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LE DUC DE CHOISEUL
L'ALLIANCE ESPAGNOLE
APRÈS LE l'ACTt! DE l'AMIL.l.E.
I.
Le pacte de famille est signé. Après les effusious et la joie, il
faulpasseraux actes, etChoiseul s'empresse de se mettre a l' œuvre.
* II De s'agit plus aujourd'hui, écrit-il le 15 septembre 1761 , que
île concerter les mesures à prendre pour leur exécution la plus
prompte et la plus entière. » Le roi d'Espagne, de son côté, n'en-
lendait pas mater inactif et, suivant l'habitude qu'il avait prise,
il discutait eu toute franchise avec l'ambassadeur de Louis XV
a Madrid les projets auxquels od pourrait s'arrêter'.
Diverses combinaisons venaient à l'esprit de Charles 111 pour
s'efforcer d'abattre la puissance britannique. Il songeait à une
i contre Gibraltar, ou bien à une invasion que les troupes
franco- espagnoles tenteraient en Angleterre, si le cabinet de
Londres ne prenait pas des précautions suffisantes pour la rendre
impossible. Un autre pland'altaque visait la Jamaïque. MM. Wall
et d'Ariaga semblaient persuadés qu'il y avait là des chances
de succès, et d'Ossun trouvait lui aussi que ce serait le
OMp le plus sensible à porter au commerce des Anglais dans les
Inde* occidentales. Cette dernière entreprise aurait plus d'effets
Ion engageait le Portugal dans l'alliance franco-espa-
1 iiarles III pensait y parvenir à l'amiable. Eu quoi, d'ail-
leurs, il voyait moins juste que son ministre et que l'ambassadeur
français. Ceux-ci déclaraient en effet que se leurrer de pareilles
espérances était vouloir se duper soi-même. 11 est vrai que d'Os-
I. Eipune U3, fol. 433 et suit.
Rbv. Uamm. XCIV. 1" paw. 1
2 ALFRED BOURGUET.
sun disait : « La crainte pourra faire ce que l'amitié ne produira
pas. »
Entre le secrétaire d'État espagnol et le représentant de
Louis XV, les relations les meilleures et les plus cordiales existaient
enfin. C'est ainsi que M. Wall n'hésita pas à confiera d'Ossun le
précis d'une lettre qu'il avait récemment écrite à M. de Grimaldi
« pour justifier ses principes et sa conduite passée ». Il lui témoigna
d'ailleurs les sentiments les plus conformes aux désirs de Choiseul
de voir les deux ministères s'accorder « une confiance, une amitié,
une estime réciproques ». Charles III ne s'était donc pas trompé
jadis en affirmant à l'ambassadeur que « la barque devait mar-
cher dans le sens où l'on donnait le coup de gouvernail ». Sa fer-
meté et sa constance n'avaient pas moins fait que les événements
pour convaincre et pour convertir notre adversaire d'autrefois.
La loyauté constamment témoignée par le ministre dirigeant
de Louis XV n'était pas non plus étrangère à ce résultat. Elle
avait, en tout cas, mérité la franche sympathie et l'estime du roi
d'Espagne. D'Ossun trouva dans la lettre que Choiseul lui écrivait
pour refuser la « grandesse » une exposition si noble et si vive de
ses sentiments qu'il crut devoir la mettre sous les yeux de
Charles III. Celui-ci, loin d'en être froissé, n'y vit qu'une preuve
nouvelle de la délicatesse et de la fierté de son signataire. Il laissa
donc entendre à l'ambassadeur qu'il ne différerait l'admission de
Choiseul dans l'ordre de la Toison d'or qu' « autant qu'il serait
indispensablement nécessaire d'éviter que la publicité de cette
grâce puisse compromettre le secret du système convenu entre les
deux couronnes1 ».
L'intimité entre les deux cours allait sans cesse en augmentant.
Le 22 septembre 1761, Louis XV écrivait à Charles III pour lui
demander d'être parrain de son petit-fils le comte d'Artois (le futur
Charles X), et le roi d'Espagne lui répondait bien vite pour lui
témoigner « le doux empressement avec lequel il acceptait cette
proposition ».
Afin de ne pas différer l'accomplissement de mes vœux, disait-il à
son cousin, j'envoie aujourd'hui même ma procuration au duc de
Berry, le priant d'exécuter à ma place cette cérémonie et de donner
à mon filleul le nom de Charles. Mais comme je souhaite que rien ne
1. Espagne 533, fol. 450.
CHOISEUL ET L ILLUUCE ESPAGNOLE. 3
■ ma satisfaction et aux marques de tendresse que je dois à
mon neveu le comte d'Artois, je prie aussi V. M. de vouloir bien lui
mettre, après la célébration de son baptême, la Toison d'or que mon
ambassadeur remettra à V. M., et cela sans aucune cérémonie, en
attendant qu'il parvienne à l'âge requis pour observer les solennités
établies par l'ordre. Qu'il est doux pour moi de pouvoir donner à ce
jeune prince ce doux gage de mon atl'ection, d'acquérir un tilleul aussi
limaille par ses qualités et de procurer en même temps â mon ordre
un aussi illustre membre qui en augmentera l'éclat autant par ses
vérins que par son auguste rang'.
II.
$UM jour où le roi de France avait sollicité de son cousin
une adhésion si prumptenient et si affectueusement donnée, Choî-
seul informait d'Ossun que la négociation pour la paix avec l'An-
gleterre était entièrement rompue et qu'il avait fait parvenir ses
passeportsàM-dcStanley, l'agent choisi par Pitt pour transmettre
DtiODS au cabinet de Versailles. M. de Bussy, de son côté,
se préparait à quitter Londres, et la diplomatie allait de nouveau
céder la parole au canon.
11 était donc temps de combiner ses mouvements avec l'Espagne
et de mettre en jeu l'alliance pour autre chose que des réjouis-
sances de famille. Aussi Choiseul écrivait-il, de sa main, sur la
lettre où d'Ossun lui communiquait les idées de Charles III :
Les projets qui regardent l'Amérique méridionale, tels que la
reprise de la Guadeloupe et la conquête de la Jamaïque, sont les plus
profitables. Il faut y joindre celui du Portugal avec vigueur et la plus
grande étendue, de sorte que je penserais qu'une entreprise sur Rio-
: ' serait aussi bien nécessaire en mémo temps que celle
qu'on exécuterait sur le continent portugais. Ces objets et ceux de
miiaervalioii et d'approvisionnement des possessions des deux cou-
ronnes doivent être les seuls projets en cours à ce qu'il me semble.
On verra dans la suite s'il reste assez de moyens et Tà-propos pour
donner des alarmes â la cour de Londres sur l'Irlande1.
Suffisait-il même de faire des plans? Ce n'était pas l'avis de
Choiseul, qui aurait voulu brusquer la situation maintenant qu'il
ie 5M, fol. 14.
3. Kap*snr S
4 1LFRBD BOURGUET.
était sûr de ne plus pouvoir signer la paix de la France avec
l'Angleterre. Sans doute, le roi catholique n'ayant pris que pour
le 1er mai 1762 l'engagement de déclarer la guerre à l'Angle-
terre, nous ne pouvions pas (en vertu de la convention secrète
du 15 août 1761) exiger qu'il entrât en campagne avant le terme
stipulé. Mais, comme la flotte espagnole était revenue des Indes
en parfait état et chargée de galions, il y avait, suivant le mot
du ministre, tant de raisons de convenance, d'intérêt et de pré-
voyance à alléguer pour avancer le temps de cette déclaration
qu'il n'était pas déraisonnable de croire qu'elle aurait lieu avant
la date axée tout d'abord.
Une chose paraissait d'ailleurs étrange à Choiseul (et il pen-
sait que l'Europe serait de son avis), c'était qu'après l'incident
du mémoire remis par M. de Bussy à la cour britannique sur la
nécessité de la jonction des intérêts de l'Espagne à ceux de la
France, on vit l'ambassadeur espagnol demeurer à Londres et le
roi Charles ne pas témoigner, par son rappel, du ressentiment
qu'il devait éprouver. « Ne pourra-t-on pas, disait-il, nous
soupçonner d'avoir pris sur nous de faire penser et parler selon
nos vues particulières la cour de Madrid, et l'opinion que l'Es-
pagne est fort éloignée de vouloir rompre avec l'Angleterre ne
sera-t-elle pas un moyen efficace pour le ministère anglais de
s'assurer d'avance les fonds nécessaires pour la campagne de
1762? » Pour ces diverses raisons, Choiseul espérait que l'on
arriverait à convaincre Charles III et son secrétaire d'Etat de
l'utilité d'avancer l'heure de la déclaration de guerre. Il donna
même l'ordre à d'Ossun, le 29 septembre 1761, d'insister sur
l'importance qu'il y aurait à commencer les hostilités au mois de
décembre au plus tard.
A vrai dire, l'ambassadeur trouva auprès de la cour de Madrid
les dispositions les plus favorables. Le roi d'Espagne apprit sans
peine et sans crainte la rupture de notre négociation avec
l'Angleterre, et M. Wall dit à d'Ossun de son propre mouvement :
« Vous savez que je n'aime pas la guerre, mais, puisqu'elle est
devenue inévitable, je n'omettrai rien pour la rendre aussi nui-
sible aux Anglais qu'il sera possible ». Tous les autres ministres
espagnols parurent à d'Ossun « remplis de confiance et de fer-
meté ». Mais, en dépit de ces bonnes intentions, le souverain lui
exprima la crainte de ne pas pouvoir entamer les hostilités avant
l'époque prévue par le traité.
Chojseul crut donc indispensable de revenir à la charge et le
13 octobre 176i il écrivit à d'Ossun une seconde lettre où il
ait une fois encore ses vues sur l'entrée eu campagne de
la monarchie espagnole. Plus il croyait apercevoir de lenteur à
Madrid et plus U se montrait pressant pour que cette question fût
profnptement réglée. Aussi disait-il : * J'ai longtemps conféré
avec M. l'ambassadeur d'Espagfle sur la déclaration de guerre
[. C contre l'Angleterre. Je crois avoir prouvé a cet
ambassadeur qu'elle ne peut pas être trop prompte et qu'il était
important qu'elle se fît vers le mois de novembre. »
Il ne fallait pas s'attendre, d'après Choiseul, à ce que le minis-
tère britannique traitât avec hauteur M. de Fuentès à Londres. Il
semblait certain, au contraire, « que la cour d'Angleterre aurait
pour celle d'Espagne la douceur la plus marquée » et que
« M. Pitt s'étudierait à endormir S. M. C. par des complaisances
et même des espérances de terminer les différends à la satisfac-
roi d'Espagne », afin d'empêcher ou tout au moins de
retarder le plus possible l'union des armes françaises et espa-
Choiseul redoutait beaucoup, si Pitt parvenait à ce résultat.
3t lui voir acquérir dans les cabinets de l'Europe * une grande
i iur bous » en leur inspirant une crainte très vive par
le seul fait que l'Espagne paraîtrait avoir peur de se déclarer
Quatre l'Angleterre. Le iniuistre anglais ne pourrait-il pas non
plus, si l'on venait à apprendre notre alliance avec l'Espagne,
nous couvrir de confusion en la traitant d'inutile et même de chi-
mérique puisqu'elle ne produisait aucun résultat?
Ce serait là pour notre adversaire un succès moral considé-
rable devant les puissances étrangères et devant ses concitoyens,
toujours prêts à l'admirer. En outre, le crédit financier se sou-
tiendrait à Londres * en proportion de l'opinion qu'on aurait que
l'Espagne ne *.■ déclarerait pas contre l'Angleterre ». Si le minis-
tère britannique, disait Choiseul, flattait et entretenait pendant
mois cette croyance, il se donnerait le temps de réunir
des fonds pour une campagne nouvelle contre la France et il
remporterait ainsi uu grand avantage sur nous. L'un des objets
intéressants de l'alliance n'ètail-il pas d'empêcher * l'opération
de fonds » qui serait consommée si l'Espagne ne prenait pas un
parti dans le courant de novembre. « En vérité, concluait le
ministre, yi ne conçois pas quel avantage le retardement de la
6 ALFRED BOORGUBT.
déclaration de S. M. C. pourra procurer qui puisse compenser
celui de l'embarras de la cour d'Angleterre sur ses fonds1. »
Un autre « objet politique et essentiel » paraissait de nature
à activer les décisions de Charles III. Choiseul avait perdu toute
espérance de voir la cour de Vienne triompher dans sa lutte contre
le roi de Prusse et il écrivait à d'Ossun : « Quoique les Autri-
chiens aient pris Schweidnitz par une espèce de miracle et que,
dans ce moment, leur enivrement doive faire place à l'abattement
qu'ils avaient montré précédemment, il faut s'attendre qu'il arri-
vera en Silésie, avant les quartiers d'hiver, des événements qui
pourront faire renaître cet abattement. Il sera autorisé par l'es-
prit qui règne à Pétersbourg et qui, nécessairement, influe sur
la cour de Vienne. »
Choiseul redoutait que les deux impératrices ne fissent alors
des démarches pour la réunion du congrès projeté à Augsbourg.
Il estimait que, si l'Angleterre y consentait, nous aurions de la
peine à nous y opposer et que « les négociations pourraient se
trouver en pleine activité » à la fin de cette année 1761. « Si
l'Espagne ne s'est pas déclarée, disait-il très justement à
d'Ossun, elle ne sera point admise au congrès. Si elle n'y
est point admise, jugez du râle que jouera la France seule,
obligée de se soumettre aux conditions de ses ennemis et
de ses alliés... Cette situation de la France sera aussi humi-
liante que désavantageuse. Au lieu que, si le roi d'Espagne avait
un ambassadeur à Augsbourg, unis d'intérêts avec lui nous y
jouerions le rôle, pour les affaires d'Espagne et de France, qui
nous conviendrait en nous rendant les maîtres absolus de notre
négociation avec l'Angleterre2. »
ni.
Il faut bien convenir que les raisons exposées par Choiseul
étaient des plus sérieuses et méritaient d'être examinées avec soin
par Charles III. Le ministre français venait d'ailleurs d'assumer
une tâche nouvelle qui devait l'encourager plus encore à sollici-
ter le concours des forces maritimes de l'Espagne.
Le 13 octobre 1761, son cousin, le comte de Choiseul-Praslin,
1. Espagne 535, fol. 45.
2. Espagne 534, fol. 47.
et l ir.i.nncE espagnols, 7
avait prêté serment pour la charge de secrétaire d'Etat aux Rela-
tions extérieures. Par une mesure que justifiait la confiance de
Louis XV et la gratitude du roi d'Espagne, Choiseul conservait
la correspondance diplomatique avec l'Espagne, le Portugal et
les cours de famille (Naples et Parme). Mais il prenait possession
du ministère de la Marine, et toute son activité ne serait pas de
trop pour mener de front les occupations si lourdes que lui impo-
saient ses multiples fonctions. Il se montrait plein d'ardeur pour
se mettre à la besogne et de courage pour l'accomplir. « C'est
une machina bien en désordre, disait-il en parlant de son nou-
veau département. Avec de la patience, de la suite, du tru-
eail et plus de talents que je n'en ai, on vient à bout de
tout. » D devait justifier, et au delà, les espérances qu'il conce-
vait alors.
Pour la réussite de cette œuvre, l'entente avec l'Espagne était
on point capital, et le concours empressé du marquis d'Ossun lui
demeurait des plus précieux. Aussi Choiseul fut-il heureux d'ob-
tenir d<- Louis XV un témoignage matériel de satisfaction pour
•on ambassadeur à Madrid. Le jour même où il faisait part à
d'Ossun de son entrée en fonctions à la Marine, il lui annonçait
« une gratification de 20,0<J0 livres qui serait jointe k ses appoin-
tements du premier quartier de l'année prochaine ». Récompense
bien méritée des efforts accomplis par ce fidèle serviteur et stimu-
lant de zèle pour l'activité qu'il lui faudrait encore témoigner
dans l'avenir.
On événement sensationnel venait de se produire à Londres
qui pouvait modifier sensiblement les conditions de la politique
générale. C'était la retraite du ministre qui possédait à un si haut
degré la confiance de la nation britannique. Pitt avait donné sa
démission, et Georges III, consentant sans peine à l'accepter,
avait aussitôt confié le pouvoir à lord Bute, qui lui était bien
autrement sympathique.
Jfl ni doute pas, disait Choiseul, que Irt rupture de notre négocia-
tion avec ta cour de Londres n'ait été un dus motifs de ce change-
ment dans !>■ ministère britannique ou, du moins, le prétexte plau-
>' qu'on I salai les ennemis de M. Pitt pour l'obliger à se retirer,
et, cottéquenimcnl, je pense que Milord Bute va s'attacher par toutes
s de moyens à conjurer l'orage qui était prêt à fondre sur son
l par l'union de la France el de l'Espagne; mais les ministres
8 ALFRED B0U1GUET.
anglais peuvent changer, je suis bien sûr que la volonté du Roi et
celle du roi d'Espagne ne changeront pas4.
On sait que Choiseul devinait juste en bien augurant pour
l'avenir de la chute de l'homme qui avait impitoyablement poussé
son pays à la lutte contre la France. Mais, en attendant l'heure
où les conséquences de son départ se feraient sentir, il ne {allai t
rien négliger pour se mettre en état d'en profiter. Nous venions
de faire à la cour de Londres les avances les plus désavanta-
geuses pour obtenir la paix. Elles n'avaient pas réussi, et Choi-
seul persistait à croire que l'état de guerre pouvait seul, à cette
date, nous dédommager de l'humiliation des sacrifices que nous
aurions consentis.
Voilà, disait-il, le moment d'arrêter les progrès de l'ennemi com-
mun. Le trouble de son intérieur, les embarras qu'il rencontre dans
ses moyens doivent nous faire augurer que la déclaration de l'Es-
pagne réduira l'Angleterre à un système pacifique et modéré tel qu'il
convient aux intérêts et à l'honneur des deux couronnes... La rup-
ture de l'Espagne avec l'Angleterre nous parait instante. Nous croyons
être dans la circonstance où cet événement fera une sensation à
Londres très avantageuse pour nous, et nous sommes impatients
d'apprendre si la cour de Madrid pense de même que le Roi sur ce
point important.
La cour de Madrid était moins pressée que le cabinet de Ver-
sailles. Le roi d'Espagne approuvait sans restriction les prépa-
ratifs de Choiseul, et il avait appris avec la plus vive satisfaction
le nouvel arrangement qui mettait entre les mains de ce ministre
les deux départements de la Marine et de la Guerre. Il augurait
les plus heureux résultats de cette réunion des forces maritimes
et militaires sous la même direction, mais il hésitait encore à se
déclarer contre l'Angleterre. En dépit des instances du marquis
de Grimaldi, qui se joignait de Versailles à Choiseul pour le
pousser aux mesures immédiates, Charles III voulait attendre les
informations qu'il avait demandées à son ambassadeur à Londres.
Le départ de Pitt ne l'avait pourtant pas moins réjoui que
Louis XV. C'était d'ailleurs (s'il faut en croire M. de Fuentès) à
« une circonstance qui regardait l'Espagne que l'on devait le
1. Espagne 534, fol. 87.
cnolSEFL KT LULUHCI FiSPICSOLB. 9
i«rt du ministre anglais' ». M. Wall, on s'en souvient, avait
adresse à l'ambassadeur britannique à Madrid un mémoire pour
affirmer que la remise de celui de Bussy à Londres avait été faite
d'accord avec l'Espagne, M. Pitt aurait minuté une réplique qui
contenait en substance que « l'Angleterre étant informée que le
roi catholique avait fait un traité avec la France, ce prince eût
a remettre au ministère britannique une copie de ce traité afin
qu'il pût se déterminer, avec connaissance de cause, sur le parti
à prendre ».
( in serait assez disposé à croire, en voyant le ton rogue et hau-
tain de ces mots, qu'ils répondaient bien à la pensée comme a la
forme ou plutôt à l'absence de formes de l'homme d'Etat anglais.
M. de Fuentes prétend que, cette réponse ayant été entièrement
désapprouvée par les collègues de Pitt, celui-ci, piqué, donna sa
démission. L'explication n'a rien d'impossible.
En tous cas, la France et l'Espagne se trouvaient débarrassées
d'un adversaire implacable, et cet événement ne pouvait que leur
causer une véritable satisfaction. M. Wall s'était même Datte,
dans le premier moment, que cette retraite faciliterait une paci-
fication générale. Choiseul avait une vue plus juste de la situa-
tion en n'escomptant que pour l'avenir le changement survenu à
Londres. Le secrétaire d'Etat espagnol dut vite reconnaître que
Charles 111 partageait le sentiment du ministre français et qu'il
fallait, sans se laisser arrêter par un espoir prématuré de conci-
liation, continuer les préparatifs militaires. Ils amèneraient plus
sûrement la paix que ne le feraient des négociations nouvelles
arec la cour de Londres.
IV.
Poursuivre les armements paraissait beaucoup à Madrid. Il
semblait h Versailles que c'était encore bien peu. Aussi, en
apprenant que Charles III ne croyait pas pouvoir déclarer la
guerre à l'Angleterre avant la date fixée par la convention
secrète, Choiseul ne pouvaît-i! pas s'empêcher d'écrire à d'Os-
sun : « Dieu veuille que d'ici au 1" mai il ne se rencontre pas de
nouveaux obstacles à la déclaration. » Puis il ajoutait ce trait,
qui ne manque pas de saveur :
M. de Grimaldi que ce qui arrive arrive-
'0
ALFRED BOI'RC.I'ET.
rail, et ce pari a été fait dans le lemps que cel ambassadeur me
pressait si vivement de signer la convention et me faisait dea
reproches du retardement que je mettais à la consommation de cet
ouvrage. Alors il aurait voulu que j'eusse mis à la déclaration de
guerre de l'Espagne un terme plus rapproché. Je ne voulus pas, en
lui disant que le roi d'Espagne serait toujours le maitre d'entrer en
guerre, que je pariais qu'il ne se déclarerait pas cette année et que
j'éloignais te moment de la guerre espagnole afin qu'elle fût sûre et
que nous n'eussions pas, au premier pas de l'alliance, à nous plaindre
de notre allié. M. de Grimakti s'échauffa et paria que son maitre
serait en guerre celte année. Je pariai; croyez-vous à présent que j'ai
La satisfaction d'avoir prévu ce qui allait se passer n'était pour
Choiseul qu'un bien faible dédommagement à la tristesse de voir
l'Espagne toujours si longue à se décider. Il avait bien senti
d'avance toute la difficulté qu'il éprouverait à faire entrer en
guerre une nouvelle puissance. Voilà pourquoi, tant qu'il avait
pu, il s'était borné à se servir d'elle comme d'un sujet de crainte
pour l'Angleterre. Maintenant que les pourparlers de paix
étaient définitivement rompus avec ce pays, il tachait de stimu-
ler le zèle du roi catholique, mais il n'entendait pas se rendre
insupportable à l'allié de la France par une insistance trop vive.
Les premières démarches du marquis d'Ossun auprès de Charles III
ne semblant pas avoir donné le résultat espéré, Choiseul lui disait,
à la date du 27 octobre 1761 : « Quoi qu'il en soit, pressez sans
chaleur le ministère de S. M. C. Il doit connaître les possibilités
de l'Espagne mieux que moi, et, quelque chose qui arrive, notre
premier objet est d'être bien avec l'Espagne quand même elle
nous abandonnerait. »
Quelques jours seulement se passaient, et d'Ossun lui donnait
au contraire des nouvelles qui semblaient faire prévoir, pour une
assez brève échéance, la rupture entre Londres et Madrid.
Charles III avait, en effet, déclaré à l'ambassadeur qu'aussitôt
informé du départ des renforts qu'il envoyait en Amérique, il
s'expliquerait clairement vis-à-vis de la cour britannique.
D'autre part, son ministre de la Marine travaillait à former le
plan de l'expédition projetée contre la Jamaïque. C'étaient là des
indices de dispositions belliqueuses.
d'Ossun, 27 octobre 1761, de s;
i. Espagne 514, fui. I il.
CHOTSECL ET l'iLMâNCE f 9PAG mit.k. H
l conduite de M. Wall en présentait d'autres non moins évi-
dents. L'ambassadeur anglais lui ayant demandé, par ordre de
sa cour, s'il était vrai que l'Espagne avait fait un traité avec la
France, le secrétaire d'Etat répondit qu'il n'avait rien à ajouter
à ce qu'avait dit à Londres M. de Fuentés. Au surplus, continua
M. Wall, le refus que venait de faire l'Angleterre des conditions
avantageuses de paix que le cabinet de Versailles lui avait
offertes montrait assez que le projet du ministère britannique
était d'écraser entièrement la France, de même que sa conduite à
l'égard de l'Espagne semblait annoncer l'intention de traiter
ensuite cette puissance comme la première. Lord Bristol se
récria naturellement très fort sur un pareil soupçon et protesta
(les protestations eu ce cas sont de rigueur) que sa cour en était
bien éloiguée. Mais M. Wall lui répliqua que, la chose étant
suffisamment démontrée par les faits, il avait conseillé et il con-
seillerait constamment au roi, son maître, < de périr s'il le fal-
lait, mais de périr les armes à la main1 ».
Si l'Espagne se décidait a la rupture, un point qui avait bien
son importance était de savoir ce que ferait le Portugal.
Charles III n'entendait pas permettre à ce pays de conserver sa
neutralité, et il déclara à d'Ossun qu'il obligerait le Roi Très
Fidèle à prendre parti pour ou contre les Anglais.
Lr souverain espagnol semblait d'ailleurs mépriser un peu
trop les forces du Portugal. Ne dit-il pas à l'ambassadeur de
Louis XV qu'il n'aurait qu'à permettre aux habitants de la
Galice de prendre les armes et qu'ils auraient bientôt conquis ce
royaume? A quoi son interlocuteur prit la liberté de répondre
qn'il faudrait une armée de 30,000 hommes au moins pour assu-
rer le succès d'une pareille expédition et qu'il serait surtout
nécessaire d'avoir un train d'artillerie considérable. Or, sur ce
- 5 ut, d'Ossun se montrait fort alarmiste. » II n'y a pas
nt, écrivait-il à Choiseul, dix affûts en état de servir. »
U est vrai qu'il ajoutait : « S. M. C. vient de nommer le comte
de Gazo, qu'il a fait venir de Naples, inspecteur d'artillerie et de
lui donner les pouvoirs les plus amples pour la mettre incessam-
iJl, fol. 155.
42 ALFRED BOURGUET.
ment en état. L'on peut tout espérer de l'intelligence et de l'ac-
tivité de cet officier1. »
Cette question du Portugal préoccupait aussi la cour de Ver-
sailles. Il y avait plutôt tension dans nos rapports avec ce pays,
et bien des froissements d'amour-propre s'étaient produits qui ne
paraissaient pas de nature à les améliorer. Louis XV, afin de
savoir à quoi s'en tenir, envoya, le 15 novembre 1761,
M. O'Dunne comme ministre plénipotentiaire à Lisbonne. Il
devait, avant de rejoindre son poste, passer par Madrid et se
concerter avec M. Wall pour prendre ses instructions et recevoir
les ordres de Charles III. « Les sentiments, les intérêts et les vues
étant les mêmes entre les deux souverains que nous avons l'hon-
neur de servir (disait Choiseul à M. Wall), il est naturel et
nécessaire qu'il y ait une parfaite et constante unanimité de pro-
pos et de démarches entre leurs ministres respectifs, et le roi ne
peut donner une preuve plus sensible de ses intentions à cet
égard que de subordonner la mission de M. O'Dunne aux volon-
tés de S. M. C.2. »
Choiseul complétait sa pensée sur ce point et la révélait tout
entière à d'Ossun dans sa lettre du 17 novembre 1761 3 :
Vous savez, lui écrivait-il, que les démarches à Lisbonne doivent
être entamées par le roi d'Espagne. Le ministre du Roi ne peut
paraître qu'à l'appui de celui de S. M. C. Aussi, c'est de Madrid que
doivent partir les règles de sa conduite. // serait fort à désirer que
le parti sur le Portugal fût brusque. Je crois que lMntérêt des deux
couronnes exige qu'on ne se laisse pas amuser par la cour du Portu-
gal qui, d'après sa faiblesse, pourra nous promettre ce qu'on lui
demandera, mais finira, à coup sûr, par nous tromper.
L'avantage des deux couronnes est que le Portugal soit contre
elles. Pourquoi, pour une forme, se mettre dans le cas de perdre cet
avantage? En vérité, le gouvernement portugais mérite-t-il que l'on
cherche des prétextes pour l'écraser, surtout quand de son anéantis-
sement il doit résulter un grand bien?
Afin de mieux convaincre Charles III de l'intérêt qu'il y avait
pour lui à entreprendre cette campagne, le ministre ajoutait :
Si le roi d'Espagne a du scrupule^ qu'il songe que, s'il ne veut
1. D'Ossun à Choiseul, 9 novembre 1761.
2. Espagne 534, fol. 169.
3. La minute de celte lettre, au quai d'Orsay, est de la main du ministre.
CBOISBCL BT L ALLUME ESPiOTOLK. 43
pas garder le Portugal (que je lui conseillerais 1res fort do garder,
car il lui appartient), il le restituera pour lu Saxe et les états du roi
. u -fire.
Ces dispositions belliqueuses ne pouvaient pas choquer la cour
de Madrid, puisque à cette même date d'Ossun annonçait à Choi-
seol que le roi et son ministère s'occupaient sérieusement des pré-
paratifs exigés par une expédition éventuelle contre le Portugal,
it rapprocher de la frontière les troupes nécessaires, dis-
poser l'artillerie de siège et de campagne et former des magasins
d'approvisionnements. M. Wall, devenu partisan de l'action,
alors que l'on devait tout faire pour priver les Anglais
d'auxiliaires aussi précieux. 11 regardait le Portugal et la Hol-
lande comme les deux bras de l'Angleterre, et il pensait qu'il fal-
lait • ou lea couper ou les armer contre leur corps ».
VI.
Choiseul, que les informations successives et bien différentes
du marquis d'Ossun faisaient passer par des alternatives d'espoir
oa de découragement, ne pouvait que se réjouir des tendances à
la fermeté manifestées alors par la cour de Madrid. Il commen-
çait-À croire que le moment de la rupture entre l'Espagne et
l'Angleterre approchait enfin, et cela convenait à ses plans, car
il était décidé a ne pas entamer de nouveaux pourparlers paci-
fiques avec Londres. Le roi Louis XV ne se montrait d'ailleurs
paa plus disposé que lui a accepter désormais des bases de paix
aussi désavantageuses que celles présentées par l'.ussy.
Il faudrait avoir â traiter avec un second Pitt pour oser négocier
sur do pareille* propositions, disait Choiseul à d'Ossun. Je sais l'ef-
froi qu'elles mont coûte. La guerre est le seul bon parti à prendre...
De la fermeté et de la patience ne nous construiront pas des vaisseaux,
nous feront triompher de nos ennemis1.
■ nouvelles que l'ambassadeur d'Espagne à Londres trans-
lit à son collègue de Versailles ne semblaient pas indiquer
en Angleterre des dispositions aussi belliqueuses que celles mani-
festée! par Choiseul et par M. Wall. D'après le comte de Fuen-
I. Ol'-K"' ■'■■'■
44 ALFRBD BOURGUBT.
tes, le ministère britannique désirait la paix ; seulement il se
rendait bien compte que la France ne se prêterait plus, à l'heure
actuelle, aux conditions rejetées par Pitt. Un des principaux
hommes d'État anglais, lord Egremont, lui déclara que, dans la
Chambre haute comme dans la Chambre des communes, on ne
partageait pas les vues intransigeantes exprimées par notre
infatigable adversaire. IL ajouta, il est vrai, que « les entrepre-
neurs qui s'enrichissaient par les marchés qu'ils faisaient pour
la guerre et les corsaires qui comptaient aussi s'enrichir par la
prise des gabions et des vaisseaux espagnols préféraient leur
intérêt personnel à celui de la patrie1 ».
M. de Fuentès ne pensait pas que Pitt revînt au pouvoir à
cause de l'opposition que son énergie, parfois brutale, avait sou-
levée contre lui parmi ses collègues. Ceux-ci redoutaient égale-
ment l'empire absolu qu'il exercerait s'il venait à rentrer au
ministère. Mais l'ambassadeur écrivait à M. de Grimaldi :
« Comme le motif de sa retraite, ainsi qu'il l'a publié lui-même,
est qu'il voulait nous prévenir à cause de la certitude qu'il avait
de notre union avec la France pour faire la guerre à l'Angle-
terre, si les assurances qu'il a données à ce sujet se réalisent, ses
affaires deviendront meilleures. »
M. Wall partageait cette manière de voir. C'est pour cela que
la cour d'Espagne (à en croire une pièce jointe dans les archives
du quai d'Orsay à la lettre de M. de Fuentès) répondit à lord Bris-
tol que « le Roi n'avait conclu aucun traité avec la France au
préjudice et au détriment de l'Angleterre2 ». Si la réponse fut faite
en ces termes, il faut bien convenir que, dans cette occasion, l'on
usa sans réserve à Madrid du droit de mentir attribué parfois aux
hommes d'Etat dans l'intérêt de leur patrie. L'ambassadeur bri-
tannique sentit néanmoins que sa situation devenait impossible
en Espagne au milieu des préparatifs de guerre qui ne pouvaient
lui échapper. Il demanda sa retraite sous prétexte que le climat
et l'air du pays étaient contraires à sa santé.
Le ministère anglais ne voulut pas lui accorder une permis-
sion qui, dans l'état de choses actuel, aurait singulièrement res-
semblé à une rupture. Ainsi que l'avait prédit Choiseul, au lieu
de montrer trop de raideur à l'Espagne, le cabinet de Londres
1. Espagne 534, fol. 185.
2. Espagne 534, fol. 185.
CnilISECL ET L1LLI4NCE ESPAGNOLE. t 3
l-vis d'elle un ton beaucoup moins hautain et pressant;
il s'efforçait encore d'éviter une guerre nouvelle. C'est que, si la
France était épuisée par les efforts accomplis dans ces dernières
années, l'Angleterre ne se trouvait pas dans une situation moins
critique et moins ruineuse. Voilà pourquoi le gouvernement,
assagi par le départ de Pitt, ne tenait pas à se créer des compli-
cations nouvelles.
Cela ne l'empêchait pas, d'ailleurs, de prendre les mesures exi-
las circonstances. C'est ainsi qu'il envoyait au général
Amherst l'ordre d'ajouter 5.000 hommes aux bataillons que
L'Angleterre destinait à une expédition contre la Martinique. De
plus, l'amirauté donnait les ordres nécessaires pour la levée de
8.000 marins qui devaient compléter l'armement de l'escadre
chargée d'une croisière sur les cotes de Biscaye. Elle en prépa-
rait une seconde pour la Méditerranée, ou pour telle autre desti-
nation qui serait indiquée, en cas de rupture avec l'Espagne.
Cette hypothèse apparaissait alors comme si probable que
I Bristol commençait, bien que son ministre n'eût pas accédé
i demande de retraite, à faire emballer ses meubles et ses
i. 11 n'ignorait pas, sans doute, que l'on travaillait à Madrid
u rassemblement d'un corps de 30,000 hommes à la portée des
frontières du Portugal, et cette mesure, projetée contre un ami
■û fidèle delà puissance britannique, ne pouvait qu'être un son de
cloche des hostilités prochaines entre l'Espagne et l'Angleterre.
VII.
Et, m effet, si Charles III taisait ces préparatifs, c'est qu'il
était bien décidé, du jour où il romprait avec le cabinet de
Londres, à obliger la cour de Lisbonne à prendre uu parti. Il dit
a d'Oasun, le 23 novembre 1761, qu'il donnerait un tenue très
court au roi de Portugal pour se déterminer en lui déclarant que,
faute de réponse dans le délai fixé, il le traiterait comme un
ennemi. Il aurait désiré, d'autre part, que la France agit avec la
Hollande comme il se proposait de le faire avec le Portugal. A ses
yeux, si les Anglais, déjà épuisés par la guerre d'Allemagne, se
trouvaient obligés de venir en aide à ces deux pays avec des
troupes, de l'argent et des vaisseaux, ils ne seraient plus en état
de diriger des expéditions contre l'Amérique, avantage énorme
pour l'Espagne comme pour nous.
46 ALFRED BOURGUET.
Choiseul partageait bien cette manière de v '" puisqu'il écri-
vait à cTOssun : « Quant à l'article de votre lettre qui regarde la
déclaration à la Hollande pour l'obliger à prendre parti, j'avoue
que ce projet m'a séduit depuis plusieurs années. Je l'ai proposé
à différentes fois à S. M. sans succès1. » Le ministre pensait tou-
tefois qu'à l'heure actuelle pareille combinaison était difficile,
môme impossible.
Une telle entreprise ne pouvait pas être improvisée, et les
mesures prises à Versailles étaient tellement considérables qu'il
ne fallait pas songer, sans une vraie imprudence, à modifier nos
plans de campagne. C'est l'ensemble de nos préparatifs que con-
tient une lettre, du 25 novembre 1761, adressée par Choiseul à
d'Ossun. Tout entière écrite par lui, elle mérite d'être connue, car
elle montre l'infatigable activité du ministre qui concentrait
alors entre ses mains les triples pouvoirs de la Guerre, de la
Marine et, partiellement, des Affaires étrangères.
Le Roi compte avoir 435,000 hommes en Allemagne. Ce nombre
y est nécessaire pour conserver la Hesse, le comté de Hanau, la par-
tie conquise de l'électoral de Hanovre et les pays du roi de Prusse
sur le Bas-Rhin. Avec ce nombre, vu la nature du pays, nous ne
parviendrons peut-être pas à faire des conquêtes, mais nous conser-
verons des pays dont la conservation est nécessaire, comme vous
l'aurez jugé par le détail de notre négociation a.
Nous avons envoyé ou nous enverrons dix bataillons en Amérique,
dont trois sont embarqués sur l'escadre de Brest, deux sont partis à
présent de Bordeaux pour aller directement à Saint-Domingue sur
des bâtiments marchands. Il y a apparence qu'ils arriveront sans
accident, mais, s'ils étaient pris, nous sommes déterminés à en ris-
quer deux autres, et ainsi successivement jusqu'à ce qu'il en arrive
le nombre suffisant dans cette colonie, avec l'artillerie et les muni-
tions nécessaires. Nous embarquerons quatre bataillons sur l'escadre
de Rochefort pour les expéditions que les deux cours jugeront utiles.
Enfin, Ton embarquera encore un bataillon à Bordeaux avec des
munitions de guerre pour la Louisiane. Voilà les dix bataillons, qui
iront peut-être à quatorze si ceux de Bordeaux sont dans le cas d'être
remplacés.
Nous aurons deux camps en Normandie pour la sûreté de nos
1. Espagne 534, fol. 213.
2. Colle de Bussy à Londres. Cf. Rev. hist., t. LXXI, année 1899, le Duc de
Choiseul et V Angleterre.
CHOISI i r ii i il i.i . ■■
eu
me
eûtes el la prote-Von du cabotage; Jeun autres camps en Bretagne,
l'uo, vis-à-vis de itclle-lsie, qui fora les simulacres pour l'attaque de
celle lie, qu'il faut bien se garder de lonler, parce que son occupa-
lion par les ennemis uo nous nui! en rien et leur conte beaucoup,
mais, pour produire cet effet, il esl nécessaire que nous avons tou-
jours l'air offensif contre celte ile. Le second sera à Sainl-Malo avec
tout ce qui sera nécessaire pour une entreprise contre Jersey et
Gucrnesey.
Les des de Hé et d'Olèron seront garnies de Iroupes, de manière à
ne pas nous laisser d'inquiétude. 11 y aura dix bataillons dans l'une
et buil bataillons dans l'autre. A Rochefort et dans l'Aunis, dix-huit
bataillons, des dragons el de la cavalerie qui seront dispersés
depuis la Rochelle jusqu'à Rayonne. Nous armerons onze vaisseaux
I Toulon qui seront destines selon les vues des deux couronnes. La
Provence sera garnie des bataillons qui reviendront de Minorque.
En Flandre, il y aura entre Calais et Dunkeri/ue un ca'/ip de
30,00» hommes arec tout l'appareil en bateaux plais, chaloupes,
canonnières, etc., pour un débarquement eu Angleterre.
Voilà, M., en détail le plan du [toi pour l'année prochaine. Il esl
■fensif dans do certains points et olténsifen ce qu'il forcera néce3-
lîremenl l'Angleterre d'employer une partie de ses forces sur nos
eoies el de diminuer d'autant celles que celle puissance pourrait
employer contre l'Espagne'.
Si l'on examine le détail des opérations projetées, ou voit
avec quel soin Choiseul réglait la conduite de nos affaires. L'en-
semble en apparaît comme un courageux effort vraiment digne
de notre pays. Le ministre savait trop bien, par l'expérience
IVâit faite; ces dernières années, que nous ne pouvions
compter avec certitude que sur nous-mêmes. Aussi, pour ne pas
éprouver de déceptions, ne formait-il ses plans de guerre qu'avec
les ressources de la France. 11 se réservait toutefois la possibilité
(ai la conr de Madrid se décidait enfin a entrer en lutte) de eom-
faioer avec Charles 111 toute une série de mesures qui viendraient
se joindre aux nôtres et renforcer nos moyens d'action. N'est-il
9 regrettable de penser qu'à cette date du 25 novembre 1761,
plu» de trois mois pourtant après la signature du pacte de
Lui encore la conduite la plus sage et la seule atti-
..., hl. 113 cl »uir.
iUv. 11»™*. XCIV. I» mo. 2
J8 ALFEED B0CRGCET.
VIII.
Il y avait, en effet, quelque chose d'étrange dans la situation
de l'Espagne à cette époque. La cour de Madrid se trouvait liée
à notre sort en vertu du pacte de famille et faisait tous les prépa-
ratifs que comportait le traité d'alliance. Elle conservait cepen-
dant ses bons rapports officiels avec l'Angleterre, puisque
l'ambassadeur espagnol demeurait à Londres et ne paraissait
nullement songer à en partir.
C'est pour cette raison que Choiseul ne tablait d'une façon
ferme que sur nos armements particuliers. En ce qui concernait
les forces militaires de notre allié, le ministre se bornait à
émettre des vœux. Il les faisait connaître à d'Ossun en le char*
géant de les communiquer au souverain et à ses secrétaires
d'État qui pouvaient seuls les réaliser. Il les résumait en ces
termes :
Pour ce qui est de la cour de Madrid, je croirais qu'en supposant
que ses possessions en Amérique soient en état, elle devrait former
un plan défensif sur ses côtes, et je ferais entrer dans ce plan les
projets de deux camps, l'un ordinaire devant Gibraltar, l'autre sur
les cotes de Galice en menaçant par des préparatifs d'une descente
en Irlande. L'Espagne aurait aussi deux projets offensifs à exécuter,
l'un, selon nos conventions, contre le Portugal (il faudrait y employer
au moins 30,000 hommes et que cette attaque vigoureuse n'éprouvât
aucun ralentissement qui la fit échouer], l'autre sur la Jamaïque, en
se concertant avec nous, en joignant à ses forces l'escadre de Roche-
fort et en venant la chercher à nie d'Aix4.
L'entreprise contre la Hollande serait réservée pour plus tard
si on la jugeait nécessaire.
Le projet relatif à la Jamaïque était depuis longtemps à l'étude
en Espagne, mais il traînait avec une lenteur qui désespérait le
marquis d'Ossun. Celui-ci voyait dans le succès de cette expédi-
tion un coup terrible porté à la puissance anglaise en Amérique
et une source de revenus considérables pour les alliés. D'après
l'ambassadeur, en dehors des richesses de produits que l'on y
trouverait, Ton pourrait en tirer plus de 60,000 nègres qui,
1. Espagne 534, fol. 215.
CHOISEUL et l'alliance espagnole. 49
répartis entre les possessions françaises et espagnoles, y produi-
raient des avantages considérables, car, disait-il, « les nègres
sont les bras des colonies, et peut-être l'habileté des Anglais et le
peu d'entendement des Français dans la traite de ces esclaves
ont-ils été en partie cause de la supériorité que les colonies
anglaises ont prise sur les nôtres. En effet, tandis qu'un nègre ne
leur revient qu'à 800 francs, nous le payons 1,500 et jusqu'à
2,000 livres, et, comme ce sont les Anglais qui nous les four-
nissent, il est à présumer qu'ils gardent les meilleurs pour leurs
colonies1 ».
Ces considérations, qui n'entreraient plus en ligne de compte
de nos jours, avaient bien leur importance à l'époque où d'Ossun
les exposait. Elles ne faisaient néanmoins pas avancer les prépa-
ratifs de l'Espagne, puisque l'ambassadeur en était réduit à
écrire, le 7 décembre 1761 :
Il est certain que S. M. catholique désire que le projet contre la
Jamaïque puisse avoir lieu. Reste à savoir si MM. Wall et d'Ariaga
ne le regardent pas comme trop hasardeux et si ce n'est pas cette
prévention qui les rend si lents dans la combinaison des mesures et
si difficile dans le choix des moyens. On peut, au moins en général,
dire qu'on met plus d'activité aux choses lorsqu'on veut qu'elles
réussissent1.
Il y avait, en effet, près de trois mois que d'Ossun en avait
parlé pour la première fois au secrétaire d'Etat, et aucune déci-
sion ferme ne semblait encore prise par les ministres espagnols.
IX.
On en était là quand se produisit le coup de théâtre longtemps
attendu par Choiseul et qu'il finissait par ne plus espérer : je veux
dire la rupture entre l'Espagne et l'Angleterre.
Le 8 décembre 1761, l'ambassadeur britannique à Madrid se
présenta chez M. Wall, obligé de garder ses appartements par
suite d'une légère indisposition, et demanda à être reçu par lui.
Ce qui se passa dans cette entrevue, nous le savons par une
1. D'OtsuD à Choiseul, 29 novembre 17G1.
2. Espagne 534, fol. 259.
20 ALFEED BOC1GCET.
lettre au comte de Fuentès, que le secrétaire d'État espagnol lui
adressa le jour même à Londres1 :
Mylord Bristol, dit-il, m'a fait ce matin la déclaration suivante on
l'équivalent : que le roi son maître lui ordonne de demander une
réponse catégorique au Roi pour savoir s'il est ou non dans le des-
sein de s'unir à la France contre V Angleterre et, en cas qu'on ne lui
donne pas une réponse bien claire, de déclarer que cela équivaut à
une agression de notre part et de se retirer de cette cour. Il est
presque impossible que le Roi puisse satisfaire à cette demande, s'il
ne veut pas manquer à sa dignité, autrement que par la négative.
Cependant, comme je suis indisposé et que je ne puis aller au palais,
il n'a pas encore pris de résolution. J'expédierai un autre courrier à
V. E. pour lui porter ses derniers ordres.
Que V. E. commence à se préparer à sortir de cette cour, qu'Elle
avertisse de bonne heure le sieur del Giro, notre trésorier, pour qu'il
prenne les mesures convenables relativement aux finances du Roi et
qu'Elle fasse avertir sous main les vaisseaux espagnols qui sont sur
la Tamise ou dans d'autres ports pour quils s'échappent, s'il est pos-
sible, de peur d'être pris.
Ce dernier trait prouve à quel point M. Wall jugeait grave la
situation, surtout étant donné le caractère anglais et la manière
plus que brusque dont le gouvernement de ce pays aime à enta-
mer les hostilités. Le secrétaire d'Etat espagnol faisait preuve
d'ailleurs, en cette circonstance, d'une finesse (pour ne pas
employer un mot plus sévère) bien digne de l'adversaire avec
lequel l'Espagne allait se mesurer. Ne se réjouissait-il pas, en
effet, d'avoir pu « assurer sans risque qu'il n'existait pas d'autre
traité que le pacte de famille signé le 15 août », parce qu'on
avait convenu avec la cour de Versailles de postdater la conven-
tion secrète de façon à ce qu'elle parût avoir été signée seule-
ment comme riposte à la rupture des négociations entre la France
et l'Angleterre?
M. Wall ne se contentait pas d'avertir le comte de Fuentès à
Londres et M. de Grimaldi à Versailles des événements qui se
préparaient. IL prenait les mesures nécessaires pour qu'aussitôt
la rupture consommée les autorités maritimes s'assurassent des
bâtiments anglais qui se trouvaient dans les ports espagnols, non
1. La traduction de celte lettre est au quai d'Orsay. Espagne 534, fol. 264.
CHOISKI'I, KT I. tl.!.It\(
21
pas pour les déclarer île bonne prise, mais afin d'avoir sous la
main des objets d'échange avec l'Angleterre. « 11 a paru à
S. M., disait-il, que c'était une précaution juste, cette nation
étant accoutumée a n'observer aucune loi quand elle veut faire
quelque insulte1. » Le gouvernement de Madrid faisait en outre
infermer Cnoïseul qu'afln d'empêcher que la nouvelle de la rup-
ture ne se répandit en mer et ne parvint aux navires anglais,
l'embargo serait mis, pour quelques jours seulement, sur les bâti-
ments des autres nations.
Le secrétaire d'Iitat expédia également en Amérique des
« ordres circulaires ». 11 y disait aux commandants espagnols,
non seulement de se défendre contre les Anglais, mais encore de
les attaquer quand l'occasion s'en présenterait. Us devaient, en
outre, * prêter secours aux Français sur terre et sur mer toutes
Ih fois qu'ils en auraient besoin, attendu que les deux nations
•ont unies pour la guerre comme si les possessions françaises et
espagnoles appartenaient au même maître' >. M. Wall espérait
(M !•■ cabinet de Versailles donnerait de son côlè les mêmes ins-
tructions à nos marins et à nos soldats.
C'était pour se ménager le temps de prendre ces diverses
mesures que M. Wall avait pris prétexte de son indisposition
pour ne pas répondre le jour même à lord Bristol. Le secrétaire
d'Ktal ne souffrait, paraît-il, que d'un léger mal au pied causé
par un ongle coupé trop ras, et ce n'est pas un aussi mince bobo
qui l'aurail empêché de recevoir les ordres du roi Charles III.
Deux jours lui suffirent pour tout achever, et, le 10 décembre
1761, il envoyait du Buen-Retiro à l'ambassadeur anglais la
lettre suivante dont le ton énergique contrastait singulièrement
avec la patience témoignée jusque-là par l'Espagne :
V. F. me déclara avant-hier, disait-il, et même elle voulut bien
me mettre par écrit qu'Elle avait ordre de me demander une réponse
positive et catégorique par laquelle elle pût savoir si l'Espagne son-
geait a s'unir à la France contre l'Angleterre, déclarant en même
temps qu'elle prendrait le reTus pour une agression et déclaration de
guerre et qu'en conséquence elle serait obligée de se retirer. C'est
bien plutôt par l'esprit d'arrogance et de discorde qui a conseillé une
• S34, fol. 263.
1 W»U 1 Cnm.IJi, S décembre 1761.
22 ALFRED BOURGUET.
démarche si inconsidérée et qui, par malheur pour le genre humain,
n'a point cessé d'animer le gouvernement britannique que s'est faite
dans ce moment-là même une déclaration de guerre et une insulte à
la grandeur du Roi. V. E. peut songer à se retirer dans le temps et
de la manière qui lui conviendra. Cest l'unique réponse que V. E.
aura de moi et que S. M. m'a ordonné, sans hésiter, de lui faire*.
On comprend sans peine la surprise que put éprouver lord Bris-
tol, peu accoutumé de la part du secrétaire d'Etat à un langage
d'une concision aussi forte et à une attitude aussi hautaine vis-
à-vis du représentant de la nation britannique. Il est vrai que
M. Wall ajoutait pour l'homme une note plus courtoise en
disant : « Que V. E. emporte avec elle tout le bonheur que
méritent ses qualités personnelles. » Malgré cela, le ton général
de cette lettre de rupture effaroucha véritablement l'ambassadeur
anglais. Il ne pouvait faire autrement que de demander ses pas-
seports, et il les demanda. Mais il avait été tellement ébranlé de
la secousse reçue qu'il fut subitement incommodé et obligé de res-
ter quelques jours de plus à Madrid. C'est ce qui faisait dire à
d'Ossun : « Mylord Bristol a montré en cette occasion une sen-
sibilité qu'on peut qualifier de faiblesse. J'avoue qu'à sa place
j'aurais haussé la tête d'un pied et je serais parti dans les vingt-
quatre heures2. »
Lord Bristol ne fut pas le seul à se montrer surpris de l'énergie
soudaine de M. Wall. Plusieurs membres du corps diplomatique
témoignèrent un étonnement qui ne le cédait en rien à celui de
l'agent anglais. Bon nombre d'Espagnols, imbus de longue main
du système de neutralité et d'indifférence, n'imaginaient pas non
plus que cet événement fût possible. « C'est un amusement pour
moi, écrivait d'Ossun, d'entendre les raisonnements pour et contre
et de voir des visages gais et d'autres mines fort allongées. »
Il fallait vraiment bien mal connaître le roi d'Espagne pour se
ranger parmi les « mines allongées ». Depuis longtemps, en
effet, l'on sentait combien lui pesaient les hauteurs du cabinet
britannique. Aussi lui avait-il fallu une patience extraordinaire,
doublée d'un espoir persévérant d'entente pour les supporter jus-
qu'alors. Voilà pourquoi d'Ossun n'avait jamais vu l'air « plus
satisfait et plus serein » à Charles III que depuis sa rupture avec
1. Espagne 535, fol. 275.
2. Espagne 534, fol. 302.
CUOISEt'L kt l'ii.lhnce BSMaaOtt. 23
l'Angleterre. Ce prince n'hésita pas à souligner sa joie par un
acte qui «toit un soufflet de plus au gouvernement britannique.
Non seulement il donna l'ordre au comte de Fuentès de déclarer
que « la démarche insultante de lord Bristol nécessitait son
départ d'Espagne ■ et d'en prévenir lord Egremoiit, ainsi que
les ministres étrangers, mais encore il lui envoya la Toison d'or
pour lui témoigner toute la satisfaction qu'il éprouvait de ses
services et de sa conduite. C'était une revanche complète de M
que le souverain espagnol avait enduré de la part des Anglais.
\.
< Enfin la rupture de l'Espagne avec l'Angleterre est
•lècidée. » C'est en ces termes que Choiseul résumait ses impres-
sions après avoir été mis par M. de Grimaldi au courant de tout
ce qui s'était passé :
Je ne m'attendais pas à cette démarche maladroite de ia cour de
Londres, quoique je voje depuis plusieurs années que les systèmes
, fruits de la prévention, de la hauteur et de la déraison,
ne sont point aussi heureui que les expéditions militaires des
Anglais. La cour de Londres nous ramène au vrai système, dont
nous ne devons jamais nous écarter; elle nous fait plus de bien
qu'elle ne nous a jamais fait de mal1.
Le grand avantage de cette rupture était de mettre un terme à
la situation fausse qui, depuis la conclusion du pacte de famille,
pesait sur la politique franco-espagnole et empêchait l'alliance
entre les deux paya de produire des fruits. Charles III, ue crai-
gnant plus désormais de faire connaître à l'Europe son union
arec Louis XV, se hâta d'en profiter pour envoyer a Choiseul la
Toison d'or, qu'il lui réservait à l'occasion du traité du 15 août.
Les remerciements du ministre montrèrent une fuis encore ses
sentiment;! de délicatesse et de fierté nationale. Sa conduite allait
désormais se ressentir de la liberté d'action que lui créait la décla-
ration de guerre.
Choiseul fut d'autant plus heureux des termes dans lesquels
M. Wall avait répondu ii lord Bristol qu'ils constituaient une
I Choiwul à >] OMun, ïi décembre 1761.
24 ALFRED BOURGUET.
nouvelle justification de notre attitude à Londres au moment des
pourparlers de paix. Quant au roi Louis XV, « il sentit cette
attention de Madrid avec reconnaissance ». Il ne s'agissait donc
plus maintenant que d'établir avec l'Espagne le concert de nos
mesures défensives ou offensives. A ce titre, la célérité de l'opé-
ration contre le Portugal paraissait indispensable au ministre
français. Elle donnerait, d'après lui, « une secousse à toute
l'Europe qui déconcerterait les plans que les Anglais pouvaient
avoir formés pour l'année 1762 ». « Je crois, écrivait-il à d'Os-
sun, que l'avantage augmenterait en proportion de la prompti-
tude. Quelque faible que soit un ennemi, il ne faut pas lui
donner le temps de se reconnaître. »
Par le nombre des troupes que le roi d'Espagne parlait de lais-
ser en Catalogne, Choiseul présumait que ce prince avait
quelque appréhension en ce qui concernait la tranquillité de
l'Italie. Le ministre s'efforça de dissiper ses craintes en lui fai-
sant démontrer par d'Ossun que le roi de Sardaigne n'avait ni la
volonté ni le pouvoir d'entamer des hostilités contre le royaume
de Naples : « Je crois connaître sans prévention la cour de
Turin. Le roi de Sardaigne ne veut point la guerre parce qu'il ne
peut plus y aller et qu'il serait au désespoir que son fils y allât. »
A cette raison bien humaine, Choiseul en ajoutait une autre
toute politique et des plus sérieuses : « Il ne peut pas faire la
guerre parce qu'il est démontré que, sans secours étrangers, il
courrait les plus grands risques. » Or, l'Angleterre, qui, seule,
aurait pu lui venir en aide, avait bien assez à faire à secourir le
roi de Prusse, ses alliés d'Allemagne et le Portugal si l'on entre-
prenait contre ce dernier l'expédition projetée. Malgré le désir
constant qu'avait le cabinet de Londres de pêcher en eaux troubles,
il paraissait peu probable qu'il cherchât à provoquer en Italie
une guerre dont il aurait eu, à peu près seul, à supporter le
poids. Il y avait en outre, pour le roi de Sardaigne, un motif
intéressé de ne pas casser les vitres. C'eût été, de sa part, une
vraie maladresse que de perdre sans retour, par une démarche
imprudente, le profit de la parole donnée par Louis XV de lui
reconnaître des droits sur une portion du Plaisantin.
L'ensemble de ces raisons persuadait Choiseul (et les événe-
ments prouvèrent la justesse de ses vues) qu'il n'y avait rien à
craindre pour les Bourbons du côté de Turin. Au surplus, comme
il n'est jamais mauvais de prendre des précautions et qu'il est
CHOÏSECL BT L
bon d'être fort pour être respecté, le ministre n'entendait pas
rester désarmé. Il proposait donc à Charles III d'envoyer contre
le Portugal les troupes que ce prince pensait laisser en Catalogne.
Nous mettrons en Provence, lui disait-il, les dii bataillons de
Mitmrquc qui, joints aux troupes qui sont dans celte province et en
Itauphiné, feront un corps de 15,000 hommes, qui serait à portée
d'être rendu à Nice ou en Savoie et qui procurerait une diversion
efficace et beaucoup plus prompte que ce qui arriverait de Catalogne.
Mais, suivant la forte expression du ministre, c'eût été servir
nos ennemis que d'immobiliser en trop grand nombre des forces
que l'on pourrait employer utilement ailleurs.
Ainsi, COMlWÙtrî] dans sa lettre à d'Ossun, efforcez-van* de faire
oublier à Madrid l'Italie pour opérer vigoureusement et prompte-
ment en Portugal et pour former au printemps un camp en Galice
qui inquiète sur l'Irlande. Le camp pour cet objet ne suffit pas; il
faut réunir des bâtiments de transport . Ce jeu est facile au ministre
de la Marine'.
On voit par ces derniers mots combien Choiseul mettait à profit,
pour le bien de la France, l'unité de vues que lui permettait
l'union entre ses mains des deux sécréta ireries d'État militaires.
Le chef du département de la Guerre apparaissait dans l'offre
faite de tenir prêtes, dans le Roussillon, des troupes destinées à
remplacer les bataillons espagnols chargés d'opérer en Portugal
et en Galice. Il se manifestait surtout dans un projet contre
Gibraltar dont il parlait à l'ambassadeur.
'iji m'a fait la proposition d'envoyer M. de Vallière, lieutenant
de notre artillerie, examiner Gibraltar. Vous connaissez la
Officier. Il n'est question que d'un voyage et d'un
en de sa part pour savoir si celte place est décidément impre-
soil de vive force, soit par le moyen des mines. S'il la juge
Imprenable, il ne faudra plus y songer. Si au contraire, après l'avoir
examinée, M. de Vallière estimait qu'il y a de la possibilité dans la
réussite de l'entreprise, nous contribuerions en Lroupes à cet arran-
gement1.
t. bpagee 534, fol. S26.
1. tbtd. Le lui d'£'.ji.i£i!<! avait eu de suri u'4< I Idée d'une entreprise contre
(BfcnUar
26 ALFRED BOURGUET.
C'est surtout du côté de la mer que Choiseul jugeait indispen-
sable de porter nos efforts communs. Il était à craindre que les
Anglais ne vinssent insulter et peut-être envahir les États du roi
des Deux-Siciles, renouvelant ainsi contre son fils les mesures
violentes qui avaient semé dans l'âme de Charles III le germe de
sa haine envers eux. Pour parer à cet inconvénient, ce n'étaient
plus des troupes qui étaient nécessaires. Il fallait, suivant le mot
du ministre français, « opposer des escadres à d'autres escadres ».
Voilà pourquoi il songeait à employer les vaisseaux que l'on
armait à Toulon et qu'il avait primitivement destinés au Canada
avec des troupes de débarquement contre Halifax et l'Acadie. Si
le roi d'Espagne estimait utile de les conserver dans la Méditer-
ranée, on pourrait les tenir prêts à partir pour Messine. Il
importait seulement d'être fixé le plus rapidement possible sur ce
point, car les dispositions à prendre étaient différentes suivant
que cette flotte aurait à opérer en Acadie ou devant Messine.
En ce qui concernait l'escadre de Rochefort, Choiseul comptait
faire l'impossible pour qu'elle opérât sa sortie. « Rien n'est plus
difficile, écrivait-il à d'Ossun, mais fy mettrai tous les soins
possibles, tout ce que foi de patience et même des risques. »
Puis, après avoir parlé de l'emploi qu'on pourrait en faire soit
contre la Jamaïque, soit pour secourir la Martinique ou pour
défendre Saint-Domingue, le ministre ajoutait :
L'automne prochain, j'aurai infiniment plus de moyens de marine
que je n'en ai et je vous assure que je suis bien déterminé à les
employer.
Il terminait enfin par ces lignes qui peignent tout entière la
fière énergie inspiratrice de sa conduite :
Je tous supplie de prévenir en Espagne que Ton ne s'épouvante
pas si nous avons des échecs; premièrement, j'y suis accoutumé, ils
ne me découragent pas; secondement, à force d'en avoir, nous en
ferons éprouver à nos ennemis. La constance et le courage ont un
mérite qui leur donnent tôt ou tard l'avantage*.
Tant de fermeté et de persévérance méritaient un meilleur sort.
L'on se prend à plaindre sincèrement Choiseul quand on pense au
t. De sa main. Choiseul à d'Ossun. Espagne 534, fol. 327.
CHOISBUL ET L'iLLIANCE ESPAGNOLE. 27
peu de succès d'une campagne préparée avec tant de peine et tant
de soins. Mais si les efforts du ministre ne devaient pas produire,
dès cette époque, les résultats sur lesquels il comptait, toute sa vail-
lance ne s'épuisa pas en pure perte. Il sut imprimer à la marine,
trop négligée par ses prédécesseurs immédiats, un mouvement de
vitalité qui alla sans cesse en progressant et qui procura plus tard
une glorieuse compensation à ces jours d'angoisse et de tristesse.
Cboiseul avait donc raison de ne pas s'abandonner au désespoir :
c'est un de ses titres les plus solides à l'estime et à l'admiration des
Français.
Alfred Bourguet.
NICOLAS REMY
ET LA
SORCELLERIE EN LORRAINE A LA FIN DU XVIe SIÈCLE
(Suite et fin*.)
II.
Après avoir esquissé l'histoire de la vie de Nicolas Remy,
nous devons examiner de près sa Démonolatrie, sur laquelle il
comptait pour faire passer son nom à la postérité et pour le
rendre célèbre dans les temps les plus reculés ; il ne se trompait
que sur la nature de la célébrité que lui devait valoir son
ouvrage.
En quoi consistait, d'après Nicolas Remy, le crime de sorcel-
lerie? Nous avons déjà dit qu'au cours du XVIe siècle la
croyance au Diable est générale. En Lorraine, le Diable porte
les noms les plus divers. On l'appelle maître Persin, parce qu'il
apparaît sous une couleur vert foncé; il se nomme encore maître
Léonard, Napnel, Jolibois, Sautebuisson, etc. Parfois l'on fait
une distinction entre ces sortes de démons : ce sont des person-
nages différents subordonnés l'un à l'autre. Le Démon apparaît
sous des formes diverses aux personnes qu'il veut conquérir ; il
pince ses victimes au front, pour enlever le baptême, et les invite
à assister au sabbat, qui a lieu sur une lande déserte, en un
endroit écarté des habitations. Les sorcières se frottent d'un
onguent et sont transportées à ce sabbat en général sur un balai
ou bien sur un bouc. Ce sabbat a lieu en Lorraine le samedi et
le mercredi, les démons étant occupés les autres nuits ailleurs2.
1. Voir Rev. hist., t. XCffl, p. 225.
2. Nous résumons ici ce que dit Nicolas Remy dans la Dèmonolatrie, p. 121
et suiv.
1IC0HS BEMI ET L» SORCEUEHIB Eil LOBBA1SE. 29
Lee sorcières s'y donnent au Diable; elles dansent une ronde
elée, mais masquées et retournées, la tète en dehors de la
i. Puis elles prennent un repas en commun ; mais toute nour-
riture est insipide; car le sel y fait défaut; suivant un calem-
bour souvent répété, les plats y viennent de Salamanque. Il n'y
a pas non plus Je pain, puisque le pain rappelle l'Eucharistie. Pen-
dant toutes ces orgies, les diablotins font une musique infernale,
on frappant des tibias contre des crânes'. Nicolas Remy et les
juges croyaient à la réalité de ces descriptions. Une fois pour-
tant le procureur a un léger doute. Une sorcière a affirmé qu'à
Utile heure de la nuit elle avait été au sabbat; et pourtant son
mari a juré qu'à la même heure elle se trouvait tranquillement
couchée à côté de lui. Remy ne peut pas ne pas accorder con-
fiance à ce témoignage; il conclut qu'un sabbat imaginaire est
aussi pernicieux qu'un sabbat réel; ce sabbat donne les mêmes
émotions, provoque les mêmes lassitudes; une telle femme est
bien la proie du Diable. A mort donc la malheureuse !
Mais, si hommes et femmes se rendent au sabbat, ce n'est pas
seulement pour se procurer des plaisirs fatigants; ils veulent sur-
tout obtenir du Diable le pouvoir de nuire à ceux qu'ils détestent.
' rsin leur donne un onguent mystérieux, ou bien il leur
apprend des paroles magiques; à l'aide de l'un ou des autres, ils
mal provoquer le malheur de leurs ennemis. Ceux-ci languissent
: M'iit peu à peu. Ou bien U leur arrive un grave acci-
dent. Ils tombent et se cassent une jambe; ils n'entendent plus;
ils voient double; des boutons leur poussent sur la figure; les
maris deviennent impuissants. D'autres fois, les sorciers s'en
prennent nu bétail. Ils fout trébucher la vache ou la chèvre
de leur ennemi, les blessant grièvement. Ils tarissent, par
leur pouvoir magique, le lait de ces animaux. Les sorcières
plantent dans le mur de l'ètable, au dehors, un couteau; et
elle* fout sur lui le signe de traire la vache; elles prononcent
le mot sacramentel : « Je te trais au nom du Diable », et le
!ail oonls réellement le long du couteau. Elles enlèvent la force
nutritive qui est dans l'herbe broutée par les bestiaux; chevaux,
taunaïux, vaches mangent et dépérissent. Au contraire, cette
nourriture pronVa leurs propres bêles qui restent grasses et bien
portantes.
t. DtmonolalrU!, \>. lit.
30 CH. PFISTBR.
Ce qui frappe surtout dans ces stupides accusations, c'est la
relation que les accusateurs établissent entre une rencontre for-
tuite avec un sorcier et un malheur arrivé souvent des semaines,
des mois, des années plus tard. Dans un procès instruit à Amance,
près de Nancy, en 1591, le herdier de la commune, — c'estr-
à-dire celui qui garde la fier de, le troupeau, — est accusé de
sorcellerie et les bergers qui vivent isolés dans les champs four-
nissent un nombreux contingent de victimes. Une femme dépose
qu'elle a eu un jour avec l'accusé, nommé Bulme, une querelle
à cause d'une vache qu'il lui avait perdue, et, dit-elle, environ
un mois après, son mari tomba malade et mourut en cinq
jours. Une autre femme certifie que son mari est mort six
semaines après une querelle avec le sorcier. D'autres encore
viennent dire qu'après une dispute de ce genre leur cheval ou leur
verrat a péri au bout de quinze jours ou d'un mois. Et c'est sur
des accusations de ce genre que Bulme et sa femme furent exécu-
tés à Amance1!
Les sorcières ne s'attaquent pas seulement aux hommes et
aux animaux; dans leurs réunions nocturnes, elles ras-
semblent les nuages, qui bientôt se condensent en grêle et
qui détruisent les moissons. Voilà pourquoi, dit Nicolas Remy,
quand le tonnerre gronde, quand menace la foudre, il faut son-
ner les cloches ; car ces mêmes cloches qui appellent les fidèles à
la prière chassent le Démon. Les sorcières sont encore accusées
d'avoir suscité d'autres fléaux. En décembre 1586, la femme
Odile Boncourt de Haraucourt, en novembre 1586, la femme
Rose Gérardin d'Étival, en février 1587, la femme Housselot de
Saint-Èvre ont avoué avoir suscité un très grand nombre de sou-
ris qui ont rongé toutes les racines et causé la disette2.
Voici, avec quelques détails, les accusations lancées contre
une pauvre femme de Nancy, nommée Lasnier (Asinaria) : elle
avait l'habitude de mendier de porte en porte, et les aumônes
qu'elle recevait suffisaient à son existence. Un jour elle frappa à
la maison du bailli de Nancy3; mais le fils aîné de celui-ci
1. Amance, qui avait reçu la coutume de Beaumonl, avait droit de haute
justice. Toutes les pièces de ce procès ont été publiées par Henri Lepage dans
Y Annuaire de la Lorraine, 1854 ; l'article a été tiré à part sous le litre : Une
procédure de sorciers au XVI9 siècle, Nancy, Grimblot et veuve Raybois.
2. Démonolatrie, p. 146.
3. Le bailli de Nancy de 1577 à 1607 fut Renault de Gournay, seigneur de
\ÏCOL*s KEHÏ El U SOKCKLLF.1UK K\ L0BB1INK. 31
sortit à ('improviste et lui ordonna de revenir à une autre heure,
car pour le moment les domestiques étaient occupés; la femme
par des injures et aussitôt noire jeune homme tomba
face à terre comme s'il s'était heurté contre un caillou. Et il
affirma aux domestiques accourus que l'accident n'était pas
arrivé par sa faute, qu'il était poussé par derrière par une force
supérieure et qu'il se serait certainement cassé un membre, s'il
n'avait eu la précaution en tombant de faire le signe de la croix.
!,'• DéfDOD lit alors, dit Remy, de vifs reproches à la femme Las-
IVOÏP manqué son maléfice et lui donna l'ordre de sur-
prendre le jeune homme avant qu'il eût fait sa prière du matin
et se fût garanti par le signe de la croix. Or, un matin, le jeune
homme ouvrit la fenêtre de sa chambre au premier étage et vou-
lut saisir un nid qui se trouvait sur la muraille; il tomba la tête
la première et on le rapporta évanoui à la maison. Il revint
bientôt à lui et dit à son père : ■ Père, ne me faites pas de
reproche; j'ai été poussé par derrière et on a lancé un objet contre
moi . > Et en effet un gros morceau de bois fut ramassé a l'endroit
où U était tombé. L'enfant mourut quelque temps après ; la femme
Lasnier fut aussitôt arrêtée. Interrogée par Nicolas Remy, elle
fait des aveux; elle est condamnée à mort et exécutée le 14 juil-
let 1682- Ilemy nous raconte qu'aussitôt après la chute de l'en-
fant, la Diable était venu en personne féliciter la sorcière et il
accumule, pour le prouver, une série de citations de la Bible1.
étaient les accusations portées contre les sorcières et qui
devaient conduire presque toujours ces malheureuses à la mort.
Dans l'ancienne procédure, U fallait qu'un accusateur se présen-
tât et soutint la vérité de son dire par serment, témoignages ou
autrement. Daus les procès de sorcellerie, il n'y a plus d'accusa-
teurs; U n'y a, comme pour les procès de l'Inquisition, que des
li'urs. lin individu a à se plaindre d'une femme qui l'a
injurié, il ne veut pas payer son créancier; il dénonce la femme
et le créancier comme soupçonnés de sorcellerie. Le dénonciateur
oc risque jamais rien. Son nom n'est pas communiqué à l'inculpé.
Même dans certains pays, — ce ne fut point le cas en Lorraine,
— l'on plaçait aux églises ou aux maisons communes des troncs
destinés à recevoir les dénonciations anonymes ; les dénonciations
: Henri Lcpag», let Offtcei du duché* de Lorrain* et de Bar, <Udb
'i de ta Société d'archéologie lorraine, 1869, p. 103.
1. iMmoitolntrit, p. ÏTî.
32 CH. PFISTBR.
lâches et méprisables ! Sur ces dénonciations, l'officier public se
mettait en mouvement, souvent même il ne les attendait pas. Le
procureur général faisait des tournées en Lorraine et, par le
procédé de l'enquête, — qu'il est devenu odieux le mot inqui-
sitio! — il recherchait les coupables.
Sur toute dénonciation, sur tout soupçon du ministère public,
une information est ouverte1. On entend toutes les personnes
qui peuvent fournir des renseignements sur les inculpés et on
consigne avec soin tous leurs dires. Tous les actes de la malheu-
reuse femme soupçonnée, — car la proportion des femmes sor-
cières par rapport aux hommes était de 9/10, — sont scrutés avec
soin et tout va devenir indice qu'elle est réellement sorcière. On
l'a appelée dans une querelle sorcière, et elle n'a rien répliqué;
elle n'a pas traîné son calomniateur devant les tribunaux; indice
sûr. Au contraire, elle s'est hâtée de poursuivre celui qui l'avait
injuriée; elle a voulu détourner les soupçons; indice sûr. On ne
voit jamais une femme à l'église; c'est, dit Nicolas Remy, qu'elle
s'est donnée au Diable. Elle court sans cesse à la messe, autre
indice ; car une force irrésistible pousse les sorcières vers l'église ;
constatation curieuse qui montre chez ces femmes une sorte de
folie religieuse. L'information est ainsi presque toujours défavo-
rable. La malheureuse est arrêtée et jetée en prison ; à Nancy,
on la mène dans les tours de la porte de la Craffe.
Nous connaissons déjà les tribunaux qui vont la juger. Elle
n'est point renvoyée devant des inquisiteurs ou devant le tribu-
nal ecclésiastique, l'officialité. Elle comparaît, comme les autres
criminels, devant la justice ordinaire, échevins, prévôts, justice
municipale. Les juges font venir l'inculpée devant eux et pro-
cèdent à son interrogatoire ; c'est Y audition de bouche. L'un des
échevins, — nous supposons que le procès se déroule à Nancy,
— lui demande son nom, son âge, si elle sait de quoi elle est
accusée. A cette dernière question, en général, l'inculpée ne
1. Souvent le procureur général de Lorraine ou le procureur des Vosges ou
d'Allemagne requièrent les officiers judiciaires inférieurs, substituts ou prévôts
d'informer secrètement des cas de sortilège et vénéfice. Une réquisition de ce
genre a été publiée par L. Quintard, Procès de deux sorciers en 1605, dans les
Bulletins mensuels de la Société d'archéologie lorraine, 1906, p. 16. Il s'agit de
Catherine, veuve de Claude Bailliot, et de Claude, son ûls, demeurant à Mataio-
court (Vosges). On reprochait à Catherine de tenir et nourrir des crapauds dans
sa maison. Les deux accusés, qui n'avouèrent pas, furent condamnés au ban-
nissement.
Tir.^r.
, BOIGSLIEIIB Et LiHUi.UM
répood rien. Finalement, le juge lui dit i
et expose
Us charges qui ont été recueillies dans l'information ; il lui
demande de se défendre. D'ordinaire, l'accusée se récrie; elle se
déclare innocente {les méfaits qu'on lui impute. Le juge essaie
toujours de l'effrayer par la violence de ses gestes, la véhémence
de son langage. 11 a recours à toutes sortes de ruses pour
obtenir l'aveu attendu, l'aveu qui sera considéré par lui comme
itable victoire. S'il y a deux inculpés, il ne manque
d'affirmer au second que le premier a tout avoué, alors qu'il
; rien; il se complaît dans les équivoques, les sous-
'inliis. Jamais, dans ces interrogatoires, l'accusée n'est
! d'un avocat; l'avocat est même toujours absent de
ces tristes procès : une sorcière ne doit point être défendue.
Du reste, l'avocat ne courrait-i! pas de trop grands risques?
La sorcière ne pourrait-elle pas lui jeter un sort? Mais qu'on
la logique des croyances 1 II est admis que ces
méchantes femmes ne peuvent rien ni sur les juges ni sur les
bourreaux, qui, par une sorte de grâce d'état, sont a l'abri de
leurs coups. Nicolas Kemy nous raconte que le terrible onguent
que maître Persin donnait aux sorcières perdait toute vertu dès
qu'il était saisi [iar les juges. Lui-même, qui a été sans cesse
en contact avec les sorcières, est resté toujours sain de corps et
d'esprit, chrétien parfait. La femme Lasnier, de Nancy, inter-
rogée par lui, lui lança cette apostrophe : « Comme vous avez de
la chance que nous ne puissions rien sur vous, 6 juges 1 II n'y a
point d'hommes que nous désirerions plus tourmenter que vous,
qui jioursuivei! toute notre race par de tels supplices1. » Nicolas
i i vait procéder sans risque ni péril.
■^ ait des accusés, surtout parmi les femmes, qui avouaient
dés le début. 11 se présente ici un cas d'auto-suggestkm fort
curieux- La femme croit réellement qu'elle a conclu un pacte
avec le Diable; elle le crie a son juge; et, en général, avec cet
aveu, elle tieut des propos incohérents et orduriers; elle se com-
plaît dans la crapule. Ces femmes ont été désignées comme sor-
i parce qu'elles sont des hystériques; elles réalisent en
sorte les scènes qu'elles ont entendu raconter autour
d'elles; oui, elles se sont données au Diable, elles ont assisté
■ u sabbat qu'elles décrivent avec un luxe incroyable de détails.
34 CO. FFISTEH.
L'hystérie est héréditaire; et voila pourquoi souvent les f
ont été brûlées après les mères, parce qu'elles présentaient les
mêmes symptômes morbides. La maladie chez des personnes
faibles d'esprit est contagieuse; voilà pourquoi beaucoup de vil-
lages sont décimés '. Si la femme ne se suggère pas à elle-même
toutes ces visions, le juge qui l'interroge les fait naître en son
esprit. Ses questions sont si nettes, si précises qu'elle arrive à
douter d'elle-même. Elle avoue. L'aveu est une condamnation à
mort; le procès finit après l'information et l'interrogatoire.
Mais, après tout, ces aveux, étaient rares; le plus souvent, l'ac-
cusée nie. Elle déclare qu'elle n'a point eu commerce avec Satan,
qu'elle n'est point sorcière. Dès lors, on procède aux recolemenls
et aux confrontations. Le juge convoque à jour et heure déter-
minés tous les témoins entendus dans l'information; il les inter-
roge d'abord en l'absence de l'accusée; il leur demande s'ils
persistent en leur première déposition ; il les invite à y ajouter ou
à en retrancher à leur gré; c'est le recolement. Puis, pour la
première fois, l'accusée est mise en présence de ses accusateurs;
et ici la Lorraine était eu avance sur d'autres pays, où jamais la
victime ne connaissait les témoins, où l'on continuait d'employer
l'ancien système de l'Inquisition. Témoins et accusée sont inter-
rogés contradictoirement sur les faits de la cause : c'est la con-
frontation. Celle-ci terminée, le procureur ou le substitut pré-
sent prend ses conclusions. Si elles tendent à l'absolution de l'in-
culpée, elles sont définitives; mais, avec des procureurs imbus de
l'esprit de Nicolas Remy, de telles conclusions devaient être
rares, — l'on en trouve pourtant des exemples. — Mais, en géné-
ral, les conclusions sont interlocutoires. Le procureur peut
requérir que l'accusée nomme des témoins à décharge; mais la
malheureuse n'en trouvait presque jamais. II peut requérir aussi
que l'accusée soit soumise à la question ; c'était le cas ordinaire.
Quand le procès avait lieu loin de Nancy, l'on demandait sur ces
conclusions l'avis des èchevins de Nancy ; mais presque toujours
dans les procès de sorcellerie les èchevins opinent pour la tor-
ture. A Nancy même, point n'était besoin de consulter personne,
i. Dans le petit village d'Àielol, au canton de Sainl-Nicolas-de-Forl, qui
comble aujourd'hui 300 habitants, et qui eu complaît à peine 100 autrefois, il
y eut à la Tin du xv;' et an début du xvu* siècle jusqu'à trente procès de sor-
cellerie. Cf. Lepage, tes Cammunet de la ileurlhe, art. Azelol.
SICOUS HEHT ET l.\ ■ tl.lflMC ES LOMUMK. 35
et la sentence interlocutoire ordonnant la question était immé-
diatement rendue.
Avant de procéder à la question, l'on soumettait l'inculpé à un
chirurgien ou à un médecin. L'inculpé, homme ou femme, était
rasé des pieds à la tête ■ partout où poil se trouve », disent les
procès -verbaux, par la personne vile, c'est-à-dire par
l'homme qui tond les chiens et récure les égouts ; puis le chirur-
i i.hait s'il retrouvait sur son corps la marque du
ItiatHe. De même que Dieu mettait sou sceau sur certains élus
en reproduisant sur leurs mains, sur leur flanc et leurs pieds les
blessures du Christ, de même, dans les croyances de l'époque, le
Diable marquait d'un signe ineffaçable la créature qui s'était
donnée à lui. Nicolas Remy consacre tout un chapitre de sa
Démonolatrie à cette marque diabolique. C'était au médecin a
i' signe, qu'on reconnaissait de la façon suivante : si à
l'endroit du corps marqué par Satan l'on enfonce une longue
épingle, l'inculpé ne sentira aucune douleur et pas une goutte de
sang ne coulera de la blessure. Cette partie du corps est deve-
inii.' tout h fait insensible :
SanguU hebel, frigentque effetae in corpore vires
(la citation est de Nicolas Remy). Ainsi, en octobre 1590, on
arrête à Rriey la femme Claude Liogart. Après lui avoir rasé la
découvre au sommet une cicatrice que les cheveux
cachaient; Claude affirme que cette cicatrice a été causée par
une pierre qui lui a été lancée. Mais le chirurgien enfonce son
épingle et déclare qu'en cet endroit le Diable a mis sa griffe sur
sa créature. On découvre de même une verrue sur la jambe droite
de la femme Muguet, arrêtée à Essey-lès-Na ncy en juin 1591.
Elle ne sent aucune douleur lorsqu'on y enfonce l'épingle; mais,
dès qu'elle est piquée à coté, elle pousse des hurlements effroyables.
Signe diabolique, conclut Nicolas Remy, et il écrit : « Ceux-là
errent cent et cent fois, ceux-là sont des fous qui prétendent
expliquer de tels phénomènes par des causes naturelles. » N'en
déplaise à Nicolas Remy, n'en déplaise à l'excellent abbé Lion-
noîs, qui composait au xviir siècle une histoire de Nancy et qui
faisait preuve d'un bien grand scepticisme en disant : « Les
épingles de ces chirurgiens n'étaient-elles pas semblables à celles
de nos joueurs de gobelets qui, en se perçant le front, ue se font
36 CH. PFISTER.
de mal que dans l'esprit des sots? », — de tels phénomènes existent
et la médecine actuelle les explique par des causes naturelles ;
cette insensibilité partielle est l'un des signes de l'hystérie ; elle
peut même être provoquée par simple suggestion du médecin.
Dans tous ces procès de sorcellerie, le médecin ou le chirurgien
doit partager la responsabilité du juge. Il procédait à l'examen
du corps, trouvait la marque et donnait son certificat, qui était
une condamnation à mort. Dans ce certificat, il ne constatait pas
seulement, il interprétait. Il affirmait que cette insensibilité était
causée par l'empreinte du Démon. Dans un livre de chirurgie,
paru en 1585, on lit : « Nul ne peut nier, il n'en faut douter,
qu'il y ait des sorciers; car cela se prouve par authoritè de plu-
sieurs docteurs et expositeurs, tant vieux que modernes, lesquels
tiennent pour chose résolue qu'il y a des sorciers et enchanteurs
qui, par moyens subtils, diaboliques et inconnus, corrompent le
corps, l'entendement, la vie et la santé des hommes et autres
créatures, comme animaux, herbes, l'air, la terre et les eaux.
D'avantage l'expérience et la raison nous contraignent le con-
fesser, parce que les lois ont établi des peines contre telles
manières de gens1. » Singulier raisonnement : il y a des sorciers,
puisqu'il y a des lois contre les sorciers. L'auteur de ce livre est
Ambroise Paré, et peut-être le grand chirurgien* qui passait en
son temps pour un novateur hardi, a-t-il causé sorcellerie avec
Nicolas Remy, lorsqu'en 1575 il arriva en Lorraine pour guérir
la duchesse Claude de France, femme de Charles III.
Le médecin a donné son certificat; mais il faut obtenir de l'in-
culpé lui-même l'aveu qu'il a eu commerce avec le Diable; et
cet aveu lui sera arraché par la torture. Nous connaissons par
un livre de praticien écrit par Claude Bourgeois, maître-échevin
de Nancy après Nicolas Remy, quels modes de torture étaient
usités en Lorraine2. Il y avait quatre épreuves qui étaient gra-
duées.
C'étaient d'abord les grésillons. L'instrument était formé de
trois lames de fer qu'on rapprochait à l'aide d'une vis. On met-
1. Ambroise Paré, Œuvres complètes, éd. Malgaigne, t. III, p. 53. Ce passage,
tiré du Livre sur les monstres et les prodiges, ne se trouve que dans l'édition
de 1585.
2. Pratique civile et criminelle pour les justices inférieures du duché de
Lorraine, conformément à celle des sièges ordinaires de Nancy, Nancy,
J. Garoich, 1614, iv-53 feuillets in-4*.
BIOOUS BKMÏ tT I
:i7
tait entre ces lames le bout des doigts de la main ou du pied jus-
qu'il l'ongle et on serrait. La souffrance était atroce; la victime
sortait de l'épreuve les doigts entièrement écrasés. Venait ensuite
Véekêlte. C'était nue échelle ordinaire dont une extrémité tou-
chait terre, tandis que l'autre reposait sur un tréteau a trois
pîeâE du sol. L'accusé, était étendu nu ou en chemise sur
l'échelle, les pieds attachée au barreau inférieur, les mains liées,
à l'autre extrémité, à une corde qui s'enroulait autour d'un tour-
ob mettait en mouvement le tourniquet, et les bras, le
tier s'allongeait. « L'accusé, dit Claude Bourgeois, souffre
grandes douleurs, tant à cause de l'extension violente de
tout le corps qui s'allonge contre nature que pour les diverses
parties. 4 illigées en cette extension, comme veines, artères, muscles,
mais principalement les nerfs et tendons, qui sont toutes parties
douées d'un sentiment fort exquis et consèquemment susceptibles
de grandes douleurs. » Pour augmenter les souffrances de l'ac-
cusé, on lui faisait passer sous le dos un morceau de bois pendant
qu'un retirait. On lui jetait aussi souvent de l'eau froide à la
figure; on lui introduisait par un entonnoir une certaine quantité
tas la bouche, ou encore l'ou imprimait à cette échelle.
mobile des secousses savamment calculées.
Tandis que la victime reste couchée sur l'échelle, on lui infli-
gera la troisième épreuve, les tortfflons. Les bras el tes jambes
ous sont attachés par de grosses cordes aux montants, et la corde
est serrée autant qu'il est possible. Puis entre les membres et la
corde on passe des bâtons ronds qu'on emploie comme un tour-
niquet. La corde est serrée davantage encore; elle pénétre dans
les chairs, qui sont de plus en plus comprimées en certains
endroits et ressortent plus loin eu bourrelets meurtris.
Knfln, si l'accusé n'a pas avoué, on a recours à l'estrapade.
Au plafond de la chambre de torture est attachée une poulie,
dans laquelle on passe une corde, semblable aux poulies dont se
servent les maçons pour monter leurs pierres. L'accusé, en che-
mise, les mains liées derrière le dos, est attaché par la ceinture à
ce crochet et tiré violemment eu l'air. On lui l'ait exécuter ainsi un
certain nombre de tours; parfois, pour augmenter sa souffrance,
on étire le corps en attachant au pied de grosses pierres; Claude
Bourgeois assure que quelques-unes de ces pierres pesaient de
soixante à quatre-vingts livres.
Celaient là les seules tortures autorisées eu Lorraine par les
CH. PFI8TE8.
échevins de Nancy. Et ils se croyaient des esprits libéraux. Ils
prohibaient les modes plus atroces encore. Ils défendaient de
faire asseoir l'inculpé sur une selle hérissée de pointes, de le
pendre dans une cheminée pour l'enfumer, de le priver de som-
meil pendant une longue période, en le tenant éveillé par des
moyens artificiels. Ceux qui ont visité certains musées de torture
d'Allemagne seront obligés de reconnaître que les échevins de
Nancy ontélè moins cruels que certaines justices d'outre-Rhin1.
La torture est toujours administrée en présence d'un chirur-
gien. Celui-ci doit arrêter le bourreau quand il lui semble que le
patient est à bout de forces; on ne doit pas détacher de l'échelle
un cadavre; le fait s'est produit parfois. On commence en géné-
ral par montrer a l'inculpé les instruments de torture; on lui
explique la manière dont on s'en sert, les souffrances qu'ils pro-
duisent, et, devant cette menace, on l'interroge de nouveau; on
le conjure d'avouer son crime. S'il persiste dans ses dénégations.
le bourreau fait son office. Rarement une femme résiste jusqu'au
bout. Tout à coup elle s'écrie que c'est trop souffrir ; elle raconte
tout ce qu'on veut; oui, elle a été au sabbat; elle a eu accointance
avec le Diable. Le juge lui demande le nom de ses complices; elle
nomme tous les noms qui lui traversent la tête, noms illustres ou
noms ignorés, grands personnages de l'état ou pauvres mendiants.
C'étaient de nouvelles victimes qu'elle désignait, et chaque pro-
cès en engendrait une série d'autres. Parfois le juge, pour obte-
nir plus vite l'aveu, usait de stratagème. II promettait à la pauvre
torturée sa grâce et une chaumière; mais il sous-en tendait par
restriction mentale la grâce d'être étranglée avant d'être brûlée,
et la chaumière, c'étaient les bottes de paille du bûcher. Le juge
aussi, dans la recherche des complices, désignait parfois un
homme ou une femme par son nom : « N'étiez-vous pas au sabbat
avec un tel ou avec une telle? » Ces pratiques, il est juste de le
reconnaître, étaient condamnées par les échevins de Naucy.
Claude Bourgeois écrit : « II n'est loisible d'user d'artifices, de
1. !>:■■> procureurs lorrains demandaient des supplices plus terribles. Un
procureur, Didier Colin, écrit sur un eietnplaire de la Pratique civile et cri-
minelle, de Claude Bourgeois : ■ Aucuns ilisenl qu'il n'jr a douleur si grande
que celle qui rient de la distillation d'eau froide sur le nombril. Aucuns <\uc
les tnillepedes, cloportes ou pourcelels Saint- Antoine, appliqués et retenus sur
le nombril, font plus grand rage et tourment. ■ Cité par R. de Soiihesmes, la
Torture et tes anesthétiquts, dans les Mémoires de la Société d'archéologie
lorraine, 1901, y. 10.
*t colis ntiui st li snm:fit,i.KiiiK ki LiminnE. 3D
paroles mensongères ou captieuses comme de faire entendre au
criminel qu'il confesse librement ce qu'on luy demande soubs
espérance et promesse de pardon et autres, cela étant très perni-
cieux, et dont les juges pratiquant tels abus et injustices en
répondront devant Dieu, et, cela estant descouvert, délivrent
estre châtiés exemplairement par les juges supérieurs qu'il appar-
tiendra»;— et, en effet, certains juges on tété destitués pour n'avoir
pas suivi ces préceptes. — Claude bourgeois écrit encore : « Il ne
fondra particulariser ou nommer personne, suggérer, — le mot
■■si dans le texte, — ou désigner par habits ou autrement, ains
faudra interroger généralement qui sont les complices. >
Le lendemain des aveux, l'accusée était interrogée à nouveau
Hors du lieu de torture. Il arrivait souvent qu'elle rétractait ses
aveux antérieurs, qu'elle déclarait n'avoir su ce qu'elle disait,
n'avoir parlé que sous l'empire de la douleur. Le juge aurait dû
n fléchir à ses rétractations; il aurait dû se rappeler le proverbe
latin : torquere est extorquere ; il aurait dû se dire, comme
plus tard l'auteur tragique1 :
La torture interroge et la douleur répond;
mais, dans ces rétractations, il voit une nouvelle manœuvre de
Satan ; et l'accusée est remise aussitôt à la question*. Après les
grésillons, l'échelle; après l'échelle, les tortillons et puis l'estra-
pade. Quelques-unes résistent jusqu'au bout et sont renvoyées
des ans de la plainte1, mais le cas est tout à fait extraordinaire.
L'aveu une fois fait est aussitôt consigné par écrit : c'est la sen-
tence de mort. Les juges n'ont qu'à eu prendre acte et à pronon-
cer en conséquence. Dans les juridictions inférieures, la sentence
I. Itaynouard, tel Templiers.
t Claude Bourgeois se rend bien compte des objection! qu'on peut faire à la
torture : < La question est dangereuse, écrit-il ; le plus souvent l'innocent v
roafeste; autrefois, le coupable malfaicleur l'endure et a re mojen est absous. >
M*lt d> «m prémisse* il n'ose pas lirer la conclusion.
3. Quelques accusées très dallée* arrivaient A devenir insensibles 1 li dou-
leur. Le juge le ««ait et voyait dan* ce fait une manœu vre do Satan, Le Diable
aidait >ei suppôts : il se logeait Sous les ongles et dans les poils. Celait un
mire motif pour riwr les victimes. I.e diable leur ai.iil appris des formule'
rsiciijuri ipji supprimaient la douleur; aussi on le» exorcisait. CL II. de Sou-
bMinea, loe. cit., p. -S et suir. Le» accusées qui ne manifestaient pas de dou-
laor n>utent pis relâchées; un renvoyait «eulemeut celles qui n'avouaient
pas, malgré leur* évidentes souffrances.
40 CB. PFI8TKR.
«
est provisoire, les pièces du procès sont renvoyées aux échevins
de Nancy; ceux-ci déclarent en général que le procès a été bien
jugé, et, aussitôt leur réponse arrivée, les juges rendent la sen-
tence définitive. A Nancy, il n'y a qu'une sentence définitive.
Nous donnons ici la formule de ces sentences de mort, pronon-
cées par les tribunaux locaux, telle que nous la rapporte Claude
Bourgeois; cette formule a été répétée des milliers de fois en Lor-
raine :
« Veu le procès extraordinairement instruit par Nous les pré-
vôt ou Maire et gens de justice de N. (ici le nom de la localité),
à la requeste du procureur d'office, contre N., prévenu et accusé
de sortilège et vénéfice, sçavoir l'information, l'audition de
bouche dudit accusé, recolements et confrontations, les conclu-
sions dudit procureur en date du ..., notre sentence du ..., par
laquelle aurions condamné ledit accusé à la question ordinaire
et extraordinaire, l'acte et procès-verbal de ladite question, les
conclusions définitives dudit sieur procureur et l'avis de Mes-
sieurs les maître eschevin et eschevins de Nancy (c'est Vénu-
mération exacte de tous les actes de la procédure; voici
maintenant la sentence), disons que, par ladicte procédure et
par la confession dudict accusé, iceluy est suffisamment atteint
et convaincu dudict crime de sortilège et vénéfice ; de quoi l'avons
condamné et condamnons à estre délivré entre les mains de l'exécu-
teur de baulte justice, pour par luy être exposé au carcan à la
vue du peuple l'espace d'un demi-quart d'heure ou environ, puis
mené et conduict au lieu où l'on a accoustumé supplicier les
délinquants, et illec attaché à un poteau, y estre estranglé après
qu'il aura aucunement senty l'ardeur du feu, son corps ars,
bruslé et réduit en cendres, tous et chascuns de ses biens déclarez
acquis et confisqués à qui il appartiendra, les frais de justice pris
sur iceux au préalable. »
Beaucoup d'accusés, pour ne pas affronter cette série d'hor-
reurs, se donnaient la mort en prison. Que de fois ne trouve-t-on
pas dans les archives des mentions comme la suivante : « 1593.
Marguerite, veuve de Thiébaut le vigneron, demeurant à Bel-
leau1, accusée de vénéfice et de sortilège, étant détenue en pri-
son de ce lieu, se serait par mains violentes précipitée à la
mort. » Nicolas Remy reconnaît que les suicides en prison sont
1. Cant. de Pont-à- Mousson.
1IC0I.AK IH1 ET I.» S01GIUIUE t* LORRAINE. 41
nombreux; il avoue par exemple qu'en juillet 1581 Didier
Finance, deMandray', a échappé au supplice en s'eufonçant dans
la gorge un couteau qu'on avait oublié près de sa main, et il
Il me souvient qu'en cette année et l'année précédente
il s'est trouvé en Lorraine environ quinze personnages qui se
sont fait justice a eux-mêmes, pour ne pas être un exemple à
loua*. » Remy a horreur de ces morts : < J'ai hâte, écrit-il, d'en
B procès qui eurent de meilleures issues, — ad ea quae
exilas im-Uores ftutmerunt », — et il raconte les supplices de
Jeanne, sorcière à Ban-sur-Meurthe, d'Anne Drigie, de Harau-
oourt, et de Didier Gérard, de Vennezey1. Le bourreau ne per-
dait pas tout droit si la -victime se donnait la mort. Le cadavre
était exposé aux fourches patibulaires et ensuite brûlé.
La sentence définitive, une fois rendue, était aussitôt mise à
exécution. Un confesseur devait préparer la sorcière à la mort;
et nous pourrions répéter des confesseurs ce que nous avons dit
dea médecins; jamais l'un de ceux qui avait reçu les dernières
confidences des victimes n'a protesté de leur innocence; si l'ac-
cuse niail encore au tribunal de la pénitence, le confesseur attri-
buait ces dénégations à une méchanceté endurcie et aux ruses du
Démon'. La condamnée, avant le supplice, était exposée quelques
minutes au carcan. A Nancy, cette exposition avait-lieu sur la
place Saint-Kvre, tant que les prisons furent à la porte de la
Oa&V Plus tard, elle eut lieu dans la Ville-Neuve, sur la place
du Marché, devant l'hôte! de ville. Au-dessus de la malheureuse,
oo plaçait un ècriteau indiquant son crime : guenoche et sorcière.
Un ta livrait à la risée dune multitude sans pitié et qui lan-
çait d'ignobles injures. Après l'exposition, la sorcière était
menée au supplice. Au début, devant le portail de l'église Sainl-
I il irr. de S.ml-Dié, Vosges.
; ttomaaalutrtt, p. 347.
3, llarjucourl, rint Je Salnl-Nlcula»; Ban-iur-Mourlhc, Veimezej', ci ni. lin
Gcrtevillcr.
t. Suoi il et uns puiiriuit ciler un jémiile allemand <|ui usa proleMer. Frtdi'*-
rlc 8p«* «t.iII wroiu|>iRnê dm» les en liront de llamberg et de Wurtbourx de
ii bùvlier, el, comme l'étCque de Wiirgbourg, Jean Phi-
Mabora, l'ttonnail ijue <e« rneieui Tuaient blancs atani l'âne, il
• C'*»l * e»li*e de In douleur è|irout>e en ciiriiluisanl des innocente!
■• supplice, • Sp«t lit paraître en 1031 un Dire uû II n'élevait contre la lorcrl-
Ini* : Caulio erimtnaSi* *eu de proceuibui contra tagat liber wt maijhtratus
Crrmaniar hoc Irmpore nectuariut. Sur te litre, cf. SoIJjii, Guehithle der
gtttnprocTMr, l. Il, p, 187,
n
. rnsiEB.
honorable, une torche noire à la
Èvre, elle faisait amendi
main. Le cortège sortait par la porte de la Crâne et se rendait
sur les bords de la Meurthe, à quelque distance de la route de
Nancy à Champigneulles, en un endroit appelé le Paquis, où
aujourd'hui se dresse l'usine du Pont-Fleuri1. Là le bûcher était
dressé. Il se composait d'un cent de fagots et d'une corde de bois*.
Au-dessus se dressait un poteau où la victime était attachée. La
sorcière n'était pourtant pas brûlée, à proprement parler. A peine
avait-elle senti la flamme que le bourreau l'étranglait. Le corps
était ensuite brûlé et les cendres dispersées. On ne jetait vivantes
dans le feu que les sorcières endurcies, celles qui avaient refusé
de faire pénitence. A ces exécutions assistait une foule gouail-
leuse, — la même foule ignoble qui se presse aujourd'hui autour
des échafauds.
Suggérées par le juge, des mères avaient avoué qu'elles avaient
emmené au sabbat leurs enfants, jeunes garçons et jeunes filles
de sept à dix ans. Ces enfants eux-mêmes avaient parfois avoué
leurs forfaits; Us avaient décrit le sabbat, répété les chansons
licencieuses qu'on y chantait; ils soutenaient avoir tourné la
broche de Satan! Lesèchevinsde Nancy n'osaient condamner ces
malheureux ; on se bornait à leur mettre les épaules nues et à les
frapper trois fois de verges devant le bûcher où brûlait leur
mère ; et cette condamnation devint en Lorraine d'un usage cou-
rant. Mais Nicolas Remy s'élève contre ce qu'il regarde comme
une faiblesse : « Je n'ai jamais pensé que de cette manière il était
satisfait aux lois3. > Avec une férocité inouïe, dans un passage qui
nous paraît le plus abominable de la Dénonolotrie, il réclame
contre les pauvres êtres la peine capitale. Il rappelle l'histoire
des quaraDte-deuî enfants de Béthel qu'Elisée avait fait manger
par les ours, uniquement parce qu'ils l'avaient nommé vieux
chauve. Et il veut que toute graine de sorciers soit anéantie.
Les enfants des sorciers pâtissaient encore d'une autre façon,
même s'ils n'étaient pas impliqués dans les crimes de leurs
parents. Tous les biens étaient confisqués au profit de l'Etat, et
les malheureux, repoussés partout, restaient
1. Au débul du xvn' siècle, il t eut quelques eiécutkms
Marché.
î. Voir les comptes des receveurs.
3. < Sed ne bue i[uidem rnlioae numejuam pulsvî pletic legil
tum o {Démonolalrte, p. 300-ÏOt).
dirons Reïi et r.t *obi:kl;.eb[E f.îi uhuiaitc. M
■1 des condamnés étaient pauvres, sans doute; mais il y en
eut aussi de riches. On put soupçonner que le duc Charles IV
envoya au bûcher Melchtor de La Vallée, chantre de la collé-
giale Saint- Georges, non seulement pour compromettre sa
femme Nicole, baptisée par le prétendu sorcier, mais encore
pour acquérir son grand domaine de Sainte-Anne, sur la route
de Laxou'. On a pu dire que les procès de sorcellerie étaient si
nombreux en Lorraine uniquement parce que les biens des con-
damnés étaient acquis aux seigneurs*.
Nous avons aiusi suivi la sorcière depuis son arrestation jus-
D supplies. Le jour où arrivait à la justice la dénon-
ciation anonyme, elle était presque sûrement perdue. Comme
ceux qui entrent dans les enfers, elle devait laisser toute espé-
rance. Le drame que nous venons de raconter eut, au temps où
iiemy fut échevin de Naucy, puis procureur général,
•le 1570 a 1806, soixante à quatre-vingts représentations par
an'; et, après sa retraite et sa mort, l'impulsion donnée par lui
dura. De 1606 à 1633, les bûchers s'allumèrent encore à mainte
reprise; pourtant, peu à peu, le mouvement se ralentit et les rôles
des échevins de Nancy furent moins encombrés. Le total des sor-
ciers et sorcières brûlés ne laisse pas que d'être considérable; et
cette épidémie de sorcellerie qui sévit sur le duché a fait plus de
victimes que la peste; la sottise de l'homme est plus nuisible que
les plus terribles fléaux de la nature. En l'année 1633, les Fran-
çais occupèrent la Lorraine; le tribunal des échevins de Nancy
fut supprimé; les magistrats français qui remplacèrent les magis-
trats lorrains étaient plus éclairés; puis, au milieu des guerres
et de l'occupation étrangère, d'autres préoccupations absorbèrent
les esprits; on laissa les sorcières en repos. Quand le duc
Charles IV rentra dans ses états, en 1601, il y eut encore de-ci
1. On consultera, sur Uekliior de La Val lie, Henri Lcpage, letChartreusetde
Sainte-Anne et de BcturvHU (Nancy. 1851). el un autre article du même,
Melchiorde ta Vallée et une gravure- de Jacques Brtlange, dans les Htm otret
d* la société darchêologii, 1882. p. Î57. Un aulre procès célèbre fut celui
d'André- «le-* BmdM, malin d'annei du dur Henri II. Cf. Henri Lvpagc, Andrt
Jtt Borde/, r/ii«o<f* de l'hiitoire <tei torcieri en Lorraine, (Uns le* Mémoire*
d» la Société d'arc hrologlt, 1857, p. 5-55. Nous comptons raconter prochaine-
m»nl riii.Nilr.' .le ie» ili-m pftKOC,
i. En Alltrnaane, la ton Uses lion n'élait pas de règle. Voir Soldan, I. I, p. 453.
i avoir Condamné a rtiurl.de 1576 i 1592, comme écheiln, -M) He-
MH donna une moyenne annuelle de toiiuntc, et Ici exécu-
ta s»m Iprèl m inatîon Je procureur.
U ai. msrrn. — jrcnLas &£xt it la soicelleeti bv louime.
te — La <|ueiques exécutions. En 16til, Jeannon Maronde, femme
le Jean La r:onze: en 1670. Jeannon, femme de Georges Gran-
liiiier. furent brûlées à Saint— Eiiê^ en terre ecclésiastique, où les
Toiles superstitions avaient poussé lies racines plus profondes.
Ma.4 en 1682 fut rendu, sous l'inspiration de Colbert, redit qui
refendait aux cours et aux tribunaux d'admettre dorénavant l'ac-
cnsation de sorcellerie sabbatique: et cet edit fut appliqué à la
Lorraine, que la France avait occupée une seconde fois en 1670.
Dans *a Dèmonolatrie. Nicolas Remy écrit ces mots :
« Malheur à ceux qui ont conclu un pacte avec l'enfer... Mais
malheur aussi à ceux qui cherchent à diminuer l'odieux d'un
crime aussi horrible et exécrable, qui admettent les circonstances
atténuantes de la crainte, de l'âge, du sexe, de l'imprudence ou
d'autres excuses analogues. » En conséquence, dans l'exercice
de son ministère, il a toujours refusé les circonstances atté-
nuantes. Certes, Nicolas Remv eût été bien étonné si on lui
avait dit qu'un jour il serait l'accusé. Soyons plus indulgent
que lui; rappelons tout ce qui peut être dit en sa faveur : ses
opinions étaient celles de son temps, et c'est à elles plus qu'à sa
personne qu'il faut nous en prendre; il croyait faire œuvre
agréable à Dieu, sauver la religion et la société; il pensait
paraître au tribunal suprême la conscience pure et tranquille; il
s'y serait même fait un argument des bûchers qu'il avait allu-
més. Mais pourtant il nous faut le condamner, parce qu'il lui
manquait Tune des qualités que nous croyons indispensable au
magistrat, la bonté. Peut-être avec plus de bonté aurait-il eu par-
fois des doutes et aurait-il été moins sûr de ses raisonnements.
Avec plus de bonté, il eût été plus intelligent. Armé par la loi
d'un pouvoir terrible, le magistrat doit se défier de lui-même et
de sa raison, rechercher toujours les circonstances atténuantes et
ouvrir son cœur à la pitié. Nicolas Remy ne fut pas un bon juge.
Ch. Pfister.
1. Gaston Save, la Sorcellerie à Saint- Du, dans le Bulletin de la Société
phtiomathique de Saint- Dié, 1887-1888.
LES RELATIONS DE LA RUSSIE
AVEC LA CHINE ET LES PEUPLADES LIMITROPHES
■1 FIJI DO IV] Ie SIÈCLE ET DUS LE PREMIER i.HT 1 111 [Il IVIIl".
L'histoire des relations lie la Russie avec la Chine peut être
divisée eu plusieurs périodes. Celle dont le traité de Nerklnnsk-
{1689) marquerait le début se distingue de l' époque précédente
par son caractère nettement pacifique, par la fréquence des rap-
ports diplomatiques entre les deux pays, par rétablissement
d'échanges commerciaux réguliers. Pour des motifs différents, la
Russie et la Chine, vers la an du xvn" siècle, étaient animées,
l'une et l'autre, d'un réel désir d'entente et de paix. La Russie
s* trouvait fatiguée par un siècle d'expéditions lointaines et aven-
;-i mssées à travers la Sibérie, jusqu'en Transbaïkalie et
à l'Amour. Elle cherchait avant tout, — et l'on pourrait dire
que c'était presque l'unique but de ses efforts dans la Sibérie
orientale, — elle cherchait à étendre son commerce jusqu'en
Extrême-Orient. Les courses des Cosaquesen Sibérie au xvn" siècle
voiesauxcaravanesetauxmarchands. C'était
[ diplomates que revenait la tâche de ménager les transitions
l'élit de guerre e! la paix désirée, de chercher les moyens
MJU&Uou Bl de créer une ère de relations pacifiques et com-
ciales. lie son côté, la Chine aussi voulait la paix. Elle
voyait avec inquiétude s'accroître la puissance des Kalmouks ou
de Dzoungarie, Or, près d'eux, sur la Basse-Volga,
vivaient d'autres Kalmouks, les Tuurgoutes, groupés sous l'au-
I. D'aprSt lt> archives russes du ministère des Affaires èlrannère* i Moscou.
7. La «interne de Iranseriplioii d«» noms russes adopie dans rel article
consiste * repnwloire lettre à lettre l'orthographe russe, sans tenir compte
de la prononciation. C'est une Iran se ri pilon visuelle ei non pboaMtqne. La
tign* dur u'rM pas Indique, nuis le signe mou est représente par une apos-
t ligure par ■ ou ». On trouvera doue écrit Aluaiin,
Ctiliivin. Logiiinv , etc., du mots ipii se prononcent Albtxine, Galavine,
46 GASTON CAHEX.
torité suprême du grand khan, Aïouk. A l'est de la Dzoungarie,
dans les bassins de la Selenga, de l'Orkhon, de la Tola, du
Kéroulen s'étendaient les Mongols du Nord ou Khalkhas. Qu'une
alliance réussît à se conclure entre Tourgoutes et Dzoungares,
aussitôt un immense empire se constituait qui aurait occupé
toute la Sibérie occidentale et l'Asie centrale, de la Volga au
Houang Ho, des portes de Moscou aux portes de Pékin. Si les
Eleuthes, profitant de leur supériorité militaire, réussissaient à
écraser les Mongols, c'était toute la frontière septentrionale de la
Chine menacée par un peuple guerrier et redoutable. Enfin, le
danger ne paraissait pas moindre pour la Chine si l'un ou l'autre
de ces trois groupes de nomades, les Tourgoutes de la Volga, les
Eleuthes de Dzoungarie, les Mongols Khalkhas, — ou tous les
trois, — se plaçaient sous la protection de la Russie. C'est la
peur des Kalmouks, c'est la crainte d'une entente entre tous les
nomades de la frontière septentrionale d'une part, et la Russie
de l'autre, qui expliquent les longues et pénibles campagnes de
la Chine contre les Eleuthes et les variations de sa politique
envers la Russie au xvme siècle.
A la fin du xvu* siècle, Chinois et Russes étaient aux prises
sur l'Amour, autour de la petite place d'Albazin. Les Russes
avaient élevé cette forteresse et l'occupaient. Les Chinois tenaient
à l'enlever. Le 7 juillet 16841, ceux-ci emmenèrent prisonniers
à Pékin une trentaine des défenseurs. L'empereur K'ang-hi
envoya à Moscou deux de ces prisonniers d'Albazin. Ils y arri-
vèrent en novembre 1685. Ils apportaient des lettres en latin, en
russe et en mongol où K'ang-hi posait l'évacuation définitive
d'Albazin par les Russes comme condition d'une entente. Dans le
même temps, le siège de la place continuait. Le 12 juin 1685,
les Chinois offraient au gouverneur, Tolbouzin, de capituler. Sur
son refus, la ville était prise le 1er juillet et Tolbouzin contraint
de se réfugier àNertchinsk (10 juillet). Mais, dès le mois d'août
de la même année 1685, Tolbouzin repartait avec Athanase Beï-
ton et quelques renforts pour relever Albazin. Il y réussit, et
cette opiniâtreté exaspéra les Chinois. Ils revinrent avec de l'ar-
tillerie le 7 juillet 1686; huit jours après, Tolbouzin, blessé, suc-
combait. Malgré ces combats acharnés, — ou plutôt à cause
1. Les dates sont toutes citées dans cet article suivant le calendrier julien,
employé en Russie. Il faut ajouter dix au quantième du mois pour avoir la
correspondance avec le calendrier grégorien.
l£LiTIO*S DE M ftCSSIB IKf M CUITE. 47
x, — la Russie et la Chine souhaitaient la fin des hostilités.
Las propositions de K'aug-hi indiquaient des dispositions conci-
liantes. La Russie accueillit ces ouvertures avec empressement.
Elle répondit au message de K'ang-hi par l'envoi de deux
« courriers » ', N. Vénioukov et J. Favorov. Ils devaient annon-
cer que la Russie faisait partir une ambassade solennelle pour
résoudre a l'amiable les différends, en conséquence, prier K'ang-hi
de suspendre les hostilités à Albazin. Vénioukov, Favorov par-
vinrent à Pékin le 31 octobre 1686 (ils y restèrent jusqu'au
14 novembre). Leur mission eut pour effet de décider K'ang-hi à
lever le siège d'Alhazin, en partie le 6 mai, en totalité le 30 août
Cependant, le chef de l'ambassade russe. Th. Al. Golovin,
quittait Moscou le 26 janvier 1686. Ses instructions lui interdi-
saient de céder Albazîn et de livrer le prince daour1 Gantimour,
baptisé et devenu sujet russe. Mais de nouvelles instructions
« personnelles et secrètes » du 14 juin 1687, qu'il reçut le
3U septembre, lui permettaient, en vue d'établir des relations
commerciales régulières, d'abandonner Albazio. Golovin dut
être à la fois général et diplomate. Une petite armée, forte d'un
millier de « striéllsy »3, recrutés à Moscou et en Sibérie, accom-
pagnait l'ambassade. 11 en fut le chef suprême, et elle lui rendit
des services marquants. Golovin avait adressé à Pékin, le
10 novembre 1687, St. Korovîn pour demander à la Chine de
filer l'endroit où se tiendraient les conférences. Korovin, arrivé
à Pékin le 14 mars 1688, y resta jusqu'au 17 avril. Le 21 juin
1688, Golovin recevait de lui avis que Selenginsk était la place
. i> ni de dislinnuer a»ec soin les litre* des envoyé» russes i la cour
Ae fhinr. Le* i Courrier» i, « Honlsy t. ne sont que des porteurs Je mea-
Mge*. Les i Envoyés », i Posbrmiki », ne doivent pu Aire confondus **ec
le* < Ambassadeurs », 4 Poaly ». dont te ranjt est supérieur. Ainsi, Ilbnnt
nVUtt que « Potltnnlk ». Itnitlof • Knvové Extraordinaire », et seuls, le»
ihili des ilcui plus importantes ambassades dans la période ronsidiTi'c, (':«!«•
tia et 8ava Vladislavitcli, eurent le lilre, le premier, d' « AmbassnJeiir l'I.-jii
pulcniikire i, le second, d' ■ Envoyé Eilraordintlre cl Ministre Plénipo-
tentiaire ».
" est le nom t|ue porte la Tran s Laï Italie dans Ici documents nis.ea
du m* siècle. Il est à noter que res mêmes instructions invitaient Golorin a
demander n BMlanhhloti nmsfol il'Onrga (qualifié de » kalmouk ■ dans le
teite) sa médiation entre la Russie cl 1* Chine.
: lue les ■ Btrlêtl») >, mot a mol < tireurs », étaient les soldais
de t'iiifanlerie russe uni ivf et ïVII" siècles. Cet mousquetaires furent abolis
par Pierre le Qnnd en 1808,
48 GASTON CAHEff.
désignée. C'était compter sans les Kalmouks et sans les Mongols.
Les Kalmouks avaient à leur tête un chef hardi et habile, Gal-
dan, que les documents russes appellent Bouchoukhtou ouBochok-
tou Khan1. Il étudiait au Tibet quand le meurtre d'un de ses
frères le rappela en Dzoungarie. Bientôt maître de toute la
Dzoungarie, en 1688 il envahit la Mongolie septentrionale. Une
aile de son armée opérait contre le riche couvent bouddhique
d'Erdeni tszou (sur la Selenga) ; lui-même, avec le gros de ses
troupes, continuait sa marche vers l'est, s'avançait vers le
Kéroulen, barrant ainsi la route de Chine en Sibérie. C'est à ce
moment que le rencontra l'ambassadeur chinois, parti de Pékin
pour rejoindre Golovin à Selenginsk. Les Chinois, sur Tordre de
K'ang-hi, abandonnèrent la partie, revinrent en Chine et en
informèrent Golovin. Celui-ci était aux prises, de son côté, avec
de grosses difficultés. Il semble probable que c'est la diversion
des Kalmouks sur Erdeni tszou qui provoqua une panique chez
les Mongols et leur fuite, les uns, le Houtouktou en tête, vers
le sud, les autres vers le nord, en Sibérie. Mais là ils se heur-
tèrent à l'armée de Golovin. Surpris par cette invasion inopinée,
Golovin se laissa d'abord assiéger et enfermer dans Selenginsk.
Il réussit à se dégager, battit les Mongols au combat du Khilok2
(28 août-16 septembre 1688), leur imposa deux traités d'alliance
défensive et offensive (15 janvier et 12 mars 1689). Malgré les
obstacles, la situation s'améliorait pour les Russes. Elle ne tarda
pas à prendre un tour favorable aux négociations. Golovin reçut
le 7 juillet 1688 des instructions dernières, datées du 29 octobre
1687. Elles lui enjoignaient d'envoyer le porteur, Iv. Loginov, à
Pékin s'assurer des dispositions de la cour; s'il le fallait, Logi-
nov traiterait à Pékin même avec les pleins pouvoirs d'un
ambassadeur. Loginov arriva à Pékin le 13 mai 1689 et recon-
nut que la Chine se montrait toute disposée à une entente. Les
ministres chinois se préparaient à un nouveau départ pour la
1. Il descendait du prince Khotokhotszin', surnommé le B a tour Khoun-tailchji.
Les successeurs de ce prince continuèrent à porter ce titre, dont les Russes,
1rs jésuites, etc., firent le mot « Konlaicha >. Voy. A. Pozdniée?, la Chronique
mongole, c Erdéniin Erihhé >, Saint-Pétersbourg, 1883, in-8*, p. 175 et suiv.
(en russe); Contribution à C histoire des Kalmouks de Dzoungarie (en russe),
dans : Zapiski de la Société /. russe de géographie, section d'ethnographie, t. X,
li?r. 2. Saint-Pétersbourg, 1887; tirage à part : Saint-Pétersbourg, 1887, in-8<>,
p. 240, n. 1.
2. Affluent de droite de la Selenga.
■ KLiTlftVS DE M BDSSIE AVEC U f.niVK. 40
du nord; Nertchiosk, plus à l'est, plus éloignée que
usk du théâtre des hostilités, serait le lieu de la rencontre.
ces conditions, le rôle de Logmov était terminé; il s'effaça
devant Golovin. Les conférences commencèrent à Nertchinsk à
partir du 12 août 1689. Les PP. Gerbillon et Pereira, qui
accompagnaient le ministre chinois Songotou et ses compa-
gnons, jouèrent un rôle actif dans les négociations. La défection
des Braies ou Mongols Boudâtes et des unkotes, qui passèrent
aux Chinois sous Nertchinsk même, au milieu d'août, la faiblesse
de la petite armée de Golovin et des garnisons de Sibérie obli-
gèrent l'ambassadeur russe à des concessions. Par le traité de
Nertchinsk (27 août-6 septembre 1689), Albazin dut être rasée,
Argoun déplacée sur la rive nord de la rivière du même nom; la
Gorbitsa, petite rivière qui se jette dans la Chilka, formait limite
entre la Russie et la Chine. A l'est de la Gorbitsa, la frontière
était laissée indécise jusqu'à une nouvelle ambassade. On déci-
dait seulement qu'elle passerait par la chaîne de montagnes qui
sépare la Gorbitsa du Toungir (c est-a-dire le bassin de l'Amour
de celui de la Lena) et se prolongerait a l'est par les « Monts de
pierre », « Kamennyia gory », et la rivière Ouda, qui ne repré-
sentaieutà cette époque que de vagues indications géographiques.
Les « transfuges »' devaient être désormais extradés, les rela-
tions commerciales développées.
Ainsi, la Chine avait forcé la Russie à reculer. Une section de
la frontière se trouvait délimitée. Mais l'œuvre de partage restait
. << lievée, tant a l'ouest de Nertchinsk qu'à l'est. Ce fut
■e des ambassades suivantes de chercher, du côté de la
dévelupper les rapports commerciaux ; pour la Chine, à
la démarcation de son territoire.
traité de Nertchinsk était à peine signé que les Kalmouks
offrirent aux Russes une occasion de preudre leur revanche. A la
nouvelle du traité, désavantageux pour les Russes, Galdan leur
adressa, à Nertchinsk et à Irkoutsk, ses émissaires. Le 22 février
1690, ils rencontrèrent à Irkoutsk Golovin, qui s'en retournait à
Moscou. Ils lui remirent une lettre de Galdan, où il excitait les
Rosses à une action, de concert avec lui, contre les Mongols. Golo-
t. Il faut entendre par ■ transfuges i les gens qui pu
Vin ou l'autre empire sans joloriMlioo spéciale. fti|teei
iUri!*nl rainuift rtr* iltuerteuf».
Rsv. Hi.ro». XGIV. 1" fasc.
50 GASTON GAHEIf.
yin, dans sa réponse, encouragea le Eontaicha1 à la guerre, mais
déclina toute alliance offensive. La Chine aurait appris la réserve
de l'ambassadeur russe et en aurait témoigné sa satisfaction :
cette conduite lui permit de se tourner tout entière contre Gal-
dan, de le vaincre à Oulanboutoun (1690), de l'anéantir en
1696. La Russie ménageait la Chine, autant à cause de son
propre épuisement que dans l'intérêt de la paix et du commerce.
Elle entendait appliquer désormais tous ses efforts au développe-
ment de ses relations commerciales avec l'Empire du Milieu.
Aussi fit-elle choix d'un agent de commerce, trois ans après le
traité de Nertchinsk, pour la représenter à Pékin. L' « Envoyé »
Izbrant se qualifie de marchand danois. Il faisait du trafic par
mer à Arkhangelsk. La cour de Russie lui confia une mission
commerciale en Chine : il devait fournir un rapport exact sur les
produits d'importation et d'exportation entre la Russie et la
Chine et essayer d'attirer les marchands chinois à Moscou et
dans toute la Russie. Il devait aussi s'informer secrètement
des intentions du Bogdy Khan2 sur la partie de la Daourie
(ou Transbaïkalie) laissée indivise. Parti de Moscou le 14 mars
1692, Izbrant resta à Pékin du 3 novembre 1693 au 19 février
1694. Admis à l'audience impériale, il ne put faire accepter ni la
« Gramota »3 des tsars ni les présents dont il était chargé. Les
Chinois alléguèrent que, dans cette pièce, les titres de leur
maître étaient écrits au-dessous des qualifications des tsars et y
virent un manque de respect. Izbrant se vit obligé de revenir
sans avoir pu remplir sa mission. Tout au plus fut-il en état de
donner quelques indications, d'après le dire des Jésuites, sur les
dispositions pacifiques de K'ang-hi et d'apporter un petit nombre
de remarques sur le commerce. De retour à Moscou, le 1er février
1695, il transmit une lettre datée du cinquième jour, deuxième
mois de la trente-troisième année de K'ang-hi. Elle lui aurait
été donnée par les ministres de l'empereur en réponse aux pré-
tentions qu'il leur avait exposées point par point, suivant ses
instructions. La lettre est écrite en très mauvais russe, et, avec
1. Sur ce mot, voir ci-dessus, p. 48, n. 1.
2. Nom que les Russes donnent à l'empereur de Chine. Il paraît dérifé du
mot mongol « bogdo >, « saint ».
3. « Gramota », c lettre », était le nom réserfé aux communications offi-
cielles du Collège (Ministère) des Affaires étrangères, du Saint-Synode, etc.
EELATI01S DE La RUSSIE AVEC U CnHE. 51
les difficultés de lecture, il est à peu près impossible de l'entendre
pleinement1. Elle semble indiquer que la frontière n'est pas
encore établie du côté de la Mongolie et que les Chinois reçoivent
le* marchands étrangers en Chine mais ne sortent pas de leur
propre pays.
Cependant, les relations de la Chine et de la Russie avec les
Kalmouks gardaient, en se prolongeant, un caractère différent
pour l'une et pour l'autre puissance. Si Galdan se vantait à tort
de secours importants que lui auraient fournis les Russes, du
moins est-il sûr que les rapports de la Russie avec les Kalmouks
restèrent amicaux dans les vingt-cinq années qui suivirent le
Iraité de Nertchinsk (1689-1714). Départ et d'autre, on échan-
geait des ambassades, et les Boukhariotes, agents commerciaux
dn Kontaicha, trouvaient facilités et même faveurs pour leur tra-
fic en Sibérie. La Chine, au contraire, continuait ses campagnes
contre les Eleulhes. A Galdan avait succédé son neveu, Tsevaug
Raptan (1697), qui, non seulement reprenait la politique agres-
sive de Galdan, mais cherchait, par des alliances ou par la force,
a m constituer un vaste empire en Asie centrale, au détriment
4e* Mongols, des princes du Koukou Nor, du Tibet.
Kst-ce au désir de susciter sur tes derrières de Tsevang Rap-
lan un adversaire inopiné qu'il faut attribuer l'envoi par la
Chine d'une ambassade aux Tourgoutes de la Volga en 1713?
"i-h-tch'en en fut le chef. Il déclare que ses instructions loi
interdisaient de conclure avec les Tourgoutes une alliance offeu-
*ire contre les Eleulhes. S'agissait-il alors d'obtenir d'eux une
neutralité favorable? Faut-il croire que la Chine se fût exposée
aux difficultés d'une ambassade à travers la Sibérie pour avertir
le khan des Tourgoutes, Aïouk, que son neveu, Arabtchour-,
•-lait retenu et bien traité à Pékin? Reste une hypothèse : elle est
exprimée par Glazounov, secrétaire du Collège (Ministère) des
Affaires étrangères, qui avait mission officielle d'accompagner
les ambassadeurs chinois en Russie h leur voyage de 1731. Fon-
I. An»), «tir la demande de la Russie, le Li-hn-yum, sorte de Ministère
éM—ts de* Affaire» étrangères, aji>ul<i-t-i1 désormais m»' traduction en lalin
t te* ItUrm en mongol et en russe.
' f «Ull parti, plusieurs années. *upar*»anl, en pèlerinage au Tibet.
A tw retour, Il avait Ir.mié la route coupée par les armées kalmouke*. Il
• Hall alors dirigé tv% la Sibérie par Pékin. Mais là. H semble qu'on l'ait
fard* eouune ulâge, dan* une sorte de demi-caplUile.
52 GASTON CAHEN.
dant son opinion sur le dire des personnages mêmes de l'ambas-
sade, il prétend que l'ambassade de Toulitch'en, en 1713, aurait
eu pour but d'engager les Tourgoutes à revenir dans l'empire
chinois1. Si, sur la foi de T'ou-li-tch'en, on écarte l'idée d'une
proposition d'alliance offensive entre la Chine et les Tourgoutes
contre les Éleuthes, le dessein indiqué par Glazounov parait fort
vraisemblable. Ce qu'il y a de sûr, c'est que la Chine se montra
satisfaite de l'accueil fait en Sibérie et en Russie à son représen-
tant et le témoigna par une lettre datée du 27, troisième mois,
cinquante-cinquième année de K'ang-hi, ou 18 avril 1716. Elle
alla plus loin encore. A cette époque (1716), le gouverneur de la
Sibérie, le prince Mathieu Pétrovitch Gagarin, envoyait une expé-
dition militaire, sous la conduite du lieutenant-colonel Boukholts,
à la recherche du sable aurifère d'Yarkand, ville qu'on croyait
toute proche de Tobolsk. Remontant l'Irtych, la petite colonne
se heurta, vers le lac Iamychev, à un parti de Kalmouks et subit
un désastre; elle dut rétrograder. La nouvelle de cette tentative
malheureuse (qui fut une des causes de la disgrâce de Gagarin)
parvint jusqu'à Pékin. La Chine y saisit aussitôt un prétexte à
intervention, et, par lettre du 13, troisième mois, cinquante-
sixième année de K'ang-hi, ou 23 avril 1717, se référant à une
lettre antérieure, elle proposait à la Russie une alliance offensive
contre le Kontaicha. Si cet accord ne réussit point à se nouer, du
moins la Chine ménageait-elle la Russie.
Celle-ci vit dans des dispositions si favorables un gage de suc-
cès pour une ambassade. La Russie avait toujours l'esprit fixé
sur les intérêts de son commerce. En outre, le bruit des expédi-
tions chinoises en Dzoungarie l'inquiétait : il lui importait d'être
fixée sur les forces et les ressources de ses adversaires. Aussi
l'envoi d'une ambassade décidé, un officier en fut-il le chef : le
capitaine de la garde du corps Léon Izmaïlov. Il avait à recueil-
lir toute information concernant l'armée et la guerre des Chinois;
mais c'est sur les rapports commerciaux avant tout que portent
les instructions du Collège des Affaires étrangères et celles du
Collège du Commerce. C'est pour le commerce que lui est adjoint
le Suédois Lorents (Laurent) Lang, qui avait déjà fait le voyage
de Chine (avec le médecin Harvin en 1716-1717)8. Chercher à
1 . Les Tourgoutes avaient passé dans les bassins du Kouban, du Jaïk (Oural)
et de la Volga vers le milieu du xvn* siècle.
2. Parmi les personnages de l'ambassade d'Izmaïlo? se trouvaient encore
ULiTlORS DE U RUSSIE «TEC LA OOtt. 33
ivelopper les rapports commerciaux entre la Russie et la Chine,
et, a cet effet, demander l'admission d'une caravane tous les ans,
obtenir la liberté du commerce avec exemption des douanes dans
tout l'empire chinois, la création d'un tribunal de commerce,
l'établissement d'un agent consulaire à Pékin, d'un sous-agent
en province, enfin, négocier pour la fondation d'une église ortho-
doxe à Pékin, tels sont les principaux points de ces instructions.
Izmaïlov avait ordre d'employer les jésuites à ses desseins; pour
prix de leurs services, leur correspondance serait admise à pas-
ser par la Sibérie. Pour éviter tout froissement, dans la « Gra-
mota > impériale, les titres de l'empereur de Chine étaient énu-
i le Isar n'avait mis que son prénom. Izmaïlov quitta
Saint-Pétersbourg le 16 juillet 1719, fut à Pékin du 18 novembre
1720 au 2 mars 1721 et rentra à Moscou le 13 jauvier 1722.
Malgré les exigences de T'oii-li-tch'en (après son ambassade il
paraît chargé des affaires avec la Russie), Izmaïlov trouva des
dispositions conciliantes et jouît du meilleur accueil. Il consentit
à écrire directement au prince Tcherkaskii, gouverneur général
de la Sibérie, au sujet de sept cents transfuges réclamés par la
Chine. Cette satisfaction et surtout les heureuses nouvelles par-
venues de Dzoungarie (succès de la Chine en 1719 et 1720)
agirent favorablement sur les Chinois. Si l'Envoyé extraordinaire
ne put arriver à signer un traité de commerce, il réussit du
moins à obtenir l'entrée de la caravane et le droit de séjour* pour
D terrain fut cédé pour la future église, qui devait être
pourvue d'un archimandrite. L'empereur lui-même donnait des
marques de bienveillance; déjà il avait soldé sur sa cassette per-
les dettes des marchands chinois envers les Russes.
K'ang-hi eut encore avec Izmaïlov plusieurs entretiens amicaux.
A l'audience du 28 novembre 1720, il indiquait pour les mar-
chands russes, — peut-être avec une arriére- pensée politique, —
l'Irtych comme la voie la plus courte de pénétration en Chine.
A ce moment, toutes les pensées de la Chine étaient tournées vers
les Kalmouks; sur eux et sur les forces militaires des Chinois, le
capitaine sut rapporter des renseignements précis. Enfin, à la
faveur des circonstances et sous l'habile direction de Lang, il
Gluaaoof comme secrétaire (le même qui accompagna ensuite Sava Vladisla-
«rlch en CUk en 1727-1728 et le* ambassadeur» chinois a. Moscou en 1131), le
néiUcin J. Ilell, qui écrivit une relation de «on «oyane, [>arue seulement en
1163, et i archimandrite dL-koulsk, Antoine Plalkovikii.
54 GASTON ClHEÎt.
semblait que le commerce russe en Chine fût appelé à prospérer.
Il n'en fut rien, et ce sont encore les rapports de la Russie
avec les Kalmouks qui expliquent le revirement de la Chine.
Bien loin de chercher à venger l'échec du Iamychev, la Russie,
dans les années suivantes, s'efforça d'amener le Kontaicha à sa
clientèle, comme elle l'avait fait pour le khan des Tourgoutes,
Aïouk. Iv. Dm. Tchérédov, dépêché de Tobolsk à Tsevang, le
28 juin 1719, resta auprès de lui jusqu'au 9 janvier 1721 . Il
obtint du Kontaicha une vague promesse de soumission, à la con-
dition que les Mongols lui fussent livrés comme les Mangoutes à
Aïouk. L'envoyé que Tsevang adressa en 1721 à Saint-Péters-
bourg, Borokourgan, repartit, accompagné du capitaine d'artil-
lerie Ounkovskii, chargé de conclure avec le Kalmouk un traité
ferme. Malgré une année d'efforts (17 novembre 1722 au 18 sep-
tembre 1723), il ne semble pas qu'il y ait réussi, et un nouvel
agent kalmouk, Darja, s'en vint en Russie continuer les négo-
ciations. Mais ces relations avaient éveillé la défiance de la Chine.
Ses dispositions conciliantes ne tardèrent pas à se changer en
malveillance, puis en animosité contre la Russie. Lang, resté à
Pékin après le départ d'Izmaïlov, fut obligé de s'en retourner
avec la caravane d'Istopnikov (11 juillet 1722). De Selenginsk,
il ne put, durant les trois années suivantes, que relever l'attitude
des Chinois, chaque jour plus hostile; malgré un oukaze du
4 juillet 1722, ordonnant de rechercher et de rendre à la Chine
ses transfuges, dès la fin de 1722, les Russes sont expulsés
d'Ourga; l'évêqueKoultchitskii, nommé à Pékin en remplacement
d'Ilarion (mort vers 1719), ne peut franchir la frontière. La cara-
vane de Tret'iakov n'est pas admise.
Cependant, la Chine désirait tourner toutes ses forces contre
les Éleuthes. Pour ce dessein, la paix définitive avec la Russie
était nécessaire. La Chine laissait paraître ce souci par l'envoi
successif à la frontière russe de personnages chargés de se faire
livrer les transfuges, et, au besoin, d'engager des négociations
diplomatiques générales. Lang relevait cette attitude, en signa-
lait le caractère conciliant. D'autre part, la Russie connaissait
les difficultés de la Chine dans ses campagnes contre les Eleuthes et
la misère des Mongols, que les incursions continues des Kalmouks
avaient ruinés. L'occasion lui sembla propice pour tenter une
action diplomatique importante et obtenir des avantages.
Elle disposait alors de quelques agents remarquables : Lang,
RËLiTfOIS l>R U RUSSIE tTBC La Cil MIS. 55
ir île plusieurs années en Chine et à la frontière ren-
dait précieux pour les intérêts du commerce; le comte d'Illyrie
Sava Vladislavitch1, jadis marchand de fourrures, que son âge
:.!■ eu 1668), son expérience des affaires et sou intelli-
gence peu commune recommandaient aux faveurs de la cour.
L'ambassade qu'il eut à diriger est plus considérable, — par son
ampleur el ses résultats, — que toutes les autres. C'est le plus
▼aate effort diplomatique, dans les rapports de la Russie avec la
Chine, depuis les origiues jusqu'à la seconde moitié du m* siècle.
Cette ambassade réunit les caractères de chacune des précé-
dentes ; mais l'expérience avait appris à diviser la tâche. A Sava
Vladislavitch étaient réservées les discussions diplomatiques;
Lan g devait l'aider dans le règlement des affaires commerciales.
Le commissaire Kolytchov, précédemment chargé de délimitation
de frontières en Turquie et en Pologne, avait mission de lever une
carte et d'y proposer la démarcation des territoires. Les forces
Matent placées sous la direction du colonel Boukholts;
enfla, deux clercs de Moscou accompagnaient l'ambassadeur
comme élèves de chinois. Ajoutez que Sava Vladislavitch dispo-
sait encore du personnel de la caravane, administrée par Alex.
Tret'iakov puis (2 mai 1726) par D. Molokov, et des géodésieus
mis au service des commissaires. Ses instructions répètent celles
d'izmaïlov (importance prépondérante du commerce, — admis-
sion de la caravane, — liberté des transactions, — établissement
d'un agent consulaire, — entremise des jésuites). Elles lui
ordonnent, en outre, de trancher les différeuds relatifs aux trans-
fuges et de proposer un accord pour la frontière, — de chercher
à introduire en secret l'èvêque Koultchitskii, — de s'informer des
forces militaires de la Chine el du Kontaicha, Une aussi grosse
entreprise ne put s'exécuter d'un coup. Pendant que les commis-
Mires Kolytchov, pour la Russie, et Lougotou, pour la Chine, opé-
raient à la frontière, Sava Vladislavitch, parti de Saint-Péters-
bourg le 12 octobre 1725, arrivé à Pékin le 21 octobre 1726,
entrait en communication directe avec les ministres de Yong-
I D»m juruii dri Ire* nom lire lu uVutnanls Att archives nt«n-'s r|iii le con-
cernent il nï'tl deiignt? autrement qae pir CM deui nom» Le locnnil. maigre sa
dédnenu milea pour le* aomi patronymique* rusws, *»l le nom Je famille,
Cf., f*r ejetnple. ki OLcotioïilrh, etc. L r|nthele <le ■ Raiçouainskli >, qu'on lui
iUiit.ii" [.iifui-, «îgnlliemil ■ de IUgu»e >. On ne la IroiiTe nulle part dune
lw artnireu ruâtes de MOSCOU.
56 GASTON CAHBfl.
tcheng. Grâce aux dispositions pacifiques de l'empereur, grâce h
la remarquable intelligence du représentant de la Russie, après
trente conférences, un projet de traité, présenté par Sa va Vladis-
lavitch le 19 janvier 1727, était adopté dans ses grandes lignes.
C'est sur place, à la frontière même, que dut se conclure l'accord
définitif. Longotou, par son obstination à ne céder aucune par-
celle du territoire mongol, faillit compromettre toute l'œuvre.
Rappelé le 8 août 1727, ses pouvoirs passèrent à ses compagnons,
Tsyren Van, chef mongol, gendre de l'empereur, que Sava sut
circonvenir, et T'ou-li-tch'en. Un traité préliminaire fut signé sur
la Bouria le 20 août 1727; le 27 octobre de la même année et le
17 mai 1728, les commissaires Glazounov, pour la partie à Test de
Selenginsk, et Kolytchov, pour l'ouest, échangeaient avec leurs
collègues chinois les instruments fixant la frontière. Enfin, le
14 juin 1728 intervenait le traité définitif ou traité de Kiakhta.
Il établissait, sur une longueur de près de 4,000 verstes, la
frontière russo-chinoise, depuis les états du Kontaicha kalmouk
jusqu'aux territoires du bassin de l'Amour laissés indivis. Comme
par le passé, les transfuges devaient être rigoureusement extra-
dés. Suivant les vues de l'ambassadeur, le commerce était inter-
dit en Mongolie et reporté dans deux places- frontière, Kiakhta,
sur la Selenga, et Tsouroukhaïtou, près de Nertchinsk. Une seule
caravane était admise tous les trois ans à Pékin. La mission
orthodoxe à Pékin avait le droit de s'adjoindre, entre autres, six
élèves de langues mandchoue et chinoise. Revenu à Moscou le
18 décembre 1728, Sava Vladislavitch put se flatter d'avoir rem-
porté un véritable succès : il avait mis un terme à ces irritantes
questions de déserteurs et de frontières, pendantes depuis le traité
de Nertchinsk, donné au commerce un appui solide par la créa-
tion de Kiakhta, par la réorganisation des conditions d'échange.
Enfin son activité s'était étendue sur tous les domaines, et c'est
presque une transformation complète de la Sibérie que produisent
ses conseils; les places de la frontière sont restaurées pour pallier
l'effet déplorable des révélations de T'ou-li-tch'en sur la faiblesse
militaire de la Sibérie 1 ; les gouverneurs sont rappelés à l'obser-
J. T'ou-li-tch'en écrivit une relation de son voyage intitulée : Journal d'une
mission à l'étranger. Voy. Courant, Cat., Bibl. nat., fasc. I, n* 1889. Le livre
parut en mandchou et en chinois. La traduction anglaise de Staunton : Narra-
tive of the Chinese Embassy to the khan of the Tourgoulh Tartars in ihe
years, 1712, 13, i4... London, 1821 (voy. Cordier, Bibl. sin., I, col. 263), est
BRLlTlOXS l>E Ll IDmi *VtC Ll CHMK. 57
ration stricte de leurs devoirs; les fraudes des marchands, les
abus de tous genres sont relevés et autant que possible prévenus.
Enfin cette ambassade a servi l'histoire et la géographie par les
explorations et travaux cartographiques qu'elle amena, par l'éta-
blissement a Pékin de ces élèves interprètes dont quelques-uns
devinrent des traducteurs et des savants.
A peme dégagée de ses négociations avec la Russie, la Chine
86 tournait à nouveau Contre les Kleiilhes. Dès 1729, elle repre-
nait l'offensive et cherchait à appuyer ses opérations militaires
d'une action diplomatique. Une ambassade spéciale, ménagée par
une ambassade et des présents à la cour de Russie, partait en
1731 chez les Tourgoutes de la Volga. Elle devait exciter contre
le nouveau Kontaicba kalmouk, Galdan Tcheren', son fils Lo<iu-
zang Cbonon et son beau-frère Lozon Tcheren, tous deux réfugiés
sur la liasse- Volga . Peut-être aussi prolongeait-elle l'ambas-
sade de T'ou-ii- tch'en en conseillant la transmigration des Tour-
goutes en Chine. En tons cas, la Russie s'inquiéta : une seconde
ambassade chinoise, arrivée à la frontière russe le 27 avril
1732, était admise à porter ses présents* à la cour; mais de nou-
veaux envoyés aux Tourgoutes se voyaient refuser le passage
par la Sibérie, La Chine, battue par les Kalmouks en 1731 au
lac Kbotoun Kourkha près de Kobdo, prenait sur eux sa revanche
*n 1732, grâce à l'appui du prince mongol Tseren. A l'avène-
ment de K'ien-Iong, les négociations pour la paix n'étaient pas
terminées. Durant la plus grande partie du XYin" siècle, les rela-
tions respectives de la Chine et de la Russie avec les Kalmouks
gardèrent une importance primordiale pour les rapports diploma-
tiques et commerciaux des deux puissances.
Jusque-là, les intermédiaires indispensables entre les denx pays
: les jésuites. C'est eux qui parlaient latin aux confé-
rences de Nertchinsk. eux qui traduisaient en latin les lettresdu
Li-hn-vuau à la cour de Russie. Aussi leur ride est-il intéressant
à considérer au milieu des exigences et des persécutions des deux
cours. Du temps de l'empereur K'ang-hi, ils trouvaient protec
faite uit l« l<->le rninois. Le leit<* mandchou a èlé pour la première foi» Ira*
dall par un do Élèves île la mission orlbodoie de Pékin, qni partit en Chine
■HkBM ■prit le Irait* de KiakbU. Ronjokhin. Sa Iraduction e*t imprimée
:i HuUrt, tjfntfuatchnot SMc/dnenit, 1764.
. tl «itt'da 1 IVring ftauUn en 1717.
. Il» Maienl cttlnic» 1 IU),000 i lin* > (Icangs ou laïls) u'jrgnil.
58 GASTON CAHBN.
tioû et faveur auprès d'un monarque ami des lettres et des
sciences : ils servaient alors le parti de la Chine, et les rapports
de Golovin les accusent de partialité pour leurs maîtres. Du moins
refusèrent-ils la proposition des Russes d'ajouter dans l'exem-
plaire latin du traité de Nertchinsk une clause secrète, relative à
Albazin, qu'ils eussent été seuls à connaître et à comprendre. A
cette époque, en Russie, les religieux de la Compagnie se voyaient
en butte aux dénonciations du patriarche de Moscou, Joachim,
et aux poursuites du gouvernement. Mais la situation privilégiée
des jésuites à Pékin ne se prolongea point, et, à mesure que s'ac-
centuent contre eux les dispositions hostiles, ils se rapprochent de
la Russie. Un mémoire en chinois, en mandchou et en latin,
remis le 31 octobre 1716 aux Européens en Chine, réclame des
nouvelles sur les PP. A. Barroset A. Beauvolier, partis en 1706,
sur les PP. J. Provana et R. d'Arc, disparus depuis 1708, et
qu'une lettre antérieure signalait à la Russie. Le 25 juin 1717,
le P. Stumpf, qualifié de supérieur de la communauté, s'adresse
au tsar pour donner avis à l'empereur Charles VI et à Rome de
la situation critique où les jette la persécution. Ces requêtes
furent entendues du jour où Lang informa le Collège des Affaires
étrangères d'un service notable rendu à la Russie parles jésuites.
Dans son rapport daté de Pékin, le 21 octobre 1721, reçu à
Moscou le 11 juillet 1722, Lang raconte qu'on avait exigé de lui
des passeports pour quatre mandarins chargés d'aller examiner
une idole à la Saïssan Kamen' (non loin d'irkoutsk); déjà il y
avait consenti quand un jésuite lui révéla le but réel de l'expé-
dition : il s'agissait d'aller placer des bornes qui serviraient de
frontière lors du futur partage. Averti, le Collège des Affaires
étrangères eut soin d'interdire l'entrée des mandarins suspects
et une enquête n'aboutit qu'à la découverte de vagues antiquités
sur le Tchakoul. Désormais les jésuites trouvèrent à la cour de
Russie reconnaissance et dispositions favorables. Izmaïlov eut
ordre de recourir à leurs bons offices en leur offrant, en retour,
le libre passage de leur correspondance par la Sibérie. Les ins-
tructions de Sa va Vladislavitch sont identiques sur ce point; et
celui-ci sut employer les PP. portugais et surtout le P. Parrenin.
Dès le 22 avril 1726, il lui adressait une lettre secrète en italien,
et, au cours des négociations, l'action du Père fut si sensible et
si heureuse pour la Russie que Sava rémunérait l'émissaire des
jésuites, un personnage de la cour nommé Masi. Mais l'impor-
■cutious nu h bfssie avec lj chue. 59
tan oo des jésuites diminuait avec l'empereur Yong-tcheng;
d'autre part, la Russie sentait la nécessité de traducteurs pour le
chinois, le mongol, le mandchou : une lettre en chinois du Li-fan-
vuao, reçue le 3 mars 1725, avait dû être renvoyée à Selenginsk
fauto d'interprètes et n'arriva traduite au Collège qu'un an après;
Izmaïluv avait éprouvé des difficultés à recruter1 un bon inter-
prète de mongol. Aussi l'archimandrite Ant. Platkovskii avait-il
organisé à Irkoutsk une école de mongol et de russe qui fonc-
tionna une dizaine d'années {jusqu'en 1731). C'est lui qui, à la
tète de l;i mission orthodoxe de Pékin, était chargé de surveiller
un des élèves île langue, établis par les conventions de
Sava Vladislavitcu. L'ambition de la Russie était d'arriver à se
passer d'intermédiaires.
Les rapports se multipliaient en effet entre la Russie et la Chine,
et les relations officielles étaient loin de former la plus grosse part
de ces transactions. Ce sont des marchands russes qu'on trouve
continuellement à Pékin et en Mongolie, et c'est le commerce qui
constitue la base même et la raison d'être des relations diploma-
tiques. Source de profit pour le fisc russe et, en fraude, pour les
particuliers, les échanges paraissent n'avoir eu qu'une médiocre
importance pour les trafiquants chinois. Du moins convient-il de
relever les conditions de ce commerce, ses voies à travers l'Asie,
tes objets.
Le commerce avec la Chine est un monopole de la Couronne.
Pour se joindre à la caravane, il faut oukaze impérial et Gra-
mota du Sibirskii Prikaz1 (oukaze du 16 mars 1693), sous peine
de mort en cas de contravention (oukaze du 28 janvier 1706).
Certains articles sont interdits aux particuliers : les zibelines et
reliants noirs, — le tabac, — la rhubarbe, ■ — les armes et muni-
tions; le trafic d'esclaves est, de même, réservé au fisc. Presque
toutes les infractions sont punies de mort par la loi. Le 8 avril
IT^ij. Tret'iakuv est le premier qui reçut autorisation d'emporter,
aTec les marchandises de l'Ktat, des marchandises privées; leur
raleor ne devait pas s'élever au delà de 6,000 roubles-, et Tret'ia-
kov mourut avant d'avoir pu jouir de son privilège. Maigre ces
défenses rigoureuses, le commerce clandestin se développait <■! les
fraudes étaient aussi nombreuses que variées. D'une part, les
I. Sorte Je Iti
î. ïal«or actuelle du
pour avoir U valeur ipprumuali te <le l'argent
Ministère <le la BMrlS.
■Me : 1 Ir. G5. Il faut Multiplier ce aomb:
luicncetuent <lu i
60 GASTON CAHEX.
gouverneurs de Sibérie ne se faisaient nul scrupule d'adresser, de
leur propre autorité, émissaires et marchands en Chine. Les
ministres chinois révélèrent à Sava Vladislavitch plus de cin-
quante expéditions de ce genre, bien que la cour n'eut officielle-
ment envoyé que les ambassades indiquées ci-dessus. L'exemple
le plus frappant fut donné par le gouverneur général de la Sibérie,
le prince Mathieu Petrovitch Gagarin, qui du reste paya ses exac-
tions de sa tète. De leur côté, les marchands, attirés par l'appât
du gain, trouvaient mille manières de frustrer le fisc. Il se faisait
un actif commerce de fourrures à Ourga, souvent en cachette,
malgré la présence d'un inspecteur russe dans la ville. Dans la
Sibérie occidentale, à Tobolsk, à la foire d'Irbit, à Tomsk, même
à Irkoutsk et jusqu'en Transbaïkalie, le commerce était presque
tout entier aux mains des Boukhariotes. Agents du Kontaicha
kalmouk, ils se voyaient, à ce titre, ménagés et déchargés d'une
partie des douanes. Avec leurs relations en Sibérie et en Chine,
leurs associations et leurs compagnies, il était impossible, — de
nombreux documents officiels le reconnaissent, — d'arrêter leurs
fraudes. Cependant le gouvernement multipliait les précautions.
Des douanes étaient installées aux portes de la Sibérie, l'une à
Verkhotour, dans la Sibérie occidentale, l'autre à Nertchinsk,
près de la Chine. Chacune devait fournir le relevé des marchan-
dises et la quittance d'acquittement des droits. Copie de cette
sorte de « mémorandum double » était envoyée à l'autre bureau.
Elles percevaient la dîme, en nature sur les dizaines complètes,
en argent sur les autres. Par la Sibérie, par le couvent de l'Am-
bassade sur le Baïkal, les caravanes officielles s'acheminaient
vers Pékin. A la frontière, plusieurs passages s'offraient à elle.
Les premières suivirent le plus long, mais le plus sûr, la route de
Nertchinsk par le sud-est vers Naoun (Tsitsikar) et Pékin. Ce fut
celle de Sp. Liangousov, 1696-1699, de G. Bokov, 1699-1701,
de Iv. Savatiéev, 1702-1704. La route de l'Orkhon et de la Tola,
pour dure qu'elle fût, avait l'avantage d'être parcourue en
soixante-dix jours au lieu des cent cinquante de la voie précé-
dente. Aussi, dès le début du xvme siècle, les caravanes la
prennent-elles presque toutes (G. Oskolkov, 1704-1 706 et 1711-
1715, P. Khoudiakov, 1706-1708 et 1711-1713, M. Gousiat-
nikov, 1714-1718, Th. Istopnikov, 1718-1723). La route du
Kéroulen, la plus directe, était fermée par la Chine. Par excep-
tion, Lang la suivit avec la caravane de 1731, à cause des inva-
lEUTtOXS DE U BOSSIE »ÏEC LÀ CfltSE. Ri
stons kalmoukes. La Russie eut aussi l'idée d'utiliser un chemin
par l'Irtych, à travers les états du Kontaicha , et la Chine
aurait favorisé ce dessein, — la proposition de K'aug-hi à Izmaî-
lov semble l'indiquer — : c'eût été une occasion de conflits per-
pétuels entre ses deux voisins. Parvenus à Pékin , les deux
cents membres de la caravane officielle (la Chine n'en tolérait pas
davantage) étaient entretenus, comme le personnel de la mission
orthodoxe, aux frais du Bogdy Khan. Ce n'est pas la crainte de
la concurrence qui rendait méfiants les Chinois : leurs exporta-
tions semblent dépasser de beaucoup leurs achats. La Chine rece-
vait de la Russie des fourrures, des objets manufacturés en étain
ou en plomb, des montres; ses sujets mongols se fournissaient de
draps européens à Ourga. La Russie, en Chine, recherchait sur-
lout les damas et soieries, les lingots d'or et d'argent nécessaires
au Trésor ; les porcelaines ne venaient qu'en seconde ligne. Les
plantes formaient un objet d'échange important : le thé, à cette
époque, apparaît à peine; par contre, les plantes médicinales sont
prisées, l'anis et, en particulier, la rhubarbe. Le tabac chi-
boule chinoise », * kîtaïskii char >, fait sur les marchés
une concurrence acharnéeà la « nicotiane », introduite
ident par les Anglais. Cependant le commerce officiel de
Sibérie est peu actif. L'ambassadeur français Campredon, généra-
lement bien informé, l'évalue, en 1721 , à 200,000 roubles. Pour
Faugineuter, malgré les tendances delà cour, vers 1726-1727. à
i U; monopole d'un certain nombre d'articles, Sava Vla-
dislavîteh fit prévaloir ses idées : suppression absolue du com-
Mongolie, privilège exclusif de la Couronne à Pékin et
marché d'échanges à Kiakhta. La Chine, bien pourvue de four-
rures par la contrebande de Mongolie, et qui avait toujours
cherché à éloigner les Russes de Pékin, vit avec plaisir le com-
merça reportés la frontière. Si Tsoiiroukhaïlou, prèsNertchinsk,
mal situé, ne larda pas à disparaître, Kiakhta fut solidement
établi et prosjiéra. Cependant, jusqu'au deuxième quart du
xvili" siècle, monopoles, privilèges et peines les plus sévères
n'avaient pu triompher du trafic clandestin : Sibériens, Boukha-
rloles et Mongols, à défaut du fisc impérial, y trouvaient leur
intérêt.
Ainsi les rapports de la Russie avec la Chine s'étaient notable-
ment modifiés de la fin du xvii* siècle à l'époque où nous sommes
parvenus. Vers 1680-1689, toute la région de l'Amour, toute la
62 GASTON CAHBlf. — RBLATIOXS DE LA RUSSIE AVBC LA CHIITE.
Transbaïkalie même retentissait du bruit des armes : les Chinois
cherchaient à refouler les Russes au delà du bassin de l'Amour,
les Mongols aidaient les Chinois, les Brates, frères des Khalkhas
de Mongolie propre, restaient menaçants en territoire russe.
Golovin, l'ambassadeur de 1689, dut à la fois combattre et négo-
cier. Alors la Chine tenait un langage hautain ; les ministres chi-
nois à Nertchinsk se déclaraient prêts à la guerre : la Russie
cédait dans l'intérêt de son commerce. En 1727-1728, c'est à
l'ambassadeur de la Russie, Sava Vladisla vitch , de montrer
une assurance fi ère. C'est lui qui parle de guerre, lui qui
obtient des concessions. L'histoire des luttes de la Chine contre
les Kalmouks explique, semble-t-il, ce changement. Obligée
contre eux à de longues campagnes, très pénibles, très coûteuses
et sans cesse renaissantes, la Chine chercha des appuis soit auprès
des Tourgoutes, qu'elle eût opposés aux Éleuthes, soit auprès de la
Russie. Celle-ci sut, une fois au moins, profiter de ces conjonc-
tures pour fixer la frontière au mieux de ses intérêts et surtout
pour développer son commerce. Si, malgré privilèges et mono-
poles, il restait peu productif pour la Couronne, du moins faut-il
reconnaître l'importance qu'y attachait la Russie et la continuelle
activité des échanges grâce aux fraudes des gouverneurs, des
marchands, des intermédiaires. L'histoire des relations de la
Russie avec la Chine au xviii6 siècle est étroitement liée à l'his-
toire des peuples placés entre les deux empires, les Boukhariotes,
pour le commerce; pour les rapports diplomatiques, les Tour-
goutes, les Kalmouks, les Mongols.
Gaston Cahen.
ÉLANCES ET DOCUMENTS
LA MORT DE ROBERT D'ARTOIS.
Banni de France, pour avoir fabriqué de fausses lettres afin d'héri-
ter du comté d'Artois, Robert d'Artois s'était réfugié en Angleterre,
où il avait offert ses services à Edouard III, qui s'était empressé de les
accepter L'ennemi de Philippe VI de Valois, le roi anglais prélen-
! au trône de France, avait comhlé Roltert de faveurs et l'avait
lotf 'li' riches pensions'. Auasi bien savait-il que la vengeance de
m Implacable et que son concours serait inappréciable le
j<rur ou l'on débarquerait sur le continent. Robert prit du service
s l'armée anglaise et suivit le roi dans toutes ses expéditions-, il
prit part aux campagnes de Tliiérache el de Tournaisisel, lorsque le
ml d'Angleterre se décida, à la lin de 1342, à envahir la Bretagne,
Robert recul le commandement de l'un des corps d'occupation. Dès
le moi» de décembre fut, on h désignait comme devant être le corn-
mandant en Chef de l'expédition*. Pour des raisons diverses, son départ
fut successivement ajourné a mars3, puis a juillet ', enfin a août (342.
Le 13 août 1342, Robert d'Artois était à Soulhampton, prêt à mettre
à la voila. Il n'attendait plus que lu matériel nécessaire à rembarque-
ment des chevaux, les derniers vivres et les dernières munitions.
Aussi écrivait-il à son ami Raoul de Slrafford, évèque de Londres et
chancelier d'Angleterre, afin que des ordres sévère* fussent donnés
de la capitale au shèriff du comté de Soulbampton :
• Très cher et très amé aray. Pur ce que nous sûmes à passer
entre autres vers les partiez de Bretaigne et y nous faut des pouriLs,
.. Oepret. [et Préliminaire* de ta guerre de Cent ani. La Papauté, la
frotte et l'Angleterre-, p. ZU.
ï. Record Ufllce, lune RolU, Michaelman, m. 17.
3. Ibtil., m. 17. L» ta m«re, Robert lierait partir avec Gautier île Masny.
t. Mimer, II, 4, p. I», Le 3 Juillet, Robert se tenait prêt 1 parUr avec
IXO boMniM d'arme*, dont I tumicrcU, !'J cbflTaliers, SU *CUJët» cl ISOarcben,
64 MELANGES BT DOCUMENTS.
claies, bordz, cavenas el autres necessaris pur l'eskippeson de nos
chivalx et autres qi sount à passer en nostre compaignie vers les
ditez parties, vous pry qe vewes cestes voiliez mander a viscounte
de Suthampton bref par le portour de ceste de faire la purveance de
tottes choses nécessaire pur le dit eskippeson. Geste chose voiliez
fere pur l'amour de nous. Le Seint espirit vous ey t en sa garde. Bscrit
à Suthampton, le xine iour d'aust, par Robert d'Artoys, counte de
Beaumont4. »
SU faut en croire le chroniqueur anglais Adam de Murimuth*,
une flotte anglaise de 260 vaisseaux, qui transportait le contingent
commandé par Robert, aborda le 48 août près de Brest. Robert che-
vaucha dans toute la Bretagne et, aidé par les partisans de Jeanne de
Montfort, il vint mettre le siège devant Vannes. Blessé dans une
attaque assez grièvement, il mourut des suites de ses blessures le
20 novembre, sous les yeux d'Edouard III, qui avait quitté l'Angle-
terre le 23 octobre pour amener en Bretagne les derniers renforts.
Certains chroniqueurs affirment que Robert d'Artois est mort en
Angleterre3. Froissait a même, à cette occasion, conté une petite
histoire. Après le siège de Vannes, dit-il, a si demora messires
Robers d'Artois un temps bleciés et navrés, si corn vous avés oy. En
le fin il li fu consilliet et dit, pour le mieulz mediciner et garir,
qu'il s'en repairast en Engleterre : car la trouveroit il surgiiens et
médecins à volenté. Si crut ce conseil, dont il flst folie, car au retour-
ner en Engleterre il fut durement grevés et appressés de le marée.
Et s'en esmurent telement ses plaies que, quant il fu venus et apor-
tés à Londres, il ne vesqui point longtemps depuis, anzois moru de
ceste maladie, dont ce fu damage. Si fu ensepelis à Saint Pol de
Londres4. » L'exilé aurait ainsi eu une fin malheureuse, digne d'api-
toyer les cœurs sensibles : grièvement blessé à la tèle, dit-on, il ne
put supporter le mal de mer et revint mourir en Angleterre, sa
seconde patrie. Et, dans une seconde rédaction de ses chroniques,
Froissart ajoute que Robert obtint un sauf-conduit de Charles de
Blois, qu'il fut enterré aux Augustins de Londres et que la cour, le
roi, le prince de Galles et les princes du sang prirent le deuil5.
Le récit de Jean Froissart est une pure invention. Robert est
mort en Bretagne, entre Vannes et Grand-Champ6. Le 25 novembre,
1. Record Office, Ancient Correspondance, vol. XXXIX, n* 71.
2. Rolls Séries, éd. Thompson, p. 125-126.
3. Chronique normande, p. 156.
4. Froissart (éd. Luce), t. III, p. 19-20.
5. Ibid. (éd. Luce), t. III, p. 223.
6. Grand-Champ (Morbihan), arr. de Vannes.
U MORT DE ROBERT D ARTOIS. G5
de cette dernière localité, où il avait planté ses Lentes, Edouard III
envoyait à la reine Philippa ce laconique billet :
■ Très douz cuer, comme nous eoms escril à noz chancelier et tre-
■onrq'ilsordeinent convenalilement pur renterement du corps mon-
seigneur Robert d'Artois, nous voloras, douz cuer, qe vous les char-
gU q'ils le facenl solonc nostro volenté susdit. Douz cuer, Dieu soit
g&rdeili de vous. Donné souz noslre secré seul, à la ville de Granl
Champ, le jour do Seinle Kalerine'. »
La lettre a laquelle le roi d'Angleterre Tait allusion avait été envoyée
le 21 novembre au chancelier Robert ParvyDg et au trésorier Guil-
laume de (Aisance. UoLiert venait d'expirer, et le roi, respectant sans
doute ses dernières volontés*, envoyait le cercueil en Angleterre avec
ordre de (aire Les obsèques a Londres et d'inhumer le corps dans
l'église des Frères Prêcheurs :
■ Edward, par la grâce de Dieu roi d'Engleterre et de France et sei-
gneur d'Irlande, a noslre cher et Ibial monseigneur Robert Parvyng,
noslre chancelier, cl noslre cher clerc William de Cusance, noslre
tresorer, saluz Por ce que monseigneur Robert d'Artoys, noslre cou-
sin, est à Dieu commande/., et pur l'affection qe nous avons devers
lui. si enveons son corps as parties d'Engleterre, si vous mandons
et chargeons que vous le facez enterrer à les Frères Prescheurs de
noslre cité de Londres, selonc qe vous verrez qe soit affaire pur
DOSln honur en celle partie. Donné souz noslre privé seal à Grant
Champ, le «i jour de novembre, l'an de noslre règne d'Engleterre
et de France tien*. »
Contrairement donc à ce que racontent Jean le Bel cl Froissarl,
Robert d'Artois mourut en France pendant l'expédition de Bretagne,
a la suiU- des blessures qu'il avait reçues, sans doute au siège de
10 novembre 1312). Il ne revint donc pas mourir en Angle-
lerre. Les musa farenl déposés non pas à Saint-Paul de Londres ni
■n Augustius, mais dans l'église des Frères Prêcheurs. L'enlerre-
liea dans les premiers jours de février 1343. Le 30 jan-
vier 1343, du manoir de Kenington, lu prince de Galles, duc de Cor-
1. Public Itrcord Oflfee, Aaetrnt Carreipondencr, vol. LVI, n- 79,
t. Do Mm vivant, Robert «Mil ilr*i|(nc le dote utallrc Jeu de ThorMbv
comme Kin fitrati'ur lr»Utueul«ire (Record Oltlct, Paient rotts, 17, Édouuid III,
i il. p. Mît. WeiUnintter, t" mai 1313. ■ De conveniendo
mm «r*ditoribu« lloherli do Arum deniDcli, •
\ Record Oflee, Ifhy Stolt. file Î87, a- 15169. Dm extrait, oui éle publie*
par A. d* lilhinViTllI. Ilùtoin de Brtlagnt, t. Ut, p. 173.
Ii«. Hphtor. XCIV. I» raso. (
66 KÏUSGES KT DOCGUEXTS.
nouailles et comle de CbesLer, gardien d'Angleterre on l'absence de
-on père, avisait le chancelier d'Angleterre que Thomas Crosse,
clerc de la garde-robe du roi, était chargé de faire i les pourveances
nécessaires pour l'entêtement do messire Robert d'Artois
■ Edward, eisnez filz au noble roi d'Englelerrc et de France, duc
Cornewaille, counle de CeaLre et gardein Dengleterre, a noslre ti
cher et bien amé monseigneur Robert Parvjng, channccller, noslre
très cher seignur et piere le Roi, salulz. Come nous eioms mandé
par noz autres lelres à noslre cher et bien amé sire Thomas Crosse,
clerc de la grant garderobe nostre dit seignur el piere le Roi, qe des
choses qe appendent à son oflice, il Tace purveance pur les enterre-
raenlz de dame Blaunche, noslre 1res amee soer, el de monseigneur
Robert d'Arlojs, nostre 1res chier cousin, el en manere come affiert à
leur estai, el aussi q'il face purvoier el trover lotes maneres des choses
touchantes son oflice, qi busoignables serronl pur les relevai Iles noslre
très redoutée dame et mère la Rovne, vous mandoms qe par brief
souz le grant seal, facez mander as tresorer el chamherleius de l'Es-
che<|ier nostre dit seignur et piere le Roi qe de son Iresor esteant en
lour garde ils facent livorer au dit sire Thomas pur la dite pur-
veance faire et les parcelles qi faillentachater tanl pur les dit/ enter-
rementz come pur les relevailles dessus dites, tanl de somme qe busoi-
gnera resonablemenl. El ce ne lessez. Donné souz noslre privé seal,
nostre manoir de Kenjngton, le x\V jour de jaoever, l'an du règne
nostre très cher seignur el piere le Roi Uenglelerre dis et septisme
el de France quart. »
Des obsèques proprement dites, nous savons fort peu de cb<
sauf que 3S porteurs de lorchesaccompagnèreot le convoi1. Êdouai
en souvenir du défunt, avait distribue des pensions viagères au* per-
sonnes de son entourage, el notamment au valet Druel Godin, son
fidèle serviteur'. Mais tout permet d'inférer que les funérailles ne
Tureolpas somptueuses. L'argent faisait défaut et la royauté anglaise,
dans la détresse, avait alors à peine de quoi paver les obsèques.
E. Dtfran.
idt
raa
ilre
Dde
isoi-
al, à
egne
isme
''.'ni.
I. Record Office, Régents warrants and other Prtvf Seuls, lile 1535.
■2. Ibitl., Issue Halls, t7. Edouard III, Mlchaelmua, ro. 23.
3. Ibid., Prtvy Stats, file 287, n* 15I7Î.
BULLETIN HISTORIQUE
MOV EN AOE.
GIS GÏIKBiUJ RELATIFS * L'HISTOIRE DES PH0VIJICE9 ET DE
l ti,Li3t. — L'impression des Râles gascons, décidée il y a plus de
vingt ans, vient de s'achever. Ces Rôles, ou du moins les débris qui
restent, conservés jadis a la Tour de Londres et actuellement
■0 Public Record Office, s'étendent de 1242 a 1400. Ils se composent
de l,8<7 peaux de parchemin, cousues bout à bout, dont certaines
«ont écrites dus deux côtés et contiennent les actes de l'adminisl ra-
tio» anglaise en Gascogne. L'historique de cette publication mérite
d'être rappelé.
878, un archiviste anglais, d'origine Française, ayant fait
ta municipalité de Bordeaux qu'il existait à la Tour de
Londres plusieurs documents utiles aux intérêts de la commune, une
délibération de la jurade chargea Uurriban, l'un des ses membres, de
; ii copie de ces pièces. Il s'agissait sans doute d'extraits des
Râles j/ascons. ï,n 1741, un Anglais, réfugié en France, Th. Carte,
annonçait le projet de publier ces Rôles, mais il n'en donna qu'un cata-
logue avec table. rJ[H7ti4,Rréquiguyserendità Londres et en rapporta
les Innombrables copies qui sont conservées aujourd'hui, comme on
«ail, a la Bibliothèque nationale. A sa suite, Delpit partit pour Londres,
afin de compléter les séries de documents rapportés. Les projets de
publication de la RtcoriCom mixtion et de Félix Solar n'aboutirent pas.
Enfin le ministère de l'Instruction publique en décida la publication
in txtento daus la Collection des Documents inédits, et en 18«3,
N. Francisque Michel donna le tome I, comprenant les années 1212
a 1254. Mais l'honneur de l'édition de la majeure partie des Rôles
jraMoiu et de sou achèvement revient a M. Ch. Bïmosî. Dès 1806,
: Supplément au tome I, daus lequel il relevait les
trop nombreuses erreurs de son prédécesseur, éditait des plane île
1251 a 1255. avec une table du tome I et une introduction sur la
valeur historique des documents relatifs à la double
68 BULLETIN HISTOaiQOS.
expédition d'Henri III d'Angleterre (1242-4243 et (253-1254) et à
l'administration du prince Edouard. Le Lomé II, comprenant une
partie des actes du règne d'Edouard 1", embrasse les années 4273 à
4290. Ces actes fournissent encore beaucoup plus de détails sur l'ad-
ministration de la Guyenne que les précédents. Le tome III' et der-
nier est le plus considérable de tous. Il renferme des documents des
années 4290-1307 et une très importante Introduction.
Cette Introduction comprend, en effet, 182 pages. Dans le chapitre
on trouve successivement diverses remarques sur les registres eux-
mêmes, leurs caractères extrinsèques, leur paléographie, leur chro-
nologie, des recherches sur l'itinéraire d'Edouard I", la diplomatique.
La chronologie et la diplomaliqueauratent peut-être pu être réunies; les
deux études paraissant pouvoir se compléter sur plus d'un point, et
l'itinéraire d'Edouard I" aurait été un excellent appendice à l'en-
semble. Des raisons d'ordre pratique ont sans doute déterminé l'au-
teur à adopler le plan suivi, qui est du reste excellent et très clair.
Dans l'élude paléographique, les restitutions et interprétations de
mots douteux ou des graphies spéciales et défectueuses sont relevées
et groupées avec le plus grand soin. Il est seulement dommage qu'un
fac-similé de l'écriture des Rôles n'ait pas pu être donné. Enfin la
diplomatique des actes transcrits, déjà tracée dans le Supplément au
tome 1, est complétée par une analyse très détaillée des nombreuses
lettres de protection, d'attournemeut, de répit, etc., qui se multi-
plient à l'occasion de la guerre anglo-française (1293-1297]. Le cha-
pitre il, relatif a l'administration, ne renferme pas un tableau
complet des institutions de la Guyenne, mais une liste chronolo-
gique avec la biographie des principaux fonctionnaires, représen
tanls du pouvoir royal, sénéchaux de Guyenne et connétables
Bordeaux, et une autre liste des bailie3 et prévotés, des bastides,
des châteaux et chàtellenies mentionnés dans les Râles, grouj
administratifs secondaires. Les notices individuelles relatives au;
fonctionnaires apportent une nolable contribution à l'histoire de
province. Le chapitre ni est tout entier consacré à l'histoire de
guerre anglo-française de 4293-4297. Bien que l'auteur nous annonce
qu'il ne nous donnera qu'un résumé aussi précis que possible, les détails
les plus curieux et les plus intéressants pour l'organisation militaire
de l'époque abondent.
On aurait pu concevoir celte Introduction sur un plan différent et
y donner peut-être une plus large place a l'élude des institutions
1. R<ites gascons transcrits et publiés par Cl). Béiuonl, I, III. Paris, Impr.
nat., 1906, io-4", cc-792 p. (Coll. des Documents inédits sur thist. de France.)
r-
;
i-
olo-
len-
, de
les,
,pes
aux
:s
nce
PRINCE. fil)
i, civiles el ecclésiastiques, et à leur fonctionnement, mais l'es-
11 travail de celle nature est de préparer des matériaux, non
rer l'édifice historique.
Un ce qui concerne l'édition du texte même, on ne saurait trop
looer la remarquable exactitude de transcription et l'interpréla-
tion, juste en général, d'un manuscrit hérissé de noms de personnes
et île lieux. Cette multitude de noms devait nécessairement amener
quelques erreurs de détail : ainsi, dans l'acte n" 1932, Clayrac en
Agenais, non identifié, est évidemment Clairac, en Lot-el-Garonne,
rii'iii de Tonneins, dont la célèbre abbaye fut plus tard
donnée par le roi de France Henri IV au chapitre de Sainl-Jean de
Lalran, à Itome, et « Honoz j> doit être corrigé en « Monor », c'est-
à-dire Monbenrl [ibid., canton de Damazan). De même, au tome 11,
uns les n" 1384 et )3fï«, il s'agit non de Prouille [,\ude|, mais de
Prouillan, sis « prope Condomium o (Gers),
Os légères imperfections, inhérentes à loute publication de carac-
tère local qui n'est pas faite par des érudils de la région, nVitent
rien à la haute valeur de ce volumineux ensemble de documents,
mioB infiniment précieuse, d'une variélé et d'une richesse sans
égales. L'histoire anglaise et française de la fin du xm* siècle en sera
grandement éclairée. La biographie de plus d'un illustre personnage
pourra être précisée sur bien des points, grâce aux Pôles, el celle
e énorme d'actes (5,(08) jette une réelle lumière sur les cou-
tumes et la jurisprudence, les prérogatives de la couronne, la puis-
sance du clergé et de la noblesse, la situation du peuple au point de
vue moral et politique, l'élat de la propriété, les généalogies des
diverses familles el leurs alliances, el nous ne parlons pas de la
;il iiice diplomatique ni des traités entre les souverains de
France, d'Angleterre et d'Allemagne. On ne saurait donc trop louer
H. Ch. Bémonl d'avoir mené à bien aussi heureusement la tache
difficile de cette publication longtemps attendue el appelée a rendre,
non seulement a l'histoire de la Guyenne, mais à l'histoire des rap-
porta anglo-français, les plus grands services.
