre  aux  fusillades  des  scélérats, 
qui  meurent  avec  fanatisme  à  Lyon;  il  trouve  qu'il  «  fallait  donner  nne 
leçon  aux  rebelles  entêtés  ».  R. 

—  Dans  le  Bulletin  du  Comité  départemental  de  Seine-et-Oise,  dont  In 
premier  fascicule  vient  de  paraître  (Versailles,  1007),  M,  E.  Grave  a 
publié  deux  intéressantes  notices  sur  la  Contribution  patriotique  et  le 
Service  des  subsistances  à  Mantes  en  1789,  d'après  les  documents  des 
archives  municipales;  cette  dernière  surtout  nous  fournit  une  série  de 
détails  caractéristiques  sur  la  disette  de  grains  qui  régnait  en  juillet  à 
proximité  de  la  capitale,  sur  les  violences  commises  par  les  population» 
rurales,  craignant  d'être  affamées,  et  sur  les  efforts  du  Comité  des  sub- 
sistances local  pour  remédier  à  ce  dangereux  état  de  choses  jusqu'à  la 
fin  d'août.  R. 

—  L'étude  de  M.  Gustave  Goubier  sur  te  Culte  catkoliqi 


ciroiiiqci:  n  inuotunn.  *t» 

Rfralutian.  Lti  pwuinni  à  Nimrs,  1790-1802,  est  un  tirage  à  port  de  la 
Hrviir  du  midi  iNIme»,  1905,  in-8*l;  encore  qu'écrite  dan- 
pnnablemciil  rénr-tûinii.-iire,  elle  renferme  quelque*  délai!»  curieux 
sur  la  persistance  ta  6fc<lHWlltl  rsalfllwm  en  dehors  des  églises, 
tant  il  Pari*  qu'en  province  (•*  apécttlumal  iliini  lt-  rhi'l-li'  , 
jusqu'à  fort  avant  dan*  l'année  1793.  Il*  Ml  et"  puisés  dan»  le»  archive* 
locale*  et  contribueront  à  démontrer  jusqu'à  quel  point,  surtout  dans 
le  midi,  les  querelles  religieuses  furent  toujours  mêlées  i»  querelles 
politique*.  II. 

—  M.  Victor  FoaoT  vient  d'ajouter  à  mi  nombreuse»  MbUttlto&a 
sur  l'histoire  locale  une  élude  sur  VAnnH  de  ta  peur  à  Tulle,  17fi9-t790 
(Paris,  Cberonnet,  IMS,  ll(  ■  in-*-'.  Il  n'y  raconte  pas  MttllflUKll  la 
grande  panique  qui  se  produisit  dans  le  Limousin  coinmo  en  tant 
d'autre*  provinces  en  juillet  1189,  mais  encore  divers  autre*  épisode* 
de  l'iiistuir.  lu  uouveau  département  de  la  Correxe, 
d'après  les  documents  originaux.  R. 

—  Un  de  nos  meilleur*  historien*  provinciaux,  M.  Ilené  f>V,s,  l'au- 
teur des  Htudti  limousine  et  de  nombreux  ouvrages  d'archéologie 
locale,  a  réuni  dans  une  douzaine  de  chapitres,  sous  ce  litre  suggestif, 
U  /fur  à  TulU  pétulant  la  Révolution  (Paris,  A.  Picard,  1907,  IH  p 
iii-8ul,  tous  les  renseignements  qu'il  put  réunir  dans  les  archives  dépar- 
tementales et  municipales  sur  les  fêtes,  cérémonies  et  manifestation* 

publiques  qui  Ml  <  i.inu i  agHt*  la  pMMlBloB  tulloise.  A  en  juger 

d'après  «un  récit,  celte  popoltll  I  tfdiMlffr- 

mont  csims,  même  aux  pire»  moment*  de  l.i  TUm 

patriotique»  et  religieune»,  de  (790  a  180!  |M  l"S'J  11  n'y  nul  nen  dan» 
la  rut  de  celle  cilé  tranquille'!,  depuis  la  fêle  de  la  Fédération,  le 
M  juillet,  jusqu'au  TV  Dtum  du  11  euùi,  en  l'honneur  du  premier 
Consul,  semblent  avoir  été  minimes;  il  est  vrai  que  Ai  loin 
■  voos  surtout  des  procès- verbaux  oflfciels,  an  style  assex  sec  et  nulle- 
ment coloré,  montrant  hiru  par  la  même  l'itW 
populaire.  Le  fait  le  plu*  curieux  ,i  raiera?,  efaM  qu'en  juin  I7'','l  la 
municipalilii  de  Tulle  traite  cnmme  un  grand  crime  la  multlaiiim  d'une 
statue  de  la  saini"  Vierge  et  ordonne  a  l'éveque  (constitutionnel  f  de  se 
rendre  en  procession  a  la  chapelle  pmtUatt  pi.ur  la  remettre  en  place 
et  •  réparer  l'outrage  à  la  divinité  ■  (p.  74).  II. 

—  On  sait  que  Napoléon  passa  plusieurs  semaines  du  printemps  1801 
au  château  de  Finckenslein,  dans  la  Prusse  occidentale,  pour  y  prépa- 
rer la  campagne  qui  aboutit  a  Friedland  et  Tilut  Le  propriétaire  actuel 
de  ce  château  historique,  le  comte  George  de  Dob.na,  a  prie  un  erudit 
prusaisu  de  mérite,  M,  le  conseiller  intime  des  archives,  Ertch  Jotcsm, 
de  retracer,  d'après  les  documents,  cette  page  intéressante  du  passe  de 
sa  famille  et  de  son  dumaine.  (l'est  ce  qur  M.  Jnachini  a  fait  dan»  un 
tu I unir  de  dimension*  aastx  considérables  \Sapolton  in  Finekenitein, 
ilcrlin,  Bebrvmd  n.  Oomp.,  Il") .  -\  pl.|  qui  témoigna 


430 


CHIOMOBE    LT    BlEMOGBtPKIE. 


àt  mahercbes  approfondies,  Unt  sur  les  projets  politiques  de  l'empe- 
rli  pendant  ce  séjour,  que  sur  son  existence  privée  (il  fut  rejoint 
à  Finckenstein  pnr  la  comtesse  Walewslta|;  mais  nous  tenons  A  Caire 
ion  parfaitement  courtois  du  savant  en  analysant  les  pro- 
jets de  Napoléon  et  l'équité  de  ses  jugements  sur  le  souverain  ;ui 
venait  pourtant  d'écraser  la  Prusse  à  Iéaa.  C'est  un  exemple  frappant 
du  fait  que  le  recul  des  événements  facilite,  dans  une  large  mesure,  la 
tâche  de  l'historien.  1t. 

—  H.  L.  Stock*,  professeur  d'histoire  a  l'Université  de  Dijon,  noua 
raconte,  d'après  les  archives  île  la  famille  et  celles  du  ministère  de  la 
Guerre,  la  vie  du  LituUnant-gtntral  Urtort  (Paris  et  Nancy,  Berger- 
Levrault,  1906.  177  p.  in-8».  pi.).  Né  en  1773  dans  le  Jura,  volontaire 
A  dix-huit  ans,  capitaine  deux  ans  plus  tard,  Delon  s'est  battu  un  peu 
partout,  par  le  Rhin,  les  Alpes  et  les  Pyrénées,  tautùt  dans  les  étals- 
majors,  tantôt  officier  de  troupes,  et  fiuil  par  être  un  des  meilleurs 
chefs  de  la  cavalerie  légère  sons  l'Empire.  Nommé  général  de  division 
par  Napoléon  à.  Monlereau,  en  1811,  il  figure  encore  dans  les  charges 
de  cuirassiers  qui  terminent  le  drame  de  Waterloo.  Il  se  distrait  dec 
malheurs  du  temps  en  traduisant  et  en  commentant  Horace,  reparait 
sur  la  Bcèoe  politique  après  1830  comme  pair  de  France  et  aide  de 
camp  de  Louis-Philippe  et  meurt  en  1846  dans  son  pays  natal,  type 
original  de  soldat-poète,  espèce  plus  ou  moins  disparue.  M.  Siouff  a  eu 
noua  rendre  très  sympathique  cette  physionomie  militaire,  sans  vou- 
loir cependant  faire  un  Éloge  académique  d'une  page  d'histoire.  —  R. 

—  Dans  un  travail  sur  Ptorian  et  tes  banda  de  partisans  en  1814  et 
1815  (Agen,  irupr.  moderne,  1907,  62  p.  in -8*),  M.  Philippe  Ladïbii  noua 
offre  une  étude  curieuse  sur  un  personnage  à  peu  près  inconnu  (sua 
origine  est  douteuse,  sa  Un  reste  ignorée)  qui  joua  un  rôle,  assurément 
très  secondaire,  mais  un  rôle  actif  dans  la  défense  des  frontières  du 
sud-ouest,  au  moment  de  l'invasion  anglaise  de  181  i  ;  il  reparait  encore 
une  fois  dans  les  régions  subpyréoèennes  durant  les  Cenl-Jours.  Ce 
Florin,  Plortan  ou  Ftorian  (car  on  ne  sait  même  pas  au  juste  l'ortho- 
graphe de  son  nom)  commanda  des  bandes  de  volontaires  ramasses  un 
peu  partout,  dans  les  landes  de  Lot-et-Garonne.  Même  après  Waterloo, 
il  tente  encore  un  coup  de  main  sur  Agen,  le  21  juillet,  plutôt  en  ban- 
dit d'ailleurs  qu'en  patriote;  il  put  s'échapper,  mais  plusieurs  de  se* 
•  soldats  i,  étrange  ramassis  de  Français,  de  Prussiens,  d'Anglais, 
furent  condamnés  aux  travaux  forces  en  mars  1816.  Une  tradition  peu 
sûre  veut  que  Florian  ait  réussi  à  passer  en  Amérique  et  qu'il  soil 
mort  au  Champ-d 'Asile,  au  Texas.  R. 

—  Après  la  brochure  de  M.  A.  Marquisel,  parue  il  y  a  deux  ans,  on 
pouvait  croire  épuisée  la  controverse  sur  le  mol  épique,  mais  difficile  à 
répéter,  de  Cambroune  à  Waterloo.  M.  Henri  Hoossavb  s  cru  devoir 
pourtant  apporter  son  témoignage  d'historien  émerile  de  cette  époque 
à  l'enquête,  commencée  dès  le  lendemain,  pour  ainsi  dire,  de  ta  bataille. 


caaoïion  rr  iubmogr>pu(£. 


431 


lUn*  ia  hrocliun'  la  Gardt  meurt  et  ne  te  rend  pat,  histoire  d'un  mot 
hittoriqu*  (Purin,  Perrin  «H  C",  190fi.  fil  p.  iu-18),  il  examine  et  pesé 
encore  unp  fut»  loi  déposition*  des  témoin»;  il  constate  queCambronne 
a  loujcure  nié  la  belle  phrase  cla^i  ni ■■,  nu'ofi  .nu.ii ta  peu  près  le  lieu  et 
l'heure  même  de  m  naissance1;  que  s'il  n'a  pas  «vomi  tMflleU$mÊHi  le 
mol,  iraniorialiso  par  Victor  Bu  ■■■mlant  qu'il 

répondit  quelque  choie,  dans  «on  exaspération ,  aux  iflHItVi 
réee  de*  Anglais.  ■  Ce  quelque  chose,  conclut  M.  Houasaye,  doit  Aire 
cela!  »  R. 

—  La  1res  soigneuse  monographie  de  M.  HuWt  iIochoin  >ur  t'indut- 
trie  dt  la  bouclierïe  dans  le  département  de  l'Oise-  au  III*  tifrit 

1907,  in-8»,  17W  p.,  pulil.  de  la  Sac.  détudes  hut...  dt  l'Oise)  n'a  pas  «u. 
lement  le  mente  d'epulaer  aussi  complètement  que  possible  ce  sujet 
d'histoire  économique;  c'est  encore  un  effort  pour  formuler  une  loi 
sociologique,  n  savoir  que  c'est  la  consommation  qui  règle  la  pro- 
duction. U.  HR. 

—  On  trouvera  daim  te  dernier  volume  de  H.  Maurice  Wii.wotts 
ITVoii  semeurs  d'idées  :  Agcnar  de  Gasparïn,  Emile  de  Laveteye,  Emile 
Fagurt.  Paris,  fisc  h  hacher,  1!W7,  in-lll,  m-353  p.}  quelques  pages 
intéressantes  sur  les  doctrines  sucialc*  d'É.  de  l-aveleve. 

Prsi  n-.tTioas  xouvau-is.  ~  Bisi lor.atrmc  —  /'.  Coron.  Bibliographie  des 
travaux  publies  de  1H(*i  S  m)7  *ur  l'histoire  de  la  France  depuis  1789,  fasr  t. 
Parti,  Cornai»,  ln-8',  lilî  p.  —  M  Tourmevi  bibliographie  de  l'hi'loire  àr 
Paris  pendant  la  Révolution  française,  L  IV    tarât,  Champion,  ln-8',  11-7*3  p. 

Doctwam.  —  A.  Anoot.  Kplgrapbk  de  la  Mayenne,  tafia,  V  Plf-anl,  I  ml. 
In-»*,  uxxv-UÏ  et  491  p.  —  f.  BoUio*nad*.  Gabiers  de  dolean.ee*  dn  U 
■easeasallse  d'Anaoulrme  pour  le*  filai»  «.rufraui  de  IM  Paru,  l.rntui, 
ln-8*.  —  0  flmirgtn.  liulhert  .le  Nii»eni  Histoire  de  u  vin  Pari*,  A..  Picard, 
ln-8',  Liin-liH  p.  Coll  de  tutat  pour  l'étude  ri  I  ensciftarmenl  il  l'(n>1<>lr<- 
—  S.  Hriderf.  Cahiers  de  doléances  du  bsilliagr  de  r  olrntln  pour  le*  IttaU 
lî'wrini  de  1789.  Pari*,  Leroui,  ln-8-,  811  p.  —  G.  Buixrn  et  A.  Ltdru. 
NrrrnloND-nbituaire  de  U  cathédrale  du  Ha».  U  Mon»,  io-H-,  n-l 
historique*  du  Value,  Vil;.  —  I'.  Coron  ri  Vh.  Sagnac.  l.es  ru  m  11*,  des  dmll* 
féodaux  «I  de  la  Iraiilalioa  'l  l'abolllion  du  régime  seigneurial  (1789-1793]. 
Paria,  Leroux,  in»',  XLiv-8îfi  p.  -  S.  Daudet.  Lellrei  du  enraie  Velentiu 
Kslerhu*  S  ta  femme  (178i-l7iCJ),  Pari»,  Pion,  Id-8",  vi.i  II:,  p  -  J.  BMP. 
laum*.  l'rorei  rerlnui  ilu  Comité  d'insu-urtiou  publique  dr  la  Convention 
nationale,  t  VI  Paris,  Lerrm»,  in-8-,  ie.yiii-9M  |>  -  Id.  L 'Internalinnaki  | 
doeuiaenti  et  souvenirs  (1861-187».,  l.  Il  Paris.  Cornélt,  la*,  I-36G  p.  — 
1,  llélat  Journal  ptlMfM  <Id  Ch.  Ar  Lacomhr,  dr|'ulé  t  l'Anembl»  nationale, 
I  rilîtl,  in-*-,  si.vin-327  p.  —  4  Marlg  ri  V,  Tourneur  U 
ilrmirrr  annM  de  Hurie-Aiitiiinrltiv  fat-tlffillt  de  GJ  ducumeati  «t  «lampes 
du  temps.  Paris,  Champion,  In  t-,  M  p.  -  A  ilolmuir.  Obltualres  de  la  pro- 
.,  I.  Il  rilli. mwÉllaiÉ  in  I-.  iivju-fi7ï  p,  -  Hiiiwt-Monrter 
Carlulaire  de  la  coeniuauderie  de  Kkbereawbei  de  l'ordre  du  Temple  (11K- 
lïlti.  Paris,  Cbaraplon,  fn-S-,  sUJt4H  p.  (Htm.  d*  l'Arad.  da  TinÉMl] 

Hiaruiaa  rJftrHfW  —  G.  d'.lMaeJ.  Prflres,  loulaU  el  Huses  sous  Bichelieu, 


432  CHB03IQUE   ET  BIBLIOGRAPHIE. 

étude  d'histoire  sociale.  Paris,  A.  Colin,  in- 16,  376  p.  —  Baçès.  Étude  sur  les 
guerres  d'Espagne,  t  II.  Paris,  Lavauzelle,  in-8*,  204  p.  et  album.  —  E.  Bar- 
bier. Le  progrès  du  libéralisme  catholique  en  France  sous  Léon  XIII;  histoire 
documentaire.  Paris,  Lethielleux,  2  vol.  in-16,  536  et  628  p.  —  CK.  Bonnet. 
Le  babouvisme  et  la  Révolution  française.  Poitiers,  Soc.  franc,  d'impr.,  in-8*, 
115  p.  —  A.  Brou.  Les  Jésuites  et  la  légende;  t.  II  :  de  Pascal  jusqu'à  nos 
jours.  Paris,  .Retaux,  in-18,  558  p.  —  P.  CaniaL  Études  sur  l'armée  révolu- 
tionnaire. Paris,  Lavauzelle,  in-8*,  229  p.  —  A.  Grouard.  La  critique  de  la 
campagne  de  1815;  réponse  à  M.  Houssaye.  Paris,  Chapelot,  in-8*,  71  p.  — 
J.  Hervé*.  Les  femmes  et  la  galanterie  au  xvu*  siècle.  Paris,  Daragoa,  in-8*, 
vii-280  p.  —  Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XXXIII.  Paris,  Impr.  nat, 
in-4*,  xxm-654  p.  —  0.  de  La  Jonquière.  L'expédition  d'Egypte  (1798-1801), 
t.  V.  Paris,  Lavauselle,  in-8*,  692  p.  —  A.  Lematre.  Les  lois  fondamentales  de 
la  monarchie  française  d'après  les  théoriciens  de  l'ancien  régime.  Paris,  Fon- 
tetnoing,  in-8*,  iv-340  p.  —  F.  Loliée.  Les  femmes  du  second  Empire;  la  fête 
impériale.  Paris,  Juven,  in-8*,  xi-372  p.  —  P.  Louis.  Histoire  du  mouvement 
syndical  en  France  (1789-1906).  Paris,  F.  Alcan,  in-16,  rv-288  p.  —  F.  Rey.  La 
guerre  russo-japonaise  au  point  de  vue  du  droit  international,  L  I.  Paris, 
Pedone,  in-8*,  204  p.  —  P.  Simon.  L'élaboration  de  la  charte  constitutionnelle 
de  1814.  Paris,  Gornély,  in-8*,  183  p. 