L'histoire provinciale sollicite depuis quelques années l'attention
le* érudils. La Lorraine, la Bretagne, la Bourgogne, le Poitou ont
i eu successivement leurs historiens, qui ont traité, avec les
de it science moderne, ces questions d'histoire locale pour
lesquelles nous étions encore contraints de recourir aux travaux
■ a ou des historiens du xvnr" siècle. Depuis plus
i siècle, en elTat, les études sur des jwiuls particuliers et les
lUCCédé, infiniment nombreux, mais les ouvrages
c tinu défaut, et les quelques essais que nous signalions â
n
bulletin nisTonrurE.
l'instant démontrent surabondamment l'utilité de travaux i
genre pour coordonner les résultats acquis. Ces essais ont été entre-
pris avec des méthodes diverses et sont d'inégale valeur. Une nou-
velle tentative a été faite récemment dans le même sens; elle mérite
une mention toute spéciale. C'est celle de M. Louis H»lpue>, poui
retracer l'histoire du comté d'Anjou au n* siècle1.
Ce ne sont pas seulement, comme on aurait pu le craindre, de?
annales ou des biographies nécessairement sèches, encore que très com
plètes. L'auteur indique lui-même que son but principal a été cf
montrer comment s'est formé le comté d'Anjou au n* siècle, au point
de vue territorial et au point de vue interne. El si l'on peut relever
dans son livre quelques erreurs de détail, quelques assertions contes-
tables,— par exemple que l'ouvrage de M. Richard sur le Poitou dis-
pense de recourir à Besly, — on ne peut méconnaître qu'il ja là un effort
des plus louables pour donner à cette histoire parfois terne et mono-
tone un peu de vie, en étudiant l'organisation administrative du pays,
sa situation matérielle et morale en même temps que politique, auta
du moinB qu'il est possible de le faire à l'aide des trop rares docu<
menls dont on dispose. Celte tentative, vraiment originale, devrai
être suivie pour d'autres régions, principalement en ce qui loue!
l'époque des premiers Capétiens, et l'histoire de France s'en lrouv<
rait comme renouvelée.
L'ouvrage de M. Halphen se divise en deux parties, l'une
sant les règnes de Foulque Nerra eL de Geoffroi Martel (987-1060) e
l'autre ceux de Geoffroi le Barbu et de Foulque leRéchin (1060-1 109).
Au début, dans l'Introduction, il a cherché à fixer ce qui peut élr
admis dans les légendes ayant cours sur les origines de la maisc
angevine. Il estime qu'on peut s'en tenir à la version de la rédaction
la plus ancienne des Gesta consulnm Andegavorum (ms. lat. 6218
de la Bibl. nal.], où se trouve un écho, « lointain sans doute et
déformé », mais enlin un éebo de la réalité. On s'était, en effet, trop
complu jusqu'à présent à convaincre d'erreur l'auteur de la chronique,
au lieu de mettre en relief les quelques points sur lesquels il parait,
au contraire, s'élre rapproché de la vérité. A l'aide des généalogies et
actes, M. Halphen redresse plus d'une erreur de l'Art de vérifiât les
dates et des historiens angevins. Avec la Chronique de filantes, si
habilement restituée par R. Mcrlel, et de Richer, inconnu aux érudils
antérieurs à Purlz, il trace des conquêtes de Foulque Nerra un lablea
absolument renouvelé et des plus complets. C'est du coté de la lire
I. Louis Halphen, le Comte d'Anjou ait XI' tiéete. Paris, a. Picard, i
Iiiv-428 p. (Ttiéac de doctorat présentée a U Faculté des lettres de Paris.)
riHM:i:. 71
ligne et surtout de la Touraine que Foulque N'orra el son fils onl
frappé leurs coups les plus décisifs; mais avec leurs BUtfM fol*
sins, ils onl eu une politique non moins arrêtée : l'histoire de leurs
rapporls avec l'Aquitaine, le Vendômois et plus encore avec le Maine,
où ils se trouvèrent aux prises avec les ducs de Normandie, en four-
nil la preuve. C'est par la que se continue l'ouvrage.
Après avoir ainsi suivi l'accroissement territorial du comte ange-
vin, M. Halphen en étudie le développement interne. Dans un cha-
pitre sur la renaissance intérieure du comté, où il est fait un très
-!■ des chartes, il trace un saisissant tableau de la prospé-
rielle de l'Anjou au xi" siècle, de la construction des villes,
châteaux et monastères. Il faul placer à côte immédiatement le cha-
pitre sur l'organisation administrative du comté. L'auteur était spé-
cialement préparé a cette élude par divcrB articles publiés précé-
demment. Il nous montre les restes surannés de l'administration
carolingienne disparaissant ou s'adaplanl aux nouveaux besoins
iriisalion administrative nouvelle, 1res rudimentaire, mais
plus pratique, se développant petit a petit, pour aboutir, au milieu
du h* siècle, à la constitution des grands offices féodaux, pendant
que l'administration locale, qui était, au début, cuire les mains des
'tearil, passe peu à peu. sous Foulque Nerra, entre celles des prévôts.
Mais l'analyse la plus complète devait nécessairement porter sur les
fonctions ou attributions du comte, et c'est ainsi qu'il nous est donné
de pénétrer, à l'aide de nombreux exemples heureusement groupés,
la complexité des faits historiques : toul ce qui suit n'en est que le
développement en quelque sorte logique. L'autorité absolue d'un
Foulque Nerra, — dont la curieuse figure est très sobrement esquissée
a grands traits, énergiques et expressifs, — déchoit durant la lutte
fratricide entre Geoffroi le Barbu cl Foulque le Rccbin, et en face du
pouvoir comtal une puissance nouvelle surgit, celle dus barons.
Celte puissance s'était préparée de longue date; mais, — et c'est là
un (ail qui n'avait pas encore été signale, — c'est au cours du xi* siècle
qu'elle avait pu se constituer. Oblige d'élever de Lous côtés des châ-
teaux Torts pour appuyer sa politique de conquête, le comte avait diï
lu inféoder à des vassaux, qui, encore révocables «d nutum au
temps de Foulque Nerra, apparaissent, dans la seconde moitié du
II* siècle, comme des seigneurs presque indépendants, ne s'allianl
qu'entre eux et consli tuant ainsi une haute classe de barons indociles
et dangereux, contre laquelle Foulque le Recoin et ses saoeasMora
vont avoir à soutenir de durs combats. La politique do Foulque le
ttéchin est alors présentée avec netteté pour la première fois : ce
n'est pas un soldat sans courage et sans esprit de suite, comme le
72
BOLIETI* HBTOmÇPE.
vcul encore Miss Kate Norgale; c'est plutôt un prince, parfois apa-
thique, qui eut à lutter sans cesse avec de sérieuses difficultés de
gouvernement, et il serait injuste de le juger sur les données frag-
mentaires fournies par des chroniqueurs le plus souveul malveil-
lants. Enfin l'ouvrage s'achève par un chapitre relatif au nouveau
caractère que revêt l'autorité comlale sous Foulque le Réchin; la
cour du comte est désormais constituée â l'image de celle du roi, et
si faible que le comte lui-même puisse paraître, il conserve encore
assez d'éléments de force et de puissance pour qu'on puisse prévoir
la défaite des barons et les succès que l'avenir réserve à la maison
angevine.
Un catalogue d'actes, qui ne comprend pas moins de 323 numéros
(sans compter les actes faux] , cinq appendices, dont l'un, considérable,
sur les chartes de fondation de l'abbaye de Eleaulieu, enfin diverses
pièces justificatives fort bien choisies, dont plusieurs inédites, ter-
minent cet excellent livre.
Une minutieuse critique des sources angevines a précédé ce
travail, qui s'en trouve ainsi plus solidement établi. Dans une
Étude sur les chroniques des comtes d'Anjou et des seigneurs d'Am-
boise\ M. Halphen a recherché à l'aide de quels éléments, quand et
par qui ont été compilées les nombreuses rédactions des Gesta con-
sulum ainsi que des Gesta Ambaziensium et du liber de composi-
tions castri Amb«ziae. Ces ouvrages soûl intimement lies. Les Gmtit
Ambaziensium ont été composés en partie à l'aide des Gesta c
lum Andeyavorum; dans le Liber de compositione, l'auteur a fait
passer toute la substance de la préface des Gesta consulum Andega-
vortan; les Gesta Ambaziensium et le Liber enfin ont, à leur tour,
été exploités par les redacLeurs successifs des Gesta consulum.
L'ordre de composition de ces diverses chroniques semble élre le
suivant : une première rédaction des Gesta consulum par Thomas de
Loches, puis le Liber et les Gesta Ambaziensium; une seconde
rédaction des Gesta par Breton d'Amboise; enfin une troisième
rédaction par Jean de Marraoutier. Sans doute ces résultais ne sont
point d'une précision absolument rigoureuse. Ce ne sont pas des
certitudes, mais des hypothèses infiniment plus vraisemblables que
celles jadis émises par Manille.
Mgr Dodus, évéque de Beauvais, s'est fait depuis une vinglaim
d'années une véritable spécialité des questions se rattachant li l'his-
toire de l'Inquisition. Dès 4886, il publiait la Practica lnquisitio
heretice pravitatis de Bernard Gui, jusque-la inédite. Puis ce fui une
I. Paria, Champion, in-S*, 64 p. [Thesu complémentaire pour le doctorat.)
rs*!*CE. 73
Butte d'arLicles sur les hérétiques dans le comté de Toulouse, en
ItmissillonetàNarhonne. Enfin il a donné, en dernier lieu, une étude
sur la procédure inquisiloriale au iiv" siècle, et surtout un recueil en
deux volumes de documents pour servir à l'histoire de l'Inquisition
dan* le Languedoc au un" siècle, publié par la Société de l'Histoire
de France. Le nouvel ouvrage qu'il vient de Taire paraître est une
"iule d'ensemble sur l'Inquisition, sur ses origines et sa procé-
dure'.
La première partie comprend l'examen des diverses opinions
émises pour expliquer l'inquisition, c'est-à-dire pour expliquer his-
toriquement la poursuite des héreLiques non par deux ou trois juges
^gués, comme vers 1210 ou 12(5, sur un point isolé du territoire
chrétien, mais par celte délégation exceptionnelle donnée â partir de
I23( à des juges en nombre et bientôt pour la plupart des contrées
d'Europe, terres d'Empire, royaumes ou grand lief, pour Taire
sïlio kaeretiate pravitatis. Ûu est la raisoo d'unecommission
ique qui, sans dénier aux évoques la qualité de juges ordi-
i, s'exerçait dans les diocèses, conférait à l'inquisiteur le pou-
e plus étendu en la cause, depuis l'arrestation jusqu'à l'execu-
Uon de la sentence, dans un ressort do plusieurs diocèses, sinon de
tout un pays, et avec une juridiction universelle? Pourquoi celte
délégation d'exceptionnelle qu'elle était jusque-là devint-elle perma-
nente? La première explication esL que !'InqiiisïlioD aurait été établie
pour tirer le clergé d'une situation désespérée. C'est la théorie de
M. Lea, que Mgr Douais repousse avec toute apparence de raison.
D'autres explieaiions procèdent de l'idée du « péril de l'hérésie » au
xm* siècle et de l'intérêt religieux qu'il y avait à l'exterminer. Cu
• du P. Mortier el de MM. Zeller cl Tanon. Une troisième
explication, proposée par M. Chénon, consiste à représenter l'In-
Hiii-.niou comme le terme fatal de la législation ecclésiastique
réglant la répression de l'hérésie. Enfin une dernière explication,
• la situation politique, les rapports de la papauté avec Frédéric 11 »,
t-*t celle a laquelle s'arrête Mgr Douais. Telle est la première partie
du volume. L'exposé manque parfois de netteté; mais la discus-
sion est habilement menée par un homme qui possède admirable-
ment bien son sujet, et si la conclusion ne nous semble pas
(ait aussi certaine que souhaiterait l'auteur, néanmoins
>us contraints de louer la richesse el la sûreté de son
originet, la proeMun. Piris, Pion, 1306,
74 BULLETIN BfSTOHIyrE.
information. 11 nous semble cependant trop sévère pour M. Cli.-V.
Langlois et pour M. l'abbé Vacandard '.
La deuxième partie du volume est tout entière occupée par un
exposé de la procédure inquisiloriale qui, fait par un spécialiste,
offre un grand intérêt pour l'élude de la procédure en droit cano-
nique. Les pièces justificatives, dont le « Directoire » de « Raymond
de Penafort », sont en général empruntées à la collection Doat, con-
servée à la Bibliothèque nationale. Très correctement publiées, elles
complètent utilement celles du recueil édité pour la Société de
l'Histoire de France. Ce livre, qui a les allures d'une œuvre de
vulgarisation, repose donc sur un fond très solide. Nous souhai-
terions que l'auteur le reprit quelque jour avec plus de développe-
ment, pour en faire un livre à l'usage exclusif des érudits, en se ser-
vant des archives dominicaines qui lui seraient certainement ouvertes
et où, nous n'en douions point, il découvrirait plus d'un document
important.
Encore dans le domaine de l'histoire de l'Église el à côté du volume
précédent, il convient de placer l'Histoire de la Pragmatique .Snric-
tion de Bourges sous Chartes Vil, par M. Noël Valois*. C'est la
publication de 102 pièces relatives à la Pragmatique, tirées en général
des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale, mais dont
quelques-unes aussi sont empruntées aux archives du Vatican, aux
bibliothèques de Bâle el de Carpentras, etc. L'introduction, fort
développée, a une très grande valeur. Elle est divisée en quatre
parties : le régime antérieur à \ 438, la naissance de la Pragmatique,
son application et enfin les nouveaux projets de Concordat. C'est un
aperçu 1res vivant et fouille des relations du Saint-Siège avec les
souverains anglais el français de 1418 à (461. On y voit Charles VII
échouer, malgré les meilleures dispositions, dans ses tentatives
pour fixer les rapports de la France avec le SainL-Siège. Dès 1436, le
roi prévoyait que l'Église de France serait amenée à régler sa situa-
tion elle-même. 11 était tellement emporté par les événements qu'il
ne fit rien pour empêcher l'assemblée de Bourges de ratifier la plu-
pari des mesures prises à Bàle. Son action, au cours de^ débats,
s'était même fait sentir, autant qu'on peut le constater, dans un
1. M. l'abbé Vacandard Tient du reste de publier nri pelil litre de vulgarisa-
lion (l'inquisition, élude historique el critique sur le pouvoir cotreitif de
lÉgtUe. Paris, Bloud, 1907, in-16, xix-340 p.) où il a développé ses idées. Ce
volume se distingue par de 1res grandes qualités de clarté, mais il est loin,
pour le fond, de valoir celui de Mgr Douais.
2. Paria, Picard, 1906, cxeii-ï88 p.
FBAtlCR. 75
& défavorable au Saint-Siège. II déclara que les décrets de réforme
raient, dès ce moment, observés dans le royaume avec les modifi-
ions volées par l'assemblée, sans que cela pût être considéré
comme une atteinte a l'autorité du concile; puis comme les gens
lui avaient aussi rappelé les franchises du clergé, il ajouta
que son intention était que les ecclésiastiques pussent jouir en Fronce
■- privilèges qu'au temps de saint Louis cl de Philippe le
ll'l L'ordonnance ou plutôt la Pragmatique Sanction expédiée à
Bourges le 7 juillet 1438 contenait un préambule, dans le style
familier aux orateurs gallicans, qui accentuait encore le caractère
agressif à l'égard du Saint-Siège; il n'y était question que de cupi-
uainées, depuis qu'avait été mise en oubli l'antique disci-
pline, de bénéfices tombés aui maius d'étrangers et de mercenaires,
du en lt.f supprimé, de piété attiédie, d'édifices ruinés, d'écoles
délaissées, d'or transporté hors du royaume, tous abus auxquels les
décrets de Bâle semblaient devoir apporter un remède nécessaire.
L'expérience de l'application amena bien des déboires. EUe obligea
notamment a constater que les procès entre clercs se multipliaient et
que l'ordonnance de 1438, de la manière du moins dont on l'interpré-
tait, ne faisait guère qu'ajouter une complication de plus aux
relations, déjà si embrouillées, des bénéficiera, des eollateurs, du
gouvernement et du Saint-Siège. Aussi jusqu'à la fin du règne de
Charles Vil, bien que la Pragmatique fût maintenue, quoique violée
et attaquée, les négociations, si patiemment reprises par Eugène IV
V, ne cessèrent presque complètement que sous Calixle III
et Pie II, sans que les papes aient renoncé pour cela à protester
énerjiiqucmetit contre un système qu'ils jugeaient préjudiciable a
Leurs intérêts et attentatoire a leur a magistrature suprême *.
Si toutes les négociations échouèrent du vivant de Charles VII, ce
nf fut pas i|i.ti' i'r prince fût w moins du monde intransigeant,
comme on l'a dit, mais plutôt parce qu'habitué à en prendre à son
lise avec les règles de la Pragmatique, il n'éprouvait pas un besoin
urgeot de la révoquer. Il y voyait un moyen commode d'empècber
' de la cour de Rome, quand celle-ci le gênait, et une
Maître d'alléger le* Charges d'un royaume appauvri. Il se faisait
une large part dans les dépouilles du clergé et mettait sa conscience
eu paix en s'abrilant derrière l'autorité du concile de Baie.
Cet exposé, présenté de la f;«;on la plus agréable cl la plus bril-
lante par l'historien du Grand Schisme, rend celle publication de
beaucoup la plus intéressante de celles qui ont paru jusqu'ici danB
les « Archives de l'histoire religieuse de la France ».
Pli. Lu: tu.
tULLKTIN HISTORIQUE.
EPOQUE MODERNE.
{Suite et fin'.)
II. Histoire religieuse. — L'Histoire de la tolérance religieuse :
évolution d'un principe social, par M. Amédée Mitigkin1, eut rem-
plie de bonnes inlenliotis. Mais les meilleures ne sauraient sup-
pléer aux lacunes d'une exégèse qui est empruntée presque tout
entière à Voltaire et à Condorcet et d'une sociologie religieuse qui
dépasse à peine le niveau de la philosophie du niii' siècle. Sur
l'Islam, l'auteur parait s'être documenté moins encore dans l'Essai
sur les mœurs que dans Mahomet. Ce n'est guère que pour les faits
postérieurs au ivi' siècle que son érudition devient un peu plus
solideJ. Ce livre n'ajoute donc rien d'essentiel à notre connaissance
historique du sujet. Quanta la définition de l'intolérance, où M. Mala-
grin voit « une forme de l'individualisme », elle sera difficilement
acceplée par la science des religions, La religion, en tant que fait
social, n'esl-elle pas au coutraire, suivant la formule de M. Durkheim,
une contrainte exercée par la collectivité sur l'individu? C'est par là
même qu'elle est intolérante; et contre cette contrainte sociale se
dresse la protestation de l'individu, d'abord celle de l'hérétique, de
celui qui a « une opinion particulière ■, ensuite celle du sceptique,
de celui qui proclame la nécessaire relativité de toutes les opinions.
Mettre à la disposition des laïques une sorte de bref manuel do
droit canon, les- faire pénétrer dans le détail de l'organisation de
l'Église, — et des Églises; — leur montrer commenlcelte organisation,
rigide en apparence, peut s'adapter aux situations les plus variées,
tel est le service quo rend M. André Mater par son livre l'Église
catholique, sa constitution, son administration*. Droit commun et
droit coulumier de l'Église, doctrine de la societas perfecta, rôle des
laïques dans l'Église, droit d'association dans l'Église, organisation
paroissiale : toutes ces questions, qui présentent actuellement pour
1. Voir lier, km., 1. XCI1I, p. 339.
2. Fischbacher, 1905, in-8-, 447 p.
3. El encore ! p. 113, les placards de 1534 attribués à Farel ; ils sont d'An-
toine Marcourt. P. 174 : i Henri H, ptui cynique que son pire, ne dédaignait
pas d'assister lui-même au* suppliées... > François 1" avait fort bien assislé i
ceux de janvier 1535, — llien sur la fameuse consultation des évêques en 1698.
— Pour la période moderne. c'esL surtout Jules Simon qui partage avec les
nWrjflflpMtlUl le rùle d'apologiste de la tolérance.
1, ,\. Colin, 190G, ïn-18, iv-4fi1 p. Index.
France un intérêt pratique, sont ici étudiées, sans le moindre
parti pris, sur le terrain de l'histoire el de la géographie politique.
La diversité même des solutions que la curie a trouvées ou acceptées
pour un problème identique (depuis le < parochialisme = quasi
absolu des cantons suisses protestants ou de ta Prusse jusqu'au
« cléricalisme i irlandais, en passant par les diverses formes du
trutteism américain) ne permet pas de douter que l'Église de Franco
ne réussisse enfin a découvrir, elle aussi, l'organisation qui lui
ii f-i peu d'institutions de l'ancien régime qui soient aussi inté-
ressantes que les assemblées du clergé de France, seules assemblées
qui survivent au triomphe de l'absolutisme centralisateur, à la dis-
■ition des États généraux. Nées de la nécessité de répartir les
■es, elles deviennent permanentes avec les décimes elles-mêmes,
contrat de Poissy lie étroitement leur existence à celle des rentes
l'Hotel-de-Ville; les nouvelles constitutions de rentes, les aliéna-
tions leur donnent une périodicité qui forme, dans le désordre admi-
nistratif de l'ancienne France, une exception éclatante. Mais, d'or-
ganes financiers qu'elles sont en principe, ces assemblées de clercs
deviennent, par la force des choses, des assemblées spirituelles : ce
notera se marque dés Poissy. Elles sont une des pièces
essentielles de la constitution de l'église gallicane.
M. Louis Si- mur1 ne s'est point contenté de les étudier dans le
recueil de Duranthnn, lequel ne reproduit que très in Fidèlement la
physionomie des assemblées; il a dépouillé les procès- verbaux eux-
mêmes, les cartons des archives du clergé, les nombreux traités
composés par ordre de Ijolbert, les registres de la nonciature. 11 a pu
ainsi reconstituer, pour toute la durée du xti* siècle, le mécanisme
des Uttfflblées. le rùle des «jndirs ficiiiTaiix. pui- des agents (.'eue-
raui, des bureaux diocésains, etc. C'est un travail complet, que l'on
pourra consulter avec confiance, et qu'enrichissent de nombreuses
pièces justificatives (1573-lblo), extraites presque loutes (30 sur 82)
des archives de la noneialure, el très ïmporLanles pour l'histoire de
la Ligue et de la conire-Kéformaliou*.
Le volume IV des lettres de saint François de Salea3 comprend
t. Ut Auembtrci du clergé île France. : originel, organisation, <tée«topp»-
. t«t5. » Champion, 1906 (fait. 154 de h Btbt.de VËc.itn hauta
•m), ln-8% 110 p.
1 Je lignaient, comme pritMllDl un Intérêt biographique, lu n" XI
«KiiMlinn» contre Uene Benoit) et XXXI (plainte* mr Pilma
3. Oujtm dt taini Francoii de Saiti... T. XIV : LcUru, tuI, IV. Ljon el
78 ICLLETIt BISTOUQtn.
208 lettres', dont plusieurs inédiles, qui vont d'avril lf.08 à la fin
de 1610. Elles sonL donc contemporaines de la publication de 17m-
troduc/ton â la vie dérote1 et de la fondation de la Visitation; elles
montrent le saint en pleine possession de ses moyens, a l'heure
où il savait le mieux, comme le dit H. J.-J. Nivitel dans sa sobre
préface, « montrer agréahlementcommenlon pouvait allier ensemble
ces deux choses tenues jusqu'alors comme antipathiques : la vie de
société et la pratique de la dévotion >. Il y est question des tentatives
faites par Henri IV pour attirer François à Paris, du rétablissement
de la messe dans le pays de Gex et de son audacieuse traversée de
Genève. Le saint y donne aux conlroversistes, sur la façon dont on
doit conférer avec les Genevois, des conseils où la prudente suavité
de résèque se nuance d'un aristocratique dédain à l'égard de ces plé-
béiens3. Félicitons les éditeurs de l'exacte fidélité avec laquelle ils
s'acquittent de leur lâche.
Le nouveau volume de M. I-'k'iet' passe eu revue, suivant la
méthode chère à l'auteur, les docteurs de la Faculté de théologie de
Paris au inf siècle, nicher, le grand cardinal, Retz, de Rancé, sans
parler de Jean Boucher, de Cospéan, de Le Camus, de Godefroi
Hermanl, d'Antoine Arnauld, de Jacques de Sainte-Beuve, d'isaac
Habert, c'en est assez pour que l'on entende encore l'écho des fureurs
ligueuses et pour que crépite le feu des batailles gallicanes, jansé-
nistes, quiélistes. Inutile de dire qu'il ne faut pas demander à
M. F. Fèret de garder en présence des hommes et des choses l'impas-
sibilité de l'historien selon la formule lucianesque*, mais il faut lui
Pans, Emmanuel Ville, 1906, in-8*, viii-477 p. Glossaire, index, labiés de con-
cordance. Un fac-similé.
1. Pin», en appendice, quelques lettres de ses correspondants.
2. Voy, notamment, p. 124, la lettre a Pierre de Villa».
3. Cnrieuse minute inédile (p. 188) du 17 août 1009 : ne pas entrer trop
avant dans la controverse sur les versions, car le peuple pourrait bien demeu-
rer i plus engagé en leur parti [des ministres], El quand je dis le peuple, je
veux dire les seigneurs des deux Conseils, qui ne sont que marchands el cer-
tains gens de peu ».
4. la Faculté de théologie de Parti et ici dacteurt les pliucélèbrei. Époque
moderne. T. IV r X VIII- siècle. Partie littéraire. Alphonse Picard, 1906, in-e>.
5. P. 1 : i Nous avons en Edm. Hrrber une célébrité Je roautais aloi. i Les
jansénistes passent aussi quelques mauvais quarts d'heure. Quant à Ëlie
Benoit [p. 70). n'a-l-il pas manifesté c une certaine humeur de sectaire i ? En
effet, Il se plaignit que François Véron, curé de Cbarenlon. fini McitJ** jui
sermons des ministres, « cl aussitôt qu'il les a»oit entendus, il roonloit sur
une espèce de Ihéâlre, élevé snr quelques tréteaux ft la porte de son église, où
H lachoil de les réfuter ■. Il était, comme chacun sait, loisible aux ministres
d'en Taire autant,
FJtlICK. 79
oir gré de l'étendue, de la richesse de son érudition, de l'astu-
cieuse patience avec laquelle il a pourchassé les moindres lirochures
et découvert chez, les bibliographes au moins les Litres de celles qu'il
n'a pu manier lui-même. Le ivii* siècle exigera encore un volume :
nous avons en celui-ci ubiquisLcs et sorbonnistes.
Passons à l'une des victimes de M. Fértt, Godefroi Hermant.
H. t'..wiMt publie les t. U (1653-1853] et 111 (1656-1657) des Mémoires
du chanoine de Beauvais*. Ce serait évidemment dépasser la mesure
que de prétendre que la lecture de ces deux volumes est attrayante.
Nous n'avons plus la patience de nous intéresser à ces arguties, nous
ne nous passionnons plus pour les véritables * potins » tbéologiques
que recueille partout l'écrivain janséniste, Son indignation con-
tinue nous fatigue. Ce qui sort des mains des Jésuites mérite trop
uniformément chez lui les épilhèles d' » atroce n ou d' « abomi-
nable ». VAtmanach des Pères est un » horrible sacrilège », tandis
que la réponse de de Sacj, les Enluminures, est « une ingénieuse et
innocente raillerie ». Quant à la riposte, VEstritle du Pégase jansé-
niste, c'est un tissu des a plus infâmes et noires calomnies ». Tou-
jours est-il qu'Hermant nous renseigne sur l'histoire provinciale du
jansénisme, et en particulier sur les efforts dirigés par les Jésuites
contre l'indépendance des Universités". Il nous montre, — et cette
révélation ne manque point de piquant, — comment des évoques
français, et qui n'étaient point tout à fait d'accord avec le pape,
finirent par être obligés, même avant l'établissement de l'infaillibi-
hulilier les constitutions romaines. Il nous indique aussi,
bien involontairement, sur quelle pente scabreuse marchaient les
jansénistes, — la pente qui mené a Charenton', — et que de là vint
leur faiblesse. Il nous donne quelques détails sur la publication des
PrwinciaUs* et sur le miracle, ou plutôt les miracles, de la Sainte-
1. Mémoires de Godefroi Hermant, t. 11. Pion, 1905, in-8*, 7it p.; I. III,
iWe, 618 p. An début du I. Il, le» coup, i-xiv (et plue loin m) du livre MM
•ml nu (m «.muni; citations leiluelle; du Journal de Saint-Amour.
ï, Particulièrement Mlle de Caen.
3. P. 90, entretien de Taignler avec Conrarl et déni ministres. — Livre XII,
ebap. v, curieux passage »ur l'altitude de Uaznrin it l'égard des huguenots. —
F. tfl do t. III, proees-verbal d'une émeute huguenote 4 lionlauban, I65(j. Si
H procès-verbal est Téridlque, les protestants se seraient oopMéa fU la > io-
Irntr a l'accomplissement det dernières volontés d'un catholique.
t. I) ail étrange et rrgreltablc qu'il ne soit question des lettres qu'A partir
d* U cinquième. M. Gatier nous apprend qu'ensuite tlrrmanl a pris le i>i ■■ .
a craignant peut-être une destruction totale », de les reproduire en stjle indi-
rect dan*
^^^m
80 bcllktis nisTomonit.
Épine*. L'éditeur apporte à ces deux nouveaux volumes le môme soin
qu'au précédentî.
Il était lemps que l'on songeât à publier les nonciatures de France.
C'est ce que vient d'entreprendre lu comité des Archives rfr l'hutoire
religieuse. 11 a confié à M. Fbiiein les nonciatures de Clément VII.
Le premier volume va de la balai lie de Pavie au lendemain du sac de
Borne1. C'est dire que l'intérêt en eat surtout diplomatique et poli-
tique plus que proprement religieux. Il y est question de l'état du
Saint-Siège et de son rôle dans la péninsule plutôt que des pre-
mières manifestations de la Réforme française', qui auront leur place
dans les volumes suivants. M. Fraikin s'est acquitté de sa lâcbe
d'éditeur avec un zèle des plus louables. 11 nous donne même plus
que nous n'étions en droit d'attendre de lui. Comme Roberto
Acciaiuoli cumule avec ses fonctions de nonce, — laïque d'ailleurs, —
celles de représentant de Florence, nous avons non seulement sa cor-
respondance avec le Saint-Siège, mais aussi avec les Huit de Pratique
et, après la révolution de 1527, avec les Dix de Liberté. De même
1. H fournil même, sans s'en douter, de» éléments pour la critique du pre-
mier de ces miracles ([>. 75) : la guérison de la petite Périer est visible a tous
les ynui, et cependant certaines religieuses de la maison l'ignoraient encore
quinze jours après,
2. Le solécisme de la p. 384, l. 3 : ■ Docteur ea droit > est-il dans le ms.T
3. Archives de l'histoire religieuse de la France. Nonciatures de France.
ffinUfÉàm de Clément Vil... T. I : Depuis ta bataille de l'avie jh.v/uqu
rappel d Acciaiuoli, 25 février 1525-juin 1527. Alphonse Picard, 1906, ln-8*.
uaxm-iSI p. L'éditeur commence a Pavie, parce que la nonciature d'Alèandre
doit être publiée, dans la même collection, par J. Paquier. — M. Fraikin donne
ou cite (lorsqu'elles ne sont pas inédites) 225 pièces, plus 14 en appendice.
4. Dcui documents de celle nature à l'appendice : 1' un bref à Louise de
Savoie, du SB décembre 1525 (tic), approuvant l'arrestation faite à Ljon d'un pré-
dicateur luthérien. Il s'agit sans doute (H. Fraikin aurait dû nous en avertir)
de Maigret (vov. Uerminjaril, I, 309, 310, 316; d'Argentré, Collecilo, II, 7M6;
N. Weiss, Huit, du protestantisme français, année 1800, |>. 245 et suiv.J.
Mais alors la date de 1525 doit être (quoi qu'en dise Fraikin, p. 398, n. 3) corri-
gée en 1524 (il ; a d'ailleurs anno secundo), car c'esl le 17 décembre 1524
que, de iiile. de Coci annonce & Farel l'arrestation de Maigret à Lyon, el c'est
le 9 mars 1525 que la Sorbonne le condamne; c'est le 8 janvier que l'arche-
vêque de Lyon, conformément aui dispositions du bref, avait commencé les
poursuites contre lui et nommé pour le juger deux, docteurs de Paris el deux
conseillers au Parlement. Le fait que le bref est adressé 4 Louise n'est pas
un argument contre la date du 29 décembre 1524, puisqu'elle était régente
depuis octobre. Balan, au reste, indique la date exacte. 1' Une bulle .un évéques
dp Langres, Mâcon et flayeui, » l'abbé de Saial-Médard de Soissou» et à I officiai
de Rouen, 25 janvier I52T, pour conférer 4 eux-mêmes el * trois docteurs do
Sorbonne le pouvoir de juger l'hérésie.
S avons les lettres qu'il écrit à Gambara, envoyé du pape auprès
de Henri VIII.
Evidemment, ces correspondances ne nous révèlent, sur la ligue de
Cognac et ses diverses métamorphoses, rien qui ne nous fût déjà
connu. Elles mettent en lumière cependant la faiblesse hésitante de
Clément VU et ;iussi la mollesse de François 1", grand parleur,
grand prometteur, mais plus occupé de chasse et de plaisirs que de
politique italienne '. Et pourtant une idée nouvelle, èhauchee contre
nous par Jules 11, revient sans eesse dans les lettres de Rome et de
France : l'idée italienne, le salut de l'Italie, la liberté de l'Italie.
H. Kraikin a résumé tout cela dans une solide introduction1.
A coté de la monumentale encyclopédie calvinienne de M. Dnu-
mergue, il y avait place pour un petit livre sur Calvin. Celui que
M ilossËBT a écrit pour la collection des Grands Écrivains français
est une monographie exacte et suffisamment complète'. On regrette
de n'y pas trouver une effigie plus vivante du réformateur, ni une
détermination plus précise de ce que l'auteur de ['Institution ippor-
tait de nouveau à la prose française, ni on exposé assez large de ce
que M. Dossert appelle i les destinées du calvinisme =', â savoir le
rule du calvinisme dans le monde et son évolution ultérieure.
III. Bistoiu i,irTB«iiHE. — La thèse de M. Pierre Maimio, l'Orient
dans la littérature française au XVII* et au XVtlf' siiete", est UD*
cb&pilre de l'histoire des idées, puisqu'elle étudie l'inlluence exercée
1. Vojrz, comme document capital, la lettre d'Acciaiuali a Gambara. de Paris,
I? mai lSÎ6(o'S13).
7. P. txxiv, I. 1 : i Robedanges p, lire (comme il est dit ailleurs) : ■ Rabo-
danges ». P. 38 : t La reine-mère », pour : • Madame >. Le» tuiles sont repro-
duit* lire une «crapuleuse fidélité. Quelque» heureuses corrections apportée» i
U publlutitin de nesjardins.
J Cal- in. Hachette, 1906, 2î'i p.,1 porlr. — P. Ï3 : » Mats a ta tnéUe époque
Parti, «1ère d* Le Fètre, disait de lui... <• Il f.iul lire : i liais Paret, élérc de
L# Fp irr, disait, en parlant de ce que Le Fètre faisait A la même époque... s
L'Importance de ratte correction n'échappera à personne; car il s'agit d'un pas-
sage où hnl tcui prouter, longtemps après, que Le Ferre n'a connu que Ire»
incompl élément la traie religion. Je comprends d'autant mains le lapsus de
H. rJoaaert que la phrase de Farel est au plus-que-parfait. P. 39 ; i Fran-
çais 1" [en 1533] tiraillé entre deux influences contraires, celle de sa sœur Mar-
guerite qui conseillait la clémence et celle de sa mère Louise de Saroie qui le
peaimil * la tyrannie. ■ C'est exagérer l'apposition, toute politique, que Louise
taisait aux idées nouvelles, p, 194 , l'Académie caliinienne ne s'est jamais
appelée t Collège- Uniiertilé >, mais, suivant une habitude alors très répandue,
1 Mie et Collège ».
ilnnj trouva ses premiers adhérents dam les masses populaires... >
C'est trop tsire commencer atec Calrin la réforme française.
i. Uaruetle. 1900, lu-8", 37S p. [miei
Hsv. Huma. XCIV. 1" raja. G
83 BOLLBTm HISTOBIQVE.
par la découverte, — ou plutôt par les découvertes successives, —
do l'Orient sur la pensée Française. Le mot Orient est, au reste,
entendu ici dans son sens vaste ; Levant, Inde, Extrême-Orient; nos
aïeul ne faisaient guère de ces distinctions. Écrit avec une verve juvé-
nile, parlais un peu fumeuse, souvent gâté par les répétitious', le
livre intéresse et passionne, mais il manque de précision et ne va
pas toujours au fond des choses, ni sur les origines du mouvement qui
poussa les Européens vers l'Orient", ni sur le rôle de I' « orienta-
lisme *, ni sur ce que les philosophes ont pris à l'Orient.
« Comment l'auteur des Pastorales et des Lettres galantes a pu
être aussi celui des Entretient sur la Pluralité des Mondes et de
l'Histoire îles oracles », tel est le problème que pose le Fonlenetle :
l'humme, l'œuvre, l'influence3, de M. Louis M u.,i«>\. Je crois que
l'auteur de ce livre fort agréable nous aurait rendu plus intelligible
révolution de son personnage s'il avait apporté à l'étude de celte
longue vie une méthode plus chronologique. Mais séparer les unes
des autres la biographie proprement dite, l'œuvre littéraire, l'œuvre
philosophique, l'œuvre scientifique, ce n'était pas le meilleur moyen
de faire voir « avec netteté comment du simple bel esprit le grand
esprit s'est dégagé par une ascension lente, mais sûre ». Nous
aurions voulu assister à celle ascension. Ce spectacle aurait permis à
M. Maigron d'établir plus fortement, après d'autres, que l'auteur in l'or-
luné de VAspar est devenu « l'introducteur nalurel du xvin" siècle n
et que « Voltaire et Diderot n'ont pas eu de précurseur plus authen-
tique ».
N'est-ce pas, en vérité, un signe des temps que l'on se puisse croire
obligé d'écrire un livre pour démontrer celle proposition, que nous
avons sucée avec le lail : « L'esprit philosophique, c'est l'esprit de la
Révolution de i'H'J »?M. Marius Rodstin1 mené cette démonstration
avec aulanl de vigueur que d'esprit. Il concède a M. Faguel que la
Révolution a eu lieu parce que le peuple mourait de faim5; mais il
1. Le plan explique ces répétitions. Dans une première parti* : la Connais-
tiiitce de l'Orient (voyagea, commerce et colonies, missions religieuses, orien-
talisme, progrès de celle connaissance; c'est surtout ce chapitre qui déflore les
suivants]; dans une seconde : l'Orient dans ta littérature.
2. Le sens de l'Orient est plus développé au xvf siècle que ne le dil M. Mar-
lino. Thevel, Nicolas de KiooUf, ilu Fresoe-Canaye, de Beauteau, etc. témoignent
d'une réelle et souvent intelligente curiosité, du moins en ce qui concerne le
Levant.
3. Pion, 1906, in-8É, iv-432 p.
4. La Pkilasapkes et la loçiéti française au XVI II' siècle {Annalei de
l'Université de Lyon, l 11. Fasc. 16). Lyon, A. Rey, et Paris, Picard, 1900.
in-8", 455 p.
5. Il tait même à il. Faguel trop de concessions. Les cahiers ont souvent
lai objecte aussitôt que n
PBilTCE. 83
r de faim était, pour le peuple français,
une trié vieille habitude. La Révolution a eu lieu lorsque le peuple
s'est dit que sa misère avait pour origine, non pas un décret immuable
de la Providence, mais les abus du régime, et que ces abus pouvaient
élre corrigés. Or, ce sont les philosophes qui ont révèle au peuple ces
vérités neuves pour lui. M. Roustan montre comment leurs idées se
sont peu à peu diffusées à travers toutes les couches sociales, allant
s'eiargissant, — et «.'amincissant, aussi, — à mesure qu'elles descen-
daient. Sujet qui n'est pas absolument neuf, puisque Taine avait
dtfà étudié i la propagation de la doctrine »'. Sujet qui réservait à
un littérateur comme M. Roustan des surprises, — el des décou-
vertes, — qu'une éducation historique plus complète lui eût sans
doute épargnées9. Somme toute, livre intéressant, qui ne fait nulle
part a l'idylle3, qui montre très bien comment se posaient dès lors
certaines grandes questions sociales *. Kl si le ton en est quelque peu
polémique', la faute n'en est-elle pas à ceux qui, les premiers, ont
introduit dans l'histoire du iviii* siècle des préoccupations qui
n'avaient rien de scientifique .* ?
p plus de porter politique «1 philosophique, qu'un ne tout noua le faire
accroire. Il est frai, quanti ou rencontre des cahier* ruraux très sérieux, qu'on
M Mute en inventant une < cabale > d'avocals qui aurait envoyé aux nasem-
. lire» îles formulaires tout faits. Dr même, on nous affirme, de cer-
tain cité que l'instruction primaire était, en 1789, presque aussi répandue
i)a'tujourd'liui, el en même temps que la < philosophie i ne pouvait exercer
dVlkiu sur un peuple d'illettrés. Il faut choisir.
I. Il semble qne M. Itniisi.ii), Intimidé par les foudres d'excommunication
majeure qu'on a lancées contre Taine, ail eu peur de s'en sertir. Il le nomme
pour ta première fols en noie, p. 85. Et ensuite H prend a Taine ce que, pré'
oWaWSt, Taine • de plus contestable, a savoir ses collections de petits faiK
.' La préparation historique est éviilemint'ol in su Misante. Sagnac (el au besoin
Matai) «UH a citer sur la féodalité en 1789. — Ecrire, a propos de l'importance
des cahiers (p. i\), que • tout le monde > en eunvienl, c'est ignorer que celte
Importance a été niée vigoureusement. — On doit la justice a tous, même A
1.00 H XV. S'il écrit le 33 jsnvier (p. 17) ; « Il y a des nouvelles de Bavière du
1J décembre, et je ne les ai pas vues >, cela ne veut pas dire que le souverain
ett • resté trois semaines sans prendre connaissance des nouvelles de la
guerre a. Partit.' de Bavière le l'J décembre, ces nouvelles ne faisaient peut-
être que d'arriver. — Est-il utile de consacrer un chapitre a H-" de l'blteauroui
pour aboutir (p. BO) à cette constatation qu'on ne saurait rien dire île son rôle
J4111 le mouvement philosophique! — l.a peinture de U corruption régnante
est banale.
3, Un peu d'exagération en sens inverse. Ici l'influent* de Tnine a été
f*ek*BM.
t. P. 337, une page excellente sur la situation des ouvriers.
eut la conclusion.
• Uarmonlel, ga» de Bart », n'est-ce pas ■ Dort » qu'il faut lire*
Il j * quelque* autres faute* d'Imprassiou. — P. 189, je crains bien que 1 au-
84 BULLETIN HISTORIQUE.
Ce que H. Edouard Rod appelle V Affaire J.-J. Rousseau*, C'est la
condamnation par le petit conseil de Genève du Contrat social et de
Y Emile. En apparence, ce a n'est qu'un épisode dans l'histoire de la
vie de J.-J. Rousseau et dans celle de sa ville natale •. Hais ce qui
donne à celte anecdote d'histoire littéraire une valeur et une portée
générales, c'est qu'en la personne de Rousseau étaient violées et la
liberté d'écrire et la légalité genevoise; que l'intervention, dans le
débat entre l'écrivain et la cité calviniste, des « Représentants »,
c'est-à-dire du parti démocratique, en fit une « affaire • politique,
si bien « qu'il n'est point excessif de dire que la condamnation
à" Emile et du Contrat social fut l'incident qui provoqua la fin du
régime oligarchique dans la république de Genève, peut-être la chute
même de cette république »2. On peut même ajouter que ce fut une
« affaire » européenne, l'une des plus sérieuses escarmouches, avant
la grande bataille de \ 789, où se soient mesurés l'esprit conservateur
et l'esprit révolutionnaire.
C'est de ce drame que H. Rod (en s'appuyant sur les manuscrits de
Neuchâtel, de Genève, sur les archives de Coppet, de Bessinges, etc.)
a résumé les péripéties émouvantes. Avec ce sens psychologique
affiné qui est la marque de son talent, il nous a peint les hésitations,
les lassitudes de Rousseau ; le grand homme est entraîné presque de
force dans la mêlée des partis, et c'est un peu malgré lui qu'il devient
leur instrument et leur symbole. Les Lettres écrites de la Montagne
ne sont pas exclusivement son œuvre : elles résument les aspirations
des adversaires de l'oligarchie.
M. Rod, par un scrupule d'art et d'élégance, semble regretter que
Jean-Jacques ait joué son rôle dans cette bataille. Encore qu'il se
défende (p. vin) d'avoir cherché à rapprocher cet épisode de certains
a événements actuels », ce n'est pas exclusivement à l'adresse des
« Représentants » que furent écrites telles pages chagrines contre le
pédantisrae des légalitaires3, la tendance des révolutionnaires à lou-
teur n'ait brouillé ses fiches : M"* du Deffant raille le nouveau Parlement,
c Sur ce terrain, Voltaire était un allié... » Or, Voltaire est pour le nouveau
Parlement 11 aurait fallu écrire : c Un allié pour le ministère. »
1. Paris, Perrin, 1906, in-16, xiv-359 p., 2 portr.
2. P. 355 : c L'ancienne république..., dans la forme mixte et théocratique
qui faisait son originalité, était morte et bien morte. L'affaire Rousseau l'avait
tuée. C'était un autre État qui s'était relevé de ses ruines, au bord du même
lac, autour du même clocher, sous la garde du même Salève..., l'antique répu-
blique allait devenir un canton. » — Très intéressante reconstitution du milieu
genevois aui ch. i et m.
3. L'un des arguments (et il est plutôt bizarre) de M. Rod contre ceux qui,
en ces a affaires », se préoccupent de la question de légalité, c'est le carac-
tère exceptionnel que revêt nécessairement toute • affaire ». Il y avait, assu-
ruset.
jours tirer la couverture a soi, l'imprudence des «
rem », des passionnes de justice qui répètent la belle et décevante
formule : Pereat mondus! — M. Kod appartient â cette phalange
d'esprits distingués et moroses qui voudraient bien le triomphe de
la vérité et de la justice, mais à condition qu'il n'en coulât rien à la
tranquillité publique, au respect des traditions. C'est vouloir que
l'histoire ne soit plus l'histoire. — Il est 1res vrai que les combattants
De « se réclament dans la bataille ... de ces grandes abstractions,
il lié, justice », que ■ pour les mieux fouler auv pieds (Uoa
la victoire ». Mais, s'il était étalement vrai que ces luttes, * engagées
parfois, à l'origine, pour les motifs les plus honorables, ... n'abou-
tissent qu'a réduire la part, déjà si modeste dans les choses
humaines », de ces grandes abstractions, on se demande ce qu'il en
resterait a l'heure présente. Mn dépit des apparences, les révolu-
tionnaires genevois, en s'emparant comme d'un drapeau du « citoyen
• », travaillaient au progrès de l'humanité'.
IV. HrsiOlBB DES SCIENCES ET DE L'jRT. — M. Gabriel MllESCUlL DE
Bit vin consacre à son ancêtre, Georges .Mareschal, premier abfmrgJM
du grand roi, un volume ou il y a beaucoup d'inutilités et de choses
mes, soit sur l'histoire même de la communauté de Sainl-
Gûme, soit sur les événements poliliques auxquels la chirurgie (et
particulièrement la phlébulomïe) se trouve associée*. Mars le rùle
joué par Marescbal dans des circonstances décisives, la confiance
qu'avait en lui le roi font de sa biographie une lecture inléri,--.iii!r:i.
D'un intérêt bien plus général est le livre de M. Paul DsUBMl sur
U Monde médical ^ parisien au XVtfl* nèc/fl\ Si leplan n'est pas ton-
ri-mrnl. i peu de chances qu'il se produisit soûlent des livres aussi extraor-
dinaire* i\a'Êatile et le Contrat », et le cas Rousseau i ne se serait pas reproduit
deui foi* en un siècle ». Mai* c'e»l en luttant contre ces illégalités éclatante*
qu'on arme a réduire, dans la vie de tous les jour», lu part de l'illégalité. Nous
ne umns pas tous liclime* d'une monstrueuse erreur judiciaire: mais {sans
parler de l'égoïsme qu'il y aurait 4 ne pat se préoccuper d'un mil qui ne nous
tnraair pas directement) nous avons tous intérêt 1 la réforme du code de pro-
cédure cl d'instruction criminelle. L'agitation i|ui se fait nulour d'une victime
illustre usure des milliers de pauvres diables.
I. P. Î9* : * La légendaire, retraite des patriciens (lie .')... i — Le» (Mies
cité* |iar M Hod sont écrasants pour Voltaire, qui en toute celle affaire- ic
montre hainrui, jaloux el perlide. lias et hypocrite (vojr. nolamiuenl, p. 13ti,
lettre i François Tronc bin du H janvier 1765).
I. Gtorytt MarttcAat, teiijneur île llierre. cltirurglen tt con/idr*t de
U*tèXirti658-t735). Pion, 1906, io-B', ui-eOOp. Indei, 3 MHojT.it 15 gra».
3. Un contusion p. 8 le tuteur n'est pas nécessairement ■ pris parmi les
«nu m* i, mail choisi par les éclievins.
i. Joies Ronieet, 1906, i p. Bibliographie, indci, gravure».
La Utrt [«Mie -. < Deuxième édition, revue et augmentée. »
SA BCLLETI-i tlISTORIQCE.
jours d'une netteté très rigoureuse, si le alyle est recherché eL inutile-
ment ■ littéraire », si la succession des tableaux vous laisse l'impres-
sion fatigante d'un kaléidoscope, l'érudition très riche, très informée et
très sûre de M. Delaunay font de son livre un recueil inestimable. L'en-
seignement, les habitudes professionnelles, les théories médicales,
les hommes, — médecins, chirurgiens et charlatans, sans oublier
clients et clientes, — la presse médicale, toutes les faces du sujet
sont tourâ tour éclairées d'une vive lumière. Ce qui ressort de cette
élude, c'est que tous les progrès scientifiques se sont alors produits
en dehors de la « très salubre » Faculté de Paris. Les novateurs, ce
sont des docteurs de Montpellier ou quelquefois d'une minuscule
université provinciale (Reims, Ponl-à-Mousson ou Perpignan), des
professeurs du Jardin du Roi ou du Collège de France, de simples
chirurgiens, des étrangers. Ce n'est pas à la Faculté, c'est à l'Aca-
démie des sciences, à la Société de médecine, à l'Académie de chi-
rurgie que s'élaborent les idées fécondes. Aussi, tout en partageant,
à l'égard du « progrès » médical, le doux scepticisme de l'auteur',
faul-il conclure avec lui que, sur ce terrain comme sur les autres,
une révolution était nécessaire'.
Est-ce dans l'histoire de la médecine qu'il faut classer le livre que
M. Henry Tboiichi» consacre à son aïeul, Tronehin-Esculapc3? Évi-
demment, puisque l'élève du grand Boerhaave a joui d'une réputa-
tion européenne, que sur l'hygiène du mouvement et de l'alimenta-
tion il a émis des vues neuves et dont plusieurs ont faîl fortune',
puisqu'il a soulevé contre lui les jalousies et les colères de la salu-
berrime Faculté. Mais Trouchin n'a rien écrit; du moins le peu qu'il
a écrit n'a pas, il s'en faut, contribué à sa gloire. Même dans la pra-
tique de son art, il n'est pas à louer de tout point, et il y avait bien
1. Voy, p. 233, n. I, sur la saignée : « Pour paraître très moderne, ou par-
lera d 'au lo- intoxication et du tissu cellulaire émonctoire, tout en agissant
comme feu le docteur Renard, l'E»ciiUpe du Marais. >
2. Voici 1» principales divisions du livre : études et profession médicales,
fo M lionii aires et médecins de cour, médecins et chirurgiens, eypridologistes,
inoculation, remèdes secrpls, médecins bibliophiles cl naturalistes, obstétrique,
journalisme médical.
3. fn Médecin du XVill' siècle : Théodore Tronchin (1703-17811, d'après
des documents inédits. Paris, Pion, et Génère, Ktlndig, 1906, in-8", m-417 p.
Un portrait en héliogravure et de nombreuses pièces justificatives.
4. Voy. surlout eh. ri, le Médecin, l'homme, m, l'Inoculation, et iv, lu
Maladresses de Tronchin. Comme tout est mode, les idées de Tronchin sur
l'hygiène des femmes enceintes (p. 1)3) ne sont plus, aux dernières nouvelles,
la vérité thérapeutique, tandis que sa lellre sur le régime alimentaire du prince
de Prusse (p. 57) pourrait èlro signée par les plus célèbres spécialistes de nos
jours.
fiuii;i. S7
une pointe de vérité dans les accusations de charlatanisme dont on
l'accabla. Mais l'intérêt du livre est ailleurs. Il est dans ces bizarres
relations de Voltaire avec son médecin, dans la merveilleuse agilité
avec laquelle l'éternel malade exécute les plus étonnantes cabrioles
d'esprit, dans le mépris tout calviniste que le médecin, sou devoir
accompli, témoigne à ce vieui comédien, « pour qui la mort est le
roi des èpouvantemenls ». Il est dans ses relations orageuses avec
Jean-Jacques, el c'est ainsi que M. Henry Tronchin ' se trouve amené
à effleurer le sujet dont M. Rod a tiré son livre. C'est surtout avec les
archives de sa famille que l'auteur a établi un volume, dont le plan
est un peu llollanl, mais qui est riche en renseignements, et où l'on
i le plaisir do trouver du Voltaire el du Diderot inédit, el du Rousseau
tantôt complètement inédit, tantôt corrigé.
Robert de Cotte, élevé de .Iules- Ha rdouin Mansart, puis son succes-
seur comme premier architecte du roi, n'a pas seulement beaucoup
construit. Il a laissé un 1res grand nombre de papiers, plans, des-
sins, qui ont malheureuse me ni été disperses entre trois départements
de la Bibliothèque nationale. M. Pierre Marcel1 en a dressé un
Inventaire complet, — de 886 numéros, — abondant en détails, non
seulement sur l'histoire de l'architecture, mais sur bien des sujets
d'bisloire do l'art ou d'histoire économique3. M. Pierre Marcel
explique dans sa préface que de Colle fut un des apôtres de celle
nouvelle distribution des appartements, plus commode et plus plai-
sante, qui caractérise le xvin" siècle.
V. Histoire Économe de. — Nous ne signalons sous celte rubrique
que deux travaux généraux, carc'est de plus en plus dans les œuvres
d'histoire locale que s'élabore l'histoire économique.
Ecrire, à l'heure actuelle, une Hixtoire du travail et des travail-
leur* paraîtrait à tous les spécialistes une entreprise prématurée,
- même en restreignant celle entreprise à la France et aux temps
postérieurs au mi* siècle. — Il est, malgré tout, heureux que des
non spécialistes, moins timides, fournissent de temps en temps au
• "Irmu-tmi. ,||| l'auteur (]>. 75), n'avait d ailleurs rien de sectaire. ■ Celte
h patuite où ce médecin conseille » son Dis de se conduire e
i de» philtMophca comme on se «induit a l'égard de la pesle : . Argu-
i i Mttn II |>e»t*T Non, buis doute, on la (tait, o Et <]ue failet-TOu*
rtiierèï — p. 93 ; < De» Lutèce* •. lisez ; • De» Lucrèce». > P. 324,
turbire emploi .i'iiu Infinitif ; < On courre le cerf. .
1. Doramrnl, rtlatl/t à l'histoire dr farchiieclurt franfalir. /nirn'rijrv dej
papirrt ntanitKTtU du cabinet <lr Hnhrrt dt Coiir... (1656-17351 e' de Julti-
Hoberl de Oottu i Î6S3- ITtil ',... H. Champion, 1906, ln-8', ixx-168 p. Index.
!. BUMI Sjinl-Maur. du Centre, Trium .In toierie», egiiul». Manufacture
4rt jUcm. do» Qobelu». Mémoire cous la la ni l'état alarmant du commerce
ISS»), Incarnlles. Eaui minérale», etc.
wm^km
88 BULLETIN HISTORIQUE.
grand public un résumé rapide et facilement lisible des travaux de
détail accumulés sur ces questions.
On n'étonnera personne en disant que le résumé de M. Pierre
Brisson1 est très éloigné de la perfection. Les travailleurs de la terre
n'y occupent qu'une place restreinte. Les divisions chronologiques y
sont insuffisamment précises2. Et, si près d'une moitié du volume
est consacrée au xue siècle, l'analyse des nouveaux phénomènes
économiques reste très vague. Les passages relatifs à l'histoire de la
technique se bornent trop souvent à une simple énumération de
machines ou de procédés d'inventions dont nous n'apercevons pas
les répercussions sociales3. H. Brisson s'est imprudemment aven-
turé, à la suite de d'Avenel, sur le terrain monétaire, et ses excursions
n'y ont pas toujours été heureuses4. Malgré tout, son petit livre peu!
servir à attirer l'attention sur ces matières trop négligées5.
Les érudites et piquantes notices que M. Alfred Frahklix a semeés
dans ses volumes sur la Vie privée d'autrefois devaient tout naturelle-
ment s'ordonner un jour ou l'autre en un lexique. Le Dictionnaire*
1. Delagra?e, [1906], in-12, 538 p., fig.
2. P. 35 : la Misère des apprentis, qui est du xvni* siècle, et la Farce du
cousturier ont l'air de se placer sur le même plan chronologique. Le en. v,
sur la réYolution économique du xvi* siècle, après des chapitres où il a été
parlé du xviii*. Même imprécision dans le choix des gravures. Si l'idée d'éclai-
rer par des documents graphiques l'histoire du travail, si le choix des deux
recueils consultés (Jost Amman et Y Encyclopédie) est très louable, il est beau-
coup trop restreint. M. Brisson, qui nous parle (p. 9) des vitraux de Chartres,
aurait pu leur faire des emprunts. Des planches du xvi* siècle ne nous
apprennent rien sur les corporations du xiu*. Et que dire de ces teinturiers
de l'Encyclopédie (p. 16), à côté d'un texte d'Estienne Boileaul
3. Sur la géographie industrielle en 1789, il aurait fallu souligner le carac-
tère de dispersion relative de l'industrie et les faits qui amènent un commen-
cement de concentration : ports, combustible végétal, mines, routes royales.
4. P. 233, M. Brisson me fait dire que les typographes lyonnais gagnaient
c cinq francs de nos jours, sans tenir compte du pouvoir d'achat de l'ar-
gent », soit c vingt francs actuels >. Si M. Brisson veut bien se reporter à la
p. 185 de mes Ouvriers, il verra que j'ai tenu compte du pouvoir de l'argent
(il s'agit de l'équivalent en blé du salaire nominal). Je ne plaide pas les cir-
constances atténuantes pour une conjecture aventureuse (et je crois d'ailleurs
même ce chiffre de cinq francs exagéré), mais je n'ai jamais parlé de vingt
francs.
5. P. 30 : c Un quatrième degré occupé par les jurés. > Il s'agit d'un échelon
que tous les maîtres purent gravir. — P. 49, compagnonnage : insuffisant sur le
rôle économique de l'institution. — P. 208, contre-sens sur le mot c fief ». —
P. 260, les Anglais n'ont pas attendu la fin du xvm* siècle pour apprécier le
claret. — P. 261, à signaler l'invasion des emblavures par la vigne dès le début
du xvi" siècle; c'est une plainte générale alors.
6. Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans
Paris depuis le XIW siècle. Paris et Leipzig, Welter, 1906, in-8*, xxvi-856 p.
rinMi:. 89
rédigé avec amour par l'aimable et savant conservateur honoraire de
Il Mazarine nous permet, comme le dit dans la préface M. Levasseur,
de faire > un voyage â travers les âges daus la vie intime du peuple
parisien >■ ' . Mais il faut avoir le courage d'ajouler que ce n'est pas
encore le répertoire alphabétique (peul-étre, au reste, impossible à
établir h l'beure actuelle) où Tbislorien économiste pourra se docu-
menter en toute sùrelé.
La première observation â laquelle m'obli«e le souci de la vérité,
e.Y.-i que, i\ l'érudilion de M. Franklin est étendue, elle est quelque
pu défraîchie1, lin second lieu, le Dictionnaire des métiers de
Paru n'est pas assez, exclusivement parisien, et plusieurs articles ne
sont pas ici à leur place3. Sur l'histoire même de l'organisation du
travail, M. Kranklin me semble dominé par un préjugé favorable a
l'institution corporative'. Il ne tient pas compte des métiers libres,
1. Les articles extraits intégralement de la Vie privée sont précédés d'un
Uteriique.
2. M. Franklin ne connaît d'autre édition du Livre des mi-tiers que celle de
Depping, d'antres tramai sur les monnaies que ceux de de Wailly, lie loule la
lillerature Uislorim-économique de ces dit dernières années, il ignore tout, et,
dût-on me reprocher d'être • orfèvre t, je ne puis l.iire que celle omission
est regrettable.
3. Que fait ici un article, nécessairement incomplet, sur les Mineurs? De»
détails donne» à Animaux ferocei (où voisinent, en un désordre étrange,
Henri III. Henri IV, C lia rie magne, Louis IX et Louis Xlll] quelq lies- uns n'in-
lemteut que Itieppe (cf. Bateinei). A Sabotiers, une anecdote lyonnaise de
..iliiliimnalre, donc doublement étrangères, l'objet du dictionnaire.
■■MtJMl relatives * des t professions • ou i tondions i, non a des
■ métier* • : Àneyfuri de loillet, Cliampart, QuarUnters.
1 CbomOretant : les seuls textes cites sanl de 1583. 1073, 1743; or. l'on
pouvait trouver do deuils 1res abondants dès le iv' siècle Confréries ; deti-
■iliun beaucoup trop étroite. On postule trop aisément l'identité confrérie =
métier; Il aurait fallu remonter jusqu'au nv* et non au xvc siècle. Itien de
bien net sur le < droit de boutique >; par suite, rien sur l'évolution qui, dans
beaucoup de métiers libres, rapproche de plus en plus la confrérie de la
jurande Rien non plu» sur le rôle de plus en plus effacé des compagnons, sur
la fondation de confréries de compagnon», leurs luttes avec les confréries des
maître*. A Ouvriers : ■ L'élection [de» jurés] se faisait au suffrage universel.
maître» et ouvrier* réunis. > Cela peut avoir été vrai a une certaine date; mais
ennnrrr crtt* formule sans parler de» modlBcntioai postérieure* qui ont fait de
la communauté de métier une oligarchie patronale, c'est fausser l'histoire.
Créée* ; article beaucoup trop court et qui ne remonte pas au delà du
xvu* siècle; ce qui pourrait laisser croire que l'ancienne organisation corpora-
tive ignorait le» conDiii. Compagnonnage : 11. Franklin y toit i une première
•Itetile portée au principe île confraternité sur lequel reposaient les corpora-
<> cap» seulement du stage Imposé i (ouvrier entre l'apprentissage
«t la mallrlie. Quant t l'institution même du compagnonnage., il ne donne sur
«lie, t L'nfanli de maître Jacques et m Devoirs, que de» détail» sans intérêt.
apemAmmt ai nom, atee «Paris1. A prtjpea «fa fe
■Kroeri'. il faudrait parier de km tau» antre le» ■
qui aat Uni de Ui «cape les Étals H la PiriecDeoU' C'est llrâ-
teire de cet fnfamoot qai bit le mieux eaetyrendre csBaenl ses
t»Ma«M lasaen urginiiif eaMomtaue. U eoid—l— de (ont cela,
«'«et <fM l'entreprise tentée par M. Franklin nert pas de celles qa*nn
borna» seul pause mener à bien*. Le Dietjommwérr n'en reste pas
SMtas comme le snoomeol d un patient et bborieu «tort. J'ai
peoié qne le critiooer de près était encore U neOloore fan» de lai
M. Hmaau r*on*a»i«. — M. Pierre Bot* s'est donné pour sujet
d'étude Ut Abeitia. la cire rt U miel em Lonme jmeqt'à lu fm dm
XVI If ritcU*. Coauneat les diligentes ouvrières furent — »— ï»*»f
pur le droit feodal tantôt aa trésor eaebé, tantôt à repaie sans
■ ya,a*lsa
H UlUtt «écrire le n
Im Asie» tdlt de mon 1673 tt de mars 1691 : pMrsjatd pat cm de 1581 et
ont
2. Rmt des mercier», très insuffisant sur les mesures prises par Frasvçoi* I~.
3. »(** même 'Uwu«e étoananle son» la plane de l'aateor; sur u lilterstore
ipêciale mi mercier*, tôt l'organisation sécrète des < Caesmes ».
4. Voici maintenant ose «rie de menues critiques, destinées à Montrer i
H. P. avee quel soin et quel intérêt j'ai dépouillé son livre. Apothicaires :
citer 'lur le quiproquo) le» tiatlieui d'ordures de 1609 et le Cahier des car-
font apothicaires de ICI) (pourtant publié par H. G. Picot;, si important pour
l'bl'tolre de l'oligarchie capitaliste. Jeter : citer M on Libres tien Affichage :
npfflH I'* placards de li3i. Automates : au lieu de ci/cmafci, lire aflontiitel
rlioi Puretière. Banquier; très insuffisant. CaAi«etf !d aoatomie] : i propos de
celai de H"' Hibcron. rappeler Diderot qui en parle, no tara oient dans se» lettres
1 Catherine II. Value de Foui y .* Turgot est oublié. Carrossiers ; parler de la
concession faite par Henri IV a. H" de Bueil et procès qui s'entui firent. Col-
portaçe, colporteurs : i mu (Usant. Chaudronniers ; anachronisme étrange,
Cbarle* Vil i plut d'un demi-siècle aprèi ■ le Téméraire. Commission du
commerce : citer Champollion et. k Conseil, Boonas.»ieui. A coté de com-
pagnei, noter la forme compagnonnei. Drapeaux : manque le sens primitif
de vieux draps. Drap* d'or et de aie : il ne fallait pat dire, puisqu'on sortait
de Pari», que la fabrique de Tours disparaît au m" siècle (très prospère sous
Richelieu), ni passer «ont silence les deui créations successive» et jusqu'à
l'eiltleuce de celle de Lyon. Draps (noms divers donnés au») : il manque drap
île meunier Enfant* rouge* : pas U date de création. Poseurs : une histoire
du a pavé > plutôt que des ■ paveurs i, sur lesquels Delamarre est cependant
riche. Holeun (de tabac), nuis rien sur les rôteuri (compagnonnage), servantes :
noter le «™» a ouvrières n. Soie* : saute de 1470 à 1582. Inspecteurs : il
manque : • Inspecteurs de la librairie t,
B, Ptrlt-Naucv, Iterger-Levrault, 1906, in-8-, 108 p.
FR1XCE. 91
maître; comment se constitua, au profil des seigneurs, le droit
faMihpi, exercé par des officiers spéciaux, maitret des movchettes
ou briseur» juré* ; avec quelle lenteur progressa la technique apicole;
ijut'lli.- place tenait le miel aui époques où le sucre était une denrée
de luxe, la cire en un temps où le luminaire était rare; comment le
pitumt de redevances en cire pour franchises et sauvegardes créa
une bourgeoisie de cire, telles sont les questions variées, d'économie
rustique, de droit, d'histoire sociale que M- Boyé passe en revue,
sans parler même de quelques pages consacrées au rôle joué par les
abeilles dans le folk-lore lorrain.
La ville d'Épernay était au m* siècle une bien petite ville, dont
l'incendie de (544 réduisit encore l'importance. Elle ne possédait pas
\fc. incurie, c'est-à-dire que la compétence de l'assemblée des habi-
tants était peu étendue. Cependant, les registres municipaux ' , publiés
avec autant de soin érudil a que de somptuosité par MM. II. Ciumkiv
nt: Uhulms et H. Bertil, présentent un réel intérêt pour l'histoire
économique. Les deux éditeurs ont accompagné leur publication d'un
exposé de l'évolution d'Epernay, la lente conquête du terroir par la
vigne, qui lutte d'abord contre la forêt vers les crêtes et contre le
marais de la Marne, puis contre le blé; d'un résumé démographique
où s'inscrivent les conséquences des événements politiques et des
changements économiques; d'une élude sur les historiens d'Éper-
nay, et, en particulier, sur Berlin du Rocherel, type assez amusant
de robin de petite ville, parlementaire, libertin et franc-maçon3.
Cette publication, qui sera continuée, peut être donnée comme
modèle aux érudits locaux ',
Les historiens du xvr siècle ont consacré quelques pages à la
révolte de la gabelle de 1548-1549. Mais, éblouis par les scènes tra-
. .Source* de l'hiitoire d'Éptrnay. t" série, t t : Archiva muntcipalt.\
dÊpernay (XVt ùècltj. H. Leclerc, 1906, in-8', xcvt-448 p. Index, 12 pi. et
— Les registres publiés vont de 1540 A 1570. La térie prochaine ne com-
mencera qu'en 1819, el une nouvelle lacune la coope malheureusement en
1639, Les auteurs donneront ensuite (non plus In extenso, mais sous forme de
raltndan, aiec reproduction de documents type*) les archives ecclésiastiques,
pais celle» des seigneurie et juridiction (les plus riches en données écono-
mique*).
!. l.rs manchette! marginales permettent de se reconnaître facilement au
milieu de. délibérations. P. xxxv : t De 15S0 * 1554 i, ne faut-il pas lire :
• De IfiSO* «654 .T
3. Aui pièce*, des document* sur l'histoire de la maçonnerie, comme sur
l'histoire des luttes parlementaires,
4. L'affaire du maître d'école Nieol Calhier, nommé le 3 juillet 1553, révo-
qué le 19 novembre 1553, et contre lequel (avec trois préires) les religieux et
la ville Inlcutenl un procès on 1554, ne sent-elle point le fagot?
92 BULLETIN HISTOIIQUE.
giques dont Bordeaux fut le théâtre, ils ont négligé les débuts de l'in-
surrection, qui commence au printemps de 4548 dans l'Angoumois
et la Sainlonge, c'est-à-dire au voisinage des marais salants. M. S.-G.
Gigo* a repris le sujet dans son ensemble1. Certes M. Gigon n'est
pas absolument rompu aux méthodes historiques, il ne cite pas, il
ignore peut-être des prédécesseurs qui auraient pu le renseigner sur
des points spéciaux1; il indique insuffisamment même les sources
originales3 sur lesquelles on voit qu'il a travaillé, et si ses recherches
à la Bibliothèque nationale paraissent avoir été complètes, on est en
droit de se demander s'il a épuisé les fonds provinciaux, en particu-
lier celui du parlement de Guyenne. Ces défauts n'empêchent pas son
travail d'être extrêmement précieux : il est complètement neuf,
nous le disions tout à l'heure, en ce qui concerne les débuts; il
montre que la révolte fut géographiquemenl très étendue-, politique-
ment, ce ne fût pas un simple soulèvement dirigé contre quelques
gabelous trop exigeants, mais bien une insurrection populaire, une
sorte de fédération révolutionnaire des communes rurales, avec des
chefs et un programme. La correspondance du « colonel de Guyenne »4,
— lettres écrites « de par le commung populaire », — est à cet égard
des plus significatives, et les réclamations présentées par les com-
munes d'Angoumois au roi5 sont un véritable cahier de doléances où
Ton réclame non pas seulement la réduction de la gabelle, « taxe en
horreur » au peuple, mais la réforme des tailles, la suppression de
la vénalité, la réforme de la gendarmerie, etc. Dans l'ensemble,
l'insurrection reste loyaliste. Cependant, sur les relations de quelques
chefs, — particulièrement des chefs bordelais, — avec l'Angleterre,
il y a dans la correspondance de de Selves6 des probabilités un peu
plus fortes que ne semble l'admettre M. Gigon. 11 émet la très vrai-
semblable hypothèse que la révolte d'abord, la répression ensuite,
ont dû favoriser en Guyenne la diffusion du calvinisme. — Nous en
1. Contribution à l'histoire de l'impôt sous V ancien régime. La révolte de
la gabelle en Guyenne, l548-i540. H. Champion, 1906, in-8% ix-298 p. Appen-
dice et 58 pièces justificatives, carte.
2. MM. Dupont-Ferrier, par exemple, et Boissonnade.
3. La liste en est bien donnée au début, mais sans qu'on nous renseigne sur
leur importance.
4. Voy. aux Pièces justificatives, nM 1 , 4 : ordre d'insurrection adressé aux
paroisses par le « coronel de la commune de Guyenne » ; n* 2 : réponse (obéis-
sante) des habitants de Guêtres; n* 8 : sommation du capitaine Tallemagne au
capitaine de Blaye.
5. Pièce 6, p. 230.
6. Voy. p. 146 la lettre citée par M. Gigon lui-même : tout ce que l'on peut
dire, c'est qu'il n'y eut pas proprement un complot.
FIU1CB. 93
avons dit assez pour qu'on voie l'intérêt que présente ce travail1.
M. RMUOtT ub Heauchoi a suivi l'exemple de ces batailleurs
,- qui, la vieillesse venue, l'arquebuse pendue au croc, con-
taient n leurs entants les prouesses de leurs aïeux. S'il y a dans ses
Souvenirs luieedotiques et historiques d'anciermes familles champe-
noise* et bourguignonnes (il75-i'JOÔ)3 bien de l'inuUlc et du déjà
vu1, on n'y lira pas sans plaisir des notes sur la Révolution dans le
Chàtillonnais, sur l'Ile de Bourbon, sur l'influence française au
Mexique après (830; un journal, tenu par des enfants, de l'occupa-
tion prussienne à Blois, document d'une simplicité et d'une vivacité
i étude sur le rôle joué par le père de l'auteur comme
intendant militaire île la garde nationale parisienne pendant le siège,
histoire d'un honnête- homme qui, mal soutenu par des ministres
faibles, a peine a défendre les biens les plus sacrés contre l'âprelé
Hissa et contre le gaspillage.
Le procès de Claude de La Vallée, prévôt gruyer de C.lerinonl-en-
. poursuivi en 1535 en Lorraine, appelant eu 1537 au Par-
lement de Paris, posait la grave question des frontières entre lu
royaume cl l'Empire. C'est pourquoi il a servi à MM. Henri 9nn Bt
Léon Le Gu«' de prélexle pour étudier ce problème depuis ses
jusqu'à sa solution, depuis le traité de Verdun jusqu'à la
ii Clermontoiaà ta France. En fait, le conflit do juridiction
né de l'affaire La Vallée resta lié à l'histoire de la frontière jusqu'eu
1651. On verra, en parcourant les abondantes pièces réunies par les
ilfiix auteurs*, combien les concepts de souveraineté et de frontière
gués et HoUants avant le milieu du xvii" siècle". C'est seu-
. politique de Louis XIV qui leur donnera quelque clarté.
M. Kieioekusz, alors qu'il était titulaire de 1a chaire d'histoire de
Bourgogne a l'Université de Dijon, avait eu l'excellente idée de faire
1. P. Î19, »ur feutrée ilu connétable * Bordeaux, il »ufllt, pour leter toute
dilheulté, do remplacer dans le texte de de Ttiou . îxbrei t par < vui™ t, —
Li leiirr de George Cobhau [pleee 17, p, ItS] a été copiée par quelqu'un qui
ae uvail pas l'anglais. — Je ne vois poiul que M. t.'.iuun ait fait usage de»
Çalendart.
î. Pion. ISOS, ln-8-, 013 p. Indei.
3. NoUrnmcnl un rétamé des Mémoire* du baron Hue.
I. la Frontière dArgunne (Si316S9j. Procès de Claude de lu VaUée
. ftlpb. Picard, 1905, ia-8-, VIU-6Î6 p. Index, mais pas de lable dei
cJiaptlm.
lairéle I li p B3. i et pièce* it3*S-l7ï8) vont de 95 à 309. —
F. 36, n* 4, intéressants détails sur la dtlluaton de l'iuilrurliuu dans les c.un-
p*4M* au xvi* tiède.
UtL, t. JtC, p. 363 (ex
i traduire de M. Orermannj.
■' ■■. - .!..'• uiunographiet ratatina .1 la Bétonne Bl m la
LigitB «a Boutttwne*. Deux seulement de ces monographies ont
paru : celle Jv M. Vihp sur le présideDl Bcgat, l'auteur des célèbres
Itnmmtrmmu de 1503 contre l'édit d'Amboise et le commentateur
d« la Nilnr <U Bourgogne; celle de M. Galmicub sur Baillel de
Yau^reiiant. lui aussi président au Parlement, mais d'une espèce
particulière : « conseiller gendarmé », disait Tavaues, gouverneur
J> Sainl -Jwtn-de-Losne, et l'un des chefs du parti catholique roya-
liste dans la province. Ces deux travaux sont des mémoires de
licence. * l'.'est reconnaître d'avance que des reproches pourront
leur être adressés «.comme le dit M. K Ici nclausz dans une préface qui
n'a, elle-même, la prétention que d'être une vue très générale*. Le
travail de M. Viard ne manque pas de solidité, mais il est plus inté-
ressant sur Bégal jurisconsulte que sur Bégat ligueur*. Celui de
M. Galmiche est plus mince; l'auteur n'a étudié que superficiellement
1. Eluda iur ta Réforme et les guerre» de religion en Bourgogne, I™ série:
te Président Bégal. Le président B/iitlet de Vaugrenant, par MM. Viard et
Ùalroiche, arec Que préface de M. Kleinclausz, professeur .1 l'Université <le
Lyon. Dijon et Paria, 1905. io-S*, 188 p. {t. XV, n- 4. de la Arrue bourgui-
gnonne). On remarquera que le tiire [«rie : « I" série, 1 Mais la préface, qui
semble promettre d'autres étndes, eal datée, non de Dijon, mais de Lyon. Nous
touchons l,i au TÎce congénital des chaires créées dans les Universités par lés
corps locaux : les titulaires ne pouvant recevoir de promotions sur les fonds de
l'Étal, le souci légitime de leurs intérêts leur fait considérer comme un simple
passage ce qui devrait être un établissement durable. Une seule dérogation, à
ma connaissance, est apportée * ce principe, el précisément en faveur de la
aenle Université qui n'en avait pas besoin : sa richesse lui permet de promou-
voir sur ses ressources propres ses titulaires de chaires locales, el il n'est
pas A craindre qu'ils la quittent. Lu pratique suivie partout ailleurs rend très
précaire el très restreinte l'ai lion sdcQtUqiifl des Universités.
2. Est-ce par ironie que M. Kleiiiclausï écrit (p. 5) que le < souvenir... du
rflle de Clolilde servit A les préserver [les Bourguignons] des atteintes de
l'tiérfem 1? D'ailleurs, l'hislnire des débuts de la Réforme en Bourgogne est
plus importante que ne semble le dira ici l'auteur. Il se place trop au point
de vue de 15641 pour juger de ce qui pricMo, l'u - !<•[ 'il il f einenl . même rapide,
de l'Inventaire des archives communales de Dijon ne permet pas de considérer
comme une quantité négligeable la Réforme bourguignonne, et M. Viard lui-
même montre (p. 40) que, sans l'effort de Bégat et de quelques autres, la pro-
vince courait grand risque d'être infectée pai l'hnTnrin — P, 14 : 1 Dans le
Morvan, la place de Flavigny ; t 11 serait plus exact de dire : aux portes du
Morvan, car Flavigny est nettement en Auiois.
3. Aux Pièces juslificalives, nous aurions aimé trouver une réimpression an
moins partielle desffentonifruncei. M. Viard ne s'est pas demandé de qui pou-
vait être lApohijie qui répondit a Bégat. Les épreuves ont été insuffisamment
corrigées : dates fantaisistes d'une édition (1555, p. 25, n' 1) el de l'ouvrage de
Saint-Julien de Balleurc (p. 11, n' 5).
FRilCE. 95
le rôle de ce capitaine, qui semble bien avoir semé la discorde dans
son propre parti.
Ce n'est jamais sans tristesse qu'on lit un livre intéressant, qui a
coûté a son auteur de patient* travaux, où l'on trouve de forl bonnes
choses, et auquel il n'a manqué, pour être un bon livre, qu'une
méthode plus saine, des connaissances bibliographiques plus éten-
dues et plus précises, plus de rigueur scientifique. H. de Bbjuomt,
avant d'écrire ses deui volumes sur le XVI* tiède et les guerres de
lu Réforme en Berry', s'est installé dans les archives locales et à la
Bibliothèque nationale, il a dépouillé un très grand nombre de pla-
quettes. Mais son ignorance presque totale de la littérature du sujet
l'amène à commettre des erreurs1, à réédiler des textes déjà con-
nus1. Au lieu de faire la critique des principales sources qu'il
toiploie*, il a préfère les fondre en un récit continu, sans tenir
compte de leurs discordances.
^.n) livre contient deux parties bien distinctes : une description de
ce qu'était le Berry à l'époque vers laquelle la Réforme s'y pro-
pagea; une narration des guerres religieuses. On trouvera dans la
première beaucoup de détails précieux5, mais les faits essentiels ne
sont pas toujours aperçus''; les détails épars, notamment en matière
économique, ne sont pas réunis en une synthèse1, les dates ne sont
pas suffisamment distinguées8. Sur les guerres elles-mêmes, c'est un
1 Alpb. Pîurd, 1906, ia-8'. v-170 «l *7-t p. tue héliogravure (le -liège de
Bourges en [503, sans autre indication d'origine que le nom d'André Tbevel).
2. Il parait Ignorer jusqu'à l'eilslenac du Bulletin du prolatantisme fron-
çait. J]ui lui aurait cependant fourni Uni de détails, Il donne, I. Il, p. 19, celle
référence : ArchtPalitchë Btilrayrn (sic), sans nom d'auteur; il s'agit il Ebeliog.
Sur la riialilc de de Beaune et d'Èpinic, il ignore le livre de 11. Richard.
X, p. 58 et 151, sur Colin, le prieur de Sainl-Ambroix, il ne connaît pas le
livre et le* appendice* de H. Bourrillj.
4. Pas de bibliographie au début. A peine, de lemps en temps, queiquea
noies critiques singulièrement imprécise», au bas .les pages. Les références
- il noie qu'en Berry, comme ailleurs, la propagande reformée se
fera, surtout au début, dans les métiers de la laine.
5. C'cil dans Une note de la p. M que se dissimule, comme dénué d 'impor-
tance, le fait capital de la diffusion de la librairie et de l'introduction de
i'unpnnierif. Presque rien sur Marguerite (p. 40-17), trop peu de choses sur
Il nivernil*.
7. Il éaumère atec soin les ramilles de la province, mais il faut glaner de ci
■la la pour >e taire d'après lui une idée de la situation de la noblesse,
8. Par exemple, sur les métiers. P. t07, un texte très intéressant sur ta
a conduite des compagnons > est inutilisable, parce qu'il est donné sans date
ni référence. Si c'est nu telle déjà donné par Mojer, Compagnannag* à
Bourges, p. 18. il est de 1583. et, par conséquent, n'a rien a Toir dans nn élal
do Me»} au début du xvi' siècle.
aaaBaBal
96 BULLETIN HISTORIQUE.
récit assez complet, où il y a même trop de choses qui ne concernent
pas cette province, si importante pour l'histoire de la Réforme. On y
trouve de nouveaux éléments pour l'étude de cet irritant problème,
dont on n'aperçoit pas la solution : comment se fait-il que les mêmes
classes où la Réforme trouva ses premiers et, d'abord, ses plus
nombreux adhérents soient aussi celles où se recruta la Ligue? On
ne peut reprocher à H. de Brimont d'avoir laissé cette question sans
réponse, mais on doit regretter qu'ayant ouvert son livre par une
étude sur le Berry avant la Réforme, il ait passé si vite sur le Berry
après les guerres de religion, et plus vite encore sur l'application de
l'Édit dans cette province où il y avait encore tant de réformés1.
On cherche donc vainement une conclusion à cet estimable livre
qui, entre autres mérites, a celui d'une suffisante impartialité1.
M. F. Belin poursuit sa savante Histoire de l'ancienne Université
de Provence3. Son nouveau volume, appuyé comme le précédent sur
une documentation de premier ordre4, va de 4679 à 4730, c'est-à-
dire qu'il expose comment, d'abord dans l'ordre du droit, puis dans
celui de la médecine, le pouvoir royal (en l'espèce le chancelier)
absorbe complètement l'ancienne autonomie universitaire et réduit
l'Université à n'être plus qu'une fabrique de praticiens. Son livre est
surtout l'histoire de la résistance opposée par les docteurs à la cen-
tralisation unitaire, et ces luttes y tiennent plus de place que l'en-
seignement lui-même5.
Depuis que s'est arrêtée, — dès son début, — la publication offi-
cielle des mémoires des intendants de 4698, plusieurs de ces
mémoires ont heureusement été édités par des érudits provinciaux.
11 faut avouer que celui de Le Vayer sur la généralité de Moulins
1. P. 46, Michel d'Arande, expulsé de la cathédrale en 1523; en réalité,
comme il est dit p. 132, c'est en 1524 ; l'année précédente, il avait eu, au con-
traire, un grand succès. — P. 134, Marguerite d'Angouléme, la pis que morte,
est ainsi décrite : « Débordante de vie, correspondant si bien par ses goûts aux
habitudes sensuelles de son siècle... > Qu'en pense M. Abel Lefranc? et M. de
Brimont n'a-t-il pas confondu la Marguerite des princesses et la grosse Margot?
— P. 313, je ne vois pas qu'on puisse raconter bout à bout, comme du même
ordre, les gestes de « Madame la cardinale de Ghâtillon » et ceux de la très
catholique Mac de Tavanes. — T. II, p. il, pourquoi la mort de du Jon (entre
1563 et 1565, probablement 1564) est-elle racontée arec les événements de
1570? — T. II, p. 18, sur quelles preuves s'appuie l'auteur pour affirmer
que, dès avant les noces navarraises, Catherine avait décidé l'assassinat de
Coligny ?
2. L'auteur est quelque peu crédule. Il raconte, en faisant valoir le nombre
des témoins, le miracle du sang de Jeanne de France.
3. Alph. Picard, 1905, in-8% xix-338 p. Index.
4. Les Pièces justificatives, à elles seules, remplissent les p. 199-317.
5. P. 54, n. 1, c l'air de Jean Levert », corriger en c Jean de Vert ».
FBi<ICE. 97
s des plus Intéressants*. Ni sur les diversités géographiques
géofaltté [qui comprend, outre le Bourbonnais, le Nivernais,
'Lies de Morvan, d'Auvergne, de Marche), ni sur les religion-
mires (nombreux a Aubusson), ni sur les conditions économiques1
il ne nous apprend rien d'essentiel. M. Pierre Fuuknt a d'ailleurs
accru, grâce à des notes précises*, la valeur de ce tenu:, d'une séche-
resse tout administrative.
Deux bons travaux sur l'histoire économique provinciale du
ivin" siècle : les Subsistances m Bourgogne et particulièrement â
Dijon a la fin du XVIII' siècle (4774-4789), par M. P.-E. Gibod»,
urne de la corvée en Bretagne au XVIII' siècle, par
M. J. [.ET*c(mocï\ travaux éclos dans les a séminaires » de deux
Universités. J'ai quelque scrupule à dire du premier tout le bien que
Jb pense; je crois bien pouvoir cependant rappeler que, s'il existait
des travaux généraux sur le sujet, jamais encore" on n'avait pré-
< a posé aussi précis de la question des subsistances dans un
pays grand producteur de blé et des tentatives multiples et contra-
dictoires du pouvoir central pour la résoudre. L'enquête de M. Girod
est favorable, en somme, à Turgot, dont la réforme n'a échoué que
parce qu'elle a elé appliquée avec maladresse et mauvaise foi et pen-
dant trop peu de temps.
M. I.etaeoonoux avait des précurseurs, nolamment M. P. Boyépour
la Lorraine. Mais l'administration des grands chemins présente, dans
ce pays d'Étals très autonome qu'est la Bretagne, un caractère origi-
nal, — originalité qui consiste surtout dans la résistance opposée par
la province a tous les projets d'amélioration et de centralisation. — La
corvée proprement dile ne fut d'ailleurs introduite en Bretagne que
s i730. Cet établissement y est rendu difficile par la grandeur des
paroisses et la dispersion des lieux habités, par la mauvaise volonté
I. Mémoire Jur la généralité de Moulins par l'intendant G. Le Vager,
lim. ktoaluu, L Oréfotra, 1906, io-8«, xvi-îU |.. Mai.
î. Saut peut-être tur le» routes [la roule de Pari» A Lyon passait encore j'.ir
Moulin») et sur l'ciptoitalion ilu charbon de terre.
; UIm |iuurr.iirut être encore plus abondante*. J'admets <|ur do lecteurs
l»>urt.i>nn«U n'ont pa» besoin d'être renseignés sur le Mantcgna d'Aigueperse ;
malt pou nj uni (p. 57) u avoir pas penné A ceui qui ne ron naissaient pas
kpajsï
«•iXUi-Hi p., graphiques (t. XVI, d- 4 de la
Berne bourgulgn'innt). Préface par l'auteur du présent Bulletin,
S. Banne», Pllhou et Hooimay, IMS, la-8', ltfl p. [eilrait des Annaim de
Bretagne).
H. Uo tratail de H I,elaconnom sur tel SuOiiitantri en llretagne ne nous
M cooau que par un résumé d» .innalei de Bretagne.
Hit. Hum». XC1V. I" fabc. 7
98 SliUETIIf HISTORIQUE.
des ■ corvoyeurs ». La corvée y est plus lourde qu'ailleurs, en r;
même de la nature du sol. El si d'Aiguillon, contrairement aux accu-
sations de ses Bnnemis, a ebercbé à l'alléger, l'édil de suppression de
1 776 ne Tut ni enregistré ni publié en Bretagne : « Le mauvais étal des
chemins ne permit pas d'en cesser l'entretien ■, dit l'intendant. Hais
l'écho de la grande mesure libératrice était venu jusqu'aux cor-
voyeurs bretons qu'il fallut contraindre par la force à revenir sur les
chantiers. Les États, représentants des privilégiés, défendaient d'ail-
leurs l'iustilution de la corvée. Et pourtant la corvée n'avait même
pas le mérite de donner à la province des voies bien entretenues. —
Une dizaine de monographies comme celles-ci rendraient a l'histoire
économique un sérieux service.
Vil. Histoire colomilk. — La colonisation de la flfouvelle-
Frniicf', quel plus beau sujet d'histoire coloniale! A une condition
cependant : c'est de metlre délibérément au second plan les histoires
de « sauvages -1 et loul ce qu'on peut appeler l'anecdote coloniale,
d'analyser surtout les causes du mouvement colonisateur, d'en
mesurer l'intensité et le volume, de montrer pourquoi il prit en
partie la direction du Canada, de déterminer la place occupée par le
Canada, non seulement à côté, mais pour ainsi dire en dehors des
colonies de l'ancien régime; bref, de considérer l'histoire coloniale
comme un chapitre de l'hisloire économique. Pourquoi el comment
les Français allèrent chercher, bien au nord de toutes les colonies
européennes du Nouveau-Monde, d'abord un passage vers « les
Indes »3, ensuite un Eldorado1, plus Lard une station de pèche5,
plus lard encore un pays a fourrures, et avant loul le pays du cas-
tor; comment ils en firent une terre de peuplement, comment s'en-
racina dans le sol une population de race française, venue surtout
1. Emile Saloue, la Cotonuation de la Nouvelle-France, Étude sur les ort~
t/inês de ta nation canadienne française. Guilniolo (s. d.), in-8-, iu-467 p.
Carie.
2. La < hache iroquoise > revient intiment trop souvent, — P. 90 : t Ils leur
coupent les doigts, ils leur arrachent les ongles »; ceri n'est pas d'une chrono-
logie 1res exacte. — Que signifie (p. 91) i épargner certains lableam à la sen-
sibilité du lecteur ■? Cela n'est pas d'un historien. Puisque les horreurs de
ces guerres ont été pour quelque chose dani le ralentissement de l'immi-
gration, il f.mi tout dire. - P. 53 : < Gloire a Cbamplain, père de la Nouvelle-
3. Voy. Abel Lefranc, les Navigations de Pantagruel. M. Satané ne jette
qu'un mut h passant, a propos du rapide de < la Chine a, p. !3.
4. Itien sur cette recherche de l'or. Le lait qu'on n'eu avait pas trouvé est
l'une des raisons de l'opposition que Sully fil au Canada.
!p. Très insuffisant sur ce point, ai amplement traité par Biggar, The early
campantes af New-France.
des pays de l'ouest; pourquoi eclie prise de possession fut si lente,
et comment réagirent sur la Canada l'économie, la politique, les idées
de la métropole; quelle «si, dans ce demi-succès, la part et la respon-
de l'administration locale et du gouvernement de Versailles,
celle de la religion, celle des circonstances extérieures (guerres contre
le» sauvages ou contre des européens), celle de la race; pourquoi la
conquête anglaise fut si facile et, malgré les efforts tentes depuis pour
ébranler le loyalisme canadien, si durable; et comment, cepeudanl,
de ces colons trop peu nombreux abandonnés par Louis XV une
: née, singulièrement résistante et vivace, et qui HMtt É
.■.iielle une action prépondérante sur les destiné** de l'une
des grandes fédérations de l'Amérique du Nord; en quelle mesure
cette nation devait rester « Française *, en quelle mesure devenir
• canadienne i; quelles qualités, quels défauts, nés de ses origines
et de son éducation, elle devait apporter à l'œuvre commune? A ces
questions essentielles, l'on ne peut dire que le livre de M. Emile
SlUMI donne des réponses précises. Il se lit avec intérêt, M le
i'.t Tait l'auteur aux rives du Saint- Laurent le pare d'un
cliartne de plus. Mais, attiré par les archives canadiennes et par celles
du ministère des colonies, il a trop peu utilisé celles du quai d'Orsay,
les Archives nationales et le cabinet des manuscrits, complètement
négligé les archives de nos villes maritimes et les dépôts londo-
niens'. H a mis une sorte de coquetterie à ignorer ses devanciers, dont
quelques-uns l'auraient, cependant, renseigné sur plusieurs des pro-
blèmes canadiens1. Aussi ne nous explique- l-il point le pourquoi du
Canada. Sur le comment de la colonisation, l'on souhaiterait des vues
plus larges, une apereeption plus nette des difficultés énormes, et
peut-être Contradictoires, de l'ceuvre imposée aux compagnies1 ; avec
moins de sévérité pour certains pionniers de la première heure ,
I, Saint-Malo. A défaut d'un Toyagc a Londre*. on pouvait dépouiller
Wt Calrnrtnri . Colonial terus.
: il titilt- pour Ion ilebuli, etl totalement ignoré, l.urin, Garnaull,
Parkwau tonl rite* 4 peine, Ire* tardivement, 1res iinulllnuiirirnt. Deitcuainp»,
.m un Iluloirt de la question coloniale el pour ton llaUtlg, èUlt
: raidir et faire du peuplement.
Nil pi* que de mériter, * un tu
ï. fournir de» peaui
4 lm liuipienola ■ ni
a du Canada. Il*
ronilipie, »'il l'était Injuste. De*
• parmi laan nambret, ont
ompagnlev <
.-■:! ! "■ ii Mn
i mit mi-ii t'ai! ■.
ul rumplenl de»
I canada de 1603 1
lin en un trinpa où la rcilonliallon dierrball Mil eolei, où l'an
l IViitniuiiim n |i pi-u|ili>!iii.-ni ; depui» loti, In prolenUnl* «ont
MMniin * la auririlUnc* de» Jeiuites: depuit I6Î5, le ï ire-roi Interdit a deCaen
4 00
BULLETIN BISTO1IQ0K.
moins de complaisance pour ceui à qui profila surtout la domination
française'; moins de crédulité aussi, Mit qu'il s'agisse de vanter la
pureté des mœurs de ce Paraguay hyperboréen, la chasteté des filles
et la fidélité des épouses, la charité envers les indigènes, soit qu'il
s'agisse do recueillir les cris de misère d'une noblesse quémandeuse*;
une vue plus Terme de ce que l'ancien régime a fait au Canada de
mil et de bien1; enfin une conclusion qui manquât moins d'ampleur
et qui ouvrit sur l'avenir des perspectives plus étendues4. Ce que l'on
de laisser chanter les psaumes sur le Saint-Laurent; ce Tire-roi est le duc de
Venladonr, dont on connaît le mysticisme eiallé, et, dans ces conditions, l'on
s'étonne que quelque* marchanda huguenots n'aient fis lait du Canada dm
Nouvelle-France protestante ! Au reste, si leur œuvre avait été nulle, comment
le P. Le Clerq aurait-il pu écrire (et je veux bien qu'il exagère) en 1663 qne
i la plus grande partie des habitants > descendait des Français ■ qui commen-
cèrent à peupler eu 1625 tl Quant à expliquer l'interdiction (arrachée sani
doute a Richelieu par Ventadour) qui leur Tut faite d'aller au Canada par le
rùle criminel do quelques-uns d'entre eui lors de l'invasion des Kirke (pourquoi
M, Salone les affublc-t-il du nom baroque de Kcrlk ?), je crois bien que les date*
s'y opposent. Le projet de la compagnie des Cent associés, qui les eirlul. date
de 1656, les articles qui la créent sont du 29 avril 1627 (ledit de nul I02E ne
(ail que les reproduire) et l'a lia ire Kirke est du printemps de 1638, SI cette
affaire < vient 4 point pour justifier les inquiétudes ■ de Richelieu, elle les jus-
tifie :i[.l i- !■..■:;.
I. M, Salone accepte sans diseur ion le tableau idyllique tracé par les Jésuites.
Cependant, Talon (p. 193] esl oblige d'user de stratagèmes pour faire savoir,
malgré eux, la vérité au roi : > Les véritables seigneurs du Canada, ce sont les
Jésuites. >
î. P. 310, l'auteur constate que, i non sans surprise, on retrouve i la lin de
la crise tous ce» besogneux en possession de leur seigneurie ». Cette surprise
est surprenante. Il s'agissait d'apitoyer le roi et de pourvoir de bons emplois
une nombreuse progéniture.
3. Après avoir si durement criliqué l'œuvre des premières compagoies, y
a-l'il lieu de s'extasier sur les résultats oblcnus plus lard ï Si [p. III) la paroisse
de Québec a compté 674 baplèmes de 1621 à 1681, combien de 1621 à 1627,
de 1(127 a 1635? M. Salone n'admet pas l'opposition établie par Parkman entre
le libéralisme des colonies anglaises et le despotisme ministériel du Canada.
Pourtant, il cite la lettre où Colberl veut éviter jusqu'à l'ombre d'une assem-
blée d'Etals, et sa p. 4ôtj est un commentaire involontaire de I affirmation de
Parkman. Quel aveu que cette phrase, d'une ironie cruelle dans son incons-
cience (p. 458) '■ « Ce que vaut le colon français, toute l'histoire du Canada le
proclame, sur/nu/ l'hiitoire du Canada livré à la domination anglaise! t
4, Rien de décisif sur la poussée vers l'ouest et le Mississipi, sur la tentative
de jonction avec la Louisiane, cause du conflit avec les colonies anglaises. —
Presque rien sur la vie des chrétientés indigènes. — Il n'est question ni de la
fusion entre les deux compagnies, dont de Caen devint le chef, ni de Raxilly.
— Citer la concession de la maîtrise (p. 43) comme un avantage qui devait
attirer les artisans, c'est oublier que le Parlement de Paris refusa d'enregistrer
cet article. — Où trouve-1-on la forme Fathers l'tlgrim* T — Il y a snr le
FUttce. 401
trouve dans ce livre, — une élude sur l'administration de Talon ; des
détails, trop chronologiquement morcelés, sur le développement éco-
nomique et sur l'histoire financière, — rend plus regrettable encore
l'absence de tout ce que l'on n'y trouve point.
L'Ile de Saint-Domingue, — « la plus précieuse des provinces du
royaume », — devait-elle être représentée aui États généraux do
1789? La royauté disait non pour le présent et remettait aux États
- le soin de trancher souverainement la question pour
M. lis, avec une ténacité aussi remarquable que leur har-
grandfl planteurs, profilant île l'indécision du pouvoir et
des discordes administratives, résolurent de saisir de force le droit
qu'on hésitait a leur donner. Sans convocation, ils tinrent des assem-
blées primaire», nommèrent des députés, tandis qu'en France même
un Comité colonial faisait campagne en leur faveur. Restait pour les
députés dominicains à se faire admettre par l'Assemblée. Quelques-
uns d'entre eux eurent la géniale inspiration d'aller se joindre au
us la salle du Jeu de Paume. Dès lors, leur cause était
gagnée, mais leur nombre, primitivement rie 31, puis de 42, fut
réduit a fi : chiffre encore énorme quand on pense que ces six députés
entaient que 4,000 blancs à peine sur 30 a 40,000, sans
parler de 25,000 nègres libres et de plus de 400,000 esclaves.
Ce mouvement audacieux, qui plaça le gouvernement en présence
du fait accompli, est donc un mouvement de privilégiés pour la
défense de leurs privilèges. Les « grands blancs » et leurs amis
métropolitains du Comité colonial veulent protester contre les rigueurs
du pacte colonial, mais ils veulent aussi parer l'attaque dirigée contre
les Ami* de* noirs. C'est ce que M. P. [foissovxtiiK' a lumi-
neusement expliqué dans un livre nourri de détails sur la prospérité
Domingue, sur l'importance du commerce colonial dans la
nique de la France d'alors, sur In traite. Il montre que l'ac-
, lanieurs ne posa pas seulement la question de la représen-
tation coloniale dans les assemblées métropolitaines; elle souleva,
fort imprudemment, la question de l'égalité politique entre races de
couleur différente et celle de l'esclavage, lille a dune sa place dans
l'tiWloirc générale de la civilisation française, dans l'histoire du monde.
ntime iptcini du Canada, si différent de celui det colonies comme les Antilles
ou lei Muesirriunev dM précUlou ['lus nette» dans la préface mise par
M. Hchefer * «on ouvrage sur la question coloniale en France soin la RetUu-
nllaa qu4 iIaoi tout to litre de M. Siloae.
1. Saint- Il omlngue A la veiltf. de la Révolution et la question -le la rtprê-
ttntutum colonial* nui ttatt qeueraur {Janvier 17ns 1 juillet 17901, Ptri*,
. ■ t et C, 1906, ln-.H-, 199 p. (t. XXIX des
l. de ta Soc. du Antlq. de t'Ouat).
102
Les Rois siint couronne, de M. Mme db Villiebh nr Teiibage1, ce
sont, depuis lîélboncourl jusqu'à Jacques I"' le Saharien, en passant
par lady Eslher Slanhope, Orllie 1", le marquis de Rays, Marie de
Mayréna, tous les aventuriers que l'espoir d'une couronne, — el par-
fois le désir de distribuer des décorations, — ont poussés vers les
terres vierges. Il y avait là un problème de psychologie historique
que M, de Villiers du Terrage n'a pas louché, el l'on ne voit vrai-
ment pas pourquoi il a Tait voisiner ses « rois sans couronne »*, non
seulement avec de simples « conquistadores », mais encore avec Owen,
Gabel, Considérant el Brigham Young. Il a mêlé ainsi des phéno-
mènes d'ordres très divers.
A l'un de ces t rois sans couronne », M. P. Cultsc a consacré
d'érudites recherches d'archives', peine peut-être hors de proportion
avec l'intérêt du sujet, 11 s'agit de Benyowszky, Hongrois d'ori-
gine polonaise, et qui eut mérité d'élre gascon. Ses aventures, pour
extraordinaires qu'elles soient, le sont encore moins que ses men-
songes. De toutes ses inventions, la moins prodigieuse ne parait pas
être l'imaginaire « kabary », où 30,000 Malgaches' lui auraient con-
féré le litre d'empereur de Madagascar. M. Cultru, qui n'esl pas tendre
pour les aventuriers, — même de génie, — a poursuivi celui-ci de sa
crilique impitoyable et généralement sûre*. Il a monlré que les allures
conquérantes de Benyowszky n'avaient pas facilité l'œuvre des Fran-
çais dans la grande ile. Tout de même, je ne sais si lîetiyowazky ne
valait pas un peu mieux que son portrait, dont la jalousie des auto-
rités de l'Ile-de-France a sans doute noirci les couleurs.
H. HlCSEE.
1. Titre complet : Conçu iitadorts et roitelets. Bois sans couronnes. Du rot
des Canaries à l'empereur du Sahara. Perrin et C, 1906, in-16, vi-474 p.
Cartes et po ri rails.
2. Parmi lesquels ligure le roi d'Yvetot, ■ Martin du Reliais ».
3. Un empereur de Madagascar au XVIII' siècle : Benyoïotlu. Cballamel,
1906, in-8', 216 p. (eitrail de la Bévue coloniale). Une carie, mais de Mada-
gascar moderne, où figure le chemin de fer d'Andévoranle A Tunanarlvel
4. H. Cullru lui reproche d'avoir dit tantôt 30, tanlol 50,000, mais il y a le»
femmes el les petits entants.
5. P. ICI, il nie la composition du roman i vers 1781 ou 1785 ». Maïs (p. 174)
la pièce «raie ou Causse signée de Joseph 11 el la lettre de Dumas i Vergenoes
montrent que les éléments essentiels en étaient déjà formés dès l'automne de
1783. — Le scepticisme de M. Cultru ne s'étend pas jusqu'aux rapports des
commissaires enquêteurs ; ceui qu'il cile en appendice montrent bien que les
délégués des autorités de l'Ile voisine étaient disposés à tout trouver mal, sans
tenir compte des difficulté* inhérentes é lu situation et au climat. Tout inspec-
teur des lin a aces chargé de lérilier la gestion d'un fonctionnaire qui dirige un
service autonome ne manque pas de le trouver coupable. — Des Assises
P.-S. — Nous sommes bien en relard pour rendre compte des
études de M. Louis Uvrtmu sur Marie de Médias'. Appuyées sur
des documents originaux (procès de Léonora, comptes, correspon-
dances), elles ne font pas seulement revivre la psychologie de la
reine, dont M. BalilTol a essuyé de donner un portrait qui n'est ni
poussé au noir ni trop flalteusemenl embelli ; elles ne nous font pas
seulement penclrer dans l'intimité dit Henri IV ; elles nous font aussi
mieui connaître ce qu'était la cour et même ce qu'était au vrai le
pouvoir royal, quelles en étaient les bornes, sinon légales du moins
traditionnelles, dans les premières années du xvn" siècle.
Pfhuchtiovs diverses. — H. Henri H* user a donné une seconde
édition de son livre : Ouvriers du temps passe (Alcan, Bibliothèque
des Sciences sociales), paru en 1898, et qui marque une date dans
l'histoire des éludes sur l'ancienne industrie française. M. Hauser,
itni d'abord à Clermont, puis à Dijon, et aussi par de nombreuses
conférences laites à Paris, a l'École des hautes éludes sociales, a
mette une si heureuse ol si vigoureuse influence sur les recherches
d'histoire économique, et à oui nous devons un excelleul livre sur
l'enseignement des sciences sociales, a été le premier à montrer que
ttioo du travail antérieur* au im" siècle comportait beau-
coup plus de variété et de liberté qu'on ne le croyait, bien que,
depuis Louis XI, la royauté ait commence à intervenir systémati-
quement dans la réglementation des maîtrises, intervention qui
aboutit en 1581 a l'ordonnance par laquelle Henri IN teula de géné-
raliser le régime corporatif. Les travaux publies depuis 1898 sur
ItUfoOM industrie, en particulier lu beau livre de M. Moisson nude
sur VOryanisatioa du travail en Poitou, ont confirmé et encore
taldn pour les temps antérieurs au xv* siècle les conclusions de
M. Hauser. ta nouvelle édition des Ouvriers du temps passé n'est
pas une édition refondue, c'est une édition corrigée. D'ailleurs, nous
sortons regrette que M. Ilauser n'eùl pas conservé à son livre la
(orme et l'allure qui en l'ont une lecture si attrayante. Dana UM
conclusion nouvelle, if a rappelé des vues qu'il avait exposées dans
de» articles très remarquables sur les Origine* du capitalisme
molli défavorable, eoo»ienl <|ue (ont uni |>a* n-iw.iiina.lff dan» le»
Immi du t_"ulibourg, et lea éienemenU de ITSIi montrent n1" !
exerçait un certain ««n'iuUnl sur le» indigène» (p. 181).
1. la Vie Inlii'ie dune reine de France an XVW tttete. C*liii»iiii-l>»j-
ni-564 p., un portrait, Il s Agit lei de Karle ternit 1610 et durant
te* Uni premier» tempe de le régence.
BL'r.LETII niSTOHIQCE.
iti
moderne publiés par la Revue d'Économie politique. Il montre qu'à
partir du xn" siècle on voit déjà nettement la séparation se faire
entre le capital et le travail, le machinisme se développer et changer
la condition de l'ouvrier, et le mouvement intellectuel de la Renais-
sance concourir avec la formation de grandes fortunes mobilières
el l'action du capitalisme à rabaisser la situation des « mécaniques »,
des ouvriers manuels.
Nous attendrons, pour parler en détail du Manuel des sources de
l'histoire de France au XVI' siècle [Picardj de M. Hacher, que le
règne de François I" ait été publié. Le premier fascicule, qui com-
prend ceux de Charles VIII et de Louis XII, est seul paru jusqu'ici. II
rendra les plus grands services par l'abondance et la précision des
notices recueillies et classées par l'auteur et permettra aui historiens
de s'orienter au milieu de la mulliplicilé déconcertante des écrits sou-
vent très brefs et conservés à peu d'exemplaires, qui constituent les
principales sources historiques de cette époque. On se rend compte,
en lisant ce volume, des difficultés énormes que va offrir l'exécution
du Manuel si heureusement commencé par A. Molinter si l'on veut,
comme lui, continuera lenircomple de tous les documenls narratifs
imprimés.
M. Emmanuel Rodocixâchi, à qui nous devons déjà un si grand
nombre de travaux importants sur l'Italie, en particulier sur l'his-
toire de Rome [Cola di Rienzo, le Saint-Siège et les Juifs, les Cor-
porations ouvrières à Rome, et surtout sa monographie sur le Capi-
tole romain), vient de consacrer à la Femme italienne à l'époque de
la Renaissance |llachette) un ouvrage considérable qui est une véri-
table encyclopédie sur ce sujet, à la fois très spécial et d'une portée
générale pour l'histoire morale et sociale. M. Rodocanacbi a enrichi
son œuvre d'une illustration admirable par sa richesse, par sa judi-
cieuse composition et par la perfection de l'exécution. Il a cherché
sans doute à reproduire des œuvres d'art remarquables par leur
beauté, et son livre révélera aux lecteurs des chefs-d'œuvre peu con-
nus conservés dans des collections particulières; mais il n'a pris que
celles qui servaient directement à faire connaître les types de la
beauté féminine des diverses époques, les scènes de la vie privée ou
publique où les femmes étaient mêlées, surtout les costumes, les
coiffures, les parures, les objets de toilette. On trouvera a profusion
des reproductions excellentes de médailles et de bijoux tirées des
musées et des collections de France, d'Italie, d'Angleterre el d'Alle-
magne. La eollection G. Dreyfus a été en particulier pour M. Rodo-
canachi une mine précieuse de documents iconographiques de toute
beauté. Un ouvrage de celte nature est naturellement avant tout
niiyiE \ 05
un recueil de renseignement inégaux en valeur cl parfois contradic-
toires où l'on pusse successivement en revue les divers moments et
les divers aspects de la vie féminine, l'enfance el l'adolescence,
l'éducation, le mariage, la parure et les vêlements, la vie privée, la
condition et l'inlluence de la femme, enfin l'amour. Un appendice de
fournit de nombreuses pièces justificatives, inédites pour la
pluparl. On trouvera que certaines parties du sujel ont été traitées
trop sommairement, par exemple la condition juridique des femmes.
D'autres parties ont une abondance qui déborde le cadre même du
livre. Le chapitre sur les esclaves, par exemple, nous fait remonter
jusqu'aux premiers sioHiis du moyen âge et forme comme un petit
traité sur la matière'. Il était difficile dans un ouvrage de celle
nalure, essentiellement ènumératif, narratif el discursif, de présen-
ter des synthèses et des conclusions. M. Rodocanachi a cependant
ctuTclu- a en indiquer quelques- une s, bien qu'avec une sage réserve.
Tout en faisaol remarquer combien il est difficile de juger, d'après
les livres, du degré el de la nature exacte de la moralité féminine,
poUque l'on décerne souvent toutes les vertus à des femmes
qui ne le méritent guère, et que, d'autre pari, la littérature décrit
plus souvent les passions ou les vices que les vertus domestiques,
H. Rodocanachi juge, avec raison selon nous, que les mœurs ila-
licnnes avaient plus de retenue que les mœurs françaises au iv° et
au ivi' siècle, que la liberté des propos s'alliait souvent avec la
sévérité dans la conduite, enfin que la condition comme l'instruction
des femmes ont été en constant progrès du xiv* au xvr siècle pour
subir une profonde déchéance lorsque l'Italie, au xvr siècle, tomba
sous le joug et de l'étranger et de la réaction religieuse. La femme a
)0ltj M Italie, au moment de la Renaissance, une influence considé-
rable, non seulement dans la vie sociale, mais dans la vie politique
et la vie intellectuelle; on peut ajouter aussi dans la vie religieuse,
quand on songe à Renée de Ken-are, à qui M. Rodocanachi a consa-
cré naguère tout un volume. Au xvn* el au xvm" siècle, la femme
italienne ne vivra plus guère que pour le plaisir, la famille el la
dévotion, jusqu'à ce que le réveil national enfante des générations
d'héroïnes qui ont élé l'honneur de l'Italie du m* siècle. Si abon-
l'L'n.'ini/nLs et en subtiles analyses que soit l'ouvrtgO de.
M. Rodocanachi sur la condition ut les sentiments des femmes, il
1. J'Ai èlé iiirprin de Tolr M. Hndocanachi dire que l'ctclavage dlsparall 4
la lin du xvi' siècle. On Mil pourtant qu'il dur» dans le* ÊUlS pontificaux pon-
11', ri M. Hodufiuiciii donne lui-môme en appendice deux actes
i-tiiiiemenl romain Je la lin du *v|i*.
106
BULLETIN HISTORIQUE.
laisse en grande partie au lecteur le soin de se faire une idée person-
nelle de ce que fut la femme italienne de la Renaissance.
M. Edmond Bkknus a Tait paraître dans les Cahier* de la Quin-
zaine (cahiers (0, J2, \A de la 8e série) un livre très fortement docu-
menté et qui est un pclil chef-d'œuvre d'exposition lucide et impar-
tiale intitulé : Polonais et Prussiens. Les progrés de l'élément
polonais et de la langue polonaise aux dépens de l'élément allemand
et de la tangue allemande en Posnanie et dans les pays limitrophes,
les efforts jusqu'ici impuissants faits par le gouvernement prussien
el par la société de propagande allemande pour lutter contre le polo-
Disme sont un des épisodes les plus intéressants de la lutte des
nationalités au m* et au xi" siècle, un des plus dignes de retenir
l'attention de l'historien cl du sociologue, d'autant plus qu'une lutte
religieuse vient compliquer la lutte de nation et du langue. On saisit
là sur le vif el ce qu'il y a d'indomplahle et de passionné dans les
populations slaves et les procédés de colonisation des Allemands où
le formalisme juridique le plus stricl se trouve uni au mépris le plus
complet des droits de la conscience. Ou a vu en Posnanie un tribu-
nal renouveler juridiquement à l'égard des Polonais les procède* de
Louis XIV à l'égard des protestants, enlever de force leurs enfants
a des parents qui leur ordonnaient de ne pas réciter le catéchisme en
allemand. M. Bernus a commencé par retracer avec une remarquable
précision la répartition des groupements polonais en Allemagne et
l'histoire des progrès el des reculs de la colonisation allemande dans
les pays polonais, de la colonisation polonaise dans les pays alle-
mands; puis il a raconté avec un grand détail, sans aucune dépense
d'indignation stérile, les persécutions dont les Polonais onl élé l'ob-
jet depuis une vingtaine d'années. On y voit le polonisme, après
avoir été longtemps un allié du parti du centre, devenir peu à peu
sur certains points un allié du parti socialiste. Bien que 11. Bernus
se soit abstenu de donner une conclusion à son travail, il laisse
entrevoir que la Prusse, à moins d'arriver à des mesures de persé-
cution el de spoliation contraires à loul droit el à toute justice, est
fatalement vaincue dans la lutte contre le polonisme, et que déjà la
lutte qu'elle a entreprise n'a eu d'autre résultat que de transformer
de la manière la plus dangereuse l'esprit d'autonomie linguistique et
religieuse des Polonais en un esprit d'indépendance nationale. La
bibliographie de M. Beruus esl aussi élendue que précise, el rien
qu'à ce point de vue son livre sera précieux à tous les historiens.
M. Frédéric M*ssn\ vient d'ajouLer trois nouveaux volumes à
son grand ouvrage sur Napoléon et sa famille (Ollendorlf). Ces
volumes VU, VIII et IX contiennent le récit des années 18)1 à 1814
minci. 107
el nous conduisenl de la campagne de Russie et du concile de 1811
MU idteai de r'onlainebleau. Ce n'est pas l'histoire de l'Empire que
ni.' M. Masson. et, s'il donne une assez large place, au
début du tome VII, au concile de 1811, c'esl non lestement parce
qu'il croyait utile de recliflerce qu'on avait dil avant lui sur cet épisode
de la lutte de Napoléon contre Pie VII et de nous le montrer sur le point
de faire céder le pape a une partie de ses exigences, mais surtout parce
que le cardinal Pescli, oncle de Napoléon, y a joué un rôle important et
y a trahi les intentions et les intérêts de son neveu. Ce que M. Masson
a eu avant tout en vue, ce qui Tait le sujet de son livre et ce qui lui
donne une originalité exceptionnelle et tragique, c'esl le rôle de cha-
cun des membres de ta famille Bonaparte dans ces années de crise
décisive et de catastrophe, la pari énorme que le caractère et la con-
duite de chacun d'eux eut dans celte catastrophe. Les historiens ont
jusqu'ici été disposés à irai 1er, je ne dis pas seulement avec indui-
sis avec une évidente partialité, les frères de Napoléon, à
rendre Napoléon seul responsable de leurs faiblesses et du leurs
haies, à passer avec légèreté sur la conduite de ses sœurs, où l'on
n'a vu que les inconséquences de femmes frivoles, a trouver des jus-
tiflca lions aux trahisons de Bernadotte et de Mural, à transformer le
prince Eugène cri un Bavard sans peur et sans reproche. M. Masson
a pour la famille de Napoléon une haine et un mépris qui n'ont
d'égale que son admiration pour l'empereur, et il la considère comme
ayant joué dans sa chute le rôle capital. S'il exagère ce rôle, en ce
sens qu'il ne voit ou ne montre pas assez la responsabilité colossale
qui retombe sur Napoléon lui-même, s'il exagère aussi, croyons-
■009, l.i culpabilité des frères et des scaurs de Napoléon, néanmoins
on ne peut méconnaître qu'il a le premier mis dans tout son jour
(T que h rôle de la famille Hmiafiarlr cul de bassement c^n-tc cl <]>■
lÂche. Madame mère, médiocre et fidèle, reste à part, digne de res-
pect. Eugène, médiocre lui aussi, mais honnête et dévoue jusqu'à la
servilité envers celui qui a abandonné sa mère, ne trahit qu'au der-
nier moment, sous l'influence de sa femme cl quand il croit lout
penlu. Hais celle trahison enlève en 1 814 à Napoléon 3".,000 hommes
qui pouvaient être d'un grand poids dans la campagne de France,
et Eugène espère obtenir de l'Autriche son maintien dans le .Mila-
nais. Hortenee, dans sa frivolité amoureuse, n'est du moins pa> cal-
culatrice, et, de même que la reine Catherine, conserve un nttaebe-
menl loyal au chef de la famille. Mais que dire des autres? de
Mural, qui, après de brillants services en Russie, déserte son poste
el notre eu Italie, ne songe qu'à négocier avec les Anglais et les
Autrichiens pour conserver sa couronne? de Jérôme, que son inca-
408 BDLLETIX BrSTO&IQDK.
pacilé, son amour du plaisir, son avidité d'argent rendenl un perr.
tuel embarras pour son frère, et qui, au moment de la convulsion
suprême, ne songe qu'à Taire main basse sur de l'argent? des sœurs,
Pauline, Ëlisa, Caroline, èlres de volupté et de vanilé qui exercent
une néfaste inlluence sur la faiblesse fraternelle et, la trahissent sans
remords? de Joseph surtout, aussi infatué qu'incapable, qui jalouse
Napoléon et, au milieu même des plus critiques conjonctures, ne
songe qu'aux avantages que sa vanité et son ambition puérile
peuvent arracher à l'empereur, qui obtient de lui dans la crise der-
nière une situation et des pouvoirs dont il ne se sert que pour tout
abandonner au hasard, et qui ne sait qu'entraver l'action des géné-
raux et empêcher Napoléon, en (813, de faire les concessions oppor-
tunes aux Bourbons d'Espagne? Je ne parle pas de BernadoLte, qui a
trahi dés qu'il a été prince de Suéde, ni da Louis et de Lucien, ces
beaux esprits qui sont toujours en coquetterie et en intrigues avec
les ennemis de la France. Les morceaux les plus remarquables, les
plus neufs de ces volumes sont ceux qui sont relatifs à la politique
de Joseph en Espagne, puis en France de janvier à avril -1814, et à
la politique de Murât en Italie. Les esprits critiques trouveront à
redire sans doute aux procédés d'exposition de M. Masson. Ils lui
reprocheront comme toujours de n'apporter aucune preuve de tout
ce qu'il avance (mais M. Masson nous promet un volume entier con-
sacré à l'analyse de ses sources); ils diront, non sans raison, que la
composition même du livre, où l'auteur, pour chaque période, passe
successivement en revue la conduite de chacun des membres de la
famille impériale, et où les détails les plus minutieux de leur vie
privée sont mêlés au récit des négociations diplomatiques ou des
opérations militaires, en rend la lecture aussi laborieuse qu'elle est
attachante; ils trouveront bien peu logique de voir simultanément
un héros, un martyr désintéressé de la grandeur de la France daus
Napoléon, qui a gavé tous les siens d'argent, d'honneurs et de puis-
sance, qui a cru en faire les colonnes de son empire, et dans tous les
napoléonides, sortis du même pays et du même sang, des monstres
d'égolsme et de corruption. Mais il y a dans le livre de M. Masson
assez de textes, assez de faits connus, constatés et constatâmes,
pour que l'ensemble de son exposé de la conduiLe de la famille de
Napoléon se présente à nous avec une formidable valeur démonstra-
tive. Et Napoléon reste impardonnable de lui avoir livré sou empire
et sa fortune. — A la fin de la préface du tome Vil, M. Mas-
son, invoquant le souvenir de Napoléon, espère que son ouvrage
inspirera peut-être a quelque àtne prédestinée la vocation d'être,
comme Napoléon, un libérateur, pour nous délivrer des porcs qui,
FliNCB. 409
; la baguette de Circé-Mariaone, se disputent les chairs de la
patrie. Comment M. Masson n'a-t-il pas vu que les porcelets parle-
mentaires d'aujourd'hui sont de bien innocentes petites bêtes à cùlé
des sangliers impériaux, conducteurs d'armées et de peuples, a qui
Circé- Napoléon a livre en pâture, non la France seulement, mais
l'Europe entière? EL n'y a-t-il pas quelque incohérence dans la psy-
chologie de cet homme de génie, qui aurait été une sorte de Géronte
capable de toutes les faiblesses vis-à-vis des siens, pendant qu'il
n'aurait été en politique que le héros grandiose de la lutte lila-
■ ui|ii,' il'' 1.1 France contre la perfide Albion? Il faut lire In préface,
curieuse et éloquente, du tome VIII, terminée par une sorte d'appel
adressé à toutes les puissances cunlinenlales, pour les inviter à
s'unir contre l'île orgueilleuse, qui, depuis Guillaume le Conquérant,
fait sa grandeur de l'abaissement de la France. Cette préface a
réveillé en moi mes souvenirs d'écolier normand, qui ne rêvait pas
e plus belle destinée que celle des corsaires faisant la chasse à l'An-
s sur toutes les mers; mais elle a laissé froid l'homme mûr qui a
i 1870. Une philosophie aussi simpliste de l'histoire de France
étirait en garde contre loutes les conclusions de M. Masson si son
aenrtfje était un ouvrage de synthèse a la Sorel; mais sou ouvrage
est un ouvrage d'analyse, d'analyse très informée, très perspicace, et
qui demeurera comme le plus écrasant réquisitoire qui ait été écrit
contre la famille Bonaparte, y compris Napoléon.
M. Louis MiDEus a, sous le titre de Croquis lorrains (Berger-
bsmutt), brossé, dans le style alerte et coloré qui rend si vivant et
tout ce qu'il écrit, une série de tableaux pittoresques et
. i ■-. des principaux aspecls de la Lorraine, qui fonl de son
livre le plus amusant et le plus instructif des guides, C'est tout le
■ le présent et une partie de l'avenir qu'il évoque à nos
yeux. Il est excellent que l'on s'attache à recueillir tous les souvenirs
!i-ciler, s'il se peut, l'âme de nos vieilles provinces, alors
qae tout le mouvement de la civilisation tend à délrulro de plus en
plus leur originalité; il serait excellent aussi, si c'était possible,
tie\eilkT une vie locale Individuelle capable de réagir contre l'unifor-
mité parisienne, assez puissante et attrayante pour faire preTérer
â des hommes supérieurs la province a Paris. Mais nous sommes
loin de la réalisation de ces pia vota. H faudrait bouleverser toute
l'organisation politique, administrative et sociale de la France poury
parvenir. Il n'y a rien de sérieux, de profond dans les indignations
de M. Itarrès, auxquelles nous nous sommes tous laissé un peu
prendre en lisant les Déraciné*, contre les Boulcillcrdc l'Univcrsilé,
apôtres de l'uniformité nationale; d^bord parce que M. Barres, dout
nu
[M HISTORIQUE.
H suffit de regarder le profil de tzigane pour voir qu'il n'esl qu'i
Lorrain d'occasion et de lire les premiers livres pour voir <jne le fond
de sa nature esl un dilettantisme d'un égolsme nêronien, n'est
qu'un exquis littérateur parisien, ensuite parce que, si la Lorraine
est considérée avec raisoD comme un des plus nobles foyers de l'esprit
militaire et patriotique français, c'est à la tradition révolutionnaire
et unitaire des Bouteiller qu'on le doit, tradition nouvelle qui a fait
taire les vieilles traditions d'autonomie intransigeante. J'éprouve je
ne sais quel malaise a entendre prêcher cet évangile de l'àme provin-
ciale par des littérateurs parisiens qui seraient désolés de quitter la
capitale, seule dispensatrice de la gloire. Si l'on reste provincial,
MonLalbauais comme Pouvilloo, Rouerguais comme Pomairols, ou
Provençal comme Jean Aicard, l'Académie française, qui nommera
en qualité de Lorrain un universitaire purement parisien comme
Mézieres, se gardera bien d'aller vous chercher dans votre province.
M. Madelin nous raconte d'une manière charmante comment sou âme
lorraine a été réveillée à Naples par les tableaux d'une lanterne
magique, et il ne se dissimule pas que son livre est, — comme ceux
ou M. Barrés a parlé de la Lorraine, — le livre d'un touriste en Lor-
raine plutùl encore que d'un Lorrain. Ce qui le prouve, c'est qu'en
évoquant les représentante contemporains de l'âme lorraine, il par-
lera bien des Barrés, des d'Haussonville, des Kr.ini/. des Mèline, des
Matthieu et des Mézieres, mais il oubliera de parler du plus aulhen-
tique représentant de celle âme mal définie, de M. d'Arbois de Jubain-
ville, le seul que le séjour à Paris n'ait pas déraciné el dépaysé, celui
qui, dans la préface de son livre si curieux : Deux manières d'écrire
l'histoire, a eiallé les sentiments et les rancunes d'un vrai Lorrain
resté fidèle à sa province. Qu'on nous Tasse connaître, admirer et
aimer loutes les parties de noire France dans leur diversité cliarmante,
dans leurs traditions vénérables, dans leur vitalité toujours renouve-
lée, nous y applaudissons; qu'on décentralise, si on le peut, nous
serons prêts à y aider; mais qu'on nous épargne des lamentations
plus littéraires que philosophiques sur le mouvement de centralisa-
tion unitaire, qui est le résultai de toute notre histoire, et qu'où ne
fasse pas un crime aux éducateurs de la jeunesse d'enseigner et de
croire qu'il y a, au milieu el au-dessus de loutes les diversités provin-
ciales, une âme française, inspirée d'idées générales héritées de la
Renaissance, de noire littérature classique, des encyclopédistes et de
la Révolution, et que c'est celte unité intellectuelle el morale, tradi-
tionnelle elle aussi, qui fait en grande partie l'originalité de noire
pays et son influence dans le monde.
Je suis un peu inquiet de voir la facilité avec laquelle les écri-
mues, m
tins d'aujourd'hui se laissent entraîner à transformer en doctrines
soi-disant philosophiques, politiques, sociologiques, auxquelles ils
prêtent un caractère scientifique et positif, des fantaisies de l'es-
prit et du sentiment, des intuitions, des généralisations hâtives,
même des caprices de dilettantes. C'est ainsi qu'on a vu, non
aans surprise, présenter a la Sorbonne, comme thèse de doctoral, un
■ Romantiime [ranmh [Société du Mercure tt* France), par
M. Pierre Lisseiine, qui est écrit avec un talent littéraire incontes-
table, avec une verve endiablée, mais qui n'a rien d'un Inwtl réflé-
chi, erîUqne el scientifique, tel qu'on est en droit de l'attendre d'une
thèse en Sorbonne. Au lieu d'analyser sérieusement les éléments très
complexes qui ont concouru à la formation du mouvement romau-
H -lion contre les conventions et les règles classiques, retour
à la nature, recherche du réel et du vrai, passion pour l'histoire et les
traditions nationales, subjectivisme lyrique, etc., M. Lasserre s'est
livré à un éreintemenl très amusant, très brillant, plein de critiques
piquantes el justes, de toutes les erreurs et de toutes les exagérations
du romantisme; ramenant tout le romantisme à Rousseau comme
source unique, ne voyant dans les sentiments romantiques que chi-
mère et corruption des passions, dans les idées romantiques que
folle M rhétorique, et enfin faisant surgir, pour achever de perverlir
ce romantisme, issu de la bassesse el de l'extravagance île Rousseau,
do panthéisme allemand qui engendre en politique le
-fanatisme, en esthétique la mort du goût, dans les sentiments le
dilettantisme, (le livre offre tous les caractères du dérèglement suhjec-
mI\ Krique et fantaisiste que M. Lasserre' reproche au romantisme.
Il a écrit un éreintemenl romantique du romantisme.
Rousseau est en train de subir des assauts qui nous paraissent le
grandirau delà de toute mesure. Je suis peut-être disposé a être moi-
mime injuste envers lui parce que je n'ai de sympathie ni pour son
caractère, ni pour ses idées, ni pour la nature même de son génie; mais
je suis amuse de voir que, par antipathie, on arrive à en faire un monstre
qui domine de sa stature gigantesque et effroyable l'âge moderne tout
entier. M. Lasserre fait sortir de lui tout le romantisme. M, Julea
I.*»iii»t, après avoir analysé son œuvre avec beaucoup de malice,
I. II. Litaerre i consacré m petite Ihèie aui théories de Nietzsche sur la
M*aique i-mii-ni! •» neriode wagnerîcnne. Il lui aurait élé facile, s'il avili
voulu traiter ma sujet en diatribe colonie il a fait du romantisme, de mon-
trer i|ue let Rendrai l**liini» ilr Nleliscbe sont toute» des fantaisies subjeclitei
«I arbitraire*. Hait 11 le* a au contraire anilines d'une manière tri» serrée et
Ire* sérieuse et a apporte, una contribution lr** Intéressante i la genèse de»
Mécs de Me.iiM-.iifl et à leur Évolution ni aatsl I Ij pbUoMaiMi de U musique.
{(2
It-LLETIS BWWHBi
de malveillance, de finesse et d'esprit dans ses conférences sur/
Jacquet Rousseau (C. Lévy), (inîl lui aussi par déclarer, ou peu s'en
faut, ijue sans Rousseau il n'y aurait eu ni romantisme, ni Répu-
blique française, ni Terreur. Mais, vraiment, est-ce Rousseau qui a
ik'rol, dii fois plus romantique que lui, au sens même de
M. Lasserre? est-ce Rousseau qui a inspiré les rêveries socialistes
qui ne cessent de se produire en France au cours du iviir* siècle?
est-ce lui qui a inspiré les théories et les prophéties du marquis
d'Argenson, qui prédisait la République avant même quo B
eùl rien écrit? Et est-il vraiment d'une critique bien judicieuse de la
part de M. Lemailre de prétendre que les idées de Rou -
celles d'un étranger, d'un malade et d'un fou, quand Housseau n'a
fait que revêtir dune rhétorique merveilleuse et d'une forme clas-
sique des idées dont on retrouve les éléments chez tous les philo-
sophes du siècle? Rousseau n'est Genevois que par le hasard de sa
il est Français d'origine, et si Genève lui a fourni des
traits pour son Contrat social, son œuvre dans son ensemble ne doit
rien a la Suisse. El vraimenl. si nous répudions Rousseau comme
Suisse, devons-nous aussi répudier Joseph de Maistre comme
Savoyard? Il me semble qu'après un siècle et demi il devrait être
possible de juger les hommes et les idées du xtih* siècle avec plus
de nuances et de sérénité.
On éprouve une joie pure, au sortir de la lecture de livres où les
agitations du temps préseul ont trop laissé leur empreinte, à relire
les essais d'Emile Roctxt, qu'on vient de réunir sous le titre
d'Études politiques (G. Colin). On j retrouvera avec plaisir ses deux
belles éludes sur Albert Sore! et sur Bardoux, mais surtout on pren-
dra une vraie leçon de saine critique historique et d'impartialité dans
les deux essais sur la Souveraineté du peuple et sur la Déclaration
des Droits de l'homme. Non que je souscrive absolumenl aux idées
qu'il dévelop[>e dam le second de ses essais. Je crois qu'il y a plus de
vérité qu'il ne le pense dans la thèse de M. Jellinek, qui Irouve
dans la Déclaration des Droits de l'homme un écho direct des décla-
rations des droits américaines; mais l'analyse par laquelle M. Boutmy
indique les divergences de l'œuvre des constituants français cl de
celle des insurgenls américains esl admirable de précision el de
finesse, et il a également pleinement raison quand il montre l'action
des idées des philosophes du mil* siècle s'exerçant en même temps
des deux côtés de l' Atlantique. L'essai sur la souveraineté populaire
et le suffrage universel est encore plus remarquable par le sens du
réel et la sérénité qui l'animent. Aussi éloigné de ceux qui voient
dans les doctrines démocratiques la révélation d'un idéal sauveur
IÏIAM.I-.. 113
des sociétés que de ceux qui y voient les plus darnnables des
erreurs et les inventions funestes de quelques cerveaux en délire,
il t-ii analyse tous les avantages et les inconvénients, et surtout il eu
montre la naissance, la croissance naturelle et l'inéluctable dévelop-
pement. Après avoir indique tout ce qu'il est entré de paresse intel-
lectuelle el d'amour de la paix dans la formation des principes démo-
cratiques, il conclut : « Celle institution du suffrage universel, vers
laquelle tous les peuples semblent s'acheminer a mesure qu'ils se
civilisent davantage, est l'évidente conclusion d'un syllogisme dont
les prémisses sont fournies par l'histoire, par l'expérience el par le
progrès. »
Nous avons eu récemment un exemple curieux de la passion qui
depuis quelque temps s'introduit dans la discussion de questions
purement scientifiques. M. Félix Mathieu, esprit chercheur, sub-
til et compliqué, a eu l'idée de faire des recherches sur un sujet
1res digne en effet d'être élucidé, la découverte de la pesanteur
fie l'air, à laquelle collaborèrent quelques-uns des plus grands
lu ito' siècle, Torricelli, Uescartes, le P. Mersenne,
Auzout et Pascal. C'est à ce dernier que l'honneur de la décou-
verte est surtout revenu, à la suile de l'expérience du Puy-
de-Ili'ime par son beau-frère Périer. M. Mathieu relève des par-
ticularilés singulières : l'expérience du Puy-de-Uome eut lieu
le 19 septembre 1648 ; Pascal fit imprimer en décembre Xï48 un
récil de l'expérience, en léte duquel il plaça une lettre adressée
par lui a Périer le 15 novembre 1647 pour l'inviter à faire l'expé-
rience, lettre où il se donne comme ayanl eu le premier l'idée de
celle expérience el ou il fait allusion à une autre expérience faite
devant Périer à l'aide de deux tubes, et qui paraît être salle du
le vide. Or, Descarles, dans une lettre a Carcavi du 1 1 juin
4649, affirme avoir donné à Pascal l'idée de l'expérience du Puy-
de-Dôme dans une entrevue qu'il eut avec lui en septembre 1647,
ri. d'autre part, l'expérience du vide dans le vide fut faite pour la
première fois par Auzout en juin *i>48 [k ce qu'assure M. Mathieu).
Il y a donc la un petit problème curieux sur la priorité d'une décou-
qu'en offrent presque toutes les grandes découvertes scien-
ear, d'une part, les grandes découvertes sont rarement
l'œuvre d'un seul savant et mûrissent d'ordinaire eu même temps
dans plusieurs cerveaux, el, d'autre part, chaque savant esl assez
revendiquer pour lui seul ce qui appartient a plusieurs.
Mathieu, qui est un libre penseur ardent fort ennemi du
cisnie, au lieu d'examiner tranquillement les diverses hypo-
s qui pouvaient expliquer les difficultés signalées plus haut et
tUv. ttwnw. XCIV. I" rue. 8*
m «CLLBm aiâTOHlQPR.
de chercher à démêler la part de chaque inventeur, a lait du premier
coup la j'Ius invraisemblable de toutes les hypothèses, celle que Pascal
a fabriqué une dusse lettre pour en imposer a la posLérilé et pour
enlever à Descarles et à Auzout le mérite de la priorité, et que toute
38 famille a été complice de sa supercherie. Evidemment, cette idée
est venue à M. Mathieu à la suite du rôle extraordinaire que les faux
ont joué dans les événements de ces dernières années; mais, sans s'en
douter, M, Mathieu, éprouvant une joie bizarre à trouver un faussaire
dans un homme que nous sommes habitués à vénérer comme le plus
illustre des mystiques et des apologistes du christianisme, a, dans
une série d'articles de la Bévue de Paris, triomphalement accablé Pas-
cal sous les accusations de faux et de mensonge. Étudiant taule l'his-
toire de la découverte à la lumière de cette vérité centrale : la lettre
du (5 novembre 1647 est un faux, il a cherché à accumuler les
preuves de la culpabilité de Pascal. MM. Duhem et Brunschwicg ont
montré l'invraisemblance de l'accusation de M. Mathieu au point de
vue de l'histoire même de la découverte. M. Abel Lefbikc, dans des
articles de la Revue bleue, réunis eu brochure sous le litre : Défense
de Pascal. Pascal est-il un faussaire ? a examiné les accusations de
M. Mathieu en érudit au simple point de vue de la critique des
textes et montré que M. Mathieu a été victime d'une hallucination
analogue à celle des accusateurs de Dreyfus qui, prenant pour point
de départ la certitude qu'il avait écrit le bordereau, ont vu tout se
transformer à leurs yeux en preuves de la justesse de celle attribu-
bulion. Or, M. Lerranc a accumulé, lui, les preuves d'erreurs
commises par M. Mathieu. M. Mathieu prétend qu'il est impossible
que Pascal ail invilé le 15 uovemhrc 1647 Périer à faire une expé-
rience qui n'eut lieu qu'en septembre 16S8. M. Lefranc montre que
les déplacements de Périer expliquent 1res bien ce long délai.
M. Mathieu prétend que Pascal lit imprimer sa brochure chez un
petit relieur qui vendait des livres de piété et ne la fil pas mettre en
vente, car il n'en existe que trois exemplaires. M. Lefranc fait remar-
quer que l'éditeur Savreux était un libraire connu, que Sainte-
Beuve a signalé comme l'éditeur attitré des jansénistes, mis trois
fois à la Bastille pour la bonne cause, qu'il est facile d'expliquer la
rareté de la plaquette de Pascal, doul il existe au moins un exem-
plaire, ignoré de M. Mathieu, a l'Arsenal. Mais, ce qui est plus
grave, M. Mathieu prétend qu'une fois cette brochure parue (celle
brochure restée inconnue de tous), lous les savants qui jusque-là
admiraient Pascal ont évité de prononcer son nom elqu'ilaulo l'objet
d'une réprobation universelle. El M. Malhieu cite les DODU île
Huygeus, Rohault, Mariolle parmi les savants qui ont indiqué
^^^^^^^H
noms de
diqué leur
mscE. 415
blâme par leur silence. Il a suffi à M. Lefranc d'ouvrir la correspou-
danee de Huvgens, les œuvres de Fermai, ttohaull, Mariette pour
reconnaître que l'assertion de M. Mathieu était le contraire de la
vérité. Il aurait pu ajouter que le jeune Auzout, qui aurait pu plus
que personne se plaindre de Pascal si la théorie de M. Mathieu était
vraie, fui toujours avec lui en rapports d'amitié et de bonne confra-
ternité scientifique'. M. Mathieu a entrepris maintenant de répondre
aux réfutations dont ses premiers articles ont été l'objet; mais la
manière même dont il a présenté sa réponse affaiblit sa thèse. Il
prétend n'être en désaccord avec MM. Duhem et Brunschwieg que
sur des points de détail, alors qu'ils sont en absolue opposition
avec lui ; et il fait porter son effort sur {'éloquence de M. Lefranc,
a qui il reproche d'avoir fait un plaidoyer, alors que c'est lui
qui a lait un réquisitoire, et que M. Lefranc n'a pas même traité
la question de fond et s'est borné à relever, en bon érudit el
critique de lestes, les erreurs de fait de M. Mathieu. Or, sur les
erreurs de bit, M. Mathieu «lisse ou ergote, et Huit dans son
article du 13 mars par transformer le faux prétendu de Pascal
eu un faux platonique, dont il ne s'est pas servi. Je ne veux pas
insister davantage, car si je traitais la question jo soutiendrais que
la date seule de la lettre de Périer exclut toute idée de faux1. Mais je
n'ai voulu ici, en parlant de MM. Lasserre et Mathieu, faire qu'une
Mule chose : mettre en garde les jeunes historiens contre l'inl réduc-
tion de passions étrangères à la science dans l'examen de questions
scientifiques. Opposons-nous au retour offensif, que nous constatons
en France, comme en Allemagne d'ailleurs, de l'imagination, de la
t. Auzout, dont un ignore, je crois, la date île naissance, riait probablement
un tout jeune buinmr, plut jeuno que i'.isul et vivant dans son intimité. Qui
nous dit que ion eipéricnre <lu ride dans le vide n'a pas été faite d'accord
avec Pascal î
; i r-ii autant d« I j manière dont Pascal parle de leipcriencc fuite avec.
drui tubes. S'il avait connu, rn écrivant en passage, l'expérience d'Auiout, il se
serait exprimé d'une manière moins incorrecte. Il dut faire avec l'erier nu essai
maladroit et. en effet, peu probant. Il J a une hypothèse que H. Mathieu attrait
l*i el du faire: celle <|iu> Ptscal, tout es tyanl bien réellement écrit a Pèrier une
lettre le 15 novembre 1617 pour lui demander de taire l'expérience du Pnj-de-
Koine, aurait, en Imprimant celle lettre en décembre 1648, modifié «on texte
■ai plus ne! et plus «Itirmalir. Cela n'aurai! rien d'incompatible nu
In Idées dater* eu utUere de publication de textes. Que Pascal ait «Me * la
tentation de tirer la couverture a lui, comme l'a dil Sainle-lieuve, c'est vraisem-
blable. Deacarlaa cl lui aavaicnl tous deux probablcioenl que Hcrsenne avait,
m( leur rencontre de 1647, suggéré l'idée d'une ci périmer faite à des altl-
i. Il» te vantaient tous les deux en prétendant avuir 4M les
1 1 avoir cette idée.
<H6 BULLITIlf HI8TOUQ0E.
méthode subjective et intuitive, des généralisations hâtives et soi-
disant philosophiques dans l'histoire et la critique.
H. Georges Picot a réuni en deux volumes les Notice* historiques
(Hachette) qu'il a lues aux séances solennelles de l'Académie des
sciences morales et politiques depuis 4896. Elles s'ouvrent par un
portrait fin et équitable de H. J. Simon, le prédécesseur de H. Picot
dans les fonctions de secrétaire perpétuel. Celles de ces notices qui
sont les plus précieuses pour l'historien sont celle de H. de Montali-
vet, beau-père de H. Picot, dont il a pu parler d'après des documents
personnels, celles du duc d'Aumale, de H. Gladstone et d'Hippolyle
Passy. Hais on lira aussi avec grand profit les portraits de Barthé-
lémy Saint-Hilaire, de Léon Say, de Gh. Renouard, de Paul Janet,
de Th. Roussel, d'Aug. Cochin. Tout en restant fidèle au parti pris de
bienveillance qui est la loi des éloges académiques et qui, d'ailleurs,
était dicté à H. Picot par ses propres inclinations, il n'en a pas moins
tracé de ces hommes politiques et de ces philosophes, qui étaient en
même temps des hommes de bien, des portraits vivants et vrais, d'un
noble style.
G. Monod.
tKfiUTlUE.
ANGLETERRE.
fSuiti*.}
Si l'on veut avoir une idée juate du caractère et de la politique
Cromwell, il faut lire sea discoura et aea lettres. Tous lea
historiens connaissent le recueil qu'en a fait Cuaux. 11 est devenu
classique. Une réédition enaéle donnée par la librairie Melhuen'. Le
travail de revision a été confié à Miss S. C. Louas, qui continue
actuellement au P. U. 0. l'inventaire des Slate panera (série Domentie).
Elle s'en est acquittée avec tout le soin désirable. On a finalement
reproduit la 3* édition donnée par Carlyle (18*9), avec le commen-
taire qu'il a donné du texte et qui est d'une saveur si originale.
Même les pièceB de l'appendice, qui sont des additions fournies à
Carlyle après la T'clla 2° édition de son ouvrage, ont été conservées
place au lieu d'être distribuées à leur place chronologique.
Seulement M11* Lomas a revu les teites publiés par Carlyle sur les
originaux ou sur les copies qui nous en sont parvenus-, elle a
corrigé maint passage, ajouté des notes qui complètent ou rectifient
celles de Carlyle, enfin apporté a son tour un notable supplément du
149 numéros. Tout cela est narrait. Hais on regrettera que l'on n'ait
pas fondu ensemble les anciens matériaux el les nouveaux, dans une
seule suile chronologique. Objeclera-t-on que ce classement aurait
altéré le caractère du commentaire de Carlyle? M. Pirlb, dans une
Introduction, a donné les preuves lea plus variées, parfois les plus
l, de l'inaptitude de Carlyle aux travaux d'érudilion : Carlyle
n'a pas cherché à donner un recueil complet des écrits de Cromwell
et il en a volontairement omis d'importants; il n'a pas su discerner
les vrais des faux et s'est laisse duper par un imposteur, ignorant
d'ailleurs autant qu'imprudent, William Squire*; mal renseigné (il
l'avouai) lui-même) sur l'histoire de l'Angleterre avant el après Crom-
well, domine par ses passions politiques, au point de ne pouvoir
apprécier les événements el les hommes du xvn* siècle qu'à la mesure
1 Voir KM, Aij(., t. XOm, p. 379.
i, TV tettrrt and iperehe* o{ Olierr Cromwell, irUh tluridatiom b, Tho-
mat Carlyle. Editai with noies, luppttnttt Htd eiilurged indel, l>> 8. C.
u, «illi an introduction hy C. II. Firlù. Londres, Helhuen, 1901, 3 vol.,
■ 1 1 -557 «t im-60* p.
3. i.i-i ■ Sijulri* |hjjict» ■ ont ttc binni» do la présente édition. C'est de tnale
jotUcr.
m
BULLKTIIf IHSTOniQPK.
d'un tory-socialiste de 1840, il était incapable de donner un
raentaire vraiment complet el compréhensif des textes publiés par lui.
Il reste que ce commentaire est plein de vues originales, que Cari vie
a, le premier, lait revivre le véritable Cromwell, dont l'image avait été
défigurée par les préjuges des partis, whigs ou tories. Ces mérites
aussi ont été mis en pleine lumière par M. fictif, mais ce n'eût pas
éle faire offense au génie littéraire de Carlyle que de reprendre son
œuvre dès les fondations, d'en éliminer les parties caduques et de le
reconstruire en style tout moderne. Il faudra bien qu'on en vienne là.
On sait par quoi hardi coup de main le cardinal-archiduc, qui gou-
vernail les Pays-Bas au nom de Philippe II, s'empara de Calais le
il avril 1596. L'émoi fut vif en Angleterre, où l'on put craindre une
invasion espagnole; la milice des comtés méridionaux reçut l'ordre
de se tenir prête au premier appel. Un des chefs de cette milice,
Sir Henry Knyvetl, lieutenant du comté de Wilts, eut l'idée, tout en
travaillant activement à ces préparatifs, de rédiger un traité sur la
défense du royaume qui Tut en effet présenté a la reine et dont l'ori-
ginal est actuellement conservé à la bibliothèque Cbelham, à Man-
chester. Ce traité vienl d'être publié par M. Charles Hogbes'. Il n'a
plus aujourd'hui qu'un intérêt de curiosité : Sir Henry proposait l'or-
ganisation d'une milice où serait enrôlée toute la population mâle de
dix-huit à cinquante ans, et l'on sait qu'aujourd'hui encore l'Angle-
terre répugne à introduire chez elle la lourde et dangereuse obligation
du service militaire. Notons cependant que, dans la milice dont il
trace le plan, Sir Henry fail une place importante aux archers, alors
qu'en fail ces combattants d'un autre âge venaient de disparaître pour
toujours de l'armée anglaise. On voit qu'ils laissaient des regrets.
Dans l'introduction, M. Hughes a donné une bonne biographie de
Knyvetl, personnage jusqu'alors fort ignoré, el, dans une des notes
de l'appendice, il a donné la bibliographie des ouvrages sur l'arl de
la guerre que Sir Henry a pu consulter avant de rédiger son traité.
Signalons encore, dans la même série, les Mémoires sur les affaires
maritimes de 1679 à 1688 par Pepys. Pepys est l'auleur du célèbre
» Journal » où il peint avec (anl de complaisance les vices de la cour
de Charles II pendant les dix premières années de la Restauration ;
mais cet épicurien Tut aussi un administrateur remarquable. Son
■ Journal » est une œuvre de jeunesse (il l'écrivit de vingt-sept à
1. The Dtifense of Ike realm, 1597. Oïfonl. at tbe Clareadon presi, 1906,
mivi-75 p. « Tudor and Sluart library. • Sous ce titre, le célèbre institut
typographique d'Oxford publie des éditions ou réimpressions d'écrits anrirns
où il s'efforce, arec un art parfait, de faire revivre tes caractères d'imprimerie
el les reliures du temps. Celte plaquette .1 forl bon air.
in
trente-six ans), et la réorganisation de la marine, à laquelle il consacra
■on âge mûr, lui assure un renom du meilleur atoi; il ; lit revivre
I ions puritaines d'ordre, du discipline et de progrès qui, au
Cromwell, avaient fait de la marine un admirable instru-
ment de guerre et de gouvernement. Enveloppé dans la disgrâce du
duc d'York après le prêlendu complot papiste do (679, Pepys fut
mis à la Tour de Londres; une administration nouvelle fut instituée
résultai fut si déaastreai que Pepys fut rappelé au bout de
cinq armées. C'est pour mettre sous les jeux du roi elles Taules com-
mise.* et la nécessité d'un retour aux saines méthodes que Papjl
rédigea les mémoires que nous annonçons; ils Turent publiée en
i I B. Tanieb, qui les réédite, en a retrouvé les sources on-
i ma le Tonds Pepjs, conservé aujourd'hui au collège de la
ie B Oxford*; ces sources garantissent l'exactitude des Tails
,'t ta cnill'ri's il-; uire*.
Bttmu c^saïuc. — Deux grandes entreprises do librairie ont
été lancées en même temps et presque avec le même caractère. La
première est une Histoire d'Angleterre en six volumes, qui parait
chez, Methucn, sous la direction de M. CbarlM Omm; I;' seconde,
m point de vue plus limité, mais dan* JÎTpTus vastes pro-
portions, est une Histoire politique de f Angleterre, en douze volumes,
que publie la maison Longmans, sous la direction de MU. William
Bon et H. I,. PofltB. Dans l'une comme dans l'autre de ces deux
séries, chaque rolu a èlé attribué l un auteur différent, et il Taut
dire que le choix de ces collaborateurs a été excHleni BU général. M
témoigne en tout cas de ce fait que, si le travail scientifique est
encore très mal organisé en Angleterre, sauf dans quelques centres
ni Vers) tairas relativement récents comme à .Manchester), ce ne
sont pas les hommes de valeur qui manqueraient h une organisation
plus méthodique. Parlons d'abord de la collection Oman.
La période qui s'étend de la conquête normande a la mort île
IL-iiri III | été traitée par M. H. W. G. Dira*, dont e'esl le premier
ouvrage notable, et qui s'est révélé du coup comme un maître.
H. Davis connaît admirablement les sources de celte histoire; il lésa
examinées de près et il les interprète dune façon qui lui est person-
l. Pepy>' Htmoira of Iht royal fllavy, 1679-1688- Oxford, il (lie ffla-
rmdua |>™i, IBQC, XTtu-131 p. cl un indu ■ Tudor and âluarl libnrr. •
PrU : 5 il..
ï. M Tinn-r ■ déjà publié un ÙttmtlpttM Catalogue of tlu naval manui-
tripinn tht Pepytian library il. «VI oi XWII ,k, pabUcaUoai du I* Xavy
ncord* Society).
3. A khtory ->f tngtand. Vol It ; Englnnd under Ike Mormon* and Ânje-
Wfu, tûM-an, Londres. M«lln>«n. XIX-577 p. Prix; 10 in. fi d.
Kl T.i.lTi V BlSTORtQOR.
nelle. Quand il diffère d'opinion avec ses devanciers, fûl-ee même
M. Round, il le dit nettement et donne brièvement ses raisons. Le
plan de la publication, qui s'adresse plutôt au grand public qu'aux
érudits proprement dits, ne comportait pas une annotation minu-
tieuse, où chaque fait, pour ainsi dire, s'appuie sur des preuves;
mais, au point important, on trouve le renvoi aux sources, bref et
précis. L'auteur mentionne aussi quelquefois des ouvrages modernes.
mais c'est l'exception. Le plu3 souvent, il faut se contenter de la
bibliographie, placée en bloc à la fin du volume1. Si discrète qu'elle
soit, cette érudition a son prix et recommande même aux spécia-
listes la lecture de l'ouvrage. Un excellent index permet de le consul-
ter rapidement. L'exposition est claire et attachante. M- Davis excelle
à mettre en lumière les faits et à donner de la vie aux personnages.
Sur des prélats aussi connus que saint Anselme et que Thomas Bec-
kel, sur des hommes d'État tels que Guillaume le Conquérant ou
Henri II, s'il n'a rien de neuf à nous dire, il n'est jamais banal ; la
comparaison qu'il institue entre Simon de Monlforl et Edouard I",
par exemple (p. 479), est d'un homme qui pense par lui-même. El
il lui arrive de faire passer légitimement au premier rang des ligures
un peu effacées d'ordinaire, comme celle de l'archevêque de. Canlor-
hery, Hubert Gautier. L'histoire politique, les inslilulions adminis-
tratives sont traitées avec le même souci de l'information exacte et
le même scrupule d'originalité. H montre très bien la réalité, le carac-
tère, l'extension de l'anarchie qui désola l'Angleterre sous le règne
d'Etienne, et il consigne sur une carte les résultats auxquels l'a con-
duit l'étude attentive des faits. Si l'on compare celte carte (p. 160) à
celle de la ■ renaissance monastique » en 4124-1154 (p. 495), on
constate que les établissements monastiques se sont fondés de préfé-
rence dans les régions dévastées par la guerre, soil par les expédi-
tions du Conquérant, soit par les luttes entre Etienne et Mathilde.
Les indications fournies par celle carte de l'Angleterre monastique
viennent aussi confirmer d'une façon inattendue (et seulement en
général! ce que dit l'auteur sur cette anarchie. Dans un tout autre
domaine, on tiendra compte des réflexions qu'il présente sur la
convocation des représentants des communes au Parlement (p. 471).
Sur une période où, depuis une génération, sont venus s'accumuler
tant de travaux importants, le volume de M. Davis apporte donc son
contingent notable d'impressions el d'idées; il doit être mis hors
de pair*.
1. Corriger Cuira tut (Guiraml), Vahtet (Vaisselc].
1 \ |.jih- gulgm remarques Je détail : Robert Je Mettent (p. 3, 68, etc.)
ittGtETIME. 421
e des Tiidors a été traitée par M. Arthur D. Ikkrs'. Son
volume se lit avec un grand intérêt. Il 3'est attaché particulièrement
a Élire comprendre le côté politique des événements; le développe-
ment des formes sociales, la transformation économique, l'organisa-
lion administrative même sont simplement esquissés. L'œuvre ano-
nyme du siècle, l'histoire propre du peupla anglais sout reléguées au
second plan. C'est aux individus que M. Innés s'intéresse; il raconte
leurs actes, il en scrute les intentions, il les juge avec finesse, avec
équité. Il proteste avec toute raison contre les partis pris de Froude ;
pODT Henri VIII, par exemple, il remet en plus d'une occasion les choses
au point. En ce qui concerne Wolsey, il n'a garde de tomber dans
!■■- l'xageraliuns >!'_• Tau n ton. S'il accepte en somme l'opinion de
Pollard sur le Lord protecteur Somerset, ou de miss Slotie sur la reiuu
Marie Tudur, il apporte a leurs portraits des retouches de détail qui
mil l-.iir prix. Sur Marie Stuarl, il ne se prononce pas nettement,
parce que le conflit des témoignages et surtout la forme suspecte
qu'ils ont revèlue lui interdisent toute certitude, La question reste
pour lui, comme pour M Lang, un mystère. En pareil cas, pour se
décider, on n'a que des impressions, et lus impressions personnelles
de M. Innés ne l'inclinent pas à un jugement favorable envers la
reine d'Ecosse. Du moins monlre-til honnêtement les différentes
faces des problèmes et les circonstances extérieures qui commandent
les résolutions humaines. Parfois il pousse jusqu'à la subtilité le
goûl des nuances, par exemple quand il discute jusqu'à quel point
les entreprises de Drake contre les colonies espagnoles doivent être
considérées comme des actes de piraterie. Il serait injuste, à coup
sir, de placer Drake au rang des vulgaires écumeurs de mer, ou
même, si l'on veut, des pirates barbaresques; il faut avouer néan-
moins que certaines de ses entreprises ont èlé préparées avec une
dissimulation, accomplies avec un mépris du droit des gens qui
méritent d'exciter la réprobation et qu'on a le droit de les juger
sévèrement, en se plaçant même au niveau moral de l'époque,
fie 1res intéressant ouvrage me laisse cependant un vif regret :
la bibliographie est tout à fait insuffisante. Non pas que M. Innés
n'ait Indiqué les ouvrages vraiment utiles à lire sur l'époque qu'il
mtia la partie relative aux sources, la plus importante
cependant, est vraiment trop indigente. Les textes essentiels sur le
divorce de Henri VIII, sur Marie Stuarl, sur les guerres avec l'Es-
n« demil-U pa» être appelé île Mutai.' — P. 170, il faut Tpret [non Tprèt).
— P. 487, H. Davis * oublié qiin l« Pbtlippe de Reims, dont il cite deux xen.
n'e»l iiitrr que Philippe de Rtmi, «Ira de Beauroanuir.
1 Enjlaad unrfer iht Tuiion. Metbucn, xvm-481 p.
122
BOLLETIS HI!<TOIir<_U;E-
pagne ne s'y trouvent pas. En particulier, les sources étrangères
■OBt eoUènmtni omises. On dirait vraiment que la lecture des
Ctxlendars doit dispenser de toute autre recherche. Gel appendice
devrait être entièrement remanié, ce qui serait facile et ce qui aug-
menterait à peu de frais la réelle valeur de l'ouvrage.
M. Innés s'applique à peindre les principaux acteurs qui ont figuré
sur la scène politique. M. Georges Macaulay Tieteltin, à qui est
incombée la Lâche de raconter l'époque des Sluarts1, aime a disserter
sur le- ivtiisc? u nies t't particulières des événements, MK la 000-
dition des différentes classes de la socîélé. L'auteur de l'Angleterre
au temps de Wycltjffe est à l'aise dans le domaine des idées et des
faits de l'histoire religieuse, politique et sociale; au mu* siècle, ce,
domaine est aussi ample que varié. M. Trevelyan nous en présente
habilement les aspects si divers et le développement logique. Il
montre a merveille les origines de la grande révolution puiiLaine d'où
est sortie l'Angleterre moderne, le caractère assez particulier de la
guerre civile qui mit en conflit des principes et non des classes, qui
ébranla le pays sans compromettre son unité politique, qui lit
triompher en déllnilive l'esprit puritain tout en épargnant à l'Angle-
terre les maux effroyables qui accompagnent d'ordinaire les gUfltna
de religion. La tolérance religieuse est aux yeux de M. Trevelyan
l'idée fondamentale du monde moderne; il la montre tout d'abord
combattue par le fanatisme des partis puritains, revendiquée avec
violence par les sectaires, démocrates et ennemis des presbyte riens.
poussant Cromwell au pouvoir, puis se glissant peu à peu dans la
pratique gouvernementale à la faveur du scepticisme immoral et
impudent de la Restauration, triomphant enfin après la crise de
(tî.SN-Hi.S'J. Le progrés vers la liberté nous est présenté avec beau-
coup d'art et de variété surtout dans la première partie du livre,
celle où l'auteur est constamment soutenu par les excellents travaux
de S. H. Gardiner et de C. IL Firlb ; il parait moins sûr de lui dans
la seconde moitié, mais partout c'est le même style brillant, ingé-
nieux, éloquent, non saus quelque soupçon peut-être d'enflure ou de
préciosité, toujours vivant et captivant*.
Les collaborateurs réunis sous la direction de M. Oman ont eu le
champ moins libre. On leur a évidemment imposé l'obligation de se
l. Ençtand under the Stuarlt. Mctbuen, xvi-566 p.
S. Le premier Parlement dp Jacques I" a pIp .liions, non en 1610, comme
il Ml dit i U p. m. mai' ru Ir.tl. OoaHM il Ml dil à U p. 1M- Il n'est p»
exact que Jacques VI, roi dKtosw, ail épouse une calluiii.inc fj> II .: Anne
de Danemark etail luthérienne, elle se conrerUI an cattiolieisme peu «tant
! avènement de ton époux au trône d'Angleterre,
IfCLETEME. i23
renfermer strictement dans le cadre d'une histoire politique, et, par
là même, on les condamnait d'avance à une certaine monotonie, Le
tome 1 est peul-Olre celui qui échappe le plus à cette aéeessHa N 1
cet ineonvémeni. Il a pour auteur SI. Thomas Houckii ', hien connu
par scs excellents travaux sur les invasions germaniques en Italie.
Il commence par un chapitre liminaire sur l'homme préhistorique dans
la Bretagne Insulaire et l'on se demande ce que l'anthropologie peut
■■■- sur l'histoire « politique «d'un pays; mais il n'importe pas
en somme, d'autant que ce chapitre est 1res, court. Ceui qui suivent
ont ce mérite d'être le très fidèle résumé des documents, maltaeu-
Dl si fragmentaires, qui nous sont parvenus. Pour l'histoire
des invasions anglo-saxonnes, l'auteur suit et analyse, chacun à
son tour, les témoignages de source gallo-romainefProsperTiro et la
Vie de saint Germain), anglaise (fiède et la Chronique anglo-saxonne)
et enfin bretonne (Gildaa et Nennius, le Nennius vindicatus de Zim-
mer*). Cette méthode est lente, mais conduit a des résultats pro-
bables, en réduisant dans la plus large mesure la place laisséeâ l'hy-
pothèse. On constate avec plaisir que M. Hodgkin se lient sévèrement
en garde contre les exagérations et les partis pris de r'reeman. Il ne
croit pas que la race bretonne ail disparu devant les vainqueurs; il
rappelle doucement cette concession faite par Freeman que les
femmes des vaincus devinrent la proie des nouveaux maîtres ; de
leur union naquit un peuple, que caractériserai l fort justement l'épi-
Ihete d'anglo-cclte. Il s'en faut donc beaucoup que les Anglais
soient de pure race leutonique, et cette observation de bon sens suf-
firait à elle seule pour renverser la construction élevée par l'imagi-
nation téméraire de Precman. Notons d'autre part l'intéressant rap-
prochement que fait M. Hodgkin entre les Angli et les Longobardi
(p. Si) et la concomitance vraiment significative qu'il observe entre
les invasions des Germains en Bretagne et celle d'Attila dans le
centre de l'ouest de l'Europe (p. iOU). Il esl vraisemblable en effet
que les peuples saxons qui se sont jetés sur la Bretagne vers
i .lu v* siècle fuyaient devant les Huns. Quant à la condition
de* personnes et des terres après l'occupation anglo-saxonne,
H. Hodgkin est très circonspect. Ici encore, il s'en tient étroitement
aux telles. Comme ceux-ci soûl muets sur l'occupation du sol, sur
I. Ikt liiitory of Engtand frorn Ihe rarlirsl timei (a Ihe Norman conqunt.
Lonimam, Qmm «| O, 1906, xxi-5'J8 p,
rail |i«» i|ue al. ft'Hlgkiu ail tonu compta de» observation* crtliqii"*
im Ir» Ihtork* iln Zlinmrr par U, James Mac Caffrey don* The Inth theoln
il Q-tartrrly, Q- I.
!-''
M'I-lKTn mSTOBIQOK.
l'organisation de la villa par les Romains, il laisse II (fueatj
ouverte (p. 77); pour l'époque aoglo-saioune, il traduit
les lois rédigées dans les différents royaumes de l'heplareb'ie, et, s'il
parait adopter en général les opinions de Vinogradoff el Cnadwick,
il ne les présente que sous toutes réserves. Cependant, il estime que
le sol a dû être occupé au début par des hommes libres [ccorts],
astreints à la milice \fyrd) et à quelques redevance* ecclésiastiques,
mats, d'ailleurs, propriétaires sans restriction du sol où ils habitaient.
Puis les lots se morcelèrent par suite même de l'agrandissement des
familles, el la situation du ceorl s'amoindrit progressivement. Entre
l'époque d'Ine et celle d'Alfred se constitue une noblesse de service,
qui s'eorichit, surtout par les donalions royales constatées el confir-
mées de plus en plus par des actes écrits {boo/ilanif\, au détriment de
la terre qui appartenait à la famille ou à la tribu (olldimd et qui était
par nature inaliénable. C'est cette noblesse qui constitua I* * Assem-
blée des sages « {Witena-Oemât}, première forme, si l'on veut, du
Parlement anglais, mais forme singulièrement éloignée et différente.
Sur tous ces points, M. Hodgkin ne s'aventure a exprimer une opi-
nion que s'il peut l'appuyer Je quelque document. De même encore
quand il est amené à parler du fameux serment prêté, dit-on, par
Harold au duc de Normandie. A ses yeux, les témoignages que nous
en avons sont tous suspecls, el il se contente d'exposer (d'après la
tapisserie de Bayeux) la tradition fixée par les Normands victorieux.
Ce n'est pas qu'il n'ait ses idées personnelles: ses noies sur la mon-
naie anglo-saxonne (p. 232) et sur l'étendue du » Danelaw », que
l'élude des noms de lieux permet de déterminer avec une sûrelé
approximative (p. 315), ses dissertations sur la nature exacte du
vasselage que l'Angleterre imposa à l'Ecosse en 921 ip. S23>837),
sur l'emplacement probable de la bataille de Brunanburg [p. 332!,
sur le prétendu massacre général des Danois le jour de la Sainl-
Brice (p. 387), etc., sont d'un homme qui a vu les textes avec
des yeux pénétrants el non prévenus. Le volume se termine par une
rapide revue des sources et des principaux ouvrages sur l'Angleterre
avant la conquête normande; ou souhaiterait que les Indications
bibliographiques fussent plus précises. Un bon index termine ce
volume, qui n'est peul-élre pas d'une lecture 1res plaisante (par
quel artifice il est vrai pourrait-on suppléer à l'absence ou à la
sécheresse des documents?), mais qui est à un degré éminent
consciencieux, solide, instructif.
M. George Burton Adahs, professeur à l'Université de Yale, conti-
nue l'histoire d'Angleterre depuis la victoire de Guillaume de Nor-
ANSLKTEKBE. 1 25
mande à Hastings jusqu'à la mort de Jean sans Terre1. Les limites
qui lui ont été imposées sont donc plus étroites que celles qui ont été
HlJgaéea a M. Itavis. Il est d'ailleurs inléressanl de comparer les
deui ouvrages. Disons-le tout de suite : au point de vue littéraire, lo
livre de l'historien anglais est supérieur à celui de son collègue amé-
ricain. Chez ce dernier, on ne retrouve pas la vive allure du récit, les
portraits brillamment enlevés, les scènes pittoresques qui iboadent
dans l'ouvrage de M. Davis. I.â ou M. Adam* est tout à son avan-
tage, c'est quand il expose les origines, le caractère et le développe-
ment des institutions. Il esL familier avec les sources, il commit
a fond les controverses soulevées aulour des documents, et, dans le
conflit des opinions, son jugement ferme et sain sait prendre parti.
|ieut-être il disserte un peu trop longuement, mais il y
a profll à lire ce qu'il écrit sur la nature du système féodal trans-
|i"rl<- M Angleterre ;i|>res la conquête normande, sur la politique
d'union nationale poursuivie par Henri I", sur l'organisation judi-
ciaire et llnancière des rois normands el angevins, sur le sens et la
portée de la Grande Charte. Celle-ci ne se comprend bien que si on
la considère comme un manifeste de la féodalité anglaise issue de la
conquête; elle ne contient aucun principe nouveau, ne proclame
(est-il liesoin de le dire?) aucune des libertés revendiquées par
le monde moderne. Klle n'impose au roi qu'une contrainte, celle du
respecter les privilèges acquis el de ne pas violer la loi ; c'est en ceci
seulement qu'on peut y voir une garantie pour l'avenir.
Après M. Adams, vient M. T. F. Tout, professeur à l'Université
de Manchester1. Si l'un excepte quelques pages sur l'étal social du
pays vers le milieu du un" siècle, sur la littérature, l'art, la situa-
tion de l'Église au temps de Wycliire et la tentative de réforme
religieuse qui agita le royaume à partir de i3H, M. Tout a donné
toute son attention aux rapports des souverains avec leurs sujets,
leurs vassaux, les princesses étrangères, à leurs guerres et à leurs
traités, Il suppose connue de ses lecteurs la constitution du pays
et son organisation administrative; il ne traite des institutions
qu'autant qu'il est nécessaire pour l'intelligence des événements
potittqntt. Dans ces limites étroites, l'auteur a exécuté son plan
avec une érudition remarquablement sûre et bien informée. Qu'il
s'agisse des troubles civils ou des guerres extérieures, de la conquête
I 7ht hutary of England fmm Iht \orman Conquest ttithe death ofJokn,
'■;. Lmjfi.ain.. I90S, »■*« p.
î. 7hr hutory o( Eaglaiu! from llir aeccsiùm of Henry tll (o Ikt dmlK
ofBdward tu, 126G-Î377 Loafnu*, 1905, inv-196 |-.
*2fi BCLLKTI* UISTOBI0.CE.
de la principauté de Galles par Edouard I", des luttes contre l<
Écossais, des expéditions en Guyenne ou des premières cam-
pagnes de la guerre de Cent ans, il prouve qu'il connaît admira-
blement les originaux, les livres des historiens étrangers aussi
bien qu'anglais, les pays où il lui faut suivre ses personnages.
Il ne disserte pas, il indique seulement les idées directrices de son
exposé et va droit au fait, fie sont les deuils qui le préoccupent; il
les donne avec toute la précision que comporte une histoire générale
écrite pour le grand public, mais il ne se laisse pas accabler par leur
masse. Il les distribue avec un sens exact des proportions , les
enobàsn dans un récit rapide et limpide; on le lit d'ordinaire avec
intérêt, toujours avec fruit. Son volume est de ceux que les gens de
métier devront consulter; ils regretteront qu'il lui ait été interdit
d'apporter régulièrement ses références et de faciliter les recherches
de ceux qui, après lui, auront à repasser par les mêmes chemins.
Autant qu'il peut, M. Tout échappe a cette nécessité; on lui saura
gré de quelques notes qu'il a glissées au bas des pages de l'appendice,
où il énumère les sources et les principaux ouvrages a consulter. Ici
encore, il n'y a guère qu'à louer».
L'idée n'a pas été heureuse d'arrêter a la mort d'Edouard 111 le
volume confié a M. Tout et d'attribuer le règne de Richard 11 au
volume suivant. Logiquement, l'histoire de Richard le Mal-Avisé
devrait rester soudée à celle de son grand-pere. Il y a quelque chose
de choquant, en particulier, à voir couper en deux la vie et l'œuvre de
Wycliffe. On a peut-être voulu répartir les matières à irai 1er de Taçon
a produire des volumes de dimensions à peu près égales et sans doute
aussi réserver a M. Otus, auteur d'une étude personnelle et originale
sur le soulèvement de 1381, le soin de retracer cet épisode, si impor-
tant à lant d'égards, avec toute la compétence désirable. Prenons donc
le volume de M. Oman dans les limites qui lui ont été assignées3. Il
a été traité par un homme rompu à la pratique de l'enseignement,
érudit même, connaissant les documents originaux et habile à en
tirer (il vient de le prouver encore tout récemment) des faits nou-
veaux. Outre son récit du grand soulèvement de (381, où M. Oman
n'avait qu'à se copier lui-même en se résumant, je noterai, en par-
ticulier, le jugement qu'il porte sur Henri V et sur Richard III. Pour
1. P. 460, il fan! corriger le nnm d'uu de» idttenn de Froîssart : après Lucc,
c'eut Raynaud (d non Bayni'uard) qui fui charge du travail. — P. I9Î, I. 7, 4
partir du baa, il faut lire Hùms au lieu de IHoms. — P. 389, lire Chi»etl*rault
an lieu de Châitlherautt. Ces > Ultpriali i sont lout à fait rare».
ï. The bUtory of Bitgtand from (/te aeceuioa of Richard II la Ihr dtath of
Richard Ut, t3T7-tiS5. Longmana, 1906, CTI-5iS p, Prii r 7 a!i. 10 d.
iicletehiii:. 127
ifer, il montre que, malgré l'incertitude des u'-un nouages con-
temporains, il esl difficile de ne pas voir dons et- prince un ambi-
tieux criminel qui eut l'art de profiler des meurlres les plus odieux
sans paraître les avoir ordonnes. J'aurai l'occasion de revenir sur ce
notai en parlant de l'ouvrage plus récent de Sir Cléments R. Mark-
hain '. Pour Henri V, M. Oman, réagissant avec raison, à mon sens,
ImiratiOD, on pourrait presque dire l'adoration pfOl
l'égard de ce prince par MM. Satbbs Bl Kingsford, pur exemple,
refuse de voir on lui le Ijpe du héros chrétien, rigide observateur de
la bl divin»', maître de ses passioos, exalté pour la gloire du Christ
et rêvant de soumettre le monde à son Dieu après avoir soumis à son
pouvoir la France rebelle. Que Henri V ait eu l'âme d'un croisé, on
ne le nie pas; mais sa Toi s'accommodait aussi des vices qui ont terni
les vertus d'autres guerriers fameux; ses calculs d'ambition compor-
taient une lionne pari d'egotsrni' et, dans le combat, après la bataille,
il se plut à verser le sang. S'il s'inspira du Christ, ce n'est pas dans
un esprit de charile.
M. H. A. U Kisbbh vient à la suite de M. Oman; il raconte les
de Henri Vil et de Henri VHP. Dans son récit, il suit autant
ble l'ordre chronologique, et, par là même, il pro-
à la longue une impression de monotonie. Il arrive, par contre,
que ce procédé donne de bons résullals. Considère/, par
t, Henri VIII; H est peu de caractères historiques sur looqgeia
,u pulesenl différer davantage, M. Ficher noie successive-
Lralte les plus variée parfois les plus opposés, de cette
M assez, enigm;tlique, et il réussit à lui donner une [khjftlo
nomie vivante, en somme, et qui dorme presque l'illusion de la réalité.
Jusqu'à quel point Henri VIII a-t-il été l'ouvrier conscient ou néces-
saire de l'œuvre si périlleuse qui avait pour objet immédiat de briser
le lien qui rattachait l'Angleterre a Rome et qui fut peut-être, en
effet, une des causes du prodigieux développement de la protestante
Angleterre? La question n'a pas été posée. M. Kisber, nourri dans
l'abstraction philosophique, est pénétre de l'idée que l'historien doit
être avant tout un observateur exact des faits. Ce n'es) pas qu'il
répugne aux Idée* générales; il indique loti bien les causes qui (en
dehors des latérite particuliers ao wavanio) poasaanal l'Angle-
terre, un peu maigre elle, dans la von- de la Réforme, de même qu'il
1 Itichar-i III: hit lift and tharacler rtvitvvd in Ihe li'jht <•( ri-ctnl
ratan-h. Loodrat, fimitlt. Klil-f •■! U", 1906, Ï1X-ÎÎJ y,
% The iutory o( EajUiiU frem tké acetutot. of Htnnj Vil to Iht death
mfHttuy VJJl onau, 1908, ix-518 p.
dn ekrn «t 4e I
le
exemptes de h i
II' un Mt, nota pwaoïu an tome X, qui couvre h période de
l'avènement de Georae* Di 17** âbdémissràn de P.U IMI . Cette
partie * été traitée par l'on des efilews, Je Rév Wiiiiim tkn>. Les
• à ce volume ne parâmtmt pu avoir été très jodi-
t tel
la guerre de Sept ans et rarréteot avant la On de la ?
lion. Ce sont donc des accidents {car on ministère qui ternie n'est
qu'un acodeirt) et non des bit» >f importante générale qui ont déter-
miné Tétendne de la période étudiée. Ce eadre un peu factice a été
rempli par M. Bunt avec une conseienee tout à fait digne d'éloge. Il
ne s'est pas eonlenlé de résumer les ouvrages on les *»«fae
imprimés; il a puisé â des sources manuscrites : papiers du duc de
Newetslle, de Pitt, de Lord Greuville, etc., et qootqo'en règle géné-
rale les auteurs de la collection soient tenus de s'abstenir de notes m
bas des pages M- Hunt a indiqué les points sur lesquels il apporte
des faits nouveaux. Le récit est peut-être un peu trop asservi à
l'ordre chronologique, un peu trop dénué de chaleur et d~ édat; mais
Il est clair, Intéressant, intelligent. Il met en bonne lumière le carac-
tère île Geori.;r. 111, dont l'influence personnelle a été si grande sur
le gouvernement cl sur l'équilibre des partis politiques; quand il en
arrive â montrer les causes de la rupture entre l'Angleterre et ses
UDérfqOB, il n'a d'autre souci que d'exposer les préten-
Iroils, les torts de chacun. Lorsque la France révolution*
naire eut déclare la guerre à la coalition européenne, il prend réso-
lument parti pour Pitt contre Foi, mais lis passions des tories ne
vii'iiri'TiL irouMi:r ni la simple ordonnance de son récit ni la séré-
nité de son jugement. Il n'est pas impassible, mais il sait rester
impartial.
L'honorable George C. Brouriciî avait été chargé du volume sui-
vant ijiii s'étend de l'administration d'Addington :lsoi;à la mort de
ijuillaume IV (1887); mai: il mourut en 1903 laissant son volume
inachevé. Son collaborateur, H. J. K. Kothljuvckim, a complété le
1 . The bhtnnj of Engtand from the accession of George III lo tht doit of
l'ili'i fini adminutralioa, 1769-1801. Loiigroans, 1905, ivin-495 p. el 3 caries.
Celle cln U Un mle-Brc Ligne montrant ta refiresenlaliori parlementaire iUli
(29
travail et l'a mis au point'. Travail toujours délicat; aussi ne faut-il
[AS trop s'étonner si le présent volume manque pour ainsi dire de
personnalité. Lu plan est assez fortement conçu, l'ordre chronolo-
gique n'a pas été suivi de trop prés; les faits sont bien groupés en
chapitres, dont chacun a sou sens et son unilè propres. On ne lira pas
sans profit, surtout en France, ceux qui se rapportent à la Reforme
électorale de (832, a la loi des pauvres de (834, à la littérature et au
progrès social pendant le premier tiers du xrx' siècle. C'est un résumé
rapide, clair, substantiel, mais généralement terne, des événements.
L'homme disparait derrière les faits3, comme s'il était une quantité
négligeable dans l'histoire.
Le dernier volume paru de Y Histoire moderne publiée à Cambridge
est le tome IV*. Le sous-litre : The t/iirly years war, n'indique pas
exactement les limites dans lesquelles les auteurs étaient tenus de se
renfermer ; elles dépassent de beaucoup le traité de Weslphalie, puis-
q i DOUa mène jusqu'à la mort de Mazarin, à la Restauration des
Sluarla, au rotai disse meut de la paix dans les pays Scandinaves (lilliO),
a la mort de Philippe IV d'Espagne (1665). On essaie bien de mon-
trer dans la préface que les événements qui se sont accomplis de
(048 â lOi'.O sont étroitement liés à la guerre de Trente ans. On peut
l'admettre jusqu'à un certain point. (Jnmmenl, cependant, faire ren-
trer l'histoire intérieure de l'Angleterre sous Charles I" et Crorawell
dans le cadre de la guerre continentale? Celte histoire a d'ailleurs un
caractère si nettement insulaire, la révolution puritaine a si peu de
points de contact avec les troubles du continent qu'il aurait été peut-
être avantageux, au point de vue de la composition littéraire, de réunir
I i Mil bloc tous les chapitres concernant l'Angleterre. De même,
lue volontiers le chapitre sur l'Église rapproché du chapitre
sur le Cartésianisme et l'ouvrage se terminant par l'abaissement poli-
tique de la papauté el le triomphe de la pensée libre. Mais c'est un
exercice un peu vain de refaire par la pensée le plan d'un ouvrage
dont le» différentes parties devaient être traitées par tant de colla-
1. ri» hutary o( h.mXttni from Âddinglon's admlniitralinn la Ike close
o{ William IV's reii)n, t80t-1837. Lo»«tnans, t!»G, xu-tSG p., J carte».
A nolrr celle de l'Angleterre parlementaire âpre» U réforme de 1331, réédition
ÛmpliBée de celle <|ui se Irouic dans l'AlU» de M. Poole.
1. Il e.l carieut de constater que U mail de Napoléon n'est même pu men-
tionnée. Elle ri' rit pni indiquée à I* table el je ne l'ai pu» trouvée riant le
lofante, — Dan» la bibliographie, on reconnaîtra ilillit'ileinrnl lu nom de l'his-
torien français Seigiiobo» défigure (|>. 1 i'Ji en Stknosos!
t. The Cambridge modem hittory. Vol. IV ; The (hirty yean war. Cam-
bridge, al tbe linlTemil. preu, t'JOO, ixx-1003 p. La Revue historique a déjà
i p. 213) la liste de» chapitres.
Re». Emoi. XC1V. i»rAsc. fl
430 iCLLrnj histouqui.
borateurs. Il vaul mieux reconnaître la conscience avec laquelle a été
traité chaque chapitre pris séparément. L'état de l'Allemagne et des
pays Scandinaves a été exposé avec une précision et parfois une
ampleur tout à fait dignes d'éloges. Les chapitres sur la France
paraîtront sans doute moins nouveaux à des Français; certains trou-
veront qu'on aurait pu analyser plus ûnemenl les éléments divers qui
entrèrent en lutte pendant la Fronde. Mais dans son ensemble l'ou-
vrage est des plus satisfaisants. On a raison, dans la préface, d'atti-
rer l'attention sur la bibliographie de la guerre de Trente ans placée
à la fin du volume. Cette bibliographie est comme le résumé du cata-
logue, qu'on nous promet, de l'immense collection de livres et de
brochures formée par feu Lord Àcton et conservée aujourd'hui à la
bibliothèque de l'Université de Cambridge. Il semble que l'esprit du
célèbre professeur continue d'inspirer une entreprise dont il a été
l'ardent promoteur.
c Le présent travail », nous dit le Dr Moritz Julius Bonn dans la
préface de son livre sur la Colonisation anglaise en Irlande4 , « fruit de
longues années de recherches, a pris un développement plus grand
que je n'avais imaginé tout d'abord. J'avais voulu étudier le pro-
blème irlandais comme étant un problème de colonisation, afin de
savoir jusqu'à quel point, dans un pays habité par une population
vigoureuse, une politique de peuplement est possible ». Deux séjours
prolongés dans le pays, des recherches approfondies dans les biblio-
thèques et archives de Dublin, de précieux concours fournis par les
directeurs de ces établissements et par les érudits locaux les plus
compétents lui ont permis de réunir un inestimable trésor de faits
et d'observations. 11 ne lui a pas fallu moins de deux volumes (plus
de 700 pages) pour les mettre en valeur. L'Irlande est la pre-
mière colonie que l'Angleterre se soit proposé de conquérir et
d'exploiter; ce sont exclusivement les moyens employés pour la con-
quête et l'exploitation de Pile que l'auteur étudie. Il ne refait pas
l'histoire de la conquête du xne siècle, ni celle des guerres entre-
prises par Henri VIII et par Elisabeth pour rétablir l'autorité royale
dans le pays, ni celle du soulèvement de 4640 et des terribles repré-
sailles exercées par les républicains, ni celle des luttes entre les
jacobites et orangîsles à la fin du xvne siècle. Il n'en rappelle que les
faits nécessaires à l'intelligence de son exposé. Au contraire, il attire
toute l'attention du lecteur d'abord sur l'organisation sociale et poli-
tique du pays avant la conquête, puis sur les efforts tentés par les rois
/ 1. Die englitche Kolonisation in Irland. Stuttgard et Berlin, Cotta, 1906,
' 2 vol., vm-397 et 320 p.
-\*^
(1CLLTETIBK. 131
anglais pour ; établir le régime féodal, pour détruire le système des
dus, |«jur partager le sol et fonder la propriété (surtout la grande
propriété! individuelle de* biens-fonds, enfin pour éLablirdans le pays,
rebelle à toutes ces i mporUlitins étrangères, descolonsderaceanglaise
fia écossaise) et des proleslanfs. IVabord teulative d'assimilation, puis
tentative d'absorption ou d'écrasement. Chacune de ces tentatives a
laissé des traces plus ou moins profondes dans ce malheureux pays
incapable de se. gouverner lui-même; aucune n'a réussi. Pourquoi,
comment? Voilà l'objet propre de ce livre très bien composé, très
clair, très érudil, très instructif. Entre tant do chapitres intéressants,
les plus apprécies seront peut-être ceux qui se rapporlent aux
• plantations » ou colonies établies à main armée, en particulier à
l'établissement des soldats de Gromwell dans les terres confis-
quées sur les rebelles. Les divers aspects de celle « colonisation
républicaine » ont été étudiés avec une abondance de documents et de
chiffres qu'on ne retrouve dans aucun autre ouvrage. Ajoutons que
l'auteur n'a porté aucun parti pris dans l'élude de ces problèmes;
sans doute, le fait qu'il est allemand et qu'il n'est imbu d'aucun des
préjugés nationaux qui divisent les Anglais et les Irlandais lui ren-
dait celte tâche relativement facile; mais c'est aussi parce qu'il s'est
imposé de ne jamais abandonner le terrain striciemenl scientifique.
Il montre bien ce qu'il y a de violent dans les ■ plantations ■
anglaises; d'autre part, il prouve qu'à aucune époque et sur aucun
point la population irlandaise n'a été violemment transplantée pour
être parquée, pour ainsi dire, dans des réserves, comme les Peaux-
: uns l'Amérique du Nord. L'ouvrage s'arrête à l'année IMS,
qui vil s'effondrer le régime colonial imposé à l'Irlande. La famine ne
•ufiH pas pour expliquer à elle seule l'effroyable misère, la mortalité,
Pémlgration qui décimèrent le malheureux pays. C'est le régime tout
entier qui est responsable, et que nous voyons disparaître peu à peu
sous les coups d'une législation nouvelle, non pas toujours 1res cohé-
rente, mais au moins plus humaine. Aujourd'hui, c'est l'élément
Irlandais, bien que réduit dans de forles proportions', nui travaille à
expulser l'élément étranger; le régime de la colonisation à outrance
I. L* rweowmtnl de 1811 donnait* l'Irlande une population ilr 8,175,124 bkbU
Unis; «lui de 1901 ne lui en donne plut uue 4,158,775. Elle a donc en
Mbanta ant perdu plut de 3,700,000 habitant*. L'enugrMfon lui en toléra «H-
on iO.Uft) pjr »n; qu|ra-*laitl I*""" ceul de* é migra ait sont de* jeutu-s grm
kquini' * Irenle-cln-t ant (voir I. Il, ]> 300), Bar l'outrage de H. Bonn, voit
■n InUrtMcnl comple-rendu par a, Dunlop dans Engltth hittur Htview,
1906, p .
A 32 BILLETtN BISTOMQtig.
a été vaincu et il est abandonné. L'avenir dira comment il sera r
De l'Angleterre à l'Amérique du Nord, la transition est aisément
fournie (s'il en est besoin) par les Irlandais, ces pionniers de l'émi-
gration.
Après un long intervalle, M. John Andrew Doue a repris son his-
toire de la colonisation anglaise en Amérique. En 1882, il avait traité
des colonies du sud : Virginia, Maryland and tke Caroline* (I vol.);
en (886, des colonies du nord : The purilnn colonies [2 vol.), et il eu
IVtit suivi l'histoire jusqu'à l'avènement de la maison de Hanovre au
trône d'Angleterre. Aujourd'hui, il Iraite des colonies intermédiaires :
The middle colonies, dans un volume qui forme le tome IV de la
série'. On y trouve l'histoire des établissements qui formèrent plus
tard les états de New- York, New-Jersey et Pensylvanie, c'esl-a-dire
d'uno part la conquête de la région occupée par les Hollandais et
exploitée par eux jusqu'au traité de Bréda1, et, d'autre part, la diffu-
sion du quakerisme, d'abord en New-Jersey, puis dans l'arriere-pays
colonisé par William Penn. Celle histoire est puisée directement aux
sources les plus sûres, qui sont énumerées et appréciées en tétc de
chaque chapitre. Elle est contée avec netteté, abondance et précision.
La lecture n'en est pas divertissante, non par la faute de l'auteur,
1. The Englisk in America. Vol. IV : Tke miitdle colonies. Longmans,
1907, 563 p. Prii : 14 sli.
2. Sur la conquête des nouveaux Pays-Bas, loir un article de M. Percy Lewis
Haye inséré dans les Johns Hopkim Umvertity Uudies (Baltimore, 1905,
série XXIII, n" 5-6) sous le lilre : English colonial administration amler tord
Clarendon, 1660-1667. Dans celte monographie, bien documentée et bien pré-
sentée, l'auteur montre d'abord l'accueil que reçut la restauration des Sluarts
dans les diverses colonies, puis l'organisation donnée par Clarendon i l'admi-
nistration coloniale, enfin la politique de ce ministre è l'égard de certaines de*
colonies américaines (chartes 1res libérales accorder*, à Connedicut et 4 Rbode
Island, fondation de la Caroline au profil du duc d'Vark, etc.) et â l'égard des
colonies hollandaises. Il apprécie comme elle le mérite la perfidie de ce ministre
qui, en Europe, ne cessait de déclarer à La Haye ses inlenlions pacifiques, tan-
dis qu'il encourageait les entreprises contre la Nouvelle- Amsterdam, mail
il avoue un peu plus loin {p. 73) que l'expulsion des Hollandais était une néces-
sité pour les colonies anglaises, qu'elle était une conséquence fatale des Actes
de navigation promulgués par le gouvernement anglais. 11. Doyle, de son cdlé,
constate que les Hollandais établis en Amérique se soumirent proruplemcnt aui
conséquence* de la conquête et que ces annexés ne furent pas une cause de
trouble et d'affaiblissement pour les vainqueurs. A un autre point de vue, il est
intéressant de voir (p. 147) l'indifférence des colons à l'égard de la u Préroga-
Hve royale >. Leur intérêt personnel était leur première loi. — H. Doyle aurait
pu mentionner l'article de M. Kaye s'il ne s'était donné pour loi de renvoyer
presque uniquement aux sources.
àHSLIItlM. 133
par l'indigence du sujet lui-même; ce sont de menus faits d'his-
toire locale cl si lointaine! Pas de grands événements; sauf Penu,
pas on personnage notable. Mais ce sont les très humbles commen-
cements «le ce qui est devenu une des grandes puissances mondiales,
et, a ce titre, ils importent à la connaissance de l'histoire universelle.
Pour beaucoup de Français, les faits exposés par M. Llovle auront au
moins Paîtrait de la nouveauté, tant nous sommes mal renseignés sur
ces choses d'Amérique; même certains épisodes, comme les luttes des
colons américains contre Frontenac, apparaîtront plus en vérité, si
on les observe sous un aspect opposé. A un autre point de vue, il est
intéressant de voir comment les lois anglaises imposées par la mère
patrie, comment les sectes religieuses persécutées en Angleterre et
transplantées sur l'autre rive de l'Atlantique, ont pu s'adapter à des
milieu* nouveaux. On notera, en particulier, ce que dit l'auteur des
puritains et des quakers, et pourquoi ces derniers, malgré la vertu
de certaines de leurs croyances, sont devenus cependanl,
lu nu mu- en Pensyl vanie, un fécond élément décolonisation. — Dans
le cinquième volume1 est exposée l'histoire des colonies en général
depuis l'avènement de la maison de Hanovre jusqu'à la ruine de la
domination française au Canada. On y appréciera particulièrement les
chapitres sur la condition économique et sociale de ces colonies, sur
leur organisation administrative, sur la religion, sur le mouvement
littéraire et intellectuel, sur ics divers éléments dont se forma la popu-
lation : colons venus d'Europe (quakers irlandais, presbytériens
huguenots de France, luthériens d'Allemagne et de Suisse),
nègre» exportés d'Afrique, indiens aulochtones. Le dernier chapitre
du volume, consacré a la conquête du Canada, ne sera, pour beaucoup
de lecteurs français, qu'un résumé de choses déjà connues; mais on
appréciera l'impartialité avec laquelle l'auteur touche certaines ques-
nl d'autres se laisseraient aveugler par leurs préjugés. Il
■ assassinat » de Jumon ville (t. V, p. 555-55fi) avecautant
de calme réfléchi que du traité d'Ulrechl (t. IV, p. 355). II lient de
même la balance égale entre les colons américains et le gouverne*
lus. D'autre part, il nous fait comprendre la nature des
dissentiments qui détachèrent peu à peu les colonies de la mère
patrie'; pui= vint la défaite infligée par les Français ;iu général Brad-
I. The Engtuh In America. Vol. V ; The colonie! under thr llouie of liant;-
nt. Loagmaas, 1907, 62» p., avec une carte. Prix : 14 ah.
i M Dojlf énum*re 1rs cause* de cou 11 il qui allèrent s'ai|(ri»*anl île
XviN* siècle : la principale esl crllr de* traite-
»U alluuex ut] fmirtioriualrnt, puis vient !.■ rlruil réclamé par les aetemblécs
4 d'tni«tlrr du papier-monnaie, colin, cl seulement ta dernier lieu, il
434 BULLETIN HISTOUQUE.
dock en 4755; les colons américains ressentirent moins d'amertume
de leur échec que de mépris pour les généraux anglais inhabiles à la
guerre des bois. Au moment où s'arrête l'auteur, on prévoit l'inévi-
table séparation.
Je terminerai cette division consacrée à l'histoire générale en men-
tionnant, brièvement, car elle dépasse le cadre du présent bulletin,
l'intéressante histoire de la diplomatie de M. David Jayne Hill' . L'au-
teur, qui s'adresse au grand public, non aux érudits de profession,
s'est proposé de montrer le développement politique de l'Europe au
point de vue international. Le tome I va de la fin de l'empire romain
au xiv6 siècle ; le tome II traite de la formation des états modernes
depuis les débuts de la guerre de Cent ans jusqu'au traité de West-
phalie. L'auteur, qui connaît les textes originaux et les ouvrages de
seconde main, expose les faits avec aisance et clarté. Il n'apporte pas
d'idées nouvelles et il donne le résumé de ses vastes lectures sous une
forme un peu trop fluide, mais son ouvrage se lit avec agrément et
non sans fruit. Il indique les principaux recueils de documents et les
ouvrages les plus autorisés qui ont été publiés en Allemagne, en
France et en Italie. Cette partie bibliographique, sans prétendre
épuiser le sujet, pourra rendre des services.
Ch. BéiioifT.
(Sera continué.)
place les restrictions imposées par le gourernement anglais an commerce et à
la production industrielle des colonies.
t. A hisiory of diplomacy in tke international devehpment of Europe.
Vol. II : The establishment of territorial sovereigrUy. Longmans, 1906, xxv-
663 p., plus 4 cartes.
GE9CHICHTE DES (MECSIC^ST.
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
Hana DelbbÙce. Gescbichte der Kriegsknnst Im Rahinen der
politlscben GeBchicnte. 2" Theil, V liai fie : Volkerwande-
riing Uebergang 1ns Mittelalter Herlii), 1902. ln-8°, 257 pages.
M. Deibriick, continuant sa remarquable Histoire de l'art mîtitairt
dam tel rapports avec l'histoire politique, étudie dans ce volume les
grandes invasions et le début du moyeu âge. Le second livre com-
prend les chapitres suivants : les armées germaniques de l'empire
romain, la bataille de Strasbourg (sous Julien en 357), la bataille d'An-
drinople, les effectifs, tes cbefs de l'armée pendant la migration, les
établissements des Germains dans l'empire. Après avoir démontré,
après beaucoup d'autres historiens, que, dès le ni* siècle, les armées
romaines sont, en réalité, des armées barbares, essentiellement germa-
i Delbriick met de nouveau en relief le fait capital dont la
démon.- ira ti ou est l'idée maiirexse de tout son livre, à savoir la faiblesse
nsmerujuedeiuuLo? h's armées, soit romaines soit barbares. A notre avis,
M Uelhrûck a définitivement lue la légende des grosses armées, depuis
les guerres médiquea jusqu'au moyen âge. C'est la un résultat dont il
faudra dorénavant tenir compte. Julien n'avait pas plus de 1 5,0011 liommes
à la bataille île Strasbourg, et les Golhs n'étaient pas plus nombreux à
la bataille d'Andrinople. Marius et César avaient des forces supé-
rieures a celles des Germains et des Gaulois. Les chiffres que donne la
Kotitia ttignitatvni pour l'armée romaine du iv" siècle ap. J.-C.
n'existent que sur le papier; s'ils avaient été réels, les grandes inva-
sions n'auraient pas eu lieu. Les Vandales ont conquis l'Afrique avec
8 à 10,000 soldats au pins.
Le troisième livre est consacré à l'armée de Justinien et a ses
guerres contre les Goths. Ici, la thèse de M. Delbrûck est surabondam-
ment prouvée par les textes eux-mêmes. Les effectifs des armées impé-
rial™ et barbares ne dépassaient guère lô a ?0,0U0 hommes. M [<■]-
brùck montre parfaitement, en outre, les deux principaux caractères des
armées de Justinien : prédominance de In cavalerie, substitution aux
troupes régulières de bandes de mercenaires, de buecellarii.
L* quatrième livre traite des débuts du moyen Age et expose succes-
sivement : la constitution militaire dans les nouveaux royaumes bar-
bares), le changement do la lactique, la décadence de l'organisation
militaire primitive Kerni-im. -romaine, la naissance du système dee
fief» Cette partie est naturellement moins originale que les précé-
dantes, quoiqu'elle ronferme encore beaucoup d'idées nouvelles et
ingénieuses, par exemple le rapport qu'il y a entre les BwdifiMtlorU
isn
COIII"rES-»F,*I>FS camcns.
potitii met .'[ sociale! ''i la prédominant île plus en plue marquée de li
cavalerie, entre les bucettlarii de la lin de l'époque romaine e
■aux du début du moyen âge. Sur ce dernier point, M. Delbruck est en
général d'accord avec M. Cuilhiermoi, dont il analyse, dan» un appen-
dice, rt'siui jur t'oftgint de la nublcne en France au moyen 4g*.
Ch. liunui.
l'.-lf. Catamil i>k uSaIssaïe. Manuel de l'histoire des religions,
traduit do l'allemand sous la direction de H. Hubebt et I. Lêvi.
Pari», Colin, 1U04. Gr. in-8°, liii-744 pages.
« No» étudiants n'ont pas encore un manuel de l'histoire des religions.
mi de co livre «e sont préoccupés de donner en français, tant
nu autres, l'instrument de travail qui leur manquait.
Noai BïOtw mioux aimé traduire un ouvrage éprouvé par le succès que
.1 i ii i un nouveau qui pouvait être médiocre. 1 On ne saurait
Dirai dira ni nilmi faire. L'excellent ouvrage, publié sous la direc-
u Il H Chutante de la Saussaye, méritait d'être traduit; il l'est
i | '•' fort iniiM'ii.iblement.
PlWUun [nain» mit collaboré à la traduction comme à la seconde
''iiiu.ui illMMndj dn lira même. Les quatorze chapitres de l'ouvrage
■ i lotrodnatioa (très sommaire : science et classification
a., terminologie), loi peuples dits sauvages, les Chinois, les
Flj h , h ■ i fpdena, lot Babyloniens et les Assyriens, les Syriens
ni lui PHtttlolMS, lp« laraélitos, l'Islam, les Hindous, les Perses, les
OnOcH ta* f) ■■■■. lw Ce-rmaius et les Celtes.
i mbl Banque pM d\iait6, Aucune partie n'a sensiblement
ii. il ii depuis 1807, date d« l'édition allemande. On ne peut d'ailleurs
i|iin louer lui» iradiii'ii'urs d'avoir suivi leur texte et de s'être, en géné-
i:i Isa additions, si co n'est pour compléter les indications
t ■ ■ i ■ i . ■ ■ . raphtqg**. L'histoire de ta religion d'Israël manquait dans la
première édition ; la Ohlietlaolame n'a pas encore son chapitre dans la
ouhaiton* qu'il l'obtienne dans la troisième. Le privilège
i atif, que l'on semble vouloir ainsi octroyer à la religion cbié-
i loin d'être profitable â l'histoire générale des religions, et
0*011 lniiv preuve aussi envers le christianisme d'un singulier respect
que de lui épargner la comparaison avec les autres cultes. Tant pour
IVlpoad que pour l'appréciation philosophique du fait religieux, de l'his-
toire de la religion dans l'humanité, il est évident que l'on doit tenir
f;mnd compte du christianisme et lui faire sa place.
Ou le rencontre et même on le vise dès qu'on soulève une question
générale. C'est ce qui est arrivé, semble- 1- il, à M. Hubert, quand il a
écril, dans son introduction |p. xltJ : • La théologie est enfermée sans
l»*ua possible entre la liberté théorique de ses spéculations et l'immu-
tabilité fondamentale du dogme. • Il y a beaucoup de religions à l'égard
t. IirCBÏSlI : HISTOIRE fïCIEINE DE l'k<;li9h. (37
nellM c« paroles n'ont guère d'application, et l'auteur a dû les
■ de la crise actuelle dos confessions chrétiennes. On pourrait
ou ver qu'elles tranchent bien prompte ment en théorie an problème
Tant dont ta solution appartient u l'avenir.
L introduction de M. Hubert est d'ailleurs vraiment magistrale, et
:s considérations sur la méthode a suivre dans l'étude des religions,
ir lu définition de la religion, sur l'objet de la science des religions,
ippléent en quelque façon au défaut d'introduction générale dans le
vre allemand. En réaction légitime contre les théoriciens individua-
stes de la religion, l'auteur insiste sur le caractère social du phéno-
ÉH religieux. ■ Les représentations religieuses, écrit-il, sont l'objet
une croyance sans réserve et d'une croyance utilitaire. Derrière le
lytho et le dieu, on aperçoit le groupe social qui, non seulement rêve,
ibis désire et veut. Ce qu'il rêve, ce n'est pas simplement l'idée d'une
srsonne ou d'un esprit, mais celle d'un pouvoir ellicace, conditionné
ir ta volonté de ses commettants et par les rites qu'ils exécutent. » Il
a la comme le rudiment d'une théorie générale que l'on voudrait voir
us amplement développée et appliquée, ne serait-ce qu'aûn de la pou-
nr mieux entendre et de ta discuter plus facilemeut.
Alfred Loisv.
u Ili'CUESXE. Histoire ancienne de l'Église. T. I. Paris, Fotlte-
moing, (908. In-8°, xn-577 pages.
Il n'y a pas à faire l'éloge de ce livre. Le lecteur sait d'avance qu'il
trouvera érudition abondante et sûre, exposition claire et bien
nfenofo, de la véritable histoire, écrite dans le meilleur style. Et tous
■s mérite» se rencontrent en effet, à un degré eminent, dans ce volume,
ul décrit les origines chrétiennes depuis ta fondation de l'Eglise jusqu'à
s fin du m* siècle. L'auteur lui-même nous prévient de ce qu'il n'y
,ut pas chercher : ■ Les gens experts et sensés, écrit-il dans sa pré-
, verront bien... pourquoi je ne me suis pas encombré de discus-
i* et de bibliographie, pourquoi je ne me suis pas attarde aux toutes
remtéres origines, pourquoi, tans négliger les théologiens et leur acli-
ii- ma suis pas absorbé dans la contemplation de leurs
relies, s II est donc bien entendu que le livre est « d'exposition et
'ulgarisation •, haute et savante vulgarisation, et qu'il n'y faut pas
sercher un examen trop approfondi et détaillé des croyances chré-
.■tniert et de leur développement. On parle de ces choses dans la
•■Iles appartiennent, pour ainsi dire, à la vie commune et
lliliquc da l'Église.
Mur huchesne nous avertit qu'il ne s'est pas « attardé aux toutes
originel ». En effet, il ne parle pas de Jésus ni de sa prédi-
ction. * Le mouvement qui devait aboutir a la fondation de l'Église *
noter celte façon de parler vraiment historique, mais peu theologique,
438 COMrTIS-ERXDOS CUTIQUES.
d'où il résulte que la fondation de l'Église est postérieure à la mort dû
Christ) a « comme point de départ un groupe de personnes qui vivaient
à Jérusalem dans les dernières années de l'empereur Tibère (30-37). Ces
premiers fidèles se réclamaient du nom et de la doctrine de Jésus de
Nazareth, récemment supplicié par ordre du procurateur Pilate, à l'ins-
tigation des autorités juives. Bon nombre d'entre eux lavaient connu
vivant; tous savaient qu'il était mort crucifié; tous aussi croyaient qu'il
était ressuscité... Ils le considéraient comme le Messie promis et
attendu,... présentement assis à la droite de Oieu son Père, d'où il
allait venir manifester sa gloire et fonder son royaume. » Ce qu'a été
l'Évangile de Jésus, dans quelle mesure son activité personnelle a con-
tribué à l'institution religieuse qu'a créée la foi de ses disciples, on ne
nous le dit pas. « Les gens experts et sensés » n'auront peut-être
pas trop de peine à découvrir les motifs d'une si grande réserve.
Mais peut-être jugeront-ils aussi qu'il y a là une lacune ; que certaines
questions, si délicates qu'elles soient, ne sont pas à traiter par préten-
tion ; que les c gens graves et sains d'esprit » attribuent à Jésus quelque
part dans le mouvement chrétien, et que l'historien du christianisme
ne peut légitimement se dispenser de dire en quoi son rôle a consisté.
On pouvait le dire, je suppose, sans tomber dans le travers de ceux qui
c savent prolonger, par des hypothèses séduisantes, les perspectives
ouvertes sur témoignages bien vérifiés ».
Cette abstention, dont l'extrême sagesse se traduit comme ferait
l'extrême scepticisme, parait d'autant moins justifiée que le docle prélat
ne B'est pas interdit d'exposer l'origine du Nouveau Testament et qu'il
a un chapitre sur c les livres chrétiens ». Il est vrai que ce chapitre
est aussi un peu maigre et sans conclusions précises. La discussion des
écrits johanniques est absolument déconcertante, c Quant à ce qui est
possible ou impossible en fait d'histoire évangélique, nous dit-on
(p. 141) à propos du quatrième Évangile, il est bon de se rappeler que
les Évangiles synoptiques ont aussi leurs divergences, qui ne sont pas
toujours aisées à réduire... Il est sur que, pour le public de ces premiers
temps, la concordance des récits et l'exactitude du détail n'avaient pas
la même importance que pour nous. » Sans doute, mais cela ne sauve
pas l'authenticité de Jean ; cela compromet seulement l'historicité des
Synoptiques avec celle du quatrième Évangile. Pour finir, il semblerait
qu'on incline à faire de Jean l'Ancien l'auteur de ce dernier livre
(p. 142) ; mais plus loin (p. 264), c'est l'apôtre Jean qui est venu en Asie,
et l'Évangile parait sous son nom après sa mort, ainsi que la première
E pitre johannique. Pas un mot sur la différence de caractère qui se
remarque entre le quatrième Évangile et les Synoptiques. De ces der-
niers on dit seulement qu'ils ont été c écrits avec un souci très relatif
de l'exactitude dans le détail et de la précision chronologique. » Aucune
indication nette sur leur origine et leur valeur historique; même vague
en ce qui regarde l'origine des Êpitres pastorales et des Épitres dites
catholiques. C'est peut-être affirmer beaucoup, tout en restant encore
E. LOUITS : ME INFÂNfiE I
i:i
dans le nuage, que d'interpréter la croyance christologique de la
première génération chrétienne de telle sorte que ■ Jésus-Christ et
l 'l',-|int-Saint «ont Dieu,... qu'ils participent à l'essence du Dieu
unique, qu'ils lui sont respective ment identiques, sans cependant être
île certaines spécialités > |p. 13). Les spécialités sont bien
plu* accentuées que l'identité. Enfin, il y & équivoque à. présenter la
doctrine de saint Paul sur la valeur expiatrice de la mort du Christ
Comme équivalente à l'idée générale du tulut que procure la Toi à Jésue
Messie lp. 44), Les bonnes âmes peuvent, il est vrai, se persuader que
certaines ■ erreurs « très dangereuses de mes petits livres «ont ainsi
BorrfgéM, Je doute qu'elles le soient ellicacement. En tout cas, il me
semble que Mgr Duehesne n'est vraiment lui-même que sur le terrain
des documents et de l'histoire ecclésiastiques, non sur le terrain biblique.
Bon livre a reçu ['imprimatur à Home.
Alfred Lois y.
r.rnsl Leurs. Die An fange des Helllgenkults inder chrîstlichen
Kirche, berausgg. von GuaLav Auricli. Tùbingen, \90i. In-8",
111-520 pages.
L'idée que le culte des saints, dans la l'orme qu'il prit après l'époque
de Constantin, est une manière de pulylhéisme et comme une revanche
et une survivance déguisée du paganisme abattu a été plusieurs ibis
es primée au iv' siècle. Les Manichéens s'indignaient de voir l'Eglise
* tourner le culte des idoles en culte des martyrs > [vertiise idola in
martyres); Vigilance traitait d'idohUres sinon les dévots des martyrs, à
coup sur les adorateurs des reliques. La thèse a éle souvent reprise
depuis la Réforme; elle n'avait jamais été déduite avec autant de pré-
cision et fortifiée par une aussi grande abondance de preuves et
d'exemples que dans le livre de M. Lacius : la Origines du culte des
sainte. M. Lucius, professeur à l'Université de Strasbourg, a consacré
à cet ouvrage la plus grande partie de sa vie; il est mort en 1902
sans l'avoir achevé. M. Anrich, qui s'est chargé de la publication, nous
apprend qu'à l'œuvre déjà longue devaient être ajoutés des développe-
menu nouveau*, et notamment nue étude sur le culte des saints dans
le Brahmanisme, le Bouddhisme et l'Islam.
Tel qn il nom est donné, ce livre est un monument et demeurera
longtemps le principal ouvrage à consulter sur la grande question qui
y est traitée. M. Lucius a dépouillé avec soin une masse énorme de
laxtes et il a une connaissance très étendue de la vaste littérature de
•on sujet1. Ceux mômes qui répugneront & admettre les théories de
1. Je dois dire que, d'après SI. DHchayc [Analteta Bollandiana, t. XXIV,
1905, p. 488-48B), In bibliographie do Lur.lus, ■ pour U plupart des chapitres,
parait s'arrêter soi environs de 1890 ». Il y • li une forte eugéretlon. Tout
un
comptes-r
) CRITIQUES.
I'au(«ur, ou qui ne consentiront à en retenir qu'un minimum, devront,
s'il* tont curieui de connaître les origines du christianisme populaire
du moyen âge. recourir à ce savant et probe travail.
L'auteur traite dans son livre 1 des antécédents du culte des gaints.
Il montre comment la conception chrétienne du monde, aui trots pre-
miers siècles, s'est sans cesse rapprochée à la conception païenne. Cher
les p.niTis, partis du polythéisme, s'est répandue la croyance en une
BUprômo divinité, être inconnu et inabordable, à laquelle fut subor-
douné le peuple des dieux et des démons. Inversement, quand le
Dieu-Père de l'Évangile eut été à peu près assimilé au Dieu abstrait
des philosophes, les chrétiens admirent qu'il communiquait avec la
nature et les hommes par le ministère des anges. Les anges, qui ont
beaucoup Fait pour dissoudre te strict monothéisme des origines,
tenaient une grande place dans la doctrine chrétienne au n* siècle. Leur
rôle eût grandi encore si les saints ne les avaient privés de tonte une
part de leurs attributs, le gouvernement des hommes, et ne les avaient
relégués dans le service de la nature et du ciel.
Ainsi se prépare et déjà s'opère une transaction aisée de la philoso-
phie religieuse des nations à la théologie chrétienne. Christianisme et
paganisme se rapprochent d'autre part par une de leurs formes popu-
laires, qui est le culte des morts. Comme chez les païens, on ne tarda
pas à distinguer dans la foule des morts chrétiens une élite. Ceux qui
avaient déposé ta condition humaine, soit par le martyre, soit par l'ascé-
tisme, furent promus à un degré supérieur de vie surnaturelle. Véri-
tables héros chrétiens, les saints sont les soldats de la Milice <lu Christ
et ils prennent part à l'incessante bataille que le Christ livre, dans
les esprits invisibles, aux légions de Satan.
Toute cette première partie n'est à vrai dire qu'une introduction. Le
livre II, In Martyrs, est divisé en deux sections : le martyr au temps
de la persécution, le martyr au temps de la paix. La première comprend,
après une analyse (où les distinctions sont un peu subtiles), des rai-
sons qui expliquent la vénération et la gratitude des fidèles envers les
martyrs, un historique des modifications subies par le culte des martyrs
au m1 siècle*. Mais la partie la plus importante et la plus achevée est
celle qui est consacrée au martyr au temps de la pai». Au temps même
des persécutions, la légende avait commrncé de transfigurer la personne
et l'histoire des martyrs; après la conversion du prince et de l'État, elle
se trouva dégagée des entraves que lui avait longtemps imposées la
mémoire trop récente des faits. Ou se représenta toute l'histoire anté-
rieure à Constantin comme une persécution continue et le nombre des
martyrs comme immense ; quant aux souffrancesde ces vainqueurs, étant
ceux qui auront In le livre jugeront, je crois, que l'eipèdilif compte-rendu des
Anal te ta n'est pas équitable. Ou trouvera dans l'inleressanl chapitre vi des
Légendei hagiographiques de M. Deleliaye lui-mcuie de» indications qui ter-
tiraient i rajeunir la bibliographie de Lucius.
E. LDCIUS : DIE INFAMli: DES IIEIl.ir.E1n:i.TS.
144
Je* tentations imaginées par le démon, elles avaient dû être atroces. On
orna les récils de passions d'épisodes empruntes aux apocryphes juifs
et chrétiens, parfois à des contes antiques, on les releva par des des-
criptions de supplices compliqués (le supplice de saint Georges dure
neuf anal, par des traits d'héroïsme théâtral, par un merveilleux outré.
Ce genre de compositions répondait si bien au goût public, qu'elles
firent dédaigner les simples actes ou passions authentiques. Les mar-
tyr* dont il n'était resté que le nom eurent, en un sens, plus de
chances de parvenir a la grande popularité qu'un Polycarpe ou que les
martyrs de Lyuu.
Le second quart du iv> siècle, q
el peut-être quadrupler en quelq
martyrs une période de progrès
■ plus souvent, volontaii
le nombre des fidèles doubler
ions, a été pour le culte des
n. Les conversions furent sans
et désintéressées |ï); elles furent
aussi plus superficielles, car elles ne comportaient plus de sacrifice ni
de véritable révolution intérieure. Plus qu'à aucune autre époque, la
put.' chrétienne subit l'inlluence des idées et dos sentiments dont les
raligiuns anciennes avaient meublé les esprits. Cette piété, lourde-
e réduit à peu près â un besoin inquiet d'assistance
3 contre ta maladie, la mort prématurée ou les pertes d'ar-
gent, a un perpétuel recours ou miracle utile. Le secours que le païen
demande a une infinité de dieu» el de démons, très souvent â la magie,
les martyrs, esprits familiers et accessibles, sont propres à le lui offrir.
Sans renoûcer toujours aux enchantements, aux amulettes.' ou même
au culte des dieux, il va prier au tombeau du martyr et loucher des
retiques. Par l'afflux de ces demi -convertis s'achève l'assimilation
commencée entre le martyr et le héros antique.
Chaque églbe particulière vénère avec prédilection ses martyrs
propres, et c'est auprès de leur tombeau qu'elle célèbre leurs anniver-
saires. Or le nombre des tombeaux ainsi honorés était, à la fin des
persécutions, fort peu élevé, et il est remarquable que les églises véné-
raient presque uniquement des victimes des persécutions les plus
récentes : â Rome, le calendrier de l'an 354 ne mentionne qu'une
trentaine de martyrs romains; sauf les saints Pierre el Paul, aucun
de ces martyrs ne remontait au premier ni au second siècle. Commo
presque toutes les églises se savaient beaucoup plus riches que n'eût
I leur calendrier et que l'action bienfaisaule d'un martyr ne
Commençait qu'à la découverte de sa sépulture et a l'institution de son
mile, on se mit partout à la recherche des trésors enfouis dans le sol
île» cimetière* publics on privés. Le succès répondit pleinement au zèle
leurs. On peut se faire une idée du nombre des découvertes
mple de Rome : le calendrier romain, aux environs de 420,
l. Chrjsoslome, In Colon, lion., 8, i, promet jui m^res qui refuseraient
d'attacher des amolellci au corps de Irur enfant malade, qu'en cas de mort de
I, leur fidélité leur «rail comptée comme l'équivalent du martyre.
442 COMPTES-EEIfDUS CRITIQUES.
contenait six à huit fois plus de martyrs qu'en 354. Aux environs de
l'an 600 ou peu après, le compilateur du Martyrologe hiéronymien,
qui avait dressé une liste imposante de martyrs et de confesseurs,
s'excusait d'en avoir oublié bien davantage et estimait que le total des
noms à inscrire se fût monté à plus de huit cents par jour, en moyenne.
De bonne heure, les églises, de voisine à voisine, surtout dans l'in-
térieur des grands groupements disciplinaires, s'empruntèrent des
noms de martyrs. Les échanges devinrent fréquents après 350, lorsque
se fut établi l'usage des translations de reliques; et il y eut des martyrs
vénérés dans de vastes régions. L'établissement du culte des images,
véritables succédanés des reliques, élargit encore le cercle d'action des
martyrs les plus réputés.
Il y a en effet des martyrs qui ont réussi et conquis par leurs miracles
une notoriété étendue, tandis que leurs anciens compagnons de vic-
toire, qui étaient leurs égaux en mérite, traînaient une existence ché-
tive et locale, bientôt interrompue par l'oubli. Les choix que la faveur
des fidèles a faits entre les bienheureux s'expliquent parfois par l'im-
portance ou la situation géographique des églises où ils avaient souf-
fert (parfois, aurait dû dire M. Lucius, par une réclame bien faite).
Plusieurs des grands martyrs thaumaturges ont hérité de la célébrité
toute faite et souvent aussi des attributs d'une divinité antique. En
deux chapitres : les Martyrs guerriers; les Grands Guérisseurs, M. Lucius
donne des exemples bien choisis, et qui lui ont fourni les pages les
plus originales de son livre, de ce genre de substitutions. Je ne crois
pas qu'il y ait de doutes dans le cas de sainte Thékla, de Séleucie d'Isau-
rie, héritière d'une illustre Athéna locale (certains rapprochements
sont saisissants : le char de feu, les grues apportées en offrande au
sanctuaire, surtout les épithètes de philologos et de philomousos données
à la sainte), ni dans le cas du Démétrius de Thessalonique, héritier du
Gabiros propre à la cité. La démonstration s'achève dans un chapitre
sur les formes du culte des martyrs, abondant répertoire de faits.
Le livre III est une étude sur les Saints ascètes et les saints évêques;
il est certain que l'intérêt y faiblit. La question qui a surtout pré-
occupé l'auteur est celle-ci : comment est-il advenu que le privilège
de la semi-apothéose, longtemps réservé au martyr, ait été étendu à
l'ascète et à nombre d'évéques? Il répond que les ascètes, dont toute la
vie n'était qu'une longue victoire sur les puissances infernales, ont été
pour cette raison assimilés aux martyrs, lesquels apparaissaient sur-
tout comme des combattants et des victorieux. Quant aux évoques,
avant de les honorer tous ou presque tous, on a distingué parmi eux
ceux qui, de leur vivant, s'étaient sanctifiés par l'ascétisme. M. Lucius
a peut-être ici pris le prétexte apologétique pour la cause véritable.
Autre chose est la justification rationnelle donnée par les théologiens
des honneurs accordés à des non-martyrs, autre chose la genèse réelle
de la nouvelle variété de culte des saints qu'on voit naître au rv* siècle.
Il aurait fallu penser à une croyance très primitive, indépendante du
■MEX, SCBMITZ-SALLESBEBr., RED1.ICI1 :
;c(i»ENr.EBBiî.
U3
culte des morts, qui semble avoir été surtout répandue dans les parités
le* moins hellénisées de l'Empire, et qu'on pourrait formuler : il y a
des hommes qui sont plus qu'hommes. Dans la Gaule en particulier,
l'apparition soudaine du culte populaire des évéques encore en vie,
comme de saint Martin, de saint Viclrice et de beaucoup d'autres que
Grégoire de Tours noua Tait connaître, doit avoir ses antécédents dans
une sorte de culte, ou si l'on veut de vénération superstitieuse, di! cer-
taine vivants. On voit dans Grégoire de Tours que tous les evéquos,
même ies plus notoirement indignes, étaient de son temps regardés
BMMM im espèces de marabouts.
Le livre IV, Marie, d'ailleurs fort instructif, n'entre qu'imparfaile-
meul dans le plan du livre; soit parce que l'établissement du culte
propre de la Vierge est postérieur au iv» siècle, qui est le centre de
toutes les recherches de l'auteur; soit parce que, pour cette raison même,
les analogies qu'on a voulu retrouver entre divers cultes païens et le
colle de Marie sont faibles; soit parce que l'auteur s'attache ici plus
encore à l'histoire des idées théologir[ups qu'à l'histoire du culte.
Une analyse, même un peu longue, ne peut guère donner l'idée de l'in-
térêt de ce livre, qui vaut surtout par l'abondance et l'heureux classe-
ment des faits et des textes. J'ajoute que l'érudition de M. Lucius, qui est
tria étendue, m'a paru, quoi qu'on en ait voulu dire, d'excellente qua.
lit*. Parmi les quelques textes qui m'étaient connus, je n'y ai relevé que
des erreurs vénielles et qui n'inBrmnieni aucune thèse de l'auteur; la
plu* grave, qui est commise encore par beaucoup de savants, est d'avoir
■ "f Otlasltn comme de Gèlase. 11 aérait beaucoup plus facile
de compléter, ça et là, les exemples de M. Lucius, que de le prendre en
faute ou de le réfuter.
E.-Ch. II. m t.
W. Eltifcl. L S<;iitHT/-K*u.EMiERi, eL 0. Rkdlich. Urkundenlehre
ITeil. Mùnclienei Berlin, R. Oldenbourg, 1907. ln-8°, x-369 pages.
[Ilii/i'l/iuch der miltelalterliektn u. n*utren Geschic/ite, publ, p,
G. v. Below et F. Meinecke, Ableil. IV. j
1..' prunier volume du nouveau manuel de diplomatique de M M . Brben ,
Scbitmï-Kallenhivg et liedlich comprend, outre une introduction de
M. fadlich, consacrée à une brève histoire de la diplomatique, à quelques
d.;liniiinns et à l'exposé de quelques principes généraux, une étude, due
à M. Krbeu, sur les diplômes des rois et des empereurs d'Allemagne,
et d'Italie au moyen âge. Cette élude est elle-même divisée
en cinq parties : histoire des chancelleries ; caractères externes des
dipk'impB depuis les Mèruvingiens jusqu'aux derniers empereurs de la
maison de Franconie; à l'époque des Hobenstaufen; après le grand
interrègne', enfin, caractères internes des diplômes. Le lout est exposa
avec simplicité et précision; des bibliographies 1res soignées ouvrent
m
CIMIPTKS-EKNDOS CKITIQOBS.
chaque paragraphe. C'est une excellente mise au point de tous I
résultats acquis eu ces dernières années.
Eu outre, en écartant résolument de ce manuel tout ce qui n'est pas
proprement I étude des chartes en elles-mêmes et notamment la chrono-
logie technique, M. Erbeu et ses collabora leurs se trouvent plus à l'aise
pour traiter avec toute l'ampleur désirable les questions de diplomatique
pure : aussi, même pour la France, leur ouvrage est-il dès maintenant
plus complet sur plusieurs points que celui d'Arthur Giry. Toutefois on
peut regretter que M. Erbeu ait cru devoir examiner en bloc les diplômes
des souverains allemands, français et italiens : sans inconvénient pour
le baul moyen âge, cette méthode n'est pas, pour les temps plus rap-
prochés, sans amener quelque confusion. Nous regrettons aussi l'absence
de toute illustration : ce qui a trait en particulier aux monogrammes
eût été plus clair et plus facile à suivre si l'auteur avait accompagné
son texte de quelques dessins.
Au point de vue français, il y a quelques omissions : par exemple,
pour les fac-similés, si M. Erben avait connu la Liste des recueils de
fac-similé de chartes dressée par MM. René Poupardin et Maurice Prou *,
il aurait pu facilement, allonger la bibliographie qu'il donne des diplômes
des souverains français dont il existe des reproductions. Il est regret-
table aussi qu'il ait ignoré les mémoires déjà publies par M. Maurice
Prou sur les diplômes de Philippe I"3. Peut-être enfin M. Erlien. qui,
an>L' MM. Pirenne et Bresslau, rejette les conclusions de Julien ilavet
sur la formule vîr inluster ou viris intustribus des diplômes mérovin-
giens, eùl-il pu indiquer que ce dernier érudit avait répondu aux objec-
tions qui lui étaient faites et rappeler les arguments qu'il avait fait
valoir.
Mais, somme toute, ce sont là de très légers défauts. Bien conçu,
clairement ordonné et solidement documenté, ce livre s'annonce comme
un des meilleurs manuels de diplomatique que nous possédions jusqu'ici.
Louis Halphen.
1. Rapport présenté au Congrès international pour In reproduction des manus-
crits, des monnaies et des sceaux ; tir. A part, Bruselles, 190S, in-8*. 41 p,
2. Surtout sou Examen de deux diplômes de Philippe I" pour l'abbaye de
Messines, en Flandre {Bulletins île la Commission royale d'histoire de Belgique,
1. LXU, 1902), qui contient, outre les fac-similés de de» diplômes de Phi-
lippe 1", d'importants détails sur les sceaux de ce roi. — On sait que le
Keçuetl des actes de Philippe I", publié par M. Prou, avec une longue introduc-
tion diplomatique, dans le recueil des Chartes et diplômes de l'Académie des
inscriptions, doit paraître Ml prochainement. D'autres volumes, consacrés aux
derniers Owotbgbu, Mit egaUnut sous presse et seront précédés d'introduc-
tions étendues, qui viendront préciser ou modifier les indications données par
M. Erben. Le Beeiteit des actes de Lolhuire et de Louis V t9ôi-9S7l paraîtra
immédiatement après celui des actes de Philippe I".
M. IlikTKlNV : GCSCBICHTE ITALIENS IH «[TTri.*l.TEil.
«3
L.-M. HiBTMixn. Geschlchte Italiens tm Mittelalter. II BiJ.,
■£• Haifle : Die Loslosung Italiens vom Oriente. Golba, F.-A.
Perlhiss, 1903. in-4", n-387 pages.
Hu-Li que représentant un fascicule seulement de son histoire de
l'Iuhe au moyen Age, le volume de M. Hartmann a pur lui-même une
unité. C'en en effet durant la période qui s'étend de l'établissement
des Lombards dans la plaine du P6 jusqu'au couronnement de Uharle-
magne que la péninsule se sépare définitivement de l'Empire byzantin,
fonde en Italie même l'Empire d'Occident. La Gtschichte det
italîtnïschen Kimiyreiclu (ait partie de la collection Heeren et Uckerl.
(Je»t donc un ouvrage de vulgarisation scientib'que plutôt qu'un livre
d'érudition. Mais les travaux antérieurs de M. Hartmann le dési-
gnaient tout particulièrement pour donner sur cette période autre gIkm
qu'une compilation des ouvrages de ses devanciers et le mettaient à
même d'écrire sou livre d'après les sources, en présentant sur les évé-
nements des vues personnelles.
L'auteur insiste avec raison sur le caractère particulier de l'établis-
sement des Lombards, entrés en Italie en conquérants et non en alliés
du peuple romain, comme les liarbares dans d'autres régions. Mais ce
fait même suppose un excédent de population masculine, qui a de
bonne heure eu pour conséquence nécessaire des unions avec des femmes
romaines, et par suite contribué à la fusion des deux races. M. Hart-
mann donne de cette fusion des preuves empruntées aux lois des Lom-
bards et au peu que nous pouvons connaître de leurs usages. Néan-
moins, H semble bien que les Romains du duché de Home aient
conservé longtemps, jusqu'à la lin du vin* siècle, le sentiment très
net de ta différence qui existait entre eux et cette race étrangère, que
l'on accusait de sentir mauvais et d'avoir la lèpre.
La première partie du volume est consacrée à un exposé très net
des rapports de Home avec Byzance, — marqués surtout par les luttes
relatives au concile in Trutlo et au culte des images, — et des progrès
de la puissance lombarde. M. Hartmann a avec raison glissé rapide-
ment sur les luttes, assez peu intéressantes au point de vue de l'bistoire
générale, antre les ducs de Frioul, de Spolèle et de Bénévent, et insisté
au contraire sur le mouvement de conquêtes et les progrès du pouvoir
royal qui marquèrent le règne du roi Liutprand. Pour la seconde
partie, c'est-à-dire pour l'histoire des relations de la papauté avec les
premiers Carolingiens, M. Hartmann rencontrait sur son chemin des
ii>ntroverscps depuis des siècles et dont la « littérature > est
.me. ,\ ce point ■!>.• vue, les bibliographies sommaires qu'il
travaux les plus importants et les plu? n
mm de* principales opinions eu présence, rendront certainement des
lu cadre de l'ouvrage ne permettait pas à l'auteur d'entrer dans
les discussions. Il a su cependant fournir lea raisons en faveur
de telle ou telle opinion adoptée par lui. Je citerai comme partlculiè-
h«v. limon, XCIV. Wfasc. 10
m
fiûMI'it.s-HENlilS CBtTlQOES.
■ genre les pages consacrées au voyage
renient intéressantes t
d'Etienne II en France et an plaid de Quierzy, que M. Hartmann
me paraît avoir avec ruisou distingué do l'entrevue de Brtnaeum,
René Pou va ru m.
Franz X. BàRTU Hlldebert von Lavardin (1056-1133) nnd das
kirchliche Stellenbesetzungsrecht. Stuttgart, F. Enke, 1906.
In-S°, ix-490 pages [Kirchenrechtliche Abhandlungeii, publ. par
U. Slulz, fasc. 34-36).
Le volumineux ouvrage que M. Barih vient de consacrer a Hildebert
de Lavardin, evèuue du Mans (1096-1125], puis archevêque de Tours
|H25-1!33|, n'est ni une biographie ni une étude littéraire : but la vie
d' Hlldebert, tout l'essentiel a déjà été dit1 ; quanta son œuvre littéraire,
M. Barth compte en faire plus lard l'objet d'un travail spécial. C'est par
une élude sur Hildebert caooniste qu'il a cru devoir commenter. Les
belles recherches de M. Paul Fourniersur Ive de Chartres ont été pour
beaucoup dans cette détermination : sans avoir été on canoniale aussi
illustre qu'Ive, Hildebert a joui de son temps, lui aussi, a cet égard d'un
certain renom. Par malheur, — et M. Barth l'établit lui-même, — il ne
nous reste plus de lui aucun traité où l'on puisse trouver l'exposé de sa
doctrioc : on en est réduit à sa correspondance, et celle-ci ne contient,
somme toute, sur ces matières, que quelques rares et vagues indications.
Aussi le litre qu'a adopté M. Barlh restreint-il prudemment les
recherches à la position prise par Hildebert dans la question des nomi-
nations aux bénéfices ecclésiastiques.
L'ouvrage se divise en trois longs chapitres : on premier chapitre
iraile des empêchements canoniques entraînant la nullité d'une nomi-
nation à un bénéfice ecclésiastique; un deuxième, des nominations aux
bénéfices d'urdre inférieur et aux charges capitulaires; un troisième,
des nominations épiscopales. Chacune de ces questions est examinée
en grand délai! : lous les droits en jeu, droits des laïcs, droits du clergé,
droits des é\èques, droits du pape, y sont passés eu rovuo. Uoii, comme
il fallait s'y attendre, les écrits «'Hildebert n'ont pu fournir sur Ions
ces points un corps de doctrine. Pour remplir, même très incomplèle-
meut, ces cadres, qui sont ceux d'une élude générale, l'auteur a dû non
seulement ramasser tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin à la
vie d'Hildebert, mais puiser duns une quantité d'écrits et d'événements
sans rapport aucun avec le sujet. C'est ainsi que, dans cet ouvrage con-
sacré à Hildebert, il est presque autant question du diocèse de Chartres,
pour lequel la correspondance d'Ive fournit un précieux appoint, que
des diocèses du Mans et de Tours.
I. A. Dieu don né, Hildebert de Lavardin, évfqve du Haut, archevêque d»
Tourt 11056-1133/; sa vie, ta lettres. Pari s-M a mers, I89S, iu-8*. 303 page».
I-. X. BiBTH :
FltLDEBKItT TOf UVARDM.
I4T
Cette méthode a conduit l'auteur à juxtapose
<!■■ détails souvent intéressants, souvent auss
eux-mêmes, à les répartir tant bien que mal en
souvent même alors, dans l'impossibilité où il s
geignements aussi fragmentaires, de se former u
in assez grand nombre
lien peu probants en
; diverses rubriqueset
trouvait, avec des ron-
3 idée claire de la legis-
i théories générales pour tirer
l.-uion H de* usages, à se référer a
quelque* conclusions.
El, à vrai dire, avec le sujet qu'il avait choisi, il n'en pouvait guère
être autrement : Hildobert n'a joué qu'un rôle assez effacé; il n'a été
uiélé activement u aucun des grands do bats canoniques qui se sont pro-
duits de son teinpa. Rien n'autorise donc à en faire le centre d'une
étude sur les nominations aux bénéfices ecclésiastiques à la fin du
ii* siècle et au débat du xn".
Lr. livre do M. Ltartli conservera néanmoins un certain intérêt comme
rMtWll de matériaux. En dépit d'une regrettable prolixité, il a su pré-
tini points intéressants et rectifier, chemin faisant, plusieurs
erreurs de détail. Il faut regretter cependant, puisqu'il désirait traiter
d'événements purement français, qu'il ne se soit pas rois plus soigneu-
sement en quête des éditions récentes parues dans notre pays : non seu-
lement il déclare n'avoir pu utiliser l'édition des Actus ponti/lcum Cetw
mannis in urbe degenlium de MM. Bus son et Ledro, mais il ignore
presque ton* les cartulaires publiés tant dans le Maine qu'en Anjou :
c'est, par exemple, uniquement d'après la Galtia chriittana et dom
f'iolm qu'il cite et commente des actes importants publiés, — avec
d'autres qu'il aurait eu intérêt A consulter, — daos te Cartuiaire de Saint-
Aubin ef Angers de M. Bertrand de Broussillon ou dans le Cartuiaire
du Honceray d'Angers de Marchegay'. On est en droit d'exiger qu'un
auteur commence, avant de prendre la plume, par rechercher les docu-
ments tant publies qu'ioedits qui touchent à son sujet. D'autant plus
qa'tw ouvrant les dernières éditions des textes qu'il utilise, M. Barth
aurait pu facilement éviter de citer sous leur forme latine, comme s'ils
tbelUM a tante identification, des noms de localités aussi faciles
à trouver sur une carte que ceux de La Flèche (ft'uul, Arlhozè \Artc-
uaoïi), Malicorno [Ma lieorna ni), Preuilly (PfuiifaMtf), etc.
Souhaitons que, pour le volume qu'il prépare sur Hiklebert écrivain,
U. Barlli se décide u pousser un peu plue loin ses investigations.
Louis Halphen.
|. Voir notamment Barth. p. Iï9 (acte publié dans le Cariai, de Saint-Aubin
SAigtn, L H, p. 3ÎS, i i » puMJé (M*., t, I, p. 369, o* JÎ5),
p. 186-188 rat-té publié dans le Cartul. du Jtoneero-j d'Angeri, p. Ï61, n* IS9U
Il fût IM utile «uni, pour les actes tl'Hilileberl, de fttrojer d'uno manié™
rfciulltre au catalogue dre»»* par M. Dleudonne co l#t« de tan litre, r>ut»ur
ayant pria soin d'y discuter parfois le» date* de CM «r.le» et d'indiquer lu» pris-
cipaux manuscrit* et les principale* édition* dani leaquelles on les trouve.
Rudolf Kôtzscbke. StudienzurVerwaltungsgeBChicbte derGroas-
grundherschart Werden an der Ruhr. Leipzig, Teilbner, (90).
ln-8°, ïiii-IbO pages.
Ce travail est une aorte de monographie assez propre à Taire com-
prendre ce qu'était, dans la seconde moitié du moyen fige, l'organisa-
tion an point de vue administratif et économique d'un grand couvent
de Bénédictins. Le couvent de Werden, sur la Ruhr, est une des rare*
fondations, à l'est du Rhin, qui remonte jusqu'à l'époque de Charle-
magne. Elle est due à un Frison de naissance noble, Limlger, qui, après
avoir cherche d'abord à convenir son pays, porta sim effort, à la fin du
vin* siècle, sans doute par ordre de l'Empereur, pur la partie occiden-
tale de la Saxe, et fut, en 804, le premier évéqne de Munster.
C'est au ii» siècle que le couvent de Werden devint une abbaye,
c'est-à-dire un organisme important dans le mécanisme gouvernemen-
tal de l'Empire. Mais l'ancieone organisation du couvent ne fut pas
changée pour cela; ses domaines continuèrent à former deux parts,
l'une réservée à l'abbé pour qu'il pût s'occuper avec la liberté dési-
rable des aU'aires rie l'Empire; l'autre exploitée collectivement pour
les besoins généraux de la communauté. Cette division correspondît à
deux modes d'exploitation différante; les terres de l'abbaye furent
administrées par le couvent loi-même; celles de l'abbé, qui était obligé
de s'absenter fréquemment, furent confiées a des tiers. Le régime féo-
dal ayant envahi toute l'organisation sociale, les administrateurs se
transformèrent en vassaux, vis-à-vis desquels l'abbé joua le râle de
seigneur. Le principe d'hérédité s'appliqua également à eux et les
quatre charges principales passèrent aux mains de quatre familles nobles
des environs de Werden. (juant aux moines, ils se divisèrent en psrso-
M6 onanripatac (m^arsf) et personne claustrales {minores).
La plus grande partie des biens dont ils conservèrent la jouissance
ne tarda pas à être exploitée d'après les idées féodales et constitua un
ensemble de prébendes ;i côté desquelles il y avait aussi des carilatcs,
c'est-à-dire des biens réservés provenant de fondations pieuses, •■! îles
servitia, destinés à subvenir à l'entretien des frères. M. KoUschke nous
donne sur les prébendes quelques renseignements nouveaux, d'où i!
résulte que les prébendes travaillaient plutôt dans leur intérêt que dans
celui de la communauté. Cependant, la décadence du cou vent de Werden,
au xtv* siècle, fut hâtée beaucoup moins par les vices de son organisa-
tion intérieure que par la transformation constitutionnelle do l'Empire,
qui lit perdre à l'abbaye son caractère de rouage gouvernemental et
l'exposa à toute une série d'envahissements. Elle fnt aussi la consé-
quence de l'évolution économique de celte époque, du développement
des villes, do la formation du capitalisme, de l'importance croissante (ta
commerce; l'organisation archaïque du couvent ne tarda pas à être
insuffisante ; sa décadence s'accentua jusqu'en 1474. C'est à celte date
E. IVOTEI : I-BKRTtlO TON ClSlU.
14!
quVnt Heu une grande réforme des couvents de l'ordre de Saint-Benoit
qui améliora effectivement la situation; elle donna au couvent une
constitution mieux en harmonie avec les nécessités nouvelles et avec
un régime économique ou l'argent jouait déjà un grand rôle. Une répar-
tition uijiivetle des biens en Tut la conséquence; on organisa une caisse
centrale et aux prestations en nature firent place de simples salaires.
M. KOtïschke est parvenu, en somme, a nous donner, sur la vie inlé-
rimradn content de Werden, bcaucoupdr renseignement!! précis. Pour
la période qui se rapproche de sa fondation, les documents lui ont fait
souvent défaut. Mais il serait peut-être parvenu à dissiper certaines
obscurités et aurait surtout éclairé davantage son sujet, s'il avait niul.
ttplié les rapprochements et présenté un tableau plus net du régime
agricole général de cette époque. Son travail, pour être lu avec profit,
exige une connaissance assez complète de la vie économique du moyen
âge. La géographie n'y tient fias non plus la place que l'auteur eût dû
lui accorder; on souhaiterait pur exemple d'être mieux renseigné sur
la nature du sol, sur les cultures qui y étaient possibles, sur le climat,
sur les conditions matérielles de toutes sortes qui, à Werden comme
ailleurs, ont dû forcément réagir sur l'organisation même de tous les
domaines dont il nous est parlé.
Georges Blohuel.
K. KnoTn. Ubertino von Casale. Eln Beltrag sur Geschlchte der
Franzlskaner an der Weode des 13. und 14. Jahrhunderta.
Marbourg, Klwert, 1903. tn-8°, rni-162 pages.
L'excellente élude que M. Knoth a consacrée à Ubertino de Casale
comprend, outre une courte esquisse biographique, deux parties essen-
tielle». La première, la plus courte, traite des écrits d'Lbertino. De
ce* écrits, M. Knoth a dégage la doctrine du moine italien sur la per-
fection, ses théories sur la grâce et les sacrements coosidérés comme
moyens d'édification et de progrès pour l'aine chrétienne dans son
essor vers Dieu. Il a cherché enfin à faire ressortir ce qu'il y avait
d'original dans ces théories, et il a démontré qu'Ubertino a été surtout
un disciple répétant comme un écho les enseignements reçus de côtes
divers, et riuu pas un maître qui parle en son nom personnel pour
nous livrer des aperçus jusque-là insoupçonnés, i,e t.iijnum citas, te
itn de Douaveuture ont inspire i'Arbor vitae crucifixae. Le
livre lit irpieni tiatibui Erelniae est en rapport étroit avec la Postula in
Apocalipsim de Pierre Olive. Sur ce point, les rapprochements opérés
par M. Knoth ne sauraient laisser le plus faible il un le.
La seconde partie du travail de M. Knoth, la plus étendue et la plus
importante, a pour objet d'établir le rôle d'Ubsrtiao de U.isale comme
polémiste dans le grand débat qui a partagé presque des l'origiue
450 COMFTES-EBlfDUS CEI TIQUES.
Tordre des Franciscains en deux camps irréconciliables, celai des Spi-
rituels et celui des Conventuels.
Le débat dont il s'agit, c'est la fameuse question de la pauvreté, de
Vu sus pauper, auquel François d'Assise parait bien indubitablement
avoir voulu astreindre ses religieux. Cest ici qu'Ubertino de Gasale, le
contemplatif, le joachimite, se révèle avec un caractère nouveau, celui
d'un polémiste infatigable et toujours prêt à la réplique. M. Knoth a
étudié avec une précision pénétrante son rôle au temps du concile de
Vienne. Il a fait l'exposé des consultations fournies par le moine ita-
lien au parti dont il est le champion, celui des Spirituels. Il y a joint
l'exposé de ses idées, de ses jugements sur la situation que se sont
faite à eux-mêmes les disciples de François d'Assise en méconnaissant
les intentions manifestement énoncées par le créateur de leur ordre. A
l'analyse des constitutions qu'édicté de son temps Clément V pour
trancher la question, il a ajouté une appréciation des plaintes d'Uber-
tino et de la place qu'il faut lui attribuer parmi ses compagnons, ainsi
que de ses rapports avec le souverain pontificat au cours de tant de
péripéties diverses. C'est là une œuvre de critique excellente.
Le rôle d'Ubertino au temps de Jean XXII est obscur et difficile à
comprendre. M. Knoth a réussi cependant à expliquer fort bien com-
ment Ubertino s'était trouvé amené à entrer en lutte contre l'ennemi
nouveau de ses convictions mystiques, contre le pape en personne. Pour
cela, Ubertino a pardonné à son contradicteur acharné du concile de
Vienne, Buonagrazia. Il s'est uni à lui, à des politiques tels qu'Occam
et Marsile de Padoue. Avec eux, contre Jean XXII, qui l'a proscrit
d'ailleurs ainsi qu'il les a proscrits eux-mêmes, il rédige l'appel du
22 mai 4324, ainsi que les deux condamnations du 48 avril et du 42 dé-
cembre 4328. A ces actes, comme à un autre appel que lance Michel
de Césène, l'ancien général de l'ordre franciscain, un conventuel lui
encore comme Buonagrazia, il prête ses pensées sous la forme qu'elles
ont revêtue dans les livres où autrefois il les a consignées. Une préoc-
cupation supérieure, celle de l'idéal dont il poursuit la revendication
incessante, semble avoir dissipé chez lui toutes les rancunes, même
les plus légitimes, tous les dédains, jusqu'à ceux qu'il a le plus haute-
ment professés, dont il a fait la règle inflexible de son existence.
A quelle date disparait ce lutteur sans défaillances, au cœur ardent,
en qui la vie contemplative n'a fait qu'exciter l'énergie au lieu de
l'éteindre? M. Knoth se l'est demandé au terme de son travail, sans
arriver d'ailleurs à l'établir, faute des indications nécessaires. Sur Uber-
tino de Casale, on n'a plus de renseignements à partir de l'année 4328.
Peut-être meurt-il environ dix ans plus tard. Cette conjecture a été
exprimée, mais elle demeure jusqu'à présent une simple conjecture
qu'aucun document n'est venu transformer en certitude.
Charles Molimieb.
. iV
i IIIIT TiKDtBUSOSCHE VOLS.
t'.-J Bloe. Geaobledenia van het Nederlandache Volk T. VI.
Groningue, J.-B. Wollers, 11104. In-8", 593 pages avec 2 caries.
La grande histoire du peuple néerlandais de M. Bluk, dont j'ai suo
ceaalvemeul signalé les cinq premiers volumes dans celle Revue,
approche rapidement de sa fin. Il est inutile d'en faire ressortir les
mérites une fois de plus. Je me bornerai il dire que ce tome VI est égal
en valeurà ceux qui l'ont précédé. Il imposait à l'auteur une lâche sin-
gulièrement difficile, car ses compatriotes ne se sont guère occupés
du dernier siècle de la République, et l'on De comprend que trop Lien
qu'ils aient négligé cette époque de décadence pour se porter de préfé-
rence vers les luttes héroïques du xvi" siècle ou l'efflorescence splen-
dide 'lu ivn*. A part les beaux travaux de M. Colenbrander sur le
l'atriotltntijd, on ne voit guère à mentionner en Hollande, dans agi der-
niers temps, d'ouvrages de quelque importance auxquels M. Iilok ait
pu recourir. Les documents imprimés sont, i! est vrai, assez nom-
breux; ils ne le sont point assez cependant pour que l'auteur n'ait
été obligé de recourir aux sources inédites*. Les archives de l'Étal
i La Haye et surtout les archives de 8. M. la Reine des Pays-Bas
lui ont fourni une quantité de renseignements. Sans doute bien des
lacunes subsistent encore dans les tableaux qu'il a retracés, et il
l'avoue franchement, dès les premières lignes de sa préface. Mais ce
0>st pas un mince mérite qne d'avoir su raconter clairement la partie
la plut obscure des annales de la République des Provinces-Unies et d'en
avoir explique les péripéties.
L'ouvrage se divise en deux parties. La première, qui commence à la
mort Je Guillaume 111 |l"l)''|, expose l'histoire de la République sous
, c'est-à-dire à l'époque où l'oligarchie patricienne gouverne
sans < stadhouden. La seconde va du rétablissement du stadhoudc-rat,
proclamé héréditaire en 1718, à l'invasion française de 1794. Si, au
commencement de la première de ces deux périodes, le= Provinces-Unies
font encore illusion et continuent à jouer, au moins en apparence, le
rôle de grande puissance, elles sont pourtant atteintes aux sources
mêmes de leur vitalité, M. Blok décrit leur déclin avec la même impar-
ui.'mp il.'wchemenl qu'il avait apporté» précédemment à expo-
ser leur magnifique essor au xvii* siècle. Lea chapitres qu'il a consa-
crés à la situation économique et au mouvement intellectuel comptent
parmi les plus instructifs de l'ouvrage et laissent une impression pro-
fonde, car ils présentent, si l'on peut ainsi dire, le spectacle d'une
décadence clapnu[Ui', j'entends d'un-1 ih-cadencp qui s'accomplit à la fou
cl avec une égale rapidité dans tous le' domaines. En même temps,
■■H tflàl, que l'admiDiatrati lu payi tombe aui maJni d'ntw oUgar-
chic vanit<-u»e et égollte de régents patriciens, l'esprit d'entreprise a'en-
1. II. Blok, comme dans tri précèdent» volumes, a donné m ipprndke un
tr«a utile aperçu .]«» loarcat tocamntatra Imprimées et nuuuncrilM.
452
COMFTES-ILEIDCS CMTKiUES.
gourdit. la routine se substitue à U brillante initiative de jadis, le com-
merce décline, le désordre s'empare de la flotte et de l'administration
des colonies, tandis que les lettres, Im sciences et les arts paraissent
frappes de stérilité. Arrivée trop rapidement an comble de la fortune, la
République ne parvient pas à s'y maintenir. Gorgée de capitaux, elle
s'amollit dans son abondance. Incapable de résister à la concurrence
victorieuse de l'Angleterre, elle consacre ce qui lui reste d'énergie à
empêcher le relèvement d'Anvers et celui de la Belgique. Elle s'associe
à l'Angleterre et à la France pour ruiner la compagnie d'Ostendeet elle
s'oppose obstinément, sous Josepb II, a la réouverture de l'Escaut. Au
principe du mare iibtrum, dont elle avait été l'ardent protagoniste pen-
dant son ■ âge d'or >, elle substitue maintenant celui du mare clautum.
Ainsi se ferme le cercle de sa décadence; elle a passé par toutes les
phases qui du progrès l'ont amenée enfin i la réaction.
Eiclue du pouvoir par l'oligarchie des régents avec lesquels les
pauvres stadbondera Guillaume IV et Guillaume V furent contrainte
de s'entendre, la bourgeoisie était cependant en proie à un mécontente-
ment très vif. Un parti de • patriotes » se forma dans son sein et lorsque
d'Angleterre et surtout de France de nouvelles tendances politiques com-
mencèrent à se répandre en Europe, elle trouvèrent aussitôt des adhé-
rents enthousiastes dans les provinces. En 1787, le pays est à la veille
d'une Révolution et le stadhouder, expulsé de La Baye, songe à se réfu-
gier en Allemagne. Mais les patriotes n'ont point d'armée; le peuple
se désintéresse de leur cause et, en quelques semaines, l'intervention du
roi de Prusse les fait rentrer dans l'ordre. Les plus compromis d'entre
eu* se réfugient en France d'où ils reviennent sept ans plus tard avec les
soldats de Pichegru1. La facile conquête de la Hollande par ce dernier
met fin à l'histoire des Provinces-Unies. ■ C'en était fait de la Répu-
blique, car, après les événements qui venaient de se passer, il était
impossible de croire qu'elle pourrait encore subsister dans les mêmes
conditions d'existence ou elle se traînait depuis longtemps. Elle avait
prouvé qu'elle ne po-sédait plus de vitalité; elle n'avait pas su se défendre
et la volonté même de résister manquait à sa population. Elle s'était
elTondrée, vermoulue et desséchée, incapable de se maintenir davan-
tage. «
C'est par ce jugement sévère que se termine le volume dont la lecture
laisse une impression de tristesse, mais qui est pourtant singulièrement
instructif. Car l'histoire d'une décadence n'est-elle point un objet d'étude
aussi important que celle de la naissance et de la croissance d'un
Etat? D'ailleurs, c'est l'État néerlandais, ce n'est point le peuple néer-
landais qui, â la fin du ivui* siècle, était condamné à disparaître. La
nation demeurait vigoureuse et saine : il reste â son historien à nous
1. Je n'ai point tu que M. Rlok ait utilisé, pour la participation des Pro-
vinces-Unies a [a guerre de la coalition contre la France, le Hondtchoote de
11. Cbnquet, où il eut trouve un fort intéressant récit de la bataille de Menin.
rncciouii : AMMuuTORf i r.iiDic.i df.li.i
ffiiM.rsf. 153
décrire son relèvement durant l'époque contemporaine et il faut espé-
rer que nous n'aurons point longtemps a attendre cette dernière partie
II . PlBKKNE.
de mu beau travail.
Alfredo Potr.lOi.lSl. Ammlratorl e gindlci délia Rivoluzione
franceae : Thlers, Michelet, Blanc, Sybel, Taine, Tocque-
ville. Sorel. Firenze, Iteruardo Seeher, 400!. ln-S», 215 pages.
Après avoir dit quelques mots de l'ouvrage de Thiers, ■ point de
départ de loua les travaux subséquents >, M. Poggiolini, parmi les
nombreux historien» qui se sont occupés de la Révolution française, en
choisit six, qu'il divise en trois groupes : Michelet et Louis Blanc
représentent les apologistes de la Révolution; Sybel et Taine ses
Adversaires; Tocqueville et A. Sorel l'histoire impartiale et sereine. Il
expose successivement les vues fondamentales de ces six historiens sur
le grand mouvement qui s'est produit eu France à la fin du xvni" siècle,
et, dans un chapitre iinai, s'efforce de dégager de leurs ouvrages un
certain nombre de résultats qu'il considère comme acquis.
Le eboix d'historiens qu'il a fait est quelque peu arbitraire, et leur
division en trois groupes trop systématique. Mignet n'est pas même
mentionné. Sybel n'est pas seulement un < adversaire ■ de la Révolu-
tion [H. Poggiolini le reconnaît lui-même, p. '2011, et son ouvrage
est bien supérieur à tout ce qui avait paru avant lui. M. Aulard est
expédie en quelques lignes dans la conclusion (p. 191 et p. 100), et
c'est cependant avec lui que l'histoire politique de la Révolution est
un une voie vraiment scientifique, par l'emploi de documents
jusqu'alors inutilist-s. Qu'on classe M. Aulard parmi les ■ apologistes l,
je !e veux bien; mais c'est un apologiste dont les conclusions méri-
taient d'être examinées avec autant de soin qne celles de Louis Blanc.
Pour la connaissance de la Révolution française, le travail de M. Pog-
pai grande utilité. On y trouve un exposé consciencieux
« exact de» idées générales d'bistorieus célèbres, mais il est dange-
reux d'étudier ces idées en elles-mêmes, sans examiner sur quoi elles
■DM fondent. Par contre, il est piquant de voir rapproches les juge-
i si divers portés sur la même époque. Chaque résumé, pris iso-
I, est fort bien fait; ou regrette seulement que le plan adopté par
i m péché de suivre l'ordre chronologique dans l'examen
rages qu'il étudie, ce qui aurait donné au lecteur une idée plus
e l'évolution des idées et des progrés de la science historique.
aque ouvrage est considéré en lui-même, sans qu'il soit rien dit de
a auteur, sans que l'on trouve même l'indication précise de la date i
laquelle il a paru. De la sorte, telle affirmation de Tocqueville, citée
aprê* un jugement de Taine, paraît presque un lieu commun, tondis
qui'lla (il l'effet d'un paradoxe lorsqu'elle fut émise.
\r,i
COMPTES- RE *1>C S CBITlrjl'ES.
Après avoir exposé d'une façon objective les idées d'au t rut, M. Pog-
giolini laisse voir les siennes dans son dernier chapitre. Eapril pon-
déré, il cherche visiblement à être équitable, mais, en somme, il
incline plutôt à la sévérité. Il reconnaît que le grand mouvement de la
fin du ivm* siècle a eu, pour la France et pour l'Europe, plusieurs
conséquences heureuses; mais il insiste sur le fait qu'il en a eu
d'autres, déplorables : il a encouragé les tendances subversives, anar-
chiques, et il a laissé l'Europe plus divisée qu'elle ne l'était auparavant,
pliant sous le poids insupportable des armements militaires. M. Pog-
giolini trouve injuste de dire, comme Bonfudini, que la Révolution fran-
çaise • a été fatale à la cause de la liberté t; de l'appeler, comme Cesare
Lombroso, « un grand délit politique qui permit de commettre une triste
série de délits communs •; mais il termine son travail en citant, en
guise de conclusion, ces lignes de Maziini : > Le progrés consiste,
pour les divers peuples de l'Europe, à s'émanciper de la France. Le
progrès, en France, consiste à s'émanciper du xviii* siècle et de la vieille
Révolution. > Si M. Poggiolini partage, comme il semble, cette opinion,
on peut lui faire observer qu'aujourd'hui la France ne prétend exercer de
tutelle suraucun peuple de l'Europe; chacun d'eux est libre d'accepter
ou de refuser l'influence de ces idées. Il est vrai que la France n'a pas
toujours été si sage; la politique des hommes de la Révolution a fini
par être conquérante et oppressive, mais cette politiq ne n'était pas con-
forme à l'esprit de la Révolution.
Disons, en terminant, que le livre de M. Poggiolini se lit avec un
vif intérêt, L'auteur possède un réel talent d'exposition; il sait faire
suivre six fois le même chemin à son lecteur sans l'ennuyer un instant,
et il a raison de dire que si ses conclusions peuvent être discutées,
leur sincérité et leur franchise ne sauraient être mises en doute.
Ch. Sarre.
L. TentRNOFF. Le parti républicain sous la monarchie de Juil-
let. Formation et évolution de la doctrine républicaine, avec
uue préface de M. Esjitti. Parts, Pedone, 1904. In-s°, iiii-t9S pages.
La préface de M. Esmein, plus nettement peut-être que l'avant-pro-
pos de M. Tcherooff lui-même, indique le dessein de l'auteur. M. Tcher-
noff, en traitant de la doctrine républicaine, s'est proposé d'analyser
non les systèmes philosophiques abstraits, mais les idées qui vout se
traduire immédiatement en motions populaires ou en lois. L'histoire
des doctrines politiques est pour lui une introduction à l'histoire du droit
constitutionnel.
De ce point de vue, M. TcbernolT a très bien montré le caractère
original de ta doctrine républicaine sous la monarchie de Juillet. Il a
montré que la doctrine républicaine n'était pas une vaine répétition
des formules révolutionnaires, mais qu'elle était une doctrine nouvelle,
Tcraiorr : le rira urr/uieuv socs u wkuiciie ne tnti.iT. ISS
lentement élal-oree par le» discussions populaires el les réflexions de
p«s«eurs, — sous l'influence de certains systèmes philosophique», —
pour répondre 4 des besoins nouveaux et impérieux. Il a nettement
ma/que te rôle de la société des Amis du Peuple et l'influence du saint-
■imouisme. — le caractère social de la doctrine républicaine use la tin
de 1632, — et il a bien dégage la conception du suffrage universel
propre aux hummes d'avril ou de février : le suffrage universel comme
dm représentation de tous les intérêts, et réalisant, à lui seul, une
profonde réforme sociale. — Les courts portraits intellectuels que
H. Tehernoff a tracés dans une manière précise et sobre, de Trélat
(p. 347), de Baapail (p. 250), de Cabet (p. 39D), de Hul.er ip. 3MI et île
Lamennais ip. 407), ne seront sans doute que peu modifies par des
éludes approfondies. Les indications sur Lamartine (p. 191) et sur Louis
Blanc ip. 321) laissent une impression moins nette. Dans son ensemble,
le livre est intelligent, la documentation bien choisie, le-
doctrines le plus souvent bien menés, le style agréable el précis.
Mais, dans cette tentative nouvelle, et, somme toute, heureuse, la
méthode de M. Tcheruotf n'a pas été et ne pouvait pas être tout 4 fait
sûre. Laissons quelques erreurs de détail1; une bibliographie h&tive,
sans méthode, sans précision, où l'on trouve « Travail ■ de Zola et
dont la • Revue encvclopédique • est absente... Surtout, M. Tehernoff,
juriste plus qu'historien, essentiellement préoccupé de l'analyse des
doctrines, n'a apporté am divers moments de cette histoire qu'une
attention insuffisante. Son plan est mauvais; sous prétexte de mieux
distinguer les expressions diverses des doctrines, il ne lient plus
compte de l'ordre chronologique pour les mieux opposer, il rapproche
en un même chapitre Garrel el Ledru-Rollin |cbap. ml ; il étudie, on ne
■ait trop pourquoi, le iJictionnaire politique de Pagnerrfi (18-1'?) avant
la Revue républicain* de Dupont (1834). Alors qu'il faudrait suivre,
presque mois par mois, les transformations des doctrines, on ne dis-
oae plus ainsi les grandes périodes du règne de Louis-Philippe -
le nationalisme du début (1830-4838), les premières préoccupations
sociales U 833-1 834), l'action communiste des sociétés secrètes (1831-
1839), l'organisation du travail, etc.. On ne discerne plus les moments
mmencent et finissent les influences; pour rapprocher
idbon du iiinl-rimrmiiTBB, M, Tcbemofl l'etudie avant Pourier,
I 1893,4 Paris et Lyon, par Jules Lechevalieret par Berhrugget,
n ik-jii I? républicanisme de ses idées.
M Tehuâoffa bien eomprie l'importance des formule* dans un tra-
nll comme lésion, mais il semble que sa méthode do critiqua et d'iuter-
preuiioti souvent encore échoue. Trop souvent, à notre avis, le désir
(te mieux marquer une influence l'induit 4 des rapproche ments exlé-
I, Je nlgnalc reproduit 1 dateur que k terom ilotisme (p. 165) n'est jui
1840 : il est eoo roui ment emploie dans les brochures de 1833-1834.
p souvent aussi il ne marque pus
tanûattoQ et de diffusion des idées.
...- - ; récsi du l'jnKnenca exercée par le saint-simonisme sur le
aWran M sur Blaoqui noue révèle ses fautes de méthode.
» est indéniable; des 1833, les brochures républicaines sont
■ > funrtule* saim-simoniennes. Mais les rapprochements que
! établit entre Blanqui et Saint-Simon ne me paraissent
H rtn : je ne sais pas jusqu'à quel point la critique du constï-
mImum par Blanqui (p. 349) procède de la critique de Pierre
t.et non de la revendication populaire contre le régime censitaire,
ition spontanée peut-être, comme en 1791, en 1795, et géné-
p on tous cas en 183?. Je ne sais pas jusqu'à quel point Blanqui a
snnté ses idées sur l'association au saint-simonisme (p. 350) . 1rs
s par lesquelles débute l'article fameux inti-
•i ' . Qui fait la soupe doit [a manger (cf. Critique sortait, t. II, p. IIS)
mt wmblent bien plutôt se rattacher â la tradition bubouviste*. Je
M demande jusqu'à quel point encore l'organisation du pouvoir revu-
R inaire selon Blanqui (p. 358) est une réminiscence de la dictature
-simonienne des savant-, surtout si je me rappelle quelques pas-
de Buonarroti sur le lendemain de l'insurrection1. Et l'exégèse
ait sortir la tactique révolutionnaire blauquiste d'un passage du
techisme des Industriels • ip. 93| est au moins assez plaisante,
Ka6n, pour terminer sur ce chapitre, que M. TchernofT semble consi-
iftn-, non sana raison, comme un des plus importants de son étude,
xms ferons remarquer que la courte mention de Leroux faite par Blati-
a» dans sa notice auto- biographique fp. 316)*, et la présence signalée
ju de Gorcelle de quelques satnl-simoniens à la Société des Amis du
peuple ne suffisent pas à marquer chez Blanqui une influence prédomi-
aaste du saint-simonisme. Nous croyons que Blanqui n'a pas été pénétré
ià saint-simonisme plus que les autres hommes de son époque, et que s'il
a, pour l'action, plus particulièrement étudié les théories babouvistes, il
l'a hit en 1831 que formuler avec plus de précision que personne
utre les revendications populaires générales. Les formules saiut-
âDtmiennes qu'il emploie sont familières à toute son époque.
En résumé, l'analyse des formules exige une très longue, très délicate
titrés prudente élude que, dans son livre un peu hâtif, M. Tchernoû*
»» pu toujours faire. Son travail comme celui de M. G. Weill
éloignent surtout de l'intérêt actuel de l'histoire des partis républicain
«t ncialiste sous Louis-Philippe. Mais ces deux ouvrages ne sont encore
^detdèpouillements provisoires. Il faut qu'une société de travailleurs
reprenne toute cette icuvre par le détail ; il nous faut des monographies
|. Cf. buonarroti, Conspiration de Babœuf, t. Il, p. 130 et sniv. '
«/Wfl*., t. I, p. 132 et sul».
J. ll*n j les manuscrits de liliintfui, je n ai rien trouvé de plus significatif.
utTEOrrEL : p.iieii rBiEimir.H wtlhelx it.
137
individuelle», un RaspaJI, 1111 Canet. un Buonarroti, uu Blauqui; il
nous faut de précises monographies d'idées. Dans celle collaboration
féconde, H. TcbernofT lie sera pas seulement un ouvrier de la première
lirure, mais un guide sûr.
Albert Thomas.
I. Dnter Friedrich Wilhslm IV. Denkwiiniiiikeiten des Minialer-
prasidenlen Ollo vot HàifTtBTRL, herausgegelien von (I. v. Pos-
EnNU. Berlin, B.-S. Millier, l'.>01. 3 vol. in-S».
II. Preussens auswscrtige Politik, 1850-1858. UtlverÔlTeMlichle
Ookumenle ans dem Niefaiasse (Isa MiiiisU-rprâsidcnlen Ollo t.
Mi\ti;i rm, bentugagebeii von II. v. PosctinoEs. Berlin, E.-S.
Minier, (902. 3 vol. in-8°-
Parmi les acteurs du graud drame historique qui s'est déroulé on
Allemagne de 1848 à 1871, il en est peu qui aient joue un rôle aussi
Important que le baron Ollo de ManteulTel; peudanl dix ans il a tenu
la première place dans les conseils de la Prusse, et si ces dix années
MU eomaecoé douloureusement pour son pays, elles oui été ensuite
une époque de transition et de préparation. L'idée était donc excel-
lente de réunir en uoe seule masse loul ce qui concerne cet homme
il'Ktai et île composer de «es papiers une biographie qu'on peut truiler
de * Mémoires >; la féconde activité de M. H. de Poschingor nous
donne une œuvre désormais iudispeusable à consulter ; l'émioent his-
torien a eu eu mains, outre les écrits publiés du vivant de ManteulTel.
1rs papiers conservés par sa famille et il a compose du tout trois
volumes très nourris. Puis, dans une seconde publication, qui com-
Bmeuttroisvolumes.il reprend le* ikimnii'ms médus lais-
i mteulTi'l, relatifs a sou ministère des affaires étrangères, et
Litaent une vériiable histoire des relations extérieures de la
Prusse de IBM à 1858.
Otto de ManteulTel était né eo 1805 et avait poursuivi, avant d'entrer
dam la politique, une carrière administrative; à pou près tous les hommes
leettBt août sortis de l'armée ou de l'administration, — Bis-
marck avait débuté comme autcultator avant de vivre en gentilhomme
MOtpagMrd. — Conseiller .le gouvernement, landrath dans différents
postes, Manleuffe! iteil directeur au ministère de l'Intérieur lorsqu'éclate
la Révolution ■ ."- journée* de mars, les cabinets se suc-
cèdent; ils sont loin de répondre aux idée» politiques du directeur,
mais il ooneette néanmoins sa place, « ou peut petuer nec quelle trie»
il a itaicrt i|ui;lli-B treceaaeriee personnelles, malgré quelles
indicibles diOealtée >. Cepeadeai le* eteèt de l'AnembUe nationale
de Prusse ta conduisaient à «a perte; à la lin de l'été, le roi Frédéric-
[V, après mille tergiversations, se décidait à agir; il con-
458 COMPTES-RENDUS CEITIQUBS.
fiait à 8011 oncle, le comte de Brandenburg, le soin de rétablir l'ordre
avec quelque vigueur ; mais il fallait un ministre de l'Intérieur plutôt
ferme. Manteuffel était l'homme de la situation et la formule lui est
justement applicable : c Une main de fer sous un gant de velours. »
Pendant deux mois, la lutte est entre l'Assemblée nationale et le
gouvernement; le premier ouvrage de M. de Poschinger donne d'inté-
ressantes publications sur cette époque décisive; la chambre est pro-
rogée, transférée à Brandebourg, enfin dissoute, et la couronne pro-
mulgue une constitution assez semblable à celle proposée par le comité
de l'Assemblée. Les élections envoient des députés plus tranquilles.
Le gouvernement a gagné la bataille.
Deux années se traînent sur les tentatives de Frédéric-Guillaume
pour réorganiser l'Allemagne; la situation de Brandenburg et de Man-
teuffel était difficile; ils ne manquaient pas d'action, mais ils étaient
en présence d'un prince hésitant, à scrupules et retours ondoyants ;
la plus grande partie du tome I des Denkwùrdigkeiten est consacrée à
cette époque de projets et d'hésitations ; à Vienne, Schwarzenberg réta-
blissait, non sans brutalité, les destinées de l'Autriche ; le monarque,
par jeunesse et par caractère, lui laissait les mains libres. Le conflit
devait éclater entre les deux grands états allemands; la différence des
gouvernements devait lui donner solution en faveur de l'Autriche; à
Berlin, le ministère est divisé; Radowitz veut la résistance, il est
vaincu par le parti de la cour ; la mort subite du comte de Branden-
burg jette à Manteuffel toute la responsabilité du pouvoir ; une guerre
est sur le point d'éclater; dans la situation de la Prusse, c'eût été un
désastre. Manteuffel court à Olmutz, — comme l'écrivait Abeken, ce
fut un étrange voyage, — et il obtient les « concessions de l'Autriche ».
Elles n'étaient guère étendues, mais les apparences étaient sauvées, ou
à peu près; le ministre à main de fer de 1848 n'en avait gardé que le
gant de velours.
Pendant les années qui suivent, la Prusse joue un rôle quelque peu
effacé; la Diète de Francfort a repris son existence somnolente. M. de
Poschinger en a déjà retracé l'histoire dans ses quatre volumes : Preus-
sen im Bundestage '; il apporte, sur cette époque encore mai connue,
beaucoup de renseignements et de documents nouveaux, notamment
sur les rapports de la France et de la Prusse au moment de la procla-
mation du second Empire; il faut lire surtout le long entretien du
Dr Quelh avec M. de Persigny (II, p. 343), les rapports du conseiller
de légation Kûpfer sur l'état de la France au printemps de 1853 (II,
p. 352 et suiv.), et, dans le second ouvrage, les nombreux rapports de
l'ambassadeur à Paris, M. de Hatzfeld, sur la politique extérieure et
l. Abrégé et traduit, sous la direction de M. Funck-Brentano, sous ce titre :
Correspondance diplomatique de M. de Bismarck, 1851-1859. Paris, 1883,
2 vol.
KIH0S1TA : T8E ai*1E«ï COMXEHCE.
459
. Son frère prend
t de façon heureuse
g&lité avec les autres
nonde, et, par tera-
ne situation nouvelle
Intérieure de la Prime. Ces six volumes constituent une véritable
mine de documents.
Cependant, l'esprit, brillant mais troublé, du ni Frédéric-Guillaume
donne de* «ignés toujours plus certains de decadei
la régence; la situation d'ailleurs s'est modiSée e
pour la Crusse; le congrès de Paris l'a remise ené
puissances; elle va reprendre son rang dans le i
pêl*ï et orages, occuper la première place. Util a a
il faut des hommes nouveaux ; après dix ans de gouvernement, Man-
teuffel quitte le pouvoir, comble de litres el de décurations, et pouvant
regarder avec quelque satisfaction le résultat de ses efforts.
Il vil dès lors, suivant l'expression de M. de Poscbinger, ■ en état
de repos • ; relire dans ses terres de Drahnsdorf et de Crossen, quelque
temps député, puis éloigne de tout mandat public, il se consacre en
sage à la lecture des classiques. Il meurt à Crossen en 1882.
A côté de la ligure de haut relief du chancelier Bismarck, il importe
de retracer l'image de ceux qui. venus avant lui ou vivant à ses cotes,
ont été un peu effaces par son existence brillante. Le double ouvrage
de M. de Poscbinger vient tout ensemble exhumer le souvenir de
Mauteuftel el par des documents inédits éclairer bien des détails restés
obscurs.
Paul Mattbr.
Yelaro Kivosm. The past and présent of Japanese commerce.
New York, 1W02. In-ff, IN pageà. t.Studics in htstory,... of
Cotvmbia OtUvmitf, XVI, 1.1
Le jour est arrivé où une ttwtte historique ne peut plus fermer sa
porte à des études sur l'histoire moderne des peuples d'Extrême-
Orient', L'un au moins de ces peuples, le Japon, est entré si complète-
ment dans ce qu'on appelle encore, par habitude, le < concert euro-
péen »,que l'histoire diie universelle doit nécessaire me ut lui faire une
place. Il eu reu sèment que les historiens japonais n'ont pas encore pris
l'habitude d'écrire en japonais, — ou même en espéranto.
M. Kinosita a-l-il, comme je le crois, écrit le Pané el le préxtnt du
commerce japonais pour les lecteurs * occidentaux *i En ce cas, il était
au moins inutile d'ouvrir le livre par des considérations aussi superfi-
cielles que générales sur l'histoire du commerce, de consacrer lout un
dcmi-cliapiin* iHI, "1 à la situation économique dl l'Europe du xvr"
au xvin* siècle et d'y exposer la théorie du mercantilisme. S'adressail-il,
au contraire, à ses compatriotes? Il rai fallu ejan évitât de irai Sott-
ner des notions comme celles-ci : qu'il y avait, en 1609, un < roi de
I. Nous croyons devoir itertlr le licteur que ce tomple-ruadu ■ été écrit 11
y a quatre ans.
l'If)
OOMms-lUMn GimoBm
Hollande • (p. flfij, ou que Rome s'est élevée put les ruines de
et de • Cartliage • (p. loi *. Mais ce que nous cherchons dans le livre
de M. Kinosita, c'est ce qu'il contient d'essentiel le meut japonais.
Il commence par attirer notre attention sur la position exceptionnel-
lement favorable occupée par l'empire du Sole il- Levant, position que
le percement des isthmes rendra plus favorable encore, sur ses res-
sources en houille (déjà près de 7,000.000 de tonnes par an), sur la
variété de ses climats (Î50 d'extension en latitude!, sur les qualités de
son peuple : ■ Pendant des siècles, il a vécu à part. Mais son exclusi-
dnt est aujourd'hui du passé... L'histoire de ce qu'il a été, de ce qu'il
est, de ce qu'il veut être est devenue aujourd'hui d'un intérêt général. •
Le passé japonais* est obscur. Cependant, dès le i*' siècle avant
notre ère, apparaissent les premiers rapports avec la Corée. L'influence
coréenne se manifeste surtout au vi* siècle par l'introduction du boud-
dhisme, doctrine peu Favorable au développement économique. En
somme, il faut attendre la fin du ivi« siècle et l'arrivée des Européens
pour assister à l'éveil du commerce japonais. Ce phénomène se produit
surtout sous le règne centralisateur de lyeyasou, qui parait avoir com-
pris l'avantage qu'il avait â ouvrir ses ports aux navires hollandais et
anglais et qui eut l'intuition (p. 72) dn rôle futur de l'océan Pacifique.
A cette date (vers le temps où mourait Henri IV), les vaisseaux japo-
nais allaient au Mexique, fréquentaient Java, Manille, l'Annam, le
Siam, Malacca, le sud de la Chine, la Corée, même l'Inde. Le Siam a
lui tout seul contenait des colonies japonaises montant à 8,000 âmes.
Les imprudences religieuses des Portugais et des Espagnols eurent
pour résultat, sous le successeur d'Iyeyasou, des persécutions et une
restriction du commerce extérieur. Seuls les Hollandais conservèrent
le droit de débarquer dans une lie voisine de Nagasaki. De 1641 à
1864, c'ait par leurs mains et par celles des Chinois que passe tout le
trafic de l'Archipel.
Avant la Restauration de 1868 fut de nouveau ouvert au monde
l'empire du Mikado. Le traité de commerce de 1853-54 avec les Etats-
Unis inaugure cette ère nouvelle. Il est suivi d'un traité avec l'Angle-
terre, puis avec la Russie, la Hollande, la France (1858), le Portugal,
le Zollverein et toutes les autres puissances lie dernier avec le Mexique,
1888*1. La Restauration, contrairement à ce que l'on pouvait prévoir,
I, Même page, la bataille de Plassey est orthographiée Plessy. Il semble qae
la Faculté de science politique île Columbia, éditrice île la collection, eût pu
taire disparaître ces lacbei.
î. Est-il même probable (p. 23) que i la civilisation sémitique de l'an 2000
av. J.-C , non seulement atteignit l'Inde pur les Phéniciens i, mais, • initia IVM
la civilisation aryenne des races ii.uni tiques, atteignit les Philippines et le
Japon? » J'ai peur que l;> aussi l'éluuYini pponai*, i'bloui par le premier contact
avec les idées occidentales, n'ait un peu brouillé lei choses.
3. I. auteur n'examine pu les rëetottt BOdiBcttlDni Ip partiel à ces traités.
Elles sont pourtant d'une importance capitale.
KI7I0S1T» : THE JlPiXESE COMMERCE, ll'.l
(aire pénétrer au Japon la civilisation occidentale. L'amé-
lioration des voies de communication, la création des postM, dd télé-
graphe;, des chemin* de fer (la première ligne Tokio-Yokohania, com-
mencée en 1869, achevée en 1872; aujourd'hui plus île 3,000 kilomètres)
ont donné aux relations commerciales intérieures et extérieures uue
activité toute nouvelle. La création d'une marine marchande de modèle
iiijiiiii'l liai près de 300,000 tonnes pour la Qulte à vapeur,
plu* de l ITjUilU pour la flotte à voiles, tonnage net| permet au pavillon
japonais de venir concurrencer les noires en Australie, en Inde, en
Californie, en Colombie britannique, voire en Europe.
La Japon est entré en même temps dans l'ère de la grande produc-
tion industrielle. MaiB la révolution industrielle ne s'y est pas produite
par gradations comme en Europe. « Ce fut une transition rapide, sou-
daine, impétueuse, affectant tout l'ensemble de la consommation, i
Les relations commerciales du Japon ont aussi changé de caractère.
Immédiatement après l'ouverture de l'Empire, l'Angleterre était le
principal exportateur, les États-Unis le principal acheteur. Depuis dis
ans, le commerce avec les Étals-Unis reste prospère, lo commerce avec
l'ensemble de l'Europe croit lentement, le commerce avec l'Asie croit
par bonds énormes (en dix ans passe de 45 a 190 millions de yen). C'est
surtout la Chine, l'Inde anglaise, la Corée qui jouent ce rôle de mar-
chés pour les produits japonais et de vendeurs de matières premières
ou même de denrées alimentaires pour l'industrie et la population
ouvrière japonaises. En Chine, tandis que la pan du commerce amé-
ricain, entre 1985 et 1899, montait de 12 à 44 millions de «tels, celle
du Japon sautait de moins de 1 à plus de 03, dépassant de plus de
8 millions le total du commerce avec l'Europe continentale, balançant
presque le cliiiïre du trafic direct avec la Grande-Bretagne. M. Kiuusita,
comme tous ses compatriotes, estime que l'immense empire est dans
la «me d'influence économique de son pays; que, seul, le Japon est
en eut d'y introduire l'essentiel de la civilisation occidentale. € Une
lUttBH mdosiru'lle et commerciale entre Japon et Chine (p. 158] est à
peine plus avantageuse pour ces nations elles-mêmes que pruhiableau
progrés et & la civilisation du monde >. Mais la Chine ne lui sufut pas.
• Sur les marchés orientaux, le Japon peut soutenir avec lUMés [«con-
currence étrangère, i Car, ajoute l'auteur, la • Coréfl, le 8taa, li>s
Philippines ont des relations historiques avec le Japon et qu'il serait
facile de développer s.
Avis aux nations européennes ou américaines domiciliées en
Eltréme- Orient. A coté des États-Unis, le Japon est candidat a la
tlvttastocratk du Pwiflqoo1
IL Halsek.
I. P. 140 : confusion puérile entre le • droit naturel ■ >i« stoïciens lna(ura(
(aï') el les « lui* naturelle» ■ de l'économie potUIqu. L» France et le» \\*ji de
l'Uni™ lutine rangés a tort lj>. 1:13) dans les pays i étalon d'or; an moins fal-
lait-il distinguer entre le ftfttl itundard el le liai tlandard.
Kiev. Hunm. XC1V. 1" casc. Il
462 COMfTES-aESDUS CIITIQUIS.
Moritz LaBarus' Lebenserinnerangen , bearbeilet von Nahida
Lazarus u. A. Lbicbt. Berlin, 6. Reimer, 4906. ln-8% 630 pages
A. Leicht. Lasarus der Beffrûnder der Vœlkerpsychologie.
Leipzig, Diirr, 4904. Pelil in-8% 406 pages.
J. Woolgbmutb. Morits Lasarus, eîo Nachruf. Berlin, Jtzkowski,
4903. ln-8°, 22 pages (aus des Jiidùchen Presse).
J'ai eu le privilège, lorsque j'ai séjourné à Berlin et à Gœttingen en
4867-1868, de suivre les leçons de Steintbal et de Lotze et d'être reçu
dans leur intimité ainsi que dans celle de Lazarus, le beau-frère de
8teinthal, qui fut avec lui le fondateur et le principal collaborateur de
la Zeitschrifl fur Vôlkerpsychologie und Sprachwissenschaft. Bien que le
but de mon séjour en Allemagne fût l'étude de l'histoire et des méthodes
historiques et que j'aie consacré aux leçons de Kœpke et de Jafifé à
Berlin, de Waitz à Gœttingen la plus grande partie de mon temps, je
jugeais utile de me rendre compte de ce qu'était l'enseignement de
la philosophie dans une université allemande, ou celui de la linguistique
envisagée dans ses rapports avec la psychologie et l'histoire. L'au-
teur du Mikrokosmos, de même que Lazarus et Steinthal, était un dis-
ciple d'Herbart, et cherchait, comme son maître, dans une psychologie
scientifique les fondements d'une conception générale de l'univers et
du développement de l'humanité. Mais comme eux, il était un disciple
très libre et très original. Plus encore que la philosophie de Lotze, dont
j'admirais les détails ingénieux et profonds, mais dont je n'arrivais pas
à saisir le système, m'intéressait la tentative de Lazarus et de Steinthal
pour donner à la psychologie une base scientifique en l'étudiant, non
dans l'âme individuelle, mais dans les manifestations de l'esprit collec-
tif et de la vie collective des peuples et de l'humanité. Sans tomber
dans les exagérations mystiques d'Éd. de Hartmann, qui croit ou
semble croire à l'existence réelle d'une âme collective des peuples,
Lazarus avait remarqué avec justesse et fortement établi que la psy-
chologie collective des peuples et des hommes est autre chose encore
que la psychologie particulière des individus qui composent les nations
et l'humanité, que le langage, le droit, les mœurs, les institutions poli-
tiques, la religion, l'art sont des phénomènes qui ne peuvent se conce-
voir ni s'étudier si Ton ne les conçoit comme un résultat de la collec-
tivité, comme des phénomènes sociologiques, comme le résultat de
l'action de l'individu sur l'ensemble et de l'ensemble sur l'individu.
— Et en cherchant ainsi une psychologie nouvelle dans l'étude du
langage, du droit, des mœurs, etc., en un mot de toutes les mani-
festations de l'activité humaine, Lazarus et Steinthal posaient les
fondements d'une éthique nouvelle. C'est Lazarus, comme l'a montré
M. Leicht dans son excellent petit livre sur la Vôlkerpsychologie,
qui a été le premier fondateur de cette science, ou plutôt de cette
H. LAZiBOS ; LEBF.SSKHmERrmit-.V..
* 63
méthode, dès 1851. Huit ans pin lard, il créait avec Steimhal la
i-. publièrent par fragments presque tous leurs travaux, où
Lazarus en particulier donna quelques- unes des études qui formèrent
•on beau livre Dai Ubrn dtr Serti, une des œuvres les plus remarquables
de la philosophie allemande dans la seconde moitié du xix* siècle. Laza-
rus était un esprit eueyelupédique : il avait reçu de son éducation juive,
sur laquelle M. Wolgemulh nous donne les plus intéressants et les plus
louchants détails dans l'article cité ci-dessus, uno connaissance appm-
. hébreu; il était linguiste, théologien, philosophe, histo-
rien, juriste et versé eu même temps dans les sciences naturelles, en
particulier la médecine. I! était donc admirable meut préparé à tenter
la synthèse hardie de sa Vôtktrpstjchologic qui est, à vrai dire, à la fois
le sociologie et ud essai de philosophie de l'histoire; car il
W propose d'étudier et les phénomènes sociaux qui sont communs il
l'humanité en général et l'évolution des phénomènes psychologiques et
moraux à travers les Iges.
Un esprit aussi riche, aussi varia que celui de Lazarus, uni à un
caractère du plus noble idéalisme et de la grâce la plus séduisante, fit
de lui non un savant enfermé dans son cabinet, mais un homme d'ac-
tion et un humme du monde au meilleur sens du mot; son influence à
ta tète du parti libéral et réformateur dans le judaïsme fui considérable;
il oe cessa pas de se mêler aui affaires politiques de l'Allemagne; comme
professeur à l'Université de Berue, à la Kriegsakaderaie et à l'Univer*
site de Berlin, comme conférencier écoulé et applaudi dans les sociétés
savantes et littéraires, dans les congrès, dans les salons même, il exer-
çait un irrésistible ascendant. 8a maison était un centre littéraire et
artistique dont j'ai pu apprécier le charme et l'animation en !6fiï, au
tuunienloù Lazarus venait de rentrera Berlin après ses années de IJerne,
iù Lazarus était eu séjour, en Suisse, en France, en Autriche,
tl était un hôte recherché et aimé. Il était aussi goûté des artistes que
de» savants, et il inspirait la sympathie, l'estime et l'admiration aux
hommes de Unis les partis comme de toutes les religions.
ira se faire une très'jusle idée de ce que fut Lazarus comme
hieinne, de l'élévation île sou esprit et de la richesse de sa nature, dans
les souvenirs autobiographiques que vient de publier sa seconde femme
avec la collaboration du 1> Leicht. Lazarus, plusieurs années après
m sa première femme, qui était une personne d'une intelli-
gence supérieure, eut le bonheur de trouver en Nahida Ilemy, femme
de lettres d" talent et d'un grand eamr, une compagne qui lui Ht une
illuminée de poésie et de tendresse, et à laquelle il dut
de pouvoir, sinon achever, du moins pousser très loin MM
M" Lazarus avait, pendant les années passées auprès du maure qui
u époux, recueilli pieusement les souvenirs qui jaillissaient
avec une inépuisable abondance de sa conversation. Elle
aux noua autobiographiques, aux lettres laissées par Lazarus et elle
vu a formé un volume de soutenir* qui déconcerte un peu, par l'ab-
\u
COMPTES- EEXIH'S CBITIQTES.
sence de chronologie précise, le lecteur mal familiarisé avec la
biographie du philosophe, mais qui abonde en documents d'un 1res
grand prix pour l'histoire littéraire et scientifique du six* siècle. Je
signalerai avant tout les premiers chapitres sur Ftûckert, Gottfried
Keller, B. Auerbach et Paul Heyse, le chapitre sur Paris, que Lazarus
visita plusieurs fois et où il connut Taine, Renan, G. Paris, J. Dar-
mesleler, Michel Dri'al, et enfin les derniers chapitres qui, avec le cha-
pitre zii, fournissent sur la vie littéraire, universitaire, politique et
sociale de Berlin de précieux renseignements.
Comme le dit Auerbach cité par M. Leiclit, • le souvenir des hommes
qui ont manifesté d'une manière vivante ce qu'il y a de plus noble
dans l'humanité est le meilleur héritage que nous transmettent le passé
et l'histoire. ■
Gabriel Monob.
TadeSjnciKUS. Nacrt zivota 1 diela Blskupa J - J. Strossmayera.
[La vie et l'œuvre île l'éveque Stroasmayer] \gram, 1906.
4 vol. ïn-8u, 450 payes [publication de l'Académie sud-slave).
L'auteur de ce livre, M. Sraiciklas, professeur» l'Université d'Agram
et membre de l'Académie de celte ville, est un butorim distingué
auquel on doit notamment une bonne histoire de la Croatie el de nom-
breuses recherches sur les annales des Slaves méridionaux. L'Acadé-
mie, fondée en 18G7 grài
lui payer une dette de .
sa biographie est racon
unes de ses œuvres. L'
fessionnel;
: libertés i
: Mgr Slrossmayer, a tenu A
i un ouvrage ou
■t où sont reproduits des extraits de quelques-
|ue ne se piquait pas «l'être un écrivain pro-
e des plus hautes qualités de l'homme d'ac-
I éloquence ebaude et généreuse qui, soit dans sa langue
maternelle, suit dans ta langue de l'Eglise, le latin, lui assurait la maî-
trise des âmes. Il avait le don d'exciter et d'éveiller au plus haut point
la sympathie; des écrivains protestants comme M. Georges Perrot,
comme M. de Laveleye, lui ont rendu à ce sujet de précieux témoi-
gnages. Son reuvre fut considérable : c
maintenir l'autonomie du peuple croate
Il consacra la plus grande partie de sa IV
ii |ties, non seulement cher, les Croate:
leurs voisins les Slovènes, les Serbes, les Bulgares. Sa bienfaisance
s'étendait à la fois sur les catholiques et sur les orthodoxes. Il rêvait
d'une église universelle où toutes les confessions se rencontreraient. Il
aimait passionnément la France et, en 1870, il iotervititen notre faveur
auprès de l'empereur de Russie. L'ouvrage où M. Smiciklas a mis en
relief celle noble figure est d'un haut intérêt.
Louis Leoeb.
: patriote, il s'efforça de
lie contre les Magyars,
i des fondations scienti-
mpatriotes, mais chez
BBCDKIL9 PKHIOMQrES.
RECUEILS PÉRIODIQUES ET SOCIETES SAVANTES.
1. — Revue des Questions historiques. 19117, janvier. —
P. Allard. Une grande fortune romaine au v* siècle |très intéroeoaate
analyse des renseignements que noua fournissent lesdocamonls réunis
par le cardinal Rampolla dans un livre Santa Mctania junior* , et, en
Bartinolier, la Vie de sainte Mélanie, sur l'immense fortone de Melauie,
qu'elle liquida pour subvenir à des œuvres pies. M. Allard évalue ses
revenus à 116,640,000 tr. (î), et elle libéra dei milliers d'esclaves dont
chacun valait environ 2,000 fr. Ses palais, ses mubiliers représentaient
des sommes immenses. Cette élude a un intérêt économique considé-
rable). — Barante. Le siège d'Orléans et Jeanne d'Arc (fin; du .'9 avril
au 5 mai liC9). — Ssiolka. Iledwige d'Anjou, reine de Pologne (1371-
1399; la lille de Louis I" d'Anjou, roi de Hongrie et de Pologne, êpOBH
Jagellon, grand-duc de Lithuanie, qu'elle convertit avec son peuple.
~ cil romanesque de ses fiançailles avec Guillaume d'Autriche qu'elle
nfia pour épouser et convertir Jagellon. Elle avait quatorze ans et
se demande ce qu'il y a d'historique dans ce roman). — M. Dudruel.
:em XI et l'extension de la régale (d'après la correspondance con-
fidentielle du cardinal Pio avec Léopold I", 1673-1681. C'est le cardinal
Favori ti qui décida le pape à résister jusqu'au bout). — M. ok FkÊ-
viw.b. Lally et Bussy an» Indes, avril UM-mars 1761 (d'après de nom-
breux documents inédits. Récit de la série de fautes et d'échecs qui
conduisirent a la ruine de notre empire des Indes depuis l'ivhee i)ev,iiu
Madras jusqu'à la perte de Pundichery. L'incapacité et la présomption
de Lally, qui commença par rappeler Bussy du Dcfckan où il avait for-
tement établi le protectorat français, furent cause do noa désastres). —
J Pnracs, Un prêtre français en exil. L'abbé Uabriel Auny, cure
d'Iéna (1795-16151, et ses relations avec Napoléim 1" H'abbé Aunv ren-
dit de grands services a ses ouailles après la bataille d'iena. Il fut dépos-
sédé de sa cure en 1S15 Comme suspect de connivence avec les Fran-
çais). — V. Eauow Les commencements du culte des saints dans
i'Kgbse chrétienne (critique dn livre si remarquable d'K. Ludus, ana-
lysé ci-dessus, p. 130). — Pixauao. Dmiiri dit le Pmai (à propos du
\ .lis/ewski, If! Originel d» ta Russie modem*. Le P. Pier-
ling mainiu'iii la thèse d'aprea laquelle la Pam Dènétriaa leraii bien
Grlchka Otreplevi). — Hravoix de Lanooslb. Une lettre Inédite de aalni
le Paul â Maadeleioa de Lauioignon, I55Î. — Pierre EU». La
France et le* armée» d'occupation, 181 S- 181 8 [qnelqnea raaaelgBamaau
curieux »ur les excès cummia par le» alliés).
2. — Revne de Syntnèae historique, 1906, février. — XEnoi-ol.
J66 EECUE1LS PÉRIODIQUES.
La notion de • valeur • en histoire (la notion de la valeur est étran-
gère à la science historique!. — H. Berb. Les progrès de la sociologie
religieuse (analyse des travaux de MM. Durkheim, Hubert et M ans s
sur la magie, le sacrifice, etc. M. Berr craint qu'on réduise trop aux
éléments sociologiques collectifs ce qui ressort aussi de la psychologie
individuelle). — L. Gahex. L'idée de lutte des classes au xvm* siècle
(on la trouve chez Bolingbroke, d'Holbach, Quesnay, Turgot, pour être
précisée chez A. Smith. L'idée est très répandue en 1789). — Jankélé-
vrrcH. Des rapports entre le droit positif et la philosophie du droit
(d'après Del Vecchio, / présupposai fllosofici délie nosione del diritto ;
A. Levi, Per un programma di fllosofla del diritto; J. Stern, Rechts-
wissenschaft u. Rechtsphilosophie). — Boissorhade. M. Guiraud et l'his-
toire économique de l'antiquité. — L. Febvre. La France à la veille de
la Réforme d'après M. Imbart de la Tour (généralisations trop ambi-
tieuses sur une documentation trop restreinte). =: Avril. A. Wibth. De
la race (article très confus où l'auteur proteste contre l'abus de l'idée de
race et où il confond la race et la nation). — Saqhac L'agriculture et
les classes rurales en France au xviii* siècle (essai de synthèse provi-
soire. Le premier article étudie la répartition de la propriété et la divi-
sion progressive du sol). — P. Hermaht. Le sentiment amoureux dans
la littérature médiévale. — Xénopol. Sociologie et histoire (soutient
contre M. Rivera, et son Determinismo sociologico, qu'il peut y avoir
une science de l'histoire). — H. Berr. Les rapports de la société et de
l'individu (à propos du livre de M. Draghicesco, Du rôle de l'individu
dans le déterminisme social, où, tout en cherchant à revendiquer pour
l'individu sa part, il la subordonne encore trop à la société dont il sort).
— A. Fortibr. Les planteurs sucriers de l'ancien régime en Louisiane
(raconte la création de cette culture par J. Etienne de Bore et les pro-
grès dus à M. Valcour Aime). =: Juin. L. Febvre. Histoire et dialecto-
logie (s'appuie sur le livre de M. Jean Passy, VOrigine des Ossalois, sur
V Atlas linguistique de M. Gilliéron et sur le travail de MM. Gilliéron et
Mongin sur le mot scier, pour montrer l'action des faits sociaux sur le
langage. La Géographie linguistique sera un précieux auxiliaire de l'his-
toire). — A. Fribocrq. La psychologie du témoignage en histoire (les
recherches des juristes sur la valeur des témoignages, de M. Binet sur
la suggestibilité, de M. Stern dans les Beitrsge zur Psychologie der Aus-
sage prouvent la part énorme d'erreur qui existe dans tout témoignage.
Toutefois, l'erreur même est un témoignage qui a son intérêt). —
P. Lacombe. L'appropriation privée du sol dans l'antiquité (I. Sparte ;
suite en août : Athènes. Soutient contre Guiraud et Schœmann que
les Ectemores, paysans, ne versaient qu'un sixième de la récolte aux
eupatrides). — Parisot. Sieyès et Spinoza (curieuse démonstration de
l'influence des idées de Spinoza sur les théories constitutionnelles de
Sieyès). — A. Levi. La légende de saint François d'Assise (M. Nino
Tamassia, dans son livre sur saint François, démontre que toute la
légende remonte à Thomas de Gelano et que Thomas l'a fabriquée en
88C0E1LS PKliMMijl'F?.
107
int aux hagiogra plies antérieurs pour mettre François d'accord
c Home). — P. HmuBT. La théorie de l'histoire dans les Uoiver-
m hollandaises |à propos de» cours de MM. Ilui/.inga et Bussemaker.
Ni l'un m l'autre ne croient à la possibilité d'établir des généralisations
historiques offrent m: caractère de certitude scieiitiliqur'l. — H. Bëbr.
M. Millard et sa loi historique (pure rêverie]. = Compte-rendu :
//. Hickert. Geschichtsphilosopbie «article critique important de M. XEno-
pot; M. Rickert fait tout reposer sur la notion de ■ valeur » que M. X.
croit inapplicable en histoire!. = Août. G. Richard. Unité de l'histoire
Uns sciences et de l'histoire économique. — G. Ascoli. Les idées fémi-
nistes on France du ivi« siècle à la Révolution (étude très intéressante
où, après avoir montré les progrès accomplie au xvi* siècle dans la situa-
tion des femmes, il rapports M OWMUUtiMIU la naissance du féminisme
rationnel. Au ivnr* siècle, Marivaui est un féministe convaincu : très
précieuse bibliographie du sujet), — Kobïul. Le bill sur l'éducation,
VMM',. K,i place dan* l'histoire religieuse et politique du peuple ■ffj**r*
— JaNxéléVitch. Lamarckismeet Darwinisme (â pfOpMBe I'hoyili^' de.
A Pauly, qui essuie de substituer une théorie vitahsle au mécanisme
darwinien]. — Paiiès. Pourquoi l'on enseigne l'histoire (pour apprendre
à voir et juger les réalités humnines|. = Compte-rendu ; E. llatcvy. Le
radicalisme philosophique (art. important de P. Mantoux|. = Octobre.
\. Thierry et le mouvement historique sous la Restauration
(d'abord historien politique, puis historien littérateur et narrateur,
Thierry a fini par comprendre les vraies conditions do l.i recherche
biitoriqnc. M. Jullian a tort de dire que les excès du romantisme his-
Mriiiue éclatent au t. III de l'Histoire de France de Michelcl. Ces excès
Dl au t. II. Michelet.au t. III, s'est assagit. — A. liai. Pascal
nonce du Puy-de-Domo (M. Rcy défend les conclusions de
M Kithien •' pense que Pascal a cherché, en fabriquant après coup sa
lettre a Périor du là novembre lfilT, à s'attribuer le mérite d'une décou-
vert* qui appartient à Descartes, à Mersenne et à Au/.uut. l,o génie
e de Pascal a été inventé par une coterie de famille et de
parti et l'orgueil de Pascal s'est prêté a cette supercherie). — Pktit-
Dt-r»iLi,i9, L'histoire politique d'Angleterre publiée KHM la direction de
.MM. W. llriui et II. Poule. — G. liuiiiu». U philosophie ancienne
léraie des travaux parus de 1880 à 1904|. — P. He*iia;it. La
. histoire en Hollande. M. G, Ueymans (à propos doseatroî*
ouvrages, Esquisse d'une histoire critique de principe de causalité; le»
Loi» *t les Eléments de la pensée icienlifiiitit . Intrwluctiûn à la mèlaphy-
tiqut et fondement de i Ej r i une. M SeyaUMM doute il l'Induire |iourra
synthétiser en lois les phénomènes que jusqu'ici elle se contente d'ex-
pliquer es Im ramenant à due eanett pejehiqnet).
3 — Revue de» Études ancienne» T. VIII. 1906, OCt.-déc. —
.. d'interprétation de la stèle d'Ouchak. — Cohdo-
Ltos. inscription de Daulis. — Fostkieb. Inscription de Cordèlio. —
G, Block. Observations sur le procès des Scipions (fin. Les décret» tri-
IfiS
KrcPEiLS pkhiomqpes.
buniejens : lu question des cognomina; la question des auspices et des
tribuns, la question du butin; ta question des précédents). — C. Jul-
liak. Notes gallo-romaines. Les fleuves de la Gaule chez Polybe
{lltiberii est bien le nom de la Tille d'Elue, et non du fleuve du
Tech sur lequel elle est située). — Lucien Villam. Quelques observa-
tions sur les chants chrétiens d'Ausone. — Chronique gallo-romaine.
= T. IX, 1907, janv.-mars. G. G loti. Têtes mises à prix dans les cités
grecques |n'ont jamais été que celles d'ennemis publics). — G. FUdet.
L'histoire des Lagides fd'après le livre de Bouché- Leclercq). — 0. Jdl-
liak. Notes gallo-romaines. Silius et la route d'Hannibal (la lecture de
Silius Italiens apporte de nouveaux arguments en Faveur de Tarascon
et du Cenisj. — Questions hannibaliques. 1 : J. Frkixe. Le» bois du
Pertus. 2 : Armand. Le Rh6ne à Tarascon. 3 : J. Fournis». Le passage
du Rhône entre Tarascon et Beaucaire au moyen âge el jusqu'en 1760
(s'effectuait seulement par barques, à la merci du courant). 4 : S. Cha-
iiBBT. La vue des Alpes, A propos de Tite-Live, XX île texte est inter-
pok'l. h : De Ma.nteïer. Le nom du Drac.6 : H. Ferrand. L'hypothèse
du Clapier. 7 : G. Fougères, 'fui rif» ûpaîm (= entre avril et aoù(|. —
H. ns L* Ville »b Mibmont. L'astrologie chez les Gallo-Bomains (suite).
= Compte-rendu : E. Slijper. De Formularum Andecavensium lalini-
tate disputatîo (utile).
4. — Bibliothèque de l'École des chartes. T. LX VU, 1906, sepl.-
déc. — L. Delfble. Mémoire sur la chronologie des chartes de Henri II.
roi d'Angleterre el duc de Normandie (jusqu'en 1173, le roi s'intitule
ffenricus, rex Anglomm, el, depuis lors, ffenrieus, Dti gratta rex Ânglo-
rum). — P. Gdilhiebmoz. Note sur les poids du moyen âge (fin de cette
longue note de plus de 120 pages). — A. d'Hsbbomez. A propos des
baillis d'Arras sous le règne de sainl Louis (Tournai était de leur res-
sorti. — E. Laurain. Renaud de Béronne, bailli de Senlis (1223-1234;
s'appelait ainsi et non Renaud de Baron ou de Beron). — M. Jcsseliïi.
Lettres de Philippe le Bel relatives à la convocation de l'assemblée de
1302 |non publiées par G. Picot). — L. Levillatn. Le baptême de Clo-
vis (a eu lieu à Reims el nou à Tours). — J. Viakd. Henri Le Moine
de Bâte à la bataille de Crécy (celui que Froissart appelle i Le Monne
de Basele • était de la maison des Mûnch de Baie et non de Bazeilles).
= Comptes-rendus : E. Guillemot. Les forêts de Sentis. — M. Prévost.
Élude sur la forêt de Houmare. — P. Vidal et J. Calmette. Bibliographie
roussi lion nuise (quelque indécision de méthode). — J. Cuvelier, Cartu-
taire du Val-Benoit (négligé).
5. — Revue d'histoire moderne et contemporaine. T. VUI.
n° 4, janvier 1907. — A. Mathiez. Taine historien (« malgré ses pré-
tentions scientifiques, Tain»? n'est pas un historien digne de ce nom,
mais seulement un littérateur et un philosophe égaré dans l'histoire •).
= Comptes- rendus : Driault. Napoléon en Italie (quelque incertitude de
plan ; la thèse principale « que Napoléon fut un empereur romain, • est
secpeils pfaioDtores. Jf.9
insuffisamment démontrée), — Madelin. La Rome de Napoléon (docu-
mentation insuffisante!. — Tehernoff. I* parti républicain au coup
d'Étai el sous le second Empire (t superficiel, terne et confus *). —
Fr. Maison. Napoléon el su famille; t. VII (P. Caron proteste contre la
r. = Février. Ph. Saonac. Les cahiers do 1789 et
bot valeur (les cahiers oui été écrit? avec sincérité et indépendance;
régies générale» pour la publication de ces textes! . — Ph. GaamM. Les
impressions du comte de Las Cases sur l'Empire français en I81S
|d'«prè8 des notes conservées par la famille et prises lors d'une tournée
d'inspection) . = Comptes-rendus : H. Sic. Les classes rurales en Bre-
tagne du xvi« siècle à la Révolution (excellent). — E. b. Adams. The
influence of Grenville on Pitl's foreign policy, 1787-1798 (rectifie Sorel
pouf la politique anglaise}. — R. Viviani. La Restauration (sans cri-
n.|iio et plein d'erreurs). — Vicomte de Reiset. Mario-Caroline, duchesse
df H'ii;, 1«IG-I8:((I (puéril). — Résumé de la soutenance de lliéses de
Ph. Guiinard ((** Origines de la légende napoléonienne; Lettres du comte
et de la comtesse de Montholon). — Réponse de 8. Charléty aui cri-
tiques adressées à son recueil de boeuments relatifs à la vente des biens
nationaux: réplique de M. Marion. — Réponse de C. Maréchal aux cri-
tiques adressées a son Lamennais el V, Hugo; réplique de J, Marsan.
6. — La Révolution française. 19(17, 14 «Trier. — A. Matoibz.
La France et Rome sous la Constituante, d'après la correspondance du
cardinal Demis. I. L'alTaire des annates (recherche qui fut responsable
de la rupture entre la Constituante el la Cour de Rome en grande partie
I l 'nni.. de document! mal examinés par M. Fr, Masson). — A. Liébv.
Là date de la composition du i Chant du départ > (entre le début de
la début île messidor). — H. Poulbt. L'administration cen-
trale du département de la Meurthe, de l'établissement des départe-
ments à la création des préfectures (tin : février 1798-mai 1800). —
E. DoMar. Les laïques dans l'Église; la tradition et les encycliques
de Pie X. — H. Prentout. L'assistance publique dans l'Orne,
1789-1795. — Lettre inédile d'un volontaire de l'armée du Rhin et
vignettes militaires. = Il mars. A. CbI:jiieiï. Le particularisme muni-
cipal a Marseille en 1789. — E. Le Gallo. Saiut-Micbel-de-Maurîenne
BU [793 et 1794 d'après le registre des délibérations delà municipalité.
— J. Gi.im.aume. Un dernier mut à propos du ■ Chant du départ >
(maintient qu'il a été composé uu début de floréal(. — H. Labboub. Le
droit de cuissngc en 1714 (publie un texte établissant l'existence de ce
droit dans la généralité d'Amiens). — R. Bonnet. Le conventionnel
J -F. Delacrotl (texte inédit). — Documents inédits : Les élections
dans l'Hérault et à Montpellier en 1852. = Compte-rendu ; Btiard. Le
conventionnel Prieur de II Marne (L. Levy. Schneider proteste contre
ce livre, qu'il juge pleiu d'erreurs, de parti pris et mal documenté).
7. — Nouvelle revue historique de droit français et étran-
ger, 1907, n« 1. — J.-B. Mispoolbt. L'inscription d'Ain el Djemala
470 1ICUBILS PERIODIQUES.
(commentaire détaillé de l'inscription publiée par J. Carcopino dans les
Mélanges de l'École de Rome, 1906). — F. Thibault. L'impôt direct et
la propriété foncière dans les royaumes francs (les Francs ne forent
pas soumis à l'impôt foncier; parmi les Romains, les clarissimes seuls
continuèrent à en être exempts). — E. Champeaux. Le cou tumier bour-
guignon de Montpellier (fin du texte et table). — Id. Un nouveau
manuscrit des • Coutumes et styles du duché de Bourgogne ». —
Ch. Appleton. L'obligation de transférer la propriété dans la vente
romaine (addition à l'article du précédent Case.). — J. Acheb. Glanures
(m 88. juridiques). = Compte-rendu : W. Otto. Priester u. Tempel im
hellenistischen ^Egypten (important article critique de G. Platon).
8. — Le Correspondant. 1906, 10 décembre. — Duc d'Acdiffrbt-
Pasqcibb. Le duc de Richelieu (IL Les premières armes. En 1790, le duc
de Fronsac prend part avec le prince de Ligne et le comte de Lange ron,
en amateur, à la campagne de Potemkin contre les Turcs et à la prise
d'Ismaïl. Il sort de France, en 1791, avec un passeport régulier de l'As-
semblée. Suite et fin le 25 déc. et le 10 janv. : Richelieu sert dans
Tannée russe. Il fait une visite à Paris en janvier 1802 et rentre en juin
au service de la Russie). — H. de Lacombb. Science et christianisme.
— E. Rod. Le matérialisme historique et M. G. Ferrera (la meilleure
étude parue jusqu'ici en France sur le matérialisme historique et sur ce
qu'il y a à la fois de solide et de conjectural dans la méthode de Fer-
rera). = 25 déc. Vicomte de Meaux. L'Église de France au terme du
xix* siècle (à propos du livre de l'abbé Lecanuet sur l'Église de France
sous la troisième République). — Laazac de Laborie. Lyon en 1793 (à
propos du livre de M. Bittard des Portes sur l'insurrection lyonnaise de
1793). = 1907, 10 février. J. Oelafosse. M. Waldeck- Rousseau et son
œuvre. — H. Bordeaux. La comtesse de Boigne (biographie de l'ai-
mable femme dont les spirituels Mémoires sont en cours de publica-
tion). — Lanzac de Laborie. Épiscopat constitutionnel, 1791-1802.
Épiscopat concordataire, 1802-1905 (étudie la transformation de l'épia-
copat d'après les deux livres de l'abbé Pisani, Répertoire biographique
de l'Épiscopat constitutionnel et V Épiscopat français depuis le Concordat
jusqu'à la Séparation). — Comtesse de Reinach-Foussemaqne. Madame de
Polastron (fin le 25 févr. Mm« de R. a retrouvé dans les archives de sa
famille une correspondance de la femme faible et charmante qui, mariée
elle-même, fit oublier au comte d'Artois, non seulement ses devoirs con-
jugaux, mais aussi ses devoirs de prince, et qui, mourante, fit, comme il
convient, jurer à son amant de se consacrer à Dieu seul). — E. Lamy. Le
Journal d'un député à l'Assemblée nationale (tin le 25 mars. Analyse des
importants Souvenirs de Ch. de Lacombe, document capital, parce qu'il
émane d'un homme honnête et intelligent, sur l'incapacité politique du
parti conservateur et catholique. Rien de plus curieux que les conver-
sations du comte de Chambord. Il se croyait en 1815. Ces souve-
nirs ne grandissent pas Thiers; ils font ressortir le caractère mesquin et
personnel de sa politique). = 10 mars. Les élections et l'esprit public
RECUEIL» et? Il 10 MO TE S.
171
en Allemagne — Marquis de U Toi» ne Pin. Au temps de la Révolu-
■ d« famille fn récit, émanant du mar-
quis de ta Tout ilu l'iu-Muntaunan, coibihi'iicb à l'Assemblée des
notables et s'étend jusqu'à 1799 {curieux par quelques détails sur les
du duc d'Orléans, sur les complota royalistes dans le Midi n
I T '. + 1 H 1793 et sur la frivolité" des émigrés. D'ailleurs, l'ami
Mémoire* présente lui-même un esprit pou équilibré). — Marius-Ary
].rnLOM>. Les Berbères. = 25 mars. Comte lit.": unes. Souvenirs du siège
de Paris (très curieux |. — 0. Havaiio. Les premiers troubles de la
si dans nos ports de mer (I. Roclicfurl. Curieux documents
irn'dii?!. — H. Joly. Fénelon et M»* Uuyun. Saint François de Sales
et saint Chantai (d'après les livres de M. Masson et la correspondance
de saint François de Baies, publ. p. les PP. Macltey et Navatel).
9. — Revue des De a x -M ondes. 1900, I" nov. — Cb. Benoist.
César Borgia |I. La préparation du cbef-d 'œuvre. Suite le 15 déc. :
II. L'original du Prince; le 15 février : les risques du métier de prince.
Les conjurations, l'humanisme et l'imitation de l'antiquité. Ces éludes
mr la renaissance italienne, inspirées de Burckhardt, sont vivantes et
solides]. — R. Picno». Le monde des racoles dans la Gaule romaine
(indique très finement comment les hommes les plus cultivés, païens et
chrétiens, se trouvèrent unis dans les écoles sur le terrain d'une philo-
sophie spiritualité). = 15 aov. Burd-d'Aunst. La constitution austra-
lienne et son fonctionnement. — E. Seilljêhe. L'impérialisme germa-
niste dans l'œuvre de Renan. II. Après la guerre franco-allemande (si
l'aristocraiisme des Dialogues philosophiques se ressent encore des
germanique*, lout le mouvement de la pensée de Renan,
après 1375, a été une réaction contre ses idées antérieures. Il a en par-
ticulier abandonné la théorie de la race). — P. de Sèqur. M™* du Def-
fand et sa famille (d'après des lettres inédites du plus vif intérêt tirées
de» archives de la Drôme et de Roanne et des Archives nationa!es|. —
Domuc. Un nouvel historien de Home iForrero). — Wyzbwa. Le prince
iliihenluue-Svhillingsfurst (d'après ses Mémoires). = 1" dec.
Lapehbstbe. La crise de la beauté à Florence au xv* siècle (note les
rapport* étroits des œuvres d'art avec les idées des lettrés sur la bramé.
A la conception toute païenne du début du xv itècll lUOcède unei'nu-
CepUon beaucoup plus spiritualisto à partir du mouvement de Savona-
rnle|, — D Mélnieb. La comtesse de Mirabeau (mit! et lin le 15 dec.
et le 15 févr. Tableau piquant de la vie de province a la Qn du
uni* tiède d'après des documents inédit*]. — BaualTllH. lM pluln-
■opbes el la société française (vigoureuse étude où M. B. attribue aux
philosophe* la portée universelle da la It évolution et la valeur durable
Ipes de M'.'), — A. BEaTTur». Michi'l L<' Tellier et son admi-
niilralion militaire (d'après le livre de M. André). — 15 He, •'• Bon-
su*. Comment les Romains ont connu l'Humanité (lin le 1" jauv. Étude
■ir U p'irtda du mot hutnanitas et ce que son histoire révèle
sur in progn' ■ des idées dans lu monde romain), — J. Smoum L'ai-
(72
RECUEILS PÉBIODIQCES.
s crises commerciales et des périodes de prospérité. = 1907,
!»• janvier. Le cahier rouge de Benjamin Constant, 1781-1787 (amu-
santes notes autobiographiques), — Vicomte d'Ayuol. Les riches depuis
700 ans. Médecins et chirurgiens. — Marlus-Ary Leblond, Madagascar
(suite le 1S mars et le 1" avrilj. = 15 janvier. Lettres écrites pendant
la guerre d'Italie et la campagne de Cocbinchine (suite le I" mars : la
guerre de France de 1870, documents psychologiques d'un haut intérêt).
— G. Govau. M. Godefroid Kurth (analyse très sympathique de la vie
et de l'œuvre de l'éminent professeur de Liège). := 1" février. A. Van-
oal. Les raisons du Concordat. Le régime de la séparation sous le Con-
sulat et l'anarchie religieuse (Napoléon craignait dans le clergé libre
une force d'opposition politique entre les mains du pape|. — A. Mé-
zibres. Un coin de la société parisienne sous le second Empire (les
salons et la presse de l'opposition). — "Vicomte u'Avenel. Les riches
depuis 700 ans. Honoraires des artistes peintres et sculpteurs. —
E. Daudet. Lettres inédites de Joseph de Maistre (I. Joseph do M.iisire
et Louis XVTII. Suiia le 1" mars. Autour de la campagne de 1812. Fin
le I" avril. Les dernières années. Ces admirables lettres nous montrent
en J. de Maistre un politique aui vues d'une merveilleuse lucidité).
— R. Pikon. Le conflit austro-serbe. = 1" mars. F. BacNETiÈKE. Trois
artisans de l'idéal classique au xvr» siècle, Henri Estieune, Jacques
Amyot, Jean Bodin (jamais l'esprit du grand critique n'a eu autant de
force et de sérènïte que dans ces dernières pages]. — A. Taboieu. A
Algésiras. La crise décisive (récit minutieui, fait d'après les documents
diplomatiques origmaui|. =r 15 mars. L. Maoeun. Un essai d'église
séparée en France au iv1 siècle. La Pragmatique Sanction (cet inté-
ressant article, qui analyse très bien le caractère de la Pragmatique et
les difficultés qu'elle rencontra dans son application, comment elle
rendit nécessaire le Concordat de 1515, a un titre inexact. La Pragma-
tique créait une église séparée en partie de Home, mais toujours unie
à l'Étal en partie). — J. Bkdieh. La légende de Girard de Roussillon
(I. Girard de Roussillon dans la poésie-, dans l'histoire et l'hagiogra-
phie; suite le 1" avril : Girard de Roussillon et les abbayes de Pothiere
et de Vézelai. M. B. prouve, avec un ensemble de preuves précises, que
le poème de Girard de Roussillon n'est pas sorti de sources populaires,
mais du travail qui se fit à t'abbaye de Vézelai, fondée par Girard et
Berthe, pour expliquer ta provenance des reliques de sainte Marie-Made-
leine acquises en 10*0 par l'abbé Geoflroi, et à Poihière, fondée aussi
par Girard et Berthe, et qui avait leurs tombeaux, pour attirer et char-
mer les pèlerins par des chansons épiques dont Girard fut le héros).
10. — La Revue de Paria. 1906, I" octobre. — Art Rqe. L'armée
sous le Directoire (de l'esprit qui a présidé à l'organisation de plus en
plus despotique et révolutionnaire de l'armée). zz 15 octobre. Charles
Vbllaï. Saint-Just. Premières luttes politiques, 1760-179! («s loties
n'ont encore d'autre théâtre que le petit village de Blérancourt, patrie
de Saint-Jost), = 1« novembre. Philippe Gonnadd. Trois diplomates à
«KCCSIIS PKHlonlQGES. 478
inte-Helè.ne (le baron île Stùrmer, commissaire d'Autriche, le mar-
quis :)•■ Hootchenu, commissaire de France, le comte de llalmain, com-
missaire russe, qui arrivèrent à Jameslown le 17 juin 181(1, avec mis-
sion de renseigner leurs gouvernements sur les faits, gestes et paroles
bob, el qui ne surent ou ne purent recueillir que des récits
indirects el mesquins). = 15 nov. Abbé Baron. A la cour de Bruos-
'-1790 (notes manuscrites d'un voyage que l'abbé fiiavecson
^■[ietdeCuûteaugiroi],demai 1780 à mars I79;î. Amusant). —
Gustave Simon. Victor Hugo, le duc et la duebesse d'Orléans, I8$4-
MS3, = lô décembre. Léon Oumu, Lettres, IB73-18S2 (un le
I" janvier). — Frédéric Masson. L'affaire Maubreuil. I. Les vivres-
viande (de l'action exercée dans les derniers jours de l'Empire, en 1814,
par les fermiers chargés de l'administration des vivres de l'armée, Van-
teaux, Geslin et consorts)- suite le 1er janvier 1907 : A Maire des dia-
mants de la couronne (Maubreuil n'y joua qu'un rôle de comparse
avide et cynique). = lô janvier. Commandant Ernest Picard. De Cha-
înas vers Sedan (expose les raisons pour lesquelles, au lieu de ramener
Mac-Mahon vers Paris, comme il avait été décide le 17 août, on l'en-
voya au contraire, après des tergiversations sans fin, vers Sedan, le
32 août. • Il semble acquis que des influences se sont exercées au quar-
tier impérial pour dissimuler à Mac-Mabon les nouvelles de Baïame
qui auraient pu le décider à rétrograder sur Paris a).
11. — Journal des Savants. 1907, février. — G, Buge. L'Aveu-
Un dans l'antiquité id'aprés A. Merlin). — J. Guiffbkv. Acte* Mttrièi
parisiens du in" s. (d'après les publications d'E. Coyecque, E. Campar-
don et A. Tuetey dans ta coll. de l'JJtfJ. générale île Parit). — Ch. ue
La Ronciers. Les premières explorations françaises aux pôles n\r- s ),
= Mars. G. Julliam. U bataille d'Ali (d'après M. Clercl. — H. DehiS-
■adi. Épi graphie hollandaise du \vic s. à Malacca (d'après Bland. Bit-
torital tamàitones of Malacca; inscriptions funéraires des Hollandais
inurt* à Malacca, 1641-1796; précieux pour l'histoire de la colonisation).
12. — Revue critique d'histoire et de littérature. 1907. 28 jan-
vier. — Krantr et Hoffmann. G. Julii Caesaris Cotnmenturii de balla
civili. 111 edit. revue par //. Metuel (excellent). — H. PtUr. EBetoriaD-
rura romanorum reliquine; vol. II fienvre très méritoire, mais mal
écrite et privée d'indexl — Uctlefitn. Ursprung, Einrichlung und
Bedeutung der Erdkarte Agippas (clair, précis et neuf). — Alf. A'tofi.
Quaesiiunes Pliniauae gi-ograpbicae (beaucoup de textes, d'observations
latin détestable). = 1 lévrier. IL Cagnat. Les biblio-
thèques municipale! dans l'empire romain (bon). — P. lloyi. Los
abeilles, la cire et le miel en Lorraine jusqu'à la lin du iviii* niècle
iboni. — Paul béroulèdt. IH70. Feuilles de roule. Dos bois de Verrières
à la forteresse de Brealau i intéressants souvenirs). = 1 1 février G. liour-
gin. Les archives pontificales et l'histoire moderne de la France [travail
très mémoire et des plus utiles). — fd. Inventaire analytique et extraits
474 1ECUEILS rélIODIQUES.
des manuscrits da Fonda Gesuitico de la Bibl. nationale Vittorio Emma-
nuel* de Rome, concernant l'histoire de France, xvr»-xrx* siècles. =
18 février. P. Gornelii Taciti opéra quae sapersnnt ; rec. Joh. M ù lier.
Vol. II : Historias et opéra minora continens (bon ; c'est 1 édition clas-
sique en Allemagne). — H. Rudor/f. Zur Erklaerung des Wormser Kon-
kordats (consciencieux et bien déduit). — E. Bernheim. Lebrbuch der
historischen Méthode nnd der Geschichtsphilosophie (bon; Seignobos
explique qu'entre Bernheim et lui le désaccord ne porte guère que sur
des malentendus; ils sont an fond de même avis). — Agnes Hunt. The
provincial committees of safety of the american révolution (bon). —
R. Bittard des Portes. Contre la Terreur. L'insurrection de Lyon en 1793,
le siège, l'expédition du Forez (remarquable ; documentation très abon-
dante, mais non tout à fait complète). — A. Biovès. Un grand aventu-
rier du xix* siècle : Gordon Pacha (c'est la meilleure biographie qu'il
y ait de Gordon). — G. P. Gooch. Annals of politics and culture,
1492-1899 (bon). = 25 février. A. Michaelis. Die archaeologischen Ent-
deckungen des xix**" Jahrh. (excellent). = 4 mars. Jean Guiraud.
Les registres d'Urbain IV, 1261-1264. Les registres de Grégoire X,
1272-1276 (à noter en particulier les appendices où sont publiées beau-
coup de bulles inédites qui n'ont pas été transcrites sur les registres
du Vatican). — H. de Tourville. Histoire de la formation particulariste.
L'origine des grands peuples actuels (ouvrage d'une candide ignorance).
= 11 mars. 0. Nachod. Geschicbte von Japan, I, 1 : die Urzeit (bon).
— B. d'Arbois de Jubainville. Les Druides et les dieux celtiques à forme
d'animaux (intéressant; les textes les plus instructifs sont cités en
note; mais pas d'index). — V. Tourneur. Esquisse d'une histoire des
études celtiques (ouvrage incomplet, mais tout de même très utile). —
Louis Jacob. Le royaume de Bourgogne sous les empereurs franconiens,
1038-1125 (beaucoup de négligences de détail, mais bon travail de
déblaiement). — A. Coulon. Lettres secrètes et curiales du pape
Jean XXII; 4e fasc. — G. Mollat. Jean XXII. Lettres communes; 6*
et !• fasc. — Cl. Diehl. Figures byzantines (agréable et instructif). —
Ch. II. Lincoln. The revolutionary movement in Pennsylvania, 1760-
1776 (bon). — Ed. Mackinley. The suffrage franchise in the 13 english
colonies in America (excellent). = 18 mars. H. Hirt. Die Indogerma-
nen; ihre Verbreitung, ihre Urheimat und ihre Kultur; t. II (remar-
quable). — R. Poupardin. Monuments de l'histoire des abbayes de
Saint-Philibert (excellent). — Lecacheux. Lettres secrètes et curiales du
pape Urbain V, 1362-1370; fasc. 1 et 2. — Mgr Douais. L'inquisition,
ses origines, sa procédure (exposé consciencieux des faits, mais que de
sophismes dans les arguments!). — A. Ch. Lea. A history of the Inqui-
sition of Spain; t. II (très remarquable). — L. Stouff. Le lieutenant
général Delort, d'après ses archives et les archives du ministère de la
Guerre, 1792-1815 (intéressant; fait à l'aide de nombreux documents
inédits). =25 mars. Ch. Dejob. La foi religieuse en Italie au xiv* siècle
(beaucoup de faits bien mis en lumière; il est vrai que la foi religieuse
•i
KECUKILS PKWOlUOtES.
m
ii oocore «va en Italie au nv* siècle, mais il est certain aussi qu'il
y a de notable» exceptions. Le scepticisme, le paganisme du *.»• siècle
ont déjà leurs racines an siècle précédent). — lardé. La capitallc-O
dan* les pays de taille personnelle (bon|. — A. Wahl. Vorgeschichle
der fratufisisclieu Révolution; I (remarquable). — Tbe Cambridge
modem hittory; vol. I\ : Napoléon. — E. Waver. Entstehung und
Amonhune. des Klarlsaenordea*, beaondera In den deuUcben Mînori-
teuproviruseti (bon).= 1" avril. L Mardin. Jacquet; Foi Met, imprimeur,
libraire et papetier, 1554-1619 (intèrenant). — Sir Frederick Maurice.
Die war in South Africa, 1899-1902 (récit ofliciel, qui suit
■railleurs servilement le récit publié par le Tinta, sans y ajouter beau-
coup).
13. — Bulletin critique. 1906, 5 nov. — H. Helehaye. Versions
grecques des actes des martyrs persans aous Sapor II. — F. Ifau, His-
toire* d'Ahoudemmeh et de Maruula. — L. Detiite. Notice sur les
manuscrits du ■ Liber Horiilus « de Lambert, chanoine de Saiui-dmer.
= 15 nov. -5 déc. Brochet. Saint Jérôme et ses ennemis. zz 1007,
IT. if, Thibault. La jeunesse de Louis XL — E. Rakosi. Le
compromis entre la Hongrie et l'Autriche. — A. Lafontaine. Jehan
Gerson (bonne vulgarisation), ss 10 ftWr. Turmel. Histoire de la théo-
logie positive du concile de Trente au concile du Vatican. — P. Ùtla-
rv*. Le clergé et le culte catholique eu Bretagne pendant la Revolu-
Iriel de Ool. — B. Lasierrc. Les Cent Jours en Vendée. Le
gênerai Lamarque et l'insurrection royaliste.
14 — Polybihllon 1900, décembre. — Çhamlon de BriaiUcs et
S. Btrtal. Sources de l'histoire d'tëpeniay; 1 : Archives municipales,
jm*s. — Correspondance entre M"* de Lespinasse ci le comte de Guibert,
piilil, p, VilUn,i,v,--G\ubcrt. = 19(17, janvier. Hwand-Auiias. L'époque
■ ur à Roquemaure (Gard». — Hrrje.r. Ktude» sur l'histoire du
cloitre de Vadstcua et de l'ordre des brigittines jusqu'au milieu du
xv* s. = Kévr. Livres relatifs à l'histoire coloniale; à l'histoire mili-
taire. = Mars. Publication! récente*, «or l'Écriture «aune et la littera-
,ule. — A. Brou. Les Jésuites de la légende; I lea origines
jusqu'à Pascal. — .V. Rioufltl. La révolution de l'&J dans le Velay. —
A. d» Boytton. Le clergé périgourdin pendant la persécution révolu tion-
oaire. — Bunj/ilay, Hapaict et KarAcsonui. Souvenirs de l'histoire de
l'Eglise à l'époque de la Reforme eu Hongrie; t. U et III (en tchèque;
nombreux documents en latin). — A. Ciubcrka. Armes de l'époque des
Kourouez |en tchèque). — Lettrée de Turquie de G. Mikes, de Zagon
(en magyar: excellente éditionl.
16. — Annales du Midi. T. XIX, 1907, janvier. — J. BJMK.
lu cycle de Guillaume d'Oran^
1
accueillies par les moines de Gellone parée que c'était un moyen d'at-
tirer chez eux les pèlerins qui se rendaient a CotnpMMUtJ. — S, Stionbij,
m
Recherches liis toriques mr qaetqoes protecteur* des troubadours :
dôme preui nomme* dan* le « Cavalier Soi— enbnt i d'Elia* de Banobt
Huile). — S. Ciuam Les lettres d« Charles VII «t de Louis XI iui
areb. mun. de Barcelone. — G. Mjlusdet. L'a contrat de mariage
gascon do n» siècle.
18 — Annale» de la Société historique et archéologique du
G&ttnads T. XXIV, 19%. — E. Richemosd. L"b diplôme inédit de
Philippe Auguste; acte de partage des biens do chambellan Gantier,
fondateur de Nemours (avec fac-aimïle et long commentaire). —
M. Lecoxtc. Note far l'imprimerie et le colportage à Étampee an
XTtn* t — E. Thoisos. Documente inéditi pour servir à l'histoire des
paraisses du Giiioai- (suite ; 1590-1785). — A. de Mamcoutt. Essai sur
l'histoire du duché de Nemours de 140* à 1660 (lin : pièces juslif.j. —
P. "r !■!■» Une enquête fur la léproserie Saint-Lazare d'Étampes
(1617). — A. Dupoitt. Note sur Louis- lien ri de Lumèuie, comle de
Brienne |i630-1698i; sa mort & l'abbaye de Sain t-Sé vérin de Cbateau-
Landoa. — E. Thoisob. La recette des tailles dans l'élection de Nemours
en 1631 (fragmenta provenant de reliures). — H. Steih. Olivier le Dain
était- il marié? | publie ion contrat de mariage t. — A. Caisson. Essai
historique sur Treilles (Loiret; depuis le un' siéclei.
17. — Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-
de-France. T. XXXIH, 1906. 2- livr. — L. Lazard. Inveut, alphah.
des documents relatifs aux artistes parisiens conservés aux Archives de
tt Heine. = 3" livr. H. OaosT. Une relation nouvelle des obsèques de
François I" a Paris et à Saint-Deuys en 1547 (relation très circonstan-
ciée qui diffère en plusieurs points de ta relation officielle publiée, au
lendemain des funérailles, par Robert Estienne). — Visites princiêres
à la manufacture des Gobnlins en 1773 et en 1790 (par la Dauphine,
38 sept. 1773, par le roi et la reine, 21 avril 1790, par le pape, H nivôse
an XIII ou 12 janvier I805|.=:5*ei 6» livr. P.-L. Bruel. La conversion
l'André l'izon de Betoulal, sieur de La Petitière; contribution à l'his-
toire de l'abbaye de Port-Royal-des-Gbamps. — H. Stein. Deux épaves
de» archives de Sainte- Opportune islgnale un inventaire des titres du
chapitre de » Madame Sainte-Opportune à Paris o, 1538, conservé à la
bibliothèque municipale d'Ajaccio, et un Cartalaire du xiv s., actuel-
lement au Collège des PP. Jésuites à Vienne). — B. de Mandhot. L'ne
affaire de «liasse sous Louis XI (en 1477, on y voit figurer Olivier te
Dain et ses genB). — H. Stem. Le collège de' Tonnerre à Paris (fonde
le 17 juin 1107 par Richard Poupin, abbé de Saint-Jean). — L. Lazahd.
Les affiches dw jurés-crieurs de Paris. — H. Omost. Liste des suppôt?
de l'Université de Paris à la fin du xvr siècle.
18. — Revue de l'Anjou. T. LIV, 1907, janv.-févr. — Ch. Umuud.
La chapelle du chAleau de la Suriniè-re (peintures du xvt' s. de l'école
flamande). — X. oe Pétiony, Un bataillon de volontaires; 3* bataillon
d| lUioë-dt-Loire, 1792-1796 (1™ partie en déc. 1906; d'après les
B1LS PRBtODIQtTBS.
177
archives départementales et îles archive* privées], — P. Cousu. Jeu
Bodin de Montguichct (distinct de Jean Boilin, !e publiciste],
i9. — Revue bourguignonne. T. XVI, 1906, u" 3. — J. Caluette.
Les cléments communs et les éléments spéciaux dans l'architecture
romane de Bourgogne. — P. Pakisot. Liste alphabétique des procu-
reurs au Parlement de Bourgogne. = Comptes-rendus : llugwney. Les
clubs dijonnais pendant la Révolution. — S. Colette. Les foires et mar-
ches |à Dijon). — Marlio. Le commerce du bois de Bourgogne (d'une
généralisation un peu bilnve|. — Guiijon. La succession des bâtards
dans l'ancienne Bourgogne. — Gatly. Essai sur le bail à cens en Bour-
gogne (utile). — P. Parisol. Essai sur les procureurs au Parlement de
Bourgogne (très vivant et très documenté).
20 — Revue de Gascogne. 1906, septembre- octobre. — A. Lau-
BB-is. Coutumes d'Artiguo (en Comminges; texte en février 1907). —
C. Cêxérac. Lettre* de Daignan (suiie : avril-mai 1664). — A. Drokht.
L'ancien diocèse d'Aire (suite dans ce fasc. et dans les suivants : xvi'-
ïtin* s.). = Novembre. E. Lauamb. Les débuts d'un imprimeur en
Béant; Abraham Rouyer, libraire bordelais, imprimeur a Orthez en
ICIO (Go). — S. lUunt. Deux nouvelles • proclamations ■ de Welling-
ton (mars-avril 1614). — J. Annat. Les « visa i d'Esprit Dumarché
(visa nécessaire à la prise de possession d'un bénéfice, ecclésiastique,
xvi* s,|. = Décembre. A. Clbbgeac. Les abbayes de Gascogne du
xn* siècle au Grand Schisme d'Occident (lin au Fasc. suivant). —
J. BAtafl- Le séminaire d'Auch {fondé au début du xvir s.; suite dans
tous les fasc. suiv.j. = 1907 , février. C. Touanier. L'élargissement des
neurs de Ctiariié d'Auch après la Terreur. = Mars. L. Ricaud. Le cierge
de* Hautes- Pyrénées de 1789 à 1906, cinq régimes 6nanciers (suite en
avril). — Gababra. La première proclamation de Wellington.
81. — Revue a* voi sienne. 1906, cD 1. — M. Bruchet. Notes sur
l'emploi du français dans les actes publics en Savoie. — EUm**. tëpi-
•odet de la Révolution à Alhy (1792-9:0. = N- t. Ch. Martial*. Noie
sur la vie du prieur Enguizu, 1130-1160; un cas de télépathie au moyen
âge. = N» 3. D. Mubatohe. Aimon III, comte de Genevois: sa partici-
pation à l'expédition du Comte Vert en Orient- son testament, sa mort
(On au n° 4). — Gostbier, Un procès pour dîme en 1543. = N° 4.
Ch. Bonne, Les flèches d'éprouvé et les armures de hotte cassée (sur
la fabrication des armes au moyen agel. — F. Miqust. Mouct et De
Monet (l'un diplomate, l'autre général au xvui* s.; actes im-ditsi. —
M. Bhdcuet. Le contrat d'albergement (d'après F. Richard, Essai sur
le rouirai d'aLbtr<jevient, particvtiàremtnl dam ta provint* du Oauphiné).
22 — Historlaches Jahrbuch T. XXVIII, IJ07, fasc. 1. —
S Paou». Les indulgences accordées aux visiteurs Au ■
romaines avant Innocent III (U plupart sont fausses!, — G. tfcmrfJaisa.
étude* sur le* sources de l'histoire de saint François d'As-
lUv. Himm. XC1V. |«* fa*c. fj
J78 1ECUEILS PERIODIQUES-
sise. — A. Nàolb. L'empereur Maximilien Ier a-t-il, en 1507, voalu
devenir pape? (oui; a retrouvé et publie l'original des instructions du
10 juin 1507). — B. Ddhb. Contribution à l'histoire de l'ordre des
Jésuites; documents des archives de Munich et Dresde (suite; xvir*-
xvm# s.). — J. v. Ppluok-Hartdno. Napoléon pendant la bataille de
Belle-Alliance (d'après les relations connues et une autre, inédite, retrou-
vée par l'auteur à Berlin). — H. Koch. Tertullien était-il prêtre? (non).
— F. Laucheht. Qui était le • Gremonese », auteur de la < Revocatio
Martini Lutheri ad sanctam sedem • (1519)? (le dominicain Isodoro
Isolani). — K. LUbeck. L'introduction de la fête de Noël à Constanti-
nople. = Compte-rendu : Wallmenich. Der Oberlànder-Aufstand 1705
u. die Sendlinger Schlacht.
23. — Historische Vierteljabrschrift. T. IX, 1906, fasc. 4. —
K. Krbtschmer. Observations sur la nature et l'objet de la géographie
historique (réponse à l'article publié par Beschorner au fasc. 1). —
R. Scholz. Boniface VIII : sa moralité et sa religion (à propos du livre
de Finke et des articles de Wenck; on juge trop Boniface VIII d'après
les dires de ses accusateurs; n'ayant su se faire aucun ami, Boniface
n'eut pas de défenseurs. En appendice, indication des documents des
archives du Vatican relatifs au procès de Boniface VIII). — H. Kbabbo.
La province ecclésiastique de Brème d'après les listes d'évêchés dres-
sées à Rome au xna et au xm* s. (Albinus, Cencius, etc.). = Comptes-
rendus : R. Knopf. Das nachapostolische Zeitalter (de 70 à 140). —
F. Boden. Die islàndische Regierungsgewalt in der freistaatlichen Zeit
(superficiel; critiques nombreuses par K. v. A mira). — K. Hcldmann.
Rolandsspielfiguren, Richterbilder oder Kônigsbilder (important article
de Rietschel). — H. Wopfner. Das Almendregal des Tiroler Landes-
fûrsten. — J. Reu. Quellen z. Geschichte des kircblichen Un terrien ts
in der evangelischen Kirche Deutschlands zwischen 1530 u. 1600
(important). = G. Seeliqer. Bénéfice, seigneurie et immunité (réponse
à l'article publié par S. Rietschel dans les Mitteil. des lnst. f. cesterr.
Geschichtsforschung, XXVII, 3). = A. Feyler. Die Beziehungen des
Hauses Wûrttemberg zur schweizerischen Eidgenossenschaft in der ers-
ten Hàlfte des xvi Jahrh.zzT. X, 1907, fasc. 1. B. Hilligbr. Le denier
de la loi salique (de considérations très minutieuses tirées de la numis-
matique, l'auteur conclut que ni le système monétaire ni le système
d'amendes de la loi salique n'appartiennent à l'époque de Clovis). —
F. Meusel. Les rapports des trois rédactions de 1' « Histoire de mon
temps » de Frédéric le Grand (repousse les conclusions de l'article
publié par Dove dans VHist. Zeitschr.). = Comptes-rendus : Helssig.
Katalog der Handschriften der Universitàtsbibliothek zu Leipzig; VI,
3 : Die juristischen Hss. (nombreuses corrections). — S. Waszyhski.
Die Bodenpacht. Agrargeschichtliche Papyrusstudien ; I : Die Privat-
pacht (excellent). — E. Schwalbe. Vorlesungen ûber Gesch. der Medi-
zin. — Th. Sommer lad. Die wirtschaftliche Tàtigkeit der Kirche in
Deutschland; II (W. Ohr critique très vivement cet ouvrage, « manqué
&KCOKILS rfUOBIQDH.
f7!>
comme synthèse el plein d'erreurs de deuil i). — &rtltsehmar. Die
Knutehung toq Sud t. u. Stadlreclit in den Gebieten zwischen der rnitt-
lereu Saale u, der Laueilzer Neisse ieicellent|. — W. Gotts. Die Quel-
le!] z. Geschichte des b. Franz v. Assisi. — //. Ptidtr. Gesch. der wis-
wiuchaftlicben Studion ïm Franzîskanerorden bis L Mitte dea 13 Jahrh.
|la I" partie eet manqueel. — G. i>. Schuiltust-RtchbtTg. Ho in ne h Bul-
I loger, der Nachlblger Zwinglis, — F Wtntttrlin, Gesch der BebOr-
denorgaaitaUon in Wurttomberg. — Réponse de 8. Rigtsgubi. à l'article
de G. Beeliger paru au fasc. précédent el réplique de Skkmobk.
84 — Hiatoriache Zeitschrift. T. XCVII1, fasc. S, — L. Eamam.
Les débats el les conditions essentielle! de l'histoire (limites de l'his-
toire et de la préhistoire). — II. Niese. L'organisation dei armées et le
•etrvioe militaire en Grèce (à l'origine, très peu de citoyens prenaient les
armes; dans les cas graves, on avait recours à des mercenaires; pais,
peu à peu, a Sparte, à Athènes et ailleurs, le service militaire s'établit
à l'intérieur de lu cité), — l Mu lies. Ambassade envoyée par Nùra-
herg en Espagne à l'empereur Charles-Quint, en 1519; épisode de la
lutte de Nurnberg avec les margraves de Brandebourg pour le main-
tins des franchises des villes impériales. — Fr.-C. WirrroKm. Trois
lettres de Gentï à Ranke (1953-30). = Comptes-rendus ; limnncr,
Frtudtnlhal, etc. Zum altesten Slrafrecht der KnltUi-fotker, — I. Luotl.
Koistehutig a Itlùte der onentaliscben Kulturwelt; Gyrus (excellent
«Ha daus ! 'ancienne histoire d'Orient] — H. Boom. Die Schlaehl but
Salamis; Wright. The campaign of Plttlaea (important art. de Kro-
mayer). — F. Schaub. Der Kampf gegen deti Ziuswucher, ungerechlen
Preis u, unlaulern Handel im Mittelaller von Karl dem Groesen bis
Paptt Ali-xander 111. — Kônigtr. Burchard I voa Worms u. die
dsMtaone Kirclie Miner Zeii, 1000-1085 Id'après te Décrell. — E. Hôhne.
Kaiser Heinrich IV, — Akten u. Briefe zur Kircheupolitik Her/.og
Georga von Sacbseo, puhl. p. F, Gut. — A. G3tie. Die bochdeulschen
Drucher der RefcrmitioiiiEeiL — W. van Gutik. Jobannes Gropper,
(critique* de détail par Hasencleverj. — Trait tat ûber dem
Reichslag im 1G Jahrb, publ, p. K. Hauch. — Roth. Rerormationsgesch.
von Angàbarg. — Deutsche Hofordnungen des 16 o. 17 Jahrh., publ.
P- A. Rtrn (édition incorrecte et insufusante|. — Kortuchpeiich. Der
uberelsassische Winterfeldiug, IS7I-75. — A. RostnUhncr. Kurfurst
PbtlJpp von der Pfali u. die jûliscne Frage, 1725-1729 (mile). — Aus
Theodor v. flernuardis;IX : le Spauieo u. Portugal, 1668-
1871. — IV. Gundlarh. Gesch. der Stadt Gharlottenburg. — 0. MchUr.
les Jahren 1811-190!. — M. Wetirmann.
m Pomtnarn; t. 11 — Repensa de II. Km ssl.au am mmiurs
lier au >uj-'i da la bataille de Lechfeld.
85 - Byrantlnlache ZelUchrift T. X V, IBM, htO- 1-2 — P.MaâR.
La chronologie des hymnes de Itomano* (coi hymnes sont d'un con-
Irinporaiu de Juttinicn, de caistance juive, qui dut occuper on poste
480 KBCOEILS FflIODIQUfS.
important à la cour impériale). — Vàbi. Le texte des traités de tactique
du moyeu âge hellénique. — Bûttser-Wobst. La disposition de l'en-
cyclopédie historique de Constantin Porphyrogénèle. — Papadopoulos-
Kebaheds. A propos de Constantin Psellos (poésie, iambique inédite
sur la mort de Scléréne). — Askus. L'i élhopée » de Nicéphore Chry-
gobergés sur l'édit de Julien contre les études classiques. — Djuseke.
Les éléments néoplatoniciens dans la doctrine de Grégoire de Nazianie
sur la Trinité. — BkéBieb. L'origine des titres impériaux à Byzance.
BaoïUix et iwnitijî. — Jobga. Latins et Grecs d'Orient et rétablissement
de ■ Tares en Europe, 1342-136! (insiste sur la responsabilité de Canta-
cu/.êne dont la politique favorisa les progrès des Turcs). — Gabdtbad-
sen. Ecritures nationales et provinciales (il n'existe pas d'écoles pro-
vinciales d'écriture grecque qui correspondent à celles de l'Occident,
mais il s'est formé dans les provinces orientales de l'empire des écritures
nationale, copte, arménienne, etc., entièrement différentes de l'écri-
ture hellénique). — DobsgbCtz. Une compilation manuscrite du ivc s.
(Dresde, A 187. Textes theologiques et hagiographiques, extraits bis-
toriques, etc.], — Clbbuokt-Ganneal". Observations sur les inscrip-
tions de Syrie (cf. Bys. Zcit., XIV, 18-68). = Comptes-rendu b : l'on
Scaia. L'hellénisme depuis Alexandre (tableau succinct, mais très bien
étudié de la civilisation byzantine). — Sauerbrei. Le roi Jazdegerd,
tuteur de Théodose II. — Ginetti. L'Italie gothique d'après Procope. —
Gerland. Les archives du duché vénitien de Candie. — Bobriuskjj. La
Cliersonèse taurique. — Sckwartz. Contribution à l'histoire de saint
Atbanaee. — Papadopoulos-Kerameus. L'époque de la maturité de Roma-
nes {donne de nouveaux arguments pour le vi* siècle). = Fasc. 3-4.
Bubï. Le traité • de Administrando lmperio » (les titres actuels des
chapitres ne sont que des notes marginales mises au hasard; l'ouvrage
a été composé en plusieurs fois entre 948 et 952; le caractère un peu
flottant du plan et des omissions importantes semblent montrer que ce
traité n'est qu'une esquisse dont la rédaction définitive n'a jamais été
composée; les passages qui ont le plus île valeur, consacrés aux Russes,
aux Hongrois, aux Poichénègues, aux Dalm.ites, dérivent presque entiè-
rement des sources orales). — Brooks. Les sources de Tbéopbanes et
les chroniqueurs syriens (Théopbanes et Miche! le Syrien se sont ins-
pirés à l'aide d'intermédiaires différents d'une chronique syriaque écrite
vers 146). — Kubtz. Michel Psellos (étude de texte). — In. Le synode
tenu en 1 1 57 à Gonslanlinople contre Sotericbos. — In. Georges Bar-
danes, métropolite de Corcyre (les onze lettres de ce personnage datent
du xiuc et non du xn° siècle; il ne s'agit pas de Frédéric Barberousse
ou de Manuel Comnène, mais de Frédéric II et de Manuel, despote
d'Ëpire), — Schuidt. La question du nombre des Vandales (voy. Ilaury,
%:. Zr.it., XIV, 527). = Comptes- rend us : Giduljanov. Les métropo-
lites dans les trois premiers siècles du christianisme. — Lie.tsmann.
Apollinaire de Laodicée et de son école. — Kugener. Vie de Bévfira, —
KurU. Poésies de Christophoros de Mytîlèue (a renouvelé le texte). ■
recueils priaioniQCES. I s i
- H- !-■ ij i-i.u 1 1 f- lll'Oi IMIP-Iï eu droit byiantin
(droit iic préemption de certains fonds de terre établi en 922).