Histoire  locale.  —  J.  Adam.  Le  cardinal  Richard  Olivier  de  Loogueil, 
évêque  de  Goutances  (1453-1470).  Évreux,  Impr.  de  l'Eure,  in-8*,  39  p.  — 
O.  Bled.  Les  sociétés  populaires  à  Saint-Omer  pendant  la  Révolution.  Saint- 
Omer,  impr.  dHomont,  in-8*,  191  p.  —  A.  ChapuU.  Messigny;  son  histoire  à 
travers  le  passé.  Dijon,  Nourry,  in-8*,  208  p.  —  Damase  de  Loisey.  Vie  de  la 
rév.  Mère  Marie  de  Jésus  des  Franciscaines  de  rimmaculée-Conception.  Cler- 
mond-Ferrand,  Impr.  générale,  in-8*,  vii-457  p.  —  C.  Jolly.  Le  blocus  et  le 
bombardement  de  Thionville  (1870).  Châteauroux,  impr.  Badel,  in-16,  xn-164  p. 

—  H.  de  Jouvence!.  L'Assemblée  de  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Lyon 
en  1789;  étude  historique  et  généalogique.  Lyon,  Brun,  in-4*,  xiv-1015  p.  — 
P.  Lalil.  Histoire  civile  et  religieuse  de  Grasse.  Grasse,  l'auteur,  in-8*,  120  p. 

—  P.  de  Longuemare.  Étude  sur  le  canton  de  Tilly-sur-Seulles.  Caen,  Jouan, 
in-8%  vi- 460  p.  —  S.  Macary.  Généalogie  de  la  maison  du  Faur.  Toulouse, 
impr.  d'Ecos,  in-4*,  xiv-281  p.  —  L.  Mouton.  L'hôtel  de  Transylvanie.  Paris, 
Daragoa,  in-8*,  85  p.  —  F.  Uzureau.  Andegaviana,  t.  V  et  VI.  Paris,  A.  Picard, 
2  vol.  in-8%  503  et  560  p. 

Allemagne.  —  M.  Ludwig  Traube,  né  à  Berlin  le  9  juin  1861,  est 
mort  le  19  mai  dernier  à  Munich,  où  il  professait,  à  l'Université,  la 
philologie  latine  du  moyen  âge.  C'était  un  des  meilleurs  collaborateurs 
des  Monumenta  Germaniae  historica. 

Espagne.  —  Empori  est  le  titre  d'une  nouvelle  revue  qui  vient  de 
paraître  à  Barcelone,  en  catalan.  Ses  fondateurs,  ardents  zélateurs  du 
mouvement  actuel  de  renaissance  en  Catalogne,  ont  eu  la  pensée  de 
grouper,  grâce  à  cette  publication,  les  efforts  de  tous  ceux  qui,  dans 
les  lettres,  les  sciences  ou  les  arts,  collaborent  à  ce  mouvement.  Le 
premier  numéro  d' Empori,  en  date  de  janvier  1907,  renferme,  entre 
autres,  de  M.  A.  Rubiô  y  Lluch,  des  commentaires  sur  divers  docu- 
ments relatifs  à  la  Chronique  de  Jacques  Ier  d'Aragon;  de  M.  J.  Marti 


y  Hahat  le  commencement  d'un  "«i  sur  Saavsdru  Fajar.l. 

Casellas  une  notice,  avec  quelque*  reproductions  >lr  dessins,  nu  li>s 

artistes  barcelonais  du  x\iu*  siècle.  H.  L. 

—  La  publication  de  17/ufuri/  of  Ihe  Inquisition  tfSpttU  de  M.  11  ■Cli. 
Iju  marche  d'un  pas  rapide.  1a?  i  III,  qui  «lui  il*'  paraître  (New- York, 
ii»r  Macmillan  Company  I,  a  suivi  de  prés  le  L  II,  publie  en  \'MH\,  le 
t.  IV  et  dernier  o»t  aoiis  presse  lié*  qu'il  aura  paru,  il  Nil  rendu 
compte  ici  de  cet  important  ouvrage. 

—  M.  A  Itiitiaiiu.K/  Vilu,  l'ermlil  bibliothécaire  et  membre  de 
l'Académie  ;.■  publier  successivement  deux  volumes 
de  documents.  L'un  est  relatif  an  comte  de  la  Corxana'.  Co  personnage, 
ii*  en  16&0,  suivit  la  carrière  des  armes.  F.n  1697,  il  fut  nommé  vice- 

1  i  llogM,  par  intérim,  juste  à  temps  pour  remplir  la  pénible 
conée  de  liguer  la  capitulation  de  Barcelone,  assiégée  par  Vendôme. 
Mécontent  de  Charles  II,  puis  de  Philippe  V,  il  suivit  l'Atmiranle  de 
Casùlle  dans  sa  défection  en  1702  et  mourut  en  exil  à  Vienne  BB  1780, 
<iuin>  leur  valeur  biographique,  les  documents  de  ce  recueil  intéressent 
surtout  l'histoire  du  la  guerre  de  Catalogne  avuut  la  paix  de  Rynrkfc. 
L'autre  volume  de  M.  Itodrigues  Villa1,  plus  important,  nous  donne  la 
Curreipondance  de  l'archiduchesse  Isabelle,  gouvernante  des  Pays-Bas, 
avec  lo  duc  de  Lerma,  de  IT>99  A  1612.  Il  y  a  là  plus  de  trois  cents 
lettres,  sans  oublier  une  narration  personnelle  u>  BUn  voyage  d'Italie 
en  Flandres,  remplies  de  détails,  les  uus  relatifs  aux  lUffle  il 
tiques,  aux  guerres  ftfM  l.t  I L..lkstnlc.  Ici  autres  de  caractère  plus 
H  i'in-ieiix  pnur  pénétrer  il  au»  la  vie  ut  I  Infante,  dont  l'es- 
prit à  la  fois  vigoureux,  aimable  et  enjoué  rend  fort  attrayante  cette 
correspondance  dépouillée  de  toute  raideur  protocolaire.         II.  L. 

ftlata-Unla  —  Les  papiers  de  George  Washington,  qui  étalent 
déposés  au  ■  Département  d'état  ..oui  été  transportes  à  la  bibliothèque 
du  Congres.  La  grande  importance  de  ces  papier»,  auxquels  on  a  joint 
les  documenta  relatifs  l  Washington  Mit  éUliBl  déjà  ,i  la  liihliuiliéque, 

nécessite  une  série  d' inventaire!,  dont   lu     i   I  yumi    !"   paraître.  Il 

contient  exclusivement  la  correspondance  échangée  entre  II  | 
le  COflgrW;  il  renferme  non  seulement  les  lettres,  mais  aussi  les  docu- 
ment* annexés.  Il  a  été  préparé  par  M.  John  0.  F'its  patrie*,  du  dépar- 
tement des  manuscrits,  d'après  la  méthode  suivie  pour  la  collection 
volume  publié  ■  741    pages  ri  contient  M   fac-similés 
Lii-siii  l'écriture  des  membres  de  la  famille  militaire  île  Wlltlng 
tes  secrétaire*  et  de  ses  aides  de  camp,  Le  volume  est  en  vente 
doWflstatt  •  4  Washington  (I  dollar  50|. 

1.  Don  Dwyo  Burlaiû  de  M'ndvia  y  SendevaJ ,  tende  de  (d  Curzana  I  ffiiO- 
(3JW/i  "<»■*«■  fttsMrtCO,  Madrid,  t'wUnnt,  IWI7,  |.dll  ln-8-,  333  p. 

î.  CorrtipoiuUmria  4*  la  l»fanla  Arrkiduaueau  Doua  haM  Clara  Mmoe 
nia  de  AMtna  en*  tl  Huant  de  1er  ma  y  '.Irei  ptrumajêt    Madrol,  luu 

Uiv.  llurroa.  XCIV.  ••  rase.  ÏS 


434 


nouai  i  ' 


tHUMIaHU, 


Grande-Bretagne.  —  Le  1>  F  .!,  Havbrfibld  a  été 

fesseur  d'histoire  ancienne  (Camdon  prufessorship |  â  l'Université 
d'Oxford,  en  rem  place  me  ni  de  M,  Pelham,  décédé;  c'est,  comme  on 
sait,  l'bomme  d'Angleterre  qui  connaît  le  mieux  l'histoire  de  la  Bre- 
tagne au  temps  des  Romains. 

—  Robert  Huntinglon  Fletcher.  The  Arthurian  material  in  Ihe  ehro- 
nicla,  especially  Ihoit  of  Greal  Hrilain  and  France.  Boston,  Ginn  et  C°, 
1906  (Harvard  Studios  and  notes  iu  pbilology  and  literature,  vol.  X, 
313  p.).  —  Intéressante  élude  dans  laquelle  l'auteur  a  résumé  toui  ce 
que  les  chroniqueurs  du  moyen  âge,  depuis  Gildas,  racontent  eur  le  héros 
plus  ou  moins  légendaire  des  Dreions.  File  intéresse  en  premier  lieu 
l'histoire  littéraire-  mais  elle  montre  aussi,  avec  surabondance,  com- 
ment les  récits  légendaires  se  transmettaient  et  se  déformaient  soas  la 
plume  de  chroniqueurs  successifs  auxquels  manquait  le  sens  critique. 

—  M.  Alfred  de  Wrbscrko  a  publié  un  bref  trait'"'  en  latin  composé 
en  1254  par  Laurent  de  Somercote,  chanoine  de  Chichester,  sur  la 
manière  d'élire  les  éveques  (/ter  Traktat  des  Laurtnlius  de  Somercote, 
Kanonicus  von  Chie'iesler,  (ibtr  die  Vornahme  von  Bischofswalhen.  Wei- 
mar,  ftu-hlau,  1907,  56  p.).  On  en  connaît  six  manuscrit»  et,  jusqu'à 
ce  jour,  il  n'y  en  avait  pas  eu  d'édition  complète.  Le  texte,  bien  publié, 
est  intéressant,  sans  rien  apprendre  de  nouveau  quant  à  l'élection  des 
éveques  en  général,  ni  quant  a  la  pratique  suivie  en  Angleterre  depuis 
qu'en  1214  le  roi  Jean  avait  déclaré  qu'à  l'avenir  ces  élections  seraient 
■  libres  ».  Il  a  été  mal  connu  et  rarement  utilisé  durant  le  moyen  âge. 

—  A  l'occasion  du  4"  centenaire  de  la  naissance  de  George  Bucha- 
nan  (pour  autant  que  l'on  peut  dire  exactement  la  date  de  sa  nais- 
sance), on  a  publié  un  volume  de  mémoires  qui  comprend  les  mor- 
ceaux suivants  :  Li.ndbay,  George  Buchanan,  discours  prononcé  à 
l'Université  de  Glasgow  à  cette  occasion;  Robert  Rehwick,  Buchanan 
à  Glasgow;  F.  J.  Amours,  Notes  sur  la  traduction  écossaise  de  l'His- 
toire d'Ecosse  de  Buchanan  par  John  Reid  ;  F.  T.  Baubett,  Un  manus- 
crit inédit  de  la  traduction  anglaise  de  cette  même  Histoire  faite 
au  xvu*  s.;  T.  D.  Kobr,  L'humanisme  considéré  à  travers  la  vie  et 
l'œuvre  de  Buchanan;  W.  S.  Mac  Kechnib,  Étude  critique  sur  le  Dt 
jure  regni;  A.  W.  Grey  Buchanan,  Note  généalogique,  David  Mlkbay, 
Bibliographie  des  œuvres  de  Buchanan  [George  Buchanan.  Glasgow 
quattrcenlenary  stadies,  1906.  Glasgow,  Mac  Lebose,  19071. 

Hongrie.  —  Parmi  los  dernières  publications  historiques,  il  importe 
lie  signaler  les  suivantes  :  1°  R.  Rékefi,  Histoire  de  l'enseignement 
maire  en  Hongrie  jusqu'à  15b0  [A  iiêpoktatàs  tdrténelr  MagyarortiÂgon 
H>b0-ig\,  Budapest,  Académie,  1906,  xtxvit-558  p.  in-8".  Cet  ouvrage 
est  issu  d'un  concours  de  l'Académie  qui  avait  proposé  ce  sujet  pour  le 
prix  Oltvânyi.  Il  fallait  chercher  dans  les  documents  les  traces  des 
écoles  où  la  bourgeoisie  et  le  peuple  recevaient  leur  instruction  pendant 
le  moyen  âge,  sans  insister  sur  les  écoles  fondées  et  entretenues  par  les 


monon  <  i 


435 


ordres  ou  les  évoques.  A  cet  efli'i,  M  Bekefi,  professeur  d'histoire  de 
la  civilisation  à  l'Univerailé  de  Budapest,  a  dépouille  d'abord  Im  docu- 
ment» publié»  jusqu'à  présent,  puis  il  a  Fait  de»  recherches  dans  le* 
UtilliW,  recherches  couronnée*  de  succès,  puisque  sur  les  3&9  docu- 
ments utilisés,  1 5:j  paraissent  dans  ce  livré  pour  lu  première  fois.  Le 
volume  se  divise  en  deux  parties.  Dans  la  première  (p.  l-'.'ll),  l'auteur 
donne  le  rtWIllHI  de  IM  études  avec  quelque*  pWJM  MW  l'IafltTWlIioS 
chrétienne  en  général.  L'exposé  ost  plutôt  aride;  il  est  tout  en  énumé- 
ration.  Chaque  localité  où  il  y  avait  une  école  primaire  est  nm 
les  noms  des  maîtres  d'école,  qu'un  appelait  ■  rector,  magister,  ucola*- 
ticus,  regens,  ludimoderauir,  informatoretpaedsgogu*  •  ,  snnl  conscien- 
cieusement relevés.  Pour  l'époque  arpadiennn  (tQOQ-4301),  les  docu- 
ments sont  rares,  mais  M.  Békefl  conclut,  d'après  certains  indices, 
que  déjà  1  cette  époque  l'instruction  du  peuple  existait  en  dehors  des 
écoles  ecclésiastiques;  le*  documents  mentionnent  même  des  écoles 
juives.  La  deuxième  partie  du  livre  contient  les  35'J  documenta  qui 
servent  de  base  à  l'exposé.  Us  peuvent  être  consultes  par  loua  le*  histo- 
riens, car  ils  sont  tous  en  latin  ou  en  allemand;  ces  derniers  se 
rapportent  aux  école*  fondées  par  les  colonies  allemandes.  Les  deux 
index  |p.  479-558)  sont  très  détaillés  et  Facilitent  les  recherche*. 