86. — Noues Arcbiv der GeselUchaft fUr altère deuteche
Geachictnakunde. T. XXXII, 1907, fasc. 2. — H. Jaeksl. Sur le
texte de la « Lex Frisionum ■ dans l'édition Herold (à défaut de manus-
crit, cette édition de 1557 sert de base à la critique de la loi). — A. Hes-
Btt et fl, Wibel. Un falsificateur de chartes a Turia au xi' siècle
(étude critique de quatre diplùmes faux des empereurs Conrad 11 et
Henri III, 1038, 1041, 1011; ces actes, dont un seul intéresse l'église de
Turin, ont cependant tous été fabriqués dans celle ville par un même
fauwairel. — W, Levison. Munuscrits de bibliothèques d'Angleterre
(lettres de saint Boniface; chronique de Levold de Norihof; formulaire
de Nurnberg, ïiv* siècle]. — R.-G. Salomoh. Une publication russe sur
la diplomatique pontificale (nv'-xvi» siècles, par N. Licliatscbev; fac-
similés). — Fedor Schneider. Une lettre interpolée du pape Nicolas I"
et le primat de Bourges |le leile de 804 qu'on invoque d'ordinaire
premier témoignage de ta primatie de Bourges est un texte
interpolé sans doute à la fin du xf siècle). — G. Beckmann. L'avène-
ment du pape Boniface VIII et le roi Adolphe de Nassau (le pape,
quoi qu'on eu ail dit, a annoncé au roi son avènementl. — G. Kentk-
wch. Les o camerani > de Trêves. — W. Kisky. Additions à ta liste des
chanoines de Cologne.
87. — PrenssUche Jahrbucher- T. CXXIV, 1906, fasc. t. —
H », S.HintnT. Hypalia d'Alexandrie dans l'histoire et la légende (son
««usinât par la populace chrétienne et le roman de Kingsley). —
M. GbL'Nbauh. Trois testaments d'Hubenzollern (I' * exhortation pater-
nelle * du grand électeur, 1667; 1' « instruction de Frédéric-Guil-
laume I" à ses successeurs », 1172; te « testament politique de Fré-
déric le Grand >, 1758).— E. Daniels. Porfirio Diaz, président du
Mexique, el son rouvre (d'après A. Tweedie^or^rio Diai, London, 1906).
= Fasc, 2. P. Goldschbidt. La constitution prussienne |du 5 déc 1818,
d'après les derniers mémoires parusl. — P.-G. Hoffmann. Le dévelop-
pement agricole et les droit! gur les céréales en France lia France est
devenue au xn» siècle un état avant tout agricole). - E. Simons. Les
communautés sous ta croix (rivalité entre les communautés calvinistes
et le catholicisme dans l'ancien duché de Juliers-Clèves-Berg et l 'élec-
toral de Cologne jusqu'à aujourd'hui). = T. CXXV, 1906, fasc. 1. —
F. FuessnoN-F. Un écrit de Frédéric le Grand sur la littérature alle-
mande el sur l'histoire et le droit allemands. — E. Daniels. Souvenirs
■■■ l'un Hongrois-Allemand (les mémoires de Mollmary).
88. — Zeitachrlft fur katholiache Théologie. T. \X\, 1906,
fa*c. 4. — Jus. Kern, Sur ti controverse îles théologiens outu
gti-cs-orthudoiea au sujet de la sainte onction. — Joli. En* st. La
igmatiqne des décisions du deuxième concile d'Orange 1529).
: ii. La vérité de l'histoire biblique dans les idées de l'an-
492 IECUEILS rflIODIQUES.
tienne Église chrétienne (suite dans ce fasc. et au suivant). — F. Maiei.
L'authenticité de le pitre de saint Jude et de la seconde épitre de saint
Pierre i réfute les théories en coure et spécialement celle de Holtzmann).
= T. XXXI, 1907, fasc 1. H. Grisai. Denis I'Aréopagite dans l'an-
cienne chapelle du palais pontifical et les falsifications de Regensbnrg
au xi* siècle (il s'agit des falsifications relatives aux reliques de saint
Denis I'Aréopagite et d'une authentique de reliques de ce saint retrou-
vée dans le trésor du Sancta Sanctorum du Latran. Le P. Grisar ignore
ou feint d'ignorer les articles publiés par M. Lauer sur ce trésor et
notamment celui du Moyen âge de juillet 1906). — F. Lauchert. La
polémique d'Ambrosius Catharinus contre Bernardino Ochino (rectifie
et complète les indications très inexactes données jusqu'à présent sur
cette matière, notamment celles de Quétif et Ëchard). — G.-U. K.hel-
lba. La convocation des conciles (fin; le droit de convocation appar-
tint au pape seul, du iv« siècle à la fin du vm«, et non à l'empereur).
— E. Michael. Éclaircissement au sujet de mon Histoire du peuple
allemand (répond aux critiques qui ont été adressées aux L III et IV
de son ouvrage par M. Schônbach). = Comptes-rendus : Kassowitz. Die
Reformvorschlàge Kaiser Ferdinand I auf dem Konzil von Trient (a
trop exclusivement suivi les documents impérialistes). — Ph. Hergen-
rOi/urr. Lehrbuch des katholischen Kirchenrechts; 2" éd., par/. Holl-
wtck (édition complètement refondue). — Schuster et Holzammer.
tUudbuch zur Biblischen Geschichte; 6e éd., par Selbst et Schàfer
(excellent). = Analectes : Baier. Trois lettres d'indulgences du cou-
vent de Dominicains de Wûrzburg aux premiers temps de la
Heforme (1502-1518; fin au fasc. 2).
89. — Zeitschrift fur Kirchengeschichte. T. XXVII, 1906,
fasc. 3. — Schlussmann. Tertullien à la lumière de la jurisprudence
i tertullien le théologien est différent de Tertullien le juriste cité par
Justinien; il n'était pas juriste lui-même; fin au fasc. 4). — J. v.
IVu'gk-Harttunq. Les élections pontificales et l'Empire de 1046 à 1328
\\™ partie : jusqu'à Léon IX inclusivement). — J. Dietterle. Les
Summae confessorum depuis leurs débuts jusqu'à Silvester Prierias;
Ul : les Summae confessorum de la seconde moitié du xva s. et du xvr» s.
jusqu'à Sylvestrina (suite au fasc. 4). — P. Kalkoff. Luther devant le
chapitre général d'Heidelberg. — Id. La correspondance échangée
entre le prince électeur Frédéric et Gaétan. — Th. Brieoer. Les nou-
velles études sur la confession d'Âugsbourg (à propos de la publication
de Kolde, Die atteste Redaktion des Augsbufger Konfession). — P. Leh-
mann. Deux lettres inédites adressées à Melanchton (par Joachimus
Gamerarius en 1522; en grec). — Th. Brieoer. Observations sur la con-
férence de Troeltsch : • Le rôle du protestantisme dans la formation
du monde moderne. » = Comptes-rendus : Stosch. Der innere Gang der
Misiionsgeschichte. — Barge. Andréas Bodenstein v. Karlstadt; 2 Teil
(important). — llunzingcr. Lutherstudien; Ueft 1. — /. Friedrich. Die
KnUtehung der Reformatio ecclcsiarum Hassiae von 1526. — H. Nebel-
BECIJBILS l-ERHWIQCKS.
18
: TjnalionsReschicbte der Sudl Mùhlhausen in Thûringen
(importante contribution à l'histoire de la Réforme en Allemagne!- —
ktnn. Geschichte der Katbuhkeoverfolgung in iùigland, 1535-
1681; 3 u. * Teile. — Lang. John Knox and the Reformation. —
J. BlOtser. Die Kalholikeneroanzipaiion in Grossbrilaumen u. lrlanii
(de 1788 à 1829}.— Sorti. Kirchenrechlliche u. kulturgeschichtlicbe
Denkmâler Altrusslands nebst Gesch. des russichen Kirchen reclus. —
Rekhtt. AuguBt Gottlieb Spangenberg, Bischof der Brùderkirche (inté-
ressant). — Kotde. Die Anfànge der katholischen Gemeinde in Erlan-
gen. — R. Brandi: t. Die Vorfaswing der Konfôderation reformierter
Kirchen in Niedersachsen. = Fasc. 4. G. Fickeb. Une collection de for-
mules d'abjuration (dans un ms. grec de rEscurial). — Fiwk. Un cata-
logue de reliques de la eathédrtk d'Usnabrûek en l'an 1343. —
R. Doebueb. Deux chartes concernant le rétablissement de la discipline
dans le cloître de Uuxtehude (1475-76). — P. Weunle. Pour la corres-
pondance de Calvin (liste de lettres qui se doublent).
30. — Zeitscbrirt des Vereins fur tnuringlsche Gescbichte
und AJtertamakunde. T. XVI, fasc. 2, 1900. — C. Elle. L'an-
cienne seigneurie, plus lard comté de Berka sur l'Uni (suite dans ce
fasc. et au suivant; 1272-1608). — P. Homosasm. Les . limes Sora-
blcus > (n'est pas, comme In croit Meitzen, une ligne de for titi cation s
dans le genre du ■ limes Itomanus i, établie fous les Carolingiens
BOntn If- Slaves; après avoir vaincu les Slaves et les Avares, Charle-
magne t'est contenté de confier à quelque chefs éprouves la surveil-
lance de certains points de la frontière). — R. Jordan. Pappenbeim à
Mûlhausen, en Thuringe, 10-19 oct. 1032 (d'après les archives de
Mûlhausen) = T. XVII, fasc. 1, 191)0. P. Uofeb. Lo légende
saxonne sur la guerre entre Francs et Thuringîens en 531 ap. J.-C. (les
détails donnés par Rudolf de Fulda, Widukind et les autres textes
■axons au sujet de la part prise par les Saxons a la victoire remportée
sur les Thuringîens sont légendaires). — Bebsio. Vingt-neuf lettres de
l'Electeur Jean-Frédéric le Généreux (futur Electeur de Saxe) écrite*
de aa prison, 1517-1552 (presque toutes datées de Bruxelles et adrei-
•éoi a son 61a aine, Jean- Frédéric; plus huit lettres de son secrétaire,
lliin» Rudolf). — E. Devbient. Les contributions militaires de la ville
d'Iéna en 1M06 et 1807. — Juiwan. L'envoi du président de Chambre
ri d l> -ii m et d'uni1 députât ion des États au quartier général de l'empe-
reur à Wanobia en janvier-février 18(17 (pour demander une dimi-
nution de la contribution de guerre exigée par Napoléon).
31. — Revue d'Alsace- 1906, juillet-août. — Mgr Chêvbe. Les
mfTnmnntii de Bftla au x vin- siècle (fin; Gobel. évoque de Lfddk, IÎ7J>
Ch. Bomum. Lu Hectiona aux Buts généraux. Colmar-
Belfort (lin). — J. Sciiwabtz, Correspondance de Nalouet Imite; fin au
fa*c. suivant). — Dom de Dmbtbin. L'évangeliairo d'Erkanbold (suite;
lin an fasc. suivant). — A. ii'Ochuesi'blu. L'Alsace au xvm* tiède (à
ISJ
BECCEII.S PÉRIODIQUES.
propos de Hoffmann, l'Alsace au XVHf siècle}. = SppL.-nct. Henri
Babdv. Marc-Antoine Lavie, député de Delforl-Huningue aux États
généraux, 1737-1793. := Novembre-décembre. A. IIanauer. Les faïen-
ciers de Hagueuau (depuis 1695, d'après les archives locales; Un en
janvier et mars). — Rbd. Reuss. Uu voyage d'affaires en Espagne en
17)8. Extrait des mémoires inédits du S iras bourgeois Jean-Everard
Zelzner (commis- négociant de Strasbourg). — H. Leur. Soldats alsa-
ciens (extrait d'un volume sous presse sur les Protestants d'autrefois). —
A. Gaseer. Les maisons religieuses de Soûl La : la chapelle du Lieu-
Croissant et des Trois-Rois. — R. Gutot. Les cahiers du Tiers-Étal de
la Haute-Alsace en 1789 (on ne sait ce qu'ils sont devenus pour la plu-
pari]. =: 1907, janv.-févr. Ch. HomUHM. Les troubles de 1789 dans la
Haute-Alsace [suite en mars). — E. W. Souvenirs d'un médecin stras-
bourgeois du xviii- siècle (1717-1789). — Ingold. A propos defl lettres
de Schœpllin (quelques lettres non comprises dans te recueil de Festerl.
= Mars-avril. G. Oberreiner. Les combats de Cernay pendant la
guerre de Trente ans. — Correspondance entre le duc d'Aiguillon et le
prince-coadjuleur Louis de Rohan, analysée par L. Ebrhard.
32. — Jahreshefte des est erre ichischen archœologiscben
Institutes in Wlen. T. IX, 1906, faBc. 1. — H. Sckenkel. Pour
1' « edictum Diocletiani > (fragment de Messénie). — 0. Cpwtz. Le
* collegium fabrum » à Aquilée (nouvelle lecture de Pais, Corp. inscr.
lai., Suppl. ital., 181). — Edgàb.. Ptolémée Pbilopator ou Hermès?
(sur un moule conservé au Caire : représente Hermès). — A. Sghulten.
Deux décrets de l'empereur Valens sur la province d'Asie (1° de 370
ou 371, adressé à Eutrope, intéressant pour l'état des îles Ioniennes;
2a de 372, sur les jeux provinciaux; éclaircit le rôle de r'Amipxin). —
W. Kobitbchek. Le roi Eritusirus (sur une monnaie celtique; peut-4tn
identique au roi celte Kpndsipo; de Strabon). — Fr. IIauser. Tettiï |sur
une ancienne manière de se coiffer). — E. Maass. Les Grecs dans la
Gaule méridionale (les Cretois y ont précédé les Phocéens; les Doriens
semblent y être venusl. = Supplément : A. BbOcknbr. Sur l'Athenaios
d'un Psephisma de Nation (en Ionie; il s'agit du frère d'Eumènès II
de Pergame). = Fasc. 2. R. Heberdeg. Sur le décret de l'empereur
Valens adressé â Eutrope (complément à l'article de Schulten au
fasc. 1). — P. Wolters. 'Apx«»Tpoi (dans les inscriptions médicales
d'Éphèse publiées au t. VIIIl. — E. Rormanns. Inscriptions sur bronze
de Lauriacum (droit municipal sous Caracalla). = Supplément :
R, Eooeb. La carrière publique de M. Nonius Macrinus Iproconsul
d'Asie en 170-171].— Petebsen. L'ancienne coiffure attique « Tettiï a.
33. — Mitteihmgen des Instituts fur usterreicliische Ge-
schlchtsrorschung. T. XXVII. 1900, fasc. 4. — Oswald Redljcb.
Problèmes liistorjco-géographiques. — V. Samanek. La situation cons-
tiiuin.rirn.-lle à Gènes de 1311 à 1313 (tin). — A, -H. Loebl. Contribu-
tion à l'histoire de l'administration centrale de l'Empire au déclin du
RECUEILS f KItMMQHES.
1N.1
•i. (le conseil aulique, le conseil prive, la chancellerie, les chambres
des finances, le personnel administratif). — W. Ebstbui. La dernière
maladie de l'empereur Sigismond (Sigismond mourut d'une gangrène
sénile, conséquence d'une artériosclérose). — F. -G. Wittichen. Addi-
tions à la bibliographie de Oenu (donnée par Kircbeiscn au fasc. 1 du
même vol.). = Comptes- rend as : Scholt. Die Publiiisiik zur Zeit Phi-
lipps des Schonen u. Buiiifaz' VIII. — ■ Programmes » des écoles
moyennes autrichiennes pour 1905. — Publications failes en Hante et
Basse- Au triche de 1902 ft 1904. — Lettre de M. Leni en réponse aux
BttiqnM laites à son • Napoléon i par M. Sehlitier, qui réplique. =
T. XXVIII, 1907, fasc. 1. Ph. Heck. U « Hantgemal . d'après le
manuscrit de Falkenslein et d'autres documents d'interprétation de
Homeyer repose sur une faute de lecture; le mol i Hantgemal ■ cor-
rr-pinul au mot allemand moderne € Ileimat »)• — R. Eiblir. La
légende de saint Domitien, duc de Carintliie (d'après un ms. du x«'«.;
étude critique de U légende qui a commence à prendre corps à la fin
do mi* s.). — A. Schulte el L. Wbngkh. Une donation de l'empereur
Frédéric I" a l'hospice de Septîmerpass (1186; étude juridique). —
V. S*manbk. Les fragments d'actes génois de la collection de Bernard
de Morcato, notaire caméral de l'empereur Henri VII. — G. Sovuer-
rELD-r. Sur l'écrit du roi Frédéric II relatif à l'organisation militaire en
Prusse. = Comptes- rendu s : C. Georg. Heitrage sur àlteren deutschen
Wirtschafts- u. Veriassungsgeschichto (important). — J. Schali. Die
Gedichle Oswalds v. Wolkenstein. — Starser. Die Konslituirung der
Ortsgeraeinden Nietlerôstcrreichs. — Analyse des périodiques de
l!nh.'-me, Moravie et Austro-Silésie, 1902-1904. = E. Maybb. Les
charte^ Dragonî (réponse à L.-M. Hartmann : voir t. XXVII, fasc. 2;
maintient l'authenticité de ces documents).
34. — Sz&zadok ttti Siècle). 190G, juin. — A. Ebdblyi. Le prince
Akos Barcsay (prince de Transylvanie, 1657-1661 ; retrace, d'après les
• Monumentacomitialia rogniTransylvaniae ■, la lutte de Ilarcsay contre
Georges II Hàkoczy, son arrivée au trône avec l'appui des Turcs, la
•édition de Kemeny et le meurtre de Barcsay. C'était un prince patriote
qui combattit plutôt avec les armes de l'esprit qu'avec l'epée. Protec-
teur des lettres et des arts, il tomba victime d'une publique qui vou-
lait sauver l'indépendance de la Transylvanie contre la Turquie et
contre l'Autriche. On pourrait le comparer à Martin uni). — L. Kbopf.
Contributions a l'histoire de l'ancienne musique hongroise (roelitie sur
plusieurs points une étude de Jean Gsiky sur le même sujet), sa
Comptes -rend us : J. Kfnyôkt. Les châteaux forts du moyen âge. —
.1, Eitrmiinn. Laxaius von Schwendi (a guerroyé en Hongrie de 1504 à
15'j7; l'auteur ne connaît pas bien ces campagnes). — Nécrologie :
Joseph Thury, 1801-1906 <a étudié surtout les relations entre les Turcs
et les Hongrois; philologue et historien distingue, il venait d'être
désigné comme successeur de M. Vàmbéry a l'Université de Budapest,
lorsque la mort est venue le frapper). — Répertoire historique slave. =
la
IMOIU rôniomotiBS.
Septembre. I. Bsm»énaY. Critique île l'objectivité dans les sciences
historiques. — D. Si*b6. Deux chartes de l'époque arpadienne (texte
et commentaire de ces deux chartes qui contiennent de» donations. La
première, datée de 1232. a été tuai éditée par Pejér, Codex diplomaticus,
III, 2, 402; la seconde, de l'année 1269, était inédite). = Comptes-
rendus ; //. Slarciali. Enchiridion fontium historiae Hungarorum
(nombreuses critiques de détail]. S Octobre. D. Cbânki. La ferme
du juge Kii su;/, à Bude (étude topographique des environs de Bude
d'après des documents inédits. Kuncz est le premier juge de Bude
que l'histoire mentionne en 1 300) . — L. Thallôczy et T. Gyôhy. La
maladie d'Eméric Thôkbly {le chef des Mécontents a souffert de la
goutte: les différentes phases de la maladie d'après ses journaux.
L'étude est due a la collaboration d'un historien et d'un médecin). =
Comptes-rendus ; S. Beissel. Die Aacbenfahrl (important pour
l'histoire des pèlerinages hongrois; critiques de détail). — M. Lendvai.
Les familles nobles du comîtat de Ternes; t. III (travail aerieuxl.
— A. Çmberka. Les armes à i'époque des Kouroucz |rien de nou-
veau). — D. Scarpetto. Giovanna I di Napoli (faible; pas au cou-
rant). — Varia. T. Gvo'av. L'origine d'Ignace Semmelweis, 1818-1865
(donne l'arbre généalogique du célèbre médecin hungrois qui a été le
précurseur de la méthode antiseptique. On vient de lui élever un monu-
ment à Budapest). = Novembre. M. Siffla y. Le statut de Baguse
(d'après la publication de Bogisié et Jirecek, Liber statularum cnilatu
Ragusii composilui anno 1272; édition princeps et excellente sous
tous rapports]. = Comptes-rendus : Morawski-Rongier. Histoire de
l'Université de Cracovie. Moyen âge et renaissance ; t. I-II1 (bon ; relève
les passages concernant les étudiants hongrois fort nombreux au
xv' siècle à l'Université polonaise). — Monographie du comital Alsô-
iehér |ce grand ouvrage, dû à la collaboration de plusieurs savants, fera
bien connaître l'histoire et l'ethnographie de ce coraitat habité par des
Hongrois, des Saxons et des Boumaius ; il faudra consulter surtout la
partie qui traite de la Bévolution de 1848-1849). — £. Jurkovich. Le
passé de Beraerczebinya |intéressaul). — 1. Itallô. La catastrophe de
Madefalu (7 janvier 1764; rien de nouveau). — Varia. B, Babanyai.
L'ouvrage de Mathias Bel, » De re rpslica Bungariae » (deux manus-
crits de cet ouvrage que l'on croyait perdu se trouvent à la bibliothèque
du Musée national de Budapest). zz Décembre. M. Bkthei-I'bikkkl. Le
Dieu des Hongrois; la foudre de Dieu (ces deux locutions, qu'on faisait
remonter à la plus ancienne époque païenne des Magyars, sont de date
plus récente. Elles doivent leur origine aux chroniqueurs qui, en qua-
lité de prêtres, les ont forgées d'après la Bible. Elles n'ont rien a voir
avec la mythologie magyare). — A. (j*rdonïi. Paul Gyulay de Abafâja
(trois nouveaux documents sur le conseiller de Sigismond Balhory.
prince de Transylvanie, datant de 1590 et de 1592). — B. Kuo-BEXtr.
Contribution a l'histoire des colonies allemandes dans le sud de la
Hongrie (publie quelques documents inédits sur le rôle j<M
BïCtEtLs r-éftiniuoiiP".
187
i Kempelen, 1734-180-1, dans cette colon Union). — A, Pô», Contri-
bution à la vie Je Paul JcgerndorC (supplénent i\ l'article du même
auteur, publié en 191)5, d'après les Monutnenti Valicana édité» en Hon-
grie et en fiohème). = Comptes-rendus i Appunyï et Kammertr. Chartes
do la Famille des comtes Apponyi ; t. I : IUMS86 (important; surtout
pour l'ancienne topographie magyare). — A- Jorga. Geschichte des
runiiinischen Volkrs [n'est pas digne de la collection de ÏAtlgtmeitu
Staattngtschichtt , c'est la haine et la suilisanca qui ont guidé l'auteur|.
— .S'. Wtber. Nou\elles contributions à l'histuire du comilat de Siopes
(études intéressantes sur l'art et la civilisation!. — J. Betsktl. Les che-
vaux des ancien? Magyars (étude intéressante de craniomélrie).
35. — Budapestl Szemle 1906, juiu. — P. Vav. Mauila (fragment
d'un Journal do voyage qui vient de paraître en allemand et en hon-
grois!. = Corn ptru- rend us : S. (icrgr.li/. Correspondance de Michel
nportkDt). — PauUen.ZurElbilt und Politik (analyse détaillèel.
— Comte lie lllibner. Neuf ans de souvenirs d'un ambassadeur d'Au-
triche à Paris sous le second Empire, 1851-1859; t. II (aualyse|. =
Juillet. H. Marc/au. La première œuvre de Sîêchenyi (c'est un sup-
plément inédit à son Journal, datant de 1H19 ; il est ici traduit en hon-
grois. Contient des renseignements précieux sur l'éducation du grand
homme d'État; ses rapports avec ses parents; sa carrière militaire et
ses idées touchant l'amouri. — J. Vaczv. Les lettres de Transylvanie
de Kazinczy (ces lettres datent de 1817, mais elles n'ont paru qu'après
la mort de Kazinczy ; histoire de la composition et valeur de l'œuvre),
=: Compte-rendu : E. Horn. François RtkMEj II, prince de Transyl-
vanie {pour le grand public). = Septembre. M. Kamiàn. L'organisation
de l'enseignement primaire en Hongrie et les lois récentes (suite en ocl.,
□ov. et déc. Étude de toutes les questions se rattachant à l'enseignement
primaire depuis la première loi organique de 1868 jusqu'au projet pré-
senté en lfrO-i par Rerieviczy). — Comptes-rendus : L. Siâdeciky. Le
Journal et les œuvres d'Etienne Halmàgyi [intéressant pour l'histoire de
la Transylvanie sous le règne de Marie-Thérèse et de Joseph II). —
J. Ssekfù. Contributions à la critique dus ouvrages de l'historien
É. Szamoskoxy (utile). = Novembre. J. Kautz. Nouveaux courants
dans le droit constitutionnel de l'Europe (analyse et critique des tra-
vaux de Seignohos, Jellioek, Feeman, Dicey et du savant hongrois
Conchai. — J. Fekete. La dépopulation (suite en décembre. D'après les
statistiques hongroises des dix dernières années ; détails intéressants sur
l'émigration ea Amérique!. = Compte-rendu : H. Bràiik. Grand atlas
na répond pas à toutes les exigences). =: Décembre. P. G vu lai.
do baron Slgistnond Kerneny Ipréfaced'unenoiivellr rdiiion
augmentée de ces éludes parues en 1870). — H. Huauri. Comment
on lal-ihi' l'histoire (contre l'assertion saugrenue du bourgm.^ire de
Vlenue <jui, au congrès des historiens, a prétendu que la Hongrie n'a
Jamais servi de n-mpart à l'Occident contre l'invasion des Turcs. Touto
l'histoire de la Hongrie doc xv», xvr» et xvn* siècles, les témoignage»
BICtTHILS rÉKIODIQOKS.
i de l'Europt sont là pour prouver que le fameux bourg-
■Mtn n'est qu'un calomiiateur).
3« — The Atheonnm. 1906, 20 oc t. — Sir G. S. King. Tbe auto-
biofjraphv and corresponience of William King, archbishop or Dublin
(inUroininl pour l'histoire île l'Eglise anglicane en Irlande, de Jacques II
à Georges II). — flerber. M. Vaughan. The last of tbe BtaarU (biogra-
phie superficie Ho du cardinal duc d'York, Henry IX). — Âbbi Gasquet.
Lord Aeton and bis circle (intéressant recueil de lettres). == il oct.
Tnnt+ridgt. Court beau lies of Old Whiiehall (intéressant). = 3 nov.
St**rl J. Heitt. Life and le tiers of the firsl earl of Durham (l'éditeur a
hit bon usage de précieux documents; mais il est singulièrement pro-
lixel. = 10 nov. Fitson ïoung. Christopber Columbus, and ihe New
World of his discoveries (bon récit, qui s'adresse non aux érudîts, mais
au grand public). = 17 nov. Fr. Paulstn. The germao universités and
univeraiiy study, irad. p. F. Thitly et W. Etwang (très instructif)- —
Cunttance, eountess De La Warr. A iwice crowned queen : Aune of
Brittany (consciencieux). — W. M. Hamsay. Studies in the history and
■ri of the easlern provinces of the roman empire (excellent; beaucoup
il» faits nouveaux ei d'idées). = 24 nov. Le quatrième centenaire de
Bmp lluchanan à Glasgow (nov. 1906). = 8 déc. The Cambridge
hiitory. Vol. IV : the Thirty yoars war (fort intéressant; il y
a d'assw grandes disproportions entre les différentes parties de celte
a-livre collective). — A queen of indiscrétions : the tragedy of Caro-
■ mswick, Iranslaled by Frédéric Çhapman from the italian of
Oratiano Paolo Clenci (ouvrage intéressant, neuf pour certaines par-
lies, contestable sur beaucoup de points qui méritent d'ailleurs une
tdtfqu approfondie; le traducteur ajoute une introduction où il refait
la vie excentrique et encore assez mystérieuse de la reine Caroline). SE
15 déc. W. Page. Victoria county historiés : Somerset, Dovon, Cora-
wall (beaux et bons volumes). — 22 déc. Ch. G- Harper. The old inus
of Old Eugland (intéressant). — F. G. Burkitt. The Gospel history and
ils transmission (étude critique, ferme, compétente et respectueuse). =
•„".i déc. Oliver Etton. Frederick York Powell; a life and a sélection
from bis letters and occasional wrilings (1res intéressant). — Robert P.
Skinner. Abyssinia of to day; an acconnt of the firsl mission sent by
ihe american Government to tbe court of the Kingof Kings, 1903-1904
(en somme, peu de nouveau). — /. H. Jeayts. Descriptive catalogue of
Derbyshire charters (utile, mais incomplet). = 1907, 5 janv. Corolla
numismatica; oumismatic essaya in honour of Barclay V. Head (très
intéressant volume de Mélanges composé en l'honneur de B. V. Head,
au moment où il prit sa retraite du département des médailles au Urit.
Mus,). = 12 janv. Herbert Paul. Queen Anne (bonne biographie pour
U grande collection Goupil). — A. Long. Homer and bit âge (fort inté-
ressant). = 19 janv. Ch. Oman. The hislory of England, 1377-1185
(récit très attachant; mais l'auteur B'est renlermé trop étroitement dans
HECTBILS miH.ii.in-.
48!
le cadre d'une histoire o politique »; betucoup d'erreurs de détail), —
J S- C. de Montmorency. Thomas à Kenpis; bis âge and book (excel-
lent). — //. N. Williams. Queen Marpn, wife of Henry of Navarre
(intéressant; suit de trop prés Merki trop d'erreurs de détail). =
26 janv. I. H. Ittrens. Tbe Digger moviment io tbe days of the Com-
mouweallh (étude très intéressante wr le mouvement communiste
inaugure, au printemps de 11149, par ierrard Winstanley et ses par-
tisans. Réprimé par les soldats de Faifiax, le mouvement avorta; mais
il est fort curieux à étudier). — S. etfl. Webb. Euglish local govern-
ment frum the Révolution tu tbe municipal corporations act : the
puitll ftod the county (remarquable. — Sdw. Ilutton. Sigismondo
l'anoullu Mulatesta, Lord of Rimini roman historique, ingénieux et
■avant, mais d'uo caractère incertab et plutôt fàcheuxj. = 9 févr.
Sir Waltcr Besant. IfodJnnl Londft. Vol. IL Ecclesiastical Ic'est
l'œuvre d'un amateur intelligent et tabile, mais qui ne connaissait pas
les sources). — //. Butler Ctarke. Nodern Spain, 1815-1898 (bon). =
16 févr. Letlers and journal s of &muel Gridlcy Howe during the
greck Révolution. Edited by bis daighter, Laura E. Richards (intéres-
sant). — J. Mac Crabe. Talleyrand (açréable à lire, mais superficiel). —
23 févr. E. II. Moorhouse. iNelson's jidy Hamilton (très bonne élude,
qui diminue avec raison l'influenc; exercée, selon la légende, par la
belle Emma sur l'amiral). — F. A. Gasquet. Parisb life m media?val
England (intéressant et fait direcement sur les sources originales;
c'est d'ailleurs surtout la vie religieuse qu'on nous décrit). — Sir Clé-
ments H. Markkam. Richard IU (pkidoyer ingénieux, inléressanl, mais
inconsistant, eu faveur de ce roi. = 3 mars. Sir (hem T. Burne.
Memories (l'auteur a été pendant de longues années le véritable chef
du ministère de l'Inde; ses ménoires, bien que fort discrets, nous
apprennent beaucoup sur l'Inde d' 1857 à 1880 environ). — J. Donald-
son. Womao ; ber position and infuence in Ancient Greece and Rome,
and among the early ebristians bon). — Victoria county historiés ;
Lincoln, t. II; Norfolk, t. II; torthampton, t. II. — N. W. Thomas.
Kinsbip organisations and group marriage in Australia (excellent), as
16 mars. Sir Th. Smith. De Etipuhlica Anglorum, éd. AUton (très
bonne édition). — H. G. D. Liveng. Records of Romsey abbey (très
bonne histoire d'une abbaye bênéiictine de femmes qui fut fondée en
907 et sécularisée en 1539). = 33 nars, llanotaux. Histoire de la France
contemporaine; vol. III (la présiienc du maréchal de MacMahon aat
racontée d'une manière imèressajte, à l'aide de documents parfois nou-
veaux; la partie la plus faible es celle qui concerne les affair..- .-it.'-
tfamw. Lie nombreuses négligmces qui sentent par trop le journa-
lisme!.
37. — The euglish hUto-teal Revlew. 1906, OCt. — F. M.
!, 'itdiniuixiraLiou de !» Nurm:indiu pnr les prince angevins;
I" art. — Maurice WiLkiseiw. Les guerres de religion dans le Péri
gord lulilise des pièces tirées «es archives municipales de Bergerac, la
490 EECUULS PÉRIODIQUES.
correspondance de la famille Vivans, de Gageac, qui va de 1578 à
1592, date de la mort de Gecffroi de Vivans, tué devant Villandraut.
Les Vivans étaient protestants. — E. J. Carlylr. Comités du Conseil
privé sous les premiers StuarU (tandis que, sous Elisabeth, l'adminis-
tration générale était concentrée entre les mains du Conseil privé com-
posé de douze membres au plis, il fallut, sous les premiers Stuarts,
établir des sections ou comités Ceux-ci cessèrent d'exister en 1640).
— C. Bbinkmann. Charles II e l'évéque de Munster dans la guerre
anglo-hollandaise de 1665-1664. — A. Ballabd. Les bourgeois du
Domesday. — Mary Bateson. Las bourgeois du Domesday et les rem-
parts de Malmesbury. — J. H. Vylib. La ville d'Orwell (il s'agit d'une
ville disparue dans le comté de taffblk). — À. M. Allen. La date dea
statuts donnés à Vérone par Abertino (maintient que ces statuts ont
été promulgués de 1260 à 1270; le ms. qui nous les a conservés a été
copié en 1276 ou 1277; plus tard, on remplaça certains feuillets brûlés
par d'autres, où se glissèrent des nterpolations). — James F. Villard.
Négociations d'Edouard Ier pour ibtenir de l'argent en 1337 (publie un
texte où sont énumérées les taxis consenties par certaines villes du
comté de Stafford). — Cora L. Scjfibld. Les mouvements du comte de
Warwick dans Tété de 1464 (d'après un compte de l'Échiquier publié
à la suite). — William Miller. Le duc fou de Naxos (Francesco III
Crispo n'a pas, comme le dit Hopf gouverné paisiblement son île jus-
qu'en 1518; les Diarii de Sanuto prouvent qu'il fut un fou homicide,
qu'il tua sa femme en 1510 et mm rut l'année suivante). — J. A. J.
Housden. La poste des marchands itrangers au xvie 6iècle (il y eut dis-
pute en 1568 pour la nomination le maître général des postes entre
Van den Putte, Belge protestant, e Godfrey Marshall, Anglais catho-
lique; le protestant finit par l'emp«rter, après une active intervention
de la part de Thomas Handoiph, naître des postes de la reine). —
C. H. Firth. Les instructions de Cnmwell au colonel Lockart en 1656
(lorsque le colonel fut envoyé en Irance pour négocier une alliance.
Ces instructions, inédites et sans cite, doivent être du mois d'avril).
= Comptes-rendus : G. Salvioli. Le capitalisme dans le monde
antique; étude sur l'économie romane, trad. p. A. Bonnet (trois cha-
pitres fort intéressants sur la produftion des biens, la production agri-
cole et le capitalisme; mais l'auteir ne connaît pas toujours exacte-
ment ses sources). — Hodgkin. The hstory of England from the earliest
times to the Norman Conquest (boi). -— F. Haverfield. The romanisa-
tion of roman Britain (excellent). — W. Stubbs. Lectures on early
english history (recueil intéressant, mais mal publié par M. Hassall,
qui n'a pas toujours bien lu les maïuscrits et qui ne donne aucune
indication sur l'époque où chacune deces leçons a été faite). — Yino-
gradoff. The growth of the manor (Ivre admirable de science et de
pénétration). — M. J. Bonn. Die ençlische Kolonisation in Ireland
(intéressant et important; mais l'idè de colonisation, prise surtout
dans le sens moderne, prédomine tropdans ce livre. Notables observa-
•c .■
beccrils PÉaioDiems.
l'.H
i de détail par R. Duulop). — Parow. OompotUl vicecoraitie (excel-
lente dissertation l. — Gatqwl. Henry III aud Oie clturch louvrage
consciencieux, trop terre à terre, et où les menues erreurs de fait sont
nombreuses). — T. &. Tout et tlilda Johnitone. State trials of the reign
of Edward I, 1369-1393 |P. W. Maitland suggère plusieurs corrections
4 ce texte difficile et par ailleurs bien publie). — C. Pijnacker Hordijk.
VVlllelmi, capellani m tirederode, postca monachi et procuratohs
K^mondeimis. ehronieon [bonne édition; la chronique de Guillaume
d'Egmont comprend deux parties : la première, de 1206 û 1321, a été
composée en 1322; elle est Tuile en partie de seconde main, surtout à
l'aide de Martin de Troppau; la seconde partie, 1333-1S33, est une
source capitale pour l'histoire de la Flnndrel. — Edward, stcond duke
o( York. The master of game, publ. p. F. Ilaiilie-Grohman (livre sur la
chasse par le second duc d'York, qui fut maître des chasses royales
soua Henri IV, 111)6; il a été compilé entre 1406 et 1413, mais n'est
guère en somme qu'une traduction du Livre dt citasse de liastou Plia—
loi-. L'éditeur a fait de ce texte le centre d'une histoire complète de la
. Angleterre au moyen âge). — G. Unwin. Industriel organi-
sation in the xvi u. xvn centuries (fort intéressant). — Martin À. S-
Hume. Calendar of letters, despatches and slate papers relating to the
on! between England and Spain.Vol. VIII, 1545-1546 (il faut
se délier de l'annotation, souvent défectueuse!. — William Fotter. The
il John Jourdain, 1608-1617, describing bis expériences in
Arabia, Imita, and the Malay arcbipelago. — W. I. JfotÛatM BfiDt-
l»ud and the Union, 16tf.i-l"47 (intéressant). — Calendar of patent
rollt of Edward IH, 1348-1350. — Ualendar ol close rollsol' Edward 111,
■ - Calendar of p;ttenl rolls or Richard II, I3>JI-I396. =
V. J Wehb. Lit prétendue circuninuvigatiou de l'Afrique
par les Phéniciens, considérée par rapport à la théorie de l'Ophir sud-
aJncai» (le récit d'Hérodote, IV, i2, est inadmissible; si on le tenait
, ce serait un argument contre l'hypothèse d'après laquelle
ït les anciens princes sémites liraient l'or de l'Afrique méri-
le|. — F. M. Powicke. La Normandie gouvernée par les princes
■vins (suite et fin; important). — W. Moir Dnvca. Le voyage de
Marie Sluarl en France en I54N (fait pour lu première fois le récit exact
et circonstancié de ce voyage à l'aide des lettres adressées à la reine,
Marie Smart, pnr M, de Breié, que Heuri II avait chargé
d'accompagner lu jeune reine. Ces lettres étaient inédites; elles sont à
in binllotbtqng dis avocats à Édimbourgl. — Miss Louise P. BaQWX.
Le» facteurs religieux dans le Parlement qui rappela Charles II (prouve
■ -Intérims n'eurent jamais une majorité bien évidente dans
ce ■ Parlement-Conveatioo ■). — H. L. l'ootE. Mary Uateson (article
nécrologique]. — P. H. Oabino. La i Maltosse ■ a la bataille de Has-
tlnga. — W. H, BtwntBOM. Description du ■ Uomesday Look > par un
contemporain (elle se trouve dans une dissertation sur la théorie chro-
nologique de Marianus Scotus par Robert Losinga, évoque de Uere-
192
rÉRIOMQUES.
ford. L'auteur atteste que le D. B. a Lien élé composé en 1086. Ce
[«lit traita de Robert a élé connu de Guillaume de Malmesbury, qui,
pftl CM Intermédiaire, apprit à connaître In chronique de Marianus
Hcolus. Publie des notes annatisliques tirées de l'un îles deux manuscrits
do Hobert de Losinga). — H. \\". G. Davis. Une vie inédite d'Edmond
rtfol] [eolUlïOBxte la vie il'E. Rich par le moine de Pontigny avec une
.i'ii:v ! ilai'tion que contient un ms. de Balliol Collège, à Oxford;
publie les passages qui se trouvent seulement dans celle-ci. Du rapport
des deux rédactions entre elles). — E. C. Louqe. La baronnie de Cas-
tolntii en Médoc pendant le moyen âge (d'après deux anciens inven-
taire» des litres de celte baronnie; élude sur la condition des terres et
de» personnes dans cette baronnie, surtout au xv' el au xvr siècle). —
[1. C. Fowlbb. De la valeur des déclarations faites en justice sur l'âge
d'un plaideur (ce» déclarations ne peuvent pas être considérées comme
vi nilii|ues; on voit dans des enquêtes relatives à des personnes très
différentes des témoins rappelant des faits identiques pour attester la
sincérité de leur témoignage ; il y avait des formules courantes que l'on
utilisait pour ce genre de déclarations). — C. L. Falkiner. William
iïanier et ses Cbroniqucs d'Irlande de 1594 à 1613 (de ces chroniques,
ou ue connaissait encore que des fragments pour tes années 1612-16(5.
L'auteur était un ami, un confident de Sir Arthur Chichesier, • Im-d
député » d'Irlande en 1613-16141. — G. F. Wàbnbr. Une brochure
politique inédite de Daniel De Foe (d'après un manuscrit non signé,
mais qui est de la propre main de De Foe; il est adressé à Robert
Harley peu après que celui-ci eut été nommé secrétaire d'État, 18 mai
1704; De Foe y expose les maximes de gouvernement qui devaient ser-
vir à guider le nouveau ministre). = Comptes-rendus : M. Croitet.
Aristophane et les partis à Athènes (1res intéressant). — fr. Smith.
Die rOmische Tiraokralie (peu convaincant). — J. Brocha. Eteint
Jérôme et ses ennemis (important; l'auteur prend généralement avec
conviction le parti de saint Jérôme). — F. G. Davenpurt. The économie
development of aNorfolk manor, 1086-1565 lires bonne inouographiel.
— J. Mills. Calendar of the justiciary rolls of proceedings in Ihe Court of
ihe Jusiiciar of Ireland, 23-31 years of Edward L — Ch. Oman. The
great revolt of 1381 (les chiffres sur lesquels l'auteur raisonne ne sont
pas sûrs et laissent douter de l'exactitude de sa méthode. Article
important de J. Tail). — Briefe an Desiderius Erasmus von Rotter-
dam, herausgegeben von L S. En.ttiove.ri (publie une centaine de lettres
retrouvées à la bibliothèque municipale de Breslau). — H. K. Giay. A
history of english philantbropy (boni. — Ch, S. Terry. The scottish
parliaraent; ils constitution and procédure, 1603-1707 (clair et intéres-
sant résumé). — J. H. ûverton et Fred. Relton. The english ■ ■nnnU
from the accession of George I to ihe end of the xviuth ceotury (excel-
lent). — E. Schaumkcti. Geschichle derdeutschea Geschiehtschreibung
von der Mille des irai Jahrn. bis zur Romanlik. (bon chapitre de
l'histoire de 1* « Aufkuerung »).
UODOU rÉHioniQCES.
38. — The Nineteeoth century 1906, sept.
Yves Gci
. Le
pangermanisme. La Hollande et la Belgique. — RéT, C. V. Dubell.
Ijq renouveau religieux au tempe de la Renaissance {quelques pages
sur Savonarole). = Octobre. A. Vambbbï. Le panislamisme. —
Mrs. Charles Roundell. Extraits d'un journal tenu au château de
Dublin pendant le procès de Phœtin Park (notes prises par Mrs. Houti-
ded et par son mari qui, eo janvier et en février 1883, furent les hùles
de M. et M"" Trevelyaa au château de Dublin. Récit très minutieux
do ! 'assassinat de M. Th. Burke et de Lord Frederick Cavendish par
un groupe de conjurés affiliés à la société secrète dite les Invincibles, le
G mai 1882). — L. A. Atbehley Jombs. L'histoire du • Parti du tra-
vail t. = Novembre. W. Frewen Lohd. Des institutions qui, au Canada,
confèrent des grades universitaires. I, les provinces maritimes. — Slade
HuïLEii. Les mystères grecs et les évangiles (l'influence, de ces mys-
tères sur les écrits les plus anciens du christianisme a été plus grande
et plus profonde qu'on ne l'admet d'ordinaire. = Dec. Mn. Tbjbe.
\,n faîte de la duchesse d'Angouiéme pendant les Cent jours (extraits
d'un journal tenu par le père de Mrs. Tribo, pendant un séjour qu'il
fit a Bordeaux en avril 4615; l'auteur raconte comment il s'y prit pour
que la princesse pût quitter Bordeaux et s'embarquer à Pauillac sur un
bateau anglais et comment il l'accompagna ensuite jusqu'en Espagne).
— Ethelred Tacnton. Henri VIII et le procès intenté à la mémoire de
Thomas Becket (ce procès n'a jamais eu lieu. Une proclamation déclara
Itecket traître, plusieurs de ses reliques furent brûlées, mais il n'y eut
pas d'instance judiciaire ouverte, comme Lingard et Lord Campbell
l'ont cru). = 1907, janv. George Mac Cbae. L'évolution de l'Income-tax.
= J-'cvr. M. MultïïUff Barbie. La Chambre des lords défendue par un
démocrate. = Mars. Marcelle Azra Hihckë. La dame et les arts plas-
tiques en Grèce dans l'antiquité.
39. — The Scottlsh historlcal Rerlew. 1906. octobre. — His-
toire du roi d'Irlande et de ses deui fil* (légende populaire, en langue
gaélique, recueillie, puis traduite en anglais par feu le Rév. J. Gregorsou
OtlBpbâtl, de Tirée). — E. Maxtone Gbaiiam. Margaret Nairne; un
paquet de lettres jacobile» (publie quelques lettres allant de 1710 à
1740t. — Sir Herbert Maxwell. La Scalacronica de Sir Thomas Grsy ;
mite de cette traduction. — R. Menxîes Feuccssos. Les sorcières d'Aï-
loa (résume le procès qui leur fut intenté en mai I6Ô8. à la requéie du
Rév. Maihias Symson, ardent dénicheur de sorcières). — Win Im
Matbiesom. Le Parlement d'Ecosse, 1560-1707 imonire les bn
tiques et ecclésiastiques qui ont contribué à modeler ce Parlement, de
la Reforme à l'Union). — Edward Pwmngi-ox. Coups d'œil sur l'an-
. île paroisse en Ecosse. — A. II. Millau. Le registre des
baptêmes de l'èvèque Norie à Dundee, 1722-1726. = Comptes-rendus :
Sir James Batfour Paul. Account* of the Lord Higli Treasurer of Scot-
lind; vol. VI, 15:il-ir..lH. — P. ffunu llrown. The regisier of tbe l'rivy
Council of Hcotliiml ; vol. VI, 1035-1637. — llluitratod Catalogue of a
Rbv. Uistob. XCIV. 1» rue. 13
494 RECUEILS PERIODIQUES.
loan collection of portraits of english historical personnages who died
between 1714 and 1837, exhibited at the Exami nation schools, Oxford,
april-may 1906. — James Mackinnon. A history of modem liberty;
vol. II (excellent). — Sir Robert Anderson. Sidelights on the Home-rule
movement (intéressant). = Vol. IV, n° 14, janvier 1907. Hume Baoww.
L'union des parlements d'Angleterre et d'Ecosse en 1707 (des conditions
inéluctables qui poussèrent à l'union; des bienfaits de cette union, sur-
tout pour l'Ecosse). — L. Dimier. Les portraits de la reine Marie Stuart
(article auquel A. Lang a mis quelques notes. La question de l'authen-
ticité et de l'âge véritable des portraits de cette reine a peut-être fait
des progrès; mais que peut-on en conclure de certain sur sa ressem-
blance? Il importerait aussi de savoir quelle était la physionomie de la
reine et si on y pourrait trouver des indications sur son caractère). —
A. Francis Stuart. L'Ecosse et la Papauté durant le grand schisme.
— J. H. Stevenson. Un contrat de mutuelle amitié en 1745 (lettre de
réconciliation entre deux seigneurs loyalistes, le comte de Sutherland
et lord Reay). — Sir Herbert Maxwell. Le règne d'Edouard III raconté
dans la Scalacronica de sir Thomas Gray. = Comptes-rendus : AL Bugge.
Vikingerne. Billeder fra vore forfaedres liv; vol. I-II (important recueil
de faits et de documents). — Herbert M. Vaughan. The last of the royal
Stuarts : Henry Stuart, cardinal duke of York (consciencieux, mais
peu intéressant; c'est d'ailleurs plus la faute du cardinal que du bio-
graphe).— Ch. S. King. A great archbishop of Dublin, William King,
1650-1729 (bon).
40. — Transactions of the royal historical Society: Vol. XX,
1906. — H. F. Pelham. Un chapitre de l'histoire des frontières de l'em-
pire romain (de l'occupation militaire de la rive gauche du Rhin par
les Romains pendant les trois premiers siècles de notre ère. Avec une
carte montrant le < Limes romanus » dans ses divers déplacements et
les voies romaines). — Sir Harry Poland. La « dépêche rimée » de
Ganning à Sir Charles Bagot (donne le texte authentique de la dépèche
que Ganning, pour intriguer son ami Sir Charles, alors ambassadeur à
La Haye, rédigea en vers et expédia sous un chiffre dont Bagot n'avait
pas la clé. Canning y annonçait que le gouvernement anglais, après
avoir essayé vainement de conclure avec les Pays-Bas un traité de
commerce aux mêmes conditions qu'avec la France, augmentait de
20 pour 100 les droits sur les marchandises et les navires hollandais,
31 janvier 1826). — J. Holland Rose. Canning et l'avis secret du traité
de Tilsitt (en somme, on ignore toujours par quelle voie les Anglais
apprirent si vite les conditions secrètes du traité de Tilsitt. Canning
en était arrivé à croire que les Français voulaient mettre la main sur
la flotte danoise pour renforcer le blocus continental et, à la première
nouvelle d'une entente entre les deux empereurs, il voulut prévenir un
coup de main peut-être imaginaire, mais possible, par un coup de main
certain. Point n'est besoin, pour expliquer sa résolution, de supposer
qu'il eut des informations mystérieuses). — J. F. Chance. La politique
MtcDEïL* rutavwBB.
tu
Scandinave de George I" jusqu'en 1718. — Miss Violet BauuwfOH.
Le» origines de l'alliance anglo-portugaise (du tuf siècle â la lin du xv*|.
— Percy Athley. L'étude t!e l'histoire do xix» attela (regretti- l'indif-
férence du public anglais à L'égard de cette histoire, indique les sources
auxquelles il faut puiser H les piAcutiOBi afK lesquelles il convient
de les aborder |. — John Willcock. Sharp et la politique de la Res-
tauration en L'eusse; étude sur les rapports de l'Église et de l'Étal
(expose les influences qui amenèrent Charles II à décréter le rétablis-
début même de la Restaura-
tfiH R. n Eta». La révolta du eomlês en 1$69 (étudie d'après
les documents du P. Record OlUce ce soulèvement, au point de vue de
l'histoire locale).
41 . — Review of hlstorical publications relatlng to Canada.
1905.— I. Histoire générale : Biggar.'Tbt voyages oftbe Cabots (accorde
aux documents plus d'autorité qu'ils n'en méritent). — Bourne. Spaîn
iu America. — Utnnelt Mutin. Canada and Rritish North America
i ii le régime seigneurial au Canada, d'après les sources). —
Htuberi ThwaiUs. France in America (insu [lisant, étant données la répu-
tation et la valeur de l'auteur; néglige trop les questions d'administra-
tion coloniale pour s'attacher aux aventures des coureurs des bob;
ern-urs nombreuses), — Uuwson. The Saint- Lawrence Basin (inégal,
mais a fait justice de nombreuses erreurs). — Itrou-nt. The Baint-
Lawrence River (vulgarisation). — Dion ne. Charaplaiti {mal composé).
— Abbt Boudin. Jean Nicole» et le Canada de son temps, 1618*1642.
— Thwaitts. New voyagea to North America, by La Hoatau (excellente
-In texte anglais, préférable dans une certaine mesure au
texte français). — Société historique de Montréal. Campagne de 1755
(papiers et correspondance de Diaékan; utiles, mais publies saus notes
ai introduction). — Caigratn. Woll'e et Montcalm (ouvrage posthume,
très arriéré, do l'aveu mâme dos éditeurs). — humne. Les ecclésiastiques
et les royalistes français réfugiés au Canada, 1791-1802; Mm Texlor.
A Colony of émigrés iu Canada, 1798-1816 (ces deui ouvrages qui ao
! donnent l'histoire détaillée de l'émigration française au
Canada i. — Nina et Francù Ti/fany. Ilarm Jan Iluidekoper Ipapiera et
correspondance don Hollandais, émigré aux États-Unis en 1790, mort
en 1854. Curieux pour les mœurs el la politique du temps). — Çapt.
Mahnn. Sea Power In ils Relation to [lie warof 1812 (excellent; appuyé
sur lea documenta inédits; remarquablement Impartial). — Hunnay.
■ Lhe warof 18IÎ (réédition Beaucoup de ptaaionM d'ioeiae-
rai iirock ( relatif à la guerre du 1812). —
lAinlop. Reçu llect ions of lhe American War, 1312-IKU inurapresaion
i devenus très rares, presque Inconnus; détail* mr les
milices franco-canadiennes). — lyman. Commodore Pnrrj (très insuffi-
sant). — Col. ïoung. The Bat lie of lhe [a rAlo des
Kentuckien* dans la guerre de IMS). — Orrin Tiffany. The i
of tue United Suies to lhe Cauadiau Rébellion. — Lyalt. I '.
J96 ftBCUEILS PËBI0D1Q0BS.
the marquis of Dufferîn (attache trop d'importance au râle du gouver-
nement anglais dans les affaires canadiennes). — David. Laurier et son
temps (systématiquement élogieus). — Bulletin des recherches histo-
riques. = II. Histoire locale et provinciale : GrenftU. The Deep-Sea
FLsliermea; The Harvest of the Sea. — McGreath, Lumtitn, Prvwsc.Tra-
vaui divers (sur Terre-Neuve et le Labrador. Terre-Neuve a été visitée
et occupée par les Anglais beaucoup plus tôt qu'on ne croit générale-
ment, mais ils cachaient leurs entreprises pour esquiver les impots
dont on les eût accablés dans la métropole| , — Dagnaud. Le P. Sigogne.
— Raymond. Hisiory of the River Saim- John (bon). — Douglas. Québec
in the Seventeenlh Century (vulgarisation). — Cmgrain. La maison de
Borgia, le monument de Wolfe, le moulin de Dumont, la maison du
chien d'or. — Wurlele. Blockade of Québec in 1775-1776 (documents).
— Boy. Histoire de la seigneurie de Lauzon (t. IV et V; utile, mais
trop volumineux). — Suit:. Le haut Canada avant (015. — tiiggar. Sir
Oliver Mowat (biographie d'un premier ministre de l'Ontario, écrite
par son gendre). — liryce. Mackenzie, Selkirk, Simpson (terne). —
Dugai. Histoire véridique des faits qui ont préparé le mouvement dea
Métis à la Riviére-Rouge en 1869 (très utile; d'un témoin oculaire), —
Dum Benoit. Vie de Mgr Taché. = Rapport sur les archives du Canada,
!90i. — Dionnt. Inventaire chronologique des livres, brochures, jour-
naux publiés depuis l'établissement de l'imprimerie au Canada.
42. — The american historical Review. 1906, ociobre. —James
P. Baldwin. Le Conseil privé au temps de Richard II (article bien
informé). — W. B. Mosao. Les pouvoirs de l'intendant dans la Nou-
velle-France : étude sur la politique coloniale des Français (intéressant,
précis, bien informé). — J. Holland Rose. Canning et les patriotes
espagnols en I a 08 (les desseins de Canning ne furent pas inspirés par
des sentiments égoïstes; il favorisa les juntes provinciales parce qu'en
elles se concentra d'abord la résistance contre l'envahisseur, mais il
s'efforça d'en former une assemblée nationale}. — Frédéric L. Paxoh.
Le territoire de Colorado (constitué le 28 février 1861). — Wafter
F. Maccaleb. L'organisation du service postal dans les États confédérés.
:= Documents : Lettres de Jellerson à Marbois, 1781, 1783. — Journal
de John Mair, 1791. — Un projet de confédération latino-américaine en
1856 (documents provenant des Archives nationales de Cuba, où ils ont
été découverts par M. Luis M. Perez). — Lettre du général tirant à son
père, sur la prise de Vicksburg (6 juillet 1863). = Comptes -rend us :
Fr.A. Woodt. Mental and moral heredity in royalty; a statisiical study
in hisiory and paychology (intéressant). — Jean Guiraud. Questions
d'histoire et d'archéologie chrétienne (titre trompeur : il est peu ques-
tion d'archéologie; quant à l'histoire, i'auteur parait s'être proposé un
but d'édification plutôt que de critique). — (iotdtvin Smith. Irish hisiory
and the irish question (brillant résumé). — Hudson et Tingey. The
records of the cily of Norwich; vol. I (remarquable). — Magellan's
l'ÉBIOIltQOES.
m
tnd the world, by Antonio Pigufttta; original lext witb
translation, uotos and liiblio^rapby, by J. A. Robr.rUon (le texte repro-
duit pour la première foi* le ms. original conservé a Milan, avec toutes
ses particularités de graphie, d'abréviations, île ponctuations, etc. Les
notes sont utiles et pleines d'intérêt], — L. T. HobhouuelJ, L Hammnnd.
Lord ilobliouse (bonne étude sur un libéral de la vieille école). — Km tua
H. Hlair et J. A. Robertson. The Philippine Islands; vol. XXVIII-
WWIll (très importante compilation!. — Clydr. A. Dtmiway. Tlie
devclopment of l'reedom of the Press in Massachusetts (excellent!. —
Tbe présent state of the european seulement* on the Mltftlmlfrf, by
Captain Philip Pittman. wich introduction, notes and index by Fr. H.
Iloddcr (otile description de ces postes par un ingénieur qui tes visita
entre 1763 et 1770). — Eliot Pym Fordham. Personal narrative of tra-
vels in Virginia, Marylaud, Pennsylvania, Ohio, Iodiana, Keniurky,
and of a résidence in the Illinois terrilory, 1817-1818 ; edlted hy Fr. A .
Ogg. — Audubon's Western Journal, 18VJ-1850; with biographical
memoir hy his daughler Maria A. Audubon, introduction, notes and
index by Fr. //. Hodder. — De Al vu Stanianod Alexander. A political
history of the Btale of New York (ouvrage pour le grand public, d'ail-
leurs intéressant et instructif). — J. II. Dou'jtterUj. Tbe électoral Sys-
tem of the United States (l'auteur se propose de montrer les imperfec-
tions de ce système, surtout en ce qui concerne l'élection du président
et du vice- président. Remarquable!. — A. B. Hart, The american
cation; a hislory; vol. II : The federalist System, 1789-1801, byJ. Spen-
cer Bastttt (bon; rien de bien nouveau |. — td. Vol. XII : Tbe JcITer-
tonian System, 1801-1811, bv Edward Ghannifj (excellent). — Id.
Vol. XIII : The rise of american nationality, 1811-1819, hy K. Ch.
Babcock (remarquable). — Id. Vol. XIV : Rise'of tbe New West, 1819-
Prti. J. Turntr (bon). — Id. Jacksooian democracy, 1829-
1837, by William Mae Donald (c'est le meilleur résumé que l'on ait de
l'administration de Jackson). — Atonso Rothschild. Lincoln, master of
men (intéressant). — Colecciôn de libros y documentus referenteB a la
histiiria de America; vol. V-VI : ftelaciôn de los naofragios ycomen-
tarins de Alvar Nufiez Cabeza de Vaca, editeil by M. Strrano y Sam
(textes intéressants, avec un certain nombre de documents nouveaux).
— Suian M. Kingsbury. An introduction to the records of the Virginia
Company of Ixindon, 1619-1621 (fait avec beaucoup de soin). — Eccle-
siastical records if the State of New- York; vol. V-VI |se rapportent
aux années 1701-1810). — Archives of the State of New Jersey;
vol. XXV. — W. Ch. Pari, Journals of the Continental Congress, !774-
• B. BowtBnA. Tbt Hinîwipi territorial archives, vol. 1, 1898-
tS03. = Vol. XII, n» 2, janvier 1907. — 8. E. Baldwih. La religion
I même la clé do l'histoire (conférence). — P. Mantoux. Las
débat* du Parlement britannique résumés par des Français au ma* a,
(cet article est un remaniement, par l'auteur, de M .Volts sur les
Comptes-rendus des séances du Parltment anglais au JVlll* tiéele], —
498 EBCUBILS PfalODIQUBS.
Henry Vionaud. Preuve que Colomb naquit en 1451 ; un document
nouveau (découvert dans les archives notariales de Gênes et publié
par M. Assereto en 1904; il est du 25 août 1479 et atteste qu'à
cette date Colomb « est aetatis an nom m viginti septem vel circa •.
Rapproché d'un autre acte du 31 oct. 1470 où il est dit c major annis
decem novem », cet acte prouve que Colomb naquit en septembre ou
en octobre 1451. Du premier de ces actes enfin, il ressort manifeste-
ment que Colomb était à Lisbonne en juillet 1478). — Henry L. Jaabs.
L'affaire du Black Warrior (histoire d'un incident diplomatique qui se
produisit à la Havane en 1854). — De quelques ouvrages relatifs à la
guerre du Sud- Afrique, 1899-1902 (essai de bibliographie critique). =
Documents : 1° Lettres de Thomas Newe, de la Caroline du Sud,
1682; 2° Récit d'un voyage en Maryland, 1705-1706 (anonyme);
3° Lettres interceptées de Tories virginiens, 1775; 4° Lettre de John
Marshall à James Wilkinson, 1787 ; 5° Un procès en New Hampshire,
1791 (où l'on voit l'ingérence du pouvoir législatif de l'État dans une
affaire judiciaire). = Comptes-rendus : W. T. Arnold. Studies of roman
imperialism (intéressant). — J. Fr. Bahmer. Urkundenbuch der Reichs-
stadt Frankfurt. Nouv. édit. par Fried. Lau; tomes I-II, 794-1340. —
Colonel G. J. Hay. An epitomized history of the Militia (utile analyse
des statuts promulgués en Angleterre pour lever et organiser la < Force
constitutionnelle », de 1122 à 1902). — Al. Cartellieri. Philip II August,
Kônig von Frankreich; II, 1187-1191 (excellent). — H. Ch. Lea. A his-
tory of the Inquisition of Spain ; vol. II. — F. Pijper. Primitiae ponti-
ficiae. Theologorum Neerlandicorum disputationes contra Lutherum
inde ab anno 1519 usque ad a. 1526 promulgatae. — H. C. Wedder.
Balthazar Hûbmaier, the leader of the Anabaptists (très consciencieuse
étude). — W, Walker. John Calvin, the organiser of Reformed protes-
tantism, 1509-1564 (bonne compilation). — W. Jreland. The life of Sir
Henry Vane the Younger (insuffisant; l'auteur a négligé de trop nom-
breuses sources d'information). — A. von Ruville. William Pitt, Graf
von Chatham ; 3 vol. (excellent). — Fred. NieUen. The history of papacy
in the xixth Century, trad. p. A. J. Mason (exposé judicieux, mais
borné). — J. Foreman. The Philippine Islands (écrit par un homme qui
connaît fort bien le pays, mais qui en connaît mal l'histoire). —
G. Friederici. Skalpieren und œhnliche Kriegsgebneuche in Araerika
(excellent, avec une très bonne bibliographie). — Ch. Z. Lincoln. The
constitutional history of New York to the year 1905 (bon). — Fred.
S. Oliver. Alexander Hamilton; an essay on american Union (insuf-
fisant; l'auteur n'a su ni écrire une biographie ni approfondir un
moment de l'histoire constitutionnelle). — G. H. Hay nés. The élection
of senators (excellent). — Fr. G. Franklin. The législative history of
naturalization in the United States from the revolutionary warto 1861
(utile, mais incomplet). — H. Br. Fuller. The purchase of Florida; its
history and diplomacy (insuffisant). — - P. L. lîaworth. The Hayes-
Tilden disputed presidential élection of 1876 (l'auteur a puisé à toutes
riKiXEii.s rfoioDioncs.
f.v.<
i sources d'information possibles; il suit résumer les documenté avec
clarté; mais il est trop homme de parti : pour lui tu réj.uLilicaius ont
toujours raison ei les démocrates toujours tort|. — The vi'v;
BtphrnttiftW of Samuel de Champlain, 1604-1616, narraied bj blmaBlf,
trad. eu anglais p&rAnnUX. Ilaurnc— Tlie records of the Virginia Com-
pany of London. The court book, publ. p. S. llijra Kingfbury. — Jour-
nal* or tlie Bouse or Burgesses uf Virginia, 1770-1772, publ. p. J. P.
Kennedy,
43. — The Nation. 1906. 30 sept. — Coulton. From Saint Francis
lo Dante [excellent; l'auteur a traduit en anglais les passages^dc la Chro-
uinui- d'' Siilimbenc relatifs a saint François et. en général, à la vie
■ i monle de -mi lomps; il a illustré ces extraits en les rap-
prochant d'antres documents contemporains). = 57 sept. Daventiort.
The économie development of a Norfolk manor, 1086-156'» lires bonne
monographie). — The Wilderness eampaign, may-june 1864, Papors
of tlie military historien! Society of Massachusetts; vol. IX. = 1 oci.
i! recollections ofGeorge Washington , heing letters loTobias
Lear and others, between 1790 and 17'J9|Leur fut pendant seize ans secré-
taire de Washington. Avec ses lettres est publié aussi son Journal sur
les dernières années de Washington!. — Letters of George Washington
lo George and James Clinton {intéressant, en particulier pour la cam-
pagne de 1770). = 15 oct. Lucas. The Canadien war of IMS (remar-
quable). =25 oc t. Th. M. Lindsatj. A hislory of the Reformation: vol. I:
The Reformation in Gennany lexcellcnt), — Dt Aira Slanmuod AUxan-
itr. A political hisiory of the Slate of New-York (récit intéressant,
pu toujours assez critique). = l'i nov. Ch. E. Thuring. A hislory of
nicher éducation in America (plein de faits intéressants i. =z .'i pot.
Le 105" anniversaire de la Société d'histoire de New- York. — Les
archivée de l'histoire du Canada (analyse le rapport sur le* archives
canadiennes pour l'année 1905 i|ue vient de publie! !• nuuvel .irclii-
Donghty; ce rapport ne comprend pas moins de 3 volumes
a»ec des fac-similês|. — W. II. Scha/leld. Kngiish lilerature from the
1 ioturneet to Chaucer (excellent). ^ il dec. Mae Mcuttr. A his-
tory of ihe peopleoflhe United Statex; vol. VI, I«:)0-t815 ides défauts,
mail on n'a encore rien écrit de mieux sur l'histoire de B
années}. = ÎU déc. II. Bruce Fulier. The purchase of Florida, iu hislory
and diplomacy. 1776-1619 [Qicellent, bien écrit et impartial; la base
d'informations est trop étroite et l'auteur ne se meut pas loujonn avec
s dans les fils embrouillas de ta diplomatie européenne). — £. Sta-
1 '.(.I- ot Florence iidein d'erreurs et d'omi»sUms). = 57 dec.
■ iv uf Egypl fr.im the 'Mrliesl tim-« tOtbl IVr-iaii
. Aui:i'iii records of E^ypt (travail etiiiiidt-r.ïbli' ; .
toir* de l'ancienne Egypte qai ait et*, écrite en aagltk). — Eriw.
HtUton. Bigiimondo PandoUb Maiateua, lord ol Unniiii U'xcelleQt). —
If. F. Jolituan. Four centuries of the Panama canal (Irèa intéressant).
janv. F. W. MaiHanJ. The lila aud taten of Lotte SU-
200
BECtlBILS PEMODIQtiKS.
pben. — J. f. Rhodes. History of the United States; vol. VI- VIT (fin
rie cette histoire des Étals- Unis pendant le quart de siècle où elle fui
dominée par la question de l'esclavage et de sa suppression, 1850-1877).
— II. Th. Peck. Twenty years of the Republic, 1885-1905 (intéressant).
— W. Walker. John Calvin, the organiser of reformed proteslantism
(bonne compilation!. = 24 janv. G. P. Garriion. Westward exten-
sion, 1841-1850 (bon; l'auteur montre qu'il y a d'autres questions inté-
ressantes que celle de l'esclavage). — S. M. Kingsbury. The Records of
the Virginia Company of London; vol. I. 1619-1622 idocument véné-
rable, intéressant, bien publié, avec une fort utile bibliographie). =:
14 fèvr. Th. C. Smith. Parties and slavery, 1850-1859 (bon). =21 févr.
E. Samlersan. Great Brilain in Modem Africa (bon). — W. J. Ltyds.
The first annexation of the Transvaal (intéressant, mais l'auteur voit
trop en noir la politique anglaise à l'égard des Bocrs). = 7 mari-
M. Noffat. Queen Louisa of l'russia (bon). = 14 mars. G. S. Kimbalt.
Correspondes ce of William Pitt, wbeu secrelary of state, with colo-
nial governors in America (correspondance très intéressante; la pré-
face est maigre et les notes trop souvent insignifiantes). — Original
narratives o!' early american history (début d'un recueil qui compren-
dra 20 volumes; excellent).
44. — Nésç TÂ).ï)vc[Avr([j.ti)V (publié par Spyr. P. Lambros). T. Il, 1905,
nM 1-2. — Extraits d'Hérodote daus un manuscrit du monastère de
Saint-Denis du mont Alhos (ms. du un" siècle qui parait être la repro-
duction d'une collection d'extraits composée par ordre de Constantin
Porphyrogénètc). — Notes sur les inscriptions grecques antiques dans
les manuscrits du moyen ftgÊ et les collections manuscrites des savants
occidentaux (cf. t. I, n« 3-4). — Contributions à l'histoire du monas-
tère des Météores en Thessalie (publie la paraphrase en grec moderne,
composée en 1700, de la Vie, aujourd'hui perdue, de saint Alhanase,
fondateur de ce monastère au xiv» siècle; on y trouve des extraits du
Typicon des Météores écrit par saint Alhanase, voy. p. 77; documents
divers du xvi" siècle sur le monastère). — Description byzantine de sta-
tues (Vatic, Reg. Suec. 184, xvt* siècle. Neuf descriptions de statues
antiques). — Les poèmes de Christophoros de Mytilène et l'édition
d'Ed. Kurtz (extraits du cod. PMI. Gr. 216 de Vienne, volontairement
négligé par Kurtz ; défend l'attribution à Christophoros de la pièce sur
Georges Maniakès). — La coutume du machialisme chez les JIaiuoi.es
du moyen âge (barbarie dans laquelle étaient tombés les Maïnotes au
début du xva siècle; on voit reparaître chez eux les usages anciens de
la vendetta et du machialisme qui consiste à boire une coupe de vin
dans laquelle on a plongé les doigts d'un ennemi tué récemment), —
Chrysobulle inédit d'Alexis III Comnène, empereur de Trébtzonde
(1371; détails intéressants sur l'histoire de Trébizonde et de son aris-
tocratie très remuante). — Contrat de fondation d'une imprimerie
grecque à Florence en 1551. — Additions à la bibliographie néo-bellé-
■ ECfEILS PtiKIOMQCES.
201
ique. — Catalogue des manuscrits de la bibliothèque do la Chambre
à Athènes (suite dans tous les fosc. suivants!. = N° 3. Los fouilles au
Stade Panathénaîque et la stèle d'un orthographe (représente le scribe
Timocrate tenant à la main un codex de parchemin analogue à nos
livres actuels). — Deux inscriptions latines de la vallée de Tempe (l'un?
en l'honneur d'un empereur Jubianus = Jovien}. — Les noms de
Famille d'après la mère. — La Panagia de Vella près Voulgareli (église
d'Ëpin-, fondée, en IÏ81). — La prise de Tréhùomie et Venise (lettre
d'oc t. 1 161 au secrétaire vénitien de Hongrie. Le sénat y annonce que
des démarches sont tentées par lui auprès dti pape et du roi de France
pour l'organisation d'une croisade contre les Turcs). — Lee tachy-
graphes de Bessarion (d'après deui de ses lettres inédiles). — Les
accusations de Césarios Dapontes et de Pachome Rhoussanos contre
le? imprimeurs de Venise (dans les vers de Dapontes se trouve un
récit curieux où sont rassemblées Ips traditions populaires relatives a
Rneandifl do la bibliothèque de Constantinople par ordre de Léon l'Isau-
riea en 786). — Un codex purpureus de liturgies du monastère des
Taxiarques près d\l£gion (Arcadie, écrit en 1635; seul manuscrit connu
de papier teint en pourpre). = N» 4. Hymnes des dèmes en ftonnmi
de l'empereur Jean Conmèoc (témoignage précieux sur les idées poli-
tiques des Byzantins du xn* siècle). — L'émigration des Mainotes eu
Toscane au xvti* siècle (d'après les archives de Florence et de Venise).
— Les foriifications de l'isthme de Corinthe au moyen âge (élude inté-
ressante sur l'histoire de l'Hexamilion des Paléolognes d'après des
sources inédites et notamment la correspondance de Manuel avec
Venise). — Mélanges : Le chrysobulle d'Isaac Coiunèue au sujet des
élections ecclésiastiques. = T. III, 1906, n> I. Mémoire du cardinal
Bessarion adressé à Constantin Paleologue (écrit vers 1411), s'est ins-
piré de mémoires de Gémisle Plèthon adressés au despote Théodore et
a l'empereur Manuel, 13S8-I407, et qui renferment le même programme
politique et économique). — Prière à Dieu de Georges Amiroulm de
Trchizimde. — Acte d'excommunication du patriarche Pachome II
notre Arsène. Apostulis (créé evèque de Monembasia par Léon X). —
Meletios, archevêque d'Athènes, archéologue et épi graphiste. — Tradi-
tions populaires de Djouraerca. =i N* i. La Vie de saint Nicon le
Nnlanoile (intéressante pour l'histoire du Péloponéie au xa siècle ; connue
seulement jusqu'ici par une traduction latine publiée dans Martène et
Durand, AmpKit. Coll., VIj. — Les images de Constantin (XI1| Paleo-
logue (aux bulles d'or déjà connues, Larabro» ajoute une miniature
d'un manuscrit de Modène qui parait être uu portrait et deux dessins
curieux, de la fin du xvi* siècle, dus au Cretois Klonlzas). = Mélanges :
Description inedile de Constantinople (écrite peu avant 1453).
45 — VlB&utlJald Vremennik iByiantln» Chronicm T. XI,
1964, u"* 1-8, — M. fûuBgciKiKOF. Sur les manuscrits des « Extraits
202 RECUEILS PERIODIQUES.
des Ambassades • de Constantin Porphyrogénète. — G. Ilihski. A pro-
pos de l'histoire de l'alphabet slave. — Koulakowski. Recherches sur
le nom et l'histoire du thème d'Opsikion (doit son origine au cantonne*
ment en Asie Mineure d'une partie des troupes de la garde, domestid
et protectores qui formaient la suite impériale, obsequium. Cette affecta-
tion d'une partie de l'Asie Mineure aux gardes du corps est probable
dès la fin du ive siècle, certaine depuis Justin ien. L'origine du thème
explique aussi le titre spécial de comte que porte son chef). — Véis.
Inscriptions byzantines de Gortyne. — Papadembtriou. Le mariage de
la princesse russe Dovrodea, fille de Mathislav, avec le prince impérial
Alexis Comnène (fils de Jean Comnène). — Sacharov. Recherches sur
le texte de Spanéas. = Comptes-rendus : Heisenberg. Analecta (manus-
crits italiens de chronographes byzantins). — Jireéek. Les Romains
dans les villes de Dalmatie au moyen âge. — Kaluzniacki. Œuvres du
patriarche bulgare Euthymius (1375-1393). — Cluguet. Bibliothèque
hagiographique orientale. — Staerck. Le rite baptismal dans l'église
gréco-russe. = Mélanges : Palmieri. L'abbaye de Grottaferrata et son
neuvième centenaire. ■= Supplément : Louis Petit. Typicon de Gré-
goire Pacourianos pour le monastère de Pétritzos (Backovo) en Bulga-
rie (publication d'une copie du texte original d après un manuscrit du
séminaire de l'État roumain à Bucarest. Introduction historique sur
Grégoire Pacourianos, prince géorgien devenu domestique des scholes
d'Occident sous Alexis Comnène). = N" 3 et 4. L. Petit. Documents
inédits sur le concile de 1166 et ses derniers adversaires (épisode
curieux des luttes théologiques en Orient au xn* siècle). — M. Kras-
8ENNIKOP. Sur les manuscrits des c Extraits des ambassades • de Cons-
tantin Porphyrogénète (suite). — Redin. La croix du Golgotha dans les
manuscrits illustrés de Cosmas Indicopleustes. — Vasileiev. Agapios,
historien arabe du x* siècle. = Comptes-rendus : Pantchenko. La pro-
priété foncière dans l'empire byzantin (enlève le v6jio; yiwpyixk: aux
empereurs iconoclastes pour le faire remonter au vne siècle). — Krum-
bâcher. Romanos et Kyriakos. — Kurtz. Les poésies de Christophores de
Mitylène. — Heisenberg. Études sur Georges Akropolités. = Mélanges :
Staerk. La xeipofeffitt comme matière de l'onction dans l'ancienne église
orientale. = Supplément : Benesevitz. Notices sur les manuscrits
canoniques trouvés à Vatopédi dans la laure de saint Athanase l'Atho-
nite. = T. XII, 1905, n°* 1-4. Marr. Arkaoun, nom mongol des chré-
tiens, contribution à l'histoire des Arméniens chai cédoni tes. — Kurtz.
Deux œuvres inédites de Constantin Mariasses (un morceau sur la
chasse et un discours à Manuel Comnène). — Io. Trois écrits synodaux
de Nicolas Mesaritis, métropolitain d'Éphèse. — Redin. Le portrait de
Cosmas Indicopleustes dans les manuscrits russes. — Papadopoulos-
Kerameus. Contribution à l'histoire de Trébizonde (Théodore Gabras,
duc de Trébizonde, à la fin du xie siècle, et martyre ; synaxaire d' Atha-
nase, archevêque de Trébizonde au xir9 siècle; Basile, métropolite de
Trébizonde sous Constantin VII; catalogue des métropolites de Trébi-
.$,
becceils rs'nioniQCES. 203
tonde). — V*sileiev. L'origine de l'empereur Basile la Macédonien
(descendait d'une famille arménienne établie en Macedoiuo). — Loim-
»bv. Discours de Dorothée, métropolite de Mitvlène |sur l'attaque <li-s
Turcs contre Constantinoi'le en juin 1-151). — Ciiavaiiu. H&Ungee ni
l'ile dp avilie (forteresse des chevaliers de Rhodes). = Corn pies-rendus :
laoïtrski el Chaehanov. Nomocunon de Jean le Jeûueur. — Gerland.
Nouvelles sources pour l'histoire de l'archevêché latin de Palras. —
Sokotov. h 'église de Constantinople au m' siècle. — Butter et Strsy
gouitki. Une chronique universelle d'Alexandrin avec miniatures sur
papyrus. = Mélanges : Chabiaras. La mort de Oignis (chant popu-
laire de Syme). — Pauidmi, La Société archéologique d'Athènes. —
BmBTSEViTcn. Décrets du patriarche Alexis, 1027, et du patriarche
Michel Cérulaire. — Vailhï. Chronique byzantine de Palestine. — P**-
WRU. Le centenaire et l'exposition de G rot ta (errata. ss Supplément :
Prit el Reosl Actes de l'Albos. III. Actes d'Ësphigménou.
46. — Riviata storlca italiana > série, t. V, fasc. 3, 1906, juill.-
sept. — A. D'Ancona. La poc-sia popolare italiana; studi ; 2* éd. —
L. Capelelti. Principcsse c grandi dame (brillants « essais ■). — B. Catvi.
BQtilogfafia générale di Roma; I : Bibliografia di Roma medietaje
(déiestablei. — t. Fischctti. Pompei prima dell' eruzione e dopo gli
eenvi (guide|. — Fr. Schaub. Der Kampf gegen den Zinswucher, unge-
rechtfn Preis u. unlautern Handel im Mittelalter von Karl den t'.rou-
sen bis Papst Alexander III (exposé très clair). — B. Gutschow.
lnnucenz und England (consciencieux, mais on peu monotone). —
G. Fornartie. Staluta vêlera civitatis Aquis ; ediz. critica (excellent!. —
■ni. I Carainosi e la loro signoria in Trevîso dal 1283 al 1312
[tOMMlleat). — fi. Piranesi, Le case degli Alighieri (la maison où
naquit Dante n'est pas celle sur laquelle lord Vernou fit apposer une
plaque), — y.-A. Hilio. Francesco Petrarca alla corle angioina (rien de
- même au courant!. — G. Degli A:si. Il lumulto del 1488 in
Perugia e la politica di Lorenzo il Magnilico (explique les causes du
tumulte). — //. Vignaud. Élude critique sur la vie de Colomb avant ses
découvertes (très approfondi, mais plein de parti pris contre Chris lo plie
Colomb et d'idées préconçues). — A. Stgre. La qtteslioue Sabauda e
gli awenimeiiii politlci e militari cbe prepararono la Lregua di Vau-
celles. — S. Hrambitla. Ludovico Conzaga di Nevers (d'après les
le Man(oufl). — A. Ûiatnnt. Il forte di Poèmes [important
pour l'hisluire de In Valteline aux xm'-ivii* t.). — fi. Imberl. I.a vlia
florentins nel eeiceuto seconde memurie sincrone, 1644-1 670. — G. Sal-
rtmim. La rivoluïWtM francese, lïHtf-PI'J:! (discutable, mais fortement
pensé). — V. Uaii Nell' Ottoceoio. Edee e figure del secolo m [si-ne
d'essais à propos d'ouvrages récents). — N. TrwaneUi. Ia battaglia del
Monte, 30 gcniiaio 183Ï. — C. Pariêtt. L'entrata dell' esorcito pieniou-
prêt l"s mémuires inédits de Fabio).
r.[||[iiMi.;l I-. ET RI
CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
France. — Paul Gviiaud4 est mort à Paris le 25 février dernier.
De tous les élèves de Fusiel de Coulanges, aucun ne s'est plus que lut
rapproché du inaitre*. Dans le choix des sujets d'étude, dans la manière
» I ■ ■ les traiter, jusque dans le style, tout rappelait chez Guiraud les
leçons et l'ciemple deFustel. — C'est à des travau* d'histoire ancienne
qu'il a surtout consacré sa vie, et, comme l'auteur de ta CM antique,
il n'a point voulu séparer la connaissance de Rome de celle de la Grèce;
et, comme lui, ce qu'il préférait du passé, c'étaient les recherches sur
les institutions, sur le droit, la religion, la propriété et le gouverne-
ment. — Deux pensées surtout le préoccupaient, et ce furent, il y a
trente ans, les pensées souveraines des œuvres de Fusiel de Coulanges :
l'une, que les lois ou les usages politiques sont intimement mêlés & la
vie religieuse des peuples anciens, qu'elle les détermine ou les encadre :
et cela n'est nulle part plus visible, chez Guiraud, que dans son
livre sur les assemblées provinciales de l'empire romain3; l'autre, que
l'organisation sociale des nations dépend du régime delà propriété : et
cela apparaît surtout dans son histoire de la propriété en Grèce', le
plus gros de ses ouvrages et, à tout prendre, son chef-d'œuvre *. — 8a
manière de travailler était très simple et très droite : il lisait les textes,
les classait, cherchait à les comprendre, les rapprochait et écrivait
là-dessus. Il concluait clairement et fermement, n'ajoutait rien aux
prémisses que lui fournissaient les auteurs. Avant tout, il fut un phi-
lologue, d'esprit critique, d'humeur patiente et sage, — Le style rap-
pelle sa façon de chercher : un grand souci de la composition, point
d'èpilhètes inutiles, nulle redondance, jamais d'intervention person-
nelle, des phrases courtes, des tours très simples, une netteté surpre-
nante, mais aucune monotonie. Et, dès sa thèse de doctorat», il avait
I. Il était oé le 15 janvier 1850.
1. Il a écrit sur Fusiel de Coulanges un beiiQ livre, simple, complet et ému,
Paris, in-12, 1897; sa dernière ooottnoM publique (a l'École des Hautes-
Études sociales, en décembre 1906) a été sur Fusiel.
3. Les AssemMvex prneinritilif* ilnns l'empire romain. Paris, 1887, in-8".
4. La Propriété foncière en Grèce jusqu'à la conquête romain», Paris, 1900,
in-v; .i i-(im|>l'''ti'r |mr lu ilinu-il'n-nrii- itnhislrn-lli ■■■
Paris, 1900, in-8'.
5, On revoit cette préoccupation dans le dernier volume qui nil paru de son
vivant, Ltudes économiques sur ïiiatii/uité. Paris, 1905, in- 13; cf. Ilev. kist.,
mars 1907, p. 325.
6, te Différend entre César et le Sénat. Paris, 1379, in-8-.
CBBOlîQflB ET Hl
205
déjà acquis celle maîtrise d'esprit et de langue qui se rattachait à un
tempérament de volonté ferme et d'équilibre réfléchi. Tool cela El de
tous ses volumes des modèles d'exposition objective, calme, mesurée,
limpide et sagace. Et je ne croîs pas que, depuis la Cité antique et la
Gaule romaine, nul ne suit allé plus loin que Guiraud dans l'intelli-
gence du monde classique.
Dans les dernières années de sa trop courte vie, une évolution se
marquait en lui, où se complétait sa noble intelligence. Les découvertes
et les collections archéologiques l'intéressaient chaque jour davantage,
et il se rendait compte qu'un bas-relief, par exemple, peut valoir autant
qu'un texte. Il s'occupait de plus en plus des faits eux-mêmes, guerres
inuB, et on en verra la preuve dans la dernière édilion de son
excellent manuel d'Histoire romaine'. Entin, il suivait avec passion
(et ses conversations de chaque jour le montraient à ses amis) les
études de sociologie comparée, il rendait hommage aux résultais nou-
veaux qu'elles apportent, et quelques-uns des derniers comptes-rendus
qu'il donna à la Revue critique attestent l'éveil continu de sa curiosité
vers tes questions de race, de toi, de milieu, d'organisme social, de
tempérament natiunal. El l'on eût retrouvé l'indice de ses mille
recherches dans le livre qu'il préparait sur l'histoire de la propriété
romaine1. — Il est mort bien avant d'avoir achevé ce livre. Cette mort
a été pour la science une perte infiniment plus grande que la presse
ordinaire ne l'a senti, Guiraud disparu, c'est une glorieuse page de l'éru-
dition française qui se ferme, et c'est une force de notre Université qui
t'en va. Car il était bien une force pour le haut enseignement du pays,
non pas seulement par les leçons que recevaient ses élèves et l'exemple
qu'jl leur donnait, mais encore par la probité de son travail, la fran-
chise de sa pensée et de sa parole, ses colères contre tout ce qui était
flatterie, réclame, bassesse et complaisance. Camille Jullum.
— M™* la marquise Abconati Visconti a donné à l'Université de
Paris, en mémoire de son père, Alphonse Peyrat, uoe rente annuelle
de 1 ,000 francs pour la fondation d'un prix triennal en faveur du meil-
leur ouvrage en français qui aura été publié dans les trois dernières
années sur l'histoire de la France moderne et contemporaine. Ce prix
sera décerné par un jury composé de quatre professeurs de l'Univer-
*([>• de l'arts, d'un délégué de l'École des hautes études et de délé-
gués des Sociétés d'histoire moderne, de l'Histoire de la Révolution et
ri.- l'Histoire de la Révolution de iri. Il sera décerné pour la première
fois eu janvier 1908.
— L'Académie des inscriptions et liell es-lettre» a attribué la plus
grosse part du prix bordin (études grecques et latines) a M. Paul Mon-
t. Pari», Alcan, 1903, in-13 (édition coi» pi M* me ut remaniée),
3. Un très court chapitre en « paru dans 1s Revue îles Études I
1904, p. 131 et ni*, [ta Propriété ,
206 CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
ceaui pour son ouvrage V Afrique romaine. Elle a partagé lé prix Sain-
tour entre MM. Homo, Bssai sur le règne de l'empereur Aurélien; Mer-
lin, VAventin dans V antiquité; Audollbnt, De/lxionum tabellae, et
Bourguet, l'Administration financière du sanctuaire pythique au IV9 s.
av. J.-C. — Elle a attribué le prix Estrade-Delcros à M. Joseph Halbvy
pour l'ensemble de ses travaux.
— Le 45e Congrès des Sociétés savantes de Paris et des départements
s'est tenu à Montpellier du mardi 2 au vendredi 5 avril. On trouvera
dans le Journal officiel des 5, 6 et 7 avril un résumé des communica-
tions qui y ont été présentées. Les plus importantes, parmi celles qui
intéressent les études historiques, sont les suivantes : Section d'histoire :
Morbl. Les calendriers perpétuels en usage dans les diocèses de Beau-
vais, Noyon, Senlis aux xuie-xvie s. — Requin. L'emprisonnement de
Laugier-Sapor, évéque de Gap, d'après des pièces de procédure iné-
dites (1426). — H. Hauser. La Cronique du roy François /«*, 1515-1542
(œuvre d'un habitant de Sens, qui écrivait après 1535; sans intérêt
pour l'histoire générale). — Sabarthès. Les origines de l'abbaye de
Saint-Chinian (Hérault). — Arnaud d'àonel. Étude sur les possessions de
l'abbaye de Saint- Victor de Marseille dans le bas Languedoc. — Labande.
Chartes de fondation du prieuré de l'abbaye de Montmajour à Estou-
blon (utiles pour l'histoire de Montmajour). — L. André. Les mss. de
la reine Christine à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Mont-
pellier (papiers et lettres de Christine). — Chaillan. Le commerce des
draps en Languedoc. — R. Faoe. H. de La Tour d'Auvergne, vicomte
de Turenne (bibliophile, père de Turenne). — Ph. Queyron. La gava-
cherie de Monségur. — E. Clouzot. Utilité des recherches de mété-
réologie rétrospective; méthode à suivre. — L. Guiraud. Le procès de
Guillaume Pellicier, évéque de Montpellier. — Goquelle. Relation
inédite de la sédition de Montpellier (29 juin-3 juillet 1645) par l'inten-
dant de Languedoc. — P. Gachon. Note sur les modes de représenta-
tion et de députation aux États de Languedoc du xvie s. à la fin du
xviie s. (origine féodale et coutumière du droit de représentation). —
P. Coquellb. La mission d'Alquier en Suède (1810-1811; rupture de
Napoléon avec la Suède). — J.-B. Lavialle. L'épuration de l'armée
sous la Restauration, d'après une correspondance inédite. — L. Tho-
mas. Note sur la population du bas Languedoc à la fin du xme s. et au
commencement du xiv« (d'après les enquêtes et estimations faites en
vue d' « asseoir » sur les terres du domaine roval les rentes concédées
par le roi). — Bazeille. Les billets de confiance dans le département
de l'Orne (1791-93). — J. Béranqer. La société patriotique de Rouen
(1791-93) et les billets de confiance. — Granier. La société populaire
de Marsiilargues. — G. Fleury. Les administrations municipales de
canton dans l'ancien district de Mamers (jusqu'au 18 brumaire). —
Vialles. Cambacérès (biographie complète). — P. d'Arbois de Jubain-
ville. Les registres des bureaux de contrôle de l'ancien régime, aux
Archives de la Meuse. — A. Vast. Le voyage de Louis XVI à
CBHOIflQCE BT MltLIilf.ll.tr II1K.
207
Varennos (dépenses occasionnées par ce voyage). — De l'Bbtoilb et
E. Dsssat. Les origines des armées révoluiiuiuiaires et impériales dans
- Section de gfograyhit historique et descriptive : A. l'iw-
uiwski. Lee transformation» du littoral français : le XUuotKttîi WH-
rnncbe iai Beilee-d'Otoom». — J. Fouamen. Les dlSAnndi
entre le Languedoc ei la Provence au sujet île la propriété du cours du
Itlioue (ducuuieuis des xic-xvur a. importants pour la géographie his-
tonqop}. — II. UonuiKii, Le consulat de France à Canton au xviii» s.
— Mu.ni'.i.i i . L'Ile Oùnchia de la carte d'Andréa Bianco et la pré-
riqiM par les Portugais avant Christophe
Oolonlfa [l'Ile Ulincliiii est une lie fanl.iijtiqne). — Milavuli.i 8 iurr.es
de la mappemonde hydrographique de Wahlsecmûllcr |I5I6) eu ce qui
1 \.rn|iii:. — A, Cutmoni. Géographie hietorique et des-
criptive tle la Sologne. — Stction des sciences économique! et tuciales ;
Bueer-Bosw » a il Lee cahJara do la sénéchaussée de Nimes en 1789.
— P. MuuM!t. La vente des biens nationaux à Aubagne |Bouehes-du-
«I Luens n'unt guère été moreeiés|. — J. Bmuflak. BoquMa
sur la Banque royale de Law dans l'élection de Bordeanx. — P. Boyb.
Les eaui et forêts en Lorraine un ivin' siècle. — Ë. Dt ville. La crise
iiiouéuire au xvin* s. (projets soumis à l'Assemblée nationale en 1 78e.*-
!7ir2pour remédier à l'insuilisauce de la monnaie de bîllou). — - J, Cua-
vtsON. Une grève d'avocats sous Henri IV |1602). — J. Adheh. His-
é> "Ih centrale de TouloUM de 1796 ■ l'an XII. — F. Fbandou.
l5W-iW3(. — !.. Blaiï. Notes sur les collège? de
a archidiocéso d'Arles il la veille de la dévolution.
— Par kfrflti en date du H février, M. A. Arum a clé nommé
président de la Commission supérieure des Archives nationales, commu-
nales et hospitalière*, en remplacement de M. Albert SorH, décède.
— :Sur l'initiative 'le M. Piéton, mmisire des Affain-s étrangères,
une commission vient d'Ûlre institué* pour préparer Ih publication d'un
recueil de documents dfnioffiitiqiiM relatifs à ht guerre de 1870. Celle
commission, présidé'1 par M. Deluaa-Moaiftud, chef île la division
des archives du ministère des Affaires étrangères, est composée de
MM. Joseph Retnaeb, A. Aulnrd, Emile Bourgeois, L. Farges et
G. Mande!
— Au cours de l'année dernière, il a été institué au ministère de U
' Comité technique des archives, présidé par M, le général
Zinimer, sous-chef de l'Etat- major général de l'armée, qui comprend,
outre les représentants des Ml la chef de la section
' , M. lu commandant L)e*briêre, et un délégué du ministre
"jition publique, M. Camille Ifloch, inspecteur généra! des
archives. Ce comité vient de proposer au ministre de la Guerre, qui
les a approuvées, d'excellentes mesures qui favoriseront le travail des
historien- ' d'après la France militaire du
1907 : • Beiei des desiderata de la Commission exirapa rie me maire det
208 CMMOUQCl ET lIlUOClAPni.
archives instituée au ministère de l'Instruction pubbque, le ministre
de la Guerre Tient de compléter par de nouvelle* disposiboas tes règles
concernant la commonication aux chercheurs et aux historiens des
documents antérieurs à 1848 intéressant l'histoire et déposés dans les
diverses archiTes militaires, soit à Paris, soit en proTince. A l'admi-
nistration centrale, un grand nombre de documents du plus haut inté-
rêt, qui étaient jusqu'alors dispersés dans les diTers services, Tont être
versés à la section historique de l'ÉUt-major de l'année, où ils pour-
ront être consultés dans les formes ordinaires. De plus, il a été établi
un inventaire des archiTes des sections techniques de l'artillerie et
du génie; les personnes désireuses d'en prendre connaissance et de
consulter les archiTes dont il s'agit y seront admises en faisant passer
leur demande d'autorisation par l'intermédiaire du général sous-chef
d'État-major de l'armée. La section historique de l'ÉUt-major de l'ar-
mée mettra également à la disposition des mêmes personnes les inven-
taires des archiTes des corps d'armée et gouvernements militaires qui
contiennent de nombreux documents de la plus haute valeur. Copie
de ces inventaires sera d'ailleurs déposée aux archives départemen-
tales, et la communication des pièces sera autorisée par les généraux
commandant les corps d'armée. On pourra enfin consulter à la sec-
tion historique de l'ÉUt-major de l'armée les catalogues des affaires
de la justice militaire terminées, antérieures à 1814. Certaines de ces
affaires présentent un réel intérêt historique, et les généraux comman-
dant les corps d'armée pourront en autoriser la communication, sous
réserve des précautions nécessaires pour sauvegarder les intérêts des
familles. »
— La Direction des Archives a entrepris un État sommaire des papiers
de la période révolutionnaire conservés dans les archives départementales.
D'après le cadre de classement de 1874, ces papiers sont distribués
dans la série L (administrations du département, des districts et des
cantons) et dans la série Q (domaines nationaux). C'est de la série L
seulement que s'occupe le présent État. On y trouvera deux choses :
d'abord les registres dans lesquels ont été consignés les procès-ver-
baux des diverses assemblées administratives qui se succédèrent à la
tête des départements, des districts et des cantons de la France; ensuite,
une masse plus ou moins considérable de dossiers contenant, par
exemple, les arrêtés des représentants du peuple en mission, les papiers
relatifs aux élections, aux émigrés, aux subsistances, aux levées de
troupes, à l'exercice du culte, etc.; d'un côté ce qu'on a dit, de l'autre
ce qu'on a fait. Ce ne fut pas un mince travail que de coordonner les
informations fournies par l'archiviste de chacun de nos quatre-vingt-
six départements; si résumé qu'il soit, cet État sera un précieux guide
pour les historiens de la Révolution en province. Il sera complet en
deux volumes. Le tome I contient l'état des départements de Ain à
Loire-Inférieure ; une table générale se trouvera à la fin du tome II.
<-ilr,n\li.il i: ET
— M. fleuri Ohont a fait tirer à part son article sur les flbwwtlN
UfHMHotU du rfr:fNtf(p>nrn( <fc* ittanuicrilt [à la Bibliothèque nationale],
pendant Us années 19Ô5-1906 (I^ruui, 1907, 80 pages), cet inventaire
sommaire est élirait de la Bibliothèque tic l'École des chartes, année 1907,
p. 3-71; mail l'auteur y a joint une liste des catalogues du département
des manuscrits a la Bibliothèque nationale.
— M. Charles Skiûnobos. qui a pris une part des plus actives à la
réforme récente des programmes historiques de notre enseignement
secondaire, expose m> idées à cet égard dans une très intéressante
brochure intitulée : l'Histoire dans l'enseignent ni secondaire, qui sert
d'introductioo à son Cours d'histoire [Paris, A. Colin, l!)t)fl, in-16, 55 p.,
non mis dans le cummerce>. Il insiste avec raison sur l'utilité de l'his-
toire pour la formation intellectuelle de l'enfant : l'histoire peut et doit
devenir un des meilleurs moyens de développer chez, l'eu Tant les facul-
tés d'analyse et de comparaison, en même temps qu'elle éveillera en
lui les idées d'enchaînement et d'êvulution. M. 8. donne d'excellentes
indications sur le choix des devoirs d'histoire. I, II.
— L'edilmn que M. Ph. Lauer a donnée des Annales de Ftodoard dans
la Collection de testes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire
|fasc. 30. Paris, A. Picard et Sis, 1906, in-8°, T.rvin-307 p.| mérite
mieux que la simple mention qui en a été faite dans le dernier bulletin
des publications relatives au moyen âge français (l. XC1I1. p. 94). Un
ce possédait jusqu'ici de ce texte essentiel que des éditions vieillies et
pour lesquelles une partie seulement des manuscrits avait été utilisée :
la dernière en date, celle de Pertz, était depuis longtemps reconnue
insuffisante. Celle de M. Lauer, qui repose sur un classement judicieux
de* sept manuscrits connus, accompagnée de notes historiques abon-
dantes el d'un index tris développe, comble donc une lacune impor-
tante. Elle est précédée d'une introduction où la biographie de Flo-
doard est retracée avec précision. On y trouvera, en outre, d'intéressantes
considérations sur les manuscrits des Annales, transportés successive-
ment de Reims a Dijon, puis en Normandie. M. Lauer, qui a repris, il
; a quelques années, à son compte l'hypothèse suivant laquelle les
Annula u.ius seraient parvenues incomplètes du début et auraient pri-
niliwxtent débuté en 893, maintient ici sa théorie, tout on reconnais-
sant par ailleurs, non sans se contredire quelque peu, que la numéro-
tation grecque, qui était le seul argument nouveau qu'il eût versé au
débat, ne pouvait rien prouver. Nous craignons aussi qu'il n'ait mal
saisi |p. lu) la portée d'une note de notre Recueil d'annales angevines
et xend>'>moit«t où nous disions que les Annales dites dt Renaxul et les
Annales de VendAme, qui indiquent NUI l'année 917, d'après une source
commune perdue, le début de l'œuvre de Flodoard, ne pouv
invoquées a l'appui d'une théorie qui suppose des Annules débutant en
893. Les courtes annales rédigées dans les églises et les monastères de
l'Anjou et du Yeodijmois étant d'ordinaire datées seulement au moyen
Rbv. Histos. XCIV. 1" r*sc. H
210
CHKO.IIQDE ET BIBLIOGKIPHII.
de. signes de renvoi qui les rattachent à dé* années cotées d'avance sur
les calendriers en marge desquels elle* août écrites, une erreur de deux
ans n'a rien de surprenant; une erreur de vingt-six ans est inexpli-
cable. L'archidiacre Renaud, auteur présume des annales perdues de
Saint- Maurice d'Angers, avait donc, croyons-nous, sous les yeux
un manuscrit [mutilé ou non) de Plodoard débutant, comme les manus-
crits actuels, à l'an 919. Mais ce sont là des points secondaires qui
monlreul seulement combien sont délicates et complexes toutes lei
questions qui se rattachent à la critique des sources. L. H.
— Vous ne saviez sans doute pas, même après les études de
H. Lefranc, pourquoi Rabelais, moine défroqué, avait ■ goûté à l'Évan-
gile * et s'était ensuite dégoûté du calvinisme? M. le D' Biset- Sa mo lé,
qui ne lit point la /férue des Études rabelaisiennes, mais qui a t établi
l'observation p h y s io- psychologique » de maître Alcofriba». vous l'ap-
prendra doctorale m eut, et vous révélera les horrifiques mystères de la
suggestion religieuse [Us Lois psychophysiologiques du développement des
religions. L'évolution religieuse chei Rabelais, Pascal et Racine. I vol. de
la Bibliothèque de l'École de psychologie. Maioine, 1907, in-18, 400 p.).
Vous verrez chez lui (et c'est un plaisir que je craindrais de déflorer
en l'analysant) ce que sont les triangles, doubles triangles, trapèzes et
rectangles de suggestion religieuse {il y a des figures), sans parler des
< hiéropyncrotèmes ». Il ne vous laissera pas ignorer qu'en 1620
■ l'Église catholique était... beaucoup plus puissante qu'elle ne l'est
aujourd'hui », que Pascal était lié avec « un nommé Auzoult », —
dont il me semble qu'il est assez question dans les articles de
M. Mathieu, — ni que Pascal eut des hallucinations. Vous regretterez
que t les idées religieuses, semées » chez Pascal, » véritables agents
morbides >, l'aient empêché de « déployer l'incomparable talent d'écri-
vain que révèlent... leB Provinciales », Et, si d'aventure vous avez la
faiblesse de croire que les = néfastes » idées religieuses ne furent pas
étrangères à la composition des Provinciales, c'est que vous n'entendez
rien à la psycho- physiologie. Si l'ancien élève de Port-Royal est, après
Phèdre, devenu dévot, sachez que c'est là t un bel exemple de l'action
à longue échéance des suggestions religieuses ». Apitoyez-vons avec
M. Binet sur le sort infortuné de M»" Racine : ■ Gomme beaucoup de
dégénérés, elle mourut subitement, le 15 novembre 1732 • ..., à quatre-
vingts ans! Me direz-vous que vous accepteriez, à ce prix, la dégéné-
rescence? C'est que vous ne savez pas, comme M. Binet-Sanglé,
parler savamment de Christoforo Colombo, de Plinius, de Gatenus, de
lienedîctus de Nursia, de Gérard Praet fils, que les Barbares nomment
Érasme, et de Ieschou bèn-Iossef, que les bonnes femmes appellent
Jésus. Car, apprenez-le, hommes de peu de foi, t la traduction des
noms propres est irrationnelle. Elle a l'inconvénient de jeter le doute
sur la nationalité des hommes et la situation des lieux >. Et voilà
pourquoi M. Binet-Sanglé, dans l'espoir que • son exemple sera suivi »,
nous emmène à « Venezia ■ et même , ce qui est original , à
CHIOVIQLTE !.T UIBI.IOlilUPf
211
■ Tttrloo ». Irei-vou» encore, après avoir appris que la suggestion
religieuse a pour causes la surémotivite, la suramativite, la surcraiti-
tivilé et autreB surperlicoquentieuses fariboles, irez-vous indiscrèle-
meiit demander pourquoi ces dégénérés Curent parfois de grands
hommes? Voici comme l'on vous répondra : « Si Biaise Pascal, mathé-
maticien et physicien de premier ordre, si Arnauld l'avocat et Jean
Domat, juristes avertis, si Pierre Nicole, érudit émisent, si Etienne
Pascal , administrateur habile , si Jean Racine et Louis Racine,
poètes de valeur (.tic pour Jean Racine!), purent être des dévots, c'est
qu'Us demeurèrent fermas aux phénomènes psychologiques et sociolo-
giques qui fournissent l'eiplication rationnelle de la genèse et du
développement des religions. ■ Les pauvres! ils n'ont pas connu les
trapèzes et les doubles triangles !
— M. FnriuiKit Srnowsti ne les connaît pas davantage. Il se con-
lofil du sentiment religieux en France au XVII* siècle. Pascal ri
txm temps. I» partie : De Montaigne à Pascal. Pion, 1907, iu-18, S8G p.)
d'analyser avec finesse le réveil du stoïcisme chez Montaigne et les
pmnian traducteurs d'ftpictète, chez du Vair et Juste I.ipse. En face
du courant stoïcien, il voit couler le courant libertin, si véhémente-
ment dénonce par le P. Garasse, et il nous conte les aventures peu
ralliantes de ce pauvre diable, — mauvais diable, — de Vanini. Il
montre comment du libertinage de mœurs sort le libertinage d'esprit,
c'est-à-dire ces idées hardies, laïques et libératrices, qui trouveront
dans la Sagesse de Charron quelques-unes de leurs plus parfaites
expressions. Contre ces ■ débordements > philosophiques en dessinent
le» multiples réactions religieuses, celle de Vincent de Paul, celle des
Jésuites, celle de Port-Royal. De cette crise capitale dans l'histoire de
la conscleuce française, le témoin essentiel sera Pascal, en qui nous
retrouverons du Oeacartes (M. Mathieu dirait : trop de Descartes) et
du Gassendi, de l'Èpictète et du Montaigne II. I1R.
— Avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de prendre
pour un livre d'histoire un ouvrage revêtu du iVihil obstat, de 1' • impri-
matur > et d'une 4 protestation ■ dans laquelle l'auteur accepte
d'avance > le jugement de l'Église a l'autorité de laquelle il est pleine-
ment soumis ». Le Vtnêrable Père Eudes \i601-iG8O), de M. Henri Joli
(coll. tes Saints. V. Lecoffre, 1907, in-206 p.l.est une hagiographie qui
échappe à la critique. Contentons-nous de dire que » les spoliations et
l'exil des prolestants > y sont considères comme une conséquence do
• la dissolution de la Compagnie du Saint-Sacrement »; sans doute
qne les [deux conTrères se seraient opposés a la révocation. — M. Joly
dit que, parmi les <euvree de la Compagnie, M. Allier aurait dû eiWr
i 1m nyudicala jaunes » ; mais c'est ce que M. Allier n'a pas manqué
de faire. H. Illt
Et. Jlïtîss a publié de nouveaux extraits des Ménmn
du Strasbourg' 'oîk Jean Éverard Zetaner. I^ec deux précédentes bro-
înnOSIQCE ET BIBLIOGRAPDIE.
chures extraites du même manuscrit èlaienl intitulées : Idylle norvé-
gienne d'un jeune négociant ttrasbourgeois et Londres el V Angleterre en
1700. Celle-ci noue conduit à Lyon et en Espagne et est intitulée : Un
voyage d'affaires en Espagne en 17Î8 (Strasbourg, Noiriel, 67 p.|. Elle
offre un intérêt pittoresque, peut-être supérieur aux précédentes, tant
par les renseignements fournis par Zetzner sur la vie privée, les mœurs
et l'Inquisition espagnoles que par le très curieux récit des difficul-
tés et des périls avec lesquels il fut aux prises sur la Méditerranée,
infestée par les pirates barbaresques. Mais, ce qui est peut-être plus
intéressant encore, c'est le détail de? affaires commerciales qui ame-
nèrent Zetzner à Lyon et en Espagne pour tacher de rentrer dans une
partie des créances qu'il avait sur un banquier h.inquerouiier : le Lyon-
nais Rotmund, Un économiste qui dépuuillerait complètement les
Mémoires de Zetzner y trouverait certainement de précieux renseigne-
ments sur la banque, les affaires de change et en général sur le com-
merce. Il y constaterait qu'au xviii" siècle la contrebande n'avait aux
yeux des hommes les plus scrupuleux que le caractère d'une opération
commerciale comportant de plus grands risques que les autres. Ces
Mémoires montrent au vif l'état d'effroyable insécurité du commerce
et des routes de terre et de mer. En France môme, on ne voyageait pas
sans la quasi -certitude d'attaques de brigands. G. M.
— M. Amédée de Caix db Saint-Atmoub vient de publier sur Julien
Girard de ftialU |1906, in-81*, non mis dans le commerce) une notice
qui est un modèle de simplicité élégante et de précision émue. On sait
tous les services que Girard de Rialle a rendus à l'histoire et aux histo-
riens comme chef de la division de» archives du ministère des Affaires
étrangères; ce qu'on savait moins bien, et ce que M. de Caix nous rap-
pelle, c'est la part très importante prise par Girard de Rialle aux
études d'histoire religieuse, de linguistique et de littérature populaire.
Si l'administration ne l'avait enlevé trop lot à la science, — à laquelle,
du reste, elle l'a ramené ensuite, — Girard de Rialle aurait marqué sa
place au tout premier rang dans ce genre de travaux. Cela valait les
pages charmantes et bien informées que lui a consacrées M. de Caix.
Ceux qui ont connu, — c'est-à-dire apprécie el aime Girard de Rialle,
— ne seront pas moins heureux d'y retrouver l'homme à côté du
savant, car chez lui la bienveillance et la délicatesse égalaient l'intelli-
gence et le savoir. L. Fasses.
Publications nohvbi.lbs. — Inventaires. — belunsnes el Final. Inventaire
sommaire des iiri'Ji. dip. du .Nord; ivrit II : Cliambrr tirs comptes de Lille,
t. 1, ï' partie. Lille, impr. Danel, in-4\ v-561 p. — Guigne, lnveot. soiuin.
des arch. départ. Rfaiinr: série K, su|iplriuml, t. II. Lyon, Georg, in-i", Wl p.
Documents. — Archives historiques do départ, de la r.îrondi-. 1. XLI. Pub,
Picard, in-V, xixi-409 p. — S. de Boislislr. Mémoriaux du Conseil de 1661,
t. IL Paris, Laurens, in-8*, 401 p. (Soc. hist. de France). — S. Casaku.
Mémoires du général Bennigaen (1806-1807). Paris, Laviuietle, ï vol. in-8-,
i/xxxvu-333 ol x-368p. — P. Champion. Cronique Marliniane. édition rrili.rue
i:iihomoi:e kt Kttiï.ioc.K.PiiiE.
2)3
iTooe Interpolation originale pour le règne du Charles VII restituée i Jean Le
Clerc. Paris, Champion, in-8", i.xm-133 p. — L. de Contrition. Mémoire* 'tu
cnmle de Souvignj, I. I (1G13-1G3S). Paris, Henouard, in -S-, 37,1 p. (Soc. Liai.
- II. C'nn-lfiiult. Le Litre des syndics dea États de Itéarn ; 2' |iar-
i Lampion. in-8", vm-234 p. (Arcb. hi»t. île la Gascogne). — F. et
J Halp!ii-n. Journal Inédil il'AmsuM il Audilly (1627). Pari», Champion, in-8',
88 p. — G. Luvrrnt. Cihieri il'- ètAtMOM |»>iir Im Etals généraux de ITS'.'t;
t. i bailliage de ChtiooMnr-lIuM. ftpemaj, Impr. VUlan, in-8-, ixxu-
Doe. sur l'hltt, éron. de la Uévol.). — !.. l'in>/nud. Correspondance M
Leeoi et de Grégoire (1801-181"!). Besançon, impr. Doditers, in-8", 125 p.
Bmortl i.knkiuli;. — J. Boulrriifrr. Sous Loti is-Plii lippe ; le* Dam [y».
Paris, Ollendorf, in-8*. ii-43f>p. — A. Bourgvcl. Études sur la politique éiran-
',;■■;■■ <ln ilt: île i.'lioiscul. Pari*, PloB, in-8'. iV-242 p. — E. Daudet. Histoire
lu l'i'mi.iiit l.i Révolution française, L III. l'iris, Poussielgue, in-8",
SU p. — /'A. Gannnrd. Le* origines de In légende napoléonienne. Paria, Cal-
mann-Léty, in-8*. — 0. Wnnofnu-r. Histoire de la France contemporaine (187!-
lenee de Mac-Mahon ; la constitution de 1875. Paris, Soc.
i U Goalemp., in-8*, 737 p. — /. Ilanscn. Aïolussadc a Paria du baron de
■foli-mlirim (1884-1898). Pari», Flammarion, in-16, xn-203 p. — M. tlrrbetU.
l'or ambassade |>ersane sous Louis XIV. Paris, Perrin, in-8', 401 p. — 0. Mur-
■•■■ ■|ire extérieure et coloniale de la France de Loiii* XIV A Napoléon
■ .piences jusqu'à nos juurs. Levai lois-Perret, l'auteur, in-lo. tXBr
i ttrijnitutt. La F ruine mua ie second Empire. Paris, Messein, în-18,
Ï18 p. — J. d ih sri. Éludes sur l'année 1813; la défection de la Prusse. Paris.
Pion, in-S*, x-444 p. — HiSTOina égosobjucb. //, Folk. LM privili hgt
rie aous l'ancien régime. Paris, rtousse.au, in-8". ui-191 |i. — A. Picnrd. Le
bilan d'an siècle (180I-I90OJ, t. V. Paris, Le Soudier. in-8-, 474 p. — Hhtoirie
■iLlQlEimx. Du Bourg. Monseigneur Du bourg, évéque de Limoges (1751-1822).
Paris, Prrrin, in-8'. 475 p. — L'Eglise de France prnitunt ht IL-mliitinti ifr
1793. Limoges, impr. Rippe, in-8". 2% p. — l.'Fpiscopat françui» Mf*dl h
Concordat Jttiqn'i la Séparation (1802-1905). Paria, libr. des Saint- i'
xii-720 p. — E. Mrtwjenoî. Dictionnaire de théologie catholique, fase. 21.
Paria, Lelouzej. in-H-, col. -JG1 a 1280. — Histcuhe hil.i k\m-.. I r. il. Le»
nnraJjites contre l'armée (1815-182(1). Paris, Chapelol, 2 toI. in-8*, x-406 et
«--397 p. — U. Coutonreau et c. dr tji Jonquiére. La campagne de 1794 a
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Pari». Pion, in-ir,, n-496 p. - ï. lUcard. 1870; la parte de l'Alsace. Pari»,
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Chaiieiul, in-8% xv-513 p. — Id. et t. Jouait. L artillerie française au
Paria, Bsrger-Lcnuilt, in-8", ISS p. — BtoounaM. H. Bntsv
Le duc dr Nriimurs, Paris, Émile-Paul, ln-8". — (7. LenMrt. Les (ils de Pbi-
lipl-e-Egalité pendant la Terreur, l'aris, l'errin, in-lt;, Jim p,
I paOVINOULI «T LOUI.I. — P. B'irr LM initilutiou» municipal'»
de Moulin- sous l'ancien régime. Paris, Larose, in-H", 51 1 p. — /' A
La* origines de lAuim [éwÉnili Ai t.\on , l'Aumonc la-aponlH île |fi)l ci
■ .le l' Aumône permanente, 'i'rcioui, impr Jeiiinin, in-8% 40 p. —
Denmu. Uialoire de la guerre de Vendée, t. 11. Angers, Sirandcau, in-8'.
2U
CBIOSK-CÎ ET (flLlOClifBII.
- C- lntt>lantlty. UoBOgrapriie luttoriqw do rillage de Génirouri-Mir-
Hr-nr Bar-le-Doc, rapr. Co-at-u-t-Lagorrrr, in-8-, 178 p. — J. Palk. >oles
cfanerioa-kpj-at m les délibérai ion» ranmeipale* (1739-1906) de la ville de
Vienne fUérrj VltWM, Ogerrl. in-*", T7 p. — P. «V Ftmtoinr de Htsbtcq.
Ciuase. (H*«Ic-Vmmm^ t'ne («âge d biiloirr. Roch«houajl, impr, Dta-iantcT,
in-M\ 103 p. — O. François. Elude bUloriiror et •rcbroloeiquf' sur le Mont-
Aiiné. CUIons-Mr- Marne, impr. de 1* • Union républicaine », in-8-, rv-!!9 p.
— H. Ceorçe. H'utoire dn village de Linijr en MVocmais. Paris, Dumoulin,
In-8-, vt-W5 p. — C. Hoffmann L'Alsace «a mn- siècle, t. 1U. In-8-, 544 p.
i HiW de U Renie de l'Ai**», XI.) — S. Ïïurault. La cathédrale de Chalons
el ion clergé à la fin do nu* aiècle. ChAlons-tur-Marne, impr. Martin, in-S-.
Tui-IOG p. — E. Lmarrhanil. Le château royal de Viocenoes de son origine à
noa jour*. Pari», Daragon, in-S*. 350 p. — À. Leroux. Le aac de la cilé de
Limoges et ton relèvement (1370-1164). Limoges, Docourtieui, in-8*, B3 p. —
F . IH'ivgu. Essai sur le recrutement et les attributions des principaux oftices du
aiege du bailliage d'Amien* dé 1300a 1600.Parii,Picard, in-8*. m-90 p. — Méreste.
Histoire du Cateau. Cambrai, Deligne, in-8", xvi-î69 p. — /. Muret, Histoire
de Saint- afenoui. Moulins, Crépi o-Leblond, in-S*. x-534 p. — Chr. P/Uler.
Tableau de Nancy et de la Lorraine pendant le règne de Léopold (1 097-1729).
Sa ml- Dit, impr. Cunj. in-8'. 110 p. ~ A. de Trurhù de Tarennei, Généalo-
gie de la maison de Tnidiis. Dijon, impr. Jobard, in-4", xiv-536 p.
Allemagne. — M. Franz-Xaver vom Fumk, professeur d'histoire
ecclésiastique il la Faculté catholique de Tùbingen, en mort en cette
ville, le U février dernier, à l'âge de soixante-sept ans. Ses travaux
sur l'histoire ancienne du christianisme et uotam ment sur les premières
collections canoniques en langue grecque, son Lebrbuch der Kirehen-
geschictile, dont la 4* édition parut en 1901, ses Kircliengttctiiclitltchen
Abhandlungen urut Cntertvchungen (3 vol., 1897-1899), ses articles du
Tlieologisehe Quartattchrifî dénotent une science et une indépendance
d'esprit que l'école protestante elle-même se plaisait à reconnaître.
— Jusqu'à présent, les catholiques allemands n'ont guère paru que
dans l'opposition au mouvement d'études et d'idées qui se rattache en
France à la question biblique. M. T. Enqbbt, dans sa dernière publica-
tion, sur les temps primitifs d'après la Bible (Die Drseit der llibel;
I. Die WeltscMpfung. Munchen, I.entner, 1907, gr. in-8", 53 p.), prend
une attitude résolument scientifique. On ne peut que louer ses consi-
dérations générales sur le caractère de l'ancienne littérature biblique,
et l'impossibilité de constituer une exégèse sérieuse en partant du con-
cept traditionnel de l'inspiration scripturaire. Son commentaire du
premier chapitre de la Genèse, avec comparaison des mythes babylo-
niens, est très érudit et judicieux. Alfred Loisv.
— Les publications du Séminaire d'histoire ecclésiastique dirigé par
le professeur KnOpfler, à l'Université de Munich, méritent aussi d'at-
tirer l'attention. Nous en avons reçu trois fascicules : Die Dauer der
OfftntUehm Wirksamkeit Jesu, par M. L. Fënut; Vie Beichl nach Casa-
riuj von llcisterbach, par M. A. -M. Kcekiobb; Ncnia und Confessai,
I. Der Attar der vorkonstanlinischcn E<rche, par M. F. Wielahd (Mûn-
cnanvion: fr ntBi.inr.Bir-niE.
213
vm, Lentner, 1906, in-8", vnt-148, x-107, iyi-167 p.). Bien qu'il main-
tienne l'historicité du quatrième Évangile, M. Fendt eu écarte le
témoignage en supposant, fort gratuitement, que l'ordre des récit»
n'est point chronologique; et. comme il a commencé par montrer com-
bien les données des Synoptiques et celles de lu tradition «uni incer-
taines, on ne voit pas trop pourquoi il affirme, pour conclure, que le
ministère de Jésus a duré un peu plus d'un an. Sn dissertation est
tri* érudite, mais elle manque de pénétration et de clarté. Celle de
.M. Kiciiiger est beaucoup mieux conduite : importante contribution à
l'j sacrement ecclésiastique de la pénitence, par l'analyse des
("■crus d'un moine cistercien qui a vécu dans la première moitii' du
un' siècle. Le travail de M. Wieland présente aussi un véritable inté-
rêt pour l'histoire de l'ancienne liturgie chrétienne et fait désirer la
continuation annoncée. La conclusion de cette première partie est
négative : pas d'autel dans les basiliques chrétiennes avant la paix de
l'Église; mais l'auteur montre fort bien comment, par l'évolution de la
croyance et du rite, la table qui servait à la cène eucharistique tendait
a devenir l'autel qu'elle fut bientôt. A. L.
— M. A, Dor.vbb, professeur à l'Université de Kônigsberg, a voulu
représenter en une puissanlo synthèse l'évolution des croyances chré-
tiennes depuis les origines jusqu'à nos jours (Die EntiUhung der christ-
lichen Olattbtntlehrtn. Munchen, Lehmann, 1906, gr. in-8», vi-315 p.(.
Il s'agit moins de l'histoire des croyances que de la philosophie géné-
rale de cette histoire. Partant de son idée générale de la religion, la
vie de Dieu dans l'humanité, l'auteur montre comment le christia-
nisme, sous ses diverses transformations, a été la réalisation, de plus en
plus parfaite et consciente, de ce principe, que le dogme grec de la
Chrbtologie a essayé de définir par rapport à l'intelligence croyante;
que le dogme occidental de la grâce a voulu préciser à l'égard de la
volonté; que la réforme protestante a mis en sa vraie place dans la
conscience individuelle. Les recherches actuelles sur l'essence du chris-
tianisme marquent le dernier point de l'évolution, et l'on ne noue dit
pas qu'il y ait rien à prévoir au dell. Système trop absolu peut-être
pour encadrer naturellement toute l'histoire du christianisme et en
même temps trop étroit dans son application. L'Évangile de Jésus ne
proclame pas l'incarnation de Dieu dans l'humanité; et, d'autre part,
l'on pourrait entrevoir comme dernière conséquence logique de l'idée
fondamentale reconnue par M. Dorner une conception religieuse que
[r christianisme aura contribué à produire, mais qui n'aura plus rien
l'.i.'ineni chrétien, A. L.
— I,a septième édition de D*HLW4NK-\V.im, Quttienkundt der devt-
ehiehU, publiée il y a quelques mois par M. Erich Iïhamden-
m»o, avec la collaboration de MM. lierre. Hilliger, Meyer et ricuolï
l iieterich'sche Verlagsbuchhaudlung, 191X1, in-8", m-1020 p.),
marque un progris considérable sur les éditions antérieures. La hitdio-
21 B
CltOSlQTjl ET lIlLlOCKirfltR.
graphie a été soigneusement revue et complétée et quelques améliora-
tions de détail ont été apportées dans la division de l'ouvrage. Le
regret qu'on serait tenté d'exprimer, c'est que, par suite des longs
délais qu'a exigé l'impression, la bibliographie s'arrête, pour une
grande partie du volume, au début de l'année 1901. Mais ce regret
même serait vain, les auteurs promettant dans leur préface un supplé-
ment qui doit paraître incessamment. Si consciencieux cependant qu'ils
aient été, ils ont laissé échapper un certain nombre de publications
qu'on s'attendrait à voir citées dans l'ouvrage : parmi les omissions les
plus regrettables, en ce qui touche le moyen âge, nous relèverons
(livre II, chap. 1*1 celle de l'Euai' sur l'origine de la noble ttt en France
de M, Guilhiermoi (1900), qui ne semble pas suffisamment connu de
la plupart des érudits allemands, celle du volume consacré a la corres-
pondance de Gerbert (n° 3511] par M. Jules Lair, dans ses Éludes cri'
tique s mr divers textes des X* et XI* siècles (1899), celle enfin des Études sur
le règne de Hugues Capet et la /In du X' siècle de M. Ferdinand Lot 1 1903),
qu'il eût fallu rapprocher de ses Derniers Carolingiens (n° 3551 1 et <]u'i!
eût fallu également indiquer leo raison de l'Appendice IX), ainsi que
plusieurs travaux sur les Fausses Décrétâtes, — notamment ceux
d'Hinschîus et de M. Simson, — à propos des Capitulaires de Benoit
le Lévite ln° 3219). Un s'étonne aussi, dans le chapitre consacré aux
instruments bibliographiques, de ne pas trouver mention pour la
France, à coté de la bibliographie de l'histoire de France de M. Monod
In" 941), du Ripertoire méthodique de l'histoire moderne et contemporaine
publié annuellement par MM. Brière et Caron depuis 1898. Enfin, dans
l'énumération des revues d'bistoire générale (n°* 1019-1046), il nous
paraît étrange de ne faire figurer que des revues allemandes, puisque,
dans les autres subdivisions de l'ouvrage, on indique les principaux
livres ou recueils étrangers, intéressant même indirectement l'histoire
de l'Allemagne. h. H.
— Dans une brochure intitulée lier frànkische Vicecomitat (s. 1.,
1907, in-4°, 87 p., hors commerce), M. W. Bickel, professeur à la
Faculté de droit de Strasbourg, a tenlé de dégager les caractères géné-
raux de l'institution des vicomtes a l'époque franque. Son travail, qui
repose sur des dépouillements considérables, pour lesquels un grand
nombre de publications, même locales, ont été mises à profil, consti-
tue une importante contribution à l'histoire de l'administration caro-
lingienne. Dans une première partie, l'auteur cherche à déterminer
l'époque et les régions où l'on rencontre des vicomtes en France et
donne la liste des noms qu'il a relevés. 11 étudie ensuite le mode de
nomination de ces fonctionnaires, qui sont, en principe, choisis uni-
quement par les comtes, dont ils sont les substituts. Dans une troi-
sième partie, il étudie leur compétence, fort variable, suivant que le
vicomte se borne à assister le comte ou à le représenter dans un dis-
trict déterminé ou encore à le remplacer en permanence dans un
comté, si le comte réside ailleurs. Dan;-- une quatrième partie, M. Bickel
>liora-
e seul
CBBOYIQUE ET BIBUOCRIPIHK.
étudie plu» spécialement le ressort du vicomte. Enfir.
travail par un chapitre sur les vicumtes d'Italie. L. H.
— La seconde partie du t. H des Inventare des Grnsshcriogtich Badi-
schtn General- Landcsarchivs |Karlsruhe, Mùller'scuen llofbuchhondlung,
1907, in-8», p. i-vm et 195-394) vient de paraître. Elle est consacrée
aux Baden-Durlach et se termine par un index général.
— Le t. XV du Ittyers grosses K'onrtrsatians-Lexikon vient de
paraître |Leipziç-\Vîon. Bibliograiihisches Institut. 1006). Il va de
Ôhmichen à Ptakatschrifltn. Signalons-y l'article Osicrreich. qui est
accompagné de cartes liisioriijues, les articles Patîistma, Persim, etc.
Autriche- Hongrie. — Le premier fascicule des Studicn zum àttt-
rtn ùsterreichischen Vrkundenwestn, que publie M. Oskar v. Mrns
(Wien, Verlag des Vereioes fur Landeskunde. von Niederosterreicb,
in-8», 77 p.|, contient un résumé très clair de l'histoire de l'acte priva
et plus spécialement de la charte- notice en Basse- Au triche dans les
premiers temps du moyen âge. Pour l'analyse des caractères intrin-
sèques de ces actes, l'auteur s'inspire beaucoup des travaux de
M. Oswald Redlich; mais il y ajoute des considérations intéressantes
sur l'abandon progressif de la cbarie-notice, que tendent de plus en
plus à remplacer, à partir du xu* siècle, des actes en forme, authenti-
qués par des sceaux. Ce n'est là toutefois, semble-t-il, qu'une intro-
duction à un travail plus étendu que M. O. von Mitis ne saurait larder
à nous donner. Nous nous réservons d'y revenir avec plus de détails
quand l'ouvrage sera complet. L. il.
Belgique. — Les Archives générales du royaume ont acquis récem-
ment à Rome des correspondances très intéressantes pour l'histoire du
ivui" -.L.'clf belge; nom citerons comme particulièrement importantes
les lettres du prince de Méan, évéqne de Liège, et du cardinal de Fran-
keuberg au nonce Brancadoro.
— L'administration des Archives générales du royaume de Belgique,
à Bruxelles, vient de faire paraître le 1. 1 de ses Inventaires sommaires.
Il est consacre aux Inventaires sommairts de archiva des anciens gou-
vernements des Pays-Bas (Bruxelles, impr. E. Guyot, 1996, in-8*). Il se
compose de ta réunion de H fascicules pagines à part et d'étendue
fort inégale. Et» télé de chacun d'eux, une introduction, courte d'ordi-
naire, mais substantielle, donne quelques renseignements sur l'origine
at la constitution du fonds inventorié. Ou remarquera sped aliment
celle que M. A. Gaiu-ami a mise eu tfite de l'inventaire des archives d«
la lecréiairerie d'État et de la Guerre : c'est, en 35 pages, un excellent
historique do cette institution. L. 11.
— Le t. VI du Vntatngue des manuscrits de ta Bibliothèque royale de Bel-
gique, par le 1*. van des Gheyn, se rapparie 4 l'histoire des ordres reli-
gieux et des églises particulières (Bruxelles, Lamertin, 1906. xi-778 p.).
2*8 CHIOUIQUE ET BI1LIOG1APHIE.
— Le volume contenant les Actes du Congrès international pour la
reproduction des manuscrits, des monnaies et des sceau*;, tenu à Liège en
août 4905, a paru à Bruxelles (Misch et Thron, 1906, in-8°, xxvm-
338 p.). Voici la liste des rapports qui y ont été insérés : X. Da Cdnha.
La législation portugaise sur la reproduction des manuscrits. —
A. Gaillard. Les procédés de reproduction des sceaux. — G. Sury.
Organisation d'un bureau international d'échange des reproductions. —
M. Lhobst. Étude des différents papiers à employer comme support des
photocollographies, photogravures et phototypogravures. — P. Bbrg-
m ans. Les tentatives antérieures d'entente internationale pour la repro-
duction des manuscrits. — M. Prou. L'état actuel des publications de
fac-similé de chartes et autres documents d'archives. — L. Stainibr.
Étude sur les procédés techniques les meilleurs et les plus économiques
à recommander pour la reproduction des manuscrits, des monnaies et
des sceaux. — D. van de Gasteblb. L'utilité des reproductions photo-
graphiques au point de vue des expéditions officielles de documents
d'archives. — F. Al vin. Les procédés de reproduction des médailles et
des monnaies. — P. Francotte. Description d'une méthode photogra-
phique permettant de reproduire des manuscrits et autres documents
dans le but d'obtenir des positifs par projections lumineuses et des
agrandissements destinés à l'enseignement. — P. van den Vbh. L'orga-
nisation de systèmes pratiques de reproduction des manuscrits dans les
grandes bibliothèques publiques. — A. Bavot. L'état actuel des publi-
cations de fac-similé de manuscrits.
— M. D.-D. Brouwbrs a publié le t. II des Mémoires de Jean, sire
de Haynin et de Louvignies, 1465-1477 (Liège, Cormaux, 1907, 267 p.).
— MM. Gh. De Lannoy et H. Van dbr Lindbn ont fait paraître le 1. 1
de leur Histoire de V expansion coloniale des peuples européens (Bruxelles,
Lamertin, 454 p.), qui a obtenu le prix de 25,000 francs fondé par le
roi des Belges. Le premier volume est consacré au Portugal (Gh. De
Lannoy) et à l'Espagne (H. Van der Linden) ; on y étudie les grandes
phases de l'expansion, l'administration des colonies, le régime écono-
mique, la civilisation portugaise et espagnole dans les colonies, les
résultats de la colonisation pour la mère patrie.
— Les amis et les admirateurs de Léon Van der Kindere ont entre-
pris de réunir en volumes les petits travaux du maître dispersés dans
les revues et les recueils académiques.
— Les collègues et amis de M. G. Kurth, professeur émérite à l'Uni-
versité de Liège et directeur de l'Institut historique belge à Rome, ont
décidé de lui offrir un volume de Mélanges,
Grande-Bretagne. — Feu le prof. F. Y. Powell, mort le 8 mai 1904
à l'âge de cinquante-quatre ans, a laissé de fidèles amis. L'un d'eux, Oli-
vier ëlton, s'est proposé d'en raconter la vie à l'aide de ses souvenirs
personnels et surtout de nombreuses lettres écrites par Powell ou le con-
Gnomon bt niRLiOGRirniB.
2)9
cernant La Via et la Correspond .in ce mm plissent tout un volume; un
second est formé d'articles historiques et d'ieuvres littéraires que Powell
avait semés un peu partout {Frederick York Powell. A tif» and a «fer-
Won from hit lettm and occasional writingi. Oxford, al the Clarendon
Press, 2 vol., xvi-KVÏ et xvi-164 p., 1906). La partie biographique, trai-
tée avec beaucoup de tact, est d'un grand charme; elle nous fait con-
naître et aimer l'homme lui-même, avec son intelligence si souple, sa
culture si étendue, son cœur ai chaud et toujours resté fi jeune. Che-
min faisant, on y rencontre des noms connus, dont plusieurs illustres :
Freeman, Grées, Creighton, pour ne parler que des morts; mais
aucune de ces figures disparues n'apparaît dans ce livre avec un relief
aussi vivant et une grâce aussi touchante que l'ami le plus intime, le
principal inspirateur de Powell : Gudbrand Vigfusson, l'auteur célèbre
des Origines iilandicae. Curieuse collaboration que celle de ces deux
hommes si différents : le Scandinave un peu fruste, comme si sou com-
merce littéraire avec les plus anciennes sagas islandaises avait fait
revivre en lui l'Ami? de ses plus lointains ancêtres, l'Anglais si raffiné,
d'une culture littéraire si moderne, séduit par tout ce qui était vie,
mouvement, lumière. Powell a consacré te meilleur temps de sa vie à
induire l'œuvre de son ami, mais de si originale façon que les deux noms
ne sauraient plus être séparés. Traducteur, Powell l'était d'ailleurs avec
délices : il s'est diverti plus d'une fois à Taire passer dans sa langue les
œuvres de poètes français tels que Verlaine, Mallarmé, auxquels il avait
voué une admiration enthousiaste. Le tome II présente un moindre inté-
rêt; il se compose surtout d'écrits de circonstance qui perdent une part
nottble de leur valeur quand on les relit après un long intervalle; peut-
être cependant ceux qui se rapportent aux légendes de la Germanie
païenne garderont-ils plus longtemps leur fraicheur et comme leur
nouveauté. Cb. B.
— La librairie Giard et Brière a mil eu vente le tome I de {'Histoire
constitutionnelle de l'Angleterre par William Stubiis, traduite par
M. G. Lefebvde. avec une introduction et des notes par M. Cli. Petit-
UiTAiLLih (Bibliothèque internationale de droit public, 1907, xii-9Ï0 p.
Prix : lfi !>.(. Cette traduction met un livre encore excellent, bien qu'il
commence a vieillir, a la portée de nos étudiants d'histoire, trop sou-
vvnt ignorants de la laugue anglaise. M. Petil-Ou taillis a d'ailleurs mis
l'ouvrage au courant de la science, soit en renvoyant, dans les noies
mises au bas des pages, aux éditions plus récentes ou plus autorisées
des documents allégués par Btubbs, soit en traitant Im-méme de cer-
taines questions qui, dans ces dernières années, ont été l'objet de vives
controverses. Les notes additionnelle», qui remplissent les 130 dernières
pages du volume, sont consacrées aux sujets suivants : I* l'évolution
des classes rurales en Angleterre et les origines du ■ manuir ■ ; '2? le
Folkland. Existait-il une • terre publique ■ chei les Anglo -Saxons î
3» • T»elfb)'nilm:in i et i Twyhynd-niau ■ ; une théorie nouvelle (celle
do P. Beeiiolim) lur la solidarité familiale chez les Anglo-8axous;
220
CHBOTIQHÏ ET niBLIOCSlPHIE.
le i burb-gcat seil *; 5e l'adoubement do chevalier; les influences réci-
proques de la civilisation anglo-saxonne et de la civilisation franque
(d'après l'hypothèse de Guilhiermox}; 6* les origines de l'Échiquier;
7" la société anglaise à l'époque féodale. Le système îles tenures et
les origines de fa lenure en service militaire; S' l'origine des villes
en Angleterre; 9° Londres xii» siècle ; 10° les deux procès de Jean sans
Terre <fragilité des conclusions présentée* par M. Guilhiermoz et
M11" Norgale|; il* une • charte inconnue des libertés •; 12° la Grande
charte. — Les gens de métier auront profit à lire ces notes qui témoignent
d'un sens aiguisé des institutions anglaisée. Ch. B.
— Le Gaspard deColigny, Admirai of France, de M. A. W. Whjtbhead
(Londres, Metbuen, 1904, in-8\ 387 p., Ï7 fig. lodei) est remarquable
à plus d'un titre. D'abord, à la différence des érudits français, l'auteur
□e s'est pas contente d'utiliser les analyses incomplètes et souvent fau-
tives et les traductions parfois erronées des Gale ndars ; il s'est reporté
aux originaux. Cela lui a permis de jeter quelque lumière sur l'histoire
si controversée du traité de Hampioncourl. De la discussion très serrée
et, en partie au moins, convaincante a laquelle il se livre, il ressort
bien que Coudé et Coligny avaient donné au vidante de Chartres un
blanc-seing : ils étaient donc fondés à dire que celui-ci avait dépassé
leurs instructions, ce qui semble d'ailleurs conforme à la vérité, et
même à prétendre qu'ils avaient ratifié le traité sans en connaître exac-
tement le contenu. Ils seraient surtout coupables d'imprudence. —
D'autre part, M. Whitehead a étendu ses recherches d'archivé» non
seulement à la France, mais à l'Italie : il nous présente un Coligny
inconnu, le Coligny des jeunes années, à propos de son voyage en Italie
|1546-47) et de son amitié avec Strozzi. On peut dire de toute la pre-
mière partie (avant 1559| qu'elle est très neuve. — M. Whitehead
expose des vnes intéressantes sur l'histoire de la réforme française. —
Au sujet des entrevues des premiers jours d'août 1472, il aurait dû uti-
liser les textes du fonds Simancas que j'ai signalés dans mon François
de ta Noue. — Puisqu'il nous donnait une agréable élude sur le château
de Chàtillon-sur-Loiug, je regrette qu'il n'ait pas touché à la question du
château de Tanlay, lequel passe pour avoir appartenu a Coligny : il y a
là, notamment, une fresque italienne représentant des personnages de la
cour en divinités de l'Olympe, peinture dont la liberté et la crudité
toutes païennes trancheraient vivement sur l'austérité huguenote. Mais
est-elle antérieure à 1572, et Coligny a-l-il quelque chose â y voirf —
M. Whitehead fait état, avec raison.du Voyage de l'Admirai dtvtrt l'Em-
pereur, fragment des souvenirs sur la cour de Henri II publiés en 1831
dans la Revue rétrospective et ensuite dans les Archives curieuses, 1™ par-
tie, t, III, celte fois sous le nom de Claude de l'Aubnspine. M. Whi-
tehead dit simplement : i wrilten by de l'Aubesptne. ■ Il aurait du
ajouter que l'attribution â Claude est radicalement impossible. J'avais
songé d'abord à Sébastien de l'Aubespine, quoique celui-ci se soit trouvé
en 1554 non pas, comme l'auteur de la relation, l Cotre, mais 4 Solenre ;
IIIIKI.Morr ET llieLIOGHAl'HIf..
221
déplus, l'auteur esl favorable à Coligny, ce qui semble exclure tous
les l'Aubespine. Après avoir consulte M. Rott, si au courant des moindres
déplacements de nos agents auprès des ligues, je crois pouvoir aflirmcr
qu'il s'agit de Jean des Monsliers, sieur du Fraisse. .l'ajoute que ces
souvenirs eont en réalite des uotes écrites par du Fraisse pour rectifier
et compléter une histoire imprimée de Henri IL H. I1R.
— Le Michel de l'Hospitai and his policy de M. A. E. Shaw (Londres,
H. Frowde, 1905, in-8°, 154 p.), est un bon travail d'étudiant, où sont
utilisées les recherches de M. Dupré-Lasalle.
— Pour faire suite à l'inventaire des Reports de la Royal Commission
on historicat manuscripts donne dans la Revue historique, t. LX.XV,
p. KH et suiv. — Repart on «M», in the u?elsh tanguage, t. II, 1™ partie
[1908]. — Calcndar of Ihe mit, oflhe most han. the marquis of Salisbury.
prtstrved al Hatfield Houtt, t. IX, X et XI (1902, 1904, 1906). Ces
volumes se rapportent aux années 1509, 1600 et 1601; ils intéressant
au pins haut point l'histoire des relations extérieures de l'Angleterre;
les affaires du comte d'Essex y occupent aussi une grande place. —
Report on the mis. a[ Mrs, Franktand-Russel-Astley, of Çhequers Court,
Rucks (1900); ces papiers forment trois groupes : I» correspondance des
familles Dusse!! et Franklaud. la première étroitement apparentée à
celle des Cromwell (1667-1697}; 2° papiers des familles Cuits et Revoit
[1687-1706), la plupart relatives aux opérations militaires dans les
Pays-Bas; 3* lettres du colonel Charles Russe!) (1712-1754); plusieurs
rient à la guerre de la succession d'Autriche. Noter, en outre, le
L » de Sir John Croke, « speaker > de la Chambre des com-
munes; on y trouvera la substance de plusieurs discours que ses fonc-
tions l'uppellèreut à prononcer devant la reine Elisabeth et devant
Jacques I", 1^95-1007. — Report on mis. in varions collections, t. I
(1901) : mas. de la Corporation de Bcrwick-upon-Tweed (depuis le
xvi* siècle) : mss. de la ci-devant Corporation de Barford, au comté
iJ'Oif.ml (cette corporation a été dissoute en 1861 J les archives sont
devenues la propriété d'un M. Cheatle, fila du dernier alderman);
archives judiciaires du comté de Wilts {qtiutor sessions, 1577-1665);
archives épiseopales et capitulaires de Cliichester. archives capitulaires
de Cantorbèry (suite aux rapports V, VUI et IX de la R. Commission! ;
du comte" de Worcester (mt* siècle) ; archives de la Corpora-
tion municipale de Lostwithiel (presque toutes modernes); archives
capitulaires de Baliabury, t. II (190;i) : mss. de Sir George Wombwell
«papiers de la famille Belasyse, vicomtes Fauconberg, alliée uux Fuir-
fax; quelques ebartes provenant des abbayes île Byland et de Rievauix.
Lettres des vicomtes et comtes Fauconberg, ïvu'-iviii* siècles, parmi
lesquelles plusieurs de Laurence Sterne; description de l'Angleterre en
10L7); mss. de Mis» Iliixloti, à Slvadwell Court, Norfolk tintèressani
pour l'histoire des Anindrl-Norfolk au xvi* et au xvu* siècle); mss. de
Lord Edmond Talbot (outre plusieurs chartes anciennes, on y trouve
222 cHBoiiors st bibliogbipuie.
les papiers personnels et officiels de Sir Gilbert Talbot, qui fut gouver-
neur de Calais sous Henri VII et Henri VIlll ; mss. du duc de Norfolk
(iii«-ïyh« siècles»; mss. de Mrs. Harford, de Holme Hall, au comté
d'York (ïtii" siècle); mss. de Mrs. Wenlworlh, de Woolley Park, au
comté' d'York (xvu'-xvnr> siècles!. T. III (1904) : mss. de T. B. Clarke-
Tbornhill (intèressanU pour l'histoire de Sir Thomas Tresham et du
parti catholique sous Éhsabethl; mss. additionnels de Bir Thomas Dar-
relt-Lennard (suite au Rapport XI, app. 4.; documents relatifs au pro-
cès de Loftus en Irlande); mss. de Pelbaui R. Papillon (lettres de
Chartes I«, de Crorawell, du prince d'Orange; M. Papillon compte
parmi ses ancêtres 8ir Henry el Sir Walter Vane); mss. de W. Cle-
verly Alexander (lettre de John Noies à, sa femme, pour lui raconter
les cérémonies et rejouissances qui eurent lieu iors de la création du
prince Henri comme prince de Galles, juin 1010). — Report on tli* mss.
of Colonel David Milnt Rome ofWedderburn Castte |1902) (concerne sur-
tout l'histoire de la famille écossaise des Home de Wedderburn, qui
remonte au temps des rois Guillaume de Lion; quelques documents
concernent le prieuré de Coldingham). — Calendar of the mss. of Ihe
marquess of Ormonde, preserved al Eilkenmj Caille. Nouvelle série,
t. MI (1903-1306). Collection fort importante pour l'histoire de l'Irlande
sous les Sluarts au xvn* siècle. — Calendar oflhe Sluart papers belon-
ging to His Uajesty the king, preserved at Win'hor Castle, t. I et II
11902-1901). Ces papiers, provenant du roi Jacques III, dit le Vieux-
Prétendant, de son hls Charles- Edouard el de Henri, cardinal d'York,
ont été achetés par le prince Régent en 1801 el en 1819. — Calendar
of the mu, of Ihe marquis of Bath, preserved at Langteat, Wiltshire,
l. I (1904). Collection d'un intérêt très varié pour l'histoire intérieure
de l'Angleterre au xvti* el au xviii" siècle. — Report on the mu. of
Mrs. Stopford-Sackvilte a/ Draylon House, Norlhamptonshire, l. I (1904).
Ce sont des lettres, rapports et autres documents ofGciels proveuaot
de Lord George Sackville, 1755-1784. — Report on the mss. oflhe cari o/
Mar and Heltie, preserved at Alloa House (1904). Les archives de celte
puissante famille écossaise commencent vers le milieu du xiv" siècle;
mais elles ne prennent une importance générale qu'à partir de John,
cinquième lord Erskine, premier comte de Mar, qui fui régent
d'Ecosse. Les documents analysés ou publiés forment trois groupes
principaux relatifs, l'un à Jacques VI (I" d'Angleterre) et à Charles I",
l'autre à Jacques II, le dernier à La reine Anne et à l'Union des
deux royaumes d'Ecosse et d'Angleterre. — Report on american mss.
in the Royal Institution of Great Britain, l. I et II (1904-1906). Ces
papiers proviennent du quartier général des généraux anglais qui ont
commandé en chef pendant la guerre de l'Indépendance; ils forment
actuellement une collection de 62 volumes. — Report on the mss. of
J. B. Fortescue, preserved ai Dropmore, t. IV (1905) et V 11906). Très
Important recueil de pièces relatives aux négociations secrètes qui abou-
tiront à la formation de la 3e coalition, à la campagne de 1799 el aussi
DSftOnOQI ET nlBUOGHAPIHK.
22.1
à la guerre civile en Irlande do 1798. — Thimu.o/ thniuktofRuttand,
pruervtit at Bttvoir Castle, t. IV (1905). Ce volume comprend trois «eu-
lions : I" Charles anciennes et cartulaîres, avec des noies, par
J. H. Round (celles du un* siècle publiées à peu près in-exlenso);
2* correspondance relative a l'expédition des Anglais contre l'Ecosse en
1519; 11° livre» de comptes de la ami son de* comtes de Hutlaud; ces
derniers appartiennent au xvi" et au xvn* siècle. — The mtt. of the
Houu of Lords, t. UI (1905), relatif aux années 1697-1(19'.). — Report on
m», in the wtiih Utnguaçe, t. I, 3" partie (1905), Peniarlh; t. II,
:)• partie (l'J0.r.), l'antuu, Cwrunawr. — Report on the mst. oflhetarlof
Vtrvtam, présenta at Gorhambury (190(1). Il n'y a presque rien dans
ces archives qui se rapporte à la famille du fameux chancelier de
J.ici[iips I"; ce sont surtout des papiers de la famille ilnm.-ton. dont
un, Sir Edward, était, au moment de la prise de Calais par les Fran-
çais contrôleur de la ville et de ses dépendances. La plupart se rap-
portent aux affaires intérieures du xvn* et du iviil* siècle. — Report
un the mis. of the marques» of Lothian. preserved at Hliekting liait, /for-
folk (19(15). Outre quelques documents anciens des xu'-xv* siècles
(entre autres le rôle de l'aide levée dans le comité de Norfulk pour la
chevalerie du Prince Noir), ou trouve dans cette collection les papier»
de la famille Hobart, en particulier ceux de John Hobarl, second comte
de Bucltarghamshire, Ces derniers, qui présentent un intérêt gantai,
M 1 1] ; iti'iil i l'ambassade du comte à Saint- Pélershourg, 1762-1765
q-ulil. M) ptrtta déjà pour la Camden Soc., 1900, 190*2), aux colonies
M et aux affaires d'Irlande, 177! ITflg. — Report on the nus.
of Lady Du Cane (cf. litv. hut., LXXXVUI, 4M), — Rrport on the
mss. of the tari of Egmont. vol. I, 1" et 2* parties (19051 Corres-
pondance de la famille Perce val sous les deux premiers Stuurts et jus-
rjU'l l;i lies tau ration. — Report ait franehean nus. prestrved at theCon-
tont, Uerehant'i Quay, Dublin (190(1). Documenta appartenant au collège
Irludail de Saint- UdftN, fonde à Rume en 1625 et transféré à Dublin
en 1872. Le premier gardien du collège fut Luc Wudding, le célèbre
historien des Frères Mineurs. On trouvera ici une bonne partie de sa
correspondance, fort intéressante pour l'histoire n-lun'ii-r |,eu,!:iii* |.<
second quart du xvn* siècle. — Galendar of the mss. of the dean and
Cftai'ttr of Wells, -foL I (1907). Cet inventaire, uû a été en partie refondu
celui le J. à. Beunelt (11485), porte seulement sur trois Pflgl
sont transcrits des documents du juit» et du xrv* siècle. — Le i(> rap-
port de la Commission (1904) donne une sorte de résumé de toute la
aoUeetioB up toaatt.
Russie — La science russe a Tait une
sonne de M. Vasili Ivanovitch Mooestiiv. Il était né en 1839 dans le
jDBTOrBMMOI At Novgorod. Il est mort a Rome dans le courant du
moia de février. Il acheva ses études <i l'Uni verni tè de Saint-Péters-
bourg et se consacra surtout à la littérature latine et a l'histoire
romaine. En Hr',1, il présenta pour le grade de magùter (licencié) une
224 CHRONIQUE ET bibliographie.
dissertation sur la Vie et l'enivre de Tacite, et, en 1869, il obtint le titre
de docteur avec un travail sur l'Écriture à Rome à V époque des rois,
travail qui a été traduit en allemand. Il enseigna tour à tour la littéra-
ture romaine aux Universités de Kazan, Kiev, Odessa, Saint-Péters-
bourg. Tout ensemble philologue érudit et publiciste ingénieux, il col-
labora à un certain nombre de journaux, notamment au Golos (la Voix)
et à la Gazette russe de Saint-Pétersbourg et publia un grand nombre
d'articles dans la Revue de l'Instruction publique de Saint-Pétersbourg.
Plusieurs séries d'essais ont été réunis en volumes : V Allemagne
(1888), la France (1889), l'Italie contemporaine (1893). Depuis une
dizaine d'années, il avait pris sa retraite, il s'était établi à Rome. Il
étudiait particulièrement la question des origines italiotes. Il a résumé
ses recherches dans un grand ouvrage qui a été traduit en français :
Introduction à l'Histoire romaine (traduction Michel Delines, in-4°, libr.
Alcan) et qui est précédé d'une préface de M. Salomon Reinach.Tout en
faisant quelques réserves sur les idées de l'auteur, notre savant confrère
se plaît à louer c l'immense utilité du travail de M. Modestov dont la
place est, dit-il, marquée désormais et pour longtemps dans toutes les
bibliothèques historiques et ethnographiques. La science sans épithète
et la science italienne en particulier lui doivent une vive reconnais-
sance, l'une pour l'avoir enfin dotée d'un instrument de travail com-
mode et digne de confiance, l'autre pour avoir mis en œuvre et en
pleine lumière ses belles découvertes, pour l'avoir tirée de la demi-obs-
curité où elle semblait condamnée à se mouvoir ». Au moment même
où M. Modestov était subitement frappé, M. Gagnât lui donnait dans le
Journal des Savants (cahier de février 1907) un témoignage de sympathie
auquel il eût certainement été très sensible. Il avait toujours rêvé d'en-
trer en rapport avec les savants français et de s'imposer à leur estime.
Il meurt en vue de la terre promise. L. Léger.
Erratum.
P. 80, n. 4, supprimer les mots : c Balan, au reste, indique la date exacte, t
L'un des propriétaires-gérants, G. Monod.
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3ues recherches relatives a leui ij
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Science, traduit de i .
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île l'anglais, par M. i'' ■
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Ouvres poil1
CABREL ■
politiques et économiques d'Armand
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il lire [te Morale et d'Economie po-
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sociaux. — 1 v.'l. m-ls. b-n-.Iie. 1^'.'». i !.. ."•'»
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paix perpétuelle, suivie* du jugement de
J.-j. Rot>M\i, sur le projet de paix perpé-
tuelle ei la Pulvsvnodic. ainsi que du piojet
attubué à Mi.sHilV'et du plan d'F.MMWi m K\m*
poui teiidie la paix universelle, eU . auw des
notes et de* éJaiuixSement»», p.u M «îi"*i\\F
lu. M<iiin\ki.1 f-»rl v-d. m ls, 1KT>,
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1 — Prli de» princlpau» oBjeta de consnmma-
lion à Paria. île Iv.n; i 1-tixl ti plui ■■■ ■
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DKL1SLK (Léopold)
Etudes sur la condition de la classe agricole et
l'état de l'agriculture en Normandie au Moyen-
Age. HOU, in-S. 2<» fr.
Réimpression textuelle du très rare et savant
ouvrage de M. Léopold Dclisle. Les biblio-
thèques et les erndits pourront maintenant se
procurer ce travail incomparable qu'il convient
de mettre aujourd'hui parmi les usuels, à côté
de Ducangc, pour tous les renseignements sur
les mesures agraires, le prix des choses, les pro-
cédés de culture au Moyen-âge. Ajoutons que
cette réimpiession a été laite elle-même a petit
nombre.
LHTONT-KKKMEIl (G.;
Les officiers royaux des bailliages et séné-
chaussées et les institutions monarchiques locales
en France à la fin du Moyen-Age. Ouvrage cou-
ronné par le grand Prix Cohert. VK>2, 1 fort vol.
in-8, > cartes. M» f i .
Les cadres géographiques des institutions
bailliagères. — La division de la France en
bailliages et sénéchaussées. — Le groupement
et les subdivisons des bailliages et sénéchaussées.
Le personnel des bailliages et sénéchaussées
du roi. — Les gouverneuis; le personnel des
baillis et des sénéchaux du roi: autour des
baillis et sénéchaux; au-dessous des baillis et
sénéchaux.
Les institutions monarchiques dans les bail'
liages et sénéchaussées du roi. sauf en Pro-
vence et en Dauphiné. — La Piovcnce et le
Dauphiué et le progrès vers l'unité des institu-
tions. — Esprit général et poitee politique des
institutions monarchiques dans les bailliages et
sénécluus>ees du i«»i. — Aires géographiques.
(iILLIKKOX et MO.MilX J.)
Etudes de Géographie Linguistique «Scier », dans
la Gaule Romane du Sud et de l'Est. HH)ô, gr.
in-S et ."» c:iiles en couleurs. 5 l"r.
Sciei iLm> le Midi. Ce qu'a diï être l'ancienne
aire Set rare. — Serare et Serrare. — Sectare
dans le sens de faucher et beier. — Sector, Sec-
tnrem.
L.\|v»é entièrement nouveau d'une distribu-
tion géographique des mots : Les auteurs ont
pris pour base de leurs recherches les cartes de
VA t las Linguistique. On pourra se rendre
compte par l'étude du mot Scier combien de
travaux similaires originaux et neufs peuvent
être tirés des planches de V Atlas de Gilliéron
et Edmont.
HKHiriAITLT (Ch. d\> et IJORD (Gustave)
Documents pour servir à l'histoire de la Révo-
lution française. Publiés avec de nombreuses
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vinces, d'après les documents inédits. In-8.
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Ce travail a pour objet d'éclairer les ori-
gines d'une institution qui a joué un rôle si
important dans l'histoire de l'ancien régime. Les
limites extrêmes de cette étude sont les dates
de l.~>50 à l(St), M. Hanotaux prouve donc qu'il
existait des intendants avant la fameuse date
de liïi"». 11 voit leur origine dans les commis-
saires royaux, les intendants d'armée et de jus-
tice, police et finances, étudie leurs fonctions
pendant la seconde moitié du xvr siècle. Liste
des intendants et des commissaires envoyés
dans les provinces jusqu'à l'année HïJTî.
Nombreuses pièces justificatives.
LEIIŒI'K L'abbé)
Histoire de la ville et du diocèse de Paris. —
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Les Chartes du Clermontois conservées au
musée Condé, à Chantilly 10» .9- !:£>•>), publiées
et annotées. ln-î>.
5 fr.
Ces chartes, qui forment l'ensemble des sour-
ces diplomatiques et administratives du Cler-
montois, sont au nombre de lin, la plupart
inédites. Elles vont de 1(mki à ]:&•>, et nombre
d'entre elles, écrites en langue vulgaire, •pré-
sentent au point de vue philologique un intérêt
tout particulier. L'ouvrage est accompagné d'une
table.
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mcJtl l.i dcuxiimt ?<'<:; -< Joàt 1793).
Les Élections et les Cahiers de Paris en 1789
Par Ch.-L. CHASSIN
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devanciers. La CârUlIliri
: par M. l.bude,
v lii autlqu»
entrer ii
1 emprunts
. .. compila lion 1 - .
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1874, p'.Hu n WMiottaèqoi nattante, ou elle ligure tous
et Un index de* noms di
x amileun normands; i
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■t Milan dans les trains rapides de nuit, (aupplé nt rai pli le
n Paria el Baie, T ir. Entre Paris et Baie 1rs trains de j m
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IU
'
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HISTOIRE DE FRANCE
LA HEVOl
Slatotr* de Franc
■
I Tal>li-au tir la géographie
la France, pu >
rLea Origines, In Gnule Inde
pendante et lu Gaule rotnuine.
■ ■
1 L« Christianisme, les Barbares,
— Mfrovinalen* et Carollu-
II Les premier» Capétiens (987-
1137i,
„ Louis VII. Philippe- Auguste et
Louis VIII (1137*1836), pur
. I rai.
Salut Louis, Philippe le Bel,
les derniers Capétiens directs
(1SM-1338),
de Cent ans (1328-1422), par
Il Charles VII, Louis XI et les
première*» années de Char-
les VIII (1422-1493), pu M. Cil.
t vol.
I, Les guerres d'Italie. — La
France sous Charles VIII,
Louis XII et François I" (1492-
15471, :■
II, La lutte contre la maison
d'Autriche — La France sous
D 11547-165»), pu M 11,
• premiers Valois et la guerre
I La Heforme et la Ligue. —
L'Êriu de Nantes (15G9-169B),
■
II Henri IV rt Louis XIII (15B8-
1643), ,
. \ Il
1 Louis XIV. La Fronde. Le Roi.
Colbert (1843-1685) |1"
FÉLIX ALCAN, EDITEUR
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llno onlnhinnronhio I"* H«rb*rt SPENCER. Traduit rt «Unie de
une auiQoiograpnie, .,.,,. ,,. u
Psychologie du socialisme,
philosophie de M. Sully Prudhomme,
L'évolution créatrice,
Qu'est-ce que la sociologie? '
Caroline MILHAUD
■»>■■
i^H
Cfpttal : /.'') mtîlioaa d> francs «III fera mant -
jclol: M.RW BBROEK)
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8*1 on» de» Accrédite». Hr»ncti office, 2. place de l'Opéra.
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L'ÉCLISE ET LA SOCIÉTÉ CATHARES
Si l'on met de côté les dogmes qui lui sont propres et qui, par
leur complexité en même temps que leur nature étrange, offrent
la matière d'un examen du plus haut intérêt, le catharisine. peut
être étudié avant tout, il semble, à deux points de vue spéciaux.
("est comme association religieuse et aussi comme église. Son
aspect, au premier de ces points de vue, est celui d'un ensemble
de caractère multiple et varié. Il présente, au second, l'image de
l'unité la plus absolue; on pourrait dire la plus rigide et la plus
•'■truite.
Comme société religieuse, en effet, le catbarisme comprend la
totalité des individus ayant adhéré a ses principes et à son culte.
Mais il y a là, de toute évidence, un groupement plein de diversité.
L'adhésion dont U s'agit peut avoir été plus ou moins profonde,
et cela non seulement en raison de la ferveur inégale qu'y ont
apportée ceux qui s'y sont résolus, mais encore par suite des obli-
gations et des sacrifices d'étendue différente qu'elle entraîne pour
ceux qui l'ont donnée. En fait, ou le sait, parmi les sectateurs
des doctrines cathares, deux catégories au moins doivent être dis-
tinguées. Il y a tout d'abord ceux de ces sectateurs qui, tout en
admettant les croyances du dualisme et ses pratiques particu-
lières, H&l demeurés dans le monde et y continuent une vie assez
éloignée de l'idéal de pureté, de renoncement aux biens terrestres
qu'il prescrit comme la condition obligatoire du salut. Viennent
ensuite ceux qui, pour atteindre à cette fin suprême, ont accepté
«ans réserves le même idéal, ont modelé leur existence sur
les règles qu'il comporte et par là se sont assuré la béatitude
Itarotlls,
Un nom est attribué, daus tous les documenta du xu et du
Xltl" siècle, à la première de ces deux sorte* d'adhérents aux
enseignements dualiste*. C'est celui de '-royiinis. .[.■ oredenttt.
ie. Pour ces représentants spéciaux
i" distinct et essen-
Rsv. Hwos. XCIV. »■ paH. 15
226 CHARLES M0L1XIBR.
tiel, unique en même temps par rapport au catharisme, ce qui les
y rattache, ce qui les en fait membres certains, quoique à un
degré inférieur, c'est la foi, sans les œuvres il est vrai, ou du
moins toutes les œuvres qu'il commande pour parvenir au salut
définitif. Liés ainsi au monde religieux où ils sont décidés à
entrer, ils le sont du reste encore généralement d'une autre façon,
par un engagement particulier et péremptoire. Il s'agit delà pro-
messe d'embrasser, ne fût-ce que pour un instant, fût-ce seule-
ment à l'heure de la mort, la vie religieuse et morale supérieure,
dont les ont écartés les nécessités de la vie de chaque jour et la
dissipation qu'elle entraîne. Un terme à part désigne ce pacte,
cette convention. C'est le terme provençal de convenenza*.
Mais, au-dessus de ces croyants, la communauté cathare ren-
ferme une autre classe de fidèles. Ce sont ceux qui ne se sont pas
arrêtés à mi-chemin, en quelque sorte, comme les premiers. Ce
sont ceux qui, avec la foi, dont se sont contentées, en y joignant
quelques-unes des œuvres les moins gênantes que prescrit le
catharisme, les âmes tièdes des croyants, sont allés jusqu'au bout
de ses enseignements ascétiques. Ce sont ceux enfin qui ont fait
l'immolation de leurs appétits terrestres au renoncement radical
qu'il enseigne, qui n'ont pas cru, dans leur désir d'arriver plus
sûrement au bonheur éternel, devoir différer l'acceptation de
l'existence qui leur était proposée comme le seul moyen d'y
atteindre. Ceux-là, à causé de l'idéal de perfection qu'ils ont
adopté et qu'ils s'efforcent de réaliser dans la pratique quotidienne,
ont reçu le nom significatif de parfaits.
Ainsi donc, au sein du catharisme, si on le considère dans le
sens le plus large, en tant qu'association religieuse opposée à
l'association de même nature que forme le catholicisme, nous
devons reconnaître deux catégories distinctes d'adhérents : les
croyants, qu'on a essayé de définir d'abord, les parfaits, dont
il vient d'être question. Mais si, après cela, on envisage ce même
catharisme comme une église proprement dite, en entendant au
moins cette appellation comme il l'entend lui-même, il n'y a
qu'une espèce d'individus qui paraisse réellement apte à la cons-
tituer. Ce sont les parfaits. Seule, en effet, leur réunion offre
1. c Item fccit eis pactum quod vocant la convenensa quod reciperetur ab
eis in fine, secunduin pessimam consuetudinem eorumdem. » Limborch,
Liber sententiarum Inquisitionis tholosanae, fol. 10 b.
l'it.Lisf. et u société cithares. 227
les caractères essentiels et nécessaires auxquels se reconnaît la
société éJue de Dieu, c'est-à-dire l'absence de tout membre
impur ou à demi puriâé, la réalisation d'un idéal de détachement
sans réservas. Qu'au surplus cette église demeure aussi large-
ment ouverte qu'on peut l'imaginer, qu'elle ne demande pas mieux
r !<- plus grand nombre possible d'adhérents
futurs ou immédiats, à peine est-il besoin d'en faire la remarque.
Mais elle s'est délimitée spontanément avec uue précision et une
rigueur telles qu'eu vain chercherait-on rien de sembla li h' i/luv.
toute autre société religieuse. Qu 'est-elle d'ailleurs au juste,
d'après les dualistes eux-mêmes? Sur quels principes a-t-elle été
fondée? Quelle idée faut-il avoir d'elle, par rapport aux autres
communautés qui l'entourent, et spécialement par rapport a sa
rivale, à sa persécutrice, l'église catholique? Quels sont eun'n sa
raison d'être, son rôle dans le monde chrétien? Après les indica-
tions préliminaires qui viennent d'être présentées, c'est ce que
nous allons essayer d'exposer maintenant, et ce sera le prenkr
point de cette étude,
I/ÉOLISE CATHARE.
Pas plus qu'à l'église romaine, qui se dit universelle, qui se
proclame la seule traditionnelle et la seule véritable, la seule qui
ouvre aux hommes la voie du salut, on ne peut reprocher à
l'église cathare de ne pas avoir eu d'elle-même la plus haute idée
el d'avoir péché par excès de investie. Aux prétentions de l'église
officielle, qui lui semble abominable, elle oppose des prétentions
toutes pareilles, à ses a Da thème-, d«s anaMiemes non moins expli-
cites. C'est elle, et non l'église de Rome, qui est la seule authen-
tique, la seule en qui se soit perpétuée la tradition du Christ et
de «es apôtres, la seule qui soit en possession de la vérité et con-
duise infailliblement au salut.
Aussi, dans leur conviction de la légitimité exclusive de leur
église, est-ce avec une véhémeuce extraordinaire que les Cathares
repoussent l'accusation d'hérésie qu'on lauce contre eux. Los
hérétiques, ce sont leurs accusateurs et non eux-mêmes. En tout
cas, une imputation de ce genre no peut venir que des méchants,
résolus a méconnaître leur 1 .ni' : 1 u i
228 CHARLES MOLIIfIBR.
de vrais fils du Sauveur, d'héritiers incontestables et directs de
sa parole et de ses exemples. « Ce qu'ils disent avant tout et
couramment d'eux-mêmes, rapporte Bernard Gui, c'est qu'ils sont
de bons chrétiens, qui ne jurent, ni ne mentent, ni ne médisent
de personne, qui ne tuent ni homme ni bête ni aucun être vivant.
Ce qu'ils disent encore, c'est qu'ils observent la foi de Jésus-Christ
et son Évangile, tels qu'ils les a enseignés lui-même et les ont
enseignés ses apôtres, dont ils tiennent la place. Voilà pourquoi
les membres de l'église romaine, c'est-à-dire les prélats, les
clercs, les religieux et surtout les inquisiteurs, de même que les
Pharisiens persécutaient le Christ et ses apôtres, leur infligent
des persécutions et les qualifient d'hérétiques, bien qu'ils soient
d'honnêtes gens et de bons chrétiens1. »
Plus important peut-être que la revendication par les héré-
tiques de leur honnêteté ou de leur caractère de vrais représen-
tants du christianisme, il y a dans le texte qui vient d'être cité un
point qu'il faut retenir comme essentiel. C'est l'affirmation par
eux du lien intime qui les rattache au Christ et à ses disciples
immédiats, de l'apostolicité de leur église. Et cette apostolicité, à
leur avis, on doit l'entendre dans le sens le plus étendu, avec
toutes les conséquences, tous les privilèges qu'elle comporte.
Parmi ces privilèges, quelques-uns d'entre eux sont allés même
jusqu'à compter le don des miracles, suivant la promesse faite
par le Rédempteur à ceux qui croiraient en lui et qu'il ne pouvait
manquer de tenir. Toutefois, fidèles à leur dédain fondamental de
la matière, c'est dans un sens purement spirituel et allégorique
que la plupart ont interprété les paroles du Christ. Celui-ci
même, pensent-ils, n'a pas accompli réellement sur terre ces pro-
diges matériels où l'on a prétendu voir les signes les plus déci-
sifs de sa mission. C'est au point de vue spirituel qu'il faut les
1. « In primis communiter dicunt de se ipsis quod ipsi surit boni christiani
qui non jurant, nec menciuntur, nec maledicunt alicui; nec occidont nec
hominem nec animal, nec aliquid quod habeat vitam respirantem, et quod
ipsi tenent fidem Domini Jhesu Christi et Evangelium ejus, sicut docuit Chris-
tus et apostoli ejus; et quod ipsi tenent locum apostolorum, et qnod propter
predicta illi de Ecclesia Romana, videlicet prelati, clerici et religiosi, persecun-
tur eos, et precipue inquisitores hereticorum, et vocant eos hereticos, cum
tamen ipsi sint boni bomines et boni christiani, sicut pharisei persequebantur
Chrislum et apostolos ejus. i Practica inquisitionis heretice pravitalis,
Va pars, éd. Douais, p. 241. Voy. également une protestation du même genre
reproduite par Schraidt, Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albi-
geois, t. II, p. 104, n. 2.
■tarai i
l SOCIIÎTÉ ClTHlMS.
m
BBTÎngBr et les comprendre'. Comment, après cela, les Cathares,
vrais chrétiens, oseraient-ils briguer l'honneur il 'accomplir des
actes auxquels s'est refuse Jésus lui-même? Leurs miracles à eux,
Se h midi l'a dit avec raison, « étaient la flOOTCntOD fa km i
Hitti. leur délivrance de la servitude du démon, leur union nou-
velle avec le Saint-Esprit »'.
Quoi qu'il en soit de cet aperçu particulier, ce sont donc, ainsi
qu'ils le proclament hautement eux-mêmes, les Cathares seuls
qui représentent la vraie église, avec tous les caractères d'au-
lea traditions, les maximes qui doivent la faire recon-
naître. Mais cette église, auprès de laquelle toutes les autres ne
nit qu'imposture, comment la définir à leur gré? « Suivant leur
trine, dit encore Schmidt, l'Eglise consiste dans la réunion de
îux qui, eu croyant a la révélation du Dieu bon par Jésus-Christ
(t en accomplissant parfaitement ses préceptes, se sont affranchis
des liens de la matière et de la puissance du démon ; en un mot,
•i la réunion des parfaits de la secte; ceux-ci sont seuls
les bons chrétiens, les brebis du Seigneur, les successeurs des
apôtres, le peuple de Dieu sur la terre1. * Une telle définition
était à prévoir. Les dualistes n'en pouvaient donner d'autre. Elle
concorde absolument avec tous leurs principes dogmatiques et
inoraux. Tout aussi naturelles sont les conséquences qu'ils eu
I ntir-le-chaïup, et qui se résument dans une double
nécessité pour l'Église ainsi entendue : nécessité d'être pure et
sainte dans ses mœurs, nécessité d'avoir l'intelligence exacte du
christianisme, de sa vraie nature et de son but.
L'Église, affirment les sectateurs du catharisme, doit être pure
et sainte. C'est là, dans leur bouche, une parole qu'il faut prendre
à la lettre, et l'exagération, qui leur est familière, s'y montre
t. A tel égard, an a le ti-mnignage de Mimela, qui wul prouver MMtN le
dire du ler.latre* U réalité de* mirarles du fhrîit, de rem de ses apùlrei ei
det Minn de D|Um pttboUqn*. • ... Dir.unl, ,|UIH| OtrMu et .-, -.
nuii<|i).tm fer il Wllllhlll |pi,H Splrllunliler erRi). dleunl ipsl, debemu» Intel-
llgere tin»" ObHlU. • Mandat aâneriut l'a f Aurai tt Vafduntri librt qmnq-ur,
tib. il, «p. ». éd. RlaÛal, i> tu
'.'. Op. Cil., t. II. |r. 105. Voj. tbttt-, même i>a(!e, n (, un
rile par l'auteur, et qui ennQrme t« parolei a lui-même. Ce telle, etl emprunle.
a U Uupuliitlo inler Catholtewn tl Pattrintm heretteum du I
tirégoire de Florence, eieijiie de Kann. Vcrj, 77ie»nuruj an'cdotorum kqvMI,
S, Op al., I. II. p. 104.
230 CB1BLES MOLIKIER.
une fois de plus. Non seulement les membres de l'église cathare,
qui est la seule véritable, sont tenus de tendre à la pureté, mais
il faut qu'ils y aient atteint. Non seulement les impies, les incré-
dules, les pervers de toute sorte en sont exclus, mais cette église
exemplaire et immaculée ne peut se composer que d'adhérents
arrivés à la perfection. Là-dessus, la pensée des hérétiques n'ad-
met pas de moyen terme. « Dans l'Eglise de Dieu, dit un texte
du xme siècle, il n'y a pas tout ensemble des bons et des
méchants1. » Et ce jugement est celui de toutes les sectes dua-
listes sans distinction.
Ainsi qu'on doit s'y attendre, ce principe de la perfection
nécessaire de la véritable église, les Cathares en font l'application
rigoureuse à cette ennemie qu'ils ne perdent pas un instant de
vue, l'église romaine. Comment, s'écrient-ils, cette église pour-
rait-elle soutenir qu'elle est l'héritière authentique du Christ et de
ses apôtres? Comment lui serait-il seulement permis de prétendre
à la pureté et à la sainteté? En vertu de l'inamissibilitédu carac-
tère sacerdotal, elle garde dans son sein, malgré tous leurs
crimes, des représentants imparfaits. Elle a chez elle des hommes
adonnés à tous les vices, des hommes contre lesquels elle-même
est obligée parfois de sévir. Surtout, elle méconnaît les saints, les
fils légitimes de Dieu; elle ne craint pas de les persécuter*.
Mais ce ne sont pas là les seuls reproches que les sectaires se
jugent en droit d'adresser à cette église de Rome, selon eux si
condamnable. « Dans l'église romaine, disent-ils, il y a nombre
de misérables qui meurent presque de faim, de soif et de froid.
Et les riches de cette église demeurent sans pitié pour eux ; ils les
laissent se lamenter en vain et succomber sous le poids de leurs
souffrances. Comment pourrait-on soutenir qu'en eux réside la
charité divine3? » Ce n'est pas tout encore. « On ne voit point,
1. c In Ecclesia Dei non sunt boni et mali. » Bibl. nat., ms. lat. 13151,
fol. 348 D, et Muratori, Antiquitates italicae medii aevi, t. V, c. 95, sous le
nom de l'écrivain ferrarais du xv* siècle, Pellegrino Prisciani. Ce texte a été
allégué également par Schmidt, op. cit., t. II, p. 105, n. 3.
2. c Item, ut plurimura locuntur laycis de mala vita clericorum et prelato-
rum Ecclesie Romane, et specificant, et exponunt de soperbia, de cupiditate,
de avaritia et de immundicia vite et quecumque mala alia sciunl; et ad hoc
adducunt auctoritates, secundum suam expositionera et suum intellectum,
Ëvangelii et Epistolarum contra statum prelatorum et clericorum et religioso-
rum, quos vocant phariseos et falsos propbetas qui dicunt et non faciunt. »
Practica, V» pars, p. 241.
3. « ... In Ecclesia Romana multi sunt egenles, qui famé, siti et frigore
l'kclisi rr 1.1 société ctrninEs. 231
pou nui vent-Us, que ni le Christ ni ses disciples aient jamais
I >r*rsecatioris à qui que ce soit, mais plutôt qu'ils on ont
enduré. On It- s chassait, ils ur chassaient personne; on les flagel-
lait, ils ne flagellaient qui que ce fût. On \m incarcérait, ils M
mettaient personne en prison. C'est île façon toute opposée que se
OOndoil l'église de Home : elle expulse les malheureux; ce n'est
pas elle qui subît l'expulsion ', • Celte église coupable ne montre
donc, en fin de compte, que dureté et insensibilité. Elle a fait
l'abandon absolu de la mansuétude qu'avait prèchée le Christ.
Ainsi voilà les chefs de la société catholique accusés, convain-
cus auprès du peuple chrétien des pires défauts, l'avarice, la
dureté, l'oppression sanguinaire. C'est aux fruits, concluent tes
auteurs de ce réquisitoire, qu'il faut juger l'arbre. L'arbre est
donc mauvais. Avec ses vices, avec ses tares, l'église romaiue ue
saurait prétendre à être cette association irrépréhensible que tout
fidèle peut légitimement concevoir. On se tromperait, du reste,
si l'on supposait qu'à ces seules indications s'arrête réellement
la pensée des sectaires sur un point qui paraît leur tenir si fort
au cœur. Suivant eux, deux églises, eu réalité, se partagent ou
plutôt se disputent le monde : l'une, bonne, vraie, sainte, c'est la
leur, l'église légitime, authentique du Christ; l'autre, mauvaise,
et c'est l'église romaine elle-même. Cette église funeste et exé-
crable, c'est, dans leur croyance, « la mère de fornication, la
grande liabylone, la courtisane, la basilique du diable et la syna-
SfttU ». Sm partisans M BODt que 6a hérétiques. Le
salut est impossible dans son sein'. On ne saurait trop prendre
en considération l'importance qu'offre pour les Cathares la dua-
â qui vient d'être établie. Cette dualité, comme un lieu cora-
quiai mo ri u ni tir, qulbui dltltfl* F.r.ilpsljc Roman je non r.oio|>aliunlor, *nt
■Alnre, ici) »m'w uricdlrti» [Misionibin Minuit: quomodo rrgo i:biriU» Lin
manet la cl»/ > MonrU. lib. V, rap. i, p. 394.
1. i ... Nm Cnrltlils iii-r rjin disr.ijiuli iiircniunlur MlH |>rr»«iitioiiem,
«il polim IMtlMlm; fugabanlur, non fiiaabanl . flauellabantur, non lUgelta-
bant: lnr.»r<-.iiran«nlnr, non tpirilUlml. I mnlrario siulem Krrlcitia Itomatu...
M ii«b«L, qni» rifWltiL, cl non «pellilur... ■ lM.. iU supra, lib. V, cap. US,
.
!. i llfrti, il 1141 runlinctinl ette errlesias, unam bnnlKnatn quun ilicunl un*
letlam -11,110, (Minqur r-v nvirrunl ecrlciïom Jlinu lliri-li : iltum *#ru eccle-
.' iunlijjium, qtum iliriml MM Rumsnain Y," -le»!»»!, Mm'|iO' mn>"-
cltnUv ippvllanl iiiitmn furnicaliunii. Ilabilotiem inatiitm, tneroIrU'rm M
■ ' y[ue «railut ri ocilini>l ac «ntlila-
< 1 italuU deiplcinnl t\ llafflll. ri uiiinct qui lidïl» rju& Irtient
232 CHARLES M0LI1UER.
mun cher à la secte, apparaît dans tous les documents du xm6
et du xiv* siècle. A peine est-il besoin de remarquer d'ailleurs
qu'elle cadre absolument avec les conceptions ditbéistes, faites de
l'opposition perpétuelle du bien et du mal, dans la divinité, dans
la création, dans la nature humaine et jusque dans l'Ecriture
sainte.
Cependant, non moins importante et, sans aucun doute, de
conséquence supérieure est la réprobation définitive de l'église
romaine, dont les dualistes appuient l'exposé de théories particu-
lières. L'écho doit en retentir à travers tout le moyen âge chez
toutes les sectes insurgées contre l'unité catholique. Dans les mêmes
termes, elle se répétera du catharisme à la Réforme, depuis le
xif siècle jusqu'au xvi6, proclamée successivement par les Vau-
dois, par les disciples fanatiques de Gérard Segarelli et de Dol-
cino, par leurs contemporains, les dissidents de l'ordre de saint
François d'Assise.
« Le pape, diront les premiers, et, avec le pape, les évêques,
les prélats, les clercs, parce qu'ils détiennent les richesses de ce
monde et se refusent à imiter la sainteté des apôtres, ne sont pas les
pasteurs et les chefs véritables de l'Église de Dieu. Ce sont des loups
rapaces et dévorants. Le Christ ne peut vouloir confier à de tels
hommes l'Église, son épouse. Il ne faut pas leur obéir1. » Vien-
dront ensuite les hérétiques, que les inquisiteurs ont qualifiés de
Faux- Apôtres. « Toute l'autorité, diront-ils à leur tour, que Jésus-
Christ avait conférée jadis à l'église romaine s'est trouvée anni-
hilée et a pris fin par suite de la méchanceté de ses chefs. Cette
église, qu'ont entre leurs mains le pape, les cardinaux, les pré-
lats, les clercs, les religieux, n'est pas l'Église de Dieu. C'est une
église condamnée et stérile1. » Enfin, parleront les mystiques,
Spirituels et Béguins, nourris des rêves apocalyptiques de Joa-
appellant hereticos et errantes; nec aliquem posse saWari in fide Romane
Ecclesie dogmatizant. » Practica, V* pars, p. 237-238. Voy. également Lib.
sentent. Inquis. tholos., fol. 40a (sentence de Pierre Autier, d'Aï, condamné
au bûcher, à Toulouse, le jeudi 9 avril 1311).
1. c ... Papa et episcopi, et prelati, et clerici, qui habent divitias hujus
raundi et sanctitatem apostolorum non imitantur, non sunt Ecclesie Dei reri
pastores et gubernatores, set lupi rapaces et devoratores, nec talibus Chris tu s
dignatur committere Ecclesiam sponsara suam, et ideo eis non est obedien-
dum. i Practica, V« pars, p. 251.
2. «... Tola auctoritas a Domino Jhesu Christo col la ta dudum Ecclesie
Romane est omnino evacuata et jam cessa vit propter maliciam prelatorum...
Ecclesia Rom an a, quam tenent papa et cardinales et prelati et clerici et reli-
l/feLIBI CI U SOCIÉTÉ CATHARES. 233
diim da Flora, de taa de Panne et <le Pierre Olive. « L'Eglise,
dèolinront ces derniers, a soûle du vin de sa fornication tous les
souverains de la terre, c'esL-à-dire les rois et les j.rinces de la
chrétienté, et avec eux les hauts prélats qui se sont attachés aux
pompes de ce monde. 1^ pape n'est que le sanglier de la forêt, le
sanglier sauvage qui renverse et détruit les murs de l'Église de
Dieu, l'enceinte qui la protège, afin que puissent y pénétrer les
chiens et les pores, c' est-a-dire les hommes qui blasphémant ci
foulent aux pieds la perfection évangélique1. » Ainsi, d'un siècle
à L'aQtn se propagera cette malédiction effrayanle. Elle s'im-
plantera dans l'oreille et dans le cœur des peuples. Justifiée par
l'entêtement des pontifes à ne pas s'amender, à ne rien sacrifier
do leurs visées et de leurs ambitions mondaines, elle préparera le
déchirement final, dont Luther, ZwiDgle et Calvin seront les pro-
moteurs triomphants.
Cette déchéance de l'église officielle, à cause de ses vices et de
ceux de ses ministres, à cause de son infidélité au mandat dont
elle avait été investie primitivement, elle ne date pas d'ailleurs
d'hier. Les débuts en remontent jusqu'aux jours lointains où cette
église, contrairement à la loi du Christ, à ses exemples ainsi qu'a
ceux de ses apôtres, a voulu entrer en partage avec les puissances
d'ici-bas de tout ce que le monde renferme de richesses, de jouis-
sances matérielles. 11 y a plus : selon lis Cathares, un moment
précis peut être assigné, dans l'histoire du christianisme, à cette
chute honteuse. C'est celui où le pape Sylvestre reçut des mains
de Constantin la donation de biens et de territoires considérables.
De ce fait est sortie la perversion morale de la papauté et de
l'Eglise représentée par- elle. Le Saint-Siège, prétendent les sec-
taires, s'est souillé par l'acceptation d'un pouvoir essentiel h' meut
temporel et terrestre. Le pontife qui n'eut pas le courage de
repousser ce pouvoir n'est que l'Antéchrist.
Et cette explication donnée par les dualistes de la décadence,
(foil, nmi rut Kcdtrti DH, tri rpprobatii ecctesla tln« fructii i Ibid,, ut
rupra, p. ÏW.
1. t ... I|i«4 Erclesla dr tIoo fornication! t MM poUiil «m ne* reges lerre, il)
Ml ri-ni-» •'( |irind|>«* elirlilianilatia «I i nanti"* |>relalo« qui l'Uinpam muodi
Mcontur... Item lp»om [papan>| dicunl ciw apruru de ailva el tuiKularem
lutnanUim «I dMlrnenlem maceriam teu clauauraiu EcrlMie Dei,
lu nt Mm |Hiktint lng>«dt cane» «l porei, id «at homlnet qui ptr-
ferllnnnm t(I« o tapUw dlUreranl et conculcant, • l'racttea, V pan,
p. 274, 276.
234 CHARLES MOLINIKR.
évidente suivant eux, de l'église romaine obtient, auprès des
autres hétérodoxes, leurs contemporains ou leurs successeurs, la
même faveur qu'a trouvée la réprobation sortie de leur bouche
sous une forme si terrible. Ici encore, il faut voir en eux les pré-
curseurs d'une opposition irréconciliable, dont ils ne se contentent
pas de donner le signal, mais à laquelle ils fournissent aussi des
arguments qui seront reproduits à satiété. L'empereur Constan-
tin, racontent en effet les Vaudois, a été atteint de la lèpre. Sur
la foi d'un songe, il appelle Sylvestre, se fait baptiser par lui
et guérit du mal qui le tourmente. Dans sa reconnaissance, il
confère au pape la dignité et la couronne impériales et lui aban-
donne la ville de Rome, tandis que lui-même se retire à Byzance.
Mais, à partir de ce jour où un pontife hérétique s'est élevé aux
honneurs de ce monde, les maux se multiplient sur la surface
de la terre1. C'est à cette pensée que se sont arrêtés également
les sectateurs de Segarelli et de Dolcino. « Tous les prélats de
l'église romaine, affirment-ils, les plus grands comme les moindres,
depuis les temps du pape Sylvestre et depuis qu'ils eurent renoncé
à l'existence qu'avaient menée les saints des premiers jours, sont
des prévaricateurs et des ministres de séduction. Un seul doit être
excepté : c'est frère Pierre de Morrone, qui occupa le Saint-Siège
sous le nom de Célestin2. »
Comme cela devait être, la décadence, la corruption, dénon-
cées par les sectaires, sont allées augmentant sans cesse à partir
du jour où elles ont commencé. L'Eglise, de déformations en
déformations, a fini par devenir exactement l'opposé de ce qu'elle
fut d'abord, de ce que l'avait faite son fondateur. Ce n'est plus
qu'une maison où se débitent des mensonges et des impostures.
Tout en elle est trompeur, les miracles dont elle se vante comme
les ministres qui prétendent les accomplir. Ces derniers ne sont
que les faux prophètes prédits par le Christ et par ses apôtres.
Ses sacrements n'ont été institués que pour jeter les hommes dans
l'erreur et les livrer à la domination de Satan. Ses coutumes sont
mauvaises et aussi étrangères aux préceptes de l'Evangile qu'aux
1. Voy. Ign. von Dollinger, Beitrûge zur Seklengeschichte des Mittelalters,
zweiter Theil : Dokumenie vornehmlich zur Geschichte der Valdesier und
Katharer, p. 352. Voy. également p. 356.
2. « ... Omnes prelaii Romane Ecrlesie, tam majores quam minores, a tem-
pore sancti Silvestri, postquam declinavernni a modo vivendi priorum sancto-
rum, sunt prevaricatores et sedactores, excepto fratre Petro de Morrone, qui
fuit papa Celestinus appellatus. > Practica, V* pars, p. 259.
I.'bY.LISI1 El Li SOCI
■ i.1 h première sodéte* ohréti«me. De cmuiivenceavec
l'esprit du mal. elle travaille à égarer les âmes, à rainer l'œuvre
que Dwu avait voulue et dont il avait décidé l'exécution par l'in-
termédiaire du Rédempteur.
C'est la-dessus que concluent les Cathares, DU pbltM çn'ttl
reviennent aux nn'iiiiiww posées tout d'abord par eux. Que l'on
compare leurs principes, leur vie, leurs actes, à ceux de cette
igtlM qu'ils répudient. La qualification d'hérétiques qu'on leur
i qui s'applique-t-elle légitimement? N'est-ce pas a
ceux-là mêmes qui tentent de les en flétrir? Les hérétiques, ce ne
sont pas eux, fidèles aux enseignements du Christ et surtout à son
nn'pri- du monde Bl ÔM joies de ce monde. Ce SODl les Cl I
membre* il 'une tMOOiatîot) raligfeUM qui a rompu avec ses tradi-
tions originelles comm «W les lois de la charité et de la justice.
Ce sont ses adhérents obstinés, ceux qui s'attachent opiniàtré-
ment ;i elle quand tout se réunit pour leur ouvrir les yeux, pour
leOT fiure reconnaître dans celle société 'letestalile I église, du dieu
mauvais, la synagogue du démon, celle que l'apôtre a désignée
et maudite dans son Apocalypse.
, après cela, un ehretiefl BwotN dûîl dé-i>-pé['er de trou-
ver le salut dans cette égliv rimas de son man-
dat primitif, où pourra-t-U le chercher et le découvrir? Ici -se
place pour !e catharisine un nouveau triomphe. Ses fidèles, l'église
qu'ils conslituenl ropiVJanntiMll seuls la véritable église. Seule,
celte église particulière possède le secret du bonheur éternel. Pour
l'obtenir ce bien suprême, objet -les aspirations de I i
Broyante, le moyen est bien simple. 11 suffit de sortir de l'église
catholique et d'entrer dans l'église cathare. Que l'homme adopte
la secte. Qu'A u régénère par la baptême de rEepril al renonce fa
la terre pour mener l'existence de» parfaits. Devenu BHObra de
l'Agita qui ait la seule autiieiiiique, il obtiendra le pardon de Mo
fautes. Il aura rempli toutes les conditions nécessaires pour sau-
ver son âme. 11 aura reçu le dieu consolateur et, avec la pléni-
tude de ses dons, l'assurance de la \ i<
LA SOCiAtÉ CATHAEB.
Nous :l i. finir l'église cathare, d'en marquer
Lee caractères essentiels. 11 nous faut passer maintenant à l'étude
236 CHARLES SfOLINIKR.
de la société qui se groupe autour d'elle et dont elle incarne l'idéal
religieux. Cette société, comme il a été dit, comprend deux espèces
distinctes et bien différentes d'individus, les parfaits, seuls
membres en réalité d'une église étonnamment fermée et exclusive,
les croyants* gens du siècle, Cathares de cœur et par la foi,
mais forcément éloignés, par suite de leurs occupations quoti-
diennes, d'un ascétisme dont la secte fait à ses élus une obliga-
tion péremptoire. De ces deux catégories d'adhérents, c'est la
première dont nous nous occuperons tout d'abord.
1. Les parfaits. — A propos des parfaits, une question doit
être examinée avant toute autre. C'est celle que soulève la diver-
sité des appellations dont usent pour les désigner les écrivains
catholiques du xne et du xiu* siècle. De toutes ces appellations,
la plus ordinairement employée sans doute, en même temps que
la plus exacte, est celle dont nous nous sommes servi nous-même
jusqu'ici. Mais il en est un certain nombre d'autres au sujet des-
quelles il est indispensable de présenter quelques observations.
Le nom de parfaits mis à part, l'un des plus anciennement
usités pour désigner les sectaires dualistes c'est celui de Katha-
ristae. On le rencontre, au XIIe siècle, chez le bénédictin alle-
mand Eckbert1, au xin°, chez le dominicain et inquisiteur fran-
çais Etienne de Bourbon2. Mais l'emploi du terme indiqué par
ces deux écrivains constitue en réalité un abus inacceptable.
C'est une des conséquences de la confusion commune, surtout
au xn6 siècle, à nombre de controversistes orthodoxes, et en vertu
de laquelle les Cathares ont été absolument identifiés aux Mani-
chéens antiques décrits par leur adversaire saint Augustin, en
même temps que tout ce qu'avait dit ce dernier des dualistes de
son époque était appliqué sans réserves à ceux du moyen âge. Si
la dénomination de Katharistae a pu convenir à des hérétiques
du rve siècle, la seule forme de cette dénomination spéciale dont
on doive légitimement se servir, quand il s'agit, sept ou huit cents
ans plus tard, des parfaits, c'est celle de Cathari. Suivant
Etienne de Bourbon, elle aurait été usitée en particulier par les
1. Le traité d Eckbert figure dans la Bibliotheca maxima Patrum, t. XXXIII,
p. 600-631.
2. c Item electi eorum Kathariste dicuntur, id est purgatores, quia dum
comedunt aut bibunt, bonam illara naturam Dei admixtam cibo se purgare
dicunt, ut sursum redeat, et roala natura per secessum emittatur. » A. Lecoy
de la Marche, Anecdotes historiques } légendes et apologues tirés du recueil
inédit d'Etienne de Bourbon (Soc. de l'Hist. de France), p. 301.
t'ÉSUM ET Li siHJKTlt CATHlBi;)
237
Allemands1, Mais elle figure Bnsei dâiu Aa textei ûYortgiM ita-
lienne et contemporains du son ouvrage à lui-même, dans les
traité* de Mouèta, de Raînier Sacchonî, et, à uue date proba-
blement antérieure, dans l'œuvre il peu près inédite d'un auteur
quelque peu émgmatique, G. de Bei-game*. On peut ajouter
quelle a donné naissance a la forme de Gazari*. d'où est venu
le mot allemand kelzer (hérétique).
Pour indiquer les dualistes modernes, d'autres appellations
sont d'ailleurs aussi courantes et aussi authentiques, plus
- même, il semble, que celle de Cathares. Ce sont les
limn de boni hommes*, de boni Christian**. Pour ceux-ci,
la raison s'en découvre sans difficulté dans tout ce qui a été dit
de la conception qu'ont les sectaires d'eux-mêmes et de l'église
iJuvlM'iiui' et dans la pensée qu'ils sont seuls à représenter légi-
timement cette dernière. D'autres dénoinitutliiios paraissent moins
ordinaires, celles, par exemple, de consolés et, s'il faut en croire
quelques historiens, de consolateurs. Ce n'est pas qu'elles ne
s'expliquent assez aisément comme les précédentes. La première
viendrait de ce que la grâce qui tire les hérétiques de la foule
font», qui les élève au rang des parfaits, leur est trans-
mise par le plus considérable de tous les sacrements que possède
le catharisme, c'est-à-dire le consolatnentum. La seconde déri-
verait de ce fait, qu'investis d'un véritable caractère sacerdotal,
Us ont effectivement le pouvoir de communiquer la grâce qu'ils
ont reÇM, en accomplissant le même rite qui la leur a donnée1.
1, Voy. Lecoy de la Manne, op. cil., p. BOOU
2. Celle fltUTre ligure â I* lttblintiiè<|ue Ambrosiennc, dans un recueil factice,
marqué Je la cote Q 3:', *up. Elle a Clé signalée a deui reprises différente* par
Muriltiri, uni* fuis dans mi Hrrum italtcarum icriptorti, t. XI, p. 4(5, une
autre foi» dans ses Antù/utialti ttaUcat inerfil aevi. L'érudlt italien au a
même donné, dam re dernier ouvrage, le début el <iuel<|uc) courts extraits.
Vtf. t. V, c. IV.I-Ij.1.
1. Au dit* d'filirnne de Hourlwin. r.a-art ht* il une appellation italienne,
ou. ptua etKtemenl, lombarde. ■ Dicunlur eliam a Lumbardii tïaxarl Tel
l'ilban. t l.eco) de l.i «ari-bf, of>, ci/,, p. 300.
4. (iinrile de Lombrri de 1165; Pierre de Vaux-de-Tcrnay, lititorta Alhtgtn-
jiutn, nb. u ; t.tb. tmtmL Inçiii Iholoi., fol. 10b et pautm.
■
li. Alain. <|ui eut peut-élre le même qu'Alain de Lille. ■ prétendu distinguer
lr> tonioic ÉH /icir/inh S'Iiiniill \/ÊQl Mtl UëUmBOm mal fondée (»ny. op.
cit , l. II. p. K, n. 4). A noire ni», 11 ■ raison. NI l'esprit dui croyance*
Cathare», auiqucllet il te réfère, ni Itl IflTsfl n> BHÉfMOl l.i pennée eijiri-
mee j-ar l'anleur du *u" siècle.
238 CHARLES MOLINIKR.
Enfin, comme, pour l'église orthodoxe, le catharisme représente
à un certain moment l'hérésie suprême, en tout cas celle qu'elle
juge la plus redoutable, non seulement les simples fidèles, mais
les controversistes catholiques et avec eux les inquisiteurs, tous
donnent aux sectaires le nom général d'hérétiques* et à leurs
croyances celui d'hérésie. C'est sous cette appellation que, dès
la fin du xiie siècle et surtout au xiu6, les doctrines dualistes se
trouvent perpétuellement accouplées à d autres que les souve-
rains pontifes poursuivent avec un égal acharnement, sinon avec
un même succès, celles qu'a prêchées Pierre Valdez. Alain écrit
son traité « contre les hérétiques et les Vaudois ». Guillem de
Tudèle, l'auteur de la première partie de la Chanson de la croi-
sade contre les Albigeois, parle des eretges e sabatatz. Les
interrogatoires d'Inquisition relatent les réponses des prévenus
super crimine ou super facto heresis et valdesie, « sur l'ac-
cusation » ou « sur le fait d'hérésie et de vaudoisie1 ».
Quoi qu'il en soit de ces noms divers donnés aux représentants
en titre de l'église cathare, aux parfaits, c'est par l'imposition
des mains, par le consolamentum , sacrement principal de la
secte, le baptême spirituel qu'elle oppose au baptême matériel de
l'eau, qu'ils atteignent à cette condition souveraine. Ils font par-
tie dès lors d'une classe d'élus, en qui se retrouvent tous les
caractères supérieurs, tous les privilèges, qu'attribuent aux
croyants d'une telle catégorie les textes du Nouveau Testament.
Ils deviennent les fils légitimes du Christ, les successeurs authen-
tiques de ses apôtres.
C'est tout autre chose, du reste, qu'un vain orgueil qu'il faut
voir dans cette prétention des parfaits de se réclamer du Sau-
veur et de ses disciples immédiats, de se donner comme leurs con-
tinuateurs. Dans leur pensée, la sainteté, dont ils croient avoir
repris possession par le retour en eux de l'Esprit-Saint, ne les
autorise pas au repos. Elle leur impose au contraire une vie de
labeurs pareille à celle des premières générations qui fondèrent la
foi chrétienne2. Le monde, en réalité, n'existe plus pour eux. Ils
1. Voy., pour ces dernières indications, Schmidt, op. cit., t. H, p. 92, n. 7.
En ce qui a trait à certaines appellations propres aux fractions orientales de la
secte cathare, celle, par exemple, de ôtotoxoi, pères de Dieu, dont les Bogo-
miles, suivant l'historien grec Euthyme Zigabène, auraient désigné ceux de
leurs coreligionnaires comparables aux parfaits, voy. également le même
auteur, op. cit., t. II, p. 92 et n. 5 de la même page.
2. Voy. chez Schmidt, op. cit., t. II, p. 94, le témoignage curieux de ce
CUtm kt 1.* eeciM c.ta.bk''. 239
cassent d'y appartenir, au moins dans le sens spirituel donné pu
l'Kvangile a ce renoncement suprême. Du monde, ils abdiquent
les passions LaB ilisii's. Da ne s'appartiennent même plus à eux-
mêmes. Ils font à l'église qui les a accueillis, à la propagation de
<;<!.■:. -r. m m seulement le sacrifiai de leur vie
ei de leur sang, — cela va si bien de soi, que d'un sacrifice de ce
genre on ne parle même point, — mais ils lui immolent encore
MDi délai lout ce qui fait te charme de l'existence humaine, ce
qui la constitue réellement, les affections, les richesses, jusqu'à
la satisfaction des besoins les mieux justifies.
Pour le cathare, en effet, du jour où le consolante ntum lui a
été accordé, il n'y a plus ni liens ni joios de famille. S'il est
DUtt, il n sépare de M G BUH <'t 'li1 ses enfants; il se condamne
i bm rie rigoureusement solitaire et chaste. 11 fait an B)Sdh
temps vœu de pauvreté absolue. Ses biens, s'il en a, il lej akm-
donne a l'église où il est entré. Il les verse au trésor commun,
qui, formé d'apports de toutes sortes, donations ou legs, sert à
défrayer les besoins de l'association et de ses ministres. Sa vie
quotidienne prend le caractère le plus humble, pour ne pas dire
le plus grossier. Les privations de tout genre eu deviennent la
règle. Il se contente pour ses vêtements d'étoffes aussi simples
que possible, de couleur sombre, ordinairement noire. Kn fait de
nourriture, il se restreint au strict nécessaire, à ce qu'il lui faui
exactement pour soutenir son corps qu'il méprise. Conformé-
ment aux croyances de la secte, il répudie tout aliment charnel.
[fit aliments auxquels il se réduit en est-il redevable le
plus souvent a la charité de ses coreligionnaires. « Les hérétiques,
dit un texte des débuts du xiv" siècle, quand ils ne se livrent qu'a
un travail modéré, doivent observer le jaune, Bt en particulier
ji'iiiH ■[■ anrant tans carenue, le premier de la fête de saint Mar-
(c>li> Nu,'], |i M'rund a l'époque qui est celle du carême
'. ùeme de la PentecMe environ à la CStfl de sainl
Jean. Durant ces carêmes et à d'autres moments aussi, ils doivent
■il-. peBTenl le supporter, n'absorber pendant (rois
nenl k la 'juiélmle rt a toai 1» bien* île ce inomlr qur se rendent à
eut-memn let parfutlt, et que nnui ■ Iraiiiriii* un ri'riiain callioliqun du
Xll* nierle. In (irétnuritre. nSi-rwin, |ir**iVt île Slein'clil. Datit le« pMdla '■■]>■
(Hirlén |>ar lui, il j a ct>inm« W |>r>gr*innie <l* l.i vie * laquelle as ••tnl
réwiluii ta Cathare* elitir* A une ÛplU MpMtan par le plut pulMtnt lies
rlie« la Ion
240 CHARLES MOL! If I EH.
jours que du pain et de l'eau, en y ajoutant une noix au plus. Les
autres jours, il leur est permis de se nourrir de pain, de mets
cuits, de vin et de poisson; mais il faut que le vin soit si forte-
ment mélangé d'eau qu'à peine il en reste quelque peu dans la
boisson ainsi préparée. Cette prescription a pour but de les aider
à dompter leur chair1. »
A côté des parfaits existe tout un groupe de femmes, désignées
du même nom qu'eux. Comme les hommes, ces femmes se dis-
tinguent par un vêtement spécial, également de teinte sombre.
Au reste, leur vie de chaque jour n'offre aucune différence avec
celle dont les parfaits eux-mêmes ont accepté les lois rigou-
reuses. C'est une existence toute semblable à celle de ces derniers,
de renoncement et de privations. Ainsi qu'eux, les parfaites
ont quitté leur maison, abandonné le foyer conjugal, délaissé
leurs enfants, renoncé à leurs biens pour se soumettre au régime
le plus austère et le plus frugal. La seule concession qui leur soit
faite, c'est de ne pas voyager sans cesse, alors que les hommes
y sont obligés. C'est aux hommes, en effet, et non à elles qu'a
été dévolu essentiellement le rôle particulier d'apôtres de la
bonne nouvelle, de propagateurs des doctrines du salut. Elles
habitent seules, dans des cabanes isolées au fond des bois, dans
des lieux retirés. Parfois encore, réunies dans des maisons com-
munes, elles s'occupent ensemble de travaux manuels, de tissage,
de couture, ou bien font l'éducation de jeunes filles qu'elles ins-
truisent dans la foi qui leur a imposé tous ces sacrifices. Elles
ne sortent de ces asiles que pour soigner les indigents et les
malades. Leur vie, sous cette dernière forme, fait songer à celle
que mènent comme elles d'autres femmes dans les béguinages fla-
mands du xiii6 et du xive siècle, toujours si suspects à l'église
officielle8.
t. Dtillinger, Dokumente, p. 246. Voy. également Ibid., p. 19, 22. Voy. encore,
Archives des Missions scientifiques et littéraires, t. XIII, p. 288, 289, un texte
publié par nous et emprunté à un manuscrit de la Bibliothèque du Vatican,
fonds du Vatican, n* 4030, fol. 59 C. Le texte en question dépeint la vie de
l'hérétique Guillem Autieret la présente comme le type de l'existence des par-
faits cathares.
2. Voy. sur ces points Schmidt, op. cit., t. I, p. 200 et 289, et t. II, p. 95. —
A travers l'obscurité et la malveillance intentionnelles des termes, peut-être
faut-il voir l'indication d'un de ces refuges de femmes parfaites dans le Débat
d'Izarn et de Sicart de Figueiras, publié par M. Paul Meyer. Voy. vers 57-64.
Voici, en tout cas, un texte qui confirme de la façon la plus explicite une par-
l.'lXMSE ET U SOCÏRTÉ CalHanES. 241
Mais ce u'est pas toujours dans des limites aussi étroites que
s'enferme le rôle de ces adhérentes du catharisme. Il s'agraadit,
eu certaines circonstances, et s'élève a la hauteur de celui qui
revient forcément aux hommes, leurs corelig ion na ires. Afin de
maintenir entre les membres de la secte les rapports qui doivent
assurer la ferveur de leur foi, elles aussi entreprennent ces
courses, où, comme les parfaits, elles doivent s'attendre à toutes
les fatigues et a tous les péril». Les croyants ne mettent pas
d'ailleurs un moindre empressement a soulager leurs peines, ni
ne montrent moins de sollicitude pour garantir leur sécurité
qu'ils le font plus couramment pour les parfaits eux-mêmes en
pareilles conjonctures1. Ce n'est pas tout encore. Les fooctions
sacerdotales, qu'on pourrait croire réservées uniquement à
ceux-ci, ces femmes arrivent à les exercer également, au moins
daus une certaine mesure. Schmidt voudrait qu'on leur eût
accordé jusqu'au pouvoir d'administrer le consolamentum en
des cas extrêmes'. Nous ne le pensons pas; même pour les cas
dont il s'agit, nous n'en avons pas, quant à nous, rencontré l'in-
dication. Mais, là où le même écrivain se trouve certainement
dans l'erreur, c'est lorsqu'il ajoute : * Il n'y a pas un seul
exemple qu'elles aient aussi eu le droit de prêcher au peuple; les
lie des renseignement! donnas, par Schmidl el que nous-méroc a»on» rejiro-
Mk II esl emprunt* i on manuscrit des Archites de la Uaule-Garonnu
(fonds des Dominicain») , ■ Ilem Uixit se tidi&se Isibardam el sociam ejus
herelicatn in quadatn cabana in memore de Treboncio. i Interrogatoire de
Guillfin Carrère, S juin ïlbi. — t Post hoc venerunl ibi dicli Raimundua
de Ccriiano et Rainiundus Ulehael boretici et eduierunt inde Ipsam testent el
Arsendim et Guilletmam Record&m, social tpsius lestis beretkas, et duie-
runl eas in nemora de Alione prope Pradas. El fuerunt ibi in quadam cabana
per quatuor menie». • M£me manuscrit, fragment do l'interrogatoire d'une
femme iloot le nom n'est pas indiqué.
1. • Dliit etiain quud cum ijisa leatîs el socie ejus heretice stelissenl ibi,
ilcut dictum «l superius, Raimundus Bernardi et Galharda, uiorejus, eduie-
runt Ipsam lettem et soclas ejua herelicas inde, el duxerunt eas ettra lillani
de Hrom. » Manuscrit des Archives de la Haute-Garonne cite plus baut, frag-
ment de l'interrogatoire d'une certaine lligau.de Saurine. — « Item diiit quod
quindo ipaa le» lis et «oela eju» hereliea riiterunl a domo Riiimundi Rernanli,
aieut dklum est auperius, Ilernirdus Kossi de Hrom cum ait il. duobus aune-
riut nouiiiiatîl aasociaverunl ipsam leatrni et social ejus tierelkas. > Même
manuscrit, mPme déposition, — i El cum stetlssenl Ibi per dictum lempus,
Ralmundui Gullaberli hcrelkus et Bernardus Garlni macellariu» «du «root
ipsam testera et sociam ejus hr relient inde, et intfuiniserunl eu In do m uni
Quillclmi de Valle. ■ lliiil., u( tupra.
î. Voj. op. eU-, t. Il, p. 95.
:v. Hiaro». XOIV. 2' rue. 16
242 CHARLES MOLIUIBR.
Cathares, différents sous ce rapport des anciens Vaudois, lais-
saient bien plus les femmes dans leur sphère naturelle1. » Des
textes, en assez grand nombre, nous représentent des parfaites
se livrant à la prédication, c'est-à-dire exhortant les fidèles de
la secte et exerçant auprès d'eux le ministère de la parole, en
même temps qu'elles accomplissent, il semble, certains rites du
culte cathare, les moins solennels, ceux qui reviennent le plus
fréquemment, au moins la bénédiction du pain et des mets qui
figurent aux repas dont elles prennent leur part. Elles reçoivent
aussi des croyants, dans les mêmes circonstances où cela s'exécute
pour les parfaits et avec la même régularité, le témoignage obli-
gatoire de respect, que les inquisiteurs désignent dans leurs
registres par le terme abusif $ adoration2 .
Des rapports d'affection profonde rattachent les parfaits aux
parfaites. D'après un renseignement qui nous vient de la jus-
tice inquisitoriale, ils se donnent entre eux les noms de frères et
de sœurs3. Toutefois, quelle valeur faut-il attribuer à l'assertion
d'un écrivain catholique du milieu du xii* siècle, le moine de
l'ordre des Prémontrés, Everwin d'Helfenstein, prévôt de Stein-
1. Voy. op. cit., t. II, Ibid.f ut supra.
2. Nous citerons quelques-uns de ces textes décisifs. Nous les empruntons à
ce même manuscrit des Archives de la Haute-Garonne dont nous nous sommes
déjà servi à plusieurs reprises. « Adjecit etiam ipsa testis quod vénérant Arsen-
dis Borella et Fabressa et Ermengarda de Vestiaco heretice que stabant ibi.
Et ibi ipsa testis et predicta Maencia steterunt continue cum predictis hereti-
cabus, comedentes ibi cum predictis hereticabus continue ad eamdem mensam
et de comestionibus earum ; et in quolibet génère cibi et potus noviter sumpto
dicebant ipsa testis et predicta Maencia : Benedicite, et ipse heretice responde-
bant : Deus vos benedicat. Et vidit ibi ipsa testis pluries cum predictis here-
ticis et hereticabus predictos Petruro de la Cauna, dominum domus, et Guil-
lelmum et Brunam, uiorem predicti Pétri de la Cauna; qui omnes, ipsa teste
vidente, et ipsa testis et predicta Maencia, adoraverunt pluries predictas here-
ticas, et pluries audierunt predicationera et monitiones dictorum hereticorom
et hereticarum. » — « Qui omnes adoraverunt pluries ipsam testem et sociam
ejus hereticas... et pluries audierunt verba et monitiones earum. Dixit etiam
quod venerunt ibi semel ad audiendum ipsam testera et sociam ejus hereticas
non simul... Petrus Rairaundus de Ravato, filius predicte Ave major, et Rai-
mundus de Lordenaco; qui ambo sicut venerunt adoraverunt ipsam testem et
sociam ejus hereticas, et audierunt verba et monitiones earum. » — c Item
dixit quod venit ibi semel ad videndum ipsam testem et sociam ejus hereticas
quedam fi lia conjugata predicte... cujus nomen ipsa testis ignorât; que adoravit
ibi ipsam testem et sociam ejus hereticas, et audivit verba et monitiones
earum. » Fragment de l'interrogatoire d'une femme dont le nom n'est pas men-
tionné.
3. Voy. Schmidt, op. cit., t. II, p. 96, et n. 2 de la même page.
l'iîclisk i.t l» aoc.iéti unum 243
feid, en vertu de laquelle Imparfaits auraient eu l'habitude de
se faire accompagner dans leurs courses par des parfaites, et
cela a l'imitation des apôtres, qui parfois emmenaient avec eux des
femmes dans leurs voyages? Schmidt a cité ce document curieux,
mais n'a pas cru devoir considérer comme exacte l'indication
qui y est contenue. « Nous n'avons pas trouvé un seul fait, dît-il,
qui couflrmàt l'assertion d'un auteur, que les parfaits avaient ia
coutume de voyager avec des parfaites; celles-ci n'avaient
même pas le droit de manger a. une même table avec les hommes,
et les parfaits évitaient, suivant le témoignage même des adver-
saires, comme un des péchés les plus graves, de toucher à une
femme1. »
L'historien a raison en principe, et nous sommes de son avis.
Les faits allégués par lui sont hors de doute. En ce qui concerne
surtout l'éloignement des Cathares pour la société des femmes,
par crainte d'une chute qui aurait été pour eux la plus funeste,
les renseignements sont multipliés et formels. Guillem Autier ne
touche jamais une femme, et, avec d'autres prohibitions auxquelles
il s'est astreint, c'est une des raisons de la sainteté de sa vie*. Il
y a là un sentiment de réserve et de pudeur extrêmes, que les
croyants connaissent de reste, et auquel ils conforment soigneu-
sement leur conduite, par peur d'y porter atteinte. Dans les sen-
tences publiées par Lîmborcb, une condamnée a évité de toucher
un disciple de Pierre Autier. un certain Pierre Sa ns, parce qu'elle
avait découvert en lui un de ces hérétiques qui font profession
de ne pas toucher les femmes et ne se laissent pas toucher par
-II,.-, .
1. Vojr. Snhmi.lt, op. cit., I. Il, p. 96, «I n. 3, 4, S de U même page.
2. i ... IpM non comcdil urnes, sagimen, ora, caseum. 1m, cl in anno facit
Un quadrigtiimas, ■! qiialibcl septiinana jejunit tribus diebus lit pane cl
•qui, et ni non est* «Ile quia non langit mu lièrent, nec mcniilur, nec aliquid
llftH inlerûdl... • Bibl. du Vatican, fonds du Vatican, m». 4M0, fol. HO.
Le t*ilc d'où tt* [jgn» «ml extraites a été déjà indiqué plut baul,
3. • InterrogaU, ii lune sciebat dietuin Petrum Sancii eue brrelicom, rei-
pondlt et in judirlo confeaaa fuit quod et prcrjicls Guillclma dillt slbi illa tice
qua tidit Petrum Sancil quod non tangerel Ipsum, tt dedil siui inlelligere, et
Ipsa que loqullur iuleileiil quod «rat de secla Pétri Autcrii el aliorum bereli-
roruiii, de quibna ipsa allai aclrerat et audierat quando Tenietiant ad domum
suant tt tifi au), quod dlcunl quod non langunl mulierem nec permillunt se
langt a muliere, el ideo ipsa non leliglt lune diclum Pelrum Sancli quia repu-
Ubat ipioni esae berelicum et de itcU berelicoruiu. i llli. ttntenl. taqvit.
»., fol. 68b, 63».
244 OUELES HOUim.
II De faut rien exagérer cependant, ni voir en tout cela ue
pratique qui ne souffrit pas d'exception. Sans doute, on ne sau-
rait (aire de cette réunion d'un parfait et d'une parfaite vqjra-
géant ensemble une habitude en quelque sorte constante, comme
le voudrait Éverwin, et le résultat d'une règle presque obliga-
toire. C'est plutôt séparément que, dans leur existence quoti-
dienne, vivent les hérétiques des deux sexes. Nous le savons fort
bien, ils ont leurs demeures à part. Lorsque, pour se mettre en
sûreté, ils jugeaient devoir se retirer dans quelque solitude, les
hommes élevaient une cabane pour eux et les femmes s établis-
saient à l'écart dans une autre1. Parfaits et parfaites ne s'en
réunissaient pas moins dans certaines circonstances. C'était quand
il s'agissait de déjouer à tout prix les soupçons d'ennemis achar-
nés à leur perte. Rien ne pouvait mieux les servir en pareil cas
que l'association de leur existence, puisque leur aversion bien
connue pour un rapprochement de ce genre était, ainsi qu'on
vient de le voir, dans la pensée de leurs contemporains un des
signes auxquels on les reconnaissait le plus sûrement. Des textes
d'Inquisition nous ont transmis le témoignage de semblables
expédients imposés k ces proscrits par la nécessité. Ils nous
donnent également le détail des précautions pleines d'ingéniosité
et de délicatesse, par lesquelles Us essayaient d'en établir la
vraisemblance, ou d'y atténuer tout ce qu'ils pouvaient y redouter
de péril pour l'observation de leurs engagements les plus chers*.
1. c Et vénérant {tic) ibi qoadara die Bernard us Bossel de Pradis ; non tamen
adoravil eas, sed crédit quod adoraverat hereticos, scilicet Ademariuro de Bes-
aaco et qaosdam alios socios ejus hereticos, qui morabantur ibidem in alia
cabana prope cabanam ipsius testis et sociaruro ipsius testis predictaram. »
Manuscrit des Archives de la Haute-Garonne, fragment de l'interrogatoire d'une
femme dont le nom est inconnu.
2. Voy. Dôllinger, Dohumente, p. 148, 149. — Le passage, très curieux, est
emprunté à ce manuscrit de la Bibliothèque du Vatican, d'où nous avons déjà
tiré plusieurs indications, et à la déposition d'un certain Arnaud Cicre, d'Ax
(fol. 119C-133A). Nous en transcrivons ici les dernières lignes, comme plus
particulièrement intéressantes : c Dixit etiam ei, quod, quando in aliquo loco
dictus haereticus trahit moram, in duobus lectis jacent et separatim multum
dictus haereticus et dicta mulier; sed quando erant in itinere, dicebant de se
invicem quod erant con juges, et ponebant se in uno lecto, tamen induti, ita
quod unus alium in nuda carne non tangebat. » Quelle sincérité y avait-il au
fond de ces expédients, et quelles suites pouvaient-ils entraîner pour la conti-
nence des parfaits cathares qui s'y décidaient en vue de garantir leur sécurité?
Voy. à ce propos un article de M. J.-M. Vidal, Revue des Quettions huto-
rtyues, 1ivr. du 1" janv. 1906, p. 95. A vrai dire, l'auteur se montre plus que
I.'ÉGI.ISE ET U SOCIÉTÉ CATHaRES. ÎM5
Voilà donc, avec ses traits généraux, et, pensons-nous aussi,
les plus significatifs, cette vie des parfaits cathares, vie pure,
toute de renoncement au monde et à ses joies, conforme à un
ascétisme qui dépasse dans son âpreté les préceptes les plus
rigoureux du Christ- et qui rappelle celui des solitaires de la pre-
mière époque chrétienne. Et cependant, aux sectaires qui mènent
une pareille existence, les accusations infamantes n'ont pas man-
qué : accusation surtout d'avarice, malgré leur pauvreté et leur
frugalité certaines, accusation aussi d'impureté, en dépit de leur
continence, sur laquelle personne n'éleva jamais de doutes
sérieux. Ce n'est pas, du reste, que, sur ces points divers, leurs
ennemis se soient souciés de se mettre d'accord et de DOM livrer
autre chose que des indications contradictoires. Réfuter les impu-
tations dont il s'agit, ce n'est donc pas une œuvre irréalisable ni
■fllM peut-être bien difficile. 11 n'en faut pas moins l'essayer,
avant de passer à l'élude des rapports qu'entretiennent les héré-
tiques avec les croyants de la secte, soit pour les instruire dans
leurs doctrines, soit pour leur distribuer les sacrements particu-
liers du catharisme. Au surplus, ces imputations, qu'a values
par-dessus tout aux sectaires leur existence nécessairement mys-
térieuse et cachée, si problématique qu'en soit ta solidité, ne
sauraient demeurer sans réponse. La gravité en est assez consi-
dérable pour que, même a l'état de simple soupçon, elles altèrent
notablement les caractères que nous avons pris la peine d'établir
a propos des parfaits, et ne donnent à voir que vanterie et
imposture dans cette prétention à la sainteté qu'on a pu croire
légitime sur les raisons qui en étaient fournies. Ce n'est pas tout
encore. Reprises de nos jours et soutenues de nouveau par des
historiens d'une certaine école, il semble qu'on ait voulu les faire
sceptique, au moins en ce qui concerne le cas du parfait, un crrUin Caillera
Helibasta, au sujet duquel sont rappariées justement les indicaliona qui
Tiennent d'élre reproduite». Selon lui. les précautions prises publiquement par
et personnage n'auraient été qu'un déguisement grossier de sait libertinage et
de «on luconduile. Mais peut-être est-ce prétendre \ beaucoup de perspicacité
qut de toulnir décider a pareille distance d'un cas d'ordre aussi intime. Ce
qu'il j a de sur, c'e>l que l'cuil talion eitraordinaire de la foi rbei les héré-
tiques détail en général le* présérter des chutes ou même des tentations que
comportait le rapprochement auquel le* forçait r acharnement de leur* persécu-
teurs. Au reste, que dirait I* même auteur si, appliquant ton scepticisme aui
inlolitres du culte romain, Iles, eui aussi, par le tant de chasteté, on ne
voyait, dan» la présence auprès d'rui de femme» rbargèn* du »oln matériel de
tour «ii»Unce, qu'un concubinage, dans tout les cas, stère cl Indubitable '
246 CH AILES MOLIKIEE.
figurer au nombre des arguments destinés à entraîner la condam-
nation du catharisme et de ses dogmes1.
En ce qui concerne la première des deux accusations lancées
contre les sectaires dualistes, celle de l'amour des richesses et de
l'avarice, deux défauts qui s'accorderaient mal avec leur mépris
hautement affiché pour les biens de ce monde comme avec les
reproches qu'ils adressent à cet égard aux membres de l'église
romaine, le fondement en est aisé à découvrir. U se trouve dans
ce fait indéniable que les hérétiques reçoivent des donations de
toutes sortes, tant en nature qu'en argent, qu'on les voit porter
avec eux dans leurs courses des sommes assez grosses, qu'ils
s'occupent enfin à l'occasion de faire rentrer dans le trésor com-
mun de la secte des legs non acquittés encore ou des prêts faits à
des croyants sur ce trésor. Ils ont même des livres de compte
(memoralia)y où se trouvent inscrits tous les renseignements qui
peuvent intéresser leur association à ce point de vue spécial.
« Ledit Baimond, lisons-nous dans un document d'Inquisition
de la fin du xiii* siècle, tira de sa bourse une certaine somme
d'argent, — le prévenu ne sait pas laquelle, — et la donna de sa
main à l'hérétique Raimond Didier. Le prévenu apprit plus tard
de ce dernier que l'argent reçu par lui avait été remis jadis en
dépôt au père dudit Raimond Duval3. » — € Alors ledit héré-
tique, rapporte encore le même texte, ajouta que la mère dudit
Arnaud et sa sœur, mère de maître Garnier de Talapio, avaient
reçu d'eux en dépôt une certaine somme d'argent, quinze livres,
comme cela se trouvait marqué sur son livre de comptes. Et
ledit hérétique pria un jeune palefrenier qui était là d'aller trou-
ver Arnaud et de lui demander de restituer l'argent que sa mère
avait reçu autrefois en dépôt des mains de certaines personnes
qu'il connaissait bien3. » Le même document aussi nous fait con-
1. Voy., par exemple, à ce propos le livre du Dr Balthasar Kaltner, Konrad
von Marburg und die Inquisition in Deutschland (1882), et, dans ce livre,
en particulier les chapitres u, g 3, et m, g 12.
2. c Dictas Raymundus abstraxit de bursa soa aliquam summara pecunie,
nescit tamen quantam, et ministrarit eam et tradidit de manu sua R. Deside-
rii heretlco predicto. A quo Rayraundo Desiderii heretico audi?it postea îpse
testis quod illa pecunia fuerat in commenda Iradita patri dicti R. de la Val. >
Bibl. nat., ras. lat. 11847, fol. 2 B, interrogatoire de Goillem de Mauriano,
de Réalmont, décembre 1299.
3. c Tnnc dictas hereticus subjunxit quod mater dicti Arnaudi et soror ejus,
mater magistri Garnerii de Talapio, habaerant pecuniam in commenda ab eis,
I.'(îi;i,i$i; KT l.i SOGIKTll CAT111KE*.
ai
naître le» regrets exprimés par un hérétique au sujet d'une somme
qui c'est pas revenue a la secte par suite de la mort inopinée d'un
■ Le prévenu ayant répoudu que ledit B. de Gaillac
était mort, l'un desdits hérétiques observa que, par suite de ce
décès, ils avaient perdu une bonne somme d'argent. Mais l'autre
hérétique répondit qu'il n'y avait pas à craindre que la somme
an question fût définitivement perdue, parce qu'elle était passée
ontre les mains de Durand de Gaillac, frère du défunt, et de Sicard
Viguier, son beau-frère1. »
C'est sur des indications du genre de celles qui viennent d'être
reproduites qu'a été fondée, il semble, l'accusation d'avarice et
d'amour du gain mise en avant contre les parfaits. Ils ont fait
abnégation des biens de ce monde, disent leurs ennemis. Véri-
tables communistes comme les apôtres, sur la conduite desquels
se règle leur conduite à eux-mêmes, ils prétendent ne rien possé-
der en propre. Et cependant ils portent de l'argent avec eux.
Bien plus : ils en prêtent, en mettent en dépôt, reçoivent des legs,
font rentrer des sommes engagées, s'inquiètent d'un testament
plus ou moins profitable à eux ou à leur secte. Mais au fond
toutes ces remarques n'ont pas grande portée. Rien n'indique
d'abord que les ressources, dont les parfaits apparaissent munis
dans leurs voyages, ne soient pas tirées du trésor commun de
l'association et leur. appartiennent réellement. Leur situation,
dans ces circonstances, est identique sans doute à celle des reli-
gieux des ordres mendiants, quand ils sortent de leurs maisons
conventuelles. Puis, comme l'observation en a été faite, au cours
des déplacements dont il s'agit, il faut en nombre de cas qu'ils
pourvoient eux-mêmes à leurs besoins. Ils ne rencontrent paB
toujours des croyants qui leur offrent une hospitalité gratuite.
En somme, l'imputation d'avarice et de cupidité adressée à
Tldeliut iv librai, ilcut InfCntebatur in llbrit «eu mémorial! but luit, cl diiîl
Ipw brreliciu ipii )u»enl juinenlario qu«d irel ad eum et dleeret «I iiuod red-
ilrrrt ri» [.rriiniim qujm babueral malrr gub in commenda * quiuutdam per-
ioiiU quu ipae iriebat. « Ibid. ut lu/iru. Toi. 3 B, * A, même inteiro*
ptoirt
I. ( El ilum ipae leilii reipoucli&ael r|nod diclui II. erat Inorluul, adjecit
il ii liiriiiii uerelieorutn i|uur! bon a m pecuniam arnivnnl in murla dicli B.
Tune aller herelieut respondit quod nun «npurlrbal tinicre quod ««Ml amiiaa
ditlt peeunl», qui* tiuranliii de Gtlliico, fralcr dlrll B.. et Slwdu* Viguerii,
dicli B., lubuerant dictam pecuntam. > Ibid., ul tvpra, fol. 5 A,
fine tolcrrog*lolr«.
248 CHABLB8 MOLINIEE. — L^GLISE ET LA SOClfaf CATHABE8.
leurs ennemis par les catholiques demeure assez vaine, pour ne
pas dire presque puérile. Ce n'est pas là d'ailleurs le seul défaut
qu'on doive vraisemblablement y trouver. La bonne foi pourrait
bien aussi n'en être pas entière. On accuse les hérétiques de pos-
séder malgré tout des ressources personnelles, quand ils se
vantent d'avoir renoncé à toute propriété et de ne vivre que sur
le fonds commun de la secte, dans lequel ils ont versé tous leurs
biens, le jour où ils ont abandonné le monde. Après cela, prenant
prétexte de ce trésor, qui n'appartient à aucun des sectaires en
particulier, et sur lequel tous ont pourtant des droits, on les
accuse de fouler aux pieds le principe de la propriété, d'être dans
ces temps lointains des socialistes, des communistes anticipés1.
Il faudrait bien pourtant choisir à la fin entre des imputations
quelque peu contradictoires. On ne saurait guère douter d'ailleurs
de l'inanité absolue que présente la seconde, celle qui tendrait à
faire des Cathares des adversaires de la propriété. Aucun texte
n'existe qui indique qu'ils l'aient jamais attaquée ni interdite à
leurs croyants. A ce point de vue, il y aurait erreur à croire
qu'ils eussent rompu, si peu que ce soit, avec les conceptions
générales de leur temps. Leurs idées, sur ce sujet délicat, se
réduisaient à celles qu'ils pouvaient tirer de l'Évangile. Elles
n'étaient pas plus antisociales que toutes les données que fourni-
rait ce livre pour régler une pareille question. Elles pouvaient
légitimement s'autoriser de la parole du Christ comme de l'exemple
et de la pratique de ses disciples immédiats.
Charles Molinier.
(Sera continué. )
1. Voy. a ce propos, dans le livre de Kaltner, p. 13, les paroles de Dtflliager
extraites de son Une Kirche uni Kirchen.
LE CONVENTIONNEL GOUJON
CHAPITRE XIII.
Formation de la Commission militaire. Ses premiers actes.
Procédure expéditive. La Commission et les Comités. —
Le procès des représentants . Les juges. Capitain. L'ac-
cusation. — Interrogatoires. Les réponses de Goujon,
Soubrany et Vernier. — Les témoins à charge : Martain-
ril/e,Jourdan, Eck. Fitte, Lecourt - Villierre. — Témoins
à décharge. La citation et les défaillants. — Dernière
rutrevue de Goujon et des siens. « L'arme libératrice ».
Les adieux. — Nicole Goujon et Lanjuinais. — Les
confrontations. Goujon, Duquesnoy et les mensonges du
« Moniteur ». — La délibération. Les dossiers de
Rouhière. — Dernier effort de Sophie et de Lise. — Le
jugement. — Mort des six. La fin de Bourbotte.
Les trois comités chargés par le décret du 4 prairial d'organi-
ser la Commission militaire se réunirent, sous la présidence de
Cambacérès, aussitôt après le vote, pendant la séance même de la
Convention. Douze membres étaient présents : Fréron, Guyomar,
Merlin (de Douai), Rovère, Doulcet, Monmayou, Pémartin,
Treilhard, Aubry, Gillet, Calés et Perrin (des Vosges). II leur
parut que les Conseils de guerre ne pouvaient pas servir de
modèle pour le nouveau tribunal à créer. On venait en effet de
les réorganiser et d'en faire des tribunaux criminels ordinaires,
I. Voir Rtvue htooriqn, t. LXXXVI1I, p. 1 ;
p. 41, 2M; t. XCIlt, p. 340.
t. XCI, p. 11. «3; L XCI1.
250 R. GUTOT ET F. TH&CARD.
dirigés par des magistrats civils, les jurés devant seuls appartenir
à l'armée1. Une juridiction de cette espèce n'assurerait pas à la
répression le caractère expéditif et redoutable qu'on voulait lui
donner. On décida de prendre exemple sur les commissions
militaires qui fonctionnaient près des armées pour le jugement des
espions et des émigrés pris les armes à la main'. Elles étaient
composées de cinq officiers, qui jugeaient seuls et n'entendaient
ni plaidoiries, ni rapport, ni réquisitoire. La Commission du
4 prairial fut constituée de même3 ; toutefois, par un souvenir de
l'ancienne législation sur les cours martiales4, on y fit entrer un
homme de troupe, à côté de quatre officiers. C'est Rovère qui
dressa la liste : un général de brigade, ud adjudant général chef
de brigade, un chef d'escadrons, un capitaine et un soldat5. Les
cinq juges reçurent l'ordre de se réunir et de commencer leurs
fonctions le soir même. On les installa tout de suite, sous la
main du gouvernement, dans les bureaux mêmes du Comité de
Salut Public6. Après quelques jours, les audiences se tinrent au
Comité militaire, hôtel de Noailles, rue Saint-Honoré. Plus tard
seulement, on s'aperçut de l'inconvenance de ce rapprochement et
des soupçons qu'il pouvait faire naître ; le siège du tribunal fut
alors transféré rue des Capucines, à l'ancienne mairie qui était,
avant 1790, le petit hôtel du lieutenant de police7. Aux cinq juges
1. Loi du 1S pluviôse an II, titre VII, art 4.
2. Lois du 9 oct. 1792 (art. 1 et 4) et du 25 brumaire an III, titre V, sec-
tion i, art. 7.
3. Non sans hésitation. La première liste établie comprenait huit noms de
juges; trois furent rayés ensuite (Arch. nat., W 548).
4. Loi du 22 septembre 1790, art. 13 et suiv.
5. Romanet, général de brigade ; Capitain (Rovère a écrit Capiton), chef de
brigade de dragons; Talmet, chef d'escadrons de hussards; Gaudest (Rovère
écrit Gandet), capitaine d'artillerie; Leclercq, volontaire de la garde nationale
de Paris (arrêté des trois Comités de Salut Public, de Sûreté générale et mili-
taire, 4 prairial. Arch. nat., W 548, de la main de Rovère). M. Claretie (les
Derniers Montagnards, p. 213 et suiv.) a mal lu cet arrêté. Il fait de Roma-
net un volontaire, donne à Capitain le grade, alors supprimé, de colonel, et il
appelle Gauder le capitaine Gaudest. Plusieurs arrêtés successifs modifièrent
la composition primitive de la Commission : le général de brigade Chaumont,
qui ne siégea pas, l'adjudant général Verger et le chasseur Canivet, qui négli-
gea de venir. Le 9 prairial, on nomma encore le chef de bataillon Roques et,
le 13, le capitaine Beaugrand (arrêtés des trois Comités, aux dates. Arch. nat.,
W548).
6. Arch. nat., F7 4411b. Lettre du 4 prairial à la Commission militaire,
c séante à l'une des salles du Comité de Salut Public, pavillon de Flore t.
7. Arrêté du Comité de Salut Public, 11 prairial (Arch. nat., AF11 50, pla-
Lï COSTETTIONSKl UWUH. 2">l
«ignés, on adjoignit un secrétaire général, le commissaire
ordonnateur Rouhière, qui ne fut nommé régulièrement que six
jours plus lard1. Romanet, Capitain, Talmet. Gaudest, Leclercq.
membresde la Commission, et Rouhière, secrétaire, s'assemblèrent
donc au pavillon de FJore le 4 prairial au soir. Tout de suite, ils
donnèrent la mesure de leurs scrupules. Avant d'avoir jugé per-
sonne, ni même commencé d'examiner aucune affaire, ils fixèrent
le lieu d'exécution de leur jugement à venir place de la Révolu-
tion et firent avertir Sanson de se tenir prêt*. A une heure du
matin, le 5, ils prononçaient la peine de mort contre Guillaume
Delorme, capitaine des canonuiers de la section Popincourt, qui
fut guillotiné à huit heures3. En peu de temps, la Commission
fournit des marques incontestables de ce zèle empressé dont elle
avait promis de faire preuve'. Elle siégeait quinze heures par
jour et l'échafaud ne chômait pas. Dans la seule journée du
6 prairial, il y eut dix-neuf exécutions. On voulait aller vite en
besogne et, pour simplifier les formalités, le Comité de Sûreté
générale ne prit même pas d'arrêtés de renvoi individuels pour
les accusés. « Cela exigerait, disait-il, une instruction prélimi-
naire qui, nécessairement répétée, formerait des délais incompa-
tibles avec le caractère redoutable et juste que doit présenter une
Commission militaire en temps de révolte'. » Si l'on manquait
de preuves contre certains prévenus, la Commission devait sur-
seoir et les renvoyer en prison, à la Conciergerie. • Le choix
de cette maison, ajoutait la lettre du Comité, n'est déterminé que
parce que les autres sont remplies. > Aucune règle de procédure
n'avait été prescrite pour les jugements de la Commission. Il ne
fut pas un moment question de donner des défenseurs aux accuses,
ni même de leur communiquer avant les débats les pièces produites
k leur charge. On les amenait dans l'ordre où ils avaient été
cjucli* 384). if 11 ilirrmldor, I» CuminiMioo deeail encore elrc déplacée et
trinifèrée * U maison de Moat.lrii.on, rue J'Aniin (Arch. nal , W 548).
I. Arrête du Comité de Salut Public il» in prairial (AP" 67, plaquette 416).
Voj. roi eppenillcei le» eut* de tertice de Rouhière. H. CUretle (op. cit.,
p. 213) le qualité de * commi»aire onlonatteur dei guerre-» >.
?. Arch. nal., W MA, Regitlre de* srrélét de la Commliaion militaire,
4 prairial.
3. IbtH.. re.(t»lr* de> jugements S prairial.
4. Lettre de U CommiMlon militaire i la Comenllou nationale, 5 prairial
[Moniteur, reiropf., t. XXIII, p. MO).
5. Le Comité de Sûreté générale a 11 Commis»™ militaire. 4 prairial. Arch.
Mt., W548 (original de II main de Mathieu).
252 B. GUYOT ET F. THÉURD.
arrêtés, et le Comité de Sûreté générale transmettait en même
temps le dossier et la liste des témoignages. L'instruction se con-
fondait avec le débat public, et le jugement suivait sans transi-
tion. Quelquefois, on amenait à la Commission des accusés contre
lesquels aucun grief n'était formulé, et il fallait attendre que le
Comité de Sûreté générale envoyât le dossier, quand il y en avait
un1. Le 16 messidor, un mois et demi après leur installation,
les juges ignoraient encore le texte même des décrets qui avaient
fixé leur compétence, et ils durent en réclamer communication2.
Au début, ils croyaient aussi ne pouvoir prononcer que l'acquit-
tement ou la peine de mort, et la Convention dut rendre-un décret
spécial pour les autoriser à condamner à la déportation, aux fers
« et même à l'emprisonnement »3.
Chaque jour, les membres de la Commission venaient prendre
les instructions des Comités. Quand le siège du tribunal fut trans-
féré rue des Capucines, hors des bâtiments de la Convention, ils
se firent délivrer des cartes spéciales, car les sentinelles les empê-
chaient de passer, « entravant ainsi les opérations et communica-
tions continuelles de la Commission avec les Comités »4. Le
21 prairial, ils furent avisés que les députés incarcérés au château
du Taureau venaient d'arriver à Paris et que les Comités dési-
raient voir commencer leur procès le plus tôt possible. Ils répon-
dirent en demandant communication immédiate des pièces à con-
viction et en priant le Comité de Sûreté générale d'y joindre
1. Le 12 prairial, la Commission écrit au Comité de Sûreté générale qu'elle
n'a en sa possession contre le nommé Font en y, tablettier, c que son portefeuille,
contenant 61 liv. 11 sols, sa carte de sûreté, un couteau et trois clefs, dont
une cassée •. Elle demande les pièces à charge. Le Comité ne répondant pas,
nouvelle lettre le 16 prairial, c La Commission, sur le point d'instruire l'affaire
du nommé Fonteny, n'a aucune pièce qui puisse donner lieu à accusation contre
lui. t Pas de réponse encore. Après une troisième demande, restée sans effet,
Fonteny est relaxé le 19 prairial. Il en sera de même pour l'adjudant Girault,
de la 31* division de gendarmerie, et pour un charretier nommé Lécutte, accusé
d'avoir voulu tuer Boissy, et qu'aucun témoin ne reconnaissait (Arch. nat.,
W 548, reg. de correspondance).
2. Le 16 messidor, la Commission arrête que c le citoyen Talmet, l'un de ses
membres, se retirera près le Comité de Salut Public pour lui demander des
renseignements sur la loi qui a été rendue contre ceux qui provoqueraient à
l'anéantissement du gouvernement actuel et à l'établissement de la royauté, et
le prier de vouloir bien faire remettre an citoyen Talmet la loi rendue à cet
effet si elle existe t (Arch. nat., F7 4429, de la main de Talmet).
3. Loi du 6 prairial an III.
4. La Commission au Comité des inspecteurs, 16 prairial (Arch. nat., W 548,
reg. de correspondance).
LB COJTEÏFIOSÎtBI. CODJ05.
253
■ ses instructions particulières »'. On leur transmit pour tout
dossier la copie du décret d'accusation, une liste de témoins à
charge et les numéros du Moniteur qui rendaient compte de la
séance du 1"' prairial. Le 23 au soir, ils ordonnèrent pour le len-
demain, a trois heures du matin, le transfert des députés prison-
niers de la maison d'arrêt au local de la Commission. Des pré-
cautions militaires spéciales avaient été prises. Cent hommes de
cavalerie formaient l'escorte. Le poste de la Commission, qui
était de dix-huit gendarmes, fut augmenté d'une demi-compa-
gnie de grenadiers : quinze pour la garde des députés et cinquante
pour le service extérieur'. Tous les accès furent barrés, et des
patrouilles de garde nationale durent circuler jour et nuit dans
les rues voisines pendant toute la durée du procès'.
Dès le matin, une foule 1res nombreuse s'était portée rue des
Capucines'. Malgré les bruits d'insurrection qui avaient couru
depuis quelques jours, et que la police exagérait volontiers, il n'y
eut de cris ni d'incidents d'aucune sorte. Le peuple était silencieux
et morne. On s'entretenait seulement de la mort du « petit Ca pet»,
qui devait être enterré le même soir, et de la disette toujours crois-
sante qui * forçait l'indigent à chercher sa nourrituredansles tas
d'ordures, au coin des bornes* ».
A neuf heures, on ouvrit la séance et, après une première
affaire, expédiée en quelques minutes, les députés furent intro-
duits. La Commission était présidée par le chef de brigade Capital n,
vice-président. 11 avait les cheveux tout blancs, quoique n'attei-
gnant pas encore la cinquantaine, une voix douce et ferme à la
fois, un certain air de patience et de bonté qui prévenait en sa
faveur*. S'il était républicain, c'était de fraîche date, et à la sur-
face. Fils d'un fonctionnaire de l'ancien régime, il avait été pen-
dant six ans gendarme de la garde de Louis XVI, et sa fille
1. l.i CnramliMon *<■ Comité de Sûreté générale, îî prairial (Arch. nit.,
W 548, reg. de correspondance).
t, l'i-urèvri-rbal de* séances de la Commission militaire. Ordre* de réquisi-
tion au commandant ea chef de li forte armée, ï.l prairial (Areh. nal. , W 518).
3. Le commandant temporaire de la Seine, ItaQél, au président de la Com-
mission. 24 prairial (Areh. nal , (Mal),
4. le fjimHI de .Sûreté générale au Comité militaire, 14 prairial [Arch.
nat., F'4411-;
">. Rapport) de pulice, Il et 75 prairial (Autan), l'arlt tout ta réaction, ele,,
L 11, p. 7 et B>
6. I.etlre du eilujen Gilbert au président de la Commission militaire,
lï prairial [Arch. nal , W 547. n* 66. Voy. celte lettre eut appendice;.
254 fi. GDTOT ET F. THfaiRD.
cadette avait pour parrain et marraine le comte de Provence et
M"* Adélaïde. Il commandait le 3e régiment de dragons et en
portait l'uniforme, habit vert et culotte de peau jaune. Autour de
lui siégeait les quatre autres juges : l'adjudant général Verger,
chef de bataillon de grenadiers, vêtu de l'habit bleu à parements
écarlate, le chef d'escadrons Talmet et le capitaine Fabré, des
chasseurs à cheval, en dolman vert à tresses blanches, enfin le
soldat De ville *, portant l'habit et le pantalon bleu foncé des
gardes nationales. A la table du greffier trônait le secrétaire
général Bouhière, dans son costume éclatant de commissaire
ordonnateur, habit rouge à brandebourgs d'or, veste et culotte
blanches, bottes à l'écuyère, chapeau à panache blanc. Un garde
national de Paris, Follebarbe, lui servait d'adjoint2.
L'attitude des membres de la Commission était parfaitement
correcte. Dans les premiers jours, un des juges suppléants, le chef
de bataillon Roques, arrivait aux séances complètement ivre et
ne cessait d'injurier les accusés. Ses collègues l'avaient obligé à
donner sa démission3. Par contre, le public n'observait pas tou-
jours la même réserve. Des murmures violents et des cris de
mort saluèrent l'entrée des députés dans la salle d'audience, et
des scènes de ce genre se reproduisirent plusieurs fois dans le
cours des débats, sans que les juges aient, semble- t-il, rien tenté
pour y mettre obstacle4.
Le président fit lecture aux députés de leur acte d'accusation,
rédigé par le Comité de Sûreté générale et présenté en son nom
à la Convention, dans la séance de la veille, par le représentant
Sevestre. Cet acte d'accusation reproduisait le rapport de Clauzel,
qui avait motivé le décret d'accusation du 8 prairial contre les
députés déjà prisonniers. Ce rapport, Clauzel l'avait composé
d'après le récit du Moniteur. Et c'est le texte donné du même
rapport par le même Moniteur, dans son numéro du 12 prairial,
que Sevestre avait repris, amplifié et présenté à l'Assemblée
comme « un extrait du procès-verbal de la Convention nationale,
t. Il avait remplacé Leclercq à une date que nous n'avons pu préciser.
2. Ordonnance du 31 mai 1776. Lois des 20 et 29 septembre 1791, 8 mai
1792. Procès-verbal de la Commission, 24 prairial (Arch. nat., W548). Voy.
aux appendices les états de service des juges et du secrétaire général.
3. La Commission militaire au citoyen Roques, 20 prairial (Arch. nat., W548,
reg. de correspondance).
4. Lettre citée du citoyen Gilbert au président de la Commission (Arch. nat.,
W 647, n» 66).
l.E GOXVEJTinXXM. '
233
du Séjour de prairial »'. Toutes les imputations inexactes ou non
de Jourdan et de Martainvtlle k la charge des Montagnards y
étaient intégralement reproduites. Romme «tait accusé d'avoir
réclame le silence, demandé la parole comme représentant,
réclamé la liberté des patriotes, une seule espèce de pain pour tous
et la permanence des sections. Duquesuoy se voyait attribuer,
comme dans le Moniteur, la proposition qu'il n'avait pas laite*,
de renouveler le Comité de Sûreté générale et d'arrêter ses
membres en cas de résistance. On lui reprochait en outre d'avoir
accepté sa nomination à la Commission des quatre et d'avoir
exhorté ses trois collègues à sortir avec lui pour s'emparer aussitôt
du gouvernement. Du Roy, selon Clauzel, avait rédigé les propo-
sitions de Romme, puis réclamé l'appel nominal pour l'élection
de la Commission extraordinaire, avait accepté d'en faire partie,
et s'était enfin, à minuit, mis en marche avec les trois autres au
devant de la colonne conduite par Legendre. Le même chef d'accu-
sation était relevé contre Uourbotte, inculpé en outre, ainsi que
Peyssard, d'avoir crié victoire! au moment où les troupes du
gouvernement cédaient devant le retour offensif des insurgés. Le
fait était relevé aussi contre Prieur (de la Marne), à qui Clauzel,
sur la foi du Moniteur, attribuait l'appel : < A moi, sans-
culoites! » A Forestier, on n'avait pu reprocher qu'une phrase :
il avait demandé le maintien des comités de gouvernement, en
ajoutant « qu'ils ne pouvaient être contraires aux décrets qu'on
venait de rendre >. Goujon, enfin, était accusé d'avoir dit « qu'il
ne fallait pas que le réveil du peuple fût inutile », et après les
|ir-.jnii-Ts décrets rendus en présence du peuple, « que c'étaient là
de bonnes mesures*. Il avait ensuite réclamé le rappel des repré-
sentants en mission dans l'intérieur, une proclamation aux
patriotes, la suspension des Comités et, en dernier lieu, la forma-
lion d'une commission executive extraordinaire. Pour tous ces
motifs, le décret concluait que les huit accusés étaient « les
auteurs, fauteurs et complices de l'insurrection du i" prairial et
I. Comparer le toile du Moniteur (ftimpr., I. XXIV, p. Ml) a»ec If fexlr
manuacrll ilo I "acte il V.cutallon (Arch. rut., W 547, u- 2). C'eil de ce sui-diwnl
pTocev» fini, M.ibli anrc» coup d'apre» les Journaui, que le secrétaire Saint-
Martin »e «erilra encore pour établir In procea-Tcrbal du t" prairial, redlgri
en iljle de painplilil, ci que la CunTeolton adoptera aculemrnl le li ntMtMor
(Projet imprime, annule ri contresigne par Stint-IUrtin, atec la date du
Groeuldor. Arcb. »*(., WM8).
S. Voj. cl-deitus, ih- fii
256 a. GCTOT ET F. THtflfllD.
des jours suivants ». Des relations qu'ils auraient eues précédem-
ment avec les chefs des insurgés, du rôle qu'ils auraient joué dans
la préparation et la conduite de l'émeute, des raisons pour
lesquelles les révoltés du faubourg Saint-Antoine, un moment en
posture de faire leurs conditions, n'avaient pas réclamé ceux que
Ton disait ètreJeurs chefs, — de tout cela, qui était l'essentiel,
pas un mot n'était prononcé.
Les députés écoutèrent cette lecture en silence. Il leur parut
qu'on mettait dans leur jugement un peu plus de formes qu'ils ne
l'avaient cru; quelques-uns se reprirent peut-être à espérer.
D'autres ne virent là qu'une hypocrisie. Duquesnoy semblait
assuré du résultat et pressé d'en finir. Quand le président en vint
au passage de l'acte d'accusation qui le concernait, il l'arrêta du
geste : € Je vous épargne cette peine », dit-il. Capitain répondit
avec calme et acheva sa lecture1. Les interrogatoires commen-
cèrent ensuite. Le président fit retirer tous les accusés, excepté
Romme, qui fut interrogé le premier. Du Roy, Duquesnoy, puis
Bourbotte lui succédèrent. On les faisait asseoir, à tour de rôle,
sur une chaise en face du tribunal, entre deux grenadiers le
sabre au clair1. L'interrogatoire dura très longtemps. La Com-
mission, qui pourtant jusque-là n'avait pas raffiné sur les formes,
tenait à suivre la procédure ordinaire d'instruction. Le greffier
écrivait les demandes et les réponses, il fallait ensuite relire, cor-
riger, parapher à chaque page. Cela ne pouvait aller vite. En
outre, les accusés, sachant qu'on ne leur donnerait pas d'avocats,
craignant même de ne pouvoir, après l'audition des témoins, pré-
senter eux-mêmes leur défense, profitèrent tous de l'interroga-
toire pour parler longuement et dire tout ce qu'ils croyaient utile
à leur cause. A dix heures et demie du soir, Goujon, Soubrany,
Forestier et Peyssard n'avaient pas encore été interrogés. On
renvoya l'audience au lendemain quintidi, à huit heures. Il était
tard, la foule restait nombreuse dans les rues mal éclairées; la
Commission décida de ne pas faire reconduire les accusés aux
Quatre-Nations et de les garder dans le bâtiment même, au rez-
de-chaussée, sous la salle d'audience. On fit venir du garde-
meuble huit lits de sangle, avec fourniture complète, et les pri-
1. Sa réponse fut c noble et touchante » an témoignage d'an assistant très
favorable aux accusés (lettre citée du citoyen Gilbert au président de la Com-
mission. Cf. aux appendices).
2. Récit de Joardan, Moniteur du 4 messidor (réimpr., t. XXV, p. 26).
tK COÎITENTIOKNEL GOtJON. 257
sonuiers durent s'installer ainsi, tant bien que mal, dans de
grandes pièces vides1. Par crainte du poison qu'on pourrait jeter
dans leurs aliments, les repas furent apportés de chez un traiteur
du Palais Royal, Mèot, qui était connu de la police'.
La séance permanente reprit le 25 prairial à neuf heures, après
quelques affaires de moindre importance, rapidement expédiées
dans la première heure. Goujon fut interrogé tout d'abord. Comme
aux autres, on lui demanda son nom, son âge et son lieu de nais-
sance, puis s'il était venu à la Convention le 1" prairial, et, suc-
cessivement, à chaque chef d'accusation, s'il le reconnaissait pour
être exact. Il répondit en faisant le récit complet de la séance,
depuis le moment où Vernier avait pris le fauteuil, jusqu'à l'ins-
tant de l'entrée des troupes. Il rappela que tous ses collègues, en
prenant la parole eu présence du peuple, le président en recueil-
lant les voix, et lui-même en faisant les motions qu'on lui repro-
chait comme < incendiaires », n'avaient songé qu'à gagner du
temps, qu'à obtenir la retraite des insurgés, quitte à rapporter
un moment plus tard les mesures qu'on aurait prises pour les
calmer. Il en donna pour preuve les propos échangés par lui avec
Lanjutnais, puis avec Sallengros, son silence même à la fin de la
séance. Quant aux motions qu'il avait faites, il en indiqua le
sens, sans vouloir garantir le texte même qu'il en donnait, puis-
qu'il n'avait pas pris le temps de les écrire. « Je défie à qui que
ce soit qui ait une àme, s'écria-t-il, d'avoir un souvenir aussi
exact au milieu d'une pareille scène. Ce qu'il y a de bien certain,
c'est que les récits donnés par les journaux sont infidèles, c'est
que le procès-verbal même de la Convention contient un faux
certain, car il imputa à Duquesuoy une proposition que tout le
monde sait avoir été faite par Soubrany, celle de nommer une
commission de quatre membres1... > Enfin, il rappela que les opi-
nions étaient libres dans rassemblée et qu'il n'était pas interdit
de parler en présence de l'insurrection au moment où il l'avait
1. Deui lettre* de la Commission militaire et du Comité Ji' Sûreté générale
a la Commiasion dei retenti» nationaux (elle liégeait dan* Id radrae bôlel qu*
le IriliuDjI,. Il prairial {Atcli. nal,. W 548 et F' 4*11'}.
1. La Corn million militaire * la Commiiiion de police, 3 meaiidor (Arcb.
nat., W MS, reg. de euf répondante).
3 Interrogatoire de Goujon (Arcb. nal,, V 547, o* 53). Nom muni cru, >u
le caractère d'uiactitudc naturel a et* procéa-rerbaui, re*u< et paraphé! par
l'accusé, poutolr rétablir la première personne el le il) lu direct, <|ui du reste
m truure par endroit» du* ta document lui-même.
Rjtv. HiiTOB. XCIV. 2*f*M, 17
258 B. fiBTOT KT F. THÉSARD.
fait, puisque la Convention avait cru devoir, depuis lors, vote
une loi pour le défendre. < Au reste, ajoutait-il, bien d'autres ont
parlé, ont pris part à la délibération, ont fait les fonctions de
secrétaires. Le président ordinaire a présidé, a mis aux voix, a
prononcé des décrets, et ils sont libres, et ils m'accusent! Si
j'eusse été faux, adroit, dissimulé, je me serais tu aussi et j'accu-
serais les autres aujourd'hui! Au surplus, ces observations sont
pour mes juges : je suis dans une position où l'on ne m'a pas
même laissé la loi a réclamer; j'aime mieux être la victime d'un
pareil excès que d'en avoir été l'auteur. »
Du Roy, Romme, Duquesnoy, Bourbotte avaient à peu près
parlé de même, en relevant tous les propos imaginaires, toutes
les propositions inexactes que leur prêtait l'acte d'accusation.
Duquesnoy, sans dénoncer personne, se défendit énergiquenient
d'avoir parlé le premier de nommer une commission executive.
Soubrany déclara tout de suite que c'était lui qui l'avait pro-
posé. Il en avait le droit comme tout autre, ajouta-t-il, même en
présence des insurgés, puisqu'une délibération régulière avait
lieu et qu'aucune loi ne l'interdisait. El pour achever sa réponse,
il retrouva toute son ironie hautaine de ci-devant : « Je dois
observer aussi, conclut-il, sans prétendre inculper en rieu mon
collègue Vernier, aux intentions duquel je me plais à rendre jus-
tice, que si, dés la première motion qui fut faite, il eût refusé de
la mettre aux voix, s'il eût averti quelques-uns de ses collègues
qu'il ne pouvait laisser délibérer l'assemblée, j'aurais attendu
dans le silence l'issue d'une journée dont je n'ai jamais redouté
les suites que pour la République1. »
Peyssard et Forestier furent interrogés les derniers. L'un et
l'autre nièrent énergiquement avoir poussé le cri de victoire2.'
Peyssard, non sans surprise, s'entendit lire un nouveau chef
d'accusation qui venait d'être établi contre lui par la Conven-
tion, sur la motion d'un député obscur, Desvars, et cela le matin
même, alors que le procès était déjà commencé. On l'accusait,
maintenant, d'avoir proposé le renouvellement des autorités cons-
tituées réorganisées depuis le 9 thermidor. 11 nia le fait, mais ne
protesta pas contre cette nouvelle violation des formes légales.
On n'en était plus à compter les irrégularités de procédure3.
1. Interrogatoire de Soutirait} (Àrcti. nal., W 517, n
î. Arcli. Ut, W 517, n" 113 el 1!3.
3. Ibfd., n* IIS (interrogatoire de Peyssard).
105).
u coimitTumi
259
L'après-midi fut employée à l'audition des premiers témoins à
charge. Ils avaient été cités d'après la liste du Comité de Sûreté
générale et comparurent isolément devant la Commission mili-
taire, hors de la présence des accusés. Aucune question ne
leur fut posée. On se contenta de leur lire l'acte d'accusation et
de leur demander ce qu'ils savaient. L'un d'eux n'avait même
pas paru à la Convention le 1" prairial1. Un autre n'était pas
entré daus la salle, mais il avait entendu les motions du salon de
la Liberté où il se trouvait et prétendait avoir reconnu les ora-
teurs au son de leur voix*. Le chef de brigade Thùring, le géné-
ral Doraizon, le représentant Perrin (des Vosges), cités également,
n'avaient rieu vu ni rien entendu*. Un spectateur des tribunes,
Barthélémy Gallois, trente-six ans et demi, liquidateur de rentes,
rue Chabanais, u° 6, avait assisté à toute la séance. Il ne con-
naissait aucun député. Parmi ceux qui parlaient, il en remarqua
deux comme * plus animés que les autres* : l'un qui était chauve
et gros, l'autre, d'une taille assez grande et mince, les cheveux
plats et assez longs, et qui avait l'air jeune. C'étaient Roanne et
Goujon'.
Les deux meilleurs soutiens de l'accusation étaient les deux
rédacteurs du Moniteur, Mariai n ville et Jourdan. Martainville
(journaliste, âgé de dix-neuf ans, demeurant à Paris, Galerie
neuve du théâtre de la République, u" 36) lit une déposition
très étendue*. Il raconta minutieusement tous les détails de la
séance, tels qu'ils étaient rapportés dans son journal, et déclara
< qu'il certifiait tous les faits mentionnés au procès-verbal du
8 prairial »*. Jourdan (Airaé-Joseph-Gabriel, vingt-quatre ans,
Î6, avenue de Neuilly, section des Champs-Elysées) se contenta
de remettre sur le bureau les exemplaires du Moniteur et
déclara a qu'ils faisaient partie de sa déposition et qu'il en
t. Dtpotllion de Pierre Salnl-Jullen, Tingl-ncuf u\i, employé, ÎO, rue Siint-
ML, WS«, n- II).
I. Dépoiition de Xatier Fil!», «inxt-ileu» ana, huilier de la iccUuq Lepel-
lelier, bouittanl de* Italien*. tT3 (Ibhi., u- 3).
3. Ib«t., a- 18, Il M 10,
4. tbtd., u- 7.
5. Areb. ML, W 547, n- 10.
& M. CUr.ll* rappelle, laM ralwin, que l'ail le même Marliinïille qui, an
1820, lors de l'euautiul du duc de Berry par Lourd, délignera le duc
Dccaxei connue ton plu r. du inrurliler H prelendra les aroir oui causer
aotcmblc [lu Otrmtrt Montagnard; p. 31»).
260 R. GUTOT ET F. THAfARD.
garantissait l'exactitude »f. Puis vinrent les témoins maladroits
et sincères, qui dirent ce qu'on ne leur demandait pas : Ignace
Eck, le messager d'Auguis et de Legendre, qui raconta la mis-
sion d'espionnage dont il avait été chargé dans la Convention ' ;
Lecourt-V illierre, le commandant du bataillon Lepelletier, qui
s'étonnait naïvement qu'on ne l'eût pas fait intervenir plus tôt,
et dépeignit la colère de ses grenadiers devant la consigne d'inac-
tion qu'ils avaient reçue8; Baffet, enfin, ignorant et borné, mais
honnête, qui déclara ne rien savoir des faits énoncés dans l'acte
d'accusation, sauf en ce qui concernait Prieur (de la Marne),
inculpé d'avoir crié : A moi, sans-culottes! « disant que le
propos qu'on lui impute avoir tenu, à lui déposant, est faux »4.
Ces dépositions se prolongèrent pendant toute l'après-midi du
25 et la matinée du 26. Restaient les témoins à décharge. Dès le
second jour du procès, les accusés furent invités à donner la liste
de ceux qu'ils désiraient faire entendre. Romme en nomma trois,
Duquesnoy neuf, Bourbotte trois, Soubrany et Forestier deux,
Du Roy huit, Goujon, enfin, deux seulement : Sallengros et Lan-
juinais. La liste ne comprenait que des noms de représentants du
peuple. Le chef de brigade Capitain la fit passer à la Convention
pour être notifiée aux intéressés5, et le président en donna lec-
ture à la tribune. Génissieux proposa alors et fit voter que la
Commission serait autorisée à convoquer personnellement chacun
des députés dont le témoignage était requis. Cela parut inquiéter
quelques membres de l'assemblée. Vernier, Charles Delacroix,
Florent Guiot étaient cités et comptaient bien ne pas comparaître
pour éviter des confrontations embarrassantes. Le vote qu'on
venait de rendre semblait donner aux citations force de loi. Des-
vars, l'accusateur tardif de Peyssard, obtint le rapport du décret,
motivé sur ce que la Commission militaire avait le droit de citer
directement, sans autorisation spéciale. Chacun demeurait dès lors
libre de ne pas répondre à l'appel du tribunal, et les thermidoriens
usèrent largement de cette faculté. Ni Vernier, ni Delacroix, ni
1. Arch. nat., W547, n* 15.
2. Ibid., n- 6.
3. Ibid., n* 17. C'est sans doute ce Lecoort-Villierre qui avait été secrétaire
de Grimm et devint, sons l'Empire, colonel et aide de camp do maréchal Kel-
lermann.
4. Arch. nat., W 547, n# 16.
5. Moniteur, réimpr., t. XXIV, p. 692 et 704.
LE COJTBTr'OffKEL GOEJOX. 261
Florent Guiot ne se présentèrent. Rovère, Bourdon {de l'Oise),
Merlin (de Douai), Garran Coulon, Dubreuil, Enlard, Charpentier,
Bonguyot, Monnet, Bellegarde firent de même1. Beaucoup vinrent
a la Commission pour déclarer qu'ils n'avaient rien à dire. On avait
cependant tout fait pour les rassurer. La Commission lesautorisa
à envoyer leurs dépositions par écrit'. Ceux qui se présentèrent
en personne furent entendus en l'absence des accusés et décla-
rèrent ce qui leur convenait sans qu'une seule question leur fût
posée. Sallengros seul, sur sa demande, fut confronté avec Gou-
jon, qui avait réclamé son témoignage, et tous deux tombèrent
d'accord sur le sens des paroles qu'ils avaient échangées dans la
séance du 1er prairial *. Ces dépositions occupèrent la journée du
26, et, pendant tout le temps que dura l'audience, les députés
demeurèrent en prison. Le matin, de bonne heure, ils avaient été
avertis qu'ils pourraient recevoir une dernière fois leurs parents
jusqu'à midi. Goujon transmit en hâte cet avis à sa mère. Elle
vint au siège de la Commission, accompagnée de ses deux plus
jeunes enfants, Alexandre et Antoine. Ce furent les adieux
suprêmes. Tissot, n'espérant plus, avait pris soin de s'acquitter
des dernières recommandations de son ami et de tenir la pro-
messe que dès longtemps ils s'étaient faite : le petit Antoine, qui
s'avait pas onze ans, et que les gendarmes ne pensèrent pas â
fouiller, portait sur lui « l'arme libératrice », un long couteau à
manche noir, à lame aiguë et soigneusement affilée. Lui-même
le remit à Goujon, qui le cacha sous ses vêtements'. Les deux
enfants ne pleuraient pas. Alexandre, l'aîné, dit même qu'il espé-
rait avoir bientôt la force de venger son frère s'il devait mourir.
« Non, enfant, répondit Goujon ; je ne veux point de votre ven-
geance. Demeure innocent, bon et juste; plus tard, ta vertu fera
ma gloire et tu défendras mon souvenir*. > 11 avait passé la nuit
précédente à écrire une lettre d'adieux adressée a sa mère. En la
1. Bordereau de» depoiitioni (Arch. mt , W547).
2. Lettre su président de la Convention nationale, V prairial (Moniteur,
réimpr., t. XXIV. p. 70*).
3. Arth. ML, WS47, n- 13 et 56.
t. Ce* detalli noua ont été Iranamii par la tille d'Antoine Goujon, qui lei
tenait de ton père.
5. Tbaol, Souvenir! de prairial, p. 161, note. Le leite de rei parole* cet
approiiimljf: Tiitot en donne nnr version rimer qu'il avait inaérée dam 1c
rhant funèbre eompoaé plu» tard par lot en mémoire de Goujon.
262 B. GCTOT ET F. THEIABD.
quittant, il déposa entre ses mains ces quelques pages, suprême
protestation d'innocence et dernier témoignage de tendresse1 :
J'ai vécu pour la liberté. J'ai toujours lait ce que j'ai cru bon,
juste et utile à ma patrie. Ce que j'ai fait et dit a toujours été dicté
par l'élan de la probité. Je ne m'en repens donc point. Je ne m'en
repentirai point, dùl la mort être le prix de mon intégrité. Si je me
trouvais encore dans les mêmes circonstances, je ferais et dirais
encore les mêmes choses, car j'ai toujours pensé que pour agir il ne
faut pas consulter ce qui peut nous être avantageux, mais seulement
ce que le devoir nous commande. Ma vie est entre les mains des
hommes, elle est le jouet de leurs passions. Ma mémoire ue leur
appartient pas, elle est à la postérité. Elle est le patrimoine des
hommes justes de tous les temps, des cœurs sensibles et généreux,
des amis ardents et vrais de la patrie, de la liberté et do l'égalité.
Ma mémoire demeure environnée de mes mœurs pures et sans
tache, de ma pauvreté toujours la même, après tant et de si impor-
tantes fonctions que j'ai remplies, sans qu'il soit survenu contre mot
une seule dénonciation. L'amitié à laquelle je fus toujours fidèle, et
dont je ne fus jamais indigne, une famille à laquelle je donnais
l'exemple constant du bien, tant de malheureux que j'ai secourus,
soutenus, défendus, aidés veillent autour de moi; ils ne déserteront
point ma cause et transmettront mon souvenir à la postérité, envi-
ronné de l'estime et de la gloire dont je ne fus jamais indigne, et
surtout ils tixeronl sur moi les regards du malheureux, de l'opprimé,
des hommes sensibles, justes, amis de l'égalité. J'aurai leurs larmes,
c'est la seule ambition qui ait jamais fait palpiter mon cœur.
Je ne porte dans mon âme, approchant du terme, aucun des sen-
timents haineux qui appartiennent a la violence des passions, et si je
fais un vœu ardent et sincère, c'est que ceux qui brûlent de ra'as-
sassiner ne justifient pas devant la postérité, par une longue suite de
crimes, qu'ils ne furent si ardents à me frapper que parce qu'ils
m'avaient reconnu que pour un homme de bien, ami du peuple, et
qu'il ne dépendait pas d'eux de corrompre. Puisse la pairie être heu-
reuse après moi et ne pas demeurer affaissée sous la tyrannie dont
j'aurai été l'innocente victime ! Mais je crains que ce jour d'injustice
ne soit suivi de beaucoup d'autres qui lui ressemblent! Que je crains
que le sang innocent n'obtienne une trop longue vengeance! 0
Patrie, seras-tu donc baignée dans le sang et dans les larmes? Cette
pensée compose ma plus grande peine. Fasse le ciel qu'elle soit
1. TiMol, i
., p. 149.
le «mBSTioimi godjos. 263
dénuée de rondement! Que le peuple français conserve la constitu-
tion de l'égalité qu'il a acceptée dans ses assemblées primaires.
J'avais juré de la défendre elde périr pour elle. Je meurs content de
n'avoir point Irai» mon serment. Je mourrais plus content si j'étais
certain qu'après moi elle ne sera pas détruite et remplacée par une
autre constitution où l'égalité sera méconnue, les droits de l'homme
violés et par laquelle la masse du peuple se verra totalement
asservie à une caste plus riche, seule maîtresse du gouvernement et
de l'Eut. Je suis plus heureux que ceux qui baisseront sous ce joug
infâme leur front humilié. Je mourrai sans avoir manqué à mon
devoir, assassine illégalement, arrêté, accusé et presque condamné
sans avoir été aucunement entendu, jugé sans jurés, sans formes,
sans lois. C'est à mes juges de gémir, non pas à moi, a moi fidèle
ami de la liberté, qui ne fis aucun acte contraire à la justice. Les
hommes m'ont instruit par leurs actes à ne point regretter la vie. Les
gens puissants sont trop injustes, trop cruellement méchants. Pour
aimer la vie, il faudrait pouvoir la passer loin d'eux, au milieu des
forêts et dans l'asile inconnu de la médiocrité.
Ce que je laisse de cher à mou cœur, c'est toute une famille de
gens de bien : ma mère, et quelle mère! une femme, un enfant, tous
deux hien ehers, une sœur, un frère, un ami, et ces deux jeunes
frères, et ces bonnes, au milieu desquels je vivais dans la simplicité
de la justice. Mère, veille sur tous! Femme, ne m'oublie pas cl
ramène mou souvenir dans la mémoire de notre enfant! Enfants,
soyez bons et compatissants! Ami, je n'ai rien à te dire. Tu me
remplaces : Adieu. Nous nous retrouverons; nous nous reverrons
toujours; la vie ne peut finir ainsi, et la justice éternelle a encore
quelque chose à accomplir alors qu'elle me laisse sous le coup de
l'ignominie. Le triomphe insolent des méchants ne peut être la fin
d'un si bel ouvrage. La nature, si belle, si bien ordonnée, ne peut
manquer en ce seul point. Le bonheur n'est point la vile proie du
méchant, du traître et de l'imposteur, de l'assassin. Non, non, mes
amis, nous nous reverrons heureux et satisfaits comme nous méritons
d'être.
Je serai bien aise que vous ne vous quittiez point. Vivez en paix
dans l'obscurité, ne gémisse;, point sur moi; il vaul mieux que je
meure que d'avoir trahi la patrie. Tant d'hommes justes sont dans
les larmes! Ne vous plaignez point si j'ai partage leur sort. Pour
l'éviter, il aurait fallu que je ne leur eusse pas ressemblé , il aurait
fallu que j'eusse été injuste. Il vaut mieux mourir. Adieu.
Femme, j'ai écrit à ton père.
264 R. 6UT0T ET F. THJN1ED.
En quittant la prison, Nicole Goujon voulait espérer encore.
Tous les témoins n'avaient pas été entendus. Lanjuinais n'avait
pas répondu à la lettre touchante que Tissot lui avait fait
remettre de la part du prisonnier, il n'avait pas encore déposé
devant le tribunal. Elle courut chez lui, lui rappela les propos
que Goujon lui avait tenus pendant l'insurrection avant de monter
à la tribune et qui prouvaient clairement son innocence. « Oui,
répondit Lanjuinais, ce sont bien là les paroles qui m'ont été
dites; j'ignorais quel était celui qui les avait proférées, mais je
n'ai communiqué cette circonstance à personne : vous le savez; il
est donc certain que c'est votre fils qui m'a parlé et qui m'a
engagé à user de sagesse et de modération 1 . »
Lanjuinais jouissait alors de la plus grande autorité dans l'opi-
nion publique. Il était président de la Convention. S'il était venu
répéter à la Commission militaire les paroles que Goujon lui avait
dites le lw prairial, il pouvait ébranler l'esprit des juges, y jeter
tout au moins le doute et sauver la tête de son collègue, à défaut
de sa liberté. Il promit à Nicole Goujon d'aller à l'audience. Le
lendemain 27, il s'y rendit. Mais il ne demanda pas à être mis en
présence des accusés, et craignant sans doute, s'il déposait ver-
balement, de se laisser entraîner peut-être à des paroles déci-
sives, il rédigea lui-même sa déposition. Elle vaut d'être repro-
duite en ses termes exacts qui peignent l'homme* :
Paris, 27 prairial an III.
Est comparu Jean-Denys Lanjuinais, représentant du peuple, pré-
sident de la Convention nationale, lequel a déclaré qu'il ne se rappelle
aucun fait à la décharge de Du Roy accusé, si ce n'est que cet
accusé pourrait être un des représentants qui, le 4" prairial, pen-
dant la scène scandaleuse qui se passait dans la Convention, lui
parurent par diverses paroles déplorer les malheureux événements
du jour. Le déposant affirme ni ne conteste que ce soit Du Roy qui
ait proféré ces paroles; il ne s'en ressouvient pas suffisamment pour
désigner par leur nom ceux qui les ont prononcées.
2° Qu'il n'a connu l'accusé Goujon qu'au moment où celui-ci a pris
la parole à la tribune de la Convention assez avant dans la nuit;
1. Tissot, Réponse à Lanjuinais, dans le Journal des hommes libres du
22 nivôse an IV.
2. Àrcn. nat., W 547, n# 22.
LE r.o-vTE>Tm\m fiorniT. 265
qu'il se pourrait que Goujon fût le collègue par lequel lui, déposant,
fui invité à ne pas exprimer tout haut les sentiments d'horreur qu'il
éprouvait, de peur de s'attirer quelque violence personnelle; qu'il
est d'autant plus porté à le croire ainsi, que Goujon a cité cet
avis, dont l'auteur est probablement le seul qui ait eu connaissance.
C'est tout ce qu'il a dit savoir, n'y vouloir rien ajouter ni diminuer.
LllJUIKlIS.
La Commission n'avait pas tenu a confronter les témoins à
décharge avec les accusés. Mais elle eut soin, après avoir
entendu leurs dépositions, de faire revenir les principaux accu-
sateurs. Xavier Fitte, Ignace Eck, Gallois, Jourdan et Maria in-
ville furent rappelés et mis cette fois en présence des accusés, à
qui l'on donna lecture de leurs déclarations antérieures. Cefutle
seul moment où il y eut quelque apparence de justice dans les
débats. Goujon écarta d'un mot les dires des témoins apostés
d'avance par le Comité de Sûreté générale. « Je laisse aux juges,
dit-U, le soin d'apprécier ce que valent des dépositions de ce
genre. Il est si fort contraire à mes idées qu'elles puissent motiver
une accusation contre un représentant du peuple que je ne crois
pas nécessaire d'y répondre. Elles formeront aux yeux de la pos-
térité la preuve complète de mon innocence et de la pénurie où
l'on se trouve pour établir l'accusation. Il s'élève d'autres preuves
contre un conspirateur! Puisse la patrie n'avoir pas de plus
grauds crimes à punir1 ! »
Jourdan et Martain ville parurent ensuite. Du Roy, puis Gou-
jon prirent très vivement à partie les deux journalistes, qu'ih
savaient acharnés à les perdre et a réclamer leur supplice comme
une réparation que l'on devait à la presse outragée*. Ils n'eurent
pas de peine à montrer les inexactitudes et les fausses attributions
dont fourmillait le compte-rendu du Moniteur, alors que Jour-
1 Arcb rut.. V. f>47, n" H, Confrontation de l.loujo» avec E-'itte.
S. Trou té, dans un article du Moniteur le <i prairial, regrettait qu'on n'eût
|»i CI terminé le noir même de l'insurrection i les traîtres pria en révolte
ouverte ». Il ajoutait : • La mort aui rebellent Donnez nu habitants de cette
cité qui voua ont fait un rempart de leur corps et aui aoldats qui «ont accou-
ru* 4 votre défense relie preuve d'énergie... Elle sera la récompense de leur
courage et de leur fidélité... Vous serez justes uni doute en accordant aui
écrirai»* qui >e détonent à la Têrilé. aux principea de l'humanité, de I» Jus-
tice, d« la liberté, let égards que mérile la magistrature utile et honorable qu'il»
exercent sur l'opinion publique. Plu» de ménagements arec le crime 1 1 (réimpr.,
I XXIV, p. 1Ï0).
266
H. CCTOT ET F. TBÉ1A8D.
dan n'hésitait pas a en affirmer de nouveau, sur son honneur,
l'exactitude littérale. Duquesnoy, a qui le journal avait attribué
les propositions de Soubrany, somma les rédacteurs de s'expliquer
sur cette méprise : « Je n'étais pas dans ma loge à ce moment,
répondit Jourdan, j'étais à la porte d'entrée de la salle de la Con-
vention, à droite du président. J'ai vu un député, placé vers la
troisième banquette inférieure, à gauche, faire la motion qui est
rapportée dans le journal. La faiblesse de ma vue ne m'a pas per-
mis de reconnaître les traits de Duquesnoy, mais j'avais cru
reconnaître sa voix, et aussi sa personne, à la taille et à la gros-
seur de l'homme que je voyais1. » Jourdan dut reconnaître aussi
qu'il n'avait pas vu DuquesDoy sortir de la salle avec la Com-
mission des Quatre, comme il l'avait écrit dans le Moniteur :
€ Je n'ai pas vu, dit-il, sortir le citoyen Duquesnoy, mais foi
entendu dire dans le vestibule que la tète delà colonne dans
laquelle j'étais mêlé venait de rencontrer à la porte de la salle et
d'y faire reDtrer les quatre membres de la Commission. » Duques-
noy n'insista pas, mais Goujon releva ces erreurs singulières :
* C'est une chose constamment reconnue, s'écria-t-il, que les
journalistes sont dans l'usage de faire des extraits abrégés de ce
qu'ils entendent. Personne n'ignore que ces extraits se res-
sentent toujours de l'opinion de celui qui les rédige. Il est impos-
sible à qui que ce soit d'avoir retenu précisément, au milieu du
tumulte de la séance, ce qui s'y est fait, ce qui s'y est dit. Le
Moniteur de ce jour-là, d'après lequel paraît avoir été rédigé, à
peu près mot pour mot, le procès-verbal de la Convention, con-
tient un faux matériel, reconnu.,. Le récit de mes opinions, à
moi, même, n'est pas plus exact que le reste, et par la similitude
qui se rencontre entre le procès-verbal et le Moniteur, j'ai main-
tenant ce journal pour accusateur et pour témoin ! J'en fais l'ob-
servation à mes juges*. »
Le 28 prairial, à trois heures de l'après-midi, les confronta-
tions étaient terminées. On suspendit l'audience jusqu'au lende-
main'. Les juges se retirèrent en chambre du Conseil et la
délibération commença. Elle dura jusqu'au milieu de la nuit.
L'ordonnateur Rouhière y assistait et l'influença de son mieux.
1. Confrontation de Jourdan avec Duijueanoy (Arch. njt., W 517, d* 73J.
2. Confronta lion de Jourdan avec Goujon (Arcb. nal., W 547. n* 59}.
3. Procès-verbal de la Commission militaire (Arch. nat., W548). Récit de
Jourdnn. dans le Moniteur du 1 messidor (rèïmpr., t. XXV, p. S6).
le coimnTiovm goojok. 267
C'était un protégé des Girondins, créature de Dumouriez, qui
l'avait connu garde-magasin à Cherbourg et en fit son secrétaire
général au ministère des Affaires étrangères. Une fois là, il était
devenu, en trois mois, commissaire des guerres, puis commis-
saire ordonnateur. Le thermidorien Blad l'avait emmené ensuite
comme secrétaire k l'armée de l'ouest : c'est lui qui le fit mettre
en activité comme ordonnateur et nommer secrétaire général de
la Commission militaire. Le général Pille, commissaire au mou-
vement et à l'organisation de l'armée, s'y était d'abord refusé. 11
trouvait l'avancement de Rouhïère scandaleux et voulait l'en-
voyer à l'armée d'Italie comme simple commissaire des guerres'.
Mais sa présence rendait trop de services au Comité de Sûreté
générale. Par deux an-étés successifs, Hlad le fit maintenir dans
son grade et dans ses fonctions3. En qualité de secrétaire,
Roubîère fut chargé de classer les pièces pour la délibération3.
Il mit à part les « dépositions générales » et fit pour chaque
accusé un dossier spécial contenant quelques témoignages et le
procès-verbal des confrontations. Parmi les dépositions générales,
qui devaient être évidemment consultées de moins près par les
juges, il classa tous les témoignages favorables aux accusés, ceux
par exemple de Kaflet. de Sallengros, même de tanjuinais. Il fit
mieux : sur les marges ou en tête des procès-verbaux, il inscrivit. ii«
sa propre main, ou fit inscrire par le soldat qui lui servait d'adjoint,
des résumés la plupart du temps mensongers. Ainsi, sur la
déposition de Raffet qui, en un point très important, contredisait
formellement l'accusation : « Déposition qui ne dît rien, ni pour
ni contre. > Sur celle du représentant Massîeu, complètement en
faveur de Romme : • Ne contient aucun fait. • Sur celle enfin de
Lanjuinais : « N'est point à la décharge de Du Roy et encore
moins de Goujon, qu'elle tendrait à inculper d'une manière très
directe. » C'est d'après ces commentaires singuliers que les con-
victions s'établirent et que le vote eut lieu. A deux heures du
matin, le 29 prairial, la Commission envoyait l'ordre à l'exécu-
teur de monter la guillotine et de se tenir prêt pour onze heures
et demie, avec une charrette pouvant contenir six personnes. Le
jagMMDl 'lovait être prononcé à midi*.
t. Arrh. admlnUiraiire» de la Guerre. Voj, Jet HUU de service de Rouhltre
i l'eppendicc.
î. Arcb. ut., AF" 57, plaquette 116, 10 prairial: P' tii'j. 2 meeildor.
3. Vu», le bordereau placé en lele du douter du procès (Arcb. net., W 5*7).
■I. Arcb. liai., W 518, 29 prairial (r*|. de corre»|Kiod»uce).
268 R. GOTOT BT F. THÉSARD.
Le bruit se répandit en un moment que six accusés allaient
être condamnés à mort. Les parents de Goujon l'apprirent très
vite. Sa mère courut aussitôt à la Commission, voulant essayer
d'embrasser son fils une fois encore. Elle fit passer au président
ce court billet, d'une écriture toute tremblée1 :
Citoyens juges,
Pleine de confiance dans votre justice et convaincue comme je le
suis de l'innocence de mon fils, j'ose cependant vous supplier de
m'accorder la permission de le voir ce matin un instant avant l'au-
dience, voulant éviter la foule qui se trouve à ces heures-là et aussi
la trop vive émotion que pourrait me causer votre prononcé, quel qu'il
soit, ainsi que toute mon espérance dans votre justice.
Salut et fraternité.
Ricard, veuve Goujon.
J'attends votre réponse.
Le capitaine de service rapporta le billet quelques moments
plus tard avec cette note : Vous ne pouvez entrer dans
ce moment-cy.
Pendant ce temps, Lise et Sophie s'étaient rendues à la Con-
vention. Elles voulaient se présenter à la barre et réclamer justice.
Elles pensaient émouvoir la majorité, obtenir un décret de sur-
sis à l'exécution ; elles étaient dans cet état d'émotion suprême où
l'on est près d'attendre et de réclamer un miracle. Les sentinelles
leur refusèrent l'entrée de la salle. Elles allèrent au Comité des
Onze et demandèrent à voir Lanjuinais. Il sortit de son bureau
et les conduisit à la salle des pétitionnaires. En chemin, Sophie
parla de l'innocence de son frère, supplia Lanjuinais de faire
effort pour le sauver, de prendre un moment la présidence pour
que du moins elles pussent être introduites et faire entendre leur
prière. Lanjuinais refusa : « Je n'ai pas présidé une fois pendant
cette quinzaine, dit-il; je ne veux pas avoir l'air de présider
exprès pour cette affaire... Je veux bien croire que votre frère est
innocent, je ne dis pas qu'il ne le soit pas, mais en le sauvant il
faudrait sauver les autres, et que diraient de nous les puissances
étrangères! » Et sur ces mots il s'éloigna2. En vain Sophie et
Lise firent demander par l'huissier la permission de paraître à la
1. Arch. nat, W547, n# 72.
2. Tissot, Réponte à Lanjuinais, dans le Journal des hommes libres du
19 niTÔM an IV.
LE COltTETTHmEL CODJOT. 269
barre. Au seul nom de Goujon, la Convention leur refusa l'entrée,
et les renvoya, pour la forme, au Comité de Sûreté générale1.
Elles s'en furent à la maison, désespérées.
Les huit accusés passèrent la matinée à écrire. Goujon acheva
de rédiger sa défense, dont il avait fait remettre un abrégé au tri-
bunal, et qu'il voulait laisser complète après lui*. Duquesnoy
rédigea la sienne, en y joignant une lettre pour sa femme'. A
midi, la garde vint les prendre, et ils parurent pour la dernière
fois devant leurs juges. Ils se tenaient debout en face du tribunal,
entourés par douze grenadiers*. Goujon les dépassait tous de la
tête5; ses cheveux blonds flottaient sur ses épaules, et il avait
soigné sa toilette pour aller a la mort. Sous son habit de repré-
sentant du peuple, en drap bleu à boutons jaunes d'uniforme, il
portait un gilet de basin blanc moucheté, et, sur la tète, un cha-
peau à trois cornes, à la mode de l'ancien régime*.
Rouhière, imposant dans son habit rouge, se leva et donna
lecture, au milieu d'un profond silence, du jugement de la Com-
mission'. Romme, Duquesnoy, Du Roy, Bourbotte, Soubrany et
Goujon, ■ attendu qu'ils se sont montrés les auteurs, fauteurs et
complices des désastreux événements qui ont eu lieu dans la jour-
née du 1" prairial, qu'ils ont conspiré contre la République, pro-
voqué la dissolution de la Convention nationale et l'assassinat de
ses membres, entrepris, par tous les moyens, d'organiser la
révolte et la guerre civile et ressusciter tous les excès, toutes les
horreurs de la tyrannie qui ont (sic1) précédé le 9 thermidor »,
étaient condamnés à la peine de mort; Peyssard a la déportation,
« attendu qu'il n'a pas déployé le même caractère de rébellion ».
Forestier, faute de preuves positives « qu'il eut pris une part
active aux événements du 1" prairial », n'était pas condamné,
mais resterait néanmoins eu prison, il la disposition du Comité de
Sûreté générale, « comme prévenu de faits antérieurs au 12 ger-
minal et au 1"' prairial » . 11 n'y eut ni applaudissements ni mur-
mures. Goujon s'approcha du bureau, y déposa son portefeuille,
t. Moniteur, rtlrapr., I. XXV, p. II.
2. Voj. tui appendice» la Un de celle Utftnu,
3. Voj. celle lettre tm appendice*.
*. Jonrdao, relation Inaerèe au Moniteur, relmpr,, I. XXV, p. 26.
5. Il «lait de Ire» haute taille, ait pied* un pouce fTlamt, But. de la Révo-
lution, t. V, p. 507).
6. Procea-verbal du cotntnlsaalre de police de la leelioo de la place Vendôme,
29 prairial {Attù. nal., W 5*7, n- 133].
7. Voj. le Iule dan* la rtlmpr. du Moniteur, I. XXV, p. 27.
270 B. GCIOT ET F. TaÉJWlD.
le portrait de Lise et le manuscrit de sa Défense. * Pour ma
femme >, dit-il simplement. Il déposa encore une petite montre
en argent que Bourbotte venait de lui faire passer. Puis il rega-
gna sa place au milieu des soldats. Soubrany déposa sou porte-
feuille et 1,013 livres en assignats pour son domestique1.
Duquesnoy remit une enveloppe au président et dit : « Je vous
charge de cette lettre. Elle contient mes adieux à ma femme et à
mes amis. Je désire que mon sang soit le dernier sang innocent
qui coule. Puisse-t-il consolider la République! Vive la Répu-
blique'! » Sur un ordre du tribunal, les condamnés sortirent de
la salle. Ils descendaient l'escalier qui conduit au rez-de-chaus-
sée, lorsqu'on entendit la voix de Bourbotte : « Vous allez voir
comme un homme de cœur sait mourir ! » A l'instant même, Gou-
jon, sortant le couteau qu'il tenait caché, s'en frappait au cœur
et tombait, la bouche crispée, sans une plainte. Romme, arrachant
l'arme de la plaie, s'en frappait à son tour de plusieurs coups à
la poitrine, s'en labourait le cou et le visage; il tombait aussi,
couvert de sang, méconnaissable. Duquesnoy n'avait qu'une lame
de ciseaux-1; il se l'enfonça tout entière dans le cœur. Bourbotte
cachait un autre couteau; il s'en porta un coup, puis le tendit à
Soubrany, qui fit de même. Du Roy n'eut pas le temps de se frap-
per à mort; il n'était que blessé quand on lui arracha l'arme,
qu'il avait prise des mains de Soubrany. On les emporta dans la
salle basse. Un officier de gendarmerie, affolé, courut avertir le
président : il tenait à la main le couteau de Bourbotte. Uu autre
entra l'instant d'après, portant le second couteau, celui de Gou-
jon, et les ciseaux dont s'était frappé Duquesnoy'. Capitaîn
donna sur-le-champ l'ordre d'arrêter le commandant du corps de
garde, qui avait négligé de fouiller les condamnés; ensuite, il fit
chercher uu officier de santé. On n'en découvrit un qu'à grand' -
peine. Il s'appelait Marmouget et demeurait rue neuve du Luxem-
bourg. En arrivant, il trouva Romme, Goujon et Duquesnoy déjà
1. La Commission militaire au Comité de Sûreté générale, 1" messidor (Arcli.
liai, WS4S, reg. de correspondance). Les détails ilonnés sur cette scène par les
journaux ne paraissent pas tous oxacls. Mous ne donnons que ceux sur lesquels
les journaux «'accordent entre eux et atec les pièces originales.
2. Moniteur, récit de Jourdan, déjà cité. Journal lie Paris, n- 379 du
30 prairial.
3. Les fossoyeurs retrouvèrent l'autre cachée dans la semelle de son soulier.
Procès-verbal du commissaire de police do la section de la place Vendôme,
30 prairial (Areh. nat., W517, a* 140).
i- Journal de Paru cl Moniteur, toc. cit.
LE COOTEftTIOlfNBL GOUJON. 274
morts, étendus sur le carreau et baignant dans leur sang. Du Roy
était très vivant. Bourbotte respirait encore. Soubrany agonisait
presque, en disant : « Laissez-moi mourir. » Comme leurs bles-
sures ne saignaient plus, on ne prit pas la peine de les panser1, et
l'aide de l'exécuteur leur fit la dernière toilette. Pendant qu'on
lui liait les mains, Du Roy s'emporta violemment, injuriant les
curieux et les journalistes qui l'entouraient : « Les assassins con-
templent leur ouvrage! criait-il. Ab! pourquoi me suis-je man-
qué? Ces mains-là étaient-elles donc faites pour être liées par le
bourreau? Jouissez, messieurs les aristocrates1! » On les chargea
tous trois sur la charrette. Du Roy faisait bonne contenance, Sou-
brany ne bougeait plus, Bourbotte parut revenir à la vie. Il s'as-
sit au fond de la voiture et regarda tranquillement autour de lui.
A trois heures, escortés par un escadron de cavalerie, ils arri-
vèrent sur le lieu du supplice. La place de la Révolution était
presque vide. On porta Soubrany sur l'échafaud; il était mort
déjà, et Sanson n'exécuta qu'un cadavre. Du Roy mourut ensuite
avec fermeté et sans rien dire. Bourbotte cependant parlait au
peuple et aux soldats : « Je meurs innocent, criait-il, vive à
jamais la République1! » On emporta les cadavres au cimetière
de Monceaux. Les trois autres corps y furent aussi portés le soir.
Les valets du bourreau les dépouillèrent, suivant l'usage, et
vendirent au fripier leurs pauvres hardes.
R. Guyot et F. Thknard.
1. Procès- verbal de l'officier de santé (Arch. nat., W 547, n* 138).
2. Moniteur el Journal de Paris, loe. cit.
3. Jourdan, qui voulut assister au supplice, ajoute un détail atroce : c A
l'instant où Bourbotte était baissé pour recevoir le coup fatal, on s'aperçut que
le couteau n'avait pas été remonté. On le redressa pour relever l'instrument.
Il employa ce temps à parler encore à ceux qui l'entouraient » (Moniteur,
1** messidor, réimpr., t. XXV, p. 28).
MÉLANGES ET DOCUMENTS
LE CODE DE HAMMOURABI
r r
ET LA CONSTITUTION ORIGINAIRE DE LA PROPRIETE
DANS L'ANCIENNE GHALDEE.
Fustel de Coulanges s'est voué à l'histoire des institutions avec
une connaissance très imparfaite du droit : la critique lui en a fait
grief et elle a pu le faire sans trop d'injustice. Jules Oppert regret-
tait une lacune analogue cbez les assyriologues, ses confrères :
« Pour l'intelligence des textes juridiques, disait-il, des études de
droit sont d'une nécessité inéluctable; sans elles, toutes les interpré-
tations sont boiteuses. Ces études ne permettent pas seulement de
reconnaître les particularités de certaines lois, elles façonnent l'es-
prit à discerner ce qui est possible et ce qui ne l'est pas, ce qui est
adéquat et ce qui est un non-sens1. »
La découverte du Gode de Hammourabi a mis en claire évidence la
justesse de ces paroles. Malgré la science linguistique des interprètes,
ni la traduction princeps de Scheil ni les traductions nombreuses, en
toutes langues, qui l'ont suivie n'ont échappé au double écueil qu'Op-
pert signalait. La collaboration même d'un jurisconsulte et d'un
assyriologue de profession n'a pas suffi pour en préserver. Voyez le
résultat de l'association de MM. Peiser et Kohler', voyez le biais
auquel ils ont dû se résigner : une traduction mot à mot, — souvent
inintelligible, impossible, aurait dit Oppert, — et en regard une para-
phrase où le sens devient plausible, mais où la version littérale est
sacrifiée sans merci.
C'est que toute traduction d'un document de cette nature exige un
corps à corps, un contact intime avec le texte. Faute de quoi, on
pourra bien s'en approcher, le contourner, on ne l'enlacera pas.
1. ZeUschrifl fQr Assyriologie, t. XIII, p. 248.
2. Hammurabi's Gesett. Leipzig, 1904.
LE CODIC HE mUNOUlUM. 273
L'historien du droit, s'il ne veut pas bâtir sur une base fragile et
chancelante, n'a donc d'autre ressource que de maitriser lui-même
la langue des documents. Kl comment hésiterait-il devant des décou-
vertes qui reculent de milliers d'annéeB les bornes de l'histoire juri-
dique de l'humanité? Pour ma put, je n'ai pas craint de tenter raifort,
>'t la traduction de Hammourahi, que je publierai très prochainement,
permettra déjuger de son fruit.
Mais le Code de llammourabî n'est pas un monument qui puisse se
suffire à lui-même. Il veut être étudié dans ses sources, son milieu
et ses prolongements. Il a derrière lui toute une antiquité juridique
dont il est l'aboutissant. Nous en avons la preuve directe dans l'exïs-
lenœ de fragments de lois beaucoup plus anciennes et qui paraissent
même visées par ce Code, les fameuses lois dites sumériennes, dont
sept articles nous ont été conservés dans des exercices de grammaire.
Nous en avons d'autres preuves dans les contrats antérieurs à Ham-
im.nir.-iln, qui se réfèrent 1res visiblement à des lois écrites et, sans
doute, à une sorte de code ou de compilation dont ils reproduisent
des formules, puis dans la circonstance que Hammourabi lui-même se
sert de formules identiques, identiques donc non seulement à d'an-
cien-, contrats, mais à des lois plus anciennes encore.
Qu'était cette législation antécédente? A quelle date pouvait-elle
remonter? Gomment était-elle née? Si a toutes ces questions nous
n'avons pas encore de réponse satisfaisante, nous pouvons du moins
entrevoir des lignes directrices et tenter des travaux d'approche.
Tout d'abord, la religion et la magie chaldéennes ne laissent
aucun doute sur la grande part qui revient dans la formation des
coutumes ou des lois, d'une part aux rituels, d'autre part aux
oracles-, les premiers donnant naissance â des prescriptions à la fois
religieuses et civiles, les seconds constituant des jugements qui
avaient force de loi pour l'avenir. Mais nous voudrions davantage,
nous voudrions savoir pour muta DOBOIH, dtns quelles cités ces lois
embryonnaires virent le jour. Est-ce au nord, au centre ou au sud
de la Chaldée que se place leur lieu d'origine?
1.
Jusqu'il y a trente ans, tous les regards se dirigeaient m
Babjlone ou vers Ninive. On espérait trouver autour de ces deux
grandes métropoles, autour de la première surtout, la clef de l'anti-
quité clialdéenne. On se trompait. On se trompait en principe en
cherchant dan» le nord et dans l'intérieur des terres les débuta
d'une civilisation qui devait être née beaucoup plus au midi et
fUv. Hiroi. XCIV. t* fasc 13
274 irfLANGBS BT DOCUMENTS.
à proximité de la mer, de la mer qui, indépendamment du trafic
qu'elle sollicite, fournit un aliment indispensable à l'homme, le sel.
On se trompait encore, parce que les terribles dévastations dont les
capitales chaldéennes avaient été la proie et la durée relativement
récente de leur existence étaient autant de causes d'échec, autant de
sources de déception. Ce qu'il fallait trouver, c'était une cité importante
remontant à la plus haute antiquité et enfouie, disparue depuis une
époque extrêmement reculée, quelque chose comme une Pompéi chal-
déenne. Et c'est là ce que trouva notre admirable explorateur, mort à
la peine après onze campagnes de magnifiques fouilles (4877 à 4900),
H. de Sarzec.
La cité de Lagaâ, dont M. de Sarzec a exploré les ruines à Tello,
a été, avant l'époque où le nom de Babylone apparaît pour la pre-
mière fois dans l'histoire, dès le Ve millénaire avant J.-C, tantôt
dominatrice, tantôt dominée par les rois d'autres cités chaldéennes,
si bien que temples, inscriptions, monuments de toute nature dus à
des conquérants étrangers nous renseignent sur eux, leurs villes,
leurs mœurs ou leurs lois, et, par une réciprocité heureuse, les monu-
ments des rois indigènes de Lagaâ ne concernent pas seulement la cité
elle-même, mais les autres cités qu'ils dominèrent. De plus, par une
rare fortune, les dévastations ont été ici moins profondes : dès le
temps de Hammourabi, par son avènement même, l'hégémonie passa
définitivement au nord de la Ghaldée, Lagaâ rentra dans l'ombre, des
alluvions, en guise de lave, recouvrirent ses ruines.
Après Lagaâ, Suse a livré ses trésors aux pionniers de la science
française. Capitale de l'Élam qui, par la civilisation et les armes,
rivalisa avec la Ghaldée, ses alternatives incessantes de victoire et de
défaite l'ont transformée en musée triomphal de la Ghaldée vaincue
et ont amoncelé en couches profondes sur son sol les témoins de son
propre passé.
Il est aisé de voir comment les origines du Gode de Hammourabi
s'éclairent par les découvertes de Lagaâ et de Suse, pour ne parler
que de celles-là. Grâce aux premières, nous pouvons étudier les élé-
ments nombreux et divers qui sont entrés dans la composition des
coutumes antécédentes : mœurs, actes royaux, rites magiques, etc.
Nous pouvons nous représenter leur naissance, comme celle des
nôtres, en des lieux distants, leur contingence, le droit commun qui
s'élabora en elles par le passage de l'hégémonie d'une cité à une autre.
C'est ce fonds commun, tout ensemble local et généralisé, tradition-
nel et pratique, qui a été compilé, coordonné, codifié, placé sous la
protection des dieux, comme de ses inspirateurs, par le puissant
conquérant, le Napoléon chaldéen qui porte nom Hammourabi. Et
LE C0DB DE IHMXfil flilil. 275
c'est à Suse que fut découverte sou œuvre, comme si un exemplaire
officiel de noire Code civil, perdu pour la postérité, devait être
exhumé après quatre mille ans à Berlin ou a Saint-Pétersbourg, oii
les envahisseurs de tS\i l'eussent emporté.
La période coutumière, dont je viens de parler, s'éclaire par les
contrats, mais elle s'éclaire surtout aussi par les inscriptions
antiques, dont les plus précieuses ont été publiées ou interprétées
par deux assyriologues de premier ordre, MM. Scbeil el Thureau-
Dangin'. C'est de ces inscriptions que je veux m'occuper d'abord,
en tenant compte de l'aspect extérieur des monuments qui les portent
el en leur demandant plus spécialement ce qu'elles peuvent nous
apprendre sur la constitution originaire de la propriété eu Chatdée.
II.
L'étude approfondie el prolongée a laquelle je me suis livré au Col-
lège de France sur les institutions primitives m'a convaincu que, chez
tous les peuples, la naissance de la propriété est en étroite connexilé
avec les croyances animistes, avec le tabou qui en est une mani-
festation essentielle. L'objet taboue devient intangible, et il est
taboue parce qu'il est le siège d'un esprit, bon ou mauvais, le bon
devenant mauvais si ou le mécontente, le dérange ou le trouble; le
mauvais défendant plus énergiquemenl encore que le bon l'objet
qu'il occupe ou qu'il garde. Qu'un arbre soit taboue, il n'est plus
permis, sans s'exposer aux pires conséquences, d'en cueillir les fruits.
Une bulle ou une récolte sera proLégéc contre toute atteinte si, pour
j pénétrer, il faut rompre un fil dans lequel un esprit réside.
L'action de l'esprit invisible ne se limile pas plus à l'objet dont il
a lait son siège que l'action de l'homme ne se réduit a ce qui touche
directement son corps. Il y a pour l'un el pour l'autre une sphère
d'énergie ou d'influence qui s'étend aux enlours. Être sous le
regard d'un homme, à portée de sa main ou de son arme peut être
aussi dangereux que d'entrer en contact matériel avec lui. De même
des esprits- Ils rayonnent autour du siège qu'ils occupent. Quand ils
sont placés a l'entrée d'une demeure, ils la dérendent mieux qu'une
sentinelle ou une garde; quand ils sont placés à l'entrée d'un champ,
ils eu interdisent l'accès à l'intrus ou à l'envahisseur. C'est touto
une fonction qu'ils exercent, c'esl un office dont ils sont investis.
Cet office, chez les anciens Chaldéens, est dévolu a deux grandes
1. M. Sdiell. a»n» les Mfmotrti de In DMgntto* de Ptrte ; M. THurMu-
D-ip-in, JJ»> ton Ijmu livre : irt lucripltont dr Sumtr et Atkad (H-rl», 1905).
276 MELANGES ET DOCUMENTS.
catégories d'êtres surnaturels : les esprits prolecteurs, anges gardiens
individuels ou familiaux, et les grands dieux, dont la présence
réelle profite au grand nombre.
L'homme, dès les premiers âges, éprouvait le besoin de s'assurer
un protecteur spécial, personnel. Si le protecteur était le même pour
tous, quelle sécurité suffisante pouvait-il offrir à chacun dans ses
rapports avec ses semblables? Et, en effet, dans l'ancienne Chaldéc,
nous voyons que chaque individu a sa déesse ou son dieu particulier,
son bon démon, son démon familier, sédu ou lamassu, comme on
voit l'Indien ou l'Océanien avoir son totem.
L'esprit protecteur, pour veiller sur la personne, veille sur la
maison. Les rituels magiques l'appellent, l'invoquent dans ce but.
11 menace de sa colère tous ceux qui franchiront ou violeront,
démons ou hommes, la borne, la barrière qu'il défend, l'enceinte
que sa présence rend sacrée et inviolable. Cette présence est mani-
festée par les statues de taureaux ailés qui se dressent à la porte des
palais, et, dans les demeures plus humbles, par les statuettes qu'on
suspend aux linteaux. Elle est assurée d'une façon mystérieuse et
durable par les figurines enfouies dans les fondements des maisons
et des temples et par les rites magiques et religieux dont la fondation
était entourée.
Nous ne savons pas, il est vrai, si les Chaldéens ont jamais eu la
coutume, observée chez maints peuples primitifs, d'enterrer sous la
demeure une victime humaine, pour la tabouer, pour satisfaire et
retenir la divinité protectrice, mais deux dispositions du Gode de Ham-
roourabi pourraient bien être la survivance d'une telle coutume.
L'homme qui a perforé le mur d'une maison est mis à mort et enterré
à l'endroit même où il a pratiqué la brèche (§ 24) et une peine ana-
logue frappe celui qui a fait imprimer une fausse marque4 à l'es-
clave d'autrui : il est enterré, semble-t-il, près de la porte de la mai-
son3 au maître de laquelle il a voulu nuire (§ 227). Ne serait-ce pas
pour livrer le coupable en proie aux démons familiers et peut-être
même pour augmenter la sécurité de la demeure?
Les latnassu peuvent du reste être multiples, comme le furent les
1. Non pat d'esclave inaliénable, comme tout le monde a traduit, mais d'es-
clave marron, comme je le prouverai.
2. M. Scheil a traduit : c On l'enterrera dan» sa maison •, ce qui ne me
paraît pas rigoureusement exact. Il y a dans le texte : ina bdbi, près de la porte
(baba) et non pas : ina btti, et le pronom suffixe su a ici un sens très indé-
terminé, puisqu'il est question dans l'article de trois personnes : l'instigateur,
le marqueur, l'esclave marqué. L'analogie du § 21 rend donc vraisemblable
qu'il s'agit de la maison de l'esclave marqué.
le code be ntaunniudi.
277
dieux Lires des Romains {comme lu sont ceux des Japonais), et de
grands dieux leur sont souvent adjoints. La variété même des objets
retrouvés dans les fondations l'atteste. Ils vont depuis le clou
magique destiné â éloigner les mauvais esprits jusqu'à la statuette
du dieu ou de la déesse, dont la tiare ou les cornes prouvent la divi-
nité. El, à mesure que l'art se perfectionne, la signification juridique
se précise. Comme l'a remarqué M. Heuney, une Ngurïnc de fondation
du temps d'Ur-Bau, représentant un dieu agenouillé qui enfonce
dans le sol un gros pieu taillé en pointe', a toutes las apparences
d'un dieu-terme.
Il est vrai que les figurines les plus nombreuses se sont rencon-
trées dans les subslruclions des temples, et l'on peut se demander si
leur office n'y perdait point toute raison d'être puisque la divinité
puissante â qui le temple était voué _v résidait en personne. En réa-
lité, les abondantes trouvailles faites dans les temples sont des mani-
festations 1res distinctes de la foi ou de la superstition cbaldéenne.
L'objet des unes était de témoigner au dieu d'une dévotion, dune
soumission absolue, afin de se concilier sa bienveillance et s'assurer
sa présence. L'objet des autres était d'offrir au dieu des serviteurs,
des auxiliaires dont, si grand qu'il fût, il pouvait avoir besoin contre
les rivaux, les démons, les hommes eux-mêmes.
C'est dans la première catégorie que rentrent les images du roi,
de ses fils, de sa famille, de ses serviteurs ou sujets portant sur la
lèle le dupxikku, la couffe, la corheille de travail, pour témoigner au
dieu un dévouement de corvéable el d'esclave1. Ce rite, qui s'est
conservé jusqu'à l'époque ninivite, a, de même que les autres rites
de fondation (libations d'huile, d'aromates, de lait ou de miel sur les
premières briques, etc.), un grand intérêt pour l'historien des institu-
tions, car la présence du dieu qu'ils visent à réaliser devient pour le
peuple tout entier une protection de sa personne et de son bien, une
sauvegarde des faibles contre les usurpations el les abus de pouvoir
des forts, d'un mot, la source même, du droit3.
|. ptawla m (Yrl-ffr, pi. vuiMa, flg. t.
2. Le terme dupilkk* a pria le sens de cor*™.
3. Lea grandes inscriptions îles rais de Lagai, Urukagiua et (iudra, mérite-
raient, il ce i'(,inl de tue, une élude spéciale. Je' m ru tiendrai ici a quelque»
traita. — Crukagina doit mn pouvoir au itieu RhgllWj il est le restaurateur
de la llhrrlé et de l'ordre (Thureau-DariRln, Inter., p. 77. B7). le de«lrucleur
île la iervilvda [p. 81}. parce qu'il « a rétabli le* décret» et hit demeurer dans
le pava la parolt que ion roi, Kingirsu, aval! prononcée • (p. 81], r'rtl-a-dtre
la parole da JwUm Bu tuntequence, 1rs abus cessent : «torsions dea fonc-
tionnaire* el de» prêtre» (p. 85, 89), parmi lesquelles je relé»e lea droits qu il»
prélevaient en caa de répudiation (p. 83) et no droit de prù» sur lea animaux
278 lrfLANGBS ET DOCUMNTS.
ni.
Ce qui se pratiquait pour les maisons pouvait, à certains égards
au moins, se pratiquer pour les champs. On y pouvait enterrer en
certains points choisis des amulettes, des fétiches protecteurs, usage
antique qui nous est attesté ailleurs, par exemple dans l'Inde, où de
tels objets servirent plus tard de témoins, comme nos pierres-bornes.
On les pouvait suspendre aussi à un arbre, à un rocher, à une clôture.
Mais rien ne valait, comme efficacité durable, la pierre, la pierre qui,
à régal de l'arbre, était animée, habitée par un démon ou un dieu,
protégée par lui1 et qu'on pouvait instituer à demeure en tout lieu
choisi.
C'est dans le culte des pierres que je vois l'origine première des
kudurru, des stèles-limites, dont je parlerai plus loin. Aussi peu
que l'universalité de ce culte est douteuse9, aussi certain est-il
qu'une de ses manifestations principales était la pierre levée, repré-
sentant un phallus3. Cette forme parait se survivre jusque dans les
koudourrous de l'époque kassite et elle se décèle, quoique tronquée,
dans l'ancêtre lointain de ces monuments, l'obélisque de Manislu-su,
roi de Kiâ, aux environs de Tan 4000 av. J.-G.
La filiation remonte certainement bien plus haut, et nous avons la
possibilité, je crois, d'entrevoir les rites primitifs qui accompagnaient
(p. 85) ; coutumes vicieuses, telles que la polyandrie, puisqu'il est dit : t Les
femmes d'auparavant par deux hommes étaient possédées, les femmes d'à pré-
sent (dans ce cas) au {lacune) sont jetées » (p. 89). — Pour décider le dieu
Ningirsu à venir habiter le superbe temple qu'il lui a construit, Gudéa procède
a une double purification : il purifie la ville de ses souillures, il purifie le
peuple des injustices (p. 151-153. Cf. p. 107). 11 réalise, en d'autres termes,
un tabou à la fois matériel et social ou juridique. Après quoi, et une fois que
le dieu aura ûiè son siège dans le temple, y sera présent en personne, ce sera
a lui-même et à ses serviteurs fidèles a veiller au maintien de l'ordre public
et au règne du droit. Lui et son épouse, Bau, fixent les sorts, jugent la ville,
leur temple est le lieu des jugements, leur sceptre le sceptre d'équité, leur
parole la parole d'équité (p. 121 et suiv.).
1. Cf. Maspero, Histoire ancienne de l Orient, t. I, p. 642, et Sayce, The
Religion of the andent Babylonians, cité par lui.
2. Le culte est bien connu chez les Phéniciens et les Israélites; chez les
Arabes, il a été récemment signalé à nouveau par Curtiss, Vrsemitische Reli-
gion (Leipzig, 1903), p. 92 et suiv.
3. Belser admet que l'idéogramme de kudurru correspond à aufgeslelltes
[Babylon. Kudurru Inschriften, Beitrage far Assyriologie, t. II, p. 111) et
Jeremias croit que la forme typique était le phallus, forme qu'il retrouve
dans le bloc de diorite de Hammourabi (Dos aile Testament im Lichte des
Orients, Leipzig, 1904, p. 262).
LE CODÏ DR EUMIIOFIItRI. 279
ta pose de la pierre sacrée et la protection magique dont elle était le
siège.
Nous le pouvons grâce au vieux roi de Lagas. Eannalum, à qui
nous devons la célèbre slele des vautours, un des joyaux de noire
musée chaldéen du Louvre.
Eannalum nous apprend ' que le roi de Kis, Mesilim (un des plus
anciens prédécesseurs de Maniâlu-su), avait, comme souverain de
Laças, fait une délimitation1, érigé une stèle-limite. Cellestèle, les voi-
sins de Lagaà, les hommes de Già-hti la renversèrent pour s'emparer
deschamps qu'ellcahornait. Eannalum la rétablit' après une éclatante
victoire sur les usurpateurs. Une des faces de la slele des vautours
Bgure le combat et l'ci termina lion des vaincus, l'autre représente
l'intervention magique de la divinité. Nous y voyons apparaître un
personnage mythique, un dieu qui Trappe de sa masse d'armes des
hommes enlacés dans un vasle filet. Kl qu'est cela? L'inscription nous
le prouve, la mise en action des forces vengeresses que recelait en
elle la stèle renversée, el qui, par de nouveaux rites, sonl incorpo-
rées à la stèle rétablie. Ces rites, le texte les décrit en un langage
hiératique plein d'une sauvage énergie'.
Le roi de Lagas commence par prêter un serment, plus exacte-
ment par faire une conjuration. Il appelle son dieu, il le nomme. Le
dieu se présente, et à ce moment les hommes de Giiï-hu le nomment
à leur tour. Ils l'invoquent, ils se lient à lui par un serment. Uu
fossé est creusé, qui a peut-être une signification rituelle3, en même
temps qu'il sert de limite, une slele est dressée. El c'est alors qu'une
deuxième invocation est adressée au dieu. Des paroles sacramen-
telles, magiques, sonl prononcées, des victimes sont sacrifiées, des
t. Ualet E, roi. I (Thureau-Dangin, Inicriptions de Su mer el d'ikkod.
p. M-45).
5. Sur un enne d'Kntemena. il cit dit expressément que relie délimitation ■
Mé faite par la parole d'Enlil, de Ningirtu ni duo autre dieu (Tbnreau-Dangin,
/nirrj/idoni dt sumer et d'Akkad, p. OMS), l.'inurriplion dllatinatum parlait
atuai d'un orar.lo, Mil «llr ett interrompue par une lacune.
3, Noua pouvons mppleer sur ce point le* tacunei (p. 78-10) de la alèle de*
•autour* (srice à l'inscription d'Entemena, qui porte : t Kannalum... remil en
plai-r la alMe df M ri III. n » (p. GS).
4. Tliureau-Dangin, toc. ni., p. 29 et auiv.
6. Dans te* usage* primitif* de beaucoup de peuple*, la terre eit ouverte
pour boire le aanx de* «ictiinei ou celui même de* cojureur*. Votet, par
«temple, ta .tojjo irandluate que j'ai cilér dan» met Origine* de l'ancienne
France, l. Il, p. 139. el lea vieux rites dei Romain* pour l'aboroament de»
champ* : i Cum enim terminoa di*ponerenI Ipso* quldem lapide* in lolldam
terrain tullocabint, prutlme h loca qulliu* losil* tactil drluurl nu, erant,
unguento Telaniiaibutq.ua et coronl* eos cnronabanl : In foui* aulem...
taenficto facto, etc. > fSJcalm rïactu», lit tondit, aoror.).
280 MÉLANGES ET DOCUMENTS.
imprécations sont lancées, dont l'effet sera fatal, inéluctable, par
lesquelles le dieu lui-même sera lié. Son grand fllet, son arme de jet
s'abattra magiquement sur les violateurs ou les parjures, comme
répervier sur le poisson4.
Ces rites sont renouvelés à plusieurs reprises à l'adresse de toute
une série de dieux, groupés, associés pour la protection des limites,
comme on les figurera plus tard sur les koudourrous, mais, au lieu
d'armes très diverses, nous n'en trouvons ici qu'une seule : c'est
toujours le grand filet vengeur s.
Dans une inscription un peu postérieure, celle du cône d'Entemena,
l'effet suit la menace. Les gens de Giâ-hu ont violé la parole, encouru
Tanathème, ils ont renversé la stèle consacrée, franchi la limite des
champs, et aussitôt s'abat sur eux le grand filet et les anéantit3,
puis les rites sont accomplis à nouveau et de nouvelles malédictions
proférées4.
Ainsi s'est associée étroitement dans l'imagination chaldéenne la
vertu magique de la parole avec l'idée d'un filet que manie celui qui
la prononce et où se prend celui qui la viole5. L'image frappa les
esprits et, par une terreur salutaire, inculqua le respect du serment,
protecteur de la borne6, protecteur des champs. Elle s'implanta tant
1. c Sor les hommes de Giâ-hu, moi Eannatum, le grand filet d'Enlil, j'ai
jeté; j'ai prononcé nn serment; les hommes de Giâ-hu à Eannatum ont pro-
noncé on serment; an nom d'Enlil, du roi du ciel et de la terre, dans le champ
de Ningirsu... et un fossé jusqu'aux eaux souterraines fut creusé (lacune). Qui
parmi les hommes de Giâ-hu reviendra sur cette parole et dans un jour à
venir contestera, si un jour cette parole ils altèrent, que le grand filet d'Enlil
par qui ils ont prononcé un serment Giâ-hu abatte! » (Thureau-Dangin, Inscr.,
p. 29-31).
2. Thureau-Dangin, Inscr., p. 35 et suiv.
3. « A la parole droite de Ningirsu, guerrier d'Enlil, le grand filet (divin)
abattit ; des tells (funéraires) dans la plaine furent établis » (p. 65).
4. « Qo'Enlil les anéantisse, que de Ningirsu le grand filet les abatte »
(p. 69).
5. L'image est extrêmement fréquente. On en trouvera un exemple dans un
fragment d'hymne à Marduk, cité par Maspero au t. I de sa belle Histoire
ancienne de VOrient (p. 644) : c Quand ta puissance se manifeste qui s'y sous-
trait. — Ta parole est un filet souverain que tu déploies au ciel et sur la terre ;
— il s'abat sur la mer et la mer se retire; — il s'abat sur la plaine et les
champs mènent grand deuil. » — Ce qui me frappe le plus, c'est que, dans les
plus antiques mythes de Babylone, dont les fameuses tablettes de la création
nous ont conservé une rédaction qui paratt contemporaine de Hammourabi,
l'arme principale avec laquelle Marduk triomphe de Tiamat n'est autre que le
filet (sapant = êétu). (Voyez Tabl. IV, 41, 95, î 12, etc.; Winckler, Keilin-
schriflt. Textuch, Leipzig, 1903, p. 119-120.)
6. La borne même est appelée c filet » [sa paru), « filet dont on ne sort pas,
M CODK DE B1MHOC1AB1.
2S)
el si bien que nous la retrouvons chez les Juifs1 et peut-être mémo
chez les Grecs.
Chacun sait que le dieu qui, chez, eux, présidait au serment était
Horcos, lils d'Ëris, fils de h discorde, qui, à certains jours,
niellait It-s furies en mouvement contre les parjures. Sou nom a
servi, dès lors, à désigner le serment. Mais s'est-on enquis suffisam-
ment de sa vérilablc origine? Les Grecs la rapportaient à la racine
Ep/., enfermer, d'où lp«î, barrière, clôture, enceinte, el l'épithèlc
d'Jpwto;. donnée à Zeus, prolecteur de l'enclos domestique. Et
récemment M. Glotz en concluait que le serment (ïpxo;) était, dans
son sens originaire, une « barrière > morale opposée à la liberté des
paroles el des actions humaines1. Cslce bien sur? "Rpx a dû signi-
fier enfermer, envelopper avant de signilier enclore*, et ëpw; veul
précisément dire filet, filet pour prendre les bêles fauves ou les
oiseaux, filet pour prendre les poissons. *Opxs,- ne serait-il donc pas
i i origine \v filet magique ou le dieu enlaçait le parjure; arme de jet
primitive, propre a saisir simultanément lous ceux qui étaient liés
par la serment collectif ou la solidarité familiale. M. Glolz lui-même
a parfaitement montré dans sa remarquable étude que le serment
constituait une opération magique accomplie sur des pierres sacrées',
et il n'est pas douteux que le filet lient une place extrêmement
importante dans ta mythologie grecque. Comme chez les Chaldéens,
il est en connexité avec la protection religieuse de la propriété, avec
le caractère sacré, des pierres, avec la religion du serment*.
Les Chaldéens quand la terreur religieuse du serment et la véné-
ration de la pierre et de l'écriture sacrées se furent affaiblies, y sup-
pléèrent par des représentations figurées et des imprécations magiques
propres à animer ces figures et à mettre en branle les armes dont
ilre»»* rouir? le mal I, dan» le» Telles magique* (telle dan* Foasey, la Magi*
aiMfrirnat, p. Ï78-379).
I. lUhirur, ch«i>, i, rer*. 13-17.
1, Êttuttt totiatet el juridiq un tur t'antiquttf grtcyue, Pari», 1006, p. 100.
3. Nou» Iroiiiona de même en a-nyrirn tv/iùru. enceinte île tille, i côté de
tapant (ou tap/tm), lllel.
t. (itudtt citée», |>, 103 et mit,
■. N>*t-c-e pat un lait ainRuliérement frappent que l'objet xaero-iaint de
Deljiliet. le alêne même de l'oncle était une pierre truite de Tonne ovoïde,
rerouverte d'un fiUt ? (ri. Dict. de$ flnliouUei, ■» Omphatoi. p. 198). —
• i l<nur le» pierre* >ur le*quelle« le prononçaient le» aennentt le*
plu* redoutable», IVtlrle de Fr. LenornaDl (r* Battflla), el, pour ta vertu
magique du rili-t dam la m tl h.. lotie grecque, la belle monojfrapble de M, tilolx
Wl \Urdatl« {Paria, 1304), p. il et aulr. i Par aoa emploi juridique, dit-il, le
filet a été iacr* inMrumenl de miracle. •
282 MÉLAJGB8 ET DOCUVXJTS.
elles étaient munies4. Mais l'époque de Maniâtu-su n'en était pas
encore là, et l'on peut logiquement admettre que son obélisque fut
dressé et consacré par des rites analogues à ceux de la stèle des
vautours.
A quel moment les imprécations ont-elles été inscrites et la pré-
sence des dieux manifestée sur la pierre même? Nous l'ignorons.
En tout cas, de ce que nous n'avons pas de kudurru contem-
porain de Hammourabi, ni placé entre lui et les inscriptions de
Lagaâ, il est clair qu'on ne saurait conclure à une solution de conti-
nuité. Le développement naturel devait conduire, au contraire, de
la stèle de Mesilim, attestant la délimitation faite par les dieux en
personne, aux kudurru kassites, de même que ceux-ci, à leur
tour, donnèrent naissance au simple duppu (contrat) et à la pierre-
borne ordinaire. La protection divine ou magique n'est-elle pas par-
tout visible ou sous-entendue? Pas plus que ses prédécesseurs, l'État
du temps de Hammourabi n'a songé à s'en passer, et du prologue à
l'épilogue, à travers le Gode entier, elle se laisse suivre à la trace. La
conception du droit est restée toute religieuse. C'est du dieu que
toute justice émane, c'est devant le dieu, tnahar t/tm, que toute action
judiciaire doit être portée.
IV.
Les kudurru, dont je voudrais maintenant mettre en relief le
caractère sacré, apparaissent donc comme le point d'arrivée d'une
longue évolution où la protection religieuse de la propriété domine,
en même temps que cette propriété, — ce sera un second point à
étudier, — est familiale ou tribale.
Dans aucun de ces monuments, le rôle protecteur des bornes sacrées
n'est, à mon sens, mis avec plus de force et de précision en lumière
que dans le koudourrou du roi Melisihu (4 \ 44-4 \ 29) a; nulle part
non plus ne se fait jour plus clairement l'analogie singulière entre
la propriété ainsi protégée et sauvegardée et la sauveté de notre
moyen âge3.
1. Voyez sur ces figures les deux études de M. de Morgan dans Mémoires de
la Délégation en Perse, 1. 1 (1900), p. 165 et suiv.; t. VII (1905), p. 137 et suiv.
— Je parlerai, dans une seconde étude, des réserves que j'ai à faire sur l'article
qu'a publié récemment M. Cuq, sous le titre : la Propriété foncière en Chai-
dée d'après les koudourrous du musée du Louvre (Nouv. rev. hist. de droit,
nov.-déc. 1906).
2. Publié par M. Scheil, Mémoires de la Délégation en Perse, t. II, p. 99 et suiv.
3. Voyez, sur la sauveté, mes Origines de l'ancienne France, t. Il, p. 171
et suiv.
LE CODE DE HlHÏOClUei. 283
La sauvclé chez nous emportait immunité; do même emporte
immunité, chez les Chaldéens, la propriété garantie par leurs dieux.
La concordance des termes mêmes est frappante. L'expression
znkùtv, zuH correspond exactement à la libtrtas de nos chartes
de franchise et d'immunile.
L'usurpation' contre laquelle le dieu doit protéger n'est pas seule-
ment la prise de possession totale ou partielle du sol par déplacement
de bornes [i*n, fossés, miira, limites, kudurra, bornes). On prévoit
surtout aussi l'intrusion soit des officiers royaux, soit des fonction-
naires du clan ou de la tribu, dont le domaine jusque-là dépen-
dait. Contre les uns et les autres, le territoire doit être immutie.
Il leur est interdit d'y pénétrer [erebu] pour y exercer leur autorité
iptAittv*), d*y prélever des redevances ou lever des contributions
im.siW«, kistata*), d'exiger des hommes qui l'habitent presta-
tions, corvées, services d'aucune sorte'.
Nos sauvetés du moyen âge devaient défendre la liberté des terres
contre rétablissement de coutumes injustes, de malat conaveludines,.
Les koudourrous défendent de même de convertir les terres franches
en terres Lributiiras*, d'établir des services coutumiers nouveaux ou
d'en faire revivre qui fussent tombés en désuétude6.
Les hommes du domaine ne peuvent être contraints de sortir du
territoire ni en vertu d'un ordre royal, ni par ordre du clan ou de la
t. Elle est désignée pnr le verbe topélu, tab'ilu, qui veut dire saisir. enlever.
t Vojei I 'l(ipnâilnfl III H. ih. n* 2) au kudurra de Marduk-nidin-ahé, publie
par Belsef (Beifrfloe, I. Il, p. 135).
3. La formule habiluellc est nixtrta, k usa la ina eklt k/lnu. Belser l'a tra-
duite, avec l'a ppro ballon d» Orlitiseh, < faire des amoindrissements ou des mot-
rellemcnli dans le champ i>, re qui ne «eut pas dire grand 'chose, M. Scheil
me parait bien plus près de ta vérilé en traduisant : ■ Imposer une dlme, un
prélèvement sur le ebamp > (Kudurru de Piaiimarultaâ, Mémoire* t. il
p. «S; de MellMlhu, Ibtd., p. IUI|. rVli'ofu venant de çasOiu, couper, .'t nUlKU
de naidru, qui h un sens analogue, noua avons presque l'équivalent de noire
mol Inillr du moyen âge.
t. Les «pressions générales sont ilullu el dupilkhu. dont la première me
parait désigner surtout le service des hommes libres ou semi-libres, et l'sulre,
précédé* d'ordinaire it'ultu (r haine?, corbeille T), la travail des esclave*. Dana
le détail, nous trouvons : la sarde {inûkku), — probablement la défense des
ville» fortifiée*, en vur dr Uipn-lle dri contingenta (Jitaifii.i étaient levés, —
le charroi, la construction ou réfection des ponla et des r.betniu*, les travaux
d'irrigation et d'end ipiemrnt, rlr.
5. La formule est : Zak.itm tfteu ans ilki tribu (Kad. de Uelliihu*
p. 1W-105) , liltéralement ■ faire rentrer dana le* tribots les franchise*
octroyée* i (U*u),
li. Kud. du Meliiihu, p. 103.
284 MÉLANGES ET DOCUMENTS.
Iribu1, et cela quelle que soit leur qualité, simple cultivateur ou
ouvrier (kâttinu), ancien (asib) ou conseiller du village3.
L'immunité englobait donc la juridiction, donnait naissance à une
justice privée, puisque les fonctionnaires étrangers ne pouvaient
pénétrer sur le domaine, et qu'en fiait, comme je le prouverai ailleurs,
c'était dans les temples, par les prêtres du dieu local et avec le
concours des anciens de la localité, que la justice était rendue.
Gomme dans nos chartes d'immunité, le souverain qui établit la
franchise la garantit contre lui-même et contre ses successeurs,
contre ses propres agents ou officiers aussi bien que contre les fonc-
tionnaires seigneuriaux, la seigneurie ici étant représentée par le
clan ou la tribu.
Nos sauvetés du moyen âge étaient gardées par des croix ou par
des bornes qui portaient le nom du saint ou son image, son mono-
gramme ou son emblème (crosse, etc.). Les sauvetés chaldéennes le
sont par les koudourrous, où sont inscrits les noms, sculptés les
emblèmes et les armes des dieux protecteurs, parfois aussi la figure
sous laquelle on se représentait la divinité elle-même. Et dans les
croyances populaires il n'est pas douteux que la similitude allât plus
loin. Chez nous, c'est la statue du saint qui opère directement des
miracles, c'est elle que le solliciteur prend à partie, jusqu'à l'acca-
bler d'injures et la rouer de coups quand son vœu n'est pas exaucé1.
Chez les Ghaldéens, où la magie et la religion sont inséparables, il
en est ainsi à plus forte raison4.
La présence de toutes les divinités qu'on redoute le plus est
attestée, réalisée par leurs images sculptées. Il suffira alors de les
conjurer une fois pour toutes parles formules imprécatoires inscrites
sur la pierre même, — faisant corps avec elle, bien plus, faisant corps
1. Kod. de Meliâihu, p. 102.
2. M. Scheil traduit kâttinu par hôte, hotpes, par contraste avec asib, où
il voit l'habitant fixé à demeure. Mais asib peut très bien être une forme de
sitm (voyei Delitzsch, H. W., p. 652) et désigner l'ancien du village, que nous
trouvons mentionné fréquemment dans les textes, et déjà dans l'obélisque de
Maniâtu-su. Pour le kâttinu, on songe tout naturellement à kâtu (main). —
Les conseillers [ameluii sa terni su) paraissent une espèce de judiees privati,
car la même qualification sert à désigner ailleurs les fonctionnaires du clan ou
ceux du roi.
3. Voyex l'exemple que j'ai cité dans les Origines de C ancienne France,
t. I, p. 442.
4. Imprécations terribles et répétées contre celui qui fait c enlever la pierre, la
fait jeter à l'eau ou au feu, cacher en terre, maçonner dans les briques, empri-
sonner dans un mur, mutiler, endommager, ruiner, anéantir », et emploie à
cette besogne, pour se soustraire à la vindicte divine, un inconscient ou un fou.
LE CODE DE fllVXOCKlRI. 285
: l'image des dieux, — pour que tout violateur de la propriété, con-
sacrée par cette présence, porte la peine instantanée de son forfait,
pour que toutes les calamités s'abattent fatalement sur lui, en vertu
de la conjuration magique qui les énumère et qui lie les dieux. De II
ces expressions si énergiques, si réalittet par lesquelles les kou-
tlourrous menacent des regards irrités des dieux*, de l'emploi des
armes dont la pierre porte la ligure1, des malédictions irrémissibles3
qu'elle émmèn M qui ne manquent jamais le coupable'.
La présence réelle des dieux est aussi évidente dans les kou-
dourrous que dans leurs temples ou dans les statues animées de
l'Egypte. C'est en présence de isamas, de Marduk, d'Anunit que
Miilisilni écrit ses volontés sur la stèle et la dresse sur le champ
qu'elles concernent1. C'est dans des termes dontleseus littéral, trop
■flUbll par les traducteurs, ne laisse aucun doute sur leur réalisme
que les dieux sont conjurés : * Que tous les grands dieux qui existent
dans celte pierre*, dont les armes s'y révèlent7, dont la demeure y
est visible ou fixée*, dont les figures j sont incrustées', frappent de
calamités inéluctables, etc. ■
1. Littéralement : i leurs races irritées s, Mil iitvti.
î. Elle* figurent parfois dans tes imprécations en même temps que la sculpture
Im représente. Cf. Kul île Naiiinar.. Mémoire*, t. Il, p. 90-01.
3. Arrat la napititi l'Knd-, publie par Relser, Beilragt, 1. 11. p. 126; Kud.
d« Uetisihu, p. lui), etc.).
I. Mémoires de la Délégation en Perte, t. II, p. 110-tll.
5. fbid., p. 104. 106. 107.
6, La formule eut : • Dont Iw nom* sont nommé» (jium-sunti tflkru) lian»
celle pierre (tM eli narie annt) » (Mémoires, L II, p. 89, 110; Beiirflge, I. Il,
Or, le mus rigoureux de Mina sakdru e*l cziitcr (DellUscb, 11. W ,
1 i u>te quand un est nommé. La formule relient donc i dire que
lei dieui sont présent s dans la pierre parre qu'ils simt nommés. Le mltne
phénomène se produit par l'invocation ou la conjuration, car Huma navii
(appeler le nom) = éditer (DelilMrb, 11. W., p. 141}. ,Vani est la stèle de
pierre, par opposition à tt m-' m. tn[n\u, la brique. J« noie comme voisins Ifs
termes ntrrdru, protéger, nararu, protecteur.
T. nu/iumu ligniiie • faire voir, et Liber, faire montre de, faire apparaître >.
S. 11. Scbeil a traduit i dont les siégea sont représentés s. En réalité, ivblu
veut dire t demeure, domicile • (par exemple dans le Code de llammourahi,
demeura, domicile du mari, I 171) | d'aulre part, ai ndd-i est, comme l'a admis
très Justement M. Scbeil, une forme courante du verbe ittii, voir, faire voir,
nous avons une expression parfaitement synonyme de celle qui est employer,
pour le* arme*. Je me demanda seulement si l'on ne pourrait pas donner kl
la préférence au verbe aitù. qui signifie < nier, établir légalement » (DellLuch,
II. W., p, 33Î),
9. Littérale ment : ■ formées ■ {lafuru). — Est-ce par rencontre forluile que
t'borooavma Auixrtu, image (Delituch, II. W.. p. 309), signiûe ban, tien fatal,
et soit désigné par le mémo idéogramme? [DeliUatb, II. W., p. ni)
286 WÉLASGIS ET DOCUMIHK.
Et la pierre elle-même est appelée à l'existence, devient une per-
sonne animée, puisqu'elle reçoit un nomy signe de vie que ni les
constructeurs de temple, ni les consécrateurs de statues ne manquent
jamais d'imprimer à leur œuvre.
Un de ces noms surtout est remarquable, c'est celui du koudour-
rou de Nazimaruttaà : « Cette pierre est nommée : Nabû, garde
(nasir), la borne (kudurru) des champs4. »
Nabû est, en effet, soit sous son nom ordinaire, soit sous celui de
Ninib, le protecteur par excellence des koudourrous, le seigneur des
limites et des bornes, bel tnisri u kudurri, titre que les rois de Baby-
lone lui ont emprunté en s'appelant Nebukadnezar (Nabuchodono-
sor*). El pourquoi l'est-il? Parce qu'il est à la fois le messager des
dieux et le dieu des scribes, le dieu de l'écriture, celui qu'Assurbani-
pal regardera comme l'auteur de toute la production livresque qu'il
fera recopier (Sagesse de Nebo), parce qu'il est aussi l'auteur de tout
lien rikis kalama1, ce qui peut se rapporter à la fois au lien magique,
base du contrat, et au lien familial (kimu), base de la propriété col-
lective. Sa vindicte, dès lors, pour protéger les koudourrous, dont la
garde lui est confiée, s'attaque aux bornes et aux limites personnelles
de l'usurpateur : « Qu'il les renverse, qu'il les détruise, qu'il les
foule aux pieds4. »
V.
Le rapprochement avec les institutions du moyen âge n'est pas le
seul qu'éveillent dans l'esprit les koudourrous chaldéens II en est
un autre qui, à la différence du précédent, pourrait impliquer même
une certaine filiation, je veux dire le rôle juridique des pierres sacrées,
leur emploi comme bornes chez les Grecs.
L'animisme appliqué aux pierres apparaît partout dans la Grèce
primitive. Ici c'est Zeus, là Apollon, ici Eros, là Artherais, fréquem-
ment Hermès, qui sont non seulement représentés par la pierre,
mais identifiés avec elle. La pierre fruste est ointe d'huile, envelop-
pée de bandelettes, ceinte de couronnes ou de guirlandes, adorée
comme si elle était le corps de la divinité elle-même. Les Grecs ont
conservé dans leur langue un mot dont ils avaient oublié l'origine et
qui exprime l'idée chaldéenne du koudourrou, siège de la divinité.
1. Mémoires de la Délégation en Perte, t. II, p. 91.
2. Nebukadnezar = Nabu kudurru ti$tir {nature Nabu qui maintient ou
protège les kudurru, dès lors les frontières et les pays.
3. Delitzscb, H. W., v riksu, 621.
4. Kud., publié par Belser, p. 126 et note, 142.
LE COIII lit H.tMHOCËAII.
287
C'est le mol [JairA;;, simple transcription du mot sémitique Beith-El
iBIt-i/i, demeure de Dieu, nom habituel du leraple chaldéen), qu'il-
lustre si narrai temeut l'histoire du songe de Jacob'.
Voici maintenant Hermès. Les interprétations les plus contradic-
toires sont nées à son sujet. Pour les uns, il est la personnification
des révolutions du ciel, pour d'autres, le dieu de la génération, pour
une école plus récente, le dieu du vent, etc. La clef de son origine ne
se trouverait-elle pas tout simplement dans sa ressemblance avec
Nabù? f.elui-ci est le (Ils de Uel-Marduk, du grand dieu du ciel,
comme Hermès le fils de Zeus. H est personnifie par la pianote la
plus rapprochée du soleil, précisément Hermès-Mercure, celle dont la
révolution est la plus rapide. Nabù est le dieu qui appelle, qui
nomme (mM), le maître de la parole; Hermès lest aussi, c'est lui
qui donne à la première femme Pandore et son nom et sa voix*.
Nabû est le messager des dieux, porteur do leurs ordres, des tablettes
t sont inscrits les destins et ou il les inscrit lui-même. Il est des
i le maître de l'écriture, le patron des scribes. Hermès est le
raut, le porte-parole *r,p; des dieux1, il est le Aé^ioî, il incarne la
parole magique a laquelle nul n'échappe.
Nabù est le dieu de la germination, de la végétation. Hermès a eu
pour emblème le phallus et la gerbe d'epis. Nabù rend des oracles,
comme porteur de la parole divine. Hermès préside à la divination
bjifq par les emlOnix (Optai), parce qu'Apollon lui a soumis les trois
vierges, maîtresses des sorts rustiques (Msïpat1). Et le ravisseur des
troupeaux eu devient ainsi le protecteur. Il est le gardien nocturne',
Il veille aux portes*. Comme Nabù est le seigneur des koudourrous,
Hermès est le seigneur des àp-fc aîOoi et des fcf juu. Il est le dieu des
champs, STyps-rrip7, le dieu des termes, fannputtc*. Il est par excel-
lence l'apfii'favTr,;, le dieu qui se manifeste par Vargoi*. N'est-ce pas
t. > Kl, lorsque Jacob m- réveilla tic son sommeil, il dit ; Certes, l'ËIrrnel
est ea c* lieu-ci, Mn» que Je l'aie su! ... Il prit la pierre dont il s'était sent
coronio de cheirl, et l'érigé* en un uniment , et rersa de l'huile dessus, ri
appela ce lieu HClli-KI .. Et celte pierre que )'*i érigée en mou uni eut sera une
demeure de Dieu * (6ml»* l XXVlll, p 11-18; trad. Items, t. I, p. 389}.
■>, Hésiode, tl.ucret et jourt, i IMDi
3. Hésiode, Ibtd.
4. Hymne bnmrriqu* 1 Hernie», V. il'J et tul».
b. Njiii; inwinvtripa (drapai, une de* tonnes d'ipé») (/Met., t. 15).
5. LMisWmi iit-<i(wi, m charger Uej \l'nd.).
7. Euripide Kleclre, », 4M.
■■■■ leiM* cités, Dictionnaire de» «ntifuMi, t" /fermai, p. 131.
II. L'cpllbils apru'favrr,,-, fréquente dans Homère, a eir traduite 4 tort par
■ r.ifurlri. r .l'Arniiî >. Elle me parait, de mémo que le mjlbe d'Ardus, en
il ITM Vtiryot lilhai. Ujq» le principe, Argus n'a pai mille jeux,
288 M^LAÎfCRS BT DOCUMENTS.
lui que personnifie Yargos lilhos quand il affecte la forme conique
ou ovoïde du phallus? De nombreux témoignages nous le montrent
sous cette forme 4 . Pausanias Ta vu de son temps encore adoré ainsi à
Cyllène en Elide* et représenté par une pierre grossière dans son
propre temple d'Hyette en Béolie3.
A leur forme, leur couleur (d'ordinaire noire), leur provenance
(souvent des aérolithes), ces argoi empruntaient leur caractère sacré.
Ils étaient des demeures du dieu, des béthyles. Et j'estime que
l'opoç primitif ne fût pas autre chose. C'est à peine s'il diffère par le
nom d'un argos panoptès* .
Dans le combat des dieux que décrit Homère au XXIe chant de
Y Iliade, Minerve lance à la tète de Mars un 5poç (oupoç) qui le ren-
verse tout du long sur le sol. Et voici ce qu'est cette arme de jet
improvisée : « Une pierre noire, fruste, énorme, que les premiers
hommes avaient placée pour borne (oopoç) d'un champ5. »
Au chant XXII, le mot oupoç reparaît dans le verbe dhcoupiu, et,
fait notable, non pas seulement avec l'acception d'aborner, mais au
sens même d'acquérir la propriété6.
Exactement comme les koudourrous, pierres sculptées et ornemen-
tées {asûmêtu), avaient succédé chez les Ghaldéens aux simples obé-
lisques ou aux pierres phalliques, de même chez les Grecs les Hermai
succédèrent aux argoi et aux oroi primitifs. C'est certainement à cette
substitution que fait allusion Pausanias quand il remarque que les
argoi lithoi étaient pour les Grecs des premiers temps l'objet de la
même vénération dont jouirent plus tard les monuments figurés
(àxaXjjuzTa7). Et rien prouve-t-il mieux que la multiplication infinie, la
mais trois ou quatre, et, s'il a été tué par Hermès ao moyen d'une pierre,
c'est que V kermès s'est substitué à Yargos.
1. Cf. Dictionnaire des antiquités, r Mercurius, p. 1803, note 21.
2. Pausanias, VI, 26,5.
3. Pausanias, IX, 24,3.
4. "Opoç dérive, selon moi, d'6paa>, d'où opopuxi, veiller, et sous la forme
ionienne o&poç, qui, dans Homère, est employé tour à tour au sens de pierre-
borne et de gardien ou protecteur.
5. Iliade, XXI, v. 403 et suiv. — On serait même tenté de croire que, si le
formidable Mars (son corps recouvrait sept arpents) fut jeté à bas si preste-
ment par la main d'une déesse, c'est que la pierre elle-même était douée
d'une vertu vengeresse. Pallas ne triomphe-t-elle pas en s 'exclamant : c Insensé,
les Erinnies ont réalisé contre toi les imprécations que ta mère a proférées
quand tu as trahi ta foi. »
6. Iliade, XXII, v. 489.
7. Pausanias, VII, 22,4 : c Ta Si ht naXatorcpa xal toÎç naaiv "EXXrjai Tijjiaç
Ô£û>v àvr\ àyaXjxdcTa>v elxov àpyol Xfôoi » (Dictionnaire des antiquités, v* Argoi
lithoi, p. 413, note 4}.
LB CODE DE BAMM0URAII. 289
vogue immense des Hermai, la profondeur et retendue des racines
qu'avait poussées dans l'antique Hellade le culte du dieu protecteur
des bornes, dont j'ai cru entrevoir le prototype dans le Nabû chal-
déen?
Les développements qui précèdent et les conclusions qu'on en
peut tirer ne sauraient infirmer en rien, tout au contraire, la thèse
exposée avec tant d'éclat par Fuslel de Coulanges, que c trois choses
ont eu entre elles, à l'origine, un rapport manifeste et paraissent
avoir été inséparables : la religion domestique, la famille, le droit de
propriété »4. Cette proposition, sauf la réserve que je vais foire, je
la crois la vérité même. Elle se vérifie et pour la protection de
la demeure par des divinités domestiques, et pour les champs eux-
mêmes où certains koudourrous conjurent, à côté des grands dieux,
le lamassu du propriétaire. Seulement, le caractère sacré de la pro-
priété familiale n'est qu'une manifestation du culte plus général de
l'animisme magique. Ce culte a pu servir aussi bien, et il a servi, en
réalité, à constituer la propriété individuelle aux dépens de la pro-
priété familiale. C'est la fin principale qu'ont en vue les kudurru
kassites et que devait viser déjà l'érection rituelle de l'obélisque
de Manistu-su. Elle fut longue à atteindre, car il ressort de ces monu-
ments, séparés par un si long intervalle, qu'au v* millénaire
av. J.-C. la propriété du sol était, avant tout, familiale et tribale
en Chaldée et qu'elle l'était encore deux à trois mille ans plus tard.
Tel est le point d'histoire que je voudrais considérer de plus près
dans l'étude qui fera suite à celle-ci.
Jacques Flach.
1. La Cité antique, Imre H, ehap. vi, p. 69 (éd. 1866).
Hsv. Hiitob. XCIV. 2< fasc. 19
290 WÉLAUGIS IT DOCUMENTS.
LA QUESTION DES FAUSSES DÉCRÉTALES,
A vingt ans de dislance, H. Paul Fourrier < a éprouvé le besoin de
mettre au point le mémoire sur les Fausses Décrétâtes qu'il avait
publié dans la Nouvelle Revue historique de droit. Aussi bien la polé-
mique au sujet de la provenance et de la date de composition n'avait
point cessé d'être active depuis 4 887, et il était bon qu'un travail d'en-
semble épargnât au public la lecture de trop nombreux articles en
lui exposant clairement les arguments en présence. Il est superflu
d'ajouter que Fauteur s'est on ne peut mieux acquitté de celte tâche.
En ce qui concerne la patrie des Fausses Décrétâtes, voici quelles
sont ses conclusions (p. 83) : « 4° Les Fausses Décrétâtes conviennent
à la situation de la province de Tours, entre 846 et 852, mieux
qu'à la situation d'aucune autre province; 2° à l'époque de la rédac-
tion des Fausses Décrétâtes, Isidore ou un de ses associés rédige
dans la région mancelle des apocryphes destinés à servir les inté-
rêts de l'église du Mans ; ces apocryphes portent la marque de l'ate-
lier isidorien. — Donc, c'est dans la province de Tours, au Mans
ou aux environs du Mans, qu'il faut placer l'auteur ou les auteurs
des Fausses Décrétâtes, puisque c'est là seulement qu'à la même
époque nous retrouvons des traces de leur activité. »
Je persiste à croire que la thèse mancelle est erronée. Je consi-
dère comme particulièrement insoutenable l'opinion d'après laquelle
l'auteur des Fausses Décrétâtes aurait entrepris son œuvre pour
remédier aux maux que le schisme de Nominoé causait à l'église
franque en général et spécialement à la province de Tours (p. 72).
Un faux, surtout un ensemble de faux comme le recueil du pseudo-
Isidore, ne se fabrique pas sans but. Il y a quelqu'un qu'on veut
convaincre. En l'espèce, qui visait-on? Nominoé avait brutalement
dépossédé en 848-849 les évêques de Dol, Vannes, Quimper, Léon,
après un simulacre de jugement. Il prétextait qu'ils étaient coupables
de simonie, mais le prétexte ne trompa personne : les prélats con-
damnés, puis expulsés, n'étaient pas, en réalité, assez dociles et ne
se prêtaient pas aux visées du duc des Bretons qui voulait se séparer
de la Gaule aussi bien religieusement que politiquement, briser les
1. Paul Fou mie r, Étude sur les Fausses Décrétâtes. Louvain, 1907, in- 8%
121 p. (Extrait de la Revue d'histoire ecclésiastique, t. VII et VIII.)
U BnmM l>IS riCSSIS DMiaXTUES. 291
liens qui Attachaient à Tours les diocèses armoricains el foire de Dol
la métropole de son État. Blait-il besoin de fabriquer une masse de
Cuisses décrelale* pour démontrer ijue les procèdes de Nominoé étaient
intolérables? Persuaderqui? Le roi des Francs? Son clergé ? La papauté?
Mais tous étaient profondément indignés de l'audace du breton. Tous
la condamnèrent solennellement, et, pour ce faire, nul besoin d'avoir
recoursa des textes apocryphes. Reste l'usurpateur lui-même. C'est
vraiment a lui seul qu'il fallait s'adresser si l'on voulait réussir.
Hais croit-on que le recueil du pseudo-Isidore, fût-il dix fois plus
gros encore, eût pu toucher l'homme intraitable qu'était Nominoé?