'.'•  Le  droit  de  patronage  de*  églises  est  une  question  du  plu*  haut 
intérêt  pour  la  Hongrie.  Ce  droit  de  patronage  qui  appartient  à  la 
couronne,  est  intimement  lié  à  l'autonomie  de  l'église  catholique  qu'on 
voudrait  établir  aujourd'hui.  Des  historien»,  comme  Mgr 
des  homme*  politique*,  comme  M.  Jules  Portier,  ont  consacré  de* 
ouvrages  importants  à  cette  question.  M.  François  Kollinyi  vient  de 
publier  une  étude  très  documentée  sur  ce  sujet  :  le  tiroit  <U  patronage 
"i  Hnfjrb  eu  moyen  igt  [À  magàn  kegyuri  jag  haiànkban  a  kàttpkor- 
fton).  Budapest,  Académie,  HH16,  Ï98  p.  iu-8".  H  démontre  que  co 
droit  n'appartenait  pas,  à  l'origine,  au  roi.  Le  seigneur,  de*  le  xi*  siècle, 
gardait  la  propriété  de  l'église  ou  du  couvent  b&ti  sur  son  territoire. 
Cest  lui  qui  nommait  le  curé  que  l'évéque  continuait  D'après  la  cou- 
tume hongroise  :  •  Patron  i:  m  lariout  dos,  aediilcatio,  fundus  t.  Lo  rot 
n'était  donc  pas  le  patron  de  toute*  le*  église*.  Celle  coutume  a  persisté 
longtemps,  quoique  déjà  sous  ltéla  IV,  après  l'invasion  des  Mongol», 
on  trouve  nn  document  qui  désigne  le  roi  s  tamqoam  nniveriarum 
ecdeslarum  regni  Hungariau  patron  us  *  M  que  Charles- Il obert,  de  la 
maison  d'Anjou,  déclare  :  •  (Juiim  no»  simus  patronui  et  tulor  omnium 
ecr.lesiarum  Ungaricalium  ».  M.  KollAnyi  démontre,  documents  va 
înaiu».  que  le  droit  dn  patronage  de*  particulier*  existait  jieudsint  tout 
i  agn,  surtout  sous  le*  Arpsd,  .Si  aujourd'hui  le  roi  est  In 
a  unique  de  toute»  loi  église»,  catholique»,  c'est  )>ar  m 
■  erronée  de*  texte.*  et  par  un  usage  A  époque  tardive. 
a  Société  littéraire  iiraehtn  H  Hongrie  qui,  par  ta  Bévue  et 
*un  Annuaire,  rend  tant  de  service*  a  décidé  de  reunir  ton»  |*j  din  o- 
oicernent  le*  Juif*  dn  Hongrie  jnequ'arémaucipan 


436  CHRONIQUE  ET  BIBLIOGRAPHIE. 

Le  premier  volume  de  ce  recueil  a  paru  sous  le  titre  :  Monumenta 
Hungariae  Judaica  [Magyar-Zsidô  Oklevéltàr.  T.  1 :  1092-1539].  Buda- 
pest, Wodianer,  1903,  xu-524  p.  in-8°.  L'éditeur,  M.  Arminius  Faiss,  a 
réuni  394  documents,  la  plupart  en  latin,  quelques-uns  en  allemand  et 
un  seul,  —  le  n°  227,  —  en  magyar.  Pour  en  faciliter  la  lecture,  M.  Frisa 
a  fait  précéder  chaque  document  d'un  résumé  en  magyar.  On  voit  par 
ce  recueil  que  la  situation  des  Juifs  était  très  tolérable  au  moyen  âge, 
surtout  sous  la  dynastie  arpadienne.  Alors  ils  occupaient  souvent 
de  hautes  situations.  Aussi  les  papes  intervenaient-ils  souvent 
auprès  des  rois  magyars  pour  qu'ils  favorisent  moins  f  les  Juifs  et  les 
Sarrazins  •.  Les  persécutions  ont  commencé  sous  la  dynastie  des 
Anjou  (xrv*  siècle)  ;  mais,  après  la  mort  de  Louis  le  Grand,  les  rois  les 
protégèrent  de  nouveau.  Le  recueil  s'arrête  à  l'année  1540,  lorsque  le 
dernier  roi  national,  Jean  Zâpolya,  le  rival  de  Ferdinand  Ier,  mourut  et 
que  les  Habsbourg  prirent  définitivement  possession  de  la  Hongrie. 
L'index  (p.  482-524)  est  excellent. 

4°  Les  Monumenta  Hungariae  historica  viennent  de  s'enrichir  d'un 
volume  bien  curieux.  Il   contient   la   Correspondance  et  les  papiers 
d'Alphonse   Carrillo,  jésuite   espagnol    [Carrillo    Alfonz,  jexsuita-atya 
levelexése  es  iratai,  1591-1618].  Budapest,  Académie,  1906,  lii-739  p. 
in-8°,  avec  une  phototypie.  —  Ce  jésuite,  que  l'encyclopédie  espagnole 
ne  mentionne  pas,  auquel  Sommervogel  seul  a  consacré  une  notice, 
était  peu  connu  jusqu'ici,  excepté  en  Hongrie.  Grâce  à  la  publication 
de  M.  André  Vbress,  qui  a  réuni  370  lettres  et  documents  divers  dans 
trente-deux  archives  de  l'Europe,  —  principalement  dans  les  archives 
secrètes  du  Vatican, —  il  sort  des  ténèbres  où  il  était  resté  plongé  jus- 
qu'ici. Ces  documents  latins,  italiens  et  espagnols  pouvant  être  consultés 
par  tous  les  historiens,  il  est  probable  que  Carrillo  (1553-1618)  trouvera 
bientôt   son  biographe.   Né   en   Espagne,  il   entra  dans  l'ordre  des 
Jésuites  et  fut  envoyé,  en  1589,  à  Vienne.  De  là  il  se  rendit  en  Tran- 
sylvanie à  la  cour  du  jeune  prince  Sigismond  Bàthori.  La  Transylvanie, 
quoiqu'en  grande  partie  protestante,  avait  alors  un  prince  catholique. 
Les  anciennes  Diètes  avaient  chassé  les  Jésuites,  parce  qu'ils  s'étaient 
trop  mêlés  de  la  politique.  Cette  politique,  éminemment  nationale, 
voulait  sauvegarder  la  petite  principauté  contre  les  empiétements  de 
l'Autriche.  Les  seigneurs  transylvaniens,  voyant  comment  Vienne  trai- 
tait la  Hongrie  proprement  dite,  aimaient  mieux  payer  un  tribut  à  la 
Turquie,  pouvoir  pratiquer  ainsi  leur  religion  et  jouir  de  leurs  libertés 
constitutionnelles  que  se  soumettre  à  l'Autriche.  C'est  pourquoi  Car- 
rillo, devenu  confesseur  et  conseiller  du  cruel  Sigismond  Bàthori,  agis- 
sait sur  lui  dans  un  sens  antinational.  Il  voulut  d'abord  faire  rappeler 
les  Jésuites,  puis  détacher  la  Transylvanie  de  la  Turquie  et  la  sou- 
mettre à  l'Autriche.  Le  pusillanime  Bàthori  écoutait  ses  conseils;  il 
rompit  avec  le  sultan,  se  soumit  à  Rodolphe  II,  épousa  une  princesse 
autrichienne.  Le  parti  national  lui  étant  hostile,  il  se  fit  le  bourreau 
de  sos  parents  et  des  grands  seigneurs.  Mais  il  ne  put  se  maintenir;  la 


Ci  «0*1011*    lit    HlllUlK.fUPiltE. 


437 


Turquie  l'attaqua,  l'Autriche.  M  l'aida  guère.  Il  répudia  sa  femme  après 
quelque»  jours  de  mariage,  renonça  *  trois  reprises  nu  troue  M  NOml 
[iu.-Tàhl.'iDem  ea  Bobème,  où  il  pa*sa  la  Tin  de  sa  fi»,  Kit  somme,  le 
i.irCarrillo  fut  néfaste  pour  le  prince  ot  pour  le  paye.  Quoique 
Siiligyi  «l  K&rolyi  disent  que  c'était  un  idéaliste  doué  d'une  grande 
jcimir  M  que  l'éditeur  de  sa  Correspondance  le  lave  do»  accusation* 
de*  hwLonen*  de  la  Transylvanie  qui  l'ont  vn  A  l'œuvre,  c'était  un 
inirlgtlftl  '|ui  M  travaillait  que  pour  sou  Ordre  et  pou  Vienne,  et  nul- 
lement dans  PtniéMI  du  prince.  Actif,  certes,  il  la  été.  Toute*  le»  fois 
qM  Béabofi  ''ut  DMOtfl  d'argent,  lu  jésuite  alla  du  fin  fond  do  la  Tran- 
sylvanie à  Prague  auprè*  do  Rodolphe,  de  la  à  Rome,  même  à 
Madrid  pour  demander  des  secours  à  Philippe  11.  On  dit  qu'il  rêvait 
d'unir  la  Transylvanie  à  la  Moldavie  et  a  la  Valaclile,  peut-être  même 

UM  coalition 

■  ■  èttitai  i  idaui  liii'  i!i  Hocskay 

M  EMhlM  mu  gQfnafW,  'jui'Ljiu'a  année»  plus  tard.  leur  [Al*,  d"  i'iiim ■■■ 

de  Transylvanie  et  de  quel  prestige  ils  uni  etituuré  leur  nom  el  leur 

principauté  en  suivant  une  politique  nationale,  en  dédaignant  les  coa- 

•cil*  de*  Jésuites!  Carrillo  se une  recueil  zélé  pour 

le*  intérêt*  de  l'Église  catholique;  après  la  chute  de  iïftthori,  il  devint 
chef  <!e  l.i  pruunco  d'Autriche,  imuI  encore  \  Atcala,  a  Tolède  el  à 
Rome  et  mourut  à  Sienne.  Si  nous  ne  partageons  pas  le»  opinion» 
exprimées  dans  l'introduction  de  M.  Veresa,  nous  n'avons  que  de*  com- 
pliment* à  lui  adresser  pour  le  iMe  infatigable  et  le  sont  minutieux 
qu'il  a  iin:  à  publier  co«  document»  inédits  qui  méritent  d'être  consultés 
par  tous  ceux  qui  ■ToHwnwH  *  l'histoire  de  la  réaction  catholique 
qui  caractérise  la  Hn  du  xvi*  et  le  commence  ment  du  «vu*  siècle. 

5*  Le  volume  dan*  lequel  H.  Loui»  SiinuciKV  a  MH4  les  Mtmot/M 
*t  U-t  papitri  d  f.ticnnt  llalmbgyt  nous  conduit  également  en  Traimyl- 
IBSJi  \li<iimi<]<ji  htv.m  naplûi  fi  irulai]  Budapest,  Académie,  1906, 
n>77l  p.  h**.  Ilalmagyi  (1719-ITS)  n'a  pat  joué  un  rile  politiquo 
bien  important.  La  Transylvanie  était  déjà  autrichienne  lorsqu'il  nuira 
dans  la  carrière  administrative.  Il  a  prU  une  part  active  a  t'organisa- 
lion  de  la  milice  des  Siekely  (Siculos  .  rfMfltt  de  la 

Transylvanie  qu'on  croit  descendre  de*  lion*.  Le  Journal  volumineux 
de  cet  administrateur,  qui  joua  aussi  un  rôle  dan»  la  répression  de  la 
•édition  de*  Roumains  Hora  et  Rlooka,  notait  connu  jusqu'ici  que  par 
quelque*  copie»  pou  fidèle*.  M.  rkàdeezkv,  qui  a  déjà  dei-uuvert  tant  de 
manuscrit»  Intèrewant*  enfoui»  dans  le»  collections  privées  de  la  Tran- 
sylvanie, a  retrouvé  l'original  du  Journal  de  Halm&gyt  daim  la  bfbUn- 
ue  du  comte  Mikô.  Il  le  publie  Intégralement.  Le  texte  <■  : 
i  Le»  historiens  y  trouveront  de  nombreux  renseignement*  sur  le» 
■  années  nti'MTtili.  Lu  aulm  Journal  que  Ilaimé-gyi 
mugea  pendant  «on  voyage  eu  Allemagne  et  son  oéjonr  k  :  : 
.leGôUingue|!7J-M7M(,ouit  accomiagu.»  le  (tant  00X911  Pul  T.dekj, 
lit  ajouté  à  ce  volume.  Nous  y  truuvoti*  de*  dntail*  intéressants  sur  la 


MH 


INIQUE    ET    BIBLIOGRI 


vie  universitaire  allemande, sur  les  célèbres  professeurs  de  Gôtlingue 
dont  les  Hongrois  suivaient  les  cours.  Ainsi,  Halmàgyi  nous  apprend  que 
le  philologue  Gesnor,  dans  ses  conférences  sur  tes  auteurs  grecs  et 
romains,  intercalait  souvent  tes  nouvelles  du  jour,  surtout  les  nouvelles 
qui  arrivaient  de  France,  par  exemple  sur  la  disgrâce  de  M""  de  Pom- 
padour.  Quelques  professeurs  partaient  aussi  de  l'origine  des  Magyars. 
Le  savant  éditeur,  pour  réunir  tout  ce  qui  concerne  Halmàgyi,  a  encore 
ajouté  plusieurs  pièces  officielles  qui  le  concernent  et  ses  rapports  sur 
la  sédition  roumaine.  Un  index  de  48  pages  termine  le  volume  qui  Tait 
partie  des  Monumenla  Hungariae  historien  (section  II,  l.  iixvm). 

6°  La  biographie  de  Jean  Bacsànyi  (1763-i8i5)  que  M.  François 
Szinnyf-I  publie  dans  les  Monographies  historiques  est  un  beau  volume 
illustré  sur  ce  •  Jacobin  i  hongrois  qu'on  a  longtemps  accusé  d'avoir 
traduit  en  magyar  la  proclamation  de  Napoléon  I"  aux  Hongrois  (1809) 
[Bacsànyi  Jânos].  Budapest,  Athenaeum,  1904,  210  p.  in-8",  avec 
6  planches  hors  texte  et  61  illustrations  dans  le  texte.  —  Bacsànyi 
était  démocrate  à  une  époque  où  te  gouvernement  considérait  comme 
un  crime  de  faire  allusion  à  la  prise  de  la  Bastille.  Aussi  fut-il  traqué 
par  la  police  dès  le  début  de  sa  carrière.  Pourtant,  dans  ses  poésies 
comme  dans  ses  œuvres  en  prose,  il  ne  demandait  qu'un  peu  plus 
de  justice  pour  le  peuple,  une  constitution  plus  en  harmonie  avec  les 
libertés  hongroises.  Impliqué  dans  la  «  Conjuration  >  de  Marlinovics 
pour  avoir  copié  le  «  Catéchisme  des  républicains  >,  il  fut  condamné 
à  un  an  de  prison  parce  que,  dans  sa  défense,  il  avait  fait  entendre  des 
principes  <  dangereux  ».  Il  passa  cette  année  à  Kufstein  et  eut  comme 
compagnon  de  captivité  Maret,  le  futur  duc  de  Bassano,  retenu  par 
François  II  contre  le  droit  des  gens  (1795}.  Il  végétait  ensuite  comme 
employé  à  Vienne  lorsque  les  Français  y  entrèrent.  Presque  tous  les 
historiens  prétendent  que,  lorsque  Maret  voulut  faire  traduire  en  magyar 
la  proclamation  de  Napoléon,  il  se  rappela  que  Bacsànyi  avait  été  jadis 
son  compagnon  de  prison,  le  lit  appeler  et  obtint  qu'il  traduisît  la  pièce. 
Bacsànyi  aurait  même  introduit  certains  traits  pour  frapper  encore 
mieux  l'imagination  des  Hongrois.  Ce  qui  prête  une  certaine  vraisem- 
blance à  cette  assertion,  c'est  que  Bacsànyi  quitta  Vienne  avec  les 
troupes  françaises,  s'installa  a.  Paris  où  il  obtint,  en  1811,  une  pension 
de  2,000  francB  et  que  les  Autrichiens,  en  entrant  à  Paris,  s'emparèrent 
de  sa  personne  et  l'envoyèrent  au  Spielberg.  Cependant  aucun  document 
officiel  n'est  venu  corroborer  cette  hypothèse.  Bacsànyi  et  sa  femme 
ont  toujours  nié;  les  tribunaux  autrichiens  ont  dû  l'acquitter  faute  de 
preuves  et  Metlernich  est  intervenu  lui-même,  sous  Louis  XVIII,  pour 
faire  liquider  la  pension  que  Bacsànyi  devait  loucher  jusqu'à  sa  mort. 
M.  Szinnyei  cite  plusieurs  documents  qui  prouvent  son  innocence;  il 
pense  que,  mécontent  de  son  sort  à  Vienne  et  se  liant  à  une  promesse 
de  Maret,  Bacsànyi  quitta  Vienne,  quoique  marié  à  une  femme  d'une 
haute  culture  intellectuelle,  Gahrielle  Baumberg,  qui  vint  le  voir  i 
Paris  et  déploya  une  énergie  peu  commune  pour  le  faire  relâcher. 


c.ii«!>Mi.n  *  F.i  miLior.MpaiE. 