Il agissait illégalement, et il le savait, ou plutôt il créait le droit par
la force, ce qui faillit réussir, puisque Tours n'eut gain de cause que
trois siècles et demi plus lard, eu Ht*. I^n vérité, parmi les hypo-
thèses que l'imagination des érudils peut enfanter, celle-ci est des
plus invraisemblables'.
Très supérieure est l'aLLique dirigée [p. 42-58) contre l'hypothèse
rémoise, dont je suis partisan. M Fournier s'efforce de démontrer que
les Fausses Décrétâtes ont été utilisées à une époque d'accalmie, pen-
dant laquelle Hincmar tolérait de fait les clercs urJonrics par lîbbon.
Ceux-ci n'auraient eu intérêt à les composer qu'après 853; or, les
Fausses Uécrélalcs sont connues dés 852, Ilîncmar les cite en effet ou
le» invoque: 4° dans les statuts donnes au clergé de Heims le I" no-
vembre 852; 2° dans des capitula adresses aux doyens chargés de
l'observation de ces mêmes statuts. M. Fournier montre très bien
(p. 34-35), ainsi ÇjM M. l'ablie Li-snr', que ce dernier texte suppose
le recours constant a la seconde décretale du pseudo-Calixle. Il recon-
naît d'ailleurs (p. 30) « qu'il n'est pas péremptoirement prouvé que
le- instructions données aux doyens dalenl de. x.,j. l-:i|.-s semblent le
complément des statuts diocésain» promulgués à la date du (" no-
vembre 852; mais elles ne portent pas explicitement celte date, à
laquelle ou ne les rattache que par une hypothèse; je dots direque
celle hypothèse est, à mon avis, extrêmement vraisemblable. •
M. l'abbé Lesne (p. 300-:tol) donne un argument intéressant, à l'ap-
pui : il fait remarquer que tous les ca/nlula d'Ilincmar adresses
aux archidiacres, doyens, prêtres soûl datés. Seules les instructions
aux doyens ne le seraient pas, sans qu'on voie la raison de cette
anomalie. Elle cesse d'exister si ces instructions ne sont qu'un eora-
t, Rlln l «l* tmli* en premier Uni par UnK'n, ilani Itulûriiche ZrtUchrlft,
i \u, ian, p. \r.i-vn, rf. drj» iiinu-iuii', oétnt, p. cas, oan. " «i »
niurqnr qun ce» »*»»riU hoI taJarlstM fit nnn ,1c* liklorlcn».
mnhu tpiicopnln en <!a»U «t Crrnwmic i7«-8«J. r»m-Li!lr,
1905, p. 300.
292 rfLANGIS ET DOCUMBTTS.
plément des statuts diocésains du \ " novembre 852. Or, dans ceux-ci,
on trouve, au § xi, un renvoi au pseudo-Etienne : c Idem Stephanus
sanctus papa et martyr ad sanctum Hilarium in suis decretalibus
docuit. » J'ai supposé1 que cette phrase pouvait être une addition;
M. l'abbé Lesne objecte justement (p. 303-304) que c'est l'ensemble
du § xi qui sent le pseudo-Isidore3. Resterait à savoir si la date du
4" novembre 852, qui ne nous est connue que par l'édition de Sir-
mond3, est exacte. Peut-être les deux derniers jambages de la date
étaient-ils formés par un V oncial (écrit U) et ont-ils été lus 0 GCG LU,
au lieu de D GCG LV, comme il arrive fréquemment. En tous cas, le
texte est antérieur au 10 juin 856 4, puisque, à cette date, Hincmar
complète ses capitula par de nouvelles instructions.
Quoi qu'il en soit, il apparaît que ma tentative d'abaisser, — je ne
veux pas dire la composition 5, mais la mise en circulation des Fausses
Décrétales, — jusque vers 858 • et même 859 était hasardeuse. Pos-
térieure à 847 (tout le monde est, je crois, d'accord sur ce point), sa
publication peut se placer vers 854-855, si ma correction hypothétique
proposée plus haut se justifiait, ou encore vers 852, selon l'opinion
reçue aujourd'hui.
Laissons de côté, du moins provisoirement, la province de Reims.
— M. Fournier revient (p. 24-33) sur les coïncidences de vocabulaire,
signalées en premier lieu par Weiszâcker et Simson, entre pseudo-
Isidore et un certain nombre de textes manceaux. U est certain que
l'auteur des Actus pontificum Cenomannis in urbe degentium, lequel
a écrit entre 850 et mars 857 7, a connu pseudo-Isidore. Les critiques
adressées par celui-ci à l'institution des chorévêques l'ont touché au vif,
1. Éludes sur le règne de Hugues Capet (Paris, 1903, in-8*), p. 373.
2. L'objection de M. Fournier (p. 36) est moins forte : vers 900, Réginon
connaît ce chapitre avec son renvoi à pseudo-Etienne; donc, c jusqu'à preuve
du contraire, le texte tel qu'il se présente à nous jouit de la possession ».
C'est l'argument juridique dans toute son horreur.
3. Appendice au tome III de ses Concilia Galliae, Dans son édition des
Opéra Hincmari, il se borne à reproduire l'édition précédente.
4. Et non 857, comme le dit M. Lesne (p. 301) ; la douzième année de l'épis-
copat d'Hincmar, sacré le 3 mai 845, commence en effet ie 3 mai 856 pour se
terminer le 2 mai 857. Ces Capitula étant du 10 juin sont de 856.
5. P. 373, 1. 22 des Études sur le règne de Hugues Capet, remplacer rédaction
par publication, comme l'exige la phrase qui suit.
6. La lettre 130 de Loup de Ferrières adressée au pape contient un renvoi
à pseudo-Melchiade. Sa date se place en 858, entre le 24 avril et le mois de
juillet. Elle est rédigée au conventus apud Baiernam. Voy. Levillain, Loup de
Ferrières, p. 176-177.
7. Avant la mort d'AIdric, laquelle doit se placer non le 7 janvier, mais le
24 mars 857. Voy. Duchesne, Fastes épiscopaux, t. II, p. 339.
i odsstiox ves ratissa ncuTii
293
et lui, qui ailleurs suhil docilement l'influence des Fausses Uécrétales,
plaide ici les circonstances atténuantes. Il s'efforce de montrer que,
du moins dans lo diocèse du Mans, les chorévèques oui toujours
répondu a une nécessité réelle. Il est visible que l'auleur plaide pro
domo, et l'attribution des Actmau dernier chorévéque du Mans David,
proposée par Julien Havet1, me semble toujours séduisante. Même si
ron rejetie celle attribution, il est clair que l'auteur des Arlut, quel
qu'ait été son nom, croil à l'authenticité des Fausses Decrétales. Il
n'est doue pas pseu do- Isidore'.
Non BMfU intéressants sonl la fausse bulle de Grégoire IV, datée
du 8 janvier 833, et le Mtmoriate inséré dans la seconde partie des
G&tê Atdrtci. Dans le premier de ces textes, « le pape est censé
déclarer que si un adversaire d'AIdric, évèque du Mans, s'avise de
former une accusation contre ce prélat, Aldric aura toujours le droit
de porter sa cause dcvanl le Saint-Siège, par voie d'appel ou directe-
ment, ■. Le second est le récit du procès à la suite duquel Aldric
aurait soi-disant obtenu en N3N la restitution de l'abbaye de Sainl-
Calais. Postérieurs à la morl de Louis le Pieux (*t0), ces deux textes
sonL certainement antérieurs,! la morl d'AIdric [8H)fl. IJcqui fait leur
grand intérêt, c'est qu'ils sonl rails d'une • mosaïque de Fragments
lires des decrétales el des canons authentiqvrs qui ont précisément
fourni des matériaux au faux Isidore. Il y a plus : on a pu constater
que bon nombre des fragments employés par l'auteur de la bulle ont
été insérés dans le tissu des apocryphes pseudo-isidoriens; les tableaux
dressés par MM. Hinschius cl Simson en fournissent la démonstration
1. Bibt. de l'École dei chartes, t. LIT, p. 66S.
î. On ne comprend vraiment pas que D. Simson ail pu mil l'idée de lldea-
tiier aiec loi.
3. H Fnornirr T«ut préciser et propose [f, 80-81) de placer la fabrication
de la fouste bulle, eu 850, *iH«|ue • laquelle Nomloué occupa le Mon* « On
comprend l'angoisait où se trouva l'évéque, parlison dévoué lu roi franc,
membre, considérable dr l'église franque et snffrag.inl imporlaiil du mélropo-
liiain de Tour*. Il dut l'imaginer que le conquérant se proposait de le traiter
comme le* évéques de Bretagne qui lui avaient déplu, c'est-à-dire de l'accuser
et de le déposer. Or, on savail alors au liant, par liruvrc ronuur sous le non)
de Ceita Aldrki, qo'Aldrie avait clé lu ri apprécie du pape Grégoire IV. L'Idée
M présenta uns doute iialuretlciui'nl a un pwltlia fAldrfC lfh*H|lllt la fausse
bulle el de ta placer mus le nom de Grégoire IV. i Ici encore. J'ai le regret
dr conitjler que l'auteur se montre plus juriste qu'historien. Rien de plus
invraisemblable que de supposer qM tfoaUoè, '(ni litùUit sans pitié enlises et
monastères, se serait laissé arrêter par un morceau de parchemin. Les préoccu-
pations prêtées a Aldric n'ont, d'ailleurs, aucune probabilité. Nominoé ni une
nxtia dans le Haine, rien de pins. Lui-même savait Tort bien qu'il ne pourrait
tlendrc si loin ses conquêtes et garder le Mans.
294 irfUJGES ET DOCUMENTS.
péremptoire » (p. 72). M. Foumier conclut judicieusement (p. 74-75
et p. 77) que l'auteur de la fausse bulle (et aussi celui du Memoriale)
« travaillait dans l'atelier où se préparait la grande falsification d'Isi-
dore; il s'est servi pour sa construction des pierres qu'on y taillait
aussi bien que des procédés qui y étaient usités ». Je serai même
plus catégorique et je dirai sans hésitation que la busse bulle et le
MemoriaU sont à coup sûr de pseudo-Isidore. Us révèlent un pre-
mier stade de son entreprise : il ne fabrique pas encore de Fausses
Décrétâtes ' , mais il se fait la main. C'est peut-être même le succès de
ces textes qui lui a donné l'audace de forger de toutes pièces des
décrétales au lieu de se borner à composer des centons.
Ces faux n'émanent pas d'Aldric lui-même. Son style, que nous
connaissons par son autobiographie, Gesta Aldrici*, diffère profon-
dément de celui de pseudo-Isidore. Ils n'émanent pas davantage de
son entourage. Gomment admettre qu'un clerc maoceau, écrivant du
vivant de l'évêque, puisse composer une bulle où l'on reconnaît que
tous les torts n'étaient pas du côté des adversaires d'Aldric3. Gom-
ment l'auteur des Actus, partisan du prélat et son contemporain,
pourrait-il insérer cet acte dans son œuvre si elle avait été composée
au Mans? Gomment pourrait-il surtout utiliser le pseudo- Isidore en
croyant à son authenticité s'il s'agit d'une composition forgée au
Mans? Impossible qu'il ne fût pas au courant s'il y avait eu dans la
ville ou près de la ville un atelier de faux de cette importance. Gela
est d'autant moins admissible que l'auteur des Actus a utilisé, et
sans doute composé lui-même, quantité de diplômes faux des rois
francs en faveur de l'église du Mans. Il y aurait eu nécessairement
deux ateliers de faussaires au Mans, et l'un d'eux, celui des faux
diplômes, aurait ignoré l'autre, celui des Fausses Décrétales. Se peut-il
rien concevoir de plus invraisemblable!
Ce n'est pas tout. Le but principal de pseudo-Isidore c'est d'établir
ou de restaurer l'autorité de l'évêque. Au milieu du ixe siècle, l'évêque
a deux ennemis : le laïque, roi ou comte, qui s'ingère dans les élec-
tions, s'empare des biens de l'Église et prétend déposer le prélat à
tort et à travers; le métropolitain qui, depuis les réformes de Cbarle-
magne, a pris une importance considérable et veut faire de ses suf-
fragants de simples subordonnés. M. Foumier passe rapidement
(p. 48) sur ce dernier adversaire. Tout le monde a été frappé cepen-
1. On en trouve une cependant dans le Memoriale.
2. J'étends une remarque que Waitz {Mon. Germ. Script., t. XV, p. 304) et
Julien Haret (BibL de C École des chartes, t. LIV, p. 603) ont faite au sujet
des rapports des Actus et des Gesta Aldrici.
3. Cf. P. Foumier, /oc. cit., p. 81.
U UDUIHM M.S F4CS3E5 DBCBJTll.es. 293
d.int, en dernier lieu M. l'abbé Le s ne, du fait que la pointe de l'arme
forgée par pseudo-Isidore est dirigée contre lus métropolitains. Pseudo-
Isidore n'exalte la suprématie de Rome que parce que la papauté est
le seul pouvoir capable de mettre fin à la tyrannie de cet ennemi
détesté, l'archevêque'.
Le malheur de l'hypothèse mancelle, c'est que rien absolument ne
dénote la moindre hostilité au tx* siècle entre le Mans et la métropole
de Tours. Les rapports des deui églises sont excellents. Le but de
pseudo-Isidore, s'il est manceau, échappe totalement.
Mais est-il manceau? Cette conséquence n'est nullement nécessaire,
l'seudo- Isidore a fourni des pièces à Aldrie, évoque du Mans3. Il s'est
arrangé pour que sa collection fût connue de bonne heure par le
clergé de celte ville, mais rien ne force a admettre qu'il habitât ce
diocèse. On vient même de montrer a quelle invraisemblance se heur-
terait l'existence d'un atelier pseudo-isidorien. En réalité, pseudo-
Isidore est un ami d'AIdric, mais il ne demeure pas près de lui et il
n'agit pas que pour lui1. Son dessein dépasse les étroites limites
d'un diocèse. Son œuvre a une portée bien plus étendue. Elle ne vise
I. Pteudo- Isidore * pensé, «ai si que ta reilau ration de l'autorité des antique*
primait pourrai! être utile 4 «m deteein. liait il n'avait i leur tojet, rumine
l'a établi, entre autrea, tort, {Vrhrr dit Iteirnol Pteudo- ht/Ion, Miinchen,
1898. p. M-17), que de» idée» vague».
.' Aldrie écrivait trop mal (rf, plus baut) pour oser forger lui-même des
pitre* donl l'incorrection l'eût trahi. Quant 4 dire avec 1 Ravel (p. 857) qu'il
était trop honnête homme pour Mre de» faux ou permettre même qu'où en fil
autour de lui, r'e»t l'i I lotion ne r complètement. La défense entreprise par llavel
du Jugement du 7 septembre SUR donnant Saint-Calaii » Aldrie. Jugement qui
est dan» le» Gftia Aldrirt, « été Jugée vaine par Muhlberher (Bôhmer-Mohl-
btrher, Die Hegattn dut Kaiitrrticki unlrr den Karolingcrn, 2' M., n* D8?)
et aire raison. Aldrie était un faussaire. Havet a magistralement démontre que
la nui ter t ion do fouine* légende* sur le* premier* évéque* du Mans, de chartes
apocryphes, d'un catalogue episcnpal fantaisiste, remontaient, au muins en parlie,
Jusqu'à 836. ersl-à dire jusqu'au début dr l'épinropat d'AIdric (nommé en 832).
Comme ta maladie ne commença qu'en S.'tf. imposable d'admettre qu'il n'ait
pas connu ce long travail de falsiûration. La vérité, c'ett qu'il l'enrouragea, le
provoqua et demanda au besoin l'aide de set ami*.
3, L'auteur des Actut, en Insérant la fausse bulle de Grégoire IV, fait obser-
ver lui-même que cette pièce pourra servir également à proléger d'autre*
évéqaci : • Qua* elism In eiemplum aliis eplscopis prodette poterit. s
H. Fooreier, tous preleile que le bal principal que se proposait l'auteur était
de défendre Aldrie, se refuse (p, 77) 4 admettre qu'on puisse lui attribuer une
autre patrie que le Mans. Je ne «attrait accepter nette opinion. I, Ilavet (/«.
rii.. p, tUH a remarqué que le tlvle de cette bulle e*l bien éloigné de «loi
de* Aclut et de» pitres fausses fabriqué** par leur auteur iir, celui -n, U
« est sûre, était manceau, L'auteur de la bulle ne l'était pas, toujours pour
» raison Indiquée plu» haut.
296 irfLAKGBS ET DOCUMENTS.
à rien moins que la réforme totale de l'Église de son temps. Tout ce
qui peut affaiblir la dignité, disons mieux, l'omnipotence de l'évoque,
— le laïque, le chorévêque \ — il le condamne. Pseudo-Isidore est
peu préoccupé de théologie ; c'est un réformateur de la discipline ecclé-
siastique et de la société laïque de son temps3. Il n'est point indispen-
sable a priori qu'il soit de tel diocèse plutôt que de tel autre. Néan-
moins, il est reconnu par tout le monde qu'il a vécu en Gaule, dans
la région comprise entre la Loire, le Rhin et le Rhône. Dans cette
région, une province avait été profondément troublée, celle de Reims.
La déposition de l'archevêque Ebbon avait semblé à beaucoup illé-
gale : les biens de l'Église avaient été mis au pillage, enOn et surtout
c'était, de toutes, celle où le métropolitain, Hincmar, faisait sentir le
plus durement le poids de son autorité sur les simples évêquescbers
à pseudo-Isidore. Ne doit-on pas en conclure que celui-ci, s'il n'ap-
partient pas de toute nécessité à cette province, a été du moins atteint
dans ses convictions, ses rêves, peut-être aussi ses intérêts, par le
spectacle de ce qui s'y était passé, de ce qui s'y passait encore? Le
violent amour qu'il porte aux évêques donnerait tout lieu de croire
qu'il était lui-même un évêque3. Pseudo-Isidore n'est pas nécessaire-
ment de Reims même ou de la province. Soit, mais il ne doit pas en
être fort éloigné. S'il n'est pas évêque, au moins a-t-il des raisons
1. M. Foornier (p. 69 et soi?.) remarque à ce propos que la Bretagne est
peut-être à celte époque la région de la Gaule où il était le plus utile de rap-
peler le principe que, pour la consécration épiscopale, il faut trois évêques, ce
qui entraînait la condamnation des cborévéques et des évêque» celtes. Mais en
Bretagne justement, il n'y a pas de ces chorévêques exécrés de pseudo- Isidore.
Les abbés-évéques sont tout différents et ne sont nullement condamnés en
termes exprès par celui-ci. Ils diffèrent également des évêques de vici. Enfin
les évêques errants qui inquiètent le clergé franc sous Charlemagne sont des
Scotti; ils n'ont aucun rapport avec les prélats armoricains.
2. M. Foornier a bien saisi, il me semble (p. 5-21), le but de l'auteur, et il
a raison (p. 59) de dire qu'entre l'affaire des clercs ordonnés par Ebbon, con-
damnés par Hincmar, et les grands desseins des Fausses Décrétâtes il y a dis-
proportion.
3. Le nom de Rothadus de Soissons, mal vu d'Hincmar, puis persécuté par
lui, se présente aussitôt à l'esprit, d'autant que l'évêque de Soissons est le pre-
mier de la province après l'archevêque, d'autant que c'est par lui que Nico-
las I" (lequel fait le plus grand éloge du personnage) a appris l'existence des
Fausses Décrétai es. Biais la négligence de l'administration de Rothadus qui
engageait des objets du trésor de son église à des aubergistes et des juifs (il
est vrai que l'accusateur est Hincmar) va directement à rencontre des préceptes
cbers à pseudo-Isidore. En outre, persécuté par Hincmar, eùt-il attendu jusqu'en
864 pour présenter au pape les décrétâtes apocryphes qui lui furent si utiles?
Enfin, Rothadus, qui a pris part à la déposition d'Ebbon en 835, à l'installation
d'Hincmar en 845, n'est pas un chaud partisan du premier, à coup sûr. Or,
La QliCTTIOI D!S nrSSRS fitCltTal.KS.
237
d'espérer le devenir un jour. Un clerc instruit Je la cour de Charles
le Chauve, qui séjournait habituellement dans la province de Ueims,
où étaient presque tous ses palatin, pourrait être par (ai te ment l'au-
teur des Fausses Décrétales.
Sans attacher à une simple hypothèse plus d'importance qu'elle ne
raut. Je persiste à croire que Vulfadus, le plus éminent des clercs
déposés par Hincmar, chanoine de l'église de Iteinis, minùteriali» du
roi, qui l'apprécie extrêmement, précepteur de ses enfants, clerc très
savant et très habile, fort redouté d'ilincmar', mérite mieux que
tout autre V honneur d'être désigné comme auteur des Fausses
Décrétâtes. M. Fournier (p. 59) reconnaît que ■ l'opinion qui fait de
Vuiftdas et de ses partisans les uuleurs dtt Fausses Décrétâtes est
la seule opinion compatible avec l'hypothèse qui place à Reims le
berceau de celle compilation ». Elle est compatible également avec
l'hypothèse que pseudo-Isidore était un clerc du palais. En tout cas,
je crois plus fermement que jamais qu'il n'a jamais vécu dans le
diocèse du Mans. Je dirai mieux : la seule chose sûre, c'est qu'il
n'éuiil pas du Mans. Je persiste également a trouver intéressant que
l'archevêque de Reims ail eu des premiers ou le premier connais-
sance des Fausses Uécrétales. M. Fournier (p. SU, n. 1) objecte que
Hincmar éprouve des doutes sur l'authenticité de certains textes
pseudo-Uidoriens : « Si le faux Isidore lui avail été présenté par ses
adversaires', de tels doutes seraient de venus une certitude; il se serait
insurgé contre toute la collection. Il demeura sur la réserve parce
qu'il ne se sentait point visé, et si parfois il combattit les doctrines
pmiJo MttorianBM, parfois aussi il essaya d'en tirer parti. » Gtttt
objection perd de sa force précisément parce que les Fausses Décré-
laies ont une portée géfléfltt. lit comme sur certains points, telle la
condamnation des usurpations laïques3, elles se rencontrent avec les
Im intérêts d'Hincmar, celui-ci no peut les condamner en
bloc et cherche même à les utiliser. Il ne peut non plus, pour celle
piFudo-UMora, en admettant même qu'il ne dit pas foncièrement un partisan
il'Ktibnn, n' | • jiI || i|h>iiriiil.T iju'il fixirnirtail des innn aux amis de ce
dentier. Kolhsdua me garait donc a écarter, quoique Seurôra HUnkinar,
p. 236) penche an ai raseur, al l'on put «'exprimer ainal, En dehur» de Rnllia-
ilu> rt <| Hinrmar de l.aon, qui est hnra de eeuw], aucun MIT! *véque de la
province de Hein» n'a oie tenir lAle à lllnr.inar.
1. Sur Vulfadnt, cf. Étudia >ur U ripai de H'igva Çapri, p. .166-36?, et
m. .i Schrura, lltnimar. Enbixkof non Htimt, p. Ï73-275.
2. De» ailreruim bien iniladrulU. Vulfadna riait Inul If contraire d'un
in a I ail roi L
3. Le» prescription* dlaciplinalre* de paeudo-taidora inamereea par II. Four-
nier (p. il, o. î) tout conformes «gaiement aux précepte» d'ilincmar.
298 MÉLANGES ET DOCUMENTS.
même raison, se sentir uniquement visé. Néanmoins, il est bien cer-
tain qu'il l'était implicitement comme métropolitain. Aussi le voyons-
nous se débattre contre le filet tressé par plus habile que lui. On peut
même se demander s'il n'a pas soupçonné d'où venait le coup. Le
procès inopiné intenté par lui en 853 après des années d'accalmie à
Vulfadus et aux clercs ordonnés par Ebbon, leur condamnation, l'ani-
mosilé si peu explicable de l'archevêque à regard de Rothadus suivent
de bien près la mise en circulation des Fausses Dec relaies, si l'on
accepte la date de 852 proposée pour les Capitula presbyteris data,
où des textes pseudo-feidoriens sont signalés pour la première fois.
Je crois que sa haine contre Vulfadus et Rothadus ne Ta point égaré.
N'est-il pas curieux aussi que la période de réconciliation d'Hincraar
avec Vulfadus et sa bande1, période que H. Fournier (p. 47-50) a
montré s'étendre de 847 à 852, corresponde exactement à l'intervalle
de temps qu'on assigne à la confection des Fausses Décrétâtes? On
sait en effet que, antérieures à 858, et même (selon M. Fournier et
l'ensemble des érudits qui se sont occupés de la question) à 852, les
décrétâtes apocryphes ont été écrites après les Faux Capitulaires
du soi-disant Benoit le Lévite. Or, ceux-ci n'ont pas été publiés
avant 847.
A ce propos, je veux encore rompre une lance en faveur de l'ori-
gine mayençaise de ce dernier texte. La provenance mayençaise du
pseudo-Benoit « ne saurait être admise », dit M. Fournier (p. 40).
C'est possible, mais il faudrait, pour démolir cette thèse, d'autres
objections que les siennes. J'avais invoqué3 plusieurs arguments :
4° le faussaire attribue l'idée première de son recueil à Autcarius II,
archevêque de Mayence (mort en 847), et prétend en avoir puisé les
éléments dans les archives mayençaises constituées par les arche-
vêques Riculf et Autcarius Ier. M. Fournier objecte que les titres et
les préfaces des faussaires méritent peu de créance. Cela va de soi,
mais là n'est pas la question. Un faussaire qui essaye de mettre son
recueil en quelque sorte sous le patronage des archevêques de
Mayence veut influencer un public pour qui ces prélats sont en véné-
ration. J'ai dit1 et je maintiens que cette tactique du pseudo-Benoit
montre qu'il n'écrivait pas entre la Meuse et la Seine, à plus forte
raison en Neustrie, où l'on se souciait fort peu des métropolitains de
Germanie. 2° Dans sa préface en vers, pseudo-Benoît, rappelant les
partages qui ont fait suite au traité de Verdun, nomme en premier
1. Hincmar appelle les clercs consacrés par Ebbon collegium Vulfadi.
2. Études sur le règne de Hugues Capet, p. 367-370.
3. Ibid., p. 368.
Lk QOKSTtOI f>ES HIIU OK-IKKTILES.
290
lieu Louis le Germaniqu". Or, on «lit que Mnyence fut détachée de
la portion réservée a Lotliaire et attribuée « Louis le Germanique.
N'cst-il pas évident que Louis est le souverain du pseudo- Benoit?
M Rmrâfsr ne voit là qu'un accident : Louis est nommé en tète
« parce que 'cela a frappé l'*ltt«ir] il portail le même nom que son
père ». L'explication me parait tant soit peu insu'Ûsante'. 3" Entre
autres sources, pseudo- lien oit utilise des lettres de saint lion i face,
Mcfaflfêqiie lie Mijnnon. cl ta loi des Bavarois, deux textes peu inté-
ressants pour les gens de la France occidentale. — Mais la plupart
des textes attribués à saint Boni face par pseudo-Benoit ne sont pas
de lui* ; en outre, celui-ci utilise non seulement des lois germaniques,
mais aussi des textes du royaume occidental, tels la lex roma/ia
W'HiijoUtorum, la Capitula de Teodulf d'Orléans. Cette dernière
obscrvalion est juste; mais il n'importe à l'affaire que les (exLesallri-
hués à saint Uoniface soient ou ne soient pas à lui. Il suffît que
pseudo-Benoit ait cru ou feint de croire que ces textes étaient d'un
saint dont la mémoire était en vénération à Mayence. Croit-on que,
au Mans, a Tours, à Reims même, Bonifacc lut une si grande auto-
rité morale?
Le dernier chapitre, le plus neuf et te plus étendu de l'ouvrage,
est consacré (p. 84-421 ) a déterminer la place qu'ont tenue les Fausses
Décrctales dans les préoccupations des papes depuis l'année 864, qui
vil Bothadus apporter à Nicolas 1" soit le recueil, soit des extraits
de ces textes (M. Fournier penche pour cette dernière alternative,
p. I H i, jusqu'à la tin du x* siècle. Le parli auquel se range M. Four-
nier est intermédiaire entre la Ihèsed'A.-V. Millier et celle de Schrîîrs,
un peu plus proche de cetle dernière. Tandis que le premier soutient
que la connaissance de l'œuvre du pseudo- Isidore a modifié les con-
ceptions canoniques de Nicolas 1", Schrors pense que le pape n'a guère
connu des Fausses Décrctales que leur existence et qu'elles n'ont
exercé aucune influence sérieuse sur lui. Enlln, les dernières pages
établissent que la diffusion des FinWM Dec relaies, si rapide en France,
fut lenle en Julie. Les successeurs de Nicolas 1" se tinrent sur la
réserve et ce ne fut que sous Grégoire Vil que l'œuvre du pseudo-
Isidore rencontrai Borne un plein succès.
Ferdinand Lot.
1, Il eut miiHii valu remarquer que dam la manuirrit dr Itmiira», c'est
I.otlulre qui a»t nommé en télé. Mai* Ici «nore Charte» ne itenl qu'en (roi-
*itu>e lieu.
2. Voj. Stthel, Sludirn :v Bnediklui Irrita, <Uni ,V«n« Archtt, t. XXIX,
liftl, p. IMtt
300 MÉLANGES ET DOCUMENTS.
DOCUMENTS ITALIENS
SUR CAGLIOSTRO ET LA FRANC-MAÇONNERIE.
Toute une école historique attribue aux sociétés secrètes du
xvme siècle et en particulier à la maçonnerie un rôle éminent de pré-
paration et d'action à propos de la période révolutionnaire. Depuis
le célèbre abbé Barruel4 jusqu'au chanoine Touzery', beaucoup de
prêtres ont étudié cette période avec l'idée préconçue qu'il y a un
lien direct entre ces sociétés et les principaux événements révolution-
naires et, condamnant ces sociétés que réprouvait la papauté, ils con-
damnent par là même la Révolution. L'histoire objective ne se sou-
cie que médiocrement de verdicts de cette espèce et doit rechercher
dans quelle mesure est vraie l'affirmation d'un rapport quelconque
entre les sociétés du xyiii« siècle et la Révolution3. Or, non seule-
1. Voir plus bas, n. 2. — La thèse en question est soutenue dans ses
Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, Hambourg, 1798; Lyon,
1803, 5 vol. in-8\ Ayant Barruel, l'abbé F. Lefranc avait, en 1791 et 1792,
exprimé une opinion semblable.
2. Dans ce sens, cf. le P. I. Rinieri, Délia rovina d'una monarchia (Turin,
1902, in-8°), qui voit dans le développement de la maçonnerie dans le royaume
de Naples la cause principale de la décadence. De même, entre autres, abbé
F. Page, Meximieux. Une commune pendant la Révolution, Belley, 1903,
in-8° (voir le compte-rendu d'A. Mathiez, dans la Revue d'histoire moderne
et contemporaine, 1904, t. V, p. 278); abbé Th. Latil, Hist. civile et religieuse
de Grasse, Grasse, 1905, in-8% et Mgr A. Giobbio (professeur à l'Académie des
nobles ecclésiastiques), La Chiesa e lo stato in Francia durante la Rivoluzione
1789-1799, Rome, 1905, in-8°; parmi les laïques qui ont récemment écrit
sur la question : M. Talmeyr, la Franc-maçonnerie et la Révolution fran-
çaise, Paris, 1904, in-18; A. Cochin et Ch. Charpentier, la Campagne électo-
rale de 1789 en Bourgogne, Paris, 1905, in-18; G. Bord, la Conspiration
maçonnique de 1789, dans le Correspondant, 10 et 25 mai 1906; un article
anonyme enfin de YEdinburg Review, janv. -avril 1906, p. 203.
3. Mounier (l'Influence attribuée aux philosophes, francs-maçons et illu-
minés, Paris, 1801, in -8*) la nie absolument. H. d' Aimeras {Cagliostro,
Paris, 1904, in-18) pense que la maçonnerie catholique et royaliste ne pré-
para pas, mais bien au contraire subit la Révolution. Les sociétés secrètes du
xviii* siècle sortent en partie du snobisme et de l'ennui profond qui sont deux
des caractères du c monde » à cette époque, où trop de nouveautés attendues
et inattendues amènent un bouleversement général de la mentalité (cf. dans ce
sens M. de Vogué, l'Histoire à Versailles, dans la Revue des Deux-Mondes,
1901, t. VI, p. 673; Pontet, dans Y Acacia, janv. 1905, p. 26).
UGLfOST&O ET La flUNt-VH.ONBKRlK. 30*
L celte besogne n'est pas faite1, mais avant de pouvoir enregis-
trer un certain nombre de faits établis, l'historien a â rejeter toute
une masse d'on dit, du documents apocryphes qui, provenant d'ini-
tiés rebutés ou chassés ou de profanes imaginalifs, mit créé autour
des sociétés secrètes un voile épais et imposant de fausses légendes.
A mesure que les sociétés secrètes, que la maçonnerie s'éloignaient
de leur lieu d'origine, l'Angleterre1, que, dans leurs réunions, les
initiés s'entouraient d'un certain nombre de précautions, inventaient
une certaine quantité de rites qui leur donnaient une auréole de
mystère ei d'élrançeté, a mesure enfin qu'elles pénétraient dans des
pays comme l'Espagne, ou l'Italie3, davantage hosLiles ou moins pré-
parés aux idées, en bloc égitlilaircs et laïques, qu'elles professaient,
les légendes se tirent plus multiples, plus énormes, cl ceux-là mêmes
qui les créaient, dans l'inconscience du la peur ou dans les nécessités
de la lutte, y trouvèrent autant d'armes souples et meurtrières. Dans
l'entourage mal Informé des papes du tvtn* siècle, on crut plus ou
M légeodea, et c'est d'elles que sortirent finalement ces
excommunications qui, sur la base fragile d'accusations souvent ima-
ginaires, allaient atteindre, à partir de 1738, les sociétés secrètes et
la maçonnerie' : la papauté y crut voir, en effet, non seulement des
foyers d'incrédulité ou les tenants du diaholbme* pouvaient jeter de
nouveaux aliments, mais encore des groupements contraires aux
pri&dpu InéocraUco-mooarchiques de l'ancien régime. La politique
de la papauté à l'égard du royaume de Naplcs au xïiii* siècle peut
1. A la «crile-, il n'j ■ pa» Je livre scicnliliqur à citer. Voir le rudiment de
bibliographie *ukli V*f "■ d'Atmern», on. M . [>• 18. Cf. également la Btbtio-
rjraplitr ilr la frane-maçonnrric ri ilei IHfMMl ireriirs, de I'. r'escti ri
H. Lit, Paria, 1906, in-S-. L'Entai tur Ici illuminé*, du uinrquis de Lurhel.
<|ui clôt le Iviii' siècle. (PulS, 1749. in S"), rit plein d'erreurs. On ICMttH
dan»fat" I vvn. |. i iso et tu)*,, une revue, m partie
critique, de* ouvrage» < historiques » consacrés t la question.
2. C'est a U fondation de la t'-randc l'*** de Londres, le 'H juin 1717, qu'on
doit rattacher le» débuts il.» la maçonnerie moderne,
S, En I7I.1, le dur de Miildtewi fonde la loge de Florence. C'est ta tÀVM fc
la in.n.nm.-ne rn Italie. KM.- *■ .l^r-!,,,,,.,!., -ll( i ,1,,,,, |,.. V.l.,1, fj l-i. -,
de Lorraine el dans le royaume île Pi'aples. Dans les KUta du Salnt-Siéfie,
Il Su ni -Milice ùt une enquête qui aboutit i la bulle de Clément XII de 1738.
4. On Mm uni- ! rmi, i,i i,< I, i.i.ll,. de Clément XII qui condamnait la
maronnrrie a l'Apj.rndice I]l du Cagtunlri, d'il, d' Aimerai, p. .101-308.
5. Les questions de diibnlisme inlTcui-nt toute une partie du ninude Intel -
lettuel Italien m ivin- laldt CI DIm l'invenaal, t'titi polrnni :
firt trcolo XI III, llocca San Casrlano, 1901, io-IC. Comme mani feula tion de
la persistance de» théories diahnlistr* au xu* siècle, cf. la brochure de Les,
Uo ïanl ef lttn*a Vaughon, l'arit, IU01, In-JS".
302 MELANGES ET DOCUMBHTS.
se résumer en un long effort pour le prévenir contre le danger insoup-
çonné de la maçonnerie ténébreuse4.
Je voudrais, en publiant quelques textes, montrer par l'exemple de
quelle façon, en partant de documents apocryphes, ont pu se cons-
tituer ces légendes dont les effets pratiques ne peuvent être niés2.
Ces textes sont tirés du Fondo Gesuitico de la Biblioteca nationale
Vittorio-Rmanuele de Rome. Qu'ils soient apocryphes, cela ne fait
aucun doute3. La terminologie même des sociétés secrètes, constituée
dès le xvme siècle et connue aujourd'hui même parles profanes4,
n'y est point employée, sauf pour deux, et cette absence ne souligne-
t-elle pas la grossièreté du faux, qui aurait pu recevoir de son emploi
une couleur de vraisemblance, un air d'authenticité ? Quant au
1. Voir le livre déjà cité du P. I. Rinieri et la monographie sur l'abbé A.-J.
de Pargalia, par G. Capasso, dans ses Ricerche biografiche, Parma, 1887, in-8°.
2. Le P. Rinieri, op. cit., a publié quelques-uns de ces textes. En voici un
autre, publié dans la Gazetta ecclesiastica de Florence, n° 16, du 8 avril 1776 v
p. 114; c'est la traduction italienne d'une lettre trouvée dans les papiers d'un
certain M. de la Floride, mort inopinément à Genève en 1774 :
c Carissimo amico. Il nostro piano si avanza ogni di più. Già ci è riuscito di
mettere in conUnui contrasti le due podesta delT impero e del sacerdozio. É
stato per noi un colpo maestro la rovina de' Gesuiti sempre troppo attaccati
per loro consuetudine a sostenere i diritti de l'una, e dell' altra podesta, e pre-
murosi perciô di contenerle ne' propri limiti, e sempre troppo contrarj aile
nostre idée. Non abbiamo più di che temere, anzi pensiamo tirar vantaggi per
il nostro sistema dalla stessa loro rovina; perché essendo eglino per una parte
stati tanto mal trattati da queste due podesta, non avranno certamente per
l'awenire impegno alcuno per difenderle, ed essendo tuttavia per l'altra parte
tanto compatiti del popolo per le sofferte disgrazie, non potrà il popolo fare a
meno di non approvare il nostro sistema, di remettere ognuno nello stato d'una
perf cita .Libéria * indipejtdenza. Proseguiamo pure a fare che sieno sempre
più perseguitati gli altri religioni e i preti ancora. In questo modo si empira
sempre più il mondo di malcontenti, e noi saremo in maggiore speranza di
stabilire il nostro sistema. Con questa occasione vi fo sapere, che presto si
cambieranno alcuni segni per quelli délia nostra classe, perche siamo in péri-
colo di restar scoperti ai segni antichi. Voi fra tanto travagliate ad accrcscere
il numéro di quelle persone, che a suo tempo ci potranno giovare. E sono di
cuore vostro amico.
c 3 Febbr. 1774. M. G. »
La copie de ce document se trouve dans la Rivoluzione religionaria e civile
de* Francesi incominciata l'anno 1789, opéra del sig. Vaudero Pahour...,
ouvrage imprimé à Foligno en 1795, et dont j'ai trouvé un exemplaire manus-
crit à la bibliothèque Victor-Emmanuel de Rome {Fondo Gesuitico, n* 381)
pour le tome II, qui contient les pièces justificatives du tome I.
3. Je n'ai eu affaire qu'à des copies, qui n'ont aucune prétention à simuler
les extérieurs de l'authenticité.
4. Goyau, la Franc-maçonnerie en France, Paris, 1899, in-18; Prache, la
Pétition contre la franc-maçonnerie, Paris, 1902, in-18.
CiULIOSTIIO ET U nUJIC-lliÇOS *ERÎE.
303
fond lui-même, on peut dire qu'il suc le mensonge, car, parmi les
membres de ces soeiélés secrélea où, à première vue, le premier et
peut-être le seul défaut qui saute aux jeux, c'est comme une sorte
de « cabotinage de la sensibilité ■ ', doit-on croire qu'il ait pu y en
avoir de si audacieusement cynique pour oser parler de soi-même
comme ils le font, pour se dire, même entre soi, capables de toutes
les bassesses et de tous les crimes? C'est si peu présumable qu'on a
de la peine, par ailleurs, â admettre que des faussaires aient été ou
assez sols ou assez, criminels pour fabriquer des monuments de cette
taille, cl qu'on ne le pourrait certainemenl pas, si l'on ignorait le
caractère du clergé italien au iviii' siècle, sa bassesse cl son igno-
rance, et si l'on oubliait que c'est de ces accusations forgées que Boni
sorties les condamnations officielles. Ouanl a dire quels sont les
auteurs du faux, c'esl iirqiossihle. Le fait même que les copies
d'après lesquelles je publie ces documents ont fait parlie de la biblio-
thèque des Jésuites' ne permet pas, absolument parlant, de croire
que c'est de leur compagnie que sonl sortis ces faux, où leurs enne-
mis, considérés comme naturels par le populaire, étaient confondus,
et l'on ne peut même bien discerner si nous avons affaire â des faux
conscients ou à l'enregistrement presque involontaire d'une simple
tradition courante.
Les deux premiers documents, un serment de la « secle » cl son
commentaire par un adversaire, sonl de la même inspiration : c'est
la philosophie de la régénération humaine qui sert de couvert â la
société pour la réalisation de ses desseins égoïstes; le moyen de
réaliser ces desseins, c'est l'obéissance absolue aux supérieurs, seuls
capables de voir clairement le bul; •— ironie de ces faussaires qui
montraient la vilenie d'une systématisation imaginaire de la passi-
vité cl pouvaient considérer autour d'eux les effets certains d'une
passivité réelle !
(ÏILHAMI.NTO DE' Lliltmi MURATUAI.
lo. N. N. cunfesM» qui présente a Voî tlognissiino Plenipoteniiirio
del Chiamsimo ordÎM, nel quuln Jt-suiero ili ener ricevuto, cbe woo
conte ici a me steiao délia uni murale débutez» et imporunza (il, cbe
l. H I v '■--. If tU I w,
■- ■(■ Il li.l.lml.i.i Villurio-Ktiuiiiitlr ilp
Rouir, dont j'ai rximlnr un «un Ir* UMOUtcrlU Cûnc*Hi»ii1 I biiloire de Fntica
(JtoMH du MMlaCMgwn, Jjin.-f.'»r. I9QC).
3. Fonte 0*w4fao, m., llw. U1..,i, n- il, i ftullki.
304 MéLAÎfGES BT DOCUMBNTS.
per quanti titoli, onori e dignità che io possa pretendere nella société
civile, nel fondo altro non sono che uomo (n) ; che tutto il rimanente,
siccome io l'hô acquistato per mezzo di altri uomini, cosi mi possa simil-
mente esser ritolto da essi (m) ; che conoscendo qnivi che le approva-
zioni e la stima degli altri uomini mi sia assolutamente necessaria,
procurerô in ogni maniera, perquanto mi sarà mai possibile, diconser-
varla (iv). Non farô servir giammai il mio potere, la mia autorité pré-
sente ne futura in pregiudizio del comun vantaggio, e che air incon-
tro mi opporrô con tutlo il mio potere a' nemici del génère umano
e délia società civile (v).
(vi.) Confesso, e prometto inoltre di voler profittare di tutte le occa-
sioni ove potrô servire ail' umana società, e migliorare la mia volonté
e le mie cognizioni, e cornu nicare le mie utili scoperte per il comun
vantaggio, per quanto lo richiederà da mè il buon essere, ed i statuti
délia società présente.
(vu.) Mi obbligo ad osservare un silenzio perpetuo, ed a prestare una
fedeltàed ubbidienza inalterabile a tutti i superiori, ed agli statuti dell'
ordine. Rinunzio ancora fedelmente ad ogni mia opinione o parère par-
ticolare, alla mia copartia, ail' uso limitato délie mie forze e capacité.
(vin.) Mi obbligo di riguardare il benessere dell' ordine, corne il mio
proprio, essendo pronto di servirlo in tutto il tempo, che io sarô mem-
bre di esso, co' miei béni, col mio onore, e col mio sangue.
(ix.) 8e accadesse mai, che io per inconsiderazione, per passione, o
per malizia ancora attentassi qualche cosa contro i statuti, o il ben-
essere delP illustre Società, mi sottometto a tutte le riprensioni, e a
tutte le pêne, che mi saranno aggiudicate da* superiori.
Prometto inoltre di assistere ail' ordine, e co' miei consigli, e co'
fatti in tutte le sue emergenze, corne meglio saprô, e secondo la mia
coscienza, sagrificando perciù i miei pregiudizi privati, e che riguar-
derô per amici o per nemici tutti quelli che io sono délia società, ne
mi posterô verso di questi in altra maniera, che a norma délie istru-
zioni, che riceverô délia medesima società.
Nella medesima maniera sono disposto e pronto di attendere con
tutti i mezzi leciti ail* ingrandimento e dilatazione délia società, e di
adoperare a questo fine tutte le mie forze per quanto mi sarà possibile.
E tutto ciô io lo prometto, e mi obbligo, senz' alcuna restrizione men-
tale, intieramente secondo l'intenzione délia società, la quale esige da
me questa promessa da uomo onesto, quai mi protesto di essere ora
e di voler esser per sempre.
b.
V.
Ha fatto un gran passo per perfezionare se stesso chiunque ha acquistato
la cognizione délia sua naturale debolezza... Machi è che non la conosca,
1. Fondo Gesuitico, ma. 1354, 4 feuillets.
cigliostio et t.i rmic-irti;.i)MK«rf. 305
o che non debba conoscrrln,.. Quesia cognixione è mai un dovere parti-
colare dell' ordine, o noa à clla piullosto un dovere di tulta l'umauita?
Ma notata bene, cbe quivi non si esige già quesia cognizione, perché
ognuau dalla propria debolezza ed impotenxa impari a compatire quelle
■Ici suo prussiuio, e jierchè stia sempre in guardia di se stesso per non
cadere. ma unicamente perché l'iuiziato fratello dalla cognizione délia
propria debo lez z a ed impoleaza prendaargomentode ubbidireallacieca
ad ogni volt) n là ai superiori dell' online, ed acconsenlire eenz' altro
esame a lutte le interpreiazîooi faite, e ila farsi, ed aftiuchè si sotio-
punga coq nna pazienza da bue ad giogo di tutto il sistema dell'
urdiiic
ii-ni-
Si potrà dunque acquislare e perdere ogni cosa per mezzo degh
uumini... ancora la virtù... ancora l'essere... cousciu a se steuo di
aver operaio liane. .. '
Un uomo il quale sosiiene, che possa otteoere e perdere tutto per
mezzo degli uomioi, certo è, che cornu nemenie non conâda nelle pro-
prie forze, ma si fonda unicameate sopra le aitiaenze, che ha sopra
l'impegoo, che ha cootrattatu, e sopra la speranza, che i suoi fratelli
lo pobblicaranno da per lutto, e basta che soppia l'arte di accomodaraîa
tutti, di dar gusto a molli, e rendersegli obbligati, evoebe (?) la sua for-
tuna è fatla... E quanto è facile questo a' tempi noslri, ne' quali tutti si
pascoDO di chimère, e dove per aver informazione di qualche soggetto
non si chiede mai : Hu egU la capacilà necessaria per questo impiego?
8a egli cio, che deve saperer" E' egli galootuomo, uom proho, fedele,
uomo di paroi*?... Ma sollanto : E' egli uomo ben fatto?... Corne va
vesiiio?,.. Sa bnllare, cavallare? Sa di scherma, corne suona il cem-
balo? S'inlende egli del disegno? Corne si diletta egli di far ail' amure,
quante femme? lia avulo mal niun' malo di galanterie? Coq cbi traita,
e dove va alla conversazione?
Ma cosa potrà aspeltarsi da un uomo, dirô meglio, da una iutera
societa di uomioi, ira quali non v' è alcuno, chi cnnsulli la ragione e
< dalla virtù, ma tutti si appoggiuo unicamente sopra gli
uomiui,» sopra le rclazioni, cbe banoo con quesii?... Chi s' incoglierà
dell' aoquislo délia scienza? Chi si curera di acquivlarsi de' meriii
perenoi a foru di sadori, e di «tenti, napeudo che potrà ottenere lutto
per mezzo degli uomtni a molto miglior prezzo?... E che consolazione
potrà avère un dl costoro.che puôeasera spoglialodl luttoda^ll uomini,
«H or che gli succéda io falti di trovarsi spoglialo da lutto cîô, che uella
sua opinion»» lo polrebbe render' felice? Hisognerebbe cbe coslui rinvc*
nisso m te su-sso dl cbe contolarti ; ma, avendo egli traseurato l'ac-
quiatu dalle virtii. non ha tara proprie, e ciù per la sua supposia debo-
loiza ed impoirnzB ; ecco di' rgli rimant! nudo, e spogliato di inienio
non aapeudo ove voilant, s' appiglia Baalmente a quel!'
FUv. Uistoa. XCIV. 2* r**C.
!0
306 MBLAIfGRS ET DOCUMENTS.
unico remedio tanto decantato da' suoi fratelli, il soicidio per liberarsi
una volta per sempre da tutti i suoi malori.
La conseguenze per tanto di questo principio, cioè che si possa
acquis tare, e perd ère tutto per mezzo degli uomini sono. 1. che i fratelli
nulla si curano di acquis tarsi de' meriti reali, e proprî, e che s' indus-
triano di avanzarsi unicamente col deprimere i meriti altrui a forza di
calunnie, di detrazioni, e di maldicenze. 2. il soicidio sera prêché non
veggono altra via da scappare.
IV.
Ogni uom da bene desidera di acquitarsi la stima e l'approvazione
degli uomini, ma questa non gli è necessaria, di modo che non possa
passarsela senza di lei assolutamente. Egli ritrova in se stesso una
certa dignité, una certa convinzione délia rettitudine délie sue azioni,
la fede dell' immortalité, e la speranza di una vita felice, che tocca ai
virtuoso dopo la morte... Vedendosi adunque abbandonato, sconosciuto,
e negletto da tutti, egli si rintana nella sua virtù, la quale résiste invul-
nerabilmente a tutti i dardi délia malizia e dell' invidia. Egli adunque
fà di meno délia stima, e dell' approvazione degli uomini, e non gli è
necessaria assolutamente benchè gli sarebbe stata vantaggiosa as gai, e
perô anche desiderabile... Maqualora questa sia assolutamente necessa-
ria, corne accade agli fratelli dell* ordine, quali sono i mezzi che hanno
da servire per conservarsela : quante vol te non saranno essi costretti
di dover annegare se stessi : quante voite non dovranno dare la loro
approvazione aile cose ingiuste : e per quante altre vie non avranno da
passare, e tutte sono ignote ad un uomo da bene.
Aggiungasi, che corne si disse poc' anzi, ottenendo e perdendo i fra-
telli tutte le cose per mezzo degli uomini, sarà dunque a loro precisa-
mente necessario la stima e l'approvazione di quelli, dai quali o spe-
rano di ottenere, o temono di perdere, non curandosi degli altri,
da' quali non hanno nulla da te m ère o da sperare; non avranno nep-
pur motivo di rendersegli grati con*... Il risultato di questo principio
si è primo Ipocrisia e simulazione as tu ta con tutti quelli da' quali
hanno da temere e da sperare, secondo arroganza e dispregio con tutti
quelli che loro sono indifferenti, 3° calunniare quelli, che attraversano
la strada.
V.
Chi siano questi nemici lo hanno da desidare solo i superiori miste-
riosi dell' ordine per chè tanto il sistema dell' ordine, quanto l'obbliga-
zione formale e contratta richiedono che tutto si abbia da fare, e da
intendere secondo l'intenzione dell' ordine, rinunziando ad ogni senti-
mento privato.
1. Changement de main. Lacune. — Tous les points (...) précédents ou sui-
vants se trouvent dans le manuscrit.
cir.uosTBn et 1.1 ■UBOHUÇtttïElIE.
sot
Ha ae veniase in capo a' superiori di dicbiarare i paJri délia Patria,
ovvero altri uomini prohi. bisugnarebbe dunque resistere aucbe a
qmsti... E clii sarchbe salvu da questo nostroserpeggianie? Cûsi è; sue-
eederebbe ne piii né mena quello cbe di fatli succède.
VI.
Il buon essere délia società viens dunque preferito al buon eaaere
dell' omanità, ed alla propria perfealone, e ae m prêché non placera agli
■uperiori non sarà lecilo ad un fraiellu di servire l'ujnaniu't, di MBM>
nic&re le sue scoperle vamaggiose, ne di proaeguirc Topera di sua per-
fciione... E puslo il caso, clin il buon essere. ed i statut) dell' ordine
richiedanu l'opposto, il fralello dell' ordine sarà adunque obbligalo
ancora df servire contro l'umauilà. di «opprimera le sue scoperle van-
laggiote, e di tagrificaro la sua propria perfezione, e di starsi a guiaa
di un corpo mort» in una HUule inaziune; in somma pcr esser sog-
gciio utile per il Bue délia società, conviene cbe si faccia guidare ad
occhi ctaiusi corne una beslia irragiunevole da suoi condottieri.
Un' aperta sollevazione sarehbe assai meno permciosa quanto lo è
questo staio nello stalo, e questo veleno iuvisihile. Quella si puô paci-
ficare con dei canoni, e con alcuni reggimenti di milizia, questo veleno
invisible è Bglia délia peste, e se voî voles te circondar la cilla col
fuoco, cume si fa in tempo di peste, neppur ri riuscirebbe di consu-
marlo.
8e voi, qualunquc siate, a vendu avutu l'infelice sorte di conirariare
il buon essere, ovvero î statuti dell' ordine, rilrovaw inviluppato in
qualche litn, vi toccberà di aver per giudici de' fralelli dell' ordine : cos'
altra avete da sperare, se non cbe vi si avventeranno contro, corne
tante vipère istigate, e cbe non ne poirebbe sort ire con la pelle saoa...?
Per tanto laie co«i prima di uscir' di casa, date uno sguardo aile
vestre case, e giardini, abbracciaie i vostri figli, e date loro l'ul-
timu addio.
VII.
Cosa orrendal quai al sovrauo, quai alla patria! Per voi non ri m a ne
altro, L'ordine poaaiede ed h.'i al ma servizio tutto i'uomo.
Per che mai ai obbligano i frntclli ad un perpetuo silenaio? S'a
bnona l'intenzione, se il Qne è convenevolo e per la sua perfexione
propria, e per quella an cor dello Stalo,... percha un perpetuo silenzio?
Quanti Istiluti non vi sono, i quali hanno pretiati alla patria più »ar-
viii cbe non potrebbero renderlo luggie di Framassoni : nppure. non
vi si tralto mai di silenzio perpsluo : essi palesavano francameute e
(lacerameote a lut» lo scopo e le régule dell' Intitula, us mai s'intese
lagnanza alcuna, Percbè duaque parpeluo silenzio? Cbiunque opéra
con burjua finie avanli a Oio, sd agi' uomini, non terne la lue*; e clii
st oaaconde, non puo avère a maie, »e II pubblico demanda : perche vi
308 MJLAlfGKS ET DOCUMENTS.
Il far voto a' suoi superiori di ubbidienza cieca, di rinuncia a tutte le
sue cognizioni particolari, ed a tutti i suoi talenti, questo supera di
gran lunga l'obbligo annesso al voto, che fanno i monaci nelle mani
de' loro superiori. Eppure questi signori non cessan mai di gridare
contro il mooachismo, e pare, che essi non capiscano, che si potrebbe
ritorcer contro di loro con miglior equità il medesimo argomento,
col quale essi combattono i monaci, e che essi per noter fare ogni maie
si abusono di que' stessi mezzi, di cui si servono i monaci.
vm.
Lo stato, o qualsivoglia senato, che si occupa nel bene délia patria non
potrebbe pretendere da' suoi candidati una obbligazione più stretta
e maggiore di questa, quando dà l'incolato ad un nuoval cittadino..., a
chi offerisce i suoi béni, e il suo sangue, non resta altro da dare :
non mi posso perô far espace corne uno possa impegnare ancora il suo
onore, la cosa più sagrosanta che l'uomo possieda, e da prezzare assai
più che i tesori di Salomone*.
10 servo col mio onore vuol dire : io sacrificherô il mio onore ogni
qualvolta lo richiederà il bene délia società.
11 framassone, volendosi diffare di qualche persona, adoperà il veleno,
ed ha il segreto, questa società abbia il segreto di fare che uno si dia
la morte da se medesimo.
Les deux documents suivants ont une certaine prétention à l'authen-
ticité. Ce sont des pastiches de lettres d'Illuminés. Les auteurs supposés
de ces lettres connaissent le tablier, l'étoile, ils emploient la clé topo-
nymique des initiés de Weishaupt*, ils rattachent la composition de
leurs écrits à une occasion réelle, l'expulsion de Bavière de YVeis-
haupt et de ses disciples en J7843; enfin la pensée est plus sérieuse,
les moyens proposés pour réaliser les intentions de la secte plus ingé-
nieux et moins bas, puisqu'ils semblent se réduire à l'entrée en masse
des Illuminés dans les universités. Néanmoins, le faux est certain :
1. A la suite, au recto du dernier feuillet.
2. Weishaupt, professeur de droit canonique à l'Université d'Ingolstadt, orga-
nisa, avec ses élèves, en 1776, la secte des Illuminés. Pour correspondre entre
eux, les Illuminés avaient organisé tout un vocabulaire de noms propres
anciens, dont ils désignaient les mois, les villes d'Europe, et qu'ils employaient
même pour se désigner individuellement. Cf. L. Engel, Gesch. des Illumina-
ten-Ordens... nach auihent Dokum., Berlin, 1906, in-8\
3. A la suite de son bannissement de Bavière en 1784, dont il a raconté
l'histoire, Weishaupt se réfugia auprès du duc de Gotha, qui avait adopté ses
idées. Sur la politique religieuse de l'électeur de Bavière, voy. Scheglmann,
Gesch. der SakularisoMon im rechtsrhein-Bayern, t. I, Ratisbonne, 1903,
in-8%
C4GU0STBO CT 1.1 FfUSC-lUÇOVSERIi:. 309
l'abus des éloges le souligne assez, et, daos la seconde lettre, les
menaces trop crues de vengeances trop dures. Voici ces lettres :
'MUA Dt C3 LIBERO KCBATOIS.
• Ûbstupui, steleruntqtie comç., et voi faucibus hçeît. *
Non potrei esprimervi meglio, che con questo verso il siti^o, che ha
destato in me Jawenimenio del 22 giugno il quale quanto innsp^twio
altreltanio lerribîle per il Saoto ed innocente orrlint de' Ltbtri Muratori.
Corne mai lia potulo nuire in un punio di tutti i nostrl fratelli il
ttmggfO lulto, e tulle le subliini idpe a segno taie, che in una Loggia
co»i numérota ed illustre non abbiasi potulo rinvenire. ItDtodJ rirtfl
per declinare questo colpo fatale? Corne manderemo noi a elTello i nos-
trl bellmimi progetti per feliciiare luito l'umao génère, se non d but!
l'animo di conservare noi stessi.' Amico! i colpi del fanatisino lino a
tauto cbe è sono siati lirati palesamente. ed alla balorda hanno fatto
pocu danno al nusiro online, ma orchè la persecuzione ni MMOUla, ■
si ricuopre col manlo iti una lina pulilica, ci sar.'i diltkile a ripararci.
Non posso capire, corne mai iConfratelli primari délia nostra Loggia
con la loro assidua vigilanza per tuito ciii cbe spetta a noi, ovvero allô
stato, non abbiano potuto preveoire questo Editto. Forse non dp avratino
penelrato cos' alcuna? ab che non é poxsibile ' Noi abbiamo de' Fratolti
in lutte le aduoanze ancora le più segrele, i qualt finora hanno iidem-
pito fedelmeote i luro doveri, tomminîstraadoci tulle le noiizie, cbe
potevano eatere di quaiebe vanlaggio alla nostra Loggia. Tulle le *ale
de' con»iK.li non suno furse pieno di soggelli del nostro online? Non era
quindi la nostra Loggia per cotai mémo il più alto o il più attivo gabi-
nrllo dello stator Non lia rlia Torse per la fedele uuanimitâ de' suoi
membri, anîmati tutti da un mednsirm) tpfrttt •■ da un medesimo prin-
cipe, occupato le cariche le più riguardwvoli, terminali i procesBÎ i più
important:, e provveduto a lotio ancor che potesae aweniref Onde
mai potp derlvare tutto insieme, una sincope di qucsla sorte in tempo
ch' cravanio ormai guiuli a poier mareggiare, e go ver n are a nostra pos-
miui, e facilmente ogni cosa, e che la non ira autorité era soMenuta
dagli amici i ptà podATHll Ab ' Hrtumatt, qualclie maligno spiriiu
*'h qui agguatalo; e Dio aa fin da quando ad ordire e bramur la nosira
nia cabala ai e tiaia que* ta la più t'ma del mondo, che ha
indovinaia la via di diffare i fatti nuatri; uoa cabala as*ai più eegreta,
n diriita, cbe noQ abbiamo avuto uoi. Came mal e stato potsibile che
ira tanti e lanto tint poliùei n slatisti non se d4 aia rilrnv;i!
uno cbe avc*se Unto di naso da »uh™forar que*ta l'rode! Ma se badate
1. Fond» GtKlitieo, nu. IlS'i, ! feuilleta. Moine main que le premier trUe.
340 M&LA.fGBS ET DOCUMENTS.
bene, alla fine si scuoprirà, che noi stessi avremo aperto la sorgente
délia nostra rovina, o almeno troppo incautamente. L'avremo dispre-
giata tenendola per cosa di poco momento. Ghiunque vuol riuscire in
affari di gran conseguenza bisogna che adoperi nascoste, ed a quel, che
Don puô occnltare, dia un colore di poca, o niuna importanza, e cosi
procéda corne acqua cheta, che sia profondissima, e non lo mostri. Or
appunto contro questa massima fondamentale nella politica noi abbiamo
sconciamente operato.
Si sono ritrovati tra noi de' fratelli, i qnali quando avevano trangu-
giate tre o quattro bottiglie giuravano morte e rovina ad ogoi profano,
che loro era sospetto. Vol sapete che io da gran tempo ho profetizato
délie conseguenze funeste per queste minaccie indiscrète, e per l'ariosa
baldanza d'alcune nostre teste bizzarre, e non m'è riuscito mai di
potermi quietare con la sicurezza, che voi mi davate, cioè, che in tutta
la Baviera non v' era mai più uno, che fosse riputato buon pensatore,
e non fosse in tutto nostro, e da potersene perô fidare, e corne suol
dirsi, dormire tanto noi con gli occhj suoi, quanto egli co' nostri. Ho
osservato di più, che molti de' nostri allievi non avevano ancora pêne-
trato bene, e quanto bastava, lo spirito délia nostra Loggia, al cingersi
il grembiale, al ricevere la Stella, al vedersi ascrivere fra gli altri, e al
sentirsi dare il titolo di fratello, ne mostravano particolar piacere e
diletto; ma quando si trattava di rivelare in servizio délia Loggia
alcnna notizia intéressante, venivan assaliti, e combattuti da loro pre-
giudizi anlichi, tremavano essi di dover destramente cavar di bocca al
Padre un segreto, o di far copia di qualche scrittura gelosa, per darla
alla Loggia; e chi lo avea fatto, poco dopo se ne pentiva, e si palesava
da se con timor fanciullesco. Il zelo, che costoro ci mostrano, spesso ci
ha recato più danno, che utile.
Io sono stato sempre contrario ad arruolare quei giovani, che cres-
cono più nel corpo, che nel senno e nel giudizio, onde non possono
avère ancora il discorso saldo. L'ammettere costoro è un passo molto
inconsiderato, essendo essi troppo manchevoli di quella riûessione, che
séria e lunga vuol essere per bene iniziarsi a nostri misterj. Prima di
giungere a potere e spiccare il volo d'uno spirito forte, e prima di aver
l'aie bene impennate con le massime ben possedute délia vera sapienza,
fuor délia quale non vi è salute, bisogna pure estirpare que1 tenacissimi,
per cosi dirgli originali peccati del patriottissimo, delP ossequio, e
amore al Sovrano, ed altri sifatti pregiudizi, che fermamente la buo-
na gente tiene per dovere; e per far ciô, quanto mai s' ha da stentare?
Quanto tempo, e quanta riflessione vi vuole ! Un giovine che si senta
proporre le massime di un Cireneo, o di un Teodoro non inorridira? e
non darà subito indietro? e voi crederete di faglierle in brevo tempo
apprend ère, e con entusiasmo abbracciare?
A me è piacuto sempre, e lo preferirei ancora ad ogn' altro, il mio
progetto antico, d'istituire una classe preparatoria, nella quale i gio-
vani s'instruissero bene di un presto pirronismo per rendergli per cosi
dire atti e disposti a' nostri disegni. Questa dottrina in quanto non eccede
CiCLlOSTBO LT LA MASC-HiÇOSÏEIltl-;,
311
la capaci ta di an giovine ci avrebbe somminisirati di sopgel lî lUU par
quaiiivoglia forma. Mi opponevate voi allora, che ta fîlnooKa che s'in-
segna nelle woole è as»ai più giovevole per questo intente, poichè non
fa aie une impression! nella monte, e rieropie la lesta di niori lerminl, a
quali nel pas-ar -Ul gênerais al particolare, e dalla «peculazione alla
pratica si potra poi dar» quel atgnilicaio, clip più piaco*se. Mi dicevaie
ancora, che vhi govtrna io tlalo. il era prtia la rura d'i'tituirr queita
elatit prtparaloria col mttiodtUe univtriità « tUtdi gtnerali di ciascuna
scienza, i quali per divenire allaitante cUvsi preparatorie in confor-
< die io progetlavo, bas la va elle per noi si procurasse di famé
conferir* le catiedre a que' doiluri, che sono del 110*1™ online. Ma la
pin forte opposiiione fù sempre quello del deuaro a ciù rechiesto, e
voi avevaie buon fonda menu» di credere che da governi non v' era da
■pnrar allro che la paga eemplico delto stallo. alla quale obitsloDj "on
avendu che replie*!*, mt eouvenne ammutire; ttttiHlo pur trnppo
vr-rn, rhr non caminanu !.• rooie, non girancrlecarrtie-oU', uon pougunsi
la tnani ail' opéra, né ve la durau gran fallo, ne a voila a voila non si
ungono, ed ail* inconlru a forxa di danaro ogni forsa si vince, e lutin
*i DUtfOlL Metiosi «duui[ue d* banda il mio progatto corne impossilnle
a praiicar>i, non pitre n voi, clie si nnrebbe dovuto avère almeno quesu
iTMrtMUa di non dare a queati aignorini, loato che erano ammessi,
l'accesso a' noctri mister), ma appoco nppoco, e a' più capaci, dando
frallanlo ad essi da traslullarei con le fancie dell' online, cioe nus tri 8im-
bc-lt «d altre simili coserelle-
9o liene esaer»! cio praticato serapre in riguardo al nosiro regola-
meotu [Kiliticu non pariecipandulo, salvo che con gran riserva a un
imm MiaJ rl*lretto di giovani «celit, servandosi intanlo degli allri
corne di rneri istrumeoti, che sen/.a napenieil perché operaaMro. Ma io
dico anche in qml, 00* -1 tftptrdsHM a' nnsln principi acieiitilichi s'avea
■l'a ver la medesimaeautela. Si riducuno «enipre ad udo scarto numéro
quelle teste, che sono capaci di penetrare la nostra doitrina. Questa
esîge una luughissinia preparaziooe, e che uno aappia penaare da *e,
per rendersi agevole neile lunnnime, che a prima f ruine ci nescono aeaal
ilifficili, per tant troffM al di lungi dello comtuuni benchè lafattl
poi sieno qualcb» civuglia évidente veriià rimotivslme dall' orrore.
Talutii de' nostri signorotti s'accigliavanu 10 «en lirai dire délie propo-
siaioni che il luro iniellellu aolinuico ed omhrom non ai sarebbe arris-
chiato neppurr ul imm*gi*iar*cle : altri aU'inconiro non poievano nia-
( ItftJ il loti) itobUo, trovamlo, du- il luro modo di vivere già da gran
tempo da Mt* iiruuto, lacciandusi portare dalla mclma/.iono nalurale. e
secondando il lor paniculam leiiipi-raiiiento, veuiva sfl approvato da
1 1 «utematica. Or vedeie, chu Lai lervuio né nlihiam litratlo
da oiïloro : quelli MMfl |ien»iprosi, e inalmcoiiici . il padre oi-er\audo
la muUïiono del liglto, la moglie tiol auo nianio, e vedemlo, che l'epoca
di Ul caugiamento eri »un> l'eanervi aggregali a nui, ci maledlrano.
OU altri liil "i che mai, non conlenti di pralicare le
itnMrc mannime, le predicavano exiandio aile lor fatui in cuciaa; e
342 MELANGES ET D0CUMEHT8.
Tolendo pur fare i misteriosi, tradivan i nostri misteri, scoprendoli bas-
tevolmente; e con questi lor modi venivano essi pare a tirare sopra di
noi le maledizioni délie loro famiglie.
V erano ancora degli altri i quaji dovunque si ritrovassero, con entu-
siasmo aguzzavano le loro orecchie per ca(r)pire ogni parolina, e senza
nessan garto, ne gragra (sic), nô disinvoltura, ma con si impronta insis-
tenza, e con maniera ai aperta investigavano i segrati altrui, e con tal
cera, che tosto ognun si accorgeva ch' erano spie. Frà questi puo darsi il
vanto d'essero il primo quel tal signore, il quale non sô a chi fore ci
sia venuto, da Alagonza o da Ratisbona : ed ha un muso appunto di
bracco, da farsi il segno di croce chi se lo vedesse comparir avanti di
notte, credendolo an fantasma, se mai per qualche servizio di nostra
Loggia potesse credere di aver bisogno di lui ; vi consiglierei a tenervelo
sempre appresso con un buon goinzaglio, altrimenti io vi prometto,
che (corne per lo più bà fatto finora col suo bel modo di fare) anzichè
scuoprirvi, e fermarsi le starne, ve le farà fuggire.
Ma quo diversus obis? parmi che mi ripigliate, ed avete ragione :
scasatemi perô, perché con questo ordine sovrano sotto degli occhi non
finirai mai di scrivere.
Io ci penso, e ripenso, e ritrovo, che veramente questo editto non ci
darebbe gran pena, se non fosse per rispetto délia sua causa, ed aile
sue conseguenze. I timidi i quali per la sola speranza di essere pro-
mossi, erano attaccati a noi, retrocederanno ; l'entusiasmo degli altri si
smorserà per mancanza di nutriraento; i legarai sono disciolti, le risse,
le contenzioni interne ci debiliteranno, e cosi disuniti soccomberemo al
primo assalto dô nostri persecutori. Oh se ci fosse lecito il predicare, e
sentira le confessioni, allora si che si potrebbe avanzare con sicurezza.
Portç inferni non prevalebunt; ma non abbiamo moglie, e figli, e faccende,
e speranze, e contratti, ed altri doveri, che ci costringono di fare le
parti di marito, di padre, di cittadino, di ministro, e di altri uffici ?
Ladduvè si ha ordinato questo disturbo délia nostra Loggia, ivi si ter-
ranno gli occhj aperti per ispiare la nostra condotta, e per osnervare il
tempo da avventarci il colpo fatale. « 8e è vero che alcuni de* nostri
disegni e progetti sieno caduti in mano de' profani, e se questo fù
Toccasione dell9 editto, io vi trovo troppa moderazione per poter-
cene fidare, e per assicurarci che non sia per avvenirci di peggîo. »
Finora non si è fatto altro, che alzara sopra di noi il braccio ; ci vuole
dell' accortezza per iscansare il colpo, che è per colare a ferirci. Il mio
consiglio sarebbe d'interdire preventivamente tutte le adunanze, e che
si pensasse ad un altro mezzo per conservare i vincoli dell' unione trai
fratelli fino a tempo più felice. Bramerai ancora, che ci disfacessimo
con buona maniera délia nostra cosa in Alêne*; questa dà troppo sull'
occhio, e il denaro ci gioverebbe più.
Procurate d'impedire per quanto potete l'incaate contriccole, e il par-
lar si ail' orecchio de' fratelli ne' luoghi pubblici, con le (?) quali cose
1. c Monaco i (note da manascrit), c'est-à-dire Munich.
r.lGLIOSTHO ET 1.1 nu^OHJÇOXlfBaiE. .113
troppo si danno a conoscere a' profani, e desianu l'attenzione dcl pub'
blico. V erano laluai, i qnali sapevano indicare il giorno preciao, nel
quale queeii o quegli ebbe l'ingresso nel noslro ordine, perché avevano
osservato, che quel taie lutio iosieme aveva ricevulo quanlità di baci
di fratcllanza da quoi stessi, che il giorno innanzi non s' eran degnati
neppur mirarlo in faccîu.
Il par lare ardimentoso, e tumiilluantc coniro il Decreto poco potrà
giovare alla uosira causa. Mala euncta ministrat impttui : sarobbe ataio
meglio assai, che i nosui giovani eoiusiasti avessero laciuto. Mi si
dice che le loro déclamait oui sono xtato rïferite ad verbum al eovrano.
l)eh! perché non darsi anzi un aria d'indifl'eren/a quasi che quesU
proibizione non appaneuesse a noi per niun verso '
loconûdotulto nella voslra perspicacia : le vestreconfederaiionieslese
coi liberi Huralori dello stalo vi Romminislreranno mille manière per
riordinare la nos ira macebina, aconcertata dal sofferto scuotimeoto.
[q atteniione di una ris posta che mi contoli, sono, ecc.
Kfcso*, il i* Chirmecb*.
I,KTTEB.* II,
Rtt ut, qui mchil meluit. Mi sono strappaio a for/.a dalle mie faccende
per dirvi due parole da liberarvi dal voslra affanno. Quando non è per-
duto il luti.i, non è perduto nulla. Saressimo privi di molle uiili s. o-
perie, se non fosse succesao quel chè sa pelé. Ora conosco i nostri nemici.
fîuai a chi bà fatlo fesla in quesia occasiono; egli si hà trailo col riso
la sua ravina sul capo.
lo ho fait» buon uso de' giorni délia noslra desolazione, facendo un
gïoroale aile nostre vendetle. Più di 5o. oomi ai sono registrali a loro
esterminio : t u ri aventa una mina, daro fuoeo ad un altra. Noi abbiamo
degli amici grandi, chi per inciinaxione, chi per timoré, perché lengo
chiusa la loro infamia net min acritlojo. Quelle slimolo ha più forza
usai di quelle ilell* amure. Do vr an no essi combattere cou noi e per
nui, conculcare i nostri avveraarj, e dar la morte ancora quando io
voglia. Sara conculcato ed oppresso chiunque s' oppone a nostri avan-
MiBiptf, e se dovessero ancora cadive mille vîttime délia buona causa,
ne rcsLeranno più migliaja e millioni a goderne di poi il frullo. to vn
I» giuro, non tara mai, che il mîo proprîo interesse giunga a premerml
tanto, quanto la ravina de' nostri nemici : amen cosi ha da easere;
nihil inttrut quo modo. Il vinculo non è ancora disfatlo quanlo vol v" ima-
ginât*, noi godiamo ancora délia società caniatevole chi ardirà aasalirci
dietro a questo santo aeudo? Ciô che è seguito nou hà fallu allro che
pargard dal gioglio; il noatro «interna non hà sofferto il minime danno.
Cio che in qualchè maniera mt potrebbe daredel fastidio, ti è il timoré.
■ Ingolttarit « (note ilu manuscrit),
■ Luglio t (noie du manuscrit).
au
MELilGES KT DOCUMENTS.
che ahbiano a mnncare le collette. Si va couru m an do la noslra provi-
sion del denaro; e con chè daremo lu stipendio al noatro Diomede.'
Voi sapete già quanto egli ci sia stato utile, e lo Bia aucora. Ecco a cbe
cosa dobbiamo ora pensare mollo di proposito.
Se voi inianto aveste scoperto un qualche profano sospetio, arricchite
pure il min registre nero cul buo Qome. Del resto seguilate ad ope rare
francaroenle, concordia rcs part* erweunt; conservais la concordia
de' Fratelli di Efeso, ed arruolate pure cbiunque troverete alto ad etser
ricevulo. Sopratutlo non vi diœeaticate mai quod Rts est qui nMI
metuit.
Mené, agli 8 Chirmech.
Le troisième groupe de textes provient1 de l'abbé Barruel '. Ce der-
nier prétend nous renseigner sur les conditions exactes où îl lui fut
donné de prendre connaissance de la profession de foi des francs-
maçons vénitiens du ivm' siècle. Nais, quoiqu'il soit possible d'uti-
liser, en généra], les publications de Barruel, il ne faut pas, je crois,
sur ce point particulier, se faire illusion sur des précisions externes
qui peuvent être tout à fait indépendantes de la réalité foncière de la
profession de foi. Le nombre des inlermèdiaires par lesquels est
passée cette profession de foi permettrait d'élever â son sujet des
doutes que l'examen interne du fonds ne fera qu'augmenter ; car, en
somme, il n'y a rien de proprement maçonnique dans ses douze
articles, et on n'y trouve que ce que la croyance populaire attribuait
comme doctrine aui maçons : nécessité de la régénération humaine,
vices du régime absolutiste et Ihèocralique, athéisme et indifférence
religieuse, mystère el silence.
• Note son c
DES FKANCS-ÏIAÇONB3.
Yen l'année 1781 , le feu ayant pris à l'arsenal de Venise, le Sénat
ordonna des recherches pour découvrir, s'il éioit possible, les auteurs
de cet incendie. Les hommes occupés de cet objet ayant apperçu, au
milieu de la nuit, un grand nombre de gondoles réunies auprès d'une
maison que l'on ne savoit pas consacrée aux travaux maçonniques, mi
firent leur rapport. Sur Tordra du Conseil. la maison fui investie. Tout
ce qui se trouva dans les Loges des diffèrens grades, tout absolument
fol saisi. Peu de tems après, par l'ordre du Sénat, tout fut exposé pen-
t, Noos n'avons toujours affaire qn'a une copie.
3. L'abbé Barruel. ne le 1 octobre 114 1, mort le 5 octobre 1SÎ0. a laissé de
nombreuws ceuirrs qui intéressent l'histoire religieuse de la Révolution, où il
a joué un rôle obscur, mais certain. Ces autres el ce rôle meri tendent d'être
étudiés d'une façon critique.
3. Fonda Gtsuitira, ms. 1356, évita 6, n' 18. 2 feuillets. J'ai renversé l'ordre
de la copie pour mieux faire comprendre 1rs deui textes.
UCLIOSTKO ET M FUXOXlÇQinEHIE. 313
daut six heures sur la place Saint-Marc, à l'cxcepLiuii îles papiers les
m*. ta liste même îles frères maçons fui comprise dans celte
nporfUon publique; au bout de six heures, et après la lecture d'un
décret du Sénat prescrivant les Sociétés secrètes, tout l'ut livre aux
flammes par la main du buurreau. Le teais des élections arrivé, ou
observa ijuc ceux dont les noms s'etoieut trouvés sur la liste, ou
n'etoient plus nommés aux charges de la République, ou n'étoient plus
continués dans celles qu'ils avoient auparavant. On observa aussi Isa
murmures de bien des frères qui laissoient échapper ces paroles : Verra
il giorno délia vtndttta. Voilà ce que le public put savoir de cet atto da
ff Mai» ce qu'il ignora, et ce que je n'ai pu savoir que lors de la Révo-
lution française, c'est que le Sénat, concevant toute l'importance des
papiers qu'il avoil découverts, envoya aux ambassadeurs de diverses
puissances une copie du Symbole maçonnique trouvé dans les Loges.
H. I-'emand Nonnes, ambassadeur d*B*ptgoa à Paris au commencement
■'l'itii.ii, en comparant 1* doctrine A* M Symbole avec ce qui
se pusse il, ouvrît son porte-feuille el, devant plusieurs personnes qui se
trouvnirni alors chez lui, il se mit i faire le rapprochement des opinions
6t des événemens du jour avec ce Symbole. Il permit même à plusieurs
personnes d'en tirer des copies. Celle qu'on vient de lire est une d'après
celle- même qui avoit été envoyée à Son Excellence et que je suis venu
à bout de me procurer.
L'abbé Burbum..
Paris, «30 juillet 1811.
2° AsTtCOLI PROFESSAT! DM FR»!sr,lll B
I. Dio avendo creato gli uomini in una piemssima naturat tiberlu,
comune ed egusle a tutti, qui ml i non potersî rfa alcuno coartare questa
libcrià, 0 limilare, o nstringere sema una summa inlollerabile iogiuria
di Dîo non mono, che di nui stessi, cui per grau privilegio fit data.
î. Per u/ieala pienissima libr-rta s uoi couipanita, il signor Iddio in
oroinagio a se doviuo, essere contenu dsi soli atti interni dell' uomo,
ed essere percln indifférente, « quasi non curante di iiualuuquo atto
esterno, in cui possa esirinseearti mai l'uomo, per rendnru il tuo
omuiagio a Dio m lutto il tempo délia sua viu.
8. Geloiissitno pero essere lo stesso Dio oel tempo medesimo del suo
assoluto Dnminio su quesu terni, in cui ha collocato l'uomo con una
ereaxiono taulo privilégiai», e riconoscera per cio corne euoi emoli e
contrari a se tutti coloro, i nunli a parte di un lai Dominio con esio
enirar presumitio, e in onia di enso suo Dominio volessero eserciUra
qualuuqua particolar giurisdinkine, sopra degli altri con gravissima
aSntu e delta sua murera» maeslà corne Creawre. e délia naiural bl.ertà
délia Creutura.
4. Coll' andar degli anui non pertanto, queila suprema potest» del
Creatore, e quesu aai u rai liberlu délia Créature essore rimaste pergran
346 MÉLANGES KT DOCUMENTS.
maniera lèse e quasi distrutte, dalla malvagità specialmente di certi
ambiziosi assiri, che furono i primi ad inventare li belli nomi di princi-
paio^sacaidûziû^.
5. E non solo detti ambiziosi assiri devono riconoscersi corne fonte ed
origine delT ingiusta violenza di pochi nsurpatori, ma anche la vitupe-
reyole ignoranza délia maggior parte degli uomini, che hanno permesso
simili usurpazioni a tanto loro danno, e ad ingiuria e disprezzo di quel
Dio, a cui tanto devono.
6. Ecco dunque la grande impresa grataaDio e degna degli uomini,
che hanno cuore in petto e onore in fronte, a rifabricare, cioè, questo
tempio da tanto distrutto, intieramente abbattuto, e quasi sepolto, con
uscire finalmente dalle dense ténèbre d'ignoranza, in cui i nostri mag-
giori sono vissuti per tanti secoli, ad armarsi ed insorgere contra gli
indegni usurpatori, sino a doverli accidere, se sia d'uopo, corne veri
Tiranni in terra per l'uso di una potestà, che tutta è dovuta a Dio sola-
mente, e per l'abuso délia potestà, che è eguale e comune a ciaschedun
uomo.
7. Ad impresa si nobile si fa a tutti l'invito, corne per tutti corre l'in-
téresse, e a cui puô benissime aver luogo il Pagano, l'Ebreo, il Turco,
il Protestante ed il Gattolico, ed anche il Deista e l'Ateista, mentre
altro non sono le tante e diverse religioni introduite nel mondo, che
invenzioni superstisioze di coloro, che hanno voluto toglier la liberté
ail' uomo, e a Dio il Dominio. E quindi a verra, che se negli andati
tempi la diversité délie religioni ha partoriti tanti disturbi per noi
Liberi muratori stringerà nodo, e farà pace e lega perfetta.
8. Anzi l'esperienza ha dimostrato, che chi si aggrega a questa Società
tanto è lungi dal recare o ricevere disturbo alcuno, per ragione délia
sua fede e credenza diversa, che anzi alla nostra di Liberi Muratori
insensibilmente si affeziona e si attacca di tal maniera, che dell' antica
sua naturale a poco a poco non cura, e in poco tempo affatto se ne
dimentica e l'abbandona. Per mera sciochezza adunque è avvenuto,
che questa nuova società venga chiamata una magia del Demonio,
mentre non è che un effetto naturale, ossia il peso del retto corso délie
cose, le quali si fermano e riposano quiète nelio stato loro naturale,
quando escono délia violenza.
9. L'impresa più difficile, che mai vi sia stata, o possa esservi, è
questa : si tratta di nu lia meno, che di dover contrastare coi Princi-
pato e Sacerdozio, che sono ora in pieno pacifico possesso con aperta
tirannia sopra la liberté dell' uomo, e con prescritta usurpazione sopra
il Dominio di Dio in terra. Quindi esiggersi nella Società la scelta di
genti non communali, lo spirito bensi degli uomini il più forte ed eru-
dito, e sopra tutto la protezione di personaggi in tutti gli stati più res-
pettabili e poderosi.
10. Ma sopra tutto un grande, sacro e inviolabile segreto deve essere il
fondamento di questa difficile impresa. Le altre stesse si sono fondate
CICLIOSTBO ET U Fl-lXC-MiÇOHIIBIK. 317
con «cioglier dotlamente la lingua; quitta de' franchi muratori deve
foodarsi, crescere e propagarsi coq ri go rose mente frenarla. Quindi per
OtUoan i|uesto, aino dal primo iogresso fi propone la rinnovazione di
piii giurameuti, la mînaccia di più castighi, la facolta ad ognuno di
prendere vendetta, auclie del ferro, dei mancalori.
H. Segrelo si inviolabile, che noppure possa avervi dirltto su di etso
i|u.!liMir;n<.' intorili Hia di principatoo di sacerdozio, quali avemlo tulto
it m en lu di eisere distrutli od annichilati, in conseguenza uuu poEtoao
avère alcuna ragiune, cm* li suffraghi li difeada. A miglior cautela
pero di si aodo e sano consigtio sari bena il inarciar sempre col nihil
contra Ugem. nihil contra Rttigiontm, nihil contra bonoi morti.
It, E perché questo gran segrelo è di summa rilevanza, risieda per-
cirt nella quiuta Loggia, che è de' soli arctiiletti destinai! a dirigere la
fabrica, osiia il diroccato tempio di Salomone, a tutti gli allri ai faccia
sapere suluiiio, mie in (*1 questa Cuinpagnia or é Bcamhievole partico-
lore cariià, ed eoti viceadevole noccorso per qualunque bisogno posas,
«vvcfiirr in rjualuaiiue ceio. E quealo Rare da principioîl ïolo unici) fine
di chiunque volesse aggregarsi a questa nuova, insigne, e non mai
abbaslanza ammirabile e comme mlalii la Società.
Les allégations contenues dans les textes précédents, el dont, vrai-
inmhllWtimilH, il serait possible de multiplier les spécimens, ser-
virent à former le jugemenL d'adversaires dont l'hostilité préconçue se
contentait de semblants de preuves. Cette incapacité critique des
membres du clergé apparaît éclatante à propos d'un homme qui
pénétra dans les société: secrètes du xvur* siècle, en fonda d'autres,
Introduisant dans toutes les inventions hétéroclites d'un esprit ingé-
nieux elindelical, j'ai nommé Joseph Balsamo, comte de Cagliostro,
sur qui les livres récents de MM. P. Fuiick-ltrenlano' cl 11. d' Aimeras*
ont rappelé l'attention. Si la vie même de tîaglioslro offre encore beau-
coup d'obscurité, qu'on ne parviendra jamais, sans doute, à dissiper,
les dernière* années sont encore plus mal connues, en particulier a
procès que lui intenta l'Inquisition romaine pendant son
dernier séjour dans la Ville éternelle.
U.iiià la loge du rile égvplieii1 que Cagliostro fonda dans la Villa
Malla, a la l'orla l'iueiana, il su livrait, devant un public choisi où
l'on voyait le cardinal de (ternis, les princesses rle/Aonico et SanlA-
croce, la eomU-SM' Soilerini, à des prestidigitations dans lesquelles il
t. I. Affaire du Collier, Parii, 1901, in-lS.
t CagtUalro, Pari*. I90t, in-18 Joindre A. CbrUlian, Début* ttt limpn-
mmr ttt France, i Imprimerie nttUunale, Purii, IU05, gr. in-(i-, ji. W5 ft tuW.
H A].;.. [Ttt T.
3. un trouver» dan* d'Almrru, op. cil., jurlkulirirmi'nt f. IM ri suit.,
lin retueignemenU aiiffluuiln >ur ci- rite • nurf.nni.nii- >, dont 1a faolatmago-
ri« ai* pDutall guirt attirrr ijuc do uiaii.
348 IfrfLAJGES ET DOCUMENTS.
est difQcile devoir des pratiques sataniques ou révolutionnaires1.
Néanmoins, oe fut assez aux yeux prévenus de la papauté pour lui
intenter un procès, d'où, une nouvelle fois, sortirait la condamnation
de la maçonnerie. C'est si vrai que, postérieurement à l'arrestation
de Cagliostro (27 décembre 4 789) ', la Chambre apostolique fit paraître
une Vie de Joseph Balsamo (4794)3, qui était surtout, grâce à une
interprétation forcée de la vie de l'intrigant, l'acte d'accusation des
Illuminés. L'affaire prit si bien l'allure d'un duel entre la maçonnerie
et la papauté que les loges lombardes se sentirent visées par la publi-
cation pontificale et publièrent, le 47 août 4794, une réponse qui eut
quatre éditions et se répandit, malgré les efforts du gouvernement
romain, dans toute l'Italie4. Le procès de Cagliostro commença le
42 avril 4790 et dura jusqu'au 24 mars 4794 ; les lettres de Lorenzo
Prospero Boltini, chargé d'affaires de Lucques auprès du pape, nous
renseignent sur les phases d'un procès qui intéressait de très près
Pie VI5. Le 7 avril, la condamnation fut prononcée : Cagliostro devait
être conduit :
c AU' ultimo supplizio corne reo di più gravi delitti e in specie
dicapo settariQ dei Liberi Muratori e degli Illuminati, con aver fatto
uso di superstizione e sortilegi, non solo a disprezzo délia sa nia
Religione, ma a danno ancora délia società6. »
Est-ce par crainte de représailles possibles ou par conscience de
l'inanité des preuves admises, que Pie VI commua la peine de mort
prononcée contre Cagliostro en prison perpétuelle? Il est difficile de
le dire7. Cagliostro fut emprisonné dans la forteresse de San Léo,
où, d'après la correspondance du gouverneur Semproni et de son
lieutenant Gandini, conservée aux archives de Pesaro, il fut traité
avec beaucoup d'humanité8.
1. Cf. la description d'une séance par l'abbé Benedetti, dans une lettre du
15 septembre 1789, publiée par Silvagni, La Corle e la Società romana nei
secoli XVI11 e XIX, Firenze, 1881, in-16, t. I, p. 311-315.
2. D' Aimeras, op. cit., p. 325.
3. Compendio delta vita e délie gesti di Giuseppe Balsamo che si è eslratto
dal processo conlro di lui formato in Borna l'anno 1790 e che si puà servir e
di scortaper conoscere l'indole délia sella dei liberi muratori, Roma, 1791,
in-8». — Traduction française : Vie de Joseph Balsamo..., enrichie de notes
curieuses, Paris-Strasbourg, 1791, in-8\
4. D' Aimeras, op. cit., p. 332, n. 1.
5. Le carteggio de ce personnage a été utilisé par G. Sforza, la Fine di
Cagliostro studiata nei documenti lucchesi, dans ÏArchivio storico italiano,
série V, 1891, t. VII, p. 144-151.
6. G. Sforza, loc. cit., p. 148.
7. D'Ahnéras, op. cit., p. 343-344.
8. G. Sommi, Ricordi di Cagliostro a San Léo, dans Rivista di Scienze
storiche, juin 1905.
acuosrao et l* rixu-HiçoxNKiiiE. 349
En tout cas, l'.'ifïiiire Cagliostro no cessa pas de préoccuper le gou-
WMBMOt pontifical, qui avait prévu dans l'acte de jugement la
publication d'un décret contre les partisans du rite égyptien et contre
les Illuminés*; le secrétaire d'tfLat eut l'œil ouvert ^ur la) agisse-
ments de Joseph Balsamo : les treize lettres' que je publie, d'après
les registres de la correspondance du secrétaire d'Étal aux èvéquesel
prélats (série Vêtent), conservés aux archives du Vatican, et que
j'ai dépouilles pour les années 1787-179'.», montrent dans quelle
masure on s'intéressait encore, dans l'entourage de Pie VI, aux
faits et gestes de Joseph Balsamo. Elles complètent les documents
publiés par G. Somml sur ce personnage pendant les années 17'JI-
1793.
I. 0. Snmmi, Mr.orrli dl Cagliostro
ifonrkc, juin 1905, p. 345.
L J'y joins 1rs deui suivantes, dr lu n
au procéi même de ftigliO*lrO :
fin Léo, dan» Hiriila di Seienze
* provenance, eA qui ae rapportent
1 A Mull VRMIOVO Dl VtLBN/.A,
. ÎO Febro 1790.
• Fr» le c*rt« rlnvenul)1 pnm MlHppt BalMino denuminato Coml'
CagllMlro ritlrello In <]ue»l* Forlezia *i €. 8. A. si i> trovato il bigliello del
■ Ki"j« fallo in cod' monte di Vitenza ili ijunldie "alofe. La tii»u-
r«iiM délia per»oiia. cbe *bbi* UilantM «11* riMMBI del iiiedîûo, |iolr-bn-
jl>utu produrre, ibe «wr*o un dato tempo iriiUw « de*olier»i «I Munir
I* e ftnw in connegutnza dlslMtto non senz* pmhdtlta M li'Rittuiin
■. l'er lil motlvo dunqun d'ordine rflnu di Noalro SIr" mi rivolgn *
'. 8. illiîi*, iflacM ni dM ta I nturie, - eoaptaoi !■
dl prrndrr le coiivrnii'nli ml. un', oudr rc-iti IMBUa i|ualuni|ui' iunotaiionr »!•- 1
dl*iaaU> |wriio. del dl eui biglirUo Ir actluiki * ta! rfirtlu un* copia. Se pM
aiunlur* dnreitr su di cio uurii un* ipulilic diligeni», ail* iiiiale EU* non
polcitr m r ri (pondère, '■ pregu ■ fomirmene li lirai necessnri... » [Veieovi,
1. HB, fol. BB-99.)
> 8 ruait* 1790.
> Ringrailar drldw paitic.ilam" V S. Illiiï* amie f«guf»co con r|ue»lo fi>«lio
lUIla pronlrtia ooll* '|ii*le »l * nnnpiartul* di lit riwimlrr* d* roi" monte di
MaMMrtA glocllo, lirll* rlcu|ier* drl ijuilr fteno sUli' iMptêfti*. llM
7Î13.I7, corne -ede*l nrll* m>U. rh KIU h* coin pi ruai* alla tu* g-ntlli*.'" trl-
It.i de '."J Mta lonrin Ifrita. Non aoddi-falla «bbaïUnl* la au* airlrsl». lia
\ V III m .i inliilu ri-inl. i Kiini'ilii il favori-, |«>rlaudoii Kll.i medûï» * l'idnv*
pw conatgnar pcrtonalcm*' *l P. ab" Mirrlli la gioj*. * Ir rrxiduali Un •-'•-■•
.m., r drllo altro. Lincotuodo, ch«
"1 Ella h* «vulo obbliRi > mai^ior ricuaut* fini ; *d ullerior molivo di
le Kralo, v antbe il riavontro, eb> V. S. Illina ml \«'rw drl pr-Rio, in tui
B -isrr- limita la gloja tlnw, t p*r le piètre elle ne [brinano I insinue, e
per I elrmii/a délia l-g-tara. Al riceitr la rlpetula aioj* dal P. ab" Hirelli, ne
recuero a V. S lllîTia laf-iw... . (re»eOT(, l. 368, fol. tï9 <--130,j
A Moa Vnooro 01 Mown Pano.
20 aprile 1791.
Deve essere a que*? ora gionto nella fortezza di 8. Léo Giuseppe
Balsamo denominato il Conta Cagtioatro per esserri riteaato sua Tiu
natorale durante sotto stretta custodia, e senza tperanxa di grazia.
Baaendo già ttati ayanzati gli ordini opportoni a qnel Castellano, per-
ché in tali termini abbia effetto la ritenxione di questo rilegato, ragion
▼noie, che non si ommetta di apprestargli tutti gli ajuti spirituali in
benefieio delT anima sua, specialmente nella eombinazione, che avendo
richiesta qui la sagramentale confessione non Phi potuta terminare
prima del suo trasporto alla fortezza suddetta. Mi ha comandato pertanto
la Santita sua di commettere alla di Lei Tigilanza la scella di on probo
e prudente Ecclesiastico, il quale adempia collo stesso rilegato a qnesta
parte spirituaJe, autorizzandola per tal effetto a communicargli tutte le
facollà necessarie ed opportune délia sagra Penitenzieria per l'assolu-
zione dei casi risenrati colF intelligenza, che ne' casi più speciali
gl' ingiunga l'obbligo di ricorrere nel termine di tre mesi alla stessa
8. Penitenzieria, e di obbedire a ciô che gli verra dalla med« ingiunto.
Il Castellano délia delta Fortezza ne resta prevenuto, affinchè permetta
raccesso délia persona ecclesiastica, che da Lei sarà destinata...
H*.
Au MÊME.
il gug<» 1791.
Di somma consolazione mi è stata la pregiatissima sua di 28 dello
spirato per il ragguaglio, che mi hà recato de' segni di ravvedimento, e
di compunzione dati da Giuseppe Balsamo, détenu to nella Fortezza di
S. Léo. 8e, corn* Ella mi signifies, appariscono questi sinceri per quanto
puô air esterno conoscersi, è anche sperabile nella misericordia di Dio,
che vogliano esser persévérante, a questo effetto è necessario di prose-
guire ad apprestar gli con assiduité tutti li possibili ajuti spirituali. Su
di ciô interamente mi afûdo alla vigilanza, alla pietâ, ed allô zelo
di V. 8...
m».
AU MBMB.
20 lug<> 1791.
Essendo stato interpellato il Castellano délia Fortezza di S. Léo a
1. Vescovi, t. 369, fol. 91 V-92.
2. Vescovi, t. 369, fol. 312 et y*.
3. Vescovi, t. 369, fol. 120 yM21.
, -M', fl. > _
CAGLIOSTRO ET LA FlAÎIC-MÀÇOJJERfE. 321
giustificarsi nella libertà data ad alcune persone di avère accesso, e con-
fabulare coi détenu to Giuseppe Balsamo, ha egli risposto che ciô è
accaduto relativemente soltanto a V. S. ed a mons1* arcivv0 d'Urbino,
per cui Ella stessa lo assicurô, che la persona di questi gli era oppor-
tuna per discorrere col Balsamo di affari di coscienza. Potendosi opi-
nare, che questo sia un ritrovato di detto Gastellano per ricuoprire la
propria raancanza, desidero, en' Ella colla conosciuta sua ingenuità me
ne dia gli opportuni schia ri menti...
IV.
AU MÊME.
19 ott" 1791.
Approvo ciô, che da V. S. si è operato per rimuovere il Rilegato
Balsamo dall' ostinazione di quel digiuno che sembra sià da Lui diretto
al pravo fine o di una simulazione, o di un suicidio. Riposo nella di Lei
vigilanza e saviezza, che non lascerà intentato ogni altro mezzo a taie
oggetto, corne pur feci già sentire al Gastellano di S. Léo per organo
del sig" Gard* Legato d'Urbino, che mi ragguagliô restando sempre le
cautele necessarie per l'esatta e rigorosa custodia del Detenuto. Atten-
derô dalla bontà di V. 3. ulteriori riscontri su questo proposito...
V*.
Au MÊME.
9 nov" 1791.
È veramente deplorabile la protervia del Rilegato Balsamo, e quanto
Ella mi ha pariecipato colla sua di 31 dello scorso ottobre inviandomi
unitamen** la Lettera del P. Lettor Bussi dimostrô a fondo la depra-
vazione del suo cuore. Per la nostra parte non si deve cessare dall*
apprestargli tutti quegli ajuti spirituali per ottenerne se sia possibile
un sincero ravvodimto. A V. S. pertanto è riserbata questa cura nella
maniera, che il suo zeio, e la sua prudenza c rodera più conveniente.
Nulla perô dovrà alterarsi di quanto si è disposto per la di Lui esatta,
e rigorosa custodia; anzi non sarà inopportuno, en' Ella gli faccia inten-
de re, che continuando ne' suoi abominevoli trasporti o di parole, o di
fatti, anderà incontro alli più se ri corporali gastighi e passo...
VI».
A Mors™ Vescovo di Mostefbltro.
Acqualagna, per Garpegna, 22 feb° 1792.
Ho veduto la lettera deir Arciprete di S. Léo, che V. S. si è compia-
1. Vescovi, t. 369, fol. 162 ▼•.
2. Vescovi, t. 369, fol. 335 V-33G.
3. Vescovi, t. 370, foL 52 r-53.
Rev. HisToa. XGIV. 2* pasc. 21
322 WÉLAMGES R MC0MI9IS.
ciuta dlnTimimi compiegata nella tua del 9 deHo seaduto. Voglio
rare, che la diûna graaia toechi il cuore del Rilegato Balsamo, e cbe
gli faccia provare an îero pentimeoto délia nta paaaala; ma per otte-
ner qnesto, altro Egii non dee fare, che raccomaiidara a Dio, ed impto-
rare eollv oraxione il tao ajuto, e depooga aflatto il pensiere di tcriTere
opère moralL, e di fare ritrattasioai, giacchè il più aicoro saggio, ch'egli
poirà dare délia sua conversione, sari quello di tenere on contegno
docile, e sommesso, e di vivere rassegnato alla pena che soffre. 8ieno
daoque quali si voghano le di Lui proteste, io non intendo, che gli si
diaoo né Iibri, né comodo da scrhrere; oode si compiacerà Ella di
significare qaesto istesso al mentovato arciprete, affînchè si asteoga
dal secondare in ciù le richieste del Rilegato. Gradirô di sentire quai
eiletto abbia prodotto la gita del suo caoonico penitenaiere in 8. Léo,
quantevolte la stagione gli abbia permesso di postarsi cola...
vn«.
Au
21 mz« 1792.
Ricevo colla sua del 22 dello spîrato il riscontro dell' esito, che ha
avuto l'accesso di cod° Penitenziere alla Fortezza di S. Léo per
conferire col Rilegato Balsamo. Non posso che lodare in questa
parte le di Lei paterne cure, quali son sicuro, che proseguirà colla
stessa efficacia. Faccia Iddio, che abbiano il bramato effétto del sincero
ravvedimento di costui.
Scrivo contemporaneamente air Emo Legato di Urbino, che la faccia
rimborsare di scudi due e ss. 14, per le spese occorse ail' occasione
dell' indicato accès so. Se altre ve ne sono state, o ve ne saranno, me
ne dia un cenno per farne seguire prontamente il rimborso.
Neppure io trovo per ora necessario di moltiplicare persone per avère
altri spirituali abboccamenti col detto Rilegato, ed in caeo che l'arci-
prete di S. Léo non possa supplire al bisogno, potrà Ella deiegare chi
colla sua prudenza riputerà idoneo a tal' uopo...
VHP.
Au MÊME.
12 mag<> 1792.
Non posso darle una congrua risposta sulla interpellazione che mi fà
del nuovo accesso, quai Ella crederebbe opportuno di cod° Ganco Peni-
tenziere alla Fortezza di S. Léo per abboccarsi col Rilegato Balsamo.
1. Vescovi, t. 370, foL 89 r-90.
2. Vescovi, t. 370, foi. 135.
CAGLIOSTHO ET Li PIAKOMAÇOHJERIE. 323
Ella su tal oggetto si riferisce ad una Lettera, che mi acclude scrïtta
allô stesso Penitenziere dal Teoente Gandini, ma questa, corne vedra
col ritorno, che Le ne faccio, traita di altra matiera. Attendent dunque
li correlaiivi schiarimenti per poterie comunicare le convenienti deter-
minazioni...
IX*.
Au MÊME.
30 mag* 1792.
Dalla lettera da V. S. inviatami del Tenente Gandini di S. Léo
scritta a cod° Ganco Penitenziere, due cose rilevo. La prima ch' il
Rilegato Balsamo sia rimasto privo da qualche tempo di ajuti spirituali,
giacchè quel!' Arciprete non l'aveva più risultato sin da primi giorni
délia settimana santa. La seconda, che esso Tenente troverebbe oppor-
tuna qualche ulteriore conferenza dello stesso canco Penitenziere col
detto Balsamo. Credo dunque necessario primieramente, che V. S. si
compiaccia di far sentire ail' Arciprete di S. Léo di esser in avvenire più
assidu o, per quanto le sue cure pastorali lo permetteranno, nel vi si tare
ed abboccarsi col Rilegato per ii di Lui spirituali vantaggj. Nel rimanente
lascio al di Lei pieno arbitrio di disporre circa li nuovi accessi cola del
canco Penitenziere, corne megiio stimerà, mentre per la spesa a tel
effetto occorrente basterà un di Lei accenno per farla immediatamen1*
rimborsare...
X*.
Au MÊME.
23 giugno 1792.
Sono consolanti le notizie da V. S. datemi degli attuali sentimenii
del Rilegato Balsamo. Faccia Iddio, che li segni, quaii ha dimostrati di
ravvedimento, sieno veraci e permancnti. Coq questo modmo corso di
posta commetto al sig" Gard* Leg10 di Urbino di reintegrarla délia
spesa occorsa per il nuovo accesso di cod° Ganco Penitenziere a S. Léo,
ed in altre consimili occasioni di rimborso potrà V. 8. dirigerai imme-
diatamta a Lai, corne contemporaneamente lo prevengo.
XP.
AU MEME.
15 agosto 1792.
Consolanti sono le notizie, che mi reca l'ultima sua del 6 del corrente
1. Vescovi, 1. 370, fol. 167 et ▼•.
2. Vescovi, t. 370, fol. 205 ▼•.
3. Vescovi, t. 370, fol. 275 t^ô.
324 MBXAÏfGBS ET DOCUMKffTS.
sullo stato attaale del Rilegato Balsamo. Conviens pregare e sperare
nella Divina Misericordia, che sia sincero e stabile il rawedimento, che
dimostra. Riposo nella di Lei vigilanza nella continuazione di quelli
ajuti 8pirituali che gli possono essere necessarj. Per l'erogazione del
denaro, che sopravanza al di Lui mantenimento, lascio al prudente
arbitrio di Y. S. il dUporne corne meglio crederà...
xh«.
Au MÊME.
1 sett" 1792.
Ricevo riscontro da S. Léo, che il detenuto Balsamo è nelle smanie,
perché gli si assegni un Padre spirituale, che assidu am** abbia cura délia
di Lui anima, spécial mente perché il Caneo Penitenziere délia Penna da
Lei già destinatogli per tal effetto trovasi ora cagionevole di salute.
Non dubito che la vigilanza, e lo zelo di V. 8. abbia già dato su di ciô
l'opportuno prowedim*. Tutta volta a scanzo di ogni equivoco ho cre-
duto conveniente di farlene questo accenno, affinchè per la nostra parte
nulla manchi di ciô, che possa contribuire alla salute spirituale di
quello sciaurato...
xm».
Au MBMB.
15 sett" 1792.
La cura délia salute spirituale del Rilegato Balsamo resta a V. 3.
interamente affidata, onde al suo zelo, ed alla sua vigilanza rimane di
prendere su di ciô tutte quelle provvidenze, che crederà oppor-
tune su taie oggetto. Va benissimo, quanto Ella dispose sull' ero-
gazione del di Lui danaro nel solennizare la Festività di Maria Yer-
gine,e nella distribuzione di elemosiue, anzi espressamente Le inculco
di far in guisa, che anche per l'avvenire resti nella prima parte esclusa
qualunque pubblicità, ed ostentazione, e che quanto alla seconda il
danaro si distribuisca interamente ad arbitrio di V. S., la quale ben
comprenderà quanto poco convenga, che si eroghi a benefizio di
quelli, che sono addetti al servizio délia Fortezza ed alla Gustodia del
Rilegato...
Ces dépêches s'arrêtent malheureusement trop tôt, car la On même
de Caglioslro est obscurcie de traditions d'allure un peu étrange où il
est assez difficile de démêler la vérité. 11 mourut le 23, le 26 ou le
1. Vescovi, t. 370, fol. 293 v\
2. Vescovi, t. 370, fol. 307.
OUUORM B1 I.» F»1^0-a»ÇOJUS*IB.
BU
,, malgré les lionnes dispositions demi il semble avoir
s les précédentes lettres, il finit dans l' impénitente
iule fou1, et fui inhumé hors de la lerre chrétienne.
s même ne jouirent |ias du la paix définitive du tombeau
et participèrent, on peut le dire, à l'ètrangeté romanesque de la vie
entière de l'audacieux inlriganl. Si l'on en croit les souvenirs de
Gandini, Gis du châtelain du château de Saint-Léon, dont il esl plus
haut question * :
■ Quando lu Iruppe del Primo Console presero per lame il caslello
di San Léo, dopo duo anni di assedio, non privo di gloria per le armi
i Liliane, molli offlciali francesi, affigliali alla Massoneria, disscpelle-
ririn gl] avanzi del conte Cagliostro e li onorarono cou riti masaonici.
Un vecchio di novanl'anni si ricordava, dieci anni or sono.di quei
tempi e di quegli avvenimenti, e fra l'altro, d'un' agape fraterna,
durante laquale gli uflieiali massoni hevvero, dopo varie cerimouie,
uno dopo l'allro, uel teschio del famoso maestro*. »
Dans Rome même, quinze ans plus lard, la maçonnerie installée,
reniant en partie les idées égal i lai ma dea sociales secrètes
iviii' siècle, allail servir d'auxiliaire au gouvernement napoléonien et
dooMT h MOthlul de nlmui prirBnlIflni ■tnlurni' fin nronm
municatious pontificales*. L'apothéose maçonnique de Cagliostro
était le signe frappant de l'inutilité des faux imaginés; a la légende
des sociétés secrètes s'opposait la légende de Cagliostro : la maçon-
nerie subversive devenait uu procède d'autorité.
Georges liomtcm.
I, Sur l* pttnkM d»te, voir G. Sonimi, (or. cit.. Ht I» «100110, une lettre
de l.uigi AnRlollnl, mlnlilre de Tosfjinf ■ Ronir, du t «rplctulire 1 7'.J5 (publ.
par C. Mon», la fine..., p. 149); sur I» seconde, (HlUpl. *> nif , I. I, p. 319,
(|ui utilise le litiro parroehutie dr% morti iltlln rtln di S. Léo.
3. G. Sorami, lac, cil.
3. Silugni, foc cit., t. I,)i. 320.
«. V IX.
5. G. SforM, la fine di Caglioiîro, 2- article, Arch, tint, ital , série V,
1891, I. VII, p 151 (publie une latin M K. G. de Lue», du 10 «vril 1883, OÙ
les touventn du flli de Gsodiui uni en renia 1res).
6. Je me |*rmeli du renvoyer ici a I article i|ue jai publié dsWI U R/pn/u-
/»» françaùt sur l'action de U maçonnerie a Home en 1810. Cf. P. I. Rinieri.
fat) tenula di ttauonwi, Rome, 1901.
BULLETIN HISTORIQUE
FRANCE.
Les Comte iiSTOWQCis. — Le premier Congrès international d'his-
loire a été tenu à Paris en 4900. Tenu au milieu du brouhaha de
l'Exposition universelle, ee Congrès n'avait pas répondu aux espé-
rances de ses promoteurs, bien que des communications et des dis-
eussions très intéressantes eussent eu lieu dans les sections d'histoire
diplomatique, d'histoire des lettres et des sciences et surtout dans
celle d'histoire des arts et de la musique. Le Congrès de Rome
d'avril 4903 fût admirablement organisé par un comité que présidait
l'illustre et vénérable historien P. Villari, qui avait pour secrétaire
général M. Gorrioi et pour membres MM. Ascoli, Comparettî, D'An-
cona, Balzani, Bercbel, Boselli, Cocchia, Mazzoni, Novati, Salvioli et
Tommasini, dont les trois premiers étaient les délégués du ministre
de F Instruction publique et les autres ceux des Académies des Lincei, de
Venise, de Turin, de Naples, de Florence, de Milan, de Païenne et
de l'Institut historique de Rome. Nous avons rendu compte dans la
Renne (t. LXXX1I, p. 357 et suiv.) de ce Congrès où tout ce que l'Ita-
lie compte d'historiens et de philologues était présent et où toutes
les nations étaient représentées avec éclat, où la France en particulier
avait quarante-quatre délégués. Chose extraordinaire, les vœux for-
mulés par le Congrès n'ont pas été purement platoniques. Us ont
même eu une telle efficacité qu'on peut se demander si, au lieu de
se livrer à la lecture d'une foule de dissertations savantes sans
aucun lien organique entre elles, les futurs congrès historiques ne
devraient pas se borner, d'une part à centraliser des renseignements
sur le développement des éludes et de renseignement historiques
dans les divers pays, d'autre part à discuter les vœux qui leur
seraient envoyés par les comités nationaux ou les savants isolés, en
y ajoutant peut-être la discussion de quelques questions particuliè-
rement intéressantes et controversables qui auraient été mises à
Tordre du jour du congrès par le congrès précédent. Le vœu de la
section d'histoire ancienne pour la création dans les Universités de
cours d'épigraphie a été spontanément réalisé par plusieurs profes-
rttttr.. SST
Mur» italiens. Le» vœux de la section de philologie classique ont
déjà provoqué diverses publications importantes. L'Institut supérieur
do Florcnco a commencé pour la Toscane le Curpus imtriptionum
latiaarum mrdii wvi demande par un vœu du professeur Novati.
Le Corpus cfinrtarum tlatint, demandé par la section d'histoire médié-
vale et moderne, est déjà en voie d'exécution par suite d'un accord
entre l'Inslilut historique italien cl l'Institut historique prussien.
La France devrait s'associer à cette entreprise pour la Savoie, le Pié-
mont, et la Ligurie. Le vœu relatif à la communication aux travail-
leurs des documents diplomatiques jusqu'à I H47 a été réalisé à
\ ii'iim' M a liudapest. En Italie, on a maintenu la limite de <8<3,
mais en admettant des exceptions toutes les Cois qu'elles seraient
justifiées par la qualité des travailleurs ; en France, malgré nos efforts,
on a jusqu'ici décidé de s'en tenir a (830. La Ravière a étendu les
i-mmiiiuiicalions jusqu'à 1825. Le Musée archéologique de Reggio
Calabria, reclamé par le Congres, a été inauguré le t5 août 1906, et
les fonds pour les fouilles ont été accrus de 6,000 francs. Sur la
demande de la section de numismatique, la Société numismatique
italienne a élu une commission pour le classement des collections
numismaliques médiévales et modernes. Iles cours nombreux d'his-
toire de l'art onl été créés en Italie à la suite des vœux exprimés
par le Congrès. Le gouvernement a également déréré au vœu du Con-
gres en créant une commission pour la publication des manuscrits
de Vinci. Les vœux relatifs à l'histoire du droit ont aussi M iMMlél
par le gouvernement italien. La Société géographique italienne a
commencé le Gtossario rfï nomi territorial! itatiani demandé par le
Congrès. C'est également a la suite des vœux du Congrès que le pro-
fesseur Vailali a été chargé par l'Académie des Lincci d'examiner en
vue d'une édition les papiers de Torrieelli, que le ministère de l'ins-
trueiiini publique a décidé de publier des index et catalogues des
manuscrits scientifiques, que l'Istituto dei Lincei et l'istiluto Lom-
hardo ont entrepris la publication des œuvres de Voila et mi'mfin
six chaires d'histoire des sciences ont été créées à Rome > I] , Maplcs 1 21,
Padoue et Turin. Comme on le voit, il n'est plus permis de dire que
les Congres ne servent qu'a fournir des billets de chemin de fer à
prix réduits et .i permettre aux savants de divers pays de faire con-
naissance intrr poculn. A ces avantages, qui d'ailleurs ne sont pas
négligeables, le Congrès de Rome a prouve, grâce à la manière vrai-
ment remarquable dont il a été conduit, qu'on pouvait joindre des
résultats scientifiques appréciables. La publication des Attidel Con-
artuointernasionale di iciense ttoriche, qui est aujourd'hui complète
<>lumes etquiest en vente à la librairie Loescber, a Rome, au
m frunu
pria vraiment minime de 1 23 fr. bit le pins grasd bomiearâM.Gorrini,
qui l 'a dirigée avec oo aie et m toin vraiment admirables. Celle for-
midable eoHeetioo de travaux sor ktsojels kt plus variés mérile par
la faleor de ces tnifanx de figver dams traies ks bibliothèques et
donne l'idée la plus intéressante de l'activité qui est déployée aujour-
d'hui par le monde civilisé dams tontes les branches de la sàeoœ his-
torique. Le compte-rendu financier des trésoriers du Congrès n'est
pas la partie la moins remarquable des AttL Après une réunion
qui a duré neuf jours et où ks hôtes de Rome ont reçu une hospita-
lité magnifique, après la publication de ces douze beaux volumes, la
Commission a un excédent de 3,221 fr. qui doivent être employés à
des entreprises scientifiques internationales. Les Italiens ont donné
là un modèle (Tordre, d'économie et de savoir-faire qui mérile (Tètre
loué et imité.
Le Congrès de Rome avait fixé au mois de septembre 4906 à Ber-
lin la réunion du prochain Congrès, bien que divers membres pen-
sassent, peut-être avec raison, qull vaudrait mieux choisir pour lieu
de réunion de petits pays de situation plus centrale et d'un caractère
quasi international, comme la Suisse ou la Belgique. La date de 4906
s'est trouvée trop rapprochée. Le Comité d'organisation allemand vient
de lancer les invitations pour le mois d'août 4908, du 6 au 42. On
peut dès aujourd'hui envoyer son adhésion à un des membres du
bureau du Comité : MM. IL Koser, directeur des Archives de Prusse,
Edouard Meyer et Ulrich von Wilamowilz-Mœllendorff, professeurs à
l'Université de Berlin, César Caspar, privat-docent à Berlin, et
L. Koppel, Geheimer Kommerzienratb. Les huit sections sont distri-
buées un peu différemment de celles de Rome : 4 . Histoire de l'Orient.
— 2. Histoire de la Grèce et de Rome. — 3. Histoire politique,
médiévale et moderne. — 4. Histoire de la civilisation médiévale
et moderne — 5. Histoire du droit et Histoire économique. —
6. Histoire religieuse. — 7. Histoire de l'art. — 8. Sciences auxi-
liaires de l'Histoire. — Les communications pourront être faites en
allemand, anglais, français, italien ou latin. Chaque membre du
Congrès doit verser un droit d'inscription de 20 francs. Un pro-
gramme détaillé sera distribué en janvier 4908. Nous espérons que
la France prendra au Congrès de Berlin une part aussi active qu'au
Congrès de Rome.
Prix Alphonse Pbyrat. — Nous avons annoncé la généreuse dona-
tion par laquelle M"" la marquise Arconati Yisconti, née Alphonse
Peyral, a fondé en mémoire de son père un prix triennal de 3,000 fr.
qui devra être décerné au meilleur ouvrage en français publié sur
l'histoire de France de 4774 à nos jours. Ce prix devra être décerné
rUR. 329
far le conseil de l'Université de Caris, sur le jugement d'un jury
composé du quatre professeurs d'histoire de l'Université de Paris el de
quatre délègues désignés par l'École des Hautes- Eludes, la Société
d'histoire moderne, la Société d'histoire de la Révolution el la Société
il'ln-i'Kie de la Révolution de (8. Bien qu'un avis publié dans les
journaux ait invité les concurrents à déposer huit exemplaires des
■ ju'ils voudraient présenter au jugement du jury, cet impôt
vraiment excessif n'est nullement obligatoire, car le jury choisira
l'ouvrage qu'il considérera comme le meilleur, sans se préoccuper si
Min auteur l'a présenté ou non pour ce concours. Le prix sera décerné
pour la première fois en janvier l!>08. Naturellement, les ouvrages
déjà récompenses dans des concours similaires ne pourront être
admis a concourir.
Gabriel Mgxod.
BPOQCB CONTEMPORAIN!-
Ainsi que les Américains, 1rs socialistes se sentent le besoin d'an-
si 1res légitimement que, remontant bien au delà de Marx
el du collectivisme allemand, ils rattachent au ivin* siècle nombre
des doctrines qui constituent leur programme. Babeuf leur parait
avec raiwn un des leurs : t C'est , déclare M. Albert Thomas',
par la tentative babouvisle que le socialisme est entré dans notre
histoire; c'est aux Égaux que, par Buonarrotli el lllanqui, les socia-
listes d'aujourd'hui peuvent faire remonter leurs origines. » Les
ouvrages relatifs a Babeuf sonl difficiles à trouver et les biographies
dont 11 3 élé l'objet sonl volumineuses. Ou comprend donc que les
directeurs de h • Bibliothèque socialiste * aient jugé utile de réunir
en un pelil volume la somme do sa doctrine. Les lecteurs pourront
désormais en prendre facilement une connaissance tré3 suffisante.
Les éludes d'histoire économique sur la Révolution se multiplient
grâce aux comités d'histoire économique de la Révolution créés depuis
(903 dans chaque département. Le volume consacré par M. V«-
HiLK1 à la répartition des biens ecclésiastiques nationalises dans le
département du Rhône tiendra dans cet ordre de travaux une place
honorable. M. LoulchiUky, ayant entrepris d'explorer les archives
départementale* pour y étudier les documents relatifs à la venus des
t. Babeuf, la Ilottrtnt ittt Égaux [ttlnUl <le> Œuvres complètes publiera
pu Albert Th.iinni; Parti, Corotlj, 1008, 1 vol. In-te, ■ |>
î. FrançoU Vitroalt, F.'iai tur ta rtpartttion toctale de$ bien* ecctàUu-
twjua national tift ■ ^parlement du Rhône,. P»riv Alun, 1900, | toi. bj-a\
m p.
330 BOLLBTIJ HISTORIQUE.
biens nationaux, exprimait en 4895, dans cette revue même1, son
regret de n'avoir pu consulter utilement les actes de vente du
département du Rhône parce qu'ils n'avaient pas encore été classés.
Depuis, cette besogne a été accomplie par H. Guigue, archiviste
départemental, de la manière la plus satisfaisante. Elle a permis à
M. Yermale de nous donner une enquête documentaire complète et
intéressante. Ses conclusions sont des plus nettes. Les biens ecclé-
siastiques' nationalisés furent vendus rapidement à un prix élevé et
ce furent les gens du pays qui les acquirent. A Lyon et dans le
Lyonnais, les acquéreurs furent surtout des gens de classe moyenne;
dans le Beaujolais, ce furent surtout les paysans, et la classe des
petits propriétaires ruraux vivant indépendants sur leur terre parait
dans cette région dater exclusivement de la Révolution.
La collection des Annales des Facultés de droit et des lettres
d'Aix a été agréablement inaugurée par une élude de M. Paul Gaf-
faeel * sur la Première Restauration à Marseille. Rédigée en grande
partie d'après les journaux, rapports officiels, collections d'affiches
et autres documents conservés aux archives de Marseille, elle donne
un tableau pittoresque de l'enthousiasme avec lequel la ville se tourna
du côté des Bourbons avant qu'elle s'en dégoûtât avec une rapidité
presque égale. Un grand nombre d'anecdotes ne manquent pas de
saveur. Le zèle des francs-maçons portant en triomphe le buste de
Louis XVIII pour l'inaugurer dans leur loge n'eut d'égal que celui
du grand rabbin Mardochée Roquemartine offrant de décrocher « le
grand lustre du temple » pour les illuminations préparées en l'hon-
neur du comte d'Artois. Un buste de Louis XVIII en savon fui érigé
par un négociant d'esprit ingénieux avec cette inscription : // efface
les taches. Et le maire de Saint-Rémy donnait à ses administrés ces
instructions admirables : « Parlez peu et ne discutez jamais sur les
actes du gouvernement. Si vous en parlez, que ce soit pour y applau-
dir, pour en assurer l'exécution, et jamais dans un esprit de critique
et moins encore de contradiction. » Comment Monseigneur le comte
d'Artois, devant qui la cuisine à l'huile même abdiquait ses droits de
crainte de contrister son estomac, eût-il pu résister à promettre à une
telle cité la « franchise » de port qu'elle réclamait et qu'il distinguait
insuffisamment de la vertu morale désignée par le même substantif ?
La déception fut grande quand on vit les droits maintenus. La façon
draconienne dont fut appliquée la loi sur le repos hebdomadaire ou
1. Revue historique, t. LIX, p. 80, note 1.
2. Paul Gaffarel, la Première Restauration à Marseille (1" fascicule des
Annalei des Facultés de droit et des lettres d'Aix). Paris, Fontemoing; Mar-
seille, Barlatier, 1905, 1 vol. in-8% 81 p.
ruîici. &3i
plutôt dominical du comte Ueugnol accrut le mècoiitcn lement, Il
était général quand .Napoléon débarqua de l'Ile d'Elbe,
On doil déjà à M. le vicomte de Reiset', outre les agréables sou-
venirs du lieutenant général de Reiset, son aïeul, une étude recueillie
et érudite sur les enfants naturels du duc de Berry. C'est aujour-
d'hui de la duchesse légitime qu'il entreprend de nous tracer l'his-
toire ou plus exactement une sorte do portrait historique attendri cl
pleut, minutieux quelquefois jusqu'à la puérilité, mais d'une docu-
mentation si complète, si sincère et si intime, qu'il s'en dégage une
impression intense de vie et de vérité. M. de Reiset a eu communi-
cation d'une foule de papiers de famille, entre autres du journal iné-
dit où tous les jours la jeune Marie-Caroline traçait quelque- UgMÊ,
Il a consulté les rares survivant qui l'ont approché, vécu dans les
lieux où s'écoula sa vie, manie les objets qui lui appartinrent ou qui
se rattachent a son souvenir. Il s'est fait l'âme dévote et déférente
d'un de ces vieux serviteurs de la monarchie d'autrefois, desquels la
sincérité du sentiment et de la foi traditionnelle écarte tout soupçon
de courlisanehe ou de ridicule. Et nous lui devons lu plus joli récit,
le plus complet et le plus attachant qui ail été écrit sur la jeune
duchesse de Berry depuis ses fiançailles jusqu'à la chule de la Res-
tauration. Mais ce récit constitue d'ailleurs plus qu'une biographie
princière. Sur l'existence intime et familiale des Bourbons, sur la vie
de cour, sur Louis A VIII et Charles X eux-mêmes, il fourmille en
détails inédits et typique*. Ces! a Isall l'histoire du la Restauration
que M. de Reiset apporte une contribution précieuse qui lui vaudra
la reconnaissance et le respect des historiens.
Avec les volumes consacrés par M. Vltun1 â la Restauration et
par M. FooRfliÈte3 au Règne tU Louis- Philippe, VUittoirti socialiste,
dirigée par M. Jean Jaurès, entame la période contemporaine.
On 8 déjà signalé la valeur réelle de cette entreprise. Les noms
seuls de ses collaborateurs attiraient d'avance l'attention sur elle-
l.i-- Mbunes déjà parus sont du- ;'i MM. Jaurès. Hcville, Ur.m.-.si! et
Turot; ceux a paraître auront pour auteurs MM. Millerand, Georges
Renard, Andler, llerr, Jaurès, Oubreuilb, Lahusquicre, Géraull-
Richard. On peut dire, au point ou en est celte publication, qu'elle
repond en somme au bul poursuivi par ses promoteurs tout en
encourant un certain nombre de critiques, auxquelles d'avance il lui
était difficile d'échapper.
:i Je Rtitel, Marte-Caroline, dutheut de Btrry, 1816-1830. Paris,
OttMM-LéfJj 1 vol. Iii-B-, |35 p.
I. Vliliol, la Rttlauralt.m Il8ti-1830>. Part*, Rouff, 1 vol. lo-f, 268 p.
3. r'otnuttt*, le Hègnê de Loaif Philippe. ISSO-tHiH. Pirl», Rouff, 1 vol.
b-t\ 183 p.
332 BULLETIN HISTOIIQUE.
L'Histoire socialiste, — et en écrivant ceci c'est surtout aux deux
derniers volumes, les seuls qui relèvent ici de notre critique, que
nous songeons, — Y Histoire socialiste répond bien en somme à ce
qu'elle veut être tout d'abord : une histoire de France populaire,
mais en même temps rédigée avec un sérieux souci scientifique;
d'autre part, une histoire qui envisage d'une manière particulière-
ment détaillée le développement des questions ouvrières, sociales et
démocratiques et les envisage dans le sens socialiste.
Elle n'échappe pas par ailleurs à certains inconvénients. La diver-
sité des auteurs est cause que de volume à volume on relève de
grandes différences de plan, voire de conception, et qu'il y a dans
le récit des disproportions qui sont choquantes : le travail de
H. Viviani, par exemple, eût dû être considérablement développé
pour se présenter sur le même pied que la plupart des autres.
D'autre part, l'absence totale de références n'est pas sans contrarier
le lecteur, d'autant plus vivement que, dans une série de volumes
où souvent la discussion et la critique tiennent autant de place que
le récit des faits, il éprouve le besoin d'avoir sous les yeux les pièces
du procès. D'autre part, par définition même, l'histoire socialiste est
tendancieuse; elle prétend non seulement raconter, mais édiûer et
tirer une certaine morale des faits. Sans doute a-t-elle sur beaucoup
d'oeuvres pseudo- historiques la franchise de ne pas dissimuler cette
volonté, et il n'est que juste de rendre hommage à cette loyauté.
Encore est-il nécessaire pour le lecteur de ne pas perdre de vue celte
situation et d'apporter souvent certaines restrictions ou certains
tempéraments à maints jugements. Enfin, pour terminer le chapitre
des critiques générales, s'il convient de féliciter vivement les éditeurs
sur le choix tout à fait intéressant des gravures qu'ils ont annexées
à leur récit, il faut regretter que, souvent, ils ne les aient pas
accompagnées de notices explicatives; les légendes qui aident à com-
prendre les originaux sont en général illisibles dans les reproduc-
tions (nous ne pouvons en faire un grave reproche dans une édition
qui veut être à bon marché), et ainsi le dessin devient malaisément
intelligible, ce qui est regrettable, surtout pour un ouvrage d'instruc-
tion populaire.
Ces réserves générales faites, il convient de rendre encore une fois
hommage à la valeur générale de la collection et à celle que pré-
sentent en particulier les deux volumes que nous signalons aujour-
d'hui.
Celui de M. Viviani se présente sous l'aspect d'une histoire poli-
tique, beaucoup plus que sociale et économique, de la Restauration.
Le lecteur serait même tenté d'être surpris dans une histoire « socia-
liste » et dans une période qui offre un caractère si particulier et si
mm. 333
da ne trouver aucune tentative pour préciser quelle était
la condition matérielle et morale des populations laborieuses du
royaume. M. Vivian i s'est comporté à son égard avec autant d'incu-
riosité qu'eût pu Taire M. Tliiers ou lui autre historien le plus bour-
geois : il j a exactement douze pages lies douze dernières du
rolumc'i pour tout ce qui concerne (je reproduis le sommaire) :
■ Saint-Simon et ses disciples. L'enseignement de la Révolution.
L'état de l'industrie. La classe ouvrière. Saint-Simon. Ses œuvres.
Ses disciples. ■ A vrai dire, le travail de M. Vivian], rapide, bril-
lant, rédigé dans une forme volontiers recherchée, constitue un récit
popoWn fort distingué, d'allure tantôt critique, tantôt oratoire,
animé, agréable et parfois dramatique, plutôt qu'une œuvre qui
ajoute quelque chose à la connaissance que nous avions de la Res-
tauration.
Plus copieux, celui du M. Kournierc formera une excellente contre-
partie el un contrepoids précieux à Vllùtoire de la monarchie de
Juillet de M. Ttiuruau-lhngin. Dans ses critiques sévères sur l'im-
moralité et l'égoisme des procèdes du gouvernement de Louis-Phi-
lippe, l'historien reconnaîtra souvent l'expression de la vérité. S'il
ne souscrira pas a tous ses jugements, sur Guizot et Thiers notam-
ment, il doit rendre hommage à un très louable el 1res haut elTorl
d'impartialité chez l'écrivain. Les parties les plus intéressantes de
l'ouvrage sont celles qui su rapportent à l'histoire des classes popu-
laires et à celles des doctrines socialistes de 1830 à tsss. M. Four-
mère a tiré un excellent parti des documents qu'il pouvait rassem-
bler, cl sou livre contient une masse énorme de renseignements
précis el qui, auparavant, étaient dispersés. Quel dommage que l'in-
suffisance des références en rende difllcile l'utilisation I
Bu 1915, adn de donner a l'armée d'Afrique, aux colons el aux
indigènes un témoignage notable de la sollicitude du gouvernement,
il fut décidé que le duc d'Orléans se joindrait aux troupes «TOjéM
au H*1 Citait] pour venger l'échec de la Macta. Il s'embarqua
à Toulon le 31 octobre avec un nombreux étal-major et débarqua à
Alger le 10 novembre. M. Paul A»!4, déjà connu par ses travaux
antérieurs d'histoire militaire africaine, a publié dans le Bulletin de
t.-r SOQtéU de. ijfitiijrtipliir d'Alger et de l'Afrique du Xord une inté-
ressante élude documentaire, ensuite tirée a part. Les pièces inédites
qu'il donne se repartissent en deux calégories. Il y a d'abord les
pièces officielles assez ternes consistant principalement dans les rap-
ports envoyés quotidien nemetil par le maréchal Clause! au minisire
1. Paul Amu, te Due d'Orttani à Algrr tt à Oran en f.-i.î.v Impreuioni du
il H illtrtunçe*. Aigu, iai|ir. Ijpo-lllliognpliiqae ». Léoa, IKOC, l vol. in-8', GO p.
384 boixitoi nsTotiQin.
de la Guerre. Il j a ensuite les lettres du due d'Elcbingen à sa
femme. Le due d'BIdtfngen était le deuxième fils du maréchal Ney.
Officier d'ordonnance do due d'Orléans, il apportait en Afrique une
curiosité ardente et une nature passionnée et enthousiaste d'artiste
autant que de militaire. Sa correspondance, parfois un peu chaotique,
est aussi vibrante et colorée que sont froides et compassées les
missives officielles. Elles constituent une documentation toujours
amusante et parfois instructive.
Les monographies de Militaires, fils d'acteurs, qu'à groupées M. le
baron de Comiisoif9 intéresseront les curieux plus encore que
les historiens proprement dits : le colonel de Brancas, fils de Sophie
Arnould; le général Dumouriez, petit-fils du laquais de Molière,
acteur dans sa troupe, le capitaine de vaisseau et le commandant
Talma, le capitaine Pigaull-Lebrun, l'amiral Fleury, le comman-
dant Gardel, le colonel et le général Anselme, plusieurs autres font
l'objet de notices étudiées où sont mises au jour pour la première
fois bon nombre de pièces inédites. H. le baron de Conlenson y a
inséré d'assez nombreux aperçus politiques, philosophiques et
sociaux que plus d'un lecteur sera surpris de rencontrer là et
n'accueillera pas sans réserves.
Né en 4834, M. Gh. Coati*' fut nommé colonel en 4878, après
une brillante carrière militaire. Des infirmités prématurées l'obli-
gèrent à prendre sa retraite. Pendant vingt-six ans, jusqu'en 4904,
année de sa mort, il suppléa par une grande activité intellectuelle à
l'inaction où il se trouvait réduit. Ses amis, sous le titre de Notes et
souvenirs, ont réuni quelques morceaux sortis de sa plume à diffé-
rentes époques : des impressions de jeunesse et d'études, des souve-
nirs de la guerre de Grimée, une curieuse dissertation relative à
Sedan. Si ces pièces n'apportent pas grand'chose de nouveau à notre
connaissance historique (l'érudit n'y relèvera qu'un petit nombre
d'anecdotes et d'impressions personnelles), leur recueil sera parcouru
avec plaisir. Le colonel Corbin, qui dessinait fort joliment (quelques
reproductions dont le volume est illustré en font foi), maniait la
plume avec autant d'aisance que le crayon. Ses récits, vifs, colorés, où
se marient l'enthousiasme, l'humour et l'observation impartiale,
témoignent largement de cette ardeur à l'action, de cet entrain à
vivre qui constituèrent incontestablement une des caractéristiques de
la génération militaire qui s'épanouit dans la belle période du second
Empire.
1. Baron de Contenson, Militaires /Us d'acteurs. Paris, Pion, 1903, 1 vol.
in-8% xi-122 p.
2. Colonel Ch. Corbin, Notes et souvenirs d'un officier d'état-major, 1831'
190b. Paris, Hachette, 1906, 1 roi. ln-16, xi-301 p.
:*.
ï nombre de savants russes qu'attire l'étude du noire histoire
sociale cl politique depuis h lin du mu1 siècle va croissant. Sans
doute des préoccupations d'ordre pratique s'ajoutent chez eux à la
curiosité scient rtique pour li\er ainsi leur attention sur une certaine
catégorie de questions. Le souci de la poUtfqiMl nlerieure.de la reforme
nécessaire et laborieuse, hante tous les cerveaux russes; d'où chez les
meilleurs le souci passionné de trouver dans l'histoire des autres
pays des enseignements el des sujets de féconde méditation. C'est ainsi
que se sont multipliés les Iravaux auxquels je faisais allusion. Nous
ne saurions nous en plaindre, tout au contraire. Quelques-uns d'enlrc
eux, à commencer par ceux de M. tvareiev, sont parmi les plus sug-
gestifs ou les meilleurs qui aient élé publiés sur les sujets envisagés.
Celui que nous devons a M. TcHEniof-F1 mérite d'occuper dans cette
littérature une place distinguée. M. TVhernoff, qui a déjà publié des
éludes sur le Parti républicain sous la monarchie de Juillet et sur
Ut Associations et les sociétés secrètes sous la deuxième République,
a essayé d'écrire l'histoire du parti républicain sous le second
Empire. L'entreprise était considérable. H faut savoir gré à M. Tcher-
noIT de n'avoir pas reculé devant elle el d'avoir donné sur ce sujet
non pas un livre définitif, encore impossible a faire, mais un travail
méthodique el documenté, beaucoup plus riche en renseignements
exacls que ceux qui l'ont précède el qui tnarquu une étape appré-
ciable dans le progrés de nos connaissances sur l'histoire politique
du tix* siècle. M. TchernofTa consulté de nombreux documents aux
Archives nationales el au ministère de la Justice, des correspon-
dances el des mémoires inédits, cl a interrogé assidûment et avec
fruit un grand nombre de survivants du régime impérial. C'est géné-
ral, ïiimt avec critique el précision qu'il a opéré le classement el
l'enchainemenl de ces matériaux. Sou livre est 1res intéressant et
agréable a lire. lisl-il toujours parfaitement objectif? Quand l'histoire
touche de si près à la politique la plus brûlante, il est délicat de m
prononcer d'une manière absolue. Constatons que, très sympathique
au parti républicain, M. Tchcmoiï s'abstient de toute violence do
langage à l'égard du régime impérial, tout en le rendant responsable
d'un grand nombre de pratiques politiques blAmables dont d'autres
régimes se sont également servis. 11 met en lumière que le coup d'État
fut loin d'être accueilli dans tous les milieux ouvriers avec une btdlH
rence bienveillante, comme nombre de publiantes l'ont soutenu, mais
qu'au contraire ils restèrent eu grande partie sincèrement républicains.
1. I. Jtixeroatf, It l'artt républicain au coup d'Étal el sous U second
Rmplrr, d'i|im <k« ilor.umenU el Jcs souienirs iatdili. l'jrli, Pedoo*, 1906,
l Ml. I»*, X-ff76 p-
33* truxm amoutn.
U pe& Irzrûl (ai H.lkroTi* * éla&éU Pmri des
les frais dm cuite paroissial pendant ^application dm Concordai est
une contribution appréciable à rhistoirt de notre droit municipal et
à celle des rapports de rÉgf îsc et de TÉlat en France an a* siècle.
Une première partie étudie le système des articles organiques; la
deosième est consacrée an décret de 1839; la dernière à la loi de
1334 et à celle do 3 décembre 193$. L'auteur, envisageant dans sa
condosioo la vivacité des discussions et des qoerdles locales nées de
la participation des communes aux lirais du culte, se demande « si
toutes les faveurs budgétaires obtenues par le clergé, soit dans le
Concordat, soit à la suite du Concordat, n'ont pas plutôt nui aux
véritables intérêts de l'Église qu'elles ne les ont servis. » Quelques
dépouillements d'archives lui ont permis de joindre un petit nombre
de documents inédits à la bibliographie consciencieuse qui figure en
tète de l'ouvrage.
L'ouvrage où M. A. Dnipoca' entreprend de raconter l'histoire de
V Église catholique et FÊtat sous la troisième République est la
continuation naturelle de celui qu'il a publié en 1898 sous le titre
d'Histoire des rapports de V Église et de (État en France de 4789
à 4870. L'auteur Ta conçu comme une œuvre d'intérêt à la fois his-
torique et politique. Considérant que € la séparation s'imposait tout
d'abord comme une conséquence de l'ancien régime, qui, incons-
ciemment, l'avait préparée pendant plusieurs siècles par ses efforts
persistants et partiellement heureux pour s'affranchir de la théocra-
tie romaine », et qu'elle s'imposait « bien plus encore comme une
conséquence de la Révolution qui a proclamé les principes de la
liberté des cultes, de la laïcité de l'État el de la souveraineté natio-
nale », il s'est attaché à démontrer que c'est avant tout la mécon-
naissance par le parti catholique de toutes les tendances et de toutes
les revendications de la démocratie qui a contribué à préparer la
dénonciation du Concordat que la France avait eu le tort d'accepter
pendant un siècle et dont, malgré la logique des faits el des idées,
elle aurait peut-être continué à s'accommoder sans les fautes de la
papauté et du clergé français. Le premier volume de l'ouvrage, qui
en comprendra deux, se divise en deux livres : VOrdre moral (4870-
4879) et les Lois scélérates (4879-4887); le dernier chapitre de
celui-ci est consacré au rôle de l'Église catholique dans le boulan-
gisme et comprend l'année 4889. Des bibliographies utiles, quoique
1. E. Dupont, la Part des communes dans les frais du culte paroissial pen-
dant l'application du Concordat. Paris, Rousseau, 1906, 1 vol. in-8% viii-183 p.
2. A. Debidour, l'Église catholique et l'État sous la troisième République
(1870-1906). T. I : 1870-1889. Paris, Alcan, 1906, 1 vol. in-8% xi-468 p.
rUHCS. 337
forcément elles comportai! quelque chose d'arbitraire et d'incom-
plet. BOVt placées en tête de chaque chapitre. L'ouvrage de M. Debi-
dour constitue l'exposé documenté, précis et systématique de la
urique soutenue par la majorité parlementaire qui I M>U la
séparation de l'Église el de l'Etal.
La légitime autorité qui s'attache au nom de M. Eiotnoir-lAHw'
confère une valeur documentaire qui n'est pas négligeable au petit
volume où il a examiné Ce </ue l' Ëtai ilott à PÊgtbê, Selon la Ihese
qui ] ni développé* et qui s'appuie sur un enrUm DOmbfB d* con-
i [arkfiqiies, bJstoriqtiM et politiques, l'Eltt, es
rtnt de l'Agitas, use d'an droit incontestable, mais il faut qu'il
assure au culte des moyens d'uxistence suffisants pour son entretien.
lïien qu'actuellement les faits aient tranche la question et aient
enlevé au travail de M. Léouzon- Leduc, si récent soil-il, sou lltéfét
pratique, il ilcmeuri- une pièce a consulter dans l'immense dossier de
la séparation des Églises et de l'Eut.
M. de G6HTiOT-BlUM,l sollicité par M. Thiers, accepU la doulou-
reuse mission d'être i Berlin noire premier ambassadeur après le
rétablissement des relations diplomatiques entre la France et l'Alle-
magne. Dans les dernières années de sa vie, H entreprit d'écrire ses
mémoires « d'après les documents de toute nature, noi<
kJJsb, lettrée ptrttealiono, dépêsbea ofBeieUes, qu'il avait conservés
de sou ambassade à Berlin ». Son intention était de donner k réetl
des événements accomplis durant toute sa mission, c'est-à-dire- du
mois de janvier iMl au mois de décembre IS77. La mort l'inter-
rompit. Le seul volume qu'il ail rédigé cl que ses éditeurs ont dû
BOttplétW pu quelque- retouches s'arrête I la lin de 1X73. Il va
sans dire qu'il ne peut ajouter beaucoup de délai!- atoll et loédlte É
ce qui a déjà été publié sur nos relations avec rAllemague. Encore
contribuera- 1.- il sm quelques points a fixer les exactes responsabi-
lités de M. Thiers et de ptnsJeara de MB collaborateurs. La question
si délicate de frvwoeinsal de la date iférurnitlfHi du torrHolm natio-
nal en raison de l'avancement de la date des pSiemsnta de lindrni-
nité de guerre à l'Allemagne fut une de celles qui retinrent toute
l'activité de M. de (JonUuI-Uiron. Le lestent rendra justice sur ce
point au dévouement dont il fit preuve et a sa grande modestie. 11
constatera par ailleurs avec intérêt les répercussions de notre poli-
tique intérieure sur notre situation vis-.j-vis de l'Europe. Si la
,L«.n-l.ntur, Ct que tÈtal doit à itgtiit, pari», Pion et Nourrit,
i .«.).-,, i ni ms', m r-
. Vil si liiinlaiit-Ulron, Mon ambaitadr rit Allfmaçnt llS7i-lB73l.
l'aris, Hun M N.mrrll, I n.l. in S", ii-VU p.
Rit. Histob. XCIV. > r»sc. ES
898 BULLETIN HISTORIQUE.
manière dont les puissances européennes témoignaient à nos ambas-
sadeurs les sentiments avec lesquels elles suivaient les étapes de notre
évolution ne lui sera pas une révélation, il notera néanmoins avec
un soin particulier la déposition de notre ambassadeur sur ce point.
En entreprenant d'étudier la France moderne et le problème colo-
nial, ce n'est pas une nouvelle histoire plus complète et plus métho-
dique de nos colonies que H. Christian Schefer4 se propose d'ajou-
ter à toutes celles qui existent déjà. Son plan est plus original.
C'est, à vrai dire, l'histoire de notre esprit colonial qu'il veut nous
raconter, montrant les transformations successives que le dévelop-
pement de notre empire colonial d'une part et, d'autre pari, notre
évolution politique intérieure amenèrent dans les vieilles théories qui
avaient été le programme initial de la monarchie française au
moment où tout le summum de Fart colonial lui apparaissait être la
meilleure exploitation des Iles à épices et à sucre. « Fréquemment
incitée à développer ses domaines lointains, obligée en outre, pour
des causes très diverses, à discuter les conditions de leur vie, la
France dut, tout au long du xix* siècle, étudier presque sans relâche
le problème colonial. Ce problème a des aspects multiples et pose
une série de questions successives. Après s'être demandé s'il con-
vient d'acquérir des établissements lointains, il faut, l'affirmative à
peine adoptée, déterminer les conditions de la mise en valeur, régler
les rapports économiques avec la métropole, trouver la formule du
gouvernement. Depuis cent ans, chacun de ces points fut périodique-
ment examiné chez nous. Dans quelles circonstances et dans quel
esprit? Quelles solutions, d'autre part, prévalurent et pour quelles
causes? C'est ce que je voudrais essayer de montrer... » Au sens le
plus large du mot, c'est l'histoire de notre politique coloniale qu'en-
treprend de faire M. Christian Schefer. Le premier volume de son
travail fait excellemment augurer de l'ensemble. Une information
étendue et sûre, une méthode de références précise et complète, une
facilité élégante à s'élever quand il le faut au-dessus des documents
et à en extraire la substance donnent au récit de M. Christian Schefer
des qualités de premier ordre. Le premier volume, seul paru,
embrasse la période qui va de 4845 à 4830. Après un retour néces-
saire sur les théories coloniales de l'ancien régime et de la Révolu-
tion, il nous décrit avec agrément les diverses politiques qui se suc-
cédèrent sous la Restauration et le point exact où la révolution de
Juillet trouva les choses.
1. Christian Schefer, la France moderne et le problème colonial) 1815-1830.
Paris, Alcan, 1907, l vol. in-8% vm-460 p.
Le volume que M. Gusam ' l MOawé l ÎŒavr* dé la France nu
Tonkin, cl que présente une pféAMB ifc H< Ût [iMMHMHMl, NN lu M*€
profit par ceux qu'intéressent les études historiques et avec plus
■mon pu ceux que préoccupent les questions coloniales et en par-
ticulier l'avenir île nos possessions d' Indo-Chine. * Mêlé à l'une des
plus grosses affaires inilustrielles el commerciales du Tonkin »,
M. Gaisinan a vu de près les choses dont il parle et il a pri- le lofa ir
ensuite d'y réfléchit H dé DOW donner le résultat de ses relierions.
On trouvera dans son livre un clair résumé de la conquête du Ton-
kin. On y trouvera surtout de bonnes indications sur noire colonisa-
lion, et il fout le recommander a l'attention de nos dirigeants. Sur le
raracteru de l'Annamite, le développement nécessaire de renseigne-
ment pmCessiounel en Annam, les diflicultés que renconlre l'oxploi-
; Lille, il j a des pages excellentes qui doivent être méditées.
M. Gaisman ne fait preuve ni d'un optimisme liêat, — assez rare
chez ceux qui ont Tait de la colonisation lUlittfl av'flD BUatm, —
ni du pessimisme auxquels s'abandonnent trop volontiers ceux qui
H sont lancés à la légère dans des entreprises de cel ordre. Son livre,
sagement pensé et méthodiquement écrit, est de ceux qui donnent à
espérer que notre avenir colonial n'est pas négligeable et qu'en
Indo-Chine, en particulier, il y a encore une tâche Mie et profitable
1 remplir pour la France.
Le Iroisicnn' uilnine Al L'jtUtél du 0MMM1 du monde de
M. Octave Noix3 est consacré à la période qui s'étend depuis la
Itévolution française jusqu'à la guerre franco-allemande de )S"o à
187.. On connaît le caractère de crlti- publication considérable, pré-
sentée avec un certain luxe de librairie ri met d> g?&WM. l.'au-
i .iir i >ise moins à donner une histoire critique ou chronologique
des transformations des relations commerciales des peuples qu'une
>éhe de tableaux largement tracés des conditions dans lesquelles
elles se sont présentées successivement, dea phêi
eanetérWH et de la manière dool plies ont évolue, Ce n'esl pas a
un ouvrayi' d'énidiiiim propcWHBt dit que nous IfODI iflUn RHBl
■ I UbllOgnpbkJM qu'il i.Mitipfirli', i:V'sl ;i uni' n'inre
de large viiIlmm-.iI -l'ienlilique dans le sens le plus eleve du mol.
I.e travail de M. Noël, ainsi défini, répond bien à son but. Il se
divise en quatre livres, qui s'inlilulent : I' . Ère des restrictions éco-
i pwa • , I' * Ère des dégrèvements de tarifs el des conventions
1. Alhert Gïiimiw, FtEuvrt ite la Prôner au T-nkm. Paris, Aleu, L'JOfj,
WttO p.
'.'. Urlite |M|, lllsloirt du Cnnnurrc* 4n moiuff dtputi In ttmpi (m plut
rtculrt. Parit, l'Ion «l .Nourrit, 1900, I "il éd-V, 084 p.
340 BULLETIN HISTORIQUE.
internationales », le c Continent américain », a Institutions écono-
miques, maritimes et commerciales ». Partisan déterminé des idées
d'Adam Smith et de Gobden, M. Octave Noël ne dissimule pas son
admiration pour le formidable accroissement de richesses dont le
monde fut le théâtre pendant la période qu'il a envisagée et dont
l'avènement d'un esprit plus conciliant dans les relations interna-
tionales politiques et commerciales a été la condition nécessaire. La
guerre franco-germanique lui parait avoir marqué la reprise d'un
esprit international différent dont naturellement les conditions com-
merciales ont subi le contre-coup.
La tâche que s'est proposée M. Charles Benoist1 en entreprenant
d'étudier V Organisation du travail dans l'État moderne est consi-
dérable. L'État moderne, selon lui, est issu d'une double révolution :
une révolution politique d'une part, une révolution économique et
sociale de l'autre. Toutes deux ont eu des points de contact et des
phases bruyantes. Elles se poursuivent depuis plus de cent ans à la
fois distinctes et simultanées. Nous sommes les (Ils de cette double
révolution. La révolution économique a transformé psychologique-
ment l'ouvrier; la révolution politique a transformé juridiquement
l'État et l'a mis dans les mains du suffrage universel. Dans une
introduction générale intitulée : le Travail, le nombre et l'État,
M. Charles Benoist s'efforce d'esquisser les caractéristiques des
étapes de ces grands phénomènes. Elle constitue la préface de
l'enquête énorme entreprise par lui. Ayant tenté de marquer c la
position nouvelle de la question sociale, question politique, et des
problèmes du travail dans l'État construit ou à construire sur le
nombre », il se propose d'examiner ce qu'il est possible de faire pour
donner satisfaction aux desiderata et aux besoins divers de la démo-
cratie. C'est a dans le dessein de tirer des réalités positives les prin-
cipes et les formules de la politique sociale nécessaire » qu'il entre-
prend son enquête, a la plus large, la plus directe et la plus
impartiale qui soit permise à notre bonne volonté sur le travail con-
sidéré simultanément ou successivement dans les quatre domaines,
Travail en soi. Circonstances du travail. Maladies du travail, Thé-
rapeutique du travail, qu'il embrasse et qu'il unit en une sorte de
règne à la fois naturel et social ». Sans doute y aurait-il matière à dis-
cussion et sur les conceptions de M. Charles Benoist et sur cette der-
nière division. Mais, quel que soit l'avis personnel du lecteur, il
n'enlève rien à l'intérêt qui s'attache à cette œuvre. Le premier
1. Charles Benoist, la Crise de VÉiat moderne. L'organisation du travail.
T. I : te Travail, le nombre et VÉtat. Enquête sur le travail dans la grande
industrie. Paris, 1905, 1 vol. in-8% 496 p.
inivci: Wl
volume est consacre a l'élude du travail dans la grande Industrie.
L'auteur y traite successivement des mines dl lnnirll<\ M la inélal-
■ la construction mécanique. Je la verrerie cl de l'industrie
0 UmtM ces matières, M. Charles Benoisl ne s'est pas con-
tmU di: recourir aux statistiques et aui documents divers qui
auraient pu le rtnaaigaar. Il a paitMt tenu a faire bénéficier son
étade de l'autorité particulière et du sentiment de la réalité qui sert
le propre de l'observation personnelle.
Nous ne pouvons ici que signaler sans nous y arrêter comme il le
mériterait à Unit d'e^ards l'important travail de M. E. n'Eu m nu. sur
ta Formation des richesses' . Cl n'est pas en effet la science historique,
mais bien plutôt les sciences économiques et QOfitllOT qtu MOMll
revendiquer comme leur celle analyse IttMUn, exempte de parti
ptfa ''i aoinal profonde, dea ooadiUoaa dans lesquelles se forme et
se distribue la richesse. Elle constitue un effort intéressant puur ten-
ter de concilier une partie des prinei|ies fournis par l'ancienne éco-
nomie politique orthodoxe avec les données que fournil l'observation
et l'expérience contemporaine.
L'histoire de l'Internationale esl encore à écrire. L'ouvrage dont
M. James QuàUPatl* a entrepris la publication sera une contribution
précieuse pour celui qui abordera cette tache. M. James Guillaume,
jeune professeur ;t l'école industrielle du Lucie, puis imprimeur, fut
un des initiateurs du mouvement socialiste dans la Suisse romande
et publia de nombreux arlicles dans le Progrès du Locle, V Égalité
■ hSotidmtté dl Hmfcbàtalfll h Uull'Un de. la Fédération
juraitique. liakouiiine, malgré la différence des âges, lui écrivait,
des les premiers temps de leurs relations, vouloir » devenir son
intime lant par la pensée que par l'action -. Leurs relations devinrent
effectivement de la plus grande intimité. M. James Guillaume, dans
le bul de faire connaître à la jeune génération socialiste l'œuvre
exacte accomplie par ses prédécesseurs dans la Suisse romande, ne
s'était propose primitivement qua de rétmprilBM DM partie dM
articles publiés dans les journaux auxquels il collnbora. Sur le con-
seil de ses amis, il a élargi son plan et entrepris - d'écrire une nar-
ration suivie, déposition d'un témoin sur les hommes et I
poqw ■■ Aux articles de journaux, H a ajouté aoa RmIi -le
pièces de diverse nature : lettres inédites pu plus intéressantes sont
;: kl, la Formation des Hcliesies et vs conditions loeùittt
mjhattm Parts, akn n Grafljjooda, IMS, i roi in-s*. xivm-4M p.
2, lime* Guillaume, l'Internationale. Iincumeals et toisventn iI864-l$~8!-
T. I. Par», Soriete nouvelle de librairie H d'édition, l!»5, I rat, in -S-,
n-SH p.
942 BULLETIN HISTORIQUE.
de Bakounine), statuts, résolutions des congrès, circulaires, etc. Il
a offert ainsi au public à la fois un recueil de documents et une col-
lection de souvenirs qui constituent une contribution tout à fait
importante à l'histoire de l'Internationale. L'ouvrage comprendra
trois volumes. Le premier va de 4864 à mars 4870.
Les livres sur le socialisme ne manquent pas. Celui que M. Mbb-
mbix lui a consacré a une physionomie particulière4. Journaliste et
homme politique plutôt que sociologue ou historien de profession, il
a voulu offrir au public qui ne s'est pas spécialisé dans l'étude des
questions sociales un bilan exact, complet et animé du mouvement
socialiste. Son livre, écrit avec agrément et vivacité, présente avec
netteté et impartialité, sinon toujours sans malice, les questions et
les individus et joint à ses qualités d'expression des qualités sérieuses
de documentation. La première partie est consacrée à l'exposé objec-
tif de la doctrine socialiste. La deuxième en décrit historiquement
le développement en France. La troisième indique les objections que
les économistes et les publicistes conservateurs opposent aux cri-
tiques du socialisme et formule quelques conjectures sur l'organisa-
tion du futur régime socialiste.
Le petit travail où M. Jules Tbssibb* raconte l'Élection du roi des
Belges en 4834 est inspiré par le désir de mettre en lumière les effets
bienfaisants de l'entente franco-anglaise sous Louis-Philippe. Tandis
que le duc de Broglie avait semblé reporter à la monarchie de Juil-
let et à ses agents tout l'honneur de l'ensemble de négociations qui
aboutirent à la reconnaissance de l'indépendance et de la neutralité
de la Belgique, M. Tessier s'est appliqué à souligner le concours pré-
cieux et, avoué par Talleyrand lui-même que les vues françaises ren-
contrèrent de la part de lord Palmerston, qui au moins en cette occa-
sion ne mérita pas sa renommée d'incurable gallophobie.
Entre les partis conservateurs ou réactionnaires d'une part, les par-
tis démocratiques à tendances plus ou moins socialistes de l'autre,
les libéraux ou modérés, de quelque nom qu'on les appelle, ont une
situation de plus en plus difficile et subissent à l'heure actuelle une
crise un peu partout. Elle donne à leurs hommes politiques le goût
et le loisir d'étudier l'histoire, particulièrement celle de la période
récente qui vit l'épanouissement plus ou moins complet de leur pro-
gramme. Ces études sont sans doute capables de leur procurer un
1. Mermeix, le Socialisme, Dé/initions. Explications. Objections. Exposé du
pour et du contre. Paris, Société d'éditions littéraires et artistiques, 1906,
1 Toi. in-12, vn-363 p.
2. Jules Tessier, l'Élection du roi des Belges (novembre 1830-juiUct 1831).
Caen, Delesques, 1905, 1 vol. in-8% 77 p.
nutca. 343
réconfort, mile pourtant de quelque amertume, Elles Intéressent dans
tous les cas la teitotu bîstoriqiM El la nombre de tntua tatiaoalflaa
; cible que l'on doit a ces retraite-, iiioipn'iiliines 00 définitifs
de l^nUon, "it lia retracèrent avec plus de sens de la réalité ut quelque-
fui- plus de pution que lepurerudiL les carrières de leurs prédéces-
seurs. La Belgique a une histoire politique courte. Elle a déjà de
nombreux historiens. La parti liln-ml, pour no nous en leuir Qja'a
lui, voit successivement tOOMOtt des monographies à ses princi-
paux représentants. Kogier a été l'objet Baguera de Ptttatl la plus
mineuse. C'est aujourd'hui au tour de Krère-Orban, son cadet,
s son ami politique, l'un de ses collabora leurs au pouvoir, tempo-
icril plus comballif et parfois plus imprudent, assurément l'un
i grands orateurs et des maBtcan cerveaux de son parti, qui
trouve son biographe distingué en la personne de M. Knum*. Haï
des caLholiqui's ri BQq goAté k gaocba (ne BétrlsaalWI pat m ISM
« les doctrines immondes du socialisme moderne *Tj, il participa
énergiquemenl à l'action des gouvernements modérés au milieu du
siècle dernier. Parfaitement au courant de tout ce qui concerne son
héros, partageant ses idées, pourvu d'une connaissance étendue des
questions auxquelles il Tut mêlé, M. Hymans a aooOQpH '
considêrahlc dont seul le premier volume est paru et qui, RBpCftarX
pour l'histoire de la Mexique, est également une contribution appré-
ciable a l'iii-toire îles partis libéraux eu Europe.
Les Pamphlet» du dernier jour, de OiILTU*, dont M. B, Uiitiir-
lkvt donne une lionne traduction, ne sonl pas une nouveauté. C'est
o'prmi lui un sentiment d'actualité qui en a dicté la publication. Les
rlill'iTcnU BWraaun qui eonatitoeal H recueil (le Temps présent. —
Prisons modèles. — Le gouvernement moderne. — D'un gouverne-
ment uouveau. — Éloquence politicienne. — Parlement. — S ta lu 0-
■ r ■■ - — ItedUl luttât publiés par i'.arljle de février à août
1830. Ils furent Inspirés par la vue du mouvement démocratique
dont l'Angleterre était alors le théâtre et en constituent une criliquo
wnl.'nir .'t passionnée. Ceux BêON Ojd pTOftaMM dans l'avenir de
notre dtawflratij dm oonflaM* plus optimiste que Carlyle ne pour-
ront manquer de rendre parfois hommage à la vigueur de pensée de
l'écrivain, lJ',iulr>- r.lnmvi .n.nl chez lui avec satisfaction un grand
KM eritiques qu'elle cuniinne de soulever. Les Pamphlet*
I. Ptol Hjmani, Frère- Or dan, T. I : ttt2-td&. Bru telle», Lrbègur, t »ol.
- .70 p.
H Carljle, PamphieU du drrmrr jour. Tfadait de J'angUi», avec
ue Inlroduell.io cl d«i doM, ptr Edmond lUrthrlrmj. Parti, Sodete du Uor
eure d« l-Yum, 1006, 1 vol. ta-lï. 111 p.
344 BULLETIN HISTORIQUE.
du dernier jour constituent de toute manière un document d'his-
toire politique important qu'il faut remercier M. Barthélémy de nous
avoir rendu aisément accessible.
Le troisième volume de l'histoire de la Renaissance catholique en
Angleterre de M. Thureau-Dangin1 se compose de deux parties si dis-
tinctes qu'elles pourraient sans inconvénient être séparées. En effet,
les deux courants issus du « mouvement d'Oxford », d'une part le
courant proprement catholique, de l'autre le courant anglo-catho-
lique, tendant à catholiciser plus ou moins l'anglicanisme, ont
divorcé de plus en plus à mesure qu'ils se sont éloignés de leur com-
mune origine. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les cinq cha-
pitres qui sont consacrés à l'histoire du catholicisme en Angleterre
depuis 4 865 forment un tout qui n'est relié que d'une manière indi-
recte aux quatre derniers consacrés avant tout à la querelle du ri tua-
lisme. L'intérêt de ces deux parties est fort inégal. La deuxième ne
comporte guère que le récit des interminables disputes dont fut l'ori-
gine l'introduction dans l'église anglicane d'un certain nombre de
pratiques empruntées à l'église romaine. A vrai dire, la querelle avait
au fond beaucoup plus d'importance qu'il ne semble à parcourir ces
ennuyeux débats sur le port de la chasuble ou la position du prêtre
à l'autel. Il s'agissait de savoir si oui ou non l'anglicanisme évolue-
rait vers le catholicisme. Le récit de M. Thureau-Dangin permet de
suivre facilement les péripéties de la lutte. Mais les lecteurs s'atta-
cheront de préférence à la première partie de son travail, où il a mis
en relief, avec beaucoup de soin et un grand nombre de citations bien
choisies, les deux physionomies si intéressantes et si attractives à
des titres divers de Newman et de Manning. Bien que son livre ne
contienne comme sources que des documents connus et des ouvrages
de seconde main, il sera à ce titre consulté avec profit, non sans que,
bien entendu, le lecteur, dont les convictions diffèrent de celles de
M. Thureau-Dangin, ait souvent à y apporter quelques retouches
d'appréciation.
La question agraire en Irlande a fait l'objet de nombreuses publi-
cations. Les maux nés des abus de la grande propriété en Ecosse
sont beaucoup moins connus. D'une part, la question ne se double
pas d'un conflit politique comme dans l'île voisine; d'autre part, elle
n'intéresse guère qu'une population d'environ 350,000 habitants,
treize fois inférieure à celle de l'Irlande. La situation des « croflers »
d'Ecosse n'en est pas moins très digne d'examen au point de vue
1. Paul Thureau-Dangin, la Renaissance catholique en Angleterre au
XIX9 siècle. 3* partie : De la mort de Wiseman à la mort de Manning,
1865-1892. Paris, Pion et Nourrit, 1906, 1 vol. in-8', m-543 p.
humanitaire, et on saura gre à M. UicxapRNTiEn ' de l'avoir exposée
avec clarté et précision. L'introduction de la paix anglaise dans les
llighlanrfs et dans les Iles après la défaite de la révolte jacobile de
474.*v amena la substitution du système, féodal de la propriété RwelSfl
(suivant le droit anglu-norm.ii || [ in ipriétij commu-
nautaire des Celtes, métamorphosa les belliqueux hommes de dans
en misérables tenanciers (« crolïcrs >■) dont le développement du
budlordlunemidil bieotol la ttimikn trèi difficile. Tout le m' siècle
tes vil en proiu à une misère I IttjttBfl les grtnda propriétaires et le
gouvernement anglais nu conçurent longtemps qu'un remède : l'émi-
gration. Ce n'est que depuis l'année I8«0 qu'une série de mesures
, ilmit |i' point de départ fut l'enquête de la Croftrrs com-
mission de 1*83, Rappliqueront a porter une amélioration a leur
condition. LUles paraissent devoir aboutira créer une classe de petits
propriétaires exploitant leurs terres dans des conditions de vie lolé-
raliles. Mais la quantité de lerre distribuais étant beaucoup trop
faible pour subvenir aux besoins de la population, il ne parait pas
qu'en l'absence d'une émigration considérable ou d'un changement
de mœurs difficile â prévenir une améliora! ion sérieuse et solide
puisse élre réalisée.
Hieu que le (ait qu'il ait paru antérieurement a la reunion de la
première douma ail enlevé au volume on M. Kovilewsii a étudié la
CntM nueH l'attrait de l'actualité, il nVn mérite pu matas fettes-
tion de ceux qui suivint ta agitations multiples et incohérentes dont
b Russie est le théâtre et cbcrchenl à entrevoir le terme où elles
aboutiront. Le livre de M. Kovalewsky, professeur d'économie poli-
u|iir si acteur politique du drame, est à la fols une étude historique
et la déposition d'un témoin. Il éclaircira pour le lecteur occidental
un grand nombre oVobseoritée qui environnent certains phénomènes,
I ri'inirv eofflpte de EellI Qjal paraissent difficiles l eoo-
prcmlre a qui est mal instruit de l'étal des mœurs ou des onmais-
tueee do peuple russe. Rien de plus curieux et qui jette un jour
pilla toStmeUf ttir In di Incultes ou se débat la Russie que le passage
ou H. Kovalewsky explique la manière dont, dans les milieux bien
pensants, on expliquait le mot « liberté île conscience » qui figurait
dans Ions les pTOgrui il-un, i la faculté
i PB préPCOMpef .■luinvneut dea devoirsque nous dicte notre
. SloeefeOMlt démocrate et Miterai, M. Kovalewsky ne
]. <ir»rgt> IfMVfWlIw, la QutMion ii'jrolre tt'Ècottr el lu ceo/ieri. Part),
:, 1900, I vol. ln-8-, 84 p.
I Marint Kot«ltwiky, la Crite nuit, .lot** tt fmprMfioiu d'vn UBMÉS.
P*rii, Olin) et firkr», IllOB, t vol. te-U, 304 p.
346
BCLLETI1 HiiTOBtOCB.
méconnaît pas d'autre part les difficultés qu'il y a a investir du droit
de suffrage une foule d'illettrés d'une ignorance aussi totale et à
précipiter trop vite le mouvement réformateur. Si peut-être les résul-
tats de la première douma n'ont pas justifie les espérances assez
optimistes qu'il énonce dans les dernières pages de son livre, nul
ne saura lui en faire grief, et bien (les lecteurs souhaiteront le voir
poursuivre pour notre instruction ce commentaire des premiers pas
et des premiers balbutiements de la Russie dans la voie parlemen-
taire et démocratique. Il faut le souhaiter historien de la deuxième
douma, qui sans doute sera assez différente de la première.
Le matl de Goamio continue d'être a la mode et devient de plus
en plus une autorité. En matière philosophique, la légitimité de celle
autorité est discutable. En matière historique, elle ne l'est pas : elle
est nulle, sauf sur l'histoire moderne de la Perse. Le comte de Gobi-
neau a eu sur une foule de sujets des vues très intéressantes. Il a
été dépourvu des connaissances précises et des habitudes de méthode
qui constituent le fond indispensable de tout historien. Ses livres ne
pourront donc être utilisés qu'à titre d'essais curieux, souvent sug-
gestifs, non autrement. C'est dans ses limites seulement que devront
être consultés les deux opuscules datant l'un du début, l'autre de la
(in de sa carrière, consacrés tous deux à la question hellénique, dont
une nouvelle édilion vient d'être puliliée1. Jusqu'à quel point les Grecs
ont le droit de tirer orgueil des doctrines du prophète de l'arvanisme
pourrait être discuté. Laissant de coté les questions ethniques, recon-
naissons que les ph il hellènes sont fondés à revendiquer le comte de
Gobineau pour un des leurs eta mettre à même le public de lire faci-
lement ses œuvres, qui méritent d'être lues.
Dans un volume dédié à M. Vallé, ancien ministre de la Justice,
MM. César Be**tt*b, El Midi SediI, Abdkliziz Ettéalbi se sont effor-
cés de démonlrer V Esprit libéral du Coran7. Du texte même du livre
sacré et des Hadiths (commentaires du Coran faits par Mahomet et
propos tenus par lui pendant son existencel, seules sources de la
religion musulmane, ils se sont appliqués à extraire un certain
nombre de propositions identiques à celles qui inspirent la civilisa-
lion française démocratique moderne ou conciliâmes avec elle. Leur
buta été de faciliter ainsi pour te plus grand bien de leurs conci-
toyens le rapprochement entre les Français et les Musulmans sou-
mis à leur empire. Leur interprétation est-elle toujours rigoureuse-
1, Comte ilr Gobineau, Deux études sur la Grèce moderne : Çapodistrias.
Le royaume des Hellènes. Paris, Pion et Nourrit, 1905, 1 vol. io-12, iv-3'25 p.
2. Céur Benailar, El H.irti Sehaï, Abdelaiii Ettëalbi, l'Esprit libéral Au
Coran. Paris, Leroux, 1905, t vol. in-S-, 100 p.
Fa*ncE. 347
ment conforme a l'esprit du Coran? L'intention conciliatrice qui Isa
a Inspirés trouveral-elle des échos el dus concours dans le monde
musulman? Il ne convient pas de répondre à ces deux question* avec
i pttariaOH irnp inwrt Dans tous les cas, le pelil triai |IM
nous signalons mérite d'élre rwQOUDBlldé .1 l'attention particulière
de MU qui ont à veiller dans nos colonies aux rapports des colons
et des indigènes. Ils y trouveront des indications dont a l'occasion ils
leur sera peut-être possible de tirer parti.
Il y 1 longtemps que la Chine est vulgairement catalogué* comme
la nation la plus routinière Si la plus, aveulie de l'univers. C'est donc
Matiws hatlus que de Doua v rftrtlW DM race 1 novatrice
et guerrière •'. M. le capitaine s'Ouan, récemment envojè en
Orient par le ministère de l'Instruction publique, s'y est appliqué
Puisant dans les volumineuses Annales où est racontée l'histoire de
la Chine, il a pu sans peine montrer combien de révolutions poli-
tiques, sociales el religieuses ont bouleversé ce pays que l'on repré-
sente trop souvent comme llgé dans une immobilité séculaire, com-
bien de guerres atroces ont ravagé ces territoires réputés ceux d'une
nation formaliste el pacifique. Commentant ensuite les événement-
récents dont la Chine a été le théâtre ou qui y ont eu leur répercus-
sion, il entreprend de imus comiMn OW les Chinois n'ont rien
perdu de la valeur guerrière et de la capacité de renouvela DJ ajlH
leur histoire, envisagée sans idée préconçue, nous impose le devoir
de leur reconnaître. Le livre de M. d'Ollone sera lu par le public
cultivé avec profit. Si peut-être, prise à la lettre, la thèse de l'écri-
vain ne lui paraîtra pas exempte de quelque exagération, il en recon-
naîtra néanmoins pour une large part le bien fondé. La manie de
1 du lllHMM nlhliw de détail a accrédite en autre matière
que sur l'histoire de Chine bien des idées fausses. Comme le
remarque justement M. d'Ollone, la China ne représente pas un pays
■ inniie el habite par une nai au Niupérament déterminé
comme l'Italie ou la Grande- Bretagne. 1 La Chine » esl une expres-
sion analogue à ■ l'Europe ». Clle comprend une foule de nationali-
tés à des stades de développement différent cl qui se sont amalgamés
et séparés de manières très diverses. Kilo peut nous reserver bien
des surprises, lit les buropéeus agirenl conformément a la prudence
aussi bien que conformément a une NOM BètbMk adaoUAnUfl en
l'étudiant d'une manière précise cl objective. Il esl a remarquer
qu'un grand nombre des hommes les plus clairvoyants qui ont vécu
1. CipiUdnp iTOUone, la Ckine novatrice t
In-lS, vi-31P f.
guerrière. Pari», Colin, I rai.
348 BULLETIN HISTORIQUE.
en Extrême-Orient et ont pu puiser dans leur expérience personnelle
une connaissance autre que livresque du caractère chinois se ren-
contrent assez exactement dans leurs appréciations avec celles que
M. le capitaine d'Ollone formule en s' appuyant principalement sur
l'histoire.
Sur le Siam et les Siamois, M. le commandant E. Lunet de Lajon •
quiIbe4 a donné un volume qui est plus qu'un simple récit de voyage.
Auteur de Y Inventaire descriptif des monuments du Cambodge et
parfaitement instruit des langues, des mœurs et de l'histoire des
régions indo-chinoises, il Ût, depuis Bangkok, dans l'intérieur du
royaume de Siam, vers la fin de 4904, une excursion d'environ
4,800 kilomètres. La relation qu'il a rédigée de cette randonnée a été
pour lui l'occasion d'intercaler dans son récit souvent pittoresque
une série d'aperçus intéressants sur les mœurs et l'histoire du
royaume de Siam. Ceux qui, dans son volume, chercheront plus que
du divertissement regretteront peut-être qu'il n'ait pas donné à ce
genre de considérations une forme plus systématique et n'ait pas
élagué de son travail, comme il eût été aisé de le faire, quelques
répétitions ou négligences. Mais ils le suivront avec grand profit et
confiance dans sa narration pleine de vie qui donne toujours le sen-
timent de l'exactitude et de la réalité.
M. le Dr Bœck' a fait dans l'Inde quatre voyages : en 4890, 4893,
4895 et 4898. Dans son dernier séjour, il eut la bonne fortune de
pouvoir visiter, pendant quatre semaines, une région que la nature
et ses mœurs rendent assez difficilement accessible à l'étranger : à
savoir le Népal, situé au pied de l'Himalaya. M. le Dr Bœck, au cours
de ces voyages, a pris de nombreuses notes et de nombreuses photo-
graphies. Le volume que publie la maison Hachelte en reproduit une
grande partie et sans doute la meilleure. M. le Dr Bœck ne s'est pro-
posé ni de donner une étude d'ensemble sur l'Inde ni, à proprement
parler, le récit de ces quatre voyages. Il s'est borné, nous disent ses
éditeurs, à conduire le lecteur à travers l'Inde, de Ceylan au Népal,
en « lui présentant, au cours d'une route habilement tracée, le
spectacle des merveilles choisies, la synthèse des mœurs et des curio-
sités ». Le lecteur suivra avec plaisir le voyageur dans son exposé
qui, s'il manque assez sensiblement de plan et de méthode et laisse
entrevoir des lacunes, des suppressions et des raccords qui ne sont
1. Lunet de Lajonquière, le Siam et les Siamois. Paris, Colin, 1 toI. in-18,
358 p.
2. Dr K. Bœck, Aux Indes et au Népal. Paris, Hachette, 1 vol. in-8*,
vn-252 p.
nuice. 349
pas toujours des plus burent, contient niumoiiu un arma grand
I Un' d'anecdotes amusantes et quelques notations qui valent
née& T.'i.'si naturellement, la partie qui concerne le Népal
qui nous apporte le plus de faits et de documents relativement nou-
veaux.
Signalons, en terminant, le volume que M. André ÏAUtBfl vient
dj publier sur la Conférence d'A/i/tsiras1. Rédacteur au FotBf,
M ï.i.'iiini i durant le oonfllt marocain, défendu dans ses bulletins
â peu près quotidiens dm Urau <\w beaucoup d'hommes, n Frmaa
et ailleurs, — parmi eux le signataire de ce bulletin, — uni estimé
être â la fois la thèse française, celle du droit et celle de la bonne foi.
Oux même dont le point de vue a dilferé du sien ont constaté la
documentation, la force d'argumentation, le talent et le retentisse-
ment européen de l'elte campagne de presse. Ayant été polémiste,
M. Tardieu veul être aujourd'hui historien : dans MB nouveau
volume, d'un caractère purement documentaire, il a entendu mettre
à même le public de juger lui-même les frits, en réduisant au mini-
mum les appréciations personnelles. Trois séries île renseignements
parallèles, souvent inédits : discussions publiques à la conférence,
pourparlers eonSdeolMa enire plénipotentiaires, négociations entre
rfM, ont constitue ses sources essentielles. Dans une pre-
mière partie, il ■ montre ■ In iMMS, les droits cl les intérêts en pré-
sence; le milieu politique et local; la rencontre des délègues; leurs
travaux économiques >. I>a deuxième anaijse * les tractations
i des plénipotentiaires français et allemands eu vue d'un
rd direct; l'intervention des puissances dans ces tractations inu-
. b faillite de ces entretiens a huis clos ». La troisième partie
a crise de la conférence, les débats publics sur les questions
Otpitalea (fe U banque et de la police, le premier vote, ses effets heu-
: le recul provoqué par la chute du ministère Rmivier. La
Pttnot « les efTurls de M. Léon bourgeois pouf rétabli* la
situation européenne; l'acheminement laborieux van l'afflMltS; les
dernières discussions sur l'inspection et la répartition des ports ». Il
faut souhaiter des lecteurs nombreux et attentifs au volume de
i Pi méditeront utilement la crise peut-être la plus grave
et la plus suggestive que la France ait traversée depuis 1875.
André Liciitihibeigek.
1. la Confrrmee d'Algéiimi. Ihtfoirr diplomaliqut lie ta critt marocains.
P»rl», V. Alun, IS07, in-B-, m-
350 BULLETIN HISTORIQUE.
Publications diverses. — M. Ph. Laubi a publié dans le premier
et le deuxième fascicule du t. XV des Monuments et Mémoires de la
Fondation Eugène Piol un mémoire du plus haut intérêt sur le Tré-
sor du Saneta Sanetorum du palais de Latran, accompagné de dix-
huit planches d'une exécution excellente qui reproduisent les pièces
les plus importantes conservées dans l'Arche de cyprès du pape
Léon III (795-846) encastrée dans l'autel de la chapelle du Saneta
Sanetorum. Cette chapelle du xiii* siècle, qui a subi malheureuse-
ment de nombreuses restaurations, est la seule partie subsistante de
rancien palais du Latran. Les peintures dont M. Lauer nous donne
une description détaillée et une reproduction complète en héliogra-
vure remontent vraisemblablement à la fin du xiue siècle et, malgré
les retouches, sont des documents précieux pour la peinture de l'école
de Gavallini. La chapelle contient aussi une admirable icône byzan-
tine antérieure au xiii* siècle dite Image achiropoète du Christ.
M. Lauer, qui avait réussi, pendant son séjour à Rome, à force de
patience et de diplomatie, à compléter par des fouilles pratiquées sous
la Scala Santa les études historiques et archéologiques qu'il avait
entreprises sur le palais du Latran (cf. Mélanges d'archéologie et
d? histoire, t. XX), avait en vain essayé d'obtenir la permission
de voir et d'examiner les reliquaires contenus dans l'Arche de cyprès,
reliquaires dont on savait l'importance et la haute antiquité, qui
avaient été constamment exposés aux fidèles au moyen âge, mais
qui, depuis le pontificat de Léon X, restaient invisibles derrière les
portes de bronze et la grille de l'autel. Par bonheur, le Père jésuite
Florian Jubaru obtint en 4903 d'examiner, dans une intention pure-
ment religieuse, le chef de sainte Agnès contenu dans l'Arche, et
M. Lauer fut admis, après le P. Grisar, S. J., à voir et à étudier cette
précieuse collection de reliquaires. 11 nous en donne aujourd'hui une
description complète4. Les inventaires anciens des objets contenus
dans l'Arche, que M. Lauer a tous reproduits, nous assurent que
cet incomparable trésor nous a été conservé tout entier. Les plus
récents parmi ces objets sont du xue ou du xiii6 siècle; les plus
anciens remontent au ive ou au ve. Indépendamment d'une série
d'authentiques du vie au xiii0 siècle, d'un feuillet de Tite-Live en
onciales du v*-vie siècle, de fragments manuscrits, de monnaies,
sceaux, croix, plaques, tissus orientaux et menus objets, parmi les-
1. Le P. Grisar a, de son côté, consacré une étude à cette même collection
dans les t. II, III et IV de la CiviUà cattolica de 1906. M. Lauer a aussi, en
1906, donné un aperçu de ses recherches dans le t. XX de la Bévue d'art
ancien et moderne et dans le t. X du Moyen âge.
-- *i
les sandales du CbrisI, le cilice de Jean-Baptiste cl un bout
I ojpl aal évidemment un morceau des roseaux dout ou a
t.iirisl, l«- trésor se compose de deux croix d'or, douze cof-
frais île mêlai, dont sept eu argent, huit objets d'ivoire, douze boites
en bois et un llacon du cristal de roebe. Tous ces objets oui un inté-
rêt archéologique de premier ordre. Les plus précieux sont : \" une
croix d'or ornée d'émaux cloisonnes représentant des scènes du la
vie du Christ en partit losplféta dea apocryphes, croix qui parait
Un Mlfa du pape Syuimaque (4tt*-M4) retrouvée au Vatican par
Serge 1" (087-701). T Une croix d'or gemmée contenant un des pré-
' ombilic du Christ, très probablement celle qui fut donnée
B Hadrien 1" par Charlemagne. Bien que sainta Brigitte ait fpnaA
l'authenticité de ce prépuce, nous préférons nous en lenir I la saga
déclaration d'Innocent NI : < Mclius est Deo lotum cominittere quam
aiiud leinere dellnire. » 3° Le coffret cruciforme d'argent dore con-
(enaut la susdite croix, dont le couvercle et les faces latérales -ont.
tném de scènes de la vie du Christ eu repoussé et ciselées d'une
BséouUOB remarquable, lluu inscription nous apprend que ce colTret
■ h.' uéwU par l'ordre du pape Pascal, Pascal I" (N47-824) d'après
M. Lauer. 4° Un colTret d'argent byzantin à deux couvercles, dont
l'un était orné d'un grand émail reclangulaire et do douze médaillons
d'émail il n'en subsiste que trois) et avec quatre saints en repoussé
et ciselés. L'anneau du pécheur de Nicolas III ((277-1280), le plus
ancien connu, est attaché a ce colTret, qui est d'une date postérieure
MU éSSQX, ceux-ci étant peut-être du »* siècle, le coffret du xi*.
5* Une pjxide d'ivoire chrétienne, mais à sujets païen* du if ou
v* siècle. 6* Un beau bas-relief d'ivoire du v*-vi* siècle représentant
la guerison do l'aveugle de Jéricho. Mais tous les objets décrits par
M. Lauer uni leur intérêt; les historiens et les archéologues lui seront
reconnaissants d'avoir ramené à la lumière ce précieux trésor archéo-
le l'avoir si bien fait connaître. Espérons que son travail
M salai dfl P. BfiMr (ttoMemil k Sajnt-Sie;re a transporter ces objets
dans un lieu où le public pourra les admirer, les étudier et les
Sous ne pouvons qu'annoncer aujourd'hui la belle publication die
M. Jean (tau», les deux premiers volumes du Cariutairr dr Notre-
Dame de ProuitW ;i'icard et BU), .Nous laissons à notre- collabora-
1. Hob lect«orf n'ont pu oubli* IVirellwl ■fflctl publie tn 18'J7 pir II. Gui*
(M Iiominiçu* et ta fondation du monatlèrt d» ProvMe, où il ■
munir» lïin|«iiUfn-i> de Mil* fnailtlloii pour ««lui Dominique, tpii y rtilila ciiiii-
Uinuivnl, et |Hfiir U Julie contre llii-ioic.
352 BULLETIN HISTORIQUE.
leur M. Ch. Molinier le soin d'analyser et de juger cet ouvrage qui a
coûté à son auteur douze années de labeur et qui nous parait un tra-
vail d'érudition de tout premier ordre. Un troisième volume qui
paraîtra prochainement contiendra le texte de la visite canonique
(Visitatio Pruliani) faite en 4340 par Pierre Guy, prieur provincial
de Toulouse, à Prouille et dans les dépendances, avec une préface sur
l'administration des domaines ecclésiastiques, les index généraux et
la bibliographie. Les deux volumes que nous recevons aujourd'hui,
pourvus aussi de tables et index du cartulaire, se composent d'une
introduction de 354 pages sur VAlbigèisme en Languedoc aux XII*
et XIIIe siècles et du cartulaire de Prouille ou plutôt du recueil de tous
les actes que M. Guiraud a pu recueillir sur Prouille et ses dépen-
dances : actes de fondation (4206); bulles pontificales (4245-4323);
privilèges seigneuriaux et royaux (4244-4342); actes dominicains
(4258-4344); actes de profession et donation (4207-4334) et actes
divers (4244-4427). Ces 534 pièces sont loin de représenter l'en-
semble des documents que nous devrions posséder sur le monastère
de Prouille. On trouvera dans l'avant-propos de M. Guiraud le récit
lamentable des déprédations et des dispersions dont les archives de
Prouille ont été victimes depuis la destruction du couvent à l'époque
révolutionnaire. Recueillis ou égarés chez des particuliers, puis redis-
persés par des ventes, une grande partie de ces documents ont fini
par arriver dans les archives départementales de l'Aude ou les
archives communales de Limoux, mais pour y être, dans ce pays
béni de la fraude et des fraudeurs, soumis à de nouvelles dilapida-
tions. Le P. Combe fort en 4659 avait écrit, d'après les archives du
couvent, une Histoire de Prouille que les religieuses possèdent, mais
dont elles refusent la communication. Un travail analogue fait en 4 726
par le P. Labadie est aussi sous clef; mais M. Guiraud a pu heureu-
sement le connaître par une copie fort incorrecte de 4 780 qui est à
la Bibliothèque nationale. L'Histoire du monastère de Prouille publiée
en 4898 par une religieuse ne pouvait être d'aucun secours à
M. Guiraud, et les Annales du prieuré de Noire-Dame de Prouille
par M. de Taule sont trop dépourvues de tout appareil critique pour
être vraiment utiles. Il n'en est pas de même du Cartulaire ou His-
toire diplomatique de saint Dominique des PP. Balme et Lelaidier
qui éclairent vivement les origines du monastère. C'est le P. Balme
qui, mis en rapport avec M. Guiraud quand celui-ci était à l'École de
Rome, lui communiqua le texte de la Visitatio Pruliani et lui inspira
l'idée de publier un recueil des documents relatifs au monastère, pour
lequel il lui fournit toutes les notes qu'il avait recueillies. Bien que
puissamment aidé par ce travail préparatoire, le travail de recherches
FSiSCB, 333
tique qui nelail 1 hireél Jl immense et le temps qu\ s «008*
crê M. Guiraud j>cul paraîtra court si l'on songe qu'il Hait pfofas*
seur d'histoire I l'Université do Beeuçoa M publiait, en ai
U IUm 'ie doctorat et les Irois volumes du Registre d'Urbain IV. L'in-
troduction sur falbigélm si i elle Mule un ouvrage ooasidérable
ijiii. .i dem points de vue, mérita l'attention PMOÛUiBeairll
(orient. Le Chapitre ndo livre I sur les églises cathares, l'episcopatel
le diaconat cathares cl tout le livre II sur la diffusion du catharisme,
sur la part qu'y prenait la noblesse langoedofllwoe ri le peuple, sur
catholique fn Laiii:ue.il(>r. et sur la maniera donl
s'organisa, d'alwrd avec les Cisterciens, puis avec saint llominiquc, la
lutte contre l'hérésie, sont presque mUènoMOri nouveaux et traités
MM BM précision remarquable. M. Guiraud a roussi a faire une
SOrie île tableau géographique de la diffusion du catharisme. A un
autre point de vue, lu travail de M. Guiraud est vraiment neuf,
mais il rencontrera peut-être plus de contradicteurs que sur les points
que je viens d'indiquer. Il a poussé l'élude des doctrines theologiqurs,
métaphysiques, morales et sociales et des rites cathares beaucoup
[i|c. loin i|u un n'avait Tait avant lui, ainsi que ta comparaison pré-
cise du catharisme avec le catholicisme. Celte étude esl faite, autant
que je puis en juger, avec une très grande objectivité, et l'auteur n'a
pas dissimulé ce qu'il y aura toujours de hasardeux à juger des
hommes et une doctrine uniquement d'après les témoignages de
leurs adversaires.de leurs persécuteurs et de leurs juges. Néanmoins,
il croit et nous croyons avec lui que les nombreux interrogatoires
que nous possédons permettent d'arriver sur le catharisme a des
idées a peu prés exactes. On lira avec un très grand intérêt les cha-
pitres tu et un du livre I sur le Corno/amenf uni , le IHelioritmenlum,
la confession, les pénitences cathares et les formes rituelles, rt.in- les-
quelles le catharisme a non seulement contrefait, comme ledit M. Gui-
raud par une expression un peu inexacte, les rites catholiques, mais
retenu sur quelques points certains vestiges du christianisme, primi-
tif. M. Guiraud I Tait un examen 1res approfondi des rapports du
manichéisme cathare avec les doctrines orienlales, mazdéennes et
bouddhiques, égyptiennes et alexandrines qui se retrouvent dans le
gnosticisme et II reconnaît dans le catharisme beaucoup du sjnerî-
lique. Je n'ai pas en ces matières uue compétence per-
sonnelle qui me permette d'exprimer un avis sans beaucoup de
Mltftxtft, tout eu admettant la filiation que nous démontre
M. Guiraud, je H saurais admettre sa conclusion où il met en oppo-
sition le christianisme el le catharisme, prétendant que lee points
de ressemblance avec le christianisme ne sont que des accidents et
R«v. Hino». XCIV. •.!■ tue. '.'3
354 BULLtTIlf HÎ8T0IIQUE.
que le fond du catharisme est païen. H. Guiraud nous parait oublier
que le christianisme comme le catharisme est un mélange du judaïsme
avec des éléments orientaux et grecs, que la gnose elle-même n'a pas
été sans influence sur la théologie chrétienne, que la Trinité, l'In-
carnation, la doctrine du Verbe, le millénium sont des conceptions
toutes pénétrées d'idées orientales et alexandrines, d'idées païennes,
puisque H. Guiraud emploie ce mot d'une manière qui nous semble
abusive. Le christianisme aussi bien que le catharisme considère le
monde comme le théâtre d'une lutte entre le Diable et Dieu; il est
lui aussi dualiste. Seulement la lucidité de Pesprit grec et la sagesse
juridique et pratique de Rome ont préservé le christianisme des excès
où est tombé le catharisme. Le catharisme n'a eu ni docteurs, ni
théologiens, ni écoles savantes, ni gouvernement; il est tombé dans
toutes les extravagances des hérésies et des superstitions populaires,
et dans sa lutte contre le catholicisme il a été poussé tantôt à le con-
tredire, tantôt à l'exagérer.
Plus je le considère, plus il me semble proche du catholicisme.
Ses doctrines d'ascétisme fou allant jusqu'à la condamnation du
mariage et au suicide ne sont que l'exagération de l'ascétisme chré-
tien. Les 4,000 parfaits qui vivent dans la continence absolue,
qu'est-ce? sinon un clergé de prêtres et de moines, à côté desquels
les croyants comme les laïques catholiques se permettent toutes les
licences, pourvu qu'ils se soumettent à la confession et à la pénitence
et reçoivent in extremis le consolamentum comme les catholiques
reçoivent Pextréme-onction ou même souvent renoncent à la vie du
siècle pour entrer dans les ordres. Les diacres cathares ressemblent
aux archidiacres et aux archiprêtres catholiques. Enfin les cathares
rejettent une partie des sacrements et des rites comme ont fait tous
les hérétiques qui ont rejeté la hiérarchie romaine, comme les Vaudois
en tr autres. Je n'emploierai pas le mot contrefaçon, parce que ce mot
implique une imitation volontaire a posteriori et une disparité d'esprit.
Le catharisme me parait une secte chrétienne pénétrée, comme le pense
H. Guiraud, de manichéisme oriental et de gnosticisme alexandrin,
mais pénétrée aussi de traditions chrétiennes primitives et qui s'est
maintenue et développée en opposition avec l'organisation ecclésias-
tique romaine. On a tort de prendre texte de certains excès des
cathares pour représenter leur doctrine comme antisociale. Les
fakirs ne sont pas l'expression de toute la religion de l'Inde, et les
excès de jeûne et de macération des Carmélites sont une forme de
suicide analogue à V Endura cathare.
M. Rodolphe Reuss a entrepris depuis plus de vingt-cinq ans l'étude
approfondie de la période révolutionnaire en Alsace. En attendant
qu'il puisse réunir les résultats de cette étude dans un travail d'en-
-\i
ranci! . 355
semble qui prendra place a côté dt son admirable ouvrage en deux
volumes sur l'Alsace au xru" siècle, il n'a pas cesse ik publier thfl
documents el des essais ijui sont les pierres d'allenle de son œuvre
définitive. Parmi ces essais, un des plus importants est ci'Iji null i
DU Eglise* protestantes d'Alsace pendant la Iterottttit.ii,
IT8t-JMl 'Fisclibacber, <!Mm|, qui doit prendre place a e6lt A)
volume sur la V.allivdrirfr <lr Strasbourg pendant la Révolution,
pUO en I.N8U, îles Soie» pour HTW a FkMottft (fa l' Eglise fmnrahe
'le Strasbourg, du livre Uf Co»Û XtV ft FÉçlUê protr.sttmte de
Strasbourg cl des recueils du documents sur la Situation /■■
protestant* d'Alsace au If Ht* siècle el sur VÈgltœ tttMrUuu </•'
Strasbourg au XVIII" siècle. Ou lira avec intérêt le récit détaille,
impartial cl anime dtt vtchsItwlM t'*r lesquelles passèrent leségUsea
protestantes d'Alsace avanl d'arriver a l'organisation qui leur fut
Imposée par le gouvernement consulaire le «avril 1693 et qui devait,
avec quelques modillcations, les régir ju-qu'; 1 jours. Louis XIV
et Louis XV avaient théoriquement respecté les clauses du traite de
Westphalie qui assuraient aui enlises protestantes d'Alsace leurs
bieOË ci la liberté du culte; mais les protestants avaient été soumis
a un régime de compression el de vexations continuelles qui .naît
considérablement reduil leur nombre, leur influence el leurs moyens
• l'action. Le clergé catholique n'avait pas cesse de provoquer cuntra
eu* les rigueurs de l'adminislralion royale et des cours de justice,
en particulier du Conseil souverain, el il poussa l'aberration jusqu'à
demander dans ses cahiers de M des restrictions a la liberté rWi-
I essayer de prendre texte de la déclaration des droits de
l'homme et des décrets du 4 aoûl pour attaquer In pfiTllègei riM
églises protestantes, monlrant ainsi le fond Incorrigible d'inlmerance
\at i j m- j i li- tin catbotiriaaw, bu protestante d'Aînée idbé-
rerenl H muet au mouTemetil refolntionntlra, et ils obtinrent le
17 août 17'JO un décret de l'Assemblée constituante, décret qui no
fut jamais abrogé même par la Convention et qui laissait i letUI
églises le possession de leurs biens. TtWlebfl les église* n'arrivèrent
ni a i*li!i-n: ■ ii | établir elles-mêmes nue Ofgaatsa-
It fflll limtrtt leur RMuUOfUMMQl el, rumine les protestants
restèrent Sdèlee aux idées de la Constituante et (ttreol
majorité hostiles au terrorisme jacobin, ils subirent autant que les
catholiques les effets de la fureur de déchristianisation qui sévit en
r'rance dan-, lei premiers mail de )79X. On vit des pasteurs comme
Oberlln obligés de Iransrormer leur église en club pour continuer
a y célébrer une aorte de culle. U'ailleu: doill pCfBé-
cotes M emprisonnés comme lOB pfétP le 2i juillet
^ 794, les conventionnels en mission llcmlz el Goujon ordonnaient leur
356 tuLLim HiSToiiQtri.
arrestation en masse et leur emprisonnement comme suspects. Quand
la Terreur eut pris fin, le culte public protestant fut rétabli en Alsace
dans des églises libres par les efforts surtout de Jean-Laurent Bles-
sîg et d'isaac Haffner. Jusqu'en 4799, les églises protestantes se
virent en butte à des tentatives pour leur enlever leurs biens. Enfin
la loi du 8 avril 4802 les leur garantit définitivement, mais en même
temps elle enleva tout caractère légal aux paroisses réelles pour ne
laisser subsister au regard de l'État que des paroisses consistoriales
de 6,000 âmes, qui dépendaient d'un consistoire supérieur dont le
Directoire, seul pouvoir vraiment actif, servait d'intermédiaire entre
les Églises et le gouvernement. En lait, les paroisses continuèrent à
être le noyau solide de l'organisation ecclésiastique, et ce n'est qu'à
la longue que le président du Directoire finit par prendre l'autorité
réelle et parfois excessive que le gouvernement consulaire avait voulu
lui donner.
La librairie Firmin-Didot vient de faire paraître la dernière œuvre
d'un ecclésiastique sociologue de l'école de Le Play, l'abbé Henri de
Tourville, qui a excité dans ces derniers temps, dans certains milieux
catholiques libéraux, une admiration que nous avons quelque peine à
comprendre. Le gros volume intitulé : Histoire de la formation parti-
eulariste. L'origine des grands peuples actuels, témoigne assurément
d'un grand effort de travail et de pensée, car assurément ce n'est pas
une tâche médiocre que d'étudier simultanément le développement
politique et social de toutes les nations européennes et des États-Unis
depuis les plus lointaines origines Scandinaves jusqu'à nos jours et
de discerner le principe unique de leur grandeur ou de leur décadence.
Nous pouvons presque dire que c'est une tâche au-dessus des forces
humaines et qu'en tous cas les connaissances historiques de M. de
Tourville étaient trop superficielles, trop dépourvues de critique pré-,
cise pour qu'il pût édifier des théories d'une réelle valeur. Il est
même très difficile de suivre sa pensée dans cette course à travers les
peuples et les siècles, et il serait très facile d'y relever de nombreuses
erreurs de fait. Autant que nous avons pu en juger, M. de Tourville
considère que le progrès de la civilisation consiste à faire sortir les
hommes de l'état communautaire et patriarcal pour les organiser en
un régime particulariste où leur activité a pour base de petits et sur-
tout de moyens domaines, l'industrie venant se superposer à un
régime agraire qui sert d'assise à la société. L'Angleterre et les États-
Unis sont les peuples les plus puissants et les plus heureux parce
qu'ils ont conservé le plus parfaitement cet état social. La France y
tendait à l'époque franque, mais, pendant le cours de notre histoire,
les éléments communautaires ont pris un empire qui a entravé cons-
tamment notre développement normal ; et ils continuent à nous nuire,
mincit. 337
s nuisent aussi à l'Allemagne, où l'administra! ion, l'armée,
la fiscalité el la grande propriété tiennent une plan beaucoup trop
grande. Celle conception {si toutefois j'ai bien compris M. de Tour-
viile) est-elle très juste et jetle-l-elle une grande lumière sur l'his-
toire des peuples civilisés? J'hésite a l'affirmer.
Si la France est malade [d il est difficile de la Irouver en bonne
santé), ce ne sont pas les médecins qui lui font défaut. Les médecins
sociaux ne prêtent pas moins ;i rire que les médecins do Molière. Les
moins plaisants ne sont pas les tradition nahsles, qui ont pour Fort
Chabrol intellectuel la Revue el l'Institut de l'Action française el la
nouvelle librairie nationale, el dont le tradition nalisrnc consiste à
exhorter la France a renier toutes ses traditions rationalistes et
démocratiques pour créer, à la suite de Ronald et de .1. de Maislre,
une monarchie théocralique qui serait la négation de l'histoire de
France tout entière. Car enfin, avant d'être révulnlionnaire, la France
était mie monarchie parlementaire, bourgeoise el anliultramon-
taine, et de tout temps la France a été un pays de raison et de libre
discussion. Quand M. Dîmes écrit dans son livre BUT les Maîtres de
ta contre- Révolution, où l'on trouve dans un ffMffifilHHiMgf hété-
roclite Maislre, Ronald, Rivarol, Ralzac, Courier, Sainte- lleuve.Taine,
Renan, Fustel, l,c Play, l'roudhon, les Goncourl el Veuillol, el où
manque encore, hela- ! Vu.'iiste Comle, cher aux jésuites el à M. Rru-
ncliere : ■ hv.SyUabus, monument admirable d'une sagesse qui domine
les siècles, monument de bon sens, charte des sociétés raisonnables »,
on peut mesurer loul ce qu'il j a d'anli français dans la croisade entre-
; {rtitm française. L'ouvrage de M. Minier qui. après les
beaux travaux de M. Faguet, nu peut guère nous apprendre rien de
Douveau, mérite d'être signale comme symbole de tendances qui,
dit-on, rencontrent quelques adeptes, moins dans les milieux calho-
' liqaet, aujourd'hui mieux orientes, que dans les milieux paradoxaux
qui se vantent d'être formés d'athées cléricaux. On verra aussi dans
ta France et la Prusse avant ta guerre de M. Richard Cosse, dans
fiismarck et la France de M. Jacques ftiMTIUi que ce soûl les prin-
i-i[H'. île m:i, m fuitesle- pnrieipe> qui MO! pourtant en train do
i i du monde, qui Boni la cause de tous nos malheurs. Tous
ces jeunes apûlres soiil aussi violemment aulibonaparlistes qu'anli-
[:|ui|. Iie.iin-, et les llouaparle, ces meleques, BOQt rendue rH| ■
sables delà ruine de la F ranee autant que la ItevoluLinn. — M. Augu*-
i m, daoa Sa France suas te second Empire (Messein|, dresse
avec une non moindre sévérité le bilan des fautes du second Empira,
mais au point tfa raa répabUeain. Au point de vue slricfemenl hislo-
rique, je crains que ces partis pris publiques n'enlèvent beaucoup de
leur valeur a ces essais nu l'on trouve cependant à glaner quelques
358 BULLETIN HISTORIQUE.
observations intéressantes. On en trouvera aussi dans le livre d'un
pessimisme féroce de H. André Barre sur la Menace allemande, où
il fait un tableau effrayant du pangermanisme fondé sur le servage
foncier, économique, moral et politique de l'Allemagne, et où il nous
invite, en guise de conclusion, à planter le drapeau républicain sur
le palais de Berlin et à mourir en Français !
Qu'aurait dit Taine, ce philosophe logicien qui croyait être le docile
serviteur des textes et des faits, même lorsqu'il obéissait le plus aux
déductions de son esprit systématique, s'il avait vu Pusage que font
de ses écrits les partisans d'idées plus chimériques encore que rétro-
grades? Heureusement pour lui qu'il n'a pas assisté à l'anarchie
intellectuelle, politique et sociale où nous nous débattons aujourd'hui,
bien qu'il l'ait prévue et prédite. On lira avec un intérêt passionné
le quatrième volume de sa Correspondance (Hachette), qui roule
presque en entier sur la préparation et la composition de ses Ori-
gines de la France contemporaine. Quelques réserves et quelques
critiques qu'on doive faire sur cette œuvre, qui a certainement été
conçue et composée pour démontrer une idée formée à priori par la
comparaison de la France avec l'Angleterre, on ne peut pas ne pas
être pénétré d'admiration pour tout ce qu'il y avait de sincérité, de
candeur même dans ce grand esprit et du puissant effort intellectuel
dont témoigne cette grande construction historique, hâtive, systéma-
tique, partiale, mais qui a néanmoins mis en lumière des côtés très
importants de notre Révolution et de toute révolution politique dont
elle a été le centre1.
Annonçons en terminant le huitième volume des Études critiques
sur V histoire de la littérature française de F. Brunetière (Hachette),
où Ton trouvera deux belles études, importantes pour l'histoire, sur
Y Orient dans la littérature française et sur Joseph de Maistre et son
livre du Pape, et la précieuse petite notice sur F. Brunetière (Bloud
et Barrai) de M. V. Giraud, suivie d'un fragment inédit sur « les Diffi-
cultés de croire », où cet impitoyable logicien se montre ce qu'il était
souvent, un brise-raison d'une fantaisie extraordinaire.
Annonçons enfin qu'une main pieuse nous a donné une édition
française de l'admirable Esquisse historique de la littérature fran-
çaise au moyen âge (Colin), par Gaston Paris, où l'on trouve l'érudi-
tion la plus précise associée à une intelligence profonde des relations
de notre littérature avec notre histoire nationale.
Gabriel Monod.
1. M. Mathiez a publié dans la Revue d'histoire moderne un très remarquable
article sur la méthode historique de Taine. Voir aussi les importants articles de
M. Au lard dans la Révolution française.
ANGLETERRE.
(Suitt*.)
Histoire pie KPOQUts. — Oucls sont les éléments ethniques dont
s'est formé le peuple anglais ? OuliIIu influence durable charnu d'eu»
a-t-il exercée? Jusqu'à quel point les Kretons ont-ils été romani se»?
Quand la conquête anglo-saxonne eut été achevée, quels appointa nou-
veau» apportèrent le-, Scandinaves, puis les Francs? M. OltO JssrEB-
soi, professeur a l'Université de Copenhague, s'est posé ces ques-
tions et d'autres encore"; une élude approfondie de In formation de la
langue anglaise lui a permis d'apporter des réponses, peu certaines,
parce que la base de ses recherches est étroite cl fragile, mais sédui-
santes et instructives. L'auteur est avant tout un linguiste, et son
ouvrage ne peut «Ire apprécié justement que par des linguistes de
profession ; mais l'historien devra se garder de l'ignorer. Il néglige-
rait une source d'information précieuse, unique même pour certaines
périodes reculées, qui n'ont laissé de traces visibles que dans le
taiiitauc.
C'est un sujet de même nature, mais beaucoup moins étendu,
qu'aliorde M. II. Munro Cuidwilh dans Bon ouvrage sur les Origines
de la nation anglaise 3. La plan ni ttt étrange eL ne saurait se justi-
fier. 11 étudie d'abord l'Angleterre au vi* siècle, c'est-a-dire vers l'an
597, où la conversion du pays au christianisme, en le faisant entrer
dans la communauté européenne, va dissiper les incertitudes qui jus-
qu'à ce moment enveloppent l'histoire des invasions anglo-saxonnes.
11 s'efforce de marquer les traits essentiels des institutions poli-
tiques et sociales communes aux envahisseurs à ce moment priais
de leur développement. Puis, remontant dans le passé, il étudie les
Angles, les Saxons et les Jules sur le continent, d'abord à l'époque
des grande» invasions, puis enfin ù l'époque romaine. M. Chadwick
a pris justement le contraire du chemin qu'il fallait suivre. Il ne
saurait prétendre, comme l'ont fait Secbobm, Haîlland, VinogradolT,
que cette méthode a l'avantage de faire passer et conclure du connu
a l'inconnu : M. Chadwick sait a merveille combien faibles sont les
I. voir ««. hut, t. xxtii, p. .17a; i. xciv.p. m.
/'.'. Vrovth and itructvrt «f tkt tngliih Itinguagr. Lei|>ii«, Tiuboer, 19(15,
ÎCOp.
X The anym of Ihe rnytuh nation DunfcrUp, «1 1ht l'niïrnilj praw, 1907,
«1-351 p.
360 BULLETIN HI8T0IIQUE.
données fournies soit par les anciens chroniqueurs, soit par les lin-
guistes et les archéologues modernes, qu'il s'agisse du yi* siècle, ou
du iv*, ou de l'époque de la Germanie décrite par Tacite. Cette erreur
a produit un livre sans unité, qu'on parcourt avec un intérêt
décroissant et qu'on ferme avec un sentiment de déception. Une
idée générale s'en dégage cependant : c'est que chez ces peuples ger-
maniques, auxquels l'ancienne école attribuait l'honneur d'avoir
préparé la liberté politique par le régime parlementaire, il n'y a, dès
le début et pendant de longs siècles, aucune trace d'assemblée natio-
nale; le roi gouverne avec sa cour, que composent les grands chargés
par lui des services publics et le petit groupe de guerriers attachés
à sa personne. Dans la société, il n'y a qu'une force agissante, la
relation d'homme à homme. Le problème est intéressant, discuté
avec science et pénétration. On remarquera encore l'heureux parti
que M. Ghadwick tire de la littérature anglo-saxonne antérieure
aux lois et aux chroniques, les utiles rapprochements qu'il fait avec
les institutions Scandinaves, l'importance qu'il attribue à l'élément
celtique et les points de ressemblance, plus nombreux qu'on ne
l'admet d'ordinaire, entre la situation des communautés gauloises
décrites par César et celle des tribus germaniques telles que nous
pouvons les connaître au temps des grandes invasions.
L'histoire légendaire de l'introduction du christianisme en Angle-
terre commence par la conversion de Lucius, roi des Bretons, sous
Harc-Àurèle, et par le martyre d'Àlbanus sous Dioctétien. Une Passio
5. Albani a été insérée par Bède au début de son Historia eccles.
gentis Anglorum (livre I, c. 7) ; le dernier éditeur de cette chronique,
Charles Plummer, avoue ne pas connaître la source à laquelle Bède a
puisé. Cette source, M. Wilhelm Meter, de Spire, l'a retrouvée,
d'abord dans deux manuscrits, l'un de Paris, l'autre de Turin, et
qui ont entre eux d'étroits rapports, puis dans une rédaction abrégée
qui est représentée par quatre mss., dont le meilleur est à Autun*.
H. Heyer a établi que le ms. de Turin représente, sous une forme
souvent fautive, la rédaction primitive; cette rédaction anonyme
a été exécutée en Gaule dans la première moitié du v6 siècle, sans
doute après le retour de l'évêque Germanus, qui avait été prier sur
la tombe du « protomartyr » et en avait rapporté des reliques.
La substance historique qu'elle contient est mince et banale; elle
appartient à ce genre de littérature édiûante dont l'origine et le
1. Die Légende des h. Albanus, des Protomartyr Angliœ, in Texten vor
Beda. Berlin, Weidmann, 1904. Prix : 5 m. 50. (Extrait des Âbhandlungen
der k. Gesellsehaft d. Wiuenschaften zu Gœttingen, t. VIII.)
iiGLEiEnrtr. 361
développement son! heureusement caractérisés par M. Meyer dans sa
préface. L'auteur publie le texte parallèle des trois rédactions; il
montre en outre i|uc le récit du martyre de saint Alban a beaucoup
de traita communs avec ceux du martyre des disciples de l'olycarpe :
Bénigne d'un côté, Andoche et ses compagnons, Thyrse et t'elix,
d'autre part-, eiillu, il reproduit les passages semblables. Il donne
ainsi un bon exemple du procédé employé par les hagiographes, dont
le moindre souci, évidemment, était de fournir des renseignements
véridiques aux historiens do l'avenir.
De saint Alban, nous ne savons rien en fn.il, sinon qu'a un certain
1 subit le martyre. f.'esl un nom, à peine un persoonage
. II en va tout Autrement pour ranôlre de l'Irlande, pour saint
Patrice. C'est une bonne fortune pour la science que l'élude des élé-
ments certains concernant sa biographie ait été entreprise par un
érudit aussi avisé que M. J. B. ISrar'. Sur l'existence même du saint,
M. Bury ne pense pas qu'on puisse émellre aucun doute sérieux. Reste
à déterminer, dans les documents originaux, la part des faits qu'on
[«ut retenir et de ceux qu'il faut rejeter ; dans quelles parties de l'Ir-
lande son activité s'est employée; si elle a été restreinte a un district
très limité du Leinster; si elle s'est étendue, sinon à toute l'Irlande,
c^ qu'aucun érudit bien informé ne saurait plus soutenir main-
tenant, du moins à de notables portions de celle Ile, comme M. Bury
s'efforce de l'établir; eiuln, quel rôle l'on peut ou l'on doit lui laaigner
due J'iiL-toire de l'Europe occidentale. Pour justifier les solutions
qu'il propose, M. Bat] ■ Momie Im sources à une critique attentive
M juin milite, qui remplil dans son livre plus de soixante pages
ip. 225-287}, et qui, au lieu d'ôlre comme reléguée en appendice,
aurait dû prendre place en tête du volume1. Il lient pour authen-
tiques la confession de saint Patrice, sa lettre contre Corolicus, roi
de la Bretagne septentrionale ; deux sur trois de ses - Dicta », la plu-
pari de ses « Acla «, ou règles canoniques qu'il a données I L'ttgUea
il'lrlrLii.l.', un h*mMM irlandais intitule Loriea OU Faeth
Fiiuia. Il HtfaM qu'un paol utiliser, niais en usant d'une circons-
peetioo de plu* en plus grande à mesure qu'on s'éloigne du v* siècle,
les documents suivants : la Vie de saint Germain par lîunstantius, les
I ireehàn et de Muirchu (vu* s.}, qui, a côté du ra
menU oraux déjà sans doute déformés pur la légende, ont pu con-
I. Thtlifrof SI. Patrick
Ma ■- Il .ti.
: M. Ilury * p'i tnrllro * profit leitlllnn, i
Armachtmui, par la jiiof r.winn, dont II [>art<
ternir* le* pli» f»Tor«blc ».
hù place in hulory. MicmilliD, 1905, xv-MH p.
D .-n. ni. publiée, du Ctxitl
I pluiiriirit rpprUPi iUiis les
362 BULLETIN HISTORIQUE.
sulter des documents écrits très anciens et dignes de foi ; un hymne
en irlandais (l'hymne de Fiacc ou Gênait Patraicc), dont on nous
donne une traduction nouvelle, purgée des interpolations posté-
rieures (p. 264-265) ; la Vita (ripariita et les Annates irlandaises, mal-
gré leur rédaction relativement récente; même YHistoria Britonum
de Nennius, au sujet de laquelle H. Bury écarte résolument plusieurs
des hypothèses élaborées par Zimmer1. Sa critique, pénétrante et
fortement documentée, est aussi très conservatrice ; elle ne rejette
pas un document tout entier, parce que certaines parties contiennent
des allégations légendaires ou fausses; elle est nuancée sans cesser
d'être précise, dégagée, à ce qu'il semble, de tout préjugé de race et
de religion et manifestement impartiale. Il constate lui-même,
comme s'il en éprouvait quelque surprise, que ses conclusions
« tendent à montrer que la conception catholique romaine de l'œuvre
accomplie par saint Patrice est en général plus voisine des faits cons-
tatés historiquement que des opinions présentées par certains théo-
logiens hostiles à la papauté » (p. vii-viii). C'est qu'il se place au
point de vue de l'histoire générale. La vie de saint Patrice est pour
lui comme un chapitre du Décline and Fall de Gibbon, dont il
a donné une édition revue et annotée. Ce n'est pas que la personne
même du saint soit sacrifiée et se perde dans la grandeur du tableau.
Elle apparaît au contraire au premier plan avec autant de netteté que
le permettent les documents, si incomplets, si souvent imprécis et
peu sûrs. C'est même avec une certaine coquetterie que M. Bury
a traité la partie narrative de son sujet; piqué au vif par les
reproches faits aux érudits de n'écrire que pour les gens du métier,
il a voulu prouver que l'histoire peut être à la fois une science et un
art; sa biographie de saint Patrice est en effet d'une lecture aisée et
attrayante. 11 a même poussé le souci de plaire au point de renvoyer
à l'appendice les notes qui auraient dû prendre place au bas des
pages. Certaines de ces notes sont d'ailleurs de véritables disserta-
tions : sur le lieu et la date de la naissance de saint Patrice (né
vers 389 à « Bonnaventa », qu'il faut chercher quelque part dans
la région de la Basse-Severn) ; sur le pays où il fut esclave ; sur
la date de son séjour en Gaule (409-446) ; sur ses rapports avec le roi
Loigaire, qu'il convertit au christianisme et qui fit rédiger le Sen-
1. Dans YHistoria Britonum, M. Bury distingue trois éléments essentiels :
1* une vie de saint Germain d'Auxerre, composée vers 679, où figurent Vorti-
gera et Arthur; 2* une recension du vm* s., représentée par le ms. de Chartres,
dont Mommsen et Mgr Duchesne ont tiré un si bon parti; 3' le remanie-
ment que Nennius composa vers 800 et auquel il ajoute une Vie de saint
Patrice.
ununut 363
>Aw Mer, sans doute a l'imitation du code théodosien* ; sur l'orga-
nisation épîscopale dont il dola l'Irlande, sa pairie adoplive ; sur la
date et les cicconstaitces de sa mort {461 et non 459), etc. L'érudi-
tion reprend ici tous ses droits; elle a son charme aussi dans la
main d'un tel ouvrier
L'élude que M. t',. J. B. Gisiois a consacrée a Alcuin1, et qui a été
couronnée par l'Université de Cambridge [Uuiiean prise for 1899),
est un travail soigné; l'auteur a étudie de près la correspondance
d'Akolfl M •>■.•» («(ivres; il connaît les travaux d'érudition publiés en
Angleterre, en Allemagne' et en France L'expression est claire #
intéressante. La nature même du travail ne comportait pas une cri-
ligue minutieuse des points obscurs et controversés qui abondent
dans un tel sujet; on n'y trouvera donc en somme rien de bien
nouveau.
M. Friedrich (ImpeiiE* a cru trouver te secret de la politique de
Henri II a l'égard de l'empire d'Allemagne dans la bftint qM '''
Anglais oui souvent professée el professent encore aujourd'hui, nous
assure-l-ou, contre les Allemands'. Il s'est laisse aveugler par des
préoccupations qui n'out rien de scientifique ; il a Tait de la politique
rwpoetife, mai pas de l'histoire. Même s'il était prouvé que H m ri le
Lion, en trahissant l'empereur avant ta bataille de Legnann, n'a Tait
qu'exécuter un dessein concerté avec le roi d'Angleterre, on ne serait
point fonde a conclure que ce. dessein n'avait d'autre mobile qtu ta
haine. Heureusement, ce paradoxe ne dure pas même pendant cin-
quante pages. Suif une dissertation sur l'importance du titre impérial
au moyen âge. qui ne rentre guère dans le sujet annonce sur la cou-
verture. L'auteur connaît d'ailleurs UM bien les sources el cite
ses textes, ce qui a Tait que son travail ne sera pas tout à fait
inutile.
J'apporterai moins de réserve a louer la biographie du lits aîné de
fleuri II, le " jeune roi anglais ». par M. G. B. Hodcsoh*. Les
sources sont indiquées avec tout le soin désirable. On pourra joindre
1. Saint Patrice e»HI allé a Rom*? U. Ourjr le croit. Voir eu wm contraire
le* argument* [nrvnle pur 1t. f. E. Warren dam EngUik huior. fld'lnr,
■tffl IU06, p. 3LS ri mli,
î. Meuin, fih lift iityl AU trori. Londre», Cambridge t'nitirnilj pw»s
y'WM*hou«', IMW, In-iï, xm-ï75p.
3. U . Gaaknln ne p»r«H paa avoir connu Im calcul! de Mommaen pour déter-
iner U dalr rfe I* mort de Bede le Vrnérable.
- 4. ImprrtalpoUtik K<>n«j Mwfcfcl II von Kigland illeidel bercer Abband-
' lungrii lur niiulrrni nni) MMfH ttUChltUs). Ileldclberjt. Wîslaf, 1905, Tt p.
5. Jn»y tfainrtch, hOnig l'on K^tnnd, Sonn KOntg llitnriclli II, 1155-
1183. léa*, Krompfe, 1906, U p.
/
364 BULLETIN HIST011QU1.
de nouveaux faits à ceux que l'auteur a réunis1, mais le recueil qu'il
a constitué est déjà digne d'estime.
Je doute qu'il fût très utile d'écrire tout un livre pour établir des
faits aussi généralement admis que ceux-ci : l'acte par lequel Jean sans
Terre se reconnut le vassal du Saint-Siège donna au pape une situa-
tion éminente en Angleterre ; que le pape exerça d'une manière effec-
tive ses droits de suzeraineté, en dépit de l'opposition que sa constante
intervention rencontra, non seulement de la part des laïques, mais
encore et surtout de la part du clergé anglais ; que les adversaires de
fc papauté n'attaquèrent jamais sa suprématie spirituelle, qu'ils la
reconnurent formellement, au contraire, comme ayant été établie par
le Christ lui-même. Telle est cependant la thèse que l'abbé Gasquet
nous présente, comme si elle avait vraiment besoin d'être démontrée3.
Il n'y a point trace de schisme ni d'hérésie dans l'Angleterre au
xiii* siècle ; les doléances que le clergé et la noblesse d'Angleterre
portèrent contre les abus de la cour de Rome devant le concile
de Lyon en 4245 sont de même nature que les doléances présentées
au pape deux ans plus tard par le très pieux roi de France, et il y a
longtemps qu'on a renoncé à voir dans l'évêque de Lincoln, Robert
Grossetète, un précurseur du protestantisme. Que, d'autre part, la
protection du Saint-Siège ait été bienfaisante pour Henri III, surtout
pendant sa minorité, qui en doute? Hais accordera-t-on aussi aisé-
ment à l'abbé Gasquet que la suzeraineté pontificale ait toujours été
un bienfait pour l'Angleterre, comme pour les autres royaumes qui
subirent le même vasselage? Est-il vrai que l'indépendance des états
vassaux dans ce « système papal » ait toujours été respectée?
L'exemple du royaume de Sicile au temps de Henri III, précisément,
ne parle-t-il pas très haut, et ne serait-il pas possible de montrer que
la soumission de la couronne d'Angleterre au Saint-Siège a, dès le
xiii* siècle même, produit des mécontentements et des protestations?
1. Sur la Tolonté du jeune roi d'être enseveli dans la cathédrale de Rouen,
M. Hodgson aurait dû mentionner les chartes analysées par J . II. Round dans
son Calend. of documents in France, p. 9 et 10. — 11 ne parait pas avoir
connu le curieux passage du commentaire sur la Divine Comédie par Benvenuti
de Rambaldis, d'Imola, signalé par M. Whitwell dans son étude sur les Ban-
quiers italiens (Transactions R. histor. Soc., 1903, p. 187); il y est parlé de
sommes considérables empruntées par le jeune roi à des marchands florentins,
de l'amour que Bertrand de Born conçut pour lui, etc. Les faits recueillis par
le commentateur sont sans doute en grande partie légendaires ; ils ne devaient
pas être omis dans une biographie de ce genre, dont le premier mérite serait
d'être tout à fait complète.
2. Henry the third, a study of his ecclesiastical policy and of ihe relations
beiween England and Rome. Londres, George Bell et fils, 1905, xvi-446 p.
11U.ETKRRK. 365
Ces rues générales, l'abbê Gasquel ta expose «W 'piel-pie. emphase
dans sa préface. La livre lui-même est d'allure plus modeste; c'est
un exposé des rapporta entre l'Ëidise M l'Étal pendant un dent-
sm'li', mi rien n'est liien nouveau, ni les documents', ni les idées,
mai- on lis tcvlrs -..jui /iti.-ilysôâ avec soin et les faits exposés d'une
lojioiriv iBlénsnatft. On n'avait pu encore mis en aussi nonne
lumière le rôle des levais et des nonces poulilleaux pendant une
aussi longue suite d'années. D'autre part, on regrette que l'abbé
Gasquct n'ait pas serré certaines questions d'assez près, que, par
exemple, celle des élections ecclésiastiques n'ait jias été l'objet d'une
dbaÛsftM approfondie. Hii'ii n'i^l plu instructif, I l'ordinaire,
qu'un bon ouvrier parlant du métier qu'il connaît bien. L'abbé Gas-
quet est théologien et cmunisle ; l'ouvrage qu'il a compose pourrait
être signé par le moins canoniale des historiens.
On n'avait pas encore jusqu'ici tenté d'écrire une biographie détail-
lée de Jmd m Gand, duc d'Aquitaine, et de Lancastru, roi de Outilla
ei dr [,con. Sus doute la gloire militaire de son frère aîné, le Prince
Noir, et l'éclat du règne de BOO père Edouard 111 lui ont nui. Il était
d'ailleurs homme de second rang, et l'attention des historiens s'est
iKilurelleitieiit porlee H préférence vers les héroïques figures du pre-
mier. Il faut remercier M. Sydney Aiimitage Smith d'avoir entrepris
de combler celle lacune M II iVlinier d'avoir exécuté son travail avec
autant de distinction1. Son information est très étendue : outre les
textes imprimés, il a consulté les archives du duché de Lancaslre
et il y a puisé des renseignements nouveaux. Des recherches pous-
sées plus loin au I'. Record Ofllcc lui auraient sans doute permis
de pâlir utilement le chapitre consacré h Jean de Gand comme duc
d'Aquitaine; sur re point, il se contente des doetunenls publiés
iRymer, les Archive.-* de la ville de BordtUU, le recueil de llelpit .
comme aussi pour ce ipii concerne l'expédition de Jean de Gand en
Otattua et, en général, ses rapports avec les souverains espagnols et
portugais, La partit vraiment neuve de son livre esl celle où il expose
la situation de Jean de liand comme grand seigneur foncier. Il
explique fort bien la différence qui existait entre le duché de Lan-
caslre et le comté, puis le palatinat de Lancaslre. ce qu'il faut entendre
par le* • franchises » jiossédees par le duc, l'organisation adminis-
tplaripoa à «on Une te van bien connu de
boette*. : • fkmloju talegro* «Me.ler* fontes > ; li clUllon. qui u'eil pu laul
1 ttil eticle, n'esl-elle (us jpuhqurr i eoelmewt
/■ 1. John of Coin/, itng of CaUtllt and l.ton, dukr of Aquitaine and Lan-
çait», tari of Dtrby, Lincoln oui LtUnler, «tnacAal of England. We*l-
inhiiler, Archlbelil Con*Ublu, 1904, xiïn-480 p.
366 BULLETIN HISTORIQUE.
trative du palatinat, le mode d'exploitation des manoirs, si nombreux
dans l'intérieur du comté et au dehors1 et dont le corps principal
formait véritablement un état dans l'état, la constitution de la « mai-
son ducale » (household), etc. Jean de Gand possédait en outre
en France d'importantes seigneuries, qu'il perdit d'ailleurs après
la reprise des hostilités en 4369 : Beaufort* et Nogent-PArtaud en
Champagne, Bergerac en Guyenne et La Roche-sur- Yon* en Poitou.
Une fortune territoriale aussi considérable pouvait éveiller les plus
pernicieuses ambitions; elle rendit facile l'usurpation de Henri IV.
Jean de Gand n'eut pas de si hautes visées, peut-être parce que les
circonstances le favorisèrent moins que son flls, peut-être aussi
parce que la poursuite de la couronne de Castille détourna vers un
tout autre but son activité et ses ressources. Ce n'est pas que son
rôle politique en Angleterre ait été insignifiant; on sait l'attitude
qu'il prit en face du « Bon Parlement » de 4376, la réaction qu'il
dirigea l'année suivante, la protection dont il couvrit Wycliffe, la
haine du peuple amassée contre lui, la destruction de son palais par
la populace de Londres lors de l'insurrection dite des Travailleurs. Les
dix années qui s'étendent depuis la réunion du a Bon Parlement »
jusqu'au départ de Jean de Gand pour son expédition en Castille
(4376-4385) sont les mieux connues de sa vie parce qu'elles touchent
le plus directement à l'histoire générale de l'Angleterre. Le livre de
M. Armilage Smith a rajeuni cet épisode par une étude minutieuse
des sources. Il faudra, par exemple, tenir grand compte du jugement
qu'il porte sur le Chronieon Anglie, cette chronique anonyme rédi-
gée à Saint-Alban par un adversaire fougueux du duc de Lancastre,
dont le témoignage parait avoir été faussé par un parti pris constant
de dénigrement ou de calomnie4. A noter aussi la manière dont il
raconte et apprécie les rapports du duc avec Wycliffe, pourquoi et
comment il défendit l'hérésiarque, sans partager ses principes, et
tout en favorisant les ordres mendiants (au moins les Carmes) que
Wycliffe vilipendait5. Ajoutons que le livre se lit avec agrément,
1. Voir l'excellente carte des terres possédées par la maison de Lancastre
face à la p. 218, et, à l'appendice IV, le résumé des comptes dresses par le rece-
veur général du duc pour l'exercice 1394-1395.
2. Beaufort, aujourd'hui Montmorency, canton de Chavanges (Aube). Jean de
Gand donna ce nom aux enfants qu'il eut de sa maîtresse, Catherine de
Swinford.
3. L'auteur appelle quelquefois à tort cette localité Roche-sur- Yon, ou Roche
tout court. Le vicomte de Dort, mentionné à la page 313, ne serait-il pas le
vicomte d'Orte?
4. Voir en particulier les pages 135-143.
5. On sait que Jean de Gand était sénéchal d'Angleterre; à ce titre, il figura
367
qu'il esl orné de bonnes photographies reproduisant des scènes bien
ii' la vie de Jean de Gand, muni de caries dressées avec
soin el d'utiles appendices' ffttt une bonne contribution l l'histoire
du ht* siècle.
Les conflits actuels entre le capital et le travail ne sont sans doute
DgMl à l'empressement avec lequel les érudils ont, dans ces
dernières années, étudié le soulèvement des Travailleurs en Angle-
terre en 1381 ', André Iteville, M. M. Powell et (leorgi* Trevelyan ont
apporte sur le sujet une masse de précieux documents. Une des causes
du conllil a été, comme on le sail, l'établissement d'un impôt de
capitalion volé par le Parlement et destiné! frapper toutes les classes
de la nation, le l'ail tax. En étudiant au I*. Hccord Office les docu-
ments relatifs â cet impôt, M. Charles Oha.i a conslalé combien il
était inique : il eiaii de trois * gros * (1 shellingj par tète el devait
être acquitté par tout laïque d'au moins quinze ans: les mendiants
seuls étaient exceptes. L'impôt était réparti de telle façon que, dans
ebaqac fflbga IffM&hlffj, lM riches prendraient à leur charge une
partie de la contribution des pauvres, d'après une échelle déterminée.
Dans, les villages où il n'y avait ni propriH.tire de haut rang ni
riche fermier, chacun devait payer la taxe pleine, si bien que le far-
deau de celle-ci pesait le plus lourdement sur les plus pauvres.
Aussi vit-on les paysans, sans doute avec la connivence dus collec-
teurs eux-mêmes3, dissimuler autant que possible le nombre de
UCm "iiinises I i'inipût. S'il fallait en croire les déclarations de 1381,
comparées à celles de 1377 et de 4379, qui avaient servi de base â
une taxe semblable, mais beaucoup moins ouéruuse, beaucoup de vil-
en lele de» «Igneur* laTqoe* lors du ronronnement Je niellant II. Ai-je mil
chercher Je n'ai pa» rencontre la moindre alluiion nu fament ■ Mnda* tcnenti
parllamontoDi la An*!!» >. qui * èle écrit en initie pour défendre le» droit* .lu
■ ! ilu maréchal d'Angleterre, et mi l'on retrouve il fortement U trace
de* pa*alnn» dé m or ri tique* el rènilulioniialres du tempi de Wjïliffe et du
wolet en ent de» travailleur*.
I A|i|>rni|ir* I, le*tamenl de Je*n de Oand avec »ou codicille: fff fftl II.
Itnln de» homme* d'arme* qui lervirenl wn »c* ordre* dan» la campagne
d'Eco»* en 1385; appendice III, Wt.tr. de* chevalier* el éruver» qui c.nn-
pouieiil u miiwn de I37Î à 1382; appendice VI, monnaie* du duc. de Lan-
eattre ; appendice VII, *e* arme* el *ei iccaui , appendice VIII, note* tur m»
bAtardu et aur Catherine Sttinfurd.
1. Tht gttat Rtvolt of I.1SI. Oaford, al lue Clarendon pre*», lïiOfi, vm-ÏIB p.
■ et 1 carte».
3. C'ett ce que dit H. Oman, L'auleur du compte- rend a sur >on livre, qui a
|.,rii .Un- ^MeiM-NM, t aont 1906. p. lïi, montre que le blâme de* butte»
ilolt retomber >ur le* • latatorei » el i eolleclnrea • eui-ro*met.
Ce n'etl pat d'ailleur» la »eule remarque ulili' qu on doil i rel auteur.
368 BULLETIN HISTOBIQUB.
lages auraient, après cinq ans de tranquillité, sans guerre, ni peste,
ni disette, perdu le tiers ou la moitié de leurs habitants. Aussi la pre-
mière levée de l'impôt ne produisit-elle presque rien. Le gouverne-
ment crut devoir prendre des mesures rigoureuses pour empêcher et
punir les fausses déclarations. Un bref (writ) qui menaçait les contri-
buables à la fois dans leur liberté et dans leurs biens (46 mars 4384)
a été retrouvé et publié par H. Oman, qui le considère, non sans
raison, comme ayant déterminé le mouvement. Depuis au moins un
demi-siècle grandissaient peu à peu des causes multiples de conflit
soit entre les paysans, fermiers ou travailleurs libres et les proprié-
taires fonciers, laïques ou ecclésiastiques, soit entre les ouvriers et
patrons de certains métiers, soit entre les riches bourgeois, maîtres
des administrations municipales, et la plèbe déshéritée. Ces méconten-
tements n'attendaient qu'une occasion pour éclater ; quelques semaines
en effet après le bref du 46 mars, ils firent explosion. Le soulèvement
se produisit presque en même temps sur des points très éloignés les
uns des autres4. M. Oman a peut-être ici fait preuve d'un scepticisme
excessif en niant que cette action simultanée ait aussi été concertée.
Il a sans doute raison de dire que les disciples de Wycliffe y sont
demeurés étrangers; mais ces « pauvres prêcheurs » dont nous
parlent plusieurs textes pouvaient avoir puisé la matière de leurs ser-
mons ailleurs que dans les traités ou les conférences de l'hérésiarque.
La partie consacrée à l'étude des causes du soulèvement est la plus
originale du livre de H. Oman. Le récit du soulèvement lui-même a été
retracé à l'aide des documents déjà publiés, en particulier de la chro-
nique anonyme mentionnée plus haut, et dont une traduction anglaise
est donnée en appendice. Il est très précis, assez coloré, attachant. En
ce qui concerne Wat Tyler, M. Oman refuse d'admettre avec M. Brie2
que ce personnage, un peu énigmatique, doive être identifié avec
Jacques Straw; les rôles de Parlement distinguent nettement ces
deux personnes, et leur témoignage doit l'emporter sur ceux des chro-
niqueurs, qui d'ailleurs ont écrit assez longtemps après l'événement.
Quant aux conséquences du soulèvement, M. Oman montre, con-
trairement à Roger et à ses disciples, qu'il n'a pas mis fin au servage,
car les difficultés qu'avait soulevées le statut sur les travailleurs de
4354 furent à peu près aussi nombreuses après qu'avant. Peut-être
certains propriétaires eurent-ils la sagesse de tempérer l'action de la loi,
mais cette loi elle-même ne céda que peu à peu dans le cours du
xve siècle et sous l'influence de causes économiques plus profondes.
1. Voir l'a ne des deux cartes placées à la fin du Yolume.
2. Dans English historical Review, janvier 1906.
< i i IUI. 360
ie de la guerre des lieux RoSH M rtppoftttt dttll ouvrages
ireMtaBSttdifl&reat :
M. Karl Scamin s'est efforcé de reconstituer la figure véritable d'un
personnage de Shakespeare, Marguerite d'Anjou, épouse infortunée
du tri&lc roi Henri VI'. Suivant la méthode employée par d'autres
auteurs qui ont travaillé pour la même collection (Patxttra*), il ana-
lyse, reproduit et commente les passages des chroniqueurs qui ont
parié de celte reine M raconte les trafique? péripéties de sa vie : chro-
DiqtUUD du parti lancaslrien, chroniqueurs jorkistes, chroniqueurs
français, chroniqueurs du temps des Tudors et d'Elisabeth. Un der-
nier chapitre est consacré a l'étude critique du personnage tel qu'il
a été imaginé par Shakespeare; il intéressera ceux qui s'occupent
d'histoire littéraire. Dans les autres, on trouvera d'utiles remarques,
bien que souvent peu neuves, sur les sources historiques concernant
les triomphes cl la ruine du parti lancaslrien. On pourra reprocher à
I. Marjareta ron Anjou, ton unrf bet Shakttpeare. Berlin, Majrr ri Hui-
ler, UÔI {t'aUttra, a- 51). xi-28G p. l'rii : 8 m.
I BU Kiciurd 111. ii* III (et In. hlit., 1. LXXX1II, p. :MWj; sut le roi Lear,
n- 35: iui klacbetb. n' M; >ur FalatalT, a- 50. Nima n'avons pas reçu le livre
il'Krnml Wtuf,rr (Die sage ro» Macbeth bts h StaaVffWr*); natal J'ai eu
entre le» mains celui de Wiifrid l'errelt [TAe ttory o{ Aing Lr.ar, (mm Gtaffrey
af MnnmautU la Shaknprare), Celle légende, rninlnc mi ml, %* Imute pour
li première (ois dan» Vlltitarta llnlnnum dr QwChq il BlWWrWlfc Ou
Geoffroy l'sfiit-il l'uisée. Qu'eil-re que le < liber ntlMUni • écrit eu
■ lingue bretonne > <|ue lui communiqua Gautier, trcbidiar.re d'Oll
Uni d'autres érudita. H. Pcrrcll diarutc Ml pointi Mm lei résoudre ; il M
seulement remiirrjudr que lu légende éUil inconnue dana le» paya gallois et
qu'un De mu rail lui assigner une origine indienne. Il est probable que Ueoflroj
de Uunmoulh en a été l'inventeur. Ileureuae invention d'ailleurs, ai l'on en
DMlMèH le «utr*» prodigieus. L'un des intérêts du travail de M. Perrell
consiste a suivre le développement de la légende dana la littérature du moyeu
âge lu*qu'a Shakespeare «1 t montrer la Dlialion de* trei nombreui récita qui
non» uni parvenu*. Cette partie du livre do H. Perrell contient beaucoup
d'observation a ulllrs ftta l.i HttfMl MJ MtMtl liisluriqucs. Quant 4 Sha-
kespeare lui-même, H. Permit estime (p. ÎT'.') quv, »i la climuiqu- il.- Hnlin»
hnad a ele. ici rwnroe pnur loua |fj autre* draine* bi.loriques, M princi-
pale source, il a emprunta en ouïr* de* détail* è dm martm poétique*
nu j de* essais dramatique* de ion letnpi. Se. rapproi ihtBWll iii^rmeui ne
■■ont pw> toujnura (llliulllllll mai» il f nuira en tenir compte. Le rliapiUe sur
MlH du roi /.ear Inléresxer.. |MH |M t reniai*»» de Shakespeare,
mai* n» peut in. m arrêter. La li< ' ; k«M |H ■ n l . > I . I ' ■ . in-iii
cil» n'aat pa» plaisante.. On y trouve trop souvent de Ut abm . ■
surchargent certain» lu; M>4t «t qui, son» pr< :■
. Mal éâ |'l" >• iMf donnent l'aspect d'une collr-ftiori MaSpÊÈÊ un
llH un litre écrit eu
H«v, tliaTO». XCIV. ï'raao.
M
370 BULLETIN HISTORIQUE.
l'auteur de n'avoir pas toujours utilisé les meilleures éditions1, mais
on lui tiendra compte de ee qu'il dit par exemple sur la manière
d'écrire l'histoire pratiquée par l'abbé de Saint-Alban Whelhamstede,
qui, pour raconter la mort du duc d'York à la bataille de Wakefield,
n'a trouvé rien de mieux que de pasticher le récit de la Passion selon
saint Mathieu, ou bien encore sur les rapports des Cronicles of
England de Gaxton avec le Polyehronicon de Ranulf de Higden.
Le second ouvrage se rapporte à Richard III; Sir Cléments R.
Mariham y expose, dans une première partie, la vie de Richard III, et,
dans une seconde partie, il discute, après tant d'autres, les points
restés obscurs de cette vie9. Ce livre, d'ailleurs intéressant et qui
mérite d'être lu, n'ajoute cependant aucun bit notable à ceux qu'avait
mis en œuvre le plus récent et le mieux informé des biographes de
ce prince, H. James Gairdner; d'autre part, il propose une solution
inattendue à une des nombreuses énigmes devant lesquelles l'histo-
rien demeure perplexe : ce n'est pas Richard III qui a fait disparaître
ses neveux ; les « enfants d'Edouard • ont été les déplorables victimes
de la raison d'état bien plus tard, sous le sec et cruel Henri Vil. Cette
hypothèse, présentée sous une première forme aux lecteurs de la
English historical Review (4894), avait rencontré des incrédules3;
reproduite dans un chapitre du livre (ch. v : « Henri VII au banc des
prévenus »), elle ne convaincra personne. Le réquisitoire de Sir Clé-
ments se compose d'un échafaudage de raisonnements ou d'appa-
rences qui ne repose sur aucun texte. L'inconsistance de cette opinion
met le lecteur en déûance pour tout le reste; mais, au moins, dans
tout ce reste, l'auteur se tient-il sur un terrain plus sûr; il connaît
bien les textes et les discute avec habileté. La critique à laquelle il
soumet l'ouvrage de M. Gairdner contient d'utiles remarques. Mais il
est un peu inquiétant de voir avec quelle facilité on se laisse, quand
il semble qu'il serait si facile d'être désintéressé, entraîner à dis-
qualifier les témoins gênants : la plupart des chroniqueurs contem-
porains sont, aux yeux de Sir Cléments, peu dignes de foi parce que,
écrivant sous Henri VII, ils n'ont pu échapper aux préjugés haineux
des Tudors contre la maison d'York; Morton, l'homme le mieux en
1. M. Schmidt ne parait pas connaître l'édition de Commynes donnée par
M. de Mandrot. Il ignore de même l'édition des ChroiUques de Londres par
Kingsford ; il y aurait retrouvé sous une forme plus complète et plus conforme
aux manuscrits (p. 133-147) le texte sur lequel il disserte p. 71.
2. Richard III; his lift and char ac ter y reviewed in the light of récent
/research. Londres, Smith, Elder et C", 1906, xix-327 p., avec un plan de la
bataille de Bosworth.
* 3. J. Gairdner, Richard 111, édit. de 1898.
imUMMB. 371
étal d'être bien renseigné, est le plus misérable de tous, parce qu'il
a été ministre du vainqueur de Bosworlh; les continuateurs de la
chronique de Crowland, au contraire, qui sont anonymes et qui
H pas vouloir prendre parti entre les factions rSnltt,
méritent la plus grande confiance; leur silence même fournil à
Sir Clément* des arguments positifs. Je ne dirai pas qu'il voit mal
ni qu'il raisonne à faux; mais je constate que sou critérium est tout
subjectif, et il ne serait peut-être pas très difficile de retourner ses
arguments contre lui, sans d'ailleurs en présenter peut-être aucun
qui soit vraiment persuasif. Son livre est encore moins une étude
critique qu'un plaidoyer d'avocat en cour d'assise'.
Au seuil de la période moderne, signalons la réimpression des bro-
titan» M pamphlets du xvi'et du iïii* siècle que le prof. Arbcr avait
autrefois publiés, au hasard de ses découvertes, dans son « Grenier
anglais »; ils viennont d'être réédités, suivant l'ordre chronologique,
par des érudits autorisés : les Tudor tracts, tiiSi-ISSS, par M. A. F.
PoLuan»; les Stuarf Tractt, M03-i$9S, par M. C. H. fou1;
les LntfT Stunrt Tracte, par M. George A. AuxEit*. La simple indi-
cation des principaux articles contenus dans chacun de ces volumes
suffit à en indiquer i'inlérél.
En 1874, le cardinal Mnnninp introduisit en cour de Home une
Instance pour obtenir la canonisation des catholiques anglais qui
avaient péri, martyrs de leur Toi, sous les règnes do Henri VIII et
d'Elisabeth. Le nombre de ces martyrs, fixé alors â 333, fut réduit
plus tard, après un long examen des litres, et finalement 2tH furent
déclare-* venérahles par Léon XIII; on commenta aussitôt la longue
série d'enquêtes qui doit préparer leur canonisation. Un autre groupe
I. Sir Clrmrnl» ■ prit >i résolument |i.irli pour un client qu'il trouve toute
simple la manière dont HiclurJ III sut parvenu in trflne et qu'il trajlo
mm adveriairn de « rebelle* i, tout comme aurait dit un chroniqueur <)u
parU uTork.
1 Redt de l'etpedition en Éraur, 1517, pur Pallen; histoire du soulè-
vement de Wyall, 15S4 : conquête île Calai» par le* Français, 155M ; mort de U
reine Hurle, UMj cérémonie» du couronnement d'RlUabelh, |Q0; le uc d'Au-
ven, IS76; lei funérailles de Marie Sluart, IÏ87, Blc.
3. Hi'rt de la relu* Elisabeth, récit dr Sir Robert Carey, observation» de Sir
Tbomu Overtiury sur le» l'ays-Ra*, IG'.'G; niinl.it tu. t. il entre Espagnol» et
Anglais, lliîî; déposition du l'archevêque de OnkrMtT, I6Ï7; MlÉamlrMlll
Lord ralrfai lur «■-• opérations militaire»; eipadlllnn d« 0,000 Antiliia en
France el ta Flandre uns le commandement de hir Thomas Mur;
!■;:>«; le retour de Charle» Il en KM, lie,
* L'arithmétique politique de Sir William Pelty, IflB; dire» pamphlet» de
Daniel liefoe et de John Artiulhaot.— Te» trois volume» ont été publies rhe»
Archibald Constat) le, 1J0Ï et 1903. Pru : I sb. chacun.
372 BULHTIH HI8T0IIQUB.
de martyrs fut plus heureux : soixante-trois d'entre eux avaient été
peints, vers la fin du xvi* siècle, dans une série de fresques dues au
pinceau de Girciniani ; ces fresques, qui ornaient l'église du Collège
anglais à Rome, furent détruites au temps de la Révolution fran-
çaise; mais elles avaient été gravées dans un ouvrage publié « avec
le privilège du pape Grégoire XIII ». Bénéficiant d'une exception au
décret qui règle la procédure en matière de canonisation, ces
soixante-trois martyrs, qui avaient été mis à mort entre 4 535 et \ 583,
furent canonisés (4 décembre 4886 et 43 mai 4895). La vie de
ces bienheureux a été racontée dans un intéressant ouvrage com-
posé par des Pères de l'Oratoire, des membres du clergé séculier et
de la Société de Jésus, sous la direction de dom Bede Camm, religieux
bénédictin de l'abbaye d'Erdington1. Le tome I se rapporte aux
martyrs de Henri VIII et le tome II à ceux d'Elisabeth. Le travail a
été exécuté avec soin*, parmi les principaux collaborateurs, nous
retrouvons deux jésuites bien connus par d'importantes publications
sur l'histoire du catholicisme en Angleterre au xvi' et au xvii* siècle :
le P. Hormis et le P. Pollen. Ces érudits ont utilisé toutes les sources
imprimées, recherché et en partie publié les récits les plus autorisés
des contemporains; quelques notes au bas des pages, un appendice
sur les sources et sur la bibliographie à la suite de chaque biographie
attestent l'étendue de leurs informations. Dans les récits, pas ou fort
peu de déclamation; le miracle y parait à peine, tandis que l'indica-
tion des reliques est donnée avec précision. Ce sont les faits qui
parlent avant tout. Sans doute ces faits sont choisis ou présentés de
manière à faire le mieux ressortir les vertus, les souffrances, le cou-
rage héroïque des martyrs, mais l'intention des auteurs n'a pas été
seulement d'édifier le lecteur, ils ont voulu écrire un livre d'histoire,
et il est certain que l'ouvrage qui parait sous le nom de dom Gamm
prendra une place très honorable à côté de ceux du P. Morris et du
P. Foley. L'histoire de la Réforme en Angleterre a été le plus sou-
vent racontée par des écrivains protestants; il est utile qu'on entende
aussi la voix des catholiques. Les Lives of the enylish martyrs de
dom Gamm sont la contre-partie nécessaire des Aets and monuments
de Foxe. En tête de chacun des deux volumes est une assez longue
introduction où sont résumées les causes des persécutions dirigées
contre les catholiques : le divorce de Henri VIII et l'excommunica-
tion d'Elisabeth sont les deux principales. Dom Gamm n'hésite pas à
1. Lives ofthe english martyrs declared blessed by pope Léo XIII in 1886
and 1895, 2 vol. Londres, Bonis et Oates, 1904 et 1905, livi-547 et xlii-691 p.
Prix de chaque vol. : 7 sh. 6 d.
UUutUU. 373
reconnaître que la décision pri*- pat l'aul V l été précipitée el nui-
sible, tout en déclarant que, efl soi, l'excommunication ■ n'a pas fait
pan If Util I IT.drsc rn général M aux catholiques de ce pays en
partkouar • (i. H, p. xri . D'aotra part, il ■'•Ane d'établir (pu tea
catholiques mis a mort sous lu règne de la fille d'Anne Itolevn l'ont
été à cause do leur religion; mais il faut dire aussi qu'Elisabeth cl
ses ministres h wol toujours défendus d'avoir faitjuyi-r et condam-
ner personne pour des motifs de croyance; ils ont toujours prétendu
qu'ils n'avaimi voulu ton naître, el poursuivre que des sujels cou-
pables du crime do trahison; ces déclarations ne sont-elles qu'hypo-
crisie pure? Oui, piut-éire, a nos yeux, mais de graves raisons jus-
tifiâtes) Mttfl polilique aux ycuv '!'■- pn ; ^igosdans
DM Iffrfbtt partie eontn les puissance- catholique- On oc s'éton-
nera pas si elles lowbeal pM du lia biographes modernes, même les
plus érudits et les plus eoimtaaeieax,
Le correctif a d'inévitables préjugés pourra être rhercln- dans II
biographie de Cranmer par H. Alherl iVrederiek Poixtin'. M. Pol-
l.'ir.l, ît .joi ilmii Quub mentionne, avec une froideur voisine de
l'hostilité, l'intéressante histoire de Henri VIII, et qu'il fallait en tout
cas placer tout prtl dl lume QtfodMr parmi ecux qui connaissent
le mieux l'hi-Loire île l'Angleterre au iti* siècle, n'a pas chere.be I
iil.iui liir u son personnage, comme on lui reproche d'avoir i blan-
chi > Henri VIII. Il a voulu replacer Cranmer dans son milieu, mon-
trer comment les événements ont entraîne l'homme savant cl honnête,
mais faible, à faire prononcer la nullité du mariage du roi avec
Catherine d'Aragon, à s'associer aux mesures de plus en plus rigrui-
rcuses et violentes prises contre le clergé resté fidèle au pipa, a
pousser ensuite et par degrés successifs le cierge ntfaaiJ dus la
voie de Vbd r son ojuvre quand la reine Marie eut
restauré le catholicisme, â signer toutes les palinodies qu'on lui
imposa. Il se ressaisit quelques linires seulement avant son sup-
plice. Sa vie n'avait été QJBtafil mita de DjtMaaaat; sa morl permet
enfin de lui faire une place parmi les <■ héros « de la Réforme. » Ne
rien atténuer -, dit M. Pollard, i est une règle sacrée, mais c'est
commettre une flagrante injustice que de négliger lu ei i constances
'■. Il s'est appliqué a cette lâche, ici ptrlteriUèniMtJ
Ingrate, avec un sens historique très avisé, et, comme il connaît
1, Thnmai Cranmrr and ihr enfluh refornialion, H8M6M. Putnftm'i
'ï-JM |. l'ru ; <i*b. - FUI [larlic Je la lérie (Iw . llcroe» al
Ltir Heriiniiitiun i. |ui rompis dfjt 1«» bhiuripliliM Ur l.tillirr (par tl, K.
Jacob»), île MtlanxhlboD (p« l '■'■ I M 'par E. Ëmerlon), âe
H IUir J, El de Zwintli <pu 8. M. Jacktoo).
374 BULLETIN HISTORIQUE.
admirablement les sources et la bibliographie du sujet, il a écrit un
livre qui est à la fois une biographie très soignée ' et un excellent
chapitre de l'histoire des origines de l'église anglicane9.
Je regrette de ne pouvoir signaler au moins les principaux parmi
les ouvrages qu'a suscités la célébration du quatrième centenaire de
George Buchanan3. Je parlerai seulement de ceux que j'ai vus. C'est,
en premier lieu, un volume de mélanges divisé en deux parties : la
première contient divers mémoires sur certains points de la vie du
célèbre humaniste écossais, sur ses ancêtres, le milieu où il est né,
ses années d'études, son séjour à Bordeaux et au Portugal, ses rap-
ports avec les Franciscaines, Marie Stuart, John Knox, ses œuvres
littéraires et historiques. Dans la seconde ont été rééditées les plus
remarquables de ses poésies latines, avec des traductions en anglais
et en français. L'appendice, fort intéressant, contient le texte, encore
inédit, de l'Apologie de Buchanan, prisonnier de l'Inquisition à Lis-
bonne. C'est là que l'on trouvera exposées pour la première fois,
d'après les pièces mêmes du procès, les tribulations du malheureux
professeur poursuivi pour crime d'hérésie. Le volume, abondam-
ment et joliment illustré, est un digne monument élevé par l'Uni-
versité de Saint- Andrews au {dus illustre de ses « alumni ».
Ici, nous n'avons que des morceaux détachés-, H. D. Macmillan
bous présente une biographie complète, d'ailleurs sans aucune
prétention à l'originalité4. Une courte préface nous apprend que l'au-
teur a suivi les ouvrages de MM. David Irving et Hume Brown
pour les faits, de M. Robert Wallace pour les idées. Hais il a
lu les œuvres de Buchanan, il en donne de fidèles analyses; en les
replaçant dans le temps et dans le milieu où elles ont été écrites, il
en fait bien comprendre le sens et la portée. Son travail est donc
1. Avec des renseignements à peine connus jusqu'ici sur les ancêtres de Cran-
mer. A noter le chap. xi : Cranmer, son caractère et sa vie privée, et le tableau
généalogique placé à la fin du volume.
2. A noter en particulier le chap. m : Cranmer et la suprématie royale, où
le sens véritable et la portée du titre pris par Henri VIII sont très bien mis
en lumière; les chap. vu et ix sur le premier et le second « Prayer book ». —
Les illustrations sont nombreuses et bien choisies.
3. George Buchanan; a mémorial, 1506-1906; contribution by varions
writers, compiled and edited by D. A. Millard. Saint-Andrew, Henderson;
Londres, Nutt, xix-490 p. — Parmi les nombreux érudils qui ont collaboré à
ce volume, il nous sera pardonné de mentionner seulement M. de La Ville de
Mirmont, qui a parlé sur Buchanan à Bordeaux et sur ses tragédies reli-
gieuses, et M. G. J. C. Henriques, auteur d'un mémoire très neuf sur Bucha-
nan en Portugal.
4. George Buchanan, a biographp. Edimbourg, George A. Horton ; Londres,
Simpkin, Marshall et 0% 1906, ix-292 p.
< ans mérite; mais il est écrit sur un ton un peu trop uni-
fnrirte il apologie. M. Macmillan indique Tort justement que, par ses
liens de famille, Ruchanan etaii inJtodé I la maison de Lennox, mais
il ne consent pas à admettre mie Ruchanan ait jamais pu céder aux
passions qui animèrent le» Lennox et leurs allies contre Marie Sluarl,
considérée comme complice du meurtre de llarnley. Le rôle de
Ruchanan dans l'enquête où furent produites les lettres de la Cas-
sette a-t-il été aussi désintéressé qu'il l'affirme? Son réquisitoire
contre la reino (sa DMmMB n'esi-tl pu moins une œuvre d'hisinire
qu'un pamphlet 7 C'est avec ces réserves nécessaires qu'on peut louer
celle étude, attachante en somme et sincère.
11 faut mentionner, avec une particulière marque d'estime, le
recueil des portraits et joyaux de Marie Stuart dont M. Andrew LUN
a dressé le catalogue critique'. D'abord parce que l'historien peut
y glaner ça et la d'utiles indications, ensuite parc* que tout ce qui
touche la reine d'Ecosse mérite de retenir l'attention. La ipmntifln,
toujours si àBttÊ)ât d'authenticité des peintures et autres ftffiltfr
talions figurées, a son prix; j'avoue que j'aimerais mieux savoir quels
sont ceux qui reproduisent l'image vraie de la reine d'Kcosse, on
■ n-ius est possible d'avoir d'elle une image authentique aux
époques de sa vie. Ceci est une autre étude don! on a seu-
lonol jiiMjii'iii préparé les matériaux.
Le remarquable volume consacré au roi Jacques l" dans la collec-
tion Goupil1 mérite d'attirer l'attention des historiens par d'autres
qualités que sa belle illustration. M. T. f, IIkhiumsi)*, qui a été
chargé d'écrire la biographie de ce prince, s'est acquitté de la tAche
en érudit qui connaît bien les sources et la bibliographie du sujet, en
écrivain perspicace et, à ce qu'il semble, exempt de préjugés. Il ne
dissimule pas les défauts du souverain, son pédantismr.
ses ridicules; mais il passe vile sur les traits d'un caractère qu'il est
facile de tourner à la satire; il préfère insister par exemple sur les
services que sa lutte contre le parti puritain a rendus indirectement
à la cause de la tolérance religieuse, tout comme il montre les molifo
honnêtes et vraiment humains qui oui en partie guidé sa politique
d'équilibre entre les princes protestants de l'Allemagne et l'Espagne
catholique. Il entre volontiers en controverse avec de» historiens très
I. Portrait* ami JtwtU of Mary Stuart. Glaigow, J»mes Mm-kbonc M lit»,
nos, lavug p., mm tttfi,
? Jamti 1 and VI. P*rlt. M.tniî, Joi«nl el C'\ 1901, gt. ln-4', 301 p.,
kllutt ration* |"-ii »miibmt*«>. inaii bien thoitÎM ri rcproriullm un «M.
Il ili<ndrrv>n «Ml r*ulrut d'imr Jet plu» utile» pu Mi cal tan • i|uc tiiiu» ayant
*ui In Lettre* a> I* OittelU- {fitr. Aiif., t. LX.WIV. r_ ||0.)
376 BULLBTIIf HISTORIQUE.
autorisés, mais animés d'opinions qu'il considère comme excessives,
tels que M. Andrew Lang pour les affaires d'Ecosse ou que M. Gar-
diner pour celles d'Angleterre; peut-être même donne-t-il trop de
place à ces discussions dans un ouvrage auquel il s'efforce par ailleurs
d'enlever tout caractère d'érudition. Ces discussions sont intéres-
santes et le résultat doit en être soigneusement noté; on peut imagi-
ner cependant une autre manière de présenter les faits qui eût
imprimé au travail une plus haute valeur littéraire. Par exemple une
étude plus fouillée des œuvres du roi Jacques et de ses discours eût
mieux bit connaître l'homme et le souverain. 11 n'en reste pas moins
que H. Handerson nous a donné pour la première fois une bonne
biographie du chef de la maison des Stuarts en Angleterre.
Une brochure de quarante pages sur les rapports de ce roi avec le
pape Clément VIII * nous apporte d'intéressants documents inédits
sur sa politique à l'égard du parti catholique. On sait que le roi
d'Ecosse convoitait ardemment la succession d'Angleterre. Dans le
Basilieon Baron qu'il écrivit pour l'instruction de son fils aine, le
prince Henri (celui qui mourut en J6J2), il le voit déjà en pensée roi
de la Grande-Bretagne et il lui donne des conseils sur la conduite à
tenir à l'égard des grands et du peuple d'Angleterre. Elisabeth n'igno-
rait pas ces désirs, et ses espions la tenaient au courant des intrigues
nouées par le roi Jacques avec les puissances catholiques. On con-
naît la mission secrète confiée à John Ogilvy auprès du pape en 4595-
4596, l'histoire de la lettre recommandant pour le chapeau de car-
dinal (4599) l'évêque de Vaison, William Ghisholm, Écossais
apparenté à la famille des Stuarts. M. A. 0. Meybr a trouvé aux
archives du Vatican et publié les instructions en latin données à
Sir Edward Drummond par la femme de Jacques VI, Anne de Dane-
mark '. Cette princesse, qui avait été élevée dans la foi luthérienne, s'y
déclare bonne catholique, « selon les décrets du concile de Trente » ;
elle affirme que le roi est animé des meilleures intentions envers
les catholiques, que les difficultés de sa situation l'empêchent seules
de prouver ces bonnes intentions par des actes; elle laisse entendre
que, si le pape favorisait les espérances de Jacques VI, il n'obligerait
pas un fils ingrat. Ces avances furent accueillies à Rome avec une joie
circonspecte. La réponse du pape (trois brefs des J6 juillet et 9 août
^ 1. Clemens VIII und Jakob von England, par Arnold Oskar Meyer. Rome,
Loescher, 40 p., 1904. (Extrait des Qudlen und Forschungen aus italienischen
Archiven und Bibliotheken, t. VIII.)
2. Ces instructions, signées de la reine Anne (la signature paraît bien être
authentique), ne sont pas datées; d'après le contexte, elles ont été rédigées
entre le mois de mai 1601 et le mois de juin 1602.
577
1602) est chaleureuse, mais vague. Puis l'affaire (raina eu longueur.
■ i-i'in- I*o i f i r r n ■ dont le p(t{W répugnait même à écrire le nom
abhorré, mourut colin. Jacqin:- IdJ bOMMb tBOi opposition. Il inaiii-
imi.eu les appliquani KTM douceur, les lois qui frappaient tel GaUto
liqups. Il «lisait oej lai. -.sait dire en son nom qu'il était disposé a leur
concéder la tolérance religieuse, à condition qu'ils reflti
loy.iux sujets, l'I il comptait que le pape donnerait les ordres néces-
saires pour le maintien de la paix intérieure. A la (in de l'année 1604,
Sir James l.indsay reparLail pour Rome avec une seconde leltre de
la reine, non moins secrète que la première, et sans doute plus ex pli-
elk "h H l'a pas retrouvée;. Celle fois le |>ape oui que h eMVM
iku du roi allait suivre celle de la reine1; une commission de cardi-
naux Cul nommée pour aviser sur le retour prochain de PAnglettrn
au sein du catholicisme romain. Mais, avant même que la réponse du
ii mission de Sir James pût lire parvenue à Londres,
Jacques I", qui avait déjà frappé les prêtres el les jésuiir
des mesures rtgMIVJMl murs le* laïques, de plus en plus nom-
breux, qui professaient la foi catholique. Ce minutent, M. Nej/W M
l'expBque DM. Il H rolt qu'une chose, la duplicité du roi. A ses
yeux, les avance» (ailes par Jacques 1" à la papauté ont été une
longue suite de fourberies dont il s'est dégagé par le mensonge.
Ce Jugement ne manque- L-il pas un peu de nuance? Jacques n'a-l-il
pas été la dupe de ses illusions? A la fois fat et naïf, il put croire
qu'il convaincrait le pape de la nécessité d'appuyer sa politique de
tolérance. Placé entre une double intransigeance, romaine et puri-
laine, il Tut amené à jouer double jeu. Son honneur pawoaael y
i M atteintes, mais en somme a-t-il si
mal réussi? N'a-l-il pas amené Clément VIII ;i conserver i
tude expeclante qui a singulièrement favorisé sou avènement au tronc
m et sa paisible installation dans sou nouveau royaume?
Il a certainement connu la correspondance secrète de la reine avec le
pape; s'il n'en a pas eu l'idée lui-même (et je m'étonne que le soup-
çon de cette nouvelle fourberie1 ne se soit pas présente ici à l'esprit
1. l,« contention de U retne rat un fait ; mil» a-t-elle cl* «intèra et durable ï
C'eal un antre point qui demanderait à 'Ire rliutlé de pré*.
1 l'ouï prouver U du pli d lé du Jacques I", M. Meier lire argument de*
thangrmenli apporte* au Irile du BaiVlCon liôran d»«i la traduit n ■■
de 1603. Il note nue le* palaagtts où le ml d'rtcoaM parle tVH délateur
de» papiaiea uni él* »ytlém,tliquciiirni ninln, el il ru rum-.lul que CM "U|)pre(-
«ion» avaient pour but de tromper le pape lur Ira térilablei trii liment* du ml.
Mêla M. Meier n'a \>»s relevé, une autre uuiinaion : umlii que. dan» lat illlUMIl
*0||UIm* el In trniiiicli.,1!. !tUo« !■■ MOI le l'auteur eut accompagna de loua
ici litrn (roi d'Angleterre, d'Kcuttc, d'Irlande el de francei. le litre- de rot de
378 BULLETIN HISTORIQUE.
de M. Meyer), il ne l'a pas désavouée; il comptait sans doute en reti-
rer des bénéfices quand il abandonna subitement la partie. D'ailleurs,
Clément VIII mourut à son tour (5 mars 4505), puis la conspiration
des Poudres éclata et la rupture avec Rome devint définitive.
Les « Pèlerins • du May Flower appartiennent à l'histoire uni-
verselle; l'origine de cette émigration, qui devait jeter sur le conti-
nent américain le premier fondement des États-Unis, est peu con-
nue. Feu H. Henry Martyn Dbiter, qui descendait d'une famille
émigrée en 4620 et qui était né à Boston, presque au pied du « Ply-
mouth rock », avait consacré à ce sujet de longues et fructueuses
recherches dans les bibliothèques et archives de l'Angleterre et des
Pays-Bas. Complétées par son fils, M. Morton Dbxter, le résultat en
a été présenté dans un volume d'une lecture parfois aride, parce que
les controverses religieuses en occupent nécessairement la plus grande
partie, mais intéressant et même vivant, grâce à l'extrême minutie
du détail vrai • . Le plan en est un peu lâche. Les « Pèlerins » de 4 620
sont des puritains séparatistes qui se réfugièrent d'abord en Hol-
lande pour échapper aux persécutions du gouvernement anglais, puis
en Amérique pour se mettre à l'abri des querelles qui déchiraient
leurs coreligionnaires hollandais. Les auteurs nous parlent donc
(après avoir exposé les origines de la Réforme en Angleterre de
Henri VIII à Elisabeth) des attaques dirigées contre l'Église établie
(controverses dite de Marprelate) ; puis des efforts tentés pour cons-
tituer des églises séparées (Browne et la première émigration à Mîd-
delbourg, qui échoua, 4584 ; Barrow et Greenwood, qui furent pen-
dus en avril 4593 et dont les disciples allèrent fonder une église à
Amsterdam) avant d'arriver aux futurs pèlerins eux-mêmes. La pre-
mière partie du volume est occupée par ces préliminaires, où Ton
trouve en somme un tableau de l'Angleterre en 4604, une histoire
de la réforme en ce pays au xyi* siècle, une histoire des puritains
ou mieux de certaines sectes puritaines en particulier. C'est à la
page 253 qu'on arrive à ce qui devrait être le vrai sujet du livre, à
l'histoire de la communauté religieuse dirigée à Scrooby (comté de
Nottingham) par les deux Brewster, père et fils. William Brewster,
qui fut élève à Cambridge (tableau de l'Université et de son enseigne-
ment), qui entra ensuite au service de Davison, secrétaire d'État
d'Elisabeth, et qui devint vicaire de Scrooby seulement en 4598,
France a disparu de la traduction française; était-ce aussi pour plaire an pape?
D'ailleurs, l'ouvrage a été rois à l'index le 1er juillet 1604, longtemps avant la
rupture des pourparlers. L'argument ne porte donc pas.
1. The England and Holland of ihe PUgrims. Londres, A. Constable ; Bos-
ton et New- York, Houghton et Mifflin, 1906, xii-673 p. Prix : 15 sh.
m
attire à plusieurs reprises noire attention, distraite par le résume des
controverses religieuses au début du régne de Jacques 1". Enfin, en
Ittufl, plusieurs familles de Scruoby, redoutant des persécutions déjà
commencée* contre les dissidents, vont rejoindre la congrégation
fondée treize ans plus lût à Amsterdam (histoire d'Amsterdam;
tableau d'Amsterdam au début du ivu' siècle!. Ces émigrés de pro-
venance diverse ne tardent pas à se séparer d les ■ Pèlerins » se
retirent à Leyde (histoire de Leyde, tableau de la ville et de son Uni-
versité au ivi* siècle), d'oii bientôt les chassent les querelles entre
« Remontrants » et « Contre-Remonlrants », non moins que les
craintes venues de l'Allemagne, déjà en proie aux premières agiotions
de la guerre de Trente ans. Des -Itil 7T l'idée de partir pour l'Amérique
a pris corps; mais elle ne Tut réalisée qu'en 462U. Ainsi, à tout
moment, ce volume sur « l'Angleterre et la Hollande des Pèlerins »
confine à l'histoire générale; cependant, même s'ils dépassent le
sujet, ces tableaux conlribue.nl à l'eclaircir, parce qu'ils se com-
posent de Tails précis, bien choisis el bien vus. Quanl aux « Pèle-
rins » eux-mêmes, des recherches approfondies ont permis d'en
retracer l'histoire, sous forme d'annales, de ( flotf a 1 620. La liste com-
plète en a été en outre dounée en appendice avec un grand luxe d'in-
dications biographiques. 11 est probable que, sur les points essen-
tiels, ce livre épuise le sujet.
La biographie de l'archevêque Laudpar M. Henry Bell* ne contient
pour ainsi dire pas de faits nouveaux, ni, probablement, pas une idée
nouvelle; sa bibliographie, plus qu'indigente, suffit à montrer qu'il
n'a pas voulu foire œuvre d'érudii. Il s'en faut de beaucoup, cepen-
dant, que sou livre suil indifférent. Pour bien connaître l'homme, son
caractère, ses opinions, il a lu avec attention les ouvrages, les lettres,
le Journal du prélat, cl si, parmi les témoignages contemporains, il
cite de préférence celui d'un disciple comme P. Ileylinou d'un admi-
rateur comme le comte de filarendon, c'est pour lutter contre ses
propres préventions, car M. Bell estime que le « gouvernement des
prêtres ■, la politique du «jusqu'au bout >oul été funestes a l'Angle-
terre. Il a peu d'estime pour l'homme, qu'il montre aussi dénué de
scrupules, tant qu'il a sa fortune a faire, qu'absolu dans ses doctrines
el dans sa conduite, quand la faveur royale eut fait de lui le chef de
l'Église anglicane et presque un premier ministre. D'autre part, il
l'isole un peu trop de son milieu et il exagère la responsabilité, déjà
si lourde, qui lui incombe dans les troubles religieux du xvn* siècle.
LU lnkil.l OtMllfeti
380 BULLETIN HISTORIQUE.
C'est ainsi qu'il parait attribuer à Laud cette doctrine que « le roi ne
doit compte de ses actions qu'à Dieu seul ». Laud ici ne bit que pla-
gier Jacques Ier, dont c'était une des maximes favorites. D'ordinaire
cependant, Faction personnelle du prélat est présentée avec justesse,
au moyen de faits heureusement choisis et groupés. On s'attendait à
trouver dans le dernier chapitre un jugement d'ensemble sur l'homme
et sur son œuvre. H. Bell a préféré nous entretenir des rapports qui
devraient exister entre les laïques et l'Église et souhaite de voir
combler le « fossé intellectuel » qui sépare chaque jour davantage
les deux sociétés.
Les travaux de feu Gardiner et de M. Firth ont mis à la disposition
des historiens des matériaux de choix, aussi variés qu'abondants,
pour écrire la biographie de Gromwell. Celle de M. John Morlet est
un exposé remarquable des idées et des sentiments au milieu des-
quels s'est formé le génie politique et militaire de celui qui fût un
des plus grands hommes d'état de l'Angleterre1. C'est l'œuvre d'un
historien bien informé et d'un homme d'état pénétrant; elle n'a pas
les allures d'une œuvre d'érudition, mais le fond en est très solide et
surtout elle fait penser. L'étude de H. N. Michael' s'adresse égale-
ment au grand public; les notes bibliographiques sont reléguées à la
fin de chaque volume; l'auteur expose et ne discute pas. Il a cepen-
dant ajouté à ses devanciers quelques détails inédits tirés des dépêches
expédiées d'Angleterre par l'envoyé de Brandebourg, Jean Frédéric
Schlezer, et, à l'aide de ces documents, il a retracé les rapports de
Cromwell avec les puissances du Nord, et en particulier avec l'Élec-
teur de Brandebourg, avec plus de précision que personne avant lui.
Le récit est clair, précis, compréhensif. Les deux auteurs, l'Anglais
et l'Allemand, insistent à juste litre sur la puissance du sentiment
religieux chez Gromwell. Ce puritain fut un mystique et parfois un
illuminé. « Hypocrite raffiné? » Il put paraître tel aux yeux des
catholiques du dehors; mais les contemporains ne connaissent par-
fois des grands hommes que le masque ; l'âme intérieure se révèle
plus tard, quand on connaît et qu'on a compris le milieu où ils ont
vécu.
Si la biographie d'un personnage historique ne peut s'écrire sans
qu'on y mêle l'histoire de son temps, il y faut cependant mettre de
la discrétion. M. William W. Ireland a eu le tort de manquer de
mesure à cet égard en racontant la vie de Sir Henry Vane le Jeune3.
~ 1. Oliver Cromwell, Macmillan, 1904, vm-533 p.
/y 2. Cromwell, 2 vol. (série des c Geisteshelden », t. L et LI), xi-28l et vu-
244 p. Prix : 2 m. 40 chacun.
3. The life of Sir Henry Vane the Younger, tvith a history of the events
!*■ . » . !..
i VALETS «Il K. fttl
si bien confondue avec les événement* de l'époque qu'à
chaque instant ou en perd le fil, du sorte qu'en réalile nous ihiwnis
dans ce livre ni une biographie ni une hisloire. L'auteur déclare qu'il
'«g| ml d'abord en race des textes, qu'ensuite il a lu les ouvrages
dM btatOriMM modernes uniquement pour a'assurur de n'avoir omis
aucune source de renseignements. L'intention nt InuaUe, ci l'un
saura gré a H. Ireland d'avoir tait connaître quelques faits nouveaux
sur la vie du ministre d'Olivier Criuiuvell; mais il [Millt Irm l1in(H»WII
de se lancer dans des Hteorics géfléflfai sur les institutions d'un
nO)r lu de près ses historiens. Les considérations par
I— IHIIlItlH débute le livre de M. Ireland sur l'origine des libertés poli-
tiques de PAngtotorrc qu'il voit dans les libertés municipales), sur
laof dfi-liu u EU1 siècle, sur la furmalioti du pouvoir despotique des
Tudors, etc.. sont vagues et contestables. Resserrée dans de justes
limites, 91 biographie eût fait un bon article de revue; les cinq cents
pages qu'il lui a consacrées ne forment pas un livre remarquable. 11 ne
se lit pas sans agrément, mais que nous apprend-il au vrai?
Nous apprenons beaucoup, au eonlraire, en lisant le nouvel ouvrage
de M** Kvn Scott. Uans un premier volume, qui ne nous est point par-
venu', elle avait raconte les aventura de Charles 11 cri exil jusqu'au
moment où l'accord entre Mazariu et Cromwell lui rendit un plus
long séjour en France impossible il64f>-l«5-tj; un second volume'
nous um'ih' jusqu'au retour du roi en Angleterre. On ne peut que
louer le soin avec lequel l'auteur s'est acquitté de sa lâche. On ne
iîl gobn la triste vie des émigrés royalistes pendant ces
années do détresse que par des mémoires, par exemple ceux de
Clarondon-, c v-i uniquement a l'aide de pièces d'archives cl do cor-
respondances privées que M"" Scott nous en raconte le détail, année
par année, presque jour par jour. H n'y a pour .nu -i rlir ■ |u mn'
page qui ne soil fondée sur de» documents inédits. Aucun <'véne-
ftUJ m I ' lrapp# l'irii r.'in.-ili<ni. car tous les complots
lotîtes les tentatives de restauration a main armée, d'alliance
avec l'Espaguu, échouèrent misérablement et, d'année M UnAt, la
gène, la misère vinrent accroître le découragement du roi et de sa
cour. Ajoutai les querd les de famille entre le roi el sa mère, dM-
reuse de (aire élever son Dis Henri, le duc de Ulocesler, par les Jésuites,
o( Kit Hmt. Loadrn, Eiclrlgb N«b; Edimbourg, Ollfer el Rojd, 1W5.
x.V-513 p.
t. ne ktng in title. U" Mail r*l «u«> l'iul«ur il'unr biographie de Huptrt,
frime palatine
traeA ef tht *Ms Châtia II m Ocrntany and fUndert, J(iS4-
tf,m. Undret, A. ConiUhlc 1*17. xruJOl p. Prii : IS «b.
883 BULLETIN HISTOEIQUE.
avec Charles II et son tare Jacques, qui ne songeait qu'à se battre
sous les ordres de Turenne. La restauration s'accomplit au moment
où le roi venait de perdre ses dernières espérances après la signa-
ture du traité des Pyrénées. De ce récit minutieux, uniforme, volon-
tairement impersonnel, se dégage cependant un intérêt puissant,
comme d'un roman infiniment triste qui, tout à coup, finit bien.
Je terminerai cette partie de mon Bulletin en mentionnant deux
volumes de l'histoire contemporaine de l'Angleterre par M. Her-
bert Paul1. Ils embrassent la fin du règne de Victoria (4 875-4 89e).
Ce n'est pas une œuvre d'érudition, bien que l'auteur ait, en réalité,
beaucoup lu, plus que de rares notes ne permettent de le dire;
ce n'est pas une étude approfondie des changements qui se sont
accomplis dans l'empire britannique : c'est un tableau des grands
hits de la politique intérieure et étrangère, largement traité par un
libéral à l'intelligence claire, à l'esprit généreux, à l'optimisme robuste
et satisfait. Ses dernières lignes sont un hommage expressif rendu
au caractère, au « patriotisme tempéré par la raison » du peuple
anglais. « Aucune construction politique connue dans l'histoire n'a
surpassé ni même égalé l'empire britannique dans l'œuvre de la
paix, du bonheur et du progrès de l'humanité. •
Gh. BfaoïfT.
(Sera continué. J
1. A history of modem England, t. IV et V. Macmillan, 1905, 1906, vi-411
et vi-408 p. Prix : 8 sh. 6 d. chacun.
1. KAK18T : GBSCHICHTB DBS HELLEVJSTICBBV. ZBITALTEES. 383
COMPTES-RENDUS CRITIQUES.
Julius Raerst. Geschlchte des hellenittichen Zeltaltara. I : Die
Grandlegung des Héllénismes. Leipzig, Teubner, 4904. In-8°,
x-433 pages.
Cet ouvrage, — l'auteur prend soin de nous en avertir, — n'est pas
un exposé chronologique de faits et d'événements. C'est une étude sur
l'évolution des idées et des conceptions politiques au iv° siècle avant
notre ère. Le premier volume comprend trois parties : la cité grecque, la
royauté macédonienne, le règne d'Alexandre. Ces trois modalités sociales
se relient et se font suite. Ce qui caractérise la première, c'est la IloXrofa,
l'État-municipe, strictement limité à l'étroite communauté d'hommes
régis par la même constitution locale. Ce qui caractérise la seconde, c'est
la monarchie, le loyalisme dynastique d'un ensemble de chefs ou de popu-
lations envers la personne d'un même souverain : M. Kaerst appelle très
justement les Macédoniens le peuple le plus monarchique de l'Anti-
quité (p. 122). Avec Alexandre, il n'est plus seulement question d'unîté
monarchique, mais d'empire mondial. Le passage du concept de l'État-
cité au rêve de domination universelle par l'intermédiaire du principe
de la cohésion monarchique, voilà ce que l'auteur s'est etTorcé de mettre
en lumière. Il l'a fait avec une vigueur d'autant plus remarquable qu'elle
se concilie partout avec le souci scrupuleux des nuances.
Dans cette série de transformations qui mènent l'Orient grec de l'iso-
lement anarchique de la • Polis • à un essai grandiose d'organisation de
1' « Oikouméué •, quelle part réciproque revient à chacun des agents
de IV\olution : l'hellénisme, la Macédoine, Alexandre? M. Kaerst a
magistralement dressé ce bilan. Il a montré que l'apport de la pensée
grecque, même avec Platon et Aristote, a été mince, que le rùled'Isocrate,
notamment, a été bien exagère : cet éloquent avocat de la guerre contre
les Harhares a toujours parlé en rhéteur pi us qu'en politique. Son pan-
hellénisme sentimental n'a jamais abouti a l'expression concrète d'une
constitution commune qui eût fondu tous les États grecs en un seul
corps de nation.
Le chapitre sur l'idée nationale hellénique au iv* siècle est un des
mieux venus du livre. Je ne goûte pas moins le tableau, si large et si
riche, de la monarchie macédonienne avant Philippe et sous Philippe.
Mais c'est encore dans les quarante dernières pages que se déploie Tarn*
pleur d'un robuste effort de psychologie historique. J'en approuve d'au-
tant plus les conclusions qu'elles sont identiques a celles que j'avais
384 COMPTBS-RRXDCS CRITIQUES.
soutenues moi-même1, avec la différence de proportions et les nécessités
de raccourci qui s'imposent à un simple article. M. Kaerst a vraiment
compris la personne et l'œuvre d'Alexandre. Il a distingué avec péné-
tration et finesse, parfois môme avec subtilité, ce qui, dans le conqué-
rant, restait un legs de son éducation grecque et ce qui était un emprunt
aux vieilles civilisations orientales.
Il a enfin admirablement montré comment Alexandre avait voulu réa-
liser la fusion de ces deux éléments, de l'Occident et de l'Orient.
Sans doute, la réunion des peuples en un seul empire, tentée en un
laps d'années très court, ne s'est effectuée qu'imparfaitement et par le lent
travail des siècles. Mais si les Romains l'ont partiellement réalisée, c'est
parce qu'Alexandre leur en avait tracé le programme.
Georges Radet.
René Poupardix. Le Royaume de Bourgogne (888-1038). Étude
sur les origines dn royaume d'Arles. Paris, H. Champion,
4907. ln-8°, IL-5JJ pages [Bibl. de V École des hautes études;
sciences historiques et philologiques } fasc. 463).
Le nouveau livre de M. Poupardin est un pendant à celui qu'il avait
publié, en 1901, sur le Royaume de Provence sous les Carolingiens (855-
933). Il fait partie des études sur les Carolingiens français, entreprises
naguère sous la direction de M. Arthur Giry et qui comprennent V Eudes
d'Edouard Favre, le Charles le Simple d'fickel, le Louis d'Outre-Mer de
Lauer, les Derniers Carolingiens et le Hugues Capet de Ferd. Lot, le
Royaume de Provence, que nous venons de citer, et il est en tous points
digne de cette excellente collection2. Les textes sont tous connus et
interprétés avec sagacité; la bibliographie des ouvrages de seconde
main est complète, l'exposition claire et méthodique.
Les documents sur le sujet sont si peu abondants qu'il ne pouvait
être question de reconstituer des annales de ce royaume; souvent sur
une série d'années nous n'avons aucun renseignement. Aussi fallait-il
suivre un autre plan. M. Poupardin a partagé son sujet en deux parties ;
dans la première il expose ce qu'il est possible de savoir sur chacun
des princes qui se sont succédé au royaume, Rodolfe Ier (888-912),
Rodolfe II (912-937), sous qui se forma véritablement le royaume de
Bourgogne par la réunion, vers 933, du royaume de Provence à celui
de Transjurane, Conrad le Pacifique (937-993), qui vécut dans une dépen-
dance étroite de l'Allemagne, enfin Rodolfe II (993-1032), qui livra son
1. La déification d'Alexandre, dans la Revue des Universités du Midi, t. I,
1895, p. 129-169.
2. L'ouvrage, présenté en Sorbonne comme thèse principale de doctorat, a
valu à l'auteur le titre de docteur es lettres avec la mention très honorable.
a. rocpisotv : ls ioiuchk m noniconix. 3M5
royaume aux Germain*; il raconte aus»i comment. Il 10
la royaume (ut disputé par divers prétendants, jusqu'à co qu'enfin
la su te raine té d« l'empereur Conrad II y fut ;'t peu ftt
reconnue. Unis la secundo partie. Il étudie le» Institutions de II Bour-
gogne; il «numéro les dynasties féodale* qui, en réalité, y exerçaient
la véritable autorité [ Il cherche à déterminer tara territoires et leur
généalogie, et, sur bien des pointu, en OHU était de giojf»)
tique. Il arrive à des résultats ■wifiil Apre» la HodaUti l.nqu", I
passe en revue la féodalité ecclésiastique; il nous dit le ride ta (MjON
et des abbés, et expose l'agitation en faveur de lu paix et do la trêve
de Dieu. A ces deux parties sont joiute* une série de disserta-
tion* données en appendice sur des questions de chronologie ou de
diplomatique. Nous signalons celle sur IVpiiropalui et le eomitatu*
qui a une portée plus générale et s'applique a la France et à l'Alle-
magne aussi tneu qu'à la Bourgogne. M. Poupardin y démontre que,
par c«> deux mots, H faut entendre un ensemble de biens et de droit*
qui sont placés dans uue situation juridique Identique et que, par
suite, il eat aisé de l'expliquer que des comtés aient été donnes à don
évoquée, comme ausu que de* évéchés aient parfois passé entre les
mains de seigneurs laïque*. La dissertation nst intéressante ; elle ne
uuut a pas convaincu. Nom continuons à penser que, lorsqu'un pdmlé
est donne k un évoque, ce sont bien des droits de nature spéciale qui
lui -.,iii tttrflnrt>*j ii'. laïquii i|ui BbdMMBl tatvêeMi rtçùvasl le
droit de confirmer l'évéque et celui de régale; mais, en général, les
droit* temporels épiscopaux, l'epuropaJuj, demeurent é IVv>>qu>\
Apre» cette analyse, il non* sera permis de faire à ce travail un cer-
tain nombre de critiques. Nous devons regretter que l'Identification
de* noms de lieux allemands n'ait pas été faite toujours avec exacti-
tude1, que quelques-uns des textes cités aient été estropiés', que des
t. Contrairement t m que dit M. Poupardln, la ilniullen du comtlalu* a un
évêque ne suppose pas qu'il n't lit plui de cumin ; 1 Toul, des comtes tub*is-
Urenl mène aprèa que l'éteque eut obtenu le comté.
1. P. IS, n. S, 11 faut lire Gtrntheim «u lieu de r.onshrlm cl cette localité
se trouve su nord de Wurnio. Don |*>lnt su auil. I' T7, a. 3, et 331, u t. Il
nu Matait s'agir d'Ëltenbelm, Il n'y a aucune localité de ce nom en Alsace;
Kltrnhriiu actuellement dan* le grand-duchr de Bade) oii le due d'Kujtllltn fut
arrfU, appartenait bien avant la Ft* ml ut Ion • féiéuM de Streabuuru, malt n'a
jimai» M considéré roiinor (aluni partie de IMaate. Il faut, m r failli, lire
nultrnhnm, as canlon de ucufrltl. P. ISS, n 1, Il faut lire ilun/httm, au can-
ton «VObernal. P. 776, écrire Ccundion
liant la longue el Intéressante citation du Lifurinui, le ter* S est
(•us et lnc.ompreli*n>lble ; Il faut rétablir i
.Mira cura
ttordel, al binr riptîdl. arnpnloue ruplbut Alpin
P. 119, dan* la citation du diplôme pour Saint-t'haflre, Il faul rétablir ;
tUv. Union. XCIV f rase.
8M
COMPTES- KKWS CBITIQCES.
élourderies aient rendu deux ou trois passages incompréhensibles',
faut aussi signaler de véritables erreurs d'histoire qu'il est d'ailleurs
aisé de corriger1. Nous ne sommes pas 'l'accord avec H. Poupardin
sur l' interprétation de deux ou trois textes3; mais c'est là matière à
discussion. Nous aurions voulu aussi que l'histoire du royaume* de
Provence fût, par endroits, rattachée davantage à l'hit toi re générale.
Ainsi, nous avons été étonné de ne trouver dans le livre aucune men-
tion de la restauration de l'empire romain le il Février 96Î; évidem-
ment, le roi de Germanie Otton, devenu empereur, émit sur In Bour-
gogne de nouvelles prétentions. Il aurait aussi fallu tenir compte davan-
tage de la géographie proprement dite de la région; la géographie his-
torique ne doit pas se borner à ideutitier les noms de lieux; elle doit
tenir compte des accidents du terrain; les seigneuries qui se forment
dans des plaines, ou au fond des vallées, ou sur les plateaux, ou sur
les hautes montagnes, ne présentent pas la même physionomie; elles
tint de fiseo regali sut de polestate episcopali vtl de pointait comitali sire
de franchis! t. i Les mois soulignes et sur lesquels porte tout le raisonne-
ment sont tombés. P. 452, n. 3, diplôme pour Strasbourg, il faut lire : < Nisi
quem ipse ejusdem civitatis episcopus sibi adrocalum elegeril. »
1. P. 73, n. t, lire : « Conrad suivit Otton dans relie campagne, parce que
Louis d" Outrr-Jtfer paraissait élever des prétentions sur la ville de Vienne. ■
P. 151, ligne 6, au lieu de leur demi-frère Conrad, il faut lire leur battu-
père Conrad. Plus loin, les noms propres onl élé intervertis. Il faut rétablir :
• Conrad le Jeune, donl la mère G er berge était petite-fille de Conrad, roi de
Bourgogne, el de Halhilde. ■
3. P. i, le traité de Meerssen esl de 870, non da 869. Ce traité fui ronfla
entre Chartes le Chauve el Louis le Germanique fil faul effacer Louis II).
P. 357, tout le haut de la page doit être modifié, lire : ■ Conrad, sou» la mino-
rité de Louis III el Carloman, appela en France, en 879, le jeune Louis, l'un
des (ils de Louis le Germanique. î P. 100 et 123, il est question d'un Henri,
frère du roi Robert.. Ce personnage n'a jamais eiislé, dans le premier cas, il
s'agit de l'oncle du roi Robert, lequel oncle, mort en 10112. Mail doc de Bour-
gogne ; dans le second, de Henri, lits de Robert, le futur roi Henri I".
3. Dana le teste de Thietmsr de Mersebourg, VII, 20 : Omnem namt/ve llur-
çundiac regtotilt primat u m pet manui ab avunculo miiitet accepll (il s'agit
de l'empereur Henri II), M Poupsrrlin ne veut pas voir une cérémonie d'hom-
mage, s Rodolfe, écril-il p. 128, aurait pris, au nom de ses grand* (prlmaliu), et
peul-élre avec le concours de quelques-uns d'entre eus, l'engagement qu'ils prê-
teraient serment il Henri el le reconnaîtraient comme le successeur désigné
de leur souverain actuel, > Cela nous semble bien compliqué. M. Poupardin
n'eiplique pas les moli per manui qui me semblent s'appliquer toujours a un
hommage, el vraiment je ne vois aucune raison de ne pas traduire prtmatum
par prlmalie, suzeraineté. Mot» avons li une des formes ordinaires du benc-
/icium, celle que les juristes appellent beneficium otilatum : le vassal oui» son
bien, en garde la jouissance viagère et le bien revient, à sa mort, au suzerain
qu'il a reconnu. Ou reste. M, Poupardin, en démoulranl l'authenticité de la
charte d'Olte-GuilInume pour Frultuaria, a prouvé qu'au moins* Porl-sur- Saône,
dans le comté de Bourgogne, Henri II a fait acle de suier.tin en 1019,
<;.-]. mtKB : l>i» OKTOLimoiaXKCIIT. 387
ravent par le cul même. Il sérail à hum liai ter que ta géc-
suivit les progrès ai réel* accomplis eu France par
p physique Kufin, ri excellente, que «oit la GOI
nom aurions souhaité des considération» plat» nombreuses sur los alu-
nites cotre la France et le royaume de Ilourgogue qui pourtant passait,
en 1038, son* !a suzeraineté allemande; par exemple, nous aurions
aimé y trouver un développement sur la langue qui, précisément, se
conitituait aux i* et u* siècles. Toutes ces critiques de deuil N tuus
le* tfefMrrata que nous exprimons n'empêchent point que l'ouvrage de
M. l'oupardiu ne soit l'un des meilleurs qui aient paru en ces derniers
temps en France sur l'histoire du moyen âge.
Cb. Pnstxk.
(iodehard-JoS. KiUX. Du Devolutionarecht, vornehmlich nach
kathollacbem Klrcbenrecbt StttUgHrt, Knkc, IflUtl. In-S", xnv-
ttH page*, i Kirchenrtchtliihe Abhandlungen, pulil. par 11. SluU,
fa*c. 37-38.)
L'ouvrage de M. Ebera est en grande partie consacré à des questions
de droit canonique. Nous n'aurions donc point à nous eu occuper ici
s'il ne contenait une histoire assex détaillée du droit de dévolution, en
matière de nomination ecclésiastique, depuis les origines de l'Église
jusqu'à l'époque Ml triplai OetU histoire, qui remplit a attt
de '250 page», s» divise en trois chapitres : formation du droit de dévo-
lution; son épanouissement (1170-1312), ses transformations et sa déca-
dence a partir du xiv* siècle.
L'élude de la formation du droit de dévolution eat tout pu :
ment intéressant*. M. Kbert montre fort bien comment dés l'époque
romaine, surtout en Orient, quelques symptôme* favorables à ce droit
commencent à se faire jour. A l'époque mérovingienne, l'idée ne pro-
gresse pas ; mais l'usage s'introduit, dans les élections épiscopales, quand
le* voix de* électeurs se sont, sans résultat décisif, partagées entre deux
candidats, de laisser le roi eu choisir un trottera
royale prend une extension considérable à l'époque carolingienne :
quand le souverain juge l'élu « indigne a, il casse purement et simple-
ment l'élection et nomme directement le candidat de sou eftoix.
C'est par cette brèche que le droit canonique de dévolution va «'in-
troduire. Les pape* réformateurs, depui- Grégoire VU, M substituant
4 tu rm., prétendent trancher le* cas d'élection* contestées, qu'il s'agisse
îles évoques on du cierge inférieur. Il ne restait plu. qu'a reporter ce
droit du pape aux métropolitains, aux chapitres, etc.; ce Tut l'œuvre
d'Alexandre III. Le concile réuni au Latrnn en 1171 pnarolgM mut
série de canon* qui, en reconnaissant le dn>ii dr MvotaUc
mentent avec précision. Inuuceut III conlirme le» dispositions du con-
cile et les éiend encore, DésormsU, le droit de dévolution M
388 COBPTES-HE^DCS CHIT1QCKS.
ment installé dans l'Église et, jusqu'à Boni race VIII, va sans cetae se
développant.
Dans la suite, ce droit trouva un adversaire résolu dans la personne
même du souverain pontife. Par le système des réserves, des grâces
expectatives, la papauté réussit peu a peu à ménager son droit d'inter-
vention directe dans lu plupart des nominations aux bénéfices ecclé-
siastiques; les concordats portèrent au droit de dévolution des coups
plus funestes encore. Lu décadence s'accentue au cours du in* siècle,
et le droit de dévolution, chaque jour plus étroitement limité, ne sub-
siste bientôt plus que sur des points tout a fait secondaires.
L'exposé de M. Ebers est clair, soigneusement documenté. C'est u
très utile contribution à l'histoire des nominations ecclésiastiques.
Louis II.ii.ruEs.
Karl We*CK. Phlllpp der Schdne von Frankreich, sein* Person-
lichkelt und das Urteil der Zeitgenossen. Marburg, impr. de
l'Université, 1905. In-4°, 7i pages.
L'étude de M. Karl Wenck sur la personnalité de Philippe le Bel
présente on vif intérêt. Elle est caractérisée, comme tout ce que
M. Wenuk a écrit sur la tin du un1 et le commencement du xrv* siècle,
par une connaissance approfondie des textes imprimés et des travaux
antérieurs, par un sentiment très juste des idées et des mmurs du temps,
enfin par beaucoup de bon sens.
A son tour, M. Wenck se pose cette qoestion : « Philippe le Bel
a-t-il gouverné par loi-mémo, ou bien n'a-l-il été qu'on docile instru-
ment entre les mains de ses ministres? • Récemment,, M. Ch.-V. Lan-
glois s'est prononcé pour la seconde hypothèse; M. Wenck, ao contraire,
conclut au gouvernement personnel du roi.
Il seruit trop long d'analyser ici l'argomeotation très abondante et
très précise de l'historien allemand. Oo trouve dans ce travail des pages
vraiment curieuses, celles, par exemple, où l'auteur montre l'influence
exercée sur l'esprit du jeune rui par les maîtres qui l'ont élevé et par
ceux qui out écrit, à sa demande, des traités sur le gouvernement,
notamment par Egidio Golonna, auteur du De regimine principum.
M. Wenck souligne avec raison l'importunce de la lettre écrite sur
la mort de Philippe le Bel par Guillaume Haldrich, correspondant de
la cour de Majorque, texte précieux publié en IK'17 par M. Baudon de
Mouy. Avant de mourir, Philippe le Bel reconnut expressément l'ac-
tion qu'il avait eue comme roi de France sur son gouvernement et qui
r responsable de sa politique
taisait de h
Le seul argument que M. Langli
de voir est que les contemporain
comme un homme faible et qui si
Quels contemporains? Des éi
produit en faveur de sa manière
iraient considéré Philippe le Bel
ait laissé mener par ses ministres .
qui, comme l'auteur de la chro-
ia euro-
«, wEt« : punire iiek scbôie vo* nuisiiiicn-
389
nique attribuée à GeorTroi de l'an», vivaient loin de la cour et ne
savaient Hni iê M qui s'y paie lis, fin cuunallra la valeur qu'il convient
d'attribuer sur ce puinl à Pofh I 'I'.' Paris ea étudiant
lu sentiment inonarrhiqu- ni France. Le* Français avaient
un véritable culte pour leurs souverain». Du moment où ils estimaient
qui! les affaires allaient mal, il était à leur» veux impossible que le roi
eût en mains la direction de l'F.tat. • 81 le roi In gavait I » incessant
écho qui nttud nVun boni .i l'utra fa lltietoin 4e Phbm
Il serait Gacile d'augmenter le nombre des argumenta donnes par
M. Wenck. Lm irai» grands ministre» qui se sont succédé dans la con-
fiance de Philippe le Bel, A savoir Ploie, Nogaret et Marigui, sont «ans
eeaw en "Ojags. Eb pwMQl pOOl dM missions dont le roi les charge en
Flandre, dan* le midi <\« l.i France, en Italie. Durant ces longue*
absence», qui gouvernait? 8e représente- l-on Richelieu ou Mazarin
partent pour l'expédition d'Anagni? Quand Maxarin s'en alla négocier
sur la frontière espagnole le traité des Pyrénées, il emmena le roi et la
cour. En Ifioil, le gouvernement de la France est à Sainl-Jean-tle-Liu. En
IMS, le gouvernement de la France étitit-il à Anagnif
M. Wenck va nit'-me beaucoup plus loin que nous n'avons jamais
été, bien que nous nous soyons toujours montré partisan de l'opinion
qui attribue a Philippe le Del le gouvernement de son royaume. Pour
M, Wenck, lors de la fameuse expédition en Italie, qui aboutit le
T septembre 1303, a l'attentat d'Anagni, Nogaret n'aurait été qu'un m-
cuteur scrupuleux des ordres que Philippe le Del lui aurait donnée lors
de «on départ. Nous summes convaincu que l'arrestation du ;.
pas dans la pensée du roi quand ton ministre prit couge. de lui. Nogaret
y Tut amené par les circonstances.
N<iu» croyons d'ailirurs qu'il faut se garder d'émettre des jugement»
trop absolus sur 1rs .rviTn-Tiu'iiii di wueépoqn*. \
manière modeste H réMTfée ai M WtfKfcj |p|! frltH iê [m-ndre un
Un iranr.li.iiit et de railler le» idées de ses confrères, ne saurait être
trop louée. Savons-nous les raisons de ces faits éloignai de nous et qui
nous surprennent* Quoi qu'on en ait dit, l'affaire des Templiers con-
tinue d'être entourée d'un profond mystère Le jour tiendra sans doute
où la conduite de Philippe lu Del sera, sur ce point encore, comprise et
1-r.lllU FuNCK-DsENTtHO
1. (tn rôle erninrir su HtnrA nfflee d* Londres (rhaee, mite, mils t* ïl)
rcnffnn* «juslqun ont*» cuiicuiet rrdlgtes psr las roossillsrt il'ÉcImuril III,
•■ 1331 sans doute, d'après certain» document* du an-bit «a d* la rourentir
anglais', lui la loueur lullr rntfr WUpaaj lr H. I rt K.l, , u .i r • 1 I" On • suit que
l« archives de la couronne anglaise putaedalenl * celle rpoque de* rt-rili «ma-
nant i)n [«[" Dunilste VIII. nu trlui-d riritail le roi d'Angleterre ronlre 11
Crante : s Item, sar la c«rlificacioun le papa Honllare dr la conrclllie «I eau-
UHea des Fnaeeys et de lOor autres cuundicJouns el cualumes perillousa». de»
qaete* les |*tne* m ta smt d'Knalalerre et es islet eslauni m vraies, suloianl
CMRM-1HB1
Joseph Schiitzkh. Quellen und ForscbunKen zur Geschicbte Savo-
ntu-olas. I ' Bartolomeo Reddltl und Tommaso Ginori. Munich,
Lenlner, (968. In-8°, )QS pages. —Il : Savonarol* nnd die
Feuerprobe Itiid., i904. lu- s". Till-f 70 pages. — III : Barto-
lomeo Ceiretani. Ibid.. 1904. ln-8°. h - M 0 pages.
Rempli d'admiration pour la grande figure de Savonarole, M.SchniUer
réunit les élément! d'une histoire du réformateur florentin; et il en a
déjà donné trois fascicules dans les publications du séminaire d'histoire
ecclêeias tique de l'Université de Munich. Dans le second il étudie l'un
toi le» plus émouvants de l'histoire de 8avonarol>\
du feu à laquelle proposa de se soumettre l'un de ses confrères du cou-
vent de Saint-Marc pour prouver l'injustice de la sentence d'excommu~
nication qu'Alexandre VI venait de porter contre lui. Dans une étude
préliminaire il étudie l'histoire intérieure de Florence depuis l'entrée des
troupes frauçaises de Charles VIII, l'exil de Pierre de MédicU et le réta-
blissement du régime républicain, et le jour où celte épreuve manquée
aurait dû avoir lieu. Il nous montre les luttes et les intrigues auxquelles
se livraient à l'intérieur de la ville les amis et les adversaires de Savo-
narole, les fraUschi et les arrabiati. Il nous décrit, avec beaucoup de pré-
cision, les négociations diplomatiques qui se poursuivaient dans la pénin-
sule, avec la connivence des arrabiati, entre le pape, Ludovic le More,
la maison d'Aragon et la république de Venise, pour enlever Florence
à l'influence française et la faire passer à la fois sous la domination
des Médicis et dans la Sainte-Ligue. Alexandre VI travailla surtout à
avoir matière et source, de«qneles mencioun est faite en an roui endors* : lit
coniuelxiline... > L'on peut déjà constater que Boniface VIII se mêlait de ce
qui ne le regardait pas. Une seconde noie indique que Bonifiée VIII, instruit
ji.ir nés agents, dénonçait à Edouard I" ceux qui, parmi ses sujets, vassaux
on alliés, inclinaient ver» la France et en favorisaient les intérêts. Emin, du
plus vif intérêt est le passage du râle où il est question des procédure* d'ex-
communication et d 'interdit contre le roi de France et son royaume, commen-
cées par le pape en décembre 1302, et qui menacèrent d'éclater en avril et mai
1303 : « ... dount le roi de France fuit mys en nécessité de accorder audit roi
d'Angleterre et lui faire resliluciouu des chaslel et des villes, par peur desdile*
sentences d'escominge et d'entredil et del excenciouns d'icellea par creyrerie
(croisade) et aide seculer, etc., desqueux mencioun est faite en pinaonn rouis
endorséa : De yiierrarum moteria et passagii trammarini itnp/ ■■'.
popuii rliimore. ■ Roua apprenons ainsi, de la manière la plus autorisée et la
plus précise, que l'excommunication, que le pape s'apprêtait à lancer Ml !•■
royaume de France, contraignit Philippe le Bel au traité de Paris (13113, 20 mai]
à restituer l'Aquitaine. — Comprend-on à présent, et justine-t-on, la colère qui
secoua la France d'une extrémité 4 l'antre contre le ponlife romain, la réunion
des seigneurs an Louvre le 13 juin 1330, l'assemblée populaire dans le jardin
du roi le 24 juin, et Anagni : Nogarel arrêtant, te 7 septembre 1303, la mata du
pape, li- jour même où il l'apprêtait* lancer les sentences d'interdit?
acaimri : roiftunffu™ rua atacnicaTe. atTOimoua. 391
enlever à I» république Bonaltu eelol tjn 8 iWMroto.
Il l'.ippela îi Hume. Un Interdites: ronimuerle* sermon* de Saint-Marc
qui avalent transporté d'enthousiasme *<-■ rutiejUtyou», et I i
communia. Dans *s lulie contre M religieux austère qui était ta i:un-
damoalioa vivante des désordres de la curie. Alexandre VI trouva de»
auxiliaire* lont riévoui'f dans le* franciscain» de Sauite-llroii. juloux
de l'influence qu'avaient prise sur la ville |i>> dominicain* de Saint- Marc.
Et c'en ainsi qu'un jour, à la lin de mars U'JK, un francucain, In
P. François de Sainte-Croix, et m dominicain, la P. Doi
Saint- Marc » 'offrirent à paaser indemnes i Iruver» le feu, pour proonT
le premier que Savonarole était un suppôt du démon, le second que la
pape l'avait injustement condamne. Un «ait qu'au dernier moment le»
cbainpiona se dérobèrent. A rrabiati et fratetehi se reprochèrent mutuel-
M. Schuiliera cherché à déterminer sur ce point los responsabilitéa.
Il a recueilli le* témoignages des fratêiehi et de leur» adversaires et il lea
cita tout au long eu faisant précéder chacun d'eux d'une étude som-
maire snr celui qui l'a porté, Puis, il critique te» déposition», relevant
d'abord le* fait* sur lesquels il! liteatutt les poinlsoû
elle» se contredisent, et ainsi il arrive à cuite conclusion que le jugement
i» Ugn n'eut pas lieu parce que les franciscain* n'osèrent pas l'affron-
ter et que, multipliant les incidents préliminaires, ils traînèrent les prépa-
ratifs en longueur jusqu'à ce que la seigneurie, qui était au fond d'accord
ttp>: eux, renvoyai Mineur» et Prêcheurs dan» leur» couvents tttfMUt
On ne saurait trop feliciUT l'auteur de la manière dont il a conduit son
enquête et organisé sa jHenilrim QtnHil qui- soient ses sympathies
pour Savonarole, il l'a fait avec une impartialité et une rigueur vrai-
ment scienitliques.
Dans son troisième fascicule, M. Hchniuerélndied'nne manière par-
ticulière un chroniqueur florentin, du parti hostile a Savonarule, Bar-
lolomeo Cerretsni. Dans une intrnilu.titin de tjl> pages, bits
de faits et de références, il commence par nous présenter Bartolomeo et
ta famille: puis il étudie les deui histoires deson temps qu'il nous a lais-
sée», la Sloria fitrrtntina et la Storia ïn dialogo tUlla "tulaiiuiu di ^trente.
Il eu Eait la critique pour montrer dan» quelle mesure on doit t'y fier;
il indique les sources qu'elles nui utilisées et le parti qu'en
écrivains de» siècle* suivants; enfin, pour l'une et pour l'autre, il indique
les manuscrit* qui nous les uni conservées. Après cette étude. Il donne
d'important» extraits de l'un* et de l'autre histoire et on |«rticulier ce
qui MUMJM ïMwuiaroIe et la réforme de l'Église que souhaitaient
marna e.eui que n'avait pas gagnés à sa personne l'ardent prédicateur
i ci somme, celte édition fait honneur à M. Schnitzer et nous
fait souhaiter de voir un jour cette histoire de Savouarole que prépa-
rent ce» élude? particulières.
Jean Ct'uuue.
H. NàGjtoE*. Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux
XVI- et XVII« siècle». l'aris, H. Jouve, 1905. In-8% 826 pages.
En voyant que ce livre porte la signature d'un attaché à la légation
Ju Japon à Paris, l'on l'attend à y trouver nue critique, fait* au
moyen de documents japonais, des récits des Pères jésuites. Cette
attente est à peu près complètement déçue. M. Nagaoka s'est borné à
reproduire, parfois textuellement, des pages entières de ['Annaliste de
liacao, du P. Charlevoix, du P. Bouhours, de Pages, et même du
Serai François Xavier de J.-M. Cross, paru en lilOO II s'est contenté
d'intercaler du milieu de ces témoignages occidentaux quelques textes
japonais sur la date, l'origine, la nature et la valeur desquels il ne noua
donne aucun renseignement. • Nous ne pouvons pas certifier, écrit-il
à plusieurs reprises, si le document qui renferme ces délai l
authentique, mais en tous cas ces détails étaient exagérés* ■. Sa cri-
tique se borne en général à dire que les textes ■ exagèrent ».
Celle insuffisance critique met M. Nagaoka hors d'état de repondre
a quelques questions intéressantes : le christianisme a-t-il eu réelle-
ment, dans l'empire du Soleil- Levant, la prodigieuse diffusion que lui
prêtent les Pères? Si oui, comment s'explique cette diffusion? De quel
genre de christianisme s 'agissait- il' Comment se fait-il que les ordon-
nances shogounales contre les chrétiens, si impéralives et si claires,
aient été si mal obéies qu'il a fallu, de 1587 à 1633, les renouveler
sans cesse? Comment se fait-il que Hidéyoshi, proscripteur des chré-
tiens en 1 587, ne donne « aucune suite à son ordre de proscription ■?
Pourquoi léyasou, après avoir lui aussi interdit en 1606 • la doctrine
de Yasso ■, manifeste- t-il bientôt l'intention « de ne pas (
strictement cette ordonnance >? Quel fut au vrai le rôle des r
naires dans les révoltes féodales des daïmios? Autant de questions au
sujet desquelles nous confessons notre incompétence radicale, mais
auxquelles nous avions le droit d'exiger d'un écrivain japonais un essai
de réponse.
Après avoir étudié dans une première partie la grandeur »t la déca-
dence du christianisme japonais, M. Nagaoka consacre sa seconde
partie aux i rapports commerciaux du Japon avec l'Europe t. Malheu-
reusement, comme rapports commerciaux et rapports religieux sont
assez étroitement liés, le début de cette seconde partie revient fâcheu-
sement sur des faits examinés dans la première. L'histoire du com-
merce hollandais est faite presque exclusivement avec Montauus et
Kœmpfer*.
1. Il s'agit (p. 136) du procèi- verbal d'une confession des chrétiens d'Oshiroo
en 1631, d'après laquelle le pape un mil médité la conquête du Japon.
2. a Quoi qu'il en suit, le guiivernemeul shogounal tli- celle époque comprit le
christianisme cl ses ministres de cette ftooo, o Qu'eu lail-oa, si le document
est d'une autheulîcilë douteuse?
3. On invoque bien (p, 187) ud Projet d'kutoire diplomatique publié par
JOfl.-jnnir kHt.vi.tai-Lu.il imci : TimiDcn.
39.1
[ '[■ tj t -.- ir-~ «tait-il bSpMtfbb de faire mieux, l'eut-èire les source*
japonaise» sont-olles insuffisantes et non susceptible* d'une critique
sérieuse. Toujours est-il (ayons lu courage de In déclarer) que si un
• japonisant ■ de Fnincr. ifflllgltHlH. d'Allemagne ou d'ailleurs nmi
avait rapporté cette étude, nous dirions qu'elle n'ajoute à peu pris rien
4 notre connaissance du vieux Japon el de «es rapports avec l'Europe*,
li.'im Sam*.
Ans der Zeit Maria. Therenian. Tagebnoh des Furaten Johann
Joeef Bbevenhûllor Hetscb, Oberatbo fin datera der Kaise-
rln (17481776), lierausyegeben im A lift rage der UescllsehaJT.
fur neuere Ge*chirhU; liaterreiclis von Ikimi.r G** fui K i;
«a. Mi-reçu uml II' Hshi*. ScnLirrtit. YVlen, Adolf HolKhausen,
«907. 1)1-8% 310 pages.
La famille |ii iiiiiiniil de EfamnUtlH compte parmi les plu»
anciennes et les plus considérables de l'armoriai autrichien*. Depuis le
xvi* siècle, ses membres sont meléa 4 tous les grandi événements qui
marquent dan» les annales des Habsbourg*.
Outre une foule de vaillants hommes de guerre el d'habiles diplo-
mates', cette race illustre a produit le célèbre historien Fraiicoia-Chria-
topbe, ambassadeur 4 Madrid', et auteur des Annale* Ftrdinamtei.
le ministère ils* Mlalret étrangère! de Toaio, main on ajout* : ■ Ce (ail cepen-
ilanl ne •'•|i|HiTtnt *ur aucun document, nou* ne pouvon* en garantir l'aulben-
lirilr. > Se rail -ce l'habitude dea publication* historique* Japonaises de ne p»
prouter ce qu'elle* avaaeanU
1. Mené les api-endiiri l'p, 'lï'J et Miiv.j sont emprunte* * des •narres ebrè-
llenw. — Il aurait fallu dire que le* iinbaaudei de Juin Gonea l'eres de la*
Marins* «ot ete psbllrr* en soflai* dan* The rhtiippinê Itland* de Hlalr el
HoberUon. Il aurait fallu dire aussi que le gouvtraeur de* Philippine* en sier-
dee in I :.M p. lïT) n'était plus don Gomea, mort 4 cette date, mai» son II H
el turteueur Lui* Coton. — Le* Ultra dit* p«r Blalr ne donnent paa, il*
la solU de* événement* de I&93, ta même Ida* que M. Najiaobi.
î. Une traillUoa en miaule purle que relie famille d'ancienne nnhlease (rodais
aérait venue d* FranconW au il* aieele pour n'établir en i aritilhle. Son chef
MMri le MM île prmre du Saint -Km pire en I76II. Voir l Atmtnach de Gaiha,
1836, p. 138, el IMS i
3. An xvt* siècle, la famille Khctcnhuiler se ill>la* en deux braache* : Fren-
kaabufi et Ostarwilt.
t. Noeji tilerwii, rnlre sotrra, Jean de Khetenhitller. ambassadeur de l'cm-
i-ereur Hodolpbe II * Madrid,
"ICMI" I* re.nUnce lafaqur Marie-ThérèM fit
: I nul. »n.lf>' le (rlt-bra frM-lturrriinl '(ni
1 drolta
rnniir m 1 7 10. I* branche aine* a éteignit avec lui. l'lutieara membre* de la
brandie radellr jouèrent un roi* eu tu* d*n* l'opposition polluqu* el religieuse
an rW É
!.. Vienne et HaUtboanc, 1M0-IOG, 9 vol. la-fol.
394 coums-RB^Dirs cimouis.
ouvrage capital pour l'histoire de l'Allemagne pendant les années 1578
à 1623. Un descendant de cet écrivain remarquable, Jean-Joseph, prince
de Khevenhûller Metsch, a fait également œuvre d'historien en notant
soigneusement, jour par jour, les événements dont il fat le témoin.
On connaissait une partie de ce journal intime, donnant nn avant-
goût de l'intérêt considérable qu'il présente pour la connaissance du
zviii* siècle autrichien1. Nous voyons aujourd'hui le premier volume
d'une édition complète9 de ces mémoires, publiée par les soins du
comte Rodolphe de Khevenhûller Metsch, ambassadeur d'Autriche à
Paris, et de M. H. Schlitter, l'historien viennois bien connu.
Le prince Jean-Joseph de Khevenhûller Metsch, né à Klagenfurt en
1706, étudia le droit à Vienne, à Leyde et à Strasbourg, et débuta
ensuite dans les fonctions publiques en qualité de conseiller de régence
dans la Basse-Autriche. Appelé peu après dans la diplomatie par l'em-
pereur Charles VI, au moment des complications polonaises qui sur-
girent après la mort d'Auguste II, il fut successivement accrédité auprès
de plusieurs petites cours allemandes et auprès du roi de Danemark,
avec mission de combattre l'influence française au profit de la maison
d'Autriche. Il s'acquitta de ces devoirs avec une distinction telle que
son souverain le fit, coup sur coup, ministre de Bohême au Reichstag
de Regensburg, conseiller intime, et il était sur le point de l'envoyer
comme ambassadeur à Paris lorqu'il mourut.
Après un passage de brève durée à la cour de Dresde, pour obtenir
de l'Électeur la reconnaissance des droits de Marie-Thérèse et son con-
cours contre la Prusse, ce qui ne réussit pas, la Saxe mettant son adhé-
sion à un prix excessif, Khevenhûller quitta la diplomatie pour occuper
les charges de grand maréchal, de grand maître de la Chambre, et enfin
de grand maître de la Cour, qu'il devait garder jusqu'à sa mort (1776).
Confident de l'impératrice, chargé par elle des affaires les plus déli-
cates3, il n'hésitait pas à présenter à l'illustre princesse les objections
que lui suggéraient sou expérience, son patriotisme et son dévouement
à la dynastie. S'il était partisan déterminé de la politique extérieure
de sa souveraine, et notamment de l'alliance française, il redoutait le
système de réformes inauguré dans l'administration intérieure. Les
mesures, si prudentes, si modérées, prescrites par Marie-Thérèse,
notamment en matière de justice et de finances, paraissaient au prince
pleines de périls. Quitta non tnovere, telle est la devise qui revient
constamment dans ses avis; son esprit, conservateur jusqu'à la timidité,
1. A. Wolf, Aut dem Hofleben Maria Theresias. Nach den Memoiren des
FUrsten José f Khevenhûller. Vienne, 1859, in-8\
2. Le manuscrit présente quelques lacunes, mais on ne désespère pas de
retrouver ce qui manque.
3. Il fut notamment chargé de faire une enquête secrète sur les causes du
désastre militaire de Hohenfriedberg et adressa à Marie-Thérèse un rapport
aussi sincère que complet.
IOB.-10SKF HEVOiatiUEl KLTÇCa : TlCEirCfl. 895
t'effraye de tout changement, et l'on peut se figurer les crainte» qne lui
inspirent le» projet*, autrement radicaux, île l'archiduc héritier.
s'il réprouve li"* priBCtpW de Joseph II, il admire le tem-
pérament laborieux du jeune prince, MO désir de a'inslruiro , son
amour de la vérité, et, lorsque des différend* surgissant entre Joseph,
et sa mère, Kbeveohtiller intervient avec beaucoup de Ui'i ; il parvient
plus d'une fois a les réconcilier et réussit a Taire abandonner par
l'impératrice les projets de retraite qu'elle manifeste p.irfiin.
Durant in-nu-d-a* années, ce grand seigneur, doublé d'un observa-
teur mûri par la polilit|ue, a vu an dérouler sou* ses yeux la vie de la
cour et de l'fttat; il a noté chaque jour les faits doul il est le témoin
•t les réflexion* qu'ils lui inspirent. Tout l'intéresse : il nous décrira
les fêtes du palais, avec en m pi m son ce, dans un style ugreable, et de la
manière la plus attachante- |p, 111-118). L'ancien diplomate ne
manquera pas île nous tenir jii courant dos négociations pendiiutei, et
l'arrivée de l'un ou l'autre ambassadeur ou la remise de la barrette
cardinalice au nonce apostolique nous vaudront de curieux détail*
d'étiquette auxquels le grand maître attache naturellement une impor-
tance considérable (p. 153, Irïn, Itf-HrS] L'histoire militaire et sea
péripétie* diverses ne sont pas perdues de vue; il o'est pas un épisode
marquant des opérations de 17-43-17 14 qui ne soit retracé avec quelques
indications précises et des considérations souvent très juste» (voir par
exemple ce qu'il dit des marches sur le Rhin, p. 440-141 . 171, «ur le
Danube et l'Uar, p. 1C:t. les campagne* de i;
Iluhéme, p. 176, de Piémont, p. 18',!, de l'expédition dirigée eu 1744
par lioui* XV en personne, p. -4J et suiv.l. Ce n'est pas un homme
de guerre qui parla, mai» c'est mi ItOMto Uh place DH1
t, at d'ailleurs supérieurement informé.
ra sur l'biatoire religieuse de l'époque et spécialement sur
"l la famille impériale une infinité de petit» fait* qui
i aa rendra compte de la place importante tenue par le*
questions de l'espèce dans la vie des Habsbourg.
Incidemment , la narrateur mentionne la mort de personnages en
vue, et, à cette occasion, il rappelle le rôle qu'il* ont joué dam la poli-
tique; *e* notices concernant la reine mère de DRMtMtfc (j> 1191, ht
cardinaux* de Flrury et Nicolas Guidice (p. 134), le prim.
de Htarliemberg (p. Mil nou» fournissent quantité, de détails inédit»,
souvent précieux et toujours pittoresque».
Rien n'échappe à l'attention du grand maître : il relate avec soin l'ap-
parition d'une comète ou 1743, ainsi que les constatation» faites à l'obser-
vatoire dea Jeanlte*. et nou* raconte, presque à la môme page, la dea-
i-uce opérée dan* une log« maçonnique clandestine, où l'on
surprend de* diplomate», de* chambellan* et de* ecclésiastique* do
marque. H fulmine contre le* manceuvre* criminelle* de* société*
i les H-ntiment* de charité chrétienne dont il e*t anime.
l'empêchent Je citer un seul nom. Ce sevèra cunservaleur est en même
a on discret et nn délicat.
3îH! cohites-revucs csrriouss.
Toute* ses notes sont rédigées sans apprêt, avec Due grande
cité; ou ne trouve dans son récit rien de prétentieux ui d'affecté'. L'in-
térêt que présente ce volume cous fait désirer que l'œuvre entreprise
se poursuive rapidement. Nous n'avons encore que la partie du journal
relative aux années 1743-1744. La fin de la guerre de la i
d'Autriche et la guerre de Sept ans, pour ne parler que de la politique
extérieure, nous réservent sans doute plue d'un chapitre suggestif.
Les éditeurs méritent des éloges pour le soin avec lequel ils ont
établi leur texte. Une introduction substantielle ainsi que d'excellentes
notes rehaussent la valeur de la publication, et l 'avant-propos développe
des considérations très élevées sur l'histoire comparée de S'Autrictie-
Hongrie au ivm" siècle et aujourd'hui.
Eugène Hubb»t.
René Dollot. Les origines de la neutralité de la Belgique et le
système de la Barrière (1609-1830), avec une préface de
M. Emile Bourgeois. Paris, F. Alcan, 1902. In-8°, nv-570 pages.
La neutralité de la Belgique est-elle une institution essentiellement
juridique, inventée tout d'un coup par un homme d'État génial, on
bien est-elle le produit normal de certaines conditions géographiques et
historiques? M. Dollol s'est prononce pour la seconde alternative, et il
en a, à mon avis, démontré le bien fondé de la façon la plus piTcmptoire.
Je ferai toutefois une réserve: c'est que la neutralité, pour être un effet,
n'est pas un effet nécessaire; les partages de la Pologne et le démembre-
ment de la Turquie seraient là puur attester le contraire. J'ajouterai
encore que, personnellement, je ne vois pas pourquoi le fait d'avoir une
frontière appuyée sur des limites naturelles serait une des raisons suf-
fisantes de l'apparition d'un état neutre, comme le dit M. Dollot, p. xh.
Cela posé, je suis d'accord, avec les auteurs du livre et de la préface,
pour attribuer la fondation de la neutralité belge au nx" siècle, moins
à l'imitation de ce qui existait en Suisse qu'au développement logique
des conditions d'existence faites par la géographie et l'histoire aux
Pays-Bas du Sud.
Un autre point que M. Dollot a également élucidé et qui méritait de
l'être, c'est que la France a eu l'honneur de proposer la première cet
arrangement, et que le cardinal de Bichelicu en 1634-1635, puis li
conseil des Affaires étrangères du Bégent en 1715 ont été, par d<
projets très nets, les précurseurs de Louis-Philippe et de Talleyrand.
Est-ce à dire qu'il y ait là une • tradition » de la politique Ira in
I. A remarquer I invasion <les eipressious françaises. On en trouve presque
A chaque ligne : i Die Prise von Ypres. » — i S.icli der Haut) tlecouvrtrte
fr sic h selb. u — * Ein Coup de Soleil, i — Die Duchexit de Chaisuuroui ,
seine mittgenommenc maltresse, i — ■ Uns Appartement itl contremandtrt. »
— « Klcine i'j-cuMir/n mit l'arlie de ckaue. » — i Eine l'arUe de l'ttimr », etc.
DOU.OT : OBUttES l»E Li imUUH IIK 1-4 HRLIilQUK. t"Ji
(comme B«t 18), el doil-on consul
comme la résultante dû» efforts persévérants de notre diplomnliu depuis
RMlUtilHI* J'uïirai' qui' ]•• ni Bjurau BBTinga ainsi les choses,
quelque tentante que soit la théorie. Sl un gnnd bomme d'Étal a pu
Jsiin la pmnitw moitié du \\w attelé peser équitablemeiil les incon-
i lia avantages des diverses «ululions de la question lielge.
et s'il a entrevu à un moment donné la plus satisfaisante ; si, d'autre
pari, après les trislcasea de la fin du règne de Louis XIV, quelques
ministres expérimentés, comme le maréchal d'iluirll.-s, uni cru qu'il
était de I intérêt bien entendu de la Franco de renoncer u jamais k
posséder les Pays-Bas, ce ne furent là que des idées fugitives, perdues
pour la majorité des contemporains au milieu d'une foule de projets,
de résolutions et d'actes par lesquels n'affirmait la tendance permanente,
secrète ou avouée du gouvernement français a conquérir et à annexer
L'ouvrage de M. Dollot permet de suivre celte évolution depuis les
origines |atau*M 1k:m. utc 100* les détails désirable* et suivant un
plat) qui se recommande par sa belle ordonnance ri par la clarté de
*es divisions. M. IJolloi a tieaucoup lu, s'est assimile avec intelligence
les travaux de ses devanciers el les a heureusement complétés par
d'utiles recherches dans plusieurs dépota d'archives. La connaissance
du hollandais lui a sans doute terriblement manqué, mais il s'est fait
traduire les ouvrages et les documents indispensables el s'est tiré eu
somme à «on honneur de dilucullé* qui auraient arrêté beaucoup
d'autres. Il a lait un emploi jh.j <i<>ns d'acte* relatifs a
Son sujet el a trouvé nui archives des Affaires étrangère* une source
inédile précieuse; toui au plus me permettrai -je, en louant son infor-
mation, de le mettra en garde contre les inexactitudes que doit forcé-
r mer le mémoire manuscrit en quatre volumes sur l'Iûsloire
d" la Barrière, dont kl s'est peut-être irop servi et dont les pièces, qui
sont des copies, ont besoin, soll pour les dates, soit pour le texte mémo,
-neusement collalionnées avec les originaux.
La première partie, après une introduction bien conduite, qui va du
traité de Verdun do 843 à la trêve de douxe ans de (till'J, traite la
période de 1609 à 1C7'.i où apparaît pour la première fois Italie, te BM>
irali-er le pays beige et où s'élabore un système, issu du rnu> nl.v
mais plein de défauts, le système de la Barrière. Les Hollandais, vain-
queur* de leurs anciens souverains dans une lutte de quatre-vingts ans,
cessent de songer an partage des Pays-Bas espagnols avec la France;
l'Fjpagne épuisée ne les Inquiète plus; la France de ataWlfl H de
Louis XIV leur semble plus redoutable, ot ils ehaVttsUl I HmipinhaT
de devenir leur voitiue, en gardant la Flandre comme i un» mursillr
entre deux t. C'est déjà la préoccupation de* Eiat» généraux en avril
1547; c'est ensuite ni Win pattdm pMQll toute son
administration. M. Dolkit a eu le mérite dj jeter une lumière nouvelle
sur les longues négociation du grand pensionnaire avec d'Estrades et
398 COMPTBS-IBNDUS CHTIQUES.
•or ce qu'on appelait alors le projet de c cantonnement i des Pays-Bas.
Il a aussi expliqué comment la paix de Nimègoe accorda déjà aux Pro-
vinces-Unies une sorte de « barrière », en faisant restituer à l'Espagne
plusieurs des places fortes enlevées par Louis XTV.
La deuxième partie (1679-1748) voit se préciser et se transformer le
système de la Barrière, qni s'organise enfin sous la protection des gar-
nisons hollandaises, dans les traités de 4709 et 4745 et la convention
de 4748. Ce système, sans cesse modifié par de nouvelles négociations,
finit, après la guerre de la ligue d'Augsbourg et la paix de Ryswick,
par devenir le pivot de la politique anglo-hollandaise dirigée contre la
France. Le chapitre vin, qui traite de rétablissement du système depuis
4697, et le chapitre x, qui raconte les transactions définitives de 1745 et
4748, comptent parmi les plus intéressants et les mieux composés. A
remarquer surtout la critique du système et la démonstration de son
inefficacité (p. 407 et suiv.).
La troisième partie (4748-4797) montre la décadence de la Barrière et
ses inconvénients multiples, tant pour les Hollandais, qu'elle ruine, que
pour les Belges et les Autrichiens, qu'elle gène et exaspère. Ici, par
malheur, la composition et le style se relâchent et mille indices
trahissent la fatigue de l'auteur : les derniers chapitres sont lourds et
parfois confus, le récit se traîne au milieu de détails inutiles et l'inco-
hérence des développements déroute l'attention du lecteur.
Il en est de même d'une partie de la trop courte conclusion, et c'est
seulement pour la période de 4814 et 1830, où le système de la Barrière
fait définitivement faillite, que M. Dollot retrouve les qualités d'expo-
sition claire et de jugement droit qui assurent à l'ensemble de son
ouvrage le suffrage favorable de tous les historiens1.
Albert Wàddinotoii.
1. Qu'il me soit permis cependant de signaler certaines assertions fâcheuses
et certaines inexactitudes qui tiennent, j'en suis persuadé, à l'inexpérience de
l'auteur. P. 26, en parlant des pays hollandais de la généralité, c'est-à-dire qui
appartenaient à toutes les Provinces-Unies, il est dit en note que a la généra-
lité est un terme générique (?) qui s'applique à toutes les conquêtes des Hol-
landais >. P. 281, la révocation de l'Édit de Nantes est présentée comme un
acte d'intolérance, c moins injustifié qu'on ne l'écrit communément >. P. 337,
les coalitions formées par Guillaume III c n'ont été utiles ni à l'Angleterre ni
à la Hollande >. P. 389, M. Dollot écrit que les Hollandais voulaient en
général écraser leurs adversaires sous le nombre de leurs plénipotentiaires,
alors que la forme du gouvernement des Provinces-Unies était la seule cause
de ce nombre. P. 397, la carte des places de la Barrière porte plus de noms
que n'en contient l'article IV du traité de novembre 1715. Mais j'aurais mau-
vaise grâce à insister sur ces petites imperfections, comme aussi sur quelques
taches de style et sur les innombrables fautes d'impression qui trop souvent
défigurent les noms propres ou faussent les dates.
UCOIIls nfjLiminjrt.;..
RECUEILS PERIODIQUES ET SOCIETES SAVANTES.
Revu* archéologique 4* série, l. Vlll, 1M6, lepL-oct. —
inseriplloiti patstyiénlMUM. — V. Mon-
cherches nlllquM sur Vttmt ot son uiuvrn nuite en janvier! .
P. UoNca*Li. BoqoMt «iir t'tpiapiphia chrétienne d'Afrique; ins-
crij.tiont métrique* (mi in*). = T. IX, 1907, janv.-Cévr. Vcacoinas. Le*
bas-relief* de l'autel do* Nantir Parisiaci (• les mariniers parisien!,
consacrant un autel n Jupiter, ont associé à cette rouvre, d'une part, un
élément militaire, compose de mariniers et de charpentiers de bateaux
groupé* pour constituer des cohortes de nauU. et. d'autre part, un élé-
ment ■ civil >, les déchargeurs de bateaux •). — L. Juin. m. Les établis-
seiiH-ut» antique» du bassin supérieur de la Garonne | relevé des vestiges
romains et jircroniain»). — M. BrbtaDH. l,e* Manu ion, peintres amié-
noi» du xv* ». — V. Macuiiiuho. Le svnchrûtisme religieux et l'épi gra-
ndi* (on a on tort de *e Bar jusqu'ici presque exclumviHtit>nt aux textes lit-
téraire* au sujet de l'amimilatiuu qui aurait été faite s. Hume de* culte*
étranger*). ^Compte-rendu :Cirrc. LabaïuilN- l'Ail ui'!U>|in-k dodéuil).
S. — Bulletin de correapondance hellénique. T. XXX, 1906.
- KouilliM dr Déb)*, 190* : J. Chawiiuh. Fouille* dan* le
quartier du théâtre In dans le quartier marchand.
— L, BiE»»n. Inscription* découverte* à Oélos en 1904. = T. XXXI,
190", janv.-mar*. Salomon Reinach. La mort du grand fan (explique
la légende célèbre rapportée par Plutarque en supposant que les pas-
asgera crurent entendre que le grand Pan était mort, alor* que le*
gens de Paxoa pleuraient le dieu Thamoux ou Adouis, navt4va<). —
n Bfdta \CtL. III, l!29fi). —
ta t.harhon
a Deliiiimutrijjuoii trouvée* lli'-lo», publiénavoc un |bh| mmuii'iiuiri'.
« c'est le premier document qui fasse cunnaitre un» réglementation
commerciale complète • dan* une cité, de la GrAce antique. — M Bol
tUtn. Psaticaca d'un monument cimimémoratif de la batitilli' H Bal"
la*ia. — w. Veuastar. faxtlua
3. — Bibliothèque de l'fieule de* charte» I l.XVlll, v.#n,
n« H. — H Osf*Xfr rtwvaUai »'qtir«ition* du département de»
manuscrit* de U tlibl. nationale, 1995-1906. — P. Mnra. Lettre du
ii ijnattoi nt aonaail ! javac Cac-*imlléde
l'ung |. — tih. l'oaàa. Le* stalol* de la communauté de* wijrnpnr»
parier* de la GaruV-Ou.rin en Gémudati, 1î:iK-i:t(;t (urganlution ilr
la parérie au nti* *.; réforme* introduites par l'évéqu* Guillaume
Durand; texte*). — M. Jcwiu*. Documents financier* concernant les
I1BUBU l'NMOIHOCÏS.
i prise» par Alphonse de Poitiers contre les Juifs, 126M269. =
Comptes-rendus : A. Hoitsmann, lier Procès» gegen Johann ohne Laad
u. die An fange des frauiùsiscbeii Pairshofes |H. Guilhermoz montre
que le seul texte nouveau produit par M. H. est interprété à contresens).
— S. Francise! AsîisiensisVitaet Miracula, publ. p. le P. Edouard d' A ttn-
çon. — E. Maugh. Essai sur le recrutement et les attributions des prin-
cipaux ollices du siège du bailliage d'Amiens, 1300-1600 {critique détail-
lée par G. Dupont-Ferrier). — A. Philippe. La baroonie du Tourne! et
ses seigneurs (les pièces justificatives mal publiées).
4. — Le Moyen âge. 2' série, t. X, 1906, nov.-déc. — G. Mol-
ut. Une lettre close inédite de Charles VI (1392). — G. Espisas.
Une bibliographie de l'histoire économique de la Franco au moyen
âge (celle de M. Boisson nade, dans la Hevue de synthèse historique.
nombreuses corrodions de détail). — Compte-rendu : M. Buion.
Recherches sur les origines des évechéi de Genève, Lausanne, àion.
= T. XI, 1907. jauv.-Hw. R. Pocpardin. Études sur l'histoire des
principautés lombardes de l'Italie méridionale et de leurs rapports avec
l'Empire franc; III : Louis le Pieux et Lothaire. = Compte
G. Jcanton. Le servage en Bourgogne (solide). — H. Leclrrcq. L'Es-
pagne chrétienne (bou résumé, mai» fait trop bàtivemeutl. = Mars-
avril. A. d'Ukrboiiez. Philippe de Valois et la maletote à Tournai.
J. Depoin. La mort du duc Gisleberl de Lorraine [t octobre 939, d'après
un nécrologe). — Comptes-rendus : E. Deville. Notice sur quelques
manuscrits normands de la Bibliothèque Sain te- Geneviève. — fi. de
Hinojosa. El regimen senorial y la Question agraria eu Cataluha durante
la eilud média (très important et plein de rapprochements suggestifs
avec les usages français). — Thitlier et Jarry. Cartulaire de Sainte-
Croix d'Orléans (nombreuses additions et corrections par L. Auvrayi.
5. — Bévue d'histoire diplomatique. T. XIX, 1905, n» I. —
E. Daudet. La disgrâce du duc de La Vauguyon (1797). Noie:-
ments. — L. Mirot. Isabelle de France, reine d'Angleterre (lin dans ce
n° et aux n« 2 et 4). — R. L'expédition de Chine en 1857-58 (d'après
U. Cordier). — P. Durand- Lapie. Dom Antoine I« de Portugal, 1 580-95
(suite; lin au n° 2). — L. Auvraï. Inventaire d'une collection 3e
lettres de cardinaux des xvi'-xvir* siècles (à la Bibl. nat.i. = N* 1.
P. Rain. Le duc de Richelieu, d'après sa correspondance publiée par
la Société impériale de Russie. — C.-B. Favbe. La diplomatie de
Leibniz (d'après les textes publiés par Foucher de Careii ; suite au nD 4,
et 1906, n» 2: fin en 1907, n» 2). — Comte n'Aimoctie. La présidence
du maréchal de Mac-Manon (d'après G. Ilauotaui). — M. Bouthï. L'al-
liance autrichienne et la diplomatie secrète, 1766-1771 (d'après les arch.
du ministère des Affaires étrangères). =N° 3. L. Emstbn. Napoléon III et
les préliminaires diplomatiques de la guerre civile aux États-Unis. —
F. Masson. Un explorateur d'archives dans la seconde moitié du xix* s.
(le comte de Martel). — Vicomte d'Harcourt. Souvenirs du comte do
:
i.
»
1ECUB1LS pimODIQDES. 404
Sainte-Aulaire (extrait). — L. Pingaud. Le corn te Fédor Golovkine,
d'après ses écrits publiés et inédits (envoyé par Catherine II comme
ministre près de sa cour des Deux-Siciles, puis rappelé et arrête; relâ-
ché sous Paul I", Golovkine vit en Allemagne, on Suisse et surtout
en France et meurt en 1823). — A. Bourguet. Les bracelets de la reine
(bracelets offerts à la reine d'Espagne par Louis XV pour faciliter la
conclusion du Pacte de famille). — II. Doniol. Historiens et enseigne*
inen/s de la Révolution française. = N° 4. G. Gallavrksi. Un ambas-
sadeur italien sous l'ancien régime. Le comte Joseph-Constantin
Ludolf < 1787-1875; chargé de missions diplomatiques à Constantinople,
Vienne, Pétersbourg; ministre do François Ier de Naples à Home. Fin
au nu suiv.). — P. Couuellb. Latour-Maubourg, charge d'affaires à
Constantinople, 18U1M81:? (d'après les archives du ministère des Affaires
étrangères; suite des études déjà parues sur Sébastian i). — Un festin
de moines à Jérusalem eu 1611 (extrait du Journal de •!. Bordier). =
T. XX, i'JOt), n° 1. Lettres inédites du comte Ch. de Montalemberl au
baron Anckarsvard (18^11-1857). — Un publiciste étranger au service de
la Pologne; Piattoli (1 788-1 7112). =: N° ;!. Bahhal-Montfkrbat. L'inci-
dent diplomatique d'Alger, en 178 i (d'après les archives du ministère
des Affaires étrangères). — P. Couublle. Andréossy, ambassadeur à
Constantinople, 181*2-181 A (fait suite à l'article sur Latour-Maubourg).
— J. Kniqiit. Lamartine, ministre des Affaires étrangères (a rendu ser-
vice par son esprit même d'opposition). — L. dk La m le. Les doges
Sébastien et Pierre Ziani (1172-1178 et 1?05-i2?<J; d'après une chro-
nique anonyme du xv« s.; Bn au n° 3).=:N°:L W.-L. Gqant. La mis-
sion de M. de Bussy à Londres en 1701 (négociations préparant le
traité de Paris, d'après les archives anglaises). — 11a ussos ville. Le duc
de Bourgogne et les pacifistes en 17(10 et 1710. — L. Pinuaud. Un his-
torien de la Russie d'il y a cent ans; le grand-duc Nicolas Mikhaîlo-
vitch. — H. Dollot. Une chouannerie flamande; chute de la domina-
tion française eu Belgique (181 H- 18 14». = N° 4. B. de Lacosjiie. Les
papiers de Nesselrode. — E. Thuhebt. Politique du nord de l'Europe
au moyen âge; les Northmen en France. — A. Uiffalovicii. I*a seconde
occupation de Francfort en 17% et la convention secrète de brumaire
au V. — Fr.-Ch. Houx. Les échelles de Svrie etd*1 Palestine au xvuia*.
idepuis 1715; suite aux deux nM suiv. [{apports des Français entre eux
et avec les protégés; avec les indigènes et les étrangers; période d'agi-
tation et de décadence, 1708-ÎW). — M. Boum y. Documents relatifs au
mariage de Marie- A moi nette. =: T. XXI, PJ07, n° I. Ci.kvknt-Sivun.
Un ambassadeur extraordinaire russe à Constantinople à l'époque «le
Catherin** II et de S«>lim II L — M. Escomnn. La I testai] ration, l'An-
gleterre et les colonies (signale l'opposition fie l'Angleterre à notre
politique coloniale sous la Hestau ration). — L. de Yuinuvich. Louis XIV
et Haguse, 1007-80 iex trait d'un livre sous presse sur la France et la
n publique de Hayusc). — P. Hain. L'Europe et la Chambre Introuvable,
'jo iiov. 181~i-5 sept. 1810 (expose la politique du duc de Richelieu). =
littv. UisToa. XC1V. 2* pasc. ;»6
402 recueils fbuodiqubs.
N*?. G. Troubetzkoï. La politique russe en Orieat; le schisme bulgare
(tentatives d'une solution canonique, 1867-70). — P. Dudon. La réponse
de Portalis à la note du cardinal Gaprara sur les articles organiques
(texte tiré des arch. du Vatican).
6. — Revue d'histoire moderne et contemporaine. T. VIII,
n° 6, mars 4907. — J. Letaconnoux. La question des subsistances et du
commerce des grains en France au xvm* s.; travaux, sources et ques-
tions à traiter. = Compte-rendu : A. Dry. Soldats ambassadeurs sous
le Directoire (des erreurs, mais du nouveau). =z N° 7, avril. E. Déprez.
Les opérations de la vente des biens nationaux ; organisation générale
et direction centrale ; I. Les biens ecclésiastiques (le Comité d'aliéna-
tion, 1790-1791, le commissaire du roi, administrateur de la caisse de
l'extraordinaire, 1791-1793). = Comptes-rendus : G. Daupeley. Som-
maire des délibérations de la commune de Nogent-le-Rotrou pendant
la Révolution (utile, mais peu méthodique). — P. Bliard. Le conven-
tionnel Prieur de la Marne en mission dans l'ouest (L. Lévy-Schnei-
der dénonce la partialité et l'insuffisance de ce livre). — E. Joachim.
Napoléon in Finckenstein. — P. Simon. L'élaboration de la Charte
constitutionnelle de 1814 (pas définitif).
7. — La Révolution française. 1907, avril. — A. Aulard. Taine,
historien de la Révolution française (suite : l'établissement du gouver-
nement révolutionnaire). — J. Guillaume. La destruction des tombeaux
des rois (rectifie une erreur de G. Cain). = Mai. J. Glaretie. La
« Liberté reconquise » à la Comédie-Française, en 1791 (pièce d'un cer-
tain Harny, qui eut un grand succès). — J. Guillaume. Lavoisier anti-
clérical et révolutionnaire (publie des Réflexions inédites de Lavoisier
sur l'instruction publique). — H. Girard. Carnot et l'éducation popu-
laire pendant les Gent-Juurs (d'après des documents conservés par la
famille Carnot). — A propos de Prieur (de la Marne) ; lettre de P. Bliard
et réponse de Lûv y-Schneider.
8. — Revue de l'histoire des religions. T. LIV, 1906, n» 3. —
M. Rkvon. Le shinntoïsme (suite). — A. Cauaton. Raden Paku,sunan
de Giri; légende musulmane javanaise; texte et traduction (curieux
pour l'histoire de Java au xv° siècle). — P. Alphandérv. Albert Réville.
= Comptes-rendus : A. Lods. La croyance à la vie future et le culte
des morts dans l'antiquité israélite (important). — Frazer. Adonis,
Attis, Osiris. = T. LV, 1907, n° 1. Revon. Le shinntoïsme (fin). =
Comptes-rendus : M. Dibelius. Die Lade Jahves (croit l'arche sainte
d'origine babylonienne). — A. van Gennep. Tabou et totémisme à Mada-
gascar. = N° 2. «T. Réville. Leçon d'ouverture du cours d'histoire des
religions au Collège de France. = Comptes -rendus : W, Ramsay.
Studies in the history and art of the eastern provinces of the Roman
Empire (mémoires relatifs à l'Asie Mineure, par M. R. et ses élèves;
conjectures souvent fragiles). — Harnack. Lukas, der Arzt, der Ver-
BKrxilt.* rÉiiODigCïs. 103
fasser des dritlen Evongeliums u. der Apostelgoschichle {discussion
par J Hévillo].
0- — Études Revu* fonder par dm Père» de la Compagnie
de Jeans. 1307. 20 fovr. — M. Oman. Gilbert de Choiseul à Tour-
nai |d'apre« DeamoD*. Gitbtrt de Ghoùtut, h'ùjutde. Tournai, ttill*lW\.
— P. ut Vftamu. lîalilén et les Jésuites (lin le l> marsi. — J. Hsuckks.
Bulletin d' Ecriture sainte. = 5 mare. A i ■'An !
daUirr id'ajirè* I» volume sur Vlipiteapal français de 180! I IH i p iblié
par la Soc. bibliographique. = \> avril. 1''. Laaaivaa. L'abandon de
l'Egypte par la Franco (d'après les doroior* livres anglais et françai*|.
— P. Iii.unn, Une condamnation à mort en 1791 (un exemple d'une
de* * injustes persécution* que le peuple, dans sa partie la plus saine,
eut i subir en ces jours effroyables > de lu Révolution : la famille
Crauillière de Bées, eu !"'J'MM|. = 20 avril. La Baciwlet. Bellarmin
a l'index; document* nouveaux (la correspondance du légal dt Franc a
Uenri Uantani al du cardinal Aquaviva, 1590). — I'. DOBOK. BaUuln
dlilstolro moderne. = 20 mai. J. tkmr.. Le* finance* du Bail
au temps d'Avignon (d'après le livre de Samarnn et Mollati. — K. Go
mut. Les lacunes du • Port-Royal > de Sainte-Beuve (Sainte-Beuve
a et* d'une négligence surprenante dans la préparation de sou ouvrage).
10 — Revue critique d'histoire et de littérature. 190
- Airs. Fmnt: Ma Krp[iini««ii"ii des Mississipitliales bu m in Ausgang
der fransfisisclien Herrscbaft (bon résumé de l'Iiintoire do la colonisa-
tion franeaiao dans la vallée du Misaissipi). — £ Ueanuet. L'Eglise de
France sous ls troisième République. IH70-1S7H (repreud, au poiut de
vue catholique Jibtrral, lu sujet trait* récemment par A. DtUdOVI IH
(Hiinldo Vti>' laïque a| pépabUoaill ; Confirma, M remmê, les conclusions
auxquelles celui-ci était arrivai. = '.'9 avril. RmU* Honnit |
et monument* do l'Hérault ibon tableau do* civilisations anciennes et
moderne» qui se «ont succède dans l'Hérault jusqu'à la Ile naissance).
- 0. Aulaçnt. Un siècle de vie ecclésiastique en province. La reforme
BatbaQqita du ivn* siècle dans le diocèse de Limogo* (bon), — f, Battu.
lli«toir« de l'ancienne Université de Provence, 2* période, Il
|bon). = (1 mai. J. Hatschek Eogliscbes Huaureclu . Bd. Il : dit ffs»
waltung | remarquable exposé des Institutions administrative* de l'An-
gleterre couieuiporaine). — K Smpkln. Qnnhlflhf WD I
Bd. I lestlmable : mais l'ouvrage est écrit a un point de vue trop tien*
illemand). — Joli. Dieraurr. SwohlcbU der Srhv.,-,
Bidgeno t se n*c liait: IM. H! {BOOM Ui-unni do la Confédération lielvé-
pute lu iteliut* de U Réforme jusqu'en 16-18). — Mémoires
pubL p. ho Houton (niimprw-
rTtgl paru pour la i ,7 « C'est
0 dont il ne faut pas éditer un texte ■). = 20 mat.
II. Hante Zabyloaiau légal and business documn >
funn teits, VI, 1 ipubli» 11» tablette» provenant «ans d*UU
404 IICUIILS PÏEIODIQUW.
para). — G. Dottin. Manuel pour servir à l'étude de l'antiquité celtique
(excellent). = 27 mai. Mahaffy. The silver âge of the greek world (bon
tableau de l'hellénisme après la réduction de la Grèce en province
romaine et jusqu'à la fin du iw siècle après J.-C.). — À. Merlin.
L'Aventin dans l'Antiquité (excellent).