«9 


M.  Rxinnyeia  retracé  avec  beaucoup  de  détails  la  figure  de  cet  écrivain 
qui,  uppelé  a  jeiuer  un  rftle  important  dans  son  pays,  tomba  victime  de 
la  police  de  François  II  et  de  l'oppression  intellectuelle  qui  posait  alors 
sur  la  Hongrie. 

7*  L'ouvrage  important  que  M.  Akos  Un'miY  avait  entrepris  sur  le 
ùtvtlopptwrnl  >U  la  constitution  hongroise  restera  inachevé.  L'auteur  est 
mort  aprèa  avoir  public  les  deux  premier*  volumes  dont  non»  avons 
rendu  compte  (cf.  Rev  '«si.,  juillet  Vull  1909  et  1904)  Il  aurait  voulu 
traiter  avec  toute  l'ampleur  nécessaire  la  dévolution  hongroise  aussi 
bien  au  point  de  vue  militaire  que  politique,  retracer  l'état  de  la  Hon- 
grie après  la  catastrophe  et  exposer  les  longues  négociations  qui  ont 
abouti  au  compromis  de  186".  On  a  trouvé  dans  ses  manuscrit* 
quelque»  chapitres  achevés  sur  les  événements  de  18t8  et  sur  le  rôle 
joué  par  l.orgey  qui  a  déposé  les  armes  à  Vilagos  M.  D.  Ileruatli 
vient  de  les  éditer.  [A  magyar  Attamiiâa  fa  ladite,  ktlstlelmei.]  T.  III. 
Uhenaeuni,  1(106.  xv-CJa  p.  in-8°,  avec  le  portrait  de  l'au- 
teur. —  Dans  la  l'réface,  Beûthy  constate  que  l'histoire  de  la  [(évolution 
hongroise  n'est  pu  encore  écrite.  Michel  Hurvalh,  dont  l'ouvrage,  date 
de  1865,  ne  pouvait  pas  encore  utiliser  beaucoup  de  sources;  l'essai  de 
Olicli  M  également  manqué.  La  question  an  point  de  vue  autrichien 
et  les  opérations  militaires  ne  sont  pas  encore  suffisamment  élucidées. 
Or,  al  on  ne  tient  pas  compte  des  sources  autrichiennes,  on  ne  comprend 
guère  l'intervention  russe,  ni  l'abdication  de  Ferdinand  V,  ni  l'action 
de  la  camarilla  C'est  pourquoi  Ileothy  consacre  trois  chapitres  aux 
affaire»  d'Autriche,  a  l'armée  autrichienne,  aux  affaires  d'Allemagne 
en  1848.  Il  se  sert  notamment  des  mémoires  des  hommes  d'Etat  autri- 
chiens publiés  dans  ce»  dernières  années;  Mellernich.  Helfert,  Ficquel- 
tnnnt,  etc..  Bfl^flir  M  Fnedjung  sont  largement  mis  à  contribution, 
et,  pour  caractériser  l'esprit  de  l'armée,  il  a  recour*  aux  l'mums  mili- 
taire*. On  aperçoit  partonl  les  trace»  de  vaste»  lectures,  nn  coup  d'oeil 
très  perspicace,  mal»  aussi,  —  comme  dans  \v»  volumes  précédents,  — 
beaucoup  de  hors-d'muvre,  de  rtttstOM  qui  m  imicli-nt  guère  au  sujet. 
Des  deux  chapitre»  concernant  la  Hongrie,  le  premier  traite  les  affaires 
hongroises  depuis  le  II  avril  lui*,  lorsque  Ferdinand  V  sanctionna  les 
lois  garantissant  la  constitution  qui  changea  l'état  féodal  eu  un  état 
moderne.  Beothy  expose  le  jeu  perBde  de  la  camarilla,  los  difficultés 
que  la  cour  suscita  au  premier  ministère  hongrois  en  excitant  la  haine 
des  différentes  nationalités.  Enthousiaste  de  Kotsuth,  il  décrit  avec 
beaucoup  de  sympathie  son  rùle  psadaxfl  la  II  évolution  Tout  en  Marital 
justice  aux  autres  membres  du  cabinet,  il  reconnaît  eu  Kossuth 
l'homme  politique  qui  était  le  plus  capable  de  résister  à  l'Autriche.  Il 
le  défend  contre  ses  détracteur»,  cuntre  OMi  qui  lui  reprochaient 
d'avoir  recberchi-  surtout  la  pO]  mu,  au  fond,  monar- 

chiste, et  au  début  de  la  Hevulution  il  a  tenu  tête  aux  radicaux  tels 
que  Madaras/,  Teleai,  Nyâry,  qui  désiraient  une  rupture  immédiate 
avec  l'Autriche.  Ce  n'est  que  poussé  a  bout  par  La  cour  do  Vienne  qu'il 


440  CHEOXIQUI  ET  BIBLIOGRAPHIE. 

fit  proclamer,  en  avril  1849,  la  déchéance  des  Habsbourg.  Le  dernier 
chapitre  que  M.  Beôthy  ait  pu  achever  est  une  charge  à  fond  contre 
le  généralissime  des  troupes  hongroises,  Arthur  Gôrgey,  que  ses  conci- 
toyens, en  majorité,  considèrent  aujourd'hui  comme  innocent.  Pendant 
cinquante  ans  on  a  discuté  sur  sa  culpabilité;  historiens,  poètes  et 
romanciers  s'en  sont  môles,  mais  dans  les  vingt  dernières  années  on 
n'a  plus  osé  prononcer  le  mot  de  c  traître  »,  car  les  volumes  publiés 
par  Gôrgey,  qui  vit  toujours,  par  son  frère,  par  des  publicistes  alle- 
mands et  russes  ont  suffisamment  démontré  l'inanité  de  l'accusation. 
Beôthy  lui-môme  avoue  qu'il  ne  6 'agit  pas  ici  d'une  trahison  qui  aurait 
profité  au  chef  de  l'armée;  il  le  condamne  seulement  pour  avoir  forcé 
Kossuth  à  renoncer  au  pouvoir  et  s'être  octroyé  avant  la  capitulation, 
outre  le  commandement  de  l'armée  qu'il  avait  déjà,  le  pouvoir  politique. 
Il  est  vrai  qu'un  tel  cas  ne  se  trouve  dans  l'histoire  d'aucune  révolu- 
tion. Beôthy  accuse  également  Gôrgey  des  mauvais  traitements  infligés 
aux  soldats,  de  plusieurs  actes  de  cruauté,  —  exécution  d'Edmond 
Zichy,  etc.,  —  de  mépris  pour  la  bourgeoisie  et  la  constitution.  Il  nie 
qu'il  ait  été  le  plus  grand  génie  militaire  de  la  Révolution.  Cest  Vetter 
qui  a  montré  les  plus  hautes  qualités,  et  celui-ci  s'est  retiré  lorsqu'il  a 
vu  Gôrgey  investi  du  pouvoir  suprême.  —  Il  y  a  là,  sans  doute,  des 
pages  qui  font  réfléchir,  mais  nous  ne  croyons  pas  qu'elles  ébranleront 
la  foi  de  ceux  qui  ont  acquitté  depuis  longtemps  le  général  hongrois. 

8°  Les  dix  volumes  dans  lesquels  Louis  Kossuth,  avec  quelques  collabo- 
rateurs, a  réuni  ses  mémoires,  ses  écrits  politiques  et  sa  correspondance 
ne  contiennent  rien  sur  son  rôle  politique  en  Hongrie.  Les  Mémoires, 
en  effet,  commencent  par  le  récit  des  événements  de  1859  et  retracent 
l'action  de  l'émigration  hongroise  jusqu'au  Compromis.  Il  était  donc  à 
désirer  que  les  œuvres  continssent  également  les  Discours  et  articles 
de  Kossuth  d'avant  la  Révolution.  C'est  François  Kossuth,  le  fils  du 
grand  homme  d'Etat,  qui  a  recueilli  avec  beaucoup  de  soin  les  maté- 
riaux des  t.  XI  et  XII  des  œuvres  complètes.  [Kossuth  Lajos  beszédei.] 
T.  I,  1832-1819.  Budapest,  Athenaeum,  1905,  n-524  p.  in-8°.  \Kossuth 
Lajos  hirlapi  czikkei.]  Ibidem,  1906.  T.  I,  1841-1842,  484  p.  in-8°.  Le 
t.  XI  donne  les  discours  de  1832  à  1849,  mais,  des  années  1832  et  1840, 
seuls  trois  discours  imprimés  ont  pu  être  recueillis.  Rien  de  ce  que 
Kossuth  a  dit  dans  l'assemblée  du  comitat  de  Zemplén,  dont  il  était  ori- 
ginaire, n'a  été  publié,  et  les  procès-verbaux  n'en  ont  pas  conservé  le 
texte.  Le  volume  contient  donc  les  discours  de  1847  à  1849,  c'est-à- 
dire  depuis  son  élection  comme  député  du  comitat  de  Pest  jusqu'à 
son  exil.  On  peut  suivre  ici  jour  par  jour  les  événements  qui  ont 
préparé  la  constitution  du  premier  ministère  hongrois,  le  rôle  que 
Kossuth  joua  d'abord  comme  ministre  des  Finances,  puis,  après  la 
démission  du  cabinet  Batthyâny,  comme  chef  du  gouvernement,  fina- 
lement comme  gouverneur,  lorsque  le  Parlement  proclama,  à  Debrec- 
zen,  la  déchéance  des  Habsbourg.  On  revoit  la  Révolution  et  on  entend 
la  parole  du  c  Démosthène  magyar  »  qui  lutte  contre  mille  difficultés 


casoviont  et  Bi(uoi.urniE. 


III 


rnl  pas  courage.  Le  discoure  prononcé  le  9  novembre  1818  où  il 
propose  Gorge  y  comme  cher  île  l'armée  est  remarquable.  —  La  t.  XII 
nous  montre  Ko**ulh  jouniatialo.  A  sa  Wftk  de  priMB,  on.  il  a  passé 
plusieurs  années  pour  avoir  publié  les  comptes-  m  ail  un  île  la  Diète, 

.:  m  if  où  Journal  qu'il 

voulait  fonder  :  le  célèbre  l'titi  Hirlap  qui  commença  ii  paraître  en  jan- 
mit  ls|i  oi  qui  marque  une  daio  dans  le  journalisme  Imtigroi-  C  était 
Il  pn'inMTi'  fi-iiillr  rédigée  dan*  la  manière  des  journaux  européen*. 
Grâce  aux  article»  de  Kossnlb,  les  abonnés  affluèrent.  Le  paru  libéral 
avait  Ironve  an  lui  non  porte- paru lex.  Ou  peut  dire  qu'à  partir  de  1641 
c'en  KoMStfl  qui,  dans  l'opinion  publique,  remplace  S/i-cli.-tiyi  l'inir- 
taut,  si  on  parcourt  ce  volume  qui  donne  lus  article»  du  1H1I  et  IS43-, 
on  trouve  peu  de  discussions  politiques.  CVn  plutôt  l'eut  social  arriéré 
du  pays  qui  excite  la  verve  du  poléMim.  L'édnUttiBO  de  l'enfance, 
l'administration,  les  nuances,  le*  voies  et  communications,  la  douane, 
le  système  pénitentiaire,  les  travaux  publics,  les  expositions  indus- 
trielles, le  port  de  Plume  :  voilà  les  questions  qui  sont  traitées.  Tou- 
jours les  plaintes  contre  cette  politique  viennoise  qui  isolait  U  Hongrie 
du  reste  de  l'Europe  et  mettait  des  entraves  à  son  développement  nor- 
mal, Kossulb  n'ayant  écrit  avant  son  exil  qu'une  seule  brochure,  Bal 
articles  forment  les  seuls  écrits  qui  nous  permettent  de  juger  son  style 
fougueux,  incisif,  clair  et  vibrant,  «1  oppose  aux  périodes  lourdes  qu'on 
trouve  dans  les  œuvres  politiques  de  la  môme  époque.  M,  François 
Kossulb  a  usé  de  beaucoup  de  discrétion  dans  l'annulation  de  ces  deux 
volumes.  Une  cunrti'  préface  ut  quelque.,  iii-le*  lotthUMOl 
sables,  c'est  tout  ce  qu'il  a  mi*  du  sien.  Il  préfère  laisser  la  parole  a 
sou  pore. 

9*  M.  François  Kossltu  avait  huit  ans  lorsque  son  père  prit  le  chemin  de 
l'exil  (il  est  né  4  Pesl  le  II',  novembre  IHih,  et  ce  nYit  qu'en  IBM,  après  la 
monde  ion  père,  qu'il  revint  en  Hongrie.  ['lace  immédiatement  àlaléte 
du  paru  de  l 'in  dépendance,  il  fut  pendant  dix  an*  lame  de  l'opposition 
Avec  quelle  maîtrise  il  a  su  diriger  *ou  parti.de  quel  prestige  son  nom 
est  entouré  aujourd'hui,  nuus  le  savon*  par  la  lecture  de*  journaux. 
Le  Dis  do  révolutionnaire  est  aujourd'hui  ministre  du  Oofl 
symbolise  aux  yeux  de*  Magyar*  l'idée  de  la  séparation  économiqua  de* 
deux  paya.  Dan*  un  beau  volume  illustré,  «es  ami*  MM.  Looli  Hen- 
1*1  ter  et  Maurice  Suunàri  viennent  da  publier  trente  de  se*  Piicourt 
partrinenlaires  qui  s'espacent  de  |8M  I  IMO  [fpawtt  Fmnt-s  termines 
partaminti  ben/de\.  Ijudapent,  Kunossy,  1906,  30?  p.  in-**.  La  plupart 
de  ces  discours  se  rap|Htrtent  eus  finances,  au  commerce,  4  la  banque, 
au  tarif  douanier  autonome,  aux  réforme*  sociales.  81  l'on  peut  admirer 
dans  les  dmcuur*  de  Loui*  Kotsulli  la  fougue  et  le  feu  ju', 
apprend  dan*  coux  d*  son  Bis,  orateur  concis,  clair,  dépourvu  de  toute 
phraséologie,  1  homme  versé  dan*  le*  question*  intéressant  l'avenir  de 
Grèce  à  François  Kossuib,  la  Chambre  hongroise,  on  pssV 
dant  de*  diialne*  d'année*  on  n'a  discuté  que  des  questions  do  droit. 


Mit» 


,  m,. iu.it  i    ii  mUQMUHB, 

ni  ■»  regards  vers  les  questions  éeoeomiqaee,  autre- 
M  qoe  l*s  discussions  de  pars  politique.  Koseulh,  élevé 
•  et  en  France,  ingénieur  de  premier  ordre,  qui  s  dirigé, 
,  l'exploitation  des  soufrière*  et  a  construit  en  Egypte  des 
pools,  a  use  tue  usa  nette  de  toutes  les  questions  économique*  et  finan- 
cières al  peut  diriger  une  Chambre  qui  se  compose,  en  majeure  partie, 
d'avocats  ou  d'administrateurs.  Mais  ce  «  scientifique  i  est  doublé  d'un 
vrai  lettré  rt  d'un  artiste.  Ih>  la  Prérace  où  M  Henuller  retrace  «vee 
■aanrnnp  de  détails  sa  vie,  nous  apprenons  que  M.  Koasuih,  dans  an 
loisirs,  peint,  sculpte,  compra»  des  vi-rs  pn  anglais,  eu  français  et  en 
hongrois.  Quelques  pages  qui  illustrent  ce  volume  nous  montrent  ce 
côte  de  sou  talent.  —  |P.  36,  lire  Sainte-Barbe  au  lieu  de  Barbet.) 

10*  On  sait  que  ia  tribune  parlementaire  hongroise  est  une  des  plus 
célèbres  en  Europe.  Depuis  la  diète  mémorable  de  1825  qui  marqua 
l'aurore  de  la  Hongrie  moderne  jusqu'à  nos  jours,  la  série  des  grands 
orateurs  est  ininterrompue.  Avant  la  Révolution,  on  peut  citer  Paul 
Nif!>,  Sieclienyi,  Weseelényi  et  surtout  Kossuth,  après  la  Révolution 
Deik,  Bot  vos,  Tissa,  Kerk âpoly.  Les  deux  orateurs  les  plus  appréciée  de 
mitre  temps  sont  le  comte  Albert  Appouyi  (ne  en  IB46)  et  Désidere 
Siiligyi  (1840-1901).  Tandis  qne  les  discours  du  comte  Apponyi  ont 
été  réunis  par  M.  Denedek  il  y  a  dix  ans,  recueil  qui  sera  probablement 
continué,  car  M.  Apponyi  a  déployé  depuis  une  activité  extraordinaire, 
ceux  de  Sxilàoti  n'avaient  pas  été  publiés.  Nous  recevons  aujourd'hui  le 
premier  volume  de  ces  Discourt,  recueillis  par  H.  Jules  Payer  [SsitAfyi 
Dtstô  bettidei).  T.  I.  Budapest,  Athenaeum,  1906,  xx-428  p.  in-S«. 
Sxilâgyi  était  professeur  de  sciences  potiliqi 
verailé  de  Budapest;  il  a  pris  une  part  active 
tion  an  ministère  de  la  Justice,  fut  ministre  ei 
concours  de  Wekerlé,  président  du  Conseil,  e 
Cultes,  le  vote  des  lois  potitico-ecclësiastiqi 
nouvelle  dans  la  vie  sociale  de  la  Hongri 
devint  président  de  la  Chambre.  Comme 


s  et  de  droit  pénal  à  l'Uai- 
iux  travaux  de  codinea- 
1880  et  obtint,  grâce  an 
de  Csàky,  ministre  des 
qui  marquent  une  ère 
.  Il  démissionna  en  1895  et 
léputè,  il  appartint  d'abord 


au  parti  libéral  et  suivit  la  politique  de  Coioman  Tjsia  de  18*5  a  1878, 
année  où  il  sortit  avec  son  ami  M.  Albert  Apponyi  du  parti  libéral  et 
forma  l'opposition  modérée.  Le  premier  volume  des  discours  com- 
prend les  années  1876  à  1879.  Ceux-ci  se  rapportent  au  renouvellement 
du  Compromis,  et  principalement  à  la  question  orientale  :  occupation 
de  U  Bosnie  et  de  l'Herzégovine,  traité  de  San  Ste.la.no,  congrès  de 
Berlin.  L'éditeur  ne  les  donne  pas  dans  l'ordre  chronologique;  il  les 
réunit  d'après  les  question*  politiques,  financières  ou  administratives 
que  Szilagyi  avait  traitées.  Les  introductions  sont  très  nourries  et 
retracent,  pour  ainsi  dire,  toute  l'histoire  parlementaire  de  ces  quatre 
années.  M.  Payer  publie  même  les  discours  des  orateurs  auxquels  Siilà- 
-yi  a  répondu. 

U6  Le  volume   de    M,  Antoine    Aosay  ,  la   ftenaiuanee   rn    Italie 
|  I  Renaissance  Italiàban].  Budapest,  Société  Saint -Etienne,  1905,  274  p. 


O.BIOVIQCE    ET    IIItl.lllûltirHII-. 


443 


gr,  lu-8»,  n'est  pu  uq  ouvrage  d'ensemble  sur  ce  vaste  sujet.  C'est 
l'uiuvm  d'un  historien  de  la  |hVIjl;"|-''"  qui  ■  étudié  dans  le  mouve- 
ment da  la  Renaissance  surtout  les  questions  d'enseignement,  moins 
élucidée*  que  le»  questions  lluéraires  ou  artistiques.  Une  brochure 
pllbWt  M  I8W  Ml  li'  âtM  I"  tuStr  tlri  humaniilts  »I  rf«J  frotaifif/fiSJ, 
sert  d'introduction  à  ce»  recherches  savantes.  M-  Acsay,  très  ver»é 
dan*  la  littérature  italienne  de  la  Renaissance,  a  eu  recoure  aut 
sources  mêmes  et  nous  montre,  en  un  style  alerte,  le  rùle  de  ces  grandi 
érudits  et  de  ces  pédagogue*  qui,  venus  pour  la  plupart  de  l'empire 
liytantin.  ont  initié  l'Occident  aui  lettres  anciennes.  Nous  suivons 
dans  les  qualone  chapitres  de  ce  livra  toute»  les  phase»  de  cette 
initiation,  depuis  le  m*  jusqu'à  ta  lin  du  avi*  siècle.  M.  Acsay  nous 
promet  encore  un  volume  sur  la  Renaissance  dans  les  Pays-Bas,  la 
i  l'Allemagne,  et  un  autre  sur  la  Renaissance  en  France 
et  en  Angleterre. 

lï*  Quoique  M.  Armlnms  Vimiisï  ait  écrit  ses  Mémoires  ou  11  a 
narré  avec  tant  d'humour  le*  péripétie*  de  sa  vie  si  bien  remplie 
(cf.  Hev.  /ml.,  juilli-t-aont  l'JWil,  il  ne  ces**  do  publier.  U  volume  qu'il 
a  donné  dernièrement  sur  Vlnfluttu*  <lt  la  emiiialion  de  fCttUVà  ptjf 
rOritnt.  en  anglais  et  en  allemand,  pareil  également  en  hllllgiotl  dam 
la  collection  que  l'Académie,  destine  au  public  lettré  \Nyvgol  kulturaja 
leJfiM]  Budapest,  Académie,  1900,  vui-4'K)  p.  in-10.  —  M,  Vambéry 
s'est  vu  souvent  attaque  i  cause  de  ses  préfère nr.es  marquée»  pour 
l'œuvre  de  la  civilisation  anglaise  en  Asie  et  son  antipathie  jMiur  1s 
Russie.  Bon  dernier  livre  reprend  des  questions  souvent  traitées  par 
lui,  mais  elles  le  sont  ici  a  l'aide  de  nombreux  documents  qui  tendent 
à  démontrer  que  l'Angleterre  est  plus  apte  que  la  Russie  à  remplir  nue 
mission  civilisatrice  en  Asie.  Dan»  la  première  partie  de  cet  ouvrage, 
U  relève  tout  ce  que  les  Russes  util  Tait  jusqu'ici  au  'i'urkosian  et  eu 
Silxrie.  il  oppose,  dam  la  deuiieme  partie,  ce  que  l'Angleterre  a  fait 
dans  l'Inde  et  trouve  que  les  résultat*  sont  bnsur.oup  plus  favorables 
dans  ce  dernier  pays.  Il  attribue  ce  résultat,  en  partie,  i  ce  que  l'olli- 
cier  du  l'administrateur  russe  envoyé  à  Tachkend  considère  cette  mis- 
sion comme  une  disgrâce,  alors  que  les  AngUi»  déploient  dans  leurs 
(onctions  une  énergie  peu  commune.  L'auteur  rend  cependant  pleine 
justice  à  des  hommes  comme  kaufmaiin,  Koseiibach,  Vnmki,  Abra- 
moff  et  Ivanoff,  et  trouve  tout  de  même  que  la  civilisation  russe  vint 
encore  mkeui  que  l'étal  primitif  de  la  civilisation  asiatique  Ip.  lïO).  — 
ifj  chapitre  traite  de  l'avenir  de  l'Islam.  M.  Vambéry  relevé 
quelques  symptômes  du  réveil  national,  mais  au  fond  les  progrès  sont 
très  lents,  surtout  cbei  1rs  mahoméUns  d'Asie. 

1  .iviu  sVafjaJ  vient  de  réunir  en  quatre  volumes  les  articles 
et  les  traductions  du  regretté  Ilela  Lsnssia>{Lsdsrer  AéJu  ùtut^yûjUUt 
mmOétt  BaJtytm,  RrttUis,  I  t,  »T,  S69  p.  in-16, 

avec  le  portrait  dn  l'auteur,  l^derer  |IW0-I'H)3|  n'est  pas  un  inconnu 
pour  les  lecteurs  de  celto  rerue;  avec  M.  Marciali,  Il  a  donné  le 


«fcfar-ê  X)-'-     ■  à  ta  Tu  /tut  |m  è  riiy,  faiK  pv 

wtJ«*-  Aaàea  H-èr»  et  rEcoie  4m  kmmn  pafifeMe*  4e  P*tï*.  ce  fa 

fal  tmtnir*  tmue  h  Pnaaai    i  Tl— jiii    Tl  ■'■  jn  '  *    -  J-~ 


-     *i  l 


«■  W  àrtmtn  4e  Héu    !Ï26_  mm  m  mmâ  I 

■Hini    El  *«**«■  fa«MM  ta*  Dwvs  4e  caa*e  -Mfci 

r.  wnw  «m  i'mmM  —  Wl.  ta«  m  ta  iiwnii  4M»- 

;  ■*■*■  À-  MA 
i.tg  ■        W-.A-  I       |l  I       T—te>«yg«4 


OUOIIQl-l.   IT   : 


413 


ubslantintlo  (lire,  p.  Iiv  :  Sainte- llruvr  au   limt  de  St.   Iltuvt). 

Nous  avons  reçu,  en  autre,  les  brochant*  suivante*  :  1°  AUtatidre 
DovsMOVnKY,  la  Chrvnique  de  Simon  tUltA  [K'tai  Simon  krônik\ja\. 
Budapest,  Académie,  l'.HHi,  180  p.  111-8",  étude  «pprofi>n(tie  de»  «jure** 
iio  h>tai  iRéglnou,  1m  Annales  d'Alteich,  la  Légende  de  saint  Gérard) 
m  des  partie*  originales  ils  sou  teuvre,  avec  la  description  de»  manus- 
crits ot  un  Appendice  bibliographique.  —  2*  L.  Ewèlyi,  Quriquti 
charte*  dauteuta  tir  l'abbaye  A»  Tihany  [A  Tihamji  apùttùa  kritikui  oklt- 
vtlti],  Ihid.,  Ilï  p.  m  l,  Kïamen  de  quelques  chartes 

ipOMJptm.  Ltf  trois  archive*  de  Pan  non  bal  m  a,  de  Zatavar  et  da 
Tihany  cm::  ■  i  putfa  das  dOMMaftU  i.'uucuniuut  l'iiis- 

toire  de  CI  tt  '■  H  H  Hongrie,  dDDI  l'Iintuire,  aMfapfiM 

par  M.  Knli-lyi,  est  tCtUtlbuMUl  DU  DOOn  de  publication.  —  3*  M.  liai, 
iïtudf»  lur  SsicKtnyi  [SUthtnyi  jvrobttm:'ik\.  Ihid.,  1907,  HO  p.  îli-8», 
contient  deui  étaden  :  l'une  lur  la  politique  de  sentiment,  —  .Saècha- 
nyi  reprochait  k  K-jssuih  de  Taire  do  la  politique  de  sentiment  tandis 
qne  lui  ne  se  laissait  guider  que  par  la  raison  ;  —  l'autre  sur  la  suite 
dans  les  idée*  de  Sxëcbenyi.  i.  Kont. 

Italie.  —  M.  Itené  Pot;  par  mm,  qui  avait  Tait  paraîtra  il  y  a  quelque* 
année*  dan*  les  Mttangti  d'arch/ologie  et  d'htiiuir?  de  l'École  français» 
\\1,  IVM,  F  [17-180]  DM  iras  utile  &tud*  sur  la  diplo- 
matique iUi  prince*  lombard*  il*  Itinérant,  de  Çapaue  tt  de  Salerne  du 
vm<  au  ii>  siècle,  a  prêtante  comme  lbé#e  secondaire  de  doctorat  â  la 
Faculté  des  lettres  de  Paris  un  volume  sur  le*  Institution*  politique* 
tt  admxnitlrativei  de*  principauté*  lombarde*  de  t  Italie  méridional* 
(IX^Xt*  iièclej:  Huit»  tuivie  d'un  catalogue  île*  acte*  det  prince*  et  Biné- 
vent  tt  de  Capoue  iPafis,  Champion,  l'JOT,  ia-rt»,  v»>184  p.).  Le  cata- 
logue, d'acte»,  qui  BBJDH  .  ..des  années  771-1057,  consti- 
tue la  partie  essentielle  de  l'ouvrage  (p.  li,'t-t:H).  Il  est  le  fruit  d'un 
dépouillement  irr>  r-iim^lri  ilm  chronique*  et  de»  recueils  de  charte* 
publiai  "t  dune  exploration  méthodique  des  bibliothèques  et  de* 
archives  italienne*.  Cette  enquête  n'a  révélé  qu'un  nombre  très  res- 
treint  d'acte»  innln-,  ilu  pjtoiai  a-t-tUa  perrui*  à  M.  Poupardin  de 
M  de  rectilier  au  besoiu  les  édition*  souvent  défectueuses 
données  par  le»  ancien»  crudii>.  M  M  |i.i ri n-uhf-r  par  t!glielli.  A  cet 
égard  encore,  le*  vingt  et  une  pièce*  justificatives  qu'il  a  ajoutée*  au 
catalogue  seront  de»  plut  pretiimses.  [.'introduction  jette  fnalMa 
lu  nuire  *ur  l'ofganilation  politique  de*  principauté*  lombardes  ;  l'au- 
l<-ur  y  étudie  U  ■ituatinn  légale  .-i  |aa  pOUTOtfl  du  (uioM,  l.i  aonpaal 
tloa  du  •  palatiurn  s,  le  rote  et  la  répartition  de*  gastalds  et  des 
fWnHa.  aillll  unuce,  l-e*  moyens  d'information  dont 
mi  dJapoM  MU  trop  insuffisants  pour  qu'on  puisse  espérer  donner  sur 
cas  matière*  de*  indications  1res  précise*  :  avec  une  prudence  que  d'au- 
cun* jugeront  peut-être  excessive,  M.  l'uupardin  «'est  contante  de  clas- 
ser méthoiitquament  les  détails  fournis  par  le*  usités  *an*  cliercbar  i 
démêler  le*  ehaogumnnu  turveuu»  au  eOUfi  de*  siècle*.  M  eût  été  »an* 


*■»«—»*  l*ÙBtia  xm*x  ç»  j     iiww.«A«»« 


1*'  ■!■      ■■ 

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[.itmnri.ni  u  nisi.ii.oiurai*. 


44T 


nar  l'origine  de  la  famille  d'Arkel;  celle  de  M.  Haak  a  rapport  au  com- 
merce de  la  ville  de  Brielle  au  xv*  siècle  ;  M.  Glas*  y  eipoM  la  vie  do 
Ni  cola**  Coruelisz  do  Win,  homme  entreprenant  qui,  parcourant  le 
monde,  projeta  plusieurs  entreprises  de  commerce  et  de  colonisation 
et  mourut  en  1639  a  Padoue;  l'étude  de  M.  Van  Uaw  van  Issklt  *ur  un 
de  cet  ancêtres,  nommé  Jacob  van  Dam.  consul  k  Smyrne  de  1668  à 
1688,  offre  aussi  de  l'intérêt  pour  l'histoire  du  commerce  néerlandais; 
M.  Elkan  prouve  que  les  raisons  alléguées  pour  attribuer  û  Marnix  de 
St-  UdtfHtde  un  pamphlet  intitulé  :  Projet  de  placer  lea  l'ays- Haï  tout 
la  domination  d*  la  Franc*  sont  tout  a  fait  insu  (usantes;  M.  Koout- 
M*M  Drvnin  truite  les  projets  et  le  réjour  à  Linge»  du  prince  hérédi- 
lairu  d'Orange  pendant  la  campagne  de  1799. 

—  MM.  Bt-un  et  S.  Mu.i.an  ont  recueilli  une  quinzaine  d'études  de 
feu  M.  P.  Muller  de  Leyde,  éparsen  dans  diverses  revues,  et  y  ont 
aJoQCI  la  ht*gM|hll  excellente  du  défunt,  par  M.  S.  Mullcr,  publiée 
dan*  le  flu  Malin  de  t'Acadimit  royalr.  (.l'est  dans  le  Bulirtin  il ■* 
décembVn  1906  de  l'Académie  qu'on  trouve  l'appréciation  judicieuse  de 
feu  H.  Itogge,  mort  en  1905,  par  M.  Blok. 