11. — Académie des inscriptions et belles-lettres. Comptes-
rendus. 1906, octobre. — Marquis db Vogué. Papyrus araméens
d'Egypte (à propos des Aramaic Papyri publ. par MM. Sayce et Gowley).
— G. Glots. Une inscription de Milet (fait connaître c le bannisse-
ment par inscription sur la stèle » et jette un jour nouveau sur l'histoire
de Milet après les guerres médiques). = Nov. B. Haussoulue*. Notice
sur la vie et les œuvres de M. Jules OpperL — G. Pbrbot. Notice sur
la vie et les travaux de D.-R. Rochette. — E. Bbbobr. Les aventures
de la reine Aliénor; histoire et légende. = 1907, janv. H. d' Assois db
Jubaihvillb. Une colonie gauloise en Irlande au in* siècle avant notre
ère. — E. Sbhabt. Une nouvelle inscription d'Aéoka (utile pour la con-
naissance du bouddhisme). = Février. H. d'Arbois db Jubaihvillb.
Un cyclope en Irlande (Cûchulainn, fils du dieu Lug).
12. — Académie des sciences morales et politiques. Séances
et travaux. Compte-rendu, 1907, février. — Combes db Lbstbadb. Le
cardinal Arezzo et sa fuite en Corse (1812; d'après un récit écrit par
le cardinal). = Mars. Esmeix. Napoléon prédit et jugé par Gouverneur
Morris. — G. Monod. Une élection au Collège de France en 1830
(raconte les intrigues politiques à la suite desquelles Saint-Martin,
désigné à la fois par le Collège de France et par l'Institut, fut évincé
et Letronne nommé). — A. Laib. Le prix triennal d'après des docu-
ments inédits (dès son institution, en 1855, ce prix, qui devait être
décerné par l'Institut, donna lieu à de graves conflits). — E. de Bude.
Voyages de J.-A. Turrettini (1691-1693), d'après une correspondance
inédite (voyages en France, Hollande, Angleterre). =: Avril. J. Darcy.
L'affaire de Madagascar; I : 1814-1881. = Mai. Chuquet. Souvenirs du
baron de Frénilly (fragment, 1768-1780). — H. Carbé. Des parlements
et de la convocation des États-Généraux, 25 sept. -5 mai 1789 (étudie le
conflit d'idées entre les parlements et les États provenant de la concep-
tion conservatrice que les magistrats voulaient imposer).
13. — Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne. 1906,
mai-juin. — E. Jaloustre. Un neveu de Pascal : Louis Périer. Le cas
de conscience (Louis Périer, chanoine de la cathédrale de Clermont, sa
vie et son rôle dans l'affaire du c Cas de conscience » de 1702, qui
amena la chute de Port-Royal). = Juillet-août. De Champflour. Jour-
nal du chanoine [de Clermont] Vidilhe (4600-4634). = Nov. Mioche.
Documents pour servir à l'histoire de Chapdes-Beaufort (suite en 4907,
mars). — M. Boudbt. Note sur la fabrication du feu grégeois en Auvergne
au xiy siècle. =: 4907, janv.-févr. M. Boudbt. Martial d'Auvergne
était-il d'Auvergne? (non). — A. Ojaroias. Un diplomate riomois au
tECUBILS PERIODIQUES. 405
xvir» s.; Pierre Chanut (suite). =: Mars. GnAMKLorR. lettre d'un jeune
Clermontois à son père au début des troubles do la Fronde.
14. — Revue de l'Agenals. 1900, n° 4. — Couyha. Journal d'un pré-
bendier de la cathédrale Saint-Ktienne d'Agen sous Louis XIII, liî21-
163? (suite aux fasc. suiv.). — Pli. Lauziin. Florian et ses bandes de parti-
sans en 1814 et 1*15 (suite dans ce fasc. et au suiv.). = N° 5. H. Donnât.
Mémoires de P. Verdolin, d'Aiguillon, procureur syndic du district
de Tonneins (ces mémoires sont à peu près les seuls qu'on ait pour la
période révolutionnaire en Agcnais ; M. D. en commence la publication ;
suite aux n°» suivants). — Lettres de Itory de Saint-Vincent (suite ici et
au n° suivant : 1824-1828). = 1907, n° 1. J. Mahboutin. lia commis-
sion diocésaine des monuments religieux (origines : 1841-18 M). —
DunouRO. Origine du fief et du péage de Lécussan (1040-1330). = »?.
C. Chaux. Anciens billets de banques et loteries (du xvin* s.). — O. Gra-
nat. La politique économique des iutendants de Guyenne au xvin* s.
(les pépinières royales).
15. — Revue de Saintonge et d'Annls. T. XXVI, 1906, 5* livr.
— J. Pellisson. Passage de la duchesse d'Augoulème dans la Charente
en 1815. — In. La misère à Touzac en 1700. — La municipalité de
Saiut-Saturnin de Séchaud pendant la période révolutionnaire (suite
aux fasc. suivants). =: 6e livr. P. Fleiry. Passage à Marans de L. A. H.
le duc et la duchesse d'AngouIéme en 1814 et 1823 (documents). —
J. Pellisson. Le mobilier d'un mendiant saintongeais (en 1721). =
9
T. XX VII, 1007, 1" livr. E. Lahadik. Ktude bibliographique sur les
éditions de « l'Antiquité de Bourdeaus » d'Klic Viuet, Saintongeais
(tin aux nM suiv.). — P. Lemonnier. Le clergé de la Charente- Infé-
rieure pendant la Révolution (listes de dignitaires; suite ici et au n*3).
= fc2« livr. Dkrlklle. I>a révolte de la Gabelle en Angoumois et Sain-
tonge, 1548-1549 (d'après Gigon, la Révolte de la Gabelle en Guyenne; fin
au n* 3). — La population du département de la Charente-Inférieure
depuis un siècle). = 3* livr. Ch. Danoiueaid. Gardes d'honneur, gardes
nationales et volontaires royaux en 1808 et 1815 à Saintes.
16. — Revue des Pyrénées. 1906. i« trimestre. — J. Lestrade.
Le séminaire du cardinal François de Joyeuse à Toulouse en 1500 (le
premier séminaire signalé jusqu'ici à Toulouse datait de la seconde
moitié du xvn* s.). — M. Ciievalieh. La transhumance et la vie pas-
torale dans les vallées d'Andorre. = 1007, 1er trimestre. J. Aihier.
Le petit Saint-Cyr; histoire de la maison d'éducation de [jêvignac,
1770-1793. -- F. ht/vus. Une émeute d'étudiants à Toulouse en 1740.
— J. Gros. Les conventionnels régicides de l'Ariegn eu 1810 (t»xil do
Vadier et de Lakanal). = "2* trim. Desazahs. I«a ramillo Crozal (dut
son élévation à Antoine Crozat, gérant de la fortune du duc de Ven-
dôme .ï la Gn du régne de Louis XIVj. — P. Hi-kkailt. La ville
d'Olunn et ha forêt du Dager depuis le xi9 s. jusqu'à nos jours. —
K. Lamolzelb. Le parlement Maupeuu à Toulouse et l'exil de l'anciou
406 RECUEILS PERIODIQUES.
parlement en 1771 (d'après des lettres inédites de D'Aguin, frère d'un
membre du parlement de Toulouse).
17. — Bayerische Akademle der Wlssenschaften. Abhand-
lungen der hlstor. Klasse. T. XXIII, 4906, fa se. 3. — L. v. Rockin-
oer. Le Miroir allemand, le Miroir dit de Souabe et les sermons de
Berthold de Regensburg (suite : le Miroir de Souabe, ayant été utilisé
par Berthold, est antérieur à décembre 1272 et même à 1268, parce
qu'il suppose l'existence du duché do Souabe; il est postérieur à 4258;
le Miroir allemand a dû être terminé en 4253). — S. Riezlbr. Le
droit de logement et l'impôt de chasse en Bavière (l'un est l'obligation
pour le paysan de donner l'hospitalité au chasseur; l'impôt de chasse
en est le rachat; il se maintint jusqu'en 1808). =: T. XXIV, 1907,
fasc. 1. L. Traubb. Fragments de la quatrième décade de Tite-Live
dans un manuscrit de Bamberg (en onciale, antérieur peut-être au
vfl siècle; fragments des livres 33, 35, 39). — L. v. Rockinoer. Époque de
la rédaction du code féodal impérial (1259). — Id. Manuscrits concer-
nant l'histoire de la Bavière, du Palatinat et de l'Allemagne dans la
bibliothèque de l'Académie de Bavière (presque tous modernes).
18. — Preussische Akademle der Wlssenschaften. Sltsangs-
berlchte. 1906, fasc. 15. — K. Sethe. Une expédition égyptienne au
Liban au xve siècle av. J.-G. (d'après une inscription trouvée à
Thèbes). = Fasc. 43. H. Schâfer et K. Schmidt. Les premiers frag-
ments de littérature chrétienne en ancienne langue nubienne (fragments
d'un recueil de péricopes et d'un poème sur la croix du vin* siècle
environ; écrits en caractères grecs). = Fasc. 49. Fr. Gràber. Rapport
provisoire sur la distribution des eaux à Pergame. = 1907, fasc. 5.
M. Perlbach et J. Luther. Un nouveau récit sur Luther jetant au feu
la bulle d'excommunication (par Agricola, 1520). = Fasc. 9. O. Hirsch-
feld. Les militaires romains (le plus ancien date du début de la pre-
mière guerre punique; leur expansion progressive sous les empereurs,
notamment en Gaule). = Fasc. 21. A. Harnack. Les données chrono-
logiques dans l'histoire des Apôtres de Luc.
19 — Beitrage zur alten Geschlchte. (Klio.) T. VI, 1900, fasc. 3.
— G. Sigwart. Fastes romains et annales chez Diodore; II : Les
annales transcrites par Diodore (pour la période ancienne, spécialement
celle "des décemvirs et d'Appius Glaudius, Diodore a dû transcrire un
annaliste qui écrivait en langue grecque vers 130-150 et qui avait uti-
lisé lui-mùme des annales grecques et latines assez tardives et sans
grande autorité). — H. Pomtow. Nouvelles remarques sur la <rcà<ri; del-
phiquo de Tan 363 av. J.-C. (addition à l'article du fasc. 1 d'après les
inscriptions). — P. -M. Meyer. Étude juridique dos actes de l'Egypte
ptolémoo-romaine; I : Svyyp«?*i; II : Le contrat à l'époque néo-ptolé-
maïque, le <rjyYa?o?u>oÇ et le procès au me siècle av. J.-G. — O. Cuntz.
Contribution à l'histoire de la Sicile à l'époque de César et d'Auguste
KECPEII.S [■LMOMOCIB.
407
(Auguste, en assimilant la plupart des ville* siciliennes aux ptrtgrtni,
retarda d'abord la latinisation de» lia*; il y remedi.» dam la tuile par
retablUaemeul do colonies et l'octroi de quelque» nouvelles constitu-
ions municipales j — Iv Asssmkm. Moneta (l'origine de ce mut doit
ttn ebercbéa buu nmcrfpttoo • Macbuath ». pUoéo j»r u?» Cartha-
ginois sur los monnaie* d'argent frtppén en 410 pour leur armée en
Sicile). — h Rhum Bni In anciennes monnaies romaine* et ita-
lique* (d'après les travaux d'Hàberlins). — LsHMont-ILu'iT, L'once
Oéo-romaine de 27 gr. = T. VII, MOI, bue, I. H. v. hm, Le • Cor-
pus uumiiiorum »; sa composition, son but. — J. Bkloch. Les rois de
Garthaga (listes jusqu'à ta tin du iv* siècle et généalogie des deux mai-
son* royale» de M*g<m M d'Anmm I*' Grandi. — I). Mtli.nm.
de Saison, source poétique il Hérodote (contra Natif et BtU
la priorité des Persîques de Cboirilos; Hérodote mirait utilisé aussi les
Samiaque* du mèiue|. — B, Kaiauow. Pour l'histoire de la révolution
sociale à Sparte (la révolution n'aurait pas eu pour origine un conflit
entre grands propriétaires et prolétuires; gagné aux idées jibiloao-
phigntt. Il {MM mi Agi» aa aérait mis a la téie des classes uppri-
; iirr. L'amphiclicmie delpbiqun; I : Lm rap|»orta de
lamphictiomn avec la ville de Dtjpbsa (le» DriphJajW avaient nu doute
leur» deux voix araphictiouiqnes dfea le n> siècle] ; II : I." partage d«a
voix arnphictionique» à l'époque ètûHqtM (SMMW- Prépondérant du
Ëloliens qui se *oat approprié LM \<»\ île Imn oonfédtiél). —
un. Les nouvelles recliercbea sur le (MM (1H0 I
lumière de la politique de frontière des empereur* romains. — P. -M.
Meybb. Papyrus relatif* & l'histoire de l'Empire romain ; I : « Vice prae-
rptl ■ ilniiL-ii.itiiiLiire faisant l'intérim); Il : Deux suppliques
adressée» directement a l'empereur eu l'an 203.
80. — Forachnnajen ssnr bra.ndenbnrglac.hcn □ prraaslacben
Geacnichte T. XIX, IMO, (a**, l - P ffmww. U.ntribution à
l'histoire intérieure de la Prune pendant la Révolution française;
tîeotx et Unmboldt (extrait d'une biographie inachevée de Gcntx). —
G. ItojurHAK. La médiatisation des comtés de Stolberg-Slolberg et Stol-
berg-RoMla (par l'électeur de Kaxe en I7ÏO-38; en I8lu.au congre* do
Vienne, >l> furent cédés par lu (Saxe à la Prusse |. — II. Kbahbo. Albert
l'Our» (iuargra\e de Brandebourg. II8BH1T0). — B
Il et le miracle de Wilsnack (Ii47l. — (1. Vota, U ■ Via
I ! nticieuii" littérature relative au priur.e H. un de Prusae
Hrùtr da Prederic le liraud ; recherche les source» de l'ouvrage du msr-
quia ilouillé sur la i VfeptMa, U BriOM BuMfi de Prusse •,1809).
BjaMR, t,e« terrier» de Hilésie sou* le règne dl !
liuillaume II (M ordonnant une révision de* terrier», ce dernier a vi»0,
commo Frédéric lo Grand, a alléger le* charge* des paysans). — Cash-
1800 'le* uBM ■ i.iaut 1a campagne). — J. v.
i-H*«rruw.. !>• ts juin 1815 (l'iucrodie n Wavre. I*i première!
408 IECUIIL8 PtftIODIQUIS.
mesures prises par Napoléon contre Bûlow à la Belle-Alliance. Il ne
remarqua les Prussiens que vers deux heures un quart).
21. — Forschungen sur Geschichte Bayeras. T. XIII, 1905,
fasc. 1-2. — H. Simonfbld. Aventin et le t privilegium minus ■ (pour
le duché d'Autriche, 1156. Il n'a vraisemblablement pas existé d'expé-
dition bavaroise spéciale de ce privilège, comme le pense M. Erben;
en tout cas, on ne peut conclure des divergences de texte dans Aventin
que le privilège ait été falsifié). — J. Wiobmann. Le roi Otton de Hon-
grie de la maison de Wittelsbach (4305-1307; adversaire de Charles
d'Anjou en Hongrie). — P. Darmstâdtbr. Études sur la politique éco-
nomique de la Bavière à l'époque de la Confédération du Rhin: le
traité de commerce bavaro-italien du 2 janvier 1808. — J. Hbldwbdc.
Le culte des reliques dans les monastères bavarois à la fin du moyen
âge. — J. Wbiss. Le projet de mariage entre l'électeur palatin Charles
et Benoîte, fille de la princesse palatine, 1667 (le projet dut échouer
faute de pouvoir obtenir la dispense du pape). = Fasc. 3. Jean-Guillaume,
prince-électeur du Palatinat, de la paix de Ryswick jusqu'à la guerre
de Succession d'Espagne (d'après les archives d'État de Munich; fin
au fasc. 4). — A. Mittbrwbisbr. Les fondations religieuses et le droit de
fondation en Bavière (750-xix* s.; fin aux 2 fasc. suiv.). — W. Gobtz. La
prétendue conjuration de la noblesse contre le duc Albert V de Bavière,
1563-64 (tout démontre, contre K. Hartmann, que cette conjuration est
imaginaire). = Fasc. 4. G. Bbckmann. Projet de mariage entre
Albert III de Bavière et Jacobée de Hollande (1432). — F. Bastian.
Valeur des tarifs douaniers du moyen âge comme sources historiques.
= T. XIV, 1906, fasc. 1-2. E. Reicke. Le chanoine de Bamberg
Lorenz Beheim, ami de Pirckheimer (d'après sa correspondance). —
A. Rosenlehner. Munich et Vienne en 1725-26 (d'après les rapports de
l'envoyé bavarois F. v. Môrmann). — F. Bastian. Tarif douanier de
Regensburg au xrve siècle. = Fasc. 3. M. Fastlinger. Pour l'histoire
du soulèvement des paysans de la Haute- Bavière, 1705-1706 (au fasc. 4,
réponse de K. v. Wallmenigh et réplique de M. Fastlinger). —
Th. Weiss. Pour la biographie de J.-Ph. Fallmerayer (député au Par-
lement de Francfort en 1848). = Fasc. 4. A. Bachmann. Encore la
bataille de Mùhldorf, 1322 (examine les dernières opinions émises).
22. — Hansische Geschichtsblatter. 1904-1905. — G. Redter.
Lùbeck et Stralsund jusqu'à la paix de Rostock, 1283. — P. Zimmer-
mann. Le duc Jules de Brunswick et Lûneburg dans leurs rapports
économiques (depuis 1568). — W. Stein. Pour l'histoire des Allemands
à Stockholm au moyen âge (les Allemands y jouent un rôle politique
dès le xrve siècle). — F. Bruns. Les registres du péage de Lûbeck,
1492-96 (ce qu'on en peut tirer pour l'histoire de la navigation et du
commerce). = 1906, fasc. 1. Th. Kiesselbach. L'origine des Rôles
d'Oléron et du code maritime de Dam me (les Rôles d'Oléron sont sur-
tout une codification d'usages adoptés par les sociétés commerciales de
*.:#,fcii
sacrmi-s i-saïut'ion*.*
IH
Ga-coRDi' et de Poitou par suite de leur* rapports avec lu '
surtout avec Bruges, où elle» limitai o¥durgt* Imirs vins; le code de
Datume en représente une rédaction mtxttWd» Ttxtt des fou MdM).
— K. Fi « s -i h Pour l'histoire du commerce du hareng ù Hambourg. —
O Meltïwu. Tumnwio Portinart et son conflit nvec l« Hanse (1473-
1513 ; au sujet d'un bateau capturé). — G. Arndt. Rapport.-. d'IUllwr-
«Uill avec la Hanse. — W. Briui. La chronique de Hréiue de liynes-
iMnb et rtcheiw (lotie tendancieux, terminé seulement eu li'n. poil
continua jusqu'en 14:10). — Vue. i. A. Woulwih.. Pow l'histoire des
villes hanséaiiqucs au temps de la Bstaotation française et de Napo-
léon I" (rectiâo et complète le ttTffj dt Q. BenriAm, rjtinMfM fran-
çaitt tout Napoléon 1"\. — F. Tbchsn. I* droit dépave» sur la cote de
MecUembourg (ifi^ltOr* siècles). — It. IUpkf. L'origine des tissus
friMiDs (l'industrie du drap en Flandre a l'époque carolingienne).
23. — Rhelnlscfae» Hneenm for Philologie. T. LXI, 1906,
fasc. 2. — Hanhikk. Lee comptes publics altlqaes du \* siècle {origi-
nairement, les compte* étaient réglés pour l'année entière ; mais entre
les Ot. 89 u et Mm, l'usage s'introduisit de les régler par prytanîes).
— A. v. Mass. Recherches sur la méthode de travail de Diodore
(plein d'erreurs, de négligences, de légèretés dans l'utilisation de nés
source*). = Pa*c. 3. J.-E. Kiautsm, Coulriliumm I lY-p^raphie attique
(/suer, grec.. Il, 835, contient uue liste des prêtres d 'Esc u lape, 335-
L ▼. Mass. Recherche» sur Ephore (dans non reçu ■'■
dilioa de Cynis In Jr-une, a utilisé tÉPOphoo tt Ctésias, pour l'expé-
dition de Xerxès, C.lèsia» ei Hérodote!. — F. Rbukk. Le char funèbre
d'Alexandre le Grand (Diodore, XVIII, Ï6-38). — A. Kobtb. Anaxi-
m*no de Lampsaqae, historien d'Alexandre. =r Fasc. I H. Rabds*.
L'authenticité des lettres de Platon (détails sur les rapports de Platon
avec Denis II et Dion de Syracuse). — W. Pilk*. Sur Anlidius DalsWi
(sou histoire n'arrêtait a 31 ap, J.-C.i. — ï, Ki.ul La datation d'après
le* année* a». J.-C. (adoptée d'abord par l'etaviu»).= T. I.X1I, 1907,
fa-c. 1, F. Rtim. Corrections au texte de l'IIist. Auguste. — II. Wil-
Laa*. L'industrie romaine du cuivre en basse Germanie (avait sans
doute son centre à Gresaenich, prés Ait.la>Qia|M*llM j supplanta au
milieu du n* siècle ta fabrique d'uiteusile* de brunxe de Gapoue).
M. — Zel tsehrirt des Asvchener Ge.cbichLvereln» T XXVIII.
1905. _ a Faire. Histoire du • Kaiser- Knrls-Gymnasi uni • a Alx-la-
Ouatlla ; 1 : Le collège de* Jéiuitr* (long mémoire de 285 page* qui
suit l'histoire du collège et son organisation depuis sa fondation, U
1601, jusqu'à U fin du iviu" siècle ; a la suite, liste* et documi<nU|. —
M. Clambr. L'agitation confessionnelle et politique dans la ville impë-
U -Chapelle au début du xvn* siècle (important mémoire
de plu» de 160 pages). — E. Pain.*. Le* monopole* de* moulin* et des
brasseries dan* lest environs d'Aix-la-Chapelle (an *iv* *.). — Piltxkk.
Un privilège commercial du roi Louis I* de Hongrie pour Aix-la-Gba-
440 RECUEILS PERIODIQUES.
pelle, 1369. — E. Pauls, ta droit de flottage sur la Roer des fron-
tières du duché de Ju liera à Dùren (xvi# siècle).
25. — Mitteilangen des k. deatschen archaeologischen Insti-
tuts. Athenische Abteilung. T. XXIX, 1904, fasc. 3-4. — J. Kirch-
nbb. Liste attique de bouleutes de l'année 335-334. — W. Kolbe. Les
limites de la Messénie au début de l'Empire (d'après une inscription de
l'an 78 ap. J.-C.). = T. XXX, 1905, fasc. I. W. Kolbe. Les archontes
attiques de 293-92 à 271-70 (liste; esquisse l'histoire d'Athènes à cette
époque, en s'écartant fréquemment de l'exposé de Beloch). = Fasc. 2.
R. IIebzog. Lettre du roi de Bithynie Ziaêlas aux habitants de Gos
(200-250 av. J.-C; concession du droit d asile à l'Asdepeion de Gos).
— G. Fredrich. Démétrias (en Thessalie, fondée après 293 par Démé-
trius Poliorcète ; ses restes ; son histoire). — W. Dôrpfeld. Les palais
crétois, mycéniens et homériques. = Fasc. 3-4. Th. Wieoand. Ins-
criptions d'Asie Mineure (époque romaine). — E. Nachmanson. Snr la
construction des murs de Gonon (inscription). = T. XXXI, 1906,
fas. 3. G. Fredrich. Lemnos; Skyros (avec un aperçu historique).
26. — The Athenœnm. 1907, 3 mars. — Sir Rennel Rudd. The
princes of Achaia and the chronicle of Morea (bon). — Duckworth.
Some pages of Levantine history (intéressant). — F. E, Bail. A his-
tory of the county Dublin ; 4e partie (ce n'est qu'une esquisse, par un
homme qui d'ailleurs connaît admirablement les sources du sujet et
qui aurait pu écrire un excellent ouvrage d'érudition). — A. Earle.
History of M eaux abbey and some principles of médiéval land tenure
(très médiocre). =: 6 avril. The Victoria history of the county of Essex ;
vol. II. — G. //. Putnam. The censorship of the church of Rome, and
its influence upun the production and distribution of literature (insuffi-
sant; des lacunes et de nombreuses erreurs). — Le mystère de Cumnor
Place (on n'a pu retrouver dans les archives l'enquête originale du
coroner sur la mort d'Amy Robsart; ne serait-ce pas parce qu'il y a
eu accident en effet et non crime?). =z 20 avril, J. W. Fortescue. A his-
tory of the British army; 2e partie, t. IV, 1789-1801 (remarquable).
— Chadwick. The origin of the english nation (série d'études critiques
à base surtout linguistique. La principale conclusion qui s'en dégage
est qu'avant l'an 600 l'histoire d'Angleterre ne peut être fondée sur
aucune base solide). =: 27 avril. Francis M. Cornford. Thucydides
mythistoricus (très remarquable). — W. //. Graig. Life of Lord Ches-
terfield (agréable biographie du quatrième comte de Ghesterûeld, 1694-
1773, l'auteur des fameuses « lettres »). — Arnold, Roman provincial
administration (estimable résumé). — C. I). Fisher. Taciti Annalium
libri (édition soignée). = 4 mai. A Lang. A history of Scotland from
ihe roman occupation; vol. IV (très intéressant). = 11 mai. Dale. His-
tory of english congregationalism (bonne histoire du clergé non con-
formiste sous Charles II). — W. Page. The history of Yorkshire; vol. I.
■ecouls rfoiainaDES.
ni
S 25 mal. £. A, Wallis Buthjt. Tbl égyptien Sûdan; itn history and
monument* (compilation mal ordonnée, mail où il y adMOoMrnUoai
personnelle* et des remarque* [udicl*IWt(. — t". -I- d'-IIJon. A history
of Ireland; t. H, U57-1782 (intéressant, beaucoup de faits; mai» In
P. d'Alton, tout en protestant do «on impartialité, N plut toujours au
point do vue catholique romain). = U. Manicchi. The r
and the Palatine, according to the latest discoveries (médiocre traduc-
tion d'un bon livra). =r1" juin H A i ftitm Tbahhttoryof England,
bMttOMp dWuditiuu, d'art et de finesse; l'auteur se laisse
parfois dominer, quoiqu'il s'en défende, par ses convictions proleslanlesl.
— 0. Browning. The fall of Napoléon {important). — ftaçg. Dante and
bis Italy (très intéressant). — Hartt» llumi. Queens of Old Spain
(recueil de huit biographies d'inégalo valeur, parmi lesquelles on trou-
vera la vie de Marie Tudor, femme de Philippe II d'Espagne).
»7. — Edlnburgh Review T. CC1V, juill.-oct. 1906.— Lord
H.uiiintjiii Qburehill [M HognfUi pi» ton Ut, H. Wiottoo Obnr*
rhill|. — L'HIiiminisint.' et la l'iévolutkm française (insiste sur le rôle
important des sociétés secrètes dans la préparation de la Révolution.
Ijes premières loges de maçons se répandirent en France sons le patro-
nage légitimiste des émigrés jacobitea. LlnOnUM dû WeisUaupt créa
de ces logos diverses une organisation puissante, imitée de la Compa-
gnie de Jésus, et dont certains membres, comme Balm '
semblent avoir joué un rôle important dans ta diplomatie contempo-
raine). — Uu illustre cavalier lia duc d'Ormoud, d'après loi riche*
archiva de la famillr, BoaUrsitl à Kilkenny, a la Hod leio nue, oc
■ poursuit activement ; précieur pour l'histoire du
mot titillai* en Irlande au ivii* s.). — Mémoires du parti «liig
lut correspondance de Lord Dudley avec Mrs Dugald Steward, la femme
,ii!i.'i'i li'-, > ! Il DolinQl série dos Mémoires de Lord liai -
(and, 1807-1821, dont on fait ressortir la partialité). — Viterbe (d'après
les travail i li Q Piui] - Hutao Fulier (les pièces de «ou procès
Turent reunies en un volume à part qui a malheureusement disparu.
Kieu ne permet de dire que le nom de la dogaresse fût mêlé a l'affaire,
ni même qu'elle fol l'objet de l'insulte qui aurait été l'origine du DMD-
»- 1 ' ■ a . M, Vili'iruj I.i/iaruii a réuni, critiqué, pablUtOU bM document*
que l'on possède encore sur cettn conjuration, dont il «omble bien dire
-uiitl. — La situation politique en Asie. — Los ballades des
rrontièrea (du borderland d'Angleterre et iTTlCOm l.i'ur vili
rique. San* la cullectinn qu'en a faite Waller Scott, on on eût perdu
beaucoup; mais son recueil est sujet à caution, car il ne se gênait pas
pour les refondre M les amplifier à sa guise). — Christine, reine de
Suéde (la biographie, surtout d'après les ouvrages ih M, di- BQdt).
2fl. — Qnaj-terljr Review. T OCV, juill .-<i.-.t. l'JOfi. — L'Angle-
terre dani la Méditerranée (c'est au ivii* s., et non pas au ivm*, ainsi
qu'un te criitt ordinairement, que l'Angleterre h commencu d'établir
442 1ICUHL8 PtflIODIQTO.
sa puissance maritime dans la Méditerranée, sous la direction de
Cromwell et de Guillaume III, puis sous l'influence de Marlborough.
Bn 1715, date où s'arrête cette étude, elle est installée définitivement i
Gibraltar, dont la possession compense pour elle l'abandon de Tanger
qu'elle a dû faire sous Charles II). — Lewis Jones. Geoffroy de Mon-
mouth et la Légende d'Arthur (Geoffroy aura été le premier écrivain i
saisir l'importance romantique des légendes arthuriennes ; il s'en est
emparé comme d'une trouvaille et les a fondues en un récit travaillé
comme un roman, malgré ses apparentes prétentions historiques. Il espé-
rait attirer l'attention du roi et mériter par sa littérature patriotique un
évôché qu'il finit, en effet, par obtenir). — Robert Duhlop. Les origines
de la race irlandaise (conteste les conclusions du Dp Joyce, dans sa
Social History ofÂncient Ireland. Les premiers habitants de l'Irlande
ont dû être des Ibères; la civilisation leur est ensuite venue par une
légère invasion de Celtes ou de Celtibères, et la religion leur est arrivée
surtout de l'Orient, sans passer par Rome ou Constantinople. Cette
civilisation, d'ailleurs très brillante pour l'époque, s'est effondrée, non
par suite d'autres invasions, mais à raison de l'instabilité politique et
des troubles perpétuels du pays). — Le Northumberland (analyse des
sept premiers volumes de l'histoire publiée par le Comité historique du
comté). — La première année de la guerre des Boôrs {Y Histoire de la
Guerre du Sud-Afrique, rédigée sous les auspices du Times, est une
œuvre de journalistes qui abusent de la littérature et sont trop incom-
pétents dans les choses militaires). — John Knox et la Réforme en
Ecosse. — Les origines et les causes historiques du mouvement d'Ox-
ford. — Les familles de comté (caractère de l'aristocratie territoriale et
de la gentry anglaises ; histoire politique de plusieurs familles, les Spen-
cer, les Cecil, les Knightley, les Isham, etc.).
29. — The Scottish historical Review. 1907, avril. — Le R. P.
John H. Pollen. La dispense pour le mariage de Marie Stuart avec
Henry Darnley et sa date (Marie se décida, vers le 15 mai 1565, à
épouser son cousin germain; elle annonça cette nouvelle à Elisabeth
le 21, ajoutant qu'elle ne se marierait pas avant trois mois; en môme
temps, elle envoyait demander au pape la dispense nécessaire pour son
mariage; mais elle épousa Darnley le 29 juillet et la dispense ne fut
accordée que vers la mi-septembre. Cependant elle porte la date du
25 mai. La date aurait-elle donc été falsifiée? Non, il est plus raisonnable
de penser que l'acte, pour des raisons politiques faciles à deviner, fut
antidaté de trois mois. Il y a quelques exemples de cette incorrection.
Quant au coup de tête de Marie, il est malaisé d'en donner une expli-
cation favorable pour sa mémoire). — N. L. Mathieson. L'Union de
1707 (simple esquisse). — Sir Herbert Maxwell. La Scalacronica de
Sir Thomas Gray (suiie de la traduction de cette chronique ; le morceau
présent se rapporte à la capture de Charles le Mauvais par Jean le
Bon). — W. S. Mackechnie. Thomas Maitland (biographie assez fouil-
lée; Thomas Maitland était le frère du célèbre secrétaire de Marie
aicoms tiuoutqets. 413
Stuarl, William Maillaud de LethLngton; il mourut de maladie M
Illlit, i-n I3TÏ, sur le chemin de Gènes » llotnei. — J. K. PaW» I-cs
BtlftMf de Pflrig. — Bopttk U. Mac Uhosb. La séparation dé rftgttM
M iIp l'Kut en France en 1795. = Comple-rendu ; A II. Stirlimj.
A sketch of acottith induilrial and social history in ihu 18th and I9tli
centuries (bon).
30 — Accadomia dei Llncei Classe dl sciense mora.ll, ato ri-
che et Blotogtcbe. Rendlcontl :•• s ■• r i .:- , t. XV, ['lit,. **■
Bar l'extension du nom de» Auaonc» et de l'Anémie [Ml
A ii«ones occupèrent dans une haute antiquité non seulement tout le
Ijiiiim, mai* toute l'Italie méridionale^. - - G. -11. Suuihtsa. Une minia-
ture du m* siècle représentant probtbtomaiH 1' « aula régi» • du palais
royal de Païenne. — Giov, Niccoliki. L» première bataille de Bedriaco
et l'embouchure de l'Adrta (liie remplacement do la bataille livrée
en l'an 69 après Jésus- Christ). = Pasc. 7-10. C. Pascal, Deux epi-
g ranime* sur la Rome antique (dans les Mirabilia Romat : l'une d'elles
avait été jusqu'ici rejetée comme une invention de la Renaissance !j. —
A. Colombo. A propos des relations entre Fr&ncesco I Bforza et Flo-
rence, Juillet MM (texte d'un traite conclu entre Milan et Florence}.
= Fasc. H-12. E. Pu». • Amuuclao a serpentibus Je le lue » (les ■ ser-
pent** ■ auxquels une légende attribuait la destruction de la cité
il' i Amuuclae ■ ne seraient autres que les Osques ou "Ofi.sf, appelés
ainsi, disait-on, â*4 •■»•. â^im-, s le peuple des serpents).
81. — Arehlvio atorlco Itallano T \\ W[||, 1906, fasc. 3. —
N. Itooouco. Extradition et politique commerciale. Note» d'histoire
■ ulu vm« au début du xiv* siéclel. — R. KâHtOOa Sur Fort-
H i.i foire de Seuigalha (cette foire remonta .lu n* attela "t «m I
iïOO). — G. Cbcchini. Lettre* inédites de Gluseppe M .■//mi iJellre»
léccmhre IHIiïl invitant les Toscan» I fMfêfK le intimement
révolutionnaire). — U.-A. Amumu, Plâtra QJWBQM H PknUcUrltav-
liama napolitain au début du xvui* siècle {VIttoria eivilt del rrçno di
ftipoli de P S :■■ te d'un courtisan dont l'anticléricalisme
te boroo k combattre la papauté dans la mesura ou son pouvoir fait
obstacle a celui du roi de Naplrs). — A, Sayblli. Sur l'interprétât iun
d'un passage de I' • llistoria Langobardorum ■ de l'aul Dirai
— F. BiLDASSuoai et G. Deoi.i-Axzt. Conseil médical de maître Ligo-
lino de Monlecatini à Averardo de' Media (publient une ordonnance
du début du iv* siècle donnée à un malade «Ueinl de bfM<
H. llrascu. Publications parues en àUtoi IW4 *ur le
moyen agn italien- = Comptes, rendus : C. Puçiani. Btortt di I.
raie dtll' lu. |UQ et da
forme un peu négligée). — G. l'olpe. Uxnhardi e Romani nolto cam-
pagne e nelle cilla (peu précis). — Lupo Gmdlt, Sindi nulla storiognfîa
borvolina alla corte di Coiimo I de' Medid. — G. CoçgioU. I Parneei
o il ducato dl l'arma e Ptaceuxa durante il pontilicalo di Paolo IV;
414 1EC0EUL8 rflIODIQUES.
vol. I (excellent). — P. MorstUino. La geneti délia rivoluxione del
1647 in Sicilia (renferme des détails très neufs dont l'auteur eût pu
tirer meilleur parti). — B. Masi. NelP ottocento; idée e figure del
secolo xix. — Id. 8aggi di storia e di critica (ces deux volumes, d'une
lecture agréable, sont remplis d'observations neuves et suggestives).—»
Osilia. La campagna toscanadel 1848 in Lombardia (ouvrage mal com-
posé, plein d'erreurs et de négligences, mais qui éclaire d'un jour nou-
veau certains côtés du sujet). — Q. Zaccagnini et 0. Lagomaggiore.
Scritti ineditî di Franceseo Puccinotti con notixia biografica e critica
(important). = Fasc. 4. A. Gaudekzi. Une biographie romanesque de
Hugue, marquis de Toscane (publie la biographie écrite en 1345 par le
notaire André, que Davidsohn signalait en 1896). — P. Mouron.
Quelques documents sur Fauteur de 1' c Hypnerotomachia Poliphili »
(Fr. Colonna). — F. Tocco. Les plus anciennes sources de la légende
franciscaine (discussion des théories de W. Goets et de Tamassia). —
G. Ballabdimi. Sur la c convention de Faenza • de 1598; nouveaux
documents inédits de Faenza (convention qui attribua le duché de Fer-
rare au Saint-Siège, à la mort d'Alfonse II d'Esté; nouveau texte de
cette convention, conservé à Faenza, et nombreux documenta). —
A. Sborb. Notes sur Bérenger I" et Bérenger II (c'est dans la nuit du
l"-2 août 905 que Bérenger I" surprit Vérone; la rupture survenue
en 950 entre Liutprand et Bérenger II vint peut-être de ce que ce
dernier refusa de dédommager Liutprand des dépenses faites par lui à
Byxance). = Comptes-rendus : A. Pernice. L'imperatore Eraclio (dis-
cussion de plusieurs détails par N. Festa). — Bernardy. Gesare Borgia
e la repubblica di S. Marino. = T. XXXIX, 1907, fasc. 1. G. Mak-
cmi. Linari, château du Val d'Eisa (xi°-xvr* siècles). — F. Rizzelli. Les
Anciens et le gouvernement de la commune de Pise (au xiv* siècle). —
G. Pascal. Sur le c De terminatione provinciarum Italiae » (maintient
contre Crivelluci que ce traité est original et a servi de source à Paul
Diacre). — A. Fayaro. Galileo Galilei et Don Giovanni de' Medici
(les récits de Viviani et de Gherardini sont fantaisistes). = Comptes-
rendus : P. Sanlini. Quesiti e ricerche di storiografia fiorentina
(important). — E. Sieveking. Studio sulle finanze Genovesi del medio
evo (long article de A. Lattes). — G. Arias. Il sistema délia costituzione
econoraica e sociale italiana nella età dei comuni (un peu trop dogma-
tique). — P. Molmenli. La storia di Venezia nella vita privata; t. II. —
V. Maffei. Dal titolo di duca di Firenze e di Siena a granduca di Tos-
cana ; contributo alla storia délia politica di Cosimo I de* Medici.
32. — Archivio storico lombardo. 1906, sept. — G. Gallavbbsi.
La renaissance du parti guelfe en Lombardie après 1260 et la politique
de Filippo Délia Torre (fin en déc. : la rupture entre Délia Torre et le
marquis Uberto Pelavicino; origine et développement de la domination
de Charles d'Anjou à Milan; l'ambassade d'Accursio Gutica; renou-
vellement de la ligue guelfe). — Aless. Luzio. Isabelle d'Esté aux débuts
du pontificat de Léon X et son voyage à Rome en 1544-1545 (fin en
* ::,
KKGOMLS rit»Miril<RK8.
415
décembre, étude dr B Hiv.i. DlDI
document* U saint Gérard tir*-» dm arclme* de la ■ Gimgregaxloue dl
Carita t de Monza, 1 17-4 et H98 (annonce la publication prochaine il 'un
inventaire complet de ces Archives). — G. Bomul lianVIe Foguani
et se* ■ Commentaires ■ sur le* familles milanaise* <en dOOM DM
lalile sommaire). — L. Fs»a*»i. Le recueil de lettres manuscrit du
BhukU {iBMlbénutldea de Crémone, ne en 1071 et mort on
174!; Inventaire sommaire). — Notices et documents (arbitrage du
Comte Vert, KlGti; le rirtlljaf Cavaiolo; lettres inédites sur la surprise
de Crémone en 1703). = Me. 0. QàftUW. l.<> « Pergamiuu» ■ et les
débuts d» la commune de Bergame (estime que ce poème en tTtOCBWU*
de Bergame a été écrit peu après 1120 par M osé del llml 61
ce propos les origines de la commune de Dergamo). —G. Uisciso. l-rs
comtes de Lomello (corrige, pour la période. iMÛHn au milieu du
xni* siècle, le mémoire publié" par M. Zucchi dans les MitctU. di /for.
iluliana, ISM|< — L Simkom, Deux documents sur le sac dé VéMM M
13iH>. m Comptes-rendus : À. Darewski. Iluna Hforza (en polonais). —
lluralori. BpEalolarlo (longue analyse par C. Gipollal. — 6. Qallavresi.
Il iliriiin rlleltorule politico secoudo la Costiluzione delta RepahBea
cisalpin*. — /'. Manfredi. Cesarc Canin. — Bibliographie de» publica-
lions relatives & l'histoire lombarde, jiiin-iléc. VJOfi. = l'.Ml*, mer*.
I). HoUfQHt, Blanche de Savoie et son mariage avec (i aléas II VU-
MtntJ d'après le* archive* de Turin : la jeunesse de Blanche; «ou
mariage; naissance de Jean-Galéas ViKond: ta dot de Blanche i. —
G. Cou.mo. La guerre de* Viwcouli contre les Hcaligeri et les nUÂOU
diplomate; . BotagB*. avec I" rooilc de \ irs
— A. M»ki Les • ambrostnl ■ gros d'argent de la première république
i ' ,o-i:: 10 — p. N'ovâTi. Un ms. original du • Lilier rerum
mediolaneosium * de frère A. Billia à la Nationale de Madrid. =s
Coin pies -rend us : E Pamtiani, Un anno di storia genuvese, IH6-1501
(art. a lire de G. Calligaris). — 5. Fellini. Il générale Pino e la morte
del ministre Prina.
33. — ArchWlo atorloo per le provlncle napoletane T. XXXI,
1906, Easc. ï. — F. Nicouai. lettres inédites An Bernard" Tanuccl a
r-Wiliuaodn 6aUnl (nila dam M fam:. il aux trois suivants : 17ti7- *
1768). — Y - histuriquea on annale* napolitaines
I
lille naturelle dl Frédéric II, amiU'iic il'Arcrra (un savait seulement
jnx|uVi (jo une STla nui u ml le da Pfédérfe II avait épousu Thomas H,
romte d'Acerra; M. S. en a retrouvé le nom et donne, d'après dea
inédit», de* détail* sur la vie de la princesse, morte eu lî'JT-
M Scnu>*. Une nouvelle édition de GollelU (Slor. dtl rtam*
di Ifapoli. H34>iBtt; quelques critiques) — P. FaiiKLK. Un diplomate
du temps de Frédéric 11 | Thomas de Gaéle (d'après son Ri
lettre* public pur P, Kehr). — P. BafDL LVcrUure secrète de Jeaune 1"
de Naplea dan* une de te* latin tW fac-similé). = A
ÂIG ËECDSILS PKHtODIQCES.
part (dans les fasc. 2-3) : Diaire de 1798-1825; index. = Fasc. 3.
M. Schipa. Les luttes sociales à Naples au moyen âge (suite au fasc. 4
pi 1907, fasc. 1; les classes sociales à Naples du m' au xjvs.; progrès
de la commune après 1 1 81) ; mouvement anti-angevin ; divisions admi-
nistratives a la lin du sut" s.; l'Université à l'époque angevine). — Récit
(anonyme) de ce qui arriva à Naples de 1701) à 1732 (suite aux deux fasc-
suiv.J. = Fasc. 4. G. Gentils. Le premier procès d'hérésie de Tommaso
Campanetla (en 1591, après la publication de sa Philosophia sensibus
demonslrata). — N. Fehorelli. Abraham de Balmes, juif de Lecce, et
ses parents (célèbre philosophe et médecin, professeur à Padoue au
xvr siècle; extrait d'un travail général sur les juifs de l'Italie méridio-
nale). = A part : Manuscrits et livres concernant l'histoire du Risorgi-
mento (1794-1815), conservés dans la bibliothèque de la • Socîetà napo-
letana di storia patria ». = T. XXXII, 4907, fasc. 1. F. Savini. Les
relations de Giosia d'Acquaviva avec les Visconti et les Sforza et deux
lettres inédites du même (1442, 1445). — D. Maresca. La mission du
comm. Alvaro Ruffo à Paris en 1797-98; documents tirés des archives
de Naples. — P. Fedble. Pour l'édition critique du catalogue des ducs
de Naples (description d'un ms. de ce texte, à Florence)- = Comptes-
rendus : E. Rogadeo. La une délia contea Normauna di Uravina (bon,
mais théories aventureuses). — E. Caspar. Die Chronik von Très Taber-
nac in Calabrîen (excellente réhabilitation de ce texte et utile édition).
34. — Archlvio storlco siciliaoo. Nouv, série, t. XXX, fasc. 4.
— G. Gapabso. Le gouvernement de don Ferrante Gonzaga en Sicile de
1535 à 1543 (fin aux fasc. suivants. I. La situation à l'entrée en charge du
nouveau vice-roi. IL Débuts de son gouvernement. III. Expéditions en
Afrique; départ de l'expédition contre les Turcs. IV. Conquête et perte de
Castelnuovo, 1538-4539. V. Expédition sur Alger. VI. Fin du gouver-
nement de Gonzaga. Pièces juslif.). — V. Epifanio. Roger II et Philippe
d'Al Mahdiah (i la volonté et la conscience de Roger n'eurent aucune
part dans la mort de l'amiral >). — G. La Mantia. Sur les fragments
de deux registres originaux des années 1353-1355 de Louis d'Aragon,
roi de Sicile (élude préparatoire à un recueil des acte* des rois aragonais
de Sicile, 1282-1355). — I. Di Matteo. Comptes inédits concernant la
frappe des a piccoli » de la Monnaie royale de Messine en 1461. —
G. Tbavali. Une lettre de Joachim Murât au commandant Micheroux
(reproduit quelques autres lettres du même). = Comptes-rendu» :
'!. Itianco. La Rivoluzione siciliana del 1820 (excellent). — G. Pîpitone-
l'cderico. Regesto dei diplomi dell' Archivio Pignatelli in Palermo
(archives privées do la plus haute importance). — V. De Cristo. La
raduta di G. Murat e l'insurrezioue délia Calabria uitoriore nel 1845. SS
T. XXXI, fasc. 1-2. B. Radiée. Bronle pendant la révolution de 182Ï
(d'après des documents inédits de l'Archivio di Stalo de Païenne). ■
G. La Mantia. L'usage de l'enregistrement dans la chancellerie du
royaume de Sicile, des Normands à Frédéric III d'Aragon, 1130-1377.
— G. PitbI. Pasquinades, cartels, satires et ebansous en Sicile (satire
rfUOMQIM.
4)7
politique* de* xvn'-ivm* siècles). — M. Natalh. Descripiion Inédite
•te la Sicile par Fra (tUcumO di- CalUnissolla (un du xvii* siècle). =
I''wc. 3-4. L. QnUAlSt- I-i furuiatiun de* coutume* de Païenne (leur*
ottsMBlt*). — fVllnpm Hl)4lll : 4. tlarbone. Aunali «iculi delta, compa-
gnia di QfWÛ; toI. I, 1805-1814. — F. Tripodo. L'eupulsioue dell» coin-
pagnia dt Gosù dalla Sicilia (de l'inexpérience),
35. — Nuotd «rchUio veneto. T. XII, 1906. fasc. I. — I'. Fossati.
Quelque» doute* «ur l'attitude de Venise durant la reprise d'Otrante,
1 10M4W (montre, «l 'après des documents Ultil de* archives de Milan,
que la correction de l'attitude pi | et moment est loin
il'*irfj aussi certaine que l'affirme Pivâ), — 0, Anuai. I* «M
ditparu suivant le» statuts et la indidoa popobifl dt Viote; contri-
bution à l'histoire de l'abaence. — T. Coi-blu. Scipione Malîcl, le duo
Franceccu Farnese et l'ordre cou*l&ntiaieu (raconte comment le duc
Franceaoo, après s'être fait céder la grande maîtrise de l'ordre Constan-
tin ien en 1097, réussit à empêcher la proclamation pnr Mattei de la
fausseté des titres relatifs aux origine» de cet ordre). — G. Il
château de 8. Andréa du Lido |«a construction en 1543-1571). —V. L»i-
£*hihi. Nouveaux document» sur Dnnatello et l'œuvre du Santo, —
A. Battistbu.». La servitude de la glèbe dans le Friuul (suite dans ce
fasc. et aux suiv.; regeate», 777-1317). — C. Folio no. Manuscrits concer-
uaul Venise conservés en Angleterre (suite dans ce fasc. et aux sulv.|. =
Fasc. !. 0. Fr.r.*Aai-li*AYO et A. KaBOOB. Une défense inédit.- A
Maiiin par lui- m.1 me (il n'agit d'un volume de Vittono Rovani attaquant
Matiin et annulé Je la main rnéuie de ce dernier). — II. lltuFumo
Nhuk. A propos des lettre* historiques de l.uigi <ta l'ort» (manaseriu
et édition»; observation* »ur In* M PttmiajfM lettres, relative» aux évé-
nement» de 1309 on Uimbanlie, VVmetie H Humagne). — À. Snnaiiii,
Francesoo Cuntarini, politiqrM i : du xv siècla (note
liUigraphujue, suivie d'un Dialogue Inédit), — C. Cii'nt.!.*. NotM d'hi»-
toire v i- rimai se , encore à prupo* iteï\idd>>u didl.i llranca (humaniste de
Vérone}. ~ Compte*- rend us : M von Wutff. Untersuchungen xur Veue-
lianer l'olilik Kaiser Maximilian I wahrend der Llga von Cainbray
( quelques réserve» «or le rôle de Vérone). — G. Lu,tunj et f. RintiUn.
VcnetianiKhe H*u«r»th ht Ut der l tenais*» ne.-. = T. XIII, 1907,
fasc. 1. E. Solmi. Gasparo Contarini A la diète de Hat h bu une, d'après
■lea document» inédit» dea archives de Gunsague, i Mautoue. —
A. F**/*jm>. Pulgenxio Micanzio ei ilelik-o Gaiilei. - li. BoUfSe. Lue
chronique inconnue du xv* s. et son auteur anonyme (chronique en ita-
lien dan» un m», mutilé conservé i Vlcence et dont M aile i a connu
une copie plus complète, C'est l'œuvre d'un VélMiaJl ■ jin fut en rap-
ports avec le» persouuagea le» plu» en vue de sou temps). — 8. Suivi
l'icsaiaoï. Don Giovanni de' MedJci, gouverneur de l'armi-e .
dans le Friuul, IMMMt.— A. Colombo. Le proj
H(,ir/a et Gmuague eu prévision d'une guerre contre Venise, oct.-aVc.
innui rwfiTi • t ffiymn Tm RmitftHjrtj
Kav. Himia. XC1V. ?• rate 21
4(8 UCCIIL3 rÙMOPIQUIS.
de* Kapitalismu* in Venedig (important). = A part 1a U suit* des
Eue. 1 et 9 du L XII et XIII, Il : C. Cwomu Publications sur I hia-
loire du moyen âge italien, 1903. — A. Seouuzi. Bulletin bibliogra-
phique pour la Vënêtie, 1904.
36. — Bulletino dell' Istltnto storlco ltalla.no. M» 27, 1908. —
P. Eoioi. Les archives de la cathédrale de Vilerbe 1440 pièces, de 599 à
1300). = N*98, 1906. P.Kûini. Un martyrologe de Monte AmUta, écrit i
Citeaux (xxr*-xiir* siècles). — G - Mosttcolo. Pour l'édition dea deux pre-
miers groupe* des * Capilolari délie Arti venesiane ■ (publiés par l'an-
teu r ; réponse aux critiques de M. Siraguea). — V. Fedbsici. Actes de la
commune de Tivoli de l'an 1389 ! procès- verbaux de séances, compte»,
eic.i. — G.-B. Sisascsa. Les annotations de Werner Bnberan • Liber
ad honorem Aogusti • de l'ietro da Eboli, dans lems. B- 59 de la Bibl.
de Berne |les publie). — C.-A. Gabcft. L'obiluaire de l'église de
S. Spirito conservé dans la Bibl. de Bénèveot (notice).
37 — Mlscellane* di storia. Itallana 3' série, t. X. — G. Ronum.
Benedetto Patono de Meirano (1763-1830) et aes • Mémoires pour ser-
vir 4 l'histoire de la dernière guerre des Alpes • (fait connaître la vie et
le* écrits de cet auteur dont les « Mémoires > sont essentiels pour
l'histoire des guerres soutenues par Victor-Amédèe lit contre les
armées de la France révolutionnaire). — B. Fdlcbefu. Les monta fru-
mentaires de Sardaigne (depuis leur création, i la Gu du xvu* siècle et
au iiiii", jusqu'à nos jours). — A. Ditto. Les récits du siège de Cuneo
en 1557 iclasseme.nl de ces récits et publication d'un récit inédit). —
L. Ut Rocca. La cession du royaume de Sardaigne à la maison de
Savoie (d'après des documents inédits des archives de Turin et de
Cagliari). — V. Pooci. Liste chronologique des principaux magistrats
qui gouvernèrent et administrèrent la commune de Savon >'-
origines jusqu'à la perte de son autonomie, 1134-1528 (avec quelques
détails sur l'histoire même de la ville). = T. XI. M. Zuccui. Les ori-
gines du nom de Sannazaro de' Burgondi en Lc.mellina et la famille de
Jacopo Sannaxaro (ce n'est qu'à ta fin du moyen âge que Sannaxaro a
pris ce nom, à la suite des alliances entre les familles des Sanuaxaro et
celle des Burgondi de Pavie). — J. Camds. Les premiers autographes
de la maison de Savoie i publie, avec fac-similés, des rnamlenienls iné-
dits d'Aniédée VII et de Bonne de Bourbon, des a;:
C. Gontïssa. Pour l'histoire de la décadence de la diplomatie italienne
au xvn* siècle (d'après des documents des archives de Turin
Venise surtout postérieurs à 1675). — F. Savio. Les diptyques du
ambrosien et du canon romain. — P. Giacosa. Inventaire dea Mens
meubles de Blanche de Monlferrat (inventaire inédit de l'an (519 tire
d'archives privées). — P. Reois. Piverone, bourg franc, 1?02-1379
(d'après des documents des archives de Turin et de Vercellii. — G. Roasi.
Un petit poème sur le prétendu droit de cuis sage (poème composé par
A. Paniïïi en 1713). — E. MilaSQ. La légende et J'histoire du Heu
1IGD1ILR rKRIOlHQOIS. 449
u'Ançabech (entre Alba et Turin). — C BfMU. Un missionnaire et
sinologue pièmontais en Chine an xvh- siècle (public une biographie
inédite conservée dans les archive* dn collège des Jésuites de Shang-
Haij. — G Rouai. Documenta inédits concernant IVglise de Vintimille
ill 'i'.i- 11*7; donne en appendice une liste des évoques de Vintimîlle),
38. — Rlviata. atorlc* iUUUn» 3* mirio, t. V, 1900, fasc. 4, uci.-
déc. — A. Meitttr, Die Gemeiiiscurift im Diensia der papstlichen
Kurie von ihrem Anfangen bis xuin Knde des ivi Jahrh. jrtnde sur U
cryptographie pontiûcale). — Lrto Altisandrt. Invenlario itell' antica
biblioleca del B. Contente di S. Francisco in Assisi compilato hJ I38L
— A. Pelteçrini. Gubbin sollo i conlt ■ duchi di Urbino, ISSMflH (a'»
pu étudié l'histoire interne de la cité; des erreurs). — F. Peltati.
Tra i meandri del patsalo : l'Alto Monlerrato délie été preistorfcbe. —
F. Bucalo. La rifurma murale délia Ctûeaa del tnedio evo u la litlcra-
tura antiecclesiaslica italiana dalle originl alla fine del tecolu xiv. —
0. Ztnatti. 11 poemetlo dl l'ielro De' Naiali aulla pace tli Vonexia tra
Aleasandm i ; MJVsm — Siciliana VUtanwta. I^egRi e
canonî m malcna di diritto privai» second o i pri tic i pâli canonisti e
IcRisti ilnl MOOtQ sur. — ,1. Fnlt. Kmier Friedrich 11 u. Popst Inno-
OttM IV; thr Karopf la deu Jahren 1Î44-45. — WinUr. DU PoUttt
PiW wahreml du -i I . i r t_ - (.'. SMtur. La fcdo ne»-
imparo e il ooncello délia patria italiana tu-l l'etrarca. — l Sighinol/l.
la »ignoria di Ginvantu da Olcggiu ft BologM, Al IBM » 1360). —
Q, Coagula. I Karne») e H ducatu di l'arma e Piacctixa durante il pon-
liflcato di Paolo IV (trop touffu l. — G Mondatni. La storla del suoi
tempi di G. -II. Adriani ineuT) —Û. Futai. Delisario Vinu, minislro
e coniigliere di Suto del granducbl Ferdinando I e Comme II de'
Medicl, I14S-I6I3 (bon). — V. Sanii, La storia uella • Seccbia rapiU >
nie Tassoni; curieux pour U connaissance des mœurs du xvu* a.). —
Ouvrages relatif» au siège de Turin en I70ti. — A. PtUtgrim. l'er la
guerra dei Sette Anni. leUft dal Carapo. I756-1T6*. — P ColUUa.
Btorla del reame tli Napoll dal 17 J; ., Manfroni
limporianii. — P. Apoilali, Le leitere sinnicmi, pnbt. p. Â, U'Ancona.
— A. ttixta. PmflO biugraiici e bMMtM HotM- — K. Pra<ca l/amini
raglio Saint- Bon. = T. VI, 1907, fasc. L V Valant,. Initia patntm
aliorumijue scriptorum eedeaiaslicorum laLiuorutn. — (*'. Fanctlli. Le
imprime militari di Marco Tultiu Cicérone durante il auo procontolalo
in Cilicia. — P. Minvtitli. L'Anonimo Ilavonnale e la sua Cosmogre-
(ia (ne démontre pal *a thèse : que la Cosmographie serait d'un étran-
ger du ta siècle). — C. Hinauj. Ilumbert I»M le royaume de Bourgogne
(solide M clain — 0. H'ita. Ubertino da Carrera, aignore di Padova. —
C. Cantna. Pet la storia délia decadenia délia dlplomaxia italiana nei
secolo ivit: anedotti di relaiioni veneto-sabaude. — Battra. Va auuo
carteggîo epistolire fra Carlo Emanuele I di Savoia t l'infante Ci Urina
d'Auslria, sua moglie — Id. La rivoluitone in una terra dal l'imiwute,
17*J7'W. — G. Oarai i i rriturio ntl periedo francese,
420 1ECCEILS rflIODIQUES.
1797-1814; t. I. — U. Pesci. I Bolognesi nelle guerre nazionali (appro-
fondi). — Jf. Masziotti. La rivolta del Cilento sul 1828 narrata su docu-
menti inediti (beaucoup de nouveau).
39. — Stodl storlci. T. XV, 190G, fasc. 1. — Gius. Pardi. Borso
d'Esté, duc de Ferrare, Modène et Reggio, 1450-1471 (Borso n'est pas
le prince sans reproches, généreux, pacifique et ami de la justice qu'on
a voulu nous représenter ; il a eu toutes les faiblesses et les défauts des
hommes de son temps; suite au fasc. 2). — A. Cbrluii. Une sorcière
de Reggio et son procès (enquête criminelle de 1375). — E. Pecchiaj.
Une famille de marchands pisans au xiv« siècle (les Délie Brache;
inventaire de leurs archives, 1307-1447, suivi de quelques documents;
suite au fasc. 2). — A. Grivbllucci. Un traité c De terminatione pro-
vinciarum Iialiae • du vu* siècle? (le traité publié par G. Pascal dans
YArchivio storieo ilaliano, t. XXXVII, fasc. 2, n'est qu'un extrait de
Paul Diacre, presque identique à un autre extrait publié par P. Fabre).
= Fasc. 2. A. Chivellccci. Pour la loyauté dans la discussion scienti-
fique (à propos des invasions lombardes et des évéchés italiens ; reproche,
en termes d'une vivacité regrettable, à Mgr Duchesne d'avoir manqué
de loyauté dans la discussion; Mgr Duchesne a répondu à ce reproche
dans les Mélanges de l'École de Rome, 1906, fasc. 5).
40. — Basler Zeitschrift fur Geschichte und Altertumskunde.
T. V, 1905-1906. — F. Holzach. Les relations politiques de la Suisse
avec Olivier Gromwell (intervention de Cromwell en faveur des Vau-
dois du Piémont; attitude de l'Angleterre pendant la première guerre
civile de Villmergen). — R. Luginbuhl. La • guerre du gibet » en 1531
(conflit entre B&le et Soleure à propos de leurs droits de souveraineté
sur une localité frontière). — Th. von Liebenau. Document de 1471
relatif à la route du Hauenstein. — K. G a us s. Le pasteur bàlois Jérémie
Braun (appelé à exercer le ministère pastoral dans le Toggenbourg, il se
vit intenter un procès par le prince-abbé de Saint- Gai 1, en 1663 ; curieux
incident des luttes confessionnelles de l'époque). — H. Dubi. Les « tra-
ditions nationales » à la lumière d'un écrit théologique de l'époque de la
Réforme (aucun fait nouveau dans cet écrit, dû à Rod. Walther, c autis-
tes > de l'église de Zurich et gendre de Zwingli). — F. Fleiner. Corres-
pondance politique de J.-C. Bluntschli avec W. Wackernagel (1833-
1862). — H. Joneli. Pourquoi les chefs de la révolution bàloise de 1798
ont-ils employé la violence? — F. Vischer. Rapport du général
II. Sébastiani sur la situation politique de la Suisse en 1804 (adressé à
Napoléon). — F. Burckhardt. Plans et cartes du territoire bàlois, levés
au xvii« siècle. — W. Merz. Terriers et censiers argoviens (relatifs à
l'abbaye de Mûri; en publie cinq, dont un de 1295 et trois du début du
xiv0 siècle). — Aug. Burckhardt. Elisabeth, femme de Uans Holbein;
son premier mari Ulric Schmid. — R. Wackernagel. Trois chartes
bâloises gravées sur pierre (1264, 1307 et 1437; la dernière seule con-
servée en original).
«CI fil S i'lÎRIlMi]Ul!f.S.
m
41. — BolleUlno elorloo dell» Svluera. tta.Ua.na.. T. VWII,
1905, octobre-décembre. — Lettre de. panOMMl notable» iln Terni n 4
l>««rf Cantù(suiie|.— T. ne lamu Lt tttttU (iahricl de Diesabach
dans la Vallomaggia II . I . Ld) Veau, La patrie d'origllia d'Ur-
bain VU G io va uni Battista Castagntt, plu* tard archevêque de Ros-
sano, cardinal on 1583 cl pape en 1590, naquit, non pas h Lugauo, mais
à Rome, d'un père génois). — La sorcellerie dans la région de Meeo-
leina (ivu* siècle). — Ed, Tokmsni. Catalogne do» documente relatifs k
l'biatofre de la préfecture de Mendrisio, iûOO-1800 (suite dans ce fasc. et
aux sul vanta). = t90fi, janvier-mai, Lee honpic.es de Camperio et de Caaac*
cia sur le Lucotnagno, du xif au xv* aiéclo (suite en juin M net L
— Un évoque do Come et un are h i urètre de llellinxona à Mesulcina,
[419.— 1-e» «Utul* 90 OfdOtmDM rural" .le M wA ■-:
== Juin -sept. G. m*x«r,A. Une chronique inédite. d.> l'Hospice fa Btlat-
Gothard (suite en oct.; 1liOM756|, - Habitant, dn Tétais, ci de la Suisse
bienfaiteur» de I' ° Ospedale Haggiore • de Milan (depuis le xv siècle).
42. — HUtortchor Verein der V Orto Luiern. Uri, Schwyi.
Onterwalden und Zu«. lier Gtichiehtifreund. T. LIX. 190*. — Tb. lai
Libbbuu. Hntaln da la riOa de Willisau; '.'• partie. - EU, Wtaun,
Consultation» sur deux pointu de droit canonique |xvi* siérlr). —
J.-L. UaaNDSTnTER . Contribution» à l'fBfflMtMyH de la -
Th. von Liebsbiu Recueil de» charte* dn lu BOlaaglaJl de Item- Munster
(salle ici et au vol. suiv.i 1255-t.t(;tJ. = T. I,\, IMS. E. I.utou. Les
egliaea de la Suiise imite ; docanal de Sursee).
43. — JaJnrboca for •ctownlaeriecho GeeoUchte. T. \ X X 1 ,
Laa BfliMM et leurs allié», à la bataille dn Moral,
tjlirmairiit.il. a un coin m* n liant en citer? liuiii; c'est à tort i
k souvent été attribué au chevalier souaho li. lier 1er de Herteneek .
l'histoire, militaire de» Htiiase». aux m* et xv* «iérles, ne connail pas le
commandement suprême personnel, chaque contingent collaborait au
plan commun) — Tr. Sniim. 1j correspondance de Hulliugcr avec
Vadian (source précieuse pour l'histoire des egliw» reformée» de la
Bllua allemande, de 1532 à 1551). — 11. H m son. I.» critique des Atta
Murtnna et de la charte de fondation du couvent de Mûri (réponse
aui objection* qu'a IQJcltaaa un précèdent article; cf. Dm Uft,
- I- Varna. Conrad Jusiinger, élève et conti-
nuateur du chroniqueur konic^tmlrn, lu plus anciens bistono graphei
do Berne et de la guerre dr Luupen (la • Chronique anonyme t de la
mi peut seule être utlribuén au secrétaire d'Etat Juaiinger;
la rédaction dite ollicielle, plu* développée et postérieure, n'eal pu da
luii. — Lsl i' 0, inUL Le couvent il» Munster (QftonaL, fondation
de l'époque carolingienne l importante étude sur les début» de ce munit-
lin, fanM |auhalllailW lll par Clierlemagn» ver* 780-7S6, au pied sep-
tentrional du paaaagn alors tréa fréquent.- de l'Umbrail, qui condui-
sait du llormio dan* la vallnr inférieure de l"lnn).
CUQOMQCE ET BIBLIOGBAPHIE.
CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
France. — La mort de M. Jules Laih, membre libre de l'Acadèm
des inscriptions et bel les- lettres, décédé à Paris le ifi mai dernier,
l'âge de soixante-dix ans, prive l'érudition française d'un de ses. repré-
sentants les plus distingués. Esprit à la fois subtil et ouverL, passant
avec une aisance ot une rapidité presque déconcertantes d'un sujet à un
autre, sans qu'on put jamais cependant l'accuser de rester superficiel,
réussissant en même temps à porter allègrement le fardeau d'une
besogne commerciale qui eût suQi à absorber l'activité de beaucoup
d'autres, M. Jules Lair laisse une œuvre qui étonne par sa richesse, si
l'on songe qu'elle est presque uniquement le fruit de ses veilles. — La
plupart de ses travaux bb rattachent à l'histoire du moyen âge et plus
spécialement à la critique des lestes : c'est sur ce domaine, semble-l-il,
qu'il se sentait le plus à l'aise. Son premier ouvrage fut une édition
de Dadon de Saint-Quentin (1665), qu'il avait présentée dès 1858
comme thèse de sortie à l'École des chartes, et il ne cessa, pendant
toute sa vie, de publier, sous forme de courts articles ou de gros
volumes, des mémoires originaux où il se proposait de résoudre
quelque point embarrassant de l'historiographie du moyeu âge. Son
Étude sur la vie et la mort de Guillaume Longue-Épée, due de Normandie
(1893), et surtout ses deux volumes à' Études critiques sur divers testes
des X' et XI' siècles |1899) en sont les pièces les plus importantes ; il pré-
parait enfin, depuis plus de trente ans, une édition de Guillaume de
Jumièges dont, malheureusement, sa curiosité toujours changeante ne
cessa de retarder l'achèvement. — Ces mémoires de pure critique ne
sont peut-être pas, malgré tout, ce que M. Lair a produit de plus remar-
quable ; la composition n'en est pas toujours assez serrée; en outre,
quoique pénétrant, il semble que son esprit eût une tendance à s'arrê-
ter avec trop de promptitude à une opinion qui, lui apparaissant comme
vraisemblable de prime abord, prenait presque aussitôt pour lui la
force d'une certitude et se transformait en parti pris. Normand de tonte
son âme (il était né à Caen), M. Lair devenait presque instantanément
un avocat dont les yeux se fermaient aux évidences qui contrariaient
ses thèses. Volontiers, d'ailleurs, ses livres prenaient la forme d'un
plaidoyer ou d'une apologie : dans son Dudon de Saint-Quentin, il veut
faire œuvre de réhabilitation; dans son Essai historique et topogra-
pltique sur ta bataille de Formigny (1903), il déclare hautement qu'il
veut élever un monument a la gloire des héros morts sur le champ
de bataille; enfin, dans ses deux livres d'histoire moderne, dans
Nicolas Foucguet (1890, 2 vol.) et dans sa Louise de la Vatlière
champ
n* son
< IHiHIel >: H RI
12.3
dont une quatrième édition parais»*]! au moment même de sa mort,
Il semble que (on seul but soit do laver la incnrnlrc de I
de taire l'apothéose de la maîtresse de Loui* XIV. Mai-,
temps, dans ce* deux ouvrages, il montrait ce que pouvaient, pour
élucider les problèmes d'histoire moderne, les méthodes de l'érudition
la plus minutieuse et s'imposait ainsi au choix iln l'Institut comme
directeur di> cette monumentale édition de* Mémoires de Richelieu,
duut sa mort vient cruellement ralentir la préparation.
Louis Ualphbn.
— H. Léonard-Léon B*rdinit, ancien professeur de Faculté, auteur
de l'histoire dea Juif* d'Avignon, est décédé à Limoge*, le S mai 1907,
dam *a i|u»ire-vlugt-troi*iéme année.
— L'Académie des inscriptions et Ih-IIps- lettres a décerne In I" prix
Gobert à M. Charles Bkkoht, pour son édition de* RAt» gascon*, et le
2* prix à M. Louis IUlpkkk, pour son ouvrage sur le Comté d'Anjou au
II* siècle. La plus grosse part du prix Loubat (géographie, archéolo-
gie. M linguistique du Nouveau-Monde) a été attribuée a M. llnnri
Viuhado, pour ses travaux sur Vhrtitoplie Colomb: une mention a éie
accordée & M. Jules lh wmi.bt, pour >un élude sur les Origine* vint
tutliennts. Le prit du budget (chronologie d'une ou plusieurs séries de
grand* feudalaire» français) a et.-, ptl HOtpttOO, aitrihué A un ouvrage
itnpriiHF-, celui île M. Iti'iir1 PMVMm, sur le Rmjaume de Bourgogne
(888-10381. Le phi Pro»t * été partage entre M. Albert liuiiut [Habi-
tation* gauloite* et ulta* latimu dan* U yoys du Mfdiomatriai) et la
revue VAu*tra*i»,
— Nous avons reçu le premier fascicule du Bulletin d» la bibliothèque,
tt dtt trtiwvx hiitoriquti de la ville de Paris |Paris, Impr. nationale,
1M6, iu-8», xtviu-178 p.|. Celle nouvelle publication semble surtout
destinée i donner périodiquement le catalogue de» nouvelles acquisi-
tions de la bibliothèque. KHe M diriger par le conservateur, M. Mar-
cel Puera. Le premier fascicule •-uumère les nouvel le* ■ffpilsj'lhnil île
l'année 1905; il contient, eu outre, la réimpression du rapport présenté
par M. Poêle on vue de la reorg*ui»aliou du «orvice. de la bibliothèque
et de* travaux historique». Nous nu avons déjà in mémo (Arc hul ,
t. XCIII, p. 10?) Indiqué les conclusions. L il
— M. Imuast ni l* Tims a réuni en volume le* principaux article*
ii- une quinzaine d'année* «tir diverse* Qvtitionê
4'hitUnre loeiale et raligitVM h VÊpoqv* fiattatt et à l'époque carolin-
nrfat, BMfaetat, |Qmt m- H',, im-V'i:, p.\. U» article* traitent
de* immunité* commerciale* accordée* aux église* par le* Carolingien*;
de* colonie* agricole* établies *or les terre* déserte* de la Marche
d'Espagne a la même e;mque; de la fabrication de* fau*ae* ■ cou-
tumes * do La tteole; de l'évolution de» idée* sociales du xi* au
m'amena la substitution ilu régime contractuel au régime
du patronage; de l'origine et de* progrès de ta liberté commerciale en
CHBOYIIJCE IT IlilhKtif MIB.
fl aux ui*«l un' siècles; de la polémique religieuse et des |>ubii-
ciste» 4 l'époque de Grégoire VU, d'après leurs écrits et l'ouvrage de
M. Mirlii; eniin. du caractère général de l'organisation ecclésiastique
en France au moyeu âge. On aura plaisir et profit à relire tous cr-e
articles. Peut-étn* cependant regrettera -t-on que l'auteur ne les ait pu
revus et retouchés davantage : on peut •'étonner surtout qu'il .lit réim-
primé sans changement l'étude, si pénétrante d'ailleurs et si ingénieuse,
qu'il avait publiée en 1893 sur les coutumes de La Roule, alors que,
depuis cette date, plusieurs êrudits, et en particulier MM, Prou et
Vidier, dans leur Heeueit des chartes iU l'abbaye de Saint-Benoit-Sur-
Loire, ont repris l'examen de quelques-unes des queftfo&l qn :
lève et sont arrivas sur certains points à des conclusions nouvelles
IKins celle meute étude sur les coutumes de La Iléole, M. Itnti.irl de
Lu Tour disserte sur le sens du mol tare (p. 96) comme s'il ignorait
que, depuis 1893, il a paru un livre essentiel sur la matière, l'Sstai
mr t'nrujine de la noblesse de M. Guilhiermo*. On eùl préféré, puisque
l'auteur s'abstenait de mettre ses articles au courant, qu'il les don-
nât avec leurs dates et l'indication du recueil où ils ont été d'abord
insérés {Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux. Études d'histoire
du moyen dgt didica à M. Gabriel JVonod; Mélanges Paul Fabre, etc.) : la
loche des bibliographes en eût été simplifiée, et le lecteur aurait su à
quoi s'en tenir. L. H.
— La librairie religieuse H. Oudin |l*ari s- Poitiers) nous a envoyé
une nouvelle édition, en français, des Htvilations de sainte Gertruik,
du monastère d'Helfla (Saxe), traduite? sur la dernière édition latine
(2 vol. in-h'-i. 11 est inutile d'avertir que cette publication ne s'adresse
pas aux historiens.
— La maison qu'habita à Sainl-Cloud l'électeur de Bavière Maxi-
milien-Emmanuel en 1713-1714 et qui dnt a cette circonstance sa qua-
lification de « Maison de l'Électeur », remplacée en 1840 par celle
• Château de Béarn », du nom de son nouveau propriétaire, après
avoir subi bien des transformations, s'est partiellement conservée Ji
qu'a nos jours. C'est au récit de ces transformations qu'est consacrée
notice que M. Paul Connu a publiée sous le titre : Je Château de Béarn
(ancienne Maison de t Électeur) à Saint-Gtoud (Versailles, impr. Aubert,
1907, 51 p. in-8» et 5 pi.; extrait de la Revu* de Ikistoire de Versantes).
On y trouvera plus d'un détail curieux sur les propriétaires successifs
de cette maison historique, parmi lesquels on compte, mitre l'Électeur,
un prince de la maison de Savoie, la comtesse d'Artois, lielte-sœur de
Louis XVI, et Bourrienoe. L. H.
— M. L.-J. Gbab esquisse la courbe des Prix du bU ù Saint-Êlienne
pendant trais siècles (de 1640 à nos jours), d'après les mercuriales.
1, 'extrême amplitude des variations d'une année à l'autre est, ici
comme dans d'autres villes, le phénomène le plus aaisissui"
la Soc. daanculture... de ta Loire, 1906, 20 p.).
ida
tféj
us-
ela
ara
__
r.itKoiiot e et nnii.iiH.nJrini:.
«20
— Lm petites brochures de la collection Science et rcliywn (Blond et
(?•) uni beau être marquées du sceau confewionnel, elles n'en feront
pu moins pénétrer dan» certains milieux bj Ruât de la ontique et de la
libre recherche. M. SbuUB) étudie H historien exact, sinon Itnpar-
'./uint it la rtorganitatton moderne du Saint-Siège. A cette
même période de la contre- réformai! on *e rattucbt l'opuscule de
M, Paul Dbrlanures : te Concile de Trentt et ta réforme du elrrgS MtAfr
tique an IVI' litctf. A la peinture un peu embellie iraj M I.
nous trace du CUrai rural tout l'Ancien régime, M. George* QOTM I
joint un ■ épilogue • oit il an donne le malin jduisir dit meure l'éloge
du curé de campagne dans la bouche de Voltaire et ... do ttesiif de la
Bretonne. La Astembttej du cltnji de M. Doublon souffrent d'avoir été
écrite* par quelqu'un qui n'avait pan lu le livre de M. Serbat; c'est
cependant, pour le ivu* siècle du moins, un précis catDDodt Htb
M BoorioB lient trop à laver ces assemblée» du reproche d'avoir prè-
M >li* pas demandé) la Révocation : c'est Taire Imjii marche de
la i (iraii de remontrance • de 1874, M ÏWI H U Hmfcas est plus
juste dans un exposé, bourré de laits, de 0* que fut ta t cabale det dévoti s
(p. 51), et quoiqu'il cberchoà défendre la « (kimpagnie » non seulement
contre M. Allier, mais contre M EMfaBfm H- 1111.
— L'Ancien titrât dt Paru do M. C. Dbmodist |Iïcole professionnelle
d'imprimerie, \Wi>, in-87 p. in-8') porte ce sous-titre : V Laugier de
Beaurecueil, 1112-119', En réalite, c'est la biographie d'un curé de
Mai ii te- Marguerite, qui ne fut point janséniste et qui refusa te surinent
à la Constitution civile. A i« même époque se rapportait la brochure
nu M. I.oun EtttUEt il" 'in du vieux Garaùon, Auch. impr. centrale,
1903) retraçait la vente de* hiens d'une chapelle de* Haute*- Pyrénées.
— M. Gutnti Ml lieH II vient de faire paraître une troisième édition
de aon livre, la tiarauue de Bauflltrt et ion ftlt I* chevalier de Kau/JUri
: m (>. WW, vi-.'rfid p in-8*. portr.i, qui Fait suite
à ses deux récent» et arou sauts volâmes sur la cour du roi HUnisUs à
l.uneville. Oi dernier u>me, tout en renfermant, lui aussi, ttno série
de lettre* intéressante» tirées do différentes archives de famille, ne pré-
tente plne le marne charme piquant que ses prédécesseur*. Le roi Sta-
nislas, l'ex-ainant de M*' de Iloufllers, est mort, su cour n'est disper-
sée, la belle marquise vieillit, tee correspondant* et te* correspondante*
«util ; la vie leur parait plut décolorée et tout autour d'eux m del km
terriblement sérieux, de torte que la verve frivole de tes rimeur* favo-
M on peu dans l'agitation pbil M« l'agila-
iion révolu il' uiuaire M-"de Itou iilers elle-ménie meurt encore a tempe
'juillet I78fij pour ne p.is KmCri M de l'orage prêt à te
di'i'Iuiri'T, rnaiv la MCJéU de ■ '« délicieuse marquise • va se disper-
ser an loin, et M. Mnugra», dan* son Kpiluguo, le* accompagne tucces-
' mon* aussi que, répondant 1
certaine* réclamation*, il enumére nominativement dont une nouvelle
OMOIIQrf. ET KIRLIOCLirm.
iwr, ans
pré&M le? savants lorrain», MM. Heaume, Boyé, Druon, Pfisutr,
travaux desquels il a fait dw emprunt* pour les siens propres. — R.
— N'ayant guère la ressource de pouvoir (aire canoniser jamais
aacun roi de France depuis saici Louis, le» admirateurs de notre passr
nonarcltiqiM se sont applique* à ta tâche plus facile de conquérir ta
couronne de sainteté, — sans martyre trop dur, — à certaines prin-
cesses de la famille royale. C'est le but que poursuit aussi M. Geoffroy
na GaANDMAisuR dans sa biographie de Madame Louise dt France, la
vénérable Thérèse de Saint-Augustin (Pari», LeeolTre, 1907, v-206 p.
in-181. On y trouvera d'abord le panégyrique de cette insignifiante Bile
de Louis XV qui vécut douze années à Fonte vrautt, vingt années à la
cour et dix-sept années enfin comme carmélite à Saint-Denis et dont
les funérailles, en décembre 1787, coïncident presque avec celles de la
vieille monarchie, réfractai re au souffle de l'esprit nouveau, On y trou-
vera ensuite des affirmations aussi tranchées que contraires ans faits,
quand l'auteur déclare par exemple que c'est • la singulière ingrati-
tude des protestants qui a fait monter à t'échafaud le malheureux
Louis XVI ». Nous voyons bien qu'il récuse le jugement de ceux t]
nom * incapables de comprendre le mystère du rachat d'une race par
l'immolation volontaire »; mais il ne noua empêchera pas de penser
qu'un Joseph II, dont il flétrit le cœur sec et impie, a plus fait pour
l'humanité que sœur Thérèse de Saint-Augustin, qui n'a guère i s
actif que la béatification de saint Labre et qui prenait < de grands
maui d'estomac » à l'idée qu'on allait permettre aui dissidente de prier
Dieu à leur guise. En tout cas, quoi qu'en puisse dir« M. de Graodmaj-
son, notre • honneur national » n'est point intéressé a ce qu'on fasse
d'elle ■ une sainte d'expiation et d'espérance », et s'il fallait de nou-
vel les patronnes à la France, ce ne serait pas dans le palais de I
qu'elle irait chercher celle qui, sur son lit de mort, en vraie princesse,
demandait à aller « au galop en paradis I ■ R.
— L'idée de H. Armand Gbanel de dresser un catalogue métho-
dique de tous les écrits relatifs à touia XVI et la famille royale (Tou-
louse, Privât; Paris, A. Picard, 1905, irv-348 p. in-IB) mérite assuré-
ment d'être approuvée et l'on ne peut que louer son lèle, puisqu'il a réuni
plus de trois mille litres dans sa bibliographie chronologique, qui
s'étend de 1746 à 1905. Elle est loin d'être encore complète pourtant,
— et nous ne lui en faisons aucun reproche, — vu la masse de feuilles
volantes locales contemporaines lancées alors tant en France qu'à
l'étranger. Mais ce qui est regrettable, c'est que les titres des ouvragée
anglais et allemands soient horriblement maltraités; ce qu'on ne com-
prend pas du tout, c'est qu'à la première page du Catalogue se trouva
l'Oraison funèbre de la première Dauphino, Marie- Thérèse d E
morte en 1746, alors que Louis XVI, fils de la seconde Dauphin?,
Marie-Josèphe de Saie, n'a absolument rien à faire avec CCI
cesse, enterrée depuis sept ans quand il vînt au monde, en 1754. — R.
CStOIrgO*. *T IIBLIOCIIPOII. 427
— Fleur de lut de M. Obhond [nouvelle édition, Bordeaux, burnut
de la Légitimât. 190&, ilvi-202 p. in-N«, (il.) est une nouvelle compila*
lion de ion» le» témoignage*, de toute* le* tradition* et légendes rela-
tive» à l'évasion du Dauphin hors ilu Temple et 4 MB WliTnfr) ni>>-
te rieuse dans les année» qui suivirent. L'autour conclut par ce* mots :
■ Donc Naundorft* eil bien In Dauphin, l'infortuné Ixmi* XV11. C'en
d'une évidence aveuglante. • Si la chote est au»! évidente que cela,
nous somme* bien i plaindre, car M, Osmond ne nous a nullement
convaincu. H,
— M. PU. L*UXUM, président de la Société, are Inki logique du G-er» et
secrétaire perpétuel do la Société de* sciences, laltre* et art* d'Ages,
nous envoie la deuxième édition d'uni? éUfOt&U plÉmurH : km Portrait
d* M— d* Pottulron (Auch, impr. Cucharaux, tW)tt, 70 p. in-i°, porlr.}.
tl nous y retrace, a l'occasion d'un portrait do la comte**-, la biogra-
phie de celle maîtresse bien connue du comte d'Artoi*. '7e*t presque
une oraison funèbre de cet • ange charmant uni d/ttOI nain invisible,
mais toujours bienfaisante >, protégeait le hien-eime qu'elle ramena à
la foi catholique. • Ce dernier geste absout sa faute; il apaisa peul-éire
en même tempe le* colère* du ciel sur les prince* de lu maison de
France. • Supposition peu vraisemblable puisque la Providence fit
reprendre 1 Charles X le chemin de l'eiil et que c'est en exil aussi que
le comte de Cbambord devait mourir. I. 'auteur, en veine de mansué-
tude pour tout ce qui ne touche ]>** a la ftévulutiun, nuus apprend
•u*»l quo M"" de Polignac, ■ jusqu'ici mécounue », méhln • l'estime
et le respect de tous >. H.
— Le volume du docteur Max Billash, lu Tombeaux des roii tout ta
Terreur (Paria, Iv rrui el OH, 1007, 192 p. In- 18, pi.), *e présente i
nou* comme l'ouvrage d'un ■ modeste anecdotier • qui a réiume
d'âpres lee récit* M proeè»- verbaux du L-mps la violation de* sépulture*
royales i Bai ot- Denis, en août et en oMbft ITQ8, il DM! raconte
ensuite leur reconstitution plus ou moins artificielle après la Ileitau-
ration de ISI.'i Tont le monde approuvera sans doute l'auteur de ce
travail sans prétentions érudlles quand il dit que le vandalisme ne sera
jamais utile à la caute de la liberté et que les paisiun* humaine*
devraient «arrêter devant la mort et respecter, même pour le* roi*,
l'asile sujirétne de* tombeaux. H.
— M. Henri Libiouk, professeur d'histoire au lycée de Toulon, a
réuni en brochure une série d'articles consacres dan* la Révolution fran-
f*ji*r i Jap/w- Mut*, députe de la Uurdngnr ii l'Assemblée légitlalivn
et i la Convention; il y étudie le* différent* mémoires rédigés par
Piaet pour défendre ta conduite politique, pendant quo le vieux • regi-
adn s vivait en eut .i lions un ce puis il Nyon, Kcril» à l'étranger bien
des année* apree Im èvénexnonu, son* que le rédacteur put avoir
recours aux documents contemporains, cet souvenir* tout naturelle-
ment lujet* k caution noir par exemple ce qu'il dit sur lee mutum
42»
CHBOIT'jCK. ET BHILIO.ÎR1PHIE.
de septembre ou sur les Girondins • qui vexaient les patriotes lopins
prononcés et répandaient la terreur parmi les républicains les plu»
purs ■), et le fait que le Comité de Salut public a toujours approuvé les
actes de Pinet, alors qu'il était en mission à l'armée des Pyrénées occi-
dentales, n'est pas, à lui seul, une garantie catégorique de la légalité de
ses actes; il approuvait bien aussi Carrier. Exclu de la Convention à la
suite de la journée de prairial an III, bien qu'il y Toi resté, dit-il, tout
à fait étranger, Pinet se cacha en Alsace jusqu'à l'amnistie de vendé-
miaire, mais son rôle politique était fini. Exilé en 1815, il rentra en
France en 1830 et vécut jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans à Ber-
gerac, où le pauvre vieux était montré du doigt comme une espèce de
monstre par la population réactionnaire de sa cité natale. A en juger
par ces apologies, qu'on a bien fait de mettre au jour, Pinet fut une
individualité de capacités assez moyennes, et si l'on peut croire â sa
sincérité subjective, si l'on doit le plaindre de son long exil, on s'étonne
un peu que l'auteur traite d'illustre (p. ti) ce membre très obscur de la
Convention, qui en comptait tant d'autres aussi insignifiants. — R.
— Pendant ses missions dans le midi, le conventionnel Philippe-
Aimé Goupilleau (de Montaigu), — qu'il ne faut point confondre avec
suu cousin moins connu, J.-F. Goupilleau Ida Fontenayl, — rédigea,
comme la plupart sans doute de ses collègues, des notes journalières,
plus ou moins copieuses, sur ses impressions de voyage et ses actes
officiels. C'est ce Carnet de route de Goupilleau que MM. Michel Jocve
et Marcel GiBAiirj-MAMGis viennent de mettre au jour avec des notes
(Nîmes, Debroas, 1905, io-8°). Envoyé eu Provence vers la fin de 1793
comme pacificateur, notre député voyage plutôt en bon bourgeois
préoccupé de ses aises, faisant sa petite provision d'huile d'olives et
d'anchois, s'abritant la nuit contre les moustiques • dans une bonne
cousinière », se querellant avec les aubergistes qui Pécorchent et pro-
nonçant force discours dans les clubs ou dans les banquets offerts par
les frères et amis. Le ■ proconsul i ne se montre qu'en de rares occa-
sions, comme lorsqu'il assiste en octobre aux fusillades des scélérats,
qui meurent avec fanatisme à Lyon; il trouve qu'il « fallait donner nne
leçon aux rebelles entêtés ». R.
— Dans le Bulletin du Comité départemental de Seine-et-Oise, dont In
premier fascicule vient de paraître (Versailles, 1007), M, E. Grave a
publié deux intéressantes notices sur la Contribution patriotique et le
Service des subsistances à Mantes en 1789, d'après les documents des
archives municipales; cette dernière surtout nous fournit une série de
détails caractéristiques sur la disette de grains qui régnait en juillet à
proximité de la capitale, sur les violences commises par les population»
rurales, craignant d'être affamées, et sur les efforts du Comité des sub-
sistances local pour remédier à ce dangereux état de choses jusqu'à la
fin d'août. R.
— L'étude de M. Gustave Goubier sur te Culte catkoliqi
ciroiiiqci: n inuotunn. *t»
Rfralutian. Lti pwuinni à Nimrs, 1790-1802, est un tirage à port de la
Hrviir du midi iNIme», 1905, in-8*l; encore qu'écrite dan-
pnnablemciil rénr-tûinii.-iire, elle renferme quelque* délai!» curieux
sur la persistance ta 6fc<lHWlltl rsalfllwm en dehors des églises,
tant il Pari* qu'en province (•* apécttlumal iliini lt- rhi'l-li' ,
jusqu'à fort avant dan* l'année 1793. Il* Ml et" puisés dan» le» archive*
locale* et contribueront à démontrer jusqu'à quel point, surtout dans
le midi, les querelles religieuses furent toujours mêlées i» querelles
politique*. II.
— M. Victor FoaoT vient d'ajouter à mi nombreuse» MbUttlto&a
sur l'histoire locale une élude sur VAnnH de ta peur à Tulle, 17fi9-t790
(Paris, Cberonnet, IMS, ll( ■ in-*-'. Il n'y raconte pas MttllflUKll la
grande panique qui se produisit dans le Limousin coinmo en tant
d'autre* provinces en juillet 1189, mais encore divers autre* épisode*
de l'iiistuir. lu uouveau département de la Correxe,
d'après les documents originaux. R.
— Un de nos meilleur* historien* provinciaux, M. Ilené f>V,s, l'au-
teur des Htudti limousine et de nombreux ouvrages d'archéologie
locale, a réuni dans une douzaine de chapitres, sous ce litre suggestif,
U /fur à TulU pétulant la Révolution (Paris, A. Picard, 1907, IH p
iii-8ul, tous les renseignements qu'il put réunir dans les archives dépar-
tementales et municipales sur les fêtes, cérémonies et manifestation*
publiques qui Ml < i.inu i agHt* la pMMlBloB tulloise. A en juger
d'après «un récit, celte popoltll I tfdiMlffr-
mont csims, même aux pire» moment* de l.i TUm
patriotique» et religieune», de (790 a 180! |M l"S'J 11 n'y nul nen dan»
la rut de celle cilé tranquille'!, depuis la fêle de la Fédération, le
M juillet, jusqu'au TV Dtum du 11 euùi, en l'honneur du premier
Consul, semblent avoir été minimes; il est vrai que Ai loin
■ voos surtout des procès- verbaux oflfciels, an style assex sec et nulle-
ment coloré, montrant hiru par la même l'itW
populaire. Le fait le plu* curieux ,i raiera?, efaM qu'en juin I7'','l la
municipalilii de Tulle traite cnmme un grand crime la multlaiiim d'une
statue de la saini" Vierge et ordonne a l'éveque (constitutionnel f de se
rendre en procession a la chapelle pmtUatt pi.ur la remettre en place
et • réparer l'outrage à la divinité ■ (p. 74). II.
— On sait que Napoléon passa plusieurs semaines du printemps 1801
au château de Finckenslein, dans la Prusse occidentale, pour y prépa-
rer la campagne qui aboutit a Friedland et Tilut Le propriétaire actuel
de ce château historique, le comte George de Dob.na, a prie un erudit
prusaisu de mérite, M, le conseiller intime des archives, Ertch Jotcsm,
de retracer, d'après les documents, cette page intéressante du passe de
sa famille et de son dumaine. (l'est ce qur M. Jnachini a fait dan» un
tu I unir de dimension* aastx considérables \Sapolton in Finekenitein,
ilcrlin, Bebrvmd n. Oomp., Il") . -\ pl.| qui témoigna
430
CHIOMOBE LT BlEMOGBtPKIE.
àt mahercbes approfondies, Unt sur les projets politiques de l'empe-
rli pendant ce séjour, que sur son existence privée (il fut rejoint
à Finckenstein pnr la comtesse Walewslta|; mais nous tenons A Caire
ion parfaitement courtois du savant en analysant les pro-
jets de Napoléon et l'équité de ses jugements sur le souverain ;ui
venait pourtant d'écraser la Prusse à Iéaa. C'est un exemple frappant
du fait que le recul des événements facilite, dans une large mesure, la
tâche de l'historien. 1t.
— H. L. Stock*, professeur d'histoire a l'Université de Dijon, noua
raconte, d'après les archives île la famille et celles du ministère de la
Guerre, la vie du LituUnant-gtntral Urtort (Paris et Nancy, Berger-
Levrault, 1906. 177 p. in-8». pi.). Né en 1773 dans le Jura, volontaire
A dix-huit ans, capitaine deux ans plus tard, Delon s'est battu un peu
partout, par le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, tautùt dans les étals-
majors, tantôt officier de troupes, et fiuil par être un des meilleurs
chefs de la cavalerie légère sons l'Empire. Nommé général de division
par Napoléon à. Monlereau, en 1811, il figure encore dans les charges
de cuirassiers qui terminent le drame de Waterloo. Il se distrait dec
malheurs du temps en traduisant et en commentant Horace, reparait
sur la Bcèoe politique après 1830 comme pair de France et aide de
camp de Louis-Philippe et meurt en 1846 dans son pays natal, type
original de soldat-poète, espèce plus ou moins disparue. M. Siouff a eu
noua rendre très sympathique cette physionomie militaire, sans vou-
loir cependant faire un Éloge académique d'une page d'histoire. — R.
— Dans un travail sur Ptorian et tes banda de partisans en 1814 et
1815 (Agen, irupr. moderne, 1907, 62 p. in -8*), M. Philippe Ladïbii noua
offre une étude curieuse sur un personnage à peu près inconnu (sua
origine est douteuse, sa Un reste ignorée) qui joua un rôle, assurément
très secondaire, mais un rôle actif dans la défense des frontières du
sud-ouest, au moment de l'invasion anglaise de 181 i ; il reparait encore
une fois dans les régions subpyréoèennes durant les Cenl-Jours. Ce
Florin, Plortan ou Ftorian (car on ne sait même pas au juste l'ortho-
graphe de son nom) commanda des bandes de volontaires ramasses un
peu partout, dans les landes de Lot-et-Garonne. Même après Waterloo,
il tente encore un coup de main sur Agen, le 21 juillet, plutôt en ban-
dit d'ailleurs qu'en patriote; il put s'échapper, mais plusieurs de se*
• soldats i, étrange ramassis de Français, de Prussiens, d'Anglais,
furent condamnés aux travaux forces en mars 1816. Une tradition peu
sûre veut que Florian ait réussi à passer en Amérique et qu'il soil
mort au Champ-d 'Asile, au Texas. R.
— Après la brochure de M. A. Marquisel, parue il y a deux ans, on
pouvait croire épuisée la controverse sur le mol épique, mais difficile à
répéter, de Cambroune à Waterloo. M. Henri Hoossavb s cru devoir
pourtant apporter son témoignage d'historien émerile de cette époque
à l'enquête, commencée dès le lendemain, pour ainsi dire, de ta bataille.
caaoïion rr iubmogr>pu(£.
431
lUn* ia hrocliun' la Gardt meurt et ne te rend pat, histoire d'un mot
hittoriqu* (Purin, Perrin «H C", 190fi. fil p. iu-18), il examine et pesé
encore unp fut» loi déposition* des témoin»; il constate queCambronne
a loujcure nié la belle phrase cla^i ni ■■, nu'ofi .nu.ii ta peu près le lieu et
l'heure même de m naissance1; que s'il n'a pas «vomi tMflleU$mÊHi le
mol, iraniorialiso par Victor Bu ■■■mlant qu'il
répondit quelque choie, dans «on exaspération , aux iflHItVi
réee de* Anglais. ■ Ce quelque chose, conclut M. Houasaye, doit Aire
cela! » R.
— La 1res soigneuse monographie de M. HuWt iIochoin >ur t'indut-
trie dt la bouclierïe dans le département de l'Oise- au III* tifrit
1907, in-8», 17W p., pulil. de la Sac. détudes hut... dt l'Oise) n'a pas «u.
lement le mente d'epulaer aussi complètement que possible ce sujet
d'histoire économique; c'est encore un effort pour formuler une loi
sociologique, n savoir que c'est la consommation qui règle la pro-
duction. U. HR.
— On trouvera daim te dernier volume de H. Maurice Wii.wotts
ITVoii semeurs d'idées : Agcnar de Gasparïn, Emile de Laveteye, Emile
Fagurt. Paris, fisc h hacher, 1!W7, in-lll, m-353 p.} quelques pages
intéressantes sur les doctrines sucialc* d'É. de l-aveleve.
Prsi n-.tTioas xouvau-is. ~ Bisi lor.atrmc — /'. Coron. Bibliographie des
travaux publies de 1H(*i S m)7 *ur l'histoire de la France depuis 1789, fasr t.
Parti, Cornai», ln-8', lilî p. — M Tourmevi bibliographie de l'hi'loire àr
Paris pendant la Révolution française, L IV tarât, Champion, ln-8', 11-7*3 p.
Doctwam. — A. Anoot. Kplgrapbk de la Mayenne, tafia, V Plf-anl, I ml.
In-»*, uxxv-UÏ et 491 p. — f. BoUio*nad*. Gabiers de dolean.ee* dn U
■easeasallse d'Anaoulrme pour le* filai» «.rufraui de IM Paru, l.rntui,
ln-8*. — 0 flmirgtn. liulhert .le Nii»eni Histoire de u vin Pari*, A.. Picard,
ln-8', Liin-liH p. Coll de tutat pour l'étude ri I ensciftarmenl il l'(n>1<>lr<-
— S. Hriderf. Cahiers de doléances du bsilliagr de r olrntln pour le* IttaU
lî'wrini de 1789. Pari*, Leroui, ln-8-, 811 p. — G. Buixrn et A. Ltdru.
NrrrnloND-nbituaire de U cathédrale du Ha». U Mon», io-H-, n-l
historique* du Value, Vil;. — I'. Coron ri Vh. Sagnac. l.es ru m 11*, des dmll*
féodaux «I de la Iraiilalioa 'l l'abolllion du régime seigneurial (1789-1793].
Paria, Leroux, in»', XLiv-8îfi p. - S. Daudet. Lellrei du enraie Velentiu
Kslerhu* S ta femme (178i-l7iCJ), Pari», Pion, Id-8", vi.i II:, p - J. BMP.
laum*. l'rorei rerlnui ilu Comité d'insu-urtiou publique dr la Convention
nationale, t VI Paris, Lerrm», in-8-, ie.yiii-9M |> - Id. L 'Internalinnaki |
doeuiaenti et souvenirs (1861-187»., l. Il Paris. Cornélt, la*, I-36G p. —
1, llélat Journal ptlMfM <Id Ch. Ar Lacomhr, dr|'ulé t l'Anembl» nationale,
I rilîtl, in-*-, si.vin-327 p. — 4 Marlg ri V, Tourneur U
ilrmirrr annM de Hurie-Aiitiiinrltiv fat-tlffillt de GJ ducumeati «t «lampes
du temps. Paris, Champion, In t-, M p. - A ilolmuir. Obltualres de la pro-
., I. Il rilli. mwÉllaiÉ in I-. iivju-fi7ï p, - Hiiiwt-Monrter
Carlulaire de la coeniuauderie de Kkbereawbei de l'ordre du Temple (11K-
lïlti. Paris, Cbaraplon, fn-S-, sUJt4H p. (Htm. d* l'Arad. da TinÉMl]
Hiaruiaa rJftrHfW — G. d'.lMaeJ. Prflres, loulaU el Huses sous Bichelieu,
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in-4*, xxm-654 p. — 0. de La Jonquière. L'expédition d'Egypte (1798-1801),
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Omer, impr. dHomont, in-8*, 191 p. — A. ChapuU. Messigny; son histoire à
travers le passé. Dijon, Nourry, in-8*, 208 p. — Damase de Loisey. Vie de la
rév. Mère Marie de Jésus des Franciscaines de rimmaculée-Conception. Cler-
mond-Ferrand, Impr. générale, in-8*, vii-457 p. — C. Jolly. Le blocus et le
bombardement de Thionville (1870). Châteauroux, impr. Badel, in-16, xn-164 p.
— H. de Jouvence!. L'Assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Lyon
en 1789; étude historique et généalogique. Lyon, Brun, in-4*, xiv-1015 p. —
P. Lalil. Histoire civile et religieuse de Grasse. Grasse, l'auteur, in-8*, 120 p.
— P. de Longuemare. Étude sur le canton de Tilly-sur-Seulles. Caen, Jouan,
in-8% vi- 460 p. — S. Macary. Généalogie de la maison du Faur. Toulouse,
impr. d'Ecos, in-4*, xiv-281 p. — L. Mouton. L'hôtel de Transylvanie. Paris,
Daragoa, in-8*, 85 p. — F. Uzureau. Andegaviana, t. V et VI. Paris, A. Picard,
2 vol. in-8% 503 et 560 p.
Allemagne. — M. Ludwig Traube, né à Berlin le 9 juin 1861, est
mort le 19 mai dernier à Munich, où il professait, à l'Université, la
philologie latine du moyen âge. C'était un des meilleurs collaborateurs
des Monumenta Germaniae historica.
Espagne. — Empori est le titre d'une nouvelle revue qui vient de
paraître à Barcelone, en catalan. Ses fondateurs, ardents zélateurs du
mouvement actuel de renaissance en Catalogne, ont eu la pensée de
grouper, grâce à cette publication, les efforts de tous ceux qui, dans
les lettres, les sciences ou les arts, collaborent à ce mouvement. Le
premier numéro d' Empori, en date de janvier 1907, renferme, entre
autres, de M. A. Rubiô y Lluch, des commentaires sur divers docu-
ments relatifs à la Chronique de Jacques Ier d'Aragon; de M. J. Marti
y Hahat le commencement d'un "«i sur Saavsdru Fajar.l.
Casellas une notice, avec quelque* reproductions >lr dessins, nu li>s
artistes barcelonais du x\iu* siècle. H. L.
— La publication de 17/ufuri/ of Ihe Inquisition tfSpttU de M. 11 ■Cli.
Iju marche d'un pas rapide. 1a? i III, qui «lui il*' paraître (New- York,
ii»r Macmillan Company I, a suivi de prés le L II, publie en \'MH\, le
t. IV et dernier o»t aoiis presse lié* qu'il aura paru, il Nil rendu
compte ici de cet important ouvrage.
— M. A Itiitiaiiu.K/ Vilu, l'ermlil bibliothécaire et membre de
l'Académie ;.■ publier successivement deux volumes
de documents. L'un est relatif an comte de la Corxana'. Co personnage,
ii* en 16&0, suivit la carrière des armes. F.n 1697, il fut nommé vice-
1 i llogM, par intérim, juste à temps pour remplir la pénible
conée de liguer la capitulation de Barcelone, assiégée par Vendôme.
Mécontent de Charles II, puis de Philippe V, il suivit l'Atmiranle de
Casùlle dans sa défection en 1702 et mourut en exil à Vienne BB 1780,
<iuin> leur valeur biographique, les documents de ce recueil intéressent
surtout l'histoire du la guerre de Catalogne avuut la paix de Rynrkfc.
L'autre volume de M. Itodrigues Villa1, plus important, nous donne la
Curreipondance de l'archiduchesse Isabelle, gouvernante des Pays-Bas,
avec lo duc de Lerma, de IT>99 A 1612. Il y a là plus de trois cents
lettres, sans oublier une narration personnelle u> BUn voyage d'Italie
en Flandres, remplies de détails, les uus relatifs aux lUffle il
tiques, aux guerres ftfM l.t I L..lkstnlc. Ici autres de caractère plus
H i'in-ieiix pnur pénétrer il au» la vie ut I Infante, dont l'es-
prit à la fois vigoureux, aimable et enjoué rend fort attrayante cette
correspondance dépouillée de toute raideur protocolaire. II. L.
ftlata-Unla — Les papiers de George Washington, qui étalent
déposés au ■ Département d'état ..oui été transportes à la bibliothèque
du Congres. La grande importance de ces papier», auxquels on a joint
les documenta relatifs l Washington Mit éUliBl déjà ,i la liihliuiliéque,
nécessite une série d' inventaire!, dont lu i I yumi !" paraître. Il
contient exclusivement la correspondance échangée entre II |
le COflgrW; il renferme non seulement les lettres, mais aussi les docu-
ment* annexés. Il a été préparé par M. John 0. F'its patrie*, du dépar-
tement des manuscrits, d'après la méthode suivie pour la collection
volume publié ■ 741 pages ri contient M fac-similés
Lii-siii l'écriture des membres de la famille militaire île Wlltlng
tes secrétaire* et de ses aides de camp, Le volume est en vente
doWflstatt • 4 Washington (I dollar 50|.
1. Don Dwyo Burlaiû de M'ndvia y SendevaJ , tende de (d Curzana I ffiiO-
(3JW/i "<»■*«■ fttsMrtCO, Madrid, t'wUnnt, IWI7, |.dll ln-8-, 333 p.
î. CorrtipoiuUmria 4* la l»fanla Arrkiduaueau Doua haM Clara Mmoe
nia de AMtna en* tl Huant de 1er ma y '.Irei ptrumajêt Madrol, luu
Uiv. llurroa. XCIV. •• rase. ÏS
434
nouai i '
tHUMIaHU,
Grande-Bretagne. — Le 1> F .!, Havbrfibld a été
fesseur d'histoire ancienne (Camdon prufessorship | â l'Université
d'Oxford, en rem place me ni de M, Pelham, décédé; c'est, comme on
sait, l'bomme d'Angleterre qui connaît le mieux l'histoire de la Bre-
tagne au temps des Romains.
— Robert Huntinglon Fletcher. The Arthurian material in Ihe ehro-
nicla, especially Ihoit of Greal Hrilain and France. Boston, Ginn et C°,
1906 (Harvard Studios and notes iu pbilology and literature, vol. X,
313 p.). — Intéressante élude dans laquelle l'auteur a résumé toui ce
que les chroniqueurs du moyen âge, depuis Gildas, racontent eur le héros
plus ou moins légendaire des Dreions. File intéresse en premier lieu
l'histoire littéraire- mais elle montre aussi, avec surabondance, com-
ment les récits légendaires se transmettaient et se déformaient soas la
plume de chroniqueurs successifs auxquels manquait le sens critique.
— M. Alfred de Wrbscrko a publié un bref trait'"' en latin composé
en 1254 par Laurent de Somercote, chanoine de Chichester, sur la
manière d'élire les éveques (/ter Traktat des Laurtnlius de Somercote,
Kanonicus von Chie'iesler, (ibtr die Vornahme von Bischofswalhen. Wei-
mar, ftu-hlau, 1907, 56 p.). On en connaît six manuscrit» et, jusqu'à
ce jour, il n'y en avait pas eu d'édition complète. Le texte, bien publié,
est intéressant, sans rien apprendre de nouveau quant à l'élection des
éveques en général, ni quant a la pratique suivie en Angleterre depuis
qu'en 1214 le roi Jean avait déclaré qu'à l'avenir ces élections seraient
■ libres ». Il a été mal connu et rarement utilisé durant le moyen âge.
— A l'occasion du 4" centenaire de la naissance de George Bucha-
nan (pour autant que l'on peut dire exactement la date de sa nais-
sance), on a publié un volume de mémoires qui comprend les mor-
ceaux suivants : Li.ndbay, George Buchanan, discours prononcé à
l'Université de Glasgow à cette occasion; Robert Rehwick, Buchanan
à Glasgow; F. J. Amours, Notes sur la traduction écossaise de l'His-
toire d'Ecosse de Buchanan par John Reid ; F. T. Baubett, Un manus-
crit inédit de la traduction anglaise de cette même Histoire faite
au xvu* s.; T. D. Kobr, L'humanisme considéré à travers la vie et
l'œuvre de Buchanan; W. S. Mac Kechnib, Étude critique sur le Dt
jure regni; A. W. Grey Buchanan, Note généalogique, David Mlkbay,
Bibliographie des œuvres de Buchanan [George Buchanan. Glasgow
quattrcenlenary stadies, 1906. Glasgow, Mac Lebose, 19071.
Hongrie. — Parmi los dernières publications historiques, il importe
lie signaler les suivantes : 1° R. Rékefi, Histoire de l'enseignement
maire en Hongrie jusqu'à 15b0 [A iiêpoktatàs tdrténelr MagyarortiÂgon
H>b0-ig\, Budapest, Académie, 1906, xtxvit-558 p. in-8". Cet ouvrage
est issu d'un concours de l'Académie qui avait proposé ce sujet pour le
prix Oltvânyi. Il fallait chercher dans les documents les traces des
écoles où la bourgeoisie et le peuple recevaient leur instruction pendant
le moyen âge, sans insister sur les écoles fondées et entretenues par les
monon < i
435
ordres ou les évoques. A cet efli'i, M Bekefi, professeur d'histoire de
la civilisation à l'Univerailé de Budapest, a dépouille d'abord Im docu-
ment» publié» jusqu'à présent, puis il a Fait de» recherches dans le*
UtilliW, recherches couronnée* de succès, puisque sur les 3&9 docu-
ments utilisés, 1 5:j paraissent dans ce livré pour lu première fois. Le
volume se divise en deux parties. Dans la première (p. l-'.'ll), l'auteur
donne le rtWIllHI de IM études avec quelque* pWJM MW l'IafltTWlIioS
chrétienne en général. L'exposé ost plutôt aride; il est tout en énumé-
ration. Chaque localité où il y avait une école primaire est nm
les noms des maîtres d'école, qu'un appelait ■ rector, magister, ucola*-
ticus, regens, ludimoderauir, informatoretpaedsgogu* • , snnl conscien-
cieusement relevés. Pour l'époque arpadiennn (tQOQ-4301), les docu-
ments sont rares, mais M. Békefl conclut, d'après certains indices,
que déjà 1 cette époque l'instruction du peuple existait en dehors des
écoles ecclésiastiques; le* documents mentionnent même des écoles
juives. La deuxième partie du livre contient les 35'J documenta qui
servent de base à l'exposé. Us peuvent être consultes par loua le* histo-
riens, car ils sont tous en latin ou en allemand; ces derniers se
rapportent aux école* fondées par les colonies allemandes. Les deux
index |p. 479-558) sont très détaillés et Facilitent les recherche*.
'.'• Le droit de patronage de* églises est une question du plu* haut
intérêt pour la Hongrie. Ce droit de patronage qui appartient à la
couronne, est intimement lié à l'autonomie de l'église catholique qu'on
voudrait établir aujourd'hui. Des historien», comme Mgr
des homme* politique*, comme M. Jules Portier, ont consacré de*
ouvrages importants à cette question. M. François Kollinyi vient de
publier une étude très documentée sur ce sujet : le tiroit <U patronage
"i Hnfjrb eu moyen igt [À magàn kegyuri jag haiànkban a kàttpkor-
fton). Budapest, Académie, HH16, Ï98 p. iu-8". H démontre que co
droit n'appartenait pas, à l'origine, au roi. Le seigneur, de* le xi* siècle,
gardait la propriété de l'église ou du couvent b&ti sur son territoire.
Cest lui qui nommait le curé que l'évéque continuait D'après la cou-
tume hongroise : • Patron i: m lariout dos, aediilcatio, fundus t. Lo rot
n'était donc pas le patron de toute* le* église*. Celle coutume a persisté
longtemps, quoique déjà sous ltéla IV, après l'invasion des Mongol»,
on trouve nn document qui désigne le roi s tamqoam nniveriarum
ecdeslarum regni Hungariau patron us * M que Charles- Il obert, de la
maison d'Anjou, déclare : • (Juiim no» simus patronui et tulor omnium
ecr.lesiarum Ungaricalium ». M. KollAnyi démontre, documents va
înaiu». que le droit dn patronage de* particulier* existait jieudsint tout
i agn, surtout sous le* Arpsd, .Si aujourd'hui le roi est In
a unique de toute» loi église», catholique», c'est )>ar m
■ erronée de* texte.* et par un usage A époque tardive.
a Société littéraire iiraehtn H Hongrie qui, par ta Bévue et
*un Annuaire, rend tant de service* a décidé de reunir ton» |*j din o-
oicernent le* Juif* dn Hongrie jnequ'arémaucipan
436 CHRONIQUE ET BIBLIOGRAPHIE.
Le premier volume de ce recueil a paru sous le titre : Monumenta
Hungariae Judaica [Magyar-Zsidô Oklevéltàr. T. 1 : 1092-1539]. Buda-
pest, Wodianer, 1903, xu-524 p. in-8°. L'éditeur, M. Arminius Faiss, a
réuni 394 documents, la plupart en latin, quelques-uns en allemand et
un seul, — le n° 227, — en magyar. Pour en faciliter la lecture, M. Frisa
a fait précéder chaque document d'un résumé en magyar. On voit par
ce recueil que la situation des Juifs était très tolérable au moyen âge,
surtout sous la dynastie arpadienne. Alors ils occupaient souvent
de hautes situations. Aussi les papes intervenaient-ils souvent
auprès des rois magyars pour qu'ils favorisent moins f les Juifs et les
Sarrazins •. Les persécutions ont commencé sous la dynastie des
Anjou (xrv* siècle) ; mais, après la mort de Louis le Grand, les rois les
protégèrent de nouveau. Le recueil s'arrête à l'année 1540, lorsque le
dernier roi national, Jean Zâpolya, le rival de Ferdinand Ier, mourut et
que les Habsbourg prirent définitivement possession de la Hongrie.
L'index (p. 482-524) est excellent.
4° Les Monumenta Hungariae historica viennent de s'enrichir d'un
volume bien curieux. Il contient la Correspondance et les papiers
d'Alphonse Carrillo, jésuite espagnol [Carrillo Alfonz, jexsuita-atya
levelexése es iratai, 1591-1618]. Budapest, Académie, 1906, lii-739 p.
in-8°, avec une phototypie. — Ce jésuite, que l'encyclopédie espagnole
ne mentionne pas, auquel Sommervogel seul a consacré une notice,
était peu connu jusqu'ici, excepté en Hongrie. Grâce à la publication
de M. André Vbress, qui a réuni 370 lettres et documents divers dans
trente-deux archives de l'Europe, — principalement dans les archives
secrètes du Vatican, — il sort des ténèbres où il était resté plongé jus-
qu'ici. Ces documents latins, italiens et espagnols pouvant être consultés
par tous les historiens, il est probable que Carrillo (1553-1618) trouvera
bientôt son biographe. Né en Espagne, il entra dans l'ordre des
Jésuites et fut envoyé, en 1589, à Vienne. De là il se rendit en Tran-
sylvanie à la cour du jeune prince Sigismond Bàthori. La Transylvanie,
quoiqu'en grande partie protestante, avait alors un prince catholique.
Les anciennes Diètes avaient chassé les Jésuites, parce qu'ils s'étaient
trop mêlés de la politique. Cette politique, éminemment nationale,
voulait sauvegarder la petite principauté contre les empiétements de
l'Autriche. Les seigneurs transylvaniens, voyant comment Vienne trai-
tait la Hongrie proprement dite, aimaient mieux payer un tribut à la
Turquie, pouvoir pratiquer ainsi leur religion et jouir de leurs libertés
constitutionnelles que se soumettre à l'Autriche. C'est pourquoi Car-
rillo, devenu confesseur et conseiller du cruel Sigismond Bàthori, agis-
sait sur lui dans un sens antinational. Il voulut d'abord faire rappeler
les Jésuites, puis détacher la Transylvanie de la Turquie et la sou-
mettre à l'Autriche. Le pusillanime Bàthori écoutait ses conseils; il
rompit avec le sultan, se soumit à Rodolphe II, épousa une princesse
autrichienne. Le parti national lui étant hostile, il se fit le bourreau
de sos parents et des grands seigneurs. Mais il ne put se maintenir; la
Ci «0*1011* lit HlllUlK.fUPiltE.
437
Turquie l'attaqua, l'Autriche. M l'aida guère. Il répudia sa femme après
quelque» jours de mariage, renonça * trois reprises nu troue M NOml
[iu.-Tàhl.'iDem ea Bobème, où il pa*sa la Tin de sa fi», Kit somme, le
i.irCarrillo fut néfaste pour le prince ot pour le paye. Quoique
Siiligyi «l K&rolyi disent que c'était un idéaliste doué d'une grande
jcimir M que l'éditeur de sa Correspondance le lave do» accusation*
de* hwLonen* de la Transylvanie qui l'ont vn A l'œuvre, c'était un
inirlgtlftl '|ui M travaillait que pour sou Ordre et pou Vienne, et nul-
lement dans PtniéMI du prince. Actif, certes, il la été. Toute* le» fois
qM Béabofi ''ut DMOtfl d'argent, lu jésuite alla du fin fond do la Tran-
sylvanie à Prague auprè* do Rodolphe, de la à Rome, même à
Madrid pour demander des secours à Philippe 11. On dit qu'il rêvait
d'unir la Transylvanie à la Moldavie et a la Valaclile, peut-être même
UM coalition
■ ■ èttitai i idaui liii' i!i Hocskay
M EMhlM mu gQfnafW, 'jui'Ljiu'a année» plus tard. leur [Al*, d" i'iiim ■■■
de Transylvanie et de quel prestige ils uni etituuré leur nom el leur
principauté en suivant une politique nationale, en dédaignant les coa-
•cil* de* Jésuites! Carrillo se une recueil zélé pour
le* intérêt* de l'Église catholique; après la chute de iïftthori, il devint
chef <!e l.i pruunco d'Autriche, imuI encore \ Atcala, a Tolède el à
Rome et mourut à Sienne. Si nous ne partageons pas le» opinion»
exprimées dans l'introduction de M. Veresa, nous n'avons que de* com-
pliment* à lui adresser pour le iMe infatigable et le sont minutieux
qu'il a iin: à publier co« document» inédits qui méritent d'être consultés
par tous ceux qui ■ToHwnwH * l'histoire de la réaction catholique
qui caractérise la Hn du xvi* et le commence ment du «vu* siècle.
5* Le volume dan* lequel H. Loui» SiinuciKV a MH4 les Mtmot/M
*t U-t papitri d f.ticnnt llalmbgyt nous conduit également en Traimyl-
IBSJi \li<iimi<]<ji htv.m naplûi fi irulai] Budapest, Académie, 1906,
n>77l p. h**. Ilalmagyi (1719-ITS) n'a pat joué un rile politiquo
bien important. La Transylvanie était déjà autrichienne lorsqu'il nuira
dans la carrière administrative. Il a prU une part active a t'organisa-
lion de la milice des Siekely (Siculos . rfMfltt de la
Transylvanie qu'on croit descendre de* lion*. Le Journal volumineux
de cet administrateur, qui joua aussi un rôle dan» la répression de la
•édition de* Roumains Hora et Rlooka, notait connu jusqu'ici que par
quelque* copie» pou fidèle*. M. rkàdeezkv, qui a déjà dei-uuvert tant de
manuscrit» Intèrewant* enfoui» dans le» collections privées de la Tran-
sylvanie, a retrouvé l'original du Journal de Halm&gyt daim la bfbUn-
ue du comte Mikô. Il le publie Intégralement. Le texte <■ :
i Le» historiens y trouveront de nombreux renseignement* sur le»
■ années nti'MTtili. Lu aulm Journal que Ilaimé-gyi
mugea pendant «on voyage eu Allemagne et son oéjonr k : :
.leGôUingue|!7J-M7M(,ouit accomiagu.» le (tant 00X911 Pul T.dekj,
lit ajouté à ce volume. Nous y truuvoti* de* dntail* intéressants sur la
MH
INIQUE ET BIBLIOGRI
vie universitaire allemande, sur les célèbres professeurs de Gôtlingue
dont les Hongrois suivaient les cours. Ainsi, Halmàgyi nous apprend que
le philologue Gesnor, dans ses conférences sur tes auteurs grecs et
romains, intercalait souvent tes nouvelles du jour, surtout les nouvelles
qui arrivaient de France, par exemple sur la disgrâce de M"" de Pom-
padour. Quelques professeurs partaient aussi de l'origine des Magyars.
Le savant éditeur, pour réunir tout ce qui concerne Halmàgyi, a encore
ajouté plusieurs pièces officielles qui le concernent et ses rapports sur
la sédition roumaine. Un index de 48 pages termine le volume qui Tait
partie des Monumenla Hungariae historien (section II, l. iixvm).
6° La biographie de Jean Bacsànyi (1763-i8i5) que M. François
Szinnyf-I publie dans les Monographies historiques est un beau volume
illustré sur ce • Jacobin i hongrois qu'on a longtemps accusé d'avoir
traduit en magyar la proclamation de Napoléon I" aux Hongrois (1809)
[Bacsànyi Jânos]. Budapest, Athenaeum, 1904, 210 p. in-8", avec
6 planches hors texte et 61 illustrations dans le texte. — Bacsànyi
était démocrate à une époque où te gouvernement considérait comme
un crime de faire allusion à la prise de la Bastille. Aussi fut-il traqué
par la police dès le début de sa carrière. Pourtant, dans ses poésies
comme dans ses œuvres en prose, il ne demandait qu'un peu plus
de justice pour le peuple, une constitution plus en harmonie avec les
libertés hongroises. Impliqué dans la « Conjuration > de Marlinovics
pour avoir copié le « Catéchisme des républicains >, il fut condamné
à un an de prison parce que, dans sa défense, il avait fait entendre des
principes < dangereux ». Il passa cette année à Kufstein et eut comme
compagnon de captivité Maret, le futur duc de Bassano, retenu par
François II contre le droit des gens (1795}. Il végétait ensuite comme
employé à Vienne lorsque les Français y entrèrent. Presque tous les
historiens prétendent que, lorsque Maret voulut faire traduire en magyar
la proclamation de Napoléon, il se rappela que Bacsànyi avait été jadis
son compagnon de prison, le lit appeler et obtint qu'il traduisît la pièce.
Bacsànyi aurait même introduit certains traits pour frapper encore
mieux l'imagination des Hongrois. Ce qui prête une certaine vraisem-
blance à cette assertion, c'est que Bacsànyi quitta Vienne avec les
troupes françaises, s'installa a. Paris où il obtint, en 1811, une pension
de 2,000 francB et que les Autrichiens, en entrant à Paris, s'emparèrent
de sa personne et l'envoyèrent au Spielberg. Cependant aucun document
officiel n'est venu corroborer cette hypothèse. Bacsànyi et sa femme
ont toujours nié; les tribunaux autrichiens ont dû l'acquitter faute de
preuves et Metlernich est intervenu lui-même, sous Louis XVIII, pour
faire liquider la pension que Bacsànyi devait loucher jusqu'à sa mort.
M. Szinnyei cite plusieurs documents qui prouvent son innocence; il
pense que, mécontent de son sort à Vienne et se liant à une promesse
de Maret, Bacsànyi quitta Vienne, quoique marié à une femme d'une
haute culture intellectuelle, Gahrielle Baumberg, qui vint le voir i
Paris et déploya une énergie peu commune pour le faire relâcher.
c.ii«!>Mi.n * F.i miLior.MpaiE.
«9
M. Rxinnyeia retracé avec beaucoup de détails la figure de cet écrivain
qui, uppelé a jeiuer un rftle important dans son pays, tomba victime de
la police de François II et de l'oppression intellectuelle qui posait alors
sur la Hongrie.
7* L'ouvrage important que M. Akos Un'miY avait entrepris sur le
ùtvtlopptwrnl >U la constitution hongroise restera inachevé. L'auteur est
mort aprèa avoir public les deux premier* volumes dont non» avons
rendu compte (cf. Rev '«si., juillet Vull 1909 et 1904) Il aurait voulu
traiter avec toute l'ampleur nécessaire la dévolution hongroise aussi
bien au point de vue militaire que politique, retracer l'état de la Hon-
grie après la catastrophe et exposer les longues négociations qui ont
abouti au compromis de 186". On a trouvé dans ses manuscrit*
quelque» chapitres achevés sur les événements de 18t8 et sur le rôle
joué par l.orgey qui a déposé les armes à Vilagos M. D. Ileruatli
vient de les éditer. [A magyar Attamiiâa fa ladite, ktlstlelmei.] T. III.
Uhenaeuni, 1(106. xv-CJa p. in-8°, avec le portrait de l'au-
teur. — Dans la l'réface, Beûthy constate que l'histoire de la [(évolution
hongroise n'est pu encore écrite. Michel Hurvalh, dont l'ouvrage, date
de 1865, ne pouvait pas encore utiliser beaucoup de sources; l'essai de
Olicli M également manqué. La question an point de vue autrichien
et les opérations militaires ne sont pas encore suffisamment élucidées.
Or, al on ne tient pas compte des sources autrichiennes, on ne comprend
guère l'intervention russe, ni l'abdication de Ferdinand V, ni l'action
de la camarilla C'est pourquoi Ileothy consacre trois chapitres aux
affaire» d'Autriche, a l'armée autrichienne, aux affaires d'Allemagne
en 1848. Il se sert notamment des mémoires des hommes d'Etat autri-
chiens publiés dans ce» dernières années; Mellernich. Helfert, Ficquel-
tnnnt, etc.. Bfl^flir M Fnedjung sont largement mis à contribution,
et, pour caractériser l'esprit de l'armée, il a recour* aux l'mums mili-
taire*. On aperçoit partonl les trace» de vaste» lectures, nn coup d'oeil
très perspicace, mal» aussi, — comme dans \v» volumes précédents, —
beaucoup de hors-d'muvre, de rtttstOM qui m imicli-nt guère au sujet.
Des deux chapitre» concernant la Hongrie, le premier traite les affaires
hongroises depuis le II avril lui*, lorsque Ferdinand V sanctionna les
lois garantissant la constitution qui changea l'état féodal eu un état
moderne. Beothy expose le jeu perBde de la camarilla, los difficultés
que la cour suscita au premier ministère hongrois en excitant la haine
des différentes nationalités. Enthousiaste de Kotsuth, il décrit avec
beaucoup de sympathie son rùle psadaxfl la II évolution Tout en Marital
justice aux autres membres du cabinet, il reconnaît eu Kossuth
l'homme politique qui était le plus capable de résister à l'Autriche. Il
le défend contre ses détracteur», cuntre OMi qui lui reprochaient
d'avoir recberchi- surtout la pO] mu, au fond, monar-
chiste, et au début de la Hevulution il a tenu tête aux radicaux tels
que Madaras/, Teleai, Nyâry, qui désiraient une rupture immédiate
avec l'Autriche. Ce n'est que poussé a bout par La cour do Vienne qu'il
440 CHEOXIQUI ET BIBLIOGRAPHIE.
fit proclamer, en avril 1849, la déchéance des Habsbourg. Le dernier
chapitre que M. Beôthy ait pu achever est une charge à fond contre
le généralissime des troupes hongroises, Arthur Gôrgey, que ses conci-
toyens, en majorité, considèrent aujourd'hui comme innocent. Pendant
cinquante ans on a discuté sur sa culpabilité; historiens, poètes et
romanciers s'en sont môles, mais dans les vingt dernières années on
n'a plus osé prononcer le mot de c traître », car les volumes publiés
par Gôrgey, qui vit toujours, par son frère, par des publicistes alle-
mands et russes ont suffisamment démontré l'inanité de l'accusation.
Beôthy lui-môme avoue qu'il ne 6 'agit pas ici d'une trahison qui aurait
profité au chef de l'armée; il le condamne seulement pour avoir forcé
Kossuth à renoncer au pouvoir et s'être octroyé avant la capitulation,
outre le commandement de l'armée qu'il avait déjà, le pouvoir politique.
Il est vrai qu'un tel cas ne se trouve dans l'histoire d'aucune révolu-
tion. Beôthy accuse également Gôrgey des mauvais traitements infligés
aux soldats, de plusieurs actes de cruauté, — exécution d'Edmond
Zichy, etc., — de mépris pour la bourgeoisie et la constitution. Il nie
qu'il ait été le plus grand génie militaire de la Révolution. Cest Vetter
qui a montré les plus hautes qualités, et celui-ci s'est retiré lorsqu'il a
vu Gôrgey investi du pouvoir suprême. — Il y a là, sans doute, des
pages qui font réfléchir, mais nous ne croyons pas qu'elles ébranleront
la foi de ceux qui ont acquitté depuis longtemps le général hongrois.
8° Les dix volumes dans lesquels Louis Kossuth, avec quelques collabo-
rateurs, a réuni ses mémoires, ses écrits politiques et sa correspondance
ne contiennent rien sur son rôle politique en Hongrie. Les Mémoires,
en effet, commencent par le récit des événements de 1859 et retracent
l'action de l'émigration hongroise jusqu'au Compromis. Il était donc à
désirer que les œuvres continssent également les Discours et articles
de Kossuth d'avant la Révolution. C'est François Kossuth, le fils du
grand homme d'Etat, qui a recueilli avec beaucoup de soin les maté-
riaux des t. XI et XII des œuvres complètes. [Kossuth Lajos beszédei.]
T. I, 1832-1819. Budapest, Athenaeum, 1905, n-524 p. in-8°. \Kossuth
Lajos hirlapi czikkei.] Ibidem, 1906. T. I, 1841-1842, 484 p. in-8°. Le
t. XI donne les discours de 1832 à 1849, mais, des années 1832 et 1840,
seuls trois discours imprimés ont pu être recueillis. Rien de ce que
Kossuth a dit dans l'assemblée du comitat de Zemplén, dont il était ori-
ginaire, n'a été publié, et les procès-verbaux n'en ont pas conservé le
texte. Le volume contient donc les discours de 1847 à 1849, c'est-à-
dire depuis son élection comme député du comitat de Pest jusqu'à
son exil. On peut suivre ici jour par jour les événements qui ont
préparé la constitution du premier ministère hongrois, le rôle que
Kossuth joua d'abord comme ministre des Finances, puis, après la
démission du cabinet Batthyâny, comme chef du gouvernement, fina-
lement comme gouverneur, lorsque le Parlement proclama, à Debrec-
zen, la déchéance des Habsbourg. On revoit la Révolution et on entend
la parole du c Démosthène magyar » qui lutte contre mille difficultés
casoviont et Bi(uoi.urniE.
III
rnl pas courage. Le discoure prononcé le 9 novembre 1818 où il
propose Gorge y comme cher île l'armée est remarquable. — La t. XII
nous montre Ko**ulh jouniatialo. A sa Wftk de priMB, on. il a passé
plusieurs années pour avoir publié les comptes- m ail un île la Diète,
.: m if où Journal qu'il
voulait fonder : le célèbre l'titi Hirlap qui commença ii paraître en jan-
mit ls|i oi qui marque une daio dans le journalisme Imtigroi- C était
Il pn'inMTi' fi-iiillr rédigée dan* la manière des journaux européen*.
Grâce aux article» de Kossnlb, les abonnés affluèrent. Le paru libéral
avait Ironve an lui non porte- paru lex. Ou peut dire qu'à partir de 1641
c'en KoMStfl qui, dans l'opinion publique, remplace S/i-cli.-tiyi l'inir-
taut, si on parcourt ce volume qui donne lus article» du 1H1I et IS43-,
on trouve peu de discussions politiques. CVn plutôt l'eut social arriéré
du pays qui excite la verve du poléMim. L'édnUttiBO de l'enfance,
l'administration, les nuances, le* voies et communications, la douane,
le système pénitentiaire, les travaux publics, les expositions indus-
trielles, le port de Plume : voilà les questions qui sont traitées. Tou-
jours les plaintes contre cette politique viennoise qui isolait U Hongrie
du reste de l'Europe et mettait des entraves à son développement nor-
mal, Kossulb n'ayant écrit avant son exil qu'une seule brochure, Bal
articles forment les seuls écrits qui nous permettent de juger son style
fougueux, incisif, clair et vibrant, «1 oppose aux périodes lourdes qu'on
trouve dans les œuvres politiques de la môme époque. M, François
Kossulb a usé de beaucoup de discrétion dans l'annulation de ces deux
volumes. Une cunrti' préface ut quelque., iii-le* lotthUMOl
sables, c'est tout ce qu'il a mi* du sien. Il préfère laisser la parole a
sou pore.
9* M. François Kossltu avait huit ans lorsque son père prit le chemin de
l'exil (il est né 4 Pesl le II', novembre IHih, et ce nYit qu'en IBM, après la
monde ion père, qu'il revint en Hongrie. ['lace immédiatement àlaléte
du paru de l 'in dépendance, il fut pendant dix an* lame de l'opposition
Avec quelle maîtrise il a su diriger *ou parti.de quel prestige son nom
est entouré aujourd'hui, nuus le savon* par la lecture de* journaux.
Le Dis do révolutionnaire est aujourd'hui ministre du Oofl
symbolise aux yeux de* Magyar* l'idée de la séparation économiqua de*
deux paya. Dan* un beau volume illustré, «es ami* MM. Looli Hen-
1*1 ter et Maurice Suunàri viennent da publier trente de se* Piicourt
partrinenlaires qui s'espacent de |8M I IMO [fpawtt Fmnt-s termines
partaminti ben/de\. Ijudapent, Kunossy, 1906, 30? p. in-**. La plupart
de ces discours se rap|Htrtent eus finances, au commerce, 4 la banque,
au tarif douanier autonome, aux réforme* sociales. 81 l'on peut admirer
dans les dmcuur* de Loui* Kotsulli la fougue et le feu ju',
apprend dan* coux d* son Bis, orateur concis, clair, dépourvu de toute
phraséologie, 1 homme versé dan* le* question* intéressant l'avenir de
Grèce à François Kossuib, la Chambre hongroise, on pssV
dant de* diialne* d'année* on n'a discuté que des questions do droit.
Mit»
, m,. iu.it i ii mUQMUHB,
ni ■» regards vers les questions éeoeomiqaee, autre-
M qoe l*s discussions de pars politique. Koseulh, élevé
• et en France, ingénieur de premier ordre, qui s dirigé,
, l'exploitation des soufrière* et a construit en Egypte des
pools, a use tue usa nette de toutes les questions économique* et finan-
cières al peut diriger une Chambre qui se compose, en majeure partie,
d'avocats ou d'administrateurs. Mais ce « scientifique i est doublé d'un
vrai lettré rt d'un artiste. Ih> la Prérace où M Henuller retrace «vee
■aanrnnp de détails sa vie, nous apprenons que M. Koasuih, dans an
loisirs, peint, sculpte, compra» des vi-rs pn anglais, eu français et en
hongrois. Quelques pages qui illustrent ce volume nous montrent ce
côte de sou talent. — |P. 36, lire Sainte-Barbe au lieu de Barbet.)
10* On sait que ia tribune parlementaire hongroise est une des plus
célèbres en Europe. Depuis la diète mémorable de 1825 qui marqua
l'aurore de la Hongrie moderne jusqu'à nos jours, la série des grands
orateurs est ininterrompue. Avant la Révolution, on peut citer Paul
Nif!>, Sieclienyi, Weseelényi et surtout Kossuth, après la Révolution
Deik, Bot vos, Tissa, Kerk âpoly. Les deux orateurs les plus appréciée de
mitre temps sont le comte Albert Appouyi (ne en IB46) et Désidere
Siiligyi (1840-1901). Tandis qne les discours du comte Apponyi ont
été réunis par M. Denedek il y a dix ans, recueil qui sera probablement
continué, car M. Apponyi a déployé depuis une activité extraordinaire,
ceux de Sxilàoti n'avaient pas été publiés. Nous recevons aujourd'hui le
premier volume de ces Discourt, recueillis par H. Jules Payer [SsitAfyi
Dtstô bettidei). T. I. Budapest, Athenaeum, 1906, xx-428 p. in-S«.
Sxilâgyi était professeur de sciences potiliqi
verailé de Budapest; il a pris une part active
tion an ministère de la Justice, fut ministre ei
concours de Wekerlé, président du Conseil, e
Cultes, le vote des lois potitico-ecclësiastiqi
nouvelle dans la vie sociale de la Hongri
devint président de la Chambre. Comme
s et de droit pénal à l'Uai-
iux travaux de codinea-
1880 et obtint, grâce an
de Csàky, ministre des
qui marquent une ère
. Il démissionna en 1895 et
léputè, il appartint d'abord
au parti libéral et suivit la politique de Coioman Tjsia de 18*5 a 1878,
année où il sortit avec son ami M. Albert Apponyi du parti libéral et
forma l'opposition modérée. Le premier volume des discours com-
prend les années 1876 à 1879. Ceux-ci se rapportent au renouvellement
du Compromis, et principalement à la question orientale : occupation
de U Bosnie et de l'Herzégovine, traité de San Ste.la.no, congrès de
Berlin. L'éditeur ne les donne pas dans l'ordre chronologique; il les
réunit d'après les question* politiques, financières ou administratives
que Szilagyi avait traitées. Les introductions sont très nourries et
retracent, pour ainsi dire, toute l'histoire parlementaire de ces quatre
années. M. Payer publie même les discours des orateurs auxquels Siilà-
-yi a répondu.
U6 Le volume de M, Antoine Aosay , la ftenaiuanee rn Italie
| I Renaissance Italiàban]. Budapest, Société Saint -Etienne, 1905, 274 p.
O.BIOVIQCE ET IIItl.lllûltirHII-.
443
gr, lu-8», n'est pu uq ouvrage d'ensemble sur ce vaste sujet. C'est
l'uiuvm d'un historien de la |hVIjl;"|-''" qui ■ étudié dans le mouve-
ment da la Renaissance surtout les questions d'enseignement, moins
élucidée* que le» questions lluéraires ou artistiques. Une brochure
pllbWt M I8W Ml li' âtM I" tuStr tlri humaniilts »I rf«J frotaifif/fiSJ,
sert d'introduction à ce» recherches savantes. M- Acsay, très ver»é
dan* la littérature italienne de la Renaissance, a eu recoure aut
sources mêmes et nous montre, en un style alerte, le rùle de ces grandi
érudits et de ces pédagogue* qui, venus pour la plupart de l'empire
liytantin. ont initié l'Occident aui lettres anciennes. Nous suivons
dans les qualone chapitres de ce livra toute» les phase» de cette
initiation, depuis le m* jusqu'à ta lin du avi* siècle. M. Acsay nous
promet encore un volume sur la Renaissance dans les Pays-Bas, la
i l'Allemagne, et un autre sur la Renaissance en France
et en Angleterre.
lï* Quoique M. Armlnms Vimiisï ait écrit ses Mémoires ou 11 a
narré avec tant d'humour le* péripétie* de sa vie si bien remplie
(cf. Hev. /ml., juilli-t-aont l'JWil, il ne ces** do publier. U volume qu'il
a donné dernièrement sur Vlnfluttu* <lt la emiiialion de fCttUVà ptjf
rOritnt. en anglais et en allemand, pareil également en hllllgiotl dam
la collection que l'Académie, destine au public lettré \Nyvgol kulturaja
leJfiM] Budapest, Académie, 1900, vui-4'K) p. in-10. — M, Vambéry
s'est vu souvent attaque i cause de ses préfère nr.es marquée» pour
l'œuvre de la civilisation anglaise en Asie et son antipathie jMiur 1s
Russie. Bon dernier livre reprend des questions souvent traitées par
lui, mais elles le sont ici a l'aide de nombreux documents qui tendent
à démontrer que l'Angleterre est plus apte que la Russie à remplir nue
mission civilisatrice en Asie. Dan» la première partie de cet ouvrage,
U relève tout ce que les Russes util Tait jusqu'ici au 'i'urkosian et eu
Silxrie. il oppose, dam la deuiieme partie, ce que l'Angleterre a fait
dans l'Inde et trouve que les résultat* sont bnsur.oup plus favorables
dans ce dernier pays. Il attribue ce résultat, en partie, i ce que l'olli-
cier du l'administrateur russe envoyé à Tachkend considère cette mis-
sion comme une disgrâce, alors que les AngUi» déploient dans leurs
(onctions une énergie peu commune. L'auteur rend cependant pleine
justice à des hommes comme kaufmaiin, Koseiibach, Vnmki, Abra-
moff et Ivanoff, et trouve tout de même que la civilisation russe vint
encore mkeui que l'étal primitif de la civilisation asiatique Ip. lïO). —
ifj chapitre traite de l'avenir de l'Islam. M. Vambéry relevé
quelques symptômes du réveil national, mais au fond les progrès sont
très lents, surtout cbei 1rs mahoméUns d'Asie.
1 .iviu sVafjaJ vient de réunir en quatre volumes les articles
et les traductions du regretté Ilela Lsnssia>{Lsdsrer AéJu ùtut^yûjUUt
mmOétt BaJtytm, RrttUis, I t, »T, S69 p. in-16,
avec le portrait dn l'auteur, l^derer |IW0-I'H)3| n'est pas un inconnu
pour les lecteurs de celto rerue; avec M. Marciali, Il a donné le
«fcfar-ê X)-'- ■ à ta Tu /tut |m è riiy, faiK pv
wtJ«*- Aaàea H-èr» et rEcoie 4m kmmn pafifeMe* 4e P*tï*. ce fa
fal tmtnir* tmue h Pnaaai i Tl— jiii Tl ■'■ jn ' * - J-~
- *i l
«■ W àrtmtn 4e Héu !Ï26_ mm m mmâ I
■Hini El *«**«■ fa«MM ta* Dwvs 4e caa*e -Mfci
r. wnw «m i'mmM — Wl. ta« m ta iiwnii 4M»-
; ■*■*■ À- MA
i.tg ■ W-.A- I |l I T—te>«yg«4
OUOIIQl-l. IT :
413
ubslantintlo (lire, p. Iiv : Sainte- llruvr au limt de St. Iltuvt).
Nous avons reçu, en autre, les brochant* suivante* : 1° AUtatidre
DovsMOVnKY, la Chrvnique de Simon tUltA [K'tai Simon krônik\ja\.
Budapest, Académie, l'.HHi, 180 p. 111-8", étude «pprofi>n(tie de» «jure**
iio h>tai iRéglnou, 1m Annales d'Alteich, la Légende de saint Gérard)
m des partie* originales ils sou teuvre, avec la description de» manus-
crits ot un Appendice bibliographique. — 2* L. Ewèlyi, Quriquti
charte* dauteuta tir l'abbaye A» Tihany [A Tihamji apùttùa kritikui oklt-
vtlti], Ihid., Ilï p. m l, Kïamen de quelques chartes
ipOMJptm. Ltf trois archive* de Pan non bal m a, de Zatavar et da
Tihany cm:: ■ i putfa das dOMMaftU i.'uucuniuut l'iiis-
toire de CI tt '■ H H Hongrie, dDDI l'Iintuire, aMfapfiM
par M. Knli-lyi, est tCtUtlbuMUl DU DOOn de publication. — 3* M. liai,
iïtudf» lur SsicKtnyi [SUthtnyi jvrobttm:'ik\. Ihid., 1907, HO p. îli-8»,
contient deui étaden : l'une lur la politique de sentiment, — .Saècha-
nyi reprochait k K-jssuih de Taire do la politique de sentiment tandis
qne lui ne se laissait guider que par la raison ; — l'autre sur la suite
dans les idée* de Sxëcbenyi. i. Kont.
Italie. — M. Itené Pot; par mm, qui avait Tait paraîtra il y a quelque*
année* dan* les Mttangti d'arch/ologie et d'htiiuir? de l'École français»
\\1, IVM, F [17-180] DM iras utile &tud* sur la diplo-
matique iUi prince* lombard* il* Itinérant, de Çapaue tt de Salerne du
vm< au ii> siècle, a prêtante comme lbé#e secondaire de doctorat â la
Faculté des lettres de Paris un volume sur le* Institution* politique*
tt admxnitlrativei de* principauté* lombarde* de t Italie méridional*
(IX^Xt* iièclej: Huit» tuivie d'un catalogue île* acte* det prince* et Biné-
vent tt de Capoue iPafis, Champion, l'JOT, ia-rt», v»>184 p.). Le cata-
logue, d'acte», qui BBJDH . ..des années 771-1057, consti-
tue la partie essentielle de l'ouvrage (p. li,'t-t:H). Il est le fruit d'un
dépouillement irr> r-iim^lri ilm chronique* et de» recueils de charte*
publiai "t dune exploration méthodique des bibliothèques et de*
archives italienne*. Cette enquête n'a révélé qu'un nombre très res-
treint d'acte» innln-, ilu pjtoiai a-t-tUa perrui* à M. Poupardin de
M de rectilier au besoiu les édition* souvent défectueuses
données par le» ancien» crudii>. M M |i.i ri n-uhf-r par t!glielli. A cet
égard encore, le* vingt et une pièce* justificatives qu'il a ajoutée* au
catalogue seront de» plut pretiimses. [.'introduction jette fnalMa
lu nuire *ur l'ofganilation politique de* principauté* lombardes ; l'au-
l<-ur y étudie U ■ituatinn légale .-i |aa pOUTOtfl du (uioM, l.i aonpaal
tloa du • palatiurn s, le rote et la répartition de* gastalds et des
fWnHa. aillll unuce, l-e* moyens d'information dont
mi dJapoM MU trop insuffisants pour qu'on puisse espérer donner sur
cas matière* de* indications 1res précise* : avec une prudence que d'au-
cun* jugeront peut-être excessive, M. l'uupardin «'est contante de clas-
ser méthoiitquament les détails fournis par le* usités *an* cliercbar i
démêler le* ehaogumnnu turveuu» au eOUfi de* siècle*. M eût été »an*
*■»«—»* l*ÙBtia xm*x ç» j iiww.«A«»«
1*' ■!■ ■■
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[.itmnri.ni u nisi.ii.oiurai*.
44T
nar l'origine de la famille d'Arkel; celle de M. Haak a rapport au com-
merce de la ville de Brielle au xv* siècle ; M. Glas* y eipoM la vie do
Ni cola** Coruelisz do Win, homme entreprenant qui, parcourant le
monde, projeta plusieurs entreprises de commerce et de colonisation
et mourut en 1639 a Padoue; l'étude de M. Van Uaw van Issklt *ur un
de cet ancêtres, nommé Jacob van Dam. consul k Smyrne de 1668 à
1688, offre aussi de l'intérêt pour l'histoire du commerce néerlandais;
M. Elkan prouve que les raisons alléguées pour attribuer û Marnix de
St- UdtfHtde un pamphlet intitulé : Projet de placer lea l'ays- Haï tout
la domination d* la Franc* sont tout a fait insu (usantes; M. Koout-
M*M Drvnin truite les projets et le réjour à Linge» du prince hérédi-
lairu d'Orange pendant la campagne de 1799.
— MM. Bt-un et S. Mu.i.an ont recueilli une quinzaine d'études de
feu M. P. Muller de Leyde, éparsen dans diverses revues, et y ont
aJoQCI la ht*gM|hll excellente du défunt, par M. S. Mullcr, publiée
dan* le flu Malin de t'Acadimit royalr. (.l'est dans le Bulirtin il ■*
décembVn 1906 de l'Académie qu'on trouve l'appréciation judicieuse de
feu H. Itogge, mort en 1905, par M. Blok.
— M. CoutNBaAKii» a publié plusieurs étude* dan* la revue De Gidt.
Dans le» numéros de juillot-irptembre 1906, il a donné une courte intro-
iluriiiui j nUMBllV balaïr, e'est-â-dirn l'IiisUiire Bf ITH et années soi-
vantet. La publication tataTaMUla dr M. Paul Kaanitaicq surTIiorhecke
11 j donné lieu i un article de M. Golenbr&ndersurla Jeunesse
il' riiurl.icke | novembre-décembre 19l)6|. Dans le nuiaéru .;
1907, U a publié de* document* relatifs à G. K. de Hogendorp en 1806-
1809, intéressant* surtout pour la psychologie de ut homme il'Kut.
— Le tome Vli de l'histoire du peuple néerlandais de M. Bu>k, nou-
vellement paru, expose l'histoire de 1795 a 1839; le tome VIII, qui
nous mènera jusqu'à dos jours, est en préparation. — Le tome II de la
collection d'études intitulée : J* maintiendrai, sous la direction de
MM. K ramer, Mues et Wagner, a paru ; il contient des article*, d'un
intérêt inégal, relatif* à la muison d'Orange- Nassau.
— La Soeiftt fUitttn d't'lrreht « augmenté la série importante de
*ea mémoire* de quatre ratant*. Le registre des noms propre* qui se
trouvent dan* les journaux de (km» ton un Iluygen», secrétaire de Guil-
laume III. rendra de grand* services i tous ceux qui s'occupent de l'his-
toire de l'époque du Roi-Huthouder. — Feu M. l-'ruin avait fait, il y a
longtemps, de* extraits de la correspondance très volumineuse du
conseiller- pensionnaire Jean de Witt, se trouvant aux archive» du
royaume a la Haye. Ce* extraits, vende* et augmentés d'après le* ori-
ginaux, seront publié* par la ttocîéte d'Histoire, et c'est i M. kiuui-
a*«e qu'un est rednvalde de l'édition du mme I, embraaaant lea année*
1650-1657. M. Japik.se l'eat chargé do la continuation de cette publica-
tion.— MM. Baoe et Van I. anobba mi ont publie le Joumsl d'Aremi van
Bncbell, bourgeois d'Utrecht (I56M641), savant distingué qui a voyagé
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.n* III r*. : . r. .: r. -s-:;.. -.t-'^l-ï -r.ûair-î H-in-i^s. "î* l'-SV * lr -T.
4> . :. - i ï J" '. :•'■ - r. : '*. - :;. , y* r. te* - - r >:. t ;» .; : •. i ■=■••» ? par MM. J -. *n> ■? :
• ••■ * fl i^ ' rl '••' f ' » ■ • f ' 1 I i » f,.«. .-.f,-. ' u r* ,i ,'UÏ ïi" " " P — » " * " -
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:. - :■?.!'..:"• --^ - j:, ..v:-: ,ù- :^ i'--.è.;:..«. e^t -lue i M. M-.. or.
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.: .-:.:> :ft 1 :.i-t-*.r-r !<: .'■•:■: ;m'.-.'j:i !•■•* N-Tiaii : ti- a-jx Ii:t?
.-.r1.:.^ ■■'. '.r-u'.-T 'j-j.'i';! JS par .*;- N^-Tian i-ti» aux I:.«i--s ■.ri-ri'.al:^
: i \ !*1!. I>* l*:..*'. I fi»- •';•• • orpr. in; l fi'iU: uni S-.n'landv-Ir. ::•:'*-,
:■= iîi'O.i !»■"'' ,f.t, [•":*[•, u -Ux Kf'hifik'ijl. In '.i:vn: *-jor4t Taa'-Li: .-
.■..\^urt'i< »a^i Sfbriand-.ck lui'.-. \M)1 . Th. Bu-sïmaivER.
Puisse. — M. M. WA'.Kf-.'i.'.vii.:. ;i fait [..îraitre :*> t. I 'V:iu* Hiïio.rv
■. ■....* ':*: fil!" ■Gïidticl'te 'ter S lad! fia ?', H il»?, Holiiin^ et L ich :•;•:>
-. ! ".'T. \".-»ii*î j»., i n -'•*', .i%'-,f: iin j-.dii 'i»j id villo au ni'iy»m kae .
■■ .z.rZti f,-l li.»*u ';hoiM pour un'* à»'inhj;ihi<? t^ntativp. it la, suit».» des
. .\i:i.'ns H'f'rj-fiiihl'- dont ies sources «i«"î l'histoire hâiùise. — chro-
•s e: chart'*.-. il'#f:uiiir;ntri roî.itiî.-ï au conc;.»?. — ont ôlé récemment
■ :: r|'jf* îj«»u-: -ivous r*mrj:ijf*'a> ici-iiiéme. Ajoutons que nul n'était
■. •.■r^ji.ip- -L -'.irijinMiT «''.• c»-tte t.i«;hf; iju«* l'inùti^ahlc archiviste
v. m. . i», qui .i pria lui -m «'-m f; uno ^rr-'iu-li; part à ces travaux et qui
it'L-'ver la n:or^J4iiÎB'atiijii de Sun riciiftdi-pùt. Au moyen âce, U
CanoxiQDE ET RIEUOCUFBlt.
449
Tille de Bile grandit au point île rencontre des paya de Bourgogne, de
France et d'Allemagne, à la limite il" deux culture* et de deux tangues ;
le est mr le passage de voie» commerciales importante». Ce» minimum
it influé profondément, jusqu'à nos jours, sur l'histoire de l'ai
Dis le kii* siècle, sous l 'impulsion de la richesse croissante de In bour-
geoisie, la commune se développe et s'organise à coté du pouvoir épis-
COpal M souvent en lutte avec lui. Elle est a ménie de jouer un rôle
dans la politique générale au temps de l'interrègne et du roi Rodolphe
de Habsbourg. Au nv* siède, le déclin économique de revécue facili-
tant se* progrès, alla acquiert en fait l'autonomie, tandis que ta pre-
mière moitié du xv* est tout entière remplie par la lutte contre l'Au-
triche, dont la puissance territoriale enserrait la ville et menaçait de
l'absorber. Ce premier volume s'arrête a l'Année 1450; par l'impor-
tance du sujet, par la richesse et la solidité de l'information (partout
l'auteur a puisé directement am ^ourcesi, par sa valeur littéraire enfin,
11 prend place au premier rang des travaux historiques récents parus
en Suisse. Parmi les pages dont l'intérêt est le plus gémirai. Il faut
signaler le tableau détaillé île l'état matériel, politique et social de la
ville à l'époque du ml lia pi 1res consacres au concile
et à la guerre de Saint- Jacques. V. ■. m Ijunca».
— I* traité de Lausanne f ta IBM *nire Berne
et la Savoie, assurait au duc Kmmanuel-I'hilibrrt, niintégré dan»
tes états héréditaires par la paii de Caleau-Cembrêsis, la restitu-
tion d'une partie des terres enlevées a la Savoie par Us Bernois en
KM. Le duc rentrait en possession du pays de Gex et des bailliages du
Genevois et du Chablois qui entouraient Genève et bordaient la rive
■ud du lac Léman. La petite république genevoise redevenait uti llol
en terre savoyarde. M. le professeur Oscutu a consacré à ce traité,
aux circonstances qui l'ont amené et aux négociations préliminaires,
une »ubstantielie el lumineuse étude sur laquelle 11 convient d'attirer
l 'attention (te TraïUdt tauiann*. Berne. D.-J Wm, 1906, 109 p. iti-S',
traduction d'un mémoire paru eu allemand en 1899, dan» le PoliHiek*i
Jahrbueh der ichwnirriichen Sidgmoutntcltafi). L'auteur met en relief
la véritable cause de la cession de territoire qui a parfois été reprochée
aux Bernois : l'affaiblisse nient dn la Confédération à la suite de la
scissiou religicLi-i' pMioajtata] par la Uéforuw. L'alliance perpétuelle d«»
cantons catholiques avec la Savoie, la II mai 1560, ne laissait ancun
doute sur l'attitude nnltemeul hostile de ce* cantons à l'égard des con-
quêtes bernuisea. Toute politique d'extension, nationale était devenue
impossible. Dan» ub dernier chapitrn, M. OmbmH montre que c'est à
tort qu'en 1798 le Directoire français, in «pire par Labarpe, invoqua le
traité de Lausanne pour juitihr-r l'invasion de la Suisse : non seule-
ment l'approbation donnée au traité par le roi Charles IX ne eoniti*
tuait pu une « garantie >, mais le traité ne consacre ni ne mentionne
même le* droit» politiques du pajs de VauiL V. v«» tiemiitu
BaTt. IIi-to». XC1V. ■• rase.
450 CHIOIflQUI ET ÎIILIOGIAPUI.
— L'histoire de l'hôtel de Tille de Genève est étroitement liée à celle
de la petite et glorieuse république. La première c maison de ville » ne
devint qu'après la réforme un édifice, ou plutôt un ensemble d'édifices,
digne du rôle nouveau joué par la cité. M. Camille Martin, dans une
publication supérieurement exécutée et joliment illustrée par M. Bois-
sonnas, étudie à la fois en historien et en archéologue ces développe-
ments successifs, du xv« au xvm* siècle (la Maison de ville de Genève.
Genève, A. Jullien, 1906, xm-139 p., 26 pi. hors texte et 18 figM t. HT
des Mém. el Doc. p. p. la Soc. d*hist. et d'archéol. de Genève, série in-4°).
— Après MM. Pierre Brun, Magne, Gapon et Yves Plessis, un éni-
dit suisse, M. H. DObi, a voulu étudier le vrai Cyrano (Cyrano de Ber-
gerac, sein Leben und seine Werke, Berne, Francke, 1905. In-8°, 144 p.).
Il l'a fait dans un sentiment de pieuse admiration pour cet ouvreur de
voies nouvelles, infiniment plus intéressant en réalité que le person-
nage que lui a substitué la légende. M. Dûbi joint à son opuscule une
description du manuscrit du Voyage dans la lune, avec une restitution
des passages qui ont été supprimés ou châtrés dans l'édition d'Amster-
dam, ainsi qu'une reproduction du Sermon du curé de Colignac, satire de
l'ignorance et de la grossièreté du bas clergé, dont il attribue la pater-
nité à Cyrano. H. HR.
— Sous ce titre : Napoléons 1 Politik und Diplomatie in der Schweiz
wahrend der Gesandschaflsxeit des Grafen Auguste de Talleyrand (Zurich,
Schulthess et Cu, t. I, 1" livr., 1906), M. G. Stbinbr entreprend l'étude
des relations de la Suisse avec son puissant protecteur de 1808 à 1813,
c'est-à-dire pendant une période de crise, où les Suisses se sentent de
plus en plus menacés dans leur indépendance par la tyrannie crois-
sante de l'empereur. Cet important ouvrage, pour lequel l'auteur a fait
des recherches étendues dans les archives des deux pays, paraissant
en livraisons, il conviendra d'y revenir lorsque la publication en sera
achevée. V. v. B.
iidei BiBUotïimiQrr
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE'.
nutoise ofatfcMui.
AMtUula Etléolbi. Voir rVnu/lor.
Alli drl CourriHi iniprui. di virn/r
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Hl/ail-i L'eiprlt IiIiitjI ,iu C.trjn
34C.
Hntaut iCk.). La crise do l'fiul mo-
derne , l'uriiunltallOD du tratail, 34»
Botlmt tli i. KlodM ixitltlquM, 112.
Jtriuoa (/M. IlirLuirr du lnt.il cl
de* travailleur». SI.
i:>mbTM|tF modcrn bintort I IV LtB
Chimirp" de la Sniuiay*. M*nurl de
I hn! An, rrliglont ; Irait. H. Mu
herl cl /. tccf. 136.
Httbruck VA Gnrb. uer Kri«.-
ktii»l. IX.
fwA'tf* II. ■"]. I * l.irmtttwi de* ri
ri***** 341.
m lladi Stbat. Voir BtiuMar.
*Yo™, .VVnméfi-Au.'fi'iitVro, 0. Karf-
HtJt, Lriitiiildiklirc, 14J.
Cwrirrtunw (y ) l.'lnkrnalionale, 341.
ffkH. A hlilnrj of diplômée?. 134.
HikVt/ (f/.j. Voir OWiittyife de la
Komnt lZ).Gt*tU. dM belle***!. Irt-
t.llrr. M
iMOrll (Af.j. LrbeiiMiinniriinitrD.
ad .V. totoru al 4. £e*cJM. IM.
/.eirtf U-) Ut*rut, 161.
— Voir totaru {«.}.
(Vrj {/.). Voir Cltanlrpir d* la Saui-
tllit. de Il lalémM
tatajri* (A.J.
r'Iiitiruvr. Tr,
•Mmrlx. le tudalitlnr
V*-l (O.l. Uni. ila
monde, 330.
ijmoit (II,). Noorellp* «
du di>|>*r1*riifnl dn mu. (I
.VeJMfa-Aa/IeniWf Voir froc*,
snj^or™ :CA.; L'imlotr* du* Tm-
Um (.*rtirt»l»rinp. 356.
rUItri du Tnraot (*/. et). Le* roi*
**o< ronronne, |0Î.
UohlçenivUi (J.). M Lataru*, 11».
Au.r.mi.*in.
Rcrsui (a*.)- Palooal* rt rniulen*,
ia
(Ira ndensura (ï). Voii L'ahlmann
(laWniiniiHoii: Uiidlrnkuridr der
deuUrhen Gnrh.: M. É /lrarpd"i-
iiurj. m.
KMvehkt (■.). Sludlr-n i. VmwjI.
InaMMcfa. drr Gro*«rundlierT-
«<■li.fl Wrrdrn, 143.
Manrnrfrf OÏW Frltdrieh Wll-
liflm IV ; Primaient iui*lrtiK* Pn-
lilik;|.ubl », tf, r. /'o.fA.noer, 157.
iWAihjw (tf. ■., V.ûr UantnfftL
AL»ACII-U)>Him*.
■vnuen.
Mir?t*lftlrr.M«Kli «1 H. Schlitte.
Au* dur Zrlt Maria TberMi**, 393,
#1/1* (O. p.). Slodirn I. tlWnn M»
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Corditt (Cfl.). Xoles et souvenirs d'n
officier d'élal-major, 334.
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avant ta guerre. 357.
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gascar au ivib* s. : Benyowsky, 102.
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Dilater. Les maîtres i
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dans les frais du culle paroissial
pendant le Concordat, 336.
Étal somm. des papiers de la penoa
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I>I>H l!H.]n.'.«.rilli,'Ct.
ui
■*>..
I, 337
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MHlmi 1 Nlnaa
(1790-1
Grand ma non
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cond Empire, SS7.
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■fjeUuaj haUii
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tj 331
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at tnua la aerond Kmptra, SU.
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Î9'
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Gobineau. Deux études sur la Grèce
moderne, 346.
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Bèke/i. Hist. de l'enseign. primaire
en Hongrie, 434.
Beôthy. Développement de la consti-
tution hongroise, 439.
Domanovszky . La chron. de Simon
Kézai, 445.
Erdélyi. Chartes douteuses de l'abb.
de Tihany, 445.
Friss (A.). Mon. Hungariae Jadaica,
436.
Kollànyi. Le droit de patronage en
Hongrie au moyen âge, 435.
Kossuth (Fr.). Discours parlemen-
taires, 441.
Kossuth (L.). Œuvres, t. XI-XII, 440.
Lederer (B.). Œuvres, 443.
Rèz. Etudes sur Széchenyi, 445.
Szàdéczky. Mémoires d'E. Halmâgyj,
437.
Szilùgyi. Discours, 442.
IfDEX BIBLIOGRAPHIQUE.
435
Sùnnyei. Jean Bacsànyi, 438.
Vertu (A.). Correspond. d*A. Carillo,
436.
Ymàbéry. Influence de la civilisation
de l'Occident sur l'Orient, 443.
ITALIE.
Acsay. La Renaissance en Italie, 442.
Bclognini (G.). Verona dur. la guerre
di Cambrai, 446.
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Mittelalter, 145.
Knoth (£.). Ubeilino t. Casale, 149.
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Sanctorum, 350.
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mérid., 446.
— Institutions polit, et adm. des prin-
cipautés lombardes de l'Italie mérid.,
445.
Rodocanachi IE.). La femme italienne
à l'époque de la Renaissance, 104.
ORIKNT.
Bark (K.). Aui Indes et au Népal, 348.
Kinatita. The past and présent of Ja-
panese commerce, 159.
Lunet de Lajonquière. Le Slam et les
Siamois, 348.
Naçaoka* Hist. des relations du Ja-
pon arec l'Europe, xvi-xvii* s.t 392.
OUone (d*). La Chine noTatrice et
guerrière, 347.
PAY8-BA8
Bijdragen lot de Vaderlandsche Ge-
sebiedenis, 447.
filok. Geschiedenis t. net Nederland-
sebe Volk, 151.
CoUnbrandér. Documents sur l'his-
toire des Pays-Bas (1795-1840), t. II.
448.
ffeeret. Corpus diplomaticum Neer-
lando-Indkum, t. I, 418.
Société d'histoire dUtrecht, 447.
BUSSIB.
Kovalewskff [M.). La crise russe, 345.
8UIS8B.
DUbi (H.). Cyrano de Bergerac, 450.
Martin (C.). La maison de Tille de Ge-
nèfe, 450.
OechtU. Le traité de Lausanne, 449.
SUkntr (G.). Napoléons Politik in der
Schweiz, 450.
WaekêrnaaH (il.). Gesch. der Stadt
Basel,448.
TABLE DES MAT IÈ BIS.
TABLE DES MATIÈRES.
ARTICLES DE FOND. P«««
Alfred Bourguet. Le duc de Choiscul et l'alliance espagnole.
A [i]-f':s le Pacte de famille 1
Gaston Caben. Les relations de la Russie avec la Chine et les
peuplades limitrophes a la (in du xvii' siècle et dans
le premier quart du xvm« 45
R. Guvot et F. Tbénabd. Le conventionnel Goujon ; suifs . . 249
Charles Molinier. L'église et la société cathares; i" article . 225
Ch. Pfister. Nicolas Remy et la sorcellerie en Lorraine; fin . Ï8
MÉLANGES ET DOCUMENTS.
Georges Boubous. Documents italiens sur Cagliostro el la franc-
maçonnerie 300
E. Dèprez. La mort de Robert d'Artois 63
Jacques Flacu. Le code de Hammourahi et la constitution ori-
ginaire de la propriété dans l'ancienne Chaldée . . 272
Ferdinand Lot. La question des Fausses Décrétâtes .... 290
BULLETIN HISTORIQUE.
Angleterre. Histoire générale; histoire par époques, par
Ch. Bêhoht 117,359
France. Congrès historiques; prix Pey rat, par Gabriel Monod. 327
— Moyen âge, par Pli. Laubr 67
— Époque moderne, par H. Hatisbb 76
— Époque contemporaine, par André Licbtehberqer. . 329
— Publications diverses, par Gabriel Monod .... 103, 350
COMPTES- RENDUS CRITIQUES.
F.-X. Babth. Hildebert von Lavardin u. das kirchlichc Stel-
lenbesetzungsrechl. (L. Halphen.) llii
P.-J. Blok. Gescbiedenis van het Nederlandsche Volk, t. VI.
(H. Plrenne.) 151
Chantepie nE la Saussaye. Manuel de l'histoire des religions.
(A. Lolsy.) 136
II. Dblbbuck. Geschicble der Kriegekunst, H, 2, (Ch. Lécrl-
valn.) 135
[SUPPLÉMENT AU NUMÉRO DE JwLLET-AOCT 1907.]
TA1LE DES MATIÈRES. 457
R. Dollot. \jié origines de la neutralité de la Belgique et le
système de la Barrière, 1G0!M830. (A. Waddington.). 3%
L. Duchesne. Histoire ancienne de l'Eglise, t. I. lA. Loisy.). 137
G.-J. Ehers. Das Devolutionsrecht. (L. Halphen.) .... 3S7
W. Eruen. L. Schmitz-Kallenbebo et O. Keulicii. Urkunden-
lehre, t. I. (L. Halphen.) 1i3
L.-M. Hartmann. Geschichte Italiens im Mittelalter, II, 2.
(R. Ponpardin.) 445
J. Raerst. Geschichte des hellcnistichen Zeilalters, t. I. (G.
Radet) 383
H. KhevenhClleh-Metsch et H. Scblitter. Au* der Zeit Maria
Thoresias. (E. Hubert.) 31)3
Y. Kinosita. The past and présent of Japanese commerce. |H.
Hauser.) 15t*
E. Knoth. Ulx'rtino von Casalc. (Ch. Mollnler.) 149
H. Kut/.schke. Studien zur Yerwaltungsgesch. der Grossgrund-
herrschaft Werden an der Ituhr. {G. Blondel.) . . 148
N. LAZARuset A. Leicht. Montz Lazarus' Lebenserinnerungen.
(G. Monod.) 162
A. Leicht. Lazarus, der Hegrùnder der Yolkerpsychologie. (Id.). 162
E. Lucius. Die An fange des Heiligenkults in der christliclien
Kirche. (E.-Ch. Baba t.) 139
H. Xaooka. Histoire des relations du Japon avec l'Europe aux
xvr et ivir siècles. (H. Hauser.) 392
A. PoouniLiM. A mm ira ton e giudici délia Kivoluzione fran-
cese. (Ch. Seits.i 153
H. v. PoiciiiNOER. Uiiter Friedrich Wilhelm IV; Preussens
auswartige Politik. (P. Matter.) 157
U. Pori'ARiuN. Ix» royaume de Bourgogne. {Ch. Pflstar.) . . 384
J. Sciimtzer. Quelleu u. Forschungeu zur Geschichte Savona-
rolas. (J. Gnlrand.t 390
T. Smiciklas. La vie et l'œuvre de l'é vaque Strossmayer. (L.
Léger.) 104
I. Tciiernofp. Le parti républicain sous la monarchie de Juil-
let. (A. Thomas.) 1"i4
K. Wenck. IMiilipp der Schnne von Frank reich. (F. Funck-
Brentano ) 388
J. WuiiLOBMLTH. Murilz Lazarus. (G. Monod.) 162
LISTE ALIMIABKTiyUE DES RECUEILS PÉRIODIQUES
ET UES SOCIETES SAVANTES.
ALLEMAGNE.
1. Akademie (Dayerische) der Wistenschaflen. Abhandl. 406
2. Akademie (PreuBsische) der Wissensch. Sitzungsber. 406
458 TA1L1 M8 HATlitES.
3. Beitrige zur alten Geschichte (Klio.) 406
4. Byzantinische ZeiUchrifi 179
5. Forschungen zur brandenb. a. preuu. Geschichte . . 407
6. Forschungen zur Geschichte Bayeras 408
7. Ilansische Geschichtsblàtter 408
8. Historisches Jahrbuch 177
9. Historische Vierteljahrschrift 178
10. Historische Zeitschrift 179
11. Mitteil. des d. archaeol. Instituts. Athenische Abteil. . 410
12. N'eues Archiv d. Gesellsch. f. ait. deutsche Geschichuk. 181
13. Preussische Jahrbûcher 181
14. Rheinisches Muséum fur Philologie 409
15. Zeitschrift des Aachener Geschichtsverein 409
16. Zeitschrift des Vereins fur thûringische Geschichte. . 183
17. Zeitschrift fur katholische Théologie 181
18. Zeitschrift fur Kirchengeschichte 182
ALSACB-LOEJULIHB.
1. Revue d'Alsace 183
▲UT*IGHE-H0H01IB.
1. Budapesti Szemle 187
2. Jahreshefte des ôsterreichischen archœologischen Ins-
titues in Wien 184
3. Mitteilungen des Instituts fur œsterreichische Ge-
schichtsforschung 184
4. Szàzadok 185
ÉTATS-UNIS.
1. American historical review 196
2. The Nation 199
FRANCE.
1. Académie des inscriptions et belles-lettres. C.-rendas. 404
2. Académie des sciences morales et politiques. G. -rendus. 404
3. Annales de la Société histor. et archéol. du Gâtinais . 176
4. Annales du Midi 175
5. Bibliothèque de l'École des chartes 168, 399
6. Bulletin critique 175
7. Bulletin de correspondance hellénique 399
8. Bull, de la Soc. de i'hist. de Paris et de l'Ile-de-France. 176
9. Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne . . 404
10. Correspondant (le) 170
11. Études. Revue fondée par des Pères de la Giede Jésus. 403
12. Journal des savants 173
mut m.s m* niait». 459
Pasas
13. Moyen âge (le) 4iM>
14. Nouvelle revue historique de droit franrai- «l étranger. 189
15 Polybibliou 175
16. Révolution française (la) 169
17. Revue archéologique 399
18. Revue bourguignonne 177
19. Revue critique d'Iiiatoire et de littérature 173, 403
20. Revue de Gascogne 171
11, Revue de l'Agenais 405
M île l'Anjou I~(i
'.'3. Revue de l'histoire de* religion* 402
24. Revue de Paris itt
25. Revus de Sainionçc (4 d'Aunfs 405
26. Revue de synthèse historique 165
27. Revue des Deux-Monde* 171
M. Uevn- dej fende* anciennes . 167
29, Revue des question» historiques 165
30. Revue dea Pyrénées 405
3t. Revup d'hUioin- diplomatique 400
32. Revue d'histoire moderne et contemporaine .... 168,402
33. Revue savoisienne 177
QBAlfDI-BaETAQXB.
1. Atheoaeum (The) ISS. 410
2. Edinburgb review . 411
3. Euglish historical review 189
1. Nineteenth Cent ury (The) 193
5. Quarterly review 111
6. Review of hUtorical publications rtlating lo Canada . 195
7. Seottish hUtorical review 193,412
B. Transactions of Ihe royal Society 194
1. Ni* TUwMHtitn ÏW)
iTAua,
1. Archivio storico italiano 413
2. Archivio storico loinhardo . 114
3. Archivio storico per le provincie napolelane .... 115
4. Archivio storico slciUano 416
5. Archivio veneto INuovol 417
fi. Bullatino dell' tstituto storico iuliano . ..... ils
7. MieceUaoea dt ttorla iutiaoa 418
8. ReoJkculi délia R. Aecailemla dei I.incei .... 413
■>. HuiiU ilonci iullana 203,419
MtwJd 4»
460
TABLE DES MATIBBJBS.
RUSSIE.
1. Vizantijski Vremennik 201
SUISSE.
1. Basler Zeitschr. f. Gesch. und Altertumskunde . . . 420
2. Bolletino délia Svizzera italiana 421
3. llistorischer Verein der V Orte Luzern, Uri, Schwyz,
Unterwalden u. Zug 421
4. Jahrbuch fur schweizerische Gesch ich te 421
CHRONIQUE ET BIBLIOQRAPHIE.
Allemagne, par L. Halphen et A. Loisy 214, 432
Autriche, par L. Halphen 217
Belgique, par L. Halwien 217
Espagne, par H. Lkonardon 432
États-Unis 433
France, par L. Halphen, H. Hauser, C. Jullian, G. Monod et
R. Relss 204, 421
Grande-Bretagne, par Gh. B km ont et H. Hauseh 218, 434
Hongrie, par I. Kont 434
Italie, par L. Halphen 445
Pays-Bas, par Th. Bussemaker 446
Russie, par L. Léger 223
Suisse, par H. Hauser et V. van Bbrchbx 448
Index bibliographique 451
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