—  M.  CoutNBaAKii»  a  publié  plusieurs  étude*  dan*  la  revue  De  Gidt. 
Dans  le»  numéros  de  juillot-irptembre  1906,  il  a  donné  une  courte  intro- 

iluriiiui  j  nUMBllV  balaïr,  e'est-â-dirn  l'IiisUiire  Bf  ITH  et  années  soi- 

vantet.  La  publication  tataTaMUla  dr  M.  Paul  Kaanitaicq  surTIiorhecke 
11  j  donné  lieu  i  un  article  de  M.  Golenbr&ndersurla  Jeunesse 
il'    riiurl.icke  | novembre-décembre  19l)6|.  Dans  le  nuiaéru  .; 
1907,  U  a  publié  de*  document*  relatifs  à  G.  K.  de  Hogendorp  en  1806- 
1809,  intéressant*  surtout  pour  la  psychologie  de  ut  homme  il'Kut. 

—  Le  tome  Vli  de  l'histoire  du  peuple  néerlandais  de  M.  Bu>k,  nou- 
vellement paru,  expose  l'histoire  de  1795  a  1839;  le  tome  VIII,  qui 
nous  mènera  jusqu'à  dos  jours,  est  en  préparation.  —  Le  tome  II  de  la 
collection  d'études  intitulée  :  J*  maintiendrai,  sous  la  direction  de 
MM.  K  ramer,  Mues  et  Wagner,  a  paru  ;  il  contient  des  article*,  d'un 
intérêt  inégal,  relatif*  à  la  muison  d'Orange- Nassau. 

—  La  Soeiftt  fUitttn  d't'lrreht  «  augmenté  la  série  importante  de 
*ea  mémoire*  de  quatre  ratant*.  Le  registre  des  noms  propre*  qui  se 
trouvent  dan*  les  journaux  de  (km»  ton  un  Iluygen»,  secrétaire  de  Guil- 
laume III.  rendra  de  grand*  services  i  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'his- 
toire de  l'époque  du  Roi-Huthouder.  —  Feu  M.  l-'ruin  avait  fait,  il  y  a 
longtemps,  de*  extraits  de  la  correspondance  très  volumineuse  du 
conseiller- pensionnaire  Jean  de  Witt,  se  trouvant  aux  archive»  du 
royaume  a  la  Haye.  Ce*  extraits,  vende*  et  augmentés  d'après  le*  ori- 
ginaux, seront  publié*  par  la  ttocîéte  d'Histoire,  et  c'est  i  M.  kiuui- 
a*«e  qu'un  est  rednvalde  de  l'édition  du  mme  I,  embraaaant  lea  année* 
1650-1657.  M.  Japik.se  l'eat  chargé  do  la  continuation  de  cette  publica- 
tion.— MM.  Baoe  et  Van  I. anobba mi  ont  publie  le  Joumsl  d'Aremi  van 
Bncbell,  bourgeois  d'Utrecht  (I56M641),  savant  distingué  qui  a  voyagé 


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.-.r1.:.^  ■■'.  '.r-u'.-T  'j-j.'i';!  JS  par  .*;-   N^-Tian  i-ti»  aux   I:.«i--s   ■.ri-ri'.al:^ 
:  i  \  !*1!.  I>*   l*:..*'.  I  fi»-  •';••  •  orpr.  in;  l  fi'iU:  uni  S-.n'landv-Ir.  ::•:'*-, 
:■=  iîi'O.i  !»■"''  ,f.t, [•":*[•, u  -Ux  Kf'hifik'ijl.  In  '.i:vn:  *-jor4t  Taa'-Li:  .- 
.■..\^urt'i<  »a^i  Sfbriand-.ck  lui'.-.  \M)1  .       Th.  Bu-sïmaivER. 

Puisse.  —  M.  M.  WA'.Kf-.'i.'.vii.:.  ;i  fait  [..îraitre  :*>  t.  I  'V:iu*  Hiïio.rv 

■.  ■....*  ':*:  fil!"  ■Gïidticl'te  'ter  S  lad!  fia  ?',  H  il»?,  Holiiin^  et  L  ich  :•;•:> 

-.  !  ".'T.  \".-»ii*î  j».,  i n -'•*',  .i%'-,f:  iin  j-.dii  'i»j  id  villo  au  ni'iy»m  kae  . 

■■  .z.rZti  f,-l  li.»*u  ';hoiM  pour  un'*  à»'inhj;ihi<?  t^ntativp.  it  la,  suit».»  des 

.  .\i:i.'ns  H'f'rj-fiiihl'-  dont  ies  sources  «i«"î  l'histoire  hâiùise.  —  chro- 

•s  e:  chart'*.-.  il'#f:uiiir;ntri  roî.itiî.-ï  au  conc;.»?.  — ont  ôlé  récemment 

■   ::  r|'jf*  îj«»u-:  -ivous  r*mrj:ijf*'a>  ici-iiiéme.  Ajoutons  que  nul  n'était 

■.  •.■r^ji.ip-  -L  -'.irijinMiT  «''.•  c»-tte  t.i«;hf;  iju«*  l'inùti^ahlc  archiviste 

v.    m.  .  i»,  qui  .i  pria  lui -m  «'-m  f;  uno  ^rr-'iu-li;  part  à  ces  travaux  et  qui 

it'L-'ver  la  n:or^J4iiÎB'atiijii  de  Sun  riciiftdi-pùt.  Au  moyen  âce,  U 


CanoxiQDE    ET    RIEUOCUFBlt. 


449 

Tille  de  Bile  grandit  au  point  île  rencontre  des  paya  de  Bourgogne,  de 
France  et  d'Allemagne,  à  la  limite  il"  deux  culture*  et  de  deux  tangues  ; 
le  est  mr  le  passage  de  voie»  commerciales  importante».  Ce»  minimum 
it  influé  profondément,  jusqu'à  nos  jours,  sur  l'histoire  de  l'ai 
Dis  le  kii*  siècle,  sous  l 'impulsion  de  la  richesse  croissante  de  In  bour- 
geoisie, la  commune  se  développe  et  s'organise  à  coté  du  pouvoir  épis- 
COpal  M  souvent  en  lutte  avec  lui.  Elle  est  a  ménie  de  jouer  un  rôle 
dans  la  politique  générale  au  temps  de  l'interrègne  et  du  roi  Rodolphe 
de  Habsbourg.  Au  nv*  siède,  le  déclin  économique  de  revécue  facili- 
tant se*  progrès,  alla  acquiert  en  fait  l'autonomie,  tandis  que  ta  pre- 
mière moitié  du  xv*  est  tout  entière  remplie  par  la  lutte  contre  l'Au- 
triche, dont  la  puissance  territoriale  enserrait  la  ville  et  menaçait  de 
l'absorber.  Ce  premier  volume  s'arrête  a  l'Année  1450;  par  l'impor- 
tance du  sujet,  par  la  richesse  et  la  solidité  de  l'information  (partout 
l'auteur  a  puisé  directement am  ^ourcesi,  par  sa  valeur  littéraire  enfin, 
11  prend  place  au  premier  rang  des  travaux  historiques  récents  parus 
en  Suisse.  Parmi  les  pages  dont  l'intérêt  est  le  plus  gémirai.  Il  faut 
signaler  le  tableau  détaillé  île  l'état  matériel,  politique  et  social  de  la 
ville  à  l'époque  du  ml  lia  pi  1res  consacres  au  concile 

et  à  la  guerre  de  Saint- Jacques.  V.  ■.  m  Ijunca». 

—  I*  traité  de  Lausanne  f  ta   IBM  *nire  Berne 

et  la  Savoie,  assurait  au  duc  Kmmanuel-I'hilibrrt,  niintégré  dan» 
tes  états  héréditaires  par  la  paii  de  Caleau-Cembrêsis,  la  restitu- 
tion d'une  partie  des  terres  enlevées  a  la  Savoie  par  Us  Bernois  en 
KM.  Le  duc  rentrait  en  possession  du  pays  de  Gex  et  des  bailliages  du 
Genevois  et  du  Chablois  qui  entouraient  Genève  et  bordaient  la  rive 
■ud  du  lac  Léman.  La  petite  république  genevoise  redevenait  uti  llol 
en  terre  savoyarde.  M.  le  professeur  Oscutu  a  consacré  à  ce  traité, 
aux  circonstances  qui  l'ont  amené  et  aux  négociations  préliminaires, 
une  »ubstantielie  el  lumineuse  étude  sur  laquelle  11  convient  d'attirer 
l 'attention  (te  TraïUdt  tauiann*.  Berne.  D.-J  Wm,  1906,  109  p.  iti-S', 
traduction  d'un  mémoire  paru  eu  allemand  en  1899,  dan»  le  PoliHiek*i 
Jahrbueh  der  ichwnirriichen  Sidgmoutntcltafi).  L'auteur  met  en  relief 
la  véritable  cause  de  la  cession  de  territoire  qui  a  parfois  été  reprochée 
aux  Bernois  :  l'affaiblisse  nient  dn  la  Confédération  à  la  suite  de  la 
scissiou  religicLi-i'  pMioajtata]  par  la  Uéforuw.  L'alliance  perpétuelle  d«» 
cantons  catholiques  avec  la  Savoie,  la  II  mai  1560,  ne  laissait  ancun 
doute  sur  l'attitude  nnltemeul  hostile  de  ce*  cantons  à  l'égard  des  con- 
quêtes bernuisea.  Toute  politique  d'extension,  nationale  était  devenue 
impossible.  Dan»  ub  dernier  chapitrn,  M.  OmbmH  montre  que  c'est  à 
tort  qu'en  1798  le  Directoire  français,  in  «pire  par  Labarpe,  invoqua  le 
traité  de  Lausanne  pour  juitihr-r  l'invasion  de  la  Suisse  :  non  seule- 
ment l'approbation  donnée  au  traité  par  le  roi  Charles  IX  ne  eoniti* 
tuait  pu  une  «  garantie  >,  mais  le  traité  ne  consacre  ni  ne  mentionne 
même  le*  droit»  politiques  du  pajs  de  VauiL  V.  v«»  tiemiitu 
BaTt.  IIi-to».  XC1V.    ■•  rase. 


450  CHIOIflQUI  ET  ÎIILIOGIAPUI. 

—  L'histoire  de  l'hôtel  de  Tille  de  Genève  est  étroitement  liée  à  celle 
de  la  petite  et  glorieuse  république.  La  première  c  maison  de  ville  »  ne 
devint  qu'après  la  réforme  un  édifice,  ou  plutôt  un  ensemble  d'édifices, 
digne  du  rôle  nouveau  joué  par  la  cité.  M.  Camille  Martin,  dans  une 
publication  supérieurement  exécutée  et  joliment  illustrée  par  M.  Bois- 
sonnas,  étudie  à  la  fois  en  historien  et  en  archéologue  ces  développe- 
ments successifs,  du  xv«  au  xvm*  siècle  (la  Maison  de  ville  de  Genève. 
Genève,  A.  Jullien,  1906,  xm-139  p.,  26  pi.  hors  texte  et  18  figM  t.  HT 
des  Mém.  el  Doc.  p.  p.  la  Soc.  d*hist.  et  d'archéol.  de  Genève,  série  in-4°). 

—  Après  MM.  Pierre  Brun,  Magne,  Gapon  et  Yves  Plessis,  un  éni- 
dit  suisse,  M.  H.  DObi,  a  voulu  étudier  le  vrai  Cyrano  (Cyrano  de  Ber- 
gerac, sein  Leben  und  seine  Werke,  Berne,  Francke,  1905.  In-8°,  144  p.). 
Il  l'a  fait  dans  un  sentiment  de  pieuse  admiration  pour  cet  ouvreur  de 
voies  nouvelles,  infiniment  plus  intéressant  en  réalité  que  le  person- 
nage que  lui  a  substitué  la  légende.  M.  Dûbi  joint  à  son  opuscule  une 
description  du  manuscrit  du  Voyage  dans  la  lune,  avec  une  restitution 
des  passages  qui  ont  été  supprimés  ou  châtrés  dans  l'édition  d'Amster- 
dam, ainsi  qu'une  reproduction  du  Sermon  du  curé  de  Colignac,  satire  de 
l'ignorance  et  de  la  grossièreté  du  bas  clergé,  dont  il  attribue  la  pater- 
nité à  Cyrano.  H.  HR. 

—  Sous  ce  titre  :  Napoléons  1  Politik  und  Diplomatie  in  der  Schweiz 
wahrend  der  Gesandschaflsxeit  des  Grafen  Auguste  de  Talleyrand  (Zurich, 
Schulthess  et  Cu,  t.  I,  1"  livr.,  1906),  M.  G.  Stbinbr  entreprend  l'étude 
des  relations  de  la  Suisse  avec  son  puissant  protecteur  de  1808  à  1813, 
c'est-à-dire  pendant  une  période  de  crise,  où  les  Suisses  se  sentent  de 
plus  en  plus  menacés  dans  leur  indépendance  par  la  tyrannie  crois- 
sante de  l'empereur.  Cet  important  ouvrage,  pour  lequel  l'auteur  a  fait 
des  recherches  étendues  dans  les  archives  des  deux  pays,  paraissant 
en  livraisons,  il  conviendra  d'y  revenir  lorsque  la  publication  en  sera 
achevée.  V.  v.  B. 


iidei  BiBUotïimiQrr 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE'. 


nutoise  ofatfcMui. 

AMtUula  Etléolbi.  Voir  rVnu/lor. 
Alli  drl  CourriHi  iniprui.  di  virn/r 
tloricho.  SZ1. 

hrnxltar.    FI   Hadl  Srbal,  Atutrlaii: 
Hl/ail-i    L'eiprlt  IiIiitjI  ,iu  C.trjn 

34C. 
Hntaut  iCk.).  La  crise  do  l'fiul  mo- 
derne ,  l'uriiunltallOD  du  tratail,  34» 
Botlmt  tli  i.  KlodM  ixitltlquM,  112. 
Jtriuoa    (/M.    IlirLuirr    du    lnt.il    cl 

de*  travailleur».  SI. 
i:>mbTM|tF  modcrn  bintort    I   IV    LtB 
Chimirp"  de  la  Sniuiay*.  M*nurl  de 

I  hn!     An,   rrliglont  ;    Irait.  H.  Mu 

herl  cl  /.  tccf.  136. 
Httbruck    VA    Gnrb.    uer    Kri«.- 

ktii»l.  IX. 
fwA'tf*  II.  ■"].  I  *  l.irmtttwi  de*  ri 

ri*****   341. 
m  lladi  Stbat.  Voir  BtiuMar. 
*Yo™,  .VVnméfi-Au.'fi'iitVro,  0.  Karf- 

HtJt,  Lriitiiildiklirc,  14J. 
Cwrirrtunw  (y  )    l.'lnkrnalionale,  341. 
ffkH.  A  hlilnrj  of  diplômée?.  134. 
HikVt/   (f/.j.    Voir  OWiittyife   de  la 

Komnt  lZ).Gt*tU.  dM  belle***!.  Irt- 

t.llrr.    M 
iMOrll    (Af.j.     LrbeiiMiinniriinitrD. 

ad    .V.  totoru  al  4.  £e*cJM.  IM. 
/.eirtf  U-)    Ut*rut,  161. 
—  Voir  totaru  {«.}. 
(Vrj  {/.).  Voir  Cltanlrpir  d*  la  Saui- 

tllit.  de  Il  lalémM 


tatajri*  (A.J. 
r'Iiitiruvr.  Tr, 


•Mmrlx.  le  tudalitlnr 
V*-l    (O.l.    Uni.    ila 

monde,  330. 
ijmoit   (II,).    Noorellp*    « 

du  di>|>*r1*riifnl  dn  mu.  (I 


.VeJMfa-Aa/IeniWf    Voir  froc*, 
snj^or™  :CA.;    L'imlotr*  du*  Tm- 


Um  (.*rtirt»l»rinp.  356. 
rUItri  du  Tnraot  (*/.  et).  Le*  roi* 

**o<  ronronne,  |0Î. 
UohlçenivUi  (J.).  M    Lataru*,  11». 

Au.r.mi.*in. 

Rcrsui   (a*.)-  Palooal*   rt    rniulen*, 

ia 

(Ira  ndensura  (ï).  Voii  L'ahlmann 
(laWniiniiHoii:     Uiidlrnkuridr  der 
deuUrhen  Gnrh.:  M.  É    /lrarpd"i- 

iiurj.  m. 

KMvehkt   (■.).    Sludlr-n    i.    VmwjI. 

InaMMcfa.      drr     Gro*«rundlierT- 

«<■li.fl  Wrrdrn,  143. 
Manrnrfrf      OÏW    Frltdrieh     Wll- 

liflm  IV  ;  Primaient  iui*lrtiK*  Pn- 

lilik;|.ubl   »,  tf,  r. /'o.fA.noer,  157. 
iWAihjw  (tf.  ■.,   V.ûr  UantnfftL 

AL»ACII-U)>Him*. 


■vnuen. 

Mir?t*lftlrr.M«Kli  «1  H.  Schlitte. 

Au*  dur  Zrlt  Maria  TberMi**,  393, 
#1/1*  (O.  p.).  Slodirn  I.  tlWnn  M» 

rficnitrhra  L'rkiinilrnwrien,  Î17. 
,StA/i«n  [ET.).  Voir  Kh'vtnhvlltr. 

taWMn  i/.h'.ii.p  iMaÎMjtr,  M  t. 

"«iiiiijii. 

Ûoftol  {«,).  L*e  origine,  de  I*  rwntr»- 
lllr  de  I*  Hri|[lc|nB  rt  Ir  iviltm*  de 
la  BarriHr.  396. 

BfWUint  (P.).  Kr*re-Orlwn.  3U. 

lin  rot  4e*  arr.h,  drt  tnrirn*  gaattr- 
•muni*  d«  P*»i-lU.,  HT. 


■  u.-. 

r-,  M 


ifUET  iiiLiocRiririQrE. 


Datandres  f.i.  Le  concile  de  Trente, 

4Î5. 
Borner.  Die  Enlilebung  der  coralii- 

r.hen  GUnbwiltlOTB.  115. 
Douai*.  L'inquisition,  73. 
Dtichetne  [L).  Hiftt.  ancienne  de  l*t- 

«ll*e,  137. 
l'hi:,.   (,     Dag  DevolDttoureeht,  387. 
E*otrt{T.).  DieUneit  der  Bibel.  214. 
Pendt.    Die    Dauer   der    iiflentlicben 

Wlrks.imkeit  Jeen,  211. 
Fraikin.  nonciature*  de  Clément  VU 

sa 

Gerlrvtlt  Itainte).  Hévélalions,  4M 
firaùaiù.  Siite-Quint,  125. 
k'iniycr.  Die  heirhl  nach  Caaarius  v. 

twhwrbach,  314. 
Luctui  (£.).  Die  AnfUnge  des  Heili- 

Snkulls,  139. 
iflur  [J).  Quellen  u.  Forsch.  t. 
Gascb,  Savonarolu,  390. 
Vacttttdard.  L'inquisition,  74. 
Wietand.  Mensa  u,  Confessio,  214. 


Ii'  de  la  i  iii/;iii., 

—  Correspond,  de   la    lni'.inl.i    Dnna 
Isabel  cou  el  dui[iie  de  Lerma,  433. 


FRANCE  ET  COLONIES. 

Ageoraes  IJ.).  Le  clergé  rural  sous 

l'ancien  régime,  425. 
Aian  (/'.).  Li>  dut  d'Orléans  il  Algi.T  et 

a  Oran  en  1835,  333. 
Babeuf,  La  doctrine  des  Égaux;  éd. 

4.  Thomat,  320. 
Bain  ville  :'.;.;.  liismarck  cl  lu  France, 

357. 
flaire  («4.).  La  menace  allemande,  358. 
Barik.  Hildebcil  v.  Lavardin,  146. 
Balilfo!    IL.)-   La   vie    intime    d'une 

reine  de  France  au  ivn-  s.,  103. 
Belin  {F.).  Uist.  de  l'anc.  Université 

de  Provence,  96. 
liémonl  (Cft.'l.  Rôles  gascons,  67. 
tfer/nf.  Voir  Chaadon  de  Briaiiltt. 
Billard  {M.).  Les  tombeau!  des  rois 

sous  la  Terreur,  427. 
Binrl-Sangtr.   L'évolution    religieuse 

cbe/  Rabelais,  Pascal  et  Racine.  210. 
Boimonnade  (/'.}.  Saint-Domingue  a  la 

veille  de  la  Révolution,  101. 
Bossert.  Calvin,  81. 
Bourgin  (U.).  L'industrie  de  la  bou- 
cherie dans  l'Oise,  43t. 


Bourlon.  Les  assemblées  do  clergé, 

435. 
Boyt  (P.).  Les  abeilles,  la  cire   et  le 

miel  eu  Lorraine,  90. 
Brimant  (de).  Le  ni*  s.  et  les  guerre* 

'    '    Reforme  en  Berrj.  95. 


Bulletin  de  la  bibl.  histor.  de  Paris, 

423. 
CatX  de  Soint-Aymour.  G.  de  itialle, 

212. 
Chandnn    de  Briailtet  et  H.    Btrial. 

Archives  municipales  d'Épernaj,  91. 
Contenson   'de).  Militaires,  fils  d'ac 

leurs.  334. 
Corditt  (Cfl.).  Xoles  et  souvenirs  d'n 

officier  d'élal-major,  334. 
Corna  (p.).   Le  château  de   Bèarn   â 

S:iinl-Clood,  424. 
Coue   [R.).    La   France   el   la   Prusse 

avant  ta  guerre.  357. 
Cvltru  {P.).  Un  empereur  de  Mada- 
gascar au  ivib*  s.  :  Benyowsky,  102. 
Debidour  (A.).  L'Église  ealboliqi 

l'État  sous  la  3-  République,  336. 
Delaunay  (P.).   Le    monde    médical 

parisien  au  xv-m*  s.,  85. 
Ilemou-isy    (C).    L'anci 

Paris,  425. 
Dilater.    Les   maîtres   i 

Révolution,  357. 
Dupont  (F.).  La  part  des  communes 

dans   les   frais  du  culle   paroissial 

pendant  le  Concordat,  336. 
Étal  somm.  des  papiers  de  la  penoa 

révol.  dans  les  arch.  départ.,  2ii8. 
Page  (R.).  La  rue  a  Tulle  pendant  la 

lti'v,.l,iti..n,  429. 
Firel.    La   Faculté    de    théologie    de 

Paris;  t.  IV,  78. 
Flamr.ni  (/'.).  Voir  Le  Payer. 
Flodoard.  Annales  ;  éd.  Ph.  I.autr,  209. 
Forot    (F.).    L'année    de    la    peur    « 

Tulle,  429. 
Fournlire.   Le   règne   de    Louis-Phi- 
lippe, 333. 
Françoil   de  Salei   {sat-nt).    Lettres; 

publ.  p.  NavaUl,  77- 
Franklin  {A.).  Dirtlonn,  des  arts,  mé- 
tiers el  professions  de  Paris,  88. 
Gaffarel  [P.).  La  première  Restaura* 

lion  a  Marseille,  330. 
Gaiiman  (a.).  L'œuvre  de  la  France 

au  Tonkin,  339. 
Gatmiehe.    Le    président    Baillet    de 

Vaugrenant,  94. 
Gazier.  Voir  Bermant. 
Gigon.  La  révolte  de  la  gabelle  en 

Guyenne,  92. 
Giraud  (F.).  F.  Brunetiére,  358. 
Giraml-Mangin.  Voir  Jouve. 
Gérod.  Les  subsistances  en 


I>I>H    l!H.]n.'.«.rilli,'Ct. 


ui 


■*>.. 

I,  337 


Mi. il    bH  '■!'■ 

MHlmi  1  Nlnaa 


(1790-1 
Grand  ma  non 

de  Franc*.  4S6. 
Crotie/  M-.'-  Louia  XVI  ri  le  braille 

rojale,  MB. 
Cru.  Prit  du  blé  1  8  aini- Etienne, 

m. 

Grart  (E.).  U  ranlrlhullon  patrio- 
tique ;  le  ttmitr.  An  au  bel  liante*  A 
■aule*  en  I7B9.  428. 

Cuirawl  (/,).  («nul.  de  N.-D.  de 
Pr,uLlle,  351. 

Halphen Jt.l.   U  comté  d'Anjou  au 

—  Klude  mt  1rs  rhran.  4m  romtei 
d-A«)no.  T.'. 

Humer  (II.),  (lu  Trier»  du  t»mp*  putr, 

—  Huiel  dt*  iourte*  de  l'hlil.  de 
Franr»,  104, 

Hrtmanl  r.ntUfrni).  Slem.ilroi  ;  publ. 
p.  Carier,  79. 

Ilouuaft  (H.).  La  garde  meurt  et  ne 
M  rend  pa»,  tïl), 

r*Ja>rf  a>  /.u  7W.  QnnllM  d'blal. 
toclale  el  religie»**.  m. 

Jouenèm  (E,;.  Napoleoa  In  Finckenx 
Un.  4ÎU. 

JoJf  ii/.).  La  'terrible  P.  Rude*,  111. 

Jourr  (El  )  'I  ftu-aaut-Waiialn,  l'arncl 
de  roui»  de  Gonpillean,  ISB. 

/.a  /irlrr*  (  f.  de).  O  <|ite  fui  la  fa- 
bal»  daa  déant»,  475. 

/«Ara»*  (H.).  Jacquet  Plual,  m. 

Ijiurrrt   [>.).    Le    rwniultJmr    fran- 


Iffliua  ■/'*. t.  Florlaa  «I  «m  baadea 

de  partiian*    1MI-I51,  4M, 
—  Un  purlrait  de  «-'  de  l'uUitron. 

m. 

U  Grand  il-).  Vota  «m 


I'Kk1im>,  sa: 
UUeoWUiH*   (/.).   La   raglaae  de   la 

omM  en  Bretecae  au  ivm'  a  .  97. 
te  Foe/er,  Mémoire  tnr  1a  généralité 

da  MaalUa;  pabl    p.  />.  fltunanf, 

(roquio  lumiiia,  KM. 


du  Pu}-d«-bdlnl 

Rn.  Uun 


Mauerat  (G.).  I.a  marquise  da  Itouf- 

fleri  M  tua  lit»,  t». 
X'ii-atet.   Voir  Fronton  da  Sait,. 
Otmond.  Fleur  de  lys,  1Î7 
Paru  (G.).  Haqui***  htalnr.  de  la  lil- 

t*r.  franc,  au  moyen  Igu,  3M. 
l'aiigtolmi  (A.).  Animiralotl  e  gindirt 

dellu  llil-oluiione  [raneeee,  153, 
Pouprtdtn  IA.J.  Le  royaume  da  Etoer- 
■ 

lleguaul!  [A.).  I.a  France  tout   la  se- 
cond Empire,  SS7. 
Ttavit    de   Beuuta 
■fjeUuaj  haUii 

ireulcnnmiM,  'M. 

U).  Sarie-Carollne,  ducliease 

tj    331 

).  Un  », 


jati 
Hleaud[L.).  La  lin  du  itrnl 


il.idiirr-  ■   Y.  .- 


relie-  France,  98. 
Schtftr  (Chr.).  I.a  France  moderne  al 

le  problème  Miaulai,  33M. 
serbat  (/,.},  Lra  Aueinblcei  da  Elargie 
de  France,  77. 

pttaLttl. 
.«eta  (ff.l.  al  /.    U  Grand.  La  fron- 
tière dArgunue:   proeè*  de  CI.  da 
La  Vallée,  93. 

jtafdaoi  Polill*.  la  der 
Schweti,  4M). 
Simt/Til).  La  llontanut-iloanl  Da. 

MraaaaU  (F.),  (liai,  du  «•iilimeal  M* 
jtleui  en  France  an  tvir-  » .,  '.'M 


■cul  la  tuunirrhie  de  Juillet,  IM. 
—  Le  parti  républicain  au  coup  d'tlai 

at  tnua  la  aerond  Kmptra,  SU. 
77ionai  U  )■  Ml  Babntf 
Tranihtn  [H.).  Tbaodflfa ïWhia. 86. 
Fntow  ■:.>'.').   Ilitl    de  U  HraKiiiatWua 

BaïKllua,  74. 

l'armaJe  (r*.).  Kiwi  aur  la  rrparllli.m 
MejaJl  det  bien*  nudei.  n.ilwnali- 
aéa  (Ttbope),  329. 

Vlatd.  L*  Prèaidenl  Mgat,  M. 

Firtoal.  U  RraUuritluo,  131. 


«•«•«•«{K.;.  Philippe  der»c.ltline,.W». 
H'AdtArad.  i'.i.iurd  de  Coligut,  ï'.'ll. 

mimott*  (M.  y  Trula  aam-ura  d'Idéaa, 


431. 


timmimiiiii 

,ldom«.  Itni.  ut  Kofland  (1066-1210), 
AHkn   [G.  A4,   LaUr   Sluarl  TraeU, 

371. 


lUv  Uurua.  XCIV.   :•  faao. 


Î9' 


m 


PTDEX   tlBLIOGliPHIQtn. 


trmttmff  Swntk.  Joha  of  Gannl  365. 
JurUftany    £.  .  Voir  Cmrigle. 
B*U   H  .  Artàbbhof  Laod.  379. 
0tm»  (JaW.     Pie  engl.  Kolonisation 

u  IHaad.  t>>. 
An»***  et  lotAenu?*».  Hist.  of 

tu*Uod    ÎS'l-îxJT\  129. 
Bacfcuum.  a  mémorial.  374. 
Butoanan:  Glasgow  quatereent.  sto- 

die*.  U4. 
Bury   J.-ft.  .  Life  of  St.  Patrick,  361. 
Camm    ,B   .    Lires    of    tbe    engl. 

martir*  dedared   blessed   by  pape 

Léo  \III.  372. 
Carlyte.  Pamphlets  do  dernier  jour; 

éd.  t    Barthélémy,  343. 
Ckadriek    (Munro).    Origin    of    the 

engl.  nation,  359. 
Cromwtil.    Letters;    éd.    Lotnas    et 

Firth,  117. 
Davis.  England  under  the   Normans 

and  Angevins,  119. 
Dexter   (H.   M.).   The   England    and 

Holland  of  the  Pilgrims,  378. 
Doyle.  The  English  in  America,  132. 
Elton  (O.).  F.  Y.  Powell,  219. 
Firth  {Ch.).  Stuart  Tracts,  371. 
Flechter  (R.  H.).  The  Arthurian  mate- 

rial  in  the  chronicles,  434. 
Fotheringham.  Voir  Brodrick. 
Hugues  [Ch.).  The    Défense    of    the 

realm,  118. 
Firth.  Voir  CromwelL 
Fisher.  Hist.  of  England  (1485-1547), 

127. 
Gaskoén.  Alcuin,  363. 
Gasquet.  Henry  the  third,  364. 
Hardegen  (F.).  Imperialpolitik  Kônig 

Heinrichs  II,  363. 
Henderson.  James  I  and  M,  375. 
Hodgkin  {Th.).  Hist.  of  Engl.  to  the 

Norman  conquest,  123. 
Hodgson.  Jung  Heinrich,  Kônig  Ton 

England,  363. 
Bunt  {WX  Hist.   of  England  (1760- 

1801),  128. 
—  et  Poole.  Political  hist.  of  Engl., 

119. 
Innés  (À.).  England  under  the  Tudors, 

121. 
Ireland  (  W.).  Life  of  Sir  Henry  Vane 

the  Younger,  380. 
Jesperson  (5.).  Growth  and  structure 

of  the  engl.  language,  359. 
Lang  (A.).   Portraits   and   jewels  of 

Mary  Stuart,  375. 
Laurentius  de  Somercote.  Traktat  ;  ôd. 

A.  de  Wreschko,  434. 
Lecarpentier  (G.).  La  question  agraire 

d'Ecosse  et  les  crofters,  345. 
Lefebvre  {G.).  Voir  Stubbs. 
Lomas.  Voir  CromwelL 
Macmillan  (£.).  George   Buchanam, 

374 
Markham  (C.).  Richard  III,  370. 


Meyer  (A.  O.).  démens  VIII  o.  Jakob 

Ton  Engl.,  376. 
Me  fer  (W.).  Die  Légende  des  h.  Alba- 

nus,  360. 
Méthaei  (JV.).  Cromwell,  380. 
Morlew  (/.).  OliTer  Cromwell,  380. 
Oman    H  Ut.  of  England  (1377-1485), 

126. 
Oman   Ch.).  Hist.  of  England,  119. 

—  The  great  ReTolt  of  1381,  367. 
Paul  If.).  Hist.  of  modem  England, 

382. 
Pepws.  Mémoires  of  the  royal  Nary; 

ea.  Tanner,  119. 
PerreU  ,W.).  The  story  of  king  Lear, 

from    Geoffrey   of    Monmouth     to 

Shakespeare,  369. 
Petit- Dutaillis.  Voir  Stubbs. 
Pollard   {A. -F.).   Thomas    C  ranimer 

and  the  engl.  reformation,  373. 

—  Tudor  Tracts.  371. 

Schmidt  (K.).  Margareta  Ton   Anjou, 

Ton  o.  bei  Shakespeare,  369. 
Scott  (£.).  The  traTels  of  the   king 

Charles  II  in  Germany  and  Flanders, 

381. 
Stubbs  {W.).   Hist.   constitutionnelle 

de  l'Angleterre;  trad.  Petit- Dutail- 

lis  et  G.  Lefebvre,  219. 
Tanner.  Voir  Pepys. 
Thureau-Dangin  (P.).  La  renaissance 

catholique  en  Angleterre,  344. 
Tout.  Hist.  of  England  (1266-1377),  125. 
Trevelffan.  England  under  the  Stuarts, 

122. 
Wreschko  (A.  de).  Voir   Laurentius 

de  Somercote. 

GRÈCE. 

Gobineau.  Deux  études  sur  la  Grèce 
moderne,  346. 

HONGRIE. 

Bèke/i.  Hist.  de  l'enseign.  primaire 
en  Hongrie,  434. 

Beôthy.  Développement  de  la  consti- 
tution hongroise,  439. 

Domanovszky .  La  chron.  de  Simon 
Kézai,  445. 

Erdélyi.  Chartes  douteuses  de  l'abb. 
de  Tihany,  445. 

Friss  (A.).  Mon.  Hungariae  Jadaica, 
436. 

Kollànyi.  Le  droit  de  patronage  en 
Hongrie  au  moyen  âge,  435. 

Kossuth  (Fr.).  Discours  parlemen- 
taires, 441. 

Kossuth  (L.).  Œuvres,  t.  XI-XII,  440. 

Lederer  (B.).  Œuvres,  443. 

Rèz.  Etudes  sur  Széchenyi,  445. 

Szàdéczky.  Mémoires  d'E.  Halmâgyj, 
437. 

Szilùgyi.  Discours,  442. 


IfDEX   BIBLIOGRAPHIQUE. 


435 


Sùnnyei.  Jean  Bacsànyi,  438. 
Vertu  (A.).  Correspond.  d*A.  Carillo, 

436. 
Ymàbéry.  Influence  de  la  civilisation 

de  l'Occident  sur  l'Orient,  443. 

ITALIE. 

Acsay.  La  Renaissance  en  Italie,  442. 
Bclognini  (G.).  Verona  dur.  la  guerre 

di  Cambrai,  446. 
CappeUi  (A.).  Cronologia,  446. 
Hartmann  (L.-M.).  Gesch.  Italiens  in 

Mittelalter,  145. 
Knoth  (£.).  Ubeilino  t.  Casale,  149. 
Lauer  (Pk.).  Le   trésor    dn    Sancta 

Sanctorum,  350. 
Poupardin  (A).  Études  sur  l'htet.  des 

principautés   lombardes  de  l'Italie 

mérid.,  446. 
—  Institutions  polit,  et  adm.  des  prin- 
cipautés lombardes  de  l'Italie  mérid., 

445. 
Rodocanachi  IE.).  La  femme  italienne 

à  l'époque  de  la  Renaissance,  104. 

ORIKNT. 

Bark  (K.).  Aui  Indes  et  au  Népal,  348. 
Kinatita.  The  past  and  présent  of  Ja- 

panese  commerce,  159. 
Lunet  de  Lajonquière.  Le  Slam  et  les 

Siamois,  348. 


Naçaoka*  Hist.  des  relations  du  Ja- 
pon arec  l'Europe,  xvi-xvii*  s.t  392. 

OUone  (d*).  La  Chine  noTatrice  et 
guerrière,  347. 

PAY8-BA8 

Bijdragen  lot  de  Vaderlandsche  Ge- 
sebiedenis,  447. 

filok.  Geschiedenis  t.  net  Nederland- 
sebe  Volk,  151. 

CoUnbrandér.  Documents  sur  l'his- 
toire des  Pays-Bas  (1795-1840),  t.  II. 
448. 

ffeeret.  Corpus  diplomaticum  Neer- 
lando-Indkum,  t.  I,  418. 

Société  d'histoire  dUtrecht,  447. 

BUSSIB. 

Kovalewskff  [M.).  La  crise  russe,  345. 

8UIS8B. 

DUbi  (H.).  Cyrano  de  Bergerac,  450. 
Martin  (C.).  La  maison  de  Tille  de  Ge- 

nèfe,  450. 
OechtU.  Le  traité  de  Lausanne,  449. 
SUkntr  (G.).  Napoléons  Politik  in  der 

Schweiz,  450. 
WaekêrnaaH  (il.).  Gesch.  der  Stadt 

Basel,448. 


TABLE   DES   MAT  IÈ  BIS. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


ARTICLES  DE  FOND.  P««« 

Alfred  Bourguet.  Le  duc  de  Choiscul  et  l'alliance  espagnole. 

A  [i]-f':s  le  Pacte  de  famille 1 

Gaston  Caben.  Les  relations  de  la  Russie  avec  la  Chine  et  les 
peuplades  limitrophes  a  la  (in  du  xvii'  siècle  et  dans 

le  premier  quart  du  xvm« 45 

R.  Guvot  et  F.  Tbénabd.  Le  conventionnel  Goujon  ;  suifs  .     .  249 

Charles  Molinier.  L'église  et  la  société  cathares;  i"  article     .  225 

Ch.  Pfister.  Nicolas  Remy  et  la  sorcellerie  en  Lorraine;  fin  .  Ï8 

MÉLANGES  ET  DOCUMENTS. 

Georges  Boubous.  Documents  italiens  sur  Cagliostro  el  la  franc- 
maçonnerie 300 

E.  Dèprez.  La  mort  de  Robert  d'Artois 63 

Jacques  Flacu.  Le  code  de  Hammourahi  et  la  constitution  ori- 
ginaire de  la  propriété  dans  l'ancienne  Chaldée     .     .  272 

Ferdinand  Lot.  La  question  des  Fausses  Décrétâtes  ....  290 

BULLETIN  HISTORIQUE. 
Angleterre.  Histoire  générale;  histoire    par  époques,  par 

Ch.  Bêhoht 117,359 

France.  Congrès  historiques;  prix  Pey rat,  par  Gabriel  Monod.  327 

—  Moyen  âge,  par  Pli.  Laubr 67 

—  Époque  moderne,  par  H.  Hatisbb 76 

—  Époque  contemporaine,  par  André  Licbtehberqer.     .  329 

—  Publications  diverses,  par  Gabriel  Monod    ....  103,  350 

COMPTES- RENDUS  CRITIQUES. 

F.-X.  Babth.  Hildebert  von  Lavardin  u.  das  kirchlichc  Stel- 

lenbesetzungsrechl.  (L.  Halphen.) llii 

P.-J.  Blok.  Gescbiedenis  van  het  Nederlandsche  Volk,  t.  VI. 

(H.  Plrenne.) 151 

Chantepie  nE  la  Saussaye.  Manuel  de  l'histoire  des  religions. 

(A.  Lolsy.) 136 

II.  Dblbbuck.  Geschicble  der  Kriegekunst,  H,  2,  (Ch.  Lécrl- 

valn.) 135 

[SUPPLÉMENT   AU  NUMÉRO    DE  JwLLET-AOCT  1907.] 


TA1LE   DES   MATIÈRES.  457 

R.  Dollot.  \jié  origines  de  la  neutralité  de  la  Belgique  et  le 

système  de  la  Barrière,  1G0!M830.  (A.  Waddington.).  3% 

L.  Duchesne.  Histoire  ancienne  de  l'Eglise,  t.  I.  lA.  Loisy.).  137 

G.-J.  Ehers.  Das  Devolutionsrecht.  (L.  Halphen.)  ....  3S7 

W.  Eruen.  L.  Schmitz-Kallenbebo  et  O.  Keulicii.  Urkunden- 

lehre,  t.  I.  (L.  Halphen.) 1i3 

L.-M.  Hartmann.  Geschichte  Italiens  im  Mittelalter,  II,  2. 

(R.  Ponpardin.) 445 

J.  Raerst.  Geschichte  des  hellcnistichen  Zeilalters,  t.  I.  (G. 

Radet) 383 

H.  KhevenhClleh-Metsch  et  H.  Scblitter.  Au*  der  Zeit  Maria 

Thoresias.  (E.  Hubert.) 31)3 

Y.  Kinosita.  The  past  and  présent  of  Japanese  commerce.  |H. 

Hauser.) 15t* 

E.  Knoth.  Ulx'rtino  von  Casalc.  (Ch.  Mollnler.) 149 

H.  Kut/.schke.  Studien  zur  Yerwaltungsgesch.  der  Grossgrund- 

herrschaft  Werden  an  der  Ituhr.  {G.  Blondel.)    .     .  148 

N.  LAZARuset  A.  Leicht.  Montz  Lazarus'  Lebenserinnerungen. 

(G.  Monod.) 162 

A.  Leicht.  Lazarus, der  Hegrùnder  der  Yolkerpsychologie.  (Id.).  162 

E.  Lucius.  Die  An  fange  des  Heiligenkults  in  der  christliclien 

Kirche.  (E.-Ch.  Baba  t.) 139 

H.  Xaooka.  Histoire  des  relations  du  Japon  avec  l'Europe  aux 

xvr  et  ivir  siècles.  (H.  Hauser.) 392 

A.  PoouniLiM.  A  mm  ira  ton  e  giudici  délia  Kivoluzione  fran- 

cese.  (Ch.  Seits.i 153 

H.  v.  PoiciiiNOER.  Uiiter  Friedrich  Wilhelm  IV;  Preussens 

auswartige  Politik.  (P.  Matter.) 157 

U.  Pori'ARiuN.  Ix»  royaume  de  Bourgogne.  {Ch.  Pflstar.)  .     .  384 

J.  Sciimtzer.  Quelleu  u.  Forschungeu  zur  Geschichte  Savona- 

rolas.  (J.  Gnlrand.t 390 

T.  Smiciklas.  La  vie  et  l'œuvre  de  l'é vaque  Strossmayer.  (L. 

Léger.) 104 

I.  Tciiernofp.  Le  parti  républicain  sous  la  monarchie  de  Juil- 
let. (A.  Thomas.) 1"i4 

K.  Wenck.  IMiilipp  der  Schnne  von  Frank reich.  (F.  Funck- 

Brentano  ) 388 

J.  WuiiLOBMLTH.  Murilz  Lazarus.  (G.  Monod.) 162 

LISTE  ALIMIABKTiyUE  DES  RECUEILS  PÉRIODIQUES 

ET    UES    SOCIETES   SAVANTES. 
ALLEMAGNE. 

1.  Akademie  (Dayerische)  der  Wistenschaflen.  Abhandl.        406 

2.  Akademie  (PreuBsische)  der  Wissensch.  Sitzungsber.        406 


458  TA1L1  M8  HATlitES. 

3.  Beitrige  zur  alten  Geschichte  (Klio.) 406 

4.  Byzantinische  ZeiUchrifi 179 

5.  Forschungen  zur  brandenb.  a.  preuu.  Geschichte  .    .  407 

6.  Forschungen  zur  Geschichte  Bayeras 408 

7.  Ilansische  Geschichtsblàtter 408 

8.  Historisches  Jahrbuch 177 

9.  Historische  Vierteljahrschrift 178 

10.  Historische  Zeitschrift 179 

11.  Mitteil.  des  d.  archaeol.  Instituts.  Athenische  Abteil.  .  410 

12.  N'eues  Archiv  d.  Gesellsch.  f.  ait.  deutsche  Geschichuk.  181 

13.  Preussische  Jahrbûcher 181 

14.  Rheinisches  Muséum  fur  Philologie 409 

15.  Zeitschrift  des  Aachener  Geschichtsverein 409 

16.  Zeitschrift  des  Vereins  fur  thûringische  Geschichte.     .  183 

17.  Zeitschrift  fur  katholische  Théologie 181 

18.  Zeitschrift  fur  Kirchengeschichte 182 

ALSACB-LOEJULIHB. 

1.  Revue  d'Alsace 183 

▲UT*IGHE-H0H01IB. 

1.  Budapesti  Szemle 187 

2.  Jahreshefte  des  ôsterreichischen  archœologischen  Ins- 

titues in  Wien 184 

3.  Mitteilungen  des    Instituts  fur   œsterreichische  Ge- 

schichtsforschung 184 

4.  Szàzadok 185 

ÉTATS-UNIS. 

1.  American  historical  review 196 

2.  The  Nation 199 

FRANCE. 

1.  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  C.-rendas.  404 

2.  Académie  des  sciences  morales  et  politiques.  G. -rendus.  404 

3.  Annales  de  la  Société  histor.  et  archéol.  du  Gâtinais  .  176 

4.  Annales  du  Midi 175 

5.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes 168,  399 

6.  Bulletin  critique 175 

7.  Bulletin  de  correspondance  hellénique 399 

8.  Bull,  de  la  Soc.  de  i'hist.  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France.  176 

9.  Bulletin  historique  et  scientifique  de  l'Auvergne     .     .  404 

10.  Correspondant  (le) 170 

11.  Études.  Revue  fondée  par  des  Pères  de  la  Giede  Jésus.  403 

12.  Journal  des  savants 173 


mut  m.s  m*  niait».  459 

Pasas 

13.  Moyen  âge  (le) 4iM> 

14.  Nouvelle  revue  historique  de  droit  franrai-  «l  étranger.  189 
15  Polybibliou 175 

16.  Révolution  française  (la) 169 

17.  Revue  archéologique 399 

18.  Revue  bourguignonne 177 

19.  Revue  critique  d'Iiiatoire  et  de  littérature 173, 403 

20.  Revue  de  Gascogne 171 

11,  Revue  de  l'Agenais 405 

M  île  l'Anjou I~(i 

'.'3.  Revue  de  l'histoire  de*  religion* 402 

24.  Revue  de  Paris itt 

25.  Revus  de  Sainionçc  (4  d'Aunfs 405 

26.  Revue  de  synthèse  historique 165 

27.  Revue  des  Deux-Monde* 171 

M.  Uevn-  dej  fende*  anciennes     . 167 

29,  Revue  des  question»  historiques 165 

30.  Revue  dea  Pyrénées 405 

3t.  Revup  d'hUioin-  diplomatique 400 

32.  Revue  d'histoire  moderne  et  contemporaine    ....  168,402 

33.  Revue  savoisienne 177 

QBAlfDI-BaETAQXB. 

1.  Atheoaeum  (The) ISS.  410 

2.  Edinburgb  review  . 411 

3.  Euglish  historical  review 189 

1.  Nineteenth  Cent ury  (The) 193 

5.  Quarterly  review 111 

6.  Review  of  hUtorical  publications  rtlating  lo  Canada    .  195 

7.  Seottish  hUtorical  review 193,412 

B.  Transactions  of  Ihe  royal  Society 194 

1.  Ni*  TUwMHtitn ÏW) 

iTAua, 

1.  Archivio  storico  italiano 413 

2.  Archivio  storico  loinhardo  . 114 

3.  Archivio  storico  per  le  provincie  napolelane  ....  115 

4.  Archivio  storico  slciUano 416 

5.  Archivio  veneto  INuovol 417 

fi.  Bullatino  dell' tstituto  storico  iuliano  .    .....  ils 

7.  MieceUaoea  dt  ttorla  iutiaoa 418 

8.  ReoJkculi  délia  R.  Aecailemla  dei  I.incei     ....  413 
■>.  HuiiU  ilonci  iullana 203,419 

MtwJd 4» 


460 


TABLE  DES  MATIBBJBS. 


RUSSIE. 

1.  Vizantijski  Vremennik 201 

SUISSE. 

1.  Basler  Zeitschr.  f.  Gesch.  und  Altertumskunde .    .     .  420 

2.  Bolletino  délia  Svizzera  italiana 421 

3.  llistorischer  Verein  der  V  Orte  Luzern,  Uri,  Schwyz, 

Unterwalden  u.  Zug 421 

4.  Jahrbuch  fur  schweizerische  Gesch ich te 421 

CHRONIQUE  ET  BIBLIOQRAPHIE. 

Allemagne,  par  L.  Halphen  et  A.  Loisy 214, 432 

Autriche,  par  L.  Halphen 217 

Belgique,  par  L.  Halwien 217 

Espagne,  par  H.  Lkonardon 432 

États-Unis 433 

France,  par  L.  Halphen,  H.  Hauser,  C.  Jullian,  G.  Monod  et 

R.  Relss 204,  421 

Grande-Bretagne,  par  Gh.  B  km  ont  et  H.  Hauseh 218,  434 

Hongrie,  par  I.  Kont 434 

Italie,  par  L.  Halphen 445 

Pays-Bas,  par  Th.  Bussemaker 446 

Russie,  par  L.  Léger 223 

Suisse,  par  H.  Hauser  et  V.  van  Bbrchbx 448 

Index  bibliographique 451 


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